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University of Ottawa
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REVUE CELTIQUE
TOME XV
?
^y H. GAIDOZ \^^
^v 1870-1885 \0^
^^^^ PUBLIÉE SOLS LA DIRECTION DE ^^^
'''h. d'arbois de jubainville
Membre de l'Institut, l'rofesseur au Col ège de France
AVEC LE CONCOURS DE
J. LOTH E. ERNAULT
Doyen de la Faculté des Professeur à la Faculté des
Lettres de Rennes Lettres de Poitiers
ET DE PLUSIEURS SAVANTS DES ILES BRITANNIQUES ET DU CONTINENT
G. DOTTIN
Maître de Conférences à la Faculté des Lettres de Rennes
Secrétaire de la Rédaction
Tome XV
a ^(^l'b
PARIS
LIBRAIRIE EMILE BOUILLON, ÉDITEUR
67, RUE DE RICHELIEU, 67
1894
581470
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES
DANS LE TOME XV
Pages.
ARTICLES DE FOND.
Les Celtes en Espagne, par H. d'Arbois de Jubainville (suite et tin). i
The Fragment of the Tdin Bô Cuaitngc in MS. Egerton 93, by Max
Nettlau (suite et fin). . 62, 198
Notice du manuscrit irlandais de la bibliothèque de Rennes, par
Georges Dottin y9
Une phrase en moyen breton, par Emile Ernault. ..... 149
Confession des péchés attribuée à saint Patrice, par Samuel Berger. . 1^5
Index de l'article « les Celtes en Espagne », par P. Le Nestour. 160
Nennius retractatus, par L. Duchesne 174
L'Espagne chez Homère, par Théodore Reinach 209
Le celtique broga en roman, par Antoine Thomas 216
Vie de saint Guénolé, mystère breton en deux journées et quatre actes,
par P. Le Nestour 245
The Prose Taies in the Rennes Dindsenchas, by Whitley Stokes. 272, 418
Etudes bretonnes : IX. Sur l'argot de La Roche, par Emile Ernault. 3 37
Esumopas Cnusticus, par Salomon Reinach 413
An old-irish Treatise de arrêts, by K. Meyer 485
MÉLANGES.
Un ancien usage de l'Église celtique, par J. Loth 92
-ych à la 2" personne du singulier en gallois, par J. Loth. ... 93
-hoiam zzL hwyaf, parJ. Loth 94
gw'c/fi/, par J. Loth 95
VI Table des Matières.
Restes du neutre en brittonique, par J. Loth 95
hyd, fid; fenos, f:tez,p3ir L LoXh 96
rot guidon, par J. Loth . 97
Sctjiiûna^ Scquani, par J. Loth 98
csox, par J. Loth 99
gour, par J. Loth 100
A propos de Ci?/;/;?!;)', parJ. Loth 100
Gaufrei de Monmouth et le Livre de Llandaf, par J. Loth. ... 101
L'article *scnto-, irlandais ind-, dans les langues brittoniques. . . 105
Kassiteros, par Salomon Reinach 107
A propos de giio/ïi et jic/îdr, par J. Loth 220
dolmen, leachderch, pculvan, menhir, cromlech, par J. Loth. . . . 221
walatr, walfaSir, par J. Loth 224
cndu, nuss, parJ. Loth 227
Encore Se quana, parJ. Loth 368
Remarques sur le Livre de Llandaf, par J. Loth 369
Le mot désignant le cuir en germanique et en celtique 370
BIBLIOGRAPHIE.
Silva Gadelica, a collection of taies in Irish, edited from MSS, and
translated by Standish H. O'Grady (Kuno Meyer : 2^ et 5e ar-
ticles) 108, 371
Le mirage oriental, par Salomon Reinach (***) 228
Supplément lexico-grammatical au Dictionnaire pratique français-bre-
ton du colonel A. Troude, en dialecte de Léon, par J. Moal (Emile
Ernault) . . . . 382
NÉCROLOGIE.
L'abbé Eugène Bernard 139
Emile Bouillon 139
CHRONIQUE.
Anscombe (Alfred). Sur la mort de gâte pendant Us premiers siècles du
S. Columba, sur S. Gildas de moyen âge, 130.
Ruys, et sur la chronologie des rois Bernard (J.-H.). La Bible en Ir-
d'Irlande au vi^ s., 402. lande, 152.
Archéologie, 235, 403. Bezzenberger (Adalbert). Von Sto-
Berger (Samuel). Histoire de hi\Vul- kes.
Tdble des Matières.
vil
Blancliet(A.). McUingcs d\uchèologic
gallo-romaine, 255.
Cameron (Alexandre). Re.Uquiac cel-
ticat : texls, pjpers, and studies
in Gaelic liter.iture and philology,
p. p. Alexandre Macbain et John
Kennedy, 401 .
Carnavon (Guide archéologique aux
environs de), 403.
Deiisle (Leopold). Deux documents
pour l'histoire du Collège de Fran-
ce, 138.
Droit. Voir Kovakwski.
Duchesne (l'abbé Louis). Fastes
épiscopjux de rancienne France,
'33-
Epigraphie celtique, 237,403; ibé-
rique, 157; latine, 140, 239, 243,
403; ogamique, 144, 145; picte?
242.
Gaulois à Delphes. 408.
Haverfield (F.). Roman Inscriptions
in Brilain, 403.
Hogan (le Père E.). Todd Lectures,
vol. V, 398; — réélu Todd Lec-
turer, 402.
Holder. Altceltischer Sprachschatz,
236.
Hùbner (Emile). Monumenta lin^uae
ibericae, 137.
Hyde (Douglas). Abhrdin grddti
chûige Connacht, 1 29.
Joyce. Old celtic Romances, 399.
Jusserand (J.-J.). Hisùjire littéraire
du peuple anglais, t. I, 402.
Kenned)» (John). V^oir Cameron.
Kovalewsky. Contume contemporaine
et loi ancienne, 131.
Langardière (Charles de). Inscription
gauloise de Genouilly, 236.
Larminie (William). IVci/ Irish Folk-
lales and Romances, 235.
Le Braz. La légende de la mort en
Basse-Bretagne, 124.
Lejay (Paul). La Pharsale de Lucain,
236.
Llywarc'h Reynolds. Voir Stephens.
Loth (J.l, nommé doyen de la Fa-
culté des lettres de Rennes, 402.
Loth (Ferdinand). Le pays de Galles,
'35-
Macbain (Alexandre). Voir Cameron.
Mac-Sweeny (J.-J.). Rapport à la
Société pour la préservation de l'ir-
landais, 138.
Maxwell (Herbert). Scottish land-
names, their origin and meaning,
234.
Merlin et sa légende, 240.
Meusel (H.). Lexicon Caesarianum,
'37-
Meyer (Kuno). Textes irlandais iné.
dits, 237; — nommé professeur à
l'Université de Liverpool, 402.
Nennius. 126, 146, 244, 404. Voir
Zin^mer.
Promotions et distinctions honorifi-
ques accordées à desceltistes, 402.
Psautier de Cassel, 244.
Rhys. 144, 410.
Sépultures antiques. 239, 243.
Société pour la conservation de la
langue irlandaise. 238.
Stephens (Thomas). Madoc. An Es-
say on the discovery of America by
Madoc ap Owen Gwynedd in the
Iwelfth certury, p. p. Llywarc'h
Reynolds, 123.
Stokes (WhitleyI. [Vortschat: der
keltischen Sprachcinh.it (en colla-
boration avec Adalbert Bezzen-
berger), 232; — Martyrologe de
Maelmaire O'Gorman, 237; articles
divers, 141, 143, 144, 146, 410.
Table des matières.
Tristan et Iseut, 405.
Les (//)ii sont-ils Germains, 147.
Vuigate. Voir Berger, Bernard.
Warren (Rev. F.-E.). The Antipho-
nary of Bangor, 135.
Zimmer (Heinrich). Ncnnius uindica-
tus, 126; — Sur l'accentuation du
verbe irlandais, 134; articles di-
vers, 143, 244, 404, 410.
PÉRIODIQUES ANALYSÉS.
Academy, 144, 242, 410.
Annales de Bretagne, 14^,239,411.
Annales du Midi, 259, 41 1.
Anthropologie, 141.
Archaeologia Cambrensis, 144, 329.
Boletin de la Real Academia de la
Historia, 411.
Bulletin de correspondance helléni-
que, 408.
Comptes rendus de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 404.
Folklore, 146.
Hermine, 409.
Irish Echo, 410.
Journal of the Royal Society of An-
tiquaries of Ireland, 243, 412.
Literaturblatt fur germanische und
romanische Philologie. 242.
Mémoires de la Société de Linguis-
tique de Paris, 145 .
Neues Archiv der Gesellschaft fur al-
tère Geschichstkunde, 243, 404.
Revue archéologique, 142, 243.
Revue de Paris, 405.
Revue de philologie, 147.
Revue épigraphique du midi de la
France, 146.
Romania, 240.
Sitzungsberichte der K. Preussis-
chen Akademie der W isSenschaften
zu Berlin, 404.
Transactions of the Royal Irish Aca-
demy, 1 3 2.
Zeitschrift fiJr vergleichende Sprach-
forschung, 143.
TABLE, par M. E. Ernault, des principaux mots étudiés dans le t. XV
de la Revue Celticjue, p. 499.
LES CELTES EN ESPAGNE
Deuxième. arlieJe
Sommaire : § 9. Les Celtici du nord. — § 10. La Celtibérie, étude géographique. —
§ II. Les Celtibères du nord. — § 12. Les Celtibères du centre et de l'est ou la
Celtibérie de Ptolémée. § 15. Les Celtibères de l'ouest, première partie, les
Arevaci. — § 14. Les Celtibères de l'ouest, seconde partie, les Vaccaei. — §15. Les
Celtibères du sud. — § 16. Les Celtibères pendant la seconde guerre punique. —
§ 17. Les Celtibères après la seconde guerre punique.
§ 9. Les Celtici du nord.
La ville celtique la plus septentrionale de la région située
entre le bas Tage et le bas Douro paraît avoir été celle qu'on ap-
pelait au temps des Goths Calahria, aujourd'hui Castello-de-
Calabre en Portugal, province de Beira-Alta, sur la rive
gauche du Douro, entre la frontière d'Espagne et le confluent
de la Coa avec le Douro, c'est probablement la Coeliobriga de
Ptolémée- et la ville à laquelle appartenaient les Caeilobricoi,
d'une inscription trouvée un peu au sud-ouest de là, à Lamas-
de-Moledo, un peu au nord de Vizeu, province de Beira-Alta,
en Portugal î.
Entre le bas Douro et le Minho, on peut nommer quatre
villes celtiques, Caladunum, Neinelobriga, CaJuhriga et proba-
blement Bragance, qui doit être une antique Brigantia.
1. Voir plus haut t. XIV, p. 357.
2. Ptolcmcc, 1. II, c. 6, 541- Ed. Didot, t. I, p. 163, 1. 9.
3 . C. I. L., II, n" 416, pages 47, 695.
Revue Celtique, XV.
2 H. d'Arbois de JnhainviUe.
Cala-dunum appartient, suivant Ptolémée, aux Calla'ici Bra-
carii, peuple d'origine ibérique dont Bracani, aujourd'hui
Braga, était la capitale .^ Mais Caladunurn porte un nom celtique,
qui est identique à celui d'un village de France, Châlons, com-
mune d'Argentré, Mayenne, appelé CaJadunnum dans une
charte d'un évoque du Mans en 710 -. Le Caladunurn portu-
gais paraît s'appeler aujourd'hui Cala et se trouve près de
Mont-Alcgre, dans la partie septentrionale de la province
portugaise de Traz-os-Montes, district de Villareal, près de la
frontière d'Espagne. Le Caladunurn de Portugal a donc perdu
son second terme dunum. Son premier terme seul conservé
est le nom primitif de Chelles, près de Paris ; Chelles s'est
d'abord appelé Cala.
Un peu plus au nord, en Espagne, Galice et province
d'Orense, près de Puebla-de-Tribes, à Puente-de-Navea, sur
un affluent de gauche du Minho, est l'emplacement de Ncmeto-
briga, ville des Tiburi, suivant Ptolémée 3, Nemeto-briga veut
dire « château du temple », ou de Nemetos, nom d'homme.
Nanterre, près Paris, qui est un ancien Ncmeto-durus , offre
avec Nevietû-briga une grande analogie. Calubriga, un peu au
nord de Nemetobriga, sur le Sil, affluent de gauche du Minho,
est aujourd'hui probablement La-Ru a-de-Valle-Orres, pro-
vince d'Orense 4.
De ces noms celtiques on ne peut séparer Bragance sur un
affluent de droite du Douro, ii peu près à la même latitude
que Caladunurn, et située comme l'emplacement de cette ville
antique en Portugal, sur la frontière de l'Espagne. Bragance,
qui donne son nom à la maison royale de Portugal, est une
ancienne Brigantia. Brigantia est dans la grande Bretagne
payenne et romaine un nom de divinité, dans l'Irlande chré-
tienne c'est le nom d'une sainte qui est l'objet d'une dévotion
particulière, sainte Brigite. En France, le thème de ce mot
développé à l'aide du suffixe -0, -onis, a donné le nom de
1 . Ptolémée, 1. II, c. 6, § 41 ; p. 162, 1. 7.
2. Pardessus, Diplomata, II, p. 477, 478. Léon Maître, Dict.topogr.dela
Mayenne, p. 66.
3. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 36, p. 161, 1. 12.
4. C. 1. L., II, 2610. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 37, p. 162, 1. 2.
Les Celtes en Espagne. ^
Briançon, Brigantio, -onis, chef-lieu d'arrondissement du dé-
partement des Hautes-Alpes,
Mais il y a hors de France deux noms de lieu qui nous offrent
ce thème sans développement, ce sont deux Brigantium l'un
en Espagne, — il va en être question, — l'autre aujourd'hui
Bregenz, sur les bords orientaux du lac de Constance, à l'ex-
trémité la plus occidentale de l'empire d'Autriche.
r>ans la région située au nord du Minho, en Galice, un petit
groupe de Celtici se maintint distinct des Ibères jusque sous
la domination romaine. Les Celtici de ce canton avaient été
pour la première fois attaqués par les Romains au temps du
propréteur D. Junius Brutus, 138-136 av. J.-C, nous le sa-
vons par Florus. « Decimus Brutus », nous dit-il, « soumit les
« Celtici, les Lusitani et tous les peuples de la Gallaecia (au-
« jourd'hui Galice), et il ne fit retourner en arrière ses éten-
« dards qu'après avoir vu, non sans crainte de commettre un
« sacrilège, le soleil tomber dans l'Océan en éteignant ses
« feux dans les eaux^ ». « Il y a », dit Strabon, « un promon-
« toire appelé Nerios où se terminent à la fois la côte septen-
« trionale et la côte occidentale de l'Espagne (on croit géné-
« ralement qu'il s'agit du cap Finistère), autour de ce promon-
« toire habitent les Celtici, ils sont parents de ceux du Gua-
« diana^ ». Suivant Pomponius Mêla qui écrivait un peu plus
de vingt ans après Strabon, vers l'an 44 de notre ère, ce pro-
montoire s'appelle Celticus^ : Neri est le nom d'un peuple cel-
tique 4 qui habite auprès de ce promontoire et dont les plus
proches voisins au sud sont les Tamarici, ainsi nommé du Ta-
maris, aujourd'hui Tambre. Le Tambre se jette dans l'Océan,
un peu au sud du cap Finistère. Les Tamarici paraissent être
de nationalité ibérique, mais près d'eux Mêla met un autre
peuple qui porte un nom celtique, ce sont les Praesa-
marchi : dans leur territoire coule le Tamaris dont nous venons
de parler^ et le Sars, aujourd'hui Sar, afBuent de l'Ulla, qui se
jette dans l'Océan, un peu au sud du Tambre. Le nom des
1 . Florus, 1. II, c. 17, § 12.
2. Strabon, 1. III, c. 3, § 5. Ed. Didot, p. 127, 1. 28-31.
3. Pomponius Mêla, 1. III, c. i, § 11.
4. Celtici cognomine Neri, Pline, 1. IV, §111.
4 H. d'Arbois de Jiibainvillc.
Praesamarci paraît se composer de deux termes, l'un est le gau-
lois marco-s « cheval », l'autre présente une ressemblance sin-
gulière avec le premier terme du nom de Prasu-tagus, roi des
Iceni en Grande-Bretagne, mort sous Néron l'an 62 de notre
ère. Pline écrit Praestamarci le nom de ce peuple et ajoute que
ce sont des Celtici^.
Les Artabri, ou mieux Arotrehae, sont le principal des peu-
ples gaulois de cette région. Artabri paraît être la forme ibé-
rique de leur nom, Arotrebae la forme celtique. Nous con-
naissons par Strabon ^ et par Pline 5 la synonymie de ces deux
termes, Mêla dit Artabri, Pline préfère Arrotrebac^.
Aro-trebae est un mot composé dont le second terme est
treba : on le retrouve dans le nom des A-trebates, en français
Arras ; la racine est la même que celle de l'irlandais treh « ha-
bitation » et du breton trcv « village, succursale ».
Chez les Arotrebae se trouvait, suivant Strabon 5 et Pto-
lémée ^, un port que l'on croit généralement être le golfe situé
au sud du cap Finistère, mais que d'autres placent un peu
plus au nord, entre Ferrol et La Coruna.
Ptolémée attribue au même peuple une ville appelée No-
vio-n7, qui serait Noya, en Galice, province de La Coruna, à
l'embouchure du Tambre. Novio-n est h neutre d'un adjectif
gaulois qui veut dire « nouveau ».
Les Arotrebae ont dû posséder antérieurement aux conquêtes
des Carthaginois et des Romains une ville qui leur fut en-
levée par les Bracarii Lucenses, population voisine et de race
ibérique: c'était Brigantium^ ou Briga7itia9. Elle était située
sur les bords de l'Océan. Jules César, pendant son gouver-
1. Celtici cognomine Praestamarci, Pline, 1. IV, §111.
2. Strabon, 1. III, c. 3, § 5. Ed. Didot, p. 127, 1. 39.
3. Pline, 1. IV, § 114.
4. Pline, 1. IV, § m, 1 19.
5. Strabon, 1. III, c. 3, § 5. Ed. Didot, p. 127, 1. 38.
6. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 2. Ed. Didot, p. 144, 1. 6.
7. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 21 ; p. 156, 1. 6.
8. Flavium Brigantium, Ptolémée, 1. II, c. 6, § 4; p. 143, 1. 9. Dion
Cassius, 1. XXXVII, c. 53.
9. Orose, 1. I, c. 2, § 33; éd. Riese, p. 64, 1. 25. Cosynographia, II,
35; éd. Riese, p. 98, 1. 3. Notitia dignitatum, éd. Boecking, p. 115.
Les Celtes en Espagne. 5
nement d'Espagne en l'an 60 avant notre ère, s'y rendit par
mer de Cadix avec une flotte qui étonna beaucoup les habi-
tants, car ils n'avaient jamais vu tant de vaisseaux réunis^.
Plus tard, les géographes qui écrivaient avec des cartes sous
les yeux et qui n'avaient pas comme César visité les pays dont
ils parlaient imaginèrent qu'à Brigantia il y avait une tour du
haut de laquelle on voyait la Grande-Bretagne-. En effet,
dans le premier segment de la Table de Peutinger, les îles
Britanniques et l'Espagne sont disposées de telle façon qu'un
étroit canal seulement les sépare. On a longtemps admis que
BrigantiiDu ou Brigantia était Betanzos, dans la province de
La Corufia, sur le Mundeo, à environ dix kilomètres de
rOcéan. Il est plus vraisemblable que c'est La Coruna, ville
située sur l'Océan même.
On ne peut déterminer d'une taçon précise la situation de
la ville appelée par Pline Abo-brica>; elle est peut-être la même
que Ado-hrica de Mêla dont la situation est également indé-
terminée 4 et que Mêla attribue aux Artahri. Nous ne savons
sur quoi repose Ihypothèse qui fliit considérer cette ville
comme identique à Bayona, province de Pontevedra.
§ 10. La CeUibérie, étude géographique.
Le mot celtibère a deux sens : un sens étroit et un sens
large. Dans le sens étroit, qui est celui de Ptolémée, c'est-à-
dire le sens admis au deuxième siècle de notre ère, les Celti-
bères sont la partie la plus orientale des populations celtiques
du centre de l'Espagne. Dans un sens plus large et admis plus
anciennement, on comprend sous le nom de Celtibères toutes
les populations celtiques de l'Espagne centrale. Les Celtibères,
dans le sens restreint du mot, commencent près de la rive
droite de l'Ebre, en Aragon, au sud-ouest de Saragosse, et
dans la province de ce nom, occupent une bande de terrain
1. Dion Cassius, 1. XXXVIII, c. 53.
2. Voir les passages d'Orosc et de la Cosmographie cités plus haut.
5. Pline, 1. IV, 5 112. Ed. Tcubner-Janus, 1870, t. I, p. 180, 1. 24.
4. Mêla, III, I.
(5 H. d'Arbois de Jubainville.
qui, de là, s'étend au sud jusqu'au bassin du haut Tage, du
haut Guadiana et du haut Jucar, en Nouvelle Castille, au
sud-est de Madrid, dans les provinces de Tolède et de Cuença,
en poussant une sorte de pointe à l'est jusqu'à Segohriga, au-
jourd'hui Segorbe, royaume de Valence, province de Castellon.
Mais avant Ptolémée, on a donné au domaine des Celtibères
un grand développement tant au sud qu'à l'ouest. Ainsi Plu-
tarque nous apprend que Sertorius, tribun des soldats sous
les ordres de Titus Didius, qui commanda en Espagne de 98
à 93 av. J.-C, passa un hiver à Castulon, ville des Celti-
bères ^ Or, déjà suivant Strabon qui écrivait sous Tibère un
peu plus d'un siècle après les campagnes de Titus Didius en
Espagne, Castulon est une des deux villes principales des
Oretani^. Les Oretani sont un peuple celtibère. Ptolémée,
parlant à'Oretum, ville qui leur a donné son nom, l'appelle
Oretum des Germains 3 ; c'était déjà la doctrine de Pline qui
nous apprend que les Oretani s'appellent aussi Gcrmani'^.
Germanus est un mot celtique ; cette dénomination montre
que les Oretani étaient d'origine celtique et explique comment
Castulon, une de leurs villes principales, était celtibère. Or
Castulon est aujourd'hui Cazlona, dans le bassin du haut Gua-
dalquivir, en Andalousie, province de Jaen. Dans la même
province et dans le même bassin, les Oretani avaient les deux
villes de Salaria 5 et de Tiiia ^. L'importance de la position de
Castulon était considérée comme très grande dans l'antiquité,
parce que dans le voisinage se trouvaient des mines d'étain et
que cet étain contenait de l'argent. C'est Strabon qui nous
l'apprend 7; suivant lui, cet argent est en trop petite quantité
pour valoir la peine d'être extrait de l'étain. Mais au troi-
sième siècle avant notre ère, il y avait aux environs de Castulon
des filons argentifères dont l'exploitation était avantageuse; en
1. Plutarque, Sertorius, c. 3,^ 3. Ed. Didot, p. 679, 1. 21.
2. Strabon, 1. III, c. 3, § 2. Ed. Didot, p. 426, 1. 32, 33.
3. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 58; p. 181, 1. i.
4. Pline, 1. III, c. 23.
5. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 58; p. 180, 1. 7.
6. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 58; p. 182, 1. 5.
7. Strabon, 1. III, c. 2, § 10. Ed. Didot, p. 122, 1. 4--45-
Les Celtes en Espagne. 7
effet, Polybe nous montre en 209 av. J.-C. Hasdrubal campé
dans la campagne de Castulon, près des mines d'argenté Les
Celtibères s'étaient donc emparés d'une partie des mines d'ar-
gent de l'Espagne. 11 est évident que les Celtibères sont arrivés
même plus au sud que Castulon, Salaria et Tuia, c'est-à-dire
qu'ils ont pénétré au sud du Guadalquivir, dans la Bétique.
On a trouvé à Luque, en Andalousie, province de Cordoue,
au sud-est de cette ville, l'épitaphe de Fabia Fabiana Esttledu-
nensis, originaire par conséquent d'une ville appelée Esttle-
dunum-. Enfin Pline mentionne parmi les villes de la Bétique
un Arial-diiniDHy. Rappelons enfin ce qu'au § 7 (Revue Cel-
tique, t. XIV, pages 383-385) nous avons dit des villes celti-
bériennes de Certima et de Munda, toutes deux situées en
Andalousie, l'une dans la province de Malaga, l'autre dans la
même province ou dans celle de Cadix. L'établissement des
Celtibères dans l'Andalousie orientale est un fait parallèle
pour ainsi dire à l'établissement des Celtici dans l'Andalousie
occidentale. Voir plus haut § 8 ÇRevue Celtique, t. XI\^
p. 386-391)-
Au temps de Pline, c'est-à-dire environ un demi-siècle
avant Ptolémée, la Celtibérie s'étendait à Fouest jusqu'à
Clunia^, dans la Vieille Castille, province de Burgos, en sorte
que les Arcvaci, dont Clunia est une ville, étaient compris dans
la Celtibérie). C'est déjà la doctrine de Strabon chez qui les
Arevaci sont une subdivision des Celtibères^.
Mais antérieurement à Strabon et à Pline on comptait aussi
parmi les peuples celtibères les Vaccaei. Quand en l'année 151
av. J.-C, le consul Licinius Lucullus attaqua, comme dit Ap-
pien, sans aucune bonne raison et uniquement par amour de
la gloire et du pillage, les Vaccaei qui n'avaient commis contre
Rome auCun acte d'hostilité, ce peuple était considéré comme
1 . Polvbe, 1. X, c. 38, 5 7 ; 2«: éd. de Didot, t. I, p. 469; cf. Tite-Livc,
1. XXVlf, c. 18.
2. C. I. L., II, 1601.
3. Pline,!, m, :; 10.
4. Piolémée, 1. ill, § 13.
5. Pline, 1. III, c. 19; cf. Ptolémée, 1. II, c. 6, ^ 55; p. 173, 1. 9.
6. Strabon, 1. III, c. 4. ^ 13. Edition Didot, p. 155, 1. 51-35.
8 H. d'Arbols de Jnhainville.
une nation celtibérienne ^ Or, le territoire des Vaccaci s'est
étendu de celui des Arevaci, c'est-à-dire de la province de
Burgos en Vieille Castille, à l'est, jusqu'aux environs de. la fron-
tière du Portugal, dans le royaume de Léon, provinces de Za-
mora et de Salamanque. Oceluiu Duri paraît être la ville même
de Zamora, sur le Duero ; SaJmantica est Salamanque, chef-
lieu de la province de même nom, et située sur un affluent
de gauche du Duero. Or, Ptolémée, quand il écrivait son
livre, avait entre les mains deux documents contradictoires,
l'un plus récent attribuait ces deux villes aux Vetîones, peuple
ibérique, l'autre plus ancien les donnait aux Vaccaci, par con-
séquent aux Celtibères^.
Ainsi le territoire des Celtibèresa été antérieurement à Pline
et à Ptolémée beaucoup plus étendu au sud et à l'ouest que
du temps de ces géographes; il en était de même au nord
comme on verra dans le paragraphe suivant.
§11. Les Celtihcrcs du nord.
Strabon nous apprend qu'à l'époque où il écrivait, sous Ti-
bère, un peu avant Tan 20 de J.-C, les Celtibères habitaient
sur les deux rives de l'Ebre, par conséquent au nord de ce
fleuve, et qu'ils approchaient des côtes de la Méditerranée^.
C'est en conséquence de cela qu'il met chez les Celtibères la
colonie romaine de Caesar Aiigusta, aujourd'hui Saragosse^, et
que nous trouvons sur la rive septentrionale de l'Ebre une ville
à nom celtique, Octogcsa. Le nom de cette ville apparaît deux
fois en l'année 49 avant notre ère, dans le récit des opérations
militaires faites par César contre les lieutenants de Pompée >.
Octogcsa est un composé de deux termes : octo-, le premier,
est identique au premier terme d'Octo-durus, aujourd'hui
1. Appien, De rclnis hispaniensîhus , § )i. Ed. Didot, p. 53.
2. Sur l'attribution de ces deux villes aux Vaccaci, voyez Ptolémée, 1. II,
c. 6, § 49; p. 167,1. 3, et 168, 1. I. Sur l'attribution aux Vcttoiics, 1. II,
c. 5, Sv; P- 140,1. 7, et p. 141, 1. 2.
3. Strabon, l. III, c. 4, § 20 ; Ed. Didot, p. 138, 1. 44-46.
4. Strabon, 1. III, c. 2, § 15. Ed. Didot, p. 125, 1. 34.
5. César, De bclîo civili, 1. I, c. 61, 70.
Les Celtes en Espagne. 9
Martigny-en^Valais, où Galba, lieutenant de César, campa
l'an 56 avant notre ère ^ Quant à gcsa, c'est le nom de la
lance gauloise, c'est le premier terme du nom de lieu Geso-
cribatc, conservé par la Table de Peutinger et qui désigne une
localité située en France, dans le département du Finistère-.
On en a fait un dérivé *Gesorius, qui veut dire celui qui fa-
brique ou celui qui manie l'arme appelée ^v^z/w ; de là, le nom
de GcsoriacHS, aujourd'hui Boulogne-sur-Mer, en France,
département du Pas-de-Calais. De là aussi le nom des Gesso-
ricnscs, peuple évidemment celtibère et des environs du bas
Ebre, puisque sous la domination romaine ce peuple fréquen-
tait le convcntus Tarracomnsis. Tarraco, chef-lieu de cette cir-
conscription territoriale, est aujourd'hui Tarragona, en Ca-
talogne, sur la Méditerranée, au nord-est de l'embouchure de
l'Ebre.
Mais au temps où écrivait Ptolémée, les Celtibères ne dé-
passaient plus l'Ebre, déjàSaragosse, qui est sur la rive gauche,
est chez Ptolémée une ville des Edetani ou Scdctani 3 et c'est
un peuple d'origine ibérique. La ville elle-même de Saragosse
doit être de fondation ibérique. Son nom primitif Salduha^,
qu'on retrouve en Bétique î chez les Turduli^, paraît étranger
à la langue des Celtes, mais son territoire a dû appartenir aux
Celtibères quand leur domination s'étendait, comme dit
Strabon, sur les deux rives de l'Ebre. Il n'y a donc aucune
raison pour refuser d'admettre que plus au nord-est, dans la
province de Gerona ou Girone, Besalù, plus anciennement
BisulduiiuiJi, ait appartenu aux Celtibères.
Antérieurement à la conquête romaine, le territoire des
Celtibères dut aussi avoir au nord-est une étendue beaucoup
plus considérable que celle qu'il eut sous la domination des
Romains : il comprit le territoire des Bcrones, des Caristi, des
1. De heUogalUco, 1. III, c. i.
2. Desjardins, Géographie de la Gaule d'après la carte de Peutinger, p. 199.
5 . Ptolémée, 1. II, c. 6, 5 62 ; p. 185, 1. 8.
4. Pline,!. III, 524.
5. Pline, 1. m, S 8.
6. Ptolémée, 1, II, c. 4, 5 9; p. 118, 1. i. Cf. § 7, p. 112, 1. 7.
10 H. d'Arbols de Jubainville.
Autrigones et des Tunnodigi et ainsi atteignit sur les côtes
septentrionales de l'Espagne l'océan Atlantique, tandis qu'à
l'opposite il joignait de très près les côtes de la Méditerranée,
sans toutefois les atteindre.
Strabon, qui distingue les Berones des Celtibères, dit à deux
reprises que les Berones sont d'origine celtique^, il met chez
eux Varia, sur la rive droite de l'Ebre, un peu au sud de Lo-
groiïo. Vieille Castille. Tite-Live parle de cette ville dans son
récit des opérations de la guerre £iite l'an 77 avant notre ère,
à Sertorius par le général romain Q. Caecilius Pius, et il y
mentionne une ville voisine, mais située au nord de l'Ebre,
probablement entre Logroiio et Viana, Navarre, et qui s'appe-
lait Contrehia ou Leucas. Le nom de Contrehia est certainement
celtique et paraît signifier « groupe d'habitations ». Cette ville
appartenait aussi aux Berones-.
Le nom des Caristi est dérivé du nom d'homme Caros, au
moyen d'un suffixe -isto-, qu'on trouve aussi dans un autre
nom de peuple celtique, les Tolisto-bogii qui se sont, comme
on sait, établis en Asie Mineure. Caros est un nom celtique,
il était porté en l'an 153 avant notre ère par un habitant de
Segeda. Caros, choisi comme général par les Arevaci, gagna
sur le consul romain Quintus Fulvius Nobilior une bataille où
périrent six mille Romains et où le vainqueur lui-même
perdit la vie 3. Segeda, sa patrie, était une ville des Belli, na-
tion celtibérienne4. Chez les Caristi coulait la Dèva, petite
rivière dont le bassm fait partie de la province de Guipuzcoa
et qui se jette dans le golfe de Bizcaye. La Dèva porte un
nom celtique qui veut dire « la Divine ». Ason embouchure le
territoire des Caristi était baigné par l'Océan 5. Plus dans
l'intérieur des terres, ils avaient une ville qui porte aussi un
nom celtique: Ptolémée V appelle Suestasion^, mais il fliut cor-
riger Suessation, c'est l'orthographe de V Itinéraire d'Antonini.
1 . Strabon, I. III, c. 4, § 5 et 12, p. 131, 1. 26; p. 134, 1. 40-43.
2. Tite-Live, trag. du livre XCI.
3. Appien, De rehus liispamensihus, c. 45, p. 51.
4. Appien, De rébus hispaniensibiis, c. 44, p. 51.
5. Ptolémée, 1. II, c. o, § 8, p. 147, I. 10.
6. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 44, p. 188, 1. 5.
7. Suessalio à l'ablatif. liméraire d'Anloviu, p. 454, 1. g.
Les Celtes en Espagne. 1 1
De là le nom des Suesictani. En l'an 212 av. J.-C, les Sues-
setani envoyèrent aux généraux carthaginois, Magon et Has-
drubal, qui tenaient tête à Publius Scipion en Espagne, un corps
auxiliaire de sept mille cinq cents soldats. Publius Scipion
alla au devant de cette petite armée, lui livra une bataille qu'il
perdit et où il fut lui-même tué ^ Six ans plus tard, les Sues-
setani étaient alliés des Romains, tandis que le reste des Celti-
bères soutenaient le parti des Carthaginois et venaient ravager
le territoire des Suessetani ^ . En 195, les Suessetani se soumi-
rent au consul M. Porcins Cato. En 184, A. Terentius assiégea
et prit aux Suessetani la ville de Corbio dont il fit vendre les
habitants comme esclaves 3, Le nom àes Suessetani, comme celui
de la ville de Suessation, ne diffère que par le suffixe du nom
des Suessiones, peuple gaulois, et le nom des Suessiones est de-
venu en français Soissons, aujourd'hui chef-lieu d'arrondis-
sement du département de l'Aisne. Les Suessetani sont une
subdivision des Caristi, peuple d'origine celtique. Suessation,
leui capitale, était située dans la province d'Alava, une des pro-
vinces basques, entre Vitoria et Alegria, au nord de l'Ebre.
Les Autrigones, voisins des Caristi à l'ouest, doivent avoir la
même origine. Leur nom à' Autrigones doit être une notation
grecque du celtique * Autrigenae'^. Les Autrigones avaient cinq
villes dont les noms sont certainement celtiques : une d'entre
elles, sur l'Océan, dans le golfe de Bizcaye, s'appelait Flavio-
briga ; elle était située en Bizcaye, entre l'embouchure de la
Dêva et celle de la Nerva, aujourd'hui Nervion, qui passe à
Bilbao5. La première partie du nom de Flavio-hriga paraît re-
monter seulement au règne de Vespasien, elle remplace pro-
bablement un autre mot plus ancien. Mais quant à la seconde
partie elle est celtique comme les noms de quatre autres villes du
même peuple : Uxama, Scgisamonculum, Deobriga et Vindeleia.
1 . Titc-Live, 1. XXV, c. 34.
2. Tite-Livc, 1. XXVIII, c. 24.
5. Titc-Live, 1. XXXIX, c 42.
4. Leur nom est peut-être le même que celui des Origcuoinesci qui leur
sont associés par Mêla, 1. III, c. 1,^15: Per Autrigones et Origenomescos
Namnasa descendit.
5. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 7, p. 147, 1. 8.
12 H. d'Arbois de Jubainville.
Uxama veut dire la très haute, c'est un superlatif de la ra-
cine ux qu'on trouve avec un suffixe différent dans le nom
gaulois d'Uxellodunum. Il y avait en Espagne deux Uxama
qui, toutes deux, s'appellent Osma aujourd'hui ; l'une était
chez les Arcvaci, nous en parlerons plus loin ; celle des Autri-
gones se distinguait de l'autre par le surnom carthaginois de
Barca. Uxama Barca ^ est aujourd'hui Osma, dans la province
basque d'Alava, au nord de l'Ebre.
Les autres villes des Autrigones qui portent un nom celtique
étaient situées en Vieille Castille, dans la partie nord-est de la
province de Burgos, au sud de l'Ebre. Ce sont, en allant du
nord au sud : Deobriga, aujourd'hui Miranda-de-Ebro, Fin-
âckia, aujourd'hui Pancorvo, et Segisamonculum, un peu à l'est
de Bribiesca, autrefois Virovesca, qui a aussi appartenu aux
Autrigones-. Deobriga, probablement pour Dèvobriga, signifie
château de Deos, mieux Dèvos, c'est-à-dire « château du dieu » (ou
des dieux). VindeJeia dérive d'un thème vindelo-, d'où vient
aussi le nom des Vindelici, peuple celtique établi au sud du Da-
nube, à l'est des Elvetii, dans une région qui est aujourd'hui
la partie méridionale du Wurtemberg et de la Bavière. Le
thème vindelo- vient du thème vindo- qui veut dire « blanc,
beau, heureux ». Scgisamoncuhwi est un dérivé latin de Segi-
samo, -onis, nom d'une ville des Turmodigi, qui est lui-même
un dérivé de Segisafna, nom de ville dont il sera question
plus loin. Segisama est une formation analogue à Bdisama,
nom à la fois d'une divinité gauloise et d'un golfe de Grande-
Bretagne. Bdisama est soit un dérivé du thème belo-, soit un
composé dont belo- est le premier terme ; on trouve belo- dans
deux noms d'homme celtibères : i° Cerdu-belus porté par un
habitant de Castulon l'an 206 avant notre ère 5 ; 2° Antu-belus,
nom du père de Boutius, dont on a trouvé l'épitaphe à Alcan-
tara, dans l'Estremadure espagnole, sur le Tage, province de
1. Ptolémce, 1. II, c. 6, § 52, p. 170, 1. 11. L'exactitude de cette lec-
ture est confirmée par une inscription trouvée à Lara-de-Ios-Infantes, pro-
vince de Burgos ; c'est l'épitaphe d'un ffsclave dont le maître était originaire
à'Uxanui-Barca. C. I. L., Il, 2854.
2. Ptoléméc, 1. II, c. 6, § 52, p. 171, 1. i, 4 et 5.
3 . Tite-Live, 1. XXVIII, c. 20.
Les Celtes en Espagne. 1 5
Cacercs ^ ; le thème bclo- paraît désigner l'acte de tuer quel-
qu'un. Segisama vient du thème sego- qu'on trouve aussi dans
Segobriga et qui désigne l'acte d'atteindre le but, par consé-
quent de vaincre, de triompher.
Les Turmodigi, comme Pline les appelle, sont les Murhogi
de Ptolémée ; ils habitaient à l'ouest des Autrigones, dans la
partie du bassin du Duero qui est le plus au nord-est, en
Vieille CastilUe, dans la partie septentrionale de la province
de Burgos, au nord de cette ville ; on trouvait chez eux Segi-
samo dont Pline appelle les habitants Scgisamoncnses-. Pto-
lémée l'appelle Scgisanwn, c'est aujourd'hui Sasamon 5, un
peu au nord-est de Burgos. Plus au nord était Deobrigula, à
quelque distance à l'ouest de Huermeces-^. Deobrigula est un
diminutif de Deobriga, nom d'une ville des Autrigones déjà
mentionnée.
A ces noms de ville évidemment celtiques, Pline ajoute
Segisama JuJia dont il appelle les h^h'itwMs Segisama-julienses.
Ptolémée attribue cette ville aux Vaccaei"). Cette ville a été
connue de Polybe au deuxième siècle avant notre ère : il l'ap-
pelle Segesama et l'attribue soit aux Vaccaei, soit aux Celti-
bères. Le texte original est perdu, nous ne le connaissons que
par une analyse de Strabon qui manque de clarté^. L'an 26
avant notre ère, l'empereur Auguste y campa, et ce fut de là
qu'il partit pour aller soumettre les Canîabri qui, révoltés
contre les Romains, faisaient de fréquentes incursions dans le
pays des Vaccaei, des Murbogi (?) et des Autrigones, sujets
fidèles de l'empire 7. Segisama était donc situé sur les confins
des Ca)itabri, des Turmodigi et des Vaccaei, c'est-à-dire pro-
1. C. /. L , II. 756.
2. Pline, 1. III, 'l 26. L'orthographe de Pline est confirmée par une ins-
cription où se trouve le génitif pluriel Segisamonensiuiu, C. I. L., II, 2915.
Cette inscription a été trouvée à environ six lieues au nord-ouest de Burgos,
en Vieille Castille, province de Santander, entre Reinosa et Henestrosas.
3. Ptolémée, 1. II, c. 6 § 51, p. 170, I. 7.
4. Ptolémée, 1. II, c. 6. § 51, p. 170, 1. 5.
5 . Ptolémée, 1. II, c. 6, § 49, p. 167, 1. i.
6. Strabon, 1. III, c 4, § 13. Ed; Didot, p. 135, 1. 12-14.
7. Florus, 1. IV, c. 12, § 47, 48. Cf. Orose, 1. VI, c. 21.
14 H. d'Arbois de Jubainville.
bablement à peu de distance de Sasamon, au nord-est de
Burgos. Il y avait en Espagne deux Segisama : l'une est Segi-
sama Julia dont il est ici question, l'autre est Segisama Bra-
saca, où était né le légionnaire C. Julius Reburrus dont l'épi-
taphe a été trouvée à Tarragone ^ .
On vient de voir que les Turmodigi touchaient aux Can-
tabri ; il y a donc lieu de croire que c'est aux dépens des Tw-
niodigi que Ptolémée attribue aux Cantabri, peuple ibère, la
ville de Julio-briga. Le second terme du nom de cette ville est
celtique ; le premier terme paraît rappeler la campagne d'Au-
guste chez les Cantabres. On croit reconnaître l'emplacement
de Juliobriga à Reinosa, en Vieille Castille, province de San-
tander, au sud de la chaîne cantabrique, dans le voisinage de
l'emplacement où s'est trouvée l'inscription qui nous conserve
le nom des Segisanwnenses ^.
§ 12. Les Celtîbères du centre et de l'est ou la Celtibcrie de Ptolémée.
La Celtibérie de Ptolémée, dans le sens restreint du mot,
comprenait : i° une portion du bassin de l'Ebre moyen sur la
rive méridionale, c'est-à-dire le pays arrosé par le Jalon,
affluent de droite de ce fleuve ; 2° la région élevée où se trou-
vent, d'une part, les sources du Tage et du Guadiana qui se
jettent, comme on sait, dans l'océan Atlantique, d'autre part,
celles du Jucar et du Guadalaviar qui se jettent dans la Méditer-
ranée. Sego-briga est la seule ville de la Celtibérie propre qui
soit en dehors de ces deux parties de l'Espagne. Elles com-
prennent, en Vieille Castille, la portion occidentale de la pro-
vince de Soria, en Nouvelle Castille, les provinces de Guada-
lajara et de Cuença, la partie orientale de celle de Tolède, en
Aragon, la province de Saragosse et la partie occidentale de
celle de Teruel.
Dans la province de Saragosse étaient situées Nertobriga, Bil-
bilis et Attacum.
1. CI. L., 11,4157.
2. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 50, p. 169, 1. 4.
Les Celtes en Espagne. 1 5
Nertobriga est aujourd'hui La-Almunia-de-Dona-Godina ^
La situation de cette ville est fixée parce qu'elle est placée par
Vlîinéraire d'Antonin sur la route de Mérida à Saragosse,
entre Bilhilis et Segontia-. Nertobriga fut en l'an 152 avant
notre ère assiégé par le consul M. Claudius Marcellus qui con-
traignit les habitants à traiter et obtint en même temps la sou-
mission des Arevaci. Ce succès de Marcellus fit une grande
impression sur l'esprit des Romains. Polybe ' et Appien 4 l'ont
raconté en grec, Florus 5 et Valère Maxime 6, en latin, ont
chanté la louange du général romain qui eut la gloire de
pardonner aux habitants de Nertobriga.
Bilbilis était situé près de Calatayud/; la mention la plus
ancienne que nous ayons de cette ville se trouve chez Strabon,
il associe son nom à celui de Segobriga et dit que près de ces
villes Metellus et Sertorius ont fait la guerre ^ ; on sait que
Q.. Caecilius Metellus fut envoyé par Sulla combattre Sertorius
en Espagne l'an 79 avant notre ère et qu'il lutta avec succès
contre son habile adversaire jusqu'à l'assassinat de Sertorius en
73. Mais la principale célébrité de Bilbilis tient à ce qu'elle a
été la patrie du poète Martial. L. Valerius Martialis naquit à
Bilbilis vers l'an 42 de J.-C. Il fait plusieurs fois dans ses vers
allusion à cette origine :
Ille meas gentes et Celtas rexit Iberos 9
dit-il, en parlant de Celer, gouverneur d'Espagne.
Nos Celtis genitos et ex Iberis 10
dit-il ailleurs dans une épigramme où il vante l'acier de Bil-
1 . Ptolémée, 1. II, c. 6, § 57, p. 177, 1. 5.
2. Itinéraire d'Antonin, p. 437, 1. 4, p. 439, 1. 2.
3. Polybe, 1. XXXV, c. 2, § 2. Ed. Didot, t. II, p. 121.
4. Appien, c. 48, 50. Ed. Didot, p. 52, 53.
5 . Florus, 1. II, c. 17, § 10.
6. Valcre-Maxime, 1. I, c. i, § 5,
7. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 57, p. 177, 1. 6. C. I. L., t. II, p. 410.
g. Strabon, 1. III, c. 4, § 13. Ed. Didot, p. 135, I. 10-12.
9. L. VII, épigramme 52.
10. L. IV, épigramme 3).
i6 H. d'Arbois de Jubainville.
bilis. Dans un autre endroit il se compare au Corinthien Car-
menion, un eftéminé :
Cur frater tibi dicor, ex Iberis
Et Celtis genitus Tagique civis '
Dans une épigramme adressée à Macer, il associe de nouveau
le nom des Celtes et des Ibères à celui du Tage qui prenait sa
source en Celtibérie :
Nos Celtas Macer et truces Iberos
Cum desiderio tui pctemus.
Scd quaecunque tamen feretur illic
Piscosi calamo Tagi notata.
Son épigramme à Licinianus débute par l'éloge de Bilbilis :
Vir Celtiberis non tacende gentibus,
Nostraeque laus Hispanis;
Videbis altam Liciniane Bilbilim,
Equis et armis nobilem 2.
L'œuvre littéraire du Celtibère Martial est un monument
qui atteste avec quelle énergie puissante la civilisation romaine
s'était emparée des Celtes d'Espagne dès le premier siècle de
notre ère. C'est la confirmation des paroles suivantes de Strabon
qui sont de vingt et quelques années antérieures à Martial : En
Espagne, dit le géographe grec, habitent des peuples qu'on ap-
pelle déjà « porteurs de toge », togati, c'est-à-dire pacifiques,
aux mœurs douces, et qui avec le vêtement ont adopté la civi-
lisation de l'Italie 3 ; cependant, dit-il ailleurs, ces Celtibères,
porteurs de toge, ont été autrefois considérés comme les plus
sauvages de tous les habitants de l'Espagne 4.
Attacum, moins célèbre que Bilbilis et que Ncrtohriga, paraît
être aujourd'hui Ateca5.
Au sud-ouest des trois villes de Ncriobriiya, de Bilbilis et
1 . L. X, épigramme 65.
2. L. I, épigramme 50.
3. Strabon, 1. III, c. 4, § 10. Ed. Didot,'p. 138, 1. 41-44.
4. Strabon, 1. III, c. 2, § 15. Ed. Didot, p. 125, 1. 57-39.
5. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 57, p. 178, 1. 4.
Les Celtes en Espagne. 1 7
à^Attacum situées en Aragon dans la province de Saragosse
dans le bassin de l'Ebre moyen sur le Jalon, affluent de droite
de ce grand fleuve, on trouve toujours sur le Jalon la ville mo-
derne dite Arcos-de-Medina-Celi, en Vieille Castille dans la
partie méridionale de la province de Soria, elle a été construite
sur l'emplacement de l'antique Arcobriga, qui faisait partie de
la Celtibérie de Ptolémée ^ Pline appelle les habitants Arco-
brigenses^. Il y avait chez les Celtici, entre le Tage et le Gua-
diana, un autre Arcobriga dont la situation est du reste incer-
taine', tandis que la position de VArcobriga des Celtibères est
connue par V Itinéraire d'Antonin'^. On peut supposer o^uArco-
briga veut dire « château d'Arcos « ; d'Arcos est venu le nom
d'homme dérivé Arco, dont les inscriptions romaines d'Es-
pagne offrent plusieurs exemples : on en a trouvé deux à Villa-
mejia, en Estremadure, province de Caceres, entre le Tage
et le Guadiana, dans une région qui a appartenu aux Celtici'^.
Dans la même localité, une autre inscription nous offre au
datif le nom d'homme Arcos dont Arco est dérivé ; c'est l'épi-
taphe qu'une femme a fait graver pour Arcos, son mari : Arco
conjugi^. Les éditeurs du C. I. L. ont vu, dans ce datif Arco,
d'Arcos, le datif d'Arco, -onis, c'est une distraction de ces
éditeurs ou plutôt du seul éditeur responsable du tome II de
la grande collection des inscriptions romaines, M. Emile
Hûbner. Ainsi, une des inscriptions trouvées à Villamejia,
province de Caceres, nous fait connaître le nom d'homme
Arcos, premier terme du nom de lieu Arco-briga, dont la géo-
graphie romaine de l'Espagne offre deux exemples.
Passons au sud du bassin de l'Ebre.
A la Nouvelle Castille, province de Guadalajara, bassin du
haut Tage appartient la ville celtibère de Caesada, aujourd'hui
Hita ou Trijueque/, dont on peut rapprocher le chef-lieu de la
1 . Ptolémée, 1. II, c. 6, § 57, p. 178, 1. i.
2. Pline, 1. XXXIII, c. 24.
3. Ptolémée, 1. II, c. 5, 5 5, p- 134, 1. 9.
4. Itinéraire d'Aiitoniii, p. 437, 1. i, p. 438, 1. 13.
5. C. I. L., II, 664,668.
6. C. I. L., Il, 668.
7. Pline, 1. II, c. 6, § 57, p. 178, 1. 2.
Rtvue Celtique, XV. 2
i8 H. d'Arbois de Jubainville.
même province qui paraît être l'antique Ariaca^. Arriaca, dé-
rivé du gentilice Arrius, est un mot celtique. Dans le même
bassin en Nouvelle Castille, province de Cuença, la ville celti-
bère d'Ergavica devait se trouver dans l'endroit appelé Cabeza-
del-Griego, entre Ucles et Saelices^. Ergavica est une des villes
d'Espagne qui ouvrirent leurs portes aux Romains quand, en
l'an 179 avant notre ère, le roi Thurrius offrit son alliance
au propréteur victorieux Tib. Sempronius Gracchus^,
Dans le bassin du haut Guadiana, en Nouvelle Castille,
et dans la partie méridionale de la province de Tolède, au sud
de Madrid, est situé Consuegra, identique, pense-t-on, à la
ville celtibère dont le nom est écrit Condahora par les éditeurs
de Ptolémée +, mais Consabrum dans V Itinéraire d'Antonin.
On suppose que Contrehia, capitale des Celtibères, est Al-
barracin, sur le Guadalaviar, qui, beaucoup plus bas, se jette
dans la Méditerranée, à Valence. Albaracin est en Aragon, pro-
vince de Teruel, au sud de Saragosse. Il ne faut pas confondre
cette Contrehia avec la Contrebia des Berones, dont il est ques-
tion plus haut: la Contrebia des Berones était située sur l'Ebre,
près de Logrono, chef-lieu d'une province de la Vieille Cas-
tille; l'autre, comme. on le voit par le texte le plus ancien où
il en soit parlé, était voisine des Carpetani, dans le territoire
desquels se trouvait la ville de Tolède en Nouvelle Castille,
bassin du Tage moyen : le préteur Q. Fulvius Flaccus, faisant
la guerre aux Celtibères en 181 avant notre ère, fit le siège de
Contrebia dont il contraignit les habitants à capituler, et près
de là il livra aux Celtibères une bataille dans laquelle il leur
tua douze mille hommes et leur en prit plus de cinq mille,
avec quatre cents chevaux et soixante-deux enseignes. Après
cette bataille, la plus grande partie des Celtibères se soumirent
aux Romains !>. Moins de vingt ans plus tard, le consul Cae-
cilius Metellus, 143-142, combattant les Celtibères de nouveau
1. Itinéraire d'Antonin, p. 436, 1. 3; 438, 1.
2. Ptolémée, 1. II, c 6, § 57, p. 178, 1. 6.
3. Tite-Live, 1. XL, c. 50.
4. Ptolémée, I. II, c. 6, § 57, p. 179, 1. 2.
5. Tite-Live, 1, XL, c. 33.
Les Celtes en Espagne. iq
révoltés, prit Conlrdna, ce qui fut considéré comme un exploit
merveilleux ^
Au sud-est d'Albarracin est Segorbe, l'antique Segohriga des
Celtibcres, près de la Méditerranée, royaume de Valence, pro-
vince de Castellon. Au sud-ouest, on a reconnu d'anciennes
villes celtibériennes, à Valera-de-Abajo, et à Iniesa, en Nou-
velle Castille, province de Cuença, comme Cabeza-del-Griego,
l'antique Ergavira, mais dans le bassin du haut Jucar, qui se
jette dans la Méditerranée, tandis que Cabeza-del-Griego est
dans le bassin du Guadiana qui se jette dans l'Océan. Valera-
de-Abajo est sur l'emplacement de la ville celtibérienne de
Vakria-y et Iniesta sur celui de la ville celtibérienne appelée
Laxta par les éditeurs de Ptolémée?,
§ 15. Les Celtibères de l'ouest. Première partie, les Arevaci.
Dans la Celtibérie de Pline et dans celle de tous les auteurs
plus anciens, est compris le territoire des Arevaci qui touche
à l'ouest celui des Celtibères de Ptolémée et dont l'histoire se
confond avec la leur. Les Arevaci font leur apparition dans
l'histoire l'an 153 av. J.-C. Sous le commandement de Caros,
originaire de Segeda, ville des Belli, ils remportèrent sur le
consul Q. Fulvius Nobilior une première victoire qui fut, la
même année, complétée sur le champ de bataille de Numance.
Là Ambo et Leuco, généraux des Arevaci, tuèrunt quatre
mille hommes aux Romains 4. Numance, on le verra plus loin,
était une ville celtibérienne, elle appartenait aux Arevaci.
L'héroïque résistance de Numance, assiégée par Scipion et
prise par lui l'an 133 avant notre ère, est restée célèbre dans
l'histoire ancienne comme, dans l'histoire moderne, le siège
de Saragosse, autre ville celtibérienne malgré son nom romain
de Caesar-Augusta. Mais Saragosse, cette victime de l'orgueil
1 . Velleius Paterculus, I. II, c. 5, § 2, 3. Florus, 1. II, c. 7, § 10. Am-
pelius, c. 18, S 14. Aurelius Victor, de viris illustrihis, § 61. Valcre
Maxime, 1. II, c. 7. j 10.
2. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 57, p. 179, 1. 5.
3. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 57, p. 179, 1. 4.
4. Appien, De rébus hispaniensibus, 45, 46. Ed. Didot, p. 51, 32.
20 H. d'Arboisde Jubainville.
de Napoléon I", est encore debout grande et fière, tandis que
Numance, détruite par la vengeance impitoyable des Romains,
ne s'est pas relevée depuis deux mille ans. L'implacable génie
de Rome, qui a pardonné au nom de Carthage et a laissé cette
ville se rebâtir, plane toujours triomphant et cruel sur les
ruines celtiques de Numance.
Pline prétend que le nom des Arcvaci est dérivé du nom
d'une rivière Areva ^ Si cette étymologie est exacte, elle nous
offre un exemple de l'emploi du suffixe celtique -aco-. Mais on
peut considérer cette étymologie comme douteuse et recon-
naître dans le terme ethnique Arevacos, un composé dont le
premier terme serait la préposition are et dont le second
terme vaco-s serait identique au second terme du nom des
BcUo-vaci, peuple de la Gaule. Les Bcllo-vaci ont donné leur
nom à la ville de Beau vais.
Bello-, premier terme du nom des Bcllo-vaci, est identique
au nom des BcUi qui paraissent avoir été une subdivision des
Arevaci ou des clients de ce peuple plus important. Leur ville
principale était Segeda. Elle fut comprise l'an 178 avant notre
ère dans un traité conclu avec T. Sempronius Gracchus et par
lequel les Celtibères vaincus consentirent à devenir les alliés
du peuple romain. Une des conditions du traité était que les
Celtibères ne bâtiraient pas de nouvelles villes ; or, vers
l'année 154, c'est-à-dire vingt-quatre ans plus tard, les Belli
entreprirent la construction d'une muraille autour de leur ville
de Segeda ^. Ce fut la cause d'une longue guerre entre Rome
et les Celtibères. Cette guerre dura vingt ans, c'est-à-dire
douze ans de plus que la conquête de la Gaule par Jules César,
et pour la terminer par le prise de Numance, en 133, il flillut
le génie d'un Scipion.
Segeda est chez Appien une ville des Belli, peuple celtibèreî.
Chez Strabon, c'est une ville des Arevaci "i. Segeda peut être
un nom celtique, dérivé du thème sego- au moyen d'un
1. Pline, 1. III, § 19.
2. Appien, De rébus hispaniensihus, c. 44; cf. 43. Ed. Didot, p. 50, 51.
3. Appien, De rébus hispauieiisibus, c. 44.
4. Strabon, 1. III, c. 4, § 13. Ed. Didot, p. 135, 1. 7.
Les Celtes en Espagne. 2 1
suffixe -cdo, -eda par c long ^ Mais ce qui est certainement
celtique, c'est le nom du général des Arevaci, Leuco, qui,
en 153, battit les Romains. Son nom est dérivé d'un thème
leuco- « blanc, brillant » qui a donné le nom des Leuci, peuple
belge, ami des Romains pendant les campagnes de César et
dont le territoire paraît avoir correspondu à peu près à l'an-
cien diocèse de Toul, Meurthe-et-Moselle. On trouve le
thème leuco- dans deux des noms de lieu que nous fait connaître
la table alimentaire de Veleia, ville de la Gaule cisalpine : l'un
de ces noms est celui du fundus Licco-leucus-, Tautre est celui
du saltus Leuco-melius^ ou Leucu-mellus'^. Le même thème est
le premier terme du nom de femme gaulois Leuci-mara î,
qui veut dire « grande par sa blancheur éclatante ». Du
nom d'homme celtibère Leuco, -onis, dérivé du thème leuco-,
on a tiré le gentilice romain Leuconius, dont une inscrip-
tion de Barcelonnette, Basses-Alpes 6, atteste l'existence en
Gaule et qu'on trouve aussi dans d'autres parties de l'empire
romain 7.
En l'année 133 avant J.-C.. un Arevaque nommé Rheto-
genes et surnommé Karaunios, accompagné de cinq amis et
d'autant de valets, réussit à traverser les travaux de circonval-
lation établis par Scipion autour de Numance et alla demander
du secours aux autres villes des Arevaci. Les jeunes guerriers
de la ville de Lutia se laissèrent gagner ; ils allaient se mettre
en route, mais Scipion arriva sous les murs de Lutia avec un
corps de troupes et donna aux habitants de Lutia le choix ou
de lui livrer ces ennemis de Rome ou de voir détruire leur
ville ; les habitants effrayés lui remirent cinq cents de ces
jeunes gens auxquels Scipion fit couper les mains ^. Environ
quatre-vingts ans plus tard, en 51, César, en Gaule, devait
1 . Grammalica celtica, p. 79.
2. Table, VI, 1. 23.
}. Table, VII, 1. 58.
4. Table, III, 1. 72.
5. CI. L., III, 5265.
6. C. L L., XII, 82.
7. CI. L., V, 4902; VIII, 9665.
8. Appien, De rébus hispaniensibus, c. 94. Ed. Ditlot, p. 71,
22
H. d'Arbois de Juhainvilk.
traiter de même tous ceux des habitants d'UxeJlodininiit qui
avaient porté les armes contre lui ^
Le nom de Ltitia peut avoir la même racine que Lutetia,
aujourd'hui Paris. Quant au nom de Rhetogenes, il paraît dé-
figuré sous l'influence des habitudes grecques, c'est le celtibère
Retugenus conservé par une inscription ^ et qui est une va-
riante espagnole du mot plus complet Rectu-genos. Le nom
d'homme Rectu-genos, qui veut dire « fils du droit », se trouve
en Gaule et en Espagne 3, et le c qui devant le t devenait
ordinairement spirant, est tombé dans ce mot comme dans
le mot gaulois ambactos « serviteur », qui est toujours noté
amhatus dans les inscriptions d'Espagne.
Trois peuples secondaires qui paraissent avoir été les clients
ou les sujets des Arevaci sont mentionnés par les auteurs de
l'antiquité : ce sont, outre les Belli dont nous avons déjà parlé,
les Tiiihi et les PeJmdoncs. Le nom des BelJi et des Titthi est
associé à celui des Arevaci dans le récit de la guerre des Ro-
mains contre les Celtibères. Ces trois peuples luttèrent contre
les Romains, d'abord de 153 à 151 4 avant J.-C, puis repri-
rent les armes en 144 S et la guerre ne se termina définiti-
vement qu'en 133. L^s Romains durent leur succès à la poli-
tique autant qu'au génie militaire ; ils profitèrent de la jalousie
des BcUi et des Titthi envers les Arevaci pour détacher de la
cause de l'indépendance celtique les deux premiers de ces
peuples^.
Les Pekndones apparaissent beaucoup plus tard, au plus
tôt en 77 av. J.-C, si on admet qu'il foille corriger en PcJen-
doncs le Ceriudoncs de Tite-Live dans le fi-agment du livre XCI
où nous voyons Sertorius envoyer M. Marius, son questeur,
lever des troupes chez les Arevaci et chez les Ceriudoncs. Sui-
vant Pline, les Pekndones habitent à la source du Duero, et
1 . De bclto gallico, VIII, 44.
2. C. I. L., II, 2324
3. C. I. L., II, 2402, 2907.
4. Appien, De rcbus hispaniensihus, c. 44, 48, 50. Ed. Didot, p. 51-53.
5. Appien, De rehus hispaniemilnts, c. 66, p. 59. Cf. c. 76, p. 63.
6. On le voit par le fragment de Polybe où est racontée l'ambassade en-
voyée par ces trois peuples au Sénat romain en 152. Polybe, 1. XXXV,
c. 2. Ed. Didot, t. II, p. 121.
Les Celtes en Espagne. 25
chez eux est Numance^ Mais Numance est, suivant Ptolcmée,
une ville des Arevaci^; c'est déjà la doctrine de Strabon 5.
On doit conclure de là que les Pdcndones sont une subdi-
vision des Arevaci. Ptolémée nomme trois villes des Pelen-
dones : Visontium, l'une d'elles 4, n'est citée par aucun autre
auteur, et sa situation est inconnue. On a déjà remarqué la
ressemblance de son nom avec celui de Besançon, Vesontio,
mais nous ignorons si ces deux noms sont celtiques et s'ils ne
remonteraient pas à une population plus ancienne, aux Li-
gures par exemple. La seconde est Augustobriga ; on pense
que les ruines de cette ville sont celles qu'on a découvertes à
Aldea-del-Muro, près d'Agreda, Vieille Castille, province de
Soria et dans le bassin de l'Ebre, mais à son extrême limite,
près des sources du Duero >. Ptolémée, d'après d'autres docu-
ments, désigne la même ville par le nom de Nova Augiisla
et l'attribue aux Arevaci^. La source de Ptolémée paraît avoir
été ici la même que celle de Pline, Nova Augusta est une des
six villes qui, suivant Pline, auraient appartenu aux Arevaci. La
dernière ville des Pehndones est, suivant Ptolémée, Savia, que
lui seul mentionne, et dont on n'a pas retrouvé la position".
Mais Pline nous donne sur les Pelendones une indication très
précise, c'est que chez eux auraient été situées les sources du
Duero qui sont en Vieille Castille, province de Soria, au nord-
est de cette ville.
De tout ce qui précède, il résulte que nous avons trois indi-
cations géographiques précises à l'aide desquelles on peut dé-
terminer la situation des Pelendones. Chez eux étaient Augus-
tobriga et les sources du Duero. Par conséquent, ils habitaient
le nord de la province de Soria, ils étaient la portion septen-
1. Pline, 1. IV, § 112; cf. I. m, §26.
2. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 55, p. 174, 1. i.
3. Strabon, 1. III, c. 4, § 13, p. 134, I. 53 et 54; p. 135, 1. i. C'est
aussi la doctrine d'Appien, De rébus hispaiiiensibus, c. 66, où il parle des
événements de Tannée 144 d'après un historien plus ancien, probablement
Polybe.
4. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 53, p. 171, I. 9.
5. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 53, p. 172, 1. i. Cf. C. /. L., II, p. 390.
6. Ptolémée, 1. Il, c. 6, 5 55, p- 174, I. 3.
7. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 53, p. 172, 1. 2.
24 W. d'Arbois de Jubainville.
trionale du groupe de populations cekibères désignées sous le
nom plus général d'Arcvaci.
Le territoire des Arevaci s'étendait à la fois sur le bassin du
haut Duero et sur celui du haut Tage. Dans le bassin du
Duero, il couvrait une partie des provinces de Soria, de
Burgos et de Segovie en Vieille Castille, de Palencia, royaume
de Léon; dans le bassin du haut Tage, une partie de la pro-
vince de Guadalajara, Nouvelle Castille.
Dans la province de Soria se trouvaient, outre le territoire
des PcJendoncs dont nous avons parlé, les deux villes (ÏUxama
et de Numance. Uxaina, aujourd'hui Osma, porte un nom
celtique dont nous avons déjà mentionné un exemple en Es-
pagne : chez les Autrigones était Uxama Barca, aujourd'hui
Osma, dans la province d'Alava, une des provinces basques.
Des deux Uxama, la plus importante, à en juger par le nombre
de ses inscriptions romaines, paraît avoir été celle des Are-
vaci ; elle se distinguait de la première par le surnom à'Ar-
gaela ^ ; le passage de Ptolémée qui nous l'apprend est con-
firmé par deux inscriptions recueillies, l'une, dans l'Estrema-
dure espagnole, à Caceres, l'antique Nt^r^rt ^ ; l'autre, en Vieille
Castille, près de Burgos 3. Ce sont les épitaphes de person-
nages tous deux nés à Uxama Argaela, et l'un des deux porte
un nom celtique : T. Magilius Rectugeni filius. On a trouvé
dans la même localité une dédicace aux Lugovcs, divinités qui
sont le pluriel du nom du grand dieu celtique Lugus 4, Uxama,
une des villes qui restèrent fidèles à Sertorius jusqu'après sa
mort, en 72 5, paraît être celle des Arevaci.
Numance était au milieu du second siècle avant notre ère
une ville d'importance modeste pour lutter contre les Ro-
mains: elle pouvait mettre huit mille hommes sous les armes^.
Si donc on s'en rapporte aux procédés de statistique employés
1 . Ptolémée, 1. II, c. 6, § 55, p. 173, 1. 5.
2. Cl. L., II, 696.
3 . CI. L., II, 2907.
4. C. 1. L., II, 2818.
5. Florus, 1. III, c. 22, § 9.
6. Appien, De rébus hispanie?isibus, c. 97. Ed. Didot, p. 72. Cf. c. 76,
,65.
Les Celtes en Espagne. 25
par César à propos des Helvetii, Numance devait avoir trente-
deux mille habitants ^
Numance apparaît dans l'histoire romaine en 153, où les
Arcuaci, sous ses remparts, battirent les Romains ^. Mais ce
qui a rendu surtout cette ville célèbre, c'est la part qu'elle a
prise à la lutte des Arevaci contre Rome quand ceux-ci,
compris dans le traité de paix conclu par Claudius Marcellus
avec les Celtibères en 15 i 5, se laissèrent entraîner par le Lu-
sitan Viriathe à reprendre les armes contre les Romains; c'était
en 144-*. Bientôt la plupart des villes des Arevaci se soumirent
et Numance resta seule à tenir tête aux Romains; le siège, com-
mencé par Q. Pompeïus Aulus l'an 141 av. J.-C, ne fut ter-
miné que huit ans plus tard, en 133, par Scipio Aemilianus
qui avait pris et détruit Carthage en 146, et dans l'intervalle
les Numantins avaient forcé le général romain, C. Hostilius
iMancinus, à une paix honteuse que le Sénat romain refusa de
ratifier. Mancinus, par ordre du Sénat, fut livré aux Numan-
tius qui refusèrent de le recevoir. A la fin du siège, les Nu-
mantins, mourant de faim, furent contraints de se rendre sans
condition. Mais pendant le délai de trois jours que la capitu-
lation leur accordait, la plupart d'entre eux se donnèrent la
mort de leur propre main. Scipion fit vendre les autres
comme esclaves, à l'exception de cinquante mis en réserve
pour être conduits à Rome et pour accompagner le vainqueur
dans sa rentrée triomphale ; ils devaient être décapités aussitôt
après la cérémonie. Quant à la ville, Scipion la fit détruire et
il en partagea le territoire entre les peuples voisins î.
Dans la province de Burgos, au sud-est de cette ville, à
quelque distance au nord du Duero, les Arevaci avaient la
ville de Clunia dont on a reconnu les ruines au bord d'un
ruisseau appelé Arandilla, qui se jette dans un petit affluent
1 . Suivant César, De bello gallico, I, 29, le nombre des Helvetii et de
leurs allies était de 368,000, dont 92,000 en état de porter les armes, c'est
juste le quart.
2. Appicn, de rébus Inspaniensibus , c. 46, p. 51, 52.
5. Appien, ihid., c. 50, p. 53.
4. Appien, ibid., c. 66, p. 59.
). Appien, ibid., c. 76-98, p. 63-73.
26 W. d'Arbois de Jubainville.
de droite du Duero ^ ; c'était h dernière ville des Arevaci quand
on suivait la route deCaesaraugusta (Saragosse) ïAsturica, As-
torga -, et voilà pourquoi Pline dit que Clunia est la fin de la
Celtibérie3. Clunia apparaît dans l'histoire romaine l'an 76
avant notre ère. Cette ville était alors du parti de Sertorius,
qui y fut inutilement assiégé par Pompée-^. Il est encore
question de Clunia vingt et un ans plus tard : pendant que
César fut occupé à la guerre des Gaules en 55, les Celtibères
se révoltent, le proconsul Q_. Caecilius Metellus Nepos met
le siège devant Clunia et il est battu devant cette place par
les Vaccaei qui, malgré lui, entrent dans Clunia, succès pas-
sager qui se termina par une défaite 5. Plus d'un siècle après,
Galba séjournait à Clunia, quand le vœu des armées soulevées
contre Néron l'appela à l'empire 6. Sous la domination romaine,
Clunia était le chef-lieu d'une des circonscriptions adminis-
tratives et judiciaires, ou conventus, entre lesquelles se parta-
geait la Tarraconaise. A la même époque, les inscriptions
nous offrent quelques traces de l'origine celtique des habi-
tants : un des cultes les plus répandus chez les Celtes du nord
des Pyrénées était celui des maires. Le seul exemple qu'on en
ait trouvé au sud des Pyrénées appartient à Clunia, c'est une
dédicace aux maires GallaicaeT, c'est-à-dire aux ;//fl'/;rj- honorées
par les Celtes, mêlés aux Callaici ou Gallacci, ou pour au-
trement s'exprimer, par les Celtici du nord-ouest de l'Es-
pagne.
Plus à l'ouest, dans le royaume de Léon, province de Pa-
lencia, entre cette ville et Burgos, les Arevaci possédaient
sous l'empire romain la ville de Confluentia, au confluent de
l'Arlanzon et de l' Arlanza ^.
Les villes dont nous avons parlé jusqu'ici sont situées au
nord du Duero. Au sud de ce fleuve, les Arevaci possédaient
1. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 55, p. 173, 1. 3.
2. Itinéraire d'Antonin, p. 439-443.
3. Pline, 1. m, § 27.
4. Tite-Live, Epitome du livre XCII.
5. Dion Cassius, 1. XXXIX, c. 54.
6. Plutarque, Galba, c. 6. Ed. Didot, p. 1238, 1. 8.
7. C. /. L., II, 2776.
8. Ptolémée, 1. II, c. 6, 5 55, P- 173, 1- 2.
Les Celtes en Espagne. i-j
dans le bassin du Duero Segovia et dans le bassin du Tage
Stgonùa.
Segùvia n'a pas change de nom. Ce nom est d'origine cel-
tique ; c'est un dérivé du thème si fréquent sego- qui veut dire
« atteindre, triompher ». Ce thème dans Segovia a été développé
à l'aide de deux suffixes dont le premier se trouve aussi dans
le nom d'homme Segovax que César entendit en Grande-Bre-
tagne, lors de sa seconde expédition, l'an 54 a\ . J.-C. Se-
govax était le nom d'un des quatre rois du Cantiuni^. Le nom
de Segovia apparaît dans l'histoire romaine, un peu plus de
vingt ans avant celui de Segovax. L'an 78 avant notre ère,
Hirtuleius, lieutenant de Sertorius, y remporta une victoire
sur L. Manlius et Domitius envoyés de Rome en Espagne par
le parti de Sulla^. Segovia était du parti de Sertorius qui.
Tannée suivante, y fit lever des troupes 3, Enfin, en 75, Hir-
tuleius périt dans une bataille livrée près de Segovia au pro-
consul Q_. Caecilius Metellus Plus 4. Segovia est attribuée aux
Arevaci par Pline 5 et par Ptolémée ^. On y a trouvé trente-
quatre inscriptions romaines 7. Parmi elles, l'épitaphe de Va-
lerius Anno, fils de Luguadicus, originaire à'Uxama. Le sur-
nom du père de ce personnage est un dérivé du thème ingii-,
d'où le nom des Lugoves, divinités celtiques adorées à Uxama
Argaela, comme on l'a vu plus haut. Segovia était sur la voie
romaine de Cesaraugnsta, Saragosse à Emerita, Merida qui
traversait de part en part la Celtibérie. C'est aujourd'hui la
capitale d'une des provinces méridionales de la Vieille Castille,
Au bassin du haut Tage appartient Segoiitia, aujourd'hui
Siguenza, en Nouvelle Castille, province de Guadalajara, sur
le Henares, affluent du Jarama, qui est lui-même un affluent
1. De beUû Gallico, 1. V. c. 22.
2. Florus, 1. III, c. 22, § 6, 7. Tite-Live, Epitome du 1. XC. Eutrope,
1. 6, c. I.
3. Titc-Li%'e, frag. du 1. XVI.
4. Tile-Livc, Epitome du 1. XCI. Orosc, 1. V, c. 23, ^ 3. Cf. Frontin,
et Mommsen, KœniiscJk' Geschichie, 6' éd., t. III, p. 31.
5. Pline, 1. III, :; 27.
6. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 55, p. 174, 1. 2.
7. C. I. L., II, 2729-2262.
28 H. iVArbois de Jiibainville.
de droite du Tage. C'est dans le Jarama que se jette le Man-
zanares, petite rivière près de laquelle est bâtie Madrid. La
position de Segontia, près du haut Tage, s'accorde avec le pas-
sage où Strabon dit que les Arevaci touchent aux sources du
Tage.
Le nom de la Segontia des Arevaci apparaît pour la première
fois dans l'histoire romaine en l'an 195 avant J.-C. Le préteur
P. Manlius faisait la guerre aux Turdetani, qui habitaient la
partie la plus méridionale de l'Espagne, dans les environs du
détroit de Gibraltar. Les Turdetani s'étaient procuré le concours
d'une armée mercenaire qui s'élevait à dix mille soldats et qui
venait de Celtibérie. Cette armée celtibérienne avait laissé ses
bagages dans la ville de Segontia ^ Le consul M. Porcins Cato,
le fameux censeur et écrivain de ce nom, qui était venu en
aide au préteur P. Manlius, s'approcha de Segontia avec l'in-
tention d'en faire le siège, puis, considérant comme impoli-
tique cette opération militaire, il se retira, comptant sur d'autres
mo3'ens pour détacher les Celtibères du parti qui, en Espagne,
restait fidèle, soit au souvenir de Carthage, soit à celui de
l'ancienne hberté.
Segontia est un mot gaulois, c'est le féminin du participe
présent du thème verbal sego-, d'où vient aussi Segovia. L'an 55
avant notre ère. César, dans sa seconde expédition en Grande-
Bretagne, obtint la soumission des Segontiaci^ dont le nom dé-
rive d'un thème segontio- ou segontia. Il y avait en Grande-
Bretagne, sous l'empire romain, une localité appelée Segon-
tiiini ; on croit qu'elle était située sur la côte nord-ouest du
pays de Galles, en face de l'île d'Anglesey, à Carnarvon.
^Itinéraire d'Antonin mentionne en Espagne deux Segontia,
elles sont toutes les deux, comme Segovia, sur la route de
Saragosse à Merida; celle dont il s'agit ici se distingue de
l'autre par le surnom de Lança 5, c'est la plus méridionale des
deux, la plus éloignée de Saragosse. L'autre est la station in-
termédiaire entre Saragosse et Nertobriga ; on pense que c'est
1. Tite-Live, 1. XXXIV, c. 19, écrit ce nom Scguiilia.
2. De hello Gatlico. 1. V, c. 21.
3. Ptolémée, 1. II, c. 7, ^ 55, P' i75>l- 7-
Les Celtes en Espagne. 29
Rueda, à peu de distance à l'ouest de Saragosse et au sud de
l'Ebre, tout près au nord de la ville celtibère de Nertobriga,
aujourd'hui La-Almunia-de-Dona-Godina. Il a existé encore
d'autres Segontia en Espagne : Pline, parlant des deux villes
de Segontia et d' Uxama qui appartenaient aux Arevaci, dit que
ces deux noms de lieu sont fréquemment usités ailleurs ^ Pto-
lémée mentionne deux autres Segontia, une chez les Varduli-,
probablement dans les provinces basques, une autre chez les
Faccaei^, c'est-à-dire dans le bassin du moyen Duero. Les
VarduH sont probablement un peuple ibérique chez lequel Se-
gontia était une forteresse celtique. La Segontia des VarduH
et celle des Vaccaei étaient chacune surnommées Paramica.
Les antiquités romaines de Siguenza, la Segontia des Are-
vaci, n'ont pas été explorées, on connaît cependant une ins-
cription romaine trouvée dans le voisinage 4, et on a recueilH
ailleurs les épitaphes de deux individus originaires de Segontia :
l'un est quahtîé de Segontinensis5, l'autre de Segontinus^.
Il ne faut pas confondre avec le nom des quatre Segontia
l'une des Celtibères propres, les autres des Arevaci, des Vac-
caei, enfin des VarduH, le nom de Sagontia, ville beaucoup
plus méridionale, attribuée par Ptolémée aux TurdetaniT. Elle
est mentionnée sous le même nom par Pline ^ dans sa liste
des villes qui font partie du conventus de Cadix, et c'est d'elle
que parle Appien dans son récit delà guerre de Sertorius contre
Pompée 9.
§ 14. Les Celtibères de l'ouest. Seconde partie, les Vaccaei.
Les Vaccaei occupaient le bassin du Duero moyen dans
toute sa largeur, à l'ouest des Arevaci au sud, des Turmodigi
1. Pline, 1. m, § 27.
2. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 65, p. 189, 1. 3.
3. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 49, p. 166, 1. 4.
4. C. /. L., II, 2847.
5. CI. L., II, 3626.
6. C. / L., II, 4195.
7. Ptolémée, 1. II, c. 4, § 10, p. 123, 1. 7.
8. Pline, 1. III, 5 15.
9. Appien, T)e hellis civilibus, 1. I, c. iio.
jo H. d'Arbois de Jubainrille.
au nord. Valladolid, chef-lieu d'une des deux provinces les plus
occidentales de la Vieille Castille, peut être considéré comme
le point central de leur territoire. Ils apparaissent dans l'his-
toire en 219 : Hannibal, voulant terminer la conquête de4'Es-
pagne, les attaqua au printemps de cette année et leur prit de
vive force les deux villes de Sehnantica et Arhucala, dont l'une
est aujourd'hui Salamanca, Salamanque, chef-lieu de province,
célèbre par son université, dont l'autre est aujourd'hui Toro,
dans la province et à l'est de Zamora ^ ; toutes deux appar-
tiennent au royaume de Léon.
Quand les Romains, vainqueurs des Carthaginois, entre-
prirent la conquête de l'Espagne, les Vaccaei leur tinrent tête
comme le reste des Celtibères. En 193, le préteur M. Fulvius
Nobilior livra bataille près de Tolède aux armées réunies des
Celtibères propres, des Vaccaei et des Vettones, peuple de
race ibérique; il les vainquit-. Mais pendant la première
moitié du 11^ siècle, les Romains étaient trop occupés dans les
parties orientales de la Celtibérie pour entreprendre la con-
quête du territoire des Vaccaei; ils la commencèrent en 150,
et ce fut le proconsul L. Licinius Lucullus 3 qui en prit l'ini-
tiative.
Les Vaccaei n'avaient donné aux Romains aucun prétexte
de guerre, le but unique de Lucullus était d'acquérir de la
gloire par un succès militaire et de l'argent par le pillage. Il
vint mettre le siège devant Cauca, ville des Vaccaei. Ceux-ci
essayèrent de se défendre, et après un premier succès perdirent
trois mille hommes dans une sortie. Une ambassade de vieil-
lards vint alors, avec des couronnes et des rameaux d'oliviers,
demander grâce au proconsul. Celui-ci exigea des otages, cent
talents d'argent, des cavaliers auxiliaires et l'établissement
d'une garnison romaine dans la ville. On lui accorda tout.
La garnison romaine prit possession de Cauca, et immédia-
tement Lucullus fit massacrer tous les habitants sans distinc-
1. Polybe, 1. III, c. 14, § i, 3. Tite-Live, l.XXI, c. 5. L'historien latin
écrit d'après une source grecque, ce qui le prouve, c'est qu'il a remplacé par
un /; VS initiale du nom de Sehnantica.
2. Tite-Live, 1. XXXV, c. 7. Cf. De-vit, Onomasticon, t. III, p. 166.
3. Pline, 1. IX, §89. Cf. De-vit, Onomasticon, t. IV, p. 146.
Les Celtes enlEspagne. 3 1
tion d'âge ni de sexe : ils étaient au nombre de vingt mille.
Puis la ville fut pillée.
De Cauca, Lucullus se rendit à Intercntia, autre ville des
Vaccaei, qu'il voulait traiter de même, mais il l'assiégea en vain.
Cependant les habitants, de guerre lasse, consentirent à traiter,
ils livrèrent à Lucullus six mille sagum, une certaine quantité
de bestiaux et cinquante otages. Mais, au grand désespoir de
Lucullus, ils ne lui donnèrent point d'argent, et à sa grande
honte, ils ne voulurent pas accepter la parole du traître qui,
contrairement à la foi jurée, avait fait massacrer les habitants
de Cauca, ce fut la parole du jeune P. Cornélius Scipio Aemi-
lianus qui remplaça celle du général en chef. Scipion n'était
que tribun des soldats, comme qui dirait aujourd'hui un
simple colonel, mais par adoption il était devenu le petit-
fils du vainqueur d'Hannibal, c'était lui qui devait plus tard
détruire Carthage et Numance.
Puis, Lucullus arriva sous les murs de PaJlantia, aujourd'hui
Palencia, chef-lieu de province, royaume de Léon, au nord de
Valladolid. Mais ce fut le terme de ses succès: les habitants le
contraignirent à la retraite et le poursuivirent jusqu'au Duero.
Ainsi se termina la première conquête des Romains dans le
territoire des Vaccaei; elle avait été entreprise sans l'ordre du
Sénat ni du peuple romain; elle déshonora le général qui la
conduisit, mais malgré l'iniquité de sa conduite, aucune pour-
suite ne fut à Rome intentée contre lui ^ C'est peut-être pour
cela que, de retour dans la grande ville, il construisit un temple
au \ion\\cuï, felicitati^.
Les Romains laissèrent les Vaccaei en paix pendant quatorze
ans. Le consul C. Hostilius Mancinus venait d'être forcé par
les habitants de Numance à une paix humiliante, quand son
collègue, M. Aemilius Lepidus, voulut réparer cet insuccès avec
les Arevaci par un avantage sur les Vaccaei : il vint remettre
le siège devant Pallantia, sous les murs de laquelle Lucullus
avait trouvé le châtiment de sa conduite perfide et cruelle à
Cauca. Lepidus ne fut pas plus heureux que Lucullus. Le
1. .^ppien. De rehus hispaniensihits, c. 51-55. Ed. Didot, p. 53-45.
2. Pline, 1. XXXV, § 57. Cf. De-vit, Ofioinas licou, t. IV, p. 146.
^2 H. d'Arbois de Jubalnville.
Sénat, prévoyant qu'il ne réussirait pas, lui envoya l'ordre de
lever le siège. Lepidus s'obstina, mais les habitants de Pal-
Jantia furent encore plus opiniâtres que lui. Des partis celti-
bères qui parcouraient la campagne rendaient très difficile l'ap-
provisionnement de l'armée assiégeante ; la faim dans le
camp romain eut plus de puissance que les ordres du Sénat.
Lepidus se vit contraint de lever le siège, c'était en 136:
moins heureux que LucuUus, Lepidus fut dépouillé de son
commandement et condamné à l'amende ^ C'était la punition
de sa désobéissance aux ordres formels du Sénat. Lucullus
avait pu sans crime faire massacrer par trahison les vingt mille
habitants de Cauca : le Sénat ne le lui avait pas défendu.
Deux ans plus tard, Scipion, chargé de terminer la guerre
de Numance, dévasta le pays des Vaccaei qui fournissaient
des vivres aux assiégés; une des difficultés du siège était les
incursions par lesquelles les habitants de PaUantia gênaient les
partis romains chargés des approvisionnements. P. Rutihus
Rufus, tribun des soldats, plus tard un des écrivains romains
qui ont raconté en grec l'histoire de leur patrie -, faillit périr
dans une embuscade préparée par les guerriers de PaUantia^.
Au même moment, Scipion eut l'honneur de réparer autant
qu'il était en son pouvoir l'iniquité commise par Lucullus
envers les habitants de Cauca. Quelques-uns de ces malheu-
reux avaient réussi, pendant le massacre, à s'échapper par des
portes mal gardées. Scipion, traversant le territoire désert de
leur ville détruite, fit annoncer pubUquement que Rome leur
permettait de revenir en prendre possession et de le cultiver.
On ne peut déterminer exactement la date à laquelle le ter-
ritoire des Vaccaei fut conquis par les Romains. Cette con-
quête date probablement du premier quart du i" siècle avant
notre ère. Le récit de la guerre de Sertorius suppose cette con-
quête terminée. En 77, nous voyons C. Justeius, préfet des
cavaliers, praefectus equitum, de Sertorius, lever de la cavalerie
chez les Vaccaei^. Pompée, qui commandait les opérations
1. Appien, De relus hispaniensihus, c. 80-83. Ed. Didot, p. 65-66.
2. Peter, Historicoiiim romanonivi relliquiac, t. I, p. ccr.xi, 187.
3. Appien, De rébus hispaniensihns, 87-88, p. 68-69.
4. Tite-Live, fragment du livre XCI.
Les Celtes en Espagne. ] 3
militaires dirigées contre Sertorius, prit ses quartiers d'hiver
dans le territoire des Vaccaei, à la fin de l'année 75, et 3^ resta
jusqu'au printemps de 74 ^
Le territoire des Vaccaei, situé à l'ouest de celui des Arc-
vaci et des Tunnodigi, comprenait le bassin du moyen Duero
sur les deux rives, c'est-à-dire: 1° au nord du Duero, la partie
occidentale de la province de Burgos, la province de Palencia,
probablement tout entière, la portion septentrionale de celle
de Valladolid, la partie nord-est de celle de Zamora; 2° au sud
du Duero, la partie nord-est de la province de Segovia, proba-
blement la partie méridionale de celle de Valladolid, la partie
sud-est de celle de Zamora et la partie est de celle de Sala-
manque; il était comme à cheval sur la Vieille Castille, où
sont Burgos, Valladolid, Segovia, et sur le royaume de Léon
auquel appartiennent Palencia, Zamora, Salamanque.
Au nord du Duero, dans la province de Burgos, les Vaccaei
possédaient les trois villes d'An traça, de Rauda et de Cou-
giuni : Autraca - tirait son nom de celui de la rivière appelée
aujourd'hui Odra. L'Odra est un affluent de gauche du Pi-
suerga, l'antique Pisoraca qui passe à Valladolid et se jette
dans le Duero. L'Odra a dû s'appeler plus anciennement Au-
tra, peut-être Autura, qui est le nom antique de l'Eure ; nous
parlons de la rivière de France qui est un affluent de gauche
de la Seine, qui passe à Chartres et donne son nom à deux
départements. Le plus ancien nom de Chartres est Autricum,
dérivé du nom de l'Eure, Autura, et qui ne diffère di Autraca
que par les voyelles et le genre du suffixe, -aca en Espagne, -ico-
en France. Probablement les Autrigoncs doivent leur nom à
rOdra : leur nom signifie fils de l'Odra, Autra, Autura.
Cougium était situé sur la rive droite du Duero et c'était
probablement la ville d'Aranda, en Vieille Castille, province
de Burgos 3.
Rauda est aujourd'hui Roa, province de Burgos, sur la rive
1. Plutarque, Sertorius, c. 21, § 5. Edition Didot, p. 691, 1. 21. Cf.
Mommscn, Kamiscbe Geschichte, 6<= édition, t. III, p. 33.
2. Ptolcmce, 1. II, c. 6, § 49, p. ib6, 1. i.
3. Ptolcmée, 1. II, c. 6, J^ 49, p. 167, 1. 4.
Rcvui Celtique, XV. 3
J4 H. d'Arbois de Jabainville.
droite du Duero, comme Aranda, et à peu de distance à
l'ouest ^
Dans la province de Segovia, au nord-ouest de cette ville,
était située la ville de Cauca que le consul Licinius Lu-
cullus prit et détruisit par trahison en l'an 15 i - et qui dut son
rétablissement à Scipion Emilien l'an 133 ^ ; elle est attribuée
aux Vaccaei par Pline, qui appelle les habitants Caucenses'^,
et par Ptolémée 5. C'était sous l'empire romain une station sur
la route de Merida à Saragosse^, et l'empereur Théodose le
Grand y naquit. On y a trouvé deux inscriptions romaines".
Dans la province de Palencia, tout entière située au nord du
Duero, les Vaccaei possédaient quatre villes que nous énu-
mérons dans l'ordre du nord au sud : Lacohriga, Avia, Vimi-
nacium, Pallantîa. Lacohriga paraît avoir été située entre Car-
rion-de-los-Condes au sud, et Saldana au nord, sur les bords
du Carrion, affluent de droite du Pisuerga^. Avia était un peu
à l'est de Lacohriga, à Osorno 9.
Viminacium se trouvait au sud-est de Lacohriga, au sud-ouest
à' Avia. Ce serait aujourd'hui Carrion-de-los-Condes ^°, c'était
une station sur la route d'Astorga à Saragosse".
Pallantia, aujourd'hui Palencia sur le Carrion '^\ est chef-lieu
d'une province en Léon. Mêla dit que cette ville est dans la
Tarraconaise, la plus vaste des trois provinces romaines de
l'Espagne, la ville qui, avec Numance, a les plus illustres sou-
venirs ^5. Nous avons vu, en effet, qu'après avoir résisté avec
succès à Lucinius Lucullus en 15 1^-^, elle repoussa également
1 . Ptolémée, 1. II, c. 5, § 49, p. 166, 1. 7.
2. App'itn, De rehiis hispaniensibiis, c. 51-52, p. 53-54.
3 . Ibid., c. 89, p. 69.
4. Pline, 1. III, § 27.
5. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 49; p. 167, 1. 5.
6. Itinéraire d'Antonin, p. 435, 1. 4.
7. C. I.L., II, p. 378, 379.
8. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 49, p. i66, 1. 2.
9. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 49, p. 166, 1. 3.
10. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 49, p. 165, 1. 5.
II . Itinéraire d' Antonin, p. 449, 1. 2, p. 453, 1. 9.
12. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 49, p. 167, 1. 2.
13. Mêla, I.II, c. 6, § 4-
14. Appien, De rebns hispanicnsibns, c. 55, p. 55.
Les Celtes en Espagne. 3 ^
en 136 les attaques d'Aemilius Lepidus ^ et que deux ans plus
tard des soldats sortis de ses murs tinrent tête aux troupes de
Scipion Emilien ~. Pline, qui appelle ses habitants Palaiitîni,
est d'accord avec Ptolémée pour attribuer cette ville aux Fac-
caei"). Strabon commet une erreur évidente quand il la met
dans le territoire des Arevaci-i. Sous l'empire romain, Pal-
lantia était une station de la route d'Astorga à Tarragone5.
Dans la province de Valladolid qui, probablement, appar-
tenait tout entière aux Vaccaei, les villes de ce peuple que nous
connaissons étaient au nombre de quatre, toutes situées au
nord du Duero ; c'étaient Pintia, Septimanca, Amallo-briga,
Porta Augusta. Pintia ^ probablement aujourd'hui Valla-
dolid, était sous l'empire romain une station sur la route
d'Astorga à Sarragosse7. On peut supposer que Pintia est un
dérivé de l'adjectif gaulois qui veut dire cinquième ; c'est le
correspondant du latin Ouintia et de l'osque Pontia. Septi-
manca, au sud-ouest de Pintia, est aujourd'hui Simancas,
ville célèbre de la Castille, où sont conservées des archives
bien connues des savants. Plus au sud-ouest encore se trou-
vait la station romaine iX Amallo-briga, aujourd'hui Torde-
sillas. Septimanca et Amallohriga ne nous sont connues que
par y Itinéraire d'Antonin ^. Aucun texte ne nous affirme expli-
citement que ces deux villes appartinssent aux Vaccaei, mais
leur situation géographique rend cette attribution évidente.
Porta Augusta est attribuée aux Vaccaei par Ptolémée, et on
suppose que cette localité était située là où le Pisuerga venant
de Valladolid se jette dans le Duero 9.
La province de Zamora comprend cinq villes des Vaccaei,
quatre au nord du Duero: Brigaecium, Intercatia, Alhocola,
Ocelum Duri ; une au sud du Duero : Sarabis.
1. Appien, ilnd., c. 80, 82, p. 65, èè.
2. Appien, ihid., c. 88, p. 60, 69.
5. Pline, 1. III, §26.
4. Strabon, 1. III, c. 4, ^ 13, p. 135, 1. 7, 8.
5. Itiniraire d'Antonin, p. 9, 1. 441, p. 453, 1. 8.
6. Ptolémée, 1. II, c. 6, §49, p. 168, 1. 2.
7. Itinéraire d'Antonin, p. 440, 1. 4.
8. Itinéraire d'Antonin, p. 435, 1. i et 2.
9. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 49, p. 165, 1. 6.
36 H. d'Arbois de Jubainville.
Brigaeciuin est aujourd'hui Benavente, sur la rive droite de
l'Esla, l'antique ^j'/z/mj affluent de droite du Duero. Ptolémée,
dans un endroit, £iit de ses habitants une tribu des Astnres,
peuple ibère ^ Ailleurs, dans un passage un peu corrompu, où
Brigaecium est écrit Bargiacis, il se rectifie et rend cette ville
aux Vaccaei^. C'est le Brigecum situé sur la route d'Astorga à
Saragosse, d'après V Itinéraire d'AnioninK Les Astures, nation
ibérique, ont dû tirer leur nom de celui de VAstura ou
donner leur nom à cette rivière. Brigaecium est une forteresse
celtique bâtie dans le territoire des Astures. En l'an 25 avant
J, C, P. Charisius, lieutenant de l'empereur Auguste, attaqué
subitement par les Astures^ était perdu, si les habitants de
Brigaecium ne l'eussent à temps prévenu de l'approche des
ennemis 4 .
Intercatia est aujourd'hui Vilalpendo, sur le Valderaduey,
qui se jette dans le Duero, près de Zamora. Sa situation est
déterminée par V Itinéraire d'Antonin^. Cette ville apparaît dans
l'histoire Tan 151 avant notre ère. On a raconté plus haut
comment cette ville fut alors assiégée par le consul L. Lici-
nius LucuUus et comment le siège se termina par un traité
sans que les Romains eussent pu pénétrer dans les remparts
de cette place forte ^. On a prétendu que Strabon et Polybe
attribuent Intercatia aux Celtibères dans le sens restreint du
mot. Mais le passage de Strabon qu'on a ainsi interprété n'a
pas le sens précis qu'on lui attribue 7. Ptolémée ne commet
point d'erreur en attribuant Litercatia aux Vaccaei^. Sa doctrine
est confirmée par une inscription trouvée à Tarragone : c'est
l'épitaphe d'une femme Cantabre d'origine; cette épitaphe a
été gravée par les soins de son mari, originaire d' Intercatia et
de la nation des Faccaei9.
1 . Ptolémée, 1. II, c. 6, § 29, p. 160, I. 4.
2. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 49, p. 165, 1. 3.
3. Itinéraire d'Antonin, p. 439, 1. 8; p. 440, 1. i.
4. Florus, 1. IV, c. 12, § 54-56.
5. Itiiicraire d'Anioiiiii, p. 440, 1. 2.
6. Appien, De rehiis Inspaniensibiis, c. 53, 54, p. 54, 55,
7. Strabon, 1. III, c. 4, § 13, p. 135, 1. 12-15.
8. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 49, p. 165, 1. 4.
9. Intercatiensis ex gente Vaccaeonmi , C. /. L.^ II, 4233.
Les Celtes en Espagne. ^7
Il y avait une autre Intcrcatia en Asturie, et par conséquent
beaucoup plus au nord. L'existence de cette autre ville homo-
nyme de la première est établie à la fois par un passage de
Ptolémée^ et par une inscription du musée de Bonn qui nous
conservé les noms d'un soldat originaire d'Intercatia et qui, en
même temps, appartenait à la nation des Astures^. Suivant
Ptolémée, cette Intercatia était une ville des Orniaci. Les Or-
viaci, dont le nom paraît celtique, ne sont pas un peuple ima-
ginaire. ScmproniusPerpetuus, de cette nation, Orniacus, figure
en l'année 152 de notre ère dans une inscription d'Astorga,
l'antique Asturica (royaume et province de Léon), principale
ville des Astures \
Ce document, celtique malgré la langue dans laquelle il est
rédigé, qui est le latin, complète une convention plus ancienne
remontant à l'an 27 de notre ère. Cette convention confir-
mait l'existence d'une clientèle qui avait été antérieurement
organisée. Les parties contractantes sont au nombre de six qui,
tous, paraissent porter des noms celtiques; ce sont: 1° Arausa,
Blecaeni (comparez au nom d'homme Arausa le nom de lieu
dérivé Aramio, aujourd'hui Orange, Vaucluse) ; 2° Magilo
Clouti (deux noms gaulois bien connus); 3° Turaius Clouti
(on ne peut contester que Cloutus, nom du père de Turaius,
ne soit gaulois) ; 4° Bodecius Burrali (Bodecius est un dérivé
de la même racine que le gaulois Boduus et Burralis dérive de
Burrus, surnom d'Aft^anius, préfet du prétoire sous Claude et
sous Néron ; Afranius Burrus était originaire de Vaison, Vau-
cluse) 4; 5° Docius Elaesi, et 6° Elaesus Clutami. Clutamus,
nom du père d'Elaesus, portait un nom celtique; il était donc
Celte lui-même, ainsi que Docius, son petit-fils, et fils d'Elae-
sus. Arausa Blecaeni, inscrit le premier, est le patron dont les
cinq autres sont les clients, il appartient à la geiitilitas, ou si
l'on veut, au clan des Dcsonci, et il est originaire de Zoela,
aujourd'hui Castro-dc-Avellans, en Portugal, dans la province
1 . Ptolémée, I. II, c. 6, § 31, p. 161, 1. 2.
2. Orelli, 154.
3. C /. L., II, 2633.
4. C. /. L., XII, p. 523. n" 5842.
5 8 H. d'Arbois de Jubainvillc.
de Traz-oz-Montes S au nord-ouest de Maranda-do-Douro, à
peu de distance à l'ouest de Zamora, l'antique OccJlum Duri;
ses cinq clients appartenaient à la gentilitas ou au clan des
Triâiavi, aussi de Zoela. La convention a été conclue avec
l'intervention du magistrat de Zoela, qui était Abienus, fils de
Pentilius ou Pentilus. Pentilus est un dérivé de pentos pour
pemptos, en gaulois « cinquième ». Comparez le latin Quin[c]-
tilius.
En l'an 152 de notre ère, c'est-à-dire cent vingt-cinq ans
plus tard, les deux clans des Desonci et des Tridiavi subsis-
taient, le premier exerçant toujours droit de patronage sur le
second, et les Desonci, avec le consentement de leurs clients
les Tridiavi, acceptèrent dans leur clientèle trois nouveaux
membres. Sempronius Perpetuus Orniacus est nommé le pre-
mier; il appartenait à cette petite nation des Oniiaci, à la-
quelle Ptolémée attribue une ville appelée Intercatia, différente
de Vlnteiratia des Vaccaei. Ces deux villes à' Intercatia portent
probablement un nom celtique, et les détails qui viennent
d'être donnés établissent que sous la domination romaine il y
avait encore dans les régions de l'Espagne, considérées comme
exclusivement ibériques, des populations celtiques qui con-
servaient leurs mœurs.
Ocelum Duri, aujourd'hui Zamora, chef-lieu de la province
de ce nom, est placé par Vliinéraire d'Antonin à la fois sur les
deux routes de Meridaet d'Astorga à Saragosse-; c'est la loca-
lité que Ptolémée appelle Octodurum et donne aux Faccaei^.
AlbocoJa, d'où le dérivé Albocolensis dans l'épitaphe trouvée
près de Salamanque d'une femme appelée Anima est appelée
Alhocela par Ptolémée^; c'est aujourd'hui Toro, sur le
Duero, à l'est de Zamora 5. Polybe et Tite-Live ont une ortho-
graphe légèrement différente et qui probablement représente
une prononciation plus ancienne : c'est Arbiicala chez le pre-
mier, Arbocala chez le second. Il s'agit d'événements qui rc-
I . CI. L., II, p. 363, no 2606.
2 Itinéraire dAntonin, p. 454, 1. 6, p. 439, 1. 10.
3. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 49, p. 168, I. i.
4. CI. L., II, 880
5 . Ptolémée, 1. II, c. 6, § 49, p. 166, 1. 6.
Les Celtes en Espagne. 39
montent à l'année 219 avant notre ère. Annibal, avant de
partir pour l'Italie, achève la conquête de l'Espagne au sud de
l'Ebre, et avec beaucoup de difficultés, après une vive résis-
tance, il s'empare d'une ville très grande et très peuplée des
Vaccaei qui s'appelait Arbucala ^ ou Arbocala ^.
Sarabis, dans la province de Zamora, mais au sud du
Duero, tandis que les quatre villes précédentes sont au nord
de ce fleuve, était aux environs de la localité appelée El-Cubo-
de-la-Pierra, à mi-chemin, entre Zamora et Salamanque?; c'est
la station mentionnée sous le nom de Siharia dans une des
deux routes de Mérida à Saragosse que donne V Itinéraire
d' Antoniu'^ .
Dans la province de Salamanque, au sud-ouest de celle de
Valladolid et au sud de celle de Zamora, les Vaccaei possé-
daient les deux villes de Selmantica, plus tard Salmantica, et
de Senticc, probablement aussi celle de Mirobriga dont nous
parlerons à propos de Salmantica. La première de ces villes est
aujourd'hui Salamanque, chef-lieu de la province, autrefois cé-
lèbre par son université et située sur le Termes, affluent de
droite du Duero. Les manuscrits de Ptolémée écrivent son
nom Eldana'y. Il faut corriger Elmana avec un esprit rude qui
tient lieu d'un s initiale. Le plus ancien nom de Salamanque
paraît avoir eu deux formes, Sehnana et Sehnantica ; la
seconde est dérivée de la première. Nous avons déjà parlé
de la prise de cette ville par Annibal en 219. En nous appre-
nant ce fait, Polybe appelait cette ville Hehnantica^, et Tite-
Live Herniandicai. Dans l'Itinéraire d'Antonin, cette ville
s'appelle Salma\i{\tice et elle est située sur une des deux
routes de Mérida à Saragosse^. La même orthographe, sauf
la dernière voyelle Salmantica, est celle de Ptolémée dans
le passage où il attribue cette ville aux Vettones, peuple
1. Polybe, 1. III, c. 14, § i. Ed. Didot, t. I, p. 127.
2. Pline, 1. XXI, c. 5.
3. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 49, p. 168, 1. 4.
4. Itincraire d' Antonin, p. 434, 1. 5.
5. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 59, p. 167, 1. 3.
6. Polybe, 1. III, c. 14, § i. Ed. Didot, t. I, p. 127.
7. Tite-Live, 1. XXI, c. 5.
8. Itinéraire d'Antotiin, p. 434, 1. 4.
40 H. d'Arbois de Jubainville.
d'origine ibérienne, qui étaient les voisins occidentaux des
Vnccaci^. Cette notation représente la prononciation du
temps de Tempire romain; on le voit par Tépitaphe trouvée
à Salamanque d'un certain L. Julius Capito, qualifié de Sal-
mantic\ensis]~- Cette notation est confirmée par trois inscrip-
tions > qui nous apprennent qu'en l'an VI de notre ère, l'em-
pereur Auguste fit faire un bornage entre Sahnantîca, au-
jourd'hui Salamanque, et les deux villes voisines de Bletisa,
aujourd'hui Ledesma, au nord-ouest de Salamanque, sur le
Tormes, comme Salamanque, et de Mirohriga, aujourd'hui
Ciudad-Rodrigo, au sud-ouest de Salamanque.
Sentira est aujourd'hui Frades-de-la-Sierra, au sud de Sala-
manque 4. V Itinéraire d'Antonin mentionne cette ville et la
met sur une des deux routes de Mérida à Saragosse^.
Mirohriga, aujourd'hui Ciudad-Rodrigo, ne nous est connu
que par le bornage fait par l'empereur Auguste entre cette ville
et celle de Salmantica, l'an 6 de notre ère. Elle était alors
située en plein dans le territoire des Vettones, peuple ibère ^,
mais son nom est celtique comme celui de Mirohriga, ville des
Celtici, appelée Merohrica par Pline 7, aujourd'hui San-Jago-da-
Cacem, en Portugal, près de l'Océan, au sud de Lisbonne^,
et comme celui de Mirohriga, ville des Oretani, aujourd'hui
Capilla, dans l'Estremadure espagnole, province de Badajoz9,
il en sera question plus loin. Nous n'avons pas de preuves que
Mirohriga, aujourd'hui Ciudad-Rodrigo, ait appartenu aux Fac-
caei, peut-être est-ce une ville des Celtici ; ce qu'il y a de
certain, c'est que ce sont des Celtes qui ont fondé cette
ville.
1 . Ptolémée, 1. II, c. 5, § 7, p. 140, 1. 7.
2. CI. L., II, 870.
3. CI. L., II, 8)7, 858, 839.
4. Ptolémée, 1. II, c. 6, §49, p. 168, 1. 3.
5. Itinéraire d'Aiiloiiin, p. 434, 1. 3.
6. Ptolémée, 1. II, c. 5, § 7, p- 140-142.
7. Pline, I. IV, § 116.
8. Ptolémée, 1. II, c. ^, § 5, p. 154, 1. 8.
9. Ptolémée, I. II, c. 6, § 58, p. 180, 1. 3.
Les Celtes en Espagne. 41
§15. Les CeUibères du sud.
Les Oretani paraissent avoir été le groupe le plus méri-
dional des Ccltibcres; leurs possessions étaient situées : 1° dans
le bassin du haut Guadiana, l'antique Anas ; 2° dans celui du
haut Guadalquivir, autrefois Bactis, et plus anciennement Tar-
tcssus, deux fleuves qui, comme on sait, se jettent dans l'océan
Atlantique; 3° dans le bassin du Jucar, autrefois Sucro, qui
se jette dans la Méditerranée. Elles se trouvaient dans l'Estre-
madure espagnole, province de Badajoz, en Nouvelle Castille,
province de Ciudad-Real, en Andalousie, province de Jaen,
en Murcie, province d'Albacete.
Au bassin du haut Guadiana appartiennent : 1° Mirobriga,
aujourd'hui Capilla dans la province de Badajoz ; 2° les quatre
villes de Sisapo, aujourd'hui Almaden, Oretum, aujourd'hui
Granatula, Salica, aujourd'hui La Solana, Mentesa, aujour-
d'hui Villanueva-de-la-Fuente, dans la province de Ciudad-
Rcal. Sont comprises dans le bassin du haut Guadalquivir:
Castulo, aujourd'hui Cazlona, Vivatia, aujourd'hui Baeza, Sa-
laria, près d'Ubeda, Tugia, aujourd'hui Toia, toutes quatre
dans la province de Jaen. C'est dans le bassin du haut Jucar
que se trouve Libisosa, aujourd'hui Lezuza, dans la province
d'Albacete.
Mirobriga, attribuée aux Oretani et à la Tarraconaise dans
un passage de Ptolémée % est, dans un autre passage du même
auteur, mis dans la Bétique, chez les Turdeîani, peuple d'ori-
gine ibérique-. Cette seconde doctrine est à peu près celle de
Pline, qui donne Mirobriga aux Turdulii. Il est évident que
Ptolémée a fait usage de deux documents différents, dont l'un
attribuait cette ville au peuple celte qui l'avait fondé et dont
un autre la rendait aux Ibères sur le territoire desquels elle
était bâtie. La situation de cette ville de Mirobriga est fixée à
la fois par V Itinéraire d'Antonin qui la place sur une route de
1 . Ptolémée, 1. II, c. 6, § 58, p. 181, 1. 3.
2. Ptolémée, I. II, c. 4, § 10, p. 124, 1. 4.
3. Pline, 1, III, c. 14.
42 H. d'Arhois de Jubainville.
Mérida à Saragosse^ et par trois inscriptions romaines trouvées
à Capilla : dans une d'elles, le génitif pluriel Mirobrigensium
est écrit en toutes lettres ^, dans les deux autres on ne lit que
les quatre premières lettres Miro^. Nous avons déjà cité deux
autres Mirobriga espagnoles, mais plus occidentales, l'une
chez les Celtici, entre le Guadiana au sud et le Tage au nord,
l'autre entre le Tage au sud et le Duero au nord, proba-
blement chez les Vaccaei.
Sisapo est attribuée aux Orctani par Ptolémée^, mais, sui-
vant Pline, c'est une ville des Turdidi, peuple ibère ; la cause
est la même que pour Mirobriga. Sisapo devait une grande
importance à ses mines d'argent. Strabon en parle. « Il y a »,
dit ce géographe, « beaucoup d'argent dans les environs de
Sisapo », et il distingue deux Sisapo, le vieux et le nouveau,
probablement voisins î. Au temps de Pline, environ un demi-
siècle plus tard, les filons d'argent exploités à Sisapo étaient
épuisés, mais on y avait découvert des filons de minium qui
rapportaient un revenu au peuple romain 6. L'importance des
mines de Sisapo a donné à cette ville, comme à Castulon sa
voisine, l'intérêt qui a attiré les Celtes dans cette région. Le
nom de Sisapo se ht dans une inscription destinée à rappeler,
entre autres choses, la réparation d'une route qui y conduisait/.
Cette inscription a été trouvée à Cazlona. Sisapo est aussi men-
tionnée dans Vltiuéraire d'Aiitonin sur une des routes de Mé-
rida à Saragosse^.
Orctum, près de "Granatula, a donné son nom aux Orctani
dont elle paraît avoir été la capitale, et son nom est encore au-
jourd'hui conservé par l'ermitage de Nuestra-Senora-de-Oreto;
on l'appelait Oretuni Germanormn 9, et les Oretani étaient sur-
nommés Gennani ^°.
1. Itinéraire d'Antonin, 444, 1. 6.
2. C. I. L., 11,2366.
3. CL L., II, 2573, 2367.
4. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 58, p. 180, 1. 8.
5. Strabon, 1. III, c. 2, § 3, p. 117, 1. 48-50.
6. Pline, I. XXXIII, § 118, 121.
7. C. /. L., II, 3270.
8. Avec l'orthographe défectueuse Sisahue pour Sisapoiu', p. 444, 1. 7.
9. Ptolémée, 1. II, c. 6, §58, p. 181, 1. i.
10. Pline, 1. III, 5 25.
Les Celtes en Espagne. 45
Salica, aujourd'hui probablement Solana, n'est mentionnée
que par Ptolèmée qui Tattribue aux Oretani ^
Mcntesa, aujourd'hui ViUa-nueva-de-la-Fuente, appartient
aux Oretani suivant Pline-, comme suivant Ptolèmée >. Cette
ville paraît identique à Mcntissa, mentionnée par Tite-Live
dans le récit de la guerre entre les Carthaginois et les Romains
en Espagne pendant l'année 211 av. J.-C.4,
Dans le bassin du haut Guadalquivir en Andalousie, pro-
vince de Jaen, se trouvaient Castulo, Vivatia, Salaria et Tugia.
Castido, aujourd'hui Cazlonaî, est une des villes celtibères
mentionnées à la date la plus ancienne par les historiens. On
a déjà vu que la femme d'Annibal en était originaire. Cepen-
dant, en 214, quatre ans après le départ du général cartha-
ginois pour l'Italie, cette ville se laissa déjà entraîner dans le
parti des Romains ^. Elle le quitta après la défaite et la mort
des deux Scipion en 212/, et quand le futur Scipion l'Africain
eut de nouveau rendu la victoire fidèle aux enseignes ro-
maines, elle abandonna les Carthaginois pour revenir aux Ro-
mains en 206^. L'auteur de la capitulation portait un nom
celtique : il s'appelait Cerdubelus. Castulo avait des mines
d'argent dont il est déjà question au 11^ siècle avant notre ère
chez l'historien Polybe dans le récit des événements de l'an-
née 206 av. J.-C. 9. On a trouvé à Cazlona les ruines de Cas-
tulo et un grand nombre d'inscriptions qui ne laissent aucun
doute ni sur le nom, ni sur la position de cette ville antique ^°.
Vivatia, aujourd'hui Baeza, est appelée Municipium Fla-
vium Vivatiense dans deux inscriptions^^ qui ont été trouvées
1 . Ptolèmée, 1. II, c. 6, § 58, p. 181, 1. 4.
2. Pline, l. III, § 25.
3 . Ptolèmée, 1. II, c. 6, § 58, p. 182, 1. i.
4. Tite-Live, 1. XXVI, c 17. C. /. L., t. II, p. 434.
3. Ptolèmée, 1. II, c. 6, § 58, p. 181, 1. 7.
6. Tite-Live, 1. XXIV, c. 41. Publius Scipion y passe ses quartiers
d'hiver la dernière année de sa vie. Appien, De rébus Jiispaniensibus , c. 16,
p. 59.
7 Tite-Live, 1. XXVIII, c. 19.
8. Tite-Live, 1 XXVIII, c. 20.
9. Polybe,!. X, c. 38, § 7; 1. XI, c. 20, § 5. Ed. Didot, t. I,p. 469-491.
10. C. I. L., II, p. 440 et suivantes.
11. C. /. L , II, 3251, 5252.
44 l'I- d'Arbois de Jiibainville.
h quelque distance dans les ruines de l'antique Bacsucei et qui
concernent plusieurs villes des environs. A Baeza même,
quelques inscriptions du temps de Tempire romain attestent
que cette localité était alors habitée ^
Salaria était située près d'Ubeda, sur la rive droite du Gua-
dalquivir-. Cette ville est mentionnée non seulement par Pto-
lémée, mais aussi par Pline > et par une inscription trouvée
près de là à Toia4.
Tugia est aujourd'hui Toia, près de Cazorla^. L'orthographe
exacte de son nom est donnée: i° par deux inscriptions'^,
celles qui nous ont déjà indiqué d'une façon exacte le nom an-
tique, Fivatia, de Baeza; 2° par V Itinéraire d'Antonin, où
Tugia est une station sur la route de Cazlona à Malaga7.
Dans le bassin du Jucar, les Orctani possédaient la ville de
Libisosa, aujourd'hui Lezuza, province d'Albacete^. La situa-
tion de Libiscsa est établie d'une taçon certaine par une ins-
cription où cette ville est appelée Colonia Libisosaiiorujn ; cette
inscription a été trouvée à Lezuza 9. D'ailleurs Libisosa est
dans V Itinéraire d'Antonin une station de la route de La minium,
aujourd'hui Fuenllana, à Saragosse ^°.
En l'an 179 avant J.-C, la Cekibérie s'étendait dans l'An-
dalousie moderne, au sud du territoire des Oretani que nous
venons de décrire. Ainsi Cartama, province de Malaga, était
une ville celtibérienne. On l'a vu plus haut au § 7 {Revue Cel-
tique, t, XIV, p. 383-384). On ignore si Cartama appartenait
aux Oretani.
§ 16. Les Celtibcres pe>idaiit ta seconde guerre punique.
Lorsque, en 218, la seconde guerre punique commença,
1. CI. L., II, p. 449, 450.
2. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 58, p. 180, 1. 7.
3. Pline, 1. III, § 25.
4. CI. L., II, 3329.
5. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 58, p. 182, 1. 5, écrit Tiiia.
6. C. 7. L., II, 3251, 3252.
7. Itinéraire d'Antonin, p. 404, 1. 3.
8. Ptolémée, 1. II, c. 6, § 38, p. 181, 1. 5.
9. C. I. L., II, 3254.
10. Ilinéraire d'Antonin, p. 446, 1. 11.
Les Celtes en Espagne. 45
l'Espagne tout entière était soumise aux Carthaginois : leur
joug avait été accepté, non seulement par la population ibé-
rique habituée depuis plusieurs siècles à la domination étran-
gère, mais aussi par les Celtes, maîtres de presque toute la
péninsule depuis plus de deux siècles. En leur prenant les
villes de Schnaiitica, Salamanque, iïArbucala, Toro, An-
nibal avait triomphé des dernières résistances. Sa politique et
son argent avaient transformé en alliés ces ennemis vaincus
contre lesquels Carthage en Espagne combattait depuis dix-
huit ans. Partant pour l'Italie, le général carthaginois em-
mena avec lui des troupes auxiliaires levées en Espagne, no-
tamment chez les Celtibères ^ Dès la première année, les
Romains remarquèrent des cavaliers celtibères dans l'armée
carthaginoise qui pendant l'hiver les harcelait aux environs
de Plaisance 2. Deux ans plus tard, un corps de cinq cents Cel-
tibères concourut puissamment au succès des Carthaginois à
la célèbre bataille de Cannes : par ordre d'Hannibal, chacun
des cinq cents hommes était armé de deux épées, l'une longue
et visible, l'autre courte et cachée sous ses habits. La consigne
donnée par le général carthaginois était de se rendre aux Ro-
mains, de livrer les longues épées apparentes, en gardant les
courtes qu'on ne pouvait voir, et d'attaquer l'armée romaine
quand arriverait le moment fiivorable. Les Celtibères exécu-
tèrent ces prescriptions. Le général romain auquel ils se ren-
dirent se contenta de leur ôter leurs grandes épées, il plaça en
arrière de ses troupes les cinq cents transfuges, mais ceux-ci,
tout d'un coup, tirant de dessous leurs vêtements les courtes
épées qu'ils avaient gardées, se précipitent sur les Romains
les plus rapprochés, les frappent par derrière, les tuent avant
qu'ils aient pu se mettre en défense. L'effroi se répand dans
le reste de l'armée romaine qui se voit de toute part entourée
d'ennemis : elle perd confiance en elle-même et la déroute
commence 3. Sur quatre-vingt-six mille soldats que les Romains
à Cannes opposèrent aux Carthaginois, soixante-dix mille res-
I . Appien, De bello Annibalico, c. 4, p. 76.
2. Tite-Live, 1. XXI, c. 57.
5. Appien, De bello Amiibalkû, c. 20, 22, 23, p. 83, 8.)..
46 H. d'Arbois de Jiihainville.
tèrent sur le champ de bataille. Hannibal les avait vaincus
avec cinquante mille hommes. Il n'avait perdu que cinq mille
sept cents hommes, dont quatre mille Gaulois cisalpins ^ En
effet, alors, la grande force d'Hannibal en ItaUe était l'appui
des Gaulois cisalpins qui comptaient sur l'appui des Cartha-
ginois pour échapper au joug de Rome.
Au même moment, la politique romaine en Espagne con-
sistait à s'appuyer sur les Celtes de la péninsule, tous frémis-
sant sous la honte du joug que, depuis dix-huit ans, Carthage
triomphante prétendait leur imposer. Tandis qu'Hannibal
luttait avec succès en ItaHe contre les généraux romains et
prétendait frapper au cœur la future dominatrice du monde,
Rome était assez forte pour menacer, en Espagne même, l'état
carthaginois formé par la famille Barca, et le nom des Scipions
y acquit un éclat qui fit pâlir l'étoile de la dynastie d'Hamilcar.
La politique romaine en Espagne fut la même que celle d'Han-
nibal en Italie. Pubhus Cornélius Scipio, chargé de diriger la
guerre avec le titre de proconsul et l'aide de Cnaeus Corné-
lius Scipio Calvus, son frère et son lieutenant, rechercha
l'alliance des Celtibères. Ceux-ci se soulevèrent contre Car-
thage. Tandis que les généraux carthaginois cherchaient à les
soumettre, les deux Scipion se rendirent près de Sagonte où
étaient gardés les otages qui garantissaient aux Carthaginois
la fidélité des populations d'Espagne encore soumises à leur
domination ; ils eurent Tart de se les faire livrer, leur rendi-
rent la liberté, et par cet acte de générosité gratuite attirèrent
du côté de Rome en Espagne beaucoup d'esprits que l'abandon
et la ruine de Sagonde, alliée de Rome, laissée sans secours
par elle et prise par Hannibal après une longue et inutile résis-
tance, avaient rendus hostiles à la grande et orgueilleuse répu-
blique italienne^; c'était en 217, l'année qui précéda la ba-
taille de Cannes. Trois ans plus tard en 214, Castulon même,
la ville celtibérienne où était née la femme d'Hannibal, aban-
donnait Carthage pour entrer dans le parti des Romaine'.
I. Polybe, 1. III, c. 117, § 6.
2 Tite-Live, 1. XXII, c. 22.
3. Tite-Live, 1. XXIV, c. 41.
Les Celtes en Espagne. 47
Cependant l'armée carthaginoise d'Espagne comptait encore
dans ses rangs un certain nombre de soldats mercenaires d'ori-
gine celtibérienne. Cette année même, 214, deux rois d'ori-
gine celtique, Moenicaptus et Vismarus, furent tués dans les
rangs de l'armée carthaginoise par les Romains qui recueil-
lirent dans le butin beaucoup de colliers et de bracelets de
même forme que ceux des Gaulois cisalpins ^ Mais les deux
Scipion offrirent aux Cehibcres mercenaires une solde égale à
celle que payaient les Carthaginois. Les soldats celtibères
acceptèrent ce marché et passèrent dans le camp des Romains.
C'était en 213, trois ans après le désastre des Romains à
Cannes. Alors la nation celtibérienne tout entière embrassa la
cause romaine avec une telle ardeur que plus de trois cents
jeunes gens des plus nobles flimilles partirent pour l'Italie,
afin de se mettre en relation avec les troupes auxiliaires qu'Han-
nibal y avait amenées d'Espagne et pour les exciter à quitter
Hannibal et à se ranger du côté des Romains 2.
Toutefois ce zèle pour la cause romaine ne fut que momen-
tané : les généraux carthaginois proposèrent aux Celtibères
qui, au nombre de vingt mille, combattaient dans l'armée ro-
maine, de leur payer une solde égale à celle que payaient les
Romains, ils n'y mettaient qu'une condition : les Celtibères
se retireraient du champ de bataille, ils ne verseraient plus leur
sang ni dans l'intérêt de Rome ni dans celui de Carthage, ils
laisseraient les deux cités ennemies lutter l'une contre l'autre
àvec leurs propres forces. Les Celtibères acceptèrent ce nouveau
marché ; les deux armées romaines, inférieures en nombre,
furent vaincues, les deux Scipion périrent sur le champ de ba-
taille et la cause de Rome en Espagne parut quelque temps
perdue, 2125. Cependant le chevalier L. Marcius, élu général
par les soldats romains, non seulement les sauva d'un désastre
complet que tout faisait craindre, mais releva leur courage par
deux victoires qui eurent alors un prodigieux retentissement.
La perte des Carthaginois fut, dit-on, de cinq mille hommes
1 . Tite-Live, 1. XXIV, c. 42.
2. Tite-Live, 1. XXIV, c. 49.
3. Tite-Live, \. XXV, c. 32-36.
48 H. d'Arbois de Jubainville.
dont la renommée fit d'abord vingt et un mille, ensuite
trente-sept millet Quoi qu'on puisse penser de ces chiffres con-
servés par les plus anciens annalistes de Rome et reproduits
par Tite-Live dans son œuvre aussi éloquente que dépourvue
de critique, les Carthaginois ne purent tirer aucun parti de la
défliite des Scipions.
Les Celtibères, subjugués par les Barca, avaient pu, grâce à
la rivalité des Carthaginois et des Romains, recouvrer leur in-
dépendance. Entre les régions ibériennes du nord de l'Ebre
conquises par les armées romaines et la région méridionale sur
les bords de la Méditerranée et de l'Océan, du bas Guadal-
quivir et du bas Guadiana, occupées depuis longtemps par des
colonies phéniciennes, s'étendait au centre de l'Espagne, de
l'Ebre au Guadalquivir, le vaste territoire de la Ccltibérie in-
dépendante. Toutefois les Ibères du nord-ouest, c'est-à-dire les
Lusitani, les Callaici, les Astures, les Cauîabri et d'autres peu-
ples moins importants sujets des Celtes avant Hamilcar Barca,
avaient profité de l'abaissement des Celtes par Carthage pour
recouvrer leur liberté ; les Celtes ne purent les remettre sous
le joug. Ces Ibères du nord-ouest surent même plus tard dé-
fendre leur indépendance contre les armées romaines à une
date où les Celtes d'Espagne avaient accepté la domination de
Rome. Des regrets que firent éprouver aux Celtes d'Espagne la
perte de la portion occidentale de leur territoire, aucun his-
torien n'a parlé. Des textes nombreux attestent le succès pro-
longé de leurs efforts pour conserver leur liberté au centre de
l'Espagne.
Deux ans après la défaite des deux Scipions, on vit bien à
quel point la puissance de Carthage avait décliné. Le propré-
teur G. Claudius Nero, envoyé de Rome pour prendre l'of-
fensive, attaqua sans grand succès les Carthaginois, laissant
I . Tite-Live, 1. XXV, c. 37-59. Le chiffre de 37,000 se trouvait déjà
dans les Annales d'Acilius qui écrivait environ un demi-siècle après l'évé-
nement, vers le milieu du deuxième siècle avant notre ère. Le chiffre de
5,000, qui est probablement plus exact, est donné par son contemporain
L. Calpurnius Piso Frugi, tribun du peuple en 149, consul en 133 ; le
chiffre intermédiaire nous a été conservé par Valerius Antias, au commen-
cement du premier siècle.
Les Celles en Espagne. 40
naïvement échapper pendant des négociations illusoires avec
Hasdrubal, frère d'Hannibal, une armée qu'il aurait pu foire
prisonnière ; mais, fait significatif, le théâtre de ces mala-
droites opérations militaires était la frontière méridionale de la
Celtibérie, le pays |des Oretani, qu'une faute de copiste a,
chez Tite-Live, transformé en Ausetani, peuple du nord de
l'Ehre ; les deux armées étaient en présence dans la province
de Jaën, sur les bords du Guadalquivir, entre Iliturgis, au-
jourd'hui Andujar, en Andalousie, province de Jaën, et Men-
tissa ou Meiitesa, — soit Mentcsa des Bastuli, aujourd'hui La
Guardia, en Andalousie, province de Jaën, soït Menîesa des Ore-
tani, aujourd'hui Villanova-de-la-Fuente, en Nouvelle Castille,
province de Ciudad-Real ^ — Tout le pays situé au nord du
Guadalquivir avait échappé aux Carthaginois : les Celtibères
étaient libres du joug des Carthaginois comme de celui des
Romains.
Bientôt le jeune P. Cornélius Scipio, mis à la tête des
troupes romaines d'Espagne, ramena définitivement la victoire
du côté des Romains, Comme ses oncles, au début de leurs
campagnes en Espagne, il dut son succès au moins autant à
la politique qu'à l'habileté de ses opérations mihtaires. Comme
eux, il s'empara des otages qui garantissaient aux Cartha-
ginois la fidélité des diverses populations de l'Espagne. En
217, ces otages étaient gardés à Sagonte. Les deux Scipion
les en avaient fait sortir par ruse et par la trahison d'un cer-
tain Ovelux, gagné par eux après avoir tenu pour les Cartha-
ginois. Quand le jeune Scipion arriva en Espagne, les otages
étaient enfermés à Carthagène, Carthage la Neuve, fondation
d'Hamilcar, la plus forte place des Carthaginois, leur capitale
de l'Espagne. Le jeune Scipion vint l'assiéger, s'en empara
par un coup de main aussi imprévu que hardi. Ce succès
qui semblait découronner Carthage émut en Espagne tous
les esprits ; on se demandait d'une extrémité de la péninsule à
l'autre quel était ce génie nouveau qui venait réparer par cette
conquête la honte de la défaite et de la mort de son père et
de son oncle.
I. Tite-Live, 1. XXVI, c. 17.
Revue Celtique, XV. 4
jo H. d'Arbois de Jubainville.
Scipion, imitant l'habile générosité des deux généraux
dont il renouvelait les succès sans reproduire les désastres,
rendit aux otages la liberté. C'est ici que se place un trait dont
ont beaucoup parlé les moralistes. Ils l'ont fait d'un ton qui a
dû toujours exciter le sourire des hommes politiques. Parmi
les otages était la fiancée d'Allucius, prince des Celtibèrcs.
Scipion rendit cette jeune fille à ses parents, et après avoir reçu
d'eux comme présent l'or qu'ils avaient apporté pour rançon,
il donna cet or en cadeau de noce au tutur époux AUucius.
Celui-ci alla immédiatement lever parmi ses clients quinze
cents cavaliers avec lesquels il se joignit à l'armée romaine.
La puissance de Carthage en Espagne avait reçu un coup
dont elle ne put se relever ^ Cependant les Carthaginois con-
tinuèrent à résister. Le théâtre de la lutte était resté sur la
frontière méridionale de la Celtibérie, alors presque tout en-
tière acquise non à la domination, mais à l'alliance des Ro-
mains. On se rappelle que Castulon, aujourd'hui Cazlona,
était la patrie de la femme d'Hannibal. Castulon s'était ralHée
aux Romains au temps où la fortune était du côté du père et
de l'oncle du jeune Scipion. Cette ville était retournée aux
Carthaginois depuis la défaite des deux généraux romains;
elle semblait être la place dont le sort devait fixer définiti-
vement la destinée de l'Espagne. Près de Castulon, qui appar-
tenait aux Orctani, se trouvait Baccula, ville ibérique qu'il ne
faut pas confondre avec une autre Baecula située beaucoup
plus au nord près des Pyrénées, dans les environs de la ville
moderne de Gerona^. Chacune, sous la domination romaine,
s'appela Bacculo, Baeculonis ; de là, pour la Baecula du sud,
située sur la limite des Oretani celtilDères et de leurs voisins
ibères, les Turdetani, le nom de Baylen célèbre dans l'histoire
de France au xix'^ siècle : à Baylen, l'antique Baeculo ou
Baecula, le général Dupont signa le 20 juin 1808 la capitu-
lation célèbre qui, alors, décida de l'avenir de l'Espagne et
prépara l'expulsion définitive des Français. Vingt siècles plus
1. Tite-Live, 1. XXVI, c. 41-51; ce récit est fort abrégé chez Polybe,
1. X, c. 19. Ed. Didot, t. I, p. 456-
2. Pline, 1. III, § 23.
Les Celtes en Espagne. 5 1
tôt, se livrèrent à Baecula deux batailles qui consommèrent la
chute de la puissance carthaginoise en Espagne : la première
date de l'an 209 av. J.-C. Hasdrubal, frère du célèbre Han-
nibal, était campé, nous apprend Polybe, dans le territoire de
Castulon, près de Baecula, non loin de ces fameuses mines
d'argent qui étaient alors considérées comme les principales
richesses des maîtres de l'Espagne ^ Scipion, en personne, vint
l'attaquer, lui tua huit mille hommes et le mit en fuite-. Le
général carthaginois abandonna l'Espagne aux Romains et em-
mena avec lui, entre autres troupes, un corps de Celtibères3,
gagna l'Italie où il trouva la mort en allant porter secours à
son frère au moment où celui-ci s'attendait à la joie de le re-
voir. La tête sanglante et livide d'Hasdrubal décapité fut jetée
par un soldat romain dans le camp des Carthaginois.
La seconde bataille de Baecula fut livrée en 206, trois ans
après la première. Les Carthaginois, malgré leurs nombreux
insuccès, s'obstinaient à la résistance. Maîtres encore de la
pointe méridionale de l'Espagne qui, entre la Méditerranée et
l'Océan, formait à la vieille colonie phénicienne de Cadix une
sorte de vaste banlieue, ils continuaient la lutte sur la frontière,
méridionale de la Celtibérie, trouvant toujours avec leur or
des armées mercenaires de soldats celtibériens à opposer aux
armées et au génie militaire des Romains. Après une bataille
livrée dans une localité dont les historiens n'ont pas pris la peine
de nous donner le nom et dans laquelle en 207 Junius Silanus,
lieutenant de Scipion, battit à la fois les Carthaginois et les Cel-
tibères, leurs alliés, au nombre de neuf mille -*, Scipion en per-
sonne livra bataille aux Carthaginois pour la seconde fois sous
les murs àe Baecula. Hasdrubal, fils de Gisgon, Hasdrubal, vain-
queur de Cnaeus Scipion en 212, le plus grand homme de guerre
qu'eussent alors les Carthaginois après Hannibal, commandait
les troupes opposées à Scipion. Il fut battu, s'enfuit à Cadix5.
1 . Polybe, 1. X, c. 38, §7. Ed. Didot, t. I, p. 469.
2. Polybe, 1. X, c. 39, p. 469, 470. Tite-Live, 1. XXVII, c. 18.
3. Appien, De rébus hispanieusibus, c. 28.
4. Pline, 1. XXVIII, c. 1-2.
5. Tite-Live, 1. XXVIII, c. 13, 14. Polybe, 1. XI, c. 20-24. Ed. Didot.
t. I, p. 490-493-
Ç2 H.d'Arbois de hihainville.
La défaite d'Hasdrubal à Baecula, 206, décida du sort de
l'Espagne : la péninsule appartenait aux Romains, et la résis-
tance désespérée qui s'y prolongea pendant deux siècles fut
acte de héros, mais il était décidé d'avance que ces héros
étaient vaincus.
Les Celtes et les Ibères étaient, les uns comme les autres, des-
tinés à la servitude. On en vit le présage cette année même, à
Iliturgis, chez les Turduli^, et à Castulon chez les Oretani.
C'étaient deux villes voisines. Iliturgis, aujourd'hui Espeluy,
sur la rive gauche du Guadalquivir, est comme Cazlona, l'an-
tique Castulon, dans la province de Jaen, Baccuhi (Baylen), ce
fameux champ de bataille, est sur le chemin qui mène de l'une
à l'autre. Les Romains entreprirent en même temps le siège
des deux villes. Les habitants d'Iliturgis avaient massacré,
après la défiite des deux Scipion en 212, ceux des Romains
vaincus qui s'étaient réfugiés dans leurs murs. Scipion, qui
voulait venger la mort de ses malheureux compatriotes, se
rendit en personne sous les murs d' Iliturgis. Les habitants, sa-
chant bien le sort qui les attendait, étaient tous sur les remparts
sans distinction d'âge ni de sexe, les hommes lançant les pro-
jectiles, exhaussant- les fortifications, les femmes, les enfants
apportant des javelots et des pierres à leurs maris, à leurs
pères. Scipion ordonna l'assaut ; il fit apporter des échelles.
En voyant ses troupes hésiter, il cria à haute voix, par forme
de défi, qu'à défaut d'un plus brave, il allait monter le pre-
mier. Les soldats romains s'élancèrent en avant avec une ar-
deur irrésistible ; les habitants d' Iliturgis, armés ou non armés,
hommes, femmes, enfants, furent massacrés jusqu'au dernier;
puis le feu fut mis à la ville et quand l'incendie s'éteignit, le
marteau détruisit ce que les flammes avaient épargné. Rien
ne resta de la ville où des murailles encore debout auraient été
en quelque sorte un monument du désastre des Romains et de
la mort funeste des deux Scipion ^.
Puis le vainqueur marcha sur Castulon dont les murailles
abritaient une partie des Carthaginois vaincus à Baecula. Ils
1 . Ptolémée, 1. II, c. 4, § 9, p. 1 1 5, 1. 14.
2. Tite-Live, 1. XXVIII, c. 19 et 20.
Les Celtes en Espagne. 55
étaient là sans leur général, réfugié à Cadix, et prêt à prendre
la mer pour gagner Carthage. Un chef obscur, nommé Hi-
milcon, les commandait. Craignant d'être traités comme les
habitants à'Iliturgis, les Celtibères de Castulon n'osèrent asso-
cier leur sort à celui de cette garnison étrangère. Cerdubelus,
leur chef, traita avec les Romains. Scipion fit les Carthaginois
prisonniers et laissa aux habitants de Castulon la vie et la
libertés
Peu après, Scipion se rendit à Carthagène où il fit célébrer
des jeux en l'honneur de son père et de son oncle morts tous
deux six ans auparavant. Leur désastre se changeait en triomphe.
Des combats de gladiateurs devaient être le principal ornement
de la fête, et ces mêmes Celtibères qui, après la défaite des
généraux romains, étaient passés du côté des Carthaginois vic-
torieux, vinrent s'ofi^rir eux-mêmes à Scipion pour jouer le
rôle de gladiateurs et pour s'entr'égorger en l'honneur de son
père et de son oncle. Une maladie qui survint au général ro-
main peu de temps après fut le signal d'une révolte à laquelle
prirent part les Celtibères 2, mais elle fut rapidement réprimée.
L'année même les Carthaginois quittèrent l'Espagne, et Cadix
elle-même, après avoir fermé ses portes à Magon, le dernier
général des Carthaginois en Espagne, les ouvrit aux Romains 3.
Les Celtibères n'dvaient pas tous, comme les gladiateurs vo-
lontaires de Carthagène, l'adoration du succès : on en avait vu
la preuve dans un des engagements qui précédèrent la bataille
de Baecula ; les troupes romaines étaient commandées par ce
même Marcius qui, choisi comme chef provisoire par les sol-
dats après la mort des deux Scipion, avait battu les Cartha-
ginois vainqueurs. Il avait en face de lui un corps de Celti-
bères et d'Ibères commandés par le Carthaginois Magon. Tous
étaient originaires de villes qui avaient fait leur soumission
aux Romains, ils restaient fidèles aux Carthaginois. Marcius
leur tua quinze cents hommes.
Une autre fois, il rencontra un autre corps de troupe sem-
1. Tite-Live, 1. XXVIII, c. 20.
2. Tite-Live, 1. XXVIII, c. 24.
5. Tite-Live, I. XXVIII, c. 37.
j4 M. d'Arbois de Jubainville.
blable commandé par le Carthaginois Hannon: sept cents
cavaliers et six mille fantassins. Marcius parvint à les
bloquer et les contraignit par la famine à lui livrer ]es dé-
serteurs, leur général et les prisonniers qu'ils avaient faits ;
puis, prenant un ton menaçant : Vous avez mérité la mort,
leur dit-il, vous qui vous êtes associés à nos ennemis et qui
portez les armes contre vos patries, sujettes des Romains ; tou-
tefois je vous fois grâce, déposez les armes et partez. Mais les
Celtibères n'hésitèrent point, ce fut chez eux un cri unanime :
ils refusèrent de rendre leurs armes et une bataille terrible
commença. La moitié des Celtibères resta sur le champ de
bataille, la moitié réussit à échapper par la fuite, mais le
nombre des Romains tués était presque égal à celui des enne-
mis qui avaient succombée
Chez les Celtibères comme chez les autres populations de
l'Espagne, beaucoup de cœurs généreux avaient accepté l'al-
hance de Rome, mais ne pouvaient admettre que cette alliance
se transformât pour eux en servitude et leur donnât des
maîtres. L'Espagne évacuée par Carthage en 206 n'avait pas
accepté le joug de Rome. En 202, l'armée carthaginoise oppo-
sée à Scipion en Afrique comprenait un corps de 4,000 Celti-
bères, des traîtres, disaient les Romains : — non, des hommes
hbres et braves; — ils se firent tuer jusqu'au dernier-.
§ 17. Les Celtibères après la seconde guerre punique.
Les guerres des Romains contre les Celtibères après la se-
conde guerre punique peuvent se distinguer en trois périodes :
la première, de 195 à 178, prend fin par un traité d'alliance
qui accorde aux Celtibères une indépendance à peu près com-
plète. La seconde, 153-133, succède à vingt-cinq ans de paix:
elle a pour objet la conquête, et ce but est atteint au bout de
vingt ans environ, douze ans avant le premier établissement
des Romains dans la Gaule transalpine. La troisième période
commence après la conquête, 133, elle se termine vers l'an 80
1. Appicn, De relms hispaniensihus, c. 31, p. 45, 46.
2. Polybc, l.XIV, c. 7, § 5, 7; c. 8, § 7-14.
Les Celtes en Espagne. 5 5
de notre ère; elle comprend des alternatives de soumission et
de révoltes cruellement réprimées.
Avant l'année 153, la politique romaine en Espagne ne
paraît pas avoir pour objectif la conquête de la Celtibérie. Les
Romains sont maîtres des côtes de l'Espagne à l'est et au sud,
sur la Méditerranée et sur l'Océan depuis les Pyrénées jusques
et y compris Cadix, et même probablement au delà. Car, dès
l'année 153, les Celtici du sud étaient leurs sujets. A cette
bande de terre où leur domination est incontestée, ils veulent
joindre deux régions, l'une est située au nord de la Celtibérie,
entre l'Ebre et les Pyrénées, elle appartient à l'Espagne cité-
rieure, c'est-à-dire en deçà de l'Ebre ^ ; l'autre comprise dans
l'Espagne ultérieure (c'est-à-dire au delà de l'Ebre), est au sud-
ouest de la Celtibérie, sur les bords du Guadalquivir, du Gua-
diana et du Tage ; là habitent diverses populations ibériques ;
les principales sont les Turduli, les Tunictani, les Lusitani,
les Vettones, les Carpetani. Chez les Turduli est située Corduha,
Cordoue^. Sur le Guadalquivir les Turdetani ont pour ville
principale Hispalis, Séville 3 sur le même fleuve, et s'étendent
jusqu'à l'embouchure du Tage; les Lusitani sur l'Océan oc-
cupent les côtes dans la région entre le Tage et le Douro, qui
est aujourd'hui le centre du Portugal, et s'avancent dans l'in-
térieur des terres, Merida, dans l'Estremadure espagnole, sur le
Guadiana, était dans leur territoire 4 ; les Vettones habitent à
l'est des Lusitani; à l'est des Vettones on trouve les Carpetani,
chez lesquels était Joletum, Tolède 5. Madrid, capitale moderne
de l'Espagne, a été bâtie sur le territoire des Carpetani. Telle
était au sud et au sud-ouest de la Celtibérie la portion de la
péninsule ibérique dont la conquête fut le but des généraux
romains pendant le demi-siècle qui suivit la seconde guerre
punique, 202-152. Quant à la région du nord-ouest, au nord
du Duero, elle resta longtemps étrangère à leurs préoccu-
1 . Les populations ibériques du nord de l'Ebre avaient déjà accepté l'al-
liance romaine en 218; Polybe, 1. III, c. 76, 5 6. Ed. Didot, t. I, p. 172.
2. Ptolémée, 1. II, c. 4, § 9, p. 117, 1. i.
3 . Ptolémée, 1. II, c. 4, § 10, p. 122, 1. 2.
4. Ptolémée,!. II. c. 5,6, p. 136, 1. 2.
5. Ptolémée,!. II, c. 6, § 56, p. 175, !. 7.
5 6 H. d'Arbois de Jubainville.
pations. Là, outre une portion des Ccltici, habitaient les Cal-
laici, aux environs de Braga en Portugal, province |dite Entre
Douro e Minho, et autour de Saint-Jacques-de-Compostelle,
en Espagne, dans la région encore appelée Galice ^ A l'est des
Callaici les Asturcs ^ habitaient sur les bords de leur homo-
nyme VAstura, aujourd'hui l'Esle, qui est un affluent du
Duero, et qui baigne la ville de Léon. Oviedo, l'antique
Ovctuui, était située chez les Asturcs. De leur nom dérive
celui lïAsturica, maintenant Astorga, royaume et province de
Léon, et celui d'Asturie qui est encore un terme géogra-
phique. A l'est des Astures venaient les Cantabri, dans la
Vieille Castille, province de Santander et dans la partie orien-
tale des Asturies, c'est-à-dire de la province d'Oviedo',
Ces peuples du nord-ouest restèrent pendant longtemps en
dehors de la sphère d'action des armées et de la politique ro-
maine. Le premier général romain qui pénétra chez les Cal-
laïci fut le consul Decimus Junius Brutus pendant son gou-
vernement de l'Espagne, 138-136 ; il passa pour les avoir sub-
jugués 4, Quant aux Cantabri et aux Astures l'honneur de les
dompter était réservé à l'empereur Auguste, cent dix ans plus
tard.
Dans la première période qui suit la seconde guerre punique,
202-152, les Romains ne combattent les Celtibères que pour
repousser les secours donnés par ces derniers aux peuples
ibères dont Rome a décidé la conquête, et, chose curieuse,
quand en 153 le sénat de Rome décide que la Celtibérie sera
réunie à l'état romain, ne voulant pas imposer à ses armées
une tâche trop forte, il n'entend pas comprendre le territoire
des Vaccaei dans le territoire dont il veut s'emparer; de là,
plus tard, la doctrine géographique qui met les Vaccaei, quoique
Celtibères, en dehors de la Celtibérie,
Voici quelques détails sur les guerres qui eurent lieu dans
la première période :
La première période s'ouvrit par une bataille où les Celti-
1. Ptolémce, 1. II, c. 6, § i, 22, 38, p. 143, 144, 156, i57> 162, 163.
2. Ptolcmée, 1. II, c. 6, § 28, 35, p. 159-161.
5. Ptolcmée, 1. II, c. 6, § 6, 5.0, p. 147, 168, 169.
4. Appien, De rébus hispanlcnsibus, c. 71-72, p. 61-62.
Les Celtes en Espagne. J7
bères auraient eu vingt mille hommes engagés. Le préteur
M. Helvius sortait de l'Espagne méridionale et voulait se
rendre dans le nord de la péninsule; il rencontra les Celtibères
près d'Ilitun^is, chez les Turduli, et leur tua, dit-on, douze
mille hommes S 195 av. J.-C. La même année, le préteur
P. Manlius, en guerre avec les Turduli, peuple ibère de l'Es-
pagne méridionale, se trouva un jour en face d'un corps de
dix mille Celtibères, soldats mercenaires à la solde des belli-
gérants, il leur fit offrir le choix entre trois partis : 1° passer
dans les rangs de l'armée romaine avec une solde double de
celle que leur payaient les Turduli ; 2" rentrer chez eux avec
assurance de n'être pas inquiétés par les Romains ; 3° foire la
guerre aux Romains, et en ce cas convenir du jour et de l'en-
droit où la bataille serait livrée. Les Celtibères ne purent
prendre un parti ; le préteur supposa qu'ils voulaient la paix
et ne les attaqua point -.
Les Romains prirent l'offensive deux ans plus tard. L'un des
deux préteurs qui commandaient en Espagne assiégea et prit
la ville d'Ilucie, chez les Oretani ; l'autre gagna la bataille de
Tolède sur une armée composée de Vettones, peuple ibère,
de Celtibères proprement dits ou orientaux, et de Vaccaei,
c'est-à-dire de Celtibères occidentaux, 193 5. Tolède était sur
le territoire des Carpetani, peuple ibère 4.
Sept ans plus tard, en 186, le préteur L. Manlius Acidinus
remporta deux victoires sur les Celtibères : on ne sait où fut
livrée la première de ces batailles ; la seconde eut lieu près de
CLilaguris\ dans le nord de l'Espagne, soit Calahorra, sur la
rive droite de l'Ebrc, en Vieille Castille, province de Logroiîo,
soit Loarre en Aragon, province de Huesca, un peu au nord de
cette ville ^, 203. L'année suivante, 185, les deux préteurs,
C. Calpurnius Piso et L. Quintius Crispinus, ayant réuni leurs
troupes, tuèrent, dit-on, près de Tolède, trente et un mille
1 . Tite-Live, 1. XXXI, c. 10.
2. Tite-Live, 1. XXXIV, c. 17-19.
3. Tite-Live, 1. XXXV, c. 7.
4. Ptolémee, 1. II, c. 6, § 56, p. 175, 1. 6.
5. Tite-Live, 1. XXXIX, §22.
6. Ptolémee, \. II, c. 6, $ 66, p. 190, 1. 3.
5 8 H. d'Arbois de Jubainville.
hommes sur trente-cinq mille dont se composait une arm.ée de
Celtibères et de Lusitani, alors alliés contre Rome. Ils obtin-
rent tous deux, en 184, les honneurs du triomphe; dans le
butin produit par leur victoire et porté solennellement dans la
pompe triomphale, on remarqua cent soixante-six couronnes
d'or et vingt-quatre mille livres d'argent ^.
En 182, les Celtibères voulurent forcer le préteur Q. Ful-
vius Flaccus à lever le siège d'Urhicua dont la situation est in-
connue. Ils furent repoussés, mais après avoir blessé et tué
beaucoup de soldats romains ^.
En 181, le préteur Q.. Fulvius Flaccus était campé chez les
Carpetani, sous les murs (ÏAebura, près de Tolède. Achiira
était déjà soumise aux Romains. Les Celtibères, au nombre de
trente-cinq mille, vinrent attaquer Flaccus. Le général romain
avait deux légions, soit environ vingt mille hommes, à leur
opposer, en comptant les troupes auxiliaires ; il battit l'en-
nemi, il lui tua, dit-on, vingt-trois mille hommes et lui fit
quatre mille sept cents prisonniers ; il ne perdit lui-même,
prétend Tite-Live, que trois mille quatre cents hommes en-
viron, presque tous des auxiliaires, les soldats romains morts
ne dépassèrent pas deux cent trente 3. Puis Flaccus entra en
Celtibérie et vint assiéger Contrehia, qu'il contraignit à capi-
tuler, et une nouvelle armée celtibérienne étant venue un peu
trop tard au secours de cette place, il lui tua douze mille
hommes. Après ce succès il put sans obstacle ravager la Celti-
bérie et y prendre un grand nombre de forteresses secondaires,
181. En général il évita, probablement crainte d'insuccès, le
siège des villes. Il ne fit exception que pour Complega, ville
nouvelle, qui s'était rapidement accrue et qui était fortifiée.
Cette ville avait servi de refuge à beaucoup de Celtibères qui,
habitant la campagne, fuyaient devant les Romains. Fiers de
leur nombre, ils sortirent en armes, et envoyèrent à Flaccus
des députés qui le sommèrent de donner une réparation pour
la mort des guerriers celtibères qui avaient succombé depuis le
I . Tite-Live, 1. XXXIX, c. 30, 51, 42.
2. Tite-Live, 1. XL, c. 16.
3. Tite-Live, 1. XL, c. 30-53.
Les Celtes en Espagne. en
commencement de la guerre; ils demandaient par homme tué
un sagiim, un cheval et une épée : « Je vous amènerai beau-
coup de sagum », répondit Flaccus ; les soldats romains por-
taient le sagum, et Flaccus vint avec son armée camper sous
les murs de Complega. Les habitants effrayés s'enfuirent ^
Tiberius Sempronius Gracchus, successeur de Flaccus en 1 79,
fit lever le siège mis par les Celtibères devant Caravis, aujour-
d'hui Magallon, rive droite de l'Ebre, en Aragon, province
et au nord-ouest de Saragosse-. Caravis était une ville alHée
des Romains ; ensuite Gracchus, comme son prédécesseur, prit
la ville de Complega y. Suivant Polybe, qui était contem-
porain, Gracchus se serait emparé en Celtibérie de trois cents
villes. Poseidonios, près d'un siècle après l'événement, pré-
tendit que, lorsque Polybe avait écrit ce chiffre de trois cents,
il avait pris des tours pour des villes, comme on fait souvent,
ajouta-t-il, dans la pompe triomphale 4. Tib. Sempronius
Gracchus termina la guerre de Celtibérie en 178 par un traité
qui faisait des Celtibères les alliés du peuple romain, à la
charge de payer un impôt, dont nous ignorons le montant, et
de fournir aux Romains une certaine quantité de troupes auxi-
liaires, enfin à condition de ne pas bâtir de nouvelles villes
fortes 5. Un règlement foit en 195 par le consul Porcius Cato
avait, dit-on, prescrit la démolition des remparts des villes
d'Espagne 6, mais ce règlement n'avait reçu qu'une exécution
fort incomplète ou plus exactement ne concernait que la portion
de l'Espagne située au nord de l'Ebre/, au sud duquel était
située la Celtibérie, Peu après la fin du gouvernement de
Gracchus, les Celtibères obtinrent la décharge de l'impôt et du
1. Appien, De rébus hispaniensibus, c. 42, p. 50.
2. Itinéraire d'Antonin, p. 448, 1. 1.
5. Appien, De rébus hispaniensibus, c. 43, p. 50.
4. Strabon, 1. III, c. 4, § 1 5, p. 135, 1. 19-23.
5. Appien, De rébus hispaniensibus, c. 44, p. 50-51.
6« Appien, ibid., c. 41, p. 40; cf. Polybe, 1. XIX, f. i, 'p. 631 (Extrait
de Plutarque « Caton l'Ancien »).
7. Zonaras, IX, 17, dit que l'ordre de démolir les remparts des villes
concernait -.o'jz [xi/y. toO "I6r|po; /oxo'.y.oijvTx;, qui exécutèrent cet ordre. Il
nons montre ensuite Caton passant l'Ebre pour attaquer les Celtibères. Il
résume plus exactement Polybe q*c ne l'a fait Plutarque dans son « Caton
l'Ancien », où il a écrit Bétis au lieu d'Ebre.
6o H. d^Arbois de Juboinville.
service militaire ^ ; cela rendait leur situation trop bonne pour
pouvoir durer longtemps. Ils s'en aperçurent en 153, quand
après vingt-cinq ans de paix la guerre recommença, terrible :
Polybe l'appelle guerre de feu -.
Le nom de Sempronius dut à Tib. Gracchus une grande
popularité en Espagne. Ce gentilice fut adopté souvent par les
habitants de ce pays qui devinrent citoyens romains; les
inscriptions du temps de l'empire mentionnent en Espagne
quatre-vingt-dix Sempronius et trente-trois Sempronia, et ce-
pendant quand l'empire romain commença, bien d'autres noms
illustres étaient venus en Espagne éclipser le sien, comme le
gentilice des Scipions, Cornélius, ou celui de César conservé
par le premier empereur romain, Julius. La mémoire du sur-
nom de Sempronius Gracchus fut conservée par une ville des
Vascones, Ilurcis, qui depuis l'année 178 s'appela Gracr/^wrîV.
Elle était située sur la frontière des Celtibères ; c'est aujour-
d'hui Alfaro, province de Logrono, sur l'Alhama, affluent de
droite de l'Ebre^. On la considérait comme un monument de
la soumission des Celtibères 4, Mais cette soumission n'était
pas la servitude, et vingt-six ans plus tard, les députés des Are-
vaci, admis à soumettre leurs demandes au Sénat romain,
disaient que leur désir était qu'on exécutât le traité conclu avec
Tib. Sempronms Gracchus 5.
La guerre celtibérienne qui suivit ces négociations eut pour
cause la construction des remparts de la ville celtibérienne de
Segeda. Cette opération était conforme au traité suivant les
Celtibères, contraire au traité suivant les Romains.
La gravité de cette guerre parut dès le début tellement
grande aux Romains qu'ils résolurent d'en charger un consul,
au lieu d'un préteur, et afin que ce consul pût se mettre en
route plus tôt, ils avancèrent de deux mois et demi son entrée
en charge. Jusque-là, c'était le 15 mars que les nouveaux
consuls remplaçaient les anciens ; en 153, la mutation eut lieu
1. Appien, ibid., c. 41, p. 40.
2. Polybe, 1. XXXV, c. i, § i, 6; 2^ édition Didot, t. II, p. 121.
3. Ptolémée, 1. II. c. 6, § 65, p. 190, L 4. Festus au mot Gracchuris.
4. Tite-Live, Epitome du livre XLI.
5. Polybe, 1. XXXV, c 2, § 15. Edit. Didot, t. II, p. 122.
Les Celtes en Espagne. 6 1
le I" janvier, et désormais le i^' janvier fut le jour où les
consuls prirent possession Je leurs fonctions, le i'-'"' janvier
devint le commencement de l'année. Ainsi la terreur inspirée
aux Romains par les Celtes d'Espagne est la cause de l'usage
universel qui nous fait encore aujourd'hui commencer l'année
le I" janvier^
Nous ne raconterons pas la guerre celtibérienne qui est bien
connue. Elle commença en 153 par la défaite du consul
Q. Fulvius Nobilior le 23 août, qui depuis, pour les Romains,
fut un jour de mauvais augure, comftie le 18 juillet, jour où
la bataille de l'Allia, 237 ans plus tôt, avait ouvert aux Gau-
lois les portes de Rome. Elle fut interrompue par une trêve
de sept ans en 151 et reprit en 144 pour ne se terminer
qu'en 133 par la prise de Numance et le triomphe définitif des
Romains,
H. d'Arbois de Jubainville.
Jubainville (Vosges), octobre 1890.
I. Momrascn, Roemische Geschichte, 6<^ édition, t. Il, p. 5.
THE FRAGMENT OF THE
TAIN 30 CUAILNGE
IN MS. EGERTON 93 (ff. 26a I-^jb 2).
(Suite 1).
6363. Andsiw rongart Loing ipubuU Aill(illa) 7 Mh(edb)a.
Cidh am ariuntugadhsa chugaibhsi eter aile bhar Loi^g. do-
chowlo;/d 7 dochomrag re Coinc(ulainn) bhar M(edb) 7 da-
dhingbail din« ardth rehuair namaidni muichi amarach.
6464, Desidar a;;d i/zaidhchisin 7 doghabasdairsiu;/ dolaim
\ncom\onàsïn 7 i^cowrag dhodhenamli 7 doeirigh Loing go-
moch aniamharach 7 tainig re;;/i gohath inchomXxinà. 7 ïn-
chowraig 7 oraijzig geoghai/z C(u)ch(ulainn) é 7
65. 7 bafiadhnaisi do M(edb) innisiw.
6). Garmadh Long ahpuhall Mbcidbbbe. et geallas Meadbbha
mor cbuinha dbô À. timtheacbt dba fbear deag deidiugba gacba
datba. et carp(a)t thri shecbt cconib(a)l. Et Fionnahhair do
mbnaoi. Et cuirm a cCruacbaiii do gbiiatb.
64. Tainic Long accombair CbucbulaUm. Et marhbas Cucbu-
lainw Long,
I. Voir Revue Celtique, t. XIV, p. 254.
63. (LU. 74 b, 13-15).
64. (LU. 74b, 15-16).
Tciin bô Cuailnge. 65
66^^. Andsi« dosrengtharraingtha Loi«g godorus publa
abrathar.
67^7. Andsi/i doeirigh Loch môr m(a)c Nafcbis amach 7
dothogaibh aghuth nard naibhcoil ni;;Lsgailti bharaird 7 dorai-
dhEsdar dhamadh ulchach dhogho;/adhso dogonfaidher e id^'r
7 dodighèlta air 7 bafiadhnaisi do M(edb) doraidhsiu/i s\n.
68, Kmism £iidhis M(edb) crega nodhaaxîgaid doninghEn-
raidh doi//nsaighidh C/;o»c(hulainn) 7 ddnidh ris dâmadh ailigh
les co?;/lo;/d no co;»rag dhodhenu w ré dHghlséchaibh nô re dEgli-
ôgaibh fer nEr(enn) bhoghnl idcha smerthai;; fair bhdthaidli-
bhsi ulcha d;-^idhef/;/a 7 tigcadh do thaiseal-|f. 28b2|-bi'iadh
aclirotha 7 adhealbha dhonaslûaghaibli ama;niglea;id.
69^9. Andsi^î ta/îgadar i/îingliEnradh rowpo gohairm imbai
C(u)ch(ulainn) 7 doghabhadar agarddli sïn ris. Madhdil leamsa
si;/ bhar C(u)ch(ulainn) dagentar leum e.
70/°. Andsin blioglmi C(u)ch(Lilainn) ulcha smerthai« tair
am(ail) taidhbhsi ulcha draidhechta 7 tai'nig do thaisealbhadh
achrotha dho^aslûaghaibh i;;ia«glea;zd.
71 71. Is ulchach i;zfer ud amh adchlusa thall f(or) M(cdb) 7 is
cubhaidh dhoniadh co/;irag fr/s7 agrt'sachtLoich roraidhsi sin.
6S. h ann sin a duhhairt Mcadhhha le hanchaire du hannail
îoigJjeacht dagallamb Chuchullainn. da radh leis ulcha siiicartha
A. feasog bhreige do ghabhail fair .
6^. Tangadar an bhantracht dfios Chuchulainn. go ndubhradar
leis ulcha smeartha do ghabhail fair uair ni fin le degh laoch is an
dunagh toighcacht do chamhracc leat air siad. Et tu g(an) ulcha
gan fheasoig.
jo. Is ann sin do chuir Cuchulainn ulcha smeartha fair. Et
tainic air an tulaidh os ceann fhear nEireann. et taisbeanas an
ulcha dhaibh ^0 choitcheann.
7/. LU. 74b 40-42 : Fir oriwbantrocht is ulcach Cûchul(ainn)
66. (LU. 74 b, 15-16.
67. LU. 74 b, 16-18.
69. LU. 74b, 35-38.
70. LU. 74b, 38-40.
64 Nettlau.
72/2. Ni àh'ingensdi comrag gocEiid sEcht laithi on diu fns
f(or) Loch. Ni cubhaidh dhui7mi gewfhobairt infir iid frisin-
résiw ar M(edb) 7 tabhraw fiawlaéch gach naidhchi dosheilg
fair tus intairrimis abhaéghul.
Do2;nith iaramh samhlaidh. DothéçhEdh fianlsécli gach
naidhchi doshelg foirseow 7 noghonadson uiU iad. Atiat seo
.û. ana;niian;z nafer rogho/zadh a»d .i. uii. Gwaill .uii. nAen-
ghusa ,uii. nUdrghwia .uii. Cebhri. ocht Feich .x. nAiiealla
.X. nDElbhaIth .x. Tasaigh. Itiadsingni/;;a nasEchtmhainisin
dosow i»ath Ghr^//cha.
7375. Coniacht M(edb) coDiïiûi tùs cidh doghenadh fn-
Coiwc(ulainn) arbdhaiwgcis mhôr lé a?zrobhith les diaslôghaibh.
Isi co?;zairli arainig acu ses fégh f(or)iiallach dochor anxnÏEcht
dia haighthi» ïntivi ticfadh i^airis ddla | f. 29 a i | diahagall-
aiwsi. Arbai aireas ddla dhisi arnamhdrach fnGoinculfainn)
dodhénaw/; shidha celgi ïris diatharrfl!r/;/ain. Fsédhidhsi techta
uaithi diahaighidh am:i»tisadh nacoiwni 7 go;;iadh amhlaidh
thisadh se awarmdha fôdhaigh niraghadhsisi acht si conahaivi-
trocht diaagallaimsinw. Luidhidh intechtain À. Traighthe;z
m(a)cTraighlEthai;z gohairm iwbai C(a)ch(ulainn) 7 aidhfEd
dô aithesg Mh(edb)a. baighis C(u)ch(ulainn) ai/zdighseadh
amhlaidh. Ceadhow cin?zas is ail duidsiu dola indail M(edb)a
iwdrach aChLichul(ainn) arLségh. am(ail) coniicht M(edb)
da(no) ar C(u)ch(ulainn). Ad môra glon//a M(edb)a ari;/tara
7 addghur Idmh ar cûl aicci. Cin;îas asdenta dhun^z amhlaidh
arse. DochlaidhEmh fôdchoim ari;ztara arndchadfaghaithEr \m-
bséghul arnidhligh Iséch aeneaclanw diambé iwegmais airm comàh
cain mhidhlaigh nosdligh fonsamhail s\n. Dentar awlaidh ar
C(u)ch(ulainn).
*&'
is cubaid doniaid comrac Jrîss. Ocgressacht Loich on dorigcnsat
s(o)m anisin.
Eg. 209 : O do chonairc Loich m(or) mbac Mo Feihhcis sin.
Ulcha shud air\f. 26 b\Chuchulaim\ air se. is cadh air Meadhbha.
72. LU. 74b 4S-7S a^.
73. LU. 7j a io-'j6 a iS-
Tdin bô Cuailnge. 65
I sand iaru;;; bai i;zcho/»dhail i?zard alghiiEch frzsiraiter Fo-
chaird indiu.
Tig iaru?« M(edb) isi/zdail 7 inlis cethri firu deg diasEn-
mhuiHtir("esi?ïdoneochasdEch Engnomhabaidhibhf(or)achi;2d.
Atiadso a»a«man«a .i. da Las Sinna dham(a)c Bhuicr/dhi dd-
Ardain dam(a)c Lice da Las Oghma dha m(a)c Crui^d Drucht
7 Dealt 7 Datlieu Téa 7 Tasgwr Tiiala?/g 7 Taur 7 Glése.
Tig iar(u)w C(u)ch(ulainn) i;/dail M(edb)a. Admchtadar
iwthir dô 7 srcthaid cethra ghô dheg in.-enfliEcht fliir. Nosdi-
. din C(u)ch(ulainn) iar(u);;/ ^onariaclit tond no fesgamli fair.
imsai fui- | f. 29 a 2 | -thibh iar(u)/;î 7 marbhais iad acethri
firu deg comàh. iadse;z cethri fir deg Fhoicherda 7 isiad fir
Chrônigi arisin Chroinig igPocherd rosbitha coniàh de asbé'/'t
C(u)ch(ulainn) :
Pô mocherd la:chdh^r/;/ab(en)aiw bembEnd dghmhara f(or)
sluagh siabhra sorchaidhe ctrtaighim âgh {ri ilshlûaghaibh \ni-
dhith errEdh awghlondach sgéo Mheadliblia 7 Aill(ella) altai
àroch. ruini derchoibhlidh gosa dobhrain bhanmhasa cEngaid
ccIm uarç^hosa O'/bâgh errEdh anghlonnach coHs;ebh daghru;?
deghrnEsa ogfir dhia/ztig dagharliudh ima;zglon«a fô. fo. ma.
cherd. L
Conadh desi?z da(no} dhodlil anai/nn as Fhocherd doîzinudh
si« .i. focherd .i. io maith 7 ccrà ainm dho;/ghaisgEdh, Maith
incherd ghaisgidh donnEcmhaing dho Coinchul(ainn) an;;si».
7474. Tainig dha(no) Ciichul(ainn) iarsiw 7 dosnEdarraidh
arnaslûaghaibh aggabhail dunaidh 7 bitha dhdDhaighri 7 dd
Anh 7 cethri Dunghais imiigh.
7575. Gabhais M(edb) an«si« f(or)grfôadh Loich gomôr 7
is(edh) roraidh. Môr i;zcuidmhEdh 7 inge/z duid arsi infEr ro-
mharbh dhodhErbhrathair dhobheith agdithughudh arsloigh id-
fhiadhnaisi gEntEcht docho/;;rag iris aris dearbh Wnà. nidhemha
7/ b. Eg. 20() : geallas Meadhbha na m(or) chumha ceadhna do
Loich air ccosg Cbuchulainn dhiobh.
74. LU. y6a 16-1^.
7) . LU. y6 a 19-2^.
Revue Cdùque, XV. S
66 Nettlau.
siri bras birdha mar é ïri bruth 7 fri ferg niadh mhôrchalma
marthusu 7 iscew mhuimi forcEdail comothacht gaisgEdxh duibh
dibhliwaibh.
7676. Tainig da(no) Loch inaighidh C/A:'?zcul(ainn) dodhi-
ghail abhrdthar fiur otharfds dô gombahulcha bdi lais.
7777. Maith 1 f. 29 b I I a Chûchul(ainn) bhar Loch nafEr
cowzlond dui;zd f(or)si?z dth nEsg07zgsa cter ôrEsgong 7 esidhan
lesiun iwtdth bharsandrochair abhrdthair.
7878. j^^jjf ^i-^ nf cheana thawgadar bharsandth niiachtarach
cter Mhédhi 7 Ghédhi icind Tiri Moir 7 courohdh doibh ann
réhEdh cian 7 rétremsi fada dho chlEsaibh 7 di;;/ghui» 7 dim-
budladh 7 dobhe/neannaibh bmtha.
7979. Andsiu dodhEchaidh chucusun inMhôrrighu inghen
Aedha Ernmhais bharairngert dô intrdth bhadh aire dhô icow-
lonw 7 icomrag réhœnléch arsluaighEdh mhôr Th(ana) B(o)
C(uailnge).
80^°. 7 dochuaidh sén irricht (I) tshaidhi gairbhi glaisi 7
tEsgais adhoid C/;6'wc(u)I(ainn) 7 tagasdair C(u)chul(ainn) ur-
j6. Tainic Loich a ccoiiihair ChuchuJainw go ttarla da cheile
iad air an ath ann air tbuit Long.
77. Tarr romhaing air ath uachtrach so. Thuas air Loich. oir
ni chamhracam air ath so. uair budh heasgamh(ai)l leisean an
tath air ar thuit a bhrathair. is an sin rochamhracsad air an ath
uachtrach
75?. go ttainic an Mhor Rioguin inghean Earnmhais a siodh-
aigh. daithmhiUeadh Chuchulainn. Oir do ro gheall atTain Bo
Reamhain. go ttiucjadh daithmhUleadh Chuchulainn. an trath do
bheadh a ccamhrac h Loich f air Thain Bo Cuailgne.
80. (= ///, in Eg. 20^). ... Tainic an Mh(or) Rioguin an
treas fcacht a riucht saighthe gairbhe glaise, go ccraos fhoslaice
76. LU. 76b 1-5.
77. LU. 76 b 4-6.
78. (Cf. LU. 77 b 15).
79. (Cf. LU. 77a, 20, 21).
80. LU. 77 a 5-7.
Tdin bô Cuailnge. 67
chur dhachletin cHIes fuirrthi god^nnhdil diig gorosbris aleath-
rosg i»aci»d 7 inœniàd dobhisiun agursglaighi na saidhi geo-
ghai» Loch tr^mhid adhdlûaw é.
8i^^ bâthaighisi aitherroch rEchta ele dha(no) .i. irricht
(II) easguÏHgi 7 bha sdidh monli;/d 7 bhochErd curu 7 snadh-
man77a etcr dhibh cosaibh 7 dibh sliasdaibh 7 dibh ladhraibh
do Choi»chul(ainn) condrochiùr fœn fotharsna 7 aghabhaidi
dis i«airdi fair 7 suil rainig les érghi geoghaifî Loch tremhid
athro;;/aihh é gorghabhasdair i^sleg urrai/zdi thremhid.
82*^-. Ole on um arFtTghwi- ingnbnsin i fiadhnaisi andmhad
7 ghrt's(adh) nEch uaibh afhiru arse ïri dmhuinHtir inter nd-
t^êd inosgaidh. adracht Br/criu Nemthengtha m(a)c Carbh-
I f. 29 b 2 I -adha 7 gabhais f(or)g/-EsaJ;/ Chonc(u)l(ainn).
Roscaig dhonert arse bna.n asbmdan bEg dhodtrasgair utvath
dofilead Ultu asacEs chugud. Doiligh dhuid gnim nerred do-
dhenu;n no dhoghabhail t(or)t ifiadhnaisi fer nEr(enn) 7 Isch
an«sa dho dhi?îgbhail agaisgiudh fonsamhailsiw.
83^5. Doérigh C(u)ch(ulainn) fr/sin ngvEsacbt s'vi 7 tug
builli dhahshail chli nacEnd co}iderna. lethi;zchi?zd di armbnsiudh
alethchind.
84^-^. bôthaighisi aitherroch rEchta ele da(no) .i. irricht
(III) sa;;/aisgi findi odhergi goc^^'^^aid doha/»asgaibh ui;;îpi.
cbuige et anfad a bhi Cuchulainn ag a dioghchur dhe. treaghdas
Loich durchur gathe e.
Si. (== II, in Eg. 2op). ... Tainic an Mhor Hioguin a ris a
riacht easgainne sldnihne duibhe ris an srutb. go ro iomnaisg i
fein fo cbossa Cbucbulainn.. cian gairid bhi Cuchulainn ag a
diochar dhe. ro ghoin Loich urtharsna tre chumpair a chhibh e.
84.^ (=:I, in Eg. 20^; (after 79)) :
Tainic iarramh an Mhor Rio^uin an sin a riucht samhais^e
fnme druini dheirge go caog(a)d samhasg uitnpe agas rôn fiond-
ruinne eotarra.
81. LU. 76 b, 14-16, 17-18.
82. LU. yôb, i<)-2().
8^. LU. 77a 1-2.
84. LU. 77 a 7-8.
68 Nettlau.
85. Andsiw faidhis i/îinghewradh gEsa bharChoi?K(u)l(ainn)
mawsa7;/aisgi dhasdôdh doibh.
86^^. Isannsin tugasdair C(u)ch(ulainn) urchur dadhelchlis
fuirthi gurbhriseasdair agErrgara.
87^7. 7 dobt'rt torannchleas .ix. 7 tri .1. 7 tri .c. f(or)si;7-
sgiath condechâidh i?itain dartairr iwtluaigh sair gombertadar
napuible manadharcaibh leô gohard napuball.
88. 7 annsi;z tug Loch builli cloidhi?//. dhô gorthesgasdair
aludn ardhô. Doigh am nirasribhlain/zgEsdair CLich(u)l(ainn)
bheith mdbhrdthbhewea^zdaibh 110 mdbhudidhrendaibh Loich
mhoir i« mhilEdh
89S9. 7 dastaigh innga mbulga f(or) Lœgh m(a)c Ria«-
ghabhra 7 doleg intara dhô hisi?zsruth 7 fr/thoiUs C(u)ch(u-
lainn) é 7 odchuala Loch sin tug urchur doHsgiath sis gorld
dharadhatr/an ingr/an 7 ingai//ea/Hai«. 7 ingri//dcll i;zdtha.
is annsin dolegEsdair s'mn suas inuga mulga | f. 30 a i | dhd
inwsaighidh tarbrollach na luirighi 7 insgeth gorbhan^n inlEth
nalkarach dhe artrEghdadh achridhi nachliabh.
9090. ig(3j- annsin aile bharLôch 7 dorocharsa dhe si;î 7 arfir
doghoili 7 doghaisgidh rit, telg tro/ghidh dawsa ndch ahrad
fir Er(enn) is maidhm 7 istechEdh da;;îsa datoitea mé armo-
chûlu. doghebhasu sin bhar C(u)ch(ulainn) or is aisgidh
thirlaich comighi. Telgis C(u)ch(ulainn) traighidh dhô con-
drochair Loch araaighidh 7 gordheligh aainiw rèchorp.
8^. Tangadar an bhanthracht cona ndraoigheacht athuaithne
ioms go madh moide thiucfadais 0 Chuchulainn g(an) fhasdogha
g(cin) aithmhilleadh
86. ach brathas Cuchulaimi a ni sin. Et tugjvtb a nurchair
di. go ro hhris rosg na Mor Rioguine.
8p. Is ami sin ro eirghe fuasnamh feirge Choncculain \ f. 2j
a I le Loich [hère L. L., 75 a i begins] go ro ghuin don gha
hulga c. ag treaghdugha a cbroidbc na chliahh.
86. LU. 77 a, 9-1 1.
87. (LU. 77 a 2-4).
89. LU. 77 a, 21-24.
go. Z,f7. 77 a, 25-26). — LL. "j^ a 2-10.
Tdin bô Cuailnge. 69
91. 7 flidhbhaigis Lâgh é 7 toitis C(u)ch(ulainn) itaisibh 7
itawnellaibh
92^-. 7 arnérghi dhô is(edh) nsb^rt. Maith a Laigh bhar
C(u)ch(iilainn) do dhet ro//md gohUltu 7 raidh riu tEgad in-
diaidh atdna bhodliEsda. doigh niflicdaiwsca andthanach ai-
[1 ?]atha dhi/ndliEdail ni bhasiru ndso. Doigh a;;; ni fir fnr 7 ni
comrag comhtro;;: dhoneoch. inMhôrrigiui igaadhgall. 7 aga-
adhmilliudh 7 Loch agaghuin 7 igdthrEghdadli
9393. 7 adbert i;/laidh anu ;
9494. — i^ — Erg ûaim aLaigh lait^r shiaigh can dam
i«Emhai« armruaidh. amtoirrsEch gach niadh san chath. orsam
crechtach croHndtEch.
2-. — Mothaibh dEs is moth^ébh clé. an/zsu mEs arcEchtar
n^é. nilam inghini rohshhiidh dirghiudh fahi fidhfabhaigh
33. — Snighidh bmcn fala tharmharm. dho?;irala cr^chtach
co/;/gharbh. ni;/zthig cara arbaigh narbroid. acht mddh ara mo-
charboid.
44. — Baigh argach mbaigh i;/gilla. brndan | f. 30a 2 |
arnadari/zda. baighi;;zsea eneuch cxm cormach -âm torwol im^e-
?zor.
55. — Amiiathadhsa arci;zd i«tloig gach laithi an« tiri moir.
bhd liu laich golcth fodhbha gorom(a)caibh righdhomna
6^. — SEnfhocul sosrEthaibh clan?z niiasamain gach nsén
chranw dambcdis adho 110 atri dholasfadh a;/naithi;7ni.
77. — InUTcnchran?^ nihusu achlôdh minifhaghbha arith-
fhadôdh arùathadh iwirther gô nochobhréo margach n^n-
hreo.
8^. — Madh ûathadh kichd achaire. cait^r les m(en)ma ele
cuid i^tloigh caidhi aha//zail. nithoillean;z arafaghail.
92. LL. 75 a 12-15.
93. LU. 77 a II. — LL. 75 a 16.
94. I . LL. y; a ij-iS (i).
2. LL. 7J a 19-21 (2).
3 . LL. 7; a 26-28 (5).
4. LL. 75 b 3-4(17)-
5. (LU. 77a 13)— LL. 75341-45 (11).
6. LL. 753 32-33 (7).
7. LL. 75 a 34-36 (8).
8. LL. 75 a 39-40 (10).
yo Neîîlau
99. — Mddh a;nfliEr concanâcowi nlhairfidiudh gach mi^n
chorn maith ilar cluil acornaibh is(edh) isbhi^d donchobhlaigh.
io^°. — Abair réhUlltaibh ana. TEgad indiaidh atdna. rug-
sad m(ei)c Mhaghach ambû. is roroiwdsEd etarrù.
II". — Doleadair Loch adhawlùa;/. romtEsg i«tshadh gharbh
ghlasrùadh. coiigeoghain Loch mothro;;;a. hncreâhh^inn biEs-
gonga.
12^-. — Doghabh mochletiw achosg. arasaidhgorbn'sarrosg.
dobr/sius agErrgara. artosach nahagartha.
13 13. — Odhahi;zdlEdh ga Aifi. risi;zsrMth bhaséol saithi.
tarlaigius inga nger ngnis. gorbhath Loch m(a)c Emonuis.
14^^^. — Nirsad bronaigh bmnbtrbha. i;îocht i;zdunudh
MEdhbha. toirsigh nuall a/niigh ne//nii. nagairi armuigh Mtir-
themm.
15 15. — Isead atchûala isfir dhaw sra'mter go argach nûa-
thadh. is(edh) nach fulaiz/ghtfr dhe. tren tursgur nasochaidhe.
16. — I f . 30b I I Iss(ed) adchuala remhe. nach lin
marbh av sochraidhe. fail leaw dhodhalaibh derbha. do sgéo
Oill(illa) is MhEdhbha.
iyi7. — Ceadh dUUtaibh gantabhraid cath. is me crcchtach
Cf oHndtEch. fir Ei'(enn) uiU iwgach gâdh. iwaighidhsea
mhœ;airdn.
18^^. — Abair ré Conchobhur céui. awtoirrseach tiachair
gérthrén. dochkrchlô mochruth a/;/ne. m(a)c dil drcngach
Deghtine.
19^9. — Co;/chobhnr nithig amach. no gombe se lin don
cath. intrâth nach filHd a///ne. ai;;/sna airm arnérghe. Erg. u.
95. Et gé adubhairt siun s'in niraibhi ac[u ?]mhai»g eter
aigi Lségh dhiwdher/;/ uadh.
9. LL. 75 a 29-31 (6).
10. LU. 77 a, 14-15. — LL 75 b 1-2 (16).
11. LL. 75 a 44-45 (12).
12. LL. 75346-47 (13).
13. LL. 75348-50 (14).
14. LL. 75 b 5-6 (18).
15. LL. 75^37-8 (9)-
17. LL. 75 a 51-52 (15).
18. LL. 75 a 22-23 0)-
19. LL. 75 b 7-8 (19).
Tdin bô Cuailnge. 71
9696. Andsl/i tugadh cuig\m chuigisiu/z arnamhdrach àer-
thai» cho;nlai/;d ris 7 geoghaiu C(u)ch(ulainn) iad conàro-
chradar les
97. gorub cuigiur Chi;id Chuirsighi idcrar ri'u
9898. Iss(edh) seo anmanwa inchuigir s\n À. da Chruaidh
7 dd Chaladh 7 DtTOthor.
9999. Andsin tugadh sesiur arnamharach dhochowlonw 7
docho;»rag ré Coi»cul(ainn) 7 isiad seo awmanwa intesirisin .i.
Traigh 7 Dor;/[7]Dt"n"iu 7 Gol 7 Meabhol 7 Eris =' 7 geoghaiw
C(u)ch(ullain) iad co/zd/'ochradar les.
100^0°. Andsi/z tugadh c(et) fEr narmach dhocho?»lonn 7
dochowrag ré CoiHc(u)l(ainn) 7 geoghai;; Cûch(u)l(ainn) iad
andsi« co»drochair i«c(ct)sin les.
10 1^°^ Cuillen» Chi/zd Duine ai;mi natulcha imbai M(edb)
7 Ail(ill) i;zaidhchisi« 7 dth Ch(inn) Chuille ainm inatha
102^°-. 7 Glais Chrô ai»m naglaisi.
Doigh is uiwi idt'rar Glais Chrô ria doigh robo chiamair dho
chrù 7 dfhuil | f. 30b 2 | i ^onarlaight^r ré Coi«c(u)l(ainn).
I03^°5. 7 dofhûabair C(u)ch(ulainn) nasludigh dhodhibh-
rugudh adnlga \n AI//;-the/;mi aiiEs i;zaidhchisi« «ogormharbh
c(et) dalœchraidh gosolustrath érghi dho là arnamhdrach :
I04^°4. Doghabhasdair athsgis môr é ahailti nahaidhchi 7
ita mhôr ahaithli nahathsgisi eter
105^°). 7 nician da;;zbai and im(orro) gofacaigh chuigi
se;zton;z chaillighi crini cmpghlui»ighi cosfhada 7 bô bhuidhi
bhlicht ar thri shini aici
106^°^. conachtd\o\\ C(u)ch(ulainn) digh bhariwcailligh 7
96. LU. 77a, 28, 29.
98. LU. 77 a, 28, 29.
99. LU. 77b 13-15. — LL. 7) b 10-13.
100. LU. 77b, 16-18. — LL 75 b 55-38.
loi LU. 77 b 20). — (LL. 75 b 41-42).
102. (LU. 77 b 19). — (LL. 75 b 42 sq.).
103. (LU. 77^33-3))- — (LL. 75 b, i5-i(
104. (LU. 77 a 36).
105 LU. 77a 36-38. — LL. 75 b 19-21.
106. LU. 77a 38-59. — LL. 75 b 24-27.
». Cf. LU: Col 7 Mebul 7 Eraisc ; LL. : Col 7 Accuis 7 Eraisi,
72 Neîtlau.
blighis antrEs sini dhowbhoin dô 7 atibh C(u)ch(ulainn) é ina-
dhigh bhdsidna nem dhamsasiw achaillEch bhar C(u)ch(ulainn)
I07^°7. 7 hainachf dé 7 andé fort arse. déi léosow intàs cu-
inachta 7 andé im(oiTo) intàs trEbhtha
108^°^. bhd sla« lEthshuil nacaillighi fô ch(et) oir
109^09. conachtiùgh. C(u)ch(ulainn) digh ele bharincailligh.
dhobhlighEsdarsi i«dalasi;zi dho;/bhoi;/ 7 dobrt'thea dho Choin-
ch(u)l(ainn) 7 atibh 7 adbert bhdd sldna nan dhawsa siw ira
bhar C(u)ch(ulainn) 7 bha shn alethchendsi bhd ch(et) oir
iio"°. conacbtadh C(u)ch(ulainn) digh ele bharsancailHgh.
dobhHghEsdairsi i;/trES si;zi dho;/bhoi« 7 dob;rthea dhoChoÏK-
ch(u)l(ainn) 7 ibhis inadhigh é. bhd shn caiw ane/n 7 bhari-
dhnacht dawsasin abEn bhar C(u)ch(ulainn) 7 henacht nandéi
adhartha ortsu arse. is maith inïhunacbt 7 i»thoirithi/z tugais
oruw 7 bhdsldnsi bha ch(et) oir.
iii^^^ Maith a Chuch(u)l(ainn) bhar i/2 Mhôrrighu bhar-
airngcrtais da;;/sa nach bhaighiz/d (unacbt ndfoirithin dhodlaw-
aibh. MadafEsai/zd go?;ïadh tii dhobheth an» nirisfliighbhithea
112. I f. 31 a I I Andsiw dohiidhsi iricht e«chi .i. fhEn-
noigi arinsgiaigh osgrEllaigh doLiir iwuigh M//rthe/;/ni is dotla
dealbh eoin sund sain??riudh bhar C(u)ch(ulainn) gorub desin
atd Sgé nahEnchi arM^rthemni.
113^^5. Is annsiw doghabhsadar fir Er(enn) i;zaidhchisin
du?mdh 7 lowgphort igdth aladh ind imuigh Mzyrthe;;/ne.
114^^4. 7 rolaisead anernail bhiiair 7 bhroidi secco fodhEs
ichthar bho Uladh. Gabhais C(u)ch(ulainn) igonthert i Lear-
gaibh icomihogus doibh 7 adais aara tewidh dhô trath nona.
i;zaidhchisin .i. L^gh m(a)c Rianghabhra.
ii5"5. Adchonnaircsiun ûadh gr/staitnEmh na nar??/ nglan-
ordha 7 nadairEdha dibhergi os cind chethri noll chuigEdh
nEr(enn) ré fui;ziudh néll nôna
107. LU. 77340-41. — LL. 75 b 31-33.
108. LU. 77 a 42-43 (II). — LL. 75 b 27 (I).
109. LU. 77 a 41-42 (I). — LL. 75 b 28-29.
iio. LU. 77 a 43-b I. — LL. 75 b 30-31, 33-54.
III. LU. 77 b, 2-4.
113. LU. jjb 21-2^. — LL. yjb, 4']-4i).
114. LU. 77 h 2^-2']. — LL. 7/ h 4c}-46 a _j.
115. LU. •j'j b, 2j-2p. — LL. -jô a, 4-6.
Tdin bô Cuailnge. 7j
II 6. 7 roérigh C(u)ch(ulainn) an»sin
ii7"7. 7 cr^-saighis ashlEgha 7 b^rtaighis achlaidhEw.
118"^. 7 doghabhasdair luindi mhôr esiu« réhilar abhidh-
bhadh 7 rehiwadh andmhadh 7 aechtrand 7 véuakecht agdi-
ghail a chnsd 7 aaladh orrtho
ii9"9. 7 dob^rt arrew churadh asabraighid gorarEgradar
ba»dnaigh 7 bocânaigh 7 genidi glin;/i 7 dEmhna aér réhuath-
graïn nagmine dhob^radh araird gordasmEsg awemaiw f(or)
i;zslôgh. Dolodar inarwchrith chethri côigidh Er(enn) imrEn-
daibh aslEgh 7 anarm fodhesi/z rondébhladar c(et) laéch laidir
lawchalma dhibh duathbhds 7 dochridhEmhnas arlâr dhùnaidh
7 loMgphairt fer nEr(enn) réhurgrain nagmini 7 naguairi
dohen C(u)ch(ulainn) bharaird.
120^^°. Nician diawbai L^égh anw gofhacaigh moenôghch.
dhaindsaighidh | f . 3 i a 2 | fiar tharsin dunaid 7 longpart fer
riEr(enn) anairthuaidh gach ndiriuch. œn fhEr su«d chugaiwd
a;/osa aChugugdn bhar Laégh. Cinnas fir annsin ar Cùchu-
l(ainn). ni(nse) im(orro) ar Légh fer cain mor an;z da(no)
b^rradh lEthan fair. brat uai^idhi if(or)cibul mmï. éo oir isiw-
bhrut osabhruintti. leni dhorroU righ fod^rginliudh dodergôr
icusdal fr/achnEs. claidhew lEtha^bhair môr inalaim. dubh-
sgiath go caladhbhuailidh iwdruini fair. SlEgh choigriwd i^alaim.
fogha fôghabhlaighi nafarradh. ingnadh a?7î rEbha 7 abhairt 7
adhabhair doghni acht nishïigh iiEch fair 7 nishaighseo» f(or)-
iiEch am(ail) nach faicEdh nEch e. Cia egi« domchairdibh
sidhchaireadhsa sin aile bhar C(u)ch(ulainn) or doîgh f(or)-
eadarso;? indnith mor i«arfuili;;/sea irnxnur inaighidh chethri
nollchuigEdh nEr(enn) igmarbhadh fhir ardth gach lai 7 .1.
gach naidhchi l'iair nidhawaid fir Er(enn) fir fEr na cowrag
enfhir dhawsa omhEdon lai amach gach lai 7 bha fir dhoson
inwisin.
rai^zig i«tôglach airm iwbai C(u)ch(ulainn) 7 airchisis de
gomor.
117. LU./jb^i-^^. — LL.jêaç-io.
118. LU. -j-jh, 29-31. — LL. y6a,6-8.
119. LU. 77 b, 35-42. — LL. yôa, 10-18.
120. LU. ■jjb42-'j8a /j. — LL. "jô a 18-40.
y4 Nettlaii.
121"^ f(ei')dha sin a Chuch(u)l(ainn) arse, ni;;/fhoirsidhe
eterïÇor) Cûch(u)l(ainn). Dokrsa dha(no) cobhair dhuidarint-
ôglâch. Cla thusu eter arCLkhul(ainn). Ismisi thathairsiu a
sidhaibh bharésiu/z .i. Lugh m(a)c Ethlea7zd
122^22. 7 codailsiu bhig aChû arintoglach dothrowzthoir-
thim codnlta iconïhensa ilLErgaibh | f . 3 i b i | gocEnd téora
la 7 teora naidhchi 7 fifadsa f(or)snaslLiaghaibh inairEdhsinn.
123^-5. Canaidh achele f(or)dhord dô contu'ûi bis. cona'iCQ
nach orecht ann robo ghhn.
is ann asb^rt Lugh éle Logha andso sis i?7asdEch,
Atrai am(a)c mhoir alaidh fôdoshla;?chrechtaibh cuirEtha
fr/naiwdiu fer iheU darath môr adhaigh dote?/athar dia ferra-
ghaibh sligh ethar ionacht sluaigli iwaien ard nerethar f(or)-
lacht asidh s^r f(or)udud isiw bhruigh arrona thaibh gota/z-
mhai» arfochertar fochiallathar œ?zghilla arclith arbuaibh baife-
dh:^ slighdhelbh silsa reud. Ni fui léo donert sh?éghul fer
dobharaind bhruthaighthe goniurt f(or)dho locht nai/;/dibh
ci»gidh carbad comhgli«d isiarsi/z nithatrai. atrai.
124^4. Tèora la 7 téora naidhchi bai Cùch(u)l(ainn) ina-
chodludh.
125 "5. Bha dethbhir amh gerobhi domhéd inchodulta bai
domhed nahaisgi. onluaw iarsawain sainruidh gosin c(ét)ain
iarni;??bulg nirochodail Cuch(u)l(ainn) fr/si»resin acht mddh
minichodladh fithisiw mbig fr/aglia iarmEdho;^ midhlai acht
achend f(or)adhorn 7 adorn iwdgha 7 agha f(or)aghlu^ acht
ag slaidhi 7 agslechtadh igairlEch 7 a£;esorgain chethri noU-
chuigEdh nEr(enn) fnsiwrésin.
126^^^. Isanwsin focherd \n\àc\\ sidhe losa 7 luibhi ici 7
sla«sewa icnEdhaibh 7 irrEchtaibh i/zaltaibh 7 inilghonaibh
C/;o?îc(u)l(ainn) goterna C(u)ch(ulainn) i?/achodludh ganrâth-
aghudh 7 ganfliis dô etcr.
i2']^^T. I f. 3ib2 I Isisi?2 tm aimser 7 ûairdholodar inm(a)c-
121. LU. jSa, 15-19-
122. LU. y8a, 20-2J. — LL. 76a, 40-43.
123. LU. j8a, 2^-j4.
124. LU. ']8as4-3S- — LL. ']6a, 4S-47; 76 b, 17-19.
125. LU. jSa, 3S-43. — LL. ']6a, 4'j-b2.
126. LU. ']8a 43-h I. — LL. jôb, 2-5.
127. LU. 'jSb, 2-1 1. — LL. -jôh, 6 17.
Tdin bà Cuailnge. jt
raidh atuaidh oEmhai/î Mhacha maFhalla/;/ai;î m(a)c Concho-
bhair tri coegad m(a)caw bdsEdh aliw 7 dobcrtadar tcora catha
dhoz/aslLiaghaibli condrochraàar atrichonilin leô 7 condrochra-
darsLin uili acbt mddh Fallamaiw iiénm 7 baighis Valhmam
mabr^thir ndchrachadh arculu gohE;;zai;z Mâcha bharais dori-
dhisi no gorugadh cEii» Aill(illa) gusuimind righ bai udsa.
Nir bho redh remi léoson in;2isi/î airdharadadh rninn righ
Aill(illa) ctcr dhdm(a)c Bhethi m(i)c Bhain dd m(a)c mhuimi
7 aidi dho Aill(ill) 7 rogheoghnadar Vilhnmn (:o;zdrochair leô
conadh gléo nam(a)craidhi 7 aidhidh Fhallam(ain) m(i)c Con-
chobhair mddh avin'igmn.
128^-^. Andsin admcht C(u)ch(ulainn) asachodludh 7 do-
riwni rothmïél corcord£';-g dhe omhullach gotahiihaiw 7 bhdnert
les am(en)ma 7 tisadh i;za;7/ach no itoîchiw no imbandail no
icoir/^itEch no ipri/«aj7/ach dophri7;;a.^;/aighibh Er(enn). cia fod
atM^a s'in chodludhsa anois aLaich ar C(u)ch(ulainn). Tri Id 7
t;-/haidchi ari;ztôglach. Rowairgseadese» bhar C(u)ch(ulainn).
cEdhou ari;/tôglach. nasluaigh ga/zfhobairt risi«rési/î ar C(u)-
ch(ulainn). nifhuilead uni bar intôgldch, Cia radasfôbair aile
bhar C(u)ch(ulainn). Lodar i7mi(a)craidh atuaidh oEmhain
Mâcha tri coegad m(ei)c righ bahEdh allin i;;zFhallamhai7Z
m(a)c Conchobhair 7 dobertadar téora catha do«asludghaibh
129^29^ (:o;îdrochradar athr/ cho/zzlin léo 7 gondrochradarso/z
uili acht Fallam(ai)n axnm 7 baighis Fallam(ain) mdb/Tthir
nachrachadh foth uaidh dorisi gohEmhai/z Ma-|f. 32 ai|-cha
gobrui;zdi br^tha 7 bEthadh g07;ibe;/adh cEun Aill(illa) gusin-
mïnd righ bai udsa. Nirbho rédh remi leosow innisi?î uair-
thugadh mind oir Ai]l(illa) arcairthi etcr dha m(a)c Bhethi
m(i)c Bhain 7 rogheoghnadar Fall(amain) condrochair léo go-
ruh gléo nam(a)craidhi ainm iwsgéoil s'in artana.
130^30. Abraind ndbdsa f(or)riionirt desidhe;/ ar C(u)ch(u-
lainn) uair didmben«sea formonirt nithoittidis i/nii(a)craidh
am(ail) dorochradar 7 nith^ethsadh Fall(amain) m(a)c Con-
chobhair.
128. LU. -/Sb, 14-2^. — LL. j6h, iç)-ji.
129. LU. 78 b 26-28. — LL. 76 b 32-34.
130. LU. 78 b 29-40. — LL. 76 b, 34-46.
76 Neitlau.
Cosaiw iarcliEna aChùga;; nihaisg dhodti//chaibh 7 nitair
dodghaisgiudh bariwtôglâch.
Maith aôglaigh bhar C(ii)ch(ulainn) iegnin malle dhodhi-
ghailt na m(a)craidhi bharnasliuighaibh. Nirachum am aile
bhar i;zt6glach. cidh esidhen bhar C(u)c(hulainn). ni(nse)
ari?ztôgldch. gidh môr doghni?;/arthaibh 'goili 7 gaisgidh do-
nEth nEch itochairsiu nihair ien dobhiadh anôs nd aalludh nd
oirdhercus acht is ortsu bhias anôs 7 aalludh 7 aairdhercus 7
tabhair fe;z nErt doldmha bharnasliiaghaibh 7 ni léo ata cowus
ta/mia edir dhonchuairtsea.
131. Is anns'm dai;;/thigh intôglach sidhech uaithibh 7 nlr-
fliEdadar cdconair imarlodh.
132. maith aw/phoba a Laigh bhar C(u)c(hulainn). tegum
imall dodhighail na m(a)craidhi arnaslûaghaibh. rachaidsea Iei
on bhar Légh.
133^55. Agus i;zcarbad serdha amophoba a Laigh bhar Ci'i-
chul(ainn) i;/acœ/;/nagair ai;/nEll 7 ij/ata athrEluw leat. ma-
condrigï ai«nEll 7 madhata athrEku/z Int rodonindill 7 mini-
If. 32 a 2|-uil athreluw athrElu/;; lEt nachasninnill eter condri-
gewn uni aile hharingilla 7 radani/zdeltar.
134^54. Isan^si» adracht intara 7 roghabh afhianerrEdh na-
raidher/;^a ïnie. bhd donfhia/zerrEdh araidhec/;fasin .i. ainar
blaith biannaidhe sésùaiti s?rbnaidhe uaighthi osleathair se
édru//z aerdha ronachgebhEdh arlLiai;/mibh ahin awaigh an-
echtair.
135^55. Roghahasdair f(or) brat fai;îg thairisen amaigh an-
echtair dobrsthea iîzaisgidh ohShlmon dmi do Ner dhorigh
Roman 7 gotard Ner dho C/;o;7chobhur 7 dobrethea oChon-
chobhur do Cboi7zchul(ainn) 7 tinnlaicis C(u)ch(ulainn) do-
Laégh m(a)c Ria?2ghabhra ddara charbaid.
136^36. Roghabhasdair dha(no) achothb(arr) cirach cldrach
CEtharochair comhr gâcha datha 7 gâcha dslbha dharamhidh-
ghuaillibh siar sElsEchtair. bhdsomaisi dhôsowsiw 7 nirthro-
woghiidh fair. Taraill alaw les i»gibni d^rgbhuidhi am(ail)
133. LU. ']8h, 41-4S- — LL. ^61,46-4^.
134. LU. ']8h 44-']^a 3. — LL. ']6b4^-']']
135. LU. 79 a 4-7. — LL. 77 a 4-8.
136. LU. yç^a, "1-20. — LL. 770, S-21,
Tâin bô Cuadnge. -j-j
bhadh la»d d^rg oir dhobhron dôrbhruithi re eda» à\nàc\\oni-
artha araidluv/;/a SEch athigerna. Rog(habhasdair) afhidhada
ursloicthi each 7 adhel intlaisi imidhesra. rog(habhasdair) ési
asdudha aEch i/zathuaisri .i. aradhna anch i«alai/« chli réhiw-
cho/;ms aaraidhec/;/a. FochErd aluirEcha iarnaidhc intlâsi iwa-
Echaibh fo;z"cbhether dlioibh othul gohurdhorn \d.n do^hai-
nibh 7 dobhirinibh 7 Icghinibh 7 bhir chrudidhibh.
137^37, Isan»siu focherd celtair chowgha tharaEchaibh 7
taracho/»alta a);/drbha 1er dhoneocli sa;/du« | f. 32 b i | iadso^î
7 gu?«ba 1er dhaibhseon cdch u;;tpo. roghonadhso cdch thairsi
7 tr^thi 7 sechi 7 nigontdson tairsi nathrethi ndseci.'
Bha dethb(ir) d6so;zsi« arrobhddar atheora baadha araidh-
echtx f(or)i/zaraidh xnXîxsm .i. le;;; dharbuilg 7 fosgul ndiri;;z 7
iwochor ndellEii;;.
138^38. Isan;zsi;i roeirigh incur 7 i;;cathmhilidh 7 i;/tin;;el-
chrô bodhbha fer nEir(enn) .i. Cûch(u)l(ainn) m(a)c Sual-
taigh 7 doghabhasdair achatherrEdh catha 7 co;;;lai;;d 7 co;;;-
raig uimi 7 bhd do(no) chatherrEdh chatha 7 ch(omlainn) 7
ch(omraig) roghabh ui;;zi .i. aocht cnesle;zti .xx. ciartha clar-
tha co^;;dhlùta bidis fôthédaibh 7 rothaibh 7 réfedhaibh icus-
dal f;'/achnES arnachasdechradh achon;; nach achiall ndcha
ch(et)faidh i?îtrdth rasfigEdh aluth lathair dho. rog(abhasdair)
achathchris cola;;;dha c//rata thairsibh am;iigli anfr/;/air do;z-
chodudleathar chrûaidh chortghidhi dor;;;na .uii. ndawshe-
cliEdh ndartadha congebhEdh dô othana athaibh gotiugh aach-
saili. bidh uimi rédichur ghai 7 rEnn 7 err 7 slegh 7 saigEd
ar;;; 7 fhsébhur uair is cu;;îa foché'Z'didis de 7 go?»adh dochloich
no docharraig no dhochongna dhochiuchlaidis. rog(abhasdair)
aûathroig sreabhnaidhi sroill co;;aci;;;ais dobha;zôr bz'/c fz'za
rémséthichtar amhedhoi;z. rog(habhasdair) aûathroig ndonn
lEthair ndErghshuaiti dhoor7;zna .iiii. nda;;zshechEdh ndarta-
dha fo;zacathchris dochola;;znaibh f(er)ba tua tharaûath-
[f. 32 b 2l-roig srEbhnaidhi srôill sechtair co/zgebhéthir dhô-
son otha«a athaibh gotiugh ashliasda ronrigEdh gochathchris
cz^z'ad arnùach/ar.
137. LU. 79 a, 22-28. — LL 77 a, 23-29.
138. LU. 79rt 2^-h 77. — LL. jy a ]o-b iS-
78 Neltka.
Andsi/z roghabh iin-ighnia 7 inrighmhllidh achatharw catha7
co?nraig 7cowlai;zd 7 bha do(no) catharm chatha 7 ch(omlainn)
7 ch(omraig) roghabh .i. aocht cloidhbhmi mawcolg nded
ndr^chsholus 7 aocht sleghini mawslegh caegnnd 7 aocht ngoth-
natha manngoth nded 7 aocht cletiw màn delcHs. Roghabhas-
dair a .uiii. sgiathu dis i;»a?7cro;;/sglath ndana ndubhderg ina-
tegEdh tore taiselbhtha i//athul tarla i/zsgeth mhoir milEtasi;?
conah'ûi aith ailtnidhi iwgher iaraiiHchrùaidh i«ahuirrihi7/zchEll
gotesgiadh fi;/da inaighidh rotha araithi 7 arailtnidhEcht 7 arim-
géri. Doigh amh i;zuair dharigEdh alEs intôglachsin faébhur-
chlES dodhe7zamh dhibh cuman congonadhson ddsgiath 7 dagha
7 ddchloidhem hiénecht. Rog(habasdair) achirchathbharr catha
7 cowraig 7 cowlaind imdchEnd ara/nbâdar cetheora geam carr-
mhogaill f(or)gachnaird 7 f(or)gach nairchind de agachaiw-
chu/ndach asangaireadh gair ch(et) nôglach dohireghmhibh
gâcha cerna 7 gâcha cuihdhe gâcha hairdi 7 gâcha hoirchi^zd.
139^39. rétestthoghla iz/nihilEdh 7 i;»anghkiind 7 rémai-
dhiuw namôrecht dognithea fûa.
(A suivre.)
Max Nettlau.
139. LU. jçh, iç)-2i. — LL. •/■jh, iS-ip.
NOTICE
DU
MANUSCRIT IRLANDAIS
DE LA BIBLIOTHÈQUE DE RENNES^
On conserve à la bibliothèque de Rennes un manuscrit ir-
landais in-4 de 125 folios. C'est un recueil de pièces de diffé-
rents genres ; il est facile de voir que le manuscrit a été formé
de trois fragments distincts. Le premier, du folio i r° au folio
74 v°; le second, du folio 75 r° au folio 89 v° ; le troisième,
du folio 90 r° au folio 125 v°.
M, Vétault, le savant bibliothécaire de Rennes, a bien
voulu nous donner le résumé suivant de l'histoire de ce ma-
nuscrit.
« Le manuscrit irlandais de la Bibliothèque de Rennes fai-
sait partie, au milieu du xviii^ siècle, de la riche collection
du président de Robien -, archéologue distingué, membre
de l'Académie de Berlin. Il passa dans le dépôt municipal
en l'an II, avec toute la bibliothèque du président (plus de
4,300 volumes, dont 62 manuscrits), confisquée sur son fils
émigré.
« Ce manuscrit avait été communiqué aux savants auteurs
« du Nouveau Traité de diplomatique (Dom Tassin et Dom
1 . M. Whitley Stokes a bien voulu lire une épreuve de cette notice.
2. Christophe-Paul de Robien, chevalier, baron de Kaer, vicomte de
Plaintel, né à Rennes le ^ novembre 1698, conseiller au Parlement de Bre-
tagne (1720) et président à mortier en 1724; mort le 6 juin 1756.
8o G. DoUin.
Toustain), qui n'en purent rien déchiffrer. Dom Taillan-
dier écrivait à ce sujet, au président de Robien, le 26 no-
vembre 1753 : « ... Nos deux diplomaticiens... ont reçu avec
reconnaissance le beau manuscrit irlandais que vous leur
avez envoyé. Ils l'ont déjà parcouru : ils y ont trouvé des
lettres singulières dont ils comptent faire usage. Pour le
fond des choses renfermées dans ce manuscrit, c'est un
chiffre dont ils n'ont pas la clé... » On le vit bien par la
notice qu'ils lui consacrèrent au tome III de leur ouvrage
(p. 200, Ecriture 07iciaîe anglo-saxonne) : « ... Quoiqu'on
l'ait cru fort ancien, » concluent-ils, « il ne doit être au plus
tôt que de la fin du xii^ siècle, puisque S. Bernard y est
cité... » Vingt ans plus tard, Dom de Vaines, dans son Dic-
tionnaire raisonné de Diplomatique^ t. I, p. 45 e, l'attribue au
XIII* siècle et en tire la « preuve que les Irlandois se ser-
voient encore de la minuscule saxonne longtemps après la
conquête d'Irlande, faite en 117 1 par Henri II... » C'est
d'après ces données des bénédictins que fut rédigée la notice
du ms. irlandais qui figure sous le n° 138 dans h Description
des manuscrits de la bibliothèque de Rennes, par D. Maillet,
publiée à Rennes en 1837.
« La première analyse sérieuse du recueil fut donnée en 1867
à Dublin, par James Henthorn Todd, sous le titre : « Some
account of the Irish manuscript deposited ^ by the preside?it de
Robien in the public library of Rennes, 18 pp. in-8. » Tirage
à part des Proceedings of the Royal Irish Academy, Irish mss.
séries, vol. I, pp. 66-8 1.
Première section.
I. Fol. I r°, col. I, 1. I. Traduction irlandaise du De con-
teniptu viundi sive de miseriis humanae conditionis composé par
Innocent III, publié chez Migne, Patrologia latina, t. 217,
On a expliqué plus haut quand et comment se fit ce iJépôt.
Le Manuscrit irlandais de la Bibliothèque de Rennes. 81
col. 701-746. La division en chapitres n'est pas la même dans
la traduction irlandaise que dans le texte original.
Commence : Deo patri carisimo petro d^i gra/ia portusenci
.i. an anoir dia athrtr 7 peadar dartindscnad/; an leab/;ar-sa 7
indocens do bi in a àtochain 7 in a cartanoir. « En l'honneur
de Dieu le père et de Pierre a été commencé ce livre, et In-
nocent qui fut diacre et cardinal. «
Finit fol. 22 r°, col. i, l. 19 : vaur dtrbus an lebwr-so rc
n'ab;/rar innocent ar àocyxiiXtcht m cined d:e;/na. Finit
« comme l'a prouvé ce livre composé par Innocent sur la
honte de l'espèce humaine » .
Ce traité est encore contenu en entier dans les manuscrits
suivants : Paris, fol. 60 r°, col. i — fol. 72 r°, col. 2; Eger-
ton 1781, p. 113 — p. 150, ou fol. 57 r° — 75 v°. Lesmss. Eger-
ton 93, fol. 147 a, et Egerton 91, fol. i, en contiennent des
fragments.
Au bas du folio 14 r°, on lit le prénom Edmond ; au bas du
folio 18 r°, col. 2, on lit le nom Roger macc Cragh.
II. Fol. 22 r°, col. I, 1. 20. Homélie.
Commence : Foue[a]t in principio uirgo maria ^ meo .i. co ùir-
tachtaigJn Muire bantigf^nia daw a tosach m' oibri^ki. « Que
madame Marie m'aide au commencement de mon œuvre. »
Finit fol. 24 v°, col. 2, 1. 37 : qui cum deo p^î/re et spiritu
sancto uiuit ac ragnat deus per omnm s[e]cMla s[e]cMlorMW.
Amen, finit.
Ce morceau est aussi contenu dans le ms. de Paris, fol. 58r°,
col. I — fol. 59 v°, col. 2.
Au bas du fol. 23 v°, on lit à l'envers : M^irg darbsc^lbsuil
dfocruin nabfaig bi ant suil do tsiar mura mbian nngrad.
III. Fol. 25 r", col. I, 1. I, Homélie sur la sainte Vierge.
Commence : Ut dix/7 bernardus in s^rmone de heatà iwarh
ufrgine ^ etc, .i. ad^/r hcmard xxccm cid bé ni maith do b'âil let
1 . C'est ainsi sans doute qu'il faut lire le mr du ms. de Paris, transcrit
mater dans la Revue Celtique, t. XI, p. 398, 1. 29.
2. C'est sans doute le sermon De hcata Maria virgine, à tort attribué à
saint Bernard et public chez M'igne, PatrologiaJatiiia, t. 184, col. 1013-1022.
Revue Celtique, XV. , 6
82 G. Dottin.
dô ullmugMif, tabwr fa lam/;aib Mwre hé. « Saint Bernard dit :
quelle que soit la bonne chose qu'il t'a plu de préparer, remets-
la dans les mains de Marie. »
Finit fol. 26 r°, col. 2. 1. 10: acbt beir le trocaire féin a
lîlaitbeamnus latt. Finit. « mais conduis-les par la miséricorde
même dans le royaume des cieux ».
IV. Fol. 26 r°, col. 2, 1. II. Homélie.
Commence : Grad/;aig/; do Dia 7 do tig^nia os do craid/;i 7
os do chui;;me 7 os t'anam mur adc/r Matha^ « Aime ton
Dieu et ton seigneur de tout ton cœur, de toute ton intelli-
gence, de toute ton âme comme dit Matthieu. »
Finit fol. 28 v°, col. i, 1. 22 : eirgem docum dia 7 maram
co bûan na fochwr in secwla sec«lor;/w. Amen. « Elevons-nous
vers Dieu et restons éternellement auprès de lui. »
La dernière ligne du fol. 26 v"", col. 2, qui termine le troi-
sième cahier, est répétée au commencement du fol. 27 r°, col. i .
V. Fol. 28 v°, col. I, 1. 23. Homélie.
Commence : Fons qui in alto orit^^r de facili ad loca inpmôra
diu^rtatur .i. an tobar tsuididt^r an inad/; ard is urusa a tarraiwg
an inad isel. « La source qui est située dans un endroit élevé,
c'est facilement qu'elle gagne un endroit moins élevé. »
Fiîiit fol. 29 r°, col. 2, 1. 17 : d' ar b' ainm Genuencis do
ord na mhrathur p;Yciur don gnidb. Finit. Amen. « que l'on
nomme Genuencis, de l'ordre des frères prêcheurs, de la cha-
rité. »
VL Fol. 29 r°, col. 2, 1. 18. Traité.
Commence : Do chorp Cr/st and-so, ôir atat tri ni ré tuics/;z
ann. « Du corps du Christ [il est traité] ici, car il y a trois
choses à y considérer » .
Finit îol. 30 v°, col. i, 1. 30: 7 cid bé gahus co midi;/g-
mala hé 7 nixcb coimetan« co duthrû[r/;/ach do gehad iîernn.
Finit. Amen. « et quiconque le reçoit indignement et ne le
garde pas avec de bonnes dispositions aurait en partage l'enfer » .
I. Mathieu, XXIL, 57 ; Luc, V, 27.
Le Manuscrit irlandais de la Bihliothcque de Rennes. 85
Vn. Fol. 30 v°, col. 1,1. 31. Traité de la Résurrection du
Christ.
Commence : Do ciscirgi xp d'eis a chcsta an« so, 7 xwur dli-
g/;mitt a tuicsin do rer Bonauentwra ^. « De la résurrection
du Christ après sa passion [il est traité] ici, et comme nous
devons l'entendre selon Bonaventure. »
Finit fol. 31 v°, col. 2,\. 15 : 7 a i\à\\cad derlaictef/; an
spirut ncem cétna. mur adubru»wr qui uiuit 7 reg;/at Dt'MS pt;r
o///"ia sec/da seclor//m. Amen. « et le don profitable du même
Saint Esprit comme nous l'avons dit, ^) etc.
VIII. Fol. 31 v°, col. 2, 1. 16. Traité de la Passion du
Christ.
Commence: Pasio Xri secundum Bernardww ^ .i. mur adeir
Bernard na;w ar pais xp. « C'est-à-dire comme dit saint Ber-
nard au sujet de la Passion du Christ. »
Finit fol. 33 v°, col. 2, 1. 28 : 7 na croiche césta. ac a
facbail folam ina fdsach. Finit. « de la croix de la passion en le
laissant vide dans sa solitude. »
IX. Fol. 33 v°, col, 2, 1. 29. Traité de la pauvreté.
Commence : Don bochtacht and-so, ôir adezV herward cz/rab
ro;/aich an bochtacht toilem/;ail. « De la pauvreté [il est traité]
ici, car Bernard dit que la pauvreté volontaire est heu-
reuse. »
Finit fol. 35 r°, col. 2, 1. 27: an dia 7 an dui;ze qui uiuit
ac ragnad deus pcr omnh secula ce«bru/;/. Amen. Finit. Amen.
« Dieu et homme qui, etc. ».
X. Fol. 35 r°, col. 2, 1. 28. Traité de la confession.
Commence : Siad so na se cuingill dégc d/;ligis an faeisidin
do heth indti amal adeir sanctus Tomas. « Voici les seize con-
1 . Au chapitre XXIII, De resmrectione Chisti du Compemlii Theologicae
veritatis liber quarttis' de Christi humanitate (Sancli Bonavenlurae... opéra,
Lugduni, Bordes, 1668, p. 749,00!. 2).
2. Sans doute le Liber de passione Christi et dolorihiis et pJSticlibiis mrJris
ejiis, chez Migne, Patrologiu latina, t. 182, col. 1133-1142.
84 G. Dottin.
dilions qui doivent être dans la confession, comme le dit saint
Thomas ^ »
Finit fol. 36 v°, col. i, 1. 11 : cid ed icfair a pwrgatoir cach
hveih nacb idair ahus. Finit. « cependant sera payé en purga-
toire tout jugement qui ne sera pas payé ici-bas. »
XI. Fol. 36 v°, col. I, 1. 12. Traité de la confession.
Commence: Don faeisidin hèus À. a oidi 7 a athair i^mai»,
i;zdisim mo chair do Dia 7 dibsi. « De la confession encore,
c'est-à-dire : ô confesseur et cher père, je raconte ma faute à
Dieu et à vous. »
Finit fol. 37 v°, col. 2, 1. 19 : 7 breithe;;/n//i' aithr/^^e do
cengal oruw. Finit. « et le jugement du repentir à nous lier. »
En marge de la première colonne du folio 37 v° on lit : is
teirc dui^ze an Erinn doni a fliesid/n mur adeir an leabw/'-so
« il y a peu de personnes en Irlande qui fassent leur confession
comme le dit ce livre ». Todd pense que cette phrase a été
écrite par Charles O'Conor de Belanagare.
Les trois dernières lignes du folio 36 v°, col, 2, qui ter-
minent le quatrième cahier, sont répétées au commencement
du fol. 37 r°, col. I.
XII. Fol. 37 v°, col. 2, 1. 20. Homéhe.
Commence : Do indarbad Luxcifir do nei;« and-so sis. « De
l'expulsion de Lucifer hors du ciel [il est traité] ci-dessous. »
Cette homélie est formée de parties fort différentes. Elle
commence par un récit de la création et des premiers temps
du monde et se termine par un recueil de sentences morales.
Elle finit inachevée fol. 43 r°, col. i : con'ià. airs'm dlegar
dul co hinill dia caithem... acsi?/agaid...
XIII. Fol. 43 r°, col. 2, 1. I. Homélie.
Conimcnce : [z]elus dommus tue cometit mé - .i. romgab et
imo tegais, a de. In spïnit nôem, in sph'iit do roisgi cech
1. in Lihrum quartiun sententiarum distinct. XVII, 39, 4, 4, i. et Somme
in, 9, 4, 4, I.
2. Psaume LXVIII, v. 10.
Le Manuscrit irlandais dt la BdAiotkcquc de Rennes. 85
spir//t rosinsorclia/J in tcXais. « Le zèle pour ta maison me
consume, ô Dieu. L'Esprit saint, l'esprit qui surpasse tout
esprit qui a éclairé l'Eglise. »
Finit incomplet fol. 44 v°, col. 2, 1. 27 : conid tria grosacht
diahulda faslaigt^r forra iatt « en sorte que c'est par un attrait
diabolique qu'ils sont attirés vers eux ».
Cette homélie est contenue dans le manuscrit de Paris,
fol. 22 r°, col. I.
Au milieu du blanc qui reste au bas de la colonne 2 du
folio 44 v°, on lit la note suivante :
air na sgnob/;(7t^ re Eilb/;e uat/; Hailiot/; eirionnt/;ac/; don
Chindheadhetb Mh'ûea'idh san bliag«a de /7aois Xt 1755 Nan-
netis. S. D. G. E. U. « écrit par Ailbhe O'Hally (O'Healy)
irlandais, de la race de Mile, en l'an du Christ 1755, Nantes
S. D. G. E. U. n\
Une pièce conservée aux archives départementales de Ren-
nes- nous donne la liste des Irlandais résidant à Nantes en
1756. Cette liste ne contient point le nom de O'Hally. Mais
une note annexée à la pièce nous apprend qu'il existait à
Nantes une communauté d'environ 50 prêtres et étudiants
irlandais. C'est parmi eux sans doute qu'on trouverait l'anno-
tateur du ms. irlandais de Rennes.
XIV. Fol. 45 r°, col. I, 1. I. Recueilde sentences' sur la pa-
tience tirées de saint Augustin, saint Grégoire, saint Jérôme,
saint Bernard, saint Jacques, saint Paul, Origène, Job, les
Nombres, l'Ecclésiaste, le Lévitique, le Deutéronome, Isaïe.
Commence: [PJaciencia secundum kngustinnvn etc. .i. d.deir
Augustin cid bé bus foig/;ind^^/; ac fulang an andligfJ is é bus
laid^ri a (laitheamnus. « Augustin dit : celui qui sera patient
{iour supporter l'injustice, celui-là aura un règne plus puissant 4. »
1 . Je dois cette traduction à MM. O'Growney et Douglas Hyde.
2. Archives d"Ille-et-Vilaine, liasse C. 59.
3 . Ce recueil n'est pas identique au Scinlillarum liber de Defensor (Migne,
Patroloi;ia latina,.x. 88, col. 597-713, bien qu'il s'en rapproche sur un grand
nombre de points. Saint Bernard, qui est très souvent cité dans notre texte,
ne figure pas dans le Scinîillarum liber.
4. Qui ergo fuerit patientior ad injuriam, potentiorconstituetur m regno.
5cintiUarum liber, c. II; Migne, Patr. lat., t. 88, col. 602 D.
86 G. Doîtin.
Finit fol. 47 r°, col. 2, 1. 13 : ôir ni fétmdid aen ni maith
do denwm na do ïaghail don taeb amuich do dia qui uiuit ad
radnad deus pcr ovmh s[e]cula secul[orum]. Amen, « Car
nous ne pouvons ni faire ni trouver rien de bon en nous pas-
sant de Dieu, etc. «
Un chapitre De pasiencia est contenu dans la pièce intitulée
Liber cenienillarum sentensiarum, ms. de Paris, fol. loi r'',
col. I — 104 r°. col. I. Cf. Revue Celtique, t. XI, p. 402.
XV. Fol. 47 r°, col. 2, 1. 14. Recueil de sentences sur la
charité, tiré des mêmes auteurs que le précédent.
Commence : Labrum anos don trocaire. « Parlons maintenant
de la charité » .
Finit fol. 48 v°, col. i, 1. 29 : a grasa fein dôib da n-eisergi
on peccad « ses grâces mêmes à eux pour les relever du péché «.
Un chapitre De caritaîe est contenu dans la pièce intitulée
Liber centenillarum sentensiarum, ms. de Paris, fol. loi r°,
col. I — 104 r°, col. 2. Cf. Revue Celtique, t. XI, p. 402.
XVI. Fol. 48 v°, col. I, 1. 30. Traité.
Commence : Adeir an lebar re n'aparnr flecto genua .i. Bo-
nauentura^ curab on foid/;i^ïdi adrrar cesad cr. « Le livre inti-
tulé Jîecto genua, c'est-à-dire Bonaventure, dit que c'est de la
patience que parle la passion du Christ. »
Finit fol. 49 r°, col. 2, 1. 32 : 7 do saerad in duine 6 na
cumachiaih. Finit. « Et l'homme a été sauvé des puissances. »
XVII. Fol. 49 r°, col. 2, 1. 33. Recueil de sentences sur les
peines de l'enfer, extraites de saint Augustin, saint Grégoire,
saint Bernard, saint Jérôme, saint Chrysostome, Isaïe, l'Ecclé-
siaste, saint Matthieu, saint Luc, les Actes des Apôtres, Hugues
de Saint-Victor.
Commence : Labrum do pein if/Vnn ann so. « Parlons du châ-
timent de l'enfer ici. »
I . C'est sans doute le Soliloquiuin de quatuor niciitalibus cxercitiis (Savcti
Bouaventurac opcia, Lugduni, Bordes, 1668, t. VII, p. 105, col. i) qui com-
mence en effet par les mots flecto genua.
Le Manuscrit irlandais de la Bibliothèque de Rennes . 87
Finit fol. 52 r°, col. 2,1. 22 : 7 ic dol a ^aitbeamnu^ do
c«wsanad sa gloir suihain tri bithu. Finit. « Et allant dans le
royaume des cieux pour reposer dans la gloire éternelle dans
les siècles des siècles. »
XVIII. Fol. 52 r°, col. 2, 1. 23. Version irlandaise par
Finghin O'Mahony des Voyages de Sir John Mandeville.
Commence : Locc don lebur-sa Ross Broin a crich hua nE-
chach Muman 7 pearsa dô Seon Maudauil, nàerï do muindtir
rig Saxan, do faccaib Saxa la feile Michil 7 do sibk/^ môran
do t/;irt/;aib m àomain mar ata an F/-^ingc 7 an Almaiw 7 ant
slige assin co hlar^ialfw. « L'endroit où est ce livre est
Rossbrin, dans le territoire des O'Echach du Munster, et
son auteur est Jean Mnndeville, chevalier de la maison du roi
d'Angleterre, qui quitta l'Angleterre à la fête de saint Michel
et parcourut un grand nombre de pays du monde tels que la
France, l'Allemagne, et la route de là à Jérusalem. »
Finit incomplet, fol. 69 v°, col. 2, dernière ligne : 7 mord;^
do ùgemaibb 7 do ridmb .ii. 7 bid da airdespwzV .x.
La lacune est d'un folio ; il reste encore du folio disparu
une marge étroite sans trace d'écriture.
La dernière ligne de la colonne 2 du folio 66 \° est répétée
au commencement du folio 67 r° qui commence maintenant le
huitième cahier. Mais ce cahier commençait anciennement
par un feuillet blanc dont il reste une marge étroite. Ce
feuillet blanc, et le feuillet dont nous venons de parler, com-
plètent le huitième cahier.
Au bas du foHo 69, on ht cette phrase écrite par la même
main que le texte : Dard^in mannddla indiu 7 ar comwrci
an fer do caithes i»dîu dam/; 7 a Cill C/-eid/;i d:\mb 7 domait/;ni
ni gûitrengrtc/; an nmindter ga ti'i. « C'est aujourd'hui le jeudi
saint et je me mets sous la protection de celui que j'ai reçu '
aujourd'hui, et je suis à Kilcrea^ et la communauté avec la-
1 . Littéralement « mangé ».
2 . John Fleming, Old Irish and thc spokcn language, dans The Aca-
demy, 1889, t. I, p. 171, col. i.
88 G. Dotîin .
quelle je demeure... » La copie de notre texte irlandais a
donc été faite à Kilcrea, comté de Cork.
Le récit des Voyages de Mandeville est encore contenu dans
le ms. du British Museivm : Egerton 1781, fol. 129, col. i —
146 col. 4 (pp. 255-299). Le texte est également incomplet à
la fin, mais la lacune est moins considérable que dans le ms.
de Rennes. La langue des deux mss. a été étudiée par John
Abercromby, Two Irish 15''' century versions of Sir John
Mandeville's travels, Revue Celtique, t. VII, p. 66 sq., 210 sq.,
358 sq.
XIX. Fol. 70 r°, col. 1,1. I. Traité connu sous le nom de
Teanga hithniia. « La langue toujours nouvelle ».
Commence : [AJirdrig/; ùasal an dom/;ain, is treisi na car/;
ri, is airà'i na gach tigcrna. « Grand Roi suprême du monde,
plus fort que tout roi, plus élevé que tout seigneur. »
Finit fol. 74 r°, col. 2, 1. 4 : 7 bd hé in îecusc sin tue in
t[eng]a b[ith-nLia] tosach m creidi;;?. Finit, « Et voilà l'ensei-
gnement que donna la langue toujours nouvelle au commen-
cement du christianisme. »
Ce texte est encore contenu dans les mss. suivants : Paris,
fol. 24 r°, col. I — 27 v°, col. I ; Livre de Lismore, fol. 46-
52 ; Egerton 171, p. 44-65 ; Trinity Collège DuMin H. 2. 16,
col. 700-707 ; Phillips 9754, fol. 7 r°-9 r°. Le texte du livre
de Lismore commence par les mots : In principio fecit Deus
coelum et terram.
XX. Fol. 74 r°, col. 2, 1. 5. Fragment d'une vie de saint
relatif aux rapports de saint Brendan avec sainte Brigitte. Ce
fragment commence par l'épisode des monstres marins, se con-
tinue par l'épisode du rayon de soleil ; il se termine par le
commencement du récit d'un troisième miracle de Brigitte.
Commence: Seacht mhliadna bôi Brenui//;/ for mulr ïc iar-
rair t/;ire tarrnggre. « Il y avait sept ans que Brennuinn était
sur mer cherchant la terre promise. »
Finit: 7 forfemd/;es a bleith and...
L'épisode du rayon de soleil qui ne se trouve point dans la
vie de sainte Brigitte éditée par M. Whitley Stokes, Lives of
Le Manuscrit irlandais de la Bibliothèque de Rennes. 89
saints from the Book of Lismore a été publié d'après le Leabhar
Breac par M. Whitley Stokes, Three middle Irish homilies,
p. 83. Cet épisode est traduit de Colgan, Trias thamnaturga,
sccunda viia, c. 7 ; tcrtia vita, c. 92. Le commencement de la
pièce se trouve à la page 41 du ms. des Franciscains de Dublin,
qui porte le nom de Liber Hymnoruni. Il est cité chez Stokes,
Lives of saints from the Book of Lismore, p. 353, cf. 333.
Le verso du folio 74, aux deux tiers blanc, contient la note
suivante :
Ambitiosus honos, luxus, turpisque voluptas,
hîec tria pro trino numine mundus habet.
Misi Emand og o Cealluig/; do scriob/; an rand laid/;nisi a
Baile puirt an ùàer'i À. an sa Gleand an se'isetb la do mi Au-
gust 1599 an cet blian do cogaàh Muimnec/; an aigaid/;i Gall 7
go ma leosan creoc/;as s'in ma t/;a toil Dia linn docuni na
guig/;i si;/ do d/;enam. « C'est moi, le jeune Edmond O'Kelly
qui ai écrit ce distique latin à Baile puirt an ridcri^, c'est-à-
dire dans la Vallée, le sixième jour du mois d'août 1599, la
première année de la guerre des habitants de Munster contre
les Anglais ^. Puisse cette violence retomber sur eux, si la vo-
lonté de Dieu est avec nous pour faire cette prière. »
Une phrase à moitié effacée à la suite de la note précédente
nous donne le nom de Tomas mac hEdbhard (Edward) et la
date du 19 janvier 1640 : mile se ced agus da xx aois cr.
Deuxième section.
XXL Fol. 75 r°, col. r, 1. i. Vie de saint Colman mac
Luachain. Cette vie semble n'avoir pas été connue de Colgan
qui donne seulement une courte notice de saint Colman 5 et
nous apprend que la fête de ce saint tombait le 30 mars.
I . Todd, d'après Reeves, conjecture que ce doit être Glin ou Glenn-Cor-
braighe, comté de Limerick.
2 . L'expédition malheureuse du comte d'Essex en Munster, d'après Todd.
3. Acta sanctoi iim Hiperniae, t. I, p. 792-793.
90 G. Dottin.
Dans les Annales cit's Quatre Maîtres, publiées par O'Dono-
van, t. II, p. 1015, on trouve à l'année 1122 une note rela-
tant la découverte de la châsse de saint Colman.
Commence : Uiriliter agite et confortetur cor nestrum omnes
qui speratis in Domino^. An spirat noew_, in s^irat as uasle cach
spir^f. « L'Esprit saint, l'Esprit qui est le plus élevé que tout
esprit. »
Finit fol. 89 v°, col. 2, 1. 15 : 7 is se dorigne scrm vn na
taisib c^^na. Finit. « Et c'est lui qui a fait un sanctuaire pour
les mêmes reliques. »
La dernière ligne du folio 84 v°, col. 2, est répétée au com-
mencement du tolio 85 r° qui commence le dixième cahier.
XXII. Fol. 89 v°, col. 2, 1. 16. Une main moderne a écrit
à la suite de la pièce précédente, avec une encre très pâle, un
morceau de piété qui se termine inachevé au bas de la colonne.
Ce morceau assez difficile à lire et d'une orthographe défec-
tueuse commence par les mots : Tri padricha dognait/; gabh
ar tus do M«re. « Chante toujours d'abord trois pater pour
Marie. »
Il ne reste que les talons des trois folios terminant le
dixième cahier.
Troisième section.
XXIII. Fol. 90 r°, col. I, 1. I. Dinn-senchas, recueil de
légendes en prose et en vers, sur les noms géographiques de
l'Irlande. M. Whitley Stokes pense que le Dinn-senchas a été
compilé au xii^ siècle.
Commence: Senchas dind Erend inso, dorigne Amorgein
mac Amhalga, in fili do na Déisib Temrach, ba file féin mie
Cearbaill. « Archéologie géographique d'Irlande ci-après, que
composa Amorgein Mac Aulay, poète des Dési de Tara, poète
lui-même du fils de Cerball. »
I . Psaume XXXI, v. 24.
Le Manuscrit irlandais Je la Bibliothèque de Rennes. 91
Finit incomplet fol. 125 v", col. i, dernière ligne. Cette
dernière colonne est effacée et fort difficile à lire.
La seconde colonne du fol. 125 r° se termine par : nar/; rab
aidblad/; do gabail rigi n-Ulad.
Le texte du Dinn-senchus est encore contenu dans les mss.
suivants: Livre de Leinster, p. 151-170, 191-216 du fac-
similé; Livre de Ballymote p. 349-410 du £ic-similé ; Livre
de Lecan, p. 461-525 ; cqs trois mss. font partie de la Biblio-
thèque de la Royal Irish Academy; H. 3. 3, de la bibliothèque
de Trinity Collège, Dublin, f° 36. Le Rawlinson B, 506, de
la Bibliothèque Bodléienne d'Oxford contient, p. 11-15, environ
un tiers de la partie en prose du Dinn-senchus; M. Gaidoz a
signalé dans la Revue Celtique, tome VI, p. 113, un frag-
ment du Dinn-sencluis dans le ms. Kilbrlde XVI de la Biblio-
thèque des avocats d'Edimbourg ^
Le texte du Rawlinson B. 506, a été publié avec une tra-
duction anglaise, des notes critiques et explicatives par
M. Whitley Stokes, Folklore, t. III, 1892, p. 467-516.
Il manque deux folios au milieu du quatrième cahier de la
seconde partie du ms. Ces deux folios seraient compris entre
le folio 114 et le folio 115. Cette lacune a été signalée par
M. Whitley Stokes.
La seconde colonne du fol. 125 v° semble avoir contenu
de courtes notes en écriture cursive. Cette écriture a été
grattée ; on n'en distingue plus que quelques lettres. Au milieu
de la colonne on a écrit sur l'ancien texte une note en gros
caractères, assez effacés,
A la fin de cette note on peut lire : milesimo quinqna-
gesimo[^/V^ lisez : quingentesimo] ottagesemo sexto. Cette date
de 1586 est la plus ancienne des dates contenues dans notre
manuscrit,
G. DOTTIN.
I . M. Whitley Stokes nous apprend que le ms. XIX de la bibliothèque
des avocats d'Edimburg contient un poème géographique qui n'est point le
Dinn-senchus.
MÉLANGES
I.
UN ANCIEN USAGE DE L'ÉGLISE CELTIQUE.
M. l'abbé Duchesne a réédité dans la Revue de Bretagne et de
Vendée, de janvier 1885, une lettre des évêques Licinius (de
Tours), Melanius (de Rennes), et Eustochius (d'Angers)
aux prêtres bretons Lovocatus et Catihernus. Comme le fait re-
marquer M, Duchesne, c'est le plus ancien document se rap-
portant à l'émigration bretonne en pays armoricain. Cette
lettre est en effet écrite vers la fin du règne de Clovis ou peu
après sa mort. Parmi les griefs de ces saints évêques, je relève
le suivant (je reproduis la traduction de l'abbé Duchesne) :
« Aussi avons-nous cru devoir vous avertir et vous supplier,
pour l'amour du Christ, au nom de l'unité de l'Eglise et de
notre commune foi, de renoncer, aussitôt que la présente lettre
vous sera parvenue, à ces abus de tables en question que nous
ne doutons pas sur votre parole avoir été consacrées par des
prêtres, et de ces femmes que vous appeîe:^ conhospitae, d'un nom
qu'on n'entend ni ne prononce sans un certain tremblement, d'un
nom propre à diffamer le clergé et à jeter la honte et le discrédit
sur notre sainte religion . C'est pourquoi, selon la règle des Pères,
nous ordonnons à votre charité non seulement d'empêcher ces fem-
melettes de souiller les sacrements diviiis en les administrant illi-
citement, mais encore de n'admettre à habiter sous votre toit aucune
femme qui ne soit votre aïeule, votre mère, votre sœur ou votre
nièce ». Cet abus, d'après M. l'abbé Duchesne, consistait à
confier à des femmes la distribution de l'eucharistie sous l'es-
Mélanges. 95
pèce du vin, et, en général, l'assistance du prêtre à l'autel, le
ministère diaconal proprement dit. C'était, paraît-il, la résur-
rection de l'hérésie que les pères d'Orient appellent Pépon-
dienm, en l'attribuant à un certain Pepundius, et qui, à ce que
croit l'abbé Duchesne, a particulièrement centriste les prélats.
Le nom paraît réellement tiré de la ville de Pepu:^e.
Cet usage a-t-il été général dans l'église celtique ? Un docu-
ment reproduit par Haddan et Stubbs {Councils and ecclesias-
iicaJ documents rdating to Great Britain and Ircland, II, part. II,
p. 292), ferait incliner pour laffirmativc. Ce document, en
tout cas, est au moins aussi ancien, d'après Haddan et Stubbs,
que le milieu du viii= siècle (voir p. 294, note a). C'est une
espèce de sommaire de l'histoire de l'église celtique en Irlande.
Parmi les traits indiqués comme caractéristiques de l'état an-
cien de cette église (primus ordo Catholicorum sanctorum), à
l'époque la plus ancienne (440-543 ?) je relève ce qui suit:
« Mulierum administrât ionem et consortia non respuebant quia
super petram Christi fundati, ventum tentationis non time-
bant. » A l'époque suivante (secundus ordo) (543-599), cet
usage a disparu : Ahnegahant mulierum administrationem, sépa-
rantes eas a monasteriis.
Il semble donc certain qu'à l'époque .la plus ancienne, au
moins jusqu'au commencement du vi^ siècle, l'église celtique
ait été infectée de l'hérésie pépundienne ou pépu^ienne.
J. LOTH.
II.
-YCH A LA 2^ PERSONNE DU SG. EN GALLOIS.
M. Whitley Stokes, dans son travail The neo-celtic verb suh-
stantive, p. 29, signale comme forme de Vinjonctifï la 2^ pers.
du sg. bych. Cette terminaison -ych se trouve à côté de -yt à
la 2= pers. du sg. du conjonctif : a chymer y niver a vynnych
gyt athi « et prends le nombre que tu voudras avec toi »
(Gr. Cclt. -, p. 512). Il est impossible de songer à voir ici une
confusion entre la 2" pers. du pluriel et celle du sg. : cette
explication ne serait possible que si, en gallois, au moins dia-
lectalement, le tutoiement avait disparu au profit des formes
94 Mélanges.
plurielles de la 2^ personne ou bien si l'inverse s'était produit :
ce qui n'est pas le cas, M. Whitley Stokes voit dans ch le ré-
flexe du pronom grec tj ou de son enclitique zc, es. C'est
une explication à laquelle il a sans doute renoncé depuis long-
temps, Q'j étant dû aux cas obliques, et îe = -:/"£. Les formes
en -ych de la 2^ pers. du sg, me paraissent devoir être rappro-
chées des 2" personnes de l'impératif moyen du sanscrit en
-sva :dhatsvâ, impér. moy. 2^ pers. de la racine dha = indo-
eur. dhè, placer (Brugmann, Grundriss, II, p. 1328). Sva est
le pronom réfléchi. Si on remarque que, comme en sanscrit,
c'est à la 2" pers. de l'injonctif que ces formes se montrent de
préférence, le doute sur la valeur de -ch n'est guère permis. Il
faut surtout rapprocher des formes sanscrites des formes
comme : henffych luell, porte-toi bien, salut, vieux-gallois anbiic
guell (0x011. post., Gr. Celt. 2, 1063; gloses considérées à tort
comme comiques). La formation galloise remonte-t-elle à
l'unité indo-européenne ?
La forme bcc'h = gall. hych est en usage, en Bretagne, à
Saint-Gilles -Pligeaux (Côtes-du-Nord).
J. LOTH.
" III.
-HOIAM = HWYAF.
Le gallois a pour comparatif à hi-r, long = irl. si-r, hiuy =
irl. sia (= * sê-jos et non s'i-josl) et pour superlatif hiuyaf
formé probablement sur h-wy. Le breton armoricain n'a rien,
à l'époque moderne, qui rappelle hwy, ni hwyaf. Le Cartulaire
de Redon qui nous a déjà conservé le superlatif /«rtw^ le plus
petit, = gall. lleiaf dans saJina leiam, me semble avoir éga-
lement l'équivalent de hwyaf, c'est-à-dire hoiam en compo-
sition dans des noms propres comme Hael-hoiavi, larn-hoiam,
Posid-hoia(m), Rcenhoiam, Uniu-hoiam.
J. LoTH.
IV.
GWELED.
On rapproche habituellement le gallois et breton giuckd,
Mélanges. 9 5
voir, du grec tp âw et du latin vereri. Le vocalisme grec n'est
pas un obstacle insurmontable à cette identification, mais r
pour / m'en paraît un sérieux. La racine vel- me semble iden-
tique avec celle qui a donné le latin velk, goth. viljan, lit.
luêlyti, désirer, skr. var-, choisir. L'écart de sens entre voir et
vouloir n'est guère plus grand qu'entre voir et savoir (video,
cTca). Un idiotisme gallois actuel le montre bien. Pour tra-
duire notre s'il vous plait, on dit couramment : os gvuelwch yn
dda, si vous le trouvez bon, si vous le voulez bien; en don-
nant à givekuch le sens habituel, on traduirait : si vous h voye:{
bon!
J. LOTH.
V.
RESTES DE NEUTRE EN BRITTONIQUE.
Les noms neutres dans les dialectes brittoniques ont géné-
ralement passé au masculin, comme le montre la comparaison
avec l'irlandais. Deux mots me paraissent cependant avoir con-
servé la forme neutre ancienne ou plutôt devoir être expliqués
par elle : l'un est gallois, deigr, larme ; l'autre, breton, ira, chose.
On trouve dans les dictionnaires gallois les formes deigr,
dagr pour le singulier, dagrau, deigron pour le pluriel. La forme
la plus ancienne pour le singulier paraît être deigr. C'est celle
que donne le Livre Noir (deigir avec i irrationnel, Skene,
Four anc. hooks, II, p. 61, vers 28), et aussi du Livre de Ta-
liesin : bum deigyr yn œivyr, je fusse larme (goutte) dans l'air.
Le pluriel dans ce dernier livre est dagreu (ibid., p. 136,
V. 20 ; p. 124). Dagr a été formé sur dagrau et facilité par les
composés comme le vieux-gallois dacr-lon, gl. uvidus (dacr =
*dacrii). Deigron se dénonce comme récent; c'est un double
pluriel formé comme meibion, fils, breton mibien, qui suppo-
sent respectivement meib et meb; deigron suppose deigr. Deigr
n'est pas réductible à dacru, Vît bref final ne produisant nulle-
ment infection. Deigr remonte à dacrû, forme à rapprocher
des formes latines comme pecû, verû, genû, cornu et des formes
adjectives védiques en il comme puni : puril-vâsu, beaucoup
de bien ; purù, viuJîa (Brugmann, Grundriss, II, pp. 557, 684).
96 Mélanges.
Le mot ira, chose, présente cette particularité de subir la
mutation sonore dans son initiale au singulier, tout en n'étant
pas féminin : an âra man, cette chose-ci, ean dra, une chose ;
mais daou dra, deux choses, et non dioii dra. Le pronom usité
pour ce mot est le pronom masculin neutre. Les grammai-
riens bretons comme Hingant en ont été eux-mêmes frappés
et citent le mot comme une exception à la règle qui veut que
les féminins seuls subissent la mutation au singulier. Je ne
vois d'aure explication possible à ce phénomène qu'en suppo-
sant dans ira un ancien neutre. A part les noms en -0, en
indo-eur., le nominatif-accus, sing. neutre n'était autre chose
que le thème nu. Tra a dû être un thème vocalique neutre et
aura ainsi provoqué la même mutation que les thèmes fémi-
nins tout en conservant son genre. Le pluriel est traou. Il en
est de même en comique : an dra ma, cette chose-ci; plur.
traow. Le mot n'existe en gallois que comme suffixe en compo-
sition: cyfleusdra.
J. LOTH.
VL
HYD, FED; FENOS, FETEZ.
Le Dictionarium duplex de Davies donne, au mot hyd, le
long de, durant, la îormQfed pour le pays de Dyfed. Ce dou-
blet me paraît expliquer d'une façon plausible les expressions
suivantes citées par M. Ernault dans son Glossaire moyen-breton
au mot benary: afet nos, de nuit, vannet. a fced-no:{, pendant
la nuit. Les expressions hed dé, hed an de^^, hedan nos, sont cou-
rantes. Il me paraît inutile et impossible de supposer ici le mot
fet du français /3/7.
La forme du moyen breton ve:{_ nos, cette nuit, existe encore
au Faouët (Haute-Cornouailles) sous la (orme fesnos .
Le doublet fed me paraît rendre difficile le rapproche-
ment, ingénieux d'ailleurs et plausible, que M. Ernault a fait
de fetei^, vetei:(^z\ec benary, biscoa^, bi:{viquen.
Le vannetais aurait, d'après lui, mieux conservé l'initiale
primitive dans bité {Dict. dcl'Ann. au mot vmishuï). Ce mot
existe en bas-vannetais et en Haute-Cornouailles sous la
Mélanges. 97
forme bété dans des expressions comme : ne choyne ket beté du^e,
ne restez pas indéfiniment Ki-bas ; ma bêlé ober çn dra, il est
un temps infini à faire une chose. Beté remonte certainement à
heth -\- Jt'~, comme a dit M. Ernault. Mais, en Haute-Cor-
nouailles, à côté de beté, existe la formé /t'/J qui me paraît irré-
ductible à l'autre.
Il est fort possible que dans d'autres dialectes les formes
composées de beth, bith et de fed se soient confondues par
suite de la composition syntactique (*vete:^, *a vete^ =■ * a
bete^ et que l'explication de M. Ernault soit à retenir pour
plusieurs d'entre elles.
Pour Je::^ no:^, beth semble à première vue plus plausible,
mais le changement de / en spirante sonore devant 71 est un
phénomène bien connu en moyen-breton, dans les noms com-
posés : Ca::jieved, Caneved =■ Cat-nemet.
A Saint-Gilles-Pligeaux, on se sert de la forme vénos et
même véd en nos (véd = féd dans ce sous-dialecte), forme
décisive en foveur de mon explication.
J. LOTH.
VIL
ROTGUIDOU.
Dans les délimitations de champs, en gallois, du Livre de
Llandaff apparaît le mot rotguidou : 0 tref eithinauc di nant hirol-
guidou (édit. Rhys-Evans, p. 126) « de Tré Eithinog jusqu'au
ruisseau des Rbodiuiddè (ibid, p. 366). A la page li de l'intro-
duction de l'édition nouvelle de MM. Rhys-Evans, dans le
vocabulaire des mots non traduits, on propose pour Rotguidou
la traduction de forts en bois, et on rapproche rot de l'irlandais
ràth. Rotguidou a donné en gallois moderne rhodiuyddéu ou avec
l'écriture adoptée actuellement pour le pluriel rhodiuyddau
(dans la prononciation rhodivydda ou rhodwydde), pluriel de
rhodwydd, mot bien connu en breton comme en gallois, mais
mal compris par les Gallois actuels. Le sens véritable de rho-
dwydd n'est pas open course comme le prétend Owen Pughe,
mais bien gué, passage sur une rivière : ar rodiuydd Forlas y
Revue Celtique, XV. 7
c)8 Mélanges.
giuyliaf « sur le gué de Morlas je veillerai » (Llyiu. Hen, d'après
Pughe). Le Cartulaire de Landevennec a fort heureusement
traduit ce mot : rodocd Carn, id est vadum corneuni.
Rodoed se retrouve dans le nom de commune Rodoed-galkc
(charte de ii6o)^ Roudoe-^gaîkc (1521), aujourd'hui Roud-
oualléc (prononcez Roudiuâlec), canton de Gourin, arrond. de
Pontivy, anciennement de l'évêché de Cornouailles. Il existe
encore treize ou quatorze noms de lieu en rodoué (= rodoe's)
dans le Morbihan, indiquant tous des ponts ou passages sur des
ruisseaux (y. J. Loth, Chrcstom. bret., p. 162).
Quoi que l'on pense de la terminaison (il est possible que
guid- signifie bois et que le sens primitif ou amené par l'éty-
mologie populaire ait été passerelle en bois), rot- doit être rap-
proché de rhodio, traverser, marcher, de rhaïud, chemin, et
vraisemblablement de l'irlandais moderne rod, chemin, pas-
sage. Il fliut sans doute le séparer de l'irlandais roth, roue, et
du latin rota. Rot- me semble tiré de la même racine que le
gaulois ritu (Augusto-rituni) dont il a le sens, gallois rhyd,
gué; au lieu de remonter comme ritu- h. *prtu-, allem./wr^, il
supposerait * pli- avec liquide sonante longue. Pour la racine
à des degrés différents, et pour le sens, cf. Trspâo^ , portus.
J. Loth.
VIII.
SEOUANA. SEOUANI.
Le -qu- de ces deux noms propres a déjà fait verser des flots
d'encre sans qu'on soit arrivé à une solution satisfaisante. Si
on a affaire réellement à un -qv- vieux-celtique, ne donnant
pas p en gaulois, on est en présence d'un phénomène celti-
quenient inexplicable. Il y a, ce me semble, un moyen de dé-
barrasser la phonétique celtique de ce cauchemar : c'est de voir
dans Sequana, et par conséquent dans Scquani un mot com-
posé : Seco-vana ou secu-vana, forme que les Romains ne pou-
vaient traduire dans l'écriture autrement qu'ils l'ont fliit. Je ne
me hasarderai pas à chercher l'étymologie de ce mot. Je ferai
remarquer seulement que les langues brittoniques possèdent
Mélanges. 99
une racine sec- qui signifie couper : gallois hesg, armor. hesc,
irl. sesccnn, sorte de glaïeul à bords coupants, ^=^ sec-sco ; hes-
ken, scie. Quant à -wana, on pourrait le rapprocher du gallois
gzuanu, percer, pénétrer à travers.
J. LOTH.
IX.
ESOX.
Le latin esox, esocem, saumon, a pour correspondant le gallois
eawg, eog, armoricain eeuc ou eoc = * esàcan = indo-européen
*esôcn. Le vieil-irlandais eu ■= *esox, génitif wr/;. L'emprunt
par les Latins n'est pas douteux . Emprunté par les Celtes, à
l'époque romaine, le mot eût conservé s médial. La disparition
de 1'^ montre que s est s simple intervocalique. Latin, esox eût
évolué en erox. Dans mon travail sur les Mots latins en britto-
niquc, j'ai fait la remarque que esox avait été emprunté à une
époque où ô long indo-européen n'était pas encore devenu à
en celtique ou était venu aux Latins par une fraction des
Celtes qui n'opérait pas encore cette transformation. La suppo-
sition est erronée. Il y a une explication de ce phénomène à
la fois plus vraie et plus intéressante. Les Latins ont généralisé
dans leur déclinaison l'ô fermé du nominatif. L'irlandais eu
= * esux, esox et montre ô fermé, par conséquent ô non accen-
tué. Le gallois cawg, arm. eeuc remonte à *esdcan avec l'accent
sur la pénultième. Nous arrivons donc à ces formes pour le
vieux-celtique: nomïnan(ésôx, accus. *esdcan. Le doublet breton
eoc, eeuc n'a rien d'extraordinaire : oc se colore ou recolore
souvent en ôc après e : Tremeoc, près Quimper, en moyen-ar-
moricain, Trejf-maeheuc ; cî. Lan-vèoc.
Le saumon coureur porte en breton le nom de hur-euc. Il
me semble que le premier terme est identique au gallois caïur,
géant, irl. cur, héros, champion; cf. corn, cawr-tnarch, cha-
meau. Keur-euc aurait le sens de grand saumon. Je ne connais
pas d'autre exemple de keur en breton.
J. LoTH.
1 ûo Mélanges
X.
GOUR.
On fait venir la particule gour, du breton, de vor, et on
l'identifie avec le gaulois ver. En quoi foisant, on confond en-
semble deux particules bretonnes de sens et d'origine tout à
fait différents. L'une, gour, guor, luor = ver- et a une valeur
intensive et augmentative. L'autre, au contraire, a une valeur
diminutive : gour-gle~e, épée courte, poignard ; gour-hent, petit
chemin; gour-vade:(, petit baptême, ondoiement; gour--~én,
petit homme ; gour-ni:^, petit-neveu. On remarquera que cette
particule amène la transformation des sourdes en sonores, des
sonores en spirantes, et paraît avoir eu une terminaison vo-
calique. L'irlandais a une particule identique : gor : gor-mhac
traduit par O'Reilly par graudson, ncphciu ; dans le Félire,
gor mac a le sens de fils adoptif (p. clxviii). Le g de l'irlandais
montre que le g breton est étymologique et que cette particule
est absolument différente de la première.
J. LOTH.
XL
A PROPOS DE CALEMAY.
Godefroy, dans son Dictionnaire de l'ancien français, trouvant
le mot breton calemay dans une charte française du xv^ siècle,
l'a traduit par Chandeleur. J'ai relevé l'erreur au mot calan
dans mes Mois latins en hrittonique (vocabulaire). Calemay est
pour calanmae les calendes, le premier de mai. Le mot est en
usage aujourd'hui encore. En comique on avait de même
Kalemay. On pouvait se demander où M. Godefroy avait pris
cette singulière traduction. Il l'a prise dans le Dictionnaire de
Kelham, qui a vu dans Kalamay, Candlemas !
Les savants les plus éminents ont eu quelquefois de ces mé-
prises. C'est ainsi que Lhwyd (Arch. brit., p. 182) traduit le
mot camps de la grammaire de Maunoir par the dawning of the
MéLinges i o i
day, pour avoir mal compris aube (de prêtre). Ce qu'il y a de
plus singulier, c'est que dans sa reproduction du dictionnaire,
il l'explique correctement.
Polwhele, qui savait encore plus mal le comique que Bor-
lase et Pryce réunis, dans son History of CornwaU, traduit da-
ladur, doloire, par platane, parce qu'il a trouvé quelque part
à côté du mot comique la traduction anglaise plane, qui a les
deux sens. J'en passe et des meilleures.
J. LOTH.
XI.
GAUFREI DE MONMOUTH ET LE LIVRE
DE LLANDAF.
Dans sa préface à l'édition diplomatique du Livre de
Llandaf qu'il vient de publier avec la collaboration de M. Rhys,
M. Gwenogfryn Evans émet l'opinion que le compilateur-
auteur de ce recueil ne serait autre que Gaufrei de Monmouth
(pp. xviii-xxviii). A l'appui de cette hypothèse, il n'apporte
guère que d'ingénieuses présomptions. Sans entrer à fond dans
une discussion qui entraînerait une étude minutieuse et fort
longue du Livre de Llandaf, je crois pouvoir dès maintenant
opposer à l'hypothèse de M. G. Evans des arguments irréfu-
tables de fonds et de forme.
La doctrine de Gaufrei, en ce qui concerne l'église galloise,
est entièrement opposée à celle du Livre de Llandaf. Dans
celui-ci, nous lisons que saint Germain et saint Loup consa-
crèrent Dubrice archevêque de toute la Bretagne du sud, et
qu'avec l'agrément du roi Mouric, ils établirent son siège ar-
chiépiscopal à Lantam (Llandaf — De primo statu Laudavensis
licclesiae, p. 68-69; <^f- '^'i^^ Oudocei, p. 131-132; vita Tci-
liavi, p. 98 et suiv., passim.). Gaufrei (Hist. IV, 19) fait
créer du temps du pape Eleuthère trois archevêchés, l'un à
Yorc, l'autre à Londres, un troisième à Caer Lleon. C'est de
ce dernier que relèvent les églises galloises. Livre VII, 3, dans
la Prophétie, Gaufrei fait passer la dignité archiépiscopale non
a Llandav, mais à Mcnyw : Menevia pallio Urbis Legionuni in-
102 Mélanges.
dueiur. Livre VIII, 12, Aurelius donne Eboracum à saint
Samson, plus tard archevêque de Dol, et Urbcm Legionum à
Dubrice. On remarquera que Gaufrei et le Livre de Llandav
sont encore en complet désaccord en ce qui concerne S." Sam-
son. Gaufrei fait Samson d'abord archevêque d'York, puis,
les payens Ten ayant chassé, archevêque de Dol (IX, 7), Le
Livre de Llandaf le fait ordonner successivement diacre, prêtre,
évêque par Dubrice, puis l'envoie en Armorique fonder le
monastère de Dol (yita Sainsonis, pp. é-24).
Suivant Gaufrei (IV, 19), lors de l'établissement du chris-
tianisme en Bretagne, du temps du roi Lucius et du pape Eleu-
thère, il se serait fondé 28 évêchés. D'après le livre de Llan-
daf (p. 26), 15 évêques seulement auraient été ordonnés. Le
Livre de Llandaf mentionne le martyre d'Alban, de Julien et
Aaron (p. 26, 225). Il n'y est pas question du fabuleux Am-
phibalus de Gaufrei (Hist. V, 5 ; VI, 5 ; XI, 4).
Le style de Gaufrei présente un contraste frappant avec
celui du Livre de Llandaf en ne prenant même qu'à partir de
la pao;e 68 où commence la main A. Gaufrei écrit dans un
latin facile, clair, qui ne manque pas d'élégance et qui est, en
général, correct. Il n'en est pas de même du Lib. L. malgré
les prétentions visibles de l'auteur. Un trait frappant, c'est
que Gaufrei ne pèche jamais sérieusement (je n'en ai relevé
qu\m exemple qui ne prouve d'ailleurs rien) contre les règles
du latin classique concernant les pronoms réfléchis et l'emploi
de suus, sua, siium. C'est le contraire dans le Lih. L. En
voici des exemples tirés de la vie de S. Teilo : sanctus Du-
bricius qui hue usque fuerat suus preceptor (le maître de
Teilo), quique jam intelligebat se non posse sibi magistrari,
voluit ut sibi succederet in magisterio cum eum excederet doc-
trine et ingenio (p. 98). — Quo viso, predictus persequtor et
tota domus sua (p. loi) — Traxit enim (la peste) Mailconum
regem Guenedotiae, delevit et patriam suam (p. 107) —
sanctus Samson consecratus est in episcopum, ut in vita sua
testatur (p. 109) — rogavit que (Samson) sanctum Teliaum
ut cum illo habitasset (ibid.) — Et statim ipse rex et totus
suus exercitus genua flexerunt ante eum (p. iio). Ce trait se
retrouve un peu partout dans le Livre. Le privilège de l'église
Mélanges. 105
de Llandafen offre au début un exemple topique (p. 118): Privi-
legium sancti Teliaui est et ecclesiae suae Landavice, datum sibi et
omnibus successoriisj///j. Le latin du moyen âge est coutumier
d'ailleurs de ce genre de fautes. La vie la plus ancienne de saint
Samson en offre bon nombre d'exemples. Mais il est remarquable
et caractéristique que VHistoria de Gaufrei en est exempte.
La construction de la phrase est aussi fort différente chez les
deux auteurs. Chez Gaufrei, c'est à peu près la construction
classique; on sent un écrivain qui a fréquenté les bons auteurs.
Dans le Lih. L., notamment dans la Vie de Teilo, l'auteur re-
cherche les assonances à la fin des propositions, une certaine
rvthmique assez difficile à définir. En voici des exemples; je
mets en italiques les mots qui assonnent : militavit itaque vir
dei deo, orationibus insistendo, omniaque qu^e possidebat indi-
gentibus crogando. — Lucremur igitur sic nosmetipsos/ra^r^j-,
ut lucrum non perdat Jejieratores . —
qui sua aliis distribuebat
ut ditesceret,
seipsum macerabat
ut alios impinguesceret. —
Aliorum miserebatur , ut misericordiam conscqucrctur. — Egre-
gius igitur confessor/w//^ qui prêter virtutes quid confiteretur
non bahuit (le tout, page 97).
Confudit itaque multorum bereses, multorumque correxit
crrores (98-99) — Quippe per eum gradiebatur qui est via, et
ab eo docebatur qui est sapientia —
Ecce fratres karissimi qualiter Deus sanctos suos adunat in
terris, quos futures eligit cives in celis (p. 98).
— Nec mirum istam superari ab illa, nam picta gens erat
subdola, et multis conflictionibus terra et mari exercitata ; ista
autem quamvis viribus corporis esset predita, tamen simplex
et pacifica, et quia nondum esset a quoquam tcmpîaîa, quasi
bellandi nescia.
Non solum illis invidebat,
sed etiam quia illos tam attentos
in servit! o vider d,
multa eis opprobria scpe dicebat,
ut sic eos a christo separaret (p. 100).
1 04 Mélanges .
On voit le système. Cette sorte de cursus rhythmicus est très
accentué dans le début surtout du De Excidio de Gildas, et
dans diverses vies de saints armoricains. Il y aurait, à ce point
de vue, une curieuse et fructueuse étude à faire.
L'expression dcxtralis Britannia pour le sud de l'île de Bre-
tagne, le pays de Galles et la Cornouailles, est usuelle dans le
Lib. Land. ; elle n'apparaît jamais dans Gaufrei.
De cette étude, quelque sommaire qu'elle soit, je crois pou-
voir conclure sans hésitation que l'auteur-compilateur du Livre
de Llandaf n'est pas Gaufrei de Monmouth.
Un mot en terminant sur la vie de saint Teliau, la seule
qui ait une réelle importance, surtout parce qu'il n'en existe
pas d'autre. J'y relève, après d'autres, un trait curieux. A la
prière de Teliau, les Bretons armoricains auraient eu à cheval
une telle supériorité qu'ils valaient sept hommes à pied. Il y
a un écho de cette légende dans Gaufrei : les Bretons insulaires
auraient dû une de leurs plus célèbres victoires à la cavalerie
armoricaine {Hist., VIII, 4, 9). La légende ici repose sur un
fonds historique. La principale force des Bretons armoricains,
dès le ix^ siècle, était dans la cavalerie. C'est à cheval qu'ils
gagnèrent sur Charles-le-Chauve la victoire décisive de Ballon.
Saint Teliau a été tout aussi honoré, tout aussi connu en Ar-
morique qu'en Galles. Il a donné son nom à Lan-Deleau,
paroisse entre Carhaix et Châtcauneuf-du-Faon ; à Saint-Thélo,
entre Uzel et Loudéac (Côtes-du-Nord) ; à Plé-Délia (Ploe-
Deliâw), non loin de Lamballe. Pour cette commune, l'or-
thographe officielle est Plcdéliac. Plcdéliàiu étant en zone fran-
çaise et ayant été accentuée en breton sur à, les paysans pro-
noncent régulièrement PUdélia. Les noms gallo-romains en
-ac étant prononcés de même -a, nos savants plumitifs les ont
confondus. C'est ainsi que Sant-Sulia {= Saint-Suliàu') est
devenu Saint-SuJiac, que Saint-Turia (= Turiàw) est devenu
Saint-Thurial. Pour des raisons analogues, Rotcncu (ancien-
nement Roteiicuc) près Saint-Malo, est devenu Roihencuf.
J. LOTH.
MeLw^es. 105
XIII.
L'ARTICLE *SENTO-, IRLANDAIS IND-, DANS LES
LANGUES BRITTONIQUES.
A ma connaissance, on n'a pas relevé de traces de l'article
masculin et féminin irlandais, article dont la forme peut être
ramenée à un vieux-celtique * scn-to-, *sen-îà^, dans les langues
brittoniques. Son existence cependant dans ce groupe est hors
de doute : je le retrouve dans les formules adverbiales et pré-
dicatives. Une des façons de former l'adverbe en gallois, en
comique et en armoricain, c'est de faire précéder l'adjectif de
ce qu'on a appelé improprement la préposition *in, "^en, gallois
yn, comique yn, armorie, en, ent. On a confondu yn, en avec
la préposition yn ■=■ * in, en, latin in, grec h ; quant à l'armo-
ricain ent, on l'a comparé à xrJ.. Que yn, en adverbial soit en-
tièrement différent de la préposition, cela saute aux yeux : yn
préposition est et était terminé par un yi, et provoque sur les
consonnes suivantes tous les effets ordinaires de la nasale
hnale; elle amène la nasalisation de la consonne suivante,
absolument comme le pronom possessif de la première per-
sonne du sg. fy n: fy ngbi, mon chien ; ynGhaer, à Chester, etc.
Yn adverbial provoque au contraire l'affaiblissement de la
consonne qui suit, transforme la sourde en sonore, et la so-
nore en spirante sonore : yn fynych, fréquemment, = yn
niynych ; yn ai tu, rudement, grandement = yn garw ; yn dda
=^ yn da, bien. Il en est de même en comique : yn haroiu =
yngarow, cruellement : cf. armoricain er vat, bien, armoricain
moyen en mat. Le yn gallois et comique était donc terminé
par une voyelle. L'armoricain prouve que la voyelle finale était
précédée de t : ervat, en vat = en mat, mais enta = ent da,
bien; ent tenn, instamment. Le comique jy'« fas =: ynt-mad
trahit aussi la présence d'un t. La forme ent se présente même
en armoricain devant des voyelles : ent abil, habilement, mais
ce n'est sans doute qu'une orthographe peu exacte. La véri-
I. Cf. Brugmann, Crundiiss, II, p. 767.
I o6 Mélanges .
table forme end- est figée dans l'expression actuelle cnn-déeun,
enn-déon (sic), tout justement. Le Gonidec qui donne cette
orthographe, l'explique ainsi : « sorte d'adjectif ou d'adverbe
qui se place toujours après les pronoms personnels ou ks ad-
verbes de lieu, pour marquer plus expressément la personne
ou la chose dont on parle; même. Mé enn déeun eo, c'est moi-
même. Aman enn-déeun eo bét la^et, c'est ici-même qu'il a été
tué ». Enndéeun doit s'écrire md éeun, tout droit, tout juste-
ment, et est identique au gallois yn imun, qui a le même sens.
La seule différence qu'il y ait entre le gallois et l'armoricain
est dans le traitement de l'ancien t de cnt-. Il a été assimilé
en gallois par divers procédés conformes au génie de ce groupe ;
en armoricain, il est resté devant le mot commençant par une
dentale : enta est à yn dda comme gantaff à gaïkldo (=■ haut-
vannetais getou =^ * gento) . L'identification de ent, àv--.', semble
phonétiquement impossible : il n'y a aucune raison pour que
Va primitif se soit affaibli en e, 1'/ de * anfi étant bref (latin
ante^. Quoi qu'il en soit, la comparaison avec les formules ir-
landaises similaires rend impossible ce rapprochement.
L'irlandais forme souvent l'adverbe avec l'adjectif au datif
avec les formes de l'article de ce cas, sans aucune préposition :
inhiucc, paulum (hecc, petit); intanisiu, secundum (tanise).
Dans d'autres formations, le cas de l'adjectif ne peut se dis-
tinguer par la terminaison, mais on trouve devant les voyelles
et les liquides la forme de l'article ind ^ : ind oa, minus ; ind-il,
multo, etc. C'est exactement la construction armoricaine end
éeun. On trouve in devant les autres consonnes. Il serait facile
d'établir une longue liste de constructions identiques de ce
genre en gallois et en irlandais : ind laigiu, minus = gallois
yn liai ; inmar, admodum = yn fazur ; inmenicc = yn fynych ;
immou, magis z=^ynfiuy, etc.
Devant les infinitifs gallois on trouve yn également, mais cet
yn ne produit aucun efiet sur le verbe : y mae yn fyiu, il est
vivant; y mae ynbyw, il vit, il habite. Cti yn est diftérent, ou
à un autre cas, ou n'est pas en construction syntactique avec
le verbe.
J. LOTH.
I. Gramm. celt.^, p. 608.
Mélanges. 107
XIV.
KASSITEROS.
Depuis h publication de mon article sur VEtain ceîliquc,
j'ai eu l'occasion de m'apercevoir que, dès 18 10, Fortia
d'Urban avait proposé de dériver le nom grec de l'étain des
îles Cassitérides.
L'ouvrage de Fortia, intitulé : Tableau historique et géogra-
phique du inonde depuis son origine jusqu'au siècle d'Alexandre,
fut l'objet d'un compte rendu d'Eloi Johanneau dans les Mé-
moires de l'Académie celtique, t. V (18 10), p. 3 13. A la p. 3 14,
on Ut ce qui suit :
« Après avoir reconnu que le nom des îles Cassitérides ve-
nait du grec kassiteros, étain, parce qu'elles en produisaient
beaucoup, M. de Fortia ajoute que le mot kassiteros n'a aucune
racine dans cette langue et vient plutôt des îles Cassitérides,
car il n'est pas vraisemblable, dit-il, qu'il vienne de la langue
phénicienne, puisque l'étain se dit en hébreu daiil ou anach,
et en ^x:.x\)e qasdir ; sur quoi je le prie de remarquer: i" que
Kassitcrides est évidemment dérivé de kassiteros, et non pas
kassiteros de Kassitcrides ; 2" que kassiteros, étain blanc, trouve
sa racine dans le grec ka~ô (orno), kassa (courtisane qui se
farde), parce que l'étain, dit Schrevelius, paraît de l'argent et
n'en est pas; 3" que l'arabe qasdîr est également emprunté au
grec kassiteros, contracté et dépouillé de sa finale, si le mot
grec ne vient pas lui-même du mot arabe. »
J'ajoute que, d'après un compte rendu inséré dans V Anthropo-
logie (1892, p. 745), M. L. Wilser aurait affirmé, dès 1890,
que le mot kassiteros était celtique ÇAusland, 1890, p. 20).
Je tiens d'ailleurs à dire, pour éviter tout malentendu,
qu'en considérant kassiteros comme un mot celtique, et en es-
sayant de l'expliquer, je n'ai' nullement prétendu que l'étain
des bronzes primitifs de la Chaldée et de la Chine y ait été
apporté des Iles Britanniques. Pour l'Egypte, la question est
liée à celle du commerce de l'ambre et doit rester ouverte.
Salomon Reinach.
BIBLIOGRAPHIE
Silva Gadelica, a collection of taies in Irish edited from MSS. and
translated by Standish H. O'Grady. [Suite du compte rendu critique
inséré t. XIV, p. 321-57.]
Quite apart from the mistakes made by Dr. O'Grady in
transcribing from the MSS., he might hâve given his readers
a much better text and translation, if he had chosen to avail
himseh' of the materials at his disposai. If he had taken the
trouble to consult previous éditions and translations of the
pièces selected by him, if for the meaning of rarer words he
had turned to the glossaries generally accompanying thèse
éditions, he might hâve avoided many of his mistakes. But for
some occult reason he has preferred not to do so, and in his
bibliography (I, pp. vi-xix) he passes over in silence many
previous important labours of his fellow-students. On pp. 207
and 208 of this volume the Editor of this Review has already
mentioned several of such omissions. I will add the following,
at the same time giving références to otherextant copies of Dr.
O'Grady's texts.
I. Life of St. Kieran of Saighir. This has been translated
into English by John O'Daly in John Hogan's St. Kieran.
Kilkenny. 1876 (pp. 219-2^2). There is also a Latin version in
the Acta Sanct07-um. at March 5th.
IV. Life of St. Cellach. Dr. O'Grady says (II, p. vni) that
this prelate is not mentioned in the Martyrology of Donegal.
He will fmd his name on p. 116 (May Ist), where instead ot
Ceallân read Ceallac/z. His life is also given in the Acta Sanc-
/orz»«. at May Ist: De Sajicto Kellacoipp. 104-107). Itisapity
that Dr. O'Grady was unable to coUate his text with the copy
Bibliographie. 1 09
in the Bibliothèque Royale at Brussels. which supplies the nu-
merous lacunae in LBr.
VI. Death oï K-ing Dermot. The prophecies ot Becc mac Dé
(p. 75) and of Rûadân (p. 78; are also Ibund in LBr. p. 260 b.
A complète copy of the poem beginning Mairg thoc/iras fri
clérchib cell (p. 78) is found in LL. 149 b.
X. Tesmolta ' Cormaic. This pièce was edited by me from
Laud 610 in the Appendix to Cath Fimit?'dga, pp. 72-76.
XII. Agallamh na Sen6rach. The poem on p. 104, beginning
Tri tuile is tbund in LL. p. 206 a, ^^i, Nvhere it is ascribed to
Finn. It is also in Rawl. A. 487, ïo. 14 b 2. The poem on p. 113.
beginning Géisid câaii is also found in Cath Finntràga, I. 995.
XlX.'Bodach an Chôta Lachtna. alreadv translated (by
O'Donovan?) in the Irish Penny Journal, Dublin, 1841,
pp. I3o-I3^
XXIX. Fragmentary Annals. The whole pièce relating to
Diarmait and Guaire (pp. 396-401) is identical with the Cath
Cairnd Chonaill, of which there are good copies in LU. 115b
and LL. 276 b. The story about Oenu ' maccu Laigse (p. 401 )
is also found in H. 3. 18. p. 48 b and in Harl. 5280, fo. 25 b.
From a collation of thèse éditions and iMSS. we are enabled
to make the foUowing additional corrections in Dr. O'Grady's
texts. I also take this opportunity of adding corrections of va-
rions other mistakes. omitted in my former list.
P. 78, 6, ÏOT atchutngid read atcomaic.
7, for dubthemell read dub Themrac/i.
II, for dobibar read dobibuir.
for cJildidedh read chlaidbiud.
82, 20, for car a read cana.
85, II, for tucu read tuca.
25, for com chirtisea read comchirt-sea.
1. Dr. O'Grady wrongly prints Tesmolad and misrenders the word by
« panegyrics », as if it were a compound of molad « praising ». It means
« characieristics, qualities ». See Wind. s. v. Atkinson, Irish Lexicography ,
p. 29. Cath Finntr. p. 87, n. 1037. Alex. 806, 854, 927, 952.
2 . Dr. O'Grady prints Aena and in his translation further changes this
to Eniia.
1 10 Bibliographie.
P. 8$, 8, ÏOT ac cuîJichid vesid al/ic/nivichid.
86, 37, for seise read sisi.
88, 8. for im sld7i read ùnsldn.
89, 29, ïor saibrîs read saidbris.
51, for èa/ ^/as read bérlai bùain bias.
90, 2, the MS, has meoir. But this is miswritten for in
[fli\eôir\ as Laud 610 shows.
17, for is é [7iâr\ bafann read is é baferr.
91, 17, for darlim read ^er^ //m.
26, for uathmar read airchenta.
41, before ^lï/i insert tri'iag.
42, for a;z;2 ^o cij'vbad read a«n docer in.
92, 7, The Unes hère quoted from Maelmuru Othna's
cronic are very corrupt. See the original in LL.
135a. 21.
104, 12 and 16 for ruladh read rulaid.
112, 25, ïov saith read saich. With the phrase maith nô
saich cf. Manks w/e as sie « good and bad ».
t^ 1 1 3, 3, for luinche read luincech.
1/ 31, for amdhabach read damdabac/i.
I 19, 30, for rogaeth read rogôet.
131, 39, for Jo7'g}'din read fograin.
1 34, i8, for arbilin read ai'bithin.
137, 28, {or scithlim read scithlim.
256, 22, ïor dechside read deochaid.
25, ïor deochadassa read deochad-sa.
257, 3, ïor rottioncubsa read 7-oticub-sa.
8, before /n tslûaig insert /ef/z.
1 5 , for i)É'r read Z)er.
23, before Chonnacht insert teo7'a.
311, II, for a/^ read Ailill.
396, 26, for /es read /eo.
30, for cAI/Ve read clôithe.
3 3 , for asbe7'ti read asbe7'i/ie.
398. II, ïor i7id7ia read fi ndne.
1 3, before doa7'ba7't insert /ar reVr.
for z<a/re read «a 6enûai7'e.
34. for tigcrn read tigi7vi.
Bibliographie. 1 1 1
P. J98, 55, ïor fuigell rcad/iiidell.
36, tbr clâiter read clôitliir.
37, ïov duibgeyi VQ3,à Diibchend {À. cWidob.^ LU. LL.).
599, 5, ïov léicither (!) read doléict/ie}\
7, for sernathar read sejviatar.
8, for /s /a? ^zas read /^ î ^/ns.
401, 12, for 7nac à read maccu.
19, for 5e/5 readye/5.
20; for amendocân read amenocdn or aminicén. This
is a diminutive of a;72e?z or amin.
21, for dar]rdinic read ronânaic.
II.
P. 466. 45, for co/re read coirthe.
496, 28, for belacli mucciid read belach n-iicut.
518, ^8. ïor sabh ildanach read saim'lddnac/i, and see Rev.
Celt., XII. p. 125.
Perhaps the absence of the necessary critical qualities in Dr.
O'Grady is most conspicuous in the treatment to which the
numerous poems throughout his book hâve been subjected. It
is certainly désirable toattempt a restoration oftheolder poetry
to its original correctness and purity, and we may eventually
hope, by registering ail the changes of sounds and forms, to ar-
rive at apretty définitive conclusion as to theageatwhich each
poem was composed. Meanwhile we must protest against any
arbitrary dabbling with thèse important documents byan editor
who has notfully mastered either the forms of the language or
the laws of the mètres in which they arc composed.
In the first place Dr. O'Grady has frequently failed to reco-
gnise a pièce of poetry as such. On p. 100, 1. i hc prints as
prose what is plainlya quatrain ;
Doratsamar Artiiir linn,
co n-derna a cura rc Finn,
co m-ba ôglach d'F'hinn iar sain
cusin laithe luid d' écaib.
I I 2 Bibliographie.
The same thing has happened tohim on p. 44. 1. ^6. Read:
Maignenn firtach,
fer ' nâr cintach
rîam re mndi,
Maignenn fathach,
fer lé[r] * gnâthach
beith ca câi.
On p. 79, 1. 20, with the help of the other versions' — ail
of them at Dr. O'Grady's disposai as much as at mine — the
corrupt text of Egerton 1782 may be mended thus :
A Dia,
cid nach dingbai din in cia?
dûs in ruirmemis a lin
in tslôig doboing bretha din.
Slûag doching i timchill chairn,
is mac ainbthe nodusmairn.
is é mo drui nimm-éra,
mac Dé is frinni congéna.
Is âlainn feras al-liiad
gabar Baetâin rissin slùag,
fô la Baetdn fuilt buidi,
beraid a éren fuiri.
Dr. O'Grady often shows by his way of printing that he
has not fully mastered or failed to recognise the laws of the
varions mètres. Thus, on p. ^17, 1. 15 he prints :
Ni éla gâire. 6 luid Dadera. etc.
This should be :
Ni éla
gâire 6 luid Dadera, etc.
I . O'Gr. has omitted this word.
2. O'Gr. prints an impossible lé[an].
3. The Four Masters, A. D. 555. Chron. Scot. A. D. 561. TheYellow
Book of Lecan, cited in Petrie's Tara, p. 99 and Ti2;ernach's Annals, Rawl.
B. 488, fo. 8^' I.
Bibliographie. 1 1 ^
The quatrain is written in a modification oftiie mètre called
rtvinaigecht cetharchubaid garit recomaj-cach. See Thur-
neysen, Mi ttelir. Verslehren, p. 15. It is a peculiarity of this
mètre that the first line should consist of three syllables only.
The same applies to the mètre called ra7maigecht cetharchu-
baid garit dialtach or rannaigecht baccach (see Thurneysen,
1. c. and p. 79), spécimens of which occur frequentlv through-
out the Silva Gadelica. Dr. O'Grady, however. by arbitra-
rily inserting and repeating words, always makes up the first
line to seven syllables. e. g. p. 248 :
Beir mo go on beir mo go,
instead of :
Beir mo gô.
Again, if he had remembered thelaws of the mètre, he would
not hâve printed the meaningless yèrc/î^M on p. ^65, 19, in-
stead oîfer chath (« give battle »), the mètre requiringa mono-
syllable at the end of the line. Vice versa, he would not hâve
printed a ter instead of atér (= atbér) on p. 567, 34, where
the mètre demands a word of two syllables. On p. 245, 25 he
would not hâve extended the contraction bl. wrongly to bldth
instead ofbLiith, if he had recognised that assonance with cdich
was required. He would hardly hâve printed d' iplib doss on
p. 564, 7, if he had remembered that allitération, apart from
the sensé, requires us to read diplib doss.
Hère I will leave the texts for the présent, and pass on to
the second volume containing the translation. It is certainly
the better half of the book. To a foreigner Dr. O'Grady will
notallow an opinion on style; but hiswonderful command over
the language and his success in rendering the original in ail its
varying moods strikes even such a reader. It is agréât pitv that
such a good translation should be marred bv so many inaccu-
racies and elaborate mistakes. Of thèse in the course of my
reading I hâve noticed the following, which may be taken as
samples of what may be expected in those parts of tjie transla-
tion where I hâve not been able to consult the original.
'!-)'
Revue Celtiijue, XV.
16,
I3'
18,
24
22
1 14 Bibliographie.
Vol. II.
P. ^i, last line, after ?iest insert atid took her with him a?id
wounded her (agus rug leis gur chréchtnaig é).
•^6, 4, ïor sofe penance vend Judgment qfpenajice [hreith
aithrighe).
12, 7, âher j'itdgment insert of penance (breithemhnas
aithrighe).
for and read reci (dearga).
a.ï\.Qx: bretJwen insert w/iose ?iame n>as Batan (darbh'
ainm Batan).
for Niul read A^eV.
for Bâithin read Batan '. Before //e s/)//^ insert 0/2
another day {\à eile).
20, 14, ïoï liead-monk in miracles read the head of 7nar-
vellous monks (ceann manach mirbhulla).
21, 13, for Ailerân the Wise read Aileran (or Airerân)
of the Wisdom (ind écnai). See FM. A. D. 664.
Stokes. Tripartite Life, Index.
35, 5, {oï precedence read headship (cendus).
40, 30, for miracles read great wonders ofpiety (diamrai
crâbaid).
y 53, 19, for grossness read wiles (tuathacht). Cf. tûathe,
Aisl. MeicCongl. p. 5. 24, 26. LL. 277b, 1$:
môr immorro a tuathi na mni. Bantûathech,
LL. 137 a 19; bantuathach nntch. Rev. Celt.,
XII, p. 113.
^ 27, {ovfraiightnnth heavy toil read miich going astray
(mor n-aistir).
^ 58, 3, ïor foreboding violence TQad ihat tends not topea-
cemaking (nach téit taithlech).
V. 59, I, for t/iat as a famé faits on t/ie ground read tliat
comctli not on thefoor ofmy little cell (na taed
for lâr m'airiucldn ^).
1 . Batan is also a woman's name. One of the daughters of Ailill Cend-
nathrach, who were slain by Dunlang at Tara, was called Batan li sûla.
See Comram na Cloenfherta, Rawl. B. 502.
2. This is the reading of the BrusselsMS.
Bibliographie. 1 1 5
P. 78, 26, after oath insert by Ciarâns hand (fo Idim
Ciarâin).
28, for the bacuc read Ambacuc.
79, 8, for the n'oman uttered a loud inarticulate cry
read the woinb of the woman roared (géisis bru
na mnâj.
J5, read: pas, go toin, amdrach, and translate: jya/-
mam. usqiie ad podicem, mane. Thèse are the
three answers in inverse order to the three
questions proposed to Becc. See the same story
in LBr. p. 260 b, 12, where the answers are :
tri meôir, co cruachait, ambârach, /. e. three
fingers, up to the hipK to-morrou>. — In 1. 35
aithesc^ should hâve been translated by answer
instead of by discourse, and in 1. 57 for dis-
courses read questtojis.
83, 10, for Then upon the royal hearth Ruadhan impreca-
ted the blackness o/darhness read Then Rûadd?i
struck the Black fbell) of Tara on the hearth.
Cf. LBr, 260 b, 29 : is and atcomaic Kûaddn in
dub Themrach (.i. cloci isin tellach. As to the
custom of striicing bells > against a person in
token of his excommunication, cf. p. 82, 7 : The
clerics... rang (leg. struck) their bells against
the king (robensat a clucu forsin ri'g).
28, dele I /'. e. the inhabitants^, and for such people's
brogues for them read their shoes. W'ith the
whole passage compare the poem in LL.
1. cruachait or crochet « chine », Germ. Kreuz. See Stokcs, Irische
Texte, III, p. 188, 1. 7 and the note thereon. Ib., p. 52, I. 22 : shachtair croi-
chet in eich (the crupper of the horse). A cruachait was the portion of the acl-
taire and sàcr at tlie feast of Tara ; ir-chruachait that of the mac funnicl and/o-
chhc ; les-chniachail that of the 5t:o/a/V(', tdnaise siiad and dcoghaire ; lon-cbrita-
chait that of the Iritheni, sùi Ullri, iimirech and aireforgaill. See LL , p. 29.
2. aithesc is a word with gegensinn, as it may mean eitlier ansiver or
question. It glosses responsio, Ml. 35 c, 21. 51 b, 9. zi\\qsc-\oc oracnhim.
Tog. Tr. 176, 179. In the following passage it means address : « Cach
maith duit, a rî féne ! » bar in mac bec. Aithesc àatio cungeda neich ô
neocli in t-athesc sain, LL. 64b.
3 . The tongueless Irish bells were struck, not rang.
1 16 Bibliographie.
149 b, of which the first quatrain only is given
hère.
35, for i/ie speedier read speedy (lûatha).
P. 87, 25, for crojy read sfowac/z (egluis) = Bret. e/rts, gésier,
foie.
89, I, for at such epoch read in that wise. The phrase
in tucht sin also occurs LU. 1 n b, 1$. Karlsr.
Gl. 36 [Ir. Texte. II, p. 1 $0).
21, after need insert putting lier hands round her
head.
26, for God I t'nvoke read inay God grant in requital
for this (co tuca Dia friss). O'Gr. reads tucu,
wrongly.
38, for Bri read Brec.
90, 5, for acceptable to any read of equal riglitwith any
(comchirt-sea do neoch).
91, 6, ïov gentle read worthy. O'Gr. confuses cain (rhy-
mes ^vith Mumain) with cdin, now caoin.
93, 37, for By this time the ki?ig was clothed read Atthis
the ki?ig grew jealoiis. O'Gr. mistranslates de
and confuses étaigim « I grow jealous » with
étaigim « I clothe ».
94, 25, after killed insert Mej- /(a;'e killed no7ie (ni rogon-
sat nech).
95, 18, for mutinied read committed a sin (dorônsat im-
arbhas).
96, 31, ïor intellect read u'isdom [ecna).
33, (or judicial rights read rocks oj judgment. In the
Laud copy (Cath Finntr. p. 73) this is teora ai-
lig anscui;^ch]thi breth'e] the three iminovable
rocks of judgment. Cf. it e trénailce in sein
frisastaither bretha in bethu those are the firm
rocks to which the judgments of the world are
fastened, Laws I. p. 30, 27. Ail brethri do
fhacbâil forro co brâth, LL. 1 14 b, 46 ; ind ail
bréthri fâcbais-siu for in tir se, Silva Gad. IL
47 3 5 75 which 0"Gr. misrenders by jnocking
ivord (p. 518, 28).
Bihlio graphie. 1 1 7
P. 97, 8, for u'itli the f.nge7''s tip read frojn ihe top of the
grass (do barr in"d^ [fh^eôir).
19, ïov justice vead proportio7i (c6ire).
20, ïov eq ni ty read sytjimetry (cutrumma).
97, 25, after domination insert of seiise ajid liberalitv, of
dress and weapons (itir chcill 7 tidnacal. itir
eirred 7 arm).
ICI, 8, for Culaing read Cà Laigen.
Il, for ... and Uadga?'b read Riach and Ruadgarb.
102, 3o, for she is corne to the point w/iere she niust swiin
read it lias corne to an end of lier swimming,
i. e. he7' career (dorala i ciunn a snâma).
103, 15, for Heaven's distinguished one read t/ie salmon of
the kingdom oj Heaven (in t-eô flaithemnais).
10^, 6, for Brit read the Briton, i. e. the ^^"elshman.
106, 16, for E oc h ai. i vead Eogan.
21, for n ine days ' read threedays andnights (ndmaide) .
107, 22, for n>e hâve brought —follower read :
We hâve brought A?'thur with us
That he may enter into bonds with Finn,
That henceforth he may be (onej of Finn'swar-
Until the day of his death. [riors
109, 2 1 , for leaping went on andfaivns were skipping read
skipping of fawns, trouts leaping (surdghail
laeig. breca ac bedgaig).
30, after^row him insert southivards.
112. last line. for Oesan read Cesan.
115, 5$, for never renounce to back thy luck read be not
niggardlyin thy bounty(nà dénadibe' fâd rathj.
118, 1, for Cuarnait's read Cuarnatan's.
1 19, 6, for varie'gated read little (beca).
14, ïoT severities read dangers (gâibthe).
56, for régions read the sides (tâebaib).
122, î2. for in the battle read on a day of danger (\ 16
gâidh). Gâdh .i. gabhadh, O'Clery.
I. As to the meanino; of rfz7'£ see Aisl. MeicCongl. Ind. s. v.
ii8 Bibliographie.
P. 124, 36, for we iised 7iot to make any hait read ji)e u>ould
not hiirry (nocha dénmais digairse ')•
I j 1 , 27, for he produced an almha or « herd ofkine » read
he put aliun on thefoi^tress (dogab almain don
dûn). Cf. LL. 282 a, 41 = LU. 41 b, 30 :
dond alamain tue da thaig,
is de atâ Almu ar Almain.
155, 16, for a certain space read three days and nights
(nômaide).
1 34, 38, for and every sting that vexes fne is but rendered
the more keen by this read the younger thojm
is always the sharper (is âithe cach n-delg as
s6). Cf. Cath Finntrâga, p. 85.
135, 35, dele and, and after anger insert and through re-
proach (ocus tré aitheis).
36, dele gave me vitupération.
41, for chiefs vead/easts (na fled).
1 36, 28, for cith na Boinne read Tara.
137, 5, for Thus... this was no long drauni destruction
read / never saw any destruction like that (ni
faca urchra mar soin).
32, for meic Néra read mac n-Eirc.
3 3, for Nera's son read Ere s sons.
1 38, 29, ior path read slope (leirg).
144, 14, for u'ith its dire energy read and its point (ocus a
fogrâin').
145, 36, for bloiin'ng ofhorns read the panting (or snorting)
of the horses (seitfedach na n-ech).
146, 25, after sons inscrtf rom the isles of Gades (a hinn-
sib Gaid).
147, 13, for the réhabilitation read because (arbithin).
Perhaps Dr. O'Grady thought of airmitin.
1 . Cf. ferr lûaithi digairsi « better speed thaii hurry », LL. 345 c.
2 . Cf. dar a slind 7 cîar a fogrâin, LL. 267 b, 17 ; and see Menigiid Uilix,
Ind. s. V. fograinne-
Bibliographie. 1 1 9
P. 151, 6, ïor a debility infccted /lis vigour TQad /lis vigour
vanis/ied (scithlim do dul ar a luth).
155, 56, aher and insert Ga7'bdaire u>it/i /lis weapons jvas
foiind in it and (Garbdaire cona armgaisced).
171, 4, ïov pillow read ^one.
198, 24, for tivelve provinces read great fifteent/i (cf. LL.
265 b, 48).
200, 3, i'ov du/cet-c/iorded rea.d ninc-c/iorded (nài-thédach
= £vv£à/opoo;).
206, 52, for laying oî^^read was/iing (tonach).
55, ïor buriai VQSid was/iing (tonach).
266, 52, t'or J'ro m n>/iom read 'Tis from t/iat Conaing.
268, 51, for 72(?j'er — /oe.ç read tiieir armour s/iould be on
t/ieir dung/iilis (a n-iraisccd fora n-ottraigib).
278, 32, for suffer... to corne /leadlong donni read put donni.
viz. on t/ie /leart/i or fire (léig sis). Mr John
Fleming has somewhere dealt with this phrase
and given the following modem examples of its
use: cuir si'os teine mhaith ânnsm put doivn a
goodfire t/iere : bhi an teine shios am' choin-
ne ajire was donm (i. e. made) before me : cuir
sios an corcân put t/ie pot down, i. e. on t/ie
fire.
285, 14, for t/ie s/iape imposed on me by lub/idan read t/ie
prompting w/iic/i t/ie jvoman gave me (in tecusc
tue dam-sa in ben).
287, 7, for to rule read ta in/ierit (inforba).
13, for sid/i C/iormaic read ûaim C/iormaic or Cor-
macs cave.
288, 5, for o/i dearl read woe ! (fa).
6, for a fe/low read oiie (in fer).
22, for [and are t/iere] read vi^. Cormac gave t/iem
land in t/ie east and t/ie steivards/iip (rec/itas)
ofTara.
291, 19, for maid read tear. O'Gr. reads der, which mcans
« daughter », instead oï dér.
31, ïov Connac/it's royai power read t/ie /lings/iip of
t/ie t/iree Connaug/iis (rige teora Connacht).
1 20 Bibliographie.
P. 3 54, 8, for Hig/i time it is.father, read O dear father (a
bâidathair). 0"Gr. reads abaid and takes this
to stand for abaig, O. Ir. apaig « ripe ».
38. for t/iey loosed lier hold for lier read she falls
back (do-s-cuiredar tar a cenn). O'Gr. not un-
derstanding the infixed 5. must hâve thought
either oi scm'aijn or scuin'm.
357, 22, for t/iat the love 07ice theirs I now bestow on Mac-
con read I give viiseries to Mac Con (dobiur
ingra do Mac Con). O'Gr. not understanding
tîigra (see Wind. Woerterbuch s. v. ingor)
took it to stand for a n-grad.
31, 36, ïoï greenstuff, read n>oad.
359, 21, for morning read battle (matan ')•
364, 3 5y for the culaite of Bregia read till Doomsday (eu
laithi brâtha).
366, 27, for played this Irick read sold me (m'athrecad-
sa).
373, 32, after his secd insert of plebeians, and for sorry
set of plebeians read badger (broc).
33, for made ont at ail read known.
374, 31, after banquet ms^n in the isle of Dornglas.
375, 21, for his most formidable agent in war read his
striker in battle (tuairgnid catha).
377, 10, (or a fitting matter u'ith which to taunt them read
as trophies (i comrama).
381, 12, Beirbhe. This is the Irish form for Bergen in
Norway, O. N. Bjôrgvin.
393, 10, for comical read dclightful (ait).
395, 12, ïov prodiict vesià Clip {hiSiSi-Vim).
397, 5, ïov poiper to hold ont read care (with which ilwas
watcJied (deithide = O. Ir. dethitiu).
398, last Hne, ibr bulk read choice (forcla = forglu).
400, 8, for excellent read dauntless (urranda).
402, 36, after g-ne/" insert sa that epery one said : « Rough
I. For this mcaning oî malan see Stokcs, Rcv. Cclt. XIII, p. 472, and
add: môrmadan Atlia Buide, BB. 496.
Bibliographie. 1 2 1
is this washing! » Heyice Garb-tlioiiach « Rough
Washing » is so called.
P. 404. 5. for bosses qfgold read ... of bronze 'co n-ac6idih
creduma).
408, 8, for Coiiyre read Corp.
414, 22, for semùia?'y of adult clerks read sc/iool of Cloii-
moi'e.
419, j, for made liis plaint to them read began ta urge
them on (atnaig "ca n-achain).
450, 34, for vehemently read incestuously (co colach).
55, iov jealousy read abhorrence (adéitchiugud).
454, 18, for shirt of dusky red read blue-coloured shirt
(léine denngorm).
43 ^', 28, for iji companionship read on ihe bench (i forad).
4^7, 6, for ir;z72a read Oenu, and so throughout.
21, for for comfort read to beg for them (dâ faighde).
441, 26, for kinsmen read hostile brothers (a brâithre ad-
bartnaigthi).
27, dele imperceived at night. a guess to render the
misreading adbart naigthe.
445, 2, for in Canterbury's micient Abbey read a/ the sy-
nod of Canterbury (i senad Chantabric).
for had to wife read ravished.
for cauldron read pillar-stone (coire. phonctic
spelling for coirthe).
for magie spell read druid's fcnce (airbhe
drûadh).
for jnany a slaughter — after read grief willfol-
low thee becausc of our journey (fotlile cuma
de ar ar targraid).
522, 47, for hâve ?iot attained read shall not altain (cen co
roosa).
525, 25, for eôron read the Yen> of Ross (eô Rosa).
527, 42, for h api ng borrowed read going to (i ndul co).
5 50, 59, for the bovine product read con'dung (cac na mbo^ .
553, 41, for angular harps' read lûtes' (mennchrott. lit.
« kid-harp »).
536, last line. dele cae/f/îm.
511,
>7î
^I,
59.
516,
2.
p8,
50,
122 Bibliographie.
P. 537, I, 8iherihtther'msenCaelchéis,vi{. — C. isthename
of one of Drebrenn's swine.
There are other parts of Dr. O'Grady's work with which I
hâve to find fault". The Indices for instance are far from com-
plète. They leave out ail names both of places and persons in
the poems that hâve not been translated. But my paper has
already reached such a length that I must cease. It is easy to
praise, perhaps to exaggerate the good points of Dr. O'Grady's
work, and I think they hâve had their meed of praise. I am
not blind to them. But tor the benefit of those who possess the
book and are themselves unable to criticise I thought it well to
point out its shortcomings. My only regret is that time and
opportunity hâve not permitted me to make my lists of corri-
genda more complète. It is impossible touse the book with any
degree of confidence either for linguistic or other purposes so
long as ail the texts are not collated and the results published.
I hope to be able to do this on some future occasion, when 1
shall also add a glossary of the rarer words.
Kuno Meyer.
I . Dr. O'Grady once instructed me in the correct use of English. May I
repay it by telling him that the genitive plural of vuhius is viûneriim (II,
562, 1. 35), and that dus diiig an sich on p. xiv is mctaphysic Irish for die
sache sclbsl.
CHRONIQUE
SOMMAIRE: 1. Est-il vrai que les Gallois aient, au douzième siècle, découvert l'Amé-
rique? — II. Le Braz, La Légende de la Mort en Basse-Bretagne. — III. H. Zim-
mer, Nennius vengé, Recherches sur l'origine, l'histoire et les sources de /'Historia
Brittonum. — IV. Chansons d'amour de Connaught, publiées par Douglas Hyde. —
V. Samuel Berger, Histoire de la Yulgate. — VI. Kovalewsky, Coutume contempo-
raine et loi ancienne. — Vil. Mémoires du Rév. J.-H. Bernard sur le Domnach
Airgid et sur l'évangile de saint Jean contenu dans le fonds Stowe de l'Académie
d'Irlande. — VlII. Le pays de Galles dans La Grande Encyclopédie. — IX. L'abbé
Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule. — X. L'accentuation celtique et le
cinquantenaire du professeur Roth. — XI. L'Antiphonaire de Bangor publie par le
Rév. F.-E. Warren. — XII. Les Monumenta linguae ibericae par M. H.-E. Hûbner.
— XIII. Meusel, Lexicon caesarianum.
I.
Toutes les personnes qui se sont occupées de littérature celtique connais-
sent au moins de nom l'ouvrage de Thomas Stephens : The Literature of the
K\mry, encore le meilleur ouvrage sur le sujet, quoiqu'il remonte aujour-
d'hui à cinquante-cinq ans.
La librairie Longmans, Green, and Co., Londres et New- York, vient de
publier un ouvrage posthume de ce savant auteur. C'est un mémoire pré-
senté par lui à l'Eisteddfod de LlangoUen, le 21 septembre 1858, où un
concours était ouvert « pour le meilleur essai sur la découverte de l'Amé-
rique au douzième siècle, par le prince Madoc ab Owain Gwynedd ». Le
prix devait être vingt livres, soit cinq cents francs et une étoile d'argent. Six
mémoires furent envoyés. Cinq admettaient l'authenticité de la soi-disant
tradition qui fait du prince gallois un prédécesseur de Christophe Colomb.
Le sixième établissait ce que vaut cette prétendue tradition. Il avait pour
auteur Thomas Stephens, couvert par le voile de l'anonyme. Il fut exclu
du concours par cette bonne raison que sa conclusion étant négative, il ne
traitait pas le sujet proposé aux concurrents : découverte de l'Amérique. Une
protestation écrite de M. D. Silvan Evans ne fut pas lue à la séance ; le
président déclara qu'un des mémoires reçus par la Commission ne traitait
pas le sujet, que, quant aux autres, les juges n'avaient pas pu se mettre
d'accord sur la question de savoir lequel était le meilleur. En conséquence,
il n'y avait pas de prix décerné. On ne pouvait être ni plus prudent, ni plus
124 Chronique.
économe. Le mémoire de Thomas Stephens est resté inédit pendant plus
d'un demi-siècle. Il faut dire que dans cette composition critique le célèbre
écrivain n'est pas toujours très aimable pour ses compatriotes. Il est, dit-il,
passé presque en proverbe qu'un Gallois a de l'imagination de quoi en
fournir cinquante poètes et en même temps pas assez de jugement pour un
(p. 217). Il raconte l'histoire d'un certain John Evans qui, en 1792, entre-
prit un voyage en Amérique pour y visiter la colonie galloise conduite,
croyait-il, dans ce pays, par Madoc, au douzième siècle. Aussi zélé que
croyant, il supporta sans se plaindre toutes les mésaventures ; il fut, faute
d'argent, obligé de se placer quelques mois comme employé chez un mar-
chand ; il passa pour espion, ce qui le fît mettre en prison. Son énergie
triompha de tous les obstacles ; il obtint le concours des Anglo-Américains
et des Espagnols, et après avoir beaucoup voyagé, constata que les Gallois
d'Amérique étaient introuvables et inourut de la fièvre. Il n'y a aucune
preuve que Madoc ab Ov^'ain Gwynedd soit de son vivant jamais monté
dans un vaisseau. Mais, comme il vivait au douzième siècle, il est certain
qu'il est parti pour l'autre monde. Il y a donc quelques probabilités qu'il
est monté dans :1a barque de Charon ou. dans la barque de verre qui enleva
au roi d'Irlande Gond, son tîis Gondla. Et voilà comment il a découvert
l'Amérique.
Le mémoire de Thomas Stephens est intitulé : Madoc. An essay onthcdis-
covery of America hy Madoc ap Oiven Gtiynedd in the t-iuelfth century. Nous en
devons l'édition à M. Llywarc'h Reynolds.
II.
Parmi les sages recommandations que le fondateur d'un ordre religieux
célèbre a laissées comme héritage aux membres de sa congrégation se
trouve une recette infaillible, dit-on, pour immédiatement et sans manquer
à la politesse, se débarrasser de tout visiteur importun. C'est de faire tourner
adroitement sur la mort le sujet de la conversation. Aussitôt le visage de
l'ennuyeux quidam s'assombrit et ce gênant personnage s'esquive malgré
les efforts apparents qu'en homme bien élevé le prêtre ravi fait pour le re-
tenir.
M. Le Braz n'est pas Jésuite. G'est ce qui lui a fait écrire le volume inti-
tulé : La Légende de la Mort en Basse-Bretagne, un volume in- 12 de 495 pages,
sans compter 71 pages de préface dues à la plume de M. Marillier, son
complice dans cette contravention aux principes de saint Ignace ' .
L'intérêt principal de ce volume est de montrer quelle puissance énorme
exerce aujourd'hui comme dans l'antiquité sur les populations celtiques la
foi dans la persistance de la personnaUté après la mort. Il y a dans une
grande partie des récits pubhés par M. Le Braz un point de départ qui re-
monte plus haut que la date, déjà si ancienne pourtant, à laquelle le chris-
I. Paris, Honoré Ghampion, 1893.
Cliro'niijue. 125
tianisme a fait la conquête des populations celtiques. Ce ne sont pas des lé-
gendes pieuses dans le sens chrétien du mot. C'est la résultante de cette
croyance païenne à Timmortalité de l'âme qui a jadis tant frappé les Ro-
mains. César a cru reconnaître en cette croyance une doctrine analogue à
la métempsychose. Homme politique et guerrier, il a pensé que cette doc-
trine avait été inventée par des hommes politiques pour donner plus de
courage aux soldats '. Lucain a mieux compris la théorie celtique. « Suivant
a vous », dit-il en s'adressant aux druides, « les ombres ne se rendent pas
« aux demeures silencieuses de TErèbe, et dans le royaume profond du pâle
« Dis. La même âme commande à un corps dans un autre monde, et, si
« vous savez ce que vous chantez, la mort est le milieu d'une longue vie.
« Certainement les peuples que du haut du ciel l'étoile polaire contemple
« sont heureux de leur erreur. La plus grande de toutes les craintes, la
« terreur de la mort, est sans action sur eux. De lâ cette ardeur avec la-
« quelle les guerriers se précipitent sur le fer ennemi, leur courage en face
« de la mort ; il serait lâche d'épargner une vie qui reviendra 2 ».
Le livre de M. Le Braz peut être considéré comme un développement ou
un commentaire des paroles de l'auteur latin. M. Le Braz n'ayant pas
trouvé à propos de donner le texte breton des morceaux qu'il publie, je ne
puis lui faire de mauvaise querelle sur la fidélité de ses traductions d'une
langue que certainement il doit connaître mieux que moi. Il y a cependant,
au point de vue linguistique, un détail qui, dans son livre, me choque.
M. Le Braz prend souvent plaisir à intercaler dans son texte français un mot
breton qu'il ne traduit pas ; ce mot est anaon, et notre savant auteur le fait
singulier mascuHn. A la page 15, par exemple, il est question d'une quête
faite dans une église ; l'objet de cette quête est de recueillir les honoraires
du curé pour une messe de mort.
« Pour ï Anaon 1 Pour le pauvre cher Anaon ! » crie le quêteur.
Anaon est un féminin pluriel. C'est la prononciation bretonne d'un celtique
*ànïtnônës « les âmes », c'est-à-dire « les morts », ou, pour parler comme
MM. Hatzfeld et Darmesteter {Dictionnaire général de la langue française, p. 8 ^)
(.' les âmes séparées du corps (après la mort) ». On dit en français « les
âmes du purgatoire, » et le « jour des âmes » est en français une des expres-
1. Imprimis hoc volunt persuadere, non interire' animas, sed ab aliis
post mortem transire ad alios, atque hoc maxime ad virtutem excitari pu-
tant, metu mortis neglecto. (César, De bello gallico, 1. VI, c. 14, § 5).
2 . .... Vobis auctoribus umbrae
Non tacitas Erebi sedes Ditisque profundi
Pallida régna petunt : régit idem spiritus artus
Orbe alio ; longae, canitis si cognita, vitae.
Mors média est. Certe populi quos despicit Arctos,
Felices errore suo, quos ille timorum
Maximus haud urget leti metus. Inde ruendi
In ferrum mens prona viris animaeque capaces
Mortis et ignavum rediturae parcere vitae.
(Lucain, Pharsalc, 1. I, v. 4(4-462).
126 chronique.
sions familières qui désignent le 2 novembre, lendemain de la Toussaint.
De ces observations résulte que la demande du quêteur: evit an anaon, evit
ar paoïir-keai anaon, devrait être traduite : « Pour les âmes, pour les pau-
vres chères âmes ». Je ne comprends point par conséquent le titre du cha-
pitre VI, p. 269 : « l'anaon », autant vaudrait dire en français « l'âmes »
avec l'article au singulier et le substantif au pluriel. M. Le Braz me pardon-
nera cette petite critique de son intéressant ouvrage, que liront avec plaisir
tous ceux qui s'intéressent aux choses celtiques.
III.
« Nennius vengé, recherches sur l'origine, l'histoire et les sources de
VHistoria Brittoniim » 1 , tel est le titre d'un nouvel et savant ouvrage dû à
la plume redoutable du critique belliqueux qui a écrit les Glossae hihernicae,
les Kcltische Stndien et nombre de mémoires également retentissants publiés
dans diverses revues érudites d'Allemagne. De quoi donc M. Zimmer veut-
il venf^er Nennius, ce pauvre homme qui, délivré des soucis de notre misé-
rable vie depuis plus de dix siècles, dort en paixjdans une tombe inconnue?
Vous ne savez donc pas : Nennius a été gravement insulté, et cela date
d'hier. Il y a dix ans, en effet, M. de La Borderie a publié un mémoire in-
titulé r« Historia Briilonmu attribuée à Nennius », et M. Gaston Paris en a
rendu compte dans la Romania Or, ces deux écrivains français, qui jouis-
sent d'une si légitime autorité, se sont entendus pour adresser à la mémoire
de l'auteur insulaire la plus grave injure qui puisse jamais atteindre un
homme de lettres. Ils ont été jusqu'à nier qu'il eût jamais existé. Ils ont écrit
— on ne peut le répéter sans indignation, horresco referens — que VHistoria
Brittomm est un « ouvrage anonyme ».
Le but du livre de M. Zimmer est de démontrer que Nennius a eu la
o-loire d'abord de vivre — et il a eu cela de commun avec beaucoup d'autres
hommes — ensuite d'écrire une partie du livre très médiocre que la plupart
des manuscrits lui attribuent. Voici la conclusion à laquelle arrive le savant
professeur de Greifswald :
Vers l'an 540 Gildas composa le sermon où il censure si durement la no-
blesse et le clergé de Grande-Bretagne. La première partie, § 3-26, de ce
morceau intitulé De excidio Britanniac, contient un court résumé de l'his-
toire de cette île jusqu'en l'an 44 de la vie de Gildas, et ce résumé circula
comme histoire séparée sous le titre d'/f/5/077a5;77/aH?//fli;. En 679, une con-
tinuation y fut ajoutée. Elle va jusqu'en 679. Elle a pour auteur un Cymro
du Nord bien au courant des choses bretonnes et anglo-saxonnes dans la
partie de l'île qu'il habitait. Entre 737 et 758 on intercala dans cette conti-
nuation quelques indications supplémentaires concernant les faits historiques
qui s'étaient produits depuis 679. De tous ces travaux résulta un ouvrage
I. Nennius vindicatus, ûber Entstehung, Geschichte und duellen der
Historia Brittoniim. — Berlin, Weidmann, 1893, in-8, viii-342 pages.
chronique. 127
breton septentrional sur l'histoire de Grande-Bretagne jusque vers l'an 758.
Cet ouvrage se composait de deux parties essentiellement différentes à tout
point de vue : 1° la jérémiade écrite par Gildas vers 540 ; 2° les mémoires
historiques de l'anonyme de 679 et de son continuateur, complétés par
quelques additions (énumération des vingt-huit civilatcs, exposé de deux
merveilles). Il parvint aux mains d'un Cymro du Sud qui vivait sur la limite
de Brecknock(Radnorshire) et de Herefordshire. Ce Cymro s'appelait Nen-
nius. S'aidant de sources irlandaises, \° une vie de saint Patrice, 2° le livre
de la conquête (Lehor gabaJa), 30 un traité des six âges du monde; recourant
à. la chronique d'Eusèbe dans l'arrangement latin de saint Jérôme complété
par ProsperTiro et à un liber beati Cermaiti écrit par un Cymro du Sud, il
composa un vohimen Brittanniae où l'on pouvait distinguer cinq 'parties :
1° une préface (édition Stevemson, § 3), 2° les six [âges du monde (§ 4-6),
30 VHistùvia Brittoauiii proprement dite (§ 7-65), 4° les noms des cités de
Grande-Bretagne ([§ 77] réimpression de Stevenson par San-Marte [A.
Schulz] p. 80), 50 les Merveilles de l'île de Bretagne (§ 67-73). Nennius
était un des adhérents zélés du parti romain en Galles. Il envoya un exem-
plaire de son ouvrage à l'évêque Elbodug de Bangor, dans le Nord du pays
de Galles, alors chef du parti romain. Une copie de cet exemplaire fut re-
maniée vers l'an 810 dans l'île d'Anglesey par un élève du prêtre Beulan.
Il fit dans le travail de Nennius un certain nombre de petites interpolations
dont une partie est tout à fait inepte ; conformément au désir de son maître
Beulan qui, en sa qualité de Gallois, n'aimait pas les conquérants germains,
il abrégea fortement les § 57-65 qui contiennent les généalogies saxonnes,
et il ajouta aux douze merveilles de Grande-Bretagne (^ 67-73) quatre mer-
veilles de l'île d'Anglesey (§ 75). L'arrangement irlandais de ce livre par le
savant Gilla Coemgin a été rédigé avant 1072 d'après un manuscrit de cette
dernière récension. Un fragment important de l'ouvrage irlandais est con-
servé dans un manuscrit antérieur à 1106, le Lebor na bUidre. Les quatre
manuscrits complets du texte irlandais sont de plus de deux cents ans pos-
térieurs.
Je ne connais pas d'une manière assez approfondie les manuscrits de Nen-
nius pour pouvoir émettre ici une opinion raisonnée sur la valeur du sys-
tème soutenu par M. Zimmer. La nécessité où l'on est de vérifier l'exacti-
tude des citations dans une matière aussi délicate rend fort longue la lecture
de son livre. Le savant professeur de Greifswald a, lorsqu'il cite des textes
irlandais d'après un manuscrit, un système qui peut se défendre, mais qui
n'est pas celui que suivent en général les rédacteurs de la Revue Celtique. Il
consiste â remplacer la leçon exacte du manuscrit par une leçon rectifiée
conformément à certains principes de grammaire et de critique sur lesquels
il croit souvent inutile de s'expliquer clairement. Ainsi, page 18, il veut
prouver que Gilla Coemgin avait entre les mains un manuscrit de Nennius
conforme aux deux manuscrits Harléien et de Cambridge et non au ma-
nuscrit du Vatican. Il s'agit de Vortigern qui, prisonnier des Saxons et me-
nacé de mort par eux, leur aurait abandonné une partie de son royaume
pour sauver sa vie, p70 redemptiotie animac suae: telle est la leçon des ma-
128 Chronique.
nuscrits Harléien et de Cambridge, au lieu de pro sua siqiiidem liberatione
dans le manuscrit du Vatican. La traduction irlandaise, dit M. Zimmer, est
conformément à la première leçon, darccnd a aiwia « pour son âme ». Afin de
le démontrer, M. Zimmer renvoie au LcJ?07- na hUidre, p. 4, col. i, 1. ^, où
on lit darccnd a mua « à cause de sa femme ». Cette leçon est motivée par
le mariage de Vortigern avec la fille du roi saxon Hengist (§ 37 du texte
latin, p. 86-89 de l'édition irlandaise). Vortigern avait obtenu cette femme
en l'achetant suivant l'usage des peuples barbares, et le prix de cette vente
juridique avait été le royaume, aujourd'hui comté, de Kent. Le copiste, mort
en 1106, auquel on doit le Lebor na hUidrc, a compris que, lorsque Vorti-
gern, prisonnier des Saxons, acheta, au prix de trois provinces, Essex,
Sussex etMiddlesex, sa vie et sa liberté, cette acquisition nouvelle faite par
les Saxons aurait été présentée comme un supplément de prix payé pour la
fille de Hengist. Le scribe dont nous parlons n'a pas été seul de cet avis,
puisqu'on trouve la même leçon, avec une légère variante, dans le livre de
Lecan, commencement du xv^ siècle, ai- daig a mna « à cause de sa femme ».
La leçon sur laquelle s'appuie M. Zimmer est fournie par deux manuscrits :
l'un du xve siècle, — c'est le livre de Ballymote, p. 211, col. 2, 1. 4, 5, —
l'autre, qu'on prétend remonter au xiv^ siècle ou au commencement du xv,
et qui est un des fragments dont la réunion compose le recueil coté H. 3. 17
au collège de la Trinité de Dublin.
Mais j'ai dit tout cela, s'écriera M. Zimmer; voyez plutôt dans mon livre,
p. 18, darccnd a anina « pro sua anima » (LU. 4 a, 3 ; cf. Todd, Ncnniiis,
p. 102). — M. Zimmer a peut-être raison, mais tout le monde n"a pas l'es-
prit aussi vif que lui, et il m'a fallu beauconp de temps pour lire cette algè-
bre. J'ai cru d'abord que la leçon citée par M. Zimmer était celle du Lchor
na hUidrc qu'il désigne' par les deux lettres LU. J'ai vérifié et trouvé avec
grand étonnement une leçon toute diff'érente de celle qu'indique M. Zimmer.
Alors je me suis reporté au livre de Todd, p. 10:, où j'ai vu dans le texte
la leçon de H. 3. 17: tar ceand a anma, traduit par « for the sparing of his
life », pour épargner sa vie, ce qui est le sens. Puis j'ai lu en note : « Pro
redemptione animae suae » Nennius. Dar cciida (sic) nnm, U. Ar daig a
mna « on account of his life (sic) » (à cause de sa vie) L. »
Cette note m'a montré comment cet excellent et respectable Todd savait
l'irlandais ; elle m'a fait connaître la leçon du livre de Lecan, sans me dis-
penser d'aller vérifier la leçon du livre de Ballymote ; les trois lignes de
M. Zimmer m'ont fait travailler une demi-journée pour arriver à conclure
que darccnd a anma « à cause de son âme » peut avoir été la leçon primi-
tive conservée par deux mss., xiv^, xv« siècle, ou qu'elle peut être le ré-
sultat d'une correction à la leçon darccnd a mna « à cause de sa femme »,
attestée par deux mss., xi'\ xv^ siècles, et qui serait conforme à la rédaction
du traducteur ; en ce cas, l'exemple cité par M. Zimmer ne prouverait rien
en faveur de sa thèse.
D'autres vérifications amènent à des résultats moins sérieux quant au
sens, mais toujours agaçants. Je suis, si l'on veut, la victime d'un préjugé,
mais je ne puis admettre que, systématiquement, citant un manuscrit dont
Chronique. 129
on donne la page et la ligne, on fasse disparaître de cette reproduction les
signes caractéristiques de la date à laquelle le manuscrit appartient. Exemple :
Nennius vindicatus, p. 24, M. Zimmer cite le Livre de Ballymote, p. 209,
col. 2, 1. 47 et suivantes, et il imprime: iarsin tra dorigni Engist Jleid do
Gorthigernd 7 diasluag isinlaig rig dianad ainm Ceretic Elemet 7 fiiralbi in
Saxberla agnech do Bretnaib acht iconaeufear.
Or, la leçon réelle du livre de Ballymote est : « Iarsin tra dorigni En-
ce gist fleidh do-Gorthigernd ocus di-a-shluagh i-sin-taigh righ dianadh
« aiwm Ceretic Elemet ocus ni-raibhi, in-saxbherla ag-nech do-Bretnaib
« achl ic-on-aen-fear ». En d'autres termes, M. Zimmer a supprimé sept
fois le signe graphique qui, dans le Livre de Ballymote et dans les manus-
crits contemporains, caractérise les sonores devenues spirantes. 11 a con-
servé ce signe pour la sourde / conformément à l'usage des manuscrits
du ixû et du XF siècle ; il n'en a pas tenu compte pour 1'^- de sluag, bien
que cet s soit précédé du pronom possessif masculin de la troisième per-
sonne du singulier a et prenne dès le xii"^ siècle le signe de la spirante.
M. Zimmer a eu la prétention de ramener tous les textes irlandais qu'il cite
à l'orthographe probable de Gilla Coemgin, xi-^ siècle, quelles que soient
la date et la notation du manuscrit auquel il les emprunte; et, comme nous
l'avons vu à propos du roi Vortirgern, quand une modification plus grave lui
paraît rationnelle, il n'hésite pas à la risquer, tout en faisant l'économie de
l'encre et du papier nécessaires pour nous en prévenir. C'est un sy.stème
dont l'adoption, si elle devenait générale, aurait sur la science un effet dé-
sastreux. Il est plus savant que celui de M. Standish O'Grady. M. Zimmer
vieillit systématiquement les textes que M. Standish O'Grady rajeunit au
hasard de la plume. Ni l'un ni l'autre ne se conforme à la vérité paléogra-
phique. Cela n'empêche pas le livre de M. Standish O'Grady d'être fort
utile, et quant à celui de M. Zimmer, si je ne suis pas disposé à accepter de
confiance toutes les doctrines qu'il soutient, je crois que désormais personne
ne devra, sans l'avoir lu, exposer une opinion sur les questions qu'il sou-
lève et qu'il prétend résoudre.
IV.
M. Douglas Hyde, déjà connu par d'intéressantes publications dont la
Revue Celtique a rendu compte, vient de faire paraître à la librairie Gill, de
Dublin, un livre nouveau contenant une collection de chansons d'amour re-
cueillies par lui en Irlande, dans le Connaught : Abhrdin gridh châigeConnacht .
Le texte irlandais est accompagné d'une traduction anglaise, quelquefois
de deux traductions, la première en vers, la seconde, plus littérale, en prose-
Il y a au bas des pages, et surtout à la fin du volume, des notes gramma-
ticales intéressantes. M. Douglas Hyde a quelquefois toutes les peines du
monde à trouver dans la langue anglaise des mots qui rendent d'une ma-
nière satisfaisante à son gré certaines formules irlandaises. Ainsi, p. 22,
1. 30, il y a un vers qui veut dire: « porte-toi bien jusqu'à mon retour: »
Slan beô leat no go bhfiUfidh mé arîs,
Revut Celtique, XV. 9
1^0 Chronique.
littéralement : « saine vie à toi jusqu'à ce que je sois de retour ». C'est un
équivalent de : « portez-vous bien, au revoir ». M. Douglas Hyde a traduit
(p. 23) : Givlng fareivell toyou, untilireturn agavm Vous souhaitant bonne
santé jusqu'à ce que de nouveau je revienne ». Puis il a été pris de scru-
pules: « J'ai mal traduit », dit-il, p. 150; « le sens des trois prefniers mots
« slân beô leat est : « Puissiez-vous être bien tant que vous vivrez ! » may
« yojiheiuellwhile alivc, ou bien : « Portez-vous bien tant que vous vivrez »,
« fareweU as long as you livc ». Est-il bien sûr que ces traductions nouvelles
soient préférables à la première ?
Le livre de M. Douglas Hyde intéressera ceux qui, n'ayant étudié jusqu'ici
que le vieil irlandais et étant, comme le dit l'auteur, du nombre des gens
qui ont puisé toute leur science dans des livres, of the merely book-learned,
ne peuvent saisir le sens de certains idiotismes de l'irlandais moderne. Un
exemple de ces idiotismes est la locution iii'l mi môr le aondiiine, littérale-
ment « je ne suis pas grand avec quelqu'un », c'est-à-dire: « je ne suis pas
en bons termes avec lui » (p. 156), M. Douglas Hyde, qui a sur moi le très
grand avantage de savoir l'irlandais moderne, n'avait pas d'abord compris
le passage qui contient cette formule. Il avait d'abord écrit :
ni bfuil mé môr mar Charon,
et il avait traduit : « je ne suis pas gros et fort comme Charon » I am not
large like Charon, au lieu de « je ne suis pas en bons termes avec Charon ».
Il s'agit ici du Charon mythologique. Le morceau dont ce passage est tiré
appartient, comme on le voit, à la littérature savante.
V.
L'Histoire de la Vulgate pendant les premiers siècles du Moyen- Age, par Sa-
muel Berger ' , contient plusieurs chapitres pleins d'intérêt pour les érudits
qui désirent connaître les monuments de l'activité littéraire des moines ir-
landais au moyen âge. C'est d'abord dans la première partie, consacrée au
texte primitif de la Bible latine, le chapitre III intitulé Les Textes irlandais
et anglo-saxons et comprenant trois paragraphes: 1° anciens textes irlandais,
2° Canterbury, Lindisfarne, 3*^ textes mêlés. Les anciens textes irlandais
sont: 1° \t Codex Usserianns, Trinity Collège, Dublin, A. 4. 15, publié par
M. Abbott, Evangeliorum versio antehieronymiana ex codiceusseriano, Dublin,
1884, 20 le livre d'Armagh, 3° le livre de Mailing, également conservés au
collège de la Trinité. Parmi les manuscrits qui nous offrent des textes mêlés,
c'est-à-dire l'alternance de la Vulgate et de la traduction latine conservée
dans les plus anciens manuscrits irlandais, on peut signaler: le livre deDur-
7-ou', c'est-à-dire de l'abbaye de Dearmhagh, Trinity Collège, Dubhn, A. 4.
5; le livre de Kells, c'est-à-dire de l'abbaye de Ceanannus, Trinity Collège,
Dublin A. I. 6; le deuxième manuscrit d'Ussher, Trinity Collège, Dublin,
I. Paris, Hachette, 1895, in-8, xxiv-445 pages.
Chronique. i^i
A. 4. 6 ; l'évangile de saint Jean qui précède le missel dit de Stowe, manus-
crit de la collection de ce nom aujourd'hui conservée dans la bibliotlfèque
de l'Académie d'Irlande. Nous signalerons aussi, dans la première partie, le
chapitre IV intitulé « les Irlandais en Europe «, c'est-à-dire sur le conti-
nent. M. Berger commence par nous parler de Tours, d'où provient le ma-
nuscrit de S. Catien, Bibliothèque Nationale de Paris, nouvelles acquisitions
latines, 11° 1587. Il est en écriture irlandaise, a été écrit par un scribe qui
portait le nom irlandais de Holcundus et daterait, suivant M. Bercer, du
viiie siècle. Vient ensuite le manuscrit no 14 de la bibliothèque de Tours. II
provient de l'abbaye de Saint-Martin de cette ville, date du ix^ siècle, pa-
raît la copie d'un manuscrit irlandais et contient, folio 180 v», une Con-
fessio sancti Patricii episcopi qui n'a aucun rapport avec la confession de
S. Patrice tant de fois publiée. M. Berger passe rapidement sur les manus-
crits de Wùrzburg ; il donne plus de détails sur ceux de Suisse, Saint-Gall,
Berne, et de l'Italie du Nord, c'est-à-dire de Bobbio, aujourd'hui à Milan.
Il revient sur ce sujet dans sa troisième partie intitulée « Saint-Gall et
l'Italie du Nord ». Le premier chapitre est consacré aux manuscrits bibli-
ques grecs-latins, la plupart d'origine irlandaise: Saint-Gall 17, 48, 1395,
— bibliothèque royale de Dresde A. 145'', — bibliothèque de BâleA. 7. 3,
— bibliothèque de l'Arsenal à Paris, no 8407.
VI.
Nous sommes transportés dans un domaine tout différent par M. Maxime
Kovalewsky, Coutume conleniporaine et loi ancienne. Droit coulumier ossctien
éclairé par l'histoire coviparce ' . Les Ossètes, population du Caucase, appar-
tiennent par leur langue au rameau iranien des langues indo-européennes.
En lisant le livre de M. Kovalewsky on pourrait souvent se croire en pays
celtique. En voici un exemple :
« Les Ossètes convaincus de la similitude de la vie future et de la vie
« terrestre croient aussi que les défunts continuent à songer aux besoins
« des vivants, et que, de toutes manières, ils prennent soin des intérêts de
« leurs familles.
« Dans les récits populaires, un défunt demande souvent à Barastir, dieu
« des morts, la permission d'aller voir ses parents qui sont sur la terre.
« Cette permission obtenue, il se rend chez les siens, entreprend, de con-
« cours avec eux, des incursions, puis en les quittant, leur remet gratuite-
« ment sa part de butin et leur avoue, en leur disant adieu, qu'il est leur
« parent. On voit, d'après ces légendes, que les âmes des défunts peuvent
« revenir sur la terre ; elles n'y restent que la nuit, car il faut qu'elles soient
« rentrées dans leur demeure de l'autre monde avant le lever du soleil. Les
« Ossètes choisissent le soir pour se rapprocher d'eux. C'est à la lumière
« des bougies que la famille fait les préparatifs solennels pour recevoir le
I , Paris, Larose, 1893, in-8, x-)20 pages.
1^2 Chronique.
« défunt. La veuve attend pendant toute une année les visites nocturnes de
« son mari ; dans ce but, chaque soir, elle lui prépare son lit sous lequel
« elle met une cuvette et un pot de cuivre rempli d'eau ; elle allume une
« bougie entière, s'assied et attend sa venue jusqu'à ce que lé coq ait
« chanté ; le matin, après s'être levée, elle prend la cuvette, le pot, l'essuie-
« mains, le savon, porte tous ces objets à la place où le mari, de son vivant,
« avait l'habitude de se laver, et elle y reste quelques minutes dans une
« pose rappelant celle qu'elle avait lorsqu'elle lui présentait tous ces objets
« de toilette » ' .
Cette page du livre de M. Kovalewsky aurait pu être imprimée à titre de
commentaire dans l'introduction à La légende delà mort en Basse-Bretagne de
M. Le Braz.
Plus loin :
« Si quelque personne consent une convention et contracte des obliga-
« tions, ses parents interviennent, tantôt pour participer à la transaction,
« tantôt comme témoins et comme garants. Si un particulier fait une dé-
« position en justice, il corrobore son serment par le serment de ses
« proches » 2.
On trouve le même principe dans le droit irlandais, qui interdit au mem-
bre d'une famille toute aliénation non consentie par ses parents, et lui donne
le droit d'attaquer les contrats formés par ses parents sans son consen-
tement 3. Il y a entre le droit des Ossètes et le droit celtique beaucoup
d'autres ressemblances que nous pourrions signaler avec détails si nous ne
craignions pas d'allonger cette chronique outre mesure. Indiquons par un
mot la vengeance privée, le duel, la composition pour crime, les ordalies.
VII.
Trois mémoires du Rév. J.-H. Bernard sur deux manuscrits bibhques ap-
partenant à l'Académie royale d'Irlande et sur les citations de l'Ecriture dans
le Leabhar Breac nous ramènent au sujet traité par M. Samuel Berger dans
le livre que nous avons annoncé plus haut, p. 130.
Ces trois mémoires viennent de paraître dans les Transactions of the royal
Irish Academy. Le premier des manuscrits dont s'occupe l'auteur est le Dotn-
nach airg/id littéralement « église d'argent », expression consacrée pour dé-
signer un petit reliquaire acquis par l'Académie d'Irlande en 1847. ^ ^^^^^
date il y avait dans ce rehquaire un manuscrit en fort mauvais état, qu'on
a pris l'habitude de désigner par le nom de son contenant momentané. Ce
manuscrit, qu'on suppose être du viii^' siècle, a longtemps passé pour avoir
appartenu à S. Patrice. On connaît l'histoire du reliquaire dans lequel il est
arrivé à l'Académie et qui paraît avoir appartenu à l'abbaye de Clones (Cle-
gher) dès le xi« siècle.
1. P. 34-55.
2. P. 255.
3. AncietH laïus of Ireland, t. II, p. 282.
Chronique. 1 3 j
Suivant la légende, il aurait primitivement appartenu à S. Patrice qui
l'aurait reçu du ciel pendant son voyage sur mer en allant de Grande-Bre-
tagne évangéliser les Irlandais.
Mais l'origine du manuscrit est inconnue. Il porte aujourd'hui la cote
24. Q.. 25. dans la bibliothèque de l'Académie dlrlande. Il consiste en
trente-neuf feuillets de parchemin, débris d'environ cent cinquante, qui
contenaient les quatre évangiles. Il a été exposé à l'humidité, en sorte qu'une
partie des feuillets subsistant est pourrie, et que jusqu'à l'année dernière ce
qui restait de ce malheureux volume formait une masse compacte et une
agglomération de feuillets qu'on ne pouvait séparer les uns des autres.
M. Samuel Berger, dans son voyage en Irlande, n'avait pu l'étudier ;
mais M. Thompson, principal librarian du Musée britannique, a fait détacher
les feuillets les uns des autres, en sorte que le Rév. J.-H. Bernard a pu
en lire une partie, et il a constaté que c'est un des manuscrits irlandais qui
offrent un texte mêlé, où l'on rencontre tantôt la Vulgate, tantôt une ver-
sion antérieure à S. Jérôme (cf. ci-dessus, p. 130).
Il arrive au même résultat pour le saint Jean de la collection Stowe, au-
jourd'hui coté D. II. 5 . dans la bibliothèque de l'Académie d'Irlande, et
pour les citations de l'Ecriture contenues dans les Passions et Homélies que
M. R. Atkinson a publiées d'après le Leabhar hreac.
VIII.
La 434= livraison de La grande Encyclopédie contient, p. 594-403, un ar-
ticle intitulé Galles (pays de) rédigé par M. Ferdinand Lot, auteur déjà
connu de bons travaux sur l'histoire de France et sur la littérature irlan-
daise. C'est jusqu'à présent le meilleur résumé qui ait été fait en France de
ce que l'on sait sur le pays de Galles, à propos duquel tant de doctrines
fausses sont en circulation.
IX.
Un récent ouvrage de l'abbé L. Duchesne, Fastes èpiscopaux de l'ancienne
Gaule, tome /«f, Paris, Thorin, in-8, viii-554 pages, montre combien a été
tardif en Gaule l'établissement de la hiérarchie épiscopale :
« On peut assigner des dates approximatives à la fondation d'environ
« 33 églises. Sur ccnombre, une seule, celle de Lyon, apparaît au u>= siècle.
« Pour les quatre cités de Toulouse, Vienne, Trêves, Reims, on remonte
« jusqu'au milieu du m"' siècle, sans pouvoir dépasser de beaucoup cette
« limite. Un peu plus tard, aux abords de l'an 300, se présentent les églises
« de Rouen, Bordeaux, Cologne, Bourges, Paris, Sens. Sur les 22 autres,
« bien peu ont des chances de remonter au commencement du iv^ siècle.
« Presque toutes paraissent être du temps de Constantin, au plus tôt.
« Quelques-unes, celles d'Embrun, Digne, Grenoble, sont de la seconde
« moitié du siècle. » (p. 30-31). En Grande-Bretagne, on n'a pas la preuve
qu'il ait existé des évêchés avant le iv<: siècle. Au concile d'Arles, 314, figu-
1 TA Chronique.
rent les évêques d'York, de Londres, et probablement de Caerléoni, et le
premier évèque d'Irlande paraît avoir été Palladius, envoyé de Rome en 43 1 :
ad Scûttos in Cbristum credentes ordinaiiis a papa Caeksthw Palladius primus
episcopus mittitur 2.
Pour célébrer le cinquantenaire du doctorat du savant professeur Roth,
qui enseigne à Tubingue, il a été fait une publication à laquelle M. Zimmer
a collaboré par un mémoire dont l'objet est d'examiner si les règles du
verbe enclitique sanscrit remontent à la période indo-européenne.
Dans ce mémoire, le professeur de Greifswald étudie à nouveau l'origine
de l'accentuation dans le verbe irlandais.
On sait que M. Zimmer, dans ses KeltischeStiidien, 11, a exposé, non sans
talent, les règles de l'accentuation dans le verbe irlandais composé. Mais à
cette e.\position il a joint des théories de grammaire comparée dont la va-
leur est contestable. Il a prétendu, p. 27, expliquer l'accentuation du verbe
composé irlandais par l'accentuation du verbe védique. Or, ces deux accen-
tuations reposent sur des principes tout différents. L'accent irlandais est un
accent d'intensité, et — ce qui est ici d'une grande importance — il frappe
toujours la première syllabe du mot. L'accent sanscrit, comme l'accent grec,
est musical, consiste en un certain degré d'acuité et non d'intensité; et — ce
qu'il est essentiel de faire observer ici — sa place est variable. De plus, quand
il y a plusieurs préfixes, sa place ne peut remonter au delà du préfixe qu'on
trouve le premier en partant de la fin du mot 3. On a la même règle en grec.
Ex. : ajv-E/.-oo;. C'est le contre-pied de l'usage irlandais qui, quel que soit le
nombre des préfixes, met toujours l'accent sur la syllabe initiale du mot
composé, c'est-à-dire sur le dernier des préfixes, si l'on compte en commen-
çant par la fin du mot.
En certaines circonstances que la syntaxe détermine, la tmèse se produit
en vieil irlandais. Le préfixe, ou de plusieurs préfixes le premier, en comp-
tant à partir du commencement du mot, se détache du verbe, et en ce cas
un pronom infixe peut se placer immédiatement après ce préfixe, avant le
reste du composé ; alors l'accent frappe le second préfixe, ou à défaut de se-
cond préfixe, la syllabe initiale du verbe. Ici nous nous trouvons encore en
présence d'une règle différente de la règle sanscrite : en irlandais, quand on
veut déterminer îa place de l'accent, la question qui se pose est de savoir
quelle est la première syllabe du mot ; en sanscrit, la question est de
savoir si c'est le verbe qui porte l'accent ou si c'est le groupe des préfixes,
1 . Haddan et Stubbs, Couiicih and ecchsiasiica] documents, relating to
Grcat Britain and Ireland.
2. Prosperi Tironis epitomachronicoii, àtins Moninncnta Gcrmaniaf historien,
in-4. Auctorum antiquissimorum tomus IX, p. 473.
3. Whitney, Indische Grammaiik (traduction de H. Zimmer (i'''-' éd.),
p. '377, § 1083).
Chronique. i j 5
car lorsque en sanscrit le verbe est accentué, le groupe des préfixes ne
l'est point. M. Zimmer insiste beaucoup sur les cas dans lesquels il n'y a
qu'un seul préfixe. Des verbes comme as-heir et comme sa variante è-pir
« il dit », Y personne du singulier du présent de l'indicatif, dont le second
terme offre le même thème que le verbe grec tpepe--. et que le sanscrit bhâra-
ti, font illusion. Dans as-heir l'accent frappe Ve ; il est par conséquent à la
même place que dans le verbe sanscrit orthotone, ou, plus exactement, to-
nique, et le préfixe est atone. Dans é-pir, l'accent porte sur le préfixe, et le
verbe est atone ou autrement dit enclitique, on peut avoir l'illusion d'une
loi identique à celle du sanscrit. Mais dès qu'on passe aux verbes qui ont
plusieurs préfixes, il faut avoir un bandeau sur les veux pour ne pas recon-
naître qu'en allant du sanscrit au celtique on est entré, au point de vue de
l'accentuation, dans un domaine tout différent. Un des verbes que cite
M. Zimmer a deux préfixes. C'est celui dont le thème est com-od-scego- '
« changer ». Ce verbe composé se présente à nous avec deux accentuations :
1° l'accent frappe le premier préfixe, câm-sciget « ils changent » ; le second
préfixe, ôd, qui, d'après les lois de la grammaire sanscrite, devrait porter
l'accent, est si bien atone qu'il est tombé ; l'accord avec la grammaire sans-
crite consiste en un seul point, c'est que le verbe est atone. 2° nous arrivons
à la forme qui, suivant M. Zimmer, devrait nous donner un exemple de
verbe accentué, comme en sanscrit. Qu'avons-nous ? con-6-sciget. Le verbe
est atone comme dans le premier cas, tandis que, suivant la règle sanscrite,
il devrait être accentué. Et quelle est la raison pour laquelle le second pré-
fixe est accentué? C'est qu'il est devenu initial. Ce qui prouve qu'il est de-
venu initial, c'est que Vm du préfixe cum dans ciim-sctget a été ici remplacé
par un n, conformément à la loi celtique qui fait changer en n toute m
finale; con est donc un mot distinct de 6-scigct ; 6-sct'get est un mot composé
d'un préfixe unique et du verbe.
Ce qui précède suffit pour établir que l'accentuation irlandaise n'a aucun
rapport avec l'accentuation indo-européenne et que M. Zimmer a fait d'inu-
tiles efforts pour réfuter les doctrines exposées par M. J. Wackernagel dans
la Revue de Kuhn, tome XXIII, p. 457-470, où cesavant traite de l'origine
de l'accent verbal en grec.
XI.
L'Antiphonaire de Bangor que le Rév. F.-E. 'Warren vient de publier en
photogravure avec transcription photographique et une intéressante préface,
— quatrième des volumes mis au jour par la société Henrv Bradshaw^ — ,
est un document d'un grand intérêt pour l'histoire de la paléographie irlan-
daise. C'est, je crois, le plus ancien manuscrit irlandais à date certaine. Il a
1 . Keltische Studieu, II, p. 80, 81, 86, 89, 97, cf. Thurneyscn, Revue Cel-
tique, t. "VI, p. 139, et Zimmer, Festschrift, p. 177.
2. The Antiphonary of Bangor an earty irish manuscript in the Ainbrosian
Jihrary at Milan, edited by F.-E. Warren, B. D., F. S. A , 1893, in-4.
136 Chronique.
été écrit du temps du quinzième abbé de Bangor, Cronan, qui entra en
fonctions en 680 et mourut en 691, comme nous l'apprennent les témoi-
gnages concordants des Annales de Tigernach et d'Ulster. Dans une hymne
intitulée Mcmoriam dbhatum, qui est écrite au verso du feuillet 36 et der-
nier, la cinquième strophe est ainsi conçue :
Tantis successit Camanus
Uir amabilis omnibus.
Christo nunc sedet supprimus,
Ymnos canens quindecimus,
Zoen ut carpat Cronanus.
Conseruet eum Dominus.
Suit le refrain placé à la fin de chacune des strophes précédentes, mais
ici ce refrain nous offre une variante importante. Au lieu de :
Quos conuocauit Dominus
Caelorum regni sedibus.
avec le verbe coniiocare au prétérit, on trouve ici ce même verbe, au futur,
conuocahit. Tandis que l'entrée des premiers abbés dans le Ciel était consi-
dérée comme un événement passé, l'admission de Cronan dans la cour cé-
leste appartenait à l'avenir quand ont été écrits la cinquième strophe et le
manuscrit. Il est invraisemblable que dans un manuscrit écrit à Bangor on
ait conservé, après la mort de Cronan, ces détails de rédaction qui nous le
présentent comme encore vivant.
M. L. Dehsle, le savant administrateur de la Bibliothèque nationale,
auquel j'ai montré les fac-similé pubHés par M. Warren, ne voit aucune ob-
jection à la date qui résulte de la strophe et du refrain ci-dessus.
Le texte est tout entier latin, à un très petit nombre d'exceptions près,
qui nous montrent la langue déjà formée comme dans les manuscrits du
viiF et du IX'-* siècle. Ainsi, folio 50, recto, on trouve, avec la désinence
interne du génitif singulier de la déclinaison en 0, trois fois Bcnchuir, nom
du monastère auquel l'Antiphonaire appartenait. Une particularité phoné-
tique analogue s'observe dans le titre irlandais d'une oraison, folio 34,
recto, common oroit dûn, littéralement « orafe comrnun pour nous ». On
disait en Bretagne et en Irlande Orate comme nous disons Oremits. Dans
oroit, on peut remarquer, outre la prononciation bretonne de Va, Vi interne
représentant Ve final. Cojnmon représente la prononciation en irlandais du
bas-latin conwionis pour commuais: 5 = û est très fréquent dans les ma-
nuscrits irlandais. Dihi « pour nous » est la forme irlandaise du viii^ et du
ixe siècle dont la variante moderne dnin apparaît déjà dans le Lebor na
hUidre. Mutiihcr « famille « avec un //; au lieu d'un / (folio 50, recto),
comme on le trouve déjà observé dans la Gravimatica celtica, 2« édition,
p. 943, contredit la règle 64 de la Kiir^efasste irische Grammatih que nous
devons à M. Windisch, p. 67, 68. L'Antiphonaire de Bangor remonte au
siècle dans lequel le Tain hô Cuailnge a été mis pour la première fois par
écrit. 11 est postérieur d'un siècle à l'éloge de saint Columba, Amra Cho-
chronique. 157
luimh ChilU, qui semble être le premier morceau littéraire irlandais con-
signé par écrit et conservé jusqu'à nous. Il est (fol. 13 vo-15 v°) un des
plus anciens monuments du culte de saint Patrice.
XII.
Les Monumenta lirtf^iiai ihericae de M. Emile Hùbner 1 nous transportent
dans un domaine qui n"est point celtique, mais dans lequel des mots celti-
ques apparaissent quelquefois. Qntbipa parait être la notation ibérique du
gaulois Contrebia ; Seqpices celle du celto-latin Segobrigenses.
XIII.
Je suis heureux d'annoncer l'achèvement du Lexicon caesarianum de
M. H. Meusel, deux volumes en trois tomes in-8 publiés à Berlin chez
Weber, 1887-1895, viii pages, 1544, 2450 colonnes, 13 et 94 pages. Le
plus ancien lexique de César que nous ayons est V Index vocabiiloruni omnium
qiiae in Caesare Jegunlnr, qui termine l'édition des œuvres de César donnée
à Paris en 1678 par Jean Godouin, professeur au Collège de France, dans
la collection in iisiim serenissimi Delphi ni. De cette édition, il y a eu plusieurs
reproductions anglaises où l'index est abrégé, mais on le trouve complet
dans l'édition de Valpy, Londres, 1819. Le Lexicon iu den Schriften Càsars
und seiner Fortset^er mit Angabe sàmtlicher Stellen de M. Merguct, léna, Fis-
cher, 1886, grand in-8, iv-1142 pages, est plus complet et fondé sur un bien
meilleur texte que celui de Godouin, c'est-à-dire sur le texte de Nipperdey,
Leipzig, 1847. Celui de M. H. Meusel donne les variantes des manuscrits.
Il comprend, comme l'index de Godouin, les noms propres laissés de côté
par M. Merguet. Godouin renvoie aux pages et aux lignes de son édition,
M. Merguet aux livres et aux chapitres, M. Meusel aux livres, aux chapitres
et aux paragraphes. Le système de classement du premier auteur n'est pas
le même que celui des deux autres. Godouin suit l'ordre alphabétique ab-
solu, faisant un article séparé de chaque forme du même mot et intercalant
d'autres mots entre ces formes diverses si l'ordre alphabétique l'exige. Ainsi
entre cliens et clientes on trouve chez lui les cinq articles que donnent cinq
cas du mot clientela. Chez MM.. Merguet et Meusel chaque mot forme un
article, les diflférentes formes, au lieu d'être classées par ordre alphabétique,
sont rangées dans l'ordre des fonctions.
Le lexique de M. Merguet et celui de M. Meusel constituent donc chacun
une œuvre grammaticale de haute importance, mais la seconde a été exé-
cutée avec plus de précision que la première. On ne peut trop féliciter l'au-
teur duraient et du soin avec lequel il a composé son œuvre, et cependant,
comme elle est surtout un travail grammatical, les historiens pourront
I. Berlin, Reimer, 1893, in-4, cxLiv-264 p.
138 Chronic]ue.
quelquefois, pour certaines recherches, trouver plus commode l'ordre pu-
rement matériel suivi, il y a plus de deux siècles, par Jean Godouin.
Paris, le 24 décembre 1895.
H. d'Arbois de Jubainville.
Ces lignes étaient écrites quand j'ai reçu de M. Léopold Delisle le cu-
rieux mémoire intitulé : Deux documents pour l'histoire du Collège de France :
Discours inaugural et affiche du cours d'Alexandre- Michel Denyau, lecteur et
professeur royal en médecine, juin et novembre iSôp. Dans le discours, je lis
ce qui suit : « Joannes Godouin, sacrarum litterarum professer regius, ad
« supremum liiteraturae gradum ascendit ; mirantur omnes compendiosam
« hac viam qua pucros vix bimos pura latinitate informare solet. Hac arte
(f auctoritatem apud magnâtes sibi comparando, celeberrimae Universitatis
« professores longo superat intervallo, immensisque auctus illustrissimi du-
ce cis Mazarini liberalitate divitiis, magnificam domum habitat, splendide
« vivit ; quam tamen in mente decet modestiam et frugalitate profitetur ».
Ainsi Godouin avait des élèves âgés de deux ans à peine et qui déjà par-
laient pur latin, il était devenu immensément riche, habitait une magnifique
maison, et malgré sa modération théorique et sa frugalité pratique, son
genre de vie était splendide. Je doute que la main d'un savant si éminent se
soit abaissée jusqu'à écrire l'index vocahuhrum oiniiiiim qui termine leCaesar
in tisuni Delphini. Cet index doit être l'œuvre de quelque obscur maître es
arts moins favorisé de la fortune.
Au moment de donner le bon à tirer de cette feuille, j'apprends que la
librairie Vandenhoeck et Ruprecht, Gôttingen. vient de mettre en vente la
seconde partie du Vergleichendes Wôrterhuch der Indogermaiiischeu Sprachen
d'Auguste Fick, 4<-' édition. Cette seconde partie consiste dans le vocabulaire
celtique, Wortschatider Kellischen Sprachcinheit , de MM. Whitley Stokes et
Adalbert Bezzenberger, in-8, vni-337 pages. Il sera ultérieurement rendu
compte de cet important ouvrage.
Paris, le 4 janvier 1S94.
H. D'A. DE J.
NÉCROLOGIE
Nous apprenons avec un vif regret la mort de M. l'abbé Eugène Bernard,
vicaire général de Quimper, ancien vice-doyen de Sainte-Geneviève de
Paris. Les lecteurs de la Riviie Celtique n'ont pas oublié sa collaboration, à
laquelle nous devons la publication de la première journée du mystère
breton de la Création du Monde, Revue Celtique, tome IX, p. 149-207, 322-
3)3; tome X, p. 129-21 1, 414-455 ; tome XI, p. 254-317. M. l'abbé Ber-
nard était docteur es lettres et en théologie. Il est connu surtout des érudits
par son livre intitulé Les origines de l'église de Paris. Etablissement du chris-
tianisme dans les Gaules. Saint Denys de Paris ' . Bien qu'appartenant au clergé
de Paris, il a eu le courage de démontrer dans ce livre combien est mal
fondée la croyance de ceux qui confondent saint Denys l'Aréopagite avec le
premier évèque de Paris. Cet ouvrage a obtenu de l'Académie des Inscrip-
tions et Belles-Lettres une mention honorable au concours des Antiquités
Nationales en 187 1. L'étude de M. Bernard sur Les Voyages de saint Jérôme,
sa vie, ses œuvres, son influence, a. été couronnée par l'Académie française et a
eu deux éditions, 1863, 1867. Ce laborieux érudit a publié aussi : Les Do-
minicains dans l'Université de Paris ou le grand couvent des Jacobins de la rue
Saint-Jacques, 1883, etc. Né à Pontivy le 8 octobre 1833, il est mort à
Quimper le 16 octobre dernier. Il préparait un travail d'ensemble sur les
mystères bretons de la Bibliothèque nationale dont il avait copié plu-
sieurs; grâce à l'obligeance de son frère, M. H. Bernard, recteur de Ker-
gloff, Finistère, nous espérons pouvoir utiliser au profit des lecteurs de la
Rei'iie Celtique une partie au moins des matériaux préparés pour un livre
que nous espérions voir paraître bientôt et dont l'auteur semblait plein de
vie et d'avenir quand un coup subit nous l'a enlevé.
II.
Le i" janvier est mort à Paris M. Emile Bouillon, second éditeur de la
Revue Celtique. Il avait succédé en 1888 à M. F. Vicweg, son beau-père î.
1. Paris. Jouby et Roger, 1870, in-8, xin-557 pages.
2. Sur ^L F. Viewcg, voyez Revue Celtique, t. IX, p. 500.
140 Nécrologie.
Je ne crois pas avoir jamais rencontré libraire qui ait mérité plus que lui la
sympathie de ses clients d'abord et ensuite de tous les honnêtes gens. Né le
15 février 1848, en Allemagne, à Dessau, duché d'Anhalt, il appartenait à
une famille française originaire de Montbéliard, et avait en 1889 recouvré
la qualité de Français par application des articles 9 et 10, § 2 daCode
civil. Il avait fait ses études au gymnase de Stuttgard et commencé l'ap-
prentissage de la librairie dans la même ville chez M. Aue, son grand-père.
Il avait été employé dans les maisons Laugier à Berlin, Lôscher à Turin et
Florence, Haart et Steinert, Baer, Vieweg à Paris, Schulz à Strasbourg
avant de devenir chef de la maison où son mariage l'avait fait entrer. A
une instruction plus élevée et plus complète que celle de beaucoup de
libraires français, il joignait une loyauté et une élévation de sentiments qui
ont été de tout temps bien rares. Il laisse une veuve et trois jeunes enfants;
ces trois frais visages, mouillés de larmes, derrière le char funèbre, étaient
aujourd'hui l'ornement et la plus belle couronne des funérailles paternelles,
mais malgré leur douleur, ils ne peuvent pas encore comprendre — ces
pauvres enfants — quelle perte imm,ense est pour eux la mort du père
qu'une impitoyable maladie vient de leur enlever.
Paris, le 4 janvier 1894.
H. D'A. DE J.
PÉRIODIQUES
I.
L'Anthropologie, tome IV, 11° 3, mai-juin 1893. Dans un article inti-
tulé La famille matriarcale au Caucase, M. Kovalewsky résume une partie
des doctrines les plus intéressantes contenues dans le livre annoncé plus
haut p. 151. Parmi les faits juridiques intéressants signalés par l'auteur,
nous ferons remarquer la concordance entre une coutume des Tcherkesses
et un vieil usage irlandais. On sait qu'en général en Irlande les enfants
étaient élevés hors de la maison paternelle : les textes de droit sont là-dessus
d'accord avec la légende de saint Patrice et avec la littérature épique. Or,
M. Kovalewsky, dans l'article dont il est question ici, parle « d'une coutume
« étrange qui, chez les Tcherkesses, est connue sous le nom d'« atalykat ».
« Elle consiste en ce que l'enfant nouvellement né ne reste pas dans la
» maison des parents, mais est confié aux soins d'une autre famille. La
« nourriture et l'éducation de l'enfant, lesquelles ne vont pas plus loin que
« de lui apprendre à manier son cheval et ses armes, sont à la charge de la
« famille de l'w atalyk » (tuteur) qui parfois aussi s'occupe de lui trouver
« une femme. Entre le tuteur et l'enfant confié à ses soins s'établissent les
« mêmes rapports que chez nous entre le père et le fils. Le caractère fami-
« liai de ces rapports est reconnu par l'usage qui défend toute union entre
« la famille du tuteur et celle du pupille, étendant de cette façon à ces fa-
« milles la règle exogamique qui est établie pour les rapports entre mem-
9 bres de la même famille et de la même confraternité. De notre temps,
« la coutume de confier à des mains étrangères l'éducation de l'enfant se
« perpétue de préférence dans les familles princières et nobles, et ne s'ap-
« pliquc exclusivement qu'aux garçons ; mais dans les anciens temps, cette
« coutume était générale et si sévèrement pratiquée, que la personne qui
« voulait être tuteur avait le droit de s'emparer par force de l'enfant et de
« l'emporter dans son « aoùl ». Pendant tout le temps que le pupille reste
« dans la maison du tuteur, le père et la mère ne doivent pas, selon l'éti-
« quette, s'informer de son sort, ni en général montrer la moindre inquié-
« tude. Quand le pupille arrive à la majorité, c'est-à-dire quand il se
« montre capable de prendre part à la guerre, !'« atalyk » le conduit triom-
« phalement à son père. Le père, après avoir comblé le tuteur de présents,
142 Périodiques.
« reçoit le fils dans sa famille. Cet acte est précédé d'une cérémonie sym-
ic bolisant le mauvais vouloir de la famille à le laisser reconnaître pour fils.
« Bell, qui, personnellement, a été présent à la remise du fils aux mains
« du père, raconte que la troupe de cavaliers qui reconduisait le tirteur et
« son pupille subit une attaque simulée de la part de la jeunesse de
« r« aoûl » paternel ; quelques minutes se passèrent au milieu de coups
« de fusil tirés à poudre ; enfin r« atalyk » réussit à se frayer un passage. »
II.
Revue archéologiq.ue, troisième série, tome XXI, n" de mai-juin 1893.
M. Salomon Reinach donne la fin de son étude sur « les monuments de
pierre brute dans le langage et les croyances populaires » dont nous avons
parlé plus haut, p. 334. En voici la conclusion :
« L'archéologie comparée nous montre de plus en plus, d'un bout à
« l'autre de l'ancien monde, une même civilisation matérielle, pélasgique
« en Grèce, innommée ailleurs, ayant prévalu à une époque très reculée,
« qui est le début de l'ère des métaux. Plus nous étudions les monuments
« de cette civilisation, qu'on rapportait naguère si volontiers à des origines
« orientales, plus nous nous persuadons qu'elle n'a rien de commun avec
« la Babylonie ni avec l'Egypte, que les analogies qu'on a fait valoir por-
« tent sur des suggestions ou sur des emprunts et sont, pour ainsi dire,
« toutes superficielles. Si nous comparons seulement la Gaule de l'Ouest
« et la Grèce, nous voyons, de part et d'autre, de grandes constructions en
« blocs énormes, indépendantes de tout modèle oriental, des poignards
« triangulaires en cuivre, avec rivets, d'une forme qui n'est ni égyptienne
« ni assyrienne, des vases ornés d'incisions remplis d'une substance
« blanche, d'autres pourvus de mamelons perforés tenant lieu d'anses ; la
« décoration de certains vases découverts à Mycènes rappelle singulièrement
« les demi-cercles surhaussés, concentriques, gravés sur le granit de l'allée
« couverte de Gavr'inis ou sur un vase de même époque récemment tiré
« d'un dolmen près de Q.uiberon. D'autres considérations, empruntées les
« unes aux traditions écrites, les autres aux survivances du folklore, nous
« font entrevoir des similitudes non moins frappantes dans le domaine des
« religions primitives. Il est donc tout au moins permis de croire que plu-
« sieurs dizaines de siècles antérieurement à la grande unité réalisée par la
« conquête romaine, il a existé une autre unité dont la cause nous restera
« toujours inconnue. Faut-il, comme l'indolence en est facilement tentée,
« la mettre sur le compte des aptitudes instinctives de l'esprit humain,
« dont les premières manifestations sont uniformes, quoique indépendantes
« les unes des autres ? Faut-il faire intervenir les événements mystérieux
« dont témoignent la diff'usion des animaux domestiques et des céréales,
« ou, dans un tout autre ordre de faits, la diff'usion des langues aryennes?
« N'est-on pas porté à admettre que le courant de civilisation pélasgique,
« au lieu de se mouvoir d'Orient en Occident, comme on le croit d'ordi-
« naire, ait pris naissance, au contraire, quelque part dans l'ouest de l'Eu-
Périodiijues. 143
« rope, pour gagner de là l'Italie, la presqu'île des Balkans, l'Asie-Mineure
« et ne s'y trouver en contact que vers le xvi^ siècle avant notre ère avec
« le courant égypto-babylonien ? C'est à cette dernière solution que j'in-
« cline, mais sans oser encore rien affirmer. Car ces questions sont de
« celles auxquelles on ne peut se flatter que l'avenir même doive donner
« réponse et qu'on se sent déjà quelque hardiesse à poser sans les ré-
« soudre. »
III.
La Zeitschrift fur vergleichende Sprachforschung auf dem Gebiete
DER indogermanischen Sprachen, tome XXIII, nouvelle série, tome XIII,
2c livraison, contient trois articles intéressants pour les celtistes.
Le premier, p. 274-284, est de M. Zimmer et a pour point de départ les
gloses vieil-irlandaises du manuscrit latin de Munich 14429. Ces gloses
sont sur : 1° colostrum, c'est-à-dire « premier lait d'une femme ou d'ani-
maux », mis, id est lac novum ; 2° ingiicn (ms. iungtiis) « aine, flanc, bas-
ventre », bleu ; 30 intestina « intestins », coel chomae ; ^° panns « fil de tis-
serand », flesc cou àil ; S° vespa « guêpe yi,foich. Nui s'explique par un pri-
mitif nû-ass, littéralement « nouveau lait » ; ass « lait » est noté as dans le
dictionnaire d'O'Reilly et dans celui d'O'Davoren, d'où il est passé dans
celui de M. Windisch. Bien, comme l'écrit M. Windisch, noté blêan chez
O'Reilly, est un mot connu. On peut en dire autant de coel chomae, dont
le génitif pluriel, inna coilchomae glose inlestinorum dans le Priscien de
S. Gall, et a été cité dans la Granimatica ccJtica, 2^ édition, p. 73. Flesc cou
àil veut dire « baguette avec crochet », Flesc est un mot connu. Pour ce
qui est à\iil, on peut consulter Ascoli, Glossariuvi pulaeo-hibernicuiii, p. xvii.
Le plus intéressant est la glose sur vespa, foich, qui est vraisemblablement
un emprunt à un collectif brittonique * iiochi, signifiant « les guêpes »
et primitivement accusatif pluriel d'un thème masculin uespo, identique, sauf
le genre, au latin vespa et dans lequel le groupe sp s'est changé en se, puis
en ch comme dans le gallois ucher'^z vesper.
Le second article est de M. Strachan, qui dans les quatre pages 304-307
réunit quinze études étymologiques, toutes sur des mots irlandais, à l'ex-
ception d'une, qui concerne un mot gallois.
Le dernier article est de M. Whitley Stokes qui, ayant publié dans le
même tome de la même revue, p. 62-80, les gloses irlandaises du manus-
crit de Florence, bibliothèque laurentienne, Plut. XLV, 14, ajoute à son
article des notes supplémentaires inspirées par le manuscrit de la Biblio-
thèque nationale, ms. latin 7960. La Revue Celtique doit à la bienveillance
de M. Whitley Stokes une édition des gloses du ms. de Paris. Elle a paru
dans le précédent volume, p. 226-235.
1 44 Périodi(]ues.
IV.
Archaeolocia Cambrensis, octobre 1893. Les deux articLes qui, dans ce
numéro, m'ont semblé les plus intéressants, sont dus à la plume de M.John
Rhys, et concernent des inscriptions ogamiques. Dans le premier article,
p. 285-291, le savant auteur émet une hypothèse fort séduisante. A Llan-
deilo Llwydarth, dans le nord du comté de Pembroke, on a trouvé la
tombe d'un personnage dont le nom est écrit au génitif AudageUi deux
fois, l'une en caractères latins, l'autre en caractères ogamiques. M. Rhys
rapproche ce nom de celui du borgne Ingcél, fils d'un roi breton et associé
avec des Irlandais exilés, de concert avec lesquels il accomplit plusieurs
actes de brigandage. Un de ces actes de brigandage est le sujet du célèbre
morceau épique irlandais intitulé Togaiî hruâne Dà Dergae. M. Zimmer, dans
son analyse. Revue de Kuhn, tome XXVIII, p. 558, appelle ce personnage
Jngcel sans noter la longue, qui est cependant marquée cinq fois dans le
Lebor na hUidre, p. 84, col. 2, 1. 20, 26, 33, 36, 39, contre une fois, 1. 28,
où Vapex manque sur IV. L'e d'Ingcél est donc long. Ce mot se termine par
une seule /, tandis qu'il y en a deux dans Andagelli. Enfin Andagelll n'ex-
plique pas le c de Ingcél, qui paraît tout simplement composé de i)ig « dan-
ger », et de ccl « bouche » et « prophétie » '. Pour admettre l'identité du
mot breton écrit au génitif Andagdli avec le nom du personnage mentionné
dans Togail brudtie Dd Dergae, il faut supposer que le nom breton a été dé-
formé en Irlande par l'efïet d'une étymologie populaire. Ingcél pouvait si-
gnifier « prophétie de danger », nom bien choisi pour un brigand.
Le second article de M. Rhys, p. 35)-3 57, consiste en une lettre précé-
demment insérée dans V Academy du 23 août dernier. 11 concerne une ins-
cription ogamique récemment trouvée à Silchester, comté de Southampton,
non loin de Winchester, par conséquent à une grande distance, du pays de
Galles. M. Rhys lit Ebicatos maqi niucoi, c'est-à-dire : « tombeau d'Ebicatus
(mieux Evo-catu-s), fils du petit-fils de ».
V.
The Academy, 12 août, p. 132, 19 août, p. 151, 26 août, p. 174.
Compte rendu très élogieux du Nennius vindlcatus de M. Zimmer par
M. Alfred Nutt.
2 septembre 1893, p. 193. Critique par M. Whitley Stokes d'une hypo-
thèse de M. Zimmer suivant lequel il y aurait eu en vieil irlandais une tra-
duction des odes d'Horace.
16 septembre, p. 235, note de M. F. Olden sur la mission de Palladius
et sur les rapports de son apostolat avec celui de saint Patrice.
I. Dictionnau-e d'O'Clcry, Revue Celtique, tome IV, p. 383.
Périodiques. 145
14 octobre, p. 321. Nouvel essai de lecture des inscriptions ogamiques
irlandaises de Whitefield et de Monataggart, par M. R. A. S. Macalister.
— P. 324, le père Hogan propose une correction à son édition de la ba-
taille de Ros-na-rig. Bude-chaiti, p. 20, 217, qui, suivant lui, aurait signifié
« complètement satisfait, content d'avoir mangé, rassasié «, et qu'il a ex-
pliqué par bude « contentement », et par chaithim « je mange », serait la
notation en moyen irlandais d'un vieil irlandais budechit-de, dont le premier
terme est le comparatif de l'adjectif Zw^^tV;, et dont le second terme serait la
particule de, où l'on doit reconnaître la préposition di, .plus un pronom de
la 3e personne. De veut dire littéralement « de cela » et s'emploie avec le
sens de « d'autant plus » ' . Btidechaiti signifie donc « d'autant plus recon-
naissant et content ».
II novembre, p. 415. Essai d'une explication de l'inscription gravée sur
la pierre de Newton, en Ecosse, comté d'Aberdeen. On sait que cette ins-
cription est gravée partie en caractères latins, partie en caractères ogami-
ques. M. Nicholson ne trouve aucune difficulté à l'interprétation de ce do-
cument. L'avenir nous apprendra si parmi les gens compétents il trouve
beaucoup d'approbateurs.
VI.
A propos du livre de M. Fritz Bechtel, Die Haupt-proUeme der indogerma-
nischen Lautlehre seit Schleicher, j'ai indiqué plus haut (t. XIII, p. 405),
combien il me semblait difficile d'admettre dans le grec 'j'^riXo; une excep-
tion à la loi formulée par M. de Saussure : que la gutturale vélaire ne se
labialise pas en grec après ». J'aurais plus volontiers consenti à séparer éty-
mologiquement •j'lr,Àô; de son synonyme gaulois z(.Vf'//o- (dans Uxellodununi).
• La question a été reprise dans les Mé.moires de la Société de Likguis-
TiauE (t. VIII, p. 256-259), par M. Louis Duvau, qui montre, d'une part,
l'impossibilité de séparer G']/7-,Xo';, 'j'^o; de i-ep, latin super, et, par suite, la
nécessité de poser un prototype ups- et non ukiS pour ces mots grecs;
d'autre part, rapprochant le nom gaulois Crixiis (gallois aych « frisé ») du
latin crispus, il établit que le ps indo-européen devient nécessairement h en
celtique. Autres exemples : gallois ucher « soir » où ch représente réguliè-
rement un plus ancien ks, cf. ËaTtcpo;, lat. vesper. On pourrait y ajouter
foich « vespa » que nous citons plus haut, p. 143.
Cette hypothèse nous dispense d'admettre en grec une infraction à la loi
posée par M. de Saussure et nous permet de conserver, en le précisant, le
rapprochement traditionnel entre uxello- et uil^r^Ào';.
Vil.
Axx.XLES DE Bret.\GN'E, tomc IX, première livraison, novembre 1893.
I . E. Windisch, Irische Texte, 467-46CS. R. Atlcinson, The passions and the
boinilies, p. 628. Grammatica celtica^, p. 276.
Revue Celtitjue, XV. 10
146 Périodiques.
P. 35, Le Braz, Les saints bretons d'après la tradition populaire (suite). —
P. 53, Luzel, Les trois chiens Brise-Tont, Passe-Partoiit et Plus-Vitc-que-le-
Ventiûn). — P. 81, J. Loth, La vie de S. Eliau d'après le livre de Llandaf,
premier article. — P. 86, G. Dottin, Contes irlandais modernes, texte et tra-
duction (fin). Il y a un tirage à part de cette intéressante publication. —
P, 120, Luzel, Sermon evit gouel an holl ^ent, sermon burlesque pour la
fête de la Toussaint, texte breton et traduction.
Vin.
FuLK-LoRE, tome IV, vol. IV, n" 3, p. 365, rapport de M. Alfred Nutt
sur les principaux ouvrages relatifs à la mythologie et aux légendes irlan-
daises qui ont paru pendant les années 1892 et 1&93, savoir : l'édition du
Cath Riris na Rîg donné par le Père E. Hogan, le mémoire de G. Coffey
sur les tombelles de Nevvf Grange, Douth et Knowth, la Silva gadelica de
M. St. O Grady, le Nenniiis vindicatus de M. Zimmer et les chansons
d'amour de Connaught. Tout le monde sait que M. Alfred Nutt est un des
folkloristes contemporains les plus compétents, et on trouvera dans son
mémoire des points de vue dont il n'est pas question dans les comptes
rendus que la Revue Celtique a publiés des mêmes ouvrages.
FoLK-LoRE, vol. 4, no 4, p. 471-497, édition par M. Whitley Stokes de
la fin d'un fragment du Dinnshcnchas, consistant en cinq feuilles de par-
chemin découvertes par M. H. Gaidoz à la bibliothèque des avocats
d'Edimbourg et signalées par lui dans la Revue Celtique, tome VI, p. 113.
Le texte édité par M. Whitley Stokes comprend vingt-deux articles qui font
défaut dans le manuscrit d'Oxford, dont il a donné une édition dans le
tome III du même journal, p. 467-516 (cf. Revue Celtique, tome XIV,
p. 90-91).
Ala suite de cet extrait du manuscrit d'Edimbourg, p. 473-492, M. Whit-
ley Stokes a placé, p. 492-496, un autre fragment du Dinnshcnchas con-
servé par le manuscrit du Musée britannique Egerton, 1781, folio 75, verso.
Les deux textes irlandais sont accompagnés d'une traduction anglaise et
de notes aussi copieuses qu'intéressantes. C'est une importante contribution
à une future édition complète d'un curieux monument irlandais.
IX.
Allmer, Revue ÉPiGRAPHiauE du midi de la France, no 72, octobre,
novembre et décembre 1893, donne le texte de deux inscriptions romaines
trouvées à Chalon-sur-Saône et qui contiennent des noms propres d'hom-
mes gaulois. Ces inscriptions sont deux épitaphes. L'une, no 978, a été
placée sur le tombeau de Samorix, Liamari F///;jj,- Remus, cavalier dans l'J/rt
longiniana ; l'autre, no 979, rappelle la mémoire d'Albanus, Excingi Vilius,
dans VAla Asturum et de nation Uhius. Creuly avait connu ces inscriptions,
mais il en a indiqué la provenance d'une manière incomplète ou inexacte.
Périodicjues . 447
Ainsi Liamarus, Revue Celtique, III, 299. et Samorix, ihidevi, 505, sont
cites d'après le carnet XV, p. 27, sans indication de lieu, et pour Excingus,
Ubien, la mention fautive Chalons, avec 5 finale, accompagne le renvoi
au carnet XV, p. 26, Revue Celtique, tome III, p. 167.
Suivant César, Di bello gallico, 1. IV, c. 3, § 3, 1. VI, c. 9, § 7, les Ubii
sont Germains ; c'est aussi la doctrine de Pline, 1. IV, § 106; mais le nom
d'homme Excingus est gaulois. On peut donc se demander si, lorsqu'il
s'agit des Ubii, la qualification de Germaiii qui leur est donnée par César
n'est pas la conséquence de ce qu'ils habitaient alors sur la rive droite,
c'est-à-dire à l'est du Rhin, limite orientale de la Gaule, ainsi qu'il est dit
au début des Commentaires de bello gallico. On sait que c'est Agrippa qui a
transporté les Ubii sur la rive gauche du Rhin, Strabon, 1. IV, c. 3, § 4,
édition Didot, p. 161, 1. 24-26. Faisons observer que dès la première des
guerres de César contre les Germains, en l'année 58, les Ubii prirent parti
pour les Romains, De bello gallico, I, 54. Us jouèrent le même rôle pendant
la seconde de ces guerres, en l'année 55, De bello gallico, 1. IV, c. 16, 19,
et pendant la troisième, en 53, De bello gallico, 1. VI, c. 9 et 10. On peut
donc se demander s'il n'y aurait pas à reviser la doctrine reçue : Zeuss, Die
Deutschen, p. 87, E. Desjardins, Géographie historique et administrative de la
Gaule romaine, tome II, p. 445, Karl Mûllenhoff, Deutsche Alterlumshinde,
tome II, p. 301, considèrent, à l'exemple de César, les Ubii comme Ger-
mains. Cette croyance lepose-t-elle sur des bases solides?
Paris, le 25 décembre 1893.
H. d'Arbois de Jubainville.
X.
Le no de juillet-septembre 1839 de la Revue de Philologie contient un
article fort intéressant pour les études celtiques : Betriacum, Bebriacum,
par M. Lucien Herr. En voici le résumé : deux batailles furent livrées
en l'an 69 auprès d'un bourg voisin de Crémone, l'une entre les troupes de
Vitellius et celles d'Othon, l'autre entre les mêmes troupes et celles de Ves-
pasien. Le nom de ce bourg est Bebriacum, selon Juvénal, ou Betriacum
(var. Bedriacum) selon les autres témoignages anciens. Un texte de Tacite
nous permet de choisir à coup sûr entre ces deux leçons : locus castorum
uocatur, dit-il, Hist., II, 24. Il ne s'agit évidemment pas ici des Dioscures,
quoi qu'en ait pensé M. Mommsen : il faut traduire par « le lieu dit des
castors ».
Or, le nom est certainement celtique, le suffixe -«ram suffit à le prouver;
son radical doit donc contenir le nom celtique du castor; Bebriacum répond
évidemment à cette condition : il n'en est pas de même de Betriacum
(Bedriacum). Le doute ne semble donc plus permis ; c'est à Bebriacum
1 48 Périodiques.
qu'ont eu lieu les deux batailles de l'an 69 : Betriacmn (Bedriacum) est une
altération de ce nom, — conclusion qui, comme le fait justement remar-
quer M. Herr, ne nous autorise nullement à rétablir partout Bébriacum dans
les textes l'erreur remontant aux auteurs et non aux copistes. La table de
Peutinger présente Beloriacum : cette leçon est en tout cas plus proche de
Bchriacnm que de Bftriacmn, et peut être citée comme une preuve accessoire,
l'indication de Tacite, locus castorum iiocatur, étant en elle-même décisive.
L. DuvAU.
Le Propriétaire-Gérant : Veuve E. BOUILLON.
Chartres. — Imprimerie DURAND.
UNE PHRASE EN MOYEN BRETON
La Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou a reproduit, dans
son numéro de mars 1889, p. 211, 212, l'intéressante relation
d'un voyage fait en basse Bretagne, par Ambroise Paré,
l'an 1543. Une phrase bretonne enchâssée dans le récit est
citée d'après la dixième édition, Lyon, 1641 ; une note ajoute
la leçon d'une autre édition, sans doute plus récente.
Voici la rédaction du passage tel qu'il se trouve dans la neu-
vième édition des Œuvres d'Ambroise Paré, Lyon, 1633,
p. 902 A (Bibliothèque de Poitiers). Il s'agit de la dernière
péripétie d'une lutte engagée entre « vn petit bas Breton bien
quadrature, fessu et matériel », et « vn grand Datiuo ma-
gister d'eschole » .
« Ce grand Datiuo eut grand despit d'auoir esté ainsi jette
par terre par vn si petit hommet : il se releua tout en cholere,
& voulut auoir sa reuanche. Ils se prindrent derechef collet à
collet, & furent encore vn bien long temps à leurs prises ne se
pouuans mettre par terre : en fin ce grand homme se laissa
tomber sur le petit, & tombant meit son coulde au creux de
l'estomach, et luy creua le cœur, & le tua tout mort. Et sça-
chant luy auoir donné le coup de la mort, reprint sa longue
jacquette, & s'en alla la queue entre les jambes, & s'éclipsa %
voyant que le cœur ne reuenoit point au petit homme, pour
vin, vinaigre, ny autre chose qu'on luy presentast. Je m'ap-
prochay de luy, tastay le poulx qui ne battoit nullement, alors
I . Il faudrait peut-iître changer ici la virgule en un point, et le point
suivant en une virgule.
Revue Celtique, XV.
1^0 E. Ernault.
dis qu'il estoit mort, Adonc les Bretons qui assistoient à la
luitte, dirent tout haut en leur baragouyn, Andra^e menraquet
eues rac vn hloa so aheudeux hendcpe bar:{ an gouremon end ma
moa engoustum, c'est à dire, Cela n'est pas du jeu. Et quel-
qu'vn dit que ce grand Datiuo estoit coustumier de ce faire,
& qu'il n'y auoit qu'vn an qu'il auoit fait le semblable à vne
luitte. »
Pour me procurer les variantes antérieures de ce petit texte
breton, j'ai eu recours à l'obligeance d'un de mes anciens
élèves, M. J. Moreau, dont l'exactitude m'est connue, et qui
m'a fourni les renseignements suivants.
La première édition, Paris, 1575, qui se trouve à la Biblio-
thèque Sainte-Geneviève, ne contient pas les a Voyages «.
La cinquième édition, 1598, est la plus ancienne que pos-
sède la Bibliothèque Nationale; la phrase y est écrite ainsi:
Aiidra::ie menraquet enes rac vn bloa soabeudeux henelep e har:{an
gouremon eneJ ma hoa engoustun.
La septième édition, 16 14, et la huitième, 1628 (Biblio-
thèque Sainte-Geneviève) portent uniformément : Andra~e
menraquet enes rac vn hloa so aheudeux henelepe har:{ an gouremon
enel ma moa engoustoum.
L'édition Malgaigne, Paris, 1840-1841 (Bibliothèque Sainte-
Geneviève) indique, t. III, p. 676, cet opuscule comme
ayant été publié pour la première fois dans la 4^ édition, en
1585. Malgaigne dit, p. cccxxi, que cette 4^ édition « n'existe
pas dans les bibliothèques publiques de Paris » ; cependant il
l'a eue entre les mains. Si le texte breton y avait différé sensi-
blement de celui que portent les éditions suivantes, il est à
croire que Malgaigne en eût averti ses lecteurs, ce qu'il n'a
point £iit.
Nos trois leçons sont fautives aussi bien que les deux au-
tres publiées dans la Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou;
le fait n'a rien d'étonnant pour un texte de cette nature.
Débarrassons-nous d'abord des erreurs qui proviennent de
la ressemblance de certains caractères comme m et n, n et u.
Pour retrouver des mots bretons, il est nécessaire de lire
abendeux, heuelep, gourenou ou gourennou, euel, engoustum.
Moa est impossible. La variante hoa peut s'admettre; mais
Une phrase en moyen breton. 1 5 1
on attendrait plutôt uoa, dont woa semble provenir plus natu-
rellement que de boa.
Meuraquet a m pour n ; son premier u sera étudié plus loin.
Après ces rectifications, le texte en « baragouyn » laisse en-
core à désirer. La glose qui le suit permet d'y constater des
lacunes et des transpositions. Il devrait y avoir quelque chose
comme ceci :
Audra'cneraquel ! — E}ies [cndeux groaet] eue! ma uoa engous-
tum, rac vn bloa so ahcndeux [groaet] heueîep e bar:^^ an gourennou.
Littéralement : « Cela ne fiilt pas (l'afîaire) ! — Celui-là a
fait comme il était coutumier, car il y a un an qu'il a fait de
même dans les luttes. »
Malgré de fâcheuses incertitudes, nous avons là un spécimen
intéressant, et unique en son genre, du moyen breton parlé.
Pour nous rendre compte des conditions dans lesquelles il a
été recueilli, remarquons d'abord que la scène se passait à
Landerneau ou dans les environs : « Ils... me menèrent auec
eux iusques à Landreneau » (9^ éd., p. 901 c), et que le fa-
meux chirurgien se trouvait avec de nobles personnages bre-
tons. Voici le curieux passage qui précède le récit des luttes
(901 d):
« Monsieur d'Estampes pour donner passe-temps et plaisir
à mesdits Seigneurs de Rohan et de Laual, et autres Gentils-
hommes, fliisoit venir aux festes grande quantité de filles vil-
lageoises pour chanter des chansons en bas Breton, où leur
harmonie estoit de coatcr comme grenouilles, lors qu'elles
sont en amour. Dauantage leur faisoit dancer le triori de Bre-
tagne... Il les faisoit moult bon oûir et voir. »
11 y a lieu de supposer qu'un de ces gentilshommes qui en-
touraient Ambroise Paré lui aura rendu le service de l'aider à
écrire les quelques mots bretons qui l'avaient frappé. En tout
cas, cette transcription est fondée sur l'observation directe de
la langue usuelle et ne tient aucun compte de l'orthographe
traditionnelle qui prévalait alors (cf. Rev. Cclt., XIII, 242).
Nous examinerons d'abord la liaison de certains mots dans
l'écriture, puis la forme spéciale de deux autres.
A}idra~e « cette chose-là », se prononce aujourd'hui ainsi;
on écrivait au xvi'= siècle an ira se, an dra se, an drase.
1^2 E. Ernault.
Meuraquet, lisez neuraquet « ne fait pas », a un premier u
fort insolite. Comme aucune autre lettre n'est surabondante
dans la phrase, on peut conjecturer que Yu est une faute pour
r: cf. nerraff, je ne fais pas, Sainte-Barbe, 762, v. 5 {arrin, je
ferai, 763). Ce n'était point l'usage de joindre, dans l'écriture,
le mot quel « pas » au précédent. Cette orthographe se trouve
constamment suivie dans VExpJication an doctrin christen,
Guingamp, 1838: ne gredetquet, vous ne croyez pas, ne gre-
dontquet, ils ne croient pas, ne gredoïnîquet, ils ne croiront pas,
ne gredfachquet, vous ne croiriez pas, II, 17, etc., etc.
Engoustum « dans la coutume » est aussi logiquement écrit
en un seul mot que les deux expressions précédentes, puisqu'il
y a encore ici une mutation initiale. La notation habituelle eût
été en coustum. On voit que ce mot était du féminin ; il avait
une variante custum. Le P. Grégoire de Rostrenen reconnaît les
deux genres au breton moderne custum, auquel il donne un
équivalent vannetais coustum. Le Gonidec et Troude font
kustum du masculin seulement.
Abendeux « depuis qu'il a » eût probablement été écrit par
un auteur breton a pa endeux, aba endeux ou a pan deux.
C'est une inconséquence d'écrire e ba}\ « dans », ces deux
syllabes formant un ensemble aussi bien hé que les quatre
groupes que nous venons d'étudier. L'orthographe commune
était, du reste, eba}\.
Les deux mots qui présentent des formes nouvelles en
moyen breton' sont enes et bloa.
Eues « celui-là » s'écrivait hennei; le :~ était dur. L'/; est
quelquefois peu sensible en léonais et en vannetais ; il s'entend
fort bien en trécorois ; cf. Rev. Celt., III, 55, 232. Notre
texte distingue, d'ailleurs, exactement les mots de même ori-
gine euel et heuelep.
Bloa « année » semblerait, au contraire, un trccorisme pour
bloaT^. La chute du 1 doux avait commencé à se produire au
xvi'^ siècle, bien que les exemples écrits en soient alors assez
rares. On peut citer : bugalc^, plus souvent bugale, enfants ;
hente (son) proche, (son) prochain, B 759, rimes en e, par-
tout ailleurs en moy. bret. hente:{; le P. Grégoire ne signale
que hentei, D. Le Pelletier a « hente, et anciennement /;t'«/q »;
Une phrase en moyen breton. 1 5 3
van. heenté, m., Dictionnaire de L'A***; caffoeaf, pleurer, dé-
plorer, Poèmes bretons, 80, dérivé de cafuoe^, chagrins, ibid.,
5, rime q, pluriel de cafu, Middk-Breton Hours, aujourd'hui
hanv, kaori, deuil, tristesse.
D'autres exemples apparents du même phénomène ne relè-
vent pas uniquement de la phonétique. L'influence française
est sans doute pour quelque chose dans la coexistence en
breton moyen de mots comme volonté:^ et iwlante, volonté ; ver-
tu::^ et vertu, auxquels on peut ajouter meur7;^largie:{, meur^ar-
gci, mardi gras, Catholicon, = le nom de personne Marlargie^
en 1582, Mrt/7rt;-o-q en 1565, 1568, 1581, 1587, 1607, Mar-
large en 1592, 1607, 1608, Marlaryge en 1607 (Malarge^^ en
1630, 1631, 1640), registres de Pédernec, voir la seconde
édition de mon Glossaire moyen-breton. Comparez les échanges
de suffixes signalés i^cf. Celt., XIV, 309. Le bret. moy. n'a,
à notre connaissance, que paue, pavé (vieux français pavée);
scourge::^, fouet, fr. escourgée, et chaucer, chaussée ; mais les
formes moàQtnes pave:^, van. paouérr, et van. scourge, scourgér,
Grég., peuvent remonter aussi haut que les autres (le bret.
moy. mortel, mortier, mod. id., Gr., van. mortér, l'A., est
dans le cas de tabler, van. tabler, Rev. Celt., XIV, 309) ^
Je suis porté à attribuer à l'analogie le z. du bret. moy. as-
f/t'- « sein de robe » =zascre, gall. asgre ; cf. mod. Andre^,
André, rime q, Sauvé, Proverbes, 823 (André, 825, 826);
tréde:;^, troisième « selon quelques-uns », d'après Le Gonidec
(bret. moy. et mod. trcde)-, et Rcv. Celt., V, 127.
1. J'ai eu tort de regarder le moy. bret. a:^ « de ton » comme ayant i
doux, Rev. Celt., V, 125 ; la prononciation a, pour ce mot comme pour a:(
dans tue ai pet, me a pet, je te prie (voir Dictionnaire étymologique du breton
moyen, v. fl 9 et fl 10) vient de ce que ces proclitiques s'unissent, dans la
prononciation, à la consonne initiale du mot suivant ; cf. bo^ et ho, votre ;
ei vihet et effihet, vous serez, etc.
2. Le breton moyen et moderne est d'accord avec le comique pour pro-
noncer sans i, eguile, l'autre, pevare, quatrième, prv, argile, quere, cordon-
nier (voir ce mot au Glossaire moy. bret.). Il est bien probable que le léonais
claustle, Grég., klaoustrê, Gon., vannetais coustelè, coustte, gageure, f., a
perdu un :^ et vient de * co-geistl-iâ ; cf. le gall. cyugwystledd, m., gageure,
et Rev. Celt., VIII, 508. Le gallois même semble avoir des incertitudes :
ele>ii, cette année, erllenedd, ellynedd, l'année dernière (léonais helene et var-
lene, trécorois erlanne) ; cf. Stokes, Celtic Declension, 44 ; Rhys, Rev. Celt.,
VI, 14-16 ; Xettlau, Ra'. Celt., X, 322, 323.
154 ^- Ernault.
Le breton moyen ou, oae, il était, oe, il fut, n'a pas perdu
directement non plus le ;( qui se montre en léonais duxii^ siècle
dans la phrase de Guillaume le Breton, niech (lisez nieth) oedd
« pudor fuit », citée par M. de la Villemarqué, Poèmes bre-
tons, p. 236, cf. V. gall. oid, aujourd'hui oedd. Il y a eu in-
fluence d'une forme diff'érente, boe, il fut, comique bue.
Il y a encore une autre façon d'expliquer la forme bloa.
Dans l'expression qui nous occupe, et qu'un auteur breton eût
écrite vn bloa:{ so (d. Sainte-Nonne, 103), le ~ pouvait se
fondre avec le son sifflant qui suit, en un ç : cf. bret. moy.
diySul Qi dicxid, dimanche, mod. diç^ul, Grég., de dei^-\- sul ;
dac:^on, dac-orch = da~ + son, sorch, Rev. Celt., XI, 354. Une
autre combinaison analogue se montre, Sainte-Barbe, 191, où
la seconde syllabe de euit se rime en iç, et 760, où le même
fait a lieu et est confirmé par la graphie c uic:^e. Us du mot se
a dû de se conserver en breton à cette circonstance, qu'il s'ap-
puyait souvent sur une consonne précédente ; sans quoi il
serait devenu /;.
La seconde explication de bloa est la plus naturelle ; elle
nous dispense d'admettre dans le léonais, au xvi' siècle, une
prononciation trécoroise qui n'y existe pas encore aujourd'hui.
Dans cette hypothèse, vu bloa so aurait été mieux écrit vn
bloaczp ; cf. van. guerço, guerço :^ou, il y a longtemps, = giier
so, giierso, chez le P. Grég. guer:^-so, etc. (Gloss. moy.-brct., v.
guers).
E. Ernault.
CONFESSION DES PÉCHÉS
ATTRIBUÉE A SAINT PATRICE
La confession suivante, attribuée à saint Patrice, se lit dans le manuscrit
Angers 14 (ix^ siècle, ou plutôt ix^-xe), au folio 180 v", à la suite du
Psautier (gallican), qui est immédiatement suivi des Cantiques et d'une lita-
nie où sont invoqués les saints du centre et du nord de la France, de Bour-
ges et de Poitiers jusqu'à Cologne et à Liège, avec saint Boniface, saint Co-
lomban et saint Gall. La confession de saint Patrice est suivie, au fol. 183 v",
de la Confessio qiiain heatus Akuinus composuit Domno Karolo impcratori (Do-
miims tnaestimabilis miscricordiae, Detis inmensae pietatis. . . j ' et de diverses
autres pièces, en particulier de plusieurs prières. Ce manuscrit paraît écrit à
Tours, à en juger par la semi-onciale caractéristique des manuscrits de
Tours, dans laquelle est écrite la première ligne de chaque Psautier.
INCIPIT CONFESSIO SANCTI PATRICII EPISCOPL
Deus, Deus meus, rex omnipotens, ego humiliter te adoro.
Tu es rex regum, dominus dominantium. Tu es arbiter omnis
saeculi. Tu es rcdemptor animarum. Tu es liberator creden-
tium. Tu es spes laborantium. Tu es paraclytus dolentium. Tu
es via errantibus. Tu es magister gentibus. Tu es creator om-
nium creaturarum. Tu es amatorboni omnis. Tu es princeps
omnium virtutum. Tu es gaudium omnium sanctorum tuo-
rum. Tu es vita perpétua. Tu es laetitia in veritate. Tu es
I. Publiée par Martène {De aiit. ecd. dise, 1706, p. 647), d'après un
ms. de Fleury.
I j(5 Samuel Berger.
exultatio in aeterna patria. Tu es luxlucis. Tu es fons sancti-
tatis. Tu es gloria Dei patris in excelso. Tu es salvator mundi.
Tu es plenitudo Spiritus sancti. Tu sedes ad dexteram Dei
Patris in throno regnans in saecula.
Ego peto remissionem peccatorum meorum, Deus meus
Jhesu Christe. Tu es qui neminem vis perire sed omnes vis
salvos fieri et ad agnitionem veritatis venire. Tu, Deus, ore
tuo sancto et casto dixisti : In quacunque die conversus fuerit
peccator, vita vivet et non morietur^ Ego revertar ad te,
Deus, et in omni corde clamabo ad te, Deus meus, et tibi
nunc volo confiteri peccata mea. Multiplicata sunt delicta mea
super me, quia peccata mea numerum non liabent ante oculos
tuos. Domine, reus conscientia testis adsisto. Rogare non
audeo quod inpetrare non mereor. Tu enim scis. Domine,
omnia quae agantur in nobis, et erubescimus confiteri quod
per nos non timemus admittere. Verbis tibi tantum obsequi-
mur, corde mentimur. Et quod .velle nos - dicimus, nostris ac-
tibus adprobamus. Parce, Domine, confitentibus, ignosce pec-
cantibus. Miserere te rogantibus, quia in sacramentis tuis
meus sensus infirmus est. Praesta, Domine, ut, qui ex nobis
duro corde verba non suscipis, per te nobis veniam largiaris,
Jhesus Christus Dominus noster.
Confitebor tibi, Deus meus, quia ego peccavi in caelo et in
terra et coram te et coram angelis tuis et coram facie omnium
sanctorum tuorum.
Peccavi per neglegentiam mandatorum tuorum et factorum
meorum.
Peccavi per superbiam et per invidiam.
Peccavi per detractionem et per avaritiam.
Peccavi per luxoriam et per malitiam.
Peccavi per fornicationem et per gulam.
Peccavi per falsum testimonium et per odium hominum.
Peccavi per furtum et per rapinam.
Peccavi per blasphemiam et per desiderium carnis.
Peccavi per ebrietatem et per odiosas flibulas.
1. Ezéch., XVIII, 21, rendu de mémoire.
2. Lisez probablement : non.
Confession des péchés attribuée à saint Patrice. 1 5 7
Peccavi per contentiones. et per rixam.
Peccavi per juramentum et iracundiam.
Peccavi per laetitiam terrenam et transitoriam.
Peccavi per terrorem et per suavitatem mentis raeae.
Peccavi per dolum et per murmurationem.
Peccavi per instabilitatem mentis fidei et per duhietatis im-
pietatem,
Peccavi per inmisericordiam et per spernationem hominum.
Peccavi per prava et per iniqua opéra [et] judicia.
Peccavi per neglegentiam et per oblivionem operum Dei.
Peccavi per vagationem et per discretionem mentis meae.
Peccavi per inpacientiam et per spei inperfectionem.
Peccavi per duritiam et per cecitatem cordis vel mentis.
Peccavi per [injobservationem amoris Dei et proximi.
Peccavi per inoboedientiam et per amissionem bonorum
constitutorum.
Peccavi per amissionem caelestium desideriorum et per amo-
rem terrenarum rerum.
Peccavi per studia iniquitatis et per dolosa argumenta.
Peccavi per exempla iniqua et per humanitatis obsordes.
Peccavi per accidiam vanam et per stuporem mentis.
Peccavi per fictam humilitatem et amissionem amoris Dei.
Peccavi per maledictionem et per divinationes.
Peccavi per inperfectionem votorum meorum et per machi-
namenta iniqua.
Peccavi per scrutationem majestatis Dei et caelestis vitae.
Peccavi per pompas corporis et per ambitiones favorum ho-
minum.
Peccavi per intcmperantiam hilaritatis et furoris.
Peccavi per tediaet per desidiam mentis.
Peccavi per consilia iniquitatis et per redditionem mali.
Peccavi per concupiscentiam et perpetrationem libidinis.
Peccavi per consentionem et per conscicntiam actuum ini-
quorum atque verborum.
Peccavi per dominici diei opcrationcs et per inlecebr[os]as
cogitationes.
Peccavi per tristitiam seculi et per amorem pccuniae et per
ambitiones honorum.
1 5 8 Samuel Berger.
Peccavi per inquietudinem et per amaritudinem mentis.
Peccavi per inutilem laetitiam et per scurilitatem, per dolo-
rosa verba et per intemperantia[m] clamoris.
Peccavi per disperationem et per inpuritatem confessionis.
Peccavi per inperfectionem et neglegentiam emendationis.
Peccavi per audatiam et disperationem.
Peccavi per acceptionem munerum iniquorum et per puni-
tiones impietatum.
Peccavi per simulationem et per memetipsi placationem.
Peccavi per silentium rectitudinis et iniquitatis et adula-
tionis.
Peccavi per comessationem et per poUuti cibi acceptionem
et per suggestiones diaboli et per dilectationem spiritus et per
conscientiam carnis.
Peccavi in oculis meis et in auribus meis.
Peccavi in manibus meis et in ore meo et in labiis meis et
in omnibus factis meis.
Peccavi in lingua et in gutture.
Peccavi in collo et in pectorc.
Peccavi in corde et in cogitationibus.
Peccavi in mente et in operationibus.
Peccavi in manibus et in pedibus.
Peccavi in ossibus et in carne.
Peccavi in medullis et in renibus.
Peccavi in anima mea et in omni corpore meo.
Si nunc erit vindicta tua super me tanta quanta in me ipso
fuerunt peccata mea multiplicata, judicium tuum quomodo
sustineo? Sed habeo te sacerdotem summum ad quem confi-
teor omnia peccata mea. Id tibi soli, Deus meus, quia tibi
soli peccavi et malum coram te feci. Et quia tu es, Deus,
solus sine peccato, obsecro te, Domine Deus meus, per pas-
sionem atque per signum salutiferae crucis tuae atque per
effusionem sanguinis tui, quo tu concédas mihi remissionem
omnium peccatorum meorum. Peto te, Domine meus Jliesu
Ciiriste, quod milii non reddas secundum meritum meum,
sed secundum magnam misericordiam tuam. Judica me, Do-
mine, secundum judicium indulgentiae tuae. Ego te peto et
adjuro, Deus meus omnipotens, ut tu in me colloces amorem
Confession des péchés attribuée à saint Patrice. 1 59
et timorem tuum. Suscita in me paenitentiam peccatorum
meorum et fletum pro nomine tuo. Da mihi memoriam
mandatorum tuorum et adjuva me, Deus meus, dele iniqui-
tatem mcam a conspectu tuo et ne avertas faciem tuam ab
oratione mea. Ne proicias me a facie tua. Ne derelinquas me,
Deus meus, ne discesseris a me, sed confirma me in tua vo-
luntate. Doce me quid debeam non agere, quid faccre aut
loqui, quid tacere. Défende me, Domine Deus meus, contra
jacula diaboli et contra angelum tartari suggerentem et docen-
tem multa mala. Ne deseras me, Domine Deus meus, neque
derelinquas unum et miserum famulum tuum, scd adjuva
me, Deus meus, et perfice in me doctrinam tuam. Doce me
facere voluntatem tuam, quia tu es doctor meus et Deus
meus, qui régnas in secula seculorum. Amen.
Un connaisseur de la littérature pénitentielle pourrait sans doute dire à
quelle époque remonte cette confession des péchés, qui n'a pas grande va-
leur au point de vue religieux, étant rédigé sans aucun ordre, quoiqu'elle
soit animée d'un sentiment moral incontestable, et qui, au point de vue lit-
téraire, est absolument sans couleur. Personne ne pensera que saint Patrice
soit en quoi que ce soit intéressé à l'origine de ce document, qui est évi-
demment de date assez tardive. Il n'en est pas moins vrai que les livres de
pénitence semblent venir d'Irlande. Sur les plus anciens que l'on connaisse
ou dont on ait entendu parler, on rencontre les noms, marqués sans doute
plus ou moins au hasard, de saint Patrice, de saint David, de saint Finnian
et de saint Gildas, puis celui du fameux Théodore de Tarse, le premier ar-
chevêque de Canterbury, le nom de Bède le Vénérable, enfin celui de saint
Colomban. Le pênitential de saint Colomban est, dans la série des publi-
cations analogues, le premier ouvrage dont on puisse affirmer l'authenticité.
Mais notre confession est d'un tout autre caractère, et la seule ressemblance
qu'elle ait sans doute avec les pénitentiaux irlandais ou autres, c'est d'être
destinée à l'examen de la conscience. Encore est-ce dans une tout autre in-
tention.
Samuel Berger.
LES CELTES EN ESPAGNE
INDEX
PREMIÈRE PARTIE
NOMS DE LIEU ANCIENS.
Abobrica. XV, 5.
Acinipo. Voir Acinippo.
Acinippo. XIV^ 390, 591.
Adobrica. Voir Abobrica.
Aebura. XV, 58.
Albocela. Voir Albocola.
Albocola des Vaccaei. XV, 50, 55,
58, 39. 45-
Albocolensis. XV, 38.
Alce. XIV, 388.
Alexandrie. XIV, 359, 360.
Allia, rivière. XV, 61 .
Amallobriga. XV, 55.
Anas, fleuve. XIV, 376, 382, 386;
XV, 4,.
Arabriga. XIV, 394.
Arabrigenses, peuple. XIV, 394.
Arandis. XIV, 393.
Arausio. XV, 37.
Arbocala. Voir Albocola.
Arbucala. Ko/r Albocola.
Arcobriga. XIV, 395; XV, 17.
Arcobrigenses, peuple. XV, 17.
Arelate. XIV, 362.
Areva. XV, 20.
Arevaci, peuple. XV, 7, 8, 10, 15,
19, 20, 21, 22, 23, 24, 25,26, 27,
28, 31, 33, 35, 60.
Arguela. XV, 24. Cf. Uxama.
Arialdunum. XV, 7.
Arotrebae, peuple. XV, 4.
Arriaca. XV, 18.
Arrotrebae, peuple. Voir Arotrebae.
Artabri, peuple. XV, 4, 5.
Arucci. XiV^ 391.
Aruccitana civitas. XIV, 391.
Arunda. XIV, 389, 390 391.
Asie-Mineure. XIV, 373, 386; XV,
10.
Asta. XIV, 390, 391.
Astorga. XV, 26.
Aslura, /JêuvÉ. XV, 36, 56.
AslMTes, peuple. XIV, 382; XV, 36,
37, 48, 56.
Asturica. XIV, 388; XV, 26, 37,
S6.
Ataecina. XIV, 389.
Ateca. XV, 16.
Ategena. XIV, 389.
Atrebates, peuple. XV, 4.
Les Celtes en Espagne.
i6i
Attacum. X\', 14, 16, 17.
Augustobona. XIV, 393.
Augustobriga des Pelendones. XV,
23-
Augustobriga <^«iVettones, XIV, 594.
Augustobrigenses, pcuplt. XIV, 395.
Ausetani. Koir Oretani.
Autra, rn/èr«. XV, 33.
Autraca des Vaccaei. XV, 33.
Autricum. XV, 33.
Autrigonae, peuple. Voir Autrigones.
Autrigones, peuple. XV, 10, 11, 12,
>3. 24, 33.
Autura, rivière. XV, 33.
Avia, des Vzccae'i. XV, 34.
Baecula, du Nord. XV, 80.
Baecula, du Sud. XV, 50, 51, 52, 53.
Baeculo. Voir Baecula.
Baesucei. XV, 44.
Baetica. XIV, 376, 386, 389; XV,
7> 9.4'-
Baetis, fleuve. XIV, 5S9, 391 ; XV,
4', 59-
Belisama, golfe. XV, 12.
Belli, peuple. XV, 10, 19, 20, 22.
Bellovaci, peuple. XV, 20.
Berones, peuple. XV, 9, 10, 18.
Besalduno. Voir BeselJunum.
Besaltuno. Voir Beseldunum.
Beseldunum.XIV, 385, 386; XV, 9.
Besuldunum. Voir Beseldunum.
Bêtique. Voir Baetica.
Bétis, fleuve. Voir Baetis.
Bilbilis. XV, 14, 15, 16.
Bisuldunensis comitatus. XIV, 385.
Bisalduno. Voir Beseldunum.
Bisuldunum. Voir Beseldunum.
Bletisa. XV, 40.
Boiodurum. XIV, 377.
Bracara. XV, 2.
Bracarii Lucenses, peuple. XV, 4.
Bretagne. Voir Grande Bretagne.
Brigaecium, (i^i Vaccaei. XV, 35,36.
Brigantia (La Coruna). XV, 4, 5.
Brigantia (Bragance). XIV, 388;
XV, 1,2.
Brigantio. XV, 3.
Brigantium. XV, 3, 4, y
Caeilobricoi, peuple. XV, 1.
Caesada. XV, 17,
Caesar Augusta. XV, 8, 19, 26, 27.
Caesarobriga. XIV, 395.
Caesarobrigenses, peuple. XIV, 395.
Caetobriga. KoiV Cêtobriga.
Calabria. XV, 1.
Caladunnum. Voir Caladunum.
Caladunum. XV, i, 2.
Calagurris. XV, 57.
Caledonii, peuple. XIV, 589.
Callaici, peup'e. XIV. 382; XV, 26,
48, 56.
Cailaïci Bracarii, peuple. XV, 2.
Calubriga. XV, 1, 2.
Cannes. XV, 45, 46.
Cantabri, peuple. XV, 13, 14, 36,
48, 56.
Cantium. XV, 27.
CapitoU. XIV, 366, 368.
Caravis. XV, 59.
Caristi, peuple. XIV, 373, 380; XV,
9, 10, 11.
Carpetani,/)tu;7/«.XV, 18, 55, 57, 58.
Carthage. XIV, 358, 359, 361, 362,
369, 370; XV, 20, 25, 28, 31,
45, 46, 47,48, 50, 55, 54.
Carthagïne. XIV, 370, 371, 374;
XV, 49,53.
Carthaginois. XIV, 358, 359, 361,
362, 370, 371, 378, 382, 384;
XV, 4, II, 30, 43, 45, 46, 47,
48, 49, $0, 51, 52, 53, j4.
Cartimitana civitas. XIV, 383.
Cartimitanum municipium. XIV,
383.
Castulon. XIV, 364, 370; XV, 6,
7, 12, 41, 42, 43, 46, 50, 51,
52, 55-
Catobrica. Voir Cetobriga.
Cauca, des Vaccaei. XV, 30, 31,32.
Caucenses, peuple. XV, 34.
Celtae, peuple. XIV, 360, 361 ; XV,
15, 16.
l62
H. d'Arbois de Jubainpille.
Celtiberi, peuple. XIV, 364, 565,
366, 367, 369, 370, 371, 374,
375, 381, 383, 384, 385, 387;
XV, 5, 6, 7, 8,9, 10, 11, 13, 16,
18, 19, 20, 22, 25, 26, 28, 30,
36, 41, 45, 46, 47' 48, 49, 50,
5'. 53. 54, 56, 57, 58, 59, 60.
Celtibérie. XIV, 382, 383, 384, 389;
XV, 5,7, 14, 16, 17, 19, 26,27,
28, 30, 44, 48, 50, 51, 55, 56,
58,59-
Ce\tki, peuple. X\V, 365, 376, 381,
382, 383, 386, 387, 389, 390,
59", 392, 393, 395; XV, I, 3, 4,
7, 17, 26, 40, 55, 56.
Celticoflavia. XIV, 395.
Celticus, promontoire. XV, 3.
Celtique. XN, 359, 360, 365.
Cerindones, peuple. XV, 22.
Certima. XIV, 384, 385, 386, 389;
XV, 7.
Cetobricca. KoiV Cetotriga.
Cëtobriga, Setubal . XIV, 393.
Clunia. XV, 7, 25, 26.
Coeliobriga. XV, i .
Complega. XV, 58, 59.
Condabora. XV, 18.
Contluentia. XV, 26.
Consabrum. XV, 18.
Contrebia, des Berones. XV, 10, 18.
Contrebia, des Ccltibercs. XV, 18,
19, 58.
Contnbuta Julia. XIV, 391.
Corbeia. XIV, 374.
Corbio. XIV, 373; XV, 11.
Corduba. XV, 5 5.
Cottaeobriga. XIV, 394, 395.
Cougium, t/«i Vaccaei. XV, 53.
Cunei, peuple. XIV, 392.
Curiga. XIV, 591.
Curigensium respublica. XIV, 391.
Cynetes, peuple. XW., 386, 392, 393.
Deobriga, des Autrigones. XV, 11,
12, 13.
Deobriga, des Vettones. XIV, 594,
395-
Deobriguia. XV, 1 3.
Desonci, peuple. XV, 37, 38.
DëvdL, fleuve. XW, 373, 379, 380;
XV, 10, 11.
Devalies,;/d/n'(;. XIV, 380.
Devobriga. Voir Deobriga.
Edetani, peuple. XV, 9.
Eldana. Voir Seimana.
Eimana. Voir Seimana.
Elvetii, peuple. Voir Helvetii.
Emerita. XIV, 391; XV, 27.
Emporion. XIV, 386.
Equabona. XIV, 395 .
Ergavica. XV, 18, 19.
'Ep-^fkia. XIV, 358.
Esttledunum. XV, 7.
Flaviobriga. XV, i i.
Galates, peuple. XIV, 360, 361.
Gallaeci, peuple. Voir Callaici.
Gallaecia. XV, 3.
Gallaïcae maires. XV, 26.
Galli, peuple. XIV, 3^7, 358, 359,
360, 361, 365, 367; XV, 46,47,
61.
Gaule. XIV, 364, 366, 371, 575,
376, 377, 381, 384, 386; XV,
20, 21, 22, 26, 54.
Gaulois. Voir Galli.
Germani, peuple. XIV, 381 ; XV, 6.
Gerundensis. XIV, 385.
Gesocribate. XV, 9.
Gesoriacus. XV, 9.
Gessorienses. XV, 9.
Girundensis. XIV, 385.
Goths, peuple. XV, i.
Gracchuris. XV, 60. Voir Ilurcis.
Grande-Bretagne. XIV, 362, 373,
38o,38i,389;XV, 5,12,27, 28.
Grées. XIV, 358, 359.
Halicarnasse. XIV, 386.
Hasta. XIV, 590.
Helmantica. Voir Selmantica.
Hermandica. Voir Selmantica.
Helvetii, peuple. XIV, 376; XV, 12,
^5-
Hercule (colonnes d'). XIV, 586.
Les Celtes en Espagne.
163
Hispalis. XIV, 387; XV, 55.
"I6r,c£:, peuple. Voir Ibères.
Ibères. XIV, 561, 362, 365; XV, 5,
15, lé, 48, ^2, 53.
Ibérie.XlW, 360, 382.
Iceni, peuple. XV, 4.
Iliturgis. XV, 49, 52, 53, 57-
Ilucie. XV, 57.
Ilurcis, XV, éo.
Intercatia, des Astures. XV, 37.
Intercatia, des Orniaci. XV, 38.
Intercatia, des Vaccaei. XIV, 367,
568, 369, 370; XV, 31, 55, 36,
38.
Irlandais. \\V, 376.
Irlande. XiV, 367, 374, 575, 380;
XV, 2.
Italie. XIV, 361, 364, 367, 375,
377; XV, 16, 39, 43, 45, 46,
47, SI-
Iturobriga. XIV, 387.
Juliobriga. XV, 14.
KaTcJÇpi?. XIV, 393.
KjX-o':, peuple. XIV, 360, 362.
Lacobriga, des Celtici. XIV, 393.
Lacobriga, «/fi Vaccaei. XV, 34.
Laminium. XV, 44.
Laxta. XV, 19.
Leucas. XV, 10.
Leuci, peuple. XV, 21.
Leucomelius saltus. XV, 21.
Leucumellus. Voir Leucomelius.
Libisosa, des Oretani. XV, 41, 44. ■
Liccoleucus fundus. XV, 21.
Ligures. XV, 23.
Lugoves. XV, 24.
Lusitani, peuple. XIV, 382, 392,
394; XV, 3, 2^, 48, 55, 58.
Lusitania XIV, 376, 384, 387,595.
Lusones, peuple. XIV, 367.
Lutetia. XV, 22.
Lutia. XV, 21, 22.
Maeédoine. XIV, 368.
Malaca. XIV, 386.
Man [lie de). XIV, 380.
Marathon. XIV, 358.
Meidubrigenses, ;;fu/;/f, XIV, 394.
Mentesa, des Bastuli. XV, 49.
Mentesa, ^/ti Oretani. XV, 41, 43,
49;
Mentissa. Voir Mentesa.
Meribriga. XIV, 393.
Merobrica. Ko/rMirobrigai/«5 Celtici.
Mésie supérieure. XIV, 379.
Mirobriga, (/c5 Celtici. XIV, 395;
XV, 40, 42.
Mirobriga, des Oretani. XV, 40, 41.
iMirobriga, des Vaccaei. XV, 39, 40,
42.
Mirobrigenses, peuple. XIV, 393 ;
XV, 42.
Moenus. XIV, 378.
Munda. XIV, 384, 385, 389; XV, 7.
Murbogi. XV, 13.
Nemetobriga. XV, 1,2.
Nemetodurus. XV, 2.
Neri, peuple. XV, 3.
Nertobriga des Celtibères. XV, 14,
15, 16,28, 29.
Nertobriga, des Celtici. XIV, 387,
391.
Nerva, (leuve. XV, i 1.
Nerviens, peuple. XIV, 366.
Norba. XIV, 388; XV, 24.
Norique. XIV, 377.
Nova Augusta. XV, 23.
Novion. XV, 4.
Numance. XV, 19, 20, 21, 23, 24,
,2S, 3', 34, 54-
Numantins. XV, 25.
Ocelum Duri, des Vaccaei. XV, 35,
38.
Octodurum, f/i;^ Vaccaei. XV, 38.
Octodurus. XV, 8.
Octogesa. XV, 8.
Oretani, peuple. XIV, 364 ; XV, 6,
41, 42, 43, 44, 49, p, 52, 57.
Oretum. XV, 6, 41, 42, 56.
Orniaci, peuple. XV, 37, 38.
Palantini, peuple. XV, 35.
Paliantia ^ei Vaccaei. XV, 31, 32,
34. 35-
i64
H. d'Arbois de Jiibainville.
Paramica. XV, 29.
PaxAugusta. XIV, 592.
Pax Julia. XIV, 392.
Pelendones, pcapk. XV, 22, 23, 24.
Perses. XIV, 558, 359.
P/!fnfam.XlV,3S7, 358, 3 59> 360.
Pintia ^«5 Vaccaei. XV, 35.
Pisoraca, //fuvf. XV, 33.
Poeni, peuple. XIV, 360.
Porta Augusta, des Vaccaei. XV, 35.
Praesamarchi, peuple. XV, 3, 4.
Praestamarci, /^cu/^/e. Kofr Praesa-
marchi.
Rhètic. XIV, 377.
Rhoda. XIV, 383, 386.
Rauda, des Vaccaei. XV, 33.
Romains. YAN, 359, 361, 362, 364,
366, 367, 368, 369, 370, 371,
373, 382, 383, 384. 386, 387,
388, 390, 392; XV, 3, 4, 9, 10,
II, 13, 15, 18, 19,, 20, 21, 24,
25, 3o> 3', 32, 36, 43i 45; 47i
48, 49, 50, 51, S2, 53, 54, 55>
56, 58, 59, 60, 61.
RoOT«. XIV, 361, 384; XV, 7, 20,
21, 2'i, 31, 32, 46, 47, 48, 54,
56, 58,61.
Sagontc. XIV, 382, 386; XV, 46,
49.
Sagontia, des Turdetani. XV, 29.
Salaria. XV, 6, 7, 41, 43, 44.
Salica. XV, 41 , 43.
Salduba. XV, 9.
Salmantica. Voir Selmantica.
Salmanticensis. XV, 40.
Salpensa. XIV, 390.
Sars, rivière . XV, 3.
Sarabis, des Vaccaei. XV, 35, 39.
Savia. XV, 25.
Sebeldunum, XIV, 385. Voir Besel-
dunum.
Sebendunum. XIV, 385. Voir Be-
seldunum.
Sedetani, peuple. XV, 9.
Segeda, Ji;5 Belli. XV, 10, 19, 20.
Segeda, des Cdtibcrcs. XV, 60.
Segeda, c/^5 Celtici. XIV, 389, 391.
Segedensis. XIV, 389.
Segida. Voir Segeda des Celtici.
Segesama. Voir Segisama.
Segisama. Fo/r Segisama Julia.
Segisama Brasaca. XV, 14.
Segisama Julia. XV, 12, 13, 14.
Segisama-Julienses. XV, 13.
Segisamo. XV, 12, 13.
Segisamon. Voir Segisamo.
Segisamonculum. XV, 11, 12.
Segisamonenses, peuple. XV, 13, 14.
Segobriga, Segorbe. XIV, 383, 385,
386, 389; XV, 6, 13, 14, 19.
Segontia, des Arevaci. XV, 27, 28,
29.
Segontia, des Celtiberes. XV, 15, 29.
Segontia, des Vaccaei. XV, 29.
Segontia, des Varduli. XV, 29.
Segontiaci, peuple. XV, 28.
Segontinensis. XV, 29.
Segontinus. XV, 29.
Segontium. XV, 28.
Segovia. XV, 27, 28.
Selmana. XV, 39. Voir Selmantica.
Selmantica, des Vaccaei. XV, 8, 29,
30, 39, 40,45.
Sentica. XV, 39, 40.
Sentice. Voir Sentica.
Septimanca. XV, 3 5.
Séria. XIV, 391.
Sibaria. Voir Sarabis.
Sinapo. XV, 4.
Singidunum. XIV, 379.
Sucro, fleuve. XV, 41.
Suessation. Voir Suessatium.
Suessatium. XIV, 373 ; XV, 10, 11.
Suessetani, peuple. XIV, 373 ; XV,
1 1.
Suessiones. XV, i i .
Suestasion. Voir Suessatium.
Tagus, fleuve. XV, 16.
Talabriga. XIV, 394, 395.
Tamarici, peuple. XV, 3.
Tamaris, /?êuyc. XV, 3.
Tarraco, XV, 9.
Les Celtes en Espagne.
Tancconaist XV, 26, 34, 41.
Tarraconensis conventus. XV, 9.
Tartesse, fleuve. XIV, 557, 358;
XV, 41-
Tartesses, peuple. XIV, 361, 362.
Tiburi, peuple. XV, 2 .
Titthi, peuple. XV, 22.
Toletum. XV, SS-
To\\stoho°n. peuple. XW , 373 ; XV,
10.
Tongobriga. XIV, 394.
Tongobrigenses, peuple. XIV. 394.
Tridiavi, peuple. XV, 38.
Tugia. XV, 41, 45, 44.
Tuia. XV, 6, 7.
Turdetani, peuple. XIV, 382, 391,
392, 395; XV, 28, 29,41, 50, 55.
Turduli, p:aplc. XV, 9, 41, 42. 52,
Turmodigi, peuple. XV, 10, 12, 13,
14, 29, 33.
Turibriga. KoiV Turobriga.
Turobriga. XIV, 387, 388, 391.
Turubriga. Kofr Turobriga.
Urbicua. XV, 58.
Uxama Arguela des Arevaci. XV, i 2,
24, 27, 29.
.65
U.xama Barca, des Autrigones. XV,
II, 12, 24.
U.xellodunum. XV, 12, 22.
Vaccaei, peuple. XIV, 367, 376,
378, 384; XV, 7, 8, 13, 26,29,
3o> V, 32, 33, 54. 35. 38, 39,
40, 56. 57.
Valeria. XV, 19.
Varna. XIV, 592.
Varduli, peuple. XV, 29.
Varia. XV, 10.
Vascones, peuple. XV, 60.
Veleia. XV, 21.
Vesontio. XV, 23.
Vettones, peuple. XIV, 394, 395;
XV, 8, 30, 39, 40, 55, 57.
Vim'ma, rivière. XIV, 378, 379.
Viminacium, (/d5 Vaccaei. XIV, 378,
379; XV, 34.
Viminaus. KoiV Viminavus.
\'iminavus. XIV, 379.
Vindeleia. XV, 11,12.
Vindelici, peuple. XV, 12.
Virovesca. XV, 12.
Visontium. XV, 23.
Vivatia. XV, 41, 43, 44.
Zama. XIV, 368, 370.
Zoela. XV, 37, 38.
DEUXIEME PARTIE
NOMS DE LIEU MODERNES.
Afrique. XIV, 362.
Agreda. XV, 23.
Alava (province d'). XIV, 373; XV,
II, 12, 14.
Albacete (province d'). XV, 41, 44.
Albarracin. XV, 18, 19.
Alcala-de-los-Casules. XIV, 390.
Alcantara. XIV, 394; XV, 12.
Aidea-del-Muro. XV, 23.
Alegria. XV, 1 1 .
Alemquer. XIV, 394, 395.
Revue Celtiijue, XV.
Alemtejo (province d'). XIV, 391,
392, 393-
Alfaro. XV, 60.
Algarve (province d'). XIV, 365,
392, 393-
Alhama, rivière. XV, 60.
Almaden. XV, 41 .
Almeida. XIV, 395.
Alpes, montagnes. XIV, 366.
Ampurias. XIV, 386.
Andalousie. XIV, 364, 370, 382,
i66
H. d'Arbois de Jubainville.
385, 584, 388, 589, 390, 391 ;
XV, 6, 7, 41, 43. 44. 49-
Andujar. XV, 49.
Anglesey (îled'). XV, 28.
Aragon (province d'). XIV, 367, 382;
XV, 5, 14, 17: '8, 57. ^9-
Aranda. XV, 33, 34.
Arandilla, ruisseau. XV, 25.
Arcos-de-Medina-Celi. XV, 17.
Argeiitré, Mayenne. XV, 2.
Arlanza, rivière. XV, 26.
Arlanz.on, rivière. XV, 26.
Arles, Bouches-du-Rhône. XIV, 362.
Aroche. XIV, 387, 588, 391.
Arras, Pas-de-Calais. XV, 4.
Astorga. XIV, 388; XV, 34, 3 5>
37, 38, S6.
Asturies (royaume des). XIV, 382 ;
XV, 37, 56.
Badajoz (province de). XIV, 387,
389, 392; XV, 40, 41.
Baeza. XV, 41, 43, 44.
Barcelonnette, Hautes-Alpes. XV,
2 I .
Bavière (royaume de). XIV, 377,
378; XV, 12.
Baylen. XV, ^0, 52.
Bayona. XV, 5.
Beaudun, Basses-Alpes. XIV, 386
Beauvais, Oise. XV, 20.
Beira-Alta (province de). XV, i.
Beja. XIV, 392.
Belgrade. XIV, 379.
Benaveiite. XV, 36.
Besalù. XIV, 385, 386 ; XV, 9.
Besançon, Doubs. XV, 23.
Betanzos. XV, 5.
Bezaudun, Var. XIV, 385, 386.
Bilbao. XV, 11.
Biscaye (golfe de). XIV, 379 ; XV,
10, II.
Bonn, Prusse rhénane. XV, 37.
Bou'.ogne-sur-Mer, Pas-de-Calais.
XV, 9.
Braga. XV, 2, 56.
Bragance. XIV, 388; X\^, 1, 2
Bregenz, Autriche. XV, 3.
Bresles, fleuve. XIV, 379.
Brème, Allemagne. XIV, 379.
Briançon, Hautes-Alpes. XV, 5.
Bribiesca. XV, 1 2.
Burgos. XV, 13, 1^, 24, 26, 33.
Burgos (province de). XV, 7, 8, 12,
"3. 24, 25, 35-
Cabeza-del-Griego. XV, 18, 19.
Caceres. XIV, 388; XV, 24.
Caceres (prov. de). XIV, 3.94; XV,
<3, '7-
Cadi.Y. XIV, 359, 383, 385, 390;
XV,5, 29, SI, 53, 55.
Cadi.x (province de). XIV, 384; XV,
7-
Cadona. XIV, 364.
Cala. XV, 2.
Calahorra. XV, 57.
Calataayud. XV, i 5.
Capilla, XV, 40, 41 , 42.
Carnarvon, pays de Galles. XV, 28.
Carrion, rivière. XV, 34.
Carrion-de-los-Condes. XIV, 378 ;•
XV, 34.
Cartama. XIV, 383, 384, 389; XV,
44-
Castello-de-Calabre. XV, i .
Castellon-de-la-Plana (province de).
XIV, 383 ; XV, 6, 19.
Castille (Nouvelle). XIV, 367, 382,
395; XV, 6, 14, 17, 18, 29, 24,
4'. 49-
Castille (Vieille). XIV, 367, 382;
XV, 7, 8, 10, 12, 13, 14, 17, 18,
23, 24, 27, 30, 33, 56, 57.
Castro-de-Avellans. XV, 37.
Catalogne. XIV, 383, 385 ; XV, 9.
Cauca. XV, 34.
Cazlona. XV, 6, 41, 42, 43, 50, 52.
Cazorla. XV, 44.
Châlons, Mayenne. XV, 2.
Chartres, Eure-et-Loir. XV, 33.
Chelles, Seine-et-Marne. XV, 2.
Ciudad-Real (province de). XV, 41,
49.
Les Celtes en Espagne.
167
Coa, rivière. XV, i.
Constance (lac de). X\', 5.
Consuegra. XV, 18.
Corbiac, Dordogne, Gironde. XIV,
374-
Corbian, Lot-et-Garonne. XIV, ^74.
Corbie, Somme. XIV, 374.
Cordoue. XV, 7, JS-
Coruna (province de). Voir La Co-
rufia.
Coursegoules, Alpes-Maritimjs. XI\',
377-
Cuenca (province de), XV, 6, 14,
18, 19.
Danube, fleuve. X!V, 377, 579;
XV. 12.
Dte, fleuve. XIV, 580.
Dewi, fleuve. XIV, 579.
Douro, fleuve. Prononciation portu-
gaise de lespagnol Duero.
Duero, fleuve. XiV, 576, 378, 394 ;
XV, 1,8, 15, 22, 23. 24, 25, 26,
27. 29, 3'. 53, 34, 35. 36, 38,
39, 42, S5. 56.
Ehre, fleuve. XIV, 3^9, 367, 373;
XV, 5, 8,9, 10, II, 12, 14, 17,
18,23,39,48,49, 5S, ^7, 59,60.
Ecosse. XIV, 380.
El-Campo-de-Munda. XIV, 384.
El-Cubo-de-la-Pierra. X\^ 39.
Embrun, Hautes-Alpes XIV, 387.
Entre Douro et Minho (province d').
XV, 56.
Escale, Basses-Alpes. XIV, 386.
Esla, rivière. XV, 36, 56.
Espeluy. XV, 52.
Estramadure. XIV, 382, 386 387,
388, 391, 393. 394, 39S ; XV.
12, 17, 24, 40, 41, 55.
Eure, rivière. XV, 33. ,
Evora. XIV, 389.
Facialcazar. XIV, 390.
Ferrol. XV, 4.
Finistère (cap). XIV, 365, 38 X\',
3, 4-
Frades-de-la-Sierra. XV, 0
France. XV, 33.
F'rancfort-sur-le-Main, Allemagne.
XIV, 378.
Fregenal-de-la-Sierra. XIV, 387.
Fréjus (comté de). XIV, 386.
Fuenllana. XV, 44.
Fuente-de-Cantos. XIV, 391.
Galice (royaume de). XIV, 365, 382;
XV, 2, 3, 4, s6.
Galles (pays de). XV, 28.
Garonne, //«uvd. XIV, 3S7.
Gerone (diocèse de). XIV, 385.
Gerone (province de). XIV, 383,
385; XV, 9.
Gibraltar. XIV, 383, 386; XV, 28.
Granatula. XV, 41 , 42.
Guadalajara (province de). XV, 14,
17, 24.
Guadalaviar, fleuve. XV, 14, 18.
Guadalete, /;£uv£. XIV, 384.
Guadalquivir, y?«uv£. XIV, 358, 389,
391, 392 ; XV, 6, 7, 41, 43, 44,
48, 49, S2, 5S-
Guadiana, fleuve. XIV, 376, 382,
386, 387, 388, 389, 391, 392;
XV, 3, 6, 14, 17, 18, 19,41,42,
48, SS-
Guipuzcoa (province de). XV, 10.
Henares rivière. XV, 27.
Henestrosas. XV, 1 3.
Hesse grand duché de). XIV, 378.
Hita. XV, 17.
Huelva (prov. de). XIV, 387, 388.
Huermeces. XV, 1 3.
Huesca (province de). XV, 57.
Iniesta. XV, 19.
Inn, rivière. XIV, 377.
Jaen (province de). XIV, 564, 370;
XV, 6, 41, 43, 4.;, 52.
Jalon, rivière. XV, 14, 17.
Jarama, rivière. XV, 27, 28.
Jeres-de-la-Frontera. XIV, 390.
Jucar, y/£uv£. XV, 6, 14,19,41,44.
Kostolaz, Servie. XIV, 379.
La-Almunia-de-Dona-Godina. XV,
'5-
i68
H. d'Arbois de Jubainville.
La-Coruna. XV,4- 5-
La-Coruna (province de). XIV, 365 ;
XV, 4, 5-
Lagcs XIV, 393-
La-Guardia. XV, 49.
Lamas-de-Moledo. XV, 1.
La-Mesa-de-Asta. XIV, 590.
La-Rua-de-Valle-Orres. XV, 2.
La-Solana. XV, 41, 43.
Ledesma. XV, 40.
Le Mans, Sarthe. XV, 2.
Léon. XV, 56.
Léon (royaume de). XIV, 567, 376,
378, 382, 395 ; XV, 8, 24, 26,
30, 51, 33, 54, 37- ^ ^,^^
Léon (province de). XIV, 388; XV,
37-
Lezuza. XV, 41, 44.
Lisbonne. XIV, 393, 394; ^V, 40.
Loarte. XV, 57.
Logrono. XV, 10, 18.
Logrono (province de). XV, 57, 60.
Loire, fleuve. XIV, 357.
Luque. XV, 7.
Madrid. XIV, 357; XV, 6, 18, 38,
Magallon. XV, 59.
Main, rivière. XIV, 378.
Malaga. XIV, 386, 389 ; XV, 44-
Maiaga (province de). XIV, 383,
385, 389, 390; XV, 7.
Manzanares, rivière. XV, 28.
Marando-do-Douro. XV, 38.
Martigny-en-Valais, Suisse. XV, 9.
Mayence, Allemagne. XIV, ^78.
Medellin. XIV, 389.
Méditerranée, XIV, 359, 383, 385;
XV, 8, 9, 10, 18, 19,41,48, SI,
Merida. XIV, 389 ; XV, 15,27, 28,
34, 38, 39, 40, 41, SS-
Wmho, fleuve. XV, 1, 2, 3.
Miranda-de-Ebro. XV, 12.
MIava, rivière. XIV, 379.
Monasterio. XIV, 391.
Monesterio. Voir Monasterio.
Monda. XIV, 385.
Mont-Alegre. XV, 2.
Moura. XIV, 391.
Mundeo, fleuve. XV, 5.
Murcie, XV, 41.
Murcie (royaumede). XIV, 370, 382.
Murviedro. XIV, 382, 383.
Nanterre, Seine. XV, 2.
Nassau (duché dé). XIV, 378.
Navarre (royaume de). XV, 10.
Nerwlon, fleuve. XV, 11.
Niederbronn, Alsace. XIV, 387.
Noya. XV, 4.
Nuestra-Senora-de-Oreto. XV, 42.
Océan Atlantique. XIV, 357, 359,
366, 383, 385, 392, 393, 395 ;
XV, 3, 4, 5, 10, 11, 14, 19, 40,
44, 48, S'. 55-
Odra, r.viere. XV, 33.
Orange, Vaucluse. XV, 37.
Osma, province d'Alava. XV, 12,24,
Osma, province de Soria. XX, 1 2, 24.
Osorno, XV, 34.
Orense (province d'). XV, 2.
Ourique. XIV, 393.
Oviedo. XV, 56.
Oviedo (province d'). XV, 56.
Palencia. XV, 31, 33,34.
Palencia (province de). XIV, 378;
XV, 24,26, 33, 34.
Pancorvo. XV, 12.
Paris. XIV, 357; XV, 22.
Pedrosas. XIV, 394.
Pisuerga, rivière. XV, 33, 34, 3 5-
Plaisance, Italie. XV, 4^.
Pontevedra (province de). XV, 5.
Portugal (royaume de). XIV, 381,
382, 388, 389, 391, 392, 393,
XV, I, 2, 8, 37,40, 55, 56.
Puebla-de-Tribes. XV, 2.
Puente-de-Navea. XV, 2.
Puerto-de-Vega. XIV, 385.
Pyrénées, montagnes. XIV, 551,
357, 358, 363, 383. 384, 38s;
XV, 26, ss-
Reinosa, XV, 13, 14.
Les Celtes en Espagne.
169
Rhin, fleuve. XIV, 577, 579.
Roa. XV, 33.
Ronda (province de Malaga). XIV,
589, 390.
Ronda-la-Vieja. XIV. 390.
Rosas XiV, 385, 586.
Rueda. XV, 29.
Sado, fleuve. XIV, 393.
Saelices. XV. 18.
Saint-Jacques-de-Compostelle. XV,
56.
Saint-Victor de Marseille. XIV, 385.
Saint-Vincent (cap). XIV, 365, 395.
Salamanque. XIV, 375; XV, 8, 30,
33, 38, 39, 40, 45.
Salamanque (province de). XV, 33,
59-
Saldana. XV, 34.
Salvatierra-de-los-Barros.XIV, 392.
San-Jago-da-Cacem. XV, 40.
Santandar (province de). XV, 13,
14, s6.
Santarem. XIV. 388.
Sâo-Thiago-de-Cacem. XIV, 393.
Sar, riv.ère. XV, 3 .
Saragosse. XV, 5, 8, 9, 1^, 18, 19,
26, 27, 28, 20, 34, 35, 38, 39,
40, 42,44, 59.
Saragosse (province de). XV, 5, 14,
Sasamon. XV, 13, 14.
Segorbe. XIV, 383 ; XV, 6, 19.
Segovia. XV, 35.
Segovia (province de). XV, 24, 53,
34-
Seine, fleuve. XIV, 357 ; XV, 53.
Servie (royaume de). XIV, 379.
Setenil-de-las-Bodegas. XIV, 390.
Setubal. XIV, 393.
Séville. XIV, 387; XV, ss-
Séville (province de). XIV, 390.
Siguenza. XV, 27, 29.
Sil, rivière. XV, 2.
Simancas. XV, 35.
Sinapo. XV, 42.
Soissons, Aisne. XV, 11.
Soria (province de). XV, 14, 17, 23,
24.
Souza. XIV', 395.
Tage, fleuve. XIV, 367, 387, 388,
592, 394, 395 ; XV, i, 6, 12,
14, 16, 17, 18, 24, 27, 28, 42,
5S-
Talavera-de-la-Reina. XIV, 395.
Talavera-la-Vieja. XIV, 394.
Ta^mbre. fleuve. XV, 3, 4.
Tarragona. XV, 9, 14, 35, 36.
Teruel (province de). XV, 14, 18.
Tirol. XIV, 377.
Toia. XV, 41, 44.
Tolède. XV, 18, 30, 56, S7, 58.
Tolède (province de). XIV. 395 ;
XV. 6, 14, 18.
Tordesillas. XV, } s-
Tormes, rivière. XV, 39, 40.
Toro. XV, 30, 48, 4^.
Torre-de-Alhaquine. XIV, 384, 585,
389.
Torrecilla-de-Aldeatejada. XIV, 395.
Toul, Meurthe-et-Moselle. XV, 21.
Traz-os-Montes (province de). XV,
2, 38.
Trebujena. XI\^, 390.
Trijueque. XV, 17.
Troyes, Aube. XIV, 393.
Ubeda. XV, 41, 44.
Ucles. XV, 18.
m\a, fleuve. XV, 3.
Utrera. XIV, 390.
Vaison, Vaucluse. XV, 37.
Valderaduey, nVière. XV, 36.
Valence. XV, 18.
Valence iroyaume de). XIV, 382,
583; XV, 6, 19.
Valera-de-Abajo. XV, 19.
Valladolid. XIV, 378; XV, 50, 31,
33, 3S-
Valladolid (province de). XV, 33,
3S, 39-
Vertault, Côte-d'Or. XIV, 387.
Viana. XV, 10.
Villalpando. XIV, 367; XV, 36.
170
H. d'Arbois de Jubainville.
Villamejia. XV, 17.
Villanueva-de-la-Fuente. XV,
45. 49-
Villar-del-Pedroso. XIV, 594.
Villareal (district de). XV, 2.
Vimeu (pays de). XIV, 579.
Vismes, rivière. XIV, 379.
Vitoria. XIV, 373; XV, 11.
Vizeu. XV, I .
Weser, fleuve. XIV, 379.
41, Wûmme, rivière. XIV, 379.
Wurtemberg (royaume de). XV, 12.
Xérès. XIV, 362.
Zafra. XIV, 389.
Zamora. XV, 30, 33, 36, 58, 39.
Zamora (province de). XIV, 367,
395; XV, 8, 30, 33, 35, 39.
TROISIÈME PARTIE
NOMS DE PERSONNES.
Abienus. XV, 38.
Acilius. XV, 48.
Adaegina. XIV, 389.
M. Aemilius Lepidus. XV, 51, 32,
Afranius Burrus. XV, 37.
Agrippine. XIV, 391.
Allucius. XV, 50.
Ambo. XV, 19.
Amma. XV, 38.
L. Annius Placidus. XIV, 395.
Q. Antonius Severus Vamensis.
XIV, 392.
Antubelus. XV, 12.
Appien. XIV, 363, 567, 369, 370,
376, 392, 398; XV, 7, 10, is,
20, 22, 29, 31, 32, 34, 35, 36,
5", H' S6, S9-
Apollon. XIV, 388.
Arausa. XV, 37.
Arco. XV, 17.
Arcos. XV, 17.
Arrius. XV, 18.
Artémidore. XIV, 364.
Ataccina. XIV, 588.
C. Atinius. XIV, 390.
Auguste. XIV, 361 ; XV, 13, 14,
36, 40, 56.
Aviénus. XIV, 358.
Barca. XV, 46,
Boutius. XIV
> y
1;XV,
Blecaenos. XV, 37.
Bodecius. XV, 57.
Boduus. XV, 37.
Baebia Crinita. XIV, 388.
Bricriu. XIV, 37s.
Brigite (sainte). XV, 2.
Brutus. XIV, 395.
Burralos. XV, 37.
Q. Caecilius Metellus Macedonicus.
XV, 18.
Q.CaeciliusMetellusNepos. XV, 26.
Q_. Caecilius Metellus Plus. XV, 10,
n, 27.
L. Calpurnius Piso Frugi. XV, 48,
Cambyse. XIV, 3^8.
Carmenion. XV, 16.
Caros. XV, 10, 19.
L. Cassius Vegetus Celticotlaviensis.
XIV, 39S.
Celer. XV, u-
Cerdubelus. XIV, 370; XV, 12,43,
Sh
P. Charisius. XV, 36.
M. Claudius Marcellus. XIV, 377,
578.
M. Claudius Marcellus. XV, 15, 25.
G. Claudius Nero. XV, 48.
Clodius. XIV, 388.
Cloutus.XIV, 388; XV, 37.
Clutamus. XV, 37.
Les Celtes en Espagne.
171
Cobnertus. XIV, 387.
Corbagnos. XIV, 374.
Corbis. XIV, 371, 572, 373, 374.
Corbius. XIV, 374.
Corbmacc. XIV, 374.
Corbos. XIV, 575, 374.
Cormac. XIV, 574.
Cn. Cornélius Scipio Calvus. XIV,
377, 584; XV, 46, 47, 48, 49,
5', S2.
P. Cornélius Scipio. XV, 11, 46,
47, 48, 49, 52.
P. Cornélius Scipio Africanus Major.
XIV, 368, 370, 371, 372, 374;
XV, 11,43, 49, So, SI, 5^, y>-_
P. Cornélius Scipio Aemilianus Afri-
canus Minor. XIV, 369, 370; XV,
19, 20, 21, 25, 31, 32, 34, 35.
Cyrus XIV, 358.
Deos. Voir Devos.
De-vit XV, 30, 31.
Devos. XV, I 2.
Desjardins. XV. 9.
T. Didius. XIV, 564; XV, 6.
Diodore de Sicile. XIV, 361, 562,
.363, 367, 374. 37<^-
Dion Cassius. XV, 5.
Docius XV, 37.
Domitia Attia. XIV, 395.
Domitien. XIV, 372.
Domitius XV, 27.
Dupont. XV, 50.
Elaesus. XV, 37.
Enigenus. XIV, 377.
Ephore. XIV, 3 59, 360.
Eratosthènes. XIV, 3^9, 360.
Etienne de Byzance. XIV, 364.
Eutrope. XV, 28.
Excengolatis. XIV, 362.
Fabia FabianaEsttledunensis. XV, 7.
Fabius Fictor. XIV, 365, 382.
FlaviaRufina Augustobrigensis. XIV,
394-
Florus. XIV, 368; XV, 3, 13, 15,
28, 36.
Frédégaire. XIV, 374.
Q. Fulvius Flaccus. XIV, 376; XV,
18, 58, 59.
Q. Fulvius Nobilior. XV, 10, 19,
30,61.
Galba. XV, 9, 26.
Gesorius. XV, 9.
Gisgon. XV, 51.
B. Guérard. XIV, 385.
HamilcarBarca.XIV, 359, 361, 382;
XV, 48,49, 53.
Hannon. XV, 54.
Hannibal. XIV, 364, 365, 368, 374,
382; XV, 29, 31, 39, 43,45,46,
47, 48, 50, SI.
Hasdrubal. XIV, 359, 362, 363,
364, 382;XV, 7, 11,48,51,52.
M. Helvius. XV, 57.
Hermès. XIV, 376,
Hérodote. XIV, 358, 360, 382, 386,
392^.393-
Hirtuleius XV, 27.
C. Hostilius Mancinus. XV, 25,31.
Hùbner. XIV, 383; XV, 17.
Istolatios. XIV, 361, 362. 372.
Jules César. XIV, 361, 366, 384;
XV, 4, 5, 8, 9, 21, 25, 26, 27,
28, 60.
L. Julius Capito. XV. 40.
C. Julius Reburrus XV, 14.
D. Junius Brutus. XV, 3, 56.
Junius Silanus. XV, 5 1 .
Jupiter. XIV, 394.
C. Justeius XV, 32.
Justin XIV, 358.
Karaunios. XV, 2 i .
Leucimara. XV, 21 .'
Leuco. XV, 19, 21.
Leuconius. XV, 21.
Licinianus. XV, 16.
L Licinius Lucullus. XIV, 367 ; XV,
7, 30, 31, 34, 36.
Livius. Voir Tite-Live.
Longnon XIV, 379.
Lugaid. XIV, 376.
Lugoves XIV, 376; XV, 27.
Luguadiccus. XIV, 376; XV, 27.
172
H. d' Artois de Jabainville.
Lugus. XIV, 376.
Macer. XV, 16.
Magilo. XIV, 388; XV, 37.
T. Magilius. XV, 24.
Magon XV, 11, 55.
Maître (Léon). XV, 2.
L. Manlius.XV, 27.
L Manlius Acidinus. XV, 57.
P. Manlius. XV, 28.
T. Manlius Torquatus. XIV, 368.
L. Marcius. XV, 47, 53, H-
M. Marius. XV. 22.
Martial. Voir Valerius.
Mercure XIV, 379.
Mercurius. XIV, 379.
Moenicaptus. XIV, 365, 378; XV, 47.
Mommsen. XV. 28, 33.
Muller. XIV, 380, 392.
Napoléon I^r. XV, 20.
Nemetos. XV, 2.
Néron. XIV, 391 ; XV, 4, 26.
Nertomarus. XIV, 387-
Nertovalus. XIV, 384.
Orelli. XV, 37.
Orose. XV, 4, 5, 28.
Orsua. XIV, 371, 372, 373, 374.
Ovelux. XV, 45.
Pardessus. XV, 2.
Paul-Emile. XIV, 368.
Pentilius. XV, 38.
Pentilus. Voir Pentilius.
Persée. XIV, 368.
Peter (Hermann). XV, 32.
Pline le Naturaliste XIV, 370, 376,
380, 381, 384, 586, 387, 389,
390, 391, 592, 395i 395 ; XV, 4,
5,6, 7,8, 13, 17, 19, 20, 22, 23,
26, 27, 28, 29, 31, 34, 35, 39,
40, 42, 43, 44, 51-
Plutarque.XIV, 364; XV, 6, 33,59.
Polybe. XIV, 359, 363, 36^ 368,
369, 375, 382; XV, 7, 13, 15,
22, 30, 36, 38, 39, 43, p, H-
5S> 59. 60.
Pompée. XIV, 384; XV, 8, 26, 29,
32-
Q^ Pompeius Aulus. XV, 25.
Pomponius Mêla. XIV, 380, 390;
XV, 5, 5. 54-
M. Porcius Cato. XV, 11, 28, 59.
Poseidonios d'Apamée. XIV, 371,
374; XV, 59. _
L. Postumius Albinus. XIV, 384.
Prasutagus. XV, 4.
Proserpine. XIV, 389.
Ptolémée. XIV, 364,373, 378, 379,
380, 381, 382, 38s, 389, 391,
392. 394, 395; XV, I, 2, 4, s,
6, 7, 8, 9, 10, 13, 14, 17, 18,
19, 23, 24, 27, 28, 29, 33, 34,
' 35' 36, 37, 38, 39, 41, 42, 43^
44, 52, 55- 56-
Ptolémée Evergète. XIV, 359.
Quintilius. XV, 38.
L. Quintus Crispinus. XV, 57.
Rectugenos. XV, 22, 24.
Renogenos. XIV, 377.
Renus. XIV, 379.
Retogenus. Voir Rectugenos.
Rhetogenos. XV, 21, 22.
Rodéric. XIV, 362.
P. Rutilius Rufus. XV, 32.
Samalus. XIV, 388.
Scipion. Voir Cornélius.
Secundus. XIV, 377.
Segovax. XV, 27.
Sempronia. XV, 60.
Ti Sempronius Gracchus. XIV, 584,
387; XV, 18, 20, 59, 60.
Sempronius Perpetuus Orniacus. XV,
57,38-
Septime Sévère. XIV, 391.
Sertorius.XIV, 364; XV, 6, 10, 1 5,
22, 24, 26, 27, 29, 32, 35.
Silius Italicus. XIV, 572, 373.
Sperata. XIV, 389.
Stésichore. XIV, 357, 358.
Stokes (Whitley) XIV, 374.
Strabon. XIV, 359, 364, 365, 367,
580, 381, 390, 392; XV, 3, 4,6,
8, 10, 15, I 5, 16, 20, 23, 28,
35, 36, 42, 59-
Les Celtes en Espagne.
17?
Sulla. XV, 15. 27.
Tacite. XIV, 381.
Tarvacus. XIV, 378.
Tarvos. XIV, 579.
A. Terentius. XV, 1 1.
Thédenat. XIV, 387.
Théodose le Grand. XV, 34.
Théodule. XIV, 578.
Thierry II. XIV, 374.
Thurrius. XV, 18
Tibère. XIV, 372 ; XV, 6, 8.
Tite-Live. XIV, 564, 365, 368, 370,
372, 373> 384, 388, 390; XV,
10, 22, 28, 30, 32, 38, 39, 45,
48, 49, SI, S2. 58.
Turaius. XIV, :!88; XV, 37.
Tureos. XIV, 388.
Turc. XIV, 588.
Turcs. XIV, 388.
Turrio. XIV, 388.
Turros. XIV, 388.
Turrus. XIV, 388.
Vaière Maxime. XIV, 372; XV, 15.
Vaierius Anno. XV, 27.
Valerius Antias. XV, 48.
M. Valerius Corvinus. XIV, 368.
L. Valerius Martialis. XV, 15, 16.
Vamba. XIV, 383.
Varron. XIV, 358, 360.
Velleius Paterculus. XIV, 369.
Vespasien XV, 1 1 .
Viminacius. XIV, 379.
Viminacus XIV, 378.
Virdumaros. XIV, 377.
Virgile. XiV, 366.
Viriathe. XV, 25.
Vismarus. XIV, 365; XV, 47.
Zeuss. XIV, 387.
Zonaras. XV, 59.
NENNIUS RETRACTATUS
Dans le précédent fascicule de cette Revue, p, 126-129,
M. d'Arbois de Jubainville a présenté au public le nouveau
livre de M. Zimmer, Nennius vindicatus. Son compte rendu
débute par une analyse de l'ouvrage, dont les principales con-
clusions sont indiquées. M. d'Arbois expose ensuite quelques
observations sur la façon dont M. Zimmer procède dans ses
citations de textes .celtiques. Quant au système de l'auteur sur
les diverses recensions, les dates et les sources de VHistoria
Briîonum, il s'abstient de le discuter.
J'avais déjà idée que plusieurs des thèses du savant celtiste
de Greifswald laissaient prise à l'objection, lorsque M. Mommsen
a publié dans le dernier numéro du Nciies Arcbiv^ d'intéressants
renseignements sur un manuscrit de VHistoria Britonum con-
servé à la bibliothèque de Chartres. M. d'Arbois et moi, nous
avons pensé qu'il serait utile de publier ce texte et de l'accom-
pagner de quelques observations sur la genèse du livre auquel
M. Zimmer a rattaché, avec raison, en somme, le nom de
Nennius.
I. — L'Historia Britonum du manuscrit de Chartres.
Voici donc ce texte, reproduit tel qu'il est dans le manuscrit
de Chartres. Je l'ai transcrit sans y changer autre chose que
les fautes qui le rendraient absolument inintelligibles ; encore
I. Tome XIX, p. 285 et suiv.
Nennius reîractatus. 175
ne me suis-je pas aventure à restituer certains passages altérés,
dont la teneur primitive ne se reconnaît pas du premier coup.
Quand il ne s'agit que de lettres omises, je les rétablis entre
crochets; pour les autres changements, la leçon du manuscrit
est indiquée en note. Les feuillets où se trouve VHistoria Bri-
tonuin n'ont rien à voir avec le principal contenu du manus-
crit ; ce sont des feuillets de garde, ajoutés au commencement
et à la fin; l'écriture y est du x* siècle. Dans la reproduction
on a inséré entre crochets les numéros de l'édition Stevenson
(San-Marte).
INCIPIUNT • EXBERTA • FIIURBAOEN DE LIBRO SQ GERMANI •
INUENTA ET ORIGINE • ET GENELOGIA BRITONÛ • DE .ETATI-
BUS MUNDI.
[4] A principio mundi usque ad diluuium anni II.CCXLII ; a diluuio us-
que ad Abraham anni 1 DCCCCXLII ; ab Abraham usque ad Moysen anni'
D.CXLII - ; a Moysen usque ad Dauid D ; a Dauid usque ad Nabochodo-
nosor D.CXLUIIII ?. [6] Prima etas mundi ab Adam us[que] ad Noe, II»
a Noe ad Abraham, III' usque ad Dauid, IIIL^ a Dauid us[que] ad Danîe-
1cm, U'^ a Danielem ad lohanne, UI-' a lohanne usque ad iudicium, in qua
dominus noster Ihesus Christus ueniet iudicare uiuos ac mortuos et seculum
per ignem.
DE aUADAM PERrriA A BRITANIA" INSULE.
[7] Britannia insula a quodam Bruto consule romano dicta. Haec con-
surgit ab4 africo borcali occidentem uersus. Dcccctorum in iongo, miiium
cctorum in latitudine spacium habet. In ca sunt xxuiii ciuitates et innume-
rabiha promuntoria cum innumeris castellis ex lapidibus et latere fabri-
catisS. In ea habitant IlIIof gentes Scothi, Picti, Saxones, Britones. [8] III in-
solas habet, quarum una uergit contra 6 Armoricas gentes et uocatur insula
Gueith, II» consita in umbilico maris inter Hiberniam et Britanniam et uo-
catur nomen eius Euonia, contra Maunu, llh sita est in extremo limite or-
bis Britanniae ultra Pictus et uocatur Orca ; sicut in prouerbiis antiquorum
1. annis cod.; peut-être est-ce un résidu de antii sutit.
2. Le groupe cxl est écrit cxù (exher), mais le b est très ouvert.
3 . Ici encore le c a la forme d'un e.
4. ab injrancoliorc ali.
5 . fabricati stiiit.
6. contra est représenté ici et plus bas par le signe 3-C.
lyô i- Duchesrie.
dicitur : Regnauit Britannia cura tribus insulis. [9] Sunt in ea multa flu-
mina quae confluunt per omnes partes, id est ' ad orientem, ad occidentem,
ad aquilonem, ad meridiem. Set tamen duo sunt flumina 2 praeclariora ce-
t[er]is fluminibus aliis, Tamensis et Sabrine, quasi duo brachia Britanniae,
per quem olim rates uehebantur ad portandas divicias causa negociorum-
Britones olisti impleuerunt Britanniam a mari usque ad mare.
DE GENELOGIA BRITONU.
[11] De 3 origine Britonum. De Romanis et Grecis trahunt ethimologiam,
id est de matre Labina filia Latini régis Italie et pâtre Siluianiaî filii Ena-
chi, filii Dardani, filii Dardanus, filii Saturni. Rex Gothorum perrexit ad
partem Asice et Trous filius Dardani edificauit urbem Troie. Trous pater
Priami et Anchise, Anchises pater Aenee4, Aeneas pater Astani et Silluii.
Silluius filius Eneie et Labine filiœ Latini régis Italiae. Et de stripe Silluii
filii Eneae ex Labina orti sunt Renius et Romulus et Brutus, très filii regine
sanctimonialis pro////m! Reae, qui fecerunt Romam. Brutus consul
fuit in Roma epiromanus quando expugnauit Hispaniam ac detraxit in ser-
uit[u]tem Rome, et postea tenuit Britanniam insulam quam habitant Bri-
tones filius illi olli Siluio Posthumo. Ideo dicitur Posthumus qui[a] post
mortem Eneae patris eius natus est, et fuit mater eius Labina super clan-
distina quando fuit praegnans. Et ideo Siluius dictus est quia in silua natus
est, et ideo Siluei dicti sunt reges Romani et Britones quia de eo nati sunt.
Set a Bruto Britones et de stripe Bruti surrexerunt.
[0] Casabellaunus S rex Britannicus et ipse fuit in obuiam Gaii lulii Ce-
saris régis Rome qui missus ab imperatore Latino ad expugnandam Bri-
tanniae insulam. Et fregit bellum ante Cassabellaunum duobus uicibus su-
per Gaium Cesarem ; et in tercio bello occisus est a Cesare misso ab impe-
ratore. Haec sunt nomina imperatorum qui in Britania uenerunt : Iulius
imperator primus in Britaniam uenit per Renum et Germaniam usque Tam-
mensis bellum. Primus postea Claudias imperator qui usque ad Orcam et
Eunoniam et inde Romam exiit. Tertius imperator Reuersus^, cum quo ua-
lidus murus factus est. Quartus Curatius tircnus7. Quintus Constantinus
Constantini magni pater 8 uir tranquillisimus ; ille Constantinus in Britannia
1 . id est est représenté par un K.
2. fluminia.
5. Ce morceau correspond, pour le fond, au c. 10 de Stevenson; en
réalité, il ne se trouve ni dans le ms. Harléien ni dans celui de Cambridge;
il figure dans celui du Vatican, où il est combiné avec le texte des autres
manuscrits.
4. Aliénée ou Anence.
5 . Ce développement sur les empereurs est tout difierent de celui des
autres mss., c. 2ofin-29; mais il correspond, en somme, à ces chapitres.
6. Pour Seuertis.
7. Il s'agit du « tyran « Carausius.
8. pat. I. iiir etc.
Nennius retractatus. 1 77
morte obiit ; qui Constantinum fîlium ex concubina Helena creatum impe-
ratoreni Galliarum ' reliquit ; qui in Britannia obiit. Sextus Maximus impe-
rator in Britania ordinatur inuitus, cum quo Martinus sepc locutus est. Sep-
timus Gracianus Valentiniani fîlius qui in Romam a Bretannia exiit et ibi
a Maxime ocisus est; cuiussanguinemuindicauit Eu/////////ius2 de Maxinio
et postea Eugenium occidit pro Valentiniano Graciano frater. Et in tem-
pore Guorthigirni régis Britanie Saxones peruenerunt in Britanniam, id
est; in anno incarnacionis Chrisii, sicut Libine4 abasiae inripum ciuitate
inuenit vel reperit, ab incarnacione Domini anni D. usque a kl. ian. in
XII luna ut a[ijunt alii trecentis5 annis a quo tenuerunt Saxones Britan-
niam usque ad annum supradictum.
[18] Britones a Bruto. Brutus fîlius fuit Hisscionis ; Hiscion filius Ala-
niae ; Alanus filius Reae Silue ; Rea Siluea filia Numere Pampilii ; Numera
filius é Ascani ; Ascanus filius 7 Eneae filii Anchise, filii Troi, filii Dardani,
filii Sre, filii Riuam, filii lafeth. lafeth uero VII filios genuit : primus Go-
mer a quo Galli, secundus Magog a quo Scithi et Gothi, tertius Madai a
quo Medi, quartus luuan a quo Greci, quintus Tubal a quo Hiberei et His-
pani et Itali, sextus Mosoch a quo Capadoces, septimus Tiras a quo Traces,
lafeth filius Noe, filii Lameth, filii Mathusalem, filii Enoc, filii lareth, filii
Malalehel, filii Cainan, filii Enos, filii Seth, filii Adam, filii Dei uiui altis-
simi.
[11] Quando 8 regnabat Brito in Britannia Heli sacerdos iudicabat in
Hisrael, et tune archa testamenti possidebatur ab alienigenis 9 ; Postumus
frater eius regnabat aput Latinos '°.
[17j Très filii Noe diuiserunt orbem terre in très partes post diluuium:
Sera in Asia, Cham in Africa, lafeth in Europha. Ad Europham de génère
lafeth Alanus cum tribus filiis suis quorum nomina sunt Hission, Arme-
non, Neugo. Hission habuit quatuor filios: Francus, Romanus, Almannus,
Brito. Armennon autem V filios habuit: Gothus, Ualagothus, Cebustus,
Burgundus, Longobardus ; Neugo habuit ■ ' III filios : Uandalis. Saxo, Bo-
garus. Ab Hisscione autem quatuor gentes orte sunt, Franci, Latini, Al-
manni, Britones ; ab Arme[nOjne- autem Gothi Ualagothi, Cebidi, Bur-
gundi et Longobardi ; a Nego autem Bogari, Uandali, Saxones et Turingi.
1 . Gillianiin.
2. Je crois distinguer Euugeniits
3. id est est représenté ici, comme ci-dessus, par un K.
4. Il faut, je crois, restituer: sicut Libine abbas de Inripum ciiiitale.il
s'agit ici de la célèbre abbaye de Ripon, diocèse d'York.
5. alii .intis. CGC. annis.
6. filii
7. Jilii
8. Avant ce passage, le c. 11 offre une chronologie des premiers rois
d'Albe.
9. aligenis ; mais le copiste a ajouté gcni au-dessus dcgenis.
10. lannos.
1 1 . habetit
lyS L- Duchés ne.
Iste autem gentes subdivise s[unt] per totam Europam. Alanius autem filius
fuit Ethebir, filius Egomuin, filius Semoin, filius Mair, filius Ethath, filius
Ethieth, filius Ooth, filius Tibir, filius Ra, filius Isra, filius Tau, filius
Brath, filius lobath, fili[us] Rabuan, filii lafeth, filius Noe, filius Lameth,
filii Mathusalem, filii Enoc, filii lareth, filii Malehel, filii Cainan, filii Enos,
filii Seth, filii Adam, fili[i] Dei.
[19] Romani autem cum accepissent dominium tocius mundi, ad Brita-
nos miserunt legatos ut obsides et censum acciperent, sicut acciperent ab
uniuersis regionibus et insulis. Britones autem cum essent ' tyrranni et tu-
midi, legacionem Romanorum contempserunt. Tune Iulius César cum ac-
cepisset singulare inperium primus et obtinuisset, iratus est ualde et uenit
ad Britanniam cum LX ciulis et tenuit in occium Tamensis, in quo nau-
fi-agium perpessa[e] sunt naues illius dum ipse pugnabat apud Dolobellum »
qui erat proconsul régi Britannico qui et ipse Bellimus uocabatjurj, cuius
filius erat Minoamus qui occupauit omnes insulas terreni maris, et Iulius
reuersus est sine uictoria, cesis ? militibus, fractisque nauibus4. [20] Et ite-
rum post spacium trium annorum uenit cum magno exercitu trecentis ciulis
et peruenit usque ad ocidium Tamensis, et ibi inierunt bellum, et ibi ceci-
derunt milites multi de equis suis, quia supra dictus consul posuerat sudes
ferreos et semen bellicosum cethilou in uada fluminum S ; discrimen magnum
fuit militibus Romanorum haec ars inuisibilis, et discesserunt sine 6 in ista
uice. Gestum est bellum tercio iuxta locum qui dicitur [Tjrinouantum, et
accepit Iulius imperium Britanie XL et VII annis a natiuitatem Christi, ab
inicio mundi UCCXV. [30] Tribus uicibus occisi sunt duces Romanorum a
Britannis.
[31] Factum est autem post supra dictum bellum quod fuit inter Britones
et Romanus qua[n]do duces eorum occisi sunt, et post occisionem Maximi
tiranni, post XL annos fuerunt sub metu. Guorthigirnus regnauit in Bri-
tannia, et dum ipse regnabat urguebatur a metu Pictorum Scothorumque
et a Romanico impetu necnon et a timoré Ambrosii?. Uenerunt interea
III ciule a Gasanania in exilio expulse, in quibus erant Cors et Haecgens
qui et ipsi fratres erant, filii Guictils, filii Guicta, filii Gueta, filii Uuoden,
filii Frelab, filii Freuduls, filii Fran, filii Folcpald, filii Geuta, qui sunt, ut
aiunt, filius Dei, non Deus excercituum, set unus ex idolis quaeipsi colebant.
Guorthigernus suscepit eos bénigne et tradidit eis insulam quae uocatur in
lingua eorum Canet, britannico sermone Ruimh. Régnante Gra[tia]no se-
cundo cum Equicio Saxones a Guorthigerno suscepti sunt, anno CCCXLVII
post passionem Christi.
[32] In tempore illo uenit sanctus Germanus ad praedicandum in Bri-
1 . esceiit
2. La dernière voyelle est peu lisible ; ce peut être un a, un o ou un u.
3 . cessis mullihus
4. nianihiis
5 . jliiuiiiimi.
6. sil ; il manque ensuite un mot, comme Victoria.
7 . Atnbbrosii.
Nennius retractatus. 179
tannia et claruit apud illos multis uirtutibus et multi per eum salui facti
sunt et plurimi perierunt per ' aliquanta miracula quae per illunî fecit Domi-
nus scribenda decreui. Primum miraculum de miraculis cius.
Erat quidam ^ rex iniquus a[t]que tirrannos ualde cui nomeu erat Henli.
Ille uir sanctus uoluit uisitare et properare ad iniquum regem ut prae-
dicaret illi. Et ipse homo Dei uenit 5 ad portam urbis cum comitibus4 suis;
uenit portarius et salutauit eos, et miserunt ad regem. Et rex durum re[s]-
ponsum dédit eis et cum iuramento dii^it : « Si fueri^n]t uel si manserint
ad finem anni non uenient umquam in urbem istam ». Et dum ipsi exspec-
tarent ianuatorem ut nunciaret illis responsum tiranni, dies declinabat S ad
noctem et nox adpropinquabat et nescirent quo 6 declinarent, inter ea uenit
unus de familia régis de niedio urbis et inclinauit séante uirum Dei et nun-
ciauit illis omnia uerba régis tirranni et inuitauit illos ad cassam suam. Et
exierunt cum eo et bénigne suscepit eos. Et ille non habebat de omnibus
generibus iumcntorum excepta 7 una uaca cum uitulo ; et occidit uitulum
et coxit et dcposuit ante illos. Et praecepit sanctus Germanus ut non con-
fringeretur de ossibus eius, et sic factum est, et in crastino uitulus inuentus
est ante matrem suam sanus et uiuus incolomisque. [33] Iterum mane sur-
rexerunt ut inpetrarent salutacionem tiranni. At ipsi cum orarent expec-
tarent iuxta portam uel artis ciuitatis et unus uir ocurrebat 8 et sudor il-
lius a uertice capitis usque ad plantas pedum distillabat, et inclinauit se
ante illos. Et dixit sanctus Germanus : « Credis in sanctam Trinitatem? »
Et respondit ille : « Credo » ; et babtizauit eum et osculatus est et dixit illi :
« Vade in pace : in ista hora morieris et angeli Dei expectan[t] te in aéra ut
cum illis ad Deum exeas cui cre[dijdisti. » Et ipse letus intrauit in arcem et
praefectus 9 tenuit eum fami régis et alligauit ; et ante tirannum ductus et
interfectus est, quianocuerat nequissimo tirranno, nam qui'° antesolis ortum
non peruenisset ad seruitutem in arcem interficiebaturi '. Et manserunt tôt
die iuxta portam ciuitaiis et non inpeirauerunt salutacionem tiranni. i34] So-
lito ex more supra dictus uir adfuit, et dixit illi sanctus Germanus : « Caue
ne ullus homo manead de hominibus tuis in ista 12 nocte in arce. « Et ipsea
reuersus est in arcem et eduxit tîlios suos quorum numcrus erat UIIII,
et ipse ad supra dictuni hospicium cum ipso rcuersi s[unt]. Et praecepit
I.
Je crois qu'il faut ajouter ici ciuii
2.
qiiidca
3-
uenis
4-
comtnitaldtihiis
5-
decihiabat
6.
quod
7-
expecta
8.
ocurrebant
9-
profectus
10.
quis
1 1 .
inter Jaciebahir
12.
in ista (bis)
i8o L- Duchesne.
sanctus Germanus manere eos ieiunos ' [et ianuis] claussis dixit : « Uigi-
lantes estote et quid euenerit in arcem nolite aspicere, et orate indesinenter
et ad Deum uestrum clamate*. » Et post modicum interuallum noctis ignis
de celo cecidii et conbussit arcem 3 et omnes ho[mi]nes qui cum eo tiranno
erant et numquam4 conparuerunt usque in hpdiernum diem, et arce non
edificauerunt usque hodie. [35] In crastino ille uir qui hospitalis fuit illis
crcdidit et baptizatus est cum omnibus filiis suis, et omnis regio cum illis ;
cui nomen erat Catellus. Et benedîxit ei et addidit et dixit : « Non deficiet
rex de semine tuo in aeternum, et rex eris ab hodierno die ». Et sic euenit
ut impleretur quod dictum est pcr prophetam : « Suscitans de puluere ino-
pem » et reliqua, « ut sedeat cum principibus « et reliqua ; iuxta uerbum
sancti Germani rex de seruo factus est. Omnes filii eius régi facti sunt, et
omnis regio Pausorum regitur a semine illorum usque in hodiernum diem.
[36] Factum est autem postquam metati sunt Saxones in supra dicta in-
sula Canet, promissit rex supra dictus dari illis uictum et uestimentum
absque defectione ut placuit illis, et ipsi S promiserunt expugnare contra in-
nimicos eius fortiter. At iili barbar[i] cum multiplicati essent in numéro,
non potuerunt Britanni cybos praestare illis et uestimenta, quia multum
postulaient, et Britones dixerunt : « Non possumus dare uobis sicut promis-
serat rex quia numerus uester multiplicatus est. Recedite a nobis, non de
auxilio uestro indigemus. « Et ipsi consilium fecerunt cum maioribus suis
ut disrumperent pacem. [37] Haencgist autem cum esset uir doctus atque
astutus et callidus, et cum intellexit regem inertem et gentem eius, inito
consilio ad regem : « Pauci sumus, si uis mi[t]tamus ad nostram terram ut
electi milites atque fortissimi regionis nostrae ueniant ad nos ad certandum
pro te et pro tua gente «. Et rex imperauit ut lacèrent. Et miserunt legatos
trans Thicam uallem et reuersi sunt cum XUIIII ciulis, et electi milites ue-
nerunt in illis, et in una ciula earum uenit puella pulchra facie 6 atque
decorosa ualde. Filia erat Hengisti. Postquam autem uenissent ciule, fecit
Hengistus conuiuium Guorthigerno et militibus suis et interpreti suo qui
uocabatur Cheritic, et puellam ministrare illis uinum et sinceram. Et ine-
briati sunt et saturati sunt nimis. Illis bibentibus intrauit Satanas in corde
Guorthigerni utamaret puellam, et postulauit eam a pâtre suo per interprétera
suum, et dixit : « A me quod postulas....
2. — Spi'cialili's du nouveau texte.
Le début, c. 4, 6, fait défaut dans un certain nombre de ma-
I . lemnunos
2 c clamante
3 , artem
4. oiimqiiam
3. ipse
6. pulchar faciius
Nennius retractatus. i8i
nuscrits; ceux qui le contiennent intercalent entre les deux cha-
pitres 4 et 6 un comput (c. 5) qui, par les années de la Passion
et de rincarnation, rejoint la date (du ix^ ou du x^ siècle)
à laquelle le recenseur ou le copiste vivait. De ce comput et de
ses diverses formes, le manuscrit de Chartres n'offre pas trace ;
nous n'avons donc pas à nous en occuper. Quant aux cha-
pitres 4 et 6, ils n'offrent rien de notable. De telles distri-
butions de l'espace historique se rencontrent dans toutes les
chroniques, livres de comput pascal et autres ouvrages du
même genre.
Ce qui suit (c. 7, 8, 9) est commun à notre manuscrit et à
tous les textes de ÏHisloria Britonuni. L'auteur a eu sous les
yeux le livre de Gildas, auquel il emprunte plusieurs expres-
sions ; çà et là il précise, d'après sa connaissance du pays. Un
seul trait accuse une autre parenté littéraire, c'est l'explication
du nom de la Bretagne, a quodam Bruîo consule roniano dicta.
Ceci dépend évidemment des légendes qui suivent.
Ces légendes rattachent les Bretons ^ aux Romains par deux
liens différents, l'un généalogique, l'autre politique. On raconte
d'abord que les rois de l'un et de l'autre peuple descendent
d'Enée par Silvius Postumus et même par Rhea, laquelle, au
lieu de deux jumeaux, en eut trois, Remus, Roraulus et
Brutus ; celui-ci est l'ancêtre des Bretons. Plus tard, vraisem-
blablement, un autre Brutus, consul, vainqueur de l'Espagne,
se rendit maître de la Bretagne. Celui-ci a été fourni par la
chronique de S. Jérôme, qui marque à l'an 1876 d'Abraham :
Brutus Iheriam usque ad Oceanum subicit. L'autre Brutus pro-
vient, avec toute la généalogie romano-troyenne, d'une autre
source, sur laquelle nous reviendrons. Notons cependant que
cette généalogie se présente, sous des formes différentes, dans
les autres manuscrits. Mais ceux-ci identifient plus ou moins
le Brutus ancêtre des Bretons soit avec Silvius Postumus, fils
d'Enée, soit avec un frère de ce Silvius. La spécialité de notre
texte c'est que ce Brutus y est abaissé de plusieurs générations
I . Je vois que les celtisies emploient plus volontiers l'expression Cymro
ou Kymro. Il me semble que je me comprends mieux en disant Breton ;
c'est du reste le terme dont se servent les écrivains latins, les seuls qui me
soient accessibles.
Revue Celtique, XV. 13
i82 L. Duchesne.
et placé exactement à la même date que Romulus et Remus.
On s'est d'abord contenté de l'égalité avec les fondateurs de
Rome ; par la suite, les prétentions se sont élevées : la nation
bretonne est devenue plus ancienne que le peuple romain ^.
Suit une histoire de la conquête par César et du régime im-
périal. Ce morceau a été fort remanié avant d'être admis
dans le texte d'où dérivent les autres manuscrits : encore n'y
figure-t-il pas au même endroit qu'ici. Le début sur Cassivel-
launus et la résistance qu'il opposa à Jules César est tout à
fait spécial au manuscrit de Chartres, Il provient évidemment
des Commentaires, par quelque intermédiaire inconnu. Le
reste dérive de la chronique de S. Jérôme et de sa continua-
tion par Prosper, sauf la fin. Comment on est arrivé à compter
Gratien parmi les empereurs qui in Briîaimia venerunt, c'est ce
que je ne distingue pas. Apres Gratien on passe tout de suite,
à l'invasion saxonne, qui eut lieu au temps du roi de Bretagne
Vortigern, c'est-à-dire en l'an 50 de l'Incarnation « comme
Libine abbas de Ripon l'a trouvé ; depuis ce temps il s'est
écoulé 300 ans jusqu'à l'année où le i" janvier coïncide avec
le 12 de la lune ». C'est du moins ainsi que je comprends ce
passage altéré. Le comput 500 -\- 300 nous porte à l'an 800 ;
or, justement, l'an 801 nous offre la coïncidence indiquée entre
le I" janvier et le 12 de la lune.
De cette façon de dater il n'y a pas trace dans les autres
manuscrits ; elle est en contradiction avec celle que l'on trouve
un peu plus loin, 347 de la Passion (374 de l'Incarnation).
Il est du reste assez clair que tout ce morceau, CasabelJaunus
— supradicîum , a été intercalé maladroitement à un endroit
incongru. On voit en effet que la série des généalogies, inter-
rompue par lui, reprend aussitôt après. Le c. 18 nous ramène
aux ascendants de Brutus. Cette fois la lignée romano-troyenne
est rattachée à la table généalogique de la Genèse : des fobles
classiques, où s'égarait le précédent système, on passe dans le
I. Dans le texte du Vat. Reg. 1964 les deux versions sont admises;
mais la nôtre a été amputée de la phrase sur les trois jumeaux, afin d'éviter
un désaccord trop flagrant avec l'autre récit. Du reste, le texte de Chartres
lui-même, dans sa confuaion, porte trace de la légende d'après laquelle
Brutus remontait jusqu'cà la génération d'Ascague et de Silvius Postumus,
Nennius retractatus. i8j
giron orthodoxe de l'Ancien Testament, et l'on atteint, par
Noé et Adam, le Dieu vivant et très haut. Cependant, entre
Brutus et Rhea Silvia s'interposent deux ancêtres, Hiscio et
Alanus, qui ne proviennent ni de la Bible ni des mythes
romains.
C'est que le c. i8 représente une combinaison ; son auteur
a essayé d'arranger les mytiies en question avec un autre sys-
tème dans lequel ils n'avaient aucune place. Ce système est
exposé dans le c. 17, Très filii Noe, etc. Ici nous rencontrons
une source connue. M. MùUenhofFa montré depuis longtemps
que ce morceau n'est autre chose qu'un développement d'une
table généalogique dressée chez les Francs vers 520 ^ L'origine
commune des peuples occidentaux y est ramenée à un Alanus,
dont les trois fils, Hisicio, Ermeno, Nigueus, sont respecti-
vement les premiers ancêtres des trois groupes suivants :
i" Romains, Francs, Alamans, Bretons;
2° Goths, Walagoths, Gépides, Burgondes, Lombards;
3° Vandales, Saxons, Bavarois, Thuringiens.
Le premier groupe correspond au royaume de Clovis ; il
comprend les quatre éléments ethniques dont il se composait.
Les Bretons qui s'y trouvent mentionnés sont les Bretons
d'Armorique.
En reproduisant ce document, notre rédacteur le complète.
D'abord, de chacun des noms de peuples, il déduit un pa-
triarche, Francus, Romanus, Brito, Saxo, etc., dont il fait la
souche des Francs, des Romains, des Bretons, etc. De plus,
comme il sent le besoin de rattacher Alain et son monde à
un ancêtre biblique bien déterminé, il dispose quatorze noms
entre ceux d'Alain et de Javan, fils de Japhet. De là il pousse
aisément, à l'aide de la Bible, jusqu'à Adam, fils de Dieu.
Les généalogies sont finies; nous arrivons à l'histoire (c. 19).
La conquête de la Bretagne par César est rapportée avec une
exactitude telle quelle, mais le récit qui en est fait ici forme
évidemment double emploi avec le morceau Casabellaunus, etc.
Le narrateur dépend de Gildas (c. 5) et de la chronique de
I. AbhaihU. di'f Bi'rliiier Alaulemie, 1862, p. 532, etc.
184 L- Duchesne.
S. Jérôme ^ ; mais c'est une dépendance purement littéraire ;
à ces auteurs notre « historien » n'a emprunté que des expres-
sions. Pour le fond il suit une tradition à lui. Son récit nous
conduit à l'an 47 avant Jésus-Christ et 5215 depuis la Créa-
tion. C'est alors que la Bretagne fut subjuguée par César,
après que, par trois fois, les généraux romains eussent été tués
par les Bretons. La période romaine est à peu près passée sous
silence : on arrive tout de suite au temps qui suivit la mort du
tyran Maxime, au roi Vortigern et au débarquement des
Saxons, auxquels Vortigern concéda l'île de Tanet sous le
règne (lisez le consulat) de Gratien et d'Equitius, l'an 347
de la Passion (374)^
A partir d'ici (c. 32) nous entrons dans les récits empruntés
à la vie de S. Germain, et notre manuscrit, pour autant qu'il
continue, ne diffère plus guère des manuscrits précédemment
connus.
3. — La primitive Historia Britoiiuui.
Dans ce qui précède, c'est-à-dire dans la partie correspondant
aux chapitres 10-30 de Stevenson, il en diffère beaucoup.
Mais voyons d'abord jusqu'à quel point notre texte est lui-
même primitif ou interpolé.
Il est clair que le morceau CasahcUaunus, etc., est adven-
tice. Il n'est pas à sa place au milieu des généalogies; sa chro-
nologie est contradictoire avec celle du c. 31 ; il débute par
un récit des campagnes de César qui fait double emploi
avec celui des c. 19 et 20; enfin il contient une énumération
d'empereurs qui n'était sûrement pas prévue dans le plan ori-
.ginal. Celui-ci se révèle au début du c. 3 i, où Maxime et Vor-
tigern se présentent aussitôt après la guerre entre Bretons et
1 . Gildas : Ronianorum reges ciim orhis imperium ohtinnissent... cf. p. 176.
S. Jérôme, Abr. i960: Régnât apud Romaiios priinus omiiiuiu C. Caesar qui
primus siiigulare arriptiit imperium.
2. Cette note consulaire, avec le synchronisme de la Passion, dérive de
la Chronique de Prosper.
Nennius retractatus. i 85
Romains, c'est-à-dire la guerre du temps de César. L'auteur
n'avait nullement idée de parler d'autres empereurs ^
Ecartons donc ce développement. Il faut rejeter aussi la gé-
néalogie du c. 18, qui manque d'ailleurs dans la version ir-
landaise et dans plusieurs manuscrits latins. Cette généalogie
a été inventée pour concilier les deux autres, la tro3'enne et la
franque, Brutus et Brito.
Ces deux pièces écartées, la finale du c. 10, Oiiando regnabat,
rejoint exactement la généalogie troyenne, dont elle forme
comme le complément chronologique. Ainsi les morceaux Ca-
sabeJlaunus et Britones a Bruto ont été intercalés dans le texte
primitif de la généalogie troyenne.
Mais que penser de celle-ci ? Peut-on la considérer comme
ayant été adoptée ou dressée par le premier rédacteur de VHis-
toria Briîonum? Il faudrait le supposer bien mal avisé-. Cette
généalogie est, en effet, inconciliable avec la table franque. Si
l'une est vraie, l'autre est nécessairement fiusse. Je crois donc
qu'il en faut sacrifier une et, naturellement, celle que je jet-
terai par-dessus bord est la généalogie troyenne. Sans doute
elle a une référence au commencement du chapitre 7 : Bri-
tannia instda a quodam Bruto consule Romano vocatiir. Mais
cette mention de Brutus peut fort bien provenir d'une re-
touche, inspirée par la généalogie troyenne. Dans les deux sys-
tèmes d'ancêtres, on distingue une influence franque. Si la
table de 520 est la base de la généalogie du c. 17, les fables
franco-troyennes sont le modèle sur lequel a été imaginée la
légende de Brutus. Or, les fables franco-troyennes ne se mani-
festent pas avant Frédégaire, c'est-à-dire avant le vii^ siècle
plus ou moins avancé, tandis que la généalogie franque est
l'œuvre d'un contemporain de Clovis. Du moment où il y a
lieu de choisir entre deux imitations, il est naturel de préférer
celle qui s'inspire du plus ancien modèle. Du reste, il a fiillu
un certain temps, un certain développement de fausse culture
1. Dans les éditions, le c. 30 est tout entier interpolé, sauf la première
phrase.
2. Les rédacteurs postérieurs insèrent sans doute plusieurs généalogies
discordantes : mais ils ont soin d'avertir le lecteur qu'ils reproduisent des
traditions diverses.
i86 L. Duchesne.
littéraire pour arriver à ces sottises sur Enée et Brutus, tandis
qu'avec la généalogie franque le premier clerc qui avait une
Bible sous la main pouvait imaginer le système du c. 17.
Ces éliminations faites, le c. 17 des éditions rejoint immé-
diatement le c. 9. C'est ce qu'a bien vu M. Mommsen ^
A partir du c. 19, le manuscrit de Chartres ne présente
plus de traces d'interpolation ; il n'en est pas de même des
autres. Les éliminations précédentes dans le manuscrit de
Chartres ont pour effet de supprimer dans les autres les c. 10,
II (sauf la fin), 12, 13, 14, 15, 16, 18. Il faut maintenant,
suivant l'indication du manuscrit de Chartres, sacrifier encore
la fin du c. 20, Iulius igitur, etc., et les chapitres suivants-, 21,
22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, même le c. 30, sauf la pre-
mière ligne : Tribus vicibus occisi sunt duces Romanorum a Bri-
tawtis. Les c. 21-29 ^^ sont autre chose qu'une édition revue
et augmentée du morceau Haec sunt noinina — Gratiano frat(re) ,
ci-dessus, p. 176-177. Quant au c. 30, ce n'est qu'une mauvaise
explication de la phrase Tribus vicibus... L'interpolateur s'est
inspiré ici de Gildas, en rapportant au temps de l'occupation ro-
maine ce que Gildas raconte des temps qui suivirent l'abandon
de la Bretagne par les Romains. Il parle de gouverneurs assas-
sinés par les Bretons, propter gravitatem imperii, et croit ainsi
expliquer l'assertion occisi sunt duces. Mais le début du c. 31
montre bien qu'il s'agit de généraux tués à la guerre, et il ne
peut être question d'autre guerre que celle de la conquête.
Ainsi VHistoria Britonum, pour la partie antérieure à l'appa-
rition de S. Germain, se trouve diminuée des deux tiers. Il
ne reste qu'un petit prologue géographique (c. 7, 8, 9), une
généalogie (c. 17), un court récit de la conquête romaine et
de l'arrivée des Saxons (c. 19, 20, 31).
1 . L. c, p. 290.
2. Avec le c. 22 disparaît du texte primitif l'histoire du roi Lucius.
M. Mommsen (/. c, p. 291-295) a montré, contre M. Zimmer, que cette
fable est bien d'origine romaine, comme je l'ai établi ailleurs {Lib. pont., l. 1,
p. cil) et que VHistoria Britoimm l'a empruntée au Liber ppnlificalis.
j'ajoute que l'emprunt ne peut être direct et que la date de 167, inconnue
au L. p., mais commune à Bède et à ÏHistoria BrilouiiDi, paraît bien indi-
quer que le recenseur de celle-ci (celui qui y a introduit les c. 21 -29) s'est
inspiré ici de VHist. eccl. de Bède.
Nennius retractatus. 187
Ici il faut en revenir au titre. On nous y annonce: 1° des
Excerpta^ de libro S. Germant; 2° des Origines Britonum; 3° une
Genealogia Britonum. Les Exccrpta, c'est le c. 32 et ce qui
suit, car, au delà même de l'endroit où s'arrête le manuscrit
de Chartres, nous trouvons le livre de S. Germain cité encore
dans le c. 47. La Gcncalogia, c'est le c. 17. Ce titre partiel est
répété dans notre texte; il se présente justement en tête des
parties interpolées. Celles-ci ont en outre un titre spécial, De
origine Britonum, qui correspond évidemment à la deuxième
partie du titre général. Ainsi ce titre est bien celui qui con-
vient à la compilation telle que la présente le manuscrit de
Chartres. Pour la forme, primitive, ou du moins antérieure, il
aurait dû être Exccrpta de libro S. Germani inventa et genealogia
Britonum. Encore ce titre semble-t-il laisser en dehors les par-
ties préliminaires, la chronologie générale (c. 4, 6), qui, du
reste, a, dans notre manuscrit, un titre particulier. De aetatibus
mundi, et la géographie (c. 7, 8, 9), pourvue aussi d'une ru-
brique à elle : De quadam perilia a Britannia insuie.
En somme, l'ouvrage paraît bien se caractériser comme
étant surtout l'abrégé d'une légende de S. Germain. Je serais
fort tenté de croire qu'il n'était pas autre chose à l'origine.
Pour être plus au clair sur cette question, il faudrait que le
copiste du manuscrit de Chartres nous eût fait la grâce d'aller
jusqu'au bout de son texte. Sur la tin de celui-ci on ne peut
faire que des conjectures plus ou moins plausibles.
On n'hésitera guère, je crois, à penser que ce texte com-
prenait les chapitres 38-48., Je ne sais que dire du c. 49 qui
contient une généalogie des rois de Buelt et Guorthigirniaun,
ni du c. 56 sur les exploits d'Arthur, ni des Mirabilia et des
Civitates. Mais les généalogies saxonnes me paraissent devoir
être exclues ; le titre, en effet, n'aurait pas manqué de les
mentionner. On peut en dire autant des extraits de la vie de
S. Patrice (c. 50-55). Outre le silence du titre, silence d'au-
tant plus significatif qu'un autre document hagiographique est
I . Je ne sais ce que veulent dire les lettres Fiitirbaooi qui se lisent après
Exccrpta. On a pu voir que le manuscrit est plein de fautes, notamment
qu'il omet souvent des lettres, de sorte qu'il n'est pas aisé de conjecturer.
i88 L. Ducliesne.
formellement indiqué, il faut tenir compte de ce fait que,
dans le manuscrit du Vatican, ces extraits sont placés après le
c. 56 et non avant. De plus, on doit constater que, dans le
manuscrit de Chartres, pourtant interpolé, il n'y a pas la
moindre trace de ces récits ou traditions sur l'Irlande et les
Irlandais qui occupent tant de place dans la compilation de
Nennius.
4. — Les sources irlandaises.
C'est maintenant le moment de parler un peu de ces récits
et de marquer en quoi mon appréciation sur leur origine dif-
fère de celle de M. Zimmer.
Les chapitres sur S. Patrice dérivent manifestement des
pièces hagiographiques conservées dans le Livre d'Armagh%
je veux dire la vie du saint par Muirchu Maccumactheni et le
recueil de Tirechan. La première de ces deux pièces remonte
aux dernières années du vir siècle ; la seconde est, je crois,
plus ancienne de quarante ou cinquante ans. Si des extraits
de ces écrits, à peu près datés, avaient figuré dans notre com-
pilation dès sa première origine, nous aurions une Hmite chro-
nologique. Mais ce point n'est nullement assuré, comme on
l'a vu.
Les légendes sur le peuplement de l'Irlande manquent,
celles-ci sans aucun doute, au texte de Chartres. Dans Nen-
nius, elles se présentent sous deux formes: la seconde (c. 15)
est rattachée expressément à la tradition irlandaise : sic niibi
I . Je ne puis me dispenser de protester ici contre l'usage que M. Zimmer
fait du livre d'Armagh et, en général, contre sa façon d'entendre l'histoire
des origines chrétiennes en Irlande. Il est sûr que le clergé d'Armagh a cul-
tivé la tradition de saint Patrice, mais il ne l'a pas créée. Contester l'authen-
ticité de la Coufcssiou et de la Lelhe à Coroficus me semble très aventuré. Quant
à Tirechan, c'est l'interpréter arbitrairement que d'en faire un champion de la
mission romaine de Patrice: comme l'auteur de la Confession, il voit dans la
mission de l'apôtre irlandais une inspiration divine, sans aucune attache ec-
clésiastique. C'est la plus ancienne tradition. Avec Muirchu, on est déjà sur
le chemin de Rome, où parviendront les légendaires postérieurs; en fait, on
s'arrête à Auxerre. Saint Germain était, de par les légendes bretonnes et de
par les traditions gallicanes (Prosper, Constance) un ancêtre très enviable.
Mais ni Tirechan ni Patrice n'ont senti le besoin de se recommander de lui.
Nennius retractiXtus. 189
peritissimi ScotoruDi nunciaverunt ; l'autre (c. 13, 14) ne se
réclame pas de cette autorité. Considérons d'abord celle-ci.
Les Irlandais sont des émigrés d'Espagne ; ils sont arrivés dans
leur île par bandes successives. La première colonie, débarquée
sous la conduite d'un certain Partholom, est enlevée par une
épidémie; une autre, celle de Nenieth, fils d'Agnomen, est
jetée sur la côte d'Irlande par un naufirage ; mais elle n'y
demeure pas longtemps ; au bout de quelques années elle re-
vient en Espagne. C'est à la troisième tentative que le succès
commence. Trois fils d'un certain miles d'Espagne (le Mile des lé-
gendes) conduisent une nouvelle émigration, qui disparait pres-
que entièrement dans une expédition merveilleuse; il n'en reste
que la trentième partie. De ce résidu provient la plus ancienne
couche de population irlandaise. D'autres colonies vinrent en-
suite d'Espagne renforcer le noyau primitif; la dernière est celle
de Damhoctor . Ainsi fut peuplée l'Irlande ; la population déborda
même sur certains points de la Bretagne, le pays de Dalrieta
(côtes sud-ouest de l'Ecosse), l'ile d'Eubonia (Man), le pays
de Demeta (Galles du sud), et quelques localités voisines ; mais
les Scots furent chassés par le roi Cuneda et ses fils.
Ces origines, on le voit, ne sont guère prétentieuses ; on
ne remonte ni à l'antiquité biblique ni aux héros profanes. Il
y a bien un peu de merveilleux dans un épisode accessoire,
mais c'est tout. Le reste est tellement ordinaire que l'on serait
tenté de l'accepter comme tradition plausible, si la linguistique
ne soulevait pas, contre ces origines espagnoles, des objections
insurmontables. En tout cas, il y a lieu de soupçonner que
nous avons ici, sur l'origine des Scots d'Irlande, des récits
accrédités chez les Bretons et non des traditions nationales ir-
landaises.
Avec l'autre version (c. 15), celle que Nennius dit avoir
recueillie sur les lèvres des Scots, nous entrons dans le do-
maine de la fantaisie. Une famille de Scythie (Scythia, Scotia)
est établie en Egypte au temps de l'Exode. Pendant que les fils
d'Israël s'enfuient vers le désert du Sinaï, ces Scythes pren-
nent le chemin de l'ouest. Ils s'avancent par terre, en suivant
la côte, jusqu'aux colonnes d'Hercule ; de là ils passent en
Espagne, où ils se multiplient; enfin, 1002 ans après l'Exode,
190 L. Ducliesne.
ils franchissent la mer et débarquent en Irlande, la peuplent
et s'étendent jusqu'au pays de Dalrieta.
Ce récit repose sur la même donnée que le précédent ; les
habitants de ÏHibeniia viennent du pays des Hibcrl. Comme
on veut des ancêtres lointains, on imagine un exode sur le
modèle de celui des Hébreux. Les fugitifs d'Egypte sont qua-
hfiés de Scythes, parce que, dans l'ensemble des peuples an-
ciens connus des bons auteurs, c'est le seul dont le nom ait
quelque rapport avec celui des Scots.
En somme, on délire déjà, mais sobrement. Où la mesure
est dépassée, c'est dans le Lebor GabaJci ou Liber occupât ionis,
dont M. Zimmer nous présente un texte « du temps de la Re-
naissance irlandaise », laquelle commence au déclin du
x^ siècle ; en fait, ce texte est connu par des manuscrits du
xii*^ siècle avancé ; c'est tout ce qu'on peut affirmer sur son
âge. Ici on remonte à Magog, Japhet et Noé. De la tour de
Babel où Feniiis, l'ancêtre lointain des Fenians, a conduit ses
deux fils, Noennual et Nel, on passe en Egypte. Nel, qui a
profité de son séjour dans la plaine de Sennaar pour apprendre
les soixante-douze langues du monde, a été appelé à la cour
de Pharaon où il devient majordome. Pharaon le marie avec
sa fille Scota, de laquelle il a un fils appelé Gaedcl. On arrive
ensuite à l'exode scotique, lequel se complique d'une expé-
dition en Scythie, où l'on a beaucoup d'aventures. Enfin,
après de longues navigations, on arrive en Espagne. Les
Scots ont alors pour chef un certain Bregon, lequel bâtit, sur
la côte nord de la Gahce, la fimieuse tour d'où, comme chacun
sait, on peut, dans les temps clairs, apercevoir l'Irlande. Cette
bonne fortune échoit à Ith, fils de Bregon. Dès lors, il n'y a
plus moyen de l'arrêter ; il équipe des navires et s'en va vers
la Terre promise. Ainsi le Lcbor GabaJa nous off"re une ver-
sion singulièrement embellie du récit irlandais recueilli par
Nennius ; j'ajoute qu'il y intercale les autres expéditions ra-
contées par celui-ci, non sans les agrémenter beaucoup.
Dans cet état des documents les personnes sages se diraient
que le plus sobre des récits est vraisemblablement le plus an-
cien ; elles seraient confirmées dans cette appréciation par ce
iait que Nennius écrivait au temps de Charlemagne, tandis que le
Nennius rétractât us. 191
rédacteur du Lebor Gabala peut fort bien n'être que du xi"" ou du
XII' siècle. M. Zimmer pense, au contraire, que Nennius dérive
du Lebor Gabala, non pas, il est vrai, de celui que nous avons
encore, mais d'un autre, d'un texte très ancien, qui a pu
exister avant Nennius. Ce texte très ancien, j'attendrai, pour
y croire, qu'on me le fasse voir ^
Outre les vies de S. Patrice et le Lebor Gabala, une troi-
sième source irlandaise est assignée par M. Zimmer à ÏHistoria
Britonum. C'est un traité De sex aetatibiis mundi, dont l'exis-
tence est constatée au x^ siècle ; il ne me paraît pas remonter
beaucoup plus haut. C'est de là, nous dit-on, que provient la
généalogie du c. 17, celle que j'ai signalée comme étant la
plus ancienne. Pour affirmer cette provenance, M. Zimmer se
fonde sur la ressemblance de cette généalogie avec le traité
irlandais et sur le fiit que VHistoria Britonum, ayant mis à con-
tribution d'autres livres irlandais, il est naturel qu'elle ait
aussi usé de celui-ci.
En ce qui regarde les autres livres irlandais, c'est-à-dire le
Lebor Gabala et les vies de S. Patrice, on a vu ce qu'il en est.
Quant à la ressemblance invoquée, elle n'est nullement frap-
pante. Le De sex aelatibus dérive de la table franque, comme
la Généalogie du c. 17 ; mais on va voir que sa parenté avec
la Généalogie est celle d'un collatéral, non d'un ascendant. En
effet, le document franc nous est parvenu en deux rédactions
bien caractérisées 2 : la Généalogie dérive de Tune, le De sex
aetatibus dérive :<ie l'autre. Et ici il est bon de noter que le
texte suivi par la Généalogie est celui du plus ancien manuscrit
connu de la table franque >. Mais il faut voir ce qu'est devenue
1 . Dans toute cette affaire, il est curieux de voir à quel degré les Irlandais
s'en sont laissé conter par les Bretons La vérité sur leurs origines respec-
tives, c'est que les Irlandais sont plus anciens en Irlande que les Bretons en
Bretagne. Mais ceux-ci ont su faire croire à leurs voisins qu'ils étaient venus
d'Espagne, et cela mille ans après l'Exode. Quant à eux, comme ils étaient
de la raced'Enée et que Brutus, lils ou petit-tils de celui-ci, ne tarda pas à
s'établir dans la grande île, il est clair qu'ils la possédaient longtemps avant
que l'Irlande fut habitée.
2. Zimmer, N 'V. p. 232.
3. Carlsruhe, Rcicb. 229, de la (in du vui^ siècle ou du commencement
du ixe.
\
192 L, Duchesne.
cette table dans le remaniement niandais. J'ai énuméré ci-
dessus les peuples qu'elle mentionne ; ce sont tous des peu-
ples germaniques, sauf les Romains et les Bretons, qui n'y ont
place que comme sujets des rois francs. Des Irlandais, pas la
moindre trace. Pour un Irlandais c'était là une lacune incon-
cevable : aussi s'est-on empressé de la combler. Dans l'adap-
tation du De sex actatibus, l'Europe est peuplée par deux fils
de Magog, fils lui-même de Japhet. L'aîné £tit souche d'Ir-
landais ; les autres Européens descendent du cadet. Paddy,
comme on le voit, s'est attribué la meilleure place.
Ceci ne ressemble guère à notre c. 17. Poursuivons. Entre
Alain et Japhet, le généalogiste breton a intercalé quinze gé-
nérations : dans le traité irlandais, elles se réduisent à deux.
Dans le texte breton, c'est par Javan que l'on descend de Ja-
phet ; dans le texte irlandais, c'est par Magog. Que vient-on
après cela nous parler de ressemblance entre ces deux docu-
ments ? La seule parenté qu'ils aient, c'est celle qui résulte de
la dépendance où ils sont l'un et l'autre par rapport à la table
franque.
5. — Nennitis.
Ainsi, dans la compilation primitive, telle qu'elle se déduit
du manuscrit de Chartres, il ne paraît avoir été fait usage
d'aucun document de provenance irlandaise ou même se rap-
portant aux origines ou aux saints d'Irlande. Il n'y était ques-
tion que des Bretons, et cela presque uniquement d'après
Gildas et la vie de S. Germain. L'origine des Bretons était ex-
pliquée par la Généalogie franque, où, grâce à leurs confrères
d'Armorique, ils se trouvaient avoir une petite place.
Cette première Historia Briionum fut bientôt supplémentée.
Le manuscrit de Chartres nous la présente enjolivée déjà par
l'accession de la légende de Brutus et complétée par quelques
détails sur l'histoire romaine, tirés des chroniques latines.
Cependant il ne présente encore aucun élément irlandais ou
anglo-saxon.
C'est ici que Nennius intervient. Dans sa préflice il décrit
I
Nennius retractatus. I9j
lui-même la tâche qu'il s'est imposée et catalogue les docu-
ments dont il sest aidé.
Il a, dit-il, transcrit certains extraits, aligna excerpta scribere
curavi, que l'ignorance des Bretons avait négligés ; il a rassemblé
aussi tout ce qu'il a trouvé dans les annales des Romains, dans
les chroniques de Jérôme, d'Eusèbe, d'Isidore, de Prosper
et aussi dans les annales des Scots et des Saxons. Les « an-
nales des Romains » avaient déjà été mises à contribution par
Gildas ; l'auteur du morceau Casabellaunus, etc., s'en était
également servi ; il est clair qu'elles ont été de nouveau feuil-
letées pour les chapitres 2o(fin)-29. Ce que Nennius appelle
les « annales des Scots » ce sont sans doute les éléments de
ses chapitres 13-15 sur l'origine des Irlandais et 50-55 sur la
vie de S. Patrice. Quant aux « annales des Saxons », nul
doute qu'il ne désigne ainsi les généalogies 57-65. A vrai dire,
ces annales des Saxons ne mentionnent jamais les Saxons,
mais seulement les Angles et les Jutes. Au contraire, dans les
autres parties de la collection, les Saxons sont souvent nom-
més, comme du reste dans le manuscrit de Chartres. Ce sont
des Saxons qui sont accueillis par Vortigern ; c'est contre les
Saxons que luttent Vorthemir et Arthur ; ce sont des Saxons
qui fondent, dans les régions cédées par Vortigern, les royau-
mes d'Essex et de Sussex.
Ceci est une indication : les généalogies dites saxonnes
viennent bien de laNorthumbrie; le reste est d'un pays où les
Saxons étaient plus en vue.
M. Zimmer a fort bien établi que les rapports des manuscrits
latins entre eux et avec la version irlandaise obligent à distin-
guer deux recensions de VHistoria Britonuni, l'une représentée
au mieux par le manuscrit Harley (3859) et par celui du Va-
tican (Rcg. 1964), l'autre attestée par la version irlandaise et
par les retouches introduites dans un certain nombre de ma-
nuscrits latins. A cette seconde recension est demeuré attaché
le prologue original de Nennius (c. 3); l'autre recension,
quoique à certains égards plus conforme que la précédente à
la rédaction originale, a cependant subi des modifications dans
la première partie (c. 10-31) et perdu le prologue. Suivant
M. Zimmer, cette recension, abstraction fiite des modifications
194 ^- Duchesne.
postérieures, est l'œuvre même de Nennius, lequel aurait écrit
dans le royaume de Powys, aux confins de la Mercie. Le texte
pourvu du prologue, c'est-à-dire celui d'où provient la version
irlandaise, serait un remaniement opéré dans l'île d'Anglesey,
vers 8 10, par un clerc anonyme, lequel se qualifie^ de disciple
du prêtre Beulan et dit avoir été en rapports personnels avec
l'évêque de Bangor Elbodug.
A mon avis, ce disciple de Beulan est la même personne que
Nennius. 11 parle des choses qu'il a apprises auprès de l'évêque
Elbodug ; Nennius se qualifie de disciple du même évêque.
Les deux recensions de YHistoria Britoniiui, celle d'Anglesey
et l'autre, peuvent fort bien être sorties de la même plume.
Beulan ne tenait pas aux généalogies saxonnes ; pour lui com-
plaire, Nennius les abrégea dans l'exemplaire qu'il lui destinait.
Diverses autres choses ont été modifiées d'une recension à
l'autre. Celle d'Anglesey paraît offrir, pour le commencement,
une forme plus primitive ; on l'aura modifiée pour l'ordonner
comme le sont les maniiscrits de l'autre recension. Une modi-
fication intentionnelle est plus vraisemblable que toute l'his-
toire de feuillets décousus et recousus que M. Zimmer a ima-
ginée pour rendre compte des différences entre les deux textes.
Si la recension d'Anglesey a seule conservé le prologue et le
nom de Nennius, ce peut être l'effet d'un accident; mais il est
également possible que celui qui a donné à la compilation sa
dernière forme, notamment dans les chapitres 10-3 i, où l'ordre
est si différent du primitif, soit un autre que Nennius et que,
non content d'avoir retouché l'œuvre de celui-ci, il ait sup-
primé la préfice, sans pourtant revendiquer le livre pour lui-
même.
En somme donc, tous les manuscrits latins ou irlandais dé-
rivent d'un texte constitué à deux reprises par un certain Nen-
nius, contemporain de l'évêque de Bangor Elbodug 2, et qui
1. Stevenson, c. 63 ; v. aux variantes.
2. Je ne vois pas très bien pourquoi M. Zimmer fait intervenir, à propos
d'Elbodug et de Nennius, les querelles pascales des Bretons et des Romains,
c'est-à-dire des Anglo-Saxons. Dans toute la compilation, sous quelque
forme que ce soit, il n'y a pas la plus légère allusion à ces différences de
rite et aux autres particularités analogues.
Nennius retraclatus. 195
vivait dans le diocèse de celui-ci, plus précisément du côté de
Bangor et d'Anglesey, c'est-à-dire dans le nord-ouest du pays
de Galles.
Mais Nennius n'a fliit que coudre ensemble des morceaux
antérieurs à lui. UHistoria Britonum existait déjà; elle avait
déjà subi les interpolations que présente le manuscrit de Char-
tres, quand elle lui tomba entre les mains. Il semble bien la
désigner quand il parle de ces Excerpta transcrits par lui ; en
divers endroits de son texte il se réclame d'une tradition bre-
tonne antécédente : Hanc peritiam inveni ex traditione vetermn
qui incolae in primo fuerunt Britanniae, dit-il, après avoir re-
produit la généalogie du c. 17. De même, après avoir énu-
méré ses sept empereurs, et au moment d'en ajouter deux au-
tres, d'après « les Romains », il constate que in veteri tradi-
tione seniorum nostrorum scpfeni imperatores fuerunt a Romanis in
Brittannia. Ces deux traits correspondent au contenu du ma-
nuscrit de Chartres.
Ici il faut tenir compte d'un fait, déjà remarqué, mais sur
lequel les recherches de M. Zimmer ont jeté plus de lumière,
c'est que la seconde partie du livre, celle où l'on trouve de si
larges emprunts à la légende de S. Germain, paraît provenir
non du royaume gallois du nord (Vénédotie), mais du Powys
ou des bords du golfe de Bristol, aux environs des bouches de
la Saverne et de la Wye.
C'est dans le même pays qu'ont été recueillis la plupart
(c. 67-74) ^^^ Mirabilia Britanniae qui figuraient sûrement
dans les deux recensions de Nennius. Ceux qui concernent
l'île d'Anglesey et l'Irlande (c. 75, 76) ont tout l'air d'avoir
été ajoutés après coup : M. Zimmer l'a très bien fait voir. Et
ici il est à noter que Nennius dit expressément que cts Mira-
bilia, il les a trouvés déjà rédigés, avec la liste des cités bre-
tonnes : de civitatihus et mirabilibus Britanniae insulae.
En somme, voici comment je me représente la formation
de VHistoria Britonum.
1° Elle a été composée d'abord dans le sud du pays de
Galles. Dans sa forme primitive elle ne contenait que des
choses ayant rapport aux Bretons, c'est-à-dire à la géographie
196 L. Duchesne.
de la Bretagne, à son ethnographie, à sa condition pendant ht
période romaine et aux premières luttes contre l'invasion
saxonne. Les sources littéraires sont au nombre de trois, le
livre de Gildas, la Généalogie franque et la légende de
S. Germaine Tout le reste, hauteur a pu le tirer de son
propre fond, sauf peut-être le catalogue des vingt-huit cités.
2°' Plus tard on sentit le besoin de rattacher les origines
bretonnes aux fables troyennes et de suppléer, surtout d'après
la chronique de S. Jérôme, aux lacunes du texte primitif en
ce qui concernait le temps des empereurs romains. Le ma-
nuscrit de Chartres nous rend l'aspect qu'offrait, dans sa pre-
mière partie, YHistoria Britonum à la suite de quelques inter-
polations de cette nature.
3° Elle passa ensuite dans le nord du pays de Galles, où
Nennius (±: 800) lui adjoignit divers appendices relatifs aux
Pietés et aux Scots, à ceux-ci surtout, et la combina avec un
recueil de généalogies royales constitué, vers la lin du vii*^ siècle,
dans le royaume de Strathcluyd, mais complété par diverses
retouches, dont la dernière est de 79e.
Comme cet appendice n'intéressait pas son maître Beulan, il
l'abrégea dans l'exemplaire qu'il exécuta pour lui. Cet exem-
plaire est la souche de la version irlandaise. Les autres manus-
crits, quels qu'ils soient, dérivent d'un texte où la première
partie (c. 10-31) avait été retouchée, soit par Nennius lui-
même, soit plutôt par quelque autre, qui ne s'est pas soucié
de conserver le nom du compilateur.
Ainsi ni le nom de Nennius, ni la date qu'il comporte, n'a
quoi que ce soit à voir avec VHistoria Britonum primitive.
Rien n'empêche que celle-ci soit beaucoup plus ancienne que
le IX'' siècle ; sa date flotte entre le déclin du vi^ et la fin
du viii".
La limite supérieure est donnée par le contenu même du
livre et par l'usage qui y est tait du Liber Oucrulus de Gildas.
La légende de S. Germain porterait à descendre un peu plus
I . Ce qui provient des chroniques de saint Jérôme et de Prosper peut
fort bien n'en pas avoir été tiré directement. Cependant je ne veux pas ex-
clure l'hypothèse d'une consultation directe.
Nennius retractdtus. 197
bas. Saint Germain est mort en 448 ; pour que son histoire
ait pu être transformée comme nous le voyons ici, il semble
qu'il lui ait Eillu flotter longtemps dans les imaginations. Mais
ici nous avons affliire à des imaginations celtiques, plus actives
que beaucoup d'autres : un siècle a fort bien pu suffire.
Je dois cependant constater que le livre de Gildas n'offre
pas la plus légère trace de S. Germain, ce qui porterait à croire
que ses voyages en Bretagne furent oubliés de bonne heure
dans ce pays. Des deux ouvrages qui les mentionnent, la chro-
nique de Prosper et la vie du saint, rédigée par Constance, puis
remaniée à Auxerre, le second ne paraît pas, autant qu'on peut
voir, avoir exercé la moindre influence sur la légende galloise.
Reste la chronique de Prosper. Celle-ci fut connue en Irlande
dès la seconde moitié du vii^ siècle, car c'est évidemment elle
qui a forcé Muirchu Maccumachteni à se préoccuper de Pal-
ladius et l'a sollicité à rapprocher Patrice de Germaine Mais
quel rapport y a-t-il entre cette apparition de la chronique en
Irlande et la notoriété dont elle a pu jouir dans les régions
bretonnes de la grande île ?
Il n'y a donc rien à tirer de ces considérations ; tant qu'on
ne produira pas un document nouveau, il ne sera pas prudent
de préciser beaucoup plus que je ne l'ai fait la date de la pri-
mitive Historié Briloumn.
L. DUCHESNE.
\
Cf. Bulldin critique, 1888, p. 284.
Revue Celtique, XV. 14
THE FRAGMENT OF THE •
TAIN BÔ CUAILNGE
IX MS. HGERTON 93 (jf. 26 a I-) ) h 2).
. (Suite ').
140^40. Andsi;/ bhdcresa achcltair choi;//ghi thairis do;/tlc/i"/;/
idhalta thiri tairngiri dobrrthea i//asgaidh dho — |f. 33 a i| — son
o Mha//an//an// m(a)c Lir origh na Sorcha.
141. Saitir achulbliodh chaiw chorcordtvg arurcho/;/air a-
ghnuisi. 1er dhoso// cach seci 7 t;rthi 7 tairsi 7 nighontâso;?
scci ndthréthi ndthairsi.
142^42. Is an;7sin doriasdadh 7 dorolon/zaigheailh i;//a;/nghnia
.i. i7;/Clioi;7c(u)l(ainn) r(';/dr/-na udthbhasach nilrer/.'/ach na/z-
aiclinidh dhe. rcchrithnaighKdli achaînni uimi am(ail) chranw
résruth no am(ail) bhoig ibhiud arldr srothu gach bail 7 gach
nelt 7 gach ni;/d 7 gach naîghidhe obho;zd gobhaithis 7 rolai
shcTibhglco dibhcrgi dhdchurp i///edho;? achrocui/zd.
143-45. Tangadar ashdla 7 aoircni 7 aEsgada go///bddar
dhaés. Tangadar tarbhéthi aorca;/ go/;zbddar artulaibh alurga»
go;;/bd medithir re maddorn milEdh gach mEcu// dimhesraigh-
thi dirimhi dhibhsidhc// 7 doérgheadar tollrhéthi amhullaigh
g07;/bddar arcoich amhuineoil gombd medithir cEnd m(i)c mi-
dhaisi gach mulchnoc dimhor dhibhsidhég.
I . Voir Revue Celtique, t. XIV, p. 254 ; t. XV, p. 62.
i-io. LU. 79b, 21-23. — ^^- 77^'' 19-22.
II I , LU. 79 b, 23-28. — LL, 77 b, 22-29.
143. i-l-- 19^'' 29-3)- — LL- 11 b, i'>;7-
Tàin bô CuailnfiC. I99
144. Adrâclitadar agh]oi/?mi go;;/bàdar gdoibh.
145 ^-tj. Dorighni cûar cera dhaghnuis 7 da aighidh fair go-
waslughman;z i//darna suil dô i^acliEnd 7 is(edh) amhodh
nachtairscadh liadhchorr toghraïin uirri alàr aghrûaidhi 7 aiar-
thur achloigni. gombdsESgaing asédchi go;//hai f(or)aghi'uaidh
sEchtair.
146. Go/;/bo racdcthir rc coiri ciugdhuii'// gon — |f. 33 a 2| —
dtvna di'/-g rua/;/anda di réchEnn awaigh ani-chtair.
147^47. Saiais abhél gorurdhlocht.
148^48. 7 srEngais i?2feoil do//fliidhbhaidh chnamha gowdar
i^égnaigh agi;/chrais. Tangadar asgamha 7 athroma go;nbddar
aretealaigh aruachtar achrais 7 abmighed. Beanais hem nul-
gai;/i léomhain do/zcharbad uachtarach bhara/;aircli gowbdmé-
dithir ré molt chraicEiid téora bl(iadn)a gach smalach derg
te;nidhi tennsEdar afliiacla i?/abhél asabraighid.
149^49. Adclos blosg bhewnEch achraidhi ré chliabham(ail)
gloi///nigh ndrcho/z ifluhoch no am(ail) leo)imi agtcr/;/ fômhath-
gha;//naibh.
150^50. Adchessa nacoindli bodhbha 7 nacithnélla ncy//i 7
nasboi^g cibhli te;;Edh triche;;/ruaidhi arlasadh 7 arloi/zdregudh
ûasa.
151^)'. Dochasnaigh aiholt i;y/achean;? am(ail) chraibheach
ndtTg sgiach i///b^rnaidh aththalda i/;/chu/»ai;/g. Iss(edh)
ahodh dhacroitéa righabhall fiirighthorudh osachi//d ndchroi-
scadh ubhiiU dibh talmhain tairis 7 dothoiriseadh ubhull ar-
barr gach X'nfhi;;da refr/thchasadh nafergi adracht diafluilt
Liasa.
152^5-. Adracht alonn laith osaedun.
i)3'55. airdithir re/;nthir dîrgithir tailcithir trt'sithir réséol-
chran;^ p;'/nihlui»gi moiri ic^rtairdi i;^bui?zdi dirEch donz/fhala.
atracht dochleth achi;zd 7 acheandiiihiiUaigh iccrtairdi co//d(T-
145. LU. jçb, sG-^(). -^ LL. ']']}}, jS-42.
147. LU. 79 b 40m. — LL. 77 b 42-43.
148. LU. 79 b 40-8oa. — LL. 77 b 43-50.
149. LU. 80a 1-3. — LL. 77b 50-52.
1 50. LU. 80 a 3-7. — LL. 78 a i -4.
151. LU. 80a 7-12. — LL. 78 a 4-9.
152. LU. 80 a 12. — LL. 78 a, 9-10.
153. LU. 80 a, 1 5-20. — LL. 78 a, 1 1-17.
2 00 Nettlau.
ni dubhchuiigh ndraidliEchta dhe am(ail) chiaigh dorigh
bhruidhi;z trath tig righ dhiatinuEsgur itESgur | f . 33 b i | in-
laithi ghemrEta.
154^54. Andsi» bharEblaing i;zearr ghaisgidhsin iwacharbad
tshErdha ro/zaearraibh iarnaidhibh 7 ro;/ath;t^bhraibh tanaidhi
ro;nchro/;/dnaibh 7 bhaca»aibh 7 bhirinibh 7 bhirchruaidhibh
155. gc;rbhabhirfogw^ nfoi;?iudh 7 gach coinh ledartha
duini gach urball 7 gach naît 7 gach ni;;d 7 gach naighi icurp
dhuini iarche?m odabt'rradh goboi/ziudh
ig6^56. ro/mah"bhiribh niadh 7 conacÏEs urshloicthi 7 cona-
tarngaibh gséthi bidis f(or)fertsibh 7 iallaibh 7 fhidhisibh 7
tholo^/naibh i/^charbaidsi;? retesgadh chean// 7 choLm;; barag
7 mhédhi 7 mhuîzel.
157^57. Andsin dobcrtsu;/ torannchlEs ch(et) f(or)acharbad
7 tora^dclEs da c(et) 7 tor(anncles) tri c(et) 7 tor(annches)
chethri c(et) 7 tarrasdair aigi arthor(anncles) incoigea.dh c(et)
uair nirbharail lesin;z inairedsi// dothotim les dached chuinn-
sgléo chatha dochethri coigeadhaibh Er(enn) dô dhighail na-
m(a)craidhi forro 7 Fhollo;;zain m(i)c Co/;chobhair 7 doluidh
fo/nii«dasin doindsaighidh anawad.
158^58. Andsin tugasdairsiun séol trom f(or)sa;/carbad
159^39. 7 dothaéd môrthi;nchell .iiii. noUchoigEdh nEr-
(enn) amaigh anEchtair
160^^°. gorbho lôr dho dhu;/ 7 dho dhaingea/î doibh febh
dhochuadar rotha iarnaidhi i//charbaidsin shis 7 sEllsEchtair 7
ad/7/chdadar Ico claidhi 7 coirthi 7 cairgi 7 taithlEca i/;talmhaH
7 amulrgy/anaird i//aird risnarothaibh iarnaidhibh suas seI-
sechtair.
161. Isan;/si« fochcrdsun athàl — |f. 33 b 2\ — mbodhbha
7 achircuU mbodhbha i//imthi/;/chell chethri noUchoigEdh
nEr(enn)
154. LU. 80a, 21-24. — LL. 78a, 18-21.
156. LU. 80a, 24-26. — LL 78 a 21-24.
157. LU. 80 a, 39-41. — LL. 78 a 24-29.
158. LU. 80b, 1-2. — LL. 78a, 31-32.
1)9. (LU. 80b 7-9). — (LL. 78 a. 57-39).
160 LU. 80b 5-7. — LL. 78a 33-37.
Tciin bô Ciuiilnge. 201
162^^-. 7 is aire focherdsu?? i/zcircull mbodhbhasi;; môrthi;;/-
chell chethri choigEtlh nEi'(cnn) arndtEchtais uadha ar tecliEdh
no ari//?gLibhail 7 nachsgaildis uimi 7 ro;KistairsEdh réthen/?ta
iad dodhighail nam(a)craidhi forrtho.
i63'^>. Rotha^d chucu annund armEdhon asaaithli 7 tugas-
dair fobairt bhidhbhadh f(or)bhidhbhadhaibh fortho 7 tailghis
fiilbhaighi môra dochollaibh abidhbhadh 7 anamhadh 7 aer/;/-
mnd ma/îcath ser/;/air godrochradar les honn iri médhc 7
médhe fr/ bonn 7 doid ïri doid 7 uillin;; fr/ huillind 7 airbhi
fn'hairbhi gurbhalinnti fola f(or)dhcrgi f(or)ani;;/thighdis
164^^4, g(;;-bhachuma cii 7 Ech 7 duini les
i65^^>. isi;/bhresligh mhoir iwuigh Mwrthemni inaidhchisin
agdighail nam(a)craidhi archethri ro/VEdhaibh Er(enn).
166'^^. Cidh tra acbt nîfhétar arini 7 nithoill aairea/n naa-
fhaisnés gachandrochair les dochowairium righ 7 ruirEch chu-
radh 7 chathmhilEdh chliathb^rnadh c(et) 7 fEr feraiz/d ge«-
môtait aniiùs 7 ar;;iaigh 7 ôglaigh 7 oigthighirn 7 dâsgar-
shlùagh dimhai;/each fer nEr(enn).
167'^"'". Acbt atd nicheana à)//rLÙdhbitIier conimein arrigli 7
ataiseach ac;/radh 7 acathmhileadh acliathbernadh c(et) 7 afEr
ferai^d
.i. Da Chruaidh dha Shecheall
dd Chaladh tri Cruind
da Chir tri Cunûdh
dd Chiar tri Co/«airchi
.u. Q'Mnaid se Dai///iaich
.u. Cobhthaigh .uii. Rochthaigh
se Saschai» .uii. Ronain
se Duaich .uii. Ruirirthigli
se Dairi ocht Cairpthig
se Du/2chaidh ocht Cobhthaiirh
162. LU. 80b, 7-1 1. — LL. 78a 37-41.
165. LU. 80 b, 11-16. — LL. 78 a, 42-47.
164. LU. 80b 22. — LL. 78 b I.
16). (LU. 80b, 19-20).— (LL. 78 a 50).
166. LU. 80 b, 24-26. — LL. 78 b 2-3.
167. LU. 80 b, 26-38. — LL. 78 b. 3-16.
Foda
FurEchair
Cois
Curaidh
202 Nettlau
ocht nUlchaigh .x. Fée
.ix. nDairi .x. Fiachra
.ix. nUrlaigh .x. Fedhlimidh
i68^^s. gorub .ix. righ deg arnai lichtibh dochowanman-
iia'ihh righ 7 talsEch 7 fear îera.ind is(edh) rosbith Cuchul-
(ainn) isinbhresligh moir i Muigh M/</'the;;?ni i;/aidhchisi;î.
169^*^9. dirlmi arche/za a//drochair les doeachaibh 7 dochow-
aibh 7 do dhuinibh.
Cidh ira acht nitliernô intrEs fear dhfheraibh Er(enn) uâdha
ga//chnedHOga;îchrecht no ganghlas no ga?zd(Tg 770 gan chnocno
ga;zchomartha no ga7zmhaidhm lesi no lairgi uo lurga;/ no leth-
chi7zd no lethshula «0 ga/zbhithai/zibh trébhithu bratha 7 bEtha
fiiir
170^7'^. 7 bholuidhsiiu/ i/7/.shla;î uaithibh ga;7ihuilEgudh
ga»ihoird^rgadh air kn naaraaraidh nd araEchaibh
171^71. ororube i/zcarbad serrdha ro/ngisin. finid a/;/e//. f.
172^7-. Andsi?; doérigh Cuch(u)l(ainn) gomoch arnamhar-
ach dothaidhbhriudh i/ztloigh 7 dothaisblie/zadli aclirotha ail-
ghin Àimà domhnaibh 7 dobhantrochtaibh danribh 7 dingliEn-
aibh dilEdhaibh 7 dsés ddna nair nirmiadh 7 nirmliaisi les m-
diuibhar dliElbb disgir dnzidher/;/a tarflis doibh air i/zaidhchi
ria/;/ rewe.
Is airisi/7 da(no) thaiizig siu/z dothais — |f. 34a2| — Elbhadh
achrotha ailgi// alai;/d i;/lasi/7.
Alai7zd amh iwm(a)c thai/zig an/2si/7 dothaisealbhadh achrotha
dowaslûaghaibh .i. Ciichul(ainn) m(a)c Suàltaigh
173. m(a)c^' ... m(a)c ... m(a)c ... m(a)c ... m(a)c-...
m(a)c ... m(a)c ... m(a)c ... m(a)c ... m(a)c ... m(a)c ...
m(a)c m(a)c ]é 7 ba sh'ér aw esiiuz gibé dibhsi
iarndlighiudh righdha.
168. LU. 80b, 39-40. — LL. 78 b 12-16.
169. LU. 80 b, 40-44. — LL. 78 b, 17-21.
170. LU. 80b, 44-46.
171. (LL. 79 b 3).
172. LU. 81 a, 1-9. — LL. 78 b, 22-50.
a, AU thc nanies Ibllowing thc 14 m(a)c hâve been erased.
Tâin ho Cuailnge. 20?
174^74. Tri fuilt bddar f(or)i//fhirsi// .i. do;/d fri tLii;/d
achi//d 7 cmliErd^/'g annwmhedo/î m'md ôrdha nothuighithir.
Gain congairsi infhuilt si// rowcuirtliEr téora srEtha i;;?chlais
acIiLilaidli go/;/basa/;/alta 7 orshnath gacli li;zdu flithman;zach
f(or)sgailti f(or)ordlia dighrais dûalfliodha d^rsgnaightlie datli-
âlai«d tarafiior/;nia.
Céd chairchEs clîorcorghla;/doderg6roi'lasrach iwahhraighid
suaithe do charrmhogol chiu/zasgdlia lùinihacht fr/acliEnd.
cethti thibhri cecbtav dhadhâ ghruddh .i. tibhri buidhi 7tibhri
uaini tibhri gorm 7 tibliri corcra. .uii. ngEma doolochta nalE
tlia/;ros[g] cecbtar dhadhaghrûaidh .uii. méoir cÉchtar dhadha-
chos 7 .uii. cecbtar: adhala/M go/zurgabhail ingni g/7uin 7 gon-
grein ingni sebhaic bhar gach nai fôleth dibh.
I75^7>. Gabhaidhsiu;/ da(no) adhillaid ni^naig uimi inldsi;z.
baidaedghudh uimisiu/î .i. fùan cai« corcorghla?/ dElg fi/aiarg-
aid isinbrut o.sabhanbhrui;/di co;zachcumgaidis suili daini adés-
gai;? argiilcord^f/;/ 7 arghlaiz/idliEcht.
1 76^76. Isamhlaidh dobisé 7 cliabi//ar sirig fn acbiiES arnai/;/-
thacmaisi dhochrEsaibh 7 dochiwsaibh 7 dochorrtharaibh oir
7 airgid i»ai;//thimchcall
177^77. SgiatJT diglirais do;/dchorc/7/ dathalai//d fair.
I78'78. Cioidhe/« ordhuirnn indtlaisi f(or)achliu.
179^79. Dashlegh chrûadhacha chuigrEiida inadliEslaim.
180^^°. Nai ci;zd isi/zdarnalai/;/ dhô 7 .dechcin/z isizdaimli
araill.
181. taidhbh fir iuabrcdibh Etarru.
182^^-. Andsin doaitchEdar mnd fEr nEr(cnn) atôgbhail ar-
lébheanndaibh sgiath 7 ôsghuâllaibh f(er) ôglach darhaidhbh-
riudh chrotha C/;ozzc(u)l(ainn).
183. 7 roataigh bean Dubhthaigii atôgbliail dothaidhbr/udh
chrotha C/;o/zc(u)l(ainn).
174. LU. 81 a, 9-23. — LL. 78 b, 31-46.
175 . LU. 81 a 24-29. — LL. 78 b 47-793 i.
176. (LU. 81 a, 29-51). — LL. 79 a, 2-4.
177. LU. 81 a 32-33. — LL. 79a 5-7.
178. LU. 81 a, 33-55. — LL. 79a 8.
180. LU. 81 a 37-38. — LL. 79 a 10.
182. LU. 81 a 59-4!. — LL. 79a, 13-16.
204 NcUlaii.
184^*^4. Odchiuila Dubhthiich i;/nisi;z gabhais éd 7 ealc-
mhainr/;/ é 7 dorad coinairli bhraith 7 trcgthi C/;o/zcul(ainn)
dfhEraibh Er(enn).
185^^5. 7 zshen inlaidh and:
186^^^. Masa é seo inriasdarthe taéthsad laich dhaluin»isiu;î
187^^7, bedid eghmhi fairisiu?; bedid bui;/d Bbnnnmsiun.
188^^^. Biaid coirthe f(or)aler/;/aiblî bidh f(or)mach dorigh-
martaibh
189^^9. nimaith conûgliEd incath ari//lerg f/7'si«a;;/ach.
190^90. Masa éseo iwriasdardhe bidh marbhtha duine uaidhe.
191^91. bedid colla fôchosaibh bed bruit | f . 34 b | bhâna
fôdhosaibh.
192. Adchiu cruth iwiewEllaigh ,ix. ci;zd i//achuilsenaibh ad-
chiu fodhbh les imbredaibh .x. ci«d inarothedaibh.
193^95. Biaid sluaigh niwe dogachieth diawadh mé badh
cho^Marledh
194194. argorghairdighdis are masaé seo i;iriasdarthé. Masa
.e.s.
195^95, Et adchiiala Ferghtis i^misi». 7 roerigh ealla bdghi
an?i 7 tag tuinnigléo tairpthEch ddchois uadha id^r conastarla
rébuidhin anechtair é.
196^96. Ole leaw aDhubhthaigh ar Yerghus co?;/airli bhraith
7 trfgthi C/;oHc(u)l(ainn) dothabhairt duid dtraibh Er(enn)
197197. 7 adb<^rt nabrfathrasa an;/.
1 98^98, M;^5 ^ Dubhthach DséltEnga arcûl naslûagh bhâsrEn-
ga nochodcrna vhni dho mhaith odgheoghai^/ i/zinghenraith.
184. LL. 79 a 19-21.
185. LU. 81 a 43. — LL. 79a 22.
186. (LU. 81 a 44). — (LL. 79 a 23).
187. LU. 81 a I. — LL. 79 a 23-24.
188. LU. 81 a 2. — LL. 79 a 25-26.
189. LU. 81 b 3. — LL. 79 a 27.
190. (LU. 81 a 44). — (LL. 79 a 23).
192. LU. 81 b 4-5. — LL. 79a 27-29.
193 . LU. 81 b 8. — LL. 79 a 50.
194. LL. 79a 50-51.
195. (LU. 81 b 26-27). — LL. 79 a 34-37.
197. LU. 81 b 9. — LL. 79a 39.
198. LU. 81 b 10-13. — LL. 79a, 40-44.
Tiiin hô Cuaiinge. 205
pEmis cclît nduâibhsHch ndohhail gui;/ Fhiachaigh m(i)c Con-
chobhair 7 niboha///ro dho guin Dairi m(i)c Fhedhlimtheo.
I99'''9. Nimaith réloi«gis Uladh gui/z am(a)c nach acz/radh
cosdudh Ul(adh) arbâhi cosai;/sEd a;n/zdili.
200-°°. Bfrthar f(or) rigraidh atad rehUltaibh acht go«érsEd
bedid echta sgeoilmhara bedid righna dermhalla.
201-°^ Adchiu bharrighai;x imai;/ nierghmid do»i;//arbhaigh
nimhairEnd gaisgEdh ndgartm(a)c Lughdhach conalxchdhacht.
trerighdha ruaiwnEdh rEn;/amds é Dubhthach DsêltEiiga. M. s.
2022°2_ Andsiw rahiwraidhEdh agfcraibh Er(enn) ciabhadh
choir dô cho/;/lon7î 7 docho;;/rag re Coi?zc(u)l(ainn) 7 dddhin-
gbhail dibh arâth réhuair namaidni muiclii arnabhârach.
203 -°5. Is(edh) ad^readh gach fear dhibh nochomhisi no-
cho — |f. 35ai| — mhisi nocho mhe thrd asmo dhaighin ni
dlEghar cimidh do/;/che;zél 7 gianodlighthéa nibhadh mhé dho-
b^rdais tarascean/z khindhecht.
204. 7 nibhômé radias docho;»lo//d nddhochowrag ré Coin-
cul(ainn) gobruinm bratha 7 bEtha dhdés.
205 -°5. Andsin conittcht Meadhbh f(or) Fherg«5 m(a)c
Roigh i;;/thecht docho///lond 7 docho//7rag ré Coi;zc(u)l(ainn)
7 dadi»gbhail dibh arâth réhuair namaidni muichi arnamhdr-
ach.
206-°^. Nircho;nadhàis arddhsi// ri;;/sa aile bhar ¥ergh.us
conAonn ndchomrag dhodhewamh dho/;/ re;//dhalta fén 7 ré-
dalta Ul(adh) 7 réglu;/dalta Ct;«chobhair 7 i/7gilla asachnebli-
riiaidh.
207^°/. Andsi« rogabhadh a eocho dhFhergh/^.f 7 dohin/z-
leadh acharbad 7 tai;/ig rcmhi gohdth i//cho;;zlai/7d 7 mchom-
raig gohairm iwbai Cuch(u)I(ainn).
208. Mochea/f doûiecht 7 doxhor achtdixn amofoba aFhErgais
f(or) C(u)ch(ulainn). Tairisi h//d i//failti bhar Verghus. Tairisi
199. LU. 81 b, 16-17. — LL. 79a, 47-48.
200. LU. 81 b 18-19. — LL. 79 a, 49-50.
201. LL. 79 a 5 5-79 b 2. "
202. (Cf. LL. 79b, 42-44).
203 . LU. 82 b 2-4. — LL. 79 b, 44-45.
205. LU. 82 b, 5-6. — LL. 79b, 46-47.
206. LL. 79 b 47-49.
207. (LU. 82b 7). — LL. 79 b 52-54.
2o6 NettLin.
duidsiu o;; aFherghais bharC(u)ch(ulainn) 7 rodfia SLUiighidh-
eacht aidhchi smvi a;/ocht. Rodfia buaidh 7 henachta'iii
adhalta/i bhar Verglius. nidaighidhcacht ort ta;.'agsa dcbt is do'
cho///lo//d 7 docho//îrag rit
209-°9. Is foll inîedhin duidsiu ter/;/ i///cho/;/dhailsea a;»o-
phoba aFhergais bhar C(u)ch(ulainn) 7 ga;;dochloidhe?// in-
aindt'mc.
210-^°. Is cuwa limsa si;; chEna f(or) ¥crgus ar gia nobheth
claid(ebli) ann ni b[n]d[n D Q D] duidsiu 7 nihimérthar[ortsa].
ar iir dhoghoili 7 dogaisgidh [arse] Telg t/'oighidh damsa.
211^". 7 telgfedsa t;7nghidh ro7;;udsu i;;am nobiad cne —
j f. 35a2| — dhacli c;vchtach c;-fli;7tEch trEtholl tu arcath
mhôr Thana Bo Cuailghni 7 othechiEdsa inn-enm- ro;;;udsu
techfidid fir Er(enn) uili.
212-^-. Is ksg li;;;sa si;; bar Cuch(u)l(ainn) .i. techEdh ré-
nxii iliEr aslûaighEdh mhôr Th(ana) B(o) C(uailgne).
213-^3. Andsi;; bholuidh C(u)ch(ulainn) i;;acharbad uadha.
214-^'!. datecheadh ro;;;ud aFherghais bhar M(edb). natiad
djd natiad did aFlierghais a leawna;; bhar M(edb). aich o;; u;;;
aile bhar F(Tgh;/.v gieih bEg techidh tug;;5a air nithugsabhairsi
cethri coio^idh Er(enn) aurdail air ar Tai;; B6 Cual(gne).
215. Gurub é Ba;;cho;nrag F(';-gh;;.fa artanaidh (ro;niigisi?; 7
is uimi aderar b;incho7;;rag ris doigh nibhi fuil f(or) fébhur
dhe.
2i6-i^\ Is(edh) doraidhsEdar firEr(enn) nachbhadh chalmu
CL'ich(u)l(ainn) nagach fer ele df;-aibh Er(enn) acbt gonE-
darsgartha aarm chlétin ris. cIes i;;gnadh a;;aichnidh ése;; da-
bhi aigisiujî asafairghEdh cach
217217. 7 isi co;;;airli dari;;di Medhbh Rndhg Lui/;ti dochur
dathchuiwgidh i;;chleti;; clilcasa gohairm imbai Cùch(u)l-
(ainn)
209. LU. 82 b, 8-10. — LL. 79 b 54-80 a 2.
210. LU. 82 b 11-12. — LL. 80a 7-10.
211. (Cf. LU. 82 b 9-10). — LL. 80 a, 12-14.
212. LL. 80a, lo-ii.
213. (LU. 82 b 14-16). — LL. 80 a 14-17.
214. (LU. 82 b 16-18). — LL. 80a 17-23.
216. LU. 70b 1-2. — LL. 73 b, 36-39.
217. LL. 73 b 39-41.
Tdin bô Ciuiilnge. 207
218-'^. 7 tainig Rcadhg remi gohairm i///bai CLich(u)l(ainn)
diarraidh i;/chleti;zchlEsa fair 7 nithard Ciichul(ainn) fochedoir
dho c 7 doluidh remhi [D D D n]i///da 7 dahailEsdair Cùchu-
l(ainn) Rndhg dhâ xn-adh 7 da egnach inar^nnais acht mini-
thughadh i;/cletin chleas do.
Andsi// guinnasdair Cucluil(ainn) inclEs do achuladhaibh
gorghabh urrai/zd [D Djbeolo thrid | f . 35 b i | gondrochair
inarbga?unmain and.
21 9219. riseasguing aumha donchlctin gurub Uma Sruth
fos ainin i^trotha. Doîgh isuimi adearar uniba sruth ris doig
risEsguing aumha dho/zcletiw chleas an/z.
220"". Bai léch amra do Chonzcht3ih\\ f(or) indarba asathir
o Oill(ill) 7 o Miiedhbh pErchu Loi/zgsEch do Loc Ce baseadh
acho?»ai;/m 7 nidheachaidh Meadhbh toisg lasi cowaidhchi
otaigh féu riam nach biadhso/z agdodh 7 aglosgudh acoigidh
dahés.
22i^-K Adchualaidhsinn xuoglach igfosocbudh chethri noU-
chuigead nEr(enn) onlùa/î resamhai?/ gusa72cedai;î arniî/^bulg
7 ag marbhadh fhir arath dibh gach laei.
222---. Cidh as fliErr [D D D D] dhoghcnmais aile bhar
F[erchu Loingsjeach natocht dodhingbhail infirud dt'raib
Er(enn) 7 doghebhu;// sith OilcUa 7 MhEdbha tharacEiid.
223. DErbh Icsidlie/; dathx-thsad Cuchul(ainn) lais gowadh
le^ icn crich oirthir Chonacht.
224^-4. Trf fir deg baseadh alin.
22)2-5. tangadar rompo gohath aladh armuigh Murthem-
hni 7 orangadar adchon/zcadar inainenfhir 7 tugadar aichni air
gorbhé Cuchul(ainn) e 7 dalaiseadh na iri fher ghadhegair
anenfeacht 7 anœnuoir.
226^-^. I f. 35 b 2 I gotarladar asleagha gambolgainibh isin-
sgiath 7 tugsLui achloidheaw asathinwtigh bhodhba dhaind-
218. LU. 70 b 3-7. — LL. 73 b 41-46.
219. LU. 70 b 8-10. — LL. 73 b, 49-50.
220. (LU. 82 b 20-21). — LL. Boa 24-28.
221 . LL. 80a, 29-32.
222. LL. 80a, 33-58.
224. LU. 82 b. 21-22.
225. LL. 80 s., 39-41.
226. (Cf. LU. 82 b 21). — (LL. 80 b, 41-42).
2o8 Nettlaii.
shaighiJh 7 daghabh asgLithadh nanarm dhi ni edtrumughadh
asgéth fliir 7 gumfai friu inadheaghaidh sair 7 siar bhadheas 7
bhathùaidh 7 faisgis adacEnd dég dhibh 7 ferais cowlond fich-
dha fuileach 7 fobartach ré Ferchoin fén ahaithli amhtii;îtiri
dhomharbhadh 7 nirfhoghain gofada dFearchoin aimlaidhi iiair
adrochair fadéoidh re Coinculaind gan chundtabairt
227. gurub airisiw asbeart Cuc(hu)l(ainn) :
Fearchii Loingseach nirbéag bed nadhafhear dheg nar-
tliimli adrochradar si;/ isdaig lem laimh agiitii aladh fiii//d.
228^-^. 7 dobean acheand dFhearchoin anoir inatha gurub
Ceann Fearchon 7 Cingid Fearchon idearar ns'in inadsi;/
doigh is uimi idearar Cin;nd Fherchon ria. Doig dafliagaibh
Fearchû 7 adhafhear deg acind 7 acosgo[d] 7 acomaidhiumh
and
229. ftwadi Aididli Fhercho// madgonigi si;?.
230. Comrag Cailitin gona cloind ad neasu su//d
231. 7 Comrag Firdiad asnEsu dhôsiden.
DDDDDODDDCdCo Cjj.
Max Nettlau.
228. (LU. 82 b, 22-23). — (LL. 80a, 43-44).
I . It may be of interest to print hère Calatin' and his sons' fight with
Cuchulainn from Ms. H. 2, 16 (Leabhar Buidhe Lecain) as this part of the
Tain is lost in L.U. and as itis immediately foUowed by the Fight of Fer-
diad of which 1 liave already pubUshed the Y.B. of Lécan-text in R. Ceh.,
X, p. 330 sqq.
H. 2. 16, col. 609 : Foidis Medb arnabarach .uii. firu nch(et) ara ceand
ingrellaich Co;/c(ulainn). fuil iarum aai;/m inagrellcha friath Firdead desiu.
.sraitis a .ix. hgai fichet fair fochetoir .i. Gaili dana cona .uiii. m(a)caib
fichet 7 m(a)c adeirbsethar .i. Glas m(a)c Delgna. intan iar(u)/H rigset lama
uili diaclaidmib Tic Fiacha rn(a)c Febe inandedhaid asi/rdunad. focheirdd
bedg asacharp(at) intan atrcwdairc allama uill iciî?d Co;;c(ulainn) 7 benaid
anai rigthi fichit dib. isand asb(ert) C(u)c(hulainn) is cobar in;;eimb em
andorighnis. Ambesa ol Fiacha istarcotach dui;/di arnUlltaib diari neach
dib andunad. regmani artr/chait cet fogi// claid(ibh). Tongu 7rl- intan do-
relced mo anal da»/sa or C(u)c(hulainn) niro;/ricfa fer dibseo;» ambeathaid.
Gonais C(u)c(hulainn) iarsin an IX. tîr fichit dollotar doimb(^rt ac(u)H/aing
iV/sinsIog ise agnim insaiu forsintain coUotar donchath laCoi/zchulaiwd. Ata
isi;z cloich imedo» indatha lath rath tele insceth 7 adorn« 7 agluiwe 7 rola-
tha anai coirthi fichit andsin.
Thenjollows : Comrac Firdiaid 7 C(on)c('hulainn) so. etc.
L'ESPAGNE CHEZ HOMÈRE
A l'époque où ont été composées V Iliade et ïOclyssce, les Grecs n'avaient
pas encore franchi la mer Ionienne, et la Sicile était pour eux le pays de la
légende et des rêves. Ils avaient cependant acquis, par l'entremise des mar-
chands phéniciens, quelques notions exactes sur certaines parties de l'Eu-
rope occidentale, par exemple sur les Iles-Britanniques. Karl Mùllenhoft" l'a
établi 1. Le mémoire suivant de M. Th. Reinach tend à démontrer que par
la même voie le nom d'une localité d'Espagne et la célébrité des mines d'ar-
gent de ce pays sont arrivés à la connaissance des Grecs dès la période ho-
mérique. Quelques-unes de ces mines d'argent devaient un jour tomber en-
tre les mains des Celtes, déjà maîtres probablement des Iles-Britanniques.
Nous pensons que les lecteurs de la Revue Celtique liront avec intérêt le tra-
vail de M. Reinach qui est un complément des savantes études de Karl
Mùllenhoff.
H. D'A. DE J.
I.
Dans le catalogue des alliés de Priam par lequel se termine
le second livre de V Iliade, on lit ces deux vers, entre la men-
tion des Paphlagoniens et celle des Mysiens : ^
Aùtàp 'Aa'.^wvwv 'Ooioç y.ai 'E-dj-ps^oç 'Op'/ov,
Tr;A60ev s; 'Aaj6'/;ç, BOev àpyjpo'J ïzi\ yz'ii^fKTf.
L'un de ces chefs des Halizônes, Hodios, reparaît au livre V
pour tomber sous les coups d'Agamemnon^. De l'autre, il n'est
plus jamais question.
I . Deutsche Altertuinskutiile, t. I, p. 5-7,212-22^.
2. Iliade, II, 856-7.
3. Iliade, V, 39: xr/rj'j '.Va'.I^ojvwv, 'Oofov ;j-£Y«v, r/.GaXs 8;cppou.
2 10 Théodore Rcinach.
Ce couplet i déjà donné bien de la tabkiture aux commen-
tateurs anciens. Où fallait-il placer ce mystérieux peuple des
Halizônes et ce pa5's d'Aiybé, « patrie de l'argent », que ne
mentionnait aucun périple ? Les opinions les plus di^'erses
avaient cours à ce sujet, et Strabon, dans un passage qui pa-
raît emprunté en grande partie à Démétrius de Scepsis ^, nous
en a laissé l'énumération intéressante. La plupart des critiques,
guidés par le contexte, cherchaient, ces localités énigmatiques
dans TAsie mineure antérieure : les uns dans la Phrygie hel-
lespontienne, près d'Apamée Myrleia, de Cyzique, de Zéleia
ou de Scepsis, d'autres en Éolide, près de Cymé, ou en lonie,
près de Magnésie du Méandre. Quelques-uns allaient jusqu'à
Pallène en Macédoine, ou s'égaraient chez les Scythes et les
Hyperboréens. D'ailleurs, pour justilier toutes ces identifi-
cations, souvent inspirées par le patriotisme local, on avait
recours aux corrections de texte les plus arbitraires : 'AXûor,;
devenait 'Aa56-^; ou 'A/.c--/;;, AXit^wvojv se changeait en 'AXX-.-
(^(ovo)v, 'AAaÇ(ôv(ov ou 'A;j.aCwvojv, et même l'hémistiche oOev
àpyjp'j hi<. '[zviO'hr, en 'dO' 'A[xaovîowv vivor hxi ! Il est clair
qu'en refaisant ainsi les vers d'Homère il devenait assez facile
de les expliquer-.
Strabon, qui rejette à bon droit toutes ces interprétations
de fantaisie, en propose une à son tour qui ne vaut guère
mieux 3. L'Alybé d'Homère serait le pays des Chalybes ou
Chaldéens, peuplade de pêcheurs et de forgerons qui habi-
tait dans la région montagneuse du Pont oriental. "AauSsc ou
XâA'j6£r, dit Strabon, c'est à peu près la même chose, et
l'histoire offre des exemples certains de changements de noms
1 . Strabon, XII, 3. 20-27.
2. Aux auteurs cités par Strabon — Hécatéc de Milet (fr. 202 Mùller),
Ménécrate d'Elée (fr. 3), Ephore (fr. 87), Callisthène (fr. 29, chez Strabon,
XIV, 5, 28; il paraît avoir placé les Halizônes entre les Paphlagoniens et
les Leucosyriens ; voir la note de Westermann chez Mûller, Scriptores Ah-
xandri, p. 21), Paléphate, Dé.Tiétrius de Scepsis, ApoUodore — il faut
ajouter Hellanicus (chez Etienne de Bj-zance. v. 'AÀôor)), qui faisait d'Aiybé
un lac du Pont (c'est-à-dire de la Russie méridionale). L'article 'AXvSa;
(X!.';jLVTi X^ys-ai sv 'Y-Hp6opEou) d'un lexique anonyme (Bekker, Anecdota,
I, 380) est rapporté par Crusius (Roschcr, Lexicoii, I, 2826, n" 3)àHécatée
d'Abdère.
3. Elle avait été prévue et réfutée d'avance par Démétrius de Scepsis.
L'Espagne chez Homère. 1 1 !
encore plus profonds. A la vérité, les Chah^bes exploitent des
mines de fer et non d'argent ; mais qu'est-ce qui empêche de
croire qu'il y eût des mines d'argent dans ce pays au temps
d'Homère ?
Ce raisonnement, tant soit peu puéril, n'a pas convaincu
l'historien Arrien. Si Strabon, en sa qualité de natif d'Amasie,
avait voulu placer ks Halizônes dans le Pont, Arrien, natif de
Nicomédie, les transporte en Bithynie : les Halizônes, c'est-à-
dire les hommes entourés par la mer, ce nom ne convient-il
pas à merveille aux habitants de la presqu'île baignée de trois
côtés par le Pont-Euxin, le Bosphore et le golfe de Nico-
médie?^
L'opinion d'Arrien a eu moins de succès auprès de la pos-
térité que celle de Strabon. Chose piquante, le Bithynien a,
sans le vouloir, fourni lui-même des armes aux partisans du
Cappadocien : Arrien, dans son Périple de la Mer Noire^, men-
tionne, en effet, une localité du nom d'Argyria, située non
loin de Tripolis ; de ce nom on a conclu à l'existence d'une
ancienne mine d'argent dans ces parages, et le voyageur Ha-
milton assure en avoir retrouvé des traces 3. Mais, outre qu'il
est bien extraordinaire que Strabon, à l'aff'ût d'arguments en
Viveur de sa thèse, n'ait pas allégué celui-là, cette mine paraît
avoir toujours été beaucoup trop insignifiante pour mériter au
temps d'Homère la réputation légendaire qu'atteste le vers de
Vlliadc. En outre, l'Argyria d'Arrien et d'Hamilton est située
non chez les Chalybes, mais chez les Tibarènes. Troisiè-
mement, l'assonance très approximative 'Az/jo-r; — XâAussç, a
d'autant moins de valeur qu'Alybé est pour Homère un nom
de localité et non pas de peuple : « les Alybes ^) sont une in-
vention de Strabon. Enfin, comme l'a très bien vu Arrien, le
nom 'XiJlwiiz. par- son étymologie transparente — aX;,
1 . Arrien, fr. 45 Mùller (Eustathe sur //., II, 857.
2. § 24 (Geog. min. Didot, I, 391).
3 . Hamilion, Researchcs in Asia Minor, I, 259. Le témoignage d'Ha-
milton a entraîné l'adhésion de la plupart des auteurs modernes à la théorie
de Strabon : ainsi Ed. Meyer (Geschichle Pontos, p. 12), Schrader (Sprach-
vergh'ichiing iind Vrgeschichte, p. 264-5), ^^ moi-même (Mitbridale Èiipator,
p. 231, note 3). Dics diem docêl.
2 1 2 Théodore Reinacli.
^Mrrj[xi — indique clairement que les Halizônes d'Homère
sont un peuple non seulement maritime, mais insulaire ou
péninsulaire, condition à laquelle ne satisfont ni les Chalybes,
ni aucune autre tribu de cette région.
La théorie de Strabon doit donc être écartée, comme toutes
les précédentes ; celle d'Arrien, dictée par des motifs d'amour-
propre national analogues, ne mérite pas plus de considé-
ration : il faut chercher autre chose et plus loin — t^aôOev —
sans torturer le texte, sans imaginer des changements phoné-
tiques invraisemblables.
IL
Dans la Description de la Terre de Denys le Périégète
— poème du commencement de l'époque romaine, mais puisé,
comme tant d'autres ouvrages de ce genre, à des sources
beaucoup plus anciennes — on lit ce qui suit, à propos de
l'Espagne : ^
£v oï ol ay.çT^
arr^iiù'/ 'AXiJorj y.ôXxx: \v.ol- tyj; o û-iv3p9îv
TapTr^aoç '/xpiE<j(jx, p'JY]Ç3£Via)V ttéoov avBpwv.
« Dans ce pays (celui des Ibères) est un promontoire nommé
Alybé, l'une des colonnes d'Hercule, Au-dessus de ce promon-
toire est la riante Tartessos, terre d'hommes opulents à l'excès. »
L'excellente leçon 'AXJ6-/;, que des éditeurs trop pressés ont
voulu corriger, est confirmée notamment par un fragment de
l'historien et mythographe érudit Charax de Pergame : « La
colonne sur la côte d'Europe, dit Charax, est appelée Calpé
par les barbares et 'Akù6-q par les Grecs ; celle de Libye est ap-
pelée la colonne de la chasse (7.jvr;Y-/;-i7.r;) par les Grecs, et
"A5'.vva par les barbares. » - Suidas écrit à son tour: 'AajS-/;-
cvo'j.y. œtôat/C '.
1. Denys Péricg. v. 335-7 {Geo^r. iiiin., Didot, II, 122-3).
2. Charax, fr. 16 Mûller (F. H. G. III, 640) z^ Scol. sur Denys v. 64
(Gcog. min. II, 434).
3. Même leçon chez Tzetzès (CM. II, 339, cité par Mùller sur Denys),
et Eustathe sur Denys v. 64 (Ct'c^T. min. IIJ 228).
L'Espagne chez Homère. 2 i ?
D'après cela, il est hors de doute que la colonne d'Hercule
située en Europe s'appelait chez les Grecs 'Aaj5-/;, et comme ce
nom géographique ne se rencontre, à ma connaissance, nulle
part ailleurs, il est naturel d'identifier, jusqu'à nouvel ordre,
i'Alybé de VIliade avec la seule Alybé réelle, la seule Alybé
connue, le promontoire situé sur la côte européenne du dé-
troit de Gibraltar ^ Cette identiiication, imposée parle nom, est
confirmée de la manière la plus éclatante par la mention^ qui
suit dans le texte d'Homère, de mines d'argent. Nous voyons,
en effet, chez Denys, qu'immédiatement au-dessus d'Alybé
commençait le pays de Tartessos, c'est-à-dire l'antique royaume
espagnol baigné par le Guadalquivir, dont les mines d'argent
attirèrent de très bonne heure les navigateurs phéniciens 2.
Pour l'antiquité tout entière, l'Espagne en général, et Tar-
tessos en particulier, est le pays argentifère par excellence :
aucune autre contrée ne pouvait mériter du poète le nom de
patrie de l'argent, ocpyjpcj yevsOAr,. D'ailleurs la réputation de
ces mines espagnoles pénétra très vite chez les Grecs : déjà
Stésichore, poète du vi^ siècle, parle des « sources inépui-
sables, à racine d'argent, du fleuve Tartessos », c'est-à-dire
du Guadalquivir'. Le rédacteur du Catalogue, qui vivait pro-
bablement un siècle auparavant, est moins bien informé : il ne
connaît pas encore le nom Tartessos '^, mais il a entendu
parler, par les marchands phéniciens et leurs clients, du pays
lointain (t/;a:0£v) d'où vient le brillant métal, que les Grecs
1 . Conjecture déjà émise, mais non appuyée ni démontrée, par Movers,
Phôniiicr, III, i, 57, note 47. Movers ne connaît pas le texte de Denys
le Périégète, mais seulement celui de Charax (qu'il attribue à tort à Arrien)
fr. 16. « Da dieselben Fabelsagcn der alten Griechen bald am Pontus oder
im fernen Osten, bald in Tartessus oderan den atlantischcn Kûsten spielen
so ist es wohl gedcnkbar, dass der fabelhafte Silberort dcr àltcsten griechi-
schen Sage aus dcm Westen in den Osten verlegt worden ist. »
2. Diodore, V, 35 (texte capital): Strabon, III, 2, 14. La navigation
remontait jusqu'au delà de Cordoue (III, 2, 3), qui est en pleine région
minière.
3. Stésichore (fr. 5) chez Strabon, III, 2, 11 : TaoTTiaioj ro-:a;j.où -apà
4. Strabon, qui savait que les Phéniciens ont occupé l'Espagne avant
Homère (III, 2, 14), veut retrouver le Tartessos dans le Tartare du poète
(ib., 12).
Revue Celli^iuc, XV, 1 5
214 Théodore Reinach.
ne savaient pas encore extraire des riches minerais de leur
propre pays.
Le seul terme géographique de cette région qui lui soit
connu est le nom, peut-être sémitique, du redoutable pro-
montoire, 'AX'jo-^, qui défend l'entrée de la mer extérieure; il
en fait le nom du pays tout entier. Quant au peuple, il n'a
pas d'autre nom qu'une épithète de situation : ce sont des
hommes entourés par la mer, ceints par les flots : 'AXiÇwvsç,
épithète qui convient merveilleusement à l'Espagne, mais qui,
dans la pensée du poète, désignait sans doute une île plutôt
qu'une péninsule. Quant aux noms purement grecs des chefs
des Halizônes, Hodios et Epistrophos, ils s'expliquent par de
simples jeux de mots : Hodios, de ôoôç, est celui qui fait une
longue route, Epistrophos, de l-'.a-pécpa), celui qui revient. Ce
dernier nom a été forgé par un motif transparent : Hodios,
étant tué dans V Iliade, n'avait pas pu ramener son corps de
troupes à Alybé : il fiillait donc lui adjoindre un collègue chargé
de faire la route de retour.
Resterait à expliquer la présence, au premier abord singu-
lière, de ce peuple lointain parmi les alliés de Priam. On est
habitué, en efl'et, à chercher ces alliés dans une zone beau-
coup plus restreinte autour de la Troade, et les commentateurs
anciens posaient même en principe qu'aucun d'eux ne venait
d'au delà du fleuve Halys. Mais cette conception rationaliste,
qui a présidé déjà à la dernière rédaction du Catalogue, n'est
pas celle des plus anciens aèdes. Pour eux la guerre des Achéens
contre Troie est une lutte gigantesque qui englobe le monde
tout entier; c'est le grand duel de toutes les nations helléniques
contre tous les peuples barbares : car la notion de cet antago-
nisme séculaire est presque aussi claire ciiez Homère que chez
Hérodote, quoique les noms précis manquent pour l'exprimer.
Dès lors, tous les peuples barbares, voisins ou lointains, bien
connus ou à demi fobulcux, devaient figurer parmi les alliés
de Priam, et de fliit nous y voyons, soit chez Homère, soit
chez les cycliques, les Ethiopiens et les Lyciens, peuples va-
gues et à moitié imaginaires, dont les noms purement grecs —
ils signifient le « peuple de la lumière » et « du soleil brû-
lant » — ont été localisés beaucoup plus tard dans les contrées
L'Espagne chez Homlre. '215
historiques qu'on s'est habitué à appeler Ethiopie et Lycie'.
Les Halizônes et le pays d'Alybé ne sont pas déplacés en pa-
reille compagnie ; ils forment le pendant exact des Lyciens —
c'est le peuple du soleil couchant opposé à celui du soleil le-
vant, — et, en fait, les deux vers qui les mentionnent corres-
pondent presque mot pour mot au couplet que le Catalogue
consacre aux Lyciens :
iSapTTifjoojv 0' r,pyv> Aj7.{a)v y.al rXaj/.cç à;j/j;j.ajv
Le dernier rédacteur du Catalogue, qui vivait probablement
au VIII* siècle, sinon au vu*, était déjà fort loin de cette géo-
graphie à demi mythologique. Son horizon plus resserré, mais
plus précis, ne dépasse pas les limites de la mer Egée, et c'est
pourquoi il s'est efforcé de faire rentrer les Halizônes dans ce
cercle étroit, en les coUoquant au hasard entre les Paphlago-
niens et les Mysiens. Les anciens, dont la critique était dans
l'enfance, n'ont pas su s'affranchir de la t3Tannie du texte, ou
plutôt du contexte consacré. Mieux informée, la science mo-
derne doit prendre et interpréter le témoignage d'Homère en
lui-même. Ainsi compris, il nous fournit la plus ancienne
mention de l'Espagne dans la littérature européenne.
Théodore Reinach.
1. Cf. Dieterich, Xekyia^ p. 25. (Dieterich aurait pu ajouter que X(Jh//;o^,
nom du fleuve des Lyciens, n'est aussi à l'origine qu'une des nombreuses
appellations de l'Océan, lleuve du soleil). Le mot Phénicie a, d'ailleurs, une
histoire toute semblable.
2. Iliade, H, 876-7.
LE CELTIQUE BROGA EN ROMAN
On connaît cette précieuse remarque d'un ancien scholiaste
de Ju vénal : « Ideo dicti Allobrogce quoniam broga Galli agrum
dicunt, alla autem aliudK » Le passage a depuis longtemps
attiré l'attention des celtisants, et je n'ai pas qualité pour in-
tervenir dans le commentaire qu'on en peut faire au point de
vue purement celtique. Je me placerai donc d'emblée sur le
terrain de la philologie romane, pour présenter quelques re-
marques à ce sujet. Dans la phrase du scholiaste, on peut
s'étonner que broga soit donné comme correspondant au latin
agntii! : cette forme me paraît une étourderie de scribe due au
voisinage de Allobrogce^ et je lirais : « brogam Galli agrum
dicunt. » Cette légère correction ne repose pas sur une vue
a priori : nous pouvons afErmer en effet qu'il a existé dans
le latin vulgaire de la Gaule un substantif féminin de la pre-
mière déclinaison, brôga, dont l'origine celtique est maintenant
assurée grâce au scholiaste de Juvénal -.
Le latin vulgaire brôga est devenu régulièrement en ancien
provençal broa 5. Raynouard cite un exemple unique de ce mot
(11^ 261); mais il s'est absolument mépris sur le sens en le
I . je cite d'après Holder, AJt-ccltischer Sprachschali, . yo AUohroges,
col. 97.
2 Le GJolsariiun de Du Cange donne hroga d'après le scholiaste de
Juvénal. M. Kœrting, dans son Laleinisch-ronianisches ÎVœrtcrbiich, ne donne
pas hroga, mais il enregistre le celtique hrog-, brogi- comme souche des
nombreux mots romans de la même fatnille que le français hreuih
3 . La chute du g latin après 0 ou u est la règle en provençal, aussi bien
après qu'avant l'accent tonique : cf. rua, ride, de rttga; coroada, corvée, de
* corrogata ; roa^os, rogations, de rogationes ; nualha, paresse, de * niigalia.
Le celtique broga en roman. 217
rapprochant du bas-latin braga et en le traduisant par braie,
terme de pèche ^ Voici cet exemple, emprunté à une charte
de 1294 : « Sobre la broa del Tarn que es sobre los molins. »
Le mot s'est conservé dans presque tout le midi de la France
sous les formes bro, brovo, brouo, brouvo, broue, ou, avec un a
ou 0 prosthétique, qui n'est que la voyelle de l'article féminin,
obro, obrouo, en Rouergue et en Bas-Limousin, abroue, à Mar-
seille. Le Trésor douFelibrige de Mistral le définit ainsi : « Bord,
rive, orée, lisière d'un champ garnie de broussailles, talus in-
culte qui sépare deux champs sur le penchant d'une mon-
tagne ; haie de broussailles, haie, en Dauphiné ». Parmi les
exemples qu'il cite on peut relever : « a la bro d'un rieu, a la
bro de l'aigo, au bord d'un ruisseau, au bord de l'eau ». Ces
exemples ne laissent aucun doute sur le sens de l'expression
la broa del Tarn, si mal interprétée par Raynouard.
Mistral rapproche du provençal moderne bro un mot catalan
brua que l'on ne trouve pas dans le dictionnaire catalan-espa-
gnol de Labernia et dont l'existence est douteuse ; il en rap-
proche aussi, mais à tort, le bas-latin brû:^% (primitif du fran-
çais broiissaille'), et l'italien proda, qui est le lat. vulgaire *proda
pour prora, proue, où le sens de « bord » s'est développé
d'après l'expression classique terra advertere proram, aborder.
Entre le broga du scholiaste de Juvénal et le broa de 1294
cité par Raynouard, les textes bas-latins ou provençaux doi-
vent offrir maint exemple de la forme broa -. Il y en a plu-
sieurs dans Du Cange5 ; je me borne à relever le plus ancien :
il vient du Limousin et se trouve dans une charte de 1165, où
on lit: « Mansum de Albar cum broa et foreste ». Car-
1. L'erreur de Raynouard n'a été relevée ni par M. H. Sternbeck, dans
son mémoire intitulé : Uiirichtige WortaiifsteUiingen iind IVortdeutiingm in
Raynouard's Lexique Roman (Berlin, 1887), ni par M. E. Levy dans son
Piat'euialiscbes Supphrnent-Wœrlerbuch (Leipzig, 1892) en cours de publi-
cation.
2. Cette forme figure à trois reprises dans des chartes du xii^ siècle,
sans date d'année, du cartulaire de Conques, no* 528, 550 et ^34 de l'éd.
Desjardins. On la trouve aussi dans une charte non datée du cartulaire de
Beaulieu, du x^ ou du xf siècle, n» 187 de l'édit. Deloche.
3 . Quelques-uns me paraissent suspects, comme celui qui est cité sous
hroa 3 et celui qui est cité sous briia.
2i8 A- Thomas.
pentier estime que dans ce texte broa est synonyme de bro-
lium : cela est vraisemblable, puisque broga contient le même
radical que brogilum.
Il serait intéressant de déterminer l'aire géographique de
broga en France et en particulier de savoir jusqu'où son do-
maine s'étend vers le nord. Comme mot de la langue com-
mune, il ne franchit pas la hmite septentrionale de la langue
d'oc ; c'est à peine même s'il l'atteint.
Dans la Corrèze ^ on emploie encore obro « le bord de
quelque chose » et son dérivé broiml, variante brial « petite
éminence, bord d'une terre, d'un champ qui est élevé, qui do-
mine sur un autre ». De même dans la partie du département
de la Creuse qui confine à la Corrèze : à Gentioux, par exem-
ple, bro (avec un o très ouvert), subst. fém., signifie « haie
vive », et brau, masc. « tertre surplombant le lit d'un ruis-
seau ». Je ne sais si bro est encore vivant dans la région
centrale et septentrionale du département, mais cela me paraît
peu probable-. Du moins les noms de lieux sont-ils là pour
attester que broga a été usité autrefois dans cette région. Il
y a dans la commune de Vallière un hameau appelé officiel-
ement Labroi, que je trouve dans une charte de 1395, dont
je possède l'original, sous la forme La Broha; dans la com-
mune de Mainsat, autre village de Labrot ; plus au nord encore,
dans la commune de Pionnat, le village de Labrouas trahit
mieux encore l'ancienne forme, au pluriel, Las Broas.
Dans la Vienne, l'excellent Dictionnaire topographique de
Rèdet nous montre encore le mot broga, mais seulement dans
1 . Dict. (kl pa-tois du Bas-Limousin, ouvrage posthume de M. Béronie.
2. Voici à ce sujet quelques renseignements qui proviennent soit d'une
information personnelle, soit d'obligeantes communications de MM. Ger-
mouty, maître adjoint à l'Ecole primaire supérieure de La Souterraine, et
Gasne, étudiant à la Faculté des Lettres de Paris. A Saint-Yrieix-la-Mon-
tagne, le mot hro est tombé en désuétude et remplacé au sens de « haie
vive » par le mox gorse ; cependant on l'emploie encore dans quelques vil-
lages éloignés du chef-lieu de la commune, notamment au Cloux-Vallereix.
Il est encore usité à Mainsat et à La Serre-Bussière- Vieille. A Saint-Ora-
doux-de-Chirouse, qui confine à la Corrèze, on prononce hroiio, et le mot
désigne la lisière d'un champ et non la haie. En revanche, hro est absolu-
ment inconnu à Bénévent, àFursac, à la Celle-Dunoise et à Saint-Sébastien,
c'est-à-dire dans la partie ouest et nord-ouest du département.
Le celtique broga en roman. 219
la partie méridionale du département, celle qui confine à la
Charente. Quatre hameaux en tirent leur nom : La Broue, com-
mune de Charroux ; La Broue, commune du Vigean ; Les
Broues, commune de Saint-Gaudent; Les Brouées, autrefois
Les Broues, commune de Voulême. Il n'y a donc aucune té-
mérité à voir un dérivé du même mot dans le nom du célèbre
port du Brouage, en Saintonge (Charente-Inférieure), d'autant
plus que dans le voisinage, commune de Saint-Sornin, se
trouve le hameau de Broue, appelé Broa au xi^ siècle.
Il n'est peut-être pas inutile de dire en terminant que le
latin vulgaire hrilca, conservé dans sa forme primitive par beau-
coup de patois du midi de la France, et, sous une forme dé-
rivée, dans le mot français bruyère, est tout-à-fait distinct de
broga, encore que l'on puisse admettre une variante * brùca,
à côté de brùca, et qu'il y ait bien des vraisemblances en
faveur de l'origine celtique de bruca.
A. Thomas.
MÉLANGES
l.
A PROPOS DE GUOHI ET UCHER.
Dans le dernier fascicule de la Revue Celtique (XV, jan-
vier 1894, pp. 143, 144), M. D'Arbois de Jubainville cite un
article de Zimmer établissant que -se- celtique s'est changé en
-es-, puis, comme ce dernier groupe, en ch en hrittonique; un
autre de M. Duvau montrant /ij- indo-européen devenant -ks-
en celtique. Cette question a été justement traitée par moi, à
propos du mot guobi sur lequel repose la théorie de Zimmer,
dans mon vocabulaire vieux-breton. Je transcris: « guobi =
« *vox-i, vocab. comique guhicnn « vespa ». Ce mot est spé-
« cialement apparenté au lith. vapsà, à l'anc. haut-ail. luafsa,
« slav. vosa (j'aurais dû ajouter = *vopsa). Guohi suppose un
« thème *vox-. L'.v donne une aspirée en breton: cf. uhel
« « élevé » = uxello. Le p est devenu c et il y a eu métathèse
a comme dans les langues du nord. De même pour ucher,
« vespera ».
J'ai repris la question de -se- intervocal ique dans mes Mots
latins en brittonique, p. 23. J'y établis que, au moment du
fort des emprunts latins, le groupe celtique -es- avait évolué
déjà sur la voie qui le menait à ch en passant vraisembla-
blement par -CC-. En note, j'ajoute : « se celtique dans l'inté-
« rieur du mot représente de, th, tq (hesc et hesp, en armori-
« cain, stérile, =*sitqo-s); c -^ se (luesca, armor. mysgu, gal-
« lois, mêler. Représente-t-il réellement se indo-européen ? Il
« est d'abord étrange de ne trouver le suffixe seo- que dans le
Mélanges. 221
« groupe consonne + se (mesca), lorsqu'il existe en gaulois
« en toute situation. De plus, l'évolution de se en ee et en ch
« paraît certaine pour certains mots : gall. beieh, arm. bec'h,
« fardeau = *bhascio- (Thurne3^sen, dans ses Kelîoroman.,
« fait également venir baieh de * bbasci-)'^ ; cf. fascis et grec
« çâ-y.ojA:; ; ucber, soir = *ouseero-, cf. slavon veeeru. Il est
« probable que se lui-même avait évolué en ec, quelle qu'ait
« été la marche du phénomène. C'est peut-être se qui s'est dérobé
« jusqu'ici dans les fréquentatiis gallois comme ehivennychu,
« désirer, et dans certains noms d'agent. Là où se moderne
« paraît primitif, il est probable qu'il était précédé d'une
« consonne (losei, brûler, par exemple, est probablement pour
« loc-sc-i de lue, lumière) ».
Je ne fais de réserve que sur le proeessus qui a amené -sc-
intervocalique à -eh- néo-brittonique. Zimmer veut que -se- ait
évolué anciennement en -es. C'est très possible. Mon travail
sur guohi, ma dissertation sur es et se lui ont sans doute
échappé, car dans son article il me cite seulement à propos
de l'infection exercée en vieux-gallois et breton par î conservé
sur la voyelle de la syllabe précédente. Je n'en tirerai qu'une
conclusion, c'est que Zimmer est souvent distrait quand il me
lit.
J. LOTH.
IL
DOLMEN, LEACH-DERCH, PEULVAN, MENHIR,
CROMLECH.
■ Dans l'article de notre savant collaborateur, M. Salomon
Reinach, sur la Terminologie des monuments mégalithiques, il
s'est glissé quelques erreurs graves, imputables non à l'auteur,
mais aux autorités qu'il a suivies (Revue archéologique, XXI,
1893, p. 34 et suiv.).
Dolmen. — M. Reinach, après avoir cité Latour-d'Au-
I. M. Whiticy Stokes, dans ses Middle-bret. hoiirs, p. 67, fait également
venir c7; breton de es et même pour bec'h de se.
2 22 Mélanges.
vergne qui, dans ses Origines gauloises (1796, p. 24), appelle
dolniin une table « soutenue par trois énormes quartiers de ro-
cher » à Locmariaker ; et Legrand d'Aussi qui écrivit dohnine,
ajoute (page 36-37) : « je ne connais pas d'exemples plus an-
ciens du mot dolmen, qui est plutôt gallois que bas-breton. » Le
mot ne peut pas être gallois. Le gallois ne connaît pas la
forme dol. Il a emprunté à tabula le mot tafol, balance, à îa-
bella, tafell, tartine de pain, pièce mince de bois, de cuir. De
tab'la est venu le mot gallois du sud tafal, avec a irrationnelle,
balance ; le dérivé tafl-en, tablette, tableau, vraisemblablement
tafl-u, et tawlu, lancer, tawl-hwrdd, jeu d'échecs, breton-armo-
ricain taoli, lancer. Si on avait en gallois un terme équivalent
à dolmen, on aurait tafl-faen ou tawl-faen (f = v français) et,
avec l'article y dafl-faen ou y dawl-faen. Le mot dolmen est
breton et devrait s'écrire, en léonard taol-vean et ailleurs tol-
ven, avec l'article an daolvean, taol étant féminin. Latour-
d'Auvergne écrit la forme en construction syntactique, sans
penser à la forme indépendante. Aujourd'hui, également,
demandez à beaucoup de Bretons la traduction de table, ils vous
diront daol ou dôl. La forme 7nîn pour mean ou vién, est haute-
cornouaillaise. Il m'a été donné une seule fois dans ma vie
d'entendre appliquer par un paysan, au genre de monuments
mégalithiques connus sous le terme de dolmen, le terme adopté
par les archéologues (Annales de Bretagne, tome IV, juillet 1889,
page 634). Visitant un dolmen très curieux du village de Ker-
goet, en Langoelan, canton de Guémené-sur-Scorff (Mor-
bihan), je demandai au paysan qui m'accompagnait sous quel
nom il était connu: « On l'appelle en dolvein », me répondit-
il. Mein est la forme bas-vannetaise de mean.
Leac'h-derc'h. — (P. 39). « Le mot ladêre, aujourd'hui
inusité, désignait, au commencement de ce siècle, une table
de dolmen (de lac'h, pierre, et derc'h, debout), note 11. Fré-
minville interprète leach-dcrch par « pierre plate sacrée ». Fré-
minville a raison de traduire leac'h par pierre plate; c'est bien
son sens en gallois et c'était bien là aussi, au témoignage de
Dom Le Pelletier, ce qu'on entendait en Léon par lec'h, où
lec'h désignait de grandes pierres plates un peu élevées de terre,
sous lesquelles on peut être à couvert, ^Quant à derc'h, il a le
Mélanges . 223
sens de cjui est en évidence, remarquable, beau, vieux-breton er-
derh, glosant euidentis (Gloses d'Orléans).
Peulvan. — M. Reinach décompose le mot en peul, poteau,
et maen, pierre (p. 41). M. Reinach cite Le Gonidec qui n'en
peut mais. Voici ce que je lis -à peulvan : « pierre longue, élevée
perpendiculairnment en guise de pilier ou de pieu. Colonne
brute que l'on croit un objet du culte des druides. Ce mot est
composé de peul, pieu, pilier, et de mân, apparence, figure,
personnage. » L'interprétation de Le Gonidec est exacte ; le
sens qu'il donne à -van seul est faux. Peul ; gallois païul =
palus (J. Loth, Mots latins en britt.), et d'un suffixe -man, en
construction -va)i, anciennement substantif : cf. goél-van, la-
mentations. Le terme de Quiberon, palwen que j'ai entendu
pour désigner un peulvan, pourrait bien, en revanche, être
arrivé, par étymologie populaire, à contenir le mot men,
pierre.
Menhir. — Menhir est bien formé de men, maen, pierre, et
de hir, long. C'est un composé ancien. Il apparaît comme nom
de lieu, villa Maenhir, en 1270; en 1252, villa Menhir (An-
nales de Bretagne, VIII, juillet 1893, page 732).
' Cromlec'h. — M. Reinach (p. 35) ne connaît pas d'exem-
ple plus ancien de cromlech que celui de la première traduction
de la Bible en gallois (1588) où se rencontre l'expression
cromlechydd y creigiau, trous, creux des rochers (Isaïe, 7, 19 ;
57, 5). Etymologiquement, le mot est composé de croui,
courbe, arqué, formant creux, convexe (cf. O. Pughe, Welsh-
engl Dict.. et Silvan Evans^ Engl-welsh Dict. au mot convex),
et de llech, pierre plate. Le mot llech est féminin, et crom, en
gallois, s'accorde en genre avec ce mot, la forme masculine
étant cru'ni. Le mot cromlech apparaît comme second terme
d'un nom de lieu comique, dans une charte attribuée à
iîldelstan et datée de l'an 943 : Rescel-cromlegh. Rescel est pro-
bablement une mauvaise lecture (Kemble, Codex diplom. aevi
saxon., V, p. 278). Voir Annales de Bretagne, VIII, juillet 1893,
p. 731.
J. Loth.
224 Mélanges.
m.
WALATR, VALFA'slR.
Il est reconnu que le suffixe -ter- et ses équivalents phoné-
tiques n'est pas demeuré productif dans les langues celtiques
et est resté figé dans quelques termes de parenté (Brugmann,
Grundriss, II, p. 364). Les noms gallois en -awdr- viennent
de formes latines en -àtor, les noms en -adur de mots en -atà-
rem ou -atiïra, comme creaiudr ■= creator, pechadur, pécheur,
= peccatôrem, creadur, breton croiiadur = créât ûr a. Il est donc
invraisemblable que le mot gallois giualadr, chef, régulateur,
ordonnateur, dont le sens et la forme sont assurés par diffé-
rents passages de la littérature galloise moderne et de celle du
moyen âge, contienne le suffixe ~tr- des noms d'agent. Ce
terme n'existe plus en breton, comme nom commun, mais
on le retrouve comme second terme dans d'anciens noms
propres (les formes walart et lualatr alternent) :
Cat-uualart Reit(h)-uuaJart
Hael-uualart Res-uualart
Hin-uualart Rit-uualart
Hoel-uua la rt Rocn-n uaJart
larn-uualart Tut-uualart
(ix'^ siècle).
Ecclesia sancti Ri-uaUiT{ri (1262), aujourd'hui Tre-Liva-
lairc (=^ Tre-Rivalacr) , près Quimperlé.
Un saint du nom de Bran-zualatr, mentionné dans un do-
cument anglo-saxon du xi" siècle {Revue Celtique, XI, p. 491),
a donné son nom à Saint-Brolade, dans l'ancien évèché de Dol,
à Sainte-Brolade, en Jersey, à Loc-Brevalaire, au xvi^ siècle,
Loc-Brevala:yre (e muet), dans l'ancien évêché de Léon) ^
Le nom de Catiualadr est un des plus connus de la littéra-
ture galloise. Wal existe dans de nombreux composés comme
I. J. Loth, Clirestotnalhie, p. 171, 207.
I
Mélanges. 22^
Tiit-iual, Ri-iual, etc., dans des dérivés comme zvaloc dans
Ri-uiialoe, JVin-iualoe, Hod-uualoe. Si ivalatr ne peut guère
être expliqué par la dérivation, peut-il l'être par la compo-
sition ? Une épithète fréquemment appliquée au dieu Scandi-
nave O^inn, celle de Val-fa'sir, Fal-jô^r (Wigïusson et Powell,
Corpus poeticum boréale, I, 197, 574, II, pp. 623, 426) me
semble appeler la comparaison avec lualatr. Val-fa'sir remonte
à un vieux-germanique * valu-fa^èr ; walatr remonterait à un
vieux-celtique *valû-(p)atir. Quel est le sens de valu-? Suivant
Schade, Altdeutsches Wôrterbuch, 2" éd., p. I0(S2, col. i,
walu- désignerait les cadavres des guerriers tombés sur le
champ de bataille ; val, anglo-saxon, a le même sens, et dé-
signe de plus un seul tué ; le vieux-norrois, valr, de même.
Valfa^ir, appliqué à O^inn, voudrait dire qu'il est le père
adoptit, en quelque sorte, des héros tués, ses enfonts adoptifs
(Osca-synir) ; il est leur protecteur et leur père nourricier dans
son palais céleste où il les introduit. Schade, comme Kluge
(Etymolog. Wôrterh. au mot Wahhtatt), sont d'accord pour re-
pousser tout rapprochement avec le gothique vaijan, choisir,
allem. luàhlen. Pour eux, le sens primitif de la racine lual est
ruine (Schade : lieu de ruine où tout est sens dessus dessous,
où la désolation et la destruction régnent) : v. h. ail. luuoi,
niedergang ; anglosax. wôl, peste, épidémie (Kluge, à luahl-
statt).
Pour plus de lumières, j'ai eu recours à l'amitié et à la
science de M. Ferdinand de Saussure. Il m'écrit que s'il s'agit
de savoir exactement la valeur attribuée dans le milieu skal-
dique à valfa'sir, il se récuse, mais que dans sa valeur sim-
plement étymologique et germanique, le mot ne présente pas
d'obscurité. * JValu- est à séparer de waljan et signifie : la col-
lectivité de ceux qui ont succombé sur le champ de bataille. »
L'équivoque, avec l'idée de choisir, viendrait : 1° de ce que le
sens de *walu- fait penser à une élection, à un choix: c'est
Vélection funèbre, l'élection de la mort dans une bataille. Une
autre raison de cette équivoque, ce serait que les lexicogra-
phes allemands jouent sur les mots, ou du moins qu'il y a
impossibilité de savoir ce qu'ils entendent avec zuahl- : il y a,
en effet, un premier luahl signifiant l'élection, le vote, et un
226 Mélanges.
deuxième mot purcmeiii savant, luahl, par lequel on rend pré-
cisément le germanique *walu, l'hécatombe du combat, par
exemple dans luahlhalle =■ lualu-halla, la salle de ceux qui
sont morts à l'ennemi. M. de Saussure se demande si, lors-
qu'on traduit valfa'Sir par luahJvater, on veut dire le père de
l'hécatombe ou le père par option, et conclut qu'il n'y a aucun
moyen de le savoir, quoique les deux choses n'aient pas du
tout de rapport certain. Pour lui, le premier sens seul est
fondé.
Si, comme je le suppose, zualatr est identique à valfa'Sir, il
s'ensuivrait que chez les Germains comme chez les Celtes, il
a existé un personnage mythologique, un dieu, père des guer-
riers morts. Ceci ne saurait nous surprendre. Nous n'avons
qu'à nous reporter au célèbre passage de César {De beJlo Gall.,
VI, c. i8) : GaUi se omnes ab Dite pâtre prognatos praedicant,
idque ab Druidibus proditum dicunt. Ob quam causam, spatia
omnis temporisnon numéro dierum, sed noctium finiunt; dies
natales et mcnsium et annorum initia sic observant, ut noc-
tem dies subsequatur. » Comment de ce sens primitif est-on
arrivé, chez les Germains, au sens de père adoptif, chez les
Bretons à celui d'ordonnateur, régulateur ? Pour les Germains,
c'est peut-être par une confusion, provenant de synonymie, de
walu- avec la racine de valjan, peut-être aussi par une évo-
lution dans les attributions et le caractère d'O^inn devenant
un dieu protecteur et soutien de la partie la plus, noble de la
race, celle qui tombe sur le champ de bataille. Chez les Bre-
tons, l'évolution s'explique de soi, ce terme ayant dû s'ap-
pliquer d'abord, si on admet le témoignage de César, au dieu
père de la race. En outre, il a pu y avoir confusion avec gwal,
vieux-gallois *iual, qui a dû, comme le dérivé gwely, armo-
ricain gwele, avoir non seulement le sens de lit, gîte, mais en-
core celui de clan, tribu.
Il est regrettable qu'en irlandais on ne trouve pas d'équi-
valent de cette curieuse épithète.
L'épithète walatr avait perdu, pour les Bretons, de très
bonne heure, la valeur d'un composé, ce qui s'explique faci-
lement par la disparition de atr, comme mot courant, de la
langue. Aussi, comme nous l'avons vu, le trouvons-nous
Mélanges. 227
comme second terme dans les noms composés, avec le sens de
chef, régulateur. Je ne vois guère qu'un nom propre où ivalatr
paraisse s'appliquer à un personnage mythologique. C'est
Bran-îualatr, nom d'un saint, et aussi d'un héros mystérieux
des Mabinogion. (Sur Bran, v. J. Loth, Mabinogion ; cf. Rhys,
Celiic HeathendoHi). On remarquera que lualatr n'apparaît
jamais comme premier terme dans les composés, ce qui est un
souvenir de l'époque où il formait une épithète indépendante
et suivait le nom propre.
J. Loth.
IV.
CNAU, NUSS.
Je lis au mot nuss, dans VEtymologisches Wôrterb. de Kluge,
que l'allemand Jiiiss, v. h. ail. tw^, v. norrois knot, anglo-
saxon hmitii, anglais nut, n'a aucun équivalent dans aucune
langue indo-européenne. Que Kluge se reporte au tome I des
Beitràge de Kuhn (1858), p. 461, il verra que M. Whitley
Stokes a rapproché de l'allemand l'irlandais cmi, en citant, il
est vrai, le génitif cnodh (Windisch, Ir. Texte, cite, à côté du
nom. plur. cnoi, cnôdha corcrd).
La forme sincère du mot irlandais est précisée par le gallois
cnau, noix, bas-vannetais canow, haut-vannet. queneu (pronon-
cez kemii) collectif, ailleurs craon, craouh avec finale nasalisée.
L'irlandais C7iû est au gallois cnau, comme l'irlandais crû,
sang, au gallois crau = * qrou- (cf. cruor, xpÉaç).
Le breton, comme le gallois, demande -ov- (cf. les pluriels
en -au, breton -aou, ou ==■ *ov- es ; cf. en revanche dû = gall.
clyw. Le germanique * knud- est au celtique cnov-, comme le
clyw = *clévos à {gur)-clut = *clû-to-s :
Pour en- vieux-celtique, donnant en vannetais c*n- et ailleurs
cr-, cf. armoricain moyen knech, colline, vannetais qenech,
ailleurs, crecl), excepté en noms de lieux, et quelques formules
comme d'an nec'h (cnech), en haut; cf. gall. cnaif, toison,
vannet. canèû, ailleurs créoh.
J. Loth.
BIBLIOGRAPHIE
Le Mirage oriental, par Salomon Reinach.
M. Salomon Reinach a publié dans V Anthropologie (1893,
n°' 5 et 6), deux articles intitulés Le Mirage oriental, qu'il a
réunis depuis en brochure ^ La thèse principale qu'il a sou-
tenue, c'est que les plus anciennes civilisations de l'Europe
sont bien européennes et que l'influence de l'Orient, tant
aryen que sémitique ou kouschite, c'est-à-dire de l'Inde, de la
Chaldée et de l'Egypte, a été, jusqu'à présent, fort exagérée.
L'auteur rappelle d'abord les résultats d'une série de recher-
ches, poursuivies surtout entre 1880 et 1890, qui ont eu pour
effet d'atténuer ou même de détruire ce qu'il appelle « la
forme indo-iranienne du mirage oriental ». Il a été prouvé :
1° que le sanscrit n'est pas la mieux conservée des langues
aryennes ; 2° que la littérature de l'Inde ne remonte pas à une
très haute antiquité; 3° que l'Avesta ne renferme pas « le bul-
letin de marche de l'immigration aryenne à ses débuts » ;
4° que le panthéon aryen est une illusion. D'autre part, on a
reconnu que le centre de diftusion des langues aryennes devait
être cherché en Europe plutôt qu'en Asie et que la civilisation
aryenne primitive n'avait guère dépassé le stage néolithique.
Abordant ensuite le terrain de l'archéologie, l'auteur cherche
à établir, contre MM. Bertrand, de Mortillet et la plupart des
savants contemporains, la fausseté des propositions suivantes :
1° les animaux domestiques, les céréales et les plantes textiles
ont été importés d'Orient en Occident ; 2° les haches en jade
I . En vente au musée de Saint-Germain-en-Laye, au prix de 0 fr. 50.
Bibliographie. 229
néphrite, en jadéite, en chloromélanite, ainsi que les perles de
callaïs, attestent, dans les stations lacustres et sous les dol-
mens, l'arrivée d'immigrants orientaux; 3° les stations lacus-
tres, échelonnées depuis la Suisse jusqu'au Caucase, témoi-
gnent d'un courant d'immigration caucaso-danubien.
M. Reinach n'admet pas davantage la thèse universellement
enseignée, d'après laquelle les métaux, en particulier le bronze,
auraient été transmis à l'Occident par des conquérants et des
commerçants venus d'Asie. L'existence d'un âge du cuivre, au-
jourd'hui bien constaté dans l'Occident de l'Europe, lui
semble prouver que le passage de la pierre au métal n'a pas
été brusque, que le progrès s'est accompli sur place. M. Rei-
nach réfute la théorie de M. de Mortillet sur l'origine indienne
de la métallurgie du bronze, comme celles de MM. F. Lenor-
mant et Bertrand sur son origine caucasique. Dans l'état actuel
de nos connaissances, rien ne permet d'affirmer que les peu-
ples méditerranéens aient connu un autre étain que celui de
l'Europe occidentale. L'étain, comme l'ambre de la mer du
Nord, est arrivé dans l'est du bassin de la Méditerranée vers le
XXX' siècle avant J.-C, non par mer, ni par des caravanes,
mais par un commerce de proche en proche à travers le centre
de l'Europe. M. Bertrand fait commencer l'âge du bronze occi-
dental vers l'an 1500 avant J.-C. : cette date serait, suivant
M. Reinach, trop basse d'une. quinzaine de siècles.
Niant d'une façon absolue l'influence de l'Orient sémitique
ou kouschite sur l'Europe centrale, septentrionale et occiden-
tale, tant à l'époque néolithique qu'au début de l'époque" des
métaux, M. Reinach concède qu'elle s'est fait sentira partir du
xiii= siècle environ. Mais on l'a beaucoup exagérée : ainsi
M. Bertrand a eu tort de faire venir d'Assyrie les casques co-
niques des Gaulois de la Marne; M. Undset s'est trompé en
attribuant à l'Egypte l'origine de l'épée de bronze européenne.
En revanche, M. Reinach affirme l'origine européenne et oc-
cidentale de la fibule, qui parait d'abord dans la civilisation
mycénienne et qui n'a été connue ni de l'Egypte ni de l'As-
syrie. Un fiit qui doit dominer, suivant lui, toute la discussion,
c'est qu aucun objet égyptien ou chaldéen ne s'est jamais ren-
contré ni dans un dolmen, ni dans une station lacustre, ni
Revue Celtique, XV. lO
2^0 Bibliographie.
même dans un des nombreux dépôts de l'âge du bronze en
Gaule, dans les îles Britanniques et en Scandinavie.
La seconde partie du travail de M. Reinach concerne pres-
que exclusivement la civilisation mycénienne. « La civilfsation
mycénienne, écrit-il, qui n'est qu'un épisode de la civilisation
égéenne, est entièrement européenne d'origine : elle s'est seu-
lement orientalisée, à la surface, au contact des civilisations de
la Syrie et de l'Egypte ».
L'auteur rappelle comment les archéologues attribuèrent
d'abord à des influences orientales les civilisations primitives
de Troie et de Mycènes, illusion contre laquelle réagirent
MM. Newton -et Milchhoefer. M. Heuzey montra, par l'étude
de la céramique de Chypre, que l'art grec, dès le vi^ siècle,
avait exercé une action en retour sur l'art de l'Orient ; M. Rei-
nach pense que cette influence du monde grec sur le monde
oriental est beaucoup plus ancienne et qu'elle s'est fliit sentir
à plusieurs reprises depuis le second millénaire avant J.-C,
avec des alternances révélées par l'archéologie. L'analogie frap-
pante entre certains monuments de l'Italie du Nord, de la
Grèce et de la Phrygie, comme aussi du Nord et de l'Occident
de l'Europe, ne doit pas, à l'époque reculée dont ils sont les
vestiges, être attribuée au commerce phénicien ; elle atteste
une civilisation d'origine européenne qui a rayonné en éven-
tail et qui, au contact des civilisations orientales qu'elle a pé-
nétrées, a atteint, en Grèce et sur la côte d'Asie, un niveau
beaucoup plus élevé qu'ailleurs. C'est pourquoi, en Espagne,
nous trouvons une civilisation apparentée à la civilisation
troyenne, tandis que le Mycénien est un dialecte local, parti-
culier à la région orientale de la Méditerranée.
M. Reinach admet, -.wqc M. Flinders Pétrie, que les Egéens,
ancêtres des Mycéniens, avaient déjà des établissements dans
la vallée du Nil vers 2500 av. J.-C. L'Egypte a exercé de l'in-
fluence sur le monde mycénien, mais non sans avoir subi elle-
même son influence. En Grèce, la conquête dorienne, en
affaiblissant l'élément hellénique, produisit une sorte de recul
pendant lequel les influences orientales prirent le dessus. Puis
elles cédèrent de nouveau devant la renaissance du génie
grec, pour redevenir dominantes après l'époque alexandrine, à
Bibliographie. 2^1
la fliveur de la décadence du monde gréco-romain. « Dans
l'ouest de TEurope, dit M. Reinach, le mouvement des peuples
(celto-scythiques ?), qui a dû se produire assez longtemps avant
l'époque dite de la Tène, a présenté sans doute le même ca-
ractère. J'incline même à croire qu'il y a connexion entre ces
faits, que les Celtes de l'histoire ont été, dans l'Europe centrale
et occidentale, ce que les Grecs de l'histoire étaient en Grèce,
et que si le moyen âge grec a bientôt pris fin, grâce au voisi-
nage de l'Orient civilisé, le moyen âge occidental. a duré jus-
qu'à l'époque de la conquête romaine dans ces régions et
même au-delà ».
Dans le premier numéro de V Anthropologie paru en 1894,
M. Reinach a commencé la publication d'une série d'articles
faisant suite à ceux que nous venons de résumer et qui ont
pour sujet les débuts de l'art plastique en Europe avant les in-
fluences helléniques. Il essaie de montrer que ces oeuvres pri-
mitives elles-mêmes attestent l'existence d'un courant de civi-
lisation dirigé de l'Occident vers l'Orient, l'action en retour
de l'Orient ne s'étant produite que plus tard.
CHRONIQUE
SOMMAIRE: I. Vocabulaire du celtique primitif par M. Whitley Stokes. — II. Re-
cherches étymologiques sur les noms de lieu d'Ecosse, par M. Herbert Maxwell. —
111. Contes populaires de l'Irlande occidentale recueillis par M. William Larminie.
— IV. Mélanges d'archéologie gallo-romaine, par M. A. Blanchet. — V. Nouvelle
édition, par l'abbé Lejay, du livre 1" delà PharsaU. — VI. Cinquième livraison du
Trésor vieux-celtique de M. Holder. — VII. Inscription gauloise inédite. —
VIII. Publication nouvelle de MM. Kuno Meyei et Alfred Nutt. — IX. Martyrologe
de Maelmaire O'Gorman. — X. La conservation de la langue irlandaise.
I.
Dans la dernière livraison, à la fin de la Chronique, p. 1 58, j'ai annoncé
le « Vocabulaire de l'unité linguistique des Celtes », IVortschati der hltis-
cheii Spracheiitlx'it, de MM. "Whitley Stokes et Adalbert Bezzenberger. Un se-
cond titre, plus exact, de ce volume, est « Vocabulaire de la langue celtique
primitive », Urkeltiscbir SprachscJmti, — par Whitley Stokes, — traduit, re-
touché et édité par Adalbert Bezzenberger. C'est un volume in-8 de viii-
337 pages qui forme la seconde partie du « Dictionnaire des langues indo-
européennes », Wortcrhich der indogervianischm Sprachen, publié par Au-
gust Fick, 4'-' édition, Gôttingen, librairie Vandenhoeck und Ruprecht. Ce
volume n'a encore ni table ni index et sera beaucoup plus commode à con-
sulter, quand, la quatrième édition du dictionnaire des langues indo-euro-
péennes étant terminé, l'index général de l'ouvrage paraîtra. Quoi qu'il en
soit, pour le moment, la publication de MM Whitley Stokes et A. Bezzen-
berger comble une lacune considérable. La troisième édition du grand ou-
vrage de Fick, 1874-1876, donnait très peu de place au celtique. Des huit
dictionnaires qui ont fourni la matière des trois premiers volumes : I, lan-
gue fondamentale indo-européenne; II, langue arienne; III, Unité euro-
péenne (tome 1er) ; IV, Unité gréco-italique ; V, Unité slavo-germanique ;
VI, Unité celto-slave; VI bis, Unité prusso-lettique (tome II); VII, Unité
germanique (tome III), deux dictionnaires seulement, le troisième et le qua-
trième, contiennent des mots celtiques, et, dans le quatrième volume, qui
renferme les index de ces huit dictionnaires, les deux index celtiques occu-
pent huit pages en tout sur trois cent quatre-vingt, moins d'un quarante-
Chronique. 253
septième. Dans le tome I^^'' de la quatrième édition qui contient un rema-
niement des deux premiers dictionnaires : I, langue fondamentale indo-eu-
ropéenne ; II, unité arienne avant la séparation des Ariens en Indous et
Iraniens ; plus, III, un dictionnaire nouveau, celui de l'unité linguistique
des Européens occidentaux, le celtique a conquis une place importante ; on
le trouve souvent mentionné dans le dictionnaire I dont la troisième édition
le traitait en quantité négligeable ; et il figure dans le sous-titre du diction-
naire III : par unité linguistique des Européens occidentaux, il faut entendre,
suivant ce sous-titre, une langue qu'auraient parlée jadis les ancêtres des
Grecs, des Italiotes, des Celtes et des Germains, à l'exclusion des Slaves,
des Lettes et des Prussiens compris avec eux dans l'unité européenne telle
que la concevait il y a vingt ans M. A. Fick quand il a publié le dernier des
trois dictionnaires qui forment le t. V'^ de sa troisième édition. Enfin, le
nouveau vocabulaire de l'unité linguistique des Celtes, avec ses 527 pages,
est presque aussi volumineux que celui de l'unité germanique qui forme le
tome III de la troisième édition, 366 pages.
Voici l'ordre alphabétique suivi par M. Whitley Stokes :
A, A, p. I
E. É,
24
I. î>
44
0, Ô,
46
u, û,
53
R voyelle,
56
L voyelle.
56
^,
57
K,
64
G,
104
T, p.
120
D,
139
B,
159
N,
189
M,
196
J>
222
R consonne,
225
L consonne,
236
V,
259
s,
288
C'est l'ordre adopté par M. A. Fick, tome I^s p. 545 etsuiv., à quelques
différences près. M. Fick, p. 373, met 1'/ entre l'oetl'M, tandis que M. W. St.
place l'i entre Yc et l'o. M. W. St. fait de l'r voyelle et de 1'/ voyelle une
classe à part qu'il met à la fin des voyelles comme dans l'alphabet sanscrit,
tandis que chez M. Fick les formes réduites où apparaissent ces voyelles
sont l'accessoire des formes pleines où la consonne correspondante s'appuie
sur un e ; un certain nombre de mots qui oftVent en cehique des formes ré-
duites ne pouvaient être classés autrement que ne l'a- fait M. Whitley Stokes,
le celtique n'offre aucun exemple de la forme pleine des racines dont ces
mots sont dérivés.
De l'intérêt qu'offre le livre de M. Whitley Stokes je citerai deux exem-
ples seulement :
« BoDios, jaune, irl. huide, jaune, bai, latin badins, bai ; de là peut-
« être le premier terme de Bodio-casses, Pline ». Ce nom de peuple, plus
tard Bald]io-casses, aujourd'hui Bayeux (Holder, Altkeîtischer Sprachschat^,
p. 458), aurait un a dans sa première syllabe, parce qu'avant la fin de l'em-
pire romain (Notitia occidentis), on aurait dans le premier terme substitué à
2 3 4 Chronique.
l'adjectif gaulois son équivalent latin hadius. A comparer Dîvona, nom lati-
nisé chez Fortunat, du celtique A'zwifl, nom de Cahors chez Ptolémée. Mon
explication du premier terme de Bodio-casses par le substantif hodi « vic-
toire » doit probablement être rejetée ; elle explique difficilement Va de
Bayeux; l'ode la première syllabe persiste dans « boyau » àebotellinn.
« SEIQ.ANÂ, SÊaANO-s, nom de fleuve ; gaulois Sèquana, Séqnani, sanscrit
« secana, acte de verser, répandre, épancher; d.sincati, il répand, épanche;
« grec tzai;, humidité. Douteux. Le maintien du q dans le mot gaulois
« n'est pas encore expliqué «. K. Mùllenhofï, Deutsche Aller tumshin de,
t. III, p. 179, a fait observer qu'au temps de l'empire romain le ligure
n'avait pas comme le gaulois changé en p le q primitif, exemples : Ouiame-
lius, nom propre de personne, Quariates, nom de peuple. Sëqiiana, d'où
Scquani, semble donc être ligure et non gaulois. L'intéressante hypothèse de
M. Loth, Rev. Celt., XV, 98, paraît contredite par le gaulois epo- « che-
val » z^ skt. açva-.
II.
Le livre de M. Herbert Maxwell sur les noms de lieu d'Ecosse, Scottish
land-tiaïues, thcir origiii and meaning ' , parait fort bien fait. Ce qu'il y a de
plus curieux peut-être dans la toponomastique moderne d'Ecosse comme
dans celle d'Irlande, c'est la rareté des composés celtiques formés suivant
l'usage ordinaire antique, qui met le déterminant avant le déterminé; elle
ofîre cependant quelques exemples de cette disposition archaïque: tel est
Morrach = Mor-magh = * Mori-iiiagos, formation comparable aux Druso-
magus, Rigo-niagtis, etc., du continent, et aux Caesaro-magus, Novio-magus
de Grande-Bretagne, tandis que la formation la plus fréquente dans les
noms modernes des Iles-Britanniques, quand ils sont d'origine celtique,
nous est ofïerte par Dumbarton = * dUno-n Brittonun « forteresse des Bre-
tons » ; comparez Lugii-duinim, Aiigusto duniim, etc., sur le continent, Ca-
tnulo-dunuDL en Grande-Bretagne qui offrent l'ordre antique. Les noms de
lieu d'origine germanique conservent l'ordre primitif des termes du com-
posé, tel est Edimbourg, Edin-burg, en gaélique Dûn-edin, Dûn Aidatn =
*dûnos Aiduaiii, « forteresse d'Aiduanos ».
Pour cette ville nous avons deux noms, tous deux régulièrement formés
et de sens identique en deux langues. Ailleurs on a trouvé plus commode
de modifier légèrement un terme celtique pour lui donner en anglais un
sens — erroné: — le gaélique allt, d'abord « rive », puis « ruisseau »
(comparez le français rivière, de rive, ripa) est devenu l'anglais old, vieux ;
hvm « lieu consacré au culte » s'est transformé en un adjectif anglais long
identique à l'adjectif français qui a la même orthographe.
L'auteur paraît bien connaître son sujet. Aussi est-ce avec surprise qu'on
le voit, p. 60, considérer comme identiques le substantif dtibr = dubro-n
I . Chez Blackwood and son, à Londres, petit in-8, 219 pages.
chronique. 2jj
« eau », et le substantif //o/'flr « source », en vieil irlandais tipra = *di-od-
hreuTjl-s (Revue de Kuhn, t. XXX, p. 156), ou * do-ale-hrcuant-s , d'une ra-
cine BREU qui, sauf niétathèse de Vr, est identique à la racine beru, bheru,
de l'irlandais krbaiin et du breton bcrvann « je bous », en latin ferveo
(Whitlèy Stokes, Urkeltischer Spi-achscbati, p. 172).
III.
Les contes populaires de l'Irlande occidentale, IVest-Irish FoUc-taks and
Romances, recueillis et traduits par M. William Larminie ', donneront sans
doute lieu dans le monde des folkloristes à une foule de rapprochements in-
téressants. Ce qui m'a le plus frappé dans ces contes, c'est le maintien des
traditions mythologiques les plus anciennes de l'Irlande. Les paysans irlan-
dais n'ont pas oublié le dieu Manannan, fils de la mer, mac Lir (p. 6-9,
64-84). Une partie des récits légendaires réunis dans le morceau intitulé
« bataille de Mag Tured », publié par M. Whitley Stokes, Revue Celtique,
t. XII, p. 52 et suivantes, se racontent encore en Irlande; on n'a pas oublié
le tyran mythologique Balar le fort frappeur 2, membre, de la triade Bress,
Balar, Tethra, dont le chef Bress, confondu avec Balar par le conte mo-
derne, se fît construire un palais par un autre dieu, par Gobaun saer dans
le conte moderne, par Dagda dans un texte plus ancien 5. Comparez le
Laomedon homérique auquel le dieu Poséidon bâtit les murs de Troie
(Iliade, XXI, 446-447, cf. VII, 4)2-455). Balar, tué par Lug, son petit-
fils, vit encore dans la mémoire populaire. Le nom de Lug = Lugu-s, sur-
nommé aux « talents multiples », sam-il-dânacJ) A, est fort corrompu dans
le texte de M. Larminie, c'est Dul Dauna, mais son père, le gendre de Ba-
lar, s'appelle Cian = Ccnos « lointain », comme dans les plus vieux textes
mythologiques irlandais S . Y a-t-il une parenté entre le mythe celtique du
meurtrier de Balar et le mythe grec du meurtrier de Belleros, BEXXîfo-
3oviTi;6? BïXÀcoo-advTr); serait doublet d"AiYc;-orJvi;7,;, épithète d'Hermès,
qui est le Lugu-s grec.
IV.
On peut se demander si un des sujets traités par M. A. Blanchet dans le
premier fascicule de ses Mélanges d'archéologie gallo-rovuiine 7 est une
1. Londres, Eliot Stock, in-8, 258 pages.
2. Balar Balc-beimnech, Livre de Leinster, p. 9, col. 1, 1. 45, col. 2,
1. 2, 7; p. II, col. I, 1. 52. Balar Bcimann dans le conte moderne.
3. Revue Celtique, t. XII, p. 64 et suiv.
4. Revue Celtique, t. XII, p. 74-79.
5 . Livre de Leinster, p. 10, col. i, ligne 2.
6. Une autre explication est offerte chez Roscher, Ausfiihrliches Lexicon
der griechischen und rômischeii Mythologie, t. I, col. 707-708, 2383-2388;
elle est considérée comme acccptableparBrugmann, Grundriss, t. II, p. 1435.
7. Paris, Leroux, 1893, in-8, 61 pages et 5 planches.
236 Chronique.
forme donnée sur le continent au mythe de Balar sous l'empire romain.
Balar le fort frappeur serait le dieu au maillet des monuments figurés gallo-
romains. Dans deux bas-reliefs trouvés en Hongrie, à Varhely, l'antique Sar-
Diigi'tiisa, on voit alignés un enfant, une femme, un homme armé d'un mar-
teau ; ce dernier pourrait être Balar, la femme serait Ethne, sa fille, l'enfant
représenterait Lugus, fils d'Ethne. Balar aurait été confondu avec le Dispater
romain ' .
V.
On sait que le livre premier de la Pharsale de Lucain renferme, vers 392-
465, une très instructive description de la Gaule. Elle nous donne, par
exemple, la quantité de bien des noms propres dont sans Lucain nous ne
distinguerions pas avec certitude les longues et les brèves : le Gaiàhos pour
Cënàbuin du vers 440 ne peut être reproché à Lucain, puisque ce vers est
interpolé. M. l'abbé Lejay, dans son édition du premier livre de Lucain *,
accompagne le texte latin de notes aussi intéressantes qu'instructives. Il n'a
pas établi son texte exactement comme M. Hosius dans l'édition donnée
par la maison Teubner. Ainsi, au vers 398, il rétablit V:\cc\isa\\i Llngônas
auquel M. Hosius avait substitué le nominatif Lingôncs (Revue Celtique,
t. XIV, p. 253). Les éditeurs nouveaux de Lucain feront bien de lire la
préface du savant auteur, notamment son étude sur la classification des ma-
nuscrits, p. Lxxxv et suivantes.
VL
Nous recevons à l'instant la cinquième livraison, col. 1025-1280 du
Trésor vieux-celtique de M, Holder, qui atteint déjà sa quarantième feuille
d'impression. Cette livraison contient la fin de la lettre c et le commen-
cement de la lettre d. On sait que la première livraison a paru en 1891. On
ne peut trop admirer l'activité avec laquelle le savant auteur conduit ce gi-
gantesque travail qui sera pour les celtistes l'équivalent de ce qu'est pour
les médiévistes le Glossarium mediae et infimac latinitatis de Ducange.
VIL
Dans une des séances du Congrès des Sociétés savantes à la Sorbonne, il
a été donné lecture d'un mémoire fort bien fait de M. Charles de Langar-
dière, vice-président de la Société des Antiquaires du Centre, sur une ins-
cription gauloise trouvée l'écemment à Genouilly, près de Graçay, Cher, et
aujourd'hui au musée de Bourges. Cette inscription est la seconde de deux
1 . Sur Dispater et Aerecura, laquelle serait Ethne, voyez Roscher, Aus-
fûhrliches Lexico)i der griechischen und rômischen Mythologie, t. I, col. 1185-
1186.
2. Paris, Klincksieck, 1894, in-8, civ-94 pages.
Chronique. 2}j
épitaphes gravées sur la même stèle. La première, en haut de la stèle, rap-
pelle la mémoire d'un certain .. .tos Virilios, c'est-à-dire Octos(?), fils de
Virilos; elle a été gravée par les soins d'un certain Aneunos. Elle consiste
en quatre lignes : la première en caractères latins, les trois autres en carac-
tères grecs :
OS VIRILIOS
TOC OYIPIAAIO
ANETXOC
EnOEI
La seconde a été faite par Elvontiu pour Aneunos, fils d'Oclos, et pour Lu-
guris, tils d'Aneunos. Elle consiste en quatre lignes écrites en caractères
latins :
ELVONTIV
lEVRV ■ ANEVNO
OCLICNO • LVGVRI
ANEVNICNO
On remarquera que les désinences casuelles des substantifs Ancuno, OcUcno,
Aneiinicno, ont été latinisés; la grammaire celtique exigerait Aneiniu, OcUcnu,
AneiinicHii àvtc un u final comme pour Elvontiu qu'un Romain aurait écrit
Helvontio.
VIII.
Un volume de textes inédits irlandais va paraître à la librairie David Nutt,
de Londres, qui se crée chaque jour des droits plus grands à la reconnaissance
des celtistes. Ce sont: le voyage maritime de Bran, fils de Febal, et les récits
relatifs à Mongan, fils de Fiachna. L'éditeur est notre savant collaborateur,
M. Kuno Meyer, et l'introduction a pour auteur M. Alfred Nutt, dont les
lecteurs de la Revue Celtique connaissent la compétence en matière de Folk-
lore.
IX.
M. Whitley Stokes va publier aux frais de la fondation Bradshaw le mar-
tyrologe de Maelmaire O'Gorman. Sur ce document, qui date de la se-
conde moitié du douzième siècle, on peut voir ce qu'a dit O'Curry, Lectures
on Ihc niaiiuscript materials, p. 561, 362. On sait avec quel succès
M. Whitley Stokes a édité le martyrologe d'Oengus. Tout le monde se fé-
licitera de voir le martyrologe d'O'Gorman en aussi bonnes mains.
X.
D'un rapport présenté à la Société pour la conservation de la langue ir-
landaise, 6, Molesworth Street, Dublin, par son zélé secrétaire, M.J.-J. Mac
238
Chronique.
Sweeney, il résulte que le nombre des élèves qui, en Irlande, ont passé
l'examen pour l'irlandais, après avoir été stationnaire de 1889 à 1892, où le
minimum a été de 512 et le maximum de 531, s'est sensiblement élevé
en 1893, où le chiftre atteint a été 609.
Le rapport de M. Mac Sweeney est daté du 27 février dernier. Un mois
plus tard, s'est réuni à l'hôtel de ville de Dublin, sous la présidence du
lord-maire, un congrès destiné à soutenir les intérêts de la langue irlan-
daise. Un congrès semblable avait déjà eu lieu en 1882, grâce à l'initiative
prise par la Société pour la conservation de la langue irlandaise. Parmi les
motions adoptées par le congrès de 1894, nous signalerons celle du comte
Plunkett, qui a demandé que tous les gens capables de parler ou d'écrire
l'irlandais fussent invités à se servir exclusivement de cette langue dans
leurs communications entre eux, et que tout candidat à une fonction élec-
tive dût prendre l'engagement de soutenir le mouvement linguistique irlan-
dais. Cette motion a été adoptée. A été adoptée également celle du père
Murphy, S. J., demandant que l'irlandais, jusqu'ici admis dans l'enseigne-
ment secondaire et supérieur, mais très peu étudié, y fût traité sur pied
d'égalité avec les autres langues anciennes et modernes.
En Irlande, suivant un rapport fait au congrès par M. David l-'agan, il y a
66,140 personnes qui ne parlent pas d'autre langue que l'irlandais, et à
côté d'elles 787,500 autres qui savent également s'exprimer en irlandais et en
anglais. Ces deux catégories se répartissent par comtés ainsi qu'il suit :
Antrim,
■ 30
2. 500
Londonderry,
10
5.500
Armagh,
50
7 000
Louth,
10
S • 500
Cavan,
10
7 , 000
Meath,
10
5.500
Clare,
2 500
62 000
Mayo ,
9
000
158.000
Cork,
5.500
168.000
Monagan,
10
6. 500
Donegal,
1 2 . 000
fco . 000
Roscommon,
100
21.500
Galway,
24.000
3 2 . 000
Slis^o,
2
300
24 000
Kerry,
7.000
93 .000
Tipperary,
300
23.000
Kilkenny,
50
9.000
Tyrone,
20
9.500
Leitrim,
50
9.500
Waterford ,
3
000
48.500
Limerick,
200
3 2 . 000
Je n'ai pas vérifié l'exactitude de ces chiffres dont j'admire la précision ri-
goureuse et que je reproduis respectueusement d'après VIrisb daily hidepen-
daiii du 28 mars dernier,
Paris, le i s avril 1S94.
H. d'Arbois de Jubainvillf.
PÉRIODIQUES
I.
AxN'ALES DE BRETAGNE, livraison de janvier 1894. — Les études celtiques
prennent dans ce recueil une place de plus en plus considérable. M. A. de
la Borderie y a publié, p. 189-209, la traduction d'une partie de la préface
mise par Reeves en tête de son édition de la vie de saint Columba par
Adamnan ; il s'agit de la règle de saint Columba et du genre de vie mené
par les moines irlandais au \i<^ et au vif siècle. M. Planiol édite, avec
commentaire, p. 216-257, trois documents du ix^ siècle qui constatent une
donation faite à l'abbaye de Saint-Maur-sur-Loire, par le breton Anouuareth;
de ces trois pièces une était inédite, c'est un fragment de chronique conservé
par un ms. de la Bibliothèque nationale, la bible deSaint-Maur, fol. 404 v^.
M. Le Braz continue ses études sur les saints bretons dans la tradition po-
pulaire. M. Luzel donne la traduction d'un conte breton: L'enfant qui fut
à l'école chez le diable, ou l'apprenti magicien. M. J. Loth reproduit, d'après
le Livre de Llandaf, la vie latine de saint Teliau sur laquelle il a déjà écrit
un article (voir plus haut page 146 où l'on a par erreur imprimé saint Eliau).
IL
Annales du midi, octobre 1893, janvier 1894. — Savante étude de
M. J.-F. Bladé sur la géographie politique du sud-ouest de la Gaule pendant
la domination romaine. Sera continué.
IIL
Archaeologia Cambrensis, janvier 1894. — Mémoire du colonel
W.-L. Morgan sur deux chambres sépulcrales rnégalithiques trouvées sous
un tumulus en 1895 à Gower, comté de Glamorgan ; la première est longue
de 8 pieds anglais sur 3 pieds 6 pouces de large, la seconde a 8 pieds
6 pouces de long sur une largeur de 5 pieds. — Note apprenant que la pierre
où est gravée l'épitaphc Curcagnl fili Andagelli vient d'être déplacée et se
trouve maintenant dans le cimetière deCenarth, comté de Cardigan. Cette
inscription est le n" 55 de Rhys, Lectures on welsh phihlogy, 2e édition,
240 Périodiijues.
p. 388; elle manque chez Hùbner, hncriptiones Britmuiae christiauae. Ici
une planche en donne le dessin. Un autre exemple du nom d'Andagellus a
été relevé par M. Rhys dans une inscription ogamique du comté de Pem-
broke. Voir ci-dessus, p. 144.
IV.
RoMANiA, octobre 1893. — • Article intéressant de M. H. Ward sur la
légende de Merlin. Jocelin a écrit à la fin du xii^ siècle une vie de saint
Kentigern, mort au commencement du septième siècle, en 612 suivant les
Annales Cambriae, en 603 ou 614 suivant les calculs de l'évéque Forbes '.
La dernière édition de ce document a été publiée par M. Metcalfe, Pinker-
ton's Lives of Scottish Saints, 1889 t. II, p. 1-96; on y voit, c. 45, que Ken-
tigern était évêque de Cambrie, c'est-à-dire du territoire situé entre le mur
de l'empereur Sévère et la rivière de Forth, et qu'à la cour du roi de ce pays,
au moment où Kentigern cessa de vivre, se trouvait un fou, honwjatiius, ap-
pelé Laloecen. Laloecen prédit que le roi mourrait dans l'année. Lems. Cot-
tonien Titus A xix, fol. 76-80, contient une vie incomplète de Kentigern.
Elle a été rédigée quelques années plus tôt que celle que Jocelin a compo-
sée; l'édition la plus récente a été donnée par M. Metcalfe t. II, p. 99-109
de l'ouvrage cité ci-dessus. Il n'y est pas question de Laloecen, mais
M. Ward a trouvé dans le même ms. Titus A. xix, fol. 74-7S, un docu-
ment inédit jusqu'ici concernant les relations qu'aurait eues Lailoken (sic)
avec saint Kentigern et avec le roi de Cambrie : on y lit ces mots : qui
Lailoken vocahatur quem quidam diciiiit fuisse Merlynimi qui erai Britonilms quasi
propheta sivgularis, scd nesciiur.
Le document découvert par M. Ward est probablement la source où Bo-
wer, auteur du Scotichronicon, terminé en 1447, a puisé ce qu'il dit des rela-
tions de Kentigern et de Lailoken identifié par lui d'une façon absolument
affirmative avec Merlin. L'anonyme qui, à la fin du xiiie siècle, a interpolé
les Annales Cavibriae connaissait la légende qui considère Merlin comme le
même homme que le fou Laloeken ou Lailocen ; sous la date CXXIX,
c'est-à-dire 573 de J.-C, après les mots Bdhnn Armterid, il a inséré ceux-
ci: inter filios Elifer et Giiendoleu filiiini Keidiau in quo bcllo Gueudolcu cecidit,
Merlinus ixsanus effectus est 2. On a cherché à concilier la chronologie qui
fait vivre Laloecen ou Lailoken =: Merlin jusqu'au septième siècle avec celle
qui, d'après Geoff'roi de Monmouth, l'identifie avec Ambrosius, l'enfant
sans père que voulut faire périr Vortigern au v^ siècle 5. C'est en l'année 449
de notre ère que, suivant Bède, livre I, c. 15, Vortigern introduisit les
Saxons en Bretagne, et la quarante-quatrième année après cet événement
1. Calendars of Scottish Saints, Tp. 372.
2. Ms. B., écrit probablement en 1286, édition de John Williams ab
Ithel, p. XXV, 5.
5. Praecepit rex Ambrosio Merlino. Ilisloria regum Britanniae, 1. VII,
c. 3. San Marte, Die Sagcn ivn. Merlin, p. 20.
Pério(ii(]ues. 241
eut lieu Vobsessio monlis Badonici (Bède, I. I, c. 16) qui, par conséquent,
date de 492. Dans l'intervalle entre l'arrivée des Saxons et Vohsessio montis
Badonici, donc entre 449 et 492, Ambrosius Aurelius ou Ambrosius Aure-
lianus, à la tète d'une armée bretonne, battit les Saxons (Gildas, c. 25, 26 ;
Bède, 1. I, c. 26). Ambrosius Aurelius avait donc au moins vingt ans
en 492, il était né en 472 au plus tard; il était identique à l'enfant sans
père que Nennius appelle Ambrosius et qui, suivant lui, fut roi des Bretons.
Or, si l'on en croit Geoffroy de Monmouth, il faut confondre Aurelius Am-
brosius avec le Merdin (francisé en Merlin) de la poésie galloise que des
documents, soi-disant historiques, gallois, identifient avec le Lailoken ou
Laloecen de l'hagiographie encore vivant en 603. De 472 à 605, il s'est
écoulé cent trente ans. Mais les difficultés chronologiques, qui n'ont jamais
embarrassé au moyen âge les auteurs des légendes irlandaises hagiogra-
phiques et autres, n'ont pas non plus semblé insolubles en Galles. On s'en
tire ici en donnant à Ambrosius cent trente ans de vie. Pourquoi pas? La
légende irlandaise fait bien vivre cent vingt ans saint Patrice.
On a cru retrouver le nom de Lailoken ou Laloecen dans la pièce
intitulée Kyvoessi Mvrdin a-Gweiidyd y-chivaer « Dialogue entre Myrdin et
(f Gwendyd sa sœur » '. On y est arrivé par des procédés étymologiques
qui valent le procédé chronologique dont nous venons de parler. Treize fois
Gwendyd appelle son interlocuteur « frère », hraut, en accompagnant ce
substantif d'épithètes variées ; une fois, chose à remarquer, cette épithète
est un « unique ». Gwendvd dit: « unique frère » : un braitt^. Quinze fois
elle remplace le mot hraut « frère », par un équivalent: Ihilhnuc, dérivé de
llall « autre », et qui semble être un synonyme affectueux de llall. « Je suis
l'une, tu es l'autre », semble dire la sœur à son unique frère. Une fois
Gwendyd emploie un diminutif de llallanv, c'est Uallogan qui, prétend-on,
signifierait « frère jumeau » et serait le même mot que Lailocen ou Laloe-
cen 5. Owen Pughe, dont le dictionnaire gallois date de 1803, traduit Ua-
llaïuc et Uallogan par twin, cest-à-dire « jumeau », mais c'est sous forme de
sens dérivé :
Llallawg. Seing other ; beingfellow, or accompanying part... Another
that accompanies, another that is twin.
Llallogan. . . Another that accompanies, afellowor comrade, a twin.
Twin « jumeau » est une signification arbitraire comme le dit avec raison
M. Ward. Davies, dans son Dictionariuin britannico-latinum, 1632, laisse
Uallogan sans traduction et propose à titre d'hypothèse honor pour traduc-
tion de Llallawg. Llallogan et Lailoken ou Laloecen ne sont pas phonéti-
quement le même mot ; et la traduction de Uallawc et llallogan par hvin-
1 . Voir le texte chez Skene, The four ancicnt Books of Wales, t. II,
p. 218-333 '■> ^^ traduction, ibid., t. I, p. 462-478.
2. Strophe 123, t. II, p. 232, la dernière ligne de la page ; cf. t. I, p. 476.
3. Kyvarchaf ym llallogan « je demanderai à mon llallogan », strophe 3,
t. II, p. 218; comparez la formule plusieurs fois répétée Kyvarchaf )'tn clotlav
llallaivc « je demanderai à mon illustre lion llallaivc.
242 Périodiques.
hrotber « frère jumeau » est très hypothétique, quoique Skene l'ait adoptée.
Le mot gallois pour « jumeau » est gefel = gemellus ', au pluriel gefelliaid^.
Du reste, la question de savoir si Uallogan veut dire « jumeau » n'a
qu'une importance secondaire. Ce qui est surtout à faire remarquer, c'est
que le nom propre Laloeken ou Lailocen étant un mot différent de Llallo-
gan ne peut servir de trait d'union entre la légende du fou connu par saint
Kentigern et le poème prophétique intitulé « Dialogue entre Myrdin et
Gwendyd sa sœur », Kyvocssi Myrdin a Gzvendyd y chivaer.
V.
The Academy. Janvier, février et mars 1894. Nous avons parlé, p. 145,
d'une note de M. E. W. B. Nicholson sur les inscriptions qu'il appelle
pietés du Nord, et qu'il prétend traduire et expliquer.
Après avoir entamé ce difficile sujet dans le numéro du 1 1 novembre der-
nier, p. 415, 416, il a continué à s'en occuper dans les numéros du 6 jan-
vier, p. 13-15, du 27 du même mois, p. 81-82, et du 31 mars, p. 269-270.
Il a trouvé, de très sérieux contradicteurs dans les personnes de MM. A.-L.
Mayhew et Gilbert Goudie, numéro de janvier, p. 58-59. M. Mayhew a
même écrit une seconde attaque dans le numéro du 3 février, p. 105-106.
Signalons enfin l'intervention du comte de Southesk qui, dans les numéros
du 8 février, p. 103, et du 17 mars, p. 229-230, traite la question de savoir
quelle est la valeur du signe ogamique X. M. Nicholson, qui paraît avoir
décidément la main heureuse, non seulement comprend les difficiles inscrip-
tions dont il s'occupe, mais a découvert un ouvrage inédit de saint Adam-
nan, et il expose sa trouvaille dans le numéro du 10 mars, p. 210-21 1 . Cf.
le numéro du 17 mars, p. 229.
Une note sur la valeur de laquelle il nous est plus facile de nous former
une opinion est celle de M. Whitley Stokessur une ancienne posture dans la
prière. Cette posture consistait à se tenir les bras tendus en croix. D'un texte
d'Eusèbe, Histoire ecclésiastique, 1. VIII, c. 7, le savant celtiste rapproche
plusieurs textes irlandais, dont le plus ancien paléographiquement parlant
nous est offert par le folio 138 a, glose 2 du célèbre manuscrit de Milan,
édition Ascoli, p. 575. La posture en question y est désignée par l'expres-
sion cros-figdl, qui serait en latin crucis vigilia, veille de la croix. Cf. Win-
disch, Irische Texte, t. I, p. 548, au mot Jigell.
VL
LiTERATURBLATT FUR GERMANISCHE UND ROMANISCHE [PHILOLOGIE,
XVe année, 1894. — M. H. Schuchardt, rendant compte de deux savants
mémoires de notre confrère, M. John Rhys, publiés l'un dans la Scottish Re-
1 . Loth, Les mots latins dans les langues hrittoniques, p. 173.
2. Traduction galloise delà Genèse, XXV, 24; XXXVIII, 27.
Périodiques. 245
t'/Vu' d'avril 1890 à juillet 1891, l'autre dans les Proceediiigsàe la Société des
Antiquaires d'Ecosse, t. XXVI, p. 263-351, paraît considérer comme préma-
turés les rapprochements que proposent entre le basque et d'autres langues
quelques érudits d'ailleurs fort distingués qui, dominés, croit-il, par le désir
si légitime de faire des découvertes historiques, cessent d'appliquer la mé-
thode scientifique avec le calme et la prudence auxquels nous ont habitués
tous leurs autres écrits. Cf. Revue Celtique, t. XIV, p. 215-55).
Je regrette vivement l'oubli qui m'a empêché de mentionner l'année
dernière dans la Revue Celtique l'instructive étude publiée par le même
M. Schuchardt dans le Literaturblatt fiïr germanischeund romanische philologie,
XlVe année, 1893, p. 94-105, sur l'utile et savant ouvrage de M. Loth,
Les Mots latins dans les langues brittoniques. Depuis M. Loth, M. Schuchardt
est le linguiste qui a le plus complètement traité cet intéressant sujet.
VIL
The Jourxal of the roy.\l Society of Anticluaries of Ireland,
5e série, vol. IV, 1894. — P. 45-46. Description par M. William Gray
d'un souterrain artificiel entre l'église de Tyrella et le château de Rathmullan,
comté de Down. Une galerie haute de six pieds anglais, large de trois,
longue de près de cent et subdivisée par des cloisons en trois chambres
longues de seize, trente-trois, quarante-deux pieds et demi, mène à une
chambre perpendiculaire à cette galerie. Cette chambre, haute de six pieds
comme la galerie, a quatorze pieds de long et cinq de large. L'article ne
donne aucune indication sur la sépulture que cette chambre a dû contenir.
P. 54-64. Etude par M. W.-F. Wakeman sur une tombelle située à Old-
Connaught, près de Bray, comté de Dublin, et qui couvrait une sépulture
par inhumation.
VIII.
Revue archéologiciue. — Ce périodique contient, t. XXI, p. 253, 389,
et XXII, p. 390 (1893), la Rrvue des publications êpigraphiques relatives à l'an-
tiquité classique, par M. R. Cagnat, 132 numéros. Il s'y trouve quelques
noms gaulois intéressants, tel est no 31, Moritex, cognomen dans une ins-
cription de Cologne; signalons aussi à Bonn l'épitaphe n" 33, du cavalier
Rectugenus Magilonis f[ilius] Segontilie[n]ses (sic) ; à Lanchester, une dé-
dicace Jf^if Garniangabi, n° 96. La Revue des publications êpigraphiques écrite
par M. Cagnat est insérée depuis plusieurs années dans la Revue archéolo-
logique. Il y en a un tirage à part.
IX.
Neufs Archiv der Gesellschaft fur aeltfre Geschichtskunde,
t. XIX (1894), p. 436-443. — M. Zimmer expose que le Psautier de Cas-
sel, aujourd'hui perdu, a été écrit sous le règne de Brian Borunia, roi su-
244 Périodiques.
prême d'Irlande, 1002-1014, qu'il contenait entre autres documents une
chronique attribuée à Cormac mac Cuilennain, évêque de Munster, mort
en 905. Or, dans l'histoire d'Irlande de Keating, 1629, il 5' a, dit M. Zim-
mer, deux citations du Psautier de Cassel, qui s'accordent exactement avec
Nennius; l'une de ces citations concerne le me&rtre des gouverneurs ro-
mains commis trois fois par les Bretons (Nennius, éd. San Marte, § 30), et
dans cette citation l'autorité de Cormac est invoquée. L'autre citation a
pour objet la colonisation de l'Irlande par le légendaire Partholon {ibid.,
§ 13); et dans cette seconde citation Nennius est nommé comme source
originale. Donc, Cormac, mort en 903, a connu Nennius. Ainsi raisonne
M. Zimmer. Mais la seconde citation, celle qui renvoie à Nennius, ne dit
pas que le passage de Nennius se trouve dans la chronique de Cormac; la
source que cette citation indique est Nennius dans le Psautier de Cassel, or
le Psautier de Cassel ne contenait pas seulement la chronique de Cormac.
Donc nous ignorons si le passage de Nennius cité par Keating d'après le
Psautier de Cassel a été emprunté à la chronique de Cormac. Il n'est par
conséquent pas prouvé que Cormac, mort en 903, ait connu Nennius; la
chose est simplement possible, comme tant d'autres que M. Zimmer croit
et expose savamment, mais que nous ne sommes pas toujours obligés de
croire avec lui.
Paris, le 24 avril 1894.
H. d'ArbOIS DE JUBAINVILLE.
ERRATUM
Au bas de la page 173, ajoutez le nom de l'auteur de l'index: P. Le
Nestour.
Le. Propriétaire-Gérant : Veuve E. BOUILLON.
Chartres. — Imprimerie Durand.
VIE DE SAINT GUÉNOLÉ
MYSTÈRE BRETON EN DEUX JOURNEES ET Q.UATRE ACTES
La Rédaction de la Revue Celtique doit à une gracieuse atten-
tion de M. l'abbé Bernard, recteur de Kerglof (Finistère), les
manuscrits de M. E. Bernard, ancien vicaire général de
Quimper, mort récemment, dont le zèle pour les études cel-
tiques était si connu et si appréciée
Parmi ces manuscrits se trouve la copie d'un mystère, ou,
pour lui donner son titre exact, d'une « Vie de saint GuénoJé »
en vers bretons. L'original est à la Bibliothèque Nationale,
fonds celtique, collection Penguern, n° 97. M. de la Ville-
marqué- et M. Ernault3 ont déjà attiré l'attention sur une
Vie de saint Guénolé en vers, qui remonterait au moins à la
seconde moitié du xv!*" siècle et dont Le Pelletier a tiré parti
pour son dictionnaire breton-français. En 1889, M. Luzel a,
de son côté, publié une « Vie de saint Guénolé » qui offre
avec la nôtre de si grandes ressemblances qu'il n'est pas dou-
teux que l'auteur de l'une n'ait eu l'autre sous les yeux.
Le Mystère de saint Guénolé que possède la Bibliothèque
Nationale est divisé en deux journées de deux actes chacune,
avec prologue pour tous les actes et épilogue après chaque
journée. Il est écrit en vers alexandrins entre lesquels sont in-
tercalées quelques tirades en vers de huit syllabes.
1 . Revue Celtique, t. IX-XI.
2. Bulletin delà Société archéologique du Finistère, t. XV, 1888.
3 . Dictionnaire moyen-breton public à la suite de son Mystère de sainte
Barbe, Paris, Thorin, 1888.
Revue Celtique, XV. 17
246 p. Le Neslonr.
Il ne faudrait pas chercher dans cette œuvre de savants pro-
cédés de composition. Le poète qui l'a écrite n'avait qu'une
assez vague idée des exigences de l'art dramatique. Les traits
de ses personnages ne sont qu'ébauchés, l'attitude est le plus
souvent raide et sans grâce. La pièce n'a pas d'intrigue. L'au-
teur s'est contenté de prendre Guénolé avant sa naissance et
de le conduire jusqu'à sa mort, suivant, en historien fidèle, le
récit le plus autorisé et quasi-otficiel de la vie du saint, celui
que nous a conservé le cartulaire de Landévennec.
Toute préoccupation artistique semble donc avoir été étran-
gère à notre poète. Il a d'ailleurs conscience de son inexpé-
rience et s'en excuse au début de son œuvre : il n'a songé
qu'à glorifier Dieu et à édifier ses auditeurs. « Ecoutez-moi avec
« patience, leur dit-il dans son premier prologue ; le profit
« en sera pour vous, et non pour nous. » Ce qui domine
dans la pièce, c'est donc le sentiment religieux, et ce désir du
poète de contribuer au salut des spectateurs en soumettant à
leurs méditations pieuses la vie d'un homme qui fiit un modèle
de toutes les vertus. Dès les premiers vers on sent qut le mys-
tère est l'œuvre d'un croyant, d'un de ces Bretons des vieux
temps à la foi profonde et sereine comme celle des premiers
chrétiens. Mais dans cette foi naïve, dans cette confiance iné-
branlable en la bonté de Dieu, notre poète a puisé souvent des
accents d'une touchante simplicité.
Le début de la pièce nous transporte en Grande-Bretagne,
au miheu d'un peuple que le bien-être et les jouissances maté-
rielles ont jeté dans la discorde et le crime. Tout dans l'île
n'est plus que pillage, viol, massacre. Seule, une famille s'est
conservée pure au milieu de cette corruption : c'est celle de
Fragan. Dieu se décide à punir d'une façon terrible tant de
forfaits. Mais il ne veut pas frapper les innocents en même
temps que les coupables. Il ordonne à Fragan de fuir au plus
vite avec tous les siens ce peuple criminel sur lequel son bras
va s'appesantir, et pour le consoler de la perte de ses terres et
de ses trésors, il lui fiiit annoncer par son ange la naissance
d'un fils qui sera l'orgueil de son père et la gloire du nom
chrétien.
« Pars soudain, mon ange blanc, descends en toute liberté
vie de saint Guénolé. 247
« sur la terre, jusqu'à Fragan, qui est nuit et jour dans la
« peine. Hâte-toi d'aller le saluer ; que son esprit se réjouisse.
« Dis-lui de partir en toute hâte pour l'Armorique. »
Le premier ange entre et dit sur l'air du Vexilla.
Fragan entre
« Fragan, que ton cœur se réjouisse ! Voici les ordres de
« Dieu, roi du ciel. Pars, quitte ce pays. Un grand miracle
« arrivera : ta femme mettra au monde un fils qui s'appellera
« Guénolé ; fils heureux et béni, chéri de Dieu, créateur du
« monde »
Fragan fait voile aussitôt pour l'Armorique et débarque à
l'île de Bréhat. II y trouve son cousin Grallon, souverain de
Petite-Bretagne, qui, prévenu de son arrivée, est accouru en
toute hâte pour lui souhaiter la bienvenue et l'assurer de sa
royale protection.
« Mon cher cousin Fragan, dit le roi, venez ici, débarquez.
« Prenez garde de vous blesser aux rochers. Vous, sa femme
« et ses enfants, descendez à terre, car le roi Grallon assuré-
« ment vous aime. »
Puis, ému au récit des malheurs du fugitif:
« Courage, mon cher cousin, dit-il, réconfortez- vous. Suivez
« toujours le chemin de la patience. Et vous, aussi, Alba,
« ainsi que vous, enfants, prenez courage. Il est toujours ex-
ce cellent d'avoir confiance en Dieu. Je vous donnerai un bel
« emplacement à l'endroit convenu. Il sera exempt de toute
« redevance, comme je l'ai ordonné. Voici des prairies, de la
« terre et de grands bois, des maisons (?) et des fontaines. »
Puis le roi proclame Fragan gouverneur du pays et retourne
à h, sa capitale.
Ce récit fait assez voir combien notre auteur connaissait
mal son histoire de Bretagne. Mais qu'importe après tout
qu'il n'ait pas su l'histoire! Nous excusons nos plus grands
poètes tragiques de l'avoir volontairement oubliée ; serions-
nous plus exigeants pour l'humble auteur de mystère ?
Voilà donc Fragan en possession de ses nouveaux domaines
et d'une dignité à laquelle il n'aurait pas osé prétendre. Un
dernier événement vient le consoler de son exil : c'est la nais-
sance du fils que Dieu lui avait promis et qu'il attendait im-
24^ p. Le Nestour.
patiemment. Dès lors le nouveau-né va occuper à lui seul
toute la scène. A peine est-il baptisé que l'Enfer tout entier
s'agite. Satan, qui « frémit de colère » en songeant que cet
enfant sera pour lui un ennemi redoutable, assemble ses dé-
mons pour conjurer avec eux le péril dont il est menacé :
« A moi, démons ! s'écrie-t-il. Venez deux, trois, quatre !
« Je suis fou de colère... Que sur tous les chemins courent
« des démons, ennemis de Dieu. Je suis le vieux Satan, plein
« de malice (?), votre roi. Apprenez bien de moi avec hon-
« neur votre Maledicite et votre Coiifiteor. »
Et il récite à ses démons, dans un latin macaronique des
plus amusants, un credo sacrilège sur lequel il compte beau-
coup pour combattre l'influence de Guénolé.
C'est une scène fort curieuse que celle de cette infernale as-
semblée. On y trouve pêle-mêle des allégories et des tirades
de satire sociale qui rappellent la manière du Moyen-Age. Le
style et la versification de ce morceau portent également la
marque d'une époque reculée. Aussi ne serions-nous pas loin
de penser que cette scène est plus ancienne que le reste du
poème, empruntée peut-être à la Fie de saint Guénolé dont
Le Pelletier possédait un exemplaire. Nous ne nous y arrêtons
pas : on la retrouve dans le Mystère publié par M. Luzel,
avec cette différence que dans ce dernier ouvrage le style et la
versification ont été complètement rajeunis.
La lutte s'engage donc dès la naissance de Guénolé entre
l'Enfer et lui, lutte sans merci, qui se prolongera jusqu'à la
mort du saint, mais dont celui-ci sortira vainqueur, grâce à
sa piété et à sa fermeté d'âme. La protection divine ne lui fait
d'ailleurs jamais défont. L'enfant n'a pas encore quitté l'école
que Dieu a déjà fait pour lui un premier miracle.
Fragan avait rêvé de faire de son fils un chevalier vaillant et
redouté, le « champion à la guerre « de toute la Bretagne.
Mais Dieu, qui avait d'autres vues sur Guénolé, ordonna à
Fragan de confier l'éducation de son fils au saint homme
Budoc, dont l'école était alors en grand renom. Un jour que
Budoc s'était retiré dans la solitude pour y prier, deux de ses
élèves, vrais Bretons indisciplinés et batailleurs, se prirent à
lutter, malgré la défense de leur maître. Leur désobéissance
Vie de saint Guénolc. 249
devait être cruellement punie : au plus fort de la lutte, l'un
d'eux tomba si malheureusement qu'il se brisa la jambe. Hur-
lements de douleur du blessé, désespoir de ses camarades, qui
redoutent le « fouet » de Budoc. Mais Guénolé -est là qui les
rassure : « Priez Dieu et la Vierge, leur dit-il, et ne voyez
pas plus loin. » Puis, se jetant à genoux :
« Seigneur Dieu, s'écrie-t-il, vous avez créé tout ce qu'il y a
« en ce monde, vous avez souffert les plus grands maux pour
« racheter les pécheurs par votre passion et votre mort. Votre
« amour a été grand pour notre rédemption. Faites marcher
« ce malheureux, qui est infirme, hélas ! Par les mérites de
« votre mort. Dieu puissant, nous vous en supplions. Prenez
« pitié de nous et exaucez notre prière. Grands et petits, nous
« vous le demandons, ô Dieu souverain. » Puis se tournant
vers le blessé : « Donne-moi ta main gauche et lève-toi. Au
nom du Père, du Fils et de lEsprit Saint, lève-toi, viens. »
Et le blessé se lève et marche.
Ainsi commence toute une série de miracles sur lesquels
nous nous en voudrions d'insister. Le récit en deviendrait ra-
pidement fastidieux. On les trouve d'ailleurs racontés tout au
long dans la Vie de saint Guénolé que nous a transmise le
cartulaire de Landévennec.
Notre auteur a bien senti qu'une succession ininterrompue
de miracles renouvelés des Evangiles, guérisons d'aveugles, de
paralytiques, résurrections de morts, ne tarderait pas à pa-
raître monotone. Il a compris qu'il lui fallait jeter un peu de
variété dans cette partie de sa pièce, et cette variété il l'a de-
mandée à quelques scènes comiques, à des apparitions de dé-
mons, enfin au récit du sacre de Guénolé et de la fondation
de son abbaye à Landévennec. Nous n'oserions prétendre
qu'il ait toujours atteint le but qu'il se proposait. Malgré tous
les efforts du poète, cette partie du mystère risquerait d'être
trouvée bien longue par des lecteurs modernes. Ils n'en ju-
geaient peut-être pas ainsi les spectateurs simples et croyants
devant qui fut représentée cette Fie de saint Guénolé. Ils du-
rent, bien au contraire, se complaire grandement au spectacle
de toutes ces pieuses merveilles.
Hâtons-nous d'ajouter que, malgré bien des longueurs, se
250 p. Le Nestoiir.
dégage même aujourd'hui de ces peintures naïves d'une fer-
veur d'un autre âge je ne sais quelle impression de grandeur
qui nous charme encore. La figure de ce saint, qui passe à
travers le monde en faisant bénir partout le nom de Dieu, est
belle malgré son uniforme simplicité. Elle l'est à la façon de
ces images pieuses du Moyen-Age, si majestueuses dans leur
extatique raideur.
Qu'on se rassure d'ailleurs : si toute cette première journée
de notre mystère manque un peu de mouvement et de vie,
on n'en saurait dire autant de la seconde. Le poète a fermé
pendant quelque temps le cartulaire de Landévennec qu'il
avait eu jusque-là sous les yeux, et ne s'est plus inspiré que
de sa propre imagination.
Dans la première partie de son œuvre il avait tout sacrifié à
sa piété et à celle de son public. Mais si le sentiment religieux
tient une grande place dans l'âme bretonne, il ne l'occupe pas
tout entière. Le Breton naît batailleur ; il a la passion des
combats. Aujourd'hui encore il n'est guère de grand pardon
qui ne se termine par des mêlées sanglantes, et plus d'un pè-
lerin s'en retourne chez lui les membres brisés ou la tète
fendue. La seconde journée de notre mystère était bien faite
assurément pour plaire à ces Bretons querelleurs. On n'y
entend guère parler que de luttes et de massacres. Deux
armées s'y livrent sous les yeux des spectateurs une bataille
digne des temps épiques. Seule la grande figure de Guénolé se
dresse tranquille et sereine au-dessus de cette scène agitée.
C'est elle qui ramène le calme après ces tempêtes et qui rend à
la fin du Mystère ce caractère religieux qu'elle avait déjà donné
à la première journée.
« Je suis un roi généreux, opulent, redouté dans toutes les
(c provinces qui sont au monde en long et en large. Grâce à
« ma vaillance et à mon cœur partout on tremble devant
« moi. Je suis le roi de Barbarie. Il n'est pas de royaume
« aussi beau que le mien ni aussi bien pourvu en guerriers
« vaillants. On ne trouverait pas sous les astres du ciel un
« honmie assez audacieux pour me résister. J'ai des princes
« valeureux qui sont toujours à mes ordres, des soldats coura-
« geux et de nombreux capitaines. »
Vie de saint Guénolé. 2 5 1
C'est ainsi que se présente le « Roi barbare » dont notre au-
teur a oublié de nous donner le nom. Ce redoutable person-
nage déclare que, lassé de voir ses dieux reniés et maudits par
les Chrétiens, il veut exterminer les ennemis de sa foi. Le
conseil en est pris : il va foire la guerre à Grallon. Il ordonne
à ses vassaux de se rassembler en armes sous sa bannière.
Tous, depuis le connétable jusqu'au dernier soldat, lui prêtent
serment de fidélité et jurent de détruire la race maudite des
Bretons chrétiens. On envoie un messager à Grallon pour le
défier, lui et ses sujets.
<f Grallon^ roi des Bretons, dit le héraut, je suis envoyé ici
« par les gens de Normandie^ pour vous défier. Mettez-vous,
« si vous le voulez:, en ordre de combat. Cinq ducs, cent
« comtes vaillants et nombre de soldats sans tarder longtemps
« viendront ici vous voir. Toute votre puissance ne peut rien
« contre eux: il vous foudra vous rendre. Ils sont cent mille
« soldats en armes. Prenez garde : ils sont grandement irri-
te tés. » — « Dis au chien sans baptême, réplique fièrement
« Grallon, que je lui réponds sans peur. Je le défie hardi-
« ment et ne le crains pas. »
Puis, sans perdre de temps, il mande son « cousin bien-
aimé » Fragan, gouverneur de Léon, auquel il confie le com-
mandement de son armée. Fragan assemble la noblesse bre-
tonne. Celle-ci n'est pas médiocrement effrayée en songeant
qu'il lui va folloir combattre de si redoutables ennemis. Mais
Guénolé paraît et sa présence raffermit les courages ébranlés.
Il exhorte les siens à la vaillance et leur indique les dispositions
à prendre pour le combat. « Les Barbares, dit-il, viendront par
« mer. Laissez-les débarquer et choisir leurs positions de ba-
« taille. Puis, au nom de Jésus, courez tous sur eux pour les
« détruire. »
Les Païens débarquent, en effet, plus fiers et plus résolus
que jamais. Les deux armées vont en venir aux mains. Mais
avant le moment fotal Guénolé est encore là. Il adresse aux
I . Les Païens, on le voit, sont des Normands. Il semble que l'auteur de
notre mystère ait eu connaissance de l'invasion normande qui, au xi*" siècle,
compromit l'existence même de la Bretagne.
2^2 P. Le Nestour.
siens les derniers encouragements, et à Dieu une suprême
prière au nom de toute l'armée chrétienne à genoux sur le
champ de bataille.
« Marchez hardiment, gens vaillants, s'écrie le saint. Ayez
« confiance en Dieu... Vous triompherez, croyez-moi, au nom
« du Roi du Ciel. Jetez-vous tous à genoux; que chacun fasse
« sa prière. De mon côté, je prierai Jésus, notre capitaine. »
Ils se mettent tous à genoux. Guénolé continue:
« Seigneur, qui avez créé le monde, aujourd'hui écoutez nos
« prières, par amour pour votre peuple, que vous avez racheté
« de votre sang et de vos souffrances. O Dieu souverain,
« exaucez Guénolé, qui vous implore pour vos enfants. Hélas!
« Seigneur, voici les Bretons en danger de mort. Abaissez les
« yeux sur eux pour leur donner la victoire et les fortifier dans
« votre foi. Mon Dieu, mon Jésus, donnez-nous la force et le
« courage de fouler aux pieds les idoles pour que l'on vous
« rende toute la gloire, tout le respect et tout l'honneur qui
« sont dus au Créateur du ciel et de la terre. »
N'est-ce pas un beau spectacle que celui de toute cette
armée â genoux sur le champ de bataille, implorant le Dieu
pour lequel elle va verser son sang ? Toute cette scène fait
songer à certains des plus beaux morceaux de nos vieilles
chansons de gestes. Ces guerriers bretons rappellent étran-
gement les vingt mille braves qui entourent Roland à Ron-
cevaux et qui luttent, eux aussi, contre les Païens, toujours
plus nombreux et plus forts. Mais, plus heureux que les che-
valiers Français, les héros Bretons verront leur foi et leur
vaillance récompensées par la victoire. La bataille se livre
bientôt, en effet ; les Barbares sont exterminés malgré leur
nombre et leur audace. Les Bretons, à genoux, entonnent un
Te Deiim de reconnaissance au milieu des cadavres de leurs
ennemis, et le premier acte de la seconde journée se termine
sur ce triomphe de la valeur et de la foi bretonnes.
Au début du second acte de la deuxième journée, nous
sommes à Is, la capitale du roi Grallon. Celui-ci, à la nou-
velle de la victoire, mande en toute hâte Fragan et Guénolé,
et pour leur témoigner sa reconnaissance, il leur offre des ri-
chesses et des titres de noblesse. Mais Guénolé refuse tous ces
vie de saint Guénolé. 255
honneurs. Il fait fi des richesses et n'a d'amour que pour Dieu.
C'est la passion des biens terrestres qui a fait de Grallon un roi
impie et de son peuple d'Isun peuple criminel. Puisse le roi ne
pas marcher plus longtemps sur le « chemin de l'Enfer » !
Grallon, touché des conseils de son neveu, promet de prendre
une voie meilleure et prie Guénolé d'aller prêcher son peuple.
Nous ne nous attendions guère, il faut l'avouer, à voir
Grallon et ses sujets si impies, non plus qu'à assister à une si
rapide conversion. Mais toute cette scène, qui nous surprend
toiw d'abord, était nécessaire pour amener la légende de la
destruction d'Is, qui occupe une partie du dernier acte. Gué-
nolé va évangéliser la ville criminelle. Mais ses sermons ne
convertissent personne. Le saint, irrité, attire sur Is la colère
du Ciel. La ville est engloutie par les flots. Tous ses habitants
périssent. Seul, Grallon échappe à la destruction générale,
grâce à Guénolé, qui l'arrache à grand'peine à la mer enva-
hissante. Toute cette légende de la destruction d'Is est trop
connue pour que nous nous y arrêtions. Cette partie du poème
est d'ailleurs moins intéressante que les scènes correspon-
dantes du mystère publié par M. Luzel, où nous trouvons
une peinture fort animée de la débauche et des crimes qui ont
attiré sur Is la colère de Dieu.
Après le récit de la destruction d'Is, notre auteur, dont l'acte
précédent avait sans doute épuisé l'imagination, a rouvert son
Cartulaire de Landévennec et l'a suivi pas à pas cà travers une
nouvelle série de miracles qui a le tort de rappeler trop la
première journée du mystère.
Mais la fin de Guénolé est proche. Un ange vient annoncer
au saint qu'en récompense de toutes ses vertus Dieu lui a ré-
servé une place dans le Ciel et qu'il ait à se préparer à bien
mourir. Guénolé assemble une dernière fois ses disciples pour
leur annoncer sa mort prochaine et leur adresser l'adieu su-
prême. Puis, revêtu de ses ornements sacerdotaux, il monte à
l'autel pour dire sa dernière messe. C'est là qu'il meurt entre
les bras de ses disciples, comme un général à son poste de ba-
taille au milieu de ses soldats.
Ainsi se termine notre Vie de saint GucnoU. Nous n'avons
nullement cherché à en dissimuler les imperfections. Ce mys-
2 54 P. Le Neslour.
tère assurément n'est pas un chef-d'œuvre; il a pourtant son
intérêt. Il- possède à nos yeux deux avantages : le premier est
de ne pas ressembler à la plupart des mystères bretons qui nous
restent, traductions ou imitations de vieux mystères français,
et de constituer une œuvre essentiellement bretonne tant par
son sujet que par la manière dont ce sujet a été traité.
Le second de ses mérites est son antiquité relative.
Nous ne pensons pas que ce mystère soit celui dont Le
Pelletier avait une copie de 1580. Nous nous sommes en effet
reporté aux fragments de la Vie de saint Guénolé cités par le
savant bénédictin ^ Il n'est pas un de ces fragments, que nous
reproduirons plus tard, qui ne puisse trouver place dans une des
scènes de notre poème. Mais nous n'avons pu retrouver dans
celui-ci aucun des vers cités par Le Pelletier. Quoi qu'il en soit,
notre Vie de saint Guénolé est une œuvre relativement ancienne.
Le manuscrit que possède la Bibliothèque Nationale n'est que
de 1767. On y lit en effet: « Ce livre apartien à moy, Yves
Balcon de Camlez, fait ce jour 15 octobre 1770 », et à la fin
du mystère : « foit en mil sept cent soixante sept, commencé
à écrire le 3 novembre ». Mais il est aisé de reconnaître à la
structure, à l'orthographe et surtout à la versification de ce
mystère que le manuscrit de la Bibliothèque Nationale n'est
que la copie d'un original beaucoup plus ancien.
Sa structure, on l'a vu, est celle de nos plus vieux drames,
avec sa division en journées, ses prologues et ses épilogues.
Le manuscrit date d'une époque où la réforme orthogra-
phique du Père Mannoir était depuis longtemps le plus sou-
vent adoptée, où, par conséquent, les mutations des consonnes
initiales se représentaient déjà graphiquement. Pourtant, dans
notre manuscrit, les règles de ces mutations ne sont guère ob-
servées que dans la moitié des cas. On en pourrrait peut-être
conclure que le copiste a reproduit un texte sur lequel les
mutations initiales n'étaient pas indiquées. Il aurait voulu ré-
former l'orthographe de ce texte d'après la méthode nouvelle
et aurait écrit la moitié environ des mutations initiales. C'est
I . Voir de La Villcmarqué, Bulletin de la Société archéologique du Finis-
tère, t. XV, 1888.
vie de saint Guénolé. 2 5 5
par négligence, par un de ces oublis communs à ceux qui cor-
rigent un texte, qu'il aurait laissé l'autre moitié des muta-
tions sans les transcrire.
Mais ce qui prouve d'une manière beaucoup plus certaine
l'antiquité de notre mystère, c'est le système de versification
d'après lequel les vers en ont été construits.
Dans les vers bretons les plys anciens, la versification ne
repose pas uniquement, on le sait, comme celle des poèmes
modernes, sur la rime finale et le nombre des syllabes. Il est
une chose que les poètes bretons négligent complètement
aujourd'hui, mais qu'ils recherchaient autrefois avec le plus
grand soin : ce sont les rimes internes. Pour qu'un vers fi.lt bon,
il foUait qu'il renfermât un certain nombre de syllabes asso-
nant entre elles. Ce principe, qui compliquait beaucoup la ver-
sification, a trop souvent amené les poètes bretons à remplir
leurs vers de chevilles, à sacrifier le fond à la forme. Mais cette
répétition d'un même son à l'intérieur du vers n'était pas sans
harmonie. Elle n'avait le plus souvent rien de monotone, car
le poète se réservait en général une assez grande liberté dans
le choix de la place et du nombre des syllabes assonantes. Ce
système savant de versification ne s'est guère conservé au delà
de la première moitié du xv!!*-' siècle. Dès lors, en effet, les
poètes bretons se mettent à copier plus exactement la forme
du vers français. Notre Fie de saint Guénolé a dû être composée
tout entière d'après ce système ancien de versification.
Dans un très grand nombre de vers nous retrouvons encore
des traces évidentes du procédé primitif. Beaucoup de ces
vers, assurément, sont altérés. Un grand nombre n'offrent
plus de traces de ces rimes internes. Beaucoup n'ont conservé
que deux assonances. Mais on ne peut guère admettre que
ces assonances n'aient pas été voulues : elles se rencontrent
toujours à des places déterminées. Tantôt c'est la syllabe finale
du premier hémistiche qui assone avec la huitième ou la
neuvième syllabe du vers, connue dans les exemples suivants :
Panavert da :\mbrour, boet croug es rodello. —
A hui, guerches Yari, ma spi a ma study. —
Red eo d'in tesqz^/» da veu/m nos ha de. —
256 p. Le Nesiour.
Tantôt, et c'est le cas le plus fréquent, elle assonne avec
l'avant-dernière syllabe du vers.
Ac enny dé a nos certen e reparan. — -
Prest eo sûr dre amhuch ho lesen âïstrujet. —
Simoni, ma merch vad, a roïs d'ar prdadet. —
Nous avons enfin retrouvé un nombre de vers assez impor-
tant où les assonances sont plus fréquentes et où le système
de versification apparaît avec netteté. Dans ces vers, la sixième
syllabe assonne régulièrement à la fois avec la huitième ou la
neuvième et avec la onzième syllabe :
Chetu men en glaJjar d'an douar discaret. —
Autro Doue an Tat, hui so mat dreist 7iafm. —
Unan a guelan ïall ac un ail so âaJhi. —
Evit an tri laer man a so an dianes. —
Me so sot, me so dall, Kxvoal, a ne halhn. —
D'ach hui e x'iscoan hreman ma paourante. —
Disquet i d'an dut vat en pep stat nos a de. —
Usur, ma merch ]oUs a roïs d'ar vourhisïen. —
Te veo prins gumon, mignon, d'ar gloutoni. — Etc.
ACTE II.
Scène V.
Le Boiteux entre.
Allas ! me a so cam ! Me so stang gant anquen !
Ne allan flach cammet ; ne cafen den d'am ren :
Contraignet [on] certen da vervel er plas man.
N'em eus tam da dibrin, aa querset ne allan.
Ma vige beo ma phriet, so neve intérêt,
Me voa sur a cher vat, a sicour da querset :
Me crigne ar pout yot pa voa em compagnon[es:]
Me voa joaus ma fas, n'em boa nep dienes.
vie de saint Guénolé. 257
Il est évidemment impossible d'admettre que ces asso-
nances soient dues à un simple hasard. Aussi ne croyons-nous
pas qu'il soit téméraire de le prétendre : elles suffisent à
prouver que notre mystère remonte à la première moitié du
XVII* siècle. On peut même fixer à sa composition une date
plus ancienne si l'on veut tenir compte des altérations évi-
dentes qu'il a subies. Sans parler des vers où nous ne retrou-
vons plus les rimes internes, mais où il serait facile de les réta-
blir en remplaçant certains mots français par les mots bretons
qui les traduisent, il est un nombre assez grand de passages
où le texte n'a pas été copié fidèlement parce que l'auteur du
manuscrit ne comprenait plus le sens des mots qu'il avait
sous les yeux.
Mais nous ne pouvons tirer de ces considérations que des
hypothèses plus ou moins vraisemblables. Nous croyons pou-
voir dire avec certitude que la Fie de saint Guénolé que nous
avons étudiée ici a été composée au plus tard vers l'année 1650.
La scène que nous en publions est tirée du second acte de
la première journée. C'est incontestablement la plus gaie du
mystère. Nous laissons au lecteur le soin d'apprécier le goût
de certaines plaisanteries que nous n'avons pas cru pouvoir
nous dispenser de traduire fidèlement.
Le Boiteux entre.
Hélas ! je suis boiteux, je suis accablé de douleur.
Je ne puis faire un pas et je ne trouve personne pour nie conduire.
Je suis sans doute condamné à mourir ici.
Je n'ai rien à manger, et je ne peux pas marcher.
Ah ! si j'avais encore ma femme, qui est nouvellement enterrée ! !
J'étais sûr de trouver bonne chère et secours pour marcher,
Je mangeais le gratin du pot à bouillie, quand ma femme était en ma com-
Mon visage était joyeux ; je ne connaissais pas la misère. [pagnie.
258 p. Le Nestoar.
Bepret ennc godel e vige pep sort mat,
Bara, crampoes a yot, ac esquern da crignat,
A pa vanque a[l] lart da ober ar souben
E queten bepret stag ous e hotillionen.
Coulsan pourveres ameus sivoas ! collet !
Achu eo ma bue gant glahar a regret.
Pa ario an nos, ne on pellech logan :
Aman en creis an lient breman e reposan.
Ma vige beo flejou e voa d'in pourvcct :
Ur guele var ben nos d'imp on daou da cousquet :
Evit plous mat a foen bepret bep nos on be ;
Aisetoch eneum caten evit prins na roue ;
[Ar guele voa dister, mes ar plous ac ar foen] '
A rentay ur hoes vat, agreabl da pep den,
A soulage ma ballon pep heur durant an nos,
Gand odeur 2 ar guevallen a voa stag ous e bros.
Neuse a pep tu d'imp courtinet on guele
Gant ar gociiat queuneut a pep sort vanité.
Pa deuan da songal em amser tremennet,
Ac em hiny presant, em hiny da donnet,
Ma hallon a maners a fatic a ma langaich...
Me ya em varivel, mar gallan, eneum flaig.
L'Aveugle entre.
Le Boiteux parle et continue.
Piou eo a quers ase? Men sant anter cousquet.
Guel neun a ra meurbet couls a me a querset.
Me gret a en guellet eo dal an den man.
Ep tardan me voelo. E teu voar an tu man.
Ma car ma hariguellat bete Landevenec
Evit cafet iehet me ancoay ma groec
Ma hallemp eneum cafet gant an abat Guenole,
E vemp lamet a poan gantan, dre gras Doue.
L'Aveugle dit.
Piou a ententan me o coms a Guenole?
Me so en eur poan vras d'e cafet, dre ma fe.
1 . Ce vers n'est pas de la même écriture que le reste du mystère, auquel
il semble avoir été ajouté à une époque récente pour réparer une omission
du premier copiste.
2. Le texte porte ardeur ; nous n'avons pas cru devoir conserver ce mot,
absolument impropre ici.
vie de saint Guénolé. 259
Dans son sac il y aurait toujours toutes sortes de bonnes choses:
Du pain, des crêpes, de la bouillie, des os à roucher,
Et si la graisse manquait pour faire la soupe,
J'en trouverais toujours de collée à ses cotillons.
L'excellente, l'incomparable pourvo)'euse que j'ai perdue !
Ma vie se termine dans l'affliction et le regret.
Quand vient la nuit, je ne sais où me loger:
Pour le moment, je me repose ici, au milieu du chemin.
Ah ! si elle vivait encore ! Nous trouvions toujours des lits :
Oui, un lit pour la nuit, pour y dormir tous deux.
Pour de bonne paille et du foin, toujours nous en aurions pour la nuit.
Je me trouvais alors plus à l'aise qu'un prince et qu'un roi.
Le lit n'était pas riche, mais la paille et le foin
Exhalaient un parfum des plus agréables
Et soulageaient mon cœur à chaque heure de la nuit.
Ajoutez à cela l'odeur de soupe dont était iqiprégnée sa robe.
Alors notre lit avait pour courtines de tous côtés
Une . . . . ' de bois de toute sorte de vanité.
Quand je me prends à songer au temps passé.
Au présent, et à l'avenir,
Mon cœur et ma force défaillent, je perds la parole.
Je vais dans ma brouette, si je le puis, en me traînant.
L'aveugle entre.
Le Boiteux parle et continue.
Qui est celui qui va là? Je sens sa présence, bien que je sois à moitié en-
11 marche beaucoup mieux que moi. [dormi.
Il me semble, à le voir, que cet homme est aveugle.
Sans tarder je le saurai, car il vient de ce côté.
S'il veut me traîner dans ma brouette jusqu'à Landevennec,
Pour que j'y trouve la santé, j'oublierai ma femme.
Si je pouvais rencontrer l'abbé Guénolé,
Il me tirerait de peine, par la grâce de Dieu.
L'Aveugle dit.
Qui est-ce que j'entends parler de Guénolé?
Je suis en grande peine de le trouver, par ma foi.
I. Nous n'avons pu comprendre ni trouver nulle part le mot goeiiat.
26o p. Le Nestour.
Le Boiteux dit.
Allas ma mignon coant, me so stang gant an anquen.
Ne allan querset carnet, na cavet den d'am ren.
Ma hallen cavet eur re en deve charité
Am sicoure da vonet bette an abat Guenole
Evellasse d'am mempro so pel so en anquen !
Pan deo marc ma phriet, n'em eus den d'am souten.
L'Aveugle dit.
Me so sot, me so dal, Rivoal, a ne hallan,
Evel ma aprechant, guelet ma hent quentan.
M'am be ar sclerigen certen diant Doue,
M'es casse te a me da vellet Guenole.
Le Boiteux ' dit.
M'es quelenno, ma car, a na ve quet diec.
Qiiemer scan da travel ma bravas rodellec.
Enny te am casso dreist ar poullado dour,
Var boesic ma diou vrech, on daou d'en um sicour.
Pan out dal te querzo, a me as instruo
Dîmes ma rodello ahan tro var zro :
Bette Landevennec nin en eum rento on daou,
Rac me as quelenno da vont dre an hinchou.
Nebon, mes quelenno, nés po nemert sentin,
Croc prout er gariguel, groa doustadic ouin.
L'Aveugle dit.
Certen fer m, ma mignon, me a so coûtant bras
Er rin ma assistans d'es sicour en pep plas.
Mar queres rain anseign dre da comso bepret,
M'es renno dre an hincho gant enor a respet.
Mes quentan eo ret, Rivoal, mar permettet,
Er gravas rodellec ma veet ayreet :
Ret eo o accomodin enny a fesson vat :
Me ho laccay a het, hep grevin o taou troat.
Mar teuct da coean, e hallet bean blessct,
An hinchou a so rust, ma na ve amarret.
I. Le texte porte Le Manchot, et ce lapsus calanii a été plusieurs fois ré-
pété dans le reste de la scène.
Vie de saint Guénolé. 261
Le Boiteux dit.
Hélas, mon cher ami, je suis accablé de douleur.
Je ne puis faire un pas, ni trouver personne pour me conduire.
Ah ! si je pouvais rencontrer quelqu'un qui eût la charité
De me secourir pour aller jusqu'à l'abbé Guénolé, [lades !
Lui demander la guérison de mes membres, qui sont depuis longtemps ma-
Maintenant que ma femme est morte, je n'ai personne pour me soutenir.
L'Aveugle dit.
J'en suis incapable, je suis aveugle, Rivoal, et je ne puis,
D'aussi près que je regarde, reconnaître mon chemin.
Certes, si Dieu m'avait donné de voir.
Je t'amènerais avec moi jusqu'à Guénolé.
Le Boiteux dit.
Je t'apprendrai, mon cher, et ce ne sera pas long.
Prends légèrement ton fardeau, ma brouette,
Tu m'y porteras par-dessus les flaques d'eau.
Je me soutiendrai de mes deux bras ; nous nous entr'aiderons.
Puisque tu es aveugle, tu marcheras, et je te conduirai
Du haut de ma brouette, à travers le pays.
Nous nous rendrons tous deux à Landévennec,
Car je t'apprendrai à aller par les chemins.
Ne crains rien, je te dirigerai, tu n'auras qu'à m'obéir.
Prends vite la brouette. Va doucement pour moi.
L'Aveugle dit.
Assurément, mon cher, je suis très content
De te prêter assistance en tous lieux.
Si tu veux me guider sans cesse par la parole,
Je te mènerai par les Chemins avec honneur et respect.
Mais d'abord il faudra, Rivoal, si vous le permettez,
Que vous soyez attaché à la brouette.
Il faudra vous y installer à l'aise.
Je vous y coucherai sans blesser vos pieds.
Si vous veniez à tomber, vous pourriez vous faire mal,
Si vous n'étiez attaché, car les routes sont dures.
Revue Celtique, XV.
202 P. Le Nestour.
Le Boiteux dit.
Delch ebars en avel vis, bepret e avisi :
Ractal en creis da fas en remarqui.
Et courant ous an traon. Evit commansanaant
On eus heut dereat, a so d'imp aisamant.
Olla var da goregues ! Ari omp er bouillen
Holla! hoas eur veach! Dalch ar gariguel ten.
Me cret, herve vellan, o heus hoant da teri
Ma gouzouc a ma corf, quent evit monet dy.
Cos sot, tra didalve, hars ar hravas se ten.
Certen, em ber terraen te am tollo e len.
Depeg a distro, a retorn alesse,
Pe ezomp miserabl, certen, a te a me.
L'Aveugle dit.
Mogré d'ar sot billitr! Me so stang gant anquen.
Mar am folles nemeur, m'es tollo er bouillen,
Da terrin da gouzouc pe da vean lahet.
Re a commanderes a gafan so guenot.
Lavar d'in pe voar tu, pot fal, eo da study !
A coms a fessou vat pe voar tu monet dy ?
Le Boiteux dit.
Derhel en avel vis ameus d'it lavaret,
Ac e eo er coutrel e teus an quemeret...
E coean er voes man, ma na lequet eves
Michans dal, ignorant. Paoues cren a ma les.
L'Aveugle dit.
Ne ran fors a avel na nep sort goabrenno[u] :
Ma quellen faciloch, cos tortu, tat al laou.
A clen ac a deou eo d'it lavaret d'in
Distrein ar gariguel, na pe voar tue hin;
Rac evit coms d'ime dimes a avel vis,
Ne roes netra tout nemert crignat sottis.
Pan deo dindan da teot, lav[ar] d'in comso pront;
Evit gloriustet na caffes tam da cont.
Le Boiteux dit.
Sent ouin, ma den quer, ha mes croay dibreder:
Em fe da den ouest, me ray d'it cals a cher,
Vie de saint Guénolé. 26}
Le Boiteux dit.
Tiens-toi au vent du Nord-Est. Fais-y toujours bien attention ;
Fais en sorte qu'il te souffle au milieu du visage.
Descends en courant. Pour comrncncer
Nous avons un chemin commode et agréable.
Holà ! va doucement ! Nous voilà dans la boue.
Holà encore une fois ! Retiens bien la brouette.
Je crois, à ce que je vois, que tu as envie de me briser
Le cou et le corps avant que nous ne soyons là-bas.
Vieil imbécile! Propre à rien! Arrête donc la brouette!
Avant longtemps, sans doute, tu me jetteras dans l'étang.
Hâte-toi de détourner. Reviens ainsi.
Nous sommes assurément bien malheureux toi et moi.
L'Aveugle dit.
Maudit soit le sot bélître ! Je suis accablé de douleur.
Pour peu que tu m'affoles, je te jetterai dans la boue;
Tu te casseras le cou et te tueras.
Je trouve que tu me donnes trop d'ordres.
Dis-moi, fou que tu es, de quel côté il faut que je me dirige,
Et quand tu m'indiques le chemin, parle d'une façon convenable.
Le Boiteux dit.
Je t'ai dit de te tenir au vent du Nord-Est.
C'est la direction opposée qu'il a prise.
Je tombe cette fois, si tu n'y prends garde.
Méchant aveugle, ignorant. Laisse-moi me reposer.
L'Aveugle dit.
Je me moque bien du vent et de tous les nuages.
Instruis-moi mieux, vieillard tortu, père des poux.
Il faut me dire de faire tourner la brouette
A gauche, à droite, et m'indiquer de quel côté je dois aller.
Pour me parler du vent du Nord-Est
Tu ne fais que ronger des sottises.
Quand tu as à dire quelque chose, dis-le vite
Et ne viens pas faire le vantard.
Le Boiteux dit.
Obéis-moi, mon cher, et je te traiterai largement.
Foi d'honnête homme, je te donnerai bonne chère.
264 P- Le Nestour.
A mar beet fallaer, disleal em audret,
Te collo ar beutin a hoas bean cannet.
Sent en pep honestis, ha me ray d'it ur som,
Hagouin ru délicat, em fe, ous da ezom.
L'Aveugle dit.
Gorto hoas un nebëut, quen am beo clevet.
Me cret ez eo pillât e teus te parlantet?
Ne vo quet te, paour ques, a ouflfe, a credan,
Dre nep sort violans donnet, sur, d'ani cannan.
Guel vige d'it tevel... Me ray d'it quent ar fin,
Goulen ou-in allies da vue evit gouin.
Te coms a pillât den, ha te na oufes quet
Remuin da vempro d'it, tra discoeltret.
Le Boiteux dit.
Pardon a houllenan, mar em eus d'ach coniset
Dimes a quement se, evel ma leveret.
Me promet d'ah certen eo ep e songal
Emeus an lavaret, rac ne deuran tara scandai.
Nebon, quemer couraig, quent evit pen taer heur
Nin veo quit a poan a dimeus on malleur,
Ac as lacay qucr meo gant guin, ma mignon coant,
Er retorn ny danso, on daou, joaussamant.
Me na vanquan james d'ar pes a me larret
Na fâche quet re vuan : demp are un neubet.
L'Aveugle dit.
Mogré d'ar gariguel gant ara 0 vouiguiourat !
Terrin a ra ma fen, commans a ran fallat.
Memeus aon ne torro gant ara o travel :
Orib e ha buan. Mar hars nin yel a pel.
Cepannant croget ferm bepret er costeyou :
Lequet eves na dorre nepret an amarou...
Pa promettes d'in guin a souben ar hol pour,
Na vanquin birviquen, mar gallan, d'as sicour.
Mes me veso quit a truaig ar chers'at,
Na pen quet, certen, ep quen un dinerat.
Le Boiteux dit.
Penos? Ac obcr goab a res ahannonme?
Na pei netra tout? Te vo eta ar roue?
vie de saint Guénolc. 265
Si tu es fliux et déloyal envers moi,
Tu perdras la récompense, et de plus tu seras battu.
Obéis-moi en toute honnêteté et je te donnerai de l'argent,
Et du vin rouge délicat, par ma foi, autant que tu en voudras.
L'Aveugle dit.
Attends encore un peu, que j'aie bien compris.
Je crois que tu as parlé de me battre.
Ce n'est pas toi, pauvre malheureux, qui pourras, je crois,
Me battre, quelque violence que tu essaies.
Mieux vaudrait te taire. Je te ferai, à la fin.
Me demander plus d'une fois de racheter ta vie pour du vin.
Tu parles de battre les gens et tu ne saurais
Remuer les membres, pauvre ébranché.
Le Boiteux dit.
Je vous demande pardon, si je vous ai parlé
De la façon que vous me dites.
Je vous assure, sans mentir, que c'est sans réflexion
Que je l'ai dit, car je n'aime pas le scandale.
Allons hardi ! prends courage : avant trois heures
Nous serons hors de peine et de malheur.
Et je t'enivrerai bien avec du vin, mon cher ami.
En revenant nous danserons tous deux joyeusement.
Moi, je ne manque jamais à ma parole.
Ne te fâche pas trop vite. Allons encore un peu.
L'Aveugle dit.
Maudite soit la brouette avec ses grincements.
Ma tête se brise, je commence à défaillir.
J'ai peur que votre voiture ne se casse, tant elle cric.
Elle est horrible et rapide. Si elle résiste, nous irons loin.
Cependant, tenez toujours ferme dans les côtés.
Veillez à ce que les amarres ne se brisent pas.
Puisque vous me promettez du vin et de la soupe aux poireaux,
Je ne manquerai pas, si je le puis, de vous secourir.
Mais je n'aurai pas à payer la bonne chère.
Je ne paierai assurément pas un denier.
Le Boiteux dit.
Comment ! te moques-tu de moi ?
Tu ne paieras rien ? Tu seras donc le roi ?
266 P. Le Nestour.
Gant quement diaoul so en puns an Iferniou,
Ehues sur da guentan, ep quet laret ur gaou ;
Bette un dinner bihan, te beo couls a men
Evit da ol outraig, mar groes nep cher guenen.
Panaverdon, cocquin, ne ouffes quet monet,
Hoas eout arogant, ne ousout gras abet.
Mar as pe, te peou drouc a mat vo d'as tent
Allons ! que adare er fesson diagent.
L'Aveugle dit.
Ac cvelse, den fal, el leveres te dime
Goude quement a poan a soufran guenide ?
Pa voan var lein ar mené, pa'm bige
M'en boa toret da gouzouc. ha te en dour striqquet.
Paneverdon, brema ahan nen dahes,
Evit da oU outraig, ur cammet ne flaches:
Panevert da ambrouc, boet croug es rodello,
James n'en daes dy, rester, tat al laou.
Ansave ar guirionme, mar guelles e cavet :
Mam be hoant ahan ur pas ne flaches quet.
Le Boiteux dit.
Brigant! ep ma quellen, te a comso asc;
Mastin, qui disleal, en dour te a veusfe
Er reviero donnan, so ledan ha profond,
A hoas, dal milliguet, e fel dit ober grond
Carret ahanon ferm, certen, en pep termen,
A dleffe, te vige reuseudic birviquen.
L'Aveugle dit.
Sel ar mastin mihiec, cheleo an ifrontet,
Penos he tiscour-an, ar marmous dipoellet.
Ne credan quet, diot, ne ra avis d'ide
Ez co te ani condu gant ar garigelse?
Taou, nebon, mihiec, Janfoutre mellennec,
Quent evit ma arrivin var dro Landevenec,
Da que e fabourso, var dro e demeurans,
Me raï d'it coms gant pep sort reverans :
Men tou da den onest, truant, lavenncc fal.
Mes tisco var da goust da parlant en guis al,
Rac mes tollo breman, te ha da gariguel,
Er rivier man a het, que nouffes coms guel.
vie de saint Guénolé. 267
Avec tous les diables qui sont dans le puits des Enfers
Tu iras certainement tout d'abord, sans mentir,
A un petit denier près tu paieras autant que moi
Pour tous tes outrages, si tu fais bombance avec moi.
Sans moi, coquin, tu ne pourrais aller,
Et tu fais l'arrogant, tu ne me sais gré de rien.
Si tu as le dîner, tu paieras, que ce soit bon ou mauvais pour tes dents.
Allons, marche encore comme tout à l'heure.
L'Aveugle dit.
Et c'est ainsi, fou, que tu me parles,
Après toute la peine que je me donne pour toi?
Quand j'étais au haut de la côte, si je l'avais [voulu]
Je t'aurais brise le cou, et je t'eusse jeté dans l'eau.
Sans moi, maintenant encore, tu ne partirais pas d'ici
(Pour tous tes outrages :) tu ne peux faire un pas.
Si je ne te conduisais dans ta brouette, gibier de potence,
Jamais tu n'irais là-bas, rustre que tu es, père des poux.
Avoue la vérité, si tu peux la reconnaître :
Si j'en avais envie, tu ne saurais faire un pas hors d'ici.
Le Boiteux dit.
Brigand! Si je ne t'avais dirigé, parlcrais-tu là?
Mâtin, chien déloyal, tu serais dans l'eau,
Dans la rivière. . . . qui est large et profonde.
Et encore, aveugle maudit, tu as envie de foire du tapage !
Tu devrais bien m'aimer assurément de toute façon.
[Sans moi] tu serais malheureux à jamais.
L'Aveugle dit.
Voyez-moi ce mâtin morveux. Ecoutez l'effronté.
Comme il parle, le singe pelé.
Je ne crois pas, imbécile, que tu sois dans ton bon sens.
C'est toi, dis-tu, qui m'as conduit avec cette brouette.
Tais-toi donc, morveux, Jean-Foutre maudit.
Avant d'arriver aux environs de Landévennec,
Aux murs de ses faubourgs, auprès de ses demeures,
Je te ferai parler avec toute sorte de respect.
Foi d'honnête homme, truand, mauvais plaisant(?),
Je t'apprendrai à tes dépens à parler d'autre sorte.
Car je te jetterai maintenant avec ta brouette
Dans cette rivière-ci, tout de ton long, pour t'apprendrc à mieux parler.
268 P. Le Nestour.
Vattan, laer, que bars... Re a trous so guenet,
Ef ur bannach dour dous da terren da sehet.
Le Boiteux dit.
Fors a crian varnout ! Chetu men drouc trelet
Gant an dal disleal, den excommuniquet !
Fors a ma ten ahan, pe me ray da crougan,
Rac ezon o veuin. Ep dalle e varvan...
N'em les pelloch aman, mastin : ma lam er mes...
Te a vo crouguet, ac as po dienes.
L'Aveugle dit.
Lavar d'in a gallon : ar guin ha te peou
Ep fotribinat fal a breman m'es tenno.
A lavar guirionne ; ne deuran quet ar guevier,
Rac ne arifes hoas en evelep afer.
Ma na res, me bromet, aman te a vanno
Sur, en despet d'as parou daouist piou am crougo.
Le Boiteux dit.
Jannic coant, ma nis hoec, groa d'in mont er mes,
Ac em fe da intanve, me ray d'it ur prêt es :
Evit gouin ha souben, bara goen avo,
Q.uic mat a diservig, per mat ac avallo.
Dépêche prout ma tennan eus an dour ac ar pry
A so yen diremet, contrel d'am fantasy,
Rac a gos beuet on ; panevert ma couraig.
Ne oufen quet laret pelloch nep sort langaig.
L'Aveugle dit.
Deus er mes, en hanno Doue, pa promettes pean.
Me fiou hoas ennout evit ar vitag man.
Bette Landevennec demp on daou da yahat.
Me veo fidel d'it mar am be coffat mat.
Less an hardy aman: quent evit ma vanquen,
M'es tougue var ma chouq, palamour d'ar guin guen,
Mar am bc eur pcutrinat, que na renquin termal,
Neusc te am clevo o cannan cordial.
Le Boiteux dit.
Arry omp er voes man dirac Landevenec,
Demp quentan ma ellomp dirac ar guir vellec.
Vie de saint Guénolc. 269
Va-t-en, voleur, va, tu fais trop de bruit.
Bois un peu d'eau douce pour te casser la soif.
Le Boiteux dit.
A la force sur toi ! Me voilà maltraité
Par l'aveugle déloyal, homme excommunie,
A la force ! et tire-moi d'ici, ou je te ferai pendre.
Je vais me noyer. Sans tarder je vais mourir,
Ne me laisse pas plus longtemps ici, mâtin, fais-moi sortir.
Tu seras pendu, et tu auras de la peine.
L'Aveugle dit.
Dis-moi franchement : tu paieras le vin ?
Parle sans mauvaise foi. S'il en doit être ainsi, je vais te tirer à l'instant.
Ne mens pas (je n'aime pas les mensonges,)
Si tu ne veux pas t'attirer de nouveau pareille histoire.
Si tu ne le fais pas, je te le promets, tu [mourras icij
En dépit de tes amis, on verra qui me pendra.
Le Boiteux dit.
Mon cher petit Jean, mon tendre neveu, fais-moi sortir d'ici,
Et, foi de veuf, je te donnerai un bon repas.
Pour du vin, de la soupe, du pain blanc, il y en aura.
Ainsi que de bonne viande et des desserts, de bonnes poires et des pommes.
Hâte-toi de me tirer de l'eau et de la vase,
Q.ui est horriblement froide et contraire à mon goût.
Je suis à moitié nojé. Si je n'étais si courageux,
Je ne pourrais dire un mot de plus.
L'Aveugle dit.
Sors, au nom de Dieu, puisque tu promets de payer.
Je me fie encore à toi pour cette fois.
Allons tous deux jusqu'à Landévennec pour nous guérir.
Je te serai fidèle si je dois avoir le ventre bien plein.
Laissons hardiment la brouette ici. Plutôt que de manquer.
Je te porterais sur mes épaules, pour l'amour du vin blanc.
Si mes poumons ne me faisaient haleter.
Tu m'entendrais chanter de bon cœur.
Le Boiteux dit.
Nous voici cette fois arrivés devant Landévennec.
Allons d'abord si nous le pouvons devant le vrai prêtre.
270 p. Le Nestour.
Pa veomp antreet, eneum trincomp d'an daoulin
Da adorin da guentan ar vajeste divin.
A pedomp assambles an abat Guenole,
Ma ray ennon andret bersut dre gras Doue.
vie de saint Cuénolé. 271
Puisque nous sommes entrés, jetons-nous à genonx
Pour adorer tout d'abord la majesté divine.
Et prions ensemble l'abbé Guénolé
De faire pour nous un miracle par la grâce de Dieu.
P. Le Nestour.
THE PROSE TALES
RENNES DINDSENCHAS
The Dindsenchas is a collection of stories (senchasa), in
Middle-Irish prose and verse, about the names of noteworthy
places (dind ^) in Ireland — plains, mountains, ridges, cairns,
lakes, rivers, fords, estuaries, islands, and so forth. And the
Rennes Dindsenchas is a copy of this collection preserved in
the library of Rennes in ff. 90-125 of the Irish MS. so fully
and accurately described by M. Dottin in the Revue Celtique,
XV, 79-91. The part of the codex which contains the Dind-
senchas was probably written in the fourteenth or fifteenth
century ; but the collection may hâve been made in the ele-
venth or the first half of the twelfth. Portions ofit may, to
men of the second half of the nineteeth, seeni silly or ob-
scure. But its value to students of Irish folklore, romance (so-
metimes called history) and topography has long been recog-
nised by compétent authoritics, such as Pétrie, O'Donovan
and Mr Alfred Nutt. Celtic philologists, also, will find in it
some rare words and interesting forms, though the etyma
with which it abounds are, as a rule, absurd.
Six other copies of the Dindsenchas are known. viz.
LL., the copy in the Lehar Laignech or Book of Leinster, a
I. In Sg. 63a 13 oppidum is glossed by andiiid, where an is the neuter
article: dind is cognate with the Old Norse tindr «spilvC, tooth, mountain-
peak » A. S. tind, Old High German liitt.
Thi Rennes Dindienchas. ^ 273
MS. of the middle of thc twelfth century, ofwhich a lithogra-
phie focsimile, in which some leaves are misplaced, was pub-
lished in 1880. Hère most the taies are told both in prose
and verse. But the prose versions are scattered through pp. 30,
159, 160 and 165-170, and the poems are in pp. 151-158,
1 61-164 and 19 1-2 16. If, as seems likely, the taie about
Emain Mâcha (edited in O'Curry's Lectures 526-528) is part
of the Dindsenchas we may add, for the prose p. 20 and for
the verse p. 2r\
BB., the copy in the Book of Ballymote, a vellum of the
end of the fourteenth century, pp. 349-410 of the photographie
facsimile published in 1887. A folio (which doubtless con-
tained the articles Mag Lena, Chtech, Cerna, Cloenloch and
Iraros) is missing after p. 406.
H., the copy in H. 3. 3, a double-columned vellum in
quarto, ff. 36, in the library of Trinity Collège, Dubhn,
written in the I5th century. Page 70 is much foded and p. 72
is illegiblc.
Lee, the copy in the Book of Lecan, a MS. in the library
of the Royal Irish Academy, pp. 461-525. This copy begins
with the end of the article Diui Gabail, and bas therefore lost
the introduction and the first twenty-two numbers. On the
other hand, it contains twenty-four articles which are not in
the Rennes MS.
Bodl., the unfinishcd copy in the Bodleian MS. Rawl.
B. 406, fF. 11-15. This contains only fifty-two articles, which
hâve been printed, with translations and notes, in Folklore,
vol. III, pp. 469-5 15.
Ed., the imperfect copy in the Edinburgh MS. XVI Kilbride.
This copy contains only fifty-five articles, of which the last
twenty-two do not occur in Bodl., and were therefore printed,
with translations and notes, m Folklore, vol. IV, pp. 473-492.
Of thèse, the Rennes copy, BB., H. and Lee. belong to
one recension, and LL., Bodl. and Ed. to another.
There is, moreover, said to be a copy of the Dindsenchas
in the Book of Hy-Maine\ one of the Stowe MSS. now in the
1 . See O'Reilly's Irish IVriUrs, p. cxxiii. Pétrie {Ordnance Siirvey of the
274 Whitley Stokes.
library of the Royal Irish Academy. Dr Kuno Meyer {Rev.
Ceît., XI, 436) has found copies of five of the taies in another
of those MSS. now marked D. 4, 2. The articles Slige Dala
and Dihi Mâsc are found in Laud 610 (a MS. in the Bodîeian)
fo. 84''. And the articles Loch Ce, Mag riDumach and Cnucha
occur in Egerton 1781 (a codex in the British Muséum),
fo. 75'', whence they hâve been edited in Folklore, IV,
pp. 492-496.
The Rennes copy (hereinafter denoted by R.) has lost a
leaf between fo. 114 and fo. 115. Comparison with BB. and
Lee. shews that this leaf contained the articles Loch Ri, Loch
nÉrne, Ess Ruaid and Druini Cliab. In the following édition
of the prose taies in R. thèse articles are supplied from Lee.
The last page of R. is now illegible. It must hâve contained
the articles Dûn mac Nechtain Scène and Bile Tortan. Of thèse
the former is supplied from Lee, with the varions readings of
LL. and BB. The latter, being wholly in verse, does not fall
within the scope of the présent undertaking.
This number of the Revue Celtique contains the introduction
to the Dindsenchas and the first thirty-two articles. The
number for October will contain articles 33-80. That for Ja-
nuary 1895 will contain articles 81-130. If our Director thinks
fit, I will edit in the Revue for April 1895, the twenty-four ar-
ticles found in the Book of Lecan, but not in the Rennes ma-
nuscript. Celtologues will then hâve ail, or nearly ail, the ma-
terial available for the study of one of the most curious relies
of mediaeval literature.
W. S.
Connty of Londonderry, p. 223) mentions another vellum in Trinity Collège,
writtén about the year 1 560 ior John O'Mulconry.
The Rennes Dindsenchas.
275
CONTENTS.
Introduction, R. fo. 90» i
1 Temair, 90» i
Dindgnai Temrach 90^ i
2 Dumae n-Eirc, 92' 2
3 Râith Ésa, 92^ i
4 Dindgnai in Broga, 92^ 2
5 Inbcr nAilbine, 93b i
6 OchonnMidi, 931» 2
7 Mide, 94^ 2
8 Druim Dairbrech, 94b i
9 Laigin, 94'' 2
10 Sliab Bladma, 94^ 2
1 1 Fid nGaible, 95* i
12 Mag Lifi, 95-' 2
13 Berba, 93» 2
14 Môin Gai Glaiss, 95^ i
15 Fafaind, 95b i
16 Adarca Hua Failgi, 95^ 2
17 Aillend, 96-^ i
18 Carman, 96» 2
19 Bôand, 97a i
20 Nâs, 97» 2
21 Ceilbe, 97b i
22 Liamain, 97'' 2
23 Dûn Gabail, 98a 2
24 Belach nDuirgein, 98I' 2
25 Bairend Germain, 98'' 2
26 Duiblind, 99a i
27 Fornocht, 99^ 2
28 Ath Cliath Cualann, 99b i
29 Benn Étair, 99'' 2
30 Dûn Crimthainn, looa 2
31 Râith Cndmrossa, loob i
32 Maistiu, loia I
33 Rôiriu, ICI» 2
34 Mag Mugna, loi» 2
35 Belach Conglais, loib i
36 Ath Fadat, loib i
37 Belach Gabrâin, 102^ i
38 Sliab Mairge, 102» i
39 Ard Lemnachta, 102» 2
40 Loch Garman, 102'' i
41 Loch Dacaech, 103'' i
42 Port Lairge, 103b i
43 Mag Roigne, 104» i
44 Mag Femin, 104-1 2
45 Tond Clidna, 104^ i
46 Carn hùi Néit, 105^ i
47 Crotta Cliach, 105^ 2
48 Cenn Febrat, 10 )b i
49 Cenn Cuirrig, 106^ i
50 Temair Lûachra, 106^ 2
51 Slîab Mis, 106^ i
52 Tipra Sengarman, 106^ 2
53 Findglais, lO/b i
54 Srub Braiu, 107b i
55 Loch Léin, io8-^ i
56 Carn Feradaig, 108» 2
57 Luimnech, io8-^ 2
58 SligeDala, io8b 2
59 Sinann, 109b i
60 Slîab n-Echtga, iio^ i
61 Ath Cliath Medraigi, 110*2
62 Mag n-Aidne, i lob i
63 Maenmag, iiob 2
64 Loch Dergderc, iii-» i
65 Râith Crùachan, iiib i
66 Ath Lùain, 112^ i
67 Turloch Silinne, 112b i
68 Findloch Géra, 112b 2
69 Mag nAi, 112b 2
70 Mag Mucraime, 113» i
71 Dumae Selga, 113^ 2
72 Mag Luirg, 113b 2
276
Whitley Stokes.
73 Loch Néill, 114'' i
74 Loch Con, 114' I
75 Loch nDechet, 114-» 2
76 Mag Muirisc, 114^ i
77 Coronn, i 14^ 2
78 Carn Conaill, 11 4'^ 2
[79 Loch Ri, Lee. 499»
80 Loch nÉrne, Lee. 498»
81 Ess Ruaid, Lee. 498^
82 Druim Cliab, Lee. 497^]
83 Neimthend, R. 115» i
84 Dubthir, ii5-> i
85 Mag SIecht, 115-1 2
86 Crechmâel, 115b i
87 Lia Nothain, ii)b 2
88 Carn Furbaidi, 116» i
89 Ard Fothaid, 116» 2
90 Mag nEtha, 1 16^ 2
91 Ailech, iiéb i
92 Carraic Leithderg, 117-^ 2
93 Mag Coba, 1 17» 2
94 Ard Machae, 117^ i
95 Lecht Oenlir Âife, 118» i
96 Carn Mail nô Carn Luigdech,
118^ 2
97 Râith niôr Maige Line, 118I' i
98 Benn Boirche, 118'^' 2
99 Taihiu, 119-1 I
100 Sh'ab Puait, 119I' 2
ICI ShabCallann, 119^2
102 Sruthar Matha, 120^ i
105 Odba, 120» I
104 Inber Cichmaine, 120* 2
105 Môin Tire Nâir, 120b i
106 Fich mBùana, 120'^ i
107 Loch Gabar, 120'' 2
108 Lusmag, 120b 2
109 Benn Codoil, 12 1-^ i
iio Tlachtga, 121» i
11 1 Mag Breg, 121^ i
112 Mag Lena, 121^2
1 13 Odras, 122-» i
1 14 Cleitech, 122b 1
115 Cerna, 122^ i
116 Cloenloch, 123» i
1 17 Airarus, 123a i
118 Mag Finnabrach, 123b i
119 Lia Lindgatain, 123I' 2
120 Gairech, 123'' 2
121 Luibnech, 124-^ i
122 Lecc Thollchind, 124» i
123 Indber mBicni, 124^ 2
124 Loch Sétna, 124» 2
125 TrâigTuirbi, 124b i
126 Br[ Léith, 124'' i
127 Tethba, 124b 2
128 Loch Aindind, 125^1
129 Druim Suamaieh, 125^ 2
[150 Dûn mac Nechtain Scène, Lee.
322«J
The Rennes Dindsenchas. 277
SR. fo. 90\
ENCHAS DIXD EREND INSO DORIGNE AMORGcin maC Alllhal-
gha[da] in fili dona Déisib Temrach. Ba file sein Diair-
mada mie Cearbaill. is é dorad dilges for Findtan mac Ldi-
miach hi Tcmhraigli, dia mbdi morddil îer n-Erenn im righ
Temrach, im Diarmait mac Cerbaill 7 im Fland Febla mac
Scandldin comarba Padraicc 7 nn sdi fer n-Erenn im Cend fôe-
ladh mac Oilella mie Eogain mie Neill, 7 im Fhindtan mac
Laimhiach ardsenôir Eirend, 7 coro troisc Amhorghein tri Ida
7 teora hoidhci for Findtan hi fiadhnaisc bfer n-Erend scéo
mac 7 ingen hi Temraigh ^ co n-écsed do senchasa dind Erend
fôdéigh rolad cach duine 7 cacb dîne di o aimsir Cesra ingeine
Beatha — is hé cctna rogab Ere — co flaith Diarmada m/c
Cerbaill, co n-eipirt inso :
[i. temair]
§ I. Temair d'idiu, ol Amorgein, mûr Tea ingine Lu'igdech
mie Itha dia luidh co Geidhe n-Ollgothach. Is ina flaith sein
ba bind[ithjir la câch nduine i n-Ere guth aroile bedis téda
mendcrot ar méd in sidha 7 na cairdine bôi la cdch diaroile
ind Ere. Comdh aire is sruithiu - cach mûr in mûr sin, fobith
hit é cétnai saorchu[i]r Erend, cuir Tea inghine Luïgdech fri
Gefdhe n-Ollgothach.
§ 2. Nô Temhair .i. Teipc mûr .i. mûr Teiphis ingine
Bachtir ri Espainia, is hi bai ac[C]anthon mac [CJaithmend ri
Breatan conïd romarb occo si, 7 doradudh Heithiurûn idhal na
mBretan friataisecc go mba béo nô marb. Ruccrti/ sidhe iarum
iarna bds co hEspain co «dernadh mûr impe and .i. Teipe
mûr, Atro;niairc Tea dïdiu ben Eirimoin insin .i. mûr Te-
1 . Temraidh R.
2. sruitheni R.
Revue Celtique, XV, 19
278 Whitley Stokes.
phis. Luid-sidein co hEirind le fear 7 dohardh. [fo. 90-^ 2] di
cacb tulach toghadh in E'mnii, conïà le mnini ronarnecht mur
amail mûr Tephis ^, coiïid inde rohadhnacht. Unde Temair di-
citur^.
§ 3 . Temhair 7 Druim Cdin 7 Liathdruim 7 Cathair Cro-
[f]ind, Druim nDéscm .u. anmanda Temrach indsin.
§ 4. Vel ita: Temair a uerbo graeco temorio quod latine in-
terpretatur conspicio. Huius oppidi quod Temoriam uocamus
nomen esse deriuatum auctores affirmant ; omnisque locus
conspicuus et eminens, siue in campo, siue in domo, siue in
quocumque loco sit, uocabulo quod dicitur Ten^/r nominari
potest.Sic in prouerbio scotico reperitur, ut dicitur tem^nV na
tuaithl et Temair in toighi, quam sententiam in suo Silentio
Cormaccus de hoc nomine disputando possuit. Hoc 5 igitur
oppidum multorum sibi commune uindicat, nunc cunctis enim
Hibernensibus oppidisexcellens congrucnter eorum commune
uocabulum possidet, quippe cum huius rector usque [hodie]
totius insolae Scotorum monarchiam sortitur-^.
This is the story of the notable steads of Ireland, which
Amorgein mac Aulay, the poetto the Dési ofTara, composed.
He was Diarmait son of Cerball's poet. Tis he that made de-
mand of Finntan son of Lamech at Tara, when there was a
convention of the men of Erin round the king of Tara, Diar-
mait son of Cerball, and round Fland Febla son of Scandlan
a successor of (Saint) Patrick, and round a sage of the men of
Ireland, Cenn-foelad son of Ailill, son of Eogan, son of Niall,
and round Finntan son of Lamech the chief elder of Ireland.
And Amorgein fasted qn Finntan for three days and three
nights, in the présence of the men of Erin and boys and girls
at Tara, so that Finntan might déclare to him thestories of the
noteworthy steads of the island of Erin, because Finntan
had dismissed from it every person and every génération
trom the time of Cessair daui?hter of Bith — 'tis he who
1 . mûr Tep ainm mûr, R.
2. d/x/7 R.
3. Sic BB. Haec R. I havc hère corrected Uie spelling of some of the
Latin words.
4. A similar préface is also in BB. 349.
The Rennes Dindsenchas. 2jc)
who first occupied Ireland — till the reign of Diarmait son
of Cerball. So he said this :
A similar introduction is contained in BB. 349^ and Bodl. ii> i. It is
quite unhistorical, tlie writer (e. g.) synchronizing Diarmait mac Cerbaill,
who reigned from A.D. 559 to 558, with Fland Febla, who died A.D. 704.
Fintan, hère called son of Lamech, is elsewhere made son of Bochra. He
is ùbled to hâve sarvived the Déluge and died in the seventh century after
Christ. For the « fasting » upon him compare the dindsenchas of Carn Co-
naill (infra, no. 78), the note in the Tripartite Life, p. 560, and the Brah-
manic pra.cùœ prâyopaveçana, now commonly called dharna.
Cessair is said to hâve been a granddaughter of Noah and to hâve died
A. lïi. 2242.
As to Cennfoelad see O'Currj^'s Lectures pp. 47-49.
[I. temair]
§ I. Te-.mair then, quoth Amorgein, is the mûr « rampart »
of Tea daughter of Lugaid son of Ith, when she wedded
Geide the Loud-voiced. Tis in his reign that every one in Erin
deemed the other's voice as sweet as strings of lûtes would be,
because of the greatness of the peace and the friendship that
each man had for the other in Ireland. Therefore, then, is
that rampart more vénérable than every rampart, because thèse
are Erin's first free covenants, the covenants of Tea daushter
of Lugaid with Geide the Loud-voiced.
§ 2. Or Te-mair, that is Teipe-mûr, that is the rampart of
Tephe daughter of Bachter king of Spain. 'Tis she that lived
with Canthon son of Cathmenn king of Britain, till she died
with him, and Heithiuriin, the idol of the Britons, had been
given as security) for her return (to Spain) whether alive or
dead. So after her death she was brought to Spain, and there
a rampart was built around her to wit, Teipc-mi'ir. Now Tea
Eremon's wife saw that, to wit, the rampart of Tcphis. She
went to Ireland with her husband, and every hill she would
choose in Erin was given to her, and afterwards she designed
[on the hill of Tara] a rampart like the rampart of Tcphis,
and therein she was buried. Hence it is called Temair.
§ 3. Temair and Druim Cain « Beautiful Ridge » and
28o Whitley Stokes .
Liathdruim « Grey-ridge » and Caîhair Crofinn « Crofinn's
city y> and Druim nDéscen « Prospect Ridge » those areTara's
five names.
§ 4. Or thus : Temair : Authors affirm that the name of this
town which we call Temoria is derived- from the Greek word
ôswpsw which in Latin is interpreted conspicio ; and every
conspicuous and eminent place, whether on a plain or in a
house or wherever it may be, may be called by this word
Temair. Thus it is found in this Scotic saying, temair na
tuaithe or temair in toige, which sentence Cormac, when treat-
ing of this name, has inserted in his Glossary. This town,
therefore, chiims for itself what is common to many [i. e. the
name Temair], and as it now surpasses ail [other] Irish towns,
aptly possesses their common name, for its ruler even to this
day obtains the sovranty of the whole island of the Scots.
§ I is also in LL. i59-' and Bodl. 60 1 1-': §§ i, 2, 3, 4 also iuBB. 349-',
whence they hâve been published with translations and notes by Pétrie
(Tara, pp. 104-107) and Crowe, Journal of the Kilkenny Archaeological
Association, July 1872, pp. 140-143.
[dindgnai temrach inso sis] ^
§ 5. Nemnach- .i. tipnt lil ocon tsidh ind oirrt^éTtuaisc^rt
na Temrach. Glais dono teid a Nemnaigh 5 .i. Nith a hainm.
Is fuirre ata in ccYna muilend doronadh ind Ere la Ciarnait
cumhaiH Cormaic.
§ 6. Lathrach tighi Mairisen fil osin tsidh fri Nemnaigh
atuaidh, 7 tri clocha becca [imbe]. Is amlaidh rosuidh[ig]edh
in tech sin, lar ard 7 tùaradh airiseal. Mairiseo do;w bantreab-
tach hx i comré 5 fri Cormnc. Cach tech su'idigthir in tucht sin
ni ba duaibseach 7 ni bia cen ana and.
§ 7. Raith Loeguirc m/c Neill fri sodhoin atûaidh. Cethri
1 . From LL. 30.
2. Nenmach R.
3 . Nenmaigh R.
4 . Ciarnaid cumhal R.
5 . Sic LL. 30^. itn cora; R.
The Rennes Dindsenchas. 281
doirtsi ach ardx indti, 7 rosuidigt'rf [corp] Lasgw/Ve fo sciath-
t|;aiss;iudh f/isin clodh imechtrach n-airt/;é'/'deiscf;'Wr/; na ri^h-
ratha Loeguirc hi Tcmraig 7 a aghaidh^ fodes ic cathugud fri
Laighniu .i. fri claind Breasail Bricc.
§ 8. Ata hi tdob ratha Loeguire anairdes lecht Niata mor-
glondaigh .i. iimus bratbfrtach robai hi foil Cormaic. Robad^r
Idann cethrar- ôcclôech ic ckiichi5 hi taob ratha Loegw/n anoir-
des. Foeruirim Niata a .iiii. dar cuimgib al-les hi talamh.
§ 9. Rath rig hi tœb ratha Lxguin atuaidh. Atdt tri deccra
i suidhiu .i. lathrach tighi Cormaic ind ort/;^rdescgrf na ratha
il-leith fri raith Lxguin fodes : lathrach in forraid hi tasb lath-
raige4 tigi Cormaic anoir. Mur Tea [eturru] il-leith fodes,
conid dosam rohainmnig^'i Temair À. Tea mûr .i. in cnoc
becc fil etcr na da mûr i Icith buddes is and ata.
§ 10. Caprach Corma/c .i. tipra fil fo tîeb Ratha na rig anoir;
7 tri hanmand fuirre .i. Liaig 7 Tipra bo finde 7 Derc dub.
Is de ata « ni tast a lasg go liaigh » [.i.] indara n-doi a Tem-
raig soir 7 aroile a Temrai^ siar.
§ II. Duma na Bo .i. glass> Temnïr/; fri duma [na n Giall]
aniar.
§ 12. Duma na nGiall fri lathrach in fwraidh inairtuaidh,
§ 13. Fal hi taeb Dama; na nGiall atùaid .i. in cloch no
geiss^^ fo chosaib car/; rig nogeibedh Hériiui. [p. 90'' 2] Fal
ainm na cloichi sin .i. fo-ail .i. ail fo righ.
§ 14. Lecht Con 7 Cethin^ isin leitir hi coma.rdus Katha na
rig siar. Atat di cloich and, hcht Con indara n-6i, lecht Ce-
thin^ aroile, conid gnathfoczd « domgniis Cù 7 Cethen » .i. Cù
romarb Cethen rondaire Cormaic ar Idr in tighi, coro gaib
[cachjndirghi iarsain fo digais na Temrach siar, co narrus and,
co[nid] ro marb brathair in fir romarbsum, 7 atb^rt Cormflc
na romarbtha Cù 7 ni tarrus œdarghaire co romarbaid simul7.
1 . adhaigh R.
2 . cctht/ar R,
3. cluithi R.
4. lathraide R.
5. glais R.
6. Sic LL. Cethen R.
7. andis, LL.
282 Whiiley Stokes.
§ 15. Ata tobwf isin comfdn oLecht Ceihin fotûaidh. Lpegh
a hainm : siar car/; ndirgha bruindes.
§ 16. Ata lathrach cuchtrach Connaic ïor a bru isin leitir
os L;\:^g a noir.
§ 17. Raith na Senadh hi comhuir Dumhas na nGiall.
Kaitb Senaid fri Fal atûaidh.
§ 18. Lathrar/; Pupaill Adhamhnain ^ isin raith sin, 7 a
c/;ros arbeloib na ratha sin soir, 7 a suidhe 7 a duma fri
crois andes.
§ 19. Lecbt Maine mcic Munrem///r tri Raith na righ anoir.
§ 20. Ata lathrar/; in tighi roloiscfif for Bcnen gilla Patraicc
7 ïor Lucad Mœl drai Lxguiri, ed hec o c/;rois Adhomhnain
sairdes .i. hi toeb na conaire anair a bic-.
[§ 21. Ataat teora clocha beca i tœb Ratha na Senad tuaid
.i.] teora 5 cloclia roldit[h]i forsna dru[id]ib, hit é a n-anmand
.i. Môel 7 Blocc 7 Bluicne. Moel soir 7 Blocc fodes 7 Bluicne
fotûaidh.
§ 22. Ata Lecht ind Abaic friu anoir. Is amlaid -ata in cubât,
sairdes 7 siardes. Tri troigthi nama a tomus 'na escaid bicc
tis4. Is -dmlaid ata in lighi 7 cloch becc fo talmain ina hnhur
7 aroile ina oirt/;t'r. Fogabt^rr tri traigidh ^ ind indara fer/;/, a
tri co leith in iecht n-aile.
§ 23. Atat dà dhumha; frisin cuhat atûaidh .i. Dali 7 Dor-
chœ .i. Dali teas [leg. tiar?] 7 Dorchii; tîar [leg. toir] 7 cach
romarb aroile dib, 7 ni fuil mûr atarru 7 na clocha 7 in cubât.
§ 24. Mûr na tri cogar i fail Luinge na mBan.
§ 25. Lia na fian fri slighe"^ anoir arbélaib Ratha Senaidh.
§ 26. Ata Long na mBan .i. Tech Midhcuarta on dumha;
oirrt/;<'rach soirtûaidh. Is -ânûiiid rosuidhigcJ lathrar/; in tighi
sin .i. leith[red] fôa fotûaidh 7 a urard ânes 7 comturgbdil
mûir ime anoir 7 aniar. Is tîllti bicc in leith tûaiscrrt de, fo-
tûaidh 7 fodes ata [a] coir. Fuath tighi fota co ndih doirrsib
I ,
Adhamhanain R.
2.
Sic LL. hi taob a ratha atûaidh R.
5 •
Tri R.
4-
Esc bec this, LL.
5-
traididh R.
6.
slidhe R.
The Rennes Dindsench 285
déc fair iiô a cethar déc À. [fo. 91-''] a sechi siar 7 a sQcht soir, 7
isbcrad is annsin domeil'ti feis Temrach. D^/hb/r sin ar notall-
tad forgla^ fer w^venn and do dôinib, 7 is é sin [in] tcch môr
milib am//i".
§ 27. Ata duniiï; [becc] fn lathrach[in taige] anairdcss- isin
oircend deisc^rtaigh .i. Duma^ na mBanamhus [a ainm]?.
§ 28. Ata comfot Ca:lc[h]on 7 a arad^ hi comardus in cind
tûaisc^rtais: 5 do Luins; na mban. Caslchu andsin mac Loairnd
mie Râaidh mie Qoïmaic Cais di ^oganacht Caisil, is dia sil
Tuath-fis oc Temhraigh'^.
§ 29. Treduma; Neisi ingine Eachach Salbuide mathar Coii-
cohair isin cind airt/;e;'ach tuaisct'rtaigli lii comard/^5 cind oir-
t/;^rtuaisccrtaigh Luingi na mBan.
§ 30. Rath Coiicohair mie Nesahi taeb inTredumi 7 atûaidli
7 a dorus soir a comardwi' Corwj-a cind 7 meide Conculainn.
§ 31. Ata lathrar/; Sccith Conculainn cona Thul hi comard//5
na méidi sairtûaidh. [Ijs amlaid ata raith, cutrama cosmaii fri-
sin talmain 7 cnocân becc 'na medôn Idn na telach di ûir.
§ 32. Ata Sescand Temicacb lii comardwi Luinge na mBan
siartuaidh .i. sescand salach becc fil hi taob Cairnn na macrai-
dhe andes. '
§ 33. Ata Raith Grainne o Seiscend Temrach aniar for for-
ard na telca.
§ 34. Ata ¥othad Ratha Grainne atûaid fo [Fan] na Carpat
hi comard^i- na Clx-nfortœ tûaiscertaighi ^ sair.
§ 35. Atat na di Cic-enfertai fn Raith Grainne aniar. Isin
Cloenfertœ desct'rtaigh ro ort in ingemad la Laighniu dia
samhnai. Issin Clxnkrlai tunïscertaig rue Lugaid in ngùhreith
isin glaisin do orgain dona cairchib.
§ 36. Ata Carnn [na] macraidhe Laighen hi txb sescaind
Temrach atûaidh.
1 . noticallfad forgladh R.
2. Sic LL. indnoirndes R.
5 . Sic LL.
4. Sic LL. rath R.
5 . tûaiscertaidh R.
6. temhraidh R.
7. hi treidiu R.
8. tuaiscgrtaighidh R.
284 Whitley Stokes.
§ 37. Atûaid atà Gros Vergusa noebailit[h]ir, is é fil hi Car-
raic Cluman hi u-eb Cairnn na mflîcraidhe.
§ 38. [Ata Dessel Temra et/r in da Charn na maccraide] .i.
etir in carnn deiscertach 7 in carnn tuaiscenach.
§ 39. -Ata Carnn macraidhe Hua Neill hi tdob Deisil na
Temrach atiîaidh,
§ 40. Raith Colman mie Faolcon o Carnn Maccraide Hua
Neill sairtiiaidh .i. in carnn tua'iscertach .
§ 41. Ata Dumh^ ind Luchduinn hi iceb Ratha Colman mie
Vœlcbon aniar.
§42. Ata Adlaic 7 Diadhlac hi comhardw^ Ratha Cohimin
sairtûaid .i. hi taob leitrech frisin raith anair-[fo. 9i''2]-tùaidh
.i. di tipraid indsin, Adlaic indara n-ôi 7 Di-adlaic ^ aroile,
acht- ni uil deochair eturra.
TARA s REMARKABLE PLACES, THIS BELOW.
§ 5. Nemnach, a well which is at the elf-mound in the
north-eastern part of Tara. Out of Nemnach cornes a stream
named Nith. 'Tis on this that the first mill was built in Ire-
land for the benefit of Ciarnait, Cormac's bondmaid.
§ 6. The site of Mairisius House is over the elfmound
to the north of Nemnach, and there are three small stones
about it. Thus was that house settled : its floor high and its
ti'iarad^Q) very low. Now Mairisiu was a widow contempo-
rary with Cormac. Every house that is settled in that wise
will not be gloomy and will not be without treasures in it.
§ 7. To the north of that is the Fort of Loeguiir sou ofNiall.
Therein are four doors facing the cardinal points, and Loe-
guire's body, with his shield and spear, was set in the outer
south-easterly rampart of Loeguire's royal fort at Tara, with
his ftce to the south, fighting against Leinster, to wit, the
clan of Brcsal Brecc.
1 . Sic LL. dia adlaic R.
2. Sic LL. ar R.
3 . tuard LL.
The Rennes Dindsenchas. 285
§ 8. Beside the Fort of Loeguire on thc south-east is the
Grave of Niaia of the Mighty Deeds, a plundering (?) soldier
who livcd with Cormac. One day four warriors were playing
beside the Fort of Loeguire on the south-east. Niata pressed
down the four of thcm into the ground above the narrows of
their haunches.
§ 9. The Kings' Fort beside the Fort of Loeguire on the
north. In this are three strange things, to wit, the site of Cor-
mac's Hoiise in the south-eastern part of the Fort on the side to
the south of Raith Loeguiri : the site of the His^h-seat beside
the site of Cormac's House on the east; and betweenthem Tea's
Rampart, from which was named Temair, i. e. Tea-mûr,
that is, the hillock between the two ramparts on the southern
side it is.
§ 10, Cormac s Capracb (?J, a well under the eastern side of
the Kings' Fort. And it has three names, to wit, Leecb and
The IVhitc Coiu's Well and Dark Eye. Hence is (the saying)
« Its Calf ^ does not go to its Leech « ; one of the two (wells
respectively called Calf and Leech) being east of Tara and the
other west of Tara.
§11. The Moiind of the Coiu, that is, the green of Tara to
the west of the Mound of the Hostages.
§ 12. The Mound of the Hostages to the north-east of the
site of the High-seat.
§ 13. Fàl beside the Mound of the Hostages on the north,
to wit, the stone that used to roar under the feet of every King
that would take possession of Ireland. Of that stone the name
was Foi, i. e. fo-ail « under-stone », i. e. a stone under a
King.
§ 14. The Monument of Cil and Cethen on the hilislope as
high as (?) the Kings' Fort on the west. Two stones are there,
one of them Cû's monument, the other Cethen's: and there is
a proverb : « Thou hast acted for me Cù and Cethen ». That'
is, Cû killed Cethen, Cormac's spencer, in the midst of the
house, and thereafter went straight under the height of Tara
westward, and there he was overtaken, and a kinsman of the
I . See infra §15.
286 Whiîley Stokes .
man whom he had slain slew him, and Cormac had said
that Cû should not be killed, but no interposition was found
until they — Cu and Cethen — had both been killed.
§15. There is a well in the slope northwards from Cethen's
monument. Calf is its name, and it springs due westward.
§ 16. The site oï Cormac' s Kitchcn is upon its brink on the
hillslope over » Calf » to the east.
§ 17. The Fort of the Synods overagainst the Mound of the
Hostages (§ 12). The Fort of a Synod to the north ofFal (§13).
§ 18. The site oî Adaninàn's Pavilioii is in that fort, and his
Cross before that fort to the east, and his Seat and his Mound
to the south of (his) Cross.
§ 19. The Monmiieiit of Maine son of Munremor to the
east of the Fort of the Kings.
§ 20. The site of the house which was burnt over Benén
(Saint) Patrick's servant, and over Lucat Moel, (King) Loe-
guire's wizard, is a short distance to the south-east of Adam-
ndn's Cross, beside the path a little to the east.
§ 21. Beside the Fort of the Synods to the north stand three
small stones, to wit, the stones that were setover the wizards.
Thèse are their nanies : Moel and Blocc and BJuicne. Moel to
the east, Blocc to the south and Bluicne to the north.
§ 22. To the east of them is the Monument of the Dwarf.
Thus stands the grave, south-east and south-west (sic !) Three
feet only is its measurement in its little quagmire below. Thus
is the grave : a small stone under ground to the east of it
and another to the west. Three feet are found in it at one
time and three and a half at another time.
§ 23 . North of the (Dwarf s) grave are two mounds, name-
ly Dali « Blind » and Dorchae « Dark » : Dali to the south
[leg. west ?] and Dorchae to the west [leg. east ?], and each
of them [i. e. the persons buried under them] killed the other,
and there is no wall between them and the stones (§ 21) and
the grave (§ 22).
§ 24. The Ranipart of the Three Whispers is near the House
of the Women (see infra, § 26).
§ 25. The Stone of the Fia ns is to the east of a road in front
of the Fort of the Synod (§ 17).
The Rennes Dindscnchas . 287
§ 26. The Houseof the IVomen, tliat is Tech Midchuarta is
north-east from the enstern mound (§23). Thus was the site
of that house settled, the lower part to the north and its high
part to the south, and the érection of a wall about it to the
east and west. The northern side of it is a little bent :
north and south it oiight to be. It has the form of a long
house \\'\ûï twelve doors, or with fourteen, that is seven to
the west and seven to the east. And men say that there the
Feast of Tara was consumed. That was reasonable, for the
choice of the men of Erin would lit therein, and this is the
Great House with a Thousand Soldiers :
§ 27. There is asmall mound to the south-west of the site
of the House in the southern angle. The Mound of the IVo-
man-solditrs is its name.
§ 28. The Grave of Caelchii and his fort near the northern
end of the House of the Women. Caelchu is there, son of
Loarn, son of Ruad, son of Cormac Cass of the Eoganacht of
Cashel. Of his seed is the Tuath-fis at Tara.
§ 29. The Triple Mound ofNess ôiino\\ie\:oi'Eoc\\2.ià.Yt\\o\Y-
heel and mothcr of Conchobar is at the north-eastern end
near the north-eastern end of the House of the Women.
§ 30. The Fort of Conchobar Mac Nessa beside the Triple
Mound with its door in the east, near the Adjustment of Cii-
chulainn's Head and Neck.
§31. The site of Ci'ichulainn's Shichi with its Hollow is in
the neighbourhood of the Neck in the north-east. Thus is the
fort, level like the ground and in tlie midst thereof a little
hillock which was the fuU of the Hollow ot clay.
§ 32. Tara' s Moor is near the House of the Women in the
north-east, a dirty little moor which is beside the Cairn of
the Children in the south.
§ 33. Gràinne's Fort is from the Moor of Tara from the
west on the summit of the hill.
§ 34. The foundation of Gràinne's Fort is from tlic north un-
der the Slope of the Chariots near the northern Cloenfertae
(« inclined grave »).
§ 35. The Tiuo Cloenfertaes are to the west of Gniinne's Fort,
In the southern Cloenfertae the girls were slain by the Lcin-
288 Whiîley Stokes.
stermen on the day of samain (Nov. i). In the northern
Cloenfertae Lugaid (Mac con) passed the erroneous judgment
regarding the woad destroyed by the sheep.
§ 36. The Cairn of the Chiidren of Leinster is beside the Moor
of Tara to the north.
§ 37. To the north are the Cross of Fergus a holy pilgrim :
'tis he who is (i. e. whose remains are) in Carraic Cluman
beside the Cairn of the Chiidren.
§ 38. The Dessel of Tara is between the two Cairns of the
Chiidren, that is, between the southern cairn and the northern
cairn.
§ 39. The Cairn of the Chiidren of the Hni Néill is beside
the Dessel of Tara to the north.
§ 40. The Fort of Colmân son of Faelchu is from the Cairn
of the Chiidren of the Hùi Néill to the north-east, i. e. the
northern cairn.
§ 41. The Mound of the Luchdofin (?) is beside the Fort of
Colman son of Faelchu to the west.
§ 42. Adlaic « Désire » and Diadlaic « Créât Désire » are
near Colmân's Fort north-east, that is on the side of the hill-
slope to the north-east of the Fort. Two wells arethose, Adlaic
is one of the two, and Diadlaic the other; but there is no
différence between them.
Also in LL. 30 and BB. 349'' 35 — 5 5°'' 49-
5 5. As to Cormàc and Ciarnait see BB. 351, 11. 18-25, and Lives of
Saints from the Book of Lismore, p. 361.
§ 7. Loeguire son of Niall overking of Ireland temp. Patrick. His burial
in armour with his face to his lifelong foes is also mentioned in Lebor na
hUidre, p. 566, cited and translated in the Rolls édition of the Tripartite
Life, pp. 566, 567.
§ 8. Ni'ata « heroic « is Mata in LL. and BB.
5 13. As xo Fdl, whence two of the bardic names for Ireland, Mag Fait
and Inis Fàil, see also LL. 9», lines 15-22, BB. 350^» lines 17-20, and Rcv.
Celtique, Xn, 56, § 3.
§ 20. For an account of the fiery ordeal hère referred to, see the Tri-
partite Life, p. S 8.
§§ 29, 39. As to Ness (or Nessa) and her son king Conchobar see LL. 106
and Lives of Saints from the Book of Lismore, pp. xxxiv-xxxv.
§ 31. Compare LL. 121b 37-41 : Benair a làm dôi daHo di Choinculainn
dia digail. Documlat ass iarum in tsluaig 7 doberat leo cend Conculainn 7
The Rennes Dindienchas. 289
a laim dôi co tancatar Ttmraig, conid and atâ otharlige a chind 7 a hume
doi 7 lân lainne a scéith di ûir « So Cùchulainn's right hand is struck off
him to avenge Lugaid's. Theu the hosts march thence, taking with them
Cùchulainn's head and his right hand, till they came to Tara, and thc grave
of his head and his right hand is therc, and the full of the cover (?) of his
shield of mould ».
§ 35. As to the ûrst cloeiifertae, where the thirty princesses and their at-
tendants were killed by Dunlaing son of Enna Nia, see Revue Celtique,
XIII, 51, and Rawl. B. 502, fo. 73b i. As to the second doenfertae and
Lugaid's false judgment st&Rerc. Celtique, XIII, 460-462.
2. DUMAE N-EiRC.
Dumhaî nEirc, canus rohainmnighedh ?
Ni ansae. Earc mac Cairpr/ Niafer mac scn Rosa Ruaidh ri
'L-xxgen, 7 is é Earc robean a cenn do Comcnlainn. Fedlem àono
Noc/;rothach ingen Concobw/r mfc Nesa, bean Cairpn m^:-
thair Eirc 7 Aicli, como tuidchidh CoinW Qrnach àono do di-
ghail Conculainn îor Ere, co torch^/r and Erc,[7]co tucca^ a
cend co Tema/r îri taiselbadh, co tainic Acall a d^rbsiur a
hUUta/^ oa fiur .i. o Glan mac C^xrhaid, do châiniudh a hrà-
thar, co mbai .ix. trath [oc] an guba, gor' cnomuidli a cride
indti, 7 adbiVt a adn^fcol 7 a dumha; air[m] on faicfidhe adna-
c\i\ Eirc 7 a dumns. Unde ^ Dumha Eirc 7 Dumha Aicle no-
mina[n]tur.
Dumae nEirc, « Erc's mound »? whence was it named ?
Not difficult-. Ere was son of Carpre Nia-fer son of Ross the
Red, king of Leinster and 'tis he that struck ofi' Cùchulainn's
head. Now Fedelm the Fresh-formed (Conchobar mac Nessa's
daughter and Carpre's wife) was the mother of Ere and Acall.
So when Conall Ccrnach came to avenge Ciichulainn upon
Ere, and Ere fell in the duel, his head was taken to Tara to
be exposed. Then his sister Acall left her husband Glan son
of Carbad, and came eut of Ulster to bewail her brother. For
1 . R. inserts àicitiir.
2. To save space, this formula will hereafter be omitted.
290 Whitley Stokes.
nine days she kept at the lamentation, till lier heart brokc in
her like a nut^ and she said tliat her grave and her burial-
mound should be in a place from which Ere s grave and bu-
rialmound would be seen. Hence are named Dumae n-Eirc
and Dumac n-Aicle.
Also in BB. 352^ and H. 5b.
Dumac uEirc has not been identified. Dumae nAide was perhaps on the
Hill of Acall now, according to O'Curry (M. arid C, II, 106), the Hill of
Screen, near Tara, in Meath.
According to the Book of Leinster, Ere instigated the beheading of Cû-
chulainn, but the actual headsman was Lugaid : see Revue Celtique, III,
182.
The sentiment of the taie of Acall is somewhat modem. Modem too is
the treatment of the heart as the seat of affection not of thought or wisdom.
Sce Windisch, Ucher dcii Sit~ der denl-eiiden Seele and i Kings, III, 12.
RÂlTIi ÉSA.
Raith Easa, canas rohainmnigf^i?
Ni aiisa. Esa ingen Eachach Oireman 7 Étaine, dalta Midhir
Bri Leith, is lé tuccad cet aich indile co Midhir iar mbreith
Édaine o Eodiaig ar aithedh a Fremaind, 7 ni feas cia ros-fuc
110 cia hairm i - mccad. Co n-tpcn Codhal Crin-cichech nô
[Crin-] cosach : « Ros-fucc Midhir i^ niBri Leith ». Bôi àmo
Eocha ici .ix. mhWadna hi fJrbais {or Bri Léith 7 nocoilled Mi-
dhir in toghail, 7 co tue Midhir i niBri Leith iarww tri fichu
ban co ndeilb Étaine do Eocha ig, 7 Esa a ingen feisin et^rru.
Coii'id annsin doreguinn-sium dih uile a ingin fesin, coind si
riicc Mes-Buachalla, mâtbair sein Coiiakc.
Luid do;/t) Eochaid aithcrrach do cuingid a mna 7 a érca
co Midhir, 7 dobcrt do a mnoi 7 an eraic co n-auttaigh .i.
tochar lar Moin Lamr^/Vt: 7 tid tar Breifne 7 diclochadh hi
Mide, 7 Luachafr tar Tebtha : conid hriim dorât Echaid dia ingin
1. cnômhoidh, no do chnômhoidh .i. dobhris amail chnâoi, O'Clery.
2. aR.
The Rennes Dindsenchas. 291
a rogha, cia suidiug//^/ cosa mberta si ûadh, coind and doroe-
gha sin Raith n-Esa .i. airm a ùïched na tri dinna [.i.] Sid in
Broga 7 Duma na nGiall iii Tcmraig 7 Dun Cnmtbai?ui i
n-Étar. Unde Kàitb Esa dicitur.
Esa daughter of Eochaid Airem and Etdin and fosterlino; of
Mider of Bri Léith, 'tis by lier that a hundred of evcry (kind
of) cattle were brought to Mider after Etdin had been carried
off from Eochaid in elopement out of Fremann, and it was
unknown who had carried her off, or into what place she
was taken, until Codai of the Withered Breast or Withered
Feet said : « Mider h as taken her into Bri Léith. » Then Eochaid
was for nine years beleaguering Bri Léith, and Midir was spoil-
ing the destruction^. And (after Eochaid had conquered-,)
Mider brought into Bri Léith to Eochaid three score women with
Etdin's form, and amongst them Esa Eochaid's own daughter,
and then from them ail he chose his own daughter, and she
brought forth Mes Buachalla, who afterwards was Conaire's
mother.
Then Eochaid went again to Mider to ask for his wife and
his eric (compensation), and Mider gave him his wife and
the eric which he demanded, to wit, a roadway over Môin Lam-
raige, and a wood over Brefne, and a didochad (?) in Meath,
and a rushry over Tebtha. Whereupon Eochaid gave his
daughter her choice as to what seat she should be taken to
from him. So then she chose Rdith Esa, a place from which
she would sce three noteworthy steads, namely Sid in Broga
« the Elfmound of the Plain », and Duma na nGiall « the
Mound of the Hostages » in Tara, and Dûn Crimthainn on
Howth. Hence is said Ràith Ésa.
Also in BB. 353a and in H. 6b. Versified, LL. 163» 26.
As to Mider and Etâin see LU. 131, 132: Windisch, Irische Texte, I,
113: Egerton, 1782, fo. 118. d'Arbois de Jubainville, Cycle mythologique
irlandais, pp. 310-322. O'Curry, M. andC, II, 192-194. III, pp. 162, 190.
King Conaire was tlie hero of the taie of the Togail Briidnc Daderga. As to
the places hère mentioned see nos. 4, i § 12, and 30.
1. i. e. injuring the siege-works ? The corresponding line of the poem
in LL. 1631 39 is Midir ocondoloim sin ic admilliud na oprc.
2. iar togail in isida sin, LL. 163-^ 40.
292 Whilley Stokes.
4. DiNDGNAI IN BroGA.
Do dingnuib in Broga inso.
.i. Long ingine Foni'md. Lecbt in Daghda. Mur na Morrigna.
Ledit in Mate, is dia colptlia'^ rait^r Lidb^r Colpta. Barc
Cnmthainn NiaNair-, ar is ann roadnacht. Fert ¥ek\liiiitJÀ
Rechtmair. Carngal 3 Cuind Cetcathaig. Com[f]ot Cairbre Li-
fechair. Fulacht Fiachaigh Sraibtine jii.
Sencus dono in Brogha beos :
IMdaei in Daghda cetamus. Da Cich na Morrigna iarsnin^.
Airm i> ngenair Cermaid Milbeoil mac'm Daghda. Firt mBoin-
ne ^ mna Ne(:/;/oin meic Nûa[d]at. Is i tue [le] in coin [mbig]
diarbo ainm Dabilla unde Cnoc Dabilla diciiur. Du ma Tres[c].
Ft'rta Escldim br^//;emon in Daghda frisa n-apar Ffrta Prttnïic
indiu. Cir 7 Cuirreill mna in Daghda .i. da cnoc. F^vta Aodha
Luirgnigh" mc/c in Dagi^'a. Dcic mBua[i]Icc mbicc^. Ler/;f
CtWaig mc/c Maile Coba. 'L&cht gabra Cinôeda meic Irgûaig.
Carcar Leith Machœ. Glend in Mata .i. seilc[h]i sin, ut alii
dicunt. Liag Buidhe ms/c Muiredha^, airm i J fuil a cend.
Leac Ben[d] .i. lecht forsa torc[h]air in Matie secht fichïl cos
lais 7 sccht cind. Duma na Cnam. Caiscl Aongusa m/c Crund-
mail. Rout sula Midhir 7rl.
Of the remarkable things of the Brug, this :
The House (Bed ?) of Forann's daughter. The Monument
of the Dagda. The Rampart of the Morn'gain. The monument
of the Mata : from its coJptha (shinbone) Inber Colptha in
1 . R. inserts conid de
2 . A*, inserts ar
3 . carnail BB.
4. post R.
5. a R.
6. inBoinne R.
7. Si'd yEda lurgnich, LL. 211-'' 15.
8. derc ??/Babuilc bil, LL. 211-' 3.
The Rennes Dindknchas. 29^
calleJ^ The Palace of Crimthann Nia Nâir, for he was bur-
ied therein. The Tomb of FedHmid the Lawgiver. The Cairn
of Conn of the HunJred Battles. The Grave of Cairbre Life-
char. The Cooking-place of Fiacha Sraibtine, etc.
The story of the Brug still :
TheBed of the Dagda in the first place, Thereafter the Two
Paps of the Morrigain. The place wherein Germait of the Ho-
ney-mouth, son of the Dagda, was born. The Tomb of
Boind wife of Nechtdn son of Nuada. 'Tis she that brought
with lier the little hound named Dabilla, whence « Dabilla's
Hill » isso called. The Mound of Tresc. The Tomb of Esclam
the Dagda's brehon, which is today called Ferta Patraic. The
Gomb and Gasket of the Dagda's wife, i. e. two hills. The
tomb of Aed Luirgnech the Dagda's son. The Gave of Bualc
the Little. The Monument of Gellach son of Mael-coba. The
Monument of the steed of Ginaed son ofirgalach. The Prison
of LiathMachae-. The Glen of the Mata, that was a tortoise^,
as some say. The Stone of Buide son of Muirid, the place
where his head is. The stone ofBenn(?), that is, the monu-
ment on which the Mata fell : seven score feet had he and
seven heads. The Mound of the Bon es (of the Mata). Thé
Stone-wall of Oengus son of Grundmael. The Shot of Mider's
Eye, etc.
Also in BB. 555^ 49 and H. 7». Versified, LL. 164'' 211». Printed from
BB. with a translation (by O'Donovan?) in Petr 10:'$ Round Tmvers, pp. 102,
193 « as an example of the class of monuments in use in Ireland duringthe
sway of the Tuatha de Danann race, as well as subsequently ».
Brug maie ind Oc, otherwise called Brug na Bôinde, near Slane on the
northern bank of the Boyne.
Mor-rigaiii (gl. lamia), Regina 215, fo. loi. one of the Tuatha dé Da-
nann, reoccurs s. vv. Mag Breg, Berba, etc. and plays a part in the Tu'iii bô
Ciiahige.
We shall meet the Mata again, infra no. 28. A poem ascribed to Mongan
son of Fiachna and Colomb cille (LL. 194I' 23) gives it only four heads.
1 . See infra. No. 28.
2. The Grey of Mâcha, one of Cûchulainn's horses.
5. Cf. tiiiiir seilchc cited by K. Meyer (Rev. Celt., XI, 434) from Toch-
marc Eviire.
Revue Celtique, XV, 20
294 Whitley Stokes.
5. Inber n-Ailbine.
INber n-Aillbine, cànas rohainmnig^i ?
Ni ansa. Rûad mac Rigduind meic rig ¥cr Muirigh tarclam
lucht Ah. noad do tecbt tar muir do acallaim a cornai ta^ [.i.]
meic rig Lochlainne. [Feb] amluidset co leth lenna feimidset
imram nacb leth amal nos-fastai ingir. Imluid hnim Rù;^dh
mr luing amach ar co fesad cid dia mbôi ani nos-mert ^ 7
nomsaoi flii. Atchi iarwm .ix. mna côimiu do mndib [domain]
'ga fostad, triar fo ^ cacli nôadh. Rucsat leo Ruad dono co
fiioi .ix. n-oidhci la car/; mnoi for tir tartha no ior longiiib cre-
dumai. Cor[o] toirrci aon dib ûaidhib, 7 rogell afyithisi a tia-
chtoin andochum ma roised a set.
Luid dono Rûad co tech a comalta 7 flii lais .uii. mhliadna,
7 luid fo/-ciila, 7 ni rofir a dail, co loracht Magh M//;righ,
Luidset [didiu] na nôi mna cusm mac 7 ros-fucsat léo dia [te]-
larracht, 7 ni mon-airnic doib. Mavhaid dono a mâthair a mac
fein annsin, 7 xn mac Rùaid, 7 focfrd urcbur [dô] dia chind,
conid and asb^rt cach amail bid o oengen : « Is oUbine, is oill-
bine ! » \Jnde dicitin- Inhcy n-Oïl\hine.
Rûad son of Rigdonn, son of the king of Fir Miirig, mus-
tered the crews of three ships to go over sea to hâve speech
with his fosterbrother the son of the king of Lochlann.
When they had got half way across they were unable to^'
voyage in any direction, just as if an anchor was holding
them. So then Rûad went ont over the ship's side that he
might know vvdiat it was that was stopping them, and he turn-
ed under the vessel. Then he sees nine women, the loveliest
of the world's women, detaining them, three under each ship.
So they carried Ruad off" with them and he slept for nine
1 . Sic BB. inde nosmbfrt, R. andi not-fosd, H. Cf. ar ruiner tus g\. statui,
Ml. 58>: 9, 58J 17.
2. SicBB. fo;- R.
The Rennes Dindsenchas. 295
nights, [one] with each of the women, on dry (?) grounJ or
on beds of bronze. And one of them became with child by
him, and he promised that he would come again to them if
he should perform his journey ^
Thcn Ruad went to his foster-brother's house and stayed
with him for seven years, after which he returned and did not
kecp his tryst truly, but fared on to Magh Muirigh. So the
nine women took the son (that had been born among them),
and set out (singing, in a boat of bronze-,) to overtake Ruad,
and they did not succeed. So the mother then kills her own
son andRùad's only son, andshe hurled the child's head after
him ; and then said everv one as if with one mouth, « It is
an awful -rime ! It is an awful crime! » Hcnœ Liber n-OilUnne.
Also in BB. 5 5 5a ^nd H. 8-^. An unsuccessful attemptto publish the test
of BB. will be found in the Allantis, IV, 255, 236, where, however, there
is a good translation bv O'Curry-
The Oillniie or Ailbine is now (according to O'Curry) « the river Dilvin,
which falls into the bay of Malahide, in the county of Dubhn », ibid.,
191 note.
As to the détention of ships by submarine folk, see R. Kôhler in the
Zeitschrijt fur aeutsches Alterthum, XXIX. 4)6-458, and Child, Englisb and
Scottish Popular Ballads, IV, 510.
6. OcHONN Midi.
Ochund Midhe, canas rohainmniged ?
Ni ansa. Dia ndech(?/t/ Niall NôigialW; m^c Eachacb dar
muir n-Icht> bôi dono intansin Eochaid mac [fo. 94^ i] Enna
Ceindsek^'' tair ïor tafund iar marhad Laidgeind meic Boir-
cheda, Vonid é tue in chomairle dona mnaibh .i. cuingi[d]
deilbe rig in domoin do taidbsin doib, coro taiselb iar»/» iarna
1 . Litcrally, attain his way : cf. dûs in roised marbad Câic, Irische
Texte, 2te Série, i Heft, p. 4.
2. So in the metrical version.
3 . dar muir co nacht muir n-Icht, BB,
296 IVhitley Stokes.
dietgudh doib. Bôi dono Eochaid amal cacb mnoi [i]na trechu-
masc co cruisigh^ fobride fo[a]choim, conid di congegne in ri[g]
on deirc ochsaileco'roile .i. Niall, 7 atb^rt airm a clannfai[de] a
lecht co n-arleicthia geill and 7 (:o?z[s]niad- n^rtcaich giallu dô.
Tucad da«o corp Neill anair ' 7 mebsat secht catha riam, 7
do[m]b<'rtsat co hOchoind, coro hadhnacht and hé. Conld de
ata Ochan mor muindt/ri Neill airm ir-roscar cach o aroile 7
i n-arlaicit geill Erenn i suidiud. Unde Ochonn [Midi] dicitur.
When Niall of the Nine Hostages, son of Eochaid (Muid-
medôn), went over the Ictian sea, then was Eochaid son of
Enna Cennselach in the east in exile after killing Laidgenn son
of Boirchid (Niall's wizard). So he (Eochaid son of Enna
Cennselach) advised the women (of France) to ask that the
king of the world's form might be shewn to them4. Where-
fore, after iindressing, Niall displayed himself to them. Now
Eochaid, like any woman in their crowd (?), was there with
his javelin under his garment, So with it he transfixed the
king, Niall, from one armpit to the other. And Niall said
(when dying) that his hostages should be released where his
monument should be made, and so that the strength of every
power should be gained by him.
So Niall's body was brought (to Ireland) from the east, and
his troops routed their foes in seven battles, and took him to
Ochan, and there he was buried. And the great lamentation
(ocbâii) of Niall's household is where each parted from the
other and wdiere the hostaa;es of Erin were released. Whence
« Ochonn of Meath » is said.
Also in BB. 355b and H. lo^. Versified LL. 154» 10. The translation of
the last sentence but one is conjectural. Compare LU. 51^ 39: Niall im-
}i!orro iss and roadnacht i n-Ochâin Coma de atâ Ochain forsin telaig .1. och
câini .i. ind ochfad 7 ind écâini dodrônsat tîr Hercnn oc caini Neill and.
Miiir ii-Icbt the Channel between France and England.
1 . cruisidh R.
2. Sic H. amiad R. Cf. consulat [coinsneadh, P. O'C] .i. cosnam
O'Dav. 69.
5 . Sic BB. aniar R.
4. So in the Tdin bô Câalti^rj Cùchulainn displays himself to the women
and poets, L.U. p. 8i-'.
The Rennes Dindsenclias. 297
There are some rare words and forms in this taie : diétgud, trechumasc,
fobriJe, congegjie (= congcogoin, H., coiigegua, BB.) consnlad, and ar-laicit.
Niall of the Nine Hostages is said to hâve been overking of Ireland froni
A.D. 577 to 404. Of his nine hostages, five, according to Keating, were
from Ireland and tour from Alba. But the metrical version mentions hos-
tages of the Saxons, Franks and Romans :
Firian focul atbfrt Niall dia ngoet forsind rîan cen rûn,
âitt i clanta ilad Néill coMingtis a ngeill for cùl.
Aire sin raleicthea ass dar gaeth ' nglass, ba trom a thress,
geill Saxan, ba niordal [mass], gcill Franc, géill Roman an';^djes.
7. MiDE.
Mide, canas roainmui^ed?
Ni ansa. Midhe mac Bmtha meic Deatha, Ci^'/narofhado tene
for clannaib Nemedh i iiErmn, 7 robôi se hVmdns. îor lasad,
coma on tene sin rohadnad car/; primtene i nYiérinn, coma, de
dliges a comorba miacli la muic car/; oen cleitiie i nEir/n//,
CD n-erbradar drai[d]e Hérenn : « Is mi-dé dun in tene-si rohad-
nad isin tir ». Co ro tinolait àniid Hérenn ind oentech, co tal-
laid a tengt[h]a asa cennaib t/'ia comairle Mide, corH^-adnaic hi
talmain Uisneich, 7 co ndesid Mide primdrai 7 p;imsenchfl/i
Hérenn uaisib. Atbrrt Gairech ingen Gumoir, muime Mide :
« Is uais nech dotilt^r sund innoclit- ». Unik Uïsnecb 7 Mide.
Mide son of Brath, son of Deotli, was the first to light a fire
in Erin for the clans of Nemed, and it was six years a-blaze,
and from that fire was kindled every chief fire in Erin. Where-
fore Mide' s successor is entitled to a sack (of corn) with a
pig from every house-top in Ireland. And the wizards of Ire-
land said : « 'Tis an evil smoke {ini-dé)^ for us, this fire that
hath been lit in theland ». So the wizards of Ireland were col-
lected into one house, and, by Mide's advice, their tongues
were eut out of their heads, and he buricd them in the ground
1 . gaoth .i. fairgc, O'Cl.
2. For innoclit R lias inneoch dofil sunn anoclit.
3. Midhe .i. droichthcinc, O'Cl.
298 Wintley Stokes.
of Uisnech, and Mide, chief wizard :ind chief historian of Ire-
land, sat above them. Then said Gairech Gumor's daughter,
Mide's fostermother : « Sublime (jmis) is one {necJi) who is hcre
tonight ». Whence Uisnech and Mide.
Also in BB. 356'', H. 6» : Bodl. no. 7 (FoUcIore, III, 575-6) and Ed. 2^2.
Versified LL. 199b 34. See also O'Curry, Manners and Customs, II, 191,
and Silva Gadelica, II, 520-521. 475, where it is edited from BB.
Mide now Meath. Uisnech now Usnagh Hill in Westmeath. Brath son of
Death (or Deoth) was father of Breogan, BB. 12'. The Clans of Nemed the
second colonists of Ireland.
. 8. Druim nDairbrech.
Druim nDairbrech, canas l'oainmniged?
Ni a usa. Dairbre Derg^ mac Lulaig meic Ligmuine do Ai-
thechtuath^r//^ ' Hérenn, co tuairsi Ligmuine 7 Fer mBolg 7
Fer nDomnand targlamsat cath Comuir 5 do Tuathal. Doluid
da;/() Tuath^7/ 7 Fiachfl^ Casan 7 Findmall a brath^/r don cath
sin. Dairb[r]i D^'g, [immorro] 7 Eochaid Oilech forsin leith
n-aill. Fegair hruin in cath 7 doit/;/;' for Eochaig n-Oilech, 7
marhtbair Dairbre fora drumainn. Un^^ Druim nDairbrech.
Vel ita : Druim nAirbre, fri Bri Ele anair ata. \]nde dicituY Fo-
thairt Airbre .i. fothairt filet fri Bri anoir.
Druim nDairbrech, whence was it named ?
Not difficuk. Dairbre the Red son of Lulach son of Lig-
muine, of the Peasant-tribes of Irehind, with a remuant of
Ligmuine and the Fir Bolg and the Fir Domnann, gathered
(forces to deUver) the battle of Commar to Tuathal (Techt-
mar). So Tuathal and Fiacha Cassan and Findmall his brother
went to that battle. Dairbre the Red, however, and Eochaid
Oilech were on the other side. Then the battle is fought, and
1. Drechdcrg LL. 192-122.
2. each. îuathaib, R.
3. commair, LL. 192=» 29.
Tlic Rennes Dindsenchas. ^99
Eochaid Oilech is defeated, and Dairbre is killed on his
Ridge'. Whencc Druim nDairbrech « Dairbre's ridge ». Vel
ita : Druim n-Airbre i. e. to thc cast of Bri Ele it is. Wlience
is said Fothairt Airbre i. e. Fotharts that are to the east of
Bri.
Also in BB. 3 56b 47 and H. i6->. Versified LL. 192-' 15.
Druim nDairbrech is perhaps the Druim Dairhhreach mentioned by the
Four Masters, A.D. 1065, where O'Donovan translates thc name by
« Oak-hill », and says that it is now unknown.
As to the Aithechtuatha and Tuathal Tcchtmar see BB. 255» 34, the
Four Masters, A.D. 76, 106, 1258, note i, and Lives of Saints from the
Bûok of Lis more, Préface xxxvii.
9. Laigin.
Laigin, canas ro ainmniged ?
Ni ansa. Laigin a laginis .i. ona laignib lethnoib tucsat leo
na Dub-gaill a tirib Gall. Da cet ar dib milib a lin. moaroenre
Lahvaid Lo'mgsech [À.] Moen mac O'ûelh Aine, dolotar in fial-
lach sin.
Nô it laig/H CLimddigti oir 7 airg/7 tucsat cerda Hérenn do
Lahraid Lo'mgsech À. Maen, dia du[d]chrtfi 7 Ernolb mac righ
Danmarg diar'ortsat in rigraid im Cohtbacb Coelbreg i- nDind
Rig.
Nà is Laig/n quasi laig-fine .i. fine 3 sil Laegaire Luire:
lurcon cnim graece auldus deuorator interprétât ur hitiiie : lorc
didiu angbaid iiô lainnfordiuclandtaid.
Tri anmann doib .i. [Fir] Domnann, Gaileoin, Laigin; 7
GaWeoin roalsat Lahraid ior a loinges hi tirib GaU.
IT GûXeoin inunorro iar n-aimsir mair batrtr i[c] cohraid Oi-
/dla m^n'c Rosa ior Tain bo Cuail^nc. \]mle àicitur Tricha cet
1. i. e. the ridge named after him : dnimainn, which should apparently
be drnmmaim in the dat. sg. So infra No. 1 1 roleclann is written for rote-
daim.
2. caol a, R.
3 . Sic H. laigû'r .i. fir R.
tjoo Whitley Stokes.
Gaileoin, 7 nidat Galenga, ar is cian mdr ria Corm^ic Gaileng
roferad Tain bo Cuailnge.
DocechnaMr drai[d] Eremi for Gala^//u co roeb[d]adar uile
inge mad bec, 7 an dotuaraid dib ros-dibaid Tuatha/ Techtmar.
Is clann Labwfl'fl imniorro Laigin uile acbf Lai[g]si 7 Fothairt
Domnann immorro ros-dilgend Tuzihal.
Laigin from laginae, that is from the broad spears which
the Blacic Foreigners brought with them trom the lands of the
Gauls. Two thoLisand and two hundred was their complément.
Along with Labraid the Exile, that is Moen son of Ailill ot
Aine, that army went.
Or it is laigin « spears » adorned with gold and silver
which the craftsmen of Ireland gave Labraid the Exile, that
is Moen, when he and Ernolb son of the king of Denmark
came and destroved the kings round Cobthach Coelbreg in
DindRig.
Or it is Laigin quasi laeg-Jine the family of the seed of Lae-
gaire Lorc, luiroii [leg. lurco ?] enim graece [leg. latine ?] is
interpreted « a greedy devourer », lorc then means ruthless
or an eager devourer.
Three names had they (the Leinstermen) to wit, Fir Dom-
nann, Gaileoin and Laigin, and it was the Gaileoin that nour-
ished Labraid during his exile in the lands of the Gauls.
'Tis the Gaileoin, moreover, who after a great while were
helping king Ailill son of Ross on the Tain bô Cualnge.
Whenceis said « thirty hundred Gaileoin », and they are not
the Galenga, for the Driving of the Kine of Cualnge hap-
pened long before Cormac Galeng.
Ireland's wizards sung spells on the Galeoin so that ail per-
ished save a few, and what remained of them Tuathal Techt-
mar destroyed. AU the Leinstermen are Labraid's children save
Laigsi and Fothairt Domnann which Tuathal exterminated.
Also in LL. 159*: BB. 357-^: H. 161^: Bodl. no. 4. Ed. i^ 2 (incom-
plète). See also Silva Gaddica, II, 455, 300.
Laigin now Leinster. Dinn Righ one of the two royal seats in Leinster,
near Leighlin Bridge to the west of the Barrow. See LL. 22» 2, 48^ 10,
192» 37 and 269'.
The Rennes Dindsenclias. 501
As to Loegaire Lorc, Cobthach Coelbreg and LabraiJ Loingsech see
O'Mahony's Keatingpp. 250-254.
Cormac Gaileiig, see Corniac's Glossary, s. v. Gaileng, and LL. )2<^'^.
10. Sliab Bladma.
Sliab Bladma, cid diata ?
Ni ausa. Bladma iw Blod mac Con, incic Gais Clothwm^
micc Uachaill, romarb Bregmc-el gahaind' Cuirce meic Snithe
rig Erota ^ Doluid iartain ina nocdin co rogaib a feronn a
sliab. Un(f^ Sliab Bladma.
Nô is Blad mac Breogain ba marb ann do t;im, et a qiio
mons nominatur. Nô it blcda mara .i. biasta mara, ruiseda a
n-anmann, 7 bit i n-uiscib 7 i tirmaib, 7 it he foruidbet na
cranna [fo. 95^' i]. Um/f « Sliab bledach Bledma »; 7 Ros
Ndir meic E[d]licon he prius.
Bladma or Blod son of Cii, son of Cas Clothmin, son of Ua-
chall, killed Bregmael the smith of Cuirce, son of Snithe king
ofiruaith. Thereafter he went in his boat and took his land
on the mountain. Whence is Sliab Bladma.
Or 'tis Blad son of Breogan, who died there of pestilence.
And from him the mountain is named. Or they are sea-
hleda i. e. sea- monsters named ruiseda, and they live (equally
well) in waters and on dry grounds, and 'tis they that destroy
the trees. Whence « monstcrful Sliab Bledma [Félire, April 7],
and it was previously called Ross meic Edlicon.
Also in LL. 159b 17 : BB. 357b 25 : H. 17a: BodL no. 11: Ed. 2^ 2.
Sliab Bladma, now Slieve Bloom, on the border of King's and Queen's
counties.
1 1 . FiD x-Gaiblh.
Fid nCaible, canas ro ainmniged ?
Ni ansa. Gaible mac Etadoin meic Nuadat Airgetlam tall
I . ri'g hua Fuaia no rig Muada, LL.
302 Whitley Stokes.
grinne Ainge ingine in Dagda roteclann si do denam drochta
di, ar an drochta fognid in Dagda ni anad do tinnsaidsin cen
nobid muir for tuile, 7 ni tucta banna as cen ba aithbi and.
Tarrlaicc ercor don grinne sin a Belach Fuahsccach co ro fas
Finncoill as, aviid de ata Fid nGaillbe nâ nGaible nunc.
Nô comad Gabal ainm na haband dotdot trit. Unde dixit ^
B^rcan :
IS inmain in gabalsa
bid uaithi ainmnegad
for leth in fiadaso,
a rad ni ro.
in gemsa carrmocaill
in ucbf na cluanaso
tall- sliiagh, mor fo.
Nô comad hi Gabal Gairechtain ingen Guill, ben Ôirc meic
Ingoir ri Atha cliath /zobaidte isin abaind sin iar mirhad a fir
la Ai//ll mac ^da Roin i n-Ath Orc. Unde dicitur Fid
nGaible 7 Gabal 7 At[h] Orc.
Gaible son of Ethadon son of Nuada of the Silver Hand,
stole a bundle of twigs which Ainge the Dagda's daughter had
gathered to make a tub thereof. For the tub which the Dagda
had made (for her) would not cease from dripping while the
sea was in flood, but not a drop was let out of it during the
ebb. He hurled a cast of that bundle from Belach Fualascach
and (in the place whereit ahghted) a fairwood grew thereout.
Hence it is now (called) Fid nGaibli, « Gaible's wood ».
Or it may be (from) Galml « Fork », the name of the river
that flows through it. Whence Saint Berchan said : « Dear is
this Fork : from it is the appellation on the half of this
Word : to say so is not overmuch. This gem of carbuncle in
the breastof this lawn carried off a host : great good. »
Or it may be from Gabal Gairechtach daughter of GoU
wife of Orc son of Ingor king of Dublin, who was drowned
1 . diciuir R.
2. tallaR.
The Rennes Dindsenchas. 303
in that river aftcr lier husband \vas killed by Ailill son of Aed
Rôn at Âth Orc. Whence is said Fid nGaible and Gabal and
Ath Orc « Swineford ».
Also in LL. 159-' 50 : BB. 357'' 33 : H. 17»: Bodl. no. 6: and Ed. 2^ i.
Edited froni LL. in Silva Gadelica, II, 476, 525.
Fid iiGaible, now Feeguile, the name of a wood in Leinster, in which
S. Berchàn built the church of Clonsast.
12. Mag Lifi.
Mag Life, canas ro ainmniged ?
Ni ansa. Life ^ ingen Cannain Cruthn/^T doluid la Deltbanda
mac Druchta, dailemoin Conaire Moir rig Temra. A Sid
Buidb ar Femen do. Fodes didiu o Temraig gahsat, ar rop
aloind lee in mag darsa tanic co wdatig a hainm fair. [Conna
ro ddil Deltbanna do feraib Herenn coro ainmnigthe in mag
ût o anmum a mnd -.] Unde Mag Liji.
Nô co wbad5 Fea an ainm 7 li oni ba laind le ina flica.
Life, daughter of Cannan the Pict went with (i. e. wedded)
Deltbanna son of Drucht, the spencer of Conaire the Great,
kingofTara. Out of the Elfmound of Bodb on Femen was he.
South of Tara they set up, and because the plain over which
she came seemed beautiful to her, she asked that her name might
be on it ; and Deltbanna dealt out no more (liquor) for the
men of Erin until yon plain was called by his wife's name.
Whence Mag Lift.
Or may be Fea was the name and Li- because what she saw
seemed bright to her.
Also in LL. 159» 26 : BB. 5)8»: H. 17b: BodL no. 4. Edited in Silva
GcuieUca, II, 482, 550.
Mag Lifi or Liphi (ad campuni Lifi, Book of Armagh, fo. 15b 1, in
campo Liphi, ibid. lo-» i, 10^ 2) a plain in the county ofKildare, through
1. Sic H. Lipti R.
2. Sic LL.
S. obat R.
304 Whitley Stokes.
which the river Liffey winds. Femeii a plain near Cashel, co. Tipperary;
Flaith Femin find, LL. 129.
Conairc Môr, v. supra, no. 3.
13. Berba.
Berba, canas ro ainmnigcd ?
Wiûnsa. Meiche mac na Morrigna is and robatar na tri cri-
deda, corot-marb Mac cecht im-Maig Mechi ^ Mag Fertaigi
dano a ainm in maige co sin-. Amlaidli badar na cride sin, co
ndelbaib tri nathrach treithib. Meni îoised diMio bas do Mechi
arforbertais na nathracha ind 7 focnafed ana faigbet béo i nHér-
inn. Roloisc ï-àxiim Mac cqcIjî in[na] cride sin im-Maig Lua-
Ûiat, coro la al-luaitli lasin sruth, comd rcmarb eas in tsrotlia,
[7] coro marb cich n-anmanda roboi ann, 7 coro m[b]erb. Nô
combad i n-Au'd Luaithrid [noloisc ^]. Undc B^rba dicituv 7
Mag Mèche 7 Aird Luaithrid.
Nô coma[d] Berba .i. her nô bir 7 ba .i. balb. \]nde Berba
dicituY À. uscc balb.
Mèche son of the Mor-rigain, in him were the three hearts
till Mac Cecht killed him on Mag Mechi, which till then
had been named Mag Fertaigi. Thus were those hearts, with
the shapes of three serpents through them. Now if death had
not befallen Mèche the serpents in him would hâve grown,
and wdiat thev left aUve in Ireland would hâve wasted away.
Then Mac cecht burnt those hearts on Mag Luathat « Plain of
Ashes », and cast their ashes with the strcam, whereupon the
rapids of the river stayed, and every créature therein died
and boiled.
Or maybe it was on Ard Luaithrid « Height of Ashes »
that he burnt the hearts; whence Berba is said, and Mag Méchi
and Ard Luaithrid.
methi R.
This sentence is misplaced in R.
Sic BB. leg. roloisc.
Tlie Rennes Dindsenchas. 505
Or Bcr-ha m\x\ be (a compound of) /;(';■ or hir « water » and
ha « dumb ». Whence is said Bcrba, that is, « dumb watcr ».
Also in LL. 159b 40 : BB. 3)8-^ : H. lyb : Bodl. no. 13 : Silva Gadelica,
II, An, S25-S24-
Berha now the sluggish, silent river Barrow. Mag Liiadat supposed by
O'Donovan to be near Newtown Stewart, co. Tyrone.
Mac cecht one of the Tuatha dé Danann kings or, more probably Co-
naire's champion. See LU. 89^, 97b, 98^.
14. Moin Gai Glaiss.
Moin Gai Glais, canas roainmniged ?
Ni ansa. [Gae] Glas mac Luinde meic Loga Liamna, nia sin
Thchach Srabtine. As do dongm an goba in gasi dot[h]ecwwc.
Doluid [andeass^] Culdub mac Dein dia samna do cuingid
gona duine ccin, co - roguin Fidrad mac Dama Duibe, a quo
Ard Fidraid. Dochuaid Gœ Glas ina hrmomcbt, co tarlaic fair
in sleg dogena in goba do tri drai[d]^i:/jf^ co ndechaid tria
Culdub isin monaid, 7 ni frith in[t]sleg sin iarwm, acht oen
tuarascbail fosfuair Ma:;l Odarn nwc Dimai Croin dia nge-
gna di Ait[h]ecda ri Hua Mail iar mbeith Ma^l odrain hïndain
hi talmain, diar' cachain som in rand so :
IMlech Ech
i Moin da Ruad ar cacb leth,
ci[a] ron-maid enech ron-bi
nirbo dui, a Aithechdai.
Ba si sin in Carr Btlaig Duirgein, is i nomarba^ [in] trichait
mbuiden. Amlaid nobid, 7 gobai fo bragaid, 7 nis-luaidhed
nech acht démon. Hi cein bess in sleg 7 a rind3 fodess ni ïor-
brishdir nen Leithe Cuind o Laignib.
Gae Glas son of Luinde son of Lug Liamna was Fiacha Srabti-
ne's champion. 'Tis for him that the smith made the intractable
1. Sic H.
2. cia R.
? .• raind R.
3o6 Whitley Stokes.
spear. From the south Cûldub son of Dian went on the day-
of samain (Nov. i) to seek to slay some one, and he slew Fid-
rad son of Dam Duh, from whom Ard Fidraid is called.
Then Gae Glas went a-foUowing him and hurled at him the
lance which the smith had made for him by magie, and it
passed through Cûldub into the bog, and that lance was never
found afterwardssave once^, when Mael-Odrdn son of Dimma
Cron, after he [leg. it ?] had been a year in the ground, found
it and slew therewith Aithechdae king of Hûi Mail. Whereof
he sang this stave : IinJcch Ech, tic-.
This lance was the Carr 5 of Belach Duirgen : 'tis it that
would slay the thirty bands. Thus it was, with a fork under
its neck, and none save the Devil would move it. So long as
the lance is with its point southwards the strength of Conn's
Half (the North of Ireland) will not be broken by Leinster.
AIso in BB. 558b and H. i8^
Mael-odrain son of Dimma Cron is mentioned by the Four Masters, A.D.
647, and in Rawl. B. 512, fo. 115b b i. In Rawl. B. 502, fo. 75b 2 he is
called Ima Dimniae Chroin.
Mo in Gai Glais « Grayspear's Bog », not identlfied. Belach uDiiirgcn, see
infra no. 24.
15. Fafaind.
Fafaind canas ro ainmniged ?
Ni ansa. Broccaid mac Bruic. do Gailianaib Labradha
Loingsig, is do ba mac Faifne file 7 Aige a ingen. A mâîhak
Liber ingen Luit. Badar foirmdig ddini doib. Fodailsed siabra
andochum co rodelbsad Aigi in Iség n-aWaid cor' cuir cuaird fo
cethair timcoll E\:emi, co ros-marbsat fian Meilge mac Cob-
thaig4 ri Hcnvui, 7 ni frith di acbt bolg usci, 7 mos-laisen isan
abaind, coiiïd. uaide ainmnigth/r Aigi.
A mère guess: oen l iiaraschail V)\.era.\ly « one description ».
I can make no sensé of this quatrain,
carr .i. sleagh, O'Cl.
Cobtaid R.
Tlie Rennes Dind'senchas. 307
Luid mruDi Faifne a bnithair - do ainmcd rig Hércnn
[fo. 95'' 2] ina digail, coro tuarcbadh tn bolcca fair. Rohir-
gabfl^ ian/m in file la Melgi ar ba dicinaid i n-oided ^ Aici, 7
Tomarhad he i Fafaind ison aire rig Temm, 7 inde roadnacht,
7 conamecht ino. marbtai, mo ainm do bith i nduma sin dogrés?
.i. Duma Faif//t'.
Luid LibtT dia cumaidli corus-baidh isin Lib^r^ conid uaide
arsegar. Rotamlaig4 Broccaid ir-Raith meic Bruic.
Broccaid son of Broc of the Gaileoin of Labraid the Exile
had a son, Faifne tbe poet, and a daughter Aige. His mother
was Liber daughter of Lot. Folks were envions of them : so
they loosed elves at them who transformed Aige into a fliwn
and sent her on a circuit ail round Ireland, and the fians of
Meilge son of Cobthach king of Leland, killed her, and of her
nought was found save a bag of water, and this he threw
into the river, so that from her the Aige is named.
Thereafter Fafne her brother, in order to avenge her went
to blemish the king of Ireland, and upon hini three blotches
were raised (by Fafne's satire). Then the poet was arrested
by Melge, for he, Melge, was guiltless regarding Aige's death.
And Fafne was killed on Fafaind, for satirizing the king of
Tara, and therein he was buried; and while they were kiUing
him he entreated that his name might be for ever on that
mound, to wit Duma Faijni.
Liber went to her woe and drowned herself in (the river)
Liber, so that from her it is (so) called. Broccaid died of disease
in Râith meic Bricc.
Also in LL. i6ob 9: BB. 358b 33. Versified LL. igi^ i.
The transformation of Aige into a bag of water reminds one ofGeirhild
the witch, in the Landnâmabôk, who turned herself into the shape of a
leathern sack full of water.
« Cobthach King of Ireland » was doubtless Cobthach Coelbreg, slain at
Dind Righ, A. M. 4658, according to the Four Masters. Fafaind, the Aige,
1 . abran R.
2. o\ged R.
3 . semp«r R.
4. Rotamlaid R.
3o8 Whitlcy Stokes.
the Liber, Didihi Faifiii, Rditb mcic Bricc not identified. Fafaind is men-
tioned in the Ibllowino; taie.
i6. Adarca Hua Failgi.
Adarca \{na Failge, canas ro ainniniged ?
Ni ansa À. luchna Echbel qui et luchna Ciaba7wch rigbriu-
gaid hx fri Fafaind atuaid anair i Fan in Briugad ^ .i. Ma-
chad Bri[g]de. Ba he a besad, altyom 7 imtoccbail sotha a
tighe co mba hlvàdain, coro carsat [fo. 96-^ i] a cethre hé. Intan
[immorro] ba marb he documlais^'t a cethri adochum con fasad
tri la 7 teura haidche- 'mo cholaind. Amal na tuitcid leo mus-
luid cach dib i' tuaim in aroile, 7 fodailet4 luchna co a n-
adarcaib, 7 foct'rdad an gléo cor' lasat a n-adarca co mbatar
duniaî dib isna tabcaib > (?), con'ià dib dob^rtar Adharca. Mos-
luadat iarwm do dil a n-itad co Boinn, 7 fos-dailed co Ahnain,
comdar mairb ina n-ahnaib inti, et unde dicitur Almu.
Almu àidiu higen Bécain hnugad, ben luchna [Cïahaig. Im-
sai iar mbas luchna] ind diaidh a halaim co maigin a haihar,
co n-i\pad n-and do chumaid luchna 7 do dith a ceithre ^, et a
qua Almo dicitin-.
Vel ita. Ahnu Almoin .i. fri moin aniar ata, ut d/VZ/wr Air-
bri fri Bri File anoir.
Vcl Almu .i. ail mo, id est .i. ail os moin, nô i moin, nôall
mou, }iô ollmou.
luchna Horsemouth, who wasalso called luchna the Hairy,
a royal hospitalier who dwelt to the north-east of Fafaind on
Fan in Briugad « the Hospitaller's Slope », that is, Machad
Brigte. This was his custom, to rear and bring up the off-
spring (calves) of his house till they were yearlings ; where-
fore his cattle loved him. Now when he died his cattle came
1 . a fan an hriiigaid R.
2. Sic H. t;i lioidche R.
3. aR.
4. fodailed R.
5 . tuacaib BB.
6. ceil/R.
The Rennes Dindienchas. J09
together to him, and round his body spent three days and
three nights. As he did not corne away with thcm, each
of them goes against the other^ and they rend Inclina with
their horns, and their fight was fought till they cast their
horns, which bccame mounds ui the..., and from them (the
name) Adarca is given. When they went to the Boy ne to
quench their thirst they were dispersed to Almu and there
they died in their ahnai « herds ». Hence is said Almu.
Almu, again, daughter of Bccan the hospitalier, wife of
luchna the Hairy, after luchna's death returned, following her
herd, to her father's stead, and there she died of grief for her
husband and for the destruction of her cattle. From her Al mo
is named.
Or thus : Almu, Al-môiii, to the west of a bog (main) it is
as Airhri is to the east of Bri Eile.
Or Almu .i. ail-mo, that is, a rock (ail^ over a bog (^mdin) or
in a bog. Or ail-mou, or oll-mou.
Also in LL. 160'' 36: BB. 559» 32: H. 18^ and Silva Gadeîica, II, 483, 531.
The casting of the horns is better e.x.plained in LL. thus :
Intan tra ba marb é tancatar a bôchethra uile issin cnocc ût, ce mbatar
tri la 7 tri aidche ic immarbad isin chnucc sin ic cainiud luchnai, co torch-
ratar a n-adarca dîb. . . . Co ndechatar assa aithie do di'l a n-ittad co Boind
« So when he, luchna, was dead ail his cattle came to yon hill, and for
three days and three nights they were there kiiling each other, bewail-
ing luchna, so that their horns fell ofï them... and afterwards they went
to the Boyne to quench their thirst ». So in the Panjâb : « Dear, dear,
dear », cried the buflfalo, « how very sad! I must mourn too. » So she im-
mediately cast her horns and wept and wailed. After a while she went to
drink water in the river. {Folklore in the Panjàb, Indian Antiquary, June
1882, p. 170.)
17. AiLLEXD.
Aillend, canas ro ainmniged 1
Ni ansa. Crem xMarda rucc ingin 'Lmgdech n[g] Laigm ar ai-
thiud. Aillcnn àXdiu a hainm. Aillbe a hainm a hoirce, 7 ad-
bath AilLvzn ar naireoice, 7 asna aball trena lighe — is [di] as-
I . tuaim .i. cadan no aghaidh, a front or face, P. O'C.
Rcvut Cthiqui, XV, 21
3 10 Whitley Sîokes.
herar Aball Kûlinne, 7 atbath a hoirce ina diaidh ^ sidhe, 7
roflis ibar tritside. Is de asb^rar Vour Baile .i. Ailbe tre delidin,
ut dicitur
Aball Aillinde arda Ibar Baile, bec forba,
cia asberar a laide nis-tucait daoine borba.
Art Mes-delmand mac St'7na cedna ro^acclaid mûr n-AiUinne.
Fiach d'idiu 7 Buirech 7 Urur//j roscU^dar fadéoid^, Buirech
doiio foct'rd asin clud in cloich fil indti, dia n-ehain « Ail
and », 7 ised ainm nos-bia. It imda duiiua hanmand iarwm, ut
alius dixit > :
Aillend aenach diar n-ôcaib, etc.
Crem Marda abducted a daughtcr of Lugaid king of Lein-
ster. Aillenn was her name and Ailbe the name of her lapdog.
And Aillenn, being in Crem's possession, died of shame, and
through her grave grew an appletree which is called « Ail-
lenn's Appletree ». And after her died her lapdog, and up
through him a yewtree grew. Of this is said « the Yewtree
oï Bailc » that is Ailbe by transposition of letters, as is said
« The Appletree of lofty Aillenn, the Yewtree of Baile —
little profit. Though thcir lays are uttered rude men under-
stand them not. »
Art Mes-delmand son of Setna was the first who excavated
the rampart of Aillenn. Fiach then, and Buirech and Ururus
dug it finally. 'T was Buirech too, that out of the ditch cast
the stone that is (still) at Aillenn, and said : Ail and « a rock
there », and this is the name it shall hâve. Many names be-
sides it hath, as some one said :
« Aillend an assembly for our warriors, etc. »
Also in BB. jyg'' : H. 18^, Silva Gadclica, II, 483, 531.
Ailhni « the ancient name of a large fort on the hill of Cnoc Aihnne,
anghcè Knockauhn, near Kilcullen, in the county of Kildarc «, O'Dono-
van, Four Masters, A. M. 4169, note c.
1 . diaigh R.
2. fadéoigh R.
3 . ailius dr. R.
The Rennes Dindsenchas. 511
As to the technical term delidin see Cormac's Glossary s.vv. Delidin aiid
Nasat, whcrc ref(ioT fer) and }ie (for en) are given as examples.
18. Carmax,
Qirman, ainas ro ainninigcd?
Ni aiisa. Triar fear tancadar a liAthin, 7 oenlv;/ léo .i. tri
mt'/c Dibfl(;W meic Doirci meic Aincis lad .i. Dian 7 Dub 7 Do-
thur a n-anmand, 7 Carmean ainm a mâthai-.
T/ia hrïchtu 7 dicetla 7 cantana noliiited in math^nV cach
maigin : tria fogail 7 esindrucwj^ ïmniorro, romilldis na lir.
Dolod^zr dono co Herinn ar ulc re Tuaith dé Danaiin, do coll
etha na hindsisea forro. OIcc uiruDi la Tuatha dd? Danaiin
indsin. Doluid Aimflc OWoinanoûledaib, 7 Cridenbel o caintib,
7 Lugh Liiïbach o drai[d]ib, 7 Be cuille ona bantuathaib do
cetol ïonosum, 7 ni ro scarsat friu ciir' cuirset in triar fer tar
muir, 7 fac[ab]sat a ngiall^ afus .i. Cairmen a math(n'r, arna
tisdais co Hérinn afrithisi, 7 tucsat dia cind in sechta - nos-fo-
gnad na ticfliidis airet beith muir im Hérinn.
Ba marb iiùis a mâtbair sin do cumaid ina giallacht?, 7 ro-
CLiindig for Tuaith de Dana)in airm i n-adnaiclidea co n-agtais
a hitnach and, 7 co mbad hé a hainm nobeith an ajnach sin 7
in maigin semper. Unde [fo. 96'' i] Carmuin 7 aoenach Car-
jHuin, 7 fogniset-i Tuatha dé Danann hindsin aircat bad(/r i
ViWérinn.
Vel ita. Sen-gairmun tainic indega/^ secht n-erca 5 nEchach
[Bélbuide] tue Lena mac Mes-reoda 7 Ucha ingen Oxa Rigct'rta
a màihak in meic sin, 7 ba hen sen Mesgeagra meic Dato rig
Lâigen larmn. Bitar dono mardon la Lena ic sethad in buair
sin hic Sen mac Duirb 7 Lochar Luath mac Smiraig <'' 7 Gun-
nait mac Suçait 7 Altach mac Duilb 7 Mothur mac Largaig/.
1 . ngilla, R.
2. Sic BB. snechta R. cetharda H.
5 . nghWacbt R.
4. foghnitis H.
> , n-erc H., erc BB.
6. smiraid R.
7. largaid R.
412 Wintley Stokes.
Fos-fuair Sengarmfln ic Raith Bic fri Dùn maie Datho an[d]es.
Marhthar Ucha iarww cona. bandtrocht 7 in milid tucsat in
mbuar, 7 tuc^ Sengarman leis a bûar co Mag Mesca ingine
Buidb iarna breith doswm a Sidh V'mdchada i Sleib Monaid i
n-Alba//7;, co n-a[t]batli Mesca ar naire isin magin sin, 7 foclas
a fert and .i. un Mesca ingine Buidb, 7 ruccsat .iiii. meic in
Daté .i. Mes seda 7 Mes wcda 7 Mes deda 7 Mes de! mon, ïor
Sengarmun isin maigin sin, 7 doc«' Sengarman and, 7 foclass^
a fert and, 7 fo;miter/;^i'enach nguba do gnim and, 7 co mbeit[h]
a ainm in aenach sin 7 in maigin sin dogres, et unde Car-
mun 7 Sen-carmun dicHnîur, 7 fognidis Laigin insin ar treb-
aib 7 artellaigib3 co Cathair Mor. Ni farlaic Catliair ïvamorro
acht4 [d]o tellaigib) fodesin 7 remt/^i' la sil Rosa Failge, a ïor-
gabail 7 an deoraid i lurg in aenaig^, utsunt Laigsi 7 Fothairt,
Secht ngraifne and 7 sechtm.ùw fri agad bretha 7 cocerta a
cuigid f/'i bliaJ^7/;7.
Is and fognidis Laig//i Desgab/^r in iaithi déidenach/ de. Is
de adbérar echtres Osraige^. Forud [a rig for deis ri(g) Car-
mun : forud 7] ri[g] Wua Failge fora cliu, 7 is amk/^ a mna.
Hi VxWaind auguisf notéigdis ind, 7 hi sexid auguist no-
ticdis as, 7 cac7; très hlmiain fognidis, 7 da bliaJa/;/. friatairecc
[.Lxxx. 7 .d.]'^ hlvâdan o rognid in cetna aenach and cw.van-
dara hïvâdain aiborchat Ûatha Ochtauin Augusti ir-rogeinir
Cr isi.
Ith 7 hlicht doib ara denom, 7 cen forran coigid in^° Hérinn
foraib, 7 iir riglaig^^ leo [7 mna ;;/etha]^- 7 suba la cach sain-
treb, 7 càcb meas mar taidbsin, lîna lana o usnb, 7 meth 7
mochlcithe [ocus] rig occa doib mené denad insin.
1 . tucsat R. and BB.
2. Sic H. foclasa R.
3 . tellaigedhaib R.
4. atnt(?) R.
■ 5. tellaidib R.
6. œnaid R.
7. deigenach R.
8. osraide R..
9. Sic BB. and H.
10. .m. R.
11 . riglaeich H.
12. Sic LL. 21 j--» 27: for iiictba leg. maelha.
The Rennes Dindsenchas. 3 1 5
There were three men who came from Athens and one wo-
man with them, [their mother]. The men were the three sons
of Dibad son of Doirche, son of Ainces, (« Extinction son of
Darkneâs son of Ailment »), and their names were Dian and
Dub and Dothur. (« Violent, Black and Evil »), and the
name of their mother was Carman.
By spells and charms and incantations the mother ruined
every place. By plundering and dishonesty the men destroyed.
So they went to Ireland to bring evil on the Tuatha Dé
Danann by blighting the corn of this island upon them. To
the Tuatha Dé Danann that seemed ill. So Ai son of OUam
of their poets, and Cridenbél^ of their lampooners, and Lugh
Laebach of their wizards, and Bé cuille- of their witches
went to sing charms upon them, and they parted not from them
till they had driven the three men over sea. And the men left
their mother Cairmen hère as a pledge that they would not
come again to Erin, and they also gave the Seven Things
which they served (as security) that they would not come so
long as sea surroundcd Ireland.
Their mother died of grief hère in hcr hostageship, andshe
asked the Tuath Dé Danann to hold her fair (oenach) at her
burial-place, and that the fiir and the place should always
bear her name. And the Tuatha Dé Danann performed this so
long as they were in Erin. Hence Carman:\.nà Oenach Carmiiin.
Or thus : Old-Germdn followed Eochaid Yellowmouth's se-
ven cows which hadbeen carried oif by Lena son of Mesroeda.
Ucha daughter of Oxa king of Certa(?) was Lena's mother,
and she was wife of Mes gegra son of Dath King of Leinster.
Now along with Lena in driving those cattle were Sen son
of Dorb, and Lochar the Swift son of Smirach, and Gunnait
son of Sucat, and Altach son of Dolb, and Mothur son of Lar-
gach. OldGarman found the cows at Raith Becc to the south
of Dûn meic Datho. Then Ucha with her women is killed
and the soldiers who carried oif the cows. And Old-German
took his cows to the Plain of Bodb's daughter Mesca whom
1 . Sce Revue Celtique, XII, 65, 67.
2. Ibid. 93.
5 1 4 Whltley Stokes.
he had carried oft from Sîd Findchada on Sliab Monaid in
Scotland. And Mesca died of shame in that place, and there
they dug her grave, even the grave of Mesca daughter of Bodb.
And Dath's four sons overtook Old German at that place, and
[by them] there Old German fell, and there his grave was dug.
And he begged them to establish there a « fair of Lament-
ation », and that the fair and the place should always bear
his name. Hence Carman and Sen-charman are so called.
And the Leinstermen used to hold that fliir according to
habitation and hearths down to (the time of) Cathair the
Great. Cathair, liowever, left it to his own hearths only, and
precedence with the race of (his son) Ross Failge, their dé-
pendent branches, such as the Laigsi and the Fothairt, and their
exiles in the track of the fair.
There were seven horse-races there, and a week for pro-
mulgating the judgments and laws of the province for a year
(rectius three years).
'T was on the last day thereof that the Leinstermen of South-
Gabur i. e. the men of Ossory, held (their horserace). Thence
is said « Ossory's horse-contest » . Their king's high-seat was
on the right of the King of Carman : the high-seat of the king
of Hûi Failgi was on his left. Thus, too, were their wives.
They entered the fair on the kalends (i. e. the tirst) of Au-
gust and left it on the sixth of the ides (i, e. the eighth) of
August. Every third year they held it, two years being given
to preparing it.
From the holding of the tirst fair there down to the 42d
year of the reign of Octavian Augustus when Christ was
born, are 580 years.
For holding it the Leinstermen (were promised) corn and
milk, and freedom from control of any (other) province in
L'eland : that they should hâve men, royal heroes; tender wo-
men : good cheer in every several house ; every fruit like a
show (?): and nets fuU (of lîsh) from waters. But if it was not
held they should hâve decay and early grayness and youngkings.
Also in BB. qôo-'» 8 and H. 19-'. Partially in LL, 215» 1-30. Versified
LL. 2 15'» 31-216». Edited and translated in O'Curry's Manners andCustoms,
II, 59-41; in, 526-529.
The Rennes Dindsenchas. 3 1 5
The Fair of Carman (now Wexford) was, according to O'Curry, rcvived
A D. 718, by Dunchadh Kingof Leinster, and last celebrated A.D. 1023 by
Donagli mac Gillapatrick.
19. BÔAND.
Bôand ^ cid diata ?
Ni ansa. Boand ben Nechtain meic Labrada dodcch^z/W do-
cum in tobair diam[air| bui i n-urlaind in Sidha Nechtain.
Càch ôen fodriced ni ticed uad can maidsin a da rose acht mi-
n[i]ptis liéNech/fif» 7 a tri déogbaire .i. Flesc 7 Lam 7 Luam a
n-anmand.
¥echt and mz/j'luid Boand la d'imus do cobfis cmmachta. in to-
bair, 7 ashen nad bûi cumacbta diamair conmsed cumac a
delba, 7 imsôi tuaithbel in tohuir ïothn, 7 mâidhid tri tonna
tairsi don tobz^r, 7 fosruidbed a sliasait 7. a [lethjlaim 7 a leth-
suil. Imsôi d'idiu (or teched - a haithisi co fairgi 7 an msce
anadiaidh co hlnbd'r niBôinne, 7 ba hisin mâthair Oengwja
meic in Dagda.
Vel ita : Bô ainm in [tjsrotha 7 Find aband S\ébe Guaire, 7
dia comnTc mole is ainm Boand (rectius Bôfind).
Dabilla ainm a hoirce, xxnde Cnoc Dabilla, SMah in Cotaig
hodie.
Bôand wife of Nechtân son of Labraid went to the secret
well which was in the green of Sid Nechtain. Whoever went
to it would not come from it without his two eyes bursting,
unless it were Nechtân himself and his three cupbearers,
whose names were Flesc and Ldm and Luam.
Once upon a time Bôand went through pride to test the
well's power, and declared that it had no secret force which
could shatter her form, and thrice she walked withershins round
the well. (Whereupon) three- waves from the well break
over her and deprive her of a thigh and one of her Iiands and
one of her eves. Then she, flecing her shame, turns seaward,
1 . Bodand R.
2. tethfi R.
5 16 Whitley Stokes.
with the water behind her as far as Boyne-mouth, [where
she was drowned]. Now shewas themother of Oengus son of
the Dagda.
Or thus : Bô the namc of the stream [of Sid Nechtaia] and
Find the river of SUab Guairi, and from their confluence is
the name Bôand [= Bô -|- Find].
Dabilla was the name of her lapdog, whence Cnoc Dabilla
(« D.'s Hill »), today called Sliah in Cotaig « the Mountain
of the Covenant ».
Also in BB. 361» 49: H. 9-' : Bodl. 110. 56. Silva Gadelica, II, 474, 519.
Versified, LL. 191» 27-54.
Bùaiin Ptolemy's Boyouivoa, now the river Boyne, which rises at Sid
Nechtaiii a hill in the barony of Carbury, co. of Kildare.
SUab Guairi, now Slieve Gorey in the co. of Cavan.
Cnoc Dabilla, v. supra, no. 4.
20. NAs.
Nas, cid diata ?
Ni ansa. ^oc\\aià Garb mac Duach ri Hérenn is é ro escair
for firu Hércnii tictu fri selgad Caille Cuan co laignib 7 bacaib
7 belaib Ico ar anoir a mna .i. Tailtine ingine Magmoir ^
Sler/;/sat dono Caild Cuan ïri mis, conid e in mag sin ^nach
Tailten. IMfocht i mbdi nech do ftraib Hérenn fria hobair im-
muig-. Frisrogart Bri Brùglas, echk/r/; Tailltine : « Failet tri
rathmuige Hcmiii A. Nas 7 Ronc 7 Ailestar, tri meic Dor-
cland5. » Marb/^r ind, » ar Taillti. «Ni hamlrt/W », ar Eochaid,
« is ferr a mbeathw indâs a mbas ; acht denat rath-[fo. 97'' i]-
muiijhecht4 béos ». « Bid amk/i », ol Taillti : « claidet5 tri
ratha damsa. »
Is and r(?;zclaid Nas a raith, 7 is é a ainm d//jlil .i. Nàs, 7
raith [forjfoirb nGaind mcic Delà .i. côiccd Coficuhuir indiu.
Claidis dono Runc a raith .i. Rrt/7/; Ruine la Dal Araide. is
I . Tailtiu ingen H.
2 . Sic BB. amuig R.
5. Dorchlaim LL. '.94» 40. Dorclann BB.
4. rathmuidhecht R.
5. claided R. claiet H.
The Rennes Dindsenclhis. 517
edh a ainm d//^fil, .i. [leg. 7] raitb ior foirb nGenaind meic
Delà .i. côiœd Oi/flla meic Mata indiu.
Is ann ro//[a]clai[d] Alestar a mith {or Slcib CoUan .i. Sl'iab
Leitrcch indiu : is de asberar raiih Cluana Alcsw/V. .i. raith
[for] foirb Sengaind meic Delà — .i. câiccd Coi[r]p;7 aniù ^
Unde Ràith Ruine 7 Nas 7 Râith Alcstair.
Fi"/ aliter : Nas 7 Bôi da ingin Ruadri - meic Taite 5 ri B/e-
tan, .ii. mnôi Loga meic Scail Bailb. Nds dano mâthair Ibic
m^/c Logha. Is and adbath Nas, 7 roadnar/;/ i Nds, comd de
asberar Nâs. Marb hnim a siur foc^'/oir .i. Bôi, dia cumaid,
cor//i-adnacht i Cnucc Bas, et unde Cnuc Bai dicitux À. Cnoc
Bua. Tarfflaim Lus; 4 slos;u Gaidel leis o TailU/n co fiad in
Broga do cained na mban sin im VaXaind auguisf caf/;^ bliadna,
conïà de bai n:isad Loga. unde Lugnasad À. comarc Loga nô
cuimniug?^^ u6 aithmed nô feil bais.
Eochaid the Rough son of Dua king of Ireland, 'tis he that
made a proclamation to the men of Erin to corne and eut downs»
the Wood of Cuan, with laigin (broadbladed lances) and bill-
hooks and hatchets, in honour of his wife Tailtiu daughter
of Magmor. So in a month they eut down the wood, and that
plain is (now) Oenach Tailten. He asked whether any of the
men of Erin had shirked the work. Bri Brû-glas, Tailtiu's
messenger, answcred : « There are Ireland's three rath-buil-
ders, Nâs and Ronc and Ailestar, three sons of Dorncla. »
« Let them be killed for this », quoth Tailtiu. « Not so »,
says Eochaid, « 'tis better they should live than die. But let
them keep on building raths. » « So be it », replied Tailtiu:
« let them build three raths for me. »
Then Nds dug his rath, and this is its name, Nâs, and a
rath on the héritage of Gand son of Delà, which today is
Conchobar's province (ULster).
Ronc also dug his rath, to wit, Rdith Ruine in Dalaradia,
1 . In R and BB. thèse words (from .i. raith to aniiî) come next after
damsa.
2. Ruadrach, LL. 194* 20.
5. Caitti LL. 194a 17. Aitte H.
4. luid R.
5i8 IVhitley Stokes.
this is the name ic has, and a rath on thc héritage of Genand
son of Delà, that is, today, Ailill mac Mata's province (Con-
naught).
Then Aiestar dug his rath on Shab Collan now SUab Leit-
trech. Hence it is called the rath of Cluain Alestair, a rath on
the héritage of Sengann son of Dehi, today called Coirpre's
province.
Whence Râith Ruine and Nàs and Raith Alestair.
Or otherwise : Nas and Bôi two daughters of Ruadri son
ofCaite(?) king of Britain, were the two v^ives of Lugh son
of the Scdl Balb « the Dumb Champion ». Now Nâs was the
mother of Ibec son of Lugh. There Nds died, and in Nds she
was buried, hence it is called Nâs. Her sister Bôi died straight-
way of griei for her, and was buried on Cnogba, whence that
name (Cnogba = Cnocbua). Lugh gathered the hosts of the
Gaels from Tailtiu to Fiad in Broga « the land of the Brugh »,
to bewail those women on the first day of August in each
year : so thence was the nasad « assembly » of Lugh, whence
Lugh-nasad « lammasday », that is Lugh's commémoration,
or remembering, or recollection, or deathfeast.
Also in BB. 362-'> 15 and H. 34b. Versified LL. 194a 17. As to hignasad
see Cormac's Glossary, s. v., and LU. 52» : ôenach Tailten cech lugnasaid.
Nàs now Naas in the co. of Kildare. SUab CoUan a mountain in Clare.
As to the five sons of Delà see LL. 7b 3^, 127» and Foui- Masters,
A. M. ^,266.
21. Ceilbe.
Ceilbe, canas ro ainmniged ?
Ni anm. Find File mac Rosa Ruaid dochuaid do tig Bea
[fo. 97*^ 2]Gelcnis ingine Coirpri Niafer. Boi d'idiii coirmfleid
ar cind a hath^r 7 ni[s]tarfaid do bratha/V a ath^7r, ciarba hlid
7 ri ind otnïcr, 7 ni frith dô acht as 7 arbur, conid and asb^rt
Find Filid :
Nit-raib brig do buanseilbe,
a Bc bailc gan brathirsi.
The Rennes Dindsenchas. 319
aithbi oll a[r] [tjh'airniitne.
ni turcbawr sdorflatha
arbeloib do brondfine
saoghal sund a^ sentainc
acht- rat[h]aib [nit-raib].
Rogab ïarnin att in ingen comba lan 7 rodûn a comlaid
conusmcht ^^ a lianail, co »-apad de, 7 rohadnrtr/;/ i[si]n airm-
[sin], f(;u-aprad a claide-* : « sunda fo ceil Be and ». \}ndc à.icitux
Celk'.
AlitfcV ; Cairp;rmacRosa, Cairprt' Colbi air 7 Niafer. is é ro-
adndT/;/ sâorgiall Temrach beo and, ft)/?id[d]e asberar Colbeo «d
Ceilbeo, 7 un^^ Celbe.
Vel ita : Dallan mac Machacan > nieic Echtigirn, sui Wércim^
ind eicsi 7 i HUdecht. Doluid do tig Gelbe ingine Cerbaill meic
Muirecain ri Laigt'n. Is é rotoimsedh cach ndicelta. Luid in
ingen do failti fris 7 craeb droighen com hairnib fo coim, 7
asb^rt : « Cid fil fom coim, a DàWâiii ? »
Dixit 7 Dallan :
FocLiirim firt fliitsine
la faedh^ fesa findecsi
armbad fochraib faillsiges
• faitsine bas lui.
donndos droigin delgtigi
fo dubarnib diballa
fail fot coim, a caoming^»,,
not-CLiireb fo ci'ii.
Contuaisï Gelbe la sodhain 9 7 asb^rt in fih" : « doriarut '° ar
dogensa t'ainmed ». « Ni tô », ol an ingen^ « bid lat in maig-
1 . co LL. is BB. na H.
2 . for LL.
5 . condostacht LL.
4. claibtid LL. claididh BB.
5. Machaden BB.
6. Sic BB. hiMiiono R.
7. dicitttr R.
8. sic BB. a;od R.
9. soghain R.
10. dor iar ut, BB.
520 Whitley Stokes.
en ronrancamair, acht m'ainmsi ^ fuirre .i. raith Gelbe, 7 unde
Ceilbe.
Find the Poet son of Ross the Red went to the house of Bé
Whiteskin daughter of Coirpre Niafer. Now there was an ale-
feast ready for lier flrther and she shewed it not to lier father's
brotlier, though there were in his single person a poet and a
king. And nouglit was found by him save milk and corn.
Whereupon Find the Poet said « Hâve thou no worth of tliy
goods, O strong Bé, without brotherhood ! may tliy honours
ebb utterly ! : noble lords are not upraised before thy womb-
family^ », etc.
Then a tunior sei^ed the danisel, so that she was swollen,
and it closed her door, and choked her breath so that she died
thereof, and she was buried in that place (Ceilbe), and her
gravedigger said : « Hère under concealment (ceil') is Bé » .
■ Otherwise : Cairpre son of Ross had the by names Cairpre
Coibi and Nia fer. 'Tis he that there buried aHve Çbeo) the
free hostage of Tara, wherefore he is called Col-heo, or Ceil-
bco, and hence is Cel-hc.
Or thus : Dallan son of Macachdn son of Echtigern, a sage
was he in wisdom and in poetry. He went to the house of
Gel-be daughter of Cerball son of Muirecan King of Leinster.
'Tis he that used to divine 5 everything concealed. The damsel
went to welcome him, and she had under her garment a
branch of thorn with its sloes. She said : « What is under niy
garment, O Dallan ? » Dallan replied : « I apply a miracle of
prophecy, with a cry of knowledge of white wisdom that
ncar may be what a prophecy that is silent(?) manifests. A
brown bush of spiky thorn bearing ignoble (?) black sloes there
is under thy garment, thou dear damsel. I will make thee
wail(?) y>.
Thereat Gel-be was silent, and the poet said : « Thy... for I
will blemish thee ». « Nay », says the damsel: « thou shah
1 . mainimsi, R.
2 . I cannot translate the last two lines.
3 . toimhcasaim I conjecture, augur, O'R.
The Rennes Dimisenchas. 321
hâve the place where \ve met, only let it bear my name, to
wit, Ràith Gelbe. » And hence is Ccilbc. »
Also in BB. 5621^ 22 and H. 5)>. The tirst three paragraphs aiso in LL.
200a 29-41.
Ceilbe not identified.
22. LlAMUIX.
Liamoin, cid diata ?
Ni ansa. Liamoin Lendcâin 7 Forcartoin 7 Mianach 7 Truis-
tiu, ceihri hingena Dubtaig Dubtaire vcieic Forgn^ ri Deisi
Breg. co ros-carsat cet/;r/ raeic Aic[h]ir Cirr meic 'Echach Ondat
do Érnaib M«;;/on, do sil Mogha-lama^ vneichmgdech raeic
Coirp/7' C/omcinn, co tancatar ceit/;ri meic Aichir- aniar co
tech nDuhihaig À. Fordub, Fomo^/;/_, Roimp^r 7 Fomu a n-an-
mann, co ro lasat a curu hYi^dain fri Duhihach. BaMr ic cuin-
gid a n-otlwr iarsain?, 7 ni tue T>\.\hx.hach co mbidis mis in
hïvàdain oca, ar is ed [Dubtliach] rotuill mis fri faichill 7 com-
hmiecht mbliadne. Doluid Dwhthach ï.or creicli i Laig»//'. Leic-
id-siw;» galwr forro, arna tisdais leis. Dotdot Dub//;ar/; iarw;;;
7 elaid-sium da eis 7 œihri liingena Duhihaig leo, co comar-
naic 'Dnhthach friu i hdÀgnib, coxus-mxxh a n-ochlar À. Fomu
fer Liamna, Roimpt'r fer F(?/cartana, Vornocht fer Mianca,
Fer-dub la Truistiun-^. Romarbaid dïdiu uile .i. Ft'/'dubic Dub-
athaib Mù.sten, ¥ornocht ic Yornocht, Roimp^r i-nGlais Rom-
pair, Foma a Foma, Liamain (or Liamo, in Mianach i n-Acuil,
Forcartain i Forcartain, Truistiu for Ath [Truistenn].
Doluid dono aniar a màtbak À. Luachair Bairennach a hainm,
7 aBoirind Corcumruad di, co fuair fis bunaid marbta a ceit/;ri
mac, co romaid a cridhe indti. Is di asberar Luachair Bairendach,
Doluid Aic[h]er co n-apad hi Cnuc Duma Aichir ind Uib 5
Felmeda. Conid dia derhad sin rocachoin in filid [fo. 98'' i]
Dingnai Laigen, lith ngaile, 7rl.
1 . modha lama R.
2. Aithir R.
3 . post R.
4. ieg. Truistinn ?
5 . ua F., aibh H.
3 22 Whitley Sîokes
Liamain Fair-robe and Forcartain and Mianach and Truis-
tiu, four daughters of Dubtharh Dubthaire son of Forgnae
king of the Dési of Bregia, were loved by the four sons of
Acher Cerr son of Eochaid Andot of the Ernai of Munster of
the race ofMogh Lama son of Lugaid, son ofCairpre of the
Bowed Head. So Âicher's four sons came from the west to
Dubthach's house, and their names were Fordub, Fornocht,
Romper and Fomu. For a year they worked out their con-
tracts (of service) with Dubthach, and then they were deman-
ding their wage ; but Dubthach would not give it till they
should hâve been with him a month in addition to the year,
for 'tis he, Dubthach, that always added a month as against
a year's hire and partnership.
Dubthach went on a raid into Leinster. In order not to go
with him they feign sickness. Then Dubthach starts (without
them), and when he had gone they make oft' with his four
daughters. But in Leinster Dubthach came across them and
killed the eight of them, to wit, Fomu Liamain's man,
Romper Forcartain's man, Fornocht Mianach's man, and
Ferdub with Truistiu. So they were ali killed: Ferdub at the
Bktck Fords of Maistiu, Fornocht at Fornocht, Romper in
Glas Rompir, Fomu in Fomu, Liamain on (Dùn) Liamna,
Mianach in Achaill, Forcarthain at Forcarthain, and Truistiu
at Ath Truistcn « Truistiu's Ford ».
Then from the west came their mother Luachair — Boiren-
nach was her name, and from Boirenn in Corcomruad was
she — and she foundfull knowledge of hersons' slaughter, and
her heart brake within her. From her Luachair Boirmnach is
named.
Àicher went and died on Cnoc Duma Aichir (the Hill of
Âicher's Mound) in Hùi Felmeda. And to certify that the
poet sang, Dindgnai Laigen, etc.
Also in BB. 362''-365« : H. 56»; and Silva Gaclelica, II, 479, 526, where
Liaman is said to stand for Dl'ui Liamhna now Dunlavin.
The Rennes Dindienchas. 5 2 j
-y
Dùx xGabail.
Dun nGabail, canas ro aiiimnigcd?
Ni ansa. Gabal ingen Guirt [Glais meic Fedlimid, co tainic
Lutair] mac Luirgnigh dia cuingid, co rofâi leis. Amlaid boi
d'idiii Lut[air], 7 secht cind déc tair. Airdiu car/; ralaig [é],
cx'ca cubât 'na gabul, 7 a leth na leithe. Fer ele d'idiu coa
cuingid, Fuit^r mac Forduib a ainm, co tainic sein anair, 7
Labraid Laimd^rg leis, 7 Brodar mac meic Sciach 7 Ibar mac
Sciach 7 [fo. 98'' i] Glas mac Sgairb, co[r']gabatrtr tech ïuirre,
7 rogab Gablach Fuiter ar gail, co torchafr le; 7 ni terno nech
dona tainic anoir do cosnum ingine Guill. Unde^ Di'in nGabail
nominatur.
Gabal was daughter of Goll Glas son of Fedlimid, and Lu-
tair son of Luirgnech came to ask her, and she slept with him.
Now thus was Lutair : seventeen heads upon him : higher
than any oaktree was he : fifty cubits in his fork and half
(i. e. 25) in his shoulderblade. Now thcre was another man
a-seeking her. Fuiter son of Fordub was he called, and from
theeast he came accompanied by Labraid Redhand and Brodar
son of Sciach's son and Ibor son of Sciach and Glas son of
Scarb. And they stormed the house in which she was, and
Gabal challenged Fuiter to tight, and by her he fell, and none
escaped of those that came from the east to strive for Goll's
daughter. Hence Di'ai nGahail is named.
A!so in BB. 364=», H. 37'', Versified LL. igyi' 60.
Dûn Gobuil, as the name is spelt in LL. is there said to be in Cuthraigi.
Not identified.
24. Belach nDuirgein.
Belach nDuirgein, canas roainniniged ?
I . un(/(' dicittir, R.
524 Whitley Stokes.
Ni aiisa. Duirgein .'ngeii Luaith meic Lomgluinigh^ meic.
Lomaltaig meic Lathraig do sil Mercill meic Smirduib 7 Ercad
ingen Tresaz siùr sidhe Léige ingine Treasca. No fasd âono
Ercad la mugaidh wrcend Luaith, conus-îuaïr Dùirgin, 7 atféta
sén dia hathafr am.ail coriimnecht in gnim. Luid iarum Evcad
i mbdigh ~ Iiidigh meic De[ad] Domnann, ar [ba] hraûiair
di se, co comtisadh le do digail a sceoil ïor Dw/rgin. Luid d'idiu
Indech le co Belach da mBend, ar ba hé a cétnz hainm, 7 for-
forbairt' Lidech a bandail, 7 ni forfaem Diiirg/»dô, 7fo«oga[i]b
a armu 7 imsôi fri hLidech, 7 imsoi-siMm friae se, 7 oirgis
Lidech in mnai di sodhoin, 7 ferais Duirgci)i .1, crecht fair-
sium.
Hi cmceci hlmiaiii dcc flaithiusa Nuadat Airgetlam is and
donc nobith ic slait 7 ic sirorgwm ïors'm mbelach ùt, co)iidh dia
bas 7 dia bf/haidh rohainmnigcû' in Belach.
Duirgein was daughter of Luath son of Lomgluinech (son
of Lomaltach son of Lathrach, of the race of Mercell son of
Smirdub) and of Ercad daughter of Tresc (she was a kins-
woman of Liag daughter of Tresc). Now Ercad used to lie
with a slave instead of Luath, and Duirgein detected it (i. e.
her mother's adultery) and told her father how the act was
discovered.
Then Ercad went to speak to Lidech son of Dea Domnann,
for he was a kinsman of hers, and get hini to come with
her to take vengeance on Duirgein for her taie. So Indech
went with Ercad to Belach dd Bend — for that was the former
name of the pass — ■ and entreated(?) Duirgein for a tryst.
Duirgein refuses it, lifts her weapons and turns against In-
dech. Indech turns against her and slays the woman, but (not
till after) Duirgein had inflicted fifty wounds upon him.
In the fifteenth year of the reign of Nuada Silverhand folk
were plundering and constantly slaying at that Pass ; and
from Duirgein's death and life the Pass was named.
1 . lomglinnig m. lomaitig R.
2. ambaidh R.
^ . inforbairt, Lee.
The Rennes Dindienchjs. 525
Alsoin BB. 364b 3 : H. 38» : Lee. 461-'. Versified LL. 194-1 15.
Belach nDidrgein not identified.
As to Nuada Airgetlini, king of the Tuatha Dé Danann, sce Revue Cel-
tique, XII, 128.
-^)
Bairend Germain.
Baircnd Cerman c:\r\as roainnifiii^ed ?
Ni aiisa. Cerman CalaJcend mac hUarçrw.ca meic Doltaio-h ^
7 Digais Dibartach ingen Etarbaidh a bean, secbt meic 7 côic
ingena leo. Casan 7 Fuilech 7 Fledhach 7 Liath 7 Dimoin 7
Seal [7] Dornmâr anmand na secht mac sin. Capach 7 Mala 7
Bresa 7 Bairend 7 [CJliath na coic ingena indsin. Dlomais
[Digais] doib 7 asbt'rt Cerman f/iu ara ng[n]itis [fo. 99^' i] tri
heri mias, 7 fodailset iar«m cach ina conair ûadib .i. Casan co
Glend [Cuill], Fulach co Glend Smoil, Fledhach co Der[g]-
moin, Lia//; co Glend F/n^Ieit[h], Dlniain co Carraic [nJDro-
beoil, ScailcoScairblndech, inChappach- coGlennCappaige^,
Mala (or Malain, Bersa ina Muig. Bairend [aroen] re athair i
Coilliu Germain 7 ic Bahluan .i. nomcn amnis frisn-abar'Bai-
renn, Clia//; ig Bernai na Cleithi, Digais a màtJmir for Sh'Vè
Diga.fa.
Cerman Hardhead (son of Uargus, son of Doltach), and his
wife Digais Dibartach daughter ot Etarbad had seven sons and
five daughters. Cassdn, Fuilech, Fledach, Liath, Dimain,
Scdl and Dornmdr were the names of thèse seven sons : Ca-
pach, Mala, Bernsa, Bairend and Cliath, thèse were the five
daughters. (Then^ mother) Digais refused (food) to them, and
Cerman told them that they should lessen the burden of feeding
them 4. So then they separated from them (their parents), each
1 . doltaldh R.
2 . carpat/; R.
3 . carpa;Vt' R.
4. Literally « that they should act agamst [the burden of dishes ». LL.
194!' 6 has : fognad dùib ag is ernbas « let battle and sword-death serve
you ».
Revui Cclliquc, XV. 22
526 Whitley Stokes.
by his or her path — to wit, Cassdn to Glenn Cuill « Hazel-
valley », Fuilech to Glenn Smoil « Thrush-Valley », Fledach
to Dergmôin « Red Bog », Liath to Glenn Findléith, Dimain
to Carric Drobeoil, Seal to Scarb Indech, the Cappach to
Glenn Cappaige, Mala on Malain(?), Bernsa on her plain,
Bairenn along with her father in Coille Germain and at Bab-
luan (i. e. the name of a river now called Bairenn), Cliath
at Berna na Cléthe, and their mother Dirais on Sliab Dis[asa.
Also in BB. 564'' 37: H. 38'M Lee. 461''. Versified LL. 194» 58.
The places mentioned in this taie are said by Prof. Atkinson (Book of
Lei lister. Contents, p. 50) to be in Leinster.
26. DUIBLIND.
DuibHnd, canas roaiiininigeii ?
Ni aiisa. Dub ingen Roduib meic Gais meic Glais Gamna
ben [Enna] meic Nois meic side a Ft^rcartain, ben ele do [Enna
.i.] Aidhe ingin Oichinn meic Cnucha, co ro étaigh ^ Dub
tria [in ua-ir rotitir, uair ba drai 7 ba banfile isi Dub,]- co tu-
[djcaid la taob in mara co comor treibe Ocind. Dochachain
bricht mara, coro baithedh isin treib sin co lin a ïualais, corus-
rathaig Mairgine gilla Ocinde, 7 imsôi fria, 7 foceird c^r chs
asa tabaill 'na dochum, co rwi'-tascuir [fo. 99'' 2] dia cono'ir 7
corwi-bruidh, 7 co torchair isin lindigh. UniicDuiblind dicitur.
Dub daughter of Rodub son of Cass, son of Glas Gamna,
was wife to Enna son of "Nos, an elf out of Forcartan. Enna
had another wife, namely Aide daughter of Ochenn son of
Cnucha, and when Dub discovered this, for she was a druid
and a poetess, she grew jealous of Aide, and she went beside
the sea as far as opposite Ochenn's house. There she chanted
a sea-spell so that Aide was drowned in that house with ail
her family.
1 . étaidh R.
2. Sic Lee.
The Rennes Dindknchas. 327
Mairgine, Ochenn's gillie, saw Dub, and turns against her,
and casts a caer dis out of his sling towards her, so that he
struck her off her path, and shattered her, and she fell into
the pool (Jind). Whence Dub-lind is said.
Also in LL. 160» i : BB. 364a 29 : H. 38'' : Lee. 462» : and Bodl. no. 38.
Translated (from Lee.) in O'Curry's Manners and Cnstoms, II, 288-289.
Diiih-lind (now corrupted into Dublin) « probably that" part of the River
Liffey which in later times was known b\- the name of Poil or the hole or
pool ». O'Curry, ubi supra.
27. FORNOCHT.
AHt^r Vornocbl À. Uince Ochurbel, 7 is de asberar Ochur-
bel fo bith aroile îer bo ach«rbeoil ic labraid dia sun, daig ni^
lahrad Uinci acht tri lai 7 tri haidche ria samain 7 iar samoin
cacha hlÏAdne^ 7 adfed dia muindt/r lergnima na hlladne heus
nmail cach faith. Fer ar fich'il a lin dogr^.
Doluid Aidiu Uinci o cath AthaChind mara rofecht la Finn,
co tuidchid co Dun Droma Dean .i. druim <?//r dô en .i. iisc^
fris dia anoir 7 dia aniar, coma desin asrubrad Druim nDen
de prius^, et àom ba fidbad tu?zc. Ecmaic Uinchi inadochum
in duine sin 7 rorand? a trib sechtaib .i. trian îor tamnad fedha
7 in trian ele fri machtadh nda;ne 7 in très trian fri Xoscud in
duine 7 in denm/^ja olchena, cona farcobsat formaol (ornocht
fon samla sin.
Amsôi aniar Find iar mhlhdain co faca a dun iornocht, cen
diaidh, cen tech, cen tenidh, 7 se fêtar/; iornocht, 7 imsoat an-
diaidh Uinchi co hAth ind Uinci .i. Find 7 Oisine 7 Cailti,
7 dofuit Uinchi léo .i. morsescr la car/; fer 7 Uinci la hOis-
ine 7 la Cailti, ar dofubad Find cohanbal isin aurga/7 sin.
Coma desin asberar Ath ind Uince 7 Vornocht.
Otherwise Fornocht, that is Uinche Kcymouth, and hence
1 . Sic BB. dogni R.
2. Sic BB. Lee. quibus R.
3. norand R.
528 Wintley Stokes.
Keymouth is said, because of a certain man whose lips were
locked when he was spoken to. For Uinche only spoke for
three days and three nights before samain (Nov. i) and after
sainain in every year, and he would announce to his house-
hold the full deeds of the year like any prophet. One and
twenty men was always his complément.
Now Uinche went from the battle of Ath Cinn Mara which
he had fought with Find, and came to the foot of Druim
Den, that is, a druim (ridge) between two waters {dâ en), a
water to the east thereof and a water to the west — hence it
was formerly called Druim Den and there was also a w^ood
then. Uinche chanced to come to that fort and he divided his
men into three sevens, to wdt, a third for felhng the trees, and
another third for shiughtering the people, and the third third
for burning the fort and the other buildings. So in that wise
they left it quite bare, quite naked (Jornocht).
After a year Find returned from the east and saw his fort
quite naked, smokeless, houseless, fireless, — grassgrown, loo,
quite naked. And they, to wit, Find and Ossian and Câilte,
pursue Uinche to Âth ind Uinchi, and (there) Uinche fell by
them, to wit, seven by each man and Uinche by Ossian and
Câilte, for Find had been badly wounded in that encounter.
Whence Ath ind Uinchi and Fornocht are so called.
Also in LL. 193^^ 13 : BB. 365b i ; H. 20b; Lee. 462-1.
Fornocht perhaps Farnagh near Moat in Westneath, Four Masters, A.D.
1539. But see Revue Celtique, XIII, 113.
28. Âth Cliath Cualann.
Ath Cliath, ainas ro ainmnigcd?
Ni ansa À. cliatha c:\o\aig doriginset Laigin hi flaith Mis-
gegra fo cosaib caorach Aitherne Ailgesaigh ^ 'ca n-adnacal
co Dûn n-Étair airm i ragbad allaind Htair ïor occaib Ulad, du
I . ailsesaidh R.
The Rennes Dindknchas. 329
docear Mes-ded^û?^ mac Amarg/n do laim Mes-gegra ri Lai-
ghen. Coma dona cliathaib sin rohainmnig^rf Ath CXiath.
Vel ita-: Ath cliath5 .i. dia robruiset fir Erenn baill in
Matas roslas i -^ mBrug Mc/c in Ôic ïor Lig Bend, co ro lasat
iar mballaib i mBoind co rucbt a 5 colpta co hlndb^r Colp//;a
et Viwde Indb^T Colptha dicitur, 7 comlaid cliath a comblaid
iar muir lam in Heir//n?, co ro tovarhl cosin ath ucat. Unde
Ath Chath dicilur.
Hurdles of wattHng the Leinstermcn made in the reign of
Mes-gegra under the feet of the shcep of Athirne the Impor-
tunate when dehvering them to Dûn Etair at the place in
which Allaind (?) Htair was taken from the Ulaid's warriors,
where also Mes-dedad son of Amargen fell by the hand of
Mes-gegra king of Leinster. So from those hurdles Ath Cliath
« the Ford of Hurdles » was named.
Or thus : Ath cliath : When the men of Erin broke the
limbs of the Matae, the monster that was slain on the Liacc
Benn in the Brug maie ind Ôc, they threw it limb by limb
into the Boyne, and its shinbone {colptha) got to Inber Colp-
tha (the estuary of the Boyne), whence Inber Colptha is said,
and the hurdic of its frame (i. e. its breast) went along the
sea coasting Ireland till it reached yon ford (âth); whence
Ath Cliath is said.
Also in BB. 365'^ 42 : H. 2ot' : Lee. 462''. The lattcr half is vcrsified in
LL. 194'' 18-34 (in line 27 of the facsimile siiuiach should obviouslv be
'sitin-àth).
A Ib cliath (Cualann or Duiblinne) now Dublin. Etar Howth.
As to Athirne see LL. 114I' and Revue Celtique, VIII, 48-)). Mess-
dead's deatli is mentioned ibid. p. 57.
We hâve already met with the Mâtac and the Liacc Benn and the Briigh
Maie ind Oc supra no. 4.
1 . mesdegaJ R.
2. ata R.
3 . cliach R.
4. a R.
5. co R.
3 30 Whitley Stokes.
29. Benn Étair.
Bend Édair, canas roainniniged?
Ni ansa. Etar ben Gaind mek Deladha, an coicedh ri Fer
mBolg, is i sin an c^'Vna hen atbath do cumaidafir sund pnw^^
7 is and roadnacbt, i niBeinn Etair.
Aliter Etar .i. o Etwr mac Etgaith robôi a clemn//^ Manan-
dain, is é atbath do seirc Aine, co n-acladh a fert isin beind
ucat.
Dûn mBrea dano 7 Dniim Ing 7 Âei Cualand 7 Sliab^ Lec-
gach, canas roainmnigthe?
Ni ansa. Dia tudchaidh Partalon tue leis Brea mac Senbo-
tha, an c^Vna fer lasa nd^rnadh tech 7 coire 7 comrrtc ôeinfir
artus a n-Eir/;z77, 7 is é cong-ih Dun mBrea 7 in inber ucat, 7
is and roh^iànacht.
Ôe Cualand \mmorro : cath doberi Cuala 7 Ing mac Doirb
Glais^ do Cnm.lhann Sciathbel .i. do rig hdigm, co ro marbai
Cuala and, 7 coro fuirmed a cend forsin sliab, 7 in cloch for-
sar' > fuirmed in cend sin is i in Oe Cuala//?? sin, 7 dorocha/>
Ing ï.or Drumaind. \]i-\de àicitur [Druim] Ing.
Lecga im7//o/'/'(), dia tu[d]cadar t/i \rxeic Conmiwd mc/c Con-
maic, tri hui [Duind] Désa, oidhci samna, do tigh Deirg do
gabail Bruidne da Dtvga (or Conahx comus-iorachtiidar hi sléib
lecca, co //-ebeart Lomna Druth f/iu, cloch car/; tir do ùiir-
medh isin isléib, ar co fesdais a lin ac dul, 7 co fesdais a tes-
buide ic tuidecht ontogaiU sin, 7 facbait cloch cach mairbann.
Unde Bend Étair 7 Dim Brca 7 D/'uim Ing, Oe Cuala//// 7
Sliab Leccach nominantur.
Étar wife of Gand son of Delà, the fifth king of the Fir
1 . sleib R.
2. He is called Ing mac Dobgaid dorbglais in LL. 194b 44.
3 . Sic Lee. in loc forrofuirmed R. in cloc forarfuirmed H.
4. Sic Lee. tocbail R.
The Rennes Dindsenchas. 3 3 1
Bolg, she was the first woman that hère formerly died of grief
for her husband, and where she was buried was on Benn
Étair.
Otherwise Étar, that is frora Étar son of Etgath who was
Manannan mac Lir's son-in-law. Tis he that died of love for
Aine, and his grave was dug on yonder peak.
Di'in niBrea, also, and Driiim Ing and Oe Cualann and SHab
Leccach, whence were they named ?
Not difficult. When Parthalon came (to Ireland) he
brought with him Brea son of Senboth, the first man who in
Erin built a house, made a caldron ^ and fought a duel ; and
'tis he that took Dùn mBrea and yon estuary, and therc he
was buried.
Oe Cualann, now, Cuaki and Ing son of Dorb-gkis gave
battle to Crimthann Shieldmouth, KingofLeinster, and there-
in was Cualu slain, and on the mountain his head was Laid,
and the stone whereon that head was laid is the Oe Cualann.
And Ing fell on a ridge (druini), whence is said Druim Ing.
As to Lecca, when the three sons of Conmenn son of Con-
mac, three descendants of Donn Désa, marched on the eve
oi samain (Nov. i) to Derg's house to take Da Derga's Hostel
on Conaire, they reached Sliab Leccach, and Lomna Druth said
to them that a stone for each man (of their force) should be
laid on the mountain, so that they might know their number
when going to, and their losses when coming from, that Des-
truction; and there they leave a stone for every dead man.
Whence Benn Etair and Di'in Brea and Druim Ing, Oe Cua-
lann and Sliab Leccach are named.
Also in BB. 366» 27: H. 21^ : Lee. 463-'' : the second and third para-
graphs arc edited (from BB.) in Silva Gadellca, II, 475, 521. Versified LL.
194^ 3). There is also a pocm about Etar son of Èthâth in LL. 160^. As to
the Fir Bolg see O'Mahony's Keating, chap. 8. As to Partholon, ibid.
p. 83, 114.
The incident of warriors making a heap of stones of which cach con-
tributed one, in order to compute their subséquent losses in battle, will be
found in the Togail Bruidne da Derga, Lebar na hUidre, p. _86b-87^. See
I . an iron caldron LL.
3^2 Whitley Stokcs.
also the dindsenchas of Carn Mail, LL. ijo^'' 20, and infra no. 94. Perhaps
the latest instance of this practice is the cairn built by the Farquharsons
before marching, in 1745, to their death at CuUoden. See lonica, London,
1891, p. 49. A similar practice (each man casting an arrowinto a common
basket) was pointed ont by the late sir Samuel Ferguson in Procopius, De
Bello Persico, lib. i, c. 18 (Dindorfs éd. t. I, p. 97).
30. DÙN Crlmthainn.
Dùn Cnmihainn, canas ro aimnnigcd ?
Ni ansa. Dun comàiacbt la Crimt[h]an mac Luig[d]ech i
niBend Etair, qui et Nia [.i.] fer Naire dicebatur : tredecim an-
nos i-egnavif.
IS é docuaid i n-echtra a Dun Cremt[h]ainn nô a Dail Uis-
niglî, ut ipse d/.v/t, la Nair tuaidhigh in bansidhe, coma £e
caictighis ar mis [and], dia cubain na seotu imdai, imon car-
pat n-oir 7 imon fi[d]chill n-6ir 7 ^ imon cétaigh Crimibainn
À. lend sa'memail, 7 aroile séotu imda olchena; 7 atbath iar-
sain ahaithle a echtra im-maig - Etair, 7 roadnûtr/;/ ina dun.
A fort which was constructed on Benn Etair (Howth) by
Crimthann son of Lugaid who was also called Nar's nia i. e,
man, and who reigned thirteen years.
Tis he that went on an adventure from Dùn Crimthainn or
from Dal Uisnig, as he himself said% with the witch Nâr the
banshee. With her he slept a month and a fortnight. And to
him she gave many treasures including the gilt chariot and the
draughtboard ot gold, and Crimthann's cétach, a beautiful
mantle, and many other treasures also. And afterwards, after his
adventure, he died on Mag Etair and was buried in his fort.
Also in BB. 367^ 20: H. 12^: Lee. 464'.
Dùn Crinithainn « was situated on the hill of Howth, and its site is oc-
1. .i. R.
2. amuig R.
3 . i. e. ï suppose, in his poem Mi-dochodh a n-eachtra u-dn « well I fared
on a splendid adventure », which O'Donovan says is contained is the Lea-
bhiv Gabbdla of the O'Clerys.
The Rennes Dindienchas. 3 3 3
cupied by the Bailie's lighthouse », O'Donovan, Four Masters, A.D. 9. Our
taie (if I riglnlv understand it) agrées with the Annals of Clonmacnois in
treating the treasures as love-tolvens. The Four Masters and Keating make
them the spoils of an expédition to foreign lands, on which it is said that
Crimthann vvas accompanied by his fairy-queen Nàr. She, according to LU.
^i'', was of the Tuatha Dé (ar ba do Thuaith Dca bcn .i. Nâr).
31. RAiTH Cnâmrossa.
Riuh Cnamrossa, canas roaintnniged ?
Ni ansa. Mac cecht mac Sloide Seich^^/ do Co)!nacht-à[h roalt
Lee Fer Flatha mac Conaire. Is é rotesairg a[c] togail Bruidne^
da Dergj. cona forruim- i? cobraid a sceith in mac, 7 rom-
brui 7 rom-baid turtur 7 t/einimteacht in miledh [fo. 100'' 2]
7 ta;scad 7 tesbach a fola, corondecca hi Corraib Ednecha, 7
ni fuair achl carnail cnam comai[g]de 7 iopachtii a cobraid dia
scieth, 7 fosceird in cnamfros sininde, 7 ros-adnacht iarsodoin,
et I unde] Cnamros dicitur.
AlitéT Cnamros. Mitr hen Bersa a B^rramain dorad seirc do
Find mac Cumaill, co ro delb nai cna Segsa co n-ept[li]ib
seirce indib, 7 focart hibuirni mac Déduis dia n-adnacol do
Find, 7 Ashen f/'is a teinm 7 a tomoilt. « Ni tô », ol Find,
« ar nidat cna rois, acht is cna amrois, 7 ni fes cid dia filet
acht dolba[d] fri hol s^rci annso », 7 ros-3.dnacht Find traig i4
talmain, et unde Cnamros dicitur.
Vel ita : Cath Cnam[rosai] rocloi Bresal Belach for Cairpr^
lÀîechair cotia claind 7 for Y\ic\\aig Sraibtine [7] for Eochaig
Doimlen nonbwr 7 .dcccc. 7 .ix. mile a n-Qs\)aid 7 t«caid a
frossa cnam issin rathaid ut. \Jinde [Raith Cnamrossa].
Mac cecht son of Slaitc Seched of Connaught fostered Lee
Fer Flatha son of Conaire. 'Tis he that at the Destruction of
Da Derga's Hostel rescued the boy and laid him in the hoUow
1 . bruigne R.
2. Sic H. feraib R, foraim Lee.
3. SicBB, a R.
4. a R.
3 54 Whitley Sîokes.
of his shield, wherein the turtur (?) and véhément going of
the soldier, and the pouring forth and heat of his blood shat-
tered and drowned the boy, so that he died in Corra Ednecha,
and of him Mac cecht found in the shield-hollow nought save
a heap of broken and severed bones. So in the rath he lays
down that bone-shower (cnâm-fros), and atterwards buried it.
Whence Cnàmros is said.
Otherwise Cnàmros : Maer wife of Bersa of Berramain fell
in love with Find son of Cumall, and she formed nine nuts
of Segais with love-charms, and commanded Ibuirne son of
Dedos to deUver them to Find, and told Find to eut and eat
them. « Nay », says Find, « for they are not nuts of know-
ledge, but nuts of ignorance {cua-iHiirois), and it is not
known for what they are, unless an enchantment for drinking
love ». So Find buried them a foot deep in the earth. Whence
Cnàmros is said.
Or thus : Bresal Belach won the battle of Cndmros from
Cairpre Lifechair and his children, and from Fiacha Sraibtine
and Eochaid Doimlen. Nine thousand, nine hundred and
nine was their loss, and their shower of bones {cnam-frossa)
were brought into yon rath. Whence Ràith Cnàmrossa.
Also iii BB. 367I' 21 : H. 22i> : Lee. 464b. The first story is referred to in
the Togail Bniidue da Dcrga, LU. 97^. The second story is also in LL. 200-'.
Cikimhross i. e. « Wood of the Bones ». This, says O'Donovan, was pro-
bably the ancient name of Camross, near Barry's Cross, in the county of
Carlow. Four Masters, AM. 2859.
Segais is a name of the elfmound in which the Boyne is said to rise,
H. 3. 18, p. ôjé'-', and see O'Clery's Glossary.
32. Maistiu.
Maistiu ^, canas roûiiininiged ?
Ni ansa. Maistiu id est mes-du, du baile i mbidh mes, ut dicitiu'
Ba lidbaid aimser robôi, jvl.
I . Maistiud R.
The Rennes Dindsenchas. 3 j 5
Alit<';'." Maistiu ingen Oengw^a raeic Umoir dos-fuc^ Daire
Dtvg mac Eachar/; Tâobfota a crich Cornai, a hdonach Oen-
g//5a co comfarnaic fria Gris banlicerd ingin Ricisi îor lar in
muigi [Maisten] ronagaib ailges di 7 rw^n-esert co nglamaib aim-
nechaib co «-apaid reim[p]e de. Roléic Dairc a urchwr [for
Gris] do nertlic - miled bôi leis, ce ndeirgeine bruar dia chind
for lar in maighi, co n[d]cillig i Sruthizr Snuaidhc, rc'//id Gris
osin aile.
Vel ita 5 : Maistiu ingen Oengw-U mcic Umoir, bandruinech
Oeng//ja4 in M^/c Ôicc. Is i rochum delb crossi prizYJ i nErmw
hi corthrt/r brollaig 5 inair Oeng^ija, ar ros-tadban Oengw5 di
isin maighin [sin]. \]nâe Mag Maisten dicitur. Emon àono
Cowold mac Oeng;/ia 7 Mdor, a qua^ Ath Maire 7 Ath Mara
hodie, 7 atbath Mdor 7 Maistiu do cwmaid Co;/oild Cdoil meic
Oeng«.ya. Unde Maistiu 7 Ath Mara.
Maistiu, that is iiies-dii « mast-place », a stead wherein was
mast (of beech and oak), as is said « It was a wood in time
gone by ».
Othèrwise : It was Maistiu daughter of Oengus son ot
Umor that Daire the Red son of Echaid Long-side carried out
of Crich Comul, out of Oenach Oengusa. In the midst of the
plain Gris the female rhvmester daughter of Richis met her,
did not get what she. Gris, demanded of her, and so mal-
treated her with blemishing lampoons that she died thereof
before her. With a soldier's baiilestone 7 that he had, Daire
hurled a cast at Gris, and in the midplain made fragments of
her head, which fell^ into the stream of Snuad, thencefor-
ward called Gris.
Or thus : Maistiu daughter of Oengus son ofUmor, the em-
1 . dosfucad R.
2. Sic H. don slcig R.
3 . ata R.
4. R iiiserts meic Umoir.
5 . brollaid R.
6. quo R.
7. Literally « strength-stone ».
8. Literally « lay down ». '
356 Whitley Stokes.
broideress of Oengus mac ind Oc, 'tis she that formerly made
in Ireland the shape of a cross on the breast of Oengus' tunic,
for Oengus had shewed it to her in that- place. Whence Mag
Maisten « Maistiu's Plain » is said. No\v ConoU the Slender
son of Oengus and Maer (from whom Afh Maere, today Ath
Mard) were twins, and Maistiu as well^ as Maer died of grief
for this Conoll. Whence Maistiu and Ath Mara.
Also in BB. 368-' 21 : H. 22'' and Lee. 46^-». Edited mSilva Gaddica, II,
482, 530, where Gris hanlicerd is rendered by « Gris ban the worker in
jewels », and cona gaib ailges de by « conceiving a jealousy at her ».
Maistiu now Mullaghmast, a fort situate on a hill of the same name,
about five miles to tlie east of Athy, in the county of Kildare.
Whitley Stokes.
(A suivre).
ÉTUDES BRETONNES
IX.
SUR l'argot de la roche.
(Suite'.)
14. En octobre 1893, je me suis attaché a compléter les in-
formations exposées aux paragraphes qui précèdent -. Je vais
passer en revue les expressions recueillies dans cette nouvelle
enquête, en les groupant d'après la nature de leurs origines, au
moins vraisemblables, de cette façon :
1° Acceptions et combinaisons de mots déjà connus (§15-
18);
2° Formes se rattachant à ces mêmes mots, par dériva-
tion, etc. (§ 19-22);
3° Mots tirés du breton (§ 23-27);
4° Mots pris ou imités du français (§ 28-29) ;
5° Termes dont chacun provient de la fusion de deux mots
(§30);
6° Onomatopées et mots d'origine obscure (§ 31).
Je présenterai ensuite quelques remarques sur les rapports
du breton et de Tar^ot.
1 . Voir Revue Celtique, XIV, 267.
2. Ma principale source a été Yves-Marie Cathou, dit Bhhiq, couvreur à
Saint-Clet.
3^8 E. Ernault.
15. L'argot rochois a un vocabulaire assez restreint, mais
il le met en œuvre de façon à exprimer toutes les pensées fa-
milières à ceux qui le parlent, sans que des auditeurs non ini-
tiés puissent y rien comprendre; ce qui est le but et la raison
d'être des langages de ce genre. Il n'est pas nécessaire, pour
cela, qu'il possède un mot propre à rendre exactement chaque
idée.
Parfois il emploiera, suivant le précepte littéraire de Buffon,
« les termes les plus généraux », à la place des mots spéciaux
qui lui manquent ; il dira luater « de l'eau », pour « de la
pluie »; rufan « du feu », pour « des éclairs ». Ces emplois
sont, du reste, suggérés par le breton, qui dit volontiers ober
ra dour « il fait de l'eau », et ober ra tan ha luc'het « il fliit du
feu et des éclairs ».
Mais ce qui frappe surtout, c'est la focilité avec laquelle un
mot rochois peut prendre des acceptions souvent fort diverses,
et qui sont déterminées par le contexte ou par les circon-
stances. Rufan ne veut pas dire seulement « du feu » et « des
éclairs » ; il signitie également « du bois », même celui qui
ne sert pas à foire du feu ; on dit, par exemple, chouikr rufan
« travailleur de bois », menuisier (breton artisan hoat). Ah-
brelbùi « fils, ami », signifie aussi « frère ». Gourdajen
« chose », supplée, au besoin, tout substantif dont l'absence
se foit sentir. Le sens des mots, en argot français, est égale-
ment assez élastique : plombe veut dire à" la fois « heure » et
« année » (comme le grec wpa, qui n'y est sans doute pour
rien).
16. Un remarquable exemple de ces fonctions multiples
nous est fourni par le verbe tiinikah, dérivé de tuniq, f.
« messe » (quand on parle d'un prêtre), mais aussi « prière »
en général : laret i duniq, dire ses prières. Contrairement à
l'explication proposée Revue Celtique, VII, 50, je crois ce mot
de la même origine que tunodo, argot rochois, propos en argot,
cf. Rev. Celt., XIV, 282. Voir plus loin, § 22.
Tunikan signifie: parler, dire, chanter; demander; écouter.
La distinction de ces emplois se fait quelquefois par la syn-
taxe : non ht mond da dunikah d'o ches, je ne vais pas vous
dire, = bret. da larct d'ac'h ; ... da dunikah gant 0 ches, vous
Etudes bretonnes. ^^9
demander, = da c'houlen ganac'h^. Mais l'occasion seule peut
montrer si tunik ta ! veut dire : « parle donc ! » ou « écoute
donc ! »
Ce dernier sens est provenu d'un phénomène familier au
langage des enfants et connu dans bien d'autres langages, « le
renversement des rapports ». « A quatre, à cinq ans encore »,
dit E. Egger^, « Tenfant prendra l'une pour l'autre les idées
corrélatives, comme celles de prêter et d'emprunter... Il dis-
tingue plus ftcilement entre prêter et donner... La différence
des deux idées pourrait, en effet, pour ces cas de corrélation,
s'exprimer dans les langues anciennes par deux flexions du
même radical : oavauo), en grec, signifie je prête, sxvE^cy.a-., je
me fais prêter, et, par conséquent, j'emprunte... Bien plus:
x-f^oK et àY^wsTsç, en grec, ont tour à tour le sens actif et le
sens passif; de même ignarus et ignotus en latin ».
C'est ainsi qu'en français nous disons consultant pour celui
qui demande une consultation comme pour celui qui la donne;
hôte veut dire « celui qui reçoit » et « celui qui est reçu », etc.
En breton on a, par exemple, dleah, je dois, = vieil irlan-
dais dligim, j'ai droit à ; plijot, hetot, veulent dire à la fois
« vous plairez » et « il vous plaira », Rev. Celt., XI, 471 ;
piaou « (il) possède »3 et « (cela) appartient », Rev. Celt.,
XI, 477 (cf. IX, 265, 266, etc.).
17. On peut mentionner ici quelques changements de caté-
gories grammaticales (cf. § 6) :
Tyara, nom pris adjectivement : eur wamel dyara, une vieille
femme.
Vreo-;;^ au sens de « grand » : rup vreo::^, grand monsieur ;
raton ireo::^, synonyme de raton gourd « grand prêtre », curé.
1. En trécorois, où laiet « dire « s'emploie aussi pour « promettre »,
lared 'm eus mont rr: j'ai promis d'aller ; larcd 'ni eus d'an mont, je lui ai dit
d'aller. Pour « je lui ai promis d'aller », on est obligé de tourner autre-
ment, si l'on garde ce verbe : lared 'm eus d'an 'Jjachen, je lui ait dit que
j'irais.
2. Observations et réflexions sur le développement de l'intelligence et du lan-
gage chei les enfants, 3« éd., Paris, 188 1, p. 44, 45.
5 . Ce sens est né avant l'autre, dans ce mot qui provient du pronom in-
terrogatif et relatif. Voir les articles de M. Strachan et de M. Rhys, dans
es Beitrage de Bezzenberger, XVII, 292, et XVIII, 268.
340 E. Ernaulî.
Ces expressions proviennent d'injures scatologiques comme
« En despit soit fait du beau marchand de marde ! » Nouveaux
compliinens de la place Mauhert... 1644 (cité par Cli. Nisard,
Etude sur le langage populaire ou patois de Paris et de sa banlieue,
Paris, 1872, p. 321), cf. Littré, qui donne un exemple du
xvr siècle, etc. Elles ont étéprises ironiquement à l'origine;
d'ailleurs, comme l'a remarqué M. Quellien, L'argot des no-
mades... 42, l'ironie est au fond de toute cette langue popu-
laire.
Miniq, ordinairement adjectif: rup miniq, petit monsieur,
miniq e :^ousilh « la boisson est petite », il n'y a guère à
boire, etc., est devenu substantif dans miniq Korniq hos « pstit
du vieux cornu, iils du diable », ramoneur.
18. Souvent le rochois a recours à un autre expédient, la
périphrase : houlanjcr miniq « petite horloge », montre; c'houe^
Xpusilh « maison de boisson », auberge; pod ou giuamel ar
c'houe:^ xpusilh « l'homme » ou « la femme de la maison de
boisson », l'aubergiste; pod c'boue:^ Doue « l'homme de la mai-
son de Dieu », le sacristain; rup ar vilach « le monsieur du
bourg », le maire; dannve i luamel « sa future femme », sa
maîtresse; am:{er min son « mauvais temps », hiver ; -ousilh da
~ousilban « boisson pour s'enivrer », rhum; eur flitour d'eni
:;ariagen « un lit pour ma pipe », un porte-pipe ; Jjilhe^ c'hourd
« bonne fille », demoiselle; journe gourd « bonne journée »,
année, etc.
L'emploi de ce procédé cher à Delille est favorisé par le sens
souvent vague et indécis des mots rochois, qui se prêtent
avec complaisance à toutes sortes d'extensions, de restrictions
et d'applications diverses. Le breton en présente, d'ailleurs,
plus d'un exemple, que l'argot de La Roche n'a qu'à suivre plus
ou moins littéralement : am^er c'hourd ou journe gourd « beau
temps, beau jour », printemps, bret. anr:^er neve = « temps
nouveau y> ; piere^en c'hlam pierre bleue », ardoise, bret. 7nen
gla~^, cf. Kev. Celt., V, 223. Le déterminant peut se suppri-
mer, quand les circonstances le font suppléer aisément. Ainsi
un couvreur que son aide laisse manquer d'ardoises lui dira
simplement: voari ht pierex_eno 'ta, niinsoncr? tu n'apporteras
donc pas de " pierres », imbécile?
Etudes bretonnes. ^41
Par une abréviation du même genre, lagad ijen (œil de
bœut), cinq francs, se réduit à lagad, dans cur pe::^pevar Jagad
(une pièce de quatre yeux), vingt francs.
Cette pénurie du vocabulaire, exagérée d'ailleurs dans les
premiers travaux dont le rochois a été l'objet, ne l'empêche
point de mériter le titre d'argot spécial, qu'on a eu la velléité
de lui contester (Annales de Bretagne, I, 458). C'est un trait
commun à toutes les langues secrètes, bien qu'elles ne soient
nullement des gueuses fières, et qu'elles s'enrichissent sans
scrupule, comme ceux qui les ont faites. Il faut mettre à part
le shelta ou ogham irlandais, qui est d'une opulence lexicogra-
phique surprenante, ce qui ne l'empêche pas de recourir aussi
à la périphrase ^
19. — Les terminaisons grammaticales dont se sert le ro-
chois ne diffèrent pas de celles du breton.
Pluriels en 0 : hoiicho, chèvres, flilouero, lits, c'houéjo, mai-
sons (c'honiler c'houéjo « travailleur de maisons », maçon), oni
je~o, ont jcjo, nous (cf. Rev. Celt., XIV, 269, 270; on lit mon
gniasse, je ou moi, en argot français, La Chanson des gueux,
81, 177, 287; Ch. Virmaitre, Dictionnaire d'argot fin-de-
siècle, Paris, 1894).
Pluriels en et : dovergnet, chevaux Çrub ou pod an dover^net
« le maître » ou « l'homme des chevaux », charretier), gri-
fohnet, chiens, kriped, gendarmes (rup ar griped « le maître
des gendarmes », brigadier), ruped, messieurs.
Pluriels en ien : turgnerien, cochons (singulier turgner^.
Féminins : rupes, dame, plur. rupe^et; igrekeres, vieille femme
avare, acariâtre ; poenseres, voleuse, grefieres, chatte. Voir § 21.
Kelien (mouches) n'est donné par M. Quellien qu'au sens
de « gare ! voilà quelqu'un ! » cf. Rev. Celt., VII, 44, XIV,
277, et dans Icelien niinih, enfants. Il est probable que ces deux
1 . « The tinkers' language... is copious enough to express ail the eve-
ryday needs of a matcrial existence. It contains words for most of the prin-
cipal nouns, pronouns. adiectives, verbs, adverbs. and prépositions, the
less important grammatical particles being either expressed in English or
Gaelic, or, as is more usually the case, altogether omittcd. Compounds,
too, are largely used to express ideas tor which there are no Shelta words ».
John Sampson, dans le Jouiiial of the ^')pv love Society, octobre 1890,
p. 215.
Revue Celtique, XV. 23
542 E. Ernault.
expressions, dont l'une fait allusion aux mouchards et l'autre
aux moucherons (cf. moucheron, enfant, L. Larchey ; enfant,
apprenti, L. Rigaud) sont les plus anciennes; mais on ne s'en
est pas tenu là; la locution ar c'heyen miniq « les enfants »,
interprétée assez naturellement « les petits hornmes », a fait
donner à keyen le sens général de « gens, hommes » ; de même
pour le singulier heyenen, f. (mouche), homme : eur geyenen
;(o tortet, un homme a été tué ; ar c'heyen iortet, les morts.
20. Pour la dérivation, le rochois possède en propre un
petit nombre de suffixes, qui d'ailleurs n'ont guère de force
d'expansion. Ce sont :
-at, Rcv. Celt., XIV, 274, v. lugiierato, et -od, 282, v. tu-
nodi, pris à l'argot français, et usités chacun avec une seule
racine ;
-aon dans pistaon, qu'on peut soupçonner d'avoir eu un si-
milaire, voir Rev. CcIt., XIV, 284, v. cran. Cf. la terminaison
du petit trécorois luteq fernaoh, chandelle de résine, équivalent
moqueur de luteq, Rev. Celt., IX, 258, où fernaon est sans
doute une variante de Pharaon, d'où le breton laou Pharaon
« poux de Pharaon », morpions, Rev. Celt., VII, 251. Cette
articulation finale est rare en trécorois, on peut citer pourtant
maon, m., ver, insecte, mot usité à Trévérec, cf. le normand
màn, m., larve de hanneton, ver blanc, que M. Joret tire de
* madonem, vieux haut allemand mado, ver {Mémoires de la So-
ciété de Linguistique, IV, 159). Ce mot se lit en français dans
le texte suivant : « Il flmt faire la guerre aux mulots, aux tau-
pes, aux courtilières, aux mans, aux chenilles, aux fourmis,
aux limaçons; que sais-je? à mille animaux qui nous mange-
roient tout, si on n'avoit soin de les détruire ou de les écar-
ter ». Le religieux et le jardinier, dans les Nouvelles histoires et
paraboles, par l'Auteur du- Catéchisme pratique ; Varis, chez On-
froy, nouv. éd., 1788, p. 112 (l'approbation est de 1785);
-eou::;^, co:^, aos, dans bilheo:;^, hilhaos, argent, billeouxi, payer,
Rev. Celt., VII, 42, XIV, 272 ; vreo:;^, freou~, freou:j, VII, 43,
du franc, -oux, très fréquent dans l'argot français, cf. le breton
d'origine argotique pions, paille, Rev. Celt., VII, 252, XIV,
277, 283. J'ai eu tort d'exphquer, Rev. Celt., VII, 4.6, lanteoi,
beurre, par le brct. lard teu^, saindoux, en trécorois lard teu.
Etudes bretonnes. 54 î
Ce mot doit contenir notre suffixe, qui n'existe en breton que
sous la torme ou:( (cf. Glossaire moy. bref., v. libonicq), mais
qui en rochois s'est adjoint une voyelle e, probablement par
l'influence de freou:^ = l'adjectif bret. foeroui. La syllabe eo::^,
eouz^, inconnue en trécorois, se retrouve d'ailleurs dans l'ex-
pression rochoise fort employée war ar beo:(, (être) sur le
pavé, etc., Rcv. Celt., XIV, 278, cf. le bret. moy. beauselenn
« fiente de beste menue » (vannetais bou^ile, franc, bouse).
Voir § 24. Laiiteo:^ s'expliquerait par une forme * lentoux ou
* Ientou:^e, dérivée de lent pris au sens du provençal lent, lant,
humide, moite. Mistral, cf. vieux français lentif, onctueux,
Godetroy; en argot français « beurre » se dit fondant, F. Mi-
chel, etc. Un semblable dérivé d'adjectif se montre dans l'ar-
got verdouse, pomme, en fourbesque vcrdosi, porreaux, en ger-
mania verdosos, figues, F. M., de *viridosus.
On peut signaler encore le suffixe -ouer, -ouar, -our (du fr.
-oir, -oire'), qui est commun au breton et au rochois, mais que
ce dernier aff"ectionne particulièrement: /// Qiflitouar (fliiour,
flitouer, ^l. fiitouero), lit, Rev. Celt., VII, 43; tortour, cime-
tière; vn'o~our, pot de chambre, latrines. Cf. trimoire, jambe,
Le jargon de l'argot, de trimer, cheminer, etc. Klang, klangou-
ren, bouche, est un mot rare selon M. Quellien; j'ai entendu
klafik, langue, et klahkour, bouche : eiir pe^klankour roget, une
grande bouche. Klahk est, je crois, le français clenche « pièce
principale d'un loquet, laquelle, reçue par le mentonnet, tient
la porte fermée », Littré ; autrefois clenquc, normand du Bes-
sin cllanqut « loquet d'une porte », Joret, Méni. de la Soc. de
Ling., III, 401. Pour le sens, on peut comparer l'emploi po-
pulaire, en basse Normandie, de déclencher, déclancher, pour
« parler » ; Littré en donne cet exemple (au Supplément) : « Il
est resté là une heure sans déclencher [sans desserrer les
dents] ». Cette association d'idées me paraît plus probable
que celle que suggérerait le provençal clanco « sonnaille de
forme aplatie », cf. franc, clinquant, clinquaille. Le sens de
« claquement » n'apparaît pas dans les mots bretons de même
origine : klenkan, ajuster, mettre en ordre, mettre de côté,
klenk, juste, bien adapté, en petit Tréguier, a glenk a goste,
qu'il met de côté, Histoariou, Saint-Brieuc, 1857, p. 9, etc.,
344 ^- Ernault.
hlinka, apprêter, arranger, Sauvé, Proverbes, 308, kincla, or-
ner, parer, ajuster, embellir, kinci, henci, propre, paré, orné,
D. le Pelletier, qincla, agencer, attifer, qinqla, orner, parer,
P. Grégoire, kinkla, Le Gonidec, Troude, ci. Rev. Celt., IV,
159 (où la comparaison de kletenn n'est pas justifiée).
Mentionnons enfin angoluch, absinthe, qui a une termi-
naison bien connue en argot français : cf. dabuche, roi. Le
jargon de F argot, maîtresse, mère, L. Larchey, etc.
21. Par ailleurs, on se sert en tunodo des mêmes suffixes
qu'en breton.
Diminutifs : eltris grineq ■=■ eltrls grm, eltreien grin, pain
d'orge, Vanchiq moan, un pauvre (du nom d'un ancien Rochois),
M. Quellien donne Fanch ar moan.
Noms d'agent : chifonner, chiffonnier (cf. chifonnein, cher-
cher des chiffons, Rev. Celt., XIV, 276); moriser, paresseux,
fém. moriseres (de ober morts, travailler mollement) ; ouser
bras, grand mangeur ; rufahnier eltris « chauffeur de pain »,
fournier.
La même terminaison se trouve dans le nom de chose ta-
ryager, m., pipe (cf. Rev. Celt., XIV, 275), de taryek, tabac.
J'ai mal expliqué ce mot, Rev. Celt., VII, 49 ; il doit venir du
français thériaque. Cf. bret. tryacql, tryacq, thériaque, P. Gré-
goire de Rostrenen, vannetais tiriac. Dictionnaire de l'A. ;
bret. tryacqlèr, vendeur de thériaque, charlatan, Grég., en
franc, iriacleur, saltimbanque, l'A. Voir terk, au § 24,
Noms s'appliquant à des personnes : rupianet, messieurs,
rupiane^et, dames.
Noms de choses : mori:^iden, f., partie de plaisir, moment
de repos ; vreo:^iden = louf, bram (cf. :^ousilhaden , la goutte) ;
niinsonardaj , chose mauvaise, bêtes en général : minsonardaj
bax_ er water 'mcint tulodeiii are, voilà encore les grenouilles
qui coassent dans l'eau.
Bache^et, vaches, contient le suffixe féminin de bilhe::;et,
filles, cf. Rev. Celt., XIV, 268, 272, 276. Mais on a tiré de là
le singulier enr vaché:^en, une vache, d'après les singulatifs
comme piere:^eii, f., pierre "(pi. piere^eno'), du pluriel français
pierres, voir Rev. Celt., XIV, 275. Cf. ar guioxen, la chienne,
Fables choisies... parP. D. de Goësbriand, Morlaix, 1836, p. <),
Etudes bretonnes. 345
Verbes : peyad eur vilhes =: peilla, L'argot des nomades, 41 ;
poehsin, voler; puhc'hi, frapper, cf. Rev. Celt., XIV, 281 ; ru-
faniah, chauffer, rujaniaù rufan, allumer des allumettes, faire
du feu.
Le simple de gamelad, écuellée, Rev. Celt., VII, 251, est eur
gahmel, une écuelle ; cf. van. gameel, f. gamelle, gamelle, s. v.
bidon, l'A. Celui de Hiioiiiq, le soleil, est Huon, id., on dit
aussi Huoh de Bourbon. Huoiiic existe en Tréguier comme nom
de famille.
22. Variantes diverses de mots rochois connus :
bruahtere~ (pondeuse), poule.
Jcrip (gendarme), le diable.
krip Juda:^, synonyme de krip Je::u:{, gendarme.
latcn (langue), bavard.
voari, voareih, se promener : mohd de voari an noter, aller se
promener le soir; apporter, fournir (cf. §18); aller: voaret
'no koan:ie, asseyez-vous (en breton et '71 0 koah^e^; courir : voar
'ta, cours donc ! voari luar ar beo~, se hâter, courir ; voared e
luar ar bco:^, il est parti, ou il est tombé; voari mihson krachet,
se permettre à tort de cracher (où il ne faut pas). C'est un
dérivé du breton /oar^ foire, cf. le rochois divoarein. Aux sens
de ce dernier donnés Rev. Celt., XIV, 276, il flmt ajouter
l'expression divoares ket, ne le dis pas.
Au lieu de tunodo, argot de La Roche, j'ai entendu lulodo,
et de même, pour le verbe tunodi, tulodein : tulodein mihson,
parler mal,- ou dire de mauvaises choses ; crier, en parlant des
animaux, cf. § 21. La priorité de Vn est assurée par l'étymo-
logie et par les autres dérivés mentionnés § 16.
Il faut y ajouter, Je crois, l'expression tuniq :^o laniq « cela
m'est égal, je m'y résigne », qui, bien que connue hors de La
Roche, par exemple à Saint-Clet, trouve en tunodo seulement
une explication plausible. Pour le sens, elle revient à peu près
à « c'est bonnet blanc et blanc bonnet ». Tu)iiq a pu signifier
« mot, façon de dire », d'après ce que nous avons vu au § 16;
taniq est une simple répétition de twtiq, avec une variante
créée sur le modèle d'autres foi^mules de ce genre ; cf. le bas
cornouaillais cu-a-ca, ric-à-ric, au plus juste, précisément,
D. Le Pelletier. En petit Tréguier, on dityVw ha jao, jeu et tu-
346 E. Ernanlt.
multe ; jao est de même une variante arbitraire de jeu, inusitée
par ailleurs. C'est une manière commode de produire l'allité-
ration qui est recherchée dans des locutions comme le moyen
breton na cujf na car, ni ami ni parent. On peut comparer les
associations de mots rimes étudiées MéJusine, IV, 494-497 ;
pet. tréc. na oar na sa na là, il ne sait rien de rien, ni a ni
b, etc.
M. Virmaitre explique tuner, mendier, par une apocope de
importuner, ce qui n'est guère probable. A propos de Tune,
que Delvau avait traduit : « Bicêtre, l'ancien refuge naturel
des sujets du roi de Thunes », il dit aussi que le vrai mot est
tunobe, et que « la prison de la Force, démolie en 1850, était
ainsi appelée par les prisonniers ». La terminaison de tunobe
n'a rien à faire avec celle du rochois tunodo ; elle provient de
Tunebée, synonyme de Tune, que F. Michel décompose en
Tune + /', initiale de Bicêtre; cf. la formation de larguepé, F.
M., eiRev. Celt., XIV, 279.
23. — Le rochois ne peut se passer de la langue bretonne;
il en conserve le matériel grammatical, et, en grande partie, le
vocabulaire. Mais il lui arrive bien des fois de foire de ce vo-
cabulaire un usage original, soit en détournant les mots de
leur signification ordinaire, soit en les combinant pour en for-
mer des périphrases souvent railleuses, des sobriquets. Ici la
ligne de démarcation entre les deux idiomes peut devenir diffi-
cile à établir, parce que tout langage familier ou populaire
se sert plus ou moins des mêmes procédés.
M. Loth a écrit à ce propos, Annales de Bretagne, I, 458 :
« On ne peut guère... voir de l'argot dans certaines expres-
sions métaphoriques ; parlons-nous argot ^arce que nous ap-
pelons four une bouche ouverte avec trop d'indiscrétion ou
que la nature a trop largement fendue ? » Il y a là, évidem-
ment, une question de mesure ; chaque cas particulier deman-
derait à être examiné avec soin, encore ne serait-on pas sûr
d'arriver toujours à une solution certaine. Si le breton influe
sur le rochois, le rochois déteint aussi sur le breton ; et puis,
tous les deux peuvent s'être rencontrés, par un hasard fort
explicable, ou avoir puisé séparément à une source commune.
Ainsi, j'ai entendu en rochois vorn, grande bouche ; et l'on
Etudes bretonnes. 547
dit en trécorois Jk'h 'n ch^, t'wr génoh vel eur vorn « il a une
bouche comme un four », et dioret 'n m:;^ i vorn, il a ouvert
sa grande bouche. Il peut se taire que rochois et trécorois
aient, indépendamment l'un de l'autre, tiré cette expression
du français. Ou bien l'un des deux l'a passée à l'autre; mais
lequel a la priorité ? Ce n'est pas facile à décider. En règle
générale, j'ai laissé de côté les mots de ce genre, comme
n'étant pas assez caractéristiques de l'argot rochois.
Il est juste, pourtant, de tenir compte d'une nuance très
appréciable, dans l'emploi de certains éléments communs au
breton et au rochois. Des expressions qui chez le premier ne
sont usitées que par raillerie ou en manière de plaisanterie,
sont normales et courantes chez le second. La distinction n'a
pas échappé à M. Qiiellien ; par exemple, après avoir donné
comme de l'argot rochois kiger (boucher) au sens de « mé-
decin », il ajoute (p. 26) : « Ce terme n'est pas particulier
aux Rochois, mais il leur est très familier ». Avant de décider
comment il prendra cette appellation en elle-même peu flat-
teuse, un docteur fera sagement de distinguer, selon qu'elle
aura été exprimée en breton ou en rochois. Dans le premier
cas, c'est une injure ; dans le second c'est, malgré l'étyjiiologie,
un simple équivalent du mot « médecin » ; équivalent d'au-
tant plus inoffensif, que « boucher » ne se dit pas en rochois
kiger, mais marchah niqol (voir § 26). Cf. boucher, médecin,
dans l'argot des voleurs, A. Delvau, Dictionnaire de la langue
verte, nouvelle édition... augmentée d'un supplément par
G. Fustier; boucher, chirurgien, dans le jargon du peuple,
L. Rigaud; boucher, chirurgien ; on dit aussi charcutier, Vir-
maitre. Littré donne à boucher le sens de « chirurgien inha-
bile et maladroit » ; et. La Fontaine, Le Cheval et le Loup
(Fables, V, 8) :
Tu veux faire ici l'arboriste.
Et ne fus jamais que boucher.
Il est bon aussi de rappeler la judicieuse remarque de
M. L. Havet, Mémoires de la Société de Linguistique, VI, 244, à
propos d'une « locution vulgaire, très ou trop vulgaire si l'on
veut, appartenant à une variété spéciale du langage qu'on
^4? E. Ernault.
pourrait appeler le demi-argot ; demi seulement, car les enfants
le parlent avec candeur. Le demi-argot ne doit pas être dé-
daigné par le linguiste ; c'est en lui que la force novatrice du
langage réside ». On peut dire que les argotiers de La _Roche
sont enfants aussi par la gravité comique de leur ironique lan-
gage ; l'habitude a émoussé pour eux la saveur du burlesque
qu'il contient à haute dose (cf. l'emploi de vreo^^, au § 17).
Nous verrons plus loin (§ 27) que le rochois a des titres
particuliers à la possession de quelques mots parfaitement
bretons de droit, mais qui ne le sont pas de fait, du moins en
pays trécorois.
24. Mots détournés de leur sens :
Babien, f.,. pi. habi (guigne), clou; babi du (guignes noires),
clous-pointes pour les ardoises, en bret. tacho men glas; babi
gwen (guignes blanches), pointes pour les planches. Les dic-
tionnaires ne donnent que babu, guignes; mais on prononce
babi dans plusieurs localités trécoroises, par exemple à Saint-
Gilles-les-Bois ; cf. le haut breton « des badies » et « des ba-
dues ». Le Nomenclator donne, p. 68, babu bras « carmai-
gnole », et p. 69 babil « grinche, lat. cerasum actiiwi ». Le
vieux français badeolier, sorte de cerisier, Godefroy, est resté
dans le haut breton badolier, cerisier, cf. badiolet, confiture de
cerises sauvages, Sébillot, Traditions ... de la Haute-Bretagne,
II, 310; au Mans et à Alençon babiole, f., petite cerise sau-
vage, merise, normand baguiole, id., Viez, Rev. de philol.
franc, et prov., VII, 200; en petit Tréguier, babioles Vi^ut dire
« de petites cerises ».
Bastroulh, f. : eurvastroulh, une bonne. Troude donne comme
cornouaillais et vannetais basfrouill, barbouillé, et Mari vas-
trouill, femme malpropre ; van. bastroiiilheih, barbouiller,
Grég. Cf. trouille, domestique malpropre, femme du peuple
rougeaude et avachie, Delvau ; provençal mastroui, mastroul, ac-
tion de patrouiller, visage sale, mastrouia, mastroulha, manier
malproprement ou maladroitement, patrouiller. Mistral, etc.
Berlich, m., liqueur mélangée; berlich Mohtroules, mélange
de vin et d'eau-de-vie ; = berlig, étoffe commune. An disput
choquant, v'^ Le Goflîc, str. 18; l^erleige, m., tiretaine, l'A.
(drap moitié fil et moitié laine); bélinjc, serge, du Rusquec ;
Etudes bretonnes. 349
en petit Tréguier berlacb, toile grossière, moitié fil et moitié
coton; du v. fr. herliuge (cf. Rev. Celt., VIII, 526).
Blciucn, f. (cheveu) ; mougah eur vlêwen (étouffer un che-
veu), prendre un verre.
RranshcUal (se balancer) ; }}ioùd da vrnùshUal, aller se
pendre.
Faiahs (faïence), pot de chambre, et aussi berger ; voir pod
c ganb.
Givenhk (grands ciseaux), boiteux.
Gwîgnger (celui qui gigotte), tisserand.
HoJen (sel), sucre.
Jalot (chaudronnier), gourmand. OnWi jalot, chaudronnier,
P. Maunoir, jalort, chalort, cornouaillais jaJot, chalot, Pel.,
jalod, Grég., id. ; vann. jaJott, gredin, maraud, pi. jalodétt,
marauds, canaille, TA. ; jalot, pi. jaJodct, gueux, jalotag' , gueu-
serie. Chai. dis. ; en petit Tréguier /«'M bras veut dire « grand
sot ». Cf. jalo, chaudronnier, dans l'argot des voleurs, Delvau.
Kites, f., pi. kitexp, couteau; eurgites viniq, un petit couteau.
C'est sans doute le bret. kites, quitte, (nous sommes) quittes.
Krank, m., pi. ed (cancre), marin.
Lahdon (courroie), chemin; lahdon houarn, chemin de fer;
landonni, aller en route. Cette métaphore a été suggérée par
la devinette publiée Rev. Celt., IV, 65 (n° 23); voir miJin.
Le mot vient du français : normand du Bessin hindou, cour-
roie, en poitevin lisière, etc. ; voir Godefroy, s. v. hindou.
Lanpencn (sauteurs) : :^o/i/'t';z hinperie)i, soupe aux pois, ou
en général soupe où surnagent des légumes, etc.
Liiuah (teindre), mentir : 0 ches so Ikuan are, vous mentez
encore; cf. bret. Ikuaù gevier «teindre des mensonges », leur
donner une couleur de vérité; couleur, menterie, conte en l'air,
dans l'argot du peuple, Delvau.
Miliu (moulin), les dents ; niahiù (moudre), manger: nui-
hni eUris, manger du pain. Ct. malet gant eur vilin eskern
(avoine) moulue par un moulin d'os, dans une devinette du
petit Tréguier, citée Rev. Celt., VII, 45 ; voir hindou. On
connaît l'anecdote de l'avare disant à ses valets qu'il trouve en
train de manger : « Quand donc vos vieux moulins cesseront-
ils de moudre? » — « Quand il n'y aura plus de grain ». Ceci
3 50 E. Ernault.
rappelle la réflexion de Don Quichotte, i'^ partie, chap. i8 :
la hoca sin muelas es como molino sin piedra, une bouche sans
dents est comme un moulin sans meule. Cf. ces vers de Rute-
beuf, cités par F. Michel :
Pain sec lor convendra moldre,
Sans plus, au moulin de leurs dens ;
argot franc, mouloir, dents, F. M. ; bouche, dent, L. Rig. ;
meules de moulin, les dents, principalement les molaires, dans
l'argot du peuple, Delvau ; latin mola, moulin et mâchoire ;
molaris, dent molaire; irlandais toinailf, manger, etc.
Minist (ministre), âne (franc, id., Rolland, Faune pop.,
IV, 207).
Mougan (étouffer), boire, comme faga, Rcv. Celt., VII, 49.
Mow^(mousse), aide-maçon. Ce mot breton semble inconnu
ou dédaigné des lexicographes ; mais on lit /<r mous, un
mousse, Rimou ha gouknnou, 24 (cur scurt mous, un pareil
mousse, p. 21 d'une autre édition). Une poésie vannetaise de
Doué ha mem bro (1844), p. 28, intitulée Er moussik bihan, lé
petit mousse, a été traduite en trécorois, sur une feuille vo-
lante qui contient deux autres chansons (Lannion, veuve Le
Goffîc) ; le mot mousik est resté dans cette traduction. Pour l'ac-
ception rochoise, cf. mousse, apprenti commis, dans l'argot des
calicots, Delvau ; dernier employé du magasin (s. v. rouffion).
Mudes, f. (muette), bouteille.
Ofisericn (officiers) : eur garg ojiserien, beaucoup de poux.
Otro (monsieur), taureau ; pi. otronc, poux.
Pal, f. (pelle), cuiller.
Paluden, f., pi. 0 (marais), foit; paludcn c'hhi:{ « toit bleu »,
toit d'ardoises, bret. toen c'hlai; paluden dcil « toit de fu-
mier », toit de chaume, bret. toen :(oul ; c'houikr paludeno
« travailleur de toits », couvreur en ardoise.
Perchen, f. (perche), homme de haute taille.
Pod ë ganb (pot de chambre), berger, en bret. pod :(aout
« garçon de vaches ». Cette substitution provient de l'homo-
nymie de pod, pot, et pod, pot, pour pautr, garçon ; elle est
cause, à son tour, du changement de sens dans faians. Voir le
suiv.
Etudes bretonnes. 35 1
Pod :^aoHt (berger), pot de chambre. Voir pod ë ganb ; les
deux expressions ont écliangc leur sens.
Pre:;idaùt (président), âne.
Roben (robe), pluche de pomme, de pomme de terre ; cf.
le franc. « pommes de terre en robe de chambre «.
Roliq, marteau ; diminutif du breton roll, rouleau (à tasser
la terre, etc.).
Sal (salle), prison : bos, eur poenser moud d'ar ~al, tiens, re-
garde ! un voleur qui va en prison. Cf. franc, salle de police.
Skoa (épaule), bossu.
Tad kos (grand-père) : An Tad kos, le Saint-Père.
Teat (théâtre) : niah 'n erlikin war i deat (l'arlequin est sur
son théâtre), la crépi ère est sur le feu ; plaisanterie amenée par
le sens littéral du rochois erlikin. M. Quellien donne, p. 31,
Eman ann erlikin war hedron « l'arlequin est sur son trône ».
Terk, argile qui sert à crépir ; terre en général : chouiler
terk =z bret. labourer douar, cultivateur; voir turgner^ au § 30.
On dit aussi, dans le premier sens, taragoiuti tara. Ce sont
les mots bretons teurk, taragen, tique, cf. Rev. Celt., V, 224.
L'emploi de terk a été peut-être influencé par le français terre.
Les idées paraîtront moins disparates, si l'on observe que le sang
de la tique forme une colle tenace. Quelques enfants bretons
s'en servent pour tricher au jeii de noix : ils remplacent l'inté-
rieur par de la terre et ressoudent avec une tique écrasée les
deux moitiés de la coquille. On pourrait penser aussi à ratta-
cher terk au vieux français tercq, tereque, tare, terquoy, de la
poix, en haute Normandie terc, espèce de brai avec lequel on
marque les moutons, God. ; mais la ressemblance semble
plutôt fortuite, comme celle de la locution normande ne~-an-
terque, celui qui prise beaucoup, God., avec le rochois taryek,
tabac, voir § 21.
Tousek (crapaud), avare. Cf. Sauvé, Proverbes, n° 325, avec
la note, et Rev. Celt., III, 247.
Tousek ou tousek tuar lein (crapaud par dessus), navet; pi.
touseget.
Fagot (fagot), bois : batimahcho vagot, comme batimancho
koat, sabots, bret. boto koad.
Velch (rate, et non fiel, Rev. Celt., XIV, 271), argile.
3 52 E. Ernaulî.
Tourlnlhon, danse, Rev. Celt., XIV, 276, n'est pas inconnu
en breton, où il désigne une danse spéciale.
25. Expressions composées, sobriquets (non individuels):
Bri^ilhono 'n otro Doue (clochettes du bon Dieu), chapelet ;
hijan hn:(ilbono 'n otro Doue (secouer les clochettes du bon
Dieu), dire son chapelet (^grisilhon, grelot, petite sonnette,
Grég.).
Bugale kont 'Gerveur (les enfants du comte de Kerveur),
corbeaux, parce qu'il y en a beaucoup à Kerveur.
C'hoari houlo (jeu de boules), le tonnerre.
Deher hincho (mangeur de chemins), soldat. On dit aussi :
boufcr kilomet (mangeur de kilomètres), et haser mein =■ le
franc, vulgaire « pousse-cailloux ».
Dever glaou (brûleur de charbon), maréchal ferrant.
Gromer rached (celui qui gourme les rats), couvreur en
chaume.
Juj a beuc'h (juge de paix), chat.
Kapital ]stoup (la capitale de l'étoupe), Ker gabitaî (la ville
capitale), La Roche-Derrien.
Ka:(^ : hed e'r c'haigand al lard (le chat a enlevé le gras), il
est midi.
Kernevad : gwinis kernevad (froment de Cornouaillais),
seigle ; de même, avec un mot rochois, eltris kernevad (pain
de Cornouaillais), pain de seigle. Cf. orange de Limousin,
pomme de terre, L. Rig., escarpins de Limousin, sabots,
Delv., craie d'Auverpin (c'est-à-dire d'Auvergnat), charbon,
Virm., etc.
Kloch forsaded (la cloche des forçats), le coup de midi,
heure où recommence le travail.
/vo- .• an ini ko:^ (le vieux), du rhum.
Laer giuenan (voleur d'abeilles), homme chauve. Je suppose
que la plaisanterie est fondée sur un double sens du mot gwe-
nan, qui aura été désigné pour remplacer keyen, mouches, ap-
pelé à d'autres fonctions (voir § 19); cf. « skating à mouche : la
tète. Les mouches, quand l'homme est chauve, y patinent à
leur aise (Argot du peuple) », Virm.
Lakes : freid lakes (pieds de faquin) ou, avec le pluriel, pifo
likijer, gros pieds.
Etudes bretonnes. j ^ j
Losto hir (longues queues), rats.
Ma breur (mon frère), ou ma c'hindcrv (mon cousin),
âne.
Ma ■:^ohlon Jan (mon oncle Jean), le diable ; pet. Trég. an
tonton, Mélusine, VI, 64.
Mal ::^iont (garçon de vaches), berger,, en bret. pod :^aout.
Mal, mâle, Catholicon, Grég., n'est pas spécial à La Roche
dans le sens de « garçon, homme » : ur mal iaouank, un jeune
homme, Gwer~. Br.-I:^., I, 154, etc. ; mais je n'ai pas entendu
ailleurs cette expression mal :^aout.
Marc'h gla:{ (cheval vert), la mer ; cf. ar ga:(ek c'hla:( « la ca-
vale verte », id., en cornouaillais, Bar:^a^ Brei:^, p. 230, v. 8.
Marc'hadour ogroio (marchand d'orgues), bossu ; cf. ogro,
Rev. Celt., XIV, 275, et « il a un orgue de Barbarie dans le
dos », Virm., v. bouhndos.
Palhpluh : beau dinann palhplun (être sous le parapluie), être
ivre.
Peu, tête, sert dans de nombreuses locutions. On fait sur un
chauve cette aimable plaisanterie : Héne:(^ :^o bel herchet pèn
bar:^ er garniel, il a été chercher une tête au cimetière. On
l'appelle aussi pen loue kignd (tête de veau écorché), cf. tête de
veau, individu chauve, L. Rig., et peu irvincn (tête de navet),
cf. bret. qer moal evel un irvincn, aussi chauve qu'un navet,
P.-D. de Goësbriand, Fables, 7 ; pen picher (tête de pot).
La surdité donne droit aux désignations suivantes : pen
balin (tête de drap ?), cf. bret. ballin, pallin, couverture de
lit, et grand drap sur lequel on crible le grain au vent. Le Go-
nidec ; pen beus (tête de buis), en argot franc, tête de buis veut
dire « crâne dénudé », L. Rig. ; pen bilien (tête de caillou),
penplom (tête de plomb). Le second élément peut être rochois
dans le synonyme pen bouqin. J'ai proposé, Rev. Celt., XIV,
271, d'expliquer bouqin, qui a le même sens, par une défor-
mation du bret. bouT^ar, bouar ; sur le suffixe -quin, en argot
français, on peut voir, Mém. de la Soc. de Ling., VII, 41, 42;
sur les mots qui sont tronqués avant de recevoir un suffixe,
ibid., 46, n. 2. Mais il est possible aussi que bouqin s'oit le
français bouquin, vieux bouc.
Il n'y a pas de doute sur la nature argotique du second mot
5 54
E. Ernaiilt.
dans peu houch (tête de chèvre), fille légère, cf. Rev. Celt.,
XIV, 272.
Dans le blason populaire breton, on se sert de pm, suivi
d'un nom de poisson, pour désigner les habitants de di^'erses
localités d'après leur nourriture habituelle : penn-sardinen, têtes
de sardine, penn-éog, têtes de saumon^ penn-merlu:{, têtes de
merlus, Brizeux, Furne^ Brei^ (Eu^ ar vroiou), cf. Sauvé,
Proverbes, 951, et Troude, Dict. bret.-fr., v.pcnn-sardin, penn-
merlus. Ceci rappelle l'argot franc, tête de choucroute, Allemand,
L. Larchey, Delv., Virm.
Pevar lagad (quatre yeux), lunettes. Cf. Gloss. moy.-br., v.
lagat ; quatre-ycux, yeux doublés de lunettes, L. L., quatre-Xr
yeux, homme qui porte des lunettes, dans l'argot du peuple,
Delv.
Pot ë giuiiii:^ du (l'homme au blé noir), charbonnier; cf.
boulanger, id., L. L.
Pot i voto-kr stoup (l'homme aux souliers étoupés), le Tré-
pas (bret. an Ahko, m.), qui survient sans bruit.
Prihsipal 'golech (principal de collège), chat.
Ragoût penbas (ragoût de bâton), bouillie, parce qu'on la
tourne avec un bâton (cf. jus de bâton, coup de bâton, Delv.).
S kouarn goat (oreille de bois), sourd.
Vilyor i baeron (le filleul de son parrain), le diable.
Former an ivern (fournier de l'enfer), charbonnier.
26. Nous pouvons faire un groupe à part des noms propres
employés comme noms communs. Tels sont les suivants :
Goneri et Koneri (Goneri), homme qui a la langue bien
pendue.
I::abel (Isabelle), lièvre (le bret. gad, lièvre, est féminin).
Jan Mal (Jean-Marie), pourceau.
Jouasin, et par abréviation /owû5(Joachim), mélange d'argile
et de paille, en bret. kourc.
Kaïm, avare, qui ne veut rien donner; == moy. bret. Cayni,
Caïn .
Katcrin, Kato (Catherine), lièvre ; voir I;^abi'l.
Kcrbor^ (Kerbors, nom de lieu) : iiiofui da Gcrbori, se ma-
rier.
Lahir, personne de grande taille. C'est le nom de Lahire,
Etudes bretonnes. 555
un des valets du jeu de carte, qui a été interprété par l'article
français la et l'adjectif breton bir, long. Le Hir est un nom
breton bien connu. Notons en passant qu'il est naturel d'at-
tribuer à l'influence de ce même jeu la mention d'Hector et
d'Alexandre, comme types de guerriers invincibles, dans une
strophe de Buhi\ mahden (H. de la Villemarqué, Poèmes bre-
tons, p. 18).
Manuel (Emmanuel), Dieu.
Olier (Olivier), coq.
Treglo:;^ (nom d'homme), bossu.
Vahchiq (petit François), lapin ; Vanchiq bren (le petit Fran-
çois au son), pourceau.
Nous pouvons ajouter Zahta Maria, expression empruntée
aux mots latins saucta Maria, de VAve : Te glevou ma :^ania
Maria, tu m'entendras gronder !
Peut-être est-ce à cette catégorie qu'appartient dovergn,
cheval, cf. Rev. Celt., VII, 43, 250; il y a en Bretagne un nom
de famille Dauvergne.
De même grallik, répit, sieste. L'argot des nom., 39, 45, doit
être un nom propre, diminutif de Grall (P. de Courcy, No-
biliaire et Armoriai de Bretagne), d'où Abgrall, cf. Rev. Celt.,
n, 72. Ober grallik, prendre du répit, est ainsi formé comme
ober Moris, flâner, faire le fainéant, de Maurice.
J'ai rapproché Landelo, pays lointain, de Landerneau, Rev.
Celt., XIV, 273 ; il est plus simple d'y voir une autre localité
du¥inistère, Landeleau, mentionnée en 1420, Archives de Bre-
tagne, VI, 13 ; cf. Rru. Celt., II, 215. Le nom de saint The-
leau est en breton sant Thêlo ; cf. Annales de Bret., VIII, 632,
633;
L'association d'idées signalée, Rev. Celt., XIV, 286, pour
le petit trécorois judas, celui qui crache au visage de quelqu'un,
se retrouve dans ces vers de V. Hugo (Les Contemplations, édi-
tion définitive, II, 345) :
Hérode, c'est l'osier des berceaux vagissants ;
L'âme du noir Judas, depuis dix-huit cents ans,
Se disperse et renaît dans les crachats des hommes.
27. Il y a en rochois des éléments bretons qui ne provicn-
356 E. Ernaulî.
nent pas de la langue trccoroise telle qu'on la parle dans le
pays, mais qui ont dû y exister autrefois. En retenant des
mots qui tombaient en désuétude dans le langage ambiant, le
rochois ne faisait que garder son bien légitime, en même temps
qu'il obéissait à cette tendance naturelle qui le pousse à se
distinguer du breton ordinaire. Cet instinct conservateur s'ob-
serve, du reste, dans les autres argots ; cf. Lombroso, L'houime
criminel, p. 460, 461 de la traduction française.
J'ai retrouvé en tunodo deux des mots bretons qui m'avaient
paru d'origine argotique, et qui, étant inconnus dans cette
partie du domaine trécorois, doivent s'expliquer, ou par l'ar-
chaïsme, ou par l'influence d'un autre dialecte.
C'est d'abord kannahten, voleuse ; cf. bret. caymand, bélître,
gueux qui mendie par pure fainéantise ; caymandès, gueuse,
mendiante qui est friponne et voleuse, Grég. ; Rev. Celt.,
XIV, 283, et, pour le suffixe, III, 59; IV, 152.
Le second mot est Iwuer, paysan, étudié Rev. Celt., XIV,
283, 284. Le P. Grégoire donne -i pauvre une acception défa-
vorable qu'il explique ainsi en français : « coir, gueux des
foires et des pardons », ce qu'il traduit par corcq, pi. ed, fém.
corcqès, pi. corcqesed.
Un autre archaïsme rochois est kalc'h = moy. bret. calch
« veretrum ». Il a survécu au breton moyen, mais peu de
temps sans doute, et ailleurs qu'en trécorois. Troude le donne
comme suranné, du moins dans cette acception ; bien que
D. Le Pelletier l'ait révoquée en doute, je ne suis pas con-
vaincu que le mot ait jamais eu l'autre sens que lui attribuent
Pel., Le Gonidec et Troude (cf. Rev. Celt., VIII, 36). On dit
en rochois pod e gale h, mâle, taureau ; pod e galc'h c'houe:(^
minson « le mâle puant », le bouc; cf. puant, bouc, en argot
français (Lombroso, 451).
L'hypothèse d'emprunts à d'autres dialectes bretons me
semble peu probable ; je n'en vois, du moins, aucun qui soit
certain.
On pourrait soupçonner une influence vannetaise dans
hranh, m., sou, d'où pod e vrank « l'homme au sou (par
jour) », le soldat : Krank e i jes ? 0 minson, pod e vrank e. Est-
il marin ? Non, c'est un soldat; d. petit bonhomme d'un sou,
Etudes bretonnes. Î57
jeune soldat, Delvau. Le vannetais bîahk, sou, est d'ailleurs
un des mots de ce dialecte qui frappent le plus les autres
Bretons voyageant dans le Morbihan. Mais il faut observer
que blank ne semble pas encore tout à fait inusité en tréco-
rois (Rev. Celt., VIII, 527); cf. les Soniou Brei^-I:^el de
MM. Luzel et Le Braz, H, 154. Voir plus loin, § 30.
Dranm, des pois, doit être le bret. dram, pi. ou, van. eu
« dragme » (8^ partie d'une once), Grég., que Troude ne
donne que sous la forme vannetaise drammeu, médicaments.
Trotach houlijer drahm, soupe de pois, paraît signifier littéra-
lement « soupe aux boulets d'une drachme »; cf. « boulots,
haricots ronds, dans l'argot des bourgeois », Delvau. Peut-
être y a-t-il eu influence de l'homonymie de pois et poids en
français.
Il pourrait y avoir également en rochois des archaïsmes de
prononciation. Béogal, crier, d'où bêogal buo lukan (crier près
du nez), éternuer, paraît être une variante d'un ancien *baegat,
bêler, d'où le moy. bret. baeguelat, mod. béyat, Grég., bégiat,
Le Gonidec ; pour le rapport des deux diphtongues, cf. beotès,
bette, Grég., béôte^, Gon., à côté du moy. bret. baetes.
28, — M. Quellien évalue à une trentaine les mots fran-
çais empruntés en rochois, et ajoute qu'ils sont rarement dé-
tournés-de leur sens originel (p. 53). C'est pour cette raison
sans doute qu'il les a laissés à peu près entièrement de côté.
Voici ceux que j'ai recueillis en dernier lieu; leur traitement
phonétique dénonce le plus souvent un emprunt tout récent :
arnioâr, armoire.
bordé: moud en bordé (jAhï Qr\. bordée), faire la noce, s'enivrer.
brëbi, brebis.
chan, champ.
choïl, chou, plur. id. : kal^ a chou, beaucoup de choux.
froman, du froment, du blé.
jiraf : tamjiraj (morceau, espèce de girafe), homme de grande
taille. Cf. prov. girafo, personne de grandeur démesurée, Mis-
tral; Littré donne à girafe le sens populaire de « femme
grande et qui a un très long cou ».
kastor (castor), chapeau; cf. eun toc castor, un chapeau de
castor, A)in. de Bret., V, 482, eun tok kastor, Gwer^. Br.-I^.,
Revue Cclliqui. XV. 24
^58 E. Ernaulî.
II, 422. Littré cite comme familier l'emploi de castor pour
« un chapeau quelconque, vieux, fripé, même un chapeau de
femme ».
krapô, crapaud.
keûr, cœur. Ce mot existe en petit Tréguier, mais seulement
en terme du jeu de cartes. En a le son fermé.
kulot, culotte.
lahou (la houe), homme de haute taille.
lumier, lumière; voir § 30.
malat, malade ; (chien) enragé, comme en breton hlah.
marchan, marchand ; marchah eltris (ou pod an dtris) bou-
langer; marchan niqol, boucher.
marchah, marcher.
navc, navet.
palh, de la paille.
poch, poche.
souri, une souris.
Bosu, bossu, peut être dan3 le même cas; mais le moyen
breton avait bo:^cu, boc^u, mot resté en vannetais : bossu, l'A. ;
voir le paragraphe précédent.
29. Il y a aussi des emprunts moins littéraux ou plus an-
ciens, comme ceux qui suivent.
Biqo, m., chevreau, cf. franc, biquet.
Chaouks, de la chaux ; cf. fr. chaux, chauler.
Charuo, chariot-; charuo gourt (bon chariot), voiture.
C'houibës, poux, du v. fr. luibc^^, moucherons, cf. Rev. Celt.,
V, 222, v. hibe.
Jargilh, wQntvQ; jargilh raton, gros ventre. Cf. argot franc.
gargouille, gosier, L. Larchey ; franc, gargouille, gargouiller,
jargouiller ; en morvandeau garguille, cou, gosier, gorge, de
Chambure, Glossaire du Morvan; v. franc, j arguai, pie de
mer : a a le jargueil le gosier moult grand, large et robuste »,
Belon cité par God.
Kanbre, fou, sot ; tremenet buo Karibre, id., litt. qui a passé
par Cambrai. M. Virmaitre cite, s. v. mailloche, ce « dicton
populaire pour qualifier un être déséquilibré : — Il a passé à
Cambrai, il a reçu un coup de marteau ». Cf. cette phrase
de Le Duchat, citée par P. Jannet, Les quittée joyes de mariage,
Etudes bretonnes. 359
2^ éd., 1857, p. 99 : « Martin et Martine sont les noms qu'on
a donnés à deux figures qui, chacune avec un marteau dont
elles frappent les heures, servent de Jaquemars à l'horloge
de Cambray » .
Kaplahs, tailleur ; du plur. fr. capelans, nom de poisson, en
bret. kaplahted. Voir jardin.
Kataflam, bouillie ; cf. argot fr. cataplasme, soupe très
épaisse, L. Rig. Littré mentionne la prononciation cataplâme.
Pour le changement de p en /., cf. tréc. nafles, =^ léon. na-
ph:^, Gon., « le mal de Naples ».
Kinkinan, sucre, du fr. quiîiquina.
Kouchet hik, battre quelqu'un, litt. « coucher, tasser de la
chair » ; cf. eur c'houchad den, un homme trapu, à Saint-
Mayeux, Rev. Ce! t., IV, 159.
Mansarden ar c'hriminal, tablette de la cheminée, du fr.
mansarde.
Mariajet, maliajet, marié : eur wamel maliajet, une femme
mariée ; du fr. mariage.
Pieriq, café, diminutif du fr. Pierre (cf. Pipi du, Rev. Celt.,
VII, 48) ; Pieriq pareg^anp (petit Pierre par exemple), caié
avec eau-de-vie à discrétion.
Pilon: hénei 'neus het tok pilon, il a eu un coup de marteau,
il est fou ; du fr. pilon.
Poehter, coureur de filles, du fr. pointer.
Tablen, f., table; eun dablen d'ousah, une table à manger;
tablen c'houes Doue (table de la maison de Dieu), autel ; tablen
ar ru/an (table du feu), foyer; du fr. table. Le vannetais a
tablen au sens de tableau, image {Doue ha mem bro, 30).
Taboren, f., coup; rein tabor, donner des coups, tabori,
frapper; cf. fr. tambour, anciennement tabor; taborer, tabourer,
frapper, God. ; prov. taboura, taboula, tambouriner, cogner,
tapoter, tabourado, taboulado, roulée de coups. Mistral. Peut-
être faut-il rapporter à la môme origine le trécorois taoulet
(habits) usés, (pommes) mûres; lakad avalo da daouledein,
mettre des pommes dans une armoire, pour qu'elles achèvent
de mûrir, cf. De Vurgence d'une exploration philologique en Bre-
tagne, p. II ; Rev. Celt., IV, 167.
Tok, coup, dans héne^ 'n eus bel tok pilon, ou tok mor:(pl, il a
36o E. Ernault.
eu un coup de marteau, il est fou ; tok-tok, fou, de l'argot fr.
toc-toc, cf. Rev. Celt., XIV, 281.
Trafiqyohner, bourrelier ; cf. fr. trafiquant.
Zardin, tailleur, du fr. sardine, en bret. :(ardinen, /^aldrinen.
On dit également :;ardin-kaplahs dans le même sens. Voir
kaplans.
La locution eouip da luelet ar pap (allons voir le pape), pour
« boire du rhum », vient de l'argot fr. pape, verre de rhum,
L. Rig.
30. — Le rapport de Mrank, sou, à blank (§ 27) n'est pas de
nature phonétique ; blaîik a été altéré par assimilation au mot
breton hraùk, m., branche. Des contaminations de ce genre
sont fréquentes ; cf. noter, nuit, d'après le bret. ?7o:^, nuit, noter,
notaire, Rev. Celt., VII, 47; bolonjer, horloge, d'après le
bret. balanç:^er, Gr., balancer, l'A., balancier, et bolonjer, bou-
langer, Rev. Celt., XIV, 272 ; laîip, année, d'après l'argot fr.
plombe, année, et le bret. lanip, saut.
Taouen, poux, misère, du bret. laouen, pou, Rev. Celt., VII,
49, XIV, 275, doit sans doute son t au bret. teurk, tique.
Trotach, soupe aux légumes, Rev. Celt., VII, 50, est le fran-
çais potage (bret. podaich, Gr.), mais combiné avec le bret.
treut, maigre ; cf. :(oubenn dreudt, qevaleun dreudt, tynell dreudt,
soupe d'avare, soupe maigre, Gr. M. Quellien explique ainsi
trotach (p. 33): « soupe (surtout la soupe aux choux, aux
légumes, la soupe des malheureux) ». Cela n'empêche pas
qu'on dit, par extension, trotach boubou, soupe de bœuf; tro-
tach niqol, soupe de viande fraîche, aussi bien que trotach
Charles, soupe au lait, etc. Les mots rochois se dépouillent, à
la longue, de leur sens dépréciatif (cf. § 15, 17, 23).
Turgner, pourceau (d'où, par apocope, turgn), = « tour-
neur, fouilleur (de terre) », en breton turier, pour le sens, cf.
Rev. Celt., VII, 50; mais, pour la forme, il doit son gn à un
autre mot breton, turgner, tourneur, celui qui façonne du bois
au tour, mot que le P. Grég. écrit luirgiicr, teurgnêr. Le double
sens du fr. tourner a peut-être contribué à l'association des deux
mots bretons; elle a eu lieu encore ailleurs qu'à La Roche :
on dit à Pleudaniel turniadurgoet, h Lohuec tergnadur goet, tau-
pinée, Rev. Celt., IV, 169, cf. turgner-douar « fouilleur de
Etudes bretonnes. 361
terre », laboureur, Sonioii Brei:^-I:^eJ , II, 298. L'emploi de c'houi-
lah, fouiller, pour « travailler », en rochois, vient peut-être de
ce que chouiler terk (§ 24), synonyme exact de turgner-douar, a
aussi pour équivalent labourer douar, « travailleur de terre » .
Il faut mettre sur le compte du hasard la ressemblance de
turgn avec le français truie (de Trojd) et avec le breton taure h,
verrat, irl. tore qui paraît venir de to- -f- ore ==■ lat. poreus. Cf.
moy. bret. Touaren, le Douarain, mod. douaren, petit-fils, de
to--\-*ouar-, gall. wyr=^ lat. puer, Gloss. moy. hr., v. douaren,
tarauat; hret. moy. tamoesenn, épi de blé, pour *taffoesen,*taoe-
sen (par l'influence de tamoes, *taffoes^, tamis), tréc. taoïi^en,
van. toe^en, gall. tyiuysen, tiuysen, = * t(o)-èss-in, àt do -{- * acs-
înà^, cf. grec xyyr, de *à^vÂ3 ; et gall. trwyn, nez, = to-
-\- * sroen-i, cf. v. irl. srôn, nez, gall. ffroen, bret. froan,
narine ?
Lugna, regarder (j'ai entendu lugnan et lugnet') rappelle le
fir. lorgner, Rev. Celt., VII, 250 ; mais il doit peut-être son u à
reluquer, considérer, regarder, F. M. Le vendômois lunotier,
regarder minutieusement, P. Martellière, Glossaire du Vendô-
mois, 1893, doit être différent; cf. normand du Bessin luné
« regarder avec étonnement, bayer », Joret, Méni. de la Soc.
de Ling., IV, 157, verbe neutre, comme le petit trécorois beau
en lun, qui a le même sens, cf. franc. « être dans la lune »,
être absorbé, distrait.
J'ai entendu des mots nouveaux où ce procédé apparaît plus
ou moins clairement :
Gzueganen, f., abeille, pi. gwegan ; e'houes giucgan « maison
d'abeilles », ruche; du bret. gwenanen, pi. gwenan, là., et du
nom propre Giuegan.
Kriminal, m., cheminée, du bret. chi minai, id., et krimi-
nal, criminel.
1 . Cette forme est prouvée par le dérivé taffoessal, à côté de lamocsal,
sasser ; elle subsiste, d'ailleurs, en vannetais : tanoûès et tamoes, Grég.
2. Pour le changement d'à en c, cf. cemecid, Oxf. 2, gall. mod. cyjcgydd,
pioche, de *com-aci-, (lat. actes); pour le traitement de es, cf. bret. moy.
ai'i, au-dessus de, écrit aujourd'hui a h:^, v. irl. os, de *iics-, grec ji}-. ;
esnexaff, être absent, dissiitout « cuydance ^\disiîioiit, opiner, etc., de ces-.
5. L'irl. dias, en deux syllabes, IriscJ^e Texte, I, 478, r= rfo -|- ac-s-, cf.
lat. acus, gothique aljs ; pour Vi', cf. diarailiu, à l'autre, Ir. T., I, 487.
362 E. Ernault.
Lumîeraton, lugneraton, lumière, œil ; pao al lumieraton
« pied de chandelle », chandelier ; an eil lugneraton a lar vreo^^
d'egile, pet. tréc. an cil lagad a lar hoc h d'ihen « un de ses
yeux dit bran à l'autre », il est louche; une expression sem-
blable est donnée par M. Virmaitre, s. v. œil, comme appar-
tenant à l'argot du peuple. Mélange des mots rochois lumier,
lumière, et lugmrato, yeux. Rcv. Celt., XIV, 274. J'ai en-
tendu le verbe lugncratcin, regarder.
Luronn, juron, blasphème, luronni, jurer, blasphémer; du
fr. juron et du trécorois luchet, blasphèmes.
Tortein, casser (par exemple une jambe), du bret. torein,
casser, et tort, bossu.
Ces combinaisons analogiques sont en usage dans l'argot
français ; ainsi maârin est le mot malin influencé par madré, etc.
On peut soupçonner qu'un certain rapport de son est par-
fois la cause de la substitution d'un nom propre à un nom
commun (cf. giuegan, abeilles). Ainsi la ressemblance de la
dernière syllabe a pu fliire choisir Madelen pour remplacer
holen, sel, et Charle:( ^our le^, lait; Nikol, viande, rappelle en
argot crignoUe, id., F. Michel, crinolier, boucher, L. L., et
aussi niorte, viande, Delvau. Mais il vaut mieux ne pas mul-
tiplier ces sortes d'hypothèses. Le rapport du mot à la chose
peut être aussi de nature « historique » ; ainsi M. Quellien
suppose, p. 31, qu'un nom moderne de l' eau-de-vie, I^abel,
a été celui de quelque ivrognesse célèbre. Rappelons-nous le
conseil prudent de Littré (Dictionnaire fr., au Supplément, s.
V. sabler) : « En fait de locution, la moindre tradition vaut
mieux que la plus belle conjecture ». L'argot de ÏX, c'est-à-
dire de l'Ecole Polytechnique, sur lequel les renseignements de
ce genre ne font pas défaut, témoigne du rôle important de
l'élément historique dans les jargons spéciaux ; ci. Sarcey,
Annales politiques et littéraires du 15 avril 1894, P- -^6.
31. — L'onomatopée est évidente, dans le mot bizarre ^er-
tamtitamteq, tisserand.
L'origine des mots suivants m'échappe :
dordakes, sourd. La fin de ce mot rappelle tah^en, pi. take^,
la dernière crêpe, qui est ordinairement ou trop cuite ou trop
petite ; imbécile, en Tréguier, selon M. Moal.
Etudes bretonnes. 363
Jilakes, bouillie. Cf. claquer, manger, allusion au claquement
des mâchoires, L, L ?
32. — Le P. Grégoire traduit « argot, le langage des gueux »
par luhaich, qu'il répète au mot « narquois » ; à « jargon,
langue factice, ou langage particulier, comme l'argot, etc. »,
il donne luhaich et gregaich, van. gregach; à « jargonner »,
luhaichi et gregaichi, van. gregageih ; à « baragouiner », lu-
haicha, van. gregageih; à « baragouin, langage qu'on n'en-
tend pas bien », luhaich, van. gregach. Le Dictionnaire de L'A.
ne connaît que la seconde de ces expressions : grigage, gregage,
m., jargon, gregagein, jargonner, grigage crouanouétt, narquois,
argot, jargon des gueux ; grigage, argot des mendiants (au
Supplément) ; grigage, baragouin, grigagein, baragouiner.
Le Gonidec a, dans son Dictionnaire breton-fr., luc'hach ou
luach, m., baragouin, langage corrompu; M. de la Ville-
marqué ajoute : « jargon, argot, particulièrement celui des
tailleurs ». Je crois que ce mot est le trécorois luc'hach, éclat,
vernis, faux brillant, manières affectées, de lue ha, luire; c'est
ainsi que l'anglais /â!^/;^ éclat, a pris le sens d' « argot, jargon
à la mode, slang ». Troude donne comme trécoroise, dans
son dictionnaire français-breton, l'expression nep a lavar
luc'haich, débauché en paroles, peut-être par confusion avec
un autre mot; cf. Rev. Celt., IV, 161, v. loegach.
Le dictionnaire de Le Gonidec n'a^r^o-^c/; que dans le sens de
« grec, la langue grecque ^f; mais on peut compzrev gragachat ,
dégoiser, parler plus qu'il ne faut et avec volubilité, addition
de M. de la Villemarqué. Cf. gregache ar biked, les pies caque-
taient, Baixa^ Brei:(y 237.
Faut-il identifier gregaich, argot, etc., avec gregaich, van.
gregach, le grec, gregaichi, van. gregageifi, parler grec, Grég. ?
Au point de vue de la forme, rien ne s'y oppose. Mais gre-
gaich, gregach, argot, peut tenir de près au français grec, ai-
grefin, qui, d'après M. Schwob, Mém. de la Soc. de Ling.,
VII, 305, est d'origine argotique et n'a rien de commun
qu'une fâcheuse homonymie avec le peuple des Grecs. On
peut voir également, ihid. 311, sur cette glose argotique:
« ung breton c'est ung larron », un essai d'explication qui
mettrait l'honneur des Bretons hors de cause. Il faut pourtant
364 E. Ernaulî.
remarquer que les argotiers ne se gênent point pour tourner
en injure bien d'autres ethniques; cf. Lombroso, 454.
33. Il est impossible de séparer l'argot quimper, tomber, gâ-
ter (de l'eau), du gall. cwympo, tomber, abattre, bret. skoemp,
glissant, scabreux ; mais -la priorité de ces deux derniers mots
n'est pas prouvée. L'origine commune pourrait être un bas
latin *coimpere, issu par dissimilation de coinquere {arbores, cf.
gall. cwyinpo coed), comme le sarde chimbe de qiiinque.
L'argot esgourne, oreille, rapproché du breton skouarn, Rcv.
Celt., VII, 50, a une variante esgouverne, L. L., qui rappelle
plutôt le gallois ysgyfarn, mais aussi le français gouverner,
gouverne. M. Virmaitre donne le pluriel esgourdes.
34. Voici quelques additions à la liste donnée, § 12, des
mots bretons dont l'histoire peut être éclaircie par la compa-
raison de divers argots français.
Bulari, m., pi. eu, agitation, commotion, embarras, tracas,
l'A., tréc. ambloari, bret. moy. amîoary, peine, souci ; cf. boul-
vari, boulevari, m. vacarme, tumulte excessif, Delvau ; vendô-
mois boulvari, hourvari, bruit, tapage, Martellière ; franc.
hourvari « cri des chasseurs pour ramener les chiens qui sont
tombés en défaut » ; grand bruit, grand tapage, Littré.
Cascarat, cascalat, danser la danse des gueux, se frotter les
épaules en les agitant, Pel. ; cascaret, homme sans importance,
de mine malheureuse ou d'apparence chétive, argot du peuple,
Delvau; écu de trois livres, L. L.
Fîl, intelligence, idée, ruse, en petit Trég, ; fil, adresse,
habileté, dans l'argot du peuple, qui assimile l'homme à un
couteau, Delvau; avoir k fil, être adroit,- fi,naud, rusé, dans
le jargon des voyous, L. Rig.
Fouillexei, (bien) dissipé, Rev. CcJt., XI, 197 ; fueilles, pièces
de monnaie, Villon, Le jargon ou jobelin, v. 166, 215 {Œuvres
complètes de François Villon, publiées ... par Auguste Longnon,
Paris, 1892); cf. « ilz appellent argent ... puille », Le jargon
des Coquillars en 14JS, Mém. de la Soc. de Ling., VII, 180?
En tout cas, c'est de feuille que vient feullou:{e, bourse, ibid.,
felouse, foiiillouse, poche, Le vice puni, 10% , fouilleuses , poches,
argot du peuple, Virmaitre, cf. le fourbesque foglia, bourse,
F. M. 170, 429.
Etudes bretonnes. 565
Gaia^ ennuyer, gai, sot (mots très vulgaires), pet. Trég.,
à Saint-Mayeux kai, Rev. Cdt., IV, 154; gailleurs, trompeurs,
tricheurs, Villon, Le jargon 52, gayeux, id., 130; v. franc.
galicr, galiier, v. act., se moquer de, Goà., galier, galler, gal-
lier, se réjouir, s'amuser, se régaler..., battre, étriller, trom-
per, surprendre, Roquefort, Glossaire de la langue romane, 1808 ;
M. Longnon cite, p. 269, d'après M. Vitu, un vieux proven-
çal galiador, trompeur. Un composé de même origine est en-
gayeur « complice qui attire. . . la foule pendant que son complice
explore les poches des badauds », argot des camelots, Vir-
maitre. Je suppose qu'on prononce en-ga-yeur et non comme
dans le français égayer ; c'est ainsi que M. Virmaitre écrit ^rty^,
cheval, = gail, L. L.
Gréah, habiller ; gréet, bien mis ; gréan eun annval, harnacher
un cheval, gréach, harnais, petit Trég. ; se gréer « s'habiller,
dans l'argot des ouvriers qui ont servi dans l'infanterie de ma-
rine », Delvau.
GrimandeU, dans un casuiste breton « rossignol de serru-
rier », instrument de fer, servant de fausses clefs, pour ouvrir
les portes, armoires, etc., Pel. Bien que Le Gonidec donne
grimandcl, m., pi. ou, passe-partout, rossignol, je ne suis pas
convaincu qu'il ait connu par l'usage ce mot, qui serait proba-
blement devenu grimandel. Les variations de Troude à ce sujet
sont significatives. Son dictionnaire français-breton porte :
« grimandell, m. Le P. » ; nous avons donc ici l'aveu impli-
cite que, n'ayant jamais entendu ce terme, il efi a suppléé ar-
bitrairement la prononciation et le genre. Au dictionnaire
breton-français, il donne encore grimandell, p. 253 et 711 ;
mais la première fois il lui attribue le genre féminin, et au se-
cond passage, il en fait un mot vannetais ! Le témoignage de
D. Le Pelletier semble donc unique. Il est permis de se de-
mander si le texte qu'il avait sous les yeuïc ne contenait pas
une faute bien fréquente, n pour u. * Grimaudel serait, en effet,
le correspondant régulier, en ancien français, de l'italien gri-
maldello, crochet, rossignol, que je soupçonne d'être d'origine
argotique, comme rossignol. Ces sortes d'instruments ont reçu
des voleurs les noms pompeux de monseigneur, pince-monsei-
gneur, dauphin, monseigneur le dauphin, roi David, Mém. de la
3 66 E. Ernault.
Soc. de Ling., VII, 320; grimaldello peut donc être allié au
fourbesque grimaldo, père, vieillard, grimo di sant'occhio, pape,
F. M. 429 (de l'ital. grimo, ridé) ; il est à remarquer que,
dans le même argot, rossignolo veut dire « cardinal ».
Grippy, nom burlesque du diable ; griffon, animal fabuleux,
Grég., voir Rev. Celt., XIV, 286. Le dictionnaire breton-
français de Troude a le cornouaillais Gripin « un des noms
que l'on [donne au démon »; cf. grispin, grispis, meunier,
Halbert, cité par L. L. Le jargon de l'argot porte gripie.
Grullu, blé noirci intérieurement, voiri^^t;. Cr//.,XIV, 286.
L'argot grelu, blé, doit être d'une autre origine que grenu,
qui tient h. grenuse, farine, F. M., grenafc, grange. Le jargon
de l'argot, de granum. Delvau tirait grelu de Va.d]ectiî grêle,
par « allusion à la gracilité de cette graminée » ; je crois plu-
tôt que le mot est identique au vendômois grelu, prononcé
gueurlu « rempli, couvert de: un arbre gueurlu de fruits »,
Martellière, et que celui-ci dérive de grêle, f. « sorte de crible
qui n'est plus en usage. C'était une grille serrée, inclinée à 45°,
surmontée d'une trémie dans laquelle on versait le grain. Les
grenailles passaient à travers les mailles, et le blé nettoyé
glissait au pied de la grêle », Martellière. Ce vieux mot, de
même origine que grille et gril, a passé en breton : van. grêlle,
crible le plus clair, grêllein, grêllatt, cribler, l'A. L'affinité de
son sens avec celui de Y irgot grelu est évidente ; il n'en est pas
de même pour l'adjectif vendômois gueurlu, que M. Martel-
lière fait suivre de la mention : origine inconnue. Ce qui m'en-
gage à voir dans gueurlu un dérivé de grêle, c'est qu'en petit
Il réguler grilhet, griyet a exactement la signification de gueurlu,
et se rattache, pour la forme, au fr. gril, grille : ar luéen ^c xpu
vreus bar:{ ken hé griyet, cet arbre est tout couvert de fruits, lit-
téralement « tout criblé » ; cf. « pierres tumulaircs criblées
de chiffres romains », A. Daudet, Numa Roumestan, p. 68
(chap. IV); criblé de dettes, de ridicules, etc.
Oustilh, m., gaillard qui aime à s'amuser, pet. Trég.,
=:zostilh, outil, Grég., v. fr. ustil, ostil, id.; cf. outil, terme
de mépris, argot du peuple, Virmaitre ; maladroit, gauche,
Fustier.
Rigouignat, grincer des dents, etc., Rev. Celt., XIV, 288.
Etudes bretonnes. 367
L'argot rigougnard cité à cet endroit, vient de rigouillard,
drôle, plus fort que rigolo, argot du peuple, Virm., cf. rigolard
(chose) très amusante, ibid. Cf. le rapport de babigner, parler,
Villon, Le jargon, 28, 41, m, à babiller, id., ibid. 40.
Sabler, gésier, en vannetais, Grég., sabler, Pel, ; sable, es-
tomac. Le jargon de l'argot; L. L. ; Littré donne, avec un
exemple de La Bruyère, l'expression « jeter en sable », avaler
un verre de vin (le sabler').
Trut, m., (savoir la) manière de s'y prendre, le secret, la
finesse, pet, Trég. ; truc, manière de voler, F. M., L. L.,
tromperie, malice, argot du peuple; connaître le truc, con-
naître le secret d'une chose, Delvau. F. Michel cite le titre
d'une brochure de 1609, sur « tm sorcier nommé Giniel TRUC,
natif de Léon en Bretaigne » ; M. L. Larchey donne quatre vers
du xiv^ siècle, tirés d'une chronique du duc de Bretagne
Jean IV, où se trouve la forme trut, finesse, qui rime en îU.
Trut était le nom d'un jeu de cartes, cf. F. M., v. grec.
E. Ernault.
(A suivre.)
MÉLANGES
ENCORE SEQUANA.
Dans le dernier numéro de h Revue Celtique (p. 214),
M. d'Arbois de Jubainville observe que « Vinîéressante hypo-
thèse de M. Loth (Revue Celtique, XV, 98), paraît contredite par
le gaulois epo- « cheval », = skt. açva- ».
Il me semble qu'il n'y a pas d'analogie à établir entre les
deux foits. K palatal dans *ekvo- était dès l'époque indo-euro-
péenne suivi immédiatement dev: kv s'est transformé en p à
la même époque que la vélaire indo-européenne devenue en
celtique qv- a opéré cette transformation. Sequana (Sequani
aussi), a pu, a dû se prononcer, dans mon hypothèse, *Secu-
luana ou *Seco-iuana bien longtemps après cette transformation,
à l'époque romaine même. K n'était pas en contact direct avec
lu. Comment un Romain aurait-il transcrit une prononciation
secuvana autrement que par Sequana ?
L'inscription gauloise d'Alise-Sainte-Reine nous offre deux
exemples d'une forme tout à fait analogique à Sequana :
Ucuete, Ucuetin (accusatif). Je ne sais ce que peut être Ucuete,
pas plus d'ailleurs que je ne connais l'étymologie de Sequana
ou Sequani. Je veux simplement montrer qu'il n'y a rien à
conclure de faits de ce genre. Un Romain eût écrit sans doute
Uquete, Uquetin. <
J. Loth.
Mélanges. ^69
IL
REMARQUES SUR LE LIVRE DE LLANDAF.
Je crois avoir suffisamment prouvé que Gaufrei de Mon-
mouth ne pouvait pas être l'auteur du Livre de Llandaf.
M. G. Evans s'appuie, à déflmt d'arguments tirés d'une étude
même superficielle de l'ouvrage qu'il a si bien reproduit di-
plomatiquemenî, sur la rubrique à la version de la vie de saint
Teliau du ms. Vesp. A. 14: Incipitvita S. Teliavi episcopi a
magistro Galfrido fratre Urbani Landavensis ecdesiae episcopi
diclata. On ne connaît qu'un frère à Urban, du nom d'Esni.
Il serait assez singulier, d'après M. Evans, qu"il y ait eu en
même temps à Llandaf deux Galfrid de cette importance :
pourquoi pas ? Ce que M. Evans n'a pas vu et ce qui m'étonne
de la part de ce vir oculatissimus, c'est que au-dessus de Gal-
frido on lit cette correction absolument décisive : ./. Suphano.
Le compilateur serait donc Etienne, frère d'Urban.
J'arrive à un point plus important : M. G. Evans prétend
que les vies de Dubricius, Teliau, Clitaucus, du ms. Vespas.
A. 14, ne sont que des transcriptions plus ou moins correctes
du texte du Livre de Llandaf. Or, il résulte clairement des
variantes du Vespas. données par l'éditeur en appendice, que
si la vie de S. Teliau remonte à la même source que celle du
Vesp., cette dernière reproduit plus fidèlement la version pri-
mitive. Teliau n'y porte pas le titre à' archiepiscopus qui lui a été
donné pour fortifier les prétentions du siège de Llandaf, mais
bien d'episcopus. Le long et curieux récit, manifestement inter-
polé, du séjour de Teliau en Armorique, n'y figure pas,
A la page xlvi (Notes on extracts, 1-8), à propos des extraits
du Codex Lichfeldemis , je lis que l'extrait 2 est une copie d'un
document du temps de Teilo. Je me précipite, et je lis : Surrexit
Tuthidc... (suit un texte en grande partie gallois et qui n'en est
pas pour cela plus limpide, malgré les ingénieuses conjectures
de M. Rhys, le gallois ne peut être antérieur au ix^ siècle).
Voici la suscription : Teliau testis, Gurgint testis, Cinhilinn
testis, Sp's testis, tola familia Teliaui, de laicis Numin, etc. Je
3 70 Mélanges.
me suis longuement et vigoureusement frotté les yeux pour
trouver là dedans une raison quelconque de reporter ce docu-
ment au temps de Teilo. Je n'en vois pas d'autre que la signa-
ture Teliau, testis; totafamilia Teliaui indique le monastère de
Teliau, c'est-à-dire Llandaf, comme le prouve la suite : de
laids. Pages 3 et 4, il y a un signataire qui donnerait à ces
précieux documents une bien autre importance : 3 Deus testis ;
4 Deus omnipotcns, testis.
Sans commentaire.
J. LOTH.
m.
LE MOT DÉSIGNANT LE CUIR EN GERMANIQUE ET
EN CELTIQUE.
Dans son Etymologisches Wôrterbuch der deutschen Spr.,
Kluge, au mot Icder, cuir, avance que ce mot est particulier au
groupe germanique. Or, en gaélique comme en brittonique,
le même mot existe, supposant la même forme en vieux-cel-
tique qu'en pré-germanique. L'irlandais leîbar, gall. lledr,
breton moyen le:(r, bret. mod. 1er romontent à *Iëtrô-. L'al-
lemand kder, anglais leather, v. norr. le'pr supposent un go-
thique * lithra- et un pré-germanique létrô-m (Kluge, Etymol.
Wôrt.y II y a identité de forme et de sens. Le mot est-il
emprunté par l'une des deux langues ? Laquelle est l'emprun-
teuse ? Il me paraît certain que le mot a été emprunté par les^
Germains aux Celtes.
En grec comme en latin, et en d'autres langues, le même
mot a le sens de peau et de cuir, ce qui n'a rien de surpre-
nant: TcdA^a, en grec, corium, scortum, en latin; cxu-xo; a le
sens de peau et de cuir (lat. scil-tu-m, allemand haut =*kûH-s;
cf. 'xtkvr^. La racine qui a donné xéXXa et peJIis, l'ail, fell,
me paraît avoir également donné naissance, en celtique, au
prototype de letbar, lledr : *lëtrô =*pëlë-trd- ou * plé-trô- (cf.
irl. scèl, gall. chwedl = *sqve-tlo-, de la racine scq- : cf. çspô-
Tpo-v, ©ip-xpo-v). Le mot *(p)lë-trô-m aurait été emprunté par
les Germains, après la chute du p, en celtique.
J. LOTH.
BIBLIOGRAPHIE
Corrigenda in thc Agallamh na Senôrach and other texts in
Silva Gadelica.
By the kind permission of the Duke of Devonshire I had an
opportunity during the Christmas vacation of collating the
greater part of Dr. O'Grady's édition of the Agallamh na Senô-
rach with the original in the Book of Lismore. Mr. Whitley
Stokes completed the collation and very kindly placed the re-
sults at my disposai. He also collated the other texts in Silva
Gadelica from the same MS. and allowed me to add his list of
corrigenda to mine.
The foUowing list contains corrections of ail misreadings
that either affect the sensé or involve serions grammatical mis-
takes. Merc mispelHngs such as hionnsma for hindsma, tàirnios
for tâirnes — forms unknown to the Book of Lismore — are
not noticed ; nor hâve I included the numerous mistakes in
accentuation as /m for feis, alrfidech for airfidech, etc. The fol-
lowing mistakes, which occur throughout, are hère noticed
once for ail : for reanabar read renabar throughout, for esba
read esbaid, for atchualaid read aichuala, for éradh read éra, for
muinnterdhas read muinîeras, ior fuacradh read fuacra, for ar a
ai read arài, for comdhalta read comalta.
March 1894.
Kuno Meyer.
37^
Bibliographie.
Dr. O'Grady.
66,
2 Cerbeoil
Cerhaill
67,
15 feoididh
koïdîgid
25 rechtairiu
v ec ht air i
68,
r6 nach
na
69,
10 biadh
beth
16 aithcheol
£û\cheod
28 dele ocus a fhlaithi
70.
20 Temair
terni d
26 beidhit
beitit
36 dna
na
37 duire
duine
71.
14 tonnaigh
tonnaid
87,
24 ro thinnad
notinnad
3 I theighidis
theigdis
88,
9 domon
domuin
16 allaid
alltaibb
89,
14 fô
fon
co bfoghnum
do fbghnum
MS.
94,
99,
100,
104,
105,
106,
107,
IIO,
III,
112,
113,
14 after flietar insert on
22 after rig insert mhara
3 9 ar in isin
2 comba curba
36 after cnuas insert ar Patraic
26 ift'/c on is on Becan
6 fleide r]ia cor] ma
22 Finn (éinne
3 5 after thuarascbail insert ar Patraic
25 sluag sluaigh
3 1 d'iarrais do iarais
38 mbiadh mheth
17, 26 is ocus
20 inmedh imnedh
30 do ro
28 d'innisis do innisis
Bibliographie.
n5
Dr. O'Grady.
MS.
p. 114,
3 4 after Patraic insert
ocus
116,
10 maighin sin
inagaid sin (rectius adaig)
117,
33 gombud
gomba
118,
17 do dithaig
3 7 (et passim) benna-
Yodhhaig
chtain(acc.sg.)
hennacht (nom. sg.)
119,
1 0 after atbert insert Cailte
120,
19 after brat insert corcra
122,
8 after roised insert tus ^
123,
2 after duine mj-^rf galair
124,
3 damsa
fade'/'edh
125,
43 r]oime
uime -
126,
32 Néira (sic)
Néircc 5
134,
7 muig as
muig m/;as
1 1 gin go mbiadh
gingub^//;
16 i ndruim
ag drwim
135,
4 nimléicfe
16 Câilte ocus in
niamléicfe
naenbar
Cailte in naenbar
29 Mhodairn
Mhoduirn (and so throughout)
31, 35 ro diobaidh
rodhighblw^/;
33 Fionn
sinn
39 comlann
comlm
136,
20 r]oth
r]od
29 hôirdne de
lioirdne urgranwa d/;e
137,
6 brat corrtharach
brat corcm corrtharach
29 mac Smailc
MucsmaiH (and so throughout)
138,
7 dno
no
26, nir chlos
ni clos
139,
13 cesd
ceisd
20 do iadsat
ro iadsat
140,
27 Eithne ollardha
Eithne ollawdha (andso throu-
ghout)
1 . O'Gr. is right in reading mar aen in 1. 14 of this page. It is the Rawl.
MS. that has maille.
2. Instead o\do hoscladh O'Curry supplied 7 rodhech.
3 . O'Gr. mistook the ce for a.
Revue Celtique, XV.
25
374
«jwjou
rapnie.
Dr.
O'Grady.
MS.
P. 141.
I
tibrinn i
tibrinn duit hi
2
ina
an
33
ann
inn
142,
39
do bi
bui
i43>
29
canastdncabair
canas a tdncaba/V
1445
9
Muma
Mumaw
15
chaithem
chaitliimh
38
duthchas
duûiaig
145.
12
subach sobrônach
suhaigh sohrônaigh
26
con
com...
28
mullach
i mullucli
35
fecad
facad
146,
14
21
1
tar féig
àelt ocus
a
tar lin?; feig
26
do chuimhnedsa
docuimn/Vé'Jsa
29
fer gualainn
fer gualn;;u
32
é
é fein
147»
9
go noslaiced
gunoslfl/Vi
148,
2
biad
b/;eth
22
rcaà bidh ... a a'nn ... isin gkw«
23
àek acht
32
nai bfichit
dt'ich Jîch'it
149.
32
a r[igfhlaith]
a a[rdtlaith]
37
fir Eirenn
for Eiïinn
41
rebraide
treahaidï
150,
22
tricha
teordL
23
seclit
deich
28
mac Trénmôir
maie Trénmôir
38
legh
leagh (/. e. liagh)
151,
I
nElga
Ealga
10
faisnéis ina
a faisnéis 'na
30
sdithe
s'm
152,
8
dit a mbiaid Mae-
J •'
dôc fedba
ait ambia Moaedôc
fedhbha
25
fd raibe
icaraib/;i
31
ro biodli
nobith
Bibliographie.
MS
Dr. O'Grady.
MS.
P-I53,
I ann
inn
2 thainic
thairnic
7 ro chdiestar
rochdisetar
8 guin
gniwi
9 flatha Finn
flatha iéinm
18 annsan
annsa
22 gair .. ann
gar .. inn
36 riagam
• rag/;am
154,
16 fô
fa
34 Mongaig
Mowgain
155,
4 ôg ilarmach
ôg n-ilarmach
14 anos
anosa
16 shâdhaidh
shdtha/W/;
25 tulach
\\Acha
156,
7 tri cet
ceithri cet odach
31 Conaing
Conang
i57>
3 1 Truag an gniom
on tr. an g.
IS truag an gniw
158,
8 innisin
innisi
1 1 tiomnas
timnais
33 gach bidh
gâcha bidh
i59>
15 nô go
nogo
léo,
25 bi
bhoi
28 sul
suil
36 Otchonncadar
Atchonncadar
lél,
6 deithber
deithbzV
14 Muman
Muimnech
162,
13 combud môide
chreitfios
comba moidi creitfes
163,
9 scribtar
scribthar (and so tbroughout)
12 Rudraide tonn
Rudraigc renabar tonn Rudh-
Rudraide
mige
23 bud
dohudh
35 in dd rig
in da«a righ
164,
5 rachaidh
racha
9 isin dûnad
isin ndunad
165,
6 bfiort
bhf(?rt
376
P. i66,
167,
168,
169,
170,
i7i>
172,
173.
i74>
175'
176,
177.
Dr.
9
13
28
2
5
19
24
28
30
35
13
41
17
18,
36
14
25
:>
II,
15
19
2é
27,
30
38
34
32
II
13
34
35
7
38
I
II
6
7
Bibliographie.
O'Grady.
theinned ihe'mneda
ingen ingen ût
féin
haitnid
ar a gcluinmit
airem
thuaith
tri fichet
friusan
sisi
uaine
MS.
sein
haithn/W
ar cluinmit
arim/;
tliuatha/^
tri JïcJni
friu sin
isi
uaine uime
read gérbo [forldn in fo]roJ
toirrcliim toirrthim (and sa throughout)
25 bruiden bsiiigf»
Adlinuaill Adhnuall
after do insert Chàilte
after anam insert a Chàilte
after lucht ///i-cr^ de7/wa
heih, hhcth
roicredim
slechtais
itaithe
mhéth
bia
féttais
12 bhiadh
rôclireidem
siéchtus
atdthai
29 mbéitli
biadh
fétaitis
after acat insert duin
dotlioglaide dithog/;laidi
comdlùtbta com/;d/;lutta
ajter atbert in sert Câilte
a[c]
nainclies
diîarfaigid
dlial
dèclisain
fôtbaig
le a rabud
dek sib
ainces
dfiafraigid
dhâil
déchaiw
fôtbuigh acu
le b/;ud/;
Bibliographie.
377
Dr. O'Grady.
MS.
P- 177,
13 a caradrad
a cumann 7 a caradrad/;
20 do bheimis
nobeimis
37 buabaill
buaball
178,
7 comaithche
comhaigthi
8 dogniod
roneth
13 mhaithedh
mhaite
20 ecal
ecail
39 senanm
senainm
i79>
18 do adhar in long
dna
d'adhar in long dano
23 d'fiarfaigis diom
do îhvàdaigïs dim
180,
8 adertai
aderthi
181,
II do'n aen
donte
182,
5 after naenchumaid
insert friut
24 chuicedachaib
cmceàaib
183,
10 is ann
issed
35 cumasach
cumacht\ach]
184,
14 tecaidh
teacaim
185,
26 deinmnedach
deibi^readhach
186,
6 the second mhôir is mhôr in MS.
II deifir
dcit/;b/r
187,
8 dele ocus
15 Uai ri
Uiari
21 Inbeir
Inber
188,
30 after do ghébsa insert ar ant airfid<?c/j
190,
26 after Fionn insert annsin
32 bud thruime
ba trwzme
35 do bi
7 dobhi
191,
39 gill^^
gialla
192,
4^gach
29 dele sin
gachu
3 1 airfidcch
nairfidech
39 after ocus insert is
amlaid roboi in baili 7
193.
7 ro
8 dek sin
do
22 delg
irdealg
• 26 bidbada
hidhhaidh
Î78
Bibliogi
^aphie.
Dr. O'Grady.
MS.
P. 194,
8 cetri
kth
19 biadh
beth
ina hionnsma
ga hindsma
23 anmann
anmanna
36 taisced
taiscid/;
38 ocus ro
ocus 0 ro
195,
4 immaraen
maraen
20 crét tinnscra
créi in tinnscm
39 do
ro
196,
7 hdith
hait
19 ndi céd
deicb cet
22 bhiadh
heth
197,
35 fhedarsa
fhedar
39 tôichesdal tua:
ithe
tocesdal ac tûaith
198,
10 aie
ille
13 after fichit insert so
19 an esbaid
an treas esbuig/?
24 Fhidaige
F/;id/;uig/;
29 in nuathad
a nuathad
37 after éirgedar
insert
ar mfldaiw
199,
2 diol
dJnhh
5 fichet
fichit
7 dabhaige
Dumaig
16 Aball
Ubal
32 after tsida insert uï.
le
37 fl/^£r faithche
insert
■ amach
200,
6 amne
imne
22 fliuin
f/;uin^i
27 for [dogénam
read
is ail hb do...
201,
4 chro
croa
28 dechad
dech
37 mac
macsa
203,
10 in tabach
in t-abac
18 after Finn insert da innsaig/rf
30 roéirig
adraclît
204,
7 Adnuaill
Adnuall (cf. 169, 36)
8 Féruaine
Fer uaine
Bibliographie.
379
Dr. O'Grady.
MS.
P. 204,
28 cen co ninnisi
gingubinmsi
24 re a ndirim
renairimh
205,
3 uim
uime
1 1 co mbiadh
co m-heth
20 after so inscrt ita
28 teichium
telched
30 tairmthecht
tammthecht
34 filerais
fearais
38 fô
for
206,
16 is é
Ised
29 rdith
tulaig
36 um
iwm
207,
5 after dingebatsa insert fein
13 bhiam
bem
20 chuingedh
chu'mgidh
35 do'n lionn
do linn
36 tabair
tabhwr
208,
14 leochuillechta
leoduiWechtz
33 denngar
denngur
7, 13 feimen
feimin
209,
13 atâit
atat
3 9 do fliolaig
roïolaig
210,
1 1 ar bli^Jain
is bliadrtm
16 after Chdilte insert
ar ri Muman
17 after bddar insert ar Cailte
20 gilladh
gilla
211,
4 before muna insert
acht
1 1 after grian insert ticim
212,
6 shecht
hocht
28 do thiced
coticed ~
3 1 craebchorcra
craehach corcra
213,
12 tulaig
tulaig si
18 Degaid
Degad (kg. Dedad)
214,
25 t'imdhell
t'indeall
3 I sin.. dno
soin., no
36 bud dil
bo hdil
38 delea after Aillinn
380
S/è%
iraphie.
Dr.
O'Gkady.
MS.
p. 214,
3 8 dele maith
39
côt
coat
215,
2
duit
riùt
22
mhallghuba
maie AUgub^a
216,
5
Circall
Qrcall
8
Eothaile
Eothgaili
26
Tairrsig nô
Tarsidh Laigen
27
after Thréduirn insert maie Tr^nmhoir
34
mbiadh
mheth
217,
5
déise
ndéisi
12
after Glas însert ocus
14
[bhiodh]
nobhidh
20
Buacachain
Buadacha(in)
22
macâm
macsdmh (et sic passim)
24
dele dhd
218,
12
dliligmit
dhko-mait
33
tdnac
t/;dnac
219,
21
catha
catha/^thi
23
bejore in fer insert
ar se
27
after sceith insert
conducuidh trit
220,
8
ci
gâ
18 saermhacàmdacht
so&rmac2iaà.acht
29
d'éirgedar
do éirgh^^ar
31
gach
gâcha
37
ddined
daine
221,
14
soichios
so roiches
32
after donithi insert ar Càilte
33
ajter comraicthi insert ambliaJa/?î
34
sibse
sib/;
222,
, 8 lebad
\e2ioaid
17
scéios
sceeas
24
omitthefirst Ocus
25
fuibrechta
îuûïechtd.
31
scél
scéith
223.
, 18
nd.. inam
nach... innum
38
after Moduirn insert le
39
roshùigestar
rosuidhighiw^ytar ■
Bibliographie.
58,
Dr. O'Grady.
MS.
.224,
2 shldn slemainch-
réchtach
slemwM ûànchrechiaâx
1 6 a fer's a mban de
amban sa ier dhe
ceol
ceoil
29 mhaithedh
mhaite
34 mbiadh
mb^//;
40 ôrbhuide
oir bhuidhi
225,
26 after luga insert annso
34 no
ro
37 Oscar ocus Oisin
Oisin 7 Oscar
226,
12 ar chlannaib
ar dainn
25 maithem
maithimh
39 bus
ib/;us
227,
6 dtecht
t/;echt
12 chaemchruthach
chaemh cruthach
17 mac F.
meic Fh.
21 do biodh
roboi
29 uada
uadh
38 gab
geib/;
228,
6 dûnaib
duintib/;
7 d'éirig Etrom
do éirig/j Etrum
229,
1 6 û(/if^r liach insert ih
' f/;ailti
3 1 after ollam me^r^ t/îfl//; d^' àanann
35 créd
cid/;
36 bud
ba
230,
9 for torfholum
a forfolum/j
1 1 tdncamar
tancamarne
23 nim
neim
33 d[tù] i sraithid
dtû fiafm/ghidh
35 innis
inniseadwr môr d'f/;is 7
38 gin go mbiadh
gingubf//;
231,
18 labairt
labm
19 senôire
senorût/]^
25 Fionn
for
232,
8 after ôclach insert
grddha
35 dele a bcfore foihracad
37 acat
acatsa
}82
Bibliographie.
Dr. O'Grady.
MS.
.232,
38
acam
acamsa
233>
16
ningnad
liingnad
19
£?é'/e ocus before a
chur
321,
39
dognithe
ragnithe
322,
13
trebar
teùhraid
323.
25
sditer
saittir
327.
32
cland Bairinn
duana B.
343»
5
cur hinnrad
cur h'mdreded
26
do ôrdaig
ro ord
345,
17
loin
eoin
28
gharbglôrach
gliarbh glôracli
40
biadh
heth
34e,
12
tire
tiri togaiài
14
uclituainecda
usci uainecdiia
'
27
robud chuma is
robo cuma ocus
347,
9
aes atlighaeta
ôic atlighaetta
351,
27
lembud
lemba
352,
21
othair
aes uthair
353,
15
nàbud
nd ba
24
no biadh
no beth
354,
32
Liban
Li ban (and eîsezuhere)
355,
10
-fiafraigse
-fiafraigseat
356,
25
ina arrtliaist
na narrthaisd
357,
II
deibidech
deibcndech
20
ro
do
358,
II
naimdid
naimhdighi
359,
4
dilne
dilli
Supplément lexico grammatical au Dictionnaire pratique
français-breton du colonel A. Troude (édition 1869) en dia-
lecte de Léon, par J. Moal, aumônier à Brest. Landerneau, chez Des-
moulins, 1890; I vol. gr. in-8, vi-525 p.
I. L'auteur nous explique, p. 4, 5, que, né en Léon, il
a vécu longtemps sur les confins du Tréguier et de la Cor-
nouaille ; qu'il s'est pénétré « de la pureté, de la richesse et
Bibliographie. 383
de l'originalité » de l'idiome breton tel qu'on le parle dans les
campagnes, et qu'il a pris dans l'usage toutes ses règles et
. tous ses exemples.
Cependant il déclare aussi (p. 3-4) que son livre « a été fait
conformément aux données de l'érudit et regretté M. Rou-
daut, curé de Ploudiry, qui a fixé plusieurs règles de cons-
truction, ou de tournure celtique, dans un ouvrage assez
connu des philologues bretons ». Le choix d'un pareil guide
était dangereux ; car si l'abbé Roudaut s'est montré un excel-
lent connaisseur de la langue moderne, dans le Supplément aux
dictionnaires bretons auquel M. Moal fait allusion, il y a donné
aussi à ses compatriotes le fâcheux exemple de digressions de
tout genre sur des sujets qu'il n'avait pas étudiés sérieusement,
et d'énormes hérésies philologiques, dont un critique fort com-
pétent, Charles de Gaulle, a relevé des spécimens significatifs,
Revue Celtique, II, 266, 267.
L'œuvre de M. l'abbé Moal ne mérite pas au même degré
ces reproches. Ce n'est pas que les excursions sur le domaine
linguistique y présentent un caractère plus scientifique ; mais
elles sont beaucoup moins longues et moins fréquentes.
2. Les 96 premières pages contiennent divers renseignements,
parmi lesquels on peut signaler d'abord une table des noms de
baptême (p. 12-18), et une liste des paroisses de Quimpcr et
de Léon, suivie de remarques à ce sujet (p. 19-30).
Il y a là un assez grand nombre d'observations neuves et
intéressantes.
Nous voyons, par exemple, p. 29, 30, que le suffixe pluriel
-i:^ qui s'ajoute au nom d'une localité pour en désigner les
habitants, peut, en bas-Léon, se mettre après le premier terme
des composés géographiques : Kerheri^ et Keri^-Perr, les gens
de Kerberr (Saint-Pierre-Quilbignon) ; Santi^-Mark pour San-
marki:(, ceux de Saint-Marc ; Plouizdider, ceux de Plouider ;
Guitali^-Mede (p. 24, 30), ceux de Guitelnie:(e (Ploudalmézeau).
On attendrait * Guigi^-Telme^e, quasi vicenses Telmedovia, cf.
Rev. Celt., V^ 438, 439 ; mais il est probable que Telmedovia
renferme en effet deux mots, dont le premier se retrouve dans
le vieux breton Tel-chruc, Telgruc. On peut comparer Plouegi^
ar mor d'hofatrone^, les habitants de Plouek ar nwr (Plouezec)
384 Bibliographie.
à leur patronne ; titre d'un cantique imprimé à Tréguier chez
Le Flem.
Cette manière d'infixation rappelle le breton moyen Brei^is
isell « les gens de Basse-Bretagne », dans un texte léonais, cf.
Rev. Celt., XI, 358, aujourd'hui Brei:(-I:(eli:(. Par un procédé
inverse on a dit Kermàis « les gens de cette ville », D. Le Pel-
letier, ==: ^ethtrécor OIS Kéris-îne (Gloss. moy. br., v.ren,guers).
Relevons encore, p. 29, l'ethnique féminin Montroule^enn,
une Morlaisienne ; le suffixe n'y est pas -e^enn, comme le dit
l'auteur, puisque le nom de la ville est Montrouh'^, mais -enn;
cf. Rev. Celt., m, 59; IV, 152.
3. Vient ensuite une hitroduction divisée en trois chapitres.
Le premier (p. 49-65) est une énumération de détails relatifs
aux mutations initiales. Les faits ont été patiemment recueillis,
mais leur classement n'était pas chose facile, et l'auteur n'a
pas toujours réussi à dégager les lois qui régissent une ques-
tion si complexe.
On peut trouver à redire, par exemple, à ces passages de la
page 61 : « Quand deux mots tendent à se fondre en un
seul », la consonne muable initiale du second s'adoucit. Exem-
ples : i<. a du vad, disposé à ; dour huill, pluie abondante ; la-
bour vad, bon ouvrage ; ar Vihcl Fra::^, le Grand Vicaire ;
tra vad, bonne action ; ober vad, faire du bien (c'est comme
si on disait : ober tra vad); dans ces exemples les mots sont...
du genre masculin... Le mot inad, par une licence grammati-
cale, adoucit son initiale en beaucoup de cas ; ex. : sans aucun
profit, hep vad ebed » .
Le principe posé d'abord est trop vague pour être pratique-
ment utile ; et il s'appliquerait aussi bien, en théorie, à une
mutation quelconque. En effet, toute mutation initiale a pour
cause, en dernière analyse, une composition ancienne qui
faisait que l'initiale apparente devenait médiale et était traitée
comme telle. La question, pour le grammairien breton, est de
savoir dans quels cas se produisent aujourd'hui ces groupe-
ments de mots ; la tâche du linguiste consiste à en remonter
autant que possible l'histoire et à en déterminer les conditions
primitives.
Si nous entendons la règle au sens restreint que M. Moal y
Bibliographie. 385
attache sans doute, c'est-à-dire en l'appliquant aux mots com-
posés dans l'acception française de cette expression, nous arri-
vons à quelque chose de partiellement exact. On peut trouver
une certaine ressemblance entre vikel vra'^ et le français
grand-prêtre. Je crois que la mutation dans vihd vras est une
extension de celle qui est régulière dans les surnoms comme
Per vra:i= Pierre-le-Grand, le grand Pierre ; cf. a^en gorneh,
« âne cornu », ignorant, expression injurieuse qui s'est peut-
être fixée sous la forme du vocatif (= asine *cornàce), voir
Rev. Celt., XI, 365, 366; an u:^ulier vras, le grand usurier,
Collection Penguern, Bibliothèque Nationale, ms., f. celt. n° 91,
f° 163 (2 fois) ^
4. Les autres exemples cités par M. Moal me semblent dif-
férents. Lui-même constate que la forme vad a souvent sup-
planté le radical mad ; et dans son dictionnaire il le prouve
par des exemples, sous amélioration, bien, bienfait; cf. seis
gwasvad, sept hommes forts, Gwer^iou Br.-I^., II, 528. On
peut comparer en léonais va pour ma, mon, en vannerais
vennein pour mennein, vouloir, etc., cf. Rev. Celt., VII, 42.
L'auteur exphque par l'ellipse de ira, chose, la locution
obervad, faire du bien, où M. Loth voit un archaïsme, Rev.
Celt., XI, 208; ces deux théories me paraissent peu probables.
On peut supposer que c'est l'emploi fréquent de l'adverbe
I , Le titre de cette chanson est Uiiilicr bras ; on lit aussi an n-{iilier bras,
fol. 163 , 164 et 16). M. Luzel l'a publiée, .Annales de Bretagne, V, 494-499,
en mettant uniformément ann tf{ulier bra^. 11 y a, du reste, dans cette re-
production, d'autres inexactitudes plus graves. Ainsi les deux derniers vers
de la p. 496,
Hoiinès a 10 mad d'ain liennan,
Dra du ii:{iilerienn er bed-man
traduits, p. 497, « celui-là est bon à m'ensevelir, (à mettre) autour des usu-
riers en ce monde », sont écrits dans le texte (fol. 164) :
— Outie^ a 7^0 mad da liana
Dra da uxidiere\ er bed man,
ce qui signifie : « celui-là est bon à t'ensevelir, à cause de ton usure en ce
monde ». Dra est une erreur pour dre, cf. le vers 7 du même folio, Ne
kredan ked va naonegci vras, où va est mal écrit pour ve, et que M. Luzel a
transcrit Na gredan ket e ve naounerès vra:^^. Da liana pour da:{ liana est une
prononciation fréquente, cf. Ra\ Celt., XV, 153.
386 Bibliographie.
'vad pour a-vad, er-vad, qui a déteint sur l'adjectif et le nom
mad ; cf. mervad, je sais bien, de me oar er-vad, etc. La forme
adoucie a également gagné du terrain dans des mots de sens
voisin : petit trécorois vi qe well, tu ne seras pas mieux ; wfl:(
\e d'it, tant pis pour toi, au lieu de gwell, gwa:(.
Mais l'expression ober vad n est point isolée : on trouve de
même ober van, faire mine, faire semblant, P. Grég., Troude,
né ra vân é-bed, il ne fait aucun signe. Le Gonidec, en petit
Tréguier ober vahn; et comme ceci vient du nom féminin
man, ar van, il est naturel d'expliquer ober vad par une exten-
sion de l'emploi de la forme adoucie dans le substantif mad :
on lit ar vad, le bien, Gweri^. Br.-I^., I, 54; Sonjit er-vad, par
G. Milin, 1866, p. XII, etc. Cette prononciation spéciale a
l'avantage pratique de distinguer ober mad, faire bien (adverbe)
de ober vad, faire du bien, et hep ober manu, sans rien faire, de
hep ober vahn, sans faire mine.
5. La prononciation tra vad, bonne chose, ne me semble
avoir rien de particulier, puisqu'on dit de même tragaer, tra
vraÂ^, belle chose, grande chose, etc., et aussi eun dra, une
chose. Ce que ce nom a d'extraordinaire, c'est que, féminin
dans ces circonstances, il prend les adjectifs numéraux mascu-
lins daou, tri, pevar^, deux, trois, quatre. M. Loth a cherché
la cause de cette bizarrerie dans la survivance d'un ancien
neutre, Rev. Celt., XV, 96; mais il est bien possible que le
phénomène ne soit pas dû à une cause morphologique. En
français quelque chose n'a-t-il pas aussi les deux genres ; et la
contradiction entre eun dra = « une machine » et daou dra
= « deux machins » est-elle plus illogique que celle qui sé-
pare en latin una dies de duo dies ?
L'hypothèse d'un mot neutre tra en breton ne peut guère
être appuyée par le gallois deigr, larme, expliqué comme un
ancien pluriel neutre = *dacrû, Rev. Celt., XV, 95. Car deigr
représente plus naturellement un pluriel masculin * dacrl, aussi
peu primitif que les pluriels comme * latrî, *dracî, *spadî,
d'où lleidr, voleur, draig, dragon, dy-sbaidd, eunuque, selon
l'explication de M. Schuchardt. De même le pluriel gallois
I. On lit pourtant /ic'rfer ;^ra dans un proverbe cité Ann. de Br.,Vlll, 411.
Bibliographie. ' 587
cyni, cornes, breton keni, = *conîî, masc, et non cornu,
neutre; cf. gall. cyrff, les corps, eirf, les armes, = *corpï,
* annl ; cestyll , châteaux, = *castellî, bret. qestyl, qestell, Rev.
Celt.j XIV, 307 ; erydr, charrues, ■=i*aratn, bret. alexi-, are^^r,
vannetais érér, P. Grégoire deRostrenen; tcrydr, tarières =
*taratrl (le van. terér, sing., Grég., est probablement un an-
cien pluriel, comme le gall. deigr).
6. A du vad n'est pas dans le même cas que les autres ex-
pressions qui contiennent Tadjectif vad; il semble ici que a ait
fait adoucir à la fois les deux initiales de tu mad, bon côté. On
peut comparer la locution da di Vari, chez Marie, signalée
par M. Moal, s. v. che^, à côté de // Mari, la maison de Ma-
rie. En petit Tréguier on dit non seulement han de di Vari,
je vais chez Marie, mais aussi, dans le même sens, han H Vari,
d'où, par extension, hoh H Vari, je suis chez Marie ; // bî
'teus prened ~e, chez qui as-tu acheté cela ?
7. Reste dour buill, qui aurait au moins autant de droit que
ira vad à l'explication discutée § 5, puisque dour répond au
neutre gaulois *duhron, cf. Vernodubrum. Mais je verrais plu-
tôt ici une prononciation abrégée de dour a-buill « de l'eau
abondamment » ; dans ces sortes d'expressions adverbiales Va
se supprime très souvent : ia 'vat, oui certes, etc.
On pourrait expliquer de même dour vor, eau de mer (van.
dèur mor) et dour vammenn, eau de source, Grég., pour dour
a vor, etc. ; cf. dèn a vor, un marin, Grég., den a vor, Gwer-
^iou Brei:^-I:^el, II, iSo; oviç~er avor, officier de marine, oviç^er-
vor, marinier, officier marinier, Grég. Mais il y a encore à
tenir compte ici de plusieurs analogies possibles.
C'est, d'abord, l'influence réciproque du singuher et du pluriel.
Ainsi oviç^er-vor était favorisé par le pluriel régulier oviç^eryen-
vor, Grég. ; et inversement le pluriel trompilhou vor, trompettes
marines, Grég,, a dû suivre le singulier trompilh vor (fém.).
Il est assez naturel aussi que la règle qui veut l'adoucis-
sement du second terme d'un composé à la façon ancienne ait
été étendue parfois à des formations nouvelles où les termes
sont dans l'ordre inverse. On disait régulièrement iiwr-vki:(,
Grég., et blei:^ Dior, loup marin; blei^^-vor, Grég., serait une
sorte de compromis entre ces deux formations diverses. L'ana-
388 ' Bibliographie.
logie est d'autant plus admissible que parfois un même com-
posé pouvait rentrer à volonté dans l'une ou l'autre catégorie.
Ainsi D. Le Pelletier donne « den-blei^, loup-garou, c'est-à-
dire homme-loup », cf. van. un decn bleydet, Grég., un deen
bleidet, Chalons ms., littéralement « homme changé en loup »;
mais Grégoire a den-vlei:(, qui peut s'entendre « loup qui est
un homme », cf. vieil irlandais rîgfâith « roi-prophète », Htt.
« prophète qui est roi », prophète royal, gaul. *ngovàtis.
M. Moal explique, p. 56, dour-veJ, hydromel, par « eau de
miel », tout en le classant par inadvertance dans les composés
dont le premier terme est régi logiquement par le second. En
ce cas dour-vel serait « miel à l'eau » et viendrait d'un gaulois
*dubro-meli- qui n'a d'ailleurs rien d'impossible, cf. grec ûâpoixeXi.
Les expressions à sens possessif sont pour la langue une
autre cause d'hésitation. On dit cun dén pengatn, un homme à
tête penchée, = * pcnnocambos , gall. pengant (littéralement
« qui a une inclinaison de tête »), cf. grec y.£(paXo6ap-(^; « qui a
une lourdeur de tête », mais eun dcn pen gzven, un homme à
tête blanche, = pennos vindos, malgré le gallois peniuyn,
= gaulois Uvnoojiwoo;; il est clair que l'usage aurait pu en
décider tout autrement.
Enfin il ne faut pas oublier que le genre est quelquefois
instable en breton; la mutation ne peut point toujours le suivre
pas à pas. M. Moal note, p. 56, qu'on dit bran-vor, cormoran,
bien que le mot soit masculin. C'est qu'il a commencé par
être féminin.
Un composé de dour qui ne donne pas prise au même doute
que dour buill, c'est dour dom, eau chaude. On dit aussi dour
:(om, Grég., etc., et cette dernière forme, où Troude voyait
un caprice inexplicable de la langue (Dictionnaire français-
breton, V. eau), montre avec certitude qu'elle a traité dour -\-
toni comme un seul mot ; cf. leur-^i, sol, plancher du rez-de-
chaussée d'une maison, Troude, etc., Rev. Celt., V, 126;
leur-guar, van. leurhé (avec chute de l'r par dissimilation),
aire d'une ville, Grég. Dour tom existe également, comme en
français vin aigre à côté de vinaigre'^.
I . J'ai essayé de montrer, Revue MorUhannaisc, I, 195, que penbas, bâton
Bibliographie. ^80
8. Le deuxième chapitre (p. 65-87) est intitulé « De quel-
ques celticismes et règles de construction ». On y trouve
d'utiles remarques sur la dérivation et sur différents faits de
grammaire, par exemple sur les nuances de signification que
peuvent exprimer certaines formes du verbe, p. 75, 76.
Les pages 69-92, sur le superlatif, contiennent la plus ample
collection de ces expressions intensives qui donnent tant de
cachet et de force au langage breton familier. On doit savoir
gré à l'auteur d'avoir établi cette liste, quoique encore incom-
plète, et parfois mal distribuée. Mais l'examen de cette ques-
tion aussi attrayante que difficile nous entraînerait trop loin
en ce moment, je le réserve pour un prochain chapitre des
Etudes bretonnes.
9. Les sons ; et c/;sont présentés, p. 65, comme nouveaux
en breton, et amenés par une prononciation défectueuse de:( et
s. Cette assertion, empruntée à l'abbé Roudaut, qui d'ailleurs
avait pu la prendre lui-même chez Le Gonidec, Grammaire
celto-bretonne, 1807, p. 4, 5, est des plus inexactes. Par exem-
ple, M. Moal dit que sench, changer, se prononce souvent
chench ; en réahté, ce mot, qui vient du français, commençait
toujours par le son ch en moyen breton, comme il est facile de
s'en assurer (Dictionnaire étymologique du bret. moy., s. v,
chang). C'est sench qui est une altération moderne de chench.
D'ailleurs, pour être logique, il eût fallu poser comme forme
correcte * sens. L'auteur a instinctivement reculé devant cette
conséquence d'un purisme de fantaisie ; mais c'est encore
trop d'avoir posé un principe si dangereux. Il aurait dû lui suf-
fire d'avenir, par exemple, qu'en Tréguier kroa^io, des croix,
devient souvent kroajo, comme kroasiou en Léon, kroachou ; et,
s'il y tenait, de mettre en garde les écrivains contre l'abus de
cette prononciation. Mais c'est un abus autrement grave, de
recommander des formes corrompues comme sakrila^ pour sa-
krilaj, sacrilège, qui, si elles existent, sont dues à un zézaie-
ment à coup sûr fort peu répandu.
à gros bout, est propretnent pen bas « bout de bâton », cf. le diminutif
baiig-pennek, Cwer^. Br.-I^.^ II, 88, 90, et que peidvan, pilier, n'est pas
composé de mean, pierre, mais dérivé comme tremenvafi, passage.
Revue Celtique, XV 26
^ 90 Bibliographie.
A quoi bon faire la guerre à un son très fréquent dans tous
les dialectes bretons, et dont l'introduction dans la langue date
d'au moins huit siècles, comme l'a montré M. d'Arbois de
Jubainville, Rev. Celt., III, 222-228 ? C'est comme si les au-
teurs français se mettaient à écrire :{u^cr, pour faire plaisir aux
habitants de la Cannebière, sous prétexte que le vulgaire son ;
ne remonte pas au français primitif, puisqu'il était étranger
au latin. Les inventeurs de cette prétendue réforme du breton
ont négligé de s'enquérir si le ^ français, par lequel ils veu-
lent remplacer le malheureux /, est plus celtique que lui, et
plus ancien en armoricain. Les témoignages réunis par M. d'Ar-
bois de Jubainville, Etudes grammaticales sur les langues celti-
ques, I, 44, pourraient leur inspirer des doutes à ce sujets
10. La lin de ce chapitre est gâtée par des fantaisies éty-
mologiques : arvor, bord de la mer, est donné comme une
corruption abusive de var vor, p. 86, puis il est question,
p. 87, de « quelques philologues » (!) qui voient dans cet ar
le latin area et l'hébreu aram.
Le chapitre III, intitulé v Additions », est encore plus ré-
préhensible à cet égard. Il y a, par exemple, p. 88, un nou-
velle explication de arvor par ar:{-nwr, qui est aussi peu sérieuse
que les précédentes ; p. 92, une généalogie étonnante de mots
bretons qui n'ont d'autre rapport réel que de commencer éga-
lement par la syllabe mou, etc.
Ces préoccupations n'ont pas seulement pour eifet fâcheux
de fournir au lecteur des notions erronées sur le sanscrit, par
exemple (p. 88), ou sur le russe (p. 92) ; elles amènent l'au-
teur, p. 91, à brouiller le breton et l'hébreu dans une préten-
due règle relative aux adjectifs numéraux.
Heureusement, encore une fois, de tels écarts sont excep-
I . Il ne faudrait pourtant pas en conclure que les Bretons n'aient pas eu
le son français du i avant le xix^ siècle. D. Le Pelletier le mentionne, p. 9
de son dictionnaire: « Les Bretons ont trois sortes de S. . . .La seconde ne
vaut que Z entre deux voyelles, & après l'article, si elle commence le nom,
comme en François & en Latin, selon notre prononciation ». Au xviiie siè-
cle, 1'^ intervocalique alterne parfois avec :^ / frcuesy et freneiy, frénésie,
Nouelou; ce i devait avoir le son français. Cette prononciation parait même
remonter au xyi^ siècle, puisque AmbroiseParé a écviXandraie, cette chose;
mais ce ne devait être encore qu'une mode nouvelle et peu répandue.
Bibliographie. 591
tionnels ; et la plupart du temps ces erreurs relatives à l'his-
toire de la langue bretonne restent sans effet sur l'exposé
des faits actuels, qui est le seul vrai sujet d'un travail en
somme consciencieux et estimable.
11. Dans la partie lexicographique, qui commence p. 97,
le fléau de l'étymologie arbitraire ne sévit que de loin en loin ;
par exemple aux mots abri, altéré, an, curieux. Les éléments
d'origine latine ou française en breton sont parfois assez bien
distingués ; voir, entre autres, le mot adversité.
L'auteur a pourtant gardé de l'abbé Roudaut des idées pré-
conçues sur l'âge de certains termes tout récents ; ainsi il qua-
lifie de « vieux » nulli, annuler, sagrin, chagrin, et regarde
comme possible l'origine bretonne de trankil, tranquille !
Une autre critique qu'on peut lui adresser, c'est que d'or-
dinaire il ne cite pas ses sources. Je crois pourtant qu'il a
admis quelques mots qu'il n'a pas entendus ; tels sont niilgi,
limier, et le prétendu vannetais marounad, chant funèbre. Il
les a pris aux recueils de Troude, mais avant de les donner
ainsi sous sa propre responsabilité, il eût bien fliit d'en véri-
fier la présence dans la langue usuelle.
12. Ces taches n'ont qu'une importance secondaire; il est
juste d'ajouter que, dans la grande majorité des cas, le nouveau
lexicographe breton parle pertinemment de faits réels, dont
quelques-uns sont intéressants au point de vue linguistique.
Ainsi le cornouaillais dirik, (vache) en chaleur, est l'adjectif
dont le manuscrit du Catholicon présente le verbe dérivé diri-
gae^ « estre en sault » (en gallois terica; cf. Glossaire moyen-
breton, V. tuer, lech).
Le cornouaillais ludik, (truie) en chaleur, est pour * leudic
(cf. Rev. Celt., XIV, 313), = gall. llodic, dérivé de llawd
« subatio », irlandais làlh, rut, que M. Bezzenberger rap-
proche du slave primitif * /si;. Ludic présente une ressemblance
trompeuse avec le vendômois lut, m., « état des chèvres qui
sont en chaleur », cf. le verbe lutter, qui « se dit des animaux
qui s'accouplent », P. Martellière, Glossaire du Vendômois,
1893 ; et avec le mot du bas-Gâtinais lidoire, ridoire « truie en
rut », C. Puichaud, Revue de philologie française et provençale,
VII, 109, 127.
392 Bibliographie.
L'expression e-leal-ia ! eh bien oui ! (s. v. bien) confirme
l'explication de nealia, non certes, donnée Rev. Celt., XIII,
354. 355-
Poulifren, f., miette, zeste, rien, existe en petit Tréguier :
eur boulifen, (pas) un brin. L'origine doit être la même que
celle du morvandeau poul, poulite, bouillie de farine d'avoine,
de sarrasin, etc. « Dans quelques textes de basse-latinité, la
polenta semble être une mesure à l'usage des meuniers... Cette
mesure indiquait vaguement la quantité de farine nécessaire
pour donner une portion de bouillie, une quantité à peu près
équivalente à une poignée », E. de Chambure, Glossaire du
Morvan. Quant au suffixe de poulifren, il est identique à celui
de engoulifrer, cf. engoulcr, manger goulûment, dans Targot
du peuple ; A. Delvau, Dictionnaire de la langue verte.
Un synonyme de poulifren est grinsen, zeste, que M. Moal
écrit aussi krinsen, miette, rien, et qui doit répondre au mor-
vandeau griche, f. « gouttelette, reste de liquide, petite quan-
tité en général » ; E. de Chambure cite à ce mot le genevois
grisse, gruau; cf. allem. grics.
13. Il serait, naturellement, possible de donner un supplé-
ment à ce « Siipplétncnt aux dictionnaires français-bretons et sur-
tout au dictionnaire pratique de Monsieur Troude » (c'est le titre
que porte la partie lexicographiquc, p. 97). Je vais essayer de
le faire pour un seul article : automne.
Cette idée a en breton une riche synonymie, et elle jouit du
privilège peu commun d'un dicton lexicographique (Brizeux,
Œuvres complètes, 186 1, t. I, p. 378). Troude avait donné les
mots suivants :
dilost-hanv, dilost-han, m. ;
van. dilost hag er ble, m. (il fluidrait ag) ;
dibenn-cost, van. dibenn-est, m. ;
dianeost, m. ;
rageost, m. ;
dishar-am^er , m.;
tréc. hère;
van. er mixeu du.
M. Moal en supplée deux :
ra^-arc'h ;
Bibliographie. j 9 ]
skub-deliou.
On peut ajouter :
han-goan, m., mot qui se trouvait dans le Dictionnaire fran-
çais et celto-breton de Troude, Brest, 1842; cet auteur a eu
tort d'y renoncer, il est employé dans un proverbe cité par
Grég., s. V. hiver, cf. Brizeux, I, 378, 380; han-goanv, Sauvé,
Proverbes, 828. Le dictionnaire français de Le Gonidec a aussi
hah-goah, m. ;
ar mi::^you du, forme léonaise de er ini^eu du, citée par Gré-
goire de Rostrenen, s. v. octobre ;
mare scub-delyou, Gr., litt. « l'époque du balayage des feuil-
les » ; selon D. Le Pelletier, scub-dcliou est la grande marée de
l'équinoxe de septembre ;
van. guenol, gunol, m.. Chai. ms. On lit, s. v. autonne:
« er guenol queru mais selon M'' Ing. er guenol signifie sep-
tembre et non l'autonne » ; et s. v. proposer : « er gunol ma,
cet autonne ». Queru veut dire Quervignac et Ing. Ingui-
niel, cf. Rev. Celt., XI, 360; voir aussi XIV, 225 ;
calon-gouàn, Vocabulaire nouveau..., sixième édition, Qiiim-
per, chez la veuve Blot, 1778, p. 9 ; par confusion avec calon,
cœur, Y>onr kalan-goanv, la Toussaint, cf. Sauvé, Prov., 816,
817, 818, quel an gouà « le jour de tous les saints », Nomen-
claior de 1633, p. 226, van. Kalan-Gouyan, id., miss-Calan-
gouian, novembre. Dictionnaire de L'A*** ; Calan-Gouyan, no-
vembre, Officeu, Vannes, 1870, p. 921, etc. Le proverbe
donné par Brizeux, I, 378, où hala-goan est traduit « au-
tomne », paraît un arrangement du gallois; cf. H. de la Vil-
lemarqué. Les Bardes bretons, 2^^ éd., p. 178;
maro-amxer en Goello et Tréguier, Rev. Celt., \Y , 162 ;
kox-amxçr, à Saint-Mayeux, Rev. Celt., IV, 162;
divex_-amser , Introduction d'ar vue^^ dévot, par Le Bris,
xv!!!*^ siècle, ancienne édition, p. 330; dive:(_ amser, éd. de
Quimper, chez Y. -Y. -L. Derrien, p. 330;
penn ar bloa^, Brizeux, I, 378;
autom, Nomenclator de 1633, p. 223. Voilà un mot qui
prouve que les langues n'empruntent pas seulement par be-
soin ! C'est pourtant la seule expression que fournisse le No-
menclator.
jc)4 Bibliographie.
Saison diûehan, litt. « dernière saison », premier équivalent
breton que donne Chalons ms. pour le français autonne, paraît
être plutôt une définition qu'une traduction.
« Nos Bretons », dit D. Le Pelletier, s. v. ra^-arch, « n'ex-
priment ni le Printems, ni l'Automne en un seul mot ». En
ce qui concerne cette seconde saison, la remarque est démen-
tie par le trécorois hère. Le plus ancien témoignage à moi
connu de cette acception est celui de Le Brigant, avocat à Tré-
guier, qui, dans ses Eh'mens de la langue des Celtes, Strasbourg,
1779, donne, p. 50 : « an éré, l'automne » ; mais elle doit re-
monter bien plus haut, comme l'indique le gallois hydref. En
petit Tréguier, hérc désigne l'époque des semailles ; on en a
tiré le dérivé hérees : ober va hérees val vid hla, c'est-à-dire amxer
val vid an hère, il fliit mauvais temps pour les semailles, cette
année. A Gommenec'h, héries se dit de la mue des oiseaux (cf.
De l'urgence d'une exploration philologique en Bretagne, Saint-
Brieuc, 1877, p. 8) ; à Trévérec on emploie hère dans ce sens :
'mah 'yîr ober 0 hère, les poules font leur mue.
L'autre partie de l'assertion de D. Le Pelletier est aussi
contredite au même passage de Le Brigant, qui rend « le
printems » par an anv, et « l'été » par an est. Ceci est plus
exact qu'on ne le croirait tout d'abord. Le P. Grégoire traduit
« paquerete » par boqcdou hah, bocqedou an hah et bocqedou an
nèvei-amser, ce qui veut dire également « fleurs du printemps »,
et non « fleurs d'été », comme Troude explique bokejou-hanv.
Dans l'usage du petit Tréguier, bokodo 'n hah ne s'applique
pas aux pâquerettes, mais aux primevères, fleurs essentielle-
ment printanières, comme leur nom français. Et il ne saurait
y avoir de doute sur cette attribution : les enfants trécorois
connaissent fort bien la primevère vulgaire, dont ils mangent
la fleur avec plaisir.
La confusion entre le printemps et l'été semblerait avoir
provoqué, inversement, l'emploi de animer neve au lieu de hafi,
dans ce vers du Bar:^a:[^ Brei:{ (p. 433) :
Errii ann animer neve endro g and mi^ even,
littéralement « voici le printemps de retour, avec le mois de
Bibliographie.' 395
juin » ; exagération contraire à celle que s'est permise Boileau,
Satire III, v. 83 :
Point de glace, bon Dieu ! dans le fort de l'été !
Au mois de juin 1 !
Mais il est bien possible que, dans la chanson bretonne, la
mention de juin ait remplacé celle d'un autre mois; cf. les
passages similaires cités Revue Morbihannaise, I, 377.
Quant à l'emploi de est « août », pour « été », il n'a rien
d'invraisemblable ; comparez, par exemple, la formation des
deux noms de l'automne dilost-hah « la queue, la suite de
l'été », et dihenn-eost , dibenn-est, le bout, la suite de l'août (ou
de l'été). Cette dernière expression nous a conservé le corres-
pondant armoricain du gallois dyben, fin, conclusion.
E. Ernault.
I . Littré distingue l'été astronomique de l'été météorologique ; ce dernier
« qui est le véritable été dans le sens populaire », « commence du 10 au
I) mai, et va jusqu'au iS ou 20 août ».
CHRONIQUE
SOMMAIRE: I. Le P. Hogan, Todd Lectures, vol. V. — 11. Joyce, Old Celtic Ro-
mances, 2" édition. — 111. Cameron, Rcliquiae Celticae, t. 11. — IV. Jusserand.
Histoire littéraire du peuple anglais. — V. Nominations de celtistes. — VI. M. Ans-
combe et la chronologie irlandaise. — Vil. Haverfield, Roman inscriptions in Bri-
tain. — Vlll. Réunion annuelle de l'association cambrienne d'archéologie.
I.
Le Père E. Hogan, /eJ/ow de l'Université royale d'Irlande, vient de pu-
blier, aux frais de l'Académie d'Irlande, un volume de 140 pages, Todd
Lectures, vol. V, dont le prix modéré, 2 shillings 6 pence, soit 3 fr. 10, est
à la portée des bourses les plus modestes d'étudiants; dans l'enseignement
ce livre pourra être fort utile ; chaque page est divisée en deux parties : en
bas un texte hagiographique latin, en haut la traduction de ce texte faite en
irlandais du XF au xiv^ siècle.
Un résultat de la comparaison du texte latin avec le texte irlandais sera de
faciliter — aux étudiants qui savent le latin — la préparation du texte avant
le cours. Cette comparaison, en outre, pourra fournir de temps en temps
au professeur le moyen d'égayer la leçon aux dépens de ces bons prêtres ir-
landais du xi'^ au xiv« siècle, fort vertueux sans doute, mais qui n'étaient
pas aussi savants que leurs prédécesseurs, les contemporains de nos rois
mérovingiens, de Charlemagne et de Charles le Chauve. Un passage typique
est celui où, p. 87, Martinus [S]abariae Pannoniae oppido oriundus fuit est
rendu par Martain do Fraiigcaih a chenel, « Martin était français de nais-
« sance ». Celui qui a écrit ces mots ne savait pas ce que c'était que la Pan-
nonie, mais on ne l'ignorait pas en Irlande au ix^ siècle, Dicuil en est témoin ' .
Les traducteurs irlandais reproduits par le Père Hogan connaissaient la
langue latine mieux que la géographie, cependant leur procédé de traduction
peut être discuté. Un exemple se présente à la première page, dès la
I. Rhetia minor, Noricus, Pannonia, Illiricum, Dalmatia, Liburnia
finiunt ab oriente Dardania, ab occidente flumine Rheno, a septentrione flu-
mine Danubio, a meridie mari Adriatico. Dicuili liber de mensura orhis ter-
rae, édition Parthey, p. 9, 1. 11-13.
chronique. 397
troisième ligne du texte irlandais et du texte latin imprimé au-dessous.
Dans le texte latin se trouve l'accusatif singulier comitem, rendu en irlan-
dais par imchùvu't. Tout le monde sait que le latin cornes, comitis est un nom
d'agent signifiant « compagnon ». Imchoniet, mieux imchomét, a le mérite
d'offrir à peu près le même son que le mot latin, mais c'est un terme abs-
trait, en irlandais moderne iomhchoimhcd, qu'O'Reilly rend par giiarding,
protecting ; ce mot est composé: lodu préfixe i»i, qui a ici valeur augmen-
tative {Grammalica ccltica^, p. 877), 2° du substantif comcit, corné t ; or l'ir-
landais comét glose le latin custodia dans le célèbre ms. irlandais de Milan,
VIII* siècle, fol. 139 c, 7, édition Ascoli, p. 564. Ce substantif sert d'infinitif
à un verbe dont le thème est com-ô- — probablement pour com-âuô-, com-
ûuë qui veut dire servare, ciistodire, sur lequel on peut consulter Ascoli,
Glossarùim palaeo-hibernicum, p. cix, cx; Thurneysen, Revue Celtique, VI,
139; Windisch, Irische Texte, t. I, p. 441. Du reste imchomét est identique
au mot imchoimét rendu par guarding, p. 758 du glossaire qui termine l'édition
des Passions et Homélies irlandaises donnée par M. R. Atkinson.
Naturellement le Père Hogan ne cite pas la traduction de comitem par
imchomét comme un exemple des cas où la traduction de M. Whitley Stokes
— ici « le garder « to giiard him {The tripartite Life, t. I, p. 29, 1. 14; cf.
p. 28, 1. Il), — doit être corrigée par la comparaison avec le texte latin.
Toutefois, sans songera contester l'intérêt que présente la publication du
Père Hogan et son utilité, je crois que le savant auteur s'exagère la valeur
de quelques-unes des rectificatior ""l'elle lui semble autoriser à faire aux
traductions proposées avant lui. Dans le i.iber Augueli conservé par le Livre
d'Armagh, fol. 20, h. 2, saint Patrice parle des « quelques élus «, quosdam
electos, qui se produiront un jour en Irlande. M. Whitley Stokes a publié ce
texte, The tripartite Life, t. II, p. 353, 1. 5. L'écrivain irlandais auquel on
doit la Vie tripartite a rendu le latin electi par maicc bethad (édition Whitley
Stokes, t, I, p. 234, 1. 9), efM. Whitley Stokes a traduit maie bethad par
« fils de vie », sons of life. La même formule irlandaise, mac bethad, se
trouve dans le même ouvrage irlandais, ibid., p. 84, 1. 20, et a été rendue
de la même façon par le savant anglais, ibid., p. 85. Suivant le Père Hogan,
M. Whitley Stokes a dans les deux cas dépassé son droit de traducteur. Il
aurait du écrire elects « élus ». De même, M. Atkinson, dans son livre inti-
tulé The Passions and the Homilies, rencontrant l'expression opposée : a vieic
in bais, p. 109, 1. 2426, l'a rendue, p. 354, par: 0 son of death « ô fils de
mort ». Erreur, dit le Père Hogan, l'expression irlandaise est la traduction
du latin impius, « impious », « impie ». M. Atkinson aurait dû imprimer
impious.
Je ne suis pas convaincu que cette critique soit fondée. Si l'auteur irlan-
dais de la Vie tripartite avait voulu rendre littéralement le latin electus, il
aurait écrit toghtha, participe passé passif du verbe toghaim, « eligo » ; mais
il avait désiré donner à sa traduction quelque chose de Httéraire qui man-
quait à l'original. Voilà pourquoi il 3l cent maicc bethad « fils de vie», s'ins-
pirant d'une formule employée par saint Paul, Première aux Thessaloniciens ,
c. V, V. 5 : Vos filii lucis estis et filii diei. L'exclamation a maie bais « ô fils
398 Chronique.
de mort », est également une forme élégante substituée à l'expression inco-
lore iinpius, en irlandais cïontach ou neimhdhiadha. Ainsi la critique du Père
Hogan effacerait impitoyablement ce qui fait la valeur littéraire du texte ir-
landais.
Il y a d'autres circonstances où l'on peut douter du mérite des traductions
nouvelles que le P. Hogan propose sur la foi du texte latin. La vie latine
de sainte Brigit attribue une seconde vue à cette vierge merveilleuse. Brigit,
se trouvant avec l'évêque Ere et avec plusieurs autres personnes, lui aurait
dit un jour ; « Il y a maintenant une guerre entre ta famille et une autre »,
mine helhiin gcritiir inter tuam gentem et aliam. Elle voyait un combat à une
distance qui le rendait invisible pour toute autre personne. Les mots corres-
pondant à aVuwi gentem, dans la traduction irlandaise, sont a comaithgiii,
Whitley Stokes, Three middle-irish Homilies, p. 70, et le savant anglais a
rendu cette expression par Us neighbours « ses voisins ». M. Ascoli a placé le
mot comailhech dans son Glossarimn palaeohiberniciim, p. l ; et il le traduit
par viciniis, proprie qui una vel contigue agros conducit. Il y a, suivant moi,
dans cette indication du sens propre du mot une légère erreur de droit. On
appelait comailhech ceux qui tenaient du même chef non pas des terres, mais
des bestiaux, un cheptel. Or habituellement ces vassaux du même chef
étaient voisins les uns des autres; de là le sens dérivé vicinus « voisin »,
neighhotir. Le sens de « voisin » est évident au t. I, p. 260, 1. 10 des An-
cient latvs oj Ireland, où il est question des quatre comaithchiu d'un champ :
deux joignent sur les côtés, deux touchent par les bouts. En rendant diam
ventem par comalthgiu, l'auteur irlandais de la vie publiée par M. Whitley
Stokes dans ses Three middle-irish Homilies a prouvé qu'il était un arrangeur
et non un traducteur, et ceux qui voudront se convaincre qu'il n'était pas
seul à entendre son rôle de cette façon n'auront qu'à se reporter au passage
correspondant chez le même M. Whitley Stokes, Lives of saints from the
Book of Lismore, p. 90, 1. 1669, où le latin aliam gentem n'est pas traduit du
tout. Brigit dit à l'évêque Ere : « Il y a bataille entre les gens de ta tribu »,
itir do thuaith-si.
De ces critiques et de quelques autres ' que je pourrais y ajouter, on au-
rait tort de conclure qu'il n'y ait rien de nouveau à apprendre dans le livre
du Père Hogan. Je suis d'une opinion tout opposée, sans partager cependant
sur tous les points la manière de voir de l'érudit auteur.
Je terminerai en disant un mot des observations qu'à la p. vu de sa pré-
face, il adresse à M. Kuno Meyer à propos de la critique faite par ce savant,
Revue Celtique, t. XV, p. 114, des traductions contenues dans le tome II de
I . Ainsi, préface, p. xi, le Père Hogan dit qu'il ne faut pas traduire âasal-
decon par « archidiacre », « archdeacom^ ; or, dans son texte, p. i, 1. 5, hua-
saldecoii (The tripartite Life, t. I, p. 30, 1. 13) est la traduction irlandaise du
latin archidiaconus, même page, 1. 15 (The tripartite Life, t. II, p. 272,
1. 15). Dans quelques cas uasal decon doit être rendu par « illustre diacre »,
mais il est un peu hardi de s'exprimer sur ce point d'une façon absolue et
sans exception.
Chronique. jgc)
la Silva Gadelica publiée par M. Standish O'Grady. Suivant le Père Hogan,
M. Standish O'Grady aurait rendu h-eith aithrige par « pénitence », penatice,
et M. Kuno Meyer se serait trompé en donnant la traduction « jugement de
pénitence y>,jiidgmeHt of penance. Cette critique de la critique est peut-être un
peu hâtive. M. Standisli O'Grady, dont le Père Hogan prend la défense, a
imprimé, t. I, p. 5,1. 35, hnith aithrige pour breith aithrighc, et t. Il, p. 6,
1. 4, il a traduit par « dure pénitence », sore penance, cette locution mal lue
par lui, et dont le sens littéral est « jugement de pénitence ». Au t. I,
p. II, 1. 2j, M. Standish O'Grady avait laissé dans le fond de son écritoire
le mot aithrige, « de pénitence », qui, dans le manuscrit, suit immédiatement
le mot hreithei)ihnas « jugement », et dans sa traduction, t. II, p. 13, 1. 7,
on trouve jiidgnient, « jugement », et natureUement aithrige « de pénitence »,
of penance, n'est pas traduit. Ainsi le Père Hogan fait à M. Standish
O'Grady l'honneur d'une traduction exacte qui n'existe pas et qui était im-
possible, par l.'effet d'inexactitudes dans la transcription du manuscrit ; je ne
vois pas comment M. Kuno Meyer s'y serait pris s'il avait voulu exposer
d'une façon plus brève et plus littéraire, comme le prétend le savant jésuite,
les rectifications qu'exige la publication de M. Standish O'Grady. M. Stan-
dish O'Grady, Silva Gadelica, t. II, p. 4, 1. 16, en traduisant par lay on
him a penance « lui imposer une pénitence », la formule breithemnas aithrige
do chengal air, t. I, p. 4, 1. 8, 9, s'est exprimé avec plus d'élégance qu'un
des collaborateurs de la Revue Celtique, t. XV, p. 84, 1. 12 « jugement de
repentir lier à nous » (lise:{^ moi). Je l'admets volontiers. Mais ce que l'au-
teur français de ce membre de phrase voulait nous donner était un mot-
à-mot et non une traduction.
Ces observations ne m'empêchent pas de croire que le livre du Père Hogan
pourra dans l'enseignement rendre de grands services.
IL
M. Joyce a fait paraître en 1879 la première édition de ses Old celtic ro-
viances. C'est un recueil d'une incontestable valeur littéraire et dont, par ce
motif, M. H. Gaidoz a fait avec raison un compte rendu bienveillant qu'on
peut relire dans la Revue Celtique, t. IV, p. 279. M. Joyce vient de donner
une seconde édition de ce livre à la librairie David Nutt, de Londres. Pour
attester un succès, il n'y a pas de meilleure preuve. Toutefois, je regrette
que l'auteur n'ait pas profité de l'occasion qui se présentait pour remanier
sa préface et lui donner un caractère un peu plus scientifique. M. Joyce a
publié deux livres qui montrent en lui un véritable érudit : The Origin and
History of Irish Nantes of Places, et Keating for Students of Gaelic. Mieux que
personne, il sait que parmi ses « vieux romans celtiques », Old celtic ro-
mances, il y en a un dont l'auteur était contemporain de Voltaire et de
Rousseau et vivait au milieu du siècle dernier, c'est le poème intitulé Oisin
ar thir na n-ôg, composé par Michel Comyn, auteur aussi du roman de To-
rolbh mac Stairn, comme l'a expliqué M. Brian O'Looney dans une lettre
400 Chronique.
datée de 1858 et publiée l'année suivante dans le tome IV des Transactions
of the Ossianic Society, p. 229-2324.
La plus grande partie des contes publiés par M. Joyce ne remonte pas
beaucoup plus haut que 025^» ar thir na n-ôg. Je ne parle pas de la langue
qui pourrait avoir été remaniée, mais il faut n'avoir qu'une pratique très
superficielle de la vieille littérature irlandaise pour s'imaginer que des contes
comme celui des fils de Ler et des fils de Turenn soient de même date
que par exemple la légende de Derdriu et des fils d'Usnech. Autant vaudrait
nous donner pour contemporains de la Cliaiison de Roland les derniers romans
de la geste de Charlemagne et la Bibliothèque bleue. Brian, luchar et Uar
ou lucharba, qui sont les trois fils de Turenn dans le conte traduit par
M. Joyce, ont pour père Bress et pour mère Brigit dans la plus ancienne
littérature de l'Irlande qui fait d'eux trois dieux (Livre de Leinster, p. 30,
col. 4, 1. 40-42, et p. 187, col. 3, 1. 55-59). Dans cette vieille littérature
Turenn s'appelle Turill Picreo, meurt à la première bataille de Mag Tured
et on ne lui connaît pas d'enfants (Livre de Leinster, p. 11, col. i, 1. 24).
Tout ce qui dans cette ancienne littérature s'accorde avec le conte moderne,
c'est que Brian, luchar et Uar ou lucharba ont tué Cian, père du dieu
Lug, et que le dieu Lug a. vengé cette mort par la leur. Livre de Leinster,
p. II, col. I, 2, 1. 28 ; col. 2, 1. 2, 5. A leur sujet, M. Joyce renvoie au
glossaire de Cormac, où il n'est question d'eux que dans le commentaire
anglais et dans les notes ajoutées à la traduction anglaise d'O'Donovan dont
la publication est due à M. Whitley Stokes.
Le livre de M. Joyce est expurgé comme les éditions classiques du père
Jouvency. La mère peut en permettre la kcture à sa fille. Je recommande à
ceux qui voudront s'en assurer le début de la pièce intitulée « Voyage de
Maelduin » (M. Joyce écrit Maildun), p. 112, et le chapitre xxviii du
même morceau, p. 152, où sont racontées les aventures du héros et de ses
compagnons dans une certaine île. Il flmt comparer le récit de M. Joyce
avec le texte publié par M. Whitley Stokes, Revue Celtique, t. IX, p. 452-455,
et t. X, p. 63 et suivantes. Le « Voyage de Mael Duin », traité à la façon
de M. Joyce distraira innocemment les oisifs : on leur recommandera sans
danger les Old celtic Romances ; quant aux érudits, ce livre pourra souvent
les égarer, s'ils acceptent sans contrôle les renseignements qu'il fournit.
Dans sa préface, M. Joyce donne des indications sur les éditions anté-
rieures auxquelles le lecteur pourra se reporter s'il a le sens critique. Mais
cette bibliographie n'est pas complète. M.Joyce paraît ignorer, par exemple,
qu'en 1892, M. St. O'Grady a publié dans sa. Si Iva Gadelica, t. I, p. 233,
le texte original du « Débordement de Lough-Neagh », avec une traduction
anglaise, t. II, p. 265 ; qu'en 1893, le voyage des Hui Corra a paru dans la
I. L'édition donnée par la Société ossianique est précédée, p. 228, d'un
avertissement qui commence ainsi : « The Council of the Ossianic Society
do not hold themselves responsible for the authenticity or antiquity of the
following Poem ; but print it as an interesting spécimen of the most récent
of the Fenian Stories.
Chronique. 401
Revue Celtique, t. XIV, p. 22, grâce à M. Whitley Stokes. Il ne sait pas,
semble-t-il, que les Aventures de Condla ont été insérées par M. Windisch
dans sa Kur:;^efasste irische Grammatik, p. i i8,en 1879 ; de là l'erreur qui lui
fait donner à ce personnage le surnom de cdin « joli », au lieu de cam
« bossu », etc., etc.
Le livre de M. Joyce est amusant, mais aussi — on le dira, je crois, sans
blesser M. Joyce — il est peu scientifique, et ce défaut — ou cette qualité
— a été voulu par l'auteur, qui aurait pu donner à son œuvre un tout
autre caractère, si cela lui eût convenu : mais il aurait trouvé moins de lec-
teurs — surtout moins de lectrices — et d'acheteurs, et il n'aurait proba-
blement pas la gloire d'une seconde édition.
III.
La Revue Celtique en 1892, t. XIII, p. 408, 409, a annoncé l'apparition
du premier volume des Reliquiae cdticae, iexts, papers, and studies in gaelic
literature and philology, laissés par feu Alexandre Cameron et mis au jour
par MM. Alexandre Macbain et John Kennedy (Inverness, chez l'éditeur du
Northern counties Ncivspaper). Nous avons reçu le second volume de cette in-
téressante publication.
Il contient 660 pages et on y peut distinguer trois parties. La première et
la plus considérable consiste en reproductions de manuscrits gaéliques
d'Ecosse du dix-septième et du dix-huitième siècle. La seconde comprend
un recueil de proverbes actuellement usités et de traductions toutes récentes
d'hymnes religieuses anglaises. La troisième consiste en leçons faites à
Glascovv de 1868 à 1884 et en divers mémoires, le tout concernant le vo-
cabulaire et la grammaire gaéUqucs d'Ecosse.
Disons d'abord quelques mots de la première partie. Le premier document
publié est le livre de Fernag, recueil de poésies lyriques écrit en 1688 et les
années suivantes. Le second est le Livre de Clanranald, conservé par deux
manuscrits, le Livre rouge et le Livre noir, tous deux du dix-huitième
siècle ; une portion, rédigée en prose, paraît avoir un grand intérêt pour
l'histoire moderne d'Ecosse , le reste est en vers. Le troisième est le ma-
nuscrit Turner, n" XIV de la Bibliothèque des avocats d'Edimbourg, recueil
de morceaux lyriques du dix-huitième siècle. Le quatrième consiste en deux
versions de l'histoire de Derdriu et des fils d'Usnech : l'une, celle du ma-
nuscrit 56 de la Bibliothèque des avocats d'Edimbourg, l'autre celle du
n" 53 du même établissement. Ces deux versions ont déjà été publiées, fia
seconde en entier par M. Whitley Stokes dans les Irische Texte, seconde
série, deuxième livraison, p. 122 et suivantes, 2° la première en partie par
le même, ibid., p. iio et suivantes, p. 142 et suivantes.
Voici les principaux sujets des leçons et mémoires : les plus anciens livres
imprimés en gaélique; histoire et littérature du gaélique ; Dumbarton et
Arran, études de toponomastique ; l'orthographe gaélique ; Vn final en gaé-
lique ; étude philologique sur le livre de Deer (cf. Whitley Stokes, Gôide-
402 chronique.
lica, 2^ éd., p. io8, loq) ; les verbes irréguliers en gaélique; recueil d'éty-
mologies gaéliques.
Dans ces leçons et mémoires, il n'y a pas, me semble-t-il, beaucoup de
nouveau, mais l'auteur paraît s'être tenu au courant du mouvement scienti-
fique. Quant aux manuscrits publiés, il est regrettable qu'en Ecosse on ne
sache nous donner en fait d'inédit que des textes aussi récents. Je ne com-
prends pas que les érudits écossais aient laissé à la Revue Celtique, t. XIV,
p. 4S0 (1895), l'honneur de publier avant eux la version du Cennach ind
Riianado conservée par le manuscrit 40 de la Bibliothèque des avocats d'Edim-
bourg. M. Kuno Meyer leur avait cependant signalé cette pièce importante
dès 1887 dans le Celtic Magaiine, t. XII, p. 215-218. Les textes irlandais
inédits que M. Kuno Meyer a indiqués dans la même revue d'après le même
manuscrit présenteraient un intérêt beaucoup plus général que les textes
gaéliques modernes édités avec tant de zèle depuis quelques années ' .
IV.
M. J.-J. Jusserand vient de publier à la librairie Firmin Didot un fort in-
téressant volume intitulé : Histoire littéraire du peuple auglais, des origines à
la Renaissance. M. Jusserand y donne une place à l'épopée irlandaise et aux
Mabinogion. L'auteur y parle du meurtre des fils d'Usnech, de la maladie de
Cùchulainn, du cochon de Mac Dâthô, de la mort de Cûchulainn, de la lé-
gende de Manawyddan, fils de Llyr. Il cite en notes les noms de plusieurs
des celtistes contemporains, MM. Whitley Stokes, Windisch, Rhys, Kuno
Meyer, Nettlau, Zimmer, J. Loth, F. Loth, Duvau. On voit avec satisfac-
tion pénétrer dans le grand pubHc le résultat d'études qui n'avaient été jus-
qu'à présent connues que dans un petit cercle d'érudits 2.
Trois de nos collaborateurs ont obtenu des honneurs que nous sommes
heureux d'annoncer aux lecteurs de la Revue Celtique : M. J. Loth, vient
d'être nommé pour la seconde fois doyen de la Facultédes Lettres de Rennes.
Ses travaux sur les dialectes bretons méritaient cette distinction à laquelle
applaudiront tous les celtistes. Ils applaudiront également à la décision de
l'Académie d'Irlande, qui a réélu le P. Hogan Todd lecturer, et à la récente
promotion de M. Kuno Meyer à l'université de Liverpool, où de lecturer il a
été élevé au grade de professeur.
VI.
Je reçois de M. Alfred Anscombe deux mémoires imprimés, l'un sur la
1. Sur la Bibliothèque des avocats d'Edimbourg voir aussi une notice de
M. Gaidoz, Revue Celtique, t. VI, p. 113.
2. Lq Journal des Débats, n» du mardi soir 26 juin 1894, dans un feuil-
leton signé Augustin Filon, rendant compte du livre de M. Jusserand, donne
d'après ce livre un extrait du Meurtre des fils d'Usnech et du Cochon de Mac
Dâthô.
Chronique. :^j
date de la mort de saint Columba, l'autre sur saint Gildas deRuys et sur la
chronologie des rois d'Irlande au sixième siècle >. Le premier de ces mé-
moires est une critique d'une étude du révérend D. Mac Carthy sur le même
sujet. Il a déjà été dit un mot de cette polémique dans la Revue Celtique,
t. XIV, p. 92. Je n'ai pas fait de la chronologie irlandaise une étude assez
approfondie pour avoir une opinion arrêtée sur la question qui divise les
deux savants, pas plus que pour apprécier la valeur du second mémoire.
VII.
La brochure de M. F. Haverfield, Roman inscriptions in Britain, III,
1 892-1 893, mentionne quelques noms celtiques lus dans des inscriptions
récemment découvertes ou dans des inscriptions déjà connues, mais dont
l'auteur propose de nouvelles lectures : Pertacns, nom d'homme à Silchester,
p. 7; Brica, cognomen féminin à Yorlv, p. 15; la dédicace ApoUini Anextlo-
maro, à South Shields, p. 22 (cf. Holder, p. 153); une dédicace à Jupiter
par hcohors equitaia LifigonumfàWidlsenà, p. 22, 23 avec une planche hors
texte, etc. L'auteur, p. 15, au lieu du nom divin Marrigae proposé par
M. Hûbner (C I. L., VII, 265 a) propose Mar\ti] Rigae.
• VIII.
Une jolie brochure de quarante-huit pages annonce la réunion annuelle
de l'Association cambrienne d'Archéologie qui se tiendra à Carnavon le
mardi 17 juillet et les quatre jours suivants, et à laquelle s'associera la So-
ciété roj'ale des Antiquaires d'Irlande. Le futur dont je me sers sera remplacé
par le passé quand cette chronique arrivera aux mains des lecteurs ; mais la
brochure conservera son intérêt. Elle contient une sorte de guide archéolo-
gique du voyageur aux environs de Carnavon ; elle est ornée de belles plan-
ches, parmi lesquelles deux représentent des pierres funéraires datant des
premiers temps qui ont suivi la fin de l'empire romain en Grande-Bretagne ;
ce sont celles qui ont les légendes : Aliortus Ehnetiaco hic iacet (Rhys, Lec-
tures on Welsh PhiJology, 2<^ édition, p. 367), p. 19; Fili Lovernii Anatemori
(Rhys, ibid., p. 368), p. 25 2. Citons enccsre les plans de deux vieilles forte-
resses bretonnes : Craig-y-ddinas , p. 23 ; Dinas Dinorwig , p. 45. Je souhaite
le beau temps aux excursionnistes que je regrette de ne pouvoir accom-
pagner.
Paris, le 14 juillet 1894.
H. d'Arbois de Jubainville.
1. Ces mémoires datés l'un d'avril, l'autre de juillet 1893, portent cha-
cun la mention : Publishedby Alfred Anscombe at 28, Carlingford road, West
Green, Tottenham.
2. M. Hùbncr, Inscriptiones Britanniae Christianae, lit Alhortu Seimetiaco
hic iacet, n» 146; et Anatemori fiU Lovernii, no 147. Dans la première les
noms propres semblent peu commodes à lire, et il est difticile de faire un
choix entre la leçon de M. Rhys et celle de M. Hùbner. J'ignore pourquoi
dans la seconde inscription M. Hûbner a pris sur lui d'intervertir l'ordre
suivi par le lapicide.
PÉRIODIQUES
I.
SiTZUNGSBERICHTE DER KÔNIGLICH-PREUSSISCHEN AkADEMIE DER WiS-
SENSCHAFTEN zu Berlin, t. XIX, 1894, p. 33 1. — Mémoire lu par le sa-
vant épigraphiste, M. Otto Hirschfeld, le 12 avril dernier, sur la question
de savoir si c'est bien à Timagène que Tite-Live a emprunté le récit de l'in-
vasion celtique en Italie qui commence par les mots : Equidem haud abnuen'm
(livre V, c. 33, § 4), sur lequel on s'est 'longtemps appuyé pour dater cette
invasion de l'an 600 avant J.-C. aulieude 400 environ, conformément à la
doctrine de Polybe et d'autres historiens grecs. Au nom de Timagène pro-
posé par K. MùUenhoff, M. Otto Hirschfeld veut substituer celui de Cor-
nélius Nepos qui est, comme on sait, antérieur à Tite-Live ; Cornélius Ne-
pos a écrit un traité de géographie au plus tard vers l'an 64 avant J.-C. et
un ouvrage intitulé Chronica quelques année après, en tout cas en 59 au plus
tôt. Il y a de sérieuses vraisemblances en faveur de l'hypothèse de M. Otto
Hirschfeld.
II.
Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Compte rendu des
SÉANCES DE l'année 1893, 4^ série, t. XXI, p. 243. Dans un mémoire lu le
25 août 1893, M. de Barthélémy fait observer que les monnaies des Lon-
gostalètes, AoyyoaiaXrj-rûv, sur une partie desquelles on trouve les noms
des chefs Ao'jxÔTtxv[o;], Bo'xio?, ont été recueillies surtout dans le départe-
ment de l'Aude qui est par conséquent leur pays d'origine. Le savant aca-
démicien pense que la colonie romaine de Narbonne a été fondée dans le
territoire des Longostalètes.
III.
Neues Archiv, t. XIX, p. 667. Dans trois manuscrits de l'histoire des
Bretons attribuée à Nennius, on lit en marge :
Sic inveni tihi, Samiid, id est Infans magistri met, id est Beulani presbyteri
in isla pagina scripti. (Edition San Marte, p. 33, note 8; Pétrie, Momimenta
historica hritannica, p. 55, note 21).
Périodiques. 40 5
Des mss. qui ont fourni cette phrase les deux plus anciens dAtent du
xiri« siècle ; l'un appartient au chapitre de Durham, l'autre auquel on sup-
pose la même origine porte le n° CXXXIX dans la bibliothèque du Corpus
Christi Collège, à Cambridge, le 3'-- (MS. Burney, 310) est du xive siècle.
Dans le second et le troisième des mêmes mss., le texte contient la
phrase suivante : SeJ, ciim inutiles magistro tneo id est Beulano presbytère vi-
sae suiit genealogiae Saxoniim et aliarumgentium, nohti eus scrihere (Edition San
Marte, p. 75, note 8 ; Pétrie, p. 76-77).
Ces mots manquent dans tous les anciens mss., xe, xii^ siècle, et dans
l'édition irlandaise. M. Zimmer croit que le Beulan mentionné dans ces deux
phrases latines habitait l'ile d'Anglesey. Voici ses raisons : Holyhead dans
l'île d'Anglesey s'appelle en gallois Caer Gybi et a une éghse dédiée à saint
Cybi. Or, saint Cybi, en latin Cepiiis, a eu un disciple appelé Peulan, et ce
disciple avait, suivant la tradition : 1° une sœur, sainte Gwenvaen qui a
donné son nom à une chapelle et à une source situées dans l'île d'Angle-
sey ; 2° un frère, saint Gwyngenau, auquel est dédiée une chapelle située à
Holyhead, enfin il y a dans l'île d'Anglesey une localité appelée Llan-
Beukn, qu'on peut traduire par « église de Peulan ».
M. Zimmer a peut-être sur tous ces saints personnages des renseignements
qui ne sont pas à ma disposition, et qu'il ne donne pas. Mais les lolo-mss.
et la Myvyrian Archaeology qu'il cite sont en général des recueils de docu-
ments trop modernes pour avoir grande autorité : Robert William, A bio-
graphical Dictionary of eminent IVelshmen, p. 88; Rees, ^n Essay on luelsh
Saints, p. 266-267, n'indiquent aucune vie de saint Cybi. Je n'en trouve pas
de mentionnée chez Potthast, Bibliotheca historica medii aevi. En fait de cri-
tique hagiographique, M. Zimmer témoigne souvent d'une foi naïve, qui,
dans certaines circonstances, est une vertu, mais dont ici la valeur scienti-
fique pourrait sembler un peu contestable. Je ne veux pas dire par là que son
article soit moins intéressant.
Sur saint Peulan, voyez Rees, p. 237, et Robert Williams, p. 403. De ce
personnage on ne paraît guère savoir de certain qu'une chose, c'est qu'on
a mis sous son vocable une église située dans l'île d'Anglesey et appelée,
comme nous venons de le dire, Llan-Beulan.
La conclusion de M. Zimmer est qu'une récension de VHistoria Britomim
a été faite dans l'île d'Anglesey. Il ne nous explique point par quel phéno-
mène phonétique le Beidaniis de VHistoria Britomim aurait dans la tradition
remplacé son B initial par un P, ou pourquoi, si le Beiilanus de VHistoria
Britonum est bien celui qui a donné son nom à une paroisse de l'île d'An-
glesey, cette paroisse ne s'appelle pas Lan-Jeuîan.
IV.
Revue de P.\ris, p. 158 et suivantes. — Article de M. Gaston Paris sur
la légende de Tristan et Iseult.
« Le nom de Tristan paraît picte d'origine ». C'est la doctrine de M. Zim-
mer (Revue Celtique, XII, 397). Il en effet incontestable que le nom de
Revue Celtique, XV. 27
4o6 Périodiques.
Drostan. dérivé de Drust, et celui de Drust, ont été portés par des person-
nages pietés. M. Zimmer l'a établi par divers passages des Annales de Ti-
gernach, exemple, année 724 : Clericatiim Ncchtain régis Pictoriim, Dmxst
posl eum régnai (édition d'O'Conor, p. 254), des Annales d'UIster, exemple,
année 728: Exactatores Nechtain ceciderunt hoc est... Finguine mac Dros-
tain. . . Belhim inter Oengus et Drust rcgem Pictorinn (édition Hennessy,
p. 182), etc. Le Nechtan de Tigernach et celui des Annales d'Ulster sont
évidemment le même personnage, malgré la différence des dates, vu l'in-
certitude chronologique des textes irlandais du temps. Toutefois, le nom de
Drust a été aussi gallois. La préface du Farce Domine (Whitley Stokes,
Gôidelica, 2eéd., p. 96), parle d'un certain Drust, rex Bretan, qui avait une
fille appelée Drusticc et qui était contemporain de Finnen Maige Bile, lui-
même contemporain de Diarmait, roi suprême d'Irlande, mort en 558. Par
conséquent, le nom de ce Tristan, dont le fils Auel fut témoin d'un acte de
l'évêque de Llandaf, Hergualdus, 1056-1 104 (Livre de Llandaf, édit. de
Gwenogfryn Evans, p. 279), n'est pas isolé dans le pays de Galles. C'est au
xv^ siècle un diminutif du Drust constaté au vi^ siècle, et il est parallèle au
Drusticc du même temps. D'autre part, le nom de Drostan semble avoir
été irlandais ou scott tout aussi bien que picte ou gallois. Le plus ancien
monument du gaélique d'Ecosse, le livre de Deir, ix^ siècle, donne à saint
Columba, vi'^ siècle, un élève appelé Drostan mac Cosgreg (Whitley Stokes,
Gôidelica, p. 108). Côsgreg est le génitif de Cosgrach, variante de l'irlan-
dais coscorach, adjectif qui veut dire « triomphant » et qui est ici employé
substantivement. Il n'y a donc pas à s'étonner de ce que Forbes, CaJendar
of scotiish saints, p. 326, traduisant le bréviaire d'Aberdeen, a écrit que saint
Drostan était de la race royale des Scoti, c'est-à-dire des Irlandais établis
dans la partie septentrionale de la Grande-Bretagne.
Le nom de Tristan peut dériver d'une forme réduite de la racine qui est
pleine dans le nom gaulois * Drousos, écrit par les Romains Drausus, Drû-
sus (Whitley Stokes, Urkeltischer Sprachschat:^, p. 156), et sa forme primi-
tive Drustan paraît avoir été usitée aussi bien chez les Irlandais et chez les
Gallois que chez les Pietés '. Mais tout ceci est secondaire.
La question principale que se pose M. Gaston Paris à propos du roman
de Tristan et Iseult est de savoir quelle est l'origine de la donnée qui en
forme le fonds. Suivant lui, cette origine est celtique. « En résumé, une
« conception de l'amour telle qu'elle ne se trouve auparavant chez aucun
I. On peut admettre que Drostan soit phonétiquement, d'origine picte,
comme M. Zimmer semble l'avoir prouvé, sans conclure de là que ce nom
n'ait pas été très anciennement adopté par les Gallois et les Irlandais. En tout
cas il n'est nulle part question d'un Drostan picte qu'un sentiment amou-
reux ait distingué. Le seul Drostan picte qui ait une légende est un druide
qui guérissait par un bain de lait les blessures des guerriers. Ce récit appar-
tient au Diiinscnchus d'Ardlemnacht d'où il a pénétré dans le Lehar Gabala
(Livre de Leinster, p. 196, col. i, ligne 23 et suivantes; cf. p. 15, col. 1,
1. 22-30) et dans le Ncnnius irlandais (Livre de Ballymote, p. 203-204).
Périodiques. 407
« peuple, dans aucun poème, de l'amour illégitime, de l'amour souverain,
« de l'amour plus fort que l'honneur, plus fort que le sang, plus fort que
« la mort, de l'amour qui lie deux êtres l'un à l'autre par une chaîne que
« les autres et eux-mêmes sont impuissants à rompre ou à relâcher, de
« l'amour qui les surprend malgré eux, qui les entraîne dans la faute, qui
« les conduit au malheur, qui les amène ensemble à la mort, qui leur cause
« des douleurs et des angoisses, mais aussi des joies et des ivresses telle-
« ment incomparables et presque surhumaines que leur histoire, une fois
« connue, resplendit éternellement au ciel du souvenir d'un éclat doulou-
« reux et fascinant, cette conception est née et s'est ré alisée chez les Celtes
« dans le poème de Tristan et Iseut, et forme une des gloires de leur race. »
Malgré tout le talent littéraire de l'éloquent et sympathique auteur,
je ne crois pas un mot de tout cela. Je voudrais qu'on me trouvât cette
folle peinture de l'amour dans la littérature des Celtes avant le xn« siècle.
La plus ancienne littérature irlandaise nous présente la fiancée fidèle à
son fiance, la femme fidèle à son mari, la veuve qui le regrette et lui
reste fidèle, tandis qu'à côté de la fille et de la femme modèles beaucoup
d'autres sont de mœurs moins sévères. Mais le type de l'amour illégitime,
tout-puissant, comme on le trouve dans le roman de Tristan et Iseut,
est une création française du xii<^ siècle, et sa naissance est le résultat spon-
tané du milieu où elle s'est produite'. C'est au xii^ siècle que dans le monde
français, tant sur le continent qu'en Angleterre, les femmes commencent à
hériter des fiefs et même de la royauté. Des femmes apportent à la maison
d'Anjou le duché de Normandie, la couronne d'Angleterre, le comté de
Poitiers, le duché de Guyenne, et font ainsi du petit comte d'Anjou l'égal
du roi de France, son suzerain. Je me borne à cet exemple. Les femmes
ont pris dès lors dans le monde féodal une importance inconnue jusque-là.
Avant cette époque, on n'avait écrit de romans que pour les hommes, c'est-
à-dire pour des rois et des barons, principalement occupés de guerre. On
leur racontait des guerres dans lesquelles l'amour ne fournissait que de
courts épisodes. Ces récits ennuyaient les femmes, mais qu'importait? Ce
n'était pas elles qui payaient les auteurs. Quand une révolution dans le droit
les rendit riches et puissantes, on écrivit pour elles. On créa pour elles des récits
d'amour agrémentés par un merveilleux que la légende celtique fournissait
à flots et qui, bien que souvent enfantin, avait pour les imaginations fémi-
nines un prodigieux attrait. Des noms d'origine celtique ajoutèrent à l'in-
térêt par leur nouveauté. Certains maris même prirent plaisir à faire lire ces
récits à leurs femmes. Quand on avait épousé une héritière pour son fief ou
I. Dans la vieille littérature irlandaise il est souvent question du charme
appelé geis ; c'est une prohibition magique, qu'on est libre d'enfreindre,
mais l'infraction est punie par un châtiment redoutable. Dans cette littéra-
ture je ne connais pas d'exemple d'enchantement supprimant la liberté,
comme a été supprimée dans le rotnan français la liberté de Tristan et d'Iseut.
Il y a là une thèse philosophique qui sent l'école et qui est étrangère au
cercle d'idées dans lequel se meut l'intelligence du vieux conteur irlandais.
4o8 Périodiques.
pour sa couronne, on ne pouvait pas le lui dire brutalement comme le ju-
risconsulte romain Paul, quand dans son commentaire sur l'édit du préteur,
il écrivait : « Rei publicae interest miûieres dotes salvas habere, propter
Q.UAS NUBERE POSSUNT. On parlait d'amour à la femme, à la riche héritière,
et on lui faisait croire qu'on éprouvait ce sentiment d'une façon irrésis-
tible. Si elle doutait, on lui faisait lire Tristan et Iseut. Faute d'avoir em-
ployé ce procédé, Louis Vil, traité de moine par sa femme, a perdu le
Poitou et la Guyenne, qu'Eléonore, divorcée, a été porter au comte d'Anjou,
bientôt roi d'Angleterre.
Ce que nous savons de la littérature galloise à propos de Tristan est ex-
clusif de l'idée que l'amour de ce personnage pour Iseut ait été connu en
Galles avant le roman français. Dans le Songe de Rhonahivy (éâLiXion de Gwe-
nogfryn Evans, p. 159, 1. 27, J. Loth, t. I, p. 311), Drystan est un des
conseillers d'Arthur. Les triades du Livre rouge font de lui un porte-dia-
dème (G. Evans, p. 303, 1. 4, 5 ; J. Loth, t. II, p. 131), un bon ouvrier
(Evans), p. 304, 1. 24; J. Loth, t. II, p. 238). La seule relation que suivant
ces vieilles triades il y ait eu entre Tristan et Iseut aurait consisté en ce que
Tristan aurait gardé les cochons de Mardi, fils de Meirchion, pendant que
le porcher allait en message vers Essylt (Evans, p. 307, 1. 13, 15 ; Loth,
t. II, p. 247). C'est seulement dans les triades toutes récentes de la Myvyrian
Arcbccologie, p. 397, Loth, II, p. 260, 261, qu'on voit apparaître l'amour
de Tristan pour Essylt, femme de son oncle March Mcircliiawn. Cette no-
tion nouvelle est empruntée aux romans français.
V.
Bulletin de correspondance hellénique, p, 569, article de M. Henri
Weil sur de nouveaux fragments d'hymnes accompagnés de notes de mu-
sique découverts à Delphes par l'école française d'Athènes. Deux de ces
fragments semblent appartenir à un hymne, Ttoocsdoiov, composé vrai-
semblablement pour la fête des Sojxrjpca instituée d'un commun accord par
les Athéniens et les Etoliens sous l'archontat, dans Athènes, de Polyeucte,
troisième année de la cent-vingt-cinquième olympiade, 278 av. J.-C, un an
après la victoire remportée sur les Gaulois qui avaient pillé du temple de
Delphes, 279, et en mémoire de ce succès. L'établissement de cette fête
est connu par deux inscriptions que je reproduis ici, parce qu'une partie
de ceux qu'intéresse l'histoire celtique peuvent en ignorer l'existence.
['E]~l noXu£Û-/.-ou apy^ovTO; i~\ Tr,; Aiyctoo; Èvoîtr]; -p-
[u]Tav£ia; fj Xatpcswv 'Apyj.'^'piio'j Kcçpa)>YiO£v èypa-
[uL][j.ât£U£v 'EXa-^TjGoXiwvo; ivârsi jj.£t' c't/.âSaç xptaxo-
[atjeî xf); Tïpuxaveîa; • è'ooÇhv tw or'iiito . KûSspvi; K-
[uo]îou 'AXtjjLOÛaioç EÎJZEv èjiîior] xô xwv Atx-
[w).]wv à;:oo£ixv'Ju.£vov xrjv upô; xoù; 0£où; £Ùa£o£'.av
[£'|]Tjifiaxat xov ocydiva xov xwv Swxr)p;'a>v xi6cOat xw At-
[\ x](JJ ilwXTJp'. y.T.': X(T) 'A7:oXXfovi x(o nuOiio •j-o;j,vrj[j.a xfj
Périodiques. 409
[; fi] otyT); T% Y^vo[jLevr]ç jîoô; Toù; Papêâpou; xoùç è;:i3-
[TJpaTEÛCTavtaç £::•[ tï toÙ; "EXXrjvaç xal xô toÙ 'AîcoXXwvo; Σ-
pôv tÔ x.O'.vÔv twv 'EXXtJvwv, èo' ouç xa\ ô S^jioç ÈÇc'reaTîE-
[v] TO'j; te èT^tXcV.TO'j; xa; toù; t-rsî; auvaYwv.oujxev-
[ou;] 'jTzkp ~f,; y.oivfj; (ja)~r]pia:, xa\ îzsp; xoÛTwv to xot-
[vov xo] xiûv AîxwXwv xa'i ô oxpaxTiVo; XapiÇsvo; a-eaxaXx-
[aui -p6; x6]v o[^'ao]v -psaScîav xf,v oiaXsçotAEvrjv o'-w;
Corpus inscripHonum atticariim, t. II, n° 323, p. 147.
Il faut comparer à cette inscription, celle que M. Haussoulicr a publiée
dans le Bulletin de correspondance hellénique, t. V, 1881, p. 300 et suivantes.
Comme celle qui précède, elle est datée de Farchontat de Polyeucte et elle
a le même objet :
£({*ri<p'aOa'. xôv àywva xov xwv Sw-rjoitov xiOcvai xwi Ai-
1 xùjt SwT^'pt xa\ xw; 'AtoXXojv. xw; JtuOiwi, •j-o'avr)[i.a xtj-
ç ixâyr,; xf); yîvo|j.c'vti; Tipô: xoù; [5ap6âpouç xoy; lr.'.'3-
xpaxsuaavxa; £-1 x£ xoù; "EXXr)va; xa\ xo 'AroXXwvo; '.£-
pôv x6 y.O'.vô'j X(7)V 'EXXrîvwv
Le nom des Gaulois dans les fragments d'hymnes récemment découverts
à Delphes appartient à un passage malheureusement mutilé. On y lit ce-
pendant les mots FaXaxaàv apr,;. C'est une formule équivalente au KïXxwv
OLOT,; de l'épitaphe des jeunes filles de Milet mortes victimes de l'invasion
gauloise en Asie Mineure, 278 (Antbologia graeca, VII), 492, et du KeXxwv
aoTja de Callimaque, Eî; A?,Xov, v. 173, un des plus anciens documents
que nous ayons sur l'expédition gauloise à Delphes. Dans la dédicace du
bouclier de Cydias, Pausanias, 1. X, c. 31, § S> K'^^xci? est remplace par
raXàxr,; et se trouve aussi associé au substantif "Ap^];; seulement ce subs-
tantif y désigne le dieu grec de la guerre et non l'ardeur belliqueuse des
Gaulois :
EJx' ir:'. xov PaXâxav fîx|jLaa£ OoO'po; "Apyj;.
L'hymne delphique dans l'inscription nouvellement mise au jour est accom-
pagné de notes musicales que M. Théodore Reinach a traduites, et qu'il a
fait exécuter plusieurs fois à Paris cet hiver avec succès devant des audi-
toires nombreux d'amateurs et desavants.
» VI.
Hermine, revue littéraire et artistiq.ue de Bretagne, $<= année,
1894, t. X, p. 183-184, article de M. Louis Tiercelin. Dans un ouvrage du
siècle dernier, Eléments succincts de la langue des Celtes goniéri tes, dont la pre-
mière édition est datée de Strasbourg, 1779, on lit un couplet d'une chan-
son languedocienne, et Le Brigant, auteur de cet ouvrage, donne de cette
chanson une traduction bretonne en six vers, qu'on retrouve avec des va-
riantes à peu près insignifiantes dans le Bariai-Brei\, 6<=éd., 1867, p. 465.
410 Périodiques.
VIL
The Academy, p. 480. — Vendredi ic juin dernier, M. Whitley Stolves,
dans une séance de la Société pliilologique, a lu un mémoire du professeur
Strachan sur l'histoire du verbe déponent en irlandais. — P. 456. Le ven-
dredi suivant, 8 juin, M. Rhys a dû faire à Jésus Collège, Oxford, une leçon
publique dont le sujet était « Les anciens Bretons >>.
VIIL
Hermès, t. XIX, p. 317, article de M. Zimmer, qui propose une cor-
rection au stigmata d'Ausone, Liidas septein sapientliun, v. 13 :
Pone obelos igitur primorum stigmata vatum '.
On doit, suivant lui, rétablir, d'après les manuscrits, stcmmata. Il s'ap-
puie sur l'autorité des Hisperica famina, édition Stowasser, Vienne, 1887
(on peut ajouter Migne, Patrologie latine, t. XC, col. 1 185 et suivantes), et
sur celle du fragment de Luxembourg publiée par M. Rhys dans le t. I de
la Rez'ue Celtique. Je constate avec étonnement — étant donné l'esprit de
contradiction qui fait le fond de mon caractère — qu'ici M. Zimmer me
semble avoir raison sans restriction. Stemmata « couronnes » veut dire
«étoiles », et par extension « astérisques » dans une langue bizarre qui,
vers l'époque où succomba l'empire romain d'Occident, paraît avoir été
spéciale à quelques pédants chez les Celtes romanisés.
IX.
The Irish Echo. — C'est le titre d'une revue qui paraît à Boston (Etats-
Unis), et dont on vient de m'envoyer deux numéros, ceux de février et de
mars-avril 1894.
Dans le premier, se trouve l'annonce d'un volume qui a récemment paru
à Dublin chez Patrick O'Brien, 46, Cuffe Street, et dont la Revue Celtique
n'a rien dit. Le titre de ce volume est Bldithflûeasg na Mhiheànaih ua Gaoi-
dhelge « Guirlande de douceurs irlandaises ». Le principal des morceaux
contenus dans ce volume est un ouvrage bien connu, mais inédit jusqu'ici,
de Michel Comyn, auteur à'Oisiii ar thir na n-ôg « Ossian dans la terre des
jeunes » ; je veux parler des « Aventures de Turlogh, fîls de Starn, et de
ses trois fils » ; Eachtra Thoirdealhhaig mhic Stairn maille le h-each-
tradhaihh a thriur nihac, écrites vers 1750. On y trouve aussi une pièce ap-
proximativement de même date : « Le château enchanté d'Eochaid Beac le
t-ouge », Bniighean Eochaidh Bhig dheirg, qui appartient au même cycle que
Oisin ar thir na n-o'g.
I . Edition Schenkl, p. 104.
Périodiques. 411
Le numéro de mars-avril contient un article de M. T. O'Neil sur les dé-
bris de l'ancienne littérature irlandaise. On y lit que l'Allemagne est la terre
par excellence (en français) des études celtiques, et que cependant M. Whitley
Stokes, sans être d'origine allemande, est incontestablement le plus grand
des Celtistes vivants.
V Irish Echo publie des vers irlandais, un abrégé du dictionnaire irlandais-
anglais dû à Thomas de Vere Coneys, 1849, une grammaire irlandaise par
M. John O'Daly ; il y donne des nouvelles des sociétés philo-celtiques de
Boston et de Philadelphie.
X.
Il y a aussi une société philo-celtique à New-York, je l'apprends par un
journal de cette ville, The Irish Republic. Suivant le no du 28 avril der»
nier, la Société philo-celtique de New-York est le «pionnier du mouvement
linguistique irlandais » ; en effet, cette Société a donné le 20 avril un concert,
feis céol', où l'on a exécuté des morceaux de musique irlandaise avec un
succès qui a dépassé toutes les espérances.
XI.
BOLETIN DE LA REAL AcADEMIA DE LA HISTORLA, Madrid, mai 1894,
t. XXIV, p. 384-405, Mémoire de M. Antonio Blasquez sur « les côtes d'Es-
pagne pendant l'époque romaine ». On sait qu'en Espagne il y avait sous
l'empire romain des populations celtiques sur les côtes de l'Atlantique : par
conséquent un certain nombre de noms de lieu celtiques figurent dans ce
travail qui est accompagné d'une carte.
XII.
Annales du Midi, no de. juillet 1894, 6^ année, p. 257, Fin du mé-
moire de M. Bladé sur la géographie politique du sud-ouest de la Gaule
pendant la domination romaine.
XIII.
Annales de Bretagne, t. IX, livraison d'avril 1894. — Ce recueil con-
tinue à donner nombre de mémoires intéressants pour les personnes qui
s'occupent d'études celtiques. Nous citerons : Introduction à la géographie
historique du département de la Loire-Inférieure, par M. Léon Maître,
I. Je connais fort mal l'irlandais moderne, mais il me semble que j'écri-
rais féis cêoil ou ciiiil, comme on disait féis Temrach. Il existe à Paris une
société irlandaise dont la devise est : Erin go bragh (sic). On peut être très
patriote à New-York, à Paris et ailleurs, sans savoir beaucoup de grammaire
ni d'orthographe.
412 Périodiques.
p. 360. Fin de l'étude de M. de La Borderie sur les monastères celtiques
au vi" et au vue siècle, p. 379. — Fin de la légende de l'apprenti magicien,
traduite du breton par M. F.-M. Luzel,p.409. — Etymologies bretonnes par
J. Loth : Menez-Bré, p. 429, — Bré = briga; — Lesneven, p. 430, Neven
zz Numin, d'où Numinoe; — Braon, p. 431, Braon veut dire « meule
de moulin » . — Chanson bretonne, le piUaouer « chiffonnier « publiée avec
traduction par M. Le Lay, p. 433. — Suite de la vie de saint TeHau publiée
par M. J. Loth d'après le Livre de Llandaf, p. 438.
XIV
The journal of the Royal Society of Anticluaries of Ireland,
n° de juin 1894, 5*^ série, vol. IV, p. 105 et 115, deux mémoires fort inté-
ressants sur la plus ancienne histoire de l'Irlande. L'un a pour objet la com-
paraison du mode de construction des habitations lacustres en Irlande avec
celui des habitations analogues en Grande-Bretagne et sur le continent ;
l'auteur est M. Robert Munro, qui continuera cette étude savante dans le
no prochain. Le second mémoire a été écrit par M. Goddard H. Orpen, il
concerne les renseignements géographiques relatifs à l'Irlande dans la géo-
graphie de Ptolémée ; on y trouve un certain nombre d'identifications nou-
velles de noms anciens avec des noms modernes. Une carte accompagne ce
travail.
Paris, le 17 juillet 1894.
H. d'Arbois de Jubain ville.
Le Propriétaire-Gérant : Veuve E. BOUILLON.
Chartres. — Imprimerie Durand, rue Fulbert.
ESVMOPASCNVSTICVS
Dans la salle des bronzes gallo-romains au Musée de
Saint-Germain est conserve un buste en bronze, de style in-
digène, portant le n° 22299. La notice de l'inventaire manus-
crit le signale comme il suit : « Magasins. Enres^isîreiiient de
pièces anciennes qui n'ont pas été enregistrées en leur temps ou dont
les numéros sont perdus. 26 février iSy^. Tête en bron:^e avec ins-
cription. Esumus. Evreux. »
Ces lignes, de la main de M. G. de Mortillet, suffisent à
prouver que l'objet dont il s'agit est entré au Musée avant 1867,
époque où mon prédécesseur commença à rédiger les inven-
taires, avec une exactitude dont feu Beaune, le premier attaché
du Musée (1863-1868), n'avait malheureusement pas donné
l'exemple.
Dans son Mémoire sur la collection de vases antiques trouvée à
Berthouville, publié dans le tome VI des Mémoires de la Société
des Antiquaires de Normandie, Aug. Le Prévost a signalé notre
buste comme découvert en 1830 dans les fouilles de la forêt
de Beaumont-le-Roger, près d'Evreux^ Des ouvriers, au mois
de février de cette année, avaient rencontré quatre cents mé-
dailles sous un chêne ; le propriétaire de la forêt fit alors
commencer des fouilles, qui mirent au jour les restes de
quatre constructions gallo-romaines rustiques. M. de Staben-
rath publia à ce sujet un mémoire, que je n'ai pas vu, dans le
Recueil d'agriculture, sciences et belles-lettres de l'Eure, juillet 1830
(p. 245); la fig, 5 de la pi. II est une gravure du buste. « C'est,
I . Mèm. cité, p. 59. Je dois cette indication à l'amitié de M. Héron de
Viliefosse.
Revue Celtique, XV. 28
414
Salomon Reinach.
dit Le Prévost, un ex-voto du travail le plus misérable ; les
traits sont forts et encadrés d'un bourrelet de cheveux. » Il lut
l'inscription ainsi :
ESVMOPAS- CNVSTICVS- VSLM
et tandis que Stabenrath avait admis l'existence d'une divinité
Esumopas, il préféra croire que le dédicant s'appelait Esumopas
Cnusticus. Les archéologues normands n'étaient pas non plus
d'accord sur l'interprétation du buste : tandis que le proprié-
taire y voyait un Mercure, Stabenrath croyait la tête féminine
et Le Prévost y reconnaissait un portrait du donateur.
En 1860, Bonnin, conservateur du Musée d'Evreux, publia
ses Antiquités gallo-romaines des Eburoviques, ouvrage très rare,
où sont entoLiis des documents que l'on chercherait vaine-
Esumopas Cnusticus. 415
ment ailleurs. A la pi. III du fascicule VIII, il y donne de
médiocres gravures d'après les objets découverts dans la forêt
de Beaumont, à savoir le buste avec l'inscription (n° i), deux
casseroles (n°^ 2 et 3), deux fragments d'inscriptions (n°^ 5
et 6) et le pied de la seconde casserole (n° 4). La pi. I est un
plan de la section de la forêt de Beaumont où ont été faites
les découvertes; sur la pi. II sont réunis les tracés des édi-
fices décrits par Aug. Le Prévost. Dans la légende (p. 24),
l'inscription gravée sur le buste est donnée comme il suit :
ESVMOPASOCMVSTICVS.V.S.L.M.
Cette transcription très incorrecte est conforme à la gravure,
qui ne l'est pas moins : il tant lire :
ESVMOPAS ° CNVSTICVS
V S L M
Le point circulaire après esvmopas a été pris par Bonnin pour
un o ; il a également lu et dessiné un m à la place de I'n, qui
est très distinct dans le second mot.
« Ces fragments, aujourd'hui frustes, ajoute Bonnin, sont
reproduits ici tels que les auteurs de la découverte les ont
donnés. Les objets i, 2, 3 [le buste et les deux casseroles]
appartiennent aujourd'hui à M. Chevalier, percepteur à Har-
court (Eure). Un moule en plâtre du n° i se trouve au Musée
d'Evreux. »
Les premiers dons et les premières acquisitions qui ont
formé le noyau du Musée de Saint-Germain remontent à 1862.
La même année, MM. Louis Passy et Léopold Delisle réédi-
tèrent la Notice historique et archéologique sur le département de
l'Eure, publiée en 1833 par Aug. Le Prévost; à la p. 44 de
cette réimpression, il est question des fouilles de la forêt de
Beaumont, mais sans indication sur le sort des objets décou-
verts : « Les bâtiments dont on a retrouvé les fondations sont
au nombre de quatre; trois sont des lieux d'habitation qua-
drangulaires, et le quatrième un sacellmn rustique circulaire.
On a recueilli dans les décombres deux patères en bronze, re-
4i6 Salomon Reinach.
marquables par les cercles concentriques de leur surface infé-
rieure, une inscription votive très fruste sur une pierre cal-
caire, un buste de Mercure, avec une autre inscription plus com-
plète, des fragments d'enduit peint à fresque, des tuiles anti-
ques, quelques médailles et beaucoup d'autres objets. » ^ Au
mot Médailles se rapporte une note ainsi conçue : « C'étaient
des Antonin, des Faustine mère, une Crispine (grand bronze),
des Constantin (moyen petit bronze), une Hélène (moyen
bronzé), un Tetricus (petit bronzé). » Le Prévost ajoutait
dans le texte : « Un grand nombre de médailles d'argent ont
été trouvées en bloc sous les racines d'un chêne, à peu de dis-
tance ; toutes celles qu'on a pu déchiffrer appartenaient au
iii^ siècle. »
D'après l'inventaire du Musée, les deux casseroles gravées
dans l'ouvrage de Bonnin ont été achetées au mois de mars 1870
à l'antiquaire Charvet, un des principaux collectionneurs
d'antiquités gallo-romaines à cette époque. La notice manus-
crite du n° 13692 (casserole provenant de la foret de Beau-
mont-le-Roger, 1830), indique qu'il a figuré, sous le n° 754,
à l'Exposition universelle de 1867. Il est possible que Charvet
ait également vendu le buste, après l'avoir acheté au percep-
teur d'Harcourt, qui le possédait en 1860.
Cet objet a été signalé en passant dans mon Catalogue som-
maire du Musée de Saint-Germain, publié en 1887 (p. 31);
mais je crois qu'il est resté généralement ignoré des archéo-
logues et philologues celtisants, car j'en ai vainement cherché
une mention dans les ouvrages suivants :
1° L'index de la Géographie de la Gaule ronmine, d'E. Des-
jardins ;
2° VOnomaslicon, de V. de Vit ;
3° La Liste des noms supposés gaulois, publiée par le général
Creuly, Revue Celtique, t. III, p. 167;
4° Les suppléments à cette liste pubHés par M. l'abbé Thé-
denat, ihid.,i. VIII, p. 384; t. XIII, p. 311.
I. Mc'moires et notes de M. Auguste Le Prévost, pour servir à l'histoire du
département de l'Eure, recueillies et publiées par MM. Léopold Delislc et Louis
Passy. Tome I", Evreux, janvier 1862.
Esumopas Cnusîicus. 417
Un dessin du buste de Beaumont-le-Roger, conforme h celui
que nous donnons ici, vient de paraître dans le catalogue
illustré des bronzes gallo-romains du Musée de Saint-Germain.
Le Catalogue sommaire, d'accord avec l'ancienne étiquette, le
qualifie d'« ex-voto au dieu gaulois Esumus », mais il est
certain que cet Esumus est ce que M. de Longpérier appelait
« un fliux dieu. » Dans l'inscription, qui est très lisible, le
point est parfliitement net après esvmopas; mais il n'y a
aucune séparation entre esvmo et pas. Du reste, nous con-
naissons déjà deux noms gaulois analogues à Esumopas, à sa-
voir Urupas et Agedomopas ou Acedomapas^. Dans Esumopas,
il fliut probablement séparer Esu-mopas, Acedomopas devant être
rapproché d'Aceto-dunum- (Agedunum) et à'Agedo-virus. On
peut toujours supposer que le nom du dieu Esus entre en com-
position dans ce mot.
Le buste est imberbe, c'est tout ce que Ton peut dire : rien
ne permet d'ajffirmer qu'il soit féminin, bien que ce soit plutôt
mon avis. Le travail en est mauvais, mais très intéressant à
cause de l'analogie qu'il présente avec une série de têtes en
bronze, toutes découvertes dans la Gaule orientale, qui sont étroi-
tement apparentées entre elles et avec certains produits de
l'art Scandinave. Comme j'aurai l'occasion de publier bientôt
une collection presque complète de ces monuments, il me
suffit d'en indiquer ici l'importance ; le buste de Beau-
mont est le seul monument de cette série qui porte une inscription
et le caractère tout à fait indigène de cette épigraphe justifie
les conclusions auxquelles je suis arrivé, d'autre part, par
l'étude du style. Ce n'est pas de l'art gallo-romain; c'est de
l'art gaulois sous la domination romaine.
Salomon Reinach.
I. Gagnât, Revue Celtique, t. IX, p. 82; Espcraiidieu, Epigr. rom. du
Poitou et de la Saintotige, p. 264. Ces deux auteurs citent le nom Esumopas,
sans indiquer leur source d'information. Voir aussi Holder, s. v. Agedomapas.
THE PROSE TALES
RENNES DINDSENCHAS
33. RÔIRIU.
(R. 101^2).
Roiriu i^ n-Uib MMîVedaigh, canas roainmniged?
Ni ansa. Roiriu mac Scnain meic Setna meic rlg Connacht
docer i^ cath ann la L-àigniu, 7 is and ro adnacht, ut ali[i] d/-
cuni, 7 Roiriu ingen Rarain 3 ngûlcd rig Laigcn, co tue di
[a] -àûiair tulaig Dotoad4 ina tir, corM5--aitreb, 7 conid inde
roadnaf/;/;, et de q/nbwi Duma R:\;rend àicitux.
Roiriu son of Senân son of Setna, the son of a king of
Connaught, fell tliere in battle by the Leinstermen, and tliere,
as others say, lie was buried. And also Roiriu daughter of Ra-
ran the king of Leinster's chief poet, to whom her father
gave Tulach Dotoad — [as it was then calied — ] in his
country, and there she dwelt and therein she was buried.
Froni which (two Roirius) Diima Rôirenn « Roiriu's Mound »
is calied.
Also in BB. 368band Lee. 465b. Translated in Silva Gadelica, II, $29.
In LL. 200-^ 55, for the sentence about Roiriu daughter of Raran (or R6-
1 . Voir Revue Celtique, XV, 272
2. aR.
3 . Ronain BB' Lee.
4 . Dagoadh BB. docoad Lee.
The Rennes Dindsenchas. 419
nàn), we hâve a statement that thc princesses Fithir and Dairine werc buried
in that rath. See the Boroma, Rev. Cchique, X, 37-59.
Rôiriii, gen. Roireiin, now anglicîsed Reerin and Reelion, is a hill ncar
Athy in the co. of Kildare: see O'Donovan, Four Masters, A. M. 3549,
note 5, and Goldclica, p. 178.
34. Mag Mugna ocus Brechmag.
Mag Mugna, canas i'oai)iiiiuiged? Ni ansa, 7 Brechmag?
.i. Brechmagh, is andsin roscrnnd cétna selg La'igcn .1.
enach selga [.i.] dam n-a\laid 7 eilit 7 lœg 7 con allaid 7 in
cû fodiuid, 7 Abach filf nodos-gair sic, b[r]acem in dam, bru
in eleit, baigliu in lâg, brech an cû allaid, ut dicilur :
Atconn3.[r]c braichem is ^ brù
ocus baigliu etarru,
sochaide rodech a mmag ^
ocus brech aca marbad.
Mugna dono moo gnoe e .i. moo baiscnibî.
Nô Mugna moo gnia .i. mo m^caib sethar, quia fit 4 gnia
mac sethar^ ut dicilur i 5 mBrc//;aib Neimedh gnia sethar .i.
mac sethar, mac som di^m caera dona cœraib dobé^rt trefuiln-
gid trt'orach for a craeb. Tri toirrthi fair [.i.] dercu 7 uball 7
cnu, [7] intan dofuited in cétni torad nofasad torad aroile.
B6i d'idiu re cian i 5 ndichth co gem Chuind Cétcbathaig. Ni-
n[i]ne eces iuimorro ro[s]trascair i n-aims/r Domnaill meic
Murchadâ n[gh] Erenn. Is é rc/;gaib ailges do. Coimlethan a
barr 7 in mag. Nô comaJ i n-aimsir mac n-Aeda Slaine^ do-
fuitet moraen 7 Bile Tortan. Tricha ed a tacmacc 7 tri cet ed a
airde, 7 a duille fliir dogrés/. [Unde] Mag Mugna dicitur.
Brechmag « Wolf-field », otherwise Enach selga, « the Moor
1. sic H. 7 R.
2. in mag Lcc, immach LL, in cath H, in a cath R.
3. abdiscnib R.
4. pit R.
5. aR.
6. siainge R.
7 . sempcr R.
420 Whitley Stokes.
of the Hunt » : 'tis there that Leinster's first hunt was scattered
(loosed ?), to wit, a stag and a doe and a fawn and a wolf,
and the wolf pursuing them. Abach the poet called them
thus : the stag brachcm, the doe brû, the fawn baigliu and the
wolf brecb. As he said : I beheld a bracbciii and a bru | and
between them a baigliu | — a multitude saw the plain — ] and
a brecb killing them ».
Mugna, then, greatest (moo) of noteworthy things {gnoe)
was it, to wit, greatest of oaks (or « sacred trees ») ^
Or Mugna from uioo-gnia, that is, greatest of sister's sons,
because gnia means a sister's son, as is said in the Brctba Nemed
(« Judgments of the Notables ») gnia setbar, that is a sister's
son. He- was indeed a son. Berries to the berries the strong
(guiding?) Upholder put upon his tree. Three fruits upon it,
namely acorn, apple and nut, and when the first fruit fell ano-
ther fruit used to grow. Now it w^as for a long while hidden
until the birth of Conn of the Hundred Battles (when it was
revealed). Ninine the Poet cast it down in the time of Dom-
nall son of Murchad King of Ireland, who had refused(?) a
demand of Ninine's. Equally broad were its top and the plain
(in which it stood »). Or it may hâve been in the time of the
sons of Aed Slane that this tree and the Bile Tortan fell toge-
ther. Thirty cubits was its girth, and its height was three
hundred cubits, and its leaves were on it always. Whence Mag
Mugna « the Plain of Mugna », is said.
Also in BB. 568'' 26: H. 25a: Lee. 466^. The part about Brechmag is
also in LL. 200*63, and in the Féhre of Oengus, Dec. 11, there is a note
on the tree of Mugna. See also LL. aoo-' 12, where four other famous
trees (including the Bile Tortan) are named.
Mag Mugna seems from the note just mentioned to hâve been in the east
of Leinster on the brink of the river Barrow.
Bnxhmag (angUcised Breafjy) : there arc places so named in Connaught
and Tirconnell. This Brechinag must hâve been in Leinster.
1 . The eo Mugna herc referred to, was an oak ((/(//r): see LL. 200^ 12.
2. Christ apparently is referred to. His Virgin mothcr is called « our
sister » in the Félire, Dec. 14, and in Cormac's Glossary, s. vv. j«"rteand se-
thor. The Trcfui]uç;id trcorach a strong upholder », seems an alliterative ken-
ning for God or Christ.
The Rennes Dindsencluis. 421
Conn CHchathach wîs overking of Ireland from A.D. 123 to 127: Dom-
nall son of Murchad from A.D. 759 to 758 : the two sons of Aed Slàinc
(Diarmait and Blathmac) from A.D. 657 to 664.
baigliu « fawn », seems cognate with Gr. «pây.Xo; « lamb », root çay to eat.
35. Belach Conglais.
Bealach Conglais, canas roainmniged ?
Ni ansa. Glas in secbtvùad mac Duind Desa, dalta do Etir-
scel Mor do rig Ereiin, 7 i ^ Temvaig roalt in Glas, 7 is é ba
toisech comirû la hEt/Vscél 7 la Conaire. Intan iar[u]ni do-
chuad^zr a braithre for diU'/Vg co hingcel ^ luid-sium lia conu
i mag Temrach, cou tarla tîadmuc do, co ndechaid re'ime fodess
cusin mbelach n-ucut, co torcha//- an[d in] mucc 7 in comut 7
Glas, unde Bclacb Conglais.
Secht nu'z'c Duind Dcsa dit/Zw;
Fear gair frisin forcsin,
Fer lée fri cloistecht.
Fer rogain fri hairdmes,
Lomna [druth] fri druidecht,
Fer rogain 3 fri naseau niad .i. fri galu trenfer.
Fer gel fri galaib ôeinfir.
Fer glas fri ro«cairecht,
ut dicituv de no;7//;nbw5 et moiribi^i et fac/is eorwm isin Duil
[Laech-]sloindti Laigw.
Glas was the seventh son of Donn Desa and a fosterling of
Etirscel the Great, King of Ireland. In Tara Glas was reared
and 'tis he that was Master of the Hounds both with Etirscel
and Conaire. Now when his (six) brothers went a-reaving to
Ingcél, Glas proceeded with his hounds into the plain of
Tara, and there he met with a wild pig which went away
before him southwards as fir as yon Pass, and there fell
1. a R.
2. haingel R.
3 . rogair R.
42 2 Whitley Stokes.
the pig and the hounds and Glas (himself), whence Belach
Conglais.
Donn Desa's seven sons ; Fer gair for the look-out, Fer lée
for hearing ; Fer rogair for judgment : Lomna druth for wiz-
ardry : Fer rogan for tying up champions, i. e. for cham-
pions' fights. Fer gel for duels : Fer glas [= Glas, supra] for
managing packs of hounds. [concairecht, an àz. Xîy-]
Also in BB. 369^ 5 : H. 23a : Lee. 466». Versified, LL. 195b 16, from
which it appears that there were more pigs than one, that they were
fashioned by magie (iniicca delbda driiidechtd), and that, in fact they were
the Red Swine of Drebrenn (juiicca derga Drebrinne), as to which see
no. 71 (Dunia Selga), no. 73 (Loch NeilT), and no. 77 {Coroiuî).
Belach conglais now Bahinglas, co. Wicklow. Fer gair, Fer lee and Fer
rogain occur in the Togaiî hnddne Da Derga, LU. 84b. For Conaire and
Ingcél see the same tragic taie.
36. Âth Fadat.
Âth Fadat, canas roainmnigcd ?
Ni anse. Imairecc tucsat côraid ^ Laig^;? etunii - À. Etan
Cen[n]dé'rg m^c Cocca cona threhlucht 7 Liath Daire Leith
Hua Falge o Loch Lurgan cona daind [fo. ici*' 2] .i. Fadat a
mac, Dôee 7 Ci^chne a di ingin, im toradh na Bérba, co tor-
chair in Liath isin chomruc. Tinoilset dand in Leith la so-
dhoin 7 marbtar Fadat ior a ath isin imairec tanaist. Lenaid
[iarum] na da ingin iarsin Etan [co]a rath 7 nomarbaid inde.
7 un^^- Rih'f/; Etain. Luidset na hingena arcul, co «-apaid Dc^e
ic Lindid Da^e ïor B^^rba 7 Cœchni for a cluain. Un^^ Ath Fa-
dat 7 ^àiîh Etain 7 Cluain C:iichni 7 Lind Da^e 7 Daire in
Leith.
Etan cecinit quod sequitur5.
Monùar ni-tor-tdthaig 4
ni ba deoch do blathaig,
1 . corcaid R.
2. sic LL. Lse R. is meant for inter se.
5 . senciutTtHr, R.
4. sic LL. ni fortathaid R.
The Rennes Dindsenchas. 423
ni hérà ior mâthair
mac o sund [immach] ^
Fadat o Loch Lurgan,
adbfî/;- frib in t-augtar ^
dofeth do g^ bulgach
fri Laigniu hi catli.
Fadat : Ticfli Doe5 ni dineoch
co leind is co m[i]leoch,
co n-arm daigrech direoch,
do 4 cur coscair cruaid :
ticfaî Cc-echni cabsaid
co n-arm agmar arsaid,
ragaid dar bar n-amsaib,
issi^ heras buaid.
Etan : IS e a fir nach fetar
ni-dam-gebend ecal
dom leud nô dom ledr ad 7
i cath claidbech cruaid.
dofaethsaid dom tathluib,
is dofeth ïor mhriihair,
rosia co îor mâthair,
is me héras^ buâid.
Fadat : He do dil, a dasrfir,
ni doncoiscfcd Gc\3idil,
do claideb 9 fein fendil
tescfo^ dit do chend.
dotrua Doc ^'^ na ndonnbrat
ocus Caschni comnart
is Fadat fer fondbalc,
bid comrac tri^ tend.
1. sic LL. 6. isi R.
2. sic LL. antucatar R. 7. sic BB. ledrag R.
3. sic Lcc. Ticfad dœe R. 8. sic LL. b^ris R.
4. sic Lcc. di R and BB. 9. sic BB. claidem R.
S- ticfai Lee. ticfaid R. 10. sic BB. do crua Das R.
424 Whitley Stokes.
Etan : IS misi [in] cur cét3.ch
co slog adbal echtach,
am draicc dine drechtach,
derb is dam is dual.
tucus mor do cathaib,
ni gebat frium athaigh,
doYochair {or n-athair,
toeth - in mac, monuar.
Monuar ni 5
Ailit^r Ath Fadhat : Liath Daire Leith teora hingena lais,
Doe 4 7 Ca^clini 7 Fadliat. Luidset dia {othriiccud hi Linnigh
na Tarb, 7 mar do sillset foraib fodesin batar i ndelbaib tri fer
cona n-ulchaibli 5. Amsôi Fadhat co torchair ic Âth Fadhat 7
Das co Lind Dôe co torchair ann. Luidh d'idiu Ca^chni co Sin-
sinc[li]ell 'na thigh, 7 audbraisdô a baile fora hic. \Jnde Cluain
Ca^chni. Sic in Mirabilibwj duorum Sincelloi7/ni.
Champions of Leinster fought a combat between them-
selves, to wit, Etan Redhead son of Cocca, with his household,
and Liath of Daire Léith « Liath's Oakwood » from Loch
Lurgan, with his children, namely Fadat his son and Dôe and
Caechne his two daughters, concerning the produce of the
(river) Barrow (i. e. its fisli). Liath fell in that combat.
Thereat Liath's children gathered together, and in the second
combat Fadat iskilled. So then the two daughters follow Etan
to his fortress (ràth), and therein they kill him. Whence
Ràih Eîàin. The girls retreated, and Dôe perished in Lind
Dôe on the Barrow, and Caechne on her lawn [i. e. Cluain
Caechne]. Whence Ath Fadat and Raith Etain and Cluain
Caechne and Lind Dôe and Daire in Léith.
Etan sang what follows :
Alas he, Liath, haunteth you not : there will not be (even)
a drink of buttermilk ^. Henccforward your mother will bear
1. sic BB. tre R. 3. .m. R.
2. ueth BB. taothR. 4. sic BB. Dse R.
5. sic BB. condulchaib R.
6. Perhaps « a drink to a vvoman « : hlatliacJi .i. bean, P. O'Connell.
The Rennes Dindienchas. 425
no son. Fadat from Loch Lurgan, the author dcclares to you,
will flxll by a bulging spear in battle against Leinstermen.
Fadat : Dôe will corne, not a healing draught % with a
mantle and a brooch, with a fiery, straight weapon to cause
hard slaiighter. Caechne the constant will corne with a war-
like ancient weapon, she will overthrow your soldiers, 'tis she
that will carry off victory.
Etan : This is a truth thou knowest not, that I shall hâve
no fearof being wounded ormangled in sworded hardy battle.
Ye will fliU by my slingstone(?), and your brother will fall :
he will betake himselfto your mother : 'tis I that shall carry
of victory.
Fadat : Woe's thy fltte, thou base man ! the Gaels will not
check us : thine own straying sword will eut oft thy head.
Dôe of the dun mantles will corne to thee, and vigorous Cae-
chne, and Fadat a strong-soled (?) man: therc will be a con-
flict with three stark ones.
Etan : 'Tis I ani the hundreded champion, with an army
vast (and) deedful. I am the dragon of numerous générations :
'tis certain it is meet for me. I hâve delivered many battles,
giants will not prevail against me; your father has fallen :
the son will fall, alas !
Otherwise: Ath Fadat : Liath of Daire Léith had three dau-
ghters, Doe and Caechne and Fadat. They went to bathe in
Linn na Tarb « the Pool of the Bulls », and when they
looked at themselves they were in the shapes of three bearded
men Fadat turned and fell at Ath Fadat, and Doe to Linn
Dôe and there she fell. Then Caechne went to Sinchell Se-
nior in his house, and for curing her she oftered him lier
stead. Whence Cluain Caechne. Thus it is in the Miracles of
the Two Sinchells.
AlsoinLL. i())^2y. BB. 369=»: H. 23b, and Lee. 466b.
Ath Fadat « Fada's Ford » now Ahade: co. Carlow. See O'Curry,
Manners and Customs III, 404.
As to the two Sinchells see Fèl. Ocng. March 26, June 25, the Four
Masters, A.D. 548 and 982, and Colgan, Jeta Sanctorwn Hiherniae,
pp. 747, 748.
I. dineach salutary liquor or drink, P. O'C.
426 Wintley Stokes.
37. Belach Gabrain.
Belach Gabran, canas ro ainmniged ?
Ni ansa. Gabrdn cïi Failbe Fla[i]nn doàechaid for lurg Lur-
gan .i. mue bôi ind Druim Almoine, 7 ni fuair a hiiiadh leis
co ndechaid fo tlialmhoin i Monaidh Almaine, conid de asberar
Loch Lurgan i Monaid Alinn. Uair na tarthaidh in cû in fiadh,
7 nd ron-ela nar/; fiadh riam diand^'rgadh uô diangaradh, imsâe
dia thig arcûlu, co roemidh ^ a cridiie andsin forsin helacb.
Unde Belach Gabrain.
Gabrdn, a hound of Failbe Flann's, went on the track of
Lurgan, a pig that haunted Druim Almaine, « the Ridge of
Allen », and had no place (of rest) fromthe hound, tillit rush-
ed under ground in the Bog of Allen. So from it is called
Loch Lurgan in the Bog of Allen. Since the hound did not
overtake the quarry, and no quarry of his had ever before es-
caped rapid reddening or rapid warming^, he turned back
homeward, and his heart broke there on the pass (where he
was buried). Hence Belach Gabrain « Gabrdn's Pass ».
Also in BB. 369'' 47: H. 24=>: Lee. 467^: SilvaGadelica, II, 5 34.Versified
in LL. 1 96=1 : from which it appears that the pig was grey and bhnd of an eye.
Belach Gabrain now Gowran Fass in the co . of Kilkenny.
38, Sliab Mairge.
Sliab Mairgi, comas roaiiimniged ?
Ni ansa. Marg nvic Giusoigh ineic Lodoin Leith Luac/;;'a,
rer/;iaire rig Fomoire .i. Ccndt^rcluais a ainm .i. cr'/cluasta.
Eocha dino Munisti for côic'id Gailian ann. Targlamsat Laig/«
a cis TQchtaïdhe do co Belach Nmzed. Rainic dano a biad 7 ni
comarnaic a deogh niadh. Rongab deine im tomoilt ïn tirm-
carna co ndecmaic tart brdighit do, co tathaim de 7 a cenn fri
cenn in tsleib. [Unde] Sliab Mairge.
I., sic BB. arculadh corofeimidh, R. The poem in LL. 196-» 9 has ra
chnômaid « broke hke a nut ».
2. « being killed or cooked », O'Grady.
The Rennes Dindienchas: 427
Marg son of Giusach son of Lodan the Gre}' of Luachair
was the steward of tlie Fomorians' king whose name was
« Century-ear », that is, having a hundred ears. Now Eocho
Muniste was then over the province of the Gaihans (Leinster).
The Leinstermen brought together the lawful tribute to him
to Belach Nemed (on Sliab Mairge). Now his food arrived,
but his champion's drink did not meet him. Eagerness as to
eating the dry flesh seized him, and drouth attacked his throat,
so that he died thereof with his head against the head of the
mountain. Whence Sliab Mairge, « Marg's Mountain ».
Also in LL. 160» 12 : BB. 370» 16 : H. 24»: Lee. 467b; Bodl. no. 39.
Sliab MaCrge now Slieve Margy in Queen's county. Belach ncined (Belach
Edinn in LL., B. Eidind. Lee.) not identified.
As to the Fomorians see O'Mahony's Keating, pp. 116, 124, 126, 142,
and Rcv. Celtique, XIL 58, 129.
39. Ard Lemnachta.
Ard Lemnaf/;/a, canas voainmiu'ged?
Ni ansa. Cath tue Crimilmnii Sciathbei ri Laigen do Tua-
thaib Fidhgha 7 Fochmai/îd. Nert cet cach fir dib. Atbailedh
[inti] fora nd^rgdâis, 7 ni gabdais renda no febra friu.
Tue dàiio Cr'imtbann cXainn Cruithnig do cobraidh cucu, 7
doruaichill foirb Ver Fidh[gh]a doib dia mbidis coscraigh ^ As
ann isb^rt Trostan drai Crnxihnech : « Tomlactaiter - .111. lul-
gaf/; n-a^nndatha i n-itn clasaig, 7 nan-gonflit Fidhghaideî fo-
thraicf/;é:r sin lamnuht sin, 7 atré slan o neimib a n-arm. Ana
slaidfider dibseom immo/TO dichnetar uile. »
Fognid samk/W 7 ba coscrach ÇLr'ixnihann 7 torcradar Tua-
tha Fidhga. \3nde Ard Lemnflr/;/a.
Crimthann Shieldmouth delivered battle to the Tribes of
Fidga and Fochmann, of whom each man had the strength
of a hundred. He whom they wounded would perish, and
neither points nor edges used to hurt them.
1 . coscraidh R.
2. sic BB Tamiachtain R.
3 . nongonfat lighdhaide R.
428 Wliitley Stokes .
Now Crimlhann brought the clan of Cruithnech (the an-
cestor of the Picts) to help his men, and promised them, if
they were victorious, the héritage of the Men of Fidga. Then
said Trostan a Pictish druid : « Let thrice fifty milch-kine be
milked into one trench, and let him whom the Men of Fidga
shall slay be bathed in that milk, and from the poisons of
their weapons he shall arise healed. But let those of them
that shall be slain lose their heads. »
Thus was it done, and Crimthann was victor, and the Tri-
bes of Fidga fell. WhencQ Ani Lemnachta « the Height ofthe
New-milk. »
Also in BB. 370^ 38: H. 24*1: Lee. 467b. Versified, LL. 196» 12-32. See
O'Curry's Lectures, p. 450, O'Mahony's Keating p. 215, Skene, Chron.
Pict. 450, and Ir. Nennius éd. Todd, pp. 122, 124, Ixviii :
Ard Lemnachta must be in the barony of Forth co. Wexford, where the
Tuatha Fidga (infamous for their use of poisoned weapons) formerly dwelt.
They were, according to LL. 15» 25 and Lee. cited in Ir, Nennius, i.xviii, a
tribe of Britons.
40. Loch Garman.
§ I. Loch Garman, cid diata ?
§ 2. Ni aiisa. Garman Glas m.ac Deganii rohaànacht ann,
7 intan foclas a fert is ann romehaid in loch fo tir. Unde
Loch Garman et cniiis erat ïraler Dea mac Degann, a q//o Li-
ber nDedfl! i Crich Cualann et wliqua.
§ 3. Aliter Loch Garmon .i. Garmun Garb m^ïc Borna leice
robdided and la Càthâir Môr hi tipraid Puirt Cc^lranna, ar ba
hé a c<?7ainm, 7 is and mehaid in loch tune. Feis Temra fo-
gnit[h]e la Cathàir ar samoin, tri laithi riam 7 tri 'vàruni, cen
gait is gan guin, gan aidbriud, gan athgabâil, gan eccraiti,
gan aithed, con'id ann dofall Garmun minn ôir mna Cath^h'r
iar mheith don tslog ar mesce. Mw^luid Garmon le mind ôir
na rigna 7 muinter Cathair freis co ruccad fair ic tiprait Cœl-
cenda. conid aca bâ[d]ad romebflî/^ in loch. Un^^Loch Garmon.
§ 4. O Slainge mac Delà, o rig Fer mbolg ammmgtber in
1. sic BB. a R.
2. a tosaig R.
The Rennes Dindsenchas. 429
aband .i. Slaine 7 InbtT Slaine. I n-aimsir Caihâir 'mv>iorro
ainmniug//(i an locha amaiJ ashert hi ^ fis Cathc/r.
§ 5. Fecht i tosach- a bcthm/ do Cathrt/r ina codlad co facca
ingin ^ in briuga^/ [cctaig] co ndeilb câin 7 car/; dath ina tim-
taig 7 si torrach. Dccc. hliadaii di samlaid co ro ta gein m^fc
7 ba treseam olda a mâthair in laithe rofucc^^. Cuirit gliaid,
7 ni fuair a mâthair inad dia imgabail acbt tecbt tre medân in
ma[i]c. Cnocc oeibind osa cind- dib linaib, airde cacb tulaig
co slogaib and. Bile etrocht amail ôr3 isin cnuc, cosnied co
niula ara airde. Cach ceol ina duillib. Brechtais a torrthea in
talam [intan] nom-benad gretli. Rogha toraid do car/; oen.
§ 6. Mos-duisci 4.1a sodoin rt»/iagart a drùi .i. Brii mac Bair-
ceda, inadochum 7 atfet scela do. « Eirnifetsa insin, » ar Brii.
« Is i in ingen .i. in abann diana[d] comainm Slaine. IS iat
[fo. 102** 2] na datha ina hétgud, ôes ca.cbà dana cen inandwj-S
fodla no aiste. IS é in briug^ [cétach] ba hathafr di .i. talum
triasa ta cet aicb genemain. IS é in mac bôi 'na broind .dccc.
hliadan, loch geinfes a sruthar na Slaine 7 id lind-siu mus-
luidfe. Treisi in mac olda a mâthair, in la genfes in loch baid-
fidh in aband uile. Sloigh imda, cach 'ga hol-si 7 'ga ol-sonj.
ISé in cnoc mor osa cind 6, do nen-sa os cach. IS é in bile co
ndath ôir cona tort[h]aib, tusa. os Banba ina ^aitbius. IS é ceol
bôi hi mbarraib in bile, h'urlabra hi coma 7 ic coicert breath
nGaïidel. IS é gœth )io trascrad in toradh7, h'inech-sa fri fo-
dail^ sét 7 moine; 7 rotoimli », ar Brii, « breith na fisi-se »,
7 ri.
§ I. Loch Garman, whence is it ?
§ 2. Easy to say. Garman Glas son of Dega was buried
there, and when his grave was dug then thelakeburstthrough-
out the land. Whence Loch Garman. His brother was Dea
son of Dega, from whom (is called) Inber Dea in Crich Cua-
lann, etc.
§ 3. Othcrwise: Loch Garman. Garman the Rough, son of
1 . sic BB. facaid ingen R. 5 . coninindï« R.
2. sic BB. chind R. 6. sic BB. chind R.
3. ôir R. or BB. 7. sic BB. toraidh R.
4. mosduisccd R. 8. sic BB. fogail R.
Rcvat Ciltique, XV. 29
430 Whitley Sîokes.
Boimm Lecc, was drowned there by Cathdir the Great in the
well of Port Coelrenna » the Harbour of Narrow-point », for
that was its first name, and 'tis there then that the lake burst
forth. The Feast of Tara was held by Cathair at samuin
(Nov. i), three days before and three after, without theft and
without slaying, without reproof, or reprisai, or enmity or
elopement. But there German stole the golden diadem of Ca-
thair's wife, the assembly being then intoxicated. Off went
Garman with the queen's golden diadem, (and) with Cathdir's
household at his heels, till he was overtaken at the well of
Coelrind, and when they were drowning him the lake burst
forth. Whence Loch Garman.
§ 4. From Slainge son of Delà, from the king of the Fir
Bolg, the river Slaney is named, and also Inver Slaney. In
Cathdir's time was the naming of the lake, as he said in Ca-
thair s Vision.
§ 5. Once in the early part of Cathdir's hfe, as he was
asleep, he saw a hundreded hospitaller's daughter with a beau-
tiful form, and every colour in her raiment, and she was
pregnant. Eight hundred years she was thus, untilshe brought
forth a manchild, and on the day he was born he was stronger
than his mother. They begin to fight, and his mother
found no place to avoid him save by going through the midst
of the son. A lovely hill was over the heads of theni both :
higher than every hill, with hosts thereon. Ashining^ tree Hke
gold stood on the hill : because of its height it would reach to
the clouds. In its leaves was every melody; and its fruits,
when the wind touched it, specked the ground. The choicest
of fruit was each ofthem.
§ 6. Thereat Cathdir awakes and summoned his wizard,
Bri son ofBaircid, and tells him his taies. « I will rede that»,
says Bri, [« if I hâve a guerdon thcrefor ». « Thou shalt
hâve », says the king, « every thing that thou mayest
demand »]. « This », [says the wizard,] « is the damsel,
the river which hath the name of Slaney. Thèse are the
colours in her raiment, artists of every kind without same-
I. Literally « beginning ».
The Rennes Dindsenchas. 4^ i
ness of distinction or peculiarity. This is the hundreded hos-
pitalier who was lier father, the Earth through the which
corne a hundred ofevery kind. This is the son who was in
her womb for eight hundred years, the lake which will be
born of the stream of the Slaney, and in thy time it will
corne forth. Stronger the son than his mother, the day that
the lake will be born it will drown the whole river. Many
hosts there, every one a-drinking from the river and the lake.
This is the great hill above their heads, thy power over ail.
This is the tree with the colour of.gold and wdth its fruits,
thou over Banba (Ireland) in its sovranty. This is the music
that was in the tops of the tree, thy éloquence in guarding^
and correcting the judgments of the Gaels. This is the wind
that would tumble the fruit, thy liberality in dispensing jewels
and treasures. And now, « says Bri, « thou hast partaken of
the redc of this vision ».
Also in BB. 270^ 26: H. 24b: Lee. 468». Paragraphs 2 and 3 are also
in LL. 159» 37 and in Bodl. no. 5. The whole is versified inLL. 196^-1973.
Crowe has edited the taie in prose and verse (from Lee. and LL.) in the
Journal of theKilkenny Archaeological Association for January 1872. l'here
is much fancy in the account of Cathâir's Vision.
Loch Garman now Wexford Harbour. Inher Dea the mouth of the Vartry.
Cathâir Môr overking of Ireland from A.D. 120 to 123.
The briiigu cétach or « hundreded hospitalier », was a landholder legaliy
bound to entertain travellers and his chief s soldiery, and to possess a hun-
dred slaves and a hundred of each kind of domestic animal.
41. Loch Dacàech.
Loch Dacâoch, canas roaintimiged ?
Ni ansa. Dacaech ingen Cicuil Glicergluin meic Tuathmair
G Sleib Admoir .i. Cicul donacht .ccc. fer ïor oencosaib 7 for
oenlamaib 7 a^nsuilib 7 a mâthair amaille fris. .i. Lot Luam-
nach, 7 Fuata Bé-Fail a bean, 7 is é fath a a n-imluaid, do
chosnam Erenn (ri macu ^ MiW.
1 . comadh, comhadh, from corn, comh .i. coimhéud a guarding, watchine.
keeping, P. O'C. » & s»
2. irine a qwo R.
432 Whiîley Stokes.
Amlaid don[o] bôi Fuata, 7 hi torrach, 7 dorhcht a ham,
7 rotuisim oen ingin ^ daill .i. Dacaech a ainm. Muslùi uaidhe
gaii fuirech asin purt isiii loch, roros-baide and. Unde Loch
Daciech. Figset cath hvuni fri daind MiW^ 7 doroch[r]adflr
uile hi sunn.
Dacaech was the daughter of Cicul GHcerglun sonof Tuath-
mar from Sliab Admor. Cicul came with three hundred men,
each using only one leg and one hand and one eye, and his
mother Lot Luamnach, along with him, and his wife Fuata
Bé Fail. And this is the cause of their journey, to contend
for Ireland with the sons of Mil.
Thus then was Fuata, with child. And her time came, and
she brought forth one blind daughter, named Dacaech, who
fled from her mother without delay out of the mansion- into
the lake, and drowned herself therein. Hence Loch Dacaech.
They fought a battle against the Children ofMil and in it they
ail fell.
Also in BB. 572342: H. 26^: Lee. 470». Still more meagre versions are
in LL. 169b 10-14 ^"'^ i" Bodl. no. 57. See also Silva Gadelica, III, 513.
Loch Dacaech is now Waterford Harbour. « Sliab Admoir » is in the fol-
lowing poem S. Anthoir.
In the men « on single feet and on single hands and single eyes » we
seem to hâve a référence to a magical process : see Revue Celtique, XII,
99, and add this from the Togail Bniidnc Da Derga: For 6en choiss 7 6en
lâim 7 oen anail rachain dôib insin. « On one foot and one hand and one
breath she sang that to them », LU. 86^ ».
In Bè Fail « v/oman of Ireland » bê (ex * bepes) is a neuter stem in s,
which Lidén connects with the kebs in German Kebsfrau. See Ceilbc supra
p. 318.
42. Port Lairgi.
Port Lairge, cxnas ïoainuiui^cd?
Ni ansa: Vqous dolûidh Roth mac Cithaing meic righ Indsi
Aine a tirib iat[h] Fomorach Li haircing 5 tire do cuairt coi-
1 . ingen R.
2. port a palace or royal seat : any great building, P. O'C.
3. haircind Lee. and BB., seems = Welsh arbeiui. P. O'C. has âîrcheann,
ôircheajin a nobleman, a chicttain.
The Rennes Dindsenchas. 4jj
crich, co cimla anni, dord na mwrduchanndo Muiricht. Rolm-
rdidh forsin fairgi co comtarnaig f/'iù. Issed fuath atcondairc
ann, na mî<rduchaind .i. ingena macdachta as coeme cruth 7
denum, co mongaib buidhe, co c[n]essaib gela ùas ulscib léo.
Méimhir oen na tular/; daw in t^-ichdar brothwHuibnech
biastaide- dofil léo fo uîsgib. Cechnadar dord n-amra doRoth,
co rotuil sûan, com«^-dailsed na piassda ina dôchcum 7 nam-
brethcd i n-aigib, 7 faidhid in muir a Idairg [liijsunda, 7 no-
talladh 61 cet a mael a chnamha. Unde Fort Lairg[e] 7 assin
rofoillsig Maen mac Etna :
Cur croderg cet n-ilach
bréo dâna bar niad
iath Aine truagh 3 airle
techt turthaid céim 4 cechaing
(ecbt ïordail goth nathz^r
bas bosgill fore guba.
fit m///Vbri;zd ceol tuilsi 5
os Ich[t]-muir dord duchand
drecht nurgart dith n-senmaic
cruaidh Cithaing Roth comainm
triath araich min[a]airlech
codh m[b]îasda tonn turchur
iath nElga^ coït mbodba/
mul mâcha sorb ^ sulmer
slis comfat tocht troimfer
lôn lairci lecht miled
dian magus9 port curadh.
[coir ceachaing ar cach bac«r.] Cur.
Once upon a time Roth son of Cithang, son of the king cf.
Inis Aine, went from the lands of the Fomorians' countries,
with the chieftain of the land to go round his boundary, when
he heard somewhat, the burden of the mermaids of the Ictian
I .
m R.
6.
ndelga R.
2.
sic BB. bîasddighe R.
7 •
mbadha R.
•>
truadh R.
8.
slorb R.
4.
*céin R.
9-
sic BB. and Lee. madhar R.
S.
duilsi?/5 R.
434 Whitley Stokes.
Sea. He rowed on the sea till he met them. This is tlie appar-
ition that he beheld there, the mermaids, to wit, grown-up
girls, the fairest of shape and make, with yellow hair and
white skins above the waters. But hus;er than one of the hills
was the hairy-clawed bestial lower part which they had be-
neath. They sang a wonderful burden to Roth, so that he
slept a sleep. Then the monsters flocked towards him, and
they carry him ofF in joints, and the sea sends his thigh
hère (to Port Ldirge), and the drink of a hundred would fit
on the flat of its bone. Hence Port Làirge « Port of the
Thigh », and 'tis that which Maen son of Etain made manifest
[in the foUowing poem :]
A bloodred champion of hundreds of paeans, the bold flame
of your heroes », etc. ^
Also in BB. 372b: H. 26» and Lee. 470». A variant in LL. 169» 11 and
Bodl. no. 24.
Port Lairge now Waterford. Mu'ir nlcht the Channel between England
and France. Inis Aine not identified.
Miirducljaimi. A synonymous samguha occurs infra. In the description of
the mermaids and the effects of tlieir song, tlie Dindsenchas agrées with
Physiologus; see Médiéval Lorc, 1893, p. 136.
43. Mag Roigni.
Mag Roighne, canas ro ainmniged ?
Ni misa. Roighne Romanach dodechaid a hEtail^ co Gailia
Narbonem i ' Francaib, co mbôi ic Torinis. Bac 7 rdma 7
tûagh lais. Tri ddna dobt^tsat slôg na Galia fair [,i.] uir do
tarradh [leg. tharraing ?], 7 muighi a fedhaib, 7 scaileadh
m«rgabla4 srotha Ligir do treb Toirinsi, 7 fogni-sim sin fri
teoraib laithi, 7 adaigestar obair n-aile do tab^?/Vt fliir. Mus-
tetlai uaidib co Herinn hrum co ndeisid ^ i n-Imliuch Mecond,
1 . The rest of this production is by me untranslatcable.
2. hadail R.
3. aR.
4. murgablaib R.
5. deisig R.
The Rennes Dindsenchas. 435
ar ba druim fidbaidhe tune % coro selaigh- Roighne co mba
mag. Undc Mag Roigiii dicitur.
AlittY ; Roigne Roscadhach mac Ugaine, meic Eaclwf/; Bua-
daig, méic rig Erenn, ba seadh a forba lia athair in magh sin,
et unde Mag Koigjii dicitur et hoc carmen ' :
AtCLiala daigfer ndamach, 7 ri.
Roigne the Roman went ont of Italy to Gallia Narbon-
ensis in France and dwelt at Tours. A billhook and a spade
and an axe he had. Three tasks4 the people of Gallia impos-
ed upon him, to wit, drawing mould, and (clearing) a plain
of trees, and letting ont an inlet5 of the river Loire from the
side of Tours. AU' this he did in three days, and (then) he
feared that another work would be imposed upon him. So
then he fled from them to Ireland and settled at Imliuch Me-
conn, for it was then a wooded ridge. This did Roigne clear
(of trees) sothat it became a plain. Whence Mag Roigni is said.
Otherwise : Roigne Roscadach son of Ugaine, son of
Eochaid the Victorious, son of the King of Ireland, had that
plain as his héritage from his father. Hence Mag Roigni is
said, and also this poem :
I hâve heard of a hostful noble, etc.
Also in LL. 159b 28 (whcncc Silva Cad., II, 481, 528): BB. 375125 :
H. 26'' and Lee. 482^'. Mag Roigni is a plain in the barony of Kells, co. Kil-
kcnny. Imliuch Mecoiin net identified.
44. Mag Femen, Mag Fera, Mag Fea.
Mag Yemen 7 Mao- Fera 7 Mag Fea, canas wainmniged?
1 . nunc R.
2. selaidh R.
3 . cormflc R.
4. dan .i. obair, Lee. Vocab.
5. lit. a sea-inlet : viurgliabbal A. gabhal mara a creek or harbour, P.
O'C. pi. n. muirgobuilMl. 45^12, Old-Brct. morgablou, gl. aestuaria.
4^6 Whitley Stokes.
Ni aiisa. Tri meic Mogaich meic Dachair do claind Bratha
meic Deatha [.i. Femen 7 Fera 7 Fea]. T/<cad tûag 7 bac 7
rama etwrra. Intan nobid ¥emen ic fuilgeth [nobid] Fera^ le
bacad 7 Fea ic tamnugwi. iNtan do;w nobid Fea ic bacad [no-
bid] Fera ic fuilged [7] Fem^n ic tamnugud. Foceirdedh ca^h
uaidib dia celi cl:^chludli ernnaid dar in mag heous, coro tsle-
chtsa[t] tri muigi .i. M^^ ¥eniiii 7 Mag Fera 7 Mag Fea.
Aliter; da dam Dile ingine Lugmanrach adbathat^zr ann, Fe
7 Maen a n-anmann, et unde Mag Vemeii rowponitwr 7 [Mag
Fea .i.] Fea ingen Elcmaire.
Femm^ ¥cra, fir fatha,
do sil delbglan deg-Datha,
Is iad- roslir/j/sat na maig3
Fe[r]a is Fem^« a ûdhaid.
Three sons of Mogach (Mogad ? Inogach ?) son of Dachar
of the clan of Brath son of Dëath, namely Femen and Fera 7
Fea. An axe and a billhook and a shovel they brought be-
tween them, When Femen was shovellino; Fera was hacking
and Fea lopping. But when Fea was hacking Fera was sho-
velling and Femen lopping. Over the plain each of them kept'
throwing a change of tools to the other : so they cleared three
plains, namely Mag Fetnen and Mag Fera and Mag Fea.
Otherwise : two oxen of Dil daughter of Lug-mannair died
there, to wit Fe and Masn were their names, and thereof (the
Fe-men in) Mag Femen is compounded ; and Mag Fea (takes
its name from) Fea daughter of Elcmaire (and wife of Net
mac Indûi — LL. I98''43).
Femen, Fera, truth of knowledge | of good Dëath's pure-
formed race, | 'tis they, Fera and Femen, that cleared the two
plains ofwood,
Also in LL. 168^28: BB. 373b 17: H. 27->; Lee. 470: and BodL no. 16.
Edited from BB. in Silva Gadclica, H, 528: from Bodl. in Folklore, III,
483-4. Versified, LL. 198» 32.
1 . Fear R.
2. uad R.
5 . muig R.
The Rennes Dindsenchas. 457
Mag Femin in the co. Tipperar)'. The etymology from tlie oxcn's names
is also in Cormac's Glossary and in LL. 210» 15.
Mag Fea « a level plain in the barony of Forth, in the county of Car-
low », O'Don. Ma<r Fera not idcntified.
45. Tond Clidna.
Tond Cli[d]na canas roainnuiiged ?
Ni aiisa. Clidna in[gen] Genaind meic Triuin doàcchaid a
Tulaig da roth, a Muig Mell Tire Tairrngire la hluchna Ciab-
faindech do rochtain Mcic in Ùcc. Dorad sen breg impe, 7
rosepfaind ceol di isin nai creduma i mbôi % roîzatuil fris, 7 am-
soi a seol frithrosc co tudchaid ^ timcell Evenn fo des, co to-
racht Clidna.
IS é tan ronuarcaib i[n] m[ur]brucht nemtbrcnedech 5 coro-
scail fo cricha an beatha frecnairc, foddig robd^r iat tri
mortuile Ercim in inbaid-^ sin .i. tuile Clidna 7 tuile
Ladrand 7 tuile m[B]aile ; ach[t] ni ii n-œnuair fcnuar-
caibsed. Robe in tuile medonach tuile Ladrand. Dorimart
in tuile i 5 n-arda 7 [foddli] fo tir Erenn, como tarraid in cu-
rach n-ucat 7 in ingen ina codlad and forsin trdig, cor'-
baided annsin Clidna Cruthach ingen Genaind, a qua ^ Tonn
Clidna nominatur.
Genand mac Triuin, t[o]rom dil, 7 ri.
Agus fôs ama/7 rocan Cailti for an dind cétn^ i ^ n-aimsir
Patraicc ara n-agallaim/ éccsamail ingantaigh doronsat ar
dindsenc^aj Eirenn.
Clidhna cindfind, buan a bét, 7rl.
Clidna daughter of Genann son of Trén went out of Tu-
lach dd Roth (« the Hill of two Wheels »), out of the Plea-
sant Plain of the Land of Promise, with luchna Curly-loeks
1. naid creguma amboi R. >. a R.
2. ducaid R. 6. quo R.
3. nemforcncdecht R. 7. nagallaib R.
4. inmaid R.
438 Whitley Stokes.
to get to the Mac ind Oc. luchna practised guile upon her.
He played music to her in the boat of bronze wherein she
lay, so that she slept thereat, and then he turned her course
back, so that she rounded Ireland southwards till she came to
Chdna.
This is the time at which the ilhmitable seaburst arose and
spread throughout the régions of the présent world. Because
there were at that season Erin's thrce great floods, namely,
CHdna's flood and Ladru's and Baile's; but not in the same
hour did they arise: Ladru's flood was the middle one. The
flood pressed on aloft and divided throughout the land of
Erin till it caught yon boat and the damsel asleep in it on the
beach. So there she was drowned, Clidna the Shapely, Ge-
nann's daughter, from whom Tonn Clidna « CHdna's Wave »
is named.
Genann son of Trén, etc.
And also in Patrick's time as Cdilte sang on the same dind for
their diverse, marvellous CoUoquy which they made on Ire-
land's topographical legends.
Also in LL. lôSbi: BB. 374^2: H. 24b: Lee. 471^; and Bodl. no. 10.
and Ed. 2^1. Editedv(from Ed.) in Silva Gadelica, II, 481, 528.
Tonn Chdna « a loud surge in the bay of Glandore [co. Cork] much cele-
brated by the Irish poets », O'Donovan, Topogr. Poems, p. Ixvi.
Mag Mell a name for Fairyland, which seenis from this taie to hâve been
(like the flibled Atlantis) south or S. W. of Ireland.
Mac ind Oc son of the Dagda and Bôann. Ladru the first man that died
in Ireland, LL. i27-->6.
The (c Colloquy, » the Acallani 11a Scnôtach, edited from the Book of Lis-
more, in Silva Gadelica, I, 94-235.
A boat of bronze occurs also in the dindsenchas of Ess Ruaid, no. 81.
Compare the boat of copper which Wàiniimôinen, in the last runo of the
Kalevala, créâtes by his magical singing.
46. Carn Hûi Néit.
Carnn H/// Neit, canas roainniniged ?
Ni ansa. Eres mac Ehdan mcic Neit, i^ Neit mac Nuachai,
I . sic Lee. nâ R.
The Rennes Dindsenchas. 459
nô Neit mac Angada senatha/r Breis co n-apa/W ann, acht as é
Bres foJesin atbath and, ar is c Bres conahechair [o]ol cék ca-
cha cleithe i n-Eriiin do hcht bô [mdile] uidre nô do lacht bo
oendatha^ olccna, hi ^aith ^echtain Bascain rig Mwman nô
Necht[ain] Lamdt'/rg. Forollscath^ buar Mwman la suide hi
tinid> ratha. Ro[foill]ef/;/a ianmi do litin luatha ruis hn com-
dar dubodra. A comoirle Logha meic Et[h]lenn 7 [Findguill
meic Findamnois] in drûad-' doronad sin, cor' delbsat indisin
.ccc. bo cranda co Hn[n]paitib dubodraib ina [njgablaib arson
dehie .i. uithi. Rofothraicit hrum for dubroda;.
Dotait iaïuiii Bres arco faiced éccosc in buair sin 7 coro
tomlachtais fiadhu, 7 ba Cian do7/o etwrro. Rofaisced udidib a
niboi acaib din rodu amail bid blegun 7wdombligthe 5. Geis
do Erendc[h]aib ce» a roc/;/ain i n-ain[f]er/;^, 7 geis dosuin gen
a ol a mbligfidhe ann.
Blegair iar^m dos^m tri cet duibsesra do rodo ruad mona
conas-QÏh. Adb^r[a]t aroile secht laithi 7 secht mis 7 secht mhliadna
{or sergad do, 7 rotoirmcill Erinn fria leigis, co torac/;^ in carn
cétna, co n-apaid and. Un^c Carn ûi^ Neit nomenatur (sic).
Bres son of Elathan son of Net — that is Net son of Nua-
cha or Net son of Angaid ancestor of Bres, died there. But it
is Bres himself that. died there, for 'tis he that in the reign of
Nechtdn Fairhand king of Munster (or Nechtdn Redhand) de-
manded from every rooftree in Ireland a hundrcd men's drink
of the milk of a hornless dun cow, or of the milk of a cow
of some other single colour. So Munster's kine were sin2;ed
by him (Nechtan) in a fire of fern, and then they were
smeared with a porridge of the ashes of flaxseed, so that they
became dark-brown. That was donc by the advice of Lugh
mac Ethlenn and of the wizard FindgoU son of Findamnas;
and they also formed three hundred cows of wood with dark
brown pails in their forks in lieu of the udder. Thèse pails
were dipped in black bog-stuff.
1 . uigre oendatha .i. do lac/;/ bo ûigre R.
2. (or fo-ro-lscath prei. pass, sg. 5 oi Jo-loscaim « suburo », W. goîosgi.
3. tinig R. ' 5. sic BB. nodombligfc R.
4. d/ùag R. 6. ûa R.
440 Whitley Stokes.
Then Bres came to inspect the manner of thèse cattle and
so that they might be milked in his présence, and Cian
(Lugh's father) was also among them. Ail the bogstuff they
had was squeezed out as if it was milk of which they were
milked. The Irish were under a tabu to come thither at the
same time, and Bres was under a tabu to drink what should
be milked there.
So three hundred bucketfuls ^ of red bogstuff are milked for
him, and he drinks it ail ! Some say that he was seven days
and seven mouths and seven years wasting away because of
it, and he traversed Erin seeking a cure till he reached the
same cairn, and there he died. Whence Caiii hi'ii Néit is named.
Also in LL. 169-1 11 : BB. 374b 28: H. 28^: Lee. 472b.
Carn hûi Nêii is said to be the ancient name of the Old Head of Kin-
sale, co, Cork.
As to Bres son of Ehtthan, see Revue Celtique, XII, 63, 69, 71, 73.
As to Lugh son of Cian and EthHu, ibid. 75 etseq. 127.
The object of Bres in demanding the milk of one-coloured cows was,
probably, to make his wife or wives fruitful. As to the prolific properties
ofsuch milk (ânes bleos eu meoluc) see Cockayne's Lecchdoms, III, 69.
47. Crotta Cliach.
Crota Cliach, canas roaiiinniiged ?
Ni ansa. Cliach cruiiire Smirduib meic Smail ri na tri Kos, a
SidBdine. Doluid sidein do thôcM/readh [fo. 105b i] Conchinde
ingine Biiidhb assid Fear Feimhi. Nô comadh Baine a hainm.
Bôi dano Cliach hliadain la[i]n ic senmaim forsin dinn sin, 7
ni roacbt co Sidh mBuidhb ni budh neassa la méit cumacbti in
tsidha-, 7 ni côemhnagair ni dond ingenraidh3, acbt ro seph-
faind a croit co roimuidh in 4 talam Bi, a)?/adh as romaidh 5
in drais.
1. This is a guess: duh-sesra is compounded oi dub « black » (hère per-
haps a mère intensive prefix) and sesra borrowed f rom Lat. sextarius, whence
also W. hestaur.
2. sti'gha R. 4. an R.
3 . don ningin raigli R. 5 . romaigh R.
The Rennes Dindienchas. 441
As de atd Loch Bel Dragan .i. drag tincdh fuair mbuime
Ternoc ann a richt bradain, coiiTiàh. Fursa ros-atig issin loch %
7 issé sin in draig tairnigerthar im féil Eôin do twrgabdil for
'Exinn fri à.ercdh. domhain [i ndigail Eoin Baiste], 7 is desin
atdt Crota Clidch i- Munirtm.
Cliach from Sid Bdine (« Baine's Elfmound ») was harper
to Smirdub son of Smal, king of the Three Rosses. He went
to invite Conchenn daughter ofFodb from i\\Q sîd of the Men
of Femen. Or may be Bdine was her name.
Now Cliach was a fuU year making music on that hill ; but
because of the elf's magie might, he got no nearer to the sid,
and he could do nothing to the girls. But he played his harp
till the earth beneath him burst, and thereout the dragon
brake forth (and Cliach died of terror — tathaini ar tiine').
Hence is Loch Bel Dracon « the lake of the Dragon's
mouth », to wit, a dragon of fire which Ternôc's fostermother
found there in a salmon's shape, and Fursa drove it into the
lake. And that is the dragon which is prophesied to arise on
St John's day at the end of the world and afflict> Ireland in
vengeance for John the Baptist. And thence are Crota Cliach
in Munster.
Also in LL. lég» 38: BB. 57)-' 39: H. 28^ Lee. 473-», and Lebar Brecc
242b = Stowe MS. D. 4. 2, fo. 50'' 2. Edited from BB. in Silva Gade-
lica, II, 477, 523. Edited from Lebar Brecc in O'Curry's Lectures, p. 426.
Crotla Cliach « Cliach's Harps « (he used to play two at the same time)
must be on or near SUab Crot (now Slieve-Grnd or Mount-Grud) in the
co. of Tippcrary. O'Donovan (Topogr. Poems, p. Ixxxiii) says it is the an-
cient name of the Gahee mountains.
Ternôc probably onc of the five saints commemorated by the Irish Church
on Jan. 30, Fcb. 8, Feb. 28, July 2 and Oct. 3 ; but which?
Fursa doubtless the abbot of Perunne, commemorated on Jan. 16. His
so-called Irish Life, preserved in the Bibhothèquc Royale, Brussels, 2324-
2340, ff. 5o-'-52b, is an ahiiost Hteral translation of Beda's Latin, Hist.
Eccl., III, 19.
1 . boch R.
2. a R.
3 . This seems implied in the prep. for.
442 Whiîley Stokes.
48. Cenn Febrat.
Cend Febrad, can as no aimnniged ?
Ni ansa. Feabra mac Sin d^'bbrathair sidh[e] do Dhedadh.
m^c Sin, con'id romarb Gain nifl'c Deirg Du[a]laigh, co tue a
cenn cossin sliab ucut. Unde Ccnn ¥cbrat dicitur.
Doluidh iarani Garban macDedhadh, a quo Diin liGarbain,
dia dighail (or Gain mac Deircc Du[a]k/fr, conidh romarb for
Sléibh Gain, 7 co rug a cenn co Gend Feabrad. Mor Idech
[fo. 105'' 2] 7 Idiches^ ro âdhnacht ann la suidhibh im Lugaid
Ldighi 7 [Dojdera mac Aurmora in file 7 Ethne 7 Maer 7
Mumain [leg. Mugain ?], 7 ri.
Febra son of Sen was own brother of Deda son of Sen, and
Gain son of Derg Dualach killed Febra and brought his head
(cenn) to yon mountain. Hence Cenn Febrat is said.
Then Deda's son Garbdn — from whom Diin Garbain is
nanied — went to avenge his uncle on Gain, and killed him
on Sliab Gain, and brought his head to Genn Febrat. Many a
hero and hero's wife has been buried with them there — Lu-
gaid Ldge and the poet Dodera son of Aurmor and Ethne and
Maer and Mumain (Mugain ?) and so forth.
Also iiiBB. 375'' 19: H. 29a: Lee. 473I'.
Cenn Fehrat « the ancient name of a part of the mountain of Sliabh
Riach to the south of Kihiiallock, on the confines of the counties of Lime-
rick and Cork ». O'Donovan, Four Masters, A.D. 186. Spek Cenn Jbrat in
LL. 288b, Revue Cehique, XIII, 440, where Lugaid Lâga and Dodera are
mentioned.
Dân Garbain now Dungarvan, a seaport in the south of theco. ofWa-
terford.
49. Genn Guirrig.
Gend Guirrigh, canas roainmnîged ?
}^[ansa. Guirrech Life, dia ta Raith Ciùvvig, is do ba hingen
1. laithes R.
The Rennes Dindienchas. 44^
Cochrand màtbair Diarm^/ta hi Duibne. Inann dono mâtbair
la Cuirrt'c/; 7 la Fothadh Canann 7 la Teidi ingin Meic Niadh,
a qua^ ^nach Teite, ben sein Find meic Kâgatnna.
Find àoiio do marb Dub hua Duibne, dia roibe Dhrmait
mac Duib meic Duibne, cliamoin sein Cw/r[r]igh.
Bôi cocadh amnûf^ eterra. Imraidi- iarwm Cinnech modh
nod-gab(7J eill for Find. Bôi bancara oc Find i3 n-oinber Fe-
min fo/' bru Suire anoir, i 3 cathair Duine lascaig, Bodamoir
a hainm — is di gairl/;t'r Raith Badhamlimc/;. Is I foluing^Jh
Find do biudh 7 étgud. Luid doiio Cuïrircb co teach Badham-
rach gurus-on 7 g«r' airg Cathraigh Duine lascaig. Dotet
Find focetoir for slïcbt C///r[r]igh, for Sùir, for Feim.en, for Tei-
tiu, for Roighniu, for Eôir, for Gabran, for Bt'rba, co foca Find
ïoscad in fir riam, 7 doleic sleigh fua sgath, 7 docachain bricht
for a hind, 7 builtuis ind, 7 docer de, 7 dob^rt Find a cenn
leis co comarnaic madoin moch arabarach cwjin sliab for aice
Feimm aniar, 7 foc^rd ilaidh ind im cenn Cuir[r]igh, coii'id de
goirtfer Cu irrig.
Is hrum dorochair Find mac Reghamna-^ 7 Teiti a ben do
oenguin Find dia ïolusat don cormaim dogeine Find do Fo-
ûiad.
Currech Lifi, from whom is Raitb Cuirrig, had a daughter
Cochrann the mother of Diarmait hua Duibni (by lier husband
Dub). And Cuirrech's mother was the same as the mother of
Fothad Canann and of Teite daughter of Mac Niad, from
whom Ocnacb Teite is named. Teite was the wife of Find son
of Ragamain.
Now Find killed Dub hua Duibni, whose son was Diarmait
mac Duib son of Duibne. He was Currech's son in-law.
So there was savage warfare between them (Find and Cia-
rech). Then Cuirrech bethought him of a way to get an ad-
vantageî over Find. In the eastern part of Femen, on the eas-
Redhamna R.
eall .i. greimnobaoghal,P. O'C.
I. q«o R.
4
2. sic BB. imraidigh R.
5
3. aR.
444 Whiîley Stokes.
tern bank of the Suir, in Cathair Dune lascaig, Find had a
paramour named Badammair (from lier Rath Badammrach is
callcd). 'Tis she that used to sustain Find with food and rai-
ment^ So Cuirrech went to Badammair's house and slew her,
and destroyed Cathair Dune lascaig. Forthwith goes Find on
Cuirrech's track, by Femen, Tête, Roigne, the Nore, Gabran,
the Barrow, till he saw before him Cuirrech's shadow, and
throughout the shadow he hurled a spear, chanting a spell
over its head, and strikes it into Cuirrech, who fell thereby.
Then Find took Cuirrech's head, and came on the morrow in
the early morning to that mountain (Cenn Cuirrig) a little to
the west of Femen, and set a tomb of stone there about the
head. Whence Cenn Cuirrig is so called.
Afterwards Find son of Regamain and his wife Teite fell by
a single blow ofFind (son of Cumall ?) when they went away
from the alebanquet which (the latter) Find had made for
Fothad (Canann).
Also in BB. 376» 34: H. 29^: Lee. 474^. Versified, LL. 191b 31.
Cenn Cuirrig must be somewhere near the Curragh of Kildare. Cathair
Dune lascaig, now Cahir a town on the Suir in Tipperary.
Raith Badammrach was perhaps near Cahir. See O'Curry's Lectures,
p. 30$, and Revue Cehique, VII, 291.
As to the relation of Cuirrech's shadow to his soûl, see Tylor's Primi-
tive Culture, 2d éd., I, 430, 435. Some other events which took place after
Cuirrech's death are recounted infra in no. 52.
50. Temair Luachra.
Temair Luac/;ra,canas voainmniged?
Ni ansa. Tea^ ingen Lui[g]dhech meic Itha bean Eirimon
meic Milcd, 7 is di iuccad Temair Luac/;ra 7 Temair Bregha 7
cach Temair olcena dofili' n-Eire. Luacair ïmniorro fodesin
ba niagh scothach co reimes mac n-Ugaine 7 co gein Chuind
ut ali[i] dicunt, fodéig is indi dobruindset Siùir 7 Eoir 7 B^rba
1 . Compare Cormac's Glossary, s. v. Orc tréith.
2. Temair R.
3. aR.
The Rennes Dindsenchas. 445
7 Loch Riach 7 Loch Lcin i^ Luachair, 7 atces Bile Tortan
7 Eo Rosa [7 Craeb Mugna 7 Craeb Dathi] ^, de quibwj Finn-
tun dixît:
In Luachoir dono, in Luachair, etc.
Tea daughter of Lugaid son of Ith wife to Erem son of Mil
(from her Temair was derived), and to lier was given Temair
Luachra and Bregian Temair and every othcr Temair which
exists in Ireland. Now Luachair itself was a flowery plain till
the time of the sons of Ugaine — or (as others say) till the
birth of Conn (of the Hundred Battles). For 'tis then? that
(the rivers) Suir and Nore and Barrow burst forth, also Loch
Riach, and Loch Lcin in Luachair ; and Tortu's Trce and the
Yew of Ross and the Tree of Mugna and the Tree of Dathe
were (first) seen. Whereof Fintan said :
The Luachair, then, the Luachair, etc.
Also in BB. 376b: H. 29b: Lee. 474b. Ediled from BB. in Silva Gade-
lica, II, 477, 523.
Temair Luachra somewhere ncar the town of Castle-island in the co. of
Kerry, v. O'Donovan, Four Masters A.D. 1580, p. 1731, note c.
As to Tea and Temair Breghda v. supra, no. i .
Ugaine was killed (according to the Four Masters) A. M. 4606.
The Suir riscs in the co. of Tipperary, the Nore inKilkenny, the Barrow
in the Sheve Bloom Mountains. Loch Riach is in Galway, Loch Léiii (now
the Lakes of Killarney) in Kerry. As to Tortu's Tree (an ash), the Eô Rosa
(a yew), the Tree of Mugna (an oak), and the Tree of Dathe (an ash),
see LL. 199b 61 et seq.
51. Sliab Mis.
Sliab Mis, canas ro aintnniged?
Ni ansa. Mis ingen Mairedha, ben Caeimgin Congancnis
meic Degad, is di tucad Sliab Senaig Gairb meic Degad ina
toc/;ra 7 ar airisem 'go a lir t^reis na himirce dia tanic Eochaid
7 Rib da mac Ma/reda meic Cairedha, a qu'ibus Loch nEchach
1. aR.
2. sic Lee.
5. indi « therein », i. e. in the renies of the sons oi Ugaine.
Revue Celtique, XV. 30
446 Whitley Sîokes.
7 Loch Ri, cundased forb forsa rir Mis ^ atliarda, in sliab ucat.
Unde Sliab Mis.
Ailit«' ; Sliah Mis no Sliab Mifis, ar a ni ba mifis .i. ba hanfis
do macaib MUed in sluag dolfa fnth ann la Fodla 7 Banba 7
Eriu.
Mis dauglîter of Mairid son of Cairid and wife of Coimgen
Hornskin son of Dega. 'Tis to lier the mountain of Senach
the Rough son of Dega was given as lier dowry and for
staying with lier husband after the flitting (of her family)
when Eochaid and Rib, Mairid's two sons (a quibus Lough
Neagh and Lough Ree) set forth. So that the land for which
Mis bartered a patrimony, is yon mountain.
Otherwise, Sliab Mis or Sliab-Ml-fis, because the magical
army, there devised by Fodla and Banba and Eriu, was a mi-fis
« mis-knowledge », that is, was a delusion, to the sons of Mil.
Also in BB. 3 76b 49: H. 30^: Lee. 474'^. A version of § 2 in LL.
i68b 19 : Bodl. no. 17; and Ed. fo. 3* 2. See too Silva Gadelica, II, 485,
532.
Sliah Mis now Slieve Mish, a mountain in Kerry, between Tralee and
Killarney.
For the story of the elopement of Eochaid and Rib see LU. 39=^-39'', and
the dindsenchas of Loch nEcliach, Ed. no. 55: BB. 390-»: H. 49a; and
Lee. 4962(edited from Ed., Folklore, IV, 474); see also infra no. 79.
As to Fodla, Banba and Ériu, the three queens of the Tuatha dé Da-
nann, see the Four Masters, A. M. 3500 and O'Mahony's Keating, p. 198.
The spectral army conjured up to resist the sons of Mil is referred to in the
Franciscan Liber Hymnorum p. 38, cited in the Rolls Tripartite Life, p. 426.
52. TiPRA Sengarman.
Tipra Sengarman 7 Airer Criblaighe -, canas roainm-
ni^the ?
o
Ni ansa. Sengarman SUb\ Mis, ben Cuirrich Liphe, mâihair
Slechtaire meic Sengarman, isti rohort[sat] Croch 7 Diin 7
I. fororirmais R. ft'?sroir irmis BB. forar earmais Lcc, forar airis H.
forsa rir LL.
2. criblaidhe R.
The Rennes Dindsenchas. 447
roairgset Cathraig ^ Comfosaid 7 Gandan a Caislib Gannan, 7
roairgset Muingfind buime Find 7 roloiscsct macraid Droma
B^/Ttach 7 Dubroit in[An]n6it Formaili i ndigail Cuirrich.
Ct';/id hi suidiu imrecaim Criblach Coiinachtàch 7 Crimibann
a mac doib co ndfnisat cora2 ewrra iar fogail fri Find, 7 ros-
len Find co Carn Doim Deirg i- Luachair, airm i^ fil Tipra
Sengarmna indiu, comd andsin fuair Slechtaire fotoll talma?i,
7 bawrfria ciana ann, 7 imtiagtais ass5 fri fogail cacb n-oidhci,
7 co fuaraMr laithe n-ôen os Luachair [AJini Oisin mac Find
a oenwr, 7 nuchurut 7 non-brret léou hé cô n-ddbaid. Conid
annsin rosnaid^ Osine in snaschur, 7 foceird e la sruth na ti-
prat co ranic co hAth na Feile airm i^ mbôi Find. Conus-gah
Find in snas iar suidiu ina Idim 7 asb^rt : « Osine dorigne so »;
7 lotar lasin sruth gô a bunad, co facawr in fotoll talmaii i ^
mbadar, 7 noclaidet5 forru, 7 comluid Criblach iarsuidhiu, co
rue Find ar Cribiaigh^ ind Airer Criblaige7,
Luidh Slechtaire lïaidib co Berre, conid and atorchair.
Luid CrïmîhaiîH a ôenwr uaidib, ar ni bi orgain cen oensciu-
la[ng]. Bentair a cenn do Sengarman 7 facbait a corp [i]sin
tiprait.
Unde Tipra Sengarman 7 Airer Criblaige*^ dicuntur. Fergw^
Finbel file Find ro cachain in voscad so sis :
Tiprâ Sengarman fo a snas, 7rL
Sengarmain of Shab Mis was Cuirrech Lifi's wife and Slech-
taire's mother. 'Tis they that in revenge for Cuirrech (v. su-
pra, no. 49) destroyed Croch and Dun, and wrecked Cathair
Comfossaid and Gannan in Caisel Gannain, and killed Find's
fostermother Mongfind, and burnt the children of Druim Ber-
tach, and Dubrôt in Ann6it(?) Formaile. Whereupon Cri-
blach of Connaught and her son Crinthann met them, and
they entered into an alliance, after making a foray on Find.
1 . cathraid R. 5 . nocloet R.
2. a R 6. oiblaidh R.
5. imtiagat dais R. 7. oirer cnblaide R.
4. nonocg R. 8. criblaidc R.
448 Whitley Stokes.
Then Find pursued them ail to the Carn Daim Dcirg « the
Cairn of the Red Stag » in Luachair, the place at which Ti-
pra Sengarmna « Sengarmain's Well » is today, and there
Slechtaire discovered an underground cave, wherein they
dwelt for a long time, Every night they used to go forth from
it a-raiding, and one day they found, on Luachair Aine, Find's
son, Ossian, alone. They make a prize(?) of him and carry
him off" to their dwelling. There Ossian eut a chip from a
spearshaft (which Crimthann had given him to trim), and
cast it into the stream from the well, so that it got to Aîh
na Fcile « the Ford of the Féale », where Find was dwelling.
Then Find took the chip in his hand and said « Ossian made
this ». And Find's men ascended the stream to its source and
saw the earth-cave in which were Criblach and the rest, and
dug into it. Then Criblach fled, but Find overtook her in
Airer Criblaige, (and there he killed her).
Slechtaire escaped from them to Berre, and there he fell.
Crimthann was the only one who escaped — for « there
is no destruction without (at least) one fugitive ».
Sengarmain's head is eut off, and they leave her body in
the well,
Whence Tipra Sengannna and Aircr Criblaige are said.
Fergus Finbel, Find's poet, sang this roscad below :
Sengarmain's Well under its chip, etc.
Also in BB. 377^22: H. 30b: Lee. 475^. Versified, LL. 197^53, where
it is said that Sengarmain and Criblach had each the strength of nine, and
that what Ossian cast into the stream was a bail which he had made
of the chips from the spearshaft. A précis of the story is given in O'Curry's
Leciures, p. 306 : he says that Tipra Sengarmna is in the S. E. of the co. of
Kerry. Airer CrihJaige « Criblach's Harbour », not identified. Berre now
Beare, in the S. W. of the co. Cork.
53. FiNDGLAIS.
Findglais a Luachafr Dega^_, canas roaimmiiged?
Ni ansa A. Blathnat ingeit Mind ri Fer Falga, bancele Con-
rôi meic Daire, banserc-side Concuk? /////. Is i roiïell Coinculainn
The Rennes Dindsenchas. 449
o[i]dhchi samna dia saighid ^ do digail [na] n-erc n-Iuchna
Ea.chach Echbeoil, 7 in coire, 7 berrta Concnlaiiin dia cloidem
CourA'i, dia rofumalt don bochur in cenn iarsuidhiu, co tue sin
comairle do Coinrôi tarclaim danna Degad do denum a cathrach
i n-oenlô, 7 co tucdis cach coirthi 7wbiad 'na suide 7 'na sesam
léo, 7 ni bôi-si«m acht in œnur. Ba sed comarc boi etwrra,
tomlacht na mbo do lecun lasin sruth, cor'bo find in glaisi
inandocum. Undc Yiiidglais dicitur. 7 oircset in catiinnV
hruni.
Blathnat daughter of Menn King of the Men of Falga, wife
of Cù-roi son of Dare, was Ciichulainn's paramour. 'Tis she
that promised that Cûchulainn should corne to her on Hallow-
een and take vengeance for Eochaid Horsemouth's cows, and
for the caldron, and for the shaving of Cùchukinn by Cû-roi's
sword when Cii-roi afterwardssmeared hisheadwith cowdung^.
And she counselled Cù-roi to gather the clans of Deda to build
his fortress in a single day and that (for this purpose) they
should bring with them every pillar-stone (in Ireland), whe-
ther lying or standing. So Cù-roi was left ail alone. This was
the token (?) that was between them (Blathnat and Cûchu- .
lainn), to let the milking of the cows flow with the current so
that the stream as it came towards them (Cûchulainn and his
Ulstermen) was white. Hence Findglais « white stream » is
said. And afterwards they (killed Cù-roi and) wrecked the
town (and carried off Blathnat to Ulster).
Also in BB. 378-129: H. 311^: Lcc. 476-i. The version in LL. 169b 42 is
fuller, and has been edited in Silva Gadelica, II, 482, 530.
Findglas a stream in Kerry ending at Traig Li (Tralee).
Fir Falga iS glossed in LL. 169b by inse Gall indue « the Hébrides today »;
but O'Curry, Lectures, p. 588, note (172), says that « Falga was, I belicve,
an old name for the Isle of Man ».
The story of Blithnat's betrayal of her husband is also told in O'Maho-
ny's Keating, pp. 283-284. The end of the matter was that Fcrcertnc, Cû-
rofs bard, followed Blathnat into Ulster, saw her standing with her lo-
ver on the edge of a clifï, rushed towards her and clasping his arms
around her, flung botli himself and her down the précipice. For the Irish
1 . sic BB. soidhe R.
2. bôchar cowdung. dimin. boichredn, P. OC.
450 Whitlcy Stokes.
original see Bas Conrôi mie Dôiri, 22. G. 21 (a ms. in the library of the
Royal Irish Academy), p. 146.
Blâthnat's signal reminds one of the sawdust set floating down a streara
in a taie (I think) in Saxo Grammaticus.
54. Srub Brain.
Srub Brain, canas roaiiuiini^cd?
Ni ansa. Cii culainn dodechaid mdegaid na dub-ellc o Dun
Delga co ro marb en car/; thire dib gusin mbranen déidenach^
Rohorta leis ic Redg 7 ic Ramann, 7 to^acbt [a chenn] do
suide 7 roindaim a lama ina fhiiil, 7 ishcir « Srub byain and »
coa thobain in chind for in cairraicc.
.LLL. a lin; secbt n-airtim tra ina gulbain car/; eoin, 7 secht
cubait rigi moa munbragait : cuirp remra 7 cosa remra léo, 7
m/^^snaitis nuir dib. De quihus Srub Brain dicitur. Itim (sic).
Tnûius drecht dronamnus, 7rl.
Cùchulainn pursucd the black bird-flock from Dundalk, and
in every country (he crossed) he killed one of the birds, down
to the last raven^. It was destroyed by him at Redg and at Ra-
mann, and he eut off its head from it and bathed his hands in
its blood, and said, when putting the head on the crag : Srub
brain and « a raven's stream there ».
Thrice fifty was their number. Seven handlengths, now,
were in each bird's bill and seven royal (?) cubits round their
necks : thick bodies they had, and thick feet with which they
swam the sea. Of whom Srub Brain is said.
Also in BB. 378-» 39: H. 30b: Lee. 476^. Versified, LL. 154b. Edited
(from H.) in Kuhn's Zeitschrift, XXXIII, 82.
Srub Brain now Shruve Brin, or Stroove Brin, in the N. E. extremity
of the barony of Inishowen, co. Donegal. « Water oozes from the bank,
and forms a well, near high-water mark », O'Don., cited in O'Curry's Lec-
tures, p. 477, note (15), « to which ail the deranged people of the country
are wont.to resort », O'Don. Supplément to O'Reilly, s. v. sraobh.
1 . deigenach R.
2. brainéun a crow or raven: a cadaverous bird, P, O'C.
The Rennes Dindsenchas. 451
55. Locii LÉIN.
Loch Lcin, canas roainmniged?
Ni ansa. Leii Linfiaclach mac Ba[i]n Bolgaig ^ vaeic Ban-
naigh- ïïieic Glamaigh meic Gomir. Cerd Side Buidb. Is é bôi
isin loch oc gnim niamW/ar Fainde ingine FHdis. lar scur a
oip/'e cac/; n-ôidhchi foccirded iiad a hindeoin sair co hln-
deoin na nDeisicMnn fert, 7 tri frosa foceirdedh .i. fros usr/ 7
fros tined 7 f;'0s do nemoind corcarglain ; 7 donith Neman-
nach 3 in cetna oc shiide chu[a]ich Concohair [meic Nessa]
atuaid 7rl. \]\\de Loch [Léin nominatur].
Lén Linfiachich son of Bolgach, son of Bannach, son of
Ghimmach, son of Gomer, was the craftsman of Sid Buidb
« Bodb's Fairymound ». 'Tis he that lived in the iake,
making the bright vessels ofFand daughter of Fhdais. Every
night, after leaving off work, he would cast his anvil east-
wards away to Indeôin na nDése « the Anvil of the Decies »,
as far as thegravemound; and threeshowers it used to cast (to
the holy grave), namely a shower of water and a shower of
fire and a shower of pure purple gems. The same thing (i. e.
the casting away of his anvil) Nemannach practisedwhenbeat-
ing out the cup of Conor mac Nessa in the north, etc. Whence
Loch Lêin is named.
Also in BB. 379=* 5: H. 32'': Lcc. 477'"»: Bodl. 110. 18. Versified, LL.
154!' 35 4. Edited (froni BB.) in Silva Gadelica, 477, 523. O'Curry gives a
précis of the taie in his Manners and Ctistoms, III, 203.
Loch Léin now the Lakes of Killarney in Kerry. Sid Boidh, also called Si'd
Forain, in Munster. Indeôin na uDêse now Mullaghnoney (i. e. Mullach in-
dcona) near Clonmel, co. Tipperary.
1 . bolgaid R.
2. bannaidh R.
3 . nith neni oi»d R.
4. In the lithographie facsimile, 154*' 42, saigne should bc faiHnc, and
the wholc line should be read as : diar' chum ccn tiamgestal tais | niam-
Icstar Fainne Flidais. This will serve to correct the gibbcrish in O'Curry's
Manners and Cusloms, III, 203, note (289).
45 2 Wlntley Stokes.
The three showers which the anvil used to cast as it seems, spontane-
ously, to the holy grave {co noehligi, LL. 154^49) seem to hâve been an
offering to the ghost of the person (whoever he was) there buried.
56. Carn Feradaig.
Canin Feradhaigh^ Ccinas ro aiiimnigcd?
Ni ansa. Feradhac/; mac Rocuirp meic Gollain meic Conmail
mcic Eb/r dorochair and la Tigfrnmas - mac Vollaig, 7 is la
Tigcrnmas - torcha/r Co;/nia[e]l i cath Oenaig5 Mâchas, 7 ro-
marb Rocorb m.ac Gollain hi cath EUi, 7 romarb F^radach
iartain i4 cath Cairnn F^radaigh, 7 is é insin (en Ver^daig.
Undc Carnn Feradaig nominaiur.
Feradach son of Rochorp son of Golkin son of Conmael son
ofEber fell there by Tigernmas son of Follach, and 'tis by Ti-
gernmas that Conmdel fell in the battle of Oenach Mâcha;
and Rochorp son of Gollan died in the battle of Elle, and Fer-
adach died afterwards in the battle of Carn Feradaig, and
that (Carn Feradaig) is Feradach's tomb. Whence Carn Fera-
daig is named.
Also in BB. 579-146: H. ^o^: Lee, 477^". Versified, LL. 155^11. Edited
(froniBB.) mSilva Gaddica, II, 494, 543.
Carn Feradaig was probably, says O'Donovan, Four Masters, A. M. 3636,
the ancien! name of Seefin, in the barony of Coshlea, in the south of the
co. Limericlc.
Tigernmas momrch ofireland, A. M. 3580-3636 (F. M ).
57. LUIMNECH.
Luimnech, canas roaimnniged ?
Ni ansa. Comdal robas itir Mumain 5 7 Cownachta co tucsat
leo a cathfiru in da ris .i. da mac Smuchaille meic Bacduib.
1. sic BB. feradhaidh R. 4. a R.
2. sic BB., H. and Lee. tlgcrnuch R. 5. mummain R.
3 . ^naid R.
Tlie Rennes Dindsenchas. 45 5
Rind 7 Frebur a n-anm:inda. Rogab indalanae for foesam
mBuidb a Sid Femin. Gabaù araile [for] faessam Ochaille a
Sidh Cruachna. Tucsat na cathfir a ceird muccada"- ar aird, 7
doluid car/; dia commcs hi sruth, 7 odhurluimni liathglassa im
slog in da dal, con'id annsin tainic a tuili ind, 7 ni roairigset la
met in oenaich, co rue in sruth a luimne uile dib, conid ann
atb^/tsat na derccaidi : « Is luimnechda in i-'mhcr indorsa ! »
A^ lumman ainm [fo. 108'' i] in sceith, 7 intan bas ocam
imargail rofoxal in sruth a luimne dona la^chaib .i. a sciatho,
co n-erbratar ind rig o Thul Tuinne : « Is luimnechda in t-in-
ber indorsa ! » \]nde Luiiiinecb.
There was a set meeting between Munster and Connaught,
and the two kings brought with them îheir champions the
two sons of Smuchaill son of Bacdub. Rind « Point » and
Faebur « Edge » were their names. One of the twain placed
himself under the safeguard of Bodb (the elf-king) out of Sid
Femin : the other under that of Ochaill (another elf-king)
out of Sid Cruachna. The champions (having entered the wat^r)
displa3-ed their « swineherd's art ». To judge between them
every one pressed into the stream, ail the men of the two
parties wearing dun, grey-green cloaks (luimne)-. Thereupon
came the fioodtide, which they had not perceived owing to
the greatness of the assembly, and the current carried off ail
their cloaks. Then said the look-out men : « The inver (estu-
dxy) is now fuU of cloaks! » (luimnechda).
Or lumman is a name for a shield, and when the contest
was going on, the current carried away from the heroes their
luimne, that is, their shields. Whereupon the kings said from
Tul Tuinne : « The inver is now full ot shields » (luim-
nechda) .
Whence Luimnech.
Also in BB. 379'' 18: H. 35^: Lcc. 477^^: Bodl. no. 20. Versifîed, LL.
155» 23. Edited(from BB.) in Silva Gadelica, II, 478, 524 : from Bodl. in
Folklore, III, 486-7.
1. muccach BB., muciac/j/aiH., muccaidec/;/a Lee, rauccada Bodl.
2. Compare Cormac's/o/Mwa/M.
454 Whitley Stokes.
Liiimnech the old name of the lower Shannon.
Tul Tuînne was the name of a hillock overlooking the scène of the con-
test between Rind and Faebur. Another near Fert Finntain in the territory
of Loch Derg is mentioned infra.
What was the nature of this contest ? Is celrd muccada « swineherd's art » ?
the first ofthe seven avatars of thecombatants beingthat of the swineherds.
As to thèse avatars, see LL. 247» and Irlsche Texte, 3d séries, part i,
pp. 241. See also infra no. 66.
58. Slige Dala.
Slige^ Dala, can[a]s ro ainmniged?
Ni a?îsa. Dala Glas do Gregaib na Scithia, is ûad do-
garar Slige Dala. Créa ingen Ei[d]lecon a ben, a qua^ Ros
Cré[a] nominatur. Dala Glas diino 7 Caïman da mac E[d]\icon
tancatar cona. mnaib asin Scithia ar imgabail sluaiged. Caire
dawo ben Candain, a qua ^ Dùn Cairin nominatur. Rogab Can-
dan dano i Cludin Candain a Cricli Eli, 7 i Caislib Cannâin
tathaim, 7 roclasa a (en and.
Vnde Slige Dala 7 Cluain Caiviain 7 Ros Cré 7 Dûn Cai-
rin now//za[n]tur.
Coicc primrôid Eyciiii à. Slige Asail 7 Slige Midluar/;;-a,
Sli^^ Cualann, Slige Dala, Slige Môr.
Slige Asail cetam/w ; fos-fuair Asal mac Dôir Domblais re
ndib^rgachaib Mide oc toracbta'm Temm.
Slige Mi[d]luacljm daiio, fos-fuair Midluachair mac Da-
mairne meic Diuballtaig meic rig Sruba Brain oc torachtain
feisi Temra.
Slige Cualann, fos-fuair Fer fi mac Eogaba/Vria meschuirib>
side oc saigid Temra.
Slige Dalo. fos-fuair Setna Scccdcrg mac Durbaide ria ndrui-
[d]ib hirmznnan oc saighidh^ Tcmra, nô is Dala fodesin ros-
airnccht dô.
1. SHdeR.
2. q«o R.
3. re ndœfsjcoraibh, Bk. of Lismore 96'' i. Meascaire is explained a di-
sturber, an agitator, P. O'C. But hère meschtiirib is pi. dat. of a compound
of mes « weapon » and cuire « host » .
4. saidhigh R.
The Rennes Dindsenchas. 4 5 5
Sh'gc Môr .i. Eiscir Riada, iside comraind Erenji inde .i. o
Ath cliath Cualann co liAth clia//; Medraighe. Fos-fuair Ndr
mac JEngusA humaill ria laitlie gaile hirrais Donviou)!, ic im-
cosnam thosaig, comtis iat toisigh toirisidis Temraig.
Aidci geine Cuind tra frithca na roit sca, amail asheir Airne
Fingin.
Dala Glas of the Greeks of Scythia, from him Slige Dala
is called. Crca daiighter of Edlec was his wife : from her
Ross Créa is named. Dak Glas, then, and Cannân, Edlec's two
sons, came with their wives out of Sc3^thia to avoid warlike
expéditions. Cannan's wife was Caire, from whom Dûn Cairin
is named. Now Cannân set up in Cluain Cannain in the district
of Ele, and in Caisel Cannain he died, and there his grave
was dug.
Whence Slige Dala and Cluain Cannain and Ross Créa and
Dûn Cairin take their names.
The five chief roads of Ireland, namely Slige Assail, Slige
Midlnachra, Slige Cualann, Slige Dala, Slige Môr.
Slige Assail, in the first place, Assal son of Dôr Domblas
found it before the brigands of Meath when proceeding to
Tara.
Slige Midlnachra, then, Midluachair son ofDamairne son of
Diubaltach son of the king of Srub Brain, found it when pro-
ceeding to the Feast of Tara.
Slige Cualann, Fer Fi son of Eogabal found it before the
elfmound's armed hosts when going to Tara.
Slige Dala, Setna Seccderg son of Durbaide found it before
the warlocks of Ormond, when going to Tara. Or it is Dala
himself that discovered it for him.
Slige Môr, that is, Eisçir Riada, 'tis this that divides Ireland
in two, namely from Ath Cliath Cualann (Dublin) to Ath
cliath Medraigc (Clarin Bridge near Gahvay). Ndr son of Oen-
gus of Umall found it before the champions of Irrus Dam-
nonn, when contending for leadership, so that they might be
the first to arrive at Tara.
On the eve of the birth of Conn (of the Hundred Battles)
thèse roads were found, as saith (the taie called) Aime Fingin.
456 Wlnttey Stokes.
Alsoin BB. 380b 23,: H. 33^^: Lee. 478^ Versified, LL. 15 3b 8. The prose
recension of §§ i and 2 in LL. 169b 23 (edited in Silva Gadelica, H,
477, 524) and in Laud 610, fo. 84b i, varies greatly. The Lecan version
of the paragraphs about the five roads has been edited in Petrie's Tara,
pp. 204, 20).
According to O'Donovan (Bool- ofRighls, pp. Iviii, \[\) Slige Dala wasûie
great southwestern road ofireland, which extended from the southern side
of Tara hih, in the direction ofOssory. Sligc Assail wasa western road ex-
tending from Tara in the direction of LoughOwel near MulHngar in West-
meath. Sligc Midluachra was a northern road. Slige Cualann extended from
Tara in the direction of Dublin and Bray. Slige Mér was the great western
road, the lie of which is defined by the Eiscir Riada, sl line of gravel hills
extending from Dublin to Medraige near the town of Galway.
Srub Brain: see no. 54 supra. Ormond (Urmumii) in the co. of Tipperary.
Irriis Damnonn now Erris, a barony in the N. W. of the co. Mayo.
Fer Ff son of Eogabal : see Rev. Celtique, XIII, 438, 464.
Conn of the Hundred Battles: v. supra no. 34.
The (( Aime Fingin « F. 's Watching » is the story of Fingein mac Luchta
and the han-side Rothniam, of which there are copies in the Book of Lis-
more (ff. 96a 1-97^) and the Book of Fermoy, ff. 24^-25^.
59. SiNANN.
Sinand, canasro ainmniged?
Ni aiisa. Sinend higen Lodoin Luchairglain [meic Lir] a Tir
Tairrngire dodechaid do Tiprait Connh iil fo muir dia forcsin.
Tipra sin fo 'tat cuill^ 7 imbois na heicsi .i. cuill- crinmoind
aiusa. [7 a n-aen uair bruchw/5 a meas 7 a mblath 7 a nduilli,]
7 i n-oen frois dofuitet ïors'm tiprait, co tuarcaib rigbroind
clîorcarda îuirn, [co cocnaid na bradana in mes, conad he
sug na cno cuirthear suas ina mbolcaib corcardaib,] 7 bruinnit
secht srotha éicsi as, 7 imsoat and afrithisi.
Luid iar«;;/ Sinend do saigi[d] in imbois, ar ni testa ni f/z/Vri
acbt soas tanlum. Doluid lasin sruth co tice Linn Mna Feile
[.i. Bri Ele 7 rethis i n-imthus roimpi], 7 traigis in topur, 7
rolen co hura na haband, Tarr-càin. Imasmi[n] iar suide co
tarla a tarr fœn ïiiim, 7 ro biais bas iar tiachtain in tire cen-
taraig>. Undc Sinann 7 Linn Mnâ ¥cile 7 Tarr-cain.
1 . sic H. ciuil R.
2. sic H. 7 coll R.
3 . centaraid R.
The Rennes Dindsenchas. 457
Sincnd daughter of Lodan Lucharglan son of Ler, out of Tir
Tairngire (« Land of Promise, Fairyland ») went to Connla's
Well which is under sea, to bchold it. That is a well at
which are the hazels and inspirations (?) of wisdom, that is,
the hazels of the science of poetry, and in the same hour their
fruit, and their blossom and their fohage break forth, and
thèse fliU on the well in the same shower, which raises on
the water a royal surge of purple. Then the salmon chew the
fruit, and the juice of the nuts is apparent on their purple bel-
lies. And seven streams of wisdom spring forth and turn there
again.
Now Sinend wcnt to seek the inspiration, for she w^anted
nothing save only wisdom. She went with the stream till she
reached Linn Mnà Feik « the Pool of the Modest Woman »,
that is Bri Ele — and she w^ent ahead on her journey, but the
well left its place, and she followed it to the banks of the river
Tarr-càin « Fair-back ». After this it overwhelmed her, so
that her back (tarr'^) went upwards, and wdien she had come
to the land on this side (of the Shannon) she tasted death.
Whence Sinann and Linn Mnà Féile and Tarr-cain.
Also in BB. 381» 30: H. 39-> : Lee. 479»; and Bodl, no. 33. Versified, LL.
156-^6. The words in brackets are from Lee. Sinann gen. sinna, now the
Shannon, Bri eh now the Hill of Croghan in the N. E. of King's county.
Tarchain, not identified. Thestorv is paraphrased by O'Curry, MaHjzer^ a;/(/
Cusloms, II, 142-144. See also O'Donovan's note in his translation of Cor-
mac's Glossary. s. v. Caill Crinmon : O'Curry's note on the « salmon of
knowledge » and the poetic endowment of those that hâve the luck to
catch and eat one, Baltle qf Magh Lcana, p. 97, and his Faie of the Chil-
dren of Tuirenn, p. 175.
The earliest mention of the nine hazels of wisdom, which grew at the
heads of the chief rivers of Ireland, appears to be in the Dialogue of the Two
Sages, LL. 186^» 36, where Néde mac Adnai says that he has come a caiUib
.i. a nôi coUaib na Segsa ... a caillib iidiu assa mbt;?/aiter clessa na sûad
tanacsa « from hazels, to wit, from the nine hazels of the Segais». . . , from
hazels out of which are obtained the feats of the sages, I hâve come.
1. Hère, as in LU. 65^39, ^^'''' secms to mean back, not, as usual,
helly.
2. The name of the mound at which the Bovne rises, see O'CIery's
Glossary, s. v. Segbais, anJ H. 5. liS, p. 636'^.
458 Whitley StoKes.
60. Sliab n-Echtga.
Sliab n-Echtga, canas roainmnîged ?
Ni ansa. Echtga hUathar/; ingen Urscothaich meic Thin[n]i
do Thuaith Dé Danann, is and ro ait, i Cuil Echtair i toeb
Sidi Nenta la Moach Maelchend. Robas dano deogbaire Gaind
7 Sengaind coa cuingid, .i. Ferg^^ Lusca-beist mac Ruidhi.
As aire atb^rthi Lusca-beist de, fobith peist roalt .i. asa noi-
dendacht [in a medôn], wôasa lusca .i. asa cliabaine. Rofcm in
ingen feis leis fodâig feraind cuchtaire 7 deogbaire bôi ina
laim o rig fer Olnecmacbt À. ô Mien co fliirrgi. Ni bôi da;/o
indm«5 leisium 7 bôi forba. Bôi diino mdmus lesi 7 ni bôi
forba. Ised diino fonatecht-sl ina slabra fuither fossuid cona. fe-
baib, 7 dobé^rt-som disi [in sliab.] Unde Sliab nEchtga. B^rtair
ïminorro da boin ind tune ^, 7 hcrïd in bo atùaid trian mblechta
sech in mboin andeas, 7rl.
Echtga the Awful, daughter of Urscothach son of Tenne of
the Tuath Dé Danann, was reared by Moach Baldhead in Cûil
Echtair beside Sid Nenta. Now Gann and Sengann's cupbearer
was a-seeking her hand, even Fergus Lusca-héist son of Ruide.
He was called Lusca-héist because he had reared in his inside
a worm (béist) from his luscaidecht, that is, his infancy, or
from his lusca, that is, his cradiing. The girl consented to
wed him because of the kitchener and cupbearcr's land which
he held from the king of the men of Connaught, to wit, from
Maenmag to the sea. Now he, Fergus, had no goods, but
he had a héritage, while she had goods, but no héritage.
What she asked as her bride-gift was a permanent estate
witlî its benefits^, so he gave her the mountain. Hence
Sliab Echiga « Echtça's mountain ». Two cows are now
1 , nunc, R.
2. fuithir À. fearann land, q. d. fo thir .i. tir mhaith « good land »:
fosaidh of resting, at rest, sûW.feabh .i. maith goodness, also good. P. O'C.
The expression feranii fuithir occurs infra no. 63.
The Rennes Dindsenchas.
459
broLight thither, and the cow from the north yields one third
of milk in excess of the cow from the south.
Alsoin LL. 167143 : BB. 381'' 31 : H. 40: Lee. 480b, and Bodl. no. 21.
Edited (from LL.) in Silva Gadelica, II, 478, 525 : from Bodl. in Folklore,
III, 488. A précis of the story is given by O'Donovan, Four Masters,
A.D. 1598, p. 2055, note h.
Sliah uEchtga, anglicised Slieve Aughty, is the name of a mountainous
district on the confines of Galway and Clare. Sid Nciita a fairy-mound in
Connaught, of which Sigmall was the lord. Ganii and Se7i-Gann iwo o( the
sons of Delà the Fer Bolg: see O'Mahony's Keating, p. 84. Maenniag : see
infra, no. 65.
61. Âth Cliath Medraigi.
Ath CHath Medraigi, canas ro aiiiuuuged?
Ni ansa. Dia tucsat coicced Olnecmacht 7 na secht Maine
cona trichtaib cet [cethern ^] tain bô Dartada ingine Regamna
a Mumain - conus-ioracht Echu Becc mac Cairpri ri Cliach Mu-
man, co fiannlach 5 Muma;^ amaille friss, i n-iarmoracht na
tana, co rallsat na Maine falcliatha sciach 7 draigen4 isin n-ath
conus-ioracht cobraid î o Cruachain, 6 Ailill 7 6 Meidb. Unde
Ath Clialh.
When the province of Connaught and the seven Maines
with their three tliousand kerns brought out of Munster the
drove of the kine of Dartaid daughter of Regamain, Eochu
the Little son of Cairpre, king of the Munster Chu, went
in pursuit of the drove, accompanied by the champions of
Munster. So the Maines set wali-hurdles of thorns and bram-
bles in the ford, until out of Cruaclui help had corne to them
from Ailiil and from Medb. Hence Ath Cliath « Ford of Hur-
dles ».
Also in BB. 382^50: H. 40^: Lee. 481^. Bodl. no. 26. Versified in
LL. 156^20,
:. sic LL. :56b 27. 4. sic H, sciath 7 droigcn, R.
2. amumumain R. 5. cobraib R.
X. fi'andlad R. liaulach H.
460 Whitley Stokes.
Medraige now Mâaree in Ballynacourty paiish, co. Galway.
The seven Maines were sons of Queen Medb. Their names are given in
LU. 56b, and the Bodleian Dinnsenchas, Folklore, III, 492, and are explai-
ned in tlie Côh' Anniann, H- 3. 18, p. 589-1.
The story relates to an incident arising out of the Tdin hô Dartada, but
not found in the taie so named. Of this there are copies in H. 2. 16 and
Egerton 1782, and a fragment in LU. p. 20, col. 2; and it lias been edited
bv Windisch, Irische Texte, 2te série, 2. Heft, 185-205.
62, Mag n-Aidni.
Mag n-Aidhne ^, canas ro ainmniged ?
Ni ansa. Aidhne raac AUgubce meic Eithriuil is e in cetna
fer no atdd tenid^ longpuirt -àrtus re m^fcaib Miledh. Fobith>
ni ba hecen do acht tofascad a da glac co snigtis 4 richsi teined a
suilib a mér meitis fiadubla adnùi i tus a mbuana, 7 ba hé sin
in cet/;rama[d] {erjïchet dona[i]b rathmogaib [tucsad meic Mi-
lead leo a n-Eir//zd do denam cach uird bai aco,] coniâ. hé ros-
laid in mag n-uc[ud do bodesin.] \Jnde Mag n-Aidne [nomi-
natur, 7 is and adbath Aidne.]
Aidne son of AUguba son of Eithrél, he is the first man
that kindled a camphre for the sons of Mil. Because he needed
only to wring his two hands, whereupon flashes of fire
poured out of his knuckles, as large as fresh wild apples when
tlieir harvesting begins. And he was the twenty-first man ot
the rath-makers whom the sons of Mil brought to Erin to build
every oni (course of stones, ordo lûpidum?) which they had.
And 'tis he that cleared yon plain for himself. Whence Mag
nAidni « Aidne's Plain » is named, and there Aidne died.
Also in BB. 5821^: H. 41^: Lee. 482'--', and Bodl. no. 22. Versified, LL.
156^37.
Mag nAidni « a level district in the présent co. of Galway, ail comprised
in the diocèse of Kilmacduagh », Four Maslers, A.M. 3727, note m.
1. naighne R. 3. Fobith ar R.
2. sic B. noadâd tcine R. 4. sic BB. sni'dis R.
The Rennes Dindienchas. 46 1
63. MOENMAG.
Maenmag, canas ro ainiiuiiged ?
Ni aiisa. Moca mogaid mac Miled, is é nob^rm^ claind
nGailim, is e cclna fer roberraJ i n-Eirind .i. Forbarr sa;r mac
Milt'J; 7 ba rathmogaid da»c; in Mxm sin. Is do da;/o tuccad
Berramain a m?én a bcrrt[h]a. Unde dicituv Berramain .i. so-
main in berrtha, 7 is lais roslechta ferann fuithir mac Forduib,
comd edh isb^rar Ma:nniagh, 7 is and atbath M:ïn iamm .i. i
Mivnmaig. Unde àicitur Moenmag 7 Berramain.
Mocn a slave of the sons ofMil, 'tis hethatshaved Gailem's
children, and the first man that was shaved in Ireland was For-
barr, the wright of the sons of Mil. And that Moen, moreover,
was a rath-buildcr. 'Tis to him that Berramain was given as
payment for his shaving. Hence is said Berra-main, that is
considération (so-niâiii) for the shaving (bcrrad), and by him
the/'^/7/;tT-land of Fordub's sons was cleared, so it is called
Moenmag « Moen-plain »; and afterwards.Moen died there, to
wit in Moenmag. Hence Moenmag is said, and Berramain.
AlsoinBB. 382^59: H. 41^: Lee. 483^; and Bodl. no. 25, whence it is,
edited in Folklore, III, 491, A shorter recension in LL. 167b 6, which is edited
mSili'u GadcVica, II, 478, 525.
Moeiwiag now Moinmoy, a territory lying round Loughrea in the co. of
Galway. Berramain near Tralee, see Revue Celtique, VII, 295.
64. Loch Dergdeirc.
Loch Dcrgderc, can as roaimnniged?
Ni dnsa. Fcirc^rtne m^c Ath[g]16 primtil/ Ulad, fer as ansa
bôi i n-Eir/;nz, 7 is é noga[e]dadh ^ [fo. 111^2] in mnôi oc lam-
nad 7 nochuindged- arm cosin fer comraicc, 7 in fer n-aile
'mo oen rose. Is e dano dodechaid do saighid Enchacb meic
1 . nogaedad Lee. nogaided BB.
2. nôcuinid R.
Revue Celtique, XV. 31
462 Whitley Stokes.
Luchta meic Lughair meic Lmgdech Laimfind ri Muman, dia
faigdi 'mo oen deirc i ndon circe^ Boirche rucsat an eceis^
aniar, 7 tue Eochaid 3 a oenrosc tarcend a aigthe.
Luid iarwm Eochaid dia nighe, 7 rosir in luachair 7 ni fùair
[usce,] co ro tarraing didi asa bun, 7 co ro tinsain usce iarym,
conid as ronig[ed] a derc [f ]as, 7 amail tue a cenn iothn fon
usci fo d^rg uile in topur, 7 doriar/;/atiZr4 a da rose don rig ar
firt feile, 7 amail rosill ar an topur 7 isbé^rt : « Is dtrg-d^re in
dere-so, 7 bud lié a liainm la cdeh. Vnde Loch Dergdeirc di-
cituv. »
Ferehertne son of Athlo, ehief-poet of Ulaid, was the eruel-
lest man that ever lived in Erin. 'Tis he that would slay the
woman in ehildbed, and would demand his weapon from the
combatant and his single eye from some other man. 'Tis he,
moreover, that went to Eochu son of Luchta son of Lugar son
of Lugaid White-hand, King of Munster to beg his single ey ,
in payment 5 for Boirche's hen which the poets had broughte
from the west; and Eoehaid, to save his honour, gave him
his single eye.
Then Eoehaid went to wash (the blood oflF his faee), and
searehed the rushry and found no water : so he tore a tuft (of
rushes) from its roots, and then water triekled forth. With this
his empty eye was washed, and as he dipt his head thriee
under the water ail the well beeame red. Then because ot
the miracle of generosity (whieh Eoehaid had performed)
both his eyes eame to the King, and as he looked on the
well he said : « A red (derg) hollow (derc) is this hollow, and
this will be every one's name for it. » Whence Loch Derg-
deirc is said.
Also in BB. 383^26: H. 41b : Lee. 483I', and a ms. in the Royal Irish
Academy, D. 4. 2, fo. 56b 2. Versified, LL. 157b 15.
1 . circirce R.
2. rucsad in ecsi, Lee. rucsat in ecis, BB.
3 . asngiw R.
4. R. repeats.
5. don À. tindiocad, Lee. Voeab.
1u Rennes Dindknchas. 465
A similar story is toldin LL. 114!^ 6-19 (editcd in Rcv. Celtique, VIII,
48), where the poet's nme is Athirne.
The words / ndon cice hoirche are somewhat obscure. Tliey secm mon
circe bairche in BB. Bt Lee. has inndon chirci boirchi, with ig (O. Ir. îc
« payaient ») written Jver don. « Boirche's hen » is mentioned elsewhere.
65. Raith Cruachan.
Raith Cy\xd.A\an, canas roainmniged?
Ni ansa. Cruachu nô Crôchan Crodfrg inelt Etaine dode-
chaid for aitW la Mïder Brig Léith a Fremaind a hOenug ^
Oens:usa. Pa cara da.no Mid/V in Sinech Side Cruachu?/, Ta-
raill iar«m ira dile dia hacallaim, coro fostaid [fo. iii''2]i
saidiu fn nôi t;ath-. Dorumenair dawo Eda[i]n co mba la Mi-
der in sid sin, « In hi do tbreh inso ? » ol Edain. « Ace son, »
ol Midhir, « is nesa do ihurghail greine mo ihrehsz inddso, »
ol Midhir. « Ces[t], cia buaid duinne tadall in sidasa 7 in
maighe didiu? » ol Crochenn. « Biaid t'ainmsi fair a log
t'aistair, a Crocend, » ol Midhair.
Luid iarum Midhair gu Brigh Leith, couiid ann rotogladfoir
la' Eochrt/^ Airemo///.
Tosach Tochmairc Etaine andsin. Dindsench?i5 Ratha Crua-
chan insin.
Cruachu or Crckhan Crocerg was the handmaid of Etain j
who elopcd with Mider of Bri Léith from Fremann, from '
Ocnach Oengusa. Now Sinech of Sid Cruachan (« the Elf-
mound of Cruachu ») was a relative of Mider's; so because of
his affection for her, he, Mider, went to converse with her,
and there thcy were detained for nine watches. So Etain sup-
posed that that eifmound belonged to Mider. « Is this thy
dwelling ?» says Etdin. « Kay, » says Mider « iny dwelling is
nearer than this to the sunrise ». « Query, » says Crochenn,
« what profit hâve we in visiting this eifmound and the
1 . oenud R.
2. co cend nomaidc LL. 157^24.
3 . rotoglaid for R.
464 Whiîley Stokes. \
plain ? » Says Mider : « O Crochenn, in vaerdon of thy travel
it shall bear thy name. »
Then Mider went to Bri Léith, which .vas then destroyed
by Eochaid Airem.
There is the beginning of Etàins Wooink That is the dind-
5énc/;a.f of Râith Cruachan. \
Also in LL. 170^45 : BB. 384a i : H. 42b: Lee. 484 and Bodl. no. 27.
Versified, LL. 157-' 6. Edited from BB. in Silva Gadcica, II, 490, 539:
from Bodl in Folklore, III, 492.
Ràith Cruachan now Rathcroghan, between Belanagare aid Elphin in the
co. Roscommon. For a list of the extant remains there se O'Donovan's
note, FourMasters, A.D. 1223.
As to Eochaid Airera, Mider and Etâin see LU. i3ob-i32,Egerton 1782,
fo. 118*2, O'Curry M. and C, II, 192-194, III, 162, 191 The Tochmarc
Etdiue has been edited by Windisch, Irische Texte, I, 113 : see §§ 15, 16,
where sùiighe should hâve been printed Sinighe (the gen sg. ot Sinech), not
maighe, as Zimmer asserts.
aistair (better aistir) gen. sg. oî aister « labour, travail, travel » z=: 'ad-
sitro-, from cul and urkelt. saitro- (Ir. sadhar). For posttonic l from ai cf.
Lat. in-qulro, ex-isiiimo, tru-cîdo.
GG. Âth Lu AIN.
Ath Luain canas roainmniged ?
Ni ansa. Ath Mor a ainm ar tus co gleicc ^ in Duind Cuai-
lg[n]e 7 ind Findbennaigh, is^^ atfet in ^- Echtra Nera imthus
nada muccaid 5 hadar i secht rec[!i]taib .i. hYmdai)i 1mi car/; hx-^,
7 batar hé sin da mac Chruind mac Aghnoma;?^ llucht 7 Ruicne
a n-aninand. Eitte5 is Engan a Ja n-ainm ina n-énaib. Cû 7
Cethen iad ina conaib. Bledh iat 7 Blodh ina mbreacoib
Boinne. Gruinniuc 7 Dubmuc iad diamdar duirb,
Doiuid hruni in Cruindiucc co Glais Cruinn i^ Cuailg[n]e.
Luid dano Dubmucc co ndelhc[:i] i n-Ùardn Garaid/. Luid
dano bô do Daire mac Fiach/ia conos-ib digh a Glais Cruind
7 co tarrla in duirb ina broinn co mbo laogh iardain. Luid
1. sic R II ib, glic R 112» 2. 5. Éitce R.
2. sic R iiib, a R 112». 6. a R.
3. sic R Hit', mucad R m». 7. garaig.
4. sic R iiib, ao R 112».
The Rennes Dind.'enclias. 465
d-Mio hô do Meidb, fo;/oss-ib dig a tiprait Gâraidh, co tarrla di
in duirb eilc 7 ba lâog hé ina broind iamiin \
Marba da//o na di bao dia mbrc ///;_, in tarb tair donn, in tarb
tiar hnmorro tarb d^rg, findbendach. larww doriacht bo Nero
cona tarb ina diaidh -, co ro gcis oc Râith Cruachan coro mo-
thûig'm Findbennach, roro glcac doib, 7 ba fortail in danaid, co
n-crvacbt Medb do gresacht a tairb, co torcair in tarb tue bcn
Aignin, coiiïd and asb^'t bcn Agnin : « Faichlc Lit a ath^//V mo
tairbse .i. Dond Cuailnge ».
IS lanim doluid [Medb] co ceithr'ih coicedhaib Erenn hi crich
n-\]\ad, 7 FergM5 d'eolus rempii, co riacht Magh Goba, conid
and sin hâtar Ulaid 'na ceis [.i.] caic[thig]is lân ina longpo/t.
Medb dano ria trian ele dona sluagaVo^co viacbl Dûn Soboirce,
co tue mnai ConaiW Cernaig [as.]
Cechaing Bûide mac Bain Blaith co Glenn na Samaiscc,
conid ann fuaratflT in Dond Cuailnge, co tue leis coa longphort.
Is ann bae 3 Concohur hi Cind tire intansin. Robatrt/' dano tri
meic Fiachmr/? .i. Ros 7 Daire 7 Imehad, tri [meic] rig Gu[a]-
Igui [7] Findtan mac Neill 7 Gether;z mac Findtain 7 Ihach 7
Rochaid inac Faithcmoin 7 Sualatar/; mac Becaltaig, athair
Conculainn, inandiaidh 4, conid hruin doriacht Cuculainn, co ro
marb ilmilc dib o Gdirig co hllgairigh 7 o samoin co[sin] cet-
ain iar n-imbulg foroib, co toracht Concohar anoir, 7 cia ro-
moid siar iartain 5 is siar riicad tain bô Ciialngi, 7 rosiuht
[fo. 112-^2] in Dond Cualngi co Tarbga*^, coro glcacsat hi
scchtmad là erraig, conid de isbcrar Tarbga, 7 dorochair in
Findbennach la Dond Cualngi, 7 rofodhail? iar suidhiu ic
Loch Dirige, 7 tue a Ion co hAth lûain, 7 a da airrbe co Mue-
fhind, 7 a cride co Dun Groin, 7 a drond co Droingn-Asoil,
7 a leas co hinis Glais, 7 a Iccna; co Lecoin Moir Midhc ; 7
car/; airm hi rue ni de maraid fair a ainm in baill sin. Unde
Ath Luain nowinatwr.
Ath Môr (« grcat ford ») was its name at first till tlic con-
1 . poit R. 5 . poit R.
2. diaigh R. 6. tarbda R.
5. bao R. 7. rofoghail R.
4. ndiaigh R.
466 Whitley Stokes.
test ofthe Dun (Bull) of Cualnge with the Whitehorned. 'Tis
this that Echtra Nera narrâtes, the story of the two swineherds,
who were (incarnate) in seven shapes, a full year in each of
them. And those were Cronn son of Agnoman's two sons,
nanied Rucht and Rucne (when they were swineherds), Eîte
7 Engan (« Wing and Talon ») were their two names when
birds. Cû and Cethen were they when wolves. Bled and Blod
were they when trout of the Boyne. Crunniuc and Dubmuc
(leg. Duinniuc, Tuinniuc ?) w^ien they were worms.
Then Crunniuc went to Glas Cruinn (« Cronn's Stream »)
in Cualnge, and Dubmuc went and lay down in (the well
called) Uardn Garaid. A cow belonging to Dâire mac Fiachna
drank a drink out of Glas Cruinn, and the worm therein en-
tered her womb and afterwards became a calf. A cow of
(Queen) Medb's went and drank a drink out of Garad's Well,
and the other worm entered her, and afterwards became a
calf in her womb.
Now the two cows died in calving (two buU-calves) ; the
buU in the east was dun, the^ buU in the west w^as red, white-
horned. Afterw^irds Nera's cow came with her bullcalf behind
her, who bellowed at Raith Cruachan so that the Whitehorned
perceivedhim. They fought and the yearling prevailed. Where-
upon Medb arose to encourage her bull, and the buU which Ain-
gen's wife had brought fell, so then Aingen's wife said « Be-
ware of the sire of my bull ! » that is, the Donn of Cualnge.
So then Medb with four ofthe provinces of Erin marched
into Ulster (to carry oiï" the Donn), with Fergus for their
guide, till she reached Mag Coba, and there were the Ulaid in
their debility- a full fortnight in their camp. Medb then, lead-
ing the second third of the armies, marched to Dunseverick,
and thence took Conall Cernach's wife.
1 . Hère the taie should tell how the calvcs grew up. the former becom-
ing known as the Donn of Cualnge, the latter as the Whitehorned of Ai.
By the Morrigan's contrivance (Rev. Celt., XII. 12S) the Donn buUed a
cow belonging to Nera (one of King Ailill's warriors) or rather to his son
Aingen. This cow produced a bullcalf, which, as we shall see, fought and
was defeated by the Whitehorned.
2. SeeLL. 125^^ andd'ArboisdeJubainville,7;.v.Ç(?/i'//;u"rt/'a/cg'»i', pp. 89-90
The Rennes Dindsencims. 467
Buide son of Ban Blath went to the Glen of the Hcifcr, and
there they found the Donn of Cualnge, so he brought himto
his camp. At that time Conor was in Cantire. Now there
were Fiachra's three sons, Ross and Ddire and Imchad, three
sons of the king of Cualnge, and Finntan son of Niall, and
Cethern son of Finntan, and IHach and Rochaid son of Fai-
theman, and Ciichulainn's flither Sualtach son of Becaltach
behind thcm ; and then came Cûchulainn, and killed many
thousands of them from Gàirech to Ilgdirech, and frojn Hal-
lontide to the Wednesday after Candlemas, till Conor arrived
from the east. And though he afterwards routed them in the
west, westward the drove of the kine of Cualnge was taken.
And the Donn of Cualnge came to Tarbga, and there he and
the Whitehorned fought on the seventh day of spring —
whence the name Tarbga — and the Whitehorned fell by the
Donn, who after this rent^him to pièces at Loch Digi, and
brought his lôn « hip » to Aîh Lûain, and his two foreribs .to
Muc-find, and his heart to Dûn Croin, and his chine to Dronn
Asail, and his thigh to Inis Glas, and his cheek to Leca Mor
Midi ; and on evers^ place to which he took aught of him the
name of that member abides. Whence Aîh Liiain is named.
Also in BB. 584b 14: H. 45»: Lee. 4861». Versified in LL. 158».
Atb Liiain « Luan's Ford », now A tblone, a town on the Shannon, on the
borders of Westmeath and Roscommon.
Echtra Nera has been edited by K. Meyer, Revue Cehique, X, 212-228.
As to the seven avatars of the two swineherds see LL. 247^ and Irische
Texte,' 3»^ série, i. Heft, p. 245. As to pregnancy from drinking, see Hart-
land, The Legend of Perseus, I, 113, 116, and Revue Celtique, IX, 12.
UardnGaraid, see the Rolls Tripartitc Life, p. 106. Cualnge now Cooley
in the co. Louth. Glenn na Samaisce a valley in Cualnge. Tarbga: see the
dindsenchas of Mag Tarbgai, LL. i66''47: Bodl. no. 28, edited in Folk-
lore, III, 493. Loch Digi, also in LL. is8^, not identified. Leaca Mor Midi
now Lackin, formerly an abbey near Bunbrusna, in the barony of Corkarce
and co. of Westmeath.
67. TURLOCH SlLIWE.
Turloch Silinne, canas ro aiiimniged?
Ni ansa. Silénd inge[n] Machdir meic Duhthaig meic Kune
468 Whitley Stokes.
is and robôi a trebthfl^, conas-tormcht Blonoc mgen in Tûi
mec Rige coro[s]saraig moa forba, conld ac sadad ^ mandrach
dia lôegoib ro mehaid in loch la Blonaic, conid uaidi ainmni-
gth/r in loch. Rotheich Silenn iarsin co rhcbt co hairm ir-ro-
maidh Loch Silend, dia roclas a fert, con'id uaithi ainm[nigthir]
in loch.
Silenn daughter of Machar son of Dubthach son of Rune,
there was her. habitation, till Blonoc daughter of the Tue son
of Rige came to her and outraged her as regards her héritage.
So when Blonoc was building buts for her calves the lake
burst forth, and from her the lake (Loch Blonaice ?) is named.
Thereafter Silenn fled till she reached the place where Loch
Silenn burst forth, and then her grave was dug. So from her
the lake bas its name.
Also in BB. 385^37: H. 44^': Lee. 487b. Versified, LL. 158^4.
■Loch Silimie iiow Lough Sheelin, on the borders of the counties of Ca-
van, Longford and Meath. See the Four Masters, A. M. 3581.
68. FiNDLocH Cera.
Findloch Cera, c-^nas ro aiiimnigcd ?
Ni ansa. Enlaithe Thire Tairrngire dodechad^rr [d]o failti
fri Patraic dia mboi a Cruachoin Aigle, coro fersatar gleic dia
n-itib f/isin loch, coro[b] find[ith]ir \Qm\\\\acht, 7 is cd adbfrdis:
« A chobair G:\idhel, tair, tair 7 toirche ! » Ba hisin tochwi-
nudh Vatmïc leo, conas-toracbt Patmlc 7 coros-bennach in
loch. Coiiïd airesin asbfrar Findloch hi Gtu.
A birdflock ofthe Land of Promise camcto welcome (Saint)
Patrick when he was on Cruachan Aigle ;. and with their wings
they smote the lake so that it became as white as new-milk.
And this is what they used to say : « O help ofthe Gaels,
come, come and corne hither ! » That was the invitation thev
I . sagad R.
The Rennes Dindsenchas. 469
had for Patrick. So Patrick came to the Like and blessed it.
Wherefore Findloch « White-Like » in Cera is said.
Also in H. 44b: Lee. 487. Versificd, LL. 158b.
Findloch Cera now Lough Carra, near Ballinrobc in tlie co. Mayo.
Cruiichaii Aii^le now Croaghpatrick, a mountain about fîve mil(^ wcst of
the town of Westport in the saine county.
69. Mag n-Âi.
Magh n-Âi canas roainiiiniged ?
Ni ansa. Ae m^c Allgubai in cetbramnd mog fichet tucsat
meic M'ûed Ico, is é c"o;iataigh cosno moighidib sin coro slech-
tadis magh leis, conià iadsin ro slechtsat [fri cethri uairib fich-
et]. Coros-gdid^ Ai iar scur doib im dilsi in maige sin do 7
moa ainm fair. Unde Mag n-Ai dicitHV. Conid dia derbad sin
rocacham in file indso :
[fo. 113^ i] A fir dia teis i Magh n-Ôi, yrl.
Ae son of Allguba was the twenty-fourth sLive that the sons
of Mil brought with them (to Ireland). 'Tis he that asked
those slaves to clear that plain along with him : wherefore
they ail cleared it in four and twenty hours. When they
had done the work Ae entreated them to give him the owner-
ship of that plain and (to bestow) his name upon it. Whence
Mag n-Ai « Âe's Plain » is said. And to certify this the poet sang :
« O man, if thou enter Mag n-Ai », etc.
Also in BB. 586^1 15 ; H. 44I' : Lee. 488^ Edited (from BB.) in Silva
GadeHca, II, 491, 539.
Mag n-Ai, now Machaire Chonnacht, a large plain in the co. Roscom-
mon, between the towns of Roscommon, Elphin, Castlcrea and Strokes-
town. Four Masters, A.D. 700, note i. A différent etymology (from Ai,
the name of Enna Aignech's hound) is given in the Dindsenchas of Loch
Néill, infra no. 73. For a third (from ac « hver ») see O'Curry, Manners
and Ctistoius, II, 11.
I . coroscaid R.
470 Whitley Stokes.
70. Mag Mucraime.
Mag, Mucraime, canas ro ainmnigtd ?
Ni nnsa. Muctret dmidec/;^a Aon^cht a huaim Cniachan co
hOil/7/ 7 co Mcidb, coxo millset ith 7 bliclit in cach maigin i
mbidis, 7 ni cumgadis fir Ert';//i ar-rim nô a tarrdharc in czch
maigin i mbidis, co tainic Oil/// 7 Medb do sernad a selga co
Fraechmagh 7 coro taifnit co Belach na Vcn, coma, annsin tar-
raid Medb mue dib ar chois, co forgaib a lethar ina Idim, 7
coro rimit iar suidhe isin maig sin. UnJf }Aag Mucraime.
A herd of magical swine came to Ailill and Medb ont of the
Cave of Cruachu, andthey usedto blight corn and mille where-
soever they were, nor could the men of Erin in any place
count them or look them over^. So to set their hunt afoot
Ailill and Medb came to Fraechmag « Heatherfield », and
chased the swine as far as Belach na Fert « the Pass of the
Graves », and there Medb caught one of them by the leg; but it
. left its skin in her hand, and thereupon they v^^ere counted in
that plain. Whenœ Mag M uc-r'iiiie « Plain of Pignumbering ».
AIso in BB. 386'Mo: H. 45a: Lee. 488^. Versified, LL. 162b 13. Edited
(from BB.), Silva Gadelica, II, 490, 539.
Mag Mncrama a plain near Athenry in the co. of Galwa}'.
A similar story is told in LL. 290-1, edited in Rev. Celtique, XIII, 448,
450.
71. DuMAE Selga.
Dumae Selga, canas xoainmniged ?
Ni ansa. Ard Gain a ce7ainm co seilg se mue Di'rbrinde in-
gine Eaclic/r/; Fed/4'-;, cetscrc sein 0[c]ngz/i-a meic ind Oc, 7 di
hàtar daltaidc na muca diamt^rr doine, co tue màlhak na ier
À. Dalb Garb, b/'icht foyru i cumusc hi cnuas cno Goille Kc\\aid.
I . tardharc .i. dearcadh tarsa « a squinting or looking askew, «P. O'C,
which can hardlv bc the meaning hère.
The Rennes Dindsenchas. 471
Conà 7 Find 7 Flanda n-anmand na icr : Mel 7 Trcgh 7 Tréis
anmand ^ na mban : Froechan, Banban, Brogharban anmand^
na mue fliirenn : Crdinc/;nn 7 Caolcéis 7 Trcilech anmand ^
na mue mboincnn.
lar/vw rohirailit [ô] Oengwj for Buicliet in hnngaid do Laig-
nib, co mbawr blûzi/rtm lais, coro gaib mian mnôi mBuichet
im tomoilt mBrogiîgarbain, 7 rotinoil in hencét laoch fon arm-
gaisc/^/ 7 cet con, 7 atrullai uâidhib in mue, 7 loMr iarwm co
Brugh n-Oengusa, 7 ronfechtha fâilti friu. Is ann soin cachoin
in lâidh : « BaMr inmoine gnuisi ». Co «-aitciietar cohraid co
hOeng//.f, 7 adbcrt nat caomnacaircoro chroitliitisBileTarbgha
7 co toimlidiss éicne Inb/V Umaill.
Is iarsin \oiar co Glascarnn co mbawr \A\adain oc Dfrbrind
to dicleith. Is iar/mi croiths// Bile Tarbgha 7 ro/zgabct rempu
co hlnbfV n-Umaill, 7 tinolu/r o Meidhb fir OXnQcmacht dia
scilg, coro ghaib Duibinnsi foroib, co torcha?/;- ctcljt Brogharban
x.antiim,j tucait a côic cind g/^«in ndum^usa. Unde Dumae
Selga.
Ard Caiit was its first namc, until the hunting of the six
swine of Derbrenn, Eochaid Fedlech's daughter. She was the
first love of Oengus Mac ind Ôc, and the swine were foster-
children of hers when they were human beings ; until the
mothcr of the men, even Dalb the Rough, put upon them
(and their wives) a spell mixcd in a gathering of the nuts of
Caill Achaid. The names of the men were Conn and Find and
Fland : the namcs of the womcn were Mel and Tregh and
Tréis. The boars (into which the men were transformed)
were named Froechan, Banbdn and Brogarban : the sows
(into which the women were transformed) were named Crain-
chrin, Coelchéis and Treilcch,
Then they were committed by Oengus to the care of Bui-
chet the Hospitalier of Leinster, and with him they remaincd
a ycar. But then a longing seizcd Buichet's wife to eat (a
steak from the belly of) Brogarbain. So she mustcred a hun-
dred iieroes in armour, and a hundrcd hounds. But the pig
I . ainm R.
472 Whitley Stokes.
fied from them, and then (he and tbe other live) went to the
burgh of Oengus, who made them welcome, and then sang
the lay (beginning) « Dear were the £ices ». Then they en-
treated Oengus to help them, but he said that he could not
do so until they had shaken the Tree of Tarbga and eaten
the sahiion of .Inver UmailL
After that they went to Glascarn and remained a year with
Drebrenn in hiding. 'Tis then they shook the Tree of Tarbga,
and fared forth to Inver Umaill (where they arrived on the day
that the mound was raised). To hunt them the men of Con-
naught are gathered by Medb, and she took Black-island
upon them, and they ail fell save Brogarban, and their fîve
heads were brought to that mound. Whence Dumae Selga
« Mound of Hunting » .
Also in BB. 386I': H. 45-^: Lee. 489^. A précis of the taie is given by
O'Curry in the introduction to his édition of the Tii Thruaighe na Sccalai-
ghechta, p. 391. And one of the swine (Coelchéis) is mentioned in the dind-
senchas of Mag Corainn, No. 77 infra.
See also the dindsenchas^of Loch Néill, no. 73 infra.
Duma Selga is in Mag 11 Ai No. 69, supra. See the Four Masters, A.D.
1448. Tarhga v. supra no. 67. Mht UmaiU an estuary probably in the
Owles, co. Mayo.
The places where the five pigs were respectively killed (before they
cOuld eat the salmon of Inver UmaiU?) are mentioned in the poem, which
follows the prose taie.
72. Mag Luirg.
Magh Luirg, canas ro aimnniged ?
Ni ansa. Dia mbdi ConoW Qrnach ica gairc hi Cnviàiain
coma ann rogeogoin Oil/7/ ri[g] Connacht tria fwrail Medba,
coma aire roteich asin C/;ruachoin co ndechfl/di àchad Connacht
ina diaidh% 7 co ndechat^?/' na tri Ruadh-coin Mairtine for a
lurg, ro/w[d] assin cong-Ahsai a lorg .i. a Mag Luirg co Magh
Slechti^ mBrefne, coron-ortS(7t na tri Ruadh-coin do Fcroib
Fene oc Âth na Miana oc Maighin, 7 rofucsat a cend leo co
1 . diaigh R.
2. a R.
The Rennes Dindienchas. a'i->
crich Beirre lii Corcalaidhc hi ciniùJh chind Convoi miic Dairi,
conià lii sin Goire ConoïW i ' Crnichain, et xinde Magh Luiro-
nomiiiitur. 1
Whcn Conall Cernach was being cherished at Crur.chu, he
slew, at Medb's behest, (her husband) Ailill king of Con-
naught. Wherefore he fled out of Cruachu, and Connaught's
warriors pursued him. The thrce Red Wolves of Martine
started on his track (lorg) and took it from Mag Luirg to Mag
Slecht in Brefnc. There at Ath na Miana by Maigen the thre;
Red Wolves of the Fir Féne kilied him, and then they car-
ried off his head to the district of Berre in Corcalaigde in ré-
tribution for the head of Cù-r6i son of Daire (whom Conali's
comrade Cù-chuhiinn had decapitated). So that is the Cher-
ishing of Conall in Cruachu, and thence Magh Luirg « Pktin
of the Track » is named.
Also in LL. lôôiî 41 : BB. 387^8 : H. 46»: Lee. 490 and Bodl. no. 50,
Edited (from BB.) in Silva Gadelica, II, 478-9, 525. The taie is told more
fuUyin the Aided Aililla ocus Conaill Cernaig, of which there are copies in
a vellum ms. inthe Advocates'Library, XL, pp. 3-5, and in H 2. 17, p. 474.
Mag Luirg now Moylurg in the barony of Bogh, co. Rqpcommon. Brefnc
comprised the présent countics of Leitrim and Cavan. Mag Slecht, see infra
no. 8). Mairtene perhaps the Mairtine of Munster, a Firbolgic tribe, the
centre of whose territory was Emly in the présent co. of Tipperary, To-
pogr. Pocms, p. Ixix. Corco Laigde the S. W. part of the co. Cork.
The « thrce Ktà-ivolves » {sic, LL. 211'' 31) are =: the tliree 'Ro.à-heads
(Riuidchind) of LL. 166^1-
As to Cù-rôi's death, v. supra, no. 33.
73. Loch Néill.
Loch Neili, canas xoainmnigcd ?
Ni ansa. Nel mac Enna Aighnigh- n\eic Oengz^j-a Turhig
Temrrt, is é ba toisech dibc/'gac/; ^renn hi flaith Co;/oill Croim-
dtj/rg \ncic Labradha, co ndech^ï/J {or luirg Dreibrinde dolotar
a Sidh Chollomrach, coud as-fu air i> nDoire Tarbgha. Imra-
1. a R.
2. aighnidh R.
3. aR.
474 Whitley Stokes.
chtawr na muca reimib et^' clwnu 7 iiru nr fut Maigi hOi —
7 hased on ainm chou Enda Aignig À. Oi — co rancatûfrin loch
roro baichedh Nell ann 7 a choin. Unde Loch Neill nominatur.
Niai] son of Enna Aignecli son of Oengus Tuirbech of Tara,
was the leader of the brigands of Ireland in the reign of Co-
nall Cromderg son of Labraid ; and he went on the track of
Drebrenn's swine, which had issued from the elfmound of
Çollomair. He found them in the Oakwood of Tarbga. Both
Rounds and men hunted the swine throughout Magh Ai —
jo called from Ai the name of Enna Aignech's hound — till
Ihey came to the lake, and therein Niall and his hounds were
/drowned. Whence Loch Né i II is named.
AIso in LL. 167-^ 2: BB. 382''42 : H. 46!': Lee. 490b i and Bodl. no. 29.
Edited (from BB.) in Silva Gadelica, II, 491, 559: from Bodl. in FolUore,
III, 494.
A Loch Nctll in Magh Aoi is mentioned in the Four Masters, A.D. 1014 ;
but it has not, apparently, been identified.
Enna Aignech, overking of Ireland A. M. 4888-4907: his pedigree, Irische
Texte, I, 117.
As to Drebrenn's swine, see above, no. 71 (Duiiia Selga), no. 35 (Bdach
Conglais) and n5. 77 (Coronn).
74. Loch Con.
Loch Con, canas ro ainninigcd ?
Ni ansa. Couart Manannain^ mie Lir 7 conart Modh^ otat
Indsi Modh, co comrancatar imon muic rocn[a]thar a tir impu
.i. Indsi Mod, 7 mené etraintis coin in muic sin ropo criathar
lee co hAlb^m .i. ropo mudach né ropadh fdsach. Roleblaing
iarum riasna cono'ih in loch, 7 cengsat in coin nadiaidh?, 7
rodïfi'-imart doib dib linoibh forsin loch, 7 ni tcrna cù i mbe-
thaid udide cen lescad 7 cen bdduJ. Doluid da//o in mue'
riam iartain^ [fo. 114-' 2] cosin indsi fil ann. Unde Loch Con
7 Muic-inis.
1. manoain R. ' 3. nadîaigh R.
2. mogh R. 4. posi R.
The Rennes Dindienchas. 475
Manannan mac Lir's pack of hounds and thc pack of Mod
(from whom Insi Mod, the Clew Bay Islands) met together
about a pig which wasted the country around those islands,
and, Linless the hounds might hiterfere with that pig, it
would hâve madc a criathar as far as Scotkind, that is, there
would hâve been a wreckage or a désert. In front of the
hounds it sprang into the kike, and the hounds pressed after
it, and it tackled both packs on the Lake, and no hound es-
caped alive, but ail were maimed and drowned. Then the pig
went forward to the island which is therein (and there it killed
Mod). Whence Loch Cou « Lake of the Hounds » and Mucc-
inis « Pig-island ».
Also in LL. 167-^30: BB. 588->22: H. 46^: Lec.4911', andBodl.no. 32.
Edited (from LL.) in Silva Gadelica, II, 467-8, 513.
Loch Cou in the co. Mayo, keeps its old name.
criathar A. fasach, Lee. Vocab.
75. Loch nDechet.
Loch nDechet, canas ro aiiunniged ?
Ni ansa. Déchet mac D^rguir, rathmogn/J Glais meic Gais,
is é tuargaib Suidhe n-Aodha os Es Ruaidh. lar ndenom a oi-
pre do la hAodh Rûad mac Badhuirnn ro cuin[n]igh lôg a
oip;r .i. lorad ind esa, 7 dobreatha do, 7 hrum co nurcgahudh
tor la dainn n-Oilella arnad beith imresoin nô imcosnom d'fer-
oib Olnecmacht im torad Esa Ruaidh,
Robôi dono Déchet hi[c] cuinghidh duilgine in gr^a rogni,
7 dob/etha do co Mag Lunga^ .i. co Mag Loing[the]a, ar is
ann^ roloiwg fora biudh 7 (or a lind, 7 doluidh mrum ïor bail-
iudh a mesca cosin loch, co robàidedh and. Unde Loch nDechet
dicilur.
Déchet son of Dergor, the rath-builder of Glas son of Gas,
'tis he that erected Suide Aeda « Aed's Seat » over Ess Ruaid
1 . sic BB., H. and Lee lughna R.
2. inann R.
476 Whiîley Stokes.
:< Rimd's Cataract ». After he haddone his work for Aed the
Red son of Badiirn he demanded his reward, to wit, the pro-
duce of the cataract (the sahnon), which was given him, and
afterwards a tower was erected by rhe Children of AiUll that
the men of Connaught might hâve no quarrelHng or conten-
tion about the produce of Ess Ruaid.
Déchet was still demanding the wage for the work he had
done, and there was given to him (the land) as for as Mag
Lunga that is, Mag Loingthca « the Plain of Eating », for 'tis
there that he consumed his food and his liquor, and then he
fared forth in the frenzy of his intoxication to the lake and
therein he was drowned. Whence Loch Déchet.
Also in LL. iby^'urBB. 388*45 : H. 47^: Lee. 491^; and Bodl. no. 31.
Edited (from Bodl.) in Folklore, III, 496.
Loch Déchet or Loch Techet, now Lough Gara in the co. Roscommon.
Ess Ruaid the salmon-leap at Ballyshannon (i n-Ess ruaid na roécne, LL.
128b 19). See the dinnsenchas of Ess Ruaid, LL. 165a 4, and Folklore, III,
505 . Mag Liiiiga perhaps the Magh Lange near Ballaghadcreen in Mayo,
mentioned by the Four Masters, AD. 671.
« The Children of AiHU », the inhabitants of Tir Ailella, now Tirrerrill,
a barony in the co. of SHgo.
76. Mag Muirisc.
Magh Muirisc, canas ro ainniuiged?
Ni ansa. Tola mM/r[é]isc tainic and fo tir coro hn fosaighe^
7 fonglenna in tire. Blhdan kin hniiiorro cen lobadh cen bre-
nadh dô, ut ahi^ putant.
No is e in Rosualt dorakid and co tir, 7 is é a bes sén .i.
teora sceithi do denom. INtan sceidhes hi tirib pkag ior
doinib 7 ce//;raib in hoc anno. INtan sceedh a nelloib pkigh
for ethaidib ind aeoir in hoc anno. INtan sceedh for muirib
bddhudhî barc 7 cxxmch 7 pkigh ior na muirmiloib in hoc anno,
7 is e tucc pkiigh i tir Muirisc.
Nô is o Mz^'risc mgin Ugaiiii nominatur.
1 . fâsoidhe R.
2. aih' R.
3 . badhugh R.
The Rennes Dindsenclias. 477
A flood of sea-fish came there throughout the land, and
fillcd the waste places and glens thcreof. A full year it was
without deca3'ing, without stinking, as some opine.
Or it is the Rosualt [which Columb cille had prophesied]
there came to land. And this is the manner of it: to make
three vomitings [in separate years.] When it vomits on lands
human beings and cattle sufFer plague in this year. When it
vomited in clouds, in this year the birds of the air suffer pla-
gue. When it vomited on seas, barque and boat founder in
this year, and there is a plague upon the seabeasts. And 'tis
this that brought plague into the country of Muiresc.
Or it takes its name from Muiresc daughter of Ugaine (the
Great, to whom the plain was given or where she died).
AIso inLL. lôy^^ô: BB. 388!' 27: H. 47»: Lee. 403b and Bodl.no. 44,
Edited (from LL.)in Silva Gadelica, II, 480, 527.
Mag Mitirisc, now Murrisk in the barony of Tireragh in the co. ofSligo.
See O'Donovan's Hy-Fiachrach, p. 257, where it is called Miiirsce.
As to tlie Ross-iialt (borrowed from O.N. hrossvaîr ?) see Revue Cehique,
I, 258.
77. COROND.
Corond, canas roainmniged ?
Ni aiisa. Coro c/'uitire Diancecht meic Echtoigh [meic]
Esoirc, co tucsflt Tuatha Déa ferand ar shephoin dô .i. Magh
Coroind. Undc Coronn nominatur. Ceis Coroind didiu dia ro-
serna'n muca Derbrinde ised rosiacht in co'iced mue .i. Cdol-
céis, co Ceis Coroind, coiiid ann ros-mert. Unde Céis Coroinn
nominatur.
Coro was the harper of Diancecht son of Echtach son of
Esorg, and the Tuatha Dé Danann, bccause of his harping,
gave him land, to wit Mag Coroind, whence Coronn takes its
name. Ceis Coroinn, now, when Drcbrenn's swine were dis-
persed, Coelcheis, the fifth of thcm, got to Céis Coroinn and
there perished. Whence Céis Coroinn is named.
Also in LL. 165» 35 : BB. 389» 17 : H. 47»: Lee. 494^^ Id. fo. 4* 2. Ver-
sified, LL. 212» 14. Edited (from LL. and BB.) in Silva Gadelica, II, 489,
556-7-
Revue Cehique, XV. 32
478 Whitley Stokes.
Ccis Lorohid uow Keshcorran, is a hill in ihebaronyof Corran, co. Sligo.
Dian-cécht was the leech and the Dagdae was the king, of the Tuatha
Dé Danann, who gave Corann land for his excellent harping, Tticsat Tiiath
De. . . ferand dihs ar degsheinm, LL. 212^^ 16.
As to Drebrenn's swine, see above no. 73.
78. Carn Conoill.
Carnn CondiW, canas ro ainmnigcd ?
Ni misa. ConoW Gtl mac Aongusa mcic hUmhôir adrocha/V
ann .i. fcchtdia loiar a^ crich Cruithnech imerge macn-Umh-
ôir lar muir co ndrochaMr magh Midhe do shaighedh Chai-
[rjpre Nia fer flatha Temmr/;^ 7 con-ix\icQiay fcrann fiiir .i.
anbadech [JMide] irf t'j-/ Rath Cendaigh, R^///; Chomlioir, Cno-
ghba, Brugh Mna Elcmhoire, Talltiu, Cermna, Tlaclitga,
Ath Side, Bri damli Dile. Rochuin[n]ig Cairpr^ cliuccasom
da^rfoglmomli T&m.mc]}, mar cach n-a^n rochet aitreb Banbai
7 Bregha. Tucsat cXann Umhôir- cet/;ra curu3 fn sodhoin .i.
Ceat mac Magach 7 Ros mac DedaJ4 7 Conold Cenrich 7 Cû >
chulaind.
[Lee. 495^ line 6]
Is iarum dob^rt Cairpri cis nach fiierlan^/air ïono, co ii-ela-
dar uad con2i selbaib siar co liAilill 7 co Meidb, 7 congabsad
laim fri mtiir. Oengwi' tra a iiDun /^npisi a n-Araind, Cutra
co Loch Cutra, 7 Cim[b]i Ceithirchenn co Loch Cim[b]e.
Adar co Mag n-Adair. Mil ac M«/rbech MhiL D:^l[ach] for
Dail 7 Ennach diata Tech n-Ennaich. Rind [leg. Bir ?] ac Rind
Beara a shirainm, Mod ac Indsib Mod. hlrg«5 ac Rind Boirne.
Cingid a Cruaich Oigli. Bairne[ch] Baran[d]bel co Laidlindi.
Conchuirn co hinis Meadoin. Lathrach oc Tulaich Lathraich.
Taman ac Rind Tamain. Conall Ca^l a n-Aidne. Mesc for
Loch Measca.
Congarter 5 donc o Chairpri a chei//;ri curu 7 ratlia, 7 do-
1 . sic LL. 152-1 10. hi R.
2. umhmhôir R.
j . caura R.
4. sic LL. 152=» 29, dcgad R.
5. sic H. congarar LL. i$2-». cotancadar, Lee.
The Rennes Dindsenchas. 479
thrcd ConaW coni Choinchulaind anoir a hUlltaib, 7 Ros mac
Deadaid aniar a hErnaib, 7 doluid Ceat a Connrtf/;/aib co tech
Cairpri, 7 conaitich Cairpr<^ cucti a n-enoch né a n-anom.
Lodar iarw/» co Cruachain for fesam cheit 7 fochraid a tros-
cud for taichte in dunaid, 7 rogâid ^ Ceat [leg. ben Cheit] in
dail n-enaidche, Mus-tic Oengw^ iarnamairech 7 adbert a meic
7 a thri brait/;;-i leis do chomruc dia chind fria rathaib, Cing
tfa inagaid - Rosa, 7 Cimi Ceithirchennach inagaid ConaïW
Chearnaich, hirgus inagaid Ceit meic Magach, Conall mac
OengMja inagaid > Chonchulaind. Romarbtlia tra meic Umoir,
7 rucsad na ratlia na ceithri cind co Cairbri dia comaidem.
Roadnocht doiio ^Engos 7 a mac .i. Co)ia\l fon carnsa. Unde
Carn CoiiiùW àicitiix.
Conall the Slender son of Oengus son of Umor fell there.
Once upon a time when the sons of Umor made a flitting
over sea out of the province of the Picts (of Scotland) they
came to the plain of Meath, to Cairbre Nia-fer the lord of
Tara, and of him they sought land, the best in Meath, to wit,
Rath Cennaig, Rath Commair, Cnogba, Brug Mnd Elcmair,
Taltia, Cermna, Tlachtga, Ath Sige, Bri-dam Dile. Cairpre
required thcm (to pcrform the) base service of Tara, like
every one whom he permitted to dwell in Banba (Ireland)
and(especially) Bregia. So for this (performance) the Children
of Umor gave four suretics, namely, Cet mac Magach, Ross
son of Deda, Conall Cernach and Cûchulainn.
Afterwards Cairpre imposed on the Children of Umor a
rent which could not be endured : so they dccamped from him
with theii' possessions westward to Ailill and Medb, and set
up beside the sea, Oengus in Dûn Oengusa in Aran, Cutra to
Loch Cutra, Cimbc Fourheads at Loch Cimbi, Adar at Mag
Adair, Mil at Muirbech Mil, Daelech on Dail, and Ennach
from whom is Ennach's House. Bir at Rind Bera Sirraim
[sic H.], Mod at Insi Mod (the Clcw Bay Islands). Irgus at
1 . rogsed, Lee.
2 . inadaig, Lee.
3 . inagaig, Lee
480 Whitley Sîokes.
Rind Boirnc, Cingid at Crunch Aigli, Bairnech Barannbel at
Laiglinni, Conchuirn at Inis Mcdôn(« Middle Island »), La-
thrach at Lathrach's Hill, Taman at Taman's Point, Conall
the Slender at Aidnc, Mesc on Lough Mask.
So then the four sureties and guarantors are snmmoned by
(the créditer) Cairpre. Conall cornes with his (comrade)
Cùchulainn from the Ulaid, Ross son of Deda from the Er-
nai, and Cet went out of Connaught to Cairpre's house,
Cairpre demanded their honour or their soûl (i. e. that they
should either make the defaulters discharge their debt or sub-
mit to be killed).
So then, under Cet's safeguard, the sureties repaired to
Cruachan, and there on the green of the fortress they com-
menced their fasting^. Cet's wife entreated the respite of a
single night (that the Children of Umor might consider what
was to be done). On the morrow Oengus cornes and said
that his son with his three brothers would fight on his behalf
with the sureties, Cing against Ross, Cimbe Fourheaded against
Conall Cernach, Irgus against Cet mac Magach, and Conall
son of Oengus against Cùchulainn. So the sons of Umor were
killed and the sureties brought their four heads to Cairbre to
boast of them. Then Oengus was buried with his son Conall
under this cairn. Whence Carn Conaill.
Also in BB. 389-1 39 : H. 48-'» : Lee. 494^. Versified by Mac Liac, LL.
152a 5 et seq. A précis of tlie taie is given by O'Curry, Maniiers and Cus-
toins, II, 22, and the story is thus told in BB. 30" 22-42:
Fir bolg tra dorocradar isin cath sin acht beg, 7 lodar sidhein a Ermn ar
teic[h]eadh Tiiath Dé Y>aiiann, giir gabadar a n-Araind 7 a n-Ile 7 i Rach-
raind 7 i mB/itanîa 7 i n-indsib ele olcheana, co//ad l'ad tug Fomorcha iar-
sin don chath tanaisde Muige TH?'eadh, 7 dobhadar isna hindsibhsin go
haimsir na coigidhach ior Eritm, gur'indarbsad Cruithnig iad, 7 tangadar
for am/;.y Cairbri Nîafear, 7 dorad sidein fearand doib, 7 nîr fedsad beit^i
aige ar truma in cisa dorad forro. Dolodar for teic[h]eadli ria Cairbri for
comairghe Oi/;lIa 7 Meadhba, 7 doradsad sein fearand doibh, 7 isi sin Im-
meirci Mac n-Umoir. Oeng?/j,- mac hUmoir ba righ thair orro, 7 is uathaibh
ainmnigtliear na fearauda sin .i. Loch Cime 0 Chime Ceithircheand mac
Umhoir, 7 Rind Tamain a Meadhraighe o Thaman mac Umolr. Dun Oen-
giisa. i nAraind 0 Œngtts, Carn Conaill i n-Aighniu o Chonall. Madh
I. sce the Introduction supra, pp. 277, 279.
The Rennes Dindsenchas. 48 1
nAghar o Adhar. Madh nAssal a Mumain o Assal mac Umoir. Bcus Mcand
mac Umoir in file, 7 dobadar a nduintibh 7 a n-indsibh mara imm En/m
amlaigh sin, conas-dilgeand Cut7;»laind.
Now in that battle fcU thc Fir Bolg ail but a few, and thèse went out of
Erin fleeing the Tuath Dé Danann, and set up in Aran and Islay, Rathlin
and Britain and other islands. Afterwards they brought the Foraorians to
the second battle of Moytura, and they dwelt in thosc islands till the time
that Ireland became subject to thepentarchs. Then the Picts banishcdthem,
and they came to Cairbre Niafer, and he granted land to them ; but they
could not abide with him because of the oppressiveness of the tribute
which he imposed upon them. So they went, fleeing before Cairbre, under
the safeguard of Ailill and Medb, who gave them land. And that is « the
Flitting of the Sons of Umor ». Oengus son of Umor was king over them
in thc east, and from them thèse territories are named, towit. Loch Ciiiibi
from Cimbe Fourheads son of Umor, and Riud Taiiiain in Medraige from
Taman son of Umor. Dûn Oengusa in Aran (west of Gahvay) from Oen-
gus, Cam Conaiïï in Aidne from Conall. Mac; nAdair from Adar, Mag
n-Assail in Munster from Assal son of Umor. Also Mend son ofUmor, the
poet; and they dwelt thus in fortrcsses and in islands of the sea round Erin
until Cûchulainn destroyed them.
Catn Conailî now, probably, Ballyconnell in the parish of Killbecanty
near Gort, in the co. of Galway, Four Masters, A.D. 6.45, note x.
79. Loch Ri.
(Lee. 49e*).
Loch Rai,.caii[cis] rohainmniged ?
Ni ansa. Ri mac Maireada 7 Eochaid iiwc Maireda dolodar
fodeaso Themraig^ [49^*'] i Luachair for imirgi, 7 rodeadail-
sead oc Bealach da Liag, 7 luid Eochaid for Brega co Brug
Ma/c in Og. Dohiid do/w Oengus- chucu a richt brugad', 7
aireach ccngaha 'na laim. Dlomais doib arna beidis fora fer-
gort, 7 ni dearnnsad fair. Ataig-t iarzfw Oengus- tri primpLaga
foraib .i. a mbu in cettrath, a n-eachrada in trath tan(7/5ti.
Doluid immorro Rib siar con farguib i Muig Find, 7 ba scad
1 . themraid Lee.
2. Midir Lee.
3 . brudud Lee.
4. atait Lee.
482 Whitley Stokes.
on tir cluichi Aeng//ja 7 Midir. ^ 7 doluid Midi aco fo[n] in-
das sin 7 a ech cengailti 'na laim, 7 fograid doib imthecht no
rM5mw/rfed uile focetoir.
(( Ni fil acaind ni b^^ras lind ar libedain », or siad som.
« Ata limsa, » or Midir, « sunna daib each hcniss leis bar
maine, 7 in baile a n-anfai ni tiu[c]fa a fual 7 ni dearna [leg.
déna] a imarchor, 7 legar a srian leis 'mo chenn ; 7 bid[at]
aithrech[su] mine roib niarsin. »
Ro imthig Ri co riacht Mag n-Airbthen .i. co hairm a fuil
Loch Ri, 7 tue in t-ech a fual, 7 dorigne a imarchur, 7 for-
facaib a srian. Rogob dono in fual fotha fo thalmain corb'
egin clar fodluta uasa, 7 dogni Ri tech ina thimchell 7 a le-
baid uasa. Tricha hlindaii do suidiu co ro muid aidchi luain in
lugnasaid^ de, coro baid Ri comi mnai 7 cona cloind 7 cona
muinlir, 7 lethaid tar Mag nAirbthen uile. Re hliiidiui ar dcich
[ar] cet iar ngen Crist insin dorer na rimaired. Unde dicitux
Loch Rib.
Rib son of Mairid and Eochaid son of Mairid went south-
ward from Tara into Luachair on a flitting. They parted at
Bdach dit liacc « the Pass of two Flagstones », and Eochaid
went over Brcgia to the Burgh of Mac ind Oc. Then Oengus
(the Mac ind Ôc) went to them in the shape of an hospitalier,
having in his hand a haltcred packhorse^. He told them that
they should not bide on his meadow, and thi^ was not done
for him. So Oengus inflicted three chief plagues upon them,
to wil, their kine the first day, their horses the second day4.
Howbeit Rib (and his folk), fared westward and set up on
Mag Find, and that was the playground of Oengus and Mi-
der. And Mider came to them in like manner, with his hal-
tered horse in his hand, and he ordercd them to decamp or he
would kill them forthwith.
1 . In BB. and Lee. this sentence is mispLiced, coming next after the
words Brufr maie ind 6c-
2. lunasnuid R.
3. airech .i. ech imchuir, H. 3, 18, p. 650^.
4. Hère there is a gap in the taie which ma}' be partially filled up from
the Edinburgh version, in Folklore, IV, 474.
The Rennes Dindsenchas. 485
« We hâve nothing that will carry our goods ^ for us, »
say they.
Says Mider : « Hère I havc for you a horse that will carry
yoLir treasures. But whereover thou shalt stay, he must not
stale, and do not let him stray ^, and let his bridle be laid
round his head, and unless this be so, thoii wilt be repentant ».
Then Rih went his way till he reached Mag Airbthen
(nDairbthen ?), the place where Lough Ree is (now); and
there the horse passed his urine, and went astray, and left his
bridle. Then the urine flowed under them throughout the
ground, so that it was needful to put a floodgate (?) over it.
And Rib built a house around it and his bed above it. For
thirty years it remained thus, till on the eve of a Monday at
Lammas it burst forth and drowned Rib with his wife, chil-
dren and household, and spreads over the whole of Mag
Airbthen. According to the computers, this took place m
years after the birth of Christ. Whence Lod] Rib is said.
Also in BB. 390^31 : H. 49» and Ed. fo. 4*2. Vcrsified, LL. 212^26.
Printcd (from BB.) without a translation in Silva Gadelica, II, 484. Edited
(from Ed.) in Folklore, IV, 474. See also Aided Eclnch maie Maireda, LU.
jga-igb^ edited by Crowe in 1870, from which it appears that the « flit-
ting )) was the elopement of Eochaid with his stepmolher.
Loch Rîl) « an expansion of the Shannon between Athlone and Lanesbor-
ough ». (O'Don.).
So. Loch nÉrne.
(Lee. 498O.
Loch n-Eirne, c:\nas rohainmniged ?
Ni ansa. Fiacha Labraindi dorad cath and do Ernaib, coinid
and romebaid in loch fo thir, unde Loch n-Erne dicitur. no for
Ernaib.
Ailittv; Erni ingen Buirc Buircadâich maie Ma[n]chin maie
Machon5, bantaisech ingenraid[e] na Cruachnai 7 banchoi-
1. libhcadhain .i. cruidh no clanna. O'Cl.
2. iomarchur .i. mearughadh, O'Cl.
3. Manchîn meic Maçon BB.
484 Whiiley Stokes.
medaith^ do chiraib 7 do clioirib Meidbi Cruachan. Fecht
ann doluid Ole Ai a huaim Chruachan do chomroc fri hAi-
mirgiii nlargi[u]ndach dia rofai la Findchaim ingiii Magach,
cond.d and rochroith^ Ole Ai a ulcha 7 robean a deda, co ndea-
chaid Erne coin hingenaib [p. 498''] for fualang ar a imoman,
co riacht Loch iiÉrne, co robaidead and diblinaib. Unde Loch
nErnc dicitur.
Fiacha Labrainnc gave battlc there to the Ërnai and there
(during the battle) the lake burst forth under ground, whence
Loch Erne is said.
Otherwise : Erne daughter of Borg the Bellowing, son of
Manchîn, son of Machu', chieftainess of the giris of Crua-
chan and keeper of Medb of Cruachan's combs and caskets4.
Once npon a time Ole Ai issued from the Cave of Cruachu
to contend with Amorgen the Blackhaired when he slept with
Findchoem daughter of Magach. And then Ole Ai shook his
beard and gnashed his teeth so that Érne and her maidens be-
cause of her terror went to flight, and reached Loch Ërne, and
there they were ail drowned. Whence Loch Èrne is said.
Also in BB. 591-^ 18: H. 49^'; and Ed. 4b i. Vcrsified, LL. 212'^'. Ediicd
(froni Lee), Procecdings of Ibe R. I. A., Irish MSS. Séries, I, 186: (from
Ed.), Folklore, IY,A^6.
Amargen the father of Conall Cernach. Sec LU. 98t.
Fiacha Lahraiune so called hecause the first evcnt of his reign was the
burstuig forth of Loch Labrainnc. Sec the Coir Ainuann and Four Masters,
A. M. 37^1.
Whitley Stokes.
(A suivre.)
1 . banchoimedaich Lee.
2 . rochroich Lcc.
3. Mochon LL.
4. clioirib iox crioilib.
AN OLD-IRISH TREATISE
DE ARREIS
The OlJ-Irish treatise on the penitential commutations,
which is hcre printed and translated for the first time, is found
in the wellknown Bodleian codex RawHnson B. 512, fo. 42'' i.
It should be compared with the De arreis printed by Wasser-
schlebenin \\\s Bussordnungender abendlàndischen Kirche, p. 139,
and Nvith the Redcmptiones Cummeani (cf. Wasserschleben,
1. c, p. 229).
That the original from whicli the RawHnson copy is deri-
ved was written during the Old-Irish period there can be no
doLibt. But I cannot fix upon an}' definite criterion for dcter-
mining in which ccntury it was composed. However, I think
it safe to say that this cannot hâve been Later than the 8th
century. Notice such forms as the xeXxûvc file 7, the Ist sing.
creitiu 12 (et. creilim 21), arcu 12; tlie futures connkstar 5,
rislcr 6, doecma 8; the déponents cumrigedar 5, conarmidedar
9, conmidedar 6; conamididir 32, 33 seems a scribal error for
the perfect con\d\unidir ; the datives laithiu i, suidiu 21, 32,
forciund 10, 12, 18 etc.; deac 20, du « thy » 31, du « to »
31, 32, the phrase amal rongabsat « ut sunt » 5, etc.
The following rare words occur.
abann f. scourge, gen. aibne 22. dat. abaind i. cen figill na
cen fiach aibne ind, LBr. 10^,31, doberair dia sathairn im
noin fiach. aibne na hoidchc luain, ib. ri'' 6. Borrowed, Hke
W. afiuyn, from Lat. habena.
ait, a neuter(?) u-stem, joint, gen. pi. alta i.
486 Kiino Meyer.
avcul bcscecb, 12, 21. arco fuin dom Dia .i. arco .i. rogo (MS.
rogha) fuin .i. finem (MS. finim), dilgud 6m Dia arco .i.
cuingim, H. 3. 18, p. 63.
arra (*arre) n. équivalent, suhstituîe, commutation =^ Lat. pre-
tium, arreum^. nom. pi. na barra 6, na harrada i. dat. ar-
raib 5, 7. arradaib 4. di biait déc arra na .111., LBr.,
10^40. arra .i. lùach no fiach 7 deismirecht air: forrc//;
arra anarra, H. 3. 18, p. 650a, froni Laws III p. 152, i.
Cf. also Fél. Ind. s, v. arrae.
ath-laech m. a former laynian, a lay-hrother. 8. See Aisl. Meic
Congl. Ind. eirg cosin athla2ch fil issind insi, LL. 358 marg.
in tress athlaech na Hérend, Fél. p. i, 20.
ath-laeches t. a former laywoman, a lay-sister, 8.
bith-erchoiliud constant détermination? 19.
conarmidiur I adjudge, 9.
conmidiur / adjudge, 6.
cubachal cubiculum, dat. pi. cubachlaib 8.
dethberas reason, 5 .
dichratus ferveur, 5 .
dilacht mrm'5^_, ~eaJousl 12.
duine-taide f. man-stealing , 5 .
diir-pennait f. hard-penance, gen. -pennaiti 14, 26, 33.
eipistil f. message, 5.
to, cum dat. in accordance zuitb. fo lin alta i. foa 5. ar is fô
ulc adfenar olc, LL. 294a, 23. Cf. fon indas sin, fon cruth
sin, fon ait cétna, etc.
for-iadad conclusion, 2.
imtha thus, 7.
ingabdla fit to he sung, 4.
leth-arra n. dimidium arrei, 5.
leth-pennait f. a haJj-penance. pi. n. -pennaiti, 5.
pennainn f. penance, 5.7. gen. peinne 5, 6. do aes dûrphendi,
I . Zimraer's notion (Glossae Hibernicae, pp. xv, 284) that arra is pho-
netic spelling of aithrige is a very unlucky one. Neither gender nor raea-
ning agrée, nor is there the slightest évidence or likelihood that aitlirige in
old Irish was pronounced at ail like arre. Aillirigc f. is dcrived iVom aitJjrech
and means « repentance «, not « penance >•>, which is primait or pennainn
(mod. Ir. hreith aitljrighe).
An old-irish Treatise De Arreis. 487
LBr. 9'' 7. Jo oess phendi, ib. 10^,41. Hencc the verb pen-
dim / do penancc. mad phendi ina rér, LBr. cia beth ara-
phendi, ib. 10^, 50. inti nàt pcnni, ib. 10*', 38. pendither, 44.
pennithe'r 47.
rogud cxtenâing, extension, 31. hond rogud gl. extension, Ml.
37 d, 6. na cossa inna roguth cen giuasacht, LL. 282 a, 43,
selainn, 32 iZ ration of honey consisting of four eggfuls, Reeves,
On the Guidées, p. 202, note. LBr, 9'', 8, 13, 36, 43.
loa, 29.
slechtan génuflexion, passim. In LU. 69 a, 22 it means pros-
tration : talléci inna sléchtain co n-dechaid carpat Fergusa
taris co to thri.
tôrtrommad beaviness, droiusimss, 8. co tôrtrommad 7 co n -
emiltius, LU. 36 b, 14, said ot the bodies of sinners after
the résurrection. In other connexions the word means pes-
teriniy see Wind. s. v.
NA ARRADA SO SIS COLLEIC.
1. Arra tesairgne anma a ifurnd .i. coic pat^'r ar t;7'[b] fichtib
ar trib cetaib 7 coic slechtana ar t/7'[b] fichtib ar tr/b cetaib 7
coic beimenn ar trib fichtib ar trib cetaib di abaind in cech oen
laithiu co ceand mblia^na 7 troscad cech mis tocsairg anmain
a hifw/-n. Ar is fo lin alta 7 feithe fil i curp duine doronad in
arra sa fri hicc na hanma atroille piana \s\n curp.
2. Arra n-aill .i. tri côicait cech laithe cona foriadad do bia-
tib co cenn secht mhï\?idan doesairg anmain a lîum.
3 . Arra n-aill na^:/; sia .i. huida ^ 7 biait 7 p^/t'r ior cech salm
co cenn teora mbliada;;.
4. Doessairg anmain a hif^ni car/; arra dona harradaib so,
mâd ingabala a ecnairc etir.
5. Is foa ira dothét cech pennaiu etir duire 7 fot i;ma ree
i m-bether oca fo mcit an pectha 7 fo eret feidlight/;/;- and 7
I MS. luada, with marks of transposition undcr u and a.
488 Kuno Meyer.
fo detliLvrus ara n-déntar 7 fo dichrat//^ scarthar fris iarum.
Ar atat araile pectha dib ni diegat dilgud a pcinne cid foda in
re conniestar [fo. 42'', 2] doib, mani cumrigedar Dia feisin tria
bas nô eipistil n-galair 110 meid ant sxthair dochuredar ^ nech
fair fesin, amal ~ rongabsat 3 fingala 7 duineorcni 7 duinetdidi
7 amal'^ rogabsat diberga 7 druidechta 7 caintechta 7 anial-^
rogabsat adaltras 7 cuilige 7 cthech 7 héress 7 tairmt[h]er/;f
graid. Ar atat araile dona pecthaib icthaid leth pennaiti colleth-
arraib. Atat araile icthai arra co tr/un pein?ze. Atat araile ic-
t[h]ait arra namd5.
6. Ar is ed cetlwrdai atrimed an ecnaid ara n-dcntar na
barra .i. ar émi iwscartha frisin peccad iarna choimlebaid, ar
Oman init[b]ormaig inna pectha ar chiund, ar cuimriugw^sae-
gail riasiu risttr forcend peinne ro;/midedar anmchara, ar cuin-
»riuch cuirp Crist 7 a fola tria cuinnriuch peinni.
7. Amal file ira deochair et/r k\;cliu 7 clerchu, et/r maccail-
lecha 7 laichesa, iwtha samlaid deochair et/r a saethar 7 pen-
nainw. Ata da;?^ et/r na harraib -ata cora do demi;/?, doib.
8. Arra na n-athk^ch 7 na n-athla.nches cétum//5, feis i
n-uiscib, feis for nenaid, feis for bk\;scaib cnô, feis la marb i
«-deirc, uair nad bi coi;//tig Ixch nô lasiches^ nad bi cuit oc
marbad duini. Ate immorro arra ata coire do chlerchib 7 do
c[h]aillechaib acljt anti dib marbas duine, mani dentar ar \m-
t[h]ormach fochraice .i. feiss doib i n-ecailsib uaraib nô a cuba-
chlaib deirritib oc figlib 7 oc ernaigthib [fo. 43 a, ij cen
cumsanud .i. cet suide, cet lige, cet cotulta, cDiial bid fc^r belaib
if/rn //c^ibetis, acht ma doecma tortromadh m-bec i suidiu nama
etir di ernaigthi.
9. Hite tr/7 arra fo/zarmidedar \n noib do dubtroscad iar
morchi/z .i. cet m-bemen/?. co n-abaind nô na tri rô/ra[i]t cona
n-i;//naib 7 cona cantaicib.
10. Arra n-aill .i. cet p^/t'r i croisfigeall 7 « T)cn?, m adiu-
I.
MS.
docaradar
2.
MS.
sicut
3 •
MS.
ronrogabsat
4.
MS.
sicut
5-
MS.
nàma
6.
MS.
laeichfes
An old-irish Trcatise De Arreis. 489
torium » wsqiic « îeshudi » fo iri i îordmvi cech p^/cr 7 slech-
tain for cech « Dcus » 7 innithem menmaii coUeir i n-Dia. As
arra duibtredain do neoch dogni mnshi fo t[h]r/.
1 1 . Arra troiscthe do neoch Icgflis : na tri côicait ^ cona
cantaicib isscsam 7 célébrai cech trrttha 7 da slechtai;^ déc 7
lama focna fri Dia i trathaib an hii co n-immradud - leir do-
c[h]um nime.
12. Arra dubtroisct[h]e im-morchinaid do ncuch nad Icga
.i. //■/ chét slechtain 7 tri chct m-bemeann n-indraice co
n-abainn, crosfigeall i forciund cech cet co m-bat scitha Idmha ;
« Arcu fuine um Dia, domair trocaire, creitiu in Trinoit, »
isscd canas gan cumsanad co roisc a n-arra 7 beim a bruinne
co menic la sodain co n-aithrige dihcbt fri Dia. Is arra tredain
dô a denum fo thri.
13. Arra troiscthe im minpectha coitchenna .i. « Alléluia
Allclnia in manus 3 » us^m^ « u^ritatis », pater noster co ïor-
cend. Canair insin i croisfigill fo t[h]richait 7 tricha siechtan
7 tricha bemenn di abaind ina degaid.
14. Arra secht m-hliadaii durpennaite di ernaicht[h]ib gla-
naib do tesarc«7Z anma a pianaib if/rn .i. cet n-oifrm, [fo. 43 a, 2]
cet coecat salm, cet m-biaiti, cet siechtan cech biaiti, cet credo,
cet pater, cet ymvn an;«a.
15. Arra n-aill : hlïadan dubtredain cen dig, cen biad, cen
cotlud. Adaig i-^ n-uisci, adaig for nenaid cen etach, alaile for
blaescaib cnô.
16. Arra n-aill: da tredan dcc, cech as i n-degaid araile.
Praind co sâith etir cech da troscud.
17. Arra n-aill: da biat do cetol i croisfigill cen tairncm
bma occa.
18. Arra n-aill dano : « Miser^r^ mei Deus » do cetul fo
c[h]ethrochait i croisfigill nô i 4 seswm 7 pater fo cach salm 7
« Dt7/s in adlutorium » usque « ïest'ma. » fo thri i4 forciund
cach sailmb.
19. Arra n-aill : secht mis i- carcair for usce 7 bargin o
1 . MS. caoca
2. MS. co««iwradug
3 . MS. anmanû^
4. MS. a
490 Kuno Meyer.
noin co noiii for uir nô clar la ernaig[th]e n-gresaig co celebrad
cech tratha la bitherchoiliud.
20. Arra tri côicat salm inso .i. pater fo dô déc 7 « D^ms in
ad'mtorium » xisque « ft'^^ina » for cech paf^r. Paf^r fo c[h]oic
deac 7 DsMS in adiutorium usque in finem for cech pater icaid
cech pecad la aidrige leir o c[h]ride.
21. Arra tredain do neoch nad léga .i. h co n-aidche cen
cotlud cen telcud issuidiu, acht in^ tan dolleici ïri slechtan
nama. « Arcu - fuin im Dia, domair trocaire, c[r]eitini an Tri-
noit », is ed canas cen cumsanad. Fatci' noster 7 credo fo di
déc i crosfigill 7 tri slechtain i cechtar 7 « Deus in adiu^o-
rium » nsque « ùstini » etir tt'r for gach n-ernaigthe as arra
tredain. Tricha tredan in cruth sa is arra hYvàdna pennaite do
mrtcclereach, ut Grcgorius constitmi.
22. Arra troiscthe do fiachaib aibne .i. secht cet m-bei-
meann n-indraic co fo sechd [fo. 43 b, i].
23. Arra n-aill do slechtanaib .i. da cet slechtan n-innraice
co fiUiud in 3 chuirp cen dichell.
24. Arra n-aill : do bith i sesam cen crann cen airiseam cor-
ragbaither na tri côicait^ co cantaicib.
25. Arra n-aill do chroisfigill co roisc côicait^ salm do
c[h]edal, nô biait qz^at^r 7 ni comracat lama îri toeba co roisc
a cetul cen cobe acht ni dot c[h]ongbail do nach rét aile.
26. Arra sechtmaine durpenwaiti for usa 7 bairgin .i. secht
m-biaiti i 5 croisfigill innraic 7 credo 7 p^ïto 7 ymnum ^ dicat
ar cech m-biait.
27. Arra sechtmaine da«o do neuch na roleg .i. secht cet
slechtan n-innraic 7 secht m-beimeanna n-innraici 7 crosfigeall
i 5 ft;rciund cech cet co m-bat scitha lama.
28. Arra côicthigis7 : a denam fo di.
29. Ana Jïchet aidche : a denum fo t[h]ri.
1 . MS. an
2. MS. arca
3 . MS. in
4. MS. .l.a
5. MS. a
6. MS. ymnam
7. MS. coectiges
An old'irish Treatise De Arreis. 491
30. Arra cethrachat aidchc ar wsci 7 bairgin : do denam i ^
n-oenlaithc, mad ri ecin m-bais.
31. Is arra hW:\dna fri dianaithrige .i. coic pato ar tri[b]
fichtib ar trib cetaib do c[h]etal i sesam, di laim escaide fri
nem. Ni comracat uilli fri toeba etir, co n-innithim leir fri Dia
7 ni thoet guth in son 7 biait do gabail i cromscsamm 7 do
gnuis fri talmain 7 do di laim foena la du da taeb. Nô as e an
corp bis ina rogad ar in- talmain ior a beolu 7 in di laim
foena lasin taob. Patraic timairne in^ figill seo 7 Colum Cille
7 Maedoc Ferna 7 Molaca Men« 7 Brenainn macu Altae' 7
[fo. 43 b, 2] Colum mac Crimthain 7 Mocholmoc4 Innsi Cel-
\.ra. La Enna i n-Arainn foracbad in 5 senchas [s]eo. Timar-
nasat cet/;/'/ primsuide ^rcnn grès fria du gach m.ac bethad ad-
cobra neam .i. ua Mianadan 7 Cumin Fota 7 Murdebur 7
Mocholmoc mac Cumain a hAraind.
32. Arra hYiadna ànx^tnnaite con[d]amididir Ciaran mac
int^ sdir du Ennu macu Laigse 6 Chomsola o Dibrig : tri la
7 teora aidche bithir oca i tig dorcha nô i nach maigin aile in-
nach roich tairmesc, 7 ni bi selainn tredaiw and, acht tri lom-
mann di nsci cach dia. Hissed à.\diu a n-arra .i. tri côicait salm
caclî lai do chetul i sesam can crann 7 slechtain i forciunn
gach sailm 7 biait ior cach fd;Va[i]t, slechtain etir gach do
coihdel (?)7 ymnum/ dicat fo/' cach m-biait i crois[figill] 7 ni
tclct/;f/- il-lige ^ conimain acht i suidiu ; acus célébrai cech
tratha cenmotha iso«d et innithim leir i cesta Cvist co congain
cride 7 aithrige dilacht (ri Dia co forathmed ina pecda do
ncuch hiis cuwain dib.
33. Arra coecat aidchc durpennaitc do denam i n-oenlaithc
conmididir Col»/» cilli 7 Mobi ClArenech a comairli Michil ar-
cha//;^/l, id est:Dominus reg[nau]it, Exaudi 9 Da///me iustitiam
1 . MS. a.
2. MS. an
3 . MS. mac ualtac
4. MS. mocomocc (nd mocolmoc)
5. MS. an
6. MS. ant
7. MS. ymnam
8. MS. allige
9. MS. exauidi me
492 Kano Meyer.
mmm, Domini ^ est terra, Beatus qui ImeWegit, Deus noster re~
fugium, Exaudi T>eus deprecatioy/é-^n, No;me Deo, Exaudi Tiens
omtionem meam cum. Te decet, Domine reïugium. Domine
exaudi 2, Domine probasti \ Eripe me Domine, Domine cla-
mavi, Uoce, Domine exaudi. Gloria 7 [hjonor 'Patn 7 Filio 7
Spiritui Sancto i forciunn cech sailm 7 sccht slechtana 7 Deus
in admîorium [fo. 44 a, i] usque fo/ina ter 7 pater scmeU i se-
sam et/> mJ; da salm corroisc a n-arra n-uile.
THE ARREA HERE BELOW NOW.
[aRREA for SAVING a SOUL FROM HELL.]
1. The arreut?! for saving a soûl out of hell, viz. 365 pa-
ternosters and 365 génuflexions and 365 blows with a scourge
on every day to the end of a year, and fasting every montli
saves a soûl out of hell. For this arreiim tor redeeming the,
soûl that deserves torments in the body has been made accor-
ding to thenumber of joints and sinews that are in a man's
body.
2. Another arreum, viz. the three fifties5 every day, with
their conclusion of the Beati ^, to the end of seven years,
saves a soûl out of hell.
3. Knotheï arreum which is no longer 7, viz. a Lauda and
the Beati and a pater noster after each psalm to the end of three
years.
4. Each of thèse arrca saves a soûl out of hell, if it can be
interceded for at ail ^.
1 . MS. dow/ne
2. MS. exauidi
3 . MS. probaisti
4. MS. semeal
$. i. c. the 150 psalms
6. i. c. the ii8th psahn (Beati immacidati).
7. i. e. which is shorter.
8. ///. if its ècnairc (intercession, prayer for the dead) can be sung at ail.
An old-irish Treatise De Arreis. 49 j
5. Now, every penance, both for severity and length of
time in which onc is at it, dépends on the greatness of the sin
and on the space of time which one persévères in it, and on
the reason for which it is done, and on the zeal with which
one départs from it afterwards. For therc are certain sins which
do not deserve any remission of penance, however long the
time that shall be asked for them, unless God Himselfshor-
tens it through death or a message of sickness ; or the great-
ness of the worl< ^ which a person lays on himself ; such as
are parricides and manslaughters and man-stealings, and such
as brigandage and druidism and satirising, and sucli as adul-
tery and lewdness and lying and heresy and transgression of
order-. For there are certain sins for whicli half-penances with
halï-arrea atone. There are others which an arreum with one
third of penance atones tor. There are others for which an ar-
reum only atones.
6. For thèse are the four things which the wise man has re-
counted for which the arrea are made, viz. for a speedy parting
firom the sin after its commission, for fear of increasing the
sins, for (fear oi) Hfe being shortened before the end of the pe-
nance which the confessor adjudges be attained, for (fear ot)
chastising the body of Christ and His blood through the chas-
tisement of penance.
7. Now, as there is a différence between laybrothers and
clerics, between nuns and laysisters, so there is a différence
between their work and penance. There is also between the
arrea which it is right for them to perform.
8. First, the arrea of former lay-brothers and of lay-sisters :
sleeping in waters, sieeping on nettles, sleeping on nut-shells^
sleeping with a dead body in a grave 3 ; for there is hardly
1 . s.iethar, hère used, like Lat. opus, of penitential work.
2 . With this catalogue of sins that can only be atoned for by a life-time
of penance confer the following paragraph from the Canones Hibernenses
(Wasserschleben, p. 136) where for the same sins a seven years' penance
on bread and water is deemed suffîcient : Haec est poenitentia magi vel vo-
tivi mali, si credulus (aithdîbergach) vel praedonis (MS. praeconis) vel
cohabitatoris vel heretici vel adulterii VII anni in pane et aqua.
3. Cf. De Arreis (Wasserschleben, p. 1.39), c. 3 : arreum anni triduanum
cuvi viortiio saiicto in septilcliro sine cibo et potu et sine somno.
Revue Celliijue, XV. 33
494 ^'"''o Meyer.
a laybrother or laysister that has not had a share in man-
slaughter ^ Thèse now are the arrea that are right for clerics
and nuns, except those of them that hâve slain a man, unless
(something) be donc to increase the reward, viz. they to sleep
in coid churches or in secret chambers, performing vigil and
praying without ceasing, viz. without sitting, without lying,
without sleeping -, as though they were at the mouth of hell,
save that a little weariness may take place in a sitting posture
oniy between two prayers.
[the arrea for fasting.]
9. Thèse now are the arrea which the holy man judges
(an équivalent) for « black £isting5 » after a great crime, viz.
one hundred blows with a scourge, or the three fifties with
their hymns and with their canticles.
10. Another arreum, viz. one hundred paternosters in
cross-vigil and « Deus in adiutorium » usque « festina »
(ps. 69, i) three times at the end of every pater noster, and
génuflexion at every « Deus », and meditating intently on
God. It is an arreum for a black fist of three days4 to any one
who does this three times.
1 1 . An arreum for fasting for any one that can read : the
three fifties with their canticles while standing up, and cele-
brating every canonical hour, and twelve génuflexions and the
arms stretched out towards God at the hours of the day, with
earnest thought towards heaven 5.
1. Cf. Poenitentiale Vinniani (Wasserschleben, p. 1 16), § 35 : De laids
si quis ex malis actibus suis conversus fuerit ad Dominum et omne malum
antea egerit, i. e. fornicando et sanguinem effundendo, etc.
2. An legendum: cen suide, cm lige, ceii chothul ?
3 . dub-throsad, now trosgadh didiJi, a fast during which no whitemeats
(bânbiad), such as milk, cheese, eggs, etc. are taken.
4. trcdain, now trosgadh treidhiii, from Lat. triduannm, a fast of three
days, during which only one collation is taken ; still practised privately by
many people.
5 . This arreum is identical with one printed in Wasserschleben's Buss-or-
dnungcn, p. 139: De Arreis, C. 2: Arreum triduani, nox et dies in statione
sine somno nisi parvum vel ^ .L. psalmi cura canticis et cum missa horarum
XII et XII flectiones in unaquaquc hora et nianus supinatae ad orationem.
An old-iiish Treatise De Arreis. 495
12. An arreum for a black fast on account of a great crime
for any one who does not read, viz. 300 génuflexions and 300
honest blows with a scourge ; crossvigil at the end of every
hundred until the arms are tircd; « Of God I beseech an end,
may mercy come to me », « I believe the Trinity », this is
what he shall sing without ceasing until the arreum shall hâve
come to an end, and strike his breast frequently at it with
earnest repentance to God. It is an arreum for a three days'
fiist for him to do this three times.
13. An arreum for fasting on account of small common
sins, viz. « Alléluia, Alléluia, in manus » usque « veritatis »,
a patcrnoster to the end. Let this be sung thirty times in cross-
vigil, and thirty génuflexions and thirty blows with a scourge
after it.
[arrea for seven years of hard penance^]
14. An arreum of pure prayers for seven years of hard pe-
nance to save a soûl from the tortures of hell, viz. one hun-
dred oflerings, hundred and fifty psalms, one hundred Beati,
one hundred génuflexions at every béatitude, one hundred
paternosters, one hundred soul-hymns.
1 5 . Another arreum : a year of three days' black fasts wi-
thout drink, without food, without sleep. A night in water,
a night on nettles without a garment, another on nutshells.
16. Another arreum : twelve three days' fasts one after ano-
ther. A meal to satiety between every two fasts.
17. Another arreum: to sing two Beati in crossvigil wi-
thout lowering of arms (while) at it.
18. Again, another arreum: « Miserere mei Deus » to be
sung forty times in cross-vigil or while standing up, and a
patcrnoster with every psalm, and « Deus in adiutorium »
usque « festina » three times at the end of each psalm.
19. Another arreum : seven months in a prison on water and
I. In the Canones Hibernenses fWasserschleben, p. 1 96) seven years on
bread and water is the penance for homicide, sorcery and devilish practices,
robbery, cohabitation, heresy, or adultery.
496 Kuno Meyer.
bread from none to none upon the soil or floor, with fervent
prayer, with célébration of every hour with constant déter-
mination.
[an ARREUM for THE PSALMS.]
20. This is Miaireuni for the 150 psalms, viz. a paternoster
twelve times and « Deus in adiutorium » usque « festina »
after every paternoster. A paternoster fifteen times and « Deus
in adiutorium » usque in finem after every paternoster atones
for every sin, witli earnest repentance from the heart,
[arreum triduani.]
21. An arreum for a three days' fast for any one that does
net read, viz. a day with a night without sleeping, without
sitting down, except when he lets himself down for génu-
flexion. « Of God I beseech an end », « may mercy corne to me, »
« I believethe Trinity », this he shall sing without ceasing. A
paternoster and a credo twelve times in crossvigil, and thrcè
génuflexions with either, and « Deus in adiutorium » usque
« festina » three times with every prayer is an arreum for a
three days' fast. Thirty three days' fasts in this manner are an
arreum for a year of penance for a cleric, ut Gregorius con-
stituit.
22. An arreum for impositions of scourging, viz. 700 ho-
nest blows seven times.
23 . Another arreum of génuflexions, viz. 200 honest génu-
flexions with bending of the body without négligence.
24. Another arreum : to be standing without a stafl", with-
out rest, until the three fifties with the canticles hâve been
sung.
25. Another arreum of crossvigil until fifty psalms hâve
been sung, or the Beati four times, and the arms must not
touch the sides until the singing is flnishcd, though there be
nothing else to support thee by ^
I . The construciion of the Irish hère is obscure to me, but the sensé
must be as I hâve translated.
An old-irish Treatise De Arreis. 497
[arrea hebdomadis, etc.]
26. An arreum for a week of hard penance on water and
bread, viz. seven Beati in honest crossvigil and a credo
and paternoster and « Hymnum dicat » with every béatitude.
27. Again, an arreum for a week for any onc that lias not
read, viz. 700 honest génuflexions, and seven honest blows,
and crossvigil at the end of every hundred until the arms are
tired.
28. An arreum for a fortnight, to do this twice.
29. An arreum for twenty nights, to do this three times.
30. An arreum for forty nights on water and bread, to do
it in one day, if at the need of death.
[arrea axni.]
3 I. This is an arreum for a \-ear for sudden repentance, viz.
to sing 365 paters while standing up, the arms unwearied to-
wards heaven. The elbows must not touch the sides at ail,
with intent méditation on God, and let not voice enter the
speech, and to sing a Beati in a stooping posture, thy foce
towards the earth and thy arms stretched out by thy sides.
Or, it is the body that is stretched out on the earth on its
face, and the arms stretched out by the side. It is Patrick who
ordains this vigil, and Golum Cille and Maedôc of Ferns and
Molaca Menn and Brenainn, the great-grandson of Alta^, and
Colum son of Crimthan and Mocholmôc of Inisceltra.
With Enda in Aran this law was left. Four chief sages of
Ireland ordained its practice to every son of life who desires
Heaven, viz. Ua Mianadan and Cummin Fota and Murdebur
and Mocholmôc mac Cumain from Aran.
32. An arreum for a year of hard penance, which Ciaran
mac int sdir adjudged to Oennu macu Laigse grandson of
Comsola grandson of Dibrech : to be three days and three
nights at it in a dark housc or in some other place where
I . Cf. Brendcnus niocu Alti, Recvjs Adainnan, I, 26.
498 f^uno Meyer.
no hindrance comes. And there must be no collation of a
three days' fast save three sips of water every day. This, how-
ever, is the arrcum, viz. to sing 150 psalms every day while
standing up without a staff, and génuflexion at the end of
every psalm, and a Beati after every fifty, génuflexion be-
tween every two chapters (?) and « Hymnum dicat » after
every Beati in crossvigil, and he must not let himself down
into a lying posture....^ but in a sitting posture, and célé-
bration of every hour besides...- and intent méditation of
the passion of Christ with contrition of heart and earnest re-
pentance to God with remembrance of the sins, every one of
them that he remembers.
[aRREUM aUINaUAGINTA DIERUM.]
33. An arreuni for fifty nights of hard penance to be done
in one day, which Colum Cille and MobI Clarenech adjudged
by the counsel of the archangel Michael, viz. Dominus reg-
navit (?ps. 96 or 98), Exaudi Domine iustitiam meam (ps. 16),
Domini est terra (ps. 23), Beatus qui intellegit (ps. 40),
Deus noster refugium (ps. 45), Exaudi Deus deprecationem
(ps. 60), Nonne Deo (ps. 61), Exaudi Deus orationem meam
cum (ps. 63), Te decet (ps. 64), Domine refugium (ps. 89),
Domine exaudi (ps. loi), Domine probasti (ps. 138), Eripe
me Domine (ps. 139), Domine clamavi (ps. 140), Voce
(ps. 141), Domine exaudi (ps. 142). « Gloria et honor Patri
et Filio et Spiritui Sancto » at the end of every psalm, and se-
ven génuflexions, and « Deus in adiutorium » usque « festina »
three times, and a paternoster once while standing up between
every two psalms until the whole arreuin shall hâve ended.
Kuno Meyer.
1 . Hère commaiii is obscure to me.
2. isond ?
TABLE
DES PRINCIPAUX MOTS ÉTUDIKS DANS LE VOLUME XV
DE LA REVUE CELTIQUE'.
I. Gaulois ou \aEux-cELTiQ.UE.
(Voir p. i6o-i6s, 170-173, 404.)
Acetodunum, 417.
-aco-, 20, 104.
Agedomopas ou Acedomapas, 417.
Agedovirus, 417.
Aliortus?, 405.
ambactos, ambatus, serviteur, 22.
Anatemorus, 403.
Aneunicno, 237.
'Av£uvo;, 237.
Anextiomarus, 403.
Arcobriga 1 château d'Arcos »?, 17.
are-, 20.
Arevaci, 20.
Augustoritum, 98.
Autraca, 33.
Autricum, 53.
Autrigones « fils de I Odra »?, 33.
Autura, 33.
Bebriacum, gl. locus castorum, 147,
148.
Belli, 20.
belo- « l'acte de tuer quelqu'un n?,
12, 13.
Bodecius, 37.
bodi- » victoire », 254.
bodio- « jaune », 233.
Bodiocasses, 233, 234.
Boduus, 37.
Brica, 403.
-briga » château », 11, 12, 14.
broga, champ, 216-219.
Bouoji'voa, 3 16.
Kassiteros, 107.
KïXtoç, 409.
Cenabum, 236.
Cerdubelus, 45.
Cnusticus, 41 3-41 5.
Contrebia « groupe d'habitations » ?,
10, 137.
Crixus (I frisé », 145.
Deobriga « château du dieu, ou des
dieux », 12, 13.
Deva « divine », 10.
Devona, 234.
Drausus, Drusus, 406.
dubro- «eau », 234, 235, 387.
-dunum, 2, 234.
-edo, -eda, 20, 21.
I. Cette table a été faite par M. Ernault.
500 Table des principaux mots étudiés dans le tome XV.
Elmetiaco? 405.
Elvontiu, 257.
epo-, cheval, 234, 368.
esox, saumon, 99.
Esumopas, 413-415, 417.
Esus, 417.
Excingus, 146, 147.
FaXaTT];, 409.
Germani, 6.
gesum, lance, 9.
ieuru, irjki, 257.
Intercatia, 38.
-isto-, 10.
Leuci « blancs, brillants », 21.
Leucimara • grande par sa blancheur
éclatante », 2 1 .
Leuco, 2 1 .
Leucomelius ou Leucumellus, 21.
Liamarus, 146, 147.
Liccoleucus, 2 1 .
Lingonas, 236.
Lovernius, 403.
Luguri, 237.
Lugus, 23 5, 236.
Lutetia, 22.
Lutia, 22.
Magilo, 243.
-magus, 234.
marcos, cheval, 4.
Marrigae? 403.
Mirobriga, 40.
Moenicaptus, 47.
Moritex, 243.
Nemetobriga « château du temple,
ou de Nemetos », 2.
Novion « nouveau », 4.
Oclicno, 237.
Orniaci, 37.
IIcvvoou'.voo;, 388.
Pentilus, 38. ■•
Pertacus, 403.
Pintia t cinquième »? 35, 38.
Rectugenos « fils du droit », 22, 24,
243.
Retugenus « fils du droit », 22.
ritu-, gué, 98.
-sama, 12.
Samorix, 146, 147.
Segeda, 20.
sego- « l'acte d'atteindre le but, de
vaincre, de triompher», 13, 20,
27, 28.
Segobrigenses, 1 37.
Segontia, 28, 29.
Segontiaci, 28.
Segontium, 28.
Segovax, 27.
Segovia, 27.
Sequana, Sequani, 98, 99, 234, 368.
Ubius? 146, 147.
Ucuete, Ucuetin, 368.
Urupas, 417.
Uxama « très haute », 12, 24.
Uxellodunum, 145.
-vacos, 20.
ver-, 100.
Vernodubrum, 387.
vindo- « blanc, beau, heureux », 12.
Virilios, 257.
Oùip'.Xkw{;) , 237.
Vismarus, 47.
11. Ogamique.
Andagelli, 144, 239, 240.
Ebicatos, 144.
m. Irlandais.
(Voir p. 109-122, 129, 130, 132, 275,
276, 297-301, 303, 30S-311, 316,
318, 320, 322, 52s, 328, 329, 334-
336, 371-382, 398-40I) 4'i7 4'9,
420, 422, 423, 426, 427, 438, 441,
442, 446, 448, 450, 457, 459-461,
464, 467-470, 473, 475-478> 48',
483, 485-487, 492-494,498)-
iâl, crochet. 143.
Table des principaux mots étudies dans le tome XV.
501
aircheann, noble, chef, 432.
aireach, cheval de somme, 481 , 482.
aister, travail, 464.
aithesc, réponse, question, 115.
arrumertus, gl. statui, 294.
asbeir, il dit, 15^.
ass, lait, 143.
baigliu, faon, 42 1 .
Balar, 235, 236.
Batan. i 14
bé, femme, 432.
Beirbhe, Bergen, i 20.
Benchuir, 1 36.
berbaim, je bous, 235.
blathach, femme, 424.
bien, tlanc, 143.
Bôann, 316,
bochar, bouse de vache, 449.
brainéun, corbeau, 4^0.
budechaiti, d'autant plus reconnais-
sant? 145.
buide, jaune, bai, 233.
cél, bouche, prophétie, 144.
Cian « lointain », 235.
clû, gloire, 227.
cnû, noix, 227.
coel chomae, intestins, 143.
comaithech, qui tient des bestiaux
d'un même chef; voisin, 398.
comét, garde, 397, 431 .
common, commun, 136.
con, avec, 135, 143.
coscorach, triomphant, 406.
crosfigell, action de tenir les bras en
croix (en priant), 242.
crû, sang, 227.
cruachait, échine, 11^.
cum-, con, préfixe, 135.
cumsciget, ils changent, 135.
cur, héros, champion, 99
dan, ouvrage, 435.
de, de cela, d'autant (plus), 145
diarailiu, à l'autre, 561.
di'as, épi, 361 .
dibe, avare, i 17.
dir.d, place, ville, 272.
dligim, j'ai droit à, 339.
don, paiement, 462, 463.
dubsesra, seaux ? 440.
Duiblind, 327.
duin, à nous, 1 36.
Dul Dauna, 235.
dûn, à nous, 1 36.
eall, avantage, 443.
eglas, estomac, 1 1 6.
épir, il dit, 135.
eu, saumon, 99.
FJI, 288.
feabh, bonté, bien, 458.
flesc, baguette, 143.
foich, guêpe, 143, 145.
foloscaim, je brûle légèrement, 439.
fosaidh, à demeure, 458.
fuithir, terre, 458.
geis, prohibition magique, 407.
gormac, fils adoptif, 100.
im-, préfixe augmentatif, 397.
imchomét, protection, 397.
immou, davantage, 106.
in, ind, préfixe d'adverbe, 106.
inbiucc, peu, 106.
indil, beaucoup, 106.
ind laigiu, moins, 106.
ind oa, moins, 106.
Ingcél, 144.
inmar, beaucoup, 106.
inmenicc, souvent, 106.
làth, rut. 391 .
Icthar, cuir, 370
Lug, 23^
mac bethad, fils de la vie, élu, 397.
mac in bais, fils de la mort, impie,
397-
matan, bataille, 1 20.
502
Table des principaux mots étudiés dans le tome XV.
mennchrott, luths, 121.
mescuire, troupe armée, 454.
môr le, en bons termes avec, 130.
morrigain, gl. lamia, 293.
munther, famille, 156.
murghabhal, baie, anse, 455.
nus, premier lait, 143.
Oilbine, Ailbine, 295.
orc, pourceau, 361 .
ord, rangée de pierres? 460.
oroit, oremus, 1 36.
6s, au-dessus, 361 .
port, palais, 432.
n'gfâith, roi-prophète, 588.
rod, chemin, passage, 98.
roised, il atteindrait, accomplirait,
294, 295.
saich, mavais, 1 10.
samildânach, aux talents multiples,
235.
scél, récit, 370.
seilche, tortue, 292, 295.
sescenn, glaïeul, 99.
sia, plus long, 94.
sios, en bas, etc., 1 19.
sir, long, 94.
srôn, nez, 361 .
tarr, ventre, dos, 457.
tesmolad, qualités, 109
tipra, source, 255.
toghtha, élu, 397.
tomailt, manger, 350.
tore, verrat, 561 .
treb, habitation, 4.
tuathacht, ruses, i 14.
uasaldecon, archidiacre, 398.
IV. Gaélique d'Ecosse.
allt, rive, ruisseau, 234.
Drostân, 406.
Dumbarton, 234.
Dûnedin, 234.
lann, lieu consacré au culte, 234.
Morrach, 234.
tiobar, source, 235.
V. Mannois.
sic, mauvais, i 10.
VI. PiCTE.
Drostân, 406.
Drust, 406.
VII. Gallois.
-adur, 224.
anbiic guell, porte-toi bien, 94.
arbenn, chef, 432.
asgre, sein, 153.
-au, pluriel, 227.
-awdr, 224.
baich, fardeau, 221.
Beulan, 404, 405.
Branwalatr, 227.
bych, que tu sois, 93, 94.
Catwabdr, 224.
cawr, géant, 99.
cestyll, château, 387.
chwedl, nouvelle, 370.
chwennychu, désirer, 221.
cnaif, toison, 227.
cnau, noix, 227.
crau, sang, 227.
creadur, créature, 224.
creawdr, créateur, 224.
cromlech, cromlec'h, 223.
crych, frisé, 145.
cwympo, tomber, abattre, 364.
Cybi, 405.
cyfegydd, pioche, 361.
cyngwystledd, gageure, 153.
cyrff, (les) corps, 387.
cyrn, cornes, 387.
dagr, larme, 95.
dagrau, larmes, 9^.
Table des principaux mots étudiés dans le tome XV.
505
deigr, larme, 9^, 386, 387.
deigron, larmes, 95.
-dra, 96.
draig, dragon, 386.
Drust, 406,
Drusticc, 406.
Drystan, 406, 408.
dyben, fin, conclusion, 395.
dysbaidd, eunuque, 386.
eawg, saumon, 99.
eirf, armes, 387.
eleni, cette année, 153.
erllenedd, l'année dernière, 155.
erydr, charrues, 387.
fed, le long de, durant, 96.
ffroen, narine, 361 .
ganddo, avec lui, 106.
gefel, jumeau, 242.
golosgi, brlàler légèrement, 439.
gwal, lit, gîte, 226.
gwaladr, chef, régulateur, ordonna-
teur, 224-227.
g^veled, trouver (bon), voir, 94, 95.
gwely, lit, gîte ; clan, tribu, 226.
henffych well, porte -toi bien, 94.
hesg, glaïeul, 99.
hestaur, setier, 440.
hir, long, 94.
hwy, plus long, 94.
hwpf, le plus long, 94.
hyd, le long de, durant, 96.
hydref, automne, 394.
Lailoken, 240-242.
Laloecen, 240, 242.
Lantam, 101.
llallawc, autre .'' 241.
llallogan, frère jumeau.'' 241, 242.
llawd <i subatio », 591 .
Uech, pierre plate, 222, 223.
lledr, cuir, 370.
lleidr, voleur, 386.
Uodic (truie) en chaleur, 391.
losci, brûler, 221.
meibion, (les) fils, 95.
mysgu, mêler, 220.
oid, il fut, 1 54.
pavvl, poteau, 223.
pechadur, pécheur, 224.
pengam, à tête penchée, 388.
penwyn, à tête blanche, 388.
Peulan, 405.
rhawd, chemin, 98.
rhodio, traverser, marcher, 98.
rhodwydd, gué, 97.
rhyd, gué, 98.
rotguidou, gués; passerelles en bois.'^
97, 98.
tafal, balance, 222.
tafell, tartine, pièce mince, 222.
taflen, tablette, tableau, 222.
taflu, tawlu, lancer, 222.
tafol, balance, 222.
tawlbwrdd, jeu d'échecs, 222.
terica, ètie en rut, 391.
terydr, tarières, 387.
Irwyn, nez, 361 .
tywysen, twysen, épi, 361.
ucher, soir, 143, 145, 220, 221.
wyr, petit-fils, 361 .
-ych, 2*= pers. sing., 93, 94.
yn, dans, 105.
yn devant un infinitif, 106.
yn, préfixe d'adverbe, 105, 106.
yn fawr, beaucoup, 106.
yn fvvy, davantage, 106.
yn fynych, souvent, 106.
yn liai, moins, 106.
ysgyfarn, oreille, 364.
-yt, 2« pers. sing., 93.
VIll. CORNIQUE.
bue, il fut, 1 54.
cawrmarch, chameau, 99.
cromlegh, cromlec'h, 223.
^04 Table des principaux mots étudiés dans le tome XV.
daladur, doloire, loi.
guhienn, guêpe, 220.
kalemay, le premier de mai, 100.
tra, chose, 96.
yn, préfixe d'adverbe, 105.
IX. Breton Armoricain.
(Voir p. 224, 538-363, 392.)
a, de ton, j 53.
abendeux, depuis qu'il a, 152.
-aden, 544.
a du vad, disposé à, 384, 587.
siezr, aerezr, cliarrues, 387.
a fet nos, de nuit, 96.
-ai> ;44-
ambloari, peine, souci, 564.
amzer neve, printemps, 540, 394.
anaon, âmes des défunts, 125, 126.
andraze, cette chose-là, 151, 590.
Andrez, André, i ^ ?.
artizan koat, menuisier, 338.
arvor, bord de la mer, 390.
asclez, sein, 153.
autom, automne, 393.
avad, bien, certes, 386, 387.
az, de ton, 153.
azen gornek, ignorant, 385.
babi, babu, guignes, 348.
babioles, petites cerises, 348.
baeguelat, bêler, 3 57.
baeles, bette, 357.
balancer, balancier, 360.
bastrouill, barbouillé, 348.
bazig-pennec, petit bâton à gros
bout, 389.
beauselenn « fiente de beste menue » ,
345-
bec'h, fardeau, 221.
bec'h, que tu sois, 94.
bégiat, bêler, 3 57.
beotès, bette, 3 57.
berlach, toile grossière, 349.
berleige, tiretaine, 348.
bervann, je bous, 235.
beté, indéfiniment, 97.
blaiïk, sou, 3 57, 360.
bleidet, changé en loup, 388;
bieiz-vor, loup marin, 387.
bloa, année, 152,1 54.
bocqedou an névez-amser, pâqueret-
tes, 394.
boczu, bossu, 3 58.
bokodo 'n han, primevères, 594.
bolonjer, boulanger, 360.
boqedou han, pâquerettes, 394.
boue, il fut, 1 54.
bouzile, bouse, 343.
brank, branche, 560.
bran-ver, cormoran, 388.
Branwalatr, 224.
Braon » meule de moulin i, 412.
braz, grand, 385.
Bré, 412.
Breizis isell, bas-Bretons, 384.
Breiz-Izeliz, bas-Bretons, 384.
bugale, enfants, 152.
bulari, agitation, embarras, 364.
caffoeaff, déplorer, 153.
cafuoez, chagrins, 153.
calch, (i veretrum », 356.
calemay, le premier de mai, 100.
calon-gouàn, automne, 393.
camps, aube de prêtre, 100.
canèii, toison, 227.
canow, noix, 227.
cascarat, danser la danse des gueux,
364.
castor, castor, 3 57.
Catuualart, 224.
Caym, Gain, 3 54.
caymand, bélître, gueux qui mendie
par fainéantise, 3 56.
Cazneved, 97.
chaucer, chaussée, 153.
Table des principaux mots étudiés dans le tome XV.
)0S
chench, changer, 589.
chiminal, cheminée, 361.
clauslle, gageure, 153.
corcq, gueux des foires et des par-
dons, 3 ^6.
coustelé, gageure, 1^3.
coustum, coutume, 1^2.
craon, craoun, noix, 227.
crec'h, colline, 227.
créon, toison, 227.
crouadur, créature, 224.
cu-a-ca, ric-à-ric, au plus juste, pré-
cisément, 345.
den-vleiz, loup-garou, 388.
derc'h, qui est en évidence, remar-
quable, beau, 222, 223.
dibenn-eost, automne, 392, 395.
diczul, dimanche, 1 54.
dilost-han, automne, 392, 39^.
dirigaez « estre en sault », 391.
dirik, (vache) en chaleur, 391.
disiuout, opiner, 361 .
divez-amser, automne, 393.
dleafi, je dois, 339.
douaren, petit-fils, 361.
dour, eau, 338, 584, 387, 388.
dour-vel, hydromel, 388.
dourzom, eau chaude, 388.
dram, drachme, 3 57.
ebarz, dans, 152,
eguile, l'autre, 153.
elas, gésier, foie, 116.
e-leal-ia, eh bien oui! 392.
en, dans, 105.
enes, celui-là, 1 ^2.
-enn, suff. de féminin, 384.
enndéeun, tout justement, 106.
ent, préf. d'adverbe, 105, 106.
enta, donc, 105, 106.
eoc, saumon, 99.
-er, 153. H4-
erderh, évident, 223.
érér, charrues, 387.
erlaiine, l'année dernière, 153.
ervat, bien, 105, 387.
-es, fém., 341.
est, août, été, 394, 395.
esuezatF, être absent, 361.
-et, plur., 341.
euel, comme, 1 52.
e uicze, pour cela, 1 54.
ez, particule verbale, 153.
-ez, 153.
-ezen, 344.
fernaon : luteq— , méchante chandelle
de résine, 342.
fesnos, cette nuit, 96.
fet, fait, 96.
fîl, intelligence, idée, 364.
foar, foire, 345.
foerouz, foireux, 343.
fouillezet, (fortune) dissipée, 364.
froan, narine, 361 .
gai, sot, 365.
gaia, ennuyer, 365.
gamel, gamelle, 345.
gantatî, avec lui, 106.
getou, avec lui, 106.
goélvan, lamentation, 223.
goulen, demander, 3 38.
gour-, préfixe intensif, 100.
gour-, préfixe diminutif, 100.
gourgleze, poignard, 100.
gourhent, petit chemin, ioo.
gourniz, petit-neveu, 100,
gourvadez, ondoiement, 100.
gourzén, petit homme, 100.
gragachat, dégoiser, 363.
Grall, 355.
gréach, harnais, 365.
gréafi, habiller, harnacher, 365.
gréet, bien mis, 365.
gregach, jargon, argot, 363.
grègach, le grec, 563.
$o6 Table des principaux mots étudiés dans le tome XV.
grêlle, crible le plus clair, 366.
grigagein, baragouiner, jargonner,
grilhet, griyet, tout couvert (de),
I6G.
grimandell? rossignol de serrurier,
365-
grinsen, krinsen, zeste, miette, rien,
392-
Gripin, nom du diable, 366.
Grippy, le diable; griffon, 366.
grisilhon, grelot, 3 ^2.
grullu.blé noirci intérieurement, 366.
guele, lit; clan, tribu, 226.
guenol, gunol, septembre; automne,
395-
guerço, il y a longtemps, 1 54.
Guitaliz-Mede, habitants de Plou-
dalmézeau, 383.
guohi, guêpes, 220, 22 1 .
Gwegan, 361.
gwenan, abeilles, 352, 361.
Haelhoiam, 94.
han, été, printemps, 394.
han-goan, automne, 393.
hed, le long de, durant, 96.
helene, cette année, 153.
hennez, celui-là, 152.
hente, prochain, 152, 153.
hère, automne, époque des semailles;
mue des oiseaux, 392, 394.
hérees, temps des semailles, 394.
hesc, glaïeul, 99.
hesc, hesp, stérile, 220.
hesken, scie, 99.
hetot, vous plairez, il vous plaira,
539-
heuelep, semblable, 1 52.
hir, long, 354, 355.
-hoiam, le plus long, 94.
hoz, votre, 1^3.
Huonic, 345.
larnhoiam, 94.
-ien, plur., 341 .
-ifr-, 592.
-iq, diminutif, 344.
irvinen, navet, 353.
-iz, ethnique plur., 353, 584.
jalot, chaudronnier, gueux, sot, 349.
jeu ha jao, jeu et tumulte, 345, 346.
judas, celui qui crache au visage de
quelqu'un, 355.
kalan-goanv, la Toussaint, 395.
kafiv, deuil, 153.
kaplanted, capelans, 359,
kazek, jument, 353.
kéris-me, les gens de cette ville, 384.
kermais, les gens de cette ville, 384.
kern, cornes, 387.
kernevad, cornouaillais, 352.
keûr, cœur (au jeu de cartes), 358.
keureuc, saumon coureur, 99.
kiger, boucher, mauvais médecin,
347-
kincl, kencl, propre, paré, orné, 344.
kincla, orner, parer, ajuster, 344.
kites, (être) quittes, 349.
klenk, juste, bien adapté, 343.
klenkan, ajuster, mettre en ordre,
mettre de côté, 343.
klinka, apprêter, arranger, 344.
knech, colline, 227.
kouchad den, homme trapu, 359.
kouer, paysan, 5 56.
koz-amzer, automne, 393.
kriminal, criminel, 361.
kroachou, kroajo, des croix, 389.
labourerdouar, cultivateur, 351, 361.
lamp, saut, 360.
Landeleau, 355.
laiidon, courroie, 549.
Lanvèoc, 99.
laouen, pou, 360.
lard teuz, saindoux, 342.
Table des principaux mots étudiés dans le tome XV
)07
laret, dire, promettre, 538, 339.
lec'h, grande pierre plate, 222.
leiam, le plus petit, 94.
Lesneven, 412.
Ieur-gu3er, aire d'une ville, 388.
leurhé, aire d'une ville, 388.
leur-zi, sol, plancher du rez-de-
chaussée, 588.
lezr, 1er, cuir, 370.
liwan, colorer (des mensonges), 349.
luc'hach, éclat, vernis; baragouin,
jargon, argot, 363.
luc'het, blasphèmes, 362.
ludic, (truie) en chaleur, 391.
lun : en — , distrait, 361.
mad, bon, bien, 384-387.
mal, mâle; garçon, jeune homme, 353.
man, mine, semblant, 387.
mann, rien, 386.
maon, ver, insecte, 342.
Marlarge « mardi gras », 153.
maro-amzer, automne, 393.
mein, men, pierre, 222, 223.
men glaz, ardoise, 540.
menhir, pierre longue, menhir, 223.
mervad, je sais bien, 387.
mesca, mêler, 220, 221.
meurzlargiez, mardi gras, 153.
mibien, (les) fils, 95.
milin, moulin, 349.
mizyou du, automne, 393.
Montroulezenn, Morlaisienne, 384.
mor, mer, 387, 388.
morgablou, gl. aestuaria, 455.
mortér, mortez, mortier, 153.
mor-vieiz, loup marin, 387.
mous, (un) mousse, 3 50.
nafles, maladie honteuse, 359.
nealia, non certes, 392.
nec'h (d'an — ), en haut, 227.
nerraff, je ne fais pas, 1 52.
noter, notaire, 360.
noz, nuit, 360.
nulli, annuler, 391.
Numinoe, 412.
-0, plur., 341.
oa, oae, il était, 1 54.
oe, oedd, il fut, 1 54.
ostilh, outil, 366.
-ou, -aou, plur., 237.
-ouer, -our, 345.
oustilh, gaillard qui aime à s'amuser,
366.
-ouz, 342, 343.
oviçzer-vor « officier marinier », 387.
palwen, peulvan, 223.
paouérr, paue, pavé, 153.
pen, tête, 354; penn ar bloaz, au-
tomne, 393.
penbas, bâton à gros bout, 588, 389.
pengam, à tête penchée, 388.
peu), poteau, 223.
peulvan, pierre longue, pilier, 223,
389.
pevare, quatrième, 153.
Pharaon, Pharaon, 342.
piaou, il possède, il appartient, 339.
plijot, vousplairez, il vousplaira,3 39.
Plouegiz ar mor, habitants de Ploue-
zec, 383.
plous, paille, 342.
podaich, potage, 360.
Posidhoia(m), 94.
poulifr'en, miette, zeste, rien, 392.
pry, argile, 153.
qenec'h, colline, 227.
qestyl, qestell, châteaux^ 387.
quel an gouà, la Toussaint, 395.
queneu, noix, 227.
quere, cordonnier, 153.
quet, (ne) pas, 1 52.
rigouignat, grincer des dents, 366.
Riuallazr, 224.
Riwal, 225.
5o8 Table des principaux mots étudiés dans le tome XV.
Riuualoe, 225.
rodoed, gué, 98.
Roenhoiam, 94.
roll, rouleau, 351.
Roudouallec, 98.
sa ; na sa na là, (ne savoir) ni a m b,
346.
sabler, gésier, 367.
sagrin, chagrin, 391 .
sakrilaj, sacrilège, 389.
scourgez, scourgér, fouet, 15?.
scub-deliou, grande marée de Téqui-
noxe de septembre, automne, 392,
39J-
se, -là, 154.
sench, changer, 389.
skoemp, glissant, scabreux, ^64.
skouarn, oreille, 354, 364.
tablen, tableau, image, 359.
taffoessat, sasser, 361 .
takezen, la dernière crêpe ; imbécile,
362.
tamoes, tamis, 561.
tamoesenn, épi, 361 .
tan, feu, 338.
tanoùés, tamis, 361,
taoli, lancer, 222.
taonzen, épi, 361 .
taouledein, achever de mûrir, 3^9.
taoulet, usé, mûr, 3 ^9.
Telchruc, Te'gruc, 383.
Teliau, 104.
tarer, tarière, 587.
teurk, tique, 351, 360.
ti, maison, chez, 387.
tiriac, thériaque, 544.
tolven, table de pierre, dolmen, 222.
torein, casser, 362.
tort, bossu, 362.
Touaren « petit-fils », 361
Le Proprictaire-Gcrant :
tourbilhon, sorte de danse, 352.
tourc'h, verrat, 361.
tousek, crapaud, 351.
tra, chose, 95, 96, 385, 386.
trafikil, tranquille, 391 .
tredez, troisième, 153.
Treffmaeheuc, 99.
tremenvan, passage, 389.
Tremeoc, 99.
treut, maigre, 360.
trev, village, succursale, 4.
tryacql, tryacq, thériaque, 344.
trut, manière de s'y prendre, 367.
tuniq zo taniq, c'est égal, 345.
turgner, tourneur, 360.
turgner-douar, laboureur, 360, 361.
turier^ fouilleur, 360.
Tutuualart, 224.
Tutwal, 225.
uhel, élevé, 220.
uz : a uz, au-dessus de, 361.
va, mon, 385.
vad, bien, profit, 384-386.
-van, 223, 389.
varlene, l'année dernière, 153.
véd en nos, cette nuit, 97.
velc'h, rate, 3p.
vennein, vouloir, 385.
vénos, vez nos, cette nuit, 96, 97.
vertu, vertu, 155.
vikel vraz, grand vicaire, 384, 385.
uolante, volonté, 153.
vorn, four, grande bouche, 347.
-wal, 224, 225.
-uualart, 224.
-uualatr, 224.
waz 'ze, tant pis, 387.
well, mieux, 387.
Lluiuhoiam, 94.
Veuve E. BOUILLON.
Charires. — Imprimerie Durand, rue Fulbert.
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