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Full text of "Revue celtique"

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University  of  Ottawa 


littp://www.arcliive.org/details/revueceltique15pari 


REVUE   CELTIQUE 


TOME  XV 


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^y  H.     GAIDOZ  \^^ 

^v  1870-1885  \0^ 

^^^^  PUBLIÉE   SOLS    LA    DIRECTION    DE  ^^^ 

'''h.  d'arbois  de  jubainville 

Membre  de  l'Institut,  l'rofesseur  au  Col  ège  de  France 
AVEC   LE   CONCOURS   DE 

J.    LOTH  E.   ERNAULT 

Doyen  de  la  Faculté  des  Professeur  à  la  Faculté  des 

Lettres  de  Rennes  Lettres  de  Poitiers 

ET    DE    PLUSIEURS    SAVANTS    DES    ILES    BRITANNIQUES    ET    DU    CONTINENT 

G.    DOTTIN 

Maître  de  Conférences  à  la  Faculté  des  Lettres  de  Rennes 

Secrétaire  de  la  Rédaction 

Tome  XV 


a       ^(^l'b 


PARIS 

LIBRAIRIE    EMILE    BOUILLON,    ÉDITEUR 

67,    RUE  DE   RICHELIEU,    67 


1894 


581470 


TABLE    DES   MATIÈRES 


CONTENUES 


DANS  LE  TOME  XV 


Pages. 
ARTICLES  DE  FOND. 

Les  Celtes  en  Espagne,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville  (suite  et  tin).  i 
The  Fragment  of  the  Tdin  Bô  Cuaitngc  in  MS.  Egerton  93,  by  Max 

Nettlau  (suite  et  fin).    .          62,  198 

Notice  du  manuscrit   irlandais  de   la   bibliothèque  de  Rennes,   par 

Georges  Dottin y9 

Une  phrase  en  moyen  breton,  par  Emile  Ernault.        .....  149 

Confession  des  péchés  attribuée  à  saint  Patrice,  par  Samuel  Berger. .  1^5 

Index  de  l'article  «  les  Celtes  en  Espagne  »,  par  P.  Le  Nestour.  160 

Nennius  retractatus,  par  L.  Duchesne 174 

L'Espagne  chez  Homère,  par  Théodore  Reinach 209 

Le  celtique  broga  en  roman,  par  Antoine  Thomas 216 

Vie  de  saint  Guénolé,  mystère  breton  en  deux  journées  et  quatre  actes, 

par  P.  Le  Nestour 245 

The  Prose  Taies  in  the  Rennes  Dindsenchas,  by  Whitley  Stokes.     272,  418 

Etudes  bretonnes  :  IX.  Sur  l'argot  de  La  Roche,  par  Emile  Ernault.  3  37 

Esumopas  Cnusticus,  par  Salomon  Reinach 413 

An  old-irish  Treatise  de  arrêts,  by  K.  Meyer 485 

MÉLANGES. 

Un  ancien  usage  de  l'Église  celtique,  par  J.  Loth 92 

-ych  à  la  2"  personne  du  singulier  en  gallois,  par  J.  Loth.      ...  93 

-hoiam  zzL  hwyaf,  parJ.  Loth 94 

gw'c/fi/,  par  J.  Loth 95 


VI  Table  des  Matières. 

Restes  du  neutre  en  brittonique,  par  J.  Loth 95 

hyd,  fid;  fenos,  f:tez,p3ir  L  LoXh 96 

rot  guidon,  par  J.  Loth .  97 

Sctjiiûna^  Scquani,  par  J.  Loth 98 

csox,  par  J.  Loth 99 

gour,  par  J.  Loth 100 

A  propos  de  Ci?/;/;?!;)',  parJ.  Loth 100 

Gaufrei  de  Monmouth  et  le  Livre  de  Llandaf,  par  J.  Loth.      ...  101 

L'article  *scnto-,  irlandais  ind-,  dans  les  langues  brittoniques.     .      .  105 

Kassiteros,  par  Salomon  Reinach 107 

A  propos  de  giio/ïi  et  jic/îdr,  par  J.  Loth 220 

dolmen,  leachderch,  pculvan,  menhir,  cromlech,  par  J.  Loth.    .      .      .  221 

walatr,  walfaSir,  par  J.  Loth 224 

cndu,  nuss,  parJ.  Loth 227 

Encore  Se quana,  parJ.  Loth 368 

Remarques  sur  le  Livre  de  Llandaf,  par  J.  Loth 369 

Le  mot  désignant  le  cuir  en  germanique  et  en  celtique 370 

BIBLIOGRAPHIE. 

Silva  Gadelica,  a  collection  of  taies  in  Irish,  edited  from  MSS,  and 
translated  by  Standish  H.  O'Grady  (Kuno  Meyer  :  2^  et  5e  ar- 
ticles)  108,  371 

Le  mirage  oriental,  par  Salomon  Reinach  (***) 228 

Supplément  lexico-grammatical  au  Dictionnaire  pratique  français-bre- 
ton du  colonel  A.  Troude,  en  dialecte  de  Léon,  par  J.  Moal  (Emile 

Ernault) .      .      .      .  382 


NÉCROLOGIE. 

L'abbé  Eugène  Bernard 139 

Emile  Bouillon 139 


CHRONIQUE. 

Anscombe  (Alfred).  Sur  la  mort  de  gâte  pendant  Us  premiers  siècles  du 

S.    Columba,   sur   S.    Gildas    de  moyen  âge,  130. 

Ruys,  et  sur  la  chronologie  des  rois  Bernard    (J.-H.).    La    Bible    en    Ir- 

d'Irlande  au  vi^  s.,  402.  lande,  152. 

Archéologie,  235,  403.  Bezzenberger    (Adalbert).   Von  Sto- 

Berger  (Samuel).  Histoire  de  hi\Vul-  kes. 


Tdble  des  Matières. 


vil 


Blancliet(A.).  McUingcs  d\uchèologic 
gallo-romaine,  255. 

Cameron  (Alexandre).  Re.Uquiac  cel- 
ticat  :  texls,  pjpers,  and  studies 
in  Gaelic  liter.iture  and  philology, 
p.  p.  Alexandre  Macbain  et  John 
Kennedy,  401 . 

Carnavon  (Guide  archéologique  aux 
environs  de),  403. 

Deiisle  (Leopold).  Deux  documents 
pour  l'histoire  du  Collège  de  Fran- 
ce, 138. 

Droit.  Voir  Kovakwski. 

Duchesne  (l'abbé  Louis).  Fastes 
épiscopjux    de    rancienne    France, 

'33- 
Epigraphie  celtique,  237,403;    ibé- 
rique, 157;  latine,  140,  239,  243, 

403;  ogamique,  144,  145;  picte? 

242. 
Gaulois  à  Delphes.  408. 
Haverfield   (F.).   Roman  Inscriptions 

in  Brilain,  403. 
Hogan  (le  Père  E.).  Todd  Lectures, 

vol.  V,  398;  —  réélu  Todd  Lec- 

turer,  402. 
Holder.    Altceltischer    Sprachschatz, 

236. 
Hùbner  (Emile).  Monumenta  lin^uae 

ibericae,  137. 
Hyde     (Douglas).     Abhrdin    grddti 

chûige  Connacht,  1  29. 
Joyce.  Old  celtic  Romances,  399. 
Jusserand   (J.-J.).    Hisùjire    littéraire 

du  peuple  anglais,  t.  I,  402. 
Kenned)»  (John).  V^oir  Cameron. 
Kovalewsky.   Contume  contemporaine 

et  loi  ancienne,  131. 
Langardière  (Charles  de).  Inscription 

gauloise  de  Genouilly,  236. 
Larminie  (William).  IVci/  Irish  Folk- 

lales  and  Romances,  235. 


Le  Braz.  La  légende  de  la  mort  en 
Basse-Bretagne,  124. 

Lejay  (Paul).  La  Pharsale  de  Lucain, 
236. 

Llywarc'h  Reynolds.  Voir  Stephens. 

Loth  (J.l,  nommé  doyen  de  la  Fa- 
culté des  lettres  de  Rennes,  402. 

Loth  (Ferdinand).  Le  pays  de  Galles, 

'35- 

Macbain  (Alexandre).  Voir  Cameron. 

Mac-Sweeny  (J.-J.).  Rapport  à  la 
Société  pour  la  préservation  de  l'ir- 
landais, 138. 

Maxwell  (Herbert).  Scottish  land- 
names,  their  origin  and  meaning, 
234. 

Merlin  et  sa  légende,  240. 

Meusel  (H.).  Lexicon    Caesarianum, 

'37- 
Meyer  (Kuno).   Textes  irlandais  iné. 

dits,  237;  —  nommé  professeur  à 

l'Université  de  Liverpool,  402. 

Nennius.  126,  146,  244,  404.  Voir 
Zin^mer. 

Promotions  et  distinctions  honorifi- 
ques accordées  à  desceltistes,  402. 

Psautier  de  Cassel,  244. 

Rhys.   144,  410. 

Sépultures  antiques.  239,  243. 

Société  pour  la  conservation  de  la 
langue  irlandaise.  238. 

Stephens  (Thomas).  Madoc.  An  Es- 
say  on  the  discovery  of  America  by 
Madoc  ap  Owen  Gwynedd  in  the 
Iwelfth  certury,  p.  p.  Llywarc'h 
Reynolds,  123. 

Stokes  (WhitleyI.  [Vortschat:  der 
keltischen  Sprachcinh.it  (en  colla- 
boration avec  Adalbert  Bezzen- 
berger),  232;  —  Martyrologe  de 
Maelmaire  O'Gorman,  237;  articles 
divers,  141,  143,  144,   146,  410. 


Table  des  matières. 


Tristan  et  Iseut,  405. 
Les  (//)ii  sont-ils  Germains,  147. 
Vuigate.  Voir  Berger,  Bernard. 
Warren  (Rev.  F.-E.).  The  Antipho- 
nary  of  Bangor,   135. 


Zimmer  (Heinrich).  Ncnnius  uindica- 
tus,  126;  —  Sur  l'accentuation  du 
verbe  irlandais,  134;  articles  di- 
vers, 143,  244,  404,  410. 


PÉRIODIQUES  ANALYSÉS. 


Academy,  144,  242,  410. 

Annales  de  Bretagne,  14^,239,411. 

Annales  du  Midi,  259,  41 1. 

Anthropologie,  141. 

Archaeologia  Cambrensis,  144,  329. 

Boletin  de  la  Real  Academia  de  la 
Historia,  411. 

Bulletin  de  correspondance  helléni- 
que, 408. 

Comptes  rendus  de  l'Académie  des 
Inscriptions  et  Belles-Lettres,  404. 

Folklore,  146. 

Hermine,  409. 

Irish  Echo,  410. 

Journal  of  the  Royal  Society  of  An- 
tiquaries  of  Ireland,  243,  412. 

Literaturblatt  fur  germanische  und 
romanische  Philologie.  242. 


Mémoires  de  la  Société  de  Linguis- 
tique de  Paris,  145 . 

Neues  Archiv  der  Gesellschaft  fur  al- 
tère Geschichstkunde,  243,  404. 

Revue  archéologique,  142,  243. 

Revue  de  Paris,  405. 

Revue  de  philologie,  147. 

Revue  épigraphique  du  midi  de  la 
France,  146. 

Romania,  240. 

Sitzungsberichte  der  K.  Preussis- 
chen  Akademie  der  W isSenschaften 
zu  Berlin,  404. 

Transactions  of  the  Royal  Irish  Aca- 
demy, 1 3  2. 

Zeitschrift  fiJr  vergleichende  Sprach- 
forschung,  143. 


TABLE,  par  M.  E.  Ernault,  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  t.  XV 
de  la  Revue  Celticjue,  p.  499. 


LES    CELTES    EN    ESPAGNE 


Deuxième.  arlieJe 


Sommaire  :  §  9.  Les  Celtici  du  nord.  —  §  10.  La  Celtibérie,  étude  géographique.  — 
§  II.  Les  Celtibères  du  nord.  —  §  12.  Les  Celtibères  du  centre  et  de  l'est  ou  la 

Celtibérie  de  Ptolémée. §  15.  Les  Celtibères  de  l'ouest,  première  partie,  les 

Arevaci.  —  §  14.  Les  Celtibères  de  l'ouest,  seconde  partie,  les  Vaccaei.  —  §15.  Les 
Celtibères  du  sud.  —  §  16.  Les  Celtibères  pendant  la  seconde  guerre  punique.  — 
§  17.  Les  Celtibères  après  la  seconde  guerre  punique. 


§  9.  Les  Celtici  du  nord. 

La  ville  celtique  la  plus  septentrionale  de  la  région  située 
entre  le  bas  Tage  et  le  bas  Douro  paraît  avoir  été  celle  qu'on  ap- 
pelait au  temps  des  Goths  Calahria,  aujourd'hui  Castello-de- 
Calabre  en  Portugal,  province  de  Beira-Alta,  sur  la  rive 
gauche  du  Douro,  entre  la  frontière  d'Espagne  et  le  confluent 
de  la  Coa  avec  le  Douro,  c'est  probablement  la  Coeliobriga  de 
Ptolémée-  et  la  ville  à  laquelle  appartenaient  les  Caeilobricoi, 
d'une  inscription  trouvée  un  peu  au  sud-ouest  de  là,  à  Lamas- 
de-Moledo,  un  peu  au  nord  de  Vizeu,  province  de  Beira-Alta, 
en  Portugal  î. 

Entre  le  bas  Douro  et  le  Minho,  on  peut  nommer  quatre 
villes  celtiques,  Caladunum,  Neinelobriga,  CaJuhriga  et  proba- 
blement Bragance,  qui  doit  être  une  antique  Brigantia. 


1.  Voir  plus  haut  t.  XIV,  p.  357. 

2.  Ptolcmcc,  1.  II,  c.  6,  541-  Ed.  Didot,  t.  I,  p.  163,  1.  9. 

3 .  C.  I.  L.,  II,  n"  416,  pages  47,  695. 

Revue  Celtique,  XV. 


2  H.  d'Arbois  de  JnhainviUe. 

Cala-dunum  appartient,  suivant  Ptolémée,  aux  Calla'ici  Bra- 
carii,  peuple  d'origine  ibérique  dont  Bracani,  aujourd'hui 
Braga,  était  la  capitale  .^  Mais  Caladunurn  porte  un  nom  celtique, 
qui  est  identique  à  celui  d'un  village  de  France,  Châlons,  com- 
mune d'Argentré,  Mayenne,  appelé  CaJadunnum  dans  une 
charte  d'un  évoque  du  Mans  en  710 -.  Le  Caladunurn  portu- 
gais paraît  s'appeler  aujourd'hui  Cala  et  se  trouve  près  de 
Mont-Alcgre,  dans  la  partie  septentrionale  de  la  province 
portugaise  de  Traz-os-Montes,  district  de  Villareal,  près  de  la 
frontière  d'Espagne.  Le  Caladunurn  de  Portugal  a  donc  perdu 
son  second  terme  dunum.  Son  premier  terme  seul  conservé 
est  le  nom  primitif  de  Chelles,  près  de  Paris  ;  Chelles  s'est 
d'abord  appelé  Cala. 

Un  peu  plus  au  nord,  en  Espagne,  Galice  et  province 
d'Orense,  près  de  Puebla-de-Tribes,  à  Puente-de-Navea,  sur 
un  affluent  de  gauche  du  Minho,  est  l'emplacement  de  Ncmeto- 
briga,  ville  des  Tiburi,  suivant  Ptolémée  3,  Nemeto-briga  veut 
dire  «  château  du  temple  »,  ou  de  Nemetos,  nom  d'homme. 
Nanterre,  près  Paris,  qui  est  un  ancien  Ncmeto-durus ,  offre 
avec  Nevietû-briga  une  grande  analogie.  Calubriga,  un  peu  au 
nord  de  Nemetobriga,  sur  le  Sil,  affluent  de  gauche  du  Minho, 
est  aujourd'hui  probablement  La-Ru a-de-Valle-Orres,  pro- 
vince d'Orense  4. 

De  ces  noms  celtiques  on  ne  peut  séparer  Bragance  sur  un 
affluent  de  droite  du  Douro,  ii  peu  près  à  la  même  latitude 
que  Caladunurn,  et  située  comme  l'emplacement  de  cette  ville 
antique  en  Portugal,  sur  la  frontière  de  l'Espagne.  Bragance, 
qui  donne  son  nom  à  la  maison  royale  de  Portugal,  est  une 
ancienne  Brigantia.  Brigantia  est  dans  la  grande  Bretagne 
payenne  et  romaine  un  nom  de  divinité,  dans  l'Irlande  chré- 
tienne c'est  le  nom  d'une  sainte  qui  est  l'objet  d'une  dévotion 
particulière,  sainte  Brigite.  En  France,  le  thème  de  ce  mot 
développé   à  l'aide  du  suffixe  -0,  -onis,  a  donné  le  nom  de 

1 .  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  41  ;  p.  162,  1.  7. 

2.  Pardessus,  Diplomata,  II,  p.  477,  478.  Léon  Maître,  Dict.topogr.dela 
Mayenne,  p.  66. 

3.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  36,  p.  161,  1.  12. 

4.  C.  1.  L.,  II,  2610.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  37,  p.  162,  1.  2. 


Les  Celtes  en  Espagne.  ^ 

Briançon,  Brigantio,  -onis,  chef-lieu  d'arrondissement  du  dé- 
partement des  Hautes-Alpes, 

Mais  il  y  a  hors  de  France  deux  noms  de  lieu  qui  nous  offrent 
ce  thème  sans  développement,  ce  sont  deux  Brigantium  l'un 
en  Espagne,  —  il  va  en  être  question,  —  l'autre  aujourd'hui 
Bregenz,  sur  les  bords  orientaux  du  lac  de  Constance,  à  l'ex- 
trémité la  plus  occidentale  de  l'empire  d'Autriche. 

r>ans  la  région  située  au  nord  du  Minho,  en  Galice,  un  petit 
groupe  de  Celtici  se  maintint  distinct  des  Ibères  jusque  sous 
la  domination  romaine.  Les  Celtici  de  ce  canton  avaient  été 
pour  la  première  fois  attaqués  par  les  Romains  au  temps  du 
propréteur  D.  Junius  Brutus,  138-136  av.  J.-C,  nous  le  sa- 
vons par  Florus.  «  Decimus  Brutus  »,  nous  dit-il,  «  soumit  les 
«  Celtici,  les  Lusitani  et  tous  les  peuples  de  la  Gallaecia  (au- 
«  jourd'hui  Galice),  et  il  ne  fit  retourner  en  arrière  ses  éten- 
«  dards  qu'après  avoir  vu,  non  sans  crainte  de  commettre  un 
«  sacrilège,  le  soleil  tomber  dans  l'Océan  en  éteignant  ses 
«  feux  dans  les  eaux^  ».  «  Il  y  a  »,  dit  Strabon,  «  un  promon- 
«  toire  appelé  Nerios  où  se  terminent  à  la  fois  la  côte  septen- 
«  trionale  et  la  côte  occidentale  de  l'Espagne  (on  croit  géné- 
«  ralement  qu'il  s'agit  du  cap  Finistère),  autour  de  ce  promon- 
«  toire  habitent  les  Celtici,  ils  sont  parents  de  ceux  du  Gua- 
«  diana^  ».  Suivant  Pomponius  Mêla  qui  écrivait  un  peu  plus 
de  vingt  ans  après  Strabon,  vers  l'an  44  de  notre  ère,  ce  pro- 
montoire s'appelle  Celticus^  :  Neri  est  le  nom  d'un  peuple  cel- 
tique 4  qui  habite  auprès  de  ce  promontoire  et  dont  les  plus 
proches  voisins  au  sud  sont  les  Tamarici,  ainsi  nommé  du  Ta- 
maris, aujourd'hui  Tambre.  Le  Tambre  se  jette  dans  l'Océan, 
un  peu  au  sud  du  cap  Finistère.  Les  Tamarici  paraissent  être 
de  nationalité  ibérique,  mais  près  d'eux  Mêla  met  un  autre 
peuple  qui  porte  un  nom  celtique,  ce  sont  les  Praesa- 
marchi  :  dans  leur  territoire  coule  le  Tamaris  dont  nous  venons 
de  parler^  et  le  Sars,  aujourd'hui  Sar,  afBuent  de  l'Ulla,  qui  se 
jette  dans  l'Océan,  un  peu  au  sud  du  Tambre.  Le  nom  des 

1 .  Florus,  1.  II,  c.  17,  §  12. 

2.  Strabon,  1.  III,  c.  3,  §  5.  Ed.  Didot,  p.  127,  1.  28-31. 

3.  Pomponius  Mêla,  1.  III,  c.  i,  §  11. 

4.  Celtici  cognomine  Neri,  Pline,  1.  IV,  §111. 


4  H.  d'Arbois  de  Jiibainvillc. 

Praesamarci  paraît  se  composer  de  deux  termes,  l'un  est  le  gau- 
lois marco-s  «  cheval  »,  l'autre  présente  une  ressemblance  sin- 
gulière avec  le  premier  terme  du  nom  de  Prasu-tagus,  roi  des 
Iceni  en  Grande-Bretagne,  mort  sous  Néron  l'an  62  de  notre 
ère.  Pline  écrit  Praestamarci  le  nom  de  ce  peuple  et  ajoute  que 
ce  sont  des  Celtici^. 

Les  Artabri,  ou  mieux  Arotrehae,  sont  le  principal  des  peu- 
ples gaulois  de  cette  région.  Artabri  paraît  être  la  forme  ibé- 
rique de  leur  nom,  Arotrebae  la  forme  celtique.  Nous  con- 
naissons par  Strabon  ^  et  par  Pline  5  la  synonymie  de  ces  deux 
termes,  Mêla  dit  Artabri,  Pline  préfère  Arrotrebac^. 

Aro-trebae  est  un  mot  composé  dont  le  second  terme  est 
treba  :  on  le  retrouve  dans  le  nom  des  A-trebates,  en  français 
Arras  ;  la  racine  est  la  même  que  celle  de  l'irlandais  treh  «  ha- 
bitation »  et  du  breton  trcv  «  village,  succursale  ». 

Chez  les  Arotrebae  se  trouvait,  suivant  Strabon  5  et  Pto- 
lémée  ^,  un  port  que  l'on  croit  généralement  être  le  golfe  situé 
au  sud  du  cap  Finistère,  mais  que  d'autres  placent  un  peu 
plus  au  nord,  entre  Ferrol  et  La  Coruna. 

Ptolémée  attribue  au  même  peuple  une  ville  appelée  No- 
vio-n7,  qui  serait  Noya,  en  Galice,  province  de  La  Coruna,  à 
l'embouchure  du  Tambre.  Novio-n  est  h  neutre  d'un  adjectif 
gaulois  qui  veut  dire  «  nouveau  ». 

Les  Arotrebae  ont  dû  posséder  antérieurement  aux  conquêtes 
des  Carthaginois  et  des  Romains  une  ville  qui  leur  fut  en- 
levée par  les  Bracarii  Lucenses,  population  voisine  et  de  race 
ibérique:  c'était  Brigantium^  ou  Briga7itia9.  Elle  était  située 
sur  les  bords  de  l'Océan.   Jules  César,  pendant  son  gouver- 


1.  Celtici  cognomine  Praestamarci,  Pline,  1.  IV,  §111. 

2.  Strabon,  1.  III,  c.  3,  §  5.  Ed.  Didot,  p.  127,  1.  39. 

3.  Pline,  1.  IV,  §  114. 

4.  Pline,  1.  IV,  §  m,  1 19. 

5.  Strabon,  1.  III,  c.  3,  §  5.  Ed.  Didot,  p.  127,  1.  38. 

6.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  2.  Ed.  Didot,  p.  144,  1.  6. 

7.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  21  ;  p.  156,  1.  6. 

8.  Flavium  Brigantium,  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  4;  p.  143,  1.  9.  Dion 
Cassius,  1.  XXXVII,  c.  53. 

9.  Orose,  1.  I,  c.  2,  §  33;  éd.  Riese,  p.  64,  1.   25.  Cosynographia,  II, 
35;  éd.  Riese,  p.  98,  1.  3.  Notitia  dignitatum,  éd.  Boecking,  p.  115. 


Les  Celtes  en  Espagne.  5 

nement  d'Espagne  en  l'an  60  avant  notre  ère,  s'y  rendit  par 
mer  de  Cadix  avec  une  flotte  qui  étonna  beaucoup  les  habi- 
tants, car  ils  n'avaient  jamais  vu  tant  de  vaisseaux  réunis^. 
Plus  tard,  les  géographes  qui  écrivaient  avec  des  cartes  sous 
les  yeux  et  qui  n'avaient  pas  comme  César  visité  les  pays  dont 
ils  parlaient  imaginèrent  qu'à  Brigantia  il  y  avait  une  tour  du 
haut  de  laquelle  on  voyait  la  Grande-Bretagne-.  En  effet, 
dans  le  premier  segment  de  la  Table  de  Peutinger,  les  îles 
Britanniques  et  l'Espagne  sont  disposées  de  telle  façon  qu'un 
étroit  canal  seulement  les  sépare.  On  a  longtemps  admis  que 
BrigantiiDu  ou  Brigantia  était  Betanzos,  dans  la  province  de 
La  Corufia,  sur  le  Mundeo,  à  environ  dix  kilomètres  de 
rOcéan.  Il  est  plus  vraisemblable  que  c'est  La  Coruna,  ville 
située  sur  l'Océan  même. 

On  ne  peut  déterminer  d'une  taçon  précise  la  situation  de 
la  ville  appelée  par  Pline  Abo-brica>;  elle  est  peut-être  la  même 
que  Ado-hrica  de  Mêla  dont  la  situation  est  également  indé- 
terminée 4  et  que  Mêla  attribue  aux  Artahri.  Nous  ne  savons 
sur  quoi  repose  Ihypothèse  qui  fliit  considérer  cette  ville 
comme  identique  à  Bayona,  province  de  Pontevedra. 

§  10.  La  CeUibérie,  étude  géographique. 

Le  mot  celtibère  a  deux  sens  :  un  sens  étroit  et  un  sens 
large.  Dans  le  sens  étroit,  qui  est  celui  de  Ptolémée,  c'est-à- 
dire  le  sens  admis  au  deuxième  siècle  de  notre  ère,  les  Celti- 
bères  sont  la  partie  la  plus  orientale  des  populations  celtiques 
du  centre  de  l'Espagne.  Dans  un  sens  plus  large  et  admis  plus 
anciennement,  on  comprend  sous  le  nom  de  Celtibères  toutes 
les  populations  celtiques  de  l'Espagne  centrale.  Les  Celtibères, 
dans  le  sens  restreint  du  mot,  commencent  près  de  la  rive 
droite  de  l'Ebre,  en  Aragon,  au  sud-ouest  de  Saragosse,  et 
dans  la  province  de  ce  nom,  occupent  une  bande  de  terrain 


1.  Dion  Cassius,  1.  XXXVIII,  c.  53. 

2.  Voir  les  passages  d'Orosc  et  de  la  Cosmographie  cités  plus  haut. 
5.  Pline,  1.  IV,  5  112.  Ed.  Tcubner-Janus,  1870,  t.  I,  p.  180,  1.  24. 
4.   Mêla,  III,  I. 


(5  H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

qui,  de  là,  s'étend  au  sud  jusqu'au  bassin  du  haut  Tage,  du 
haut  Guadiana  et  du  haut  Jucar,  en  Nouvelle   Castille,  au 
sud-est  de  Madrid,  dans  les  provinces  de  Tolède  et  de  Cuença, 
en  poussant  une  sorte  de  pointe  à  l'est  jusqu'à  Segohriga,    au- 
jourd'hui Segorbe,  royaume  de  Valence,  province  de  Castellon. 
Mais  avant  Ptolémée,  on  a  donné  au  domaine  des  Celtibères 
un  grand  développement  tant  au  sud  qu'à  l'ouest.  Ainsi  Plu- 
tarque  nous  apprend  que  Sertorius,   tribun   des  soldats  sous 
les  ordres  de  Titus  Didius,  qui  commanda  en  Espagne  de  98 
à  93   av.  J.-C,  passa  un  hiver  à  Castulon,  ville  des  Celti- 
bères ^  Or,  déjà  suivant  Strabon  qui  écrivait  sous  Tibère  un 
peu  plus  d'un  siècle  après  les  campagnes  de  Titus  Didius  en 
Espagne,    Castulon   est   une    des   deux  villes  principales  des 
Oretani^.  Les   Oretani  sont  un    peuple    celtibère.    Ptolémée, 
parlant  à'Oretum,  ville  qui  leur  a  donné  son  nom,  l'appelle 
Oretum  des  Germains  3  ;  c'était  déjà  la  doctrine  de  Pline  qui 
nous   apprend  que  les   Oretani   s'appellent  aussi   Gcrmani'^. 
Germanus    est  un  mot  celtique  ;  cette  dénomination  montre 
que  les  Oretani  étaient  d'origine  celtique  et  explique  comment 
Castulon,  une  de  leurs  villes  principales,  était  celtibère.  Or 
Castulon  est  aujourd'hui  Cazlona,  dans  le  bassin  du  haut  Gua- 
dalquivir,   en  Andalousie,  province  de  Jaen.  Dans  la  même 
province  et  dans  le  même  bassin,  les  Oretani  avaient  les  deux 
villes  de  Salaria  5  et  de  Tiiia  ^.  L'importance  de  la  position  de 
Castulon  était  considérée  comme  très  grande  dans  l'antiquité, 
parce  que  dans  le  voisinage  se  trouvaient  des  mines  d'étain  et 
que  cet  étain  contenait  de  l'argent.  C'est  Strabon  qui  nous 
l'apprend  7;  suivant  lui,  cet  argent  est  en  trop  petite  quantité 
pour  valoir  la  peine  d'être  extrait  de  l'étain.  Mais  au  troi- 
sième siècle  avant  notre  ère,  il  y  avait  aux  environs  de  Castulon 
des  filons  argentifères  dont  l'exploitation  était  avantageuse;  en 


1.  Plutarque,  Sertorius,  c.  3,^  3.  Ed.  Didot,  p.  679,  1.  21. 

2.  Strabon,  1.  III,  c.  3,  §  2.  Ed.  Didot,  p.  426,  1.  32,  33. 

3.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  58;  p.  181,  1.  i. 

4.  Pline,  1.  III,  c.  23. 

5.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  58;  p.  180,  1.  7. 

6.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  58;  p.  182,  1.  5. 

7.  Strabon,  1.  III,  c.  2,  §  10.  Ed.  Didot,  p.  122,  1.  4--45- 


Les  Celtes  en  Espagne.  7 

effet,  Polybe  nous  montre  en  209  av.  J.-C.  Hasdrubal  campé 
dans  la  campagne  de  Castulon,  près  des  mines  d'argenté  Les 
Celtibères  s'étaient  donc  emparés  d'une  partie  des  mines  d'ar- 
gent de  l'Espagne.  11  est  évident  que  les  Celtibères  sont  arrivés 
même  plus  au  sud  que  Castulon,  Salaria  et  Tuia,  c'est-à-dire 
qu'ils  ont  pénétré  au  sud  du  Guadalquivir,  dans  la  Bétique. 
On  a  trouvé  à  Luque,  en  Andalousie,  province  de  Cordoue, 
au  sud-est  de  cette  ville,  l'épitaphe  de  Fabia  Fabiana  Esttledu- 
nensis,  originaire  par  conséquent  d'une  ville  appelée  Esttle- 
dunum-.  Enfin  Pline  mentionne  parmi  les  villes  de  la  Bétique 
un  Arial-diiniDHy.  Rappelons  enfin  ce  qu'au  §  7  (Revue  Cel- 
tique, t.  XIV,  pages  383-385)  nous  avons  dit  des  villes  celti- 
bériennes  de  Certima  et  de  Munda,  toutes  deux  situées  en 
Andalousie,  l'une  dans  la  province  de  Malaga,  l'autre  dans  la 
même  province  ou  dans  celle  de  Cadix.  L'établissement  des 
Celtibères  dans  l'Andalousie  orientale  est  un  fait  parallèle 
pour  ainsi  dire  à  l'établissement  des  Celtici  dans  l'Andalousie 
occidentale.   Voir  plus   haut  §   8   ÇRevue  Celtique,    t.    XI\^ 

p.  386-391)- 

Au  temps  de  Pline,  c'est-à-dire  environ  un  demi-siècle 
avant  Ptolémée,  la  Celtibérie  s'étendait  à  Fouest  jusqu'à 
Clunia^,  dans  la  Vieille  Castille,  province  de  Burgos,  en  sorte 
que  les  Arcvaci,  dont  Clunia  est  une  ville,  étaient  compris  dans 
la  Celtibérie).  C'est  déjà  la  doctrine  de  Strabon  chez  qui  les 
Arevaci  sont  une  subdivision  des  Celtibères^. 

Mais  antérieurement  à  Strabon  et  à  Pline  on  comptait  aussi 
parmi  les  peuples  celtibères  les  Vaccaei.  Quand  en  l'année  151 
av.  J.-C,  le  consul  Licinius  Lucullus  attaqua,  comme  dit  Ap- 
pien,  sans  aucune  bonne  raison  et  uniquement  par  amour  de 
la  gloire  et  du  pillage,  les  Vaccaei  qui  n'avaient  commis  contre 
Rome  auCun  acte  d'hostilité,  ce  peuple  était  considéré  comme 


1 .  Polvbe,  1.  X,  c.  38,  5  7  ;  2«:  éd.  de  Didot,  t.  I,  p.  469;  cf.  Tite-Livc, 
1.  XXVlf,  c.  18. 

2.  C.  I.  L.,  II,  1601. 

3.  Pline,!,  m,  :;  10. 

4.  Piolémée,  1.  ill,  §  13. 

5.  Pline,  1.  III,  c.  19;  cf.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  ^  55;  p.  173,  1.  9. 

6.  Strabon,  1.  III,  c.  4.  ^  13.  Edition  Didot,  p.  155,  1.  51-35. 


8  H.  d'Arbols  de  Jnhainville. 

une  nation  celtibérienne  ^  Or,  le  territoire  des  Vaccaci  s'est 
étendu  de  celui  des  Arevaci,  c'est-à-dire  de  la  province  de 
Burgos  en  Vieille  Castille,  à  l'est,  jusqu'aux  environs  de. la  fron- 
tière du  Portugal,  dans  le  royaume  de  Léon,  provinces  de  Za- 
mora  et  de  Salamanque.  Oceluiu  Duri  paraît  être  la  ville  même 
de  Zamora,  sur  le  Duero  ;  SaJmantica  est  Salamanque,  chef- 
lieu  de  la  province  de  même  nom,  et  située  sur  un  affluent 
de  gauche  du  Duero.  Or,  Ptolémée,  quand  il  écrivait  son 
livre,  avait  entre  les  mains  deux  documents  contradictoires, 
l'un  plus  récent  attribuait  ces  deux  villes  aux  Vetîones,  peuple 
ibérique,  l'autre  plus  ancien  les  donnait  aux  Vaccaci,  par  con- 
séquent aux  Celtibères^. 

Ainsi  le  territoire  des  Celtibèresa  été  antérieurement  à  Pline 
et  à  Ptolémée  beaucoup  plus  étendu  au  sud  et  à  l'ouest  que 
du  temps  de  ces  géographes;  il  en  était  de  même  au  nord 
comme  on  verra  dans  le  paragraphe  suivant. 

§11.  Les  Celtihcrcs  du  nord. 

Strabon  nous  apprend  qu'à  l'époque  où  il  écrivait,  sous  Ti- 
bère, un  peu  avant  Tan  20  de  J.-C,  les  Celtibères  habitaient 
sur  les  deux  rives  de  l'Ebre,  par  conséquent  au  nord  de  ce 
fleuve,  et  qu'ils  approchaient  des  côtes  de  la  Méditerranée^. 
C'est  en  conséquence  de  cela  qu'il  met  chez  les  Celtibères  la 
colonie  romaine  de  Caesar  Aiigusta,  aujourd'hui  Saragosse^,  et 
que  nous  trouvons  sur  la  rive  septentrionale  de  l'Ebre  une  ville 
à  nom  celtique,  Octogcsa.  Le  nom  de  cette  ville  apparaît  deux 
fois  en  l'année  49  avant  notre  ère,  dans  le  récit  des  opérations 
militaires  faites  par  César  contre  les  lieutenants  de  Pompée  >. 
Octogcsa  est  un  composé  de  deux  termes  :  octo-,  le  premier, 
est  identique    au   premier  terme    d'Octo-durus,    aujourd'hui 


1.  Appien,  De  rclnis  hispaniensîhus ,  §  )i.  Ed.  Didot,  p.  53. 

2.  Sur  l'attribution  de  ces  deux  villes  aux  Vaccaci,  voyez  Ptolémée,  1.  II, 
c.  6,  §  49;  p.  167,1.  3,  et  168,  1.  I.  Sur  l'attribution  aux  Vcttoiics,  1.  II, 
c.  5,  Sv;  P-  140,1.  7,  et  p.  141,  1.  2. 

3.  Strabon,  l.  III,  c.  4,  §  20  ;  Ed.  Didot,  p.  138,  1.  44-46. 

4.  Strabon,  1.  III,  c.  2,  §  15.  Ed.  Didot,  p.  125,  1.  34. 

5.  César,  De  bclîo  civili,  1.  I,  c.  61,  70. 


Les  Celtes  en  Espagne.  9 

Martigny-en^Valais,  où  Galba,  lieutenant  de  César,  campa 
l'an  56  avant  notre  ère  ^  Quant  à  gcsa,  c'est  le  nom  de  la 
lance  gauloise,  c'est  le  premier  terme  du  nom  de  lieu  Geso- 
cribatc,  conservé  par  la  Table  de  Peutinger  et  qui  désigne  une 
localité  située  en  France,  dans  le  département  du  Finistère-. 
On  en  a  fait  un  dérivé  *Gesorius,  qui  veut  dire  celui  qui  fa- 
brique ou  celui  qui  manie  l'arme  appelée  ^v^z/w  ;  de  là,  le  nom 
de  GcsoriacHS,  aujourd'hui  Boulogne-sur-Mer,  en  France, 
département  du  Pas-de-Calais.  De  là  aussi  le  nom  des  Gesso- 
ricnscs,  peuple  évidemment  celtibère  et  des  environs  du  bas 
Ebre,  puisque  sous  la  domination  romaine  ce  peuple  fréquen- 
tait le  convcntus  Tarracomnsis.  Tarraco,  chef-lieu  de  cette  cir- 
conscription territoriale,  est  aujourd'hui  Tarragona,  en  Ca- 
talogne, sur  la  Méditerranée,  au  nord-est  de  l'embouchure  de 
l'Ebre. 

Mais  au  temps  où  écrivait  Ptolémée,  les  Celtibères  ne  dé- 
passaient plus  l'Ebre,  déjàSaragosse,  qui  est  sur  la  rive  gauche, 
est  chez  Ptolémée  une  ville  des  Edetani  ou  Scdctani  3  et  c'est 
un  peuple  d'origine  ibérique.  La  ville  elle-même  de  Saragosse 
doit  être  de  fondation  ibérique.  Son  nom  primitif  Salduha^, 
qu'on  retrouve  en  Bétique  î  chez  les  Turduli^,  paraît  étranger 
à  la  langue  des  Celtes,  mais  son  territoire  a  dû  appartenir  aux 
Celtibères  quand  leur  domination  s'étendait,  comme  dit 
Strabon,  sur  les  deux  rives  de  l'Ebre.  Il  n'y  a  donc  aucune 
raison  pour  refuser  d'admettre  que  plus  au  nord-est,  dans  la 
province  de  Gerona  ou  Girone,  Besalù,  plus  anciennement 
BisulduiiuiJi,  ait  appartenu  aux  Celtibères. 

Antérieurement  à  la  conquête  romaine,  le  territoire  des 
Celtibères  dut  aussi  avoir  au  nord-est  une  étendue  beaucoup 
plus  considérable  que  celle  qu'il  eut  sous  la  domination  des 
Romains  :  il  comprit  le  territoire  des  Bcrones,  des  Caristi,  des 


1.  De  heUogalUco,  1.  III,  c.  i. 

2.  Desjardins,  Géographie  de  la  Gaule  d'après  la  carte  de  Peutinger,  p.  199. 
5 .  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  5  62  ;  p.  185,  1.  8. 

4.  Pline,!.  III,  524. 

5.  Pline,  1.  m,  S  8. 

6.  Ptolémée,  1,  II,  c.  4,  5  9;  p.  118,  1.  i.  Cf.  §  7,  p.  112,  1.  7. 


10  H.  d'Arbols  de  Jubainville. 

Autrigones  et  des  Tunnodigi  et  ainsi  atteignit  sur  les  côtes 
septentrionales  de  l'Espagne  l'océan  Atlantique,  tandis  qu'à 
l'opposite  il  joignait  de  très  près  les  côtes  de  la  Méditerranée, 
sans  toutefois  les  atteindre. 

Strabon,  qui  distingue  les  Berones  des  Celtibères,  dit  à  deux 
reprises  que  les  Berones  sont  d'origine  celtique^,  il  met  chez 
eux  Varia,  sur  la  rive  droite  de  l'Ebre,  un  peu  au  sud  de  Lo- 
groiïo.  Vieille  Castille.  Tite-Live  parle  de  cette  ville  dans  son 
récit  des  opérations  de  la  guerre  £iite  l'an  77  avant  notre  ère, 
à  Sertorius  par  le  général  romain  Q.  Caecilius  Pius,  et  il  y 
mentionne  une  ville  voisine,  mais  située  au  nord  de  l'Ebre, 
probablement  entre  Logroiio  et  Viana,  Navarre,  et  qui  s'appe- 
lait Contrehia  ou  Leucas.  Le  nom  de  Contrehia  est  certainement 
celtique  et  paraît  signifier  «  groupe  d'habitations  ».  Cette  ville 
appartenait  aussi  aux  Berones-. 

Le  nom  des  Caristi  est  dérivé  du  nom  d'homme  Caros,  au 
moyen  d'un  suffixe  -isto-,  qu'on  trouve  aussi  dans  un  autre 
nom  de  peuple  celtique,  les  Tolisto-bogii  qui  se  sont,  comme 
on  sait,  établis  en  Asie  Mineure.  Caros  est  un  nom  celtique, 
il  était  porté  en  l'an  153  avant  notre  ère  par  un  habitant  de 
Segeda.  Caros,  choisi  comme  général  par  les  Arevaci,  gagna 
sur  le  consul  romain  Quintus  Fulvius  Nobilior  une  bataille  où 
périrent  six  mille  Romains  et  où  le  vainqueur  lui-même 
perdit  la  vie  3.  Segeda,  sa  patrie,  était  une  ville  des  Belli,  na- 
tion celtibérienne4.  Chez  les  Caristi  coulait  la  Dèva,  petite 
rivière  dont  le  bassm  fait  partie  de  la  province  de  Guipuzcoa 
et  qui  se  jette  dans  le  golfe  de  Bizcaye.  La  Dèva  porte  un 
nom  celtique  qui  veut  dire  «  la  Divine  ».  Ason  embouchure  le 
territoire  des  Caristi  était  baigné  par  l'Océan  5.  Plus  dans 
l'intérieur  des  terres,  ils  avaient  une  ville  qui  porte  aussi  un 
nom  celtique:  Ptolémée  V appelle  Suestasion^,  mais  il  fliut  cor- 
riger Suessation,  c'est  l'orthographe  de  V Itinéraire  d'Antonini. 

1 .  Strabon,  I.  III,  c.  4,  §  5  et  12,  p.  131,  1.  26;  p.  134, 1.  40-43. 

2.  Tite-Live,  trag.  du  livre  XCI. 

3.  Appien,  De  rehus  liispamensihus,  c.  45,  p.  51. 

4.  Appien,  De  rébus  hispaniensibiis,  c.  44,  p.  51. 

5.  Ptolémée,  1.  II,  c.  o,  §  8,  p.  147,  I.  10. 

6.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  44,  p.  188,  1.  5. 

7.  Suessalio  à  l'ablatif.  liméraire  d'Anloviu,  p.  454,  1.  g. 


Les  Celtes  en  Espagne.  1 1 

De  là  le  nom  des  Suesictani.  En  l'an  212  av.  J.-C,  les  Sues- 
setani  envoyèrent  aux  généraux  carthaginois,  Magon  et  Has- 
drubal,  qui  tenaient  tête  à  Publius  Scipion  en  Espagne,  un  corps 
auxiliaire  de  sept  mille  cinq  cents  soldats.  Publius  Scipion 
alla  au  devant  de  cette  petite  armée,  lui  livra  une  bataille  qu'il 
perdit  et  où  il  fut  lui-même  tué  ^  Six  ans  plus  tard,  les  Sues- 
setani  étaient  alliés  des  Romains,  tandis  que  le  reste  des  Celti- 
bères  soutenaient  le  parti  des  Carthaginois  et  venaient  ravager 
le  territoire  des  Suessetani ^ .  En  195,  les  Suessetani  se  soumi- 
rent au  consul  M.  Porcins  Cato.  En  184,  A.  Terentius  assiégea 
et  prit  aux  Suessetani  la  ville  de  Corbio  dont  il  fit  vendre  les 
habitants  comme  esclaves  3,  Le  nom  àes  Suessetani,  comme  celui 
de  la  ville  de  Suessation,  ne  diffère  que  par  le  suffixe  du  nom 
des  Suessiones,  peuple  gaulois,  et  le  nom  des  Suessiones  est  de- 
venu en  français  Soissons,  aujourd'hui  chef-lieu  d'arrondis- 
sement du  département  de  l'Aisne.  Les  Suessetani  sont  une 
subdivision  des  Caristi,  peuple  d'origine  celtique.  Suessation, 
leui  capitale,  était  située  dans  la  province  d'Alava,  une  des  pro- 
vinces basques,  entre  Vitoria  et  Alegria,  au  nord  de  l'Ebre. 

Les  Autrigones,  voisins  des  Caristi  à  l'ouest,  doivent  avoir  la 
même  origine.  Leur  nom  à' Autrigones  doit  être  une  notation 
grecque  du  celtique  *  Autrigenae'^.  Les  Autrigones  avaient  cinq 
villes  dont  les  noms  sont  certainement  celtiques  :  une  d'entre 
elles,  sur  l'Océan,  dans  le  golfe  de  Bizcaye,  s'appelait  Flavio- 
briga  ;  elle  était  située  en  Bizcaye,  entre  l'embouchure  de  la 
Dêva  et  celle  de  la  Nerva,  aujourd'hui  Nervion,  qui  passe  à 
Bilbao5.  La  première  partie  du  nom  de  Flavio-hriga  paraît  re- 
monter seulement  au  règne  de  Vespasien,  elle  remplace  pro- 
bablement un  autre  mot  plus  ancien.  Mais  quant  à  la  seconde 
partie  elle  est  celtique  comme  les  noms  de  quatre  autres  villes  du 
même  peuple  :  Uxama,  Scgisamonculum,  Deobriga  et  Vindeleia. 


1 .  Titc-Live,  1.  XXV,  c.  34. 

2.  Tite-Livc,  1.  XXVIII,  c.  24. 
5.   Titc-Live,  1.  XXXIX,  c  42. 

4.  Leur  nom  est  peut-être  le  même  que  celui  des  Origcuoinesci  qui  leur 
sont  associés  par  Mêla,  1.  III,  c.  1,^15:  Per  Autrigones  et  Origenomescos 
Namnasa  descendit. 

5.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  7,  p.  147,  1.  8. 


12  H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

Uxama  veut  dire  la  très  haute,  c'est  un  superlatif  de  la  ra- 
cine ux  qu'on  trouve  avec  un  suffixe  différent  dans  le  nom 
gaulois  d'Uxellodunum.  Il  y  avait  en  Espagne  deux  Uxama 
qui,  toutes  deux,  s'appellent  Osma  aujourd'hui  ;  l'une  était 
chez  les  Arcvaci,  nous  en  parlerons  plus  loin  ;  celle  des  Autri- 
gones  se  distinguait  de  l'autre  par  le  surnom  carthaginois  de 
Barca.  Uxama  Barca  ^  est  aujourd'hui  Osma,  dans  la  province 
basque  d'Alava,  au  nord  de  l'Ebre. 

Les  autres  villes  des  Autrigones  qui  portent  un  nom  celtique 
étaient  situées  en  Vieille  Castille,  dans  la  partie  nord-est  de  la 
province  de  Burgos,  au  sud  de  l'Ebre.  Ce  sont,  en  allant  du 
nord  au  sud  :  Deobriga,  aujourd'hui  Miranda-de-Ebro,  Fin- 
âckia,  aujourd'hui  Pancorvo,  et  Segisamonculum,  un  peu  à  l'est 
de  Bribiesca,  autrefois  Virovesca,  qui  a  aussi  appartenu  aux 
Autrigones-.  Deobriga,  probablement  pour  Dèvobriga,  signifie 
château  de  Deos,  mieux  Dèvos,  c'est-à-dire  «  château  du  dieu  »  (ou 
des  dieux).  VindeJeia  dérive  d'un  thème  vindelo-,  d'où  vient 
aussi  le  nom  des  Vindelici,  peuple  celtique  établi  au  sud  du  Da- 
nube, à  l'est  des  Elvetii,  dans  une  région  qui  est  aujourd'hui 
la  partie  méridionale  du  Wurtemberg  et  de  la  Bavière.  Le 
thème  vindelo-  vient  du  thème  vindo-  qui  veut  dire  «  blanc, 
beau,  heureux  ».  Scgisamoncuhwi  est  un  dérivé  latin  de  Segi- 
samo,  -onis,  nom  d'une  ville  des  Turmodigi,  qui  est  lui-même 
un  dérivé  de  Segisafna,  nom  de  ville  dont  il  sera  question 
plus  loin.  Segisama  est  une  formation  analogue  à  Bdisama, 
nom  à  la  fois  d'une  divinité  gauloise  et  d'un  golfe  de  Grande- 
Bretagne.  Bdisama  est  soit  un  dérivé  du  thème  belo-,  soit  un 
composé  dont  belo-  est  le  premier  terme  ;  on  trouve  belo-  dans 
deux  noms  d'homme  celtibères  :  i°  Cerdu-belus  porté  par  un 
habitant  de  Castulon  l'an  206  avant  notre  ère  5  ;  2°  Antu-belus, 
nom  du  père  de  Boutius,  dont  on  a  trouvé  l'épitaphe  à  Alcan- 
tara,  dans  l'Estremadure  espagnole,  sur  le  Tage,  province  de 


1.  Ptolémce,  1.  II,  c.  6,  §  52,  p.  170,  1.  11.  L'exactitude  de  cette  lec- 
ture est  confirmée  par  une  inscription  trouvée  à  Lara-de-Ios-Infantes,  pro- 
vince de  Burgos  ;  c'est  l'épitaphe  d'un  ffsclave  dont  le  maître  était  originaire 
à'Uxanui-Barca.  C.  I.  L.,  Il,  2854. 

2.  Ptoléméc,  1.  II,  c.  6,  §  52,  p.  171,  1.  i,  4  et  5. 
3  .  Tite-Live,  1.  XXVIII,  c.  20. 


Les  Celtes  en  Espagne.  1 5 

Cacercs  ^  ;  le  thème  bclo-  paraît  désigner  l'acte  de  tuer  quel- 
qu'un. Segisama  vient  du  thème  sego-  qu'on  trouve  aussi  dans 
Segobriga  et  qui  désigne  l'acte  d'atteindre  le  but,  par  consé- 
quent de  vaincre,  de  triompher. 

Les  Turmodigi,  comme  Pline  les  appelle,  sont  les  Murhogi 
de  Ptolémée  ;  ils  habitaient  à  l'ouest  des  Autrigones,  dans  la 
partie  du  bassin  du  Duero  qui  est  le  plus  au  nord-est,  en 
Vieille  CastilUe,  dans  la  partie  septentrionale  de  la  province 
de  Burgos,  au  nord  de  cette  ville  ;  on  trouvait  chez  eux  Segi- 
samo  dont  Pline  appelle  les  habitants  Scgisamoncnses-.  Pto- 
lémée l'appelle  Scgisanwn,  c'est  aujourd'hui  Sasamon  5,  un 
peu  au  nord-est  de  Burgos.  Plus  au  nord  était  Deobrigula,  à 
quelque  distance  à  l'ouest  de  Huermeces-^.  Deobrigula  est  un 
diminutif  de  Deobriga,  nom  d'une  ville  des  Autrigones  déjà 
mentionnée. 

A  ces  noms  de  ville  évidemment  celtiques,  Pline  ajoute 
Segisama  JuJia  dont  il  appelle  les  h^h'itwMs  Segisama-julienses. 
Ptolémée  attribue  cette  ville  aux  Vaccaei").  Cette  ville  a  été 
connue  de  Polybe  au  deuxième  siècle  avant  notre  ère  :  il  l'ap- 
pelle Segesama  et  l'attribue  soit  aux  Vaccaei,  soit  aux  Celti- 
bères.  Le  texte  original  est  perdu,  nous  ne  le  connaissons  que 
par  une  analyse  de  Strabon  qui  manque  de  clarté^.  L'an  26 
avant  notre  ère,  l'empereur  Auguste  y  campa,  et  ce  fut  de  là 
qu'il  partit  pour  aller  soumettre  les  Canîabri  qui,  révoltés 
contre  les  Romains,  faisaient  de  fréquentes  incursions  dans  le 
pays  des  Vaccaei,  des  Murbogi  (?)  et  des  Autrigones,  sujets 
fidèles  de  l'empire  7.  Segisama  était  donc  situé  sur  les  confins 
des  Ca)itabri,  des  Turmodigi  et  des  Vaccaei,  c'est-à-dire  pro- 


1.  C.  /.  L  ,  II.  756. 

2.  Pline,  1.  III,  'l  26.  L'orthographe  de  Pline  est  confirmée  par  une  ins- 
cription où  se  trouve  le  génitif  pluriel  Segisamonensiuiu,  C.  I.  L.,  II,  2915. 
Cette  inscription  a  été  trouvée  à  environ  six  lieues  au  nord-ouest  de  Burgos, 
en  Vieille  Castille,  province  de  Santander,  entre  Reinosa  et  Henestrosas. 

3.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6    §  51,  p.  170,  I.  7. 

4.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6.  §  51,  p.  170,  1.  5. 

5 .  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  49,  p.  167,  1.  i. 

6.  Strabon,  1.  III,  c   4,  §  13.  Ed;  Didot,  p.  135,  1.  12-14. 

7.  Florus,  1.  IV,  c.  12,  §  47,  48.  Cf.  Orose,  1.  VI,  c.  21. 


14  H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

bablement  à  peu  de  distance  de  Sasamon,  au  nord-est  de 
Burgos.  Il  y  avait  en  Espagne  deux  Segisama  :  l'une  est  Segi- 
sama  Julia  dont  il  est  ici  question,  l'autre  est  Segisama  Bra- 
saca,  où  était  né  le  légionnaire  C.  Julius  Reburrus  dont  l'épi- 
taphe  a  été  trouvée  à  Tarragone  ^ . 

On  vient  de  voir  que  les  Turmodigi  touchaient  aux  Can- 
tabri  ;  il  y  a  donc  lieu  de  croire  que  c'est  aux  dépens  des  Tw- 
niodigi  que  Ptolémée  attribue  aux  Cantabri,  peuple  ibère,  la 
ville  de  Julio-briga.  Le  second  terme  du  nom  de  cette  ville  est 
celtique  ;  le  premier  terme  paraît  rappeler  la  campagne  d'Au- 
guste chez  les  Cantabres.  On  croit  reconnaître  l'emplacement 
de  Juliobriga  à  Reinosa,  en  Vieille  Castille,  province  de  San- 
tander,  au  sud  de  la  chaîne  cantabrique,  dans  le  voisinage  de 
l'emplacement  où  s'est  trouvée  l'inscription  qui  nous  conserve 
le  nom  des  Segisanwnenses  ^. 

§  12.  Les  Celtîbères  du  centre  et  de  l'est  ou  la  Celtibcrie  de  Ptolémée. 

La  Celtibérie  de  Ptolémée,  dans  le  sens  restreint  du  mot, 
comprenait  :  i°  une  portion  du  bassin  de  l'Ebre  moyen  sur  la 
rive  méridionale,  c'est-à-dire  le  pays  arrosé  par  le  Jalon, 
affluent  de  droite  de  ce  fleuve  ;  2°  la  région  élevée  où  se  trou- 
vent, d'une  part,  les  sources  du  Tage  et  du  Guadiana  qui  se 
jettent,  comme  on  sait,  dans  l'océan  Atlantique,  d'autre  part, 
celles  du  Jucar  et  du  Guadalaviar  qui  se  jettent  dans  la  Méditer- 
ranée. Sego-briga  est  la  seule  ville  de  la  Celtibérie  propre  qui 
soit  en  dehors  de  ces  deux  parties  de  l'Espagne.  Elles  com- 
prennent, en  Vieille  Castille,  la  portion  occidentale  de  la  pro- 
vince de  Soria,  en  Nouvelle  Castille,  les  provinces  de  Guada- 
lajara  et  de  Cuença,  la  partie  orientale  de  celle  de  Tolède,  en 
Aragon,  la  province  de  Saragosse  et  la  partie  occidentale  de 
celle  de  Teruel. 

Dans  la  province  de  Saragosse  étaient  situées  Nertobriga,  Bil- 
bilis  et  Attacum. 


1.  CI.  L.,  11,4157. 

2.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  50,  p.  169,  1.  4. 


Les  Celtes  en  Espagne.  1 5 

Nertobriga  est  aujourd'hui  La-Almunia-de-Dona-Godina  ^ 
La  situation  de  cette  ville  est  fixée  parce  qu'elle  est  placée  par 
Vlîinéraire  d'Antonin  sur  la  route  de  Mérida  à  Saragosse, 
entre  Bilhilis  et  Segontia-.  Nertobriga  fut  en  l'an  152  avant 
notre  ère  assiégé  par  le  consul  M.  Claudius  Marcellus  qui  con- 
traignit les  habitants  à  traiter  et  obtint  en  même  temps  la  sou- 
mission des  Arevaci.  Ce  succès  de  Marcellus  fit  une  grande 
impression  sur  l'esprit  des  Romains.  Polybe  '  et  Appien  4  l'ont 
raconté  en  grec,  Florus  5  et  Valère  Maxime  6,  en  latin,  ont 
chanté  la  louange  du  général  romain  qui  eut  la  gloire  de 
pardonner  aux  habitants  de  Nertobriga. 

Bilbilis  était  situé  près  de  Calatayud/;  la  mention  la  plus 
ancienne  que  nous  ayons  de  cette  ville  se  trouve  chez  Strabon, 
il  associe  son  nom  à  celui  de  Segobriga  et  dit  que  près  de  ces 
villes  Metellus  et  Sertorius  ont  fait  la  guerre  ^  ;  on  sait  que 
Q..  Caecilius  Metellus  fut  envoyé  par  Sulla  combattre  Sertorius 
en  Espagne  l'an  79  avant  notre  ère  et  qu'il  lutta  avec  succès 
contre  son  habile  adversaire  jusqu'à  l'assassinat  de  Sertorius  en 
73.  Mais  la  principale  célébrité  de  Bilbilis  tient  à  ce  qu'elle  a 
été  la  patrie  du  poète  Martial.  L.  Valerius  Martialis  naquit  à 
Bilbilis  vers  l'an  42  de  J.-C.  Il  fait  plusieurs  fois  dans  ses  vers 
allusion  à  cette  origine  : 

Ille  meas  gentes  et  Celtas  rexit  Iberos  9 

dit-il,  en  parlant  de  Celer,  gouverneur  d'Espagne. 

Nos  Celtis  genitos  et  ex  Iberis  10 
dit-il  ailleurs  dans  une  épigramme  où  il  vante  l'acier  de  Bil- 


1 .  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  57,  p.  177,  1.  5. 

2.  Itinéraire  d'Antonin,  p.  437,  1.  4,  p.  439,  1.  2. 

3.  Polybe,  1.  XXXV,  c.  2,  §  2.  Ed.  Didot,  t.  II,  p.  121. 

4.  Appien,  c.  48,  50.  Ed.  Didot,  p.  52,  53. 

5 .  Florus,  1.  II,  c.  17,  §  10. 

6.  Valcre-Maxime,  1.  I,  c.  i,  §  5, 

7.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  57,  p.  177,  1.  6.  C.  I.  L.,  t.  II,  p.  410. 
g.  Strabon,  1.  III,  c.  4,  §  13.  Ed.  Didot,  p.  135,  I.  10-12. 

9.  L.  VII,  épigramme  52. 

10.  L.  IV,  épigramme  3). 


i6  H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

bilis.  Dans  un  autre  endroit  il  se  compare  au  Corinthien  Car- 
menion,  un  eftéminé  : 

Cur  frater  tibi  dicor,  ex  Iberis 
Et  Celtis  genitus  Tagique  civis  ' 

Dans  une  épigramme  adressée  à  Macer,  il  associe  de  nouveau 
le  nom  des  Celtes  et  des  Ibères  à  celui  du  Tage  qui  prenait  sa 
source  en  Celtibérie  : 

Nos  Celtas  Macer  et  truces  Iberos 
Cum  desiderio  tui  pctemus. 
Scd  quaecunque  tamen  feretur  illic 
Piscosi  calamo  Tagi  notata. 

Son  épigramme  à  Licinianus  débute  par  l'éloge  de  Bilbilis  : 

Vir  Celtiberis  non  tacende  gentibus, 

Nostraeque  laus  Hispanis; 
Videbis  altam  Liciniane  Bilbilim, 

Equis  et  armis  nobilem  2. 

L'œuvre  littéraire  du  Celtibère  Martial  est  un  monument 
qui  atteste  avec  quelle  énergie  puissante  la  civilisation  romaine 
s'était  emparée  des  Celtes  d'Espagne  dès  le  premier  siècle  de 
notre  ère.  C'est  la  confirmation  des  paroles  suivantes  de  Strabon 
qui  sont  de  vingt  et  quelques  années  antérieures  à  Martial  :  En 
Espagne,  dit  le  géographe  grec,  habitent  des  peuples  qu'on  ap- 
pelle déjà  «  porteurs  de  toge  »,  togati,  c'est-à-dire  pacifiques, 
aux  mœurs  douces,  et  qui  avec  le  vêtement  ont  adopté  la  civi- 
lisation de  l'Italie  3  ;  cependant,  dit-il  ailleurs,  ces  Celtibères, 
porteurs  de  toge,  ont  été  autrefois  considérés  comme  les  plus 
sauvages  de  tous  les  habitants  de  l'Espagne  4. 

Attacum,  moins  célèbre  que  Bilbilis  et  que  Ncrtohriga,  paraît 
être  aujourd'hui  Ateca5. 

Au  sud-ouest  des  trois  villes  de  Ncriobriiya,  de  Bilbilis  et 


1 .  L.  X,  épigramme  65. 

2.  L.  I,  épigramme  50. 

3.  Strabon,  1.  III,  c.  4,  §  10.  Ed.  Didot,'p.  138,  1.  41-44. 

4.  Strabon,  1.  III,  c.  2,  §  15.  Ed.  Didot,  p.  125,  1.  57-39. 

5.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  57,  p.  178,  1.  4. 


Les  Celtes  en  Espagne.  1 7 

à^Attacum  situées  en  Aragon  dans  la  province  de  Saragosse 
dans  le  bassin  de  l'Ebre  moyen  sur  le  Jalon,  affluent  de  droite 
de  ce  grand  fleuve,  on  trouve  toujours  sur  le  Jalon  la  ville  mo- 
derne dite  Arcos-de-Medina-Celi,  en  Vieille  Castille  dans  la 
partie  méridionale  de  la  province  de  Soria,  elle  a  été  construite 
sur  l'emplacement  de  l'antique  Arcobriga,  qui  faisait  partie  de 
la  Celtibérie  de  Ptolémée  ^  Pline  appelle  les  habitants  Arco- 
brigenses^.  Il  y  avait  chez  les  Celtici,  entre  le  Tage  et  le  Gua- 
diana,  un  autre  Arcobriga  dont  la  situation  est  du  reste  incer- 
taine', tandis  que  la  position  de  VArcobriga  des  Celtibères  est 
connue  par  V Itinéraire  d'Antonin'^.  On  peut  supposer  o^uArco- 
briga  veut  dire  «  château  d'Arcos  «  ;  d'Arcos  est  venu  le  nom 
d'homme  dérivé  Arco,  dont  les  inscriptions  romaines  d'Es- 
pagne offrent  plusieurs  exemples  :  on  en  a  trouvé  deux  à  Villa- 
mejia,  en  Estremadure,  province  de  Caceres,  entre  le  Tage 
et  le  Guadiana,  dans  une  région  qui  a  appartenu  aux  Celtici'^. 
Dans  la  même  localité,  une  autre  inscription  nous  offre  au 
datif  le  nom  d'homme  Arcos  dont  Arco  est  dérivé  ;  c'est  l'épi- 
taphe  qu'une  femme  a  fait  graver  pour  Arcos,  son  mari  :  Arco 
conjugi^.  Les  éditeurs  du  C.  I.  L.  ont  vu,  dans  ce  datif  Arco, 
d'Arcos,  le  datif  d'Arco,  -onis,  c'est  une  distraction  de  ces 
éditeurs  ou  plutôt  du  seul  éditeur  responsable  du  tome  II  de 
la  grande  collection  des  inscriptions  romaines,  M.  Emile 
Hûbner.  Ainsi,  une  des  inscriptions  trouvées  à  Villamejia, 
province  de  Caceres,  nous  fait  connaître  le  nom  d'homme 
Arcos,  premier  terme  du  nom  de  lieu  Arco-briga,  dont  la  géo- 
graphie romaine  de  l'Espagne  offre  deux  exemples. 

Passons  au  sud  du  bassin  de  l'Ebre. 

A  la  Nouvelle  Castille,  province  de  Guadalajara,  bassin  du 
haut  Tage  appartient  la  ville  celtibère  de  Caesada,  aujourd'hui 
Hita  ou  Trijueque/,  dont  on  peut  rapprocher  le  chef-lieu  de  la 

1 .  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  57,  p.  178,  1.  i. 

2.  Pline,  1.  XXXIII,  c.  24. 

3.  Ptolémée,  1.  II,  c.  5,  5  5,  p-  134,  1.  9. 

4.  Itinéraire  d'Aiitoniii,  p.  437,  1.  i,  p.  438,  1.  13. 

5.  C.  I.  L.,  II,  664,668. 

6.  C.  I.  L.,  Il,  668. 

7.  Pline,  1.  II,  c.  6,  §  57,  p.  178,  1.  2. 

Rtvue  Celtique,  XV.  2 


i8  H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

même  province  qui  paraît  être  l'antique  Ariaca^.  Arriaca,  dé- 
rivé du  gentilice  Arrius,  est  un  mot  celtique.  Dans  le  même 
bassin  en  Nouvelle  Castille,  province  de  Cuença,  la  ville  celti- 
bère  d'Ergavica  devait  se  trouver  dans  l'endroit  appelé  Cabeza- 
del-Griego,  entre  Ucles  et  Saelices^.  Ergavica  est  une  des  villes 
d'Espagne  qui  ouvrirent  leurs  portes  aux  Romains  quand,  en 
l'an  179  avant  notre  ère,  le  roi  Thurrius  offrit  son  alliance 
au  propréteur  victorieux  Tib.  Sempronius  Gracchus^, 

Dans  le  bassin  du  haut  Guadiana,  en  Nouvelle  Castille, 
et  dans  la  partie  méridionale  de  la  province  de  Tolède,  au  sud 
de  Madrid,  est  situé  Consuegra,  identique,  pense-t-on,  à  la 
ville  celtibère  dont  le  nom  est  écrit  Condahora  par  les  éditeurs 
de  Ptolémée +,  mais  Consabrum  dans  V Itinéraire  d'Antonin. 

On  suppose  que  Contrehia,  capitale  des  Celtibères,  est  Al- 
barracin,  sur  le  Guadalaviar,  qui,  beaucoup  plus  bas,  se  jette 
dans  la  Méditerranée,  à  Valence.  Albaracin  est  en  Aragon,  pro- 
vince de  Teruel,  au  sud  de  Saragosse.  Il  ne  faut  pas  confondre 
cette  Contrehia  avec  la  Contrebia  des  Berones,  dont  il  est  ques- 
tion plus  haut:  la  Contrebia  des  Berones  était  située  sur  l'Ebre, 
près  de  Logrono,  chef-lieu  d'une  province  de  la  Vieille  Cas- 
tille; l'autre,  comme. on  le  voit  par  le  texte  le  plus  ancien  où 
il  en  soit  parlé,  était  voisine  des  Carpetani,  dans  le  territoire 
desquels  se  trouvait  la  ville  de  Tolède  en  Nouvelle  Castille, 
bassin  du  Tage  moyen  :  le  préteur  Q.  Fulvius  Flaccus,  faisant 
la  guerre  aux  Celtibères  en  181  avant  notre  ère,  fit  le  siège  de 
Contrebia  dont  il  contraignit  les  habitants  à  capituler,  et  près 
de  là  il  livra  aux  Celtibères  une  bataille  dans  laquelle  il  leur 
tua  douze  mille  hommes  et  leur  en  prit  plus  de  cinq  mille, 
avec  quatre  cents  chevaux  et  soixante-deux  enseignes.  Après 
cette  bataille,  la  plus  grande  partie  des  Celtibères  se  soumirent 
aux  Romains  !>.  Moins  de  vingt  ans  plus  tard,  le  consul  Cae- 
cilius  Metellus,  143-142,  combattant  les  Celtibères  de  nouveau 


1.  Itinéraire  d'Antonin,  p.  436,  1.  3;  438,  1. 

2.  Ptolémée,  1.  II,  c  6,  §  57,  p.  178,  1.  6. 

3.  Tite-Live,  1.  XL,  c.  50. 

4.  Ptolémée,  I.  II,  c.  6,  §  57,  p.  179,  1.  2. 

5.  Tite-Live,  1,  XL,  c.  33. 


Les  Celtes  en  Espagne.  iq 

révoltés,  prit  Conlrdna,  ce  qui  fut  considéré  comme  un  exploit 
merveilleux  ^ 

Au  sud-est  d'Albarracin  est  Segorbe,  l'antique  Segohriga  des 
Celtibcres,  près  de  la  Méditerranée,  royaume  de  Valence,  pro- 
vince de  Castellon.  Au  sud-ouest,  on  a  reconnu  d'anciennes 
villes  celtibériennes,  à  Valera-de-Abajo,  et  à  Iniesa,  en  Nou- 
velle Castille,  province  de  Cuença,  comme  Cabeza-del-Griego, 
l'antique  Ergavira,  mais  dans  le  bassin  du  haut  Jucar,  qui  se 
jette  dans  la  Méditerranée,  tandis  que  Cabeza-del-Griego  est 
dans  le  bassin  du  Guadiana  qui  se  jette  dans  l'Océan.  Valera- 
de-Abajo  est  sur  l'emplacement  de  la  ville  celtibérienne  de 
Vakria-y  et  Iniesta  sur  celui  de  la  ville  celtibérienne  appelée 
Laxta  par  les  éditeurs  de  Ptolémée?, 


§  15.  Les  Celtibères  de  l'ouest.  Première  partie,  les  Arevaci. 

Dans  la  Celtibérie  de  Pline  et  dans  celle  de  tous  les  auteurs 
plus  anciens,  est  compris  le  territoire  des  Arevaci  qui  touche 
à  l'ouest  celui  des  Celtibères  de  Ptolémée  et  dont  l'histoire  se 
confond  avec  la  leur.  Les  Arevaci  font  leur  apparition  dans 
l'histoire  l'an  153  av.  J.-C.  Sous  le  commandement  de  Caros, 
originaire  de  Segeda,  ville  des  Belli,  ils  remportèrent  sur  le 
consul  Q.  Fulvius  Nobilior  une  première  victoire  qui  fut,  la 
même  année,  complétée  sur  le  champ  de  bataille  de  Numance. 
Là  Ambo  et  Leuco,  généraux  des  Arevaci,  tuèrunt  quatre 
mille  hommes  aux  Romains 4.  Numance,  on  le  verra  plus  loin, 
était  une  ville  celtibérienne,  elle  appartenait  aux  Arevaci. 
L'héroïque  résistance  de  Numance,  assiégée  par  Scipion  et 
prise  par  lui  l'an  133  avant  notre  ère,  est  restée  célèbre  dans 
l'histoire  ancienne  comme,  dans  l'histoire  moderne,  le  siège 
de  Saragosse,  autre  ville  celtibérienne  malgré  son  nom  romain 
de  Caesar-Augusta.  Mais  Saragosse,  cette  victime  de  l'orgueil 


1 .  Velleius  Paterculus,  I.  II,  c.  5,  §  2,  3.  Florus,  1.  II,  c.  7,  §  10.  Am- 
pelius,  c.  18,  S  14.  Aurelius  Victor,  de  viris  illustrihis,  §  61.  Valcre 
Maxime,  1.  II,  c.  7.  j  10. 

2.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  57,  p.  179,  1.  5. 

3.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  57,  p.  179,  1.  4. 

4.  Appien,  De  rébus  hispaniensibus,  45,  46.  Ed.  Didot,  p.  51,  32. 


20  H.  d'Arboisde  Jubainville. 

de  Napoléon  I",  est  encore  debout  grande  et  fière,  tandis  que 
Numance,  détruite  par  la  vengeance  impitoyable  des  Romains, 
ne  s'est  pas  relevée  depuis  deux  mille  ans.  L'implacable  génie 
de  Rome,  qui  a  pardonné  au  nom  de  Carthage  et  a  laissé  cette 
ville  se  rebâtir,  plane  toujours  triomphant  et  cruel  sur  les 
ruines  celtiques  de  Numance. 

Pline  prétend  que  le  nom  des  Arcvaci  est  dérivé  du  nom 
d'une  rivière  Areva  ^  Si  cette  étymologie  est  exacte,  elle  nous 
offre  un  exemple  de  l'emploi  du  suffixe  celtique  -aco-.  Mais  on 
peut  considérer  cette  étymologie  comme  douteuse  et  recon- 
naître dans  le  terme  ethnique  Arevacos,  un  composé  dont  le 
premier  terme  serait  la  préposition  are  et  dont  le  second 
terme  vaco-s  serait  identique  au  second  terme  du  nom  des 
BcUo-vaci,  peuple  de  la  Gaule.  Les  Bcllo-vaci  ont  donné  leur 
nom  à  la  ville  de  Beau  vais. 

Bello-,  premier  terme  du  nom  des  Bcllo-vaci,  est  identique 
au  nom  des  BcUi  qui  paraissent  avoir  été  une  subdivision  des 
Arevaci  ou  des  clients  de  ce  peuple  plus  important.  Leur  ville 
principale  était  Segeda.  Elle  fut  comprise  l'an  178  avant  notre 
ère  dans  un  traité  conclu  avec  T.  Sempronius  Gracchus  et  par 
lequel  les  Celtibères  vaincus  consentirent  à  devenir  les  alliés 
du  peuple  romain.  Une  des  conditions  du  traité  était  que  les 
Celtibères  ne  bâtiraient  pas  de  nouvelles  villes  ;  or,  vers 
l'année  154,  c'est-à-dire  vingt-quatre  ans  plus  tard,  les  Belli 
entreprirent  la  construction  d'une  muraille  autour  de  leur  ville 
de  Segeda  ^.  Ce  fut  la  cause  d'une  longue  guerre  entre  Rome 
et  les  Celtibères.  Cette  guerre  dura  vingt  ans,  c'est-à-dire 
douze  ans  de  plus  que  la  conquête  de  la  Gaule  par  Jules  César, 
et  pour  la  terminer  par  le  prise  de  Numance,  en  133,  il  flillut 
le  génie  d'un  Scipion. 

Segeda  est  chez  Appien  une  ville  des  Belli,  peuple  celtibèreî. 
Chez  Strabon,  c'est  une  ville  des  Arevaci  "i.  Segeda  peut  être 
un   nom    celtique,    dérivé  du  thème  sego-   au   moyen   d'un 


1.  Pline,  1.  III,  §  19. 

2.  Appien,  De  rébus  hispaniensihus,  c.  44;  cf.  43.  Ed.  Didot,  p.  50,  51. 

3.  Appien,  De  rébus  hispauieiisibus,  c.  44. 

4.  Strabon,  1.  III,  c.  4,  §  13.  Ed.  Didot,  p.  135,  1.  7. 


Les  Celtes  en  Espagne.  2 1 

suffixe  -cdo,  -eda  par  c  long  ^  Mais  ce  qui  est  certainement 
celtique,  c'est  le  nom  du  général  des  Arevaci,  Leuco,  qui, 
en  153,  battit  les  Romains.  Son  nom  est  dérivé  d'un  thème 
leuco-  «  blanc,  brillant  »  qui  a  donné  le  nom  des  Leuci,  peuple 
belge,  ami  des  Romains  pendant  les  campagnes  de  César  et 
dont  le  territoire  paraît  avoir  correspondu  à  peu  près  à  l'an- 
cien diocèse  de  Toul,  Meurthe-et-Moselle.  On  trouve  le 
thème  leuco-  dans  deux  des  noms  de  lieu  que  nous  fait  connaître 
la  table  alimentaire  de  Veleia,  ville  de  la  Gaule  cisalpine  :  l'un 
de  ces  noms  est  celui  du  fundus  Licco-leucus-,  Tautre  est  celui 
du  saltus  Leuco-melius^  ou  Leucu-mellus'^.  Le  même  thème  est 
le  premier  terme  du  nom  de  femme  gaulois  Leuci-mara  î, 
qui  veut  dire  «  grande  par  sa  blancheur  éclatante  ».  Du 
nom  d'homme  celtibère  Leuco,  -onis,  dérivé  du  thème  leuco-, 
on  a  tiré  le  gentilice  romain  Leuconius,  dont  une  inscrip- 
tion de  Barcelonnette,  Basses-Alpes  6,  atteste  l'existence  en 
Gaule  et  qu'on  trouve  aussi  dans  d'autres  parties  de  l'empire 
romain  7. 

En  l'année  133  avant  J.-C..  un  Arevaque  nommé  Rheto- 
genes  et  surnommé  Karaunios,  accompagné  de  cinq  amis  et 
d'autant  de  valets,  réussit  à  traverser  les  travaux  de  circonval- 
lation  établis  par  Scipion  autour  de  Numance  et  alla  demander 
du  secours  aux  autres  villes  des  Arevaci.  Les  jeunes  guerriers 
de  la  ville  de  Lutia  se  laissèrent  gagner  ;  ils  allaient  se  mettre 
en  route,  mais  Scipion  arriva  sous  les  murs  de  Lutia  avec  un 
corps  de  troupes  et  donna  aux  habitants  de  Lutia  le  choix  ou 
de  lui  livrer  ces  ennemis  de  Rome  ou  de  voir  détruire  leur 
ville  ;  les  habitants  effrayés  lui  remirent  cinq  cents  de  ces 
jeunes  gens  auxquels  Scipion  fit  couper  les  mains  ^.  Environ 
quatre-vingts  ans  plus  tard,  en  51,   César,  en  Gaule,  devait 


1 .  Grammalica  celtica,  p.  79. 

2.  Table,  VI,  1.  23. 
}.  Table,  VII,  1.  58. 

4.  Table,  III,  1.  72. 

5.  CI.  L.,  III,  5265. 

6.  C.  L  L.,  XII,  82. 

7.  CI.  L.,  V,  4902;  VIII,  9665. 

8.  Appien,  De  rébus  hispaniensibus,  c.  94.  Ed.  Ditlot,  p.  71, 


22 


H.  d'Arbois  de  Juhainvilk. 


traiter  de  même  tous  ceux  des  habitants  d'UxeJlodininiit  qui 
avaient  porté  les  armes  contre  lui  ^ 

Le  nom  de  Ltitia  peut  avoir  la  même  racine  que  Lutetia, 
aujourd'hui  Paris.  Quant  au  nom  de  Rhetogenes,  il  paraît  dé- 
figuré sous  l'influence  des  habitudes  grecques,  c'est  le  celtibère 
Retugenus  conservé  par  une  inscription  ^  et  qui  est  une  va- 
riante espagnole  du  mot  plus  complet  Rectu-genos.  Le  nom 
d'homme  Rectu-genos,  qui  veut  dire  «  fils  du  droit  »,  se  trouve 
en  Gaule  et  en  Espagne  3,  et  le  c  qui  devant  le  t  devenait 
ordinairement  spirant,  est  tombé  dans  ce  mot  comme  dans 
le  mot  gaulois  ambactos  «  serviteur  »,  qui  est  toujours  noté 
amhatus  dans  les  inscriptions  d'Espagne. 

Trois  peuples  secondaires  qui  paraissent  avoir  été  les  clients 
ou  les  sujets  des  Arevaci  sont  mentionnés  par  les  auteurs  de 
l'antiquité  :  ce  sont,  outre  les  Belli  dont  nous  avons  déjà  parlé, 
les  Tiiihi  et  les  PeJmdoncs.  Le  nom  des  BelJi  et  des  Titthi  est 
associé  à  celui  des  Arevaci  dans  le  récit  de  la  guerre  des  Ro- 
mains contre  les  Celtibères.  Ces  trois  peuples  luttèrent  contre 
les  Romains,  d'abord  de  153  à  151  4  avant  J.-C,  puis  repri- 
rent les  armes  en  144  S  et  la  guerre  ne  se  termina  définiti- 
vement qu'en  133.  L^s  Romains  durent  leur  succès  à  la  poli- 
tique autant  qu'au  génie  militaire  ;  ils  profitèrent  de  la  jalousie 
des  BcUi  et  des  Titthi  envers  les  Arevaci  pour  détacher  de  la 
cause  de  l'indépendance  celtique  les  deux  premiers  de  ces 
peuples^. 

Les  Pekndones  apparaissent  beaucoup  plus  tard,  au  plus 
tôt  en  77  av.  J.-C,  si  on  admet  qu'il  foille  corriger  en  PcJen- 
doncs  le  Ceriudoncs  de  Tite-Live  dans  le  fi-agment  du  livre  XCI 
où  nous  voyons  Sertorius  envoyer  M.  Marius,  son  questeur, 
lever  des  troupes  chez  les  Arevaci  et  chez  les  Ceriudoncs.  Sui- 
vant Pline,   les  Pekndones  habitent  à  la  source  du  Duero,  et 

1 .  De  bclto  gallico,  VIII,  44. 

2.  C.  I.  L.,  II,  2324 

3.  C.  I.  L.,  II,  2402,  2907. 

4.  Appien,  De  rcbus  hispaniensihus,  c.  44,  48,  50.  Ed.  Didot,  p.  51-53. 

5.  Appien,  De  rehus  hispaniemilnts,  c.  66,  p.  59.  Cf.  c.  76,  p.  63. 

6.  On  le  voit  par  le  fragment  de  Polybe  où  est  racontée  l'ambassade  en- 
voyée par  ces  trois  peuples  au  Sénat  romain  en  152.  Polybe,  1.  XXXV, 
c.  2.  Ed.  Didot,  t.  II,  p.  121. 


Les  Celtes  en  Espagne.  25 

chez  eux  est  Numance^  Mais  Numance  est,  suivant  Ptolcmée, 
une  ville  des  Arevaci^;  c'est  déjà  la  doctrine  de  Strabon  5. 

On  doit  conclure  de  là  que  les  Pdcndones  sont  une  subdi- 
vision des  Arevaci.  Ptolémée  nomme  trois  villes  des  Pelen- 
dones  :  Visontium,  l'une  d'elles  4,  n'est  citée  par  aucun  autre 
auteur,  et  sa  situation  est  inconnue.  On  a  déjà  remarqué  la 
ressemblance  de  son  nom  avec  celui  de  Besançon,  Vesontio, 
mais  nous  ignorons  si  ces  deux  noms  sont  celtiques  et  s'ils  ne 
remonteraient  pas  à  une  population  plus  ancienne,  aux  Li- 
gures par  exemple.  La  seconde  est  Augustobriga  ;  on  pense 
que  les  ruines  de  cette  ville  sont  celles  qu'on  a  découvertes  à 
Aldea-del-Muro,  près  d'Agreda,  Vieille  Castille,  province  de 
Soria  et  dans  le  bassin  de  l'Ebre,  mais  à  son  extrême  limite, 
près  des  sources  du  Duero  >.  Ptolémée,  d'après  d'autres  docu- 
ments, désigne  la  même  ville  par  le  nom  de  Nova  Augiisla 
et  l'attribue  aux  Arevaci^.  La  source  de  Ptolémée  paraît  avoir 
été  ici  la  même  que  celle  de  Pline,  Nova  Augusta  est  une  des 
six  villes  qui,  suivant  Pline,  auraient  appartenu  aux  Arevaci.  La 
dernière  ville  des  Pehndones  est,  suivant  Ptolémée,  Savia,  que 
lui  seul  mentionne,  et  dont  on  n'a  pas  retrouvé  la  position". 
Mais  Pline  nous  donne  sur  les  Pelendones  une  indication  très 
précise,  c'est  que  chez  eux  auraient  été  situées  les  sources  du 
Duero  qui  sont  en  Vieille  Castille,  province  de  Soria,  au  nord- 
est  de  cette  ville. 

De  tout  ce  qui  précède,  il  résulte  que  nous  avons  trois  indi- 
cations géographiques  précises  à  l'aide  desquelles  on  peut  dé- 
terminer la  situation  des  Pelendones.  Chez  eux  étaient  Augus- 
tobriga et  les  sources  du  Duero.  Par  conséquent,  ils  habitaient 
le  nord  de  la  province  de  Soria,  ils  étaient  la  portion  septen- 


1.  Pline,  1.  IV,  §  112;  cf.  I.  m,  §26. 

2.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  55,  p.  174,  1.  i. 

3.  Strabon,  1.  III,  c.  4,  §  13,  p.  134,  I.  53  et  54;  p.  135,  1.  i.  C'est 
aussi  la  doctrine  d'Appien,  De  rébus  hispaiiiensibus,  c.  66,  où  il  parle  des 
événements  de  Tannée  144  d'après  un  historien  plus  ancien,  probablement 
Polybe. 

4.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  53,  p.  171,  I.  9. 

5.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  53,  p.  172,  1.  i.  Cf.  C.  /.  L.,  II,  p.  390. 

6.  Ptolémée,  1.  Il,  c.  6,  5  55,  p-  174,  I.  3. 

7.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  53,  p.  172,  1.  2. 


24  W.  d'Arbois  de  Jubainville. 

trionale  du  groupe  de  populations  cekibères  désignées  sous  le 
nom  plus  général  d'Arcvaci. 

Le  territoire  des  Arevaci  s'étendait  à  la  fois  sur  le  bassin  du 
haut  Duero  et  sur  celui  du  haut  Tage.  Dans  le  bassin  du 
Duero,  il  couvrait  une  partie  des  provinces  de  Soria,  de 
Burgos  et  de  Segovie  en  Vieille  Castille,  de  Palencia,  royaume 
de  Léon;  dans  le  bassin  du  haut  Tage,  une  partie  de  la  pro- 
vince de  Guadalajara,  Nouvelle  Castille. 

Dans  la  province  de  Soria  se  trouvaient,  outre  le  territoire 
des  PcJendoncs  dont  nous  avons  parlé,  les  deux  villes  (ÏUxama 
et  de  Numance.  Uxaina,  aujourd'hui  Osma,  porte  un  nom 
celtique  dont  nous  avons  déjà  mentionné  un  exemple  en  Es- 
pagne :  chez  les  Autrigones  était  Uxama  Barca,  aujourd'hui 
Osma,  dans  la  province  d'Alava,  une  des  provinces  basques. 
Des  deux  Uxama,  la  plus  importante,  à  en  juger  par  le  nombre 
de  ses  inscriptions  romaines,  paraît  avoir  été  celle  des  Are- 
vaci ;  elle  se  distinguait  de  la  première  par  le  surnom  à'Ar- 
gaela  ^  ;  le  passage  de  Ptolémée  qui  nous  l'apprend  est  con- 
firmé par  deux  inscriptions  recueillies,  l'une,  dans  l'Estrema- 
dure  espagnole,  à  Caceres,  l'antique  Nt^r^rt  ^  ;  l'autre,  en  Vieille 
Castille,  près  de  Burgos  3.  Ce  sont  les  épitaphes  de  person- 
nages tous  deux  nés  à  Uxama  Argaela,  et  l'un  des  deux  porte 
un  nom  celtique  :  T.  Magilius  Rectugeni  filius.  On  a  trouvé 
dans  la  même  localité  une  dédicace  aux  Lugovcs,  divinités  qui 
sont  le  pluriel  du  nom  du  grand  dieu  celtique  Lugus  4,  Uxama, 
une  des  villes  qui  restèrent  fidèles  à  Sertorius  jusqu'après  sa 
mort,  en  72  5,  paraît  être  celle  des  Arevaci. 

Numance  était  au  milieu  du  second  siècle  avant  notre  ère 
une  ville  d'importance  modeste  pour  lutter  contre  les  Ro- 
mains: elle  pouvait  mettre  huit  mille  hommes  sous  les  armes^. 
Si  donc  on  s'en  rapporte  aux  procédés  de  statistique  employés 


1 .  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  55,  p.  173,  1.  5. 

2.  Cl.  L.,  II,  696. 

3 .  CI.  L.,  II,  2907. 

4.  C.  1.  L.,  II,  2818. 

5.  Florus,  1.  III,  c.  22,  §  9. 

6.  Appien,  De  rébus  hispanie?isibus,  c.  97.  Ed.  Didot,  p.  72.  Cf.  c.  76, 
,65. 


Les  Celtes  en  Espagne.  25 

par  César  à  propos  des  Helvetii,  Numance  devait  avoir  trente- 
deux  mille  habitants  ^ 

Numance  apparaît  dans  l'histoire  romaine  en  153,  où  les 
Arcuaci,  sous  ses  remparts,  battirent  les  Romains  ^.  Mais  ce 
qui  a  rendu  surtout  cette  ville  célèbre,  c'est  la  part  qu'elle  a 
prise  à  la  lutte  des  Arevaci  contre  Rome  quand  ceux-ci, 
compris  dans  le  traité  de  paix  conclu  par  Claudius  Marcellus 
avec  les  Celtibères  en  15  i  5,  se  laissèrent  entraîner  par  le  Lu- 
sitan  Viriathe  à  reprendre  les  armes  contre  les  Romains;  c'était 
en  144-*.  Bientôt  la  plupart  des  villes  des  Arevaci  se  soumirent 
et  Numance  resta  seule  à  tenir  tête  aux  Romains;  le  siège,  com- 
mencé par  Q.  Pompeïus  Aulus  l'an  141  av.  J.-C,  ne  fut  ter- 
miné que  huit  ans  plus  tard,  en  133,  par  Scipio  Aemilianus 
qui  avait  pris  et  détruit  Carthage  en  146,  et  dans  l'intervalle 
les  Numantins  avaient  forcé  le  général  romain,  C.  Hostilius 
iMancinus,  à  une  paix  honteuse  que  le  Sénat  romain  refusa  de 
ratifier.  Mancinus,  par  ordre  du  Sénat,  fut  livré  aux  Numan- 
tius  qui  refusèrent  de  le  recevoir.  A  la  fin  du  siège,  les  Nu- 
mantins, mourant  de  faim,  furent  contraints  de  se  rendre  sans 
condition.  Mais  pendant  le  délai  de  trois  jours  que  la  capitu- 
lation leur  accordait,  la  plupart  d'entre  eux  se  donnèrent  la 
mort  de  leur  propre  main.  Scipion  fit  vendre  les  autres 
comme  esclaves,  à  l'exception  de  cinquante  mis  en  réserve 
pour  être  conduits  à  Rome  et  pour  accompagner  le  vainqueur 
dans  sa  rentrée  triomphale  ;  ils  devaient  être  décapités  aussitôt 
après  la  cérémonie.  Quant  à  la  ville,  Scipion  la  fit  détruire  et 
il  en  partagea  le  territoire  entre  les  peuples  voisins  î. 

Dans  la  province  de  Burgos,  au  sud-est  de  cette  ville,  à 
quelque  distance  au  nord  du  Duero,  les  Arevaci  avaient  la 
ville  de  Clunia  dont  on  a  reconnu  les  ruines  au  bord  d'un 
ruisseau  appelé  Arandilla,  qui  se  jette  dans  un  petit  affluent 


1 .  Suivant  César,  De  bello  gallico,  I,  29,  le  nombre  des  Helvetii  et  de 
leurs  allies  était  de  368,000,  dont  92,000  en  état  de  porter  les  armes,  c'est 
juste  le  quart. 

2.  Appicn,  de  rébus  Inspaniensibus ,  c.  46,  p.  51,  52. 
5.   Appien,  ihid.,  c.  50,  p.  53. 

4.   Appien,  ibid.,  c.  66,  p.  59. 

).   Appien,  ibid.,  c.  76-98,  p.  63-73. 


26  W.  d'Arbois  de  Jubainville. 

de  droite  du  Duero  ^  ;  c'était  h  dernière  ville  des  Arevaci  quand 
on  suivait  la  route  deCaesaraugusta  (Saragosse)  ïAsturica,  As- 
torga  -,  et  voilà  pourquoi  Pline  dit  que  Clunia  est  la  fin  de  la 
Celtibérie3.  Clunia  apparaît  dans  l'histoire  romaine  l'an  76 
avant  notre  ère.  Cette  ville  était  alors  du  parti  de  Sertorius, 
qui  y  fut  inutilement  assiégé  par  Pompée-^.  Il  est  encore 
question  de  Clunia  vingt  et  un  ans  plus  tard  :  pendant  que 
César  fut  occupé  à  la  guerre  des  Gaules  en  55,  les  Celtibères 
se  révoltent,  le  proconsul  Q_.  Caecilius  Metellus  Nepos  met 
le  siège  devant  Clunia  et  il  est  battu  devant  cette  place  par 
les  Vaccaei  qui,  malgré  lui,  entrent  dans  Clunia,  succès  pas- 
sager qui  se  termina  par  une  défaite  5.  Plus  d'un  siècle  après, 
Galba  séjournait  à  Clunia,  quand  le  vœu  des  armées  soulevées 
contre  Néron  l'appela  à  l'empire 6.  Sous  la  domination  romaine, 
Clunia  était  le  chef-lieu  d'une  des  circonscriptions  adminis- 
tratives et  judiciaires,  ou  conventus,  entre  lesquelles  se  parta- 
geait la  Tarraconaise.  A  la  même  époque,  les  inscriptions 
nous  offrent  quelques  traces  de  l'origine  celtique  des  habi- 
tants :  un  des  cultes  les  plus  répandus  chez  les  Celtes  du  nord 
des  Pyrénées  était  celui  des  maires.  Le  seul  exemple  qu'on  en 
ait  trouvé  au  sud  des  Pyrénées  appartient  à  Clunia,  c'est  une 
dédicace  aux  maires  GallaicaeT,  c'est-à-dire  aux  ;//fl'/;rj- honorées 
par  les  Celtes,  mêlés  aux  Callaici  ou  Gallacci,  ou  pour  au- 
trement s'exprimer,  par  les  Celtici  du  nord-ouest  de  l'Es- 
pagne. 

Plus  à  l'ouest,  dans  le  royaume  de  Léon,  province  de  Pa- 
lencia,  entre  cette  ville  et  Burgos,  les  Arevaci  possédaient 
sous  l'empire  romain  la  ville  de  Confluentia,  au  confluent  de 
l'Arlanzon  et  de  l' Arlanza  ^. 

Les  villes  dont  nous  avons  parlé  jusqu'ici  sont  situées  au 
nord  du  Duero.  Au  sud  de  ce  fleuve,  les  Arevaci  possédaient 

1.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  55,  p.  173,  1.  3. 

2.  Itinéraire  d'Antonin,  p.  439-443. 

3.  Pline,  1.  m,  §  27. 

4.  Tite-Live,  Epitome  du  livre  XCII. 

5.  Dion  Cassius,  1.  XXXIX,  c.  54. 

6.  Plutarque,  Galba,  c.  6.  Ed.  Didot,  p.  1238,  1.  8. 

7.  C.  /.  L.,  II,  2776. 

8.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  5  55,  P-  173,  1-  2. 


Les  Celtes  en  Espagne.  i-j 

dans  le  bassin  du  Duero  Segovia  et  dans  le  bassin  du  Tage 
Stgonùa. 

Segùvia  n'a  pas  change  de  nom.  Ce  nom  est  d'origine  cel- 
tique ;  c'est  un  dérivé  du  thème  si  fréquent  sego-  qui  veut  dire 
«  atteindre,  triompher  ».  Ce  thème  dans  Segovia  a  été  développé 
à  l'aide  de  deux  suffixes  dont  le  premier  se  trouve  aussi  dans 
le  nom  d'homme  Segovax  que  César  entendit  en  Grande-Bre- 
tagne, lors  de  sa  seconde  expédition,  l'an  54  a\ .  J.-C.  Se- 
govax était  le  nom  d'un  des  quatre  rois  du  Cantiuni^.  Le  nom 
de  Segovia  apparaît  dans  l'histoire  romaine,  un  peu  plus  de 
vingt  ans  avant  celui  de  Segovax.  L'an  78  avant  notre  ère, 
Hirtuleius,  lieutenant  de  Sertorius,  y  remporta  une  victoire 
sur  L.  Manlius  et  Domitius  envoyés  de  Rome  en  Espagne  par 
le  parti  de  Sulla^.  Segovia  était  du  parti  de  Sertorius  qui. 
Tannée  suivante,  y  fit  lever  des  troupes  3,  Enfin,  en  75,  Hir- 
tuleius périt  dans  une  bataille  livrée  près  de  Segovia  au  pro- 
consul Q_.  Caecilius  Metellus  Plus  4.  Segovia  est  attribuée  aux 
Arevaci  par  Pline  5  et  par  Ptolémée  ^.  On  y  a  trouvé  trente- 
quatre  inscriptions  romaines  7.  Parmi  elles,  l'épitaphe  de  Va- 
lerius  Anno,  fils  de  Luguadicus,  originaire  à'Uxama.  Le  sur- 
nom du  père  de  ce  personnage  est  un  dérivé  du  thème  ingii-, 
d'où  le  nom  des  Lugoves,  divinités  celtiques  adorées  à  Uxama 
Argaela,  comme  on  l'a  vu  plus  haut.  Segovia  était  sur  la  voie 
romaine  de  Cesaraugnsta,  Saragosse  à  Emerita,  Merida  qui 
traversait  de  part  en  part  la  Celtibérie.  C'est  aujourd'hui  la 
capitale  d'une  des  provinces  méridionales  de  la  Vieille  Castille, 

Au  bassin  du  haut  Tage  appartient  Segoiitia,  aujourd'hui 
Siguenza,  en  Nouvelle  Castille,  province  de  Guadalajara,  sur 
le  Henares,  affluent  du  Jarama,  qui  est  lui-même  un  affluent 


1.  De  beUû  Gallico,  1.  V.  c.  22. 

2.  Florus,  1.  III,  c.  22,  §  6,  7.  Tite-Live,  Epitome  du  1.  XC.  Eutrope, 
1.  6,  c.  I. 

3.  Titc-Li%'e,  frag.  du  1.  XVI. 

4.  Tile-Livc,  Epitome  du  1.  XCI.  Orosc,  1.  V,  c.  23,  ^  3.  Cf.  Frontin, 
et  Mommsen,  KœniiscJk'  Geschichie,  6'  éd.,  t.  III,  p.  31. 

5.  Pline,  1.  III,  :;  27. 

6.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  55,  p.  174,  1.  2. 

7.  C.  I.  L.,  II,  2729-2262. 


28  H.  iVArbois  de  Jiibainville. 

de  droite  du  Tage.  C'est  dans  le  Jarama  que  se  jette  le  Man- 
zanares,  petite  rivière  près  de  laquelle  est  bâtie  Madrid.  La 
position  de  Segontia,  près  du  haut  Tage,  s'accorde  avec  le  pas- 
sage où  Strabon  dit  que  les  Arevaci  touchent  aux  sources  du 
Tage. 

Le  nom  de  la  Segontia  des  Arevaci  apparaît  pour  la  première 
fois  dans  l'histoire  romaine  en  l'an  195  avant  J.-C.  Le  préteur 
P.  Manlius  faisait  la  guerre  aux  Turdetani,  qui  habitaient  la 
partie  la  plus  méridionale  de  l'Espagne,  dans  les  environs  du 
détroit  de  Gibraltar.  Les  Turdetani  s'étaient  procuré  le  concours 
d'une  armée  mercenaire  qui  s'élevait  à  dix  mille  soldats  et  qui 
venait  de  Celtibérie.  Cette  armée  celtibérienne  avait  laissé  ses 
bagages  dans  la  ville  de  Segontia  ^  Le  consul  M.  Porcins  Cato, 
le  fameux  censeur  et  écrivain  de  ce  nom,  qui  était  venu  en 
aide  au  préteur  P.  Manlius,  s'approcha  de  Segontia  avec  l'in- 
tention d'en  faire  le  siège,  puis,  considérant  comme  impoli- 
tique cette  opération  militaire,  il  se  retira,  comptant  sur  d'autres 
mo3'ens  pour  détacher  les  Celtibères  du  parti  qui,  en  Espagne, 
restait  fidèle,  soit  au  souvenir  de  Carthage,  soit  à  celui  de 
l'ancienne  hberté. 

Segontia  est  un  mot  gaulois,  c'est  le  féminin  du  participe 
présent  du  thème  verbal  sego-,  d'où  vient  aussi  Segovia.  L'an  55 
avant  notre  ère.  César,  dans  sa  seconde  expédition  en  Grande- 
Bretagne,  obtint  la  soumission  des  Segontiaci^  dont  le  nom  dé- 
rive d'un  thème  segontio-  ou  segontia.  Il  y  avait  en  Grande- 
Bretagne,  sous  l'empire  romain,  une  localité  appelée  Segon- 
tiiini  ;  on  croit  qu'elle  était  située  sur  la  côte  nord-ouest  du 
pays  de  Galles,  en  face  de  l'île  d'Anglesey,  à  Carnarvon. 
^Itinéraire  d'Antonin  mentionne  en  Espagne  deux  Segontia, 
elles  sont  toutes  les  deux,  comme  Segovia,  sur  la  route  de 
Saragosse  à  Merida;  celle  dont  il  s'agit  ici  se  distingue  de 
l'autre  par  le  surnom  de  Lança  5,  c'est  la  plus  méridionale  des 
deux,  la  plus  éloignée  de  Saragosse.  L'autre  est  la  station  in- 
termédiaire entre  Saragosse  et  Nertobriga  ;  on  pense  que  c'est 


1.  Tite-Live,  1.  XXXIV,  c.  19,  écrit  ce  nom  Scguiilia. 

2.  De  hello  Gatlico.  1.  V,  c.  21. 

3.   Ptolémée,  1.  II,  c.  7,  ^  55,  P'  i75>l-  7- 


Les  Celtes  en  Espagne.  29 

Rueda,  à  peu  de  distance  à  l'ouest  de  Saragosse  et  au  sud  de 
l'Ebre,  tout  près  au  nord  de  la  ville  celtibère  de  Nertobriga, 
aujourd'hui  La-Almunia-de-Dona-Godina.  Il  a  existé  encore 
d'autres  Segontia  en  Espagne  :  Pline,  parlant  des  deux  villes 
de  Segontia  et  d' Uxama  qui  appartenaient  aux  Arevaci,  dit  que 
ces  deux  noms  de  lieu  sont  fréquemment  usités  ailleurs  ^  Pto- 
lémée  mentionne  deux  autres  Segontia,  une  chez  les  Varduli-, 
probablement  dans  les  provinces  basques,  une  autre  chez  les 
Faccaei^,  c'est-à-dire  dans  le  bassin  du  moyen  Duero.  Les 
VarduH  sont  probablement  un  peuple  ibérique  chez  lequel  Se- 
gontia était  une  forteresse  celtique.  La  Segontia  des  VarduH 
et  celle  des  Vaccaei  étaient  chacune  surnommées  Paramica. 

Les  antiquités  romaines  de  Siguenza,  la  Segontia  des  Are- 
vaci, n'ont  pas  été  explorées,  on  connaît  cependant  une  ins- 
cription romaine  trouvée  dans  le  voisinage  4,  et  on  a  recueilH 
ailleurs  les  épitaphes  de  deux  individus  originaires  de  Segontia  : 
l'un  est  quahtîé  de  Segontinensis5,  l'autre  de  Segontinus^. 

Il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  nom  des  quatre  Segontia 
l'une  des  Celtibères  propres,  les  autres  des  Arevaci,  des  Vac- 
caei, enfin  des  VarduH,  le  nom  de  Sagontia,  ville  beaucoup 
plus  méridionale,  attribuée  par  Ptolémée  aux  TurdetaniT.  Elle 
est  mentionnée  sous  le  même  nom  par  Pline  ^  dans  sa  liste 
des  villes  qui  font  partie  du  conventus  de  Cadix,  et  c'est  d'elle 
que  parle  Appien  dans  son  récit  delà  guerre  de  Sertorius  contre 
Pompée  9. 

§  14.  Les  Celtibères  de  l'ouest.  Seconde  partie,  les  Vaccaei. 

Les  Vaccaei  occupaient  le  bassin  du  Duero  moyen  dans 
toute  sa  largeur,  à  l'ouest  des  Arevaci  au  sud,  des  Turmodigi 

1.  Pline,  1.  m,  §  27. 

2.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  65,  p.  189,  1.  3. 

3.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  49,  p.  166,  1.  4. 

4.  C.  /.  L.,  II,  2847. 

5.  CI.  L.,  II,  3626. 

6.  C.  /  L.,  II,  4195. 

7.  Ptolémée,  1.  II,  c.  4,  §  10,  p.  123,  1.  7. 

8.  Pline,  1.  III,  5  15. 

9.  Appien,  T)e  hellis  civilibus,  1.  I,  c.  iio. 


jo  H.  d'Arbois  de  Jubainrille. 

au  nord.  Valladolid,  chef-lieu  d'une  des  deux  provinces  les  plus 
occidentales  de  la  Vieille  Castille,  peut  être  considéré  comme 
le  point  central  de  leur  territoire.  Ils  apparaissent  dans  l'his- 
toire en  219  :  Hannibal,  voulant  terminer  la  conquête  de4'Es- 
pagne,  les  attaqua  au  printemps  de  cette  année  et  leur  prit  de 
vive  force  les  deux  villes  de  Sehnantica  et  Arhucala,  dont  l'une 
est  aujourd'hui  Salamanca,  Salamanque,  chef-lieu  de  province, 
célèbre  par  son  université,  dont  l'autre  est  aujourd'hui  Toro, 
dans  la  province  et  à  l'est  de  Zamora  ^  ;  toutes  deux  appar- 
tiennent au  royaume  de  Léon. 

Quand  les  Romains,  vainqueurs  des  Carthaginois,  entre- 
prirent la  conquête  de  l'Espagne,  les  Vaccaei  leur  tinrent  tête 
comme  le  reste  des  Celtibères.  En  193,  le  préteur  M.  Fulvius 
Nobilior  livra  bataille  près  de  Tolède  aux  armées  réunies  des 
Celtibères  propres,  des  Vaccaei  et  des  Vettones,  peuple  de 
race  ibérique;  il  les  vainquit-.  Mais  pendant  la  première 
moitié  du  11^  siècle,  les  Romains  étaient  trop  occupés  dans  les 
parties  orientales  de  la  Celtibérie  pour  entreprendre  la  con- 
quête du  territoire  des  Vaccaei;  ils  la  commencèrent  en  150, 
et  ce  fut  le  proconsul  L.  Licinius  Lucullus  3  qui  en  prit  l'ini- 
tiative. 

Les  Vaccaei  n'avaient  donné  aux  Romains  aucun  prétexte 
de  guerre,  le  but  unique  de  Lucullus  était  d'acquérir  de  la 
gloire  par  un  succès  militaire  et  de  l'argent  par  le  pillage.  Il 
vint  mettre  le  siège  devant  Cauca,  ville  des  Vaccaei.  Ceux-ci 
essayèrent  de  se  défendre,  et  après  un  premier  succès  perdirent 
trois  mille  hommes  dans  une  sortie.  Une  ambassade  de  vieil- 
lards vint  alors,  avec  des  couronnes  et  des  rameaux  d'oliviers, 
demander  grâce  au  proconsul.  Celui-ci  exigea  des  otages,  cent 
talents  d'argent,  des  cavaliers  auxiliaires  et  l'établissement 
d'une  garnison  romaine  dans  la  ville.  On  lui  accorda  tout. 
La  garnison  romaine  prit  possession  de  Cauca,  et  immédia- 
tement Lucullus  fit  massacrer  tous  les  habitants  sans  distinc- 


1.  Polybe,  1.  III,  c.  14,  §  i,  3.  Tite-Live,  l.XXI,  c.  5.  L'historien  latin 
écrit  d'après  une  source  grecque,  ce  qui  le  prouve,  c'est  qu'il  a  remplacé  par 
un  /;  VS  initiale  du  nom  de  Sehnantica. 

2.  Tite-Live,  1.  XXXV,  c.  7.  Cf.  De-vit,  Onomasticon,  t.  III,  p.  166. 

3.  Pline,  1.  IX,  §89.  Cf.  De-vit,  Onomasticon,  t.  IV,  p.  146. 


Les  Celtes  enlEspagne.  3 1 

tion  d'âge  ni  de  sexe  :  ils  étaient  au  nombre  de  vingt  mille. 
Puis  la  ville  fut  pillée. 

De  Cauca,  Lucullus  se  rendit  à  Intercntia,  autre  ville  des 
Vaccaei,  qu'il  voulait  traiter  de  même,  mais  il  l'assiégea  en  vain. 
Cependant  les  habitants,  de  guerre  lasse,  consentirent  à  traiter, 
ils  livrèrent  à  Lucullus  six  mille  sagum,  une  certaine  quantité 
de  bestiaux  et  cinquante  otages.  Mais,  au  grand  désespoir  de 
Lucullus,  ils  ne  lui  donnèrent  point  d'argent,  et  à  sa  grande 
honte,  ils  ne  voulurent  pas  accepter  la  parole  du  traître  qui, 
contrairement  à  la  foi  jurée,  avait  fait  massacrer  les  habitants 
de  Cauca,  ce  fut  la  parole  du  jeune  P.  Cornélius  Scipio  Aemi- 
lianus  qui  remplaça  celle  du  général  en  chef.  Scipion  n'était 
que  tribun  des  soldats,  comme  qui  dirait  aujourd'hui  un 
simple  colonel,  mais  par  adoption  il  était  devenu  le  petit- 
fils  du  vainqueur  d'Hannibal,  c'était  lui  qui  devait  plus  tard 
détruire  Carthage  et  Numance. 

Puis,  Lucullus  arriva  sous  les  murs  de  PaJlantia,  aujourd'hui 
Palencia,  chef-lieu  de  province,  royaume  de  Léon,  au  nord  de 
Valladolid.  Mais  ce  fut  le  terme  de  ses  succès:  les  habitants  le 
contraignirent  à  la  retraite  et  le  poursuivirent  jusqu'au  Duero. 
Ainsi  se  termina  la  première  conquête  des  Romains  dans  le 
territoire  des  Vaccaei;  elle  avait  été  entreprise  sans  l'ordre  du 
Sénat  ni  du  peuple  romain;  elle  déshonora  le  général  qui  la 
conduisit,  mais  malgré  l'iniquité  de  sa  conduite,  aucune  pour- 
suite ne  fut  à  Rome  intentée  contre  lui  ^  C'est  peut-être  pour 
cela  que,  de  retour  dans  la  grande  ville,  il  construisit  un  temple 
au  \ion\\cuï,  felicitati^. 

Les  Romains  laissèrent  les  Vaccaei  en  paix  pendant  quatorze 
ans.  Le  consul  C.  Hostilius  Mancinus  venait  d'être  forcé  par 
les  habitants  de  Numance  à  une  paix  humiliante,  quand  son 
collègue,  M.  Aemilius  Lepidus,  voulut  réparer  cet  insuccès  avec 
les  Arevaci  par  un  avantage  sur  les  Vaccaei  :  il  vint  remettre 
le  siège  devant  Pallantia,  sous  les  murs  de  laquelle  Lucullus 
avait  trouvé  le  châtiment  de  sa  conduite  perfide  et  cruelle  à 
Cauca.  Lepidus  ne  fut  pas  plus  heureux   que   Lucullus.    Le 


1.  .^ppien.  De  rehus  hispaniensihits,  c.  51-55.  Ed.  Didot,  p.  53-45. 

2.  Pline,  1.  XXXV,  §  57.  Cf.  De-vit,  Ofioinas licou,  t.  IV,  p.  146. 


^2  H.  d'Arbois  de  Jubalnville. 

Sénat,  prévoyant  qu'il  ne  réussirait  pas,  lui  envoya  l'ordre  de 
lever  le  siège.  Lepidus  s'obstina,  mais  les  habitants  de  Pal- 
Jantia  furent  encore  plus  opiniâtres  que  lui.  Des  partis  celti- 
bères  qui  parcouraient  la  campagne  rendaient  très  difficile  l'ap- 
provisionnement de  l'armée  assiégeante  ;  la  faim  dans  le 
camp  romain  eut  plus  de  puissance  que  les  ordres  du  Sénat. 
Lepidus  se  vit  contraint  de  lever  le  siège,  c'était  en  136: 
moins  heureux  que  LucuUus,  Lepidus  fut  dépouillé  de  son 
commandement  et  condamné  à  l'amende  ^  C'était  la  punition 
de  sa  désobéissance  aux  ordres  formels  du  Sénat.  Lucullus 
avait  pu  sans  crime  faire  massacrer  par  trahison  les  vingt  mille 
habitants  de  Cauca  :  le  Sénat  ne  le  lui  avait  pas  défendu. 

Deux  ans  plus  tard,  Scipion,  chargé  de  terminer  la  guerre 
de  Numance,  dévasta  le  pays  des  Vaccaei  qui  fournissaient 
des  vivres  aux  assiégés;  une  des  difficultés  du  siège  était  les 
incursions  par  lesquelles  les  habitants  de  PaUantia  gênaient  les 
partis  romains  chargés  des  approvisionnements.  P.  Rutihus 
Rufus,  tribun  des  soldats,  plus  tard  un  des  écrivains  romains 
qui  ont  raconté  en  grec  l'histoire  de  leur  patrie  -,  faillit  périr 
dans  une  embuscade  préparée  par  les  guerriers  de  PaUantia^. 

Au  même  moment,  Scipion  eut  l'honneur  de  réparer  autant 
qu'il  était  en  son  pouvoir  l'iniquité  commise  par  Lucullus 
envers  les  habitants  de  Cauca.  Quelques-uns  de  ces  malheu- 
reux avaient  réussi,  pendant  le  massacre,  à  s'échapper  par  des 
portes  mal  gardées.  Scipion,  traversant  le  territoire  désert  de 
leur  ville  détruite,  fit  annoncer  pubUquement  que  Rome  leur 
permettait  de  revenir  en  prendre  possession  et  de  le  cultiver. 

On  ne  peut  déterminer  exactement  la  date  à  laquelle  le  ter- 
ritoire des  Vaccaei  fut  conquis  par  les  Romains.  Cette  con- 
quête date  probablement  du  premier  quart  du  i"  siècle  avant 
notre  ère.  Le  récit  de  la  guerre  de  Sertorius  suppose  cette  con- 
quête terminée.  En  77,  nous  voyons  C.  Justeius,  préfet  des 
cavaliers,  praefectus  equitum,  de  Sertorius,  lever  de  la  cavalerie 
chez  les   Vaccaei^.  Pompée,  qui  commandait  les  opérations 


1.  Appien,  De  relus  hispaniensihus,  c.  80-83.  Ed.  Didot,  p.  65-66. 

2.  Peter,  Historicoiiim  romanonivi  relliquiac,  t.  I,  p.  ccr.xi,  187. 

3.  Appien,  De  rébus  hispaniensihns,  87-88,  p.  68-69. 

4.  Tite-Live,  fragment  du  livre  XCI. 


Les  Celtes  en  Espagne.  ]  3 

militaires  dirigées  contre  Sertorius,  prit  ses  quartiers  d'hiver 
dans  le  territoire  des  Vaccaei,  à  la  fin  de  l'année  75,  et  3^  resta 
jusqu'au  printemps  de  74 ^ 

Le  territoire  des  Vaccaei,  situé  à  l'ouest  de  celui  des  Arc- 
vaci  et  des  Tunnodigi,  comprenait  le  bassin  du  moyen  Duero 
sur  les  deux  rives,  c'est-à-dire:  1°  au  nord  du  Duero,  la  partie 
occidentale  de  la  province  de  Burgos,  la  province  de  Palencia, 
probablement  tout  entière,  la  portion  septentrionale  de  celle 
de  Valladolid,  la  partie  nord-est  de  celle  de  Zamora;  2°  au  sud 
du  Duero,  la  partie  nord-est  de  la  province  de  Segovia,  proba- 
blement la  partie  méridionale  de  celle  de  Valladolid,  la  partie 
sud-est  de  celle  de  Zamora  et  la  partie  est  de  celle  de  Sala- 
manque;  il  était  comme  à  cheval  sur  la  Vieille  Castille,  où 
sont  Burgos,  Valladolid,  Segovia,  et  sur  le  royaume  de  Léon 
auquel  appartiennent  Palencia,  Zamora,  Salamanque. 

Au  nord  du  Duero,  dans  la  province  de  Burgos,  les  Vaccaei 
possédaient  les  trois  villes  d'An  traça,  de  Rauda  et  de  Cou- 
giuni  :  Autraca  -  tirait  son  nom  de  celui  de  la  rivière  appelée 
aujourd'hui  Odra.  L'Odra  est  un  affluent  de  gauche  du  Pi- 
suerga,  l'antique  Pisoraca  qui  passe  à  Valladolid  et  se  jette 
dans  le  Duero.  L'Odra  a  dû  s'appeler  plus  anciennement  Au- 
tra,  peut-être  Autura,  qui  est  le  nom  antique  de  l'Eure  ;  nous 
parlons  de  la  rivière  de  France  qui  est  un  affluent  de  gauche 
de  la  Seine,  qui  passe  à  Chartres  et  donne  son  nom  à  deux 
départements.  Le  plus  ancien  nom  de  Chartres  est  Autricum, 
dérivé  du  nom  de  l'Eure,  Autura,  et  qui  ne  diffère  di  Autraca 
que  par  les  voyelles  et  le  genre  du  suffixe,  -aca  en  Espagne,  -ico- 
en  France.  Probablement  les  Autrigoncs  doivent  leur  nom  à 
rOdra  :  leur  nom  signifie  fils  de  l'Odra,  Autra,  Autura. 

Cougium  était  situé  sur  la  rive  droite  du  Duero  et  c'était 
probablement  la  ville  d'Aranda,  en  Vieille  Castille,  province 
de  Burgos  3. 

Rauda  est  aujourd'hui  Roa,  province  de  Burgos,  sur  la  rive 

1.  Plutarque,  Sertorius,  c.  21,  §  5.  Edition  Didot,  p.  691,  1.  21.  Cf. 
Mommscn,  Kamiscbe  Geschichte,  6<=  édition,  t.  III,  p.  33. 

2.  Ptolcmce,  1.  II,  c.  6,  §  49,  p.  ib6,  1.  i. 

3.  Ptolcmée,  1.  II,  c.  6,  J^  49,  p.  167,  1.  4. 

Rcvui  Celtique,  XV.  3 


J4  H.  d'Arbois  de  Jabainville. 

droite  du  Duero,  comme  Aranda,  et  à  peu  de  distance  à 
l'ouest  ^ 

Dans  la  province  de  Segovia,  au  nord-ouest  de  cette  ville, 
était  située  la  ville  de  Cauca  que  le  consul  Licinius  Lu- 
cullus  prit  et  détruisit  par  trahison  en  l'an  15  i  -  et  qui  dut  son 
rétablissement  à  Scipion  Emilien  l'an  133  ^  ;  elle  est  attribuée 
aux  Vaccaei  par  Pline,  qui  appelle  les  habitants  Caucenses'^, 
et  par  Ptolémée  5.  C'était  sous  l'empire  romain  une  station  sur 
la  route  de  Merida  à  Saragosse^,  et  l'empereur  Théodose  le 
Grand  y  naquit.  On  y  a  trouvé  deux  inscriptions  romaines". 

Dans  la  province  de  Palencia,  tout  entière  située  au  nord  du 
Duero,  les  Vaccaei  possédaient  quatre  villes  que  nous  énu- 
mérons  dans  l'ordre  du  nord  au  sud  :  Lacohriga,  Avia,  Vimi- 
nacium,  Pallantîa.  Lacohriga  paraît  avoir  été  située  entre  Car- 
rion-de-los-Condes  au  sud,  et  Saldana  au  nord,  sur  les  bords 
du  Carrion,  affluent  de  droite  du  Pisuerga^.  Avia  était  un  peu 
à  l'est  de  Lacohriga,  à  Osorno  9. 

Viminacium  se  trouvait  au  sud-est  de  Lacohriga,  au  sud-ouest 
à' Avia.  Ce  serait  aujourd'hui  Carrion-de-los-Condes  ^°,  c'était 
une  station  sur  la  route  d'Astorga  à  Saragosse". 

Pallantia,  aujourd'hui  Palencia  sur  le  Carrion  '^\  est  chef-lieu 
d'une  province  en  Léon.  Mêla  dit  que  cette  ville  est  dans  la 
Tarraconaise,  la  plus  vaste  des  trois  provinces  romaines  de 
l'Espagne,  la  ville  qui,  avec  Numance,  a  les  plus  illustres  sou- 
venirs ^5.  Nous  avons  vu,  en  effet,  qu'après  avoir  résisté  avec 
succès  à  Lucinius  Lucullus  en  15 1^-^,  elle  repoussa  également 


1 .  Ptolémée,  1.  II,  c.  5,  §  49,  p.  166,  1.  7. 

2.  App'itn,  De  rehiis  hispaniensibiis,  c.  51-52,  p.  53-54. 

3 .  Ibid.,  c.  89,  p.  69. 

4.  Pline,  1.  III,  §  27. 

5.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  49;  p.  167,  1.  5. 

6.  Itinéraire  d'Antonin,  p.  435,  1.  4. 

7.  C.  I.L.,  II,  p.  378,  379. 

8.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  49,  p.  i66,  1.  2. 

9.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  49,  p.  166,  1.  3. 
10.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  49,  p.  165,  1.  5. 

II  .  Itinéraire  d' Antonin,  p.  449,  1.  2,  p.  453,  1.  9. 

12.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  49,  p.  167,  1.  2. 

13.  Mêla,  I.II,  c.  6,  §  4- 

14.  Appien,  De  rebns  hispanicnsibns,  c.  55,  p.  55. 


Les  Celtes  en  Espagne.  3  ^ 

en  136  les  attaques  d'Aemilius  Lepidus  ^  et  que  deux  ans  plus 
tard  des  soldats  sortis  de  ses  murs  tinrent  tête  aux  troupes  de 
Scipion  Emilien  ~.  Pline,  qui  appelle  ses  habitants  Palaiitîni, 
est  d'accord  avec  Ptolémée  pour  attribuer  cette  ville  aux  Fac- 
caei").  Strabon  commet  une  erreur  évidente  quand  il  la  met 
dans  le  territoire  des  Arevaci-i.  Sous  l'empire  romain,  Pal- 
lantia  était  une  station  de  la  route  d'Astorga  à  Tarragone5. 

Dans  la  province  de  Valladolid  qui,  probablement,  appar- 
tenait tout  entière  aux  Vaccaei,  les  villes  de  ce  peuple  que  nous 
connaissons  étaient  au  nombre  de  quatre,  toutes  situées  au 
nord  du  Duero  ;  c'étaient  Pintia,  Septimanca,  Amallo-briga, 
Porta  Augusta.  Pintia  ^  probablement  aujourd'hui  Valla- 
dolid, était  sous  l'empire  romain  une  station  sur  la  route 
d'Astorga  à  Sarragosse7.  On  peut  supposer  que  Pintia  est  un 
dérivé  de  l'adjectif  gaulois  qui  veut  dire  cinquième  ;  c'est  le 
correspondant  du  latin  Ouintia  et  de  l'osque  Pontia.  Septi- 
manca, au  sud-ouest  de  Pintia,  est  aujourd'hui  Simancas, 
ville  célèbre  de  la  Castille,  où  sont  conservées  des  archives 
bien  connues  des  savants.  Plus  au  sud-ouest  encore  se  trou- 
vait la  station  romaine  iX Amallo-briga,  aujourd'hui  Torde- 
sillas.  Septimanca  et  Amallohriga  ne  nous  sont  connues  que 
par  y  Itinéraire  d'Antonin  ^.  Aucun  texte  ne  nous  affirme  expli- 
citement que  ces  deux  villes  appartinssent  aux  Vaccaei,  mais 
leur  situation  géographique  rend  cette  attribution  évidente. 
Porta  Augusta  est  attribuée  aux  Vaccaei  par  Ptolémée,  et  on 
suppose  que  cette  localité  était  située  là  où  le  Pisuerga  venant 
de  Valladolid  se  jette  dans  le  Duero  9. 

La  province  de  Zamora  comprend  cinq  villes  des  Vaccaei, 
quatre  au  nord  du  Duero:  Brigaecium,  Intercatia,  Alhocola, 
Ocelum  Duri  ;  une  au  sud  du  Duero  :  Sarabis. 

1.  Appien,  ilnd.,  c.  80,  82,  p.  65,  èè. 

2.  Appien,  ihid.,  c.  88,  p.  60,  69. 
5.    Pline,  1.  III,  §26. 

4.  Strabon,  1.  III,  c.  4,  ^  13,  p.  135,  1.  7,  8. 

5.  Itiniraire  d'Antonin,  p.  9,  1.  441,  p.  453,  1.  8. 

6.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §49,  p.  168,  1.  2. 

7.  Itinéraire  d'Antonin,  p.  440,  1.  4. 

8.  Itinéraire  d'Antonin,  p.  435,  1.  i  et  2. 

9.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  49,  p.  165,  1.  6. 


36  H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

Brigaeciuin  est  aujourd'hui  Benavente,  sur  la  rive  droite  de 
l'Esla,  l'antique  ^j'/z/mj  affluent  de  droite  du  Duero.  Ptolémée, 
dans  un  endroit,  £iit  de  ses  habitants  une  tribu  des  Astnres, 
peuple  ibère  ^  Ailleurs,  dans  un  passage  un  peu  corrompu,  où 
Brigaecium  est  écrit  Bargiacis,  il  se  rectifie  et  rend  cette  ville 
aux  Vaccaei^.  C'est  le  Brigecum  situé  sur  la  route  d'Astorga  à 
Saragosse,  d'après  V Itinéraire  d'AnioninK  Les  Astures,  nation 
ibérique,  ont  dû  tirer  leur  nom  de  celui  de  VAstura  ou 
donner  leur  nom  à  cette  rivière.  Brigaecium  est  une  forteresse 
celtique  bâtie  dans  le  territoire  des  Astures.  En  l'an  25  avant 
J,  C,  P.  Charisius,  lieutenant  de  l'empereur  Auguste,  attaqué 
subitement  par  les  Astures^  était  perdu,  si  les  habitants  de 
Brigaecium  ne  l'eussent  à  temps  prévenu  de  l'approche  des 
ennemis  4 . 

Intercatia  est  aujourd'hui  Vilalpendo,  sur  le  Valderaduey, 
qui  se  jette  dans  le  Duero,  près  de  Zamora.  Sa  situation  est 
déterminée  par  V Itinéraire  d'Antonin^.  Cette  ville  apparaît  dans 
l'histoire  Tan  151  avant  notre  ère.  On  a  raconté  plus  haut 
comment  cette  ville  fut  alors  assiégée  par  le  consul  L.  Lici- 
nius  LucuUus  et  comment  le  siège  se  termina  par  un  traité 
sans  que  les  Romains  eussent  pu  pénétrer  dans  les  remparts 
de  cette  place  forte  ^.  On  a  prétendu  que  Strabon  et  Polybe 
attribuent  Intercatia  aux  Celtibères  dans  le  sens  restreint  du 
mot.  Mais  le  passage  de  Strabon  qu'on  a  ainsi  interprété  n'a 
pas  le  sens  précis  qu'on  lui  attribue  7.  Ptolémée  ne  commet 
point  d'erreur  en  attribuant  Litercatia  aux  Vaccaei^.  Sa  doctrine 
est  confirmée  par  une  inscription  trouvée  à  Tarragone  :  c'est 
l'épitaphe  d'une  femme  Cantabre  d'origine;  cette  épitaphe  a 
été  gravée  par  les  soins  de  son  mari,  originaire  d' Intercatia  et 
de  la  nation  des  Faccaei9. 


1 .  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  29,  p.  160,  I.  4. 

2.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  49,  p.  165,  1.  3. 

3.  Itinéraire  d'Antonin,  p.  439,  1.  8;  p.  440,  1.  i. 

4.  Florus,  1.  IV,  c.  12,  §  54-56. 

5.  Itiiicraire  d'Anioiiiii,  p.  440,  1.  2. 

6.  Appien,  De  rehiis  Inspaniensibiis,  c.  53,  54,  p.  54,  55, 

7.  Strabon,  1.  III,  c.  4,  §  13,  p.  135,  1.  12-15. 

8.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  49,  p.  165,  1.  4. 

9.  Intercatiensis  ex  gente  Vaccaeonmi ,  C.  /.  L.^  II,  4233. 


Les  Celtes  en  Espagne.  ^7 

Il  y  avait  une  autre  Intcrcatia  en  Asturie,  et  par  conséquent 
beaucoup  plus  au  nord.  L'existence  de  cette  autre  ville  homo- 
nyme de  la  première  est  établie  à  la  fois  par  un  passage  de 
Ptolémée^  et  par  une  inscription  du  musée  de  Bonn  qui  nous 
conservé  les  noms  d'un  soldat  originaire  d'Intercatia  et  qui,  en 
même  temps,  appartenait  à  la  nation  des  Astures^.  Suivant 
Ptolémée,  cette  Intercatia  était  une  ville  des  Orniaci.  Les  Or- 
viaci,  dont  le  nom  paraît  celtique,  ne  sont  pas  un  peuple  ima- 
ginaire. ScmproniusPerpetuus,  de  cette  nation,  Orniacus,  figure 
en  l'année  152  de  notre  ère  dans  une  inscription  d'Astorga, 
l'antique  Asturica  (royaume  et  province  de  Léon),  principale 
ville  des  Astures  \ 

Ce  document,  celtique  malgré  la  langue  dans  laquelle  il  est 
rédigé,  qui  est  le  latin,  complète  une  convention  plus  ancienne 
remontant  à  l'an  27  de  notre  ère.  Cette  convention  confir- 
mait l'existence  d'une  clientèle  qui  avait  été  antérieurement 
organisée.  Les  parties  contractantes  sont  au  nombre  de  six  qui, 
tous,  paraissent  porter  des  noms  celtiques;  ce  sont:  1°  Arausa, 
Blecaeni  (comparez  au  nom  d'homme  Arausa  le  nom  de  lieu 
dérivé  Aramio,  aujourd'hui  Orange,  Vaucluse)  ;  2°  Magilo 
Clouti  (deux  noms  gaulois  bien  connus);  3°  Turaius  Clouti 
(on  ne  peut  contester  que  Cloutus,  nom  du  père  de  Turaius, 
ne  soit  gaulois)  ;  4°  Bodecius  Burrali  (Bodecius  est  un  dérivé 
de  la  même  racine  que  le  gaulois  Boduus  et  Burralis  dérive  de 
Burrus,  surnom  d'Aft^anius,  préfet  du  prétoire  sous  Claude  et 
sous  Néron  ;  Afranius  Burrus  était  originaire  de  Vaison,  Vau- 
cluse) 4;  5°  Docius  Elaesi,  et  6°  Elaesus  Clutami.  Clutamus, 
nom  du  père  d'Elaesus,  portait  un  nom  celtique;  il  était  donc 
Celte  lui-même,  ainsi  que  Docius,  son  petit-fils,  et  fils  d'Elae- 
sus. Arausa  Blecaeni,  inscrit  le  premier,  est  le  patron  dont  les 
cinq  autres  sont  les  clients,  il  appartient  à  la  geiitilitas,  ou  si 
l'on  veut,  au  clan  des  Dcsonci,  et  il  est  originaire  de  Zoela, 
aujourd'hui  Castro-dc-Avellans,  en  Portugal,  dans  la  province 


1 .  Ptolémée,  I.  II,  c.  6,  §  31,  p.  161,  1.  2. 

2.  Orelli,  154. 

3.  C  /.  L.,  II,  2633. 

4.  C.  /.  L.,  XII,  p.  523.  n"  5842. 


5 8  H.  d'Arbois  de  Jubainvillc. 

de  Traz-oz-Montes  S  au  nord-ouest  de  Maranda-do-Douro,  à 
peu  de  distance  à  l'ouest  de  Zamora,  l'antique  OccJlum  Duri; 
ses  cinq  clients  appartenaient  à  la  gentilitas  ou  au  clan  des 
Triâiavi,  aussi  de  Zoela.  La  convention  a  été  conclue  avec 
l'intervention  du  magistrat  de  Zoela,  qui  était  Abienus,  fils  de 
Pentilius  ou  Pentilus.  Pentilus  est  un  dérivé  de  pentos  pour 
pemptos,  en  gaulois  «  cinquième  ».  Comparez  le  latin  Quin[c]- 
tilius. 

En  l'an  152  de  notre  ère,  c'est-à-dire  cent  vingt-cinq  ans 
plus  tard,  les  deux  clans  des  Desonci  et  des  Tridiavi  subsis- 
taient, le  premier  exerçant  toujours  droit  de  patronage  sur  le 
second,  et  les  Desonci,  avec  le  consentement  de  leurs  clients 
les  Tridiavi,  acceptèrent  dans  leur  clientèle  trois  nouveaux 
membres.  Sempronius  Perpetuus  Orniacus  est  nommé  le  pre- 
mier; il  appartenait  à  cette  petite  nation  des  Oniiaci,  à  la- 
quelle Ptolémée  attribue  une  ville  appelée  Intercatia,  différente 
de  Vlnteiratia  des  Vaccaei.  Ces  deux  villes  à' Intercatia  portent 
probablement  un  nom  celtique,  et  les  détails  qui  viennent 
d'être  donnés  établissent  que  sous  la  domination  romaine  il  y 
avait  encore  dans  les  régions  de  l'Espagne,  considérées  comme 
exclusivement  ibériques,  des  populations  celtiques  qui  con- 
servaient leurs  mœurs. 

Ocelum  Duri,  aujourd'hui  Zamora,  chef-lieu  de  la  province 
de  ce  nom,  est  placé  par  Vliinéraire  d'Antonin  à  la  fois  sur  les 
deux  routes  de  Meridaet  d'Astorga  à  Saragosse-;  c'est  la  loca- 
lité que  Ptolémée  appelle  Octodurum  et  donne  aux  Faccaei^. 

AlbocoJa,  d'où  le  dérivé  Albocolensis  dans  l'épitaphe  trouvée 
près  de  Salamanque  d'une  femme  appelée  Anima  est  appelée 
Alhocela  par  Ptolémée^;  c'est  aujourd'hui  Toro,  sur  le 
Duero,  à  l'est  de  Zamora  5.  Polybe  et  Tite-Live  ont  une  ortho- 
graphe légèrement  différente  et  qui  probablement  représente 
une  prononciation  plus  ancienne  :  c'est  Arbiicala  chez  le  pre- 
mier, Arbocala  chez  le  second.  Il  s'agit  d'événements  qui  rc- 


I .  CI.  L.,  II,  p.  363,  no  2606. 

2  Itinéraire  dAntonin,  p.  454,  1.  6,  p.  439,  1.   10. 

3.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  49,  p.  168,  I.  i. 

4.  CI.  L.,  II,  880 

5 .  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  49,  p.  166,  1.  6. 


Les  Celtes  en  Espagne.  39 

montent  à  l'année  219  avant  notre  ère.  Annibal,  avant  de 
partir  pour  l'Italie,  achève  la  conquête  de  l'Espagne  au  sud  de 
l'Ebre,  et  avec  beaucoup  de  difficultés,  après  une  vive  résis- 
tance, il  s'empare  d'une  ville  très  grande  et  très  peuplée  des 
Vaccaei  qui  s'appelait  Arbucala  ^  ou  Arbocala  ^. 

Sarabis,  dans  la  province  de  Zamora,  mais  au  sud  du 
Duero,  tandis  que  les  quatre  villes  précédentes  sont  au  nord 
de  ce  fleuve,  était  aux  environs  de  la  localité  appelée  El-Cubo- 
de-la-Pierra,  à  mi-chemin,  entre  Zamora  et  Salamanque?;  c'est 
la  station  mentionnée  sous  le  nom  de  Siharia  dans  une  des 
deux  routes  de  Mérida  à  Saragosse  que  donne  V Itinéraire 
d' Antoniu'^ . 

Dans  la  province  de  Salamanque,  au  sud-ouest  de  celle  de 
Valladolid  et  au  sud  de  celle  de  Zamora,  les  Vaccaei  possé- 
daient les  deux  villes  de  Selmantica,  plus  tard  Salmantica,  et 
de  Senticc,  probablement  aussi  celle  de  Mirobriga  dont  nous 
parlerons  à  propos  de  Salmantica.  La  première  de  ces  villes  est 
aujourd'hui  Salamanque,  chef-lieu  de  la  province,  autrefois  cé- 
lèbre par  son  université  et  située  sur  le  Termes,  affluent  de 
droite  du  Duero.  Les  manuscrits  de  Ptolémée  écrivent  son 
nom  Eldana'y.  Il  faut  corriger  Elmana  avec  un  esprit  rude  qui 
tient  lieu  d'un  s  initiale.  Le  plus  ancien  nom  de  Salamanque 
paraît  avoir  eu  deux  formes,  Sehnana  et  Sehnantica  ;  la 
seconde  est  dérivée  de  la  première.  Nous  avons  déjà  parlé 
de  la  prise  de  cette  ville  par  Annibal  en  219.  En  nous  appre- 
nant ce  fait,  Polybe  appelait  cette  ville  Hehnantica^,  et  Tite- 
Live  Herniandicai.  Dans  l'Itinéraire  d'Antonin,  cette  ville 
s'appelle  Salma\i{\tice  et  elle  est  située  sur  une  des  deux 
routes  de  Mérida  à  Saragosse^.  La  même  orthographe,  sauf 
la  dernière  voyelle  Salmantica,  est  celle  de  Ptolémée  dans 
le  passage   où    il  attribue  cette   ville    aux    Vettones,    peuple 

1.  Polybe,  1.  III,  c.  14,  §  i.  Ed.  Didot,  t.  I,  p.  127. 

2.  Pline,  1.  XXI,  c.  5. 

3.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  49,  p.  168,  1.  4. 

4.  Itincraire  d' Antonin,  p.  434,  1.  5. 

5.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  59,  p.  167,  1.  3. 

6.  Polybe,  1.  III,  c.  14,  §  i.  Ed.  Didot,  t.  I,  p.  127. 

7.  Tite-Live,  1.  XXI,  c.  5. 

8.  Itinéraire  d'Antotiin,  p.  434,  1.  4. 


40  H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

d'origine  ibérienne,  qui  étaient  les  voisins  occidentaux  des 
Vnccaci^.  Cette  notation  représente  la  prononciation  du 
temps  de  Tempire  romain;  on  le  voit  par  Tépitaphe  trouvée 
à  Salamanque  d'un  certain  L.  Julius  Capito,  qualifié  de  Sal- 
mantic\ensis]~-  Cette  notation  est  confirmée  par  trois  inscrip- 
tions >  qui  nous  apprennent  qu'en  l'an  VI  de  notre  ère,  l'em- 
pereur Auguste  fit  faire  un  bornage  entre  Sahnantîca,  au- 
jourd'hui Salamanque,  et  les  deux  villes  voisines  de  Bletisa, 
aujourd'hui  Ledesma,  au  nord-ouest  de  Salamanque,  sur  le 
Tormes,  comme  Salamanque,  et  de  Mirohriga,  aujourd'hui 
Ciudad-Rodrigo,  au  sud-ouest  de  Salamanque. 

Sentira  est  aujourd'hui  Frades-de-la-Sierra,  au  sud  de  Sala- 
manque 4.  V Itinéraire  d'Antonin  mentionne  cette  ville  et  la 
met  sur  une  des  deux  routes  de  Mérida  à  Saragosse^. 

Mirohriga,  aujourd'hui  Ciudad-Rodrigo,  ne  nous  est  connu 
que  par  le  bornage  fait  par  l'empereur  Auguste  entre  cette  ville 
et  celle  de  Salmantica,  l'an  6  de  notre  ère.  Elle  était  alors 
située  en  plein  dans  le  territoire  des  Vettones,  peuple  ibère  ^, 
mais  son  nom  est  celtique  comme  celui  de  Mirohriga,  ville  des 
Celtici,  appelée  Merohrica  par  Pline 7,  aujourd'hui  San-Jago-da- 
Cacem,  en  Portugal,  près  de  l'Océan,  au  sud  de  Lisbonne^, 
et  comme  celui  de  Mirohriga,  ville  des  Oretani,  aujourd'hui 
Capilla,  dans  l'Estremadure  espagnole,  province  de  Badajoz9, 
il  en  sera  question  plus  loin.  Nous  n'avons  pas  de  preuves  que 
Mirohriga,  aujourd'hui  Ciudad-Rodrigo,  ait  appartenu  aux  Fac- 
caei,  peut-être  est-ce  une  ville  des  Celtici  ;  ce  qu'il  y  a  de 
certain,  c'est  que  ce  sont  des  Celtes  qui  ont  fondé  cette 
ville. 


1 .  Ptolémée,  1.  II,  c.  5,  §  7,  p.  140,  1.  7. 

2.  CI.  L.,  II,  870. 

3.  CI.  L.,  II,  8)7,  858,  839. 

4.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §49,  p.  168,  1.  3. 

5.  Itinéraire  d'Aiiloiiin,  p.  434,  1.  3. 

6.  Ptolémée,  1.  II,  c.  5,  §  7,  p-  140-142. 

7.  Pline,  I.  IV,  §  116. 

8.  Ptolémée,  1.  II,  c.   ^,  §  5,  p.   154,  1.  8. 

9.  Ptolémée,  I.  II,  c.  6,  §  58,  p.  180,  1.  3. 


Les  Celtes  en  Espagne.  41 


§15.  Les  CeUibères  du  sud. 


Les  Oretani  paraissent  avoir  été  le  groupe  le  plus  méri- 
dional des  Ccltibcres;  leurs  possessions  étaient  situées  :  1°  dans 
le  bassin  du  haut  Guadiana,  l'antique  Anas  ;  2°  dans  celui  du 
haut  Guadalquivir,  autrefois  Bactis,  et  plus  anciennement  Tar- 
tcssus,  deux  fleuves  qui,  comme  on  sait,  se  jettent  dans  l'océan 
Atlantique;  3°  dans  le  bassin  du  Jucar,  autrefois  Sucro,  qui 
se  jette  dans  la  Méditerranée.  Elles  se  trouvaient  dans  l'Estre- 
madure  espagnole,  province  de  Badajoz,  en  Nouvelle  Castille, 
province  de  Ciudad-Real,  en  Andalousie,  province  de  Jaen, 
en  Murcie,  province  d'Albacete. 

Au  bassin  du  haut  Guadiana  appartiennent  :  1°  Mirobriga, 
aujourd'hui  Capilla  dans  la  province  de  Badajoz  ;  2°  les  quatre 
villes  de  Sisapo,  aujourd'hui  Almaden,  Oretum,  aujourd'hui 
Granatula,  Salica,  aujourd'hui  La  Solana,  Mentesa,  aujour- 
d'hui Villanueva-de-la-Fuente,  dans  la  province  de  Ciudad- 
Rcal.  Sont  comprises  dans  le  bassin  du  haut  Guadalquivir: 
Castulo,  aujourd'hui  Cazlona,  Vivatia,  aujourd'hui  Baeza,  Sa- 
laria, près  d'Ubeda,  Tugia,  aujourd'hui  Toia,  toutes  quatre 
dans  la  province  de  Jaen.  C'est  dans  le  bassin  du  haut  Jucar 
que  se  trouve  Libisosa,  aujourd'hui  Lezuza,  dans  la  province 
d'Albacete. 

Mirobriga,  attribuée  aux  Oretani  et  à  la  Tarraconaise  dans 
un  passage  de  Ptolémée  %  est,  dans  un  autre  passage  du  même 
auteur,  mis  dans  la  Bétique,  chez  les  Turdeîani,  peuple  d'ori- 
gine ibérique-.  Cette  seconde  doctrine  est  à  peu  près  celle  de 
Pline,  qui  donne  Mirobriga  aux  Turdulii.  Il  est  évident  que 
Ptolémée  a  fait  usage  de  deux  documents  différents,  dont  l'un 
attribuait  cette  ville  au  peuple  celte  qui  l'avait  fondé  et  dont 
un  autre  la  rendait  aux  Ibères  sur  le  territoire  desquels  elle 
était  bâtie.  La  situation  de  cette  ville  de  Mirobriga  est  fixée  à 
la  fois  par  V Itinéraire  d'Antonin  qui  la  place  sur  une  route  de 


1 .  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  58,  p.  181,  1.  3. 

2.  Ptolémée,  I.  II,  c.  4,  §  10,  p.  124,  1.  4. 

3.  Pline,  1,  III,  c.  14. 


42  H.  d'Arhois  de  Jubainville. 

Mérida  à  Saragosse^  et  par  trois  inscriptions  romaines  trouvées 
à  Capilla  :  dans  une  d'elles,  le  génitif  pluriel  Mirobrigensium 
est  écrit  en  toutes  lettres  ^,  dans  les  deux  autres  on  ne  lit  que 
les  quatre  premières  lettres  Miro^.  Nous  avons  déjà  cité  deux 
autres  Mirobriga  espagnoles,  mais  plus  occidentales,  l'une 
chez  les  Celtici,  entre  le  Guadiana  au  sud  et  le  Tage  au  nord, 
l'autre  entre  le  Tage  au  sud  et  le  Duero  au  nord,  proba- 
blement chez  les  Vaccaei. 

Sisapo  est  attribuée  aux  Orctani  par  Ptolémée^,  mais,  sui- 
vant Pline,  c'est  une  ville  des  Turdidi,  peuple  ibère  ;  la  cause 
est  la  même  que  pour  Mirobriga.  Sisapo  devait  une  grande 
importance  à  ses  mines  d'argent.  Strabon  en  parle.  «  Il  y  a  », 
dit  ce  géographe,  «  beaucoup  d'argent  dans  les  environs  de 
Sisapo  »,  et  il  distingue  deux  Sisapo,  le  vieux  et  le  nouveau, 
probablement  voisins  î.  Au  temps  de  Pline,  environ  un  demi- 
siècle  plus  tard,  les  filons  d'argent  exploités  à  Sisapo  étaient 
épuisés,  mais  on  y  avait  découvert  des  filons  de  minium  qui 
rapportaient  un  revenu  au  peuple  romain  6.  L'importance  des 
mines  de  Sisapo  a  donné  à  cette  ville,  comme  à  Castulon  sa 
voisine,  l'intérêt  qui  a  attiré  les  Celtes  dans  cette  région.  Le 
nom  de  Sisapo  se  ht  dans  une  inscription  destinée  à  rappeler, 
entre  autres  choses,  la  réparation  d'une  route  qui  y  conduisait/. 
Cette  inscription  a  été  trouvée  à  Cazlona.  Sisapo  est  aussi  men- 
tionnée dans  Vltiuéraire  d'Aiitonin  sur  une  des  routes  de  Mé- 
rida à  Saragosse^. 

Orctum,  près  de  "Granatula,  a  donné  son  nom  aux  Orctani 
dont  elle  paraît  avoir  été  la  capitale,  et  son  nom  est  encore  au- 
jourd'hui conservé  par  l'ermitage  de  Nuestra-Senora-de-Oreto; 
on  l'appelait  Oretuni  Germanormn  9,  et  les  Oretani  étaient  sur- 
nommés Gennani  ^°. 

1.  Itinéraire  d'Antonin,  444,  1.  6. 

2.  C.  I.  L.,  11,2366. 

3.  CL  L.,  II,  2573,  2367. 

4.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  58,  p.  180, 1.  8. 

5.  Strabon,  1.  III,  c.  2,  §  3,  p.  117,  1.  48-50. 

6.  Pline,  I.  XXXIII,  §  118,  121. 

7.  C.  /.  L.,  II,  3270. 

8.  Avec  l'orthographe  défectueuse  Sisahue  pour  Sisapoiu',  p.  444,  1.  7. 

9.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §58,  p.  181,  1.  i. 
10.  Pline,  1.  III,  5  25. 


Les  Celtes  en  Espagne.  45 

Salica,  aujourd'hui  probablement  Solana,  n'est  mentionnée 
que  par  Ptolèmée  qui  Tattribue  aux  Oretani  ^ 

Mcntesa,  aujourd'hui  ViUa-nueva-de-la-Fuente,  appartient 
aux  Oretani  suivant  Pline-,  comme  suivant  Ptolèmée  >.  Cette 
ville  paraît  identique  à  Mcntissa,  mentionnée  par  Tite-Live 
dans  le  récit  de  la  guerre  entre  les  Carthaginois  et  les  Romains 
en  Espagne  pendant  l'année  211  av.  J.-C.4, 

Dans  le  bassin  du  haut  Guadalquivir  en  Andalousie,  pro- 
vince de  Jaen,  se  trouvaient  Castulo,  Vivatia,  Salaria  et  Tugia. 

Castido,  aujourd'hui  Cazlonaî,  est  une  des  villes  celtibères 
mentionnées  à  la  date  la  plus  ancienne  par  les  historiens.  On 
a  déjà  vu  que  la  femme  d'Annibal  en  était  originaire.  Cepen- 
dant, en  214,  quatre  ans  après  le  départ  du  général  cartha- 
ginois pour  l'Italie,  cette  ville  se  laissa  déjà  entraîner  dans  le 
parti  des  Romains  ^.  Elle  le  quitta  après  la  défaite  et  la  mort 
des  deux  Scipion  en  212/,  et  quand  le  futur  Scipion  l'Africain 
eut  de  nouveau  rendu  la  victoire  fidèle  aux  enseignes  ro- 
maines, elle  abandonna  les  Carthaginois  pour  revenir  aux  Ro- 
mains en  206^.  L'auteur  de  la  capitulation  portait  un  nom 
celtique  :  il  s'appelait  Cerdubelus.  Castulo  avait  des  mines 
d'argent  dont  il  est  déjà  question  au  11^  siècle  avant  notre  ère 
chez  l'historien  Polybe  dans  le  récit  des  événements  de  l'an- 
née 206  av.  J.-C.  9.  On  a  trouvé  à  Cazlona  les  ruines  de  Cas- 
tulo et  un  grand  nombre  d'inscriptions  qui  ne  laissent  aucun 
doute  ni  sur  le  nom,  ni  sur  la  position  de  cette  ville  antique  ^°. 

Vivatia,  aujourd'hui  Baeza,  est  appelée  Municipium  Fla- 
vium  Vivatiense  dans  deux  inscriptions^^  qui  ont  été  trouvées 


1 .  Ptolèmée,  1.  II,  c.  6,  §  58,  p.  181,  1.  4. 

2.  Pline,  l.  III,  §  25. 

3 .  Ptolèmée,  1.  II,  c.  6,  §  58,  p.  182,  1.  i. 

4.  Tite-Live,  1.  XXVI,  c    17.  C.  /.  L.,  t.  II,  p.  434. 
3.  Ptolèmée,  1.  II,  c.  6,  §  58,  p.  181,  1.  7. 

6.  Tite-Live,  1.  XXIV,  c.  41.  Publius  Scipion  y  passe  ses  quartiers 
d'hiver  la  dernière  année  de  sa  vie.  Appien,  De  rébus  Jiispaniensibus ,  c.  16, 
p.  59. 

7  Tite-Live,  1.  XXVIII,  c.  19. 

8.  Tite-Live,  1   XXVIII,  c.  20. 

9.  Polybe,!.  X,  c.  38,  §  7;  1.  XI,  c.  20,  §  5.  Ed.  Didot,  t.  I,p.  469-491. 

10.  C.  I.  L.,  II,  p.  440  et  suivantes. 

11.  C.  /.  L  ,  II,  3251,  5252. 


44  l'I-  d'Arbois  de  Jiibainville. 

h  quelque  distance  dans  les  ruines  de  l'antique  Bacsucei  et  qui 
concernent  plusieurs  villes  des  environs.  A  Baeza  même, 
quelques  inscriptions  du  temps  de  Tempire  romain  attestent 
que  cette  localité  était  alors  habitée  ^ 

Salaria  était  située  près  d'Ubeda,  sur  la  rive  droite  du  Gua- 
dalquivir-.  Cette  ville  est  mentionnée  non  seulement  par  Pto- 
lémée,  mais  aussi  par  Pline  >  et  par  une  inscription  trouvée 
près  de  là  à  Toia4. 

Tugia  est  aujourd'hui  Toia,  près  de  Cazorla^.  L'orthographe 
exacte  de  son  nom  est  donnée:  i°  par  deux  inscriptions'^, 
celles  qui  nous  ont  déjà  indiqué  d'une  façon  exacte  le  nom  an- 
tique, Fivatia,  de  Baeza;  2°  par  V Itinéraire  d'Antonin,  où 
Tugia  est  une  station  sur  la  route  de  Cazlona  à  Malaga7. 

Dans  le  bassin  du  Jucar,  les  Orctani  possédaient  la  ville  de 
Libisosa,  aujourd'hui  Lezuza,  province  d'Albacete^.  La  situa- 
tion de  Libiscsa  est  établie  d'une  taçon  certaine  par  une  ins- 
cription où  cette  ville  est  appelée  Colonia  Libisosaiiorujn  ;  cette 
inscription  a  été  trouvée  à  Lezuza  9.  D'ailleurs  Libisosa  est 
dans  V  Itinéraire  d'Antonin  une  station  de  la  route  de  La  minium, 
aujourd'hui  Fuenllana,  à  Saragosse  ^°. 

En  l'an  179  avant  J.-C,  la  Cekibérie  s'étendait  dans  l'An- 
dalousie moderne,  au  sud  du  territoire  des  Oretani  que  nous 
venons  de  décrire.  Ainsi  Cartama,  province  de  Malaga,  était 
une  ville  celtibérienne.  On  l'a  vu  plus  haut  au  §  7  {Revue  Cel- 
tique, t,  XIV,  p.  383-384).  On  ignore  si  Cartama  appartenait 
aux  Oretani. 

§  16.  Les  Celtibcres  pe>idaiit  ta  seconde  guerre  punique. 
Lorsque,   en  218,  la  seconde  guerre   punique  commença, 

1.  CI.  L.,  II,  p.  449,  450. 

2.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  58,  p.  180,  1.  7. 

3.  Pline,  1.  III,  §  25. 

4.  CI.  L.,  II,  3329. 

5.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  58,  p.   182,  1.  5,  écrit  Tiiia. 

6.  C.  7.  L.,  II,  3251,  3252. 

7.  Itinéraire  d'Antonin,  p.  404,  1.  3. 

8.  Ptolémée,  1.  II,  c.  6,  §  38,  p.  181,  1.  5. 

9.  C.  I.  L.,  II,  3254. 

10.   Ilinéraire  d'Antonin,  p.  446,  1.  11. 


Les  Celtes  en  Espagne.  45 

l'Espagne  tout  entière  était  soumise  aux  Carthaginois  :  leur 
joug  avait  été  accepté,  non  seulement  par  la  population  ibé- 
rique habituée  depuis  plusieurs  siècles  à  la  domination  étran- 
gère, mais  aussi  par  les  Celtes,  maîtres  de  presque  toute  la 
péninsule  depuis  plus  de  deux  siècles.  En  leur  prenant  les 
villes  de  Schnaiitica,  Salamanque,  iïArbucala,  Toro,  An- 
nibal  avait  triomphé  des  dernières  résistances.  Sa  politique  et 
son  argent  avaient  transformé  en  alliés  ces  ennemis  vaincus 
contre  lesquels  Carthage  en  Espagne  combattait  depuis  dix- 
huit  ans.  Partant  pour  l'Italie,  le  général  carthaginois  em- 
mena avec  lui  des  troupes  auxiliaires  levées  en  Espagne,  no- 
tamment chez  les  Celtibères  ^  Dès  la  première  année,  les 
Romains  remarquèrent  des  cavaliers  celtibères  dans  l'armée 
carthaginoise  qui  pendant  l'hiver  les  harcelait  aux  environs 
de  Plaisance  2.  Deux  ans  plus  tard,  un  corps  de  cinq  cents  Cel- 
tibères concourut  puissamment  au  succès  des  Carthaginois  à 
la  célèbre  bataille  de  Cannes  :  par  ordre  d'Hannibal,  chacun 
des  cinq  cents  hommes  était  armé  de  deux  épées,  l'une  longue 
et  visible,  l'autre  courte  et  cachée  sous  ses  habits.  La  consigne 
donnée  par  le  général  carthaginois  était  de  se  rendre  aux  Ro- 
mains, de  livrer  les  longues  épées  apparentes,  en  gardant  les 
courtes  qu'on  ne  pouvait  voir,  et  d'attaquer  l'armée  romaine 
quand  arriverait  le  moment  fiivorable.  Les  Celtibères  exécu- 
tèrent ces  prescriptions.  Le  général  romain  auquel  ils  se  ren- 
dirent se  contenta  de  leur  ôter  leurs  grandes  épées,  il  plaça  en 
arrière  de  ses  troupes  les  cinq  cents  transfuges,  mais  ceux-ci, 
tout  d'un  coup,  tirant  de  dessous  leurs  vêtements  les  courtes 
épées  qu'ils  avaient  gardées,  se  précipitent  sur  les  Romains 
les  plus  rapprochés,  les  frappent  par  derrière,  les  tuent  avant 
qu'ils  aient  pu  se  mettre  en  défense.  L'effroi  se  répand  dans 
le  reste  de  l'armée  romaine  qui  se  voit  de  toute  part  entourée 
d'ennemis  :  elle  perd  confiance  en  elle-même  et  la  déroute 
commence  3.  Sur  quatre-vingt-six  mille  soldats  que  les  Romains 
à  Cannes  opposèrent  aux  Carthaginois,  soixante-dix  mille  res- 


I  .   Appien,  De  bello  Annibalico,  c.  4,  p.  76. 

2.  Tite-Live,  1.  XXI,  c.  57. 

5.   Appien,  De  bello  Amiibalkû,  c.  20,  22,  23,  p.  83,  8.).. 


46  H.  d'Arbois  de  Jiihainville. 

tèrent  sur  le  champ  de  bataille.  Hannibal  les  avait  vaincus 
avec  cinquante  mille  hommes.  Il  n'avait  perdu  que  cinq  mille 
sept  cents  hommes,  dont  quatre  mille  Gaulois  cisalpins  ^  En 
effet,  alors,  la  grande  force  d'Hannibal  en  ItaUe  était  l'appui 
des  Gaulois  cisalpins  qui  comptaient  sur  l'appui  des  Cartha- 
ginois pour  échapper  au  joug  de  Rome. 

Au  même  moment,  la  politique  romaine  en  Espagne  con- 
sistait à  s'appuyer  sur  les  Celtes  de  la  péninsule,  tous  frémis- 
sant sous  la  honte  du  joug  que,  depuis  dix-huit  ans,  Carthage 
triomphante  prétendait  leur  imposer.  Tandis  qu'Hannibal 
luttait  avec  succès  en  ItaHe  contre  les  généraux  romains  et 
prétendait  frapper  au  cœur  la  future  dominatrice  du  monde, 
Rome  était  assez  forte  pour  menacer,  en  Espagne  même,  l'état 
carthaginois  formé  par  la  famille  Barca,  et  le  nom  des  Scipions 
y  acquit  un  éclat  qui  fit  pâlir  l'étoile  de  la  dynastie  d'Hamilcar. 
La  politique  romaine  en  Espagne  fut  la  même  que  celle  d'Han- 
nibal en  Italie.  Pubhus  Cornélius  Scipio,  chargé  de  diriger  la 
guerre  avec  le  titre  de  proconsul  et  l'aide  de  Cnaeus  Corné- 
lius Scipio  Calvus,  son  frère  et  son  lieutenant,  rechercha 
l'alliance  des  Celtibères.  Ceux-ci  se  soulevèrent  contre  Car- 
thage. Tandis  que  les  généraux  carthaginois  cherchaient  à  les 
soumettre,  les  deux  Scipion  se  rendirent  près  de  Sagonte  où 
étaient  gardés  les  otages  qui  garantissaient  aux  Carthaginois 
la  fidélité  des  populations  d'Espagne  encore  soumises  à  leur 
domination  ;  ils  eurent  Tart  de  se  les  faire  livrer,  leur  rendi- 
rent la  liberté,  et  par  cet  acte  de  générosité  gratuite  attirèrent 
du  côté  de  Rome  en  Espagne  beaucoup  d'esprits  que  l'abandon 
et  la  ruine  de  Sagonde,  alliée  de  Rome,  laissée  sans  secours 
par  elle  et  prise  par  Hannibal  après  une  longue  et  inutile  résis- 
tance, avaient  rendus  hostiles  à  la  grande  et  orgueilleuse  répu- 
blique italienne^;  c'était  en  217,  l'année  qui  précéda  la  ba- 
taille de  Cannes.  Trois  ans  plus  tard  en  214,  Castulon  même, 
la  ville  celtibérienne  où  était  née  la  femme  d'Hannibal,  aban- 
donnait Carthage  pour  entrer  dans   le   parti  des  Romaine'. 


I.  Polybe,  1.  III,  c.  117,  §  6. 
2     Tite-Live,  1.  XXII,  c.  22. 
3.  Tite-Live,  1.  XXIV,  c.  41. 


Les  Celtes  en  Espagne.  47 

Cependant  l'armée  carthaginoise  d'Espagne  comptait  encore 
dans  ses  rangs  un  certain  nombre  de  soldats  mercenaires  d'ori- 
gine celtibérienne.  Cette  année  même,  214,  deux  rois  d'ori- 
gine celtique,  Moenicaptus  et  Vismarus,  furent  tués  dans  les 
rangs  de  l'armée  carthaginoise  par  les  Romains  qui  recueil- 
lirent dans  le  butin  beaucoup  de  colliers  et  de  bracelets  de 
même  forme  que  ceux  des  Gaulois  cisalpins  ^  Mais  les  deux 
Scipion  offrirent  aux  Cehibcres  mercenaires  une  solde  égale  à 
celle  que  payaient  les  Carthaginois.  Les  soldats  celtibères 
acceptèrent  ce  marché  et  passèrent  dans  le  camp  des  Romains. 
C'était  en  213,  trois  ans  après  le  désastre  des  Romains  à 
Cannes.  Alors  la  nation  celtibérienne  tout  entière  embrassa  la 
cause  romaine  avec  une  telle  ardeur  que  plus  de  trois  cents 
jeunes  gens  des  plus  nobles  flimilles  partirent  pour  l'Italie, 
afin  de  se  mettre  en  relation  avec  les  troupes  auxiliaires  qu'Han- 
nibal  y  avait  amenées  d'Espagne  et  pour  les  exciter  à  quitter 
Hannibal  et  à  se  ranger  du  côté  des  Romains  2. 

Toutefois  ce  zèle  pour  la  cause  romaine  ne  fut  que  momen- 
tané :  les  généraux  carthaginois  proposèrent  aux  Celtibères 
qui,  au  nombre  de  vingt  mille,  combattaient  dans  l'armée  ro- 
maine, de  leur  payer  une  solde  égale  à  celle  que  payaient  les 
Romains,  ils  n'y  mettaient  qu'une  condition  :  les  Celtibères 
se  retireraient  du  champ  de  bataille,  ils  ne  verseraient  plus  leur 
sang  ni  dans  l'intérêt  de  Rome  ni  dans  celui  de  Carthage,  ils 
laisseraient  les  deux  cités  ennemies  lutter  l'une  contre  l'autre 
àvec  leurs  propres  forces.  Les  Celtibères  acceptèrent  ce  nouveau 
marché  ;  les  deux  armées  romaines,  inférieures  en  nombre, 
furent  vaincues,  les  deux  Scipion  périrent  sur  le  champ  de  ba- 
taille et  la  cause  de  Rome  en  Espagne  parut  quelque  temps 
perdue,  2125.  Cependant  le  chevalier  L.  Marcius,  élu  général 
par  les  soldats  romains,  non  seulement  les  sauva  d'un  désastre 
complet  que  tout  faisait  craindre,  mais  releva  leur  courage  par 
deux  victoires  qui  eurent  alors  un  prodigieux  retentissement. 
La  perte  des  Carthaginois  fut,  dit-on,  de  cinq  mille  hommes 


1 .  Tite-Live,  1.  XXIV,  c.  42. 

2.  Tite-Live,  1.  XXIV,  c.  49. 

3.  Tite-Live,  \.  XXV,  c.  32-36. 


48  H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

dont  la  renommée  fit  d'abord  vingt  et  un  mille,  ensuite 
trente-sept  millet  Quoi  qu'on  puisse  penser  de  ces  chiffres  con- 
servés par  les  plus  anciens  annalistes  de  Rome  et  reproduits 
par  Tite-Live  dans  son  œuvre  aussi  éloquente  que  dépourvue 
de  critique,  les  Carthaginois  ne  purent  tirer  aucun  parti  de  la 
défliite  des  Scipions. 

Les  Celtibères,  subjugués  par  les  Barca,  avaient  pu,  grâce  à 
la  rivalité  des  Carthaginois  et  des  Romains,  recouvrer  leur  in- 
dépendance. Entre  les  régions  ibériennes  du  nord  de  l'Ebre 
conquises  par  les  armées  romaines  et  la  région  méridionale  sur 
les  bords  de  la  Méditerranée  et  de  l'Océan,  du  bas  Guadal- 
quivir  et  du  bas  Guadiana,  occupées  depuis  longtemps  par  des 
colonies  phéniciennes,  s'étendait  au  centre  de  l'Espagne,  de 
l'Ebre  au  Guadalquivir,  le  vaste  territoire  de  la  Ccltibérie  in- 
dépendante. Toutefois  les  Ibères  du  nord-ouest,  c'est-à-dire  les 
Lusitani,  les  Callaici,  les  Astures,  les  Cauîabri  et  d'autres  peu- 
ples moins  importants  sujets  des  Celtes  avant  Hamilcar  Barca, 
avaient  profité  de  l'abaissement  des  Celtes  par  Carthage  pour 
recouvrer  leur  liberté  ;  les  Celtes  ne  purent  les  remettre  sous 
le  joug.  Ces  Ibères  du  nord-ouest  surent  même  plus  tard  dé- 
fendre leur  indépendance  contre  les  armées  romaines  à  une 
date  où  les  Celtes  d'Espagne  avaient  accepté  la  domination  de 
Rome.  Des  regrets  que  firent  éprouver  aux  Celtes  d'Espagne  la 
perte  de  la  portion  occidentale  de  leur  territoire,  aucun  his- 
torien n'a  parlé.  Des  textes  nombreux  attestent  le  succès  pro- 
longé de  leurs  efforts  pour  conserver  leur  liberté  au  centre  de 
l'Espagne. 

Deux  ans  après  la  défaite  des  deux  Scipions,  on  vit  bien  à 
quel  point  la  puissance  de  Carthage  avait  décliné.  Le  propré- 
teur G.  Claudius  Nero,  envoyé  de  Rome  pour  prendre  l'of- 
fensive, attaqua  sans  grand  succès  les  Carthaginois,  laissant 


I .  Tite-Live,  1.  XXV,  c.  37-59.  Le  chiffre  de  37,000  se  trouvait  déjà 
dans  les  Annales  d'Acilius  qui  écrivait  environ  un  demi-siècle  après  l'évé- 
nement, vers  le  milieu  du  deuxième  siècle  avant  notre  ère.  Le  chiffre  de 
5,000,  qui  est  probablement  plus  exact,  est  donné  par  son  contemporain 
L.  Calpurnius  Piso  Frugi,  tribun  du  peuple  en  149,  consul  en  133  ;  le 
chiffre  intermédiaire  nous  a  été  conservé  par  Valerius  Antias,  au  commen- 
cement du  premier  siècle. 


Les  Celles  en  Espagne.  40 

naïvement  échapper  pendant  des  négociations  illusoires  avec 
Hasdrubal,  frère  d'Hannibal,  une  armée  qu'il  aurait  pu  foire 
prisonnière  ;  mais,  fait  significatif,  le  théâtre  de  ces  mala- 
droites opérations  militaires  était  la  frontière  méridionale  de  la 
Celtibérie,  le  pays  |des  Oretani,  qu'une  faute  de  copiste  a, 
chez  Tite-Live,  transformé  en  Ausetani,  peuple  du  nord  de 
l'Ehre  ;  les  deux  armées  étaient  en  présence  dans  la  province 
de  Jaën,  sur  les  bords  du  Guadalquivir,  entre  Iliturgis,  au- 
jourd'hui Andujar,  en  Andalousie,  province  de  Jaën,  et  Men- 
tissa  ou  Meiitesa,  —  soit  Mentcsa  des  Bastuli,  aujourd'hui  La 
Guardia,  en  Andalousie,  province  de  Jaën,  soït  Menîesa  des  Ore- 
tani, aujourd'hui  Villanova-de-la-Fuente,  en  Nouvelle  Castille, 
province  de  Ciudad-Real  ^  —  Tout  le  pays  situé  au  nord  du 
Guadalquivir  avait  échappé  aux  Carthaginois  :  les  Celtibères 
étaient  libres  du  joug  des  Carthaginois  comme  de  celui  des 
Romains. 

Bientôt  le  jeune  P.  Cornélius  Scipio,  mis  à  la  tête  des 
troupes  romaines  d'Espagne,  ramena  définitivement  la  victoire 
du  côté  des  Romains,  Comme  ses  oncles,  au  début  de  leurs 
campagnes  en  Espagne,  il  dut  son  succès  au  moins  autant  à 
la  politique  qu'à  l'habileté  de  ses  opérations  mihtaires.  Comme 
eux,  il  s'empara  des  otages  qui  garantissaient  aux  Cartha- 
ginois la  fidélité  des  diverses  populations  de  l'Espagne.  En 
217,  ces  otages  étaient  gardés  à  Sagonte.  Les  deux  Scipion 
les  en  avaient  fait  sortir  par  ruse  et  par  la  trahison  d'un  cer- 
tain Ovelux,  gagné  par  eux  après  avoir  tenu  pour  les  Cartha- 
ginois. Quand  le  jeune  Scipion  arriva  en  Espagne,  les  otages 
étaient  enfermés  à  Carthagène,  Carthage  la  Neuve,  fondation 
d'Hamilcar,  la  plus  forte  place  des  Carthaginois,  leur  capitale 
de  l'Espagne.  Le  jeune  Scipion  vint  l'assiéger,  s'en  empara 
par  un  coup  de  main  aussi  imprévu  que  hardi.  Ce  succès 
qui  semblait  découronner  Carthage  émut  en  Espagne  tous 
les  esprits  ;  on  se  demandait  d'une  extrémité  de  la  péninsule  à 
l'autre  quel  était  ce  génie  nouveau  qui  venait  réparer  par  cette 
conquête  la  honte  de  la  défaite  et  de  la  mort  de  son  père  et 
de  son  oncle. 

I.  Tite-Live,  1.  XXVI,  c.  17. 

Revue  Celtique,  XV.  4 


jo  H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

Scipion,  imitant  l'habile  générosité  des  deux  généraux 
dont  il  renouvelait  les  succès  sans  reproduire  les  désastres, 
rendit  aux  otages  la  liberté.  C'est  ici  que  se  place  un  trait  dont 
ont  beaucoup  parlé  les  moralistes.  Ils  l'ont  fait  d'un  ton  qui  a 
dû  toujours  exciter  le  sourire  des  hommes  politiques.  Parmi 
les  otages  était  la  fiancée  d'Allucius,  prince  des  Celtibèrcs. 
Scipion  rendit  cette  jeune  fille  à  ses  parents,  et  après  avoir  reçu 
d'eux  comme  présent  l'or  qu'ils  avaient  apporté  pour  rançon, 
il  donna  cet  or  en  cadeau  de  noce  au  tutur  époux  AUucius. 
Celui-ci  alla  immédiatement  lever  parmi  ses  clients  quinze 
cents  cavaliers  avec  lesquels  il  se  joignit  à  l'armée  romaine. 

La  puissance  de  Carthage  en  Espagne  avait  reçu  un  coup 
dont  elle  ne  put  se  relever  ^  Cependant  les  Carthaginois  con- 
tinuèrent à  résister.  Le  théâtre  de  la  lutte  était  resté  sur  la 
frontière  méridionale  de  la  Celtibérie,  alors  presque  tout  en- 
tière acquise  non  à  la  domination,  mais  à  l'alliance  des  Ro- 
mains. On  se  rappelle  que  Castulon,  aujourd'hui  Cazlona, 
était  la  patrie  de  la  femme  d'Hannibal.  Castulon  s'était  ralHée 
aux  Romains  au  temps  où  la  fortune  était  du  côté  du  père  et 
de  l'oncle  du  jeune  Scipion.  Cette  ville  était  retournée  aux 
Carthaginois  depuis  la  défaite  des  deux  généraux  romains; 
elle  semblait  être  la  place  dont  le  sort  devait  fixer  définiti- 
vement la  destinée  de  l'Espagne.  Près  de  Castulon,  qui  appar- 
tenait aux  Orctani,  se  trouvait  Baccula,  ville  ibérique  qu'il  ne 
faut  pas  confondre  avec  une  autre  Baecula  située  beaucoup 
plus  au  nord  près  des  Pyrénées,  dans  les  environs  de  la  ville 
moderne  de  Gerona^.  Chacune,  sous  la  domination  romaine, 
s'appela  Bacculo,  Baeculonis ;  de  là,  pour  la  Baecula  du  sud, 
située  sur  la  limite  des  Oretani  celtilDères  et  de  leurs  voisins 
ibères,  les  Turdetani,  le  nom  de  Baylen  célèbre  dans  l'histoire 
de  France  au  xix'^  siècle  :  à  Baylen,  l'antique  Baeculo  ou 
Baecula,  le  général  Dupont  signa  le  20  juin  1808  la  capitu- 
lation célèbre  qui,  alors,  décida  de  l'avenir  de  l'Espagne  et 
prépara  l'expulsion  définitive  des  Français.  Vingt  siècles  plus 


1.  Tite-Live,  1.  XXVI,  c.  41-51;  ce  récit  est  fort  abrégé  chez  Polybe, 
1.  X,  c.  19.  Ed.  Didot,  t.  I,  p.  456- 

2.  Pline,  1.  III,  §  23. 


Les  Celtes  en  Espagne.  5 1 

tôt,  se  livrèrent  à  Baecula  deux  batailles  qui  consommèrent  la 
chute  de  la  puissance  carthaginoise  en  Espagne  :  la  première 
date  de  l'an  209  av.  J.-C.  Hasdrubal,  frère  du  célèbre  Han- 
nibal,  était  campé,  nous  apprend  Polybe,  dans  le  territoire  de 
Castulon,  près  de  Baecula,  non  loin  de  ces  fameuses  mines 
d'argent  qui  étaient  alors  considérées  comme  les  principales 
richesses  des  maîtres  de  l'Espagne  ^  Scipion,  en  personne,  vint 
l'attaquer,  lui  tua  huit  mille  hommes  et  le  mit  en  fuite-.  Le 
général  carthaginois  abandonna  l'Espagne  aux  Romains  et  em- 
mena avec  lui,  entre  autres  troupes,  un  corps  de  Celtibères3, 
gagna  l'Italie  où  il  trouva  la  mort  en  allant  porter  secours  à 
son  frère  au  moment  où  celui-ci  s'attendait  à  la  joie  de  le  re- 
voir. La  tête  sanglante  et  livide  d'Hasdrubal  décapité  fut  jetée 
par  un  soldat  romain  dans  le  camp  des  Carthaginois. 

La  seconde  bataille  de  Baecula  fut  livrée  en  206,  trois  ans 
après  la  première.  Les  Carthaginois,  malgré  leurs  nombreux 
insuccès,  s'obstinaient  à  la  résistance.  Maîtres  encore  de  la 
pointe  méridionale  de  l'Espagne  qui,  entre  la  Méditerranée  et 
l'Océan,  formait  à  la  vieille  colonie  phénicienne  de  Cadix  une 
sorte  de  vaste  banlieue,  ils  continuaient  la  lutte  sur  la  frontière, 
méridionale  de  la  Celtibérie,  trouvant  toujours  avec  leur  or 
des  armées  mercenaires  de  soldats  celtibériens  à  opposer  aux 
armées  et  au  génie  militaire  des  Romains.  Après  une  bataille 
livrée  dans  une  localité  dont  les  historiens  n'ont  pas  pris  la  peine 
de  nous  donner  le  nom  et  dans  laquelle  en  207  Junius  Silanus, 
lieutenant  de  Scipion,  battit  à  la  fois  les  Carthaginois  et  les  Cel- 
tibères,  leurs  alliés,  au  nombre  de  neuf  mille -*,  Scipion  en  per- 
sonne livra  bataille  aux  Carthaginois  pour  la  seconde  fois  sous 
les  murs  àe Baecula.  Hasdrubal,  fils  de  Gisgon,  Hasdrubal,  vain- 
queur de  Cnaeus  Scipion  en  212,  le  plus  grand  homme  de  guerre 
qu'eussent  alors  les  Carthaginois  après  Hannibal,  commandait 
les  troupes  opposées  à  Scipion.  Il  fut  battu,  s'enfuit  à  Cadix5. 


1 .  Polybe,  1.  X,  c.  38,  §7.  Ed.  Didot,  t.  I,  p.  469. 

2.  Polybe,  1.  X,  c.  39,  p.  469,  470.  Tite-Live,  1.  XXVII,  c.  18. 

3.  Appien,  De  rébus  hispanieusibus,  c.  28. 

4.  Pline,  1.  XXVIII,  c.  1-2. 

5.  Tite-Live,  1.  XXVIII,  c.  13,  14.  Polybe,  1.  XI,  c.  20-24.  Ed.  Didot. 
t.  I,  p.  490-493- 


Ç2  H.d'Arbois  de  hihainville. 

La  défaite  d'Hasdrubal  à  Baecula,  206,  décida  du  sort  de 
l'Espagne  :  la  péninsule  appartenait  aux  Romains,  et  la  résis- 
tance désespérée  qui  s'y  prolongea  pendant  deux  siècles  fut 
acte  de  héros,  mais  il  était  décidé  d'avance  que  ces  héros 
étaient  vaincus. 

Les  Celtes  et  les  Ibères  étaient,  les  uns  comme  les  autres,  des- 
tinés à  la  servitude.  On  en  vit  le  présage  cette  année  même,  à 
Iliturgis,  chez  les  Turduli^,  et  à  Castulon  chez  les  Oretani. 
C'étaient  deux  villes  voisines.  Iliturgis,  aujourd'hui  Espeluy, 
sur  la  rive  gauche  du  Guadalquivir,  est  comme  Cazlona,  l'an- 
tique Castulon,  dans  la  province  de  Jaen,  Baccuhi  (Baylen),  ce 
fameux  champ  de  bataille,  est  sur  le  chemin  qui  mène  de  l'une 
à  l'autre.  Les  Romains  entreprirent  en  même  temps  le  siège 
des  deux  villes.  Les  habitants  d'Iliturgis  avaient  massacré, 
après  la  défiite  des  deux  Scipion  en  212,  ceux  des  Romains 
vaincus  qui  s'étaient  réfugiés  dans  leurs  murs.  Scipion,  qui 
voulait  venger  la  mort  de  ses  malheureux  compatriotes,  se 
rendit  en  personne  sous  les  murs  d' Iliturgis.  Les  habitants,  sa- 
chant bien  le  sort  qui  les  attendait,  étaient  tous  sur  les  remparts 
sans  distinction  d'âge  ni  de  sexe,  les  hommes  lançant  les  pro- 
jectiles, exhaussant-  les  fortifications,  les  femmes,  les  enfants 
apportant  des  javelots  et  des  pierres  à  leurs  maris,  à  leurs 
pères.  Scipion  ordonna  l'assaut  ;  il  fit  apporter  des  échelles. 
En  voyant  ses  troupes  hésiter,  il  cria  à  haute  voix,  par  forme 
de  défi,  qu'à  défaut  d'un  plus  brave,  il  allait  monter  le  pre- 
mier. Les  soldats  romains  s'élancèrent  en  avant  avec  une  ar- 
deur irrésistible  ;  les  habitants  d' Iliturgis,  armés  ou  non  armés, 
hommes,  femmes,  enfants,  furent  massacrés  jusqu'au  dernier; 
puis  le  feu  fut  mis  à  la  ville  et  quand  l'incendie  s'éteignit,  le 
marteau  détruisit  ce  que  les  flammes  avaient  épargné.  Rien 
ne  resta  de  la  ville  où  des  murailles  encore  debout  auraient  été 
en  quelque  sorte  un  monument  du  désastre  des  Romains  et  de 
la  mort  funeste  des  deux  Scipion  ^. 

Puis  le  vainqueur  marcha  sur  Castulon  dont  les  murailles 
abritaient  une  partie  des  Carthaginois  vaincus  à  Baecula.  Ils 


1 .  Ptolémée,  1.  II,  c.  4,  §  9,  p.  1 1 5,  1.  14. 

2.  Tite-Live,  1.  XXVIII,  c.  19  et  20. 


Les  Celtes  en  Espagne.  55 

étaient  là  sans  leur  général,  réfugié  à  Cadix,  et  prêt  à  prendre 
la  mer  pour  gagner  Carthage.  Un  chef  obscur,  nommé  Hi- 
milcon,  les  commandait.  Craignant  d'être  traités  comme  les 
habitants  à'Iliturgis,  les  Celtibères  de  Castulon  n'osèrent  asso- 
cier leur  sort  à  celui  de  cette  garnison  étrangère.  Cerdubelus, 
leur  chef,  traita  avec  les  Romains.  Scipion  fit  les  Carthaginois 
prisonniers  et  laissa  aux  habitants  de  Castulon  la  vie  et  la 
libertés 

Peu  après,  Scipion  se  rendit  à  Carthagène  où  il  fit  célébrer 
des  jeux  en  l'honneur  de  son  père  et  de  son  oncle  morts  tous 
deux  six  ans  auparavant.  Leur  désastre  se  changeait  en  triomphe. 
Des  combats  de  gladiateurs  devaient  être  le  principal  ornement 
de  la  fête,  et  ces  mêmes  Celtibères  qui,  après  la  défaite  des 
généraux  romains,  étaient  passés  du  côté  des  Carthaginois  vic- 
torieux, vinrent  s'ofi^rir  eux-mêmes  à  Scipion  pour  jouer  le 
rôle  de  gladiateurs  et  pour  s'entr'égorger  en  l'honneur  de  son 
père  et  de  son  oncle.  Une  maladie  qui  survint  au  général  ro- 
main peu  de  temps  après  fut  le  signal  d'une  révolte  à  laquelle 
prirent  part  les  Celtibères  2,  mais  elle  fut  rapidement  réprimée. 
L'année  même  les  Carthaginois  quittèrent  l'Espagne,  et  Cadix 
elle-même,  après  avoir  fermé  ses  portes  à  Magon,  le  dernier 
général  des  Carthaginois  en  Espagne,  les  ouvrit  aux  Romains  3. 

Les  Celtibères  n'dvaient  pas  tous,  comme  les  gladiateurs  vo- 
lontaires de  Carthagène,  l'adoration  du  succès  :  on  en  avait  vu 
la  preuve  dans  un  des  engagements  qui  précédèrent  la  bataille 
de  Baecula  ;  les  troupes  romaines  étaient  commandées  par  ce 
même  Marcius  qui,  choisi  comme  chef  provisoire  par  les  sol- 
dats après  la  mort  des  deux  Scipion,  avait  battu  les  Cartha- 
ginois vainqueurs.  Il  avait  en  face  de  lui  un  corps  de  Celti- 
bères et  d'Ibères  commandés  par  le  Carthaginois  Magon.  Tous 
étaient  originaires  de  villes  qui  avaient  fait  leur  soumission 
aux  Romains,  ils  restaient  fidèles  aux  Carthaginois.  Marcius 
leur  tua  quinze  cents  hommes. 

Une  autre  fois,  il  rencontra  un  autre  corps  de  troupe  sem- 


1.  Tite-Live,  1.  XXVIII,  c.  20. 

2.  Tite-Live,  1.  XXVIII,  c.  24. 
5.  Tite-Live,  I.  XXVIII,  c.  37. 


j4  M.  d'Arbois  de  Jubainville. 

blable  commandé  par  le  Carthaginois  Hannon:  sept  cents 
cavaliers  et  six  mille  fantassins.  Marcius  parvint  à  les 
bloquer  et  les  contraignit  par  la  famine  à  lui  livrer  ]es  dé- 
serteurs, leur  général  et  les  prisonniers  qu'ils  avaient  faits  ; 
puis,  prenant  un  ton  menaçant  :  Vous  avez  mérité  la  mort, 
leur  dit-il,  vous  qui  vous  êtes  associés  à  nos  ennemis  et  qui 
portez  les  armes  contre  vos  patries,  sujettes  des  Romains  ;  tou- 
tefois je  vous  fois  grâce,  déposez  les  armes  et  partez.  Mais  les 
Celtibères  n'hésitèrent  point,  ce  fut  chez  eux  un  cri  unanime  : 
ils  refusèrent  de  rendre  leurs  armes  et  une  bataille  terrible 
commença.  La  moitié  des  Celtibères  resta  sur  le  champ  de 
bataille,  la  moitié  réussit  à  échapper  par  la  fuite,  mais  le 
nombre  des  Romains  tués  était  presque  égal  à  celui  des  enne- 
mis qui  avaient  succombée 

Chez  les  Celtibères  comme  chez  les  autres  populations  de 
l'Espagne,  beaucoup  de  cœurs  généreux  avaient  accepté  l'al- 
hance  de  Rome,  mais  ne  pouvaient  admettre  que  cette  alliance 
se  transformât  pour  eux  en  servitude  et  leur  donnât  des 
maîtres.  L'Espagne  évacuée  par  Carthage  en  206  n'avait  pas 
accepté  le  joug  de  Rome.  En  202,  l'armée  carthaginoise  oppo- 
sée à  Scipion  en  Afrique  comprenait  un  corps  de  4,000  Celti- 
bères, des  traîtres,  disaient  les  Romains  :  —  non,  des  hommes 
hbres  et  braves;  —  ils  se  firent  tuer  jusqu'au  dernier-. 

§  17.  Les  Celtibères  après  la  seconde  guerre  punique. 

Les  guerres  des  Romains  contre  les  Celtibères  après  la  se- 
conde guerre  punique  peuvent  se  distinguer  en  trois  périodes  : 
la  première,  de  195  à  178,  prend  fin  par  un  traité  d'alliance 
qui  accorde  aux  Celtibères  une  indépendance  à  peu  près  com- 
plète. La  seconde,  153-133,  succède  à  vingt-cinq  ans  de  paix: 
elle  a  pour  objet  la  conquête,  et  ce  but  est  atteint  au  bout  de 
vingt  ans  environ,  douze  ans  avant  le  premier  établissement 
des  Romains  dans  la  Gaule  transalpine.  La  troisième  période 
commence  après  la  conquête,  133,  elle  se  termine  vers  l'an  80 


1.  Appicn,  De  relms  hispaniensihus,  c.  31,  p.  45,  46. 

2.  Polybc,  l.XIV,  c.  7,  §  5,  7;  c.  8,  §  7-14. 


Les  Celtes  en  Espagne.  5  5 

de  notre  ère;  elle  comprend  des  alternatives  de  soumission  et 
de  révoltes  cruellement  réprimées. 

Avant  l'année  153,  la  politique  romaine  en  Espagne  ne 
paraît  pas  avoir  pour  objectif  la  conquête  de  la  Celtibérie.  Les 
Romains  sont  maîtres  des  côtes  de  l'Espagne  à  l'est  et  au  sud, 
sur  la  Méditerranée  et  sur  l'Océan  depuis  les  Pyrénées  jusques 
et  y  compris  Cadix,  et  même  probablement  au  delà.  Car,  dès 
l'année  153,  les  Celtici  du  sud  étaient  leurs  sujets.  A  cette 
bande  de  terre  où  leur  domination  est  incontestée,  ils  veulent 
joindre  deux  régions,  l'une  est  située  au  nord  de  la  Celtibérie, 
entre  l'Ebre  et  les  Pyrénées,  elle  appartient  à  l'Espagne  cité- 
rieure,  c'est-à-dire  en  deçà  de  l'Ebre  ^  ;  l'autre  comprise  dans 
l'Espagne  ultérieure  (c'est-à-dire  au  delà  de  l'Ebre),  est  au  sud- 
ouest  de  la  Celtibérie,  sur  les  bords  du  Guadalquivir,  du  Gua- 
diana  et  du  Tage  ;  là  habitent  diverses  populations  ibériques  ; 
les  principales  sont  les  Turduli,  les  Tunictani,  les  Lusitani, 
les  Vettones,  les  Carpetani.  Chez  les  Turduli  est  située  Corduha, 
Cordoue^.  Sur  le  Guadalquivir  les  Turdetani  ont  pour  ville 
principale  Hispalis,  Séville  3  sur  le  même  fleuve,  et  s'étendent 
jusqu'à  l'embouchure  du  Tage;  les  Lusitani  sur  l'Océan  oc- 
cupent les  côtes  dans  la  région  entre  le  Tage  et  le  Douro,  qui 
est  aujourd'hui  le  centre  du  Portugal,  et  s'avancent  dans  l'in- 
térieur des  terres,  Merida,  dans  l'Estremadure  espagnole,  sur  le 
Guadiana,  était  dans  leur  territoire  4  ;  les  Vettones  habitent  à 
l'est  des  Lusitani;  à  l'est  des  Vettones  on  trouve  les  Carpetani, 
chez  lesquels  était  Joletum,  Tolède  5.  Madrid,  capitale  moderne 
de  l'Espagne,  a  été  bâtie  sur  le  territoire  des  Carpetani.  Telle 
était  au  sud  et  au  sud-ouest  de  la  Celtibérie  la  portion  de  la 
péninsule  ibérique  dont  la  conquête  fut  le  but  des  généraux 
romains  pendant  le  demi-siècle  qui  suivit  la  seconde  guerre 
punique,  202-152.  Quant  à  la  région  du  nord-ouest,  au  nord 
du  Duero,   elle  resta  longtemps  étrangère  à  leurs  préoccu- 


1 .  Les  populations  ibériques  du  nord  de  l'Ebre  avaient  déjà  accepté  l'al- 
liance romaine  en  218;  Polybe,  1.  III,  c.  76,  5  6.  Ed.  Didot,  t.  I,  p.  172. 

2.  Ptolémée,  1.  II,  c.  4,  §  9,  p.  117,  1.  i. 

3 .  Ptolémée,  1.  II,  c.  4,  §  10,  p.  122,  1.  2. 

4.  Ptolémée,!.  II.  c.  5,6,  p.  136,  1.  2. 

5.  Ptolémée,!.  II,  c.  6,  §  56,  p.  175,  !.  7. 


5 6  H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

pations.  Là,  outre  une  portion  des  Ccltici,  habitaient  les  Cal- 
laici,  aux  environs  de  Braga  en  Portugal,  province  |dite  Entre 
Douro  e  Minho,  et  autour  de  Saint-Jacques-de-Compostelle, 
en  Espagne,  dans  la  région  encore  appelée  Galice  ^  A  l'est  des 
Callaici  les  Asturcs  ^  habitaient  sur  les  bords  de  leur  homo- 
nyme VAstura,  aujourd'hui  l'Esle,  qui  est  un  affluent  du 
Duero,  et  qui  baigne  la  ville  de  Léon.  Oviedo,  l'antique 
Ovctuui,  était  située  chez  les  Asturcs.  De  leur  nom  dérive 
celui  lïAsturica,  maintenant  Astorga,  royaume  et  province  de 
Léon,  et  celui  d'Asturie  qui  est  encore  un  terme  géogra- 
phique. A  l'est  des  Astures  venaient  les  Cantabri,  dans  la 
Vieille  Castille,  province  de  Santander  et  dans  la  partie  orien- 
tale des  Asturies,  c'est-à-dire  de  la  province  d'Oviedo', 

Ces  peuples  du  nord-ouest  restèrent  pendant  longtemps  en 
dehors  de  la  sphère  d'action  des  armées  et  de  la  politique  ro- 
maine. Le  premier  général  romain  qui  pénétra  chez  les  Cal- 
laïci  fut  le  consul  Decimus  Junius  Brutus  pendant  son  gou- 
vernement de  l'Espagne,  138-136  ;  il  passa  pour  les  avoir  sub- 
jugués 4,  Quant  aux  Cantabri  et  aux  Astures  l'honneur  de  les 
dompter  était  réservé  à  l'empereur  Auguste,  cent  dix  ans  plus 
tard. 

Dans  la  première  période  qui  suit  la  seconde  guerre  punique, 
202-152,  les  Romains  ne  combattent  les  Celtibères  que  pour 
repousser  les  secours  donnés  par  ces  derniers  aux  peuples 
ibères  dont  Rome  a  décidé  la  conquête,  et,  chose  curieuse, 
quand  en  153  le  sénat  de  Rome  décide  que  la  Celtibérie  sera 
réunie  à  l'état  romain,  ne  voulant  pas  imposer  à  ses  armées 
une  tâche  trop  forte,  il  n'entend  pas  comprendre  le  territoire 
des  Vaccaei  dans  le  territoire  dont  il  veut  s'emparer;  de  là, 
plus  tard,  la  doctrine  géographique  qui  met  les  Vaccaei,  quoique 
Celtibères,  en  dehors  de  la  Celtibérie, 

Voici  quelques  détails  sur  les  guerres  qui  eurent  lieu  dans 
la  première  période  : 

La  première  période  s'ouvrit  par  une  bataille  où  les  Celti- 

1.  Ptolémce,  1.  II,  c.  6,  §  i,  22,  38,  p.  143,  144,  156,  i57>  162,  163. 

2.  Ptolcmée,  1.  II,  c.  6,  §  28,  35,  p.  159-161. 

5.   Ptolcmée,  1.  II,  c.  6,  §  6,  5.0,  p.  147,  168,  169. 
4.   Appien,  De  rébus  hispanlcnsibus,  c.  71-72,  p.  61-62. 


Les  Celtes  en  Espagne.  J7 

bères  auraient  eu  vingt  mille  hommes  engagés.  Le  préteur 
M.  Helvius  sortait  de  l'Espagne  méridionale  et  voulait  se 
rendre  dans  le  nord  de  la  péninsule;  il  rencontra  les  Celtibères 
près  d'Ilitun^is,  chez  les  Turduli,  et  leur  tua,  dit-on,  douze 
mille  hommes  S  195  av.  J.-C.  La  même  année,  le  préteur 
P.  Manlius,  en  guerre  avec  les  Turduli,  peuple  ibère  de  l'Es- 
pagne méridionale,  se  trouva  un  jour  en  face  d'un  corps  de 
dix  mille  Celtibères,  soldats  mercenaires  à  la  solde  des  belli- 
gérants, il  leur  fit  offrir  le  choix  entre  trois  partis  :  1°  passer 
dans  les  rangs  de  l'armée  romaine  avec  une  solde  double  de 
celle  que  leur  payaient  les  Turduli  ;  2"  rentrer  chez  eux  avec 
assurance  de  n'être  pas  inquiétés  par  les  Romains  ;  3°  foire  la 
guerre  aux  Romains,  et  en  ce  cas  convenir  du  jour  et  de  l'en- 
droit où  la  bataille  serait  livrée.  Les  Celtibères  ne  purent 
prendre  un  parti  ;  le  préteur  supposa  qu'ils  voulaient  la  paix 
et  ne  les  attaqua  point  -. 

Les  Romains  prirent  l'offensive  deux  ans  plus  tard.  L'un  des 
deux  préteurs  qui  commandaient  en  Espagne  assiégea  et  prit 
la  ville  d'Ilucie,  chez  les  Oretani  ;  l'autre  gagna  la  bataille  de 
Tolède  sur  une  armée  composée  de  Vettones,  peuple  ibère, 
de  Celtibères  proprement  dits  ou  orientaux,  et  de  Vaccaei, 
c'est-à-dire  de  Celtibères  occidentaux,  193  5.  Tolède  était  sur 
le  territoire  des  Carpetani,  peuple  ibère  4. 

Sept  ans  plus  tard,  en  186,  le  préteur  L.  Manlius  Acidinus 
remporta  deux  victoires  sur  les  Celtibères  :  on  ne  sait  où  fut 
livrée  la  première  de  ces  batailles  ;  la  seconde  eut  lieu  près  de 
CLilaguris\  dans  le  nord  de  l'Espagne,  soit  Calahorra,  sur  la 
rive  droite  de  l'Ebrc,  en  Vieille  Castille,  province  de  Logroiîo, 
soit  Loarre  en  Aragon,  province  de  Huesca,  un  peu  au  nord  de 
cette  ville  ^,  203.  L'année  suivante,  185,  les  deux  préteurs, 
C.  Calpurnius  Piso  et  L.  Quintius  Crispinus,  ayant  réuni  leurs 
troupes,  tuèrent,  dit-on,  près  de  Tolède,  trente   et  un  mille 


1 .  Tite-Live,  1.  XXXI,  c.  10. 

2.  Tite-Live,  1.  XXXIV,  c.  17-19. 

3.  Tite-Live,  1.  XXXV,  c.  7. 

4.  Ptolémee,  1.  II,  c.  6,  §  56,  p.  175,  1.  6. 

5.  Tite-Live,  1.  XXXIX,  §22. 

6.  Ptolémee,  \.  II,  c.  6,  $  66,  p.  190, 1.  3. 


5 8  H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

hommes  sur  trente-cinq  mille  dont  se  composait  une  arm.ée  de 
Celtibères  et  de  Lusitani,  alors  alliés  contre  Rome.  Ils  obtin- 
rent tous  deux,  en  184,  les  honneurs  du  triomphe;  dans  le 
butin  produit  par  leur  victoire  et  porté  solennellement  dans  la 
pompe  triomphale,  on  remarqua  cent  soixante-six  couronnes 
d'or  et  vingt-quatre  mille  livres  d'argent  ^. 

En  182,  les  Celtibères  voulurent  forcer  le  préteur  Q.  Ful- 
vius  Flaccus  à  lever  le  siège  d'Urhicua  dont  la  situation  est  in- 
connue. Ils  furent  repoussés,  mais  après  avoir  blessé  et  tué 
beaucoup  de  soldats  romains  ^. 

En  181,  le  préteur  Q..  Fulvius  Flaccus  était  campé  chez  les 
Carpetani,  sous  les  murs  (ÏAebura,  près  de  Tolède.  Achiira 
était  déjà  soumise  aux  Romains.  Les  Celtibères,  au  nombre  de 
trente-cinq  mille,  vinrent  attaquer  Flaccus.  Le  général  romain 
avait  deux  légions,  soit  environ  vingt  mille  hommes,  à  leur 
opposer,  en  comptant  les  troupes  auxiliaires  ;  il  battit  l'en- 
nemi, il  lui  tua,  dit-on,  vingt-trois  mille  hommes  et  lui  fit 
quatre  mille  sept  cents  prisonniers  ;  il  ne  perdit  lui-même, 
prétend  Tite-Live,  que  trois  mille  quatre  cents  hommes  en- 
viron, presque  tous  des  auxiliaires,  les  soldats  romains  morts 
ne  dépassèrent  pas  deux  cent  trente  3.  Puis  Flaccus  entra  en 
Celtibérie  et  vint  assiéger  Contrehia,  qu'il  contraignit  à  capi- 
tuler, et  une  nouvelle  armée  celtibérienne  étant  venue  un  peu 
trop  tard  au  secours  de  cette  place,  il  lui  tua  douze  mille 
hommes.  Après  ce  succès  il  put  sans  obstacle  ravager  la  Celti- 
bérie et  y  prendre  un  grand  nombre  de  forteresses  secondaires, 
181.  En  général  il  évita,  probablement  crainte  d'insuccès,  le 
siège  des  villes.  Il  ne  fit  exception  que  pour  Complega,  ville 
nouvelle,  qui  s'était  rapidement  accrue  et  qui  était  fortifiée. 
Cette  ville  avait  servi  de  refuge  à  beaucoup  de  Celtibères  qui, 
habitant  la  campagne,  fuyaient  devant  les  Romains.  Fiers  de 
leur  nombre,  ils  sortirent  en  armes,  et  envoyèrent  à  Flaccus 
des  députés  qui  le  sommèrent  de  donner  une  réparation  pour 
la  mort  des  guerriers  celtibères  qui  avaient  succombé  depuis  le 


I  .   Tite-Live,  1.  XXXIX,  c.  30,  51,  42. 

2.  Tite-Live,  1.  XL,  c.  16. 

3.  Tite-Live,  1.  XL,  c.  30-53. 


Les  Celtes  en  Espagne.  en 

commencement  de  la  guerre;  ils  demandaient  par  homme  tué 
un  sagiim,  un  cheval  et  une  épée  :  «  Je  vous  amènerai  beau- 
coup de  sagum  »,  répondit  Flaccus  ;  les  soldats  romains  por- 
taient le  sagum,  et  Flaccus  vint  avec  son  armée  camper  sous 
les  murs  de  Complega.  Les  habitants  effrayés  s'enfuirent  ^ 

Tiberius  Sempronius  Gracchus,  successeur  de  Flaccus  en  1 79, 
fit  lever  le  siège  mis  par  les  Celtibères  devant  Caravis,  aujour- 
d'hui Magallon,  rive  droite  de  l'Ebre,  en  Aragon,  province 
et  au  nord-ouest  de  Saragosse-.  Caravis  était  une  ville  alHée 
des  Romains  ;  ensuite  Gracchus,  comme  son  prédécesseur,  prit 
la  ville  de  Complega  y.  Suivant  Polybe,  qui  était  contem- 
porain, Gracchus  se  serait  emparé  en  Celtibérie  de  trois  cents 
villes.  Poseidonios,  près  d'un  siècle  après  l'événement,  pré- 
tendit que,  lorsque  Polybe  avait  écrit  ce  chiffre  de  trois  cents, 
il  avait  pris  des  tours  pour  des  villes,  comme  on  fait  souvent, 
ajouta-t-il,  dans  la  pompe  triomphale  4.  Tib.  Sempronius 
Gracchus  termina  la  guerre  de  Celtibérie  en  178  par  un  traité 
qui  faisait  des  Celtibères  les  alliés  du  peuple  romain,  à  la 
charge  de  payer  un  impôt,  dont  nous  ignorons  le  montant,  et 
de  fournir  aux  Romains  une  certaine  quantité  de  troupes  auxi- 
liaires, enfin  à  condition  de  ne  pas  bâtir  de  nouvelles  villes 
fortes  5.  Un  règlement  foit  en  195  par  le  consul  Porcius  Cato 
avait,  dit-on,  prescrit  la  démolition  des  remparts  des  villes 
d'Espagne  6,  mais  ce  règlement  n'avait  reçu  qu'une  exécution 
fort  incomplète  ou  plus  exactement  ne  concernait  que  la  portion 
de  l'Espagne  située  au  nord  de  l'Ebre/,  au  sud  duquel  était 
située  la  Celtibérie,  Peu  après  la  fin  du  gouvernement  de 
Gracchus,  les  Celtibères  obtinrent  la  décharge  de  l'impôt  et  du 

1.  Appien,  De  rébus  hispaniensibus,  c.  42,  p.  50. 

2.  Itinéraire  d'Antonin,  p.  448,  1.   1. 

5.   Appien,  De  rébus  hispaniensibus,  c.  43,  p.  50. 

4.  Strabon,  1.  III,  c.  4,  §  1 5,  p.  135,  1.  19-23. 

5.  Appien,  De  rébus  hispaniensibus,  c.  44,  p.  50-51. 

6«  Appien,  ibid.,  c.  41,  p.  40;  cf.  Polybe,  1.  XIX,  f.  i,  'p.  631  (Extrait 
de  Plutarque  «  Caton  l'Ancien  »). 

7.  Zonaras,  IX,  17,  dit  que  l'ordre  de  démolir  les  remparts  des  villes 
concernait  -.o'jz  [xi/y.  toO  "I6r|po;  /oxo'.y.oijvTx;,  qui  exécutèrent  cet  ordre.  Il 
nons  montre  ensuite  Caton  passant  l'Ebre  pour  attaquer  les  Celtibères.  Il 
résume  plus  exactement  Polybe  q*c  ne  l'a  fait  Plutarque  dans  son  «  Caton 
l'Ancien  »,  où  il  a  écrit  Bétis  au  lieu  d'Ebre. 


6o  H.  d^Arbois  de  Juboinville. 

service  militaire  ^  ;  cela  rendait  leur  situation  trop  bonne  pour 
pouvoir  durer  longtemps.  Ils  s'en  aperçurent  en  153,  quand 
après  vingt-cinq  ans  de  paix  la  guerre  recommença,  terrible  : 
Polybe  l'appelle  guerre  de  feu  -. 

Le  nom  de  Sempronius  dut  à  Tib.  Gracchus  une  grande 
popularité  en  Espagne.  Ce  gentilice  fut  adopté  souvent  par  les 
habitants  de  ce  pays  qui  devinrent  citoyens  romains;  les 
inscriptions  du  temps  de  l'empire  mentionnent  en  Espagne 
quatre-vingt-dix  Sempronius  et  trente-trois  Sempronia,  et  ce- 
pendant quand  l'empire  romain  commença,  bien  d'autres  noms 
illustres  étaient  venus  en  Espagne  éclipser  le  sien,  comme  le 
gentilice  des  Scipions,  Cornélius,  ou  celui  de  César  conservé 
par  le  premier  empereur  romain,  Julius.  La  mémoire  du  sur- 
nom de  Sempronius  Gracchus  fut  conservée  par  une  ville  des 
Vascones,  Ilurcis,  qui  depuis  l'année  178  s'appela  Gracr/^wrîV. 
Elle  était  située  sur  la  frontière  des  Celtibères  ;  c'est  aujour- 
d'hui Alfaro,  province  de  Logrono,  sur  l'Alhama,  affluent  de 
droite  de  l'Ebre^.  On  la  considérait  comme  un  monument  de 
la  soumission  des  Celtibères  4,  Mais  cette  soumission  n'était 
pas  la  servitude,  et  vingt-six  ans  plus  tard,  les  députés  des  Are- 
vaci,  admis  à  soumettre  leurs  demandes  au  Sénat  romain, 
disaient  que  leur  désir  était  qu'on  exécutât  le  traité  conclu  avec 
Tib.  Sempronms  Gracchus  5. 

La  guerre  celtibérienne  qui  suivit  ces  négociations  eut  pour 
cause  la  construction  des  remparts  de  la  ville  celtibérienne  de 
Segeda.  Cette  opération  était  conforme  au  traité  suivant  les 
Celtibères,  contraire  au  traité  suivant  les  Romains. 

La  gravité  de  cette  guerre  parut  dès  le  début  tellement 
grande  aux  Romains  qu'ils  résolurent  d'en  charger  un  consul, 
au  lieu  d'un  préteur,  et  afin  que  ce  consul  pût  se  mettre  en 
route  plus  tôt,  ils  avancèrent  de  deux  mois  et  demi  son  entrée 
en  charge.  Jusque-là,  c'était  le  15  mars  que  les  nouveaux 
consuls  remplaçaient  les  anciens  ;  en  153,  la  mutation  eut  lieu 


1.  Appien,  ibid.,  c.  41,  p.  40. 

2.  Polybe,  1.  XXXV,  c.  i,  §  i,  6;  2^  édition  Didot,  t.  II,  p.  121. 

3.  Ptolémée,  1.  II.  c.  6,  §  65,  p.  190,  L  4.  Festus  au  mot  Gracchuris. 

4.  Tite-Live,  Epitome  du  livre  XLI. 

5.  Polybe,  1.  XXXV,  c  2,  §  15.  Edit.  Didot,  t.  II,  p.  122. 


Les  Celtes  en  Espagne.  6 1 

le  I"  janvier,  et  désormais  le  i^'  janvier  fut  le  jour  où  les 
consuls  prirent  possession  Je  leurs  fonctions,  le  i'-'"'  janvier 
devint  le  commencement  de  l'année.  Ainsi  la  terreur  inspirée 
aux  Romains  par  les  Celtes  d'Espagne  est  la  cause  de  l'usage 
universel  qui  nous  fait  encore  aujourd'hui  commencer  l'année 
le  I"  janvier^ 

Nous  ne  raconterons  pas  la  guerre  celtibérienne  qui  est  bien 
connue.  Elle  commença  en  153  par  la  défaite  du  consul 
Q.  Fulvius  Nobilior  le  23  août,  qui  depuis,  pour  les  Romains, 
fut  un  jour  de  mauvais  augure,  comftie  le  18  juillet,  jour  où 
la  bataille  de  l'Allia,  237  ans  plus  tôt,  avait  ouvert  aux  Gau- 
lois les  portes  de  Rome.  Elle  fut  interrompue  par  une  trêve 
de  sept  ans  en  151  et  reprit  en  144  pour  ne  se  terminer 
qu'en  133  par  la  prise  de  Numance  et  le  triomphe  définitif  des 
Romains, 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

Jubainville  (Vosges),  octobre  1890. 


I.   Momrascn,  Roemische  Geschichte,  6<^  édition,  t.  Il,  p.  5. 


THE  FRAGMENT  OF  THE 

TAIN     30    CUAILNGE 

IN  MS.   EGERTON  93    (ff.   26a   I-^jb  2). 
(Suite  1). 


6363.  Andsiw  rongart  Loing  ipubuU  Aill(illa)  7  Mh(edb)a. 
Cidh  am  ariuntugadhsa  chugaibhsi  eter  aile  bhar  Loi^g.  do- 
chowlo;/d  7  dochomrag  re  Coinc(ulainn)  bhar  M(edb)  7  da- 
dhingbail  din«  ardth  rehuair  namaidni  muichi  amarach. 

6464,  Desidar  a;;d  i/zaidhchisin  7  doghabasdairsiu;/  dolaim 
\ncom\onàsïn  7  i^cowrag  dhodhenamli  7  doeirigh  Loing  go- 
moch  aniamharach  7  tainig  re;;/i  gohath  inchomXxinà.  7  ïn- 
chowraig  7  oraijzig  geoghai/z  C(u)ch(ulainn)  é  7 

65.  7  bafiadhnaisi  do  M(edb)  innisiw. 


6).  Garmadh  Long  ahpuhall  Mbcidbbbe.  et  geallas  Meadbbha 
mor  cbuinha  dbô  À.  timtheacbt  dba  fbear  deag  deidiugba  gacba 
datba.  et  carp(a)t  thri  shecbt  cconib(a)l.  Et  Fionnahhair  do 
mbnaoi.  Et  cuirm  a  cCruacbaiii  do  gbiiatb. 

64.  Tainic  Long  accombair  CbucbulaUm.  Et  marhbas  Cucbu- 
lainw  Long, 

I.   Voir  Revue  Celtique,  t.  XIV,  p.  254. 

63.  (LU.  74  b,  13-15). 

64.  (LU.  74b,  15-16). 


Tciin  bô  Cuailnge.  65 

66^^.  Andsi«  dosrengtharraingtha  Loi«g  godorus  publa 
abrathar. 

67^7.  Andsi/i  doeirigh  Loch  môr  m(a)c  Nafcbis  amach  7 
dothogaibh  aghuth  nard  naibhcoil  ni;;Lsgailti  bharaird  7  dorai- 
dhEsdar  dhamadh  ulchach  dhogho;/adhso  dogonfaidher  e  id^'r 
7  dodighèlta  air  7  bafiadhnaisi  do  M(edb)  doraidhsiu/i  s\n. 

68,  Kmism  £iidhis  M(edb)  crega  nodhaaxîgaid  doninghEn- 
raidh  doi//nsaighidh  C/;o»c(hulainn)  7  ddnidh  ris  dâmadh  ailigh 
les  co?;/lo;/d  no  co;»rag  dhodhenu w  ré  dHghlséchaibh  nô  re  dEgli- 
ôgaibh  fer  nEr(enn)  bhoghnl  idcha  smerthai;;  fair  bhdthaidli- 
bhsi  ulcha  d;-^idhef/;/a  7  tigcadh  do  thaiseal-|f.  28b2|-bi'iadh 
aclirotha  7  adhealbha  dhonaslûaghaibli  ama;niglea;id. 

69^9.  Andsi^î  ta/îgadar  i/îingliEnradh  rowpo  gohairm  imbai 
C(u)ch(ulainn)  7  doghabhadar  agarddli  sïn  ris.  Madhdil  leamsa 
si;/  bhar  C(u)ch(ulainn)  dagentar  leum  e. 

70/°.  Andsin  blioglmi  C(u)ch(Lilainn)  ulcha  smerthai«  tair 
am(ail)  taidhbhsi  ulcha  draidhechta  7  tai'nig  do  thaisealbhadh 
achrotha  dho^aslûaghaibh  i;;ia«glea;zd. 

71 71.  Is  ulchach  i;zfer  ud  amh  adchlusa  thall  f(or)  M(cdb)  7  is 
cubhaidh  dhoniadh  co/;irag  fr/s7  agrt'sachtLoich  roraidhsi  sin. 


6S.  h  ann  sin  a  duhhairt  Mcadhhha  le  hanchaire  du  hannail 
îoigJjeacht  dagallamb  Chuchullainn.  da  radh  leis  ulcha  siiicartha 
A.  feasog  bhreige  do  ghabhail  fair . 

6^.  Tangadar  an  bhantracht  dfios  Chuchulainn.  go  ndubhradar 
leis  ulcha  smeartha  do  ghabhail  fair  uair  ni  fin  le  degh  laoch  is  an 
dunagh  toighcacht  do  chamhracc  leat  air  siad.  Et  tu  g(an)  ulcha 
gan  fheasoig. 

jo.  Is  ann  sin  do  chuir  Cuchulainn  ulcha  smeartha  fair.  Et 
tainic  air  an  tulaidh  os  ceann  fhear  nEireann.  et  taisbeanas  an 
ulcha  dhaibh  ^0  choitcheann. 

7/.  LU.  74b  40-42  :  Fir  oriwbantrocht  is  ulcach  Cûchul(ainn) 


66.  (LU.  74  b,  15-16. 

67.  LU.  74  b,  16-18. 

69.  LU.  74b,  35-38. 

70.  LU.  74b,  38-40. 


64  Nettlau. 

72/2.  Ni  àh'ingensdi  comrag  gocEiid  sEcht  laithi  on  diu  fns 
f(or)  Loch.  Ni  cubhaidh  dhui7mi  gewfhobairt  infir  iid  frisin- 
résiw  ar  M(edb)  7  tabhraw  fiawlaéch  gach  naidhchi  dosheilg 
fair  tus  intairrimis  abhaéghul. 

Do2;nith  iaramh  samhlaidh.  DothéçhEdh  fianlsécli  gach 
naidhchi  doshelg  foirseow  7  noghonadson  uiU  iad.  Atiat  seo 
.û.  ana;niian;z  nafer  rogho/zadh  a»d  .i.  uii.  Gwaill  .uii.  nAen- 
ghusa  ,uii.  nUdrghwia  .uii.  Cebhri.  ocht  Feich  .x.  nAiiealla 
.X.  nDElbhaIth  .x.  Tasaigh.  Itiadsingni/;;a  nasEchtmhainisin 
dosow  i»ath  Ghr^//cha. 

7375.  Coniacht  M(edb)  coDiïiûi  tùs  cidh  doghenadh  fn- 
Coiwc(ulainn)  arbdhaiwgcis  mhôr  lé  a?zrobhith  les  diaslôghaibh. 
Isi  co?;zairli  arainig  acu  ses  fégh  f(or)iiallach  dochor  anxnÏEcht 
dia  haighthi»  ïntivi  ticfadh  i^airis  ddla  |  f.  29  a  i  |  diahagall- 
aiwsi.  Arbai  aireas  ddla  dhisi  arnamhdrach  fnGoinculfainn) 
dodhénaw/;  shidha  celgi  ïris  diatharrfl!r/;/ain.  Fsédhidhsi  techta 
uaithi  diahaighidh  am:i»tisadh  nacoiwni  7  go;;iadh  amhlaidh 
thisadh  se  awarmdha  fôdhaigh  niraghadhsisi  acht  si  conahaivi- 
trocht  diaagallaimsinw.  Luidhidh  intechtain  À.  Traighthe;z 
m(a)cTraighlEthai;z  gohairm  iwbai  C(a)ch(ulainn)  7  aidhfEd 
dô  aithesg  Mh(edb)a.  baighis  C(u)ch(ulainn)  ai/zdighseadh 
amhlaidh.  Ceadhow  cin?zas  is  ail  duidsiu  dola  indail  M(edb)a 
iwdrach  aChLichul(ainn)  arLségh.  am(ail)  coniicht  M(edb) 
da(no)  ar  C(u)ch(ulainn).  Ad  môra  glon//a  M(edb)a  ari;/tara 
7  addghur  Idmh  ar  cûl  aicci.  Cin;îas  asdenta  dhun^z  amhlaidh 
arse.  DochlaidhEmh  fôdchoim  ari;ztara  arndchadfaghaithEr  \m- 
bséghul  arnidhligh  Iséch  aeneaclanw  diambé  iwegmais  airm  comàh 
cain  mhidhlaigh  nosdligh  fonsamhail  s\n.  Dentar  awlaidh  ar 
C(u)ch(ulainn). 


*&' 


is  cubaid  doniaid  comrac  Jrîss.  Ocgressacht  Loich  on  dorigcnsat 
s(o)m  anisin. 

Eg.  209  :  O  do  chonairc  Loich  m(or)  mbac  Mo  Feihhcis  sin. 
Ulcha  shud  air\f.  26  b\Chuchulaim\  air  se.  is  cadh  air  Meadhbha. 

72.  LU.  74b  4S-7S  a^. 

73.  LU.  7j  a  io-'j6  a  iS- 


Tdin  bô  Cuailnge.  65 

I  sand  iaru;;;  bai  i;zcho/»dhail  i?zard  alghiiEch  frzsiraiter  Fo- 
chaird  indiu. 

Tig  iaru?«  M(edb)  isi/zdail  7  inlis  cethri  firu  deg  diasEn- 
mhuiHtir("esi?ïdoneochasdEch  Engnomhabaidhibhf(or)achi;2d. 
Atiadso  a»a«man«a  .i.  da  Las  Sinna  dham(a)c  Bhuicr/dhi  dd- 
Ardain  dam(a)c  Lice  da  Las  Oghma  dha  m(a)c  Crui^d  Drucht 
7  Dealt  7  Datlieu  Téa  7  Tasgwr  Tiiala?/g  7  Taur  7  Glése. 

Tig  iar(u)w  C(u)ch(ulainn)  i;/dail  M(edb)a.  Admchtadar 
iwthir  dô  7  srcthaid  cethra  ghô  dheg  in.-enfliEcht  fliir.  Nosdi- 
.  din  C(u)ch(ulainn)  iar(u);;/  ^onariaclit  tond  no  fesgamli  fair. 
imsai  fui-  |  f.  29  a  2  |  -thibh  iar(u)/;î  7  marbhais  iad  acethri 
firu  deg  comàh.  iadse;z  cethri  fir  deg  Fhoicherda  7  isiad  fir 
Chrônigi  arisin  Chroinig  igPocherd  rosbitha  coniàh  de  asbé'/'t 
C(u)ch(ulainn)  : 

Pô  mocherd  la:chdh^r/;/ab(en)aiw  bembEnd  dghmhara  f(or) 
sluagh  siabhra  sorchaidhe  ctrtaighim  âgh  {ri  ilshlûaghaibh  \ni- 
dhith  errEdh  awghlondach  sgéo  Mheadliblia  7  Aill(ella)  altai 
àroch.  ruini  derchoibhlidh  gosa  dobhrain  bhanmhasa  cEngaid 
ccIm  uarç^hosa  O'/bâgh  errEdh  anghlonnach  coHs;ebh  daghru;? 
deghrnEsa  ogfir  dhia/ztig  dagharliudh  ima;zglon«a  fô.  fo.  ma. 
cherd.  L 

Conadh  desi?z  da(no}  dhodlil  anai/nn  as  Fhocherd  doîzinudh 
si«  .i.  focherd  .i.  io  maith  7  ccrà  ainm  dho;/ghaisgEdh,  Maith 
incherd  ghaisgidh  donnEcmhaing  dho  Coinchul(ainn)  an;;si». 

7474.  Tainig  dha(no)  Ciichul(ainn)  iarsiw  7  dosnEdarraidh 
arnaslûaghaibh  aggabhail  dunaidh  7  bitha  dhdDhaighri  7  dd 
Anh  7  cethri  Dunghais  imiigh. 

7575.  Gabhais  M(edb)  an«si«  f(or)grfôadh  Loich  gomôr  7 
is(edh)  roraidh.  Môr  i;zcuidmhEdh  7  inge/z  duid  arsi  infEr  ro- 
mharbh  dhodhErbhrathair  dhobheith  agdithughudh  arsloigh  id- 
fhiadhnaisi  gEntEcht  docho/;;rag  iris  aris  dearbh  Wnà.  nidhemha 


7/  b.  Eg.  20()  :  geallas  Meadhbha  na  m(or)  chumha  ceadhna  do 
Loich  air  ccosg  Cbuchulainn  dhiobh. 

74.  LU.  y6a  16-1^. 
7) .  LU.  y6  a  19-2^. 

Revue  Cdùque,  XV.  S 


66  Nettlau. 

siri  bras  birdha  mar  é  ïri  bruth  7  fri  ferg  niadh  mhôrchalma 
marthusu  7  iscew  mhuimi  forcEdail  comothacht  gaisgEdxh  duibh 
dibhliwaibh. 

7676.  Tainig  da(no)  Loch  inaighidh  C/A:'?zcul(ainn)  dodhi- 
ghail  abhrdthar  fiur  otharfds  dô  gombahulcha  bdi  lais. 

7777.  Maith  1  f.  29  b  I  I  a  Chûchul(ainn)  bhar  Loch  nafEr 
cowzlond  dui;zd  f(or)si?z  dth  nEsg07zgsa  cter  ôrEsgong  7  esidhan 
lesiun  iwtdth  bharsandrochair  abhrdthair. 

7878.  j^^jjf  ^i-^  nf  cheana  thawgadar  bharsandth  niiachtarach 
cter  Mhédhi  7  Ghédhi  icind  Tiri  Moir  7  courohdh  doibh  ann 
réhEdh  cian  7  rétremsi  fada  dho  chlEsaibh  7  di;;/ghui»  7  dim- 
budladh  7  dobhe/neannaibh  bmtha. 

7979.  Andsiu  dodhEchaidh  chucusun  inMhôrrighu  inghen 
Aedha  Ernmhais  bharairngert  dô  intrdth  bhadh  aire  dhô  icow- 
lonw  7  icomrag  réhœnléch  arsluaighEdh  mhôr  Th(ana)  B(o) 
C(uailnge). 

80^°.  7  dochuaidh  sén  irricht  (I)  tshaidhi  gairbhi  glaisi  7 
tEsgais  adhoid  C/;6'wc(u)I(ainn)  7  tagasdair  C(u)chul(ainn)  ur- 


j6.  Tainic  Loich  a  ccoiiihair  ChuchuJainw  go  ttarla  da  cheile 
iad  air  an  ath  ann  air  tbuit  Long. 

77.  Tarr  romhaing  air  ath  uachtrach  so.  Thuas  air  Loich.  oir 
ni  chamhracam  air  ath  so.  uair  budh  heasgamh(ai)l  leisean  an 
tath  air  ar  thuit  a  bhrathair.  is  an  sin  rochamhracsad  air  an  ath 
uachtrach 

75?.  go  ttainic  an  Mhor  Rioguin  inghean  Earnmhais  a  siodh- 
aigh.  daithmhiUeadh  Chuchulainn.  Oir  do  ro  gheall  atTain  Bo 
Reamhain.  go  ttiucjadh  daithmhUleadh  Chuchulainn.  an  trath  do 
bheadh  a  ccamhrac  h  Loich  f  air  Thain  Bo  Cuailgne. 

80.  (=  ///,  in  Eg.  20^).  ...  Tainic  an  Mh(or)  Rioguin  an 
treas  fcacht  a  riucht  saighthe  gairbhe  glaise,  go  ccraos  fhoslaice 


76.  LU.  76b  1-5. 

77.  LU.  76  b  4-6. 

78.  (Cf.  LU.  77  b  15). 

79.  (Cf.  LU.  77a,  20,  21). 

80.  LU.  77  a  5-7. 


Tdin  bô  Cuailnge.  67 

chur  dhachletin  cHIes  fuirrthi  god^nnhdil  diig  gorosbris  aleath- 
rosg  i»aci»d  7  inœniàd  dobhisiun  agursglaighi  na  saidhi  geo- 
ghai»  Loch  tr^mhid  adhdlûaw  é. 

8i^^  bâthaighisi  aitherroch  rEchta  ele  dha(no)  .i.  irricht 

(II)  easguÏHgi  7  bha  sdidh  monli;/d  7  bhochErd  curu  7  snadh- 
man77a  etcr  dhibh  cosaibh  7  dibh  sliasdaibh  7  dibh  ladhraibh 
do  Choi»chul(ainn)  condrochiùr  fœn  fotharsna  7  aghabhaidi 
dis  i«airdi  fair  7  suil  rainig  les  érghi  geoghaifî  Loch  tremhid 
athro;;/aihh  é  gorghabhasdair  i^sleg  urrai/zdi  thremhid. 

82*^-.  Ole  on  um  arFtTghwi-  ingnbnsin  i  fiadhnaisi  andmhad 
7  ghrt's(adh)  nEch  uaibh  afhiru  arse  ïri  dmhuinHtir  inter  nd- 
t^êd  inosgaidh.  adracht  Br/criu  Nemthengtha  m(a)c  Carbh- 
I  f.  29  b  2  I  -adha  7  gabhais  f(or)g/-EsaJ;/  Chonc(u)l(ainn). 
Roscaig  dhonert  arse  bna.n  asbmdan  bEg  dhodtrasgair  utvath 
dofilead  Ultu  asacEs  chugud.  Doiligh  dhuid  gnim  nerred  do- 
dhenu;n  no  dhoghabhail  t(or)t  ifiadhnaisi  fer  nEr(enn)  7  Isch 
an«sa  dho  dhi?îgbhail  agaisgiudh  fonsamhailsiw. 

83^5.  Doérigh  C(u)ch(ulainn)  fr/sin  ngvEsacbt  s'vi  7  tug 
builli  dhahshail  chli  nacEnd  co}iderna.  lethi;zchi?zd  di  armbnsiudh 
alethchind. 

84^-^.   bôthaighisi   aitherroch  rEchta  ele  da(no)    .i.   irricht 

(III)  sa;;/aisgi  findi  odhergi  goc^^'^^aid  doha/»asgaibh  ui;;îpi. 


cbuige  et  anfad  a  bhi  Cuchulainn  ag  a  dioghchur  dhe.  treaghdas 
Loich  durchur  gathe  e. 

Si.  (==  II,  in  Eg.  2op).  ...  Tainic  an  Mhor  Hioguin  a  ris  a 
riacht  easgainne  sldnihne  duibhe  ris  an  srutb.  go  ro  iomnaisg  i 
fein  fo  cbossa  Cbucbulainn..  cian  gairid  bhi  Cuchulainn  ag  a 
diochar  dhe.  ro  ghoin  Loich  urtharsna  tre  chumpair  a  chhibh  e. 

84.^  (=:I,  in  Eg.  20^;  (after  79))  : 

Tainic  iarramh  an  Mhor  Rio^uin  an  sin  a  riucht  samhais^e 
fnme  druini  dheirge  go  caog(a)d  samhasg  uitnpe  agas  rôn  fiond- 
ruinne  eotarra. 

81.  LU.  76  b,  14-16,  17-18. 

82.  LU.  yôb,  i<)-2(). 
8^.  LU.  77a  1-2. 
84.  LU.  77  a  7-8. 


68  Nettlau. 

85.  Andsiw  faidhis  i/îinghewradh  gEsa  bharChoi?K(u)l(ainn) 
mawsa7;/aisgi  dhasdôdh  doibh. 

86^^.  Isannsin  tugasdair  C(u)ch(ulainn)  urchur  dadhelchlis 
fuirthi  gurbhriseasdair  agErrgara. 

87^7.  7  dobt'rt  torannchleas  .ix.  7  tri  .1.  7  tri  .c.  f(or)si;7- 
sgiath  condechâidh  i?itain  dartairr  iwtluaigh  sair  gombertadar 
napuible  manadharcaibh  leô  gohard  napuball. 

88.  7  annsi;z  tug  Loch  builli  cloidhi?//.  dhô  gorthesgasdair 
aludn  ardhô.  Doigh  am  nirasribhlain/zgEsdair  CLich(u)l(ainn) 
bheith  mdbhrdthbhewea^zdaibh  110  mdbhudidhrendaibh  Loich 
mhoir  i«  mhilEdh 

89S9.  7  dastaigh  innga  mbulga  f(or)  Lœgh  m(a)c  Ria«- 
ghabhra  7  doleg  intara  dhô  hisi?zsruth  7  fr/thoiUs  C(u)ch(u- 
lainn)  é  7  odchuala  Loch  sin  tug  urchur  doHsgiath  sis  gorld 
dharadhatr/an  ingr/an  7  ingai//ea/Hai«.  7  ingri//dcll  i;zdtha. 

is  annsin  dolegEsdair  s'mn  suas  inuga  mulga  |  f.  30  a  i  |  dhd 
inwsaighidh  tarbrollach  na  luirighi  7  insgeth  gorbhan^n  inlEth 
nalkarach  dhe  artrEghdadh  achridhi  nachliabh. 

9090.  ig(3j-  annsin  aile  bharLôch  7  dorocharsa  dhe  si;î  7  arfir 
doghoili  7  doghaisgidh  rit,  telg  tro/ghidh  dawsa  ndch  ahrad 
fir  Er(enn)  is  maidhm  7  istechEdh  da;;îsa  datoitea  mé  armo- 
chûlu.  doghebhasu  sin  bhar  C(u)ch(ulainn)  or  is  aisgidh 
thirlaich  comighi.  Telgis  C(u)ch(ulainn)  traighidh  dhô  con- 
drochair  Loch  araaighidh  7  gordheligh  aainiw  rèchorp. 


8^.  Tangadar  an  bhanthracht  cona  ndraoigheacht  athuaithne 
ioms  go  madh  moide  thiucfadais  0  Chuchulainn  g(an)  fhasdogha 
g(cin)  aithmhilleadh 

86.  ach  brathas  Cuchulaimi  a  ni  sin.  Et  tugjvtb  a  nurchair 
di.  go  ro  hhris  rosg  na  Mor  Rioguine. 

8p.  Is  ami  sin  ro  eirghe  fuasnamh  feirge  Choncculain  \  f.  2j 
a  I  le  Loich  [hère  L.  L.,  75  a  i  begins]  go  ro  ghuin  don  gha 
hulga  c.  ag  treaghdugha  a  cbroidbc  na  chliahh. 


86.  LU.  77  a,  9-1 1. 

87.  (LU.  77  a  2-4). 
89.  LU.  77  a,  21-24. 

go.  Z,f7.  77  a,  25-26). — LL.  "j^  a  2-10. 


Tdin  bô  Cuailnge.  69 

91.  7  flidhbhaigis  Lâgh  é  7  toitis  C(u)ch(ulainn)  itaisibh  7 
itawnellaibh 

92^-.  7  arnérghi  dhô  is(edh)  nsb^rt.  Maith  a  Laigh  bhar 
C(u)ch(iilainn)  do  dhet  ro//md  gohUltu  7  raidh  riu  tEgad  in- 
diaidh  atdna  bhodliEsda.  doigh  niflicdaiwsca  andthanach  ai- 
[1  ?]atha  dhi/ndliEdail  ni  bhasiru  ndso.  Doigh  a;;;  ni  fir  fnr  7  ni 
comrag  comhtro;;:  dhoneoch.  inMhôrrigiui  igaadhgall.  7  aga- 
adhmilliudh  7  Loch  agaghuin  7  igdthrEghdadli 

9393.  7  adbert  i;/laidh  anu  ; 

9494.  —  i^  —  Erg  ûaim  aLaigh  lait^r  shiaigh  can  dam 
i«Emhai«  armruaidh.  amtoirrsEch  gach  niadh  san  chath.  orsam 
crechtach  croHndtEch. 

2-.  —  Mothaibh  dEs  is  moth^ébh  clé.  an/zsu  mEs  arcEchtar 
n^é.  nilam  inghini  rohshhiidh  dirghiudh  fahi  fidhfabhaigh 

33.  —  Snighidh  bmcn  fala  tharmharm.  dho?;irala  cr^chtach 
co/;/gharbh.  ni;/zthig  cara  arbaigh  narbroid.  acht  mddh  ara  mo- 
charboid. 

44.  —  Baigh  argach  mbaigh   i;/gilla.  brndan  |  f.  30a  2  | 
arnadari/zda.  baighi;;zsea  eneuch  cxm  cormach  -âm  torwol  im^e- 
?zor. 

55.  —  Amiiathadhsa  arci;zd  i«tloig  gach  laithi  an«  tiri  moir. 
bhd  liu  laich  golcth  fodhbha  gorom(a)caibh  righdhomna 

6^.  —  SEnfhocul  sosrEthaibh  clan?z  niiasamain  gach  nsén 
chranw  dambcdis  adho  110  atri  dholasfadh  a;/naithi;7ni. 

77.  —  InUTcnchran?^  nihusu  achlôdh  minifhaghbha  arith- 
fhadôdh  arùathadh  iwirther  gô  nochobhréo  margach  n^n- 
hreo. 

8^.  —  Madh  ûathadh  kichd  achaire.  cait^r  les  m(en)ma  ele 
cuid  i^tloigh  caidhi  aha//zail.  nithoillean;z  arafaghail. 


92.  LL.  75  a  12-15. 


93.  LU.  77  a  II.  —  LL.  75  a  16. 

94.  I .  LL.  y;  a  ij-iS  (i). 

2.  LL.  7J  a  19-21  (2). 

3 .  LL.  7;  a  26-28  (5). 

4.  LL.  75  b  3-4(17)- 

5.  (LU.  77a  13)— LL.  75341-45  (11). 

6.  LL.  753  32-33  (7). 

7.  LL.  75  a  34-36  (8). 

8.  LL.  75  a  39-40  (10). 


yo  Neîîlau 

99.  —  Mddh  a;nfliEr  concanâcowi  nlhairfidiudh  gach  mi^n 
chorn  maith  ilar  cluil  acornaibh  is(edh)  isbhi^d  donchobhlaigh. 

io^°.  —  Abair  réhUlltaibh  ana.  TEgad  indiaidh  atdna.  rug- 
sad  m(ei)c  Mhaghach  ambû.  is  roroiwdsEd  etarrù. 

II".  —  Doleadair  Loch  adhawlùa;/.  romtEsg i«tshadh gharbh 
ghlasrùadh.  coiigeoghain  Loch  mothro;;;a.  hncreâhh^inn  biEs- 
gonga. 

12^-.  — Doghabh  mochletiw  achosg.  arasaidhgorbn'sarrosg. 
dobr/sius  agErrgara.  artosach  nahagartha. 

13 13.  —  Odhahi;zdlEdh  ga  Aifi.  risi;zsrMth  bhaséol  saithi. 
tarlaigius  inga  nger  ngnis.  gorbhath  Loch  m(a)c  Emonuis. 

14^^^.  —  Nirsad  bronaigh  bmnbtrbha.  i;îocht  i;zdunudh 
MEdhbha.  toirsigh  nuall  a/niigh  ne//nii.  nagairi  armuigh  Mtir- 
themm. 

15 15.  —  Isead  atchûala  isfir  dhaw  sra'mter  go  argach  nûa- 
thadh.  is(edh)  nach  fulaiz/ghtfr  dhe.  tren  tursgur  nasochaidhe. 

16.  —  I  f .  30b  I  I  Iss(ed)  adchuala  remhe.  nach  lin 
marbh  av  sochraidhe.  fail  leaw  dhodhalaibh  derbha.  do  sgéo 
Oill(illa)  is  MhEdhbha. 

iyi7.  —  Ceadh  dUUtaibh  gantabhraid  cath.  is  me  crcchtach 
Cf oHndtEch.  fir  Ei'(enn)  uiU  iwgach  gâdh.  iwaighidhsea 
mhœ;airdn. 

18^^.  —  Abair  ré  Conchobhur  céui.  awtoirrseach  tiachair 
gérthrén.  dochkrchlô  mochruth  a/;/ne.  m(a)c  dil  drcngach 
Deghtine. 

19^9.  —  Co;/chobhnr  nithig  amach.  no  gombe  se  lin  don 
cath.  intrâth  nach  filHd  a///ne.  ai;;/sna  airm  arnérghe.  Erg.  u. 

95.  Et  gé  adubhairt  siun  s'in  niraibhi  ac[u  ?]mhai»g  eter 
aigi  Lségh  dhiwdher/;/  uadh. 


9.  LL.  75  a  29-31  (6). 

10.  LU.  77  a,  14-15.  —  LL    75  b  1-2  (16). 

11.  LL.  75  a  44-45  (12). 

12.  LL.  75346-47  (13). 

13.  LL.  75348-50  (14). 

14.  LL.  75  b  5-6  (18). 

15.  LL.  75^37-8  (9)- 

17.  LL.  75  a  51-52  (15). 

18.  LL.  75  a  22-23  0)- 

19.  LL.  75  b  7-8  (19). 


Tdin  bô  Cuailnge.  71 

9696.  Andsl/i  tugadh  cuig\m  chuigisiu/z  arnamhdrach  àer- 
thai»  cho;nlai/;d  ris  7  geoghaiu  C(u)ch(ulainn)  iad  conàro- 
chradar  les 

97.  gorub  cuigiur  Chi;id  Chuirsighi  idcrar  ri'u 

9898.  Iss(edh)  seo  anmanwa  inchuigir  s\n  À.  da  Chruaidh 
7  dd  Chaladh  7  DtTOthor. 

9999.  Andsin  tugadh  sesiur  arnamharach  dhochowlonw  7 
docho;»rag  ré  Coi»cul(ainn)  7  isiad  seo  awmanwa  intesirisin  .i. 
Traigh  7  Dor;/[7]Dt"n"iu  7  Gol  7  Meabhol  7  Eris  ='  7  geoghaiw 
C(u)ch(ullain)  iad  co/zd/'ochradar  les. 

100^0°.  Andsi/z  tugadh  c(et)  fEr  narmach  dhocho?»lonn  7 
dochowrag  ré  CoiHc(u)l(ainn)  7  geoghai;;  Cûch(u)l(ainn)  iad 
andsi«  co»drochair  i«c(ct)sin  les. 

10 1^°^  Cuillen»  Chi/zd  Duine  ai;mi  natulcha  imbai  M(edb) 
7  Ail(ill)  i;zaidhchisi«  7  dth  Ch(inn)  Chuille  ainm  inatha 

102^°-.  7  Glais  Chrô  ai»m  naglaisi. 

Doigh  is  uiwi  idt'rar  Glais  Chrô  ria  doigh  robo  chiamair  dho 
chrù  7  dfhuil  |  f.  30b  2  |  i  ^onarlaight^r  ré  Coi«c(u)l(ainn). 

I03^°5.  7  dofhûabair  C(u)ch(ulainn)  nasludigh  dhodhibh- 
rugudh  adnlga  \n  AI//;-the/;mi  aiiEs  i;zaidhchisi«  «ogormharbh 
c(et)  dalœchraidh  gosolustrath  érghi  dho  là  arnamhdrach  : 

I04^°4.  Doghabhasdair  athsgis  môr  é  ahailti  nahaidhchi  7 
ita  mhôr  ahaithli  nahathsgisi  eter 

105^°).  7  nician  da;;zbai  and  im(orro)  gofacaigh  chuigi 
se;zton;z  chaillighi  crini  cmpghlui»ighi  cosfhada  7  bô  bhuidhi 
bhlicht  ar  thri  shini  aici 

106^°^.  conachtd\o\\  C(u)ch(ulainn)  digh   bhariwcailligh    7 


96.  LU.  77a,  28,  29. 

98.  LU.  77  a,  28,  29. 

99.  LU.  77b  13-15.  —  LL.  7)  b  10-13. 
100.  LU.  77b,  16-18.  —  LL  75  b  55-38. 
loi  LU.  77  b  20).  —  (LL.  75  b  41-42). 

102.  (LU.  77  b  19).  —  (LL.  75  b  42  sq.). 

103.  (LU.  77^33-3))-  —  (LL.  75  b,  i5-i( 

104.  (LU.  77  a  36). 

105  LU.  77a  36-38.  —  LL.  75  b  19-21. 
106.  LU.  77a  38-59.  —  LL.  75  b  24-27. 


».  Cf.  LU:  Col  7  Mebul  7  Eraisc  ;  LL.  :  Col  7  Accuis  7  Eraisi, 


72  Neîtlau. 

blighis  antrEs  sini  dhowbhoin  dô  7  atibh  C(u)ch(ulainn)  é  ina- 
dhigh  bhdsidna  nem  dhamsasiw  achaillEch  bhar  C(u)ch(ulainn) 

I07^°7.  7  hainachf  dé  7  andé  fort  arse.  déi  léosow  intàs  cu- 
inachta  7  andé  im(oiTo)  intàs  trEbhtha 

108^°^.  bhd  sla«  lEthshuil  nacaillighi  fô  ch(et)  oir 

109^09.  conachtiùgh.  C(u)ch(ulainn)  digh  ele  bharincailligh. 
dhobhlighEsdarsi  i«dalasi;zi  dho;/bhoi;/  7  dobrt'thea  dho  Choin- 
ch(u)l(ainn)  7  atibh  7  adbert  bhdd  sldna  nan  dhawsa  siw  ira 
bhar  C(u)ch(ulainn)  7  bha  shn  alethchendsi  bhd  ch(et)  oir 

iio"°.  conacbtadh  C(u)ch(ulainn)  digh  ele  bharsancailHgh. 
dobhHghEsdairsi  i;/trES  si;zi  dho;/bhoi«  7  dob;rthea  dhoChoÏK- 
ch(u)l(ainn)  7  ibhis  inadhigh  é.  bhd  shn  caiw  ane/n  7  bhari- 
dhnacht  dawsasin  abEn  bhar  C(u)ch(ulainn)  7  henacht  nandéi 
adhartha  ortsu  arse.  is  maith  inïhunacbt  7  i»thoirithi/z  tugais 
oruw  7  bhdsldnsi  bha  ch(et)  oir. 

iii^^^  Maith  a  Chuch(u)l(ainn)  bhar  i/2  Mhôrrighu  bhar- 
airngcrtais  da;;/sa  nach  bhaighiz/d  (unacbt  ndfoirithin  dhodlaw- 
aibh.  MadafEsai/zd  go?;ïadh  tii  dhobheth  an»  nirisfliighbhithea 

112.  I  f.  31  a  I  I  Andsiw  dohiidhsi  iricht  e«chi  .i.  fhEn- 
noigi  arinsgiaigh  osgrEllaigh  doLiir  iwuigh  M//rthe/;/ni  is  dotla 
dealbh  eoin  sund  sain??riudh  bhar  C(u)ch(ulainn)  gorub  desin 
atd  Sgé  nahEnchi  arM^rthemni. 

113^^5.  Is  annsiw  doghabhsadar  fir  Er(enn)  i;zaidhchisin 
du?mdh  7  lowgphort  igdth  aladh  ind  imuigh  Mzyrthe;;/ne. 

114^^4.  7  rolaisead  anernail  bhiiair  7  bhroidi  secco  fodhEs 
ichthar  bho  Uladh.  Gabhais  C(u)ch(ulainn)  igonthert  i  Lear- 
gaibh  icomihogus  doibh  7  adais  aara  tewidh  dhô  trath  nona. 
i;zaidhchisin  .i.  L^gh  m(a)c  Rianghabhra. 

ii5"5.  Adchonnaircsiun  ûadh  gr/staitnEmh  na  nar??/  nglan- 
ordha  7  nadairEdha  dibhergi  os  cind  chethri  noll  chuigEdh 
nEr(enn)  ré  fui;ziudh  néll  nôna 


107.  LU.  77340-41.  —  LL.  75  b  31-33. 

108.  LU.  77  a  42-43  (II).  —  LL.  75  b  27  (I). 

109.  LU.  77  a  41-42  (I).  —  LL.  75  b  28-29. 
iio.  LU.  77  a  43-b  I.  —  LL.  75  b  30-31,  33-54. 
III.  LU.  77  b,  2-4. 

113.  LU.  jjb  21-2^.  —  LL.  yjb,  4']-4i). 

114.  LU.  77  h  2^-2'].  —  LL.  7/  h  4c}-46  a  _j. 

115.  LU.  •j'j  b,  2j-2p.  —  LL.  -jô  a,  4-6. 


Tdin  bô  Cuailnge.  7j 

II 6.  7  roérigh  C(u)ch(ulainn)  an»sin 

ii7"7.  7  cr^-saighis  ashlEgha  7  b^rtaighis  achlaidhEw. 

118"^.  7  doghabhasdair  luindi  mhôr  esiu«  réhilar  abhidh- 
bhadh  7  rehiwadh  andmhadh  7  aechtrand  7  véuakecht  agdi- 
ghail  a  chnsd  7  aaladh  orrtho 

ii9"9.  7  dob^rt  arrew  churadh  asabraighid  gorarEgradar 
ba»dnaigh  7  bocânaigh  7  genidi  glin;/i  7  dEmhna  aér  réhuath- 
graïn  nagmine  dhob^radh  araird  gordasmEsg  awemaiw  f(or) 
i;zslôgh.  Dolodar  inarwchrith  chethri  côigidh  Er(enn)  imrEn- 
daibh  aslEgh  7  anarm  fodhesi/z  rondébhladar  c(et)  laéch  laidir 
lawchalma  dhibh  duathbhds  7  dochridhEmhnas  arlâr  dhùnaidh 
7  loMgphairt  fer  nEr(enn)  réhurgrain  nagmini  7  naguairi 
dohen  C(u)ch(ulainn)  bharaird. 

120^^°.  Nician  diawbai  L^égh  anw  gofhacaigh  moenôghch. 
dhaindsaighidh  |  f .  3  i  a  2  |  fiar  tharsin  dunaid  7  longpart  fer 
riEr(enn)  anairthuaidh  gach  ndiriuch.  œn  fhEr  su«d  chugaiwd 
a;/osa  aChugugdn  bhar  Laégh.  Cinnas  fir  annsin  ar  Cùchu- 
l(ainn).  ni(nse)  im(orro)  ar  Légh  fer  cain  mor  an;z  da(no) 
b^rradh  lEthan  fair.  brat  uai^idhi  if(or)cibul  mmï.  éo  oir  isiw- 
bhrut  osabhruintti.  leni  dhorroU  righ  fod^rginliudh  dodergôr 
icusdal  fr/achnEs.  claidhew  lEtha^bhair  môr  inalaim.  dubh- 
sgiath  go  caladhbhuailidh  iwdruini  fair.  SlEgh  choigriwd  i^alaim. 
fogha  fôghabhlaighi  nafarradh.  ingnadh  a?7î  rEbha  7  abhairt  7 
adhabhair  doghni  acht  nishïigh  iiEch  fair  7  nishaighseo»  f(or)- 
iiEch  am(ail)  nach  faicEdh  nEch  e.  Cia  egi«  domchairdibh 
sidhchaireadhsa  sin  aile  bhar  C(u)ch(ulainn)  or  doîgh  f(or)- 
eadarso;?  indnith  mor  i«arfuili;;/sea  irnxnur  inaighidh  chethri 
nollchuigEdh  nEr(enn)  igmarbhadh  fhir  ardth  gach  lai  7  .1. 
gach  naidhchi  l'iair  nidhawaid  fir  Er(enn)  fir  fEr  na  cowrag 
enfhir  dhawsa  omhEdon  lai  amach  gach  lai  7  bha  fir  dhoson 
inwisin. 

rai^zig  i«tôglach  airm  iwbai  C(u)ch(ulainn)  7  airchisis  de 
gomor. 

117.  LU./jb^i-^^.  —  LL.jêaç-io. 

118.  LU.  -j-jh,  29-31.  — LL.  y6a,6-8. 

119.  LU.  77  b,  35-42.  —  LL.  yôa,  10-18. 

120.  LU.  ■jjb42-'j8a  /j.  —  LL.  "jô  a  18-40. 


y4  Nettlaii. 

121"^  f(ei')dha  sin  a  Chuch(u)l(ainn)  arse,  ni;;/fhoirsidhe 
eterïÇor)  Cûch(u)l(ainn).  Dokrsa  dha(no)  cobhair  dhuidarint- 
ôglâch.  Cla  thusu  eter  arCLkhul(ainn).  Ismisi  thathairsiu  a 
sidhaibh  bharésiu/z  .i.  Lugh  m(a)c  Ethlea7zd 

122^22.  7  codailsiu  bhig  aChû  arintoglach  dothrowzthoir- 
thim  codnlta  iconïhensa  ilLErgaibh  |  f .  3  i  b  i  |  gocEnd  téora 
la  7  teora  naidhchi  7  fifadsa  f(or)snaslLiaghaibh  inairEdhsinn. 

123^-5.  Canaidh  achele  f(or)dhord  dô  contu'ûi  bis.  cona'iCQ 
nach  orecht  ann  robo  ghhn. 

is  ann  asb^rt  Lugh  éle  Logha  andso  sis  i?7asdEch, 

Atrai  am(a)c  mhoir  alaidh  fôdoshla;?chrechtaibh  cuirEtha 
fr/naiwdiu  fer  iheU  darath  môr  adhaigh  dote?/athar  dia  ferra- 
ghaibh  sligh  ethar  ionacht  sluaigli  iwaien  ard  nerethar  f(or)- 
lacht  asidh  s^r  f(or)udud  isiw  bhruigh  arrona  thaibh  gota/z- 
mhai»  arfochertar  fochiallathar  œ?zghilla  arclith  arbuaibh  baife- 
dh:^  slighdhelbh  silsa  reud.  Ni  fui  léo  donert  sh?éghul  fer 
dobharaind  bhruthaighthe  goniurt  f(or)dho  locht  nai/;/dibh 
ci»gidh  carbad  comhgli«d  isiarsi/z  nithatrai.  atrai. 

124^4.  Tèora  la  7  téora  naidhchi  bai  Cùch(u)l(ainn)  ina- 
chodludh. 

125  "5.  Bha  dethbhir  amh  gerobhi  domhéd  inchodulta  bai 
domhed  nahaisgi.  onluaw  iarsawain  sainruidh  gosin  c(ét)ain 
iarni;??bulg  nirochodail  Cuch(u)l(ainn)  fr/si»resin  acht  mddh 
minichodladh  fithisiw  mbig  fr/aglia  iarmEdho;^  midhlai  acht 
achend  f(or)adhorn  7  adorn  iwdgha  7  agha  f(or)aghlu^  acht 
ag  slaidhi  7  agslechtadh  igairlEch  7  a£;esorgain  chethri  noU- 
chuigEdh  nEr(enn)  fnsiwrésin. 

126^^^.  Isanwsin  focherd  \n\àc\\  sidhe  losa  7  luibhi  ici  7 
sla«sewa  icnEdhaibh  7  irrEchtaibh  i/zaltaibh  7  inilghonaibh 
C/;o?îc(u)l(ainn)  goterna  C(u)ch(ulainn)  i?/achodludh  ganrâth- 
aghudh  7  ganfliis  dô  etcr. 

i2']^^T.  I  f.  3ib2  I  Isisi?2  tm  aimser  7  ûairdholodar  inm(a)c- 

121.  LU.  jSa,  15-19- 

122.  LU.  y8a,  20-2J.  —  LL.  76a,  40-43. 

123.  LU.  j8a,  2^-j4. 

124.  LU.  ']8as4-3S-  —  LL.  ']6a,  4S-47;  76  b,  17-19. 

125.  LU.  jSa,  3S-43.  —  LL.  ']6a,  4'j-b2. 

126.  LU.  ']8a  43-h  I.  —  LL.  jôb,  2-5. 

127.  LU.  'jSb,  2-1 1.  —  LL.  -jôh,  6  17. 


Tdin  bà  Cuailnge.  jt 

raidh  atuaidh  oEmhai/î  Mhacha  maFhalla/;/ai;î  m(a)c  Concho- 
bhair  tri  coegad  m(a)caw  bdsEdh  aliw  7  dobcrtadar  tcora  catha 
dhoz/aslLiaghaibli  condrochraàar  atrichonilin  leô  7  condrochra- 
darsLin  uili  acbt  mddh  Fallamaiw  iiénm  7  baighis  Valhmam 
mabr^thir  ndchrachadh  arculu  gohE;;zai;z  Mâcha  bharais  dori- 
dhisi  no  gorugadh  cEii»  Aill(illa)  gusuimind  righ  bai  udsa. 
Nir  bho  redh  remi  léoson  in;2isi/î  airdharadadh  rninn  righ 
Aill(illa)  ctcr  dhdm(a)c  Bhethi  m(i)c  Bhain  dd  m(a)c  mhuimi 
7  aidi  dho  Aill(ill)  7  rogheoghnadar  Vilhnmn  (:o;zdrochair  leô 
conadh  gléo  nam(a)craidhi  7  aidhidh  Fhallam(ain)  m(i)c  Con- 
chobhair  mddh  avin'igmn. 

128^-^.  Andsin  admcht  C(u)ch(ulainn)  asachodludh  7  do- 
riwni  rothmïél  corcord£';-g  dhe  omhullach  gotahiihaiw  7  bhdnert 
les  am(en)ma  7  tisadh  i;za;7/ach  no  itoîchiw  no  imbandail  no 
icoir/^itEch  no  ipri/«aj7/ach  dophri7;;a.^;/aighibh  Er(enn).  cia  fod 
atM^a  s'in  chodludhsa  anois  aLaich  ar  C(u)ch(ulainn).  Tri  Id  7 
t;-/haidchi  ari;ztôglach.  Rowairgseadese»  bhar  C(u)ch(ulainn). 
cEdhou  ari;/tôglach.  nasluaigh  ga/zfhobairt  risi«rési/î  ar  C(u)- 
ch(ulainn).  nifhuilead  uni  bar  intôgldch,  Cia  radasfôbair  aile 
bhar  C(u)ch(ulainn).  Lodar  i7mi(a)craidh  atuaidh  oEmhain 
Mâcha  tri  coegad  m(ei)c  righ  bahEdh  allin  i;;zFhallamhai7Z 
m(a)c  Conchobhair  7  dobertadar  téora  catha  do«asludghaibh 

129^29^  (:o;îdrochradar  athr/  cho/zzlin  léo  7  gondrochradarso/z 
uili  acht  Fallam(ai)n  axnm  7  baighis  Fallam(ain)  mdb/Tthir 
nachrachadh  foth  uaidh  dorisi  gohEmhai/z  Ma-|f.  32  ai|-cha 
gobrui;zdi  br^tha  7  bEthadh  g07;ibe;/adh  cEun  Aill(illa)  gusin- 
mïnd  righ  bai  udsa.  Nirbho  rédh  remi  leosow  innisi?î  uair- 
thugadh  mind  oir  Ai]l(illa)  arcairthi  etcr  dha  m(a)c  Bhethi 
m(i)c  Bhain  7  rogheoghnadar  Fall(amain)  condrochair  léo  go- 
ruh  gléo  nam(a)craidhi  ainm  iwsgéoil  s'in  artana. 

130^30.  Abraind  ndbdsa  f(or)riionirt  desidhe;/  ar  C(u)ch(u- 
lainn)  uair  didmben«sea  formonirt  nithoittidis  i/nii(a)craidh 
am(ail)  dorochradar  7  nith^ethsadh  Fall(amain)  m(a)c  Con- 
chobhair. 


128.  LU.  -/Sb,  14-2^. —  LL.  j6h,  iç)-ji. 

129.  LU.  78  b  26-28.  —  LL.  76  b  32-34. 

130.  LU.  78  b  29-40.  —  LL.  76  b,  34-46. 


76  Neitlau. 

Cosaiw  iarcliEna  aChùga;;  nihaisg  dhodti//chaibh  7  nitair 
dodghaisgiudh  bariwtôglâch. 

Maith  aôglaigh  bhar  C(ii)ch(ulainn)  iegnin  malle  dhodhi- 
ghailt  na  m(a)craidhi  bharnasliuighaibh.  Nirachum  am  aile 
bhar  i;zt6glach.  cidh  esidhen  bhar  C(u)c(hulainn).  ni(nse) 
ari?ztôgldch.  gidh  môr  doghni?;/arthaibh  'goili  7  gaisgidh  do- 
nEth  nEch  itochairsiu  nihair  ien  dobhiadh  anôs  nd  aalludh  nd 
oirdhercus  acht  is  ortsu  bhias  anôs  7  aalludh  7  aairdhercus  7 
tabhair  fe;z  nErt  doldmha  bharnasliiaghaibh  7  ni  léo  ata  cowus 
ta/mia  edir  dhonchuairtsea. 

131.  Is  anns'm  dai;;/thigh  intôglach  sidhech  uaithibh  7  nlr- 
fliEdadar  cdconair  imarlodh. 

132.  maith  aw/phoba  a  Laigh  bhar  C(u)c(hulainn).  tegum 
imall  dodhighail  na  m(a)craidhi  arnaslûaghaibh.  rachaidsea  Iei 
on  bhar  Légh. 

133^55.  Agus  i;zcarbad  serdha  amophoba  a  Laigh  bhar  Ci'i- 
chul(ainn)  i;/acœ/;/nagair  ai;/nEll  7  ij/ata  athrEluw  leat.  ma- 
condrigï  ai«nEll  7  madhata  athrEku/z  Int  rodonindill  7  mini- 
If.  32  a  2|-uil  athreluw  athrElu/;;  lEt  nachasninnill  eter  condri- 
gewn  uni  aile  hharingilla  7  radani/zdeltar. 

134^54.  Isan^si»  adracht  intara  7  roghabh  afhianerrEdh  na- 
raidher/;^a  ïnie.  bhd  donfhia/zerrEdh  araidhec/;fasin  .i.  ainar 
blaith  biannaidhe  sésùaiti  s?rbnaidhe  uaighthi  osleathair  se 
édru//z  aerdha  ronachgebhEdh  arlLiai;/mibh  ahin  awaigh  an- 
echtair. 

135^55.  Roghahasdair  f(or)  brat  fai;îg  thairisen  amaigh  an- 
echtair  dobrsthea  iîzaisgidh  ohShlmon  dmi  do  Ner  dhorigh 
Roman  7  gotard  Ner  dho  C/;o;7chobhur  7  dobrethea  oChon- 
chobhur  do  Cboi7zchul(ainn)  7  tinnlaicis  C(u)ch(ulainn)  do- 
Laégh  m(a)c  Ria?2ghabhra  ddara  charbaid. 

136^36.  Roghabhasdair  dha(no)  achothb(arr)  cirach  cldrach 
CEtharochair  comhr  gâcha  datha  7  gâcha  dslbha  dharamhidh- 
ghuaillibh  siar  sElsEchtair.  bhdsomaisi  dhôsowsiw  7  nirthro- 
woghiidh  fair.  Taraill  alaw   les  i»gibni  d^rgbhuidhi  am(ail) 


133.  LU.  ']8h,  41-4S-  —  LL.  ^61,46-4^. 

134.  LU.  ']8h  44-']^a  3.  —  LL.  ']6b4^-']'] 

135.  LU.  79  a  4-7.  —  LL.  77  a  4-8. 

136.  LU.  yç^a,  "1-20.  —  LL.  770,  S-21, 


Tâin  bô  Cuadnge.  -j-j 

bhadh  la»d  d^rg  oir  dhobhron  dôrbhruithi  re  eda»  à\nàc\\oni- 
artha  araidluv/;/a  SEch  athigerna.  Rog(habhasdair)  afhidhada 
ursloicthi  each  7  adhel  intlaisi  imidhesra.  rog(habhasdair)  ési 
asdudha  aEch  i/zathuaisri  .i.  aradhna  anch  i«alai/«  chli  réhiw- 
cho/;ms  aaraidhec/;/a.  FochErd  aluirEcha  iarnaidhc  intlâsi  iwa- 
Echaibh  fo;z"cbhether  dlioibh  othul  gohurdhorn  \d.n  do^hai- 
nibh  7  dobhirinibh  7  Icghinibh  7  bhir  chrudidhibh. 

137^37,  Isan»siu  focherd  celtair  chowgha  tharaEchaibh  7 
taracho/»alta  a);/drbha  1er  dhoneocli  sa;/du«  |  f.  32  b  i  |  iadso^î 
7  gu?«ba  1er  dhaibhseon  cdch  u;;tpo.  roghonadhso  cdch  thairsi 
7  tr^thi  7  sechi  7  nigontdson  tairsi  nathrethi  ndseci.' 

Bha  dethb(ir)  d6so;zsi«  arrobhddar  atheora  baadha  araidh- 
echtx  f(or)i/zaraidh  xnXîxsm  .i.  le;;;  dharbuilg  7  fosgul  ndiri;;z  7 
iwochor  ndellEii;;. 

138^38.  Isan;zsi;i  roeirigh  incur  7  i;;cathmhilidh  7  i;/tin;;el- 
chrô  bodhbha  fer  nEir(enn)  .i.  Cûch(u)l(ainn)  m(a)c  Sual- 
taigh  7  doghabhasdair  achatherrEdh  catha  7  co;;;lai;;d  7  co;;;- 
raig  uimi  7  bhd  do(no)  chatherrEdh  chatha  7  ch(omlainn)  7 
ch(omraig)  roghabh  ui;;zi  .i.  aocht  cnesle;zti  .xx.  ciartha  clar- 
tha  co^;;dhlùta  bidis  fôthédaibh  7  rothaibh  7  réfedhaibh  icus- 
dal  f;'/achnES  arnachasdechradh  achon;;  nach  achiall  ndcha 
ch(et)faidh  i?îtrdth  rasfigEdh  aluth  lathair  dho.  rog(abhasdair) 
achathchris  cola;;;dha  c//rata  thairsibh  am;iigli  anfr/;/air  do;z- 
chodudleathar  chrûaidh  chortghidhi  dor;;;na  .uii.  ndawshe- 
cliEdh  ndartadha  congebhEdh  dô  othana  athaibh  gotiugh  aach- 
saili.  bidh  uimi  rédichur  ghai  7  rEnn  7  err  7  slegh  7  saigEd 
ar;;;  7  fhsébhur  uair  is  cu;;îa  foché'Z'didis  de  7  go?»adh  dochloich 
no  docharraig  no  dhochongna  dhochiuchlaidis.  rog(abhasdair) 
aûathroig  sreabhnaidhi  sroill  co;;aci;;;ais  dobha;zôr  bz'/c  fz'za 
rémséthichtar  amhedhoi;z.  rog(habhasdair)  aûathroig  ndonn 
lEthair  ndErghshuaiti  dhoor7;zna  .iiii.  nda;;zshechEdh  ndarta- 
dha fo;zacathchris  dochola;;znaibh  f(er)ba  tua  tharaûath- 
[f.  32  b  2l-roig  srEbhnaidhi  srôill  sechtair  co/zgebhéthir  dhô- 
son  otha«a  athaibh  gotiugh  ashliasda  ronrigEdh  gochathchris 
cz^z'ad  arnùach/ar. 


137.  LU.  79  a,  22-28.  —  LL   77  a,  23-29. 

138.  LU.  79rt  2^-h  77.  —  LL.  jy  a  ]o-b  iS- 


78  Neltka. 

Andsi/z  roghabh  iin-ighnia  7  inrighmhllidh  achatharw  catha7 
co?nraig  7cowlai;zd  7  bha  do(no)  catharm  chatha  7  ch(omlainn) 
7  ch(omraig)  roghabh  .i.  aocht  cloidhbhmi  mawcolg  nded 
ndr^chsholus  7  aocht  sleghini  mawslegh  caegnnd  7  aocht  ngoth- 
natha  manngoth  nded  7  aocht  cletiw  màn  delcHs.  Roghabhas- 
dair  a  .uiii.  sgiathu  dis  i;»a?7cro;;/sglath  ndana  ndubhderg  ina- 
tegEdh  tore  taiselbhtha  i//athul  tarla  i/zsgeth  mhoir  milEtasi;? 
conah'ûi  aith  ailtnidhi  iwgher  iaraiiHchrùaidh  i«ahuirrihi7/zchEll 
gotesgiadh  fi;/da  inaighidh  rotha  araithi  7  arailtnidhEcht  7  arim- 
géri.  Doigh  amh  i;zuair  dharigEdh  alEs  intôglachsin  faébhur- 
chlES  dodhe7zamh  dhibh  cuman  congonadhson  ddsgiath  7  dagha 
7  ddchloidhem  hiénecht.  Rog(habasdair)  achirchathbharr  catha 
7  cowraig  7  cowlaind  imdchEnd  ara/nbâdar  cetheora  geam  carr- 
mhogaill  f(or)gachnaird  7  f(or)gach  nairchind  de  agachaiw- 
chu/ndach  asangaireadh  gair  ch(et)  nôglach  dohireghmhibh 
gâcha  cerna  7  gâcha  cuihdhe  gâcha  hairdi  7  gâcha  hoirchi^zd. 

139^39.  rétestthoghla  iz/nihilEdh  7  i;»anghkiind  7  rémai- 
dhiuw  namôrecht  dognithea  fûa. 

(A  suivre.) 

Max  Nettlau. 


139.  LU.  jçh,  iç)-2i.  —  LL.  •/■jh,  iS-ip. 


NOTICE 

DU 

MANUSCRIT    IRLANDAIS 

DE  LA  BIBLIOTHÈQUE  DE  RENNES^ 


On  conserve  à  la  bibliothèque  de  Rennes  un  manuscrit  ir- 
landais in-4  de  125  folios.  C'est  un  recueil  de  pièces  de  diffé- 
rents genres  ;  il  est  facile  de  voir  que  le  manuscrit  a  été  formé 
de  trois  fragments  distincts.  Le  premier,  du  folio  i  r°  au  folio 
74  v°;  le  second,  du  folio  75  r°  au  folio  89  v°  ;  le  troisième, 
du  folio  90  r°  au  folio  125  v°. 

M,  Vétault,  le  savant  bibliothécaire  de  Rennes,  a  bien 
voulu  nous  donner  le  résumé  suivant  de  l'histoire  de  ce  ma- 
nuscrit. 

«  Le  manuscrit  irlandais  de  la  Bibliothèque  de  Rennes  fai- 
sait partie,  au  milieu  du  xviii^  siècle,  de  la  riche  collection 
du  président  de  Robien  -,  archéologue  distingué,  membre 
de  l'Académie  de  Berlin.  Il  passa  dans  le  dépôt  municipal 
en  l'an  II,  avec  toute  la  bibliothèque  du  président  (plus  de 
4,300  volumes,  dont  62  manuscrits),  confisquée  sur  son  fils 
émigré. 

«  Ce  manuscrit  avait  été  communiqué  aux  savants  auteurs 
«  du  Nouveau  Traité  de  diplomatique  (Dom  Tassin  et  Dom 

1 .  M.  Whitley  Stokes  a  bien  voulu  lire  une  épreuve  de  cette  notice. 

2.  Christophe-Paul  de  Robien,  chevalier,  baron  de  Kaer,  vicomte  de 
Plaintel,  né  à  Rennes  le  ^  novembre  1698,  conseiller  au  Parlement  de  Bre- 
tagne (1720)  et  président  à  mortier  en  1724;  mort  le  6  juin  1756. 


8o  G.  DoUin. 

Toustain),  qui  n'en  purent  rien  déchiffrer.  Dom  Taillan- 
dier écrivait  à  ce  sujet,  au  président  de  Robien,  le  26  no- 
vembre 1753  :  «  ...  Nos  deux diplomaticiens...  ont  reçu  avec 
reconnaissance  le  beau  manuscrit  irlandais  que  vous  leur 
avez  envoyé.  Ils  l'ont  déjà  parcouru  :  ils  y  ont  trouvé  des 
lettres  singulières  dont  ils  comptent  faire  usage.  Pour  le 
fond  des  choses  renfermées  dans  ce  manuscrit,  c'est  un 
chiffre  dont  ils  n'ont  pas  la  clé...  »  On  le  vit  bien  par  la 
notice  qu'ils  lui  consacrèrent  au  tome  III  de  leur  ouvrage 
(p.  200,  Ecriture  07iciaîe  anglo-saxonne)  :  «  ...  Quoiqu'on 
l'ait  cru  fort  ancien,  »  concluent-ils,  «  il  ne  doit  être  au  plus 
tôt  que  de  la  fin  du  xii^  siècle,  puisque  S.  Bernard  y  est 
cité...  »  Vingt  ans  plus  tard,  Dom  de  Vaines,  dans  son  Dic- 
tionnaire raisonné  de  Diplomatique^  t.  I,  p.  45  e,  l'attribue  au 
XIII*  siècle  et  en  tire  la  «  preuve  que  les  Irlandois  se  ser- 
voient  encore  de  la  minuscule  saxonne  longtemps  après  la 
conquête  d'Irlande,  faite  en  117 1  par  Henri  II...  »  C'est 
d'après  ces  données  des  bénédictins  que  fut  rédigée  la  notice 
du  ms.  irlandais  qui  figure  sous  le  n°  138  dans  h  Description 
des  manuscrits  de  la  bibliothèque  de  Rennes,  par  D.  Maillet, 
publiée  à  Rennes  en  1837. 

«  La  première  analyse  sérieuse  du  recueil  fut  donnée  en  1867 
à  Dublin,  par  James  Henthorn  Todd,  sous  le  titre  :  «  Some 
account  of  the  Irish  manuscript  deposited  ^  by  the  preside?it  de 
Robien  in  the  public  library  of  Rennes,  18  pp.  in-8.  »  Tirage 

à  part  des  Proceedings  of  the  Royal  Irish  Academy,  Irish  mss. 

séries,  vol.  I,  pp.  66-8 1. 


Première  section. 

I.  Fol.  I  r°,  col.  I,  1.  I.  Traduction  irlandaise  du  De  con- 
teniptu  viundi  sive  de  miseriis  humanae  conditionis  composé  par 
Innocent  III,  publié  chez  Migne,  Patrologia  latina,  t.  217, 


On  a  expliqué  plus  haut  quand  et  comment  se  fit  ce  iJépôt. 


Le  Manuscrit  irlandais  de  la  Bibliothèque  de  Rennes.  81 

col.  701-746.  La  division  en  chapitres  n'est  pas  la  même  dans 
la  traduction  irlandaise  que  dans  le  texte  original. 

Commence  :  Deo  patri  carisimo  petro  d^i  gra/ia  portusenci 
.i.  an  anoir  dia  athrtr  7  peadar  dartindscnad/;  an  leab/;ar-sa  7 
indocens  do  bi  in  a  àtochain  7  in  a  cartanoir.  «  En  l'honneur 
de  Dieu  le  père  et  de  Pierre  a  été  commencé  ce  livre,  et  In- 
nocent qui  fut  diacre  et  cardinal.  « 

Finit  fol.  22  r°,  col.  i,  l.  19  :  vaur  dtrbus  an  lebwr-so  rc 
n'ab;/rar  innocent  ar  àocyxiiXtcht  m  cined  d:e;/na.  Finit 
«  comme  l'a  prouvé  ce  livre  composé  par  Innocent  sur  la 
honte  de  l'espèce  humaine  » . 

Ce  traité  est  encore  contenu  en  entier  dans  les  manuscrits 
suivants  :  Paris,  fol.  60  r°,  col.  i — fol.  72  r°,  col.  2;  Eger- 
ton  1781,  p.  113 — p.  150,  ou  fol.  57  r° — 75  v°.  Lesmss.  Eger- 
ton  93,  fol.  147  a,  et  Egerton  91,  fol.  i,  en  contiennent  des 
fragments. 

Au  bas  du  folio  14  r°,  on  lit  le  prénom  Edmond  ;  au  bas  du 
folio  18  r°,  col.  2,  on  lit  le  nom  Roger  macc  Cragh. 

II.  Fol.  22  r°,  col.  I,  1.  20.  Homélie. 

Commence  :  Foue[a]t  in  principio  uirgo  maria ^  meo  .i.  co  ùir- 
tachtaigJn  Muire  bantigf^nia  daw  a  tosach  m'  oibri^ki.  «  Que 
madame  Marie  m'aide  au  commencement  de  mon  œuvre.  » 

Finit  fol.  24  v°,  col.  2,  1.  37  :  qui  cum  deo  p^î/re  et  spiritu 
sancto  uiuit  ac  ragnat  deus  per  omnm  s[e]cMla  s[e]cMlorMW. 
Amen,  finit. 

Ce  morceau  est  aussi  contenu  dans  le  ms.  de  Paris,  fol.  58r°, 
col.  I — fol.  59  v°,  col.  2. 

Au  bas  du  fol.  23  v°,  on  lit  à  l'envers  :  M^irg  darbsc^lbsuil 
dfocruin  nabfaig  bi  ant  suil  do  tsiar  mura  mbian  nngrad. 

III.  Fol.  25  r",  col.  I,  1.  I,  Homélie  sur  la  sainte  Vierge. 
Commence  :  Ut  dix/7  bernardus  in  s^rmone  de  heatà  iwarh 

ufrgine  ^  etc,  .i.  ad^/r  hcmard  xxccm  cid  bé  ni  maith  do  b'âil  let 

1 .  C'est  ainsi  sans  doute  qu'il  faut  lire  le  mr  du  ms.  de  Paris,  transcrit 
mater  dans  la  Revue  Celtique,  t.  XI,  p.  398,  1.  29. 

2.  C'est  sans  doute  le  sermon  De  hcata  Maria  virgine,  à  tort  attribué  à 
saint  Bernard  et  public  chez  M'igne, PatrologiaJatiiia,  t.  184,  col.  1013-1022. 

Revue  Celtique,  XV.         ,  6 


82  G.  Dottin. 

dô  ullmugMif,  tabwr  fa  lam/;aib  Mwre  hé.  «  Saint  Bernard  dit  : 
quelle  que  soit  la  bonne  chose  qu'il  t'a  plu  de  préparer,  remets- 
la  dans  les  mains  de  Marie.  » 

Finit  fol.  26  r°,  col.  2.  1.  10:  acbt  beir  le  trocaire  féin  a 
lîlaitbeamnus  latt.  Finit.  «  mais  conduis-les  par  la  miséricorde 
même  dans  le  royaume  des  cieux  ». 

IV.  Fol.  26  r°,  col.  2,  1.  II.  Homélie. 

Commence  :  Grad/;aig/;  do  Dia  7  do  tig^nia  os  do  craid/;i  7 
os  do  chui;;me  7  os  t'anam  mur  adc/r  Matha^  «  Aime  ton 
Dieu  et  ton  seigneur  de  tout  ton  cœur,  de  toute  ton  intelli- 
gence, de  toute  ton  âme  comme  dit  Matthieu.  » 

Finit  fol.  28  v°,  col.  i,  1.  22  :  eirgem  docum  dia  7  maram 
co  bûan  na  fochwr  in  secwla  sec«lor;/w.  Amen.  «  Elevons-nous 
vers  Dieu  et  restons  éternellement  auprès  de  lui.  » 

La  dernière  ligne  du  fol.  26  v"",  col.  2,  qui  termine  le  troi- 
sième cahier,  est  répétée  au  commencement  du  fol.  27  r°,  col.  i . 

V.  Fol.  28  v°,  col.  I,  1.  23.  Homélie. 

Commence  :  Fons  qui  in  alto  orit^^r  de  facili  ad  loca  inpmôra 
diu^rtatur  .i.  an  tobar  tsuididt^r  an  inad/;  ard  is  urusa  a  tarraiwg 
an  inad  isel.  «  La  source  qui  est  située  dans  un  endroit  élevé, 
c'est  facilement  qu'elle  gagne  un  endroit  moins  élevé.  » 

Fiîiit  fol.  29  r°,  col.  2,  1.  17  :  d'  ar  b'  ainm  Genuencis  do 
ord  na  mhrathur  p;Yciur  don  gnidb.  Finit.  Amen.  «  que  l'on 
nomme  Genuencis,  de  l'ordre  des  frères  prêcheurs,  de  la  cha- 
rité. » 

VL  Fol.  29  r°,  col.  2,  1.  18.  Traité. 

Commence  :  Do  chorp  Cr/st  and-so,  ôir  atat  tri  ni  ré  tuics/;z 
ann.  «  Du  corps  du  Christ  [il  est  traité]  ici,  car  il  y  a  trois 
choses  à  y  considérer  » . 

Finit  îol.  30  v°,  col.  i,  1.  30:  7  cid  bé  gahus  co  midi;/g- 
mala  hé  7  nixcb  coimetan«  co  duthrû[r/;/ach  do  gehad  iîernn. 
Finit.  Amen.  «  et  quiconque  le  reçoit  indignement  et  ne  le 
garde  pas  avec  de  bonnes  dispositions  aurait  en  partage  l'enfer  » . 

I.   Mathieu,  XXIL,  57  ;  Luc,  V,  27. 


Le  Manuscrit  irlandais  de  la  Bihliothcque  de  Rennes.  85 

Vn.  Fol.  30  v°,  col.  1,1.  31.  Traité  de  la  Résurrection  du 
Christ. 

Commence  :  Do  ciscirgi  xp  d'eis  a  chcsta  an«  so,  7  xwur  dli- 
g/;mitt  a  tuicsin  do  rer  Bonauentwra  ^.  «  De  la  résurrection 
du  Christ  après  sa  passion  [il  est  traité]  ici,  et  comme  nous 
devons  l'entendre  selon  Bonaventure.  » 

Finit  fol.  31  v°,  col.  2,\.  15  :  7  a  i\à\\cad  derlaictef/;  an 
spirut  ncem  cétna.  mur  adubru»wr  qui  uiuit  7  reg;/at  Dt'MS  pt;r 
o///"ia  sec/da  seclor//m.  Amen.  «  et  le  don  profitable  du  même 
Saint  Esprit  comme  nous  l'avons  dit,  ^)  etc. 

VIII.  Fol.  31  v°,  col.  2,  1.  16.  Traité  de  la  Passion  du 
Christ. 

Commence:  Pasio  Xri  secundum  Bernardww  ^  .i.  mur  adeir 
Bernard  na;w  ar  pais  xp.  «  C'est-à-dire  comme  dit  saint  Ber- 
nard au  sujet  de  la  Passion  du  Christ.  » 

Finit  fol.  33  v°,  col.  2,  1.  28  :  7  na  croiche  césta.  ac  a 
facbail  folam  ina  fdsach.  Finit.  «  de  la  croix  de  la  passion  en  le 
laissant  vide  dans  sa  solitude.  » 

IX.  Fol.  33  v°,  col,  2,  1.  29.  Traité  de  la  pauvreté. 
Commence  :  Don  bochtacht  and-so,  ôir  adezV  herward  cz/rab 

ro;/aich  an  bochtacht  toilem/;ail.  «  De  la  pauvreté  [il  est  traité] 
ici,  car  Bernard  dit  que  la  pauvreté  volontaire  est  heu- 
reuse. » 

Finit  fol.  35  r°,  col.  2,  1.  27:  an  dia  7  an  dui;ze  qui  uiuit 
ac  ragnad  deus  pcr  omnh  secula  ce«bru/;/.  Amen.  Finit.  Amen. 
«  Dieu  et  homme  qui,  etc.  ». 

X.  Fol.  35  r°,  col.  2,  1.  28.  Traité  de  la  confession. 
Commence  :  Siad  so  na  se  cuingill  dégc  d/;ligis  an  faeisidin 

do  heth  indti  amal  adeir  sanctus  Tomas.  «  Voici  les  seize  con- 


1 .  Au  chapitre  XXIII,  De  resmrectione  Chisti  du  Compemlii  Theologicae 
veritatis  liber  quarttis' de  Christi  humanitate  (Sancli  Bonavenlurae...  opéra, 
Lugduni,  Bordes,  1668,  p.  749,00!.  2). 

2.  Sans  doute  le  Liber  de  passione  Christi  et  dolorihiis  et  pJSticlibiis  mrJris 
ejiis,  chez  Migne,  Patrologiu  latina,  t.  182,  col.  1133-1142. 


84  G.  Dottin. 

dilions  qui  doivent  être  dans  la  confession,  comme  le  dit  saint 
Thomas  ^  » 

Finit  fol.  36  v°,  col.  i,  1.  11  :  cid  ed  icfair  a  pwrgatoir  cach 
hveih  nacb  idair  ahus.  Finit.  «  cependant  sera  payé  en  purga- 
toire tout  jugement  qui  ne  sera  pas  payé  ici-bas.  » 

XI.  Fol.  36  v°,  col.  I,  1.  12.  Traité  de  la  confession. 
Commence:  Don  faeisidin  hèus  À.  a  oidi  7  a  athair  i^mai», 

i;zdisim  mo  chair  do  Dia  7  dibsi.  «  De  la  confession  encore, 
c'est-à-dire  :  ô  confesseur  et  cher  père,  je  raconte  ma  faute  à 
Dieu  et  à  vous.  » 

Finit  fol.  37  v°,  col.  2,  1.  19  :  7  breithe;;/n//i'  aithr/^^e  do 
cengal  oruw.  Finit.  «  et  le  jugement  du  repentir  à  nous  lier.  » 

En  marge  de  la  première  colonne  du  folio  37  v°  on  lit  :  is 
teirc  dui^ze  an  Erinn  doni  a  fliesid/n  mur  adeir  an  leabw/'-so 
«  il  y  a  peu  de  personnes  en  Irlande  qui  fassent  leur  confession 
comme  le  dit  ce  livre  ».  Todd  pense  que  cette  phrase  a  été 
écrite  par  Charles  O'Conor  de  Belanagare. 

Les  trois  dernières  lignes  du  folio  36  v°,  col,  2,  qui  ter- 
minent le  quatrième  cahier,  sont  répétées  au  commencement 
du  fol.  37  r°,  col.  I. 

XII.  Fol.  37  v°,  col.  2,  1.  20.  Homéhe. 

Commence  :  Do  indarbad  Luxcifir  do  nei;«  and-so  sis.  «  De 
l'expulsion  de  Lucifer  hors  du  ciel  [il  est  traité]  ci-dessous.  » 

Cette  homélie  est  formée  de  parties  fort  différentes.  Elle 
commence  par  un  récit  de  la  création  et  des  premiers  temps 
du  monde  et  se  termine  par  un  recueil  de  sentences  morales. 

Elle  finit  inachevée  fol.  43  r°,  col.  i  :  con'ià.  airs'm  dlegar 
dul  co  hinill  dia  caithem...  acsi?/agaid... 

XIII.  Fol.  43  r°,  col.  2,  1.  I.  Homélie. 

Conimcnce  :  [z]elus  dommus  tue  cometit  mé  -  .i.  romgab  et 
imo  tegais,  a  de.   In  spïnit  nôem,   in  sph'iit  do  roisgi  cech 


1.  in  Lihrum  quartiun  sententiarum  distinct.  XVII,  39,  4,  4,  i.  et  Somme 
in,  9,  4,  4,  I. 

2.  Psaume  LXVIII,  v.  10. 


Le  Manuscrit  irlandais  dt  la  BdAiotkcquc  de  Rennes.  85 

spir//t  rosinsorclia/J  in  tcXais.  «  Le  zèle  pour  ta  maison  me 
consume,  ô  Dieu.  L'Esprit  saint,  l'esprit  qui  surpasse  tout 
esprit  qui  a  éclairé  l'Eglise.  » 

Finit  incomplet  fol.  44  v°,  col.  2,  1.  27  :  conid  tria  grosacht 
diahulda  faslaigt^r  forra  iatt  «  en  sorte  que  c'est  par  un  attrait 
diabolique  qu'ils  sont  attirés  vers  eux  ». 

Cette  homélie  est  contenue  dans  le  manuscrit  de  Paris, 
fol.  22  r°,  col.  I. 

Au  milieu  du  blanc  qui  reste  au  bas  de  la  colonne  2  du 
folio  44  v°,  on  lit  la  note  suivante  : 

air  na  sgnob/;(7t^  re  Eilb/;e  uat/;  Hailiot/;  eirionnt/;ac/;  don 
Chindheadhetb  Mh'ûea'idh  san  bliag«a  de  /7aois  Xt  1755  Nan- 
netis.  S.  D.  G.  E.  U.  «  écrit  par  Ailbhe  O'Hally  (O'Healy) 
irlandais,  de  la  race  de  Mile,  en  l'an  du  Christ  1755,  Nantes 
S.  D.  G.  E.  U.  n\ 

Une  pièce  conservée  aux  archives  départementales  de  Ren- 
nes- nous  donne  la  liste  des  Irlandais  résidant  à  Nantes  en 
1756.  Cette  liste  ne  contient  point  le  nom  de  O'Hally.  Mais 
une  note  annexée  à  la  pièce  nous  apprend  qu'il  existait  à 
Nantes  une  communauté  d'environ  50  prêtres  et  étudiants 
irlandais.  C'est  parmi  eux  sans  doute  qu'on  trouverait  l'anno- 
tateur du  ms.  irlandais  de  Rennes. 

XIV.  Fol.  45  r°,  col.  I,  1.  I.  Recueilde  sentences' sur  la  pa- 
tience tirées  de  saint  Augustin,  saint  Grégoire,  saint  Jérôme, 
saint  Bernard,  saint  Jacques,  saint  Paul,  Origène,  Job,  les 
Nombres,  l'Ecclésiaste,  le  Lévitique,  le  Deutéronome,  Isaïe. 

Commence:  [PJaciencia  secundum  kngustinnvn  etc.  .i.  d.deir 
Augustin  cid  bé  bus  foig/;ind^^/;  ac  fulang  an  andligfJ  is  é  bus 
laid^ri  a  (laitheamnus.  «  Augustin  dit  :  celui  qui  sera  patient 
{iour  supporter  l'injustice,  celui-là  aura  un  règne  plus  puissant  4.  » 

1 .  Je  dois  cette  traduction  à  MM.  O'Growney  et  Douglas  Hyde. 

2.  Archives  d"Ille-et-Vilaine,  liasse  C.  59. 

3 .  Ce  recueil  n'est  pas  identique  au  Scinlillarum  liber  de  Defensor  (Migne, 
Patroloi;ia  latina,.x.  88,  col.  597-713,  bien  qu'il  s'en  rapproche  sur  un  grand 
nombre  de  points.  Saint  Bernard,  qui  est  très  souvent  cité  dans  notre  texte, 
ne  figure  pas  dans  le  Scinîillarum  liber. 

4.  Qui  ergo  fuerit  patientior  ad  injuriam,  potentiorconstituetur  m  regno. 
5cintiUarum  liber,  c.  II;  Migne,  Patr.  lat.,  t.  88,  col.  602  D. 


86  G.  Doîtin. 

Finit  fol.  47  r°,  col.  2,  1.  13  :  ôir  ni  fétmdid  aen  ni  maith 
do  denwm  na  do  ïaghail  don  taeb  amuich  do  dia  qui  uiuit  ad 
radnad  deus  pcr  ovmh  s[e]cula  secul[orum].  Amen,  «  Car 
nous  ne  pouvons  ni  faire  ni  trouver  rien  de  bon  en  nous  pas- 
sant de  Dieu,  etc.  « 

Un  chapitre  De  pasiencia  est  contenu  dans  la  pièce  intitulée 
Liber  cenienillarum  sentensiarum,  ms.  de  Paris,  fol.  loi  r'', 
col.  I  — 104  r°.  col.  I.  Cf.  Revue  Celtique,  t.  XI,  p.  402. 

XV.  Fol.  47  r°,  col.  2,  1.  14.  Recueil  de  sentences  sur  la 
charité,  tiré  des  mêmes  auteurs  que  le  précédent. 

Commence  :  Labrum  anos  don  trocaire.  «  Parlons  maintenant 
de  la  charité  » . 

Finit  fol.  48  v°,  col.  i,  1.  29  :  a  grasa  fein  dôib  da  n-eisergi 
on  peccad  «  ses  grâces  mêmes  à  eux  pour  les  relever  du  péché  «. 

Un  chapitre  De  caritaîe  est  contenu  dans  la  pièce  intitulée 
Liber  centenillarum  sentensiarum,  ms.  de  Paris,  fol.  loi  r°, 
col.  I  — 104  r°,  col.  2.  Cf.  Revue  Celtique,  t.  XI,  p.  402. 

XVI.  Fol.  48  v°,  col.  I,  1.  30.  Traité. 

Commence  :  Adeir  an  lebar  re  n'aparnr  flecto  genua  .i.  Bo- 
nauentura^  curab  on  foid/;i^ïdi  adrrar  cesad  cr.  «  Le  livre  inti- 
tulé Jîecto  genua,  c'est-à-dire  Bonaventure,  dit  que  c'est  de  la 
patience  que  parle  la  passion  du  Christ.  » 

Finit  fol.  49  r°,  col.  2,  1.  32  :  7  do  saerad  in  duine  6  na 
cumachiaih.  Finit.  «  Et  l'homme  a  été  sauvé  des  puissances.  » 

XVII.  Fol.  49  r°,  col.  2,  1.  33.  Recueil  de  sentences  sur  les 
peines  de  l'enfer,  extraites  de  saint  Augustin,  saint  Grégoire, 
saint  Bernard,  saint  Jérôme,  saint  Chrysostome,  Isaïe,  l'Ecclé- 
siaste,  saint  Matthieu,  saint  Luc,  les  Actes  des  Apôtres,  Hugues 
de  Saint-Victor. 

Commence  :  Labrum  do  pein  if/Vnn  ann  so.  «  Parlons  du  châ- 
timent de  l'enfer  ici.  » 


I .  C'est  sans  doute  le  Soliloquiuin  de  quatuor  niciitalibus  cxercitiis  (Savcti 
Bouaventurac  opcia,  Lugduni,  Bordes,  1668,  t.  VII,  p.  105,  col.  i)  qui  com- 
mence en  effet  par  les  mots  flecto  genua. 


Le  Manuscrit  irlandais  de  la  Bibliothèque  de  Rennes .  87 

Finit  fol.  52  r°,  col.  2,1.  22  :  7  ic  dol  a  ^aitbeamnu^  do 
c«wsanad  sa  gloir  suihain  tri  bithu.  Finit.  «  Et  allant  dans  le 
royaume  des  cieux  pour  reposer  dans  la  gloire  éternelle  dans 
les  siècles  des  siècles.  » 

XVIII.  Fol.  52  r°,  col.  2,  1.  23.  Version  irlandaise  par 
Finghin  O'Mahony  des  Voyages  de  Sir  John  Mandeville. 

Commence  :  Locc  don  lebur-sa  Ross  Broin  a  crich  hua  nE- 
chach  Muman  7  pearsa  dô  Seon  Maudauil,  nàerï  do  muindtir 
rig  Saxan,  do  faccaib  Saxa  la  feile  Michil  7  do  sibk/^  môran 
do  t/;irt/;aib  m  àomain  mar  ata  an  F/-^ingc  7  an  Almaiw  7  ant 
slige  assin  co  hlar^ialfw.  «  L'endroit  où  est  ce  livre  est 
Rossbrin,  dans  le  territoire  des  O'Echach  du  Munster,  et 
son  auteur  est  Jean  Mnndeville,  chevalier  de  la  maison  du  roi 
d'Angleterre,  qui  quitta  l'Angleterre  à  la  fête  de  saint  Michel 
et  parcourut  un  grand  nombre  de  pays  du  monde  tels  que  la 
France,  l'Allemagne,  et  la  route  de  là  à  Jérusalem.  » 

Finit  incomplet,  fol.  69  v°,  col.  2,  dernière  ligne  :  7  mord;^ 
do  ùgemaibb  7  do  ridmb  .ii.  7  bid  da  airdespwzV  .x. 

La  lacune  est  d'un  folio  ;  il  reste  encore  du  folio  disparu 
une  marge  étroite  sans  trace  d'écriture. 

La  dernière  ligne  de  la  colonne  2  du  folio  66  \°  est  répétée 
au  commencement  du  folio  67  r°  qui  commence  maintenant  le 
huitième  cahier.  Mais  ce  cahier  commençait  anciennement 
par  un  feuillet  blanc  dont  il  reste  une  marge  étroite.  Ce 
feuillet  blanc,  et  le  feuillet  dont  nous  venons  de  parler,  com- 
plètent le  huitième  cahier. 

Au  bas  du  foHo  69,  on  ht  cette  phrase  écrite  par  la  même 
main  que  le  texte  :  Dard^in  mannddla  indiu  7  ar  comwrci 
an  fer  do  caithes  i»dîu  dam/;  7  a  Cill  C/-eid/;i  d:\mb  7  domait/;ni 
ni  gûitrengrtc/;  an  nmindter  ga  ti'i.  «  C'est  aujourd'hui  le  jeudi 
saint  et  je  me  mets  sous  la  protection  de  celui  que  j'ai  reçu  ' 
aujourd'hui,  et  je  suis  à  Kilcrea^  et  la  communauté  avec  la- 


1 .  Littéralement  «  mangé  ». 

2 .  John  Fleming,  Old  Irish  and  thc  spokcn  language,  dans  The  Aca- 
demy,  1889,  t.  I,  p.  171,  col.  i. 


88  G.  Dotîin . 

quelle   je  demeure...    »  La  copie  de  notre  texte   irlandais  a 
donc  été  faite  à  Kilcrea,  comté  de  Cork. 

Le  récit  des  Voyages  de  Mandeville  est  encore  contenu  dans 
le  ms.  du  British  Museivm  :  Egerton  1781,  fol.  129,  col.  i — 
146  col.  4  (pp.  255-299).  Le  texte  est  également  incomplet  à 
la  fin,  mais  la  lacune  est  moins  considérable  que  dans  le  ms. 
de  Rennes.  La  langue  des  deux  mss.  a  été  étudiée  par  John 
Abercromby,  Two  Irish  15'''  century  versions  of  Sir  John 
Mandeville's  travels,  Revue  Celtique,  t.  VII,  p.  66  sq.,  210  sq., 
358  sq. 

XIX.  Fol.  70  r°,  col.  1,1.  I.  Traité  connu  sous  le  nom  de 
Teanga  hithniia.  «  La  langue  toujours  nouvelle  ». 

Commence  :  [AJirdrig/;  ùasal  an  dom/;ain,  is  treisi  na  car/; 
ri,  is  airà'i  na  gach  tigcrna.  «  Grand  Roi  suprême  du  monde, 
plus  fort  que  tout  roi,  plus  élevé  que  tout  seigneur.  » 

Finit  fol.  74  r°,  col.  2,  1.  4  :  7  bd  hé  in  îecusc  sin  tue  in 
t[eng]a  b[ith-nLia]  tosach  m  creidi;;?.  Finit,  «  Et  voilà  l'ensei- 
gnement que  donna  la  langue  toujours  nouvelle  au  commen- 
cement du  christianisme.  » 

Ce  texte  est  encore  contenu  dans  les  mss.  suivants  :  Paris, 
fol.  24  r°,  col.  I — 27  v°,  col.  I  ;  Livre  de  Lismore,  fol.  46- 
52  ;  Egerton  171,  p.  44-65  ;  Trinity  Collège  DuMin  H.  2.  16, 
col.  700-707  ;  Phillips  9754,  fol.  7  r°-9  r°.  Le  texte  du  livre 
de  Lismore  commence  par  les  mots  :  In  principio  fecit  Deus 
coelum  et  terram. 

XX.  Fol.  74  r°,  col.  2,  1.  5.  Fragment  d'une  vie  de  saint 
relatif  aux  rapports  de  saint  Brendan  avec  sainte  Brigitte.  Ce 
fragment  commence  par  l'épisode  des  monstres  marins,  se  con- 
tinue par  l'épisode  du  rayon  de  soleil  ;  il  se  termine  par  le 
commencement  du  récit  d'un  troisième  miracle  de  Brigitte. 

Commence:  Seacht  mhliadna  bôi  Brenui//;/  for  mulr  ïc  iar- 
rair  t/;ire  tarrnggre.  «  Il  y  avait  sept  ans  que  Brennuinn  était 
sur  mer  cherchant  la  terre  promise.  » 

Finit:  7  forfemd/;es  a  bleith  and... 

L'épisode  du  rayon  de  soleil  qui  ne  se  trouve  point  dans  la 
vie  de  sainte  Brigitte  éditée  par  M.  Whitley  Stokes,  Lives  of 


Le  Manuscrit  irlandais  de  la  Bibliothèque  de  Rennes.  89 

saints  from  the  Book  of  Lismore  a  été  publié  d'après  le  Leabhar 
Breac  par  M.  Whitley  Stokes,  Three  middle  Irish  homilies, 
p.  83.  Cet  épisode  est  traduit  de  Colgan,  Trias  thamnaturga, 
sccunda  viia,  c.  7  ;  tcrtia  vita,  c.  92.  Le  commencement  de  la 
pièce  se  trouve  à  la  page  41  du  ms.  des  Franciscains  de  Dublin, 
qui  porte  le  nom  de  Liber  Hymnoruni.  Il  est  cité  chez  Stokes, 
Lives  of  saints  from  the  Book  of  Lismore,  p.  353,  cf.  333. 

Le  verso  du  folio  74,  aux  deux  tiers  blanc,  contient  la  note 
suivante  : 

Ambitiosus  honos,  luxus,  turpisque  voluptas, 

hîec  tria  pro  trino  numine  mundus  habet. 

Misi  Emand  og  o  Cealluig/;  do  scriob/;  an  rand  laid/;nisi  a 
Baile  puirt  an  ùàer'i  À.  an  sa  Gleand  an  se'isetb  la  do  mi  Au- 
gust  1599  an  cet  blian  do  cogaàh  Muimnec/;  an  aigaid/;i  Gall  7 
go  ma  leosan  creoc/;as  s'in  ma  t/;a  toil  Dia  linn  docuni  na 
guig/;i  si;/  do  d/;enam.  «  C'est  moi,  le  jeune  Edmond  O'Kelly 
qui  ai  écrit  ce  distique  latin  à  Baile  puirt  an  ridcri^,  c'est-à- 
dire  dans  la  Vallée,  le  sixième  jour  du  mois  d'août  1599,  la 
première  année  de  la  guerre  des  habitants  de  Munster  contre 
les  Anglais  ^.  Puisse  cette  violence  retomber  sur  eux,  si  la  vo- 
lonté de  Dieu  est  avec  nous  pour  faire  cette  prière.  » 

Une  phrase  à  moitié  effacée  à  la  suite  de  la  note  précédente 
nous  donne  le  nom  de  Tomas  mac  hEdbhard  (Edward)  et  la 
date  du  19  janvier  1640  :  mile  se  ced  agus  da  xx  aois  cr. 


Deuxième  section. 

XXL  Fol.  75  r°,  col.  r,  1.  i.  Vie  de  saint  Colman  mac 
Luachain.  Cette  vie  semble  n'avoir  pas  été  connue  de  Colgan 
qui  donne  seulement  une  courte  notice  de  saint  Colman  5  et 
nous  apprend  que  la  fête  de  ce  saint  tombait  le  30  mars. 


I  .   Todd,  d'après  Reeves,  conjecture  que  ce  doit  être  Glin  ou  Glenn-Cor- 
braighe,  comté  de  Limerick. 

2 .  L'expédition  malheureuse  du  comte  d'Essex  en  Munster,  d'après  Todd. 

3.  Acta  sanctoi  iim  Hiperniae,  t.  I,  p.  792-793. 


90  G.  Dottin. 

Dans  les  Annales  cit's  Quatre  Maîtres,  publiées  par  O'Dono- 
van,  t.  II,  p.  1015,  on  trouve  à  l'année  1122  une  note  rela- 
tant la  découverte  de  la  châsse  de  saint  Colman. 

Commence  :  Uiriliter  agite  et  confortetur  cor  nestrum  omnes 
qui  speratis  in  Domino^.  An  spirat  noew_,  in  s^irat  as  uasle  cach 
spir^f.  «  L'Esprit  saint,  l'Esprit  qui  est  le  plus  élevé  que  tout 
esprit.  » 

Finit  fol.  89  v°,  col.  2,  1.  15  :  7  is  se  dorigne  scrm  vn  na 
taisib  c^^na.  Finit.  «  Et  c'est  lui  qui  a  fait  un  sanctuaire  pour 
les  mêmes  reliques.  » 

La  dernière  ligne  du  folio  84  v°,  col.  2,  est  répétée  au  com- 
mencement du  tolio  85  r°  qui  commence  le  dixième  cahier. 

XXII.  Fol.  89  v°,  col.  2,  1.  16.  Une  main  moderne  a  écrit 
à  la  suite  de  la  pièce  précédente,  avec  une  encre  très  pâle,  un 
morceau  de  piété  qui  se  termine  inachevé  au  bas  de  la  colonne. 
Ce  morceau  assez  difficile  à  lire  et  d'une  orthographe  défec- 
tueuse commence  par  les  mots  :  Tri  padricha  dognait/;  gabh 
ar  tus  do  M«re.  «  Chante  toujours  d'abord  trois  pater  pour 
Marie.  » 

Il  ne  reste  que  les  talons  des  trois  folios  terminant  le 
dixième  cahier. 


Troisième  section. 

XXIII.  Fol.  90  r°,  col.  I,  1.  I.  Dinn-senchas,  recueil  de 
légendes  en  prose  et  en  vers,  sur  les  noms  géographiques  de 
l'Irlande.  M.  Whitley  Stokes  pense  que  le  Dinn-senchas  a  été 
compilé  au  xii^  siècle. 

Commence:  Senchas  dind  Erend  inso,  dorigne  Amorgein 
mac  Amhalga,  in  fili  do  na  Déisib  Temrach,  ba  file  féin  mie 
Cearbaill.  «  Archéologie  géographique  d'Irlande  ci-après,  que 
composa  Amorgein  Mac  Aulay,  poète  des  Dési  de  Tara,  poète 
lui-même  du  fils  de  Cerball.  » 

I  .   Psaume  XXXI,  v.  24. 


Le  Manuscrit  irlandais  Je  la  Bibliothèque  de  Rennes.  91 

Finit  incomplet  fol.  125  v",  col.  i,  dernière  ligne.  Cette 
dernière  colonne  est  effacée  et  fort  difficile  à  lire. 

La  seconde  colonne  du  fol.  125  r°  se  termine  par  :  nar/;  rab 
aidblad/;  do  gabail  rigi  n-Ulad. 

Le  texte  du  Dinn-senchus  est  encore  contenu  dans  les  mss. 
suivants:  Livre  de  Leinster,  p.  151-170,  191-216  du  fac- 
similé;  Livre  de  Ballymote  p.  349-410  du  £ic-similé  ;  Livre 
de  Lecan,  p.  461-525  ;  cqs  trois  mss.  font  partie  de  la  Biblio- 
thèque de  la  Royal  Irish  Academy;  H.  3.  3,  de  la  bibliothèque 
de  Trinity  Collège,  Dublin,  f°  36.  Le  Rawlinson  B,  506,  de 
la  Bibliothèque  Bodléienne  d'Oxford  contient,  p.  11-15,  environ 
un  tiers  de  la  partie  en  prose  du  Dinn-senchus;  M.  Gaidoz  a 
signalé  dans  la  Revue  Celtique,  tome  VI,  p.  113,  un  frag- 
ment du  Dinn-sencluis  dans  le  ms.  Kilbrlde  XVI  de  la  Biblio- 
thèque des  avocats  d'Edimbourg  ^ 

Le  texte  du  Rawlinson  B.  506,  a  été  publié  avec  une  tra- 
duction anglaise,  des  notes  critiques  et  explicatives  par 
M.  Whitley  Stokes,  Folklore,  t.  III,  1892,  p.  467-516. 

Il  manque  deux  folios  au  milieu  du  quatrième  cahier  de  la 
seconde  partie  du  ms.  Ces  deux  folios  seraient  compris  entre 
le  folio  114  et  le  folio  115.  Cette  lacune  a  été  signalée  par 
M.  Whitley  Stokes. 

La  seconde  colonne  du  fol.  125  v°  semble  avoir  contenu 
de  courtes  notes  en  écriture  cursive.  Cette  écriture  a  été 
grattée  ;  on  n'en  distingue  plus  que  quelques  lettres.  Au  milieu 
de  la  colonne  on  a  écrit  sur  l'ancien  texte  une  note  en  gros 
caractères,  assez  effacés, 

A  la  fin  de  cette  note  on  peut  lire  :  milesimo  quinqna- 
gesimo[^/V^  lisez  :  quingentesimo]  ottagesemo  sexto.  Cette  date 
de  1586  est  la  plus  ancienne  des  dates  contenues  dans  notre 
manuscrit, 

G.   DOTTIN. 


I .  M.  Whitley  Stokes  nous  apprend  que  le  ms.  XIX  de  la  bibliothèque 
des  avocats  d'Edimburg  contient  un  poème  géographique  qui  n'est  point  le 
Dinn-senchus. 


MÉLANGES 


I. 

UN  ANCIEN  USAGE  DE  L'ÉGLISE  CELTIQUE. 

M.  l'abbé  Duchesne  a  réédité  dans  la  Revue  de  Bretagne  et  de 
Vendée,  de  janvier  1885,  une  lettre  des  évêques  Licinius  (de 
Tours),  Melanius  (de  Rennes),  et  Eustochius  (d'Angers) 
aux  prêtres  bretons  Lovocatus  et  Catihernus.  Comme  le  fait  re- 
marquer M,  Duchesne,  c'est  le  plus  ancien  document  se  rap- 
portant à  l'émigration  bretonne  en  pays  armoricain.  Cette 
lettre  est  en  effet  écrite  vers  la  fin  du  règne  de  Clovis  ou  peu 
après  sa  mort.  Parmi  les  griefs  de  ces  saints  évêques,  je  relève 
le  suivant  (je  reproduis  la  traduction  de  l'abbé  Duchesne)  : 
«  Aussi  avons-nous  cru  devoir  vous  avertir  et  vous  supplier, 
pour  l'amour  du  Christ,  au  nom  de  l'unité  de  l'Eglise  et  de 
notre  commune  foi,  de  renoncer,  aussitôt  que  la  présente  lettre 
vous  sera  parvenue,  à  ces  abus  de  tables  en  question  que  nous 
ne  doutons  pas  sur  votre  parole  avoir  été  consacrées  par  des 
prêtres,  et  de  ces  femmes  que  vous  appeîe:^  conhospitae,  d'un  nom 
qu'on  n'entend  ni  ne  prononce  sans  un  certain  tremblement,  d'un 
nom  propre  à  diffamer  le  clergé  et  à  jeter  la  honte  et  le  discrédit 
sur  notre  sainte  religion .  C'est  pourquoi,  selon  la  règle  des  Pères, 
nous  ordonnons  à  votre  charité  non  seulement  d'empêcher  ces  fem- 
melettes de  souiller  les  sacrements  diviiis  en  les  administrant  illi- 
citement,  mais  encore  de  n'admettre  à  habiter  sous  votre  toit  aucune 
femme  qui  ne  soit  votre  aïeule,  votre  mère,  votre  sœur  ou  votre 
nièce  ».  Cet  abus,  d'après  M.  l'abbé  Duchesne,  consistait  à 
confier  à  des  femmes  la  distribution  de  l'eucharistie  sous  l'es- 


Mélanges.  95 

pèce  du  vin,  et,  en  général,  l'assistance  du  prêtre  à  l'autel,  le 
ministère  diaconal  proprement  dit.  C'était,  paraît-il,  la  résur- 
rection de  l'hérésie  que  les  pères  d'Orient  appellent  Pépon- 
dienm,  en  l'attribuant  à  un  certain  Pepundius,  et  qui,  à  ce  que 
croit  l'abbé  Duchesne,  a  particulièrement  centriste  les  prélats. 
Le  nom  paraît  réellement  tiré  de  la  ville  de  Pepu:^e. 

Cet  usage  a-t-il  été  général  dans  l'église  celtique  ?  Un  docu- 
ment reproduit  par  Haddan  et  Stubbs  {Councils  and  ecclesias- 
iicaJ  documents  rdating  to  Great  Britain  and  Ircland,  II,  part.  II, 
p.  292),  ferait  incliner  pour  laffirmativc.  Ce  document,  en 
tout  cas,  est  au  moins  aussi  ancien,  d'après  Haddan  et  Stubbs, 
que  le  milieu  du  viii=  siècle  (voir  p.  294,  note  a).  C'est  une 
espèce  de  sommaire  de  l'histoire  de  l'église  celtique  en  Irlande. 
Parmi  les  traits  indiqués  comme  caractéristiques  de  l'état  an- 
cien de  cette  église  (primus  ordo  Catholicorum  sanctorum),  à 
l'époque  la  plus  ancienne  (440-543  ?)  je  relève  ce  qui  suit: 
«  Mulierum  administrât ionem  et  consortia  non  respuebant  quia 
super  petram  Christi  fundati,  ventum  tentationis  non  time- 
bant.  »  A  l'époque  suivante  (secundus  ordo)  (543-599),  cet 
usage  a  disparu  :  Ahnegahant  mulierum  administrationem,  sépa- 
rantes eas  a  monasteriis. 

Il  semble  donc  certain  qu'à  l'époque  .la  plus  ancienne,  au 
moins  jusqu'au  commencement  du  vi^  siècle,  l'église  celtique 
ait  été  infectée  de  l'hérésie  pépundienne  ou  pépu^ienne. 

J.   LOTH. 
II. 

-YCH  A  LA  2^  PERSONNE  DU  SG.  EN  GALLOIS. 

M.  Whitley  Stokes,  dans  son  travail  The  neo-celtic  verb  suh- 
stantive,  p.  29,  signale  comme  forme  de  Vinjonctifï  la  2^  pers. 
du  sg.  bych.  Cette  terminaison  -ych  se  trouve  à  côté  de  -yt  à 
la  2=  pers.  du  sg.  du  conjonctif  :  a  chymer  y  niver  a  vynnych 
gyt  athi  «  et  prends  le  nombre  que  tu  voudras  avec  toi  » 
(Gr.  Cclt.  -,  p.  512).  Il  est  impossible  de  songer  à  voir  ici  une 
confusion  entre  la  2"  pers.  du  pluriel  et  celle  du  sg.  :  cette 
explication  ne  serait  possible  que  si,  en  gallois,  au  moins  dia- 
lectalement,  le  tutoiement  avait  disparu  au  profit  des  formes 


94  Mélanges. 

plurielles  de  la  2^  personne  ou  bien  si  l'inverse  s'était  produit  : 
ce  qui  n'est  pas  le  cas,  M.  Whitley  Stokes  voit  dans  ch  le  ré- 
flexe du  pronom  grec  tj  ou  de  son  enclitique  zc,  es.  C'est 
une  explication  à  laquelle  il  a  sans  doute  renoncé  depuis  long- 
temps, Q'j  étant  dû  aux  cas  obliques,  et  îe  =  -:/"£.  Les  formes 
en  -ych  de  la  2^  pers.  du  sg,  me  paraissent  devoir  être  rappro- 
chées des  2"  personnes  de  l'impératif  moyen  du  sanscrit  en 
-sva  :dhatsvâ,  impér.  moy.  2^  pers.  de  la  racine  dha  =  indo- 
eur.  dhè,  placer  (Brugmann,  Grundriss,  II,  p.  1328).  Sva  est 
le  pronom  réfléchi.  Si  on  remarque  que,  comme  en  sanscrit, 
c'est  à  la  2"  pers.  de  l'injonctif  que  ces  formes  se  montrent  de 
préférence,  le  doute  sur  la  valeur  de  -ch  n'est  guère  permis.  Il 
faut  surtout  rapprocher  des  formes  sanscrites  des  formes 
comme  :  henffych  luell,  porte-toi  bien,  salut,  vieux-gallois  anbiic 
guell  (0x011.  post.,  Gr.  Celt.  2,  1063;  gloses  considérées  à  tort 
comme  comiques).  La  formation  galloise  remonte-t-elle  à 
l'unité  indo-européenne  ? 

La  forme  bcc'h  =  gall.  hych  est  en  usage,  en  Bretagne,  à 
Saint-Gilles -Pligeaux  (Côtes-du-Nord). 

J.  LOTH. 

"  III. 
-HOIAM  =  HWYAF. 

Le  gallois  a  pour  comparatif  à  hi-r,  long  =  irl.  si-r,  hiuy  = 
irl.  sia  (=  *  sê-jos  et  non  s'i-josl)  et  pour  superlatif  hiuyaf 
formé  probablement  sur  h-wy.  Le  breton  armoricain  n'a  rien, 
à  l'époque  moderne,  qui  rappelle  hwy,  ni  hwyaf.  Le  Cartulaire 
de  Redon  qui  nous  a  déjà  conservé  le  superlatif /«rtw^  le  plus 
petit,  =  gall.  lleiaf  dans  saJina  leiam,  me  semble  avoir  éga- 
lement l'équivalent  de  hwyaf,  c'est-à-dire  hoiam  en  compo- 
sition dans  des  noms  propres  comme  Hael-hoiavi,  larn-hoiam, 
Posid-hoia(m),  Rcenhoiam,  Uniu-hoiam. 

J.  LoTH. 

IV. 

GWELED. 

On  rapproche   habituellement  le  gallois  et  breton  giuckd, 


Mélanges.  9  5 

voir,  du  grec  tp  âw  et  du  latin  vereri.  Le  vocalisme  grec  n'est 
pas  un  obstacle  insurmontable  à  cette  identification,  mais  r 
pour  /  m'en  paraît  un  sérieux.  La  racine  vel-  me  semble  iden- 
tique avec  celle  qui  a  donné  le  latin  velk,  goth.  viljan,  lit. 
luêlyti,  désirer,  skr.  var-,  choisir.  L'écart  de  sens  entre  voir  et 
vouloir  n'est  guère  plus  grand  qu'entre  voir  et  savoir  (video, 
cTca).  Un  idiotisme  gallois  actuel  le  montre  bien.  Pour  tra- 
duire notre  s'il  vous  plait,  on  dit  couramment  :  os  gvuelwch  yn 
dda,  si  vous  le  trouvez  bon,  si  vous  le  voulez  bien;  en  don- 
nant à  givekuch  le  sens  habituel,  on  traduirait  :  si  vous  h  voye:{ 
bon! 

J.  LOTH. 

V. 

RESTES  DE  NEUTRE  EN  BRITTONIQUE. 

Les  noms  neutres  dans  les  dialectes  brittoniques  ont  géné- 
ralement passé  au  masculin,  comme  le  montre  la  comparaison 
avec  l'irlandais.  Deux  mots  me  paraissent  cependant  avoir  con- 
servé la  forme  neutre  ancienne  ou  plutôt  devoir  être  expliqués 
par  elle  :  l'un  est  gallois,  deigr,  larme  ;  l'autre,  breton,  ira,  chose. 

On  trouve  dans  les  dictionnaires  gallois  les  formes  deigr, 
dagr  pour  le  singulier,  dagrau,  deigron  pour  le  pluriel.  La  forme 
la  plus  ancienne  pour  le  singulier  paraît  être  deigr.  C'est  celle 
que  donne  le  Livre  Noir  (deigir  avec  i  irrationnel,  Skene, 
Four  anc.  hooks,  II,  p.  61,  vers  28),  et  aussi  du  Livre  de  Ta- 
liesin  :  bum  deigyr  yn  œivyr,  je  fusse  larme  (goutte)  dans  l'air. 
Le  pluriel  dans  ce  dernier  livre  est  dagreu  (ibid.,  p.  136, 
V.  20  ;  p.  124).  Dagr  a  été  formé  sur  dagrau  et  facilité  par  les 
composés  comme  le  vieux-gallois  dacr-lon,  gl.  uvidus  (dacr  = 
*dacrii).  Deigron  se  dénonce  comme  récent;  c'est  un  double 
pluriel  formé  comme  meibion,  fils,  breton  mibien,  qui  suppo- 
sent respectivement  meib  et  meb;  deigron  suppose  deigr.  Deigr 
n'est  pas  réductible  à  dacru,  Vît  bref  final  ne  produisant  nulle- 
ment infection.  Deigr  remonte  à  dacrû,  forme  à  rapprocher 
des  formes  latines  comme  pecû,  verû,  genû,  cornu  et  des  formes 
adjectives  védiques  en  il  comme  puni  :  puril-vâsu,  beaucoup 
de  bien  ;  purù,  viuJîa  (Brugmann,  Grundriss,  II,  pp.  557,  684). 


96  Mélanges. 

Le  mot  ira,  chose,  présente  cette  particularité  de  subir  la 
mutation  sonore  dans  son  initiale  au  singulier,  tout  en  n'étant 
pas  féminin  :  an  âra  man,  cette  chose-ci,  ean  dra,  une  chose  ; 
mais  daou  dra,  deux  choses,  et  non  dioii  dra.  Le  pronom  usité 
pour  ce  mot  est  le  pronom  masculin  neutre.  Les  grammai- 
riens bretons  comme  Hingant  en  ont  été  eux-mêmes  frappés 
et  citent  le  mot  comme  une  exception  à  la  règle  qui  veut  que 
les  féminins  seuls  subissent  la  mutation  au  singulier.  Je  ne 
vois  d'aure  explication  possible  à  ce  phénomène  qu'en  suppo- 
sant dans  ira  un  ancien  neutre.  A  part  les  noms  en  -0,  en 
indo-eur.,  le  nominatif-accus,  sing.  neutre  n'était  autre  chose 
que  le  thème  nu.  Tra  a  dû  être  un  thème  vocalique  neutre  et 
aura  ainsi  provoqué  la  même  mutation  que  les  thèmes  fémi- 
nins tout  en  conservant  son  genre.  Le  pluriel  est  traou.  Il  en 
est  de  même  en  comique  :  an  dra  ma,  cette  chose-ci;  plur. 
traow.  Le  mot  n'existe  en  gallois  que  comme  suffixe  en  compo- 
sition: cyfleusdra. 

J.    LOTH. 

VL 

HYD,  FED;  FENOS,  FETEZ. 

Le  Dictionarium  duplex  de  Davies  donne,  au  mot  hyd,  le 
long  de,  durant,  la  îormQfed  pour  le  pays  de  Dyfed.  Ce  dou- 
blet me  paraît  expliquer  d'une  façon  plausible  les  expressions 
suivantes  citées  par  M.  Ernault  dans  son  Glossaire  moyen-breton 
au  mot  benary:  afet  nos,  de  nuit,  vannet.  a  fced-no:{,  pendant 
la  nuit.  Les  expressions  hed  dé,  hed  an  de^^,  hedan  nos,  sont  cou- 
rantes. Il  me  paraît  inutile  et  impossible  de  supposer  ici  le  mot 
fet  du  français /3/7. 

La  forme  du  moyen  breton  ve:{_  nos,  cette  nuit,  existe  encore 
au  Faouët  (Haute-Cornouailles)  sous  la  (orme  fesnos . 

Le  doublet  fed  me  paraît  rendre  difficile  le  rapproche- 
ment, ingénieux  d'ailleurs  et  plausible,  que  M.  Ernault  a  fait 
de  fetei^,  vetei:(^z\ec  benary,  biscoa^,  bi:{viquen. 

Le  vannetais  aurait,  d'après  lui,  mieux  conservé  l'initiale 
primitive  dans  bité  {Dict.  dcl'Ann.  au  mot  vmishuï).  Ce  mot 
existe  en  bas-vannetais    et    en    Haute-Cornouailles    sous    la 


Mélanges.  97 

forme  bété  dans  des  expressions  comme  :  ne  choyne  ket  beté  du^e, 
ne  restez  pas  indéfiniment  Ki-bas  ;  ma  bêlé  ober  çn  dra,  il  est 
un  temps  infini  à  faire  une  chose.  Beté  remonte  certainement  à 
heth  -\-  Jt'~,  comme  a  dit  M.  Ernault.  Mais,  en  Haute-Cor- 
nouailles,  à  côté  de  beté,  existe  la  formé /t'/J  qui  me  paraît  irré- 
ductible à  l'autre. 

Il  est  fort  possible  que  dans  d'autres  dialectes  les  formes 
composées  de  beth,  bith  et  de  fed  se  soient  confondues  par 
suite  de  la  composition  syntactique  (*vete:^,  *a  vete^  =■  *  a 
bete^  et  que  l'explication  de  M.  Ernault  soit  à  retenir  pour 
plusieurs  d'entre  elles. 

Pour  Je::^  no:^,  beth  semble  à  première  vue  plus  plausible, 
mais  le  changement  de  /  en  spirante  sonore  devant  71  est  un 
phénomène  bien  connu  en  moyen-breton,  dans  les  noms  com- 
posés :  Ca::jieved,  Caneved  =■  Cat-nemet. 

A  Saint-Gilles-Pligeaux,  on  se  sert  de  la  forme  vénos  et 
même  véd  en  nos  (véd  =  féd  dans  ce  sous-dialecte),  forme 
décisive  en  foveur  de  mon  explication. 

J.    LOTH. 

VIL 

ROTGUIDOU. 

Dans  les  délimitations  de  champs,  en  gallois,  du  Livre  de 
Llandaff  apparaît  le  mot  rotguidou  :  0  tref  eithinauc  di  nant  hirol- 
guidou  (édit.  Rhys-Evans,  p.  126)  «  de  Tré  Eithinog  jusqu'au 
ruisseau  des  Rbodiuiddè  (ibid,  p.  366).  A  la  page  li  de  l'intro- 
duction de  l'édition  nouvelle  de  MM.  Rhys-Evans,  dans  le 
vocabulaire  des  mots  non  traduits,  on  propose  pour  Rotguidou 
la  traduction  de  forts  en  bois,  et  on  rapproche  rot  de  l'irlandais 
ràth.  Rotguidou  a  donné  en  gallois  moderne  rhodiuyddéu  ou  avec 
l'écriture  adoptée  actuellement  pour  le  pluriel  rhodiuyddau 
(dans  la  prononciation  rhodivydda  ou  rhodwydde),  pluriel  de 
rhodwydd,  mot  bien  connu  en  breton  comme  en  gallois,  mais 
mal  compris  par  les  Gallois  actuels.  Le  sens  véritable  de  rho- 
dwydd n'est  pas  open  course  comme  le  prétend  Owen  Pughe, 
mais  bien  gué,  passage  sur  une  rivière  :  ar  rodiuydd  Forlas  y 
Revue  Celtique,  XV.  7 


c)8  Mélanges. 

giuyliaf  «  sur  le  gué  de  Morlas  je  veillerai  »  (Llyiu.  Hen,  d'après 
Pughe).  Le  Cartulaire  de  Landevennec  a  fort  heureusement 
traduit  ce  mot  :  rodocd  Carn,  id  est  vadum  corneuni. 

Rodoed  se  retrouve  dans  le  nom  de  commune  Rodoed-galkc 
(charte  de  ii6o)^  Roudoe-^gaîkc  (1521),  aujourd'hui  Roud- 
oualléc  (prononcez  Roudiuâlec),  canton  de  Gourin,  arrond.  de 
Pontivy,  anciennement  de  l'évêché  de  Cornouailles.  Il  existe 
encore  treize  ou  quatorze  noms  de  lieu  en  rodoué  (=  rodoe's) 
dans  le  Morbihan,  indiquant  tous  des  ponts  ou  passages  sur  des 
ruisseaux  (y.  J.  Loth,  Chrcstom.  bret.,  p.  162). 

Quoi  que  l'on  pense  de  la  terminaison  (il  est  possible  que 
guid-  signifie  bois  et  que  le  sens  primitif  ou  amené  par  l'éty- 
mologie  populaire  ait  été  passerelle  en  bois),  rot-  doit  être  rap- 
proché de  rhodio,  traverser,  marcher,  de  rhaïud,  chemin,  et 
vraisemblablement  de  l'irlandais  moderne  rod,  chemin,  pas- 
sage. Il  fliut  sans  doute  le  séparer  de  l'irlandais  roth,  roue,  et 
du  latin  rota.  Rot-  me  semble  tiré  de  la  même  racine  que  le 
gaulois  ritu  (Augusto-rituni)  dont  il  a  le  sens,  gallois  rhyd, 
gué;  au  lieu  de  remonter  comme  ritu- h.  *prtu-,  allem./wr^,  il 
supposerait  *  pli-  avec  liquide  sonante  longue.  Pour  la  racine 
à  des  degrés  différents,  et  pour  le  sens,  cf.  Trspâo^ ,  portus. 

J.  Loth. 
VIII. 

SEOUANA.  SEOUANI. 

Le  -qu-  de  ces  deux  noms  propres  a  déjà  fait  verser  des  flots 
d'encre  sans  qu'on  soit  arrivé  à  une  solution  satisfaisante.  Si 
on  a  affaire  réellement  à  un  -qv-  vieux-celtique,  ne  donnant 
pas  p  en  gaulois,  on  est  en  présence  d'un  phénomène  celti- 
quenient  inexplicable.  Il  y  a,  ce  me  semble,  un  moyen  de  dé- 
barrasser la  phonétique  celtique  de  ce  cauchemar  :  c'est  de  voir 
dans  Sequana,  et  par  conséquent  dans  Scquani  un  mot  com- 
posé :  Seco-vana  ou  secu-vana,  forme  que  les  Romains  ne  pou- 
vaient traduire  dans  l'écriture  autrement  qu'ils  l'ont  fliit.  Je  ne 
me  hasarderai  pas  à  chercher  l'étymologie  de  ce  mot.  Je  ferai 
remarquer  seulement  que  les  langues  brittoniques  possèdent 


Mélanges.  99 

une  racine  sec-  qui  signifie  couper  :  gallois  hesg,  armor.  hesc, 
irl.  sesccnn,  sorte  de  glaïeul  à  bords  coupants,  ^=^  sec-sco  ;  hes- 
ken,  scie.  Quant  à  -wana,  on  pourrait  le  rapprocher  du  gallois 
gzuanu,  percer,  pénétrer  à  travers. 

J.  LOTH. 

IX. 

ESOX. 

Le  latin  esox,  esocem,  saumon,  a  pour  correspondant  le  gallois 
eawg,  eog,  armoricain  eeuc  ou  eoc  =  *  esàcan  =  indo-européen 
*esôcn.  Le  vieil-irlandais  eu  ■=  *esox,  génitif  wr/;.  L'emprunt 
par  les  Latins  n'est  pas  douteux .  Emprunté  par  les  Celtes,  à 
l'époque  romaine,  le  mot  eût  conservé  s  médial.  La  disparition 
de  1'^  montre  que  s  est  s  simple  intervocalique.  Latin,  esox  eût 
évolué  en  erox.  Dans  mon  travail  sur  les  Mots  latins  en  britto- 
niquc,  j'ai  fait  la  remarque  que  esox  avait  été  emprunté  à  une 
époque  où  ô  long  indo-européen  n'était  pas  encore  devenu  à 
en  celtique  ou  était  venu  aux  Latins  par  une  fraction  des 
Celtes  qui  n'opérait  pas  encore  cette  transformation.  La  suppo- 
sition est  erronée.  Il  y  a  une  explication  de  ce  phénomène  à 
la  fois  plus  vraie  et  plus  intéressante.  Les  Latins  ont  généralisé 
dans  leur  déclinaison  l'ô  fermé  du  nominatif.  L'irlandais  eu 
=  *  esux,  esox  et  montre  ô  fermé,  par  conséquent  ô  non  accen- 
tué. Le  gallois  cawg,  arm.  eeuc  remonte  à  *esdcan  avec  l'accent 
sur  la  pénultième.  Nous  arrivons  donc  à  ces  formes  pour  le 
vieux-celtique:  nomïnan(ésôx,  accus.  *esdcan.  Le  doublet  breton 
eoc,  eeuc  n'a  rien  d'extraordinaire  :  oc  se  colore  ou  recolore 
souvent  en  ôc  après  e  :  Tremeoc,  près  Quimper,  en  moyen-ar- 
moricain, Trejf-maeheuc  ;  cî.  Lan-vèoc. 

Le  saumon  coureur  porte  en  breton  le  nom  de  hur-euc.  Il 
me  semble  que  le  premier  terme  est  identique  au  gallois  caïur, 
géant,  irl.  cur,  héros,  champion;  cf.  corn,  cawr-tnarch,  cha- 
meau. Keur-euc  aurait  le  sens  de  grand  saumon.  Je  ne  connais 
pas  d'autre  exemple  de  keur  en  breton. 

J.  LoTH. 


1  ûo  Mélanges 

X. 

GOUR. 

On  fait  venir  la  particule  gour,  du  breton,  de  vor,  et  on 
l'identifie  avec  le  gaulois  ver.  En  quoi  foisant,  on  confond  en- 
semble deux  particules  bretonnes  de  sens  et  d'origine  tout  à 
fait  différents.  L'une,  gour,  guor,  luor  =  ver-  et  a  une  valeur 
intensive  et  augmentative.  L'autre,  au  contraire,  a  une  valeur 
diminutive  :  gour-gle~e,  épée  courte,  poignard  ;  gour-hent,  petit 
chemin;  gour-vade:(,  petit  baptême,  ondoiement;  gour--~én, 
petit  homme  ;  gour-ni:^,  petit-neveu.  On  remarquera  que  cette 
particule  amène  la  transformation  des  sourdes  en  sonores,  des 
sonores  en  spirantes,  et  paraît  avoir  eu  une  terminaison  vo- 
calique.  L'irlandais  a  une  particule  identique  :  gor  :  gor-mhac 
traduit  par  O'Reilly  par  graudson,  ncphciu  ;  dans  le  Félire, 
gor  mac  a  le  sens  de  fils  adoptif  (p.  clxviii).  Le  g  de  l'irlandais 
montre  que  le  g  breton  est  étymologique  et  que  cette  particule 
est  absolument  différente  de  la  première. 

J.   LOTH. 


XL 


A  PROPOS  DE  CALEMAY. 

Godefroy,  dans  son  Dictionnaire  de  l'ancien  français,  trouvant 
le  mot  breton  calemay  dans  une  charte  française  du  xv^  siècle, 
l'a  traduit  par  Chandeleur.  J'ai  relevé  l'erreur  au  mot  calan 
dans  mes  Mois  latins  en  hrittonique  (vocabulaire).  Calemay  est 
pour  calanmae  les  calendes,  le  premier  de  mai.  Le  mot  est  en 
usage  aujourd'hui  encore.  En  comique  on  avait  de  même 
Kalemay.  On  pouvait  se  demander  où  M.  Godefroy  avait  pris 
cette  singulière  traduction.  Il  l'a  prise  dans  le  Dictionnaire  de 
Kelham,  qui  a  vu  dans  Kalamay,  Candlemas  ! 

Les  savants  les  plus  éminents  ont  eu  quelquefois  de  ces  mé- 
prises. C'est  ainsi  que  Lhwyd  (Arch.  brit.,  p.  182)  traduit  le 
mot  camps  de  la  grammaire  de  Maunoir  par  the  dawning  of  the 


MéLinges  i  o  i 

day,  pour  avoir  mal  compris  aube  (de  prêtre).  Ce  qu'il  y  a  de 
plus  singulier,  c'est  que  dans  sa  reproduction  du  dictionnaire, 
il  l'explique  correctement. 

Polwhele,  qui  savait  encore  plus  mal  le  comique  que  Bor- 
lase  et  Pryce  réunis,  dans  son  History  of  CornwaU,  traduit  da- 
ladur,  doloire,  par  platane,  parce  qu'il  a  trouvé  quelque  part 
à  côté  du  mot  comique  la  traduction  anglaise  plane,  qui  a  les 
deux  sens.  J'en  passe  et  des  meilleures. 

J.   LOTH. 

XI. 

GAUFREI  DE  MONMOUTH  ET  LE  LIVRE 
DE  LLANDAF. 

Dans  sa  préface  à  l'édition  diplomatique  du  Livre  de 
Llandaf  qu'il  vient  de  publier  avec  la  collaboration  de  M.  Rhys, 
M.  Gwenogfryn  Evans  émet  l'opinion  que  le  compilateur- 
auteur  de  ce  recueil  ne  serait  autre  que  Gaufrei  de  Monmouth 
(pp.  xviii-xxviii).  A  l'appui  de  cette  hypothèse,  il  n'apporte 
guère  que  d'ingénieuses  présomptions.  Sans  entrer  à  fond  dans 
une  discussion  qui  entraînerait  une  étude  minutieuse  et  fort 
longue  du  Livre  de  Llandaf,  je  crois  pouvoir  dès  maintenant 
opposer  à  l'hypothèse  de  M.  G.  Evans  des  arguments  irréfu- 
tables de  fonds  et  de  forme. 

La  doctrine  de  Gaufrei,  en  ce  qui  concerne  l'église  galloise, 
est  entièrement  opposée  à  celle  du  Livre  de  Llandaf.  Dans 
celui-ci,  nous  lisons  que  saint  Germain  et  saint  Loup  consa- 
crèrent Dubrice  archevêque  de  toute  la  Bretagne  du  sud,  et 
qu'avec  l'agrément  du  roi  Mouric,  ils  établirent  son  siège  ar- 
chiépiscopal à  Lantam  (Llandaf —  De  primo  statu  Laudavensis 
licclesiae,  p.  68-69;  <^f-  '^'i^^  Oudocei,  p.  131-132;  vita  Tci- 
liavi,  p.  98  et  suiv.,  passim.).  Gaufrei  (Hist.  IV,  19)  fait 
créer  du  temps  du  pape  Eleuthère  trois  archevêchés,  l'un  à 
Yorc,  l'autre  à  Londres,  un  troisième  à  Caer  Lleon.  C'est  de 
ce  dernier  que  relèvent  les  églises  galloises.  Livre  VII,  3,  dans 
la  Prophétie,  Gaufrei  fait  passer  la  dignité  archiépiscopale  non 
a  Llandav,  mais  à  Mcnyw  :  Menevia  pallio  Urbis  Legionuni  in- 


102  Mélanges. 

dueiur.  Livre  VIII,  12,  Aurelius  donne  Eboracum  à  saint 
Samson,  plus  tard  archevêque  de  Dol,  et  Urbcm  Legionum  à 
Dubrice.  On  remarquera  que  Gaufrei  et  le  Livre  de  Llandav 
sont  encore  en  complet  désaccord  en  ce  qui  concerne  S."  Sam- 
son. Gaufrei  fait  Samson  d'abord  archevêque  d'York,  puis, 
les  payens  Ten  ayant  chassé,  archevêque  de  Dol  (IX,  7),  Le 
Livre  de  Llandaf  le  fait  ordonner  successivement  diacre,  prêtre, 
évêque  par  Dubrice,  puis  l'envoie  en  Armorique  fonder  le 
monastère  de  Dol  (yita  Sainsonis,  pp.  é-24). 

Suivant  Gaufrei  (IV,  19),  lors  de  l'établissement  du  chris- 
tianisme en  Bretagne,  du  temps  du  roi  Lucius  et  du  pape  Eleu- 
thère,  il  se  serait  fondé  28  évêchés.  D'après  le  livre  de  Llan- 
daf (p.  26),  15  évêques  seulement  auraient  été  ordonnés.  Le 
Livre  de  Llandaf  mentionne  le  martyre  d'Alban,  de  Julien  et 
Aaron  (p.  26,  225).  Il  n'y  est  pas  question  du  fabuleux  Am- 
phibalus  de  Gaufrei  (Hist.  V,  5  ;  VI,  5  ;  XI,  4). 

Le  style  de  Gaufrei  présente  un  contraste  frappant  avec 
celui  du  Livre  de  Llandaf  en  ne  prenant  même  qu'à  partir  de 
la  pao;e  68  où  commence  la  main  A.  Gaufrei  écrit  dans  un 
latin  facile,  clair,  qui  ne  manque  pas  d'élégance  et  qui  est,  en 
général,  correct.  Il  n'en  est  pas  de  même  du  Lib.  L.  malgré 
les  prétentions  visibles  de  l'auteur.  Un  trait  frappant,  c'est 
que  Gaufrei  ne  pèche  jamais  sérieusement  (je  n'en  ai  relevé 
qu\m  exemple  qui  ne  prouve  d'ailleurs  rien)  contre  les  règles 
du  latin  classique  concernant  les  pronoms  réfléchis  et  l'emploi 
de  suus,  sua,  siium.  C'est  le  contraire  dans  le  Lih.  L.  En 
voici  des  exemples  tirés  de  la  vie  de  S.  Teilo  :  sanctus  Du- 
bricius  qui  hue  usque  fuerat  suus  preceptor  (le  maître  de 
Teilo),  quique  jam  intelligebat  se  non  posse  sibi  magistrari, 
voluit  ut  sibi  succederet  in  magisterio  cum  eum  excederet  doc- 
trine et  ingenio  (p.  98).  —  Quo  viso,  predictus  persequtor  et 
tota  domus  sua  (p.  loi)  — Traxit  enim  (la  peste)  Mailconum 
regem  Guenedotiae,  delevit  et  patriam  suam  (p.  107)  — 
sanctus  Samson  consecratus  est  in  episcopum,  ut  in  vita  sua 
testatur  (p.  109)  —  rogavit  que  (Samson)  sanctum  Teliaum 
ut  cum  illo  habitasset  (ibid.)  —  Et  statim  ipse  rex  et  totus 
suus  exercitus  genua  flexerunt  ante  eum  (p.  iio).  Ce  trait  se 
retrouve  un  peu  partout  dans  le  Livre.  Le  privilège  de  l'église 


Mélanges.  105 

de  Llandafen  offre  au  début  un  exemple  topique  (p.  118):  Privi- 
legium  sancti  Teliaui  est  et  ecclesiae  suae  Landavice,  datum  sibi  et 
omnibus  successoriisj///j.  Le  latin  du  moyen  âge  est  coutumier 
d'ailleurs  de  ce  genre  de  fautes.  La  vie  la  plus  ancienne  de  saint 
Samson  en  offre  bon  nombre  d'exemples.  Mais  il  est  remarquable 
et  caractéristique  que  VHistoria  de  Gaufrei  en  est  exempte. 

La  construction  de  la  phrase  est  aussi  fort  différente  chez  les 
deux  auteurs.   Chez  Gaufrei,  c'est  à  peu  près  la  construction 
classique;  on  sent  un  écrivain  qui  a  fréquenté  les  bons  auteurs. 
Dans  le  Lih.  L.,  notamment  dans  la  Vie  de  Teilo,  l'auteur  re- 
cherche les  assonances  à  la  fin  des  propositions,  une  certaine 
rvthmique  assez  difficile  à  définir.  En  voici  des  exemples;  je 
mets  en  italiques  les  mots  qui  assonnent  :  militavit  itaque  vir 
dei  deo,  orationibus  insistendo,  omniaque  qu^e  possidebat  indi- 
gentibus  crogando.  —  Lucremur  igitur  sic  nosmetipsos/ra^r^j-, 
ut  lucrum  non  perdat  Jejieratores .  — 
qui  sua  aliis  distribuebat 
ut  ditesceret, 
seipsum  macerabat 
ut  alios  impinguesceret.  — 

Aliorum  miserebatur ,  ut  misericordiam  conscqucrctur.  —  Egre- 
gius  igitur  confessor/w//^  qui  prêter  virtutes  quid  confiteretur 
non  bahuit  (le  tout,  page  97). 

Confudit  itaque  multorum  bereses,  multorumque  correxit 
crrores  (98-99)  —  Quippe  per  eum  gradiebatur  qui  est  via,  et 
ab  eo  docebatur  qui  est  sapientia  — 

Ecce  fratres  karissimi  qualiter  Deus  sanctos  suos  adunat  in 
terris,  quos  futures  eligit  cives  in  celis  (p.  98). 

—  Nec  mirum  istam  superari  ab  illa,  nam  picta  gens  erat 
subdola,  et  multis  conflictionibus  terra  et  mari  exercitata  ;  ista 
autem  quamvis  viribus  corporis  esset  predita,  tamen  simplex 
et  pacifica,  et  quia  nondum  esset  a  quoquam  tcmpîaîa,  quasi 
bellandi  nescia. 
Non  solum  illis  invidebat, 
sed  etiam  quia  illos  tam  attentos 
in  servit! o  vider d, 
multa  eis  opprobria  scpe  dicebat, 
ut  sic  eos  a  christo  separaret  (p.  100). 


1 04  Mélanges . 

On  voit  le  système.  Cette  sorte  de  cursus  rhythmicus  est  très 
accentué  dans  le  début  surtout  du  De  Excidio  de  Gildas,  et 
dans  diverses  vies  de  saints  armoricains.  Il  y  aurait,  à  ce  point 
de  vue,  une  curieuse  et  fructueuse  étude  à  faire. 

L'expression  dcxtralis  Britannia  pour  le  sud  de  l'île  de  Bre- 
tagne, le  pays  de  Galles  et  la  Cornouailles,  est  usuelle  dans  le 
Lib.  Land.  ;  elle  n'apparaît  jamais  dans  Gaufrei. 

De  cette  étude,  quelque  sommaire  qu'elle  soit,  je  crois  pou- 
voir conclure  sans  hésitation  que  l'auteur-compilateur  du  Livre 
de  Llandaf  n'est  pas  Gaufrei  de  Monmouth. 

Un  mot  en  terminant  sur  la  vie  de  saint  Teliau,  la  seule 
qui  ait  une  réelle  importance,  surtout  parce  qu'il  n'en  existe 
pas  d'autre.  J'y  relève,  après  d'autres,  un  trait  curieux.  A  la 
prière  de  Teliau,  les  Bretons  armoricains  auraient  eu  à  cheval 
une  telle  supériorité  qu'ils  valaient  sept  hommes  à  pied.  Il  y 
a  un  écho  de  cette  légende  dans  Gaufrei  :  les  Bretons  insulaires 
auraient  dû  une  de  leurs  plus  célèbres  victoires  à  la  cavalerie 
armoricaine  {Hist.,  VIII,  4,  9).  La  légende  ici  repose  sur  un 
fonds  historique.  La  principale  force  des  Bretons  armoricains, 
dès  le  ix^  siècle,  était  dans  la  cavalerie.  C'est  à  cheval  qu'ils 
gagnèrent  sur  Charles-le-Chauve  la  victoire  décisive  de  Ballon. 
Saint  Teliau  a  été  tout  aussi  honoré,  tout  aussi  connu  en  Ar- 
morique  qu'en  Galles.  Il  a  donné  son  nom  à  Lan-Deleau, 
paroisse  entre  Carhaix  et  Châtcauneuf-du-Faon  ;  à  Saint-Thélo, 
entre  Uzel  et  Loudéac  (Côtes-du-Nord)  ;  à  Plé-Délia  (Ploe- 
Deliâw),  non  loin  de  Lamballe.  Pour  cette  commune,  l'or- 
thographe officielle  est  Plcdéliac.  Plcdéliàiu  étant  en  zone  fran- 
çaise et  ayant  été  accentuée  en  breton  sur  à,  les  paysans  pro- 
noncent régulièrement  PUdélia.  Les  noms  gallo-romains  en 
-ac  étant  prononcés  de  même  -a,  nos  savants  plumitifs  les  ont 
confondus.  C'est  ainsi  que  Sant-Sulia  {=  Saint-Suliàu')  est 
devenu  Saint-SuJiac,  que  Saint-Turia  (=  Turiàw)  est  devenu 
Saint-Thurial.  Pour  des  raisons  analogues,  Rotcncu  (ancien- 
nement Roteiicuc)  près  Saint-Malo,  est  devenu  Roihencuf. 

J.   LOTH. 


MeLw^es.  105 


XIII. 


L'ARTICLE  *SENTO-,  IRLANDAIS  IND-,  DANS  LES 
LANGUES  BRITTONIQUES. 

A  ma  connaissance,  on  n'a  pas  relevé  de  traces  de  l'article 
masculin  et  féminin  irlandais,  article  dont  la  forme  peut  être 
ramenée  à  un  vieux-celtique  * scn-to-,  *sen-îà^,  dans  les  langues 
brittoniques.  Son  existence  cependant  dans  ce  groupe  est  hors 
de  doute  :  je  le  retrouve  dans  les  formules  adverbiales  et  pré- 
dicatives.  Une  des  façons  de  former  l'adverbe  en  gallois,  en 
comique  et  en  armoricain,  c'est  de  faire  précéder  l'adjectif  de 
ce  qu'on  a  appelé  improprement  la  préposition  *in,  "^en,  gallois 
yn,  comique  yn,  armorie,  en,  ent.  On  a  confondu  yn,  en  avec 
la  préposition  yn  ■=■  *  in,  en,  latin  in,  grec  h  ;  quant  à  l'armo- 
ricain ent,  on  l'a  comparé  à  xrJ..  Que  yn,  en  adverbial  soit  en- 
tièrement différent  de  la  préposition,  cela  saute  aux  yeux  :  yn 
préposition  est  et  était  terminé  par  un  yi,  et  provoque  sur  les 
consonnes  suivantes  tous  les  effets  ordinaires  de  la  nasale 
hnale;  elle  amène  la  nasalisation  de  la  consonne  suivante, 
absolument  comme  le  pronom  possessif  de  la  première  per- 
sonne du  sg.  fy  n:  fy  ngbi,  mon  chien  ;  ynGhaer,  à  Chester,  etc. 

Yn  adverbial  provoque  au  contraire  l'affaiblissement  de  la 
consonne  qui  suit,  transforme  la  sourde  en  sonore,  et  la  so- 
nore en  spirante  sonore  :  yn  fynych,  fréquemment,  =  yn 
niynych  ;  yn  ai  tu,  rudement,  grandement  =  yn  garw  ;  yn  dda 
=^  yn  da,  bien.  Il  en  est  de  même  en  comique  :  yn  haroiu  = 
yngarow,  cruellement  :  cf.  armoricain  er  vat,  bien,  armoricain 
moyen  en  mat.  Le  yn  gallois  et  comique  était  donc  terminé 
par  une  voyelle.  L'armoricain  prouve  que  la  voyelle  finale  était 
précédée  de  t  :  ervat,  en  vat  =  en  mat,  mais  enta  =  ent  da, 
bien;  ent  tenn,  instamment.  Le  comique  jy'«  fas  =:  ynt-mad 
trahit  aussi  la  présence  d'un  t.  La  forme  ent  se  présente  même 
en  armoricain  devant  des  voyelles  :  ent  abil,  habilement,  mais 
ce  n'est  sans  doute  qu'une  orthographe  peu  exacte.  La  véri- 

I.   Cf.  Brugmann,  Crundiiss,  II,  p.  767. 


I  o6  Mélanges . 

table  forme  end-  est  figée  dans  l'expression  actuelle  cnn-déeun, 
enn-déon  (sic),  tout  justement.  Le  Gonidec  qui  donne  cette 
orthographe,  l'explique  ainsi  :  «  sorte  d'adjectif  ou  d'adverbe 
qui  se  place  toujours  après  les  pronoms  personnels  ou  ks  ad- 
verbes de  lieu,  pour  marquer  plus  expressément  la  personne 
ou  la  chose  dont  on  parle;  même.  Mé enn  déeun  eo,  c'est  moi- 
même.  Aman  enn-déeun  eo  bét  la^et,  c'est  ici-même  qu'il  a  été 
tué  ».  Enndéeun  doit  s'écrire  md  éeun,  tout  droit,  tout  juste- 
ment, et  est  identique  au  gallois  yn  imun,  qui  a  le  même  sens. 
La  seule  différence  qu'il  y  ait  entre  le  gallois  et  l'armoricain 
est  dans  le  traitement  de  l'ancien  t  de  cnt-.  Il  a  été  assimilé 
en  gallois  par  divers  procédés  conformes  au  génie  de  ce  groupe  ; 
en  armoricain,  il  est  resté  devant  le  mot  commençant  par  une 
dentale  :  enta  est  à  yn  dda  comme  gantaff  à  gaïkldo  (=■  haut- 
vannetais  getou  =^  *  gento) .  L'identification  de  ent,  àv--.',  semble 
phonétiquement  impossible  :  il  n'y  a  aucune  raison  pour  que 
Va  primitif  se  soit  affaibli  en  e,  1'/  de  *  anfi  étant  bref  (latin 
ante^.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  comparaison  avec  les  formules  ir- 
landaises similaires  rend  impossible  ce  rapprochement. 

L'irlandais  forme  souvent  l'adverbe  avec  l'adjectif  au  datif 
avec  les  formes  de  l'article  de  ce  cas,  sans  aucune  préposition  : 
inhiucc,  paulum  (hecc,  petit);  intanisiu,  secundum  (tanise). 
Dans  d'autres  formations,  le  cas  de  l'adjectif  ne  peut  se  dis- 
tinguer par  la  terminaison,  mais  on  trouve  devant  les  voyelles 
et  les  liquides  la  forme  de  l'article  ind  ^  :  ind  oa,  minus  ;  ind-il, 
multo,  etc.  C'est  exactement  la  construction  armoricaine  end 
éeun.  On  trouve  in  devant  les  autres  consonnes.  Il  serait  facile 
d'établir  une  longue  liste  de  constructions  identiques  de  ce 
genre  en  gallois  et  en  irlandais  :  ind  laigiu,  minus  =  gallois 
yn  liai  ;  inmar,  admodum  =  yn  fazur  ;  inmenicc  =  yn  fynych  ; 
immou,  magis  z=^ynfiuy,  etc. 

Devant  les  infinitifs  gallois  on  trouve  yn  également,  mais  cet 
yn  ne  produit  aucun  efiet  sur  le  verbe  :  y  mae  yn  fyiu,  il  est 
vivant;  y  mae  ynbyw,  il  vit,  il  habite.  Cti yn  est  diftérent,  ou 
à  un  autre  cas,  ou  n'est  pas  en  construction  syntactique  avec 
le  verbe. 

J.   LOTH. 

I.  Gramm.  celt.^,    p.  608. 


Mélanges.  107 


XIV. 


KASSITEROS. 

Depuis  h  publication  de  mon  article  sur  VEtain  ceîliquc, 
j'ai  eu  l'occasion  de  m'apercevoir  que,  dès  18 10,  Fortia 
d'Urban  avait  proposé  de  dériver  le  nom  grec  de  l'étain  des 
îles  Cassitérides. 

L'ouvrage  de  Fortia,  intitulé  :  Tableau  historique  et  géogra- 
phique du  inonde  depuis  son  origine  jusqu'au  siècle  d'Alexandre, 
fut  l'objet  d'un  compte  rendu  d'Eloi  Johanneau  dans  les  Mé- 
moires de  l'Académie  celtique,  t.  V  (18 10),  p.  3  13.  A  la  p.  3  14, 
on  Ut  ce  qui  suit  : 

«  Après  avoir  reconnu  que  le  nom  des  îles  Cassitérides  ve- 
nait du  grec  kassiteros,  étain,  parce  qu'elles  en  produisaient 
beaucoup,  M.  de  Fortia  ajoute  que  le  mot  kassiteros  n'a  aucune 
racine  dans  cette  langue  et  vient  plutôt  des  îles  Cassitérides, 
car  il  n'est  pas  vraisemblable,  dit-il,  qu'il  vienne  de  la  langue 
phénicienne,  puisque  l'étain  se  dit  en  hébreu  daiil  ou  anach, 
et  en  ^x:.x\)e  qasdir ;  sur  quoi  je  le  prie  de  remarquer:  i"  que 
Kassitcrides  est  évidemment  dérivé  de  kassiteros,  et  non  pas 
kassiteros  de  Kassitcrides  ;  2"  que  kassiteros,  étain  blanc,  trouve 
sa  racine  dans  le  grec  ka~ô  (orno),  kassa  (courtisane  qui  se 
farde),  parce  que  l'étain,  dit  Schrevelius,  paraît  de  l'argent  et 
n'en  est  pas;  3"  que  l'arabe  qasdîr  est  également  emprunté  au 
grec  kassiteros,  contracté  et  dépouillé  de  sa  finale,  si  le  mot 
grec  ne  vient  pas  lui-même  du  mot  arabe.  » 

J'ajoute  que,  d'après  un  compte  rendu  inséré  dans  V Anthropo- 
logie (1892,  p.  745),  M.  L.  Wilser  aurait  affirmé,  dès  1890, 
que  le  mot  kassiteros  était  celtique  ÇAusland,   1890,  p.  20). 

Je  tiens  d'ailleurs  à  dire,  pour  éviter  tout  malentendu, 
qu'en  considérant  kassiteros  comme  un  mot  celtique,  et  en  es- 
sayant de  l'expliquer,  je  n'ai'  nullement  prétendu  que  l'étain 
des  bronzes  primitifs  de  la  Chaldée  et  de  la  Chine  y  ait  été 
apporté  des  Iles  Britanniques.  Pour  l'Egypte,  la  question  est 
liée  à  celle  du  commerce  de  l'ambre  et  doit  rester  ouverte. 

Salomon  Reinach. 


BIBLIOGRAPHIE 


Silva  Gadelica,  a  collection  of  taies  in  Irish  edited  from  MSS.  and 
translated  by  Standish  H.  O'Grady.  [Suite  du  compte  rendu  critique 
inséré  t.  XIV,  p.  321-57.] 

Quite  apart  from  the  mistakes  made  by  Dr.  O'Grady  in 
transcribing  from  the  MSS.,  he  might  hâve  given  his  readers 
a  much  better  text  and  translation,  if  he  had  chosen  to  avail 
himseh'  of  the  materials  at  his  disposai.  If  he  had  taken  the 
trouble  to  consult  previous  éditions  and  translations  of  the 
pièces  selected  by  him,  if  for  the  meaning  of  rarer  words  he 
had  turned  to  the  glossaries  generally  accompanying  thèse 
éditions,  he  might  hâve  avoided  many  of  his  mistakes.  But  for 
some  occult  reason  he  has  preferred  not  to  do  so,  and  in  his 
bibliography  (I,  pp.  vi-xix)  he  passes  over  in  silence  many 
previous  important  labours  of  his  fellow-students.  On  pp.  207 
and  208  of  this  volume  the  Editor  of  this  Review  has  already 
mentioned  several  of  such  omissions.  I  will  add  the  following, 
at  the  same  time  giving  références  to  otherextant  copies  of  Dr. 
O'Grady's  texts. 

I.  Life  of  St.  Kieran  of  Saighir.  This  has  been  translated 
into  English  by  John  O'Daly  in  John  Hogan's  St.  Kieran. 
Kilkenny.  1876  (pp.  219-2^2).  There  is  also  a  Latin  version  in 
the  Acta  Sanct07-um.  at  March  5th. 

IV.  Life  of  St.  Cellach.  Dr.  O'Grady  says  (II,  p.  vni)  that 
this  prelate  is  not  mentioned  in  the  Martyrology  of  Donegal. 
He  will  fmd  his  name  on  p.  116  (May  Ist),  where  instead  ot 
Ceallân  read  Ceallac/z.  His  life  is  also  given  in  the  Acta  Sanc- 
/orz»«.  at  May  Ist:  De  Sajicto  Kellacoipp.  104-107).  Itisapity 
that  Dr.  O'Grady  was  unable  to  coUate  his  text  with  the  copy 


Bibliographie.  1 09 

in  the  Bibliothèque  Royale  at  Brussels.  which  supplies  the  nu- 
merous  lacunae  in  LBr. 

VI.  Death  oï  K-ing  Dermot.  The  prophecies  ot  Becc  mac  Dé 
(p.  75)  and  of  Rûadân  (p.  78;  are  also  Ibund  in  LBr.  p.  260  b. 
A  complète  copy  of  the  poem  beginning  Mairg  thoc/iras  fri 
clérchib  cell  (p.  78)  is  found  in  LL.  149  b. 

X.  Tesmolta  '  Cormaic.  This  pièce  was  edited  by  me  from 
Laud  610  in  the  Appendix  to  Cath  Fimit?'dga,  pp.  72-76. 

XII.  Agallamh  na  Sen6rach.  The  poem  on  p.  104,  beginning 
Tri  tuile  is  tbund  in  LL.  p.  206  a,  ^^i,  Nvhere  it  is  ascribed  to 
Finn.  It  is  also  in  Rawl.  A.  487,  ïo.  14  b  2.  The  poem  on  p.  113. 
beginning  Géisid câaii  is  also  found  in  Cath  Finntràga,  I.  995. 

XlX.'Bodach  an  Chôta  Lachtna.  alreadv  translated  (by 
O'Donovan?)  in  the  Irish  Penny  Journal,  Dublin,  1841, 
pp.  I3o-I3^ 

XXIX.  Fragmentary  Annals.  The  whole  pièce  relating  to 
Diarmait  and  Guaire  (pp.  396-401)  is  identical  with  the  Cath 
Cairnd  Chonaill,  of  which  there  are  good  copies  in  LU.  115b 
and  LL.  276  b.  The  story  about  Oenu  '  maccu  Laigse  (p.  401  ) 
is  also  found  in  H.  3.  18.  p.  48  b  and  in  Harl.  5280,  fo.  25  b. 

From  a  collation  of  thèse  éditions  and  iMSS.  we  are  enabled 
to  make  the  foUowing  additional  corrections  in  Dr.  O'Grady's 
texts.  I  also  take  this  opportunity  of  adding  corrections  of  va- 
rions other  mistakes.  omitted  in  my  former  list. 

P.     78,     6,  ÏOT  atchutngid  read  atcomaic. 

7,  for  dubthemell  read  dub  Themrac/i. 
II,  for  dobibar  read  dobibuir. 
for  cJildidedh  read  chlaidbiud. 
82,  20,  for  car  a  read  cana. 
85,   II,  for  tucu  read  tuca. 

25,  for  com  chirtisea  read  comchirt-sea. 


1.  Dr.  O'Grady  wrongly  prints  Tesmolad  and  misrenders  the  word  by 
«  panegyrics  »,  as  if  it  were  a  compound  of  molad  «  praising  ».  It  means 
«  characieristics,  qualities  ».  See  Wind.  s.  v.  Atkinson,  Irish  Lexicography , 
p.  29.  Cath  Finntr.  p.  87,  n.  1037.  Alex.  806,  854,  927,  952. 

2 .  Dr.  O'Grady  prints  Aena  and  in  his  translation  further  changes  this 
to  Eniia. 


1  10  Bibliographie. 

P.     8$,     8,  ÏOT  ac  cuîJichid  vesid  al/ic/nivichid. 
86,  37,  for  seise  read  sisi. 

88,  8.  for  im  sld7i  read  ùnsldn. 

89,  29,  ïor  saibrîs  read  saidbris. 

51,  for  èa/  ^/as  read  bérlai  bùain  bias. 

90,  2,  the  MS,  has  meoir.  But  this  is  miswritten  for  in 

[fli\eôir\  as  Laud  610  shows. 
17,  for  is  é  [7iâr\  bafann  read  is  é  baferr. 

91,  17,  for  darlim  read  ^er^  //m. 
26,  for  uathmar  read  airchenta. 

41,  before  ^lï/i  insert  tri'iag. 

42,  for  a;z;2  ^o  cij'vbad  read  a«n  docer  in. 

92,  7,  The  Unes  hère  quoted  from  Maelmuru  Othna's 

cronic  are  very  corrupt.  See  the  original  in  LL. 
135a.  21. 
104,   12  and  16  for  ruladh  read  rulaid. 
112,  25,  ïov  saith  read  saich.  With  the  phrase  maith  nô 
saich  cf.  Manks  w/e  as  sie  «  good  and  bad  ». 
t^  1 1 3,     3,  for  luinche  read  luincech. 
1/  31,  for  amdhabach  read  damdabac/i. 

I  19,  30,  for  rogaeth  read  rogôet. 
131,   39,  for  Jo7'g}'din  read  fograin. 
1 34,   i8,  for  arbilin  read  ai'bithin. 
137,  28,  {or  scithlim  read  scithlim. 

256,  22,  ïor  dechside  read  deochaid. 

25,  ïor  deochadassa  read  deochad-sa. 

257,  3,  ïor  rottioncubsa  read  7-oticub-sa. 
8,  before  /n  tslûaig  insert  /ef/z. 

1 5 ,  for  i)É'r  read  Z)er. 

23,  before  Chonnacht  insert  teo7'a. 

311,   II,  for  a/^  read  Ailill. 

396,  26,  for  /es  read  /eo. 

30,  for  cAI/Ve  read  clôithe. 

3  3 ,  for  asbe7'ti  read  asbe7'i/ie. 

398.   II,  ïor  i7id7ia  read  fi ndne. 

1 3,  before  doa7'ba7't  insert  /ar  reVr. 
for  z<a/re  read  «a  6enûai7'e. 

34.  for  tigcrn  read  tigi7vi. 


Bibliographie.  1 1 1 

P.   J98,  55,  ïor fuigell  rcad/iiidell. 

36,  tbr  clâiter  read  clôitliir. 

37,  ïov  duibgeyi  VQ3,à  Diibchend  {À.  cWidob.^  LU.  LL.). 
599,     5,  ïov  léicither  (!)  read  doléict/ie}\ 

7,  for  sernathar  read  sejviatar. 

8,  for  /s  /a?  ^zas  read  /^  î  ^/ns. 
401,   12,  for  7nac  à  read  maccu. 

19,  for  5e/5  readye/5. 

20;  for  amendocân  read  amenocdn  or  aminicén.  This 

is  a  diminutive  of  a;72e?z  or  amin. 
21,  for  dar]rdinic  read  ronânaic. 

II. 

P.  466.  45,  for  co/re  read  coirthe. 

496,  28,  for  belacli  mucciid  read  belach  n-iicut. 
518,  ^8.  ïor  sabh  ildanach  read  saim'lddnac/i,  and  see  Rev. 
Celt.,  XII.  p.  125. 

Perhaps  the  absence  of  the  necessary  critical  qualities  in  Dr. 
O'Grady  is  most  conspicuous  in  the  treatment  to  which  the 
numerous  poems  throughout  his  book  hâve  been  subjected.  It 
is  certainly  désirable  toattempt  a  restoration  oftheolder  poetry 
to  its  original  correctness  and  purity,  and  we  may  eventually 
hope,  by  registering  ail  the  changes  of  sounds  and  forms,  to  ar- 
rive at  apretty  définitive  conclusion  as  to  theageatwhich  each 
poem  was  composed.  Meanwhile  we  must  protest  against  any 
arbitrary  dabbling  with  thèse  important  documents  byan  editor 
who  has  notfully  mastered  either  the  forms  of  the  language  or 
the  laws  of  the  mètres  in  which  they  arc  composed. 

In  the  first  place  Dr.  O'Grady  has  frequently  failed  to  reco- 
gnise  a  pièce  of  poetry  as  such.  On  p.  100,  1.  i  hc  prints  as 
prose  what  is  plainlya  quatrain  ; 

Doratsamar  Artiiir  linn, 
co  n-derna  a  cura  rc  Finn, 
co  m-ba  ôglach  d'F'hinn  iar  sain 
cusin  laithe  luid  d'  écaib. 


I  I  2  Bibliographie. 

The  same  thing  has  happened  tohim  on  p.  44.  1.  ^6.  Read: 

Maignenn  firtach, 
fer  '  nâr  cintach 

rîam  re  mndi, 
Maignenn  fathach, 
fer  lé[r]  *  gnâthach 

beith  ca  câi. 

On  p.  79,  1.  20,  with  the  help  of  the  other  versions'  —  ail 
of  them  at  Dr.  O'Grady's  disposai  as  much  as  at  mine  —  the 
corrupt  text  of  Egerton  1782  may  be  mended  thus  : 

A  Dia, 

cid  nach  dingbai  din  in  cia? 

dûs  in  ruirmemis  a  lin 

in  tslôig  doboing  bretha  din. 

Slûag  doching  i  timchill  chairn, 
is  mac  ainbthe  nodusmairn. 
is  é  mo  drui  nimm-éra, 
mac  Dé  is  frinni  congéna. 

Is  âlainn  feras  al-liiad 
gabar  Baetâin  rissin  slùag, 
fô  la  Baetdn  fuilt  buidi, 
beraid  a  éren  fuiri. 

Dr.  O'Grady  often  shows  by  his  way  of  printing  that  he 
has  not  fully  mastered  or  failed  to  recognise  the  laws  of  the 
varions  mètres.  Thus,  on  p.  ^17,  1.  15  he  prints  : 

Ni  éla  gâire.  6  luid  Dadera.  etc. 

This  should  be  : 

Ni  éla 

gâire  6  luid  Dadera,  etc. 

I  .    O'Gr.  has  omitted  this  word. 

2.  O'Gr.  prints  an  impossible  lé[an]. 

3.  The  Four  Masters,  A.  D.  555.  Chron.  Scot.  A.  D.  561.  TheYellow 
Book  of  Lecan,  cited  in  Petrie's  Tara,  p.  99  and  Ti2;ernach's  Annals,  Rawl. 
B.  488,  fo.  8^'  I. 


Bibliographie.  1 1  ^ 

The  quatrain  is  written  in  a  modification  oftiie  mètre  called 
rtvinaigecht  cetharchubaid  garit  recomaj-cach.  See  Thur- 
neysen,  Mi ttelir.  Verslehren,  p.  15.  It  is  a  peculiarity  of  this 
mètre  that  the  first  line  should  consist  of  three  syllables  only. 
The  same  applies  to  the  mètre  called  ra7maigecht  cetharchu- 
baid garit  dialtach  or  rannaigecht  baccach  (see  Thurneysen, 
1.  c.  and  p.  79),  spécimens  of  which  occur  frequentlv  through- 
out  the  Silva  Gadelica.  Dr.  O'Grady,  however.  by  arbitra- 
rily  inserting  and  repeating  words,  always  makes  up  the  first 
line  to  seven  syllables.  e.  g.  p.  248  : 

Beir  mo  go  on  beir  mo  go, 
instead  of  : 

Beir  mo  gô. 

Again,  if  he  had  remembered  thelaws  of  the  mètre,  he  would 
not  hâve  printed  the  meaningless  yèrc/î^M  on  p.  ^65,  19,  in- 
stead oîfer  chath  («  give  battle  »),  the  mètre  requiringa  mono- 
syllable  at  the  end  of  the  line.  Vice  versa,  he  would  not  hâve 
printed  a  ter  instead  of  atér  (=  atbér)  on  p.  567,  34,  where 
the  mètre  demands  a  word  of  two  syllables.  On  p.  245,  25  he 
would  not  hâve  extended  the  contraction  bl.  wrongly  to  bldth 
instead  ofbLiith,  if  he  had  recognised  that  assonance  with  cdich 
was  required.  He  would  hardly  hâve  printed  d'  iplib  doss  on 
p.  564,  7,  if  he  had  remembered  that  allitération,  apart  from 
the  sensé,  requires  us  to  read  diplib  doss. 

Hère  I  will  leave  the  texts  for  the  présent,  and  pass  on  to 
the  second  volume  containing  the  translation.  It  is  certainly 
the  better  half  of  the  book.  To  a  foreigner  Dr.  O'Grady  will 
notallow  an  opinion  on  style;  but  hiswonderful  command  over 
the  language  and  his  success  in  rendering  the  original  in  ail  its 
varying  moods  strikes  even  such  a  reader.  It  is  agréât  pitv that 
such  a  good  translation  should  be  marred  bv  so  many  inaccu- 
racies  and  elaborate  mistakes.  Of  thèse  in  the  course  of  my 
reading  I  hâve  noticed  the  following,  which  may  be  taken  as 
samples  of  what  may  be  expected  in  those  parts  of  tjie  transla- 
tion where  I  hâve  not  been  able  to  consult  the  original. 


'!-)' 


Revue  Celtiijue,  XV. 


16, 

I3' 

18, 

24 

22 

1 14  Bibliographie. 

Vol.  II. 

P.    ^i,  last  line,  after  ?iest  insert  atid  took  her  with  him  a?id 
wounded  her  (agus  rug  leis  gur  chréchtnaig  é). 
•^6,     4,  ïor  sofe penance  vend  Judgment  qfpenajice  [hreith 

aithrighe). 
12,     7,  âher  j'itdgment  insert  of  penance  (breithemhnas 
aithrighe). 
for  and  read  reci  (dearga). 
a.ï\.Qx: bretJwen  insert  w/iose ?iame n>as Batan  (darbh' 

ainm  Batan). 
for  Niul  read  A^eV. 

for  Bâithin  read  Batan  '.  Before  //e  s/)//^  insert  0/2 
another  day  {\à  eile). 

20,  14,  ïoï  liead-monk  in  miracles  read  the  head  of  7nar- 

vellous  monks  (ceann  manach  mirbhulla). 

21,  13,  for  Ailerân  the  Wise  read  Aileran  (or  Airerân) 

of  the  Wisdom  (ind  écnai).  See  FM.  A.  D.  664. 
Stokes.  Tripartite  Life,  Index. 
35,     5,  {oï precedence  read  headship  (cendus). 
40,  30,  for  miracles  read  great  wonders  ofpiety  (diamrai 
crâbaid). 
y  53,   19,  for  grossness  read  wiles  (tuathacht).  Cf.  tûathe, 
Aisl.  MeicCongl.  p.  5.  24,  26.  LL.  277b,  1$: 
môr  immorro  a  tuathi  na  mni.  Bantûathech, 
LL.  137  a  19;  bantuathach  nntch.  Rev.  Celt., 
XII,  p.  113. 
^  27,  {ovfraiightnnth  heavy  toil  read  miich  going astray 
(mor  n-aistir). 
^   58,     3,  ïor  foreboding  violence  TQad  ihat  tends  not  topea- 

cemaking  (nach  téit  taithlech). 
V.  59,     I,  for  t/iat  as  a  famé  faits  on  t/ie  ground  read  tliat 
comctli  not  on  thefoor  ofmy  little  cell  (na  taed 
for  lâr  m'airiucldn  ^). 

1 .  Batan  is  also  a  woman's  name.  One  of  the  daughters  of  Ailill  Cend- 
nathrach,  who  were  slain  by  Dunlang  at  Tara,  was  called  Batan  li  sûla. 
See  Comram  na  Cloenfherta,  Rawl.  B.  502. 

2.  This  is  the  reading  of  the  BrusselsMS. 


Bibliographie.  1 1 5 

P.     78,  26,    after    oath    insert    by    Ciarâns  hand  (fo   Idim 
Ciarâin). 

28,  for  the  bacuc  read  Ambacuc. 
79,     8,  for  the  n'oman   uttered  a  loud  inarticulate  cry 
read  the  woinb  of  the  woman  roared  (géisis  bru 
na  mnâj. 

J5,  read:  pas,  go  toin,  amdrach,  and  translate:  jya/- 
mam.  usqiie  ad  podicem,  mane.  Thèse  are  the 
three  answers  in  inverse  order  to  the  three 
questions  proposed  to  Becc.  See  the  same  story 
in  LBr.  p.  260  b,  12,  where  the  answers  are  : 
tri  meôir,  co  cruachait,  ambârach,  /.  e.  three 
fingers,  up  to  the  hipK  to-morrou>.  —  In  1.  35 
aithesc^  should  hâve  been  translated  by  answer 
instead  of  by  discourse,  and  in  1.  57  for  dis- 
courses read  questtojis. 
83,  10,  for  Then  upon  the  royal  hearth  Ruadhan  impreca- 
ted  the  blackness  o/darhness  read  Then  Rûadd?i 
struck  the  Black  fbell)  of  Tara  on  the  hearth. 
Cf.  LBr,  260  b,  29  :  is  and  atcomaic  Kûaddn  in 
dub  Themrach  (.i.  cloci  isin  tellach.  As  to  the 
custom  of  striicing  bells  >  against  a  person  in 
token  of  his  excommunication,  cf.  p.  82,  7  :  The 
clerics...  rang  (leg.  struck)  their  bells  against 
the  king  (robensat  a  clucu  forsin  ri'g). 

28,  dele  I /'.  e.  the  inhabitants^,  and  for  such  people's 
brogues  for  them  read  their  shoes.  W'ith  the 
whole    passage    compare    the    poem    in    LL. 

1.  cruachait  or  crochet  «  chine  »,  Germ.  Kreuz.  See  Stokcs,  Irische 
Texte,  III,  p.  188,  1.  7  and  the  note  thereon.  Ib.,  p.  52,  I.  22  :  shachtair  croi- 
chet  in  eich  (the  crupper  of  the  horse).  A  cruachait  was  the  portion  of  the  acl- 
taire  and  sàcr  at  tlie  feast  of  Tara  ;  ir-chruachait  that  of  the  mac  funnicl  and/o- 
chhc  ;  les-chniachail  that  of  the  5t:o/a/V(',  tdnaise  siiad  and  dcoghaire ;  lon-cbrita- 
chait  that  of  the  Iritheni,  sùi  Ullri,  iimirech  and  aireforgaill.  See  LL  ,  p.  29. 

2.  aithesc  is  a  word  with  gegensinn,  as  it  may  mean  eitlier  ansiver  or 
question.  It  glosses  responsio,  Ml.  35  c,  21.  51  b,  9.  zi\\qsc-\oc  oracnhim. 
Tog.  Tr.  176,  179.  In  the  following  passage  it  means  address :  «  Cach 
maith  duit,  a  rî  féne  !  »  bar  in  mac  bec.  Aithesc  àatio  cungeda  neich  ô 
neocli  in  t-athesc  sain,  LL.  64b. 

3 .  The  tongueless  Irish  bells  were  struck,  not  rang. 


1 16  Bibliographie. 

149  b,  of  which  the  first  quatrain  only  is  given 
hère. 
35,  for  i/ie  speedier  read  speedy  (lûatha). 
P.     87,  25,  for  crojy  read  sfowac/z  (egluis)  =  Bret.  e/rts,  gésier, 
foie. 

89,  I,  for  at  such  epoch  read  in  that  wise.  The  phrase 

in  tucht  sin  also  occurs  LU.  1  n  b,  1$.  Karlsr. 

Gl.  36  [Ir.  Texte.  II,  p.  1  $0). 
21,  after   need  insert  putting  lier  hands  round  her 

head. 
26,  for  God  I  t'nvoke  read  inay  God  grant  in  requital 

for  this  (co  tuca  Dia  friss).  O'Gr.  reads  tucu, 

wrongly. 
38,  for  Bri  read  Brec. 

90,  5,  for  acceptable  to  any  read  of  equal  riglitwith  any 

(comchirt-sea  do  neoch). 

91,  6,  ïov  gentle  read  worthy.  O'Gr.  confuses  cain  (rhy- 

mes  ^vith  Mumain)  with  cdin,  now  caoin. 

93,  37,  for  By  this  time  the  ki?ig  was  clothed  read  Atthis 

the  ki?ig  grew  jealoiis.  O'Gr.  mistranslates  de 
and  confuses  étaigim  «  I  grow  jealous  »  with 
étaigim  «  I  clothe  ». 

94,  25,  after  killed  insert  Mej-  /(a;'e  killed  no7ie  (ni  rogon- 

sat  nech). 

95,  18,  for  mutinied  read  committed  a  sin  (dorônsat  im- 

arbhas). 

96,  31,  ïor  intellect  read  u'isdom  [ecna). 

33,  (or  judicial  rights  read  rocks  oj  judgment.  In  the 
Laud  copy  (Cath  Finntr.  p.  73)  this  is  teora  ai- 
lig  anscui;^ch]thi  breth'e]  the  three  iminovable 
rocks  of  judgment.  Cf.  it  e  trénailce  in  sein 
frisastaither  bretha  in  bethu  those  are  the  firm 
rocks  to  which  the  judgments  of  the  world  are 
fastened,  Laws  I.  p.  30,  27.  Ail  brethri  do 
fhacbâil  forro  co  brâth,  LL.  1 14  b,  46  ;  ind  ail 
bréthri  fâcbais-siu  for  in  tir  se,  Silva  Gad.  IL 
47 3 5  75  which  0"Gr.  misrenders  by  jnocking 
ivord  (p.  518,  28). 


Bihlio graphie.  1 1 7 

P.     97,     8,  for  u'itli  the  f.nge7''s  tip  read  frojn  ihe  top  of  the 
grass  (do  barr  in"d^  [fh^eôir). 

19,  ïov  justice  vead  proportio7i  (c6ire). 

20,  ïov  eq ni ty  read  sytjimetry  (cutrumma). 

97,  25,  after  domination  insert  of  seiise  ajid  liberalitv,  of 
dress  and  weapons  (itir  chcill  7  tidnacal.  itir 
eirred  7  arm). 

ICI,     8,  for  Culaing  read  Cà  Laigen. 

Il,  for  ...  and  Uadga?'b  read  Riach  and  Ruadgarb. 

102,  3o,  for  she  is  corne  to  the  point  w/iere  she  niust  swiin 

read   it  lias  corne  to  an  end  of  lier  swimming, 
i.  e.  he7'  career  (dorala  i  ciunn  a  snâma). 

103,  15,  for  Heaven's  distinguished  one  read  t/ie  salmon  of 

the  kingdom  oj  Heaven  (in  t-eô  flaithemnais). 
10^,     6,  for  Brit  read  the  Briton,  i.  e.  the  ^^"elshman. 

106,  16,  for  E  oc  h  ai. i  vead  Eogan. 

21,  for  n ine  days ' read  threedays  andnights  (ndmaide) . 

107,  22,  for  n>e  hâve  brought  —follower  read  : 

We  hâve  brought  A?'thur  with  us 
That  he  may  enter  into  bonds  with  Finn, 
That  henceforth  he  may  be  (onej  of  Finn'swar- 
Until  the  day  of  his  death.  [riors 

109,  2 1 ,  for  leaping  went  on  andfaivns  were  skipping  read 
skipping  of  fawns,  trouts  leaping  (surdghail 
laeig.  breca  ac  bedgaig). 
30,  after^row  him  insert  southivards. 

112.  last  line.  for  Oesan  read  Cesan. 

115,  5$,  for  never  renounce  to  back  thy  luck  read  be  not 
niggardlyin  thy  bounty(nà  dénadibe'  fâd  rathj. 

118,  1,  for  Cuarnait's  read  Cuarnatan's. 

1 19,  6,  for  varie'gated  read  little  (beca). 

14,  ïoT  severities  read  dangers  (gâibthe). 
56,  for  régions  read  the  sides  (tâebaib). 
122,   î2.  for  in  the  battle  read  on  a  day  of  danger  (\  16 
gâidh).  Gâdh  .i.  gabhadh,  O'Clery. 

I.  As  to  the  meanino;  of  rfz7'£  see  Aisl.  MeicCongl.  Ind.  s.  v. 


ii8  Bibliographie. 

P.   124,  36,  for  we  iised  7iot  to  make  any  hait  read  ji)e  u>ould 
not  hiirry  (nocha  dénmais  digairse  ')• 
I  j  1 ,  27,  for  he produced  an  almha  or  «  herd  ofkine  »  read 
he  put  aliun  on  thefoi^tress  (dogab  almain  don 
dûn).  Cf.  LL.  282  a,  41  =  LU.  41  b,  30  : 

dond  alamain  tue  da  thaig, 
is  de  atâ  Almu  ar  Almain. 

155,   16,  for  a  certain  space  read  three  days  and  nights 
(nômaide). 

1 34,  38,  for  and  every  sting  that  vexes  fne  is  but  rendered 

the  more  keen  by  this  read  the  younger  thojm 
is  always  the  sharper  (is  âithe  cach  n-delg  as 
s6).  Cf.  Cath  Finntrâga,  p.  85. 

135,  35,  dele  and,  and  after  anger  insert  and  through  re- 

proach  (ocus  tré  aitheis). 
36,  dele  gave  me  vitupération. 
41,  for  chiefs  vead/easts  (na  fled). 

1 36,  28,  for  cith  na  Boinne  read  Tara. 

137,  5,  for  Thus...  this  was  no  long  drauni  destruction 

read  /  never  saw  any  destruction  like  that  (ni 

faca  urchra  mar  soin). 
32,  for  meic  Néra  read  mac  n-Eirc. 
3  3,  for  Nera's  son  read  Ere  s  sons. 

1 38,  29,  ior  path  read  slope  (leirg). 

144,  14,  for  u'ith  its  dire  energy  read  and  its  point  (ocus  a 

fogrâin'). 

145,  36,  for  bloiin'ng  ofhorns  read  the  panting  (or  snorting) 

of  the  horses  (seitfedach  na  n-ech). 

146,  25,  after  sons  inscrtf rom  the  isles  of  Gades  (a  hinn- 

sib  Gaid). 

147,  13,  for  the    réhabilitation   read    because   (arbithin). 

Perhaps  Dr.  O'Grady  thought  of  airmitin. 


1 .  Cf.  ferr  lûaithi  digairsi  «  better  speed  thaii  hurry  »,  LL.  345  c. 

2 .  Cf.  dar  a  slind  7  cîar  a  fogrâin,  LL.  267  b,  17  ;  and  see  Menigiid  Uilix, 
Ind.  s.  V.  fograinne- 


Bibliographie.  1 1 9 

P.   151,     6,  ïor  a  debility  infccted  /lis  vigour  TQad  /lis  vigour 
vanis/ied  (scithlim  do  dul  ar  a  luth). 

155,  56,  aher  and  insert  Ga7'bdaire  u>it/i  /lis  weapons  jvas 
foiind  in  it  and  (Garbdaire  cona  armgaisced). 

171,     4,  ïov  pillow  read  ^one. 

198,  24,  for  tivelve  provinces  read  great  fifteent/i  (cf.  LL. 
265  b,  48). 

200,  3,  i'ov  du/cet-c/iorded  rea.d  ninc-c/iorded  (nài-thédach 
=  £vv£à/opoo;). 

206,  52,  for  laying  oî^^read  was/iing  (tonach). 
55,  ïor  buriai  VQSid  was/iing  (tonach). 

266,   52,  t'or  J'ro m  n>/iom  read  'Tis  from  t/iat  Conaing. 

268,  51,  for  72(?j'er  — /oe.ç  read  tiieir  armour  s/iould  be  on 
t/ieir  dung/iilis  (a  n-iraisccd  fora  n-ottraigib). 

278,  32,  for  suffer...  to  corne  /leadlong  donni  read  put  donni. 
viz.  on  t/ie  /leart/i  or  fire  (léig  sis).  Mr  John 
Fleming  has  somewhere  dealt  with  this  phrase 
and  given  the  following  modem  examples  of  its 
use:  cuir  si'os  teine  mhaith  ânnsm  put  doivn  a 
goodfire  t/iere  :  bhi  an  teine  shios  am'  choin- 
ne  ajire  was  donm  (i.  e.  made)  before  me  :  cuir 
sios  an  corcân  put  t/ie  pot  down,  i.  e.  on  t/ie 
fire. 

285,  14,  for  t/ie  s/iape  imposed  on  me  by  lub/idan  read  t/ie 
prompting  w/iic/i  t/ie  jvoman  gave  me  (in  tecusc 
tue  dam-sa  in  ben). 

287,  7,  for  to  rule  read  ta  in/ierit  (inforba). 

13,  for  sid/i  C/iormaic  read  ûaim  C/iormaic  or  Cor- 
macs  cave. 

288,  5,  for  o/i  dearl  read  woe  !  (fa). 
6,  for  a  fe/low  read  oiie  (in  fer). 

22,  for  [and  are  t/iere]  read  vi^.  Cormac  gave  t/iem 
land  in  t/ie  east  and  t/ie  steivards/iip  (rec/itas) 
ofTara. 
291,  19,  for  maid  read  tear.  O'Gr.  reads  der,  which  mcans 
«  daughter  »,  instead  oï  dér. 
31,  ïov  Connac/it's  royai  power  read  t/ie  /lings/iip  of 
t/ie  t/iree  Connaug/iis  (rige  teora  Connacht). 


1 20  Bibliographie. 

P.  3  54,  8,  for  Hig/i  time  it  is.father,  read  O  dear  father  (a 
bâidathair).  0"Gr.  reads  abaid  and  takes  this 
to  stand  for  abaig,  O.  Ir.  apaig  «  ripe  ». 
38.  for  t/iey  loosed  lier  hold  for  lier  read  she  falls 
back  (do-s-cuiredar  tar  a  cenn).  O'Gr.  not  un- 
derstanding  the  infixed  5.  must  hâve  thought 
either  oi  scm'aijn  or  scuin'm. 

357,  22,  for  t/iat  the  love  07ice  theirs  I  now  bestow  on  Mac- 
con  read  I  give  viiseries  to  Mac  Con  (dobiur 
ingra  do  Mac  Con).  O'Gr.  not  understanding 
tîigra  (see  Wind.  Woerterbuch  s.  v.  ingor) 
took  it  to  stand  for  a  n-grad. 
31,  36,  ïoï  greenstuff,  read  n>oad. 

359,  21,  for  morning  read  battle  (matan  ')• 

364,  3  5y  for  the  culaite  of  Bregia  read  till  Doomsday  (eu 
laithi  brâtha). 

366,  27,  for  played  this  Irick  read  sold  me  (m'athrecad- 
sa). 

373,  32,  after  his  secd  insert  of  plebeians,  and  for  sorry 

set  of  plebeians  read  badger  (broc). 
33,  for  made  ont  at  ail  read  known. 

374,  31,  after  banquet  ms^n  in  the  isle  of  Dornglas. 

375,  21,  for  his  most  formidable  agent  in  war  read  his 

striker  in  battle  (tuairgnid  catha). 
377,   10,  (or  a  fitting  matter  u'ith  which  to  taunt  them  read 

as  trophies  (i  comrama). 
381,   12,  Beirbhe.   This  is  the   Irish    form  for  Bergen    in 

Norway,  O.  N.  Bjôrgvin. 
393,   10,  for  comical  read  dclightful  (ait). 
395,   12,  ïov prodiict  vesià  Clip  {hiSiSi-Vim). 

397,  5,  ïov  poiper  to  hold  ont  read  care  (with  which  ilwas 

watcJied  (deithide  =  O.  Ir.  dethitiu). 

398,  last  Hne,  ibr  bulk  read  choice  (forcla  =  forglu). 
400,     8,  for  excellent  read  dauntless  (urranda). 

402,  36,  after  g-ne/" insert  sa  that  epery  one  said :  «  Rough 


I.   For  this  mcaning  oî  malan  see  Stokcs,  Rcv.  Cclt.  XIII,  p.  472,  and 
add:  môrmadan  Atlia  Buide,  BB.  496. 


Bibliographie.  1 2 1 

is  this  washing!  »  Heyice  Garb-tlioiiach  «  Rough 
Washing  »  is  so  called. 
P.  404.     5.  for  bosses  qfgold  read  ...  of  bronze  'co  n-ac6idih 
creduma). 
408,     8,  for  Coiiyre  read  Corp. 
414,  22,  for  semùia?'y  of  adult  clerks  read  sc/iool  of  Cloii- 

moi'e. 
419,     j,  for  made  liis  plaint  to  them  read  began  ta  urge 

them  on  (atnaig  "ca  n-achain). 
450,  34,  for  vehemently  read  incestuously  (co  colach). 
55,  iov  jealousy  read  abhorrence  (adéitchiugud). 
454,   18,  for  shirt  of  dusky  red  read  blue-coloured  shirt 

(léine  denngorm). 
43  ^',  28,  for  iji  companionship  read  on  ihe  bench  (i  forad). 
4^7,     6,  for  ir;z72a  read  Oenu,  and  so  throughout. 

21,  for  for  comfort  read  to  beg  for  them  (dâ  faighde). 
441,  26,  for  kinsmen  read  hostile  brothers  (a  brâithre  ad- 
bartnaigthi). 
27,  dele  imperceived  at  night.  a  guess  to  render  the 
misreading  adbart  naigthe. 
445,     2,  for  in  Canterbury's  micient  Abbey  read  a/  the  sy- 
nod  of  Canterbury  (i  senad  Chantabric). 
for  had  to  wife  read  ravished. 
for  cauldron   read  pillar-stone   (coire.    phonctic 

spelling  for  coirthe). 
for     magie    spell    read    druid's   fcnce    (airbhe 

drûadh). 
for  jnany  a  slaughter  —  after  read  grief  willfol- 
low  thee  becausc  of  our  journey  (fotlile  cuma 
de  ar  ar  targraid). 
522,  47,  for  hâve  ?iot  attained  read  shall  not  altain  (cen  co 

roosa). 
525,  25,  for  eôron  read  the  Yen>  of  Ross  (eô  Rosa). 
527,  42,  for  h  api  ng  borrowed  read  going  to  (i  ndul  co). 
5  50,   59,  for  the  bovine  product  read  con'dung  (cac  na  mbo^ . 
553,  41,  for  angular  harps'  read  lûtes'  (mennchrott.  lit. 

«  kid-harp  »). 
536,  last  line.  dele  cae/f/îm. 


511, 

>7î 

^I, 

59. 

516, 

2. 

p8, 

50, 

122  Bibliographie. 

P.   537,     I,  8iherihtther'msenCaelchéis,vi{.  —  C.  isthename 
of  one  of  Drebrenn's  swine. 


There  are  other  parts  of  Dr.  O'Grady's  work  with  which  I 
hâve  to  find  fault".  The  Indices  for  instance  are  far  from  com- 
plète. They  leave  out  ail  names  both  of  places  and  persons  in 
the  poems  that  hâve  not  been  translated.  But  my  paper  has 
already  reached  such  a  length  that  I  must  cease.  It  is  easy  to 
praise,  perhaps  to  exaggerate  the  good  points  of  Dr.  O'Grady's 
work,  and  I  think  they  hâve  had  their  meed  of  praise.  I  am 
not  blind  to  them.  But  tor  the  benefit  of  those  who  possess  the 
book  and  are  themselves  unable  to  criticise  I  thought  it  well  to 
point  out  its  shortcomings.  My  only  regret  is  that  time  and 
opportunity  hâve  not  permitted  me  to  make  my  lists  of  corri- 
genda  more  complète.  It  is  impossible  touse  the  book  with  any 
degree  of  confidence  either  for  linguistic  or  other  purposes  so 
long  as  ail  the  texts  are  not  collated  and  the  results  published. 
I  hope  to  be  able  to  do  this  on  some  future  occasion,  when  1 
shall  also  add  a  glossary  of  the  rarer  words. 

Kuno  Meyer. 


I .  Dr.  O'Grady  once  instructed  me  in  the  correct  use  of  English.  May  I 
repay  it  by  telling  him  that  the  genitive  plural  of  vuhius  is  viûneriim  (II, 
562,  1.  35),  and  that  dus  diiig  an  sich  on  p.  xiv  is  mctaphysic  Irish  for  die 
sache  sclbsl. 


CHRONIQUE 


SOMMAIRE:  1.  Est-il  vrai  que  les  Gallois  aient,  au  douzième  siècle,  découvert  l'Amé- 
rique? —  II.  Le  Braz,  La  Légende  de  la  Mort  en  Basse-Bretagne.  —  III.  H.  Zim- 
mer,  Nennius  vengé,  Recherches  sur  l'origine,  l'histoire  et  les  sources  de  /'Historia 
Brittonum.  —  IV.  Chansons  d'amour  de  Connaught,  publiées  par  Douglas  Hyde.  — 
V.  Samuel  Berger,  Histoire  de  la  Yulgate.  —  VI.  Kovalewsky,  Coutume  contempo- 
raine et  loi  ancienne.  —  Vil.  Mémoires  du  Rév.  J.-H.  Bernard  sur  le  Domnach 
Airgid  et  sur  l'évangile  de  saint  Jean  contenu  dans  le  fonds  Stowe  de  l'Académie 
d'Irlande.  —  VlII.  Le  pays  de  Galles  dans  La  Grande  Encyclopédie.  —  IX.  L'abbé 
Duchesne,  Fastes  épiscopaux  de  l'ancienne  Gaule.  —  X.  L'accentuation  celtique  et  le 
cinquantenaire  du  professeur  Roth.  —  XI.  L'Antiphonaire  de  Bangor  publie  par  le 
Rév.  F.-E.  Warren.  —  XII.  Les  Monumenta  linguae  ibericae  par  M.  H.-E.  Hûbner. 
—  XIII.  Meusel,  Lexicon  caesarianum. 

I. 

Toutes  les  personnes  qui  se  sont  occupées  de  littérature  celtique  connais- 
sent au  moins  de  nom  l'ouvrage  de  Thomas  Stephens  :  The  Literature  of  the 
K\mry,  encore  le  meilleur  ouvrage  sur  le  sujet,  quoiqu'il  remonte  aujour- 
d'hui à  cinquante-cinq  ans. 

La  librairie  Longmans,  Green,  and  Co.,  Londres  et  New- York,  vient  de 
publier  un  ouvrage  posthume  de  ce  savant  auteur.  C'est  un  mémoire  pré- 
senté par  lui  à  l'Eisteddfod  de  LlangoUen,  le  21  septembre  1858,  où  un 
concours  était  ouvert  «  pour  le  meilleur  essai  sur  la  découverte  de  l'Amé- 
rique au  douzième  siècle,  par  le  prince  Madoc  ab  Owain  Gwynedd  ».  Le 
prix  devait  être  vingt  livres,  soit  cinq  cents  francs  et  une  étoile  d'argent.  Six 
mémoires  furent  envoyés.  Cinq  admettaient  l'authenticité  de  la  soi-disant 
tradition  qui  fait  du  prince  gallois  un  prédécesseur  de  Christophe  Colomb. 
Le  sixième  établissait  ce  que  vaut  cette  prétendue  tradition.  Il  avait  pour 
auteur  Thomas  Stephens,  couvert  par  le  voile  de  l'anonyme.  Il  fut  exclu 
du  concours  par  cette  bonne  raison  que  sa  conclusion  étant  négative,  il  ne 
traitait  pas  le  sujet  proposé  aux  concurrents  :  découverte  de  l'Amérique.  Une 
protestation  écrite  de  M.  D.  Silvan  Evans  ne  fut  pas  lue  à  la  séance  ;  le 
président  déclara  qu'un  des  mémoires  reçus  par  la  Commission  ne  traitait 
pas  le  sujet,  que,  quant  aux  autres,  les  juges  n'avaient  pas  pu  se  mettre 
d'accord  sur  la  question  de  savoir  lequel  était  le  meilleur.  En  conséquence, 
il  n'y  avait  pas  de  prix  décerné.  On  ne  pouvait  être  ni  plus  prudent,  ni  plus 


124  Chronique. 

économe.  Le  mémoire  de  Thomas  Stephens  est  resté  inédit  pendant  plus 
d'un  demi-siècle.  Il  faut  dire  que  dans  cette  composition  critique  le  célèbre 
écrivain  n'est  pas  toujours  très  aimable  pour  ses  compatriotes.  Il  est,  dit-il, 
passé  presque  en  proverbe  qu'un  Gallois  a  de  l'imagination  de  quoi  en 
fournir  cinquante  poètes  et  en  même  temps  pas  assez  de  jugement  pour  un 
(p.  217).  Il  raconte  l'histoire  d'un  certain  John  Evans  qui,  en  1792,  entre- 
prit un  voyage  en  Amérique  pour  y  visiter  la  colonie  galloise  conduite, 
croyait-il,  dans  ce  pays,  par  Madoc,  au  douzième  siècle.  Aussi  zélé  que 
croyant,  il  supporta  sans  se  plaindre  toutes  les  mésaventures  ;  il  fut,  faute 
d'argent,  obligé  de  se  placer  quelques  mois  comme  employé  chez  un  mar- 
chand ;  il  passa  pour  espion,  ce  qui  le  fît  mettre  en  prison.  Son  énergie 
triompha  de  tous  les  obstacles  ;  il  obtint  le  concours  des  Anglo-Américains 
et  des  Espagnols,  et  après  avoir  beaucoup  voyagé,  constata  que  les  Gallois 
d'Amérique  étaient  introuvables  et  inourut  de  la  fièvre.  Il  n'y  a  aucune 
preuve  que  Madoc  ab  Ov^'ain  Gwynedd  soit  de  son  vivant  jamais  monté 
dans  un  vaisseau.  Mais,  comme  il  vivait  au  douzième  siècle,  il  est  certain 
qu'il  est  parti  pour  l'autre  monde.  Il  y  a  donc  quelques  probabilités  qu'il 
est  monté  dans  :1a  barque  de  Charon  ou.  dans  la  barque  de  verre  qui  enleva 
au  roi  d'Irlande  Gond,  son  tîis  Gondla.  Et  voilà  comment  il  a  découvert 
l'Amérique. 

Le  mémoire  de  Thomas  Stephens  est  intitulé  :  Madoc.  An  essay  onthcdis- 
covery  of  America  hy  Madoc  ap  Oiven  Gtiynedd  in  the  t-iuelfth  century.  Nous  en 
devons  l'édition  à  M.  Llywarc'h  Reynolds. 

II. 

Parmi  les  sages  recommandations  que  le  fondateur  d'un  ordre  religieux 
célèbre  a  laissées  comme  héritage  aux  membres  de  sa  congrégation  se 
trouve  une  recette  infaillible,  dit-on,  pour  immédiatement  et  sans  manquer 
à  la  politesse,  se  débarrasser  de  tout  visiteur  importun.  C'est  de  faire  tourner 
adroitement  sur  la  mort  le  sujet  de  la  conversation.  Aussitôt  le  visage  de 
l'ennuyeux  quidam  s'assombrit  et  ce  gênant  personnage  s'esquive  malgré 
les  efforts  apparents  qu'en  homme  bien  élevé  le  prêtre  ravi  fait  pour  le  re- 
tenir. 

M.  Le  Braz  n'est  pas  Jésuite.  G'est  ce  qui  lui  a  fait  écrire  le  volume  inti- 
tulé :  La  Légende  de  la  Mort  en  Basse-Bretagne,  un  volume  in- 12  de  495  pages, 
sans  compter  71  pages  de  préface  dues  à  la  plume  de  M.  Marillier,  son 
complice  dans  cette  contravention  aux  principes  de  saint  Ignace  ' . 

L'intérêt  principal  de  ce  volume  est  de  montrer  quelle  puissance  énorme 
exerce  aujourd'hui  comme  dans  l'antiquité  sur  les  populations  celtiques  la 
foi  dans  la  persistance  de  la  personnaUté  après  la  mort.  Il  y  a  dans  une 
grande  partie  des  récits  pubhés  par  M.  Le  Braz  un  point  de  départ  qui  re- 
monte plus  haut  que  la  date,  déjà  si  ancienne  pourtant,  à  laquelle  le  chris- 


I.    Paris,  Honoré  Ghampion,  1893. 


Cliro'niijue.  125 

tianisme  a  fait  la  conquête  des  populations  celtiques.  Ce  ne  sont  pas  des  lé- 
gendes pieuses  dans  le  sens  chrétien  du  mot.  C'est  la  résultante  de  cette 
croyance  païenne  à  Timmortalité  de  l'âme  qui  a  jadis  tant  frappé  les  Ro- 
mains. César  a  cru  reconnaître  en  cette  croyance  une  doctrine  analogue  à 
la  métempsychose.  Homme  politique  et  guerrier,  il  a  pensé  que  cette  doc- 
trine avait  été  inventée  par  des  hommes  politiques  pour  donner  plus  de 
courage  aux  soldats  '.  Lucain  a  mieux  compris  la  théorie  celtique.  «  Suivant 
a  vous  »,  dit-il  en  s'adressant  aux  druides,  «  les  ombres  ne  se  rendent  pas 
«  aux  demeures  silencieuses  de  TErèbe,  et  dans  le  royaume  profond  du  pâle 
«  Dis.  La  même  âme  commande  à  un  corps  dans  un  autre  monde,  et,  si 
«  vous  savez  ce  que  vous  chantez,  la  mort  est  le  milieu  d'une  longue  vie. 
«  Certainement  les  peuples  que  du  haut  du  ciel  l'étoile  polaire  contemple 
«  sont  heureux  de  leur  erreur.  La  plus  grande  de  toutes  les  craintes,  la 
«  terreur  de  la  mort,  est  sans  action  sur  eux.  De  lâ  cette  ardeur  avec  la- 
«  quelle  les  guerriers  se  précipitent  sur  le  fer  ennemi,  leur  courage  en  face 
«  de  la  mort  ;  il  serait  lâche  d'épargner  une  vie  qui  reviendra  2  ». 

Le  livre  de  M.  Le  Braz  peut  être  considéré  comme  un  développement  ou 
un  commentaire  des  paroles  de  l'auteur  latin.  M.  Le  Braz  n'ayant  pas 
trouvé  à  propos  de  donner  le  texte  breton  des  morceaux  qu'il  publie,  je  ne 
puis  lui  faire  de  mauvaise  querelle  sur  la  fidélité  de  ses  traductions  d'une 
langue  que  certainement  il  doit  connaître  mieux  que  moi.  Il  y  a  cependant, 
au  point  de  vue  linguistique,  un  détail  qui,  dans  son  livre,  me  choque. 
M.  Le  Braz  prend  souvent  plaisir  à  intercaler  dans  son  texte  français  un  mot 
breton  qu'il  ne  traduit  pas  ;  ce  mot  est  anaon,  et  notre  savant  auteur  le  fait 
singulier  mascuHn.  A  la  page  15,  par  exemple,  il  est  question  d'une  quête 
faite  dans  une  église  ;  l'objet  de  cette  quête  est  de  recueillir  les  honoraires 
du  curé  pour  une  messe  de  mort. 

«  Pour  ï Anaon  1  Pour  le  pauvre  cher  Anaon  !  »  crie  le  quêteur. 

Anaon  est  un  féminin  pluriel.  C'est  la  prononciation  bretonne  d'un  celtique 
*ànïtnônës  «  les  âmes  »,  c'est-à-dire  «  les  morts  »,  ou,  pour  parler  comme 
MM.  Hatzfeld  et  Darmesteter  {Dictionnaire général  de  la  langue  française,  p.  8  ^) 
(.'  les  âmes  séparées  du  corps  (après  la  mort)  ».  On  dit  en  français  «  les 
âmes  du  purgatoire,  »  et  le  «  jour  des  âmes  »  est  en  français  une  des  expres- 

1.  Imprimis  hoc  volunt  persuadere,  non  interire' animas,  sed  ab  aliis 
post  mortem  transire  ad  alios,  atque  hoc  maxime  ad  virtutem  excitari  pu- 
tant,  metu  mortis  neglecto.  (César,  De  bello gallico,  1.  VI,  c.  14,  §  5). 

2 .  ....  Vobis  auctoribus  umbrae 
Non  tacitas  Erebi  sedes  Ditisque  profundi 
Pallida  régna  petunt  :  régit  idem  spiritus  artus 
Orbe  alio  ;  longae,  canitis  si  cognita,  vitae. 

Mors  média  est.  Certe  populi  quos  despicit  Arctos, 
Felices  errore  suo,  quos  ille  timorum 
Maximus  haud  urget  leti  metus.  Inde  ruendi 
In  ferrum  mens  prona  viris  animaeque  capaces 
Mortis  et  ignavum  rediturae  parcere  vitae. 

(Lucain,  Pharsalc,  1.  I,  v.  4(4-462). 


126  chronique. 

sions  familières  qui  désignent  le  2  novembre,  lendemain  de  la  Toussaint. 
De  ces  observations  résulte  que  la  demande  du  quêteur:  evit  an  anaon,  evit 
ar  paoïir-keai  anaon,  devrait  être  traduite  :  «  Pour  les  âmes,  pour  les  pau- 
vres chères  âmes  ».  Je  ne  comprends  point  par  conséquent  le  titre  du  cha- 
pitre VI,  p.  269  :  «  l'anaon  »,  autant  vaudrait  dire  en  français  «  l'âmes  » 
avec  l'article  au  singulier  et  le  substantif  au  pluriel.  M.  Le  Braz  me  pardon- 
nera cette  petite  critique  de  son  intéressant  ouvrage,  que  liront  avec  plaisir 
tous  ceux  qui  s'intéressent  aux  choses  celtiques. 

III. 

«  Nennius  vengé,  recherches  sur  l'origine,  l'histoire  et  les  sources  de 
VHistoria  Brittoniim  »  1 ,  tel  est  le  titre  d'un  nouvel  et  savant  ouvrage  dû  à 
la  plume  redoutable  du  critique  belliqueux  qui  a  écrit  les  Glossae  hihernicae, 
les  Kcltische  Stndien  et  nombre  de  mémoires  également  retentissants  publiés 
dans  diverses  revues  érudites  d'Allemagne.  De  quoi  donc  M.  Zimmer  veut- 
il  venf^er  Nennius,  ce  pauvre  homme  qui,  délivré  des  soucis  de  notre  misé- 
rable vie  depuis  plus  de  dix  siècles,  dort  en  paixjdans  une  tombe  inconnue? 
Vous  ne  savez  donc  pas  :  Nennius  a  été  gravement  insulté,  et  cela  date 
d'hier.  Il  y  a  dix  ans,  en  effet,  M.  de  La  Borderie  a  publié  un  mémoire  in- 
titulé r«  Historia  Briilonmu  attribuée  à  Nennius  »,  et  M.  Gaston  Paris  en  a 
rendu  compte  dans  la  Romania  Or,  ces  deux  écrivains  français,  qui  jouis- 
sent d'une  si  légitime  autorité,  se  sont  entendus  pour  adresser  à  la  mémoire 
de  l'auteur  insulaire  la  plus  grave  injure  qui  puisse  jamais  atteindre  un 
homme  de  lettres.  Ils  ont  été  jusqu'à  nier  qu'il  eût  jamais  existé.  Ils  ont  écrit 
—  on  ne  peut  le  répéter  sans  indignation,  horresco  referens  —  que  VHistoria 
Brittomm  est  un  «  ouvrage  anonyme  ». 

Le  but  du  livre  de  M.  Zimmer  est  de  démontrer  que  Nennius  a  eu  la 
o-loire  d'abord  de  vivre  —  et  il  a  eu  cela  de  commun  avec  beaucoup  d'autres 
hommes  —  ensuite  d'écrire  une  partie  du  livre  très  médiocre  que  la  plupart 
des  manuscrits  lui  attribuent.  Voici  la  conclusion  à  laquelle  arrive  le  savant 
professeur  de  Greifswald  : 

Vers  l'an  540  Gildas  composa  le  sermon  où  il  censure  si  durement  la  no- 
blesse et  le  clergé  de  Grande-Bretagne.  La  première  partie,  §  3-26,  de  ce 
morceau  intitulé  De  excidio  Britanniac,  contient  un  court  résumé  de  l'his- 
toire de  cette  île  jusqu'en  l'an  44  de  la  vie  de  Gildas,  et  ce  résumé  circula 
comme  histoire  séparée  sous  le  titre  d'/f/5/077a5;77/aH?//fli;.  En  679,  une  con- 
tinuation y  fut  ajoutée.  Elle  va  jusqu'en  679.  Elle  a  pour  auteur  un  Cymro 
du  Nord  bien  au  courant  des  choses  bretonnes  et  anglo-saxonnes  dans  la 
partie  de  l'île  qu'il  habitait.  Entre  737  et  758  on  intercala  dans  cette  conti- 
nuation quelques  indications  supplémentaires  concernant  les  faits  historiques 
qui  s'étaient  produits  depuis  679.   De  tous  ces  travaux  résulta  un  ouvrage 


I.    Nennius  vindicatus,  ûber  Entstehung,  Geschichte  und  duellen  der 
Historia  Brittoniim.  —  Berlin,  Weidmann,  1893,  in-8,  viii-342  pages. 


chronique.  127 

breton  septentrional  sur  l'histoire  de  Grande-Bretagne  jusque  vers  l'an  758. 
Cet  ouvrage  se  composait  de  deux  parties  essentiellement  différentes  à  tout 
point  de  vue  :  1°  la  jérémiade  écrite  par  Gildas  vers  540  ;  2°  les  mémoires 
historiques  de  l'anonyme  de  679  et  de  son  continuateur,  complétés  par 
quelques  additions  (énumération  des  vingt-huit  civilatcs,  exposé  de  deux 
merveilles).  Il  parvint  aux  mains  d'un  Cymro  du  Sud  qui  vivait  sur  la  limite 
de  Brecknock(Radnorshire)  et  de  Herefordshire.  Ce  Cymro  s'appelait  Nen- 
nius.  S'aidant  de  sources  irlandaises,  \°  une  vie  de  saint  Patrice,  2°  le  livre 
de  la  conquête  (Lehor  gabaJa),  30  un  traité  des  six  âges  du  monde;  recourant 
à.  la  chronique  d'Eusèbe  dans  l'arrangement  latin  de  saint  Jérôme  complété 
par  ProsperTiro  et  à  un  liber  beati  Cermaiti  écrit  par  un  Cymro  du  Sud,  il 
composa  un  vohimen  Brittanniae  où  l'on  pouvait  distinguer  cinq  'parties  : 
1°  une  préface  (édition  Stevemson,  §  3),  2°  les  six  [âges  du  monde  (§  4-6), 
30  VHistùvia  Brittoauiii  proprement  dite  (§  7-65),  4°  les  noms  des  cités  de 
Grande-Bretagne  ([§  77]  réimpression  de  Stevenson  par  San-Marte  [A. 
Schulz]  p.  80),  50  les  Merveilles  de  l'île  de  Bretagne  (§  67-73).  Nennius 
était  un  des  adhérents  zélés  du  parti  romain  en  Galles.  Il  envoya  un  exem- 
plaire de  son  ouvrage  à  l'évêque  Elbodug  de  Bangor,  dans  le  Nord  du  pays 
de  Galles,  alors  chef  du  parti  romain.  Une  copie  de  cet  exemplaire  fut  re- 
maniée vers  l'an  810  dans  l'île  d'Anglesey  par  un  élève  du  prêtre  Beulan. 
Il  fit  dans  le  travail  de  Nennius  un  certain  nombre  de  petites  interpolations 
dont  une  partie  est  tout  à  fait  inepte  ;  conformément  au  désir  de  son  maître 
Beulan  qui,  en  sa  qualité  de  Gallois,  n'aimait  pas  les  conquérants  germains, 
il  abrégea  fortement  les  §  57-65  qui  contiennent  les  généalogies  saxonnes, 
et  il  ajouta  aux  douze  merveilles  de  Grande-Bretagne  (^  67-73)  quatre  mer- 
veilles de  l'île  d'Anglesey  (§  75).  L'arrangement  irlandais  de  ce  livre  par  le 
savant  Gilla  Coemgin  a  été  rédigé  avant  1072  d'après  un  manuscrit  de  cette 
dernière  récension.  Un  fragment  important  de  l'ouvrage  irlandais  est  con- 
servé dans  un  manuscrit  antérieur  à  1106,  le  Lebor  na  bUidre.  Les  quatre 
manuscrits  complets  du  texte  irlandais  sont  de  plus  de  deux  cents  ans  pos- 
térieurs. 

Je  ne  connais  pas  d'une  manière  assez  approfondie  les  manuscrits  de  Nen- 
nius pour  pouvoir  émettre  ici  une  opinion  raisonnée  sur  la  valeur  du  sys- 
tème soutenu  par  M.  Zimmer.  La  nécessité  où  l'on  est  de  vérifier  l'exacti- 
tude des  citations  dans  une  matière  aussi  délicate  rend  fort  longue  la  lecture 
de  son  livre.  Le  savant  professeur  de  Greifswald  a,  lorsqu'il  cite  des  textes 
irlandais  d'après  un  manuscrit,  un  système  qui  peut  se  défendre,  mais  qui 
n'est  pas  celui  que  suivent  en  général  les  rédacteurs  de  la  Revue  Celtique.  Il 
consiste  â  remplacer  la  leçon  exacte  du  manuscrit  par  une  leçon  rectifiée 
conformément  à  certains  principes  de  grammaire  et  de  critique  sur  lesquels 
il  croit  souvent  inutile  de  s'expliquer  clairement.  Ainsi,  page  18,  il  veut 
prouver  que  Gilla  Coemgin  avait  entre  les  mains  un  manuscrit  de  Nennius 
conforme  aux  deux  manuscrits  Harléien  et  de  Cambridge  et  non  au  ma- 
nuscrit du  Vatican.  Il  s'agit  de  Vortigern  qui,  prisonnier  des  Saxons  et  me- 
nacé de  mort  par  eux,  leur  aurait  abandonné  une  partie  de  son  royaume 
pour  sauver  sa  vie,  p70  redemptiotie  animac  suae:  telle  est  la  leçon  des  ma- 


128  Chronique. 

nuscrits  Harléien  et  de  Cambridge,  au  lieu  de  pro  sua  siqiiidem  liberatione 
dans  le  manuscrit  du  Vatican.  La  traduction  irlandaise,  dit  M.  Zimmer,  est 
conformément  à  la  première  leçon,  darccnd  a  aiwia  «  pour  son  âme  ».  Afin  de 
le  démontrer,  M.  Zimmer  renvoie  au  LcJ?07-  na  hUidre,  p.  4,  col.  i,  1.  ^,  où 
on  lit  darccnd  a  mua  «  à  cause  de  sa  femme  ».  Cette  leçon  est  motivée  par 
le  mariage  de  Vortigern  avec  la  fille  du  roi  saxon  Hengist  (§  37  du  texte 
latin,  p.  86-89  de  l'édition  irlandaise).  Vortigern  avait  obtenu  cette  femme 
en  l'achetant  suivant  l'usage  des  peuples  barbares,  et  le  prix  de  cette  vente 
juridique  avait  été  le  royaume,  aujourd'hui  comté,  de  Kent.  Le  copiste,  mort 
en  1106,  auquel  on  doit  le  Lebor  na  hUidrc,  a  compris  que,  lorsque  Vorti- 
gern, prisonnier  des  Saxons,  acheta,  au  prix  de  trois  provinces,  Essex, 
Sussex  etMiddlesex,  sa  vie  et  sa  liberté,  cette  acquisition  nouvelle  faite  par 
les  Saxons  aurait  été  présentée  comme  un  supplément  de  prix  payé  pour  la 
fille  de  Hengist.  Le  scribe  dont  nous  parlons  n'a  pas  été  seul  de  cet  avis, 
puisqu'on  trouve  la  même  leçon,  avec  une  légère  variante,  dans  le  livre  de 
Lecan,  commencement  du  xv^  siècle,  ai-  daig  a  mna  «  à  cause  de  sa  femme  ». 
La  leçon  sur  laquelle  s'appuie  M.  Zimmer  est  fournie  par  deux  manuscrits  : 
l'un  du  xve  siècle,  —  c'est  le  livre  de  Ballymote,  p.  211,  col.  2,  1.  4,  5,  — 
l'autre,  qu'on  prétend  remonter  au  xiv^  siècle  ou  au  commencement  du  xv, 
et  qui  est  un  des  fragments  dont  la  réunion  compose  le  recueil  coté  H.  3.  17 
au  collège  de  la  Trinité  de  Dublin. 

Mais  j'ai  dit  tout  cela,  s'écriera  M.  Zimmer;  voyez  plutôt  dans  mon  livre, 
p.  18,  darccnd  a  anina  «  pro  sua  anima  »  (LU.  4  a,  3  ;  cf.  Todd,  Ncnniiis, 
p.  102).  —  M.  Zimmer  a  peut-être  raison,  mais  tout  le  monde  n"a  pas  l'es- 
prit aussi  vif  que  lui,  et  il  m'a  fallu  beauconp  de  temps  pour  lire  cette  algè- 
bre. J'ai  cru  d'abord  que  la  leçon  citée  par  M.  Zimmer  était  celle  du  Lchor 
na  hUidrc  qu'il  désigne' par  les  deux  lettres  LU.  J'ai  vérifié  et  trouvé  avec 
grand  étonnement  une  leçon  toute  diff'érente  de  celle  qu'indique  M.  Zimmer. 
Alors  je  me  suis  reporté  au  livre  de  Todd,  p.  10:,  où  j'ai  vu  dans  le  texte 
la  leçon  de  H.  3.  17:  tar  ceand  a  anma,  traduit  par  «  for  the  sparing  of  his 
life  »,  pour  épargner  sa  vie,  ce  qui  est  le  sens.  Puis  j'ai  lu  en  note  :  «  Pro 
redemptione  animae  suae  »  Nennius.  Dar  cciida  (sic)  nnm,  U.  Ar  daig  a 
mna  «  on  account  of  his  life  (sic)  »  (à  cause  de  sa  vie)  L.  » 

Cette  note  m'a  montré  comment  cet  excellent  et  respectable  Todd  savait 
l'irlandais  ;  elle  m'a  fait  connaître  la  leçon  du  livre  de  Lecan,  sans  me  dis- 
penser d'aller  vérifier  la  leçon  du  livre  de  Ballymote  ;  les  trois  lignes  de 
M.  Zimmer  m'ont  fait  travailler  une  demi-journée  pour  arriver  à  conclure 
que  darccnd  a  anma  «  à  cause  de  son  âme  »  peut  avoir  été  la  leçon  primi- 
tive conservée  par  deux  mss.,  xiv^,  xv«  siècle,  ou  qu'elle  peut  être  le  ré- 
sultat d'une  correction  à  la  leçon  darccnd  a  mna  «  à  cause  de  sa  femme  », 
attestée  par  deux  mss.,  xi'\  xv^  siècles,  et  qui  serait  conforme  à  la  rédaction 
du  traducteur  ;  en  ce  cas,  l'exemple  cité  par  M.  Zimmer  ne  prouverait  rien 
en  faveur  de  sa  thèse. 

D'autres  vérifications  amènent  à  des  résultats  moins  sérieux  quant  au 
sens,  mais  toujours  agaçants.  Je  suis,  si  l'on  veut,  la  victime  d'un  préjugé, 
mais  je  ne  puis  admettre  que,  systématiquement,  citant  un  manuscrit  dont 


Chronique.  129 

on  donne  la  page  et  la  ligne,  on  fasse  disparaître  de  cette  reproduction  les 
signes  caractéristiques  de  la  date  à  laquelle  le  manuscrit  appartient.  Exemple  : 
Nennius  vindicatus,  p.  24,  M.  Zimmer  cite  le  Livre  de  Ballymote,  p.  209, 
col.  2,  1.  47  et  suivantes,  et  il  imprime:  iarsin  tra  dorigni  Engist  Jleid  do 
Gorthigernd  7  diasluag  isinlaig  rig  dianad  ainm  Ceretic  Elemet  7  fiiralbi  in 
Saxberla  agnech  do  Bretnaib  acht  iconaeufear. 

Or,  la  leçon  réelle  du  livre  de  Ballymote  est  :  «  Iarsin  tra  dorigni  En- 
ce  gist  fleidh  do-Gorthigernd  ocus  di-a-shluagh  i-sin-taigh  righ  dianadh 
«  aiwm  Ceretic  Elemet  ocus  ni-raibhi,  in-saxbherla  ag-nech  do-Bretnaib 
«  achl  ic-on-aen-fear  ».  En  d'autres  termes,  M.  Zimmer  a  supprimé  sept 
fois  le  signe  graphique  qui,  dans  le  Livre  de  Ballymote  et  dans  les  manus- 
crits contemporains,  caractérise  les  sonores  devenues  spirantes.  11  a  con- 
servé ce  signe  pour  la  sourde  /  conformément  à  l'usage  des  manuscrits 
du  ixû  et  du  XF  siècle  ;  il  n'en  a  pas  tenu  compte  pour  1'^-  de  sluag,  bien 
que  cet  s  soit  précédé  du  pronom  possessif  masculin  de  la  troisième  per- 
sonne du  singulier  a  et  prenne  dès  le  xii"^  siècle  le  signe  de  la  spirante. 
M.  Zimmer  a  eu  la  prétention  de  ramener  tous  les  textes  irlandais  qu'il  cite 
à  l'orthographe  probable  de  Gilla  Coemgin,  xi-^  siècle,  quelles  que  soient 
la  date  et  la  notation  du  manuscrit  auquel  il  les  emprunte;  et,  comme  nous 
l'avons  vu  à  propos  du  roi  Vortirgern,  quand  une  modification  plus  grave  lui 
paraît  rationnelle,  il  n'hésite  pas  à  la  risquer,  tout  en  faisant  l'économie  de 
l'encre  et  du  papier  nécessaires  pour  nous  en  prévenir.  C'est  un  sy.stème 
dont  l'adoption,  si  elle  devenait  générale,  aurait  sur  la  science  un  effet  dé- 
sastreux. Il  est  plus  savant  que  celui  de  M.  Standish  O'Grady.  M.  Zimmer 
vieillit  systématiquement  les  textes  que  M.  Standish  O'Grady  rajeunit  au 
hasard  de  la  plume.  Ni  l'un  ni  l'autre  ne  se  conforme  à  la  vérité  paléogra- 
phique. Cela  n'empêche  pas  le  livre  de  M.  Standish  O'Grady  d'être  fort 
utile,  et  quant  à  celui  de  M.  Zimmer,  si  je  ne  suis  pas  disposé  à  accepter  de 
confiance  toutes  les  doctrines  qu'il  soutient,  je  crois  que  désormais  personne 
ne  devra,  sans  l'avoir  lu,  exposer  une  opinion  sur  les  questions  qu'il  sou- 
lève et  qu'il  prétend  résoudre. 

IV. 

M.  Douglas  Hyde,  déjà  connu  par  d'intéressantes  publications  dont  la 
Revue  Celtique  a  rendu  compte,  vient  de  faire  paraître  à  la  librairie  Gill,  de 
Dublin,  un  livre  nouveau  contenant  une  collection  de  chansons  d'amour  re- 
cueillies par  lui  en  Irlande,  dans  le  Connaught  :  Abhrdin  gridh  châigeConnacht . 

Le  texte  irlandais  est  accompagné  d'une  traduction  anglaise,  quelquefois 
de  deux  traductions,  la  première  en  vers,  la  seconde,  plus  littérale,  en  prose- 
Il  y  a  au  bas  des  pages,  et  surtout  à  la  fin  du  volume,  des  notes  gramma- 
ticales intéressantes.  M.  Douglas  Hyde  a  quelquefois  toutes  les  peines  du 
monde  à  trouver  dans  la  langue  anglaise  des  mots  qui  rendent  d'une  ma- 
nière satisfaisante  à  son  gré  certaines  formules  irlandaises.  Ainsi,  p.  22, 
1.  30,  il  y  a  un  vers  qui  veut  dire:  «  porte-toi  bien  jusqu'à  mon  retour:  » 
Slan  beô  leat  no  go  bhfiUfidh  mé  arîs, 

Revut  Celtique,  XV.  9 


1^0  Chronique. 

littéralement  :  «  saine  vie  à  toi  jusqu'à  ce  que  je  sois  de  retour  ».  C'est  un 
équivalent  de  :  «  portez-vous  bien,  au  revoir  ».  M.  Douglas  Hyde  a  traduit 
(p.  23)  :  Givlng  fareivell  toyou,  untilireturn  agavm  Vous  souhaitant  bonne 
santé  jusqu'à  ce  que  de  nouveau  je  revienne  ».  Puis  il  a  été  pris  de  scru- 
pules: «  J'ai  mal  traduit  »,  dit-il,  p.  150;  «  le  sens  des  trois  prefniers  mots 
«  slân  beô  leat  est  :  «  Puissiez-vous  être  bien  tant  que  vous  vivrez  !  »  may 
«  yojiheiuellwhile  alivc,  ou  bien  :  «  Portez-vous  bien  tant  que  vous  vivrez  », 
«  fareweU  as  long  as  you  livc  ».  Est-il  bien  sûr  que  ces  traductions  nouvelles 
soient  préférables  à  la  première  ? 

Le  livre  de  M.  Douglas  Hyde  intéressera  ceux  qui,  n'ayant  étudié  jusqu'ici 
que  le  vieil  irlandais  et  étant,  comme  le  dit  l'auteur,  du  nombre  des  gens 
qui  ont  puisé  toute  leur  science  dans  des  livres,  of  the  merely  book-learned, 
ne  peuvent  saisir  le  sens  de  certains  idiotismes  de  l'irlandais  moderne.  Un 
exemple  de  ces  idiotismes  est  la  locution  iii'l  mi  môr  le  aondiiine,  littérale- 
ment «  je  ne  suis  pas  grand  avec  quelqu'un  »,  c'est-à-dire:  «  je  ne  suis  pas 
en  bons  termes  avec  lui  »  (p.  156),  M.  Douglas  Hyde,  qui  a  sur  moi  le  très 
grand  avantage  de  savoir  l'irlandais  moderne,  n'avait  pas  d'abord  compris 
le  passage  qui  contient  cette  formule.  Il  avait  d'abord  écrit  : 

ni  bfuil  mé  môr  mar  Charon, 

et  il  avait  traduit  :  «  je  ne  suis  pas  gros  et  fort  comme  Charon  »  I  am  not 
large  like  Charon,  au  lieu  de  «  je  ne  suis  pas  en  bons  termes  avec  Charon  ». 
Il  s'agit  ici  du  Charon  mythologique.  Le  morceau  dont  ce  passage  est  tiré 
appartient,  comme  on  le  voit,  à  la  littérature  savante. 

V. 

L'Histoire  de  la  Vulgate  pendant  les  premiers  siècles  du  Moyen- Age,  par  Sa- 
muel Berger  ' ,  contient  plusieurs  chapitres  pleins  d'intérêt  pour  les  érudits 
qui  désirent  connaître  les  monuments  de  l'activité  littéraire  des  moines  ir- 
landais au  moyen  âge.  C'est  d'abord  dans  la  première  partie,  consacrée  au 
texte  primitif  de  la  Bible  latine,  le  chapitre  III  intitulé  Les  Textes  irlandais 
et  anglo-saxons  et  comprenant  trois  paragraphes:  1°  anciens  textes  irlandais, 
2°  Canterbury,  Lindisfarne,  3*^  textes  mêlés.  Les  anciens  textes  irlandais 
sont:  1°  \t  Codex  Usserianns,  Trinity  Collège,  Dublin,  A.  4.  15,  publié  par 
M.  Abbott,  Evangeliorum  versio  antehieronymiana  ex  codiceusseriano,  Dublin, 
1884,  20  le  livre  d'Armagh,  3°  le  livre  de  Mailing,  également  conservés  au 
collège  de  la  Trinité.  Parmi  les  manuscrits  qui  nous  offrent  des  textes  mêlés, 
c'est-à-dire  l'alternance  de  la  Vulgate  et  de  la  traduction  latine  conservée 
dans  les  plus  anciens  manuscrits  irlandais,  on  peut  signaler:  le  livre  deDur- 
7-ou',  c'est-à-dire  de  l'abbaye  de  Dearmhagh,  Trinity  Collège,  Dubhn,  A.  4. 
5;  le  livre  de  Kells,  c'est-à-dire  de  l'abbaye  de  Ceanannus,  Trinity  Collège, 
Dublin  A.  I.  6;  le  deuxième  manuscrit  d'Ussher,  Trinity  Collège,  Dublin, 


I.  Paris,  Hachette,  1895,  in-8,  xxiv-445  pages. 


Chronique.  i^i 

A.  4.  6  ;  l'évangile  de  saint  Jean  qui  précède  le  missel  dit  de  Stowe,  manus- 
crit de  la  collection  de  ce  nom  aujourd'hui  conservée  dans  la  bibliotlfèque 
de  l'Académie  d'Irlande.  Nous  signalerons  aussi,  dans  la  première  partie,  le 
chapitre  IV  intitulé  «  les  Irlandais  en  Europe  «,  c'est-à-dire  sur  le  conti- 
nent. M.  Berger  commence  par  nous  parler  de  Tours,  d'où  provient  le  ma- 
nuscrit de  S.  Catien,  Bibliothèque  Nationale  de  Paris,  nouvelles  acquisitions 
latines,  11°  1587.  Il  est  en  écriture  irlandaise,  a  été  écrit  par  un  scribe  qui 
portait  le  nom  irlandais  de  Holcundus  et  daterait,  suivant  M.  Bercer,  du 
viiie  siècle.  Vient  ensuite  le  manuscrit  no  14  de  la  bibliothèque  de  Tours.  II 
provient  de  l'abbaye  de  Saint-Martin  de  cette  ville,  date  du  ix^  siècle,  pa- 
raît la  copie  d'un  manuscrit  irlandais  et  contient,  folio  180  v»,  une  Con- 
fessio  sancti  Patricii  episcopi  qui  n'a  aucun  rapport  avec  la  confession  de 
S.  Patrice  tant  de  fois  publiée.  M.  Berger  passe  rapidement  sur  les  manus- 
crits de  Wùrzburg  ;  il  donne  plus  de  détails  sur  ceux  de  Suisse,  Saint-Gall, 
Berne,  et  de  l'Italie  du  Nord,  c'est-à-dire  de  Bobbio,  aujourd'hui  à  Milan. 
Il  revient  sur  ce  sujet  dans  sa  troisième  partie  intitulée  «  Saint-Gall  et 
l'Italie  du  Nord  ».  Le  premier  chapitre  est  consacré  aux  manuscrits  bibli- 
ques grecs-latins,  la  plupart  d'origine  irlandaise:  Saint-Gall  17,  48,  1395, 

—  bibliothèque  royale  de  Dresde  A.  145'',  —  bibliothèque  de  BâleA.  7.  3, 

—  bibliothèque  de  l'Arsenal  à  Paris,  no  8407. 

VI. 

Nous  sommes  transportés  dans  un  domaine  tout  différent  par  M.  Maxime 
Kovalewsky,  Coutume  conleniporaine  et  loi  ancienne.  Droit  coulumier  ossctien 
éclairé  par  l'histoire  coviparce  ' .  Les  Ossètes,  population  du  Caucase,  appar- 
tiennent par  leur  langue  au  rameau  iranien  des  langues  indo-européennes. 
En  lisant  le  livre  de  M.  Kovalewsky  on  pourrait  souvent  se  croire  en  pays 
celtique.  En  voici  un  exemple  : 

«  Les  Ossètes  convaincus  de  la  similitude  de  la  vie  future  et  de  la  vie 
«  terrestre  croient  aussi  que  les  défunts  continuent  à  songer  aux  besoins 
«  des  vivants,  et  que,  de  toutes  manières,  ils  prennent  soin  des  intérêts  de 
«  leurs  familles. 

«  Dans  les  récits  populaires,  un  défunt  demande  souvent  à  Barastir,  dieu 
«  des  morts,  la  permission  d'aller  voir  ses  parents  qui  sont  sur  la  terre. 
«  Cette  permission  obtenue,  il  se  rend  chez  les  siens,  entreprend,  de  con- 
«  cours  avec  eux,  des  incursions,  puis  en  les  quittant,  leur  remet  gratuite- 
«  ment  sa  part  de  butin  et  leur  avoue,  en  leur  disant  adieu,  qu'il  est  leur 
«  parent.  On  voit,  d'après  ces  légendes,  que  les  âmes  des  défunts  peuvent 
«  revenir  sur  la  terre  ;  elles  n'y  restent  que  la  nuit,  car  il  faut  qu'elles  soient 
«  rentrées  dans  leur  demeure  de  l'autre  monde  avant  le  lever  du  soleil.  Les 
«  Ossètes  choisissent  le  soir  pour  se  rapprocher  d'eux.  C'est  à  la  lumière 
«  des  bougies  que  la  famille  fait  les  préparatifs  solennels  pour  recevoir  le 


I  ,   Paris,  Larose,  1893,  in-8,  x-)20  pages. 


1^2  Chronique. 

«  défunt.  La  veuve  attend  pendant  toute  une  année  les  visites  nocturnes  de 
«  son  mari  ;  dans  ce  but,  chaque  soir,  elle  lui  prépare  son  lit  sous  lequel 
«  elle  met  une  cuvette  et  un  pot  de  cuivre  rempli  d'eau  ;  elle  allume  une 
«  bougie  entière,  s'assied  et  attend  sa  venue  jusqu'à  ce  que  lé  coq  ait 
«  chanté  ;  le  matin,  après  s'être  levée,  elle  prend  la  cuvette,  le  pot,  l'essuie- 
«  mains,  le  savon,  porte  tous  ces  objets  à  la  place  où  le  mari,  de  son  vivant, 
«  avait  l'habitude  de  se  laver,  et  elle  y  reste  quelques  minutes  dans  une 
«  pose  rappelant  celle  qu'elle  avait  lorsqu'elle  lui  présentait  tous  ces  objets 
«  de  toilette  »  ' . 

Cette  page  du  livre  de  M.  Kovalewsky  aurait  pu  être  imprimée  à  titre  de 
commentaire  dans  l'introduction  à  La  légende  delà  mort  en  Basse-Bretagne  de 
M.  Le  Braz. 

Plus  loin  : 

«  Si  quelque  personne  consent  une  convention  et  contracte  des  obliga- 
«  tions,  ses  parents  interviennent,  tantôt  pour  participer  à  la  transaction, 
«  tantôt  comme  témoins  et  comme  garants.  Si  un  particulier  fait  une  dé- 
«  position  en  justice,  il  corrobore  son  serment  par  le  serment  de  ses 
«  proches  »  2. 

On  trouve  le  même  principe  dans  le  droit  irlandais,  qui  interdit  au  mem- 
bre d'une  famille  toute  aliénation  non  consentie  par  ses  parents,  et  lui  donne 
le  droit  d'attaquer  les  contrats  formés  par  ses  parents  sans  son  consen- 
tement 3.  Il  y  a  entre  le  droit  des  Ossètes  et  le  droit  celtique  beaucoup 
d'autres  ressemblances  que  nous  pourrions  signaler  avec  détails  si  nous  ne 
craignions  pas  d'allonger  cette  chronique  outre  mesure.  Indiquons  par  un 
mot  la  vengeance  privée,  le  duel,  la  composition  pour  crime,  les  ordalies. 

VII. 

Trois  mémoires  du  Rév.  J.-H.  Bernard  sur  deux  manuscrits  bibhques  ap- 
partenant à  l'Académie  royale  d'Irlande  et  sur  les  citations  de  l'Ecriture  dans 
le  Leabhar  Breac  nous  ramènent  au  sujet  traité  par  M.  Samuel  Berger  dans 
le  livre  que  nous  avons  annoncé  plus  haut,  p.  130. 

Ces  trois  mémoires  viennent  de  paraître  dans  les  Transactions  of  the  royal 
Irish  Academy.  Le  premier  des  manuscrits  dont  s'occupe  l'auteur  est  le  Dotn- 
nach  airg/id  littéralement  «  église  d'argent  »,  expression  consacrée  pour  dé- 
signer un  petit  reliquaire  acquis  par  l'Académie  d'Irlande  en  1847.  ^  ^^^^^ 
date  il  y  avait  dans  ce  rehquaire  un  manuscrit  en  fort  mauvais  état,  qu'on 
a  pris  l'habitude  de  désigner  par  le  nom  de  son  contenant  momentané.  Ce 
manuscrit,  qu'on  suppose  être  du  viii^'  siècle,  a  longtemps  passé  pour  avoir 
appartenu  à  S.  Patrice.  On  connaît  l'histoire  du  reliquaire  dans  lequel  il  est 
arrivé  à  l'Académie  et  qui  paraît  avoir  appartenu  à  l'abbaye  de  Clones  (Cle- 
gher)  dès  le  xi«  siècle. 

1.  P.  34-55. 

2.  P.  255. 

3.  AncietH  laïus  of  Ireland,  t.  II,  p.   282. 


Chronique.  1 3  j 

Suivant  la  légende,  il  aurait  primitivement  appartenu  à  S.  Patrice  qui 
l'aurait  reçu  du  ciel  pendant  son  voyage  sur  mer  en  allant  de  Grande-Bre- 
tagne évangéliser  les  Irlandais. 

Mais  l'origine  du  manuscrit  est  inconnue.  Il  porte  aujourd'hui  la  cote 
24.  Q..  25.  dans  la  bibliothèque  de  l'Académie  dlrlande.  Il  consiste  en 
trente-neuf  feuillets  de  parchemin,  débris  d'environ  cent  cinquante,  qui 
contenaient  les  quatre  évangiles.  Il  a  été  exposé  à  l'humidité,  en  sorte  qu'une 
partie  des  feuillets  subsistant  est  pourrie,  et  que  jusqu'à  l'année  dernière  ce 
qui  restait  de  ce  malheureux  volume  formait  une  masse  compacte  et  une 
agglomération  de  feuillets  qu'on  ne  pouvait  séparer  les  uns  des  autres. 
M.  Samuel  Berger,  dans  son  voyage  en  Irlande,  n'avait  pu  l'étudier  ; 
mais  M.  Thompson,  principal  librarian  du  Musée  britannique,  a  fait  détacher 
les  feuillets  les  uns  des  autres,  en  sorte  que  le  Rév.  J.-H.  Bernard  a  pu 
en  lire  une  partie,  et  il  a  constaté  que  c'est  un  des  manuscrits  irlandais  qui 
offrent  un  texte  mêlé,  où  l'on  rencontre  tantôt  la  Vulgate,  tantôt  une  ver- 
sion antérieure  à  S.  Jérôme  (cf.  ci-dessus,  p.  130). 

Il  arrive  au  même  résultat  pour  le  saint  Jean  de  la  collection  Stowe,  au- 
jourd'hui coté  D.  II.  5 .  dans  la  bibliothèque  de  l'Académie  d'Irlande,  et 
pour  les  citations  de  l'Ecriture  contenues  dans  les  Passions  et  Homélies  que 
M.  R.  Atkinson  a  publiées  d'après  le  Leabhar  hreac. 

VIII. 

La  434=  livraison  de  La  grande  Encyclopédie  contient,  p.  594-403,  un  ar- 
ticle intitulé  Galles  (pays  de)  rédigé  par  M.  Ferdinand  Lot,  auteur  déjà 
connu  de  bons  travaux  sur  l'histoire  de  France  et  sur  la  littérature  irlan- 
daise. C'est  jusqu'à  présent  le  meilleur  résumé  qui  ait  été  fait  en  France  de 
ce  que  l'on  sait  sur  le  pays  de  Galles,  à  propos  duquel  tant  de  doctrines 
fausses  sont  en  circulation. 


IX. 

Un  récent  ouvrage  de  l'abbé  L.  Duchesne,  Fastes  èpiscopaux  de  l'ancienne 
Gaule,  tome  /«f,  Paris,  Thorin,  in-8,  viii-554  pages,  montre  combien  a  été 
tardif  en  Gaule  l'établissement  de  la  hiérarchie  épiscopale  : 

«  On  peut  assigner  des  dates  approximatives  à  la  fondation  d'environ 
«  33  églises.  Sur  ccnombre,  une  seule,  celle  de  Lyon,  apparaît  au  u>=  siècle. 
«  Pour  les  quatre  cités  de  Toulouse,  Vienne,  Trêves,  Reims,  on  remonte 
«  jusqu'au  milieu  du  m"'  siècle,  sans  pouvoir  dépasser  de  beaucoup  cette 
«  limite.  Un  peu  plus  tard,  aux  abords  de  l'an  300,  se  présentent  les  églises 
«  de  Rouen,  Bordeaux,  Cologne,  Bourges,  Paris,  Sens.  Sur  les  22  autres, 
«  bien  peu  ont  des  chances  de  remonter  au  commencement  du  iv^  siècle. 
«  Presque  toutes  paraissent  être  du  temps  de  Constantin,  au  plus  tôt. 
«  Quelques-unes,  celles  d'Embrun,  Digne,  Grenoble,  sont  de  la  seconde 
«  moitié  du  siècle.  »  (p.  30-31).  En  Grande-Bretagne,  on  n'a  pas  la  preuve 
qu'il  ait  existé  des  évêchés  avant  le  iv<:  siècle.  Au  concile  d'Arles,  314,  figu- 


1  TA  Chronique. 

rent  les  évêques  d'York,  de  Londres,  et  probablement  de  Caerléoni,  et  le 
premier  évèque  d'Irlande  paraît  avoir  été  Palladius,  envoyé  de  Rome  en  43 1  : 
ad  Scûttos  in  Cbristum  credentes  ordinaiiis  a  papa  Caeksthw  Palladius  primus 
episcopus  mittitur  2. 


Pour  célébrer  le  cinquantenaire  du  doctorat  du  savant  professeur  Roth, 
qui  enseigne  à  Tubingue,  il  a  été  fait  une  publication  à  laquelle  M.  Zimmer 
a  collaboré  par  un  mémoire  dont  l'objet  est  d'examiner  si  les  règles  du 
verbe  enclitique  sanscrit  remontent  à  la  période  indo-européenne. 

Dans  ce  mémoire,  le  professeur  de  Greifswald  étudie  à  nouveau  l'origine 
de  l'accentuation  dans  le  verbe  irlandais. 

On  sait  que  M.  Zimmer,  dans  ses  KeltischeStiidien,  11,  a  exposé,  non  sans 
talent,  les  règles  de  l'accentuation  dans  le  verbe  irlandais  composé.  Mais  à 
cette  e.\position  il  a  joint  des  théories  de  grammaire  comparée  dont  la  va- 
leur est  contestable.  Il  a  prétendu,  p.  27,  expliquer  l'accentuation  du  verbe 
composé  irlandais  par  l'accentuation  du  verbe  védique.  Or,  ces  deux  accen- 
tuations reposent  sur  des  principes  tout  différents.  L'accent  irlandais  est  un 
accent  d'intensité,  et  —  ce  qui  est  ici  d'une  grande  importance  —  il  frappe 
toujours  la  première  syllabe  du  mot.  L'accent  sanscrit,  comme  l'accent  grec, 
est  musical,  consiste  en  un  certain  degré  d'acuité  et  non  d'intensité;  et  —  ce 
qu'il  est  essentiel  de  faire  observer  ici  —  sa  place  est  variable.  De  plus,  quand 
il  y  a  plusieurs  préfixes,  sa  place  ne  peut  remonter  au  delà  du  préfixe  qu'on 
trouve  le  premier  en  partant  de  la  fin  du  mot  3.  On  a  la  même  règle  en  grec. 
Ex.  :  ajv-E/.-oo;.  C'est  le  contre-pied  de  l'usage  irlandais  qui,  quel  que  soit  le 
nombre  des  préfixes,  met  toujours  l'accent  sur  la  syllabe  initiale  du  mot 
composé,  c'est-à-dire  sur  le  dernier  des  préfixes,  si  l'on  compte  en  commen- 
çant par  la  fin  du  mot. 

En  certaines  circonstances  que  la  syntaxe  détermine,  la  tmèse  se  produit 
en  vieil  irlandais.  Le  préfixe,  ou  de  plusieurs  préfixes  le  premier,  en  comp- 
tant à  partir  du  commencement  du  mot,  se  détache  du  verbe,  et  en  ce  cas 
un  pronom  infixe  peut  se  placer  immédiatement  après  ce  préfixe,  avant  le 
reste  du  composé  ;  alors  l'accent  frappe  le  second  préfixe,  ou  à  défaut  de  se- 
cond préfixe,  la  syllabe  initiale  du  verbe.  Ici  nous  nous  trouvons  encore  en 
présence  d'une  règle  différente  de  la  règle  sanscrite  :  en  irlandais,  quand  on 
veut  déterminer  îa  place  de  l'accent,  la  question  qui  se  pose  est  de  savoir 
quelle  est  la  première  syllabe  du  mot  ;  en  sanscrit,  la  question  est  de 
savoir  si  c'est  le  verbe  qui  porte  l'accent  ou  si  c'est  le  groupe  des  préfixes, 

1 .  Haddan  et  Stubbs,  Couiicih  and  ecchsiasiica]  documents,  relating  to 
Grcat  Britain  and  Ireland. 

2.  Prosperi  Tironis  epitomachronicoii,  àtins  Moninncnta  Gcrmaniaf  historien, 
in-4.  Auctorum  antiquissimorum  tomus  IX,  p.  473. 

3.  Whitney,  Indische  Grammaiik  (traduction  de  H.  Zimmer  (i'''-' éd.), 
p. '377,  §  1083). 


Chronique.  i  j  5 

car  lorsque  en  sanscrit  le  verbe  est  accentué,  le  groupe  des  préfixes  ne 
l'est  point.  M.  Zimmer  insiste  beaucoup  sur  les  cas  dans  lesquels  il  n'y  a 
qu'un  seul  préfixe.  Des  verbes  comme  as-heir  et  comme  sa  variante  è-pir 
«  il  dit  »,  Y  personne  du  singulier  du  présent  de  l'indicatif,  dont  le  second 
terme  offre  le  même  thème  que  le  verbe  grec  tpepe--.  et  que  le  sanscrit  bhâra- 
ti,  font  illusion.  Dans  as-heir  l'accent  frappe  Ve  ;  il  est  par  conséquent  à  la 
même  place  que  dans  le  verbe  sanscrit  orthotone,  ou,  plus  exactement,  to- 
nique, et  le  préfixe  est  atone.  Dans  é-pir,  l'accent  porte  sur  le  préfixe,  et  le 
verbe  est  atone  ou  autrement  dit  enclitique,  on  peut  avoir  l'illusion  d'une 
loi  identique  à  celle  du  sanscrit.  Mais  dès  qu'on  passe  aux  verbes  qui  ont 
plusieurs  préfixes,  il  faut  avoir  un  bandeau  sur  les  veux  pour  ne  pas  recon- 
naître qu'en  allant  du  sanscrit  au  celtique  on  est  entré,  au  point  de  vue  de 
l'accentuation,  dans  un  domaine  tout  différent.  Un  des  verbes  que  cite 
M.  Zimmer  a  deux  préfixes.  C'est  celui  dont  le  thème  est  com-od-scego- ' 
«  changer  ».  Ce  verbe  composé  se  présente  à  nous  avec  deux  accentuations  : 
1°  l'accent  frappe  le  premier  préfixe,  câm-sciget  «  ils  changent  »  ;  le  second 
préfixe,  ôd,  qui,  d'après  les  lois  de  la  grammaire  sanscrite,  devrait  porter 
l'accent,  est  si  bien  atone  qu'il  est  tombé  ;  l'accord  avec  la  grammaire  sans- 
crite consiste  en  un  seul  point,  c'est  que  le  verbe  est  atone.  2°  nous  arrivons 
à  la  forme  qui,  suivant  M.  Zimmer,  devrait  nous  donner  un  exemple  de 
verbe  accentué,  comme  en  sanscrit.  Qu'avons-nous  ?  con-6-sciget.  Le  verbe 
est  atone  comme  dans  le  premier  cas,  tandis  que,  suivant  la  règle  sanscrite, 
il  devrait  être  accentué.  Et  quelle  est  la  raison  pour  laquelle  le  second  pré- 
fixe est  accentué?  C'est  qu'il  est  devenu  initial.  Ce  qui  prouve  qu'il  est  de- 
venu initial,  c'est  que  Vm  du  préfixe  cum  dans  ciim-sctget  a  été  ici  remplacé 
par  un  n,  conformément  à  la  loi  celtique  qui  fait  changer  en  n  toute  m 
finale;  con  est  donc  un  mot  distinct  de  6-scigct  ;  6-sct'get  est  un  mot  composé 
d'un  préfixe  unique  et  du  verbe. 

Ce  qui  précède  suffit  pour  établir  que  l'accentuation  irlandaise  n'a  aucun 
rapport  avec  l'accentuation  indo-européenne  et  que  M.  Zimmer  a  fait  d'inu- 
tiles efforts  pour  réfuter  les  doctrines  exposées  par  M.  J.  Wackernagel  dans 
la  Revue  de  Kuhn,  tome  XXIII,  p.  457-470,  où  cesavant  traite  de  l'origine 
de  l'accent  verbal  en  grec. 


XI. 

L'Antiphonaire  de  Bangor  que  le  Rév.  F.-E.  'Warren  vient  de  publier  en 
photogravure  avec  transcription  photographique  et  une  intéressante  préface, 
—  quatrième  des  volumes  mis  au  jour  par  la  société  Henrv  Bradshaw^  — , 
est  un  document  d'un  grand  intérêt  pour  l'histoire  de  la  paléographie  irlan- 
daise. C'est,  je  crois,  le  plus  ancien  manuscrit  irlandais  à  date  certaine.  Il  a 

1 .  Keltische  Studieu,  II,  p.  80,  81,  86,  89,  97,  cf.  Thurneyscn,  Revue  Cel- 
tique, t.  "VI,  p.  139,  et  Zimmer,  Festschrift,  p.  177. 

2.  The  Antiphonary  of  Bangor  an  earty  irish  manuscript  in  the  Ainbrosian 
Jihrary  at  Milan,  edited  by  F.-E.  Warren,  B.  D.,  F.  S.  A  ,  1893,  in-4. 


136  Chronique. 

été  écrit  du  temps  du  quinzième  abbé  de  Bangor,  Cronan,  qui  entra  en 
fonctions  en  680  et  mourut  en  691,  comme  nous  l'apprennent  les  témoi- 
gnages concordants  des  Annales  de  Tigernach  et  d'Ulster.  Dans  une  hymne 
intitulée  Mcmoriam  dbhatum,  qui  est  écrite  au  verso  du  feuillet  36  et  der- 
nier, la  cinquième  strophe  est  ainsi  conçue  : 

Tantis  successit  Camanus 
Uir  amabilis  omnibus. 
Christo  nunc  sedet  supprimus, 
Ymnos  canens  quindecimus, 
Zoen  ut  carpat  Cronanus. 
Conseruet  eum  Dominus. 

Suit  le  refrain  placé  à  la  fin  de  chacune  des  strophes  précédentes,  mais 
ici  ce  refrain  nous  offre  une  variante  importante.  Au  lieu  de  : 

Quos  conuocauit  Dominus 
Caelorum  regni  sedibus. 

avec  le  verbe  coniiocare  au  prétérit,  on  trouve  ici  ce  même  verbe,  au  futur, 
conuocahit.  Tandis  que  l'entrée  des  premiers  abbés  dans  le  Ciel  était  consi- 
dérée comme  un  événement  passé,  l'admission  de  Cronan  dans  la  cour  cé- 
leste appartenait  à  l'avenir  quand  ont  été  écrits  la  cinquième  strophe  et  le 
manuscrit.  Il  est  invraisemblable  que  dans  un  manuscrit  écrit  à  Bangor  on 
ait  conservé,  après  la  mort  de  Cronan,  ces  détails  de  rédaction  qui  nous  le 
présentent  comme  encore  vivant. 

M.  L.  Dehsle,  le  savant  administrateur  de  la  Bibliothèque  nationale, 
auquel  j'ai  montré  les  fac-similé  pubHés  par  M.  Warren,  ne  voit  aucune  ob- 
jection à  la  date  qui  résulte  de  la  strophe  et  du  refrain  ci-dessus. 

Le  texte  est  tout  entier  latin,  à  un  très  petit  nombre  d'exceptions  près, 
qui  nous  montrent  la  langue  déjà  formée  comme  dans  les  manuscrits  du 
viiF  et  du  IX'-*  siècle.  Ainsi,  folio  50,  recto,  on  trouve,  avec  la  désinence 
interne  du  génitif  singulier  de  la  déclinaison  en  0,  trois  fois  Bcnchuir,  nom 
du  monastère  auquel  l'Antiphonaire  appartenait.  Une  particularité  phoné- 
tique analogue  s'observe  dans  le  titre  irlandais  d'une  oraison,  folio  34, 
recto,  common  oroit  dûn,  littéralement  «  orafe  comrnun  pour  nous  ».  On 
disait  en  Bretagne  et  en  Irlande  Orate  comme  nous  disons  Oremits.  Dans 
oroit,  on  peut  remarquer,  outre  la  prononciation  bretonne  de  Va,  Vi  interne 
représentant  Ve  final.  Cojnmon  représente  la  prononciation  en  irlandais  du 
bas-latin  conwionis  pour  commuais:  5  =  û  est  très  fréquent  dans  les  ma- 
nuscrits irlandais.  Dihi  «  pour  nous  »  est  la  forme  irlandaise  du  viii^  et  du 
ixe  siècle  dont  la  variante  moderne  dnin  apparaît  déjà  dans  le  Lebor  na 
hUidre.  Mutiihcr  «  famille  «  avec  un  //;  au  lieu  d'un  /  (folio  50,  recto), 
comme  on  le  trouve  déjà  observé  dans  la  Gravimatica  celtica,  2«  édition, 
p.  943,  contredit  la  règle  64  de  la  Kiir^efasste  irische  Grammatih  que  nous 
devons  à  M.  Windisch,  p.  67,  68.  L'Antiphonaire  de  Bangor  remonte  au 
siècle  dans  lequel  le  Tain  hô  Cuailnge  a  été  mis  pour  la  première  fois  par 
écrit.  11  est  postérieur  d'un  siècle  à  l'éloge  de  saint  Columba,  Amra  Cho- 


chronique.  157 

luimh  ChilU,  qui  semble  être  le  premier  morceau  littéraire  irlandais  con- 
signé par  écrit  et  conservé  jusqu'à  nous.  Il  est  (fol.  13  vo-15  v°)  un  des 
plus  anciens  monuments  du  culte  de  saint  Patrice. 

XII. 

Les  Monumenta  lirtf^iiai  ihericae  de  M.  Emile  Hùbner  1  nous  transportent 
dans  un  domaine  qui  n"est  point  celtique,  mais  dans  lequel  des  mots  celti- 
ques apparaissent  quelquefois.  Qntbipa  parait  être  la  notation  ibérique  du 
gaulois  Contrebia ;  Seqpices  celle  du  celto-latin  Segobrigenses. 

XIII. 

Je  suis  heureux  d'annoncer  l'achèvement  du  Lexicon  caesarianum  de 
M.  H.  Meusel,  deux  volumes  en  trois  tomes  in-8  publiés  à  Berlin  chez 
Weber,  1887-1895,  viii  pages,  1544,  2450  colonnes,  13  et  94  pages.  Le 
plus  ancien  lexique  de  César  que  nous  ayons  est  V Index  vocabiiloruni  omnium 
qiiae  in  Caesare  Jegunlnr,  qui  termine  l'édition  des  œuvres  de  César  donnée 
à  Paris  en  1678  par  Jean  Godouin,  professeur  au  Collège  de  France,  dans 
la  collection  in  iisiim  serenissimi  Delphi  ni.  De  cette  édition,  il  y  a  eu  plusieurs 
reproductions  anglaises  où  l'index  est  abrégé,  mais  on  le  trouve  complet 
dans  l'édition  de  Valpy,  Londres,  1819.  Le  Lexicon  iu  den  Schriften  Càsars 
und  seiner  Fortset^er  mit  Angabe  sàmtlicher  Stellen  de  M.  Merguct,  léna,  Fis- 
cher, 1886,  grand  in-8,  iv-1142  pages,  est  plus  complet  et  fondé  sur  un  bien 
meilleur  texte  que  celui  de  Godouin,  c'est-à-dire  sur  le  texte  de  Nipperdey, 
Leipzig,  1847.  Celui  de  M.  H.  Meusel  donne  les  variantes  des  manuscrits. 
Il  comprend,  comme  l'index  de  Godouin,  les  noms  propres  laissés  de  côté 
par  M.  Merguet.  Godouin  renvoie  aux  pages  et  aux  lignes  de  son  édition, 
M.  Merguet  aux  livres  et  aux  chapitres,  M.  Meusel  aux  livres,  aux  chapitres 
et  aux  paragraphes.  Le  système  de  classement  du  premier  auteur  n'est  pas 
le  même  que  celui  des  deux  autres.  Godouin  suit  l'ordre  alphabétique  ab- 
solu, faisant  un  article  séparé  de  chaque  forme  du  même  mot  et  intercalant 
d'autres  mots  entre  ces  formes  diverses  si  l'ordre  alphabétique  l'exige.  Ainsi 
entre  cliens  et  clientes  on  trouve  chez  lui  les  cinq  articles  que  donnent  cinq 
cas  du  mot  clientela.  Chez  MM.. Merguet  et  Meusel  chaque  mot  forme  un 
article,  les  diflférentes  formes,  au  lieu  d'être  classées  par  ordre  alphabétique, 
sont  rangées  dans  l'ordre  des  fonctions. 

Le  lexique  de  M.  Merguet  et  celui  de  M.  Meusel  constituent  donc  chacun 
une  œuvre  grammaticale  de  haute  importance,  mais  la  seconde  a  été  exé- 
cutée avec  plus  de  précision  que  la  première.  On  ne  peut  trop  féliciter  l'au- 
teur duraient  et  du  soin  avec  lequel  il  a  composé  son  œuvre,  et  cependant, 
comme  elle  est   surtout   un  travail  grammatical,   les  historiens  pourront 


I.  Berlin,  Reimer,  1893,  in-4,  cxLiv-264  p. 


138  Chronic]ue. 

quelquefois,  pour  certaines  recherches,  trouver  plus  commode  l'ordre  pu- 
rement matériel  suivi,  il  y  a  plus  de  deux  siècles,  par  Jean  Godouin. 

Paris,  le  24  décembre  1895. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


Ces  lignes  étaient  écrites  quand  j'ai  reçu  de  M.  Léopold  Delisle  le  cu- 
rieux mémoire  intitulé  :  Deux  documents  pour  l'histoire  du  Collège  de  France  : 
Discours  inaugural  et  affiche  du  cours  d'Alexandre- Michel  Denyau,  lecteur  et 
professeur  royal  en  médecine,  juin  et  novembre  iSôp.  Dans  le  discours,  je  lis 
ce  qui  suit  :  «  Joannes  Godouin,  sacrarum  litterarum  professer  regius,  ad 
«  supremum  liiteraturae  gradum  ascendit  ;  mirantur  omnes  compendiosam 
«  hac  viam  qua  pucros  vix  bimos  pura  latinitate  informare  solet.  Hac  arte 
(f  auctoritatem  apud  magnâtes  sibi  comparando,  celeberrimae  Universitatis 
«  professores  longo  superat  intervallo,  immensisque  auctus  illustrissimi  du- 
ce cis  Mazarini  liberalitate  divitiis,  magnificam  domum  habitat,  splendide 
«  vivit  ;  quam  tamen  in  mente  decet  modestiam  et  frugalitate  profitetur  ». 

Ainsi  Godouin  avait  des  élèves  âgés  de  deux  ans  à  peine  et  qui  déjà  par- 
laient pur  latin,  il  était  devenu  immensément  riche,  habitait  une  magnifique 
maison,  et  malgré  sa  modération  théorique  et  sa  frugalité  pratique,  son 
genre  de  vie  était  splendide.  Je  doute  que  la  main  d'un  savant  si  éminent  se 
soit  abaissée  jusqu'à  écrire  l'index  vocahuhrum  oiniiiiim  qui  termine  leCaesar 
in  tisuni  Delphini.  Cet  index  doit  être  l'œuvre  de  quelque  obscur  maître  es 
arts  moins  favorisé  de  la  fortune. 

Au  moment  de  donner  le  bon  à  tirer  de  cette  feuille,  j'apprends  que  la 
librairie  Vandenhoeck  et  Ruprecht,  Gôttingen.  vient  de  mettre  en  vente  la 
seconde  partie  du  Vergleichendes  Wôrterhuch  der  Indogermaiiischeu  Sprachen 
d'Auguste  Fick,  4<-'  édition.  Cette  seconde  partie  consiste  dans  le  vocabulaire 
celtique,  Wortschatider  Kellischen  Sprachcinheit ,  de  MM.  Whitley  Stokes  et 
Adalbert  Bezzenberger,  in-8,  vni-337  pages.  Il  sera  ultérieurement  rendu 
compte  de  cet  important  ouvrage. 

Paris,  le  4  janvier  1S94. 

H.  D'A.  DE  J. 


NÉCROLOGIE 


Nous  apprenons  avec  un  vif  regret  la  mort  de  M.  l'abbé  Eugène  Bernard, 
vicaire  général  de  Quimper,  ancien  vice-doyen  de  Sainte-Geneviève  de 
Paris.  Les  lecteurs  de  la  Riviie  Celtique  n'ont  pas  oublié  sa  collaboration,  à 
laquelle  nous  devons  la  publication  de  la  première  journée  du  mystère 
breton  de  la  Création  du  Monde,  Revue  Celtique,  tome  IX,  p.  149-207,  322- 
3)3;  tome  X,  p.  129-21 1,  414-455  ;  tome  XI,  p.  254-317.  M.  l'abbé  Ber- 
nard était  docteur  es  lettres  et  en  théologie.  Il  est  connu  surtout  des  érudits 
par  son  livre  intitulé  Les  origines  de  l'église  de  Paris.  Etablissement  du  chris- 
tianisme dans  les  Gaules.  Saint  Denys  de  Paris  ' .  Bien  qu'appartenant  au  clergé 
de  Paris,  il  a  eu  le  courage  de  démontrer  dans  ce  livre  combien  est  mal 
fondée  la  croyance  de  ceux  qui  confondent  saint  Denys  l'Aréopagite  avec  le 
premier  évèque  de  Paris.  Cet  ouvrage  a  obtenu  de  l'Académie  des  Inscrip- 
tions et  Belles-Lettres  une  mention  honorable  au  concours  des  Antiquités 
Nationales  en  187 1.  L'étude  de  M.  Bernard  sur  Les  Voyages  de  saint  Jérôme, 
sa  vie,  ses  œuvres,  son  influence,  a.  été  couronnée  par  l'Académie  française  et  a 
eu  deux  éditions,  1863,  1867.  Ce  laborieux  érudit  a  publié  aussi  :  Les  Do- 
minicains dans  l'Université  de  Paris  ou  le  grand  couvent  des  Jacobins  de  la  rue 
Saint-Jacques,  1883,  etc.  Né  à  Pontivy  le  8  octobre  1833,  il  est  mort  à 
Quimper  le  16  octobre  dernier.  Il  préparait  un  travail  d'ensemble  sur  les 
mystères  bretons  de  la  Bibliothèque  nationale  dont  il  avait  copié  plu- 
sieurs; grâce  à  l'obligeance  de  son  frère,  M.  H.  Bernard,  recteur  de  Ker- 
gloff,  Finistère,  nous  espérons  pouvoir  utiliser  au  profit  des  lecteurs  de  la 
Rei'iie  Celtique  une  partie  au  moins  des  matériaux  préparés  pour  un  livre 
que  nous  espérions  voir  paraître  bientôt  et  dont  l'auteur  semblait  plein  de 
vie  et  d'avenir  quand  un  coup  subit  nous  l'a  enlevé. 

II. 

Le  i"  janvier  est  mort  à  Paris  M.  Emile  Bouillon,  second  éditeur  de  la 
Revue  Celtique.  Il  avait  succédé  en  1888  à  M.  F.  Vicweg,  son  beau-père  î. 

1.  Paris.  Jouby  et  Roger,  1870,  in-8,  xin-557  pages. 

2.  Sur  ^L  F.  Viewcg,  voyez  Revue  Celtique,  t.  IX,  p.  500. 


140  Nécrologie. 

Je  ne  crois  pas  avoir  jamais  rencontré  libraire  qui  ait  mérité  plus  que  lui  la 
sympathie  de  ses  clients  d'abord  et  ensuite  de  tous  les  honnêtes  gens.  Né  le 
15  février  1848,  en  Allemagne,  à  Dessau,  duché  d'Anhalt,  il  appartenait  à 
une  famille  française  originaire  de  Montbéliard,  et  avait  en  1889  recouvré 
la  qualité  de  Français  par  application  des  articles  9  et  10,  §  2  daCode 
civil.  Il  avait  fait  ses  études  au  gymnase  de  Stuttgard  et  commencé  l'ap- 
prentissage de  la  librairie  dans  la  même  ville  chez  M.  Aue,  son  grand-père. 
Il  avait  été  employé  dans  les  maisons  Laugier  à  Berlin,  Lôscher  à  Turin  et 
Florence,  Haart  et  Steinert,  Baer,  Vieweg  à  Paris,  Schulz  à  Strasbourg 
avant  de  devenir  chef  de  la  maison  où  son  mariage  l'avait  fait  entrer.  A 
une  instruction  plus  élevée  et  plus  complète  que  celle  de  beaucoup  de 
libraires  français,  il  joignait  une  loyauté  et  une  élévation  de  sentiments  qui 
ont  été  de  tout  temps  bien  rares.  Il  laisse  une  veuve  et  trois  jeunes  enfants; 
ces  trois  frais  visages,  mouillés  de  larmes,  derrière  le  char  funèbre,  étaient 
aujourd'hui  l'ornement  et  la  plus  belle  couronne  des  funérailles  paternelles, 
mais  malgré  leur  douleur,  ils  ne  peuvent  pas  encore  comprendre  —  ces 
pauvres  enfants  —  quelle  perte  imm,ense  est  pour  eux  la  mort  du  père 
qu'une  impitoyable  maladie  vient  de  leur  enlever. 

Paris,  le  4  janvier  1894. 

H.  D'A.  DE  J. 


PÉRIODIQUES 


I. 

L'Anthropologie,  tome  IV,  11°  3,  mai-juin  1893.  Dans  un  article  inti- 
tulé La  famille  matriarcale  au  Caucase,  M.  Kovalewsky  résume  une  partie 
des  doctrines  les  plus  intéressantes  contenues  dans  le  livre  annoncé  plus 
haut  p.  151.  Parmi  les  faits  juridiques  intéressants  signalés  par  l'auteur, 
nous  ferons  remarquer  la  concordance  entre  une  coutume  des  Tcherkesses 
et  un  vieil  usage  irlandais.  On  sait  qu'en  général  en  Irlande  les  enfants 
étaient  élevés  hors  de  la  maison  paternelle  :  les  textes  de  droit  sont  là-dessus 
d'accord  avec  la  légende  de  saint  Patrice  et  avec  la  littérature  épique.  Or, 
M.  Kovalewsky,  dans  l'article  dont  il  est  question  ici,  parle  «  d'une  coutume 
«  étrange  qui,  chez  les  Tcherkesses,  est  connue  sous  le  nom  d'«  atalykat  ». 
«  Elle  consiste  en  ce  que  l'enfant  nouvellement  né  ne  reste  pas  dans  la 
»  maison  des  parents,  mais  est  confié  aux  soins  d'une  autre  famille.  La 
«  nourriture  et  l'éducation  de  l'enfant,  lesquelles  ne  vont  pas  plus  loin  que 
«  de  lui  apprendre  à  manier  son  cheval  et  ses  armes,  sont  à  la  charge  de  la 
«  famille  de  l'w  atalyk  »  (tuteur)  qui  parfois  aussi  s'occupe  de  lui  trouver 
«  une  femme.  Entre  le  tuteur  et  l'enfant  confié  à  ses  soins  s'établissent  les 
«  mêmes  rapports  que  chez  nous  entre  le  père  et  le  fils.  Le  caractère  fami- 
«  liai  de  ces  rapports  est  reconnu  par  l'usage  qui  défend  toute  union  entre 
«  la  famille  du  tuteur  et  celle  du  pupille,  étendant  de  cette  façon  à  ces  fa- 
«  milles  la  règle  exogamique  qui  est  établie  pour  les  rapports  entre  mem- 
9  bres  de  la  même  famille  et  de  la  même  confraternité.  De  notre  temps, 
«  la  coutume  de  confier  à  des  mains  étrangères  l'éducation  de  l'enfant  se 
«  perpétue  de  préférence  dans  les  familles  princières  et  nobles,  et  ne  s'ap- 
«  pliquc  exclusivement  qu'aux  garçons  ;  mais  dans  les  anciens  temps,  cette 
«  coutume  était  générale  et  si  sévèrement  pratiquée,  que  la  personne  qui 
«  voulait  être  tuteur  avait  le  droit  de  s'emparer  par  force  de  l'enfant  et  de 
«  l'emporter  dans  son  «  aoùl  ».  Pendant  tout  le  temps  que  le  pupille  reste 
«  dans  la  maison  du  tuteur,  le  père  et  la  mère  ne  doivent  pas,  selon  l'éti- 
«  quette,  s'informer  de  son  sort,  ni  en  général  montrer  la  moindre  inquié- 
«  tude.  Quand  le  pupille  arrive  à  la  majorité,  c'est-à-dire  quand  il  se 
«  montre  capable  de  prendre  part  à  la  guerre,  !'«  atalyk  »  le  conduit  triom- 
«  phalement  à  son  père.  Le  père,  après  avoir  comblé  le  tuteur  de  présents, 


142  Périodiques. 

«  reçoit  le  fils  dans  sa  famille.  Cet  acte  est  précédé  d'une  cérémonie  sym- 

ic  bolisant  le  mauvais  vouloir  de  la  famille  à  le  laisser  reconnaître  pour  fils. 

«  Bell,  qui,  personnellement,  a  été  présent  à  la  remise  du   fils  aux  mains 

«  du  père,  raconte  que  la  troupe  de  cavaliers  qui  reconduisait  le  tirteur  et 

«  son   pupille   subit  une  attaque   simulée  de  la  part  de  la  jeunesse  de 

«  r«  aoûl  »  paternel  ;  quelques  minutes  se  passèrent   au  milieu  de  coups 

«  de  fusil  tirés  à  poudre  ;  enfin  r«  atalyk  »  réussit  à  se  frayer  un  passage.  » 

II. 

Revue  archéologiq.ue,  troisième  série,  tome  XXI,  n"  de  mai-juin  1893. 
M.  Salomon  Reinach  donne  la  fin  de  son  étude  sur  «  les  monuments  de 
pierre  brute  dans  le  langage  et  les  croyances  populaires  »  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut,  p.  334.  En  voici  la  conclusion  : 

«  L'archéologie  comparée  nous  montre  de  plus  en  plus,  d'un  bout  à 
«  l'autre  de  l'ancien  monde,  une  même  civilisation  matérielle,  pélasgique 
«  en  Grèce,  innommée  ailleurs,  ayant  prévalu  à  une  époque  très  reculée, 
«  qui  est  le  début  de  l'ère  des  métaux.  Plus  nous  étudions  les  monuments 
«  de  cette  civilisation,  qu'on  rapportait  naguère  si  volontiers  à  des  origines 
«  orientales,  plus  nous  nous  persuadons  qu'elle  n'a  rien  de  commun  avec 
«  la  Babylonie  ni  avec  l'Egypte,  que  les  analogies  qu'on  a  fait  valoir  por- 
«  tent  sur  des  suggestions  ou  sur  des  emprunts  et  sont,  pour  ainsi  dire, 
«  toutes  superficielles.  Si  nous  comparons  seulement  la  Gaule  de  l'Ouest 
«  et  la  Grèce,  nous  voyons,  de  part  et  d'autre,  de  grandes  constructions  en 
«  blocs  énormes,  indépendantes  de  tout  modèle  oriental,  des  poignards 
«  triangulaires  en  cuivre,  avec  rivets,  d'une  forme  qui  n'est  ni  égyptienne 
«  ni  assyrienne,  des  vases  ornés  d'incisions  remplis  d'une  substance 
«  blanche,  d'autres  pourvus  de  mamelons  perforés  tenant  lieu  d'anses  ;  la 
«  décoration  de  certains  vases  découverts  à  Mycènes  rappelle  singulièrement 
«  les  demi-cercles  surhaussés,  concentriques,  gravés  sur  le  granit  de  l'allée 
«  couverte  de  Gavr'inis  ou  sur  un  vase  de  même  époque  récemment  tiré 
«  d'un  dolmen  près  de  Q.uiberon.  D'autres  considérations,  empruntées  les 
«  unes  aux  traditions  écrites,  les  autres  aux  survivances  du  folklore,  nous 
«  font  entrevoir  des  similitudes  non  moins  frappantes  dans  le  domaine  des 
«  religions  primitives.  Il  est  donc  tout  au  moins  permis  de  croire  que  plu- 
«  sieurs  dizaines  de  siècles  antérieurement  à  la  grande  unité  réalisée  par  la 
«  conquête  romaine,  il  a  existé  une  autre  unité  dont  la  cause  nous  restera 
«  toujours  inconnue.  Faut-il,  comme  l'indolence  en  est  facilement  tentée, 
«  la  mettre  sur  le  compte  des  aptitudes  instinctives  de  l'esprit  humain, 
«  dont  les  premières  manifestations  sont  uniformes,  quoique  indépendantes 
«  les  unes  des  autres  ?  Faut-il  faire  intervenir  les  événements  mystérieux 
«  dont  témoignent  la  diff'usion  des  animaux  domestiques  et  des  céréales, 
«  ou,  dans  un  tout  autre  ordre  de  faits,  la  diff'usion  des  langues  aryennes? 
«  N'est-on  pas  porté  à  admettre  que  le  courant  de  civilisation  pélasgique, 
«  au  lieu  de  se  mouvoir  d'Orient  en  Occident,  comme  on  le  croit  d'ordi- 
«  naire,  ait  pris  naissance,  au  contraire,  quelque  part  dans  l'ouest  de  l'Eu- 


Périodiijues.  143 

«  rope,  pour  gagner  de  là  l'Italie,  la  presqu'île  des  Balkans,  l'Asie-Mineure 
«  et  ne  s'y  trouver  en  contact  que  vers  le  xvi^  siècle  avant  notre  ère  avec 
«  le  courant  égypto-babylonien  ?  C'est  à  cette  dernière  solution  que  j'in- 
«  cline,  mais  sans  oser  encore  rien  affirmer.  Car  ces  questions  sont  de 
«  celles  auxquelles  on  ne  peut  se  flatter  que  l'avenir  même  doive  donner 
«  réponse  et  qu'on  se  sent  déjà  quelque  hardiesse  à  poser  sans  les  ré- 
«  soudre.  » 


III. 


La  Zeitschrift  fur  vergleichende  Sprachforschung  auf  dem  Gebiete 
DER  indogermanischen  Sprachen,  tome  XXIII,  nouvelle  série,  tome  XIII, 
2c  livraison,  contient  trois  articles  intéressants  pour  les  celtistes. 

Le  premier,  p.  274-284,  est  de  M.  Zimmer  et  a  pour  point  de  départ  les 
gloses  vieil-irlandaises  du  manuscrit  latin  de  Munich  14429.  Ces  gloses 
sont  sur  :  1°  colostrum,  c'est-à-dire  «  premier  lait  d'une  femme  ou  d'ani- 
maux »,  mis,  id  est  lac  novum  ;  2°  ingiicn  (ms.  iungtiis)  «  aine,  flanc,  bas- 
ventre  »,  bleu  ;  30  intestina  «  intestins  »,  coel  chomae  ;  ^°  panns  «  fil  de  tis- 
serand »,  flesc  cou  àil ;  S°  vespa  «  guêpe  yi,foich.  Nui  s'explique  par  un  pri- 
mitif nû-ass,  littéralement  «  nouveau  lait  »  ;  ass  «  lait  »  est  noté  as  dans  le 
dictionnaire  d'O'Reilly  et  dans  celui  d'O'Davoren,  d'où  il  est  passé  dans 
celui  de  M.  Windisch.  Bien,  comme  l'écrit  M.  Windisch,  noté  blêan  chez 
O'Reilly,  est  un  mot  connu.  On  peut  en  dire  autant  de  coel  chomae,  dont 
le  génitif  pluriel,  inna  coilchomae  glose  inlestinorum  dans  le  Priscien  de 
S.  Gall,  et  a  été  cité  dans  la  Granimatica  ccJtica,  2^  édition,  p.  73.  Flesc  cou 
àil  veut  dire  «  baguette  avec  crochet  »,  Flesc  est  un  mot  connu.  Pour  ce 
qui  est  à\iil,  on  peut  consulter  Ascoli,  Glossariuvi  pulaeo-hibernicuiii,  p.  xvii. 
Le  plus  intéressant  est  la  glose  sur  vespa,  foich,  qui  est  vraisemblablement 
un  emprunt  à  un  collectif  brittonique  *  iiochi,  signifiant  «  les  guêpes  » 
et  primitivement  accusatif  pluriel  d'un  thème  masculin  uespo,  identique,  sauf 
le  genre,  au  latin  vespa  et  dans  lequel  le  groupe  sp  s'est  changé  en  se,  puis 
en  ch  comme  dans  le  gallois  ucher'^z  vesper. 

Le  second  article  est  de  M.  Strachan,  qui  dans  les  quatre  pages  304-307 
réunit  quinze  études  étymologiques,  toutes  sur  des  mots  irlandais,  à  l'ex- 
ception d'une,  qui  concerne  un  mot  gallois. 

Le  dernier  article  est  de  M.  Whitley  Stokes  qui,  ayant  publié  dans  le 
même  tome  de  la  même  revue,  p.  62-80,  les  gloses  irlandaises  du  manus- 
crit de  Florence,  bibliothèque  laurentienne,  Plut.  XLV,  14,  ajoute  à  son 
article  des  notes  supplémentaires  inspirées  par  le  manuscrit  de  la  Biblio- 
thèque nationale,  ms.  latin  7960.  La  Revue  Celtique  doit  à  la  bienveillance 
de  M.  Whitley  Stokes  une  édition  des  gloses  du  ms.  de  Paris.  Elle  a  paru 
dans  le  précédent  volume,  p.  226-235. 


1 44  Périodi(]ues. 


IV. 

Archaeolocia  Cambrensis,  octobre  1893.  Les  deux  articLes  qui,  dans  ce 
numéro,  m'ont  semblé  les  plus  intéressants,  sont  dus  à  la  plume  de  M.John 
Rhys,  et  concernent  des  inscriptions  ogamiques.  Dans  le  premier  article, 
p.  285-291,  le  savant  auteur  émet  une  hypothèse  fort  séduisante.  A  Llan- 
deilo  Llwydarth,  dans  le  nord  du  comté  de  Pembroke,  on  a  trouvé  la 
tombe  d'un  personnage  dont  le  nom  est  écrit  au  génitif  AudageUi  deux 
fois,  l'une  en  caractères  latins,  l'autre  en  caractères  ogamiques.  M.  Rhys 
rapproche  ce  nom  de  celui  du  borgne  Ingcél,  fils  d'un  roi  breton  et  associé 
avec  des  Irlandais  exilés,  de  concert  avec  lesquels  il  accomplit  plusieurs 
actes  de  brigandage.  Un  de  ces  actes  de  brigandage  est  le  sujet  du  célèbre 
morceau  épique  irlandais  intitulé  Togaiî  hruâne  Dà  Dergae.  M.  Zimmer,  dans 
son  analyse.  Revue  de  Kuhn,  tome  XXVIII,  p.  558,  appelle  ce  personnage 
Jngcel  sans  noter  la  longue,  qui  est  cependant  marquée  cinq  fois  dans  le 
Lebor  na  hUidre,  p.  84,  col.  2,  1.  20,  26,  33,  36,  39,  contre  une  fois,  1.  28, 
où  Vapex  manque  sur  IV.  L'e  d'Ingcél  est  donc  long.  Ce  mot  se  termine  par 
une  seule  /,  tandis  qu'il  y  en  a  deux  dans  Andagelli.  Enfin  Andagelll  n'ex- 
plique pas  le  c  de  Ingcél,  qui  paraît  tout  simplement  composé  de  i)ig  «  dan- 
ger »,  et  de  ccl  «  bouche  »  et  «  prophétie  »  '.  Pour  admettre  l'identité  du 
mot  breton  écrit  au  génitif  Andagdli  avec  le  nom  du  personnage  mentionné 
dans  Togail  brudtie  Dd  Dergae,  il  faut  supposer  que  le  nom  breton  a  été  dé- 
formé en  Irlande  par  l'efïet  d'une  étymologie  populaire.  Ingcél  pouvait  si- 
gnifier «  prophétie  de  danger  »,  nom  bien  choisi  pour  un  brigand. 

Le  second  article  de  M.  Rhys,  p.  35)-3  57,  consiste  en  une  lettre  précé- 
demment insérée  dans  V Academy  du  23  août  dernier.  11  concerne  une  ins- 
cription ogamique  récemment  trouvée  à  Silchester,  comté  de  Southampton, 
non  loin  de  Winchester,  par  conséquent  à  une  grande  distance,  du  pays  de 
Galles.  M.  Rhys  lit  Ebicatos  maqi  niucoi,  c'est-à-dire  :  «  tombeau  d'Ebicatus 
(mieux  Evo-catu-s),  fils  du  petit-fils  de ». 

V. 

The  Academy,  12  août,  p.  132,  19  août,  p.  151,  26  août,  p.  174. 
Compte  rendu  très  élogieux  du  Nennius  vindlcatus  de  M.  Zimmer  par 
M.  Alfred  Nutt. 

2  septembre  1893,  p.  193.  Critique  par  M.  Whitley  Stokes  d'une  hypo- 
thèse de  M.  Zimmer  suivant  lequel  il  y  aurait  eu  en  vieil  irlandais  une  tra- 
duction des  odes  d'Horace. 

16  septembre,  p.  235,  note  de  M.  F.  Olden  sur  la  mission  de  Palladius 
et  sur  les  rapports  de  son  apostolat  avec  celui  de  saint  Patrice. 


I.   Dictionnau-e  d'O'Clcry,  Revue  Celtique,  tome  IV,  p.  383. 


Périodiques.  145 

14  octobre,  p.  321.  Nouvel  essai  de  lecture  des  inscriptions  ogamiques 
irlandaises  de  Whitefield  et  de  Monataggart,  par  M.  R.  A.  S.  Macalister. 
—  P.  324,  le  père  Hogan  propose  une  correction  à  son  édition  de  la  ba- 
taille de  Ros-na-rig.  Bude-chaiti,  p.  20,  217,  qui,  suivant  lui,  aurait  signifié 
«  complètement  satisfait,  content  d'avoir  mangé,  rassasié  «,  et  qu'il  a  ex- 
pliqué par  bude  «  contentement  »,  et  par  chaithim  «  je  mange  »,  serait  la 
notation  en  moyen  irlandais  d'un  vieil  irlandais  budechit-de,  dont  le  premier 
terme  est  le  comparatif  de  l'adjectif  Zw^^tV;,  et  dont  le  second  terme  serait  la 
particule  de,  où  l'on  doit  reconnaître  la  préposition  di,  .plus  un  pronom  de 
la  3e  personne.  De  veut  dire  littéralement  «  de  cela  »  et  s'emploie  avec  le 
sens  de  «  d'autant  plus  »  ' .  Btidechaiti  signifie  donc  «  d'autant  plus  recon- 
naissant et  content  ». 

II  novembre,  p.  415.  Essai  d'une  explication  de  l'inscription  gravée  sur 
la  pierre  de  Newton,  en  Ecosse,  comté  d'Aberdeen.  On  sait  que  cette  ins- 
cription est  gravée  partie  en  caractères  latins,  partie  en  caractères  ogami- 
ques. M.  Nicholson  ne  trouve  aucune  difficulté  à  l'interprétation  de  ce  do- 
cument. L'avenir  nous  apprendra  si  parmi  les  gens  compétents  il  trouve 
beaucoup  d'approbateurs. 

VI. 

A  propos  du  livre  de  M.  Fritz  Bechtel,  Die  Haupt-proUeme  der  indogerma- 
nischen  Lautlehre  seit  Schleicher,  j'ai  indiqué  plus  haut  (t.  XIII,  p.  405), 
combien  il  me  semblait  difficile  d'admettre  dans  le  grec  'j'^riXo;  une  excep- 
tion à  la  loi  formulée  par  M.  de  Saussure  :  que  la  gutturale  vélaire  ne  se 
labialise  pas  en  grec  après  ».  J'aurais  plus  volontiers  consenti  à  séparer  éty- 
mologiquement  •j'lr,Àô;  de  son  synonyme  gaulois  z(.Vf'//o- (dans  Uxellodununi). 
•  La  question  a  été  reprise  dans  les  Mé.moires  de  la  Société  de  Likguis- 
TiauE  (t.  VIII,  p.  256-259),  par  M.  Louis  Duvau,  qui  montre,  d'une  part, 
l'impossibilité  de  séparer  G']/7-,Xo';,  'j'^o;  de  i-ep,  latin  super,  et,  par  suite,  la 
nécessité  de  poser  un  prototype  ups-  et  non  ukiS  pour  ces  mots  grecs; 
d'autre  part,  rapprochant  le  nom  gaulois  Crixiis  (gallois  aych  «  frisé  »)  du 
latin  crispus,  il  établit  que  le  ps  indo-européen  devient  nécessairement  h  en 
celtique.  Autres  exemples  :  gallois  ucher  «  soir  »  où  ch  représente  réguliè- 
rement un  plus  ancien  ks,  cf.  ËaTtcpo;,  lat.  vesper.  On  pourrait  y  ajouter 
foich  «  vespa  »  que  nous  citons  plus  haut,  p.  143. 

Cette  hypothèse  nous  dispense  d'admettre  en  grec  une  infraction  à  la  loi 
posée  par  M.  de  Saussure  et  nous  permet  de  conserver,  en  le  précisant,  le 
rapprochement  traditionnel  entre  uxello-  et  uil^r^Ào';. 

Vil. 
Axx.XLES  DE  Bret.\GN'E,  tomc  IX,  première  livraison,   novembre  1893. 

I .  E.  Windisch,  Irische  Texte,  467-46CS.  R.  Atlcinson,  The  passions  and  the 
boinilies,  p.  628.  Grammatica  celtica^,  p.  276. 

Revue  Celtitjue,  XV.  10 


146  Périodiques. 

P.  35,  Le  Braz,  Les  saints  bretons  d'après  la  tradition  populaire  (suite).  — 
P.  53,  Luzel,  Les  trois  chiens  Brise-Tont,  Passe-Partoiit  et  Plus-Vitc-que-le- 
Ventiûn).  —  P.  81,  J.  Loth,  La  vie  de  S.  Eliau  d'après  le  livre  de  Llandaf, 
premier  article.  —  P.  86,  G.  Dottin,  Contes  irlandais  modernes,  texte  et  tra- 
duction (fin).  Il  y  a  un  tirage  à  part  de  cette  intéressante  publication.  — 
P,  120,  Luzel,  Sermon  evit  gouel  an  holl  ^ent,  sermon  burlesque  pour  la 
fête  de  la  Toussaint,  texte  breton  et  traduction. 


Vin. 

FuLK-LoRE,  tome  IV,  vol.  IV,  n"  3,  p.  365,  rapport  de  M.  Alfred  Nutt 
sur  les  principaux  ouvrages  relatifs  à  la  mythologie  et  aux  légendes  irlan- 
daises qui  ont  paru  pendant  les  années  1892  et  1&93,  savoir  :  l'édition  du 
Cath  Riris  na  Rîg  donné  par  le  Père  E.  Hogan,  le  mémoire  de  G.  Coffey 
sur  les  tombelles  de  Nevvf  Grange,  Douth  et  Knowth,  la  Silva  gadelica  de 
M.  St.  O  Grady,  le  Nenniiis  vindicatus  de  M.  Zimmer  et  les  chansons 
d'amour  de  Connaught.  Tout  le  monde  sait  que  M.  Alfred  Nutt  est  un  des 
folkloristes  contemporains  les  plus  compétents,  et  on  trouvera  dans  son 
mémoire  des  points  de  vue  dont  il  n'est  pas  question  dans  les  comptes 
rendus  que  la  Revue  Celtique  a  publiés  des  mêmes  ouvrages. 

FoLK-LoRE,  vol.  4,  no  4,  p.  471-497,  édition  par  M.  Whitley  Stokes  de 
la  fin  d'un  fragment  du  Dinnshcnchas,  consistant  en  cinq  feuilles  de  par- 
chemin découvertes  par  M.  H.  Gaidoz  à  la  bibliothèque  des  avocats 
d'Edimbourg  et  signalées  par  lui  dans  la  Revue  Celtique,  tome  VI,  p.  113. 
Le  texte  édité  par  M.  Whitley  Stokes  comprend  vingt-deux  articles  qui  font 
défaut  dans  le  manuscrit  d'Oxford,  dont  il  a  donné  une  édition  dans  le 
tome  III  du  même  journal,  p.  467-516  (cf.  Revue  Celtique,  tome  XIV, 
p.  90-91). 

Ala  suite  de  cet  extrait  du  manuscrit  d'Edimbourg,  p.  473-492,  M.  Whit- 
ley Stokes  a  placé,  p.  492-496,  un  autre  fragment  du  Dinnshcnchas  con- 
servé par  le  manuscrit  du  Musée  britannique  Egerton,  1781,  folio  75,  verso. 

Les  deux  textes  irlandais  sont  accompagnés  d'une  traduction  anglaise  et 
de  notes  aussi  copieuses  qu'intéressantes.  C'est  une  importante  contribution 
à  une  future  édition  complète  d'un  curieux  monument  irlandais. 

IX. 

Allmer,  Revue  ÉPiGRAPHiauE  du  midi  de  la  France,  no  72,  octobre, 
novembre  et  décembre  1893,  donne  le  texte  de  deux  inscriptions  romaines 
trouvées  à  Chalon-sur-Saône  et  qui  contiennent  des  noms  propres  d'hom- 
mes gaulois.  Ces  inscriptions  sont  deux  épitaphes.  L'une,  no  978,  a  été 
placée  sur  le  tombeau  de  Samorix,  Liamari  F///;jj,- Remus,  cavalier  dans  l'J/rt 
longiniana  ;  l'autre,  no  979,  rappelle  la  mémoire  d'Albanus,  Excingi  Vilius, 
dans  VAla  Asturum  et  de  nation  Uhius.  Creuly  avait  connu  ces  inscriptions, 
mais  il  en  a  indiqué  la  provenance  d'une  manière  incomplète  ou  inexacte. 


Périodicjues .  447 

Ainsi  Liamarus,  Revue  Celtique,  III,  299.  et  Samorix,  ihidevi,  505,  sont 
cites  d'après  le  carnet  XV,  p.  27,  sans  indication  de  lieu,  et  pour  Excingus, 
Ubien,  la  mention  fautive  Chalons,  avec  5  finale,  accompagne  le  renvoi 
au  carnet  XV,  p.  26,  Revue  Celtique,  tome  III,  p.   167. 

Suivant  César,  Di  bello  gallico,  1.  IV,  c.  3,  §  3,  1.  VI,  c.  9,  §  7,  les  Ubii 
sont  Germains  ;  c'est  aussi  la  doctrine  de  Pline,  1.  IV,  §  106;  mais  le  nom 
d'homme  Excingus  est  gaulois.  On  peut  donc  se  demander  si,  lorsqu'il 
s'agit  des  Ubii,  la  qualification  de  Germaiii  qui  leur  est  donnée  par  César 
n'est  pas  la  conséquence  de  ce  qu'ils  habitaient  alors  sur  la  rive  droite, 
c'est-à-dire  à  l'est  du  Rhin,  limite  orientale  de  la  Gaule,  ainsi  qu'il  est  dit 
au  début  des  Commentaires  de  bello  gallico.  On  sait  que  c'est  Agrippa  qui  a 
transporté  les  Ubii  sur  la  rive  gauche  du  Rhin,  Strabon,  1.  IV,  c.  3,  §  4, 
édition  Didot,  p.  161,  1.  24-26.  Faisons  observer  que  dès  la  première  des 
guerres  de  César  contre  les  Germains,  en  l'année  58,  les  Ubii  prirent  parti 
pour  les  Romains,  De  bello  gallico,  I,  54.  Us  jouèrent  le  même  rôle  pendant 
la  seconde  de  ces  guerres,  en  l'année  55,  De  bello  gallico,  1.  IV,  c.  16,  19, 
et  pendant  la  troisième,  en  53,  De  bello  gallico,  1.  VI,  c.  9  et  10.  On  peut 
donc  se  demander  s'il  n'y  aurait  pas  à  reviser  la  doctrine  reçue  :  Zeuss,  Die 
Deutschen,  p.  87,  E.  Desjardins,  Géographie  historique  et  administrative  de  la 
Gaule  romaine,  tome  II,  p.  445,  Karl  Mûllenhoff,  Deutsche  Alterlumshinde, 
tome  II,  p.  301,  considèrent,  à  l'exemple  de  César,  les  Ubii  comme  Ger- 
mains. Cette  croyance  lepose-t-elle  sur  des  bases  solides? 

Paris,  le  25  décembre  1893. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


X. 

Le  no  de  juillet-septembre  1839  de  la  Revue  de  Philologie  contient  un 
article  fort  intéressant  pour  les  études  celtiques  :  Betriacum,  Bebriacum, 
par  M.  Lucien  Herr.  En  voici  le  résumé  :  deux  batailles  furent  livrées 
en  l'an  69  auprès  d'un  bourg  voisin  de  Crémone,  l'une  entre  les  troupes  de 
Vitellius  et  celles  d'Othon,  l'autre  entre  les  mêmes  troupes  et  celles  de  Ves- 
pasien.  Le  nom  de  ce  bourg  est  Bebriacum,  selon  Juvénal,  ou  Betriacum 
(var.  Bedriacum)  selon  les  autres  témoignages  anciens.  Un  texte  de  Tacite 
nous  permet  de  choisir  à  coup  sûr  entre  ces  deux  leçons  :  locus  castorum 
uocatur,  dit-il,  Hist.,  II,  24.  Il  ne  s'agit  évidemment  pas  ici  des  Dioscures, 
quoi  qu'en  ait  pensé  M.  Mommsen  :  il  faut  traduire  par  «  le  lieu  dit  des 
castors  ». 

Or,  le  nom  est  certainement  celtique,  le  suffixe -«ram  suffit  à  le  prouver; 
son  radical  doit  donc  contenir  le  nom  celtique  du  castor;  Bebriacum  répond 
évidemment  à  cette  condition  :  il  n'en  est  pas  de  même  de  Betriacum 
(Bedriacum).  Le  doute  ne  semble    donc  plus  permis  ;   c'est  à  Bebriacum 


1 48  Périodiques. 

qu'ont  eu  lieu  les  deux  batailles  de  l'an  69  :  Betriacmn  (Bedriacum)  est  une 
altération  de  ce  nom,  —  conclusion  qui,  comme  le  fait  justement  remar- 
quer M.  Herr,  ne  nous  autorise  nullement  à  rétablir  partout  Bébriacum  dans 
les  textes  l'erreur  remontant  aux  auteurs  et  non  aux  copistes.  La  table  de 
Peutinger  présente  Beloriacum  :  cette  leçon  est  en  tout  cas  plus  proche  de 
Bchriacnm  que  de  Bftriacmn,  et  peut  être  citée  comme  une  preuve  accessoire, 
l'indication  de  Tacite,  locus  castorum  iiocatur,  étant  en  elle-même  décisive. 

L.  DuvAU. 


Le  Propriétaire-Gérant  :  Veuve  E.  BOUILLON. 


Chartres.  —  Imprimerie  DURAND. 


UNE  PHRASE  EN  MOYEN  BRETON 


La  Revue  de  Bretagne,  de  Vendée  et  d'Anjou  a  reproduit,  dans 
son  numéro  de  mars  1889,  p.  211,  212,  l'intéressante  relation 
d'un  voyage  fait  en  basse  Bretagne,  par  Ambroise  Paré, 
l'an  1543.  Une  phrase  bretonne  enchâssée  dans  le  récit  est 
citée  d'après  la  dixième  édition,  Lyon,  1641  ;  une  note  ajoute 
la  leçon  d'une  autre  édition,  sans  doute  plus  récente. 

Voici  la  rédaction  du  passage  tel  qu'il  se  trouve  dans  la  neu- 
vième édition  des  Œuvres  d'Ambroise  Paré,  Lyon,  1633, 
p.  902  A  (Bibliothèque  de  Poitiers).  Il  s'agit  de  la  dernière 
péripétie  d'une  lutte  engagée  entre  «  vn  petit  bas  Breton  bien 
quadrature,  fessu  et  matériel  »,  et  «  vn  grand  Datiuo  ma- 
gister  d'eschole  » . 

«  Ce  grand  Datiuo  eut  grand  despit  d'auoir  esté  ainsi  jette 
par  terre  par  vn  si  petit  hommet  :  il  se  releua  tout  en  cholere, 
&  voulut  auoir  sa  reuanche.  Ils  se  prindrent  derechef  collet  à 
collet,  &  furent  encore  vn  bien  long  temps  à  leurs  prises  ne  se 
pouuans  mettre  par  terre  :  en  fin  ce  grand  homme  se  laissa 
tomber  sur  le  petit,  &  tombant  meit  son  coulde  au  creux  de 
l'estomach,  et  luy  creua  le  cœur,  &  le  tua  tout  mort.  Et  sça- 
chant  luy  auoir  donné  le  coup  de  la  mort,  reprint  sa  longue 
jacquette,  &  s'en  alla  la  queue  entre  les  jambes,  &  s'éclipsa  % 
voyant  que  le  cœur  ne  reuenoit  point  au  petit  homme,  pour 
vin,  vinaigre,  ny  autre  chose  qu'on  luy  presentast.  Je  m'ap- 
prochay  de  luy,  tastay  le  poulx  qui  ne  battoit  nullement,  alors 


I .  Il  faudrait  peut-iître  changer  ici  la  virgule  en  un  point,  et  le  point 
suivant  en  une  virgule. 


Revue  Celtique,  XV. 


1^0  E.  Ernault. 

dis  qu'il  estoit  mort,  Adonc  les  Bretons  qui  assistoient  à  la 
luitte,  dirent  tout  haut  en  leur  baragouyn,  Andra^e  menraquet 
eues  rac  vn  hloa  so  aheudeux  hendcpe  bar:{  an  gouremon  end  ma 
moa  engoustum,  c'est  à  dire,  Cela  n'est  pas  du  jeu.  Et  quel- 
qu'vn  dit  que  ce  grand  Datiuo  estoit  coustumier  de  ce  faire, 
&  qu'il  n'y  auoit  qu'vn  an  qu'il  auoit  fait  le  semblable  à  vne 
luitte.  » 

Pour  me  procurer  les  variantes  antérieures  de  ce  petit  texte 
breton,  j'ai  eu  recours  à  l'obligeance  d'un  de  mes  anciens 
élèves,  M.  J.  Moreau,  dont  l'exactitude  m'est  connue,  et  qui 
m'a  fourni  les  renseignements  suivants. 

La  première  édition,  Paris,  1575,  qui  se  trouve  à  la  Biblio- 
thèque Sainte-Geneviève,  ne  contient  pas  les  a  Voyages  «. 

La  cinquième  édition,  1598,  est  la  plus  ancienne  que  pos- 
sède la  Bibliothèque  Nationale;  la  phrase  y  est  écrite  ainsi: 
Aiidra::ie  menraquet  enes  rac  vn  bloa  soabeudeux  henelep  e  har:{an 
gouremon  eneJ  ma  hoa  engoustun. 

La  septième  édition,  16 14,  et  la  huitième,  1628  (Biblio- 
thèque Sainte-Geneviève)  portent  uniformément  :  Andra~e 
menraquet  enes  rac  vn  hloa  so  aheudeux  henelepe  har:{  an  gouremon 
enel  ma  moa  engoustoum. 

L'édition  Malgaigne,  Paris,  1840-1841  (Bibliothèque  Sainte- 
Geneviève)  indique,  t.  III,  p.  676,  cet  opuscule  comme 
ayant  été  publié  pour  la  première  fois  dans  la  4^  édition,  en 
1585.  Malgaigne  dit,  p.  cccxxi,  que  cette  4^  édition  «  n'existe 
pas  dans  les  bibliothèques  publiques  de  Paris  »  ;  cependant  il 
l'a  eue  entre  les  mains.  Si  le  texte  breton  y  avait  différé  sensi- 
blement de  celui  que  portent  les  éditions  suivantes,  il  est  à 
croire  que  Malgaigne  en  eût  averti  ses  lecteurs,  ce  qu'il  n'a 
point  £iit. 

Nos  trois  leçons  sont  fautives  aussi  bien  que  les  deux  au- 
tres publiées  dans  la  Revue  de  Bretagne,  de  Vendée  et  d'Anjou; 
le  fait  n'a  rien  d'étonnant  pour  un  texte  de  cette  nature. 

Débarrassons-nous  d'abord  des  erreurs  qui  proviennent  de 
la  ressemblance  de  certains  caractères  comme  m  et  n,  n  et  u. 

Pour  retrouver  des  mots  bretons,  il  est  nécessaire  de  lire 
abendeux,  heuelep,  gourenou  ou  gourennou,  euel,  engoustum. 

Moa  est  impossible.  La  variante  hoa  peut  s'admettre;  mais 


Une  phrase  en  moyen  breton.  1 5 1 

on  attendrait  plutôt  uoa,  dont  woa  semble  provenir  plus  natu- 
rellement que  de  boa. 

Meuraquet  a  m  pour  n  ;  son  premier  u  sera  étudié  plus  loin. 

Après  ces  rectifications,  le  texte  en  «  baragouyn  »  laisse  en- 
core à  désirer.  La  glose  qui  le  suit  permet  d'y  constater  des 
lacunes  et  des  transpositions.  Il  devrait  y  avoir  quelque  chose 
comme  ceci  : 

Audra'cneraquel  !  —  E}ies  [cndeux  groaet]  eue!  ma  uoa  engous- 
tum,  rac  vn  bloa  so  ahcndeux  [groaet]  heueîep  e  bar:^^  an  gourennou. 

Littéralement  :  «  Cela  ne  fiilt  pas  (l'afîaire)  !  —  Celui-là  a 
fait  comme  il  était  coutumier,  car  il  y  a  un  an  qu'il  a  fait  de 
même  dans  les  luttes.  » 

Malgré  de  fâcheuses  incertitudes,  nous  avons  là  un  spécimen 
intéressant,  et  unique  en  son  genre,  du  moyen  breton  parlé. 
Pour  nous  rendre  compte  des  conditions  dans  lesquelles  il  a 
été  recueilli,  remarquons  d'abord  que  la  scène  se  passait  à 
Landerneau  ou  dans  les  environs  :  «  Ils...  me  menèrent  auec 
eux  iusques  à  Landreneau  »  (9^  éd.,  p.  901  c),  et  que  le  fa- 
meux chirurgien  se  trouvait  avec  de  nobles  personnages  bre- 
tons. Voici  le  curieux  passage  qui  précède  le  récit  des  luttes 
(901  d): 

«  Monsieur  d'Estampes  pour  donner  passe-temps  et  plaisir 
à  mesdits  Seigneurs  de  Rohan  et  de  Laual,  et  autres  Gentils- 
hommes, fliisoit  venir  aux  festes  grande  quantité  de  filles  vil- 
lageoises pour  chanter  des  chansons  en  bas  Breton,  où  leur 
harmonie  estoit  de  coatcr  comme  grenouilles,  lors  qu'elles 
sont  en  amour.  Dauantage  leur  faisoit  dancer  le  triori  de  Bre- 
tagne... Il  les  faisoit  moult  bon  oûir  et  voir.  » 

11  y  a  lieu  de  supposer  qu'un  de  ces  gentilshommes  qui  en- 
touraient Ambroise  Paré  lui  aura  rendu  le  service  de  l'aider  à 
écrire  les  quelques  mots  bretons  qui  l'avaient  frappé.  En  tout 
cas,  cette  transcription  est  fondée  sur  l'observation  directe  de 
la  langue  usuelle  et  ne  tient  aucun  compte  de  l'orthographe 
traditionnelle  qui  prévalait  alors  (cf.  Rev.  Cclt.,  XIII,  242). 

Nous  examinerons  d'abord  la  liaison  de  certains  mots  dans 
l'écriture,  puis  la  forme  spéciale  de  deux  autres. 

A}idra~e  «  cette  chose-là  »,  se  prononce  aujourd'hui  ainsi; 
on  écrivait  au  xvi'=  siècle  an  ira  se,  an  dra  se,  an  drase. 


1^2  E.  Ernault. 

Meuraquet,  lisez  neuraquet  «  ne  fait  pas  »,  a  un  premier  u 
fort  insolite.  Comme  aucune  autre  lettre  n'est  surabondante 
dans  la  phrase,  on  peut  conjecturer  que  Yu  est  une  faute  pour 
r:  cf.  nerraff,  je  ne  fais  pas,  Sainte-Barbe,  762,  v.  5  {arrin,  je 
ferai,  763).  Ce  n'était  point  l'usage  de  joindre,  dans  l'écriture, 
le  mot  quel  «  pas  »  au  précédent.  Cette  orthographe  se  trouve 
constamment  suivie  dans  VExpJication  an  doctrin  christen, 
Guingamp,  1838:  ne  gredetquet,  vous  ne  croyez  pas,  ne  gre- 
dontquet,  ils  ne  croient  pas,  ne  gredoïnîquet,  ils  ne  croiront  pas, 
ne  gredfachquet,  vous  ne  croiriez  pas,  II,  17,  etc.,  etc. 

Engoustum  «  dans  la  coutume  »  est  aussi  logiquement  écrit 
en  un  seul  mot  que  les  deux  expressions  précédentes,  puisqu'il 
y  a  encore  ici  une  mutation  initiale.  La  notation  habituelle  eût 
été  en  coustum.  On  voit  que  ce  mot  était  du  féminin  ;  il  avait 
une  variante  custum.  Le  P.  Grégoire  de  Rostrenen  reconnaît  les 
deux  genres  au  breton  moderne  custum,  auquel  il  donne  un 
équivalent  vannetais  coustum.  Le  Gonidec  et  Troude  font 
kustum  du  masculin  seulement. 

Abendeux  «  depuis  qu'il  a  »  eût  probablement  été  écrit  par 
un  auteur  breton  a  pa  endeux,  aba  endeux  ou  a  pan  deux. 

C'est  une  inconséquence  d'écrire  e  ba}\  «  dans  »,  ces  deux 
syllabes  formant  un  ensemble  aussi  bien  hé  que  les  quatre 
groupes  que  nous  venons  d'étudier.  L'orthographe  commune 
était,  du  reste,  eba}\. 

Les  deux  mots  qui  présentent  des  formes  nouvelles  en 
moyen  breton'  sont  enes  et  bloa. 

Eues  «  celui-là  »  s'écrivait  hennei;  le  :~  était  dur.  L'/;  est 
quelquefois  peu  sensible  en  léonais  et  en  vannetais  ;  il  s'entend 
fort  bien  en  trécorois  ;  cf.  Rev.  Celt.,  III,  55,  232.  Notre 
texte  distingue,  d'ailleurs,  exactement  les  mots  de  même  ori- 
gine euel  et  heuelep. 

Bloa  «  année  »  semblerait,  au  contraire,  un  trccorisme  pour 
bloaT^.  La  chute  du  1  doux  avait  commencé  à  se  produire  au 
xvi'^  siècle,  bien  que  les  exemples  écrits  en  soient  alors  assez 
rares.  On  peut  citer  :  bugalc^,  plus  souvent  bugale,  enfants  ; 
hente  (son)  proche,  (son)  prochain,  B  759,  rimes  en  e,  par- 
tout ailleurs  en  moy.  bret.  hente:{;  le  P.  Grégoire  ne  signale 
que  hentei,  D.  Le  Pelletier  a  «  hente,  et  anciennement  /;t'«/q  »; 


Une  phrase  en  moyen  breton.  1 5  3 

van.  heenté,  m.,  Dictionnaire  de  L'A***;  caffoeaf,  pleurer,  dé- 
plorer, Poèmes  bretons,  80,  dérivé  de  cafuoe^,  chagrins,  ibid., 
5,  rime  q,  pluriel  de  cafu,  Middk-Breton  Hours,  aujourd'hui 
hanv,  kaori,  deuil,  tristesse. 

D'autres  exemples  apparents  du  même  phénomène  ne  relè- 
vent pas  uniquement  de  la  phonétique.  L'influence  française 
est  sans  doute  pour  quelque  chose  dans  la  coexistence  en 
breton  moyen  de  mots  comme  volonté:^  et  iwlante,  volonté  ;  ver- 
tu::^  et  vertu,  auxquels  on  peut  ajouter  meur7;^largie:{,  meur^ar- 
gci,  mardi  gras,  Catholicon,  =  le  nom  de  personne  Marlargie^ 
en  1582,  Mrt/7rt;-o-q  en  1565,  1568,  1581,  1587,  1607,  Mar- 
large  en  1592,  1607,  1608,  Marlaryge  en  1607  (Malarge^^  en 
1630,  1631,  1640),  registres  de  Pédernec,  voir  la  seconde 
édition  de  mon  Glossaire  moyen-breton.  Comparez  les  échanges 
de  suffixes  signalés  i^cf.  Celt.,  XIV,  309.  Le  bret.  moy.  n'a, 
à  notre  connaissance,  que  paue,  pavé  (vieux  français  pavée); 
scourge::^,  fouet,  fr.  escourgée,  et  chaucer,  chaussée  ;  mais  les 
formes  moàQtnes  pave:^,  van.  paouérr,  et  van.  scourge,  scourgér, 
Grég.,  peuvent  remonter  aussi  haut  que  les  autres  (le  bret. 
moy.  mortel,  mortier,  mod.  id.,  Gr.,  van.  mortér,  l'A.,  est 
dans  le  cas  de  tabler,  van.  tabler,  Rev.  Celt.,  XIV,  309)  ^ 

Je  suis  porté  à  attribuer  à  l'analogie  le  z.  du  bret.  moy.  as- 
f/t'-  «  sein  de  robe  »  =zascre,  gall.  asgre  ;  cf.  mod.  Andre^, 
André,  rime  q,  Sauvé,  Proverbes,  823  (André,  825,  826); 
tréde:;^,  troisième  «  selon  quelques-uns  »,  d'après  Le  Gonidec 
(bret.  moy.  et  mod.  trcde)-,  et  Rcv.  Celt.,  V,  127. 

1.  J'ai  eu  tort  de  regarder  le  moy.  bret.  a:^  «  de  ton  »  comme  ayant  i 
doux,  Rev.  Celt.,  V,  125  ;  la  prononciation  a,  pour  ce  mot  comme  pour  a:( 
dans  tue  ai  pet,  me  a  pet,  je  te  prie  (voir  Dictionnaire  étymologique  du  breton 
moyen,  v.  fl  9  et  fl  10)  vient  de  ce  que  ces  proclitiques  s'unissent,  dans  la 
prononciation,  à  la  consonne  initiale  du  mot  suivant  ;  cf.  bo^  et  ho,  votre  ; 
ei  vihet  et  effihet,  vous  serez,  etc. 

2.  Le  breton  moyen  et  moderne  est  d'accord  avec  le  comique  pour  pro- 
noncer sans  i,  eguile,  l'autre,  pevare,  quatrième,  prv,  argile,  quere,  cordon- 
nier (voir  ce  mot  au  Glossaire  moy.  bret.).  Il  est  bien  probable  que  le  léonais 
claustle,  Grég.,  klaoustrê,  Gon.,  vannetais  coustelè,  coustte,  gageure,  f.,  a 
perdu  un  :^  et  vient  de  * co-geistl-iâ  ;  cf.  le  gall.  cyugwystledd,  m.,  gageure, 
et  Rev.  Celt.,  VIII,  508.  Le  gallois  même  semble  avoir  des  incertitudes  : 
ele>ii,  cette  année,  erllenedd,  ellynedd,  l'année  dernière  (léonais  helene  et  var- 
lene,  trécorois  erlanne)  ;  cf.  Stokes,  Celtic  Declension,  44  ;  Rhys,  Rev.  Celt., 
VI,  14-16  ;  Xettlau,  Ra'.  Celt.,  X,  322,  323. 


154  ^-  Ernault. 

Le  breton  moyen  ou,  oae,  il  était,  oe,  il  fut,  n'a  pas  perdu 
directement  non  plus  le  ;(  qui  se  montre  en  léonais  duxii^  siècle 
dans  la  phrase  de  Guillaume  le  Breton,  niech  (lisez  nieth)  oedd 
«  pudor  fuit  »,  citée  par  M.  de  la  Villemarqué,  Poèmes  bre- 
tons, p.  236,  cf.  V.  gall.  oid,  aujourd'hui  oedd.  Il  y  a  eu  in- 
fluence d'une  forme  diff'érente,  boe,  il  fut,  comique  bue. 

Il  y  a  encore  une  autre  façon  d'expliquer  la  forme  bloa. 
Dans  l'expression  qui  nous  occupe,  et  qu'un  auteur  breton  eût 
écrite  vn  bloa:{  so  (d.  Sainte-Nonne,  103),  le  ~  pouvait  se 
fondre  avec  le  son  sifflant  qui  suit,  en  un  ç  :  cf.  bret.  moy. 
diySul  Qi  dicxid,  dimanche,  mod.  diç^ul,  Grég.,  de  dei^-\-  sul ; 
dac:^on,  dac-orch  =  da~  +  son,  sorch,  Rev.  Celt.,  XI,  354.  Une 
autre  combinaison  analogue  se  montre,  Sainte-Barbe,  191,  où 
la  seconde  syllabe  de  euit  se  rime  en  iç,  et  760,  où  le  même 
fait  a  lieu  et  est  confirmé  par  la  graphie  c  uic:^e.  Us  du  mot  se 
a  dû  de  se  conserver  en  breton  à  cette  circonstance,  qu'il  s'ap- 
puyait souvent  sur  une  consonne  précédente  ;  sans  quoi  il 
serait  devenu  /;. 

La  seconde  explication  de  bloa  est  la  plus  naturelle  ;  elle 
nous  dispense  d'admettre  dans  le  léonais,  au  xvi'  siècle,  une 
prononciation  trécoroise  qui  n'y  existe  pas  encore  aujourd'hui. 
Dans  cette  hypothèse,  vu  bloa  so  aurait  été  mieux  écrit  vn 
bloaczp ;  cf.  van.  guerço,  guerço  :^ou,  il  y  a  longtemps,  =  giier 
so,  giierso,  chez  le  P.  Grég.  guer:^-so,  etc.  (Gloss.  moy.-brct.,  v. 
guers). 

E.  Ernault. 


CONFESSION    DES    PÉCHÉS 

ATTRIBUÉE  A   SAINT  PATRICE 


La  confession  suivante,  attribuée  à  saint  Patrice,  se  lit  dans  le  manuscrit 
Angers  14  (ix^  siècle,  ou  plutôt  ix^-xe),  au  folio  180  v",  à  la  suite  du 
Psautier  (gallican),  qui  est  immédiatement  suivi  des  Cantiques  et  d'une  lita- 
nie où  sont  invoqués  les  saints  du  centre  et  du  nord  de  la  France,  de  Bour- 
ges et  de  Poitiers  jusqu'à  Cologne  et  à  Liège,  avec  saint  Boniface,  saint  Co- 
lomban  et  saint  Gall.  La  confession  de  saint  Patrice  est  suivie,  au  fol.  183  v", 
de  la  Confessio  qiiain  heatus  Akuinus  composuit  Domno  Karolo  impcratori  (Do- 
miims  tnaestimabilis  miscricordiae,  Detis  inmensae  pietatis. . . j  '  et  de  diverses 
autres  pièces,  en  particulier  de  plusieurs  prières.  Ce  manuscrit  paraît  écrit  à 
Tours,  à  en  juger  par  la  semi-onciale  caractéristique  des  manuscrits  de 
Tours,  dans  laquelle  est  écrite  la  première  ligne  de  chaque  Psautier. 


INCIPIT  CONFESSIO  SANCTI  PATRICII  EPISCOPL 

Deus,  Deus  meus,  rex  omnipotens,  ego  humiliter  te  adoro. 
Tu  es  rex  regum,  dominus  dominantium.  Tu  es  arbiter  omnis 
saeculi.  Tu  es  rcdemptor  animarum.  Tu  es  liberator  creden- 
tium.  Tu  es  spes  laborantium.  Tu  es  paraclytus  dolentium.  Tu 
es  via  errantibus.  Tu  es  magister  gentibus.  Tu  es  creator  om- 
nium creaturarum.  Tu  es  amatorboni  omnis.  Tu  es  princeps 
omnium  virtutum.  Tu  es  gaudium  omnium  sanctorum  tuo- 
rum.   Tu  es  vita  perpétua.  Tu  es  laetitia  in  veritate.  Tu  es 

I.  Publiée  par  Martène  {De  aiit.  ecd.  dise,  1706,  p.  647),  d'après  un 
ms.  de  Fleury. 


I  j(5  Samuel  Berger. 

exultatio  in  aeterna  patria.  Tu  es  luxlucis.  Tu  es  fons  sancti- 
tatis.  Tu  es  gloria  Dei  patris  in  excelso.  Tu  es  salvator  mundi. 
Tu  es  plenitudo  Spiritus  sancti.  Tu  sedes  ad  dexteram  Dei 
Patris  in  throno  regnans  in  saecula. 

Ego  peto  remissionem  peccatorum  meorum,  Deus  meus 
Jhesu  Christe.  Tu  es  qui  neminem  vis  perire  sed  omnes  vis 
salvos  fieri  et  ad  agnitionem  veritatis  venire.  Tu,  Deus,  ore 
tuo  sancto  et  casto  dixisti  :  In  quacunque  die  conversus  fuerit 
peccator,  vita  vivet  et  non  morietur^  Ego  revertar  ad  te, 
Deus,  et  in  omni  corde  clamabo  ad  te,  Deus  meus,  et  tibi 
nunc  volo  confiteri  peccata  mea.  Multiplicata  sunt  delicta  mea 
super  me,  quia  peccata  mea  numerum  non  liabent  ante  oculos 
tuos.  Domine,  reus  conscientia  testis  adsisto.  Rogare  non 
audeo  quod  inpetrare  non  mereor.  Tu  enim  scis.  Domine, 
omnia  quae  agantur  in  nobis,  et  erubescimus  confiteri  quod 
per  nos  non  timemus  admittere.  Verbis  tibi  tantum  obsequi- 
mur,  corde  mentimur.  Et  quod  .velle  nos  -  dicimus,  nostris  ac- 
tibus  adprobamus.  Parce,  Domine,  confitentibus,  ignosce  pec- 
cantibus.  Miserere  te  rogantibus,  quia  in  sacramentis  tuis 
meus  sensus  infirmus  est.  Praesta,  Domine,  ut,  qui  ex  nobis 
duro  corde  verba  non  suscipis,  per  te  nobis  veniam  largiaris, 
Jhesus  Christus  Dominus  noster. 

Confitebor  tibi,  Deus  meus,  quia  ego  peccavi  in  caelo  et  in 
terra  et  coram  te  et  coram  angelis  tuis  et  coram  facie  omnium 
sanctorum  tuorum. 

Peccavi  per  neglegentiam  mandatorum  tuorum  et  factorum 
meorum. 

Peccavi  per  superbiam  et  per  invidiam. 

Peccavi  per  detractionem  et  per  avaritiam. 

Peccavi  per  luxoriam  et  per  malitiam. 

Peccavi  per  fornicationem  et  per  gulam. 

Peccavi  per  falsum  testimonium  et  per  odium  hominum. 

Peccavi  per  furtum  et  per  rapinam. 

Peccavi  per  blasphemiam  et  per  desiderium  carnis. 

Peccavi  per  ebrietatem  et  per  odiosas  flibulas. 


1.  Ezéch.,  XVIII,  21,  rendu  de  mémoire. 

2.  Lisez  probablement  :  non. 


Confession  des  péchés  attribuée  à  saint  Patrice.  1 5  7 

Peccavi  per  contentiones.  et  per  rixam. 

Peccavi  per  juramentum  et  iracundiam. 

Peccavi  per  laetitiam  terrenam  et  transitoriam. 

Peccavi  per  terrorem  et  per  suavitatem  mentis  raeae. 

Peccavi  per  dolum  et  per  murmurationem. 

Peccavi  per  instabilitatem  mentis  fidei  et  per  duhietatis  im- 
pietatem, 

Peccavi  per  inmisericordiam  et  per  spernationem  hominum. 

Peccavi  per  prava  et  per  iniqua  opéra  [et]  judicia. 

Peccavi  per  neglegentiam  et  per  oblivionem  operum  Dei. 

Peccavi  per  vagationem  et  per  discretionem  mentis  meae. 

Peccavi  per  inpacientiam  et  per  spei  inperfectionem. 

Peccavi  per  duritiam  et  per  cecitatem  cordis  vel  mentis. 

Peccavi  per  [injobservationem  amoris  Dei  et  proximi. 

Peccavi  per  inoboedientiam  et  per  amissionem  bonorum 
constitutorum. 

Peccavi  per  amissionem  caelestium  desideriorum  et  per  amo- 
rem  terrenarum  rerum. 

Peccavi  per  studia  iniquitatis  et  per  dolosa  argumenta. 

Peccavi  per  exempla  iniqua  et  per  humanitatis  obsordes. 

Peccavi  per  accidiam  vanam  et  per  stuporem  mentis. 

Peccavi  per  fictam  humilitatem  et  amissionem  amoris  Dei. 

Peccavi  per  maledictionem  et  per  divinationes. 

Peccavi  per  inperfectionem  votorum  meorum  et  per  machi- 
namenta  iniqua. 

Peccavi  per  scrutationem  majestatis  Dei  et  caelestis  vitae. 

Peccavi  per  pompas  corporis  et  per  ambitiones  favorum  ho- 
minum. 

Peccavi  per  intcmperantiam  hilaritatis  et  furoris. 

Peccavi  per  tediaet  per  desidiam  mentis. 

Peccavi  per  consilia  iniquitatis  et  per  redditionem  mali. 

Peccavi  per  concupiscentiam  et  perpetrationem  libidinis. 

Peccavi  per  consentionem  et  per  conscicntiam  actuum  ini- 
quorum  atque  verborum. 

Peccavi  per  dominici  diei  opcrationcs  et  per  inlecebr[os]as 
cogitationes. 

Peccavi  per  tristitiam  seculi  et  per  amorem  pccuniae  et  per 
ambitiones  honorum. 


1 5  8  Samuel  Berger. 

Peccavi  per  inquietudinem  et  per  amaritudinem  mentis. 

Peccavi  per  inutilem  laetitiam  et  per  scurilitatem,  per  dolo- 
rosa  verba  et  per  intemperantia[m]  clamoris. 

Peccavi  per  disperationem  et  per  inpuritatem  confessionis. 

Peccavi  per  inperfectionem  et  neglegentiam  emendationis. 

Peccavi  per  audatiam  et  disperationem. 

Peccavi  per  acceptionem  munerum  iniquorum  et  per  puni- 
tiones  impietatum. 

Peccavi  per  simulationem  et  per  memetipsi  placationem. 

Peccavi  per  silentium  rectitudinis  et  iniquitatis  et  adula- 
tionis. 

Peccavi  per  comessationem  et  per  poUuti  cibi  acceptionem 
et  per  suggestiones  diaboli  et  per  dilectationem  spiritus  et  per 
conscientiam  carnis. 

Peccavi  in  oculis  meis  et  in  auribus  meis. 

Peccavi  in  manibus  meis  et  in  ore  meo  et  in  labiis  meis  et 
in  omnibus  factis  meis. 

Peccavi  in  lingua  et  in  gutture. 

Peccavi  in  collo  et  in  pectorc. 

Peccavi  in  corde  et  in  cogitationibus. 

Peccavi  in  mente  et  in  operationibus. 

Peccavi  in  manibus  et  in  pedibus. 

Peccavi  in  ossibus  et  in  carne. 

Peccavi  in  medullis  et  in  renibus. 

Peccavi  in  anima  mea  et  in  omni  corpore  meo. 

Si  nunc  erit  vindicta  tua  super  me  tanta  quanta  in  me  ipso 
fuerunt  peccata  mea  multiplicata,  judicium  tuum  quomodo 
sustineo?  Sed  habeo  te  sacerdotem  summum  ad  quem  confi- 
teor  omnia  peccata  mea.  Id  tibi  soli,  Deus  meus,  quia  tibi 
soli  peccavi  et  malum  coram  te  feci.  Et  quia  tu  es,  Deus, 
solus  sine  peccato,  obsecro  te,  Domine  Deus  meus,  per  pas- 
sionem  atque  per  signum  salutiferae  crucis  tuae  atque  per 
effusionem  sanguinis  tui,  quo  tu  concédas  mihi  remissionem 
omnium  peccatorum  meorum.  Peto  te,  Domine  meus  Jliesu 
Ciiriste,  quod  milii  non  reddas  secundum  meritum  meum, 
sed  secundum  magnam  misericordiam  tuam.  Judica  me,  Do- 
mine, secundum  judicium  indulgentiae  tuae.  Ego  te  peto  et 
adjuro,  Deus  meus  omnipotens,  ut  tu  in  me  colloces  amorem 


Confession  des  péchés  attribuée  à  saint  Patrice.  1 59 

et  timorem  tuum.  Suscita  in  me  paenitentiam  peccatorum 
meorum  et  fletum  pro  nomine  tuo.  Da  mihi  memoriam 
mandatorum  tuorum  et  adjuva  me,  Deus  meus,  dele  iniqui- 
tatem  mcam  a  conspectu  tuo  et  ne  avertas  faciem  tuam  ab 
oratione  mea.  Ne  proicias  me  a  facie  tua.  Ne  derelinquas  me, 
Deus  meus,  ne  discesseris  a  me,  sed  confirma  me  in  tua  vo- 
luntate.  Doce  me  quid  debeam  non  agere,  quid  faccre  aut 
loqui,  quid  tacere.  Défende  me,  Domine  Deus  meus,  contra 
jacula  diaboli  et  contra  angelum  tartari  suggerentem  et  docen- 
tem  multa  mala.  Ne  deseras  me,  Domine  Deus  meus,  neque 
derelinquas  unum  et  miserum  famulum  tuum,  scd  adjuva 
me,  Deus  meus,  et  perfice  in  me  doctrinam  tuam.  Doce  me 
facere  voluntatem  tuam,  quia  tu  es  doctor  meus  et  Deus 
meus,  qui  régnas  in  secula  seculorum.  Amen. 

Un  connaisseur  de  la  littérature  pénitentielle  pourrait  sans  doute  dire  à 
quelle  époque  remonte  cette  confession  des  péchés,  qui  n'a  pas  grande  va- 
leur au  point  de  vue  religieux,  étant  rédigé  sans  aucun  ordre,  quoiqu'elle 
soit  animée  d'un  sentiment  moral  incontestable,  et  qui,  au  point  de  vue  lit- 
téraire, est  absolument  sans  couleur.  Personne  ne  pensera  que  saint  Patrice 
soit  en  quoi  que  ce  soit  intéressé  à  l'origine  de  ce  document,  qui  est  évi- 
demment de  date  assez  tardive.  Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  les  livres  de 
pénitence  semblent  venir  d'Irlande.  Sur  les  plus  anciens  que  l'on  connaisse 
ou  dont  on  ait  entendu  parler,  on  rencontre  les  noms,  marqués  sans  doute 
plus  ou  moins  au  hasard,  de  saint  Patrice,  de  saint  David,  de  saint  Finnian 
et  de  saint  Gildas,  puis  celui  du  fameux  Théodore  de  Tarse,  le  premier  ar- 
chevêque de  Canterbury,  le  nom  de  Bède  le  Vénérable,  enfin  celui  de  saint 
Colomban.  Le  pênitential  de  saint  Colomban  est,  dans  la  série  des  publi- 
cations analogues,  le  premier  ouvrage  dont  on  puisse  affirmer  l'authenticité. 
Mais  notre  confession  est  d'un  tout  autre  caractère,  et  la  seule  ressemblance 
qu'elle  ait  sans  doute  avec  les  pénitentiaux  irlandais  ou  autres,  c'est  d'être 
destinée  à  l'examen  de  la  conscience.  Encore  est-ce  dans  une  tout  autre  in- 
tention. 

Samuel  Berger. 


LES    CELTES    EN    ESPAGNE 


INDEX 


PREMIÈRE    PARTIE 


NOMS   DE    LIEU    ANCIENS. 


Abobrica.  XV,  5. 

Acinipo.  Voir  Acinippo. 

Acinippo.  XIV^  390,  591. 

Adobrica.  Voir  Abobrica. 

Aebura.  XV,  58. 

Albocela.  Voir  Albocola. 

Albocola  des  Vaccaei.  XV,  50,  55, 

58,  39.  45- 
Albocolensis.  XV,  38. 
Alce.  XIV,  388. 
Alexandrie.  XIV,  359,  360. 
Allia,  rivière.  XV,  61 . 
Amallobriga.  XV,  55. 
Anas,  fleuve.  XIV,  376,  382,   386; 

XV,  4,. 
Arabriga.  XIV,  394. 
Arabrigenses,  peuple.  XIV,  394. 
Arandis.  XIV,  393. 
Arausio.  XV,  37. 
Arbocala.  Voir  Albocola. 
Arbucala.  Ko/r  Albocola. 
Arcobriga.  XIV,  395;  XV,  17. 
Arcobrigenses,  peuple.  XV,  17. 
Arelate.  XIV,  362. 
Areva.  XV,  20. 


Arevaci,  peuple.  XV,  7,  8,   10,  15, 

19,  20,  21,  22,  23,  24,  25,26,  27, 

28,  31,  33,  35,  60. 
Arguela.  XV,  24.  Cf.  Uxama. 
Arialdunum.  XV,  7. 
Arotrebae,  peuple.  XV,  4. 
Arriaca.  XV,  18. 

Arrotrebae,  peuple.  Voir  Arotrebae. 
Artabri,  peuple.  XV,  4,  5. 
Arucci.  XiV^  391. 
Aruccitana  civitas.  XIV,  391. 
Arunda.  XIV,  389,  390    391. 
Asie-Mineure.  XIV,    373,  386;  XV, 

10. 
Asta.  XIV,  390,  391. 
Astorga.  XV,  26. 
Aslura, /JêuvÉ.  XV,  36,  56. 
AslMTes,  peuple.  XIV,  382;  XV,  36, 

37,  48,  56. 
Asturica.   XIV,   388;  XV,   26,  37, 

S6. 
Ataecina.  XIV,  389. 
Ateca.  XV,  16. 
Ategena.  XIV,  389. 
Atrebates,  peuple.  XV,  4. 


Les  Celtes  en  Espagne. 


i6i 


Attacum.  X\',  14,  16,  17. 
Augustobona.  XIV,  393. 
Augustobriga  des  Pelendones.  XV, 

23- 
Augustobriga <^«iVettones,  XIV,  594. 
Augustobrigenses,  pcuplt.  XIV,  395. 
Ausetani.  Koir  Oretani. 
Autra,  rn/èr«.  XV,  33. 
Autraca  des  Vaccaei.  XV,  33. 
Autricum.  XV,  33. 
Autrigonae,  peuple.  Voir  Autrigones. 
Autrigones,  peuple.  XV,  10,  11,  12, 

>3.  24,  33. 
Autura,  rivière.  XV,  33. 
Avia,  des  Vzccae'i.  XV,  34. 
Baecula,  du  Nord.  XV,  80. 
Baecula,  du  Sud.  XV,  50,  51,  52,  53. 
Baeculo.  Voir  Baecula. 
Baesucei.  XV,  44. 
Baetica.  XIV,  376,  386,  389;  XV, 

7>  9.4'- 
Baetis,  fleuve.  XIV,  5S9,  391  ;  XV, 

4',  59- 
Belisama,  golfe.  XV,  12. 
Belli,  peuple.  XV,  10,  19,  20,  22. 
Bellovaci,  peuple.  XV,  20. 
Berones,  peuple.  XV,  9,  10,  18. 
Besalduno.  Voir  BeselJunum. 
Besaltuno.  Voir  Beseldunum. 
Beseldunum.XIV,  385,  386;  XV,  9. 
Besuldunum.  Voir  Beseldunum. 
Bêtique.  Voir  Baetica. 
Bétis,  fleuve.  Voir  Baetis. 
Bilbilis.  XV,  14,  15,  16. 
Bisuldunensis  comitatus.  XIV,  385. 
Bisalduno.  Voir  Beseldunum. 
Bisuldunum.  Voir  Beseldunum. 
Bletisa.  XV,  40. 
Boiodurum.  XIV,  377. 
Bracara.  XV,  2. 

Bracarii  Lucenses,  peuple.  XV,  4. 
Bretagne.  Voir  Grande  Bretagne. 
Brigaecium,  (i^i  Vaccaei.  XV,  35,36. 
Brigantia  (La  Coruna).  XV,  4,  5. 
Brigantia    (Bragance).    XIV,    388; 

XV,  1,2. 


Brigantio.  XV,  3. 
Brigantium.  XV,  3,  4,  y 
Caeilobricoi,  peuple.  XV,  1. 
Caesada.  XV,  17, 

Caesar  Augusta.  XV,  8,  19,  26,  27. 
Caesarobriga.  XIV,  395. 
Caesarobrigenses,  peuple.  XIV,  395. 
Caetobriga.  KoiV  Cêtobriga. 
Calabria.  XV,  1. 
Caladunnum.  Voir  Caladunum. 
Caladunum.  XV,  i,  2. 
Calagurris.  XV,  57. 
Caledonii,  peuple.  XIV,  589. 
Callaici,  peup'e.  XIV.  382;  XV,  26, 

48,  56. 
Cailaïci  Bracarii,  peuple.  XV,  2. 
Calubriga.  XV,  1,  2. 
Cannes.  XV,  45,  46. 
Cantabri,  peuple.  XV,    13,    14,   36, 

48,  56. 
Cantium.  XV,  27. 
CapitoU.  XIV,  366,  368. 
Caravis.  XV,  59. 
Caristi,  peuple.  XIV,  373,  380;  XV, 

9,  10,  11. 
Carpetani,/)tu;7/«.XV,  18, 55,  57, 58. 
Carthage.  XIV,  358,  359,  361, 362, 

369,    370;   XV,  20,  25,  28,  31, 

45,  46,  47,48,  50,  55,  54. 
Carthagïne.  XIV,    370,   371,    374; 

XV,  49,53. 
Carthaginois.  XIV,   358,   359,  361, 

362,   370,  371,    378,   382,   384; 

XV,  4,    II,  30,  43,  45,  46,  47, 

48,  49,  $0,  51,  52,  53,  j4. 
Cartimitana  civitas.  XIV,  383. 
Cartimitanum      municipium.     XIV, 

383. 
Castulon.   XIV,  364,  370;    XV,  6, 

7,    12,  41,  42,   43,  46,  50,   51, 

52,  55- 
Catobrica.  Voir  Cetobriga. 
Cauca,  des  Vaccaei.  XV,  30,  31,32. 
Caucenses,  peuple.  XV,  34. 
Celtae,  peuple.  XIV,  360,  361  ;  XV, 

15,  16. 


l62 


H.  d'Arbois  de  Jubainpille. 


Celtiberi,  peuple.  XIV,  364,  565, 
366,  367,  369,  370,  371,  374, 
375,  381,  383,  384,  385,  387; 
XV,  5,  6,  7,  8,9,  10,  11,  13,  16, 

18,  19,  20,  22,  25,  26,  28,  30, 
36,  41,  45,  46,  47'  48,  49,  50, 
5'.  53.  54,  56,  57,  58,  59,  60. 

Celtibérie.  XIV,  382,  383,  384,  389; 
XV,  5,7,  14,  16,  17,  19,  26,27, 
28,  30,  44,  48,  50,  51,    55,    56, 

58,59- 
Ce\tki,  peuple.  X\V,  365,  376,  381, 

382,  383,   386,   387,   389,    390, 

59",  392,  393,  395;  XV,  I,  3,  4, 

7,  17,  26,  40,  55,  56. 
Celticoflavia.  XIV,  395. 
Celticus,  promontoire.  XV,  3. 
Celtique.  XN,  359,  360,  365. 
Cerindones,  peuple.  XV,  22. 
Certima.  XIV,  384,  385,  386,  389; 

XV,  7. 
Cetobricca.  KoiV  Cetotriga. 
Cëtobriga,  Setubal .  XIV,  393. 
Clunia.  XV,  7,  25,  26. 
Coeliobriga.  XV,  i . 
Complega.  XV,  58,  59. 
Condabora.  XV,  18. 
Contluentia.  XV,  26. 
Consabrum.  XV,  18. 
Contrebia,  des  Berones.  XV,  10,  18. 
Contrebia,   des    Ccltibercs.  XV,    18, 

19,  58. 

Contnbuta  Julia.  XIV,  391. 
Corbeia.  XIV,  374. 
Corbio.  XIV,  373;  XV,  11. 
Corduba.  XV,  5  5. 
Cottaeobriga.  XIV,  394,  395. 
Cougium,  t/«i  Vaccaei.  XV,  53. 
Cunei,  peuple.  XIV,  392. 
Curiga.  XIV,  591. 
Curigensium  respublica.  XIV,  391. 
Cynetes,  peuple.  XW.,  386,  392,  393. 
Deobriga,  des  Autrigones.  XV,  11, 

12,  13. 
Deobriga,  des  Vettones.  XIV,   594, 

395- 


Deobriguia.  XV,  1 3. 
Desonci,  peuple.  XV,  37,  38. 
DëvdL,  fleuve.  XW,   373,    379,  380; 

XV,  10,  11. 
Devalies,;/d/n'(;.  XIV,  380. 
Devobriga.  Voir  Deobriga. 
Edetani,  peuple.  XV,  9. 
Eldana.  Voir  Seimana. 
Eimana.  Voir  Seimana. 
Elvetii,  peuple.  Voir  Helvetii. 
Emerita.  XIV,  391;  XV,  27. 
Emporion.  XIV,  386. 
Equabona.  XIV,  395 . 
Ergavica.  XV,  18,  19. 
'Ep-^fkia.  XIV,  358. 
Esttledunum.  XV,  7. 
Flaviobriga.  XV,  i  i. 
Galates,  peuple.  XIV,  360,  361. 
Gallaeci,  peuple.  Voir  Callaici. 
Gallaecia.  XV,  3. 
Gallaïcae  maires.  XV,  26. 
Galli,  peuple.  XIV,   3^7,   358,  359, 

360,  361,  365,  367;  XV,  46,47, 

61. 
Gaule.   XIV,    364,    366,    371,  575, 

376,    377,    381,    384,    386;  XV, 

20,  21,  22,  26,  54. 
Gaulois.  Voir  Galli. 
Germani,  peuple.  XIV,  381  ;  XV,  6. 
Gerundensis.  XIV,  385. 
Gesocribate.  XV,  9. 
Gesoriacus.  XV,  9. 
Gessorienses.  XV,  9. 
Girundensis.  XIV,  385. 
Goths,  peuple.  XV,  i. 
Gracchuris.  XV,  60.  Voir  Ilurcis. 
Grande-Bretagne.    XIV,     362,    373, 

38o,38i,389;XV,  5,12,27,  28. 
Grées.  XIV,  358,  359. 
Halicarnasse.  XIV,  386. 
Hasta.  XIV,  590. 
Helmantica.  Voir  Selmantica. 
Hermandica.  Voir  Selmantica. 
Helvetii,  peuple.  XIV,  376;  XV,  12, 

^5- 
Hercule  (colonnes  d').  XIV,  586. 


Les  Celtes  en  Espagne. 


163 


Hispalis.  XIV,  387;  XV,  55. 

"I6r,c£:,  peuple.  Voir  Ibères. 

Ibères.  XIV,  561,  362,  365;  XV,  5, 

15,  lé,  48,  ^2,  53. 
Ibérie.XlW,  360,  382. 
Iceni,  peuple.  XV,  4. 
Iliturgis.  XV,  49,  52,  53,  57- 
Ilucie.  XV,  57. 
Ilurcis,  XV,  éo. 
Intercatia,  des  Astures.  XV,  37. 
Intercatia,  des  Orniaci.  XV,  38. 
Intercatia,  des  Vaccaei.  XIV,   367, 

568,  369,  370;  XV,  31,  55,  36, 

38. 
Irlandais.  \\V,  376. 
Irlande.  XiV,  367,  374,   575,  380; 

XV,  2. 
Italie.  XIV,   361,    364,    367,    375, 

377;   XV,    16,    39,   43,  45,  46, 

47,  SI- 
Iturobriga.  XIV,  387. 
Juliobriga.  XV,  14. 
KaTcJÇpi?.  XIV,  393. 
KjX-o':,  peuple.  XIV,  360,  362. 
Lacobriga,  des  Celtici.  XIV,  393. 
Lacobriga,  «/fi  Vaccaei.  XV,  34. 
Laminium.  XV,  44. 
Laxta.  XV,  19. 
Leucas.  XV,  10. 
Leuci,  peuple.  XV,  21. 
Leucomelius  saltus.  XV,  21. 
Leucumellus.  Voir  Leucomelius. 
Libisosa,  des  Oretani.  XV,  41,  44.  ■ 
Liccoleucus  fundus.  XV,  21. 
Ligures.  XV,  23. 
Lugoves.  XV,  24. 
Lusitani,    peuple.   XIV,    382,    392, 

394;  XV,  3,  2^,  48,  55,  58. 
Lusitania    XIV,  376,  384,  387,595. 
Lusones,  peuple.  XIV,  367. 
Lutetia.  XV,  22. 
Lutia.  XV,  21,  22. 
Maeédoine.  XIV,  368. 
Malaca.  XIV,  386. 
Man  [lie  de).  XIV,  380. 
Marathon.  XIV,  358. 


Meidubrigenses,  ;;fu/;/f,  XIV,  394. 
Mentesa,  des  Bastuli.  XV,  49. 
Mentesa,  ^/ti  Oretani.  XV,  41,   43, 

49; 

Mentissa.  Voir  Mentesa. 
Meribriga.  XIV,  393. 
Merobrica.  Ko/rMirobrigai/«5 Celtici. 
Mésie  supérieure.  XIV,  379. 
Mirobriga,  (/c5   Celtici.    XIV,    395; 

XV,  40,  42. 
Mirobriga,  des  Oretani.  XV,  40,  41. 
iMirobriga,  des  Vaccaei.  XV,  39,  40, 

42. 
Mirobrigenses,    peuple.   XIV,    393  ; 

XV,  42. 
Moenus.  XIV,  378. 
Munda.  XIV,  384,  385,  389;  XV,  7. 
Murbogi.  XV,  13. 
Nemetobriga.  XV,  1,2. 
Nemetodurus.  XV,  2. 
Neri,  peuple.  XV,  3. 
Nertobriga  des  Celtibères.  XV,   14, 

15,  16,28,  29. 
Nertobriga,   des  Celtici.   XIV,  387, 

391. 
Nerva,  (leuve.  XV,  i  1. 
Nerviens,  peuple.  XIV,  366. 
Norba.  XIV,  388;  XV,  24. 
Norique.  XIV,  377. 
Nova  Augusta.  XV,  23. 
Novion.  XV,  4. 
Numance.   XV,  19,  20,    21,  23,  24, 

,2S,  3',  34,  54- 
Numantins.  XV,  25. 
Ocelum  Duri,  des  Vaccaei.  XV,  35, 

38. 
Octodurum,  f/i;^  Vaccaei.  XV,  38. 
Octodurus.  XV,  8. 
Octogesa.  XV,  8. 
Oretani,  peuple.  XIV,  364  ;  XV,  6, 

41,  42,  43,  44,  49,  p,  52,  57. 
Oretum.  XV,  6,  41,  42,  56. 
Orniaci,  peuple.  XV,  37,  38. 
Palantini,  peuple.  XV,  35. 
Paliantia  ^ei  Vaccaei.  XV,   31,  32, 

34.  35- 


i64 


H.  d'Arbois  de  Jiibainville. 


Paramica.  XV,  29. 

PaxAugusta.  XIV,  592. 

Pax  Julia.  XIV,  392. 

Pelendones,  pcapk.  XV,  22,  23,  24. 

Perses.  XIV,  558,  359. 

P/!fnfam.XlV,3S7,  358,  3  59>  360. 

Pintia  ^«5  Vaccaei.  XV,  35. 

Pisoraca,  //fuvf.  XV,  33. 

Poeni,  peuple.  XIV,  360. 

Porta  Augusta,  des  Vaccaei.  XV,  35. 

Praesamarchi,  peuple.  XV,  3,  4. 

Praestamarci,  /^cu/^/e.  Kofr  Praesa- 
marchi. 

Rhètic.  XIV,  377. 

Rhoda.  XIV,  383,  386. 

Rauda,  des  Vaccaei.  XV,  33. 

Romains.  YAN,  359,  361,  362,  364, 
366,  367,  368,  369,  370,  371, 
373,  382,  383,  384.  386,  387, 
388,  390,  392;  XV,  3,  4,  9,  10, 
II,  13,  15,  18,  19,,  20,  21,  24, 
25,  3o>  3',  32,  36,  43i  45;  47i 
48,  49,  50,  51,  S2,  53,  54,  55> 
56,  58,  59,  60,  61. 

RoOT«.  XIV,  361,  384;  XV,  7,  20, 

21,   2'i,    31,    32,    46,  47,     48,    54, 
56,    58,61. 

Sagontc.  XIV,   382,  386;   XV,  46, 

49. 
Sagontia,  des  Turdetani.  XV,  29. 
Salaria.  XV,  6,  7,  41,  43,  44. 
Salica.  XV,  41 ,  43. 
Salduba.  XV,  9. 
Salmantica.  Voir  Selmantica. 
Salmanticensis.  XV,  40. 
Salpensa.  XIV,  390. 
Sars,  rivière .  XV,  3. 
Sarabis,  des  Vaccaei.  XV,  35,  39. 
Savia.  XV,  25. 
Sebeldunum,  XIV,  385.  Voir  Besel- 

dunum. 
Sebendunum.    XIV,    385.   Voir  Be- 

seldunum. 
Sedetani,  peuple.  XV,  9. 
Segeda,  Ji;5  Belli.  XV,  10,  19,  20. 
Segeda,  des  Cdtibcrcs.  XV,  60. 


Segeda,  c/^5  Celtici.  XIV,  389,  391. 
Segedensis.  XIV,  389. 
Segida.  Voir  Segeda  des  Celtici. 
Segesama.  Voir  Segisama. 
Segisama.  Fo/r  Segisama  Julia. 
Segisama  Brasaca.  XV,  14. 
Segisama  Julia.  XV,  12,  13,  14. 
Segisama-Julienses.  XV,  13. 
Segisamo.  XV,  12,  13. 
Segisamon.  Voir  Segisamo. 
Segisamonculum.  XV,  11,  12. 
Segisamonenses,  peuple.  XV,  13,  14. 
Segobriga,  Segorbe.  XIV,  383,  385, 

386,  389;  XV,  6,  13,  14,  19. 
Segontia,  des  Arevaci.  XV,   27,  28, 

29. 
Segontia,  des  Celtiberes.  XV,  15,  29. 
Segontia,  des  Vaccaei.  XV,  29. 
Segontia,  des  Varduli.  XV,  29. 
Segontiaci,  peuple.  XV,  28. 
Segontinensis.  XV,  29. 
Segontinus.  XV,  29. 
Segontium.  XV,  28. 
Segovia.  XV,  27,  28. 
Selmana.  XV,  39.  Voir  Selmantica. 
Selmantica,  des  Vaccaei.  XV,  8,  29, 

30,  39,  40,45. 
Sentica.  XV,  39,  40. 
Sentice.  Voir  Sentica. 
Septimanca.  XV,  3  5. 
Séria.  XIV,  391. 
Sibaria.  Voir  Sarabis. 
Sinapo.  XV,  4. 
Singidunum.  XIV,  379. 
Sucro,  fleuve.  XV,  41. 
Suessation.  Voir  Suessatium. 
Suessatium.  XIV,  373  ;  XV,  10,  11. 
Suessetani,  peuple.  XIV,  373  ;  XV, 

1 1. 
Suessiones.  XV,  i  i . 
Suestasion.  Voir  Suessatium. 
Tagus,  fleuve.  XV,  16. 
Talabriga.  XIV,  394,  395. 
Tamarici,  peuple.  XV,  3. 
Tamaris, /?êuyc.  XV,  3. 
Tarraco,  XV,  9. 


Les  Celtes  en  Espagne. 


Tancconaist   XV,  26,  34,  41. 
Tarraconensis  conventus.  XV,  9. 
Tartesse,   fleuve.    XIV,    557,    358; 

XV,  41- 
Tartesses,  peuple.  XIV,  361,  362. 
Tiburi,  peuple.  XV,  2  . 
Titthi,  peuple.  XV,  22. 
Toletum.  XV,  SS- 
To\\stoho°n.  peuple.  XW ,  373  ;  XV, 

10. 
Tongobriga.  XIV,  394. 
Tongobrigenses,  peuple.  XIV.  394. 
Tridiavi,  peuple.  XV,  38. 
Tugia.  XV,  41,  45,  44. 
Tuia.  XV,  6,  7. 
Turdetani,  peuple.  XIV,    382,  391, 

392,  395;  XV,  28,  29,41,  50,  55. 
Turduli,  p:aplc.  XV,  9,  41,  42.  52, 

Turmodigi,  peuple.  XV,  10,  12,  13, 

14,  29,  33. 
Turibriga.  KoiV  Turobriga. 
Turobriga.  XIV,  387,  388,  391. 
Turubriga.  Kofr  Turobriga. 
Urbicua.  XV,  58. 
Uxama  Arguela  des  Arevaci.  XV,  i  2, 

24,  27,  29. 


.65 

U.xama  Barca,  des  Autrigones.  XV, 

II,  12,  24. 
U.xellodunum.  XV,  12,  22. 
Vaccaei,    peuple.    XIV,    367,    376, 

378,  384;  XV,  7,  8,  13,  26,29, 

3o>  V,  32,   33,  54.  35.  38,  39, 

40,  56.  57. 
Valeria.  XV,  19. 
Varna.  XIV,  592. 
Varduli,  peuple.  XV,  29. 
Varia.  XV,  10. 
Vascones,  peuple.  XV,  60. 
Veleia.  XV,  21. 
Vesontio.  XV,  23. 
Vettones,   peuple.    XIV,   394,    395; 

XV,  8,  30,  39,  40,  55,  57. 
Vim'ma,  rivière.  XIV,  378,  379. 
Viminacium,  (/d5  Vaccaei.  XIV,  378, 

379;  XV,  34. 
Viminaus.  KoiV  Viminavus. 
\'iminavus.  XIV,  379. 
Vindeleia.  XV,  11,12. 
Vindelici,  peuple.  XV,  12. 
Virovesca.  XV,  12. 
Visontium.  XV,  23. 
Vivatia.  XV,  41,  43,  44. 
Zama.  XIV,  368,  370. 
Zoela.  XV,  37,  38. 


DEUXIEME    PARTIE 


NOMS  DE  LIEU   MODERNES. 


Afrique.  XIV,  362. 

Agreda.  XV,  23. 

Alava  (province  d').  XIV,  373;  XV, 

II,  12,  14. 
Albacete  (province  d').  XV,  41,  44. 
Albarracin.  XV,  18,  19. 
Alcala-de-los-Casules.  XIV,  390. 
Alcantara.  XIV,  394;  XV,  12. 
Aidea-del-Muro.  XV,  23. 
Alegria.  XV,  1 1 . 
Alemquer.  XIV,  394,  395. 

Revue  Celtiijue,  XV. 


Alemtejo   (province  d').   XIV,  391, 

392,  393- 
Alfaro.  XV,  60. 
Algarve    (province   d').    XIV,    365, 

392,  393- 
Alhama,  rivière.  XV,  60. 
Almaden.  XV,  41 . 
Almeida.  XIV,  395. 
Alpes,  montagnes.  XIV,  366. 
Ampurias.  XIV,  386. 
Andalousie.   XIV,   364,    370,    382, 


i66 


H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


385,   584,  388,   589,   390,   391  ; 

XV,  6,  7,  41,  43.  44.  49- 
Andujar.  XV,  49. 
Anglesey  (îled').  XV,  28. 
Aragon  (province  d').  XIV,  367,  382; 

XV,  5,  14,  17:  '8,  57.  ^9- 
Aranda.  XV,  33,  34. 
Arandilla,  ruisseau.  XV,  25. 
Arcos-de-Medina-Celi.  XV,  17. 
Argeiitré,  Mayenne.  XV,  2. 
Arlanza,  rivière.  XV,  26. 
Arlanz.on,  rivière.  XV,  26. 
Arles,  Bouches-du-Rhône.  XIV,  362. 
Aroche.  XIV,  387,  588,  391. 
Arras,  Pas-de-Calais.  XV,  4. 
Astorga.  XIV,   388;   XV,    34,   3  5> 

37,  38,  S6. 
Asturies  (royaume  des).  XIV,  382  ; 

XV,  37,  56. 
Badajoz    (province    de).  XIV,    387, 

389,  392;  XV,  40,  41. 
Baeza.  XV,  41,  43,  44. 
Barcelonnette,    Hautes-Alpes.    XV, 

2  I . 
Bavière    (royaume    de).    XIV,    377, 

378;  XV,  12. 
Baylen.  XV,  ^0,  52. 
Bayona.  XV,  5. 

Beaudun,  Basses-Alpes.  XIV,  386 
Beauvais,  Oise.  XV,  20. 
Beira-Alta  (province  de).  XV,   i. 
Beja.  XIV,  392. 
Belgrade.  XIV,  379. 
Benaveiite.  XV,  36. 
Besalù.  XIV,  385,  386  ;  XV,  9. 
Besançon,  Doubs.  XV,  23. 
Betanzos.  XV,  5. 
Bezaudun,  Var.  XIV,  385,  386. 
Bilbao.  XV,  11. 
Biscaye  (golfe  de).  XIV,  379  ;  XV, 

10,  II. 
Bonn,  Prusse  rhénane.  XV,  37. 
Bou'.ogne-sur-Mer,      Pas-de-Calais. 

XV,  9. 
Braga.  XV,  2,  56. 
Bragance.  XIV,  388;  X\^,  1,  2 


Bregenz,  Autriche.  XV,  3. 
Bresles,  fleuve.  XIV,  379. 
Brème,  Allemagne.  XIV,  379. 
Briançon,  Hautes-Alpes.  XV,  5. 
Bribiesca.  XV,  1  2. 
Burgos.  XV,  13,  1^,  24,  26,  33. 
Burgos  (province  de).  XV,  7,  8,  12, 

"3.  24,  25,  35- 
Cabeza-del-Griego.  XV,  18,  19. 
Caceres.  XIV,  388;  XV,  24. 
Caceres  (prov.  de).  XIV,  3.94;  XV, 

<3,  '7- 
Cadi.Y.   XIV,   359,  383,   385,    390; 

XV,5,  29,  SI,  53,  55. 
Cadi.x  (province  de).  XIV,  384;  XV, 

7- 
Cadona.  XIV,  364. 
Cala.  XV,  2. 
Calahorra.  XV,  57. 
Calataayud.  XV,  i  5. 
Capilla,  XV,  40,  41 ,  42. 
Carnarvon,  pays  de  Galles.  XV,  28. 
Carrion,  rivière.  XV,  34. 
Carrion-de-los-Condes.    XIV,    378  ;• 

XV,  34. 
Cartama.  XIV,  383,  384,  389;  XV, 

44- 
Castello-de-Calabre.  XV,  i . 
Castellon-de-la-Plana  (province  de). 

XIV,  383  ;  XV,  6,  19. 
Castille  (Nouvelle).  XIV,  367,  382, 

395;  XV,  6,  14,  17,  18,  29,  24, 

4'.  49- 
Castille  (Vieille).    XIV,   367,    382; 

XV,  7,  8,  10,  12,  13,  14,  17,  18, 
23,  24,  27,  30,  33,  56,  57. 

Castro-de-Avellans.  XV,  37. 
Catalogne.  XIV,  383,  385  ;  XV,  9. 
Cauca.  XV,  34. 

Cazlona.  XV,  6,  41,  42,  43,  50,  52. 
Cazorla.  XV,  44. 
Châlons,  Mayenne.  XV,  2. 
Chartres,  Eure-et-Loir.  XV,  33. 
Chelles,  Seine-et-Marne.  XV,  2. 
Ciudad-Real  (province  de).  XV,  41, 
49. 


Les  Celtes  en  Espagne. 


167 


Coa,  rivière.  XV,  i. 

Constance  (lac  de).  X\',  5. 

Consuegra.  XV,  18. 

Corbiac,    Dordogne,  Gironde.  XIV, 

374- 
Corbian,  Lot-et-Garonne.  XIV,  ^74. 
Corbie,  Somme.  XIV,  374. 
Cordoue.  XV,  7,  JS- 
Coruna  (province  de).    Voir  La  Co- 

rufia. 
Coursegoules,  Alpes-Maritimjs.  XI\', 

377- 
Cuenca  (province  de),  XV,  6,    14, 

18,  19. 

Danube,  fleuve.  X!V,  377,  579; 
XV.  12. 

Dte,  fleuve.  XIV,  580. 

Dewi,  fleuve.  XIV,  579. 

Douro,  fleuve.  Prononciation  portu- 
gaise de  lespagnol  Duero. 

Duero,  fleuve.  XiV,  576,  378,  394  ; 
XV,  1,8,  15,  22,  23.  24,  25,  26, 
27.  29,  3'.  53,  34,  35.  36,  38, 
39,  42,  S5.  56. 

Ehre,  fleuve.  XIV,  3^9,  367,  373; 
XV,  5,  8,9,  10,  II,  12,  14,  17, 
18,23,39,48,49,  5S,  ^7,  59,60. 

Ecosse.  XIV,  380. 

El-Campo-de-Munda.  XIV,  384. 

El-Cubo-de-la-Pierra.  X\^  39. 

Embrun,  Hautes-Alpes   XIV,  387. 

Entre  Douro  et  Minho  (province  d'). 
XV,  56. 

Escale,  Basses-Alpes.  XIV,  386. 

Esla,  rivière.  XV,  36,  56. 

Espeluy.  XV,  52. 

Estramadure.  XIV,  382,   386    387, 

388,  391,  393.   394,  39S  ;  XV. 

12,  17,  24,  40,  41,  55. 
Eure,  rivière.  XV,  33.    , 
Evora.  XIV,  389. 
Facialcazar.  XIV,  390. 
Ferrol.  XV,  4. 
Finistère  (cap).  XIV,  365,  38      X\', 

3,  4- 
Frades-de-la-Sierra.  XV,    0 


France.  XV,  33. 
F'rancfort-sur-le-Main,     Allemagne. 

XIV,  378. 
Fregenal-de-la-Sierra.  XIV,  387. 
Fréjus  (comté  de).  XIV,  386. 
Fuenllana.  XV,  44. 
Fuente-de-Cantos.  XIV,  391. 
Galice  (royaume  de).  XIV,  365,  382; 

XV,  2,  3,  4,  s6. 
Galles  (pays  de).  XV,  28. 
Garonne,  //«uvd.  XIV,  3S7. 
Gerone  (diocèse  de).  XIV,  385. 
Gerone   (province    de).    XIV,    383, 

385;  XV,  9. 
Gibraltar.  XIV,  383,  386;  XV,  28. 
Granatula.  XV,  41 ,  42. 
Guadalajara  (province  de).   XV,  14, 

17,  24. 
Guadalaviar,  fleuve.  XV,  14,  18. 
Guadalete, /;£uv£.  XIV,  384. 
Guadalquivir, y?«uv£.  XIV,  358,  389, 

391,  392  ;  XV,  6,  7,  41,  43,  44, 

48,  49,  S2,  5S- 
Guadiana,  fleuve.    XIV,    376,    382, 
386,   387,  388,  389,    391,   392; 
XV,  3,  6,  14,  17,  18,  19,41,42, 

48,  SS- 

Guipuzcoa  (province  de).  XV,  10. 

Henares    rivière.  XV,  27. 

Henestrosas.  XV,  1 3. 

Hesse   grand  duché  de).  XIV,  378. 

Hita.  XV,   17. 

Huelva  (prov.  de).  XIV,  387,  388. 

Huermeces.  XV,  1 3. 

Huesca  (province  de).  XV,  57. 

Iniesta.  XV,  19. 

Inn,  rivière.  XIV,  377. 

Jaen  (province  de).  XIV,  564,  370; 

XV,  6,  41,  43,  4.;,  52. 
Jalon,  rivière.  XV,  14,  17. 
Jarama,  rivière.  XV,  27,  28. 
Jeres-de-la-Frontera.  XIV,  390. 
Jucar,  y/£uv£.  XV,  6,  14,19,41,44. 
Kostolaz,  Servie.  XIV,  379. 
La-Almunia-de-Dona-Godina.    XV, 

'5- 


i68 


H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


La-Coruna.  XV,4-  5- 

La-Coruna  (province  de).  XIV,  365  ; 

XV,  4,  5- 

Lagcs   XIV,  393- 

La-Guardia.  XV,  49. 

Lamas-de-Moledo.  XV,  1. 

La-Mesa-de-Asta.  XIV,  590. 

La-Rua-de-Valle-Orres.  XV,  2. 

La-Solana.  XV,  41,  43. 

Ledesma.  XV,  40. 

Le  Mans,  Sarthe.  XV,  2. 

Léon.  XV,  56. 

Léon  (royaume  de).  XIV,  567,  376, 
378,  382,  395  ;  XV,  8,  24,  26, 
30,  51,  33,  54,  37-  ^    ^,^^ 

Léon  (province  de).  XIV,  388;  XV, 

37- 
Lezuza.  XV,  41,  44. 
Lisbonne.  XIV,  393,  394;  ^V,  40. 
Loarte.  XV,  57. 
Logrono.  XV,  10,  18. 
Logrono  (province  de).  XV,  57,  60. 
Loire,  fleuve.  XIV,  357. 
Luque.  XV,  7. 
Madrid.  XIV,  357;  XV,  6,  18,  38, 

Magallon.  XV,  59. 
Main,  rivière.  XIV,  378. 
Malaga.  XIV,  386,  389  ;  XV,  44- 
Maiaga   (province   de).    XIV,    383, 

385,  389,  390;  XV,  7. 
Manzanares,  rivière.  XV,  28. 
Marando-do-Douro.  XV,  38. 
Martigny-en-Valais,  Suisse.  XV,  9. 
Mayence,  Allemagne.  XIV,  ^78. 
Medellin.  XIV,  389. 
Méditerranée,  XIV,  359,  383,   385; 

XV,  8,  9,  10,  18,  19,41,48,  SI, 

Merida.  XIV,  389  ;  XV,  15,27,  28, 

34,  38,  39,  40,  41,  SS- 
Wmho, fleuve.  XV,  1,  2,  3. 
Miranda-de-Ebro.  XV,  12. 
MIava,  rivière.  XIV,  379. 
Monasterio.  XIV,  391. 
Monesterio.  Voir  Monasterio. 


Monda.  XIV,  385. 

Mont-Alegre.   XV,  2. 

Moura.  XIV,  391. 

Mundeo,  fleuve.  XV,  5. 

Murcie,  XV,  41. 

Murcie  (royaumede).  XIV,  370,  382. 

Murviedro.  XIV,  382,  383. 

Nanterre,  Seine.  XV,  2. 

Nassau  (duché  dé).  XIV,  378. 

Navarre  (royaume  de).  XV,  10. 

Nerwlon,  fleuve.  XV,  11. 

Niederbronn,  Alsace.  XIV,  387. 

Noya.  XV,  4. 

Nuestra-Senora-de-Oreto.  XV,  42. 

Océan   Atlantique.  XIV,  357,    359, 

366,    383,    385,  392,  393,  395  ; 

XV,  3,  4,  5,  10,  11,  14,  19,  40, 

44,  48,  S'.  55- 
Odra,  r.viere.  XV,  33. 
Orange,  Vaucluse.  XV,  37. 
Osma,  province d'Alava.  XV,  12,24, 
Osma,  province  de  Soria.  XX,  1 2,  24. 
Osorno,  XV,  34. 
Orense  (province  d').  XV,  2. 
Ourique.  XIV,  393. 
Oviedo.  XV,  56. 
Oviedo  (province  d').  XV,  56. 
Palencia.  XV,  31,  33,34. 
Palencia   (province  de).    XIV,  378; 

XV,  24,26,  33,  34. 
Pancorvo.  XV,  12. 
Paris.  XIV,  357;  XV,  22. 
Pedrosas.  XIV,  394. 
Pisuerga,  rivière.  XV,  33,  34,  3  5- 
Plaisance,  Italie.  XV,  4^. 
Pontevedra  (province  de).  XV,  5. 
Portugal   (royaume  de).   XIV,  381, 

382,  388,   389,    391,   392,  393, 

XV,  I,  2,  8,  37,40,  55,  56. 
Puebla-de-Tribes.  XV,  2. 
Puente-de-Navea.  XV,  2. 
Puerto-de-Vega.  XIV,  385. 
Pyrénées,    montagnes.     XIV,    551, 

357,   358,   363,   383.   384,  38s; 

XV,  26,  ss- 
Reinosa,  XV,  13,  14. 


Les  Celtes  en  Espagne. 


169 


Rhin,  fleuve.  XIV,  577,  579. 

Roa.  XV,  33. 

Ronda  (province  de  Malaga).  XIV, 

589,  390. 
Ronda-la-Vieja.  XIV.  390. 
Rosas    XiV,  385,  586. 
Rueda.  XV,  29. 
Sado,  fleuve.  XIV,  393. 
Saelices.  XV.  18. 
Saint-Jacques-de-Compostelle.     XV, 

56. 
Saint-Victor  de  Marseille.  XIV,  385. 
Saint-Vincent  (cap).  XIV,  365,  395. 
Salamanque.  XIV,  375;  XV,  8,  30, 

33,  38,  39,  40,  45. 
Salamanque  (province  de).  XV,  33, 

59- 
Saldana.  XV,  34. 

Salvatierra-de-los-Barros.XIV,  392. 
San-Jago-da-Cacem.  XV,  40. 
Santandar  (province  de).    XV,     13, 

14,  s6. 
Santarem.  XIV.  388. 
Sâo-Thiago-de-Cacem.  XIV,  393. 
Sar,  riv.ère.  XV,  3 . 
Saragosse.  XV,  5,  8,  9,  1^,  18,  19, 

26,   27,  28,  20,  34,  35,    38,  39, 

40,  42,44,  59. 
Saragosse  (province  de).  XV,  5,  14, 

Sasamon.  XV,  13,  14. 

Segorbe.  XIV,  383  ;  XV,  6,  19. 

Segovia.  XV,  35. 

Segovia  (province  de).  XV,  24,  53, 

34- 
Seine,  fleuve.  XIV,  357  ;  XV,  53. 
Servie  (royaume  de).  XIV,  379. 
Setenil-de-las-Bodegas.  XIV,  390. 
Setubal.  XIV,  393. 
Séville.  XIV,  387;  XV,  ss- 
Séville  (province  de).  XIV,  390. 
Siguenza.  XV,  27,  29. 
Sil,  rivière.  XV,  2. 
Simancas.  XV,  35. 
Sinapo.  XV,  42. 
Soissons,  Aisne.  XV,  11. 


Soria  (province  de).  XV,  14,  17,  23, 
24. 

Souza.  XIV',  395. 

Tage,  fleuve.  XIV,  367,  387,  388, 
592,  394,  395  ;  XV,  i,  6,  12, 
14,  16,  17,   18,  24,  27,  28,  42, 

5S- 
Talavera-de-la-Reina.  XIV,  395. 
Talavera-la-Vieja.  XIV,  394. 
Ta^mbre.  fleuve.  XV,  3,  4. 
Tarragona.  XV,  9,  14,  35,  36. 
Teruel  (province  de).  XV,  14,  18. 
Tirol.  XIV,  377. 
Toia.  XV,  41,  44. 
Tolède.  XV,  18,  30,  56,  S7,  58. 
Tolède  (province   de).    XIV.    395  ; 

XV.  6,  14,  18. 
Tordesillas.  XV,  }  s- 
Tormes,  rivière.  XV,  39,  40. 
Toro.  XV,  30,  48,  4^. 
Torre-de-Alhaquine.  XIV,  384,  585, 

389. 
Torrecilla-de-Aldeatejada.  XIV,  395. 
Toul,  Meurthe-et-Moselle.  XV,  21. 
Traz-os-Montes  (province  de).  XV, 

2,  38. 
Trebujena.  XI\^,  390. 
Trijueque.  XV,  17. 
Troyes,  Aube.  XIV,  393. 
Ubeda.  XV,  41,  44. 
Ucles.  XV,  18. 
m\a,  fleuve.  XV,  3. 
Utrera.  XIV,  390. 
Vaison,  Vaucluse.  XV,  37. 
Valderaduey,  nVière.  XV,  36. 
Valence.  XV,  18. 
Valence    iroyaume   de).   XIV,    382, 

583;  XV,  6,  19. 
Valera-de-Abajo.  XV,  19. 
Valladolid.  XIV,  378;  XV,  50,  31, 

33,  3S- 

Valladolid   (province   de).   XV,    33, 

3S,  39- 
Vertault,  Côte-d'Or.  XIV,  387. 
Viana.  XV,  10. 
Villalpando.  XIV,  367;  XV,  36. 


170 


H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


Villamejia.  XV,  17. 
Villanueva-de-la-Fuente.     XV, 

45.  49- 
Villar-del-Pedroso.  XIV,  594. 

Villareal  (district  de).  XV,  2. 

Vimeu  (pays  de).  XIV,  579. 

Vismes,  rivière.  XIV,  379. 

Vitoria.  XIV,  373;  XV,  11. 

Vizeu.  XV,  I . 


Weser,  fleuve.  XIV,  379. 
41,       Wûmme,  rivière.  XIV,  379. 

Wurtemberg  (royaume  de).  XV,  12. 
Xérès.  XIV,  362. 
Zafra.  XIV,  389. 
Zamora.  XV,  30,  33,  36,  58,  39. 
Zamora    (province    de).  XIV,    367, 
395;  XV,  8,  30,  33,  35,  39. 


TROISIÈME   PARTIE 


NOMS  DE  PERSONNES. 


Abienus.  XV,  38. 

Acilius.  XV,  48. 

Adaegina.  XIV,  389. 

M.  Aemilius  Lepidus.  XV,  51,  32, 

Afranius  Burrus.  XV,  37. 

Agrippine.  XIV,  391. 

Allucius.  XV,  50. 

Ambo.  XV,  19. 

Amma.  XV,  38. 

L.  Annius  Placidus.  XIV,  395. 

Q.  Antonius  Severus  Vamensis. 
XIV,  392. 

Antubelus.  XV,  12. 

Appien.  XIV,  363,  567,  369,  370, 
376,  392,  398;  XV,  7,  10,  is, 
20,  22,  29,  31,   32,   34,   35,  36, 

5",  H'  S6,  S9- 
Apollon.  XIV,  388. 
Arausa.  XV,  37. 
Arco.  XV,  17. 
Arcos.  XV,  17. 
Arrius.  XV,  18. 
Artémidore.  XIV,  364. 
Ataccina.  XIV,  588. 
C.  Atinius.  XIV,  390. 
Auguste.   XIV,   361  ;  XV,    13,   14, 

36,  40,  56. 
Aviénus.  XIV,  358. 
Barca.  XV,  46, 


Boutius.  XIV 


>  y 


1;XV, 


Blecaenos.  XV,  37. 

Bodecius.  XV,  57. 

Boduus.  XV,  37. 

Baebia  Crinita.  XIV,  388. 

Bricriu.  XIV,  37s. 

Brigite  (sainte).  XV,  2. 

Brutus.  XIV,  395. 

Burralos.  XV,  37. 

Q.  Caecilius  Metellus  Macedonicus. 

XV,  18. 
Q.CaeciliusMetellusNepos.  XV,  26. 
Q_.  Caecilius  Metellus  Plus.  XV,  10, 

n,  27. 
L.  Calpurnius  Piso  Frugi.  XV,  48, 

Cambyse.  XIV,  3^8. 

Carmenion.  XV,  16. 

Caros.  XV,  10,  19. 

L.  Cassius  Vegetus  Celticotlaviensis. 

XIV,  39S. 
Celer.  XV,  u- 
Cerdubelus.  XIV,  370;  XV,  12,43, 

Sh 
P.  Charisius.  XV,  36. 
M.   Claudius    Marcellus.   XIV,  377, 

578. 
M.  Claudius  Marcellus.  XV,  15,  25. 
G.  Claudius  Nero.  XV,  48. 
Clodius.  XIV,  388. 
Cloutus.XIV,  388;  XV,  37. 
Clutamus.  XV,  37. 


Les  Celtes  en  Espagne. 


171 


Cobnertus.  XIV,  387. 
Corbagnos.  XIV,  374. 
Corbis.  XIV,  371,  572,  373,  374. 
Corbius.  XIV,  374. 
Corbmacc.  XIV,  374. 
Corbos.  XIV,  575,  374. 
Cormac.  XIV,  574. 
Cn.  Cornélius  Scipio  Calvus.   XIV, 
377,    584;  XV,  46,  47,  48,  49, 

5',  S2. 
P.  Cornélius  Scipio.  XV,    11,    46, 

47,  48,  49,  52. 
P.  Cornélius  Scipio  Africanus  Major. 

XIV,  368,  370,  371,  372,  374; 

XV,  11,43,  49,  So,  SI,  5^,  y>-_ 
P.  Cornélius  Scipio  Aemilianus  Afri- 
canus Minor.  XIV,  369,  370;  XV, 
19,  20,  21,  25,  31,  32,  34,  35. 

Cyrus    XIV,  358. 

Deos.  Voir  Devos. 

De-vit   XV,  30,  31. 

Devos.  XV,  I  2. 

Desjardins.  XV.  9. 

T.  Didius.  XIV,  564;  XV,  6. 

Diodore  de  Sicile.  XIV,   361,  562, 

.363,  367,  374.  37<^- 
Dion  Cassius.  XV,  5. 
Docius   XV,  37. 
Domitia  Attia.  XIV,  395. 
Domitien.  XIV,  372. 
Domitius   XV,  27. 
Dupont.  XV,  50. 
Elaesus.  XV,  37. 
Enigenus.  XIV,  377. 
Ephore.  XIV,  3  59,  360. 
Eratosthènes.  XIV,  3^9,  360. 
Etienne  de  Byzance.  XIV,  364. 
Eutrope.  XV,  28. 
Excengolatis.  XIV,  362. 
Fabia  FabianaEsttledunensis.  XV,  7. 
Fabius  Fictor.  XIV,  365,  382. 
FlaviaRufina  Augustobrigensis.  XIV, 

394- 
Florus.  XIV,  368;  XV,    3,    13,    15, 

28,  36. 
Frédégaire.  XIV,  374. 


Q.  Fulvius  Flaccus.  XIV,  376;  XV, 

18,  58,  59. 
Q.  Fulvius  Nobilior.  XV,    10,    19, 

30,61. 
Galba.  XV,  9,  26. 
Gesorius.  XV,  9. 
Gisgon.  XV,   51. 

B.  Guérard.  XIV,  385. 
HamilcarBarca.XIV,  359,  361,  382; 

XV,  48,49,  53. 
Hannon.  XV,  54. 
Hannibal.  XIV,  364,  365,  368,  374, 

382;  XV,  29,  31,  39,  43,45,46, 

47,  48,  50,  SI. 
Hasdrubal.    XIV,    359,    362,    363, 

364,  382;XV,  7,  11,48,51,52. 
M.  Helvius.  XV,  57. 
Hermès.  XIV,  376, 
Hérodote.  XIV,  358,  360,  382,  386, 

392^.393- 
Hirtuleius   XV,  27. 

C.  Hostilius  Mancinus.  XV,  25,31. 
Hùbner.  XIV,  383;  XV,  17. 
Istolatios.  XIV,  361,  362.  372. 
Jules  César.    XIV,   361,   366,  384; 

XV,  4,  5,  8,  9,  21,  25,  26,  27, 
28,  60. 
L.  Julius  Capito.  XV.  40. 

C.  Julius  Reburrus    XV,  14. 

D.  Junius  Brutus.  XV,  3,  56. 
Junius  Silanus.  XV,  5 1 . 
Jupiter.  XIV,  394. 

C.  Justeius   XV,  32. 

Justin  XIV,  358. 

Karaunios.  XV,  2  i . 

Leucimara.  XV,  21 .' 

Leuco.  XV,  19,  21. 

Leuconius.  XV,  21. 

Licinianus.  XV,  16. 

L  Licinius  Lucullus.  XIV,  367  ;  XV, 

7,  30,  31,  34,  36. 
Livius.  Voir  Tite-Live. 
Longnon    XIV,  379. 
Lugaid.  XIV,  376. 
Lugoves    XIV,  376;  XV,  27. 
Luguadiccus.  XIV,  376;  XV,  27. 


172 


H.  d' Artois  de  Jabainville. 


Lugus.  XIV,  376. 

Macer.  XV,  16. 

Magilo.  XIV,  388;  XV,  37. 

T.  Magilius.  XV,  24. 

Magon   XV,  11,  55. 

Maître  (Léon).  XV,  2. 

L.  Manlius.XV,  27. 

L    Manlius  Acidinus.  XV,  57. 

P.  Manlius.  XV,  28. 

T.  Manlius  Torquatus.  XIV,  368. 

L.  Marcius.  XV,  47,  53,  H- 

M.  Marius.  XV.  22. 

Martial.  Voir  Valerius. 

Mercure  XIV,  379. 

Mercurius.  XIV,  379. 

Moenicaptus.  XIV,  365, 378;  XV,  47. 

Mommsen.  XV.  28,  33. 

Muller.  XIV,  380,  392. 

Napoléon  I^r.  XV,  20. 

Nemetos.  XV,  2. 

Néron.  XIV,  391  ;  XV,  4,  26. 

Nertomarus.  XIV,  387- 

Nertovalus.  XIV,  384. 

Orelli.  XV,  37. 

Orose.  XV,  4,  5,  28. 

Orsua.  XIV,  371,  372,  373,  374. 

Ovelux.  XV,  45. 

Pardessus.  XV,  2. 

Paul-Emile.  XIV,  368. 

Pentilius.  XV,  38. 

Pentilus.  Voir  Pentilius. 

Persée.  XIV,  368. 

Peter  (Hermann).  XV,  32. 

Pline  le  Naturaliste  XIV,  370,  376, 
380,  381,  384,  586,  387,  389, 
390,  391,  592,  395i  395  ;  XV,  4, 
5,6,  7,8,  13,  17,  19,  20,  22,  23, 
26,  27,  28,  29,  31,  34,  35,  39, 
40,  42,  43,  44,  51- 

Plutarque.XIV,  364;  XV,  6,  33,59. 

Polybe.  XIV,  359,  363,  36^  368, 
369,  375,  382;  XV,  7,  13,  15, 
22,  30,  36,  38,  39,  43,  p,  H- 
5S>  59.  60. 

Pompée.  XIV,  384;  XV,  8,  26,  29, 

32- 


Q^  Pompeius  Aulus.  XV,  25. 

Pomponius  Mêla.  XIV,  380,  390; 
XV,  5,  5.  54- 

M.  Porcius  Cato.  XV,  11,  28,  59. 

Poseidonios  d'Apamée.  XIV,  371, 
374;  XV,  59.  _ 

L.  Postumius  Albinus.  XIV,  384. 

Prasutagus.  XV,  4. 

Proserpine.  XIV,  389. 

Ptolémée.  XIV,  364,373,  378,  379, 
380,  381,  382,  38s,  389,  391, 
392.  394,  395;  XV,  I,  2,  4,  s, 
6,  7,  8,  9,  10,  13,  14,  17,  18, 
19,  23,  24,  27,  28,  29,  33,  34, 
'  35'  36,  37,  38,  39,  41,  42,  43^ 
44,  52,   55-  56- 

Ptolémée  Evergète.  XIV,  359. 

Quintilius.  XV,  38. 

L.  Quintus  Crispinus.  XV,  57. 

Rectugenos.  XV,  22,  24. 

Renogenos.  XIV,  377. 

Renus.  XIV,  379. 

Retogenus.  Voir  Rectugenos. 

Rhetogenos.  XV,  21,  22. 

Rodéric.  XIV,  362. 

P.  Rutilius  Rufus.  XV,  32. 

Samalus.  XIV,  388. 

Scipion.  Voir  Cornélius. 

Secundus.  XIV,  377. 

Segovax.  XV,  27. 

Sempronia.  XV,  60. 

Ti  Sempronius  Gracchus.  XIV,  584, 
387;  XV,  18,  20,  59,  60. 

Sempronius  Perpetuus  Orniacus.  XV, 

57,38- 
Septime  Sévère.  XIV,  391. 
Sertorius.XIV,  364;  XV,  6,  10,  1  5, 

22,  24,  26,  27,  29,  32,  35. 
Silius  Italicus.  XIV,  572,  373. 
Sperata.  XIV,  389. 
Stésichore.  XIV,  357,  358. 
Stokes  (Whitley)  XIV,  374. 
Strabon.  XIV,  359,  364,  365,  367, 

580,  381,  390,  392;  XV,  3,  4,6, 

8,    10,   15,    I 5,   16,  20,  23,  28, 

35,  36,  42,  59- 


Les  Celtes  en  Espagne. 


17? 


Sulla.  XV,  15.  27. 

Tacite.  XIV,  381. 

Tarvacus.  XIV,  378. 

Tarvos.  XIV,  579. 

A.  Terentius.  XV,  1 1. 

Thédenat.  XIV,  387. 

Théodose  le  Grand.  XV,  34. 

Théodule.  XIV,  578. 

Thierry  II.  XIV,  374. 

Thurrius.  XV,  18 

Tibère.  XIV,  372  ;  XV,  6,  8. 

Tite-Live.  XIV,  564,  365,  368,  370, 

372,  373>  384,  388,  390;  XV, 
10,  22,  28,  30,  32,  38,  39,  45, 
48,  49,  SI,  S2.  58. 

Turaius.  XIV,  :!88;  XV,  37. 

Tureos.  XIV,  388. 

Turc.  XIV,  588. 

Turcs.  XIV,  388. 

Turrio.  XIV,  388. 


Turros.  XIV,  388. 

Turrus.  XIV,  388. 

Vaière  Maxime.  XIV,  372;  XV,  15. 

Vaierius  Anno.  XV,  27. 

Valerius  Antias.  XV,  48. 

M.  Valerius  Corvinus.  XIV,  368. 

L.  Valerius  Martialis.  XV,  15,  16. 

Vamba.  XIV,  383. 

Varron.  XIV,  358,  360. 

Velleius  Paterculus.  XIV,  369. 

Vespasien    XV,  1 1 . 

Viminacius.  XIV,  379. 

Viminacus    XIV,  378. 

Virdumaros.  XIV,  377. 

Virgile.  XiV,  366. 

Viriathe.  XV,  25. 

Vismarus.  XIV,  365;  XV,  47. 

Zeuss.  XIV,  387. 

Zonaras.  XV,  59. 


NENNIUS    RETRACTATUS 


Dans  le  précédent  fascicule  de  cette  Revue,  p,  126-129, 
M.  d'Arbois  de  Jubainville  a  présenté  au  public  le  nouveau 
livre  de  M.  Zimmer,  Nennius  vindicatus.  Son  compte  rendu 
débute  par  une  analyse  de  l'ouvrage,  dont  les  principales  con- 
clusions sont  indiquées.  M.  d'Arbois  expose  ensuite  quelques 
observations  sur  la  façon  dont  M.  Zimmer  procède  dans  ses 
citations  de  textes  .celtiques.  Quant  au  système  de  l'auteur  sur 
les  diverses  recensions,  les  dates  et  les  sources  de  VHistoria 
Briîonum,  il  s'abstient  de  le  discuter. 

J'avais  déjà  idée  que  plusieurs  des  thèses  du  savant  celtiste 
de  Greifswald  laissaient  prise  à  l'objection,  lorsque  M.  Mommsen 
a  publié  dans  le  dernier  numéro  du  Nciies  Arcbiv^  d'intéressants 
renseignements  sur  un  manuscrit  de  VHistoria  Britonum  con- 
servé à  la  bibliothèque  de  Chartres.  M.  d'Arbois  et  moi,  nous 
avons  pensé  qu'il  serait  utile  de  publier  ce  texte  et  de  l'accom- 
pagner de  quelques  observations  sur  la  genèse  du  livre  auquel 
M.  Zimmer  a  rattaché,  avec  raison,  en  somme,  le  nom  de 
Nennius. 

I.   —  L'Historia  Britonum  du  manuscrit  de  Chartres. 

Voici  donc  ce  texte,  reproduit  tel  qu'il  est  dans  le  manuscrit 
de  Chartres.  Je  l'ai  transcrit  sans  y  changer  autre  chose  que 
les  fautes  qui  le  rendraient  absolument  inintelligibles  ;  encore 

I.  Tome  XIX,  p.  285  et  suiv. 


Nennius  reîractatus.  175 

ne  me  suis-je  pas  aventure  à  restituer  certains  passages  altérés, 
dont  la  teneur  primitive  ne  se  reconnaît  pas  du  premier  coup. 
Quand  il  ne  s'agit  que  de  lettres  omises,  je  les  rétablis  entre 
crochets;  pour  les  autres  changements,  la  leçon  du  manuscrit 
est  indiquée  en  note.  Les  feuillets  où  se  trouve  VHistoria  Bri- 
tonuin  n'ont  rien  à  voir  avec  le  principal  contenu  du  manus- 
crit ;  ce  sont  des  feuillets  de  garde,  ajoutés  au  commencement 
et  à  la  fin;  l'écriture  y  est  du  x*  siècle.  Dans  la  reproduction 
on  a  inséré  entre  crochets  les  numéros  de  l'édition  Stevenson 
(San-Marte). 


INCIPIUNT  •  EXBERTA  •  FIIURBAOEN  DE  LIBRO  SQ  GERMANI  • 
INUENTA  ET  ORIGINE  •  ET  GENELOGIA  BRITONÛ  •  DE  .ETATI- 
BUS  MUNDI. 

[4]  A  principio  mundi  usque  ad  diluuium  anni  II.CCXLII  ;  a  diluuio  us- 
que  ad  Abraham  anni  1  DCCCCXLII  ;  ab  Abraham  usque  ad  Moysen  anni' 
D.CXLII  -  ;  a  Moysen  usque  ad  Dauid  D  ;  a  Dauid  usque  ad  Nabochodo- 
nosor  D.CXLUIIII  ?.  [6]  Prima  etas  mundi  ab  Adam  us[que]  ad  Noe,  II» 
a  Noe  ad  Abraham,  III'  usque  ad  Dauid,  IIIL^  a  Dauid  us[que]  ad  Danîe- 
1cm,  U'^  a  Danielem  ad  lohanne,  UI-'  a  lohanne  usque  ad  iudicium,  in  qua 
dominus  noster  Ihesus  Christus  ueniet  iudicare  uiuos  ac  mortuos  et  seculum 
per  ignem. 

DE  aUADAM  PERrriA  A    BRITANIA"  INSULE. 

[7]  Britannia  insula  a  quodam  Bruto  consule  romano  dicta.  Haec  con- 
surgit  ab4  africo  borcali  occidentem  uersus.  Dcccctorum  in  iongo,  miiium 
cctorum  in  latitudine  spacium  habet.  In  ca  sunt  xxuiii  ciuitates  et  innume- 
rabiha  promuntoria  cum  innumeris  castellis  ex  lapidibus  et  latere  fabri- 
catisS.  In  ea  habitant  IlIIof  gentes  Scothi,  Picti,  Saxones,  Britones.  [8]  III  in- 
solas  habet,  quarum  una  uergit  contra  6  Armoricas  gentes  et  uocatur  insula 
Gueith,  II»  consita  in  umbilico  maris  inter  Hiberniam  et  Britanniam  et  uo- 
catur nomen  eius  Euonia,  contra  Maunu,  llh  sita  est  in  extremo  limite  or- 
bis  Britanniae  ultra  Pictus  et  uocatur  Orca  ;  sicut  in  prouerbiis  antiquorum 


1.  annis  cod.;  peut-être  est-ce  un  résidu  de  antii  sutit. 

2.  Le  groupe  cxl  est  écrit  cxù  (exher),  mais  le  b  est  très  ouvert. 

3 .  Ici  encore  le  c  a  la  forme  d'un  e. 

4.  ab  injrancoliorc  ali. 

5 .  fabricati  stiiit. 

6.  contra  est  représenté  ici  et  plus  bas  par  le  signe  3-C. 


lyô  i-  Duchesrie. 

dicitur  :  Regnauit  Britannia  cura  tribus  insulis.  [9]  Sunt  in  ea  multa  flu- 
mina  quae  confluunt  per  omnes  partes,  id  est  '  ad  orientem,  ad  occidentem, 
ad  aquilonem,  ad  meridiem.  Set  tamen  duo  sunt  flumina  2  praeclariora  ce- 
t[er]is  fluminibus  aliis,  Tamensis  et  Sabrine,  quasi  duo  brachia  Britanniae, 
per  quem  olim  rates  uehebantur  ad  portandas  divicias  causa  negociorum- 
Britones  olisti  impleuerunt  Britanniam  a  mari  usque  ad  mare. 


DE  GENELOGIA  BRITONU. 

[11]  De  3  origine  Britonum.  De  Romanis  et  Grecis  trahunt  ethimologiam, 
id  est  de  matre  Labina  filia  Latini  régis  Italie  et  pâtre  Siluianiaî  filii  Ena- 
chi,  filii  Dardani,  filii  Dardanus,  filii  Saturni.  Rex  Gothorum  perrexit  ad 
partem  Asice  et  Trous  filius  Dardani  edificauit  urbem  Troie.  Trous  pater 
Priami  et  Anchise,  Anchises  pater  Aenee4,  Aeneas  pater  Astani  et  Silluii. 
Silluius  filius  Eneie  et  Labine  filiœ  Latini  régis  Italiae.  Et  de  stripe  Silluii 
filii  Eneae  ex  Labina  orti  sunt  Renius  et  Romulus  et  Brutus,  très  filii  regine 
sanctimonialis  pro////m!  Reae,  qui  fecerunt  Romam.  Brutus  consul 
fuit  in  Roma  epiromanus  quando  expugnauit  Hispaniam  ac  detraxit  in  ser- 
uit[u]tem  Rome,  et  postea  tenuit  Britanniam  insulam  quam  habitant  Bri- 
tones filius  illi  olli  Siluio  Posthumo.  Ideo  dicitur  Posthumus  qui[a]  post 
mortem  Eneae  patris  eius  natus  est,  et  fuit  mater  eius  Labina  super  clan- 
distina  quando  fuit  praegnans.  Et  ideo  Siluius  dictus  est  quia  in  silua  natus 
est,  et  ideo  Siluei  dicti  sunt  reges  Romani  et  Britones  quia  de  eo  nati  sunt. 
Set  a  Bruto  Britones  et  de  stripe  Bruti  surrexerunt. 

[0]  Casabellaunus  S  rex  Britannicus  et  ipse  fuit  in  obuiam  Gaii  lulii  Ce- 
saris  régis  Rome  qui  missus  ab  imperatore  Latino  ad  expugnandam  Bri- 
tanniae insulam.  Et  fregit  bellum  ante  Cassabellaunum  duobus  uicibus  su- 
per Gaium  Cesarem  ;  et  in  tercio  bello  occisus  est  a  Cesare  misso  ab  impe- 
ratore. Haec  sunt  nomina  imperatorum  qui  in  Britania  uenerunt  :  Iulius 
imperator  primus  in  Britaniam  uenit  per  Renum  et  Germaniam  usque  Tam- 
mensis  bellum.  Primus  postea  Claudias  imperator  qui  usque  ad  Orcam  et 
Eunoniam  et  inde  Romam  exiit.  Tertius  imperator  Reuersus^,  cum  quo  ua- 
lidus  murus  factus  est.  Quartus  Curatius  tircnus7.  Quintus  Constantinus 
Constantini  magni  pater  8  uir  tranquillisimus  ;  ille  Constantinus  in  Britannia 


1 .  id  est  est  représenté  par  un  K. 

2.  fluminia. 

5.  Ce  morceau  correspond,  pour  le  fond,  au  c.  10  de  Stevenson;  en 
réalité,  il  ne  se  trouve  ni  dans  le  ms.  Harléien  ni  dans  celui  de  Cambridge; 
il  figure  dans  celui  du  Vatican,  où  il  est  combiné  avec  le  texte  des  autres 
manuscrits. 

4.  Aliénée  ou  Anence. 

5 .  Ce  développement  sur  les  empereurs  est  tout  difierent  de  celui  des 
autres  mss.,  c.  2ofin-29;  mais  il  correspond,  en  somme,  à  ces  chapitres. 

6.  Pour  Seuertis. 

7.  Il  s'agit  du  «  tyran  «  Carausius. 

8.  pat.  I.  iiir  etc. 


Nennius  retractatus.  1 77 

morte  obiit  ;  qui  Constantinum  fîlium  ex  concubina  Helena  creatum  impe- 
ratoreni  Galliarum  '  reliquit  ;  qui  in  Britannia  obiit.  Sextus  Maximus  impe- 
rator  in  Britania  ordinatur  inuitus,  cum  quo  Martinus  sepc  locutus  est.  Sep- 
timus  Gracianus  Valentiniani  fîlius  qui  in  Romam  a  Bretannia  exiit  et  ibi 
a  Maxime  ocisus  est;  cuiussanguinemuindicauit  Eu/////////ius2  de  Maxinio 
et  postea  Eugenium  occidit  pro  Valentiniano  Graciano  frater.  Et  in  tem- 
pore  Guorthigirni  régis  Britanie  Saxones  peruenerunt  in  Britanniam,  id 
est;  in  anno  incarnacionis  Chrisii,  sicut  Libine4  abasiae  inripum  ciuitate 
inuenit  vel  reperit,  ab  incarnacione  Domini  anni  D.  usque  a  kl.  ian.  in 
XII  luna  ut  a[ijunt  alii  trecentis5  annis  a  quo  tenuerunt  Saxones  Britan- 
niam usque  ad  annum  supradictum. 

[18]  Britones  a  Bruto.  Brutus  fîlius  fuit  Hisscionis  ;  Hiscion  filius  Ala- 
niae  ;  Alanus  filius  Reae  Silue  ;  Rea  Siluea  filia  Numere  Pampilii  ;  Numera 
filius  é  Ascani  ;  Ascanus  filius  7  Eneae  filii  Anchise,  filii  Troi,  filii  Dardani, 
filii  Sre,  filii  Riuam,  filii  lafeth.  lafeth  uero  VII  filios  genuit  :  primus  Go- 
mer  a  quo  Galli,  secundus  Magog  a  quo  Scithi  et  Gothi,  tertius  Madai  a 
quo  Medi,  quartus  luuan  a  quo  Greci,  quintus  Tubal  a  quo  Hiberei  et  His- 
pani  et  Itali,  sextus  Mosoch  a  quo  Capadoces,  septimus  Tiras  a  quo  Traces, 
lafeth  filius  Noe,  filii  Lameth,  filii  Mathusalem,  filii  Enoc,  filii  lareth,  filii 
Malalehel,  filii  Cainan,  filii  Enos,  filii  Seth,  filii  Adam,  filii  Dei  uiui  altis- 
simi. 

[11]  Quando  8  regnabat  Brito  in  Britannia  Heli  sacerdos  iudicabat  in 
Hisrael,  et  tune  archa  testamenti  possidebatur  ab  alienigenis  9  ;  Postumus 
frater  eius  regnabat  aput  Latinos  '°. 

[17j  Très  filii  Noe  diuiserunt  orbem  terre  in  très  partes  post  diluuium: 
Sera  in  Asia,  Cham  in  Africa,  lafeth  in  Europha.  Ad  Europham  de  génère 
lafeth  Alanus  cum  tribus  filiis  suis  quorum  nomina  sunt  Hission,  Arme- 
non,  Neugo.  Hission  habuit  quatuor  filios:  Francus,  Romanus,  Almannus, 
Brito.  Armennon  autem  V  filios  habuit:  Gothus,  Ualagothus,  Cebustus, 
Burgundus,  Longobardus  ;  Neugo  habuit  ■  '  III  filios  :  Uandalis.  Saxo,  Bo- 
garus.  Ab  Hisscione  autem  quatuor  gentes  orte  sunt,  Franci,  Latini,  Al- 
manni,  Britones  ;  ab  Arme[nOjne-  autem  Gothi  Ualagothi,  Cebidi,  Bur- 
gundi  et  Longobardi  ;  a  Nego  autem  Bogari,  Uandali,  Saxones  et  Turingi. 


1 .  Gillianiin. 

2.  Je  crois  distinguer  Euugeniits 

3.  id  est  est  représenté  ici,  comme  ci-dessus,  par  un  K. 

4.  Il  faut,  je  crois,  restituer:  sicut  Libine  abbas  de  Inripum  ciiiitale.il 
s'agit  ici  de  la  célèbre  abbaye  de  Ripon,  diocèse  d'York. 

5.  alii  .intis.  CGC.  annis. 

6.  filii 

7.  Jilii 

8.  Avant  ce  passage,  le  c.    11  offre  une  chronologie  des  premiers  rois 
d'Albe. 

9.  aligenis  ;  mais  le  copiste  a  ajouté  gcni  au-dessus  dcgenis. 

10.  lannos. 

1 1 .  habetit 


lyS  L-  Duchés  ne. 

Iste  autem  gentes  subdivise  s[unt]  per  totam  Europam.  Alanius  autem  filius 
fuit  Ethebir,  filius  Egomuin,  filius  Semoin,  filius  Mair,  filius  Ethath,  filius 
Ethieth,  filius  Ooth,  filius  Tibir,  filius  Ra,  filius  Isra,  filius  Tau,  filius 
Brath,  filius  lobath,  fili[us]  Rabuan,  filii  lafeth,  filius  Noe,  filius  Lameth, 
filii  Mathusalem,  filii  Enoc,  filii  lareth,  filii  Malehel,  filii  Cainan,  filii  Enos, 
filii  Seth,  filii  Adam,  fili[i]  Dei. 

[19]  Romani  autem  cum  accepissent  dominium  tocius  mundi,  ad  Brita- 
nos  miserunt  legatos  ut  obsides  et  censum  acciperent,  sicut  acciperent  ab 
uniuersis  regionibus  et  insulis.  Britones  autem  cum  essent  '  tyrranni  et  tu- 
midi,  legacionem  Romanorum  contempserunt.  Tune  Iulius  César  cum  ac- 
cepisset  singulare  inperium  primus  et  obtinuisset,  iratus  est  ualde  et  uenit 
ad  Britanniam  cum  LX  ciulis  et  tenuit  in  occium  Tamensis,  in  quo  nau- 
fi-agium  perpessa[e]  sunt  naues  illius  dum  ipse  pugnabat  apud  Dolobellum  » 
qui  erat  proconsul  régi  Britannico  qui  et  ipse  Bellimus  uocabatjurj,  cuius 
filius  erat  Minoamus  qui  occupauit  omnes  insulas  terreni  maris,  et  Iulius 
reuersus  est  sine  uictoria,  cesis  ?  militibus,  fractisque  nauibus4.  [20]  Et  ite- 
rum  post  spacium  trium  annorum  uenit  cum  magno  exercitu  trecentis  ciulis 
et  peruenit  usque  ad  ocidium  Tamensis,  et  ibi  inierunt  bellum,  et  ibi  ceci- 
derunt  milites  multi  de  equis  suis,  quia  supra  dictus  consul  posuerat  sudes 
ferreos  et  semen  bellicosum  cethilou  in  uada  fluminum  S  ;  discrimen  magnum 
fuit  militibus  Romanorum  haec  ars  inuisibilis,  et  discesserunt  sine  6  in  ista 
uice.  Gestum  est  bellum  tercio  iuxta  locum  qui  dicitur  [Tjrinouantum,  et 
accepit  Iulius  imperium  Britanie  XL  et  VII  annis  a  natiuitatem  Christi,  ab 
inicio  mundi  UCCXV.  [30]  Tribus  uicibus  occisi  sunt  duces  Romanorum  a 
Britannis. 

[31]  Factum  est  autem  post  supra  dictum  bellum  quod  fuit  inter  Britones 
et  Romanus  qua[n]do  duces  eorum  occisi  sunt,  et  post  occisionem  Maximi 
tiranni,  post  XL  annos  fuerunt  sub  metu.  Guorthigirnus  regnauit  in  Bri- 
tannia,  et  dum  ipse  regnabat  urguebatur  a  metu  Pictorum  Scothorumque 
et  a  Romanico  impetu  necnon  et  a  timoré  Ambrosii?.  Uenerunt  interea 
III  ciule  a  Gasanania  in  exilio  expulse,  in  quibus  erant  Cors  et  Haecgens 
qui  et  ipsi  fratres  erant,  filii  Guictils,  filii  Guicta,  filii  Gueta,  filii  Uuoden, 
filii  Frelab,  filii  Freuduls,  filii  Fran,  filii  Folcpald,  filii  Geuta,  qui  sunt,  ut 
aiunt,  filius  Dei,  non  Deus  excercituum,  set  unus  ex  idolis  quaeipsi  colebant. 
Guorthigernus  suscepit  eos  bénigne  et  tradidit  eis  insulam  quae  uocatur  in 
lingua  eorum  Canet,  britannico  sermone  Ruimh.  Régnante  Gra[tia]no  se- 
cundo cum  Equicio  Saxones  a  Guorthigerno  suscepti  sunt,  anno  CCCXLVII 
post  passionem  Christi. 

[32]  In  tempore  illo  uenit  sanctus  Germanus  ad  praedicandum  in  Bri- 

1 .  esceiit 

2.  La  dernière  voyelle  est  peu  lisible  ;  ce  peut  être  un  a,  un  o  ou  un  u. 

3 .  cessis  mullihus 

4.  nianihiis 

5  .  jliiuiiiimi. 

6.  sil  ;  il  manque  ensuite  un  mot,  comme  Victoria. 

7 .  Atnbbrosii. 


Nennius  retractatus.  179 

tannia  et  claruit  apud  illos  multis  uirtutibus  et  multi  per  eum  salui  facti 
sunt  et  plurimi  perierunt  per  '  aliquanta  miracula  quae  per  illunî  fecit  Domi- 
nus  scribenda  decreui.  Primum  miraculum  de  miraculis  cius. 

Erat  quidam  ^  rex  iniquus  a[t]que  tirrannos  ualde  cui  nomeu  erat  Henli. 
Ille  uir  sanctus  uoluit  uisitare  et  properare  ad  iniquum  regem  ut  prae- 
dicaret  illi.  Et  ipse  homo  Dei  uenit  5  ad  portam  urbis  cum  comitibus4  suis; 
uenit  portarius  et  salutauit  eos,  et  miserunt  ad  regem.  Et  rex  durum  re[s]- 
ponsum  dédit  eis  et  cum  iuramento  dii^it  :  «  Si  fueri^n]t  uel  si  manserint 
ad  finem  anni  non  uenient  umquam  in  urbem  istam  ».  Et  dum  ipsi  exspec- 
tarent  ianuatorem  ut  nunciaret  illis  responsum  tiranni,  dies  declinabat  S  ad 
noctem  et  nox  adpropinquabat  et  nescirent  quo  6  declinarent,  inter  ea  uenit 
unus  de  familia  régis  de  niedio  urbis  et  inclinauit  séante  uirum  Dei  et  nun- 
ciauit  illis  omnia  uerba  régis  tirranni  et  inuitauit  illos  ad  cassam  suam.  Et 
exierunt  cum  eo  et  bénigne  suscepit  eos.  Et  ille  non  habebat  de  omnibus 
generibus  iumcntorum  excepta  7  una  uaca  cum  uitulo  ;  et  occidit  uitulum 
et  coxit  et  dcposuit  ante  illos.  Et  praecepit  sanctus  Germanus  ut  non  con- 
fringeretur  de  ossibus  eius,  et  sic  factum  est,  et  in  crastino  uitulus  inuentus 
est  ante  matrem  suam  sanus  et  uiuus  incolomisque.  [33]  Iterum  mane  sur- 
rexerunt  ut  inpetrarent  salutacionem  tiranni.  At  ipsi  cum  orarent  expec- 
tarent  iuxta  portam  uel  artis  ciuitatis  et  unus  uir  ocurrebat  8  et  sudor  il- 
lius  a  uertice  capitis  usque  ad  plantas  pedum  distillabat,  et  inclinauit  se 
ante  illos.  Et  dixit  sanctus  Germanus  :  «  Credis  in  sanctam  Trinitatem?  » 
Et  respondit  ille  :  «  Credo  »  ;  et  babtizauit  eum  et  osculatus  est  et  dixit  illi  : 
«  Vade  in  pace  :  in  ista  hora  morieris  et  angeli  Dei  expectan[t]  te  in  aéra  ut 
cum  illis  ad  Deum  exeas  cui  cre[dijdisti.  »  Et  ipse  letus  intrauit  in  arcem  et 
praefectus  9  tenuit  eum  fami  régis  et  alligauit  ;  et  ante  tirannum  ductus  et 
interfectus  est,  quianocuerat  nequissimo  tirranno,  nam  qui'°  antesolis  ortum 
non  peruenisset  ad  seruitutem  in  arcem  interficiebaturi '.  Et  manserunt  tôt 
die  iuxta  portam  ciuitaiis  et  non  inpeirauerunt  salutacionem  tiranni.  i34]  So- 
lito  ex  more  supra  dictus  uir  adfuit,  et  dixit  illi  sanctus  Germanus  :  «  Caue 
ne  ullus  homo  manead  de  hominibus  tuis  in  ista  12  nocte  in  arce.  «  Et  ipsea 
reuersus  est  in  arcem  et  eduxit  tîlios  suos  quorum  numcrus  erat  UIIII, 
et  ipse  ad  supra  dictuni  hospicium  cum  ipso  rcuersi  s[unt].  Et  praecepit 


I. 

Je  crois  qu'il  faut  ajouter  ici  ciuii 

2. 

qiiidca 

3- 

uenis 

4- 

comtnitaldtihiis 

5- 

decihiabat 

6. 

quod 

7- 

expecta 

8. 

ocurrebant 

9- 

profectus 

10. 

quis 

1 1 . 

inter Jaciebahir 

12. 

in  ista  (bis) 

i8o  L-  Duchesne. 

sanctus  Germanus  manere  eos  ieiunos  '  [et  ianuis]  claussis  dixit  :  «  Uigi- 
lantes  estote  et  quid  euenerit  in  arcem  nolite  aspicere,  et  orate  indesinenter 
et  ad  Deum  uestrum  clamate*.  »  Et  post  modicum  interuallum  noctis  ignis 
de  celo  cecidii  et  conbussit  arcem  3  et  omnes  ho[mi]nes  qui  cum  eo  tiranno 
erant  et  numquam4  conparuerunt  usque  in  hpdiernum  diem,  et  arce  non 
edificauerunt  usque  hodie.  [35]  In  crastino  ille  uir  qui  hospitalis  fuit  illis 
crcdidit  et  baptizatus  est  cum  omnibus  filiis  suis,  et  omnis  regio  cum  illis  ; 
cui  nomen  erat  Catellus.  Et  benedîxit  ei  et  addidit  et  dixit  :  «  Non  deficiet 
rex  de  semine  tuo  in  aeternum,  et  rex  eris  ab  hodierno  die  ».  Et  sic  euenit 
ut  impleretur  quod  dictum  est  pcr  prophetam  :  «  Suscitans  de  puluere  ino- 
pem  »  et  reliqua,  «  ut  sedeat  cum  principibus  «  et  reliqua  ;  iuxta  uerbum 
sancti  Germani  rex  de  seruo  factus  est.  Omnes  filii  eius  régi  facti  sunt,  et 
omnis  regio  Pausorum  regitur  a  semine  illorum  usque  in  hodiernum  diem. 
[36]  Factum  est  autem  postquam  metati  sunt  Saxones  in  supra  dicta  in- 
sula  Canet,  promissit  rex  supra  dictus  dari  illis  uictum  et  uestimentum 
absque  defectione  ut  placuit  illis,  et  ipsi  S  promiserunt  expugnare  contra  in- 
nimicos  eius  fortiter.  At  iili  barbar[i]  cum  multiplicati  essent  in  numéro, 
non  potuerunt  Britanni  cybos  praestare  illis  et  uestimenta,  quia  multum 
postulaient,  et  Britones  dixerunt  :  «  Non  possumus  dare  uobis  sicut  promis- 
serat  rex  quia  numerus  uester  multiplicatus  est.  Recedite  a  nobis,  non  de 
auxilio  uestro  indigemus.  «  Et  ipsi  consilium  fecerunt  cum  maioribus  suis 
ut  disrumperent  pacem.  [37]  Haencgist  autem  cum  esset  uir  doctus  atque 
astutus  et  callidus,  et  cum  intellexit  regem  inertem  et  gentem  eius,  inito 
consilio  ad  regem  :  «  Pauci  sumus,  si  uis  mi[t]tamus  ad  nostram  terram  ut 
electi  milites  atque  fortissimi  regionis  nostrae  ueniant  ad  nos  ad  certandum 
pro  te  et  pro  tua  gente  «.  Et  rex  imperauit  ut  lacèrent.  Et  miserunt  legatos 
trans  Thicam  uallem  et  reuersi  sunt  cum  XUIIII  ciulis,  et  electi  milites  ue- 
nerunt  in  illis,  et  in  una  ciula  earum  uenit  puella  pulchra  facie  6  atque 
decorosa  ualde.  Filia  erat  Hengisti.  Postquam  autem  uenissent  ciule,  fecit 
Hengistus  conuiuium  Guorthigerno  et  militibus  suis  et  interpreti  suo  qui 
uocabatur  Cheritic,  et  puellam  ministrare  illis  uinum  et  sinceram.  Et  ine- 
briati  sunt  et  saturati  sunt  nimis.  Illis  bibentibus  intrauit  Satanas  in  corde 
Guorthigerni  utamaret  puellam,  et  postulauit  eam  a  pâtre  suo  per  interprétera 
suum,  et  dixit  :  «  A  me  quod  postulas.... 


2.  —  Spi'cialili's  du  nouveau  texte. 
Le  début,  c.  4,  6,  fait  défaut  dans  un  certain  nombre  de  ma- 


I .   lemnunos 
2  c   clamante 

3 ,  artem 

4.  oiimqiiam 
3.   ipse 

6.  pulchar  faciius 


Nennius  retractatus.  i8i 

nuscrits;  ceux  qui  le  contiennent  intercalent  entre  les  deux  cha- 
pitres 4  et  6  un  comput  (c.  5)  qui,  par  les  années  de  la  Passion 
et  de  rincarnation,  rejoint  la  date  (du  ix^  ou  du  x^  siècle) 
à  laquelle  le  recenseur  ou  le  copiste  vivait.  De  ce  comput  et  de 
ses  diverses  formes,  le  manuscrit  de  Chartres  n'offre  pas  trace  ; 
nous  n'avons  donc  pas  à  nous  en  occuper.  Quant  aux  cha- 
pitres 4  et  6,  ils  n'offrent  rien  de  notable.  De  telles  distri- 
butions de  l'espace  historique  se  rencontrent  dans  toutes  les 
chroniques,  livres  de  comput  pascal  et  autres  ouvrages  du 
même  genre. 

Ce  qui  suit  (c.  7,  8,  9)  est  commun  à  notre  manuscrit  et  à 
tous  les  textes  de  ÏHisloria  Britonuni.  L'auteur  a  eu  sous  les 
yeux  le  livre  de  Gildas,  auquel  il  emprunte  plusieurs  expres- 
sions ;  çà  et  là  il  précise,  d'après  sa  connaissance  du  pays.  Un 
seul  trait  accuse  une  autre  parenté  littéraire,  c'est  l'explication 
du  nom  de  la  Bretagne,  a  quodam  Bruîo  consule  roniano  dicta. 
Ceci  dépend  évidemment  des  légendes  qui  suivent. 

Ces  légendes  rattachent  les  Bretons  ^  aux  Romains  par  deux 
liens  différents,  l'un  généalogique,  l'autre  politique.  On  raconte 
d'abord  que  les  rois  de  l'un  et  de  l'autre  peuple  descendent 
d'Enée  par  Silvius  Postumus  et  même  par  Rhea,  laquelle,  au 
lieu  de  deux  jumeaux,  en  eut  trois,  Remus,  Roraulus  et 
Brutus  ;  celui-ci  est  l'ancêtre  des  Bretons.  Plus  tard,  vraisem- 
blablement, un  autre  Brutus,  consul,  vainqueur  de  l'Espagne, 
se  rendit  maître  de  la  Bretagne.  Celui-ci  a  été  fourni  par  la 
chronique  de  S.  Jérôme,  qui  marque  à  l'an  1876  d'Abraham  : 
Brutus  Iheriam  usque  ad  Oceanum  subicit.  L'autre  Brutus  pro- 
vient, avec  toute  la  généalogie  romano-troyenne,  d'une  autre 
source,  sur  laquelle  nous  reviendrons.  Notons  cependant  que 
cette  généalogie  se  présente,  sous  des  formes  différentes,  dans 
les  autres  manuscrits.  Mais  ceux-ci  identifient  plus  ou  moins 
le  Brutus  ancêtre  des  Bretons  soit  avec  Silvius  Postumus,  fils 
d'Enée,  soit  avec  un  frère  de  ce  Silvius.  La  spécialité  de  notre 
texte  c'est  que  ce  Brutus  y  est  abaissé  de  plusieurs  générations 

I .  Je  vois  que  les  celtisies  emploient  plus  volontiers  l'expression  Cymro 
ou  Kymro.  Il  me  semble  que  je  me  comprends  mieux  en  disant  Breton  ; 
c'est  du  reste  le  terme  dont  se  servent  les  écrivains  latins,  les  seuls  qui  me 
soient  accessibles. 

Revue  Celtique,  XV.  13 


i82  L.  Duchesne. 

et  placé  exactement  à  la  même  date  que  Romulus  et  Remus. 
On  s'est  d'abord  contenté  de  l'égalité  avec  les  fondateurs  de 
Rome  ;  par  la  suite,  les  prétentions  se  sont  élevées  :  la  nation 
bretonne  est  devenue  plus  ancienne  que  le  peuple  romain  ^. 

Suit  une  histoire  de  la  conquête  par  César  et  du  régime  im- 
périal. Ce  morceau  a  été  fort  remanié  avant  d'être  admis 
dans  le  texte  d'où  dérivent  les  autres  manuscrits  :  encore  n'y 
figure-t-il  pas  au  même  endroit  qu'ici.  Le  début  sur  Cassivel- 
launus  et  la  résistance  qu'il  opposa  à  Jules  César  est  tout  à 
fait  spécial  au  manuscrit  de  Chartres,  Il  provient  évidemment 
des  Commentaires,  par  quelque  intermédiaire  inconnu.  Le 
reste  dérive  de  la  chronique  de  S.  Jérôme  et  de  sa  continua- 
tion par  Prosper,  sauf  la  fin.  Comment  on  est  arrivé  à  compter 
Gratien  parmi  les  empereurs  qui  in  Briîaimia  venerunt,  c'est  ce 
que  je  ne  distingue  pas.  Apres  Gratien  on  passe  tout  de  suite, 
à  l'invasion  saxonne,  qui  eut  lieu  au  temps  du  roi  de  Bretagne 
Vortigern,  c'est-à-dire  en  l'an  50  de  l'Incarnation  «  comme 
Libine  abbas  de  Ripon  l'a  trouvé  ;  depuis  ce  temps  il  s'est 
écoulé  300  ans  jusqu'à  l'année  où  le  i"  janvier  coïncide  avec 
le  12  de  la  lune  ».  C'est  du  moins  ainsi  que  je  comprends  ce 
passage  altéré.  Le  comput  500  -\-  300  nous  porte  à  l'an  800  ; 
or,  justement,  l'an  801  nous  offre  la  coïncidence  indiquée  entre 
le  I"  janvier  et  le  12  de  la  lune. 

De  cette  façon  de  dater  il  n'y  a  pas  trace  dans  les  autres 
manuscrits  ;  elle  est  en  contradiction  avec  celle  que  l'on  trouve 
un  peu  plus  loin,  347  de  la  Passion  (374  de  l'Incarnation). 

Il  est  du  reste  assez  clair  que  tout  ce  morceau,  CasabelJaunus 
—  supradicîum ,  a  été  intercalé  maladroitement  à  un  endroit 
incongru.  On  voit  en  effet  que  la  série  des  généalogies,  inter- 
rompue par  lui,  reprend  aussitôt  après.  Le  c.  18  nous  ramène 
aux  ascendants  de  Brutus.  Cette  fois  la  lignée  romano-troyenne 
est  rattachée  à  la  table  généalogique  de  la  Genèse  :  des  fobles 
classiques,  où  s'égarait  le  précédent  système,  on  passe  dans  le 

I.  Dans  le  texte  du  Vat.  Reg.  1964  les  deux  versions  sont  admises; 
mais  la  nôtre  a  été  amputée  de  la  phrase  sur  les  trois  jumeaux,  afin  d'éviter 
un  désaccord  trop  flagrant  avec  l'autre  récit.  Du  reste,  le  texte  de  Chartres 
lui-même,  dans  sa  confuaion,  porte  trace  de  la  légende  d'après  laquelle 
Brutus  remontait  jusqu'cà  la  génération  d'Ascague  et  de  Silvius  Postumus, 


Nennius  retractatus.  i8j 

giron  orthodoxe  de  l'Ancien  Testament,  et  l'on  atteint,  par 
Noé  et  Adam,  le  Dieu  vivant  et  très  haut.  Cependant,  entre 
Brutus  et  Rhea  Silvia  s'interposent  deux  ancêtres,  Hiscio  et 
Alanus,  qui  ne  proviennent  ni  de  la  Bible  ni  des  mythes 
romains. 

C'est  que  le  c.  i8  représente  une  combinaison  ;  son  auteur 
a  essayé  d'arranger  les  mytiies  en  question  avec  un  autre  sys- 
tème dans  lequel  ils  n'avaient  aucune  place.   Ce  système  est 
exposé  dans  le  c.  17,  Très  filii  Noe,  etc.  Ici  nous  rencontrons 
une  source  connue.  M.  MùUenhofFa  montré  depuis  longtemps 
que  ce  morceau  n'est  autre  chose  qu'un  développement  d'une 
table  généalogique  dressée  chez  les  Francs  vers  520  ^  L'origine 
commune  des  peuples  occidentaux  y  est  ramenée  à  un  Alanus, 
dont  les  trois  fils,  Hisicio,  Ermeno,  Nigueus,  sont  respecti- 
vement les  premiers  ancêtres  des  trois  groupes  suivants  : 
i"  Romains,  Francs,  Alamans,  Bretons; 
2°  Goths,  Walagoths,  Gépides,  Burgondes,  Lombards; 
3°  Vandales,  Saxons,  Bavarois,  Thuringiens. 
Le  premier  groupe  correspond  au  royaume  de  Clovis  ;  il 
comprend  les  quatre  éléments  ethniques  dont  il  se  composait. 
Les  Bretons  qui  s'y  trouvent  mentionnés   sont  les   Bretons 
d'Armorique. 

En  reproduisant  ce  document,  notre  rédacteur  le  complète. 
D'abord,  de  chacun  des  noms  de  peuples,  il  déduit  un  pa- 
triarche, Francus,  Romanus,  Brito,  Saxo,  etc.,  dont  il  fait  la 
souche  des  Francs,  des  Romains,  des  Bretons,  etc.  De  plus, 
comme  il  sent  le  besoin  de  rattacher  Alain  et  son  monde  à 
un  ancêtre  biblique  bien  déterminé,  il  dispose  quatorze  noms 
entre  ceux  d'Alain  et  de  Javan,  fils  de  Japhet.  De  là  il  pousse 
aisément,  à  l'aide  de  la  Bible,  jusqu'à  Adam,  fils  de  Dieu. 

Les  généalogies  sont  finies;  nous  arrivons  à  l'histoire  (c.  19). 
La  conquête  de  la  Bretagne  par  César  est  rapportée  avec  une 
exactitude  telle  quelle,  mais  le  récit  qui  en  est  fait  ici  forme 
évidemment  double  emploi  avec  le  morceau  Casabellaunus,  etc. 
Le  narrateur  dépend  de  Gildas  (c.  5)  et  de  la  chronique  de 


I.   AbhaihU.  di'f  Bi'rliiier  Alaulemie,  1862,  p.  532,  etc. 


184  L-  Duchesne. 

S.  Jérôme  ^  ;  mais  c'est  une  dépendance  purement  littéraire  ; 
à  ces  auteurs  notre  «  historien  »  n'a  emprunté  que  des  expres- 
sions. Pour  le  fond  il  suit  une  tradition  à  lui.  Son  récit  nous 
conduit  à  l'an  47  avant  Jésus-Christ  et  5215  depuis  la  Créa- 
tion. C'est  alors  que  la  Bretagne  fut  subjuguée  par  César, 
après  que,  par  trois  fois,  les  généraux  romains  eussent  été  tués 
par  les  Bretons.  La  période  romaine  est  à  peu  près  passée  sous 
silence  :  on  arrive  tout  de  suite  au  temps  qui  suivit  la  mort  du 
tyran  Maxime,  au  roi  Vortigern  et  au  débarquement  des 
Saxons,  auxquels  Vortigern  concéda  l'île  de  Tanet  sous  le 
règne  (lisez  le  consulat)  de  Gratien  et  d'Equitius,  l'an  347 
de  la  Passion  (374)^ 

A  partir  d'ici  (c.  32)  nous  entrons  dans  les  récits  empruntés 
à  la  vie  de  S.  Germain,  et  notre  manuscrit,  pour  autant  qu'il 
continue,  ne  diffère  plus  guère  des  manuscrits  précédemment 
connus. 


3.  —  La  primitive  Historia  Britoiiuui. 

Dans  ce  qui  précède,  c'est-à-dire  dans  la  partie  correspondant 
aux  chapitres  10-30  de  Stevenson,  il  en  diffère  beaucoup. 
Mais  voyons  d'abord  jusqu'à  quel  point  notre  texte  est  lui- 
même  primitif  ou  interpolé. 

Il  est  clair  que  le  morceau  CasahcUaunus,  etc.,  est  adven- 
tice. Il  n'est  pas  à  sa  place  au  milieu  des  généalogies;  sa  chro- 
nologie est  contradictoire  avec  celle  du  c.  31  ;  il  débute  par 
un  récit  des  campagnes  de  César  qui  fait  double  emploi 
avec  celui  des  c.  19  et  20;  enfin  il  contient  une  énumération 
d'empereurs  qui  n'était  sûrement  pas  prévue  dans  le  plan  ori- 
.ginal.  Celui-ci  se  révèle  au  début  du  c.  3  i,  où  Maxime  et  Vor- 
tigern se  présentent  aussitôt  après  la  guerre  entre  Bretons  et 


1 .  Gildas  :  Ronianorum  reges  ciim  orhis  imperium  ohtinnissent...  cf.  p.  176. 
S.  Jérôme,  Abr.  i960:  Régnât  apud  Romaiios  priinus  omiiiuiu  C.  Caesar  qui 
primus  siiigulare  arriptiit  imperium. 

2.  Cette  note  consulaire,  avec  le  synchronisme  de  la  Passion,  dérive  de 
la  Chronique  de  Prosper. 


Nennius  retractatus.  i  85 

Romains,  c'est-à-dire  la  guerre  du  temps  de  César.  L'auteur 
n'avait  nullement  idée  de  parler  d'autres  empereurs  ^ 

Ecartons  donc  ce  développement.  Il  faut  rejeter  aussi  la  gé- 
néalogie du  c.  18,  qui  manque  d'ailleurs  dans  la  version  ir- 
landaise et  dans  plusieurs  manuscrits  latins.  Cette  généalogie 
a  été  inventée  pour  concilier  les  deux  autres,  la  tro3'enne  et  la 
franque,  Brutus  et  Brito. 

Ces  deux  pièces  écartées,  la  finale  du  c.  10,  Oiiando  regnabat, 
rejoint  exactement  la  généalogie  troyenne,  dont  elle  forme 
comme  le  complément  chronologique.  Ainsi  les  morceaux  Ca- 
sabeJlaunus  et  Britones  a  Bruto  ont  été  intercalés  dans  le  texte 
primitif  de  la  généalogie  troyenne. 

Mais  que  penser  de  celle-ci  ?  Peut-on  la  considérer  comme 
ayant  été  adoptée  ou  dressée  par  le  premier  rédacteur  de  VHis- 
toria  Briîonum?  Il  faudrait  le  supposer  bien  mal  avisé-.  Cette 
généalogie  est,  en  effet,  inconciliable  avec  la  table  franque.  Si 
l'une  est  vraie,  l'autre  est  nécessairement  fiusse.  Je  crois  donc 
qu'il  en  faut  sacrifier  une  et,  naturellement,  celle  que  je  jet- 
terai par-dessus  bord  est  la  généalogie  troyenne.  Sans  doute 
elle  a  une  référence  au  commencement  du  chapitre  7  :  Bri- 
tannia  instda  a  quodam  Bruto  consule  Romano  vocatiir.  Mais 
cette  mention  de  Brutus  peut  fort  bien  provenir  d'une  re- 
touche, inspirée  par  la  généalogie  troyenne.  Dans  les  deux  sys- 
tèmes d'ancêtres,  on  distingue  une  influence  franque.  Si  la 
table  de  520  est  la  base  de  la  généalogie  du  c.  17,  les  fables 
franco-troyennes  sont  le  modèle  sur  lequel  a  été  imaginée  la 
légende  de  Brutus.  Or,  les  fables  franco-troyennes  ne  se  mani- 
festent pas  avant  Frédégaire,  c'est-à-dire  avant  le  vii^  siècle 
plus  ou  moins  avancé,  tandis  que  la  généalogie  franque  est 
l'œuvre  d'un  contemporain  de  Clovis.  Du  moment  où  il  y  a 
lieu  de  choisir  entre  deux  imitations,  il  est  naturel  de  préférer 
celle  qui  s'inspire  du  plus  ancien  modèle.  Du  reste,  il  a  fiillu 
un  certain  temps,  un  certain  développement  de  fausse  culture 

1.  Dans  les  éditions,  le  c.  30  est  tout  entier  interpolé,  sauf  la  première 
phrase. 

2.  Les  rédacteurs  postérieurs  insèrent  sans  doute  plusieurs  généalogies 
discordantes  :  mais  ils  ont  soin  d'avertir  le  lecteur  qu'ils  reproduisent  des 
traditions  diverses. 


i86  L.  Duchesne. 

littéraire  pour  arriver  à  ces  sottises  sur  Enée  et  Brutus,  tandis 
qu'avec  la  généalogie  franque  le  premier  clerc  qui  avait  une 
Bible  sous  la  main  pouvait  imaginer  le  système  du  c.  17. 

Ces  éliminations  faites,  le  c.  17  des  éditions  rejoint  immé- 
diatement le  c.  9.  C'est  ce  qu'a  bien  vu  M.  Mommsen  ^ 

A  partir  du  c.   19,  le  manuscrit  de  Chartres  ne  présente 
plus  de  traces  d'interpolation  ;  il  n'en  est  pas  de  même  des 
autres.   Les  éliminations  précédentes  dans  le    manuscrit  de 
Chartres  ont  pour  effet  de  supprimer  dans  les  autres  les  c.  10, 
II  (sauf  la  fin),  12,  13,  14,    15,  16,  18.  Il  faut  maintenant, 
suivant  l'indication  du  manuscrit  de  Chartres,  sacrifier  encore 
la  fin  du  c.  20,  Iulius  igitur,  etc.,  et  les  chapitres  suivants-,  21, 
22,  23,  24,  25,  26,  27,  28,  29,  même  le  c.  30,  sauf  la  pre- 
mière ligne  :  Tribus  vicibus  occisi  sunt  duces  Romanorum  a  Bri- 
tawtis.  Les  c.  21-29  ^^  sont  autre  chose  qu'une  édition  revue 
et  augmentée  du  morceau  Haec  sunt  noinina —  Gratiano  frat(re) , 
ci-dessus,  p.  176-177.  Quant  au  c.  30,  ce  n'est  qu'une  mauvaise 
explication  de  la  phrase  Tribus  vicibus...  L'interpolateur  s'est 
inspiré  ici  de  Gildas,  en  rapportant  au  temps  de  l'occupation  ro- 
maine ce  que  Gildas  raconte  des  temps  qui  suivirent  l'abandon 
de  la  Bretagne  par  les  Romains.  Il  parle  de  gouverneurs  assas- 
sinés par  les  Bretons,  propter  gravitatem  imperii,  et  croit  ainsi 
expliquer  l'assertion  occisi  sunt  duces.  Mais  le  début  du  c.  31 
montre  bien  qu'il  s'agit  de  généraux  tués  à  la  guerre,  et  il  ne 
peut  être  question  d'autre  guerre  que  celle  de  la  conquête. 

Ainsi  VHistoria  Britonum,  pour  la  partie  antérieure  à  l'appa- 
rition de  S.  Germain,  se  trouve  diminuée  des  deux  tiers.  Il 
ne  reste  qu'un  petit  prologue  géographique  (c.  7,  8,  9),  une 
généalogie  (c.  17),  un  court  récit  de  la  conquête  romaine  et 
de  l'arrivée  des  Saxons  (c.  19,  20,  31). 


1 .  L.  c,  p.  290. 

2.  Avec  le  c.  22  disparaît  du  texte  primitif  l'histoire  du  roi  Lucius. 
M.  Mommsen  (/.  c,  p.  291-295)  a  montré,  contre  M.  Zimmer,  que  cette 
fable  est  bien  d'origine  romaine,  comme  je  l'ai  établi  ailleurs  {Lib.  pont.,  l.  1, 
p.  cil)  et  que  VHistoria  Britoimm  l'a  empruntée  au  Liber  ppnlificalis. 
j'ajoute  que  l'emprunt  ne  peut  être  direct  et  que  la  date  de  167,  inconnue 
au  L.  p.,  mais  commune  à  Bède  et  à  ÏHistoria  BrilouiiDi,  paraît  bien  indi- 
quer que  le  recenseur  de  celle-ci  (celui  qui  y  a  introduit  les  c.  21 -29)  s'est 
inspiré  ici  de  VHist.  eccl.  de  Bède. 


Nennius  retractatus.  187 

Ici  il  faut  en  revenir  au  titre.  On  nous  y  annonce:  1°  des 
Excerpta^ de  libro  S.  Germant;  2°  des  Origines Britonum;  3°  une 
Genealogia  Britonum.  Les  Exccrpta,  c'est  le  c.  32  et  ce  qui 
suit,  car,  au  delà  même  de  l'endroit  où  s'arrête  le  manuscrit 
de  Chartres,  nous  trouvons  le  livre  de  S.  Germain  cité  encore 
dans  le  c.  47.  La  Gcncalogia,  c'est  le  c.  17.  Ce  titre  partiel  est 
répété  dans  notre  texte;  il  se  présente  justement  en  tête  des 
parties  interpolées.  Celles-ci  ont  en  outre  un  titre  spécial,  De 
origine  Britonum,  qui  correspond  évidemment  à  la  deuxième 
partie  du  titre  général.  Ainsi  ce  titre  est  bien  celui  qui  con- 
vient à  la  compilation  telle  que  la  présente  le  manuscrit  de 
Chartres.  Pour  la  forme, primitive,  ou  du  moins  antérieure,  il 
aurait  dû  être  Exccrpta  de  libro  S.  Germani  inventa  et  genealogia 
Britonum.  Encore  ce  titre  semble-t-il  laisser  en  dehors  les  par- 
ties préliminaires,  la  chronologie  générale  (c.  4,  6),  qui,  du 
reste,  a,  dans  notre  manuscrit,  un  titre  particulier.  De  aetatibus 
mundi,  et  la  géographie  (c.  7,  8,  9),  pourvue  aussi  d'une  ru- 
brique à  elle  :  De  quadam  perilia  a  Britannia  insuie. 

En  somme,  l'ouvrage  paraît  bien  se  caractériser  comme 
étant  surtout  l'abrégé  d'une  légende  de  S.  Germain.  Je  serais 
fort  tenté  de  croire  qu'il  n'était  pas  autre  chose  à  l'origine. 

Pour  être  plus  au  clair  sur  cette  question,  il  faudrait  que  le 
copiste  du  manuscrit  de  Chartres  nous  eût  fait  la  grâce  d'aller 
jusqu'au  bout  de  son  texte.  Sur  la  tin  de  celui-ci  on  ne  peut 
faire  que  des  conjectures  plus  ou  moins  plausibles. 

On  n'hésitera  guère,  je  crois,  à  penser  que  ce  texte  com- 
prenait les  chapitres  38-48.,  Je  ne  sais  que  dire  du  c.  49  qui 
contient  une  généalogie  des  rois  de  Buelt  et  Guorthigirniaun, 
ni  du  c.  56  sur  les  exploits  d'Arthur,  ni  des  Mirabilia  et  des 
Civitates.  Mais  les  généalogies  saxonnes  me  paraissent  devoir 
être  exclues  ;  le  titre,  en  effet,  n'aurait  pas  manqué  de  les 
mentionner.  On  peut  en  dire  autant  des  extraits  de  la  vie  de 
S.  Patrice  (c.  50-55).  Outre  le  silence  du  titre,  silence  d'au- 
tant plus  significatif  qu'un  autre  document  hagiographique  est 


I  .  Je  ne  sais  ce  que  veulent  dire  les  lettres  Fiitirbaooi  qui  se  lisent  après 
Exccrpta.  On  a  pu  voir  que  le  manuscrit  est  plein  de  fautes,  notamment 
qu'il  omet  souvent  des  lettres,  de  sorte  qu'il  n'est  pas  aisé  de  conjecturer. 


i88  L.  Ducliesne. 

formellement  indiqué,  il  faut  tenir  compte  de  ce  fait  que, 
dans  le  manuscrit  du  Vatican,  ces  extraits  sont  placés  après  le 
c.  56  et  non  avant.  De  plus,  on  doit  constater  que,  dans  le 
manuscrit  de  Chartres,  pourtant  interpolé,  il  n'y  a  pas  la 
moindre  trace  de  ces  récits  ou  traditions  sur  l'Irlande  et  les 
Irlandais  qui  occupent  tant  de  place  dans  la  compilation  de 
Nennius. 

4.  —  Les  sources  irlandaises. 

C'est  maintenant  le  moment  de  parler  un  peu  de  ces  récits 
et  de  marquer  en  quoi  mon  appréciation  sur  leur  origine  dif- 
fère de  celle  de  M.  Zimmer. 

Les  chapitres  sur  S.  Patrice  dérivent  manifestement  des 
pièces  hagiographiques  conservées  dans  le  Livre  d'Armagh% 
je  veux  dire  la  vie  du  saint  par  Muirchu  Maccumactheni  et  le 
recueil  de  Tirechan.  La  première  de  ces  deux  pièces  remonte 
aux  dernières  années  du  vir  siècle  ;  la  seconde  est,  je  crois, 
plus  ancienne  de  quarante  ou  cinquante  ans.  Si  des  extraits 
de  ces  écrits,  à  peu  près  datés,  avaient  figuré  dans  notre  com- 
pilation dès  sa  première  origine,  nous  aurions  une  Hmite  chro- 
nologique. Mais  ce  point  n'est  nullement  assuré,  comme  on 
l'a  vu. 

Les  légendes  sur  le  peuplement  de  l'Irlande  manquent, 
celles-ci  sans  aucun  doute,  au  texte  de  Chartres.  Dans  Nen- 
nius, elles  se  présentent  sous  deux  formes:  la  seconde  (c.  15) 
est  rattachée  expressément  à  la  tradition  irlandaise  :  sic  niibi 


I .  Je  ne  puis  me  dispenser  de  protester  ici  contre  l'usage  que  M.  Zimmer 
fait  du  livre  d'Armagh  et,  en  général,  contre  sa  façon  d'entendre  l'histoire 
des  origines  chrétiennes  en  Irlande.  Il  est  sûr  que  le  clergé  d'Armagh  a  cul- 
tivé la  tradition  de  saint  Patrice,  mais  il  ne  l'a  pas  créée.  Contester  l'authen- 
ticité de  la  Coufcssiou  et  de  la  Lelhe à  Coroficus  me  semble  très  aventuré.  Quant 
à  Tirechan,  c'est  l'interpréter  arbitrairement  que  d'en  faire  un  champion  de  la 
mission  romaine  de  Patrice:  comme  l'auteur  de  la  Confession,  il  voit  dans  la 
mission  de  l'apôtre  irlandais  une  inspiration  divine,  sans  aucune  attache  ec- 
clésiastique. C'est  la  plus  ancienne  tradition.  Avec  Muirchu,  on  est  déjà  sur 
le  chemin  de  Rome,  où  parviendront  les  légendaires  postérieurs;  en  fait,  on 
s'arrête  à  Auxerre.  Saint  Germain  était,  de  par  les  légendes  bretonnes  et  de 
par  les  traditions  gallicanes  (Prosper,  Constance)  un  ancêtre  très  enviable. 
Mais  ni  Tirechan  ni  Patrice  n'ont  senti  le  besoin  de  se  recommander  de  lui. 


Nennius  retractiXtus.  189 

peritissimi  ScotoruDi  nunciaverunt  ;  l'autre  (c.  13,  14)  ne  se 
réclame  pas  de  cette  autorité.  Considérons  d'abord  celle-ci. 
Les  Irlandais  sont  des  émigrés  d'Espagne  ;  ils  sont  arrivés  dans 
leur  île  par  bandes  successives.  La  première  colonie,  débarquée 
sous  la  conduite  d'un  certain  Partholom,  est  enlevée  par  une 
épidémie;  une  autre,  celle  de  Nenieth,  fils  d'Agnomen,  est 
jetée  sur  la  côte  d'Irlande  par  un  naufirage  ;  mais  elle  n'y 
demeure  pas  longtemps  ;  au  bout  de  quelques  années  elle  re- 
vient en  Espagne.  C'est  à  la  troisième  tentative  que  le  succès 
commence.  Trois  fils  d'un  certain  miles  d'Espagne  (le  Mile  des  lé- 
gendes) conduisent  une  nouvelle  émigration,  qui  disparait  pres- 
que entièrement  dans  une  expédition  merveilleuse;  il  n'en  reste 
que  la  trentième  partie.  De  ce  résidu  provient  la  plus  ancienne 
couche  de  population  irlandaise.  D'autres  colonies  vinrent  en- 
suite d'Espagne  renforcer  le  noyau  primitif;  la  dernière  est  celle 
de  Damhoctor .  Ainsi  fut  peuplée  l'Irlande  ;  la  population  déborda 
même  sur  certains  points  de  la  Bretagne,  le  pays  de  Dalrieta 
(côtes  sud-ouest  de  l'Ecosse),  l'ile  d'Eubonia  (Man),  le  pays 
de  Demeta  (Galles  du  sud),  et  quelques  localités  voisines  ;  mais 
les  Scots  furent  chassés  par  le  roi  Cuneda  et  ses  fils. 

Ces  origines,  on  le  voit,  ne  sont  guère  prétentieuses  ;  on 
ne  remonte  ni  à  l'antiquité  biblique  ni  aux  héros  profanes.  Il 
y  a  bien  un  peu  de  merveilleux  dans  un  épisode  accessoire, 
mais  c'est  tout.  Le  reste  est  tellement  ordinaire  que  l'on  serait 
tenté  de  l'accepter  comme  tradition  plausible,  si  la  linguistique 
ne  soulevait  pas,  contre  ces  origines  espagnoles,  des  objections 
insurmontables.  En  tout  cas,  il  y  a  lieu  de  soupçonner  que 
nous  avons  ici,  sur  l'origine  des  Scots  d'Irlande,  des  récits 
accrédités  chez  les  Bretons  et  non  des  traditions  nationales  ir- 
landaises. 

Avec  l'autre  version  (c.  15),  celle  que  Nennius  dit  avoir 
recueillie  sur  les  lèvres  des  Scots,  nous  entrons  dans  le  do- 
maine de  la  fantaisie.  Une  famille  de  Scythie  (Scythia,  Scotia) 
est  établie  en  Egypte  au  temps  de  l'Exode.  Pendant  que  les  fils 
d'Israël  s'enfuient  vers  le  désert  du  Sinaï,  ces  Scythes  pren- 
nent le  chemin  de  l'ouest.  Ils  s'avancent  par  terre,  en  suivant 
la  côte,  jusqu'aux  colonnes  d'Hercule  ;  de  là  ils  passent  en 
Espagne,  où  ils  se  multiplient;  enfin,  1002  ans  après  l'Exode, 


190  L.  Ducliesne. 

ils  franchissent  la  mer  et  débarquent  en  Irlande,  la  peuplent 
et  s'étendent  jusqu'au  pays  de  Dalrieta. 

Ce  récit  repose  sur  la  même  donnée  que  le  précédent  ;  les 
habitants  de  ÏHibeniia  viennent  du  pays  des  Hibcrl.  Comme 
on  veut  des  ancêtres  lointains,  on  imagine  un  exode  sur  le 
modèle  de  celui  des  Hébreux.  Les  fugitifs  d'Egypte  sont  qua- 
hfiés  de  Scythes,  parce  que,  dans  l'ensemble  des  peuples  an- 
ciens connus  des  bons  auteurs,  c'est  le  seul  dont  le  nom  ait 
quelque  rapport  avec  celui  des  Scots. 

En  somme,  on  délire  déjà,  mais  sobrement.  Où  la  mesure 
est  dépassée,  c'est  dans  le  Lebor  GabaJci  ou  Liber  occupât ionis, 
dont  M.  Zimmer  nous  présente  un  texte  «  du  temps  de  la  Re- 
naissance irlandaise  »,  laquelle  commence  au  déclin  du 
x^  siècle  ;  en  fait,  ce  texte  est  connu  par  des  manuscrits  du 
xii*^  siècle  avancé  ;  c'est  tout  ce  qu'on  peut  affirmer  sur  son 
âge.  Ici  on  remonte  à  Magog,  Japhet  et  Noé.  De  la  tour  de 
Babel  où  Feniiis,  l'ancêtre  lointain  des  Fenians,  a  conduit  ses 
deux  fils,  Noennual  et  Nel,  on  passe  en  Egypte.  Nel,  qui  a 
profité  de  son  séjour  dans  la  plaine  de  Sennaar  pour  apprendre 
les  soixante-douze  langues  du  monde,  a  été  appelé  à  la  cour 
de  Pharaon  où  il  devient  majordome.  Pharaon  le  marie  avec 
sa  fille  Scota,  de  laquelle  il  a  un  fils  appelé  Gaedcl.  On  arrive 
ensuite  à  l'exode  scotique,  lequel  se  complique  d'une  expé- 
dition en  Scythie,  où  l'on  a  beaucoup  d'aventures.  Enfin, 
après  de  longues  navigations,  on  arrive  en  Espagne.  Les 
Scots  ont  alors  pour  chef  un  certain  Bregon,  lequel  bâtit,  sur 
la  côte  nord  de  la  Gahce,  la  fimieuse  tour  d'où,  comme  chacun 
sait,  on  peut,  dans  les  temps  clairs,  apercevoir  l'Irlande.  Cette 
bonne  fortune  échoit  à  Ith,  fils  de  Bregon.  Dès  lors,  il  n'y  a 
plus  moyen  de  l'arrêter  ;  il  équipe  des  navires  et  s'en  va  vers 
la  Terre  promise.  Ainsi  le  Lcbor  GabaJa  nous  off"re  une  ver- 
sion singulièrement  embellie  du  récit  irlandais  recueilli  par 
Nennius  ;  j'ajoute  qu'il  y  intercale  les  autres  expéditions  ra- 
contées par  celui-ci,  non  sans  les  agrémenter  beaucoup. 

Dans  cet  état  des  documents  les  personnes  sages  se  diraient 
que  le  plus  sobre  des  récits  est  vraisemblablement  le  plus  an- 
cien ;  elles  seraient  confirmées  dans  cette  appréciation  par  ce 
iait  que  Nennius  écrivait  au  temps  de  Charlemagne,  tandis  que  le 


Nennius  rétractât  us.  191 

rédacteur  du  Lebor  Gabala  peut  fort  bien  n'être  que  du  xi""  ou  du 
XII'  siècle.  M.  Zimmer  pense,  au  contraire,  que  Nennius  dérive 
du  Lebor  Gabala,  non  pas,  il  est  vrai,  de  celui  que  nous  avons 
encore,  mais  d'un  autre,  d'un  texte  très  ancien,  qui  a  pu 
exister  avant  Nennius.  Ce  texte  très  ancien,  j'attendrai,  pour 
y  croire,  qu'on  me  le  fasse  voir  ^ 

Outre  les  vies  de  S.  Patrice  et  le  Lebor  Gabala,  une  troi- 
sième source  irlandaise  est  assignée  par  M.  Zimmer  à  ÏHistoria 
Britonum.  C'est  un  traité  De  sex  aetatibiis  mundi,  dont  l'exis- 
tence est  constatée  au  x^  siècle  ;  il  ne  me  paraît  pas  remonter 
beaucoup  plus  haut.  C'est  de  là,  nous  dit-on,  que  provient  la 
généalogie  du  c.  17,  celle  que  j'ai  signalée  comme  étant  la 
plus  ancienne.  Pour  affirmer  cette  provenance,  M.  Zimmer  se 
fonde  sur  la  ressemblance  de  cette  généalogie  avec  le  traité 
irlandais  et  sur  le  fiit  que  VHistoria  Britonum,  ayant  mis  à  con- 
tribution d'autres  livres  irlandais,  il  est  naturel  qu'elle  ait 
aussi  usé  de  celui-ci. 

En  ce  qui  regarde  les  autres  livres  irlandais,  c'est-à-dire  le 
Lebor  Gabala  et  les  vies  de  S.  Patrice,  on  a  vu  ce  qu'il  en  est. 
Quant  à  la  ressemblance  invoquée,  elle  n'est  nullement  frap- 
pante. Le  De  sex  aelatibus  dérive  de  la  table  franque,  comme 
la  Généalogie  du  c.  17  ;  mais  on  va  voir  que  sa  parenté  avec 
la  Généalogie  est  celle  d'un  collatéral,  non  d'un  ascendant.  En 
effet,  le  document  franc  nous  est  parvenu  en  deux  rédactions 
bien  caractérisées  2  :  la  Généalogie  dérive  de  Tune,  le  De  sex 
aetatibus  dérive  :<ie  l'autre.  Et  ici  il  est  bon  de  noter  que  le 
texte  suivi  par  la  Généalogie  est  celui  du  plus  ancien  manuscrit 
connu  de  la  table  franque  >.  Mais  il  faut  voir  ce  qu'est  devenue 


1 .  Dans  toute  cette  affaire,  il  est  curieux  de  voir  à  quel  degré  les  Irlandais 
s'en  sont  laissé  conter  par  les  Bretons  La  vérité  sur  leurs  origines  respec- 
tives, c'est  que  les  Irlandais  sont  plus  anciens  en  Irlande  que  les  Bretons  en 
Bretagne.  Mais  ceux-ci  ont  su  faire  croire  à  leurs  voisins  qu'ils  étaient  venus 
d'Espagne,  et  cela  mille  ans  après  l'Exode.  Quant  à  eux,  comme  ils  étaient 
de  la  raced'Enée  et  que  Brutus,  lils  ou  petit-tils  de  celui-ci,  ne  tarda  pas  à 
s'établir  dans  la  grande  île,  il  est  clair  qu'ils  la  possédaient  longtemps  avant 
que  l'Irlande  fut  habitée. 

2.  Zimmer,  N    'V.  p.  232. 

3.  Carlsruhe,  Rcicb.  229,  de  la  (in  du  vui^  siècle  ou  du  commencement 
du  ixe. 


\ 


192  L,  Duchesne. 

cette  table  dans  le  remaniement  niandais.  J'ai  énuméré  ci- 
dessus  les  peuples  qu'elle  mentionne  ;  ce  sont  tous  des  peu- 
ples germaniques,  sauf  les  Romains  et  les  Bretons,  qui  n'y  ont 
place  que  comme  sujets  des  rois  francs.  Des  Irlandais,  pas  la 
moindre  trace.  Pour  un  Irlandais  c'était  là  une  lacune  incon- 
cevable :  aussi  s'est-on  empressé  de  la  combler.  Dans  l'adap- 
tation du  De  sex  actatibus,  l'Europe  est  peuplée  par  deux  fils 
de  Magog,  fils  lui-même  de  Japhet.  L'aîné  £tit  souche  d'Ir- 
landais ;  les  autres  Européens  descendent  du  cadet.  Paddy, 
comme  on  le  voit,  s'est  attribué  la  meilleure  place. 

Ceci  ne  ressemble  guère  à  notre  c.  17.  Poursuivons.  Entre 
Alain  et  Japhet,  le  généalogiste  breton  a  intercalé  quinze  gé- 
nérations :  dans  le  traité  irlandais,  elles  se  réduisent  à  deux. 
Dans  le  texte  breton,  c'est  par  Javan  que  l'on  descend  de  Ja- 
phet ;  dans  le  texte  irlandais,  c'est  par  Magog.  Que  vient-on 
après  cela  nous  parler  de  ressemblance  entre  ces  deux  docu- 
ments ?  La  seule  parenté  qu'ils  aient,  c'est  celle  qui  résulte  de 
la  dépendance  où  ils  sont  l'un  et  l'autre  par  rapport  à  la  table 
franque. 

5.  —  Nennitis. 

Ainsi,  dans  la  compilation  primitive,  telle  qu'elle  se  déduit 
du  manuscrit  de  Chartres,  il  ne  paraît  avoir  été  fait  usage 
d'aucun  document  de  provenance  irlandaise  ou  même  se  rap- 
portant aux  origines  ou  aux  saints  d'Irlande.  Il  n'y  était  ques- 
tion que  des  Bretons,  et  cela  presque  uniquement  d'après 
Gildas  et  la  vie  de  S.  Germain.  L'origine  des  Bretons  était  ex- 
pliquée par  la  Généalogie  franque,  où,  grâce  à  leurs  confrères 
d'Armorique,  ils  se  trouvaient  avoir  une  petite  place. 

Cette  première  Historia  Briionum  fut  bientôt  supplémentée. 
Le  manuscrit  de  Chartres  nous  la  présente  enjolivée  déjà  par 
l'accession  de  la  légende  de  Brutus  et  complétée  par  quelques 
détails  sur  l'histoire  romaine,  tirés  des  chroniques  latines. 
Cependant  il  ne  présente  encore  aucun  élément  irlandais  ou 
anglo-saxon. 

C'est  ici  que  Nennius  intervient.  Dans  sa  préflice  il  décrit 


I 


Nennius  retractatus.  I9j 

lui-même  la  tâche  qu'il  s'est  imposée  et  catalogue  les  docu- 
ments dont  il  sest  aidé. 

Il  a,  dit-il,  transcrit  certains  extraits,  aligna  excerpta  scribere 
curavi,  que  l'ignorance  des  Bretons  avait  négligés  ;  il  a  rassemblé 
aussi  tout  ce  qu'il  a  trouvé  dans  les  annales  des  Romains,  dans 
les  chroniques  de  Jérôme,  d'Eusèbe,  d'Isidore,  de  Prosper 
et  aussi  dans  les  annales  des  Scots  et  des  Saxons.  Les  «  an- 
nales des  Romains  »  avaient  déjà  été  mises  à  contribution  par 
Gildas  ;  l'auteur  du  morceau  Casabellaunus,  etc.,  s'en  était 
également  servi  ;  il  est  clair  qu'elles  ont  été  de  nouveau  feuil- 
letées pour  les  chapitres  2o(fin)-29.  Ce  que  Nennius  appelle 
les  «  annales  des  Scots  »  ce  sont  sans  doute  les  éléments  de 
ses  chapitres  13-15  sur  l'origine  des  Irlandais  et  50-55  sur  la 
vie  de  S.  Patrice.  Quant  aux  «  annales  des  Saxons  »,  nul 
doute  qu'il  ne  désigne  ainsi  les  généalogies  57-65.  A  vrai  dire, 
ces  annales  des  Saxons  ne  mentionnent  jamais  les  Saxons, 
mais  seulement  les  Angles  et  les  Jutes.  Au  contraire,  dans  les 
autres  parties  de  la  collection,  les  Saxons  sont  souvent  nom- 
més, comme  du  reste  dans  le  manuscrit  de  Chartres.  Ce  sont 
des  Saxons  qui  sont  accueillis  par  Vortigern  ;  c'est  contre  les 
Saxons  que  luttent  Vorthemir  et  Arthur  ;  ce  sont  des  Saxons 
qui  fondent,  dans  les  régions  cédées  par  Vortigern,  les  royau- 
mes d'Essex  et  de  Sussex. 

Ceci  est  une  indication  :  les  généalogies  dites  saxonnes 
viennent  bien  de  laNorthumbrie;  le  reste  est  d'un  pays  où  les 
Saxons  étaient  plus  en  vue. 

M.  Zimmer  a  fort  bien  établi  que  les  rapports  des  manuscrits 
latins  entre  eux  et  avec  la  version  irlandaise  obligent  à  distin- 
guer deux  recensions  de  VHistoria  Britonuni,  l'une  représentée 
au  mieux  par  le  manuscrit  Harley  (3859)  et  par  celui  du  Va- 
tican (Rcg.  1964),  l'autre  attestée  par  la  version  irlandaise  et 
par  les  retouches  introduites  dans  un  certain  nombre  de  ma- 
nuscrits latins.  A  cette  seconde  recension  est  demeuré  attaché 
le  prologue  original  de  Nennius  (c.  3);  l'autre  recension, 
quoique  à  certains  égards  plus  conforme  que  la  précédente  à 
la  rédaction  originale,  a  cependant  subi  des  modifications  dans 
la  première  partie  (c.  10-31)  et  perdu  le  prologue.  Suivant 
M.  Zimmer,  cette  recension,  abstraction  fiite  des  modifications 


194  ^-  Duchesne. 

postérieures,  est  l'œuvre  même  de  Nennius,  lequel  aurait  écrit 
dans  le  royaume  de  Powys,  aux  confins  de  la  Mercie.  Le  texte 
pourvu  du  prologue,  c'est-à-dire  celui  d'où  provient  la  version 
irlandaise,  serait  un  remaniement  opéré  dans  l'île  d'Anglesey, 
vers  8 10,  par  un  clerc  anonyme,  lequel  se  qualifie^  de  disciple 
du  prêtre  Beulan  et  dit  avoir  été  en  rapports  personnels  avec 
l'évêque  de  Bangor  Elbodug. 

A  mon  avis,  ce  disciple  de  Beulan  est  la  même  personne  que 
Nennius.  11  parle  des  choses  qu'il  a  apprises  auprès  de  l'évêque 
Elbodug  ;  Nennius  se  qualifie  de  disciple  du  même  évêque. 
Les  deux  recensions  de  YHistoria  Britoniiui,  celle  d'Anglesey 
et  l'autre,  peuvent  fort  bien  être  sorties  de  la  même  plume. 
Beulan  ne  tenait  pas  aux  généalogies  saxonnes  ;  pour  lui  com- 
plaire, Nennius  les  abrégea  dans  l'exemplaire  qu'il  lui  destinait. 
Diverses  autres  choses  ont  été  modifiées  d'une  recension  à 
l'autre.  Celle  d'Anglesey  paraît  offrir,  pour  le  commencement, 
une  forme  plus  primitive  ;  on  l'aura  modifiée  pour  l'ordonner 
comme  le  sont  les  maniiscrits  de  l'autre  recension.  Une  modi- 
fication intentionnelle  est  plus  vraisemblable  que  toute  l'his- 
toire de  feuillets  décousus  et  recousus  que  M.  Zimmer  a  ima- 
ginée pour  rendre  compte  des  différences  entre  les  deux  textes. 
Si  la  recension  d'Anglesey  a  seule  conservé  le  prologue  et  le 
nom  de  Nennius,  ce  peut  être  l'effet  d'un  accident;  mais  il  est 
également  possible  que  celui  qui  a  donné  à  la  compilation  sa 
dernière  forme,  notamment  dans  les  chapitres  10-3  i,  où  l'ordre 
est  si  différent  du  primitif,  soit  un  autre  que  Nennius  et  que, 
non  content  d'avoir  retouché  l'œuvre  de  celui-ci,  il  ait  sup- 
primé la  préfice,  sans  pourtant  revendiquer  le  livre  pour  lui- 
même. 

En  somme  donc,  tous  les  manuscrits  latins  ou  irlandais  dé- 
rivent d'un  texte  constitué  à  deux  reprises  par  un  certain  Nen- 
nius, contemporain  de  l'évêque  de  Bangor  Elbodug  2,  et  qui 


1.  Stevenson,  c.  63  ;  v.  aux  variantes. 

2.  Je  ne  vois  pas  très  bien  pourquoi  M.  Zimmer  fait  intervenir,  à  propos 
d'Elbodug  et  de  Nennius,  les  querelles  pascales  des  Bretons  et  des  Romains, 
c'est-à-dire  des  Anglo-Saxons.  Dans  toute  la  compilation,  sous  quelque 
forme  que  ce  soit,  il  n'y  a  pas  la  plus  légère  allusion  à  ces  différences  de 
rite  et  aux  autres  particularités  analogues. 


Nennius  retraclatus.  195 

vivait  dans  le  diocèse  de  celui-ci,  plus  précisément  du  côté  de 
Bangor  et  d'Anglesey,  c'est-à-dire  dans  le  nord-ouest  du  pays 
de  Galles. 

Mais  Nennius  n'a  fliit  que  coudre  ensemble  des  morceaux 
antérieurs  à  lui.  UHistoria  Britonum  existait  déjà;  elle  avait 
déjà  subi  les  interpolations  que  présente  le  manuscrit  de  Char- 
tres, quand  elle  lui  tomba  entre  les  mains.  Il  semble  bien  la 
désigner  quand  il  parle  de  ces  Excerpta  transcrits  par  lui  ;  en 
divers  endroits  de  son  texte  il  se  réclame  d'une  tradition  bre- 
tonne antécédente  :  Hanc  peritiam  inveni  ex  traditione  vetermn 
qui  incolae  in  primo  fuerunt  Britanniae,  dit-il,  après  avoir  re- 
produit la  généalogie  du  c.  17.  De  même,  après  avoir  énu- 
méré  ses  sept  empereurs,  et  au  moment  d'en  ajouter  deux  au- 
tres, d'après  «  les  Romains  »,  il  constate  que  in  veteri  tradi- 
tione seniorum  nostrorum  scpfeni  imperatores  fuerunt  a  Romanis  in 
Brittannia.  Ces  deux  traits  correspondent  au  contenu  du  ma- 
nuscrit de  Chartres. 

Ici  il  faut  tenir  compte  d'un  fait,  déjà  remarqué,  mais  sur 
lequel  les  recherches  de  M.  Zimmer  ont  jeté  plus  de  lumière, 
c'est  que  la  seconde  partie  du  livre,  celle  où  l'on  trouve  de  si 
larges  emprunts  à  la  légende  de  S.  Germain,  paraît  provenir 
non  du  royaume  gallois  du  nord  (Vénédotie),  mais  du  Powys 
ou  des  bords  du  golfe  de  Bristol,  aux  environs  des  bouches  de 
la  Saverne  et  de  la  Wye. 

C'est  dans  le  même  pays  qu'ont  été  recueillis  la  plupart 
(c.  67-74)  ^^^  Mirabilia  Britanniae  qui  figuraient  sûrement 
dans  les  deux  recensions  de  Nennius.  Ceux  qui  concernent 
l'île  d'Anglesey  et  l'Irlande  (c.  75,  76)  ont  tout  l'air  d'avoir 
été  ajoutés  après  coup  :  M.  Zimmer  l'a  très  bien  fait  voir.  Et 
ici  il  est  à  noter  que  Nennius  dit  expressément  que  cts  Mira- 
bilia, il  les  a  trouvés  déjà  rédigés,  avec  la  liste  des  cités  bre- 
tonnes :  de  civitatihus  et  mirabilibus  Britanniae  insulae. 

En  somme,  voici  comment  je  me  représente  la  formation 
de  VHistoria  Britonum. 

1°  Elle  a  été  composée  d'abord  dans  le  sud  du  pays  de 
Galles.  Dans  sa  forme  primitive  elle  ne  contenait  que  des 
choses  ayant  rapport  aux  Bretons,  c'est-à-dire  à  la  géographie 


196  L.  Duchesne. 

de  la  Bretagne,  à  son  ethnographie,  à  sa  condition  pendant  ht 
période  romaine  et  aux  premières  luttes  contre  l'invasion 
saxonne.  Les  sources  littéraires  sont  au  nombre  de  trois,  le 
livre  de  Gildas,  la  Généalogie  franque  et  la  légende  de 
S.  Germaine  Tout  le  reste,  hauteur  a  pu  le  tirer  de  son 
propre  fond,  sauf  peut-être  le  catalogue  des  vingt-huit  cités. 

2°'  Plus  tard  on  sentit  le  besoin  de  rattacher  les  origines 
bretonnes  aux  fables  troyennes  et  de  suppléer,  surtout  d'après 
la  chronique  de  S.  Jérôme,  aux  lacunes  du  texte  primitif  en 
ce  qui  concernait  le  temps  des  empereurs  romains.  Le  ma- 
nuscrit de  Chartres  nous  rend  l'aspect  qu'offrait,  dans  sa  pre- 
mière partie,  YHistoria  Britonum  à  la  suite  de  quelques  inter- 
polations de  cette  nature. 

3°  Elle  passa  ensuite  dans  le  nord  du  pays  de  Galles,  où 
Nennius  (±:  800)  lui  adjoignit  divers  appendices  relatifs  aux 
Pietés  et  aux  Scots,  à  ceux-ci  surtout,  et  la  combina  avec  un 
recueil  de  généalogies  royales  constitué,  vers  la  lin  du  vii*^  siècle, 
dans  le  royaume  de  Strathcluyd,  mais  complété  par  diverses 
retouches,  dont  la  dernière  est  de  79e. 

Comme  cet  appendice  n'intéressait  pas  son  maître  Beulan,  il 
l'abrégea  dans  l'exemplaire  qu'il  exécuta  pour  lui.  Cet  exem- 
plaire est  la  souche  de  la  version  irlandaise.  Les  autres  manus- 
crits, quels  qu'ils  soient,  dérivent  d'un  texte  où  la  première 
partie  (c.  10-31)  avait  été  retouchée,  soit  par  Nennius  lui- 
même,  soit  plutôt  par  quelque  autre,  qui  ne  s'est  pas  soucié 
de  conserver  le  nom  du  compilateur. 

Ainsi  ni  le  nom  de  Nennius,  ni  la  date  qu'il  comporte,  n'a 
quoi  que  ce  soit  à  voir  avec  VHistoria  Britonum  primitive. 
Rien  n'empêche  que  celle-ci  soit  beaucoup  plus  ancienne  que 
le  IX''  siècle  ;  sa  date  flotte  entre  le  déclin  du  vi^  et  la  fin 
du  viii". 

La  limite  supérieure  est  donnée  par  le  contenu  même  du 
livre  et  par  l'usage  qui  y  est  tait  du  Liber  Oucrulus  de  Gildas. 
La  légende  de  S.  Germain  porterait  à  descendre  un  peu  plus 


I  .  Ce  qui  provient  des  chroniques  de  saint  Jérôme  et  de  Prosper  peut 
fort  bien  n'en  pas  avoir  été  tiré  directement.  Cependant  je  ne  veux  pas  ex- 
clure l'hypothèse  d'une  consultation  directe. 


Nennius  retractdtus.  197 

bas.  Saint  Germain  est  mort  en  448  ;  pour  que  son  histoire 
ait  pu  être  transformée  comme  nous  le  voyons  ici,  il  semble 
qu'il  lui  ait  Eillu  flotter  longtemps  dans  les  imaginations.  Mais 
ici  nous  avons  affliire  à  des  imaginations  celtiques,  plus  actives 
que  beaucoup  d'autres  :  un  siècle  a  fort  bien  pu  suffire. 

Je  dois  cependant  constater  que  le  livre  de  Gildas  n'offre 
pas  la  plus  légère  trace  de  S.  Germain,  ce  qui  porterait  à  croire 
que  ses  voyages  en  Bretagne  furent  oubliés  de  bonne  heure 
dans  ce  pays.  Des  deux  ouvrages  qui  les  mentionnent,  la  chro- 
nique de  Prosper  et  la  vie  du  saint,  rédigée  par  Constance,  puis 
remaniée  à  Auxerre,  le  second  ne  paraît  pas,  autant  qu'on  peut 
voir,  avoir  exercé  la  moindre  influence  sur  la  légende  galloise. 
Reste  la  chronique  de  Prosper.  Celle-ci  fut  connue  en  Irlande 
dès  la  seconde  moitié  du  vii^  siècle,  car  c'est  évidemment  elle 
qui  a  forcé  Muirchu  Maccumachteni  à  se  préoccuper  de  Pal- 
ladius  et  l'a  sollicité  à  rapprocher  Patrice  de  Germaine  Mais 
quel  rapport  y  a-t-il  entre  cette  apparition  de  la  chronique  en 
Irlande  et  la  notoriété  dont  elle  a  pu  jouir  dans  les  régions 
bretonnes  de  la  grande  île  ? 

Il  n'y  a  donc  rien  à  tirer  de  ces  considérations  ;  tant  qu'on 
ne  produira  pas  un  document  nouveau,  il  ne  sera  pas  prudent 
de  préciser  beaucoup  plus  que  je  ne  l'ai  fait  la  date  de  la  pri- 
mitive Historié  Briloumn. 

L.   DUCHESNE. 


\ 


Cf.  Bulldin  critique,  1888,  p.  284. 

Revue  Celtique,  XV.  14 


THE  FRAGMENT  OF  THE     • 

TAIN     BÔ    CUAILNGE 

IX   MS.    HGERTON   93    (jf.    26  a    I-) )  h  2). 
.     (Suite  '). 


140^40.  Andsi;/  bhdcresa  achcltair  choi;//ghi  thairis  do;/tlc/i"/;/ 
idhalta  thiri  tairngiri  dobrrthea  i//asgaidh  dho — |f.  33  a  i| — son 
o  Mha//an//an//  m(a)c  Lir  origh  na  Sorcha. 

141.  Saitir  achulbliodh  chaiw  chorcordtvg  arurcho/;/air  a- 
ghnuisi.  1er  dhoso//  cach  seci  7  t;rthi  7  tairsi  7  nighontâso;? 
scci  ndthréthi  ndthairsi. 

142^42.  Is  an;7sin  doriasdadh  7  dorolon/zaigheailh  i;//a;/nghnia 
.i.  i7;/Clioi;7c(u)l(ainn)  r(';/dr/-na  udthbhasach  nilrer/.'/ach  na/z- 
aiclinidh  dhe.  rcchrithnaighKdli  achaînni  uimi  am(ail)  chranw 
résruth  no  am(ail)  bhoig  ibhiud  arldr  srothu  gach  bail  7  gach 
nelt  7  gach  ni;/d  7  gach  naîghidhe  obho;zd  gobhaithis  7  rolai 
shcTibhglco  dibhcrgi  dhdchurp  i///edho;?  achrocui/zd. 

143-45.  Tangadar  ashdla  7  aoircni  7  aEsgada  go///bddar 
dhaés.  Tangadar  tarbhéthi  aorca;/  go/;zbddar  artulaibh  alurga» 
go;;/bd  medithir  re  maddorn  milEdh  gach  mEcu//  dimhesraigh- 
thi  dirimhi  dhibhsidhc//  7  doérgheadar  tollrhéthi  amhullaigh 
g07;/bddar  arcoich  amhuineoil  gombd  medithir  cEnd  m(i)c  mi- 
dhaisi  gach  mulchnoc  dimhor  dhibhsidhég. 

I  .   Voir  Revue  Celtique,  t.  XIV,  p.  254  ;  t.  XV,  p.  62. 
i-io.   LU.  79b,  21-23.  —  ^^-  77^''  19-22. 

II  I  ,   LU.  79  b,  23-28.  —  LL,  77  b,  22-29. 
143.   i-l--  19^''  29-3)-  —  LL-  11  b,  i'>;7- 


Tàin  bô  CuailnfiC.  I99 

144.  Adrâclitadar  agh]oi/?mi  go;;/bàdar  gdoibh. 

145  ^-tj.  Dorighni  cûar  cera  dhaghnuis  7  da  aighidh  fair  go- 
waslughman;z  i//darna  suil  dô  i^acliEnd  7  is(edh)  amhodh 
nachtairscadh  liadhchorr  toghraïin  uirri  alàr  aghrûaidhi  7  aiar- 
thur  achloigni.  gombdsESgaing  asédchi  go;//hai  f(or)aghi'uaidh 
sEchtair. 

146.  Go/;/bo  racdcthir  rc  coiri  ciugdhuii'//  gon — |f.  33  a  2|  — 
dtvna  di'/-g  rua/;/anda  di  réchEnn  awaigh  ani-chtair. 

147^47.  Saiais  abhél  gorurdhlocht. 

148^48.  7  srEngais  i?2feoil  do//fliidhbhaidh  chnamha  gowdar 
i^égnaigh  agi;/chrais.  Tangadar  asgamha  7  athroma  go;nbddar 
aretealaigh  aruachtar  achrais  7  abmighed.  Beanais  hem  nul- 
gai;/i  léomhain  do/zcharbad  uachtarach  bhara/;aircli  gowbdmé- 
dithir  ré  molt  chraicEiid  téora  bl(iadn)a  gach  smalach  derg 
te;nidhi  tennsEdar  afliiacla  i?/abhél  asabraighid. 

149^49.  Adclos  blosg  bhewnEch  achraidhi  ré  chliabham(ail) 
gloi///nigh  ndrcho/z  ifluhoch  no  am(ail)  leo)imi  agtcr/;/  fômhath- 
gha;//naibh. 

150^50.  Adchessa  nacoindli  bodhbha  7  nacithnélla  ncy//i  7 
nasboi^g  cibhli  te;;Edh  triche;;/ruaidhi  arlasadh  7  arloi/zdregudh 
ûasa. 

151^)'.  Dochasnaigh  aiholt  i;y/achean;?  am(ail)  chraibheach 
ndtTg  sgiach  i///b^rnaidh  aththalda  i/;/chu/»ai;/g.  Iss(edh) 
ahodh  dhacroitéa  righabhall  fiirighthorudh  osachi//d  ndchroi- 
scadh  ubhiiU  dibh  talmhain  tairis  7  dothoiriseadh  ubhull  ar- 
barr  gach  X'nfhi;;da  refr/thchasadh  nafergi  adracht  diafluilt 
Liasa. 

152^5-.  Adracht  alonn  laith  osaedun. 

i)3'55.  airdithir  re/;nthir  dîrgithir  tailcithir  trt'sithir  réséol- 
chran;^  p;'/nihlui»gi  moiri  ic^rtairdi  i;^bui?zdi  dirEch  donz/fhala. 
atracht  dochleth  achi;zd  7  acheandiiihiiUaigh  iccrtairdi  co//d(T- 

145.  LU.  jçb,  sG-^().  -^  LL.  ']']}},  jS-42. 

147.  LU.  79  b  40m.  —  LL.  77  b  42-43. 

148.  LU.  79  b  40-8oa.  —  LL.  77  b  43-50. 

149.  LU.  80a  1-3.  —  LL.  77b  50-52. 

1 50.  LU.  80  a  3-7.  —  LL.  78  a  i  -4. 

151.  LU.  80a  7-12.  —  LL.  78  a  4-9. 

152.  LU.  80  a  12. — LL.  78  a,  9-10. 

153.  LU.  80  a,  1 5-20.  —  LL.  78  a,  1 1-17. 


2  00  Nettlau. 

ni  dubhchuiigh  ndraidliEchta  dhe  am(ail)  chiaigh  dorigh 
bhruidhi;z  trath  tig  righ  dhiatinuEsgur  itESgur  |  f .  33  b  i  |  in- 
laithi  ghemrEta. 

154^54.  Andsi»  bharEblaing  i;zearr  ghaisgidhsin  iwacharbad 
tshErdha  ro/zaearraibh  iarnaidhibh  7  ro;/ath;t^bhraibh  tanaidhi 
ro;nchro/;/dnaibh  7  bhaca»aibh  7  bhirinibh  7  bhirchruaidhibh 

155.  gc;rbhabhirfogw^  nfoi;?iudh  7  gach  coinh  ledartha 
duini  gach  urball  7  gach  naît  7  gach  ni;;d  7  gach  naighi  icurp 
dhuini  iarche?m  odabt'rradh  goboi/ziudh 

ig6^56.  ro/mah"bhiribh  niadh  7  conacÏEs  urshloicthi  7  cona- 
tarngaibh  gséthi  bidis  f(or)fertsibh  7  iallaibh  7  fhidhisibh  7 
tholo^/naibh  i/^charbaidsi;?  retesgadh  chean//  7  choLm;;  barag 
7  mhédhi  7  mhuîzel. 

157^57.  Andsin  dobcrtsu;/  torannchlEs  ch(et)  f(or)acharbad 
7  tora^dclEs  da  c(et)  7  tor(anncles)  tri  c(et)  7  tor(annches) 
chethri  c(et)  7  tarrasdair  aigi  arthor(anncles)  incoigea.dh  c(et) 
uair  nirbharail  lesin;z  inairedsi//  dothotim  les  dached  chuinn- 
sgléo  chatha  dochethri  coigeadhaibh  Er(enn)  dô  dhighail  na- 
m(a)craidhi  forro  7  Fhollo;;zain  m(i)c  Co/;chobhair  7  doluidh 
fo/nii«dasin  doindsaighidh  anawad. 

158^58.  Andsin  tugasdairsiun  séol  trom  f(or)sa;/carbad 

159^39.  7  dothaéd  môrthi;nchell  .iiii.  noUchoigEdh  nEr- 
(enn)  amaigh  anEchtair 

160^^°.  gorbho  lôr  dho  dhu;/  7  dho  dhaingea/î  doibh  febh 
dhochuadar  rotha  iarnaidhi  i//charbaidsin  shis  7  sEllsEchtair  7 
ad/7/chdadar  Ico  claidhi  7  coirthi  7  cairgi  7  taithlEca  i/;talmhaH 
7  amulrgy/anaird  i//aird  risnarothaibh  iarnaidhibh  suas  seI- 
sechtair. 

161.  Isan;/si«  fochcrdsun  athàl — |f.  33  b  2\ — mbodhbha 
7  achircuU  mbodhbha  i//imthi/;/chell  chethri  noUchoigEdh 
nEr(enn) 


154.  LU.  80a,  21-24.  —  LL.  78a,  18-21. 

156.  LU.  80a,  24-26. — LL  78  a  21-24. 

157.  LU.  80  a,  39-41.  —  LL.  78  a  24-29. 

158.  LU.  80b,  1-2.  —  LL.  78a,  31-32. 
1)9.   (LU.  80b  7-9).  —  (LL.  78  a.  57-39). 
160     LU.  80b  5-7.  —  LL.  78a  33-37. 


Tciin  bô  Ciuiilnge.  201 

162^^-.  7  is  aire  focherdsu??  i/zcircull  mbodhbhasi;;  môrthi;;/- 
chell  chethri  choigEtlh  nEi'(cnn)  arndtEchtais  uadha  ar  tecliEdh 
no  ari//?gLibhail  7  nachsgaildis  uimi  7  ro;KistairsEdh  réthen/?ta 
iad  dodhighail  nam(a)craidhi  forrtho. 

i63'^>.  Rotha^d  chucu  annund  armEdhon  asaaithli  7  tugas- 
dair  fobairt  bhidhbhadh  f(or)bhidhbhadhaibh  fortho  7  tailghis 
fiilbhaighi  môra  dochollaibh  abidhbhadh  7  anamhadh  7  aer/;/- 
mnd  ma/îcath  ser/;/air  godrochradar  les  honn  iri  médhc  7 
médhe  fr/  bonn  7  doid  ïri  doid  7  uillin;;  fr/  huillind  7  airbhi 
fn'hairbhi  gurbhalinnti  fola  f(or)dhcrgi  f(or)ani;;/thighdis 

164^^4,  g(;;-bhachuma  cii  7  Ech  7  duini  les 

i65^^>.  isi;/bhresligh  mhoir  iwuigh  Mwrthemni  inaidhchisin 
agdighail  nam(a)craidhi  archethri  ro/VEdhaibh  Er(enn). 

166'^^.  Cidh  tra  acbt  nîfhétar  arini  7  nithoill  aairea/n  naa- 
fhaisnés  gachandrochair  les  dochowairium  righ  7  ruirEch  chu- 
radh  7  chathmhilEdh  chliathb^rnadh  c(et)  7  fEr  feraiz/d  ge«- 
môtait  aniiùs  7  ar;;iaigh  7  ôglaigh  7  oigthighirn  7  dâsgar- 
shlùagh  dimhai;/each  fer  nEr(enn). 

167'^"'".  Acbt  atd  nicheana  à)//rLÙdhbitIier  conimein  arrigli  7 
ataiseach  ac;/radh  7  acathmhileadh  acliathbernadh  c(et)  7  afEr 
ferai^d 

.i.  Da  Chruaidh       dha  Shecheall 
dd  Chaladh  tri  Cruind 

da  Chir  tri  Cunûdh 

dd  Chiar  tri  Co/«airchi 

.u.  Q'Mnaid  se  Dai///iaich 

.u.  Cobhthaigh  .uii.  Rochthaigh 

se  Saschai»  .uii.  Ronain 

se  Duaich  .uii.   Ruirirthigli 

se  Dairi  ocht  Cairpthig 

se  Du/2chaidh  ocht  Cobhthaiirh 


162.  LU.  80b,  7-1 1.  —  LL.  78a  37-41. 

165.  LU.  80  b,  11-16.  —  LL.  78  a,  42-47. 
164.  LU.  80b  22.  —  LL.  78  b  I. 

16).  (LU.  80b,  19-20).—  (LL.  78  a  50). 

166.  LU.  80  b,  24-26.  —  LL.  78  b  2-3. 

167.  LU.  80  b,  26-38.  —  LL.  78  b.  3-16. 


Foda 

FurEchair 

Cois 

Curaidh 

202  Nettlau 

ocht  nUlchaigh  .x.  Fée 

.ix.   nDairi  .x.  Fiachra 

.ix.   nUrlaigh  .x.  Fedhlimidh 

i68^^s.  gorub  .ix.  righ  deg  arnai  lichtibh  dochowanman- 
iia'ihh  righ  7  talsEch  7  fear  îera.ind  is(edh)  rosbith  Cuchul- 
(ainn)  isinbhresligh  moir  i  Muigh  M/</'the;;?ni  i;/aidhchisi;î. 

169^*^9.  dirlmi  arche/za  a//drochair  les  doeachaibh  7  dochow- 
aibh  7  do  dhuinibh. 

Cidh  ira  acht  nitliernô  intrEs  fear  dhfheraibh  Er(enn)  uâdha 
ga//chnedHOga;îchrecht  no  ganghlas  no  ga?zd(Tg  770  gan  chnocno 
ga;zchomartha  no  ga7zmhaidhm  lesi  no  lairgi  uo  lurga;/  no  leth- 
chi7zd  no  lethshula  «0  ga/zbhithai/zibh  trébhithu  bratha  7  bEtha 
fiiir 

170^7'^.  7  bholuidhsiiu/  i/7/.shla;î  uaithibh  ga;7ihuilEgudh 
ga»ihoird^rgadh  air  kn  naaraaraidh  nd  araEchaibh 

171^71.  ororube  i/zcarbad  serrdha  ro/ngisin.  finid  a/;/e//.  f. 

172^7-.  Andsi?;  doérigh  Cuch(u)l(ainn)  gomoch  arnamhar- 
ach  dothaidhbhriudh  i/ztloigh  7  dothaisblie/zadli  aclirotha  ail- 
ghin  Àimà  domhnaibh  7  dobhantrochtaibh  danribh  7  dingliEn- 
aibh  dilEdhaibh  7  dsés  ddna  nair  nirmiadh  7  nirmliaisi  les  m- 
diuibhar  dliElbb  disgir  dnzidher/;/a  tarflis  doibh  air  i/zaidhchi 
ria/;/  rewe. 

Is  airisi/7  da(no)  thaiizig  siu/z  dothais — |f.  34a2| — Elbhadh 
achrotha  ailgi//  alai;/d  i;/lasi/7. 

Alai7zd  amh  iwm(a)c  thai/zig  an/2si/7  dothaisealbhadh  achrotha 
dowaslûaghaibh  .i.  Ciichul(ainn)  m(a)c  Suàltaigh 

173.  m(a)c^'  ...  m(a)c  ...  m(a)c  ...  m(a)c  ...  m(a)c-... 
m(a)c  ...  m(a)c  ...  m(a)c  ...  m(a)c  ...  m(a)c  ...  m(a)c  ... 

m(a)c  m(a)c  ]é  7  ba  sh'ér  aw  esiiuz  gibé  dibhsi 

iarndlighiudh  righdha. 


168.  LU.  80b,  39-40.  —  LL.  78  b  12-16. 

169.  LU.  80  b,  40-44.  — LL.  78  b,  17-21. 

170.  LU.  80b,  44-46. 

171.  (LL.  79  b  3). 

172.  LU.  81  a,  1-9.  —  LL.  78  b,  22-50. 

a,  AU  thc  nanies  Ibllowing  thc  14  m(a)c  hâve  been  erased. 


Tâin  ho  Cuailnge.  20? 

174^74.  Tri  fuilt  bddar  f(or)i//fhirsi//  .i.  do;/d  fri  tLii;/d 
achi//d  7  cmliErd^/'g  annwmhedo/î  m'md  ôrdha  nothuighithir. 
Gain  congairsi  infhuilt  si//  rowcuirtliEr  téora  srEtha  i;;?chlais 
acIiLilaidli  go/;/basa/;/alta  7  orshnath  gacli  li;zdu  flithman;zach 
f(or)sgailti  f(or)ordlia  dighrais  dûalfliodha  d^rsgnaightlie  datli- 
âlai«d  tarafiior/;nia. 

Céd  chairchEs  clîorcorghla;/doderg6roi'lasrach  iwahhraighid 
suaithe  do  charrmhogol  chiu/zasgdlia  lùinihacht  fr/acliEnd. 
cethti  thibhri  cecbtav  dhadhâ  ghruddh  .i.  tibhri  buidhi  7tibhri 
uaini  tibhri  gorm  7  tibliri  corcra.  .uii.  ngEma  doolochta  nalE 
tlia/;ros[g]  cecbtar  dhadhaghrûaidh  .uii.  méoir  cÉchtar  dhadha- 
chos  7  .uii.  cecbtar:  adhala/M  go/zurgabhail  ingni  g/7uin  7  gon- 
grein  ingni  sebhaic  bhar  gach  nai  fôleth  dibh. 

I75^7>.  Gabhaidhsiu;/  da(no)  adhillaid  ni^naig  uimi  inldsi;z. 
baidaedghudh  uimisiu/î  .i.  fùan  cai«  corcorghla?/ dElg  fi/aiarg- 
aid  isinbrut  o.sabhanbhrui;/di  co;zachcumgaidis  suili  daini  adés- 
gai;?  argiilcord^f/;/  7  arghlaiz/idliEcht. 

1 76^76.  Isamhlaidh  dobisé  7  cliabi//ar  sirig  fn  acbiiES  arnai/;/- 
thacmaisi  dhochrEsaibh  7  dochiwsaibh  7  dochorrtharaibh  oir 
7  airgid  i»ai;//thimchcall 

177^77.   SgiatJT  diglirais  do;/dchorc/7/  dathalai//d  fair. 

I78'78.   Cioidhe/«  ordhuirnn  indtlaisi  f(or)achliu. 

179^79.  Dashlegh  chrûadhacha  chuigrEiida  inadliEslaim. 

180^^°.  Nai  ci;zd  isi/zdarnalai/;/  dhô  7  .dechcin/z  isizdaimli 
araill. 

181.  taidhbh  fir  iuabrcdibh  Etarru. 

182^^-.  Andsin  doaitchEdar  mnd  fEr  nEr(cnn)  atôgbhail  ar- 
lébheanndaibh  sgiath  7  ôsghuâllaibh  f(er)  ôglach  darhaidhbh- 
riudh  chrotha  C/;ozzc(u)l(ainn). 

183.  7  roataigh  bean  Dubhthaigii  atôgbliail  dothaidhbr/udh 
chrotha  C/;o/zc(u)l(ainn). 


174.  LU.  81  a,  9-23.  —  LL.  78  b,  31-46. 

175 .  LU.  81  a  24-29.  —  LL.  78  b  47-793  i. 

176.  (LU.  81  a,  29-51).  —  LL.  79  a,  2-4. 

177.  LU.  81  a  32-33.  — LL.  79a  5-7. 

178.  LU.  81  a,  33-55.  —  LL.  79a  8. 
180.  LU.  81  a  37-38.  —  LL.  79  a  10. 
182.  LU.  81  a  59-4!.  —  LL.  79a,  13-16. 


204  NcUlaii. 

184^*^4.  Odchiuila  Dubhthiich  i;/nisi;z  gabhais  éd  7  ealc- 
mhainr/;/  é  7  dorad  coinairli  bhraith  7  trcgthi  C/;o/zcul(ainn) 
dfhEraibh  Er(enn). 

185^^5.  7  zshen  inlaidh  and: 

186^^^.  Masa  é  seo  inriasdarthe  taéthsad  laich  dhaluin»isiu;î 

187^^7,   bedid    eghmhi  fairisiu?;  bedid  bui;/d  Bbnnnmsiun. 

188^^^.  Biaid  coirthe  f(or)aler/;/aiblî  bidh  f(or)mach  dorigh- 
martaibh 

189^^9.  nimaith  conûgliEd  incath  ari//lerg  f/7'si«a;;/ach. 

190^90.  Masa  éseo  iwriasdardhe  bidh  marbhtha  duine  uaidhe. 

191^91.  bedid  colla  fôchosaibh  bed  bruit  |  f .  34  b  |  bhâna 
fôdhosaibh. 

192.  Adchiu  cruth  iwiewEllaigh  ,ix.  ci;zd  i//achuilsenaibh  ad- 
chiu  fodhbh  les  imbredaibh  .x.  ci«d  inarothedaibh. 

193^95.  Biaid  sluaigh  niwe  dogachieth  diawadh  mé  badh 
cho^Marledh 

194194.  argorghairdighdis  are  masaé  seo  i;iriasdarthé.  Masa 
.e.s. 

195^95,  Et  adchiiala  Ferghtis  i^misi».  7  roerigh  ealla  bdghi 
an?i  7  tag  tuinnigléo  tairpthEch  ddchois  uadha  id^r  conastarla 
rébuidhin  anechtair  é. 

196^96.  Ole  leaw  aDhubhthaigh  ar  Yerghus  co?;/airli  bhraith 
7  trfgthi  C/;oHc(u)l(ainn)  dothabhairt  duid  dtraibh  Er(enn) 
197197.  7  adb<^rt  nabrfathrasa  an;/. 

1 98^98,  M;^5  ^  Dubhthach  DséltEnga  arcûl  naslûagh  bhâsrEn- 
ga  nochodcrna  vhni  dho  mhaith  odgheoghai^/  i/zinghenraith. 


184.  LL.  79  a  19-21. 

185.  LU.  81  a  43.  —  LL.  79a  22. 

186.  (LU.  81  a  44).  —  (LL.  79  a  23). 

187.  LU.  81  a  I.  —  LL.  79  a  23-24. 

188.  LU.  81  a  2.  —  LL.  79  a  25-26. 

189.  LU.  81  b  3.  —  LL.  79  a  27. 

190.  (LU.  81  a  44).  —  (LL.  79  a  23). 

192.  LU.  81  b  4-5.  —  LL.  79a  27-29. 

193 .  LU.  81  b  8.  —  LL.  79  a  50. 

194.  LL.  79a  50-51. 

195.  (LU.  81  b  26-27).  —  LL.  79  a  34-37. 

197.  LU.  81  b  9.  —  LL.  79a  39. 

198.  LU.  81  b  10-13.  —  LL.  79a,  40-44. 


Tiiin  hô  Cuaiinge.  205 

pEmis  cclît  nduâibhsHch  ndohhail  gui;/  Fhiachaigh  m(i)c  Con- 
chobhair  7  niboha///ro  dho  guin  Dairi  m(i)c  Fhedhlimtheo. 

I99'''9.  Nimaith  réloi«gis  Uladh  gui/z  am(a)c  nach  acz/radh 
cosdudh  Ul(adh)  arbâhi  cosai;/sEd  a;n/zdili. 

200-°°.  Bfrthar  f(or)  rigraidh  atad  rehUltaibh  acht  go«érsEd 
bedid  echta  sgeoilmhara  bedid  righna  dermhalla. 

201-°^  Adchiu  bharrighai;x  imai;/  nierghmid  do»i;//arbhaigh 
nimhairEnd  gaisgEdh  ndgartm(a)c  Lughdhach  conalxchdhacht. 
trerighdha  ruaiwnEdh  rEn;/amds  é  Dubhthach  DsêltEiiga.  M. s. 

2022°2_  Andsiw  rahiwraidhEdh  agfcraibh  Er(enn)  ciabhadh 
choir  dô  cho/;/lon7î  7  docho;;/rag  re  Coi?zc(u)l(ainn)  7  dddhin- 
gbhail  dibh  arâth  réhuair  namaidni  muiclii  arnabhârach. 

203 -°5.  Is(edh)  ad^readh  gach  fear  dhibh  nochomhisi  no- 
cho — |f.  35ai| — mhisi  nocho  mhe  thrd  asmo  dhaighin  ni 
dlEghar  cimidh  do/;/che;zél  7  gianodlighthéa  nibhadh  mhé  dho- 
b^rdais  tarascean/z  khindhecht. 

204.  7  nibhômé  radias  docho;»lo//d  nddhochowrag  ré  Coin- 
cul(ainn)  gobruinm  bratha  7  bEtha  dhdés. 

205 -°5.  Andsin  conittcht  Meadhbh  f(or)  Fherg«5  m(a)c 
Roigh  i;;/thecht  docho///lond  7  docho//7rag  ré  Coi;zc(u)l(ainn) 
7  dadi»gbhail  dibh  arâth  réhuair  namaidni  muichi  arnamhdr- 
ach. 

206-°^.  Nircho;nadhàis  arddhsi//  ri;;/sa  aile  bhar  ¥ergh.us 
conAonn  ndchomrag  dhodhewamh  dho/;/  re;//dhalta  fén  7  ré- 
dalta  Ul(adh)  7  réglu;/dalta  Ct;«chobhair  7  i/7gilla  asachnebli- 
riiaidh. 

207^°/.  Andsi«  rogabhadh  a  eocho  dhFhergh/^.f  7  dohin/z- 
leadh  acharbad  7  tai;/ig  rcmhi  gohdth  i//cho;;zlai/7d  7  mchom- 
raig  gohairm  iwbai  Cuch(u)I(ainn). 

208.  Mochea/f  doûiecht  7  doxhor achtdixn  amofoba  aFhErgais 
f(or)  C(u)ch(ulainn).  Tairisi  h//d  i//failti  bhar  Verghus.  Tairisi 

199.  LU.  81  b,  16-17.  — LL.  79a,  47-48. 

200.  LU.  81  b  18-19.  —  LL.  79  a,  49-50. 

201.  LL.  79  a  5  5-79  b  2.  " 

202.  (Cf.  LL.  79b,  42-44). 

203 .  LU.  82  b  2-4.  —  LL.  79  b,  44-45. 

205.  LU.  82  b,  5-6.  — LL.  79b,  46-47. 

206.  LL.  79  b  47-49. 

207.  (LU.  82b  7).  —  LL.  79  b  52-54. 


2o6  NettLin. 

duidsiu  o;;  aFherghais  bharC(u)ch(ulainn)  7  rodfia  SLUiighidh- 
eacht  aidhchi  smvi  a;/ocht.  Rodfia  buaidh  7  henachta'iii 
adhalta/i  bhar  Verglius.  nidaighidhcacht  ort  ta;.'agsa  dcbt  is  do' 
cho///lo//d  7  docho//îrag  rit 

209-°9.  Is  foll  inîedhin  duidsiu  ter/;/  i///cho/;/dhailsea  a;»o- 
phoba  aFhergais  bhar  C(u)ch(ulainn)  7  ga;;dochloidhe?//  in- 
aindt'mc. 

210-^°.  Is  cuwa  limsa  si;;  chEna  f(or)  ¥crgus  ar  gia  nobheth 
claid(ebli)  ann  ni  b[n]d[n  D  Q  D]  duidsiu  7  nihimérthar[ortsa]. 
ar  iir  dhoghoili  7  dogaisgidh  [arse]  Telg  t/'oighidh  damsa. 

211^".  7  telgfedsa  t;7nghidh  ro7;;udsu  i;;am  nobiad  cne — 
j  f.  35a2| — dhacli  c;vchtach  c;-fli;7tEch  trEtholl  tu  arcath 
mhôr  Thana  Bo  Cuailghni  7  othechiEdsa  inn-enm-  ro;;;udsu 
techfidid  fir  Er(enn)  uili. 

212-^-.  Is  ksg  li;;;sa  si;;  bar  Cuch(u)l(ainn)  .i.  techEdh  ré- 
nxii  iliEr  aslûaighEdh  mhôr  Th(ana)  B(o)  C(uailgne). 

213-^3.  Andsi;;  bholuidh  C(u)ch(ulainn)  i;;acharbad  uadha. 

214-^'!.  datecheadh  ro;;;ud  aFherghais  bhar  M(edb).  natiad 
djd  natiad  did  aFlierghais  a  leawna;;  bhar  M(edb).  aich  o;;  u;;; 
aile  bhar  F(Tgh;/.v  gieih  bEg  techidh  tug;;5a  air  nithugsabhairsi 
cethri  coio^idh  Er(enn)  aurdail  air  ar  Tai;;  B6  Cual(gne). 

215.  Gurub  é  Ba;;cho;nrag  F(';-gh;;.fa  artanaidh  (ro;niigisi?;  7 
is  uimi  aderar  b;incho7;;rag  ris  doigh  nibhi  fuil  f(or)  fébhur 
dhe. 

2i6-i^\  Is(edh)  doraidhsEdar  firEr(enn)  nachbhadh  chalmu 
CL'ich(u)l(ainn)  nagach  fer  ele  df;-aibh  Er(enn)  acbt  gonE- 
darsgartha  aarm  chlétin  ris.  cIes  i;;gnadh  a;;aichnidh  ése;;  da- 
bhi  aigisiujî  asafairghEdh  cach 

217217.  7  isi  co;;;airli  dari;;di  Medhbh  Rndhg  Lui/;ti  dochur 
dathchuiwgidh  i;;chleti;;  clilcasa  gohairm  imbai  Cùch(u)l- 
(ainn) 

209.  LU.  82  b,  8-10.  —  LL.  79  b  54-80  a  2. 

210.  LU.  82  b  11-12.  —  LL.  80a  7-10. 

211.  (Cf.  LU.  82  b  9-10).  —  LL.  80  a,  12-14. 

212.  LL.  80a,  lo-ii. 

213.  (LU.  82  b  14-16).  —  LL.  80  a  14-17. 

214.  (LU.  82  b  16-18).  —  LL.  80a  17-23. 

216.  LU.  70b  1-2.  —  LL.  73  b,  36-39. 

217.  LL.  73  b  39-41. 


Tdin  bô  Ciuiilnge.  207 

218-'^.  7  tainig  Rcadhg  remi  gohairm  i///bai  CLich(u)l(ainn) 
diarraidh  i;/chleti;zchlEsa  fair  7  nithard  Ciichul(ainn)  fochedoir 
dho  c  7  doluidh  remhi  [D  D  D  n]i///da  7  dahailEsdair  Cùchu- 
l(ainn)  Rndhg  dhâ  xn-adh  7  da  egnach  inar^nnais  acht  mini- 
thughadh  i;/cletin  chleas  do. 

Andsi//  guinnasdair  Cucluil(ainn)  inclEs  do  achuladhaibh 
gorghabh  urrai/zd  [D  Djbeolo  thrid  |  f .  35  b  i  |  gondrochair 
inarbga?unmain  and. 

21 9219.  riseasguing  aumha  donchlctin  gurub  Uma  Sruth 
fos  ainin  i^trotha.  Doîgh  isuimi  adearar  uniba  sruth  ris  doig 
risEsguing  aumha  dho/zcletiw  chleas  an/z. 

220"".  Bai  léch  amra  do  Chonzcht3ih\\  f(or)  indarba  asathir 
o  Oill(ill)  7  o  Miiedhbh  pErchu  Loi/zgsEch  do  Loc  Ce  baseadh 
acho?»ai;/m  7  nidheachaidh  Meadhbh  toisg  lasi  cowaidhchi 
otaigh  féu  riam  nach  biadhso/z  agdodh  7  aglosgudh  acoigidh 
dahés. 

22i^-K  Adchualaidhsinn  xuoglach  igfosocbudh  chethri  noU- 
chuigead  nEr(enn)  onlùa/î  resamhai?/  gusa72cedai;î  arniî/^bulg 
7  ag  marbhadh  fhir  arath  dibh  gach  laei. 

222---.  Cidh  as  fliErr  [D  D  D  D]  dhoghcnmais  aile  bhar 
F[erchu  Loingsjeach  natocht  dodhingbhail  infirud  dt'raib 
Er(enn)  7  doghebhu;//  sith  OilcUa  7  MhEdbha  tharacEiid. 

223.  DErbh  Icsidlie/;  dathx-thsad  Cuchul(ainn)  lais  gowadh 
le^  icn  crich  oirthir  Chonacht. 

224^-4.  Trf  fir  deg  baseadh  alin. 

22)2-5.  tangadar  rompo  gohath  aladh  armuigh  Murthem- 
hni  7  orangadar  adchon/zcadar  inainenfhir  7  tugadar  aichni  air 
gorbhé  Cuchul(ainn)  e  7  dalaiseadh  na  iri  fher  ghadhegair 
anenfeacht  7  anœnuoir. 

226^-^.  I  f.  35  b  2  I  gotarladar  asleagha  gambolgainibh  isin- 
sgiath  7  tugsLui   achloidheaw  asathinwtigh   bhodhba  dhaind- 

218.  LU.  70  b  3-7.  —  LL.  73  b  41-46. 

219.  LU.  70  b  8-10.  —  LL.  73  b,  49-50. 

220.  (LU.  82  b  20-21).  —  LL.  Boa  24-28. 

221 .  LL.  80a,  29-32. 

222.  LL.  80a,  33-58. 

224.  LU.  82  b.  21-22. 

225.  LL.  80  s.,   39-41. 

226.  (Cf.  LU.  82  b  21).  —  (LL.  80  b,  41-42). 


2o8  Nettlaii. 

shaighiJh  7  daghabh  asgLithadh  nanarm  dhi  ni  edtrumughadh 
asgéth  fliir  7  gumfai  friu  inadheaghaidh  sair  7  siar  bhadheas  7 
bhathùaidh  7  faisgis  adacEnd  dég  dhibh  7  ferais  cowlond  fich- 
dha  fuileach  7  fobartach  ré  Ferchoin  fén  ahaithli  amhtii;îtiri 
dhomharbhadh  7  nirfhoghain  gofada  dFearchoin  aimlaidhi  iiair 
adrochair  fadéoidh  re  Coinculaind  gan  chundtabairt 

227.  gurub  airisiw  asbeart  Cuc(hu)l(ainn)  : 

Fearchii  Loingseach  nirbéag  bed  nadhafhear  dheg  nar- 
tliimli  adrochradar  si;/  isdaig  lem  laimh  agiitii  aladh  fiii//d. 

228^-^.  7  dobean  acheand  dFhearchoin  anoir  inatha  gurub 
Ceann  Fearchon  7  Cingid  Fearchon  idearar  ns'in  inadsi;/ 

doigh  is  uimi  idearar  Cin;nd  Fherchon  ria.  Doig  dafliagaibh 
Fearchû  7  adhafhear  deg  acind  7  acosgo[d]  7  acomaidhiumh 
and 

229.  ftwadi  Aididli  Fhercho//  madgonigi  si;?. 

230.  Comrag  Cailitin  gona  cloind  ad  neasu  su//d 

231.  7  Comrag  Firdiad  asnEsu  dhôsiden. 
DDDDDODDDCdCo  Cjj. 

Max  Nettlau. 


228.  (LU.  82  b,  22-23).  —  (LL.  80a,  43-44). 

I .  It  may  be  of  interest  to  print  hère  Calatin'  and  his  sons'  fight  with 
Cuchulainn  from  Ms.  H.  2,  16  (Leabhar  Buidhe  Lecain)  as  this  part  of  the 
Tain  is  lost  in  L.U.  and  as  itis  immediately  foUowed  by  the  Fight  of  Fer- 
diad  of  which  1  liave  already  pubUshed  the  Y.B.  of  Lécan-text  in  R.  Ceh., 
X,  p.  330  sqq. 

H.  2.  16,  col.  609  :  Foidis  Medb  arnabarach  .uii.  firu  nch(et)  ara  ceand 
ingrellaich  Co;/c(ulainn).  fuil  iarum  aai;/m  inagrellcha  friath  Firdead  desiu. 
.sraitis  a  .ix.  hgai  fichet  fair  fochetoir  .i.  Gaili  dana  cona  .uiii.  m(a)caib 
fichet  7  m(a)c  adeirbsethar  .i.  Glas  m(a)c  Delgna.  intan  iar(u)/H  rigset  lama 
uili  diaclaidmib  Tic  Fiacha  rn(a)c  Febe  inandedhaid  asi/rdunad.  focheirdd 
bedg  asacharp(at)  intan  atrcwdairc  allama  uill  iciî?d  Co;;c(ulainn)  7  benaid 
anai  rigthi  fichit  dib.  isand  asb(ert)  C(u)c(hulainn)  is  cobar  in;;eimb  em 
andorighnis.  Ambesa  ol  Fiacha  istarcotach  dui;/di  arnUlltaib  diari  neach 
dib  andunad.  regmani  artr/chait  cet  fogi//  claid(ibh).  Tongu  7rl-  intan  do- 
relced  mo  anal  da»/sa  or  C(u)c(hulainn)  niro;/ricfa  fer  dibseo;»  ambeathaid. 
Gonais  C(u)c(hulainn)  iarsin  an  IX.  tîr  fichit  dollotar  doimb(^rt  ac(u)H/aing 
iV/sinsIog  ise  agnim  insaiu  forsintain  coUotar  donchath  laCoi/zchulaiwd.  Ata 
isi;z  cloich  imedo»  indatha  lath  rath  tele  insceth  7  adorn«  7  agluiwe  7  rola- 
tha  anai  coirthi  fichit  andsin. 

Thenjollows  :  Comrac  Firdiaid  7  C(on)c('hulainn)  so.  etc. 


L'ESPAGNE  CHEZ   HOMÈRE 


A  l'époque  où  ont  été  composées  V Iliade  et  ïOclyssce,  les  Grecs  n'avaient 
pas  encore  franchi  la  mer  Ionienne,  et  la  Sicile  était  pour  eux  le  pays  de  la 
légende  et  des  rêves.  Ils  avaient  cependant  acquis,  par  l'entremise  des  mar- 
chands phéniciens,  quelques  notions  exactes  sur  certaines  parties  de  l'Eu- 
rope occidentale,  par  exemple  sur  les  Iles-Britanniques.  Karl  Mùllenhoft"  l'a 
établi  1.  Le  mémoire  suivant  de  M.  Th.  Reinach  tend  à  démontrer  que  par 
la  même  voie  le  nom  d'une  localité  d'Espagne  et  la  célébrité  des  mines  d'ar- 
gent de  ce  pays  sont  arrivés  à  la  connaissance  des  Grecs  dès  la  période  ho- 
mérique. Quelques-unes  de  ces  mines  d'argent  devaient  un  jour  tomber  en- 
tre les  mains  des  Celtes,  déjà  maîtres  probablement  des  Iles-Britanniques. 
Nous  pensons  que  les  lecteurs  de  la  Revue  Celtique  liront  avec  intérêt  le  tra- 
vail de  M.  Reinach  qui  est  un  complément  des  savantes  études  de  Karl 
Mùllenhoff. 

H.  D'A.  DE  J. 


I. 

Dans  le  catalogue  des  alliés  de  Priam  par  lequel  se  termine 
le  second  livre  de  V Iliade,  on  lit  ces  deux  vers,  entre  la  men- 
tion des  Paphlagoniens  et  celle  des  Mysiens  :  ^ 

Aùtàp   'Aa'.^wvwv   'Ooioç  y.ai  'E-dj-ps^oç  'Op'/ov, 
Tr;A60ev  s;  'Aaj6'/;ç,  BOev  àpyjpo'J  ïzi\  yz'ii^fKTf. 

L'un  de  ces  chefs  des  Halizônes,  Hodios,  reparaît  au  livre  V 
pour  tomber  sous  les  coups  d'Agamemnon^.  De  l'autre,  il  n'est 
plus  jamais  question. 


I  .   Deutsche  Altertuinskutiile,  t.  I,  p.  5-7,212-22^. 

2.  Iliade,  II,  856-7. 

3.  Iliade,  V,  39:  xr/rj'j  '.Va'.I^ojvwv,  'Oofov  ;j-£Y«v,  r/.GaXs  8;cppou. 


2  10  Théodore  Rcinach. 

Ce  couplet  i  déjà  donné  bien  de  la  tabkiture  aux  commen- 
tateurs anciens.  Où  fallait-il  placer  ce  mystérieux  peuple  des 
Halizônes  et  ce  pa5's  d'Aiybé,  «  patrie  de  l'argent  »,  que  ne 
mentionnait  aucun  périple  ?  Les  opinions  les  plus  di^'erses 
avaient  cours  à  ce  sujet,  et  Strabon,  dans  un  passage  qui  pa- 
raît emprunté  en  grande  partie  à  Démétrius  de  Scepsis  ^,  nous 
en  a  laissé  l'énumération  intéressante.  La  plupart  des  critiques, 
guidés  par  le  contexte,  cherchaient,  ces  localités  énigmatiques 
dans  TAsie  mineure  antérieure  :  les  uns  dans  la  Phrygie  hel- 
lespontienne,  près  d'Apamée  Myrleia,  de  Cyzique,  de  Zéleia 
ou  de  Scepsis,  d'autres  en  Éolide,  près  de  Cymé,  ou  en  lonie, 
près  de  Magnésie  du  Méandre.  Quelques-uns  allaient  jusqu'à 
Pallène  en  Macédoine,  ou  s'égaraient  chez  les  Scythes  et  les 
Hyperboréens.  D'ailleurs,  pour  justilier  toutes  ces  identifi- 
cations, souvent  inspirées  par  le  patriotisme  local,  on  avait 
recours  aux  corrections  de  texte  les  plus  arbitraires  :  'AXûor,; 
devenait  'Aa56-^;  ou  'A/.c--/;;,  AXit^wvojv  se  changeait  en  'AXX-.- 
(^(ovo)v,  'AAaÇ(ôv(ov  ou  'A;j.aCwvojv,  et  même  l'hémistiche  oOev 
àpyjp'j  hi<.  '[zviO'hr,  en  'dO'  'A[xaovîowv  vivor  hxi  !  Il  est  clair 
qu'en  refaisant  ainsi  les  vers  d'Homère  il  devenait  assez  facile 
de  les  expliquer-. 

Strabon,  qui  rejette  à  bon  droit  toutes  ces  interprétations 
de  fantaisie,  en  propose  une  à  son  tour  qui  ne  vaut  guère 
mieux  3.  L'Alybé  d'Homère  serait  le  pays  des  Chalybes  ou 
Chaldéens,  peuplade  de  pêcheurs  et  de  forgerons  qui  habi- 
tait dans  la  région  montagneuse  du  Pont  oriental.  "AauSsc  ou 
XâA'j6£r,  dit  Strabon,  c'est  à  peu  près  la  même  chose,  et 
l'histoire  offre  des  exemples  certains  de  changements  de  noms 

1 .  Strabon,  XII,  3.  20-27. 

2.  Aux  auteurs  cités  par  Strabon  —  Hécatéc  de  Milet  (fr.  202  Mùller), 
Ménécrate  d'Elée  (fr.  3),  Ephore  (fr.  87),  Callisthène  (fr.  29,  chez  Strabon, 
XIV,  5,  28;  il  paraît  avoir  placé  les  Halizônes  entre  les  Paphlagoniens  et 
les  Leucosyriens  ;  voir  la  note  de  Westermann  chez  Mûller,  Scriptores  Ah- 
xandri,  p.  21),  Paléphate,  Dé.Tiétrius  de  Scepsis,  ApoUodore  —  il  faut 
ajouter  Hellanicus  (chez  Etienne  de  Bj-zance.  v.  'AÀôor)),  qui  faisait  d'Aiybé 
un  lac  du  Pont  (c'est-à-dire  de  la  Russie  méridionale).  L'article  'AXvSa; 
(X!.';jLVTi  X^ys-ai  sv  'Y-Hp6opEou)  d'un  lexique  anonyme  (Bekker,  Anecdota, 
I,  380)  est  rapporté  par  Crusius  (Roschcr,  Lexicoii,  I,  2826,  n"  3)àHécatée 
d'Abdère. 

3.  Elle  avait  été  prévue  et  réfutée  d'avance  par  Démétrius  de  Scepsis. 


L'Espagne  chez  Homère.  1 1  ! 

encore  plus  profonds.  A  la  vérité,  les  Chah^bes  exploitent  des 
mines  de  fer  et  non  d'argent  ;  mais  qu'est-ce  qui  empêche  de 
croire  qu'il  y  eût  des  mines  d'argent  dans  ce  pays  au  temps 
d'Homère  ? 

Ce  raisonnement,  tant  soit  peu  puéril,  n'a  pas  convaincu 
l'historien  Arrien.  Si  Strabon,  en  sa  qualité  de  natif  d'Amasie, 
avait  voulu  placer  ks  Halizônes  dans  le  Pont,  Arrien,  natif  de 
Nicomédie,  les  transporte  en  Bithynie  :  les  Halizônes,  c'est-à- 
dire  les  hommes  entourés  par  la  mer,  ce  nom  ne  convient-il 
pas  à  merveille  aux  habitants  de  la  presqu'île  baignée  de  trois 
côtés  par  le  Pont-Euxin,  le  Bosphore  et  le  golfe  de  Nico- 
médie?^ 

L'opinion  d'Arrien  a  eu  moins  de  succès  auprès  de  la  pos- 
térité que  celle  de  Strabon.  Chose  piquante,  le  Bithynien  a, 
sans  le  vouloir,  fourni  lui-même  des  armes  aux  partisans  du 
Cappadocien  :  Arrien,  dans  son  Périple  de  la  Mer  Noire^,  men- 
tionne, en  effet,  une  localité  du  nom  d'Argyria,  située  non 
loin  de  Tripolis  ;  de  ce  nom  on  a  conclu  à  l'existence  d'une 
ancienne  mine  d'argent  dans  ces  parages,  et  le  voyageur  Ha- 
milton  assure  en  avoir  retrouvé  des  traces  3.  Mais,  outre  qu'il 
est  bien  extraordinaire  que  Strabon,  à  l'aff'ût  d'arguments  en 
Viveur  de  sa  thèse,  n'ait  pas  allégué  celui-là,  cette  mine  paraît 
avoir  toujours  été  beaucoup  trop  insignifiante  pour  mériter  au 
temps  d'Homère  la  réputation  légendaire  qu'atteste  le  vers  de 
Vlliadc.  En  outre,  l'Argyria  d'Arrien  et  d'Hamilton  est  située 
non  chez  les  Chalybes,  mais  chez  les  Tibarènes.  Troisiè- 
mement, l'assonance  très  approximative  'Az/jo-r;  —  XâAussç,  a 
d'autant  moins  de  valeur  qu'Alybé  est  pour  Homère  un  nom 
de  localité  et  non  pas  de  peuple  :  «  les  Alybes  ^)  sont  une  in- 
vention de  Strabon.  Enfin,  comme  l'a  très  bien  vu  Arrien,  le 
nom    'XiJlwiiz.    par-  son    étymologie    transparente   —    aX;, 


1 .  Arrien,  fr.  45  Mùller  (Eustathe  sur  //.,  II,  857. 

2.  §  24  (Geog.  min.  Didot,  I,  391). 

3  .  Hamilion,  Researchcs  in  Asia  Minor,  I,  259.  Le  témoignage  d'Ha- 
milton a  entraîné  l'adhésion  de  la  plupart  des  auteurs  modernes  à  la  théorie 
de  Strabon  :  ainsi  Ed.  Meyer  (Geschichle  Pontos,  p.  12),  Schrader  (Sprach- 
vergh'ichiing  iind  Vrgeschichte,  p.  264-5),  ^^  moi-même  (Mitbridale  Èiipator, 
p.  231,  note  3).  Dics  diem  docêl. 


2  1  2  Théodore  Reinacli. 

^Mrrj[xi  —  indique  clairement  que  les  Halizônes  d'Homère 
sont  un  peuple  non  seulement  maritime,  mais  insulaire  ou 
péninsulaire,  condition  à  laquelle  ne  satisfont  ni  les  Chalybes, 
ni  aucune  autre  tribu  de  cette  région. 

La  théorie  de  Strabon  doit  donc  être  écartée,  comme  toutes 
les  précédentes  ;  celle  d'Arrien,  dictée  par  des  motifs  d'amour- 
propre  national  analogues,  ne  mérite  pas  plus  de  considé- 
ration :  il  faut  chercher  autre  chose  et  plus  loin  —  t^aôOev  — 
sans  torturer  le  texte,  sans  imaginer  des  changements  phoné- 
tiques invraisemblables. 

IL 

Dans  la  Description  de  la  Terre  de  Denys  le  Périégète 
—  poème  du  commencement  de  l'époque  romaine,  mais  puisé, 
comme  tant  d'autres  ouvrages  de  ce  genre,  à  des  sources 
beaucoup  plus  anciennes  —  on  lit  ce  qui  suit,  à  propos  de 
l'Espagne  :  ^ 

£v  oï  ol  ay.çT^ 
arr^iiù'/  'AXiJorj  y.ôXxx:  \v.ol-  tyj;  o    û-iv3p9îv 
TapTr^aoç  '/xpiE<j(jx,  p'JY]Ç3£Via)V  ttéoov  avBpwv. 

«  Dans  ce  pays  (celui  des  Ibères)  est  un  promontoire  nommé 
Alybé,  l'une  des  colonnes  d'Hercule,  Au-dessus  de  ce  promon- 
toire est  la  riante  Tartessos,  terre  d'hommes  opulents  à  l'excès.  » 
L'excellente  leçon  'AXJ6-/;,  que  des  éditeurs  trop  pressés  ont 
voulu  corriger,  est  confirmée  notamment  par  un  fragment  de 
l'historien  et  mythographe  érudit  Charax  de  Pergame  :  «  La 
colonne  sur  la  côte  d'Europe,  dit  Charax,  est  appelée  Calpé 
par  les  barbares  et  'Akù6-q  par  les  Grecs  ;  celle  de  Libye  est  ap- 
pelée la  colonne  de  la  chasse  (7.jvr;Y-/;-i7.r;)  par  les  Grecs,  et 
"A5'.vva  par  les  barbares.  »  -  Suidas  écrit  à  son  tour:  'AajS-/;- 
cvo'j.y.  œtôat/C  '. 


1.  Denys  Péricg.  v.  335-7  {Geo^r.  iiiin.,  Didot,  II,  122-3). 

2.  Charax,  fr.  16  Mûller  (F.  H.  G.  III,  640)  z^  Scol.  sur  Denys  v.  64 
(Gcog.  min.  II,  434). 

3.  Même  leçon  chez  Tzetzès  (CM.  II,  339,  cité  par  Mùller  sur  Denys), 
et  Eustathe  sur  Denys  v.  64  (Ct'c^T.  min.  IIJ  228). 


L'Espagne  chez  Homère.  2  i  ? 

D'après  cela,  il  est  hors  de  doute  que  la  colonne  d'Hercule 
située  en  Europe  s'appelait  chez  les  Grecs  'Aaj5-/;,  et  comme  ce 
nom  géographique  ne  se  rencontre,  à  ma  connaissance,  nulle 
part  ailleurs,  il  est  naturel  d'identifier,  jusqu'à  nouvel  ordre, 
i'Alybé  de  VIliade  avec  la  seule  Alybé  réelle,  la  seule  Alybé 
connue,  le  promontoire  situé  sur  la  côte  européenne  du  dé- 
troit de  Gibraltar ^  Cette  identiiication,  imposée  parle  nom,  est 
confirmée  de  la  manière  la  plus  éclatante  par  la  mention^  qui 
suit  dans  le  texte  d'Homère,  de  mines  d'argent.  Nous  voyons, 
en  effet,  chez  Denys,  qu'immédiatement  au-dessus  d'Alybé 
commençait  le  pays  de  Tartessos,  c'est-à-dire  l'antique  royaume 
espagnol  baigné  par  le  Guadalquivir,  dont  les  mines  d'argent 
attirèrent  de  très  bonne  heure  les  navigateurs  phéniciens  2. 
Pour  l'antiquité  tout  entière,  l'Espagne  en  général,  et  Tar- 
tessos en  particulier,  est  le  pays  argentifère  par  excellence  : 
aucune  autre  contrée  ne  pouvait  mériter  du  poète  le  nom  de 
patrie  de  l'argent,  ocpyjpcj  yevsOAr,.  D'ailleurs  la  réputation  de 
ces  mines  espagnoles  pénétra  très  vite  chez  les  Grecs  :  déjà 
Stésichore,  poète  du  vi^  siècle,  parle  des  «  sources  inépui- 
sables, à  racine  d'argent,  du  fleuve  Tartessos  »,  c'est-à-dire 
du  Guadalquivir'.  Le  rédacteur  du  Catalogue,  qui  vivait  pro- 
bablement un  siècle  auparavant,  est  moins  bien  informé  :  il  ne 
connaît  pas  encore  le  nom  Tartessos '^,  mais  il  a  entendu 
parler,  par  les  marchands  phéniciens  et  leurs  clients,  du  pays 
lointain  (t/;a:0£v)  d'où  vient  le  brillant  métal,  que  les  Grecs 


1 .  Conjecture  déjà  émise,  mais  non  appuyée  ni  démontrée,  par  Movers, 
Phôniiicr,  III,  i,  57,  note  47.  Movers  ne  connaît  pas  le  texte  de  Denys 
le  Périégète,  mais  seulement  celui  de  Charax  (qu'il  attribue  à  tort  à  Arrien) 
fr.  16.  «  Da  dieselben  Fabelsagcn  der  alten  Griechen  bald  am  Pontus  oder 
im  fernen  Osten,  bald  in  Tartessus  oderan  den  atlantischcn  Kûsten  spielen 
so  ist  es  wohl  gedcnkbar,  dass  der  fabelhafte  Silberort  dcr  àltcsten  griechi- 
schen  Sage  aus  dcm  Westen  in  den  Osten  verlegt  worden  ist.  » 

2.  Diodore,  V,  35  (texte  capital):  Strabon,  III,  2,  14.  La  navigation 
remontait  jusqu'au  delà  de  Cordoue  (III,  2,  3),  qui  est  en  pleine  région 
minière. 

3.  Stésichore  (fr.  5)  chez  Strabon,  III,  2,  11  :   TaoTTiaioj  ro-:a;j.où  -apà 

4.  Strabon,  qui  savait  que  les  Phéniciens  ont  occupé  l'Espagne  avant 
Homère  (III,  2,  14),  veut  retrouver  le  Tartessos  dans  le  Tartare  du  poète 
(ib.,  12). 

Revue  Celli^iuc,  XV,  1 5 


214  Théodore  Reinach. 

ne  savaient  pas  encore  extraire  des  riches  minerais  de  leur 
propre  pays. 

Le  seul  terme  géographique  de  cette  région  qui  lui  soit 
connu  est  le  nom,  peut-être  sémitique,  du  redoutable  pro- 
montoire, 'AX'jo-^,  qui  défend  l'entrée  de  la  mer  extérieure;  il 
en  fait  le  nom  du  pays  tout  entier.  Quant  au  peuple,  il  n'a 
pas  d'autre  nom  qu'une  épithète  de  situation  :  ce  sont  des 
hommes  entourés  par  la  mer,  ceints  par  les  flots  :  'AXiÇwvsç, 
épithète  qui  convient  merveilleusement  à  l'Espagne,  mais  qui, 
dans  la  pensée  du  poète,  désignait  sans  doute  une  île  plutôt 
qu'une  péninsule.  Quant  aux  noms  purement  grecs  des  chefs 
des  Halizônes,  Hodios  et  Epistrophos,  ils  s'expliquent  par  de 
simples  jeux  de  mots  :  Hodios,  de  ôoôç,  est  celui  qui  fait  une 
longue  route,  Epistrophos,  de  l-'.a-pécpa),  celui  qui  revient.  Ce 
dernier  nom  a  été  forgé  par  un  motif  transparent  :  Hodios, 
étant  tué  dans  V Iliade,  n'avait  pas  pu  ramener  son  corps  de 
troupes  à  Alybé  :  il  fiillait  donc  lui  adjoindre  un  collègue  chargé 
de  faire  la  route  de  retour. 

Resterait  à  expliquer  la  présence,  au  premier  abord  singu- 
lière, de  ce  peuple  lointain  parmi  les  alliés  de  Priam.  On  est 
habitué,  en  efl'et,  à  chercher  ces  alliés  dans  une  zone  beau- 
coup plus  restreinte  autour  de  la  Troade,  et  les  commentateurs 
anciens  posaient  même  en  principe  qu'aucun  d'eux  ne  venait 
d'au  delà  du  fleuve  Halys.  Mais  cette  conception  rationaliste, 
qui  a  présidé  déjà  à  la  dernière  rédaction  du  Catalogue,  n'est 
pas  celle  des  plus  anciens  aèdes.  Pour  eux  la  guerre  des  Achéens 
contre  Troie  est  une  lutte  gigantesque  qui  englobe  le  monde 
tout  entier;  c'est  le  grand  duel  de  toutes  les  nations  helléniques 
contre  tous  les  peuples  barbares  :  car  la  notion  de  cet  antago- 
nisme séculaire  est  presque  aussi  claire  ciiez  Homère  que  chez 
Hérodote,  quoique  les  noms  précis  manquent  pour  l'exprimer. 

Dès  lors,  tous  les  peuples  barbares,  voisins  ou  lointains,  bien 
connus  ou  à  demi  fobulcux,  devaient  figurer  parmi  les  alliés 
de  Priam,  et  de  fliit  nous  y  voyons,  soit  chez  Homère,  soit 
chez  les  cycliques,  les  Ethiopiens  et  les  Lyciens,  peuples  va- 
gues et  à  moitié  imaginaires,  dont  les  noms  purement  grecs  — 
ils  signifient  le  «  peuple  de  la  lumière  »  et  «  du  soleil  brû- 
lant »  —  ont  été  localisés  beaucoup  plus  tard  dans  les  contrées 


L'Espagne  chez  Homlre.  '215 

historiques  qu'on  s'est  habitué  à  appeler  Ethiopie  et  Lycie'. 
Les  Halizônes  et  le  pays  d'Alybé  ne  sont  pas  déplacés  en  pa- 
reille compagnie  ;  ils  forment  le  pendant  exact  des  Lyciens  — 
c'est  le  peuple  du  soleil  couchant  opposé  à  celui  du  soleil  le- 
vant, —  et,  en  fait,  les  deux  vers  qui  les  mentionnent  corres- 
pondent presque  mot  pour  mot  au  couplet  que  le  Catalogue 
consacre  aux  Lyciens  : 

iSapTTifjoojv  0'  r,pyv>  Aj7.{a)v  y.al  rXaj/.cç  à;j/j;j.ajv 

Le  dernier  rédacteur  du  Catalogue,  qui  vivait  probablement 
au  VIII*  siècle,  sinon  au  vu*,  était  déjà  fort  loin  de  cette  géo- 
graphie à  demi  mythologique.  Son  horizon  plus  resserré,  mais 
plus  précis,  ne  dépasse  pas  les  limites  de  la  mer  Egée,  et  c'est 
pourquoi  il  s'est  efforcé  de  faire  rentrer  les  Halizônes  dans  ce 
cercle  étroit,  en  les  coUoquant  au  hasard  entre  les  Paphlago- 
niens  et  les  Mysiens.  Les  anciens,  dont  la  critique  était  dans 
l'enfance,  n'ont  pas  su  s'affranchir  de  la  t3Tannie  du  texte,  ou 
plutôt  du  contexte  consacré.  Mieux  informée,  la  science  mo- 
derne doit  prendre  et  interpréter  le  témoignage  d'Homère  en 
lui-même.  Ainsi  compris,  il  nous  fournit  la  plus  ancienne 
mention  de  l'Espagne  dans  la  littérature  européenne. 

Théodore  Reinach. 


1.  Cf.  Dieterich,  Xekyia^  p.  25.  (Dieterich  aurait  pu  ajouter  que  X(Jh//;o^, 
nom  du  fleuve  des  Lyciens,  n'est  aussi  à  l'origine  qu'une  des  nombreuses 
appellations  de  l'Océan,  lleuve  du  soleil).  Le  mot  Phénicie  a,  d'ailleurs,  une 
histoire  toute  semblable. 

2.  Iliade,  H,  876-7. 


LE  CELTIQUE  BROGA   EN  ROMAN 


On  connaît  cette  précieuse  remarque  d'un  ancien  scholiaste 
de  Ju vénal  :  «  Ideo  dicti  Allobrogce  quoniam  broga  Galli  agrum 
dicunt,  alla  autem  aliudK  »  Le  passage  a  depuis  longtemps 
attiré  l'attention  des  celtisants,  et  je  n'ai  pas  qualité  pour  in- 
tervenir dans  le  commentaire  qu'on  en  peut  faire  au  point  de 
vue  purement  celtique.  Je  me  placerai  donc  d'emblée  sur  le 
terrain  de  la  philologie  romane,  pour  présenter  quelques  re- 
marques à  ce  sujet.  Dans  la  phrase  du  scholiaste,  on  peut 
s'étonner  que  broga  soit  donné  comme  correspondant  au  latin 
agntii!  :  cette  forme  me  paraît  une  étourderie  de  scribe  due  au 
voisinage  de  Allobrogce^  et  je  lirais  :  «  brogam  Galli  agrum 
dicunt.  »  Cette  légère  correction  ne  repose  pas  sur  une  vue 
a  priori  :  nous  pouvons  afErmer  en  effet  qu'il  a  existé  dans 
le  latin  vulgaire  de  la  Gaule  un  substantif  féminin  de  la  pre- 
mière déclinaison,  brôga,  dont  l'origine  celtique  est  maintenant 
assurée  grâce  au  scholiaste  de  Juvénal  -. 

Le  latin  vulgaire  brôga  est  devenu  régulièrement  en  ancien 
provençal  broa  5.  Raynouard  cite  un  exemple  unique  de  ce  mot 
(11^   261);  mais  il  s'est  absolument  mépris  sur  le  sens  en  le 


I .  je  cite  d'après  Holder,  AJt-ccltischer  Sprachschali,  .  yo  AUohroges, 
col.  97. 

2  Le  GJolsariiun  de  Du  Cange  donne  hroga  d'après  le  scholiaste  de 
Juvénal.  M.  Kœrting,  dans  son  Laleinisch-ronianisches  ÎVœrtcrbiich,  ne  donne 
pas  hroga,  mais  il  enregistre  le  celtique  hrog-,  brogi-  comme  souche  des 
nombreux  mots  romans  de  la  même  fatnille  que  le  français  hreuih 

3 .  La  chute  du  g  latin  après  0  ou  u  est  la  règle  en  provençal,  aussi  bien 
après  qu'avant  l'accent  tonique  :  cf.  rua,  ride,  de  rttga;  coroada,  corvée,  de 
*  corrogata  ;  roa^os,  rogations,  de  rogationes  ;  nualha,  paresse,  de  *  niigalia. 


Le  celtique  broga  en  roman.  217 

rapprochant  du  bas-latin  braga  et  en  le  traduisant  par  braie, 
terme  de  pèche  ^  Voici  cet  exemple,  emprunté  à  une  charte 
de  1294  :  «  Sobre  la  broa  del  Tarn  que  es  sobre  los  molins.  » 
Le  mot  s'est  conservé  dans  presque  tout  le  midi  de  la  France 
sous  les  formes  bro,  brovo,  brouo,  brouvo,  broue,  ou,  avec  un  a 
ou  0  prosthétique,  qui  n'est  que  la  voyelle  de  l'article  féminin, 
obro,  obrouo,  en  Rouergue  et  en  Bas-Limousin,  abroue,  à  Mar- 
seille. Le  Trésor  douFelibrige  de  Mistral  le  définit  ainsi  :  «  Bord, 
rive,  orée,  lisière  d'un  champ  garnie  de  broussailles,  talus  in- 
culte qui  sépare  deux  champs  sur  le  penchant  d'une  mon- 
tagne ;  haie  de  broussailles,  haie,  en  Dauphiné  ».  Parmi  les 
exemples  qu'il  cite  on  peut  relever  :  «  a  la  bro  d'un  rieu,  a  la 
bro  de  l'aigo,  au  bord  d'un  ruisseau,  au  bord  de  l'eau  ».  Ces 
exemples  ne  laissent  aucun  doute  sur  le  sens  de  l'expression 
la  broa  del  Tarn,  si  mal  interprétée  par  Raynouard. 

Mistral  rapproche  du  provençal  moderne  bro  un  mot  catalan 
brua  que  l'on  ne  trouve  pas  dans  le  dictionnaire  catalan-espa- 
gnol de  Labernia  et  dont  l'existence  est  douteuse  ;  il  en  rap- 
proche aussi,  mais  à  tort,  le  bas-latin  brû:^%  (primitif  du  fran- 
çais broiissaille'),  et  l'italien  proda,  qui  est  le  lat.  vulgaire  *proda 
pour  prora,  proue,  où  le  sens  de  «  bord  »  s'est  développé 
d'après  l'expression  classique  terra  advertere  proram,  aborder. 

Entre  le  broga  du  scholiaste  de  Juvénal  et  le  broa  de  1294 
cité  par  Raynouard,  les  textes  bas-latins  ou  provençaux  doi- 
vent offrir  maint  exemple  de  la  forme  broa  -.  Il  y  en  a  plu- 
sieurs dans  Du  Cange5  ;  je  me  borne  à  relever  le  plus  ancien  : 
il  vient  du  Limousin  et  se  trouve  dans  une  charte  de  1165,  où 
on   lit:    «   Mansum  de  Albar  cum   broa  et  foreste  ».    Car- 


1.  L'erreur  de  Raynouard  n'a  été  relevée  ni  par  M.  H.  Sternbeck,  dans 
son  mémoire  intitulé  :  Uiirichtige  WortaiifsteUiingen  iind  IVortdeutiingm  in 
Raynouard's  Lexique  Roman  (Berlin,  1887),  ni  par  M.  E.  Levy  dans  son 
Piat'euialiscbes  Supphrnent-Wœrlerbuch  (Leipzig,  1892)  en  cours  de  publi- 
cation. 

2.  Cette  forme  figure  à  trois  reprises  dans  des  chartes  du  xii^  siècle, 
sans  date  d'année,  du  cartulaire  de  Conques,  no*  528,  550  et  ^34  de  l'éd. 
Desjardins.  On  la  trouve  aussi  dans  une  charte  non  datée  du  cartulaire  de 
Beaulieu,  du  x^  ou  du  xf  siècle,  n»  187  de  l'édit.  Deloche. 

3 .  Quelques-uns  me  paraissent  suspects,  comme  celui  qui  est  cité  sous 
hroa  3  et  celui  qui  est  cité  sous  briia. 


2i8  A-  Thomas. 

pentier  estime  que  dans  ce  texte  broa  est  synonyme  de  bro- 
lium  :  cela  est  vraisemblable,  puisque  broga  contient  le  même 
radical  que  brogilum. 

Il  serait  intéressant  de  déterminer  l'aire  géographique  de 
broga  en  France  et  en  particulier  de  savoir  jusqu'où  son  do- 
maine s'étend  vers  le  nord.  Comme  mot  de  la  langue  com- 
mune, il  ne  franchit  pas  la  hmite  septentrionale  de  la  langue 
d'oc  ;  c'est  à  peine  même  s'il  l'atteint. 

Dans  la  Corrèze  ^  on  emploie  encore  obro  «  le  bord  de 
quelque  chose  »  et  son  dérivé  broiml,  variante  brial  «  petite 
éminence,  bord  d'une  terre,  d'un  champ  qui  est  élevé,  qui  do- 
mine sur  un  autre  ».  De  même  dans  la  partie  du  département 
de  la  Creuse  qui  confine  à  la  Corrèze  :  à  Gentioux,  par  exem- 
ple, bro  (avec  un  o  très  ouvert),  subst.  fém.,  signifie  «  haie 
vive  »,  et  brau,  masc.  «  tertre  surplombant  le  lit  d'un  ruis- 
seau ».  Je  ne  sais  si  bro  est  encore  vivant  dans  la  région 
centrale  et  septentrionale  du  département,  mais  cela  me  paraît 
peu  probable-.  Du  moins  les  noms  de  lieux  sont-ils  là  pour 
attester  que  broga  a  été  usité  autrefois  dans  cette  région.  Il 
y  a  dans  la  commune  de  Vallière  un  hameau  appelé  officiel- 
ement  Labroi,  que  je  trouve  dans  une  charte  de  1395,  dont 
je  possède  l'original,  sous  la  forme  La  Broha;  dans  la  com- 
mune de  Mainsat,  autre  village  de  Labrot  ;  plus  au  nord  encore, 
dans  la  commune  de  Pionnat,  le  village  de  Labrouas  trahit 
mieux  encore  l'ancienne  forme,   au  pluriel,  Las  Broas. 

Dans  la  Vienne,  l'excellent  Dictionnaire  topographique  de 
Rèdet  nous  montre  encore  le  mot  broga,  mais  seulement  dans 


1 .  Dict.  (kl  pa-tois  du  Bas-Limousin,  ouvrage  posthume  de  M.  Béronie. 

2.  Voici  à  ce  sujet  quelques  renseignements  qui  proviennent  soit  d'une 
information  personnelle,  soit  d'obligeantes  communications  de  MM.  Ger- 
mouty,  maître  adjoint  à  l'Ecole  primaire  supérieure  de  La  Souterraine,  et 
Gasne,  étudiant  à  la  Faculté  des  Lettres  de  Paris.  A  Saint-Yrieix-la-Mon- 
tagne,  le  mot  hro  est  tombé  en  désuétude  et  remplacé  au  sens  de  «  haie 
vive  »  par  le  mox  gorse  ;  cependant  on  l'emploie  encore  dans  quelques  vil- 
lages éloignés  du  chef-lieu  de  la  commune,  notamment  au  Cloux-Vallereix. 
Il  est  encore  usité  à  Mainsat  et  à  La  Serre-Bussière- Vieille.  A  Saint-Ora- 
doux-de-Chirouse,  qui  confine  à  la  Corrèze,  on  prononce  hroiio,  et  le  mot 
désigne  la  lisière  d'un  champ  et  non  la  haie.  En  revanche,  hro  est  absolu- 
ment inconnu  à  Bénévent,  àFursac,  à  la  Celle-Dunoise  et  à  Saint-Sébastien, 
c'est-à-dire  dans  la  partie  ouest  et  nord-ouest  du  département. 


Le  celtique  broga  en  roman.  219 

la  partie  méridionale  du  département,  celle  qui  confine  à  la 
Charente.  Quatre  hameaux  en  tirent  leur  nom  :  La  Broue,  com- 
mune de  Charroux  ;  La  Broue,  commune  du  Vigean  ;  Les 
Broues,  commune  de  Saint-Gaudent;  Les  Brouées,  autrefois 
Les  Broues,  commune  de  Voulême.  Il  n'y  a  donc  aucune  té- 
mérité à  voir  un  dérivé  du  même  mot  dans  le  nom  du  célèbre 
port  du  Brouage,  en  Saintonge  (Charente-Inférieure),  d'autant 
plus  que  dans  le  voisinage,  commune  de  Saint-Sornin,  se 
trouve  le  hameau  de  Broue,  appelé  Broa  au  xi^  siècle. 

Il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  dire  en  terminant  que  le 
latin  vulgaire  hrilca,  conservé  dans  sa  forme  primitive  par  beau- 
coup de  patois  du  midi  de  la  France,  et,  sous  une  forme  dé- 
rivée, dans  le  mot  français  bruyère,  est  tout-à-fait  distinct  de 
broga,  encore  que  l'on  puisse  admettre  une  variante  *  brùca, 
à  côté  de  brùca,  et  qu'il  y  ait  bien  des  vraisemblances  en 
faveur  de  l'origine  celtique  de  bruca. 

A.  Thomas. 


MÉLANGES 


l. 

A  PROPOS  DE  GUOHI  ET  UCHER. 

Dans  le  dernier  fascicule  de  la  Revue  Celtique  (XV,  jan- 
vier 1894,  pp.  143,  144),  M.  D'Arbois  de  Jubainville  cite  un 
article  de  Zimmer  établissant  que  -se-  celtique  s'est  changé  en 
-es-,  puis,  comme  ce  dernier  groupe,  en  ch  en  hrittonique;  un 
autre  de  M.  Duvau  montrant /ij-  indo-européen  devenant  -ks- 
en  celtique.  Cette  question  a  été  justement  traitée  par  moi,  à 
propos  du  mot  guobi  sur  lequel  repose  la  théorie  de  Zimmer, 
dans  mon  vocabulaire  vieux-breton.  Je  transcris:  «  guobi  = 
«  *vox-i,  vocab.  comique  guhicnn  «  vespa  ».  Ce  mot  est  spé- 
«  cialement  apparenté  au  lith.  vapsà,  à  l'anc.  haut-ail.  luafsa, 
«  slav.  vosa  (j'aurais  dû  ajouter  =  *vopsa).  Guohi  suppose  un 
«  thème  *vox-.  L'.v  donne  une  aspirée  en  breton:  cf.  uhel 
«  «  élevé  »  =  uxello.  Le  p  est  devenu  c  et  il  y  a  eu  métathèse 
a  comme  dans  les  langues  du  nord.  De  même  pour  ucher, 
«  vespera  ». 

J'ai  repris  la  question  de  -se-  intervocal ique  dans  mes  Mots 
latins  en  brittonique,  p.  23.  J'y  établis  que,  au  moment  du 
fort  des  emprunts  latins,  le  groupe  celtique  -es-  avait  évolué 
déjà  sur  la  voie  qui  le  menait  à  ch  en  passant  vraisembla- 
blement par  -CC-.  En  note,  j'ajoute  :  «  se  celtique  dans  l'inté- 
«  rieur  du  mot  représente  de,  th,  tq  (hesc  et  hesp,  en  armori- 
«  cain,  stérile,  =*sitqo-s);  c  -^  se  (luesca,  armor.  mysgu,  gal- 
«  lois,  mêler.  Représente-t-il  réellement  se  indo-européen  ?  Il 
«  est  d'abord  étrange  de  ne  trouver  le  suffixe  seo-  que  dans  le 


Mélanges.  221 

«  groupe  consonne  +  se  (mesca),  lorsqu'il  existe  en  gaulois 
«  en  toute  situation.  De  plus,  l'évolution  de  se  en  ee  et  en  ch 
«  paraît  certaine  pour  certains  mots  :  gall.  beieh,  arm.  bec'h, 
«  fardeau  =  *bhascio-  (Thurne3^sen,  dans  ses  Kelîoroman., 
«  fait  également  venir  baieh  de  *  bbasci-)'^  ;  cf.  fascis  et  grec 
«  çâ-y.ojA:;  ;  ucber,  soir  =  *ouseero-,  cf.  slavon  veeeru.  Il  est 
«  probable  que  se  lui-même  avait  évolué  en  ec,  quelle  qu'ait 
«  été  la  marche  du  phénomène.  C'est  peut-être  se  qui  s'est  dérobé 
«  jusqu'ici  dans  les  fréquentatiis  gallois  comme  ehivennychu, 
«  désirer,  et  dans  certains  noms  d'agent.  Là  où  se  moderne 
«  paraît  primitif,  il  est  probable  qu'il  était  précédé  d'une 
«  consonne  (losei,  brûler,  par  exemple,  est  probablement  pour 
«  loc-sc-i  de  lue,  lumière)  ». 

Je  ne  fais  de  réserve  que  sur  le  proeessus  qui  a  amené  -sc- 
intervocalique  à  -eh-  néo-brittonique.  Zimmer  veut  que  -se-  ait 
évolué  anciennement  en  -es.  C'est  très  possible.  Mon  travail 
sur  guohi,  ma  dissertation  sur  es  et  se  lui  ont  sans  doute 
échappé,  car  dans  son  article  il  me  cite  seulement  à  propos 
de  l'infection  exercée  en  vieux-gallois  et  breton  par  î  conservé 
sur  la  voyelle  de  la  syllabe  précédente.  Je  n'en  tirerai  qu'une 
conclusion,  c'est  que  Zimmer  est  souvent  distrait  quand  il  me 
lit. 

J.   LOTH. 

IL 

DOLMEN,  LEACH-DERCH,  PEULVAN,  MENHIR, 
CROMLECH. 

■  Dans  l'article  de  notre  savant  collaborateur,  M.  Salomon 
Reinach,  sur  la  Terminologie  des  monuments  mégalithiques,  il 
s'est  glissé  quelques  erreurs  graves,  imputables  non  à  l'auteur, 
mais  aux  autorités  qu'il  a  suivies  (Revue  archéologique,  XXI, 
1893,  p.  34  et  suiv.). 

Dolmen.  —  M.   Reinach,    après    avoir  cité    Latour-d'Au- 


I.   M.  Whiticy  Stokes,  dans  ses  Middle-bret.  hoiirs,  p.  67,  fait  également 
venir  c7;  breton  de  es  et  même  pour  bec'h  de  se. 


2  22  Mélanges. 

vergne  qui,  dans  ses  Origines  gauloises  (1796,  p.  24),  appelle 
dolniin  une  table  «  soutenue  par  trois  énormes  quartiers  de  ro- 
cher »  à  Locmariaker  ;  et  Legrand  d'Aussi  qui  écrivit  dohnine, 
ajoute  (page  36-37)  :  «  je  ne  connais  pas  d'exemples  plus  an- 
ciens du  mot  dolmen,  qui  est  plutôt  gallois  que  bas-breton.  »  Le 
mot  ne  peut  pas  être  gallois.  Le  gallois  ne  connaît  pas  la 
forme  dol.  Il  a  emprunté  à  tabula  le  mot  tafol,  balance,  à  îa- 
bella,  tafell,  tartine  de  pain,  pièce  mince  de  bois,  de  cuir.  De 
tab'la  est  venu  le  mot  gallois  du  sud  tafal,  avec  a  irrationnelle, 
balance  ;  le  dérivé  tafl-en,  tablette,  tableau,  vraisemblablement 
tafl-u,  et  tawlu,  lancer,  tawl-hwrdd,  jeu  d'échecs,  breton-armo- 
ricain taoli,  lancer.  Si  on  avait  en  gallois  un  terme  équivalent 
à  dolmen,  on  aurait  tafl-faen  ou  tawl-faen  (f  =  v  français)  et, 
avec  l'article  y  dafl-faen  ou  y  dawl-faen.  Le  mot  dolmen  est 
breton  et  devrait  s'écrire,  en  léonard  taol-vean  et  ailleurs  tol- 
ven,  avec  l'article  an  daolvean,  taol  étant  féminin.  Latour- 
d'Auvergne  écrit  la  forme  en  construction  syntactique,  sans 
penser  à  la  forme  indépendante.  Aujourd'hui,  également, 
demandez  à  beaucoup  de  Bretons  la  traduction  de  table,  ils  vous 
diront  daol  ou  dôl.  La  forme  7nîn  pour  mean  ou  vién,  est  haute- 
cornouaillaise.  Il  m'a  été  donné  une  seule  fois  dans  ma  vie 
d'entendre  appliquer  par  un  paysan,  au  genre  de  monuments 
mégalithiques  connus  sous  le  terme  de  dolmen,  le  terme  adopté 
par  les  archéologues  (Annales  de  Bretagne,  tome  IV,  juillet  1889, 
page  634).  Visitant  un  dolmen  très  curieux  du  village  de  Ker- 
goet,  en  Langoelan,  canton  de  Guémené-sur-Scorff  (Mor- 
bihan), je  demandai  au  paysan  qui  m'accompagnait  sous  quel 
nom  il  était  connu:  «  On  l'appelle  en  dolvein  »,  me  répondit- 
il.  Mein  est  la  forme  bas-vannetaise  de  mean. 

Leac'h-derc'h.  —  (P.  39).  «  Le  mot  ladêre,  aujourd'hui 
inusité,  désignait,  au  commencement  de  ce  siècle,  une  table 
de  dolmen  (de  lac'h,  pierre,  et  derc'h,  debout),  note  11.  Fré- 
minville  interprète  leach-dcrch  par  «  pierre  plate  sacrée  ».  Fré- 
minville  a  raison  de  traduire  leac'h  par  pierre  plate;  c'est  bien 
son  sens  en  gallois  et  c'était  bien  là  aussi,  au  témoignage  de 
Dom  Le  Pelletier,  ce  qu'on  entendait  en  Léon  par  lec'h,  où 
lec'h  désignait  de  grandes  pierres  plates  un  peu  élevées  de  terre, 
sous  lesquelles  on  peut  être  à  couvert,  ^Quant  à  derc'h,  il  a  le 


Mélanges .  223 

sens  de  cjui  est  en  évidence,  remarquable,  beau,  vieux-breton  er- 
derh,  glosant  euidentis  (Gloses  d'Orléans). 

Peulvan.  —  M.  Reinach  décompose  le  mot  en  peul,  poteau, 
et  maen,  pierre  (p.  41).  M.  Reinach  cite  Le  Gonidec  qui  n'en 
peut  mais.  Voici  ce  que  je  lis  -à  peulvan  :  «  pierre  longue,  élevée 
perpendiculairnment  en  guise  de  pilier  ou  de  pieu.  Colonne 
brute  que  l'on  croit  un  objet  du  culte  des  druides.  Ce  mot  est 
composé  de  peul,  pieu,  pilier,  et  de  mân,  apparence,  figure, 
personnage.  »  L'interprétation  de  Le  Gonidec  est  exacte  ;  le 
sens  qu'il  donne  à  -van  seul  est  faux.  Peul  ;  gallois  païul  = 
palus  (J.  Loth,  Mots  latins  en  britt.),  et  d'un  suffixe  -man,  en 
construction  -va)i,  anciennement  substantif  :  cf.  goél-van,  la- 
mentations. Le  terme  de  Quiberon,  palwen  que  j'ai  entendu 
pour  désigner  un  peulvan,  pourrait  bien,  en  revanche,  être 
arrivé,  par  étymologie  populaire,  à  contenir  le  mot  men, 
pierre. 

Menhir.  —  Menhir  est  bien  formé  de  men,  maen,  pierre,  et 
de  hir,  long.  C'est  un  composé  ancien.  Il  apparaît  comme  nom 
de  lieu,  villa  Maenhir,  en  1270;  en  1252,  villa  Menhir  (An- 
nales de  Bretagne,  VIII,  juillet  1893,  page  732). 
'  Cromlec'h.  —  M.  Reinach  (p.  35)  ne  connaît  pas  d'exem- 
ple plus  ancien  de  cromlech  que  celui  de  la  première  traduction 
de  la  Bible  en  gallois  (1588)  où  se  rencontre  l'expression 
cromlechydd  y  creigiau,  trous,  creux  des  rochers  (Isaïe,  7,  19  ; 
57,  5).  Etymologiquement,  le  mot  est  composé  de  croui, 
courbe,  arqué,  formant  creux,  convexe  (cf.  O.  Pughe,  Welsh- 
engl  Dict..  et  Silvan  Evans^  Engl-welsh  Dict.  au  mot  convex), 
et  de  llech,  pierre  plate.  Le  mot  llech  est  féminin,  et  crom,  en 
gallois,  s'accorde  en  genre  avec  ce  mot,  la  forme  masculine 
étant  cru'ni.  Le  mot  cromlech  apparaît  comme  second  terme 
d'un  nom  de  lieu  comique,  dans  une  charte  attribuée  à 
iîldelstan  et  datée  de  l'an  943  :  Rescel-cromlegh.  Rescel  est  pro- 
bablement une  mauvaise  lecture  (Kemble,  Codex  diplom.  aevi 
saxon.,  V,  p.  278).  Voir  Annales  de  Bretagne,  VIII,  juillet  1893, 
p.  731. 

J.  Loth. 


224  Mélanges. 


m. 

WALATR,   VALFA'slR. 

Il  est  reconnu  que  le  suffixe  -ter-  et  ses  équivalents  phoné- 
tiques n'est  pas  demeuré  productif  dans  les  langues  celtiques 
et  est  resté  figé  dans  quelques  termes  de  parenté  (Brugmann, 
Grundriss,  II,  p.  364).  Les  noms  gallois  en  -awdr-  viennent 
de  formes  latines  en  -àtor,  les  noms  en  -adur  de  mots  en  -atà- 
rem  ou  -atiïra,  comme  creaiudr  ■=  creator,  pechadur,  pécheur, 
=  peccatôrem,  creadur,  breton  croiiadur  =  créât ûr a.  Il  est  donc 
invraisemblable  que  le  mot  gallois  giualadr,  chef,  régulateur, 
ordonnateur,  dont  le  sens  et  la  forme  sont  assurés  par  diffé- 
rents passages  de  la  littérature  galloise  moderne  et  de  celle  du 
moyen  âge,  contienne  le  suffixe  ~tr-  des  noms  d'agent.  Ce 
terme  n'existe  plus  en  breton,  comme  nom  commun,  mais 
on  le  retrouve  comme  second  terme  dans  d'anciens  noms 
propres  (les  formes  walart  et  lualatr  alternent)  : 

Cat-uualart  Reit(h)-uuaJart 

Hael-uualart  Res-uualart 

Hin-uualart  Rit-uualart 

Hoel-uua  la  rt  Rocn-n  uaJart 

larn-uualart  Tut-uualart 

(ix'^  siècle). 

Ecclesia  sancti  Ri-uaUiT{ri  (1262),  aujourd'hui  Tre-Liva- 
lairc  (=^  Tre-Rivalacr) ,  près  Quimperlé. 

Un  saint  du  nom  de  Bran-zualatr,  mentionné  dans  un  do- 
cument anglo-saxon  du  xi"  siècle  {Revue  Celtique,  XI,  p.  491), 
a  donné  son  nom  à  Saint-Brolade,  dans  l'ancien  évèché  de  Dol, 
à  Sainte-Brolade,  en  Jersey,  à  Loc-Brevalaire,  au  xvi^  siècle, 
Loc-Brevala:yre  (e  muet),  dans  l'ancien  évêché  de  Léon)  ^ 

Le  nom  de  Catiualadr  est  un  des  plus  connus  de  la  littéra- 
ture galloise.  Wal  existe  dans  de  nombreux  composés  comme 


I.  J.  Loth,  Clirestotnalhie,  p.  171,  207. 


I 


Mélanges.  22^ 

Tiit-iual,  Ri-iual,  etc.,  dans  des  dérivés  comme  zvaloc  dans 
Ri-uiialoe,  JVin-iualoe,  Hod-uualoe.  Si  ivalatr  ne  peut  guère 
être  expliqué  par  la  dérivation,  peut-il  l'être  par  la  compo- 
sition ?  Une  épithète  fréquemment  appliquée  au  dieu  Scandi- 
nave O^inn,  celle  de  Val-fa'sir,  Fal-jô^r  (Wigïusson  et  Powell, 
Corpus  poeticum  boréale,  I,  197,  574,  II,  pp.  623,  426)  me 
semble  appeler  la  comparaison  avec  lualatr.  Val-fa'sir  remonte 
à  un  vieux-germanique  * valu-fa^èr  ;  walatr  remonterait  à  un 
vieux-celtique  *valû-(p)atir.  Quel  est  le  sens  de  valu-?  Suivant 
Schade,  Altdeutsches  Wôrterbuch,  2"  éd.,  p.  I0(S2,  col.  i, 
walu-  désignerait  les  cadavres  des  guerriers  tombés  sur  le 
champ  de  bataille  ;  val,  anglo-saxon,  a  le  même  sens,  et  dé- 
signe de  plus  un  seul  tué  ;  le  vieux-norrois,  valr,  de  même. 
Valfa^ir,  appliqué  à  O^inn,  voudrait  dire  qu'il  est  le  père 
adoptit,  en  quelque  sorte,  des  héros  tués,  ses  enfonts  adoptifs 
(Osca-synir)  ;  il  est  leur  protecteur  et  leur  père  nourricier  dans 
son  palais  céleste  où  il  les  introduit.  Schade,  comme  Kluge 
(Etymolog.  Wôrterh.  au  mot  Wahhtatt),  sont  d'accord  pour  re- 
pousser tout  rapprochement  avec  le  gothique  vaijan,  choisir, 
allem.  luàhlen.  Pour  eux,  le  sens  primitif  de  la  racine  lual  est 
ruine  (Schade  :  lieu  de  ruine  où  tout  est  sens  dessus  dessous, 
où  la  désolation  et  la  destruction  régnent)  :  v.  h.  ail.  luuoi, 
niedergang  ;  anglosax.  wôl,  peste,  épidémie  (Kluge,  à  luahl- 
statt). 

Pour  plus  de  lumières,  j'ai  eu  recours  à  l'amitié  et  à  la 
science  de  M.  Ferdinand  de  Saussure.  Il  m'écrit  que  s'il  s'agit 
de  savoir  exactement  la  valeur  attribuée  dans  le  milieu  skal- 
dique  à  valfa'sir,  il  se  récuse,  mais  que  dans  sa  valeur  sim- 
plement étymologique  et  germanique,  le  mot  ne  présente  pas 
d'obscurité.  *  JValu-  est  à  séparer  de  waljan  et  signifie  :  la  col- 
lectivité de  ceux  qui  ont  succombé  sur  le  champ  de  bataille.  » 
L'équivoque,  avec  l'idée  de  choisir,  viendrait  :  1°  de  ce  que  le 
sens  de  *walu-  fait  penser  à  une  élection,  à  un  choix:  c'est 
Vélection  funèbre,  l'élection  de  la  mort  dans  une  bataille.  Une 
autre  raison  de  cette  équivoque,  ce  serait  que  les  lexicogra- 
phes allemands  jouent  sur  les  mots,  ou  du  moins  qu'il  y  a 
impossibilité  de  savoir  ce  qu'ils  entendent  avec  zuahl-  :  il  y  a, 
en  effet,  un  premier  luahl  signifiant  l'élection,  le  vote,  et  un 


226  Mélanges. 

deuxième  mot  purcmeiii  savant,  luahl,  par  lequel  on  rend  pré- 
cisément le  germanique  *walu,  l'hécatombe  du  combat,  par 
exemple  dans  luahlhalle  =■  lualu-halla,  la  salle  de  ceux  qui 
sont  morts  à  l'ennemi.  M.  de  Saussure  se  demande  si,  lors- 
qu'on traduit  valfa'Sir  par  luahJvater,  on  veut  dire  le  père  de 
l'hécatombe  ou  le  père  par  option,  et  conclut  qu'il  n'y  a  aucun 
moyen  de  le  savoir,  quoique  les  deux  choses  n'aient  pas  du 
tout  de  rapport  certain.  Pour  lui,  le  premier  sens  seul  est 
fondé. 

Si,  comme  je  le  suppose,  zualatr  est  identique  à  valfa'Sir,  il 
s'ensuivrait  que  chez  les  Germains  comme  chez  les  Celtes,  il 
a  existé  un  personnage  mythologique,  un  dieu,  père  des  guer- 
riers morts.  Ceci  ne  saurait  nous  surprendre.  Nous  n'avons 
qu'à  nous  reporter  au  célèbre  passage  de  César  {De  beJlo  Gall., 
VI,  c.  i8)  :  GaUi  se  omnes  ab  Dite  pâtre  prognatos  praedicant, 
idque  ab  Druidibus  proditum  dicunt.  Ob  quam  causam,  spatia 
omnis  temporisnon  numéro  dierum,  sed  noctium  finiunt;  dies 
natales  et  mcnsium  et  annorum  initia  sic  observant,  ut  noc- 
tem  dies  subsequatur.  »  Comment  de  ce  sens  primitif  est-on 
arrivé,  chez  les  Germains,  au  sens  de  père  adoptif,  chez  les 
Bretons  à  celui  d'ordonnateur,  régulateur  ?  Pour  les  Germains, 
c'est  peut-être  par  une  confusion,  provenant  de  synonymie,  de 
walu-  avec  la  racine  de  valjan,  peut-être  aussi  par  une  évo- 
lution dans  les  attributions  et  le  caractère  d'O^inn  devenant 
un  dieu  protecteur  et  soutien  de  la  partie  la  plus,  noble  de  la 
race,  celle  qui  tombe  sur  le  champ  de  bataille.  Chez  les  Bre- 
tons, l'évolution  s'explique  de  soi,  ce  terme  ayant  dû  s'ap- 
pliquer d'abord,  si  on  admet  le  témoignage  de  César,  au  dieu 
père  de  la  race.  En  outre,  il  a  pu  y  avoir  confusion  avec  gwal, 
vieux-gallois  *iual,  qui  a  dû,  comme  le  dérivé  gwely,  armo- 
ricain gwele,  avoir  non  seulement  le  sens  de  lit,  gîte,  mais  en- 
core celui  de  clan,  tribu. 

Il  est  regrettable  qu'en  irlandais  on  ne  trouve  pas  d'équi- 
valent de  cette  curieuse  épithète. 

L'épithète  walatr  avait  perdu,  pour  les  Bretons,  de  très 
bonne  heure,  la  valeur  d'un  composé,  ce  qui  s'explique  faci- 
lement par  la  disparition  de  atr,  comme  mot  courant,  de  la 
langue.   Aussi,    comme  nous  l'avons   vu,   le  trouvons-nous 


Mélanges.  227 

comme  second  terme  dans  les  noms  composés,  avec  le  sens  de 
chef,  régulateur.  Je  ne  vois  guère  qu'un  nom  propre  où  ivalatr 
paraisse  s'appliquer  à  un  personnage  mythologique.  C'est 
Bran-îualatr,  nom  d'un  saint,  et  aussi  d'un  héros  mystérieux 
des  Mabinogion.  (Sur  Bran,  v.  J.  Loth,  Mabinogion ;  cf.  Rhys, 
Celiic  HeathendoHi).  On  remarquera  que  lualatr  n'apparaît 
jamais  comme  premier  terme  dans  les  composés,  ce  qui  est  un 
souvenir  de  l'époque  où  il  formait  une  épithète  indépendante 
et  suivait  le  nom  propre. 

J.  Loth. 


IV. 

CNAU,  NUSS. 

Je  lis  au  mot  nuss,  dans  VEtymologisches  Wôrterb.  de  Kluge, 
que  l'allemand  Jiiiss,  v.  h.  ail.  tw^,  v.  norrois  knot,  anglo- 
saxon  hmitii,  anglais  nut,  n'a  aucun  équivalent  dans  aucune 
langue  indo-européenne.  Que  Kluge  se  reporte  au  tome  I  des 
Beitràge  de  Kuhn  (1858),  p.  461,  il  verra  que  M.  Whitley 
Stokes  a  rapproché  de  l'allemand  l'irlandais  cmi,  en  citant,  il 
est  vrai,  le  génitif  cnodh  (Windisch,  Ir.  Texte,  cite,  à  côté  du 
nom.  plur.  cnoi,  cnôdha  corcrd). 

La  forme  sincère  du  mot  irlandais  est  précisée  par  le  gallois 
cnau,  noix,  bas-vannetais  canow,  haut-vannet.  queneu  (pronon- 
cez kemii)  collectif,  ailleurs  craon,  craouh  avec  finale  nasalisée. 
L'irlandais  C7iû  est  au  gallois  cnau,  comme  l'irlandais  crû, 
sang,  au  gallois  crau  =  *  qrou-  (cf.  cruor,  xpÉaç). 

Le  breton,  comme  le  gallois,  demande  -ov-  (cf.  les  pluriels 
en  -au,  breton  -aou,  ou  ==■  *ov-  es  ;  cf.  en  revanche  dû  =  gall. 
clyw.  Le  germanique  *  knud-  est  au  celtique  cnov-,  comme  le 
clyw  =  *clévos  à  {gur)-clut  =  *clû-to-s  : 

Pour  en-  vieux-celtique,  donnant  en  vannetais  c*n-  et  ailleurs 
cr-,  cf.  armoricain  moyen  knech,  colline,  vannetais  qenech, 
ailleurs,  crecl),  excepté  en  noms  de  lieux,  et  quelques  formules 
comme  d'an  nec'h  (cnech),  en  haut;  cf.  gall.  cnaif,  toison, 
vannet.  canèû,  ailleurs  créoh. 

J.  Loth. 


BIBLIOGRAPHIE 


Le  Mirage  oriental,  par  Salomon  Reinach. 

M.  Salomon  Reinach  a  publié  dans  V Anthropologie  (1893, 
n°'  5  et  6),  deux  articles  intitulés  Le  Mirage  oriental,  qu'il  a 
réunis  depuis  en  brochure  ^  La  thèse  principale  qu'il  a  sou- 
tenue, c'est  que  les  plus  anciennes  civilisations  de  l'Europe 
sont  bien  européennes  et  que  l'influence  de  l'Orient,  tant 
aryen  que  sémitique  ou  kouschite,  c'est-à-dire  de  l'Inde,  de  la 
Chaldée  et  de  l'Egypte,  a  été,  jusqu'à  présent,  fort  exagérée. 

L'auteur  rappelle  d'abord  les  résultats  d'une  série  de  recher- 
ches, poursuivies  surtout  entre  1880  et  1890,  qui  ont  eu  pour 
effet  d'atténuer  ou  même  de  détruire  ce  qu'il  appelle  «  la 
forme  indo-iranienne  du  mirage  oriental  ».  Il  a  été  prouvé  : 
1°  que  le  sanscrit  n'est  pas  la  mieux  conservée  des  langues 
aryennes  ;  2°  que  la  littérature  de  l'Inde  ne  remonte  pas  à  une 
très  haute  antiquité;  3°  que  l'Avesta  ne  renferme  pas  «  le  bul- 
letin de  marche  de  l'immigration  aryenne  à  ses  débuts  »  ; 
4°  que  le  panthéon  aryen  est  une  illusion.  D'autre  part,  on  a 
reconnu  que  le  centre  de  diftusion  des  langues  aryennes  devait 
être  cherché  en  Europe  plutôt  qu'en  Asie  et  que  la  civilisation 
aryenne  primitive  n'avait  guère  dépassé  le  stage  néolithique. 

Abordant  ensuite  le  terrain  de  l'archéologie,  l'auteur  cherche 
à  établir,  contre  MM.  Bertrand,  de  Mortillet  et  la  plupart  des 
savants  contemporains,  la  fausseté  des  propositions  suivantes  : 
1°  les  animaux  domestiques,  les  céréales  et  les  plantes  textiles 
ont  été  importés  d'Orient  en  Occident  ;  2°  les  haches  en  jade 

I .   En  vente  au  musée  de  Saint-Germain-en-Laye,  au  prix  de  0  fr.  50. 


Bibliographie.  229 

néphrite,  en  jadéite,  en  chloromélanite,  ainsi  que  les  perles  de 
callaïs,  attestent,  dans  les  stations  lacustres  et  sous  les  dol- 
mens, l'arrivée  d'immigrants  orientaux;  3°  les  stations  lacus- 
tres, échelonnées  depuis  la  Suisse  jusqu'au  Caucase,  témoi- 
gnent d'un  courant  d'immigration  caucaso-danubien. 

M.  Reinach  n'admet  pas  davantage  la  thèse  universellement 
enseignée,  d'après  laquelle  les  métaux,  en  particulier  le  bronze, 
auraient  été  transmis  à  l'Occident  par  des  conquérants  et  des 
commerçants  venus  d'Asie.  L'existence  d'un  âge  du  cuivre,  au- 
jourd'hui bien  constaté  dans  l'Occident  de  l'Europe,  lui 
semble  prouver  que  le  passage  de  la  pierre  au  métal  n'a  pas 
été  brusque,  que  le  progrès  s'est  accompli  sur  place.  M.  Rei- 
nach réfute  la  théorie  de  M.  de  Mortillet  sur  l'origine  indienne 
de  la  métallurgie  du  bronze,  comme  celles  de  MM.  F.  Lenor- 
mant  et  Bertrand  sur  son  origine  caucasique.  Dans  l'état  actuel 
de  nos  connaissances,  rien  ne  permet  d'affirmer  que  les  peu- 
ples méditerranéens  aient  connu  un  autre  étain  que  celui  de 
l'Europe  occidentale.  L'étain,  comme  l'ambre  de  la  mer  du 
Nord,  est  arrivé  dans  l'est  du  bassin  de  la  Méditerranée  vers  le 
XXX'  siècle  avant  J.-C,  non  par  mer,  ni  par  des  caravanes, 
mais  par  un  commerce  de  proche  en  proche  à  travers  le  centre 
de  l'Europe.  M.  Bertrand  fait  commencer  l'âge  du  bronze  occi- 
dental vers  l'an  1500  avant  J.-C.  :  cette  date  serait,  suivant 
M.  Reinach,  trop  basse  d'une. quinzaine  de  siècles. 

Niant  d'une  façon  absolue  l'influence  de  l'Orient  sémitique 
ou  kouschite  sur  l'Europe  centrale,  septentrionale  et  occiden- 
tale, tant  à  l'époque  néolithique  qu'au  début  de  l'époque"  des 
métaux,  M.  Reinach  concède  qu'elle  s'est  fait  sentira  partir  du 
xiii=  siècle  environ.  Mais  on  l'a  beaucoup  exagérée  :  ainsi 
M.  Bertrand  a  eu  tort  de  faire  venir  d'Assyrie  les  casques  co- 
niques des  Gaulois  de  la  Marne;  M.  Undset  s'est  trompé  en 
attribuant  à  l'Egypte  l'origine  de  l'épée  de  bronze  européenne. 
En  revanche,  M.  Reinach  affirme  l'origine  européenne  et  oc- 
cidentale de  la  fibule,  qui  parait  d'abord  dans  la  civilisation 
mycénienne  et  qui  n'a  été  connue  ni  de  l'Egypte  ni  de  l'As- 
syrie. Un  fiit  qui  doit  dominer,  suivant  lui,  toute  la  discussion, 
c'est  qu  aucun  objet  égyptien  ou  chaldéen  ne  s'est  jamais  ren- 
contré ni  dans  un  dolmen,  ni  dans  une  station  lacustre,  ni 
Revue  Celtique,  XV.  lO 


2^0  Bibliographie. 

même  dans  un  des  nombreux  dépôts  de  l'âge  du  bronze  en 
Gaule,  dans  les  îles  Britanniques  et  en  Scandinavie. 

La  seconde  partie  du  travail  de  M.  Reinach  concerne  pres- 
que exclusivement  la  civilisation  mycénienne.  «  La  civilfsation 
mycénienne,  écrit-il,  qui  n'est  qu'un  épisode  de  la  civilisation 
égéenne,  est  entièrement  européenne  d'origine  :  elle  s'est  seu- 
lement orientalisée,  à  la  surface,  au  contact  des  civilisations  de 
la  Syrie  et  de  l'Egypte  ». 

L'auteur  rappelle  comment  les  archéologues  attribuèrent 
d'abord  à  des  influences  orientales  les  civilisations  primitives 
de  Troie  et  de  Mycènes,  illusion  contre  laquelle  réagirent 
MM.  Newton -et  Milchhoefer.  M.  Heuzey  montra,  par  l'étude 
de  la  céramique  de  Chypre,  que  l'art  grec,  dès  le  vi^  siècle, 
avait  exercé  une  action  en  retour  sur  l'art  de  l'Orient  ;  M.  Rei- 
nach pense  que  cette  influence  du  monde  grec  sur  le  monde 
oriental  est  beaucoup  plus  ancienne  et  qu'elle  s'est  fliit  sentir 
à  plusieurs  reprises  depuis  le  second  millénaire  avant  J.-C, 
avec  des  alternances  révélées  par  l'archéologie.  L'analogie  frap- 
pante entre  certains  monuments  de  l'Italie  du  Nord,  de  la 
Grèce  et  de  la  Phrygie,  comme  aussi  du  Nord  et  de  l'Occident 
de  l'Europe,  ne  doit  pas,  à  l'époque  reculée  dont  ils  sont  les 
vestiges,  être  attribuée  au  commerce  phénicien  ;  elle  atteste 
une  civilisation  d'origine  européenne  qui  a  rayonné  en  éven- 
tail et  qui,  au  contact  des  civilisations  orientales  qu'elle  a  pé- 
nétrées, a  atteint,  en  Grèce  et  sur  la  côte  d'Asie,  un  niveau 
beaucoup  plus  élevé  qu'ailleurs.  C'est  pourquoi,  en  Espagne, 
nous  trouvons  une  civilisation  apparentée  à  la  civilisation 
troyenne,  tandis  que  le  Mycénien  est  un  dialecte  local,  parti- 
culier à  la  région  orientale  de  la  Méditerranée. 

M.  Reinach  admet,  -.wqc  M.  Flinders  Pétrie,  que  les  Egéens, 
ancêtres  des  Mycéniens,  avaient  déjà  des  établissements  dans 
la  vallée  du  Nil  vers  2500  av.  J.-C.  L'Egypte  a  exercé  de  l'in- 
fluence sur  le  monde  mycénien,  mais  non  sans  avoir  subi  elle- 
même  son  influence.  En  Grèce,  la  conquête  dorienne,  en 
affaiblissant  l'élément  hellénique,  produisit  une  sorte  de  recul 
pendant  lequel  les  influences  orientales  prirent  le  dessus.  Puis 
elles  cédèrent  de  nouveau  devant  la  renaissance  du  génie 
grec,  pour  redevenir  dominantes  après  l'époque  alexandrine,  à 


Bibliographie.  2^1 

la  fliveur  de  la  décadence  du  monde  gréco-romain.  «  Dans 
l'ouest  de  TEurope,  dit  M.  Reinach,  le  mouvement  des  peuples 
(celto-scythiques  ?),  qui  a  dû  se  produire  assez  longtemps  avant 
l'époque  dite  de  la  Tène,  a  présenté  sans  doute  le  même  ca- 
ractère. J'incline  même  à  croire  qu'il  y  a  connexion  entre  ces 
faits,  que  les  Celtes  de  l'histoire  ont  été,  dans  l'Europe  centrale 
et  occidentale,  ce  que  les  Grecs  de  l'histoire  étaient  en  Grèce, 
et  que  si  le  moyen  âge  grec  a  bientôt  pris  fin,  grâce  au  voisi- 
nage de  l'Orient  civilisé,  le  moyen  âge  occidental. a  duré  jus- 
qu'à l'époque  de  la  conquête  romaine  dans  ces  régions  et 
même  au-delà  ». 

Dans  le  premier  numéro  de  V Anthropologie  paru  en  1894, 
M.  Reinach  a  commencé  la  publication  d'une  série  d'articles 
faisant  suite  à  ceux  que  nous  venons  de  résumer  et  qui  ont 
pour  sujet  les  débuts  de  l'art  plastique  en  Europe  avant  les  in- 
fluences helléniques.  Il  essaie  de  montrer  que  ces  oeuvres  pri- 
mitives elles-mêmes  attestent  l'existence  d'un  courant  de  civi- 
lisation dirigé  de  l'Occident  vers  l'Orient,  l'action  en  retour 
de  l'Orient  ne  s'étant  produite  que  plus  tard. 


CHRONIQUE 


SOMMAIRE:  I.  Vocabulaire  du  celtique  primitif  par  M.  Whitley  Stokes.  —  II.  Re- 
cherches étymologiques  sur  les  noms  de  lieu  d'Ecosse,  par  M.  Herbert  Maxwell.  — 
111.  Contes  populaires  de  l'Irlande  occidentale  recueillis  par  M.  William  Larminie. 
—  IV.  Mélanges  d'archéologie  gallo-romaine,  par  M.  A.  Blanchet.  —  V.  Nouvelle 
édition,  par  l'abbé  Lejay,  du  livre  1"  delà  PharsaU.  —  VI.  Cinquième  livraison  du 
Trésor  vieux-celtique  de  M.  Holder.  —  VII.  Inscription  gauloise  inédite.  — 
VIII.  Publication  nouvelle  de  MM.  Kuno  Meyei  et  Alfred  Nutt.  —  IX.  Martyrologe 
de  Maelmaire  O'Gorman.  —  X.  La  conservation  de  la  langue  irlandaise. 


I. 

Dans  la  dernière  livraison,  à  la  fin  de  la  Chronique,  p.  1 58,  j'ai  annoncé 
le  «  Vocabulaire  de  l'unité  linguistique  des  Celtes  »,  IVortschati  der  hltis- 
cheii  Spracheiitlx'it,  de  MM.  "Whitley  Stokes  et  Adalbert  Bezzenberger.  Un  se- 
cond titre,  plus  exact,  de  ce  volume,  est  «  Vocabulaire  de  la  langue  celtique 
primitive  »,  Urkeltiscbir  SprachscJmti,  —  par  Whitley  Stokes,  — traduit,  re- 
touché et  édité  par  Adalbert  Bezzenberger.  C'est  un  volume  in-8  de  viii- 
337  pages  qui  forme  la  seconde  partie  du  «  Dictionnaire  des  langues  indo- 
européennes »,  Wortcrhich  der  indogervianischm  Sprachen,  publié  par  Au- 
gust  Fick,  4'-'  édition,  Gôttingen,  librairie  Vandenhoeck  und  Ruprecht.  Ce 
volume  n'a  encore  ni  table  ni  index  et  sera  beaucoup  plus  commode  à  con- 
sulter, quand,  la  quatrième  édition  du  dictionnaire  des  langues  indo-euro- 
péennes étant  terminé,  l'index  général  de  l'ouvrage  paraîtra.  Quoi  qu'il  en 
soit,  pour  le  moment,  la  publication  de  MM  Whitley  Stokes  et  A.  Bezzen- 
berger comble  une  lacune  considérable.  La  troisième  édition  du  grand  ou- 
vrage de  Fick,  1874-1876,  donnait  très  peu  de  place  au  celtique.  Des  huit 
dictionnaires  qui  ont  fourni  la  matière  des  trois  premiers  volumes  :  I,  lan- 
gue fondamentale  indo-européenne;  II,  langue  arienne;  III,  Unité  euro- 
péenne (tome  1er)  ;  IV,  Unité  gréco-italique  ;  V,  Unité  slavo-germanique  ; 
VI,  Unité  celto-slave;  VI  bis,  Unité  prusso-lettique  (tome  II);  VII,  Unité 
germanique  (tome  III),  deux  dictionnaires  seulement,  le  troisième  et  le  qua- 
trième, contiennent  des  mots  celtiques,  et,  dans  le  quatrième  volume,  qui 
renferme  les  index  de  ces  huit  dictionnaires,  les  deux  index  celtiques  occu- 
pent huit  pages  en  tout  sur  trois  cent  quatre-vingt,  moins  d'un  quarante- 


Chronique.  253 

septième.  Dans  le  tome  I^^''  de  la  quatrième  édition  qui  contient  un  rema- 
niement des  deux  premiers  dictionnaires  :  I,  langue  fondamentale  indo-eu- 
ropéenne ;  II,  unité  arienne  avant  la  séparation  des  Ariens  en  Indous  et 
Iraniens  ;  plus,  III,  un  dictionnaire  nouveau,  celui  de  l'unité  linguistique 
des  Européens  occidentaux,  le  celtique  a  conquis  une  place  importante  ;  on 
le  trouve  souvent  mentionné  dans  le  dictionnaire  I  dont  la  troisième  édition 
le  traitait  en  quantité  négligeable  ;  et  il  figure  dans  le  sous-titre  du  diction- 
naire III  :  par  unité  linguistique  des  Européens  occidentaux,  il  faut  entendre, 
suivant  ce  sous-titre,  une  langue  qu'auraient  parlée  jadis  les  ancêtres  des 
Grecs,  des  Italiotes,  des  Celtes  et  des  Germains,  à  l'exclusion  des  Slaves, 
des  Lettes  et  des  Prussiens  compris  avec  eux  dans  l'unité  européenne  telle 
que  la  concevait  il  y  a  vingt  ans  M.  A.  Fick  quand  il  a  publié  le  dernier  des 
trois  dictionnaires  qui  forment  le  t.  V'^  de  sa  troisième  édition.  Enfin,  le 
nouveau  vocabulaire  de  l'unité  linguistique  des  Celtes,  avec  ses  527  pages, 
est  presque  aussi  volumineux  que  celui  de  l'unité  germanique  qui  forme  le 
tome  III  de  la  troisième  édition,  366  pages. 

Voici  l'ordre  alphabétique  suivi  par  M.  Whitley  Stokes  : 


A,  A,      p.    I 

E.  É, 

24 

I.  î> 

44 

0,  Ô, 

46 

u,  û, 

53 

R  voyelle, 

56 

L  voyelle. 

56 

^, 

57 

K, 

64 

G, 

104 

T,        p. 

120 

D, 

139 

B, 

159 

N, 

189 

M, 

196 

J> 

222 

R  consonne, 

225 

L  consonne, 

236 

V, 

259 

s, 

288 

C'est  l'ordre  adopté  par  M.  A.  Fick,  tome  I^s  p.  545  etsuiv.,  à  quelques 
différences  près.  M.  Fick,  p.  373,  met  1'/  entre  l'oetl'M,  tandis  que  M. W.  St. 
place  l'i  entre  Yc  et  l'o.  M.  W.  St.  fait  de  l'r  voyelle  et  de  1'/  voyelle  une 
classe  à  part  qu'il  met  à  la  fin  des  voyelles  comme  dans  l'alphabet  sanscrit, 
tandis  que  chez  M.  Fick  les  formes  réduites  où  apparaissent  ces  voyelles 
sont  l'accessoire  des  formes  pleines  où  la  consonne  correspondante  s'appuie 
sur  un  e  ;  un  certain  nombre  de  mots  qui  oftVent  en  cehique  des  formes  ré- 
duites ne  pouvaient  être  classés  autrement  que  ne  l'a- fait  M.  Whitley  Stokes, 
le  celtique  n'offre  aucun  exemple  de  la  forme  pleine  des  racines  dont  ces 
mots  sont  dérivés. 

De  l'intérêt  qu'offre  le  livre  de  M.  Whitley  Stokes  je  citerai  deux  exem- 
ples seulement  : 

«  BoDios,  jaune,  irl.  huide,  jaune,  bai,  latin  badins,  bai  ;  de  là  peut- 
«  être  le  premier  terme  de  Bodio-casses,  Pline  ».  Ce  nom  de  peuple,  plus 
tard  Bald]io-casses,  aujourd'hui  Bayeux  (Holder,  Altkeîtischer  Sprachschat^, 
p.  458),  aurait  un  a  dans  sa  première  syllabe,  parce  qu'avant  la  fin  de  l'em- 
pire romain  (Notitia  occidentis),  on  aurait  dans  le  premier  terme  substitué  à 


2  3  4  Chronique. 

l'adjectif  gaulois  son  équivalent  latin  hadius.  A  comparer  Dîvona,  nom  lati- 
nisé chez  Fortunat,  du  celtique  A'zwifl,  nom  de  Cahors  chez  Ptolémée.  Mon 
explication  du  premier  terme  de  Bodio-casses  par  le  substantif  hodi  «  vic- 
toire »  doit  probablement  être  rejetée  ;  elle  explique  difficilement  Va  de 
Bayeux;  l'ode  la  première  syllabe  persiste  dans  «  boyau  »  àebotellinn. 

«  SEIQ.ANÂ,  SÊaANO-s,  nom  de  fleuve  ;  gaulois  Sèquana,  Séqnani,  sanscrit 
«  secana,  acte  de  verser,  répandre,  épancher;  d.sincati,  il  répand,  épanche; 
«  grec  tzai;,  humidité.  Douteux.  Le  maintien  du  q  dans  le  mot  gaulois 
«  n'est  pas  encore  expliqué  «.  K.  Mùllenhofï,  Deutsche  Aller tumshin de, 
t.  III,  p.  179,  a  fait  observer  qu'au  temps  de  l'empire  romain  le  ligure 
n'avait  pas  comme  le  gaulois  changé  en  p  le  q  primitif,  exemples  :  Ouiame- 
lius,  nom  propre  de  personne,  Quariates,  nom  de  peuple.  Sëqiiana,  d'où 
Scquani,  semble  donc  être  ligure  et  non  gaulois.  L'intéressante  hypothèse  de 
M.  Loth,  Rev.  Celt.,  XV,  98,  paraît  contredite  par  le  gaulois  epo-  «  che- 
val »  z^  skt.  açva-. 

II. 

Le  livre  de  M.  Herbert  Maxwell  sur  les  noms  de  lieu  d'Ecosse,  Scottish 
land-tiaïues,  thcir  origiii  and  meaning  ' ,  parait  fort  bien  fait.  Ce  qu'il  y  a  de 
plus  curieux  peut-être  dans  la  toponomastique  moderne  d'Ecosse  comme 
dans  celle  d'Irlande,  c'est  la  rareté  des  composés  celtiques  formés  suivant 
l'usage  ordinaire  antique,  qui  met  le  déterminant  avant  le  déterminé;  elle 
ofîre  cependant  quelques  exemples  de  cette  disposition  archaïque:  tel  est 
Morrach  =  Mor-magh  =  *  Mori-iiiagos,  formation  comparable  aux  Druso- 
magus,  Rigo-niagtis,  etc.,  du  continent,  et  aux  Caesaro-magus,  Novio-magus 
de  Grande-Bretagne,  tandis  que  la  formation  la  plus  fréquente  dans  les 
noms  modernes  des  Iles-Britanniques,  quand  ils  sont  d'origine  celtique, 
nous  est  ofïerte  par  Dumbarton  =  *  dUno-n  Brittonun  «  forteresse  des  Bre- 
tons »  ;  comparez  Lugii-duinim,  Aiigusto  duniim,  etc.,  sur  le  continent,  Ca- 
tnulo-dunuDL  en  Grande-Bretagne  qui  offrent  l'ordre  antique.  Les  noms  de 
lieu  d'origine  germanique  conservent  l'ordre  primitif  des  termes  du  com- 
posé, tel  est  Edimbourg,  Edin-burg,  en  gaélique  Dûn-edin,  Dûn  Aidatn  = 
*dûnos  Aiduaiii,  «  forteresse  d'Aiduanos  ». 

Pour  cette  ville  nous  avons  deux  noms,  tous  deux  régulièrement  formés 
et  de  sens  identique  en  deux  langues.  Ailleurs  on  a  trouvé  plus  commode 
de  modifier  légèrement  un  terme  celtique  pour  lui  donner  en  anglais  un 
sens  —  erroné:  —  le  gaélique  allt,  d'abord  «  rive  »,  puis  «  ruisseau  » 
(comparez  le  français  rivière,  de  rive,  ripa)  est  devenu  l'anglais  old,  vieux  ; 
hvm  «  lieu  consacré  au  culte  »  s'est  transformé  en  un  adjectif  anglais  long 
identique  à  l'adjectif  français  qui  a  la  même  orthographe. 

L'auteur  paraît  bien  connaître  son  sujet.  Aussi  est-ce  avec  surprise  qu'on 
le  voit,  p.   60,  considérer  comme  identiques  le  substantif  dtibr  =  dubro-n 


I .   Chez  Blackwood  and  son,  à  Londres,  petit  in-8,  219  pages. 


chronique.  2jj 

«  eau  »,  et  le  substantif //o/'flr  «  source  »,  en  vieil  irlandais  tipra  =  *di-od- 
hreuTjl-s  (Revue  de  Kuhn,  t.  XXX,  p.  156),  ou  *  do-ale-hrcuant-s ,  d'une  ra- 
cine BREU  qui,  sauf  niétathèse  de  Vr,  est  identique  à  la  racine  beru,  bheru, 
de  l'irlandais  krbaiin  et  du  breton  bcrvann  «  je  bous  »,  en  latin  ferveo 
(Whitlèy  Stokes,  Urkeltischer  Spi-achscbati,  p.  172). 

III. 

Les  contes  populaires  de  l'Irlande  occidentale,  IVest-Irish  FoUc-taks  and 
Romances,  recueillis  et  traduits  par  M.  William  Larminie  ',  donneront  sans 
doute  lieu  dans  le  monde  des  folkloristes  à  une  foule  de  rapprochements  in- 
téressants. Ce  qui  m'a  le  plus  frappé  dans  ces  contes,  c'est  le  maintien  des 
traditions  mythologiques  les  plus  anciennes  de  l'Irlande.  Les  paysans  irlan- 
dais n'ont  pas  oublié  le  dieu  Manannan,  fils  de  la  mer,  mac  Lir  (p.  6-9, 
64-84).  Une  partie  des  récits  légendaires  réunis  dans  le  morceau  intitulé 
«  bataille  de  Mag  Tured  »,  publié  par  M.  Whitley  Stokes,  Revue  Celtique, 
t.  XII,  p.  52  et  suivantes,  se  racontent  encore  en  Irlande;  on  n'a  pas  oublié 
le  tyran  mythologique  Balar  le  fort  frappeur  2,  membre,  de  la  triade  Bress, 
Balar,  Tethra,  dont  le  chef  Bress,  confondu  avec  Balar  par  le  conte  mo- 
derne, se  fît  construire  un  palais  par  un  autre  dieu,  par  Gobaun  saer  dans 
le  conte  moderne,  par  Dagda  dans  un  texte  plus  ancien  5.  Comparez  le 
Laomedon  homérique  auquel  le  dieu  Poséidon  bâtit  les  murs  de  Troie 
(Iliade,  XXI,  446-447,  cf.  VII,  4)2-455).  Balar,  tué  par  Lug,  son  petit- 
fils,  vit  encore  dans  la  mémoire  populaire.  Le  nom  de  Lug  =  Lugu-s,  sur- 
nommé aux  «  talents  multiples  »,  sam-il-dânacJ)  A,  est  fort  corrompu  dans 
le  texte  de  M.  Larminie,  c'est  Dul  Dauna,  mais  son  père,  le  gendre  de  Ba- 
lar, s'appelle  Cian  =  Ccnos  «  lointain  »,  comme  dans  les  plus  vieux  textes 
mythologiques  irlandais  S .  Y  a-t-il  une  parenté  entre  le  mythe  celtique  du 
meurtrier  de  Balar  et  le  mythe  grec  du  meurtrier  de  Belleros,  BEXXîfo- 
3oviTi;6?  BïXÀcoo-advTr);  serait  doublet  d"AiYc;-orJvi;7,;,  épithète  d'Hermès, 
qui  est  le  Lugu-s  grec. 

IV. 

On  peut  se  demander  si  un  des  sujets  traités  par  M.  A.  Blanchet  dans  le 
premier  fascicule    de    ses   Mélanges    d'archéologie  gallo-rovuiine  7    est    une 

1.  Londres,  Eliot  Stock,  in-8,  258  pages. 

2.  Balar  Balc-beimnech,  Livre  de  Leinster,  p.  9,  col.  1,  1.  45,  col.  2, 
1.  2,  7;  p.  II,  col.  I,  1.  52.  Balar  Bcimann  dans  le  conte  moderne. 

3.  Revue  Celtique,  t.  XII,  p.  64  et  suiv. 

4.  Revue  Celtique,  t.  XII,  p.  74-79. 

5 .  Livre  de  Leinster,  p.  10,  col.  i,  ligne  2. 

6.  Une  autre  explication  est  offerte  chez  Roscher,  Ausfiihrliches  Lexicon 
der griechischen  und  rômischeii  Mythologie,  t.  I,  col.  707-708,  2383-2388; 
elle  est  considérée  comme  acccptableparBrugmann,  Grundriss,  t.  II,  p.  1435. 

7.  Paris,  Leroux,  1893,  in-8,  61  pages  et  5  planches. 


236  Chronique. 

forme  donnée  sur  le  continent  au  mythe  de  Balar  sous  l'empire  romain. 
Balar  le  fort  frappeur  serait  le  dieu  au  maillet  des  monuments  figurés  gallo- 
romains.  Dans  deux  bas-reliefs  trouvés  en  Hongrie,  à  Varhely,  l'antique  Sar- 
Diigi'tiisa,  on  voit  alignés  un  enfant,  une  femme,  un  homme  armé  d'un  mar- 
teau ;  ce  dernier  pourrait  être  Balar,  la  femme  serait  Ethne,  sa  fille,  l'enfant 
représenterait  Lugus,  fils  d'Ethne.  Balar  aurait  été  confondu  avec  le  Dispater 
romain  ' . 


V. 

On  sait  que  le  livre  premier  de  la  Pharsale  de  Lucain  renferme,  vers  392- 
465,  une  très  instructive  description  de  la  Gaule.  Elle  nous  donne,  par 
exemple,  la  quantité  de  bien  des  noms  propres  dont  sans  Lucain  nous  ne 
distinguerions  pas  avec  certitude  les  longues  et  les  brèves  :  le  Gaiàhos  pour 
Cënàbuin  du  vers  440  ne  peut  être  reproché  à  Lucain,  puisque  ce  vers  est 
interpolé.  M.  l'abbé  Lejay,  dans  son  édition  du  premier  livre  de  Lucain  *, 
accompagne  le  texte  latin  de  notes  aussi  intéressantes  qu'instructives.  Il  n'a 
pas  établi  son  texte  exactement  comme  M.  Hosius  dans  l'édition  donnée 
par  la  maison  Teubner.  Ainsi,  au  vers  398,  il  rétablit  V:\cc\isa\\i  Llngônas 
auquel  M.  Hosius  avait  substitué  le  nominatif  Lingôncs  (Revue  Celtique, 
t.  XIV,  p.  253).  Les  éditeurs  nouveaux  de  Lucain  feront  bien  de  lire  la 
préface  du  savant  auteur,  notamment  son  étude  sur  la  classification  des  ma- 
nuscrits, p.  Lxxxv  et  suivantes. 

VL 

Nous  recevons  à  l'instant  la  cinquième  livraison,  col.  1025-1280  du 
Trésor  vieux-celtique  de  M,  Holder,  qui  atteint  déjà  sa  quarantième  feuille 
d'impression.  Cette  livraison  contient  la  fin  de  la  lettre  c  et  le  commen- 
cement de  la  lettre  d.  On  sait  que  la  première  livraison  a  paru  en  1891.  On 
ne  peut  trop  admirer  l'activité  avec  laquelle  le  savant  auteur  conduit  ce  gi- 
gantesque travail  qui  sera  pour  les  celtistes  l'équivalent  de  ce  qu'est  pour 
les  médiévistes  le  Glossarium  mediae  et  infimac  latinitatis  de  Ducange. 

VIL 

Dans  une  des  séances  du  Congrès  des  Sociétés  savantes  à  la  Sorbonne,  il 
a  été  donné  lecture  d'un  mémoire  fort  bien  fait  de  M.  Charles  de  Langar- 
dière,  vice-président  de  la  Société  des  Antiquaires  du  Centre,  sur  une  ins- 
cription gauloise  trouvée  l'écemment  à  Genouilly,  près  de  Graçay,  Cher,  et 
aujourd'hui  au  musée  de  Bourges.  Cette  inscription  est  la  seconde  de  deux 

1 .  Sur  Dispater  et  Aerecura,  laquelle  serait  Ethne,  voyez  Roscher,  Aus- 
fûhrliches  Lexico)i  der  griechischen  und  rômischen  Mythologie,  t.  I,  col.  1185- 
1186. 

2.  Paris,  Klincksieck,  1894,  in-8,  civ-94  pages. 


Chronique.  2}j 

épitaphes  gravées  sur  la  même  stèle.  La  première,  en  haut  de  la  stèle,  rap- 
pelle la  mémoire  d'un  certain  ..  .tos  Virilios,  c'est-à-dire  Octos(?),  fils  de 
Virilos;  elle  a  été  gravée  par  les  soins  d'un  certain  Aneunos.  Elle  consiste 
en  quatre  lignes  :  la  première  en  caractères  latins,  les  trois  autres  en  carac- 
tères grecs  : 

OS  VIRILIOS 
TOC  OYIPIAAIO 
ANETXOC 
EnOEI 

La  seconde  a  été  faite  par  Elvontiu  pour  Aneunos,  fils  d'Oclos,  et  pour  Lu- 
guris,  tils  d'Aneunos.  Elle  consiste  en  quatre  lignes  écrites  en  caractères 
latins  : 

ELVONTIV 
lEVRV ■ ANEVNO 
OCLICNO  •  LVGVRI 
ANEVNICNO 

On  remarquera  que  les  désinences  casuelles  des  substantifs  Ancuno,  OcUcno, 
Aneiinicno,  ont  été  latinisés;  la  grammaire  celtique  exigerait  Aneiniu,  OcUcnu, 
AneiinicHii  àvtc  un  u  final  comme  pour  Elvontiu  qu'un  Romain  aurait  écrit 
Helvontio. 


VIII. 

Un  volume  de  textes  inédits  irlandais  va  paraître  à  la  librairie  David  Nutt, 
de  Londres,  qui  se  crée  chaque  jour  des  droits  plus  grands  à  la  reconnaissance 
des  celtistes.  Ce  sont:  le  voyage  maritime  de  Bran,  fils  de  Febal,  et  les  récits 
relatifs  à  Mongan,  fils  de  Fiachna.  L'éditeur  est  notre  savant  collaborateur, 
M.  Kuno  Meyer,  et  l'introduction  a  pour  auteur  M.  Alfred  Nutt,  dont  les 
lecteurs  de  la  Revue  Celtique  connaissent  la  compétence  en  matière  de  Folk- 
lore. 


IX. 

M.  Whitley  Stokes  va  publier  aux  frais  de  la  fondation  Bradshaw  le  mar- 
tyrologe de  Maelmaire  O'Gorman.  Sur  ce  document,  qui  date  de  la  se- 
conde moitié  du  douzième  siècle,  on  peut  voir  ce  qu'a  dit  O'Curry,  Lectures 
on  Ihc  niaiiuscript  materials,  p.  561,  362.  On  sait  avec  quel  succès 
M.  Whitley  Stokes  a  édité  le  martyrologe  d'Oengus.  Tout  le  monde  se  fé- 
licitera de  voir  le  martyrologe  d'O'Gorman  en  aussi  bonnes  mains. 

X. 

D'un  rapport  présenté  à  la  Société  pour  la  conservation  de  la  langue  ir- 
landaise, 6,  Molesworth  Street,  Dublin,  par  son  zélé  secrétaire,  M.J.-J.  Mac 


238 


Chronique. 


Sweeney,  il  résulte  que  le  nombre  des  élèves  qui,  en  Irlande,  ont  passé 
l'examen  pour  l'irlandais,  après  avoir  été  stationnaire  de  1889  à  1892,  où  le 
minimum  a  été  de  512  et  le  maximum  de  531,  s'est  sensiblement  élevé 
en  1893,  où  le  chiftre  atteint  a  été  609. 

Le  rapport  de  M.  Mac  Sweeney  est  daté  du  27  février  dernier.  Un  mois 
plus  tard,  s'est  réuni  à  l'hôtel  de  ville  de  Dublin,  sous  la  présidence  du 
lord-maire,  un  congrès  destiné  à  soutenir  les  intérêts  de  la  langue  irlan- 
daise. Un  congrès  semblable  avait  déjà  eu  lieu  en  1882,  grâce  à  l'initiative 
prise  par  la  Société  pour  la  conservation  de  la  langue  irlandaise.  Parmi  les 
motions  adoptées  par  le  congrès  de  1894,  nous  signalerons  celle  du  comte 
Plunkett,  qui  a  demandé  que  tous  les  gens  capables  de  parler  ou  d'écrire 
l'irlandais  fussent  invités  à  se  servir  exclusivement  de  cette  langue  dans 
leurs  communications  entre  eux,  et  que  tout  candidat  à  une  fonction  élec- 
tive dût  prendre  l'engagement  de  soutenir  le  mouvement  linguistique  irlan- 
dais. Cette  motion  a  été  adoptée.  A  été  adoptée  également  celle  du  père 
Murphy,  S.  J.,  demandant  que  l'irlandais,  jusqu'ici  admis  dans  l'enseigne- 
ment secondaire  et  supérieur,  mais  très  peu  étudié,  y  fût  traité  sur  pied 
d'égalité  avec  les  autres  langues  anciennes  et  modernes. 

En  Irlande,  suivant  un  rapport  fait  au  congrès  par  M.  David  l-'agan,  il  y  a 
66,140  personnes  qui  ne  parlent  pas  d'autre  langue  que  l'irlandais,  et  à 
côté  d'elles  787,500  autres  qui  savent  également  s'exprimer  en  irlandais  et  en 
anglais.  Ces  deux  catégories  se  répartissent  par  comtés  ainsi  qu'il  suit  : 


Antrim, 

■      30 

2. 500 

Londonderry, 

10 

5.500 

Armagh, 

50 

7  000 

Louth, 

10 

S  •  500 

Cavan, 

10 

7 ,  000 

Meath, 

10 

5.500 

Clare, 

2    500 

62  000 

Mayo , 

9 

000 

158.000 

Cork, 

5.500 

168.000 

Monagan, 

10 

6. 500 

Donegal, 

1 2 . 000 

fco . 000 

Roscommon, 

100 

21.500 

Galway, 

24.000 

3  2 . 000 

Slis^o, 

2 

300 

24  000 

Kerry, 

7.000 

93 .000 

Tipperary, 

300 

23.000 

Kilkenny, 

50 

9.000 

Tyrone, 

20 

9.500 

Leitrim, 

50 

9.500 

Waterford , 

3 

000 

48.500 

Limerick, 

200 

3  2 . 000 

Je  n'ai  pas  vérifié  l'exactitude  de  ces  chiffres  dont  j'admire  la  précision  ri- 
goureuse et  que  je  reproduis  respectueusement  d'après  VIrisb  daily  hidepen- 
daiii  du  28  mars  dernier, 

Paris,  le  i  s  avril  1S94. 


H.  d'Arbois  de  Jubainvillf. 


PÉRIODIQUES 


I. 

AxN'ALES  DE  BRETAGNE,  livraison  de  janvier  1894.  —  Les  études  celtiques 
prennent  dans  ce  recueil  une  place  de  plus  en  plus  considérable.  M.  A.  de 
la  Borderie  y  a  publié,  p.  189-209,  la  traduction  d'une  partie  de  la  préface 
mise  par  Reeves  en  tête  de  son  édition  de  la  vie  de  saint  Columba  par 
Adamnan  ;  il  s'agit  de  la  règle  de  saint  Columba  et  du  genre  de  vie  mené 
par  les  moines  irlandais  au  \i<^  et  au  vif  siècle.  M.  Planiol  édite,  avec 
commentaire,  p.  216-257,  trois  documents  du  ix^  siècle  qui  constatent  une 
donation  faite  à  l'abbaye  de  Saint-Maur-sur-Loire,  par  le  breton  Anouuareth; 
de  ces  trois  pièces  une  était  inédite,  c'est  un  fragment  de  chronique  conservé 
par  un  ms.  de  la  Bibliothèque  nationale,  la  bible  deSaint-Maur,  fol.  404  v^. 
M.  Le  Braz  continue  ses  études  sur  les  saints  bretons  dans  la  tradition  po- 
pulaire. M.  Luzel  donne  la  traduction  d'un  conte  breton:  L'enfant  qui  fut 
à  l'école  chez  le  diable,  ou  l'apprenti  magicien.  M.  J.  Loth  reproduit,  d'après 
le  Livre  de  Llandaf,  la  vie  latine  de  saint  Teliau  sur  laquelle  il  a  déjà  écrit 
un  article  (voir  plus  haut  page  146  où  l'on  a  par  erreur  imprimé  saint  Eliau). 

IL 

Annales  du  midi,  octobre  1893,  janvier  1894.  —  Savante  étude  de 
M.  J.-F.  Bladé  sur  la  géographie  politique  du  sud-ouest  de  la  Gaule  pendant 
la  domination  romaine.  Sera  continué. 


IIL 

Archaeologia  Cambrensis,  janvier  1894.  —  Mémoire  du  colonel 
W.-L.  Morgan  sur  deux  chambres  sépulcrales  rnégalithiques  trouvées  sous 
un  tumulus  en  1895  à  Gower,  comté  de  Glamorgan  ;  la  première  est  longue 
de  8  pieds  anglais  sur  3  pieds  6  pouces  de  large,  la  seconde  a  8  pieds 
6  pouces  de  long  sur  une  largeur  de  5  pieds.  —  Note  apprenant  que  la  pierre 
où  est  gravée  l'épitaphc  Curcagnl  fili  Andagelli  vient  d'être  déplacée  et  se 
trouve  maintenant  dans  le  cimetière  deCenarth,  comté  de  Cardigan.  Cette 
inscription  est  le  n"  55  de  Rhys,   Lectures  on  welsh  phihlogy,  2e  édition, 


240  Périodiijues. 

p.  388;  elle  manque  chez  Hùbner,  hncriptiones  Britmuiae  christiauae.  Ici 
une  planche  en  donne  le  dessin.  Un  autre  exemple  du  nom  d'Andagellus  a 
été  relevé  par  M.  Rhys  dans  une  inscription  ogamique  du  comté  de  Pem- 
broke.  Voir  ci-dessus,  p.  144. 


IV. 

RoMANiA,  octobre  1893.  — •  Article  intéressant  de  M.  H.  Ward  sur  la 
légende  de  Merlin.  Jocelin  a  écrit  à  la  fin  du  xii^  siècle  une  vie  de  saint 
Kentigern,  mort  au  commencement  du  septième  siècle,  en  612  suivant  les 
Annales  Cambriae,  en  603  ou  614  suivant  les  calculs  de  l'évéque  Forbes  '. 
La  dernière  édition  de  ce  document  a  été  publiée  par  M.  Metcalfe,  Pinker- 
ton's  Lives  of  Scottish  Saints,  1889  t.  II,  p.  1-96;  on  y  voit,  c.  45,  que  Ken- 
tigern était  évêque  de  Cambrie,  c'est-à-dire  du  territoire  situé  entre  le  mur 
de  l'empereur  Sévère  et  la  rivière  de  Forth,  et  qu'à  la  cour  du  roi  de  ce  pays, 
au  moment  où  Kentigern  cessa  de  vivre,  se  trouvait  un  fou,  honwjatiius,  ap- 
pelé Laloecen.  Laloecen  prédit  que  le  roi  mourrait  dans  l'année.  Lems.  Cot- 
tonien  Titus  A  xix,  fol.  76-80,  contient  une  vie  incomplète  de  Kentigern. 
Elle  a  été  rédigée  quelques  années  plus  tôt  que  celle  que  Jocelin  a  compo- 
sée; l'édition  la  plus  récente  a  été  donnée  par  M.  Metcalfe  t.  II,  p.  99-109 
de  l'ouvrage  cité  ci-dessus.  Il  n'y  est  pas  question  de  Laloecen,  mais 
M.  Ward  a  trouvé  dans  le  même  ms.  Titus  A.  xix,  fol.  74-7S,  un  docu- 
ment inédit  jusqu'ici  concernant  les  relations  qu'aurait  eues  Lailoken  (sic) 
avec  saint  Kentigern  et  avec  le  roi  de  Cambrie  :  on  y  lit  ces  mots  :  qui 
Lailoken  vocahatur  quem  quidam  diciiiit  fuisse  Merlynimi  qui  erai  Britonilms  quasi 
propheta  sivgularis,  scd  nesciiur. 

Le  document  découvert  par  M.  Ward  est  probablement  la  source  où  Bo- 
wer,  auteur  du  Scotichronicon,  terminé  en  1447,  a  puisé  ce  qu'il  dit  des  rela- 
tions de  Kentigern  et  de  Lailoken  identifié  par  lui  d'une  façon  absolument 
affirmative  avec  Merlin.  L'anonyme  qui,  à  la  fin  du  xiiie  siècle,  a  interpolé 
les  Annales  Cavibriae  connaissait  la  légende  qui  considère  Merlin  comme  le 
même  homme  que  le  fou  Laloeken  ou  Lailocen  ;  sous  la  date  CXXIX, 
c'est-à-dire  573  de  J.-C,  après  les  mots  Bdhnn  Armterid,  il  a  inséré  ceux- 
ci:  inter  filios  Elifer  et  Giiendoleu  filiiini  Keidiau  in  quo  bcllo  Gueudolcu  cecidit, 
Merlinus  ixsanus  effectus  est  2.  On  a  cherché  à  concilier  la  chronologie  qui 
fait  vivre  Laloecen  ou  Lailoken  =:  Merlin  jusqu'au  septième  siècle  avec  celle 
qui,  d'après  Geoff'roi  de  Monmouth,  l'identifie  avec  Ambrosius,  l'enfant 
sans  père  que  voulut  faire  périr  Vortigern  au  v^  siècle  5.  C'est  en  l'année  449 
de  notre  ère  que,  suivant  Bède,  livre  I,  c.  15,  Vortigern  introduisit  les 
Saxons  en  Bretagne,  et  la  quarante-quatrième  année  après  cet  événement 

1.  Calendars  of  Scottish  Saints,  Tp.  372. 

2.  Ms.  B.,  écrit  probablement  en  1286,  édition   de  John  Williams  ab 
Ithel,  p.  XXV,  5. 

5.   Praecepit  rex  Ambrosio  Merlino.  Ilisloria  regum  Britanniae,    1.  VII, 
c.  3.  San  Marte,  Die  Sagcn  ivn.  Merlin,  p.  20. 


Pério(ii(]ues.  241 

eut  lieu  Vobsessio  monlis  Badonici  (Bède,  I.  I,  c.  16)  qui,  par  conséquent, 
date  de  492.  Dans  l'intervalle  entre  l'arrivée  des  Saxons  et  Vohsessio  montis 
Badonici,  donc  entre  449  et  492,  Ambrosius  Aurelius  ou  Ambrosius  Aure- 
lianus,  à  la  tète  d'une  armée  bretonne,  battit  les  Saxons  (Gildas,  c.  25,  26  ; 
Bède,  1.  I,  c.  26).  Ambrosius  Aurelius  avait  donc  au  moins  vingt  ans 
en  492,  il  était  né  en  472  au  plus  tard;  il  était  identique  à  l'enfant  sans 
père  que  Nennius  appelle  Ambrosius  et  qui,  suivant  lui,  fut  roi  des  Bretons. 
Or,  si  l'on  en  croit  Geoffroy  de  Monmouth,  il  faut  confondre  Aurelius  Am- 
brosius avec  le  Merdin  (francisé  en  Merlin)  de  la  poésie  galloise  que  des 
documents,  soi-disant  historiques,  gallois,  identifient  avec  le  Lailoken  ou 
Laloecen  de  l'hagiographie  encore  vivant  en  603.  De  472  à  605,  il  s'est 
écoulé  cent  trente  ans.  Mais  les  difficultés  chronologiques,  qui  n'ont  jamais 
embarrassé  au  moyen  âge  les  auteurs  des  légendes  irlandaises  hagiogra- 
phiques et  autres,  n'ont  pas  non  plus  semblé  insolubles  en  Galles.  On  s'en 
tire  ici  en  donnant  à  Ambrosius  cent  trente  ans  de  vie.  Pourquoi  pas?  La 
légende  irlandaise  fait  bien  vivre  cent  vingt  ans  saint  Patrice. 

On  a  cru  retrouver  le  nom  de  Lailoken  ou  Laloecen  dans  la  pièce 
intitulée  Kyvoessi  Mvrdin  a-Gweiidyd  y-chivaer  «  Dialogue  entre  Myrdin  et 
(f  Gwendyd  sa  sœur  »  '.  On  y  est  arrivé  par  des  procédés  étymologiques 
qui  valent  le  procédé  chronologique  dont  nous  venons  de  parler.  Treize  fois 
Gwendyd  appelle  son  interlocuteur  «  frère  »,  hraut,  en  accompagnant  ce 
substantif  d'épithètes  variées  ;  une  fois,  chose  à  remarquer,  cette  épithète 
est  un  «  unique  ».  Gwendvd  dit:  «  unique  frère  »  :  un  braitt^.  Quinze  fois 
elle  remplace  le  mot  hraut  «  frère  »,  par  un  équivalent:  Ihilhnuc,  dérivé  de 
llall  «  autre  »,  et  qui  semble  être  un  synonyme  affectueux  de  llall.  «  Je  suis 
l'une,  tu  es  l'autre  »,  semble  dire  la  sœur  à  son  unique  frère.  Une  fois 
Gwendyd  emploie  un  diminutif  de  llallanv,  c'est  Uallogan  qui,  prétend-on, 
signifierait  «  frère  jumeau  »  et  serait  le  même  mot  que  Lailocen  ou  Laloe- 
cen 5.  Owen  Pughe,  dont  le  dictionnaire  gallois  date  de  1803,  traduit  Ua- 
llaïuc et  Uallogan  par  twin,  cest-à-dire  «  jumeau  »,  mais  c'est  sous  forme  de 
sens  dérivé  : 

Llallawg.  Seing  other  ;  beingfellow,  or  accompanying  part...  Another 
that  accompanies,  another  that  is  twin. 

Llallogan.  . .  Another  that  accompanies,  afellowor  comrade,  a  twin. 

Twin  «  jumeau  »  est  une  signification  arbitraire  comme  le  dit  avec  raison 
M.  Ward.  Davies,  dans  son  Dictionariuin  britannico-latinum,  1632,  laisse 
Uallogan  sans  traduction  et  propose  à  titre  d'hypothèse  honor  pour  traduc- 
tion de  Llallawg.  Llallogan  et  Lailoken  ou  Laloecen  ne  sont  pas  phonéti- 
quement le  même  mot  ;  et  la  traduction  de  Uallawc  et  llallogan  par  hvin- 


1 .  Voir  le  texte  chez  Skene,  The  four  ancicnt  Books  of  Wales,  t.  II, 
p.  218-333  '■>  ^^  traduction,  ibid.,  t.  I,  p.  462-478. 

2.  Strophe  123,  t.  II,  p.  232,  la  dernière  ligne  de  la  page  ;  cf.  t.  I,  p.  476. 

3.  Kyvarchaf  ym  llallogan  «  je  demanderai  à  mon  llallogan  »,  strophe  3, 
t.  II,  p.  218;  comparez  la  formule  plusieurs  fois  répétée  Kyvarchaf  )'tn  clotlav 
llallaivc  «  je  demanderai  à  mon  illustre  lion  llallaivc. 


242  Périodiques. 

hrotber  «  frère  jumeau  »  est  très  hypothétique,  quoique  Skene  l'ait  adoptée. 
Le  mot  gallois  pour  «  jumeau  »  est  gefel  =  gemellus  ',  au  pluriel  gefelliaid^. 
Du  reste,  la  question  de  savoir  si  Uallogan  veut  dire  «  jumeau  »  n'a 
qu'une  importance  secondaire.  Ce  qui  est  surtout  à  faire  remarquer,  c'est 
que  le  nom  propre  Laloeken  ou  Lailocen  étant  un  mot  différent  de  Llallo- 
gan  ne  peut  servir  de  trait  d'union  entre  la  légende  du  fou  connu  par  saint 
Kentigern  et  le  poème  prophétique  intitulé  «  Dialogue  entre  Myrdin  et 
Gwendyd  sa  sœur  »,  Kyvocssi  Myrdin  a  Gzvendyd  y  chivaer. 

V. 

The  Academy.  Janvier,  février  et  mars  1894.  Nous  avons  parlé,  p.  145, 
d'une  note  de  M.  E.  W.  B.  Nicholson  sur  les  inscriptions  qu'il  appelle 
pietés  du  Nord,  et  qu'il  prétend  traduire  et  expliquer. 

Après  avoir  entamé  ce  difficile  sujet  dans  le  numéro  du  1 1  novembre  der- 
nier, p.  415,  416,  il  a  continué  à  s'en  occuper  dans  les  numéros  du  6  jan- 
vier, p.  13-15,  du  27  du  même  mois,  p.  81-82,  et  du  31  mars,  p.  269-270. 
Il  a  trouvé, de  très  sérieux  contradicteurs  dans  les  personnes  de  MM.  A.-L. 
Mayhew  et  Gilbert  Goudie,  numéro  de  janvier,  p.  58-59.  M.  Mayhew  a 
même  écrit  une  seconde  attaque  dans  le  numéro  du  3  février,  p.  105-106. 
Signalons  enfin  l'intervention  du  comte  de  Southesk  qui,  dans  les  numéros 
du  8  février,  p.  103,  et  du  17  mars,  p.  229-230,  traite  la  question  de  savoir 
quelle  est  la  valeur  du  signe  ogamique  X.  M.  Nicholson,  qui  paraît  avoir 
décidément  la  main  heureuse,  non  seulement  comprend  les  difficiles  inscrip- 
tions dont  il  s'occupe,  mais  a  découvert  un  ouvrage  inédit  de  saint  Adam- 
nan,  et  il  expose  sa  trouvaille  dans  le  numéro  du  10  mars,  p.  210-21 1 .  Cf. 
le  numéro  du  17  mars,  p.  229. 

Une  note  sur  la  valeur  de  laquelle  il  nous  est  plus  facile  de  nous  former 
une  opinion  est  celle  de  M.  Whitley  Stokessur  une  ancienne  posture  dans  la 
prière.  Cette  posture  consistait  à  se  tenir  les  bras  tendus  en  croix.  D'un  texte 
d'Eusèbe,  Histoire  ecclésiastique,  1.  VIII,  c.  7,  le  savant  celtiste  rapproche 
plusieurs  textes  irlandais,  dont  le  plus  ancien  paléographiquement  parlant 
nous  est  offert  par  le  folio  138  a,  glose  2  du  célèbre  manuscrit  de  Milan, 
édition  Ascoli,  p.  575.  La  posture  en  question  y  est  désignée  par  l'expres- 
sion cros-figdl,  qui  serait  en  latin  crucis  vigilia,  veille  de  la  croix.  Cf.  Win- 
disch,  Irische  Texte,  t.  I,  p.  548,  au  mot  Jigell. 

VL 

LiTERATURBLATT      FUR     GERMANISCHE      UND     ROMANISCHE   [PHILOLOGIE, 

XVe  année,  1894.  —  M.  H.  Schuchardt,  rendant  compte  de  deux  savants 
mémoires  de  notre  confrère,  M.  John  Rhys,  publiés  l'un  dans  la  Scottish  Re- 


1 .  Loth,  Les  mots  latins  dans  les  langues  hrittoniques,  p.  173. 

2.  Traduction  galloise  delà  Genèse,  XXV,  24;  XXXVIII,  27. 


Périodiques.  245 

t'/Vu' d'avril  1890  à  juillet  1891,  l'autre  dans  les  Proceediiigsàe  la  Société  des 
Antiquaires  d'Ecosse,  t.  XXVI,  p.  263-351,  paraît  considérer  comme  préma- 
turés les  rapprochements  que  proposent  entre  le  basque  et  d'autres  langues 
quelques  érudits  d'ailleurs  fort  distingués  qui,  dominés,  croit-il,  par  le  désir 
si  légitime  de  faire  des  découvertes  historiques,  cessent  d'appliquer  la  mé- 
thode scientifique  avec  le  calme  et  la  prudence  auxquels  nous  ont  habitués 
tous  leurs  autres  écrits.  Cf.  Revue  Celtique,  t.  XIV,  p.  215-55). 

Je  regrette  vivement  l'oubli  qui  m'a  empêché  de  mentionner  l'année 
dernière  dans  la  Revue  Celtique  l'instructive  étude  publiée  par  le  même 
M.  Schuchardt  dans  le  Literaturblatt fiïr germanischeund  romanische philologie, 
XlVe  année,  1893,  p.  94-105,  sur  l'utile  et  savant  ouvrage  de  M.  Loth, 
Les  Mots  latins  dans  les  langues  brittoniques.  Depuis  M.  Loth,  M.  Schuchardt 
est  le  linguiste  qui  a  le  plus  complètement  traité  cet  intéressant  sujet. 

VIL 

The  Jourxal  of  the  roy.\l  Society  of  Anticluaries  of  Ireland, 
5e  série,  vol.  IV,  1894.  —  P.  45-46.  Description  par  M.  William  Gray 
d'un  souterrain  artificiel  entre  l'église  de  Tyrella  et  le  château  de  Rathmullan, 
comté  de  Down.  Une  galerie  haute  de  six  pieds  anglais,  large  de  trois, 
longue  de  près  de  cent  et  subdivisée  par  des  cloisons  en  trois  chambres 
longues  de  seize,  trente-trois,  quarante-deux  pieds  et  demi,  mène  à  une 
chambre  perpendiculaire  à  cette  galerie.  Cette  chambre,  haute  de  six  pieds 
comme  la  galerie,  a  quatorze  pieds  de  long  et  cinq  de  large.  L'article  ne 
donne  aucune  indication  sur  la  sépulture  que  cette  chambre  a  dû  contenir. 

P.  54-64.  Etude  par  M.  W.-F.  Wakeman  sur  une  tombelle  située  à  Old- 
Connaught,  près  de  Bray,  comté  de  Dublin,  et  qui  couvrait  une  sépulture 
par  inhumation. 

VIII. 

Revue  archéologiciue.  —  Ce  périodique  contient,  t.  XXI,  p.  253,  389, 
et  XXII,  p.  390  (1893),  la  Rrvue  des  publications  êpigraphiques  relatives  à  l'an- 
tiquité classique,  par  M.  R.  Cagnat,  132  numéros.  Il  s'y  trouve  quelques 
noms  gaulois  intéressants,  tel  est  no  31,  Moritex,  cognomen  dans  une  ins- 
cription de  Cologne;  signalons  aussi  à  Bonn  l'épitaphe  n"  33,  du  cavalier 
Rectugenus  Magilonis  f[ilius]  Segontilie[n]ses  (sic)  ;  à  Lanchester,  une  dé- 
dicace Jf^if  Garniangabi,  n°  96.  La  Revue  des  publications  êpigraphiques  écrite 
par  M.  Cagnat  est  insérée  depuis  plusieurs  années  dans  la  Revue  archéolo- 
logique.  Il  y  en  a  un  tirage  à  part. 

IX. 

Neufs  Archiv  der  Gesellschaft  fur  aeltfre  Geschichtskunde, 
t.  XIX  (1894),  p.  436-443.  —  M.  Zimmer  expose  que  le  Psautier  de  Cas- 
sel,  aujourd'hui  perdu,  a  été  écrit  sous  le  règne  de  Brian  Borunia,  roi  su- 


244  Périodiques. 

prême  d'Irlande,  1002-1014,  qu'il  contenait  entre  autres  documents  une 
chronique  attribuée  à  Cormac  mac  Cuilennain,  évêque  de  Munster,  mort 
en  905.  Or,  dans  l'histoire  d'Irlande  de  Keating,  1629,  il  5'  a,  dit  M.  Zim- 
mer,  deux  citations  du  Psautier  de  Cassel,  qui  s'accordent  exactement  avec 
Nennius;  l'une  de  ces  citations  concerne  le  me&rtre  des  gouverneurs  ro- 
mains commis  trois  fois  par  les  Bretons  (Nennius,  éd.  San  Marte,  §  30),  et 
dans  cette  citation  l'autorité  de  Cormac  est  invoquée.  L'autre  citation  a 
pour  objet  la  colonisation  de  l'Irlande  par  le  légendaire  Partholon  {ibid., 
§  13);  et  dans  cette  seconde  citation  Nennius  est  nommé  comme  source 
originale.  Donc,  Cormac,  mort  en  903,  a  connu  Nennius.  Ainsi  raisonne 
M.  Zimmer.  Mais  la  seconde  citation,  celle  qui  renvoie  à  Nennius,  ne  dit 
pas  que  le  passage  de  Nennius  se  trouve  dans  la  chronique  de  Cormac;  la 
source  que  cette  citation  indique  est  Nennius  dans  le  Psautier  de  Cassel,  or 
le  Psautier  de  Cassel  ne  contenait  pas  seulement  la  chronique  de  Cormac. 
Donc  nous  ignorons  si  le  passage  de  Nennius  cité  par  Keating  d'après  le 
Psautier  de  Cassel  a  été  emprunté  à  la  chronique  de  Cormac.  Il  n'est  par 
conséquent  pas  prouvé  que  Cormac,  mort  en  903,  ait  connu  Nennius;  la 
chose  est  simplement  possible,  comme  tant  d'autres  que  M.  Zimmer  croit 
et  expose  savamment,  mais  que  nous  ne  sommes  pas  toujours  obligés  de 
croire  avec  lui. 

Paris,  le  24  avril  1894. 

H.  d'ArbOIS  DE  JUBAINVILLE. 


ERRATUM 


Au  bas  de  la  page  173,  ajoutez  le  nom  de  l'auteur  de  l'index:  P.  Le 
Nestour. 


Le.  Propriétaire-Gérant  :  Veuve  E.  BOUILLON. 


Chartres.  —  Imprimerie  Durand. 


VIE     DE     SAINT    GUÉNOLÉ 

MYSTÈRE  BRETON  EN  DEUX  JOURNEES  ET  Q.UATRE  ACTES 


La  Rédaction  de  la  Revue  Celtique  doit  à  une  gracieuse  atten- 
tion de  M.  l'abbé  Bernard,  recteur  de  Kerglof  (Finistère),  les 
manuscrits  de  M.  E.  Bernard,  ancien  vicaire  général  de 
Quimper,  mort  récemment,  dont  le  zèle  pour  les  études  cel- 
tiques était  si  connu  et  si  appréciée 

Parmi  ces  manuscrits  se  trouve  la  copie  d'un  mystère,  ou, 
pour  lui  donner  son  titre  exact,  d'une  «  Vie  de  saint  GuénoJé  » 
en  vers  bretons.  L'original  est  à  la  Bibliothèque  Nationale, 
fonds  celtique,  collection  Penguern,  n°  97.  M.  de  la  Ville- 
marqué-  et  M.  Ernault3  ont  déjà  attiré  l'attention  sur  une 
Vie  de  saint  Guénolé  en  vers,  qui  remonterait  au  moins  à  la 
seconde  moitié  du  xv!*"  siècle  et  dont  Le  Pelletier  a  tiré  parti 
pour  son  dictionnaire  breton-français.  En  1889,  M.  Luzel  a, 
de  son  côté,  publié  une  «  Vie  de  saint  Guénolé  »  qui  offre 
avec  la  nôtre  de  si  grandes  ressemblances  qu'il  n'est  pas  dou- 
teux que  l'auteur  de  l'une  n'ait  eu  l'autre  sous  les  yeux. 

Le  Mystère  de  saint  Guénolé  que  possède  la  Bibliothèque 
Nationale  est  divisé  en  deux  journées  de  deux  actes  chacune, 
avec  prologue  pour  tous  les  actes  et  épilogue  après  chaque 
journée.  Il  est  écrit  en  vers  alexandrins  entre  lesquels  sont  in- 
tercalées quelques  tirades  en  vers  de  huit  syllabes. 

1 .  Revue  Celtique,  t.  IX-XI. 

2.  Bulletin  delà  Société  archéologique  du  Finistère,  t.  XV,  1888. 

3 .  Dictionnaire  moyen-breton  public  à  la  suite  de  son  Mystère  de  sainte 
Barbe,  Paris,  Thorin,  1888. 

Revue  Celtique,  XV.  17 


246  p.  Le  Neslonr. 

Il  ne  faudrait  pas  chercher  dans  cette  œuvre  de  savants  pro- 
cédés de  composition.  Le  poète  qui  l'a  écrite  n'avait  qu'une 
assez  vague  idée  des  exigences  de  l'art  dramatique.  Les  traits 
de  ses  personnages  ne  sont  qu'ébauchés,  l'attitude  est  le  plus 
souvent  raide  et  sans  grâce.  La  pièce  n'a  pas  d'intrigue.  L'au- 
teur s'est  contenté  de  prendre  Guénolé  avant  sa  naissance  et 
de  le  conduire  jusqu'à  sa  mort,  suivant,  en  historien  fidèle,  le 
récit  le  plus  autorisé  et  quasi-otficiel  de  la  vie  du  saint,  celui 
que  nous  a  conservé  le  cartulaire  de  Landévennec. 

Toute  préoccupation  artistique  semble  donc  avoir  été  étran- 
gère à  notre  poète.  Il  a  d'ailleurs  conscience  de  son  inexpé- 
rience et  s'en  excuse  au  début  de  son  œuvre  :  il  n'a  songé 
qu'à  glorifier  Dieu  et  à  édifier  ses  auditeurs.  «  Ecoutez-moi  avec 
«  patience,  leur  dit-il  dans  son  premier  prologue  ;  le  profit 
«  en  sera  pour  vous,  et  non  pour  nous.  »  Ce  qui  domine 
dans  la  pièce,  c'est  donc  le  sentiment  religieux,  et  ce  désir  du 
poète  de  contribuer  au  salut  des  spectateurs  en  soumettant  à 
leurs  méditations  pieuses  la  vie  d'un  homme  qui  fiit  un  modèle 
de  toutes  les  vertus.  Dès  les  premiers  vers  on  sent  qut  le  mys- 
tère est  l'œuvre  d'un  croyant,  d'un  de  ces  Bretons  des  vieux 
temps  à  la  foi  profonde  et  sereine  comme  celle  des  premiers 
chrétiens.  Mais  dans  cette  foi  naïve,  dans  cette  confiance  iné- 
branlable en  la  bonté  de  Dieu,  notre  poète  a  puisé  souvent  des 
accents  d'une  touchante  simplicité. 

Le  début  de  la  pièce  nous  transporte  en  Grande-Bretagne, 
au  miheu  d'un  peuple  que  le  bien-être  et  les  jouissances  maté- 
rielles ont  jeté  dans  la  discorde  et  le  crime.  Tout  dans  l'île 
n'est  plus  que  pillage,  viol,  massacre.  Seule,  une  famille  s'est 
conservée  pure  au  milieu  de  cette  corruption  :  c'est  celle  de 
Fragan.  Dieu  se  décide  à  punir  d'une  façon  terrible  tant  de 
forfaits.  Mais  il  ne  veut  pas  frapper  les  innocents  en  même 
temps  que  les  coupables.  Il  ordonne  à  Fragan  de  fuir  au  plus 
vite  avec  tous  les  siens  ce  peuple  criminel  sur  lequel  son  bras 
va  s'appesantir,  et  pour  le  consoler  de  la  perte  de  ses  terres  et 
de  ses  trésors,  il  lui  fiiit  annoncer  par  son  ange  la  naissance 
d'un  fils  qui  sera  l'orgueil  de  son  père  et  la  gloire  du  nom 
chrétien. 

«  Pars  soudain,  mon  ange  blanc,  descends  en  toute  liberté 


vie  de  saint  Guénolé.  247 

«  sur  la  terre,  jusqu'à  Fragan,  qui  est  nuit  et  jour  dans  la 
«  peine.  Hâte-toi  d'aller  le  saluer  ;  que  son  esprit  se  réjouisse. 
«  Dis-lui  de  partir  en  toute  hâte  pour  l'Armorique.  » 

Le  premier  ange  entre  et  dit  sur  l'air  du  Vexilla. 
Fragan  entre 

«  Fragan,  que  ton  cœur  se  réjouisse  !  Voici  les  ordres  de 
«  Dieu,  roi  du  ciel.  Pars,  quitte  ce  pays.  Un  grand  miracle 
«  arrivera  :  ta  femme  mettra  au  monde  un  fils  qui  s'appellera 
«  Guénolé  ;  fils  heureux  et  béni,  chéri  de  Dieu,  créateur  du 
«  monde » 

Fragan  fait  voile  aussitôt  pour  l'Armorique  et  débarque  à 
l'île  de  Bréhat.  II  y  trouve  son  cousin  Grallon,  souverain  de 
Petite-Bretagne,  qui,  prévenu  de  son  arrivée,  est  accouru  en 
toute  hâte  pour  lui  souhaiter  la  bienvenue  et  l'assurer  de  sa 
royale  protection. 

«  Mon  cher  cousin  Fragan,  dit  le  roi,  venez  ici,  débarquez. 
«  Prenez  garde  de  vous  blesser  aux  rochers.  Vous,  sa  femme 
«  et  ses  enfants,  descendez  à  terre,  car  le  roi  Grallon  assuré- 
«  ment  vous  aime.  » 

Puis,  ému  au  récit  des  malheurs  du  fugitif: 

«  Courage,  mon  cher  cousin,  dit-il,  réconfortez- vous.  Suivez 
«  toujours  le  chemin  de  la  patience.  Et  vous,  aussi,  Alba, 
«  ainsi  que  vous,  enfants,  prenez  courage.  Il  est  toujours  ex- 
ce  cellent  d'avoir  confiance  en  Dieu.  Je  vous  donnerai  un  bel 
«  emplacement  à  l'endroit  convenu.  Il  sera  exempt  de  toute 
«  redevance,  comme  je  l'ai  ordonné.  Voici  des  prairies,  de  la 
«  terre  et  de  grands  bois,  des  maisons  (?)  et  des  fontaines.  » 

Puis  le  roi  proclame  Fragan  gouverneur  du  pays  et  retourne 
à  h,  sa  capitale. 

Ce  récit  fait  assez  voir  combien  notre  auteur  connaissait 
mal  son  histoire  de  Bretagne.  Mais  qu'importe  après  tout 
qu'il  n'ait  pas  su  l'histoire!  Nous  excusons  nos  plus  grands 
poètes  tragiques  de  l'avoir  volontairement  oubliée  ;  serions- 
nous  plus  exigeants  pour  l'humble  auteur  de  mystère  ? 

Voilà  donc  Fragan  en  possession  de  ses  nouveaux  domaines 
et  d'une  dignité  à  laquelle  il  n'aurait  pas  osé  prétendre.  Un 
dernier  événement  vient  le  consoler  de  son  exil  :  c'est  la  nais- 
sance du  fils  que  Dieu  lui  avait  promis  et  qu'il  attendait  im- 


24^  p.  Le  Nestour. 

patiemment.  Dès  lors  le  nouveau-né  va  occuper  à  lui  seul 
toute  la  scène.  A  peine  est-il  baptisé  que  l'Enfer  tout  entier 
s'agite.  Satan,  qui  «  frémit  de  colère  »  en  songeant  que  cet 
enfant  sera  pour  lui  un  ennemi  redoutable,  assemble  ses  dé- 
mons pour  conjurer  avec  eux  le  péril  dont  il  est  menacé  : 

«  A  moi,  démons  !  s'écrie-t-il.  Venez  deux,  trois,  quatre  ! 
«  Je  suis  fou  de  colère...  Que  sur  tous  les  chemins  courent 
«  des  démons,  ennemis  de  Dieu.  Je  suis  le  vieux  Satan,  plein 
«  de  malice  (?),  votre  roi.  Apprenez  bien  de  moi  avec  hon- 
«  neur  votre  Maledicite  et  votre  Coiifiteor.  » 

Et  il  récite  à  ses  démons,  dans  un  latin  macaronique  des 
plus  amusants,  un  credo  sacrilège  sur  lequel  il  compte  beau- 
coup pour  combattre  l'influence  de  Guénolé. 

C'est  une  scène  fort  curieuse  que  celle  de  cette  infernale  as- 
semblée. On  y  trouve  pêle-mêle  des  allégories  et  des  tirades 
de  satire  sociale  qui  rappellent  la  manière  du  Moyen-Age.  Le 
style  et  la  versification  de  ce  morceau  portent  également  la 
marque  d'une  époque  reculée.  Aussi  ne  serions-nous  pas  loin 
de  penser  que  cette  scène  est  plus  ancienne  que  le  reste  du 
poème,  empruntée  peut-être  à  la  Fie  de  saint  Guénolé  dont 
Le  Pelletier  possédait  un  exemplaire.  Nous  ne  nous  y  arrêtons 
pas  :  on  la  retrouve  dans  le  Mystère  publié  par  M.  Luzel, 
avec  cette  différence  que  dans  ce  dernier  ouvrage  le  style  et  la 
versification  ont  été  complètement  rajeunis. 

La  lutte  s'engage  donc  dès  la  naissance  de  Guénolé  entre 
l'Enfer  et  lui,  lutte  sans  merci,  qui  se  prolongera  jusqu'à  la 
mort  du  saint,  mais  dont  celui-ci  sortira  vainqueur,  grâce  à 
sa  piété  et  à  sa  fermeté  d'âme.  La  protection  divine  ne  lui  fait 
d'ailleurs  jamais  défont.  L'enfant  n'a  pas  encore  quitté  l'école 
que  Dieu  a  déjà  fait  pour  lui  un  premier  miracle. 

Fragan  avait  rêvé  de  faire  de  son  fils  un  chevalier  vaillant  et 
redouté,  le  «  champion  à  la  guerre  «  de  toute  la  Bretagne. 
Mais  Dieu,  qui  avait  d'autres  vues  sur  Guénolé,  ordonna  à 
Fragan  de  confier  l'éducation  de  son  fils  au  saint  homme 
Budoc,  dont  l'école  était  alors  en  grand  renom.  Un  jour  que 
Budoc  s'était  retiré  dans  la  solitude  pour  y  prier,  deux  de  ses 
élèves,  vrais  Bretons  indisciplinés  et  batailleurs,  se  prirent  à 
lutter,  malgré  la  défense  de  leur  maître.  Leur  désobéissance 


Vie  de  saint  Guénolc.  249 

devait  être  cruellement  punie  :  au  plus  fort  de  la  lutte,  l'un 
d'eux  tomba  si  malheureusement  qu'il  se  brisa  la  jambe.  Hur- 
lements de  douleur  du  blessé,  désespoir  de  ses  camarades,  qui 
redoutent  le  «  fouet  »  de  Budoc.  Mais  Guénolé  -est  là  qui  les 
rassure  :  «  Priez  Dieu  et  la  Vierge,  leur  dit-il,  et  ne  voyez 
pas  plus  loin.  »  Puis,  se  jetant  à  genoux  : 

«  Seigneur  Dieu,  s'écrie-t-il,  vous  avez  créé  tout  ce  qu'il  y  a 
«  en  ce  monde,  vous  avez  souffert  les  plus  grands  maux  pour 
«  racheter  les  pécheurs  par  votre  passion  et  votre  mort.  Votre 
«  amour  a  été  grand  pour  notre  rédemption.  Faites  marcher 
«  ce  malheureux,  qui  est  infirme,  hélas  !  Par  les  mérites  de 
«  votre  mort.  Dieu  puissant,  nous  vous  en  supplions.  Prenez 
«  pitié  de  nous  et  exaucez  notre  prière.  Grands  et  petits,  nous 
«  vous  le  demandons,  ô  Dieu  souverain.  »  Puis  se  tournant 
vers  le  blessé  :  «  Donne-moi  ta  main  gauche  et  lève-toi.  Au 
nom  du  Père,  du  Fils  et  de  lEsprit  Saint,  lève-toi,  viens.  » 

Et  le  blessé  se  lève  et  marche. 

Ainsi  commence  toute  une  série  de  miracles  sur  lesquels 
nous  nous  en  voudrions  d'insister.  Le  récit  en  deviendrait  ra- 
pidement fastidieux.  On  les  trouve  d'ailleurs  racontés  tout  au 
long  dans  la  Vie  de  saint  Guénolé  que  nous  a  transmise  le 
cartulaire  de  Landévennec. 

Notre  auteur  a  bien  senti  qu'une  succession  ininterrompue 
de  miracles  renouvelés  des  Evangiles,  guérisons  d'aveugles,  de 
paralytiques,  résurrections  de  morts,  ne  tarderait  pas  à  pa- 
raître monotone.  Il  a  compris  qu'il  lui  fallait  jeter  un  peu  de 
variété  dans  cette  partie  de  sa  pièce,  et  cette  variété  il  l'a  de- 
mandée à  quelques  scènes  comiques,  à  des  apparitions  de  dé- 
mons, enfin  au  récit  du  sacre  de  Guénolé  et  de  la  fondation 
de  son  abbaye  à  Landévennec.  Nous  n'oserions  prétendre 
qu'il  ait  toujours  atteint  le  but  qu'il  se  proposait.  Malgré  tous 
les  efforts  du  poète,  cette  partie  du  mystère  risquerait  d'être 
trouvée  bien  longue  par  des  lecteurs  modernes.  Ils  n'en  ju- 
geaient peut-être  pas  ainsi  les  spectateurs  simples  et  croyants 
devant  qui  fut  représentée  cette  Fie  de  saint  Guénolé.  Ils  du- 
rent, bien  au  contraire,  se  complaire  grandement  au  spectacle 
de  toutes  ces  pieuses  merveilles. 

Hâtons-nous  d'ajouter  que,  malgré  bien  des  longueurs,  se 


250  p.  Le  Nestoiir. 

dégage  même  aujourd'hui  de  ces  peintures  naïves  d'une  fer- 
veur d'un  autre  âge  je  ne  sais  quelle  impression  de  grandeur 
qui  nous  charme  encore.  La  figure  de  ce  saint,  qui  passe  à 
travers  le  monde  en  faisant  bénir  partout  le  nom  de  Dieu,  est 
belle  malgré  son  uniforme  simplicité.  Elle  l'est  à  la  façon  de 
ces  images  pieuses  du  Moyen-Age,  si  majestueuses  dans  leur 
extatique  raideur. 

Qu'on  se  rassure  d'ailleurs  :  si  toute  cette  première  journée 
de  notre  mystère  manque  un  peu  de  mouvement  et  de  vie, 
on  n'en  saurait  dire  autant  de  la  seconde.  Le  poète  a  fermé 
pendant  quelque  temps  le  cartulaire  de  Landévennec  qu'il 
avait  eu  jusque-là  sous  les  yeux,  et  ne  s'est  plus  inspiré  que 
de  sa  propre  imagination. 

Dans  la  première  partie  de  son  œuvre  il  avait  tout  sacrifié  à 
sa  piété  et  à  celle  de  son  public.  Mais  si  le  sentiment  religieux 
tient  une  grande  place  dans  l'âme  bretonne,  il  ne  l'occupe  pas 
tout  entière.  Le  Breton  naît  batailleur  ;  il  a  la  passion  des 
combats.  Aujourd'hui  encore  il  n'est  guère  de  grand  pardon 
qui  ne  se  termine  par  des  mêlées  sanglantes,  et  plus  d'un  pè- 
lerin s'en  retourne  chez  lui  les  membres  brisés  ou  la  tète 
fendue.  La  seconde  journée  de  notre  mystère  était  bien  faite 
assurément  pour  plaire  à  ces  Bretons  querelleurs.  On  n'y 
entend  guère  parler  que  de  luttes  et  de  massacres.  Deux 
armées  s'y  livrent  sous  les  yeux  des  spectateurs  une  bataille 
digne  des  temps  épiques.  Seule  la  grande  figure  de  Guénolé  se 
dresse  tranquille  et  sereine  au-dessus  de  cette  scène  agitée. 
C'est  elle  qui  ramène  le  calme  après  ces  tempêtes  et  qui  rend  à 
la  fin  du  Mystère  ce  caractère  religieux  qu'elle  avait  déjà  donné 
à  la  première  journée. 

«  Je  suis  un  roi  généreux,  opulent,  redouté  dans  toutes  les 
(c  provinces  qui  sont  au  monde  en  long  et  en  large.  Grâce  à 
«  ma  vaillance  et  à  mon  cœur  partout  on  tremble  devant 
«  moi.  Je  suis  le  roi  de  Barbarie.  Il  n'est  pas  de  royaume 
«  aussi  beau  que  le  mien  ni  aussi  bien  pourvu  en  guerriers 
«  vaillants.  On  ne  trouverait  pas  sous  les  astres  du  ciel  un 
«  honmie  assez  audacieux  pour  me  résister.  J'ai  des  princes 
«  valeureux  qui  sont  toujours  à  mes  ordres,  des  soldats  coura- 
«  geux  et  de  nombreux  capitaines.  » 


Vie  de  saint  Guénolé.  2  5 1 

C'est  ainsi  que  se  présente  le  «  Roi  barbare  »  dont  notre  au- 
teur a  oublié  de  nous  donner  le  nom.  Ce  redoutable  person- 
nage déclare  que,  lassé  de  voir  ses  dieux  reniés  et  maudits  par 
les  Chrétiens,  il  veut  exterminer  les  ennemis  de  sa  foi.  Le 
conseil  en  est  pris  :  il  va  foire  la  guerre  à  Grallon.  Il  ordonne 
à  ses  vassaux  de  se  rassembler  en  armes  sous  sa  bannière. 
Tous,  depuis  le  connétable  jusqu'au  dernier  soldat,  lui  prêtent 
serment  de  fidélité  et  jurent  de  détruire  la  race  maudite  des 
Bretons  chrétiens.  On  envoie  un  messager  à  Grallon  pour  le 
défier,  lui  et  ses  sujets. 

<f  Grallon^  roi  des  Bretons,  dit  le  héraut,  je  suis  envoyé  ici 
«  par  les  gens  de  Normandie^  pour  vous  défier.  Mettez-vous, 
«  si  vous  le  voulez:,  en  ordre  de  combat.  Cinq  ducs,  cent 
«  comtes  vaillants  et  nombre  de  soldats  sans  tarder  longtemps 
«  viendront  ici  vous  voir.  Toute  votre  puissance  ne  peut  rien 
«  contre  eux:  il  vous  foudra  vous  rendre.  Ils  sont  cent  mille 
«  soldats  en  armes.  Prenez  garde  :  ils  sont  grandement  irri- 
te tés.  »  —  «  Dis  au  chien  sans  baptême,  réplique  fièrement 
«  Grallon,  que  je  lui  réponds  sans  peur.  Je  le  défie  hardi- 
«   ment  et  ne  le  crains  pas.  » 

Puis,  sans  perdre  de  temps,  il  mande  son  «  cousin  bien- 
aimé  »  Fragan,  gouverneur  de  Léon,  auquel  il  confie  le  com- 
mandement de  son  armée.  Fragan  assemble  la  noblesse  bre- 
tonne. Celle-ci  n'est  pas  médiocrement  effrayée  en  songeant 
qu'il  lui  va  folloir  combattre  de  si  redoutables  ennemis.  Mais 
Guénolé  paraît  et  sa  présence  raffermit  les  courages  ébranlés. 
Il  exhorte  les  siens  à  la  vaillance  et  leur  indique  les  dispositions 
à  prendre  pour  le  combat.  «  Les  Barbares,  dit-il,  viendront  par 
«  mer.  Laissez-les  débarquer  et  choisir  leurs  positions  de  ba- 
«  taille.  Puis,  au  nom  de  Jésus,  courez  tous  sur  eux  pour  les 
«  détruire.  » 

Les  Païens  débarquent,  en  effet,  plus  fiers  et  plus  résolus 
que  jamais.  Les  deux  armées  vont  en  venir  aux  mains.  Mais 
avant  le  moment  fotal  Guénolé  est  encore  là.  Il  adresse  aux 


I .  Les  Païens,  on  le  voit,  sont  des  Normands.  Il  semble  que  l'auteur  de 
notre  mystère  ait  eu  connaissance  de  l'invasion  normande  qui,  au  xi*"  siècle, 
compromit  l'existence  même  de  la  Bretagne. 


2^2  P.  Le  Nestour. 

siens  les  derniers  encouragements,  et  à  Dieu  une  suprême 
prière  au  nom  de  toute  l'armée  chrétienne  à  genoux  sur  le 
champ  de  bataille. 

«  Marchez  hardiment,  gens  vaillants,  s'écrie  le  saint.  Ayez 
«  confiance  en  Dieu...  Vous  triompherez,  croyez-moi,  au  nom 
«  du  Roi  du  Ciel.  Jetez-vous  tous  à  genoux;  que  chacun  fasse 
«  sa  prière.  De  mon  côté,  je  prierai  Jésus,  notre  capitaine.  » 
Ils  se  mettent  tous  à  genoux.  Guénolé  continue: 

«  Seigneur,  qui  avez  créé  le  monde,  aujourd'hui  écoutez  nos 
«  prières,  par  amour  pour  votre  peuple,  que  vous  avez  racheté 
«  de  votre  sang  et  de  vos  souffrances.  O  Dieu  souverain, 
«  exaucez  Guénolé,  qui  vous  implore  pour  vos  enfants.  Hélas! 
«  Seigneur,  voici  les  Bretons  en  danger  de  mort.  Abaissez  les 
«  yeux  sur  eux  pour  leur  donner  la  victoire  et  les  fortifier  dans 
«  votre  foi.  Mon  Dieu,  mon  Jésus,  donnez-nous  la  force  et  le 
«  courage  de  fouler  aux  pieds  les  idoles  pour  que  l'on  vous 
«  rende  toute  la  gloire,  tout  le  respect  et  tout  l'honneur  qui 
«  sont  dus  au  Créateur  du  ciel  et  de  la  terre.  » 

N'est-ce  pas  un  beau  spectacle  que  celui  de  toute  cette 
armée  â  genoux  sur  le  champ  de  bataille,  implorant  le  Dieu 
pour  lequel  elle  va  verser  son  sang  ?  Toute  cette  scène  fait 
songer  à  certains  des  plus  beaux  morceaux  de  nos  vieilles 
chansons  de  gestes.  Ces  guerriers  bretons  rappellent  étran- 
gement les  vingt  mille  braves  qui  entourent  Roland  à  Ron- 
cevaux  et  qui  luttent,  eux  aussi,  contre  les  Païens,  toujours 
plus  nombreux  et  plus  forts.  Mais,  plus  heureux  que  les  che- 
valiers Français,  les  héros  Bretons  verront  leur  foi  et  leur 
vaillance  récompensées  par  la  victoire.  La  bataille  se  livre 
bientôt,  en  effet  ;  les  Barbares  sont  exterminés  malgré  leur 
nombre  et  leur  audace.  Les  Bretons,  à  genoux,  entonnent  un 
Te  Deiim  de  reconnaissance  au  milieu  des  cadavres  de  leurs 
ennemis,  et  le  premier  acte  de  la  seconde  journée  se  termine 
sur  ce  triomphe  de  la  valeur  et  de  la  foi  bretonnes. 

Au  début  du  second  acte  de  la  deuxième  journée,  nous 
sommes  à  Is,  la  capitale  du  roi  Grallon.  Celui-ci,  à  la  nou- 
velle de  la  victoire,  mande  en  toute  hâte  Fragan  et  Guénolé, 
et  pour  leur  témoigner  sa  reconnaissance,  il  leur  offre  des  ri- 
chesses et  des  titres  de  noblesse.  Mais  Guénolé  refuse  tous  ces 


vie  de  saint  Guénolé.  255 

honneurs.  Il  fait  fi  des  richesses  et  n'a  d'amour  que  pour  Dieu. 
C'est  la  passion  des  biens  terrestres  qui  a  fait  de  Grallon  un  roi 
impie  et  de  son  peuple  d'Isun  peuple  criminel.  Puisse  le  roi  ne 
pas  marcher  plus  longtemps  sur  le  «  chemin  de  l'Enfer  »  ! 
Grallon,  touché  des  conseils  de  son  neveu,  promet  de  prendre 
une  voie  meilleure  et  prie  Guénolé  d'aller  prêcher  son  peuple. 

Nous  ne  nous  attendions  guère,  il  faut  l'avouer,  à  voir 
Grallon  et  ses  sujets  si  impies,  non  plus  qu'à  assister  à  une  si 
rapide  conversion.  Mais  toute  cette  scène,  qui  nous  surprend 
toiw  d'abord,  était  nécessaire  pour  amener  la  légende  de  la 
destruction  d'Is,  qui  occupe  une  partie  du  dernier  acte.  Gué- 
nolé va  évangéliser  la  ville  criminelle.  Mais  ses  sermons  ne 
convertissent  personne.  Le  saint,  irrité,  attire  sur  Is  la  colère 
du  Ciel.  La  ville  est  engloutie  par  les  flots.  Tous  ses  habitants 
périssent.  Seul,  Grallon  échappe  à  la  destruction  générale, 
grâce  à  Guénolé,  qui  l'arrache  à  grand'peine  à  la  mer  enva- 
hissante. Toute  cette  légende  de  la  destruction  d'Is  est  trop 
connue  pour  que  nous  nous  y  arrêtions.  Cette  partie  du  poème 
est  d'ailleurs  moins  intéressante  que  les  scènes  correspon- 
dantes du  mystère  publié  par  M.  Luzel,  où  nous  trouvons 
une  peinture  fort  animée  de  la  débauche  et  des  crimes  qui  ont 
attiré  sur  Is  la  colère  de  Dieu. 

Après  le  récit  de  la  destruction  d'Is,  notre  auteur,  dont  l'acte 
précédent  avait  sans  doute  épuisé  l'imagination,  a  rouvert  son 
Cartulaire  de  Landévennec  et  l'a  suivi  pas  à  pas  cà  travers  une 
nouvelle  série  de  miracles  qui  a  le  tort  de  rappeler  trop  la 
première  journée  du  mystère. 

Mais  la  fin  de  Guénolé  est  proche.  Un  ange  vient  annoncer 
au  saint  qu'en  récompense  de  toutes  ses  vertus  Dieu  lui  a  ré- 
servé une  place  dans  le  Ciel  et  qu'il  ait  à  se  préparer  à  bien 
mourir.  Guénolé  assemble  une  dernière  fois  ses  disciples  pour 
leur  annoncer  sa  mort  prochaine  et  leur  adresser  l'adieu  su- 
prême. Puis,  revêtu  de  ses  ornements  sacerdotaux,  il  monte  à 
l'autel  pour  dire  sa  dernière  messe.  C'est  là  qu'il  meurt  entre 
les  bras  de  ses  disciples,  comme  un  général  à  son  poste  de  ba- 
taille au  milieu  de  ses  soldats. 

Ainsi  se  termine  notre  Vie  de  saint  GucnoU.  Nous  n'avons 
nullement  cherché  à  en  dissimuler  les  imperfections.  Ce  mys- 


2  54  P.  Le  Neslour. 

tère  assurément  n'est  pas  un  chef-d'œuvre;  il  a  pourtant  son 
intérêt.  Il-  possède  à  nos  yeux  deux  avantages  :  le  premier  est 
de  ne  pas  ressembler  à  la  plupart  des  mystères  bretons  qui  nous 
restent,  traductions  ou  imitations  de  vieux  mystères  français, 
et  de  constituer  une  œuvre  essentiellement  bretonne  tant  par 
son  sujet  que  par  la  manière  dont  ce  sujet  a  été  traité. 

Le  second  de  ses  mérites  est  son  antiquité  relative. 

Nous  ne  pensons  pas  que  ce  mystère  soit  celui  dont  Le 
Pelletier  avait  une  copie  de  1580.  Nous  nous  sommes  en  effet 
reporté  aux  fragments  de  la  Vie  de  saint  Guénolé  cités  par  le 
savant  bénédictin  ^  Il  n'est  pas  un  de  ces  fragments,  que  nous 
reproduirons  plus  tard,  qui  ne  puisse  trouver  place  dans  une  des 
scènes  de  notre  poème.  Mais  nous  n'avons  pu  retrouver  dans 
celui-ci  aucun  des  vers  cités  par  Le  Pelletier.  Quoi  qu'il  en  soit, 
notre  Vie  de  saint  Guénolé  est  une  œuvre  relativement  ancienne. 
Le  manuscrit  que  possède  la  Bibliothèque  Nationale  n'est  que 
de  1767.  On  y  lit  en  effet:  «  Ce  livre  apartien  à  moy,  Yves 
Balcon  de  Camlez,  fait  ce  jour  15  octobre  1770  »,  et  à  la  fin 
du  mystère  :  «  foit  en  mil  sept  cent  soixante  sept,  commencé 
à  écrire  le  3  novembre  ».  Mais  il  est  aisé  de  reconnaître  à  la 
structure,  à  l'orthographe  et  surtout  à  la  versification  de  ce 
mystère  que  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque  Nationale  n'est 
que  la  copie  d'un  original  beaucoup  plus  ancien. 

Sa  structure,  on  l'a  vu,  est  celle  de  nos  plus  vieux  drames, 
avec  sa  division  en  journées,  ses  prologues  et  ses  épilogues. 

Le  manuscrit  date  d'une  époque  où  la  réforme  orthogra- 
phique du  Père  Mannoir  était  depuis  longtemps  le  plus  sou- 
vent adoptée,  où,  par  conséquent,  les  mutations  des  consonnes 
initiales  se  représentaient  déjà  graphiquement.  Pourtant,  dans 
notre  manuscrit,  les  règles  de  ces  mutations  ne  sont  guère  ob- 
servées que  dans  la  moitié  des  cas.  On  en  pourrrait  peut-être 
conclure  que  le  copiste  a  reproduit  un  texte  sur  lequel  les 
mutations  initiales  n'étaient  pas  indiquées.  Il  aurait  voulu  ré- 
former l'orthographe  de  ce  texte  d'après  la  méthode  nouvelle 
et  aurait  écrit  la  moitié  environ  des  mutations  initiales.  C'est 


I .   Voir  de  La  Villcmarqué,  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Finis- 
tère, t.  XV,  1888. 


vie  de  saint  Guénolé.  2  5  5 

par  négligence,  par  un  de  ces  oublis  communs  à  ceux  qui  cor- 
rigent un  texte,  qu'il  aurait  laissé  l'autre  moitié  des  muta- 
tions sans  les  transcrire. 

Mais  ce  qui  prouve  d'une  manière  beaucoup  plus  certaine 
l'antiquité  de  notre  mystère,  c'est  le  système  de  versification 
d'après  lequel  les  vers  en  ont  été  construits. 

Dans  les  vers  bretons  les  plys  anciens,  la  versification  ne 
repose  pas  uniquement,  on  le  sait,  comme  celle  des  poèmes 
modernes,  sur  la  rime  finale  et  le  nombre  des  syllabes.  Il  est 
une  chose  que  les  poètes  bretons  négligent  complètement 
aujourd'hui,  mais  qu'ils  recherchaient  autrefois  avec  le  plus 
grand  soin  :  ce  sont  les  rimes  internes.  Pour  qu'un  vers  fi.lt  bon, 
il  foUait  qu'il  renfermât  un  certain  nombre  de  syllabes  asso- 
nant  entre  elles.  Ce  principe,  qui  compliquait  beaucoup  la  ver- 
sification, a  trop  souvent  amené  les  poètes  bretons  à  remplir 
leurs  vers  de  chevilles,  à  sacrifier  le  fond  à  la  forme.  Mais  cette 
répétition  d'un  même  son  à  l'intérieur  du  vers  n'était  pas  sans 
harmonie.  Elle  n'avait  le  plus  souvent  rien  de  monotone,  car 
le  poète  se  réservait  en  général  une  assez  grande  liberté  dans 
le  choix  de  la  place  et  du  nombre  des  syllabes  assonantes.  Ce 
système  savant  de  versification  ne  s'est  guère  conservé  au  delà 
de  la  première  moitié  du  xv!!*-'  siècle.  Dès  lors,  en  effet,  les 
poètes  bretons  se  mettent  à  copier  plus  exactement  la  forme 
du  vers  français.  Notre  Fie  de  saint  Guénolé  a  dû  être  composée 
tout  entière  d'après  ce  système  ancien  de  versification. 

Dans  un  très  grand  nombre  de  vers  nous  retrouvons  encore 
des  traces  évidentes  du  procédé  primitif.  Beaucoup  de  ces 
vers,  assurément,  sont  altérés.  Un  grand  nombre  n'offrent 
plus  de  traces  de  ces  rimes  internes.  Beaucoup  n'ont  conservé 
que  deux  assonances.  Mais  on  ne  peut  guère  admettre  que 
ces  assonances  n'aient  pas  été  voulues  :  elles  se  rencontrent 
toujours  à  des  places  déterminées.  Tantôt  c'est  la  syllabe  finale 
du  premier  hémistiche  qui  assone  avec  la  huitième  ou  la 
neuvième  syllabe  du  vers,  connue  dans  les  exemples  suivants  : 

Panavert  da  :\mbrour,  boet  croug  es  rodello.  — 
A  hui,  guerches  Yari,  ma  spi  a  ma  study.  — 
Red  eo  d'in  tesqz^/»  da  veu/m  nos  ha  de.  — 


256  p.  Le  Nesiour. 

Tantôt,  et  c'est  le  cas  le  plus  fréquent,  elle  assonne  avec 
l'avant-dernière  syllabe  du  vers. 

Ac  enny  dé  a  nos  certen  e  reparan.  —  - 

Prest  eo  sûr  dre  amhuch  ho  lesen  âïstrujet.  — 
Simoni,  ma  merch  vad,  a  roïs  d'ar  prdadet.  — 

Nous  avons  enfin  retrouvé  un  nombre  de  vers  assez  impor- 
tant où  les  assonances  sont  plus  fréquentes  et  où  le  système 
de  versification  apparaît  avec  netteté.  Dans  ces  vers,  la  sixième 
syllabe  assonne  régulièrement  à  la  fois  avec  la  huitième  ou  la 
neuvième  et  avec  la  onzième  syllabe  : 

Chetu  men  en  glaJjar  d'an  douar  discaret.  — 
Autro  Doue  an  Tat,  hui  so  mat  dreist  7iafm.  — 
Unan  a  guelan  ïall  ac  un  ail  so  âaJhi.  — 
Evit  an  tri  laer  man  a  so  an  dianes.  — 
Me  so  sot,  me  so  dall,  Kxvoal,  a  ne  halhn.  — 
D'ach  hui  e  x'iscoan  hreman  ma  paourante.  — 
Disquet  i  d'an  dut  vat  en  pep  stat  nos  a  de.  — 
Usur,  ma  merch  ]oUs  a  roïs  d'ar  vourhisïen.  — 
Te  veo  prins  gumon,  mignon,  d'ar  gloutoni.  —  Etc. 


ACTE  II. 

Scène  V. 

Le  Boiteux  entre. 

Allas  !  me  a  so  cam  !  Me  so  stang  gant  anquen  ! 
Ne  allan  flach  cammet  ;  ne  cafen  den  d'am  ren  : 
Contraignet  [on]  certen  da  vervel  er  plas  man. 
N'em  eus  tam  da  dibrin,  aa  querset  ne  allan. 

Ma  vige  beo  ma  phriet,  so  neve  intérêt, 
Me  voa  sur  a  cher  vat,  a  sicour  da  querset  : 
Me  crigne  ar  pout  yot  pa  voa  em  compagnon[es:] 
Me  voa  joaus  ma  fas,  n'em  boa  nep  dienes. 


vie  de  saint  Guénolé.  257 

Il  est  évidemment  impossible  d'admettre  que  ces  asso- 
nances soient  dues  à  un  simple  hasard.  Aussi  ne  croyons-nous 
pas  qu'il  soit  téméraire  de  le  prétendre  :  elles  suffisent  à 
prouver  que  notre  mystère  remonte  à  la  première  moitié  du 
XVII*  siècle.  On  peut  même  fixer  à  sa  composition  une  date 
plus  ancienne  si  l'on  veut  tenir  compte  des  altérations  évi- 
dentes qu'il  a  subies.  Sans  parler  des  vers  où  nous  ne  retrou- 
vons plus  les  rimes  internes,  mais  où  il  serait  facile  de  les  réta- 
blir en  remplaçant  certains  mots  français  par  les  mots  bretons 
qui  les  traduisent,  il  est  un  nombre  assez  grand  de  passages 
où  le  texte  n'a  pas  été  copié  fidèlement  parce  que  l'auteur  du 
manuscrit  ne  comprenait  plus  le  sens  des  mots  qu'il  avait 
sous  les  yeux. 

Mais  nous  ne  pouvons  tirer  de  ces  considérations  que  des 
hypothèses  plus  ou  moins  vraisemblables.  Nous  croyons  pou- 
voir dire  avec  certitude  que  la  Fie  de  saint  Guénolé  que  nous 
avons  étudiée  ici  a  été  composée  au  plus  tard  vers  l'année  1650. 

La  scène  que  nous  en  publions  est  tirée  du  second  acte  de 
la  première  journée.  C'est  incontestablement  la  plus  gaie  du 
mystère.  Nous  laissons  au  lecteur  le  soin  d'apprécier  le  goût 
de  certaines  plaisanteries  que  nous  n'avons  pas  cru  pouvoir 
nous  dispenser  de  traduire  fidèlement. 


Le  Boiteux  entre. 

Hélas  !  je  suis  boiteux,  je  suis  accablé  de  douleur. 

Je  ne  puis  faire  un  pas  et  je  ne  trouve  personne  pour  nie  conduire. 

Je  suis  sans  doute  condamné  à  mourir  ici. 

Je  n'ai  rien  à  manger,  et  je  ne  peux  pas  marcher. 

Ah  !  si  j'avais  encore  ma  femme,  qui  est  nouvellement  enterrée  !  ! 

J'étais  sûr  de  trouver  bonne  chère  et  secours  pour  marcher, 

Je  mangeais  le  gratin  du  pot  à  bouillie,  quand  ma  femme  était  en  ma  com- 

Mon  visage  était  joyeux  ;  je  ne  connaissais  pas  la  misère.  [pagnie. 


258  p.  Le  Nestoar. 

Bepret  ennc  godel  e  vige  pep  sort  mat, 
Bara,  crampoes  a  yot,  ac  esquern  da  crignat, 
A  pa  vanque  a[l]  lart  da  ober  ar  souben 
E  queten  bepret  stag  ous  e  hotillionen. 
Coulsan  pourveres  ameus  sivoas  !  collet  ! 
Achu  eo  ma  bue  gant  glahar  a  regret. 
Pa  ario  an  nos,  ne  on  pellech  logan  : 
Aman  en  creis  an  lient  breman  e  reposan. 
Ma  vige  beo  flejou  e  voa  d'in  pourvcct  : 
Ur  guele  var  ben  nos  d'imp  on  daou  da  cousquet  : 
Evit  plous  mat  a  foen  bepret  bep  nos  on  be  ; 
Aisetoch  eneum  caten  evit  prins  na  roue  ; 
[Ar  guele  voa  dister,  mes  ar  plous  ac  ar  foen]  ' 
A  rentay  ur  hoes  vat,  agreabl  da  pep  den, 
A  soulage  ma  ballon  pep  heur  durant  an  nos, 
Gand  odeur  2  ar  guevallen  a  voa  stag  ous  e  bros. 
Neuse  a  pep  tu  d'imp  courtinet  on  guele 
Gant  ar  gociiat  queuneut  a  pep  sort  vanité. 
Pa  deuan  da  songal  em  amser  tremennet, 
Ac  em  hiny  presant,  em  hiny  da  donnet, 
Ma  hallon  a  maners  a  fatic  a  ma  langaich... 
Me  ya  em  varivel,  mar  gallan,  eneum  flaig. 


L'Aveugle  entre. 

Le  Boiteux  parle  et  continue. 

Piou  eo  a  quers  ase?  Men  sant  anter  cousquet. 
Guel  neun  a  ra  meurbet  couls  a  me  a  querset. 
Me  gret  a  en  guellet  eo  dal  an  den  man. 
Ep  tardan  me  voelo.  E  teu  voar  an  tu  man. 

Ma  car  ma  hariguellat  bete  Landevenec 
Evit  cafet  iehet  me  ancoay  ma  groec 
Ma  hallemp  eneum  cafet  gant  an  abat  Guenole, 
E  vemp  lamet  a  poan  gantan,  dre  gras  Doue. 

L'Aveugle  dit. 

Piou  a  ententan  me  o  coms  a  Guenole? 
Me  so  en  eur  poan  vras  d'e  cafet,  dre  ma  fe. 

1 .  Ce  vers  n'est  pas  de  la  même  écriture  que  le  reste  du  mystère,  auquel 
il  semble  avoir  été  ajouté  à  une  époque  récente  pour  réparer  une  omission 
du  premier  copiste. 

2.  Le  texte  porte  ardeur  ;  nous  n'avons  pas  cru  devoir  conserver  ce  mot, 
absolument  impropre  ici. 


vie  de  saint  Guénolé.  259 

Dans  son  sac  il  y  aurait  toujours  toutes  sortes  de  bonnes  choses: 

Du  pain,  des  crêpes,  de  la  bouillie,  des  os  à  roucher, 

Et  si  la  graisse  manquait  pour  faire  la  soupe, 

J'en  trouverais  toujours  de  collée  à  ses  cotillons. 

L'excellente,  l'incomparable  pourvo)'euse  que  j'ai  perdue  ! 

Ma  vie  se  termine  dans  l'affliction  et  le  regret. 

Quand  vient  la  nuit,  je  ne  sais  où  me  loger: 

Pour  le  moment,  je  me  repose  ici,  au  milieu  du  chemin. 

Ah  !  si  elle  vivait  encore  !  Nous  trouvions  toujours  des  lits  : 

Oui,  un  lit  pour  la  nuit,  pour  y  dormir  tous  deux. 

Pour  de  bonne  paille  et  du  foin,  toujours  nous  en  aurions  pour  la  nuit. 

Je  me  trouvais  alors  plus  à  l'aise  qu'un  prince  et  qu'un  roi. 

Le  lit  n'était  pas  riche,  mais  la  paille  et  le  foin 

Exhalaient  un  parfum  des  plus  agréables 

Et  soulageaient  mon  cœur  à  chaque  heure  de  la  nuit. 

Ajoutez  à  cela  l'odeur  de  soupe  dont  était  iqiprégnée  sa  robe. 

Alors  notre  lit  avait  pour  courtines  de  tous  côtés 

Une  .    .  . .  '  de  bois  de  toute  sorte  de  vanité. 

Quand  je  me  prends  à  songer  au  temps  passé. 

Au  présent,  et  à  l'avenir, 

Mon  cœur  et  ma  force  défaillent,  je  perds  la  parole. 

Je  vais  dans  ma  brouette,  si  je  le  puis,  en  me  traînant. 

L'aveugle  entre. 

Le  Boiteux  parle  et  continue. 

Qui  est  celui  qui  va  là?  Je  sens  sa  présence,  bien  que  je  sois  à  moitié  en- 

11  marche  beaucoup  mieux  que  moi.  [dormi. 

Il  me  semble,  à  le  voir,  que  cet  homme  est  aveugle. 

Sans  tarder  je  le  saurai,  car  il  vient  de  ce  côté. 

S'il  veut  me  traîner  dans  ma  brouette  jusqu'à  Landevennec, 

Pour  que  j'y  trouve  la  santé,  j'oublierai  ma  femme. 

Si  je  pouvais  rencontrer  l'abbé  Guénolé, 

Il  me  tirerait  de  peine,  par  la  grâce  de  Dieu. 

L'Aveugle  dit. 

Qui  est-ce  que  j'entends  parler  de  Guénolé? 

Je  suis  en  grande  peine  de  le  trouver,  par  ma  foi. 


I.  Nous  n'avons  pu  comprendre  ni  trouver  nulle  part  le  mot  goeiiat. 


26o  p.  Le  Nestour. 


Le  Boiteux  dit. 


Allas  ma  mignon  coant,  me  so  stang  gant  an  anquen. 

Ne  allan  querset  carnet,  na  cavet  den  d'am  ren. 

Ma  hallen  cavet  eur  re  en  deve  charité 

Am  sicoure  da  vonet  bette  an  abat  Guenole 

Evellasse  d'am  mempro  so  pel  so  en  anquen  ! 

Pan  deo  marc  ma  phriet,  n'em  eus  den  d'am  souten. 

L'Aveugle  dit. 

Me  so  sot,  me  so  dal,  Rivoal,  a  ne  hallan, 
Evel  ma  aprechant,  guelet  ma  hent  quentan. 
M'am  be  ar  sclerigen  certen  diant  Doue, 
M'es  casse  te  a  me  da  vellet  Guenole. 

Le  Boiteux  '  dit. 

M'es  quelenno,  ma  car,  a  na  ve  quet  diec. 
Qiiemer  scan  da  travel  ma  bravas  rodellec. 
Enny  te  am  casso  dreist  ar  poullado  dour, 
Var  boesic  ma  diou  vrech,  on  daou  d'en  um  sicour. 

Pan  out  dal  te  querzo,  a  me  as  instruo 
Dîmes  ma  rodello  ahan  tro  var  zro  : 
Bette  Landevennec  nin  en  eum  rento  on  daou, 
Rac  me  as  quelenno  da  vont  dre  an  hinchou. 
Nebon,  mes  quelenno,  nés  po  nemert  sentin, 
Croc  prout  er  gariguel,  groa  doustadic  ouin. 

L'Aveugle  dit. 

Certen  fer  m,  ma  mignon,  me  a  so  coûtant  bras 
Er  rin  ma  assistans  d'es  sicour  en  pep  plas. 
Mar  queres  rain  anseign  dre  da  comso  bepret, 
M'es  renno  dre  an  hincho  gant  enor  a  respet. 
Mes  quentan  eo  ret,  Rivoal,  mar  permettet, 
Er  gravas  rodellec  ma  veet  ayreet  : 
Ret  eo  o  accomodin  enny  a  fesson  vat  : 
Me  ho  laccay  a  het,  hep  grevin  o  taou  troat. 
Mar  teuct  da  coean,  e  hallet  bean  blessct, 
An  hinchou  a  so  rust,  ma  na  ve  amarret. 


I.  Le  texte  porte  Le  Manchot,  et  ce  lapsus  calanii  a  été  plusieurs  fois  ré- 
pété dans  le  reste  de  la  scène. 


Vie  de  saint  Guénolé.  261 

Le  Boiteux  dit. 

Hélas,  mon  cher  ami,  je  suis  accablé  de  douleur. 

Je  ne  puis  faire  un  pas,  ni  trouver  personne  pour  me  conduire. 

Ah  !  si  je  pouvais  rencontrer  quelqu'un  qui  eût  la  charité 

De  me  secourir  pour  aller  jusqu'à  l'abbé  Guénolé,  [lades  ! 

Lui  demander  la  guérison  de  mes  membres,  qui  sont  depuis  longtemps  ma- 

Maintenant  que  ma  femme  est  morte,  je  n'ai  personne  pour  me  soutenir. 

L'Aveugle  dit. 

J'en  suis  incapable,  je  suis  aveugle,  Rivoal,  et  je  ne  puis, 
D'aussi  près  que  je  regarde,  reconnaître  mon  chemin. 
Certes,  si  Dieu  m'avait  donné  de  voir. 
Je  t'amènerais  avec  moi  jusqu'à  Guénolé. 

Le  Boiteux  dit. 

Je  t'apprendrai,  mon  cher,  et  ce  ne  sera  pas  long. 

Prends  légèrement  ton  fardeau,  ma  brouette, 

Tu  m'y  porteras  par-dessus  les  flaques  d'eau. 

Je  me  soutiendrai  de  mes  deux  bras  ;  nous  nous  entr'aiderons. 

Puisque  tu  es  aveugle,  tu  marcheras,  et  je  te  conduirai 

Du  haut  de  ma  brouette,  à  travers  le  pays. 

Nous  nous  rendrons  tous  deux  à  Landévennec, 

Car  je  t'apprendrai  à  aller  par  les  chemins. 

Ne  crains  rien,  je  te  dirigerai,  tu  n'auras  qu'à  m'obéir. 

Prends  vite  la  brouette.  Va  doucement  pour  moi. 

L'Aveugle  dit. 

Assurément,  mon  cher,  je  suis  très  content 

De  te  prêter  assistance  en  tous  lieux. 

Si  tu  veux  me  guider  sans  cesse  par  la  parole, 

Je  te  mènerai  par  les  Chemins  avec  honneur  et  respect. 

Mais  d'abord  il  faudra,  Rivoal,  si  vous  le  permettez, 

Que  vous  soyez  attaché  à  la  brouette. 

Il  faudra  vous  y  installer  à  l'aise. 

Je  vous  y  coucherai  sans  blesser  vos  pieds. 

Si  vous  veniez  à  tomber,  vous  pourriez  vous  faire  mal, 

Si  vous  n'étiez  attaché,  car  les  routes  sont  dures. 


Revue  Celtique,  XV. 


202  P.  Le  Nestour. 

Le  Boiteux  dit. 

Delch  ebars  en  avel  vis,  bepret  e  avisi  : 
Ractal  en  creis  da  fas  en  remarqui. 
Et  courant  ous  an  traon.  Evit  commansanaant 
On  eus  heut  dereat,  a  so  d'imp  aisamant. 
Olla  var  da  goregues  !  Ari  omp  er  bouillen 
Holla!  hoas  eur  veach!  Dalch  ar  gariguel  ten. 
Me  cret,  herve  vellan,  o  heus  hoant  da  teri 
Ma  gouzouc  a  ma  corf,  quent  evit  monet  dy. 
Cos  sot,  tra  didalve,  hars  ar  hravas  se  ten. 
Certen,  em  ber  terraen  te  am  tollo  e  len. 
Depeg  a  distro,  a  retorn  alesse, 
Pe  ezomp  miserabl,  certen,  a  te  a  me. 

L'Aveugle  dit. 

Mogré  d'ar  sot  billitr!  Me  so  stang  gant  anquen. 
Mar  am  folles  nemeur,  m'es  tollo  er  bouillen, 
Da  terrin  da  gouzouc  pe  da  vean  lahet. 
Re  a  commanderes  a  gafan  so  guenot. 
Lavar  d'in  pe  voar  tu,  pot  fal,  eo  da  study  ! 
A  coms  a  fessou  vat  pe  voar  tu  monet  dy  ? 

Le  Boiteux  dit. 

Derhel  en  avel  vis  ameus  d'it  lavaret, 
Ac  e  eo  er  coutrel  e  teus  an  quemeret... 
E  coean  er  voes  man,  ma  na  lequet  eves 
Michans  dal,  ignorant.  Paoues  cren  a  ma  les. 

L'Aveugle  dit. 
Ne  ran  fors  a  avel  na  nep  sort  goabrenno[u]  : 
Ma  quellen  faciloch,  cos  tortu,  tat  al  laou. 
A  clen  ac  a  deou  eo  d'it  lavaret  d'in 
Distrein  ar  gariguel,  na  pe  voar  tue  hin; 
Rac  evit  coms  d'ime  dimes  a  avel  vis, 
Ne  roes  netra  tout  nemert  crignat  sottis. 
Pan  deo  dindan  da  teot,  lav[ar]  d'in  comso  pront; 
Evit  gloriustet  na  caffes  tam  da  cont. 

Le  Boiteux  dit. 

Sent  ouin,  ma  den  quer,  ha  mes  croay  dibreder: 
Em  fe  da  den  ouest,  me  ray  d'it  cals  a  cher, 


Vie  de  saint  Guénolé.  26} 

Le  Boiteux  dit. 

Tiens-toi  au  vent  du  Nord-Est.  Fais-y  toujours  bien  attention  ; 

Fais  en  sorte  qu'il  te  souffle  au  milieu  du  visage. 

Descends  en  courant.  Pour  comrncncer 

Nous  avons  un  chemin  commode  et  agréable. 

Holà  !  va  doucement  !  Nous  voilà  dans  la  boue. 

Holà  encore  une  fois  !  Retiens  bien  la  brouette. 

Je  crois,  à  ce  que  je  vois,  que  tu  as  envie  de  me  briser 

Le  cou  et  le  corps  avant  que  nous  ne  soyons  là-bas. 

Vieil  imbécile!  Propre  à  rien!  Arrête  donc  la  brouette! 

Avant  longtemps,  sans  doute,  tu  me  jetteras  dans  l'étang. 

Hâte-toi  de  détourner.  Reviens  ainsi. 

Nous  sommes  assurément  bien  malheureux  toi  et  moi. 

L'Aveugle  dit. 

Maudit  soit  le  sot  bélître  !  Je  suis  accablé  de  douleur. 

Pour  peu  que  tu  m'affoles,  je  te  jetterai  dans  la  boue; 

Tu  te  casseras  le  cou  et  te  tueras. 

Je  trouve  que  tu  me  donnes  trop  d'ordres. 

Dis-moi,  fou  que  tu  es,  de  quel  côté  il  faut  que  je  me  dirige, 

Et  quand  tu  m'indiques  le  chemin,  parle  d'une  façon  convenable. 

Le  Boiteux  dit. 

Je  t'ai  dit  de  te  tenir  au  vent  du  Nord-Est. 
C'est  la  direction  opposée  qu'il  a  prise. 
Je  tombe  cette  fois,  si  tu  n'y  prends  garde. 
Méchant  aveugle,  ignorant.  Laisse-moi  me  reposer. 

L'Aveugle  dit. 

Je  me  moque  bien  du  vent  et  de  tous  les  nuages. 

Instruis-moi  mieux,  vieillard  tortu,  père  des  poux. 

Il  faut  me  dire  de  faire  tourner  la  brouette 

A  gauche,  à  droite,  et  m'indiquer  de  quel  côté  je  dois  aller. 

Pour  me  parler  du  vent  du  Nord-Est 

Tu  ne  fais  que  ronger  des  sottises. 

Quand  tu  as  à  dire  quelque  chose,  dis-le  vite 

Et  ne  viens  pas  faire  le  vantard. 

Le  Boiteux  dit. 

Obéis-moi,  mon  cher,  et  je  te  traiterai  largement. 
Foi  d'honnête  homme,  je  te  donnerai  bonne  chère. 


264  P-  Le  Nestour. 

A  mar  beet  fallaer,  disleal  em  audret, 
Te  collo  ar  beutin  a  hoas  bean  cannet. 
Sent  en  pep  honestis,  ha  me  ray  d'it  ur  som, 
Hagouin  ru  délicat,  em  fe,  ous  da  ezom. 

L'Aveugle  dit. 

Gorto  hoas  un  nebëut,  quen  am  beo  clevet. 
Me  cret  ez  eo  pillât  e  teus  te  parlantet? 
Ne  vo  quet  te,  paour  ques,  a  ouflfe,  a  credan, 
Dre  nep  sort  violans  donnet,  sur,  d'ani  cannan. 

Guel  vige  d'it  tevel...  Me  ray  d'it  quent  ar  fin, 
Goulen  ou-in  allies  da  vue  evit  gouin. 
Te  coms  a  pillât  den,  ha  te  na  oufes  quet 
Remuin  da  vempro  d'it,  tra  discoeltret. 

Le  Boiteux  dit. 

Pardon  a  houllenan,  mar  em  eus  d'ach  coniset 
Dimes  a  quement  se,  evel  ma  leveret. 
Me  promet  d'ah  certen  eo  ep  e  songal 
Emeus  an  lavaret,  rac  ne  deuran  tara  scandai. 

Nebon,  quemer  couraig,  quent  evit  pen  taer  heur 
Nin  veo  quit  a  poan  a  dimeus  on  malleur, 
Ac  as  lacay  qucr  meo  gant  guin,  ma  mignon  coant, 
Er  retorn  ny  danso,  on  daou,  joaussamant. 
Me  na  vanquan  james  d'ar  pes  a  me  larret 
Na  fâche  quet  re  vuan  :  demp  are  un  neubet. 

L'Aveugle  dit. 

Mogré  d'ar  gariguel  gant  ara  0  vouiguiourat  ! 
Terrin  a  ra  ma  fen,  commans  a  ran  fallat. 
Memeus  aon  ne  torro  gant  ara  o  travel  : 
Orib  e  ha  buan.  Mar  hars  nin  yel  a  pel. 
Cepannant  croget  ferm  bepret  er  costeyou  : 
Lequet  eves  na  dorre  nepret  an  amarou... 

Pa  promettes  d'in  guin  a  souben  ar  hol  pour, 
Na  vanquin  birviquen,  mar  gallan,  d'as  sicour. 
Mes  me  veso  quit  a  truaig  ar  chers'at, 
Na  pen  quet,  certen,  ep  quen  un  dinerat. 

Le  Boiteux  dit. 

Penos?  Ac  obcr  goab  a  res  ahannonme? 
Na  pei  netra  tout?  Te  vo  eta  ar  roue? 


vie  de  saint  Guénolc.  265 

Si  tu  es  fliux  et  déloyal  envers  moi, 
Tu  perdras  la  récompense,  et  de  plus  tu  seras  battu. 
Obéis-moi  en  toute  honnêteté  et  je  te  donnerai  de  l'argent, 
Et  du  vin  rouge  délicat,  par  ma  foi,  autant  que  tu  en  voudras. 

L'Aveugle  dit. 

Attends  encore  un  peu,  que  j'aie  bien  compris. 

Je  crois  que  tu  as  parlé  de  me  battre. 

Ce  n'est  pas  toi,  pauvre  malheureux,  qui  pourras,  je  crois, 

Me  battre,  quelque  violence  que  tu  essaies. 

Mieux  vaudrait  te  taire.  Je  te  ferai,  à  la  fin. 

Me  demander  plus  d'une  fois  de  racheter  ta  vie  pour  du  vin. 

Tu  parles  de  battre  les  gens  et  tu  ne  saurais 

Remuer  les  membres,  pauvre  ébranché. 

Le  Boiteux  dit. 

Je  vous  demande  pardon,  si  je  vous  ai  parlé 

De  la  façon  que  vous  me  dites. 

Je  vous  assure,  sans  mentir,  que  c'est  sans  réflexion 

Que  je  l'ai  dit,  car  je  n'aime  pas  le  scandale. 

Allons  hardi  !  prends  courage  :  avant  trois  heures 

Nous  serons  hors  de  peine  et  de  malheur. 

Et  je  t'enivrerai  bien  avec  du  vin,  mon  cher  ami. 

En  revenant  nous  danserons  tous  deux  joyeusement. 

Moi,  je  ne  manque  jamais  à  ma  parole. 

Ne  te  fâche  pas  trop  vite.  Allons  encore  un  peu. 

L'Aveugle  dit. 

Maudite  soit  la  brouette  avec  ses  grincements. 

Ma  tête  se  brise,  je  commence  à  défaillir. 

J'ai  peur  que  votre  voiture  ne  se  casse,  tant  elle  cric. 

Elle  est  horrible  et  rapide.  Si  elle  résiste,  nous  irons  loin. 

Cependant,  tenez  toujours  ferme  dans  les  côtés. 

Veillez  à  ce  que  les  amarres  ne  se  brisent  pas. 

Puisque  vous  me  promettez  du  vin  et  de  la  soupe  aux  poireaux, 

Je  ne  manquerai  pas,  si  je  le  puis,  de  vous  secourir. 

Mais  je  n'aurai  pas  à  payer  la  bonne  chère. 

Je  ne  paierai  assurément  pas  un  denier. 

Le  Boiteux  dit. 

Comment  !  te  moques-tu  de  moi  ? 

Tu  ne  paieras  rien  ?  Tu  seras  donc  le  roi  ? 


266  P.  Le  Nestour. 

Gant  quement  diaoul  so  en  puns  an  Iferniou, 
Ehues  sur  da  guentan,  ep  quet  laret  ur  gaou  ; 
Bette  un  dinner  bihan,  te  beo  couls  a  men 
Evit  da  ol  outraig,  mar  groes  nep  cher  guenen. 
Panaverdon,  cocquin,  ne  ouffes  quet  monet, 
Hoas  eout  arogant,  ne  ousout  gras  abet. 
Mar  as  pe,  te  peou  drouc  a  mat  vo  d'as  tent 
Allons  !  que  adare  er  fesson  diagent. 

L'Aveugle  dit. 

Ac  cvelse,  den  fal,  el  leveres  te  dime 
Goude  quement  a  poan  a  soufran  guenide  ? 

Pa  voan  var  lein  ar  mené,  pa'm  bige 

M'en  boa  toret  da  gouzouc.  ha  te  en  dour  striqquet. 
Paneverdon,  brema  ahan  nen  dahes, 
Evit  da  oU  outraig,  ur  cammet  ne  flaches: 
Panevert  da  ambrouc,  boet  croug  es  rodello, 
James  n'en  daes  dy,  rester,  tat  al  laou. 
Ansave  ar  guirionme,  mar  guelles  e  cavet  : 
Mam  be  hoant  ahan  ur  pas  ne  flaches  quet. 

Le  Boiteux  dit. 

Brigant!  ep  ma  quellen,  te  a  comso  asc; 
Mastin,  qui  disleal,  en  dour  te  a  veusfe 
Er  reviero  donnan,  so  ledan  ha  profond, 
A  hoas,  dal  milliguet,  e  fel  dit  ober  grond 
Carret  ahanon  ferm,  certen,  en  pep  termen, 
A  dleffe,  te  vige  reuseudic  birviquen. 

L'Aveugle  dit. 

Sel  ar  mastin  mihiec,  cheleo  an  ifrontet, 
Penos  he  tiscour-an,  ar  marmous  dipoellet. 
Ne  credan  quet,  diot,  ne  ra  avis  d'ide 
Ez  co  te  ani  condu  gant  ar  garigelse? 

Taou,  nebon,  mihiec,  Janfoutre  mellennec, 
Quent  evit  ma  arrivin  var  dro  Landevenec, 
Da  que  e  fabourso,  var  dro  e  demeurans, 
Me  raï  d'it  coms  gant  pep  sort  reverans  : 
Men  tou  da  den  onest,  truant,  lavenncc  fal. 
Mes  tisco  var  da  goust  da  parlant  en  guis  al, 
Rac  mes  tollo  breman,  te  ha  da  gariguel, 
Er  rivier  man  a  het,  que  nouffes  coms  guel. 


vie  de  saint  Guénolé.  267 

Avec  tous  les  diables  qui  sont  dans  le  puits  des  Enfers 

Tu  iras  certainement  tout  d'abord,  sans  mentir, 

A  un  petit  denier  près  tu  paieras  autant  que  moi 

Pour  tous  tes  outrages,  si  tu  fais  bombance  avec  moi. 

Sans  moi,  coquin,  tu  ne  pourrais  aller, 

Et  tu  fais  l'arrogant,  tu  ne  me  sais  gré  de  rien. 

Si  tu  as  le  dîner,  tu  paieras,  que  ce  soit  bon  ou  mauvais  pour  tes  dents. 

Allons,  marche  encore  comme  tout  à  l'heure. 

L'Aveugle  dit. 

Et  c'est  ainsi,  fou,  que  tu  me  parles, 

Après  toute  la  peine  que  je  me  donne  pour  toi? 

Quand  j'étais  au  haut  de  la  côte,  si  je  l'avais  [voulu] 

Je  t'aurais  brise  le  cou,  et  je  t'eusse  jeté  dans  l'eau. 

Sans  moi,  maintenant  encore,  tu  ne  partirais  pas  d'ici 

(Pour  tous  tes  outrages  :)  tu  ne  peux  faire  un  pas. 

Si  je  ne  te  conduisais  dans  ta  brouette,  gibier  de  potence, 

Jamais  tu  n'irais  là-bas,  rustre  que  tu  es,  père  des  poux. 

Avoue  la  vérité,  si  tu  peux  la  reconnaître  : 

Si  j'en  avais  envie,  tu  ne  saurais  faire  un  pas  hors  d'ici. 

Le  Boiteux  dit. 

Brigand!  Si  je  ne  t'avais  dirigé,  parlcrais-tu  là? 

Mâtin,  chien  déloyal,  tu  serais  dans  l'eau, 

Dans  la  rivière.     .     .     .  qui  est  large  et  profonde. 

Et  encore,  aveugle  maudit,  tu  as  envie  de  foire  du  tapage  ! 

Tu  devrais  bien  m'aimer  assurément  de  toute  façon. 

[Sans  moi]  tu  serais  malheureux  à  jamais. 

L'Aveugle  dit. 

Voyez-moi  ce  mâtin  morveux.  Ecoutez  l'effronté. 

Comme  il  parle,  le  singe  pelé. 

Je  ne  crois  pas,  imbécile,  que  tu  sois  dans  ton  bon  sens. 

C'est  toi,  dis-tu,  qui  m'as  conduit  avec  cette  brouette. 

Tais-toi  donc,  morveux,  Jean-Foutre  maudit. 

Avant  d'arriver  aux  environs  de  Landévennec, 

Aux  murs  de  ses  faubourgs,  auprès  de  ses  demeures, 

Je  te  ferai  parler  avec  toute  sorte  de  respect. 

Foi  d'honnête  homme,  truand,  mauvais  plaisant(?), 

Je  t'apprendrai  à  tes  dépens  à  parler  d'autre  sorte. 

Car  je  te  jetterai  maintenant  avec  ta  brouette 

Dans  cette  rivière-ci,  tout  de  ton  long,  pour  t'apprendrc  à  mieux  parler. 


268  P.  Le  Nestour. 

Vattan,  laer,  que  bars...  Re  a  trous  so  guenet, 
Ef  ur  bannach  dour  dous  da  terren  da  sehet. 

Le  Boiteux  dit. 

Fors  a  crian  varnout  !  Chetu  men  drouc  trelet 

Gant  an  dal  disleal,  den  excommuniquet  ! 

Fors  a  ma  ten  ahan,  pe  me  ray  da  crougan, 

Rac  ezon  o  veuin.  Ep  dalle  e  varvan... 

N'em  les  pelloch  aman,  mastin  :  ma  lam  er  mes... 

Te  a  vo  crouguet,  ac  as  po  dienes. 

L'Aveugle  dit. 

Lavar  d'in  a  gallon  :  ar  guin  ha  te  peou 

Ep  fotribinat  fal  a  breman  m'es  tenno. 

A  lavar  guirionne  ;  ne  deuran  quet  ar  guevier, 

Rac  ne  arifes  hoas  en  evelep  afer. 

Ma  na  res,  me  bromet,  aman  te  a  vanno 

Sur,  en  despet  d'as  parou  daouist  piou  am  crougo. 

Le  Boiteux  dit. 

Jannic  coant,  ma  nis  hoec,  groa  d'in  mont  er  mes, 
Ac  em  fe  da  intanve,  me  ray  d'it  ur  prêt  es  : 
Evit  gouin  ha  souben,  bara  goen  avo, 
Q.uic  mat  a  diservig,  per  mat  ac  avallo. 

Dépêche  prout  ma  tennan  eus  an  dour  ac  ar  pry 
A  so  yen  diremet,  contrel  d'am  fantasy, 
Rac  a  gos  beuet  on  ;  panevert  ma  couraig. 
Ne  oufen  quet  laret  pelloch  nep  sort  langaig. 

L'Aveugle  dit. 

Deus  er  mes,  en  hanno  Doue,  pa  promettes  pean. 
Me  fiou  hoas  ennout  evit  ar  vitag  man. 
Bette  Landevennec  demp  on  daou  da  yahat. 
Me  veo  fidel  d'it  mar  am  be  coffat  mat. 

Less  an  hardy  aman:  quent  evit  ma  vanquen, 
M'es  tougue  var  ma  chouq,  palamour  d'ar  guin  guen, 
Mar  am  bc  eur  pcutrinat,  que  na  renquin  termal, 
Neusc  te  am  clevo  o  cannan  cordial. 

Le  Boiteux  dit. 

Arry  omp  er  voes  man  dirac  Landevenec, 
Demp  quentan  ma  ellomp  dirac  ar  guir  vellec. 


Vie  de  saint  Guénolc.  269 

Va-t-en,  voleur,  va,  tu  fais  trop  de  bruit. 
Bois  un  peu  d'eau  douce  pour  te  casser  la  soif. 

Le  Boiteux  dit. 

A  la  force  sur  toi  !  Me  voilà  maltraité 

Par  l'aveugle  déloyal,  homme  excommunie, 

A  la  force  !  et  tire-moi  d'ici,  ou  je  te  ferai  pendre. 

Je  vais  me  noyer.  Sans  tarder  je  vais  mourir, 

Ne  me  laisse  pas  plus  longtemps  ici,  mâtin,  fais-moi  sortir. 

Tu  seras  pendu,  et  tu  auras  de  la  peine. 

L'Aveugle  dit. 

Dis-moi  franchement  :  tu  paieras  le  vin  ? 

Parle  sans  mauvaise  foi.  S'il  en  doit  être  ainsi,  je  vais  te  tirer  à  l'instant. 

Ne  mens  pas  (je  n'aime  pas  les  mensonges,) 

Si  tu  ne  veux  pas  t'attirer  de  nouveau  pareille  histoire. 

Si  tu  ne  le  fais  pas,  je  te  le  promets,  tu  [mourras  icij 

En  dépit  de  tes  amis,  on  verra  qui  me  pendra. 

Le  Boiteux  dit. 

Mon  cher  petit  Jean,  mon  tendre  neveu,  fais-moi  sortir  d'ici, 

Et,  foi  de  veuf,  je  te  donnerai  un  bon  repas. 

Pour  du  vin,  de  la  soupe,  du  pain  blanc,  il  y  en  aura. 

Ainsi  que  de  bonne  viande  et  des  desserts,  de  bonnes  poires  et  des  pommes. 

Hâte-toi  de  me  tirer  de  l'eau  et  de  la  vase, 

Q.ui  est  horriblement  froide  et  contraire  à  mon  goût. 

Je  suis  à  moitié  nojé.  Si  je  n'étais  si  courageux, 

Je  ne  pourrais  dire  un  mot  de  plus. 

L'Aveugle  dit. 

Sors,  au  nom  de  Dieu,  puisque  tu  promets  de  payer. 
Je  me  fie  encore  à  toi  pour  cette  fois. 
Allons  tous  deux  jusqu'à  Landévennec  pour  nous  guérir. 
Je  te  serai  fidèle  si  je  dois  avoir  le  ventre  bien  plein. 
Laissons  hardiment  la  brouette  ici.  Plutôt  que  de  manquer. 
Je  te  porterais  sur  mes  épaules,  pour  l'amour  du  vin  blanc. 
Si  mes  poumons  ne  me  faisaient  haleter. 
Tu  m'entendrais  chanter  de  bon  cœur. 

Le  Boiteux  dit. 

Nous  voici  cette  fois  arrivés  devant  Landévennec. 
Allons  d'abord  si  nous  le  pouvons  devant  le  vrai  prêtre. 


270  p.  Le  Nestour. 

Pa  veomp  antreet,  eneum  trincomp  d'an  daoulin 
Da  adorin  da  guentan  ar  vajeste  divin. 
A  pedomp  assambles  an  abat  Guenole, 
Ma  ray  ennon  andret  bersut  dre  gras  Doue. 


vie  de  saint  Cuénolé.  271 


Puisque  nous  sommes  entrés,  jetons-nous  à  genonx 

Pour  adorer  tout  d'abord  la  majesté  divine. 

Et  prions  ensemble  l'abbé  Guénolé 

De  faire  pour  nous  un  miracle  par  la  grâce  de  Dieu. 


P.  Le  Nestour. 


THE   PROSE   TALES 


RENNES    DINDSENCHAS 


The  Dindsenchas  is  a  collection  of  stories  (senchasa),  in 
Middle-Irish  prose  and  verse,  about  the  names  of  noteworthy 
places  (dind  ^)  in  Ireland  —  plains,  mountains,  ridges,  cairns, 
lakes,  rivers,  fords,  estuaries,  islands,  and  so  forth.  And  the 
Rennes  Dindsenchas  is  a  copy  of  this  collection  preserved  in 
the  library  of  Rennes  in  ff.  90-125  of  the  Irish  MS.  so  fully 
and  accurately  described  by  M.  Dottin  in  the  Revue  Celtique, 
XV,  79-91.  The  part  of  the  codex  which  contains  the  Dind- 
senchas was  probably  written  in  the  fourteenth  or  fifteenth 
century  ;  but  the  collection  may  hâve  been  made  in  the  ele- 
venth  or  the  first  half  of  the  twelfth.  Portions  ofit  may,  to 
men  of  the  second  half  of  the  nineteeth,  seeni  silly  or  ob- 
scure. But  its  value  to  students  of  Irish  folklore,  romance  (so- 
metimes  called  history)  and  topography  has  long  been  recog- 
nised  by  compétent  authoritics,  such  as  Pétrie,  O'Donovan 
and  Mr  Alfred  Nutt.  Celtic  philologists,  also,  will  find  in  it 
some  rare  words  and  interesting  forms,  though  the  etyma 
with  which  it  abounds  are,  as  a  rule,  absurd. 

Six  other  copies  of  the  Dindsenchas  are  known.  viz. 
LL.,  the  copy  in  the  Lehar  Laignech  or  Book  of  Leinster,  a 


I.  In  Sg.  63a  13  oppidum  is  glossed  by  andiiid,  where  an  is  the  neuter 
article:  dind  is  cognate  with  the  Old  Norse  tindr  «spilvC,  tooth,  mountain- 
peak  »  A. S.  tind,  Old  High  German  liitt. 


Thi  Rennes  Dindienchas.  ^     273 

MS.  of  the  middle  of  thc  twelfth  century,  ofwhich  a  lithogra- 
phie focsimile,  in  which  some  leaves  are  misplaced,  was  pub- 
lished  in  1880.  Hère  most  the  taies  are  told  both  in  prose 
and  verse.  But  the  prose  versions  are  scattered  through  pp.  30, 
159,  160  and  165-170,  and  the  poems  are  in  pp.  151-158, 
1 61-164  and  19 1-2 16.  If,  as  seems  likely,  the  taie  about 
Emain  Mâcha  (edited  in  O'Curry's  Lectures  526-528)  is  part 
of  the  Dindsenchas  we  may  add,  for  the  prose  p.  20  and  for 
the  verse  p.  2r\ 

BB.,  the  copy  in  the  Book  of  Ballymote,  a  vellum  of  the 
end  of  the  fourteenth  century,  pp.  349-410  of  the  photographie 
facsimile  published  in  1887.  A  folio  (which  doubtless  con- 
tained  the  articles  Mag  Lena,  Chtech,  Cerna,  Cloenloch  and 
Iraros)  is  missing  after  p.  406. 

H.,  the  copy  in  H.  3.  3,  a  double-columned  vellum  in 
quarto,  ff.  36,  in  the  library  of  Trinity  Collège,  Dubhn, 
written  in  the  I5th  century.  Page  70  is  much  foded  and  p.  72 
is  illegiblc. 

Lee,  the  copy  in  the  Book  of  Lecan,  a  MS.  in  the  library 
of  the  Royal  Irish  Academy,  pp.  461-525.  This  copy  begins 
with  the  end  of  the  article  Diui  Gabail,  and  bas  therefore  lost 
the  introduction  and  the  first  twenty-two  numbers.  On  the 
other  hand,  it  contains  twenty-four  articles  which  are  not  in 
the  Rennes  MS. 

Bodl.,  the  unfinishcd  copy  in  the  Bodleian  MS.  Rawl. 
B.  406,  fF.  11-15.  This  contains  only  fifty-two  articles,  which 
hâve  been  printed,  with  translations  and  notes,  in  Folklore, 
vol.  III,  pp.  469-5 15. 

Ed.,  the  imperfect  copy  in  the  Edinburgh  MS.  XVI  Kilbride. 
This  copy  contains  only  fifty-five  articles,  of  which  the  last 
twenty-two  do  not  occur  in  Bodl.,  and  were  therefore  printed, 
with  translations  and  notes,  m  Folklore,  vol.  IV,  pp.  473-492. 

Of  thèse,  the  Rennes  copy,  BB.,  H.  and  Lee.  belong  to 
one  recension,  and  LL.,  Bodl.  and  Ed.  to  another. 

There  is,  moreover,  said  to  be  a  copy  of  the  Dindsenchas 
in  the  Book  of  Hy-Maine\  one  of  the  Stowe  MSS.  now  in  the 

1 .   See  O'Reilly's  Irish  IVriUrs,  p.  cxxiii.  Pétrie  {Ordnance  Siirvey  of  the 


274  Whitley  Stokes. 

library  of  the  Royal  Irish  Academy.  Dr  Kuno  Meyer  {Rev. 
Ceît.,  XI,  436)  has  found  copies  of  five  of  the  taies  in  another 
of  those  MSS.  now  marked  D.  4,  2.  The  articles  Slige  Dala 
and  Dihi  Mâsc  are  found  in  Laud  610  (a  MS.  in  the  Bodîeian) 
fo.  84''.  And  the  articles  Loch  Ce,  Mag  riDumach  and  Cnucha 
occur  in  Egerton  1781  (a  codex  in  the  British  Muséum), 
fo.  75'',  whence  they  hâve  been  edited  in  Folklore,  IV, 
pp.  492-496. 

The  Rennes  copy  (hereinafter  denoted  by  R.)  has  lost  a 
leaf  between  fo.  114  and  fo.  115.  Comparison  with  BB.  and 
Lee.  shews  that  this  leaf  contained  the  articles  Loch  Ri,  Loch 
nÉrne,  Ess  Ruaid  and  Druini  Cliab.  In  the  following  édition 
of  the  prose  taies  in  R.  thèse  articles  are  supplied  from  Lee. 
The  last  page  of  R.  is  now  illegible.  It  must  hâve  contained 
the  articles  Dûn  mac  Nechtain  Scène  and  Bile  Tortan.  Of  thèse 
the  former  is  supplied  from  Lee,  with  the  varions  readings  of 
LL.  and  BB.  The  latter,  being  wholly  in  verse,  does  not  fall 
within  the  scope  of  the  présent  undertaking. 

This  number  of  the  Revue  Celtique  contains  the  introduction 
to  the  Dindsenchas  and  the  first  thirty-two  articles.  The 
number  for  October  will  contain  articles  33-80.  That  for  Ja- 
nuary  1895  will  contain  articles  81-130.  If  our  Director  thinks 
fit,  I  will  edit  in  the  Revue  for  April  1895,  the  twenty-four  ar- 
ticles found  in  the  Book  of  Lecan,  but  not  in  the  Rennes  ma- 
nuscript.  Celtologues  will  then  hâve  ail,  or  nearly  ail,  the  ma- 
terial  available  for  the  study  of  one  of  the  most  curious  relies 
of  mediaeval  literature. 

W.  S. 


Connty  of  Londonderry,  p.  223)  mentions  another  vellum  in  Trinity  Collège, 
writtén  about  the  year  1 560  ior  John  O'Mulconry. 


The  Rennes  Dindsenchas. 


275 


CONTENTS. 


Introduction,  R.  fo.  90»  i 

1  Temair,  90»  i 
Dindgnai  Temrach  90^  i 

2  Dumae  n-Eirc,  92'  2 

3  Râith  Ésa,  92^  i 

4  Dindgnai  in  Broga,  92^  2 

5  Inbcr  nAilbine,  93b  i 

6  OchonnMidi,  931»  2 

7  Mide,  94^  2 

8  Druim  Dairbrech,  94b  i 

9  Laigin,  94''  2 

10  Sliab  Bladma,  94^  2 

1 1  Fid  nGaible,  95*  i 

12  Mag  Lifi,  95-'  2 

13  Berba,  93»  2 

14  Môin  Gai  Glaiss,  95^  i 

15  Fafaind,  95b  i 

16  Adarca  Hua  Failgi,  95^  2 

17  Aillend,  96-^  i 

18  Carman,  96»  2 

19  Bôand,  97a  i 

20  Nâs,  97»  2 

21  Ceilbe,  97b  i 

22  Liamain,  97''  2 

23  Dûn  Gabail,  98a  2 

24  Belach  nDuirgein,  98I'  2 

25  Bairend  Germain,  98''  2 

26  Duiblind,  99a  i 

27  Fornocht,  99^  2 

28  Ath  Cliath  Cualann,  99b  i 

29  Benn  Étair,  99''  2 

30  Dûn  Crimthainn,  looa  2 

31  Râith  Cndmrossa,  loob  i 

32  Maistiu,  loia  I 

33  Rôiriu,  ICI»  2 

34  Mag  Mugna,  loi»  2 

35  Belach  Conglais,  loib  i 


36  Ath  Fadat,  loib  i 

37  Belach  Gabrâin,  102^  i 

38  Sliab  Mairge,  102»  i 

39  Ard  Lemnachta,  102»  2 

40  Loch  Garman,  102''  i 

41  Loch  Dacaech,  103''  i 

42  Port  Lairge,  103b  i 

43  Mag  Roigne,  104»  i 

44  Mag  Femin,  104-1  2 

45  Tond  Clidna,  104^  i 

46  Carn  hùi  Néit,  105^  i 

47  Crotta  Cliach,  105^  2 

48  Cenn  Febrat,  10 )b  i 

49  Cenn  Cuirrig,  106^  i 

50  Temair  Lûachra,  106^  2 

51  Slîab  Mis,  106^  i 

52  Tipra  Sengarman,  106^  2 

53  Findglais,  lO/b  i 

54  Srub  Braiu,  107b  i 

55  Loch  Léin,  io8-^  i 

56  Carn  Feradaig,  108»  2 

57  Luimnech,  io8-^  2 

58  SligeDala,  io8b  2 

59  Sinann,  109b  i 

60  Slîab  n-Echtga,  iio^  i 

61  Ath  Cliath  Medraigi,  110*2 

62  Mag  n-Aidne,  i  lob  i 

63  Maenmag,  iiob  2 

64  Loch  Dergderc,  iii-»  i 

65  Râith  Crùachan,  iiib  i 

66  Ath  Lùain,  112^  i 

67  Turloch  Silinne,  112b  i 

68  Findloch  Géra,  112b  2 

69  Mag  nAi,  112b  2 

70  Mag  Mucraime,  113»  i 

71  Dumae  Selga,  113^  2 

72  Mag  Luirg,  113b  2 


276 


Whitley  Stokes. 


73  Loch  Néill,  114''  i 

74  Loch  Con,  114'  I 

75  Loch  nDechet,  114-»  2 

76  Mag  Muirisc,  114^  i 

77  Coronn, i 14^  2 

78  Carn  Conaill,  11 4'^  2 
[79  Loch  Ri,  Lee.  499» 

80  Loch  nÉrne,  Lee.  498» 

81  Ess  Ruaid,  Lee.  498^ 

82  Druim  Cliab,  Lee.  497^] 

83  Neimthend,  R.  115»  i 

84  Dubthir,  ii5->  i 

85  Mag  SIecht,  115-1  2 

86  Crechmâel,  115b  i 

87  Lia  Nothain,  ii)b  2 

88  Carn  Furbaidi,  116»  i 

89  Ard  Fothaid,  116»  2 

90  Mag  nEtha,  1 16^  2 

91  Ailech,  iiéb  i 

92  Carraic  Leithderg,  117-^  2 

93  Mag  Coba,  1 17»  2 

94  Ard  Machae,  117^  i 

95  Lecht  Oenlir  Âife,  118»  i 

96  Carn  Mail  nô  Carn  Luigdech, 

118^  2 

97  Râith  niôr  Maige  Line,  118I'  i 

98  Benn  Boirche,  118'^'  2 

99  Taihiu,  119-1  I 
100  Sh'ab  Puait,  119I'  2 
ICI  ShabCallann,  119^2 


102  Sruthar  Matha,  120^  i 
105  Odba,  120»  I 

104  Inber  Cichmaine,  120*  2 

105  Môin  Tire  Nâir,  120b  i 

106  Fich  mBùana,  120'^  i 

107  Loch  Gabar,  120''  2 

108  Lusmag,  120b  2 

109  Benn  Codoil,  12 1-^  i 
iio  Tlachtga,  121»  i 

11 1  Mag  Breg,  121^  i 

112  Mag  Lena,  121^2 

1 13  Odras,  122-»  i 

1 14  Cleitech,  122b  1 

115  Cerna,  122^  i 

116  Cloenloch,  123»  i 

1 17  Airarus,  123a  i 

118  Mag  Finnabrach,  123b  i 

119  Lia  Lindgatain,  123I'  2 

120  Gairech,  123''  2 

121  Luibnech,  124-^  i 

122  Lecc  Thollchind,  124»  i 

123  Indber  mBicni,  124^  2 

124  Loch  Sétna,  124»  2 

125  TrâigTuirbi,  124b  i 

126  Br[  Léith,  124''  i 

127  Tethba,  124b  2 

128  Loch  Aindind,  125^1 

129  Druim  Suamaieh,  125^  2 
[150  Dûn  mac  Nechtain  Scène,  Lee. 

322«J 


The  Rennes  Dindsenchas.  277 


SR.  fo.  90\ 
ENCHAS  DIXD  EREND  INSO  DORIGNE  AMORGcin  maC  Alllhal- 
gha[da]  in  fili  dona  Déisib  Temrach.  Ba  file  sein  Diair- 
mada  mie  Cearbaill.  is  é  dorad  dilges  for  Findtan  mac  Ldi- 
miach  hi  Tcmhraigli,  dia  mbdi  morddil  îer  n-Erenn  im  righ 
Temrach,  im  Diarmait  mac  Cerbaill  7  im  Fland  Febla  mac 
Scandldin  comarba  Padraicc  7  nn  sdi  fer  n-Erenn  im  Cend  fôe- 
ladh  mac  Oilella  mie  Eogain  mie  Neill,  7  im  Fhindtan  mac 
Laimhiach  ardsenôir  Eirend,  7  coro  troisc  Amhorghein  tri  Ida 
7  teora  hoidhci  for  Findtan  hi  fiadhnaisc  bfer  n-Erend  scéo 
mac  7  ingen  hi  Temraigh  ^  co  n-écsed  do  senchasa  dind  Erend 
fôdéigh  rolad  cach  duine  7  cacb  dîne  di  o  aimsir  Cesra  ingeine 
Beatha  —  is  hé  cctna  rogab  Ere  —  co  flaith  Diarmada  m/c 
Cerbaill,  co  n-eipirt  inso  : 


[i.  temair] 

§  I.  Temair  d'idiu,  ol  Amorgein,  mûr  Tea  ingine  Lu'igdech 
mie  Itha  dia  luidh  co  Geidhe  n-Ollgothach.  Is  ina  flaith  sein 
ba  bind[ithjir  la  câch  nduine  i  n-Ere  guth  aroile  bedis  téda 
mendcrot  ar  méd  in  sidha  7  na  cairdine  bôi  la  cdch  diaroile 
ind  Ere.  Comdh  aire  is  sruithiu  -  cach  mûr  in  mûr  sin,  fobith 
hit  é  cétnai  saorchu[i]r  Erend,  cuir  Tea  inghine  Luïgdech  fri 
Gefdhe  n-Ollgothach. 

§  2.  Nô  Temhair  .i.  Teipc  mûr  .i.  mûr  Teiphis  ingine 
Bachtir  ri  Espainia,  is  hi  bai  ac[C]anthon  mac  [CJaithmend  ri 
Breatan  conïd  romarb  occo  si,  7  doradudh  Heithiurûn  idhal  na 
mBretan  friataisecc  go  mba  béo  nô  marb.  Ruccrti/ sidhe  iarum 
iarna  bds  co  hEspain  co  «dernadh  mûr  impe  and  .i.  Teipe 
mûr,  Atro;niairc  Tea  dïdiu  ben  Eirimoin   insin   .i.  mûr  Te- 

1 .  Temraidh  R. 

2.  sruitheni  R. 

Revue  Celtique,  XV,  19 


278  Whitley  Stokes. 

phis.  Luid-sidein  co  hEirind  le  fear  7  dohardh.  [fo.  90-^  2]  di 
cacb  tulach  toghadh  in  E'mnii,  conïà  le  mnini  ronarnecht  mur 
amail  mûr  Tephis  ^,  coiïid  inde  rohadhnacht.  Unde  Temair  di- 
citur^. 

§  3 .  Temhair  7  Druim  Cdin  7  Liathdruim  7  Cathair  Cro- 
[f]ind,  Druim  nDéscm  .u.  anmanda  Temrach  indsin. 

§  4.  Vel  ita:  Temair  a  uerbo  graeco  temorio  quod  latine  in- 
terpretatur  conspicio.  Huius  oppidi  quod  Temoriam  uocamus 
nomen  esse  deriuatum  auctores  affirmant  ;  omnisque  locus 
conspicuus  et  eminens,  siue  in  campo,  siue  in  domo,  siue  in 
quocumque  loco  sit,  uocabulo  quod  dicitur  Ten^/r  nominari 
potest.Sic  in  prouerbio  scotico  reperitur,  ut  dicitur  tem^nV  na 
tuaithl  et  Temair  in  toighi,  quam  sententiam  in  suo  Silentio 
Cormaccus  de  hoc  nomine  disputando  possuit.  Hoc  5  igitur 
oppidum  multorum  sibi  commune  uindicat,  nunc  cunctis  enim 
Hibernensibus  oppidisexcellens  congrucnter  eorum  commune 
uocabulum  possidet,  quippe  cum  huius  rector  usque  [hodie] 
totius  insolae  Scotorum  monarchiam  sortitur-^. 

This  is  the  story  of  the  notable  steads  of  Ireland,  which 
Amorgein  mac  Aulay,  the  poetto  the  Dési  ofTara,  composed. 
He  was  Diarmait  son  of  Cerball's  poet.  Tis  he  that  made  de- 
mand  of  Finntan  son  of  Lamech  at  Tara,  when  there  was  a 
convention  of  the  men  of  Erin  round  the  king  of  Tara,  Diar- 
mait son  of  Cerball,  and  round  Fland  Febla  son  of  Scandlan 
a  successor  of  (Saint)  Patrick,  and  round  a  sage  of  the  men  of 
Ireland,  Cenn-foelad  son  of  Ailill,  son  of  Eogan,  son  of  Niall, 
and  round  Finntan  son  of  Lamech  the  chief  elder  of  Ireland. 
And  Amorgein  fasted  qn  Finntan  for  three  days  and  three 
nights,  in  the  présence  of  the  men  of  Erin  and  boys  and  girls 
at  Tara,  so  that  Finntan  might  déclare  to  him  thestories  of  the 
noteworthy  steads  of  the  island  of  Erin,  because  Finntan 
had  dismissed  from  it  every  person  and  every  génération 
trom   the   time  of  Cessair  daui?hter  of  Bith  —  'tis  he  who 


1 .  mûr  Tep  ainm  mûr,  R. 

2.  d/x/7  R. 

3.  Sic  BB.  Haec  R.  I  havc  hère  corrected  Uie  spelling  of  some  of  the 
Latin  words. 

4.  A  similar  préface  is  also  in  BB.  349. 


The  Rennes  Dindsenchas.  2jc) 

who  first  occupied  Ireland  —  till   the  reign  of  Diarmait  son 
of  Cerball.  So  he  said  this  : 

A  similar  introduction  is  contained  in  BB.  349^  and  Bodl.  ii>  i.  It  is 
quite  unhistorical,  tlie  writer  (e.  g.)  synchronizing  Diarmait  mac  Cerbaill, 
who  reigned  from  A.D.  559  to  558,  with  Fland  Febla,  who  died  A.D.  704. 

Fintan,  hère  called  son  of  Lamech,  is  elsewhere  made  son  of  Bochra.  He 
is  ùbled  to  hâve  sarvived  the  Déluge  and  died  in  the  seventh  century  after 
Christ.  For  the  «  fasting  »  upon  him  compare  the  dindsenchas  of  Carn  Co- 
naill  (infra,  no.  78),  the  note  in  the  Tripartite  Life,  p.  560,  and  the  Brah- 
manic  pra.cùœ  prâyopaveçana,  now  commonly  called  dharna. 

Cessair  is  said  to  hâve  been  a  granddaughter  of  Noah  and  to  hâve  died 
A.  lïi.  2242. 

As  to  Cennfoelad  see  O'Currj^'s  Lectures  pp.  47-49. 


[I.  temair] 

§  I.  Te-.mair  then,  quoth  Amorgein,  is  the  mûr  «  rampart  » 
of  Tea  daughter  of  Lugaid  son  of  Ith,  when  she  wedded 
Geide  the  Loud-voiced.  Tis  in  his  reign  that  every  one  in  Erin 
deemed  the  other's  voice  as  sweet  as  strings  of  lûtes  would  be, 
because  of  the  greatness  of  the  peace  and  the  friendship  that 
each  man  had  for  the  other  in  Ireland.  Therefore,  then,  is 
that  rampart  more  vénérable  than  every  rampart,  because  thèse 
are  Erin's  first  free  covenants,  the  covenants  of  Tea  daushter 
of  Lugaid  with  Geide  the  Loud-voiced. 

§  2.  Or  Te-mair,  that  is  Teipe-mûr,  that  is  the  rampart  of 
Tephe  daughter  of  Bachter  king  of  Spain.  'Tis  she  that  lived 
with  Canthon  son  of  Cathmenn  king  of  Britain,  till  she  died 
with  him,  and  Heithiuriin,  the  idol  of  the  Britons,  had  been 
given  as  security)  for  her  return  (to  Spain)  whether  alive  or 
dead.  So  after  her  death  she  was  brought  to  Spain,  and  there 
a  rampart  was  built  around  her  to  wit,  Teipc-mi'ir.  Now  Tea 
Eremon's  wife  saw  that,  to  wit,  the  rampart  of  Tcphis.  She 
went  to  Ireland  with  her  husband,  and  every  hill  she  would 
choose  in  Erin  was  given  to  her,  and  afterwards  she  designed 
[on  the  hill  of  Tara]  a  rampart  like  the  rampart  of  Tcphis, 
and  therein  she  was  buried.  Hence  it  is  called  Temair. 

§  3.    Temair   and  Druim  Cain   «    Beautiful   Ridge  »   and 


28o  Whitley  Stokes . 

Liathdruim  «  Grey-ridge  »  and  Caîhair  Crofinn  «  Crofinn's 
city  y>  and  Druim  nDéscen  «  Prospect  Ridge  »  those  areTara's 
five  names. 

§  4.  Or  thus  :  Temair  :  Authors  affirm  that  the  name  of  this 
town  which  we  call  Temoria  is  derived-  from  the  Greek  word 
ôswpsw  which  in  Latin  is  interpreted  conspicio  ;  and  every 
conspicuous  and  eminent  place,  whether  on  a  plain  or  in  a 
house  or  wherever  it  may  be,  may  be  called  by  this  word 
Temair.  Thus  it  is  found  in  this  Scotic  saying,  temair  na 
tuaithe  or  temair  in  toige,  which  sentence  Cormac,  when  treat- 
ing  of  this  name,  has  inserted  in  his  Glossary.  This  town, 
therefore,  chiims  for  itself  what  is  common  to  many  [i.  e.  the 
name  Temair],  and  as  it  now  surpasses  ail  [other]  Irish  towns, 
aptly  possesses  their  common  name,  for  its  ruler  even  to  this 
day  obtains  the  sovranty  of  the  whole  island  of  the  Scots. 

§  I  is  also  in  LL.  i59-'  and  Bodl.  60  1 1-':  §§  i,  2,  3,  4  also  iuBB.  349-', 
whence  they  hâve  been  published  with  translations  and  notes  by  Pétrie 
(Tara,  pp.  104-107)  and  Crowe,  Journal  of  the  Kilkenny  Archaeological 
Association,  July  1872,  pp.  140-143. 


[dindgnai  temrach  inso  sis]  ^ 

§  5.  Nemnach-  .i.  tipnt  lil  ocon  tsidh  ind  oirrt^éTtuaisc^rt 
na  Temrach.  Glais  dono  teid  a  Nemnaigh  5  .i.  Nith  a  hainm. 
Is  fuirre  ata  in  ccYna  muilend  doronadh  ind  Ere  la  Ciarnait 
cumhaiH  Cormaic. 

§  6.  Lathrach  tighi  Mairisen  fil  osin  tsidh  fri  Nemnaigh 
atuaidh,  7  tri  clocha  becca  [imbe].  Is  amlaidh  rosuidh[ig]edh 
in  tech  sin,  lar  ard  7  tùaradh  airiseal.  Mairiseo  do;w  bantreab- 
tach  hx  i  comré  5  fri  Cormnc.  Cach  tech  su'idigthir  in  tucht  sin 
ni  ba  duaibseach  7  ni  bia  cen  ana  and. 

§  7.    Raith  Loeguirc  m/c  Neill  fri  sodhoin  atûaidh.  Cethri 


1 .  From  LL.  30. 

2.  Nenmach  R. 

3 .  Nenmaigh  R. 

4 .  Ciarnaid  cumhal  R. 

5 .  Sic  LL.  30^.  itn  cora;  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  281 

doirtsi  ach  ardx  indti,  7  rosuidigt'rf  [corp]  Lasgw/Ve  fo  sciath- 
t|;aiss;iudh  f/isin  clodh  imechtrach  n-airt/;é'/'deiscf;'Wr/;  na  ri^h- 
ratha  Loeguirc  hi  Tcmraig  7  a  aghaidh^  fodes  ic  cathugud  fri 
Laighniu  .i.  fri  claind  Breasail  Bricc. 

§  8.  Ata  hi  tdob  ratha  Loeguire  anairdes  lecht  Niata  mor- 
glondaigh  .i.  iimus  bratbfrtach  robai  hi  foil  Cormaic.  Robad^r 
Idann  cethrar-  ôcclôech  ic  ckiichi5  hi  taob  ratha  Loegw/n  anoir- 
des.  Foeruirim  Niata  a  .iiii.  dar  cuimgib  al-les  hi  talamh. 

§  9.  Rath  rig  hi  tœb  ratha  Lxguin  atuaidh.  Atdt  tri  deccra 
i  suidhiu  .i.  lathrach  tighi  Cormaic  ind  ort/;^rdescgrf  na  ratha 
il-leith  fri  raith  Lxguin  fodes  :  lathrach  in  forraid  hi  tasb  lath- 
raige4  tigi  Cormaic  anoir.  Mur  Tea  [eturru]  il-leith  fodes, 
conid  dosam  rohainmnig^'i  Temair  À.  Tea  mûr  .i.  in  cnoc 
becc  fil  etcr  na  da  mûr  i  Icith  buddes  is  and  ata. 

§  10.  Caprach  Corma/c  .i.  tipra  fil  fo  tîeb  Ratha  na  rig  anoir; 
7  tri  hanmand  fuirre  .i.  Liaig  7  Tipra  bo  finde  7  Derc  dub. 
Is  de  ata  «  ni  tast  a  lasg  go  liaigh  »  [.i.]  indara  n-doi  a  Tem- 
raig  soir  7  aroile  a  Temrai^  siar. 

§  II.  Duma  na  Bo  .i.  glass>  Temnïr/;  fri  duma  [na  n  Giall] 
aniar. 

§  12.  Duma  na  nGiall  fri  lathrach  in  fwraidh  inairtuaidh, 

§  13.  Fal  hi  taeb  Dama;  na  nGiall  atùaid  .i.  in  cloch  no 
geiss^^  fo  chosaib  car/;  rig  nogeibedh  Hériiui.  [p.  90''  2]  Fal 
ainm  na  cloichi  sin  .i.  fo-ail  .i.  ail  fo  righ. 

§  14.  Lecht  Con  7  Cethin^  isin  leitir  hi  coma.rdus  Katha  na 
rig  siar.  Atat  di  cloich  and,  hcht  Con  indara  n-6i,  lecht  Ce- 
thin^  aroile,  conid  gnathfoczd  «  domgniis  Cù  7  Cethen  »  .i.  Cù 
romarb  Cethen  rondaire  Cormaic  ar  Idr  in  tighi,  coro  gaib 
[cachjndirghi  iarsain  fo  digais  na  Temrach  siar,  co  narrus  and, 
co[nid]  ro  marb  brathair  in  fir  romarbsum,  7  atb^rt  Cormflc 
na  romarbtha  Cù  7  ni  tarrus  œdarghaire  co  romarbaid  simul7. 


1 .  adhaigh  R. 

2 .  cctht/ar  R, 

3.  cluithi  R. 

4.  lathraide  R. 

5.  glais  R. 

6.  Sic  LL.  Cethen  R. 

7.  andis,  LL. 


282  Whiiley  Stokes. 

§  15.  Ata  tobwf  isin  comfdn  oLecht  Ceihin  fotûaidh.  Lpegh 
a  hainm  :  siar  car/;  ndirgha  bruindes. 

§  16.  Ata  lathrach  cuchtrach  Connaic  ïor  a  bru  isin  leitir 
os  L;\:^g  a  noir. 

§  17.  Raith  na  Senadh  hi  comhuir  Dumhas  na  nGiall. 
Kaitb  Senaid  fri  Fal  atûaidh. 

§  18.  Lathrar/;  Pupaill  Adhamhnain  ^  isin  raith  sin,  7  a 
c/;ros  arbeloib  na  ratha  sin  soir,  7  a  suidhe  7  a  duma  fri 
crois  andes. 

§  19.  Lecbt  Maine  mcic  Munrem///r  tri  Raith  na  righ  anoir. 

§  20.  Ata  lathrar/;  in  tighi  roloiscfif  for  Bcnen  gilla  Patraicc 
7  ïor  Lucad  Mœl  drai  Lxguiri,  ed  hec  o  c/;rois  Adhomhnain 
sairdes  .i.  hi  toeb  na  conaire  anair  a  bic-. 

[§  21.  Ataat  teora  clocha  beca  i  tœb  Ratha  na  Senad  tuaid 
.i.]  teora  5  cloclia  roldit[h]i  forsna  dru[id]ib,  hit  é  a  n-anmand 
.i.  Môel  7  Blocc  7  Bluicne.  Moel  soir  7  Blocc  fodes  7  Bluicne 
fotûaidh. 

§  22.  Ata  Lecht  ind  Abaic  friu  anoir.  Is  amlaid  -ata  in  cubât, 
sairdes  7  siardes.  Tri  troigthi  nama  a  tomus  'na  escaid  bicc 
tis4.  Is  -dmlaid  ata  in  lighi  7  cloch  becc  fo  talmain  ina  hnhur 
7  aroile  ina  oirt/;t'r.  Fogabt^rr  tri  traigidh  ^  ind  indara  fer/;/,  a 
tri  co  leith  in  iecht  n-aile. 

§  23.  Atat  dà  dhumha;  frisin  cuhat  atûaidh  .i.  Dali  7  Dor- 
chœ  .i.  Dali  teas  [leg.  tiar?]  7  Dorchii;  tîar  [leg.  toir]  7  cach 
romarb  aroile  dib,  7  ni  fuil  mûr  atarru  7  na  clocha  7  in  cubât. 

§  24.  Mûr  na  tri  cogar  i  fail  Luinge  na  mBan. 

§  25.  Lia  na  fian  fri  slighe"^  anoir  arbélaib  Ratha  Senaidh. 

§  26.  Ata  Long  na  mBan  .i.  Tech  Midhcuarta  on  dumha; 
oirrt/;<'rach  soirtûaidh.  Is  -ânûiiid  rosuidhigcJ  lathrar/;  in  tighi 
sin  .i.  leith[red]  fôa  fotûaidh  7  a  urard  ânes  7  comturgbdil 
mûir  ime  anoir  7  aniar.  Is  tîllti  bicc  in  leith  tûaiscrrt  de,  fo- 
tûaidh 7  fodes  ata  [a]  coir.  Fuath  tighi  fota  co  ndih   doirrsib 


I , 

Adhamhanain  R. 

2. 

Sic  LL.  hi  taob  a  ratha  atûaidh  R. 

5  • 

Tri  R. 

4- 

Esc  bec  this,  LL. 

5- 

traididh  R. 

6. 

slidhe  R. 

The  Rennes  Dindsench  285 

déc  fair  iiô  a  cethar  déc  À.  [fo.  91-'']  a  sechi  siar  7  a  sQcht  soir,  7 
isbcrad  is  annsin  domeil'ti  feis  Temrach.  D^/hb/r  sin  ar  notall- 
tad  forgla^  fer  w^venn  and  do  dôinib,  7  is  é  sin  [in]  tcch  môr 
milib  am//i". 

§  27.  Ata  duniiï;  [becc]  fn  lathrach[in  taige]  anairdcss-  isin 
oircend  deisc^rtaigh  .i.  Duma^  na  mBanamhus  [a  ainm]?. 

§  28.  Ata  comfot  Ca:lc[h]on  7  a  arad^  hi  comardus  in  cind 
tûaisc^rtais:  5  do  Luins;  na  mban.  Caslchu  andsin  mac  Loairnd 
mie  Râaidh  mie  Qoïmaic  Cais  di  ^oganacht  Caisil,  is  dia  sil 
Tuath-fis  oc  Temhraigh'^. 

§  29.  Treduma;  Neisi  ingine  Eachach  Salbuide  mathar  Coii- 
cohair  isin  cind  airt/;e;'ach  tuaisct'rtaigli  lii  comard/^5  cind  oir- 
t/;^rtuaisccrtaigh  Luingi  na  mBan. 

§  30.  Rath  Coiicohair  mie  Nesahi  taeb  inTredumi  7  atûaidli 
7  a  dorus  soir  a  comardwi'  Corwj-a  cind  7  meide  Conculainn. 

§  31.  Ata  lathrar/;  Sccith  Conculainn  cona  Thul  hi  comard//5 
na  méidi  sairtûaidh.  [Ijs  amlaid  ata  raith,  cutrama  cosmaii  fri- 
sin  talmain  7  cnocân  becc  'na  medôn  Idn  na  telach  di  ûir. 

§  32.  Ata  Sescand  Temicacb  lii  comardwi  Luinge  na  mBan 
siartuaidh  .i.  sescand  salach  becc  fil  hi  taob  Cairnn  na  macrai- 
dhe  andes.  ' 

§  33.  Ata  Raith  Grainne  o  Seiscend  Temrach  aniar  for  for- 
ard  na  telca. 

§  34.  Ata  ¥othad  Ratha  Grainne  atûaid  fo  [Fan]  na  Carpat 
hi  comard^i-  na  Clx-nfortœ  tûaiscertaighi  ^  sair. 

§  35.  Atat  na  di  Cic-enfertai  fn  Raith  Grainne  aniar.  Isin 
Cloenfertœ  desct'rtaigh  ro  ort  in  ingemad  la  Laighniu  dia 
samhnai.  Issin  Clxnkrlai  tunïscertaig  rue  Lugaid  in  ngùhreith 
isin  glaisin  do  orgain  dona  cairchib. 

§  36.  Ata  Carnn  [na]  macraidhe  Laighen  hi  txb  sescaind 
Temrach  atûaidh. 


1 .  noticallfad  forgladh  R. 

2.  Sic  LL.  indnoirndes  R. 
5 .  Sic  LL. 

4.  Sic  LL.  rath  R. 

5 .  tûaiscertaidh  R. 

6.  temhraidh  R. 

7.  hi  treidiu  R. 

8.  tuaiscgrtaighidh  R. 


284  Whitley  Stokes. 

§  37.  Atûaid  atà  Gros  Vergusa  noebailit[h]ir,  is  é  fil  hi  Car- 
raic  Cluman  hi  u-eb  Cairnn  na  mflîcraidhe. 

§  38.  [Ata  Dessel  Temra  et/r  in  da  Charn  na  maccraide]  .i. 
etir  in  carnn  deiscertach  7  in  carnn  tuaiscenach. 

§  39.  -Ata  Carnn  macraidhe  Hua  Neill  hi  tdob  Deisil  na 
Temrach  atiîaidh, 

§  40.  Raith  Colman  mie  Faolcon  o  Carnn  Maccraide  Hua 
Neill  sairtiiaidh  .i.  in  carnn  tua'iscertach . 

§  41.  Ata  Dumh^  ind  Luchduinn  hi  iceb  Ratha  Colman  mie 
Vœlcbon  aniar. 

§42.  Ata  Adlaic  7  Diadhlac  hi  comhardw^  Ratha  Cohimin 
sairtûaid  .i.  hi  taob  leitrech  frisin  raith  anair-[fo.  9i''2]-tùaidh 
.i.  di  tipraid  indsin,  Adlaic  indara  n-ôi  7  Di-adlaic  ^  aroile, 
acht-  ni  uil  deochair  eturra. 


TARA  s  REMARKABLE  PLACES,   THIS  BELOW. 

§  5.  Nemnach,  a  well  which  is  at  the  elf-mound  in  the 
north-eastern  part  of  Tara.  Out  of  Nemnach  cornes  a  stream 
named  Nith.  'Tis  on  this  that  the  first  mill  was  built  in  Ire- 
land  for  the  benefit  of  Ciarnait,  Cormac's  bondmaid. 

§  6.  The  site  of  Mairisius  House  is  over  the  elfmound 
to  the  north  of  Nemnach,  and  there  are  three  small  stones 
about  it.  Thus  was  that  house  settled  :  its  floor  high  and  its 
ti'iarad^Q)  very  low.  Now  Mairisiu  was  a  widow  contempo- 
rary  with  Cormac.  Every  house  that  is  settled  in  that  wise 
will  not  be  gloomy  and  will  not  be  without  treasures  in  it. 

§  7.  To  the  north  of  that  is  the  Fort  of  Loeguiir  sou  ofNiall. 
Therein  are  four  doors  facing  the  cardinal  points,  and  Loe- 
guire's  body,  with  his  shield  and  spear,  was  set  in  the  outer 
south-easterly  rampart  of  Loeguire's  royal  fort  at  Tara,  with 
his  ftce  to  the  south,  fighting  against  Leinster,  to  wit,  the 
clan  of  Brcsal  Brecc. 


1 .  Sic  LL.  dia  adlaic  R. 

2.  Sic  LL.  ar  R. 

3 .  tuard  LL. 


The  Rennes  Dindsenchas.  285 

§  8.  Beside  the  Fort  of  Loeguire  on  thc  south-east  is  the 
Grave  of  Niaia  of  the  Mighty  Deeds,  a  plundering  (?)  soldier 
who  livcd  with  Cormac.  One  day  four  warriors  were  playing 
beside  the  Fort  of  Loeguire  on  the  south-east.  Niata  pressed 
down  the  four  of  thcm  into  the  ground  above  the  narrows  of 
their  haunches. 

§  9.  The  Kings'  Fort  beside  the  Fort  of  Loeguire  on  the 
north.  In  this  are  three  strange  things,  to  wit,  the  site  of  Cor- 
mac's  Hoiise  in  the  south-eastern  part  of  the  Fort  on  the  side  to 
the  south  of  Raith  Loeguiri  :  the  site  of  the  His^h-seat  beside 
the  site  of  Cormac's  House  on  the  east;  and  betweenthem  Tea's 
Rampart,  from  which  was  named  Temair,  i.  e.  Tea-mûr, 
that  is,  the  hillock  between  the  two  ramparts  on  the  southern 
side  it  is. 

§  10,  Cormac  s  Capracb  (?J,  a  well  under  the  eastern  side  of 
the  Kings'  Fort.  And  it  has  three  names,  to  wit,  Leecb  and 
The  IVhitc  Coiu's  Well  and  Dark  Eye.  Hence  is  (the  saying) 
«  Its  Calf  ^  does  not  go  to  its  Leech  «  ;  one  of  the  two  (wells 
respectively  called  Calf  and  Leech)  being  east  of  Tara  and  the 
other  west  of  Tara. 

§11.  The  Moiind  of  the  Coiu,  that  is,  the  green  of  Tara  to 
the  west  of  the  Mound  of  the  Hostages. 

§  12.  The  Mound  of  the  Hostages  to  the  north-east  of  the 
site  of  the  High-seat. 

§  13.  Fàl  beside  the  Mound  of  the  Hostages  on  the  north, 
to  wit,  the  stone  that  used  to  roar  under  the  feet  of  every  King 
that  would  take  possession  of  Ireland.  Of  that  stone  the  name 
was  Foi,  i.  e.  fo-ail  «  under-stone  »,  i.  e.  a  stone  under  a 
King. 

§  14.  The  Monument  of  Cil  and  Cethen  on  the  hilislope  as 
high  as  (?)  the  Kings'  Fort  on  the  west.  Two  stones  are  there, 
one  of  them  Cû's  monument,  the  other  Cethen's:  and  there  is 
a  proverb  :  «  Thou  hast  acted  for  me  Cù  and  Cethen  ».  That' 
is,  Cû  killed  Cethen,  Cormac's  spencer,  in  the  midst  of  the 
house,  and  thereafter  went  straight  under  the  height  of  Tara 
westward,  and  there  he  was  overtaken,  and  a  kinsman  of  the 

I .   See  infra  §15. 


286  Whiîley  Stokes . 

man  whom  he  had  slain  slew  him,  and  Cormac  had  said 
that  Cû  should  not  be  killed,  but  no  interposition  was  found 
until  they  —  Cu  and  Cethen  —  had  both  been  killed. 

§15.  There  is  a  well  in  the  slope  northwards  from  Cethen's 
monument.  Calf  is  its  name,  and  it  springs  due  westward. 

§  16.  The  site  oï  Cormac' s  Kitchcn  is  upon  its  brink  on  the 
hillslope  over  »  Calf  »  to  the  east. 

§  17.  The  Fort  of  the  Synods  overagainst  the  Mound  of  the 
Hostages  (§  12).  The  Fort  of  a  Synod  to  the  north  ofFal  (§13). 

§  18.  The  site  oî  Adaninàn's  Pavilioii  is  in  that  fort,  and  his 
Cross  before  that  fort  to  the  east,  and  his  Seat  and  his  Mound 
to  the  south  of  (his)  Cross. 

§  19.  The  Monmiieiit  of  Maine  son  of  Munremor  to  the 
east  of  the  Fort  of  the  Kings. 

§  20.  The  site  of  the  house  which  was  burnt  over  Benén 
(Saint)  Patrick's  servant,  and  over  Lucat  Moel,  (King)  Loe- 
guire's  wizard,  is  a  short  distance  to  the  south-east  of  Adam- 
ndn's  Cross,  beside  the  path  a  little  to  the  east. 

§  21.  Beside  the  Fort  of  the  Synods  to  the  north  stand  three 
small  stones,  to  wit,  the  stones  that  were  setover  the  wizards. 
Thèse  are  their  nanies  :  Moel  and  Blocc  and  BJuicne.  Moel  to 
the  east,  Blocc  to  the  south  and  Bluicne  to  the  north. 

§  22.  To  the  east  of  them  is  the  Monument  of  the  Dwarf. 
Thus  stands  the  grave,  south-east  and  south-west  (sic  !)  Three 
feet  only  is  its  measurement  in  its  little  quagmire  below.  Thus 
is  the  grave  :  a  small  stone  under  ground  to  the  east  of  it 
and  another  to  the  west.  Three  feet  are  found  in  it  at  one 
time  and  three  and  a  half  at  another  time. 

§  23 .  North  of  the  (Dwarf  s)  grave  are  two  mounds,  name- 
ly  Dali  «  Blind  »  and  Dorchae  «  Dark  »  :  Dali  to  the  south 
[leg.  west  ?]  and  Dorchae  to  the  west  [leg.  east  ?],  and  each 
of  them  [i.  e.  the  persons  buried  under  them]  killed  the  other, 
and  there  is  no  wall  between  them  and  the  stones  (§  21)  and 
the  grave  (§  22). 

§  24.  The  Ranipart  of  the  Three  Whispers  is  near  the  House 
of  the  Women  (see  infra,  §  26). 

§  25.  The  Stone  of  the  Fia ns  is  to  the  east  of  a  road  in  front 
of  the  Fort  of  the  Synod  (§  17). 


The  Rennes  Dindscnchas .  287 

§  26.  The  Houseof  the  IVomen,  tliat  is  Tech  Midchuarta  is 
north-east  from  the  enstern  mound  (§23).  Thus  was  the  site 
of  that  house  settled,  the  lower  part  to  the  north  and  its  high 
part  to  the  south,  and  the  érection  of  a  wall  about  it  to  the 
east  and  west.  The  northern  side  of  it  is  a  little  bent  : 
north  and  south  it  oiight  to  be.  It  has  the  form  of  a  long 
house  \\'\ûï  twelve  doors,  or  with  fourteen,  that  is  seven  to 
the  west  and  seven  to  the  east.  And  men  say  that  there  the 
Feast  of  Tara  was  consumed.  That  was  reasonable,  for  the 
choice  of  the  men  of  Erin  would  lit  therein,  and  this  is  the 
Great  House  with  a  Thousand  Soldiers  : 

§  27.  There  is  asmall  mound  to  the  south-west  of  the  site 
of  the  House  in  the  southern  angle.  The  Mound  of  the  IVo- 
man-solditrs  is  its  name. 

§  28.  The  Grave  of  Caelchii  and  his  fort  near  the  northern 
end  of  the  House  of  the  Women.  Caelchu  is  there,  son  of 
Loarn,  son  of  Ruad,  son  of  Cormac  Cass  of  the  Eoganacht  of 
Cashel.  Of  his  seed  is  the  Tuath-fis  at  Tara. 

§  29.  The  Triple  Mound  ofNess ôiino\\ie\:oi'Eoc\\2.ià.Yt\\o\Y- 
heel  and  mothcr  of  Conchobar  is  at  the  north-eastern  end 
near  the  north-eastern  end  of  the  House  of  the  Women. 

§  30.  The  Fort  of  Conchobar  Mac  Nessa  beside  the  Triple 
Mound  with  its  door  in  the  east,  near  the  Adjustment  of  Cii- 
chulainn's  Head  and  Neck. 

§31.  The  site  of  Ci'ichulainn's  Shichi  with  its  Hollow  is  in 
the  neighbourhood  of  the  Neck  in  the  north-east.  Thus  is  the 
fort,  level  like  the  ground  and  in  tlie  midst  thereof  a  little 
hillock  which  was  the  fuU  of  the  Hollow  ot  clay. 

§  32.  Tara' s  Moor  is  near  the  House  of  the  Women  in  the 
north-east,  a  dirty  little  moor  which  is  beside  the  Cairn  of 
the  Children  in  the  south. 

§  33.  Gràinne's  Fort  is  from  the  Moor  of  Tara  from  the 
west  on  the  summit  of  the  hill. 

§  34.  The  foundation  of  Gràinne's  Fort  is  from  tlic  north  un- 
der  the  Slope  of  the  Chariots  near  the  northern  Cloenfertae 
(«  inclined  grave  »). 

§  35.  The  Tiuo  Cloenfertaes  are  to  the  west  of  Gniinne's  Fort, 
In  the  southern  Cloenfertae  the  girls  were  slain  by  the  Lcin- 


288  Whiîley  Stokes. 

stermen  on  the  day  of  samain  (Nov.  i).  In  the  northern 
Cloenfertae  Lugaid  (Mac  con)  passed  the  erroneous  judgment 
regarding  the  woad  destroyed  by  the  sheep. 

§  36.  The  Cairn  of  the  Chiidren  of  Leinster  is  beside  the  Moor 
of  Tara  to  the  north. 

§  37.  To  the  north  are  the  Cross  of  Fergus  a  holy  pilgrim  : 
'tis  he  who  is  (i.  e.  whose  remains  are)  in  Carraic  Cluman 
beside  the  Cairn  of  the  Chiidren. 

§  38.  The  Dessel  of  Tara  is  between  the  two  Cairns  of  the 
Chiidren,  that  is,  between  the  southern  cairn  and  the  northern 
cairn. 

§  39.  The  Cairn  of  the  Chiidren  of  the  Hni  Néill  is  beside 
the  Dessel  of  Tara  to  the  north. 

§  40.  The  Fort  of  Colmân  son  of  Faelchu  is  from  the  Cairn 
of  the  Chiidren  of  the  Hùi  Néill  to  the  north-east,  i.  e.  the 
northern  cairn. 

§  41.  The  Mound  of  the  Luchdofin  (?)  is  beside  the  Fort  of 
Colman  son  of  Faelchu  to  the  west. 

§  42.  Adlaic  «  Désire  »  and  Diadlaic  «  Créât  Désire  »  are 
near  Colmân's  Fort  north-east,  that  is  on  the  side  of  the  hill- 
slope  to  the  north-east  of  the  Fort.  Two  wells  arethose,  Adlaic 
is  one  of  the  two,  and  Diadlaic  the  other;  but  there  is  no 
différence  between  them. 

Also  in  LL.  30  and  BB.  349'' 35  —  5  5°''  49- 

5  5.  As  to  Cormàc  and  Ciarnait  see  BB.  351,  11.  18-25,  and  Lives  of 
Saints  from  the  Book  of  Lismore,  p.  361. 

§  7.  Loeguire  son  of  Niall  overking  of  Ireland  temp.  Patrick.  His  burial 
in  armour  with  his  face  to  his  lifelong  foes  is  also  mentioned  in  Lebor  na 
hUidre,  p.  566,  cited  and  translated  in  the  Rolls  édition  of  the  Tripartite 
Life,  pp.  566,  567. 

§  8.  Ni'ata  «  heroic  «  is  Mata  in  LL.  and  BB. 

5  13.  As  xo  Fdl,  whence  two  of  the  bardic  names  for  Ireland,  Mag  Fait 
and  Inis  Fàil,  see  also  LL.  9»,  lines  15-22,  BB.  350^»  lines  17-20,  and  Rcv. 
Celtique,  Xn,  56,  §  3. 

§  20.  For  an  account  of  the  fiery  ordeal  hère  referred  to,  see  the  Tri- 
partite Life,  p.  S 8. 

§§  29,  39.  As  to  Ness  (or  Nessa)  and  her  son  king  Conchobar  see  LL.  106 
and  Lives  of  Saints  from  the  Book  of  Lismore,  pp.  xxxiv-xxxv. 

§  31.  Compare  LL.  121b  37-41  :  Benair  a  làm  dôi  daHo  di  Choinculainn 
dia  digail.  Documlat  ass  iarum  in  tsluaig  7  doberat  leo  cend  Conculainn  7 


The  Rennes  Dindienchas.  289 

a  laim  dôi  co  tancatar  Ttmraig,  conid  and  atâ  otharlige  a  chind  7  a  hume 
doi  7  lân  lainne  a  scéith  di  ûir  «  So  Cùchulainn's  right  hand  is  struck  off 
him  to  avenge  Lugaid's.  Theu  the  hosts  march  thence,  taking  with  them 
Cùchulainn's  head  and  his  right  hand,  till  they  came  to  Tara,  and  thc  grave 
of  his  head  and  his  right  hand  is  therc,  and  the  full  of  the  cover  (?)  of  his 
shield  of  mould  ». 

§  35.  As  to  the  ûrst  cloeiifertae,  where  the  thirty  princesses  and  their  at- 
tendants were  killed  by  Dunlaing  son  of  Enna  Nia,  see  Revue  Celtique, 
XIII,  51,  and  Rawl.  B.  502,  fo.  73b  i.  As  to  the  second  doenfertae  and 
Lugaid's  false  judgment  st&Rerc.  Celtique,  XIII,  460-462. 


2.    DUMAE    N-EiRC. 

Dumhaî  nEirc,  canus  rohainmnighedh  ? 

Ni  ansae.  Earc  mac  Cairpr/  Niafer  mac  scn  Rosa  Ruaidh  ri 
'L-xxgen,  7  is  é  Earc  robean  a  cenn  do  Comcnlainn.  Fedlem  àono 
Noc/;rothach  ingen  Concobw/r  mfc  Nesa,  bean  Cairpn  m^:- 
thair  Eirc  7  Aicli,  como  tuidchidh  CoinW  Qrnach  àono  do  di- 
ghail  Conculainn  îor  Ere,  co  torch^/r  and  Erc,[7]co  tucca^  a 
cend  co  Tema/r  îri  taiselbadh,  co  tainic  Acall  a  d^rbsiur  a 
hUUta/^  oa  fiur  .i.  o  Glan  mac  C^xrhaid,  do  châiniudh  a  hrà- 
thar,  co  mbai  .ix.  trath  [oc]  an  guba,  gor'  cnomuidli  a  cride 
indti,  7  adbiVt  a  adn^fcol  7  a  dumha;  air[m]  on  faicfidhe  adna- 
c\i\  Eirc  7  a  dumns.  Unde  ^  Dumha  Eirc  7  Dumha  Aicle  no- 
mina[n]tur. 

Dumae  nEirc,  «  Erc's  mound  »?  whence  was  it  named  ? 

Not  difficult-.  Ere  was  son  of  Carpre  Nia-fer  son  of  Ross  the 
Red,  king  of  Leinster  and  'tis  he  that  struck  ofi' Cùchulainn's 
head.  Now  Fedelm  the  Fresh-formed  (Conchobar  mac  Nessa's 
daughter  and  Carpre's  wife)  was  the  mother  of  Ere  and  Acall. 
So  when  Conall  Ccrnach  came  to  avenge  Ciichulainn  upon 
Ere,  and  Ere  fell  in  the  duel,  his  head  was  taken  to  Tara  to 
be  exposed.  Then  his  sister  Acall  left  her  husband  Glan  son 
of  Carbad,  and  came  eut  of  Ulster  to  bewail  her  brother.  For 


1 .  R.  inserts  àicitiir. 

2.  To  save  space,  this  formula  will  hereafter  be  omitted. 


290  Whitley  Stokes. 

nine  days  she  kept  at  the  lamentation,  till  lier  heart  brokc  in 
her  like  a  nut^  and  she  said  tliat  her  grave  and  her  burial- 
mound  should  be  in  a  place  from  which  Ere  s  grave  and  bu- 
rialmound  would  be  seen.  Hence  are  named  Dumae  n-Eirc 
and  Dumac  n-Aicle. 

Also  in  BB.  352^  and  H.  5b. 

Dumac  uEirc  has  not  been  identified.  Dumae  nAide  was  perhaps  on  the 
Hill  of  Acall  now,  according  to  O'Curry  (M.  arid  C,  II,  106),  the  Hill  of 
Screen,  near  Tara,  in  Meath. 

According  to  the  Book  of  Leinster,  Ere  instigated  the  beheading  of  Cû- 
chulainn,  but  the  actual  headsman  was  Lugaid  :  see  Revue  Celtique,  III, 
182. 

The  sentiment  of  the  taie  of  Acall  is  somewhat  modem.  Modem  too  is 
the  treatment  of  the  heart  as  the  seat  of  affection  not  of  thought  or  wisdom. 
Sce  Windisch,  Ucher  dcii  Sit~  der  denl-eiiden  Seele  and  i  Kings,  III,  12. 


RÂlTIi    ÉSA. 


Raith  Easa,  canas  rohainmnigf^i? 

Ni  aiisa.  Esa  ingen  Eachach  Oireman  7  Étaine,  dalta  Midhir 
Bri  Leith,  is  lé  tuccad  cet  aich  indile  co  Midhir  iar  mbreith 
Édaine  o  Eodiaig  ar  aithedh  a  Fremaind,  7  ni  feas  cia  ros-fuc 
110  cia  hairm  i  -  mccad.  Co  n-tpcn  Codhal  Crin-cichech  nô 
[Crin-]  cosach  :  «  Ros-fucc  Midhir  i^  niBri  Leith  ».  Bôi  àmo 
Eocha ici  .ix.  mhWadna  hi  fJrbais  {or  Bri  Léith  7  nocoilled  Mi- 
dhir in  toghail,  7  co  tue  Midhir  i  niBri  Leith  iarww  tri  fichu 
ban  co  ndeilb  Étaine  do  Eocha ig,  7  Esa  a  ingen  feisin  et^rru. 
Coii'id  annsin  doreguinn-sium  dih  uile  a  ingin  fesin,  coind  si 
riicc  Mes-Buachalla,  mâtbair  sein  Coiiakc. 

Luid  do;/t)  Eochaid  aithcrrach  do  cuingid  a  mna  7  a  érca 
co  Midhir,  7  dobcrt  do  a  mnoi  7  an  eraic  co  n-auttaigh  .i. 
tochar  lar  Moin  Lamr^/Vt:  7  tid  tar  Breifne  7  diclochadh  hi 
Mide,  7  Luachafr  tar  Tebtha  :  conid  hriim  dorât  Echaid  dia  ingin 


1.  cnômhoidh,  no  do  chnômhoidh  .i.  dobhris  amail  chnâoi,  O'Clery. 

2.  aR. 


The  Rennes  Dindsenchas.  291 

a  rogha,  cia  suidiug//^/  cosa  mberta  si  ûadh,  coind  and  doroe- 
gha  sin  Raith  n-Esa  .i.  airm  a  ùïched  na  tri  dinna  [.i.]  Sid  in 
Broga  7  Duma  na  nGiall  iii  Tcmraig  7  Dun  Cnmtbai?ui  i 
n-Étar.  Unde  Kàitb  Esa  dicitur. 

Esa  daughter  of  Eochaid  Airem  and  Etdin  and  fosterlino;  of 
Mider  of  Bri  Léith,  'tis  by  lier  that  a  hundred  of  evcry  (kind 
of)  cattle  were  brought  to  Mider  after  Etdin  had  been  carried 
off  from  Eochaid  in  elopement  out  of  Fremann,  and  it  was 
unknown  who  had  carried  her  off,  or  into  what  place  she 
was  taken,  until  Codai  of  the  Withered  Breast  or  Withered 
Feet  said  :  «  Mider  h  as  taken  her  into  Bri  Léith.  »  Then  Eochaid 
was  for  nine  years  beleaguering  Bri  Léith,  and  Midir  was  spoil- 
ing  the  destruction^.  And  (after  Eochaid  had  conquered-,) 
Mider  brought  into  Bri  Léith  to  Eochaid  three  score  women  with 
Etdin's  form,  and  amongst  them  Esa  Eochaid's  own  daughter, 
and  then  from  them  ail  he  chose  his  own  daughter,  and  she 
brought  forth  Mes  Buachalla,  who  afterwards  was  Conaire's 
mother. 

Then  Eochaid  went  again  to  Mider  to  ask  for  his  wife  and 
his  eric  (compensation),  and  Mider  gave  him  his  wife  and 
the  eric  which  he  demanded,  to  wit,  a  roadway  over  Môin  Lam- 
raige,  and  a  wood  over  Brefne,  and  a  didochad  (?)  in  Meath, 
and  a  rushry  over  Tebtha.  Whereupon  Eochaid  gave  his 
daughter  her  choice  as  to  what  seat  she  should  be  taken  to 
from  him.  So  then  she  chose  Rdith  Esa,  a  place  from  which 
she  would  sce  three  noteworthy  steads,  namely  Sid  in  Broga 
«  the  Elfmound  of  the  Plain  »,  and  Duma  na  nGiall  «  the 
Mound  of  the  Hostages  »  in  Tara,  and  Dûn  Crimthainn  on 
Howth.  Hence  is  said  Ràith  Ésa. 

Also  in  BB.  353a  and  in  H.  6b.  Versified,  LL.  163»  26. 

As  to  Mider  and  Etâin  see  LU.  131,  132:  Windisch,  Irische  Texte,  I, 
113:  Egerton,  1782,  fo.  118.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cycle  mythologique 
irlandais,  pp.  310-322.  O'Curry,  M.  andC,  II,  192-194.  III,  pp.  162,  190. 
King  Conaire  was  tlie  hero  of  the  taie  of  the  Togail  Briidnc  Daderga.  As  to 
the  places  hère  mentioned  see  nos.  4,  i  §  12,  and  30. 

1.  i.  e.  injuring  the  siege-works  ?  The  corresponding  line  of  the  poem 
in  LL.  1631  39  is  Midir  ocondoloim  sin  ic  admilliud  na  oprc. 

2.  iar  togail  in  isida  sin,  LL.  163-^  40. 


292  Whilley  Stokes. 


4.    DiNDGNAI    IN    BroGA. 

Do  dingnuib  in  Broga  inso. 

.i.  Long  ingine  Foni'md.  Lecbt  in  Daghda.  Mur  na  Morrigna. 
Ledit  in  Mate,  is  dia  colptlia'^  rait^r  Lidb^r  Colpta.  Barc 
Cnmthainn  NiaNair-,  ar  is  ann  roadnacht.  Fert  ¥ek\liiiitJÀ 
Rechtmair.  Carngal  3  Cuind  Cetcathaig.  Com[f]ot  Cairbre  Li- 
fechair.  Fulacht  Fiachaigh  Sraibtine  jii. 

Sencus  dono  in  Brogha  beos  : 

IMdaei  in  Daghda  cetamus.  Da  Cich  na  Morrigna  iarsnin^. 
Airm  i>  ngenair  Cermaid  Milbeoil  mac'm  Daghda.  Firt  mBoin- 
ne  ^  mna  Ne(:/;/oin  meic  Nûa[d]at.  Is  i  tue  [le]  in  coin  [mbig] 
diarbo  ainm  Dabilla  unde  Cnoc  Dabilla  diciiur.  Du  ma  Tres[c]. 
Ft'rta  Escldim  br^//;emon  in  Daghda  frisa  n-apar  Ffrta  Prttnïic 
indiu.  Cir  7  Cuirreill  mna  in  Daghda  .i.  da  cnoc.  F^vta  Aodha 
Luirgnigh"  mc/c  in  Dagi^'a.  Dcic  mBua[i]Icc  mbicc^.  Ler/;f 
CtWaig  mc/c  Maile  Coba.  'L&cht  gabra  Cinôeda  meic  Irgûaig. 
Carcar  Leith  Machœ.  Glend  in  Mata  .i.  seilc[h]i  sin,  ut  alii 
dicunt.  Liag  Buidhe  ms/c  Muiredha^,  airm  i  J  fuil  a  cend. 
Leac  Ben[d]  .i.  lecht  forsa  torc[h]air  in  Matie  secht  fichïl  cos 
lais  7  sccht  cind.  Duma  na  Cnam.  Caiscl  Aongusa  m/c  Crund- 
mail.  Rout  sula  Midhir  7rl. 

Of  the  remarkable  things  of  the  Brug,  this  : 
The  House  (Bed  ?)  of  Forann's  daughter.  The  Monument 
of  the  Dagda.  The  Rampart  of  the  Morn'gain.  The  monument 
of  the  Mata  :   from  its  coJptha  (shinbone)  Inber  Colptha  in 


1 .  R.  inserts  conid  de 

2 .  A*,  inserts  ar 

3 .  carnail  BB. 

4.  post  R. 

5.  a  R. 

6.  inBoinne  R. 

7.  Si'd  yEda  lurgnich,  LL.  211-''  15. 

8.  derc  ??/Babuilc  bil,  LL.  211-'  3. 


The  Rennes  Dindknchas.  29^ 

calleJ^  The  Palace  of  Crimthann  Nia  Nâir,  for  he  was  bur- 
ied  therein.  The  Tomb  of  FedHmid  the  Lawgiver.  The  Cairn 
of  Conn  of  the  HunJred  Battles.  The  Grave  of  Cairbre  Life- 
char.  The  Cooking-place  of  Fiacha  Sraibtine,  etc. 

The  story  of  the  Brug  still  : 

TheBed  of  the  Dagda  in  the  first  place,  Thereafter  the  Two 
Paps  of  the  Morrigain.  The  place  wherein  Germait  of  the  Ho- 
ney-mouth,  son  of  the  Dagda,  was  born.  The  Tomb  of 
Boind  wife  of  Nechtdn  son  of  Nuada.  'Tis  she  that  brought 
with  lier  the  little  hound  named  Dabilla,  whence  «  Dabilla's 
Hill  »  isso  called.  The  Mound  of  Tresc.  The  Tomb  of  Esclam 
the  Dagda's  brehon,  which  is  today  called  Ferta  Patraic.  The 
Gomb  and  Gasket  of  the  Dagda's  wife,  i.  e.  two  hills.  The 
tomb  of  Aed  Luirgnech  the  Dagda's  son.  The  Gave  of  Bualc 
the  Little.  The  Monument  of  Gellach  son  of  Mael-coba.  The 
Monument  of  the  steed  of  Ginaed  son  ofirgalach.  The  Prison 
of  LiathMachae-.  The  Glen  of  the  Mata,  that  was  a  tortoise^, 
as  some  say.  The  Stone  of  Buide  son  of  Muirid,  the  place 
where  his  head  is.  The  stone  ofBenn(?),  that  is,  the  monu- 
ment on  which  the  Mata  fell  :  seven  score  feet  had  he  and 
seven  heads.  The  Mound  of  the  Bon  es  (of  the  Mata).  Thé 
Stone-wall  of  Oengus  son  of  Grundmael.  The  Shot  of  Mider's 
Eye,  etc. 

Also  in  BB.  555^  49  and  H.  7».  Versified,  LL.  164''  211».  Printed  from 
BB.  with  a  translation  (by  O'Donovan?)  in  Petr  10:'$  Round  Tmvers,  pp.  102, 
193  «  as  an  example  of  the  class  of  monuments  in  use  in  Ireland  duringthe 
sway  of  the  Tuatha  de  Danann  race,  as  well  as  subsequently  ». 

Brug  maie  ind  Oc,  otherwise  called  Brug  na  Bôinde,  near  Slane  on  the 
northern  bank  of  the  Boyne. 

Mor-rigaiii  (gl.  lamia),  Regina  215,  fo.  loi.  one  of  the  Tuatha  dé  Da- 
nann, reoccurs  s.  vv.  Mag  Breg,  Berba,  etc.  and  plays  a  part  in  the  Tu'iii  bô 
Ciiahige. 

We  shall  meet  the  Mata  again,  infra  no.  28.  A  poem  ascribed  to  Mongan 
son  of  Fiachna  and  Colomb  cille  (LL.  194I'  23)  gives  it  only  four  heads. 


1 .  See  infra.  No.  28. 

2.  The  Grey  of  Mâcha,  one  of  Cûchulainn's  horses. 

5.   Cf.  tiiiiir  seilchc  cited  by  K.  Meyer  (Rev.  Celt.,  XI,  434)  from  Toch- 
marc  Eviire. 

Revue  Celtique,  XV,  20 


294  Whitley  Stokes. 


5.  Inber  n-Ailbine. 

INber  n-Aillbine,  cànas  rohainmnig^i  ? 

Ni  ansa.  Rûad  mac  Rigduind  meic  rig  ¥cr  Muirigh  tarclam 
lucht  Ah.  noad  do  tecbt  tar  muir  do  acallaim  a  cornai ta^  [.i.] 
meic  rig  Lochlainne.  [Feb]  amluidset  co  leth  lenna  feimidset 
imram  nacb  leth  amal  nos-fastai  ingir.  Imluid  hnim  Rù;^dh 
mr  luing  amach  ar  co  fesad  cid  dia  mbôi  ani  nos-mert  ^  7 
nomsaoi  flii.  Atchi  iarwm  .ix.  mna  côimiu  do  mndib  [domain] 
'ga  fostad,  triar  fo  ^  cacli  nôadh.  Rucsat  leo  Ruad  dono  co 
fiioi  .ix.  n-oidhci  la  car/;  mnoi  for  tir  tartha  no  ior  longiiib  cre- 
dumai.  Cor[o]  toirrci  aon  dib  ûaidhib,  7  rogell  afyithisi  a  tia- 
chtoin  andochum  ma  roised  a  set. 

Luid  dono  Rûad  co  tech  a  comalta  7  flii  lais  .uii.  mhliadna, 
7  luid  fo/-ciila,  7  ni  rofir  a  dail,  co  loracht  Magh  M//;righ, 
Luidset  [didiu]  na  nôi  mna  cusm  mac  7  ros-fucsat  léo  dia  [te]- 
larracht,  7  ni  mon-airnic  doib.  Mavhaid  dono  a  mâthair  a  mac 
fein  annsin,  7  xn  mac  Rùaid,  7  focfrd  urcbur  [dô]  dia  chind, 
conid  and  asb^rt  cach  amail  bid  o  oengen  :  «  Is  oUbine,  is  oill- 
bine  !  »  \Jnde  dicitin-  Inhcy  n-Oïl\hine. 

Rûad  son  of  Rigdonn,  son  of  the  king  of  Fir  Miirig,  mus- 
tered  the  crews  of  three  ships  to  go  over  sea  to  hâve  speech 
with  his  fosterbrother  the  son  of  the  king  of  Lochlann. 
When  they  had  got  half  way  across  they  were  unable  to^' 
voyage  in  any  direction,  just  as  if  an  anchor  was  holding 
them.  So  then  Rûad  went  ont  over  the  ship's  side  that  he 
might  know  vvdiat  it  was  that  was  stopping  them,  and  he  turn- 
ed  under  the  vessel.  Then  he  sees  nine  women,  the  loveliest 
of  the  world's  women,  detaining  them,  three  under  each  ship. 
So  they  carried  Ruad  off"  with  them  and  he  slept  for  nine 


1 .  Sic  BB.  inde  nosmbfrt,  R.  andi  not-fosd,  H.  Cf.  ar  ruiner  tus  g\.  statui, 
Ml.  58>:  9,  58J  17. 

2.  SicBB.  fo;-  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  295 

nights,  [one]  with  each  of  the  women,  on  dry  (?)  grounJ  or 
on  beds  of  bronze.  And  one  of  them  became  with  child  by 
him,  and  he  promised  that  he  would  come  again  to  them  if 
he  should  perform  his  journey  ^ 

Thcn  Ruad  went  to  his  foster-brother's  house  and  stayed 
with  him  for  seven  years,  after  which  he  returned  and  did  not 
kecp  his  tryst  truly,  but  fared  on  to  Magh  Muirigh.  So  the 
nine  women  took  the  son  (that  had  been  born  among  them), 
and  set  out  (singing,  in  a  boat  of  bronze-,)  to  overtake  Ruad, 
and  they  did  not  succeed.  So  the  mother  then  kills  her  own 
son  andRùad's  only  son,  andshe  hurled  the  child's  head  after 
him  ;  and  then  said  everv  one  as  if  with  one  mouth,  «  It  is 
an  awful  -rime  !  It  is  an  awful  crime!  »  Hcnœ Liber  n-OilUnne. 

Also  in  BB.  5  5  5a  ^nd  H.  8-^.  An  unsuccessful  attemptto  publish  the  test 
of  BB.  will  be  found  in  the  Allantis,  IV,  255,  236,  where,  however,  there 
is  a  good  translation  bv  O'Curry- 

The  Oillniie  or  Ailbine  is  now  (according  to  O'Curry)  «  the  river  Dilvin, 
which  falls  into  the  bay  of  Malahide,  in  the  county  of  Dubhn  »,  ibid., 
191  note. 

As  to  the  détention  of  ships  by  submarine  folk,  see  R.  Kôhler  in  the 
Zeitschrijt  fur  aeutsches  Alterthum,  XXIX.  4)6-458,  and  Child,  Englisb  and 
Scottish  Popular  Ballads,  IV,  510. 


6.  OcHONN  Midi. 

Ochund  Midhe,  canas  rohainmniged  ? 

Ni  ansa.  Dia  ndech(?/t/  Niall  NôigialW;  m^c  Eachacb  dar 
muir  n-Icht>  bôi  dono  intansin  Eochaid  mac  [fo.  94^  i]  Enna 
Ceindsek^''  tair  ïor  tafund  iar  marhad  Laidgeind  meic  Boir- 
cheda,  Vonid  é  tue  in  chomairle  dona  mnaibh  .i.  cuingi[d] 
deilbe  rig  in  domoin  do  taidbsin  doib,  coro  taiselb  iar»/»  iarna 


1 .  Litcrally,   attain  his  way  :   cf.  dûs  in  roised  marbad  Câic,    Irische 
Texte,  2te  Série,  i  Heft,  p.  4. 

2.  So  in  the  metrical  version. 

3  .  dar  muir  co  nacht  muir  n-Icht,  BB, 


296  IVhitley  Stokes. 

dietgudh  doib.  Bôi  dono  Eochaid  amal  cacb  mnoi  [i]na  trechu- 
masc  co  cruisigh^  fobride  fo[a]choim,  conid  di  congegne  in  ri[g] 
on  deirc  ochsaileco'roile  .i.  Niall,  7  atb^rt  airm  a  clannfai[de]  a 
lecht  co  n-arleicthia  geill  and  7  (:o?z[s]niad- n^rtcaich  giallu  dô. 
Tucad  da«o  corp  Neill  anair  '  7  mebsat  secht  catha  riam,  7 
do[m]b<'rtsat  co  hOchoind,  coro  hadhnacht  and  hé.  Conld  de 
ata  Ochan  mor  muindt/ri  Neill  airm  ir-roscar  cach  o  aroile  7 
i  n-arlaicit  geill  Erenn  i  suidiud.  Unde  Ochonn  [Midi]  dicitur. 

When  Niall  of  the  Nine  Hostages,  son  of  Eochaid  (Muid- 
medôn),  went  over  the  Ictian  sea,  then  was  Eochaid  son  of 
Enna  Cennselach  in  the  east  in  exile  after  killing  Laidgenn  son 
of  Boirchid  (Niall's  wizard).  So  he  (Eochaid  son  of  Enna 
Cennselach)  advised  the  women  (of  France)  to  ask  that  the 
king  of  the  world's  form  might  be  shewn  to  them4.  Where- 
fore,  after  iindressing,  Niall  displayed  himself  to  them.  Now 
Eochaid,  like  any  woman  in  their  crowd  (?),  was  there  with 
his  javelin  under  his  garment,  So  with  it  he  transfixed  the 
king,  Niall,  from  one  armpit  to  the  other.  And  Niall  said 
(when  dying)  that  his  hostages  should  be  released  where  his 
monument  should  be  made,  and  so  that  the  strength  of  every 
power  should  be  gained  by  him. 

So  Niall's  body  was  brought  (to  Ireland)  from  the  east,  and 
his  troops  routed  their  foes  in  seven  battles,  and  took  him  to 
Ochan,  and  there  he  was  buried.  And  the  great  lamentation 
(ocbâii)  of  Niall's  household  is  where  each  parted  from  the 
other  and  wdiere  the  hostaa;es  of  Erin  were  released.  Whence 
«  Ochonn  of  Meath  »  is  said. 

Also  in  BB.  355b  and  H.  lo^.  Versified  LL.  154»  10.  The  translation  of 
the  last  sentence  but  one  is  conjectural.  Compare  LU.  51^  39:  Niall  im- 
}i!orro  iss  and  roadnacht  i  n-Ochâin  Coma  de  atâ  Ochain  forsin  telaig  .1.  och 
câini  .i.  ind  ochfad  7  ind  écâini  dodrônsat  tîr  Hercnn  oc  caini  Neill  and. 

Miiir  ii-Icbt  the  Channel  between  France  and  England. 

1 .  cruisidh  R. 

2.  Sic  H.  amiad  R.  Cf.  consulat  [coinsneadh,  P.  O'C]  .i.  cosnam 
O'Dav.  69. 

5 .   Sic  BB.  aniar  R. 

4.  So  in  the  Tdin  bô  Câalti^rj  Cùchulainn  displays  himself  to  the  women 
and  poets,  L.U.  p.  8i-'. 


The  Rennes  Dindsenclias.  297 

There  are  some  rare  words  and  forms  in  this  taie  :  diétgud,  trechumasc, 
fobriJe,  congegjie  (=  congcogoin,  H.,  coiigegua,  BB.)  consnlad,  and   ar-laicit. 

Niall  of  the  Nine  Hostages  is  said  to  hâve  been  overking  of  Ireland  froni 
A.D.  577  to  404.  Of  his  nine  hostages,  five,  according  to  Keating,  were 
from  Ireland  and  tour  from  Alba.  But  the  metrical  version  mentions  hos- 
tages of  the  Saxons,  Franks  and  Romans  : 

Firian  focul  atbfrt  Niall       dia  ngoet  forsind  rîan  cen  rûn, 

âitt  i  clanta  ilad  Néill       coMingtis  a  ngeill  for  cùl. 

Aire  sin  raleicthea  ass      dar  gaeth  '  nglass,  ba  trom  a  thress, 

geill  Saxan,  ba  niordal  [mass],       gcill  Franc,  géill  Roman  an';^djes. 


7.    MiDE. 

Mide,  canas  roainmui^ed? 

Ni  ansa.  Midhe  mac  Bmtha  meic  Deatha,  Ci^'/narofhado  tene 
for  clannaib  Nemedh  i  iiErmn,  7  robôi  se  hVmdns.  îor  lasad, 
coma  on  tene  sin  rohadnad  car/;  primtene  i  nYiérinn,  coma,  de 
dliges  a  comorba  miacli  la  muic  car/;  oen  cleitiie  i  nEir/n//, 
CD  n-erbradar  drai[d]e  Hérenn  :  «  Is  mi-dé  dun  in  tene-si  rohad- 
nad isin  tir  ».  Co  ro  tinolait  àniid  Hérenn  ind  oentech,  co  tal- 
laid  a  tengt[h]a  asa  cennaib  t/'ia  comairle  Mide,  corH^-adnaic  hi 
talmain  Uisneich,  7  co  ndesid  Mide  primdrai  7  p;imsenchfl/i 
Hérenn  uaisib.  Atbrrt  Gairech  ingen  Gumoir,  muime  Mide  : 
«  Is  uais  nech  dotilt^r  sund  innoclit-  ».  Unik  Uïsnecb  7  Mide. 

Mide  son  of  Brath,  son  of  Deotli,  was  the  first  to  light  a  fire 
in  Erin  for  the  clans  of  Nemed,  and  it  was  six  years  a-blaze, 
and  from  that  fire  was  kindled  every  chief  fire  in  Erin.  Where- 
fore  Mide' s  successor  is  entitled  to  a  sack  (of  corn)  with  a 
pig  from  every  house-top  in  Ireland.  And  the  wizards  of  Ire- 
land said  :  «  'Tis  an  evil  smoke  {ini-dé)^  for  us,  this  fire  that 
hath  been  lit  in  theland  ».  So  the  wizards  of  Ireland  were  col- 
lected  into  one  house,  and,  by  Mide's  advice,  their  tongues 
were  eut  out  of  their  heads,  and  he  buricd  them  in  the  ground 


1 .  gaoth  .i.  fairgc,  O'Cl. 

2.  For  innoclit  R  lias  inneoch  dofil  sunn  anoclit. 

3.  Midhe  .i.  droichthcinc,  O'Cl. 


298  Wintley  Stokes. 

of  Uisnech,  and  Mide,  chief  wizard  :ind  chief  historian  of  Ire- 
land,  sat  above  them.  Then  said  Gairech  Gumor's  daughter, 
Mide's  fostermother  :  «  Sublime  (jmis)  is  one  {necJi)  who  is  hcre 
tonight  ».  Whence  Uisnech  and  Mide. 

Also  in  BB.  356'',  H.  6»  :  Bodl.  no.  7  (FoUcIore,  III,  575-6)  and  Ed.  2^2. 
Versified  LL.  199b  34.  See  also  O'Curry,  Manners  and  Customs,  II,  191, 
and  Silva  Gadelica,  II,  520-521.  475,  where  it  is  edited  from  BB. 

Mide  now  Meath.  Uisnech  now  Usnagh  Hill  in  Westmeath.  Brath  son  of 
Death  (or  Deoth)  was  father  of  Breogan,  BB.  12'.  The  Clans  of  Nemed  the 
second  colonists  of  Ireland. 


.  8.  Druim  nDairbrech. 

Druim  nDairbrech,  canas  l'oainmniged? 

Ni  a  usa.  Dairbre  Derg^  mac  Lulaig  meic  Ligmuine  do  Ai- 
thechtuath^r//^  '  Hérenn,  co  tuairsi  Ligmuine  7  Fer  mBolg  7 
Fer  nDomnand  targlamsat  cath  Comuir  5  do  Tuathal.  Doluid 
da;/()  Tuath^7/  7  Fiachfl^  Casan  7  Findmall  a  brath^/r  don  cath 
sin.  Dairb[r]i  D^'g,  [immorro]  7  Eochaid  Oilech  forsin  leith 
n-aill.  Fegair  hruin  in  cath  7  doit/;/;'  for  Eochaig  n-Oilech,  7 
marhtbair  Dairbre  fora  drumainn.  Un^^  Druim  nDairbrech. 
Vel  ita  :  Druim  nAirbre,  fri  Bri  Ele  anair  ata.  \]nde  dicituY  Fo- 
thairt  Airbre  .i.  fothairt  filet  fri  Bri  anoir. 

Druim  nDairbrech,  whence  was  it  named  ? 

Not  difficuk.  Dairbre  the  Red  son  of  Lulach  son  of  Lig- 
muine, of  the  Peasant-tribes  of  Irehind,  with  a  remuant  of 
Ligmuine  and  the  Fir  Bolg  and  the  Fir  Domnann,  gathered 
(forces  to  deUver)  the  battle  of  Commar  to  Tuathal  (Techt- 
mar).  So  Tuathal  and  Fiacha  Cassan  and  Findmall  his  brother 
went  to  that  battle.  Dairbre  the  Red,  however,  and  Eochaid 
Oilech  were  on  the  other  side.  Then  the  battle  is  fought,  and 


1.  Drechdcrg  LL.  192-122. 

2.  each.  îuathaib,  R. 

3.  commair,  LL.  192=»  29. 


Tlic  Rennes  Dindsenchas.  ^99 

Eochaid  Oilech  is  defeated,  and  Dairbre  is  killed  on  his 
Ridge'.  Whencc  Druim  nDairbrech  «  Dairbre's  ridge  ».  Vel 
ita  :  Druim  n-Airbre  i.  e.  to  thc  cast  of  Bri  Ele  it  is.  Wlience 
is  said  Fothairt  Airbre  i.  e.  Fotharts  that  are  to  the  east  of 
Bri. 

Also  in  BB.  3 56b  47  and  H.  i6->.  Versified  LL.  192-'  15. 

Druim  nDairbrech  is  perhaps  the  Druim  Dairhhreach  mentioned  by  the 
Four  Masters,  A.D.  1065,  where  O'Donovan  translates  thc  name  by 
«  Oak-hill  »,  and  says  that  it  is  now  unknown. 

As  to  the  Aithechtuatha  and  Tuathal  Tcchtmar  see  BB.  255»  34,  the 
Four  Masters,  A.D.  76,  106,  1258,  note  i,  and  Lives  of  Saints  from  the 
Bûok  of  Lis  more,  Préface  xxxvii. 


9.  Laigin. 

Laigin,  canas  ro  ainmniged  ? 

Ni  ansa.  Laigin  a  laginis  .i.  ona  laignib  lethnoib  tucsat  leo 
na  Dub-gaill  a  tirib  Gall.  Da  cet  ar  dib  milib  a  lin.  moaroenre 
Lahvaid  Lo'mgsech  [À.]  Moen  mac  O'ûelh  Aine,  dolotar  in  fial- 
lach  sin. 

Nô  it  laig/H  CLimddigti  oir  7  airg/7  tucsat  cerda  Hérenn  do 
Lahraid  Lo'mgsech  À.  Maen,  dia  du[d]chrtfi  7  Ernolb  mac  righ 
Danmarg  diar'ortsat  in  rigraid  im  Cohtbacb  Coelbreg  i-  nDind 
Rig. 

Nà  is  Laig/n  quasi  laig-fine  .i.  fine 3  sil  Laegaire  Luire: 
lurcon  cnim  graece  auldus  deuorator  interprétât ur  hitiiie  :  lorc 
didiu  angbaid  iiô  lainnfordiuclandtaid. 

Tri  anmann  doib  .i.  [Fir]  Domnann,  Gaileoin,  Laigin;  7 
GaWeoin  roalsat  Lahraid  ior  a  loinges  hi  tirib  GaU. 

IT  GûXeoin  inunorro  iar  n-aimsir  mair  batrtr  i[c]  cohraid  Oi- 
/dla  m^n'c  Rosa  ior  Tain  bo  Cuail^nc.  \]mle  àicitur  Tricha  cet 


1.  i.  e.  the  ridge  named  after  him  :  dnimainn,  which  should  apparently 
be  drnmmaim  in  the  dat.  sg.  So  infra  No.  1 1  roleclann  is  written  for  rote- 
daim. 

2.  caol  a,  R. 

3 .  Sic  H.  laigû'r  .i.  fir  R. 


tjoo  Whitley  Stokes. 

Gaileoin,  7  nidat  Galenga,  ar  is  cian  mdr  ria  Corm^ic  Gaileng 
roferad  Tain  bo  Cuailnge. 

DocechnaMr  drai[d]  Eremi  for  Gala^//u  co  roeb[d]adar  uile 
inge  mad  bec,  7  an  dotuaraid  dib  ros-dibaid  Tuatha/  Techtmar. 
Is  clann  Labwfl'fl  imniorro  Laigin  uile  acbf  Lai[g]si  7  Fothairt 
Domnann  immorro  ros-dilgend  Tuzihal. 

Laigin  from  laginae,  that  is  from  the  broad  spears  which 
the  Blacic  Foreigners  brought  with  them  trom  the  lands  of  the 
Gauls.  Two  thoLisand  and  two  hundred  was  their  complément. 
Along  with  Labraid  the  Exile,  that  is  Moen  son  of  Ailill  ot 
Aine,  that  army  went. 

Or  it  is  laigin  «  spears  »  adorned  with  gold  and  silver 
which  the  craftsmen  of  Ireland  gave  Labraid  the  Exile,  that 
is  Moen,  when  he  and  Ernolb  son  of  the  king  of  Denmark 
came  and  destroved  the  kings  round  Cobthach  Coelbreg  in 
DindRig. 

Or  it  is  Laigin  quasi  laeg-Jine  the  family  of  the  seed  of  Lae- 
gaire  Lorc,  luiroii  [leg.  lurco  ?]  enim  graece  [leg.  latine  ?]  is 
interpreted  «  a  greedy  devourer  »,  lorc  then  means  ruthless 
or  an  eager  devourer. 

Three  names  had  they  (the  Leinstermen)  to  wit,  Fir  Dom- 
nann, Gaileoin  and  Laigin,  and  it  was  the  Gaileoin  that  nour- 
ished  Labraid  during  his  exile  in  the  lands  of  the  Gauls. 

'Tis  the  Gaileoin,  moreover,  who  after  a  great  while  were 
helping  king  Ailill  son  of  Ross  on  the  Tain  bô  Cualnge. 
Whenceis  said  «  thirty  hundred  Gaileoin  »,  and  they  are  not 
the  Galenga,  for  the  Driving  of  the  Kine  of  Cualnge  hap- 
pened  long  before  Cormac  Galeng. 

Ireland's  wizards  sung  spells  on  the  Galeoin  so  that  ail  per- 
ished  save  a  few,  and  what  remained  of  them  Tuathal  Techt- 
mar destroyed.  AU  the  Leinstermen  are  Labraid's  children  save 
Laigsi  and  Fothairt  Domnann  which  Tuathal  exterminated. 

Also  in  LL.  159*:  BB.  357-^:  H.  161^:  Bodl.  no.  4.  Ed.  i^  2  (incom- 
plète). See  also  Silva  Gaddica,  II,  455,  300. 

Laigin  now  Leinster.  Dinn  Righ  one  of  the  two  royal  seats  in  Leinster, 
near  Leighlin  Bridge  to  the  west  of  the  Barrow.  See  LL.  22»  2,  48^  10, 
192»  37  and  269'. 


The  Rennes  Dindsenclias.  501 

As  to  Loegaire  Lorc,  Cobthach  Coelbreg  and  LabraiJ  Loingsech  see 
O'Mahony's  Keatingpp.  250-254. 

Cormac  Gaileiig,  see  Corniac's  Glossary,  s.  v.  Gaileng,  and  LL.  )2<^'^. 


10.  Sliab  Bladma. 

Sliab  Bladma,  cid  diata  ? 

Ni  ausa.  Bladma  iw  Blod  mac  Con,  incic  Gais  Clothwm^ 
micc  Uachaill,  romarb  Bregmc-el  gahaind'  Cuirce  meic  Snithe 
rig  Erota  ^  Doluid  iartain  ina  nocdin  co  rogaib  a  feronn  a 
sliab.  Un(f^  Sliab  Bladma. 

Nô  is  Blad  mac  Breogain  ba  marb  ann  do  t;im,  et  a  qiio 
mons  nominatur.  Nô  it  blcda  mara  .i.  biasta  mara,  ruiseda  a 
n-anmann,  7  bit  i  n-uiscib  7  i  tirmaib,  7  it  he  foruidbet  na 
cranna  [fo.  95^'  i].  Um/f  «  Sliab  bledach  Bledma  »;  7  Ros 
Ndir  meic  E[d]licon  he  prius. 

Bladma  or  Blod  son  of  Cii,  son  of  Cas  Clothmin,  son  of  Ua- 
chall,  killed  Bregmael  the  smith  of  Cuirce,  son  of  Snithe  king 
ofiruaith.  Thereafter  he  went  in  his  boat  and  took  his  land 
on  the  mountain.  Whence  is  Sliab  Bladma. 

Or  'tis  Blad  son  of  Breogan,  who  died  there  of  pestilence. 
And  from  him  the  mountain  is  named.  Or  they  are  sea- 
hleda  i.  e.  sea-  monsters  named  ruiseda,  and  they  live  (equally 
well)  in  waters  and  on  dry  grounds,  and  'tis  they  that  destroy 
the  trees.  Whence  «  monstcrful  Sliab  Bledma  [Félire,  April  7], 
and  it  was  previously  called  Ross  meic  Edlicon. 

Also  in  LL.  159b  17  :  BB.  357b  25  :  H.  17a:  BodL  no.  11:  Ed.  2^  2. 
Sliab  Bladma,  now  Slieve  Bloom,  on  the  border  of  King's  and  Queen's 
counties. 

1 1 .  FiD  x-Gaiblh. 

Fid  nCaible,  canas  ro  ainmniged  ? 

Ni  ansa.  Gaible  mac  Etadoin  meic  Nuadat  Airgetlam  tall 

I .   ri'g  hua  Fuaia  no  rig  Muada,  LL. 


302  Whitley  Stokes. 

grinne  Ainge  ingine  in  Dagda  roteclann  si  do  denam  drochta 
di,  ar  an  drochta  fognid  in  Dagda  ni  anad  do  tinnsaidsin  cen 
nobid  muir  for  tuile,  7  ni  tucta  banna  as  cen  ba  aithbi  and. 
Tarrlaicc  ercor  don  grinne  sin  a  Belach  Fuahsccach  co  ro  fas 
Finncoill  as,  aviid  de  ata  Fid  nGaillbe  nâ  nGaible  nunc. 

Nô  comad  Gabal  ainm  na  haband  dotdot  trit.  Unde  dixit  ^ 
B^rcan  : 

IS  inmain  in  gabalsa 
bid  uaithi  ainmnegad 
for  leth  in  fiadaso, 

a  rad  ni  ro. 
in  gemsa  carrmocaill 
in  ucbf  na  cluanaso 
tall-  sliiagh,  mor  fo. 

Nô  comad  hi  Gabal  Gairechtain  ingen  Guill,  ben  Ôirc  meic 
Ingoir  ri  Atha  cliath  /zobaidte  isin  abaind  sin  iar  mirhad  a  fir 
la  Ai//ll  mac  ^da  Roin  i  n-Ath  Orc.  Unde  dicitur  Fid 
nGaible  7  Gabal  7  At[h]  Orc. 

Gaible  son  of  Ethadon  son  of  Nuada  of  the  Silver  Hand, 
stole  a  bundle  of  twigs  which  Ainge  the  Dagda's  daughter  had 
gathered  to  make  a  tub  thereof.  For  the  tub  which  the  Dagda 
had  made  (for  her)  would  not  cease  from  dripping  while  the 
sea  was  in  flood,  but  not  a  drop  was  let  out  of  it  during  the 
ebb.  He  hurled  a  cast  of  that  bundle  from  Belach  Fualascach 
and  (in  the  place  whereit  ahghted)  a  fairwood  grew  thereout. 
Hence  it  is  now  (called)  Fid  nGaibli,  «  Gaible's  wood  ». 

Or  it  may  be  (from)  Galml  «  Fork  »,  the  name  of  the  river 
that  flows  through  it.  Whence  Saint  Berchan  said  :  «  Dear  is 
this  Fork  :  from  it  is  the  appellation  on  the  half  of  this 
Word  :  to  say  so  is  not  overmuch.  This  gem  of  carbuncle  in 
the  breastof  this  lawn  carried  off  a  host  :  great  good.  » 

Or  it  may  be  from  Gabal  Gairechtach  daughter  of  GoU 
wife  of  Orc  son  of  Ingor  king  of  Dublin,  who  was  drowned 


1 .  diciuir  R. 

2.  tallaR. 


The  Rennes  Dindsenchas.  303 

in  that  river  aftcr  lier  husband  \vas  killed  by  Ailill  son  of  Aed 
Rôn  at  Âth  Orc.  Whence  is  said  Fid  nGaible  and  Gabal  and 
Ath  Orc  «  Swineford  ». 

Also  in  LL.  159-'  50  :  BB.  357''  33  :  H.  17»:  Bodl.  no.  6:  and  Ed.  2^  i. 
Edited  froni  LL.  in  Silva  Gadelica,  II,  476,  525. 

Fid  iiGaible,  now  Feeguile,  the  name  of  a  wood  in  Leinster,  in  which 
S.  Berchàn  built  the  church  of  Clonsast. 


12.  Mag  Lifi. 

Mag  Life,  canas  ro  ainmniged  ? 

Ni  ansa.  Life  ^  ingen  Cannain  Cruthn/^T  doluid  la  Deltbanda 
mac  Druchta,  dailemoin  Conaire  Moir  rig  Temra.  A  Sid 
Buidb  ar  Femen  do.  Fodes  didiu  o  Temraig  gahsat,  ar  rop 
aloind  lee  in  mag  darsa  tanic  co  wdatig  a  hainm  fair.  [Conna 
ro  ddil  Deltbanna  do  feraib  Herenn  coro  ainmnigthe  in  mag 
ût  o  anmum  a  mnd  -.]  Unde  Mag  Liji. 

Nô  co  wbad5  Fea  an  ainm  7  li  oni  ba  laind  le  ina  flica. 

Life,  daughter  of  Cannan  the  Pict  went  with  (i.  e.  wedded) 
Deltbanna  son  of  Drucht,  the  spencer  of  Conaire  the  Great, 
kingofTara.  Out  of  the  Elfmound  of  Bodb  on  Femen  was  he. 
South  of  Tara  they  set  up,  and  because  the  plain  over  which 
she  came  seemed  beautiful  to  her,  she  asked  that  her  name  might 
be  on  it  ;  and  Deltbanna  dealt  out  no  more  (liquor)  for  the 
men  of  Erin  until  yon  plain  was  called  by  his  wife's  name. 
Whence  Mag  Lift. 

Or  may  be  Fea  was  the  name  and  Li-  because  what  she  saw 
seemed  bright  to  her. 

Also  in  LL.  159»  26  :  BB.  5)8»:  H.  17b:  BodL  no.  4.  Edited  in  Silva 
GcuieUca,  II,  482,  550. 

Mag  Lifi  or  Liphi  (ad  campuni  Lifi,  Book  of  Armagh,  fo.  15b  1,  in 
campo  Liphi,  ibid.  lo-»  i,  10^  2)  a  plain  in  the  county  ofKildare,  through 


1.  Sic  H.  Lipti  R. 

2.  Sic  LL. 
S.   obat  R. 


304  Whitley  Stokes. 

which  the  river  Liffey  winds.  Femeii  a  plain  near  Cashel,  co.  Tipperary; 
Flaith  Femin  find,  LL.  129. 
Conairc  Môr,  v.  supra,  no.  3. 


13.  Berba. 

Berba,  canas  ro  ainmnigcd  ? 

Wiûnsa.  Meiche  mac  na  Morrigna  is  and  robatar  na  tri  cri- 
deda,  corot-marb  Mac  cecht  im-Maig  Mechi  ^  Mag  Fertaigi 
dano  a  ainm  in  maige  co  sin-.  Amlaidli  badar  na  cride  sin,  co 
ndelbaib  tri  nathrach  treithib.  Meni  îoised  diMio  bas  do  Mechi 
arforbertais  na  nathracha  ind  7  focnafed  ana  faigbet  béo  i  nHér- 
inn.  Roloisc  ï-àxiim  Mac  cqcIjî  in[na]  cride  sin  im-Maig  Lua- 
Ûiat,  coro  la  al-luaitli  lasin  sruth,  comd  rcmarb  eas  in  tsrotlia, 
[7]  coro  marb  cich  n-anmanda  roboi  ann,  7  coro  m[b]erb.  Nô 
combad  i  n-Au'd  Luaithrid  [noloisc  ^].  Undc  B^rba  dicituv  7 
Mag  Mèche  7  Aird  Luaithrid. 

Nô  coma[d]  Berba  .i.  her  nô  bir  7  ba  .i.  balb.  \]nde  Berba 
dicituY  À.  uscc  balb. 

Mèche  son  of  the  Mor-rigain,  in  him  were  the  three  hearts 
till  Mac  Cecht  killed  him  on  Mag  Mechi,  which  till  then 
had  been  named  Mag  Fertaigi.  Thus  were  those  hearts,  with 
the  shapes  of  three  serpents  through  them.  Now  if  death  had 
not  befallen  Mèche  the  serpents  in  him  would  hâve  grown, 
and  wdiat  thev  left  aUve  in  Ireland  would  hâve  wasted  away. 
Then  Mac  cecht  burnt  those  hearts  on  Mag  Luathat  «  Plain  of 
Ashes  »,  and  cast  their  ashes  with  the  strcam,  whereupon  the 
rapids  of  the  river  stayed,  and  every  créature  therein  died 
and  boiled. 

Or  maybe  it  was  on  Ard  Luaithrid  «  Height  of  Ashes  » 
that  he  burnt  the  hearts;  whence  Berba  is  said,  and  Mag  Méchi 
and  Ard  Luaithrid. 


methi  R. 

This  sentence  is  misplaced  in  R. 

Sic  BB.  leg.  roloisc. 


Tlie  Rennes  Dindsenchas.  505 

Or  Bcr-ha  m\x\  be  (a  compound  of)  /;(';■  or  hir  «  water  »  and 
ha  «  dumb  ».  Whence  is  said  Bcrba,  that  is,  «  dumb  watcr  ». 

Also  in  LL.  159b  40  :  BB.  3)8-^  :  H.  lyb  :  Bodl.  no.   13  :  Silva  Gadelica, 

II,  An,  S25-S24- 

Berha  now  the  sluggish,  silent  river  Barrow.  Mag  Liiadat  supposed  by 
O'Donovan  to  be  near  Newtown  Stewart,  co.  Tyrone. 

Mac  cecht  one  of  the  Tuatha  dé  Danann  kings  or,  more  probably  Co- 
naire's  champion.  See  LU.  89^,  97b,  98^. 


14.  Moin  Gai  Glaiss. 

Moin  Gai  Glais,  canas  roainmniged  ? 

Ni  ansa.  [Gae]  Glas  mac  Luinde  meic  Loga  Liamna,  nia  sin 
Thchach  Srabtine.  As  do  dongm  an  goba  in  gasi  dot[h]ecwwc. 
Doluid  [andeass^]  Culdub  mac  Dein  dia  samna  do  cuingid 
gona  duine  ccin,  co  -  roguin  Fidrad  mac  Dama  Duibe,  a  quo 
Ard  Fidraid.  Dochuaid  Gœ  Glas  ina  hrmomcbt,  co  tarlaic  fair 
in  sleg  dogena  in  goba  do  tri  drai[d]^i:/jf^  co  ndechaid  tria 
Culdub  isin  monaid,  7  ni  frith  in[t]sleg  sin  iarwm,  acht  oen 
tuarascbail  fosfuair  Ma:;l  Odarn  nwc  Dimai  Croin  dia  nge- 
gna  di  Ait[h]ecda  ri  Hua  Mail  iar  mbeith  Ma^l  odrain  hïndain 
hi  talmain,  diar'  cachain  som  in  rand  so  : 

IMlech  Ech 

i  Moin  da  Ruad  ar  cacb  leth, 
ci[a]  ron-maid  enech  ron-bi 
nirbo  dui,  a  Aithechdai. 

Ba  si  sin  in  Carr  Btlaig  Duirgein,  is  i  nomarba^  [in]  trichait 
mbuiden.  Amlaid  nobid,  7  gobai  fo  bragaid,  7  nis-luaidhed 
nech  acht  démon.  Hi  cein  bess  in  sleg  7  a  rind3  fodess  ni  ïor- 
brishdir  nen  Leithe  Cuind  o  Laignib. 

Gae  Glas  son  of  Luinde  son  of  Lug  Liamna  was  Fiacha  Srabti- 
ne's  champion.  'Tis  for  him  that  the  smith  made  the  intractable 

1.  Sic  H. 

2.  cia  R. 

?  .•  raind  R. 


3o6  Whitley  Stokes. 

spear.  From  the  south  Cûldub  son  of  Dian  went  on  the  day- 
of  samain  (Nov.  i)  to  seek  to  slay  some  one,  and  he  slew  Fid- 
rad  son  of  Dam  Duh,  from  whom  Ard  Fidraid  is  called. 
Then  Gae  Glas  went  a-foUowing  him  and  hurled  at  him  the 
lance  which  the  smith  had  made  for  him  by  magie,  and  it 
passed  through  Cûldub  into  the  bog,  and  that  lance  was  never 
found  afterwardssave  once^,  when  Mael-Odrdn  son  of  Dimma 
Cron,  after  he  [leg.  it  ?]  had  been  a  year  in  the  ground,  found 
it  and  slew  therewith  Aithechdae  king  of  Hûi  Mail.  Whereof 
he  sang  this  stave  :  IinJcch  Ech,  tic-. 

This  lance  was  the  Carr  5  of  Belach  Duirgen  :  'tis  it  that 
would  slay  the  thirty  bands.  Thus  it  was,  with  a  fork  under 
its  neck,  and  none  save  the  Devil  would  move  it.  So  long  as 
the  lance  is  with  its  point  southwards  the  strength  of  Conn's 
Half  (the  North  of  Ireland)  will  not  be  broken  by  Leinster. 

AIso  in  BB.  558b  and  H.  i8^ 

Mael-odrain  son  of  Dimma  Cron  is  mentioned  by  the  Four  Masters,  A.D. 
647,  and  in  Rawl.  B.  512,  fo.  115b  b  i.  In  Rawl.  B.  502,  fo.  75b  2  he  is 
called  Ima  Dimniae  Chroin. 

Mo  in  Gai  Glais  «  Grayspear's  Bog  »,  not  identlfied.  Belach  uDiiirgcn,  see 
infra  no.  24. 


15.  Fafaind. 

Fafaind  canas  ro  ainmniged  ? 

Ni  ansa.  Broccaid  mac  Bruic.  do  Gailianaib  Labradha 
Loingsig,  is  do  ba  mac  Faifne  file  7  Aige  a  ingen.  A  mâîhak 
Liber  ingen  Luit.  Badar  foirmdig  ddini  doib.  Fodailsed  siabra 
andochum  co  rodelbsad  Aigi  in  Iség  n-aWaid  cor'  cuir  cuaird  fo 
cethair  timcoll  E\:emi,  co  ros-marbsat  fian  Meilge  mac  Cob- 
thaig4  ri  Hcnvui,  7  ni  frith  di  acbt  bolg  usci,  7  mos-laisen  isan 
abaind,  coiiïd.  uaide  ainmnigth/r  Aigi. 


A  mère  guess:  oen  l iiaraschail  V)\.era.\ly  «  one  description  ». 
I  can  make  no  sensé  of  this  quatrain, 
carr  .i.  sleagh,  O'Cl. 
Cobtaid  R. 


Tlie  Rennes  Dind'senchas.  307 

Luid  mruDi  Faifne  a  bnithair  -  do  ainmcd  rig  Hércnn 
[fo.  95'' 2]  ina  digail,  coro  tuarcbadh  tn  bolcca  fair.  Rohir- 
gabfl^  ian/m  in  file  la  Melgi  ar  ba  dicinaid  i  n-oided  ^  Aici,  7 
Tomarhad  he  i  Fafaind  ison  aire  rig  Temm,  7  inde  roadnacht, 
7  conamecht  ino.  marbtai,  mo  ainm  do  bith  i  nduma  sin  dogrés? 
.i.  Duma  Faif//t'. 

Luid  LibtT  dia  cumaidli  corus-baidh  isin  Lib^r^  conid  uaide 
arsegar.  Rotamlaig4  Broccaid  ir-Raith  meic  Bruic. 

Broccaid  son  of  Broc  of  the  Gaileoin  of  Labraid  the  Exile 
had  a  son,  Faifne  tbe  poet,  and  a  daughter  Aige.  His  mother 
was  Liber  daughter  of  Lot.  Folks  were  envions  of  them  :  so 
they  loosed  elves  at  them  who  transformed  Aige  into  a  fliwn 
and  sent  her  on  a  circuit  ail  round  Ireland,  and  the  fians  of 
Meilge  son  of  Cobthach  king  of  Leland,  killed  her,  and  of  her 
nought  was  found  save  a  bag  of  water,  and  this  he  threw 
into  the  river,  so  that  from  her  the  Aige  is  named. 

Thereafter  Fafne  her  brother,  in  order  to  avenge  her  went 
to  blemish  the  king  of  Ireland,  and  upon  hini  three  blotches 
were  raised  (by  Fafne's  satire).  Then  the  poet  was  arrested 
by  Melge,  for  he,  Melge,  was  guiltless  regarding  Aige's  death. 
And  Fafne  was  killed  on  Fafaind,  for  satirizing  the  king  of 
Tara,  and  therein  he  was  buried;  and  while  they  were  kiUing 
him  he  entreated  that  his  name  might  be  for  ever  on  that 
mound,  to  wit  Duma  Faijni. 

Liber  went  to  her  woe  and  drowned  herself  in  (the  river) 
Liber,  so  that  from  her  it  is  (so)  called.  Broccaid  died  of  disease 
in  Râith  meic  Bricc. 

Also  in  LL.  i6ob  9:  BB.  358b  33.  Versified  LL.  igi^  i. 

The  transformation  of  Aige  into  a  bag  of  water  reminds  one  ofGeirhild 
the  witch,  in  the  Landnâmabôk,  who  turned  herself  into  the  shape  of  a 
leathern  sack  full  of  water. 

«  Cobthach  King  of  Ireland  »  was  doubtless  Cobthach  Coelbreg,  slain  at 
Dind  Righ,  A.  M.  4658,  according  to  the  Four  Masters.  Fafaind,  the  Aige, 


1 .  abran  R. 

2.  o\ged  R. 

3 .  semp«r  R. 

4.  Rotamlaid  R. 


3o8  Whitlcy  Stokes. 

the  Liber,  Didihi  Faifiii,  Rditb  mcic  Bricc  not  identified.  Fafaind  is  men- 
tioned  in  the  Ibllowino;  taie. 


i6.  Adarca  Hua  Failgi. 

Adarca  \{na  Failge,  canas  ro  ainniniged  ? 

Ni  ansa  À.  luchna  Echbel  qui  et  luchna  Ciaba7wch  rigbriu- 
gaid  hx  fri  Fafaind  atuaid  anair  i  Fan  in  Briugad  ^  .i.  Ma- 
chad  Bri[g]de.  Ba  he  a  besad,  altyom  7  imtoccbail  sotha  a 
tighe  co  mba  hlvàdain,  coro  carsat  [fo.  96-^  i]  a  cethre  hé.  Intan 
[immorro]  ba  marb  he  documlais^'t  a  cethri  adochum  con  fasad 
tri  la  7  teura  haidche-  'mo  cholaind.  Amal  na  tuitcid  leo  mus- 
luid  cach  dib  i'  tuaim  in  aroile,  7  fodailet4  luchna  co  a  n- 
adarcaib,  7  foct'rdad  an  gléo  cor'  lasat  a  n-adarca  co  mbatar 
duniaî  dib  isna  tabcaib  >  (?),  con'ià  dib  dob^rtar  Adharca.  Mos- 
luadat  iarwm  do  dil  a  n-itad  co  Boinn,  7  fos-dailed  co  Ahnain, 
comdar  mairb  ina  n-ahnaib  inti,  et  unde  dicitur  Almu. 

Almu  àidiu  higen  Bécain  hnugad,  ben  luchna  [Cïahaig.  Im- 
sai  iar  mbas  luchna]  ind  diaidh  a  halaim  co  maigin  a  haihar, 
co  n-i\pad  n-and  do  chumaid  luchna  7  do  dith  a  ceithre  ^,  et  a 
qua  Almo  dicitin-. 

Vel  ita.  Ahnu  Almoin  .i.  fri  moin  aniar  ata,  ut  d/VZ/wr  Air- 
bri  fri  Bri  File  anoir. 

Vcl  Almu  .i.  ail  mo,  id  est  .i.  ail  os  moin,  nô  i  moin,  nôall 
mou,  }iô  ollmou. 

luchna  Horsemouth,  who  wasalso  called  luchna  the  Hairy, 
a  royal  hospitalier  who  dwelt  to  the  north-east  of  Fafaind  on 
Fan  in  Briugad  «  the  Hospitaller's  Slope  »,  that  is,  Machad 
Brigte.  This  was  his  custom,  to  rear  and  bring  up  the  off- 
spring  (calves)  of  his  house  till  they  were  yearlings  ;  where- 
fore  his  cattle  loved  him.  Now  when  he  died  his  cattle  came 

1 .  a  fan  an  hriiigaid  R. 

2.  Sic  H.  t;i  lioidche  R. 

3.  aR. 

4.  fodailed  R. 

5 .  tuacaib  BB. 

6.  ceil/R. 


The  Rennes  Dindienchas.  J09 

together  to  him,  and  round  his  body  spent  three  days  and 
three  nights.  As  he  did  not  corne  away  with  thcm,  each 
of  them  goes  against  the  other^  and  they  rend  Inclina  with 
their  horns,  and  their  fight  was  fought  till  they  cast  their 
horns,  which  bccame  mounds  ui  the...,  and  from  them  (the 
name)  Adarca  is  given.  When  they  went  to  the  Boy  ne  to 
quench  their  thirst  they  were  dispersed  to  Almu  and  there 
they  died  in  their  ahnai  «  herds  ».  Hence  is  said  Almu. 

Almu,  again,  daughter  of  Bccan  the  hospitalier,  wife  of 
luchna  the  Hairy,  after  luchna's  death  returned,  following  her 
herd,  to  her  father's  stead,  and  there  she  died  of  grief  for  her 
husband  and  for  the  destruction  of  her  cattle.  From  her  Al mo 
is  named. 

Or  thus  :  Almu,  Al-môiii,  to  the  west  of  a  bog  (main)  it  is 
as  Airhri  is  to  the  east  of  Bri  Eile. 

Or  Almu  .i.  ail-mo,  that  is,  a  rock  (ail^  over  a  bog  (^mdin)  or 
in  a  bog.  Or  ail-mou,  or  oll-mou. 

Also  in  LL.  160''  36:  BB.  559»  32:  H.  18^  and  Silva  Gadeîica,  II,  483,  531. 
The  casting  of  the  horns  is  better  e.x.plained  in  LL.  thus  : 
Intan  tra  ba  marb  é  tancatar  a  bôchethra  uile  issin  cnocc  ût,  ce  mbatar 
tri  la  7  tri  aidche  ic  immarbad  isin  chnucc  sin  ic  cainiud  luchnai,  co  torch- 
ratar  a  n-adarca  dîb. . . .  Co  ndechatar  assa  aithie  do  di'l  a  n-ittad  co  Boind 
«  So  when  he,  luchna,  was  dead  ail  his  cattle  came  to  yon  hill,  and  for 
three  days  and  three  nights  they  were  there  kiiling  each  other,  bewail- 
ing  luchna,  so  that  their  horns  fell  ofï  them...  and  afterwards  they  went 
to  the  Boyne  to  quench  their  thirst  ».  So  in  the  Panjâb  :  «  Dear,  dear, 
dear  »,  cried  the  buflfalo,  «  how  very  sad!  I  must  mourn  too.  »  So  she  im- 
mediately  cast  her  horns  and  wept  and  wailed.  After  a  while  she  went  to 
drink  water  in  the  river.  {Folklore  in  the  Panjàb,  Indian  Antiquary,  June 
1882,  p.  170.) 

17.    AiLLEXD. 

Aillend,  canas  ro  ainmniged  1 

Ni  ansa.  Crem  xMarda  rucc  ingin  'Lmgdech  n[g]  Laigm  ar  ai- 
thiud.  Aillcnn  àXdiu  a  hainm.  Aillbe  a  hainm  a  hoirce,  7  ad- 
bath  AilLvzn  ar  naireoice,  7  asna  aball  trena  lighe  —  is  [di]  as- 

I .   tuaim  .i.  cadan  no  aghaidh,  a  front  or  face,  P.  O'C. 

Rcvut  Cthiqui,  XV,  21 


3 10  Whitley  Sîokes. 

herar  Aball  Kûlinne,  7  atbath  a  hoirce  ina  diaidh  ^  sidhe,  7 
roflis  ibar  tritside.  Is  de  asb^rar  Vour  Baile  .i.  Ailbe  tre  delidin, 
ut  dicitur 

Aball  Aillinde  arda       Ibar  Baile,  bec  forba, 
cia  asberar  a  laide        nis-tucait  daoine  borba. 

Art  Mes-delmand  mac  St'7na  cedna  ro^acclaid  mûr  n-AiUinne. 
Fiach  d'idiu  7  Buirech  7  Urur//j  roscU^dar  fadéoid^,  Buirech 
doiio  foct'rd  asin  clud  in  cloich  fil  indti,  dia  n-ehain  «  Ail 
and  »,  7  ised  ainm  nos-bia.  It  imda  duiiua  hanmand  iarwm,  ut 
alius  dixit  >  : 

Aillend  aenach  diar  n-ôcaib,  etc. 

Crem  Marda  abducted  a  daughtcr  of  Lugaid  king  of  Lein- 
ster.  Aillenn  was  her  name  and  Ailbe  the  name  of  her  lapdog. 
And  Aillenn,  being  in  Crem's  possession,  died  of  shame,  and 
through  her  grave  grew  an  appletree  which  is  called  «  Ail- 
lenn's  Appletree  ».  And  after  her  died  her  lapdog,  and  up 
through  him  a  yewtree  grew.  Of  this  is  said  «  the  Yewtree 
oï  Bailc  »  that  is  Ailbe  by  transposition  of  letters,  as  is  said 
«  The  Appletree  of  lofty  Aillenn,  the  Yewtree  of  Baile  — 
little  profit.  Though  thcir  lays  are  uttered  rude  men  under- 
stand  them  not.  » 

Art  Mes-delmand  son  of  Setna  was  the  first  who  excavated 
the  rampart  of  Aillenn.  Fiach  then,  and  Buirech  and  Ururus 
dug  it  finally.  'T  was  Buirech  too,  that  out  of  the  ditch  cast 
the  stone  that  is  (still)  at  Aillenn,  and  said  :  Ail  and  «  a  rock 
there  »,  and  this  is  the  name  it  shall  hâve.  Many  names  be- 
sides  it  hath,  as  some  one  said  : 

«  Aillend  an  assembly  for  our  warriors,  etc.  » 

Also  in  BB.  jyg'' :  H.  18^,  Silva  Gadclica,  II,  483,  531. 

Ailhni  «  the  ancient  name  of  a  large  fort  on  the  hill  of  Cnoc  Aihnne, 
anghcè  Knockauhn,  near  Kilcullen,  in  the  county  of  Kildarc  «,  O'Dono- 
van,  Four  Masters,  A. M.  4169,  note  c. 


1 .  diaigh  R. 

2.  fadéoigh  R. 

3 .  ailius  dr.  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  511 

As  to  the  technical  term  delidin  see  Cormac's  Glossary  s.vv.  Delidin  aiid 
Nasat,  whcrc  ref(ioT  fer)  and  }ie  (for  en)  are  given  as  examples. 


18.  Carmax, 

Qirman,  ainas  ro  ainninigcd? 

Ni  aiisa.  Triar  fear  tancadar  a  liAthin,  7  oenlv;/  léo  .i.  tri 
mt'/c  Dibfl(;W  meic  Doirci  meic  Aincis  lad  .i.  Dian  7  Dub  7  Do- 
thur  a  n-anmand,  7  Carmean  ainm  a  mâthai-. 

T/ia  hrïchtu  7  dicetla  7  cantana  noliiited  in  math^nV  cach 
maigin  :  tria  fogail  7  esindrucwj^  ïmniorro,  romilldis  na  lir. 

Dolod^zr  dono  co  Herinn  ar  ulc  re  Tuaith  dé  Danaiin,  do  coll 
etha  na  hindsisea  forro.  OIcc  uiruDi  la  Tuatha  dd?  Danaiin 
indsin.  Doluid  Aimflc  OWoinanoûledaib,  7  Cridenbel  o  caintib, 
7  Lugh  Liiïbach  o  drai[d]ib,  7  Be  cuille  ona  bantuathaib  do 
cetol  ïonosum,  7  ni  ro  scarsat  friu  ciir'  cuirset  in  triar  fer  tar 
muir,  7  fac[ab]sat  a  ngiall^  afus  .i.  Cairmen  a  math(n'r,  arna 
tisdais  co  Hérinn  afrithisi,  7  tucsat  dia  cind  in  sechta  -  nos-fo- 
gnad  na  ticfliidis  airet  beith  muir  im  Hérinn. 

Ba  marb  iiùis  a  mâtbair  sin  do  cumaid  ina  giallacht?,  7  ro- 
CLiindig  for  Tuaith  de  Dana)in  airm  i  n-adnaiclidea  co  n-agtais 
a  hitnach  and,  7  co  mbad  hé  a  hainm  nobeith  an  ajnach  sin  7 
in  maigin  semper.  Unde  [fo.  96''  i]  Carmuin  7  aoenach  Car- 
jHuin,  7  fogniset-i  Tuatha  dé  Danann  hindsin  aircat  bad(/r  i 
ViWérinn. 

Vel  ita.  Sen-gairmun  tainic  indega/^  secht  n-erca  5  nEchach 
[Bélbuide]  tue  Lena  mac  Mes-reoda  7  Ucha  ingen  Oxa  Rigct'rta 
a  màihak  in  meic  sin,  7  ba  hen  sen  Mesgeagra  meic  Dato  rig 
Lâigen  larmn.  Bitar  dono  mardon  la  Lena  ic  sethad  in  buair 
sin  hic  Sen  mac  Duirb  7  Lochar  Luath  mac  Smiraig  <''  7  Gun- 
nait  mac  Suçait  7  Altach  mac  Duilb  7  Mothur  mac  Largaig/. 

1 .  ngilla,  R. 

2.  Sic  BB.  snechta  R.  cetharda  H. 

5 .  nghWacbt  R. 
4.  foghnitis  H. 

> ,  n-erc  H.,  erc  BB. 

6.  smiraid  R. 

7.  largaid  R. 


412  Wintley  Stokes. 

Fos-fuair  Sengarmfln  ic  Raith  Bic  fri  Dùn  maie  Datho  an[d]es. 
Marhthar  Ucha  iarww  cona.  bandtrocht  7  in  milid  tucsat  in 
mbuar,  7  tuc^  Sengarman  leis  a  bûar  co  Mag  Mesca  ingine 
Buidb  iarna  breith  doswm  a  Sidh  V'mdchada  i  Sleib  Monaid  i 
n-Alba//7;,  co  n-a[t]batli  Mesca  ar  naire  isin  magin  sin,  7  foclas 
a  fert  and  .i.  un  Mesca  ingine  Buidb,  7  ruccsat  .iiii.  meic  in 
Daté  .i.  Mes  seda  7  Mes  wcda  7  Mes  deda  7  Mes  de! mon,  ïor 
Sengarmun  isin  maigin  sin,  7  doc«'  Sengarman  and,  7  foclass^ 
a  fert  and,  7  fo;miter/;^i'enach  nguba  do  gnim  and,  7  co  mbeit[h] 
a  ainm  in  aenach  sin  7  in  maigin  sin  dogres,  et  unde  Car- 
mun  7  Sen-carmun  dicHnîur,  7  fognidis  Laigin  insin  ar  treb- 
aib  7  artellaigib3  co  Cathair  Mor.  Ni  farlaic  Catliair  ïvamorro 
acht4  [d]o  tellaigib)  fodesin  7  remt/^i' la  sil  Rosa  Failge,  a  ïor- 
gabail  7  an  deoraid  i  lurg  in  aenaig^,  utsunt  Laigsi  7  Fothairt, 

Secht  ngraifne  and  7  sechtm.ùw  fri  agad  bretha  7  cocerta  a 
cuigid  f/'i  bliaJ^7/;7. 

Is  and  fognidis  Laig//i  Desgab/^r  in  iaithi  déidenach/ de.  Is 
de  adbérar  echtres  Osraige^.  Forud  [a  rig  for  deis  ri(g)  Car- 
mun  :  forud 7]  ri[g]  Wua  Failge  fora  cliu,  7  is  amk/^  a  mna. 

Hi  VxWaind  auguisf  notéigdis  ind,  7  hi  sexid  auguist  no- 
ticdis  as,  7  cac7;  très  hlmiain  fognidis,  7  da  bliaJa/;/.  friatairecc 

[.Lxxx.  7  .d.]'^  hlvâdan  o  rognid  in  cetna  aenach  and  cw.van- 
dara  hïvâdain  aiborchat  Ûatha  Ochtauin  Augusti  ir-rogeinir 
Cr  isi. 

Ith  7  hlicht  doib  ara  denom,  7  cen  forran  coigid  in^°  Hérinn 
foraib,  7  iir  riglaig^^  leo  [7  mna  ;;/etha]^-  7  suba  la  cach  sain- 
treb,  7  càcb  meas  mar  taidbsin,  lîna  lana  o  usnb,  7  meth  7 
mochlcithe  [ocus]  rig  occa  doib  mené  denad  insin. 

1 .  tucsat  R.  and  BB. 

2.  Sic  H.  foclasa  R. 

3 .  tellaigedhaib  R. 

4.  atnt(?)  R. 

■    5.  tellaidib  R. 

6.  œnaid  R. 

7.  deigenach  R. 

8.  osraide  R.. 

9.  Sic  BB.  and  H. 

10.  .m.  R. 

11 .  riglaeich  H. 

12.  Sic  LL.  21  j--»  27:  for  iiictba  leg.  maelha. 


The  Rennes  Dindsenchas.  3 1 5 

There  were  three  men  who  came  from  Athens  and  one  wo- 
man  with  them,  [their  mother].  The  men  were  the  three  sons 
of  Dibad  son  of  Doirche,  son  of  Ainces,  («  Extinction  son  of 
Darkneâs  son  of  Ailment  »),  and  their  names  were  Dian  and 
Dub  and  Dothur.  («  Violent,  Black  and  Evil  »),  and  the 
name  of  their  mother  was  Carman. 

By  spells  and  charms  and  incantations  the  mother  ruined 
every  place.  By  plundering  and  dishonesty  the  men  destroyed. 

So  they  went  to  Ireland  to  bring  evil  on  the  Tuatha  Dé 
Danann  by  blighting  the  corn  of  this  island  upon  them.  To 
the  Tuatha  Dé  Danann  that  seemed  ill.  So  Ai  son  of  OUam 
of  their  poets,  and  Cridenbél^  of  their  lampooners,  and  Lugh 
Laebach  of  their  wizards,  and  Bé  cuille-  of  their  witches 
went  to  sing  charms  upon  them,  and  they  parted  not  from  them 
till  they  had  driven  the  three  men  over  sea.  And  the  men  left 
their  mother  Cairmen  hère  as  a  pledge  that  they  would  not 
come  again  to  Erin,  and  they  also  gave  the  Seven  Things 
which  they  served  (as  security)  that  they  would  not  come  so 
long  as  sea  surroundcd  Ireland. 

Their  mother  died  of  grief  hère  in  hcr  hostageship,  andshe 
asked  the  Tuath  Dé  Danann  to  hold  her  fair  (oenach)  at  her 
burial-place,  and  that  the  fiir  and  the  place  should  always 
bear  her  name.  And  the  Tuatha  Dé  Danann  performed  this  so 
long  as  they  were  in  Erin.  Hence  Carman:\.nà  Oenach  Carmiiin. 

Or  thus  :  Old-Germdn  followed  Eochaid  Yellowmouth's  se- 
ven cows  which  hadbeen  carried  oif  by  Lena  son  of  Mesroeda. 
Ucha  daughter  of  Oxa  king  of  Certa(?)  was  Lena's  mother, 
and  she  was  wife  of  Mes  gegra  son  of  Dath  King  of  Leinster. 

Now  along  with  Lena  in  driving  those  cattle  were  Sen  son 
of  Dorb,  and  Lochar  the  Swift  son  of  Smirach,  and  Gunnait 
son  of  Sucat,  and  Altach  son  of  Dolb,  and  Mothur  son  of  Lar- 
gach.  OldGarman  found  the  cows  at  Raith  Becc  to  the  south 
of  Dûn  meic  Datho.  Then  Ucha  with  her  women  is  killed 
and  the  soldiers  who  carried  oif  the  cows.  And  Old-German 
took  his  cows  to  the  Plain  of  Bodb's  daughter  Mesca  whom 


1 .  Sce  Revue  Celtique,  XII,  65,  67. 

2.  Ibid.  93. 


5 1 4  Whltley  Stokes. 

he  had  carried  oft  from  Sîd  Findchada  on  Sliab  Monaid  in 
Scotland.  And  Mesca  died  of  shame  in  that  place,  and  there 
they  dug  her  grave,  even  the  grave  of  Mesca  daughter  of  Bodb. 
And  Dath's  four  sons  overtook  Old  German  at  that  place,  and 
[by  them]  there  Old  German  fell,  and  there  his  grave  was  dug. 
And  he  begged  them  to  establish  there  a  «  fair  of  Lament- 
ation »,  and  that  the  fair  and  the  place  should  always  bear 
his  name.  Hence  Carman  and  Sen-charman  are  so  called. 

And  the  Leinstermen  used  to  hold  that  fliir  according  to 
habitation  and  hearths  down  to  (the  time  of)  Cathair  the 
Great.  Cathair,  liowever,  left  it  to  his  own  hearths  only,  and 
precedence  with  the  race  of  (his  son)  Ross  Failge,  their  dé- 
pendent branches,  such  as  the  Laigsi  and  the  Fothairt,  and  their 
exiles  in  the  track  of  the  fair. 

There  were  seven  horse-races  there,  and  a  week  for  pro- 
mulgating  the  judgments  and  laws  of  the  province  for  a  year 
(rectius  three  years). 

'T  was  on  the  last  day  thereof  that  the  Leinstermen  of  South- 
Gabur  i.  e.  the  men  of  Ossory,  held  (their  horserace).  Thence 
is  said  «  Ossory's  horse-contest  » .  Their  king's  high-seat  was 
on  the  right  of  the  King  of  Carman  :  the  high-seat  of  the  king 
of  Hûi  Failgi  was  on  his  left.  Thus,  too,  were  their  wives. 

They  entered  the  fair  on  the  kalends  (i.  e.  the  tirst)  of  Au- 
gust  and  left  it  on  the  sixth  of  the  ides  (i,  e.  the  eighth)  of 
August.  Every  third  year  they  held  it,  two  years  being  given 
to  preparing  it. 

From  the  holding  of  the  tirst  fair  there  down  to  the  42d 
year  of  the  reign  of  Octavian  Augustus  when  Christ  was 
born,  are  580  years. 

For  holding  it  the  Leinstermen  (were  promised)  corn  and 
milk,  and  freedom  from  control  of  any  (other)  province  in 
L'eland  :  that  they  should  hâve  men,  royal  heroes;  tender  wo- 
men  :  good  cheer  in  every  several  house  ;  every  fruit  like  a 
show  (?):  and  nets  fuU  (of  lîsh)  from  waters.  But  if  it  was  not 
held  they  should  hâve  decay  and  early  grayness  and  youngkings. 

Also  in  BB.  qôo-'»  8  and  H.  19-'.  Partially  in  LL,  215»  1-30.  Versified 
LL.  2  15'»  31-216».  Edited  and  translated  in  O'Curry's  Manners  andCustoms, 
II,  59-41;  in,  526-529. 


The  Rennes  Dindsenchas.  3 1 5 

The  Fair  of  Carman  (now  Wexford)  was,  according  to  O'Curry,  rcvived 
A  D.  718,  by  Dunchadh  Kingof  Leinster,  and  last  celebrated  A.D.  1023  by 
Donagli  mac  Gillapatrick. 


19.    BÔAND. 

Bôand  ^  cid  diata  ? 

Ni  ansa.  Boand  ben  Nechtain  meic  Labrada  dodcch^z/W  do- 
cum  in  tobair  diam[air|  bui  i  n-urlaind  in  Sidha  Nechtain. 
Càch  ôen  fodriced  ni  ticed  uad  can  maidsin  a  da  rose  acht  mi- 
n[i]ptis  liéNech/fif»  7  a  tri  déogbaire  .i.  Flesc  7  Lam  7  Luam  a 
n-anmand. 

¥echt  and  mz/j'luid  Boand  la  d'imus  do  cobfis  cmmachta.  in  to- 
bair, 7  ashen  nad  bûi  cumacbta  diamair  conmsed  cumac  a 
delba,  7  imsôi  tuaithbel  in  tohuir  ïothn,  7  mâidhid  tri  tonna 
tairsi  don  tobz^r,  7  fosruidbed  a  sliasait  7.  a  [lethjlaim  7  a  leth- 
suil.  Imsôi  d'idiu  (or  teched  -  a  haithisi  co  fairgi  7  an  msce 
anadiaidh  co  hlnbd'r  niBôinne,  7  ba  hisin  mâthair  Oengwja 
meic  in  Dagda. 

Vel  ita  :  Bô  ainm  in  [tjsrotha  7  Find  aband  S\ébe  Guaire,  7 
dia  comnTc  mole  is  ainm  Boand  (rectius  Bôfind). 

Dabilla  ainm  a  hoirce,  xxnde  Cnoc  Dabilla,  SMah  in  Cotaig 
hodie. 

Bôand  wife  of  Nechtân  son  of  Labraid  went  to  the  secret 
well  which  was  in  the  green  of  Sid  Nechtain.  Whoever  went 
to  it  would  not  come  from  it  without  his  two  eyes  bursting, 
unless  it  were  Nechtân  himself  and  his  three  cupbearers, 
whose  names  were  Flesc  and  Ldm  and  Luam. 

Once  upon  a  time  Bôand  went  through  pride  to  test  the 
well's  power,  and  declared  that  it  had  no  secret  force  which 
could  shatter  her  form,  and  thrice  she  walked  withershins  round 
the  well.  (Whereupon)  three- waves  from  the  well  break 
over  her  and  deprive  her  of  a  thigh  and  one  of  her  Iiands  and 
one  of  her  eves.  Then  she,  flecing  her  shame,  turns  seaward, 


1 .  Bodand  R. 

2.  tethfi  R. 


5 16  Whitley  Stokes. 

with  the  water  behind  her  as  far  as  Boyne-mouth,  [where 
she  was  drowned].  Now  shewas  themother  of  Oengus  son  of 
the  Dagda. 

Or  thus  :  Bô  the  namc  of  the  stream  [of  Sid  Nechtaia]  and 
Find  the  river  of  SUab  Guairi,  and  from  their  confluence  is 
the  name  Bôand  [=  Bô  -|-  Find]. 

Dabilla  was  the  name  of  her  lapdog,  whence  Cnoc  Dabilla 
(«  D.'s  Hill  »),  today  called  Sliah  in  Cotaig  «  the  Mountain 
of  the  Covenant  ». 

Also  in  BB.  361»  49:  H.  9-'  :  Bodl.  110.  56.  Silva  Gadelica,  II,  474,  519. 
Versified,  LL.  191»  27-54. 

Bùaiin  Ptolemy's  Boyouivoa,  now  the  river  Boyne,  which  rises  at  Sid 
Nechtaiii  a  hill  in  the  barony  of  Carbury,  co.  of  Kildare. 

SUab  Guairi,  now  Slieve  Gorey  in  the  co.  of  Cavan. 

Cnoc  Dabilla,  v.  supra,  no.  4. 


20.  NAs. 

Nas,  cid  diata  ? 

Ni  ansa.  ^oc\\aià  Garb  mac  Duach  ri  Hérenn  is  é  ro  escair 
for  firu  Hércnii  tictu  fri  selgad  Caille  Cuan  co  laignib  7  bacaib 
7  belaib  Ico  ar  anoir  a  mna  .i.  Tailtine  ingine  Magmoir  ^ 
Sler/;/sat  dono  Caild  Cuan  ïri  mis,  conid  e  in  mag  sin  ^nach 
Tailten.  IMfocht  i  mbdi  nech  do  ftraib  Hérenn  fria  hobair  im- 
muig-.  Frisrogart  Bri  Brùglas,  echk/r/;  Tailltine  :  «  Failet  tri 
rathmuige  Hcmiii  A.  Nas  7  Ronc  7  Ailestar,  tri  meic  Dor- 
cland5.  »  Marb/^r  ind,  »  ar  Taillti.  «Ni  hamlrt/W  »,  ar  Eochaid, 
«  is  ferr  a  mbeathw  indâs  a  mbas  ;  acht  denat  rath-[fo.  97''  i]- 
muiijhecht4  béos  ».  «  Bid  amk/i  »,  ol  Taillti  :  «  claidet5  tri 
ratha  damsa.  » 

Is  and  r(?;zclaid  Nas  a  raith,  7  is  é  a  ainm  d//jlil  .i.  Nàs,  7 
raith  [forjfoirb  nGaind  mcic  Delà  .i.  côiccd  Coficuhuir  indiu. 

Claidis  dono  Runc  a  raith  .i.  Rrt/7/;  Ruine  la  Dal  Araide.  is 

I .  Tailtiu  ingen  H. 

2  .  Sic  BB.  amuig  R. 

5.  Dorchlaim  LL.  '.94»  40.  Dorclann  BB. 

4.  rathmuidhecht  R. 

5.  claided  R.  claiet  H. 


The  Rennes  Dindsenclhis.  517 

edh  a  ainm  d//^fil,  .i.  [leg.  7]  raitb  ior  foirb  nGenaind  meic 
Delà  .i.  côiœd  Oi/flla  meic  Mata  indiu. 

Is  ann  ro//[a]clai[d]  Alestar  a  mith  {or  Slcib  CoUan  .i.  Sl'iab 
Leitrcch  indiu  :  is  de  asberar  raiih  Cluana  Alcsw/V.  .i.  raith 
[for]  foirb  Sengaind  meic  Delà  —  .i.  câiccd  Coi[r]p;7  aniù  ^ 

Unde  Ràith  Ruine  7  Nas  7  Râith  Alcstair. 

Fi"/ aliter  :  Nas  7  Bôi  da  ingin  Ruadri  -  meic  Taite  5  ri  B/e- 
tan,  .ii.  mnôi  Loga  meic  Scail  Bailb.  Nds  dano  mâthair  Ibic 
m^/c  Logha.  Is  and  adbath  Nas,  7  roadnar/;/  i  Nds,  comd  de 
asberar  Nâs.  Marb  hnim  a  siur  foc^'/oir  .i.  Bôi,  dia  cumaid, 
cor//i-adnacht  i  Cnucc  Bas,  et  unde  Cnuc  Bai  dicitux  À.  Cnoc 
Bua.  Tarfflaim  Lus;  4  slos;u  Gaidel  leis  o  TailU/n  co  fiad  in 
Broga  do  cained  na  mban  sin  im  VaXaind  auguisf  caf/;^  bliadna, 
conïà  de  bai  n:isad  Loga.  unde  Lugnasad  À.  comarc  Loga  nô 
cuimniug?^^  u6  aithmed  nô  feil  bais. 

Eochaid  the  Rough  son  of  Dua  king  of  Ireland,  'tis  he  that 
made  a  proclamation  to  the  men  of  Erin  to  corne  and  eut  downs» 
the  Wood  of  Cuan,  with  laigin  (broadbladed  lances)  and  bill- 
hooks  and  hatchets,  in  honour  of  his  wife  Tailtiu  daughter 
of  Magmor.  So  in  a  month  they  eut  down  the  wood,  and  that 
plain  is  (now)  Oenach  Tailten.  He  asked  whether  any  of  the 
men  of  Erin  had  shirked  the  work.  Bri  Brû-glas,  Tailtiu's 
messenger,  answcred  :  «  There  are  Ireland's  three  rath-buil- 
ders,  Nâs  and  Ronc  and  Ailestar,  three  sons  of  Dorncla.  » 
«  Let  them  be  killed  for  this  »,  quoth  Tailtiu.  «  Not  so  », 
says  Eochaid,  «  'tis  better  they  should  live  than  die.  But  let 
them  keep  on  building  raths.  »  «  So  be  it  »,  replied  Tailtiu: 
«  let  them  build  three  raths  for  me.  » 

Then  Nds  dug  his  rath,  and  this  is  its  name,  Nâs,  and  a 
rath  on  the  héritage  of  Gand  son  of  Delà,  which  today  is 
Conchobar's  province  (ULster). 

Ronc  also  dug  his  rath,  to  wit,  Rdith  Ruine  in  Dalaradia, 

1 .  In  R  and  BB.  thèse  words  (from  .i.  raith  to  aniiî)  come  next  after 
damsa. 

2.  Ruadrach,  LL.  194*  20. 

5.  Caitti  LL.  194a  17.  Aitte  H. 
4.  luid  R. 


5i8  IVhitley  Stokes. 

this  is  the  name  ic  has,  and  a  rath  on  thc  héritage  of  Genand 
son  of  Delà,  that  is,  today,  Ailill  mac  Mata's  province  (Con- 
naught). 

Then  Aiestar  dug  his  rath  on  Shab  Collan  now  SUab  Leit- 
trech.  Hence  it  is  called  the  rath  of  Cluain  Alestair,  a  rath  on 
the  héritage  of  Sengann  son  of  Dehi,  today  called  Coirpre's 
province. 

Whence  Râith  Ruine  and  Nàs  and  Raith  Alestair. 

Or  otherwise  :  Nas  and  Bôi  two  daughters  of  Ruadri  son 
ofCaite(?)  king  of  Britain,  were  the  two  v^ives  of  Lugh  son 
of  the  Scdl  Balb  «  the  Dumb  Champion  ».  Now  Nâs  was  the 
mother  of  Ibec  son  of  Lugh.  There  Nds  died,  and  in  Nds  she 
was  buried,  hence  it  is  called  Nâs.  Her  sister  Bôi  died  straight- 
way  of  griei  for  her,  and  was  buried  on  Cnogba,  whence  that 
name  (Cnogba  =  Cnocbua).  Lugh  gathered  the  hosts  of  the 
Gaels  from  Tailtiu  to  Fiad  in  Broga  «  the  land  of  the  Brugh  », 
to  bewail  those  women  on  the  first  day  of  August  in  each 
year  :  so  thence  was  the  nasad  «  assembly  »  of  Lugh,  whence 
Lugh-nasad  «  lammasday  »,  that  is  Lugh's  commémoration, 
or  remembering,  or  recollection,  or  deathfeast. 

Also  in  BB.  362-'>  15  and  H.  34b.  Versified  LL.  194a  17.  As  to  hignasad 
see  Cormac's  Glossary,  s.  v.,  and  LU.  52»  :  ôenach  Tailten  cech  lugnasaid. 

Nàs  now  Naas  in  the  co.  of  Kildare.  SUab  CoUan  a  mountain  in  Clare. 

As  to  the  five  sons  of  Delà  see  LL.  7b  3^,  127»  and  Foui-  Masters, 
A.  M.  ^,266. 


21.  Ceilbe. 

Ceilbe,  canas  ro  ainmniged  ? 

Ni  anm.  Find  File  mac  Rosa  Ruaid  dochuaid  do  tig  Bea 
[fo.  97*^  2]Gelcnis  ingine  Coirpri  Niafer.  Boi  d'idiii  coirmfleid 
ar  cind  a  hath^r  7  ni[s]tarfaid  do  bratha/V  a  ath^7r,  ciarba  hlid 
7  ri  ind  otnïcr,  7  ni  frith  dô  acht  as  7  arbur,  conid  and  asb^rt 
Find  Filid  : 

Nit-raib  brig  do  buanseilbe, 
a  Bc  bailc  gan  brathirsi. 


The  Rennes  Dindsenchas.  319 

aithbi  oll  a[r]  [tjh'airniitne. 
ni  turcbawr  sdorflatha 
arbeloib  do  brondfine 
saoghal  sund  a^  sentainc 
acht-  rat[h]aib  [nit-raib]. 

Rogab  ïarnin  att  in  ingen  comba  lan  7  rodûn  a  comlaid 
conusmcht  ^^  a  lianail,  co  »-apad  de,  7  rohadnrtr/;/  i[si]n  airm- 
[sin],  f(;u-aprad  a  claide-*  :  «  sunda  fo  ceil  Be  and  ».  \}ndc à.icitux 
Celk'. 

AlitfcV  ;  Cairp;rmacRosa,  Cairprt'  Colbi  air  7  Niafer.  is  é  ro- 
adndT/;/ sâorgiall  Temrach  beo  and,  ft)/?id[d]e  asberar  Colbeo  «d 
Ceilbeo,  7  un^^  Celbe. 

Vel  ita  :  Dallan  mac  Machacan  >  nieic  Echtigirn,  sui  Wércim^ 
ind  eicsi  7  i  HUdecht.  Doluid  do  tig  Gelbe  ingine  Cerbaill  meic 
Muirecain  ri  Laigt'n.  Is  é  rotoimsedh  cach  ndicelta.  Luid  in 
ingen  do  failti  fris  7  craeb  droighen  com  hairnib  fo  coim,  7 
asb^rt  :  «  Cid  fil  fom  coim,  a  DàWâiii  ?  » 

Dixit  7  Dallan  : 

FocLiirim  firt  fliitsine 
la  faedh^  fesa  findecsi 
armbad  fochraib  faillsiges 
•    faitsine  bas  lui. 
donndos  droigin  delgtigi 
fo  dubarnib  diballa 
fail  fot  coim,  a  caoming^»,, 
not-CLiireb  fo  ci'ii. 

Contuaisï  Gelbe  la  sodhain  9  7  asb^rt  in  fih"  :  «  doriarut  '°  ar 
dogensa  t'ainmed  ».  «  Ni  tô  »,  ol  an  ingen^  «  bid  lat  in  maig- 

1 .  co  LL.  is  BB.  na  H. 

2 .  for  LL. 

5 .  condostacht  LL. 

4.  claibtid  LL.  claididh  BB. 

5.  Machaden  BB. 

6.  Sic  BB.  hiMiiono  R. 

7.  dicitttr  R. 

8.  sic  BB.  a;od  R. 

9.  soghain  R. 

10.   dor  iar  ut,  BB. 


520  Whitley  Stokes. 

en  ronrancamair,  acht  m'ainmsi  ^  fuirre  .i.  raith  Gelbe,  7  unde 
Ceilbe. 

Find  the  Poet  son  of  Ross  the  Red  went  to  the  house  of  Bé 
Whiteskin  daughter  of  Coirpre  Niafer.  Now  there  was  an  ale- 
feast  ready  for  lier  flrther  and  she  shewed  it  not  to  lier  father's 
brotlier,  though  there  were  in  his  single  person  a  poet  and  a 
king.  And  nouglit  was  found  by  him  save  milk  and  corn. 
Whereupon  Find  the  Poet  said  «  Hâve  thou  no  worth  of  tliy 
goods,  O  strong  Bé,  without  brotherhood  !  may  tliy  honours 
ebb  utterly  !  :  noble  lords  are  not  upraised  before  thy  womb- 
family^  »,  etc. 

Then  a  tunior  sei^ed  the  danisel,  so  that  she  was  swollen, 
and  it  closed  her  door,  and  choked  her  breath  so  that  she  died 
thereof,  and  she  was  buried  in  that  place  (Ceilbe),  and  her 
gravedigger  said  :  «  Hère  under  concealment  (ceil')  is  Bé  » . 
■  Otherwise  :  Cairpre  son  of  Ross  had  the  by  names  Cairpre 
Coibi  and  Nia  fer.  'Tis  he  that  there  buried  aHve  Çbeo)  the 
free  hostage  of  Tara,  wherefore  he  is  called  Col-heo,  or  Ceil- 
bco,  and  hence  is  Cel-hc. 

Or  thus  :  Dallan  son  of  Macachdn  son  of  Echtigern,  a  sage 
was  he  in  wisdom  and  in  poetry.  He  went  to  the  house  of 
Gel-be  daughter  of  Cerball  son  of  Muirecan  King  of  Leinster. 
'Tis  he  that  used  to  divine  5  everything  concealed.  The  damsel 
went  to  welcome  him,  and  she  had  under  her  garment  a 
branch  of  thorn  with  its  sloes.  She  said  :  «  What  is  under  niy 
garment,  O  Dallan  ?  »  Dallan  replied  :  «  I  apply  a  miracle  of 
prophecy,  with  a  cry  of  knowledge  of  white  wisdom  that 
ncar  may  be  what  a  prophecy  that  is  silent(?)  manifests.  A 
brown  bush  of  spiky  thorn  bearing  ignoble  (?)  black  sloes  there 
is  under  thy  garment,  thou  dear  damsel.  I  will  make  thee 
wail(?)  y>. 

Thereat  Gel-be  was  silent,  and  the  poet  said  :  «  Thy...  for  I 
will  blemish  thee  ».  «  Nay  »,  says  the  damsel:  «  thou  shah 


1 .  mainimsi,  R. 

2 .  I  cannot  translate  the  last  two  lines. 

3 .  toimhcasaim  I  conjecture,  augur,  O'R. 


The  Rennes  Dimisenchas.  321 

hâve  the  place  where  \ve  met,  only  let  it  bear  my  name,  to 
wit,  Ràith  Gelbe.  »  And  hence  is  Ccilbc.   » 

Also  in  BB.  5621^  22  and  H.  5)>.  The  tirst  three  paragraphs  aiso  in  LL. 
200a  29-41. 

Ceilbe  not  identified. 


22.    LlAMUIX. 

Liamoin,  cid  diata  ? 

Ni  ansa.  Liamoin  Lendcâin  7  Forcartoin  7  Mianach  7  Truis- 
tiu,  ceihri  hingena  Dubtaig  Dubtaire  vcieic  Forgn^  ri  Deisi 
Breg.  co  ros-carsat  cet/;r/  raeic  Aic[h]ir  Cirr  meic  'Echach  Ondat 
do  Érnaib  M«;;/on,  do  sil  Mogha-lama^  vneichmgdech  raeic 
Coirp/7'  C/omcinn,  co  tancatar  ceit/;ri  meic  Aichir-  aniar  co 
tech  nDuhihaig  À.  Fordub,  Fomo^/;/_,  Roimp^r  7  Fomu  a  n-an- 
mann,  co  ro  lasat  a  curu  hYi^dain  fri  Duhihach.  BaMr  ic  cuin- 
gid  a  n-otlwr  iarsain?,  7  ni  tue  T>\.\hx.hach  co  mbidis  mis  in 
hïvàdain  oca,  ar  is  ed  [Dubtliach]  rotuill  mis  fri  faichill  7  com- 
hmiecht  mbliadne.  Doluid  Dwhthach  ï.or  creicli  i  Laig»//'.  Leic- 
id-siw;»  galwr  forro,  arna  tisdais  leis.  Dotdot  Dub//;ar/;  iarw;;; 
7  elaid-sium  da  eis  7  œihri  liingena  Duhihaig  leo,  co  comar- 
naic  'Dnhthach  friu  i  hdÀgnib,  coxus-mxxh  a  n-ochlar  À.  Fomu 
fer  Liamna,  Roimpt'r  fer  F(?/cartana,  Vornocht  fer  Mianca, 
Fer-dub  la  Truistiun-^.  Romarbaid  dïdiu  uile  .i.  Ft'/'dubic  Dub- 
athaib  Mù.sten,  ¥ornocht  ic  Yornocht,  Roimp^r  i-nGlais  Rom- 
pair,  Foma  a  Foma,  Liamain  (or  Liamo,  in  Mianach  i  n-Acuil, 
Forcartain  i  Forcartain,  Truistiu  for  Ath  [Truistenn]. 

Doluid  dono  aniar  a  màtbak  À.  Luachair  Bairennach  a  hainm, 
7  aBoirind  Corcumruad  di,  co  fuair  fis  bunaid  marbta  a  ceit/;ri 
mac,  co  romaid  a  cridhe  indti.  Is  di  asberar  Luachair  Bairendach, 

Doluid  Aic[h]er  co  n-apad  hi  Cnuc  Duma  Aichir  ind  Uib  5 
Felmeda.  Conid  dia  derhad  sin  rocachoin  in  filid  [fo.  98''  i] 
Dingnai  Laigen,  lith  ngaile,  7rl. 


1 .  modha  lama  R. 

2.  Aithir  R. 

3 .  post  R. 

4.  ieg.  Truistinn  ? 

5 .  ua  F.,  aibh  H. 


3  22  Whitley  Sîokes 

Liamain  Fair-robe  and  Forcartain  and  Mianach  and  Truis- 
tiu,  four  daughters  of  Dubtharh  Dubthaire  son  of  Forgnae 
king  of  the  Dési  of  Bregia,  were  loved  by  the  four  sons  of 
Acher  Cerr  son  of  Eochaid  Andot  of  the  Ernai  of  Munster  of 
the  race  ofMogh  Lama  son  of  Lugaid,  son  ofCairpre  of  the 
Bowed  Head.  So  Âicher's  four  sons  came  from  the  west  to 
Dubthach's  house,  and  their  names  were  Fordub,  Fornocht, 
Romper  and  Fomu.  For  a  year  they  worked  out  their  con- 
tracts  (of  service)  with  Dubthach,  and  then  they  were  deman- 
ding  their  wage  ;  but  Dubthach  would  not  give  it  till  they 
should  hâve  been  with  him  a  month  in  addition  to  the  year, 
for  'tis  he,  Dubthach,  that  always  added  a  month  as  against 
a  year's  hire  and  partnership. 

Dubthach  went  on  a  raid  into  Leinster.  In  order  not  to  go 
with  him  they  feign  sickness.  Then  Dubthach  starts  (without 
them),  and  when  he  had  gone  they  make  oft'  with  his  four 
daughters.  But  in  Leinster  Dubthach  came  across  them  and 
killed  the  eight  of  them,  to  wit,  Fomu  Liamain's  man, 
Romper  Forcartain's  man,  Fornocht  Mianach's  man,  and 
Ferdub  with  Truistiu.  So  they  were  ali  killed:  Ferdub  at  the 
Bktck  Fords  of  Maistiu,  Fornocht  at  Fornocht,  Romper  in 
Glas  Rompir,  Fomu  in  Fomu,  Liamain  on  (Dùn)  Liamna, 
Mianach  in  Achaill,  Forcarthain  at  Forcarthain,  and  Truistiu 
at  Ath  Truistcn  «  Truistiu's  Ford  ». 

Then  from  the  west  came  their  mother  Luachair  —  Boiren- 
nach  was  her  name,  and  from  Boirenn  in  Corcomruad  was 
she  — and  she  foundfull  knowledge  of  hersons'  slaughter,  and 
her  heart  brake  within  her.  From  her  Luachair  Boirmnach  is 
named. 

Àicher  went  and  died  on  Cnoc  Duma  Aichir  (the  Hill  of 
Âicher's  Mound)  in  Hùi  Felmeda.  And  to  certify  that  the 
poet  sang,  Dindgnai  Laigen,  etc. 

Also  in  BB.  362''-365«  :  H.  56»;  and  Silva  Gaclelica,  II,  479,  526,  where 
Liaman  is  said  to  stand  for  Dl'ui  Liamhna  now  Dunlavin. 


The  Rennes  Dindienchas.  5  2  j 


-y 


Dùx  xGabail. 


Dun  nGabail,  canas  ro  aiiimnigcd? 

Ni  ansa.  Gabal  ingen  Guirt  [Glais  meic  Fedlimid,  co  tainic 
Lutair]  mac  Luirgnigh  dia  cuingid,  co  rofâi  leis.  Amlaid  boi 
d'idiii  Lut[air],  7  secht  cind  déc  tair.  Airdiu  car/;  ralaig  [é], 
cx'ca  cubât  'na  gabul,  7  a  leth  na  leithe.  Fer  ele  d'idiu  coa 
cuingid,  Fuit^r  mac  Forduib  a  ainm,  co  tainic  sein  anair,  7 
Labraid  Laimd^rg  leis,  7  Brodar  mac  meic  Sciach  7  Ibar  mac 
Sciach  7  [fo.  98''  i]  Glas  mac  Sgairb,  co[r']gabatrtr  tech  ïuirre, 
7  rogab  Gablach  Fuiter  ar  gail,  co  torchafr  le;  7  ni  terno  nech 
dona  tainic  anoir  do  cosnum  ingine  Guill.  Unde^  Di'in  nGabail 
nominatur. 

Gabal  was  daughter  of  Goll  Glas  son  of  Fedlimid,  and  Lu- 
tair son  of  Luirgnech  came  to  ask  her,  and  she  slept  with  him. 
Now  thus  was  Lutair  :  seventeen  heads  upon  him  :  higher 
than  any  oaktree  was  he  :  fifty  cubits  in  his  fork  and  half 
(i.  e.  25)  in  his  shoulderblade.  Now  thcre  was  another  man 
a-seeking  her.  Fuiter  son  of  Fordub  was  he  called,  and  from 
theeast  he  came  accompanied  by  Labraid  Redhand  and  Brodar 
son  of  Sciach's  son  and  Ibor  son  of  Sciach  and  Glas  son  of 
Scarb.  And  they  stormed  the  house  in  which  she  was,  and 
Gabal  challenged  Fuiter  to  tight,  and  by  her  he  fell,  and  none 
escaped  of  those  that  came  from  the  east  to  strive  for  Goll's 
daughter.  Hence  Di'ai  nGahail  is  named. 

A!so  in  BB.  364=»,  H.  37'',  Versified  LL.  igyi'  60. 

Dûn  Gobuil,  as  the  name  is  spelt  in  LL.  is  there  said  to  be  in  Cuthraigi. 
Not  identified. 


24.  Belach  nDuirgein. 
Belach  nDuirgein,  canas  roainniniged ? 
I .   un(/('  dicittir,  R. 


524  Whitley  Stokes. 

Ni  aiisa.  Duirgein  .'ngeii  Luaith  meic  Lomgluinigh^  meic. 
Lomaltaig  meic  Lathraig  do  sil  Mercill  meic  Smirduib  7  Ercad 
ingen  Tresaz  siùr  sidhe  Léige  ingine  Treasca.  No  fasd  âono 
Ercad  la  mugaidh  wrcend  Luaith,  conus-îuaïr  Dùirgin,  7  atféta 
sén  dia  hathafr  am.ail  coriimnecht  in  gnim.  Luid  iarum  Evcad 
i  mbdigh  ~  Iiidigh  meic  De[ad]  Domnann,  ar  [ba]  hraûiair 
di  se,  co  comtisadh  le  do  digail  a  sceoil  ïor  Dw/rgin.  Luid  d'idiu 
Indech  le  co  Belach  da  mBend,  ar  ba  hé  a  cétnz  hainm,  7  for- 
forbairt'  Lidech  a  bandail,  7  ni  forfaem  Diiirg/»dô,  7fo«oga[i]b 
a  armu  7  imsôi  fri  hLidech,  7  imsoi-siMm  friae  se,  7  oirgis 
Lidech  in  mnai  di  sodhoin,  7  ferais  Duirgci)i  .1,  crecht  fair- 
sium. 

Hi  cmceci  hlmiaiii  dcc  flaithiusa  Nuadat  Airgetlam  is  and 
donc  nobith  ic  slait  7  ic  sirorgwm  ïors'm  mbelach  ùt,  co)iidh  dia 
bas  7  dia  bf/haidh  rohainmnigcû'  in  Belach. 

Duirgein  was  daughter  of  Luath  son  of  Lomgluinech  (son 
of  Lomaltach  son  of  Lathrach,  of  the  race  of  Mercell  son  of 
Smirdub)  and  of  Ercad  daughter  of  Tresc  (she  was  a  kins- 
woman  of  Liag  daughter  of  Tresc).  Now  Ercad  used  to  lie 
with  a  slave  instead  of  Luath,  and  Duirgein  detected  it  (i.  e. 
her  mother's  adultery)  and  told  her  father  how  the  act  was 
discovered. 

Then  Ercad  went  to  speak  to  Lidech  son  of  Dea  Domnann, 
for  he  was  a  kinsman  of  hers,  and  get  hini  to  come  with 
her  to  take  vengeance  on  Duirgein  for  her  taie.  So  Indech 
went  with  Ercad  to  Belach  dd  Bend  —  for  that  was  the  former 
name  of  the  pass  — ■  and  entreated(?)  Duirgein  for  a  tryst. 
Duirgein  refuses  it,  lifts  her  weapons  and  turns  against  In- 
dech. Indech  turns  against  her  and  slays  the  woman,  but  (not 
till  after)  Duirgein  had  inflicted  fifty  wounds  upon  him. 

In  the  fifteenth  year  of  the  reign  of  Nuada  Silverhand  folk 
were  plundering  and  constantly  slaying  at  that  Pass  ;  and 
from  Duirgein's  death  and  life  the  Pass  was  named. 


1 .  lomglinnig  m.  lomaitig  R. 

2.  ambaidh  R. 

^ .   inforbairt,  Lee. 


The  Rennes  Dindienchjs.  525 

Alsoin  BB.  364b  3  :  H.  38»  :  Lee.  461-'.  Versified  LL.  194-1  15. 
Belach  nDidrgein  not  identified. 

As  to  Nuada  Airgetlini,  king  of  the  Tuatha  Dé  Danann,  sce  Revue  Cel- 
tique, XII,  128. 


-^) 


Bairend  Germain. 


Baircnd  Cerman  c:\r\as  roainnifiii^ed  ? 

Ni  aiisa.  Cerman  CalaJcend  mac  hUarçrw.ca  meic  Doltaio-h  ^ 
7  Digais  Dibartach  ingen  Etarbaidh  a  bean,  secbt  meic  7  côic 
ingena  leo.  Casan  7  Fuilech  7  Fledhach  7  Liath  7  Dimoin  7 
Seal  [7]  Dornmâr  anmand  na  secht  mac  sin.  Capach  7  Mala  7 
Bresa  7  Bairend  7  [CJliath  na  coic  ingena  indsin.  Dlomais 
[Digais]  doib  7  asbt'rt  Cerman  f/iu  ara  ng[n]itis  [fo.  99^'  i]  tri 
heri  mias,  7  fodailset  iar«m  cach  ina  conair  ûadib  .i.  Casan  co 
Glend  [Cuill],  Fulach  co  Glend  Smoil,  Fledhach  co  Der[g]- 
moin,  Lia//;  co  Glend  F/n^Ieit[h],  Dlniain  co  Carraic  [nJDro- 
beoil,  ScailcoScairblndech,  inChappach-  coGlennCappaige^, 
Mala  (or  Malain,  Bersa  ina  Muig.  Bairend  [aroen]  re  athair  i 
Coilliu  Germain  7  ic  Bahluan  .i.  nomcn  amnis  frisn-abar'Bai- 
renn,  Clia//;  ig  Bernai  na  Cleithi,  Digais  a  màtJmir  for  Sh'Vè 
Diga.fa. 

Cerman  Hardhead  (son  of  Uargus,  son  of  Doltach),  and  his 
wife  Digais  Dibartach  daughter  ot  Etarbad  had  seven  sons  and 
five  daughters.  Cassdn,  Fuilech,  Fledach,  Liath,  Dimain, 
Scdl  and  Dornmdr  were  the  names  of  thèse  seven  sons  :  Ca- 
pach, Mala,  Bernsa,  Bairend  and  Cliath,  thèse  were  the  five 
daughters.  (Then^  mother)  Digais  refused  (food)  to  them,  and 
Cerman  told  them  that  they  should  lessen  the  burden  of  feeding 
them 4.  So  then  they  separated  from  them  (their  parents),  each 


1 .  doltaldh  R. 

2 .  carpat/;  R. 

3 .  carpa;Vt'  R. 

4.  Literally  «  that  they  should  act  agamst  [the  burden  of  dishes  ».  LL. 
194!'  6  has  :  fognad  dùib  ag  is  ernbas  «  let  battle  and  sword-death  serve 
you  ». 

Revui  Cclliquc,  XV.  22 


526  Whitley  Stokes. 

by  his  or  her  path  —  to  wit,  Cassdn  to  Glenn  Cuill  «  Hazel- 
valley  »,  Fuilech  to  Glenn  Smoil  «  Thrush-Valley  »,  Fledach 
to  Dergmôin  «  Red  Bog  »,  Liath  to  Glenn  Findléith,  Dimain 
to  Carric  Drobeoil,  Seal  to  Scarb  Indech,  the  Cappach  to 
Glenn  Cappaige,  Mala  on  Malain(?),  Bernsa  on  her  plain, 
Bairenn  along  with  her  father  in  Coille  Germain  and  at  Bab- 
luan  (i.  e.  the  name  of  a  river  now  called  Bairenn),  Cliath 
at  Berna  na  Cléthe,  and  their  mother  Dirais  on  Sliab  Dis[asa. 

Also  in  BB.  564''  37:  H.  38'M  Lee.  461''.  Versified  LL.  194»  58. 
The  places  mentioned  in  this  taie  are  said  by  Prof.  Atkinson  (Book  of 
Lei lister.  Contents,  p.  50)  to  be  in  Leinster. 


26.    DUIBLIND. 

DuibHnd,  canas  roaiiininigeii  ? 

Ni  aiisa.  Dub  ingen  Roduib  meic  Gais  meic  Glais  Gamna 
ben  [Enna]  meic  Nois  meic  side  a  Ft^rcartain,  ben  ele  do  [Enna 
.i.]  Aidhe  ingin  Oichinn  meic  Cnucha,  co  ro  étaigh  ^  Dub 
tria  [in  ua-ir  rotitir,  uair  ba  drai  7  ba  banfile  isi  Dub,]-  co  tu- 
[djcaid  la  taob  in  mara  co  comor  treibe  Ocind.  Dochachain 
bricht  mara,  coro  baithedh  isin  treib  sin  co  lin  a  ïualais,  corus- 
rathaig  Mairgine  gilla  Ocinde,  7  imsôi  fria,  7  foceird  c^r  chs 
asa  tabaill  'na  dochum,  co  rwi'-tascuir  [fo.  99''  2]  dia  cono'ir  7 
corwi-bruidh,  7  co  torchair  isin  lindigh.  UniicDuiblind  dicitur. 

Dub  daughter  of  Rodub  son  of  Cass,  son  of  Glas  Gamna, 
was  wife  to  Enna  son  of  "Nos,  an  elf  out  of  Forcartan.  Enna 
had  another  wife,  namely  Aide  daughter  of  Ochenn  son  of 
Cnucha,  and  when  Dub  discovered  this,  for  she  was  a  druid 
and  a  poetess,  she  grew  jealous  of  Aide,  and  she  went  beside 
the  sea  as  far  as  opposite  Ochenn's  house.  There  she  chanted 
a  sea-spell  so  that  Aide  was  drowned  in  that  house  with  ail 
her  family. 


1 .  étaidh  R. 

2.  Sic  Lee. 


The  Rennes  Dindknchas.  327 

Mairgine,  Ochenn's  gillie,  saw  Dub,  and  turns  against  her, 
and  casts  a  caer  dis  out  of  his  sling  towards  her,  so  that  he 
struck  her  off  her  path,  and  shattered  her,  and  she  fell  into 
the  pool  (Jind).  Whence  Dub-lind  is  said. 

Also  in  LL.  160»  i  :  BB.  364a  29  :  H.  38''  :  Lee.  462»  :  and  Bodl.  no.  38. 
Translated  (from  Lee.)  in  O'Curry's  Manners  and  Cnstoms,  II,  288-289. 

Diiih-lind  (now  corrupted  into  Dublin)  «  probably  that" part  of  the  River 
Liffey  which  in  later  times  was  known  b\-  the  name  of  Poil  or  the  hole  or 
pool  ».  O'Curry,  ubi  supra. 


27.    FORNOCHT. 

AHt^r  Vornocbl  À.  Uince  Ochurbel,  7  is  de  asberar  Ochur- 
bel  fo  bith  aroile  îer  bo  ach«rbeoil  ic  labraid  dia  sun,  daig  ni^ 
lahrad  Uinci  acht  tri  lai  7  tri  haidche  ria  samain  7  iar  samoin 
cacha  hlÏAdne^  7  adfed  dia  muindt/r  lergnima  na  hlladne  heus 
nmail  cach  faith.  Fer  ar  fich'il  a  lin  dogr^. 

Doluid  Aidiu  Uinci  o  cath  AthaChind  mara  rofecht  la  Finn, 
co  tuidchid  co  Dun  Droma  Dean  .i.  druim  <?//r  dô  en  .i.  iisc^ 
fris  dia  anoir  7  dia  aniar,  coma  desin  asrubrad  Druim  nDen 
de  prius^,  et  àom  ba  fidbad  tu?zc.  Ecmaic  Uinchi  inadochum 
in  duine  sin  7  rorand?  a  trib  sechtaib  .i.  trian  îor  tamnad  fedha 
7  in  trian  ele  fri  machtadh  nda;ne  7  in  très  trian  fri  Xoscud  in 
duine  7  in  denm/^ja  olchena,  cona  farcobsat  formaol  (ornocht 
fon  samla  sin. 

Amsôi  aniar  Find  iar  mhlhdain  co  faca  a  dun  iornocht,  cen 
diaidh,  cen  tech,  cen  tenidh,  7  se  fêtar/;  iornocht,  7  imsoat  an- 
diaidh  Uinchi  co  hAth  ind  Uinci  .i.  Find  7  Oisine  7  Cailti, 
7  dofuit  Uinchi  léo  .i.  morsescr  la  car/;  fer  7  Uinci  la  hOis- 
ine  7  la  Cailti,  ar  dofubad  Find  cohanbal  isin  aurga/7  sin. 
Coma  desin  asberar  Ath  ind  Uince  7  Vornocht. 

Otherwise  Fornocht,  that  is  Uinche  Kcymouth,  and  hence 


1 .  Sic  BB.  dogni  R. 

2.  Sic  BB.  Lee.  quibus  R. 

3.  norand  R. 


528  Wintley  Stokes. 

Keymouth  is  said,  because  of  a  certain  man  whose  lips  were 
locked  when  he  was  spoken  to.  For  Uinche  only  spoke  for 
three  days  and  three  nights  before  samain  (Nov.  i)  and  after 
sainain  in  every  year,  and  he  would  announce  to  his  house- 
hold  the  full  deeds  of  the  year  like  any  prophet.  One  and 
twenty  men  was  always  his  complément. 

Now  Uinche  went  from  the  battle  of  Ath  Cinn  Mara  which 
he  had  fought  with  Find,  and  came  to  the  foot  of  Druim 
Den,  that  is,  a  druim  (ridge)  between  two  waters  {dâ  en),  a 
water  to  the  east  thereof  and  a  water  to  the  west  —  hence  it 
was  formerly  called  Druim  Den  and  there  was  also  a  w^ood 
then.  Uinche  chanced  to  come  to  that  fort  and  he  divided  his 
men  into  three  sevens,  to  wdt,  a  third  for  felhng  the  trees,  and 
another  third  for  shiughtering  the  people,  and  the  third  third 
for  burning  the  fort  and  the  other  buildings.  So  in  that  wise 
they  left  it  quite  bare,  quite  naked  (Jornocht). 

After  a  year  Find  returned  from  the  east  and  saw  his  fort 
quite  naked,  smokeless,  houseless,  fireless,  — grassgrown,  loo, 
quite  naked.  And  they,  to  wit,  Find  and  Ossian  and  Câilte, 
pursue  Uinche  to  Âth  ind  Uinchi,  and  (there)  Uinche  fell  by 
them,  to  wit,  seven  by  each  man  and  Uinche  by  Ossian  and 
Câilte,  for  Find  had  been  badly  wounded  in  that  encounter. 
Whence  Ath  ind  Uinchi  and  Fornocht  are  so  called. 

Also  in  LL.  193^^  13  :  BB.  365b  i  ;  H.  20b;  Lee.  462-1. 
Fornocht  perhaps  Farnagh  near  Moat  in  Westneath,  Four  Masters,  A.D. 
1539.  But  see  Revue  Celtique,  XIII,  113. 


28.  Âth  Cliath  Cualann. 


Ath  Cliath,  ainas  ro  ainmnigcd? 

Ni  ansa  À.  cliatha  c:\o\aig  doriginset  Laigin  hi  flaith  Mis- 
gegra  fo  cosaib  caorach  Aitherne  Ailgesaigh  ^  'ca  n-adnacal 
co  Dûn  n-Étair  airm  i  ragbad  allaind  Htair  ïor  occaib  Ulad,  du 


I .   ailsesaidh  R. 


The  Rennes  Dindknchas.  329 

docear  Mes-ded^û?^  mac  Amarg/n  do  laim  Mes-gegra  ri  Lai- 
ghen.  Coma  dona  cliathaib  sin  rohainmnig^rf  Ath  CXiath. 

Vel  ita-:  Ath  cliath5  .i.  dia  robruiset  fir  Erenn  baill  in 
Matas  roslas  i  -^  mBrug  Mc/c  in  Ôic  ïor  Lig  Bend,  co  ro  lasat 
iar  mballaib  i  mBoind  co  rucbt  a  5  colpta  co  hlndb^r  Colp//;a 
et  Viwde  Indb^T  Colptha  dicitur,  7  comlaid  cliath  a  comblaid 
iar  muir  lam  in  Heir//n?,  co  ro  tovarhl  cosin  ath  ucat.  Unde 
Ath  Chath  dicilur. 

Hurdles  of  wattHng  the  Leinstermcn  made  in  the  reign  of 
Mes-gegra  under  the  feet  of  the  shcep  of  Athirne  the  Impor- 
tunate  when  dehvering  them  to  Dûn  Etair  at  the  place  in 
which  Allaind  (?)  Htair  was  taken  from  the  Ulaid's  warriors, 
where  also  Mes-dedad  son  of  Amargen  fell  by  the  hand  of 
Mes-gegra  king  of  Leinster.  So  from  those  hurdles  Ath  Cliath 
«  the  Ford  of  Hurdles  »  was  named. 

Or  thus  :  Ath  cliath  :  When  the  men  of  Erin  broke  the 
limbs  of  the  Matae,  the  monster  that  was  slain  on  the  Liacc 
Benn  in  the  Brug  maie  ind  Ôc,  they  threw  it  limb  by  limb 
into  the  Boyne,  and  its  shinbone  {colptha)  got  to  Inber  Colp- 
tha (the  estuary  of  the  Boyne),  whence  Inber  Colptha  is  said, 
and  the  hurdic  of  its  frame  (i.  e.  its  breast)  went  along  the 
sea  coasting  Ireland  till  it  reached  yon  ford  (âth);  whence 
Ath  Cliath  is  said. 


Also  in  BB.  365'^  42  :  H.  2ot'  :  Lee.  462''.  The  lattcr  half  is  vcrsified  in 
LL.  194''  18-34  (in  line  27  of  the  facsimile  siiuiach  should  obviouslv  be 
'sitin-àth). 

A Ib  cliath  (Cualann  or  Duiblinne)  now  Dublin.  Etar  Howth. 

As  to  Athirne  see  LL.  114I'  and  Revue  Celtique,  VIII,  48-)).  Mess- 
dead's  deatli  is  mentioned  ibid.  p.  57. 

We  hâve  already  met  with  the  Mâtac  and  the  Liacc  Benn  and  the  Briigh 
Maie  ind  Oc  supra  no.  4. 


1 .  mesdegaJ  R. 

2.  ata  R. 

3 .  cliach  R. 

4.  a  R. 

5.  co  R. 


3  30  Whitley  Stokes. 


29.  Benn  Étair. 

Bend  Édair,  canas  roainniniged? 

Ni  ansa.  Etar  ben  Gaind  mek  Deladha,  an  coicedh  ri  Fer 
mBolg,  is  i  sin  an  c^'Vna  hen  atbath  do  cumaidafir  sund  pnw^^ 
7  is  and  roadnacbt,  i  niBeinn  Etair. 

Aliter  Etar  .i.  o  Etwr  mac  Etgaith  robôi  a  clemn//^  Manan- 
dain,  is  é  atbath  do  seirc  Aine,  co  n-acladh  a  fert  isin  beind 
ucat. 

Dûn  mBrea  dano  7  Dniim  Ing  7  Âei  Cualand  7  Sliab^  Lec- 
gach,  canas  roainmnigthe? 

Ni  ansa.  Dia  tudchaidh  Partalon  tue  leis  Brea  mac  Senbo- 
tha,  an  c^Vna  fer  lasa  nd^rnadh  tech  7  coire  7  comrrtc  ôeinfir 
artus  a  n-Eir/;z77,  7  is  é  cong-ih  Dun  mBrea  7  in  inber  ucat,  7 
is  and  roh^iànacht. 

Ôe  Cualand  \mmorro  :  cath  doberi  Cuala  7  Ing  mac  Doirb 
Glais^  do  Cnm.lhann  Sciathbel  .i.  do  rig  hdigm,  co  ro  marbai 
Cuala  and,  7  coro  fuirmed  a  cend  forsin  sliab,  7  in  cloch  for- 
sar'  >  fuirmed  in  cend  sin  is  i  in  Oe  Cuala//??  sin,  7  dorocha/> 
Ing  ï.or  Drumaind.  \]i-\de  àicitur  [Druim]  Ing. 

Lecga  im7//o/'/'(),  dia  tu[d]cadar  t/i  \rxeic  Conmiwd  mc/c  Con- 
maic,  tri  hui  [Duind]  Désa,  oidhci  samna,  do  tigh  Deirg  do 
gabail  Bruidne  da  Dtvga  (or  Conahx  comus-iorachtiidar  hi  sléib 
lecca,  co  //-ebeart  Lomna  Druth  f/iu,  cloch  car/;  tir  do  ùiir- 
medh  isin  isléib,  ar  co  fesdais  a  lin  ac  dul,  7  co  fesdais  a  tes- 
buide  ic  tuidecht  ontogaiU  sin,  7  facbait  cloch  cach  mairbann. 

Unde  Bend  Étair  7  Dim  Brca  7  D/'uim  Ing,  Oe  Cuala////  7 
Sliab  Leccach  nominantur. 

Étar  wife  of  Gand  son  of  Delà,   the  fifth  king  of  the  Fir 


1 .  sleib  R. 

2.  He  is  called  Ing  mac  Dobgaid  dorbglais  in  LL.  194b  44. 

3 .  Sic  Lee.  in  loc  forrofuirmed  R.  in  cloc  forarfuirmed  H. 

4.  Sic  Lee.  tocbail  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  3  3 1 

Bolg,  she  was  the  first  woman  that  hère  formerly  died  of  grief 
for  her  husband,  and  where  she  was  buried  was  on  Benn 
Étair. 

Otherwise  Étar,  that  is  frora  Étar  son  of  Etgath  who  was 
Manannan  mac  Lir's  son-in-law.  Tis  he  that  died  of  love  for 
Aine,  and  his  grave  was  dug  on  yonder  peak. 

Di'in  niBrea,  also,  and  Driiim  Ing  and  Oe  Cualann  and  SHab 
Leccach,  whence  were  they  named  ? 

Not  difficult.  When  Parthalon  came  (to  Ireland)  he 
brought  with  him  Brea  son  of  Senboth,  the  first  man  who  in 
Erin  built  a  house,  made  a  caldron  ^  and  fought  a  duel  ;  and 
'tis  he  that  took  Dùn  mBrea  and  yon  estuary,  and  therc  he 
was  buried. 

Oe  Cualann,  now,  Cuaki  and  Ing  son  of  Dorb-gkis  gave 
battle  to  Crimthann  Shieldmouth,  KingofLeinster,  and  there- 
in  was  Cualu  slain,  and  on  the  mountain  his  head  was  Laid, 
and  the  stone  whereon  that  head  was  laid  is  the  Oe  Cualann. 
And  Ing  fell  on  a  ridge  (druini),  whence  is  said  Druim  Ing. 

As  to  Lecca,  when  the  three  sons  of  Conmenn  son  of  Con- 
mac,  three  descendants  of  Donn  Désa,  marched  on  the  eve 
oi samain  (Nov.  i)  to  Derg's  house  to  take  Da  Derga's  Hostel 
on  Conaire,  they  reached  Sliab  Leccach,  and  Lomna  Druth  said 
to  them  that  a  stone  for  each  man  (of  their  force)  should  be 
laid  on  the  mountain,  so  that  they  might  know  their  number 
when  going  to,  and  their  losses  when  coming  from,  that  Des- 
truction; and  there  they  leave  a  stone  for  every  dead  man. 

Whence  Benn  Etair  and  Di'in  Brea  and  Druim  Ing,  Oe  Cua- 
lann and  Sliab  Leccach  are  named. 

Also  in  BB.  366»  27:  H.  21^  :  Lee.  463-''  :  the  second  and  third  para- 
graphs  arc  edited  (from  BB.)  in  Silva  Gadellca,  II,  475,  521.  Versified  LL. 
194^  3).  There  is  also  a  pocm  about  Etar  son  of  Èthâth  in  LL.  160^.  As  to 
the  Fir  Bolg  see  O'Mahony's  Keating,  chap.  8.  As  to  Partholon,  ibid. 
p.  83,  114. 

The  incident  of  warriors  making  a  heap  of  stones  of  which  cach  con- 
tributed  one,  in  order  to  compute  their  subséquent  losses  in  battle,  will  be 
found  in  the  Togail  Bruidne  da  Derga,  Lebar  na  hUidre,  p.  _86b-87^.  See 

I .  an  iron  caldron  LL. 


3^2  Whitley  Stokcs. 

also  the  dindsenchas  of  Carn  Mail,  LL.  ijo^''  20,  and  infra  no.  94.  Perhaps 
the  latest  instance  of  this  practice  is  the  cairn  built  by  the  Farquharsons 
before  marching,  in  1745,  to  their  death  at  CuUoden.  See  lonica,  London, 
1891,  p.  49.  A  similar  practice  (each  man  casting  an  arrowinto  a  common 
basket)  was  pointed  ont  by  the  late  sir  Samuel  Ferguson  in  Procopius,  De 
Bello  Persico,  lib.  i,  c.  18  (Dindorfs  éd.  t.  I,  p.  97). 


30.  DÙN  Crlmthainn. 

Dùn  Cnmihainn,  canas  ro  aimnnigcd  ? 

Ni  ansa.  Dun  comàiacbt  la  Crimt[h]an  mac  Luig[d]ech  i 
niBend  Etair,  qui  et  Nia  [.i.]  fer  Naire  dicebatur  :  tredecim  an- 
nos  i-egnavif. 

IS  é  docuaid  i  n-echtra  a  Dun  Cremt[h]ainn  nô  a  Dail  Uis- 
niglî,  ut  ipse  d/.v/t,  la  Nair  tuaidhigh  in  bansidhe,  coma  £e 
caictighis  ar  mis  [and],  dia  cubain  na  seotu  imdai,  imon  car- 
pat  n-oir  7  imon  fi[d]chill  n-6ir  7  ^  imon  cétaigh  Crimibainn 
À.  lend  sa'memail,  7  aroile  séotu  imda  olchena;  7  atbath  iar- 
sain  ahaithle  a  echtra  im-maig  -  Etair,  7  roadnûtr/;/  ina  dun. 

A  fort  which  was  constructed  on  Benn  Etair  (Howth)  by 
Crimthann  son  of  Lugaid  who  was  also  called  Nar's  nia  i.  e, 
man,  and  who  reigned  thirteen  years. 

Tis  he  that  went  on  an  adventure  from  Dùn  Crimthainn  or 
from  Dal  Uisnig,  as  he  himself  said%  with  the  witch  Nâr  the 
banshee.  With  her  he  slept  a  month  and  a  fortnight.  And  to 
him  she  gave  many  treasures  including  the  gilt  chariot  and  the 
draughtboard  ot  gold,  and  Crimthann's  cétach,  a  beautiful 
mantle,  and  many  other  treasures  also.  And  afterwards,  after  his 
adventure,  he  died  on  Mag  Etair  and  was  buried  in  his  fort. 

Also  in  BB.  367^  20:  H.  12^:  Lee.  464'. 

Dùn  Crinithainn  «  was  situated  on  the  hill  of  Howth,  and  its  site  is  oc- 


1.  .i.  R. 

2.  amuig  R. 

3 .  i.  e.  ï  suppose,  in  his  poem  Mi-dochodh  a  n-eachtra  u-dn  «  well  I  fared 
on  a  splendid  adventure  »,  which  O'Donovan  says  is  contained  is  the  Lea- 
bhiv  Gabbdla  of  the  O'Clerys. 


The  Rennes  Dindienchas.  3  3  3 

cupied  by  the  Bailie's  lighthouse  »,  O'Donovan,  Four  Masters,  A.D.  9.  Our 
taie  (if  I  riglnlv  understand  it)  agrées  with  the  Annals  of  Clonmacnois  in 
treating  the  treasures  as  love-tolvens.  The  Four  Masters  and  Keating  make 
them  the  spoils  of  an  expédition  to  foreign  lands,  on  which  it  is  said  that 
Crimthann  vvas  accompanied  by  his  fairy-queen  Nàr.  She,  according  to  LU. 
^i'',  was  of  the  Tuatha  Dé  (ar  ba  do  Thuaith  Dca  bcn  .i.  Nâr). 


31.  RAiTH  Cnâmrossa. 

Riuh  Cnamrossa,  canas  roaintnniged  ? 

Ni  ansa.  Mac  cecht  mac  Sloide  Seich^^/  do  Co)!nacht-à[h  roalt 
Lee  Fer  Flatha  mac  Conaire.  Is  é  rotesairg  a[c]  togail  Bruidne^ 
da  Dergj.  cona  forruim-  i?  cobraid  a  sceith  in  mac,  7  rom- 
brui  7  rom-baid  turtur  7  t/einimteacht  in  miledh  [fo.  100'' 2] 
7  ta;scad  7  tesbach  a  fola,  corondecca  hi  Corraib  Ednecha,  7 
ni  fuair  achl  carnail  cnam  comai[g]de  7  iopachtii  a  cobraid  dia 
scieth,  7  fosceird  in  cnamfros  sininde,  7  ros-adnacht  iarsodoin, 
et  I  unde]  Cnamros  dicitur. 

AlitéT  Cnamros.  Mitr  hen  Bersa  a  B^rramain  dorad  seirc  do 
Find  mac  Cumaill,  co  ro  delb  nai  cna  Segsa  co  n-ept[li]ib 
seirce  indib,  7  focart  hibuirni  mac  Déduis  dia  n-adnacol  do 
Find,  7  Ashen  f/'is  a  teinm  7  a  tomoilt.  «  Ni  tô  »,  ol  Find, 
«  ar  nidat  cna  rois,  acht  is  cna  amrois,  7  ni  fes  cid  dia  filet 
acht  dolba[d]  fri  hol  s^rci  annso  »,  7  ros-3.dnacht  Find  traig  i4 
talmain,  et  unde  Cnamros  dicitur. 

Vel  ita  :  Cath  Cnam[rosai]  rocloi  Bresal  Belach  for  Cairpr^ 
lÀîechair  cotia  claind  7  for  Y\ic\\aig  Sraibtine  [7]  for  Eochaig 
Doimlen  nonbwr  7  .dcccc.  7  .ix.  mile  a  n-Qs\)aid  7  t«caid  a 
frossa  cnam  issin  rathaid  ut.  \Jinde  [Raith  Cnamrossa]. 

Mac  cecht  son  of  Slaitc  Seched  of  Connaught  fostered  Lee 
Fer  Flatha  son  of  Conaire.  'Tis  he  that  at  the  Destruction  of 
Da  Derga's  Hostel  rescued  the  boy  and  laid  him  in  the  hoUow 

1 .  bruigne  R. 

2.  Sic  H.  feraib  R,  foraim  Lee. 

3.  SicBB,  a  R. 

4.  a  R. 


3  54  Whitley  Sîokes. 

of  his  shield,  wherein  the  turtur  (?)  and  véhément  going  of 
the  soldier,  and  the  pouring  forth  and  heat  of  his  blood  shat- 
tered  and  drowned  the  boy,  so  that  he  died  in  Corra  Ednecha, 
and  of  him  Mac  cecht  found  in  the  shield-hollow  nought  save 
a  heap  of  broken  and  severed  bones.  So  in  the  rath  he  lays 
down  that  bone-shower  (cnâm-fros),  and  atterwards  buried  it. 
Whence  Cnàmros  is  said. 

Otherwise  Cnàmros  :  Maer  wife  of  Bersa  of  Berramain  fell 
in  love  with  Find  son  of  Cumall,  and  she  formed  nine  nuts 
of  Segais  with  love-charms,  and  commanded  Ibuirne  son  of 
Dedos  to  deUver  them  to  Find,  and  told  Find  to  eut  and  eat 
them.  «  Nay  »,  says  Find,  «  for  they  are  not  nuts  of  know- 
ledge,  but  nuts  of  ignorance  {cua-iHiirois),  and  it  is  not 
known  for  what  they  are,  unless  an  enchantment  for  drinking 
love  ».  So  Find  buried  them  a  foot  deep  in  the  earth.  Whence 
Cnàmros  is  said. 

Or  thus  :  Bresal  Belach  won  the  battle  of  Cndmros  from 
Cairpre  Lifechair  and  his  children,  and  from  Fiacha  Sraibtine 
and  Eochaid  Doimlen.  Nine  thousand,  nine  hundred  and 
nine  was  their  loss,  and  their  shower  of  bones  {cnam-frossa) 
were  brought  into  yon  rath.  Whence  Ràith  Cnàmrossa. 

Also  iii  BB.  367I'  21  :  H.  22i>  :  Lee.  464b.  The  first  story  is  referred  to  in 
the  Togail  Bniidue  da  Dcrga,  LU.  97^.  The  second  story  is  also  in  LL.  200-'. 

Cikimhross  i.  e.  «  Wood  of  the  Bones  ».  This,  says  O'Donovan,  was  pro- 
bably  the  ancient  name  of  Camross,  near  Barry's  Cross,  in  the  county  of 
Carlow.  Four  Masters,  AM.  2859. 

Segais  is  a  name  of  the  elfmound  in  which  the  Boyne  is  said  to  rise, 
H.  3.  18,  p.  ôjé'-',  and  see  O'Clery's  Glossary. 


32.  Maistiu. 

Maistiu  ^,  canas  roûiiininiged  ? 

Ni  ansa.  Maistiu  id  est  mes-du,  du  baile  i  mbidh  mes,  ut  dicitiu' 

Ba  lidbaid  aimser  robôi,  jvl. 
I .  Maistiud  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  3  j  5 

Alit<';'."  Maistiu  ingen  Oengw^a  raeic  Umoir  dos-fuc^  Daire 
Dtvg  mac  Eachar/;  Tâobfota  a  crich  Cornai,  a  hdonach  Oen- 
g//5a  co  comfarnaic  fria  Gris  banlicerd  ingin  Ricisi  îor  lar  in 
muigi  [Maisten]  ronagaib  ailges  di  7  rw^n-esert  co  nglamaib  aim- 
nechaib  co  «-apaid  reim[p]e  de.  Roléic  Dairc  a  urchwr  [for 
Gris]  do  nertlic  -  miled  bôi  leis,  ce  ndeirgeine  bruar  dia  chind 
for  lar  in  maighi,  co  n[d]cillig  i  Sruthizr  Snuaidhc,  rc'//id  Gris 
osin  aile. 

Vel  ita  5  :  Maistiu  ingen  Oengw-U  mcic  Umoir,  bandruinech 
Oeng//ja4  in  M^/c  Ôicc.  Is  i  rochum  delb  crossi  prizYJ  i  nErmw 
hi  corthrt/r  brollaig  5  inair  Oeng^ija,  ar  ros-tadban  Oengw5  di 
isin  maighin  [sin].  \]nâe  Mag  Maisten  dicitur.  Emon  àono 
Cowold  mac  Oeng;/ia  7  Mdor,  a  qua^  Ath  Maire  7  Ath  Mara 
hodie,  7  atbath  Mdor  7  Maistiu  do  cwmaid  Co;/oild  Cdoil  meic 
Oeng«.ya.  Unde  Maistiu  7  Ath  Mara. 

Maistiu,  that  is  iiies-dii  «  mast-place  »,  a  stead  wherein  was 
mast  (of  beech  and  oak),  as  is  said  «  It  was  a  wood  in  time 
gone  by  ». 

Othèrwise  :  It  was  Maistiu  daughter  of  Oengus  son  ot 
Umor  that  Daire  the  Red  son  of  Echaid  Long-side  carried  out 
of  Crich  Comul,  out  of  Oenach  Oengusa.  In  the  midst  of  the 
plain  Gris  the  female  rhvmester  daughter  of  Richis  met  her, 
did  not  get  what  she.  Gris,  demanded  of  her,  and  so  mal- 
treated  her  with  blemishing  lampoons  that  she  died  thereof 
before  her.  With  a  soldier's  baiilestone  7  that  he  had,  Daire 
hurled  a  cast  at  Gris,  and  in  the  midplain  made  fragments  of 
her  head,  which  fell^  into  the  stream  of  Snuad,  thencefor- 
ward  called  Gris. 

Or  thus  :  Maistiu  daughter  of  Oengus  son  ofUmor,  the  em- 


1 .  dosfucad  R. 

2.  Sic  H.  don  slcig  R. 

3 .  ata  R. 

4.  R  iiiserts  meic  Umoir. 

5 .  brollaid  R. 

6.  quo  R. 

7.  Literally  «  strength-stone  ». 

8.  Literally  «  lay  down  ».      ' 


356  Whitley  Stokes. 

broideress  of  Oengus  mac  ind  Oc,  'tis  she  that  formerly  made 
in  Ireland  the  shape  of  a  cross  on  the  breast  of  Oengus'  tunic, 
for  Oengus  had  shewed  it  to  her  in  that- place.  Whence  Mag 
Maisten  «  Maistiu's  Plain  »  is  said.  No\v  ConoU  the  Slender 
son  of  Oengus  and  Maer  (from  whom  Afh  Maere,  today  Ath 
Mard)  were  twins,  and  Maistiu  as  well^  as  Maer  died  of  grief 
for  this  Conoll.  Whence  Maistiu  and  Ath  Mara. 

Also  in  BB.  368-'  21  :  H.  22''  and  Lee.  46^-».  Edited  mSilva  Gaddica,  II, 
482,  530,  where  Gris  hanlicerd  is  rendered  by  «  Gris  ban  the  worker  in 
jewels  »,  and  cona  gaib  ailges  de  by  «  conceiving  a  jealousy  at  her  ». 

Maistiu  now  Mullaghmast,  a  fort  situate  on  a  hill  of  the  same  name, 
about  five  miles  to  tlie  east  of  Athy,  in  the  county  of  Kildare. 


Whitley  Stokes. 
(A  suivre). 


ÉTUDES  BRETONNES 


IX. 

SUR  l'argot  de  la  roche. 

(Suite'.) 

14.  En  octobre  1893,  je  me  suis  attaché  a  compléter  les  in- 
formations exposées  aux  paragraphes  qui  précèdent  -.  Je  vais 
passer  en  revue  les  expressions  recueillies  dans  cette  nouvelle 
enquête,  en  les  groupant  d'après  la  nature  de  leurs  origines,  au 
moins  vraisemblables,  de  cette  façon  : 

1°  Acceptions  et  combinaisons  de  mots  déjà  connus  (§15- 
18); 

2°  Formes  se  rattachant  à  ces  mêmes  mots,  par  dériva- 
tion, etc.  (§  19-22); 

3°  Mots  tirés  du  breton  (§  23-27); 

4°  Mots  pris  ou  imités  du  français  (§  28-29)  ; 

5°  Termes  dont  chacun  provient  de  la  fusion  de  deux  mots 

(§30); 

6°  Onomatopées  et  mots  d'origine  obscure  (§  31). 
Je  présenterai  ensuite  quelques  remarques  sur  les  rapports 
du  breton  et  de  Tar^ot. 


1 .  Voir  Revue  Celtique,  XIV,  267. 

2.  Ma  principale  source  a  été  Yves-Marie  Cathou,  dit  Bhhiq,  couvreur  à 
Saint-Clet. 


3^8  E.  Ernault. 

15.  L'argot  rochois  a  un  vocabulaire  assez  restreint,  mais 
il  le  met  en  œuvre  de  façon  à  exprimer  toutes  les  pensées  fa- 
milières à  ceux  qui  le  parlent,  sans  que  des  auditeurs  non  ini- 
tiés puissent  y  rien  comprendre;  ce  qui  est  le  but  et  la  raison 
d'être  des  langages  de  ce  genre.  Il  n'est  pas  nécessaire,  pour 
cela,  qu'il  possède  un  mot  propre  à  rendre  exactement  chaque 
idée. 

Parfois  il  emploiera,  suivant  le  précepte  littéraire  de  Buffon, 
«  les  termes  les  plus  généraux  »,  à  la  place  des  mots  spéciaux 
qui  lui  manquent  ;  il  dira  luater  «  de  l'eau  »,  pour  «  de  la 
pluie  »;  rufan  «  du  feu  »,  pour  «  des  éclairs  ».  Ces  emplois 
sont,  du  reste,  suggérés  par  le  breton,  qui  dit  volontiers  ober 
ra  dour  «  il  fait  de  l'eau  »,  et  ober  ra  tan  ha  luc'het  «  il  fliit  du 
feu  et  des  éclairs  ». 

Mais  ce  qui  frappe  surtout,  c'est  la  focilité  avec  laquelle  un 
mot  rochois  peut  prendre  des  acceptions  souvent  fort  diverses, 
et  qui  sont  déterminées  par  le  contexte  ou  par  les  circon- 
stances. Rufan  ne  veut  pas  dire  seulement  «  du  feu  »  et  «  des 
éclairs  »  ;  il  signitie  également  «  du  bois  »,  même  celui  qui 
ne  sert  pas  à  foire  du  feu  ;  on  dit,  par  exemple,  chouikr  rufan 
«  travailleur  de  bois  »,  menuisier  (breton  artisan  hoat).  Ah- 
brelbùi  «  fils,  ami  »,  signifie  aussi  «  frère  ».  Gourdajen 
«  chose  »,  supplée,  au  besoin,  tout  substantif  dont  l'absence 
se  foit  sentir.  Le  sens  des  mots,  en  argot  français,  est  égale- 
ment assez  élastique  :  plombe  veut  dire  à" la  fois  «  heure  »  et 
«  année  »  (comme  le  grec  wpa,  qui  n'y  est  sans  doute  pour 
rien). 

16.  Un  remarquable  exemple  de  ces  fonctions  multiples 
nous  est  fourni  par  le  verbe  tiinikah,  dérivé  de  tuniq,  f. 
«  messe  »  (quand  on  parle  d'un  prêtre),  mais  aussi  «  prière  » 
en  général  :  laret  i  duniq,  dire  ses  prières.  Contrairement  à 
l'explication  proposée  Revue  Celtique,  VII,  50,  je  crois  ce  mot 
de  la  même  origine  que  tunodo,  argot  rochois,  propos  en  argot, 
cf.  Rev.  Celt.,  XIV,  282.  Voir  plus  loin,  §  22. 

Tunikan  signifie:  parler,  dire,  chanter;  demander;  écouter. 
La  distinction  de  ces  emplois  se  fait  quelquefois  par  la  syn- 
taxe :  non  ht  mond  da  dunikah  d'o  ches,  je  ne  vais  pas  vous 
dire,  =  bret.  da  larct  d'ac'h ;  ...  da  dunikah  gant  0  ches,  vous 


Etudes  bretonnes.  ^^9 

demander,  =  da  c'houlen  ganac'h^.  Mais  l'occasion  seule  peut 
montrer  si  tunik  ta  !  veut  dire  :  «  parle  donc  !  »  ou  «  écoute 
donc  !  » 

Ce  dernier  sens  est  provenu  d'un  phénomène  familier  au 
langage  des  enfants  et  connu  dans  bien  d'autres  langages,  «  le 
renversement  des  rapports  ».  «  A  quatre,  à  cinq  ans  encore  », 
dit  E.  Egger^,  «  Tenfant  prendra  l'une  pour  l'autre  les  idées 
corrélatives,  comme  celles  de  prêter  et  d'emprunter...  Il  dis- 
tingue plus  ftcilement  entre  prêter  et  donner...  La  différence 
des  deux  idées  pourrait,  en  effet,  pour  ces  cas  de  corrélation, 
s'exprimer  dans  les  langues  anciennes  par  deux  flexions  du 
même  radical  :  oavauo),  en  grec,  signifie  je  prête,  sxvE^cy.a-.,  je 
me  fais  prêter,  et,  par  conséquent,  j'emprunte...  Bien  plus: 
x-f^oK  et  àY^wsTsç,  en  grec,  ont  tour  à  tour  le  sens  actif  et  le 
sens  passif;  de  même  ignarus  et  ignotus  en  latin  ». 

C'est  ainsi  qu'en  français  nous  disons  consultant  pour  celui 
qui  demande  une  consultation  comme  pour  celui  qui  la  donne; 
hôte  veut  dire  «  celui  qui  reçoit  »  et  «  celui  qui  est  reçu  »,  etc. 

En  breton  on  a,  par  exemple,  dleah,  je  dois,  =  vieil  irlan- 
dais dligim,  j'ai  droit  à  ;  plijot,  hetot,  veulent  dire  à  la  fois 
«  vous  plairez  »  et  «  il  vous  plaira  »,  Rev.  Celt.,  XI,  471  ; 
piaou  «  (il)  possède  »3  et  «  (cela)  appartient  »,  Rev.  Celt., 
XI,  477  (cf.  IX,  265,  266,  etc.). 

17.  On  peut  mentionner  ici  quelques  changements  de  caté- 
gories grammaticales  (cf.  §  6)  : 

Tyara,  nom  pris  adjectivement  :  eur  wamel  dyara,  une  vieille 
femme. 

Vreo-;;^  au  sens  de  «  grand  »  :  rup  vreo::^,  grand  monsieur  ; 
raton  ireo::^,  synonyme  de  raton  gourd  «  grand  prêtre  »,  curé. 


1.  En  trécorois,  où  laiet  «  dire  «  s'emploie  aussi  pour  «  promettre  », 
lared  'm  eus  mont  rr:  j'ai  promis  d'aller  ;  larcd  'ni  eus  d'an  mont,  je  lui  ai  dit 
d'aller.  Pour  «  je  lui  ai  promis  d'aller  »,  on  est  obligé  de  tourner  autre- 
ment, si  l'on  garde  ce  verbe  :  lared  'm  eus  d'an  'Jjachen,  je  lui  ait  dit  que 
j'irais. 

2.  Observations  et  réflexions  sur  le  développement  de  l'intelligence  et  du  lan- 
gage chei  les  enfants,  3«  éd.,  Paris,  188 1,  p.  44,  45. 

5 .  Ce  sens  est  né  avant  l'autre,  dans  ce  mot  qui  provient  du  pronom  in- 
terrogatif  et  relatif.  Voir  les  articles  de  M.  Strachan  et  de  M.  Rhys,  dans 
es  Beitrage  de  Bezzenberger,  XVII,  292,  et  XVIII,  268. 


340  E.  Ernaulî. 

Ces  expressions  proviennent  d'injures  scatologiques  comme 
«  En  despit  soit  fait  du  beau  marchand  de  marde  !  »  Nouveaux 
compliinens  de  la  place  Mauhert...  1644  (cité  par  Cli.  Nisard, 
Etude  sur  le  langage  populaire  ou  patois  de  Paris  et  de  sa  banlieue, 
Paris,  1872,  p.  321),  cf.  Littré,  qui  donne  un  exemple  du 
xvr  siècle,  etc.  Elles  ont  étéprises  ironiquement  à  l'origine; 
d'ailleurs,  comme  l'a  remarqué  M.  Quellien,  L'argot  des  no- 
mades... 42,  l'ironie  est  au  fond  de  toute  cette  langue  popu- 
laire. 

Miniq,  ordinairement  adjectif:  rup  miniq,  petit  monsieur, 
miniq  e  :^ousilh  «  la  boisson  est  petite  »,  il  n'y  a  guère  à 
boire,  etc.,  est  devenu  substantif  dans  miniq  Korniq  hos  «  pstit 
du  vieux  cornu,  iils  du  diable  »,  ramoneur. 

18.  Souvent  le  rochois  a  recours  à  un  autre  expédient,  la 
périphrase  :  houlanjcr  miniq  «  petite  horloge  »,  montre;  c'houe^ 
Xpusilh  «  maison  de  boisson  »,  auberge;  pod  ou  giuamel  ar 
c'houe:^  xpusilh  «  l'homme  »  ou  «  la  femme  de  la  maison  de 
boisson  »,  l'aubergiste;  pod  c'boue:^  Doue  «  l'homme  de  la  mai- 
son de  Dieu  »,  le  sacristain;  rup  ar  vilach  «  le  monsieur  du 
bourg  »,  le  maire;  dannve  i  luamel  «  sa  future  femme  »,  sa 
maîtresse;  am:{er  min  son  «  mauvais  temps  »,  hiver  ;  -ousilh  da 
~ousilban  «  boisson  pour  s'enivrer  »,  rhum;  eur  flitour  d'eni 
:;ariagen  «  un  lit  pour  ma  pipe  »,  un  porte-pipe  ;  Jjilhe^  c'hourd 
«  bonne  fille  »,  demoiselle;  journe  gourd  «  bonne  journée  », 
année,  etc. 

L'emploi  de  ce  procédé  cher  à  Delille  est  favorisé  par  le  sens 
souvent  vague  et  indécis  des  mots  rochois,  qui  se  prêtent 
avec  complaisance  à  toutes  sortes  d'extensions,  de  restrictions 
et  d'applications  diverses.  Le  breton  en  présente,  d'ailleurs, 
plus  d'un  exemple,  que  l'argot  de  La  Roche  n'a  qu'à  suivre  plus 
ou  moins  littéralement  :  am^er  c'hourd  ou  journe  gourd  «  beau 
temps,  beau  jour  »,  printemps,  bret.  anr:^er  neve  =  «  temps 
nouveau  y>  ;  piere^en  c'hlam  pierre  bleue  »,  ardoise,  bret.  7nen 
gla~^,  cf.  Kev.  Celt.,  V,  223.  Le  déterminant  peut  se  suppri- 
mer, quand  les  circonstances  le  font  suppléer  aisément.  Ainsi 
un  couvreur  que  son  aide  laisse  manquer  d'ardoises  lui  dira 
simplement:  voari  ht  pierex_eno  'ta,  niinsoncr?  tu  n'apporteras 
donc  pas  de  "  pierres  »,  imbécile? 


Etudes  bretonnes.  ^41 

Par  une  abréviation  du  même  genre,  lagad  ijen  (œil  de 
bœut),  cinq  francs,  se  réduit  à  lagad,  dans  cur  pe::^pevar  Jagad 
(une  pièce  de  quatre  yeux),  vingt  francs. 

Cette  pénurie  du  vocabulaire,  exagérée  d'ailleurs  dans  les 
premiers  travaux  dont  le  rochois  a  été  l'objet,  ne  l'empêche 
point  de  mériter  le  titre  d'argot  spécial,  qu'on  a  eu  la  velléité 
de  lui  contester  (Annales  de  Bretagne,  I,  458).  C'est  un  trait 
commun  à  toutes  les  langues  secrètes,  bien  qu'elles  ne  soient 
nullement  des  gueuses  fières,  et  qu'elles  s'enrichissent  sans 
scrupule,  comme  ceux  qui  les  ont  faites.  Il  faut  mettre  à  part 
le  shelta  ou  ogham  irlandais,  qui  est  d'une  opulence  lexicogra- 
phique  surprenante,  ce  qui  ne  l'empêche  pas  de  recourir  aussi 
à  la  périphrase  ^ 

19.  —  Les  terminaisons  grammaticales  dont  se  sert  le  ro- 
chois ne  diffèrent  pas  de  celles  du  breton. 

Pluriels  en  0  :  hoiicho,  chèvres,  flilouero,  lits,  c'houéjo,  mai- 
sons (c'honiler  c'houéjo  «  travailleur  de  maisons  »,  maçon),  oni 
je~o,  ont  jcjo,  nous  (cf.  Rev.  Celt.,  XIV,  269,  270;  on  lit  mon 
gniasse,  je  ou  moi,  en  argot  français,  La  Chanson  des  gueux, 
81,  177,  287;  Ch.  Virmaitre,  Dictionnaire  d'argot  fin-de- 
siècle,  Paris,  1894). 

Pluriels  en  et  :  dovergnet,  chevaux  Çrub  ou  pod  an  dover^net 
«  le  maître  »  ou  «  l'homme  des  chevaux  »,  charretier),  gri- 
fohnet,  chiens,  kriped,  gendarmes  (rup  ar  griped  «  le  maître 
des  gendarmes  »,  brigadier),  ruped,  messieurs. 

Pluriels  en  ien  :  turgnerien,  cochons  (singulier  turgner^. 

Féminins  :  rupes,  dame,  plur.  rupe^et;  igrekeres,  vieille  femme 
avare,  acariâtre  ;  poenseres,  voleuse,  grefieres,  chatte.  Voir  §  21. 

Kelien  (mouches)  n'est  donné  par  M.  Quellien  qu'au  sens 
de  «  gare  !  voilà  quelqu'un  !  »  cf.  Rev.  Celt.,  VII,  44,  XIV, 
277,  et  dans  Icelien  niinih,  enfants.  Il  est  probable  que  ces  deux 

1  .  «  The  tinkers'  language...  is  copious  enough  to  express  ail  the  eve- 
ryday  needs  of  a  matcrial  existence.  It  contains  words  for  most  of  the  prin- 
cipal nouns,  pronouns.  adiectives,  verbs,  adverbs.  and  prépositions,  the 
less  important  grammatical  particles  being  either  expressed  in  English  or 
Gaelic,  or,  as  is  more  usually  the  case,  altogether  omittcd.  Compounds, 
too,  are  largely  used  to  express  ideas  tor  which  there  are  no  Shelta  words  ». 
John  Sampson,  dans  le  Jouiiial  of  the  ^')pv  love  Society,  octobre  1890, 
p.  215. 

Revue  Celtique,  XV.  23 


542  E.  Ernault. 

expressions,  dont  l'une  fait  allusion  aux  mouchards  et  l'autre 
aux  moucherons  (cf.  moucheron,  enfant,  L.  Larchey  ;  enfant, 
apprenti,  L.  Rigaud)  sont  les  plus  anciennes;  mais  on  ne  s'en 
est  pas  tenu  là;  la  locution  ar  c'heyen  miniq  «  les  enfants  », 
interprétée  assez  naturellement  «  les  petits  hornmes  »,  a  fait 
donner  à  keyen  le  sens  général  de  «  gens,  hommes  »  ;  de  même 
pour  le  singulier  heyenen,  f.  (mouche),  homme  :  eur  geyenen 
;(o  tortet,  un  homme  a  été  tué  ;  ar  c'heyen  iortet,  les  morts. 

20.  Pour  la  dérivation,  le  rochois  possède  en  propre  un 
petit  nombre  de  suffixes,  qui  d'ailleurs  n'ont  guère  de  force 
d'expansion.  Ce  sont  : 

-at,  Rcv.  Celt.,  XIV,  274,  v.  lugiierato,  et  -od,  282,  v.  tu- 
nodi,  pris  à  l'argot  français,  et  usités  chacun  avec  une  seule 
racine  ; 

-aon  dans  pistaon,  qu'on  peut  soupçonner  d'avoir  eu  un  si- 
milaire, voir  Rev.  CcIt.,  XIV,  284,  v.  cran.  Cf.  la  terminaison 
du  petit  trécorois  luteq  fernaoh,  chandelle  de  résine,  équivalent 
moqueur  de  luteq,  Rev.  Celt.,  IX,  258,  où  fernaon  est  sans 
doute  une  variante  de  Pharaon,  d'où  le  breton  laou  Pharaon 
«  poux  de  Pharaon  »,  morpions,  Rev.  Celt.,  VII,  251.  Cette 
articulation  finale  est  rare  en  trécorois,  on  peut  citer  pourtant 
maon,  m.,  ver,  insecte,  mot  usité  à  Trévérec,  cf.  le  normand 
màn,  m.,  larve  de  hanneton,  ver  blanc,  que  M.  Joret  tire  de 
*  madonem,  vieux  haut  allemand  mado,  ver  {Mémoires  de  la  So- 
ciété de  Linguistique,  IV,  159).  Ce  mot  se  lit  en  français  dans 
le  texte  suivant  :  «  Il  flmt  faire  la  guerre  aux  mulots,  aux  tau- 
pes, aux  courtilières,  aux  mans,  aux  chenilles,  aux  fourmis, 
aux  limaçons;  que  sais-je?  à  mille  animaux  qui  nous  mange- 
roient  tout,  si  on  n'avoit  soin  de  les  détruire  ou  de  les  écar- 
ter ».  Le  religieux  et  le  jardinier,  dans  les  Nouvelles  histoires  et 
paraboles,  par  l'Auteur  du-  Catéchisme  pratique  ;  Varis,  chez  On- 
froy,  nouv.  éd.,  1788,  p.  112  (l'approbation  est  de  1785); 

-eou::;^,  co:^,  aos,  dans  bilheo:;^,  hilhaos,  argent,  billeouxi,  payer, 
Rev.  Celt.,  VII,  42,  XIV,  272  ;  vreo:;^,  freou~,  freou:j,  VII,  43, 
du  franc,  -oux,  très  fréquent  dans  l'argot  français,  cf.  le  breton 
d'origine  argotique  pions,  paille,  Rev.  Celt.,  VII,  252,  XIV, 
277,  283.  J'ai  eu  tort  d'exphquer,  Rev.  Celt.,  VII,  4.6,  lanteoi, 
beurre,  par  le  brct.  lard  teu^,  saindoux,  en  trécorois  lard  teu. 


Etudes  bretonnes.  54 î 

Ce  mot  doit  contenir  notre  suffixe,  qui  n'existe  en  breton  que 
sous  la  torme  ou:(  (cf.  Glossaire  moy.  bref.,  v.  libonicq),  mais 
qui  en  rochois  s'est  adjoint  une  voyelle  e,  probablement  par 
l'influence  de  freou:^  =  l'adjectif  bret.  foeroui.  La  syllabe  eo::^, 
eouz^,  inconnue  en  trécorois,  se  retrouve  d'ailleurs  dans  l'ex- 
pression rochoise  fort  employée  war  ar  beo:(,  (être)  sur  le 
pavé,  etc.,  Rcv.  Celt.,  XIV,  278,  cf.  le  bret.  moy.  beauselenn 
«  fiente  de  beste  menue  »  (vannetais  bou^ile,  franc,  bouse). 
Voir  §  24.  Laiiteo:^  s'expliquerait  par  une  forme  *  lentoux  ou 
*  Ientou:^e,  dérivée  de  lent  pris  au  sens  du  provençal  lent,  lant, 
humide,  moite.  Mistral,  cf.  vieux  français  lentif,  onctueux, 
Godetroy;  en  argot  français  «  beurre  »  se  dit  fondant,  F.  Mi- 
chel, etc.  Un  semblable  dérivé  d'adjectif  se  montre  dans  l'ar- 
got verdouse,  pomme,  en  fourbesque  vcrdosi,  porreaux,  en  ger- 
mania  verdosos,  figues,  F.  M.,  de  *viridosus. 

On  peut  signaler  encore  le  suffixe  -ouer,  -ouar,  -our  (du  fr. 
-oir,  -oire'),  qui  est  commun  au  breton  et  au  rochois,  mais  que 
ce  dernier  aff"ectionne  particulièrement: ///  Qiflitouar  (fliiour, 
flitouer,  ^l.  fiitouero),  lit,  Rev.  Celt.,  VII,  43;  tortour,  cime- 
tière; vn'o~our,  pot  de  chambre,  latrines.  Cf.  trimoire,  jambe, 
Le  jargon  de  l'argot,  de  trimer,  cheminer,  etc.  Klang,  klangou- 
ren,  bouche,  est  un  mot  rare  selon  M.  Quellien;  j'ai  entendu 
klafik,  langue,  et  klahkour,  bouche  :  eiir  pe^klankour  roget,  une 
grande  bouche.  Klahk  est,  je  crois,  le  français  clenche  «  pièce 
principale  d'un  loquet,  laquelle,  reçue  par  le  mentonnet,  tient 
la  porte  fermée  »,  Littré  ;  autrefois  clenquc,  normand  du  Bes- 
sin  cllanqut  «  loquet  d'une  porte  »,  Joret,  Méni.  de  la  Soc.  de 
Ling.,  III,  401.  Pour  le  sens,  on  peut  comparer  l'emploi  po- 
pulaire, en  basse  Normandie,  de  déclencher,  déclancher,  pour 
«  parler  »  ;  Littré  en  donne  cet  exemple  (au  Supplément)  :  «  Il 
est  resté  là  une  heure  sans  déclencher  [sans  desserrer  les 
dents]  ».  Cette  association  d'idées  me  paraît  plus  probable 
que  celle  que  suggérerait  le  provençal  clanco  «  sonnaille  de 
forme  aplatie  »,  cf.  franc,  clinquant,  clinquaille.  Le  sens  de 
«  claquement  »  n'apparaît  pas  dans  les  mots  bretons  de  même 
origine  :  klenkan,  ajuster,  mettre  en  ordre,  mettre  de  côté, 
klenk,  juste,  bien  adapté,  en  petit  Tréguier,  a  glenk  a  goste, 
qu'il  met  de  côté,  Histoariou,  Saint-Brieuc,  1857,  p.  9,  etc., 


344  ^-  Ernault. 

hlinka,  apprêter,  arranger,  Sauvé,  Proverbes,  308,  kincla,  or- 
ner, parer,  ajuster,  embellir,  kinci,  henci,  propre,  paré,  orné, 
D.  le  Pelletier,  qincla,  agencer,  attifer,  qinqla,  orner,  parer, 
P.  Grégoire,  kinkla,  Le  Gonidec,  Troude,  ci.  Rev.  Celt.,  IV, 
159  (où  la  comparaison  de  kletenn  n'est  pas  justifiée). 

Mentionnons  enfin  angoluch,  absinthe,  qui  a  une  termi- 
naison bien  connue  en  argot  français  :  cf.  dabuche,  roi.  Le 
jargon  de  F  argot,  maîtresse,  mère,  L.  Larchey,  etc. 

21.  Par  ailleurs,  on  se  sert  en  tunodo  des  mêmes  suffixes 
qu'en  breton. 

Diminutifs  :  eltris  grineq  ■=■  eltrls  grm,  eltreien  grin,  pain 
d'orge,  Vanchiq  moan,  un  pauvre  (du  nom  d'un  ancien  Rochois), 
M.  Quellien  donne  Fanch  ar  moan. 

Noms  d'agent  :  chifonner,  chiffonnier  (cf.  chifonnein,  cher- 
cher des  chiffons,  Rev.  Celt.,  XIV,  276);  moriser,  paresseux, 
fém.  moriseres  (de  ober  morts,  travailler  mollement)  ;  ouser 
bras,  grand  mangeur  ;  rufahnier  eltris  «  chauffeur  de  pain  », 
fournier. 

La  même  terminaison  se  trouve  dans  le  nom  de  chose  ta- 
ryager,  m.,  pipe  (cf.  Rev.  Celt.,  XIV,  275),  de  taryek,  tabac. 
J'ai  mal  expliqué  ce  mot,  Rev.  Celt.,  VII,  49  ;  il  doit  venir  du 
français  thériaque.  Cf.  bret.  tryacql,  tryacq,  thériaque,  P.  Gré- 
goire de  Rostrenen,  vannetais  tiriac.  Dictionnaire  de  l'A.  ; 
bret.  tryacqlèr,  vendeur  de  thériaque,  charlatan,  Grég.,  en 
franc,  iriacleur,  saltimbanque,  l'A.  Voir  terk,  au  §  24, 

Noms  s'appliquant  à  des  personnes  :  rupianet,  messieurs, 
rupiane^et,  dames. 

Noms  de  choses  :  mori:^iden,  f.,  partie  de  plaisir,  moment 
de  repos  ;  vreo:^iden  =  louf,  bram  (cf.  :^ousilhaden ,  la  goutte)  ; 
niinsonardaj ,  chose  mauvaise,  bêtes  en  général  :  minsonardaj 
bax_  er  water  'mcint  tulodeiii  are,  voilà  encore  les  grenouilles 
qui  coassent  dans  l'eau. 

Bache^et,  vaches,  contient  le  suffixe  féminin  de  bilhe::;et, 
filles,  cf.  Rev.  Celt.,  XIV,  268,  272,  276.  Mais  on  a  tiré  de  là 
le  singulier  enr  vaché:^en,  une  vache,  d'après  les  singulatifs 
comme  piere:^eii,  f.,  pierre  "(pi.  piere^eno'),  du  pluriel  français 
pierres,  voir  Rev.  Celt.,  XIV,  275.  Cf.  ar  guioxen,  la  chienne, 
Fables  choisies...  parP.  D.  de  Goësbriand,  Morlaix,  1836,  p.  <), 


Etudes  bretonnes.  345 

Verbes  :  peyad  eur  vilhes  =:  peilla,  L'argot  des  nomades,  41  ; 
poehsin,  voler;  puhc'hi,  frapper,  cf.  Rev.  Celt.,  XIV,  281  ;  ru- 
faniah,  chauffer,  rujaniaù  rufan,  allumer  des  allumettes,  faire 
du  feu. 

Le  simple  de  gamelad,  écuellée,  Rev.  Celt.,  VII,  251,  est  eur 
gahmel,  une  écuelle  ;  cf.  van.  gameel,  f.  gamelle,  gamelle,  s.  v. 
bidon,  l'A.  Celui  de  Hiioiiiq,  le  soleil,  est  Huon,  id.,  on  dit 
aussi  Huoh  de  Bourbon.  Huoiiic  existe  en  Tréguier  comme  nom 
de  famille. 

22.  Variantes  diverses  de  mots  rochois  connus  : 

bruahtere~  (pondeuse),  poule. 

Jcrip  (gendarme),  le  diable. 

krip  Juda:^,  synonyme  de  krip  Je::u:{,  gendarme. 

latcn  (langue),  bavard. 

voari,  voareih,  se  promener  :  mohd  de  voari  an  noter,  aller  se 
promener  le  soir;  apporter,  fournir  (cf.  §18);  aller:  voaret 
'no  koan:ie,  asseyez-vous  (en  breton  et '71  0  koah^e^;  courir  :  voar 
'ta,  cours  donc  !  voari  luar  ar  beo~,  se  hâter,  courir  ;  voared  e 
luar  ar  bco:^,  il  est  parti,  ou  il  est  tombé;  voari  mihson  krachet, 
se  permettre  à  tort  de  cracher  (où  il  ne  faut  pas).  C'est  un 
dérivé  du  breton /oar^  foire,  cf.  le  rochois  divoarein.  Aux  sens 
de  ce  dernier  donnés  Rev.  Celt.,  XIV,  276,  il  flmt  ajouter 
l'expression  divoares  ket,  ne  le  dis  pas. 

Au  lieu  de  tunodo,  argot  de  La  Roche,  j'ai  entendu  lulodo, 
et  de  même,  pour  le  verbe  tunodi,  tulodein  :  tulodein  mihson, 
parler  mal,- ou  dire  de  mauvaises  choses  ;  crier,  en  parlant  des 
animaux,  cf.  §  21.  La  priorité  de  Vn  est  assurée  par  l'étymo- 
logie  et  par  les  autres  dérivés  mentionnés  §  16. 

Il  faut  y  ajouter,  Je  crois,  l'expression  tuniq  :^o  laniq  «  cela 
m'est  égal,  je  m'y  résigne  »,  qui,  bien  que  connue  hors  de  La 
Roche,  par  exemple  à  Saint-Clet,  trouve  en  tunodo  seulement 
une  explication  plausible.  Pour  le  sens,  elle  revient  à  peu  près 
à  «  c'est  bonnet  blanc  et  blanc  bonnet  ».  Tu)iiq  a  pu  signifier 
«  mot,  façon  de  dire  »,  d'après  ce  que  nous  avons  vu  au  §  16; 
taniq  est  une  simple  répétition  de  twtiq,  avec  une  variante 
créée  sur  le  modèle  d'autres  foi^mules  de  ce  genre  ;  cf.  le  bas 
cornouaillais  cu-a-ca,  ric-à-ric,  au  plus  juste,  précisément, 
D.  Le  Pelletier.  En  petit  Tréguier,  on  dityVw  ha  jao,  jeu  et  tu- 


346  E.  Ernanlt. 

multe  ;  jao  est  de  même  une  variante  arbitraire  de  jeu,  inusitée 
par  ailleurs.  C'est  une  manière  commode  de  produire  l'allité- 
ration qui  est  recherchée  dans  des  locutions  comme  le  moyen 
breton  na  cujf  na  car,  ni  ami  ni  parent.  On  peut  comparer  les 
associations  de  mots  rimes  étudiées  MéJusine,  IV,  494-497  ; 
pet.  tréc.  na  oar  na  sa  na  là,  il  ne  sait  rien  de  rien,  ni  a  ni 
b,  etc. 

M.  Virmaitre  explique  tuner,  mendier,  par  une  apocope  de 
importuner,  ce  qui  n'est  guère  probable.  A  propos  de  Tune, 
que  Delvau  avait  traduit  :  «  Bicêtre,  l'ancien  refuge  naturel 
des  sujets  du  roi  de  Thunes  »,  il  dit  aussi  que  le  vrai  mot  est 
tunobe,  et  que  «  la  prison  de  la  Force,  démolie  en  1850,  était 
ainsi  appelée  par  les  prisonniers  ».  La  terminaison  de  tunobe 
n'a  rien  à  faire  avec  celle  du  rochois  tunodo  ;  elle  provient  de 
Tunebée,  synonyme  de  Tune,  que  F.  Michel  décompose  en 
Tune  +  /',  initiale  de  Bicêtre;  cf.  la  formation  de  larguepé,  F. 
M.,  eiRev.  Celt.,  XIV,  279. 

23.  —  Le  rochois  ne  peut  se  passer  de  la  langue  bretonne; 
il  en  conserve  le  matériel  grammatical,  et,  en  grande  partie,  le 
vocabulaire.  Mais  il  lui  arrive  bien  des  fois  de  foire  de  ce  vo- 
cabulaire un  usage  original,  soit  en  détournant  les  mots  de 
leur  signification  ordinaire,  soit  en  les  combinant  pour  en  for- 
mer des  périphrases  souvent  railleuses,  des  sobriquets.  Ici  la 
ligne  de  démarcation  entre  les  deux  idiomes  peut  devenir  diffi- 
cile à  établir,  parce  que  tout  langage  familier  ou  populaire 
se  sert  plus  ou  moins  des  mêmes  procédés. 

M.  Loth  a  écrit  à  ce  propos,  Annales  de  Bretagne,  I,  458  : 
«  On  ne  peut  guère...  voir  de  l'argot  dans  certaines  expres- 
sions métaphoriques  ;  parlons-nous  argot  ^arce  que  nous  ap- 
pelons four  une  bouche  ouverte  avec  trop  d'indiscrétion  ou 
que  la  nature  a  trop  largement  fendue  ?  »  Il  y  a  là,  évidem- 
ment, une  question  de  mesure  ;  chaque  cas  particulier  deman- 
derait à  être  examiné  avec  soin,  encore  ne  serait-on  pas  sûr 
d'arriver  toujours  à  une  solution  certaine.  Si  le  breton  influe 
sur  le  rochois,  le  rochois  déteint  aussi  sur  le  breton  ;  et  puis, 
tous  les  deux  peuvent  s'être  rencontrés,  par  un  hasard  fort 
explicable,  ou  avoir  puisé  séparément  à  une  source  commune. 

Ainsi,  j'ai  entendu  en  rochois  vorn,  grande  bouche  ;  et  l'on 


Etudes  bretonnes.  547 

dit  en  trécorois  Jk'h  'n  ch^,  t'wr  génoh  vel  eur  vorn  «  il  a  une 
bouche  comme  un  four  »,  et  dioret  'n  m:;^  i  vorn,  il  a  ouvert 
sa  grande  bouche.  Il  peut  se  taire  que  rochois  et  trécorois 
aient,  indépendamment  l'un  de  l'autre,  tiré  cette  expression 
du  français.  Ou  bien  l'un  des  deux  l'a  passée  à  l'autre;  mais 
lequel  a  la  priorité  ?  Ce  n'est  pas  facile  à  décider.  En  règle 
générale,  j'ai  laissé  de  côté  les  mots  de  ce  genre,  comme 
n'étant  pas  assez  caractéristiques  de  l'argot  rochois. 

Il  est  juste,  pourtant,  de  tenir  compte  d'une  nuance  très 
appréciable,  dans  l'emploi  de  certains  éléments  communs  au 
breton  et  au  rochois.  Des  expressions  qui  chez  le  premier  ne 
sont  usitées  que  par  raillerie  ou  en  manière  de  plaisanterie, 
sont  normales  et  courantes  chez  le  second.  La  distinction  n'a 
pas  échappé  à  M.  Qiiellien  ;  par  exemple,  après  avoir  donné 
comme  de  l'argot  rochois  kiger  (boucher)  au  sens  de  «  mé- 
decin »,  il  ajoute  (p.  26)  :  «  Ce  terme  n'est  pas  particulier 
aux  Rochois,  mais  il  leur  est  très  familier  ».  Avant  de  décider 
comment  il  prendra  cette  appellation  en  elle-même  peu  flat- 
teuse, un  docteur  fera  sagement  de  distinguer,  selon  qu'elle 
aura  été  exprimée  en  breton  ou  en  rochois.  Dans  le  premier 
cas,  c'est  une  injure  ;  dans  le  second  c'est,  malgré  l'étyjiiologie, 
un  simple  équivalent  du  mot  «  médecin  »  ;  équivalent  d'au- 
tant plus  inoffensif,  que  «  boucher  »  ne  se  dit  pas  en  rochois 
kiger,  mais  marchah  niqol  (voir  §  26).  Cf.  boucher,  médecin, 
dans  l'argot  des  voleurs,  A.  Delvau,  Dictionnaire  de  la  langue 
verte,  nouvelle  édition...  augmentée  d'un  supplément  par 
G.  Fustier;  boucher,  chirurgien,  dans  le  jargon  du  peuple, 
L.  Rigaud;  boucher,  chirurgien  ;  on  dit  aussi  charcutier,  Vir- 
maitre.  Littré  donne  à  boucher  le  sens  de  «  chirurgien  inha- 
bile et  maladroit  »  ;  et.  La  Fontaine,  Le  Cheval  et  le  Loup 
(Fables,  V,  8)  : 

Tu  veux  faire  ici  l'arboriste. 
Et  ne  fus  jamais  que  boucher. 

Il  est  bon  aussi  de  rappeler  la  judicieuse  remarque  de 
M.  L.  Havet,  Mémoires  de  la  Société  de  Linguistique,  VI,  244,  à 
propos  d'une  «  locution  vulgaire,  très  ou  trop  vulgaire  si  l'on 
veut,  appartenant  à   une   variété   spéciale   du   langage  qu'on 


^4?  E.  Ernault. 

pourrait  appeler  le  demi-argot  ;  demi  seulement,  car  les  enfants 
le  parlent  avec  candeur.  Le  demi-argot  ne  doit  pas  être  dé- 
daigné par  le  linguiste  ;  c'est  en  lui  que  la  force  novatrice  du 
langage  réside  ».  On  peut  dire  que  les  argotiers  de  La  _Roche 
sont  enfants  aussi  par  la  gravité  comique  de  leur  ironique  lan- 
gage ;  l'habitude  a  émoussé  pour  eux  la  saveur  du  burlesque 
qu'il  contient  à  haute  dose  (cf.  l'emploi  de  vreo^^,  au  §  17). 

Nous  verrons  plus  loin  (§  27)  que  le  rochois  a  des  titres 
particuliers  à  la  possession  de  quelques  mots  parfaitement 
bretons  de  droit,  mais  qui  ne  le  sont  pas  de  fait,  du  moins  en 
pays  trécorois. 

24.   Mots  détournés  de  leur  sens  : 

Babien,  f.,.  pi.  habi  (guigne),  clou;  babi  du  (guignes  noires), 
clous-pointes  pour  les  ardoises,  en  bret.  tacho  men  glas;  babi 
gwen  (guignes  blanches),  pointes  pour  les  planches.  Les  dic- 
tionnaires ne  donnent  que  babu,  guignes;  mais  on  prononce 
babi  dans  plusieurs  localités  trécoroises,  par  exemple  à  Saint- 
Gilles-les-Bois  ;  cf.  le  haut  breton  «  des  badies  »  et  «  des  ba- 
dues  ».  Le  Nomenclator  donne,  p.  68,  babu  bras  «  carmai- 
gnole  »,  et  p.  69  babil  «  grinche,  lat.  cerasum  actiiwi  ».  Le 
vieux  français  badeolier,  sorte  de  cerisier,  Godefroy,  est  resté 
dans  le  haut  breton  badolier,  cerisier,  cf.  badiolet,  confiture  de 
cerises  sauvages,  Sébillot,  Traditions  ...  de  la  Haute-Bretagne, 
II,  310;  au  Mans  et  à  Alençon  babiole,  f.,  petite  cerise  sau- 
vage, merise,  normand  baguiole,  id.,  Viez,  Rev.  de  philol. 
franc,  et  prov.,  VII,  200;  en  petit  Tréguier,  babioles  Vi^ut  dire 
«  de  petites  cerises  ». 

Bastroulh,  f.  :  eurvastroulh,  une  bonne.  Troude  donne  comme 
cornouaillais  et  vannetais  basfrouill,  barbouillé,  et  Mari  vas- 
trouill,  femme  malpropre  ;  van.  bastroiiilheih,  barbouiller, 
Grég.  Cf.  trouille,  domestique  malpropre,  femme  du  peuple 
rougeaude  et  avachie,  Delvau  ;  provençal  mastroui,  mastroul,  ac- 
tion de  patrouiller,  visage  sale,  mastrouia,  mastroulha,  manier 
malproprement  ou  maladroitement,  patrouiller.  Mistral,  etc. 

Berlich,  m.,  liqueur  mélangée;  berlich  Mohtroules,  mélange 
de  vin  et  d'eau-de-vie  ;  =  berlig,  étoffe  commune.  An  disput 
choquant,  v'^  Le  Goflîc,  str.  18;  l^erleige,  m.,  tiretaine,  l'A. 
(drap  moitié  fil  et  moitié  laine);  bélinjc,  serge,  du  Rusquec  ; 


Etudes  bretonnes.  349 

en  petit  Tréguier  berlacb,  toile  grossière,  moitié  fil  et  moitié 
coton;  du  v.  fr.  herliuge  (cf.  Rev.  Celt.,  VIII,  526). 

Blciucn,  f.  (cheveu)  ;  mougah  eur  vlêwen  (étouffer  un  che- 
veu), prendre  un  verre. 

RranshcUal  (se  balancer)  ;  }}ioùd  da  vrnùshUal,  aller  se 
pendre. 

Faiahs  (faïence),  pot  de  chambre,  et  aussi  berger  ;  voir  pod 
c  ganb. 

Givenhk  (grands  ciseaux),  boiteux. 

Gwîgnger  (celui  qui  gigotte),  tisserand. 

HoJen  (sel),  sucre. 

Jalot  (chaudronnier),  gourmand.  OnWi  jalot,  chaudronnier, 
P.  Maunoir,  jalort,  chalort,  cornouaillais  jaJot,  chalot,  Pel., 
jalod,  Grég.,  id.  ;  vann.  jaJott,  gredin,  maraud,  pi.  jalodétt, 
marauds,  canaille,  TA.  ;  jalot,  pi.  jaJodct,  gueux,  jalotag' ,  gueu- 
serie.  Chai.  dis.  ;  en  petit  Tréguier /«'M  bras  veut  dire  «  grand 
sot  ».  Cf.  jalo,  chaudronnier,  dans  l'argot  des  voleurs,  Delvau. 

Kites,  f.,  pi.  kitexp,  couteau;  eurgites  viniq,  un  petit  couteau. 
C'est  sans  doute  le  bret.  kites,  quitte,  (nous  sommes)  quittes. 

Krank,  m.,  pi.  ed  (cancre),  marin. 

Lahdon  (courroie),  chemin;  lahdon  houarn,  chemin  de  fer; 
landonni,  aller  en  route.  Cette  métaphore  a  été  suggérée  par 
la  devinette  publiée  Rev.  Celt.,  IV,  65  (n°  23);  voir  miJin. 
Le  mot  vient  du  français  :  normand  du  Bessin  hindou,  cour- 
roie, en  poitevin  lisière,  etc.  ;  voir  Godefroy,  s.  v.  hindou. 

Lanpencn  (sauteurs)  :  :^o/i/'t';z  hinperie)i,  soupe  aux  pois,  ou 
en  général  soupe  où  surnagent  des  légumes,  etc. 

Liiuah  (teindre),  mentir  :  0  ches  so  Ikuan  are,  vous  mentez 
encore;  cf.  bret.  Ikuaù  gevier  «teindre  des  mensonges  »,  leur 
donner  une  couleur  de  vérité;  couleur,  menterie,  conte  en  l'air, 
dans  l'argot  du  peuple,  Delvau. 

Miliu  (moulin),  les  dents  ;  niahiù  (moudre),  manger:  nui- 
hni  eUris,  manger  du  pain.  Ct.  malet  gant  eur  vilin  eskern 
(avoine)  moulue  par  un  moulin  d'os,  dans  une  devinette  du 
petit  Tréguier,  citée  Rev.  Celt.,  VII,  45  ;  voir  hindou.  On 
connaît  l'anecdote  de  l'avare  disant  à  ses  valets  qu'il  trouve  en 
train  de  manger  :  «  Quand  donc  vos  vieux  moulins  cesseront- 
ils  de  moudre?  »  —  «  Quand  il  n'y  aura  plus  de  grain  ».  Ceci 


3  50  E.  Ernault. 

rappelle  la  réflexion  de  Don  Quichotte,  i'^  partie,  chap.  i8  : 
la  hoca  sin  muelas  es  como  molino  sin  piedra,  une  bouche  sans 
dents  est  comme  un  moulin  sans  meule.  Cf.  ces  vers  de  Rute- 
beuf,  cités  par  F.  Michel  : 

Pain  sec  lor  convendra  moldre, 
Sans  plus,  au  moulin  de  leurs  dens  ; 

argot  franc,  mouloir,  dents,  F.  M.  ;  bouche,  dent,  L.  Rig.  ; 
meules  de  moulin,  les  dents,  principalement  les  molaires,  dans 
l'argot  du  peuple,  Delvau  ;  latin  mola,  moulin  et  mâchoire  ; 
molaris,  dent  molaire;  irlandais  toinailf,  manger,  etc. 

Minist  (ministre),  âne  (franc,  id.,  Rolland,  Faune  pop., 
IV,  207). 

Mougan  (étouffer),  boire,  comme  faga,  Rcv.  Celt.,  VII,  49. 

Mow^(mousse),  aide-maçon.  Ce  mot  breton  semble  inconnu 
ou  dédaigné  des  lexicographes  ;  mais  on  lit  /<r  mous,  un 
mousse,  Rimou  ha  gouknnou,  24  (cur  scurt  mous,  un  pareil 
mousse,  p.  21  d'une  autre  édition).  Une  poésie  vannetaise  de 
Doué  ha  mem  bro  (1844),  p.  28,  intitulée  Er  moussik  bihan,  lé 
petit  mousse,  a  été  traduite  en  trécorois,  sur  une  feuille  vo- 
lante qui  contient  deux  autres  chansons  (Lannion,  veuve  Le 
Goffîc)  ;  le  mot  mousik  est  resté  dans  cette  traduction.  Pour  l'ac- 
ception rochoise,  cf.  mousse,  apprenti  commis,  dans  l'argot  des 
calicots,  Delvau  ;  dernier  employé  du  magasin  (s.  v.  rouffion). 

Mudes,  f.  (muette),  bouteille. 

Ofisericn  (officiers)  :  eur  garg  ojiserien,  beaucoup  de  poux. 

Otro  (monsieur),  taureau  ;  pi.  otronc,  poux. 

Pal,  f.  (pelle),  cuiller. 

Paluden,  f.,  pi.  0  (marais),  foit;  paludcn  c'hhi:{  «  toit  bleu  », 
toit  d'ardoises,  bret.  toen  c'hlai;  paluden  dcil  «  toit  de  fu- 
mier »,  toit  de  chaume,  bret.  toen  :(oul  ;  c'houikr  paludeno 
«  travailleur  de  toits  »,  couvreur  en  ardoise. 

Perchen,  f.  (perche),  homme  de  haute  taille. 

Pod  ë  ganb  (pot  de  chambre),  berger,  en  bret.  pod  :(aout 
«  garçon  de  vaches  ».  Cette  substitution  provient  de  l'homo- 
nymie de  pod,  pot,  et  pod,  pot,  pour  pautr,  garçon  ;  elle  est 
cause,  à  son  tour,  du  changement  de  sens  dans  faians.  Voir  le 
suiv. 


Etudes  bretonnes.  35 1 

Pod  :^aoHt  (berger),  pot  de  chambre.  Voir  pod  ë  ganb  ;  les 
deux  expressions  ont  écliangc  leur  sens. 

Pre:;idaùt  (président),  âne. 

Roben  (robe),  pluche  de  pomme,  de  pomme  de  terre  ;  cf. 
le  franc.  «  pommes  de  terre  en  robe  de  chambre  «. 

Roliq,  marteau  ;  diminutif  du  breton  roll,  rouleau  (à  tasser 
la  terre,  etc.). 

Sal  (salle),  prison  :  bos,  eur  poenser  moud  d'ar  ~al,  tiens,  re- 
garde !  un  voleur  qui  va  en  prison.  Cf.  franc,  salle  de  police. 

Skoa  (épaule),  bossu. 

Tad  kos  (grand-père)  :  An  Tad  kos,  le  Saint-Père. 

Teat  (théâtre)  :  niah  'n  erlikin  war  i  deat  (l'arlequin  est  sur 
son  théâtre),  la  crépi  ère  est  sur  le  feu  ;  plaisanterie  amenée  par 
le  sens  littéral  du  rochois  erlikin.  M.  Quellien  donne,  p.  31, 
Eman  ann  erlikin  war  hedron  «  l'arlequin  est  sur  son  trône  ». 

Terk,  argile  qui  sert  à  crépir  ;  terre  en  général  :  chouiler 
terk  =z  bret.  labourer  douar,  cultivateur;  voir  turgner^  au  §  30. 
On  dit  aussi,  dans  le  premier  sens,  taragoiuti  tara.  Ce  sont 
les  mots  bretons  teurk,  taragen,  tique,  cf.  Rev.  Celt.,  V,  224. 
L'emploi  de  terk  a  été  peut-être  influencé  par  le  français  terre. 
Les  idées  paraîtront  moins  disparates,  si  l'on  observe  que  le  sang 
de  la  tique  forme  une  colle  tenace.  Quelques  enfants  bretons 
s'en  servent  pour  tricher  au  jeii  de  noix  :  ils  remplacent  l'inté- 
rieur par  de  la  terre  et  ressoudent  avec  une  tique  écrasée  les 
deux  moitiés  de  la  coquille.  On  pourrait  penser  aussi  à  ratta- 
cher terk  au  vieux  français  tercq,  tereque,  tare,  terquoy,  de  la 
poix,  en  haute  Normandie  terc,  espèce  de  brai  avec  lequel  on 
marque  les  moutons,  God.  ;  mais  la  ressemblance  semble 
plutôt  fortuite,  comme  celle  de  la  locution  normande  ne~-an- 
terque,  celui  qui  prise  beaucoup,  God.,  avec  le  rochois  taryek, 
tabac,  voir  §  21. 

Tousek  (crapaud),  avare.  Cf.  Sauvé,  Proverbes,  n°  325,  avec 
la  note,  et  Rev.  Celt.,  III,  247. 

Tousek  ou  tousek  tuar  lein  (crapaud  par  dessus),  navet;  pi. 
touseget. 

Fagot  (fagot),  bois  :  batimahcho  vagot,  comme  batimancho 
koat,  sabots,  bret.  boto  koad. 

Velch  (rate,  et  non  fiel,  Rev.  Celt.,  XIV,  271),  argile. 


3  52  E.  Ernaulî. 

Tourlnlhon,  danse,  Rev.  Celt.,  XIV,  276,  n'est  pas  inconnu 
en  breton,  où  il  désigne  une  danse  spéciale. 

25.  Expressions  composées,  sobriquets  (non  individuels): 

Bri^ilhono  'n  otro  Doue  (clochettes  du  bon  Dieu),  chapelet  ; 

hijan  hn:(ilbono  'n  otro  Doue  (secouer   les  clochettes   du   bon 

Dieu),   dire  son  chapelet  (^grisilhon,  grelot,  petite  sonnette, 

Grég.). 

Bugale  kont  'Gerveur  (les  enfants  du  comte  de  Kerveur), 
corbeaux,  parce  qu'il  y  en  a  beaucoup  à  Kerveur. 
C'hoari  houlo  (jeu  de  boules),  le  tonnerre. 
Deher  hincho  (mangeur  de  chemins),  soldat.  On  dit  aussi  : 
boufcr  kilomet  (mangeur  de  kilomètres),  et  haser  mein  =■  le 
franc,  vulgaire  «  pousse-cailloux  ». 

Dever  glaou  (brûleur  de  charbon),  maréchal  ferrant. 
Gromer  rached  (celui  qui  gourme  les  rats),   couvreur  en 
chaume. 
Juj  a  beuc'h  (juge  de  paix),  chat. 

Kapital  ]stoup  (la  capitale  de  l'étoupe),  Ker  gabitaî  (la  ville 
capitale),  La  Roche-Derrien. 

Ka:(^  :  hed  e'r  c'haigand  al  lard  (le  chat  a  enlevé  le  gras),  il 
est  midi. 

Kernevad  :  gwinis  kernevad  (froment  de  Cornouaillais), 
seigle  ;  de  même,  avec  un  mot  rochois,  eltris  kernevad  (pain 
de  Cornouaillais),  pain  de  seigle.  Cf.  orange  de  Limousin, 
pomme  de  terre,  L.  Rig.,  escarpins  de  Limousin,  sabots, 
Delv.,  craie  d'Auverpin  (c'est-à-dire  d'Auvergnat),  charbon, 
Virm.,  etc. 

Kloch  forsaded  (la  cloche  des  forçats),  le  coup  de  midi, 
heure  où  recommence  le  travail. 

/vo- .•  an  ini  ko:^  (le  vieux),  du  rhum. 
Laer  giuenan  (voleur  d'abeilles),  homme  chauve.  Je  suppose 
que  la  plaisanterie  est  fondée  sur  un  double  sens  du  mot  gwe- 
nan,  qui  aura  été  désigné  pour  remplacer  keyen,  mouches,  ap- 
pelé à  d'autres  fonctions  (voir  §  19);  cf.  «  skating  à  mouche  :  la 
tète.  Les  mouches,  quand  l'homme  est  chauve,  y  patinent  à 
leur  aise  (Argot  du  peuple)  »,  Virm. 

Lakes  :  freid  lakes  (pieds  de  faquin)  ou,  avec  le  pluriel,  pifo 
likijer,  gros  pieds. 


Etudes  bretonnes.  j  ^  j 

Losto  hir  (longues  queues),  rats. 

Ma  breur  (mon  frère),  ou  ma  c'hindcrv  (mon  cousin), 
âne. 

Ma  ■:^ohlon  Jan  (mon  oncle  Jean),  le  diable  ;  pet.  Trég.  an 
tonton,  Mélusine,  VI,  64. 

Mal  ::^iont  (garçon  de  vaches),  berger,,  en  bret.  pod  :^aout. 
Mal,  mâle,  Catholicon,  Grég.,  n'est  pas  spécial  à  La  Roche 
dans  le  sens  de  «  garçon,  homme  »  :  ur  mal  iaouank,  un  jeune 
homme,  Gwer~.  Br.-I:^.,  I,  154,  etc.  ;  mais  je  n'ai  pas  entendu 
ailleurs  cette  expression  mal  :^aout. 

Marc'h gla:{  (cheval  vert),  la  mer  ;  cf.  ar  ga:(ek  c'hla:(  «  la  ca- 
vale verte  »,  id.,  en  cornouaillais,  Bar:^a^  Brei:^,  p.  230,  v.  8. 

Marc'hadour  ogroio  (marchand  d'orgues),  bossu  ;  cf.  ogro, 
Rev.  Celt.,  XIV,  275,  et  «  il  a  un  orgue  de  Barbarie  dans  le 
dos  »,  Virm.,  v.  bouhndos. 

Palhpluh  :  beau  dinann  palhplun  (être  sous  le  parapluie),  être 
ivre. 

Peu,  tête,  sert  dans  de  nombreuses  locutions.  On  fait  sur  un 
chauve  cette  aimable  plaisanterie  :  Héne:(^  :^o  bel  herchet  pèn 
bar:^  er  garniel,  il  a  été  chercher  une  tête  au  cimetière.  On 
l'appelle  aussi  pen  loue  kignd  (tête  de  veau  écorché),  cf.  tête  de 
veau,  individu  chauve,  L.  Rig.,  et  peu  irvincn  (tête  de  navet), 
cf.  bret.  qer  moal  evel  un  irvincn,  aussi  chauve  qu'un  navet, 
P.-D.  de  Goësbriand,  Fables,  7  ;  pen  picher  (tête  de  pot). 

La  surdité  donne  droit  aux  désignations  suivantes  :  pen 
balin  (tête  de  drap  ?),  cf.  bret.  ballin,  pallin,  couverture  de 
lit,  et  grand  drap  sur  lequel  on  crible  le  grain  au  vent.  Le  Go- 
nidec  ;  pen  beus  (tête  de  buis),  en  argot  franc,  tête  de  buis  veut 
dire  «  crâne  dénudé  »,  L.  Rig.  ;  pen  bilien  (tête  de  caillou), 
penplom  (tête  de  plomb).  Le  second  élément  peut  être  rochois 
dans  le  synonyme  pen  bouqin.  J'ai  proposé,  Rev.  Celt.,  XIV, 
271,  d'expliquer  bouqin,  qui  a  le  même  sens,  par  une  défor- 
mation du  bret.  bouT^ar,  bouar  ;  sur  le  suffixe  -quin,  en  argot 
français,  on  peut  voir,  Mém.  de  la  Soc.  de  Ling.,  VII,  41,  42; 
sur  les  mots  qui  sont  tronqués  avant  de  recevoir  un  suffixe, 
ibid.,  46,  n.  2.  Mais  il  est  possible  aussi  que  bouqin  s'oit  le 
français  bouquin,  vieux  bouc. 

Il  n'y  a  pas  de  doute  sur  la  nature  argotique  du  second  mot 


5  54 


E.  Ernaiilt. 


dans  peu  houch  (tête  de  chèvre),  fille  légère,  cf.  Rev.  Celt., 
XIV,  272. 

Dans  le  blason  populaire  breton,  on  se  sert  de  pm,  suivi 
d'un  nom  de  poisson,  pour  désigner  les  habitants  de  di^'erses 
localités  d'après  leur  nourriture  habituelle  :  penn-sardinen,  têtes 
de  sardine,  penn-éog,  têtes  de  saumon^  penn-merlu:{,  têtes  de 
merlus,  Brizeux,  Furne^  Brei^  (Eu^  ar  vroiou),  cf.  Sauvé, 
Proverbes,  951,  et  Troude,  Dict.  bret.-fr.,  v.pcnn-sardin,  penn- 
merlus.  Ceci  rappelle  l'argot  franc,  tête  de  choucroute,  Allemand, 
L.  Larchey,  Delv.,  Virm. 

Pevar  lagad  (quatre  yeux),  lunettes.  Cf.  Gloss.  moy.-br.,  v. 
lagat ;  quatre-ycux,  yeux  doublés  de  lunettes,  L.  L.,  quatre-Xr 
yeux,  homme  qui  porte  des  lunettes,  dans  l'argot  du  peuple, 
Delv. 

Pot  ë  giuiiii:^  du  (l'homme  au  blé  noir),  charbonnier;  cf. 
boulanger,  id.,  L.  L. 

Pot  i  voto-kr  stoup  (l'homme  aux  souliers  étoupés),  le  Tré- 
pas (bret.  an  Ahko,  m.),  qui  survient  sans  bruit. 

Prihsipal  'golech  (principal  de  collège),  chat. 

Ragoût  penbas  (ragoût  de  bâton),  bouillie,  parce  qu'on  la 
tourne  avec  un  bâton  (cf.  jus  de  bâton,  coup  de  bâton,  Delv.). 

S kouarn  goat  (oreille  de  bois),  sourd. 

Vilyor  i  baeron  (le  filleul  de  son  parrain),  le  diable. 

Former  an  ivern  (fournier  de  l'enfer),  charbonnier. 

26.  Nous  pouvons  faire  un  groupe  à  part  des  noms  propres 
employés  comme  noms  communs.  Tels  sont  les  suivants  : 

Goneri  et  Koneri  (Goneri),  homme  qui  a  la  langue  bien 
pendue. 

I::abel  (Isabelle),  lièvre  (le  bret.  gad,  lièvre,  est  féminin). 

Jan  Mal  (Jean-Marie),  pourceau. 

Jouasin,  et  par  abréviation /owû5(Joachim),  mélange  d'argile 
et  de  paille,  en  bret.  kourc. 

Kaïm,  avare,  qui  ne  veut  rien  donner;  ==  moy.  bret.  Cayni, 
Caïn . 

Katcrin,  Kato  (Catherine),  lièvre  ;  voir  I;^abi'l. 

Kcrbor^  (Kerbors,  nom  de  lieu)  :  iiiofui  da  Gcrbori,  se  ma- 
rier. 

Lahir,  personne  de  grande  taille.  C'est  le  nom  de  Lahire, 


Etudes  bretonnes.  555 

un  des  valets  du  jeu  de  carte,  qui  a  été  interprété  par  l'article 
français  la  et  l'adjectif  breton  bir,  long.  Le  Hir  est  un  nom 
breton  bien  connu.  Notons  en  passant  qu'il  est  naturel  d'at- 
tribuer à  l'influence  de  ce  même  jeu  la  mention  d'Hector  et 
d'Alexandre,  comme  types  de  guerriers  invincibles,  dans  une 
strophe  de  Buhi\  mahden  (H.  de  la  Villemarqué,  Poèmes  bre- 
tons, p.  18). 

Manuel  (Emmanuel),  Dieu. 

Olier  (Olivier),  coq. 

Treglo:;^  (nom  d'homme),  bossu. 

Vahchiq  (petit  François),  lapin  ;  Vanchiq  bren  (le  petit  Fran- 
çois au  son),  pourceau. 

Nous  pouvons  ajouter  Zahta  Maria,  expression  empruntée 
aux  mots  latins  saucta  Maria,  de  VAve  :  Te  glevou  ma  :^ania 
Maria,  tu  m'entendras  gronder  ! 

Peut-être  est-ce  à  cette  catégorie  qu'appartient  dovergn, 
cheval,  cf.  Rev.  Celt.,  VII,  43,  250;  il  y  a  en  Bretagne  un  nom 
de  famille  Dauvergne. 

De  même  grallik,  répit,  sieste.  L'argot  des  nom.,  39,  45,  doit 
être  un  nom  propre,  diminutif  de  Grall  (P.  de  Courcy,  No- 
biliaire et  Armoriai  de  Bretagne),  d'où  Abgrall,  cf.  Rev.  Celt., 
n,  72.  Ober  grallik,  prendre  du  répit,  est  ainsi  formé  comme 
ober  Moris,  flâner,  faire  le  fainéant,  de  Maurice. 

J'ai  rapproché  Landelo,  pays  lointain,  de  Landerneau,  Rev. 
Celt.,  XIV,  273  ;  il  est  plus  simple  d'y  voir  une  autre  localité 
du¥inistère,  Landeleau,  mentionnée  en  1420,  Archives  de  Bre- 
tagne, VI,  13  ;  cf.  Rru.  Celt.,  II,  215.  Le  nom  de  saint  The- 
leau  est  en  breton  sant  Thêlo  ;  cf.  Annales  de  Bret.,  VIII,  632, 

633; 

L'association  d'idées  signalée,  Rev.  Celt.,  XIV,  286,  pour 
le  petit  trécorois  judas,  celui  qui  crache  au  visage  de  quelqu'un, 
se  retrouve  dans  ces  vers  de  V.  Hugo  (Les  Contemplations,  édi- 
tion définitive,  II,  345)  : 

Hérode,  c'est  l'osier  des  berceaux  vagissants  ; 
L'âme  du  noir  Judas,  depuis  dix-huit  cents  ans, 
Se  disperse  et  renaît  dans  les  crachats  des  hommes. 

27.  Il  y  a  en  rochois  des  éléments  bretons  qui  ne  provicn- 


356  E.  Ernaulî. 

nent  pas  de  la  langue  trccoroise  telle  qu'on  la  parle  dans  le 
pays,  mais  qui  ont  dû  y  exister  autrefois.  En  retenant  des 
mots  qui  tombaient  en  désuétude  dans  le  langage  ambiant,  le 
rochois  ne  faisait  que  garder  son  bien  légitime,  en  même  temps 
qu'il  obéissait  à  cette  tendance  naturelle  qui  le  pousse  à  se 
distinguer  du  breton  ordinaire.  Cet  instinct  conservateur  s'ob- 
serve, du  reste,  dans  les  autres  argots  ;  cf.  Lombroso,  L'houime 
criminel,  p.  460,  461  de  la  traduction  française. 

J'ai  retrouvé  en  tunodo  deux  des  mots  bretons  qui  m'avaient 
paru  d'origine  argotique,  et  qui,  étant  inconnus  dans  cette 
partie  du  domaine  trécorois,  doivent  s'expliquer,  ou  par  l'ar- 
chaïsme, ou  par  l'influence  d'un  autre  dialecte. 

C'est  d'abord  kannahten,  voleuse  ;  cf.  bret.  caymand,  bélître, 
gueux  qui  mendie  par  pure  fainéantise  ;  caymandès,  gueuse, 
mendiante  qui  est  friponne  et  voleuse,  Grég.  ;  Rev.  Celt., 
XIV,  283,  et,  pour  le  suffixe,  III,  59;  IV,  152. 

Le  second  mot  est  Iwuer,  paysan,  étudié  Rev.  Celt.,  XIV, 
283,  284.  Le  P.  Grégoire  donne  -i  pauvre  une  acception  défa- 
vorable qu'il  explique  ainsi  en  français  :  «  coir,  gueux  des 
foires  et  des  pardons  »,  ce  qu'il  traduit  par  corcq,  pi.  ed,  fém. 
corcqès,  pi.  corcqesed. 

Un  autre  archaïsme  rochois  est  kalc'h  =  moy.  bret.  calch 
«  veretrum  ».  Il  a  survécu  au  breton  moyen,  mais  peu  de 
temps  sans  doute,  et  ailleurs  qu'en  trécorois.  Troude  le  donne 
comme  suranné,  du  moins  dans  cette  acception  ;  bien  que 
D.  Le  Pelletier  l'ait  révoquée  en  doute,  je  ne  suis  pas  con- 
vaincu que  le  mot  ait  jamais  eu  l'autre  sens  que  lui  attribuent 
Pel.,  Le  Gonidec  et  Troude  (cf.  Rev.  Celt.,  VIII,  36).  On  dit 
en  rochois  pod  e  gale  h,  mâle,  taureau  ;  pod  e  galc'h  c'houe:(^ 
minson  «  le  mâle  puant  »,  le  bouc;  cf.  puant,  bouc,  en  argot 
français  (Lombroso,  451). 

L'hypothèse  d'emprunts  à  d'autres  dialectes  bretons  me 
semble  peu  probable  ;  je  n'en  vois,  du  moins,  aucun  qui  soit 
certain. 

On  pourrait  soupçonner  une  influence  vannetaise  dans 
hranh,  m.,  sou,  d'où  pod  e  vrank  «  l'homme  au  sou  (par 
jour)  »,  le  soldat  :  Krank  e  i  jes  ?  0  minson,  pod  e  vrank  e.  Est- 
il  marin  ?  Non,  c'est  un   soldat;  d.  petit  bonhomme  d'un  sou, 


Etudes  bretonnes.  Î57 

jeune  soldat,  Delvau.  Le  vannetais  bîahk,  sou,  est  d'ailleurs 
un  des  mots  de  ce  dialecte  qui  frappent  le  plus  les  autres 
Bretons  voyageant  dans  le  Morbihan.  Mais  il  faut  observer 
que  blank  ne  semble  pas  encore  tout  à  fait  inusité  en  tréco- 
rois  (Rev.  Celt.,  VIII,  527);  cf.  les  Soniou  Brei^-I:^el  de 
MM.  Luzel  et  Le  Braz,  H,  154.  Voir  plus  loin,  §  30. 

Dranm,  des  pois,  doit  être  le  bret.  dram,  pi.  ou,  van.  eu 
«  dragme  »  (8^  partie  d'une  once),  Grég.,  que  Troude  ne 
donne  que  sous  la  forme  vannetaise  drammeu,  médicaments. 
Trotach  houlijer  drahm,  soupe  de  pois,  paraît  signifier  littéra- 
lement «  soupe  aux  boulets  d'une  drachme  »;  cf.  «  boulots, 
haricots  ronds,  dans  l'argot  des  bourgeois  »,  Delvau.  Peut- 
être  y  a-t-il  eu  influence  de  l'homonymie  de  pois  et  poids  en 
français. 

Il  pourrait  y  avoir  également  en  rochois  des  archaïsmes  de 
prononciation.  Béogal,  crier,  d'où  bêogal  buo  lukan  (crier  près 
du  nez),  éternuer,  paraît  être  une  variante  d'un  ancien  *baegat, 
bêler,  d'où  le  moy.  bret.  baeguelat,  mod.  béyat,  Grég.,  bégiat, 
Le  Gonidec  ;  pour  le  rapport  des  deux  diphtongues,  cf.  beotès, 
bette,  Grég.,  béôte^,  Gon.,  à  côté  du  moy.  bret.  baetes. 

28,  —  M.  Quellien  évalue  à  une  trentaine  les  mots  fran- 
çais empruntés  en  rochois,  et  ajoute  qu'ils  sont  rarement  dé- 
tournés-de  leur  sens  originel  (p.  53).  C'est  pour  cette  raison 
sans  doute  qu'il  les  a  laissés  à  peu  près  entièrement  de  côté. 
Voici  ceux  que  j'ai  recueillis  en  dernier  lieu;  leur  traitement 
phonétique  dénonce  le  plus  souvent  un  emprunt  tout  récent  : 

arnioâr,  armoire. 

bordé:  moud  en  bordé (jAhï  Qr\.  bordée),  faire  la  noce,  s'enivrer. 

brëbi,  brebis. 

chan,  champ. 

choïl,  chou,  plur.  id.  :  kal^  a  chou,  beaucoup  de  choux. 

froman,  du  froment,  du  blé. 

jiraf  :  tamjiraj  (morceau,  espèce  de  girafe),  homme  de  grande 
taille.  Cf.  prov.  girafo,  personne  de  grandeur  démesurée,  Mis- 
tral; Littré  donne  à  girafe  le  sens  populaire  de  «  femme 
grande  et  qui  a  un  très  long  cou  ». 

kastor  (castor),  chapeau;  cf.  eun  toc  castor,  un  chapeau  de 
castor,  A)in.  de  Bret.,  V,  482,  eun  tok  kastor,  Gwer^.  Br.-I^., 
Revue  Cclliqui.  XV.  24 


^58  E.  Ernaulî. 

II,  422.  Littré  cite  comme  familier  l'emploi  de  castor  pour 
«  un  chapeau  quelconque,  vieux,  fripé,  même  un  chapeau  de 
femme  ». 

krapô,  crapaud. 

keûr,  cœur.  Ce  mot  existe  en  petit  Tréguier,  mais  seulement 
en  terme  du  jeu  de  cartes.  En  a  le  son  fermé. 

kulot,  culotte. 

lahou  (la  houe),  homme  de  haute  taille. 

lumier,  lumière;  voir  §  30. 

malat,  malade  ;  (chien)  enragé,  comme  en  breton  hlah. 

marchan,  marchand  ;  marchah  eltris  (ou  pod  an  dtris)  bou- 
langer; marchan  niqol,  boucher. 

marchah,  marcher. 

navc,  navet. 

palh,  de  la  paille. 

poch,  poche. 

souri,  une  souris. 

Bosu,  bossu,  peut  être  dan3  le  même  cas;  mais  le  moyen 
breton  avait  bo:^cu,  boc^u,  mot  resté  en  vannetais  :  bossu,  l'A.  ; 
voir  le  paragraphe  précédent. 

29.  Il  y  a  aussi  des  emprunts  moins  littéraux  ou  plus  an- 
ciens, comme  ceux  qui  suivent. 

Biqo,  m.,  chevreau,  cf.  franc,  biquet. 

Chaouks,  de  la  chaux  ;  cf.  fr.  chaux,  chauler. 

Charuo,  chariot-;  charuo  gourt  (bon  chariot),  voiture. 

C'houibës,  poux,  du  v.  fr.  luibc^^,  moucherons,  cf.  Rev.  Celt., 
V,  222,  v.  hibe. 

Jargilh,  wQntvQ;  jargilh  raton,  gros  ventre.  Cf.  argot  franc. 
gargouille,  gosier,  L.  Larchey  ;  franc,  gargouille,  gargouiller, 
jargouiller ;  en  morvandeau  garguille,  cou,  gosier,  gorge,  de 
Chambure,  Glossaire  du  Morvan;  v.  franc,  j arguai,  pie  de 
mer  :  a  a  le  jargueil  le  gosier  moult  grand,  large  et  robuste  », 
Belon  cité  par  God. 

Kanbre,  fou,  sot  ;  tremenet  buo  Karibre,  id.,  litt.  qui  a  passé 
par  Cambrai.  M.  Virmaitre  cite,  s.  v.  mailloche,  ce  «  dicton 
populaire  pour  qualifier  un  être  déséquilibré  :  —  Il  a  passé  à 
Cambrai,  il  a  reçu  un  coup  de  marteau  ».  Cf.  cette  phrase 
de  Le  Duchat,  citée  par  P.  Jannet,  Les  quittée  joyes  de  mariage, 


Etudes  bretonnes.  359 

2^  éd.,  1857,  p.  99  :  «  Martin  et  Martine  sont  les  noms  qu'on 
a  donnés  à  deux  figures  qui,  chacune  avec  un  marteau  dont 
elles  frappent  les  heures,  servent  de  Jaquemars  à  l'horloge 
de  Cambray  » . 

Kaplahs,  tailleur  ;  du  plur.  fr.  capelans,  nom  de  poisson,  en 
bret.  kaplahted.  Voir  jardin. 

Kataflam,  bouillie  ;  cf.  argot  fr.  cataplasme,  soupe  très 
épaisse,  L.  Rig.  Littré  mentionne  la  prononciation  cataplâme. 
Pour  le  changement  de  p  en  /.,  cf.  tréc.  nafles,  =^  léon.  na- 
ph:^,  Gon.,  «  le  mal  de  Naples  ». 

Kinkinan,  sucre,  du  fr.  quiîiquina. 

Kouchet  hik,  battre  quelqu'un,  litt.  «  coucher,  tasser  de  la 
chair  »  ;  cf.  eur  c'houchad  den,  un  homme  trapu,  à  Saint- 
Mayeux,  Rev.  Ce! t.,  IV,  159. 

Mansarden  ar  c'hriminal,  tablette  de  la  cheminée,  du  fr. 
mansarde. 

Mariajet,  maliajet,  marié  :  eur  wamel  maliajet,  une  femme 
mariée  ;  du  fr.  mariage. 

Pieriq,  café,  diminutif  du  fr.  Pierre  (cf.  Pipi  du,  Rev.  Celt., 
VII,  48)  ;  Pieriq  pareg^anp  (petit  Pierre  par  exemple),  caié 
avec  eau-de-vie  à  discrétion. 

Pilon:  hénei  'neus  het  tok pilon,  il  a  eu  un  coup  de  marteau, 
il  est  fou  ;  du  fr.  pilon. 

Poehter,  coureur  de  filles,  du  fr.  pointer. 

Tablen,  f.,  table;  eun  dablen  d'ousah,  une  table  à  manger; 
tablen  c'houes  Doue  (table  de  la  maison  de  Dieu),  autel  ;  tablen 
ar  ru/an  (table  du  feu),  foyer;  du  fr.  table.  Le  vannetais  a 
tablen  au  sens  de  tableau,  image  {Doue  ha  mem  bro,  30). 

Taboren,  f.,  coup;  rein  tabor,  donner  des  coups,  tabori, 
frapper;  cf.  fr.  tambour,  anciennement  tabor;  taborer,  tabourer, 
frapper,  God.  ;  prov.  taboura,  taboula,  tambouriner,  cogner, 
tapoter,  tabourado,  taboulado,  roulée  de  coups.  Mistral.  Peut- 
être  faut-il  rapporter  à  la  môme  origine  le  trécorois  taoulet 
(habits)  usés,  (pommes)  mûres;  lakad  avalo  da  daouledein, 
mettre  des  pommes  dans  une  armoire,  pour  qu'elles  achèvent 
de  mûrir,  cf.  De  Vurgence  d'une  exploration  philologique  en  Bre- 
tagne, p.  II  ;  Rev.  Celt.,  IV,  167. 

Tok,  coup,  dans  héne^  'n  eus  bel  tok  pilon,  ou  tok  mor:(pl,  il  a 


36o  E.  Ernault. 

eu  un  coup  de  marteau,  il  est  fou  ;  tok-tok,  fou,  de  l'argot  fr. 
toc-toc,  cf.  Rev.  Celt.,  XIV,  281. 

Trafiqyohner,  bourrelier  ;  cf.  fr.  trafiquant. 

Zardin,  tailleur,  du  fr.  sardine,  en  bret.  :(ardinen,  /^aldrinen. 
On  dit  également  :;ardin-kaplahs  dans  le  même  sens.  Voir 
kaplans. 

La  locution  eouip  da  luelet  ar  pap  (allons  voir  le  pape),  pour 
«  boire  du  rhum  »,  vient  de  l'argot  fr.  pape,  verre  de  rhum, 
L.  Rig. 

30.  —  Le  rapport  de  Mrank,  sou,  à  blank  (§  27)  n'est  pas  de 
nature  phonétique  ;  blaîik  a  été  altéré  par  assimilation  au  mot 
breton  hraùk,  m.,  branche.  Des  contaminations  de  ce  genre 
sont  fréquentes  ;  cf.  noter,  nuit,  d'après  le  bret.  ?7o:^,  nuit,  noter, 
notaire,  Rev.  Celt.,  VII,  47;  bolonjer,  horloge,  d'après  le 
bret.  balanç:^er,  Gr.,  balancer,  l'A.,  balancier,  et  bolonjer,  bou- 
langer, Rev.  Celt.,  XIV,  272  ;  laîip,  année,  d'après  l'argot  fr. 
plombe,  année,  et  le  bret.  lanip,  saut. 

Taouen,  poux,  misère,  du  bret.  laouen,  pou,  Rev.  Celt.,  VII, 
49,  XIV,  275,  doit  sans  doute  son  t  au  bret.  teurk,  tique. 

Trotach,  soupe  aux  légumes,  Rev.  Celt.,  VII,  50,  est  le  fran- 
çais potage  (bret.  podaich,  Gr.),  mais  combiné  avec  le  bret. 
treut,  maigre  ;  cf.  :(oubenn  dreudt,  qevaleun  dreudt,  tynell  dreudt, 
soupe  d'avare,  soupe  maigre,  Gr.  M.  Quellien  explique  ainsi 
trotach  (p.  33):  «  soupe  (surtout  la  soupe  aux  choux,  aux 
légumes,  la  soupe  des  malheureux)  ».  Cela  n'empêche  pas 
qu'on  dit,  par  extension,  trotach  boubou,  soupe  de  bœuf;  tro- 
tach niqol,  soupe  de  viande  fraîche,  aussi  bien  que  trotach 
Charles,  soupe  au  lait,  etc.  Les  mots  rochois  se  dépouillent,  à 
la  longue,  de  leur  sens  dépréciatif  (cf.  §  15,  17,  23). 

Turgner,  pourceau  (d'où,  par  apocope,  turgn),  =  «  tour- 
neur, fouilleur  (de  terre)  »,  en  breton  turier,  pour  le  sens,  cf. 
Rev.  Celt.,  VII,  50;  mais,  pour  la  forme,  il  doit  son  gn  à  un 
autre  mot  breton,  turgner,  tourneur,  celui  qui  façonne  du  bois 
au  tour,  mot  que  le  P.  Grég.  écrit  luirgiicr,  teurgnêr.  Le  double 
sens  du  fr.  tourner  a  peut-être  contribué  à  l'association  des  deux 
mots  bretons;  elle  a  eu  lieu  encore  ailleurs  qu'à  La  Roche  : 
on  dit  à  Pleudaniel  turniadurgoet,  h  Lohuec  tergnadur  goet,  tau- 
pinée,  Rev.   Celt.,  IV,  169,    cf.   turgner-douar  «   fouilleur  de 


Etudes  bretonnes.  361 

terre  »,  laboureur,  Sonioii  Brei:^-I:^eJ ,  II,  298.  L'emploi  de  c'houi- 
lah,  fouiller,  pour  «  travailler  »,  en  rochois,  vient  peut-être  de 
ce  que  chouiler  terk  (§  24),  synonyme  exact  de  turgner-douar,  a 
aussi  pour  équivalent  labourer  douar,  «  travailleur  de  terre  » . 

Il  faut  mettre  sur  le  compte  du  hasard  la  ressemblance  de 
turgn  avec  le  français  truie  (de  Trojd)  et  avec  le  breton  taure  h, 
verrat,  irl.  tore  qui  paraît  venir  de  to-  -f-  ore  ==■  lat.  poreus.  Cf. 
moy.  bret.  Touaren,  le  Douarain,  mod.  douaren,  petit-fils,  de 
to--\-*ouar-,  gall.  wyr=^  lat.  puer,  Gloss.  moy.  hr.,  v.  douaren, 
tarauat;  hret.  moy.  tamoesenn,  épi  de  blé,  pour  *taffoesen,*taoe- 
sen  (par  l'influence  de  tamoes,  *taffoes^,  tamis),  tréc.  taoïi^en, 
van.  toe^en,  gall.  tyiuysen,  tiuysen,  =  *  t(o)-èss-in,  àt  do  -{-  *  acs- 
înà^,  cf.  grec  xyyr,  de  *à^vÂ3  ;  et  gall.  trwyn,  nez,  =  to- 
-\-  *  sroen-i,  cf.  v.  irl.  srôn,  nez,  gall.  ffroen,  bret.  froan, 
narine  ? 

Lugna,  regarder  (j'ai  entendu  lugnan  et  lugnet')  rappelle  le 
fir.  lorgner,  Rev.  Celt.,  VII,  250  ;  mais  il  doit  peut-être  son  u  à 
reluquer,  considérer,  regarder,  F.  M.  Le  vendômois  lunotier, 
regarder  minutieusement,  P.  Martellière,  Glossaire  du  Vendô- 
mois, 1893,  doit  être  différent;  cf.  normand  du  Bessin  luné 
«  regarder  avec  étonnement,  bayer  »,  Joret,  Méni.  de  la  Soc. 
de  Ling.,  IV,  157,  verbe  neutre,  comme  le  petit  trécorois  beau 
en  lun,  qui  a  le  même  sens,  cf.  franc.  «  être  dans  la  lune  », 
être  absorbé,  distrait. 

J'ai  entendu  des  mots  nouveaux  où  ce  procédé  apparaît  plus 
ou  moins  clairement  : 

Gzueganen,  f.,  abeille,  pi.  gwegan  ;  e'houes  giucgan  «  maison 
d'abeilles  »,  ruche;  du  bret.  gwenanen,  pi.  gwenan,  là.,  et  du 
nom  propre  Giuegan. 

Kriminal,  m.,  cheminée,  du  bret.  chi minai,  id.,  et  krimi- 
nal,  criminel. 


1 .  Cette  forme  est  prouvée  par  le  dérivé  taffoessal,  à  côté  de  lamocsal, 
sasser  ;  elle  subsiste,  d'ailleurs,  en  vannetais  :  tanoûès  et  tamoes,  Grég. 

2.  Pour  le  changement  d'à  en  c,  cf.  cemecid,  Oxf.  2,  gall.  mod.  cyjcgydd, 
pioche,  de  *com-aci-,  (lat.  actes);  pour  le  traitement  de  es,  cf.  bret.  moy. 
ai'i,  au-dessus  de,  écrit  aujourd'hui  a  h:^,  v.  irl.  os,  de  *iics-,  grec  ji}-.  ; 
esnexaff,  être  absent,  dissiitout  «  cuydance  ^\disiîioiit,  opiner,  etc.,  de  ces-. 

5.  L'irl.  dias,  en  deux  syllabes,  IriscJ^e  Texte,  I,  478,  r=  rfo  -|-  ac-s-,  cf. 
lat.  acus,  gothique  aljs ;  pour  Vi',  cf.  diarailiu,  à  l'autre,  Ir.  T.,  I,  487. 


362  E.  Ernault. 

Lumîeraton,  lugneraton,  lumière,  œil  ;  pao  al  lumieraton 
«  pied  de  chandelle  »,  chandelier  ;  an  eil  lugneraton  a  lar  vreo^^ 
d'egile,  pet.  tréc.  an  cil  lagad  a  lar  hoc  h  d'ihen  «  un  de  ses 
yeux  dit  bran  à  l'autre  »,  il  est  louche;  une  expression  sem- 
blable est  donnée  par  M.  Virmaitre,  s.  v.  œil,  comme  appar- 
tenant à  l'argot  du  peuple.  Mélange  des  mots  rochois  lumier, 
lumière,  et  lugmrato,  yeux.  Rcv.  Celt.,  XIV,  274.  J'ai  en- 
tendu le  verbe  lugncratcin,  regarder. 

Luronn,  juron,  blasphème,  luronni,  jurer,  blasphémer;  du 
fr.  juron  et  du  trécorois  luchet,  blasphèmes. 

Tortein,  casser  (par  exemple  une  jambe),  du  bret.  torein, 
casser,  et  tort,  bossu. 

Ces  combinaisons  analogiques  sont  en  usage  dans  l'argot 
français  ;  ainsi  maârin  est  le  mot  malin  influencé  par  madré,  etc. 

On  peut  soupçonner  qu'un  certain  rapport  de  son  est  par- 
fois la  cause  de  la  substitution  d'un  nom  propre  à  un  nom 
commun  (cf.  giuegan,  abeilles).  Ainsi  la  ressemblance  de  la 
dernière  syllabe  a  pu  fliire  choisir  Madelen  pour  remplacer 
holen,  sel,  et  Charle:(  ^our  le^,  lait;  Nikol,  viande,  rappelle  en 
argot  crignoUe,  id.,  F.  Michel,  crinolier,  boucher,  L.  L.,  et 
aussi  niorte,  viande,  Delvau.  Mais  il  vaut  mieux  ne  pas  mul- 
tiplier ces  sortes  d'hypothèses.  Le  rapport  du  mot  à  la  chose 
peut  être  aussi  de  nature  «  historique  »  ;  ainsi  M.  Quellien 
suppose,  p.  31,  qu'un  nom  moderne  de  l' eau-de-vie,  I^abel, 
a  été  celui  de  quelque  ivrognesse  célèbre.  Rappelons-nous  le 
conseil  prudent  de  Littré  (Dictionnaire  fr.,  au  Supplément,  s. 
V.  sabler)  :  «  En  fait  de  locution,  la  moindre  tradition  vaut 
mieux  que  la  plus  belle  conjecture  ».  L'argot  de  ÏX,  c'est-à- 
dire  de  l'Ecole  Polytechnique,  sur  lequel  les  renseignements  de 
ce  genre  ne  font  pas  défaut,  témoigne  du  rôle  important  de 
l'élément  historique  dans  les  jargons  spéciaux  ;  ci.  Sarcey, 
Annales  politiques  et  littéraires  du  15  avril  1894,  P-  -^6. 

31.  —  L'onomatopée  est  évidente,  dans  le  mot  bizarre  ^er- 
tamtitamteq,  tisserand. 

L'origine  des  mots  suivants  m'échappe  : 

dordakes,  sourd.  La  fin  de  ce  mot  rappelle  tah^en,  pi.  take^, 
la  dernière  crêpe,  qui  est  ordinairement  ou  trop  cuite  ou  trop 
petite  ;  imbécile,  en  Tréguier,  selon  M.  Moal. 


Etudes  bretonnes.  363 

Jilakes,  bouillie.  Cf.  claquer,  manger,  allusion  au  claquement 
des  mâchoires,  L,  L  ? 

32.  — Le  P.  Grégoire  traduit  «  argot,  le  langage  des  gueux  » 
par  luhaich,  qu'il  répète  au  mot  «  narquois  »  ;  à  «  jargon, 
langue  factice,  ou  langage  particulier,  comme  l'argot,  etc.  », 
il  donne  luhaich  et  gregaich,  van.  gregach;  à  «  jargonner  », 
luhaichi  et  gregaichi,  van.  gregageih ;  à  «  baragouiner  »,  lu- 
haicha,  van.  gregageih;  à  «  baragouin,  langage  qu'on  n'en- 
tend pas  bien  »,  luhaich,  van.  gregach.  Le  Dictionnaire  de  L'A. 
ne  connaît  que  la  seconde  de  ces  expressions  :  grigage,  gregage, 
m.,  jargon,  gregagein,  jargonner,  grigage  crouanouétt,  narquois, 
argot,  jargon  des  gueux  ;  grigage,  argot  des  mendiants  (au 
Supplément)  ;  grigage,  baragouin,  grigagein,  baragouiner. 

Le  Gonidec  a,  dans  son  Dictionnaire  breton-fr.,  luc'hach  ou 
luach,  m.,  baragouin,  langage  corrompu;  M.  de  la  Ville- 
marqué  ajoute  :  «  jargon,  argot,  particulièrement  celui  des 
tailleurs  ».  Je  crois  que  ce  mot  est  le  trécorois  luc'hach,  éclat, 
vernis,  faux  brillant,  manières  affectées,  de  lue  ha,  luire;  c'est 
ainsi  que  l'anglais /â!^/;^  éclat,  a  pris  le  sens  d'  «  argot,  jargon 
à  la  mode,  slang  ».  Troude  donne  comme  trécoroise,  dans 
son  dictionnaire  français-breton,  l'expression  nep  a  lavar 
luc'haich,  débauché  en  paroles,  peut-être  par  confusion  avec 
un  autre  mot;  cf.  Rev.  Celt.,  IV,  161,  v.  loegach. 

Le  dictionnaire  de  Le  Gonidec  n'a^r^o-^c/;  que  dans  le  sens  de 
«  grec,  la  langue  grecque  ^f;  mais  on  peut  compzrev  gragachat , 
dégoiser,  parler  plus  qu'il  ne  faut  et  avec  volubilité,  addition 
de  M.  de  la  Villemarqué.  Cf.  gregache  ar  biked,  les  pies  caque- 
taient, Baixa^  Brei:(y  237. 

Faut-il  identifier  gregaich,  argot,  etc.,  avec  gregaich,  van. 
gregach,  le  grec,  gregaichi,  van.  gregageifi,  parler  grec,  Grég.  ? 
Au  point  de  vue  de  la  forme,  rien  ne  s'y  oppose.  Mais  gre- 
gaich, gregach,  argot,  peut  tenir  de  près  au  français  grec,  ai- 
grefin, qui,  d'après  M.  Schwob,  Mém.  de  la  Soc.  de  Ling., 
VII,  305,  est  d'origine  argotique  et  n'a  rien  de  commun 
qu'une  fâcheuse  homonymie  avec  le  peuple  des  Grecs.  On 
peut  voir  également,  ihid.  311,  sur  cette  glose  argotique: 
«  ung  breton  c'est  ung  larron  »,  un  essai  d'explication  qui 
mettrait  l'honneur  des  Bretons  hors  de  cause.  Il  faut  pourtant 


364  E.  Ernaulî. 

remarquer  que  les  argotiers  ne  se  gênent  point  pour  tourner 
en  injure  bien  d'autres  ethniques;  cf.  Lombroso,  454. 

33.  Il  est  impossible  de  séparer  l'argot  quimper,  tomber,  gâ- 
ter (de  l'eau),  du  gall.  cwympo,  tomber,  abattre,  bret.  skoemp, 
glissant,  scabreux  ;  mais  -la  priorité  de  ces  deux  derniers  mots 
n'est  pas  prouvée.  L'origine  commune  pourrait  être  un  bas 
latin  *coimpere,  issu  par  dissimilation  de  coinquere  {arbores,  cf. 
gall.  cwyinpo  coed),  comme  le  sarde  chimbe  de  qiiinque. 

L'argot  esgourne,  oreille,  rapproché  du  breton  skouarn,  Rcv. 
Celt.,  VII,  50,  a  une  variante  esgouverne,  L.  L.,  qui  rappelle 
plutôt  le  gallois  ysgyfarn,  mais  aussi  le  français  gouverner, 
gouverne.  M.  Virmaitre  donne  le  pluriel  esgourdes. 

34.  Voici  quelques  additions  à  la  liste  donnée,  §  12,  des 
mots  bretons  dont  l'histoire  peut  être  éclaircie  par  la  compa- 
raison de  divers  argots  français. 

Bulari,  m.,  pi.  eu,  agitation,  commotion,  embarras,  tracas, 
l'A.,  tréc.  ambloari,  bret.  moy.  amîoary,  peine,  souci  ;  cf.  boul- 
vari,  boulevari,  m.  vacarme,  tumulte  excessif,  Delvau  ;  vendô- 
mois  boulvari,  hourvari,  bruit,  tapage,  Martellière  ;  franc. 
hourvari  «  cri  des  chasseurs  pour  ramener  les  chiens  qui  sont 
tombés  en  défaut  »  ;  grand  bruit,  grand  tapage,  Littré. 

Cascarat,  cascalat,  danser  la  danse  des  gueux,  se  frotter  les 
épaules  en  les  agitant,  Pel.  ;  cascaret,  homme  sans  importance, 
de  mine  malheureuse  ou  d'apparence  chétive,  argot  du  peuple, 
Delvau;  écu  de  trois  livres,  L.  L. 

Fîl,  intelligence,  idée,  ruse,  en  petit  Trég,  ;  fil,  adresse, 
habileté,  dans  l'argot  du  peuple,  qui  assimile  l'homme  à  un 
couteau,  Delvau;  avoir  k  fil,  être  adroit,- fi,naud,  rusé,  dans 
le  jargon  des  voyous,  L.  Rig. 

Fouillexei,  (bien)  dissipé,  Rev.  CcJt.,  XI,  197  ;  fueilles,  pièces 
de  monnaie,  Villon,  Le  jargon  ou  jobelin,  v.  166,  215  {Œuvres 
complètes  de  François  Villon,  publiées  ...  par  Auguste  Longnon, 
Paris,  1892);  cf.  «  ilz  appellent  argent  ...  puille  »,  Le  jargon 
des  Coquillars  en  14JS,  Mém.  de  la  Soc.  de  Ling.,  VII,  180? 
En  tout  cas,  c'est  de  feuille  que  vient  feullou:{e,  bourse,  ibid., 
felouse,  foiiillouse,  poche,  Le  vice  puni,  10% ,  fouilleuses ,  poches, 
argot  du  peuple,  Virmaitre,  cf.  le  fourbesque  foglia,  bourse, 
F.  M.  170,  429. 


Etudes  bretonnes.  565 

Gaia^  ennuyer,  gai,  sot  (mots  très  vulgaires),  pet.  Trég., 
à  Saint-Mayeux  kai,  Rev.  Cdt.,  IV,  154;  gailleurs,  trompeurs, 
tricheurs,  Villon,  Le  jargon  52,  gayeux,  id.,  130;  v.  franc. 
galicr,  galiier,  v.  act.,  se  moquer  de,  Goà.,  galier,  galler,  gal- 
lier,  se  réjouir,  s'amuser,  se  régaler...,  battre,  étriller,  trom- 
per, surprendre,  Roquefort,  Glossaire  de  la  langue  romane,  1808  ; 
M.  Longnon  cite,  p.  269,  d'après  M.  Vitu,  un  vieux  proven- 
çal galiador,  trompeur.  Un  composé  de  même  origine  est  en- 
gayeur  «  complice  qui  attire. . .  la  foule  pendant  que  son  complice 
explore  les  poches  des  badauds  »,  argot  des  camelots,  Vir- 
maitre.  Je  suppose  qu'on  prononce  en-ga-yeur  et  non  comme 
dans  le  français  égayer  ;  c'est  ainsi  que  M.  Virmaitre  écrit  ^rty^, 
cheval,  =  gail,  L.  L. 

Gréah,  habiller  ;  gréet,  bien  mis  ;  gréan  eun  annval,  harnacher 
un  cheval,  gréach,  harnais,  petit  Trég.  ;  se  gréer  «  s'habiller, 
dans  l'argot  des  ouvriers  qui  ont  servi  dans  l'infanterie  de  ma- 
rine »,  Delvau. 

GrimandeU,  dans  un  casuiste  breton  «  rossignol  de  serru- 
rier »,  instrument  de  fer,  servant  de  fausses  clefs,  pour  ouvrir 
les  portes,  armoires,  etc.,  Pel.  Bien  que  Le  Gonidec  donne 
grimandcl,  m.,  pi.  ou,  passe-partout,  rossignol,  je  ne  suis  pas 
convaincu  qu'il  ait  connu  par  l'usage  ce  mot,  qui  serait  proba- 
blement devenu  grimandel.  Les  variations  de  Troude  à  ce  sujet 
sont  significatives.  Son  dictionnaire  français-breton  porte  : 
«  grimandell,  m.  Le  P.  »  ;  nous  avons  donc  ici  l'aveu  impli- 
cite que,  n'ayant  jamais  entendu  ce  terme,  il  efi  a  suppléé  ar- 
bitrairement la  prononciation  et  le  genre.  Au  dictionnaire 
breton-français,  il  donne  encore  grimandell,  p.  253  et  711  ; 
mais  la  première  fois  il  lui  attribue  le  genre  féminin,  et  au  se- 
cond passage,  il  en  fait  un  mot  vannetais  !  Le  témoignage  de 
D.  Le  Pelletier  semble  donc  unique.  Il  est  permis  de  se  de- 
mander si  le  texte  qu'il  avait  sous  les  yeuïc  ne  contenait  pas 
une  faute  bien  fréquente,  n  pour  u.  *  Grimaudel  serait,  en  effet, 
le  correspondant  régulier,  en  ancien  français,  de  l'italien  gri- 
maldello,  crochet,  rossignol,  que  je  soupçonne  d'être  d'origine 
argotique,  comme  rossignol.  Ces  sortes  d'instruments  ont  reçu 
des  voleurs  les  noms  pompeux  de  monseigneur,  pince-monsei- 
gneur, dauphin,  monseigneur  le  dauphin,  roi  David,  Mém.  de  la 


3  66  E.  Ernault. 

Soc.  de  Ling.,  VII,  320;  grimaldello  peut  donc  être  allié  au 
fourbesque  grimaldo,  père,  vieillard,  grimo  di  sant'occhio,  pape, 
F.  M.  429  (de  l'ital.  grimo,  ridé)  ;  il  est  à  remarquer  que, 
dans  le  même  argot,  rossignolo  veut  dire  «  cardinal  ». 

Grippy,  nom  burlesque  du  diable  ;  griffon,  animal  fabuleux, 
Grég.,  voir  Rev.  Celt.,  XIV,  286.  Le  dictionnaire  breton- 
français  de  Troude  a  le  cornouaillais  Gripin  «  un  des  noms 
que  l'on  [donne  au  démon  »;  cf.  grispin,  grispis,  meunier, 
Halbert,  cité  par  L.  L.  Le  jargon  de  l'argot  porte  gripie. 

Grullu,  blé  noirci  intérieurement,  voiri^^t;.  Cr//.,XIV,  286. 
L'argot  grelu,  blé,  doit  être  d'une  autre  origine  que  grenu, 
qui  tient  h.  grenuse,  farine,  F.  M.,  grenafc,  grange.  Le  jargon 
de  l'argot,  de  granum.  Delvau  tirait  grelu  de  Va.d]ectiî  grêle, 
par  «  allusion  à  la  gracilité  de  cette  graminée  »  ;  je  crois  plu- 
tôt que  le  mot  est  identique  au  vendômois  grelu,  prononcé 
gueurlu  «  rempli,  couvert  de:  un  arbre  gueurlu  de  fruits  », 
Martellière,  et  que  celui-ci  dérive  de  grêle,  f.  «  sorte  de  crible 
qui  n'est  plus  en  usage.  C'était  une  grille  serrée,  inclinée  à  45°, 
surmontée  d'une  trémie  dans  laquelle  on  versait  le  grain.  Les 
grenailles  passaient  à  travers  les  mailles,  et  le  blé  nettoyé 
glissait  au  pied  de  la  grêle  »,  Martellière.  Ce  vieux  mot,  de 
même  origine  que  grille  et  gril,  a  passé  en  breton  :  van.  grêlle, 
crible  le  plus  clair,  grêllein,  grêllatt,  cribler,  l'A.  L'affinité  de 
son  sens  avec  celui  de  Y irgot  grelu  est  évidente  ;  il  n'en  est  pas 
de  même  pour  l'adjectif  vendômois  gueurlu,  que  M.  Martel- 
lière fait  suivre  de  la  mention  :  origine  inconnue.  Ce  qui  m'en- 
gage à  voir  dans  gueurlu  un  dérivé  de  grêle,  c'est  qu'en  petit 
Il  réguler grilhet,  griyet  a  exactement  la  signification  de  gueurlu, 
et  se  rattache,  pour  la  forme,  au  fr.  gril,  grille  :  ar  luéen  ^c  xpu 
vreus  bar:{  ken  hé  griyet,  cet  arbre  est  tout  couvert  de  fruits,  lit- 
téralement «  tout  criblé  »  ;  cf.  «  pierres  tumulaircs  criblées 
de  chiffres  romains  »,  A.  Daudet,  Numa  Roumestan,  p.  68 
(chap.  IV);  criblé  de  dettes,  de  ridicules,  etc. 

Oustilh,  m.,  gaillard  qui  aime  à  s'amuser,  pet.  Trég., 
=:zostilh,  outil,  Grég.,  v.  fr.  ustil,  ostil,  id.;  cf.  outil,  terme 
de  mépris,  argot  du  peuple,  Virmaitre  ;  maladroit,  gauche, 
Fustier. 

Rigouignat,  grincer  des  dents,  etc.,  Rev.  Celt.,  XIV,  288. 


Etudes  bretonnes.  367 

L'argot  rigougnard  cité  à  cet  endroit,  vient  de  rigouillard, 
drôle,  plus  fort  que  rigolo,  argot  du  peuple,  Virm.,  cf.  rigolard 
(chose)  très  amusante,  ibid.  Cf.  le  rapport  de  babigner,  parler, 
Villon,  Le  jargon,  28,  41,  m,  à  babiller,  id.,  ibid.  40. 

Sabler,  gésier,  en  vannetais,  Grég.,  sabler,  Pel,  ;  sable,  es- 
tomac. Le  jargon  de  l'argot;  L.  L.  ;  Littré  donne,  avec  un 
exemple  de  La  Bruyère,  l'expression  «  jeter  en  sable  »,  avaler 
un  verre  de  vin  (le  sabler'). 

Trut,  m.,  (savoir  la)  manière  de  s'y  prendre,  le  secret,  la 
finesse,  pet,  Trég.  ;  truc,  manière  de  voler,  F.  M.,  L.  L., 
tromperie,  malice,  argot  du  peuple;  connaître  le  truc,  con- 
naître le  secret  d'une  chose,  Delvau.  F.  Michel  cite  le  titre 
d'une  brochure  de  1609,  sur  «  tm  sorcier  nommé Giniel  TRUC, 
natif  de  Léon  en  Bretaigne  »  ;  M.  L.  Larchey  donne  quatre  vers 
du  xiv^  siècle,  tirés  d'une  chronique  du  duc  de  Bretagne 
Jean  IV,  où  se  trouve  la  forme  trut,  finesse,  qui  rime  en  îU. 
Trut  était  le  nom  d'un  jeu  de  cartes,  cf.  F.  M.,  v.  grec. 

E.  Ernault. 
(A  suivre.) 


MÉLANGES 


ENCORE  SEQUANA. 

Dans  le  dernier  numéro  de  h  Revue  Celtique  (p.  214), 
M.  d'Arbois  de  Jubainville  observe  que  «  Vinîéressante  hypo- 
thèse de  M.  Loth  (Revue  Celtique,  XV,  98),  paraît  contredite  par 
le  gaulois  epo-  «  cheval  »,  =  skt.  açva-  ». 

Il  me  semble  qu'il  n'y  a  pas  d'analogie  à  établir  entre  les 
deux  foits.  K  palatal  dans  *ekvo-  était  dès  l'époque  indo-euro- 
péenne suivi  immédiatement  dev:  kv  s'est  transformé  en  p  à 
la  même  époque  que  la  vélaire  indo-européenne  devenue  en 
celtique  qv-  a  opéré  cette  transformation.  Sequana  (Sequani 
aussi),  a  pu,  a  dû  se  prononcer,  dans  mon  hypothèse,  *Secu- 
luana  ou  *Seco-iuana  bien  longtemps  après  cette  transformation, 
à  l'époque  romaine  même.  K  n'était  pas  en  contact  direct  avec 
lu.  Comment  un  Romain  aurait-il  transcrit  une  prononciation 
secuvana  autrement  que  par  Sequana  ? 

L'inscription  gauloise  d'Alise-Sainte-Reine  nous  offre  deux 
exemples  d'une  forme  tout  à  fait  analogique  à  Sequana  : 
Ucuete,  Ucuetin  (accusatif).  Je  ne  sais  ce  que  peut  être  Ucuete, 
pas  plus  d'ailleurs  que  je  ne  connais  l'étymologie  de  Sequana 
ou  Sequani.  Je  veux  simplement  montrer  qu'il  n'y  a  rien  à 
conclure  de  faits  de  ce  genre.  Un  Romain  eût  écrit  sans  doute 
Uquete,  Uquetin.  < 

J.  Loth. 


Mélanges.  ^69 


IL 


REMARQUES  SUR  LE  LIVRE  DE  LLANDAF. 

Je  crois  avoir  suffisamment  prouvé  que  Gaufrei  de  Mon- 
mouth  ne  pouvait  pas  être  l'auteur  du  Livre  de  Llandaf. 
M.  G.  Evans  s'appuie,  à  déflmt  d'arguments  tirés  d'une  étude 
même  superficielle  de  l'ouvrage  qu'il  a  si  bien  reproduit  di- 
plomatiquemenî,  sur  la  rubrique  à  la  version  de  la  vie  de  saint 
Teliau  du  ms.  Vesp.  A.  14:  Incipitvita  S.  Teliavi  episcopi  a 
magistro  Galfrido  fratre  Urbani  Landavensis  ecdesiae  episcopi 
diclata.  On  ne  connaît  qu'un  frère  à  Urban,  du  nom  d'Esni. 
Il  serait  assez  singulier,  d'après  M.  Evans,  qu"il  y  ait  eu  en 
même  temps  à  Llandaf  deux  Galfrid  de  cette  importance  : 
pourquoi  pas  ?  Ce  que  M.  Evans  n'a  pas  vu  et  ce  qui  m'étonne 
de  la  part  de  ce  vir  oculatissimus,  c'est  que  au-dessus  de  Gal- 
frido on  lit  cette  correction  absolument  décisive  :  ./.  Suphano. 
Le  compilateur  serait  donc  Etienne,  frère  d'Urban. 

J'arrive  à  un  point  plus  important  :  M.  G.  Evans  prétend 
que  les  vies  de  Dubricius,  Teliau,  Clitaucus,  du  ms.  Vespas. 
A.  14,  ne  sont  que  des  transcriptions  plus  ou  moins  correctes 
du  texte  du  Livre  de  Llandaf.  Or,  il  résulte  clairement  des 
variantes  du  Vespas.  données  par  l'éditeur  en  appendice,  que 
si  la  vie  de  S.  Teliau  remonte  à  la  même  source  que  celle  du 
Vesp.,  cette  dernière  reproduit  plus  fidèlement  la  version  pri- 
mitive. Teliau  n'y  porte  pas  le  titre  à' archiepiscopus  qui  lui  a  été 
donné  pour  fortifier  les  prétentions  du  siège  de  Llandaf,  mais 
bien  d'episcopus.  Le  long  et  curieux  récit,  manifestement  inter- 
polé, du  séjour  de  Teliau  en  Armorique,  n'y  figure  pas, 

A  la  page  xlvi  (Notes  on  extracts,  1-8),  à  propos  des  extraits 
du  Codex  Lichfeldemis ,  je  lis  que  l'extrait  2  est  une  copie  d'un 
document  du  temps  de  Teilo.  Je  me  précipite,  et  je  lis  :  Surrexit 
Tuthidc...  (suit  un  texte  en  grande  partie  gallois  et  qui  n'en  est 
pas  pour  cela  plus  limpide,  malgré  les  ingénieuses  conjectures 
de  M.  Rhys,  le  gallois  ne  peut  être  antérieur  au  ix^  siècle). 
Voici  la  suscription  :  Teliau  testis,  Gurgint  testis,  Cinhilinn 
testis,  Sp's  testis,  tola  familia  Teliaui,  de  laicis  Numin,  etc.  Je 


3  70  Mélanges. 

me  suis  longuement  et  vigoureusement  frotté  les  yeux  pour 
trouver  là  dedans  une  raison  quelconque  de  reporter  ce  docu- 
ment au  temps  de  Teilo.  Je  n'en  vois  pas  d'autre  que  la  signa- 
ture Teliau,  testis;  totafamilia  Teliaui  indique  le  monastère  de 
Teliau,  c'est-à-dire  Llandaf,  comme  le  prouve  la  suite  :  de 
laids.  Pages  3  et  4,  il  y  a  un  signataire  qui  donnerait  à  ces 
précieux  documents  une  bien  autre  importance  :  3  Deus  testis  ; 

4  Deus  omnipotcns,  testis. 
Sans  commentaire. 

J.  LOTH. 

m. 

LE  MOT  DÉSIGNANT  LE  CUIR  EN  GERMANIQUE  ET 
EN  CELTIQUE. 

Dans  son  Etymologisches  Wôrterbuch  der  deutschen  Spr., 
Kluge,  au  mot  Icder,  cuir,  avance  que  ce  mot  est  particulier  au 
groupe  germanique.  Or,  en  gaélique  comme  en  brittonique, 
le  même  mot  existe,  supposant  la  même  forme  en  vieux-cel- 
tique qu'en  pré-germanique.  L'irlandais  leîbar,  gall.  lledr, 
breton  moyen  le:(r,  bret.  mod.  1er  romontent  à  *Iëtrô-.  L'al- 
lemand kder,  anglais  leather,  v.  norr.  le'pr  supposent  un  go- 
thique *  lithra-  et  un  pré-germanique  létrô-m  (Kluge,  Etymol. 
Wôrt.y  II  y  a  identité  de  forme  et  de  sens.  Le  mot  est-il 
emprunté  par  l'une  des  deux  langues  ?  Laquelle  est  l'emprun- 
teuse ?  Il  me  paraît  certain  que  le  mot  a  été  emprunté  par  les^ 
Germains  aux  Celtes. 

En  grec  comme  en  latin,  et  en  d'autres  langues,  le  même 
mot  a  le  sens  de  peau  et  de  cuir,  ce  qui  n'a  rien  de  surpre- 
nant: TcdA^a,  en  grec,  corium,  scortum,  en  latin;  cxu-xo;  a  le 
sens  de  peau  et  de  cuir  (lat.  scil-tu-m,  allemand  haut  =*kûH-s; 
cf.  'xtkvr^.  La  racine  qui  a  donné  xéXXa  et  peJIis,  l'ail,  fell, 
me  paraît  avoir  également  donné  naissance,  en  celtique,  au 
prototype  de  letbar,  lledr  :  *lëtrô  =*pëlë-trd-  ou  * plé-trô-  (cf. 
irl.  scèl,  gall.  chwedl  =  *sqve-tlo-,  de  la  racine  scq-  :  cf.  çspô- 
Tpo-v,  ©ip-xpo-v).  Le  mot  *(p)lë-trô-m  aurait  été  emprunté  par 
les  Germains,  après  la  chute  du  p,  en  celtique. 

J.  LOTH. 


BIBLIOGRAPHIE 


Corrigenda  in  thc  Agallamh  na  Senôrach  and  other  texts  in 
Silva  Gadelica. 

By  the  kind  permission  of  the  Duke  of  Devonshire  I  had  an 
opportunity  during  the  Christmas  vacation  of  collating  the 
greater  part  of  Dr.  O'Grady's  édition  of  the  Agallamh  na  Senô- 
rach with  the  original  in  the  Book  of  Lismore.  Mr.  Whitley 
Stokes  completed  the  collation  and  very  kindly  placed  the  re- 
sults  at  my  disposai.  He  also  collated  the  other  texts  in  Silva 
Gadelica  from  the  same  MS.  and  allowed  me  to  add  his  list  of 
corrigenda  to  mine. 

The  foUowing  list  contains  corrections  of  ail  misreadings 
that  either  affect  the  sensé  or  involve  serions  grammatical  mis- 
takes.  Merc  mispelHngs  such  as  hionnsma  for  hindsma,  tàirnios 
for  tâirnes  —  forms  unknown  to  the  Book  of  Lismore  —  are 
not  noticed  ;  nor  hâve  I  included  the  numerous  mistakes  in 
accentuation  as /m  for  feis,  alrfidech  for  airfidech,  etc.  The  fol- 
lowing  mistakes,  which  occur  throughout,  are  hère  noticed 
once  for  ail  :  for  reanabar  read  renabar  throughout,  for  esba 
read  esbaid,  for  atchualaid  read  aichuala,  for  éradh  read  éra,  for 
muinnterdhas  read  muinîeras,  ior  fuacradh  read  fuacra,  for  ar  a 
ai  read  arài,  for  comdhalta  read  comalta. 

March  1894. 

Kuno  Meyer. 


37^ 


Bibliographie. 


Dr.  O'Grady. 

66, 

2  Cerbeoil 

Cerhaill 

67, 

15   feoididh 

koïdîgid 

25   rechtairiu 

v ec ht  air i 

68, 

r6  nach 

na 

69, 

10  biadh 

beth 

16  aithcheol 

£û\cheod 

28  dele  ocus  a  fhlaithi 

70. 

20  Temair 

terni  d 

26  beidhit 

beitit 

36  dna 

na 

37  duire 

duine 

71. 

14  tonnaigh 

tonnaid 

87, 

24  ro  thinnad 

notinnad 

3  I  theighidis 

theigdis 

88, 

9  domon 

domuin 

16  allaid 

alltaibb 

89, 

14  fô 

fon 

co  bfoghnum 

do  fbghnum 

MS. 


94, 

99, 
100, 
104, 
105, 
106, 

107, 

IIO, 


III, 
112, 

113, 


14  after  flietar  insert  on 
22  after  rig  insert  mhara 
3  9  ar  in  isin 

2  comba  curba 

36  after  cnuas  insert  ar  Patraic 
26  ift'/c  on  is  on  Becan 

6  fleide  r]ia  cor]  ma 

22  Finn  (éinne 

3  5  after  thuarascbail  insert  ar  Patraic 
25   sluag  sluaigh 

3 1  d'iarrais  do  iarais 

38  mbiadh  mheth 

17,   26  is  ocus 

20  inmedh  imnedh 

30  do  ro 

28  d'innisis  do  innisis 


Bibliographie. 


n5 


Dr.  O'Grady. 

MS. 

p.  114, 

3  4  after  Patraic  insert 

ocus 

116, 

10  maighin  sin 

inagaid  sin  (rectius  adaig) 

117, 

33  gombud 

gomba 

118, 

17  do  dithaig 

3  7  (et  passim)  benna- 

Yodhhaig 

chtain(acc.sg.) 

hennacht  (nom.  sg.) 

119, 

1 0  after  atbert  insert  Cailte 

120, 

19  after  brat  insert  corcra 

122, 

8  after  roised  insert  tus  ^ 

123, 

2  after  duine  mj-^rf  galair 

124, 

3  damsa 

fade'/'edh 

125, 

43   r]oime 

uime  - 

126, 

32  Néira  (sic) 

Néircc  5 

134, 

7  muig  as 

muig  m/;as 

1 1  gin  go  mbiadh 

gingub^//; 

16  i  ndruim 

ag  drwim 

135, 

4  nimléicfe 
16  Câilte     ocus     in 

niamléicfe 

naenbar 

Cailte  in  naenbar 

29  Mhodairn 

Mhoduirn  (and  so  throughout) 

31,  35  ro  diobaidh 

rodhighblw^/; 

33  Fionn 

sinn 

39  comlann 

comlm 

136, 

20  r]oth 

r]od 

29  hôirdne  de 

lioirdne  urgranwa  d/;e 

137, 

6  brat  corrtharach 

brat  corcm  corrtharach 

29  mac  Smailc 

MucsmaiH  (and  so  throughout) 

138, 

7  dno 

no 

26,  nir  chlos 

ni  clos 

139, 

13   cesd 

ceisd 

20  do  iadsat 

ro  iadsat 

140, 

27  Eithne  ollardha 

Eithne  ollawdha  (andso  throu- 
ghout) 

1 .  O'Gr.  is  right  in  reading  mar  aen  in  1.  14  of  this  page.  It  is  the  Rawl. 
MS.  that  has  maille. 

2.  Instead  o\do  hoscladh  O'Curry  supplied  7  rodhech. 
3  .  O'Gr.  mistook  the  ce  for  a. 


Revue  Celtique,  XV. 


25 


374 

«jwjou 

rapnie. 

Dr. 

O'Grady. 

MS. 

P.  141. 

I 

tibrinn  i 

tibrinn  duit  hi 

2 

ina 

an 

33 

ann 

inn 

142, 

39 

do  bi 

bui 

i43> 

29 

canastdncabair 

canas  a  tdncaba/V 

1445 

9 

Muma 

Mumaw 

15 

chaithem 

chaitliimh 

38 

duthchas 

duûiaig 

145. 

12 

subach  sobrônach 

suhaigh  sohrônaigh 

26 

con 

com... 

28 

mullach 

i  mullucli 

35 

fecad 

facad 

146, 

14 
21 

1 

tar  féig 

àelt  ocus 

a 

tar  lin?;  feig 

26 

do  chuimhnedsa 

docuimn/Vé'Jsa 

29 

fer  gualainn 

fer  gualn;;u 

32 

é 

é  fein 

147» 

9 

go  noslaiced 

gunoslfl/Vi 

148, 

2 

biad 

b/;eth 

22 

rcaà  bidh  ...  a  a'nn  ...  isin  gkw« 

23 

àek  acht 

32 

nai  bfichit 

dt'ich  Jîch'it 

149. 

32 

a  r[igfhlaith] 

a  a[rdtlaith] 

37 

fir  Eirenn 

for  Eiïinn 

41 

rebraide 

treahaidï 

150, 

22 

tricha 

teordL 

23 

seclit 

deich 

28 

mac  Trénmôir 

maie  Trénmôir 

38 

legh 

leagh  (/.  e.  liagh) 

151, 

I 

nElga 

Ealga 

10 

faisnéis  ina 

a  faisnéis  'na 

30 

sdithe 

s'm 

152, 

8 

dit  a  mbiaid  Mae- 

J      •' 

dôc  fedba 

ait  ambia  Moaedôc 

fedhbha 

25 

fd  raibe 

icaraib/;i 

31 

ro  biodli 

nobith 

Bibliographie. 


MS 


Dr.  O'Grady. 

MS. 

P-I53, 

I  ann 

inn 

2  thainic 

thairnic 

7  ro  chdiestar 

rochdisetar 

8  guin 

gniwi 

9  flatha  Finn 

flatha  iéinm 

18  annsan 

annsa 

22  gair  ..  ann 

gar  ..  inn 

36  riagam 

•  rag/;am 

154, 

16  fô 

fa 

34  Mongaig 

Mowgain 

155, 

4  ôg  ilarmach 

ôg  n-ilarmach 

14  anos 

anosa 

16  shâdhaidh 

shdtha/W/; 

25  tulach 

\\Acha 

156, 

7  tri  cet 

ceithri  cet  odach 

31   Conaing 

Conang 

i57> 

3 1  Truag  an  gniom 

on  tr.  an  g. 

IS  truag  an  gniw 

158, 

8  innisin 

innisi 

1 1   tiomnas 

timnais 

33  gach  bidh 

gâcha  bidh 

i59> 

15   nô  go 

nogo 

léo, 

25   bi 

bhoi 

28  sul 

suil 

36  Otchonncadar 

Atchonncadar 

lél, 

6  deithber 

deithbzV 

14  Muman 

Muimnech 

162, 

13  combud      môide 

chreitfios 

comba  moidi  creitfes 

163, 

9  scribtar 

scribthar  (and  so  tbroughout) 

12  Rudraide       tonn 

Rudraigc  renabar  tonn  Rudh- 

Rudraide 

mige 

23  bud 

dohudh 

35  in  dd  rig 

in  da«a  righ 

164, 

5   rachaidh 

racha 

9  isin  dûnad 

isin  ndunad 

165, 

6  bfiort 

bhf(?rt 

376 
P.  i66, 

167, 


168, 
169, 

170, 
i7i> 


172, 
173. 
i74> 


175' 
176, 

177. 


Dr. 

9 

13 
28 

2 

5 

19 

24 

28 
30 

35 
13 
41 
17 
18, 
36 
14 
25 
:> 
II, 
15 

19 
2é 

27, 
30 

38 

34 

32 

II 
13 
34 
35 

7 
38 

I 
II 

6 

7 


Bibliographie. 

O'Grady. 

theinned  ihe'mneda 

ingen  ingen  ût 

féin 

haitnid 

ar  a  gcluinmit 

airem 

thuaith 

tri  fichet 

friusan 

sisi 

uaine 


MS. 


sein 

haithn/W 

ar  cluinmit 

arim/; 

tliuatha/^ 

tri  JïcJni 

friu  sin 

isi 

uaine  uime 
read  gérbo  [forldn  in  fo]roJ 
toirrcliim  toirrthim  (and  sa  throughout) 

25  bruiden  bsiiigf» 

Adlinuaill  Adhnuall 

after  do  insert  Chàilte 
after  anam  insert  a  Chàilte 
after  lucht  ///i-cr^  de7/wa 

heih,  hhcth 

roicredim 

slechtais 

itaithe 

mhéth 

bia 

féttais 


12  bhiadh 
rôclireidem 
siéchtus 
atdthai 
29  mbéitli 
biadh 
fétaitis 
after  acat  insert  duin 
dotlioglaide  dithog/;laidi 

comdlùtbta  com/;d/;lutta 

ajter  atbert  in  sert  Câilte 
a[c] 
nainclies 


diîarfaigid 
dlial 

dèclisain 
fôtbaig 
le  a  rabud 
dek  sib 


ainces 
dfiafraigid 
dhâil 
déchaiw 
fôtbuigh  acu 
le  b/;ud/; 


Bibliographie. 


377 


Dr.  O'Grady. 

MS. 

P- 177, 

13   a  caradrad 

a  cumann  7  a  caradrad/; 

20  do  bheimis 

nobeimis 

37  buabaill 

buaball 

178, 

7  comaithche 

comhaigthi 

8  dogniod 

roneth 

13  mhaithedh 

mhaite 

20  ecal 

ecail 

39  senanm 

senainm 

i79> 

18  do  adhar  in  long 

dna 

d'adhar  in  long  dano 

23   d'fiarfaigis  diom 

do  îhvàdaigïs  dim 

180, 

8  adertai 

aderthi 

181, 

II  do'n  aen 

donte 

182, 

5  after  naenchumaid 

insert  friut 

24  chuicedachaib 

cmceàaib 

183, 

10  is  ann 

issed 

35   cumasach 

cumacht\ach] 

184, 

14  tecaidh 

teacaim 

185, 

26  deinmnedach 

deibi^readhach 

186, 

6  the  second  mhôir  is  mhôr  in  MS. 

II  deifir 

dcit/;b/r 

187, 

8  dele  ocus 

15  Uai  ri 

Uiari 

21  Inbeir 

Inber 

188, 

30  after  do  ghébsa  insert  ar  ant  airfid<?c/j 

190, 

26  after  Fionn  insert  annsin 

32  bud  thruime 

ba  trwzme 

35   do  bi 

7  dobhi 

191, 

39  gill^^ 

gialla 

192, 

4^gach 
29  dele  sin 

gachu 

3 1  airfidcch 

nairfidech 

39  after  ocus  insert  is 

amlaid  roboi  in  baili  7 

193. 

7  ro 

8  dek  sin 

do 

22  delg 

irdealg 

•  26  bidbada 

hidhhaidh 

Î78 

Bibliogi 

^aphie. 

Dr.  O'Grady. 

MS. 

P.  194, 

8  cetri 

kth 

19  biadh 

beth 

ina  hionnsma 

ga  hindsma 

23   anmann 

anmanna 

36  taisced 

taiscid/; 

38  ocus  ro 

ocus  0  ro 

195, 

4  immaraen 

maraen 

20  crét  tinnscra 

créi  in  tinnscm 

39  do 

ro 

196, 

7  hdith 

hait 

19  ndi  céd 

deicb  cet 

22  bhiadh 

heth 

197, 

35  fhedarsa 

fhedar 

39  tôichesdal  tua: 

ithe 

tocesdal  ac  tûaith 

198, 

10  aie 

ille 

13  after  fichit  insert  so 

19  an  esbaid 

an  treas  esbuig/? 

24  Fhidaige 

F/;id/;uig/; 

29  in  nuathad 

a  nuathad 

37  after  éirgedar 

insert 

ar  mfldaiw 

199, 

2  diol 

dJnhh 

5  fichet 

fichit 

7  dabhaige 

Dumaig 

16  Aball 

Ubal 

32  after  tsida  insert  uï. 

le 

37  fl/^£r  faithche 

insert 

■  amach 

200, 

6  amne 

imne 

22  fliuin 

f/;uin^i 

27  for  [dogénam 

read 

is  ail  hb  do... 

201, 

4  chro 

croa 

28  dechad 

dech 

37  mac 

macsa 

203, 

10  in  tabach 

in  t-abac 

18  after  Finn  insert  da  innsaig/rf 

30  roéirig 

adraclît 

204, 

7  Adnuaill 

Adnuall  (cf.  169,  36) 

8  Féruaine 

Fer  uaine 

Bibliographie. 


379 


Dr.  O'Grady. 

MS. 

P.  204, 

28  cen  co  ninnisi 

gingubinmsi 

24  re  a  ndirim 

renairimh 

205, 

3   uim 

uime 

1 1  co  mbiadh 

co  m-heth 

20  after  so  inscrt  ita 

28  teichium 

telched 

30  tairmthecht 

tammthecht 

34  filerais 

fearais 

38  fô 

for 

206, 

16  is  é 

Ised 

29  rdith 

tulaig 

36  um 

iwm 

207, 

5  after  dingebatsa  insert  fein 

13  bhiam 

bem 

20  chuingedh 

chu'mgidh 

35  do'n  lionn 

do  linn 

36  tabair 

tabhwr 

208, 

14  leochuillechta 

leoduiWechtz 

33  denngar 

denngur 

7,  13  feimen 

feimin 

209, 

13   atâit 

atat 

3  9  do  fliolaig 

roïolaig 

210, 

1 1  ar  bli^Jain 

is  bliadrtm 

16  after  Chdilte  insert 

ar  ri  Muman 

17  after  bddar  insert  ar  Cailte 

20  gilladh 

gilla 

211, 

4  before  muna  insert 

acht 

1 1  after  grian  insert  ticim 

212, 

6  shecht 

hocht 

28  do  thiced 

coticed  ~ 

3 1  craebchorcra 

craehach  corcra 

213, 

12  tulaig 

tulaig  si 

18  Degaid 

Degad  (kg.  Dedad) 

214, 

25  t'imdhell 

t'indeall 

3  I   sin..  dno 

soin.,  no 

36  bud  dil 

bo  hdil 

38  delea  after  Aillinn 

380 

S/è% 

iraphie. 

Dr. 

O'Gkady. 

MS. 

p.  214, 

3  8  dele  maith 

39 

côt 

coat 

215, 

2 

duit 

riùt 

22 

mhallghuba 

maie  AUgub^a 

216, 

5 

Circall 

Qrcall 

8 

Eothaile 

Eothgaili 

26 

Tairrsig  nô 

Tarsidh  Laigen 

27 

after  Thréduirn  insert  maie  Tr^nmhoir 

34 

mbiadh 

mheth 

217, 

5 

déise 

ndéisi 

12 

after  Glas  însert  ocus 

14 

[bhiodh] 

nobhidh 

20 

Buacachain 

Buadacha(in) 

22 

macâm 

macsdmh  (et  sic  passim) 

24 

dele  dhd 

218, 

12 

dliligmit 

dhko-mait 

33 

tdnac 

t/;dnac 

219, 

21 

catha 

catha/^thi 

23 

bejore  in  fer  insert 

ar  se 

27 

after  sceith  insert 

conducuidh  trit 

220, 

8 

ci 

gâ 

18  saermhacàmdacht 

so&rmac2iaà.acht 

29 

d'éirgedar 

do  éirgh^^ar 

31 

gach 

gâcha 

37 

ddined 

daine 

221, 

14 

soichios 

so  roiches 

32 

after  donithi  insert  ar  Càilte 

33 

ajter  comraicthi  insert  ambliaJa/?î 

34 

sibse 

sib/; 

222, 

,     8  lebad 

\e2ioaid 

17 

scéios 

sceeas 

24 

omitthefirst  Ocus 

25 

fuibrechta 

îuûïechtd. 

31 

scél 

scéith 

223. 

,  18 

nd..  inam 

nach...  innum 

38 

after  Moduirn  insert  le 

39 

roshùigestar 

rosuidhighiw^ytar  ■ 

Bibliographie. 


58, 


Dr.  O'Grady. 

MS. 

.224, 

2  shldn  slemainch- 

réchtach 

slemwM  ûànchrechiaâx 

1 6  a  fer's  a  mban  de 

amban  sa  ier  dhe 

ceol 

ceoil 

29  mhaithedh 

mhaite 

34  mbiadh 

mb^//; 

40  ôrbhuide 

oir  bhuidhi 

225, 

26  after  luga  insert  annso 

34  no 

ro 

37  Oscar  ocus  Oisin 

Oisin  7  Oscar 

226, 

12  ar  chlannaib 

ar  dainn 

25  maithem 

maithimh 

39  bus 

ib/;us 

227, 

6  dtecht 

t/;echt 

12  chaemchruthach 

chaemh  cruthach 

17  mac  F. 

meic  Fh. 

21  do  biodh 

roboi 

29  uada 

uadh 

38  gab 

geib/; 

228, 

6  dûnaib 

duintib/; 

7  d'éirig  Etrom 

do  éirig/j  Etrum 

229, 

1 6  û(/if^r  liach  insert  ih 

'  f/;ailti 

3 1  after  ollam  me^r^  t/îfl//;  d^'  àanann 

35  créd 

cid/; 

36  bud 

ba 

230, 

9  for  torfholum 

a  forfolum/j 

1 1  tdncamar 

tancamarne 

23  nim 

neim 

33  d[tù]  i  sraithid 

dtû  fiafm/ghidh 

35   innis 

inniseadwr  môr  d'f/;is  7 

38  gin  go  mbiadh 

gingubf//; 

231, 

18  labairt 

labm 

19  senôire 

senorût/]^ 

25   Fionn 

for 

232, 

8  after  ôclach  insert 

grddha 

35  dele  a  bcfore  foihracad 

37  acat 

acatsa 

}82 


Bibliographie. 


Dr.  O'Grady. 


MS. 


.232, 

38 

acam 

acamsa 

233> 

16 

ningnad 

liingnad 

19 

£?é'/e  ocus  before  a 

chur 

321, 

39 

dognithe 

ragnithe 

322, 

13 

trebar 

teùhraid 

323. 

25 

sditer 

saittir 

327. 

32 

cland  Bairinn 

duana  B. 

343» 

5 

cur  hinnrad 

cur  h'mdreded 

26 

do  ôrdaig 

ro  ord 

345, 

17 

loin 

eoin 

28 

gharbglôrach 

gliarbh  glôracli 

40 

biadh 

heth 

34e, 

12 

tire 

tiri  togaiài 

14 

uclituainecda 

usci  uainecdiia 

' 

27 

robud  chuma  is 

robo  cuma  ocus 

347, 

9 

aes  atlighaeta 

ôic  atlighaetta 

351, 

27 

lembud 

lemba 

352, 

21 

othair 

aes  uthair 

353, 

15 

nàbud 

nd  ba 

24 

no  biadh 

no  beth 

354, 

32 

Liban 

Li  ban  (and  eîsezuhere) 

355, 

10 

-fiafraigse 

-fiafraigseat 

356, 

25 

ina  arrtliaist 

na  narrthaisd 

357, 

II 

deibidech 

deibcndech 

20 

ro 

do 

358, 

II 

naimdid 

naimhdighi 

359, 

4 

dilne 

dilli 

Supplément  lexico  grammatical  au  Dictionnaire  pratique 
français-breton  du  colonel  A.  Troude  (édition  1869)  en  dia- 
lecte de  Léon,  par  J.  Moal,  aumônier  à  Brest.  Landerneau,  chez  Des- 
moulins, 1890;  I  vol.  gr.  in-8,  vi-525  p. 

I.  L'auteur  nous  explique,  p.  4,  5,  que,  né  en  Léon,  il 
a  vécu  longtemps  sur  les  confins  du  Tréguier  et  de  la  Cor- 
nouaille  ;  qu'il  s'est  pénétré  «  de  la  pureté,  de  la  richesse  et 


Bibliographie.  383 

de  l'originalité  »  de  l'idiome  breton  tel  qu'on  le  parle  dans  les 
campagnes,  et  qu'il  a  pris  dans  l'usage  toutes  ses  règles  et 
.  tous  ses  exemples. 

Cependant  il  déclare  aussi  (p.  3-4)  que  son  livre  «  a  été  fait 
conformément  aux  données  de  l'érudit  et  regretté  M.  Rou- 
daut,  curé  de  Ploudiry,  qui  a  fixé  plusieurs  règles  de  cons- 
truction, ou  de  tournure  celtique,  dans  un  ouvrage  assez 
connu  des  philologues  bretons  ».  Le  choix  d'un  pareil  guide 
était  dangereux  ;  car  si  l'abbé  Roudaut  s'est  montré  un  excel- 
lent connaisseur  de  la  langue  moderne,  dans  le  Supplément  aux 
dictionnaires  bretons  auquel  M.  Moal  fait  allusion,  il  y  a  donné 
aussi  à  ses  compatriotes  le  fâcheux  exemple  de  digressions  de 
tout  genre  sur  des  sujets  qu'il  n'avait  pas  étudiés  sérieusement, 
et  d'énormes  hérésies  philologiques,  dont  un  critique  fort  com- 
pétent, Charles  de  Gaulle,  a  relevé  des  spécimens  significatifs, 
Revue  Celtique,  II,  266,  267. 

L'œuvre  de  M.  l'abbé  Moal  ne  mérite  pas  au  même  degré 
ces  reproches.  Ce  n'est  pas  que  les  excursions  sur  le  domaine 
linguistique  y  présentent  un  caractère  plus  scientifique  ;  mais 
elles  sont  beaucoup  moins  longues  et  moins  fréquentes. 

2.  Les  96  premières  pages  contiennent  divers  renseignements, 
parmi  lesquels  on  peut  signaler  d'abord  une  table  des  noms  de 
baptême  (p.  12-18),  et  une  liste  des  paroisses  de  Quimpcr  et 
de  Léon,  suivie  de  remarques  à  ce  sujet  (p.  19-30). 

Il  y  a  là  un  assez  grand  nombre  d'observations  neuves  et 
intéressantes. 

Nous  voyons,  par  exemple,  p.  29,  30,  que  le  suffixe  pluriel 
-i:^  qui  s'ajoute  au  nom  d'une  localité  pour  en  désigner  les 
habitants,  peut,  en  bas-Léon,  se  mettre  après  le  premier  terme 
des  composés  géographiques  :  Kerheri^  et  Keri^-Perr,  les  gens 
de  Kerberr  (Saint-Pierre-Quilbignon)  ;  Santi^-Mark  pour  San- 
marki:(,  ceux  de  Saint-Marc  ;  Plouizdider,  ceux  de  Plouider  ; 
Guitali^-Mede  (p.  24, 30),  ceux  de  Guitelnie:(e  (Ploudalmézeau). 
On  attendrait  * Guigi^-Telme^e,  quasi  vicenses  Telmedovia,  cf. 
Rev.  Celt.,  V^  438,  439  ;  mais  il  est  probable  que  Telmedovia 
renferme  en  effet  deux  mots,  dont  le  premier  se  retrouve  dans 
le  vieux  breton  Tel-chruc,  Telgruc.  On  peut  comparer  Plouegi^ 
ar  mor  d'hofatrone^,  les  habitants  de  Plouek  ar  nwr  (Plouezec) 


384  Bibliographie. 

à  leur  patronne  ;  titre  d'un  cantique  imprimé  à  Tréguier  chez 
Le  Flem. 

Cette  manière  d'infixation  rappelle  le  breton  moyen  Brei^is 
isell  «  les  gens  de  Basse-Bretagne  »,  dans  un  texte  léonais,  cf. 
Rev.  Celt.,  XI,  358,  aujourd'hui  Brei:(-I:(eli:(.  Par  un  procédé 
inverse  on  a  dit  Kermàis  «  les  gens  de  cette  ville  »,  D.  Le  Pel- 
letier, ==:  ^ethtrécor OIS Kéris-îne  (Gloss.  moy.  br.,  v.ren,guers). 

Relevons  encore,  p.  29,  l'ethnique  féminin  Montroule^enn, 
une  Morlaisienne  ;  le  suffixe  n'y  est  pas  -e^enn,  comme  le  dit 
l'auteur,  puisque  le  nom  de  la  ville  est  Montrouh'^,  mais  -enn; 
cf.  Rev.  Celt.,  m,  59;  IV,  152. 

3.  Vient  ensuite  une  hitroduction  divisée  en  trois  chapitres. 
Le  premier  (p.  49-65)  est  une  énumération  de  détails  relatifs 
aux  mutations  initiales.  Les  faits  ont  été  patiemment  recueillis, 
mais  leur  classement  n'était  pas  chose  facile,  et  l'auteur  n'a 
pas  toujours  réussi  à  dégager  les  lois  qui  régissent  une  ques- 
tion si  complexe. 

On  peut  trouver  à  redire,  par  exemple,  à  ces  passages  de  la 
page  61  :  «  Quand  deux  mots  tendent  à  se  fondre  en  un 
seul  »,  la  consonne  muable  initiale  du  second  s'adoucit.  Exem- 
ples :  i<.  a  du  vad,  disposé  à  ;  dour  huill,  pluie  abondante  ;  la- 
bour vad,  bon  ouvrage  ;  ar  Vihcl  Fra::^,  le  Grand  Vicaire  ; 
tra  vad,  bonne  action  ;  ober  vad,  faire  du  bien  (c'est  comme 
si  on  disait  :  ober  tra  vad);  dans  ces  exemples  les  mots  sont... 
du  genre  masculin...  Le  mot  inad,  par  une  licence  grammati- 
cale, adoucit  son  initiale  en  beaucoup  de  cas  ;  ex.  :  sans  aucun 
profit,  hep  vad  ebed  » . 

Le  principe  posé  d'abord  est  trop  vague  pour  être  pratique- 
ment utile  ;  et  il  s'appliquerait  aussi  bien,  en  théorie,  à  une 
mutation  quelconque.  En  effet,  toute  mutation  initiale  a  pour 
cause,  en  dernière  analyse,  une  composition  ancienne  qui 
faisait  que  l'initiale  apparente  devenait  médiale  et  était  traitée 
comme  telle.  La  question,  pour  le  grammairien  breton,  est  de 
savoir  dans  quels  cas  se  produisent  aujourd'hui  ces  groupe- 
ments de  mots  ;  la  tâche  du  linguiste  consiste  à  en  remonter 
autant  que  possible  l'histoire  et  à  en  déterminer  les  conditions 
primitives. 

Si  nous  entendons  la  règle  au  sens  restreint  que  M.  Moal  y 


Bibliographie.  385 

attache  sans  doute,  c'est-à-dire  en  l'appliquant  aux  mots  com- 
posés dans  l'acception  française  de  cette  expression,  nous  arri- 
vons à  quelque  chose  de  partiellement  exact.  On  peut  trouver 
une  certaine  ressemblance  entre  vikel  vra'^  et  le  français 
grand-prêtre.  Je  crois  que  la  mutation  dans  vihd  vras  est  une 
extension  de  celle  qui  est  régulière  dans  les  surnoms  comme 
Per  vra:i=  Pierre-le-Grand,  le  grand  Pierre  ;  cf.  a^en gorneh, 
«  âne  cornu  »,  ignorant,  expression  injurieuse  qui  s'est  peut- 
être  fixée  sous  la  forme  du  vocatif  (=  asine  *cornàce),  voir 
Rev.  Celt.,  XI,  365,  366;  an  u:^ulier  vras,  le  grand  usurier, 
Collection  Penguern,  Bibliothèque  Nationale,  ms.,  f.  celt.  n°  91, 
f°  163  (2  fois)  ^ 

4.  Les  autres  exemples  cités  par  M.  Moal  me  semblent  dif- 
férents. Lui-même  constate  que  la  forme  vad  a  souvent  sup- 
planté le  radical  mad  ;  et  dans  son  dictionnaire  il  le  prouve 
par  des  exemples,  sous  amélioration,  bien,  bienfait;  cf.  seis 
gwasvad,  sept  hommes  forts,  Gwer^iou  Br.-I^.,  II,  528.  On 
peut  comparer  en  léonais  va  pour  ma,  mon,  en  vannerais 
vennein  pour  mennein,  vouloir,  etc.,  cf.  Rev.  Celt.,  VII,  42. 

L'auteur  exphque  par  l'ellipse  de  ira,  chose,  la  locution 
obervad,  faire  du  bien,  où  M.  Loth  voit  un  archaïsme,  Rev. 
Celt.,  XI,  208;  ces  deux  théories  me  paraissent  peu  probables. 

On  peut  supposer  que  c'est  l'emploi  fréquent  de  l'adverbe 

I ,  Le  titre  de  cette  chanson  est  Uiiilicr  bras  ;  on  lit  aussi  an  n-{iilier  bras, 
fol.  163 ,  164  et  16).  M.  Luzel  l'a  publiée,  .Annales  de  Bretagne,  V,  494-499, 
en  mettant  uniformément  ann  tf{ulier  bra^.  11  y  a,  du  reste,  dans  cette  re- 
production, d'autres  inexactitudes  plus  graves.  Ainsi  les  deux  derniers  vers 
de  la  p.  496, 

Hoiinès  a  10  mad  d'ain  liennan, 
Dra  du  ii:{iilerienn  er  bed-man 

traduits,  p.  497,  «  celui-là  est  bon  à  m'ensevelir,  (à  mettre)  autour  des  usu- 
riers en  ce  monde  »,  sont  écrits  dans  le  texte  (fol.  164)  : 

—  Outie^  a  7^0  mad  da  liana 
Dra  da  uxidiere\  er  bed  man, 

ce  qui  signifie  :  «  celui-là  est  bon  à  t'ensevelir,  à  cause  de  ton  usure  en  ce 
monde  ».  Dra  est  une  erreur  pour  dre,  cf.  le  vers  7  du  même  folio,  Ne 
kredan  ked  va  naonegci  vras,  où  va  est  mal  écrit  pour  ve,  et  que  M.  Luzel  a 
transcrit  Na  gredan  ket  e  ve  naounerès  vra:^^.  Da  liana  pour  da:{  liana  est  une 
prononciation  fréquente,  cf.  Ra\  Celt.,  XV,  153. 


386  Bibliographie. 

'vad  pour  a-vad,  er-vad,  qui  a  déteint  sur  l'adjectif  et  le  nom 
mad  ;  cf.  mervad,  je  sais  bien,  de  me  oar  er-vad,  etc.  La  forme 
adoucie  a  également  gagné  du  terrain  dans  des  mots  de  sens 
voisin  :  petit  trécorois  vi  qe  well,  tu  ne  seras  pas  mieux  ;  wfl:( 
\e  d'it,  tant  pis  pour  toi,  au  lieu  de  gwell,  gwa:(. 

Mais  l'expression  ober  vad  n  est  point  isolée  :  on  trouve  de 
même  ober  van,  faire  mine,  faire  semblant,  P.  Grég.,  Troude, 
né  ra  vân  é-bed,  il  ne  fait  aucun  signe.  Le  Gonidec,  en  petit 
Tréguier  ober  vahn;  et  comme  ceci  vient  du  nom  féminin 
man,  ar  van,  il  est  naturel  d'expliquer  ober  vad  par  une  exten- 
sion de  l'emploi  de  la  forme  adoucie  dans  le  substantif  mad  : 
on  lit  ar  vad,  le  bien,  Gweri^.  Br.-I^.,  I,  54;  Sonjit  er-vad,  par 
G.  Milin,  1866,  p.  XII,  etc.  Cette  prononciation  spéciale  a 
l'avantage  pratique  de  distinguer  ober  mad,  faire  bien  (adverbe) 
de  ober  vad,  faire  du  bien,  et  hep  ober  manu,  sans  rien  faire,  de 
hep  ober  vahn,  sans  faire  mine. 

5.  La  prononciation  tra  vad,  bonne  chose,  ne  me  semble 
avoir  rien  de  particulier,  puisqu'on  dit  de  même  tragaer,  tra 
vraÂ^,  belle  chose,  grande  chose,  etc.,  et  aussi  eun  dra,  une 
chose.  Ce  que  ce  nom  a  d'extraordinaire,  c'est  que,  féminin 
dans  ces  circonstances,  il  prend  les  adjectifs  numéraux  mascu- 
lins daou,  tri,  pevar^,  deux,  trois,  quatre.  M.  Loth  a  cherché 
la  cause  de  cette  bizarrerie  dans  la  survivance  d'un  ancien 
neutre,  Rev.  Celt.,  XV,  96;  mais  il  est  bien  possible  que  le 
phénomène  ne  soit  pas  dû  à  une  cause  morphologique.  En 
français  quelque  chose  n'a-t-il  pas  aussi  les  deux  genres  ;  et  la 
contradiction  entre  eun  dra  =  «  une  machine  »  et  daou  dra 
=  «  deux  machins  »  est-elle  plus  illogique  que  celle  qui  sé- 
pare en  latin  una  dies  de  duo  dies  ? 

L'hypothèse  d'un  mot  neutre  tra  en  breton  ne  peut  guère 
être  appuyée  par  le  gallois  deigr,  larme,  expliqué  comme  un 
ancien  pluriel  neutre  =  *dacrû,  Rev.  Celt.,  XV,  95.  Car  deigr 
représente  plus  naturellement  un  pluriel  masculin  *  dacrl,  aussi 
peu  primitif  que  les  pluriels  comme  *  latrî,  *dracî,  *spadî, 
d'où  lleidr,  voleur,  draig,  dragon,  dy-sbaidd,  eunuque,  selon 
l'explication  de  M.   Schuchardt.  De   même  le  pluriel  gallois 

I.  On  lit  pourtant /ic'rfer  ;^ra  dans  un  proverbe  cité  Ann.  de  Br.,Vlll,  411. 


Bibliographie.  '  587 

cyni,  cornes,  breton  keni,  =  *conîî,  masc,  et  non  cornu, 
neutre;  cf.  gall.  cyrff,  les  corps,  eirf,  les  armes,  =  *corpï, 
*  annl  ;  cestyll ,  châteaux,  =  *castellî,  bret.  qestyl,  qestell,  Rev. 
Celt.j  XIV,  307  ;  erydr,  charrues,  ■=i*aratn,  bret.  alexi-,  are^^r, 
vannetais  érér,  P.  Grégoire  deRostrenen;  tcrydr,  tarières  = 
*taratrl  (le  van.  terér,  sing.,  Grég.,  est  probablement  un  an- 
cien pluriel,  comme  le  gall.  deigr). 

6.  A  du  vad  n'est  pas  dans  le  même  cas  que  les  autres  ex- 
pressions qui  contiennent  Tadjectif  vad;  il  semble  ici  que  a  ait 
fait  adoucir  à  la  fois  les  deux  initiales  de  tu  mad,  bon  côté.  On 
peut  comparer  la  locution  da  di  Vari,  chez  Marie,  signalée 
par  M.  Moal,  s.  v.  che^,  à  côté  de  //  Mari,  la  maison  de  Ma- 
rie. En  petit  Tréguier  on  dit  non  seulement  han  de  di  Vari, 
je  vais  chez  Marie,  mais  aussi,  dans  le  même  sens,  han  H  Vari, 
d'où,  par  extension,  hoh  H  Vari,  je  suis  chez  Marie  ;  //  bî 
'teus  prened  ~e,  chez  qui  as-tu  acheté  cela  ? 

7.  Reste  dour  buill,  qui  aurait  au  moins  autant  de  droit  que 
ira  vad  à  l'explication  discutée  §  5,  puisque  dour  répond  au 
neutre  gaulois  *duhron,  cf.  Vernodubrum.  Mais  je  verrais  plu- 
tôt ici  une  prononciation  abrégée  de  dour  a-buill  «  de  l'eau 
abondamment  »  ;  dans  ces  sortes  d'expressions  adverbiales  Va 
se  supprime  très  souvent  :  ia  'vat,  oui  certes,  etc. 

On  pourrait  expliquer  de  même  dour  vor,  eau  de  mer  (van. 
dèur  mor)  et  dour  vammenn,  eau  de  source,  Grég.,  pour  dour 
a  vor,  etc.  ;  cf.  dèn  a  vor,  un  marin,  Grég.,  den  a  vor,  Gwer- 
^iou  Brei:^-I:^el,  II,  iSo;  oviç~er  avor,  officier  de  marine,  oviç^er- 
vor,  marinier,  officier  marinier,  Grég.  Mais  il  y  a  encore  à 
tenir  compte  ici  de  plusieurs  analogies  possibles. 

C'est,  d'abord,  l'influence  réciproque  du  singuher  et  du  pluriel. 
Ainsi  oviç^er-vor  était  favorisé  par  le  pluriel  régulier  oviç^eryen- 
vor,  Grég.  ;  et  inversement  le  pluriel  trompilhou  vor,  trompettes 
marines,  Grég,,  a  dû  suivre  le  singulier  trompilh  vor  (fém.). 

Il  est  assez  naturel  aussi  que  la  règle  qui  veut  l'adoucis- 
sement du  second  terme  d'un  composé  à  la  façon  ancienne  ait 
été  étendue  parfois  à  des  formations  nouvelles  où  les  termes 
sont  dans  l'ordre  inverse.  On  disait  régulièrement  iiwr-vki:(, 
Grég.,  et  blei:^  Dior,  loup  marin;  blei^^-vor,  Grég.,  serait  une 
sorte  de  compromis  entre  ces  deux  formations  diverses.  L'ana- 


388  '  Bibliographie. 

logie  est  d'autant  plus  admissible  que  parfois  un  même  com- 
posé pouvait  rentrer  à  volonté  dans  l'une  ou  l'autre  catégorie. 
Ainsi  D.  Le  Pelletier  donne  «  den-blei^,  loup-garou,  c'est-à- 
dire  homme-loup  »,  cf.  van.  un  decn  bleydet,  Grég.,  un  deen 
bleidet,  Chalons  ms.,  littéralement  «  homme  changé  en  loup  »; 
mais  Grégoire  a  den-vlei:(,  qui  peut  s'entendre  «  loup  qui  est 
un  homme  »,  cf.  vieil  irlandais  rîgfâith  «  roi-prophète  »,  Htt. 
«  prophète  qui  est  roi  »,  prophète  royal,  gaul.  *ngovàtis. 
M.  Moal  explique,  p.  56,  dour-veJ,  hydromel,  par  «  eau  de 
miel  »,  tout  en  le  classant  par  inadvertance  dans  les  composés 
dont  le  premier  terme  est  régi  logiquement  par  le  second.  En 
ce  cas  dour-vel  serait  «  miel  à  l'eau  »  et  viendrait  d'un  gaulois 
*dubro-meli-  qui  n'a  d'ailleurs  rien  d'impossible,  cf.  grec  ûâpoixeXi. 

Les  expressions  à  sens  possessif  sont  pour  la  langue  une 
autre  cause  d'hésitation.  On  dit  cun  dén  pengatn,  un  homme  à 
tête  penchée,  =  * pcnnocambos ,  gall.  pengant  (littéralement 
«  qui  a  une  inclinaison  de  tête  »),  cf.  grec  y.£(paXo6ap-(^;  «  qui  a 
une  lourdeur  de  tête  »,  mais  eun  dcn  pen  gzven,  un  homme  à 
tête  blanche,  =  pennos  vindos,  malgré  le  gallois  peniuyn, 
=  gaulois  Uvnoojiwoo;;  il  est  clair  que  l'usage  aurait  pu  en 
décider  tout  autrement. 

Enfin  il  ne  faut  pas  oublier  que  le  genre  est  quelquefois 
instable  en  breton;  la  mutation  ne  peut  point  toujours  le  suivre 
pas  à  pas.  M.  Moal  note,  p.  56,  qu'on  dit  bran-vor,  cormoran, 
bien  que  le  mot  soit  masculin.  C'est  qu'il  a  commencé  par 
être  féminin. 

Un  composé  de  dour  qui  ne  donne  pas  prise  au  même  doute 
que  dour  buill,  c'est  dour  dom,  eau  chaude.  On  dit  aussi  dour 
:(om,  Grég.,  etc.,  et  cette  dernière  forme,  où  Troude  voyait 
un  caprice  inexplicable  de  la  langue  (Dictionnaire  français- 
breton,  V.  eau),  montre  avec  certitude  qu'elle  a  traité  dour  -\- 
toni  comme  un  seul  mot  ;  cf.  leur-^i,  sol,  plancher  du  rez-de- 
chaussée  d'une  maison,  Troude,  etc.,  Rev.  Celt.,  V,  126; 
leur-guar,  van.  leurhé  (avec  chute  de  l'r  par  dissimilation), 
aire  d'une  ville,  Grég.  Dour  tom  existe  également,  comme  en 
français  vin  aigre  à  côté  de  vinaigre'^. 

I .  J'ai  essayé  de  montrer,  Revue  MorUhannaisc,  I,  195,  que  penbas,  bâton 


Bibliographie.  ^80 

8.  Le  deuxième  chapitre  (p.  65-87)  est  intitulé  «  De  quel- 
ques celticismes  et  règles  de  construction  ».  On  y  trouve 
d'utiles  remarques  sur  la  dérivation  et  sur  différents  faits  de 
grammaire,  par  exemple  sur  les  nuances  de  signification  que 
peuvent  exprimer  certaines  formes  du  verbe,  p.  75,  76. 

Les  pages  69-92,  sur  le  superlatif,  contiennent  la  plus  ample 
collection  de  ces  expressions  intensives  qui  donnent  tant  de 
cachet  et  de  force  au  langage  breton  familier.  On  doit  savoir 
gré  à  l'auteur  d'avoir  établi  cette  liste,  quoique  encore  incom- 
plète, et  parfois  mal  distribuée.  Mais  l'examen  de  cette  ques- 
tion aussi  attrayante  que  difficile  nous  entraînerait  trop  loin 
en  ce  moment,  je  le  réserve  pour  un  prochain  chapitre  des 
Etudes  bretonnes. 

9.  Les  sons  ;  et  c/;sont  présentés,  p.  65,  comme  nouveaux 
en  breton,  et  amenés  par  une  prononciation  défectueuse  de:(  et 
s.  Cette  assertion,  empruntée  à  l'abbé  Roudaut,  qui  d'ailleurs 
avait  pu  la  prendre  lui-même  chez  Le  Gonidec,  Grammaire 
celto-bretonne,  1807,  p.  4,  5,  est  des  plus  inexactes.  Par  exem- 
ple, M.  Moal  dit  que  sench,  changer,  se  prononce  souvent 
chench  ;  en  réahté,  ce  mot,  qui  vient  du  français,  commençait 
toujours  par  le  son  ch  en  moyen  breton,  comme  il  est  facile  de 
s'en  assurer  (Dictionnaire  étymologique  du  bret.  moy.,  s.  v, 
chang).  C'est  sench  qui  est  une  altération  moderne  de  chench. 
D'ailleurs,  pour  être  logique,  il  eût  fallu  poser  comme  forme 
correcte  *  sens.  L'auteur  a  instinctivement  reculé  devant  cette 
conséquence  d'un  purisme  de  fantaisie  ;  mais  c'est  encore 
trop  d'avoir  posé  un  principe  si  dangereux.  Il  aurait  dû  lui  suf- 
fire d'avenir,  par  exemple,  qu'en  Tréguier  kroa^io,  des  croix, 
devient  souvent  kroajo,  comme  kroasiou  en  Léon,  kroachou  ;  et, 
s'il  y  tenait,  de  mettre  en  garde  les  écrivains  contre  l'abus  de 
cette  prononciation.  Mais  c'est  un  abus  autrement  grave,  de 
recommander  des  formes  corrompues  comme  sakrila^  pour  sa- 
krilaj,  sacrilège,  qui,  si  elles  existent,  sont  dues  à  un  zézaie- 
ment à  coup  sûr  fort  peu  répandu. 


à  gros  bout,  est  propretnent  pen  bas  «  bout  de  bâton  »,  cf.  le  diminutif 
baiig-pennek,  Cwer^.  Br.-I^.^  II,  88,  90,  et  que  peidvan,  pilier,  n'est  pas 
composé  de  mean,  pierre,  mais  dérivé  comme  tremenvafi,  passage. 

Revue  Celtique,  XV  26 


^  90  Bibliographie. 

A  quoi  bon  faire  la  guerre  à  un  son  très  fréquent  dans  tous 
les  dialectes  bretons,  et  dont  l'introduction  dans  la  langue  date 
d'au  moins  huit  siècles,  comme  l'a  montré  M.  d'Arbois  de 
Jubainville,  Rev.  Celt.,  III,  222-228  ?  C'est  comme  si  les  au- 
teurs français  se  mettaient  à  écrire  :{u^cr,  pour  faire  plaisir  aux 
habitants  de  la  Cannebière,  sous  prétexte  que  le  vulgaire  son  ; 
ne  remonte  pas  au  français  primitif,  puisqu'il  était  étranger 
au  latin.  Les  inventeurs  de  cette  prétendue  réforme  du  breton 
ont  négligé  de  s'enquérir  si  le  ^  français,  par  lequel  ils  veu- 
lent remplacer  le  malheureux  /,  est  plus  celtique  que  lui,  et 
plus  ancien  en  armoricain.  Les  témoignages  réunis  par  M.  d'Ar- 
bois de  Jubainville,  Etudes  grammaticales  sur  les  langues  celti- 
ques, I,  44,  pourraient  leur  inspirer  des  doutes  à  ce  sujets 

10.  La  lin  de  ce  chapitre  est  gâtée  par  des  fantaisies  éty- 
mologiques :  arvor,  bord  de  la  mer,  est  donné  comme  une 
corruption  abusive  de  var  vor,  p.  86,  puis  il  est  question, 
p.  87,  de  «  quelques  philologues  »  (!)  qui  voient  dans  cet  ar 
le  latin  area  et  l'hébreu  aram. 

Le  chapitre  III,  intitulé  v  Additions  »,  est  encore  plus  ré- 
préhensible  à  cet  égard.  Il  y  a,  par  exemple,  p.  88,  un  nou- 
velle explication  de  arvor  par  ar:{-nwr,  qui  est  aussi  peu  sérieuse 
que  les  précédentes  ;  p.  92,  une  généalogie  étonnante  de  mots 
bretons  qui  n'ont  d'autre  rapport  réel  que  de  commencer  éga- 
lement par  la  syllabe  mou,  etc. 

Ces  préoccupations  n'ont  pas  seulement  pour  eifet  fâcheux 
de  fournir  au  lecteur  des  notions  erronées  sur  le  sanscrit,  par 
exemple  (p.  88),  ou  sur  le  russe  (p.  92)  ;  elles  amènent  l'au- 
teur, p.  91,  à  brouiller  le  breton  et  l'hébreu  dans  une  préten- 
due règle  relative  aux  adjectifs  numéraux. 

Heureusement,  encore  une  fois,  de  tels  écarts  sont  excep- 

I .  Il  ne  faudrait  pourtant  pas  en  conclure  que  les  Bretons  n'aient  pas  eu 
le  son  français  du  i  avant  le  xix^  siècle.  D.  Le  Pelletier  le  mentionne,  p.  9 
de  son  dictionnaire:  «  Les  Bretons  ont  trois  sortes  de  S.  . .  .La  seconde  ne 
vaut  que  Z  entre  deux  voyelles,  &  après  l'article,  si  elle  commence  le  nom, 
comme  en  François  &  en  Latin,  selon  notre  prononciation  ».  Au  xviiie  siè- 
cle, 1'^  intervocalique  alterne  parfois  avec  :^  /  frcuesy  et  freneiy,  frénésie, 
Nouelou;  ce  i  devait  avoir  le  son  français.  Cette  prononciation  parait  même 
remonter  au  xyi^  siècle,  puisque  AmbroiseParé  a  écviXandraie,  cette  chose; 
mais  ce  ne  devait  être  encore  qu'une  mode  nouvelle  et  peu  répandue. 


Bibliographie.  591 

tionnels  ;  et  la  plupart  du  temps  ces  erreurs  relatives  à  l'his- 
toire de  la  langue  bretonne  restent  sans  effet  sur  l'exposé 
des  faits  actuels,  qui  est  le  seul  vrai  sujet  d'un  travail  en 
somme  consciencieux  et  estimable. 

11.  Dans  la  partie  lexicographique,  qui  commence  p.  97, 
le  fléau  de  l'étymologie  arbitraire  ne  sévit  que  de  loin  en  loin  ; 
par  exemple  aux  mots  abri,  altéré,  an,  curieux.  Les  éléments 
d'origine  latine  ou  française  en  breton  sont  parfois  assez  bien 
distingués  ;  voir,  entre  autres,  le  mot  adversité. 

L'auteur  a  pourtant  gardé  de  l'abbé  Roudaut  des  idées  pré- 
conçues sur  l'âge  de  certains  termes  tout  récents  ;  ainsi  il  qua- 
lifie de  «  vieux  »  nulli,  annuler,  sagrin,  chagrin,  et  regarde 
comme  possible  l'origine  bretonne  de  trankil,  tranquille  ! 

Une  autre  critique  qu'on  peut  lui  adresser,  c'est  que  d'or- 
dinaire il  ne  cite  pas  ses  sources.  Je  crois  pourtant  qu'il  a 
admis  quelques  mots  qu'il  n'a  pas  entendus  ;  tels  sont  niilgi, 
limier,  et  le  prétendu  vannetais  marounad,  chant  funèbre.  Il 
les  a  pris  aux  recueils  de  Troude,  mais  avant  de  les  donner 
ainsi  sous  sa  propre  responsabilité,  il  eût  bien  fliit  d'en  véri- 
fier la  présence  dans  la  langue  usuelle. 

12.  Ces  taches  n'ont  qu'une  importance  secondaire;  il  est 
juste  d'ajouter  que,  dans  la  grande  majorité  des  cas,  le  nouveau 
lexicographe  breton  parle  pertinemment  de  faits  réels,  dont 
quelques-uns  sont  intéressants  au  point  de  vue  linguistique. 

Ainsi  le  cornouaillais  dirik,  (vache)  en  chaleur,  est  l'adjectif 
dont  le  manuscrit  du  Catholicon  présente  le  verbe  dérivé  diri- 
gae^  «  estre  en  sault  »  (en  gallois  terica;  cf.  Glossaire  moyen- 
breton,  V.  tuer,  lech). 

Le  cornouaillais  ludik,  (truie)  en  chaleur,  est  pour  *  leudic 
(cf.  Rev.  Celt.,  XIV,  313),  =  gall.  llodic,  dérivé  de  llawd 
«  subatio  »,  irlandais  làlh,  rut,  que  M.  Bezzenberger  rap- 
proche du  slave  primitif  * /si;.  Ludic  présente  une  ressemblance 
trompeuse  avec  le  vendômois  lut,  m.,  «  état  des  chèvres  qui 
sont  en  chaleur  »,  cf.  le  verbe  lutter,  qui  «  se  dit  des  animaux 
qui  s'accouplent  »,  P.  Martellière,  Glossaire  du  Vendômois, 
1893  ;  et  avec  le  mot  du  bas-Gâtinais  lidoire,  ridoire  «  truie  en 
rut  »,  C.  Puichaud,  Revue  de  philologie  française  et  provençale, 
VII,  109,  127. 


392  Bibliographie. 

L'expression  e-leal-ia  !  eh  bien  oui  !  (s.  v.  bien)  confirme 
l'explication  de  nealia,  non  certes,  donnée  Rev.  Celt.,  XIII, 

354.  355- 

Poulifren,  f.,  miette,  zeste,  rien,  existe  en  petit  Tréguier  : 

eur  boulifen,  (pas)  un  brin.  L'origine  doit  être  la  même  que 
celle  du  morvandeau  poul,  poulite,  bouillie  de  farine  d'avoine, 
de  sarrasin,  etc.  «  Dans  quelques  textes  de  basse-latinité,  la 
polenta  semble  être  une  mesure  à  l'usage  des  meuniers...  Cette 
mesure  indiquait  vaguement  la  quantité  de  farine  nécessaire 
pour  donner  une  portion  de  bouillie,  une  quantité  à  peu  près 
équivalente  à  une  poignée  »,  E.  de  Chambure,  Glossaire  du 
Morvan.  Quant  au  suffixe  de  poulifren,  il  est  identique  à  celui 
de  engoulifrer,  cf.  engoulcr,  manger  goulûment,  dans  Targot 
du  peuple  ;  A.  Delvau,  Dictionnaire  de  la  langue  verte. 

Un  synonyme  de  poulifren  est  grinsen,  zeste,  que  M.  Moal 
écrit  aussi  krinsen,  miette,  rien,  et  qui  doit  répondre  au  mor- 
vandeau griche,  f.  «  gouttelette,  reste  de  liquide,  petite  quan- 
tité en  général  »  ;  E.  de  Chambure  cite  à  ce  mot  le  genevois 
grisse,  gruau;  cf.  allem.  grics. 

13.  Il  serait,  naturellement,  possible  de  donner  un  supplé- 
ment à  ce  «  Siipplétncnt  aux  dictionnaires  français-bretons  et  sur- 
tout au  dictionnaire  pratique  de  Monsieur  Troude  »  (c'est  le  titre 
que  porte  la  partie  lexicographiquc,  p.  97).  Je  vais  essayer  de 
le  faire  pour  un  seul  article  :  automne. 

Cette  idée  a  en  breton  une  riche  synonymie,  et  elle  jouit  du 
privilège  peu  commun  d'un  dicton  lexicographique  (Brizeux, 
Œuvres  complètes,  186 1,  t.  I,  p.  378).  Troude  avait  donné  les 
mots  suivants  : 

dilost-hanv,  dilost-han,  m.  ; 

van.  dilost  hag  er  ble,  m.  (il  fluidrait  ag)  ; 

dibenn-cost,  van.  dibenn-est,  m.  ; 

dianeost,  m.  ; 

rageost,  m.  ; 

dishar-am^er ,  m.; 

tréc.  hère; 

van.  er  mixeu  du. 

M.  Moal  en  supplée  deux  : 

ra^-arc'h  ; 


Bibliographie.  j  9  ] 

skub-deliou. 

On  peut  ajouter  : 

han-goan,  m.,  mot  qui  se  trouvait  dans  le  Dictionnaire  fran- 
çais et  celto-breton  de  Troude,  Brest,  1842;  cet  auteur  a  eu 
tort  d'y  renoncer,  il  est  employé  dans  un  proverbe  cité  par 
Grég.,  s.  V.  hiver,  cf.  Brizeux,  I,  378,  380;  han-goanv,  Sauvé, 
Proverbes,  828.  Le  dictionnaire  français  de  Le  Gonidec  a  aussi 
hah-goah,  m.  ; 

ar  mi::^you  du,  forme  léonaise  de  er  ini^eu  du,  citée  par  Gré- 
goire de  Rostrenen,  s.  v.  octobre  ; 

mare  scub-delyou,  Gr.,  litt.  «  l'époque  du  balayage  des  feuil- 
les »  ;  selon  D.  Le  Pelletier,  scub-dcliou  est  la  grande  marée  de 
l'équinoxe  de  septembre  ; 

van.  guenol,  gunol,  m..  Chai.  ms.  On  lit,  s.  v.  autonne: 
«  er  guenol  queru  mais  selon  M''  Ing.  er  guenol  signifie  sep- 
tembre et  non  l'autonne  »  ;  et  s.  v.  proposer  :  «  er  gunol  ma, 
cet  autonne  ».  Queru  veut  dire  Quervignac  et  Ing.  Ingui- 
niel,  cf.  Rev.  Celt.,  XI,  360;  voir  aussi  XIV,  225  ; 

calon-gouàn,  Vocabulaire  nouveau...,  sixième  édition,  Qiiim- 
per,  chez  la  veuve  Blot,  1778,  p.  9  ;  par  confusion  avec  calon, 
cœur,  Y>onr  kalan-goanv,  la  Toussaint,  cf.  Sauvé,  Prov.,  816, 
817,  818,  quel  an  gouà  «  le  jour  de  tous  les  saints  »,  Nomen- 
claior  de  1633,  p.  226,  van.  Kalan-Gouyan,  id.,  miss-Calan- 
gouian,  novembre.  Dictionnaire  de  L'A***  ;  Calan-Gouyan,  no- 
vembre, Officeu,  Vannes,  1870,  p.  921,  etc.  Le  proverbe 
donné  par  Brizeux,  I,  378,  où  hala-goan  est  traduit  «  au- 
tomne »,  paraît  un  arrangement  du  gallois;  cf.  H.  de  la  Vil- 
lemarqué.  Les  Bardes  bretons,  2^^  éd.,  p.  178; 

maro-amxer  en  Goello  et  Tréguier,  Rev.  Celt.,  \Y ,  162  ; 

kox-amxçr,  à  Saint-Mayeux,  Rev.  Celt.,  IV,  162; 

divex_-amser ,  Introduction  d'ar  vue^^  dévot,  par  Le  Bris, 
xv!!!*^  siècle,  ancienne  édition,  p.  330;  dive:(_  amser,  éd.  de 
Quimper,  chez  Y. -Y. -L.  Derrien,  p.  330; 

penn  ar  bloa^,  Brizeux,  I,  378; 

autom,  Nomenclator  de  1633,  p.  223.  Voilà  un  mot  qui 
prouve  que  les  langues  n'empruntent  pas  seulement  par  be- 
soin !  C'est  pourtant  la  seule  expression  que  fournisse  le  No- 
menclator. 


jc)4  Bibliographie. 

Saison  diûehan,  litt.  «  dernière  saison  »,  premier  équivalent 
breton  que  donne  Chalons  ms.  pour  le  français  autonne,  paraît 
être  plutôt  une  définition  qu'une  traduction. 

«  Nos  Bretons  »,  dit  D.  Le  Pelletier,  s.  v.  ra^-arch,  «  n'ex- 
priment ni  le  Printems,  ni  l'Automne  en  un  seul  mot  ».  En 
ce  qui  concerne  cette  seconde  saison,  la  remarque  est  démen- 
tie par  le  trécorois  hère.  Le  plus  ancien  témoignage  à  moi 
connu  de  cette  acception  est  celui  de  Le  Brigant,  avocat  à  Tré- 
guier,  qui,  dans  ses  Eh'mens  de  la  langue  des  Celtes,  Strasbourg, 
1779,  donne,  p.  50  :  «  an  éré,  l'automne  »  ;  mais  elle  doit  re- 
monter bien  plus  haut,  comme  l'indique  le  gallois  hydref.  En 
petit  Tréguier,  hérc  désigne  l'époque  des  semailles  ;  on  en  a 
tiré  le  dérivé  hérees  :  ober  va  hérees  val  vid  hla,  c'est-à-dire  amxer 
val  vid  an  hère,  il  fliit  mauvais  temps  pour  les  semailles,  cette 
année.  A  Gommenec'h,  héries  se  dit  de  la  mue  des  oiseaux  (cf. 
De  l'urgence  d'une  exploration  philologique  en  Bretagne,  Saint- 
Brieuc,  1877,  p.  8)  ;  à  Trévérec  on  emploie  hère  dans  ce  sens  : 
'mah  'yîr  ober  0  hère,  les  poules  font  leur  mue. 

L'autre  partie  de  l'assertion  de  D.  Le  Pelletier  est  aussi 
contredite  au  même  passage  de  Le  Brigant,  qui  rend  «  le 
printems  »  par  an  anv,  et  «  l'été  »  par  an  est.  Ceci  est  plus 
exact  qu'on  ne  le  croirait  tout  d'abord.  Le  P.  Grégoire  traduit 
«  paquerete  »  par  boqcdou  hah,  bocqedou  an  hah  et  bocqedou  an 
nèvei-amser,  ce  qui  veut  dire  également  «  fleurs  du  printemps  », 
et  non  «  fleurs  d'été  »,  comme  Troude  explique  bokejou-hanv. 
Dans  l'usage  du  petit  Tréguier,  bokodo  'n  hah  ne  s'applique 
pas  aux  pâquerettes,  mais  aux  primevères,  fleurs  essentielle- 
ment printanières,  comme  leur  nom  français.  Et  il  ne  saurait 
y  avoir  de  doute  sur  cette  attribution  :  les  enfants  trécorois 
connaissent  fort  bien  la  primevère  vulgaire,  dont  ils  mangent 
la  fleur  avec  plaisir. 

La  confusion  entre  le  printemps  et  l'été  semblerait  avoir 
provoqué,  inversement,  l'emploi  de  animer  neve  au  lieu  de  hafi, 
dans  ce  vers  du  Bar:^a:[^  Brei:{  (p.  433)  : 

Errii  ann  animer  neve  endro  g  and  mi^  even, 
littéralement  «  voici  le  printemps  de  retour,  avec  le  mois  de 


Bibliographie.'  395 

juin  »  ;  exagération  contraire  à  celle  que  s'est  permise  Boileau, 
Satire  III,  v.  83  : 

Point  de  glace,  bon  Dieu  !  dans  le  fort  de  l'été  ! 
Au  mois  de  juin  1  ! 

Mais  il  est  bien  possible  que,  dans  la  chanson  bretonne,  la 
mention  de  juin  ait  remplacé  celle  d'un  autre  mois;  cf.  les 
passages  similaires  cités  Revue  Morbihannaise,  I,  377. 

Quant  à  l'emploi  de  est  «  août  »,  pour  «  été  »,  il  n'a  rien 
d'invraisemblable  ;  comparez,  par  exemple,  la  formation  des 
deux  noms  de  l'automne  dilost-hah  «  la  queue,  la  suite  de 
l'été  »,  et  dihenn-eost ,  dibenn-est,  le  bout,  la  suite  de  l'août  (ou 
de  l'été).  Cette  dernière  expression  nous  a  conservé  le  corres- 
pondant armoricain  du  gallois  dyben,  fin,  conclusion. 

E.  Ernault. 


I .  Littré  distingue  l'été  astronomique  de  l'été  météorologique  ;  ce  dernier 
«  qui  est  le  véritable  été  dans  le  sens  populaire  »,  «  commence  du  10  au 
I)  mai,  et  va  jusqu'au  iS  ou  20  août  ». 


CHRONIQUE 


SOMMAIRE:  I.  Le  P.  Hogan,  Todd  Lectures,  vol.  V.  —  11.  Joyce,  Old  Celtic  Ro- 
mances, 2"  édition.  —  111.  Cameron,  Rcliquiae  Celticae,  t.  11.  —  IV.  Jusserand. 
Histoire  littéraire  du  peuple  anglais.  —  V.  Nominations  de  celtistes.  —  VI.  M.  Ans- 
combe  et  la  chronologie  irlandaise.  —  Vil.  Haverfield,  Roman  inscriptions  in  Bri- 
tain.  —  Vlll.  Réunion  annuelle  de  l'association  cambrienne  d'archéologie. 


I. 

Le  Père  E.  Hogan, /eJ/ow  de  l'Université  royale  d'Irlande,  vient  de  pu- 
blier, aux  frais  de  l'Académie  d'Irlande,  un  volume  de  140  pages,  Todd 
Lectures,  vol.  V,  dont  le  prix  modéré,  2  shillings  6  pence,  soit  3  fr.  10,  est 
à  la  portée  des  bourses  les  plus  modestes  d'étudiants;  dans  l'enseignement 
ce  livre  pourra  être  fort  utile  ;  chaque  page  est  divisée  en  deux  parties  :  en 
bas  un  texte  hagiographique  latin,  en  haut  la  traduction  de  ce  texte  faite  en 
irlandais  du  XF  au  xiv^  siècle. 

Un  résultat  de  la  comparaison  du  texte  latin  avec  le  texte  irlandais  sera  de 
faciliter  —  aux  étudiants  qui  savent  le  latin  —  la  préparation  du  texte  avant 
le  cours.  Cette  comparaison,  en  outre,  pourra  fournir  de  temps  en  temps 
au  professeur  le  moyen  d'égayer  la  leçon  aux  dépens  de  ces  bons  prêtres  ir- 
landais du  xi'^  au  xiv«  siècle,  fort  vertueux  sans  doute,  mais  qui  n'étaient 
pas  aussi  savants  que  leurs  prédécesseurs,  les  contemporains  de  nos  rois 
mérovingiens,  de  Charlemagne  et  de  Charles  le  Chauve.  Un  passage  typique 
est  celui  où,  p.  87,  Martinus  [S]abariae  Pannoniae  oppido  oriundus  fuit  est 
rendu  par  Martain  do  Fraiigcaih  a  chenel,  «  Martin  était  français  de  nais- 
«  sance  ».  Celui  qui  a  écrit  ces  mots  ne  savait  pas  ce  que  c'était  que  la  Pan- 
nonie,  mais  on  ne  l'ignorait  pas  en  Irlande  au  ix^  siècle,  Dicuil  en  est  témoin  ' . 

Les  traducteurs  irlandais  reproduits  par  le  Père  Hogan  connaissaient  la 
langue  latine  mieux  que  la  géographie,  cependant  leur  procédé  de  traduction 
peut  être  discuté.   Un  exemple  se  présente   à  la   première  page,  dès  la 

I.  Rhetia  minor,  Noricus,  Pannonia,  Illiricum,  Dalmatia,  Liburnia 
finiunt  ab  oriente  Dardania,  ab  occidente  flumine  Rheno,  a  septentrione  flu- 
mine  Danubio,  a  meridie  mari  Adriatico.  Dicuili  liber  de  mensura  orhis  ter- 
rae,  édition  Parthey,  p.  9,  1.  11-13. 


chronique.  397 

troisième  ligne  du  texte  irlandais  et  du  texte  latin  imprimé  au-dessous. 
Dans  le  texte  latin  se  trouve  l'accusatif  singulier  comitem,  rendu  en  irlan- 
dais par  imchùvu't.  Tout  le  monde  sait  que  le  latin  cornes,  comitis  est  un  nom 
d'agent  signifiant  «  compagnon  ».  Imchoniet,  mieux  imchomét,  a  le  mérite 
d'offrir  à  peu  près  le  même  son  que  le  mot  latin,  mais  c'est  un  terme  abs- 
trait, en  irlandais  moderne  iomhchoimhcd,  qu'O'Reilly  rend  par  giiarding, 
protecting ;  ce  mot  est  composé:  lodu  préfixe  i»i,  qui  a  ici  valeur  augmen- 
tative  {Grammalica  ccltica^,  p.  877),  2°  du  substantif  comcit,  corné t ;  or  l'ir- 
landais comét  glose  le  latin  custodia  dans  le  célèbre  ms.  irlandais  de  Milan, 
VIII*  siècle,  fol.  139  c,  7,  édition  Ascoli,  p.  564.  Ce  substantif  sert  d'infinitif 
à  un  verbe  dont  le  thème  est  com-ô-  —  probablement  pour  com-âuô-,  com- 

ûuë qui  veut  dire  servare,  ciistodire,  sur  lequel  on  peut  consulter  Ascoli, 

Glossarùim  palaeo-hibernicum,  p.  cix,  cx;  Thurneysen,  Revue  Celtique,  VI, 
139;  Windisch,  Irische  Texte,  t.  I,  p.  441.  Du  reste  imchomét  est  identique 
au  mot  imchoimét  rendu  par  guarding,  p.  758  du  glossaire  qui  termine  l'édition 
des  Passions  et  Homélies  irlandaises  donnée  par  M.  R.  Atkinson. 

Naturellement  le  Père  Hogan  ne  cite  pas  la  traduction  de  comitem  par 
imchomét  comme  un  exemple  des  cas  où  la  traduction  de  M.  Whitley  Stokes 
—  ici  «  le  garder  «  to  giiard  him  {The  tripartite  Life,  t.  I,  p.  29,  1.  14;  cf. 
p.  28,  1.  Il),  —  doit  être  corrigée  par  la  comparaison  avec  le  texte  latin. 

Toutefois,  sans  songera  contester  l'intérêt  que  présente  la  publication  du 
Père  Hogan  et  son  utilité,  je  crois  que  le  savant  auteur  s'exagère  la  valeur 
de  quelques-unes  des  rectificatior  ""l'elle  lui  semble  autoriser  à  faire  aux 
traductions  proposées  avant  lui.  Dans  le  i.iber  Augueli  conservé  par  le  Livre 
d'Armagh,  fol.  20,  h.  2,  saint  Patrice  parle  des  «  quelques  élus  «,  quosdam 
electos,  qui  se  produiront  un  jour  en  Irlande.  M.  Whitley  Stokes  a  publié  ce 
texte,  The  tripartite  Life,  t.  II,  p.  353,  1.  5.  L'écrivain  irlandais  auquel  on 
doit  la  Vie  tripartite  a  rendu  le  latin  electi  par  maicc  bethad  (édition  Whitley 
Stokes,  t,  I,  p.  234,  1.  9),  efM.  Whitley  Stokes  a  traduit  maie  bethad  par 
«  fils  de  vie  »,  sons  of  life.  La  même  formule  irlandaise,  mac  bethad,  se 
trouve  dans  le  même  ouvrage  irlandais,  ibid.,  p.  84,  1.  20,  et  a  été  rendue 
de  la  même  façon  par  le  savant  anglais,  ibid.,  p.  85.  Suivant  le  Père  Hogan, 
M.  Whitley  Stokes  a  dans  les  deux  cas  dépassé  son  droit  de  traducteur.  Il 
aurait  du  écrire  elects  «  élus  ».  De  même,  M.  Atkinson,  dans  son  livre  inti- 
tulé The  Passions  and  the  Homilies,  rencontrant  l'expression  opposée  :  a  vieic 
in  bais,  p.  109,  1.  2426,  l'a  rendue,  p.  354,  par:  0  son  of  death  «  ô  fils  de 
mort  ».  Erreur,  dit  le  Père  Hogan,  l'expression  irlandaise  est  la  traduction 
du  latin  impius,  «  impious  »,  «  impie  ».  M.  Atkinson  aurait  dû  imprimer 
impious. 

Je  ne  suis  pas  convaincu  que  cette  critique  soit  fondée.  Si  l'auteur  irlan- 
dais de  la  Vie  tripartite  avait  voulu  rendre  littéralement  le  latin  electus,  il 
aurait  écrit  toghtha,  participe  passé  passif  du  verbe  toghaim,  «  eligo  »  ;  mais 
il  avait  désiré  donner  à  sa  traduction  quelque  chose  de  Httéraire  qui  man- 
quait à  l'original.  Voilà  pourquoi  il  3l  cent  maicc  bethad  «  fils  de  vie»,  s'ins- 
pirant  d'une  formule  employée  par  saint  Paul,  Première  aux  Thessaloniciens , 
c.  V,  V.  5  :  Vos  filii  lucis  estis  et  filii  diei.  L'exclamation  a  maie  bais  «  ô  fils 


398  Chronique. 

de  mort  »,  est  également  une  forme  élégante  substituée  à  l'expression  inco- 
lore iinpius,  en  irlandais  cïontach  ou  neimhdhiadha.  Ainsi  la  critique  du  Père 
Hogan  effacerait  impitoyablement  ce  qui  fait  la  valeur  littéraire  du  texte  ir- 
landais. 

Il  y  a  d'autres  circonstances  où  l'on  peut  douter  du  mérite  des  traductions 
nouvelles  que  le  P.  Hogan  propose  sur  la  foi  du  texte  latin.  La  vie  latine 
de  sainte  Brigit  attribue  une  seconde  vue  à  cette  vierge  merveilleuse.  Brigit, 
se  trouvant  avec  l'évêque  Ere  et  avec  plusieurs  autres  personnes,  lui  aurait 
dit  un  jour  ;  «  Il  y  a  maintenant  une  guerre  entre  ta  famille  et  une  autre  », 
mine  helhiin  gcritiir  inter  tuam  gentem  et  aliam.  Elle  voyait  un  combat  à  une 
distance  qui  le  rendait  invisible  pour  toute  autre  personne.  Les  mots  corres- 
pondant à  aVuwi  gentem,  dans  la  traduction  irlandaise,  sont  a  comaithgiii, 
Whitley  Stokes,  Three  middle-irish  Homilies,  p.  70,  et  le  savant  anglais  a 
rendu  cette  expression  par  Us  neighbours  «  ses  voisins  ».  M.  Ascoli  a  placé  le 
mot  comailhech  dans  son  Glossarimn  palaeohiberniciim,  p.  l  ;  et  il  le  traduit 
par  viciniis,  proprie  qui  una  vel  contigue  agros  conducit.  Il  y  a,  suivant  moi, 
dans  cette  indication  du  sens  propre  du  mot  une  légère  erreur  de  droit.  On 
appelait  comailhech  ceux  qui  tenaient  du  même  chef  non  pas  des  terres,  mais 
des  bestiaux,  un  cheptel.  Or  habituellement  ces  vassaux  du  même  chef 
étaient  voisins  les  uns  des  autres;  de  là  le  sens  dérivé  vicinus  «  voisin  », 
neighhotir.  Le  sens  de  «  voisin  »  est  évident  au  t.  I,  p.  260,  1.  10  des  An- 
cient  latvs  oj  Ireland,  où  il  est  question  des  quatre  comaithchiu  d'un  champ  : 
deux  joignent  sur  les  côtés,  deux  touchent  par  les  bouts.  En  rendant  diam 
ventem  par  comalthgiu,  l'auteur  irlandais  de  la  vie  publiée  par  M.  Whitley 
Stokes  dans  ses  Three  middle-irish  Homilies  a  prouvé  qu'il  était  un  arrangeur 
et  non  un  traducteur,  et  ceux  qui  voudront  se  convaincre  qu'il  n'était  pas 
seul  à  entendre  son  rôle  de  cette  façon  n'auront  qu'à  se  reporter  au  passage 
correspondant  chez  le  même  M.  Whitley  Stokes,  Lives  of  saints from  the 
Book  of  Lismore,  p.  90,  1.  1669,  où  le  latin  aliam  gentem  n'est  pas  traduit  du 
tout.  Brigit  dit  à  l'évêque  Ere  :  «  Il  y  a  bataille  entre  les  gens  de  ta  tribu  », 
itir  do  thuaith-si. 

De  ces  critiques  et  de  quelques  autres  '  que  je  pourrais  y  ajouter,  on  au- 
rait tort  de  conclure  qu'il  n'y  ait  rien  de  nouveau  à  apprendre  dans  le  livre 
du  Père  Hogan.  Je  suis  d'une  opinion  tout  opposée,  sans  partager  cependant 
sur  tous  les  points  la  manière  de  voir  de  l'érudit  auteur. 

Je  terminerai  en  disant  un  mot  des  observations  qu'à  la  p.  vu  de  sa  pré- 
face, il  adresse  à  M.  Kuno  Meyer  à  propos  de  la  critique  faite  par  ce  savant, 
Revue  Celtique,  t.  XV,  p.  114,  des  traductions  contenues  dans  le  tome  II  de 

I .  Ainsi,  préface,  p.  xi,  le  Père  Hogan  dit  qu'il  ne  faut  pas  traduire  âasal- 
decon  par  «  archidiacre  »,  «  archdeacom^  ;  or,  dans  son  texte,  p.  i,  1.  5,  hua- 
saldecoii  (The  tripartite  Life,  t.  I,  p.  30,  1.  13)  est  la  traduction  irlandaise  du 
latin  archidiaconus,  même  page,  1.  15  (The  tripartite  Life,  t.  II,  p.  272, 
1.  15).  Dans  quelques  cas  uasal  decon  doit  être  rendu  par  «  illustre  diacre  », 
mais  il  est  un  peu  hardi  de  s'exprimer  sur  ce  point  d'une  façon  absolue  et 
sans  exception. 


Chronique.  jgc) 

la  Silva  Gadelica  publiée  par  M.  Standish  O'Grady.  Suivant  le  Père  Hogan, 
M.  Standish  O'Grady  aurait  rendu  h-eith  aithrige  par  «  pénitence  »,  penatice, 
et  M.  Kuno  Meyer  se  serait  trompé  en  donnant  la  traduction  «  jugement  de 
pénitence  y>,jiidgmeHt  of  penance.  Cette  critique  de  la  critique  est  peut-être  un 
peu  hâtive.  M.  Standisli  O'Grady,  dont  le  Père  Hogan  prend  la  défense,  a 
imprimé,  t.  I,  p.  5,1.  35,  hnith  aithrige  pour  breith  aithrighc,  et  t.  Il,  p.  6, 
1.  4,  il  a  traduit  par  «  dure  pénitence  »,  sore  penance,  cette  locution  mal  lue 
par  lui,  et  dont  le  sens  littéral  est  «  jugement  de  pénitence  ».  Au  t.  I, 
p.  II,  1.  2j,  M.  Standish  O'Grady  avait  laissé  dans  le  fond  de  son  écritoire 
le  mot  aithrige,  «  de  pénitence  »,  qui,  dans  le  manuscrit,  suit  immédiatement 
le  mot  hreithei)ihnas  «  jugement  »,  et  dans  sa  traduction,  t.  II,  p.  13,  1.  7, 
on  trouve  jiidgnient,  «  jugement  »,  et  natureUement  aithrige  «  de  pénitence  », 
of  penance,  n'est  pas  traduit.  Ainsi  le  Père  Hogan  fait  à  M.  Standish 
O'Grady  l'honneur  d'une  traduction  exacte  qui  n'existe  pas  et  qui  était  im- 
possible, par  l.'effet  d'inexactitudes  dans  la  transcription  du  manuscrit  ;  je  ne 
vois  pas  comment  M.  Kuno  Meyer  s'y  serait  pris  s'il  avait  voulu  exposer 
d'une  façon  plus  brève  et  plus  littéraire,  comme  le  prétend  le  savant  jésuite, 
les  rectifications  qu'exige  la  publication  de  M.  Standish  O'Grady.  M.  Stan- 
dish O'Grady,  Silva  Gadelica,  t.  II,  p.  4,  1.  16,  en  traduisant  par  lay  on 
him  a  penance  «  lui  imposer  une  pénitence  »,  la  formule  breithemnas  aithrige 
do  chengal  air,  t.  I,  p.  4,  1.  8,  9,  s'est  exprimé  avec  plus  d'élégance  qu'un 
des  collaborateurs  de  la  Revue  Celtique,  t.  XV,  p.  84,  1.  12  «  jugement  de 
repentir  lier  à  nous  »  (lise:{^  moi).  Je  l'admets  volontiers.  Mais  ce  que  l'au- 
teur français  de  ce  membre  de  phrase  voulait  nous  donner  était  un  mot- 
à-mot  et  non  une  traduction. 

Ces  observations  ne  m'empêchent  pas  de  croire  que  le  livre  du  Père  Hogan 
pourra  dans  l'enseignement  rendre  de  grands  services. 


IL 

M.  Joyce  a  fait  paraître  en  1879  la  première  édition  de  ses  Old  celtic  ro- 
viances.  C'est  un  recueil  d'une  incontestable  valeur  littéraire  et  dont,  par  ce 
motif,  M.  H.  Gaidoz  a  fait  avec  raison  un  compte  rendu  bienveillant  qu'on 
peut  relire  dans  la  Revue  Celtique,  t.  IV,  p.  279.  M.  Joyce  vient  de  donner 
une  seconde  édition  de  ce  livre  à  la  librairie  David  Nutt,  de  Londres.  Pour 
attester  un  succès,  il  n'y  a  pas  de  meilleure  preuve.  Toutefois,  je  regrette 
que  l'auteur  n'ait  pas  profité  de  l'occasion  qui  se  présentait  pour  remanier 
sa  préface  et  lui  donner  un  caractère  un  peu  plus  scientifique.  M.  Joyce  a 
publié  deux  livres  qui  montrent  en  lui  un  véritable  érudit  :  The  Origin  and 
History  of  Irish  Nantes  of  Places,  et  Keating  for  Students  of  Gaelic.  Mieux  que 
personne,  il  sait  que  parmi  ses  «  vieux  romans  celtiques  »,  Old  celtic  ro- 
mances, il  y  en  a  un  dont  l'auteur  était  contemporain  de  Voltaire  et  de 
Rousseau  et  vivait  au  milieu  du  siècle  dernier,  c'est  le  poème  intitulé  Oisin 
ar  thir  na  n-ôg,  composé  par  Michel  Comyn,  auteur  aussi  du  roman  de  To- 
rolbh  mac  Stairn,  comme  l'a  expliqué  M.  Brian  O'Looney  dans  une  lettre 


400  Chronique. 

datée  de  1858  et  publiée  l'année  suivante  dans  le  tome  IV  des  Transactions 
of  the  Ossianic  Society,  p.  229-2324. 

La  plus  grande  partie  des  contes  publiés  par  M.  Joyce  ne  remonte  pas 
beaucoup  plus  haut  que  025^»  ar  thir  na  n-ôg.  Je  ne  parle  pas  de  la  langue 
qui  pourrait  avoir  été  remaniée,  mais  il  faut  n'avoir  qu'une  pratique  très 
superficielle  de  la  vieille  littérature  irlandaise  pour  s'imaginer  que  des  contes 
comme  celui  des  fils  de  Ler  et  des  fils  de  Turenn  soient  de  même  date 
que  par  exemple  la  légende  de  Derdriu  et  des  fils  d'Usnech.  Autant  vaudrait 
nous  donner  pour  contemporains  de  la  Cliaiison  de  Roland  les  derniers  romans 
de  la  geste  de  Charlemagne  et  la  Bibliothèque  bleue.  Brian,  luchar  et  Uar 
ou  lucharba,  qui  sont  les  trois  fils  de  Turenn  dans  le  conte  traduit  par 
M.  Joyce,  ont  pour  père  Bress  et  pour  mère  Brigit  dans  la  plus  ancienne 
littérature  de  l'Irlande  qui  fait  d'eux  trois  dieux  (Livre  de  Leinster,  p.  30, 
col.  4,  1.  40-42,  et  p.  187,  col.  3,  1.  55-59).  Dans  cette  vieille  littérature 
Turenn  s'appelle  Turill  Picreo,  meurt  à  la  première  bataille  de  Mag  Tured 
et  on  ne  lui  connaît  pas  d'enfants  (Livre  de  Leinster,  p.  11,  col.  i,  1.  24). 
Tout  ce  qui  dans  cette  ancienne  littérature  s'accorde  avec  le  conte  moderne, 
c'est  que  Brian,  luchar  et  Uar  ou  lucharba  ont  tué  Cian,  père  du  dieu 
Lug,  et  que  le  dieu  Lug  a.  vengé  cette  mort  par  la  leur.  Livre  de  Leinster, 
p.  II,  col.  I,  2,  1.  28  ;  col.  2,  1.  2,  5.  A  leur  sujet,  M.  Joyce  renvoie  au 
glossaire  de  Cormac,  où  il  n'est  question  d'eux  que  dans  le  commentaire 
anglais  et  dans  les  notes  ajoutées  à  la  traduction  anglaise  d'O'Donovan  dont 
la  publication  est  due  à  M.  Whitley  Stokes. 

Le  livre  de  M.  Joyce  est  expurgé  comme  les  éditions  classiques  du  père 
Jouvency.  La  mère  peut  en  permettre  la  kcture  à  sa  fille.  Je  recommande  à 
ceux  qui  voudront  s'en  assurer  le  début  de  la  pièce  intitulée  «  Voyage  de 
Maelduin  »  (M.  Joyce  écrit  Maildun),  p.  112,  et  le  chapitre  xxviii  du 
même  morceau,  p.  152,  où  sont  racontées  les  aventures  du  héros  et  de  ses 
compagnons  dans  une  certaine  île.  Il  flmt  comparer  le  récit  de  M.  Joyce 
avec  le  texte  publié  par  M.  Whitley  Stokes,  Revue  Celtique,  t.  IX,  p.  452-455, 
et  t.  X,  p.  63  et  suivantes.  Le  «  Voyage  de  Mael  Duin  »,  traité  à  la  façon 
de  M.  Joyce  distraira  innocemment  les  oisifs  :  on  leur  recommandera  sans 
danger  les  Old  celtic  Romances  ;  quant  aux  érudits,  ce  livre  pourra  souvent 
les  égarer,  s'ils  acceptent  sans  contrôle  les  renseignements  qu'il  fournit. 

Dans  sa  préface,  M.  Joyce  donne  des  indications  sur  les  éditions  anté- 
rieures auxquelles  le  lecteur  pourra  se  reporter  s'il  a  le  sens  critique.  Mais 
cette  bibliographie  n'est  pas  complète.  M.Joyce  paraît  ignorer,  par  exemple, 
qu'en  1892,  M.  St.  O'Grady  a  publié  dans  sa.  Si Iva  Gadelica,  t.  I,  p.  233, 
le  texte  original  du  «  Débordement  de  Lough-Neagh  »,  avec  une  traduction 
anglaise,  t.  II,  p.  265  ;  qu'en  1893,  le  voyage  des  Hui  Corra  a  paru  dans  la 

I.  L'édition  donnée  par  la  Société  ossianique  est  précédée,  p.  228,  d'un 
avertissement  qui  commence  ainsi  :  «  The  Council  of  the  Ossianic  Society 
do  not  hold  themselves  responsible  for  the  authenticity  or  antiquity  of  the 
following  Poem  ;  but  print  it  as  an  interesting  spécimen  of  the  most  récent 
of  the  Fenian  Stories. 


Chronique.  401 

Revue  Celtique,  t.  XIV,  p.  22,  grâce  à  M.  Whitley  Stokes.  Il  ne  sait  pas, 
semble-t-il,  que  les  Aventures  de  Condla  ont  été  insérées  par  M.  Windisch 
dans  sa  Kur:;^efasste  irische  Grammatik,  p.  i  i8,en  1879  ;  de  là  l'erreur  qui  lui 
fait  donner  à  ce  personnage  le  surnom  de  cdin  «  joli  »,  au  lieu  de  cam 
«  bossu  »,  etc.,  etc. 

Le  livre  de  M.  Joyce  est  amusant,  mais  aussi  —  on  le  dira,  je  crois,  sans 
blesser  M.  Joyce  —  il  est  peu  scientifique,  et  ce  défaut  —  ou  cette  qualité 
—  a  été  voulu  par  l'auteur,  qui  aurait  pu  donner  à  son  œuvre  un  tout 
autre  caractère,  si  cela  lui  eût  convenu  :  mais  il  aurait  trouvé  moins  de  lec- 
teurs —  surtout  moins  de  lectrices  —  et  d'acheteurs,  et  il  n'aurait  proba- 
blement pas  la  gloire  d'une  seconde  édition. 


III. 

La  Revue  Celtique  en  1892,  t.  XIII,  p.  408,  409,  a  annoncé  l'apparition 
du  premier  volume  des  Reliquiae  cdticae,  iexts,  papers,  and  studies  in  gaelic 
literature  and  philology,  laissés  par  feu  Alexandre  Cameron  et  mis  au  jour 
par  MM.  Alexandre  Macbain  et  John  Kennedy  (Inverness,  chez  l'éditeur  du 
Northern  counties  Ncivspaper).  Nous  avons  reçu  le  second  volume  de  cette  in- 
téressante publication. 

Il  contient  660  pages  et  on  y  peut  distinguer  trois  parties.  La  première  et 
la  plus  considérable  consiste  en  reproductions  de  manuscrits  gaéliques 
d'Ecosse  du  dix-septième  et  du  dix-huitième  siècle.  La  seconde  comprend 
un  recueil  de  proverbes  actuellement  usités  et  de  traductions  toutes  récentes 
d'hymnes  religieuses  anglaises.  La  troisième  consiste  en  leçons  faites  à 
Glascovv  de  1868  à  1884  et  en  divers  mémoires,  le  tout  concernant  le  vo- 
cabulaire et  la  grammaire  gaéUqucs  d'Ecosse. 

Disons  d'abord  quelques  mots  de  la  première  partie.  Le  premier  document 
publié  est  le  livre  de  Fernag,  recueil  de  poésies  lyriques  écrit  en  1688  et  les 
années  suivantes.  Le  second  est  le  Livre  de  Clanranald,  conservé  par  deux 
manuscrits,  le  Livre  rouge  et  le  Livre  noir,  tous  deux  du  dix-huitième 
siècle  ;  une  portion,  rédigée  en  prose,  paraît  avoir  un  grand  intérêt  pour 
l'histoire  moderne  d'Ecosse ,  le  reste  est  en  vers.  Le  troisième  est  le  ma- 
nuscrit Turner,  n"  XIV  de  la  Bibliothèque  des  avocats  d'Edimbourg,  recueil 
de  morceaux  lyriques  du  dix-huitième  siècle.  Le  quatrième  consiste  en  deux 
versions  de  l'histoire  de  Derdriu  et  des  fils  d'Usnech  :  l'une,  celle  du  ma- 
nuscrit 56  de  la  Bibliothèque  des  avocats  d'Edimbourg,  l'autre  celle  du 
n"  53  du  même  établissement.  Ces  deux  versions  ont  déjà  été  publiées,  fia 
seconde  en  entier  par  M.  Whitley  Stokes  dans  les  Irische  Texte,  seconde 
série,  deuxième  livraison,  p.  122  et  suivantes,  2°  la  première  en  partie  par 
le  même,  ibid.,  p.  iio  et  suivantes,  p.  142  et  suivantes. 

Voici  les  principaux  sujets  des  leçons  et  mémoires  :  les  plus  anciens  livres 
imprimés  en  gaélique;  histoire  et  littérature  du  gaélique  ;  Dumbarton  et 
Arran,  études  de  toponomastique  ;  l'orthographe  gaélique  ;  Vn  final  en  gaé- 
lique ;  étude  philologique  sur  le  livre  de  Deer  (cf.  Whitley  Stokes,  Gôide- 


402  chronique. 

lica,  2^  éd.,  p.  io8,  loq)  ;  les  verbes  irréguliers  en  gaélique;  recueil  d'éty- 
mologies  gaéliques. 

Dans  ces  leçons  et  mémoires,  il  n'y  a  pas,  me  semble-t-il,  beaucoup  de 
nouveau,  mais  l'auteur  paraît  s'être  tenu  au  courant  du  mouvement  scienti- 
fique. Quant  aux  manuscrits  publiés,  il  est  regrettable  qu'en  Ecosse  on  ne 
sache  nous  donner  en  fait  d'inédit  que  des  textes  aussi  récents.  Je  ne  com- 
prends pas  que  les  érudits  écossais  aient  laissé  à  la  Revue  Celtique,  t.  XIV, 
p.  4S0  (1895),  l'honneur  de  publier  avant  eux  la  version  du  Cennach  ind 
Riianado  conservée  par  le  manuscrit  40  de  la  Bibliothèque  des  avocats  d'Edim- 
bourg. M.  Kuno  Meyer  leur  avait  cependant  signalé  cette  pièce  importante 
dès  1887  dans  le  Celtic  Magaiine,  t.  XII,  p.  215-218.  Les  textes  irlandais 
inédits  que  M.  Kuno  Meyer  a  indiqués  dans  la  même  revue  d'après  le  même 
manuscrit  présenteraient  un  intérêt  beaucoup  plus  général  que  les  textes 
gaéliques  modernes  édités  avec  tant  de  zèle  depuis  quelques  années  ' . 

IV. 

M.  J.-J.  Jusserand  vient  de  publier  à  la  librairie  Firmin  Didot  un  fort  in- 
téressant volume  intitulé  :  Histoire  littéraire  du  peuple  auglais,  des  origines  à 
la  Renaissance.  M.  Jusserand  y  donne  une  place  à  l'épopée  irlandaise  et  aux 
Mabinogion.  L'auteur  y  parle  du  meurtre  des  fils  d'Usnech,  de  la  maladie  de 
Cùchulainn,  du  cochon  de  Mac  Dâthô,  de  la  mort  de  Cûchulainn,  de  la  lé- 
gende de  Manawyddan,  fils  de  Llyr.  Il  cite  en  notes  les  noms  de  plusieurs 
des  celtistes  contemporains,  MM.  Whitley  Stokes,  Windisch,  Rhys,  Kuno 
Meyer,  Nettlau,  Zimmer,  J.  Loth,  F.  Loth,  Duvau.  On  voit  avec  satisfac- 
tion pénétrer  dans  le  grand  pubHc  le  résultat  d'études  qui  n'avaient  été  jus- 
qu'à présent  connues  que  dans  un  petit  cercle  d'érudits  2. 


Trois  de  nos  collaborateurs  ont  obtenu  des  honneurs  que  nous  sommes 
heureux  d'annoncer  aux  lecteurs  de  la  Revue  Celtique  :  M.  J.  Loth,  vient 
d'être  nommé  pour  la  seconde  fois  doyen  de  la  Facultédes  Lettres  de  Rennes. 
Ses  travaux  sur  les  dialectes  bretons  méritaient  cette  distinction  à  laquelle 
applaudiront  tous  les  celtistes.  Ils  applaudiront  également  à  la  décision  de 
l'Académie  d'Irlande,  qui  a  réélu  le  P.  Hogan  Todd  lecturer,  et  à  la  récente 
promotion  de  M.  Kuno  Meyer  à  l'université  de  Liverpool,  où  de  lecturer  il  a 
été  élevé  au  grade  de  professeur. 

VI. 

Je  reçois  de  M.  Alfred  Anscombe  deux  mémoires  imprimés,  l'un  sur  la 

1.  Sur  la  Bibliothèque  des  avocats  d'Edimbourg  voir  aussi  une  notice  de 
M.  Gaidoz,  Revue  Celtique,  t.  VI,  p.  113. 

2.  Lq  Journal  des  Débats,  n»  du  mardi  soir  26  juin  1894,  dans  un  feuil- 
leton signé  Augustin  Filon,  rendant  compte  du  livre  de  M.  Jusserand,  donne 
d'après  ce  livre  un  extrait  du  Meurtre  des  fils  d'Usnech  et  du  Cochon  de  Mac 
Dâthô. 


Chronique.  :^j 

date  de  la  mort  de  saint  Columba,  l'autre  sur  saint  Gildas  deRuys  et  sur  la 
chronologie  des  rois  d'Irlande  au  sixième  siècle  >.  Le  premier  de  ces  mé- 
moires est  une  critique  d'une  étude  du  révérend  D.  Mac  Carthy  sur  le  même 
sujet.  Il  a  déjà  été  dit  un  mot  de  cette  polémique  dans  la  Revue  Celtique, 
t.  XIV,  p.  92.  Je  n'ai  pas  fait  de  la  chronologie  irlandaise  une  étude  assez 
approfondie  pour  avoir  une  opinion  arrêtée  sur  la  question  qui  divise  les 
deux  savants,  pas  plus  que  pour  apprécier  la  valeur  du  second  mémoire. 

VII. 

La  brochure  de  M.  F.  Haverfield,  Roman  inscriptions  in  Britain,  III, 
1 892-1 893,  mentionne  quelques  noms  celtiques  lus  dans  des  inscriptions 
récemment  découvertes  ou  dans  des  inscriptions  déjà  connues,  mais  dont 
l'auteur  propose  de  nouvelles  lectures  :  Pertacns,  nom  d'homme  à  Silchester, 
p.  7;  Brica,  cognomen  féminin  à  Yorlv,  p.  15;  la  dédicace  ApoUini  Anextlo- 
maro,  à  South  Shields,  p.  22  (cf.  Holder,  p.  153);  une  dédicace  à  Jupiter 
par  hcohors  equitaia  LifigonumfàWidlsenà,  p.  22,  23  avec  une  planche  hors 
texte,  etc.  L'auteur,  p.  15,  au  lieu  du  nom  divin  Marrigae  proposé  par 
M.  Hûbner  (C  I.  L.,  VII,  265  a)  propose  Mar\ti]  Rigae. 

•  VIII. 

Une  jolie  brochure  de  quarante-huit  pages  annonce  la  réunion  annuelle 
de  l'Association  cambrienne  d'Archéologie  qui  se  tiendra  à  Carnavon  le 
mardi  17  juillet  et  les  quatre  jours  suivants,  et  à  laquelle  s'associera  la  So- 
ciété roj'ale  des  Antiquaires  d'Irlande.  Le  futur  dont  je  me  sers  sera  remplacé 
par  le  passé  quand  cette  chronique  arrivera  aux  mains  des  lecteurs  ;  mais  la 
brochure  conservera  son  intérêt.  Elle  contient  une  sorte  de  guide  archéolo- 
gique du  voyageur  aux  environs  de  Carnavon  ;  elle  est  ornée  de  belles  plan- 
ches, parmi  lesquelles  deux  représentent  des  pierres  funéraires  datant  des 
premiers  temps  qui  ont  suivi  la  fin  de  l'empire  romain  en  Grande-Bretagne  ; 
ce  sont  celles  qui  ont  les  légendes  :  Aliortus  Ehnetiaco  hic  iacet  (Rhys,  Lec- 
tures on  Welsh  PhiJology,  2<^  édition,  p.  367),  p.  19;  Fili  Lovernii  Anatemori 
(Rhys,  ibid.,  p.  368),  p.  25  2.  Citons  enccsre les  plans  de  deux  vieilles  forte- 
resses bretonnes  :  Craig-y-ddinas ,  p.  23  ;  Dinas Dinorwig ,  p.  45.  Je  souhaite 
le  beau  temps  aux  excursionnistes  que  je  regrette  de  ne  pouvoir  accom- 
pagner. 

Paris,  le  14  juillet  1894. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

1.  Ces  mémoires  datés  l'un  d'avril,  l'autre  de  juillet  1893,  portent  cha- 
cun la  mention  :  Publishedby  Alfred  Anscombe  at  28,  Carlingford  road,  West 
Green,  Tottenham. 

2.  M.  Hùbncr,  Inscriptiones  Britanniae  Christianae,  lit  Alhortu  Seimetiaco 
hic  iacet,  n»  146;  et  Anatemori  fiU  Lovernii,  no  147.  Dans  la  première  les 
noms  propres  semblent  peu  commodes  à  lire,  et  il  est  difticile  de  faire  un 
choix  entre  la  leçon  de  M.  Rhys  et  celle  de  M.  Hùbner.  J'ignore  pourquoi 
dans  la  seconde  inscription  M.  Hûbner  a  pris  sur  lui  d'intervertir  l'ordre 
suivi  par  le  lapicide. 


PÉRIODIQUES 


I. 

SiTZUNGSBERICHTE    DER   KÔNIGLICH-PREUSSISCHEN    AkADEMIE   DER    WiS- 

SENSCHAFTEN  zu  Berlin,  t.  XIX,  1894,  p.  33 1.  —  Mémoire  lu  par  le  sa- 
vant épigraphiste,  M.  Otto  Hirschfeld,  le  12  avril  dernier,  sur  la  question 
de  savoir  si  c'est  bien  à  Timagène  que  Tite-Live  a  emprunté  le  récit  de  l'in- 
vasion celtique  en  Italie  qui  commence  par  les  mots  :  Equidem  haud  abnuen'm 
(livre  V,  c.  33,  §  4),  sur  lequel  on  s'est 'longtemps  appuyé  pour  dater  cette 
invasion  de  l'an  600  avant  J.-C.  aulieude  400  environ,  conformément  à  la 
doctrine  de  Polybe  et  d'autres  historiens  grecs.  Au  nom  de  Timagène  pro- 
posé par  K.  MùUenhoff,  M.  Otto  Hirschfeld  veut  substituer  celui  de  Cor- 
nélius Nepos  qui  est,  comme  on  sait,  antérieur  à  Tite-Live  ;  Cornélius  Ne- 
pos  a  écrit  un  traité  de  géographie  au  plus  tard  vers  l'an  64  avant  J.-C.  et 
un  ouvrage  intitulé  Chronica  quelques  année  après,  en  tout  cas  en  59  au  plus 
tôt.  Il  y  a  de  sérieuses  vraisemblances  en  faveur  de  l'hypothèse  de  M.  Otto 
Hirschfeld. 

II. 

Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres.  Compte  rendu  des 
SÉANCES  DE  l'année  1893,  4^  série,  t.  XXI,  p.  243.  Dans  un  mémoire  lu  le 
25  août  1893,  M.  de  Barthélémy  fait  observer  que  les  monnaies  des  Lon- 
gostalètes,  AoyyoaiaXrj-rûv,  sur  une  partie  desquelles  on  trouve  les  noms 
des  chefs  Ao'jxÔTtxv[o;],  Bo'xio?,  ont  été  recueillies  surtout  dans  le  départe- 
ment de  l'Aude  qui  est  par  conséquent  leur  pays  d'origine.  Le  savant  aca- 
démicien pense  que  la  colonie  romaine  de  Narbonne  a  été  fondée  dans  le 
territoire  des  Longostalètes. 

III. 

Neues  Archiv,  t.  XIX,  p.  667.  Dans  trois  manuscrits  de  l'histoire  des 
Bretons  attribuée  à  Nennius,  on  lit  en  marge  : 

Sic  inveni  tihi,  Samiid,  id  est  Infans  magistri  met,  id  est  Beulani  presbyteri 
in  isla  pagina  scripti.  (Edition  San  Marte,  p.  33,  note  8;  Pétrie,  Momimenta 
historica  hritannica,  p.  55,  note  21). 


Périodiques.  40  5 

Des  mss.  qui  ont  fourni  cette  phrase  les  deux  plus  anciens  dAtent  du 
xiri«  siècle  ;  l'un  appartient  au  chapitre  de  Durham,  l'autre  auquel  on  sup- 
pose la  même  origine  porte  le  n°  CXXXIX  dans  la  bibliothèque  du  Corpus 
Christi  Collège,  à  Cambridge,  le  3'--  (MS.  Burney,  310)  est  du  xive  siècle. 

Dans  le  second  et  le  troisième  des  mêmes  mss.,  le  texte  contient  la 
phrase  suivante  :  SeJ,  ciim  inutiles  magistro  tneo  id  est  Beulano  presbytère  vi- 
sae  suiit genealogiae  Saxoniim  et  aliarumgentium,  nohti  eus  scrihere  (Edition  San 
Marte,  p.  75,  note  8  ;  Pétrie,  p.  76-77). 

Ces  mots  manquent  dans  tous  les  anciens  mss.,  xe,  xii^  siècle,  et  dans 
l'édition  irlandaise.  M.  Zimmer  croit  que  le  Beulan  mentionné  dans  ces  deux 
phrases  latines  habitait  l'ile  d'Anglesey.  Voici  ses  raisons  :  Holyhead  dans 
l'île  d'Anglesey  s'appelle  en  gallois  Caer  Gybi  et  a  une  éghse  dédiée  à  saint 
Cybi.  Or,  saint  Cybi,  en  latin  Cepiiis,  a  eu  un  disciple  appelé  Peulan,  et  ce 
disciple  avait,  suivant  la  tradition  :  1°  une  sœur,  sainte  Gwenvaen  qui  a 
donné  son  nom  à  une  chapelle  et  à  une  source  situées  dans  l'île  d'Angle- 
sey ;  2°  un  frère,  saint  Gwyngenau,  auquel  est  dédiée  une  chapelle  située  à 
Holyhead,  enfin  il  y  a  dans  l'île  d'Anglesey  une  localité  appelée  Llan- 
Beukn,  qu'on  peut  traduire  par  «  église  de  Peulan  ». 

M.  Zimmer  a  peut-être  sur  tous  ces  saints  personnages  des  renseignements 
qui  ne  sont  pas  à  ma  disposition,  et  qu'il  ne  donne  pas.  Mais  les  lolo-mss. 
et  la  Myvyrian  Archaeology  qu'il  cite  sont  en  général  des  recueils  de  docu- 
ments trop  modernes  pour  avoir  grande  autorité  :  Robert  William,  A  bio- 
graphical  Dictionary  of  eminent  IVelshmen,  p.  88;  Rees,  ^n  Essay  on  luelsh 
Saints,  p.  266-267,  n'indiquent  aucune  vie  de  saint  Cybi.  Je  n'en  trouve  pas 
de  mentionnée  chez  Potthast,  Bibliotheca  historica  medii  aevi.  En  fait  de  cri- 
tique hagiographique,  M.  Zimmer  témoigne  souvent  d'une  foi  naïve,  qui, 
dans  certaines  circonstances,  est  une  vertu,  mais  dont  ici  la  valeur  scienti- 
fique pourrait  sembler  un  peu  contestable.  Je  ne  veux  pas  dire  par  là  que  son 
article  soit  moins  intéressant. 

Sur  saint  Peulan,  voyez  Rees,  p.  237,  et  Robert  Williams,  p.  403.  De  ce 
personnage  on  ne  paraît  guère  savoir  de  certain  qu'une  chose,  c'est  qu'on 
a  mis  sous  son  vocable  une  église  située  dans  l'île  d'Anglesey  et  appelée, 
comme  nous  venons  de  le  dire,  Llan-Beulan. 

La  conclusion  de  M.  Zimmer  est  qu'une  récension  de  VHistoria  Britomim 
a  été  faite  dans  l'île  d'Anglesey.  Il  ne  nous  explique  point  par  quel  phéno- 
mène phonétique  le  Beidaniis  de  VHistoria  Britomim  aurait  dans  la  tradition 
remplacé  son  B  initial  par  un  P,  ou  pourquoi,  si  le  Beiilanus  de  VHistoria 
Britonum  est  bien  celui  qui  a  donné  son  nom  à  une  paroisse  de  l'île  d'An- 
glesey, cette  paroisse  ne  s'appelle  pas  Lan-Jeuîan. 

IV. 

Revue  de  P.\ris,  p.  158  et  suivantes.  —  Article  de  M.  Gaston  Paris  sur 
la  légende  de  Tristan  et  Iseult. 

«  Le  nom  de  Tristan  paraît  picte  d'origine  ».  C'est  la  doctrine  de  M.  Zim- 
mer (Revue  Celtique,  XII,   397).  Il  en  effet  incontestable  que  le  nom  de 

Revue  Celtique,  XV.  27 


4o6  Périodiques. 

Drostan.  dérivé  de  Drust,  et  celui  de  Drust,  ont  été  portés  par  des  person- 
nages pietés.  M.  Zimmer  l'a  établi  par  divers  passages  des  Annales  de  Ti- 
gernach,  exemple,  année  724  :  Clericatiim  Ncchtain  régis  Pictoriim,  Dmxst 
posl  eum  régnai  (édition  d'O'Conor,  p.  254),  des  Annales  d'UIster,  exemple, 
année  728:  Exactatores  Nechtain  ceciderunt  hoc  est...  Finguine  mac  Dros- 
tain. .  .  Belhim  inter  Oengus  et  Drust  rcgem  Pictorinn  (édition  Hennessy, 
p.  182),  etc.  Le  Nechtan  de  Tigernach  et  celui  des  Annales  d'Ulster  sont 
évidemment  le  même  personnage,  malgré  la  différence  des  dates,  vu  l'in- 
certitude chronologique  des  textes  irlandais  du  temps.  Toutefois,  le  nom  de 
Drust  a  été  aussi  gallois.  La  préface  du  Farce  Domine  (Whitley  Stokes, 
Gôidelica,  2eéd.,  p.  96),  parle  d'un  certain  Drust,  rex  Bretan,  qui  avait  une 
fille  appelée  Drusticc  et  qui  était  contemporain  de  Finnen  Maige  Bile,  lui- 
même  contemporain  de  Diarmait,  roi  suprême  d'Irlande,  mort  en  558.  Par 
conséquent,  le  nom  de  ce  Tristan,  dont  le  fils  Auel  fut  témoin  d'un  acte  de 
l'évêque  de  Llandaf,  Hergualdus,  1056-1 104  (Livre  de  Llandaf,  édit.  de 
Gwenogfryn  Evans,  p.  279),  n'est  pas  isolé  dans  le  pays  de  Galles.  C'est  au 
xv^  siècle  un  diminutif  du  Drust  constaté  au  vi^  siècle,  et  il  est  parallèle  au 
Drusticc  du  même  temps.  D'autre  part,  le  nom  de  Drostan  semble  avoir 
été  irlandais  ou  scott  tout  aussi  bien  que  picte  ou  gallois.  Le  plus  ancien 
monument  du  gaélique  d'Ecosse,  le  livre  de  Deir,  ix^  siècle,  donne  à  saint 
Columba,  vi'^  siècle,  un  élève  appelé  Drostan  mac  Cosgreg  (Whitley  Stokes, 
Gôidelica,  p.  108).  Côsgreg  est  le  génitif  de  Cosgrach,  variante  de  l'irlan- 
dais coscorach,  adjectif  qui  veut  dire  «  triomphant  »  et  qui  est  ici  employé 
substantivement.  Il  n'y  a  donc  pas  à  s'étonner  de  ce  que  Forbes,  CaJendar 
of  scotiish  saints,  p.  326,  traduisant  le  bréviaire  d'Aberdeen,  a  écrit  que  saint 
Drostan  était  de  la  race  royale  des  Scoti,  c'est-à-dire  des  Irlandais  établis 
dans  la  partie  septentrionale  de  la  Grande-Bretagne. 

Le  nom  de  Tristan  peut  dériver  d'une  forme  réduite  de  la  racine  qui  est 
pleine  dans  le  nom  gaulois  *  Drousos,  écrit  par  les  Romains  Drausus,  Drû- 
sus  (Whitley  Stokes,  Urkeltischer  Sprachschat:^,  p.  156),  et  sa  forme  primi- 
tive Drustan  paraît  avoir  été  usitée  aussi  bien  chez  les  Irlandais  et  chez  les 
Gallois  que  chez  les  Pietés  '.  Mais  tout  ceci  est  secondaire. 

La  question  principale  que  se  pose  M.  Gaston  Paris  à  propos  du  roman 
de  Tristan  et  Iseult  est  de  savoir  quelle  est  l'origine  de  la  donnée  qui  en 
forme  le  fonds.  Suivant  lui,  cette  origine  est  celtique.  «  En  résumé,  une 
«  conception  de  l'amour  telle  qu'elle  ne  se  trouve  auparavant  chez  aucun 


I.  On  peut  admettre  que  Drostan  soit  phonétiquement,  d'origine  picte, 
comme  M.  Zimmer  semble  l'avoir  prouvé,  sans  conclure  de  là  que  ce  nom 
n'ait  pas  été  très  anciennement  adopté  par  les  Gallois  et  les  Irlandais.  En  tout 
cas  il  n'est  nulle  part  question  d'un  Drostan  picte  qu'un  sentiment  amou- 
reux ait  distingué.  Le  seul  Drostan  picte  qui  ait  une  légende  est  un  druide 
qui  guérissait  par  un  bain  de  lait  les  blessures  des  guerriers.  Ce  récit  appar- 
tient au  Diiinscnchus  d'Ardlemnacht  d'où  il  a  pénétré  dans  le  Lehar  Gabala 
(Livre  de  Leinster,  p.  196,  col.  i,  ligne  23  et  suivantes;  cf.  p.  15,  col.  1, 
1.  22-30)  et  dans  le  Ncnnius  irlandais  (Livre  de  Ballymote,  p.  203-204). 


Périodiques.  407 

«  peuple,  dans  aucun  poème,  de  l'amour  illégitime,  de  l'amour  souverain, 
«  de  l'amour  plus  fort  que  l'honneur,  plus  fort  que  le  sang,  plus  fort  que 
«  la  mort,  de  l'amour  qui  lie  deux  êtres  l'un  à  l'autre  par  une  chaîne  que 
«  les  autres  et  eux-mêmes  sont  impuissants  à  rompre  ou  à  relâcher,  de 
«  l'amour  qui  les  surprend  malgré  eux,  qui  les  entraîne  dans  la  faute,  qui 
«  les  conduit  au  malheur,  qui  les  amène  ensemble  à  la  mort,  qui  leur  cause 
«  des  douleurs  et  des  angoisses,  mais  aussi  des  joies  et  des  ivresses  telle- 
«  ment  incomparables  et  presque  surhumaines  que  leur  histoire,  une  fois 
«  connue,  resplendit  éternellement  au  ciel  du  souvenir  d'un  éclat  doulou- 
«  reux  et  fascinant,  cette  conception  est  née  et  s'est  ré  alisée  chez  les  Celtes 
«  dans  le  poème  de  Tristan  et  Iseut,  et  forme  une  des  gloires  de  leur  race.  » 
Malgré  tout  le  talent  littéraire  de  l'éloquent  et  sympathique  auteur, 
je  ne  crois  pas  un  mot  de  tout  cela.  Je  voudrais  qu'on  me  trouvât  cette 
folle  peinture  de  l'amour  dans  la  littérature  des  Celtes  avant  le  xn«  siècle. 
La  plus  ancienne  littérature  irlandaise  nous  présente  la  fiancée  fidèle  à 
son  fiance,  la  femme  fidèle  à  son  mari,  la  veuve  qui  le  regrette  et  lui 
reste  fidèle,  tandis  qu'à  côté  de  la  fille  et  de  la  femme  modèles  beaucoup 
d'autres  sont  de  mœurs  moins  sévères.  Mais  le  type  de  l'amour  illégitime, 
tout-puissant,  comme  on  le  trouve  dans  le  roman  de  Tristan  et  Iseut, 
est  une  création  française  du  xii<^  siècle,  et  sa  naissance  est  le  résultat  spon- 
tané du  milieu  où  elle  s'est  produite'.  C'est  au  xii^  siècle  que  dans  le  monde 
français,  tant  sur  le  continent  qu'en  Angleterre,  les  femmes  commencent  à 
hériter  des  fiefs  et  même  de  la  royauté.  Des  femmes  apportent  à  la  maison 
d'Anjou  le  duché  de  Normandie,  la  couronne  d'Angleterre,  le  comté  de 
Poitiers,  le  duché  de  Guyenne,  et  font  ainsi  du  petit  comte  d'Anjou  l'égal 
du  roi  de  France,  son  suzerain.  Je  me  borne  à  cet  exemple.  Les  femmes 
ont  pris  dès  lors  dans  le  monde  féodal  une  importance  inconnue  jusque-là. 
Avant  cette  époque,  on  n'avait  écrit  de  romans  que  pour  les  hommes,  c'est- 
à-dire  pour  des  rois  et  des  barons,  principalement  occupés  de  guerre.  On 
leur  racontait  des  guerres  dans  lesquelles  l'amour  ne  fournissait  que  de 
courts  épisodes.  Ces  récits  ennuyaient  les  femmes,  mais  qu'importait?  Ce 
n'était  pas  elles  qui  payaient  les  auteurs.  Quand  une  révolution  dans  le  droit 
les  rendit  riches  et  puissantes,  on  écrivit  pour  elles.  On  créa  pour  elles  des  récits 
d'amour  agrémentés  par  un  merveilleux  que  la  légende  celtique  fournissait 
à  flots  et  qui,  bien  que  souvent  enfantin,  avait  pour  les  imaginations  fémi- 
nines un  prodigieux  attrait.  Des  noms  d'origine  celtique  ajoutèrent  à  l'in- 
térêt par  leur  nouveauté.  Certains  maris  même  prirent  plaisir  à  faire  lire  ces 
récits  à  leurs  femmes.  Quand  on  avait  épousé  une  héritière  pour  son  fief  ou 


I.  Dans  la  vieille  littérature  irlandaise  il  est  souvent  question  du  charme 
appelé  geis  ;  c'est  une  prohibition  magique,  qu'on  est  libre  d'enfreindre, 
mais  l'infraction  est  punie  par  un  châtiment  redoutable.  Dans  cette  littéra- 
ture je  ne  connais  pas  d'exemple  d'enchantement  supprimant  la  liberté, 
comme  a  été  supprimée  dans  le  rotnan  français  la  liberté  de  Tristan  et  d'Iseut. 
Il  y  a  là  une  thèse  philosophique  qui  sent  l'école  et  qui  est  étrangère  au 
cercle  d'idées  dans  lequel  se  meut  l'intelligence  du  vieux  conteur  irlandais. 


4o8  Périodiques. 

pour  sa  couronne,  on  ne  pouvait  pas  le  lui  dire  brutalement  comme  le  ju- 
risconsulte romain  Paul,  quand  dans  son  commentaire  sur  l'édit  du  préteur, 
il  écrivait  :  «  Rei  publicae  interest  miûieres  dotes  salvas  habere,  propter 
Q.UAS  NUBERE  POSSUNT.  On  parlait  d'amour  à  la  femme,  à  la  riche  héritière, 
et  on  lui  faisait  croire  qu'on  éprouvait  ce  sentiment  d'une  façon  irrésis- 
tible. Si  elle  doutait,  on  lui  faisait  lire  Tristan  et  Iseut.  Faute  d'avoir  em- 
ployé ce  procédé,  Louis  Vil,  traité  de  moine  par  sa  femme,  a  perdu  le 
Poitou  et  la  Guyenne,  qu'Eléonore,  divorcée,  a  été  porter  au  comte  d'Anjou, 
bientôt  roi  d'Angleterre. 

Ce  que  nous  savons  de  la  littérature  galloise  à  propos  de  Tristan  est  ex- 
clusif de  l'idée  que  l'amour  de  ce  personnage  pour  Iseut  ait  été  connu  en 
Galles  avant  le  roman  français.  Dans  le  Songe  de  Rhonahivy  (éâLiXion  de  Gwe- 
nogfryn  Evans,  p.  159,  1.  27,  J.  Loth,  t.  I,  p.  311),  Drystan  est  un  des 
conseillers  d'Arthur.  Les  triades  du  Livre  rouge  font  de  lui  un  porte-dia- 
dème (G.  Evans,  p.  303,  1.  4,  5  ;  J.  Loth,  t.  II,  p.  131),  un  bon  ouvrier 
(Evans),  p.  304,  1.  24;  J.  Loth,  t.  II,  p.  238).  La  seule  relation  que  suivant 
ces  vieilles  triades  il  y  ait  eu  entre  Tristan  et  Iseut  aurait  consisté  en  ce  que 
Tristan  aurait  gardé  les  cochons  de  Mardi,  fils  de  Meirchion,  pendant  que 
le  porcher  allait  en  message  vers  Essylt  (Evans,  p.  307,  1.  13,  15  ;  Loth, 
t.  II,  p.  247).  C'est  seulement  dans  les  triades  toutes  récentes  de  la  Myvyrian 
Arcbccologie,  p.  397,  Loth,  II,  p.  260,  261,  qu'on  voit  apparaître  l'amour 
de  Tristan  pour  Essylt,  femme  de  son  oncle  March  Mcircliiawn.  Cette  no- 
tion nouvelle  est  empruntée  aux  romans  français. 

V. 

Bulletin  de  correspondance  hellénique,  p,  569,  article  de  M.  Henri 
Weil  sur  de  nouveaux  fragments  d'hymnes  accompagnés  de  notes  de  mu- 
sique découverts  à  Delphes  par  l'école  française  d'Athènes.  Deux  de  ces 
fragments  semblent  appartenir  à  un  hymne,  Ttoocsdoiov,  composé  vrai- 
semblablement pour  la  fête  des  Sojxrjpca  instituée  d'un  commun  accord  par 
les  Athéniens  et  les  Etoliens  sous  l'archontat,  dans  Athènes,  de  Polyeucte, 
troisième  année  de  la  cent-vingt-cinquième  olympiade,  278  av.  J.-C,  un  an 
après  la  victoire  remportée  sur  les  Gaulois  qui  avaient  pillé  du  temple  de 
Delphes,  279,  et  en  mémoire  de  ce  succès.  L'établissement  de  cette  fête 
est  connu  par  deux  inscriptions  que  je  reproduis  ici,  parce  qu'une  partie 
de  ceux  qu'intéresse  l'histoire  celtique  peuvent  en  ignorer  l'existence. 

['E]~l  noXu£Û-/.-ou  apy^ovTO;  i~\  Tr,;  Aiyctoo;  Èvoîtr];  -p- 
[u]Tav£ia;  fj  Xatpcswv  'Apyj.'^'piio'j  Kcçpa)>YiO£v  èypa- 
[uL][j.ât£U£v   'EXa-^TjGoXiwvo;  ivârsi  jj.£t'  c't/.âSaç  xptaxo- 
[atjeî  xf);  Tïpuxaveîa;  •  è'ooÇhv  tw  or'iiito  .  KûSspvi;  K- 
[uo]îou  'AXtjjLOÛaioç  EÎJZEv  èjiîior]  xô  xwv  Atx- 
[w).]wv  à;:oo£ixv'Ju.£vov  xrjv  upô;  xoù;  0£où;  £Ùa£o£'.av 
[£'|]Tjifiaxat  xov  ocydiva  xov  xwv  Swxr)p;'a>v  xi6cOat  xw  At- 
[\  x](JJ  ilwXTJp'.  y.T.':  X(T)  'A7:oXXfovi  x(o  nuOiio  •j-o;j,vrj[j.a  xfj 


Périodiques.  409 

[;  fi]  otyT);  T%  Y^vo[jLevr]ç  jîoô;  Toù;  Papêâpou;  xoùç  è;:i3- 
[TJpaTEÛCTavtaç  £::•[  tï  toÙ;  "EXXrjvaç  xal  xô  toÙ  'AîcoXXwvo;  Σ- 
pôv  tÔ  x.O'.vÔv  twv  'EXXtJvwv,  èo'  ouç  xa\  ô  S^jioç  ÈÇc'reaTîE- 
[v]  TO'j;  te  èT^tXcV.TO'j;  xa;  toù;  t-rsî;  auvaYwv.oujxev- 
[ou;]  'jTzkp  ~f,;  y.oivfj;  (ja)~r]pia:,  xa\  îzsp;  xoÛTwv  to  xot- 
[vov  xo]  xiûv  AîxwXwv  xa'i  ô  oxpaxTiVo;  XapiÇsvo;  a-eaxaXx- 
[aui  -p6;  x6]v  o[^'ao]v  -psaScîav  xf,v  oiaXsçotAEvrjv  o'-w; 

Corpus  inscripHonum  atticariim,  t.  II,  n°  323,  p.  147. 

Il  faut  comparer  à  cette  inscription,  celle  que  M.  Haussoulicr  a  publiée 
dans  le  Bulletin  de  correspondance  hellénique,  t.  V,  1881,  p.  300  et  suivantes. 
Comme  celle  qui  précède,  elle  est  datée  de  Farchontat  de  Polyeucte  et  elle 
a  le  même  objet  : 


£({*ri<p'aOa'.   xôv  àywva  xov  xwv  Sw-rjoitov  xiOcvai  xwi  Ai- 
1  xùjt  SwT^'pt  xa\  xw;   'AtoXXojv.  xw;  JtuOiwi,  •j-o'avr)[i.a  xtj- 
ç  ixâyr,;  xf);  yîvo|j.c'vti;  Tipô:  xoù;  [5ap6âpouç  xoy;  lr.'.'3- 
xpaxsuaavxa;  £-1  x£  xoù;  "EXXr)va;  xa\  xo  'AroXXwvo;  '.£- 
pôv  x6  y.O'.vô'j  X(7)V  'EXXrîvwv 

Le  nom  des  Gaulois  dans  les  fragments  d'hymnes  récemment  découverts 
à  Delphes  appartient  à  un  passage  malheureusement  mutilé.  On  y  lit  ce- 
pendant les  mots  FaXaxaàv  apr,;.  C'est  une  formule  équivalente  au  KïXxwv 
OLOT,;  de  l'épitaphe  des  jeunes  filles  de  Milet  mortes  victimes  de  l'invasion 
gauloise  en  Asie  Mineure,  278  (Antbologia  graeca,  VII),  492,  et  du  KeXxwv 
aoTja  de  Callimaque,  Eî;  A?,Xov,  v.  173,  un  des  plus  anciens  documents 
que  nous  ayons  sur  l'expédition  gauloise  à  Delphes.  Dans  la  dédicace  du 
bouclier  de  Cydias,  Pausanias,  1.  X,  c.  31,  §  S>  K'^^xci?  est  remplace  par 
raXàxr,;  et  se  trouve  aussi  associé  au  substantif  "Ap^];;  seulement  ce  subs- 
tantif y  désigne  le  dieu  grec  de  la  guerre  et  non  l'ardeur  belliqueuse  des 
Gaulois  : 

EJx'  ir:'.  xov  PaXâxav  fîx|jLaa£  OoO'po;  "Apyj;. 

L'hymne  delphique  dans  l'inscription  nouvellement  mise  au  jour  est  accom- 
pagné de  notes  musicales  que  M.  Théodore  Reinach  a  traduites,  et  qu'il  a 
fait  exécuter  plusieurs  fois  à  Paris  cet  hiver  avec  succès  devant  des  audi- 
toires nombreux  d'amateurs  et  desavants. 


»  VI. 

Hermine,  revue  littéraire  et  artistiq.ue  de  Bretagne,  $<=  année, 
1894,  t.  X,  p.  183-184,  article  de  M.  Louis  Tiercelin.  Dans  un  ouvrage  du 
siècle  dernier,  Eléments  succincts  de  la  langue  des  Celtes  goniéri tes,  dont  la  pre- 
mière édition  est  datée  de  Strasbourg,  1779,  on  lit  un  couplet  d'une  chan- 
son languedocienne,  et  Le  Brigant,  auteur  de  cet  ouvrage,  donne  de  cette 
chanson  une  traduction  bretonne  en  six  vers,  qu'on  retrouve  avec  des  va- 
riantes à  peu  près  insignifiantes  dans  le  Bariai-Brei\,  6<=éd.,  1867,  p.  465. 


410  Périodiques. 


VIL 

The  Academy,  p.  480.  — Vendredi  ic  juin  dernier,  M.  Whitley  Stolves, 
dans  une  séance  de  la  Société  pliilologique,  a  lu  un  mémoire  du  professeur 
Strachan  sur  l'histoire  du  verbe  déponent  en  irlandais.  —  P.  456.  Le  ven- 
dredi suivant,  8  juin,  M.  Rhys  a  dû  faire  à  Jésus  Collège,  Oxford,  une  leçon 
publique  dont  le  sujet  était  «  Les  anciens  Bretons  >>. 

VIIL 

Hermès,  t.  XIX,  p.  317,  article  de  M.  Zimmer,  qui  propose  une  cor- 
rection au  stigmata  d'Ausone,  Liidas  septein  sapientliun,  v.  13  : 

Pone  obelos  igitur  primorum  stigmata  vatum  '. 

On  doit,  suivant  lui,  rétablir,  d'après  les  manuscrits,  stcmmata.  Il  s'ap- 
puie sur  l'autorité  des  Hisperica  famina,  édition  Stowasser,  Vienne,  1887 
(on  peut  ajouter  Migne,  Patrologie  latine,  t.  XC,  col.  1 185  et  suivantes),  et 
sur  celle  du  fragment  de  Luxembourg  publiée  par  M.  Rhys  dans  le  t.  I  de 
la  Rez'ue  Celtique.  Je  constate  avec  étonnement  —  étant  donné  l'esprit  de 
contradiction  qui  fait  le  fond  de  mon  caractère  —  qu'ici  M.  Zimmer  me 
semble  avoir  raison  sans  restriction.  Stemmata  «  couronnes  »  veut  dire 
«étoiles  »,  et  par  extension  «  astérisques  »  dans  une  langue  bizarre  qui, 
vers  l'époque  où  succomba  l'empire  romain  d'Occident,  paraît  avoir  été 
spéciale  à  quelques  pédants  chez  les  Celtes  romanisés. 

IX. 

The  Irish  Echo.  —  C'est  le  titre  d'une  revue  qui  paraît  à  Boston  (Etats- 
Unis),  et  dont  on  vient  de  m'envoyer  deux  numéros,  ceux  de  février  et  de 
mars-avril  1894. 

Dans  le  premier,  se  trouve  l'annonce  d'un  volume  qui  a  récemment  paru 
à  Dublin  chez  Patrick  O'Brien,  46,  Cuffe  Street,  et  dont  la  Revue  Celtique 
n'a  rien  dit.  Le  titre  de  ce  volume  est  Bldithflûeasg  na  Mhiheànaih  ua  Gaoi- 
dhelge  «  Guirlande  de  douceurs  irlandaises  ».  Le  principal  des  morceaux 
contenus  dans  ce  volume  est  un  ouvrage  bien  connu,  mais  inédit  jusqu'ici, 
de  Michel  Comyn,  auteur  à'Oisiii  ar  thir  na  n-ôg  «  Ossian  dans  la  terre  des 
jeunes  »  ;  je  veux  parler  des  «  Aventures  de  Turlogh,  fîls  de  Starn,  et  de 
ses  trois  fils  »  ;  Eachtra  Thoirdealhhaig  mhic  Stairn  maille  le  h-each- 
tradhaihh  a  thriur  nihac,  écrites  vers  1750.  On  y  trouve  aussi  une  pièce  ap- 
proximativement de  même  date  :  «  Le  château  enchanté  d'Eochaid  Beac  le 
t-ouge  »,  Bniighean  Eochaidh  Bhig  dheirg,  qui  appartient  au  même  cycle  que 
Oisin  ar  thir  na  n-o'g. 

I .   Edition  Schenkl,  p.  104. 


Périodiques.  411 

Le  numéro  de  mars-avril  contient  un  article  de  M.  T.  O'Neil  sur  les  dé- 
bris de  l'ancienne  littérature  irlandaise.  On  y  lit  que  l'Allemagne  est  la  terre 
par  excellence  (en  français)  des  études  celtiques,  et  que  cependant  M.  Whitley 
Stokes,  sans  être  d'origine  allemande,  est  incontestablement  le  plus  grand 
des  Celtistes  vivants. 

V Irish  Echo  publie  des  vers  irlandais,  un  abrégé  du  dictionnaire  irlandais- 
anglais  dû  à  Thomas  de  Vere  Coneys,  1849,  une  grammaire  irlandaise  par 
M.  John  O'Daly  ;  il  y  donne  des  nouvelles  des  sociétés  philo-celtiques  de 
Boston  et  de  Philadelphie. 

X. 

Il  y  a  aussi  une  société  philo-celtique  à  New-York,  je  l'apprends  par  un 
journal  de  cette  ville,  The  Irish  Republic.  Suivant  le  no  du  28  avril  der» 
nier,  la  Société  philo-celtique  de  New-York  est  le  «pionnier  du  mouvement 
linguistique  irlandais  »  ;  en  effet,  cette  Société  a  donné  le  20  avril  un  concert, 
feis  céol',  où  l'on  a  exécuté  des  morceaux  de  musique  irlandaise  avec  un 
succès  qui  a  dépassé  toutes  les  espérances. 

XI. 

BOLETIN    DE   LA    REAL    AcADEMIA   DE    LA    HISTORLA,    Madrid,    mai    1894, 

t.  XXIV,  p.  384-405,  Mémoire  de  M.  Antonio  Blasquez  sur  «  les  côtes  d'Es- 
pagne pendant  l'époque  romaine  ».  On  sait  qu'en  Espagne  il  y  avait  sous 
l'empire  romain  des  populations  celtiques  sur  les  côtes  de  l'Atlantique  :  par 
conséquent  un  certain  nombre  de  noms  de  lieu  celtiques  figurent  dans  ce 
travail  qui  est  accompagné  d'une  carte. 


XII. 

Annales  du  Midi,  no  de. juillet  1894,  6^  année,  p.  257,  Fin  du  mé- 
moire de  M.  Bladé  sur  la  géographie  politique  du  sud-ouest  de  la  Gaule 
pendant  la  domination  romaine. 

XIII. 

Annales  de  Bretagne,  t.  IX,  livraison  d'avril  1894.  —  Ce  recueil  con- 
tinue à  donner  nombre  de  mémoires  intéressants  pour  les  personnes  qui 
s'occupent  d'études  celtiques.  Nous  citerons  :  Introduction  à  la  géographie 
historique  du  département  de  la  Loire-Inférieure,   par  M.   Léon  Maître, 

I.  Je  connais  fort  mal  l'irlandais  moderne,  mais  il  me  semble  que  j'écri- 
rais féis  cêoil  ou  ciiiil,  comme  on  disait  féis  Temrach.  Il  existe  à  Paris  une 
société  irlandaise  dont  la  devise  est  :  Erin  go  bragh  (sic).  On  peut  être  très 
patriote  à  New-York,  à  Paris  et  ailleurs,  sans  savoir  beaucoup  de  grammaire 
ni  d'orthographe. 


412  Périodiques. 

p.  360.  Fin  de  l'étude  de  M.  de  La  Borderie  sur  les  monastères  celtiques 
au  vi"  et  au  vue  siècle,  p.  379.  —  Fin  de  la  légende  de  l'apprenti  magicien, 
traduite  du  breton  par  M.  F.-M.  Luzel,p.409. — Etymologies  bretonnes  par 
J.  Loth  :  Menez-Bré,  p.  429,  —  Bré  =  briga;  —  Lesneven,  p.  430,  Neven 
zz  Numin,  d'où  Numinoe;  —  Braon,  p.  431,  Braon  veut  dire  «  meule 
de  moulin  » .  —  Chanson  bretonne,  le  piUaouer  «  chiffonnier  «  publiée  avec 
traduction  par  M.  Le  Lay,  p.  433.  —  Suite  de  la  vie  de  saint  TeHau  publiée 
par  M.  J.  Loth  d'après  le  Livre  de  Llandaf,  p.  438. 

XIV 

The  journal  of  the  Royal  Society  of  Anticluaries  of  Ireland, 
n°  de  juin  1894,  5*^  série,  vol.  IV,  p.  105  et  115,  deux  mémoires  fort  inté- 
ressants sur  la  plus  ancienne  histoire  de  l'Irlande.  L'un  a  pour  objet  la  com- 
paraison du  mode  de  construction  des  habitations  lacustres  en  Irlande  avec 
celui  des  habitations  analogues  en  Grande-Bretagne  et  sur  le  continent  ; 
l'auteur  est  M.  Robert  Munro,  qui  continuera  cette  étude  savante  dans  le 
no  prochain.  Le  second  mémoire  a  été  écrit  par  M.  Goddard  H.  Orpen,  il 
concerne  les  renseignements  géographiques  relatifs  à  l'Irlande  dans  la  géo- 
graphie de  Ptolémée  ;  on  y  trouve  un  certain  nombre  d'identifications  nou- 
velles de  noms  anciens  avec  des  noms  modernes.  Une  carte  accompagne  ce 
travail. 

Paris,  le  17  juillet  1894. 

H.  d'Arbois  de  Jubain ville. 


Le  Propriétaire-Gérant  :  Veuve  E.  BOUILLON. 


Chartres.  —  Imprimerie  Durand,  rue  Fulbert. 


ESVMOPASCNVSTICVS 


Dans  la  salle  des  bronzes  gallo-romains  au  Musée  de 
Saint-Germain  est  conserve  un  buste  en  bronze,  de  style  in- 
digène, portant  le  n°  22299.  La  notice  de  l'inventaire  manus- 
crit le  signale  comme  il  suit  :  «  Magasins.  Enres^isîreiiient  de 
pièces  anciennes  qui  n'ont  pas  été  enregistrées  en  leur  temps  ou  dont 
les  numéros  sont  perdus.  26  février  iSy^.  Tête  en  bron:^e  avec  ins- 
cription. Esumus.  Evreux.  » 

Ces  lignes,  de  la  main  de  M.  G.  de  Mortillet,  suffisent  à 
prouver  que  l'objet  dont  il  s'agit  est  entré  au  Musée  avant  1867, 
époque  où  mon  prédécesseur  commença  à  rédiger  les  inven- 
taires, avec  une  exactitude  dont  feu  Beaune,  le  premier  attaché 
du  Musée  (1863-1868),  n'avait  malheureusement  pas  donné 
l'exemple. 

Dans  son  Mémoire  sur  la  collection  de  vases  antiques  trouvée  à 
Berthouville,  publié  dans  le  tome  VI  des  Mémoires  de  la  Société 
des  Antiquaires  de  Normandie,  Aug.  Le  Prévost  a  signalé  notre 
buste  comme  découvert  en  1830  dans  les  fouilles  de  la  forêt 
de  Beaumont-le-Roger,  près  d'Evreux^  Des  ouvriers,  au  mois 
de  février  de  cette  année,  avaient  rencontré  quatre  cents  mé- 
dailles sous  un  chêne  ;  le  propriétaire  de  la  forêt  fit  alors 
commencer  des  fouilles,  qui  mirent  au  jour  les  restes  de 
quatre  constructions  gallo-romaines  rustiques.  M.  de  Staben- 
rath  publia  à  ce  sujet  un  mémoire,  que  je  n'ai  pas  vu,  dans  le 
Recueil  d'agriculture,  sciences  et  belles-lettres  de  l'Eure,  juillet  1830 
(p.  245);  la  fig,  5  de  la  pi.  II  est  une  gravure  du  buste.  «  C'est, 

I .  Mèm.  cité,  p.  59.  Je  dois  cette  indication  à  l'amitié  de  M.  Héron  de 
Viliefosse. 

Revue  Celtique,  XV.  28 


414 


Salomon  Reinach. 


dit  Le  Prévost,  un  ex-voto  du  travail  le  plus  misérable  ;  les 
traits  sont  forts  et  encadrés  d'un  bourrelet  de  cheveux.  »  Il  lut 
l'inscription  ainsi  : 

ESVMOPAS-  CNVSTICVS-  VSLM 

et  tandis  que  Stabenrath  avait  admis  l'existence  d'une  divinité 
Esumopas,  il  préféra  croire  que  le  dédicant  s'appelait  Esumopas 


Cnusticus.  Les  archéologues  normands  n'étaient  pas  non  plus 
d'accord  sur  l'interprétation  du  buste  :  tandis  que  le  proprié- 
taire y  voyait  un  Mercure,  Stabenrath  croyait  la  tête  féminine 
et  Le  Prévost  y  reconnaissait  un  portrait  du  donateur. 

En  1860,  Bonnin,  conservateur  du  Musée  d'Evreux,  publia 
ses  Antiquités  gallo-romaines  des  Eburoviques,  ouvrage  très  rare, 
où  sont  entoLiis  des  documents  que  l'on   chercherait  vaine- 


Esumopas  Cnusticus.  415 

ment  ailleurs.  A  la  pi.  III  du  fascicule  VIII,  il  y  donne  de 
médiocres  gravures  d'après  les  objets  découverts  dans  la  forêt 
de  Beaumont,  à  savoir  le  buste  avec  l'inscription  (n°  i),  deux 
casseroles  (n°^  2  et  3),  deux  fragments  d'inscriptions  (n°^  5 
et  6)  et  le  pied  de  la  seconde  casserole  (n°  4).  La  pi.  I  est  un 
plan  de  la  section  de  la  forêt  de  Beaumont  où  ont  été  faites 
les  découvertes;  sur  la  pi.  II  sont  réunis  les  tracés  des  édi- 
fices décrits  par  Aug.  Le  Prévost.  Dans  la  légende  (p.  24), 
l'inscription  gravée  sur  le  buste  est  donnée  comme  il  suit  : 

ESVMOPASOCMVSTICVS.V.S.L.M. 

Cette  transcription  très  incorrecte  est  conforme  à  la  gravure, 
qui  ne  l'est  pas  moins  :  il  tant  lire  : 

ESVMOPAS  °  CNVSTICVS 
V     S    L      M 

Le  point  circulaire  après  esvmopas  a  été  pris  par  Bonnin  pour 
un  o  ;  il  a  également  lu  et  dessiné  un  m  à  la  place  de  I'n,  qui 
est  très  distinct  dans  le  second  mot. 

«  Ces  fragments,  aujourd'hui  frustes,  ajoute  Bonnin,  sont 
reproduits  ici  tels  que  les  auteurs  de  la  découverte  les  ont 
donnés.  Les  objets  i,  2,  3  [le  buste  et  les  deux  casseroles] 
appartiennent  aujourd'hui  à  M.  Chevalier,  percepteur  à  Har- 
court  (Eure).  Un  moule  en  plâtre  du  n°  i  se  trouve  au  Musée 
d'Evreux.  » 

Les  premiers  dons  et  les  premières  acquisitions  qui  ont 
formé  le  noyau  du  Musée  de  Saint-Germain  remontent  à  1862. 
La  même  année,  MM.  Louis  Passy  et  Léopold  Delisle  réédi- 
tèrent la  Notice  historique  et  archéologique  sur  le  département  de 
l'Eure,  publiée  en  1833  par  Aug.  Le  Prévost;  à  la  p.  44  de 
cette  réimpression,  il  est  question  des  fouilles  de  la  forêt  de 
Beaumont,  mais  sans  indication  sur  le  sort  des  objets  décou- 
verts :  «  Les  bâtiments  dont  on  a  retrouvé  les  fondations  sont 
au  nombre  de  quatre;  trois  sont  des  lieux  d'habitation  qua- 
drangulaires,  et  le  quatrième  un  sacellmn  rustique  circulaire. 
On  a  recueilli  dans  les  décombres  deux  patères  en  bronze,  re- 


4i6  Salomon  Reinach. 

marquables  par  les  cercles  concentriques  de  leur  surface  infé- 
rieure, une  inscription  votive  très  fruste  sur  une  pierre  cal- 
caire, un  buste  de  Mercure,  avec  une  autre  inscription  plus  com- 
plète, des  fragments  d'enduit  peint  à  fresque,  des  tuiles  anti- 
ques, quelques  médailles  et  beaucoup  d'autres  objets.  »  ^  Au 
mot  Médailles  se  rapporte  une  note  ainsi  conçue  :  «  C'étaient 
des  Antonin,  des  Faustine  mère,  une  Crispine  (grand  bronze), 
des  Constantin  (moyen  petit  bronze),  une  Hélène  (moyen 
bronzé),  un  Tetricus  (petit  bronzé).  »  Le  Prévost  ajoutait 
dans  le  texte  :  «  Un  grand  nombre  de  médailles  d'argent  ont 
été  trouvées  en  bloc  sous  les  racines  d'un  chêne,  à  peu  de  dis- 
tance ;  toutes  celles  qu'on  a  pu  déchiffrer  appartenaient  au 
iii^  siècle.  » 

D'après  l'inventaire  du  Musée,  les  deux  casseroles  gravées 
dans  l'ouvrage  de  Bonnin  ont  été  achetées  au  mois  de  mars  1870 
à  l'antiquaire  Charvet,  un  des  principaux  collectionneurs 
d'antiquités  gallo-romaines  à  cette  époque.  La  notice  manus- 
crite du  n°  13692  (casserole  provenant  de  la  foret  de  Beau- 
mont-le-Roger,  1830),  indique  qu'il  a  figuré,  sous  le  n°  754, 
à  l'Exposition  universelle  de  1867.  Il  est  possible  que  Charvet 
ait  également  vendu  le  buste,  après  l'avoir  acheté  au  percep- 
teur d'Harcourt,  qui  le  possédait  en  1860. 

Cet  objet  a  été  signalé  en  passant  dans  mon  Catalogue  som- 
maire du  Musée  de  Saint-Germain,  publié  en  1887  (p.  31); 
mais  je  crois  qu'il  est  resté  généralement  ignoré  des  archéo- 
logues et  philologues  celtisants,  car  j'en  ai  vainement  cherché 
une  mention  dans  les  ouvrages  suivants  : 

1°  L'index  de  la  Géographie  de  la  Gaule  ronmine,  d'E.  Des- 
jardins ; 

2°  VOnomaslicon,  de  V.  de  Vit  ; 

3°  La  Liste  des  noms  supposés  gaulois,  publiée  par  le  général 
Creuly,  Revue  Celtique,  t.  III,  p.  167; 

4°  Les  suppléments  à  cette  liste  pubHés  par  M.  l'abbé  Thé- 
denat,  ihid.,i.  VIII,  p.  384;  t.  XIII,  p.  311. 


I.  Mc'moires  et  notes  de  M.  Auguste  Le  Prévost,  pour  servir  à  l'histoire  du 
département  de  l'Eure,  recueillies  et  publiées  par  MM.  Léopold  Delislc  et  Louis 
Passy.  Tome  I",  Evreux,  janvier  1862. 


Esumopas  Cnusîicus.  417 

Un  dessin  du  buste  de  Beaumont-le-Roger,  conforme  h  celui 
que  nous  donnons  ici,  vient  de  paraître  dans  le  catalogue 
illustré  des  bronzes  gallo-romains  du  Musée  de  Saint-Germain. 
Le  Catalogue  sommaire,  d'accord  avec  l'ancienne  étiquette,  le 
qualifie  d'«  ex-voto  au  dieu  gaulois  Esumus  »,  mais  il  est 
certain  que  cet  Esumus  est  ce  que  M.  de  Longpérier  appelait 
«  un  fliux  dieu.  »  Dans  l'inscription,  qui  est  très  lisible,  le 
point  est  parfliitement  net  après  esvmopas;  mais  il  n'y  a 
aucune  séparation  entre  esvmo  et  pas.  Du  reste,  nous  con- 
naissons déjà  deux  noms  gaulois  analogues  à  Esumopas,  à  sa- 
voir Urupas  et  Agedomopas  ou  Acedomapas^.  Dans  Esumopas, 
il  fliut  probablement  séparer  Esu-mopas,  Acedomopas  devant  être 
rapproché  d'Aceto-dunum-  (Agedunum)  et  à'Agedo-virus.  On 
peut  toujours  supposer  que  le  nom  du  dieu  Esus  entre  en  com- 
position dans  ce  mot. 

Le  buste  est  imberbe,  c'est  tout  ce  que  Ton  peut  dire  :  rien 
ne  permet  d'ajffirmer  qu'il  soit  féminin,  bien  que  ce  soit  plutôt 
mon  avis.  Le  travail  en  est  mauvais,  mais  très  intéressant  à 
cause  de  l'analogie  qu'il  présente  avec  une  série  de  têtes  en 
bronze,  toutes  découvertes  dans  la  Gaule  orientale,  qui  sont  étroi- 
tement apparentées  entre  elles  et  avec  certains  produits  de 
l'art  Scandinave.  Comme  j'aurai  l'occasion  de  publier  bientôt 
une  collection  presque  complète  de  ces  monuments,  il  me 
suffit  d'en  indiquer  ici  l'importance  ;  le  buste  de  Beau- 
mont  est  le  seul  monument  de  cette  série  qui  porte  une  inscription 
et  le  caractère  tout  à  fait  indigène  de  cette  épigraphe  justifie 
les  conclusions  auxquelles  je  suis  arrivé,  d'autre  part,  par 
l'étude  du  style.  Ce  n'est  pas  de  l'art  gallo-romain;  c'est  de 
l'art  gaulois  sous  la  domination  romaine. 

Salomon  Reinach. 


I.  Gagnât,  Revue  Celtique,  t.  IX,  p.  82;  Espcraiidieu,  Epigr.  rom.  du 
Poitou  et  de  la  Saintotige,  p.  264.  Ces  deux  auteurs  citent  le  nom  Esumopas, 
sans  indiquer  leur  source  d'information.  Voir  aussi  Holder,  s.  v.  Agedomapas. 


THE   PROSE   TALES 


RENNES    DINDSENCHAS 


33.    RÔIRIU. 


(R.  101^2). 

Roiriu  i^  n-Uib  MMîVedaigh,  canas  roainmniged? 

Ni  ansa.  Roiriu  mac  Scnain  meic  Setna  meic  rlg  Connacht 
docer  i^  cath  ann  la  L-àigniu,  7  is  and  ro  adnacht,  ut  ali[i]  d/- 
cuni,  7  Roiriu  ingen  Rarain  3  ngûlcd  rig  Laigcn,  co  tue  di 
[a]  -àûiair  tulaig  Dotoad4  ina  tir,  corM5--aitreb,  7  conid  inde 
roadnaf/;/;,  et  de  q/nbwi  Duma  R:\;rend  àicitux. 

Roiriu  son  of  Senân  son  of  Setna,  the  son  of  a  king  of 
Connaught,  fell  tliere  in  battle  by  the  Leinstermen,  and  tliere, 
as  others  say,  lie  was  buried.  And  also  Roiriu  daughter  of  Ra- 
ran  the  king  of  Leinster's  chief  poet,  to  whom  her  father 
gave  Tulach  Dotoad  —  [as  it  was  then  calied  — ]  in  his 
country,  and  there  she  dwelt  and  therein  she  was  buried. 
Froni  which  (two  Roirius)  Diima  Rôirenn  «  Roiriu's  Mound  » 
is  calied. 

Also  in  BB.  368band  Lee.  465b.  Translated  in  Silva  Gadelica,  II,  $29. 
In  LL.  200-^  55,  for  the  sentence  about  Roiriu  daughter  of  Raran  (or  R6- 

1 .  Voir  Revue  Celtique,  XV,  272 

2.  aR. 

3 .  Ronain  BB'  Lee. 

4 .  Dagoadh  BB.  docoad  Lee. 


The  Rennes  Dindsenchas.  419 

nàn),  we  hâve  a  statement  that  thc  princesses  Fithir  and  Dairine  werc  buried 
in  that  rath.  See  the  Boroma,  Rev.  Cchique,  X,  37-59. 

Rôiriii,  gen.  Roireiin,  now  anglicîsed  Reerin  and  Reelion,  is  a  hill  ncar 
Athy  in  the  co.  of  Kildare:  see  O'Donovan,  Four  Masters,  A. M.  3549, 
note  5,  and  Goldclica,  p.  178. 


34.  Mag  Mugna  ocus  Brechmag. 

Mag  Mugna,  canas  i'oai)iiiiuiged?  Ni  ansa,  7  Brechmag? 

.i.  Brechmagh,  is  andsin  roscrnnd  cétna  selg  La'igcn  .1. 
enach  selga  [.i.]  dam  n-a\laid  7  eilit  7  lœg  7  con  allaid  7  in 
cû  fodiuid,  7  Abach  filf  nodos-gair  sic,  b[r]acem  in  dam,  bru 
in  eleit,  baigliu  in  lâg,  brech  an  cû  allaid,  ut  dicilur  : 

Atconn3.[r]c  braichem  is  ^  brù 
ocus  baigliu  etarru, 
sochaide  rodech  a  mmag  ^ 
ocus  brech  aca  marbad. 

Mugna  dono  moo  gnoe  e  .i.  moo  baiscnibî. 

Nô  Mugna  moo  gnia  .i.  mo  m^caib  sethar,  quia  fit 4  gnia 
mac  sethar^  ut  dicilur  i  5  mBrc//;aib  Neimedh  gnia  sethar  .i. 
mac  sethar,  mac  som  di^m  caera  dona  cœraib  dobé^rt  trefuiln- 
gid  trt'orach  for  a  craeb.  Tri  toirrthi  fair  [.i.]  dercu  7  uball  7 
cnu,  [7]  intan  dofuited  in  cétni  torad  nofasad  torad  aroile. 
B6i  d'idiu  re  cian  i  5  ndichth  co  gem  Chuind  Cétcbathaig.  Ni- 
n[i]ne  eces  iuimorro  ro[s]trascair  i  n-aims/r  Domnaill  meic 
Murchadâ  n[gh]  Erenn.  Is  é  rc/;gaib  ailges  do.  Coimlethan  a 
barr  7  in  mag.  Nô  comaJ  i  n-aimsir  mac  n-Aeda  Slaine^  do- 
fuitet  moraen  7  Bile  Tortan.  Tricha  ed  a  tacmacc  7  tri  cet  ed  a 
airde,  7  a  duille  fliir  dogrés/.  [Unde]  Mag  Mugna  dicitur. 

Brechmag  «  Wolf-field  »,  otherwise  Enach  selga,  «  the  Moor 


1.  sic  H.  7  R. 

2.  in  mag  Lcc,  immach  LL,  in  cath  H,  in  a  cath  R. 

3.  abdiscnib  R. 

4.  pit  R. 

5.  aR. 

6.  siainge  R. 

7 .  sempcr  R. 


420  Whitley  Stokes. 

of  the  Hunt  »  :  'tis  there  that  Leinster's  first  hunt  was  scattered 
(loosed  ?),  to  wit,  a  stag  and  a  doe  and  a  fawn  and  a  wolf, 
and  the  wolf  pursuing  them.  Abach  the  poet  called  them 
thus  :  the  stag  brachcm,  the  doe  brû,  the  fawn  baigliu  and  the 
wolf  brecb.  As  he  said  :  I  beheld  a  bracbciii  and  a  bru  |  and 
between  them  a  baigliu  |  —  a  multitude  saw  the  plain  —  ]  and 
a  brecb  killing  them  ». 

Mugna,  then,  greatest  (moo)  of  noteworthy  things  {gnoe) 
was  it,  to  wit,  greatest  of  oaks  (or  «  sacred  trees  »)  ^ 

Or  Mugna  from  uioo-gnia,  that  is,  greatest  of  sister's  sons, 
because  gnia  means  a  sister's  son,  as  is  said  in  the  Brctba  Nemed 
(«  Judgments  of  the  Notables  »)  gnia  setbar,  that  is  a  sister's 
son.  He-  was  indeed  a  son.  Berries  to  the  berries  the  strong 
(guiding?)  Upholder  put  upon  his  tree.  Three  fruits  upon  it, 
namely  acorn,  apple  and  nut,  and  when  the  first  fruit  fell  ano- 
ther  fruit  used  to  grow.  Now  it  w^as  for  a  long  while  hidden 
until  the  birth  of  Conn  of  the  Hundred  Battles  (when  it  was 
revealed).  Ninine  the  Poet  cast  it  down  in  the  time  of  Dom- 
nall  son  of  Murchad  King  of  Ireland,  who  had  refused(?)  a 
demand  of  Ninine's.  Equally  broad  were  its  top  and  the  plain 
(in  which  it  stood  »).  Or  it  may  hâve  been  in  the  time  of  the 
sons  of  Aed  Slane  that  this  tree  and  the  Bile  Tortan  fell  toge- 
ther.  Thirty  cubits  was  its  girth,  and  its  height  was  three 
hundred  cubits,  and  its  leaves  were  on  it  always.  Whence  Mag 
Mugna  «  the  Plain  of  Mugna  »,  is  said. 

Also  in  BB.  568''  26:  H.  25a:  Lee.  466^.  The  part  about  Brechmag  is 
also  in  LL.  200*63,  and  in  the  Féhre  of  Oengus,  Dec.  11,  there  is  a  note 
on  the  tree  of  Mugna.  See  also  LL.  aoo-'  12,  where  four  other  famous 
trees  (including  the  Bile  Tortan)  are  named. 

Mag  Mugna  seems  from  the  note  just  mentioned  to  hâve  been  in  the  east 
of  Leinster  on  the  brink  of  the  river  Barrow. 

Bnxhmag  (angUcised  Breafjy)  :  there  arc  places  so  named  in  Connaught 
and  Tirconnell.  This  Brechinag  must  hâve  been  in  Leinster. 

1 .  The  eo  Mugna  herc  referred  to,  was  an  oak  ((/(//r):  see  LL.  200^  12. 

2.  Christ  apparently  is  referred  to.  His  Virgin  mothcr  is  called  «  our 
sister  »  in  the  Félire,  Dec.  14,  and  in  Cormac's  Glossary,  s.  vv.  j«"rteand  se- 
thor.  The  Trcfui]uç;id  trcorach  a  strong  upholder  »,  seems  an  alliterative  ken- 
ning  for  God  or  Christ. 


The  Rennes  Dindsencluis.  421 

Conn  CHchathach  wîs  overking  of  Ireland  from  A.D.  123  to  127:  Dom- 
nall  son  of  Murchad  from  A.D.  759  to  758  :  the  two  sons  of  Aed  Slàinc 
(Diarmait  and  Blathmac)  from  A.D.  657  to  664. 

baigliu  «  fawn  »,  seems  cognate  with  Gr.  «pây.Xo;  «  lamb  »,  root  çay  to  eat. 


35.  Belach  Conglais. 

Bealach  Conglais,  canas  roainmniged  ? 

Ni  ansa.  Glas  in  secbtvùad  mac  Duind  Desa,  dalta  do  Etir- 
scel  Mor  do  rig  Ereiin,  7  i  ^  Temvaig  roalt  in  Glas,  7  is  é  ba 
toisech  comirû  la  hEt/Vscél  7  la  Conaire.  Intan  iar[u]ni  do- 
chuad^zr  a  braithre  for  diU'/Vg  co  hingcel  ^  luid-sium  lia  conu 
i  mag  Temrach,  cou  tarla  tîadmuc  do,  co  ndechaid  re'ime  fodess 
cusin  mbelach  n-ucut,  co  torcha//-  an[d  in]  mucc  7  in  comut  7 
Glas,  unde  Bclacb  Conglais. 

Secht  nu'z'c  Duind  Dcsa  dit/Zw; 

Fear  gair  frisin  forcsin, 

Fer  lée  fri  cloistecht. 

Fer  rogain  fri  hairdmes, 

Lomna  [druth]  fri  druidecht, 

Fer  rogain  3  fri  naseau  niad  .i.  fri  galu  trenfer. 

Fer  gel  fri  galaib  ôeinfir. 

Fer  glas  fri  ro«cairecht, 

ut  dicituv  de  no;7//;nbw5  et  moiribi^i  et  fac/is  eorwm  isin  Duil 
[Laech-]sloindti  Laigw. 

Glas  was  the  seventh  son  of  Donn  Desa  and  a  fosterling  of 
Etirscel  the  Great,  King  of  Ireland.  In  Tara  Glas  was  reared 
and  'tis  he  that  was  Master  of  the  Hounds  both  with  Etirscel 
and  Conaire.  Now  when  his  (six)  brothers  went  a-reaving  to 
Ingcél,  Glas  proceeded  with  his  hounds  into  the  plain  of 
Tara,  and  there  he  met  with  a  wild  pig  which  went  away 
before  him  southwards  as  fir  as  yon  Pass,   and   there   fell 


1.  a  R. 

2.  haingel  R. 

3 .  rogair  R. 


42  2  Whitley  Stokes. 

the  pig  and  the  hounds  and  Glas  (himself),  whence  Belach 
Conglais. 

Donn  Desa's  seven  sons  ;  Fer  gair  for  the  look-out,  Fer  lée 
for  hearing  ;  Fer  rogair  for  judgment  :  Lomna  druth  for  wiz- 
ardry  :  Fer  rogan  for  tying  up  champions,  i.  e.  for  cham- 
pions' fights.  Fer  gel  for  duels  :  Fer  glas  [=  Glas,  supra]  for 
managing  packs  of  hounds.  [concairecht,  an  àz.  Xîy-] 

Also  in  BB.  369^  5  :  H.  23a  :  Lee.  466».  Versified,  LL.  195b  16,  from 
which  it  appears  that  there  were  more  pigs  than  one,  that  they  were 
fashioned  by  magie  (iniicca  delbda  driiidechtd),  and  that,  in  fact  they  were 
the  Red  Swine  of  Drebrenn  (juiicca  derga  Drebrinne),  as  to  which  see 
no.  71  (Dunia  Selga),  no.  73  (Loch  NeilT),  and  no.  77  {Coroiuî). 

Belach  conglais  now  Bahinglas,  co.  Wicklow.  Fer  gair,  Fer  lee  and  Fer 
rogain  occur  in  the  Togaiî  hnddne  Da  Derga,  LU.  84b.  For  Conaire  and 
Ingcél  see  the  same  tragic  taie. 


36.  Âth  Fadat. 

Âth  Fadat,  canas  roainmnigcd  ? 

Ni  anse.  Imairecc  tucsat  côraid  ^  Laig^;?  etunii  -  À.  Etan 
Cen[n]dé'rg  m^c  Cocca  cona  threhlucht  7  Liath  Daire  Leith 
Hua  Falge  o  Loch  Lurgan  cona  daind  [fo.  ici*' 2]  .i.  Fadat  a 
mac,  Dôee  7  Ci^chne  a  di  ingin,  im  toradh  na  Bérba,  co  tor- 
chair  in  Liath  isin  chomruc.  Tinoilset  dand  in  Leith  la  so- 
dhoin  7  marbtar  Fadat  ior  a  ath  isin  imairec  tanaist.  Lenaid 
[iarum]  na  da  ingin  iarsin  Etan  [co]a  rath  7  nomarbaid  inde. 
7  un^^-  Rih'f/;  Etain.  Luidset  na  hingena  arcul,  co  «-apaid  Dc^e 
ic  Lindid  Da^e  ïor  B^^rba  7  Cœchni  for  a  cluain.  Un^^  Ath  Fa- 
dat 7  ^àiîh  Etain  7  Cluain  C:iichni  7  Lind  Da^e  7  Daire  in 
Leith. 

Etan  cecinit  quod  sequitur5. 

Monùar  ni-tor-tdthaig  4 
ni  ba  deoch  do  blathaig, 

1 .  corcaid  R. 

2.  sic  LL.  Lse  R.  is  meant  for  inter  se. 
5 .   senciutTtHr,  R. 

4.   sic  LL.  ni  fortathaid  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  423 

ni  hérà  ior  mâthair 

mac  o  sund  [immach]  ^ 
Fadat  o  Loch  Lurgan, 
adbfî/;-  frib  in  t-augtar  ^ 
dofeth  do  g^  bulgach 

fri  Laigniu  hi  catli. 

Fadat  :        Ticfli  Doe5  ni  dineoch 
co  leind  is  co  m[i]leoch, 
co  n-arm  daigrech  direoch, 

do  4  cur  coscair  cruaid  : 
ticfaî  Cc-echni  cabsaid 
co  n-arm  agmar  arsaid, 
ragaid  dar  bar  n-amsaib, 

issi^  heras  buaid. 

Etan  :  IS  e  a  fir  nach  fetar 

ni-dam-gebend  ecal 
dom  leud  nô  dom  ledr ad  7 
i  cath  claidbech  cruaid. 
dofaethsaid  dom  tathluib, 
is  dofeth  ïor  mhriihair, 
rosia  co  îor  mâthair, 
is  me  héras^  buâid. 

Fadat  :        He  do  dil,  a  dasrfir, 

ni  doncoiscfcd  Gc\3idil, 
do  claideb  9  fein  fendil 
tescfo^  dit  do  chend. 
dotrua  Doc  ^'^  na  ndonnbrat 
ocus  Caschni  comnart 
is  Fadat  fer  fondbalc, 
bid  comrac  tri^  tend. 


1.  sic  LL.  6.  isi  R. 

2.  sic  LL.  antucatar  R.  7.  sic  BB.  ledrag  R. 

3.  sic  Lcc.  Ticfad  dœe  R.  8.  sic  LL.  b^ris  R. 

4.  sic  Lcc.  di  R  and  BB.  9.  sic  BB.  claidem  R. 

S-  ticfai  Lee.  ticfaid  R.  10.  sic  BB.  do  crua  Das  R. 


424  Whitley  Stokes. 

Etan  :  IS  misi  [in]  cur  cét3.ch 
co  slog  adbal  echtach, 
am  draicc  dine  drechtach, 

derb  is  dam  is  dual. 
tucus  mor  do  cathaib, 
ni  gebat  frium  athaigh, 
doYochair  {or  n-athair, 

toeth  -  in  mac,  monuar. 


Monuar  ni  5 


Ailit^r  Ath  Fadhat  :  Liath  Daire  Leith  teora  hingena  lais, 
Doe  4  7  Ca^clini  7  Fadliat.  Luidset  dia  {othriiccud  hi  Linnigh 
na  Tarb,  7  mar  do  sillset  foraib  fodesin  batar  i  ndelbaib  tri  fer 
cona  n-ulchaibli  5.  Amsôi  Fadhat  co  torchair  ic  Âth  Fadhat  7 
Das  co  Lind  Dôe  co  torchair  ann.  Luidh  d'idiu  Ca^chni  co  Sin- 
sinc[li]ell  'na  thigh,  7  audbraisdô  a  baile  fora  hic.  \Jnde  Cluain 
Ca^chni.  Sic  in  Mirabilibwj  duorum  Sincelloi7/ni. 

Champions  of  Leinster  fought  a  combat  between  them- 
selves,  to  wit,  Etan  Redhead  son  of  Cocca,  with  his  household, 
and  Liath  of  Daire  Léith  «  Liath's  Oakwood  »  from  Loch 
Lurgan,  with  his  children,  namely  Fadat  his  son  and  Dôe  and 
Caechne  his  two  daughters,  concerning  the  produce  of  the 
(river)  Barrow  (i.  e.  its  fisli).  Liath  fell  in  that  combat. 
Thereat  Liath's  children  gathered  together,  and  in  the  second 
combat  Fadat  iskilled.  So  then  the  two  daughters  follow  Etan 
to  his  fortress  (ràth),  and  therein  they  kill  him.  Whence 
Ràih  Eîàin.  The  girls  retreated,  and  Dôe  perished  in  Lind 
Dôe  on  the  Barrow,  and  Caechne  on  her  lawn  [i.  e.  Cluain 
Caechne].  Whence  Ath  Fadat  and  Raith  Etain  and  Cluain 
Caechne  and  Lind  Dôe  and  Daire  in  Léith. 

Etan  sang  what  follows  : 

Alas  he,  Liath,  haunteth  you  not  :  there  will  not  be  (even) 
a  drink  of  buttermilk  ^.  Henccforward  your  mother  will  bear 

1.  sic  BB.  tre  R.  3.    .m.  R. 

2.  ueth  BB.  taothR.  4.  sic  BB.  Dse  R. 

5.  sic  BB.  condulchaib  R. 

6.  Perhaps  «  a  drink  to  a  vvoman  «  :  hlatliacJi  .i.  bean,  P.  O'Connell. 


The  Rennes  Dindienchas.  425 

no  son.  Fadat  from  Loch  Lurgan,  the  author  dcclares  to  you, 
will  flxll  by  a  bulging  spear  in  battle  against  Leinstermen. 

Fadat  :  Dôe  will  corne,  not  a  healing  draught  %  with  a 
mantle  and  a  brooch,  with  a  fiery,  straight  weapon  to  cause 
hard  slaiighter.  Caechne  the  constant  will  corne  with  a  war- 
like  ancient  weapon,  she  will  overthrow  your  soldiers,  'tis  she 
that  will  carry  off  victory. 

Etan  :  This  is  a  truth  thou  knowest  not,  that  I  shall  hâve 
no  fearof  being  wounded  ormangled  in  sworded  hardy  battle. 
Ye  will  fliU  by  my  slingstone(?),  and  your  brother  will  fall  : 
he  will  betake  himselfto  your  mother  :  'tis  I  that  shall  carry 
of  victory. 

Fadat  :  Woe's  thy  fltte,  thou  base  man  !  the  Gaels  will  not 
check  us  :  thine  own  straying  sword  will  eut  oft  thy  head. 
Dôe  of  the  dun  mantles  will  corne  to  thee,  and  vigorous  Cae- 
chne, and  Fadat  a  strong-soled  (?)  man:  therc  will  be  a  con- 
flict  with  three  stark  ones. 

Etan  :  'Tis  I  ani  the  hundreded  champion,  with  an  army 
vast  (and)  deedful.  I  am  the  dragon  of  numerous  générations  : 
'tis  certain  it  is  meet  for  me.  I  hâve  delivered  many  battles, 
giants  will  not  prevail  against  me;  your  father  has  fallen  : 
the  son  will  fall,  alas  ! 

Otherwise:  Ath  Fadat  :  Liath  of  Daire  Léith  had  three  dau- 
ghters,  Doe  and  Caechne  and  Fadat.  They  went  to  bathe  in 
Linn  na  Tarb  «  the  Pool  of  the  Bulls  »,  and  when  they 
looked  at  themselves  they  were  in  the  shapes  of  three  bearded 
men  Fadat  turned  and  fell  at  Ath  Fadat,  and  Doe  to  Linn 
Dôe  and  there  she  fell.  Then  Caechne  went  to  Sinchell  Se- 
nior in  his  house,  and  for  curing  her  she  oftered  him  lier 
stead.  Whence  Cluain  Caechne.  Thus  it  is  in  the  Miracles  of 
the  Two  Sinchells. 

AlsoinLL.  i())^2y.  BB.  369=»:  H.  23b,  and  Lee.  466b. 

Ath  Fadat  «  Fada's  Ford  »  now  Ahade:  co.  Carlow.  See  O'Curry, 
Manners  and  Customs  III,  404. 

As  to  the  two  Sinchells  see  Fèl.  Ocng.  March  26,  June  25,  the  Four 
Masters,  A.D.  548  and  982,  and  Colgan,  Jeta  Sanctorwn  Hiherniae, 
pp.  747,  748. 

I.  dineach  salutary  liquor  or  drink,  P.  O'C. 


426  Wintley  Stokes. 

37.  Belach  Gabrain. 

Belach  Gabran,  canas  ro  ainmniged  ? 

Ni  ansa.  Gabrdn  cïi  Failbe  Fla[i]nn  doàechaid  for  lurg  Lur- 
gan  .i.  mue  bôi  ind  Druim  Almoine,  7  ni  fuair  a  hiiiadh  leis 
co  ndechaid  fo  tlialmhoin  i  Monaidh  Almaine,  conid  de  asberar 
Loch  Lurgan  i  Monaid  Alinn.  Uair  na  tarthaidh  in  cû  in  fiadh, 
7  nd  ron-ela  nar/;  fiadh  riam  diand^'rgadh  uô  diangaradh,  imsâe 
dia  thig  arcûlu,  co  roemidh  ^  a  cridiie  andsin  forsin  helacb. 
Unde  Belach  Gabrain. 

Gabrdn,  a  hound  of  Failbe  Flann's,  went  on  the  track  of 
Lurgan,  a  pig  that  haunted  Druim  Almaine,  «  the  Ridge  of 
Allen  »,  and  had  no  place  (of  rest)  fromthe  hound,  tillit  rush- 
ed  under  ground  in  the  Bog  of  Allen.  So  from  it  is  called 
Loch  Lurgan  in  the  Bog  of  Allen.  Since  the  hound  did  not 
overtake  the  quarry,  and  no  quarry  of  his  had  ever  before  es- 
caped  rapid  reddening  or  rapid  warming^,  he  turned  back 
homeward,  and  his  heart  broke  there  on  the  pass  (where  he 
was  buried).  Hence  Belach  Gabrain  «  Gabrdn's  Pass  ». 

Also  in  BB.  369'' 47:  H.  24=>:  Lee.  467^:  SilvaGadelica,  II,  5  34.Versified 
in  LL.  1 96=1  :  from  which  it  appears  that  the  pig  was  grey  and  bhnd  of  an  eye. 
Belach  Gabrain  now  Gowran  Fass  in  the  co .  of  Kilkenny. 


38,  Sliab  Mairge. 

Sliab  Mairgi,  comas  roaiiimniged  ? 

Ni  ansa.  Marg  nvic  Giusoigh  ineic  Lodoin  Leith  Luac/;;'a, 
rer/;iaire  rig  Fomoire  .i.  Ccndt^rcluais  a  ainm  .i.  cr'/cluasta. 
Eocha  dino  Munisti  for  côic'id  Gailian  ann.  Targlamsat  Laig/« 
a  cis  TQchtaïdhe  do  co  Belach  Nmzed.  Rainic  dano  a  biad  7  ni 
comarnaic  a  deogh  niadh.  Rongab  deine  im  tomoilt  ïn  tirm- 
carna  co  ndecmaic  tart  brdighit  do,  co  tathaim  de  7  a  cenn  fri 
cenn  in  tsleib.  [Unde]  Sliab  Mairge. 

I.,  sic  BB.  arculadh  corofeimidh,  R.  The  poem  in  LL.  196-»  9  has  ra 
chnômaid  «  broke  hke  a  nut  ». 

2.    «  being  killed  or  cooked  »,  O'Grady. 


The  Rennes  Dindienchas:  427 

Marg  son  of  Giusach  son  of  Lodan  the  Gre}'  of  Luachair 
was  the  steward  of  tlie  Fomorians'  king  whose  name  was 
«  Century-ear  »,  that  is,  having  a  hundred  ears.  Now  Eocho 
Muniste  was  then  over  the  province  of  the  Gaihans  (Leinster). 
The  Leinstermen  brought  together  the  lawful  tribute  to  him 
to  Belach  Nemed  (on  Sliab  Mairge).  Now  his  food  arrived, 
but  his  champion's  drink  did  not  meet  him.  Eagerness  as  to 
eating  the  dry  flesh  seized  him,  and  drouth  attacked  his  throat, 
so  that  he  died  thereof  with  his  head  against  the  head  of  the 
mountain.  Whence  Sliab  Mairge,  «  Marg's  Mountain  ». 

Also  in  LL.  160»  12  :  BB.  370»  16  :  H.  24»:  Lee.  467b;  Bodl.  no.  39. 

Sliab  MaCrge  now  Slieve  Margy  in  Queen's  county.  Belach  ncined  (Belach 
Edinn  in  LL.,  B.  Eidind.  Lee.)  not  identified. 

As  to  the  Fomorians  see  O'Mahony's  Keating,  pp.  116,  124,  126,  142, 
and  Rcv.  Celtique,  XIL  58,  129. 

39.  Ard  Lemnachta. 

Ard  Lemnaf/;/a,  canas  voainmiu'ged? 

Ni  ansa.  Cath  tue  Crimilmnii  Sciathbei  ri  Laigen  do  Tua- 
thaib  Fidhgha  7  Fochmai/îd.  Nert  cet  cach  fir  dib.  Atbailedh 
[inti]  fora  nd^rgdâis,  7  ni  gabdais  renda  no  febra  friu. 

Tue  dàiio  Cr'imtbann  cXainn  Cruithnig  do  cobraidh  cucu,  7 
doruaichill  foirb  Ver  Fidh[gh]a  doib  dia  mbidis  coscraigh  ^  As 
ann  isb^rt  Trostan  drai  Crnxihnech  :  «  Tomlactaiter  -  .111.  lul- 
gaf/;  n-a^nndatha  i  n-itn  clasaig,  7  nan-gonflit  Fidhghaideî  fo- 
thraicf/;é:r  sin  lamnuht  sin,  7  atré  slan  o  neimib  a  n-arm.  Ana 
slaidfider  dibseom  immo/TO  dichnetar  uile.  » 

Fognid  samk/W  7  ba  coscrach  ÇLr'ixnihann  7  torcradar  Tua- 
tha  Fidhga.  \3nde  Ard  Lemnflr/;/a. 

Crimthann  Shieldmouth  delivered  battle  to  the  Tribes  of 
Fidga  and  Fochmann,  of  whom  each  man  had  the  strength 
of  a  hundred.  He  whom  they  wounded  would  perish,  and 
neither  points  nor  edges  used  to  hurt  them. 

1 .  coscraidh  R. 

2.  sic  BB   Tamiachtain  R. 

3 .  nongonfat  lighdhaide  R. 


428  Wliitley  Stokes . 

Now  Crimlhann  brought  the  clan  of  Cruithnech  (the  an- 
cestor  of  the  Picts)  to  help  his  men,  and  promised  them,  if 
they  were  victorious,  the  héritage  of  the  Men  of  Fidga.  Then 
said  Trostan  a  Pictish  druid  :  «  Let  thrice  fifty  milch-kine  be 
milked  into  one  trench,  and  let  him  whom  the  Men  of  Fidga 
shall  slay  be  bathed  in  that  milk,  and  from  the  poisons  of 
their  weapons  he  shall  arise  healed.  But  let  those  of  them 
that  shall  be  slain  lose  their  heads.   » 

Thus  was  it  done,  and  Crimthann  was  victor,  and  the  Tri- 
bes  of  Fidga  fell.  WhencQ  Ani  Lemnachta  «  the  Height  ofthe 
New-milk.  » 

Also  in  BB.  370^  38:  H.  24*1:  Lee.  467b.  Versified,  LL.  196»  12-32.  See 
O'Curry's  Lectures,  p.  450,  O'Mahony's  Keating  p.  215,  Skene,  Chron. 
Pict.  450,  and  Ir.  Nennius  éd.  Todd,  pp.  122,  124,  Ixviii  : 

Ard  Lemnachta  must  be  in  the  barony  of  Forth  co.  Wexford,  where  the 
Tuatha  Fidga  (infamous  for  their  use  of  poisoned  weapons)  formerly  dwelt. 
They  were,  according  to  LL.  15»  25  and  Lee.  cited  in  Ir,  Nennius,  i.xviii,  a 
tribe  of  Britons. 

40.  Loch  Garman. 

§  I.  Loch  Garman,  cid  diata  ? 

§  2.  Ni  aiisa.  Garman  Glas  m.ac  Deganii  rohaànacht  ann, 
7  intan  foclas  a  fert  is  ann  romehaid  in  loch  fo  tir.  Unde 
Loch  Garman  et  cniiis  erat  ïraler  Dea  mac  Degann,  a  q//o  Li- 
ber nDedfl!  i  Crich  Cualann  et  wliqua. 

§  3.  Aliter  Loch  Garmon  .i.  Garmun  Garb  m^ïc  Borna  leice 
robdided  and  la  Càthâir  Môr  hi  tipraid  Puirt  Cc^lranna,  ar  ba 
hé  a  c<?7ainm,  7  is  and  mehaid  in  loch  tune.  Feis  Temra  fo- 
gnit[h]e  la  Cathàir  ar  samoin,  tri  laithi  riam  7  tri  'vàruni,  cen 
gait  is  gan  guin,  gan  aidbriud,  gan  athgabâil,  gan  eccraiti, 
gan  aithed,  con'id  ann  dofall  Garmun  minn  ôir  mna  Cath^h'r 
iar  mheith  don  tslog  ar  mesce.  Mw^luid  Garmon  le  mind  ôir 
na  rigna  7  muinter  Cathair  freis  co  ruccad  fair  ic  tiprait  Cœl- 
cenda.  conid  aca  bâ[d]ad  romebflî/^  in  loch.  Un^^Loch  Garmon. 

§  4.  O  Slainge  mac  Delà,  o  rig  Fer  mbolg  ammmgtber  in 

1.  sic  BB.  a  R. 

2.  a  tosaig  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  429 

aband  .i.  Slaine  7  InbtT  Slaine.  I  n-aimsir  Caihâir  'mv>iorro 
ainmniug//(i  an  locha  amaiJ  ashert  hi  ^  fis  Cathc/r. 

§  5.  Fecht  i  tosach-  a  bcthm/  do  Cathrt/r  ina  codlad  co  facca 
ingin  ^  in  briuga^/  [cctaig]  co  ndeilb  câin  7  car/;  dath  ina  tim- 
taig  7  si  torrach.  Dccc.  hliadaii  di  samlaid  co  ro  ta  gein  m^fc 
7  ba  treseam  olda  a  mâthair  in  laithe  rofucc^^.  Cuirit  gliaid, 
7  ni  fuair  a  mâthair  inad  dia  imgabail  acbt  tecbt  tre  medân  in 
ma[i]c.  Cnocc  oeibind  osa  cind-  dib  linaib,  airde  cacb  tulaig 
co  slogaib  and.  Bile  etrocht  amail  ôr3  isin  cnuc,  cosnied  co 
niula  ara  airde.  Cach  ceol  ina  duillib.  Brechtais  a  torrthea  in 
talam  [intan]  nom-benad  gretli.  Rogha  toraid  do  car/;  oen. 

§  6.  Mos-duisci 4.1a  sodoin  rt»/iagart  a  drùi  .i.  Brii  mac  Bair- 
ceda,  inadochum  7  atfet  scela  do.  «  Eirnifetsa  insin,  »  ar  Brii. 
«  Is  i  in  ingen  .i.  in  abann  diana[d]  comainm  Slaine.  IS  iat 
[fo.  102**  2]  na  datha  ina  hétgud,  ôes  ca.cbà  dana  cen  inandwj-S 
fodla  no  aiste.  IS  é  in  briug^  [cétach]  ba  hathafr  di  .i.  talum 
triasa  ta  cet  aicb  genemain.  IS  é  in  mac  bôi  'na  broind  .dccc. 
hliadan,  loch  geinfes  a  sruthar  na  Slaine  7  id  lind-siu  mus- 
luidfe.  Treisi  in  mac  olda  a  mâthair,  in  la  genfes  in  loch  baid- 
fidh  in  aband  uile.  Sloigh  imda,  cach  'ga  hol-si  7  'ga  ol-sonj. 
ISé  in  cnoc  mor  osa  cind  6,  do  nen-sa  os  cach.  IS  é  in  bile  co 
ndath  ôir  cona  tort[h]aib,  tusa.  os  Banba  ina  ^aitbius.  IS  é  ceol 
bôi  hi  mbarraib  in  bile,  h'urlabra  hi  coma  7  ic  coicert  breath 
nGaïidel.  IS  é  gœth  )io  trascrad  in  toradh7,  h'inech-sa  fri  fo- 
dail^  sét  7  moine;  7  rotoimli  »,  ar  Brii,  «  breith  na  fisi-se  », 
7  ri. 

§  I.  Loch  Garman,  whence  is  it  ? 

§  2.  Easy  to  say.  Garman  Glas  son  of  Dega  was  buried 
there,  and  when  his  grave  was  dug  then  thelakeburstthrough- 
out  the  land.  Whence  Loch  Garman.  His  brother  was  Dea 
son  of  Dega,  from  whom  (is  called)  Inber  Dea  in  Crich  Cua- 
lann,  etc. 

§  3.  Othcrwise:  Loch  Garman.  Garman  the  Rough,  son  of 

1 .  sic  BB.  facaid  ingen  R.  5 .  coninindï«  R. 

2.  sic  BB.  chind  R.  6.  sic  BB.  chind  R. 

3.  ôir  R.  or  BB.  7.  sic  BB.  toraidh  R. 

4.  mosduisccd  R.  8.  sic  BB.  fogail  R. 

Rcvat  Ciltique,  XV.  29 


430  Whitley  Sîokes. 

Boimm  Lecc,  was  drowned  there  by  Cathdir  the  Great  in  the 
well  of  Port  Coelrenna  »  the  Harbour  of  Narrow-point  »,  for 
that  was  its  first  name,  and  'tis  there  then  that  the  lake  burst 
forth.  The  Feast  of  Tara  was  held  by  Cathair  at  samuin 
(Nov.  i),  three  days  before  and  three  after,  without  theft  and 
without  slaying,  without  reproof,  or  reprisai,  or  enmity  or 
elopement.  But  there  German  stole  the  golden  diadem  of  Ca- 
thair's  wife,  the  assembly  being  then  intoxicated.  Off  went 
Garman  with  the  queen's  golden  diadem,  (and)  with  Cathdir's 
household  at  his  heels,  till  he  was  overtaken  at  the  well  of 
Coelrind,  and  when  they  were  drowning  him  the  lake  burst 
forth.  Whence  Loch  Garman. 

§  4.  From  Slainge  son  of  Delà,  from  the  king  of  the  Fir 
Bolg,  the  river  Slaney  is  named,  and  also  Inver  Slaney.  In 
Cathdir's  time  was  the  naming  of  the  lake,  as  he  said  in  Ca- 
thair s  Vision. 

§  5.  Once  in  the  early  part  of  Cathdir's  hfe,  as  he  was 
asleep,  he  saw  a  hundreded  hospitaller's  daughter  with  a  beau- 
tiful  form,  and  every  colour  in  her  raiment,  and  she  was 
pregnant.  Eight  hundred  years  she  was  thus,  untilshe  brought 
forth  a  manchild,  and  on  the  day  he  was  born  he  was  stronger 
than  his  mother.  They  begin  to  fight,  and  his  mother 
found  no  place  to  avoid  him  save  by  going  through  the  midst 
of  the  son.  A  lovely  hill  was  over  the  heads  of  theni  both  : 
higher  than  every  hill,  with  hosts  thereon.  Ashining^  tree  Hke 
gold  stood  on  the  hill  :  because  of  its  height  it  would  reach  to 
the  clouds.  In  its  leaves  was  every  melody;  and  its  fruits, 
when  the  wind  touched  it,  specked  the  ground.  The  choicest 
of  fruit  was  each  ofthem. 

§  6.  Thereat  Cathdir  awakes  and  summoned  his  wizard, 
Bri  son  ofBaircid,  and  tells  him  his  taies.  «  I  will  rede  that», 
says  Bri,  [«  if  I  hâve  a  guerdon  thcrefor  ».  «  Thou  shalt 
hâve  »,  says  the  king,  «  every  thing  that  thou  mayest 
demand  »].  «  This  »,  [says  the  wizard,]  «  is  the  damsel, 
the  river  which  hath  the  name  of  Slaney.  Thèse  are  the 
colours  in  her  raiment,  artists  of  every  kind  without  same- 

I.   Literally  «  beginning  ». 


The  Rennes  Dindsenchas.  4^  i 

ness  of  distinction  or  peculiarity.  This  is  the  hundreded  hos- 
pitalier who  was  lier  father,  the  Earth  through  the  which 
corne  a  hundred  ofevery  kind.  This  is  the  son  who  was  in 
her  womb  for  eight  hundred  years,  the  lake  which  will  be 
born  of  the  stream  of  the  Slaney,  and  in  thy  time  it  will 
corne  forth.  Stronger  the  son  than  his  mother,  the  day  that 
the  lake  will  be  born  it  will  drown  the  whole  river.  Many 
hosts  there,  every  one  a-drinking  from  the  river  and  the  lake. 
This  is  the  great  hill  above  their  heads,  thy  power  over  ail. 
This  is  the  tree  with  the  colour  of.gold  and  wdth  its  fruits, 
thou  over  Banba  (Ireland)  in  its  sovranty.  This  is  the  music 
that  was  in  the  tops  of  the  tree,  thy  éloquence  in  guarding^ 
and  correcting  the  judgments  of  the  Gaels.  This  is  the  wind 
that  would  tumble  the  fruit,  thy  liberality  in  dispensing  jewels 
and  treasures.  And  now,  «  says  Bri,  «  thou  hast  partaken  of 
the  redc  of  this  vision  ». 

Also  in  BB.  270^  26:  H.  24b:  Lee.  468».  Paragraphs  2  and  3  are  also 
in  LL.  159»  37  and  in  Bodl.  no.  5.  The  whole  is  versified  inLL.  196^-1973. 
Crowe  has  edited  the  taie  in  prose  and  verse  (from  Lee.  and  LL.)  in  the 
Journal  of  theKilkenny  Archaeological  Association  for  January  1872.  l'here 
is  much  fancy  in  the  account  of  Cathâir's  Vision. 

Loch  Garman  now  Wexford  Harbour.  Inher  Dea  the  mouth  of  the  Vartry. 

Cathâir  Môr  overking  of  Ireland  from  A.D.  120  to  123. 

The  briiigu  cétach  or  «  hundreded  hospitalier  »,  was  a  landholder  legaliy 
bound  to  entertain  travellers  and  his  chief  s  soldiery,  and  to  possess  a  hun- 
dred slaves  and  a  hundred  of  each  kind  of  domestic  animal. 


41.  Loch  Dacàech. 

Loch  Dacâoch,  canas  roaintimiged  ? 

Ni  ansa.  Dacaech  ingen  Cicuil  Glicergluin  meic  Tuathmair 
G  Sleib  Admoir  .i.  Cicul  donacht  .ccc.  fer  ïor  oencosaib  7  for 
oenlamaib  7  a^nsuilib  7  a  mâthair  amaille  fris.  .i.  Lot  Luam- 
nach,  7  Fuata  Bé-Fail  a  bean,  7  is  é  fath  a  a  n-imluaid,  do 
chosnam  Erenn  (ri  macu  ^  MiW. 

1 .  comadh,  comhadh,  from  corn,  comh  .i.  coimhéud  a  guarding,  watchine. 
keeping,  P.  O'C.  »  &  s» 

2.  irine  a  qwo  R. 


432  Whiîley  Stokes. 

Amlaid  don[o]  bôi  Fuata,  7  hi  torrach,  7  dorhcht  a  ham, 
7  rotuisim  oen  ingin  ^  daill  .i.  Dacaech  a  ainm.  Muslùi  uaidhe 
gaii  fuirech  asin  purt  isiii  loch,  roros-baide  and.  Unde  Loch 
Daciech.  Figset  cath  hvuni  fri  daind  MiW^  7  doroch[r]adflr 
uile  hi  sunn. 

Dacaech  was  the  daughter  of  Cicul  GHcerglun  sonof  Tuath- 
mar  from  Sliab  Admor.  Cicul  came  with  three  hundred  men, 
each  using  only  one  leg  and  one  hand  and  one  eye,  and  his 
mother  Lot  Luamnach,  along  with  him,  and  his  wife  Fuata 
Bé  Fail.  And  this  is  the  cause  of  their  journey,  to  contend 
for  Ireland  with  the  sons  of  Mil. 

Thus  then  was  Fuata,  with  child.  And  her  time  came,  and 
she  brought  forth  one  blind  daughter,  named  Dacaech,  who 
fled  from  her  mother  without  delay  out  of  the  mansion-  into 
the  lake,  and  drowned  herself  therein.  Hence  Loch  Dacaech. 
They  fought  a  battle  against  the  Children  ofMil  and  in  it  they 
ail  fell. 

Also  in  BB.  572342:  H.  26^:  Lee.  470».  Still  more  meagre  versions  are 
in  LL.  169b  10-14  ^"'^  i"  Bodl.  no.  57.  See  also  Silva  Gadelica,  III,  513. 

Loch  Dacaech  is  now  Waterford  Harbour.  «  Sliab  Admoir  »  is  in  the  fol- 
lowing  poem  S.  Anthoir. 

In  the  men  «  on  single  feet  and  on  single  hands  and  single  eyes  »  we 
seem  to  hâve  a  référence  to  a  magical  process  :  see  Revue  Celtique,  XII, 
99,  and  add  this  from  the  Togail  Bniidnc  Da  Derga:  For  6en  choiss  7  6en 
lâim  7  oen  anail  rachain  dôib  insin.  «  On  one  foot  and  one  hand  and  one 
breath  she  sang  that  to  them  »,  LU.  86^  ». 

In  Bè  Fail  «  v/oman  of  Ireland  »  bê  (ex  *  bepes)  is  a  neuter  stem  in  s, 
which  Lidén  connects  with  the  kebs  in  German  Kebsfrau.  See  Ceilbc  supra 
p.  318. 

42.  Port  Lairgi. 

Port  Lairge,  cxnas  ïoainuiui^cd? 

Ni  ansa:  Vqous  dolûidh  Roth  mac  Cithaing  meic  righ  Indsi 
Aine  a  tirib  iat[h]  Fomorach  Li  haircing  5  tire  do  cuairt  coi- 

1 .  ingen  R. 

2.  port  a  palace  or  royal  seat  :  any  great  building,  P.  O'C. 

3.  haircind  Lee.  and  BB.,  seems  =  Welsh  arbeiui.  P.  O'C.  has  âîrcheann, 
ôircheajin  a  nobleman,  a  chicttain. 


The  Rennes  Dindsenchas.  4jj 

crich,  co  cimla  anni,  dord  na  mwrduchanndo  Muiricht.  Rolm- 
rdidh  forsin  fairgi  co  comtarnaig  f/'iù.  Issed  fuath  atcondairc 
ann,  na  mî<rduchaind  .i.  ingena  macdachta  as  coeme  cruth  7 
denum,  co  mongaib  buidhe,  co  c[n]essaib  gela  ùas  ulscib  léo. 
Méimhir  oen  na  tular/;  daw  in  t^-ichdar  brothwHuibnech 
biastaide-  dofil  léo  fo  uîsgib.  Cechnadar  dord  n-amra  doRoth, 
co  rotuil  sûan,  com«^-dailsed  na  piassda  ina  dôchcum  7  nam- 
brethcd  i  n-aigib,  7  faidhid  in  muir  a  Idairg  [liijsunda,  7  no- 
talladh  61  cet  a  mael  a  chnamha.  Unde  Fort  Lairg[e]  7  assin 
rofoillsig  Maen  mac  Etna  : 

Cur  croderg  cet  n-ilach 

bréo  dâna  bar  niad 

iath  Aine  truagh  3  airle 

techt  turthaid  céim  4  cechaing 

(ecbt  ïordail  goth  nathz^r 

bas  bosgill  fore  guba. 

fit  m///Vbri;zd  ceol  tuilsi  5 

os  Ich[t]-muir  dord  duchand 

drecht  nurgart  dith  n-senmaic 

cruaidh  Cithaing  Roth  comainm 

triath  araich  min[a]airlech 

codh  m[b]îasda  tonn  turchur 

iath  nElga^  coït  mbodba/ 

mul  mâcha  sorb  ^  sulmer 

slis  comfat  tocht  troimfer 

lôn  lairci  lecht  miled 

dian  magus9  port  curadh. 

[coir  ceachaing  ar  cach  bac«r.]  Cur. 

Once  upon  a  time  Roth  son  of  Cithang,  son  of  the  king  cf. 
Inis  Aine,  went  from  the  lands  of  the  Fomorians'  countries, 
with  the  chieftain  of  the  land  to  go  round  his  boundary,  when 
he  heard  somewhat,  the  burden  of  the  mermaids  of  the  Ictian 


I . 

m  R. 

6. 

ndelga  R. 

2. 

sic  BB.  bîasddighe  R. 

7  • 

mbadha  R. 

•> 

truadh  R. 

8. 

slorb  R. 

4. 

*céin  R. 

9- 

sic  BB.  and  Lee.  madhar  R. 

S. 

duilsi?/5  R. 

434  Whitley  Stokes. 

Sea.  He  rowed  on  the  sea  till  he  met  them.  This  is  tlie  appar- 
ition that  he  beheld  there,  the  mermaids,  to  wit,  grown-up 
girls,  the  fairest  of  shape  and  make,  with  yellow  hair  and 
white  skins  above  the  waters.  But  hus;er  than  one  of  the  hills 
was  the  hairy-clawed  bestial  lower  part  which  they  had  be- 
neath.  They  sang  a  wonderful  burden  to  Roth,  so  that  he 
slept  a  sleep.  Then  the  monsters  flocked  towards  him,  and 
they  carry  him  ofF  in  joints,  and  the  sea  sends  his  thigh 
hère  (to  Port  Ldirge),  and  the  drink  of  a  hundred  would  fit 
on  the  flat  of  its  bone.  Hence  Port  Làirge  «  Port  of  the 
Thigh  »,  and  'tis  that  which  Maen  son  of  Etain  made  manifest 
[in  the  foUowing  poem  :] 

A  bloodred  champion  of  hundreds  of  paeans,  the  bold  flame 
of  your  heroes  »,  etc.  ^ 

Also  in  BB.  372b:  H.  26»  and  Lee.  470».  A  variant  in  LL.  169»  11  and 
Bodl.  no.  24. 

Port  Lairge  now  Waterford.  Mu'ir  nlcht  the  Channel  between  England 
and  France.  Inis  Aine  not  identified. 

Miirducljaimi.  A  synonymous  samguha  occurs  infra.  In  the  description  of 
the  mermaids  and  the  effects  of  tlieir  song,  tlie  Dindsenchas  agrées  with 
Physiologus;  see  Médiéval  Lorc,  1893,  p.  136. 


43.  Mag  Roigni. 

Mag  Roighne,  canas  ro  ainmniged  ? 

Ni  misa.  Roighne  Romanach  dodechaid  a  hEtail^  co  Gailia 
Narbonem  i  '  Francaib,  co  mbôi  ic  Torinis.  Bac  7  rdma  7 
tûagh  lais.  Tri  ddna  dobt^tsat  slôg  na  Galia  fair  [,i.]  uir  do 
tarradh  [leg.  tharraing  ?],  7  muighi  a  fedhaib,  7  scaileadh 
m«rgabla4  srotha  Ligir  do  treb  Toirinsi,  7  fogni-sim  sin  fri 
teoraib  laithi,  7  adaigestar  obair  n-aile  do  tab^?/Vt  fliir.  Mus- 
tetlai  uaidib  co  Herinn  hrum  co  ndeisid  ^  i  n-Imliuch  Mecond, 


1 .  The  rest  of  this  production  is  by  me  untranslatcable. 

2.  hadail  R. 

3.  aR. 

4.  murgablaib  R. 

5.  deisig  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  435 

ar  ba  druim  fidbaidhe  tune  %  coro  selaigh-  Roighne  co  mba 
mag.  Undc  Mag  Roigiii  dicitur. 

AlittY  ;  Roigne  Roscadhach  mac  Ugaine,  meic  Eaclwf/;  Bua- 
daig,  méic  rig  Erenn,  ba  seadh  a  forba  lia  athair  in  magh  sin, 
et  unde  Mag  Koigjii  dicitur  et  hoc  carmen  '  : 

AtCLiala  daigfer  ndamach,  7  ri. 

Roigne  the  Roman  went  ont  of  Italy  to  Gallia  Narbon- 
ensis  in  France  and  dwelt  at  Tours.  A  billhook  and  a  spade 
and  an  axe  he  had.  Three  tasks4  the  people  of  Gallia  impos- 
ed  upon  him,  to  wit,  drawing  mould,  and  (clearing)  a  plain 
of  trees,  and  letting  ont  an  inlet5  of  the  river  Loire  from  the 
side  of  Tours.  AU'  this  he  did  in  three  days,  and  (then)  he 
feared  that  another  work  would  be  imposed  upon  him.  So 
then  he  fled  from  them  to  Ireland  and  settled  at  Imliuch  Me- 
conn,  for  it  was  then  a  wooded  ridge.  This  did  Roigne  clear 
(of  trees)  sothat  it  became  a  plain.  Whence  Mag  Roigni  is  said. 

Otherwise  :  Roigne  Roscadach  son  of  Ugaine,  son  of 
Eochaid  the  Victorious,  son  of  the  King  of  Ireland,  had  that 
plain  as  his  héritage  from  his  father.  Hence  Mag  Roigni  is 
said,  and  also  this  poem  : 

I  hâve  heard  of  a  hostful  noble,  etc. 

Also  in  LL.  159b  28  (whcncc  Silva  Cad.,  II,  481,  528):  BB.  375125  : 
H.  26''  and  Lee.  482^'.  Mag  Roigni  is  a  plain  in  the  barony  of  Kells,  co.  Kil- 
kcnny.  Imliuch  Mecoiin  net  identified. 


44.  Mag  Femen,  Mag  Fera,  Mag  Fea. 
Mag  Yemen  7  Mao-  Fera  7  Mag  Fea,  canas  wainmniged? 


1 .  nunc  R. 

2.  selaidh  R. 

3 .  cormflc  R. 

4.  dan  .i.  obair,  Lee.  Vocab. 

5.  lit.  a  sea-inlet  :  viurgliabbal  A.  gabhal  mara  a  creek  or  harbour,  P. 
O'C.  pi.  n.  muirgobuilMl.  45^12,  Old-Brct.  morgablou,  gl.  aestuaria. 


4^6  Whitley  Stokes. 

Ni  aiisa.  Tri  meic  Mogaich  meic  Dachair  do  claind  Bratha 
meic  Deatha  [.i.  Femen  7  Fera  7  Fea].  T/<cad  tûag  7  bac  7 
rama  etwrra.  Intan  nobid  ¥emen  ic  fuilgeth  [nobid]  Fera^  le 
bacad  7  Fea  ic  tamnugwi.  iNtan  do;w  nobid  Fea  ic  bacad  [no- 
bid] Fera  ic  fuilged  [7]  Fem^n  ic  tamnugud.  Foceirdedh  ca^h 
uaidib  dia  celi  cl:^chludli  ernnaid  dar  in  mag  heous,  coro  tsle- 
chtsa[t]  tri  muigi  .i.  M^^  ¥eniiii  7  Mag  Fera  7  Mag  Fea. 

Aliter;  da  dam  Dile  ingine  Lugmanrach  adbathat^zr  ann,  Fe 
7  Maen  a  n-anmann,  et  unde  Mag  Vemeii  rowponitwr  7  [Mag 
Fea  .i.]  Fea  ingen  Elcmaire. 

Femm^  ¥cra,  fir  fatha, 
do  sil  delbglan  deg-Datha, 
Is  iad-  roslir/j/sat  na  maig3 
Fe[r]a  is  Fem^«  a  ûdhaid. 

Three  sons  of  Mogach  (Mogad  ?  Inogach  ?)  son  of  Dachar 
of  the  clan  of  Brath  son  of  Dëath,  namely  Femen  and  Fera  7 
Fea.  An  axe  and  a  billhook  and  a  shovel  they  brought  be- 
tween  them,  When  Femen  was  shovellino;  Fera  was  hacking 
and  Fea  lopping.  But  when  Fea  was  hacking  Fera  was  sho- 
velling  and  Femen  lopping.  Over  the  plain  each  of  them  kept' 
throwing  a  change  of  tools  to  the  other  :  so  they  cleared  three 
plains,  namely  Mag  Fetnen  and  Mag  Fera  and  Mag  Fea. 

Otherwise  :  two  oxen  of  Dil  daughter  of  Lug-mannair  died 
there,  to  wit  Fe  and  Masn  were  their  names,  and  thereof  (the 
Fe-men  in)  Mag  Femen  is  compounded  ;  and  Mag  Fea  (takes 
its  name  from)  Fea  daughter  of  Elcmaire  (and  wife  of  Net 
mac  Indûi  —  LL.  I98''43). 

Femen,  Fera,  truth  of  knowledge  |  of  good  Dëath's  pure- 
formed  race,  |  'tis  they,  Fera  and  Femen,  that  cleared  the  two 
plains  ofwood, 

Also  in  LL.  168^28:  BB.  373b  17:  H.  27->;  Lee.  470:  and  BodL  no.  16. 
Edited  from  BB.  in  Silva  Gadclica,  H,  528:  from  Bodl.  in  Folklore,  III, 
483-4.  Versified,  LL.  198»  32. 

1 .  Fear  R. 

2.  uad  R. 

5 .  muig  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  457 

Mag  Femin  in  the  co.  Tipperar)'.  The  etymology  from  tlie  oxcn's  names 
is  also  in  Cormac's  Glossary  and  in  LL.  210»  15. 

Mag  Fea  «  a  level  plain  in  the  barony  of  Forth,  in  the  county  of  Car- 
low  »,  O'Don.  Ma<r  Fera  not  idcntified. 


45.  Tond  Clidna. 

Tond  Cli[d]na  canas  roainnuiiged  ? 

Ni  aiisa.  Clidna  in[gen]  Genaind  meic  Triuin  doàcchaid  a 
Tulaig  da  roth,  a  Muig  Mell  Tire  Tairrngire  la  hluchna  Ciab- 
faindech  do  rochtain  Mcic  in  Ùcc.  Dorad  sen  breg  impe,  7 
rosepfaind  ceol  di  isin  nai  creduma  i  mbôi  %  roîzatuil  fris,  7  am- 
soi  a  seol  frithrosc  co  tudchaid  ^  timcell  Evenn  fo  des,  co  to- 
racht  Clidna. 

IS  é  tan  ronuarcaib  i[n]  m[ur]brucht  nemtbrcnedech  5  coro- 
scail  fo  cricha  an  beatha  frecnairc,  foddig  robd^r  iat  tri 
mortuile  Ercim  in  inbaid-^  sin  .i.  tuile  Clidna  7  tuile 
Ladrand  7  tuile  m[B]aile  ;  ach[t]  ni  ii  n-œnuair  fcnuar- 
caibsed.  Robe  in  tuile  medonach  tuile  Ladrand.  Dorimart 
in  tuile  i  5  n-arda  7  [foddli]  fo  tir  Erenn,  como  tarraid  in  cu- 
rach  n-ucat  7  in  ingen  ina  codlad  and  forsin  trdig,  cor'- 
baided  annsin  Clidna  Cruthach  ingen  Genaind,  a  qua  ^  Tonn 
Clidna  nominatur. 

Genand  mac  Triuin,  t[o]rom  dil,  7  ri. 

Agus  fôs  ama/7  rocan  Cailti  for  an  dind  cétn^  i  ^  n-aimsir 
Patraicc  ara  n-agallaim/  éccsamail  ingantaigh  doronsat  ar 
dindsenc^aj  Eirenn. 

Clidhna  cindfind,  buan  a  bét,  7rl. 

Clidna  daughter  of  Genann  son  of  Trén  went  out  of  Tu- 
lach  dd  Roth  («  the  Hill  of  two  Wheels  »),  out  of  the  Plea- 
sant  Plain  of  the  Land  of  Promise,  with  luchna  Curly-loeks 

1.  naid  creguma  amboi  R.  >.  a  R. 

2.  ducaid  R.  6.  quo  R. 

3.  nemforcncdecht  R.  7.  nagallaib  R. 

4.  inmaid  R. 


438  Whitley  Stokes. 

to  get  to  the  Mac  ind  Oc.  luchna  practised  guile  upon  her. 
He  played  music  to  her  in  the  boat  of  bronze  wherein  she 
lay,  so  that  she  slept  thereat,  and  then  he  turned  her  course 
back,  so  that  she  rounded  Ireland  southwards  till  she  came  to 
Chdna. 

This  is  the  time  at  which  the  ilhmitable  seaburst  arose  and 
spread  throughout  the  régions  of  the  présent  world.  Because 
there  were  at  that  season  Erin's  thrce  great  floods,  namely, 
CHdna's  flood  and  Ladru's  and  Baile's;  but  not  in  the  same 
hour  did  they  arise:  Ladru's  flood  was  the  middle  one.  The 
flood  pressed  on  aloft  and  divided  throughout  the  land  of 
Erin  till  it  caught  yon  boat  and  the  damsel  asleep  in  it  on  the 
beach.  So  there  she  was  drowned,  Clidna  the  Shapely,  Ge- 
nann's  daughter,  from  whom  Tonn  Clidna  «  CHdna's  Wave  » 
is  named. 

Genann  son  of  Trén,  etc. 

And  also  in  Patrick's  time  as  Cdilte  sang  on  the  same  dind  for 
their  diverse,  marvellous  CoUoquy  which  they  made  on  Ire- 
land's  topographical  legends. 

Also  in  LL.  lôSbi:  BB.  374^2:  H.  24b:  Lee.  471^;  and  Bodl.  no.  10. 
and  Ed.  2^1.  Editedv(from  Ed.)  in  Silva  Gadelica,  II,  481,  528. 

Tonn  Chdna  «  a  loud  surge  in  the  bay  of  Glandore  [co.  Cork]  much  cele- 
brated  by  the  Irish  poets  »,  O'Donovan,  Topogr.  Poems,  p.  Ixvi. 

Mag  Mell  a  name  for  Fairyland,  which  seenis  from  this  taie  to  hâve  been 
(like  the  flibled  Atlantis)  south  or  S.  W.  of  Ireland. 

Mac  ind  Oc  son  of  the  Dagda  and  Bôann.  Ladru  the  first  man  that  died 
in  Ireland,  LL.  i27-->6. 

The  (c  Colloquy,  »  the  Acallani  11a  Scnôtach,  edited  from  the  Book  of  Lis- 
more,  in  Silva  Gadelica,  I,  94-235. 

A  boat  of  bronze  occurs  also  in  the  dindsenchas  of  Ess  Ruaid,  no.  81. 
Compare  the  boat  of  copper  which  Wàiniimôinen,  in  the  last  runo  of  the 
Kalevala,  créâtes  by  his  magical  singing. 


46.  Carn  Hûi  Néit. 

Carnn  H///  Neit,  canas  roainniniged  ? 

Ni  ansa.  Eres  mac  Ehdan  mcic  Neit,  i^  Neit  mac  Nuachai, 

I .  sic  Lee.  nâ  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  459 

nô  Neit  mac  Angada  senatha/r  Breis  co  n-apa/W  ann,  acht  as  é 
Bres  foJesin  atbath  and,  ar  is  c  Bres  conahechair  [o]ol  cék  ca- 
cha cleithe  i  n-Eriiin  do  hcht  bô  [mdile]  uidre  nô  do  lacht  bo 
oendatha^  olccna,  hi  ^aith  ^echtain  Bascain  rig  Mwman  nô 
Necht[ain]  Lamdt'/rg.  Forollscath^  buar  Mwman  la  suide  hi 
tinid>  ratha.  Ro[foill]ef/;/a  ianmi  do  litin  luatha  ruis  hn  com- 
dar  dubodra.  A  comoirle  Logha  meic  Et[h]lenn  7  [Findguill 
meic  Findamnois]  in  drûad-'  doronad  sin,  cor'  delbsat  indisin 
.ccc.  bo  cranda  co  Hn[n]paitib  dubodraib  ina  [njgablaib  arson 
dehie  .i.  uithi.  Rofothraicit  hrum  for  dubroda;. 

Dotait  iaïuiii  Bres  arco  faiced  éccosc  in  buair  sin  7  coro 
tomlachtais  fiadhu,  7  ba  Cian  do7/o  etwrro.  Rofaisced  udidib  a 
niboi  acaib  din  rodu  amail  bid  blegun  7wdombligthe  5.  Geis 
do  Erendc[h]aib  ce»  a  roc/;/ain  i  n-ain[f]er/;^,  7  geis  dosuin  gen 
a  ol  a  mbligfidhe  ann. 

Blegair  iar^m  dos^m  tri  cet  duibsesra  do  rodo  ruad  mona 
conas-QÏh.  Adb^r[a]t  aroile  secht  laithi  7  secht  mis  7  secht  mhliadna 
{or  sergad  do,  7  rotoirmcill  Erinn  fria  leigis,  co  torac/;^  in  carn 
cétna,  co  n-apaid  and.  Un^c  Carn  ûi^  Neit  nomenatur  (sic). 

Bres  son  of  Elathan  son  of  Net  —  that  is  Net  son  of  Nua- 
cha  or  Net  son  of  Angaid  ancestor  of  Bres,  died  there.  But  it 
is  Bres  himself  that.  died  there,  for  'tis  he  that  in  the  reign  of 
Nechtdn  Fairhand  king  of  Munster  (or  Nechtdn  Redhand)  de- 
manded  from  every  rooftree  in  Ireland  a  hundrcd  men's  drink 
of  the  milk  of  a  hornless  dun  cow,  or  of  the  milk  of  a  cow 
of  some  other  single  colour.  So  Munster's  kine  were  sin2;ed 
by  him  (Nechtan)  in  a  fire  of  fern,  and  then  they  were 
smeared  with  a  porridge  of  the  ashes  of  flaxseed,  so  that  they 
became  dark-brown.  That  was  donc  by  the  advice  of  Lugh 
mac  Ethlenn  and  of  the  wizard  FindgoU  son  of  Findamnas; 
and  they  also  formed  three  hundred  cows  of  wood  with  dark 
brown  pails  in  their  forks  in  lieu  of  the  udder.  Thèse  pails 
were  dipped  in  black  bog-stuff. 

1 .  uigre  oendatha  .i.  do  lac/;/  bo  ûigre  R. 

2.  (or  fo-ro-lscath  prei.  pass,  sg.  5  oi Jo-loscaim  «  suburo  »,  W.  goîosgi. 

3.  tinig  R.  '  5.  sic  BB.  nodombligfc  R. 

4.  d/ùag  R.  6.  ûa  R. 


440  Whitley  Stokes. 

Then  Bres  came  to  inspect  the  manner  of  thèse  cattle  and 
so  that  they  might  be  milked  in  his  présence,  and  Cian 
(Lugh's  father)  was  also  among  them.  Ail  the  bogstuff  they 
had  was  squeezed  out  as  if  it  was  milk  of  which  they  were 
milked.  The  Irish  were  under  a  tabu  to  come  thither  at  the 
same  time,  and  Bres  was  under  a  tabu  to  drink  what  should 
be  milked  there. 

So  three  hundred  bucketfuls  ^  of  red  bogstuff  are  milked  for 
him,  and  he  drinks  it  ail  !  Some  say  that  he  was  seven  days 
and  seven  mouths  and  seven  years  wasting  away  because  of 
it,  and  he  traversed  Erin  seeking  a  cure  till  he  reached  the 
same  cairn,  and  there  he  died.  Whence  Caiii  hi'ii  Néit  is  named. 

Also  in  LL.  169-1  11  :  BB.  374b  28:  H.  28^:  Lee.  472b. 

Carn  hûi  Nêii  is  said  to  be  the  ancient  name  of  the  Old  Head  of  Kin- 
sale,  co,  Cork. 

As  to  Bres  son  of  Ehtthan,  see  Revue  Celtique,  XII,  63,  69,  71,  73. 

As  to  Lugh  son  of  Cian  and  EthHu,  ibid.  75  etseq.  127. 

The  object  of  Bres  in  demanding  the  milk  of  one-coloured  cows  was, 
probably,  to  make  his  wife  or  wives  fruitful.  As  to  the  prolific  properties 
ofsuch  milk  (ânes  bleos  eu  meoluc)  see  Cockayne's  Lecchdoms,  III,  69. 


47.  Crotta  Cliach. 

Crota  Cliach,  canas  roaiiinniiged  ? 

Ni  ansa.  Cliach  cruiiire  Smirduib  meic  Smail  ri  na  tri  Kos,  a 
SidBdine.  Doluid  sidein  do  thôcM/readh  [fo.  105b  i]  Conchinde 
ingine  Biiidhb  assid  Fear  Feimhi.  Nô  comadh  Baine  a  hainm. 

Bôi  dano  Cliach  hliadain  la[i]n  ic  senmaim  forsin  dinn  sin,  7 
ni  roacbt  co  Sidh  mBuidhb  ni  budh  neassa  la  méit  cumacbti  in 
tsidha-,  7  ni  côemhnagair  ni  dond  ingenraidh3,  acbt  ro  seph- 
faind  a  croit  co  roimuidh  in  4  talam  Bi,  a)?/adh  as  romaidh  5 
in  drais. 


1.  This  is  a  guess:  duh-sesra  is  compounded  oi  dub  «  black  »  (hère  per- 
haps  a  mère  intensive  prefix)  and  sesra  borrowed  f rom  Lat.  sextarius,  whence 
also  W.  hestaur. 

2.  sti'gha  R.  4.   an  R. 

3 .  don  ningin  raigli  R.  5 .  romaigh  R. 


The  Rennes  Dindienchas.  441 

As  de  atd  Loch  Bel  Dragan  .i.  drag  tincdh  fuair  mbuime 
Ternoc  ann  a  richt  bradain,  coiiTiàh.  Fursa  ros-atig  issin  loch  % 
7  issé  sin  in  draig  tairnigerthar  im  féil  Eôin  do  twrgabdil  for 
'Exinn  fri  à.ercdh.  domhain  [i  ndigail  Eoin  Baiste],  7  is  desin 
atdt  Crota  Clidch  i-  Munirtm. 

Cliach  from  Sid  Bdine  («  Baine's  Elfmound  »)  was  harper 
to  Smirdub  son  of  Smal,  king  of  the  Three  Rosses.  He  went 
to  invite  Conchenn  daughter  ofFodb  from  i\\Q  sîd  of  the  Men 
of  Femen.  Or  may  be  Bdine  was  her  name. 

Now  Cliach  was  a  fuU  year  making  music  on  that  hill  ;  but 
because  of  the  elf's  magie  might,  he  got  no  nearer  to  the  sid, 
and  he  could  do  nothing  to  the  girls.  But  he  played  his  harp 
till  the  earth  beneath  him  burst,  and  thereout  the  dragon 
brake  forth  (and  Cliach  died  of  terror  —  tathaini  ar  tiine'). 

Hence  is  Loch  Bel  Dracon  «  the  lake  of  the  Dragon's 
mouth  »,  to  wit,  a  dragon  of  fire  which  Ternôc's  fostermother 
found  there  in  a  salmon's  shape,  and  Fursa  drove  it  into  the 
lake.  And  that  is  the  dragon  which  is  prophesied  to  arise  on 
St  John's  day  at  the  end  of  the  world  and  afflict>  Ireland  in 
vengeance  for  John  the  Baptist.  And  thence  are  Crota  Cliach 
in  Munster. 

Also  in  LL.  lég»  38:  BB.  57)-'  39:  H.  28^  Lee.  473-»,  and  Lebar  Brecc 
242b  =  Stowe  MS.  D.  4.  2,  fo.  50''  2.  Edited  from  BB.  in  Silva  Gade- 
lica,  II,  477,  523.  Edited  from  Lebar  Brecc  in  O'Curry's  Lectures,  p.  426. 

Crotla  Cliach  «  Cliach's  Harps  «  (he  used  to  play  two  at  the  same  time) 
must  be  on  or  near  SUab  Crot  (now  Slieve-Grnd  or  Mount-Grud)  in  the 
co.  of  Tippcrary.  O'Donovan  (Topogr.  Poems,  p.  Ixxxiii)  says  it  is  the  an- 
cient  name  of  the  Gahee  mountains. 

Ternôc  probably  onc  of  the  five  saints  commemorated  by  the  Irish  Church 
on  Jan.  30,  Fcb.  8,  Feb.  28,  July  2  and  Oct.  3  ;  but  which? 

Fursa  doubtless  the  abbot  of  Perunne,  commemorated  on  Jan.  16.  His 
so-called  Irish  Life,  preserved  in  the  Bibhothèquc  Royale,  Brussels,  2324- 
2340,  ff.  5o-'-52b,  is  an  ahiiost  Hteral  translation  of  Beda's  Latin,  Hist. 
Eccl.,  III,  19. 


1 .  boch  R. 

2.  a  R. 

3 .  This  seems  implied  in  the  prep.  for. 


442  Whiîley  Stokes. 


48.  Cenn  Febrat. 

Cend  Febrad,  can  as  no  aimnniged  ? 

Ni  ansa.  Feabra  mac  Sin  d^'bbrathair  sidh[e]  do  Dhedadh. 
m^c  Sin,  con'id  romarb  Gain  nifl'c  Deirg  Du[a]laigh,  co  tue  a 
cenn  cossin  sliab  ucut.  Unde  Ccnn  ¥cbrat  dicitur. 

Doluidh iarani  Garban  macDedhadh,  a  quo  Diin  liGarbain, 
dia  dighail  (or  Gain  mac  Deircc  Du[a]k/fr,  conidh  romarb  for 
Sléibh  Gain,  7  co  rug  a  cenn  co  Gend  Feabrad.  Mor  Idech 
[fo.  105'' 2]  7  Idiches^  ro  âdhnacht  ann  la  suidhibh  im  Lugaid 
Ldighi  7  [Dojdera  mac  Aurmora  in  file  7  Ethne  7  Maer  7 
Mumain  [leg.  Mugain  ?],  7  ri. 

Febra  son  of  Sen  was  own  brother  of  Deda  son  of  Sen,  and 
Gain  son  of  Derg  Dualach  killed  Febra  and  brought  his  head 
(cenn)  to  yon  mountain.  Hence  Cenn  Febrat  is  said. 

Then  Deda's  son  Garbdn  —  from  whom  Diin  Garbain  is 
nanied  —  went  to  avenge  his  uncle  on  Gain,  and  killed  him 
on  Sliab  Gain,  and  brought  his  head  to  Genn  Febrat.  Many  a 
hero  and  hero's  wife  has  been  buried  with  them  there  —  Lu- 
gaid Ldge  and  the  poet  Dodera  son  of  Aurmor  and  Ethne  and 
Maer  and  Mumain  (Mugain  ?)  and  so  forth. 

Also  iiiBB.  375'' 19:  H.  29a:  Lee.  473I'. 

Cenn  Fehrat  «  the  ancient  name  of  a  part  of  the  mountain  of  Sliabh 
Riach  to  the  south  of  Kihiiallock,  on  the  confines  of  the  counties  of  Lime- 
rick  and  Cork  ».  O'Donovan,  Four  Masters,  A.D.  186.  Spek  Cenn  Jbrat  in 
LL.  288b,  Revue  Cehique,  XIII,  440,  where  Lugaid  Lâga  and  Dodera  are 
mentioned. 

Dân  Garbain  now  Dungarvan,  a  seaport  in  the  south  of  theco.  ofWa- 
terford. 

49.  Genn  Guirrig. 

Gend  Guirrigh,  canas  roainmnîged  ? 

}^[ansa.  Guirrech  Life,  dia  ta  Raith  Ciùvvig,  is  do  ba  hingen 

1.  laithes  R. 


The  Rennes  Dindienchas.  44^ 

Cochrand  màtbair  Diarm^/ta  hi  Duibne.  Inann  dono  mâtbair 
la  Cuirrt'c/;  7  la  Fothadh  Canann  7  la  Teidi  ingin  Meic  Niadh, 
a  qua^  ^nach  Teite,  ben  sein  Find  meic  Kâgatnna. 

Find  àoiio  do  marb  Dub  hua  Duibne,  dia  roibe  Dhrmait 
mac  Duib  meic  Duibne,  cliamoin  sein  Cw/r[r]igh. 

Bôi  cocadh  amnûf^  eterra.  Imraidi-  iarwm  Cinnech  modh 
nod-gab(7J  eill  for  Find.  Bôi  bancara  oc  Find  i3  n-oinber  Fe- 
min  fo/'  bru  Suire  anoir,  i  3  cathair  Duine  lascaig,  Bodamoir 
a  hainm  —  is  di  gairl/;t'r  Raith  Badhamlimc/;.  Is  I  foluing^Jh 
Find  do  biudh  7  étgud.  Luid  doiio  Cuïrircb  co  teach  Badham- 
rach  gurus-on  7  g«r'  airg  Cathraigh  Duine  lascaig.  Dotet 
Find  focetoir  for  slïcbt  C///r[r]igh,  for  Sùir,  for  Feim.en,  for  Tei- 
tiu,  for  Roighniu,  for  Eôir,  for  Gabran,  for  Bt'rba,  co  foca  Find 
ïoscad  in  fir  riam,  7  doleic  sleigh  fua  sgath,  7  docachain  bricht 
for  a  hind,  7  builtuis  ind,  7  docer  de,  7  dob^rt  Find  a  cenn 
leis  co  comarnaic  madoin  moch  arabarach  cwjin  sliab  for  aice 
Feimm  aniar,  7  foc^rd  ilaidh  ind  im  cenn  Cuir[r]igh,  coii'id  de 
goirtfer  Cu  irrig. 

Is  hrum  dorochair  Find  mac  Reghamna-^  7  Teiti  a  ben  do 
oenguin  Find  dia  ïolusat  don  cormaim  dogeine  Find  do  Fo- 
ûiad. 

Currech  Lifi,  from  whom  is  Raitb  Cuirrig,  had  a  daughter 
Cochrann  the  mother  of  Diarmait  hua  Duibni  (by  lier  husband 
Dub).  And  Cuirrech's  mother  was  the  same  as  the  mother  of 
Fothad  Canann  and  of  Teite  daughter  of  Mac  Niad,  from 
whom  Ocnacb  Teite  is  named.  Teite  was  the  wife  of  Find  son 
of  Ragamain. 

Now  Find  killed  Dub  hua  Duibni,  whose  son  was  Diarmait 
mac  Duib  son  of  Duibne.  He  was  Currech's  son  in-law. 

So  there  was  savage  warfare  between  them  (Find  and  Cia- 
rech).  Then  Cuirrech  bethought  him  of  a  way  to  get  an  ad- 
vantageî  over  Find.  In  the  eastern  part  of  Femen,  on  the  eas- 


Redhamna  R. 

eall  .i.  greimnobaoghal,P.  O'C. 


I.  q«o  R. 

4 

2.  sic  BB.  imraidigh  R. 

5 

3.  aR. 

444  Whiîley  Stokes. 

tern  bank  of  the  Suir,  in  Cathair  Dune  lascaig,  Find  had  a 
paramour  named  Badammair  (from  lier  Rath  Badammrach  is 
callcd).  'Tis  she  that  used  to  sustain  Find  with  food  and  rai- 
ment^  So  Cuirrech  went  to  Badammair's  house  and  slew  her, 
and  destroyed  Cathair  Dune  lascaig.  Forthwith  goes  Find  on 
Cuirrech's  track,  by  Femen,  Tête,  Roigne,  the  Nore,  Gabran, 
the  Barrow,  till  he  saw  before  him  Cuirrech's  shadow,  and 
throughout  the  shadow  he  hurled  a  spear,  chanting  a  spell 
over  its  head,  and  strikes  it  into  Cuirrech,  who  fell  thereby. 
Then  Find  took  Cuirrech's  head,  and  came  on  the  morrow  in 
the  early  morning  to  that  mountain  (Cenn  Cuirrig)  a  little  to 
the  west  of  Femen,  and  set  a  tomb  of  stone  there  about  the 
head.  Whence  Cenn  Cuirrig  is  so  called. 

Afterwards  Find  son  of  Regamain  and  his  wife  Teite  fell  by 
a  single  blow  ofFind  (son  of  Cumall  ?)  when  they  went  away 
from  the  alebanquet  which  (the  latter)  Find  had  made  for 
Fothad  (Canann). 

Also  in  BB.  376»  34:  H.  29^:  Lee.  474^.  Versified,  LL.  191b  31. 

Cenn  Cuirrig  must  be  somewhere  near  the  Curragh  of  Kildare.  Cathair 
Dune  lascaig,  now  Cahir  a  town  on  the  Suir  in  Tipperary. 

Raith  Badammrach  was  perhaps  near  Cahir.  See  O'Curry's  Lectures, 
p.  30$,  and  Revue  Cehique,  VII,  291. 

As  to  the  relation  of  Cuirrech's  shadow  to  his  soûl,  see  Tylor's  Primi- 
tive Culture,  2d  éd.,  I,  430,  435.  Some  other  events  which  took  place  after 
Cuirrech's  death  are  recounted  infra  in  no.  52. 

50.  Temair  Luachra. 

Temair  Luac/;ra,canas  voainmniged? 

Ni  ansa.  Tea^  ingen  Lui[g]dhech  meic  Itha  bean  Eirimon 
meic  Milcd,  7  is  di  iuccad  Temair  Luac/;ra  7  Temair  Bregha  7 
cach  Temair  olcena  dofili'  n-Eire.  Luacair  ïmniorro  fodesin 
ba  niagh  scothach  co  reimes  mac  n-Ugaine  7  co  gein  Chuind 
ut  ali[i]  dicunt,  fodéig  is  indi  dobruindset  Siùir  7  Eoir  7  B^rba 


1 .  Compare  Cormac's  Glossary,  s.  v.  Orc  tréith. 

2.  Temair  R. 

3.  aR. 


The  Rennes  Dindsenchas.  445 

7  Loch  Riach  7  Loch  Lcin  i^  Luachair,  7  atces  Bile  Tortan 
7  Eo  Rosa  [7  Craeb  Mugna  7  Craeb  Dathi]  ^,  de  quibwj  Finn- 
tun  dixît: 

In  Luachoir  dono,  in  Luachair,  etc. 

Tea  daughter  of  Lugaid  son  of  Ith  wife  to  Erem  son  of  Mil 
(from  her  Temair  was  derived),  and  to  lier  was  given  Temair 
Luachra  and  Bregian  Temair  and  every  othcr  Temair  which 
exists  in  Ireland.  Now  Luachair  itself  was  a  flowery  plain  till 
the  time  of  the  sons  of  Ugaine  —  or  (as  others  say)  till  the 
birth  of  Conn  (of  the  Hundred  Battles).  For  'tis  then?  that 
(the  rivers)  Suir  and  Nore  and  Barrow  burst  forth,  also  Loch 
Riach,  and  Loch  Lcin  in  Luachair  ;  and  Tortu's  Trce  and  the 
Yew  of  Ross  and  the  Tree  of  Mugna  and  the  Tree  of  Dathe 
were  (first)  seen.  Whereof  Fintan  said  : 

The  Luachair,  then,  the  Luachair,  etc. 

Also  in  BB.  376b:  H.  29b:  Lee.  474b.  Ediled  from  BB.  in  Silva  Gade- 
lica,  II,  477,  523. 

Temair  Luachra  somewhere  ncar  the  town  of  Castle-island  in  the  co.  of 
Kerry,  v.  O'Donovan,  Four  Masters  A.D.  1580,  p.  1731,  note  c. 

As  to  Tea  and  Temair  Breghda  v.  supra,  no.  i . 

Ugaine  was  killed  (according  to  the  Four  Masters)  A. M.  4606. 

The  Suir  riscs  in  the  co.  of  Tipperary,  the  Nore  inKilkenny,  the  Barrow 
in  the  Sheve  Bloom  Mountains.  Loch  Riach  is  in  Galway,  Loch  Léiii  (now 
the  Lakes  of  Killarney)  in  Kerry.  As  to  Tortu's  Tree  (an  ash),  the  Eô  Rosa 
(a  yew),  the  Tree  of  Mugna  (an  oak),  and  the  Tree  of  Dathe  (an  ash), 
see  LL.  199b  61  et  seq. 

51.  Sliab  Mis. 

Sliab  Mis,  canas  ro  aintnniged? 

Ni  ansa.  Mis  ingen  Mairedha,  ben  Caeimgin  Congancnis 
meic  Degad,  is  di  tucad  Sliab  Senaig  Gairb  meic  Degad  ina 
toc/;ra  7  ar  airisem  'go  a  lir  t^reis  na  himirce  dia  tanic  Eochaid 
7  Rib  da  mac  Ma/reda  meic  Cairedha,  a  qu'ibus  Loch  nEchach 

1.  aR. 

2.  sic  Lee. 

5.   indi  «  therein  »,  i.  e.  in  the  renies  of  the  sons  oi  Ugaine. 

Revue  Celtique,  XV.  30 


446  Whitley  Sîokes. 

7  Loch  Ri,  cundased  forb  forsa  rir  Mis  ^  atliarda,  in  sliab  ucat. 
Unde  Sliab  Mis. 

Ailit«'  ;  Sliah  Mis  no  Sliab  Mifis,  ar  a  ni  ba  mifis  .i.  ba  hanfis 
do  macaib  MUed  in  sluag  dolfa  fnth  ann  la  Fodla  7  Banba  7 
Eriu. 

Mis  dauglîter  of  Mairid  son  of  Cairid  and  wife  of  Coimgen 
Hornskin  son  of  Dega.  'Tis  to  lier  the  mountain  of  Senach 
the  Rough  son  of  Dega  was  given  as  lier  dowry  and  for 
staying  with  lier  husband  after  the  flitting  (of  her  family) 
when  Eochaid  and  Rib,  Mairid's  two  sons  (a  quibus  Lough 
Neagh  and  Lough  Ree)  set  forth.  So  that  the  land  for  which 
Mis  bartered  a  patrimony,  is  yon  mountain. 

Otherwise,  Sliab  Mis  or  Sliab-Ml-fis,  because  the  magical 
army,  there  devised  by  Fodla  and  Banba  and  Eriu,  was  a  mi-fis 
«  mis-knowledge  »,  that  is,  was  a  delusion,  to  the  sons  of  Mil. 

Also  in  BB.  3 76b  49:  H.  30^:  Lee.  474'^.  A  version  of  §  2  in  LL. 
i68b  19  :  Bodl.  no.  17;  and  Ed.  fo.  3*  2.  See  too  Silva  Gadelica,  II,  485, 
532. 

Sliah  Mis  now  Slieve  Mish,  a  mountain  in  Kerry,  between  Tralee  and 
Killarney. 

For  the  story  of  the  elopement  of  Eochaid  and  Rib  see  LU.  39=^-39'',  and 
the  dindsenchas  of  Loch  nEcliach,  Ed.  no.  55:  BB.  390-»:  H.  49a;  and 
Lee.  4962(edited  from  Ed.,  Folklore,  IV,  474);  see  also  infra  no.  79. 

As  to  Fodla,  Banba  and  Ériu,  the  three  queens  of  the  Tuatha  dé  Da- 
nann,  see  the  Four  Masters,  A. M.  3500  and  O'Mahony's  Keating,  p.  198. 
The  spectral  army  conjured  up  to  resist  the  sons  of  Mil  is  referred  to  in  the 
Franciscan  Liber  Hymnorum  p.  38,  cited  in  the  Rolls  Tripartite  Life,  p.  426. 


52.  TiPRA  Sengarman. 

Tipra    Sengarman    7    Airer    Criblaighe  -,    canas    roainm- 
ni^the  ? 

o 

Ni  ansa.  Sengarman  SUb\  Mis,  ben  Cuirrich  Liphe,  mâihair 
Slechtaire  meic  Sengarman,  isti  rohort[sat]  Croch  7  Diin  7 

I.  fororirmais  R.  ft'?sroir  irmis  BB.  forar  earmais  Lcc,  forar  airis  H. 
forsa  rir  LL. 
2.  criblaidhe  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  447 

roairgset  Cathraig  ^  Comfosaid  7  Gandan  a  Caislib  Gannan,  7 
roairgset  Muingfind  buime  Find  7  roloiscsct  macraid  Droma 
B^/Ttach  7  Dubroit  in[An]n6it  Formaili  i  ndigail  Cuirrich. 
Ct';/id  hi  suidiu  imrecaim  Criblach  Coiinachtàch  7  Crimibann 
a  mac  doib  co  ndfnisat  cora2  ewrra  iar  fogail  fri  Find,  7  ros- 
len  Find  co  Carn  Doim  Deirg  i-  Luachair,  airm  i^  fil  Tipra 
Sengarmna  indiu,  comd  andsin  fuair  Slechtaire  fotoll  talma?i, 
7  bawrfria  ciana  ann,  7  imtiagtais  ass5  fri  fogail  cacb  n-oidhci, 
7  co  fuaraMr  laithe  n-ôen  os  Luachair  [AJini  Oisin  mac  Find 
a  oenwr,  7  nuchurut  7  non-brret  léou  hé  cô  n-ddbaid.  Conid 
annsin  rosnaid^  Osine  in  snaschur,  7  foceird  e  la  sruth  na  ti- 
prat  co  ranic  co  hAth  na  Feile  airm  i^  mbôi  Find.  Conus-gah 
Find  in  snas  iar  suidiu  ina  Idim  7  asb^rt  :  «  Osine  dorigne  so  »; 
7  lotar  lasin  sruth  gô  a  bunad,  co  facawr  in  fotoll  talmaii  i  ^ 
mbadar,  7  noclaidet5  forru,  7  comluid  Criblach  iarsuidhiu,  co 
rue  Find  ar  Cribiaigh^  ind  Airer  Criblaige7, 

Luidh  Slechtaire  lïaidib  co  Berre,  conid  and  atorchair. 

Luid  CrïmîhaiîH  a  ôenwr  uaidib,  ar  ni  bi  orgain  cen  oensciu- 
la[ng].  Bentair  a  cenn  do  Sengarman  7  facbait  a  corp  [i]sin 
tiprait. 

Unde  Tipra  Sengarman  7  Airer  Criblaige*^  dicuntur.  Fergw^ 
Finbel  file  Find  ro  cachain  in  voscad  so  sis  : 

Tiprâ  Sengarman  fo  a  snas,  7rL 

Sengarmain  of  Shab  Mis  was  Cuirrech  Lifi's  wife  and  Slech- 
taire's  mother.  'Tis  they  that  in  revenge  for  Cuirrech  (v.  su- 
pra, no.  49)  destroyed  Croch  and  Dun,  and  wrecked  Cathair 
Comfossaid  and  Gannan  in  Caisel  Gannain,  and  killed  Find's 
fostermother  Mongfind,  and  burnt  the  children  of  Druim  Ber- 
tach,  and  Dubrôt  in  Ann6it(?)  Formaile.  Whereupon  Cri- 
blach of  Connaught  and  her  son  Crinthann  met  them,  and 
they  entered  into  an  alliance,  after  making  a  foray  on  Find. 


1 .  cathraid  R.  5 .  nocloet  R. 

2.  a  R  6.  oiblaidh  R. 

5.  imtiagat  dais  R.  7.  oirer  cnblaide  R. 

4.   nonocg  R.  8.  criblaidc  R. 


448  Whitley  Stokes. 

Then  Find  pursued  them  ail  to  the  Carn  Daim  Dcirg  «  the 
Cairn  of  the  Red  Stag  »  in  Luachair,  the  place  at  which  Ti- 
pra  Sengarmna  «  Sengarmain's  Well  »  is  today,  and  there 
Slechtaire  discovered  an  underground  cave,  wherein  they 
dwelt  for  a  long  time,  Every  night  they  used  to  go  forth  from 
it  a-raiding,  and  one  day  they  found,  on  Luachair  Aine,  Find's 
son,  Ossian,  alone.  They  make  a  prize(?)  of  him  and  carry 
him  off"  to  their  dwelling.  There  Ossian  eut  a  chip  from  a 
spearshaft  (which  Crimthann  had  given  him  to  trim),  and 
cast  it  into  the  stream  from  the  well,  so  that  it  got  to  Aîh 
na  Fcile  «  the  Ford  of  the  Féale  »,  where  Find  was  dwelling. 
Then  Find  took  the  chip  in  his  hand  and  said  «  Ossian  made 
this  ».  And  Find's  men  ascended  the  stream  to  its  source  and 
saw  the  earth-cave  in  which  were  Criblach  and  the  rest,  and 
dug  into  it.  Then  Criblach  fled,  but  Find  overtook  her  in 
Airer  Criblaige,  (and  there  he  killed  her). 

Slechtaire  escaped  from  them  to  Berre,  and  there  he  fell. 

Crimthann  was  the  only  one  who  escaped  —  for  «  there 
is  no  destruction  without  (at  least)  one  fugitive  ». 

Sengarmain's  head  is  eut  off,  and  they  leave  her  body  in 
the  well, 

Whence  Tipra  Sengannna  and  Aircr  Criblaige  are  said. 
Fergus  Finbel,  Find's  poet,  sang  this  roscad  below  : 

Sengarmain's  Well  under  its  chip,  etc. 

Also  in  BB.  377^22:  H.  30b:  Lee.  475^.  Versified,  LL.  197^53,  where 
it  is  said  that  Sengarmain  and  Criblach  had  each  the  strength  of  nine,  and 
that  what  Ossian  cast  into  the  stream  was  a  bail  which  he  had  made 
of  the  chips  from  the  spearshaft.  A  précis  of  the  story  is  given  in  O'Curry's 
Leciures,  p.  306  :  he  says  that  Tipra  Sengarmna  is  in  the  S.  E.  of  the  co.  of 
Kerry.  Airer  CrihJaige  «  Criblach's  Harbour  »,  not  identified.  Berre  now 
Beare,  in  the  S.  W.  of  the  co.  Cork. 


53.    FiNDGLAIS. 

Findglais  a  Luachafr  Dega^_,  canas  roaimmiiged? 
Ni  ansa  A.  Blathnat  ingeit  Mind  ri  Fer  Falga,  bancele  Con- 
rôi  meic  Daire,  banserc-side  Concuk? /////.  Is  i  roiïell  Coinculainn 


The  Rennes  Dindsenchas.  449 

o[i]dhchi  samna  dia  saighid  ^  do  digail  [na]  n-erc  n-Iuchna 
Ea.chach  Echbeoil,  7  in  coire,  7  berrta  Concnlaiiin  dia  cloidem 
CourA'i,  dia  rofumalt  don  bochur  in  cenn  iarsuidhiu,  co  tue  sin 
comairle  do  Coinrôi  tarclaim  danna  Degad  do  denum  a  cathrach 
i  n-oenlô,  7  co  tucdis  cach  coirthi  7wbiad  'na  suide  7  'na  sesam 
léo,  7  ni  bôi-si«m  acht  in  œnur.  Ba  sed  comarc  boi  etwrra, 
tomlacht  na  mbo  do  lecun  lasin  sruth,  cor'bo  find  in  glaisi 
inandocum.  Undc  Yiiidglais  dicitur.  7  oircset  in  catiinnV 
hruni. 

Blathnat  daughter  of  Menn  King  of  the  Men  of  Falga,  wife 
of  Cù-roi  son  of  Dare,  was  Ciichulainn's  paramour.  'Tis  she 
that  promised  that  Cûchulainn  should  corne  to  her  on  Hallow- 
een  and  take  vengeance  for  Eochaid  Horsemouth's  cows,  and 
for  the  caldron,  and  for  the  shaving  of  Cùchukinn  by  Cû-roi's 
sword  when  Cii-roi  afterwardssmeared  hisheadwith  cowdung^. 
And  she  counselled  Cù-roi  to  gather  the  clans  of  Deda  to  build 
his  fortress  in  a  single  day  and  that  (for  this  purpose)  they 
should  bring  with  them  every  pillar-stone  (in  Ireland),  whe- 
ther  lying  or  standing.  So  Cù-roi  was  left  ail  alone.  This  was 
the  token  (?)  that  was  between  them  (Blathnat  and  Cûchu-  . 
lainn),  to  let  the  milking  of  the  cows  flow  with  the  current  so 
that  the  stream  as  it  came  towards  them  (Cûchulainn  and  his 
Ulstermen)  was  white.  Hence  Findglais  «  white  stream  »  is 
said.  And  afterwards  they  (killed  Cù-roi  and)  wrecked  the 
town  (and  carried  off  Blathnat  to  Ulster). 

Also  in  BB.  378-129:  H.  311^:  Lcc.  476-i.  The  version  in  LL.  169b  42  is 
fuller,  and  has  been  edited  in  Silva  Gadelica,  II,  482,  530. 

Findglas  a  stream  in  Kerry  ending  at  Traig  Li  (Tralee). 

Fir  Falga  iS  glossed  in  LL.  169b  by  inse  Gall  indue  «  the  Hébrides  today  »; 
but  O'Curry,  Lectures,  p.  588,  note  (172),  says  that  «  Falga  was,  I  belicve, 
an  old  name  for  the  Isle  of  Man  ». 

The  story  of  Blithnat's  betrayal  of  her  husband  is  also  told  in  O'Maho- 
ny's  Keating,  pp.  283-284.  The  end  of  the  matter  was  that  Fcrcertnc,  Cû- 
rofs  bard,  followed  Blathnat  into  Ulster,  saw  her  standing  with  her  lo- 
ver on  the  edge  of  a  clifï,  rushed  towards  her  and  clasping  his  arms 
around  her,  flung  botli  himself  and  her  down  the  précipice.  For  the  Irish 

1 .  sic  BB.  soidhe  R. 

2.  bôchar  cowdung.  dimin.  boichredn,  P.  OC. 


450  Whitlcy  Stokes. 

original  see  Bas  Conrôi  mie  Dôiri,  22.  G.  21  (a  ms.  in  the  library  of  the 
Royal  Irish  Academy),  p.  146. 

Blâthnat's  signal  reminds  one  of  the  sawdust  set  floating  down  a  streara 
in  a  taie  (I  think)  in  Saxo  Grammaticus. 


54.  Srub  Brain. 

Srub  Brain,  canas  roaiiuiini^cd? 

Ni  ansa.  Cii  culainn  dodechaid  mdegaid  na  dub-ellc  o  Dun 
Delga  co  ro  marb  en  car/;  thire  dib  gusin  mbranen  déidenach^ 
Rohorta  leis  ic  Redg  7  ic  Ramann,  7  to^acbt  [a  chenn]  do 
suide  7  roindaim  a  lama  ina  fhiiil,  7  ishcir  «  Srub  byain  and  » 
coa  thobain  in  chind  for  in  cairraicc. 

.LLL.  a  lin;  secbt  n-airtim  tra  ina  gulbain  car/;  eoin,  7  secht 
cubait  rigi  moa  munbragait  :  cuirp  remra  7  cosa  remra  léo,  7 
m/^^snaitis  nuir  dib.  De  quihus  Srub  Brain  dicitur.  Itim  (sic). 

Tnûius  drecht  dronamnus,  7rl. 

Cùchulainn  pursucd  the  black  bird-flock  from  Dundalk,  and 
in  every  country  (he  crossed)  he  killed  one  of  the  birds,  down 
to  the  last  raven^.  It  was  destroyed  by  him  at  Redg  and  at  Ra- 
mann, and  he  eut  off  its  head  from  it  and  bathed  his  hands  in 
its  blood,  and  said,  when  putting  the  head  on  the  crag  :  Srub 
brain  and  «  a  raven's  stream  there  ». 

Thrice  fifty  was  their  number.  Seven  handlengths,  now, 
were  in  each  bird's  bill  and  seven  royal  (?)  cubits  round  their 
necks  :  thick  bodies  they  had,  and  thick  feet  with  which  they 
swam  the  sea.  Of  whom  Srub  Brain  is  said. 

Also  in  BB.  378-»  39:  H.  30b:  Lee.  476^.  Versified,  LL.  154b.  Edited 
(from  H.)  in  Kuhn's  Zeitschrift,  XXXIII,  82. 

Srub  Brain  now  Shruve  Brin,  or  Stroove  Brin,  in  the  N.  E.  extremity 
of  the  barony  of  Inishowen,  co.  Donegal.  «  Water  oozes  from  the  bank, 
and  forms  a  well,  near  high-water  mark  »,  O'Don.,  cited  in  O'Curry's  Lec- 
tures, p.  477,  note  (15),  «  to  which  ail  the  deranged  people  of  the  country 
are  wont.to  resort  »,  O'Don.  Supplément  to  O'Reilly,  s.  v.  sraobh. 


1 .  deigenach  R. 

2.  brainéun  a  crow  or  raven:  a  cadaverous  bird,  P,  O'C. 


The  Rennes  Dindsenchas.  451 


55.   Locii   LÉIN. 

Loch  Lcin,  canas  roainmniged? 

Ni  ansa.  Leii  Linfiaclach  mac  Ba[i]n  Bolgaig  ^  vaeic  Ban- 
naigh-  ïïieic  Glamaigh  meic  Gomir.  Cerd  Side  Buidb.  Is  é  bôi 
isin  loch  oc  gnim  niamW/ar  Fainde  ingine  FHdis.  lar  scur  a 
oip/'e  cac/;  n-ôidhchi  foccirded  iiad  a  hindeoin  sair  co  hln- 
deoin  na  nDeisicMnn  fert,  7  tri  frosa  foceirdedh  .i.  fros  usr/  7 
fros  tined  7  f;'0s  do  nemoind  corcarglain  ;  7  donith  Neman- 
nach  3  in  cetna  oc  shiide  chu[a]ich  Concohair  [meic  Nessa] 
atuaid  7rl.  \]\\de  Loch  [Léin  nominatur]. 

Lén  Linfiachich  son  of  Bolgach,  son  of  Bannach,  son  of 
Ghimmach,  son  of  Gomer,  was  the  craftsman  of  Sid  Buidb 
«  Bodb's  Fairymound  ».  'Tis  he  that  lived  in  the  iake, 
making  the  bright  vessels  ofFand  daughter  of  Fhdais.  Every 
night,  after  leaving  off  work,  he  would  cast  his  anvil  east- 
wards  away  to  Indeôin  na  nDése  «  the  Anvil  of  the  Decies  », 
as  far  as  thegravemound;  and  threeshowers  it  used  to  cast  (to 
the  holy  grave),  namely  a  shower  of  water  and  a  shower  of 
fire  and  a  shower  of  pure  purple  gems.  The  same  thing  (i.  e. 
the  casting  away  of  his  anvil)  Nemannach  practisedwhenbeat- 
ing  out  the  cup  of  Conor  mac  Nessa  in  the  north,  etc.  Whence 
Loch  Lêin  is  named. 

Also  in  BB.  379=*  5:  H.  32'':  Lcc.  477'"»:  Bodl.  110.  18.  Versified,  LL. 
154!' 35  4.  Edited  (froni  BB.)  in  Silva  Gadelica,  477,  523.  O'Curry  gives  a 
précis  of  the  taie  in  his  Manners  and  Ctistoms,  III,  203. 

Loch  Léin  now  the  Lakes  of  Killarney  in  Kerry.  Sid  Boidh,  also  called  Si'd 
Forain,  in  Munster.  Indeôin  na  uDêse  now  Mullaghnoney  (i.  e.  Mullach  in- 
dcona)  near  Clonmel,  co.  Tipperary. 

1 .  bolgaid  R. 

2.  bannaidh  R. 

3 .  nith  neni  oi»d  R. 

4.  In  the  lithographie  facsimile,  154*' 42,  saigne  should  bc  faiHnc,  and 
the  wholc  line  should  be  read  as  :  diar'  chum  ccn  tiamgestal  tais  |  niam- 
Icstar  Fainne  Flidais.  This  will  serve  to  correct  the  gibbcrish  in  O'Curry's 
Manners  and  Cusloms,  III,  203,  note  (289). 


45  2  Wlntley  Stokes. 

The  three  showers  which  the  anvil  used  to  cast  as  it  seems,  spontane- 
ously,  to  the  holy  grave  {co  noehligi,  LL.  154^49)  seem  to  hâve  been  an 
offering  to  the  ghost  of  the  person  (whoever  he  was)  there  buried. 


56.  Carn  Feradaig. 

Canin  Feradhaigh^  Ccinas  ro  aiiimnigcd? 

Ni  ansa.  Feradhac/;  mac  Rocuirp  meic  Gollain  meic  Conmail 
mcic  Eb/r  dorochair  and  la  Tigfrnmas  -  mac  Vollaig,  7  is  la 
Tigcrnmas  -  torcha/r  Co;/nia[e]l  i  cath  Oenaig5  Mâchas,  7  ro- 
marb  Rocorb  m.ac  Gollain  hi  cath  EUi,  7  romarb  F^radach 
iartain  i4  cath  Cairnn  F^radaigh,  7  is  é  insin  (en  Ver^daig. 
Undc  Carnn  Feradaig  nominaiur. 

Feradach  son  of  Rochorp  son  of  Golkin  son  of  Conmael  son 
ofEber  fell  there  by  Tigernmas  son  of  Follach,  and  'tis  by  Ti- 
gernmas  that  Conmdel  fell  in  the  battle  of  Oenach  Mâcha; 
and  Rochorp  son  of  Gollan  died  in  the  battle  of  Elle,  and  Fer- 
adach died  afterwards  in  the  battle  of  Carn  Feradaig,  and 
that  (Carn  Feradaig)  is  Feradach's  tomb.  Whence  Carn  Fera- 
daig is  named. 

Also  in  BB.  579-146:  H.  ^o^:  Lee,  477^".  Versified,  LL.  155^11.  Edited 
(froniBB.)  mSilva  Gaddica,  II,  494,  543. 

Carn  Feradaig  was  probably,  says  O'Donovan,  Four  Masters,  A. M.  3636, 
the  ancien!  name  of  Seefin,  in  the  barony  of  Coshlea,  in  the  south  of  the 
co.  Limericlc. 

Tigernmas  momrch  ofireland,  A. M.  3580-3636  (F.  M  ). 


57.    LUIMNECH. 

Luimnech,  canas  roaimnniged  ? 

Ni  ansa.  Comdal  robas  itir  Mumain  5  7  Cownachta  co  tucsat 
leo  a  cathfiru  in  da  ris  .i.  da  mac  Smuchaille  meic  Bacduib. 


1.  sic  BB.  feradhaidh  R.  4.   a  R. 

2.  sic  BB.,  H.  and  Lee.  tlgcrnuch  R.  5.  mummain  R. 

3 .  ^naid  R. 


Tlie  Rennes  Dindsenchas.  45  5 

Rind  7  Frebur  a  n-anm:inda.  Rogab  indalanae  for  foesam 
mBuidb  a  Sid  Femin.  Gabaù  araile  [for]  faessam  Ochaille  a 
Sidh  Cruachna.  Tucsat  na  cathfir  a  ceird  muccada"-  ar  aird,  7 
doluid  car/;  dia  commcs  hi  sruth,  7  odhurluimni  liathglassa  im 
slog  in  da  dal,  con'id  annsin  tainic  a  tuili  ind,  7  ni  roairigset  la 
met  in  oenaich,  co  rue  in  sruth  a  luimne  uile  dib,  conid  ann 
atb^/tsat  na  derccaidi  :  «  Is  luimnechda  in  i-'mhcr  indorsa  !  » 

A^  lumman  ainm  [fo.  108''  i]  in  sceith,  7  intan  bas  ocam 
imargail  rofoxal  in  sruth  a  luimne  dona  la^chaib  .i.  a  sciatho, 
co  n-erbratar  ind  rig  o  Thul  Tuinne  :  «  Is  luimnechda  in  t-in- 
ber  indorsa  !  »  \]nde  Luiiiinecb. 

There  was  a  set  meeting  between  Munster  and  Connaught, 
and  the  two  kings  brought  with  them  îheir  champions  the 
two  sons  of  Smuchaill  son  of  Bacdub.  Rind  «  Point  »  and 
Faebur  «  Edge  »  were  their  names.  One  of  the  twain  placed 
himself  under  the  safeguard  of  Bodb  (the  elf-king)  out  of  Sid 
Femin  :  the  other  under  that  of  Ochaill  (another  elf-king) 
out  of  Sid  Cruachna.  The  champions  (having  entered  the  wat^r) 
displa3-ed  their  «  swineherd's  art  ».  To  judge  between  them 
every  one  pressed  into  the  stream,  ail  the  men  of  the  two 
parties  wearing  dun,  grey-green  cloaks  (luimne)-.  Thereupon 
came  the  fioodtide,  which  they  had  not  perceived  owing  to 
the  greatness  of  the  assembly,  and  the  current  carried  off  ail 
their  cloaks.  Then  said  the  look-out  men  :  «  The  inver  (estu- 
dxy)  is  now  fuU  of  cloaks!  »  (luimnechda). 

Or  lumman  is  a  name  for  a  shield,  and  when  the  contest 
was  going  on,  the  current  carried  away  from  the  heroes  their 
luimne,  that  is,  their  shields.  Whereupon  the  kings  said  from 
Tul  Tuinne  :  «  The  inver  is  now  full  ot  shields  »  (luim- 
nechda) . 

Whence  Luimnech. 

Also  in  BB.  379''  18:  H.  35^:  Lcc.  477^^:  Bodl.  no.  20.  Versifîed,  LL. 
155»  23.  Edited(from  BB.)  in  Silva  Gadelica,  II,  478,  524  :  from  Bodl.  in 
Folklore,  III,  486-7. 

1.  muccach  BB.,  muciac/j/aiH.,  muccaidec/;/a  Lee,  rauccada  Bodl. 

2.  Compare  Cormac's/o/Mwa/M. 


454  Whitley  Stokes. 

Liiimnech  the  old  name  of  the  lower  Shannon. 

Tul  Tuînne  was  the  name  of  a  hillock  overlooking  the  scène  of  the  con- 
test  between  Rind  and  Faebur.  Another  near  Fert  Finntain  in  the  territory 
of  Loch  Derg  is  mentioned  infra. 

What  was  the  nature  of  this  contest  ?  Is  celrd  muccada  «  swineherd's  art  »  ? 
the  first  ofthe  seven  avatars  of  thecombatants  beingthat  of  the  swineherds. 

As  to  thèse  avatars,  see  LL.  247»  and  Irlsche  Texte,  3d  séries,  part  i, 
pp.  241.  See  also  infra  no.  66. 


58.  Slige  Dala. 

Slige^  Dala,  can[a]s  ro  ainmniged? 

Ni  a?îsa.  Dala  Glas  do  Gregaib  na  Scithia,  is  ûad  do- 
garar  Slige  Dala.  Créa  ingen  Ei[d]lecon  a  ben,  a  qua^  Ros 
Cré[a]  nominatur.  Dala  Glas  diino  7  Caïman  da  mac  E[d]\icon 
tancatar  cona.  mnaib  asin  Scithia  ar  imgabail  sluaiged.  Caire 
dawo  ben  Candain,  a  qua  ^  Dùn  Cairin  nominatur.  Rogab  Can- 
dan  dano  i  Cludin  Candain  a  Cricli  Eli,  7  i  Caislib  Cannâin 
tathaim,  7  roclasa  a  (en  and. 

Vnde  Slige  Dala  7  Cluain  Caiviain  7  Ros  Cré  7  Dûn  Cai- 
rin now//za[n]tur. 

Coicc  primrôid  Eyciiii  à.  Slige  Asail  7  Slige  Midluar/;;-a, 
Sli^^  Cualann,  Slige  Dala,  Slige  Môr. 

Slige  Asail  cetam/w  ;  fos-fuair  Asal  mac  Dôir  Domblais  re 
ndib^rgachaib  Mide  oc  toracbta'm  Temm. 

Slige  Mi[d]luacljm  daiio,  fos-fuair  Midluachair  mac  Da- 
mairne  meic  Diuballtaig  meic  rig  Sruba  Brain  oc  torachtain 
feisi  Temra. 

Slige  Cualann,  fos-fuair  Fer  fi  mac  Eogaba/Vria  meschuirib> 
side  oc  saigid  Temra. 

Slige  Dalo.  fos-fuair  Setna  Scccdcrg  mac  Durbaide  ria  ndrui- 
[d]ib  hirmznnan  oc  saighidh^  Tcmra,  nô  is  Dala  fodesin  ros- 
airnccht  dô. 

1.  SHdeR. 

2.  q«o  R. 

3.  re  ndœfsjcoraibh,  Bk.  of  Lismore  96''  i.  Meascaire  is  explained  a  di- 
sturber,  an  agitator,  P.  O'C.  But  hère  meschtiirib  is  pi.  dat.  of  a  compound 
of  mes  «  weapon  »  and  cuire  «  host  » . 

4.  saidhigh  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  4  5  5 

Sh'gc  Môr  .i.  Eiscir  Riada,  iside  comraind  Erenji  inde  .i.  o 
Ath  cliath  Cualann  co  liAth  clia//;  Medraighe.  Fos-fuair  Ndr 
mac  JEngusA  humaill  ria  laitlie  gaile  hirrais  Donviou)!,  ic  im- 
cosnam  thosaig,  comtis  iat  toisigh  toirisidis  Temraig. 

Aidci  geine  Cuind  tra  frithca  na  roit  sca,  amail  asheir  Airne 
Fingin. 

Dala  Glas  of  the  Greeks  of  Scythia,  from  him  Slige  Dala 
is  called.  Crca  daiighter  of  Edlec  was  his  wife  :  from  her 
Ross  Créa  is  named.  Dak  Glas,  then,  and  Cannân,  Edlec's  two 
sons,  came  with  their  wives  out  of  Sc3^thia  to  avoid  warlike 
expéditions.  Cannan's  wife  was  Caire,  from  whom  Dûn  Cairin 
is  named.  Now  Cannân  set  up  in  Cluain  Cannain  in  the  district 
of  Ele,  and  in  Caisel  Cannain  he  died,  and  there  his  grave 
was  dug. 

Whence  Slige  Dala  and  Cluain  Cannain  and  Ross  Créa  and 
Dûn  Cairin  take  their  names. 

The  five  chief  roads  of  Ireland,  namely  Slige  Assail,  Slige 
Midlnachra,  Slige  Cualann,  Slige  Dala,  Slige  Môr. 

Slige  Assail,  in  the  first  place,  Assal  son  of  Dôr  Domblas 
found  it  before  the  brigands  of  Meath  when  proceeding  to 
Tara. 

Slige  Midlnachra,  then,  Midluachair  son  ofDamairne  son  of 
Diubaltach  son  of  the  king  of  Srub  Brain,  found  it  when  pro- 
ceeding to  the  Feast  of  Tara. 

Slige  Cualann,  Fer  Fi  son  of  Eogabal  found  it  before  the 
elfmound's  armed  hosts  when  going  to  Tara. 

Slige  Dala,  Setna  Seccderg  son  of  Durbaide  found  it  before 
the  warlocks  of  Ormond,  when  going  to  Tara.  Or  it  is  Dala 
himself  that  discovered  it  for  him. 

Slige  Môr,  that  is,  Eisçir  Riada,  'tis  this  that  divides  Ireland 
in  two,  namely  from  Ath  Cliath  Cualann  (Dublin)  to  Ath 
cliath  Medraigc  (Clarin  Bridge  near  Gahvay).  Ndr  son  of  Oen- 
gus  of  Umall  found  it  before  the  champions  of  Irrus  Dam- 
nonn,  when  contending  for  leadership,  so  that  they  might  be 
the  first  to  arrive  at  Tara. 

On  the  eve  of  the  birth  of  Conn  (of  the  Hundred  Battles) 
thèse  roads  were  found,  as  saith  (the  taie  called)  Aime  Fingin. 


456  Wlnttey  Stokes. 

Alsoin  BB.  380b  23,:  H.  33^^:  Lee.  478^  Versified,  LL.  15  3b  8.  The  prose 
recension  of  §§  i  and  2  in  LL.  169b  23  (edited  in  Silva  Gadelica,  H, 
477,  524)  and  in  Laud  610,  fo.  84b  i,  varies  greatly.  The  Lecan  version 
of  the  paragraphs  about  the  five  roads  has  been  edited  in  Petrie's  Tara, 

pp.  204,  20). 

According  to  O'Donovan  (Bool-  ofRighls,  pp.  Iviii,  \[\)  Slige  Dala  wasûie 
great  southwestern  road  ofireland,  which  extended  from  the  southern  side 
of  Tara  hih,  in  the  direction  ofOssory.  Sligc  Assail  wasa  western  road  ex- 
tending  from  Tara  in  the  direction  of  LoughOwel  near  MulHngar  in  West- 
meath.  Sligc  Midluachra  was  a  northern  road.  Slige  Cualann  extended  from 
Tara  in  the  direction  of  Dublin  and  Bray.  Slige  Mér  was  the  great  western 
road,  the  lie  of  which  is  defined  by  the  Eiscir  Riada,  sl  line  of  gravel  hills 
extending  from  Dublin  to  Medraige  near  the  town  of  Galway. 

Srub  Brain:  see  no.  54  supra.  Ormond  (Urmumii)  in  the  co.  of  Tipperary. 
Irriis  Damnonn  now  Erris,  a  barony  in  the  N.  W.  of  the  co.  Mayo. 

Fer  Ff  son  of  Eogabal  :  see  Rev.  Celtique,  XIII,  438,  464. 

Conn  of  the  Hundred  Battles:  v.  supra  no.  34. 

The  ((  Aime  Fingin  «  F. 's  Watching  »  is  the  story  of  Fingein  mac  Luchta 
and  the  han-side  Rothniam,  of  which  there  are  copies  in  the  Book  of  Lis- 
more  (ff.  96a  1-97^)  and  the  Book  of  Fermoy,  ff.  24^-25^. 


59.    SiNANN. 

Sinand,  canasro  ainmniged? 

Ni  aiisa.  Sinend  higen  Lodoin  Luchairglain  [meic  Lir]  a  Tir 
Tairrngire  dodechaid  do  Tiprait  Connh  iil  fo  muir  dia  forcsin. 
Tipra  sin  fo  'tat  cuill^  7  imbois  na  heicsi  .i.  cuill-  crinmoind 
aiusa.  [7  a  n-aen  uair  bruchw/5  a  meas  7  a  mblath  7  a  nduilli,] 
7  i  n-oen  frois  dofuitet  ïors'm  tiprait,  co  tuarcaib  rigbroind 
clîorcarda  îuirn,  [co  cocnaid  na  bradana  in  mes,  conad  he 
sug  na  cno  cuirthear  suas  ina  mbolcaib  corcardaib,]  7  bruinnit 
secht  srotha  éicsi  as,  7  imsoat  and  afrithisi. 

Luid  iar«;;/  Sinend  do  saigi[d]  in  imbois,  ar  ni  testa  ni  f/z/Vri 
acbt  soas  tanlum.  Doluid  lasin  sruth  co  tice  Linn  Mna  Feile 
[.i.  Bri  Ele  7  rethis  i  n-imthus  roimpi],  7  traigis  in  topur,  7 
rolen  co  hura  na  haband,  Tarr-càin.  Imasmi[n]  iar  suide  co 
tarla  a  tarr  fœn  ïiiim,  7  ro  biais  bas  iar  tiachtain  in  tire  cen- 
taraig>.  Undc  Sinann  7  Linn  Mnâ  ¥cile  7  Tarr-cain. 

1 .  sic  H.  ciuil  R. 

2.  sic  H.  7  coll  R. 

3 .  centaraid  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  457 

Sincnd  daughter  of  Lodan  Lucharglan  son  of  Ler,  out  of  Tir 
Tairngire  («  Land  of  Promise,  Fairyland  »)  went  to  Connla's 
Well  which  is  under  sea,  to  bchold  it.  That  is  a  well  at 
which  are  the  hazels  and  inspirations  (?)  of  wisdom,  that  is, 
the  hazels  of  the  science  of  poetry,  and  in  the  same  hour  their 
fruit,  and  their  blossom  and  their  fohage  break  forth,  and 
thèse  fliU  on  the  well  in  the  same  shower,  which  raises  on 
the  water  a  royal  surge  of  purple.  Then  the  salmon  chew  the 
fruit,  and  the  juice  of  the  nuts  is  apparent  on  their  purple  bel- 
lies.  And  seven  streams  of  wisdom  spring  forth  and  turn  there 
again. 

Now  Sinend  wcnt  to  seek  the  inspiration,  for  she  w^anted 
nothing  save  only  wisdom.  She  went  with  the  stream  till  she 
reached  Linn  Mnà  Feik  «  the  Pool  of  the  Modest  Woman  », 
that  is  Bri  Ele  —  and  she  w^ent  ahead  on  her  journey,  but  the 
well  left  its  place,  and  she  followed  it  to  the  banks  of  the  river 
Tarr-càin  «  Fair-back  ».  After  this  it  overwhelmed  her,  so 
that  her  back  (tarr'^)  went  upwards,  and  wdien  she  had  come 
to  the  land  on  this  side  (of  the  Shannon)  she  tasted  death. 
Whence  Sinann  and  Linn  Mnà  Féile  and  Tarr-cain. 

Also  in  BB.  381»  30:  H.  39->  :  Lee.  479»;  and  Bodl,  no.  33.  Versified,  LL. 
156-^6.  The  words  in  brackets  are  from  Lee.  Sinann  gen.  sinna,  now  the 
Shannon,  Bri  eh  now  the  Hill  of  Croghan  in  the  N.  E.  of  King's  county. 
Tarchain,  not  identified.  Thestorv  is  paraphrased  by  O'Curry,  MaHjzer^  a;/(/ 
Cusloms,  II,  142-144.  See  also  O'Donovan's  note  in  his  translation  of  Cor- 
mac's  Glossary.  s.  v.  Caill  Crinmon  :  O'Curry's  note  on  the  «  salmon  of 
knowledge  »  and  the  poetic  endowment  of  those  that  hâve  the  luck  to 
catch  and  eat  one,  Baltle  qf  Magh  Lcana,  p.  97,  and  his  Faie  of  the  Chil- 
dren  of  Tuirenn,  p.  175. 

The  earliest  mention  of  the  nine  hazels  of  wisdom,  which  grew  at  the 
heads  of  the  chief  rivers  of  Ireland,  appears  to  be  in  the  Dialogue  of  the  Two 
Sages,  LL.  186^»  36,  where  Néde  mac  Adnai  says  that  he  has  come  a  caiUib 
.i.  a  nôi  coUaib  na  Segsa  ...  a  caillib  iidiu  assa  mbt;?/aiter  clessa  na  sûad 
tanacsa  «  from  hazels,  to  wit,  from  the  nine  hazels  of  the  Segais». . . ,  from 
hazels  out  of  which  are  obtained  the  feats  of  the  sages,  I  hâve  come. 


1.  Hère,  as  in  LU.  65^39,  ^^''''  secms  to  mean  back,   not,   as  usual, 
helly. 

2.  The  name  of  the  mound  at  which  the  Bovne  rises,  see  O'CIery's 
Glossary,  s.  v.  Segbais,  anJ  H.  5.   liS,  p.  636'^. 


458  Whitley  StoKes. 


60.  Sliab  n-Echtga. 

Sliab  n-Echtga,  canas  roainmnîged  ? 

Ni  ansa.  Echtga  hUathar/;  ingen  Urscothaich  meic  Thin[n]i 
do  Thuaith  Dé  Danann,  is  and  ro  ait,  i  Cuil  Echtair  i  toeb 
Sidi  Nenta  la  Moach  Maelchend.  Robas  dano  deogbaire  Gaind 
7  Sengaind  coa  cuingid,  .i.  Ferg^^  Lusca-beist  mac  Ruidhi. 
As  aire  atb^rthi  Lusca-beist  de,  fobith  peist  roalt  .i.  asa  noi- 
dendacht  [in  a  medôn],  wôasa  lusca  .i.  asa  cliabaine.  Rofcm  in 
ingen  feis  leis  fodâig  feraind  cuchtaire  7  deogbaire  bôi  ina 
laim  o  rig  fer  Olnecmacbt  À.  ô  Mien  co  fliirrgi.  Ni  bôi  da;/o 
indm«5  leisium  7  bôi  forba.  Bôi  diino  mdmus  lesi  7  ni  bôi 
forba.  Ised  diino  fonatecht-sl  ina  slabra  fuither  fossuid  cona.  fe- 
baib,  7  dobé^rt-som  disi  [in  sliab.]  Unde  Sliab  nEchtga.  B^rtair 
ïminorro  da  boin  ind  tune  ^,  7  hcrïd  in  bo  atùaid  trian  mblechta 
sech  in  mboin  andeas,  7rl. 

Echtga  the  Awful,  daughter  of  Urscothach  son  of  Tenne  of 
the  Tuath  Dé  Danann,  was  reared  by  Moach  Baldhead  in  Cûil 
Echtair  beside  Sid  Nenta.  Now  Gann  and  Sengann's  cupbearer 
was  a-seeking  her  hand,  even  Fergus  Lusca-héist  son  of  Ruide. 
He  was  called  Lusca-héist  because  he  had  reared  in  his  inside 
a  worm  (béist)  from  his  luscaidecht,  that  is,  his  infancy,  or 
from  his  lusca,  that  is,  his  cradiing.  The  girl  consented  to 
wed  him  because  of  the  kitchener  and  cupbearcr's  land  which 
he  held  from  the  king  of  the  men  of  Connaught,  to  wit,  from 
Maenmag  to  the  sea.  Now  he,  Fergus,  had  no  goods,  but 
he  had  a  héritage,  while  she  had  goods,  but  no  héritage. 
What  she  asked  as  her  bride-gift  was  a  permanent  estate 
witlî  its  benefits^,  so  he  gave  her  the  mountain.  Hence 
Sliab  Echiga  «  Echtça's  mountain  ».    Two  cows  are  now 


1 ,  nunc,  R. 

2.  fuithir  À.  fearann  land,  q.  d.  fo  thir  .i.  tir  mhaith  «  good  land  »: 
fosaidh  of  resting,  at  rest,  sûW.feabh  .i.  maith  goodness,  also  good.  P.  O'C. 
The  expression  feranii  fuithir  occurs  infra  no.  63. 


The  Rennes  Dindsenchas. 


459 


broLight  thither,  and  the  cow  from  the  north  yields  one  third 
of  milk  in  excess  of  the  cow  from  the  south. 

Alsoin  LL.  167143  :  BB.  381''  31  :  H.  40:  Lee.  480b,  and  Bodl.  no.  21. 
Edited  (from  LL.)  in  Silva  Gadelica,  II,  478,  525  :  from  Bodl.  in  Folklore, 
III,  488.  A  précis  of  the  story  is  given  by  O'Donovan,  Four  Masters, 
A.D.  1598,  p.  2055,  note  h. 

Sliah  uEchtga,  anglicised  Slieve  Aughty,  is  the  name  of  a  mountainous 
district  on  the  confines  of  Galway  and  Clare.  Sid  Nciita  a  fairy-mound  in 
Connaught,  of  which  Sigmall  was  the  lord.  Ganii  and  Se7i-Gann  iwo  o( the 
sons  of  Delà  the  Fer  Bolg:  see  O'Mahony's  Keating,  p.  84.  Maenniag  :  see 
infra,  no.  65. 

61.  Âth  Cliath  Medraigi. 

Ath  CHath  Medraigi,  canas  ro  aiiiuuuged? 

Ni  ansa.  Dia  tucsat  coicced  Olnecmacht  7  na  secht  Maine 
cona  trichtaib  cet  [cethern  ^]  tain  bô  Dartada  ingine  Regamna 
a  Mumain  -  conus-ioracht  Echu  Becc  mac  Cairpri  ri  Cliach  Mu- 
man,  co  fiannlach  5  Muma;^  amaille  friss,  i  n-iarmoracht  na 
tana,  co  rallsat  na  Maine  falcliatha  sciach  7  draigen4  isin  n-ath 
conus-ioracht  cobraid  î  o  Cruachain,  6  Ailill  7  6  Meidb.  Unde 
Ath  Clialh. 

When  the  province  of  Connaught  and  the  seven  Maines 
with  their  three  tliousand  kerns  brought  out  of  Munster  the 
drove  of  the  kine  of  Dartaid  daughter  of  Regamain,  Eochu 
the  Little  son  of  Cairpre,  king  of  the  Munster  Chu,  went 
in  pursuit  of  the  drove,  accompanied  by  the  champions  of 
Munster.  So  the  Maines  set  wali-hurdles  of  thorns  and  bram- 
bles  in  the  ford,  until  out  of  Cruaclui  help  had  corne  to  them 
from  Ailiil  and  from  Medb.  Hence  Ath  Cliath  «  Ford  of  Hur- 
dles  ». 

Also  in  BB.  382^50:  H.  40^:  Lee.  481^.  Bodl.  no.  26.  Versified  in 
LL.  156^20, 


:.   sic  LL.  :56b  27.  4.   sic  H,  sciath  7  droigcn,  R. 

2.   amumumain  R.  5.  cobraib  R. 

X.  fi'andlad  R.  liaulach  H. 


460  Whitley  Stokes. 

Medraige  now  Mâaree  in  Ballynacourty  paiish,  co.  Galway. 

The  seven  Maines  were  sons  of  Queen  Medb.  Their  names  are  given  in 
LU.  56b,  and  the  Bodleian  Dinnsenchas,  Folklore,  III,  492,  and  are  explai- 
ned  in  tlie  Côh'  Anniann,  H-  3.  18,  p.  589-1. 

The  story  relates  to  an  incident  arising  out  of  the  Tdin  hô  Dartada,  but 
not  found  in  the  taie  so  named.  Of  this  there  are  copies  in  H.  2.  16  and 
Egerton  1782,  and  a  fragment  in  LU.  p.  20,  col.  2;  and  it  lias  been  edited 
bv  Windisch,  Irische  Texte,  2te  série,  2.  Heft,  185-205. 


62,  Mag  n-Aidni. 

Mag  n-Aidhne  ^,  canas  ro  ainmniged  ? 

Ni  ansa.  Aidhne  raac  AUgubce  meic  Eithriuil  is  e  in  cetna 
fer  no  atdd  tenid^  longpuirt  -àrtus  re  m^fcaib  Miledh.  Fobith> 
ni  ba  hecen  do  acht  tofascad  a  da  glac  co  snigtis  4  richsi  teined  a 
suilib  a  mér  meitis  fiadubla  adnùi  i  tus  a  mbuana,  7  ba  hé  sin 
in  cet/;rama[d]  {erjïchet  dona[i]b  rathmogaib  [tucsad  meic  Mi- 
lead  leo  a  n-Eir//zd  do  denam  cach  uird  bai  aco,]  coniâ.  hé  ros- 
laid  in  mag  n-uc[ud  do  bodesin.]  \Jnde  Mag  n-Aidne  [nomi- 
natur,  7  is  and  adbath  Aidne.] 

Aidne  son  of  AUguba  son  of  Eithrél,  he  is  the  first  man 
that  kindled  a  camphre  for  the  sons  of  Mil.  Because  he  needed 
only  to  wring  his  two  hands,  whereupon  flashes  of  fire 
poured  out  of  his  knuckles,  as  large  as  fresh  wild  apples  when 
tlieir  harvesting  begins.  And  he  was  the  twenty-first  man  ot 
the  rath-makers  whom  the  sons  of  Mil  brought  to  Erin  to  build 
every  oni  (course  of  stones,  ordo  lûpidum?)  which  they  had. 
And  'tis  he  that  cleared  yon  plain  for  himself.  Whence  Mag 
nAidni  «  Aidne's  Plain  »  is  named,  and  there  Aidne  died. 

Also  in  BB.  5821^:  H.  41^:  Lee.  482'--',  and  Bodl.  no.  22.  Versified,  LL. 
156^37. 

Mag  nAidni  «  a  level  district  in  the  présent  co.  of  Galway,  ail  comprised 
in  the  diocèse  of  Kilmacduagh  »,  Four  Maslers,  A.M.  3727,  note  m. 


1.  naighne  R.  3.   Fobith  ar  R. 

2.  sic  B.  noadâd  tcine  R.  4.   sic  BB.  sni'dis  R. 


The  Rennes  Dindienchas.  46 1 


63.    MOENMAG. 

Maenmag,  canas  ro  ainiiuiiged  ? 

Ni  aiisa.  Moca  mogaid  mac  Miled,  is  é  nob^rm^  claind 
nGailim,  is  e  cclna  fer  roberraJ  i  n-Eirind  .i.  Forbarr  sa;r  mac 
Milt'J;  7  ba  rathmogaid  da»c;  in  Mxm  sin.  Is  do  da;/o  tuccad 
Berramain  a  m?én  a  bcrrt[h]a.  Unde  dicituv  Berramain  .i.  so- 
main  in  berrtha,  7  is  lais  roslechta  ferann  fuithir  mac  Forduib, 
comd  edh  isb^rar  Ma:nniagh,  7  is  and  atbath  M:ïn  iamm  .i.  i 
Mivnmaig.  Unde  àicitur  Moenmag  7  Berramain. 

Mocn  a  slave  of  the  sons  ofMil,  'tis  hethatshaved  Gailem's 
children,  and  the  first  man  that  was  shaved  in  Ireland  was  For- 
barr,  the  wright  of  the  sons  of  Mil.  And  that  Moen,  moreover, 
was  a  rath-buildcr.  'Tis  to  him  that  Berramain  was  given  as 
payment  for  his  shaving.  Hence  is  said  Berra-main,  that  is 
considération  (so-niâiii)  for  the  shaving  (bcrrad),  and  by  him 
the/'^/7/;tT-land  of  Fordub's  sons  was  cleared,  so  it  is  called 
Moenmag  «  Moen-plain  »;  and  afterwards.Moen  died  there,  to 
wit  in  Moenmag.  Hence  Moenmag  is  said,  and  Berramain. 

AlsoinBB.  382^59:  H.  41^:  Lee.  483^;  and  Bodl.  no.  25,  whence  it  is, 
edited  in  Folklore,  III,  491,  A  shorter  recension  in  LL.  167b  6,  which  is  edited 
mSili'u  GadcVica,  II,  478,  525. 

Moeiwiag  now  Moinmoy,  a  territory  lying  round  Loughrea  in  the  co.  of 
Galway.  Berramain  near  Tralee,  see  Revue  Celtique,  VII,  295. 


64.  Loch  Dergdeirc. 

Loch  Dcrgderc,  can  as  roaimnniged? 

Ni  dnsa.  Fcirc^rtne  m^c  Ath[g]16  primtil/  Ulad,  fer  as  ansa 
bôi  i  n-Eir/;nz,  7  is  é  noga[e]dadh  ^  [fo.  111^2]  in  mnôi  oc  lam- 
nad  7  nochuindged-  arm  cosin  fer  comraicc,  7  in  fer  n-aile 
'mo  oen  rose.  Is  e  dano  dodechaid  do  saighid  Enchacb  meic 

1 .  nogaedad  Lee.  nogaided  BB. 

2.  nôcuinid  R. 

Revue  Celtique,  XV.  31 


462  Whitley  Stokes. 

Luchta  meic  Lughair  meic  Lmgdech  Laimfind  ri  Muman,  dia 
faigdi  'mo  oen  deirc  i  ndon  circe^  Boirche  rucsat  an  eceis^ 
aniar,  7  tue  Eochaid  3  a  oenrosc  tarcend  a  aigthe. 

Luid  iarwm  Eochaid  dia  nighe,  7  rosir  in  luachair  7  ni  fùair 
[usce,]  co  ro  tarraing  didi  asa  bun,  7  co  ro  tinsain  usce  iarym, 
conid  as  ronig[ed]  a  derc  [f  ]as,  7  amail  tue  a  cenn  iothn  fon 
usci  fo  d^rg  uile  in  topur,  7  doriar/;/atiZr4  a  da  rose  don  rig  ar 
firt  feile,  7  amail  rosill  ar  an  topur  7  isbé^rt  :  «  Is  dtrg-d^re  in 
dere-so,  7  bud  lié  a  liainm  la  cdeh.  Vnde  Loch  Dergdeirc  di- 
cituv.  » 

Ferehertne  son  of  Athlo,  ehief-poet  of  Ulaid,  was  the  eruel- 
lest  man  that  ever  lived  in  Erin.  'Tis  he  that  would  slay  the 
woman  in  ehildbed,  and  would  demand  his  weapon  from  the 
combatant  and  his  single  eye  from  some  other  man.  'Tis  he, 
moreover,  that  went  to  Eochu  son  of  Luchta  son  of  Lugar  son 
of  Lugaid  White-hand,  King  of  Munster  to  beg  his  single  ey , 
in  payment  5  for  Boirche's  hen  which  the  poets  had  broughte 
from  the  west;  and  Eoehaid,  to  save  his  honour,  gave  him 
his  single  eye. 

Then  Eoehaid  went  to  wash  (the  blood  oflF  his  faee),  and 
searehed  the  rushry  and  found  no  water  :  so  he  tore  a  tuft  (of 
rushes)  from  its  roots,  and  then  water  triekled  forth.  With  this 
his  empty  eye  was  washed,  and  as  he  dipt  his  head  thriee 
under  the  water  ail  the  well  beeame  red.  Then  because  ot 
the  miracle  of  generosity  (whieh  Eoehaid  had  performed) 
both  his  eyes  eame  to  the  King,  and  as  he  looked  on  the 
well  he  said  :  «  A  red  (derg)  hollow  (derc)  is  this  hollow,  and 
this  will  be  every  one's  name  for  it.  »  Whence  Loch  Derg- 
deirc is  said. 

Also  in  BB.  383^26:  H.  41b  :  Lee.  483I',  and  a  ms.  in  the  Royal  Irish 
Academy,  D.  4.  2,  fo.  56b  2.  Versified,  LL.  157b  15. 


1 .  circirce  R. 

2.  rucsad  in  ecsi,  Lee.  rucsat  in  ecis,  BB. 

3 .  asngiw  R. 

4.  R.  repeats. 

5.  don  À.  tindiocad,  Lee.  Voeab. 


1u  Rennes  Dindknchas.  465 

A  similar  story  is  toldin  LL.  114!^  6-19  (editcd  in  Rcv.  Celtique,  VIII, 
48),  where  the  poet's  nme  is  Athirne. 

The  words  /  ndon  cice  hoirche  are  somewhat  obscure.  Tliey  secm  mon 
circe  bairche  in  BB.  Bt  Lee.  has  inndon  chirci  boirchi,  with  ig  (O.  Ir.  îc 
«  payaient  »)  written  Jver  don.  «  Boirche's  hen  »  is  mentioned  elsewhere. 


65.  Raith  Cruachan. 

Raith  Cy\xd.A\an,  canas  roainmniged? 

Ni  ansa.  Cruachu  nô  Crôchan  Crodfrg  inelt  Etaine  dode- 
chaid  for  aitW  la  Mïder  Brig  Léith  a  Fremaind  a  hOenug  ^ 
Oens:usa.  Pa  cara  da.no  Mid/V  in  Sinech  Side  Cruachu?/,  Ta- 
raill  iar«m  ira  dile  dia  hacallaim,  coro  fostaid  [fo.  iii''2]i 
saidiu  fn  nôi  t;ath-.  Dorumenair  dawo  Eda[i]n  co  mba  la  Mi- 
der  in  sid  sin,  «  In  hi  do  tbreh  inso  ?  »  ol  Edain.  «  Ace  son,  » 
ol  Midhir,  «  is  nesa  do  ihurghail  greine  mo  ihrehsz  inddso,  » 
ol  Midhir.  «  Ces[t],  cia  buaid  duinne  tadall  in  sidasa  7  in 
maighe  didiu?  »  ol  Crochenn.  «  Biaid  t'ainmsi  fair  a  log 
t'aistair,  a  Crocend,  »  ol  Midhair. 

Luid  iarum  Midhair  gu  Brigh  Leith,  couiid  ann  rotogladfoir 
la'  Eochrt/^ Airemo///. 

Tosach  Tochmairc  Etaine  andsin.  Dindsench?i5  Ratha  Crua- 
chan insin. 

Cruachu  or  Crckhan  Crocerg  was  the  handmaid  of  Etain  j 
who  elopcd  with  Mider  of  Bri  Léith  from  Fremann,  from  ' 
Ocnach  Oengusa.  Now  Sinech  of  Sid  Cruachan  («  the  Elf- 
mound  of  Cruachu  »)  was  a  relative  of  Mider's;  so  because  of 
his  affection  for  her,  he,  Mider,  went  to  converse  with  her, 
and  there  thcy  were  detained  for  nine  watches.  So  Etain  sup- 
posed  that  that  eifmound  belonged  to  Mider.  «  Is  this  thy 
dwelling  ?»  says  Etdin.  «  Kay,  »  says  Mider  «  iny  dwelling  is 
nearer  than  this  to  the  sunrise  ».  «  Query,  »  says  Crochenn, 
«   what  profit   hâve  we  in   visiting   this  eifmound   and   the 


1 .  oenud  R. 

2.  co  cend  nomaidc  LL.  157^24. 
3  .   rotoglaid  for  R. 


464  Whiîley  Stokes.      \ 

plain  ?  »  Says  Mider  :  «  O  Crochenn,  in  vaerdon  of  thy  travel 
it  shall  bear  thy  name.  » 

Then  Mider  went  to  Bri  Léith,  which  .vas  then  destroyed 
by  Eochaid  Airem. 

There  is  the  beginning  of  Etàins  Wooink  That  is  the  dind- 
5énc/;a.f  of  Râith  Cruachan.  \ 

Also  in  LL.  170^45  :  BB.  384a  i  :  H.  42b:  Lee.  484  and  Bodl.  no.  27. 
Versified,  LL.  157-' 6.  Edited  from  BB.  in  Silva  Gadcica,  II,  490,  539: 
from  Bodl  in  Folklore,  III,  492. 

Ràith  Cruachan  now  Rathcroghan,  between  Belanagare  aid  Elphin  in  the 
co.  Roscommon.  For  a  list  of  the  extant  remains  there  se  O'Donovan's 
note,  FourMasters,  A.D.  1223. 

As  to  Eochaid  Airera,  Mider  and  Etâin  see  LU.  i3ob-i32,Egerton  1782, 
fo.  118*2,  O'Curry  M.  and  C,  II,  192-194,  III,  162,  191  The  Tochmarc 
Etdiue  has  been  edited  by  Windisch,  Irische  Texte,  I,  113  :  see  §§  15,  16, 
where  sùiighe  should  hâve  been  printed  Sinighe  (the  gen  sg.  ot  Sinech),  not 
maighe,  as  Zimmer  asserts. 

aistair  (better  aistir)  gen.  sg.  oî  aister  «  labour,  travail,  travel  »  z=:  'ad- 
sitro-,  from  cul  and  urkelt.  saitro-  (Ir.  sadhar).  For  posttonic  l  from  ai  cf. 
Lat.  in-qulro,  ex-isiiimo,  tru-cîdo. 


GG.  Âth  Lu  AIN. 

Ath  Luain  canas  roainmniged  ? 

Ni  ansa.  Ath  Mor  a  ainm  ar  tus  co  gleicc  ^  in  Duind  Cuai- 
lg[n]e  7  ind  Findbennaigh,  is^^  atfet  in  ^-  Echtra  Nera  imthus 
nada  muccaid  5  hadar  i  secht  rec[!i]taib  .i.  hYmdai)i  1mi  car/;  hx-^, 
7  batar  hé  sin  da  mac  Chruind  mac  Aghnoma;?^  llucht  7  Ruicne 
a  n-aninand.  Eitte5  is  Engan  a  Ja  n-ainm  ina  n-énaib.  Cû  7 
Cethen  iad  ina  conaib.  Bledh  iat  7  Blodh  ina  mbreacoib 
Boinne.  Gruinniuc  7  Dubmuc  iad  diamdar  duirb, 

Doiuid  hruni  in  Cruindiucc  co  Glais  Cruinn  i^  Cuailg[n]e. 
Luid  dano  Dubmucc  co  ndelhc[:i]  i  n-Ùardn  Garaid/.  Luid 
dano  bô  do  Daire  mac  Fiach/ia  conos-ib  digh  a  Glais  Cruind 
7  co  tarrla  in  duirb  ina  broinn  co  mbo  laogh  iardain.   Luid 

1.  sic  R  II ib,  glic  R  112»  2.  5.  Éitce  R. 

2.  sic  R  iiib,  a  R  112».  6.  a  R. 

3.  sic  R  Hit',  mucad  R  m».  7.  garaig. 

4.  sic  R  iiib,  ao  R  112». 


The  Rennes  Dind.'enclias.  465 

d-Mio  hô  do  Meidb,  fo;/oss-ib  dig  a  tiprait  Gâraidh,  co  tarrla  di 
in  duirb  eilc  7  ba  lâog  hé  ina  broind  iamiin  \ 

Marba  da//o  na  di  bao  dia  mbrc ///;_,  in  tarb  tair  donn,  in  tarb 
tiar  hnmorro  tarb  d^rg,  findbendach.  larww  doriacht  bo  Nero 
cona  tarb  ina  diaidh  -,  co  ro  gcis  oc  Râith  Cruachan  coro  mo- 
thûig'm  Findbennach,  roro  glcac  doib,  7  ba  fortail  in  danaid,  co 
n-crvacbt  Medb  do  gresacht  a  tairb,  co  torcair  in  tarb  tue  bcn 
Aignin,  coiiïd  and  asb^'t  bcn  Agnin  :  «  Faichlc  Lit  a  ath^//V  mo 
tairbse  .i.  Dond  Cuailnge  ». 

IS  lanim  doluid  [Medb]  co  ceithr'ih  coicedhaib  Erenn  hi  crich 
n-\]\ad,  7  FergM5  d'eolus  rempii,  co  riacht  Magh  Goba,  conid 
and  sin  hâtar  Ulaid  'na  ceis  [.i.]  caic[thig]is  lân  ina  longpo/t. 
Medb  dano  ria  trian  ele  dona  sluagaVo^co  viacbl  Dûn  Soboirce, 
co  tue  mnai  ConaiW  Cernaig  [as.] 

Cechaing  Bûide  mac  Bain  Blaith  co  Glenn  na  Samaiscc, 
conid  ann  fuaratflT  in  Dond  Cuailnge,  co  tue  leis  coa  longphort. 
Is  ann  bae  3  Concohur  hi  Cind  tire  intansin.  Robatrt/'  dano  tri 
meic  Fiachmr/?  .i.  Ros  7  Daire  7  Imehad,  tri  [meic]  rig  Gu[a]- 
Igui  [7]  Findtan  mac  Neill  7  Gether;z  mac  Findtain  7  Ihach  7 
Rochaid  inac  Faithcmoin  7  Sualatar/;  mac  Becaltaig,  athair 
Conculainn,  inandiaidh  4,  conid  hruin  doriacht  Cuculainn,  co  ro 
marb  ilmilc  dib  o  Gdirig  co  hllgairigh  7  o  samoin  co[sin]  cet- 
ain  iar  n-imbulg  foroib,  co  toracht  Concohar  anoir,  7  cia  ro- 
moid  siar  iartain  5  is  siar  riicad  tain  bô  Ciialngi,  7  rosiuht 
[fo.  112-^2]  in  Dond  Cualngi  co  Tarbga*^,  coro  glcacsat  hi 
scchtmad  là  erraig,  conid  de  isbcrar  Tarbga,  7  dorochair  in 
Findbennach  la  Dond  Cualngi,  7  rofodhail?  iar  suidhiu  ic 
Loch  Dirige,  7  tue  a  Ion  co  hAth  lûain,  7  a  da  airrbe  co  Mue- 
fhind,  7  a  cride  co  Dun  Groin,  7  a  drond  co  Droingn-Asoil, 
7  a  leas  co  hinis  Glais,  7  a  Iccna;  co  Lecoin  Moir  Midhc  ;  7 
car/;  airm  hi  rue  ni  de  maraid  fair  a  ainm  in  baill  sin.  Unde 
Ath  Luain  nowinatwr. 

Ath  Môr  («  grcat  ford  »)  was  its  name  at  first  till  tlic  con- 

1 .  poit  R.  5 .  poit  R. 

2.  diaigh  R.  6.  tarbda  R. 
5.  bao  R.  7.  rofoghail  R. 
4.  ndiaigh  R. 


466  Whitley  Stokes. 

test  ofthe  Dun  (Bull)  of  Cualnge  with  the  Whitehorned.  'Tis 
this  that  Echtra  Nera  narrâtes,  the  story  of  the  two  swineherds, 
who  were  (incarnate)  in  seven  shapes,  a  full  year  in  each  of 
them.  And  those  were  Cronn  son  of  Agnoman's  two  sons, 
nanied  Rucht  and  Rucne  (when  they  were  swineherds),  Eîte 
7  Engan  («  Wing  and  Talon  »)  were  their  two  names  when 
birds.  Cû  and  Cethen  were  they  when  wolves.  Bled  and  Blod 
were  they  when  trout  of  the  Boyne.  Crunniuc  and  Dubmuc 
(leg.  Duinniuc,  Tuinniuc  ?)  w^ien  they  were  worms. 

Then  Crunniuc  went  to  Glas  Cruinn  («  Cronn's  Stream  ») 
in  Cualnge,  and  Dubmuc  went  and  lay  down  in  (the  well 
called)  Uardn  Garaid.  A  cow  belonging  to  Dâire  mac  Fiachna 
drank  a  drink  out  of  Glas  Cruinn,  and  the  worm  therein  en- 
tered  her  womb  and  afterwards  became  a  calf.  A  cow  of 
(Queen)  Medb's  went  and  drank  a  drink  out  of  Garad's  Well, 
and  the  other  worm  entered  her,  and  afterwards  became  a 
calf  in  her  womb. 

Now  the  two  cows  died  in  calving  (two  buU-calves)  ;  the 
buU  in  the  east  was  dun,  the^  buU  in  the  west  w^as  red,  white- 
horned. Afterw^irds  Nera's  cow  came  with  her  bullcalf  behind 
her,  who  bellowed  at  Raith  Cruachan  so  that  the  Whitehorned 
perceivedhim.  They  fought  and  the  yearling  prevailed.  Where- 
upon  Medb  arose  to  encourage  her  bull,  and  the  buU  which  Ain- 
gen's  wife  had  brought  fell,  so  then  Aingen's  wife  said  «  Be- 
ware  of  the  sire  of  my  bull  !  »  that  is,  the  Donn  of  Cualnge. 

So  then  Medb  with  four  ofthe  provinces  of  Erin  marched 
into  Ulster  (to  carry  oiï"  the  Donn),  with  Fergus  for  their 
guide,  till  she  reached  Mag  Coba,  and  there  were  the  Ulaid  in 
their  debility-  a  full  fortnight  in  their  camp.  Medb  then,  lead- 
ing  the  second  third  of  the  armies,  marched  to  Dunseverick, 
and  thence  took  Conall  Cernach's  wife. 


1 .  Hère  the  taie  should  tell  how  the  calvcs  grew  up.  the  former  becom- 
ing  known  as  the  Donn  of  Cualnge,  the  latter  as  the  Whitehorned  of  Ai. 
By  the  Morrigan's  contrivance  (Rev.  Celt.,  XII.  12S)  the  Donn  buUed  a 
cow  belonging  to  Nera  (one  of  King  Ailill's  warriors)  or  rather  to  his  son 
Aingen.  This  cow  produced  a  bullcalf,  which,  as  we  shall  see,  fought  and 
was  defeated  by  the  Whitehorned. 

2.  SeeLL.  125^^  andd'ArboisdeJubainville,7;.v.Ç(?/i'//;u"rt/'a/cg'»i', pp.  89-90 


The  Rennes  Dindsencims.  467 

Buide  son  of  Ban  Blath  went  to  the  Glen  of  the  Hcifcr,  and 
there  they  found  the  Donn  of  Cualnge,  so  he  brought  himto 
his  camp.  At  that  time  Conor  was  in  Cantire.  Now  there 
were  Fiachra's  three  sons,  Ross  and  Ddire  and  Imchad,  three 
sons  of  the  king  of  Cualnge,  and  Finntan  son  of  Niall,  and 
Cethern  son  of  Finntan,  and  IHach  and  Rochaid  son  of  Fai- 
theman,  and  Ciichulainn's  flither  Sualtach  son  of  Becaltach 
behind  thcm  ;  and  then  came  Cûchulainn,  and  killed  many 
thousands  of  them  from  Gàirech  to  Ilgdirech,  and  frojn  Hal- 
lontide  to  the  Wednesday  after  Candlemas,  till  Conor  arrived 
from  the  east.  And  though  he  afterwards  routed  them  in  the 
west,  westward  the  drove  of  the  kine  of  Cualnge  was  taken. 
And  the  Donn  of  Cualnge  came  to  Tarbga,  and  there  he  and 
the  Whitehorned  fought  on  the  seventh  day  of  spring  — 
whence  the  name  Tarbga  —  and  the  Whitehorned  fell  by  the 
Donn,  who  after  this  rent^him  to  pièces  at  Loch  Digi,  and 
brought  his  lôn  «  hip  »  to  Aîh  Lûain,  and  his  two  foreribs  .to 
Muc-find,  and  his  heart  to  Dûn  Croin,  and  his  chine  to  Dronn 
Asail,  and  his  thigh  to  Inis  Glas,  and  his  cheek  to  Leca  Mor 
Midi  ;  and  on  evers^  place  to  which  he  took  aught  of  him  the 
name  of  that  member  abides.  Whence  Aîh  Liiain  is  named. 

Also  in  BB.  584b  14:  H.  45»:  Lee.  4861».  Versified  in  LL.  158». 

Atb  Liiain  «  Luan's  Ford  »,  now  A tblone,  a  town  on  the  Shannon,  on  the 
borders  of  Westmeath  and  Roscommon. 

Echtra  Nera  has  been  edited  by  K.  Meyer,  Revue  Cehique,  X,  212-228. 

As  to  the  seven  avatars  of  the  two  swineherds  see  LL.  247^  and  Irische 
Texte,' 3»^  série,  i.  Heft,  p.  245.  As  to  pregnancy  from  drinking,  see  Hart- 
land,  The  Legend  of  Perseus,  I,  113,  116,  and  Revue  Celtique,  IX,  12. 

UardnGaraid,  see  the  Rolls  Tripartitc  Life,  p.  106.  Cualnge  now  Cooley 
in  the  co.  Louth.  Glenn  na  Samaisce  a  valley  in  Cualnge.  Tarbga:  see  the 
dindsenchas  of  Mag  Tarbgai,  LL.  i66''47:  Bodl.  no.  28,  edited  in  Folk- 
lore, III,  493.  Loch  Digi,  also  in  LL.  is8^,  not  identified.  Leaca  Mor  Midi 
now  Lackin,  formerly  an  abbey  near  Bunbrusna,  in  the  barony  of  Corkarce 
and  co.  of  Westmeath. 


67.    TURLOCH    SlLIWE. 

Turloch  Silinne,  canas  ro  aiiimniged? 

Ni  ansa.  Silénd  inge[n]  Machdir  meic  Duhthaig  meic  Kune 


468  Whitley  Stokes. 

is  and  robôi  a  trebthfl^,  conas-tormcht  Blonoc  mgen  in  Tûi 
mec  Rige  coro[s]saraig  moa  forba,  conld  ac  sadad  ^  mandrach 
dia  lôegoib  ro  mehaid  in  loch  la  Blonaic,  conid  uaidi  ainmni- 
gth/r  in  loch.  Rotheich  Silenn  iarsin  co  rhcbt  co  hairm  ir-ro- 
maidh  Loch  Silend,  dia  roclas  a  fert,  con'id  uaithi  ainm[nigthir] 
in  loch. 

Silenn  daughter  of  Machar  son  of  Dubthach  son  of  Rune, 
there  was  her. habitation,  till  Blonoc  daughter  of  the  Tue  son 
of  Rige  came  to  her  and  outraged  her  as  regards  her  héritage. 
So  when  Blonoc  was  building  buts  for  her  calves  the  lake 
burst  forth,  and  from  her  the  lake  (Loch  Blonaice  ?)  is  named. 
Thereafter  Silenn  fled  till  she  reached  the  place  where  Loch 
Silenn  burst  forth,  and  then  her  grave  was  dug.  So  from  her 
the  lake  bas  its  name. 

Also  in  BB.  385^37:  H.  44^':  Lee.  487b.  Versified,  LL.  158^4. 
■Loch  Silimie  iiow  Lough  Sheelin,  on  the  borders  of  the  counties  of  Ca- 
van,  Longford  and  Meath.  See  the  Four  Masters,  A. M.  3581. 


68.  FiNDLocH  Cera. 

Findloch  Cera,  c-^nas  ro  aiiimnigcd  ? 

Ni  ansa.  Enlaithe  Thire  Tairrngire  dodechad^rr  [d]o  failti 
fri  Patraic  dia  mboi  a  Cruachoin  Aigle,  coro  fersatar  gleic  dia 
n-itib  f/isin  loch,  coro[b]  find[ith]ir  \Qm\\\\acht,  7  is  cd  adbfrdis: 
«  A  chobair  G:\idhel,  tair,  tair  7  toirche  !  »  Ba  hisin  tochwi- 
nudh  Vatmïc  leo,  conas-toracbt  Patmlc  7  coros-bennach  in 
loch.  Coiiïd  airesin  asbfrar  Findloch  hi  Gtu. 

A  birdflock  ofthe  Land  of  Promise  camcto  welcome  (Saint) 
Patrick  when  he  was  on  Cruachan  Aigle  ;. and  with  their  wings 
they  smote  the  lake  so  that  it  became  as  white  as  new-milk. 
And  this  is  what  they  used  to  say  :  «  O  help  ofthe  Gaels, 
come,  come  and  corne  hither  !  »  That  was  the  invitation  thev 


I .  sagad  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  469 

had  for  Patrick.  So  Patrick  came  to  the  Like  and  blessed  it. 
Wherefore  Findloch  «  White-Like  »  in  Cera  is  said. 

Also  in  H.  44b:  Lee.  487.  Versificd,  LL.  158b. 
Findloch  Cera  now  Lough  Carra,  near  Ballinrobc  in  tlie  co.  Mayo. 
Cruiichaii  Aii^le  now  Croaghpatrick,  a  mountain  about  fîve  mil(^  wcst  of 
the  town  of  Westport  in  the  saine  county. 


69.  Mag  n-Âi. 

Magh  n-Âi  canas  roainiiiniged  ? 

Ni  ansa.  Ae  m^c  Allgubai  in  cetbramnd  mog  fichet  tucsat 
meic  M'ûed  Ico,  is  é  c"o;iataigh  cosno  moighidib  sin  coro  slech- 
tadis  magh  leis,  conià  iadsin  ro  slechtsat  [fri  cethri  uairib  fich- 
et]. Coros-gdid^  Ai  iar  scur  doib  im  dilsi  in  maige  sin  do  7 
moa  ainm  fair.  Unde  Mag  n-Ai  dicitHV.  Conid  dia  derbad  sin 
rocacham  in  file  indso  : 

[fo.  113^  i]  A  fir  dia  teis  i  Magh  n-Ôi,  yrl. 

Ae  son  of  Allguba  was  the  twenty-fourth  sLive  that  the  sons 
of  Mil  brought  with  them  (to  Ireland).  'Tis  he  that  asked 
those  slaves  to  clear  that  plain  along  with  him  :  wherefore 
they  ail  cleared  it  in  four  and  twenty  hours.  When  they 
had  done  the  work  Ae  entreated  them  to  give  him  the  owner- 
ship  of  that  plain  and  (to  bestow)  his  name  upon  it.  Whence 
Mag  n-Ai  «  Âe's  Plain  »  is  said.  And  to  certify  this  the  poet  sang  : 

«  O  man,  if  thou  enter  Mag  n-Ai  »,  etc. 

Also  in  BB.  586^1  15  ;  H.  44I' :  Lee.  488^  Edited  (from  BB.)  in  Silva 
GadeHca,  II,  491,  539. 

Mag  n-Ai,  now  Machaire  Chonnacht,  a  large  plain  in  the  co.  Roscom- 
mon,  between  the  towns  of  Roscommon,  Elphin,  Castlcrea  and  Strokes- 
town.  Four  Masters,  A.D.  700,  note  i.  A  différent  etymology  (from  Ai, 
the  name  of  Enna  Aignech's  hound)  is  given  in  the  Dindsenchas  of  Loch 
Néill,  infra  no.  73.  For  a  third  (from  ac  «  hver  »)  see  O'Curry,  Manners 
and  Ctistoius,  II,  11. 


I .   coroscaid  R. 


470  Whitley  Stokes. 


70.  Mag  Mucraime. 

Mag,  Mucraime,  canas  ro  ainmnigtd  ? 

Ni  nnsa.  Muctret  dmidec/;^a  Aon^cht  a  huaim  Cniachan  co 
hOil/7/  7  co  Mcidb,  coxo  millset  ith  7  bliclit  in  cach  maigin  i 
mbidis,  7  ni  cumgadis  fir  Ert';//i  ar-rim  nô  a  tarrdharc  in  czch 
maigin  i  mbidis,  co  tainic  Oil///  7  Medb  do  sernad  a  selga  co 
Fraechmagh  7  coro  taifnit  co  Belach  na  Vcn,  coma,  annsin  tar- 
raid  Medb  mue  dib  ar  chois,  co  forgaib  a  lethar  ina  Idim,  7 
coro  rimit  iar  suidhe  isin  maig  sin.  UnJf  }Aag  Mucraime. 

A  herd  of  magical  swine  came  to  Ailill  and  Medb  ont  of  the 
Cave  of  Cruachu,  andthey  usedto  blight  corn  and  mille  where- 
soever  they  were,  nor  could  the  men  of  Erin  in  any  place 
count  them  or  look  them  over^.  So  to  set  their  hunt  afoot 
Ailill  and  Medb  came  to  Fraechmag  «  Heatherfield  »,  and 
chased  the  swine  as  far  as  Belach  na  Fert  «  the  Pass  of  the 
Graves  »,  and  there  Medb  caught  one  of  them  by  the  leg;  but  it 
.  left  its  skin  in  her  hand,  and  thereupon  they  v^^ere  counted  in 
that  plain.  Whenœ  Mag  M uc-r'iiiie  «  Plain  of  Pignumbering  ». 

AIso  in  BB.  386'Mo:  H.  45a:  Lee.  488^.  Versified,  LL.  162b  13.  Edited 
(from  BB.),  Silva  Gadelica,  II,  490,  539. 

Mag  Mncrama  a  plain  near  Athenry  in  the  co.  of  Galwa}'. 

A  similar  story  is  told  in  LL.  290-1,  edited  in  Rev.  Celtique,  XIII,  448, 
450. 

71.  DuMAE  Selga. 

Dumae  Selga,  canas  xoainmniged  ? 

Ni  ansa.  Ard  Gain  a  ce7ainm  co  seilg  se  mue  Di'rbrinde  in- 
gine  Eaclic/r/;  Fed/4'-;,  cetscrc  sein  0[c]ngz/i-a  meic  ind  Oc,  7  di 
hàtar  daltaidc  na  muca  diamt^rr  doine,  co  tue  màlhak  na  ier 
À.  Dalb  Garb,  b/'icht  foyru  i  cumusc  hi  cnuas  cno  Goille  Kc\\aid. 


I .   tardharc  .i.  dearcadh  tarsa  «  a  squinting  or  looking  askew,  «P.  O'C, 
which  can  hardlv  bc  the  meaning  hère. 


The  Rennes  Dindsenchas.  471 

Conà  7  Find  7  Flanda  n-anmand  na  icr  :  Mel  7  Trcgh  7  Tréis 
anmand  ^  na  mban  :  Froechan,  Banban,  Brogharban  anmand^ 
na  mue  fliirenn  :  Crdinc/;nn  7  Caolcéis  7  Trcilech  anmand  ^ 
na  mue  mboincnn. 

lar/vw  rohirailit  [ô]  Oengwj  for  Buicliet  in  hnngaid  do  Laig- 
nib,  co  mbawr  blûzi/rtm  lais,  coro  gaib  mian  mnôi  mBuichet 
im  tomoilt  mBrogiîgarbain,  7  rotinoil  in  hencét  laoch  fon  arm- 
gaisc/^/  7  cet  con,  7  atrullai  uâidhib  in  mue,  7  loMr  iarwm  co 
Brugh  n-Oengusa,  7  ronfechtha  fâilti  friu.  Is  ann  soin  cachoin 
in  lâidh  :  «  BaMr  inmoine  gnuisi  ».  Co  «-aitciietar  cohraid  co 
hOeng//.f,  7  adbcrt  nat  caomnacaircoro  chroitliitisBileTarbgha 
7  co  toimlidiss  éicne  Inb/V  Umaill. 

Is  iarsin  \oiar  co  Glascarnn  co  mbawr  \A\adain  oc  Dfrbrind 
to  dicleith.  Is  iar/mi  croiths//  Bile  Tarbgha  7  ro/zgabct  rempu 
co  hlnbfV  n-Umaill,  7  tinolu/r  o  Meidhb  fir  OXnQcmacht  dia 
scilg,  coro  ghaib  Duibinnsi  foroib,  co  torcha?/;-  ctcljt  Brogharban 
x.antiim,j  tucait  a  côic  cind  g/^«in  ndum^usa.  Unde  Dumae 
Selga. 

Ard  Caiit  was  its  first  namc,  until  the  hunting  of  the  six 
swine  of  Derbrenn,  Eochaid  Fedlech's  daughter.  She  was  the 
first  love  of  Oengus  Mac  ind  Ôc,  and  the  swine  were  foster- 
children  of  hers  when  they  were  human  beings  ;  until  the 
mothcr  of  the  men,  even  Dalb  the  Rough,  put  upon  them 
(and  their  wives)  a  spell  mixcd  in  a  gathering  of  the  nuts  of 
Caill  Achaid.  The  names  of  the  men  were  Conn  and  Find  and 
Fland  :  the  namcs  of  the  womcn  were  Mel  and  Tregh  and 
Tréis.  The  boars  (into  which  the  men  were  transformed) 
were  named  Froechan,  Banbdn  and  Brogarban  :  the  sows 
(into  which  the  women  were  transformed)  were  named  Crain- 
chrin,  Coelchéis  and  Treilcch, 

Then  they  were  committed  by  Oengus  to  the  care  of  Bui- 
chet  the  Hospitalier  of  Leinster,  and  with  him  they  remaincd 
a  ycar.  But  then  a  longing  seizcd  Buichet's  wife  to  eat  (a 
steak  from  the  belly  of)  Brogarbain.  So  she  mustcred  a  hun- 
dred  iieroes  in  armour,  and  a  hundrcd  hounds.  But  the  pig 

I .   ainm  R. 


472  Whitley  Stokes. 

fied  from  them,  and  then  (he  and  tbe  other  live)  went  to  the 
burgh  of  Oengus,  who  made  them  welcome,  and  then  sang 
the  lay  (beginning)  «  Dear  were  the  £ices  ».  Then  they  en- 
treated  Oengus  to  help  them,  but  he  said  that  he  could  not 
do  so  until  they  had  shaken  the  Tree  of  Tarbga  and  eaten 
the  sahiion  of  .Inver  UmailL 

After  that  they  went  to  Glascarn  and  remained  a  year  with 
Drebrenn  in  hiding.  'Tis  then  they  shook  the  Tree  of  Tarbga, 
and  fared  forth  to  Inver  Umaill  (where  they  arrived  on  the  day 
that  the  mound  was  raised).  To  hunt  them  the  men  of  Con- 
naught  are  gathered  by  Medb,  and  she  took  Black-island 
upon  them,  and  they  ail  fell  save  Brogarban,  and  their  fîve 
heads  were  brought  to  that  mound.  Whence  Dumae  Selga 
«  Mound  of  Hunting  » . 

Also  in  BB.  386I':  H.  45-^:  Lee.  489^.  A  précis  of  the  taie  is  given  by 
O'Curry  in  the  introduction  to  his  édition  of  the  Tii  Thruaighe  na  Sccalai- 
ghechta,  p.  391.  And  one  of  the  swine  (Coelchéis)  is  mentioned  in  the  dind- 
senchas  of  Mag  Corainn,  No.  77  infra. 

See  also  the  dindsenchas^of  Loch  Néill,  no.  73  infra. 

Duma  Selga  is  in  Mag  11  Ai  No.  69,  supra.  See  the  Four  Masters,  A.D. 
1448.  Tarhga  v.  supra  no.  67.  Mht  UmaiU  an  estuary  probably  in  the 
Owles,  co.  Mayo. 

The  places  where  the  five  pigs  were  respectively  killed  (before  they 
cOuld  eat  the  salmon  of  Inver  UmaiU?)  are  mentioned  in  the  poem,  which 
follows  the  prose  taie. 

72.  Mag  Luirg. 

Magh  Luirg,  canas  ro  aimnniged  ? 

Ni  ansa.  Dia  mbdi  ConoW  Qrnach  ica  gairc  hi  Cnviàiain 
coma  ann  rogeogoin  Oil/7/  ri[g]  Connacht  tria  fwrail  Medba, 
coma  aire  roteich  asin  C/;ruachoin  co  ndechfl/di  àchad  Connacht 
ina  diaidh%  7  co  ndechat^?/'  na  tri  Ruadh-coin  Mairtine  for  a 
lurg,  ro/w[d]  assin  cong-Ahsai  a  lorg  .i.  a  Mag  Luirg  co  Magh 
Slechti^  mBrefne,  coron-ortS(7t  na  tri  Ruadh-coin  do  Fcroib 
Fene  oc  Âth  na  Miana  oc  Maighin,  7  rofucsat  a  cend  leo  co 


1 .  diaigh  R. 

2.  a  R. 


The  Rennes  Dindienchas.  a'i-> 

crich  Beirre  lii  Corcalaidhc  hi  ciniùJh  chind  Convoi  miic  Dairi, 
conià  lii  sin  Goire  ConoïW  i  '  Crnichain,  et  xinde  Magh  Luiro- 
nomiiiitur.  1 

Whcn  Conall  Cernach  was  being  cherished  at  Crur.chu,  he 
slew,  at  Medb's  behest,  (her  husband)  Ailill  king  of  Con- 
naught.  Wherefore  he  fled  out  of  Cruachu,  and  Connaught's 
warriors  pursued  him.  The  thrce  Red  Wolves  of  Martine 
started  on  his  track  (lorg)  and  took  it  from  Mag  Luirg  to  Mag 
Slecht  in  Brefnc.  There  at  Ath  na  Miana  by  Maigen  the  thre; 
Red  Wolves  of  the  Fir  Féne  kilied  him,  and  then  they  car- 
ried  off  his  head  to  the  district  of  Berre  in  Corcalaigde  in  ré- 
tribution for  the  head  of  Cù-r6i  son  of  Daire  (whom  Conali's 
comrade  Cù-chuhiinn  had  decapitated).  So  that  is  the  Cher- 
ishing  of  Conall  in  Cruachu,  and  thence  Magh  Luirg  «  Pktin 
of  the  Track  »  is  named. 

Also  in  LL.  lôôiî  41  :  BB.  387^8  :  H.  46»:  Lee.  490  and  Bodl.  no.  50, 
Edited  (from  BB.)  in  Silva  Gadelica,  II,  478-9,  525.  The  taie  is  told  more 
fuUyin  the  Aided  Aililla  ocus  Conaill  Cernaig,  of  which  there  are  copies  in 
a  vellum  ms.  inthe  Advocates'Library,  XL,  pp.  3-5,  and  in  H   2.  17,  p.  474. 

Mag  Luirg  now  Moylurg  in  the  barony  of  Bogh,  co.  Rqpcommon.  Brefnc 
comprised  the  présent  countics  of  Leitrim  and  Cavan.  Mag  Slecht,  see  infra 
no.  8).  Mairtene  perhaps  the  Mairtine  of  Munster,  a  Firbolgic  tribe,  the 
centre  of  whose  territory  was  Emly  in  the  présent  co.  of  Tipperary,  To- 
pogr.  Pocms,  p.  Ixix.  Corco  Laigde  the  S.  W.  part  of  the  co.  Cork. 

The  «  thrce  Ktà-ivolves  »  {sic,  LL.  211''  31)  are  =:  the  tliree  'Ro.à-heads 
(Riuidchind)  of  LL.  166^1- 

As  to  Cù-rôi's  death,  v.  supra,  no.  33. 


73.  Loch  Néill. 

Loch  Neili,  canas  xoainmnigcd  ? 

Ni  ansa.  Nel  mac  Enna  Aighnigh-  n\eic  Oengz^j-a  Turhig 
Temrrt,  is  é  ba  toisech  dibc/'gac/;  ^renn  hi  flaith  Co;/oill  Croim- 
dtj/rg  \ncic  Labradha,  co  ndech^ï/J  {or  luirg  Dreibrinde  dolotar 
a  Sidh  Chollomrach,  coud as-fu air  i>  nDoire  Tarbgha.  Imra- 

1.  a  R. 

2.  aighnidh  R. 

3.  aR. 


474  Whitley  Stokes. 

chtawr  na  muca  reimib  et^'  clwnu  7  iiru  nr  fut  Maigi  hOi  — 
7  hased  on  ainm  chou  Enda  Aignig  À.  Oi  —  co  rancatûfrin  loch 
roro  baichedh  Nell  ann  7  a  choin.  Unde  Loch  Neill  nominatur. 

Niai]  son  of  Enna  Aignecli  son  of  Oengus  Tuirbech  of  Tara, 
was  the  leader  of  the  brigands  of  Ireland  in  the  reign  of  Co- 
nall  Cromderg  son  of  Labraid  ;  and  he  went  on  the  track  of 
Drebrenn's  swine,  which  had  issued  from  the  elfmound  of 
Çollomair.  He  found  them  in  the  Oakwood  of  Tarbga.  Both 
Rounds  and  men  hunted  the  swine  throughout  Magh  Ai  — 
jo  called  from  Ai  the  name  of  Enna  Aignech's  hound  —  till 
Ihey  came  to  the  lake,  and  therein  Niall  and  his  hounds  were 
/drowned.  Whence  Loch  Né i II  is  named. 

AIso  in  LL.  167-^  2:  BB.  382''42  :  H.  46!':  Lee.  490b  i  and  Bodl.  no.  29. 
Edited  (from  BB.)  in  Silva  Gadelica,  II,  491,  559:  from  Bodl.  in  FolUore, 
III,  494. 

A  Loch  Nctll  in  Magh  Aoi  is  mentioned  in  the  Four  Masters,  A.D.  1014  ; 
but  it  has  not,  apparently,  been  identified. 

Enna  Aignech,  overking  of  Ireland  A. M.  4888-4907:  his  pedigree,  Irische 
Texte,  I,  117. 

As  to  Drebrenn's  swine,  see  above,  no.  71  (Duiiia  Selga),  no.  35  (Bdach 
Conglais)  and  n5.  77  (Coronn). 


74.  Loch  Con. 

Loch  Con,  canas  ro  ainninigcd  ? 

Ni  ansa.  Couart  Manannain^  mie  Lir  7  conart  Modh^  otat 
Indsi  Modh,  co  comrancatar  imon  muic  rocn[a]thar  a  tir  impu 
.i.  Indsi  Mod,  7  mené  etraintis  coin  in  muic  sin  ropo  criathar 
lee  co  hAlb^m  .i.  ropo  mudach  né  ropadh  fdsach.  Roleblaing 
iarum  riasna  cono'ih  in  loch,  7  cengsat  in  coin  nadiaidh?,  7 
rodïfi'-imart  doib  dib  linoibh  forsin  loch,  7  ni  tcrna  cù  i  mbe- 
thaid  udide  cen  lescad  7  cen  bdduJ.  Doluid  da//o  in  mue' 
riam  iartain^  [fo.  114-' 2]  cosin  indsi  fil  ann.  Unde  Loch  Con 
7  Muic-inis. 


1.  manoain  R.  '  3.  nadîaigh  R. 

2.  mogh  R.  4.   posi  R. 


The  Rennes  Dindienchas.  475 

Manannan  mac  Lir's  pack  of  hounds  and  thc  pack  of  Mod 
(from  whom  Insi  Mod,  the  Clew  Bay  Islands)  met  together 
about  a  pig  which  wasted  the  country  around  those  islands, 
and,  Linless  the  hounds  might  hiterfere  with  that  pig,  it 
would  hâve  madc  a  criathar  as  far  as  Scotkind,  that  is,  there 
would  hâve  been  a  wreckage  or  a  désert.  In  front  of  the 
hounds  it  sprang  into  the  kike,  and  the  hounds  pressed  after 
it,  and  it  tackled  both  packs  on  the  Lake,  and  no  hound  es- 
caped  alive,  but  ail  were  maimed  and  drowned.  Then  the  pig 
went  forward  to  the  island  which  is  therein  (and  there  it  killed 
Mod).  Whence  Loch  Cou  «  Lake  of  the  Hounds  »  and  Mucc- 
inis  «  Pig-island  ». 

Also  in  LL.  167-^30:  BB.  588->22:  H.  46^:  Lec.4911',  andBodl.no.  32. 
Edited  (from  LL.)  in  Silva  Gadelica,  II,  467-8,  513. 
Loch  Cou  in  the  co.  Mayo,  keeps  its  old  name. 
criathar  A.  fasach,  Lee.  Vocab. 


75.  Loch  nDechet. 

Loch  nDechet,  canas  ro  aiiunniged  ? 

Ni  ansa.  Déchet  mac  D^rguir,  rathmogn/J  Glais  meic  Gais, 
is  é  tuargaib  Suidhe  n-Aodha  os  Es  Ruaidh.  lar  ndenom  a  oi- 
pre  do  la  hAodh  Rûad  mac  Badhuirnn  ro  cuin[n]igh  lôg  a 
oip;r  .i.  lorad  ind  esa,  7  dobreatha  do,  7  hrum  co nurcgahudh 
tor  la  dainn  n-Oilella  arnad  beith  imresoin  nô  imcosnom  d'fer- 
oib  Olnecmacht  im  torad  Esa  Ruaidh, 

Robôi  dono  Déchet  hi[c]  cuinghidh  duilgine  in  gr^a  rogni, 
7  dob/etha  do  co  Mag  Lunga^  .i.  co  Mag  Loing[the]a,  ar  is 
ann^  roloiwg  fora  biudh  7  (or  a  lind,  7  doluidh  mrum  ïor  bail- 
iudh  a  mesca  cosin  loch,  co  robàidedh  and.  Unde  Loch  nDechet 
dicilur. 

Déchet  son  of  Dergor,  the  rath-builder  of  Glas  son  of  Gas, 
'tis  he  that  erected  Suide  Aeda  «  Aed's  Seat  »  over  Ess  Ruaid 


1  .  sic  BB.,  H.  and  Lee  lughna  R. 
2.   inann  R. 


476  Whiîley  Stokes. 

:<  Rimd's  Cataract  ».  After  he  haddone  his  work  for  Aed  the 
Red  son  of  Badiirn  he  demanded  his  reward,  to  wit,  the  pro- 
duce of  the  cataract  (the  sahnon),  which  was  given  him,  and 
afterwards  a  tower  was  erected  by  rhe  Children  of  AiUll  that 
the  men  of  Connaught  might  hâve  no  quarrelHng  or  conten- 
tion about  the  produce  of  Ess  Ruaid. 

Déchet  was  still  demanding  the  wage  for  the  work  he  had 
done,  and  there  was  given  to  him  (the  land)  as  for  as  Mag 
Lunga  that  is,  Mag  Loingthca  «  the  Plain  of  Eating  »,  for  'tis 
there  that  he  consumed  his  food  and  his  liquor,  and  then  he 
fared  forth  in  the  frenzy  of  his  intoxication  to  the  lake  and 
therein  he  was  drowned.  Whence  Loch  Déchet. 

Also  in  LL.  iby^'urBB.  388*45  :  H.  47^:  Lee.  491^;  and  Bodl.  no.  31. 
Edited  (from  Bodl.)  in  Folklore,  III,  496. 

Loch  Déchet  or  Loch  Techet,  now  Lough  Gara  in  the  co.  Roscommon. 
Ess  Ruaid  the  salmon-leap  at  Ballyshannon  (i  n-Ess  ruaid  na  roécne,  LL. 
128b  19).  See  the  dinnsenchas  of  Ess  Ruaid,  LL.  165a  4,  and  Folklore,  III, 
505 .  Mag  Liiiiga  perhaps  the  Magh  Lange  near  Ballaghadcreen  in  Mayo, 
mentioned  by  the  Four  Masters,  AD.  671. 

«  The  Children  of  AiHU  »,  the  inhabitants  of  Tir  Ailella,  now  Tirrerrill, 
a  barony  in  the  co.  of  SHgo. 


76.  Mag  Muirisc. 

Magh  Muirisc,  canas  ro  ainniuiged? 

Ni  ansa.  Tola  mM/r[é]isc  tainic  and  fo  tir  coro  hn  fosaighe^ 
7  fonglenna  in  tire.  Blhdan  kin  hniiiorro  cen  lobadh  cen  bre- 
nadh  dô,  ut  ahi^  putant. 

No  is  e  in  Rosualt  dorakid  and  co  tir,  7  is  é  a  bes  sén  .i. 
teora  sceithi  do  denom.  INtan  sceidhes  hi  tirib  pkag  ior 
doinib  7  ce//;raib  in  hoc  anno.  INtan  sceedh  a  nelloib  pkigh 
for  ethaidib  ind  aeoir  in  hoc  anno.  INtan  sceedh  for  muirib 
bddhudhî  barc  7  cxxmch  7  pkigh  ior  na  muirmiloib  in  hoc  anno, 
7  is  e  tucc  pkiigh  i  tir  Muirisc. 

Nô  is  o  Mz^'risc  mgin  Ugaiiii  nominatur. 

1 .  fâsoidhe  R. 

2.  aih'  R. 

3 .    badhugh  R. 


The  Rennes  Dindsenclias.  477 

A  flood  of  sea-fish  came  there  throughout  the  land,  and 
fillcd  the  waste  places  and  glens  thcreof.  A  full  year  it  was 
without  deca3'ing,  without  stinking,  as  some  opine. 

Or  it  is  the  Rosualt  [which  Columb  cille  had  prophesied] 
there  came  to  land.  And  this  is  the  manner  of  it:  to  make 
three  vomitings  [in  separate  years.]  When  it  vomits  on  lands 
human  beings  and  cattle  sufFer  plague  in  this  year.  When  it 
vomited  in  clouds,  in  this  year  the  birds  of  the  air  suffer  pla- 
gue. When  it  vomited  on  seas,  barque  and  boat  founder  in 
this  year,  and  there  is  a  plague  upon  the  seabeasts.  And  'tis 
this  that  brought  plague  into  the  country  of  Muiresc. 

Or  it  takes  its  name  from  Muiresc  daughter  of  Ugaine  (the 
Great,  to  whom  the  plain  was  given  or  where  she  died). 

AIso  inLL.  lôy^^ô:  BB.  388!' 27:  H.  47»:  Lee.  403b  and  Bodl.no.  44, 
Edited  (from  LL.)in  Silva  Gadelica,  II,  480,  527. 

Mag  Mitirisc,  now  Murrisk  in  the  barony  of  Tireragh  in  the  co.  ofSligo. 
See  O'Donovan's  Hy-Fiachrach,  p.  257,  where  it  is  called  Miiirsce. 

As  to  tlie  Ross-iialt  (borrowed  from  O.N.  hrossvaîr  ?)  see  Revue  Cehique, 
I,  258. 

77.    COROND. 

Corond,  canas  roainmniged  ? 

Ni  aiisa.  Coro  c/'uitire  Diancecht  meic  Echtoigh  [meic] 
Esoirc,  co  tucsflt  Tuatha  Déa  ferand  ar  shephoin  dô  .i.  Magh 
Coroind.  Undc  Coronn  nominatur.  Ceis  Coroind  didiu  dia  ro- 
serna'n  muca  Derbrinde  ised  rosiacht  in  co'iced  mue  .i.  Cdol- 
céis,  co  Ceis  Coroind,  coiiid  ann  ros-mert.  Unde  Céis  Coroinn 
nominatur. 

Coro  was  the  harper  of  Diancecht  son  of  Echtach  son  of 
Esorg,  and  the  Tuatha  Dé  Danann,  bccause  of  his  harping, 
gave  him  land,  to  wit  Mag  Coroind,  whence  Coronn  takes  its 
name.  Ceis  Coroinn,  now,  when  Drcbrenn's  swine  were  dis- 
persed,  Coelcheis,  the  fifth  of  thcm,  got  to  Céis  Coroinn  and 
there  perished.  Whence  Céis  Coroinn  is  named. 

Also  in  LL.  165»  35  :  BB.  389»  17  :  H.  47»:  Lee.  494^^  Id.  fo.  4*  2.  Ver- 
sified,  LL.  212»  14.  Edited  (from  LL.  and  BB.)  in  Silva  Gadelica,  II,  489, 
556-7- 

Revue  Cehique,  XV.  32 


478  Whitley  Stokes. 

Ccis  Lorohid  uow  Keshcorran,  is  a  hill  in  ihebaronyof  Corran,  co.  Sligo. 

Dian-cécht  was  the  leech  and  the  Dagdae  was  the  king,  of  the  Tuatha 
Dé  Danann,  who  gave  Corann  land  for  his  excellent  harping,  Tticsat  Tiiath 
De. .  .  ferand  dihs  ar  degsheinm,  LL.  212^^  16. 

As  to  Drebrenn's  swine,  see  above  no.  73. 


78.  Carn  Conoill. 

Carnn  CondiW,  canas  ro  ainmnigcd  ? 

Ni  misa.  ConoW  Gtl  mac  Aongusa  mcic  hUmhôir  adrocha/V 
ann  .i.  fcchtdia  loiar  a^  crich  Cruithnech  imerge  macn-Umh- 
ôir  lar  muir  co  ndrochaMr  magh  Midhe  do  shaighedh  Chai- 
[rjpre  Nia  fer  flatha  Temmr/;^  7  con-ix\icQiay  fcrann  fiiir  .i. 
anbadech  [JMide]  irf  t'j-/  Rath  Cendaigh,  R^///;  Chomlioir,  Cno- 
ghba,  Brugh  Mna  Elcmhoire,  Talltiu,  Cermna,  Tlaclitga, 
Ath  Side,  Bri  damli  Dile.  Rochuin[n]ig  Cairpr^  cliuccasom 
da^rfoglmomli  T&m.mc]},  mar  cach  n-a^n  rochet  aitreb  Banbai 
7  Bregha.  Tucsat  cXann  Umhôir-  cet/;ra  curu3  fn  sodhoin  .i. 
Ceat  mac  Magach  7  Ros  mac  DedaJ4  7  Conold  Cenrich  7  Cû  > 
chulaind. 

[Lee.  495^  line  6] 

Is  iarum  dob^rt  Cairpri  cis  nach  fiierlan^/air  ïono,  co  ii-ela- 
dar  uad  con2i  selbaib  siar  co  liAilill  7  co  Meidb,  7  congabsad 
laim  fri  mtiir.  Oengwi'  tra  a  iiDun  /^npisi  a  n-Araind,  Cutra 
co  Loch  Cutra,  7  Cim[b]i  Ceithirchenn  co  Loch  Cim[b]e. 
Adar  co  Mag  n-Adair.  Mil  ac  M«/rbech  MhiL  D:^l[ach]  for 
Dail  7  Ennach  diata  Tech  n-Ennaich.  Rind  [leg.  Bir  ?]  ac  Rind 
Beara  a  shirainm,  Mod  ac  Indsib  Mod.  hlrg«5  ac  Rind  Boirne. 
Cingid  a  Cruaich  Oigli.  Bairne[ch]  Baran[d]bel  co  Laidlindi. 
Conchuirn  co  hinis  Meadoin.  Lathrach  oc  Tulaich  Lathraich. 
Taman  ac  Rind  Tamain.  Conall  Ca^l  a  n-Aidne.  Mesc  for 
Loch  Measca. 

Congarter  5  donc  o  Chairpri  a  chei//;ri  curu  7  ratlia,  7  do- 

1 .  sic  LL.  152-1 10.  hi  R. 

2.  umhmhôir  R. 
j .   caura  R. 

4.  sic  LL.  152=» 29,  dcgad  R. 

5.  sic  H.  congarar  LL.  i$2-».  cotancadar,  Lee. 


The  Rennes  Dindsenchas.  479 

thrcd  ConaW  coni  Choinchulaind  anoir  a  hUlltaib,  7  Ros  mac 
Deadaid  aniar  a  hErnaib,  7  doluid  Ceat  a  Connrtf/;/aib  co  tech 
Cairpri,  7  conaitich  Cairpr<^  cucti  a  n-enoch  né  a  n-anom. 

Lodar  iarw/»  co  Cruachain  for  fesam  cheit  7  fochraid  a  tros- 
cud  for  taichte  in  dunaid,  7  rogâid  ^  Ceat  [leg.  ben  Cheit]  in 
dail  n-enaidche,  Mus-tic  Oengw^  iarnamairech  7  adbert  a  meic 
7  a  thri  brait/;;-i  leis  do  chomruc  dia  chind  fria  rathaib,  Cing 
tfa  inagaid  -  Rosa,  7  Cimi  Ceithirchennach  inagaid  ConaïW 
Chearnaich,  hirgus  inagaid  Ceit  meic  Magach,  Conall  mac 
OengMja  inagaid  >  Chonchulaind.  Romarbtlia  tra  meic  Umoir, 
7  rucsad  na  ratlia  na  ceithri  cind  co  Cairbri  dia  comaidem. 
Roadnocht  doiio  ^Engos  7  a  mac  .i.  Co)ia\l  fon  carnsa.  Unde 
Carn  CoiiiùW  àicitiix. 

Conall  the  Slender  son  of  Oengus  son  of  Umor  fell  there. 
Once  upon  a  time  when  the  sons  of  Umor  made  a  flitting 
over  sea  out  of  the  province  of  the  Picts  (of  Scotland)  they 
came  to  the  plain  of  Meath,  to  Cairbre  Nia-fer  the  lord  of 
Tara,  and  of  him  they  sought  land,  the  best  in  Meath,  to  wit, 
Rath  Cennaig,  Rath  Commair,  Cnogba,  Brug  Mnd  Elcmair, 
Taltia,  Cermna,  Tlachtga,  Ath  Sige,  Bri-dam  Dile.  Cairpre 
required  thcm  (to  pcrform  the)  base  service  of  Tara,  like 
every  one  whom  he  permitted  to  dwell  in  Banba  (Ireland) 
and(especially)  Bregia.  So  for  this  (performance)  the  Children 
of  Umor  gave  four  suretics,  namely,  Cet  mac  Magach,  Ross 
son  of  Deda,  Conall  Cernach  and  Cûchulainn. 

Afterwards  Cairpre  imposed  on  the  Children  of  Umor  a 
rent  which  could  not  be  endured  :  so  they  dccamped  from  him 
with  theii'  possessions  westward  to  Ailill  and  Medb,  and  set 
up  beside  the  sea,  Oengus  in  Dûn  Oengusa  in  Aran,  Cutra  to 
Loch  Cutra,  Cimbc  Fourheads  at  Loch  Cimbi,  Adar  at  Mag 
Adair,  Mil  at  Muirbech  Mil,  Daelech  on  Dail,  and  Ennach 
from  whom  is  Ennach's  House.  Bir  at  Rind  Bera  Sirraim 
[sic  H.],  Mod  at  Insi  Mod  (the  Clcw  Bay  Islands).  Irgus  at 


1 .  rogsed,  Lee. 

2 .  inadaig,  Lee. 

3 .  inagaig,  Lee 


480  Whitley  Sîokes. 

Rind  Boirnc,  Cingid  at  Crunch  Aigli,  Bairnech  Barannbel  at 
Laiglinni,  Conchuirn  at  Inis  Mcdôn(«  Middle  Island  »),  La- 
thrach  at  Lathrach's  Hill,  Taman  at  Taman's  Point,  Conall 
the  Slender  at  Aidnc,  Mesc  on  Lough  Mask. 

So  then  the  four  sureties  and  guarantors  are  snmmoned  by 
(the  créditer)  Cairpre.  Conall  cornes  with  his  (comrade) 
Cùchulainn  from  the  Ulaid,  Ross  son  of  Deda  from  the  Er- 
nai,  and  Cet  went  out  of  Connaught  to  Cairpre's  house, 
Cairpre  demanded  their  honour  or  their  soûl  (i.  e.  that  they 
should  either  make  the  defaulters  discharge  their  debt  or  sub- 
mit  to  be  killed). 

So  then,  under  Cet's  safeguard,  the  sureties  repaired  to 
Cruachan,  and  there  on  the  green  of  the  fortress  they  com- 
menced  their  fasting^.  Cet's  wife  entreated  the  respite  of  a 
single  night  (that  the  Children  of  Umor  might  consider  what 
was  to  be  done).  On  the  morrow  Oengus  cornes  and  said 
that  his  son  with  his  three  brothers  would  fight  on  his  behalf 
with  the  sureties,  Cing  against  Ross,  Cimbe  Fourheaded  against 
Conall  Cernach,  Irgus  against  Cet  mac  Magach,  and  Conall 
son  of  Oengus  against  Cùchulainn.  So  the  sons  of  Umor  were 
killed  and  the  sureties  brought  their  four  heads  to  Cairbre  to 
boast  of  them.  Then  Oengus  was  buried  with  his  son  Conall 
under  this  cairn.  Whence  Carn  Conaill. 

Also  in  BB.  389-1  39  :  H.  48-'»  :  Lee.  494^.  Versified  by  Mac  Liac,  LL. 
152a  5  et  seq.  A  précis  of  tlie  taie  is  given  by  O'Curry,  Maniiers  and  Cus- 
toins,  II,  22,  and  the  story  is  thus  told  in  BB.  30"  22-42: 

Fir  bolg  tra  dorocradar  isin  cath  sin  acht  beg,  7  lodar  sidhein  a  Ermn  ar 
teic[h]eadh  Tiiath  Dé  Y>aiiann,  giir  gabadar  a  n-Araind  7  a  n-Ile  7  i  Rach- 
raind  7  i  mB/itanîa  7  i  n-indsib  ele  olcheana,  co//ad  l'ad  tug  Fomorcha  iar- 
sin  don  chath  tanaisde  Muige  TH?'eadh,  7  dobhadar  isna  hindsibhsin  go 
haimsir  na  coigidhach  ior  Eritm,  gur'indarbsad  Cruithnig  iad,  7  tangadar 
for  am/;.y  Cairbri  Nîafear,  7  dorad  sidein  fearand  doib,  7  nîr  fedsad  beit^i 
aige  ar  truma  in  cisa  dorad  forro.  Dolodar  for  teic[h]eadli  ria  Cairbri  for 
comairghe  Oi/;lIa  7  Meadhba,  7  doradsad  sein  fearand  doibh,  7  isi  sin  Im- 
meirci  Mac  n-Umoir.  Oeng?/j,-  mac  hUmoir  ba  righ  thair  orro,  7  is  uathaibh 
ainmnigtliear  na  fearauda  sin  .i.  Loch  Cime  0  Chime  Ceithircheand  mac 
Umhoir,  7  Rind  Tamain  a  Meadhraighe  o  Thaman  mac  Umolr.  Dun  Oen- 
giisa.  i   nAraind  0  Œngtts,    Carn  Conaill  i  n-Aighniu  o   Chonall.  Madh 

I.   sce  the  Introduction  supra,  pp.  277,  279. 


The  Rennes  Dindsenchas.  48 1 

nAghar  o  Adhar.  Madh  nAssal  a  Mumain  o  Assal  mac  Umoir.  Bcus  Mcand 
mac  Umoir  in  file,  7  dobadar  a  nduintibh  7  a  n-indsibh  mara  imm  En/m 
amlaigh  sin,  conas-dilgeand  Cut7;»laind. 

Now  in  that  battle  fcU  thc  Fir  Bolg  ail  but  a  few,  and  thèse  went  out  of 
Erin  fleeing  the  Tuath  Dé  Danann,  and  set  up  in  Aran  and  Islay,  Rathlin 
and  Britain  and  other  islands.  Afterwards  they  brought  the  Foraorians  to 
the  second  battle  of  Moytura,  and  they  dwelt  in  thosc  islands  till  the  time 
that  Ireland  became  subject  to  thepentarchs.  Then  the  Picts  banishcdthem, 
and  they  came  to  Cairbre  Niafer,  and  he  granted  land  to  them  ;  but  they 
could  not  abide  with  him  because  of  the  oppressiveness  of  the  tribute 
which  he  imposed  upon  them.  So  they  went,  fleeing  before  Cairbre,  under 
the  safeguard  of  Ailill  and  Medb,  who  gave  them  land.  And  that  is  «  the 
Flitting  of  the  Sons  of  Umor  ».  Oengus  son  of  Umor  was  king  over  them 
in  thc  east,  and  from  them  thèse  territories  are  named,  towit.  Loch  Ciiiibi 
from  Cimbe  Fourheads  son  of  Umor,  and  Riud  Taiiiain  in  Medraige  from 
Taman  son  of  Umor.  Dûn  Oengusa  in  Aran  (west  of  Gahvay)  from  Oen- 
gus, Cam  Conaiïï  in  Aidne  from  Conall.  Mac;  nAdair  from  Adar,  Mag 
n-Assail  in  Munster  from  Assal  son  of  Umor.  Also  Mend  son  ofUmor,  the 
poet;  and  they  dwelt  thus  in  fortrcsses  and  in  islands  of  the  sea  round  Erin 
until  Cûchulainn  destroyed  them. 

Catn  Conailî  now,  probably,  Ballyconnell  in  the  parish  of  Killbecanty 
near  Gort,  in  the  co.  of  Galway,  Four  Masters,  A.D.  6.45,  note  x. 


79.  Loch  Ri. 
(Lee.  49e*). 

Loch  Rai,.caii[cis]  rohainmniged  ? 

Ni  ansa.  Ri  mac  Maireada  7  Eochaid  iiwc  Maireda  dolodar 
fodeaso  Themraig^  [49^*']  i  Luachair  for  imirgi,  7  rodeadail- 
sead  oc  Bealach  da  Liag,  7  luid  Eochaid  for  Brega  co  Brug 
Ma/c  in  Og.  Dohiid  do/w  Oengus-  chucu  a  richt  brugad',  7 
aireach  ccngaha  'na  laim.  Dlomais  doib  arna  beidis  fora  fer- 
gort,  7  ni  dearnnsad  fair.  Ataig-t  iarzfw  Oengus-  tri  primpLaga 
foraib  .i.  a  mbu  in  cettrath,  a  n-eachrada  in  trath  tan(7/5ti. 
Doluid  immorro  Rib  siar  con  farguib  i  Muig  Find,  7  ba  scad 


1 .  themraid  Lee. 

2.  Midir  Lee. 

3 .  brudud  Lee. 

4.  atait  Lee. 


482  Whitley  Stokes. 

on  tir  cluichi  Aeng//ja  7  Midir.  ^  7  doluid  Midi  aco  fo[n]  in- 
das  sin  7  a  ech  cengailti  'na  laim,  7  fograid  doib  imthecht  no 
rM5mw/rfed  uile  focetoir. 

((  Ni  fil  acaind  ni  b^^ras  lind  ar  libedain  »,  or  siad  som. 

«  Ata  limsa,  »  or  Midir,  «  sunna  daib  each  hcniss  leis  bar 
maine,  7  in  baile  a  n-anfai  ni  tiu[c]fa  a  fual  7  ni  dearna  [leg. 
déna]  a  imarchor,  7  legar  a  srian  leis  'mo  chenn  ;  7  bid[at] 
aithrech[su]  mine  roib  niarsin.  » 

Ro  imthig  Ri  co  riacht  Mag  n-Airbthen  .i.  co  hairm  a  fuil 
Loch  Ri,  7  tue  in  t-ech  a  fual,  7  dorigne  a  imarchur,  7  for- 
facaib  a  srian.  Rogob  dono  in  fual  fotha  fo  thalmain  corb' 
egin  clar  fodluta  uasa,  7  dogni  Ri  tech  ina  thimchell  7  a  le- 
baid  uasa.  Tricha  hlindaii  do  suidiu  co  ro  muid  aidchi  luain  in 
lugnasaid^  de,  coro  baid  Ri  comi  mnai  7  cona  cloind  7  cona 
muinlir,  7  lethaid  tar  Mag  nAirbthen  uile.  Re  hliiidiui  ar  dcich 
[ar]  cet  iar  ngen  Crist  insin  dorer  na  rimaired.  Unde  dicitux 
Loch  Rib. 

Rib  son  of  Mairid  and  Eochaid  son  of  Mairid  went  south- 
ward  from  Tara  into  Luachair  on  a  flitting.  They  parted  at 
Bdach  dit  liacc  «  the  Pass  of  two  Flagstones  »,  and  Eochaid 
went  over  Brcgia  to  the  Burgh  of  Mac  ind  Oc.  Then  Oengus 
(the  Mac  ind  Ôc)  went  to  them  in  the  shape  of  an  hospitalier, 
having  in  his  hand  a  haltcred  packhorse^.  He  told  them  that 
they  should  not  bide  on  his  meadow,  and  thi^  was  not  done 
for  him.  So  Oengus  inflicted  three  chief  plagues  upon  them, 
to  wil,  their  kine  the  first  day,  their  horses  the  second  day4. 

Howbeit  Rib  (and  his  folk),  fared  westward  and  set  up  on 
Mag  Find,  and  that  was  the  playground  of  Oengus  and  Mi- 
der.  And  Mider  came  to  them  in  like  manner,  with  his  hal- 
tered  horse  in  his  hand,  and  he  ordercd  them  to  decamp  or  he 
would  kill  them  forthwith. 


1 .  In  BB.  and  Lee.  this  sentence  is  mispLiced,   coming  next  after  the 
words  Brufr  maie  ind  6c- 

2.  lunasnuid  R. 

3.  airech  .i.  ech  imchuir,  H.  3,  18,  p.  650^. 

4.  Hère  there  is  a  gap  in  the  taie  which  ma}'  be  partially  filled  up  from 
the  Edinburgh  version,  in  Folklore,  IV,  474. 


The  Rennes  Dindsenchas.  485 

«  We  hâve  nothing  that  will  carry  our  goods  ^  for  us,  » 
say  they. 

Says  Mider  :  «  Hère  I  havc  for  you  a  horse  that  will  carry 
yoLir  treasures.  But  whereover  thou  shalt  stay,  he  must  not 
stale,  and  do  not  let  him  stray  ^,  and  let  his  bridle  be  laid 
round  his  head,  and  unless  this  be  so,  thoii  wilt  be  repentant  ». 

Then  Rih  went  his  way  till  he  reached  Mag  Airbthen 
(nDairbthen  ?),  the  place  where  Lough  Ree  is  (now);  and 
there  the  horse  passed  his  urine,  and  went  astray,  and  left  his 
bridle.  Then  the  urine  flowed  under  them  throughout  the 
ground,  so  that  it  was  needful  to  put  a  floodgate  (?)  over  it. 
And  Rib  built  a  house  around  it  and  his  bed  above  it.  For 
thirty  years  it  remained  thus,  till  on  the  eve  of  a  Monday  at 
Lammas  it  burst  forth  and  drowned  Rib  with  his  wife,  chil- 
dren  and  household,  and  spreads  over  the  whole  of  Mag 
Airbthen.  According  to  the  computers,  this  took  place  m 
years  after  the  birth  of  Christ.  Whence  Lod]  Rib  is  said. 

Also  in  BB.  390^31  :  H.  49»  and  Ed.  fo.  4*2.  Vcrsified,  LL.  212^26. 
Printcd  (from  BB.)  without  a  translation  in  Silva  Gadelica,  II,  484.  Edited 
(from  Ed.)  in  Folklore,  IV,  474.  See  also  Aided  Eclnch  maie  Maireda,  LU. 
jga-igb^  edited  by  Crowe  in  1870,  from  which  it  appears  that  the  «  flit- 
ting  ))  was  the  elopement  of  Eochaid  with  his  stepmolher. 

Loch  Rîl)  «  an  expansion  of  the  Shannon  between  Athlone  and  Lanesbor- 
ough  ».  (O'Don.). 

So.  Loch  nÉrne. 
(Lee.  498O. 

Loch  n-Eirne,  c:\nas  rohainmniged  ? 

Ni  ansa.  Fiacha  Labraindi  dorad  cath  and  do  Ernaib,  coinid 
and  romebaid  in  loch  fo  thir,  unde  Loch  n-Erne  dicitur.  no  for 
Ernaib. 

Ailittv;  Erni  ingen  Buirc  Buircadâich  maie  Ma[n]chin  maie 
Machon5,   bantaisech  ingenraid[e]  na  Cruachnai  7  banchoi- 


1.  libhcadhain  .i.  cruidh  no  clanna.  O'Cl. 

2.  iomarchur  .i.  mearughadh,  O'Cl. 

3.  Manchîn  meic  Maçon  BB. 


484  Whiiley  Stokes. 

medaith^  do  chiraib  7  do  clioirib  Meidbi  Cruachan.  Fecht 
ann  doluid  Ole  Ai  a  huaim  Chruachan  do  chomroc  fri  hAi- 
mirgiii  nlargi[u]ndach  dia  rofai  la  Findchaim  ingiii  Magach, 
cond.d  and  rochroith^  Ole  Ai  a  ulcha  7  robean  a  deda,  co  ndea- 
chaid  Erne  coin  hingenaib  [p.  498'']  for  fualang  ar  a  imoman, 
co  riacht  Loch  iiÉrne,  co  robaidead  and  diblinaib.  Unde  Loch 
nErnc  dicitur. 

Fiacha  Labrainnc  gave  battlc  there  to  the  Ërnai  and  there 
(during  the  battle)  the  lake  burst  forth  under  ground,  whence 
Loch  Erne  is  said. 

Otherwise  :  Erne  daughter  of  Borg  the  Bellowing,  son  of 
Manchîn,  son  of  Machu',  chieftainess  of  the  giris  of  Crua- 
chan  and  keeper  of  Medb  of  Cruachan's  combs  and  caskets4. 
Once  npon  a  time  Ole  Ai  issued  from  the  Cave  of  Cruachu 
to  contend  with  Amorgen  the  Blackhaired  when  he  slept  with 
Findchoem  daughter  of  Magach.  And  then  Ole  Ai  shook  his 
beard  and  gnashed  his  teeth  so  that  Érne  and  her  maidens  be- 
cause  of  her  terror  went  to  flight,  and  reached  Loch  Ërne,  and 
there  they  were  ail  drowned.  Whence  Loch  Èrne  is  said. 

Also  in  BB.  591-^  18:  H.  49^';  and  Ed.  4b  i.  Vcrsified,  LL.  212'^'.  Ediicd 
(froni  Lee),  Procecdings  of  Ibe  R.  I.  A.,  Irish  MSS.  Séries,  I,  186:  (from 
Ed.),  Folklore,  IY,A^6. 

Amargen  the  father  of  Conall  Cernach.  Sec  LU.  98t. 

Fiacha  Lahraiune  so  called  hecause  the  first  evcnt  of  his  reign  was  the 
burstuig  forth  of  Loch  Labrainnc.  Sec  the  Coir  Ainuann  and  Four  Masters, 
A. M.  37^1. 

Whitley  Stokes. 
(A  suivre.) 


1 .  banchoimedaich  Lee. 

2 .  rochroich  Lcc. 

3.  Mochon  LL. 

4.  clioirib  iox  crioilib. 


AN   OLD-IRISH   TREATISE 

DE  ARREIS 


The  OlJ-Irish  treatise  on  the  penitential  commutations, 
which  is  hcre  printed  and  translated  for  the  first  time,  is  found 
in  the  wellknown  Bodleian  codex  RawHnson  B.  512,  fo.  42''  i. 
It  should  be  compared  with  the  De  arreis  printed  by  Wasser- 
schlebenin  \\\s  Bussordnungender abendlàndischen  Kirche,  p.  139, 
and  Nvith  the  Redcmptiones  Cummeani  (cf.  Wasserschleben, 
1.  c,  p.  229). 

That  the  original  from  whicli  the  RawHnson  copy  is  deri- 
ved  was  written  during  the  Old-Irish  period  there  can  be  no 
doLibt.  But  I  cannot  fix  upon  an}'  definite  criterion  for  dcter- 
mining  in  which  ccntury  it  was  composed.  However,  I  think 
it  safe  to  say  that  this  cannot  hâve  been  Later  than  the  8th 
century.  Notice  such  forms  as  the  xeXxûvc  file  7,  the  Ist  sing. 
creitiu  12  (et.  creilim  21),  arcu  12;  tlie  futures  connkstar  5, 
rislcr  6,  doecma  8;  the  déponents  cumrigedar  5,  conarmidedar 
9,  conmidedar  6;  conamididir  32,  33  seems  a  scribal  error  for 
the  perfect  con\d\unidir ;  the  datives  laithiu  i,  suidiu  21,  32, 
forciund  10,  12,  18  etc.;  deac  20,  du  «  thy  »  31,  du  «  to  » 
31,  32,  the  phrase  amal  rongabsat  «  ut  sunt  »  5,  etc. 

The  following  rare  words  occur. 
abann  f.  scourge,  gen.  aibne  22.  dat.  abaind  i.  cen  figill  na 

cen  fiach  aibne  ind,  LBr.  10^,31,  doberair  dia  sathairn  im 

noin  fiach.  aibne  na  hoidchc  luain,  ib.  ri'' 6.  Borrowed,  Hke 

W.  afiuyn,  from  Lat.  habena. 
ait,  a  neuter(?)  u-stem,  joint,  gen.  pi.  alta  i. 


486  Kiino  Meyer. 

avcul  bcscecb,  12,  21.  arco  fuin  dom  Dia  .i.  arco  .i.  rogo  (MS. 

rogha)  fuin  .i.  finem  (MS.  finim),  dilgud  6m  Dia  arco  .i. 

cuingim,  H.  3.  18,  p.  63. 
arra  (*arre)  n.  équivalent,  suhstituîe,  commutation  =^  Lat.  pre- 

tium,  arreum^.  nom.  pi.  na  barra  6,  na  harrada  i.  dat.  ar- 

raib    5,   7.    arradaib   4.    di   biait   déc   arra   na   .111.,   LBr., 

10^40.  arra   .i.  lùach   no  fiach  7  deismirecht  air:  forrc//; 

arra  anarra,  H.  3.   18,  p.  650a,  froni  Laws  III  p.  152,  i. 

Cf.  also  Fél.  Ind.  s,  v.  arrae. 
ath-laech  m.  a  former  laynian,  a  lay-hrother.  8.  See  Aisl.  Meic 

Congl.  Ind.  eirg  cosin  athla2ch  fil  issind  insi,  LL.  358  marg. 

in  tress  athlaech  na  Hérend,  Fél.  p.  i,  20. 
ath-laeches  t.  a  former  laywoman,  a  lay-sister,  8. 
bith-erchoiliud  constant  détermination?  19. 
conarmidiur  I  adjudge,  9. 
conmidiur  /  adjudge,  6. 
cubachal  cubiculum,  dat.  pi.  cubachlaib  8. 
dethberas  reason,  5 . 
dichratus  ferveur,  5 . 
dilacht  mrm'5^_,  ~eaJousl  12. 
duine-taide  f.  man-stealing ,  5 . 

diir-pennait  f.  hard-penance,  gen.  -pennaiti  14,  26,  33. 
eipistil  f.  message,  5. 
to,  cum  dat.   in  accordance  zuitb.  fo  lin  alta  i.  foa  5.  ar  is  fô 

ulc  adfenar  olc,  LL.  294a,  23.  Cf.  fon  indas  sin,  fon  cruth 

sin,  fon  ait  cétna,  etc. 
for-iadad  conclusion,  2. 
imtha  thus,  7. 
ingabdla  fit  to  he  sung,  4. 
leth-arra  n.  dimidium  arrei,  5. 
leth-pennait  f.  a  haJj-penance.  pi.  n.  -pennaiti,  5. 
pennainn  f.  penance,  5.7.  gen.  peinne  5,  6.  do  aes  dûrphendi, 


I .  Zimraer's  notion  (Glossae  Hibernicae,  pp.  xv,  284)  that  arra  is  pho- 
netic  spelling  of  aithrige  is  a  very  unlucky  one.  Neither  gender  nor  raea- 
ning  agrée,  nor  is  there  the  slightest  évidence  or  likelihood  that  aitlirige  in 
old  Irish  was  pronounced  at  ail  like  arre.  Aillirigc  f.  is  dcrived  iVom  aitJjrech 
and  means  «  repentance  «,  not  «  penance  >•>,  which  is  primait  or  pennainn 
(mod.  Ir.  hreith  aitljrighe). 


An  old-irish  Treatise  De  Arreis.  487 

LBr.  9'' 7.  Jo  oess  phendi,  ib.  10^,41.  Hencc  the  verb  pen- 
dim  /  do  penancc.  mad  phendi  ina  rér,  LBr.  cia  beth  ara- 
phendi,  ib.  10^,  50.  inti  nàt  pcnni,  ib.  10*',  38.  pendither,  44. 
pennithe'r  47. 

rogud  cxtenâing,  extension,  31.  hond  rogud  gl.  extension,  Ml. 
37  d,  6.  na  cossa  inna  roguth  cen  giuasacht,  LL.  282  a,  43, 

selainn,  32  iZ  ration  of  honey  consisting  of  four  eggfuls,  Reeves, 
On  the  Guidées,  p.  202,  note.  LBr,  9'',  8,  13,  36,  43. 
loa,  29. 

slechtan  génuflexion,  passim.  In  LU.  69  a,  22  it  means  pros- 
tration :  talléci  inna  sléchtain  co  n-dechaid  carpat  Fergusa 
taris  co  to  thri. 

tôrtrommad  beaviness,  droiusimss,  8.  co  tôrtrommad  7  co  n - 
emiltius,  LU.  36  b,  14,  said  ot  the  bodies  of  sinners  after 
the  résurrection.  In  other  connexions  the  word  means  pes- 
teriniy  see  Wind.  s.  v. 


NA  ARRADA  SO  SIS  COLLEIC. 

1.  Arra  tesairgne  anma  a  ifurnd  .i.  coic  pat^'r  ar  t;7'[b]  fichtib 
ar  trib  cetaib  7  coic  slechtana  ar  t/7'[b]  fichtib  ar  tr/b  cetaib  7 
coic  beimenn  ar  trib  fichtib  ar  trib  cetaib  di  abaind  in  cech  oen 
laithiu  co  ceand  mblia^na  7  troscad  cech  mis  tocsairg  anmain 
a  hifw/-n.  Ar  is  fo  lin  alta  7  feithe  fil  i  curp  duine  doronad  in 
arra  sa  fri  hicc  na  hanma  atroille  piana  \s\n  curp. 

2.  Arra  n-aill  .i.  tri  côicait  cech  laithe  cona  foriadad  do  bia- 
tib  co  cenn  secht  mhï\?idan  doesairg  anmain  a  lîum. 

3 .  Arra  n-aill  na^:/;  sia  .i.  huida  ^  7  biait  7  p^/t'r  ior  cech  salm 
co  cenn  teora  mbliada;;. 

4.  Doessairg  anmain  a  hif^ni  car/;  arra  dona  harradaib  so, 
mâd  ingabala  a  ecnairc  etir. 

5.  Is  foa  ira  dothét  cech  pennaiu  etir  duire  7  fot  i;ma  ree 
i  m-bether  oca  fo  mcit  an  pectha  7  fo  eret  feidlight/;/;-  and  7 

I     MS.  luada,  with  marks  of  transposition  undcr  u  and  a. 


488  Kuno  Meyer. 

fo  detliLvrus  ara  n-déntar  7  fo  dichrat//^  scarthar  fris  iarum. 
Ar  atat  araile  pectha  dib  ni  diegat  dilgud  a  pcinne  cid  foda  in 
re  conniestar  [fo.  42'',  2]  doib,  mani  cumrigedar  Dia  feisin  tria 
bas  nô  eipistil  n-galair  110  meid  ant  sxthair  dochuredar  ^  nech 
fair  fesin,  amal  ~  rongabsat  3  fingala  7  duineorcni  7  duinetdidi 
7  amal'^  rogabsat  diberga  7  druidechta  7  caintechta  7  anial-^ 
rogabsat  adaltras  7  cuilige  7  cthech  7  héress  7  tairmt[h]er/;f 
graid.  Ar  atat  araile  dona  pecthaib  icthaid  leth  pennaiti  colleth- 
arraib.  Atat  araile  icthai  arra  co  tr/un  pein?ze.  Atat  araile  ic- 
t[h]ait  arra  namd5. 

6.  Ar  is  ed  cetlwrdai  atrimed  an  ecnaid  ara  n-dcntar  na 
barra  .i.  ar  émi  iwscartha  frisin  peccad  iarna  choimlebaid,  ar 
Oman  init[b]ormaig  inna  pectha  ar  chiund,  ar  cuimriugw^sae- 
gail  riasiu  risttr  forcend  peinne  ro;/midedar  anmchara,  ar  cuin- 
»riuch  cuirp  Crist  7  a  fola  tria  cuinnriuch  peinni. 

7.  Amal  file  ira  deochair  et/r  k\;cliu  7  clerchu,  et/r  maccail- 
lecha  7  laichesa,  iwtha  samlaid  deochair  et/r  a  saethar  7  pen- 
nainw.  Ata  da;?^  et/r  na  harraib  -ata  cora  do  demi;/?,  doib. 

8.  Arra  na  n-athk^ch  7  na  n-athla.nches  cétum//5,  feis  i 
n-uiscib,  feis  for  nenaid,  feis  for  bk\;scaib  cnô,  feis  la  marb  i 
«-deirc,  uair  nad  bi  coi;//tig  Ixch  nô  lasiches^  nad  bi  cuit  oc 
marbad  duini.  Ate  immorro  arra  ata  coire  do  chlerchib  7  do 
c[h]aillechaib  acljt  anti  dib  marbas  duine,  mani  dentar  ar  \m- 
t[h]ormach  fochraice  .i.  feiss  doib  i  n-ecailsib  uaraib  nô  a  cuba- 
chlaib  deirritib  oc  figlib  7  oc  ernaigthib  [fo.  43  a,  ij  cen 
cumsanud  .i.  cet  suide,  cet  lige,  cet  cotulta,  cDiial  bid  fc^r  belaib 
if/rn  //c^ibetis,  acht  ma  doecma  tortromadh  m-bec  i  suidiu  nama 
etir  di  ernaigthi. 

9.  Hite  tr/7  arra  fo/zarmidedar  \n  noib  do  dubtroscad  iar 
morchi/z  .i.  cet  m-bemen/?.  co  n-abaind  nô  na  tri  rô/ra[i]t  cona 
n-i;//naib  7  cona  cantaicib. 

10.  Arra  n-aill  .i.  cet  p^/t'r  i  croisfigeall  7  «  T)cn?,  m  adiu- 


I. 

MS. 

docaradar 

2. 

MS. 

sicut 

3  • 

MS. 

ronrogabsat 

4. 

MS. 

sicut 

5- 

MS. 

nàma 

6. 

MS. 

laeichfes 

An  old-irish  Trcatise  De  Arreis.  489 

torium  »  wsqiic  «  îeshudi  »  fo  iri  i  îordmvi  cech  p^/cr  7  slech- 
tain  for  cech  «  Dcus  »  7  innithem  menmaii  coUeir  i  n-Dia.  As 
arra  duibtredain  do  neoch  dogni  mnshi  fo  t[h]r/. 

1 1 .  Arra  troiscthe  do  neoch  Icgflis  :  na  tri  côicait  ^  cona 
cantaicib  isscsam  7  célébrai  cech  trrttha  7  da  slechtai;^  déc  7 
lama  focna  fri  Dia  i  trathaib  an  hii  co  n-immradud  -  leir  do- 
c[h]um  nime. 

12.  Arra  dubtroisct[h]e  im-morchinaid  do  ncuch  nad  Icga 
.i.  //■/  chét  slechtain  7  tri  chct  m-bemeann  n-indraice  co 
n-abainn,  crosfigeall  i  forciund  cech  cet  co  m-bat  scitha  Idmha  ; 
«  Arcu  fuine  um  Dia,  domair  trocaire,  creitiu  in  Trinoit,  » 
isscd  canas  gan  cumsanad  co  roisc  a  n-arra  7  beim  a  bruinne 
co  menic  la  sodain  co  n-aithrige  dihcbt  fri  Dia.  Is  arra  tredain 
dô  a  denum  fo  thri. 

13.  Arra  troiscthe  im  minpectha  coitchenna  .i.  «  Alléluia 
Allclnia  in  manus  3  »  us^m^  «  u^ritatis  »,  pater  noster  co  ïor- 
cend.  Canair  insin  i  croisfigill  fo  t[h]richait  7  tricha  siechtan 
7  tricha  bemenn  di  abaind  ina  degaid. 

14.  Arra  secht  m-hliadaii  durpennaite  di  ernaicht[h]ib  gla- 
naib  do  tesarc«7Z  anma  a  pianaib  if/rn  .i.  cet  n-oifrm,  [fo.  43  a,  2] 
cet  coecat  salm,  cet  m-biaiti,  cet  siechtan  cech  biaiti,  cet  credo, 
cet  pater,  cet  ymvn  an;«a. 

15.  Arra  n-aill  :  hlïadan  dubtredain  cen  dig,  cen  biad,  cen 
cotlud.  Adaig  i-^  n-uisci,  adaig  for  nenaid  cen  etach,  alaile  for 
blaescaib  cnô. 

16.  Arra  n-aill:  da  tredan  dcc,  cech  as  i  n-degaid  araile. 
Praind  co  sâith  etir  cech  da  troscud. 

17.  Arra  n-aill:  da  biat  do  cetol  i  croisfigill  cen  tairncm 
bma  occa. 

18.  Arra  n-aill  dano  :  «  Miser^r^  mei  Deus  »  do  cetul  fo 
c[h]ethrochait  i  croisfigill  nô  i  4  seswm  7  pater  fo  cach  salm  7 
«  Dt7/s  in  adlutorium  »  usque  «  ïest'ma.  »  fo  thri  i4  forciund 
cach  sailmb. 

19.  Arra  n-aill  :    secht  mis  i-  carcair  for  usce  7  bargin  o 

1 .  MS.  caoca 

2.  MS.  co««iwradug 

3 .  MS.  anmanû^ 

4.  MS.  a 


490  Kuno  Meyer. 

noin  co  noiii  for  uir  nô  clar  la  ernaig[th]e  n-gresaig  co  celebrad 
cech  tratha  la  bitherchoiliud. 

20.  Arra  tri  côicat  salm  inso  .i.  pater  fo  dô  déc  7  «  D^ms  in 
ad'mtorium  »  xisque  «  ft'^^ina  »  for  cech  paf^r.  Paf^r  fo  c[h]oic 
deac  7  DsMS  in  adiutorium  usque  in  finem  for  cech  pater  icaid 
cech  pecad  la  aidrige  leir  o  c[h]ride. 

21.  Arra  tredain  do  neoch  nad  léga  .i.  h  co  n-aidche  cen 
cotlud  cen  telcud  issuidiu,  acht  in^  tan  dolleici  ïri  slechtan 
nama.  «  Arcu  -  fuin  im  Dia,  domair  trocaire,  c[r]eitini  an  Tri- 
noit  »,  is  ed  canas  cen  cumsanad.  Fatci'  noster  7  credo  fo  di 
déc  i  crosfigill  7  tri  slechtain  i  cechtar  7  «  Deus  in  adiu^o- 
rium  »  nsque  «  ùstini  »  etir  tt'r  for  gach  n-ernaigthe  as  arra 
tredain.  Tricha  tredan  in  cruth  sa  is  arra  hYvàdna  pennaite  do 
mrtcclereach,  ut  Grcgorius  constitmi. 

22.  Arra  troiscthe  do  fiachaib  aibne  .i.  secht  cet  m-bei- 
meann  n-indraic  co  fo  sechd  [fo.  43  b,  i]. 

23.  Arra  n-aill  do  slechtanaib  .i.  da  cet  slechtan  n-innraice 
co  fiUiud  in  3  chuirp  cen  dichell. 

24.  Arra  n-aill  :  do  bith  i  sesam  cen  crann  cen  airiseam  cor- 
ragbaither  na  tri  côicait^  co  cantaicib. 

25.  Arra  n-aill  do  chroisfigill  co  roisc  côicait^  salm  do 
c[h]edal,  nô  biait  qz^at^r  7  ni  comracat  lama  îri  toeba  co  roisc 
a  cetul  cen  cobe  acht  ni  dot  c[h]ongbail  do  nach  rét  aile. 

26.  Arra  sechtmaine  durpenwaiti  for  usa  7  bairgin  .i.  secht 
m-biaiti  i  5  croisfigill  innraic  7  credo  7  p^ïto  7  ymnum  ^  dicat 
ar  cech  m-biait. 

27.  Arra  sechtmaine  da«o  do  neuch  na  roleg  .i.  secht  cet 
slechtan  n-innraic  7  secht  m-beimeanna  n-innraici  7  crosfigeall 
i  5  ft;rciund  cech  cet  co  m-bat  scitha  lama. 

28.  Arra  côicthigis7  :  a  denam  fo  di. 

29.  Ana  Jïchet  aidche  :  a  denum  fo  t[h]ri. 


1 .  MS.  an 

2.  MS.  arca 

3 .  MS.  in 

4.  MS.  .l.a 

5.  MS.  a 

6.  MS.  ymnam 

7.  MS.  coectiges 


An  old'irish  Treatise  De  Arreis.  491 

30.  Arra  cethrachat  aidchc  ar  wsci  7  bairgin  :  do  denam  i  ^ 
n-oenlaithc,  mad  ri  ecin  m-bais. 

31.  Is  arra  hW:\dna  fri  dianaithrige  .i.  coic  pato  ar  tri[b] 
fichtib  ar  trib  cetaib  do  c[h]etal  i  sesam,  di  laim  escaide  fri 
nem.  Ni  comracat  uilli  fri  toeba  etir,  co  n-innithim  leir  fri  Dia 
7  ni  thoet  guth  in  son  7  biait  do  gabail  i  cromscsamm  7  do 
gnuis  fri  talmain  7  do  di  laim  foena  la  du  da  taeb.  Nô  as  e  an 
corp  bis  ina  rogad  ar  in-  talmain  ior  a  beolu  7  in  di  laim 
foena  lasin  taob.  Patraic  timairne  in^  figill  seo  7  Colum  Cille 
7  Maedoc  Ferna  7  Molaca  Men«  7  Brenainn  macu  Altae'  7 
[fo.  43  b,  2]  Colum  mac  Crimthain  7  Mocholmoc4  Innsi  Cel- 
\.ra.  La  Enna  i  n-Arainn  foracbad  in  5  senchas  [s]eo.  Timar- 
nasat  cet/;/'/  primsuide  ^rcnn  grès  fria  du  gach  m.ac  bethad  ad- 
cobra  neam  .i.  ua  Mianadan  7  Cumin  Fota  7  Murdebur  7 
Mocholmoc  mac  Cumain  a  hAraind. 

32.  Arra  hYiadna  ànx^tnnaite  con[d]amididir  Ciaran  mac 
int^  sdir  du  Ennu  macu  Laigse  6  Chomsola  o  Dibrig  :  tri  la 
7  teora  aidche  bithir  oca  i  tig  dorcha  nô  i  nach  maigin  aile  in- 
nach  roich  tairmesc,  7  ni  bi  selainn  tredaiw  and,  acht  tri  lom- 
mann  di  nsci  cach  dia.  Hissed  à.\diu  a  n-arra  .i.  tri  côicait  salm 
caclî  lai  do  chetul  i  sesam  can  crann  7  slechtain  i  forciunn 
gach  sailm  7  biait  ior  cach  fd;Va[i]t,  slechtain  etir  gach  do 
coihdel  (?)7  ymnum/  dicat  fo/'  cach  m-biait  i  crois[figill]  7  ni 
tclct/;f/-  il-lige  ^  conimain  acht  i  suidiu  ;  acus  célébrai  cech 
tratha  cenmotha  iso«d  et  innithim  leir  i  cesta  Cvist  co  congain 
cride  7  aithrige  dilacht  (ri  Dia  co  forathmed  ina  pecda  do 
ncuch  hiis  cuwain  dib. 

33.  Arra  coecat  aidchc  durpennaitc  do  denam  i  n-oenlaithc 
conmididir  Col»/»  cilli  7  Mobi  ClArenech  a  comairli  Michil  ar- 
cha//;^/l,  id  est:Dominus  reg[nau]it,  Exaudi 9 Da///me  iustitiam 


1 .  MS.  a. 

2.  MS.  an 

3  .  MS.  mac  ualtac 

4.  MS.  mocomocc  (nd  mocolmoc) 

5.  MS.  an 

6.  MS.  ant 

7.  MS.  ymnam 

8.  MS.  allige 

9.  MS.  exauidi  me 


492  Kano  Meyer. 

mmm,  Domini  ^  est  terra,  Beatus  qui  ImeWegit,  Deus  noster  re~ 
fugium,  Exaudi  T>eus  deprecatioy/é-^n,  No;me  Deo,  Exaudi  Tiens 
omtionem  meam  cum.  Te  decet,  Domine  reïugium.  Domine 
exaudi  2,  Domine  probasti  \  Eripe  me  Domine,  Domine  cla- 
mavi,  Uoce,  Domine  exaudi.  Gloria  7  [hjonor  'Patn  7  Filio  7 
Spiritui  Sancto  i  forciunn  cech  sailm  7  sccht  slechtana  7  Deus 
in  admîorium  [fo.  44  a,  i]  usque  fo/ina  ter  7  pater  scmeU  i  se- 
sam  et/>  mJ;  da  salm  corroisc  a  n-arra  n-uile. 


THE  ARREA  HERE  BELOW  NOW. 

[aRREA  for  SAVING  a  SOUL  FROM   HELL.] 

1.  The  arreut?!  for  saving  a  soûl  out  of  hell,  viz.  365  pa- 
ternosters  and  365  génuflexions  and  365  blows  with  a  scourge 
on  every  day  to  the  end  of  a  year,  and  fasting  every  montli 
saves  a  soûl  out  of  hell.  For  this  arreiim  tor  redeeming  the, 
soûl  that  deserves  torments  in  the  body  has  been  made  accor- 
ding  to  thenumber  of  joints  and  sinews  that  are  in  a  man's 
body. 

2.  Another  arreum,  viz.  the  three  fifties5  every  day,  with 
their  conclusion  of  the  Beati  ^,  to  the  end  of  seven  years, 
saves  a  soûl  out  of  hell. 

3.  Knotheï  arreum  which  is  no  longer  7,  viz.  a  Lauda  and 
the  Beati  and  a  pater  noster  after  each  psalm  to  the  end  of  three 
years. 

4.  Each  of  thèse  arrca  saves  a  soûl  out  of  hell,  if  it  can  be 
interceded  for  at  ail  ^. 


1 .  MS.  dow/ne 

2.  MS.  exauidi 

3 .  MS.  probaisti 

4.  MS.  semeal 

$.  i.  c.  the  150  psalms 

6.  i.  c.  the  ii8th  psahn  (Beati  immacidati). 

7.  i.  e.  which  is  shorter. 

8.  ///.  if  its  ècnairc  (intercession,  prayer  for  the  dead)  can  be  sung  at  ail. 


An  old-irish  Treatise  De  Arreis.  49  j 

5.  Now,  every  penance,  both  for  severity  and  length  of 
time  in  which  onc  is  at  it,  dépends  on  the  greatness  of  the  sin 
and  on  the  space  of  time  which  one  persévères  in  it,  and  on 
the  reason  for  which  it  is  done,  and  on  the  zeal  with  which 
one  départs  from  it  afterwards.  For  therc  are  certain  sins  which 
do  not  deserve  any  remission  of  penance,  however  long  the 
time  that  shall  be  asked  for  them,  unless  God  Himselfshor- 
tens  it  through  death  or  a  message  of  sickness  ;  or  the  great- 
ness of  the  worl<  ^  which  a  person  lays  on  himself  ;  such  as 
are  parricides  and  manslaughters  and  man-stealings,  and  such 
as  brigandage  and  druidism  and  satirising,  and  sucli  as  adul- 
tery  and  lewdness  and  lying  and  heresy  and  transgression  of 
order-.  For  there  are  certain  sins  for  whicli  half-penances  with 
halï-arrea  atone.  There  are  others  which  an  arreum  with  one 
third  of  penance  atones  tor.  There  are  others  for  which  an  ar- 
reum only  atones. 

6.  For  thèse  are  the  four  things  which  the  wise  man  has  re- 
counted  for  which  the  arrea  are  made,  viz.  for  a  speedy  parting 
firom  the  sin  after  its  commission,  for  fear  of  increasing  the 
sins,  for  (fear  oi)  Hfe  being  shortened  before  the  end  of  the  pe- 
nance which  the  confessor  adjudges  be  attained,  for  (fear  ot) 
chastising  the  body  of  Christ  and  His  blood  through  the  chas- 
tisement  of  penance. 

7.  Now,  as  there  is  a  différence  between  laybrothers  and 
clerics,  between  nuns  and  laysisters,  so  there  is  a  différence 
between  their  work  and  penance.  There  is  also  between  the 
arrea  which  it  is  right  for  them  to  perform. 

8.  First,  the  arrea  of  former  lay-brothers  and  of  lay-sisters  : 
sleeping  in  waters,  sieeping  on  nettles,  sleeping  on  nut-shells^ 
sleeping  with  a  dead  body  in  a  grave  3  ;  for  there  is  hardly 


1 .  s.iethar,  hère  used,  like  Lat.  opus,  of  penitential  work. 

2 .  With  this  catalogue  of  sins  that  can  only  be  atoned  for  by  a  life-time 
of  penance  confer  the  following  paragraph  from  the  Canones  Hibernenses 
(Wasserschleben,  p.  136)  where  for  the  same  sins  a  seven  years'  penance 
on  bread  and  water  is  deemed  suffîcient  :  Haec  est  poenitentia  magi  vel  vo- 
tivi  mali,  si  credulus  (aithdîbergach)  vel  praedonis  (MS.  praeconis)  vel 
cohabitatoris  vel  heretici  vel  adulterii  VII  anni  in  pane  et  aqua. 

3.  Cf.  De  Arreis  (Wasserschleben,  p.  1.39),  c.  3  :  arreum  anni  triduanum 
cuvi  viortiio  saiicto  in  septilcliro  sine  cibo  et  potu  et  sine  somno. 

Revue  Celliijue,  XV.  33 


494  ^'"''o  Meyer. 

a  laybrother  or  laysister  that  has  not  had  a  share  in  man- 
slaughter  ^  Thèse  now  are  the  arrea  that  are  right  for  clerics 
and  nuns,  except  those  of  them  that  hâve  slain  a  man,  unless 
(something)  be  donc  to  increase  the  reward,  viz.  they  to  sleep 
in  coid  churches  or  in  secret  chambers,  performing  vigil  and 
praying  without  ceasing,  viz.  without  sitting,  without  lying, 
without  sleeping  -,  as  though  they  were  at  the  mouth  of  hell, 
save  that  a  little  weariness  may  take  place  in  a  sitting  posture 
oniy  between  two  prayers. 

[the  arrea  for  fasting.] 

9.  Thèse  now  are  the  arrea  which  the  holy  man  judges 
(an  équivalent)  for  «  black  £isting5  »  after  a  great  crime,  viz. 
one  hundred  blows  with  a  scourge,  or  the  three  fifties  with 
their  hymns  and  with  their  canticles. 

10.  Another  arreum,  viz.  one  hundred  paternosters  in 
cross-vigil  and  «  Deus  in  adiutorium  »  usque  «  festina  » 
(ps.  69,  i)  three  times  at  the  end  of  every  pater  noster,  and 
génuflexion  at  every  «  Deus  »,  and  meditating  intently  on 
God.  It  is  an  arreum  for  a  black  fist  of  three  days4  to  any  one 
who  does  this  three  times. 

1 1 .  An  arreum  for  fasting  for  any  one  that  can  read  :  the 
three  fifties  with  their  canticles  while  standing  up,  and  cele- 
brating  every  canonical  hour,  and  twelve  génuflexions  and  the 
arms  stretched  out  towards  God  at  the  hours  of  the  day,  with 
earnest  thought  towards  heaven  5. 


1.  Cf.  Poenitentiale  Vinniani  (Wasserschleben,  p.  1 16),  §  35  :  De  laids 
si  quis  ex  malis  actibus  suis  conversus  fuerit  ad  Dominum  et  omne  malum 
antea  egerit,  i.  e.  fornicando  et  sanguinem  effundendo,  etc. 

2.  An  legendum:  cen  suide,  cm  lige,  ceii  chothul  ? 

3  .  dub-throsad,  now  trosgadh  didiJi,  a  fast  during  which  no  whitemeats 
(bânbiad),  such  as  milk,  cheese,  eggs,  etc.  are  taken. 

4.  trcdain,  now  trosgadh  treidhiii,  from  Lat.  triduannm,  a  fast  of  three 
days,  during  which  only  one  collation  is  taken  ;  still  practised  privately  by 
many  people. 

5  .  This  arreum  is  identical  with  one  printed  in  Wasserschleben's  Buss-or- 
dnungcn,  p.  139:  De  Arreis,  C.  2:  Arreum  triduani,  nox  et  dies  in  statione 
sine  somno  nisi  parvum  vel  ^  .L.  psalmi  cura  canticis  et  cum  missa  horarum 
XII  et  XII  flectiones  in  unaquaquc  hora  et  nianus  supinatae  ad  orationem. 


An  old-iiish  Treatise  De  Arreis.  495 

12.  An  arreum  for  a  black  fast  on  account  of  a  great  crime 
for  any  one  who  does  not  read,  viz.  300  génuflexions  and  300 
honest  blows  with  a  scourge  ;  crossvigil  at  the  end  of  every 
hundred  until  the  arms  are  tircd;  «  Of  God  I  beseech  an  end, 
may  mercy  come  to  me  »,  «  I  believe  the  Trinity  »,  this  is 
what  he  shall  sing  without  ceasing  until  the  arreum  shall  hâve 
come  to  an  end,  and  strike  his  breast  frequently  at  it  with 
earnest  repentance  to  God.  It  is  an  arreum  for  a  three  days' 
fiist  for  him  to  do  this  three  times. 

13.  An  arreum  for  fasting  on  account  of  small  common 
sins,  viz.  «  Alléluia,  Alléluia,  in  manus  »  usque  «  veritatis  », 
a  patcrnoster  to  the  end.  Let  this  be  sung  thirty  times  in  cross- 
vigil, and  thirty  génuflexions  and  thirty  blows  with  a  scourge 
after  it. 

[arrea  for  seven  years  of  hard  penance^] 

14.  An  arreum  of  pure  prayers  for  seven  years  of  hard  pe- 
nance  to  save  a  soûl  from  the  tortures  of  hell,  viz.  one  hun- 
dred oflerings,  hundred  and  fifty  psalms,  one  hundred  Beati, 
one  hundred  génuflexions  at  every  béatitude,  one  hundred 
paternosters,  one  hundred  soul-hymns. 

1 5 .  Another  arreum  :  a  year  of  three  days'  black  fasts  wi- 
thout drink,  without  food,  without  sleep.  A  night  in  water, 
a  night  on  nettles  without  a  garment,  another  on  nutshells. 

16.  Another  arreum  :  twelve  three  days'  fasts  one  after  ano- 
ther. A  meal  to  satiety  between  every  two  fasts. 

17.  Another  arreum:  to  sing  two  Beati  in  crossvigil  wi- 
thout lowering  of  arms  (while)  at  it. 

18.  Again,  another  arreum:  «  Miserere  mei  Deus  »  to  be 
sung  forty  times  in  cross-vigil  or  while  standing  up,  and  a 
patcrnoster  with  every  psalm,  and  «  Deus  in  adiutorium  » 
usque  «  festina  »  three  times  at  the  end  of  each  psalm. 

19.  Another  arreum  :  seven  months  in  a  prison  on  water  and 


I.  In  the  Canones  Hibernenses  fWasserschleben,  p.  1 96)  seven  years  on 
bread  and  water  is  the  penance  for  homicide,  sorcery  and  devilish  practices, 
robbery,  cohabitation,  heresy,  or  adultery. 


496  Kuno  Meyer. 

bread  from  none  to  none  upon  the  soil  or  floor,  with  fervent 
prayer,  with  célébration  of  every  hour  with  constant  déter- 
mination. 

[an  ARREUM  for  THE  PSALMS.] 

20.  This  is  Miaireuni  for  the  150  psalms,  viz.  a  paternoster 
twelve  times  and  «  Deus  in  adiutorium  »  usque  «  festina  » 
after  every  paternoster.  A  paternoster  fifteen  times  and  «  Deus 
in  adiutorium  »  usque  in  finem  after  every  paternoster  atones 
for  every  sin,  witli  earnest  repentance  from  the  heart, 

[arreum  triduani.] 

21.  An  arreum  for  a  three  days'  fast  for  any  one  that  does 
net  read,  viz.  a  day  with  a  night  without  sleeping,  without 
sitting  down,  except  when  he  lets  himself  down  for  génu- 
flexion. «  Of  God  I  beseech  an  end  »,  «  may  mercy  corne  to  me,  » 
«  I  believethe  Trinity  »,  this  he  shall  sing  without  ceasing.  A 
paternoster  and  a  credo  twelve  times  in  crossvigil,  and  thrcè 
génuflexions  with  either,  and  «  Deus  in  adiutorium  »  usque 
«  festina  »  three  times  with  every  prayer  is  an  arreum  for  a 
three  days'  fast.  Thirty  three  days'  fasts  in  this  manner  are  an 
arreum  for  a  year  of  penance  for  a  cleric,  ut  Gregorius  con- 
stituit. 

22.  An  arreum  for  impositions  of  scourging,  viz.  700  ho- 
nest  blows  seven  times. 

23 .  Another  arreum  of  génuflexions,  viz.  200  honest  génu- 
flexions with  bending  of  the  body  without  négligence. 

24.  Another  arreum  :  to  be  standing  without  a  stafl",  with- 
out rest,  until  the  three  fifties  with  the  canticles  hâve  been 
sung. 

25.  Another  arreum  of  crossvigil  until  fifty  psalms  hâve 
been  sung,  or  the  Beati  four  times,  and  the  arms  must  not 
touch  the  sides  until  the  singing  is  flnishcd,  though  there  be 
nothing  else  to  support  thee  by  ^ 


I .   The  construciion  of  the  Irish  hère  is  obscure  to  me,  but  the  sensé 
must  be  as  I  hâve  translated. 


An  old-irish  Treatise  De  Arreis.  497 


[arrea  hebdomadis,  etc.] 

26.  An  arreum  for  a  week  of  hard  penance  on  water  and 
bread,  viz.  seven  Beati  in  honest  crossvigil  and  a  credo 
and  paternoster  and  «  Hymnum  dicat  »  with  every  béatitude. 

27.  Again,  an  arreum  for  a  week  for  any  onc  that  lias  not 
read,  viz.  700  honest  génuflexions,  and  seven  honest  blows, 
and  crossvigil  at  the  end  of  every  hundred  until  the  arms  are 
tired. 

28.  An  arreum  for  a  fortnight,  to  do  this  twice. 

29.  An  arreum  for  twenty  nights,  to  do  this  three  times. 

30.  An  arreum  for  forty  nights  on  water  and  bread,  to  do 
it  in  one  day,  if  at  the  need  of  death. 

[arrea  axni.] 

3  I.  This  is  an  arreum  for  a  \-ear  for  sudden  repentance,  viz. 
to  sing  365  paters  while  standing  up,  the  arms  unwearied  to- 
wards  heaven.  The  elbows  must  not  touch  the  sides  at  ail, 
with  intent  méditation  on  God,  and  let  not  voice  enter  the 
speech,  and  to  sing  a  Beati  in  a  stooping  posture,  thy  foce 
towards  the  earth  and  thy  arms  stretched  out  by  thy  sides. 
Or,  it  is  the  body  that  is  stretched  out  on  the  earth  on  its 
face,  and  the  arms  stretched  out  by  the  side.  It  is  Patrick  who 
ordains  this  vigil,  and  Golum  Cille  and  Maedôc  of  Ferns  and 
Molaca  Menn  and  Brenainn,  the  great-grandson  of  Alta^,  and 
Colum  son  of  Crimthan  and  Mocholmôc  of  Inisceltra. 

With  Enda  in  Aran  this  law  was  left.  Four  chief  sages  of 
Ireland  ordained  its  practice  to  every  son  of  life  who  desires 
Heaven,  viz.  Ua  Mianadan  and  Cummin  Fota  and  Murdebur 
and  Mocholmôc  mac  Cumain  from  Aran. 

32.  An  arreum  for  a  year  of  hard  penance,  which  Ciaran 
mac  int  sdir  adjudged  to  Oennu  macu  Laigse  grandson  of 
Comsola  grandson  of  Dibrech  :  to  be  three  days  and  three 
nights  at   it  in  a  dark  housc  or  in  some  other  place  where 

I .   Cf.  Brendcnus  niocu  Alti,  Recvjs  Adainnan,  I,  26. 


498  f^uno  Meyer. 

no  hindrance  comes.  And  there  must  be  no  collation  of  a 
three  days'  fast  save  three  sips  of  water  every  day.  This,  how- 
ever,  is  the  arrcum,  viz.  to  sing  150  psalms  every  day  while 
standing  up  without  a  staff,  and  génuflexion  at  the  end  of 
every  psalm,  and  a  Beati  after  every  fifty,  génuflexion  be- 
tween  every  two  chapters  (?)  and  «  Hymnum  dicat  »  after 
every  Beati  in  crossvigil,  and  he  must  not  let  himself  down 
into  a  lying  posture....^  but  in  a  sitting  posture,  and  célé- 
bration of  every  hour  besides...-  and  intent  méditation  of 
the  passion  of  Christ  with  contrition  of  heart  and  earnest  re- 
pentance  to  God  with  remembrance  of  the  sins,  every  one  of 
them  that  he  remembers. 

[aRREUM   aUINaUAGINTA  DIERUM.] 

33.  An  arreuni  for  fifty  nights  of  hard  penance  to  be  done 
in  one  day,  which  Colum  Cille  and  MobI  Clarenech  adjudged 
by  the  counsel  of  the  archangel  Michael,  viz.  Dominus  reg- 
navit  (?ps.  96  or  98),  Exaudi  Domine iustitiam  meam  (ps.  16), 
Domini  est  terra  (ps.  23),  Beatus  qui  intellegit  (ps.  40), 
Deus  noster  refugium  (ps.  45),  Exaudi  Deus  deprecationem 
(ps.  60),  Nonne  Deo  (ps.  61),  Exaudi  Deus  orationem  meam 
cum  (ps.  63),  Te  decet  (ps.  64),  Domine  refugium  (ps.  89), 
Domine  exaudi  (ps.  loi),  Domine  probasti  (ps.  138),  Eripe 
me  Domine  (ps.  139),  Domine  clamavi  (ps.  140),  Voce 
(ps.  141),  Domine  exaudi  (ps.  142).  «  Gloria  et  honor  Patri 
et  Filio  et  Spiritui  Sancto  »  at  the  end  of  every  psalm,  and  se- 
ven  génuflexions,  and  «  Deus  in  adiutorium  »  usque  «  festina  » 
three  times,  and  a  paternoster  once  while  standing  up  between 
every  two  psalms  until  the  whole  arreuin  shall  hâve  ended. 

Kuno  Meyer. 


1 .  Hère  commaiii  is  obscure  to  me. 

2.  isond  ? 


TABLE 


DES    PRINCIPAUX    MOTS    ÉTUDIKS    DANS    LE    VOLUME   XV 
DE    LA    REVUE   CELTIQUE'. 


I.  Gaulois  ou  \aEux-cELTiQ.UE. 

(Voir  p.  i6o-i6s,  170-173,  404.) 
Acetodunum,  417. 
-aco-,  20,  104. 

Agedomopas  ou  Acedomapas,  417. 
Agedovirus,  417. 
Aliortus?,  405. 

ambactos,  ambatus,  serviteur,  22. 
Anatemorus,  403. 
Aneunicno,  237. 
'Av£uvo;,  237. 
Anextiomarus,  403. 
Arcobriga  1  château  d'Arcos  »?,  17. 
are-,  20. 
Arevaci,  20. 
Augustoritum,  98. 
Autraca,  33. 
Autricum,  53. 

Autrigones  «  fils  de  I  Odra  »?,  33. 
Autura,  33. 
Bebriacum,  gl.  locus  castorum,  147, 

148. 
Belli,  20. 
belo-  «  l'acte  de  tuer  quelqu'un  n?, 

12,  13. 


Bodecius,  37. 

bodi-  »  victoire  »,  254. 

bodio-  «  jaune  »,  233. 

Bodiocasses,  233,  234. 

Boduus,  37. 

Brica,  403. 

-briga  »  château  »,  11,  12,  14. 

broga,  champ,  216-219. 

Bouoji'voa,  3 16. 

Kassiteros,  107. 

KïXtoç,  409. 

Cenabum,  236. 

Cerdubelus,  45. 

Cnusticus,  41 3-41 5. 

Contrebia  «  groupe  d'habitations  »  ?, 

10,  137. 
Crixus  (I  frisé  »,  145. 
Deobriga  «  château  du  dieu,  ou   des 

dieux  »,  12,  13. 
Deva  «  divine  »,  10. 
Devona,  234. 
Drausus,  Drusus,  406. 
dubro-  «eau  »,  234,  235,  387. 
-dunum,  2,  234. 
-edo,  -eda,  20,  21. 


I.  Cette  table  a  été  faite  par  M.  Ernault. 


500  Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XV. 


Elmetiaco?  405. 

Elvontiu,  257. 

epo-,  cheval,  234,  368. 

esox,  saumon,  99. 

Esumopas,  413-415,  417. 

Esus,  417. 

Excingus,  146,  147. 

FaXaTT];,  409. 

Germani,  6. 

gesum,  lance,  9. 

ieuru,  irjki,  257. 

Intercatia,  38. 

-isto-,  10. 

Leuci  «  blancs,  brillants  »,  21. 

Leucimara  •  grande  par  sa  blancheur 

éclatante  »,  2  1 . 
Leuco,  2 1 . 

Leucomelius  ou  Leucumellus,  21. 
Liamarus,  146,  147. 
Liccoleucus,  2  1 . 
Lingonas,  236. 
Lovernius,  403. 
Luguri,  237. 
Lugus,  23  5,  236. 
Lutetia,  22. 
Lutia,  22. 
Magilo,  243. 
-magus,  234. 
marcos,  cheval,  4. 
Marrigae?  403. 
Mirobriga,  40. 
Moenicaptus,  47. 
Moritex,  243. 
Nemetobriga  «    château   du  temple, 

ou  de  Nemetos  »,  2. 
Novion  «  nouveau  »,  4. 
Oclicno,  237. 
Orniaci,  37. 
IIcvvoou'.voo;,  388. 
Pentilus,  38.  ■• 

Pertacus,  403. 
Pintia  t  cinquième  »?  35,  38. 


Rectugenos  «  fils  du  droit  »,  22,  24, 
243. 

Retugenus  «  fils  du  droit  »,  22. 

ritu-,  gué,  98. 

-sama,  12. 

Samorix,  146,  147. 

Segeda,  20. 

sego-  «  l'acte  d'atteindre  le  but,  de 
vaincre,  de  triompher»,  13,  20, 
27,  28. 

Segobrigenses,  1 37. 

Segontia,  28,  29. 

Segontiaci,  28. 

Segontium,  28. 

Segovax,  27. 

Segovia,  27. 

Sequana,  Sequani,  98,  99,  234,  368. 

Ubius?  146,  147. 

Ucuete,  Ucuetin,  368. 

Urupas,  417. 

Uxama  «  très  haute  »,  12,  24. 

Uxellodunum,  145. 

-vacos,  20. 

ver-,  100. 

Vernodubrum,  387. 

vindo-  «  blanc,  beau,  heureux  »,  12. 

Virilios,  257. 

Oùip'.Xkw{;) ,  237. 

Vismarus,  47. 

11.  Ogamique. 

Andagelli,  144,  239,  240. 

Ebicatos,  144. 

m.  Irlandais. 

(Voir  p.  109-122,  129,  130,  132,  275, 
276,  297-301,  303,  30S-311,  316, 
318,  320,  322,  52s,  328,  329,  334- 
336,  371-382,  398-40I)  4'i7  4'9, 
420,  422,  423,  426,  427,  438,  441, 
442,  446,  448,  450,  457,  459-461, 
464,  467-470,  473,  475-478>  48', 
483,  485-487,  492-494,498)- 
iâl,  crochet.   143. 


Table  des  principaux  mots  étudies  dans  le  tome  XV. 


501 


aircheann,  noble,  chef,  432. 

aireach,  cheval  de  somme,  481 ,  482. 

aister,  travail,  464. 

aithesc,  réponse,  question,  115. 

arrumertus,  gl.  statui,  294. 

asbeir,  il  dit,  15^. 

ass,  lait,  143. 

baigliu,  faon,  42  1 . 

Balar,  235,  236. 

Batan.  i  14 

bé,  femme,  432. 

Beirbhe,  Bergen,  i  20. 

Benchuir,  1 36. 

berbaim,  je  bous,  235. 

blathach,  femme,  424. 

bien,  tlanc,  143. 

Bôann,  316, 

bochar,  bouse  de  vache,  449. 

brainéun,  corbeau,  4^0. 

budechaiti,  d'autant  plus  reconnais- 
sant? 145. 

buide,  jaune,  bai,  233. 

cél,  bouche,  prophétie,  144. 

Cian  «  lointain  »,  235. 

clû,  gloire,  227. 

cnû,  noix,  227. 

coel  chomae,  intestins,  143. 

comaithech,  qui  tient  des  bestiaux 
d'un  même  chef;  voisin,  398. 

comét,  garde,  397,  431 . 

common,  commun,  136. 

con,  avec,  135,  143. 

coscorach,  triomphant,  406. 

crosfigell,  action  de  tenir  les  bras  en 
croix  (en  priant),  242. 

crû,  sang,  227. 

cruachait,  échine,  11^. 

cum-,  con,  préfixe,  135. 

cumsciget,  ils  changent,  135. 

cur,  héros,  champion,  99 

dan,  ouvrage,  435. 

de,  de  cela,  d'autant  (plus),  145 


diarailiu,  à  l'autre,  561. 

di'as,  épi,  361 . 

dibe,  avare,  i  17. 

dir.d,  place,  ville,  272. 

dligim,  j'ai  droit  à,  339. 

don,  paiement,  462,  463. 

dubsesra,  seaux  ?  440. 

Duiblind,  327. 

duin,  à  nous,  1 36. 

Dul  Dauna,  235. 

dûn,  à  nous,  1 36. 

eall,  avantage,  443. 

eglas,  estomac,  1 1 6. 

épir,  il  dit,  135. 

eu,  saumon,  99. 

FJI,  288. 

feabh,  bonté,  bien,  458. 

flesc,  baguette,  143. 

foich,  guêpe,  143,  145. 

foloscaim,  je  brûle  légèrement,  439. 

fosaidh,  à  demeure,  458. 

fuithir,  terre,  458. 

geis,  prohibition  magique,  407. 

gormac,  fils  adoptif,  100. 

im-,  préfixe  augmentatif,  397. 

imchomét,  protection,  397. 

immou,  davantage,  106. 

in,  ind,  préfixe  d'adverbe,  106. 

inbiucc,  peu,  106. 

indil,  beaucoup,  106. 

ind  laigiu,  moins,  106. 

ind  oa,  moins,  106. 

Ingcél,  144. 

inmar,  beaucoup,  106. 

inmenicc,  souvent,  106. 

làth,  rut.  391 . 

Icthar,  cuir,  370 

Lug,  23^ 

mac  bethad,  fils  de  la  vie,  élu,  397. 

mac  in  bais,  fils  de  la  mort,  impie, 

397- 
matan,  bataille,  1 20. 


502 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XV. 


mennchrott,  luths,  121. 

mescuire,  troupe  armée,  454. 

môr  le,  en  bons  termes  avec,  130. 

morrigain,  gl.  lamia,  293. 

munther,  famille,  156. 

murghabhal,  baie,  anse,  455. 

nus,  premier  lait,  143. 

Oilbine,  Ailbine,  295. 

orc,  pourceau,  361 . 

ord,  rangée  de  pierres?  460. 

oroit,  oremus,  1 36. 

6s,  au-dessus,  361 . 

port,  palais,  432. 

n'gfâith,  roi-prophète,  588. 

rod,  chemin,  passage,  98. 

roised,   il   atteindrait,   accomplirait, 

294,  295. 
saich,  mavais,  1  10. 
samildânach,  aux  talents    multiples, 

235. 
scél,  récit,  370. 
seilche,  tortue,  292,  295. 
sescenn,  glaïeul,  99. 
sia,  plus  long,  94. 
sios,  en  bas,  etc.,  1  19. 
sir,  long,  94. 
srôn,  nez,  361 . 
tarr,  ventre,  dos,  457. 
tesmolad,  qualités,  109 
tipra,  source,  255. 
toghtha,  élu,  397. 
tomailt,  manger,  350. 
tore,  verrat,  561 . 
treb,  habitation,  4. 
tuathacht,  ruses,  i  14. 
uasaldecon,  archidiacre,  398. 

IV.  Gaélique  d'Ecosse. 

allt,  rive,  ruisseau,  234. 
Drostân,  406. 
Dumbarton,  234. 
Dûnedin,  234. 


lann,  lieu  consacré  au  culte,  234. 
Morrach,  234. 
tiobar,  source,  235. 

V.  Mannois. 
sic,  mauvais,  i  10. 

VI.  PiCTE. 

Drostân,  406. 
Drust,  406. 

VII.  Gallois. 

-adur,  224. 

anbiic  guell,  porte-toi  bien,  94. 

arbenn,  chef,  432. 

asgre,  sein,  153. 

-au,  pluriel,  227. 

-awdr,  224. 

baich,  fardeau,  221. 

Beulan,  404,  405. 

Branwalatr,  227. 

bych,  que  tu  sois,  93,  94. 

Catwabdr,  224. 

cawr,  géant,  99. 

cestyll,  château,  387. 

chwedl,  nouvelle,  370. 

chwennychu,  désirer,  221. 

cnaif,  toison,  227. 

cnau,  noix,  227. 

crau,  sang,  227. 

creadur,  créature,  224. 

creawdr,  créateur,  224. 

cromlech,  cromlec'h,  223. 

crych,  frisé,  145. 

cwympo,  tomber,  abattre,  364. 

Cybi,  405. 

cyfegydd,  pioche,  361. 

cyngwystledd,  gageure,  153. 

cyrff,  (les)  corps,  387. 

cyrn,  cornes,  387. 

dagr,  larme,  95. 

dagrau,  larmes,  9^. 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XV. 


505 


deigr,  larme,  9^,  386,  387. 
deigron,  larmes,  95. 
-dra,  96. 

draig,  dragon,  386. 
Drust,  406, 
Drusticc,  406. 
Drystan,  406,  408. 
dyben,  fin,  conclusion,  395. 
dysbaidd,  eunuque,  386. 
eawg,  saumon,  99. 
eirf,  armes,  387. 
eleni,  cette  année,  153. 
erllenedd,  l'année  dernière,  155. 
erydr,  charrues,  387. 
fed,  le  long  de,  durant,  96. 
ffroen,  narine,  361 . 
ganddo,  avec  lui,  106. 
gefel,  jumeau,  242. 
golosgi,  brlàler  légèrement,  439. 
gwal,  lit,  gîte,  226. 
gwaladr,  chef,   régulateur,  ordonna- 
teur, 224-227. 
g^veled,  trouver  (bon),  voir,  94,  95. 
gwely,  lit,  gîte  ;  clan,  tribu,  226. 
henffych  well,  porte -toi  bien,  94. 
hesg,  glaïeul,  99. 
hestaur,  setier,  440. 
hir,  long,  94. 
hwy,  plus  long,  94. 
hwpf,  le  plus  long,  94. 
hyd,  le  long  de,  durant,  96. 
hydref,  automne,  394. 
Lailoken,  240-242. 
Laloecen,  240,  242. 
Lantam,  101. 
llallawc,  autre .''  241. 
llallogan,  frère  jumeau.''  241,  242. 
llawd  <i  subatio  »,  591 . 
Uech,  pierre  plate,  222,  223. 
lledr,  cuir,  370. 
lleidr,  voleur,  386. 
Uodic  (truie)  en  chaleur,  391. 


losci,  brûler,  221. 

meibion,  (les)  fils,  95. 

mysgu,  mêler,  220. 

oid,  il  fut,  1 54. 

pavvl,  poteau,  223. 

pechadur,  pécheur,  224. 

pengam,  à  tête  penchée,  388. 

penwyn,  à  tête  blanche,  388. 

Peulan,  405. 

rhawd,  chemin,  98. 

rhodio,  traverser,  marcher,  98. 

rhodwydd,  gué,  97. 

rhyd,  gué,  98. 

rotguidou,  gués;  passerelles  en  bois.'^ 

97,  98. 
tafal,  balance,  222. 
tafell,  tartine,  pièce  mince,  222. 
taflen,  tablette,  tableau,  222. 
taflu,  tawlu,  lancer,  222. 
tafol,  balance,  222. 
tawlbwrdd,  jeu  d'échecs,  222. 
terica,  ètie  en  rut,  391. 
terydr,  tarières,  387. 
Irwyn,  nez,  361 . 
tywysen,  twysen,  épi,  361. 
ucher,  soir,  143,  145,  220,  221. 
wyr,  petit-fils,  361 . 
-ych,  2*=  pers.  sing.,  93,  94. 
yn,  dans,  105. 
yn  devant  un  infinitif,  106. 
yn,  préfixe  d'adverbe,  105,  106. 
yn  fawr,  beaucoup,  106. 
yn  fvvy,  davantage,  106. 
yn  fynych,  souvent,  106. 
yn  liai,  moins,  106. 
ysgyfarn,  oreille,  364. 
-yt,  2«  pers.  sing.,  93. 

VIll.    CORNIQUE. 

bue,  il  fut,  1 54. 
cawrmarch,  chameau,  99. 
cromlegh,  cromlec'h,  223. 


^04  Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XV. 


daladur,  doloire,  loi. 

guhienn,  guêpe,  220. 

kalemay,  le  premier  de  mai,  100. 

tra,  chose,  96. 

yn,  préfixe  d'adverbe,  105. 

IX.  Breton  Armoricain. 
(Voir  p.  224,  538-363,  392.) 

a,  de  ton,  j  53. 

abendeux,  depuis  qu'il  a,  152. 

-aden,  544. 

a  du  vad,  disposé  à,  384,  587. 

siezr,  aerezr,  cliarrues,  387. 

a  fet  nos,  de  nuit,  96. 

-ai>  ;44- 

ambloari,  peine,  souci,  564. 

amzer  neve,  printemps,  540,  394. 

anaon,  âmes  des  défunts,  125,  126. 

andraze,  cette  chose-là,  151,  590. 

Andrez,  André,  i  ^  ?. 

artizan  koat,  menuisier,  338. 

arvor,  bord  de  la  mer,  390. 

asclez,  sein,  153. 

autom,  automne,  393. 

avad,  bien,  certes,  386,  387. 

az,  de  ton,  153. 

azen  gornek,  ignorant,  385. 

babi,  babu,  guignes,  348. 

babioles,  petites  cerises,  348. 

baeguelat,  bêler,  3  57. 

baeles,  bette,  357. 

balancer,  balancier,  360. 

bastrouill,  barbouillé,  348. 

bazig-pennec,   petit    bâton    à    gros 

bout,  389. 
beauselenn  «  fiente  de  beste  menue  » , 

345- 
bec'h,  fardeau,  221. 
bec'h,  que  tu  sois,  94. 
bégiat,  bêler,  3  57. 
beotès,  bette,  3  57. 
berlach,  toile  grossière,  349. 


berleige,  tiretaine,  348. 

bervann,  je  bous,  235. 

beté,  indéfiniment,  97. 

blaiïk,  sou,  3  57,  360. 

bleidet,  changé  en  loup,  388; 

bieiz-vor,  loup  marin,  387. 

bloa,  année,  152,1 54. 

bocqedou  an  névez-amser,  pâqueret- 
tes, 394. 

boczu,  bossu,  3  58. 

bokodo  'n  han,  primevères,  594. 

bolonjer,  boulanger,  360. 

boqedou  han,  pâquerettes,  394. 

boue,  il  fut,  1 54. 

bouzile,  bouse,  343. 

brank,  branche,  560. 

bran-ver,  cormoran,  388. 

Branwalatr,  224. 

Braon  »  meule  de  moulin  i,  412. 

braz,  grand,  385. 

Bré,  412. 

Breizis  isell,  bas-Bretons,  384. 

Breiz-Izeliz,  bas-Bretons,  384. 

bugale,  enfants,  152. 

bulari,  agitation,  embarras,  364. 

caffoeaff,  déplorer,  153. 

cafuoez,  chagrins,  153. 

calch,  (i  veretrum  »,  356. 

calemay,  le  premier  de  mai,  100. 

calon-gouàn,  automne,  393. 

camps,  aube  de  prêtre,  100. 

canèii,  toison,  227. 

canow,  noix,  227. 

cascarat,  danser  la  danse  des  gueux, 
364. 

castor,  castor,  3  57. 

Catuualart,  224. 

Caym,  Gain,  3  54. 

caymand,  bélître,  gueux  qui  mendie 
par  fainéantise,  3  56. 

Cazneved,  97. 

chaucer,  chaussée,  153. 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XV. 


)0S 


chench,  changer,  589. 

chiminal,  cheminée,  361. 

clauslle,  gageure,  153. 

corcq,  gueux  des  foires  et  des  par- 
dons, 3  ^6. 

coustelé,  gageure,  1^3. 

coustum,  coutume,  1^2. 

craon,  craoun,  noix,  227. 

crec'h,  colline,  227. 

créon,  toison,  227. 

crouadur,  créature,  224. 

cu-a-ca,  ric-à-ric,  au  plus  juste,  pré- 
cisément, 345. 

den-vleiz,  loup-garou,  388. 

derc'h,  qui  est  en  évidence,  remar- 
quable, beau,  222,  223. 

dibenn-eost,  automne,  392,  395. 

diczul,  dimanche,  1 54. 

dilost-han,  automne,  392,  39^. 

dirigaez  «  estre  en  sault  »,  391. 

dirik,  (vache)  en  chaleur,  391. 

disiuout,  opiner,  361 . 

divez-amser,  automne,  393. 

dleafi,  je  dois,  339. 

douaren,  petit-fils,  361. 

dour,  eau,  338,  584,  387,  388. 

dour-vel,  hydromel,  388. 

dourzom,  eau  chaude,  388. 

dram,  drachme,  3  57. 

ebarz,  dans,  152, 

eguile,  l'autre,  153. 

elas,  gésier,  foie,  116. 

e-leal-ia,  eh  bien  oui!  392. 

en,  dans,  105. 

enes,  celui-là,  1  ^2. 

-enn,  suff.  de  féminin,  384. 

enndéeun,  tout  justement,  106. 

ent,  préf.  d'adverbe,  105,  106. 

enta,  donc,  105,  106. 

eoc,  saumon,  99. 

-er,  153.  H4- 
erderh,  évident,  223. 


érér,  charrues,  387. 

erlaiine,  l'année  dernière,  153. 

ervat,  bien,  105,  387. 

-es,  fém.,  341. 

est,  août,  été,  394,  395. 

esuezatF,  être  absent,  361. 

-et,  plur.,  341. 

euel,  comme,  1 52. 

e  uicze,  pour  cela,  1 54. 

ez,  particule  verbale,  153. 

-ez,  153. 

-ezen,  344. 

fernaon  :  luteq— ,  méchante  chandelle 

de  résine,  342. 
fesnos,  cette  nuit,  96. 
fet,  fait,  96. 

fîl,  intelligence,  idée,  364. 
foar,  foire,  345. 
foerouz,  foireux,  343. 
fouillezet,  (fortune)  dissipée,  364. 
froan,  narine,  361 . 
gai,  sot,  365. 
gaia,  ennuyer,  365. 
gamel,  gamelle,  345. 
gantatî,  avec  lui,  106. 
getou,  avec  lui,  106. 
goélvan,  lamentation,  223. 
goulen,  demander,  3  38. 
gour-,  préfixe  intensif,  100. 
gour-,  préfixe  diminutif,  100. 
gourgleze,  poignard,  100. 
gourhent,  petit  chemin,  ioo. 
gourniz,  petit-neveu,  100, 
gourvadez,  ondoiement,  100. 
gourzén,  petit  homme,  100. 
gragachat,  dégoiser,  363. 
Grall,  355. 
gréach,  harnais,  365. 
gréafi,  habiller,  harnacher,  365. 
gréet,  bien  mis,  365. 
gregach,  jargon,  argot,  363. 
grègach,  le  grec,  563. 


$o6  Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XV. 


grêlle,  crible  le  plus  clair,  366. 
grigagein,    baragouiner,    jargonner, 

grilhet,    griyet,    tout    couvert    (de), 

I6G. 
grimandell?    rossignol  de    serrurier, 

365- 
grinsen,  krinsen,  zeste,  miette,  rien, 

392- 
Gripin,  nom  du  diable,  366. 
Grippy,  le  diable;  griffon,  366. 
grisilhon,  grelot,  3  ^2. 
grullu.blé  noirci  intérieurement,  366. 
guele,  lit;  clan,  tribu,  226. 
guenol,  gunol,  septembre;  automne, 

395- 
guerço,  il  y  a  longtemps,  1 54. 
Guitaliz-Mede,    habitants  de   Plou- 

dalmézeau,  383. 
guohi,  guêpes,  220,  22  1 . 
Gwegan,  361. 
gwenan,  abeilles,  352,  361. 
Haelhoiam,  94. 
han,  été,  printemps,  394. 
han-goan,  automne,  393. 
hed,  le  long  de,  durant,  96. 
helene,  cette  année,  153. 
hennez,  celui-là,  152. 
hente,  prochain,  152,  153. 
hère,  automne,  époque  des  semailles; 

mue  des  oiseaux,  392,  394. 
hérees,  temps  des  semailles,  394. 
hesc,  glaïeul,  99. 
hesc,  hesp,  stérile,  220. 
hesken,  scie,  99. 
hetot,  vous  plairez,   il   vous  plaira, 

539- 
heuelep,  semblable,  1 52. 
hir,  long,  354,  355. 
-hoiam,  le  plus  long,  94. 
hoz,  votre,  1^3. 
Huonic,  345. 


larnhoiam,  94. 

-ien,  plur.,  341 . 

-ifr-,  592. 

-iq,  diminutif,  344. 

irvinen,  navet,  353. 

-iz,  ethnique  plur.,  353,  584. 

jalot,  chaudronnier,  gueux,  sot,  349. 

jeu  ha  jao,  jeu  et  tumulte,  345,  346. 

judas,  celui  qui  crache  au  visage  de 

quelqu'un,  355. 
kalan-goanv,  la  Toussaint,  395. 
kafiv,  deuil,  153. 
kaplanted,  capelans,  359, 
kazek,  jument,  353. 
kéris-me,  les  gens  de  cette  ville,  384. 
kermais,  les  gens  de  cette  ville,  384. 
kern,  cornes,  387. 
kernevad,  cornouaillais,  352. 
keûr,  cœur  (au  jeu  de  cartes),  358. 
keureuc,  saumon  coureur,  99. 
kiger,    boucher,    mauvais    médecin, 

347- 
kincl,  kencl,  propre,  paré,  orné,  344. 
kincla,  orner,  parer,  ajuster,  344. 
kites,  (être)  quittes,  349. 
klenk,  juste,  bien  adapté,  343. 
klenkan,   ajuster,    mettre  en    ordre, 

mettre  de  côté,  343. 
klinka,  apprêter,  arranger,  344. 
knech,  colline,  227. 
kouchad  den,  homme  trapu,  359. 
kouer,  paysan,  5  56. 
koz-amzer,  automne,  393. 
kriminal,  criminel,  361. 
kroachou,  kroajo,  des  croix,  389. 
labourerdouar, cultivateur,  351,  361. 
lamp,  saut,  360. 
Landeleau,  355. 
laiidon,  courroie,  549. 
Lanvèoc,  99. 
laouen,  pou,  360. 
lard  teuz,  saindoux,  342. 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XV 


)07 


laret,  dire,  promettre,  538,  339. 

lec'h,  grande  pierre  plate,  222. 

leiam,  le  plus  petit,  94. 

Lesneven,  412. 

Ieur-gu3er,  aire  d'une  ville,  388. 

leurhé,  aire  d'une  ville,  388. 

leur-zi,  sol,  plancher  du  rez-de- 
chaussée,  588. 

lezr,  1er,  cuir,  370. 

liwan,  colorer  (des  mensonges),  349. 

luc'hach,  éclat,  vernis;  baragouin, 
jargon,  argot,  363. 

luc'het,  blasphèmes,  362. 

ludic,  (truie)  en  chaleur,  391. 

lun  :  en  — ,  distrait,  361. 

mad,  bon,  bien,  384-387. 

mal,  mâle;  garçon,  jeune  homme,  353. 

man,  mine,  semblant,  387. 

mann,  rien,  386. 

maon,  ver,  insecte,  342. 

Marlarge  «  mardi  gras  »,  153. 

maro-amzer,  automne,  393. 

mein,  men,  pierre,  222,  223. 

men  glaz,  ardoise,  540. 

menhir,  pierre  longue,  menhir,  223. 

mervad,  je  sais  bien,  387. 

mesca,  mêler,  220,  221. 

meurzlargiez,  mardi  gras,  153. 

mibien,  (les)  fils,  95. 

milin,  moulin,  349. 

mizyou  du,  automne,  393. 

Montroulezenn,  Morlaisienne,  384. 

mor,  mer,  387,  388. 

morgablou,  gl.  aestuaria,  455. 

mortér,  mortez,  mortier,  153. 

mor-vieiz,  loup  marin,  387. 

mous,  (un)  mousse,  3  50. 

nafles,  maladie  honteuse,  359. 

nealia,  non  certes,  392. 

nec'h  (d'an  — ),  en  haut,  227. 

nerraff,  je  ne  fais  pas,  1 52. 

noter,  notaire,  360. 


noz,  nuit,  360. 

nulli,  annuler,  391. 

Numinoe,  412. 

-0,  plur.,  341. 

oa,  oae,  il  était,  1 54. 

oe,  oedd,  il  fut,  1 54. 

ostilh,  outil,  366. 

-ou,  -aou,  plur.,  237. 

-ouer,  -our,  345. 

oustilh,  gaillard  qui  aime  à  s'amuser, 
366. 

-ouz,  342,  343. 

oviçzer-vor  «  officier  marinier  »,  387. 

palwen,  peulvan,  223. 

paouérr,  paue,  pavé,  153. 

pen,  tête,  354;  penn  ar  bloaz,  au- 
tomne, 393. 

penbas,  bâton  à  gros  bout,  588,  389. 

pengam,  à  tête  penchée,  388. 

peu),  poteau,  223. 

peulvan,  pierre  longue,  pilier,  223, 
389. 

pevare,  quatrième,  153. 

Pharaon,  Pharaon,  342. 

piaou,  il  possède,  il  appartient,  339. 

plijot,  vousplairez,  il  vousplaira,3  39. 

Plouegiz  ar  mor,  habitants  de  Ploue- 
zec,  383. 

plous,  paille,  342. 

podaich,  potage,  360. 

Posidhoia(m),  94. 

poulifr'en,  miette,  zeste,  rien,  392. 

pry,  argile,  153. 

qenec'h,  colline,  227. 

qestyl,  qestell,  châteaux^  387. 

quel  an  gouà,  la  Toussaint,  395. 

queneu,  noix,  227. 

quere,  cordonnier,  153. 

quet,  (ne)  pas,  1 52. 

rigouignat,  grincer  des  dents,  366. 

Riuallazr,  224. 

Riwal,  225. 


5o8  Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XV. 


Riuualoe,  225. 

rodoed,  gué,  98. 

Roenhoiam,  94. 

roll,  rouleau,  351. 

Roudouallec,  98. 

sa  ;  na  sa  na  là,  (ne  savoir)  ni  a  m  b, 

346. 
sabler,  gésier,  367. 
sagrin,  chagrin,  391 . 
sakrilaj,  sacrilège,  389. 
scourgez,  scourgér,  fouet,  15?. 
scub-deliou,  grande  marée  de  Téqui- 

noxe  de  septembre,  automne,  392, 

39J- 
se,  -là,  154. 
sench,  changer,  389. 
skoemp,  glissant,  scabreux,  ^64. 
skouarn,  oreille,  354,  364. 
tablen,  tableau,  image,  359. 
taffoessat,  sasser,  361 . 
takezen,  la  dernière  crêpe  ;  imbécile, 

362. 
tamoes,  tamis,  561. 
tamoesenn,  épi,  361 . 
tan,  feu,  338. 
tanoùés,  tamis,  361, 
taoli,  lancer,  222. 
taonzen,  épi,  361 . 
taouledein,  achever  de  mûrir,  3^9. 
taoulet,  usé,  mûr,  3  ^9. 
Telchruc,  Te'gruc,  383. 
Teliau,  104. 
tarer,  tarière,  587. 
teurk,  tique,  351,  360. 
ti,  maison,  chez,  387. 
tiriac,  thériaque,  544. 
tolven,  table  de  pierre,  dolmen,  222. 
torein,  casser,  362. 
tort,  bossu,  362. 
Touaren  «  petit-fils  »,  361 

Le  Proprictaire-Gcrant  : 


tourbilhon,  sorte  de  danse,  352. 

tourc'h,  verrat,  361. 

tousek,  crapaud,  351. 

tra,  chose,  95,  96,  385,  386. 

trafikil,  tranquille,  391 . 

tredez,  troisième,  153. 

Treffmaeheuc,  99. 

tremenvan,  passage,  389. 

Tremeoc,  99. 

treut,  maigre,  360. 

trev,  village,  succursale,  4. 

tryacql,  tryacq,  thériaque,  344. 

trut,  manière  de  s'y  prendre,  367. 

tuniq  zo  taniq,  c'est  égal,  345. 

turgner,  tourneur,  360. 

turgner-douar,  laboureur,  360,  361. 

turier^  fouilleur,  360. 

Tutuualart,  224. 

Tutwal,  225. 

uhel,  élevé,  220. 

uz  :  a  uz,  au-dessus  de,  361. 

va,  mon,  385. 

vad,  bien,  profit,  384-386. 

-van,  223,  389. 

varlene,  l'année  dernière,  153. 

véd  en  nos,  cette  nuit,  97. 

velc'h,  rate,  3p. 

vennein,  vouloir,  385. 

vénos,  vez  nos,  cette  nuit,  96,  97. 

vertu,  vertu,  155. 

vikel  vraz,  grand  vicaire,  384,   385. 

uolante,  volonté,  153. 

vorn,  four,  grande  bouche,  347. 

-wal,  224,  225. 

-uualart,  224. 

-uualatr,  224. 

waz  'ze,  tant  pis,  387. 

well,  mieux,  387. 

Lluiuhoiam,  94. 

Veuve  E.  BOUILLON. 


Charires.  —  Imprimerie  Durand,  rue  Fulbert. 


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t. 15 (1894) 

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