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Full text of "Revue celtique"

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Prof.  Dr  îh.  SA.AOER 


a:  fps 


REVUE  CELTIQUE 


TOME   XVI 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  witii  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.arcliive.org/details/revueceltique16pari 


\      \^  FONDÉE  -4     ^^ 

/w  V  H.    GAIDOZ  y   ^ 

>/  .870-, 885  \0^ 

^J^^  PUBLIÉE    SOUS   LA    DIRECTION    DE  ^^\ 

*-'"h.  d'arbois  de  jubainville 

Membre  de  l'Institut,  Professeur  au  Collège  de  France 
AVEC   LE   CONCOURS  DE 

J.    LOTH  E.   ERNAULT 

Doyen  de  la  Faculté  des  Professeur  à  la  Faculté  des 

Lettres  de  Rennes  Lettres  de  Poitiers 

ET    DE    PLUSIEURS    SAVANTS    DES    ILES    BRITANNIQUES    ET    DU    CONTINENT 

G.    DOTTIN 

Maître  de  Conférences  à  la  Faculté  des  Lettres  de  Rennes 
Secrétaire  de  la  Rédaction 


Tome  XVI 


f^rof  Dr.  Th.BAAO^R 

:  -?OÊse L  t. ,<  s(;»-<  e  w &g  s  si 
NIJMEGEN 


a      ^Cjl^ 


PARIS 

LIBRAIRIE   EMILE    BOUILLON,    ÉDITEUR 

67,    RUE  DE   RICHELIEU,    AU   PREMIER 

SERVICES 
DATE, 


581471 


TABLE    DES    MATIÈRES 

CONTENUES 

DANS  LE  TOME  XVI 


Pages. 
ARTICLES  DE  FOND. 

Plan  du  «  Navan  Fort  »  appelé  en  vieil  irlandais  Emiiin  Mâcha  (pi.), 

par  H,  d'Arbois  de  Jubainville i 

Notice  d'un  manuscrit  irlandais  de  la  Bibliothèque  universitaire  de 

Giessen,  par  Ludw.-Chr.  Stern 8 

The  Prose  Taies  in  the  Rennes  Dindknchas,  published  with  Transla- 
tion and  Notes  by  Whitley  Stokes 31,  135,269 

Le  roi  Loth  des  romans  de  la  Table  ronde,  par  J.  Loth 84 

Some  Irish  Etyma,  by  Kuno  Meyer 89 

M.  O'Clery's  Bcatha  Ceallaig,  by  Kuno  Meyer 91 

L'expression  «  ^u^n^f//,  par  J.  Loth 94 

La  division  des  syllabes  (à  propos  d'un  rapprochement  entre  le  latin 

et  l'irlandais),  par  Louis  Havet 125 

Laurus,  Lauracus,  Laarius,   Launacus,   par  H.  d'Arbois  de  Jubain- 
ville   129 

Sur  quelques  textes  franco-bretons,  par  Emile  Ernault 168 

Dialectica.  i .  La  terminaison  bretonne  -mp,  -mb  dans  le  système  ver- 
bal et  pronominal;  2.  It,  dr  à  Ouessant;  3.  Le  breton  de  Quiberon, 

par  J.  Loth 201,323 

Récent  Changes  made  in  Scotch  Gaelic,  by  T.-O.  Russel.      .      .     207,  341 
Etudes  bretonnes  :    IX.   Sur  l'argot  de  La   Roche    (fin),    par  Emile 

Ernault 212 

La  religion  des  Calâtes,  par  Salomon  Reinach 261 

A  propos  de  Ncnnius  Vindicatus,  par  J.  Loth 267 

Le  sort  chez  les  Germains  et  chez  les  Celtes,  par  J.  Loth.     .     .     .  513 


VI  Table  des  Matières. 

La  désinence  bretonne  de  la  première  personne  du  pluriel,  par  Emile 

Ernault 31  j 

E  ben,  y  bcn,  par  J.  Loth J5j 

Bas-relief  inédit  autrefois  à  la  bibliothèque  de  Strasbourg  (fig.\  par 

Salomon  Reinach 369 

The  Annals  of  Tigernach,  published  by  Whitley  Stokes 374 

Deux  notes  du  manuscrit  irlandais  de  Rennes,  par  Douglas  Hyde.    .  420 

Contes  irlandais  (suite),  par  G.  Dottin 421 


MÉLANGES. 

Le  pronom  adverbe  se,  soi  en  breton,  par  J.  Loth. 
Le  Beulan-Peulûti  de  Zimmer,  par  J.  Loth.. 


237 
238 


BIBLIOGRAPHIE. 

The  Outlines  of  the  Phonology  of  Manx  Gaelic,  by  John   Rhys  (G. 

Dottin) 240 

NÉCROLOGIE. 
François-Marie  Luzel 3j6 


CHRONIQUE. 


Accusatifs  gaulois  en  -as.  98. 
Bertrand  (Alexandre).  Les  Celtes  divis 

les  vallées   du   Pô  et  du   Danube. 

101. 
Brendan  (saint).  246. 
Campbell  (John  Gregorson).   Contes 

gaéliques.  247. 
César.    De  bello   gallico,   p.    p.    B. 

Kùbler,  95  ;  p.  p.  H.  Meusel,  95, 

256.  Voir  Orthographe. 
Contes   celtiques.    246,   247,    347, 

352.     Voir    O'Brien,     Campbell, 

Curtin. 
Curtin  (Jeremiah).  Taies  of  the  Pai- 
ries and  of  the  Ghost  World  col- 

lectcd  from  oral  traditions  in  S.  W. 

Munster.  3^2. 


Dijon  (musée  de).  Catalogue  des  An- 
tiques, roo. 
Droit  irlandais.  108.  Voir  Ginnel. 
Eglise  (histoire  de  1')  dans  le  pays  de 

Galles,  345.  Voir  Liturgie. 
Engler  (A.),  255.  Voir  Hehn. 
Gaélique.  Son  orthographe,  342. 
Gildas.  106. 
Ginnel  (Laurence).  The  brehon  Laws, 

108. 
Hariulf.    Chronique    de    l'abbaye   de 

Saint-Riquier,  98. 
Hehn    (Victor).    Kulturpflanzen   und 

Hausthiere,  6^  éd.,  p.  p.  0.  Schra- 

der  et  A.  Engler,  255. 
Holder    (A.).    Altceltischer   Sprach- 

schatz,  III. 


Table  des  Matières. 


vil 


Irlande  (L'article)  dans  la  Grande 
Encyclopédie,  par  F.  Lot,  i  lo. 

Jones  (J.  Morris).  The  Elucidarium 
and  other  Tracts  in  Welsli  from 
Llyvyr  agkyr  Llandewivrevi  (en  col- 
laboration avec  John  Rhys),  106, 
247.  —  GweUdigaetheu  y  bardd 
cwsc  d'Ellis  Wynne,  344. 

Kùbler  (Bernard).  95.  Voir  César. 

Liturgie  galloise.  345. 

Lot  (Ferdinand),  98,  i  10.  Voir  Ha- 
riulf,  Irlande. 

Marinier  (L.).  La  survivance  de  l'âme 
et  l'idée  de  justice  chez  les  peuples 
non  civilisés.  1 10. 

May  (Martin).  Civilisation  celto-ger- 
maine,  254. 

Meusel  (H.),  95,  256.  Voir  César. 

Meyer (V^nno).  Hibernica  minora,  105. 

Mommsen  (Th.).  Chronica  minora, 
106. 

Montelius  (Oscar)  Les  temps  préhis- 
toriques en  Suède  et  dans  les  autres 
pays  Scandinaves,  trad.  par  Salo- 
mon  Reinach,  252. 

Nennius.  106. 

O'Brien  (Patrick).  A  garland  of  Gae- 
lic  Sélections,  245. 

O'Donoghue.  St.  Brendan  the  Voya- 
ger in  Story  and  Legcnd,  246. 

O'Grady  (Standish).  The  Coming  of 
Cuchulainn,  243,  340. 

Orthographe  donnée  par  César  aux 
noms  gaulois,  97. 

Petitot  (Emile).  Origines  et  migra- 
tion  des  peuples  de  la  Gaule  jus- 
qu'à l'avènement  des  Francs,  284. 


Reinach    (Saiomon).    Catalogue  du 

musée  de   Saint-Gern.ain-en-La\'e  : 

bronzes  figurés  de  la  Gaule,  100. 

Voir  Montelius. 
Rhys  (John).  106,  247.  Elu  principal 

de  Jésus  Collège.  256.  Voir  Jones. 
Russel    (T.-O.).    Sur   l'orthographe 

gaélique,  342. 
Schrader  (0.).  255.  Voir  Hehn. 
Stokes  (MissMargaret).  Three  months 

in  the  Forests  of  France,  256.  — 

La  croix  de  Cong,  450. 
Stokes  (Whitley).   The   Martyrology 

of  Gorman,  352. 
Strachan    (J.).    Contributions   ta    the 

History   of  the   déponent    Verb   in 

Irish,  348. 
Vaughan-Williams  (Sir  Roland  Lo- 

max  L  The  ancient  Church  in  IVaies, 

345- 

Verbe  irlandais,  348.  Voi.-  Strachan. 

Williams  (Rév.  Hugh).  Some  Aspects 
of  the  Christian  Church  in  Wales 
during  the  fifth  and  sixth  centuries, 

545- 
Williams   (Rév.   Robert).    Sélections 

from  the  Hengwrt  MSS.,  247. 
Willis-Bund  (J.-W.).  Welsh  Saints, 

345- 
Windisch  (E.).  Élu  correspondant  de 

l'Institut,  113. 
Wynne    (El lis).     Gweledigaetheu    y 

bardd  cwsc,  344. 
Zimmer  (H.).  Éd.  de  Nennius,   107, 

Sur  J.  Morris  Jones,  i^j. 


PÉRIODiqUES  ANALYSÉS. 


Academy,  123,  258,  360. 
Annales  de  Bretagne,  1  1 4,  3  58. 


Anthropologie,  1 14,  259,  362. 
Archaeologia,  122, 


VIII 


Table  des  matières. 


Archaeologia  Cambrensis,  121. 
Archivio  glottologico  italiano,  564. 
Bibliothèque  de  l'École  des  Chartes, 

358. 
Boletin  de  la  Real  Academia  de  la 

Historia,  122,  259. 
Bulletin    archéologique    du    Comité 

des  travaux  historiques  et  scienti- 
fiques, 2^6. 
Bulletin  de  la  Société  archéologique 

du  Finistère,  256,  367. 
Congrès  des  Sociétés  savantes,  260. 
Folk-Lore,  121^  3^7. 
Gazette  des  Beaux- Arts,  366. 
Indogermanische  Forschungen,  116. 
Journal   of  the  County  Kildare  ar- 

chaeological  Society,  362. 
Journal  of  the  R.  Society  of  the  An- 

tiquariesoflreland,  116,260,364. 
Nachrichten  der  k.  Gesellschaft  der 

Wissenschaften  zu  Gôttingen,  353. 
Proceedings   of  the  R.    Irish    Aca- 

demy,  1  22. 
Revue  archéologique,  355. 


Revue  internationale  de  l'enseigne- 
ment, 357. 
Revue  des  traditions  populaires,  258. 
Revue    épigraphique  du  midi  de  la 

France,  122,2  58,  367. 
Scottish  Review,  123. 
Sitzungsbericht  der  k.  preussischen 

Akademia  der  Wissenschaften  zu 

Berlin,  3  56. 
Transactions  of  the  Gaelic    Society 

of  Inverness,  1 17. 
Zeitschrift  der   Savigny-Stiftung  fur 

Rechtsgeschichte,  1 18. 
Zeitschrift  fur   das   Gymnasial-We- 

sen,  115. 
Zeitschrift  fur  deutsche  Philologie, 

364. 
Zeitschrift  fur  romanische  Philologie, 

3  54. 
Zeitschrift  fur  vergleichende  Litera- 

turgeschichte,  3  54. 
Zeitschrift  fur  vergleichende  Sprach- 

forschung  auf  dcm  Gebiete  der  in- 

dogermanischen  Sprachen,  (21. 


TABLE,  par  M.  E.  Ernault,  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  t.  XVI 
de  la  Revue  Celtiijue,  p.  452. 


PLAN    DU    «    NAVAN    FORT    » 


APPELÉ    EN    VIEIL    IRLANDAIS 

EMAIN  MACHA' 


Tous  ceux  qui  se  sont  occupés  de  la  plus  ancienne  littérature 
épique,  conservée  jusqu'à  nous  par  les  manuscrits  irlandais, 
ont  entendu  parler  d'Emain  Mâcha,  c'est-à-dire  de  la  capitale 
du  roi  Conchobar,  qui  régnait  en  Ulster  vers  le  début  de  l'ère 
chrétienne. 

Emain  Mâcha  a  été  détruite  au  commencement  du  iv^  siècle 
de  cette  ère  par  les  trois  Colla;  et,  depuis,  elle  est  restée 
déserte.  Sous  la  date  de  331,  les  Annales  des  Quatre  Maîtres 
s'expriment  ainsi  :  «  Bataille  d'Achad  Leithderg  en  Farney  ^ 
«  livrée  par  les  trois  Colla  aux  guerriers  d'Ulster.  Là  fut  tué 
«  Fergus  Fogha,  fils  de  Fraechar  Fortrên.  Fergus  Fogha  est  le 
«  dernier  des  princes  d'Ulster  qui  résidèrent  à  Emhain.  Après 
«  cette  bataille  les  trois  Colla  brûlèrent  Emhain  qui,  depuis  lors, 
«   ne  fut  plus  habitée  parles  rois  d'Ulster  ni  par  leurs  sujets 3,  » 

Le  témoignage  des  Annales  des  Quatre  Maîtres  terminées, 

1 .  Navan  représente  à  la  façon  anglaise  la  prononciation  actuelle 
d'Emain,  quand  la  préposition  i  n-  «  en  «  précède  ce  nom  topographique  : 
i  n-Eamhain,  comme  dans  les  textes  cités  ci -dessous,  n.  3  ;  et  plus  loin,  p.  2, 
n.  2;  p.  3,  n.  2  et  3. 

Le  groupe  initial  tonique  m  bref  ne  doit  pas  être  pris  pour  une  diphtongue, 
c'est  la  notation  moderne  de  Ve  initial  primitif  qui  se  prononce  maintenant 
comme  l'a  anglais  dans  heart  «  cœur  »,  ou  comme  en  général  l'a  français. 
L';»  intervocalique,  noté  ml:  ou  m  pointé  dès  le  commencement  du  qua- 
torzième siècle,  a  pris  le  son  de  notre  v  ou  du  v  anglais.  Q.uant  au  groupe 
az  de  la  syllabe  finale  qui  est  atone  et  brève,  ce  n'est  pas  la  notation  d'une 
diphtongue;  le  son  — ^aujourd'hui  un  peu  sourd  —  qu'il  figure,  est  analogue 
à  celui  de  l'a  bref  anglais  qui  se  rapproche,  comme  on  sait,  de  notre  e  muet. 

2.  Farney,  comté  de  Monaghan,  en  Ulster. 

3.  CathAchaidh  Leithdeircc  hi  Fernmoigh  la-sna  tribh  CoUaibh  for  Ul- 
tuibh,  du  i  ttorchair  Fergus  Fogha  mac  Fraechair  Fortriuin  ;  tiugh-flaith 
Uladh  i  n-Eamhain  in  Fergus  hi  sin.  Ro  loicset  iaromh  Eamhain  agus  nî- 
s-aittreabhsat  Ulaidh  inte  o-sén.  Ed.  d'O'Donovan,  t.  I,  p.  124. 

Revue  Celtique.  XVI.  î 


2  H.  D' Artois  de  Juhainville. 

comme  on  le  sait,  en  1636,  s'accorde  sur  ce  point  avec  celui 
des  Annales  d'Inisfal  qui  vont  jusqu'en  1320.  Ces  Annales, 
après  avoir  mentionné  la  défaite  et  la  mort  du  roi  d'Ulster 
Fergus  Fogha  dans  la  bataille  d'Achad  Leithderg,  poursuivent 
leur  récit  comme  il  suit  :  «  Les  Colla  avec  les  guerriers  de 
«  Connaught  brûlèrent  Emain  tout  entière,  en  sorte  que  les  rois 
«  d'Ulster  et  leurs  sujets  n'y  habitèrent  plus  désormais  ^  « 

Tigernach,  qui  acheva  sa  chronique  en  1088,  est  d'accord 
avec  les  Quatre  Maîtres  et  avec  les  Annales  d'Inisfal.  Voici  la 
traduction  du  passage  :  «  Bataille  d'Achad  Leithderg  en  Farney 
«  où  Fergus  Fogha,  fils  de  Fraechar  Fortrên,  dernier  prince 
«  d'Emain  Mâcha,  fut  tué  par  les  trois  Colla.  Colla  Mend  périt 
«  aussi  dans  cette  bataille.  Ensuite  les  trois  Colla  détruisirent 
«  de  fond  en  comble  Emain  Mâcha.  Les  rois  d'Ulster  et  leurs 
«  sujets  n'y  ont  pas  habité  depuis  cette  époque  -.  » 

La  seule  différence  entre  les  Annales  des  Quatre  Maîtres 
d'une  part,  celles  d'Liisfol  et  celles  de  Tigernach  d'autre  part, 
semble  porter  sur  la  chronologie  :  si  nous  nous  en  croyons 
l'éditeur,  la  destruction  d'Emain  Mâcha  aurait  eu  lieu,  sui- 
vant les  Annales  d'Inisfal  et  suivant  Tigernach  en  322,  tandis 
que  les  Quatre  Maîtres  la  datent  de  321.  C'est  une  question 
accessoire  qu'il  est  inutile  de  discuter  ici. 

Le  triste  sort  d'Emain  Mâcha  frappa  beaucoup  les  esprits. 
Quand  le  christianisme  se  fut  établi  en  Irlande,  on  opposa  la 
ruine  de  cette  célèbre  capitale  à  la  splendeur  des  établissements 
que  la  religion  nouvelle  avait  fondés  et  qui  alors  n'avaient  pas 
de  si  belles  légendes.  Dans  Thymne  de  Fiacc,  en  l'honneur  de 
saint  Patrice,  on  lit  :  «  C'est  en  Armagh  qu'est  la  royauté  ;  il 
«  y  a  longtemps  qu'elle  est  partie  d'Emain  3.  » 

I.  Gluaisid  na  Colla  gan  Oilneagmacht  leo  iar  sin,  agus  ro  loigsiad 
Eamhainula,  go  na-r-aitioghadar  Olltaicc  innte  0  sin  anuas.  O'Conor,  Re- 
rum  Inhcndcariim  scriptores,  t.  I,  3>:  partie,  p.  10;  cf.  i'"-' partie,  p.  76. 

2  Cath  Achaig  Leithdeirg  i  Fernmuigh  i  torchair  Fergus  Foga  mac 
Fraechair  Fortriùin,  tuigh-fhlaith  LUadh  an-Eamhain  Mâcha,  la-sna  tri  Colla, 
ocus  dorochair  Colla  Mend  i-sin  cath  sin.  Rochlaidsid  iarom  na  tri  Collo 
Eamhain  Mâcha,  ocus  ni  ro-s-aitrebsad  \l'\aid  innti  o  sin  aile.  O'Conor,  Re- 
rum  hiberuicartnn  scriptores,  t.  I,  première  partie,  p    69. 

3  .  In  Ardmacha  hl  rige, 

is  clan  doreracht  Emain. 

\\'indisch,  Irische  Texte,  t.  1,  p.  14. 


Pbn  du  Navanfort  (Emain  Mâcha  .  j 

La  même  idée  est  exprimée  dans  le  prologue  du  Martyrologe 
d'Oengus  : 

Le  fort  d'Emain  a  disparu 
D  n'en  reste  que  les  pierres  ; 
Aujourd'hui  la  Rome  de  TOccideni 
C'est  la  populeuse  abbaye  de  Glendalough  ' . 

Emain  Mâcha  est  resté  inhabitée  jusqu'à  ce  jour,  si  ce  n'est 
qu'en  15S7,  Niall  O'Neil],  roi  d'Ulster,  voulant  plaire  aux 
gens  de  lettres  d'Irlande,  y  fit  hàtir  une  maison.  Les  Quatre 
Maîtres  signalent  ce  Êiit  en  reproduisant  sous  la  date  de  1387 
deux  notices  empruntées  à  deux  chroniques  différentes,  aux- 
quelles, suivant  leur  s\"stème,  ils  ne  renvoient  pas  : 

ce  Construction  d'une  maison  à  Emain  Mâcha  par  Niall 
«  O'Neil,  roi  d'Ulster,  pour  satisfaire  les  gens  de  lettres  d'Ir- 
«  lande  -  » . 

«  Construction  d'une  maison  à  Emain  Mâcha  par  Niall 
«  O'Neill,  car  il  n'y  avait  pas  eu  de  maison  à  Emain  depuis 
«  longtemps 5  ». 

Au  XVII'  siècle,  il  ne  restait  plus  de  traces  de  cette  maison, 
il  ne  subsistait  de  la  vieille  forteresse  que  les  fossés  et  la  motte, 
comme  aujourd'hui 4. 

Emain  Mâcha,  en  anglais  ihc  Navan  fort,  est  située  à  deux 
milles  anglais,  soit  environ  trois  kilomètres  à  l'ouest  d'Armagh, 
Ard  Madw,  la  fondation  de  saint  Patrice,  par  laquelle  elle  a 
été  supplantée,  comme  le  dit  rh3-mne  de  Place  cité  plus  haut. 
C'est  un  cercle  à  peu  près  parfait  qui  a  de  diamètre  environ 
huit  cent  pieds  ;mglais,  soit  deux  cent  quarante-quatre  mètres, 

1 .  Broc  Erana  ro-sciich-e, 

.'icht  mairde  a-docha. 
Is  Rû.îim  ianhair  betha 
Gleaud- d.Uaclî-da-locha. 
F^ircOengaso,  Protoi;ue,  quatrain  194;  édition  de  Whiiley  Stokes,  p.  xix. 

2.  Teacli  do  dénora  i  n-Eamhain  Mâcha  do  Niall  0  Néill  (do  n'gh 
Ul-îdli")  do  diol  d,4mh  Éreann.  Ed.  d'O'Donovan,  t.  IV,. p.  707. 

; .  Teach  do  dénamh  i  n-Eîmliain  Mâcha  la  Niall  Ô  Néill,  ar  ni  bhui 
tegh  Jnîi-sidhe  fri  ré  in-chéiu  go  sin.  Ed.  d'O'Donovan,  t.  IV,  p.  70S. 

4.  Emania  prope  Ardiuacham,  nuuc  fossis  latis,  vestigiis  murorura  emi- 
nentihus  et  ruderibus  pristinam  reddens  splendorem.  Colgan,  Trias  ihauma- 
tur^a,  p.  6.  Louvain,  1647. 


4  H.  D'Arbois  de  Jubainville. 

et  une  contenance  d'un  peu  plus  de  quatre  hectares  et  demi.  Du 
côté  de  l'ouest,  les  terrassements  sont  encore  bien  conservés. 
Si  l'on  suit  dans  le  plan  ci-joint  la  coupe  SD'  qui  va  du 
nord-ouest  au  sud-est^  et  que  l'arpenteur,  M.  Me  Bride,  appelle 
Longitudinal  section,  on  trouve  d'abord  un  rejet  de  terre  haut 
de  quatorze  pieds  anglais,  soit  un  peu  plus  de  quatre  mètres. 


////  9 


/mS 


///V/2 


//yfZZ 


///Vd 


//Nj^ 


T  U   V        W  X  Y   2    A'       O       B'      C 

Longitudinal  section. 


0* 


Puis  vient  un  fossé  ;  du  sommet  du  rejet  de  terre  au  fond  du 
fossé,  il  y  a  onze  pieds  anglais,  un  peu  plus  de  trois  mètres. 
A  environ  cent  pieds  anglais  ou  un  peu  plus  de  trente  mè- 
tres du  fossé  commence  la  motte  qui  offre  au  sommet  une 
plate-forme  en  forme  d'elHpse;  son  grand  diamètre  est  de  cent 
quatre-vingts  pieds  anglais  ou  cinquante  mètres,  le  petit  de  cent 
cinquante    pieds  anglais    ou    quarante-cinq   mètres,    la  con 


Plan  du  Navan  fort  (Emain  Mâcha).  5 

tenance  d'environ  dix-neuf  ares.  Du  fond  du  fossé  au  sommet 
de  la  motte  on  compte  trente-cinq  pieds  anglais  ou  un  peu 
plus  de  dix  mètres.  Le  sommet  de  la  motte  dépasse  de  quinze 
pieds,  soit  environ  cinq  mètres,  le  sol  qui  l'avoisine,  c'est-à- 
dire  la  plate-forme  du  reste  de  la  forteresse. 

Si  l'on  suit  la  coupe  A  R  ou  Cross  Sectmi,  qui  va  de  l'ouest 


A/V^ 


////S"^. 


H 


^ 


^ 
^ 


/y-v/y 


8  C       DErCH     J     K  L       M    N         0       P 

Cross  section. 


à  l'est,  les  différences  de  niveau  sont  un  peu  plus  grandes,  la 
pente  naturelle  du  sol  est  beaucoup  plus  forte;  ainsi  du  fond  du 
fossé  au  sommet  de  la  motte  il  y  a  quarante-cinq  pieds,  soit 
près  de  quatorze  mètres.  Quand  venant  d'Armagh,  comme 
je  l'ai  fait  il  y  a  treize  ans,  on  arrive  au  point  A,  le  Navan 
Fort  produit  un  grand  effet. 

On  remarquera  que  la  motte  n'est  pas  au  centre  de  la  forte- 
resse; en  suivant  la  coupe  SD',  on  trouve  de  la  base  de  la 


6  H.  D'Arbois  de  Juhainville. 

motte  au  fossé,  dans  la  direction  du  nord-ouest,  cent  pieds 
anglais  ou  un  peu  plus  de  trente  mètres  comme  nous  avons 
vu,  et  dans  la  direction  du  sud-est,  quatre  cent  quatre-vingts 
pieds  ou  environ  cent  quarante-quatre  mètres.  Si  l'on  prend 
la  coupe  A  R,  de  l'ouest  à  l'est,  on  trouve  à  l'ouest  de  la  motte 
cent  vingt  pieds  anglais  ou  un  peu  plus  de  trente-six  mètres, 
et  à  l'est  quatre  cent  quatre-vingt-dix  pieds  ou  cent-quarante- 
neuf  mètres  qui,  ajoutés  au  diamètre  de  la  motte,  donnent  le 
total  de  deux  cent  quarante-quatre  mètres,  diamètre  moyen 
du  cercle  formé  par  la  forteresse  d'Emain  ainsi  qu'il  a  été  dit 
plus  haut. 

Ce  que  nous  savons  des  anciens  édifices  irlandais  donne 
le  droit  d'affirmer  que  la  plupart  des  constructions  élevées  à 
Emain  Mâcha  pendant  la  période  épique  de  l'histoire  d'Irlande 
ont  dû  être  en  bois  ;  cependant  il  y  avait  été  employé  au 
moins  quelques  pierres  :  de  ces  pierres  il  est  question  dans  le 
prologue  du  Martyrologe  d'Oengus  cité  page  3,  elles  étaient  en- 
core en  place  quand  ce  document  a  été  écrit  ;  depuis  elles  ont 
sans  doute  servi  de  matériaux  pour  construire  des  maisons. 
O'Donovan  écrivait  en  185 1  qu'il  n'avait  pu  trouver  à  Emain 
aucune  trace  de  mur  en  pierres  ^  Je  n'en  ai  pas  vu  plus  que  lui 
lors  de  la  visite  que  j'ai  faite  à  cette  vieille  forteresse  en  1881. 

Emain  Mâcha,  avec  sa  motte,  offre  une  grande  analogie  avec 
les  plus  anciens  châteaux  féodaux  du  moyen  âge  français 
comme  avec  certains  lieux  de  refuge  antérieurs  à  l'époque  ro- 
maine et  dont  les  archéologues  ont  constaté  l'existence  sur  le 
territoire  de  la  Gaule  antique. 

Certaines  personnes  penseront  que  la  dimension  du  Navan 
Fort  est  bien  modeste  ;  mais  la  grande  salle  des  fêtes,  dite 
Craobh-Ruadh,  paraît  avoir  été  située  en  dehors  de  cette  forte- 
resse ;  son  nom  est  conservé  par  un  fond  de  terre  —  townlufid 
comme  on  dit  en  anglais  —  appelé  avec  la  notation  anglaise 
Creeve  Roe  ;  et  dans  un  autre  fond  de  terre  du  nom  de  Trea, 
joignant  Creeve  Roe,  se  trouve  une  motte  appelée  King's  Sta- 
bles (c  Etables  du  roi  -  » . 


1.  Annales  des  Quatre  Maîtres,  t.  IV,  p.  708,  note. 

2.  Annales  des  Quatre  Maîtres,  ibid. 


Plan  du  Navan  fort  (Emain  Mâcha) .  7 

Je  dois  le  plan  du  Navan  fort  ^  à  l'obligeante  générosité  du 
Révérend  Close,  trésorier  de  l'Académie  royale  d'Irlande,  que 
je  prie  d'agréer  mes  remerciements  et  ceux  des  lecteurs  de  la 
Revue  Celtique;  je  n'ai  pas  de  procuration,  mais  je  me  porte 
fort  pour  eux  sans  crainte. d'être  désavoué. 


H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


I.  Le  format  de  la  Revue  Celtique  a  exigé  une  légère  réduction  du  plan 
de  M.  Bride.  L'échelle  du  plan  ainsi  réduit  est  de  six  pieds  anglais  par  mil- 
limètre. Quant  à  l'échelle  des  deux  coupes,  p.  3  et  5,  elle  est  indiquée  en 
pieds  anglais  dans  ces  figures. 


NOTICE 

d'un 

MANUSCRIT    IRLANDAIS 

DE 
LA    BIBLIOTHÈQ.UE   UNIVERSITAIRE   DE   GlESSEN. 


Le  manuscrit  de  la  bibliothèque  universitaire  de  Giessen 
coté  n°  1267,  est  signalé  dans  le  catalogue  de  J.-Val.  Adrian^ 
comme  un  recueil  d'histoires  et  de  poèmes  en  langue  irlan- 
daise ;  l'éditeur  a  joint  à  la  brève  note  qu'il  en  donne  la  tra- 
duction anglaise  de  cinq  fragments  de  texte  dont  l'original  est 
reproduit  en  fac-similé  et  réuni  sur  une  même  planche.  Le 
savant  irlandais  distingué  à  qui  l'on  doit  la  traduction  de  ces 
spécimens,  T.  Crofton  Croker,  n'en  avait  sous  les  yeux  que 
Ls  calques,  de  sorte  qu'il  ne  pouvait  avoir  connaissance  de  la 
diversité  des  matières  contenues  dans  le  volume.  Qu'il  me  soit 
donc  permis  de  donner,  au  profit  de  ceux  qui  s'intéressent  à 
la  littérature  gaélique  moderne,  une  description  détaillée  de  ce 
manuscrit  imparfaitement  connu  qui,  au  reste,  semble  être 
tombé  dans  l'oubli. 

C'est  un  petit  volume  in-quarto  de  66  feuillets  en  papier. 
Il  est  provenu  de  la  riche  bibliothèque  du  baron  René-Charles 
de  Senckenberg,  mort  en  1800,  et  appartenait  autrefois  à  Jean 
Schilter,  célèbre  jurisconsulte  et  antiquaire  à  Strasbourg,  qui 


I .    Catalogus  codicum  mnnuscriptorum  bibliothecse  academicie  Gissensis, 
Fraucofurti  ad  M.,  1840,  p.  384. 


Le  Manuscrit  irlandais  de  la  Bibliothèque  universitaire  de  Giessen.     9 

paraît  l'avoir  reçu  en  1695  d'un  Irlandais,  peut-être  même  du 
scribe  des  textes.  Le  manuscrit  primitif,  qui  paraît  tout  en- 
tier de  la  même  main,  finissait  par  le  fol.  62,  et  les  derniers 
feuillets  manquaient,  aussi  bien  qu'un  feuillet  à  la  suite  du 
fol.  24  et  un  autre  à  la  suite  du  fol.  46;  le  reste  (fol.  63-66) 
est  ajouté  après  coup. 

Des  choses  étrangères  au  sujet  qui  se  trouvent  dispersées 
par  tout  le  livre,  partie  en  langue  latine'  et  partie  en  langue 
anglaise,  peuvent  mettre  sur  la  voie  du  nom  du  scribe  et  de 
son  temps.  Il  se  nomme  Domhnall  o  Headrisgeoill  (Eider- 
sgeoil)  ;  il  était  donc  de  l'ancienne  famille  des  Driscolls,  sur 
laquelle  on  peut  lire  une  notice  instructive  de  J.  O'Donovan 
dans  le  Miscellany  of  the  Celtic  Society,  1849,  p.  384-403. 
Le  scribe  anglicise  son  prénom,  ce  me  semble,  tantôt  Daniel, 
tantôt  Dennis.  Outre  le  nom  de  Cornélius  O'Driscoll  qui  s'est 
inscrit  deux  fois  (fol.  11  v°,  28  v°),  on  trouve  les  noms  de 
nombre  d'autres  lecteurs.  Suivant  une  inscription  (fol.  16  v°)  : 
Damhnuill  6  Headrisgeoill  :  xxxxxxxx9,  on  est  tenté  de 
croire  que  Daniel  DriscoU  écrivait  en  1689;  car  on  trouve 
ailleurs,  sur  les  marges  et  sur  des  pages  laissées  blanches  çà  et 
là,  les  années  1688,  1689,  1691,  1692,  1693,  1^955  et  au  bas 
du  fol.  53  v°  :  An  aois  6.  C.  V.  et  da  XXXX  thuicfâs,  c'est-à- 
dire,  si  je  ne  me  trompe  pas  :  Anno  (1)685  'l'-n  consequetur. 

La  première  page  du  feuillet  qui  se  trouve  en  tête  du  vo- 
lume, donnée  en  partie  en  foc-similé  dans  le  catalogue  d 'Adrian, 
paraît  être  en  contradiction  avec  cette  chronologie.  Le  scribe 
y  a  arrangé  quelques  phrases  pour  le  titre  d'une  édition  qu'il 
se  proposait  de  faire  de  son  recueil,  savoir,  outre  un  quatrain 
sur  la  m.ort  et  le  nom  de  Dennis  DriscoU,  les  mots  :  iar  na 
chur  a  cclô  a  manisdir  na  mhrathair  neirionach  a  Lohhain  maille 
hughdardhàs  M.  D.  LXXXV:,  c'est-à-dire  «  imprimé  au  cou- 
vent des  frères  irlandais  à  Louvain  avec  autorité  en  1585.  » 
Puisque  les  impressions  les  plus  anciennes  des  Franciscains  ir- 
landais du  couvent  de  Saint-Antoine  de  Padoue  à  Louvain  ne 
datent  que  du  commencement  du  xvii"  siècle  ^,  nous  serons 


I.   O'Curry,  Manuscript  viatcriah,  p.  644,  cite  par  erreur  1616  comme 
date  de  la  fondation  du  couvent  des  Récollets  irlandais  à  Louvain.  C'est 

Revue  Celtique,  XVI.  2 


10  ,  Liidw.-Chr.  Stern. 

justes  en  corrigeant  Tannée  mise  sur  le  titre  du  manuscrit  de 
Giessen  en  1685.  Je  le  regarde  comme  écrit  à  Louvain  en 
1684,  et  cette  fixation  correspond  parfaitement  avec  la  condi- 
tion de  l'écriture  et  avec  le  contenu  du  livre. 

Les  pièces  comprises  dans  le  manuscrit  de  Giessen  appartien- 
nent à  la  littérature  irlandaise  moderne  et  sont  connues  pour  la 
plupart  par  d'autres  manuscrits  ou  même  par  des  publications. 

Fol.  2  r°:  As  truadb  lioiii  a  compàin  do  chor^  «  Ta  condition 
est  triste,  ce  me  semble,  mon  ami.  »  —  Poème  adressé  à  un 
inconnu  qui  s'est  converti  du  catholicisme  au  protestantisme; 
il  est  dirigé  contre  l'hérésie  de  Luther  et  de  Calvin  et  glorifie 
l'église  cathohque.  L'auteur  est  Bonaventura  O'Hussey 
(Giolla-Brighde  O'Heoghusa),  fi-ère  franciscain  du  collège  de 
Saint-Antoine  à  Louvain,  qui  fleurit  en  1608.  Voir  O'Reilly, 
Irish  writers,  p.  169.  Le  poème  se  compose  de  88  quatrains 
sur  le  mètre  nommé  Rannaigecht  mhôr  ;  il  a  été  publié  dans 
le  Catechismus  hibernicus  de  B.  O'Hussey,  sec.  éd.  Rom:^ 
1707  cura  Philippi  Maguire,  p.  237-255,  mais  difteremment  à 
l'égard  du  nombre  et  de  l'ordre  des  quatrains.  Le  texte  du 
manuscrit  de  Giessen  comprend  les  quatrains  1-4,  6-19,  21-22, 
X,  23-29,  31-38,  40-72,  78,  X,  79-81,  73-77,  82-84.  L'édi- 
tion manque  de  deux  quatrains  fournis  par  le  manuscrit  aussi 
bien  que  du  ccangal  ou  sommaire  qui  fait  le  dernier  ou  73^ 
quatrain  du  manuscrit.  Une  copie  du  poème  qui  correspond, 
à  l'exception  d'un  seul  quatrain,  parfliitcment  à  l'édition  se 
trouve  dans  le  manuscrit  de  Goettingue  daté  de  1659,  Cad. 
bis  t.  77  j,  fol.  4  v°-7  v°2. 

l'église  qui  fut  fondée  en  161 7,  tandis  que  la  fondation  du  couvent  date  de 
1609  (voir  Piot,  Histoire  de  Louvain,  1839,  P-  3<^o)'  ^^^'^  l'imprimerie 
doit  déjà  avoir  existé.  Le  catéchisme  de  Bonaventura  O'Husse}'  parut  à 
Louvain  en  1608  (O'Reilly,  Irish  writers,  p.  168).  En  1616  on  y  imprima 
le  Spéculum  vitcc  vel  Desiderius  (dont  l'original  est  le  livre  espagnol  Espejo 
de  religiosos,  imprimé  à  Burgos  en  1548),  traduit  en  irlandais  (Sgithaii  an 
chrdbbaidh)  par  Florence  Conry,  et  non  pas  en  1625  comme  disent  O'Reilly, 
p.  182,  et  J.  Reid,  Bihliotheca  scoto-celtica,  p.  xxvi.  J'ai  pu  constater  la 
date  sur  un  exemplaire  du  livre  qui  se  trouve  dans  la  bibliothèque  de  la  ville 
de  Hambourg.  Le  couvent  de  Saint-Antoine  fut  supprimé  en  1783. 

1 .  Je  donnerai  les  textes  tels  quels,  bien  que  l'orthographe  du  manus- 
crit laisse  beaucoup  à  désirer. 

2.  Voir  Thurneysen  dans  le  catalogue  des  manuscrits  de  Goettingue, 
Berlin,  1893,  II,  p.  257. 


Le  Manuscrit  irlandais  de  la  Bibliothèque  universitaire  de  Giessen.   ;  i 

Fol.  9  r°.  Fiiarus  a  psalîer  Chasiï  «  J'ai  trouvé  dans  le 
psautier  de  Cashel  »  ^  —  Poème  concernant  les  neuf  invasions 
étrangères  (gahhàil)  qu'a  subies  l'Irlande,  30  quatrains  sur  le 
mètre  appelé  Debide.  Parmi  ceux  qui  ont  pris  possession  de 
l'île  il  y  en  a  trois  qui  ont  vécu  avant  le  déluge,  savoir  :  i .  les 
trois  filles  de  Caïn  (quatrain  2);  2.  Luas,  Cab  et  Laghra 
(qu.  3);  3.  Fintan  et  Ceasair  (qu.  4)  —  différemment  du 
poème  de  Gilla  Coemain  et  d'autres  légendes  sur  les  Capturai 
Hiberni^e.  Les  conquérants  qui  arrivèrent  après  le  déluge  sont: 
4.  Adhna  (qu.  8);  5.  la  colonie  amenée  par  Partholon 
(qu.  10);  6.  la  coloniedes  fils  de  Neimed  (qu.  12),  desquels 
descendent  les  Firbolg  (qu.  14)  et  les  Tuatha  Dé  Danann 
(qu.  15);  7.  la  colonie  des  fils  de  Miled  (ou  Mil),  c'est-à- 
dire  les  Gaels  ou  Scots  (qu.  20);  8'.  les  Lochlannois  (qu.  24) 
et  9.  les  Anglais  (qu.  26).  G.  Keating  cite  ce  poème  plusieurs 
fois  dans  son  histoire  d'Irlande,  savoir  les  quatrains  2  (éd. 
Haliday,  p.  148),  5  (p.  152),  8-9  (p.  160),  18  (p.  290).  Les 
quatre  quatrains  avant  le  dernier  et  un  autre  qui  manque  dans 
le  manuscrit  ont  été  extraits  par  N.  O'Kearney  dans  ses  Pro- 
phecies  of  St.  Columbkille,  Dublin,  1856,  p.  126-127;  ils  ont 
pour  objet  une  prétendue  prophétie  de  St.  Berchan  concernant 
la  bataille  de  Sain2;el  où  les  Anglais  auraient  été  vaincus  2.  La 
dernière  ligne,  a  righeacht  na  caemh  Temhrach,  selon  O'Kearney, 
est  dans  notre  manuscrit  ar  faithe  na  claon  Temrach  »  sur  le 
champ  du  bourg  penchant  de  Tara  ».  Cette  leçon  vaut  mieux, 
attendu  que  claon  est  une  épithète  bien  connue  de  Tara  >. 

Fol.  10  r°.  Tein  le  mo  cxoidhe  go  bec\u  «  mon  cœur  est  vé- 
ritablement malade  ».  Une  complainte  sur  la  prise  en  pos- 
session de  l'Irlande  par  les  étrangers  (goill)  et  sur  leur  domi- 


1.  Voir  O'Curry,  Mamiscript  matcrials,  p.  19;  O'Donovan,  Book  of 
Rights,  p.  XXII  et  suiv.  Psalterium  ou,  en  irlandais,  saltair,  signifie  un  l'ivre 
de  150  chapitres  en  vers,  comme  dans  le  cas  du  Saltair  na  rann,  et  puis 
généralement,  selon  Ducange,  liber,  codex  qullibet. 

2.  Sur  la  bataille  imaginaire  de  Saingel  ou  Singland  (près  de  Limerick), 
voir  la  note  d'O'Donovan  dans  les  Annales  des  Quatre  Maîtres,  A.D.  1383. 

3.  Voira  râiih  clain-Tenira  dans  le  Tegasg  flatha,  1.  60.  C'est  ce  mot 
qu'il  faut  entendre  dans  la  ballade  de  Garbh  et  Cuchulainn  :  sonn  catha  na 
claoin  Teanihrach  (H.  Maclean,  UUonian  hero  ballads,  p.  18). 


12  Ludw.-Chr.  Stcrn. 

nati'on   de  trente  ans,   deux  quatrains  sur  le   mètre  appelé 
Debide  et  deux  sur  la  Rannaigecht  bheg. 

Fol.  10  v°.  Des  vers  aux  lignes  longues  sur  un  mètre  que  les 
savants  irlandais  nomment  Ollbrecad  déne  cenntruime  (n°  53 
de  M.  Thurneysen).  Le  poète  chante  les  beautés  de  sa  bien- 
aimée  Anny,  après  le  départ  de  laquelle  il  se  trouve  délaissé 
comme  un  navire  sans  voile  ou  comme  Enée  après  la  des- 
truction de  Troie. 

As  blasda  binn  gasta  grin         tapaidh  g/d  tim  an  oirchiabhach, 
As  breadha  dlaoi  go  salaibh  sios         gradh  mo  C7oidhe an mhiolbriarthach ; 
As  dirge  na  an  rôs  loinnC)  ar  a  beol         Anaoi  beg  rosgiamhach, 
Mise  na  deoig  mar  loing  gaii  seol         no  mur  Aognus  a  ndeoig  na  ttroi- 

[gheanach. 

Fol.  II  r°.  Mor  ata  ar  tegusg  fJatha  «  Beaucoup  dépend  de 
l'instruction  du  prince.  »  —  Direction  poétique  écrite  pour  le 
quatrième  comte  de  Thomond  Donogh  O'Brien,  qui  vécut 
sous  les  règnes  d'Elisabeth  et  de  Jacques  I",  par  le  barde  de  sa 
cour  Tadhg  Mac  Daire  Mac  Bruadin  (ou  Mac  Bruaidedha), 
qui  fleurit  au  commencement  du  xv!!""  siècle.  25  quatrains  du 
poème,  qui  est  du  mètre  appelé  Debide,  ont  été  publiés  par 
Ch.  Vallancey,  Ibero-celtic  grammar,  Dublin,  1773,  p.  184- 
191,  le  poème  complet  de  54  quatrains  par  Theoph.  O'Flana- 
gan  dans  les  Mémoires  de  la  Société  gaélique  de  Dublin  en 
1808;  cette  édition  a  été  réitérée  dans  le  Gaelic  Journal,  I 
(1885),  p.  352-354.  Le  texte  du  manuscrit  de  Giessen  est 
moins  correct  que  l'édition  d'O'Fknagan  ;  il  a  un  55^  qua- 
train qui  semble  être  ajouté  après  coup. 

Aingil  nimhe,  naoimh  talmhan,         drong  ogh  absdal  modh  anghlan, 
an  ri  dar  saor  oïrecht  so         go  tti  d'aodhairec/;i  mhanmo. 

Fol.  II  v°  et  12  r°  sont  laissés  blancs;  on  y  a  écrit 
des  noms  de  saints  et  autres  et  .une  addition  anglaise  de 
denrées. 

Fol.  14  r°.  Conduibh  ort  a  mhacaoimh  mna  «  Prends-toi  en 
garde,  jeune  fille.  »  —  5  quatrains  sur  le  mètre  nommé  Ran- 
naigecht mhôr,   avec  le    refrain   Cuimnigh  orm  na  pas  fear 


Le  Manuscrit  irlandais  de  la  Bibliothèque  universitaire  de  Giessen .    1 5 

«  Songe  à  moi,  ne  te  marie  pas  !  »  Le  poète  donne  ce  conseil 
aux  jeunes  filles  : 

Na  braiter  do  gradh  na  tfuath,         na  nocht  hinntin  go  luath  leam, 
ceil  do  run,  taisig  do  phog,         cuimnigh  orm,  na  p6s  fear. 

Fol.  14  v°.  Trmdh  si n  a  aoinf ère  (lisez  aoinfhir  Aoife")  «.  C'est 
triste,  ô  fils  unique  d'Aoife.  »  —  Elégie  dans  laquelle  Cuchu- 
lainn  déplore  la  mort  de  Conlaoch  qu'il  a  tué  lui-même  en 
combat  singulier,  ne  sachant  que  ce  fiât  son  fils,  le  fils  d'Aoife  ; 
18  quatrains  qui  sont  sur  le  mètre  appelé  Rannaigecht  bheg. 
Le  poème  se  trouve  quelquefois  comme  accessoire  de  la  bal- 
lade bien  connue  «  Comment  Conlaoch  vint  en  Irlande  ». 
Voir  Charl.  Brooke,  Relies  of  ancient  Irish  poetry,  Dublin, 
1789,  p.  269,  et  édition  de  18 16,  p.  399;  D'Arbois  de  Jubain- 
ville,  Catalogue  de  la  littérature  épique,  p.  16,  et  V Épopée 
celtique  en  Irlande,  p.  51.  La  ballade  date  du  xv^  siècle  et  se 
trouve  déjà  dans  le  Livre  du  Doyen  de  Lismore  (édition  de 
Maclauchlan,  p.  24,  et  de  Cameron,  Reliquiae  celticae,  I,  58). 
La  récente  rédaction  écossaise  de  la  ballade  se  trouve  fréquem- 
ment augmentée  de  quelques  quatrains  de  l'élégie,  bien  que 
celle-ci  soit  différente  par  rapport  à  l'espèce  du  mètre.  Voir 
J.-F.  Campbell,  Leabhar  na  feinne,  p.  9  ;  Gaelic  Society  of 
Inverness,  XIV,  355  ;  Highland  Monthly,  I,  530;  H.  Maclean, 
Ultonian  hero-ballads,  p.  65. 

Fol.  15  r°.  A  bean  fuair  faill  ar  an  bhfeart  «  ô  femme  que 
l'on  a  abandonnée  sur  la  tombe.  »  —  Elégie  sur  U  mort  des 
frères  O'Donnell  et  d'O'Neill,  célèbres  combattants  pour  l'in- 
dépendance de  l'Irlande  sous  le  règne  de  la  reine  Elisabeth, 
lesquels  moururent  à  Rome  et  furent  enterrés  dans  l'église 
des  Franciscains  à  San-Pietro-Montorio.  Ce  sont  les  frères 
Rory  O'Donnell,  premier  comte  de  Tyrconnell  (mort  le 
28  juillet  1608,  âgé  de  33  ans),  et  Caffar  O'Donnell  (mort  le 
13  septembre  1608)^  et  leur  neveu  Hugh  O'Neill,  baron  de 
Dungannon  (mort  le  13  septembre  1609,  âgé  de  24  ans)  ;  le 


I .  Le  frère  aîné  de  Rory  et  Caffar,  Hugh  Roe  O'Donnell,  mourut  le 
10  septembre  1602  en  Espagne.  Nous  avons  sa  vie  par  Lughaidh  O'Clery, 
dernièrement  publiée  par  D.  Murphy. 


14  Ludw.-Chr.  Stern. 

père  de  ce  dernier,  le  comte  de  Tyrone,  mourut  le  20  juil- 
let 16 16  dans  son  soixante-seizième  an  et  fut  enterré  dans  la 
même  église.  Le  poème  de  consolation,  qui  est  sur  le  mètre 
appelé  Debide,  est  adressé  à  Nuala,  sœur  des  O'Donnells,  par 
Owen  Roe  Mac  Ward,  dont  la  mort  est  enregistrée  par  les 
Quatre  Maîtres  en  1609.  Le  texte  que  M.  O.  Connellan  en 
a  publié,  d'après  une  copie  plus  récente,  dans  les  Mémoires  de  la 
Société  ossianique  de  Dublin,  V  (1860),  p.  295-300,  a  40  qua- 
trains^; le  ipanuscrit  n'en  a  que  19  et  le  ceangal  ou  som- 
maire, savoir  les  quatrains  i-io,  12,  11,  17,  18,  22,  28,  30,  24, 
23,  402.  O'Reilly,  Irishwriters,  p.  161,  avaitsous  les  yeux  une 
copie  qui  manquait  du  40*^  quatrain,  c'est-à-dire  du  ceangal. 
Fol.  16  r°.  Quatrain,  éloges  d'une  honorable  tribu. 

So  an  treabh  na  bhfuil  flath  don  ôr  fliuil  ird  3,      /4ll*t>  [{) 
Nar  creach  bean  gan  fear  na  aon  tighe  naoimh,  ' 

Nar  glac  breab  0  neach  da  threithe  biodh, 
'S  nar  leig  creac  tar  lear  le  trein  gan  diol. 

A  la  même  page  se  trouvent  des  noms  et  des  vers  latins  sans 
importance.  A  la  page  suivante  on  lit  :  Si  pater  est  Adam  et 
mater  est  Aeva,  cur  non  sunt  homines  nobilitate  pares  ?  Non 
pater  aut  mater  da(n)t  nobis  nobilitatem,  sed  moribus  et  vita 
nobilitatur  homo  —  dicton  qui  est  répété  fol.  6G  r°. 

Fol.  lé  v°.  Creadfa  sirfin  saogalfada  ?  «  Pourquoi  devrais- 
je  désidérer  une  longue  vie  ?»  —  Deux  quatrains  sur  la  mor- 
talité; ils  sont  sur  le  mètre  nommé  Setna.  Le  second  est  cité 
par  G.  Keating,  Tri  bior-ghaoithe  an  hhàis,  p.  216.  Un  troi- 
sième quatrain  sur  le  mètre  appelé  Rannaigecht  mhôr,  concerne 
le  péché,  la  rétribution  et  la  salvation. 

Peacach  me  ag  deanamh  ort,         ormsa  na  noclil  an  côir; 

cia  do  thuillios  tfearg  is  tfioc,         feac  orura,  a  Chriosd,  is  fôir  ! 

1 .  Le  texte  irlandais  est  suivi  d'une  paraphrase  anglaise  en  vers  par  Cl. 
Mangan.  On  ne  saurait  trop  improuver  cette  manière  de  faire  connaître  la 
poésie  celtique,  laquelle  consiste  à  atténuer  l'énergie  de  la  pensée  et  à  ef- 
facer la  grâce  de  l'expression  pour  y  substituer  des  rimes  sonnantes  sans 
force  et  sans  caractère. 

2 .  Une  copie  de  cette  élégie  qui  se  trouve  dans  un  manuscrit  de  la  Grande 
Bibliothèque  Royale  à  Copenhague,  n'a  également  que  ces  19  quatrains  et 
le  sommaire. 

3 .  Probablement  pour  aird,  par  licence  poétique,  à  cause  de  la  rime. 


Le  Manuscrit  irlandais  de  la  Bibliothèque  universitaire  de  Giessen.    1 5 

Fol.  17  r°.  La  naoïi  da  raibb  ô  DoinhnuUl  i.  Aodb  ritadh  mac 
Neil  gairbh  iiiïc  Toirdhcalluibh  an  fhiona...  «  O'Donncll,  sa- 
voir Hugh  Roe,  fils  de  Niall  garbh ,  fils  de  Turlogh  du  vin, 

étant  un  jour »  C'est  le  récit  ailleurs  intitulé  Eacbtra  an 

chcatharnaigh  chaoih'iahhaigh  «  Les  faits  du  Kerne  ou  aventurier 
à  raies  étroites  «,  c'est-à-dire  probablement  vêtu  d'un  habit  à 
petites  raies.  Il  s'agit  d'un  sorcier  qui  fait  voir  ses  tours 
d'adresse  dangereux,  mais  sans  faire  du  mal,  à  la  cour  de 
plusieurs  gentilshommes  irlandais  au  commencement  du 
xv!*"  siècle.  La  pièce  a  été  dernièrement  publiée  d'après  deux 
manuscrits,  de  1800  et  de  1740,  par  St.  H.  O'Grady  dans  la 
Silva  Gaddica,  p.  276-289.  D.  Hyde  donne  quelques  extraits 
d'un  manuscrit  de  1762  dans  son  livre  Beside  the  firc,  p.  xxvi, 
et  J.-F.  Campbell  a  publié  le  conte  albano-gaélique  sur  le 
même  sujet  dans  les  Popular  taies  of  the  West-Highlands,  I 
(1860),  p.  289.  Les  textes  diffèrent  beaucoup  l'un  de  l'autre; 
celui  de  Giessen  se  termine  inachevé  au  bas  de  la  page 
fol.  24  v°.  Les  derniers  mots  du  manuscrit  sont  :  Do  bhi  an  c. 
c.  r.  a  ttig  r(igb)  Laigen  —  voir  Silva  Gadelica,  p.  288, 
ligne  4. 

Fol.  25  r°.  Da  mbcinsi  agus  Conlaoch  slan  «  Si  nous  fussions 
sains,  moi  et  Conlaoch  ».  —  Deux  quatrains  sur  le  mètre 
nommé  Debide,  adressés  par  le  poète  à  un  ami  chéri  ;  le  pre- 
mier quatrain  est  emprunté  de  la  complainte  de  Cuchulainn 
citée  plus  haut. 

Da  mbeinsi  agus  Conlaoc/;  slan     ag  imbhcrt  ar  ccleas  ccorahlan, 
ni'  bforlan  oruin  ar  cceann     cheithre  hollcogeadh  Eirionn. 

Do  bheirim  rao  briatar  nach  bras     duitsi  aiiois,  cedh  beag  fhognHi-, 
g»rab  tu  an  Conlaoc  nach  tim,     leath  mo  cro'ide.  ar  na  chomhroinn. 

Voir  Ch.  Brooke,  Relies^-,  p.  397,  et  Campbell,  Leabhar  na 
feinne,  p.  14''.  Suivent  deux  quatrains  sur  le  même  mètre  qui 
semblent  cependant  appartenir  à  un  autre  poème. 

Suathrt/n  anois  ata  in  dail     is  toclia  re  mnaoi  a  fcr-graidh, 

dalta  a  sliasda  go  ngoire     na  mac[h]  a  hùrbr?(ne. 
T(r)eig/(f/;  bean  laog  a  broinn     ag  an  bhfear  bhios  da  teaghall; 

mrt/Vg  do  bheir  taobh,  a  dhuine  thall,     re  cuire  na  rosg  romhall. 

Fol.  25  r°.  56'  riogpuirt  Eirionn  anall  «  Six  résidences  roya- 


i6  Ludw.-Chr.  Stem. 

les  d'Irlande  autrefois  » .  —  Poème  de  7  quatrains  sur  le  mè- 
tre Debide  concernant  les  six  résidences  royales  en  Irlande  et 
les  derniers  rois  qui  y  ont  résidé.  Il  s'agit  de  Diarmaid  Donn, 
fils  de  Fergus  Cerbhall,  roi  suprême  d'Irlande,  à  Temair  ou 
Tara  (comté  de  Meath),  mort  en  565  ;  Muirchertach,  fils  de 
Niall  Glundubh,  roi  d'Ulster  de  la  tribu  des  Ui  Neill,  à  Oi- 
leach  ou  Elagh  (en  Donégal),  tué  en  941  ;  Cerbhall,  fils  de 
Muirigen,  roi  de  Leinster,  à  Naas  (en  Kildare),  tué  en  904  ; 
Fergus  Fogha,  roi  d"Ulster,  à  Emain,  près  d'Armagh,  tué  en 
331;  Raghallach,  fils  d'Uadhach,  roi  de  Connaught,  à  Crua- 
chan,  tué  en  648;  et  Cormac,  fils  de  Cuilennan,  roi  de 
Munster,  à  Cashel,  tué  en  903.  Voici  le  texte  du  poème. 

Se  riogpuirt  Eirionn  anall     inneosadfh]  daoibh  an  anmann, 

sloinneadli]  daoibh  re  seal     na  flatha  gar  fasuigheadh. 
Nâs  is  Oileach  is  Eamhuin,     bailte  na  riog  gan  meabhuil, 

Teamhair  bnV/;  a  ccurthaoi  smacht,     Caisiol  is  Cruacha  Connacht. 
O  remhius  Dhiarmada  dhuinn     mie  Feargusa  m/c  Cearbhuill, 

6  breithir  Ruadhain  na  thoigh     ni  raibh  ri  a  tTeamhrigi. 
Ni  raibh  ri  a  nOileach     6  Muirct'rtach  morglireidheach, 

ata  Nâs  gan  ri  anall     on  la  do  rochair  Cearbhall  2. 
O  thoirchuir  Feargus  Fogha     le  na  CoWaibh  ar  Muig-chobha  5, 

do  sguir  a  bhlaidh-sa  sa  b?ig,     ata  Eamhain  gan  aon  rig. 
O  ré  Raghallfl?>/;  ratha     m/c  Uadhach  an  ardfhlatha, 

do  thuit  le  cloinn  Mhothlain  mhir,     ni  raibhe  rî  a  cCruaclwm4. 
Cormac  a  cCaisioU  fa  dheoig     deg  mac  Cuileannain  corîHmhoir, 

Cormrtc,  rohudb  makh  a  ré,     do  caith  a  seat7;/  et  a  se  S. 

O'Curry  discute  ce  poème  dans  ses  Manners  and  customs, 


1.  Voir  Silva  Gaddica,  p.  69,  77.  Ce  quatrain  est  cité  par  Pétrie,  Tara, 
p.  125,  et  par  O'Donovan  dans  son  Supplément  au  dictionnaire  d'O'Reilly, 
p.  566.  Dans  le  texte,  Cearbhuill  est  fautif  au  lieu  de  Choniiill. 

2.  Ce  quatrain  est  cité  par  le  même  O'Donovan,  1.  c,  p.  659,  et  dans 
les  Annales  des  Quatre  Maîtres,  an  904.  Le  roi  Muircheartach  a  la  même 
épithète  (môrghroidheadh)  dans  le  poème  de  Cormacan  eiges,  quatrain  4, 
édition  d'O'Donovan. 

3 .  Sur  les  trois  Colla,  voir  les  extraits  d'O'Grady  dans  la  Silva  Gadelica, 
II,  p.  461  et  suiv.- 

4.  Voir  Silva  Gadelica,  451;  II,  497.  Suivant  les  Annales  des  Quatre 
Maîtres,  A.  D.  645,  Raghallach  fut  tué  par  Maolbrighde  mac  Mothlachâin. 
C'est  la  forme  usuelle  du  nom.  Les  Annales  de  Clonniacnoise  cependant 
le  prononcent  Moyle-Bride  O'Mothlan. 

5.  C'est-à-dire:  il  régna  7  ans  et  6  mois,  étant  arrivé  au  pouvoir  en  896. 


Le  Manuscrit  irlandais  de  la  Bibliothèque  universitaire  de  Giessen.   17 

m,  25,  et  fait  connaître  son  auteur,  Eochaidh  O'Hussey,  qui 
l'écrivit  à  l'occasion  de  la  rénovation  du  château  de  Mac  Der- 
mot  situé  sur  le  Rocher  de  Loch  Ce,  environ  1620. 

Fol.  25  v°.  Eolach  me  a  tteacht  na  neasga  «  J'ai  connaissance 
de  l'arrivée  des  mois  ».  —  Poème  de  7  quatrains  sur  le  mè- 
tre nommé  Debide,  où  les  mois  de  l'année  sont  comparés  avec 
les  heures  du  jour  et  de  la  nuit,  de  sorte  que  minuit  corres- 
pond à  janvier  et  midi  à  juillet. 

Fol.  25  v°.  A  fbir  eâhlmr  aga  mhi  hean  «  O  homme  jaloux 
qui  es  marié  ».  —  Poème  qui  se  compose  de  3  quatrains  sur 
le  mètre  nommé  Rannaigecht  mhôr  et  d'un  ceangal  aux  lignes 
longues.  Conseil  pour  le  mari  jaloux  : 

Na  cread  sgeal  a  bhfior  na  mbreig,     eisdec/j/  do  diluas  fein  na  cluin, 
na  cread  do  raidhrc  do  shùil,     leath  a  ttuigfe  tu  na  tuig. 

Fol.  26  r''.  A  fbir  fbeacbus  uait  an  cnàinh  «  O  homme  qui» 
regardes  l'os  devant  toi  ».  —  Poème  de  28  quatrains  qui  ap- 
partiennent au  mètre  appelé  Rannaigecht  mhôr,  sur  la  nature 
périssable  et  l'instabilité  des  choses  d'ici-bas,  par  le  frère  fran- 
ciscain Owen  Roe  Mac  Ward  le  jeune  qui  fleurit  en  1640 
(voir  O'Reilly,  Irisb  luriters,  p.  191,  qui  avait  27  quatrains 
du  poème).  Le  poète  fait  dire  les  mots  du  texte  au  crâne  de 
Hugh  O'Neill  qui  décéda  dans  son  vingt-cinquième  an  : 
dearbh  ua  ui  Dhomhnuil  fa  me  is  oighre  ui  Neill  da  gairm 
diom.  Le  monde,  dit-il,  ne  tient  pas  ce  qu'il  promet  et  sur- 
tout il  ne  l'a  pas  tenu  à  moi  ;  la  fin  imminente  doit  nous  ex- 
horter à  être  pieux. 

Fol.  27 r°.  Goll  mear  milcata  «  Goll  fier,  martial  ».  —  Poème 
qui  célèbre  les  louanges  de  Goll,  le  plus  fort  héros  des  guer- 
riers fianniques  de  Finn  mac  Cumaill  ;  c'est  un  rosg  de 
19  quatrains  qui  sont  du  mètre  appelé  Blogbairdne  de  5  syl- 
labes -^  "  ^  -  -  (n°  9  de  M.  Thurneysen).  Le  poème  a  été 
publié  par  S.  O'Halloran  dans  les  Mémoires  de  l'Académie 
royale  d'Irlande,  II  (1788),  antiquités  p.  7-17  (voir  Burke, 
Tbe  Collège  Irisb  gramiuar,  p.  250);  les  quatre  quatrains  du 
début  seulement  se  trouvent  dans  Tbe  Higbland  Sociely's 
Report  on  tbe  poenis  of  Ossian,  Edimbourg,  1806,  p.  141-2; 
Al.  Cameron  donne  le  texte  du  manuscrit  d'Edimbourg  n°  48 


i8  Ludw.-Chr.  Stern. 

dans  les  Reliquiae  celîicae,  I,  124  ^  Les  vers  sont  remar- 
quables par  leur  forme  artificielle,  ayant  à  la  fois  l'allitération 
dans  chaque  ligne  courte  et  l'assonance  à  la  fin  des  lignes 
longues,  conformément  aux  règles.  En  présentant  le  texte  de 
notre  manuscrit,  je  prendrai  la  liberté  d'utiliser  les  diverses 
leçons  des  autres  textes  que  nous  avons  entre  les  mains  ;  pour- 
tant il  y  a  plusieurs  mots  dans  le  poème  qui  restent  douteux. 

GoU  mear  mileanta  2,         ceap  na  crôdhachta, 

lâmh  fhial  arrachta,         mian  11a  môrdhachta. 
Fraoch  nach  fuaraightear  5,         laoch  go  làn-deabhaidh4, 

réim  an  rîgh-churaidh         mar  iéim  lân-teineadh. 
Leomhan  luath  armach,         leônadh  lân-mhileadh, 

tonn  ag  tréan  tuarguin,         GoU  na  ngndth  iorghuil. 
Leomhan  lonn-ghni'omhach,         beôdha  binn  duanach  S, 

créachtach  comhdhdlach,         éachtach  iolbhuadhach. 
Dith  ar  dheagh-dhaoinibh,         fi'och  an  ollbhuadliaibh  6, 

uaill  os  ârd-n'oghaibh,         buaidh  ar  borb-shluaghaibh. 
Triath  na  trom-chana,         briathra  bionn-mhalla, 

mileadh  mear-dhdna         dlightheach  diongbhdla?. 
Tréan-fhear  tréan-lamhach,         séimh-fhear  slôgh-armach, 

fear  lonn  Idn-shniomhach,         GoU  mear  môrdhdlach. 


1 .  On  connaît  un  autre  rosg  à  la  louange  de  GoU  commençant  par  Ard 
aigneadh  Ghiiill,  poème  qui  se  trouve  dans  le  Livre  du  Doyen  de  Lismore 
(Rel.  celt.,  L  55)  et  ailleurs  (Ch.  Brooke,  Relies^,  p.  438).  James  Mac- 
phersou  avait  sous  les  yeux  probablement  le  GoU  mear  viilcanta,  lorsqu'il 
écrivit  au  sujet  de  son  prétendu  chant  de  guerre  d'UUin  (Fingal,  livre  IV, 
p.  56,  édition  de  1762):  «  It  runs  down  hke  a  torrent,  and  consists  almost 
entirely  of  epithets  »  —  description  qui  ne  convient  point  à  son  propre 
chant  de  guerre.  Il  a  traduit  ce  dernier  d'une  pièce  gaélique  fabriquée  sans 
doute  par  ce  faussaire  Lauchlan  Macpherson-Strathmashie  (Report  on  the 
aiithcnticity  of  ihc  poams  of  Ossian,  p.  145).  Celle-ci  débute  par  A  mha- 
cain  cheann  et  est  une  imitation  de  la  plainte  funèbre  de  Rob  Roy  Macgrcgor 
Sàr  mharcach  nach  fann  (Stewart,  Collection,  p.  301  ;  Menzies,  Comh- 
chriiinncacha,  p.  256).  Ce  chant  que  J.  Macpherson  a  traduit  positivement 
d'un  original  gaélique  (savoir  de  Macpherson-Strathmashie)  est  retraduit 
dans  l'édition  gaélique  des  poèmes  d'Ossian  en  1807  {Fingal,  4,  299-310)  et 
encore  une  fois  par  Don.  Campbell,  Treatise  on  the  language,  poetry,  and 
viiisic  of  the  Highland  clans,  Edimbourg,  1862,  p.  122. 

2.  mileata.  G. 

3 .  fuareadh  G,  fuar  i'dhaidh  R,  bhfuarthear  H,  fuaruightear  C.  . 

4.  ndeabha/i//;  G. 

5 .  nduadach  G. 

6.  aniolbhuadhac/j  G. 

7.  duille  dionsfbhata  G. 


Le  Manuscrit  irlandais  de  la  Bibliothèque  universitaire  de  Ciessen.   19 

Sgâth  I  ar  sgiamh-ghaire,         blâth  co  mbuan  aille, 

tuile  thréan  shléibhe,         buille  buadh-lâimhe  2. 
Môrdha  mear  iomghuin,         crodh'  ar  ceannarghuibh, 

tûir  go  dtrom-fhoghluibh  3,         muir  6s  mion-aibhnibh. 
Tonr.  6s  tréan-f  hairge  4,         Goll  nach  gl6r  dhordha, 

searc  na  sior-fhoghla,         mac  mear  môr  Morna. 
Sgi'os  ar  churadhaibh,         cios  ar  chineadhuibh  S, 

grian  6s  glan-f  headhibh,         fîal  re  filidhibh. 
Goll  mear  m6r  fuighleach,         flaith  nach  fior-dhiamliair^, 

gach  tir  tréin-leônadh?,         ri  go  righriaghuil. 
Duais  go  ndearbh-f  héile,         cruas  gach  comhdhâla, 

fear  diau  dith-gaire^,         triath  gach  trom-dhdimhe. 
Sûil  gach  sior-mhuirir,         clù  nach  câinfidhear, 

gris  an  bhuan-einigh9,         beô  nach  bâithfidhear. 
Féinnidh  fear  an-mhîn,         céillidh  comhall-ghlôr  'o, 

béim  Ghuill  ghlan  ioralàn         mar  thuinn  thorainn  mh6ir 
Curadh  cruadh-reannach,         doghbhaidh  '  '  eirionnach, 

colg  lom  luath-bhuilleach,         Goll  borb  béimionnach. 
Flaith  na  bhtbghail  clirioch,         maith  gan  mûgha  ghnâith, 

sruth  ag  siubhal  luath,         cruth  mar  chubhar  bhkiith. 
Einfhear  iomarcach,         tréinfhear  tromfholtach, 

sgiath  na  sgiamholtach  '2,         cliath  na  gconnachtach. 
Feidhm  nach  feidhm-fallsa,         béim  na  môr-ghlonnsa, 

cr6dh'  an  comhlann-sa,         mordha  an  m6r  GhoU-sa. 

Le  scribe  du  manuscrit  de  Giessen  a  signé  cette  pièce  :  Scrip- 
tum  per  me  Dannilem  Driscoll. 

Fol.  28  r°.  Caith  a  hhfuiglnr  re  daonnachl  «  Employé  ce  que 
tu  possèdes  à  l'iiumanité  » .  —  Exliortation  à  être  hospitalier  ; 
on  doit  prendre  exemple  sur  Guaire  d'Aidhne  (voir  Keating, 
traduction  d'O'Mahony,   p.   435;   Silva   Gadelica,   p.    399; 


1 .  sgiath  G,  a  sgiath  ar  sgiath  ghoire  H. 

2.  a  bhuadhlaimhe  G. 

3 .  ga  ttrom  fhorrom  H. 

4.  trén  fliearrdha  G. 

5  .   gach  cinneadhudh  G. 

6.  nach  fiordhiamur  G,  noch  B. 

7.  lein  G. 

8.  mac  dian  deagh  dhaire  H;  dighaire  C. 

9.  na  buainein  G. 

10.  ceill.  comhol  ghl6r  G,  ceilth  comhall  H. 

11.  dogbh'  C,  dogbhuibh  H. 

12.  sgeimhioltach  H,  sgeimhealtach  C.  C'est  sans  doute  un  mot  dérivé 
de  sgeuuhiolta  (emissariorum  manipuli,  tirailleurs)  ;  voir  O'Donovan,  Sup- 
plément s.  V.,  et  comparer  sgcinililc,  Diction,  scoto-celticum. 


20  Ludw.-Chr.  Stem. 

O'Donovan,  Hy-Fiachrach,  p.  391),  et  St.  Columba;  13  qua- 
trains sur  le  mètre  appelé  Rannaigecht  bheg. 
Fol.  28  r°.  Quatrain  satirique. 

Doni  Maire  ImU  is  baibhinig, 
is  à\o\aidhâ  mathtT  cart  is  bulbhin/d, 
cuim  àz  father  smxh.  ar  ceirlinig, 
is  crathuig  an  brat/^air  go  la  dia  dislaoi  uire. 

Fol.  28  v°.  A  thigerna  ro  mhilis  a  losa  Crist  «  O  doux 
seigneur,  ô  Jésus-Christ  ».  —  Invocation  de  Jésus  et  de  la 
sainte  Vierge,  prière  miraculeuse,  comme  il  est  dit  dans  un 
épilogue,  pour  celui  qui  est  à  l'agonie.  Le  scribe  avait  l'inten- 
tion de  transcrire  la  pièce  sur  le  fol.  11  v°  où  il  a  mis  le  titre 
y  appartenant  :  Ortha  Muire  bantig^^rna. 

Fol.  29  r°.  Tôruigheacht  Shaidhhhe  «  La  poursuite  ou  le 
voyage  à  la  recherche  de  Sadb  »,  conte  du  cycle  ossianique 
sur  l'enlèvement  de  Sadb,  épouse  de  Glas,  et  sa  reconduite. 
M.  d'Arbois  de  Jubainville,  Catalogue  de  la  littérature  épique, 
p.  251-252,  relève  une  douzaine  de  textes  de  cette  compo- 
sition, et  M.  Nettlau,  dans  la  Revue  Celtique,  X,  459,  en 
mentionne  un  treizième  contenu  dans  le  manuscrit  H.  i.  17 
de  TCD.  Commence:  Fleadh  mor  caoin  moradhbhul  do  ro- 
iiadh  re  Fionn  mhic  Cubhuil  m/c  Trenmhoir  i  Bhaoisgne  a 
mbruigin  Teamhra  Luacra  hudh  deas  «  Un  grand  festin  noble 
et  prodigieux  fut  arrangé  par  Fionn,  fils  de  Cumall,  fils  de 
Trenmor,  descendant  de  Baoisgne,  dans  le  château  de  Temair 
Luachra  du  sud.  »  Voici  un  court  précis  de  ce  récit  inédit. 

Après  le  festin  de  Temair  Luachra,  Fionn  et  ses  guerriers 
font  la  chasse.  Ils  regrettent  à  cette  occasion  que  les  Fianna 
n'ont  plus,  sous  le  règne  du  roi  suprême  Cormac,  fils  d'Art, 
la  puissance  qu'ils  ont  eue  autrefois,  bien  que,  à  l'avis  de  Finn, 
ses  2,000  chasseurs  vaillent  encore  mieux  que  30  bataillons  de 
Cormac,  Les  femmes  des  Fianna  sont  restées  chez  elles  à  Te- 
mair Luachra,  et  suivant  la  proposition  de  Maigneis,  épouse 
de  Finn  ^  et  fille  de  Garadh  Glundubh  (qui  était  un  descen- 


I .  Nous  avons  les  noms  de  plusieurs  épouses  de  Finn  mac  Cumaill.  Les 
plus  célèbres  sont  Ailbhe  gruadbrec  et  Grainne.  On  connaît  de  plus  Ba- 


Le  Manuscrit  irlandais  de  la  Bibliothèque  universitaire  de  Giessen ,   2 1 

dant  de  Cet  mac  Magach,  célèbre  chevalier  de  la  Craeb  Ruad), 
elles  vont  trouver  dans  le  voisinage  un  bain  en  plein  air. 
Pendant  que  les  autres  femmes  se  baignent,  Sadb,  fille  d'Eogan 
ôg,  fils  d'Eogan  môr,  fils  d'Oilill  olum^  laquelle  est  l'épouse 
de  Glas  mac  Aoncerda  Berra,  fait  le  guet  pour  avertir  ses  ca- 
marades dans  le  cas  où  un  étranger  s'approcherait.  Malgré 
cette  précaution,  les  femmes  en  se  baignant  sont  surprises  par  un 
guerrier  étranger  ;  c'est  un  alhnharach  ou  pirate  qui  a  abordé 
dans  cet  endroit  retiré.  Il  avance  et  se  place  en  face  des 
femmes,  qui  mettent  leurs  habits  à  la  hâte,  pour  les  ques- 
tionner sur  le  pays  et  ses  habitants.  C'est  Maigneis  qui  lui 
donne  intrépidement  les  renseignements  qu'il  désire,  surtout 
sur  la  caste  militaire  des  Fianna,  sur  leur  histoire  et  leurs  pri- 
vilèges. Cette  partie  du  récit  (fol.  31  v°)  a  été  publiée  en  1854 
par  N.  O'Kearney  dans  les  Mémoires  de.  la  Société  ossianique 
de  Dublin,  I,  42.  Ensuite,  l'étranger  se  fait  connaître  comme 
Ciothach  Cruad-armach,  roi  d'une  île  qui  porte  son  nom  dans 
le  pays  oriental  de  DreoUann  mhôr  (voir  Silva  Gadelica, 
p.  299),  et  il  choisit  la  belle  Sadb  afin  qu'elle  l'accompagne 
dans  son  royaume.  Sans  s'inquiéter  des  menaces  des  femmes, 
il  la  saisit  entre  ses  bras  et  la  porte  au  bord  de  son  vaisseau. 
Maigneis,  convaincue  que  Finn  et  les  Fianna  poursuivraient 
l'étranger,  lui  impose  le  tabou  ou  la  prohibition  magique 
(gess)  de  ne  laisser  toucher  la  femme  de  Glas  par  aucun  homme 
avant  la  fin  de  la  première  année.  Maigneis  expliquant  aux 
Fianna  rentrant  de  la  chasse  ce  qui  est  advenu,  Finn  hésite  à 
poursuivre  le  ravisseur  dans  le  pays  de  Dreollann  tout  de  suite, 
puisqu'il  a  des  intérêts  importants  qui  lui  défendent  de  man- 
quer à  la  fête  de  Tailten.  Mais  il  accepte  la  proposition  de 
Goll,  en  conséquence  de  laquelle  le  navire  des  Fianna  nommé 
Brecbharc  est  équipé  pour  l'expédition  guerrière  en  Dreollann 


dhamair  ou  Bodamar  (Rcv.  Celt.,  XiV,  242),  Smirnat  la  Blonde  (BB. 
285a.  LL.  139^)  ou  Smirgad  {Silva  Cad.,  p.  98),  puis  Moingfhinn  (p.  106), 
Berrach  brec  (p.  141),  Sadb,  fille  de  Bodb  (p.  155),  Aine  (p.  162),  Blâ  ou 
Blaoi,  fille  de  Derg  et  mère  d'Ossin  (p.  195  suiv.),  Dairfliinne  (Oss.  Soc, 
I,  12).  L'agallamh  na  senôrach  fait  mention  de  Maiginis,  fille  de  Garadh 
{Silva  Cad.,  p.  203),  mais  c'est  dans  le  Livre  du  Doyen  de  Lisraore  (no.  20) 
que  Myginis  est  désignée  comme  femme  du  chef  des  Fianna. 


22  Ludw.-Chr.  Stem. 

et  son  commandement  confié  à  Ossin,  fils  de  Finn.  Les  prin- 
cipaux héros  Diarmuid,  Goll,  Conan,  Glas,  Mac  Lughach  et 
mille  autres  guerriers  prennent  part  à  l'expédition.  Après  un 
voyage  de  longue  durée  ils  atteignent  l'île  de  Faolinn 
(fol.  34  v°),  où  ils  sont  accueillis  de  flèches  et  de  javelots  par 
une  population  ennemie;  à  l'instigation  de  Conan  ils  descen- 
dent à  terre  malgré  cette  opposition  .ouverte.  Le  seigneur  de 
l'ile,  du  nom  de  Turcholl,  reconnaît  le  bâtiment  de  Finn  mac 
Cumaiil,  sous  lequel  il  a  été  en  service  autrefois.  C'est  à  cause 
de  cette  ancienne  amitié  qu'il  donne  l'hospitalité  aux  héros 
pendant  quinze  jours,  jusqu'à  ce  que  Glas,  mari  de  Sadb,  leur 
rappelle  le  but  de  l'expédition.  A  cette  occasion,  Conan,  le 
Thersite  des  Fianna,  ne  peut  retenir  sa  raillerie.  «  Ton  mal- 
heur et  ton  amour  de  la  mort  sur  toi,  ô  Glas  !  »  dit-il,  «  c'est 
ton  grand  amour  pour  la  femme  qui  est  à  présent  chez  un 
autre  homme  à  ta  place  !  »  ^  Les  héros  font  leurs  adieux  à 
Turcholl  en  refusant  le  secours  d'homn-ss  qu'il  leur  offre, 
bien  qu'ils  conviennent  de  la  difficulté  ce  leur  entreprise. 
«  C'est  abattre  un  chêne  des  poings,  »  disent-ils,  «  ou  nager 
contre  une  cataracte  ou  mettre  la  main  dans  un  nid  de  grif- 
fons (ou  un  lien  d'osier  autour  de  sable)  cette  expédition-ci  !  »  ^. 

Ensuite  ils  reprennent  la  mer  et  atteignent  l'île  du  roi  Gorm- 
shuileach  qui  lui-même  a  servi  dans  le  corps  des  Fianna  ; 
c'est  pourquoi  il  reçoit  les  guerriers  avec  empressement  hos- 
pitalier. Après  quinze  jours  ils  font  voile  à  partir  de  cette  île, 
accompagnés  du  fils  du  roi  nommé  Sigrach,  qui  a  connais- 
sance du  pays  de  DreoUann  et  s'offre  à  leur  servir  de  guide 
(fol.  40  r°). 

Enfin  ils  arrivent  à  leur  but  et  dès  qu'ils  sont  débarqués, 
Sadb  reconnaît  les  Fianna  venus  pour  la  délivrer  de  son  ra- 


1 .  Ort  do  dhonn?(5  et  do  grad  bhais  a  Ghlais,  ar  Conan  Maol  mac 
Morna,  as  mor  an  grad  sin  agad  don  mhnaoi  ata  ag  icr  eile  tar  do  cheann  ! 
(fol.  36  vo). 

2.  As  tuarccflm  darac  do  dornibh  no  as  snamh  an  agha/dh  esa  no  lam  a 
nead  gribhedibhsi  an  tur«^  sin  (fol.  36  vo) ;  et  plus  loin:  As  tuarga/;/  da- 
rach  do  dhoir»ibh  no  as  snamh  an  agaM  easa  no  gad  um  gainibh  an  toisg 
sin  (fol.  39  vo).  Comparez:  gat  um  ganam  7  snam  inagid  srotha,  Stokes, 
To!^ail  Troi,  629,  et  K.  Meyer,  Battle  of  Veniry,  p.  83-85;  The  Vision  of 
Mac  CongUnne,  p.  70  suiv. 


Le  Manuscrit  irlandais  de  la  Bibliottiè(jue  universitaire  de  Ciessen .    2  3 

visscur.  Ciothach  est  par  hasard  absent,  en  expédition,  mais 
ils  rencontrent  son  fils  Dorn  dedsholus  et  ses  deux  fils  adop- 
tifs,  Sgiathan  sgiathsholus  et  Tregmon,  fils  du  roi  de  Grèce. 
Ils  assoient  un  camp  vis-à-vis  des  ennemis.  Dans  une  sortie 
qu'ils  entreprennent,  Sigrach  et  le  prince  O'Liathan  réussissent 
à  arracher  Sadb  du  milieu  des  ennemis,  mais  Dorn  la  rapporte 
et  la  cache  avec  les  autres  femmes  dans  une  place  forte  de  l'île. 
Ensuite,  Diarmuid  enlève  Sadb  de  nouveau  avec  les  femmes 
des  DreoUannois,  et  Fathannon  est  chargé  de  les  embarquer. 

Ne  voulant  paraître  peu  chevaleresques  en  s'enfuyant  avec 
leur  proie  sans  coup  férir,  les  Fianna  se  disposent  à  la  bataille 
et  leurs  chefs  distribuent  parmi  eux  les  princes  ennemis  qu'ils 
se  chargent  de  vaincre^  (fol.  43  r°).  La  bataille  est  combattue. 
Conan  encourage  les  guerriers  et  Ossin  fliit  ses  épreuves, 
semblable  à  un  lion  ou  à  un  taureau.  Glas  tue  Dorn  et  Diar- 
muid tue  Sgiathan.  Sigrach  et  Mac  Lughach  ont  à  soutenir 
un  grave  combat  contre  le  fils  du  roi  de  Grèce  qui  a  la  pru- 
dence d'éviter  Goll,  le  plus  fort  héros  des  Fianna.  Il  succombe 
enfin,  probablement  —  car  il  manque  un  feuillet  du  manus- 
crit entre  fol.  46  et  fol.  47. 

Après  la  défaite  des  ennemis,  étant  venus  à  bout  de  leur 
entreprise,  les  Fianna  partent  pour  regagner  leur  patrie  ;  ils 
emmènent  Sadb  et  laissent  les  autres  femmes  dans  l'île.  Ils 
atterrissent  d'abord  à  l'île  d'Innis  Uill,  où  Gormshuileach  les 
héberge  une  autre  quinzaine  et  soigne  leurs  blessés.  Ensuite 
ils  naviguent  pour  l'Irlande  et  arrivent  à  Alwen,  résidence  de 
Finn,  où  ils  racontent  leurs  aventures  (fol.  48  r°). 

Retourné  dans  son  pays,  Ciothach  entend  la  mort  de  son 
fils  et  de  ses  fils  adoptifs  et  voit  les  ravages  causés  par  les 
Fianna.  Accompagné  d'un  seul  garçon,  il  s'embarque  pour 
l'Irlande,  où  il  aborde  à  Benn  Edair^.  Il  recherche  l'amitié  du 
roi  suprême  Cormac  pour  en  faire  profit  contre  les  Fianna 

1 .  Une  telle  distribution  de  la  victoire  se  trouve  parfois  dans  les  récits  et 
dans  les  ballades  gaéliques  ;  voir  la  bataille  de  Magh  Leana,  p.  114  ;  Lea- 
bhar  na  feinne,  p.  83,  etc. 

2.  Beann  Eadair  est  le  lieu  de  débarquement  aussi  dans  la  ballade  de 
Dearg  mac  Dreabhail  :  «  Do  ghabh  an  Dearg  deud-gheal  cuan  Ag  Binn  Ea- 
dain  nam  môr  shluagh  ».  En  albano-gaélique  on  prononce  Eadain  au  lieu 
d'Eadair. 


24  Ludw.-Chr.  Stern. 

(fol.  48  v°).  Il  provoque  Finn  et  la  tribu  de  Baoisgne  au 
combat  et  fait  en  sorte  que  la  tribu  de  Morna  s'abstient  de 
s'opposer  à  lui.  C'est  Ossin  qui  le  combat  le  premier,  mais  il 
succombe  en  duel  et  est  lié  par  Ciothach.  Glas  et  beaucoup 
d'autres  guerriers  des  rangs  des  Fianna  ont  le  même  sort.  Fi- 
nalement Osgar,  fils  d' Ossin,  âgé  seulement  de  dix-neuf  ans, 
entreprend  la  lutte  contre  le  roi  Ciothach  pour  délivrer  son 
père  des  liens.  Endossé  de  l'armure  de  Finn,  il  soutient  un 
combat  de  trois  journées  contre  l'étranger  et  réussit  enfin  à  le 
dompter  et  à  lui  trancher  la  tête. 

Le  récit  finit  par  ces  mots  :  «  Lorsque  Finn  vit  le  grand 
homme  tomber,  il  alla  à  la  rencontre  d' Osgar  et  lui  donna 
trois  baisers.  Finn  et  Osgar  dégagèrent  Ossin  des  liens  et  puis 
tous  les  autres  guerriers  des  Fianna.  Il  y  avait  beaucoup  d'Ir- 
landais qui  approuvaient  cet  exploit,  bien  qu'il  y  eût  d'autres 
qui  le  désapprouvaient.  Mais  il  n'y  avait  personne,  ni  homme 
ni  femme,  à  qui  cet  exploit  faisait  plus  de  déplaisir  qu'au  roi 
d'Irlande  Cormac,  fils  d'Art.  Voilà  la  poursuite  de  Sadb,  fille 
d'Eogan  ôg,  et  la  mort  du  roi  de  la  grande  Dreollann  et  son 
combat  avec  Osgar.  Fin.  »  ^.  —  Scriptumpermc  Dan.  Driscoll. 

Fol.  52  v°.  Miaii  mïc  Comhuill  fa  hard gnaoi  «  La  joie  de  Mac 
Cumaill,  élevé  de  sa  personne  ».  —  Cinq  quatrains  et  demi 
sur  le  mètre  nommé  Rannaigecht  mhôr,  concernant  la  chasse 
et  les  autres  plaisirs  que  Finn  aimait.  Le  petit  poème  se 
trouve  intercalé  dans  l'agallamh  moderne  ;  voir  Société  ossia- 
nique,  IV,  15-16.  Dans  le  manuscrit  les  deux  derniers  qua- 
trains sont  conçus  en  ces  termes  : 

Faoidh  buabhuill  ar  sgiir  do  sheilg, 
guth  gadhair  ar  leirg  na  bhfian, 
fleag  Almhaine  ameasg  na  ndamh  — 
fahiad  sin  so  brach  a  mhian. 


I .  Mar  do  chonarc  ¥ionii  an  fer  mor  ag  tuitiiii  do  leig  a  ccoinnc  et  a 
ccomhdhail  Osguir  et  torbhur/f.ç  teora  pog  dho.  Do  sgaoil  Vionn  et  Osgwr 
d'Oisin  ar  tus  et  don  bhtein  uile  0  sin  araach.  Bhadar  moran  dfcruibh  Ei- 
rionn  leir  mhaith  an  gniomh  sin,  gi  go  raibh  cuid  eile  aca  1er  b'olc  é,  et  ni 
raiblie  ann  sin  uile  fear  na  bean  1er  mheasa  an  gniomh  sin  na  Corbhmhac 
mac  Airt  .i.  rf  Eirionn.  Cona  1'  toiraidher/;i  Saidhbhe  iiigine  Eogain  oig  et 
bas  rf  na  Dreollamw  moire  agus  a  chomrac  re  Hosgur  gonuig  sin.  Finit. 
F.  (fol.  52  ro). 


Le  Manuscrit  irlandais  de  la  Bibliothèque  universitaire  de  Giessen .   2  5 

As  me  Oisin  mrtc  an  riog, 

faraor  nocha  mhair  mo  sgiamh, 
ào  chuaidh  mo  gliaisge  ar  ccùl, 
a  ri  na  ndul,  nî  bhfuil  ma  (sic)  mliian. 

Fol.  52  v°.  Fiarfxxïios  (Ike  fiafraighis^  Padraig  mhacha  «  Pa- 
trice de  Mâcha  demanda  »  à  Ossin,  si  son  père  était  natif  de 
Munster  ou  de  Leinster,  Ossin  nomme  la  suite  des  aïeux  de 
Finn,  savoir:  Cumall,  Trenmor,  Ferdalocli,  Conn,  Gairi-don- 
mlioigh,  (Baoisgne),  Daire-donn,  Deaghaidh  (Dega)  ;  les 
quatre  fils  de  Daire-donn  étaient  Curoi,  Baoisgne,  Fiacha  et 
Eochaidlî.  C'est  ainsi  que  Finn  descendait  des  Clanna  Dea- 
ghadh  dans  le  Munster  du  sud,  le  chef  desquels  était  Curoi, 
tandis  que  les  clanna  Baoisgne  habitaient  Leinster  et  Meath. 
Le  poème  de  9  quatrains,  le  mètre  desquels  est  en  désordre 
dans  le  manuscrit  de  Giessen,  se  rencontre  aussi  dans  le  Dua- 
naire  Fhinn  des  Franciscains  de  Dublin  ;  voir  Gocttinger  Ge- 
lehrte  Jn~eigeii^  1887,  p.  172. 

Fol.  53  r°.  Eoc.  ô  beogusa  ce.  Do  chuaidh  mo  shuil  tar  mo 
chuid  «  Mes  yeux  sont  passés  par-dessus  ma  nourriture  ».  — 
Soupirs  amoureux  de  12  quatrains  sur  le  mètre  appelé  Rannai- 
gecht  mhor  par  Eochaidh  O'Hussey.  Les  mots  du  début  for- 
ment la  fin  du  sixième  quatrain,  mais  les  quatrains  qui  suivent 
semblent  appartenir  au  même  poème.  Quatre  quatrains  y  sont 
joints,  à  la  suite,  sans  interruption:  Mairg  do  bheir gmd  leaûi- 
troiiiacb  «  Malheur  à  celui  qui  aime  sans  espérance  »  ;  ils  sont 
du  mètre  appelé  Rannaigecht  bheg. 

Fol.  53  v°.  Ag  admhail  t'oides  ma  taim  «  Si  je  concède  ta  maî- 
trise ».  —  Quatre  quatrains,  dont  un  appartient  au  mètre 
nommé  Debide,  les  autres  à  la  Rannaigecht  mhôr,  adressés 
par  le  poète  à  un  autre  sur  son  genre  de  poésie.  Il  dit  qu'il  ne 
marche  pas  sur  les  traces  de  son  maître  et  qu'il  ne  le  prend 
pas  pour  modèle  : 

Ag  admhail  t'oides  ma  taim,     nier  .eannus  do  lorg  um  dlidn; 

misi  ag  cumhdach  na  cora,     tusa  ag  dion  na  heagcora. 
Daithador  mhisi  re  dan,     do  nim  bân  do  ni  bhios  duibli, 

do  nim  duibh  do  ni  bhios  bân,     do  ni'm  dan  gan  daith  gaii  chruith. 
Dân  direach  mas  peacadh  e,     feadh  mo  ré  ni  dhearn/^j-  suid, 

cuirim  ûagnusc  ar  mac  de,     nar  peacuidh  me  sa  reim  ud. 

Revue  Celtique,  XVI,  3 


26  Ludw.-Chr.  Stem. 

Optimiis  Scotortim,     mas  laidin  choir  a  labhraim, 

ni  heirionnac  Corbnirt/c  chais  '         acht  Albanac  gan  amharus. 

Le  dernier  quatrain  est  réitéré  à  la  page  fol.  55  r°. 

Fol.  54  v°.  A  cceann  naoi  mhliaghna  fuar  Fionn  ceannas  ar 
fhiannuihh  Eirionn  «  Après  neuf  ans  Finn  obtint  la  position 
de  chef  sur  les  Fianna  d'Irlande  ».  —  Poème  de  11  quatrains 
sur  le  mètre  nommé  Debide,  lesquels  ont  pour  objet  les  âges 
des  héros  les  plus  célèbres  parmi  les  Fianna.  Des  âges  excessi- 
vement avancés  sont  attribués  à  tous,  savoir  :  249  ans  à  Finn, 
334  à  Ossin,  38  à  Osgar,  213  ans  à  Cailte,  140  ans  à  Cu- 
mall,  400  ans  à  Goll,  140  ans  à  Conan,  112  ans  à  Mac  Lu- 
ghach,  169  ans  à  Diarmuid  et  100  ans  à  Cairel.  La  pièce  a  été 
publiée,  d'après  le  livre  noir  de  Clanranald,  dans  les  Reliquiae 
celticae,  II,  304,  mais  le  nombre  des  variantes  est  assez  consi- 
dérable; c'est  pourquoi  j'ajoute  le  texte  de  notre  manuscrit 
en  entier. 

A  cceann  naoi  nibhaghna  fua(i)r  Fionn     ceannas  ar  fhiannuihh  Eirionn 

6  Modh-nuadhadh  na  neac/;,         ri  ^an  omhan  gan  eitheach. 
Se  fithchidh  bhaghun  fa  dho         is  naoi  mbhaghna  ni  sa  mho 

saegal  Fhinn  fa  séun  fa  raith         fa  bhuaidh  fa  trcan  don  ardfhlaith. 
Do  bhi  saoghal  Oisin  m/c  Finn         tri  cead  bhaghun  go  haoibhinn, 

seacht  mbhaghna  deag  fa  dho,         mi  seac/j/mhuin  et  aon  16. 
Fithce  bhaguin  sa  hoc/;/  deag         saogaZ  Osguir,  is  ni  breag, 

gan  troig  thar  ais  ag  cur  cath         idir  an  fhein  san  ardfhlaith. 
Tri  bliagna  deag  ar  da  ceid         saoghal  Caoilte  na  mor  thread , 

6  an  lo  a  rugadh  an  fiai  fionn         gnr  bathflrf/;  é  a  Liaithr«im. 
St&cht  bhfithcidh  bliaguin  go  htacht       saogal  G/bhuill  do  dûSiOàheadh  gan 

cios  an  domhuin  gan  dail         do  go  humh  da  thogbhail.  \nert, 

Ceithre  cead  bliaghuin  acht  mi         saogal  mie  Morna  fa  maith  gnaoi 

nir  leig  neac  soir  na  siar         uaidh  gan  comhrad  (1.  comhrac)  aon  fir. 
Seac/;/  bhfithcidh  hVizgttin  fa  sheol         saogal  Canain  mhallar/j/aig  mo/r^, 

ag  iniHrbhaidh  idir  an  bhfein,         ag  bualladh  dorn  et  fa  meir. 


1.  Ce  sont  les  Dalcassiens  (dâil  Cais),  ou  les  tribus  de  Thomond,  qui 
sont  descendus  de  Cormac  Cas,  fils  d'Oilill  olum.  —  Je  ferai  remarquer  en 
passan;  que  dans  un  poème  de  Mac  Brodin  publié  par  O'Flanagan,  Deir- 
d. ,,  p.  229,  la  leçon  A  koghain  do  shil  cconchair  ccais  me  paraît  être  fautive. 
On  trouve  les  mêmes  vers,  dans  les  Reliquiae  celticae,  II,  144,  avec  la  mei- 
lleure leçon  A  leomhain  do  shiol  Chermaic  chais.  O'Flanagan  attribue  à  con- 
chair,  mot  qui  se  trouve  aussi  dans  le  Tegasg  flatha,  1.  199,  le  sens  de 
«  puissant,  compact.  » 

2.  Canan  est  l'orthographe  du  manuscrit,  au  lieu  de  Conan;  la  voyelle 


Le  Manuscrit  irlandais  de  la  Bibliothèque  universitaire  de  Giessen.    27 

Chuig  f  hithcidh  bliaguin  sa  dho  deg        saoga/  mie  Luidhgh,  snf  breag, 
ar  ghoil  ar  gaisgt'  ar  greann         a  mharr  aidhne  na  Heirinn. 

Ocht  bhfithchidh  bliag»/;/.  re  suirge         saogal  Diarmada  ui  Duibhne, 
naoi  mbliagna  don  macaom  og         le  cluithe  luibe  et  liath/oid. 

Cuig  Jilhchidh  bliagHm,  is  derhh  liom,         saogfll  Caroil  mie  mie  Finn, 
ni  dhearna  fris  comhmc  lann         neac  nar  bhuin  Carul  a  cheann. 

Fol  55  v°.  Oisin  is  fada  do  suan  «  O  Ossin,  ton  sommeil 
dure  longtemps  ».  —  Début  du  poème  qui  suit,  6  quatrains. 

Fol.  56  v°.  Agallaïub  Phadraig  et  Oisin  «  Dialogue  de  saint 
Patrice  et  d'Ossin  «.  —  Poème  ossianique  de  40  quatrains  qui 
sont  sur  le  mètre  appelé  Rannaigecht  mhôr.  Le  saint  exhorte 
le  vieux  guerrier  qui  tient  toujours  aux  souvenirs  de  l'âge  hé- 
roïque en  dédaignant  à  accepter  la  doctrine  chrétienne,  à  se 
convertir  et  à  avoir  recours  à  Dieu  dans  sa  vieillesse  aban- 
donnée. «  Fais  attention,  «  lui  dit-il,  «  à  toi-même,  pauvre 
homme,  considère  la  tombe  et  ta  vieillesse  !  « 

Tabhair  th'aire  dhuit  fein,         6  taoi  gan  cheill  anois. 

tabhair  th'aire  dliuit,  a  thruadli,         smuain  ar  an  uaig  et  ar  h'aois. 

Le  texte  le  plus  ancien  de  ce  poème  que  M.  d'Arbois  de  Ju- 
bainville  cite  dans  son  Catalogue,  p.  2,  date  de  1721  ;  il  se 
trouve  aussi  dans  le  Codex  Phillippicus  1028 1,  écrit  en  1730, 
et  dans  10271  de  la  même  bibliothèque,  lequel  date  également 
du  xviii^  siècle.  Un  fragment  du  poème,  dans  le  manuscrit 
d'Edimbourg  n°  62,  a  été  publié  dans  les  Reliquiae  celticae,  I, 
164.  Une  rédaction  récente  qui  est  augmentée  de  beaucoup 
d'interpolations,  a  été  imprimée  par  J.  O'Daly  dans  les  Mé- 
moires de  la  Société  Ossianique,  IV,  2-62.  Chez  les  monta- 
gnards d'Ecosse,  cette  ballade  est  incorporée  avec  un  autre 
poème  ossianique  qui  se  trouve  déjà  dans  le  recueil  du  Doyen 
de  Lismore  {Rel.  celi.,  I,  10)  :  Iriuis  duinii,  a  Phadraig,  an 
onoir  do  kighinn.  Cette  rédaction  albano-gaélique  est  bien 
connue  sous  le  titre  de  Urniiigb  Ossin  «  la  prière  d'Ossin  »  ; 
on  en  a  beaucoup  de  textes,  voir  Th. -F.  Hill,  Ancient  Erse 
poenis,  édition  1878,  p.  21-25  '■>  Report,  appendix,  p.  1 18-129, 


brève  a  se  prononce  0  en  irlandais  moderne,  du  moins  dans  une  partie  de 
l'Irlande.  Voir  les  grammaires  de  Lynch,  Molloy,  O'Growney,  etc. 


28  Ludw.-Chr.  Stem. 

J.-F.  Campbell,  Lcahhar  na  Feinne,  p.  41-47;  Reliqiiiae  ccl- 
ticae,  I,  263,  et  Scottish  Revieiu,  VIII  (1888),  p.  350  et  suiv. 

Fol.  58  v°.  Mo  tegasg  da  ngahhîha  a  cbiiirp  nar  chJechta  riot 
srian  «  Si  tu  acceptais  mon  instruction,  ô  corps,  qui  n'es  pas 
accoutumé  de  mettre  un  frein  à  toi  ».  —  Exhortation  à  la 
piété,  7  quatrains  aux  lignes  longues  avec  la  rime  en  ia.  Sui- 
vant O'Reilly,  Irisb  writcrs,  p.  192,  l'auteur  du  poème  est  un 
nommé  Edmond  Mac  Donogh,  qui  fleurit  en  1640^ 

Pol.  59  r°.  Ag  so  baramhuil  na  niigdar  et  na  bhfcalhoirighe  do 
na  crioclmhh  et  don  nadur  tairnghes  a  lucht  aitribh  na  ccrioc  sin 
«  Les  opinions  des  auteurs  et  des  philosophes  sur  les  pays  et 
sur  la  nature  qui  caractérise  les  habitants  de  ces  pays  ». 
Pièce  en  prose  traduite,  comme  il  est  facile  à  voir,  de  l'an- 
glais 2,  L'auteur  dit  que  les  peuples  septentrionaux  ont  plus 
de  faim  et  que  c'est  la  raison  pourquoi  ils  sont  plus  belliqueux  ; 
il  ajoute  que  les  hommes  maigres  sont  moins  inoffensifs  que 
les  hommes  gras;  c'est  pourquoi  César  ne  voulait  avoir  au- 
tour de  lui  que  ceux-ci.  Jean  Bodin,  auteur  du  livre  Universae 
naturae  theatrum  en  1596,  est  cité.  Plus  loin,  il  est  question 
du  caractère  des  divers  peuples  et  de  ce  qu'ils  aiment  dans 
leurs  femmes.  Quatre  distiques  latins  et  deux  quatrains  irlan- 
dais terminent  ce  traité. 

Fol.  61  v°.  Cnoc  an  âir  an  cnoc  so  thsiar  «  La  colline  du 
massacre,  la  colline  de  l'ouest  »  5.  Poème  ossianique  qu'ont 
publié  Theoph.  O'Flanagan  dans  Deirdri,  p.  199-203  et, 
d'après  un  manuscrit  plus  moderne,  J.  O'Daly  dans  la  So- 
ciété Ossianique,  IV,  80,  86-92;  trois  textes  du  poème  sont 
reproduits  dans  les  Reliquiae  ccJticae,  I,  137,  149;  II,  305.  Le 
catalogue  de  M.  d'Arbois  de  Jubainville  n'en  cite  aucun  ma- 
nuscrit avant  1752.  Il  s'agit  de  Niamh-nuadh-chrothach  qui 
est  poursuivie  par  Tailc  mac  Treoin,  guerrier  monstrueux  à 


1 .  Le  poème  d'Eamon  Mac  Donogh  est  contenu  aussi  dans  le  manuscrit 
du  Musée  Britannique  coté  additioiial  31877,  fol.  136  v°. 

2.  On  y  trouve,  fol.  60  v",  la  forme  Polonians ;  les  Espagnols  sont  ca- 
ractérisés ar  cheantreine  (headstrongness)  et  les  Irlandais  ar  ghloirdhao- 
nihaoin  (vaingloriousness),  etc. 

3 .  C'est  un  autre  lieu  nommé  Cnoc  an  air  dont  la  légende  se  trouve 
dans  l'Agallamli  nasenôrach;  voir  Silva  Gaâdica,  p.  126. 


I 


Le  Manuscrit  irlandais  de  la  Bibliothècjiie  universitaire  de  Giessen.    29 

tête  de  chat;  il  est  tué  en  duel  par  Osgar,  mais  aussi  la  jeune 
fille  meurt  de  douleur.  Le  manuscrit  ne  donne  que  15  qua- 
trains (qui  sont  du  mètre  appelé  Rannaigecht  mhôr)  ;  les  qua- 
trains 8,  14  et  les  trois  derniers  manquent,  car  la  pièce  s'ar- 
rête inachevée  au  bas  de  la  page. 

Fol.  63  r°.  Turris  Babilonis.  —  Morceau  concernant  la  tour 
de  Babel,  la  diffusion  des  72  langues,  l'école  des  langues  dans 
la  plaine  de  Senax  (lire  Senaar),  Nuil  (lire  Niul  ou  plutôt 
Nél)  qui  épouse  Scota,  fille  du  Pharaon  et  mère  de  Gadelus 
(Goedel  glas)  duquel  sont  descendus  les  Gaels  ou  Scoti.  La 
pièce  est  écrite  comme  prose,  mais  ce  sont  les  quatrains  15-20 
du  poème  bien  connu  sous  le  titre  de  «  Dirge  of  Ireland  » 
qui  a  été  publié  en  1855  par  M.  A.  O'Brennan.  On  considère 
John  O'Connell  comme  son  auteur,  le  même  qui  était  évêque 
de  Kerry  de  1691  jusqu'en  1704.  Voir  O'Reilly,  Irish  luriters, 
p.  195.  L'éditeur  appelle  ce  poème,  qui  donne  un  résumé  de 
l'histoire  d'Irlande,  un  des  meilleurs  échantillons  de  la  «  great 
rivalry  in  dirgic  poetry  ».  La  forme  du  vers  est  la  même  que 
dans  la  Lamentation  d'Irlande  publiée  par  M.  Thurneysen 
dans  la  Revue  Celtique,  XIV,  154.  L'édition  d'O'Brennan 
est  très  médiocre  ;  il  lit  par  exemple,  à  la  dernière  ligne  du 
20^  quatrain,  k'tn  do  dhannas  (mot  qui  n'existe  pas)  au  lieu  de 
lân  do  dhaonnacht,  ce  que  porte  le  manuscrit.  Une  copie  iné- 
dite du  poème  se  trouve  au  reste  dans  le  livre  noir  de  Clan- 
ranald  ;  voir:  Reliquia  celiica,  II,  146. 

Fol.  63  v°.  Un  alphabet,  où  il  est  dit  sur  x,  y,  :{ :  ni  bhfuil 
:\.cht  oilithrig  ô  greacuibh  ionnta;  un  Pater  latin;  un  verset 
soi-disant  de  S.  Jérémie  (togbhadh  [1.  tôigéabh]  uaibh  ar  se 
an  breitheamh  an  £udh  et  an  seanoiret  do  b'.earleanbhainbha- 
namhla  na  nait  daoibh),  interprété  comn.j  dirigé  contre  l'in- 
dolence du  clergé.  Voir  la  prophétie  d'Isaïe,  ch.  3,  v.  4. 

Fol.  64  r°.  Les  premiers  4  quatrains  du  poème  susindiqué 
de  B.  O'Hussey  (fol.  2  r°). 

Fol.  64  v°.  Une  plaisanterie  en  anglais  :  Was  not  that  a  hand- 
some  Jester,  etc.  —  Les  distiques  latins  cL  un  quatrain  irlan- 
dais transcrits  du  fol.  61  r°. 

Fol.  65  r°.  L'alphabet,  le  Pater,  un  quatrain  tiré  du  poème 
de  B.  O'Hussey  (fol.  4  r"). 


30  Ludw.-Çhr.  Stern. 

Fol.  66  r°.  Quelques  phrases  en  latin,  anglais  et  irlandais 
avec  des  gloses  allemandes  interlinéaires. 

Les  feuillets  63-66  ont  été  ajoutés  après  coup;  ils  furent 
écrits  probablement  pour  J.  Schilter  par  un  Irlandais  qui 
semble  avoir  donné  des  leçons  d'irlandais  à  ce  polymathe. 

Berlin,  octobre  1894. 

Ludw.-Chr.  Stern. 


THE  PROSE   TALES 


RENNES    DINDSENGHAS 


8i.  Ess  RÙAiD. 


(Lee.  p.  498''). 

Eas  Ruaid,  canas  rohainmniged  ? 

Ni  ansa.  Aed  Ruad  mac  Baduir[n]d  ri  Eriiid  robaided  and 
oc  faircsin  a  delba  [p.  499''']  oc  snam  an  esa,  a  quo  Eas  Ruaid 
nominatur.  Is  e  a  sid,  Sith  ^d-'',  ar  ur  an  easa. 

Aliter  :  Ruad  ingen  Mai'^  Milscoith  meic  Duinn  Desa 
doroega  Aed  ^  mac  Labra.r"  .ubric  meic  Roga  [Rodaim].  Is 
as  tainic  a  hilathaib  Maigi  Masin.  I  curach  creduma  Abcain3 
eigis  tai»/c  7  a  lam  cle  fri  hErind.  Dia  luid  la  Gœith  mac 
Gaisi  Glaine  do  œnach  Fer  Fidga  tuarcaib  a  scol  creda  fora 
churach  ind  n-ingen,  7  doluid  a[o]enur  isin  n-inbear,  conas-ïaca. 
JEd  [don  tsuidiu  ir-raba,  7  ni  fidir  Aed]  cia  bae  in  ingen,  [7  ni 
fitir  in  ingen]  cia  tir  inda  raba,  co  cuala  dord  na  samguba4 
isinn  inhiur  nach  cuala  nech  [riam],  7  asb^rt  :  «  Bid  he  seo 
inbtv  bus  ainm  i  n-Erind,  »  7  dothuill5  'na  suan,  7  dolig^  tar 
bruindi  a  lunga,  cor'  baidead.  Conad  de  asbearar  Eas  Ruaid. 

No  comad  o  JEd  Ruad  mac  Baduirn  .i.  o  ns.  Evenn  no- 


^t) 


1 .  Voir  Revue  CelUquc,  XV,  272,  478. 

2.  dorœda  iEda,  Lee. 

3 .  a  curachaib  creduma  cain,  Lee. 

4.  saniduba,  Lee. 

5 .  co;/atuil  BB.  conatuil  H. 

6.  deilligh  BB,  H.  Cf.  infra  No.  93. 


^2  Whitley  Stokes. 

hainmnichthea  dia  rotelleastair  ara  oclach  ina  thuaristal,  dia 
brisistair  na  reanna  aicsidi  7  nemaicsidi  fair,  coro  greis  in  t-oc- 
lach  na  curu  i  cenn  in  rig  .i.  muir  7  ga;th  7  grian  7  eoi- 
theoir  7  firmaimint,  cor'  thogair  JEd  tre  theasbach  dul  'san 
eas  da  fothrucud  ^  Eas  nDuinn  meic  Dubain  nié^fc  Bili  a  hainm 
roime  sin  nocor'baithead  JEd  tre  firt  mara  7  morgaithi.  Vnde 
dicituT  Eas  Ruaid. 

It  was  Aed  Ruad,  son  of  Badurn,  king  of  Ireland,  that  was 
drowned  there  while  gazing  at  his  image  and  swimming  the 
rapid.  From  him  Ess  Ruaid  «  Ruad's  Rapid  »  is  named.  His 
gravemound,  Sid  Aeda,  is  on  the  rapid's  brink. 

Aliter  :  It  was  Ruad,  daughter  of  Maine  Milscoîh  son  of 
Donn  Desa,  who  chose  Aed  [Rôn]  son  of  Labraid  Lesbrecc, 
son  of  Roga  Rodam.  Where  she  came  from  was  out  of  the 
ilatha(?)  of  Mag  Maen.  In  Abcan  the  poet's  boat  of  bronze 
she  came,  with  Ireland  on  the  kirboard  side^.  Whenshe  went 
with  Gaeth,  son  of  Gaes  GLnn,  to  the  assembly  of  the  Men  ot 
Fidga  the  giri  hoîsts  her  sail  of  tin  on  his  boat,  and  en- 
tered  the  inver  alone.  Whereupon  Aed  saw  her  from  the  seat 
he  occupied,  but  he  knew  not  wlio  the  girl  might  be,  and 
she  knew  not  what  land  she  was  in.  In  the  inver  then  she 
heard  the  mermaid's  melody  which  none  had  ever  heard,  and 
she  said  :  «  This  inver  is  the  noblest  in  Erin  !  »  And  she  fell 
asleep  (at  the  music),  tumbled  over  the  bow  of  her  boat,  and 
was  drowned.  Hence  is  said  Ess  Ruaid. 

Or  it  may  hâve  been  named  from  Aed  Ruad  son  of  Ba- 
durn, king  of  Ireland,  when  he  defrauded  his  champion  con- 
cerning  his  stipend,  and  broke  upon  him  the  stars,  visible  and 
invisible?.  Thereupon  the  champion  incited  against  the  king 
the  sureties,  to  wit,  sea  and  wind,  sun,  ether  and  firmament, 
and  called  Aed,  by  means  of  (the  sun's)  sultriness,  to  enter  the 
rapid  and  bathe.  Ess  Didnn  «  the  Rapid  of  Donn,  son  of  Du- 
ban,  son  of  Bile  »  had  been  its  name  before  that,  till  Aed  was 

1 .  fothrucucu?;,  Lee. 

2.  Literally  :  and  her  left  hand  towards  Ireland. 

3 .  I  do  not  understand  this.  It  is  probably  an  idioni  denoting  a  gross 
breach  of  faith. 


The  Rennes  Dindse/ichas.  3j 

drowned  (therein)  by  a  miracle  of  sea  and  mighty  wind.  Hence 
Ess  Riiaid  «  (Aed)  Ruad's  Rapid  »  is  said. 

§§  1-5  are  also  in  LL.  165» z|:  BB.  391^25;  and  H.  50^.  Bodl.  no.  42. 
The  curious  §  4  is  found  only  in  Lee.  Versified,  LL.  213a  22.  Edited  froni 
BB.  in  Silva  Gadelica,  II,  479,  52^:  from  BodL  in  Folklore,  III,  505. 

Ess  (Aeda)  Riiaiâ,  the  salmonleap  at  Ballyshannon,  co.  Donegal,  is  an- 
glicised  Assaroe. 

A  brief  dindsenchas  corresponding  with  ïi  2  is  found  in  LL.  20b  10  :  Aed 
Ruad  trâ  atbath  di'b  artùs  .i.  badud  robàded  i  n-Es-ruaid,  7  co  tucad  a  chorp 
issin  sid  sin.  Xinde  Sid  n-iEda  7  Ess  Rûaid.  «  Nowofthem  Aed  Ruad  was 
the  first  to  die,  to  wit,  he  was  drowned  a  drowning  in  Assaroe,  and  his  body 
was  brought  into  that  sid.  Whence  «  Acd's  Sid  «  and  «  Ruad's  Rapid  ».  As 
to  boats  of  bronze,  see  above,  nos.  5  and  45;  and  cp.  the  lioigùie  crèdume 
in  LU.  45=». 

According  to  the  poem  in  LL.  213,  the  object  of  the  lady  Ruad's  hapless 
love  was  Aed  Rôn  son  of  Imchad  (dia  tue  in  morgrad  mada  \  d'Acd  Rôn  mar 
inac  luichada). 

For  another  instance  of  the  action  of  the  sun  and  wind  when  given  as 
sureties  (rallia),  see  LU.  158b,  Rolls  Tripartite  Life,  p.  567. 


82.  Druim  Cliab. 

(Lee.  p.  497'0. 

Druim  Cliab,  canas  rohainm/»VeJ  ? 

Ni  ansa.  IS  and  doroindi  Curnan  Cosdub  mac  Redoirche 
nieic  Dibaid  .111.  cliab  cwraich  do  arcain  Dune  Barc  for  Aindle 
mac  Loga  Lamfota,  co  mbiç  \)Y\:\.dain  co  leith  icon  togail  sin, 
co  ndrochair  Ainle  ann  conx  rignaib  7  co  lin  a  fualais  olcheana; 
7  is  annsin  adb^rt  Cz/rnan  :  «  Is  maith  cach  dail  [dia]  diagaid 
fir.  »  ri.  \Jndô  Druim  Cliab. 

'Tis  there  that  Curnan  the  Blacklegged,  son  of  Reodoirche 
son  of  Dibad,  built  thrice  fifty  boatframes  to  destroy  Diin  Barc 
on  Ainle  son  of  Lug  Longhand.  A  year  and  a  half  was  he  at 
that  destruction,  and  there  Âinle  fell  with  his  queens  and  the 
rest  of  his  fimily.  And  'tis  then  that  Curnan  said  :  «  Good  is 
every  gathering  to  which  mengo,  «  etc.  Whence  Druim  Cliab 
«  the  Ridge  of  (boat)  frames  » . 

Also  in  LL.  165-' 20  :  BB.  392*30:  H.  51»:  and  Bodl.  no.  34.  Versified 
LL.,  213a  52 — 213^6,  where Caurnan's  utterance  (probably  the  first  line  of 


34  Whitley  Stokes. 

a  lost  poem)  is  given  as  Maith  cach  daldia  tiagatfir.  In  LL.  165^  it  is  Is  m' 
in  ni  dia  tiagatfir  denam.  Edited  from  LL.  in  Silva  Gadelica,  II,  479,  526: 
from  Bodl.  in  Folklore,  III,  498-9. 

Driiiin  Cliab  now  Drumcliff  in  the  barony  of  Carbury  and  co.  of  Sligo. 
See  the  Four  Masters,  A.D.  871,  1187. 

Dûn  Barc  «  Fort  of  Ships  »,  is  perhaps  Dûnna  mBarc  (now  Dunnamark) 
in  Bantry  Bay. 


83.  Nemthenn. 

(R.  115^  i) 

Neimthend,  cid  dia  ta  ? 

Ni  ansa.  Dreco  ingen  Chalcmail  mcic  Cartan  w\eic  Co;/naitli 
bandnii  7  banliccerd,  is  le  ronairnecht  laith  neime  do  ceitMb 
macoib  f/r/;et  Yergus-x  Leithdf /rg,  co  /z-eblaMr  uile  di  sodlioin  ^, 
conïà  don  airm  a  n-eiplewr  is  ainm  Nemtenn. 

Dreco  daughter  ofCalcmael  son  of  Cartan,  son  of  Connath 
was  a  druidess  and  a  female  rhymer,  and  by  her  was  pre- 
pared  a  poisonous  liquor  for  Fergus  Redside's  four  and  twenty 
sons,  so  that  they  ail  died  of  it;  and  the  place  at  which  they 
perished  bears  the  name  Neni-îbeiin  «  strong  poison  ». 

AIso  in  LL.  165^  29:  BB.  592^  9:  H.  51^:  Lee.  491^:  Bodl.  no.  35.  Ver- 
sified  in  LL.  2i3i'8,  where  the  names  of  the  twenty-four  sons  are  given,  and 
Dreco  is  described  as  driii  7  degfiU  «  a  wizard  and  a  good  poet  ».  Edited 
from  BodL  in  Folklore,  III.  499. 

Fergus  Lcthderg,  one  of  the  four  chieftains  said  to  hâve  come  to  Ireland 
withNemid,  A.  M.  2850. 

Nemthmu,  now  Nephin,  a  mountain  in  co.  Mayo. 


84.    DUBTHÎR. 

Dubthir,  canas  ro  ainmniged  ? 

Ni  ansa.  Da  mac  forfacaib  Guaire  mac  in  Daill  .i.  Guaire 
Gann  7  Daire  [Duhchestach],  coro  marb  in  Guaire  in  Daire  oc 
Daiminis,  coiiid  de  roleith  fid  7  mothar  dar  crich  nGuaire  don 

I .  soghoin  R. 


The  Rennes  Dindsenchas. 


35 


fingail  sin  dorigne  ar  Daire  nDubcestac/;^  for  a  brathair.  Unde 
Dub//;/r. 

There  were  two  sons  whom  Guaire  son  of  the  Dali 
(«  Blind  »)  left,  namely  Guaire  Gann  («  the  Scanty  »)  and 
Daire  Dubchestach  («  of  the  dark  questions  »).  And  at  Daim-' 
inis  Guaire  killed  Daire,  so  that  a  wood  and  stunted  bushes 
overspread  Guaire's  country,  because  of  the  parricide  which  he 
committed  on  Daire  Dubchestach  his  brother.  Whence  Dub- 
thîr  «  dark-land  ». 

Also  in  LL.  1651^8:  BB.  392-^34:  H.  51'^:  Lee.  499:  Bodl.  no.  37.  Edi- 
ted  from  LL.  in  Silva  Gadellca,  II,  472,  517-518:  from  Lee.  in  Progs.  of 
the  R.  I.  Âcadeiny,  Irish  mss.  séries,  I,  184  :  from  BodL  in  Folklore,  III,  501. 

Diibthir  (Duhthtir,  LL.)  is  supposed  to  be  in  Connaught,  and  Daminis 
may  be  the  famous  island  (now  Devenish)  in  Lough  Erne. 

As  to  land  being  cursed  with  sterility  in  conséquence  of  a  murder,  see  ' 
Herodotus,  VI,  139:   'ATîoz-cst'vaat  oï  TOîat  neXaiyoTat  xoù;  açjïtsoo'jç  Traîoà; 
x£  xal  yuvaîy.aç  oi'-e  y^  y.ap-ov  stpepE  x.  t.  X. 


85.  Mag  Slecht. 

Magh  Slecht,  canas  ïoninmniged  ? 

Ni  ansa.  Ann  roboi  ri[g]idal  Erenn  A.  m  Crom  Croich,  7 
da  idhal  decc  do  clochaib  ime,  7  eisium  di  or,  7  is  é  ba  déa 
do  cacb  lucht  rogab  Erinn  co  toracbt  Vatiic.  IS  dô  no  idpradis 
cétgdnQ  câcha  sotha  7  primgene  cacha  cloinde.  IS  cuca  rosiacht 
TigtTn[m]c?.f  mac  EoWaicb  ri  Ereiiii  dia  samna  co  firu  7  co  mna 
Eremi  imalle  dia  adhradh,  covo  slecht  uilefiadhu  co  ra;m[d|etar 
tul  a  n-etan  7  maetha  hi  srona  7  foircledha  a  nglun  7  corra  a 
n-uillend,  co  n-eplat^fr  teora  cet/;rama[i]n  fer  n-Erciin  oc  na 
slechtonaib  sin.  IJnde  Mag  Slecht. 

'Tis  there  was  the  king-idol  of  Erin,  namely  the  Crom 
Croich,  and  around  him  twelve  idols  made  of  stones  ;  but  he 
was  of  gold.  Until  Patrick's  advent,  he  was  the  god  ofevery 
folk  that  colonized  Ireland.  To  him  they  used  to  offer  the 
firstlings  ofevery  issue  and  the  chief  scions  ofevery  clan.  'Tis 


36  Whitley  Siokes. 

to  hini  that  Erin's  king,  Tigernmas  son  of  FoUach,  repaired 
on  HallontiJe,  together  with  the  men  and  women  oi  Ireland, 
in  order  to  adore  him.  And  they  ail  prostrated  before  him,  so 
that  the  tops  of  their  foreheads  and  the  gristle  of  their  noses 
and  the  caps  of  their  knees  and  the  ends  of  their  elbows  broke, 
and  three  fourths  of  the  men  of  Erin  perished  at  those  pro- 
strations. Whence  Mag  SI echt  «  Plain  of  Prostrations  ». 

Also  in  BB.  395^4:  H.  51b:  Lee.  500^.  Versified,  LL.  213'"  38  ',  where 
the  principal  idol  is  called  Cromin  Crâaich,  and  in  Cronim  crin,  and  the 
object  of  offeringhim  a  third  of  their  progeny  is  stated  to  be  to  obtain  milk 
and  corn  (hlicht  ociis  ith)  —  whence  \ve  may  infer  that  the  Irish  Ceks  Hke  other 
races,  hcld  that  the  Earth-gods  could  be  propritiated  by  human  sacrifices. 
See  more  as  to  this  idol  in  the  Tripartite  Life,  p.  90,  92,  where  he  is  called 
Cenn  Cruaich  (ci.  Peiinocriiciiim  ?)  and  the  twelve  subgods  are  covered  with 
copper  (uma)  :  in  LL.  16^  31,  where  the  writer  says  that  only  four  of  the  men 
of  Erin  escaped  from  Mag  Slécht  :  in  the  Four  Masters  A. M.  3656:  in 
O'Curry's  Lectures,  pp.  103,  538;  and  m  Rei'tie  Celtique,  I,  259-260. 

Mag'  Sh'cht  is  the  plain  lying  round  Ballymagauran  in  the  co.  of  Cavan. 

As  to  the  sacred  number  twelve,  see  the  Index  rerum  to  the  Tripartite 
Life,  Rolls  éd.  p.  589. 

86.  Crechmàel. 

Crech  mdol,  c^nas  ro  aininniged  ? 

Ni  ansa  .i.  Crech  msel  drai  [leg.  dri'ith]  Enda  Cennsdaig 
dorât  gradh  do  Sampait  ingin  Bentrai.  Buachal  da/w  7  banli- 
cerd  Isen^,  conas-ïuair  in  druth  oc  imain  a  bô  do  edrud,  coro 
gab  algais  di  7  rola  laim  fuirre  da  fcreicniugw^.  IMsôi  in  ben 
iris,  7  rocu[i]r  7  rocengoil,  7  rothend  a  buaraich  'ma  braghait, 
conid  romarb  in  drai  [leg.  drûth].  Unde  Crccbmâcl. 

Crechmdel,  Enda  Cennselach's  bufïoon,  gave  love  to 
Bentrae's  daughter  Sampait.  She  was  a  herdsv^oman  and  a 
poetess.  The  buffoon  found  her  driving  her  kine  home  at 
evening,  and  he  made  an  urgent  request  of  her,  and  put  his 
hand  upon  her  to  force  her.  The  woman  turns  against  him, 
and  cast  him  down  and  bound  him  and  tightened  her  cow- 

1 .  In  the  lithographie  facsimile,  213!^,  1.  52,  for  hana  weshould  probably 
read  hanu :  1.  53,  for  uiset  oie  road  luiset  oh:  I.  54,  for  denon  and  sana  read 
deiiioi!  and  fccna. 

2.  Sic  BB.  isein  H.  is  he  R, 


The  Rennes  Dimiienchas.  37 

spancel  round  his  neck^  so  that  the  buffoon  died.  Whence 
Crechmacl. 

Also  in  LL.  167b  16;  BB.  393->  44;  H.  52^;  Lee.  497->;  D.  4.  2.  fo.  56b  3; 
and  Bodl.  no.  40.  Versified,  LL.  199-*  62 — 199I''  13,  where  Sampait's  iather 
iscalled  Bethra,  and  hard  occurs  as  the  équivalent  of  leccerd.  Published  from 
BodL  in  Folklore,  III,  503-504. 

Crcchinad  was  the  name  of  a  wood  not  identified.  Eiida  Cciiiiselacb  is 
mentioned  in  the  Book  of  Armagh,  fo.  i8-i  i,  as  having  a  son,  Crimthann, 
contetnporary  with  S,  Patrick. 


87.  Lia  Nothain. 

Lia  Nothain,  canûs  roainiuiiiged? 

Ni  ansa.  Nothain^  ingeii  Coiimolr  do  Coiinacht-ïih  robôi  as 
cacb  diibt[h]air  diaroile  .IIL  hlindaii,  7  ni  tue  a  haghaidh  for 
mâchoire,  7  praind  céit  domeiledh  [cach  lae].  Luidii  dano  a 
iiûiair  a  crich  Beirre  do  iar[r]aidli  a  ingine,  co  mbôi  hlhdaùi 
hiin  fora  fochmarc,  conid  ann  fu^fuair  isin  ûdhaid,  7  ba  lor  do 
grain  a  delb,  7  ba  hedh  roraidh  fris  :  «  Indat  bi  ïor  ndôine  .i. 
mo  muime  7  mo  mâtbak  7  mo  hnixhair  7  car/;  a[r']  farcb/y.y 
oc  Druim  Gain  ?  » 

«  Marb  uile  acbt  mise,  »  ar  Coiim-Àor. 

«  Bamsa  marbsa  di  sodhain,  »  ol  sise,  «  7  tiaghsa  latsu^ 
immarach  ar  in  magli  coro  saidlie  mo  lia  7  coro  claide  mo 

fdTt.    » 

Unde  Lia  Nolbain. 

Nothain,  Commaer's  daughter,  of  Connaught,  was  wande- 
ring  for  thrice  fifty  years  from  one  jungle  to  another,  and  her 
tace  never  fell  on  a  fieid,  and  every  day  she  would  eat  a  dinner 
for  a  hundred. 

So  her  fither  fored  forth  of  the  district  of  Berre  to  seek  his 
daughter,  and  a  full  year  was  he  a-searching  for  her,  and  then 
he  found  her  in  the  forest,  and  horrible  enough  was  her 
aspect.  This  she  said  to  him  :  «  Are  your  people  alive,  to 
wit,  my  nurse  nnd  my  mother  and  my  brother  and  whosoever 
I  left  at  Druim  Gain  ?  » 

I     Nothtain  R.  2.   Sic  BB.  tia^hsu  latsa  R. 


38  Whitley  Siokes. 

«  Ail  are  dead  save  myself,  »  says  Conmaer. 

«  Then  I  too  should  be  dead,  »  quoth  she.  «  To-morrow  I 
go  with  thee  on  the  plain  that  thou  mayst  set  my  gravestone 
(lia)  and  dig  my  grave.  » 

Whence  Lia  Notlmin  «  Nothain's  Gravestone  ». 

Also  in  BB.  593b  20;  H.  52^,  and  Lee.  500b.  Versified,  LL.  214^5  '.  The 
versions  in  LL.  167^29,  and  Bodl.  no.  41  (Folklore,  III,  504)  are  very  dif- 
férent. 

Lia  Notbain  not  identified.  Nor  is  Bcrre,  which  raust  be  somewhere  in 
Connauglit. 

88.  Carn  Furbaidi. 

Carnn  Furbaidhe  7  Ethne,  c.inas  i-oaiiwmigthe  ? 

Ni  ansa.  Eithnc  ingeii  Eichacb  FeidhhV^  ben  Coiichohair 
raeic  Nesa,  ba  si  vnâthair  Fwrbaidhe.  Asbert  daiio  a  drùi  fri 
Clothraind  [ingin  Echach  Feidlig]  macc  a  sethar  da  marbad. 
Mus-l'ic  Eithne  anoir  dia  basait  co  Cruachaiii.  Doluidh  da;/o 
Lughaid  Sriab  nderg  ara  cind  —  mac  sen  Clothroinde  —  7 
baidhidh  -  in  mnôi  .i.  Eithne,  isin  aboind  fo/'sa  fail  a  ainm,  7 
dobdV't  a  mac  treithi,  iarna  bddhadh  .i.  Fwrbaidhe  Ferbend  .i. 
da  beind  hatar  ina  uisinib  .x.  uii.  hlhdna  a  oes  ar  Tain  bo 
Cnalnge.  Luid  dano  Furbaidhe  do  digoil  a  mâthar  co  drochair 
leis  Clothru.  Luidh  dano  Lugaid  ind  iarmovacbt  F//rbaidhe, 
conid  romarb  hi  mullach  Sleibe  Uillenn,  coro  ladh  a  carnn  and 
.i.  cloch  cach  fir  bai  la  Lugaid.  Unde  Carnn  Furbaidhe  7  Eith- 
ne no;;//?/a[n]twr.  Sliab  Uillend  mwiorro  o  Uilend  Fa^bard^rg 
mac  Find  hiii  Baiscne,  ronapad  and,  nomiuiiur. 

Ethne,  daughter  of  Eochaid  Feidiech,  wife  of  Conchobar 
mac  Nessa,  was  Furbaide's  mother.  Now  lier  wizard  had  told 
Clothru,  (another)  daughter  of  Eochaid  Feidlech's,  that  her 
sister's  son  would  kill  her.  So  Ethne  (who  was  then  in-child 

1 .  The  facsimile  is  hère  very  incomplète,  owing  doubtless,  to  the  ob- 
scurity  of  the  ms.  The  first  quatrain  should  be: 

Ata  sund  fo  choirthe  chrûaid 
ben  co  ndoirthi  is  co  //dimbûaid, 
ca»  gairm  sochair  moasech, 
diar'bo  ainm  Nothain  Nertbuillech. 

2 ,  baidhigh  R. 


The  Rennes  DindUnchas.  39 

with  Furbaide)  goes  from  the  east  to  Cruachan  for  lier  lying- 
in.  Then  Lugaid  of  the  Red  Stripes  —  he  was  a  son  of  Clo- 
thru's  —  went  ahead  of  Ethne,  and  drowns  her  in  the  river 
which  bears  her  name.  And  after  she  was  drowned  he  eut  out 
from  her  womb  her  son,  even  Furbaide  Fer-benn,  that  is,  two 
horns  (henn)  were  on  his  temples.  Seventeen  years  old  was 
Furbaide  at  the  Driving  of  the  Kine  of  Cualnge.  Then  Fur- 
baide went  to  avenge  his  mother,  and  Clothru  fell  by  his 
hands.  So  Lugaid  went  in  pursuit  of  Furbaide  and  killed  him 
on  the  top  of  Sliab  Uillenn,  and  thereon  was  cast  his  cairn, 
to  wit,  a  stone  for  each  man  who  accompanied  Lugaid. 
Whence  Cani  Furhaidi  «  Furbaide's  Cairn  »,  and  Ethne  are 
(so)  named.  Sliab  Uillenn,  however,  is  named  from  Uillenn 
Red-edge,  son  of  Find  hua  Baiscni,  who  was  killed  there. 

Also  in  BB.  394a  14:  H.  52b:  Lee.  301^  and  Bodl.  no.  8.  Versified,  LL. 
199*35.  Edited  (from  Bodl.)  in  FoIJdore,  III,  476-477. 

Cani  Furhaidi  on  the  top  of  5//fl/'  Uillenn,  not  identified.  Ethne  the  river 
Inny,  dividing  the  co.  of  Longford  from  the  western  half  of  Westmeath. 

As  to  Eochaid  Feidlech  and  his  three  daughters,  Ethne,  Clothru  and 
Medb,  see  LL.  124b  34:  O'Mahony's  Keating  277,  and  O'Curry,  M.  andC. 
II,  240,  24i.Asto  Lugaid  Sriab  nderg's  incestuous  parentage,.see  thedind- 
senchas  of  Druim  criaich,  infra,  no.  140.  The  Csesarean  opération  by  which 
Furbaide  was  brought  forth  is  mentioned  in  LL.  125-^3,  199^45,  and  also 
in  Lee.  cited  by  O'Donovan,  Supp.  s.  v.  Glaise. 


89.  Ard  Fothaid. 

Ard  Fothaidh,  can^i'  roainninigcd? 

Ni  ansa.  Voû\ad  Airgthech  m^c  'Lxxigdech  meic  Meic  nia  co- 
watail  and  co  cend  teora  coigtighes  fri  foghar  ceirce  Bairche, 
dia  mbai  for  echtra.  Unde  Ard  Vothaid  noniinatiir. 

Fothad  Airgthech  son  of  Lugaid  son  of  Mac  nia,  when  he 
was  on  an  adventure  slept  there,  till  the  end  of  three  fortnights, 
at  the  clucking  of  Bairche's  hen.  Whence  Ard  Fothaid  is  named. 

Also  in  BB.  399*32:  H.  58*:  Lee.  506^.  and  Ed.  4b  2.  Edited  (from  Ed.) 
in  Silva  Gadelica,  II,  483,  531,  -Aaà  Folklore,  IV,  479. 

Ard  Fothaid  seems  the  same  as  the  Ard  Fothad oi ûi^V omx  Masters,  A.D. 


40  Whitley  Stokes. 

639,  «  the  name  of  a  fort  on  a  hill  near  Ballymagrorty.  ..  in  the  co.  of 
Donegal  »  (?).  See  also  Reeves  Fita  Cohunhae,  p.  38  note.  It  is  spelt  Ard 
Fothaid  in  the  Tripartite  Life,  Rolls  éd.  p.  148,  and  Ardd  Fotliid  in  the  Book 
of  Armagh,  fo.  18'' 2. 

Fothad  Airgthech,  a  son  of  Mac-con,  was  slain  in  battle  A.D.  285.  In 
LU.  133''  is  a  story  about  the  identification  of  his  tomb,  which  is  printed 
and  translated  in  Petrie's  Round  Toivers,  pp.  107,  108.  The  allusion  to 
Boirche's  lien  is  to  me  obscure.  Vide  supra,  n°  64. 


90.  Mag  n-Itha. 

Mag  nitha,  cann.^  roainiuniged  ? 

Ni  aiisa.  Ith  mac  Breogain  [is  e  cétna]  fuair  Eirind  am'is  [do 
macaib  Miled,]  co  ro  marbsat  Tuatha  Dé  Danann  ar  formdiu- 
ghudh  n-Eran/  impn,  dia  rocljt  cuca  co  Oilech  Neit  dia  n-ei- 
p^Tt  :  «  Is  coir  d[a]ib  corc  etraib  [do  dénum.]  Is  maith  in  inse 
a  tathi.  Is  imda  a  mil  7  a  iasc  [7  a  mes  7  a  cruithnecht.  Is 
mesraigthi  a  fuacht  7  a  tes.  »]  Coro  [cojcratar  in  toisicli  iar- 
sin,  co  rot-marbsrtt  ar  in  maigh  ucut.  \]ndc  Mag  n-Itba. 

Ith  son  ofBreogan,  'tis  he  that  first  of  the  sons  of  Milfound 
Ireland,  and  the  Tuatha  Dé  Danann  kilied  him  because  they 
were  envions  of  the  Milesians  having  Ireland.  It  was  when  he 
got  to  Ailech  Néit  and  said  :  «  It  is  meet  for  you  to  make 
peace  between  you  and  us,  Good  is  the  island  wherein  ye  are. 
Abundant  are  its  honey  and  its  fish,  its  mast  and  its  wheat. 
Moderate  are  the  cold  and  the  heat  thereof.  »  So  then  the 
chieftains  (of  the  Tuatha  Dé  Danann)  conspired  ^  and  kilied 
him  on  yonder  plain.  Whence  Mag  n-Itha  «  Ith's  Plain.  » 

Also  in  BB.  399148:  H.  58->;  Lee.  507».  The  copy  in  Bodl.  53  (edited 
in  Folklore,  III,  515)  difïers. 

Mag  nItha  seems  the  plain  along  the  river  Finn  in  the  barony  of  Raphoe, 
co.  Donegal,  now  called  the  Lagan,  rather  than  Mag  n-Itha  Fothairt  in  the 
co.  Wexford. 

Ailech  Kèit  (also  called  Ailech  Frighrenn),  the  palace  of  the  northern  Irish 
Kings,  near  Derry.  See  infra  no.  91. 

Ith  son  of  Breogan,  one  of  the  Spanish  invaders  of  Ireland,  O'Mahony's 
Keating,  p.  180. 

I .  Lit.  whispered  together,  a  compound  of  con-  and  the  root  kar. 


The  Rennes  Dindsenchas.  41 


91.    AlLECH. 

Ailech,  canas  wainmniged? 

Ni  aiisa.  Ailech  o  ail-ech  asb^rar  .i.  ail  eich  andsin,  ar  it 
eich  t//csat  a  ailbech  la  Fri[g]rend  mac  Rubit  Rùaid  mac  Di- 
doil  do  Fomuirib  Fer  Falga,  7  Baine  ainm  a  ingene,  7  Tair- 
hen  a  gilla,  7  Bernas  a  mac.  Unde  Ailech  Fiigrenn  7  Cnoc 
mBaine  7  Snâni  Maighi  Tairb/rt  7  Bernas  Tire  h^Eda. 

Ailit(?r  ;  Ailech  ond  ailigh  tuarccaib  Corrchend  o  Cruaich  fri 
lighi  JEda  meic  in  DagJ^ï  iarna  marbadh,  co  nar'léic  in  Daghda 
a  marbadh  isin  gnimsin,  acbt  in  marb  ara  muni  àogrés  co 
fagbad  ailech  a  chum[f]at  do  chor  fora  lighi.  Rosir  da/w  Corr- 
cend  Erinn  fon  marb  sin  co  fuair  lice  a  chomfat  oc  Loch  Fe- 
boil,  coiias-tua.rgaïh  fair,  conïd  ann  asb^rt  oca  breith  :  «  Ach, 
ach  do  ail,  is  di  dobeb  !  »  «  Is  coir  didiu,  »  ol  in  Dagii^^ 
«  cid  ail-ach  ainm  in  denna  so,  »  7  dobath  Corrcend  —  mide 
Oilech  —  7  dobreath  in  Dagda  Ailech  do  Neit  m.ac  Indui,  do 
brathair  a  athar  iarsin,  7  dia  mnoi  do  Nemoin.  Unde  Ailech 
[Néit]  nomimnur. 

Ind  aimsir  immorro  Abraim  meic  Thara  rocumda^^L 

[fo.  116^2]  Ailit^r  ;  Frigriu  mac  Rubai  Ruaidh  doluidh  a 
hinis  Bretan.  Cerd  sidhe  do  Fubthaire  do  rig  Alban  ^,  co  tue 
ieis  Aihg  a  ingin-  for  aithiud  dochum  Ereiiii.  Doluid  dano  Fub- 
taire  a  lurg  a  ingene  co  hOilech,  co  ndt-rna  Frigriu  tech  di 
do  dé'rgiubwr^  7  doheccra[d]  in  tech  sin  do  or  7  do  argad  7  do 
uma;  7  do  gemoib,  co  mbâ  comsolus  al-lô  7  a  n-oidchi  in  tech 
sm,  7  ruccad  and  in  ingen  dia  taiscfJ^  7  adberar  ba  dalta  hi 
don  Cé'rd  7  ni  ba  ben,  7  co  mba  si  sin  ben  Eiichacb  3  Doimplen 
[7]  màihair  na  Colla,  7  Fiacha  Srabtine  ba  ri  intan  sin.  IJnde 
Ailech  Erigrenn  noniinauir. 

Ailech  from  ail-  and  ecb,  that  is  ail  «  stone  »  and  eich 
«  horses  »,  for  it  is  horses  that  drew  the  srones  of  which  it 
was  built  for  Frighriu  son  of  Rubne  the  Red,  son  of  Didol,  of 

1 .  do  Fubthainre,  R.  3 .   QCâchach  R. 

2.  ailech  R.  ^ 

Revue  Celtique,  XVI.  4 


42  WIntley  Sîokes . 

the  Fomorians  of  the  Isle  of  Mann.  And  Baine  was  his  daugh- 
ter's  name,  and  Tairbert  was  his  servant  and  Bernas  his  son. 
Whence  Ailecb  Frighrenn  «  Frighriu's  Stone-house  »,  and 
Cnoc  inBaine  «  Baine's  Hill  »,  and  Snâm  Maige  Tairbirt  «  the 
Swimming-place  of  Tairbert's  Plain  and  Bernas  of  Tir  Aeda.  » 

Otherwise  :  Ailecb  from  the  ail  «  stone  »  which  Corrchenn 
of  Cruach  Hfted  for  the  grave  of  Aed  the  Dagda's  son,  after 
he  had  killed  him  (for  seducing  his  wife).  Now  the  Dagda 
would  not  iet  Corrchenn  be  killed  for  that  deed,  but  (sentenc- 
ed  him  to  carry)  the  corpse  on  his  back  until  he  should  find 
a  stone  as  long  as  Aed  to  put  upon  his  grave.  So  Corrchenn 
carrying  that  corpse  searched  Erin  till  he  found  at  Lough 
Foyle  a  stone  of  the  right  length.  This  he  heaved  up  on  his 
back,  and  then  he  said  while  carrying  it  :  «  Acb,  acb  «  ah,  ah  », 
thy  stone  (ail),  I  shall  die  of  it  !  »  «  Meet  it  is,  »  quoth  the 
Dagda,  «  that  Ail-acb  be  the  name  of  this  noteworthy  stead,  » 
and  then  Corrchenn  died.  Whence  Ailecb.  And  the  Dagda  after- 
wards  gave  Ailech  to  his  father's  brother  Net  and  to  his  wife  Ne- 
main.  Whence  it  is  named  Ailecb  Néit  «  Nét's  stonehouse  ». 

Now  it  was  built  in  the  time  of  Abraham  son  of  Terah. 

Otherwise  :  Out  of  the  island  of  Britain  went  Frighriu  son  of 
Rubae  the  Red.  He  was  the  craftsman  of  Fubthaire  king  of 
Scotland,  and  with  the  king's  daughter  Ailech  he  eloped  to 
Ireland.  Then  Fubthaire  went  on  his  daughter's  track  to  Ail- 
ech, (and  the  king  of  Ireland  protected  the  two  lovers  from 
Fubthaire,  and  granted  to  the  girl  the  site  of  Ailech).  There, 
then,  Frighriu  built  her  a  house  of  red  yew,  and  that  house 
was  set  out  with  gold  and  silver  and  brass  and  gems,  so  that 
it  was  equally  radiant  by  night  and  by  day.  And  therein 
the  girl  was  put  to  be  hoarded,  and  'tis  said  that  she  was  a 
fosterling  (or  pupil)  of  the  craitsman,  and  she  became  the 
wife  of  Eochu  Doimlén  and  the  mother  of  the  (three)  Collas. 
And  Fiacha  Sraibtine  was  then  king.  Whence  Aikcb  Frigbreiin 
«  Frighriu's  Stonehouse  »  is  named. 

Also  in  BB.  399b  22:  H.  58b:  Lee.  507^.  Versified  LL.  164a  (where 
Frighriu  is  styled  cerd  Criithmaige  ce  \  i  rè  tuhthairc  6  Ht)  :  also  (by  Flann 
Manistrech)  in  LL.  iSi^  R.  11 5b  2,  Lee  507b.  A  third  poem  on  the  subject 


The  Rennes  Dindsenchas.  43 

hegïnmng  A iîech  Fiigretin  (faithchc  rîgraîth)  rîgda  in  domain  is  found  in  H. 
and  Lee.  509a,  whence  it  has  been  edited,  with  an  English  Iranslation,  in 
Ti}e  Ordnance  Survey  of  tlie  Co.  of  Londonderry,  I,  223  et  seq. 

Ailcch  is  now  Elagli  or  Greenan  Ely  (Grianan  Ailig),  a  fort  on  the  sum- 
mit  of  a  hill  near  Burt  in  the  barony  of  Inishowen. 

As  to  the  Dagda  see  Revue  Celtique,  XII,  124.  As  to  the  battle-god  Net 
and  his  wife,  see  Cormac's  glossary,  s.  v.  hièit. 

Eochu  Doinilén,  a  son  of  Cairbre  Lifechair,  see  the  Four  Masters,  A.D.  276. 
Fiacha  Sraibtine,  overking  of  Ireland  from  A.D.  286  to  A.D.  322,  when  he 
was  slain  by  the  threc  Collas,  or  Conlas,  as  the  name  is  spelt  in  LL. 
1641^  5,  the  ancestors  of  many  great  fliraiUes  in  Ireland  and  Scotland. 


92.  Carraic  Lethdeirg. 

[CJarrac  Leithck/rg,  axwas  rohainmnigedh  ? 

Ni  ansa  À.  Leithdcrg  ingen  Co}ic\\ohair  meic  Nesa,  bean 
Tromdai  meic  Calatruim^,  dorât  gradh  ind  aislinge  do  Fotlwi 
Cananne,  co  tainic  se  ocus-  triar  fear  ime  fodesin  dia  saighidh3 
.i.  Feithlenn  mac  Fidrui  7  Lurga  mac  Luaith  7  Eirisnech  mac 
Inmaise[i]Lh,  7  Fothad  in  ceihraniad'i,  acht  ba  hiar  nguin  Ai- 
kWa  maie  Eogain.  Briccem  mac  Tuinde  tue  eathar  doib.  Ro- 
marhad  daiio  Tromda,  7  tuccad  a  ben  iiadli  don  5  carraic.  Unde 
Carrac  LQîbdeirg. 

Lethderg  («  Red-side  »)  daughtcr  of  Concliobar  mac  Nessa, 
wife  of  Tromdae  son  of  Caiatrom,  gave  love  in  a  dream  to 
Fothad  Cananne.  So  to  her  came  he  and  three  men  witii 
himself,  namely,  Fethlenn  son  of  Fidrue  and  Lurga  son  of 
Luath  and  Eirisnecli  son  of  Inmaisech,  and  Fothad  was  the 
fourth,  but  it  was  after  the  slaying  of  Ailill  son  of  Eogan. 
Briccen  mac  Tuinde  («  son  of  Wave  »)  gavethem  aboat.  So 
Tromda  was  killed  and  his  wife  was  taken  from  him  to  the 
crag.  Whence  Carrac  Lethdeirg  «  Lethderg's  Crag  ». 

Also  in  BB.  400^  11  :  H.  61^:  Lee.  510^. 

Carraic  LetJjdeirg,  net  identified.  As  to  Fotliad  Canainnc  see  Revue  Ce, 

1.  caladhdrûib  R.  4.  in  .iiii.ad  BB.,  in  imad  R. 

2.  cotainicset  R.  S-   sic  BB.  and  Lee.  din  R. 

3 .  saidhigh  R. 


44.  Whitley  Stokes. 

tique,  XIV,  248  and  Silva  Gadclica,  II,  474,  519.  His  name  occurs  in  LL. 
139a  15  as  that  of  the  husband  of  Callech  Bérri.  He  was  called  after  his 
hound  Canann,  Coir  Anmann,  Lee.  445''. 


93.  Mag  Coba. 

Mag  Coba,  canas  roaimuniged  ? 

Ni  ansa.  Coba  cu[th]chaire  Eirimon  meic  Miled  Es^aine.  Is  e 
cétna  ro  indlestar  airrcis  7  cuithigh  art//j-  a  n-Eïriun,  7  indles 
fodesin  a  chois  i  suidiu  duus  in  bad^  doith^,  coro  sedlad  buinde 
a  sliasta  7  a  da  doit  inde,  7  co  deiligh  a  delà  iarna  thœmad,  co 
7/-apadh  de.  Vnde  M.ag  Coba. 

Coba  the  pitfiill-maker  (or  trapper)  of  Erem  son  of  Mil  of 
Spain.  'Tis  he  that  first  prepared  a  trap  and  pitfall  in  Erin, 
and  he  himself  put  his  leg  into  it  to  see  if  it  were  in  trim(?), 
whereupon  his  shinbone  and  his  two  fore-arms  were  frac- 
tured  (?)  in  it,  and  his  drinkingcup  after  being  emptied  fell 
down,  so  that  he  died  thercof  (i.  e.  of  pain  and  thirst), 
Whence  Mag  Coba. 

AIso  in  BB.  400b  54;  H.  61^:  Lee.  siob,  and  Ed.  5»  i.  Edited  from  Ed. 
in  Folklore,  IV,  482. 

Mag  Coba  seems  to  hâve  been  an  old  name  for  a  portion  of  the  baronies 
of  Iveagh  in  Ulster.  See  Reeves  Ecd.  Antiqq.,  p.  349,  note  s. 

As  to  Erem  (=  Aryaniaii)  son  of  Mil,  see  the  Four  Masters  A  M.  3501, 
and  the  dinisenchas  oî  Mag  uDiiinach,  Lee.  524'',  mfra  no.  52). 

Thisstory  ofCoba  eontains  some  rare  words —  airrches  «  trap  »,  cuithech 
("pitfall  »,  and  its  derivative  cuthchaire  «  trapper  »,  doith  (leg.  doich?) 
«  active  »,  ro  sedlad  «  was  fractured(?)  »,  delà  «  drinking-cup  ». 


94.  Ard  Mâcha. 

Ard  Machae,  canas  xoainmniged  ? 

Ni  ansa.  Mâcha  ben  Nemedh  meic  Agnomoin  atbath  and  7 

1 .  sic  BB.  bat  R. 

2.  better,  perhaps,  doich  .i.  eascaidh no  tâipaiàh  expéditions,  quick,  nimble, 
active,  P.  O'C. 


The  Rennes  Dindsenchas.  45 

when  she  reached  the  end  of  the  green  she  brings  forth  a  boy 
and  a  girl  —  Fir  and  Fiai  «  True  and  Modest  »  their  names 
rohadnacht,  7  ba  hé  indara  magh  .x.  roslecht  la  Nemedh,  7 
dobretha  dia  mnoi  co  mbeith  a  ainm  uasa.  \Jï\de  Mao-  Mâcha. 

Ailitfr;  Mâcha  ingen  yEdha  Ruaidh  maie  Baduini,  is  le  ro- 
thornedh  Emoin.  Is  ann  ro  hadnacht  dia  rz^j-marb  Rechtaidh. 
Rigd^rg,  7  isdiaguba  rognith  Oenach  Mâcha.  Unde  Mag  Mâcha. 

Ailier.-  Macha2  dano  ben  Chrn[i]nd  meic  Agnoman  doriacht 
and  do  comrith  fri  heacha  Concohair,  ar  atbcrt  an  fer  ba  luai- 
thiu^  a  bean.  KvcAaid  d3.n0  bôi  in  ben,  is  hi  inbadhach,  cor' 
chuin[n]igh  cairde  coro  thoeda  bru,  7  ni  lucad  di,  7  dognith  in 
comrith  iarwm,  7  ba  luaithem  si,  7  o  ro  siacht  [cenn]  in  céiti 
bmdh  mac  7  ingen  —  Fir  7  Fiai  a  n-anmand  —  7  atb^rt  co 
mbedis  \J\aid  fo  ceis  ôited  in  car/;  uair  d/^j"-fic£id  eicin.  Conïd 
de  bai  in  cess  ïor  \]\\iaih  fri  re  noinaide  o  ûaith  Concohair  co 
flaith  Mail  mcic  Roc/;raide,  7  atb^rat  ba  hi  sin  Grian  Banchî^r^ 
ingt'/z  M'idir  Bn  Léitb,  7  atbeb  iar  suidhiu,  7  focresa  a  iert  i  n- 
Ard  Machaî,  7  focer  a  guba  7  roclan[n]udh  a  lic^.  Unde  Ard 
Mâcha. 

Mâcha  wife  of  Nemed  son  of  Agnoman  died  there  (on  Mag 
Mâcha)  and  was  buried,  and  it  is  the  twelfth  plain  which  was 
cleared  by  Nemed,  and  he  bestowed  it  on  his  wife  so  that  it 
might  bear  her  name.  Whence  Mag  Mâcha  «  Macha's  Plain  ». 

Otherwise  :  Mâcha  daughter  of  Aed  the  Red,  son  of  Badurn 
—  'tis  by  her  Emain  was  marked  out  —  was  buried  there 
when  Rechtaid  of  the  red  fore-arm  killed  her.  To  lament  her, 
Oenach  Mâcha  «  Macha's  Fair  »  was  established.  Whence  Ma? 
Mâcha. 

Otherwise  :  Mâcha  wife  of  Crund  son  of  Agnoman  went 
thither  to  race  against  king  Conchobar's  horses,  for  her  hus- 
band  had  said  that  his  wife  was  swifter  (than  they).  Thus 
then  was  the  wife,  big  with  child  -  :  so  she  asked  a  respite  till 
her  womb  should  hâve  falien,  and  this  was  not  granted  to  her. 
So   then  the  race  was  run,  and  she  was  the  swiftest.  And 

1.  luiathiu  R. 

2.  P.  O'C.  explains  ionhhadhach  by  «  timely,  seasonable,  in  due  time  », 
as  if  it  were  derivcd  fiom  inbuid. 


46  Whitley  StoKes. 

—  and  shc  siiid  that  the  Ulaid  would  abide  under  feebleness  of 
childbed  whensoever  need  should  befall  them.  Wherefore  the 
Ulaid  suffered  feebleness  for  the  space  of  a  nomad  from  the  reign 
of  Conchobar  to  the  reign  of  Mal  son  of  Rochraide  «  Great 
heart  ».  And  men  say  that  she  was  Grian  Banchure  «  the 
Sun  of  Womanfolk  »,  daughter  of  Mider  of  Bri  Léith.  And  after 
this  she  died/and  her  tomb  was  raised  on  Ard  Mâcha,  and 
her  lamentation  was  made,  and  her  gravestone  was  planted. 
Whence  Ard  Machae  «  Macha's  Height  » , 

Also  in  BB.  400^49  :  H.  61^:  Lee.  510^;  and  Ed.  4^2.  Edited  from  Lee. 
in  Reeves'  The  Ancient  Churchcs  of  Arviagh,  1860,  p.  41  ;  from  Ed.  in  Folk- 
lore, IV,  480. 

Ard  Mâcha  now  Armagh.  Mal  son  of  Rocliraide  overking  of  Ireiand 
A.D.  107-110.  As  to  Mider  see  infra  no.  126. 

Tliat  the  second  Mâcha  marl<ed  out  Emain  (now  the  Navan,  about  two 
miles  west  of  Armagh)  is  told  also  in  Cormac's  Glossary  s.  v.  Emain,  and 
in  LL.  20b  48. 

The  story  of  the  third  Macha's  race  with  Conchobar's  horses  and  of  the 
birth  of  hev  twins  is  related  more  fuUy  in  LL.  125'^  42,  whence  it  has  been 
published  by  the  late  Sir  Samuel  Ferguson  in  a  note  to  his  Congal, 
London,  1872,  pp.  189,  190,  with  a  Latin  version,  and  by  Prof.  Windisch 
in  the  Bcrichtc  of  the  Royal  Saxon  Gesellschaft  der  Wissenschaften,  1884, 
p.  336-347,  w'ith  a  German  translation. 

95.  Lecht  Ôenfir  Âife. 

Lecht  Oinfir  Aife,  canas  roainiiiiiigcd  ? 
Ni  ansa.  Oenfer  Aife  mac  do  Cboïiiciûainii  dorocht  tar  muir 
co  Traigh  mBaile  no  co  hAth  niBcc  i  G);/aillib  Mwrthemne, 
como  farnaic  do  fria  athair,  co  ron-iarflir/;/  a  athair  cia  bui 
and,  7  ni  dernai  =^  a  sloindedh  dô.  Nôi  mhlhdna  ba  sldn  dô. 
Imuforbair  doib  co  nàrochair  in  mac.  Coind  and  ishcn  in  mac  : 
«  AndsLi  labroind  [ani]  biis  no  [a]ni  thoas  ».  Conid  and  asbf/t 
Cil  culaiiiii  : 

«  Oenfer  Aife  ciarba  du 

do  dicHth  'na  athardu, 

bidam  bithchuimnech  -  rem  re 

dom  gleo  fri  hOenfer  Aife.  » 

1 .  dcrnaidh  R. 

2.  sic  H.  bidh  damh  bidh  cuimnech  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  47 

Ros-fuc  leis  Cu  culaiiin  iiirsin  roro[n]adnacht  oc  [Oenach] 
Airrbe  Rofir,  7  coro  cachoin  a  guba.  Unde  Lecht  Oenfir  Aife. 

Oenfer  Aife  «  Aife's  Only-man  »,  a  son  of  Cûchulainn's, 
[sent  by  his  mother  from  Scotland]  came  over  sea  to  Baile's 
Strand  or  to  Littleford  in  Conailli  Murthemni.  There  he  met 
with  his  father,  and  his  father  asked  him  who  he  was.  And  he 
would  not  déclare  his  name.  He  had  completed  (only)  nine 
years.  So  flither  and  son  attacked  each  other,  and  the  son  fell. 
Then  said  the  son  :  «  'Tis  hard  that  I  should  speak  what  is 
or  what  turns  ».  Then  said  CùchuLiinn  :  «  Aife's  only-man, 
though  'twas  meet  (for  him)  to  be  hidden  in  his  patrimony 
during  my  time  I  shall  be  ever  mindful|of  my  fight  with  Aife's 
only-man  ». 

Thereafter  Cûchulainn  took  him  away  and  buried  him  at 
Oenach  Airbi  Rofir,  and  sang  his  dirge.  Hence  Lecht  Oenfir 
Aife  «  the  Monument  of  Aife's  Only-Man  ». 

Also  in  BB.  401^28:  H.  62b :  and  Lee.  511^, 

Lecht  Oiiifir  Aife  not  identifàed.  Trâig  Baile  now  Dundalk  in  the  Co.  ot 
Louth. 

Conailli  Muirthemni  the  part  of  tlie  same  county  whioh  lies  between  the 
Cooley  mountains  and  the  Boyne. 

Aife  daughter  of  Scathach  the  Scottish  aniazon  who  taught  Cûchulainn 
the  art  of  war.  Oenfer  Aife  was  a  name  for  Conlaech,  Aife's  son  by  Cûchu- 
lainn, O'Curry,  M.  and  C,  II,  312,  where  it  is  said  that  the  spear  by 
which  Conlaech  fell  had  been  made  by  his  own  mother  and  bestowed  by 
her  on  his  father  (as  a  love-token).  Other  incidents  in  the  story  are  given 
by  Kearing,  pp.  279,  280  of  O'Mahony's  translation. 

The  combat  between  Cûchulainn  and  his  son  is  thus  referred  10  in  the 
Tâin  bô  Cualnge,  LL.  88^14: 

Ni  tharla  rumm  sund  cose  |  a  bhacear  Oenfer  Aife. 
da  mac  samla  galaib  gliad,  |  ni  fuanw  sund,  a  Fir  diad. 

«  Since  Aife's  Only-man  fell,  never  until  now  hâve  I  met  thy  like  in  battle- 
fîghts,  never  hâve  I  found  hère,  O  Fer  diad  ».  And  Conlaech's  death  on 
Traig  Baile  is  mentioned  by  Cinaed  hua  Artacdin,  LL.  31-^9:  For  Trâig 
Baile,  bressim  iigle,  dorochair  Oinfer  Aife. 

A  taie  called  Aidcd  Conlaich  is  preserved  in  H.  2.  16,  col.  955,  957;  in 
two  mss.  in  the  Advocates'  library  (XXXVIII  and  LXII),  and  in  17  other 
mss.  Hsted  by  d'Arbois  de  Jubainville  in  x\\ç.  Essai  d'un  catalogue,  pp.  16,  17. 
See  also  O'Mahony's  Keating,  pp.  279-280.  It  is  (as  hath  often  been  ob- 
served)  the  Celtic  reflex  of  the  story  of  Sohrab  and  Rustam. 


48  Whitley  Stokes 


96.  Carn  Mail. 

Carnd  Mail  i  Maig  Ulad,  nô  Carn  hnïgdech,  cid  dia  tat  ? 

Ni  ansa.  Lugaid  Mal  ro  cuired  a  hEùnn  lucht  secht  long  co 
hAlpfl'/n,  co  loxacht  afrithise  adochum  nEirt'/z»  co  morloinges 
Alb^;;,  co  tucsatar  cath  do  UUtaib  7  co  roemid  riam.  Cloch 
àzno  càch  fir  doriacht  la  hMgaid  is  de  doronad  in  carn,  7  is  fair 
bai  Luga/J  ac  cur  in  catha.  UnJf  Carn  Liiigdech. 

«  The  Lord's  Cairn  »  in  Mag  Ulad,  or  «  Lugaid's  Cairn  », 
whence  are  they  ? 

Not  hard  to  say.  Lord  Lugaid,  with  the  crews  of  seven 
ships  was  expelled  from  Erin  to  Alba;  but  he  returned  to  L'e- 
land  with  the  great  fleet  of  Scotland,  and  they  gave  battle  to 
the  Ulaid  and  routed  them.  The  cairn  was  made  up  of  a  stone 
for  every  inan  who  came  with  Lugaid,  and  upon  it  Lugaid 
stood  while  delivering  the  battle.  Whence  Carn  Luigdech 
«  Lugaid's  Cairn  ». 

Also  in  LL.  lyoi'  17  :  BB.  402»  6:  H.  63-1;  and  Lee.  51 1^.  Edited  from  Lee. 
by  O'Donovan  in  the  Miscdlany  of  the  Ccltic  Society,  p.  66. 

Carn  Mail,  not  identified,  but  somewhere  in  the  part  of  the  co.  Louth 
between  the  Cooley  mountains  and  the  Boyne.  As  to  the  mode  and  object 
ofmaking  it,  see  no.  29,  Revue  Celtique,  XV,  ^31-332. 

As  to  Lugaid  Mal,  a  son  of  Daire  Sirchrechtaeh,  see  the  MisceUany  of  the 
Celtic  Society,  p.  7. 


97.    RÀITH    MÔR    MaIGE    LiNE. 

Rath  Mor  Maige  ^  Line,  canas  roainmniged  ? 

Ni  ansa.  Rath  Rogein  a  ainm  ^ïiits  co  flaith  Bresail  B/ic 
meic  Briuin  ri  \]\ad,  co nàtchaid  sidhe  for  echt/a  fo  Loch Loegh, 
co  mboi  .1.  hYiiidan  and.  Mor  da»o  ingen  Rithir  meic  Derlaim 
[a  ben]  frisin  resin  isin  raith,  co  n-epeirt  si^:  «  Is  cian  lend 

I .   maide  R.  2.   se  R. 


The  Rennes  Dindienchas.  49 

echtra  Bresail,  7  asbnV  aroile  ben:  «  Bid  cian  duilsiu,  ar  ni 
tharga  co  brdth  ^  dia  echtra  coa  eol  co  tiset  a  mairb  co  cdch  » . 
Ba  marb  daw  Mor  îochétou,  7  rolil  a  hainm  don  raith,  \inde 
Râith  Mor  Maige  Line,  7  doriar/;^  Bresal  Brec  fescur  dadaig 
la  de,  amail  asbcrar  i  n-Echtra  Bresail  7rl. 

Râith  Rogein  «  Rogen's  Fort  »  was  its  name  at  first  and  down 
to  the  reign  of  Bresal  Brec  son  of  Briun,  King  of  Ulster.  He 
went  on  an  adventure  under  Loch  Lôig  and  was  there  for 
fifty  years.  Now  his  wife  Mor  daughter  of  Rither  son  of  Der- 
lam  was  ail  that  tinie  in  the  fort,  and  she  said  :  «  Bresal's  ad- 
venture seems  long  to  us  »,  And  another  lady  said  «  It  will 
be  long  for  thee,  for  until  their  dead  shall  conie  back  to  ail 
others,  never  will  he  return  from  his  adventure  to  his  home-  ». 
Forthwith   Mor    died    and   her    name   clave   to   the  rath, 
hencc  Râith  Mor.  And  Bresal  Brec  returned  at  nightfall  the 
y  after(?),  as  is  told  in  Bresal's  Adventure,  etc. 

Also  inLL.  lyob  25  :  BB.  402b  39:  Lee.  512^.  Edited(from  LL.)  mSRva 
Gadclica,  II,  471,  516.  See  also  Reeves  Ecd.  Aiitiqq.  386. 

Rdith  Môr  Maige  Line,  now  Rathmore,  co.  Antrim.  Loch  Léig/  idam- 
nâns  Vituli  Stagnum,  now  Belfast  Lough. 

Echtra  Bresail:  this  taie  seems  lost. 


98.  Benn  Boirchi. 

Bend  Boirche  canas  ïoainiiiniged  ? 

Ni  ansa.  Boirche  boaire  meic  [Rossa]  Rigbuidhe  ba  sed  a 
suidhe  mbuachalla  insin,  7  is  cimvà  argaire[d]  car/;  mboin  ota 
Dun  Sobairce  cotice  Boaind,  co  ticdis  co  Beind  mBairce,  7  [ni] 
gelled  bô  imfwrail  sech  aroile.  Unde  Bend  Bairche  dicitur. 

Boirche  the  cowherd  of  the  son  of  Ross  Rigbuide  that  bciin 
(«  peak  »)  was  his  herdsman's  seat,  and  'tis  equally  he  would  herd 
every  cow  from  Dunseverick  as  for  as  the  Boyne,   and  they 

1.  bracliR. 

2.  or,  if  we  read  with  LL,  coa  seol,  «  to  his  bed  »,  seol  .i.  Icabaidh, 
P.  O'C. 


50  Whitley  Sîokes. 

would  corne  (at  his  call)  to  Benn  Boirchi,  and  never  a  cow 
w-uld  graze  a  bit  more  than  another.  Whence  Benn  Boirchi 
«  Boirche's  Peak  »  is  said. 

Alitt'r  Bennan  mac  Boirchinn  (;/ô  Birchinn)  romarb  Ihcal 
mac  Manannan  i  ndul  co[a]  mhnâi  .i.  Leçon  ingen  Lotair  a 
hainm-siden,  conià  é  sin  fdth  dia  roleic  Manannan  a  tri  lomann 
cumad  dia  cnde  .i.  Loch  Ruide  7  Loch  Cuan  7  Loch  Dacha^ch, 
7  romarb  Bennan  iarsin  for  in  mbeinn  ucut.  Unde  Benna 
Bairchi  dicitur. 

Otherwise  :  Bennan  son  of  Boirchenn  (or  Birchenn)  killed 
Mananndn's  son  Ibel  for  going  in  unto  his  wife  hight  Leçon, 
Lotar's  daughter.  And  this  was  the  cause  of  Mananndn's  cast- 
ing  from  his  heart  his  three  drauglits  of  grief  (which  became) 
Loch  Ruidi,  Loch  Cuan  and  Loch  Dacaech.  And  after  that 
he  killed  Bennan  on  that  peak.  Whence  Benna  Boirchi  is  said. 

Also  in  BB.  405-'' 4:  H.  64^  :  Lee.  512b,  and  Ed.  fo.  5^  i.  Edited,  from 
Ed.  and  BB.,  in  Silva  GadeJica,  II,  480,  527  :  from  Ed.  in  Folklore,  IV,  487. 

Benna  Boirchi  «  Boirche's  Peaks  »  now  that  part  of  the  Mourne  Mount- 
ains  in  the  ce.  of  Down,  where  the  river  Bann  has  its  source,  Fotir  Mas- 
ters,  A.D.  1493,  note  j.  Loch  Ruidi  not  identified.  Loch  Cuan,  now  Strang- 
ford  Lough.  Loch  Dacaech,  now  Waterford  Harbour. 


99.  Tailtiu. 

Tailltiu,  canas  roainniniged  ? 

Ni  ansa.  Tailltiu  ingen  Magmoir  ben  Echach  Gairb  m^/c 
Duach  Teimin,  is  leis  doronad  Dun  na  nGiall  i  Temraig,  7  ba 
hiside  buimi  Loga  meic  [in]  Scail  Bailb.  Is  i  rowataig  coa  fer 
caillid  Cuan  do  slaide  di  comad  ôenach  ^  imo  lecht,  7  atbath- 
si  i  kalaind  Auguist  iarsin,  7  roacht  a  guba  7  a  nasad  la  Lu- 
gaid.  Unde  Lugnasa[d]  d/V/m//s.  Coic  cet  hliadan  immorro  7 
mih  ria  ngein  Crist  andsin,  7  «ognithi  ind  œnach  la  cach  rig 
nogi^ihed  Eiri  co  tainic  Vatraic,  7  côic  cet  ;cnach  i  Tailltin  o  Pa- 
traic  co  duboenach  Dondchada  maie  Mailsechl ai nn. 

I .   œnaig  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  5 1 

Teora  geisi  do  Tailtin  :  teck  tairrsi  cin  tairlim,  a  deiscin  mr 
clegualainn^  [oc  toidecht  uaithi]  7  aurchur  nad  gremna- indi 
[iar  fuined  ngréine].  Unde  ^nach  Taillten  dicitur. 

Tailtiu  daughter  of  Magmôr  was  the  wife  of  Eochu  the 
Rough  son  of  Dua  the  Dark.  'Tis  by  him  that  the  Fortress  of 
the  Hostages  was  buih  in  Tara,  and  she  was  the  fostermother 
ofLug  the  son  of  the  Dumb  Champion,  'Tis  she  that  asked 
her  husband  to  clear  away  for  her  the  Wood  of  Cùan,  so  that 
there  might  be  an  assembly  around  her  grave.  And  after  that 
she  died  on  the  calends  of  August,  and  her  lamentation  and 
funeral  ganes  were  held  by  Lugaid.  Hence  we  say  Lug-nasad 
«  Lugh-games  »,  Lammas-tide. 

Now  that  was  fifteen  hundred  years  before  the  birth  of 
Christ;  and  untii  Patrick's  advent  the  fair  was  held  by  every 
king  who  took  Ireland;  and  there  were  five  hundred  f^iirs  in 
Tailtiu  from  Patrick  till  the  Diib-oenach  «  Black  Assembly  »  of 
Donchad  son  of  Fland  son  of  Maelsechlainn. 

Three  were  the  tabus  for  Tailtiu  :  crossing  it  without  aHght- 
ing  :  looking  at  it  over  the  left  shoulder  (w4ien  leavingit); 
and  casting  unprofitably  in  it  (after  sunset).  Hence  Oeiiach 
Taihen  «  Tailtiu's  Assembly  ». 

Also  in  BB.  403^30:  H.  10'':  Lee.  5i3-*;  and  Ed.  fo.  5b  i.  Versified, 
LL.  200^'  12.  Ediied  from  BB.  nxSilva  Gadelka,  II,  469,  514:  from  Ed.  in 
Folklore,  IV,  486-487.  See  also  O'Curry,  M.  and  C,  II,  148. 

Tailtiu  now  Teltown  in  Meath.  For  traditions  relating  to  the  assembly  or 
fair  held  there,  see  the  Four  Masters  A. M.  4370  and  O'Mahony's  Kcating, 
p.  301.  Dûii  lia  iigiall  znz  Duiiia  iia  ngiaU,  supra,  no.  I,  §  12,  13,  Revue 
Celtique,  XV,  281. 

The  above  etymology  of  Lngiiasad  is  also  in  Cormac's  Glossary. 

Donnchad  son  of  Flann  Sinna,  son  of  Mael-sechlainn,  was  overking  of 
Ireland  from  A.D.  918  toA.D.  942.  The  «  Black  Assembly  »  raeans,  per- 
haps,  the  assembly  whichin  A.D.  925,  was  prevented  by  Muirchertach  son 
of  Niall. 

100.  Slîab  Puait. 

Shab  Puait,  cinasroaiiiiiiiiiged? 

Ni  ansa.  Fuat  mac  Bile  meic  Brighe  meic  Bre[o]guind  dota- 

I .   -guala«m  R.  2 .   nadcrgmna  R. 


52  Whitley  Stokes. 

rail  inse  for  muir  oc  tuiàecht  dochum  Eyeim  À.  inis  Magdena 
nô  Moagdeda,  id  est  mor-ôc  diada.  Cacb  oen  nofw/Vmed  a  bond 
fuirre  ni  aprad  ga3  cein  nobid  indti.  Tue  daiio  Fuat  fot  leis 
eisi,  conid  fair  condesscd  oc  breithemnaj  7  oc  eiarcert.  Intan 
dano  nodordad  goe  imsôadh  ^  a  fonn  ind  arda  7  a  fer  fri  grian, 
7  o'tberedh  immorro  flr  imsôadh  a  fer  i  n-arda,  7  ata  dano  in 
fot  sin  be//5  issin  tsléih,  7  is  fair  dellig  in  grainne  torchair  a 
gerran  Fairaic,  conid  adradli  sruith[e]  o  sin  ille  ar  coimet  na 
firinde  and. 

Aliter  coiiadh  o  Fuat  [mac  Bile]  mcic  Breogain  codiles  ro- 
raitea.  Undc  Sliab  Vuait  [nominatur]. 

When  Fuat  son  of  Bile  son  of  Brig  son  of  Breogann  was 
coming  to  Ireland  he  visited  an  island  on  the  sea,  namely  Inis 
Magdena  or  Moagdeda,  that  is  Môr-ôc-diada  «  Great-young- 
divine  ».  Whosoever  set  his  sole  upon  it  would  tell  no  lie  so 
long  as  he  was  therein.  So  Fuat  brought  outofit  a  sod  where- 
on  he  sat  while  judging  and  while  deciding  questions.  Now 
when  he  would  utter  falsehood  its  under  part  would  turn  up- 
wards  and  its  grass  down  to  the  gravel.  But  when  he  told 
truth  its  grass  would  turn  upwards.  And  that  sod  is  still 
on  the  mountain,  and  'tis  on  it  lay  the  single  grain  which  fell 
from  Saint  Patrick's  gelding.  So  thenceforward,  because  of 
preserving  the  truth,  it  is  the  adoration  of  elders. 

Otherwise:  itmay  be  from  Fuat  son  of  Bile,  sonof  Breogan, 
that  the  mountain,  properly,  was  called.  Whence  SJiab  Fuait 
«  Fuat' s  Mountain  ». 

Also  in  BB.  404^51:  H.  74-'':  Lee.  514^  and  Ed.  fo.  5^1.  Vcrsified, 
LL.  204-'' 16.  Edited  from  BB.  in  Silva  Gaddica,  II,  475,  521  :  from  Ed.  in 
Folldore,  IV,  483. 

Sliah  Fiiait,  a  mountain  near  Newtown  Hamilton  in  the  Co.  of  Ar- 
magh,  is  Stiah  Uait  in  the  Annals  of  Uister.  Hence  the  /  appears  to  be 
prosthetic.  [/a/ from  *  Aveu  t  os?  cognais,  with  mons  Avcntiniis?  ks\.o^N\\id\ 
see  Servius,  ad  Aen.  7.657. 

For  other  Irish  ordeals  see  Irisclie  Texte,  III,  188-193. 

The  story  of  the  grain  of  wheat  is  told  in  the  Triparlile  Life,  Rolls  éd. 
p.  240. 

I .  imsodhadh  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  5  j 


loi.  Sliab  Callann. 

Sliab  Kallann,  canas  roainmniged  ? 

Ni  ama.  Callann  fo//buachail  Buidhe  meic  Buain  meîc  ¥or- 
gatnnâ  como  forbart  in  Donc!  Cuailnge  riana  re  choir  ddir  in 
tsescraid  ^  imbi,  co  ro  gaib  do  7  in  cù  oc  cosnam  in  tsescraid  ^, 
co  drochair  in  eu  di  sodhoin.  Nô  comadh  oc  5  tahain  na  tana 
coro  cosain  in  cù,  conid  and  dobreatha  guin  galand  fair  o  chac/; 
nô  o  Dun[d]  Chua'ûngi  isin  tsléib.  Unde  Sliab  Kiûlann  dicitur. 

IS  hé  imiiiorro  tàinhugud  fir  in  cou  sin.  Cuilen  he  do  Dâol 
cho'm  Celtchair.  Is  and  dono  fofrith  sein,  i  clocund  Conganchnis, 
ar  tri  coin  haiar  ina  chind  .i.  in  eu  robôi  oc  Culand  cerd  7  in 
cii  robôi  ac  Celtc/;^7;/'  7  in  cù  robai  ac  Mac  da  Thô.  Brec  im- 
morro,  7  dub  7  odhor  a  ndatha,  ut  dicitur. 

Callann  was  the  herd-hound  of  Buide  son  of  Bccan  son  of 
Forgamain;  and  when  the  Donn  of  Cualnge,  before  his  proper 
time,  proceeded  to  bull  the  dry  cows  around  him,  he  and  the 
hound  began  to  contend  for  the  cows,  and  by  him  the  hound 
fell.  Or  it  may  be  that  the  hound  fought  at  the  taking  of  the 
drove,  whereupon  a  mighty  deathblow  was  inflicted  upon  hiîn 
by  every  one,  or  by  the  Donn  Cùailngi,  at  the  mountain. 
Whence  Sliab  Callann  «  Callann's  Mountain  »  is  said. 

Now  this  the  true  account  of  that  hound.  He  was  a  pup  ot 
Celtchar's  hound  Dael.  And  he  was  found  in  the  skull  of  Con- 
ganchnes  ;  for  there  were  three  hounds  in  that  skull,  to  wit, 
the  hound  that  Culand  the  craftsman  had,  and  the  hound  that 
Celtchar  had,  and  the  hound  that  Mac  da  Thô  had.  Speckled 
and  bkick  and  grey  were  their  (respective)  colours,  as  is  said. 

Also  in  BB.  404b  i  :  H.  64^:  Lee.  514b  i  ;  and  Ed.  fo.  5^  i.  Edited  from 
Ed.  in  Folklore,  lY,  482. 

Sliab  Callainn,  now  Slieve  Gallion,  a  mountain  in  the  co.  of  London- 
derry,  on  tlie  borders  ofTyrone. 

Tlie  Donn  of  Cualnge  (now  Cooley  in  the  co.  of  Louth)  is  the  brown 
bull  to  obtain  which  was  the  primary  object  of  the  expédition  known  as 
the  Tâiii  bô  Cualnge  «  Driving  of  theKine  of  Cualnge  ». 

1 .  tsescraich  R.  5 .   do  R. 

2.  sescraich  R. 


54  Whitley  Stokes. 

The  finding  of  the  hound's  father  Dael  is  referred  to  in  LU.  61-'',  left 
margin,  where  the  writer  dénies  that  Culann's  hound  was  one  of  the  three 
found  in  the  skull  of  Conganchnes.  As  to  Mac  dâ  Thô's  hound,  Ailbe,  see 
Irischc  Texte,  I,  96. 

102.  Sruthar  Matha. 

Sruthar  Matha,  canas  roainmniged? 

Ni  ansa.  Matha  mac  Roirend  meic  Rogain  Rer/;/aidh[i]  rig- 
imuccaid  Cathair  Mair  ri  Erend.  Ba  herbagaid  da;/o  Matha  în 
mucahî  Cuind  Cctchataig  À.  fri  hOdba.  Boi  dayzodaire  toirthech 
ind  iart/;ar  Maige  ^  Mâcha,  7  ni  basi  mes  a  samla  ar  meit  7  ar 
bola[d]maire.  Intan  ticc^^  ga^th  tairis  atcluinti  a  bokidh  fo 
hÉrinn  -  cepedh  leth  nobrred  gaoth  hé,  co  mbad  commaidm 
cride  do  mucaib  Evcnii  'co  toi7/r/;fain.  Taraiil  dano  a  holad 
mucca  Cathair  fO  ndaïsed  impu.  Lotar  dia  saighid  co  Comar 
tri  n-uisqwc.  Luidh  daiio  Matha  nandiaidh  codian,  co  torchitir, 
co  roeimidh  tulcnaim  a  chind,  co  ndecha/W  do  d'ihad  agaile  isin 
sruth,  co  ro  baided  and,  co  n-epairt  car/;  iman  sruth  :  «  Sruth 
dar  Matha  !  »  Unde  Sruthar  Malba. 

Matha  son  of  Roiriu  son  of  Rogan  Rechtaide  was  the  chief 
swineherd  of  Cathair  the  Great,  King  of  Ireland.  He  was  a 
contender  against  Odba  the  swineherd  of  Conn  of  the  Hund- 
red  Battles.  Now  in  the  western  part  of  the  Plain  of  Mâcha 
there  was  an  oakwood,  and  no  mast  was  ever  like  its  mast  fer 
size  and  for  fragrance.  When  the  wind  would  blow  over  it  the 
odour  thereof  would  be  smelt3  throughout  Erin,  to  what 
point  soever  the  wind  would  carry  the  scent,  so  that  it  was 
a  heartbreak  to  the  swine  of  Ireland  when  it  reached  them. 
Now  its  fragrance  came  to  Cathair's  swine,  so  they  went  mad 
and  rushed  towards  it  as  far  as  the  Meeting  of  the  Three  Wa- 
ters.  After  them,  then,  went  Matha  furiously,  and  he  feli  and 
fractured  the  frontal  bone  of  his  head.  Then  he  went  to 
quench  his  ardour  in  the  stream,  and  therein  he  was  drown- 

I .   maide  R.  2.  foth  R. 

3 .  at-clulnti  :  so  in  Welsh,  clywed  «  to  hear  »  means  also  «  to  smell  », 
«  to  taste  »  and  «  to  feel  ».  The  Elucidariwn,  edd.  Jones  and  Rhys,  Oxford, 
1894,  p.  263. 


The  Rennes  Dindienchas.  5  5 

ed,  aiiu    -ery  one  said  by  thc  brink  :  «  The  strenm  (snilb) 
over  Matha  (dar  Matha)  !  ».  Whcnce  Sruthar  Matha. 

Also  iiiLL.  169a  52  :  BB.  4041^  31  :  H.  Gy.  Lee.  514'^';  andBodl.  no.  51. 
Edited  froni  Bodl,  in  Folklore,  III,  514. 

Srulhair  Matha  not  identified.  It  must  hâve  been  near  the  Meeting  of  thc 
Tliree  Waters  (Suir,  Nore  and  Barrow),  i.  e.  near  Waterford. 

Cathair  Môr  overking  of  Ireland  A.D.  120-122.  Conn  of  the  Hundred 
Battles,  A.D.  123-157. 

103.   Odba. 

Odba,  canas  roainniniged  ? 

Ni  aiisa.  Odba  Uancend  mac  Bla  Ballethain,  meic  Thad- 
-lomna  Line,  righmucaidh  Chuind  cet  cbatbaig,  fer  selgca  oss  7 
elta  arcena,  fer  daiw  nad  bôi  hi  taigh  acht  a  fe — [fo.  120'' 2] — 
dhaib  7  hi  fanglennaib  fri  seilg  7  mucaidecht^,  7  ba  scd  a 
suide  mbuachalla  in  cnoc  ucut,  7  is  and  dogc^  intan  ff/;apad  a 
adnacal  and.  Unde  Odba  nominatur. 

Nô  -  is  i  Odba  bean  h£"renioin  roadnacht  and,  7  ba  si  sin 
mâtbair  Luighne  7  Laighne  7  Muimne,  7  is  andsin  roclas  a 
fert  la  h£"remon,  Unde  Odba  diciiiir. 

Odba  Uancenn  son  of  Blae  BroadUnib',  son  of  Tathlomna 
(Cathlomna  ?)  ot  Linè,  was  chief  swineherd  of  Conn  of  the 
Hundred  Battles.  He  was,  besides,  a  hunter  of  stags  and  does. 
Moreover  he  was  one  who  never  lived  in  a  house,  but  always 
in  woods  and  deep  glens-i,  hunting  and  herding  swine.  And  yon 
hill,  Odba,  was  his  herdsman's  seat,  and  therein  he  chose  to 
be  buried  when  he  died.  Whence  Odba  is  named. 

Or  it  is  Eremon's  wife  Odba  that  was  buried  there,  and 
she  was  the  mother  of  the  Luigni  and  Laigni  and  Muiinni  ; 
and  'tis  there  that  her  grave  was  dug  by  Eremon.  Whence 
Odba  is  said. 

Also  in  LL.  170^  32  :  BB.  503'^  4  :  H.  I2-';  and  Lee.  515». 
Odba  is  said  by  O'Donovan  (^Foiir  Masters,  A. M.  3502)  to  hâve  been  the 
name  of  a  mound  on  the  summit  of  a  hill  in  Meath. 

I.    mucaigei7;^  R.  2.   7  R. 

3  .    or  perhaps  7ûXaTU'.paXXo;  (bail  zn  cpaÀXoç). 
4.   fainghkan  a  deep  vale  or  glen,  P.  O'C. 


56  Whitley  Sîokes. 


104.  Inber  Cichmaini. 

Inber  Cichmaine,  canas  roainniniged  ? 

Ni  ansa.  Cich-Maine  Andoe  ^  mac  AiMla  7  MeJba,  in  sccht- 
nwd  mac  do  Oïlill  7  Meidb,  is  é  forruidbich^  F^rgna  mac 
Findca^ime  oc  côsnam  churaich  forsin  tracht. 

Né  Cich-moine  mac  Oi/t'Ua  Find  fuarawr  na  hiascaire  and 
oc  telach  al-lin  7  a  cocholl^,  coro  marbsat  isin  inber,  et  unde 
Inhcr  Cich-muine  noiiiinatur. 

Cich-Maine  Andoe  son  of  Ailill  and  Medb  —  he  was  their 
seventh  son  —  'tis  he  whom  Fergna  son  of  Findchaime  van- 
quished  (?)  when  contending  for  a  boat  on  the  strand. 

Or  'tis  Cichmuine  son  of  AiHll  Find  whom  the  fishermen 
found  there  loosing  their  nets  and  seines,  so  they  killed  him  in 
the  inver,  and  hence  Inber  Cichniaiiii  is  named. 

Also  in  BB.  405-1:  H.  12^:  Lee.  5i5'S  and  Ed.  fo.  5b  2.  Edited  (from 
Ed.)  in  Folklore,  IV,  491-2. 

Inher  Cichmaini  is  on  the  east  coast  of  Ulster  (O'Curry,  M.  and  C,  III, 
162,  188).  Etâin  was  reared  there,  LU.  I2c,a25. 


105.    MÔIN    TiRE   NÀIR, 

Moin  Tire  Nair,  canas  roainniniged  ? 

Ni  ansa.  Nar  mac  Findcadha  meic  ConoWi  [Cernaig]  robith 
and  la  hEitsine  mbanfeinded  iar  md.rhad  a  da  hén  for  Snam  da 
En  for  Sinaind.  \]nde  Snam  da  En  àicitm-  [7  Môin  Tire  Nâir]. 

Ndr  son  of  Findchad  son  of  Conall  Cernach  was  there  slain 
by  Etsine  the  championess,  after  he  had  killed  her  two  birds 

1 .  adnoe  R. 

2.  sic  BB  ,  forruidbigh  Ed.,  foruidbich  H.,  foruirbich  R.  seems  (or  for - 
ro-iid-fich,  where  the  simplex  may  be  cognate  with  Lat.  vi-n-co  and  Goth. 
vcihaii. 

3.  telach  .i.  sgâoileadh,  O'CL  cochall  a  net,  a  fàshing-net,  P.  O'ConnelL 


The  Rennes  Dindsenchas.  57 

at  Sndm  dd  En  on  the  Shannon.  Hence  is  said  Suâin  âà  En 
«  the  Swimming-place  of  Two  Birds  «,  and  Môin  Tire  Nâir 
«  the  Moor  of  Nar's  Land  ». 

Also  in  LL.  i66b  13  :  BB.  405-'^ 49  :  H.  65b  ;  and  Lcc.  $151».  Edited  from 
LL.  in  Silva  Gadelica,  II,  469,  514. 

Ta-  Nâir  was  in  the  Owles,  co.  Mayo:  see  infra,  no.  140.  Môin  Tire 
Nâir  is  not  identified.  Sndin  dâ  En  \s,  according  to  Joyce  (/m/;  Naines  of 
Places,  p.  248)  a  portion  of  tlie  Sliannon  near  Clonmacnois. 

The  prose  taie  is  very  incomplète.  According  to  the  metrical  version  in 
LL.  203"%  Nâr  was  Estiu's  husband,  and  the  «  two  birds  »  were  her  para- 
mour  Bude  and  his  fosterbrother,  who  used  to  visit  her  in  birdshapes,  sing- 
ing  so  that  ail  around  her  fell  asleep.  Then  Bude  assumed  his  human 
form  and  shared  Estiu's  bed.  Adruid  reveals  the  secret  to  Nâr,  who  watches 
his  opportunity  and  kills  the  birds  with  a  single  cast  as  they  were  crossing 
the  Shannon.  Estiu,  who  had  gone  to  meet  them,  falls  dead  on  the  bank, 
and  Nâr  dies  of  grief  for  his  faithless  wife. 


106.  FiCH  mBuana. 

Fich  mBuana,  canas  roainniniged  ? 

Ni  ansa.  Buan  ingen  Samaira  ^  dorad  gradh  do  Coinqulamn 
dia  lotar  na  curaidh  do  chosnam  in  churadhmire  .i.  Laoghaire 
Buadhacli  7  Conoll  Qrnach  7  C//quk//z;2.  Lodar  a  nihreith  co 
hEmoin,  7  ised  rofoidit  co  hO'ûill  7  co  Meidb,  condas-iseid 
Oilill  co  Sam[a]er  co  hEs  Rnaid,  7  rogle  sen  in  curadhmir  do 
Co'mculaimi. 

Luid  dawo  Conold  7  aara^  .i.  Raithen,  (or  Snam  Raithin, 
coro  baided  and  Raithen,  unde  Snam  Raithin.  Luid  da;/o 
Buan  indiaid  5  Conculainn  (or  fuilHcht  a  carpait  comce  in  n-all 
ucat,  coro  ling  leim  n-uathmar  'mon  n-all  inadiaid-^,  co  n-apad 
de.  Unde¥ich  mBuana. 

Buan  daughter  of  Samaera  gave  her  heart  to  Cùchulainn, 
when  the  champions,  even  Loeguire  the  Gifted,  Conall  the 
Victorious  and  Cùchulainn,  went  to  contend  for  the  Cham- 


1 .  Samarîa  R.  3 .   andiaig  R. 

2.  arad  R.  4.   inadiaig  R. 

Revue  Celtique,  XVI , 


^ 


$8  Whitley  Stokes. 

pion's  Bit.  For  the  award  they  fared  to  Emain,  and  thence 
they  were  sent  to  Ailill  and  Medb.  Ailill  (refusing  toarbitrate) 
sent  them  on  to  Assaroe,  to  Samaera,  and  lie  adjudged  the 
Champion's  Bit  to  Cûchulainn. 

Then  Conall  and  liis  cliarioteer  Ratlien  went  over  Sndm 
Rathin,  and  there  Rathen  was  drowned  :  wlience  Snâm  Rathin 
«  Rathen's  Swimming-place  ».  Then  Buan  followed  Cûchu- 
lainn on  his  chariot's  track  as  far  as  yon  rock  (Fich  inBuana), 
and  she  leapt  an  awful  leap  after  him  (striking  her  head) 
against  the  rock,  and  thereof  she  died.  Whence  Fich  mBuana. 
«  Buan's  Farm  ». 

Also  in  LL.  lèd^  21  :  BB.  405^9;  H.  65b;  and  Lee.  sis^. 

Fich  iiiBiiaim,  called  in  the  poem  Fich  Nemain  «  vicus  Nemani  «,  not 
identified.  Nor  is  Sn.im  Rathin,  unless  it  be  the  Sndiiih  Ralhaimi  of  the 
Foui-  Masters,  A.D.  1148,  which,  O'Donovan  thought,  was  probably  one 
of  the  ancient  names  of  Drumsna  on  the  Shannon,  on  the  confines  on  the 
counties  of  Roscommon  and  Leitrim.  Ess  Ruaid,  see  no.  81,  supra,  p,  33. 

As  to  the  contention  for  the  Champion's  Bit,  see  the  FUd  Bricrend  eà.  by 
Windisch,  Irische  Texte,  I,  235.  As  to  Buan's  leap,  ibid.  290:=  LU.  109''. 


107.  Loch  Gabar. 

Loch  Gabar,  canas  roainmniged? 

Ni  ansa.  Da  gabar  Echach^  Cind  Maire  ri  Muman  dobre- 
tha  uadh  a  ngiallacht  do  rig  Temrac/;  do  Enna  Aighnech-  mac 
Oeng/zi-a  Tuirbich  Temra^/j  fri  dlig^^  a  tuath,  uair  na  tancatar 
feis  Ttinrach.  Robaidit  a  eich  isin  loch. 

Nô  dawo,  robai  glaschuUach  la  Glascoin  ina  sleib,  7  ba  sed  a 
ainm,  Searrach,  dia  ta  Glenn  Serraich.  Doluid  fora  seichim  co 
mbôi  et^r  scuru  Enna  Aignig  do  saigid  echmarta,  co  luid  ind 
eich  riam  isin  loch,  coros-baidte  and  .i.  Gdoth  7  Grian  a  n-an- 
mand.  Unde  Loch  Gabar  dicitur. 

Two  ofthe  steeds  of  Echu  Horsehead  king  of  Munster  were 
sent  by  him,  as  a  sign  of  submission,  to  the  overking  of  Ire- 
land  Enna  Aignech  son  of  Oengus  Turbech  of  Tara,  for  they 

I.   Echaclia  R.  2,   Aidhnech  R. 


The  Rennes  Dindienchas.  59 

were  due  from  his  tribes  since  they  came  not  to  the  Feast  of 
Tara.  Echu's  steeds  were  drowned  in  the  lake. 

Or  also,  Glascû  had  on  his  mountain  (Shab  Glascon  ?)  a 
grey  British  stallion  named  Serrach  «  Foal  »,  from  which 
Gknn  Serraig  is  named.  This  stalHon  went  following  them 
(Echu's  two  steeds),  to  seek  a  mare  to  cover,  till  he  was  among 
Enna  Aignech's  studs,  and  the  (two)  horses  fled  before  it  into 
the  lake  and  weré  drowned  therein,  «  Wind  »  and  «  Sun  » 
were  their  names.  Hence  Locl}  Gahar  «  Lake  of  Steeds  »  is 
said. 

Also  in  BB.  405b  37  :  H.  13^:  Lee.  516^. 

Loch  Gahar  (or  Loch  dd  Gahar)  «  is  now  dried  up,  but  the  place  is  still 
called  Loch  Gobhar,  anglice  Lagore  or  Logore  ».  O'Donovan,  Four  Mas- 
ters,  A. M.  3581.  It  is  near  Dunshaughlin  in  Meath.  Gknn  Serraicli  is  men- 
tioned  in  the  Book  of  Rights,  pp.  4,  14,  but  O'Donovan  did  not  know  its 
situation.  It  must  hâve  been  in  Leinster. 

Enna  Aignech  was  overking  of  Ireland  from  A. M.  4888  to  4907.  See 
Rev.  Celt.,  XV,  474. 

Cullach  generally  means  «  a  boar  »  ;  but  ODavoren,  68,  glosses  it  by 
ech  bretnach  «  a  British  steed  »,  and  the  context  shews  that  we  hâve  hère 
to  do  with  an  equine  animal.  Echiiiarta  is  gen.  sg.  of  eachuiairt,  which 
O'Don.  Supp.  explains  by  «  horsing  »  and  P.  O'C.  by  «  to  cover  a  mare  ». 


108.    LUSMAG. 

Lusmagh,  canas  roainmniged  ? 

Ni  misa.  Is  ass  tue  Diancecht  cach  lus  n-ice  ^  fowammalt  ar 
Tiprait  Slainge  ind  Achad  Abla  fri  Magh  Tiiiredh.  aniartuaid 
intan  fechta  in  cath  mor  etcr  Tuatha  Dea  [Danann]  7  Fo- 
moire.  Car/;  oen  do  Tuathaib  De  'Danann  nolaigtis  fon  lind 
lusraidh  sin  atraighedh  slemoin  slancrechtach.  Un^^  Lusma^ 
no;;////atur. 

'Tis  thence  that  Diancecht  brought  every  herb  of  healing, 
and  grated  them  on  Slainge's  well  in  Achad  Abla  to  the  north- 
west  of  Moytura,  when  the  great  battle  was  fought  between 
the  Tuatha  Dé  Danann  and  the  Fomorians.  Everyone  of  the 

I .   Sic  BB.  luid  îce  R.  written,  apparently,  over  an  erasure. 


6o  Whitley  Stokes. 

Tuatha  Dé  Danann  whom  they  would  lay  underthat  water  of 
herbs  would  rise  up  smooth  and  healed  of  his  wounds. 
Whence  Lusmag  «  Herb-plain  »  is  named. 

Also  in  BB.  406=»:  D.  4.  2  (R.  I.  A),  fo.  55^2:  H.  43b,  Lee.  388»,  and 
Ed.  fo.  5b  I.  Edited  from  Ed.  m  Folklore,  IV,  489. 

Lusmag  prohably  in  King's  count}'.  Achad  Ahla  «  field  of  the  apple-tree  », 
not  identified.  Northern  Mag  Tuired  nowa  townland  in  the  barony  of  Tir- 
errill,  co.  Sligo.  For  a  romantic  account  of  the  battle,  see  Reinie  Celtique, 
XII,  56-1 10.  The  heahng-well  is  mentioned  ibid.,  pp.  94,  96.  Compare  the 
story  of  Ard  Lemnachta,  Rev.  Celt.,  XV,  427. 


109.  Benn  Codail. 

Bend  Codhoil,  canas  roaiiimniged?  Ni  ansa. 

Codhal  Corrcichech  is  é  rob  aite  hErend  dia  ta  Inis  Emui, 
7  is  and  airb^'edh  bith  a  dalta,  forsin  mbeind  ucat,  7  nach 
tairbert  dob^redli  fuirri  ^  conochad  in  talmoin  foib,  7  meine 
epr^d  Oiriu  fria  haiti  :  «  atomannar-  suas  co  tiaghat  na  goith 
gaithi  trianar  cluasa,  »  7  mine  apradh  si  sin  noasfad  co[m]bad 
leir  Er/w  de,  7  al-laithi  domelad  comorba  Erenn  tuara  Codail 
(orheir  a  gail  7  a  slaine.  Unde  Benn  Codail. 

Codai  the  Roundbreasted'  'tis  he  that  was  fosterer  of  Eriu 
homwhom  Inis  Érenn  «  Eriu's  island  »,  is  named.  And  on  yonder 
peak  he  used  to  feed  his  fosterling.  And  every  vigour  3  which 
he  bestowed  upon  her  used  toraise  the  earth  underthem.  Un- 
icss  Eriu  had  said  to  her  fosterer.  «  I  am  heaved  (?)  up  on 
high  so  that  (the  sun  scorches  me  and)  the  spears  of  wind  are 
coming  through  our  ears  »  —  unless  she  had  said  tbat^  the 
peak  would  hâve  grown  until  Ireland  was  full  thereof.  And 
the  day  that  Ériu's  successor  eats  Codal's  food  (game,  fish  or 
venison)  she  increases  her  valour  and  her  health.  Whence 
Benn  Codail  «  Codal's  Peak  » . 

Also  in  BB.  406125:  H.  13b  :  Lee.  5  16^;  and  Ed.  fo.  51^2.  The  beginning 
is  cited  in  H.  3.  18,  p.  610^.  Edited  (from  Ed.)  in  Folklore,  IV,  490. 

1 .  Sic  Lee.  fair  R. 

2.  atomandar  BB.  isium  romorthogbaither,  Lee. 

3 .  I  take  tairbert  hère  to  be  =  airbheart  .i.  treoir  strength,  vigour,  forti- 
tiide,  P.  O'C.  It  also  means  a  portage  or  isthmus.  For  a  proper  name. 
Tairbert  v.  supra,  no.  91. 


The  Rennes  Dindsenchas.  6i 

Bcnii  Codai!  not  identifîed.  hiis  Ereiin  said  to  be  now  Ireland's  Eye,  a 
small  island  near  Howth,  co.  Dublin.  (Joyce,  Irish  Naines  of  Places,  p.  104). 
Ériu  called  after  a  queen  of  the  Tuatha  dé  Danann.  For  an  instance  of  sym- 
pathy  between  human  beings  and  mountains  see  Rev.  Celtique,  XII,  108. 
But  I  know  of  no  parallel  in  folklore  to  the  concurrent  growth  of  a  peak 
and  of  a  child  reared  upon  it. 


110.  Tlachtga. 

TLichtga,  canns  ro  aininniged? 

Ni  ansa.  Tlachtga  ingen  Moeha  Ruith  meic  Ferg//5a  forda- 
roeblengaw;-  tri  racic  Simoin  druadh  dia  ^  luid  lia  hathair  do 
foglaim  druidef/;/a  in  betlia,  arbitli  is  i  dorigne  do  Triun  in 
Roth  Ramach  7  in  Lia  hi  Forcarthu  7  in  Coirt[h]iaCnamcoill. 
[fo.  121'' 2]  Terlai  iarwm  anair  7  a  ndede  sin  iee,  co  loracht 
tulaich  Tlachtgai,  conià.  ann  ros-iamnad  7  rue  tri  macu  '..  Doirb 
a  qwo  Mag  nDoirb,  7  Cuma  a  qwo  Mag  Cuma,  7  Muach  a  qwo 
Mag  Muaich,  7  co  /zdechsat  na  tri  anmand  sin  i^  nàermat  a 
hEre  nis  toraigii  3  digal  echtrand.  Un^^  Tlachtga  dicitur. 

Tlachtga  daughter  of  Mog  Ruith  son  of  Fergus:  three  sons 
of  Simon  Magus  ravished  her  when  she  went  with  her  father 
to  îearn  the  world's  magie  :  for  'tis  she  that  made  for  Trian 
the  Rowing  Wheel  and  the  Stone  in  Forcarthu  and  the  Pillar- 
stone  in  Cnâmchoill.  Then  she  escaped  from  the  east,  bring- 
ing  those  two  things  with  her,  till  she  reached  Tlachtga  Hill  ; 
and  there  she  lay-in  and  '  jre  three  sons,  namely  Dorb,  from 
whom  is  Mag  nDoirb,  iuid  Cuma,  from  whom  is  Mag  Cuma, 
and  Muach,  from  whom  is  Mag  Muaich.  And  till  thèse  three 
names  are  forgotten  in  Ireland,  foreigners'  vengeance  will  not 
visit  it.  Whence  Tlachtga  is  said. 

Also  in  BB.  406'':  H.  13b:  Lee.  516b;  and  Ed.  fo.  5b  2.  Edited  frora  Ed. 
in  Silva  Gadelica,  II,  466,  511,  and  in  Folk-ïore,  IV,  490-491. 

Tlachtga  is  now  the  Hill  of  Ward  near  Athboy  in  Meath  :  Forcarthu  is 
near  Rathcoole  in  the  co.  Dublin;  and  Cndmchaill  is  Cieghile  near  the  town 
of  Tipperary.  Mag  Citmina,  Mag  nDoirb  and  Mag  Muaich  are  now  forgotten, 
so  the  prophecy  as  to  foreigners'  vengeance  lias  been  fulfîlled. 

1 .  druagix;  do  R.  3 .   toraidh  R. 

2.  a  R. 


62  Whitley  Stokes. 

As  to  the  wizard  Mogh  Ruith  and  the  Rowing  Wheel,  which  is  to  roU 
over  Europe  before  Doomsday,  crushing  the  tribes  to  which  the  pupils  of 
Simon  Magus  respectively  belonged,  see  the  Bodleian  ms.  Laud  6io,  fo. 
109a  I,  and  O'Curry's  Lectures,  pp.  272,  385,  401,  421,  423,  428.  Of  the 
pillar-stone  of  Cnamchoill  it  is  said  :  Dali  cach  oen  notn-aicfe,  bodar  cach 
oen  nod-cluinfe,  marb  cach  ôen  risi  mbenfa,  Laud  610,  fo.  109^2,  «  Blind 
(will  be)  every  one  who  shall  see  it  :  deaf  every  one  who  shall  hear  it,  and 
dead  every  one  against  whora  it  shall  strike  ». 

In  Ed.  Tlachtga  is  said  tohave  died  in  childbed,  and  over  her  the  fortress 
was  buiit. 


III.  Mag  mBreg. 

Magh  niBregh,  canas  wammniged  ? 

Ni  ansa.  Brega  mac  Bregoin  sindser  clainni  Brcogain,  7  is 
leis  roslecht  in  mag,  et  a  qwo  now/;zatur. 

Ailitcr;  Dil  ingen  Mik^  (wd  Lugmanrach)  dodechaid  a  tir  Fer 
Falga  la  Tulchainde  drai  Conaire.  I  n-oenuair  rogeinir-si  o[a] 
màthair  7  rue  in  bo  loegh.  Rocar  in  ingen  in  laogh  iar//m 
sech  na  liindile  archena,  ar  rogenir  i  n-oenuair  fria,  7  foremid 
Tulcinde  a  tahain-se  co  tuccad  a  Ixgh  le. 

Bôi  cairdes  do  suide  frisin  Morrighain,  7  rogaid  di  tahairt 
na  himana  co  Mag  niBolgaidhe,  ar  rop  edh  ainm  in  maighi  o 
thus,  7  rochar  Brega  dano  dam  Dile  in  magh  sin,  7  folil  a 
ainm  de.  Un^^;  Mag  Birg. 

Brega  son  of  Breogan  was  the  eldest  of  Breogan's  children, 
and  by  him  the  plain  was  cleared  (of  trees),  and  from  him  it 
takes  its  name. 

Otherwise  :  Dil  daughter  of  Lugmannair  eloped  from  the 
land  of  the  Men  of  Falga  (the  Isle  ofMann)  with  Tulchainde, 
Conaire's  wizard.  The  same  hour  that  she  was  born  of  her 
mother  a  certain  cow  dropt  a  calf.  So  the  girl  loved  the  calf 
more  than  the  other  cattle  since  it  had  been  born  at  the  same 
time  that  she  had,  and  Tulchainde  could  not  get  her  away  till 
the  calf  was  brought  with  her. 

There  was  friendship  between  him  and  the  Morrigan,  so  he 
begged  h°'-  to  bring  the  drove  to  Mag  mBolgaide  —  for  that 


■  The  Rennes  Dindknchas.  6î 

was  the  first  name  of  the  plain,  and  there  Dil's  ox  Brega  loved 
that  plain,  and  its  name  clave  to  it.  Whence  Mag  niBreg. 

Also  in  BB.  406b  45  :  H.  14a  :  Lee.  517^  and  Bodl.no.  2.  and  Ed.  fo.  ib  i. 
Edited  from  Bodl.  in  Folklore,  III,  470;  from  Ed.  in  Silva   Gadeîica,  II, 

472,  V7- 

Mag  mBreg  (also  Bregmag)  the  name  of  a  large  plain  in  East  Meath. 

Conaire  i.  e.  Conaire  Môr,  the  hero  of  the  Brudcn  da  Derga,  overking  of 
Ireland,  killed  by  outlaws  B.  C.  40.  His  druid  (or  rather  chief  bufïoon) 
Tulchinne  or  Taulchinne  is  described  in  LU.  92b — 93^.  The  Morrigan 
(jnorigain  gl.  lamia,  Regina  215,  fo.  ici)  was  one  of  the  Tuatha  dé  Da- 
nann  ;  see  Rev.  Celtique,  Xll,  128:  see  also  Hennessy's  paper  «  The  ancient 
Irish  Goddess  of  W^ar  »,  Revue  Celtique,  I,  35  et  seq.  Breogan  perhaps  the 
Spanish  sovran  in  O'Mahony's  Keatiiig,  pp.  178,  179,  196. 


112.  Mag  Lena. 

Mag  Lena,  canas  roainmniged  ? 

Ni  ansa.  Lena  mac  Roida  .i.  mac  Mis  Réta,  is  hé  roalt 
muicc  M^fc  Datliô  fosfuair  i  nDaire  Bainb  i  n-orther  Bladlima. 
Fororbairt  leis  [co  cenn  .uii.  mhliadan]  co  mbatar  .uii.  n-air- 
tim  di  forbaidh  saille  for  a  sruib.  Dia  tultaMr  Ulaid  7  Fir  n- 
Olnecma^^^  do  feis  Meic  Datho  dodechas  o  Maine  Athrai 
cuice  do  cuingidh  na  muice  do  chobair  a  einich,  7  dofargaidh 
.1.  tor:  toga[idi]  dia  eisi,  7  ni  rogab  uada.  Dochuaidh  dano 
Lena  re  muicc  (or  Dubclais  n-aidhchi  gair  riana  thidnacul  uad. 
In  bail  i^  mboi  conâtail  and,  co  n-uargaib  in  mue  muc-clais 
tairis  cen  airiugud  ^  dô,  co  rod-muchai,  co  w-aclaid-sium  dano 
oc  suide,  co  rocht  grainne  a  cloidim  in  muic,  co  mbo  marb,  7 
dodechaid  Follscaide  mucaid  Maie  Dathô  co  rue  in  muic  fri- 
sin  feis,  7  co  rola  firt  Lena'  ann.  Unde  Mag  Lena. 

Lena  son  of  Roed  i.  e.  son  of  Mes  P.oeda,  'tis  lie  that  reared 
(his  grandfather)  Mac  Dâ-thô's  pig,  which  he  found  in  Daire 
Bainb  in  the  eastern  part  of  Bladma.  It  grew  up  with  him  till 
the  end  of  seven  years,  when  there  were  seven  inches  of  a 
growth  (.'')  of  fat  on  its  snout.  When  the  Ulaid  and  the  men  of 

1 .  a  R.  ?.   firtscena  R. 

2.  airi'udad  R. 


64  Whitley  Stokes. 

Connaught  went  to  Mac  Ddthô's  feast,  Maine  Athrai  (Mac  Da- 
thô's  wife)  sent  to  Lena  to  ask  for  the  pig  to  help  liis  hospi- 
tality,  and  oft'ered  fifty  choice  hogs  in  lieu  thereof,  and  Lena 
did  not  take  them.  Now  one  niglit,  shortly  before  he  deli- 
vered  the  pig  (to  Mac  Ddthô),  Lena  went  with  it  to  Dubclais 
«  Black  Trench  ».  There  he  fell  asleep,  and  the  pig  (by  its 
rooting)  raised  the  trench  over  him,  without  his  feeling  it,  so 
that  he  was  smothered.  Hereat  then  he  attacks^  the  pig,  and 
the  point  of  his  sword  reached  it  and  killed  it.  And  Mac  Dd- 
thô's swineherd  Follscaide  went  and  carried  the  pig  to  the 
feast,  and  there  (on  the  plain)  set  Lena's  gravemound.  Whence 
Macr  Lena  «  Lena's  Plain  » . 

o 

Also  in  H.  14''  :  Lee.  517a,  and  D.  4.  2.  (R.I.  A.)  fo.  50-^  i.  Edited  inac- 
curately  2  {rom  Lee.  in  O'Curry's  Balile  of  Magh  Leami,  pp.  15,  16  note, 
whence  reprinted  in  Irische  Texte,  I,  112. 

Mag  Lena  «  now  Moylena,  alias  Kilbride,  a  parish  comprising  the  town 
of  Tullamore,  in  the  King's  County  »,  O'Donovan,  Four  Masters,  A.D.  902. 

As  to  Mes-Roida  and  his  father  Mac  Dâ-thô  see  Scél  Mucce  Maie  Dathô 
LL.  iiib — 114»  éd.  Windisch,  Irische  Texte,  I,  96-108. 


113.  Odras. 

Odras,  canas  roainmniged  ? 

Ni  ansa.  Odras  ingen  Odarnatan  xwaic  Laime  iwaic  Luaidre, 
is  i  ba  banbruga/J  do  Buchat  Buasach  [bôaire]  Corm^?/c  h/h' 
Cuind,  co  luid  do  eis  a  fir  le  buaib,  conos-toracht  in  Morrigan 
co  tarb  Liathmuine  [le],  co  ndart  boin  dia  buaib  ina  timcull, 
7  hased  ainni  in  tairb,  Slemuin.  Oca  imain  aniar  o  Temraig 
dotaraill  le  Fraech  nOirend  coro  gelt  n-and,  con'ià  Fraech 
Slemna  a  ainm  di  sodoin.  Fosruataig  in  Morrighan  co  mboi  i3 
n-uaini  Cruachan.  larsin  doluid  Odras  7  a  gilla  lee  .i.  Cadha, 
co  nd/-och(nV  i5  Cuil  Cadha.  Doluid  Odras  beos  hi  lurg  a  bô 

1 .  -aclaid  Ht.  «  hunts  »  or  «  follows  »,  in  the  Laws  «  sues  ».  O'Curry's 
rendering  seems  mère  guesswork  :  «  He  started,  however,  turning  against 
her  (before  he  tvas  quilc  dcad)  ». 

2.  e.  g.  for  Forbairt  read  Forforbairt  :  for  ceathrachadh  read  ceathracha  : 
for  cri  tri  nonmair  read  eri  nonmair  :  for  hidlachad  read  hidlacad, 

3.  a  R. 


The  Rennes  Dindsenclias.  65 

dosaighid  ^  sidha  Cruach^;;.  Dofuit  codlad  fuirre  i  nDaire  Fal- 
gud  condos-fuisce  in  Morrigrt//  and,  7  dicain  [brichtu]  fuirre, 
co  ndeirgne  iinn  [usci]  di  Odra[i]s,  co  luid  isind  aub  fil  f/i 
Sliab  Bodbgnai  aniar.  Unde  Odras. 

Odras  daugliter  of  Odarnatan  son  of  Laime  son  of  Luaidre, 
'tis  she  was  hospitalier  to  Buchat  Buasach  the  cow-chief  of 
Cormac  hua  Cuind.  She  went  after  her  husband  with  kine, 
and  to  her  came  the  Morrigan,  bringing  a  bull  of  Liathmuine. 
His  name  was  Slemuin  «  Smooth  »,  and  he  bulled  one  of 
Odras'  cows  around  her.  As  he  was  being  driven  eastward 
from  Tara  he  halted  at  Oiriu's  Heath  and  grazed  there.  Hence 
its  name,  Fracch  Sleinna  «  Slemuin's  Heath  «.  The  Morrigan 
carried  him  off  and  installed  him  (with  the  cow)  in  the  cave 
of  Cruachu.  Thereafter  went  Odras  along  with  her  servant 
Cada,  who  fell  dead  at  Gi'iil  Cada  «  Cada's  Recess  ».  Still  on 
flired  Odras,  in  the  track  of  her  cow,  towards  the  elfmound 
of  Cruachu.  Sleep  fell  upon  her  in  the  Oakwood  of  Falga, 
and  the  Morrigan  awoke  her  and  sang  spells  over  her,  and 
made  of  Odras  a  pool  of  water  which  entered  the  river  that 
flows  to  the  west  of  Slieve  Bawne  (the  Shannon).  Hence  Odras. 

Also  in  LL.  i68a  19:  H.  71»:  Lee.  523-''. 

Odras  Cûil  Cada,  and  Fracch  Skmna  not  identitîed.  Liathmuine  «  grey- 
brake  >■>,  probably  the  Liathmuine  i  n-Uhaib  mentioned  in  LU.  39^.  Siiah 
Bodhgitai  now  Slieve  Bawne,  a  mountain  in  tlie  district  extending  from 
Lanesborough  to  Rooskey,  on  tlie  west  side  of  the  Shannon,  in  the  co.  of 
Roscoramon,  O'Donovan,  Four  Masters,  A.D.  678,  note  u. 

The  Morrigan's  magical  transformation  of  Odras  into  a  pool  of  water  is 
another  parallel  to  the  story  of  the  witch  Geirhild  in  the  Landndmabôk . 
See  above,  no.  1 5. 

As  the  end  of  the  poem  which  in  R  follows  the  story  of  Odras,  is  the 
following  scribe's  note  :  acsin  a  bruaîsi/;  bedaigi  7  olc  indil  ort. 

114.  Cleitech. 

Cleitech,  canas  roaimimiged? 

Ni  ansa.  Cleitech  drai  ro  aittreb  and,  7  is  and  roadnacht. 
Unde  Cleitech. 

I .   dosaidhig  R. 


6G  Whitley  Stokes. 

Nô  is  ann  robôi  cleithi  tech  Erenn  7  is  eisidhe  roloiscedh  îor 
Muirc^rtach  mac  Earca.  A^ti  ba  cleithi  acli  don  Erind  bas  meic 
Erca  ann.  No  bas  Cormaic  hi'ii  Chuind  dia  roglen  cnaim  iaich 
ina  braghait. 

Alite;-.  No  comad  and  dogneth  Cleitecli  mac  Degad  a  tech. 
Unde  Cletech. 

Cleitech  a  wizard  (of  the  Tuatha  Dé  Danann)  dwelt  there, 
and  there  he  was  buried.  Whence  Cleitech. 

Or  'tis  there  was  the  top(i.  e.  chief)  of  the  housesof  Erin, 
and  this  house  was  burnt  on  Muircertach  son  of  Ere.  Or  the 
death  of  Erc's  son  there  was  the  top  (i.  e.  chief)  of  groans,  for 
Erin.  Or  the  death  of  Cormac  grandson  of  Conn,  when  the 
salmon's  bone  stuck  in  his  throat. 

Ahter  :  Or  maybe  it  was  there  that  Cleitech  son  of  Dega 
(Deda  ?),  would  build  his  house.  Whence  Cleitech. 

Also  in  LL.  166'' 36:  H.  14b:  Lee.  ^17^,  and  Bodl.  47.  Edited  from  LL. 
in  Siîva  Gadelica,  II,  486,  534,  and  from  Bodl.  in  Folklore,  III,  511. 

Cleitech  near  Stackallan  Bridge,  on  the  south  side  of  tlie  Boyne. 

Tlie  story  of  Muirchertach's  death,  A.D.  527,  is  told  in  tlie  unpublished 
Oided  Muirchertaig  macc  Erca,  H.*  2.  16,  col.  310-320.  «  According  to  this 
story  »,  says  O'Donovan  (Four  Masters,  A.D.  526,  note  F)  «  Muircliertach 
fell  a  victim  to  the  revenge  of  a  concubine  named  Si'n  (Sheen),  for  whom 
he  had  abandoned  his  lawful  queen,  but  whom  lie  afterwards  consented  to  put 
away  at  the  command  of  S.  Cairneach.  This  concubine  having  lost  her  fa- 
ther,  mother,  sister,  and  others  of  her  family,  who  were  of  tlie  old  tribe 
of  Tara,  by  the  hand  of  Muircheartach  in  the  battle  of  Cirb  or  Ath  Sidhe, 
on  the  Boyne,  tlirew  herself  in  his  way,  and  became  his  mistress  for  the 
purpose  of  wreaking  her  vengeance  upon  him  with  the  greater  fiicility.  And 
the  story  states  that  she  burnt  the  house  of  Cletty  over  the  head  of  the  nion- 
arch,  who,  when  scorched  by  the  fiâmes,  plunged  into  a  puncheon  of 
wine,  in  whicli  he  was  sufïocated.  Hence  it  was  said  that  lie  was  drowncd 
and  burnt  ».  See  also  Tigernach's  Annals,  A.D.  534  (RawL  B.  488,  fo. 
7''i):  Chroniciim  Scotoriwi,  A.D.  531  :  Aimais  of  Ulster,  A.D.  533;  and 
Petrie's  Tara  Hill,  pp.  96,  97. 

As  to  Cormac's  death  from  the  fishbone,  see  the  Four  Masters,  A.D.  266. 


115.  Cerna. 
Cerna,  canas  roainmniged? 


mi 


The  Rennes  Dindsenchas.  6j 

Ni  ansa.  Cerniam  ainm  tuisig  in[t]sîda  fil  and.  Unde  Cerna. 
nominztur. 

Aliter  ;  Cerna.  A.  cœr  nia,  daig  is  and  atd  primrelicc  airthir 
Midhe  7  Breg,  7  dano  is  and  roadnocht  Cerna  Cas  mac  Cairpri 
msic  Etaini  7  a  athair.  Ar  imed  didiu  niad  7  tûisech  and 
unde  dicitiix  Cœrniad  7rl.  cér  imad. 

Cerniam  was  the  name  of  tlie  chief  of  the  elfmound  that  is 
there.  Wlience  Cerna  is  named. 

Otherwise  :  Cerna  i,  e.  caer-nia[d]  «  abundance  of  champ- 
ions »,  because  there  is  the  principal  burial-place  of  Bregia 
and  the  eastern  part  of  Meath,  and,  moreover,  'tis  there  that 
Cerna  Cass  son  of  Cairpre  son  of  Etdin,  and  his  father  were 
buried.  'Tis  because  of  the  abundance  of  champions  and  chiefs 
there  that  Caer  niad  is  said,  etc.  :  câer  (means)  «  abun- 
dance ». 

Also  in  LL.  168*  39:  H.  15^:  Lee.  518^;  and  Bodl.  no.  48.  Edited  from 
Bodl.  in  Folklore,  III,  512. 

O'Donovan,  Four  Mastcrs,  A.D.  890,  note  2,  says  that  Cearna  is  not 
identified,  but  that  it  is  referred  to  in  the  Dindsenchas  as  situate  in  Meath. 

câer,  protoceltic  qairo-  (-â?),  root  qi,  Skr.  cinoti,  Av.  ci. 


lié.  Cloenloch. 

Cloenloch,  canas  roainmniged? 

Ni  ansa  .i.  Claon  mac  Ingoir  meic  rig  Bretan  Ala  Cluaidhe, 
is  e  cétna  cennaighe  ^  dodechaid  a  hAlpain  i  nEirind  co  nduis- 
ib  flatha  fer  nGaeidhel,  conid  and  docer,  ocon  loch  ucat.  Unde 
Cloenloch  nominatur. 

Cloen  son  of  Ingor,  son  of  the  king  of  the  Britons  of  Ail 
Clûaide,  was  the  first  merchant  that  came  out  of  Alba  into 
Erin  with  présents  fit  for  princes  of  the  men  of  the  Gaels,  and 
there  he  fell,  at  yonder  lake.  Whence  Cloenloch  is  named. 

Also  in  LL.  169b  15  :  H.  66^:  Lee.  518^,  and  Bodl.  no.  49.  Edited  from 
LL.  in  Silva  Gadelica,  II,  468,  515  :  from  Bodl.  in  Folklore,  III,  515. 

I .  cendaidhe  R. 


68  Whitley  Stokes. 

Ail  Clûaidc  «  the  Rock  of  Clyde  »,  now  Dumbarton. 

Three  lakes  called  Claonloch  «  crooked  lake  »  are  mentioned  in  the  Aii- 
nals  of  the  Four  Masters.  This  one,  perhaps,  is  Claonloch  Slèibhe  Ftiaid,  A.D. 
1009,  which  is  near  Newtown  Hamilton  in  the  co.  of  Armagh.  A  Cloen- 
loch  near  Gort  in  the  co.  of  Galway  is  mentioned  in  Chron.  Scot,  pp.  45, 
369. 

117.    HiRARUS, 

Hirarus,  canas  roainniniged  ? 

Wi  ansa  À.  Eôin  Baile  hatar  oc  tathaigid  Cairpr/  Likchair 
do  Raith  Cairprf.  «  Tortha,  tortha  »,  a  do  dib;  «  TIagu, 
tiagu,  »  in  deda  aile.  Secbt  coecait  oidhchi  badar  oc  fochetal 
do,  7  ciped  teach  [fo.  ii'i,^  i]  ind  Ere  a  mbeith  Cairpre  taircitis 
chuccai.  Cetheora  poca  insin  in  Meic  Oicc.  Ros-delb  ir-richt 
cethri  [n-én]  co  mbidis  oc  togerad  ca;m  nErtv/n. 

Asrubart  Cairpre  insin  fria  druid  ^  .i.  Bicne  a  ainm  :  «  Cisi 
aird  arangairet  duit  ?  »  ar  in  drûi  2.  «  Etrom  7  turcbail  ngréne,  » 
ol  Cairpre.  Corna  iarsin  tarclamad  crand  do  car/;  fid  i  n-Erinn 
don  drui[d],  7  foreimidh  diclietal  foraib  co  iMcad  crand  do  a 
Fid  Frosmuine,  rondergenai  dicetal  fair.  Tuargabad  in  t-herus 
soin  os  fedhoibli  ^renn,  coro  fastai  na  heonu  ucat  [cen  togai- 
rad  Cairpri  o  sein  illc.] 

«  As  uasal  7  lier  in  t-herwj-,  a  Bicne,  7  bid  se  a  hainm,  Her- 
heriis,  »  7  îorhcbad  dia  comforba  car/;  ndoraid  forfeimdibitis 
fir  Ere»?;  do  gleodh  dosum  acht  co  tarmalad  ni  dia  thorud,  do 
ith  nô  do  blicht  nô  mes  nô  iasc.  Unc/f  YWravus  nominatur. 

The  (four)  birds  of  Baile  came  haunting  Cairpre  Lifechair 
to  Raith  Cairpri.  «  Come,  come  3  !  »  say  two  of  them.  «  I 
go,  I  go  »  say  the  other  two.  For  seven  times  fifty  nights 
they  were  lampooning(?)  him,  and  no  matter  what  house  in 
Erin  Cairpre  was  in,  to  him  they  would  repair  4.  Now  those 


1 .  sic  LL.  draui  R. 

2.  sic  LL.  an  draui  R. 

5.   tortha  from  to-orlha:  cf.   ortha  À.  eirg,  LU.    57^,  cognate  with  Lat. 
orior,  Gr.  ôo-vj-ai? 

4.   tairgeadh  .i.  teacht  a  coming  onward,  P.  O'C. 


The  Rennes  Dindsenchas.  69 

birds  were  the  Mac  Oc's  four  kisses.  He  had  shaped  them  into 
the  form  of  four  birds  that  they  might  be  girding  at  the  nobles 
of  Erin. 

Cairbre  told  that  to  his  wizard  hight  Bicne.  «  In  what 
quarter  do  they  cry  (?)  to  thee  ?  »  asked  the  wizard.  «  Be- 
tween  me  and  the  sunrise,  »  says  Cairbre.  So  then  a  tree  from 
every  forest  in  Ireland  was  collected  for  the  wizard,  and  he 
was  unable  to  sing  spells  over  them  until  a  tree  was  brought 
to  him  out  of  Fid  Frosmuine.  Over  this  he  sang  a  spell  and 
that  herus  (spindletree  ?)  was  uphfted  over  the  woods  of  Erin, 
and  it  detained  yonder  birds  (on  its  branches),  and  there  was 
no  mocking  of  Cairbre  thenceforward. 

«  Noble  and  high  is  the  benis,  O  Bicne;  and  this  shall  be 
the  name  of  the  place,  Hér-herus  «  high  herus  !  »  And  to  his 
successor  this  was  left,  that  when  the  men  of  Erin  should  be 
unable  to  get  any  difficult  question  decided^  by  him  he  should 
partake  of  some  of  its  fruit,  corn,  milk,  mast  or  fish.  Whence 
Hirarus  is  named. 

Also  in  LL.  166*23:  Lee.  518-':  H,  15b. 

Hirarus  perhaps  loraras,  now  Ories  or  Oris  in  the  barony  of  Clonlonan 
and  county  of  Westmeath.  See  the  Four  Masters,  A.D.  1160.  Fid  Frosmuine 
not  identified. 

As  to  the  Birds  of  Baile  and  the  Mac  Oc's  Kisses,  see  O'Curry  Lectures, 
pp.  478,  479. 

The  taie  is  incomplète,  especially  at  the  end,  and  there  are  some  obscure 
words  in  it:  Fochetal  seems  cognate  with  W.  go-gaiiu:  togerad  (leg.  fo-gêr- 
ad  ?)  cognate  with  gêr  «  sharp  »  :  herus  now  feorus,  gl.  accrus,  leg.  acc- 
rus, Ir.  Gl.  no.  582  :  feoras  spindle  wood,  a  spindle  tree,  prick  wood  orpeg- 
word,  P.  O'C. 

118.  Mag  Findabrach. 

Mag  Findabrach,  can  as  voainmnigcd  ? 
Ni  ansa.  Lixgaid  Lâigde-  donacht  aniar  on  Etharlaighe  >  do 
tabairt  catha  Crinda  la  Cormac  [hua  Cuinn]  fri  hUlltu,  conid 

1 .  gleôdh  .i.  glanad  no  criochnaghadh  cleaning. . .  ending,  deciding, 
P.  O'C. 

2 .  laide  R.  ; .   etharlaidhc  R. 


70  Wlntley  Sîokes. 

he  Lugaid  iarsin  romarb  na  tri  Ferg//i-a  .i.  Fergus  Duibdetach 
7  Vergus  Foltlebar  7  Fergz^i'  Bôd  dar  Brega.  forsin  oenlic  oc 
Raitlî  Crô,  dia  ii-ep£'rt  CoriiMc  : 

For  an  oen-lic  oc  Raith  Cro 
fortbe  ^  na  tri  Ferguso, 
co  n-ebt7't  Corm^/c  «  is  gle 
ni  ceil  a  doe  for  Ldige  ^ 

Ociis  rorighsat  Ulaid  Eocliaz^  Gunnfat  iardain,  7  adberar 
Lugaid  dia  marb^i,  7  is  eisein  cath  inro  chaid[set]  fir  Hérenn 
a  n-armu  co  nach  denad  nech  acbt  a  inathar  do  tarraing  co[n]a 
lamaib  a  broind  aroile.  Co;zid  de  ata  Ath  in  Inathair  fri  Crinda 
anoirtuaidh,  7  dofuit  Lugaid  Làigde  3  in  la  sin. 

Dotoet4  dano  Findabair  ingen  Luig[d]ech  aniar  os  cethaib 
forngaire  S  do  comfis  a  aihar,  con'id  co;zdrainicc  fri  tasc  a  hatliar 
isin  mag  ucut,  co  r[o]eimid  a  cride  cnomaidm  inde  7  ina  dalta 
dia  cumaidhsi  .i.  Brech  mac  Broiclidi.  Unde  [Mag  Finnabrach 
7  Breclimag]. 

Lugaid  Ldigde  c^me  from  the  west,  from  the  Etharlaige,  to 
deliver  tlie  battle  of  Crinna  in  aid  of  Cormac  liua  Cuinn  against 
the  Ulaid  ;  and  that  was  the  Lugaid  who  aftcrwards  killed  the 
three  Ferguses,  —  to  wit,  Fergus  the  Blacktoothed,  Fergus 
Longhair  and  Fergus  Fire-over-Bregia  —  on  the  same  flags- 
tone  at  Raith  Cro.  Whereof  Cormac  said  : 

On  the  same  flagstone  at  Raith  Cro  (was)  the  slaughtering 
of  the  thrce  Ferguses,  so  that  Cormac  said  :  «  it  is  clear  his 
arm  doth  not  fail  Ldigde  ». 

And  the  Ulaid  crowned  Eochaid  Longneck  ^,  and  'tis  said 
that  Lugaid  killed  him;  and  that  is  the  battle  in  which  the 
men  of  Erin  used  up  their  weapons  so  that  no  one  could  do 


1.  fortmboi  R.  foirthhe  .i.  foirthcibeadh  no  gearradh,  P.  O'C. 

2.  ar  laide  R. 

3 .  laide  R. 

4.  Dotaeth  R. 

5 .  In  the  poem  this  is  os  cethaib  fian  forngaire.  Probably  Cetha  Forn- 
gairi  is  a  place-name. 

6.  With  Ir.  giinn  neck,  P.  O'C.  compares  Corn,  codna. 


The  Rennes  Dindsenchas.  71 

augh.  but  drag  with  his  hands  the  entrails  out  of  another's 
belly.  l'^ence  is  Aîjj  in  Inathair  «  the  Ford  of  the  Entrails  », 
to  the  nt  rth-east  of  Crinna.  And  on  that  day  Lugaid  Ldigde 
(himselfj  fell.  So  then  his  daughter  Findabair  came  from  the 
west  over  Cetha  Forngairi  [?]  to  learn  about  her  father,  and  on 
yon  plain  she  met  the  news  of  her  father's  death,  and  her  heart 
broke  in  her  like  a  nut.  And  in  like  manner  the  heart  of  her 
fosterlino;  Brech  son  of  Broichde  broke  out  of  grief  for  her. 
Whence  are  Mag  Finnabrach  «  Finnabair's  Plain  »,  and  Brech- 
mag. 

Also  in  LL.  16'^^  ly.  BB.  407-1  25  :  H.  16^,  and  Lee.  5 19a. 

Mag  Finnabrach  not  identified.  Etharhige  or  Atharlach,  now  Aharlovv,  a 
glen  in  Tipperary.  Rdilh  Crô  near  Slane  in  the  co.  Meath.  Brechmag,  angli- 
cised  Breaffy.  perhaps  in  co.  Clare. 

The  battle  of  Crinna  (on  the  Boyne,  near  Stacl^allan  Bridge)  is  dated 
A.D.  206,  by  the  Four  Masters,  who  there  give  the  above  quatrain.  There 
is  a  long  story  about  this  battle  in  the  Book  of  Lismore,  fo.  121a — 123», 
which  has  been  edited  and  translated  in  SiJva  Gadclica,  I,  319-326,  II,  359- 
368.  and  of  which  there  is  a  précis  in  O'Mahony's  Keatlng,  pp.  323-327. 


119.  Lia  Lindgatain. 

Lia  Lindgatain,  canas  roaimnniged  ? 

Ni  ansa.  Lindgadan  mac  Lasghaire  Buadaich  maie  Conna'id 
Buidhe  maie  Iliach  tall  boin  m^el  Deichteri  màthar  ConcnXainn 
a  Dun  Delga  a  Muigh  M^rthemne,  coma,  romarb  Ci'iciûaiiiii 
oc  in  lia  ucat.  Unde  Lia  Lindgadan. 

Ail[i]tt'r  ;  Lindgadan  Labar,  callaire  Herenn  a  flaith  Find  meic 
Findtain,  7  ni  lamthai  labra  leis  ar  muir  nô  ar  tir  cen  fiar- 
faighe^  dosom,  ar  is  hé  ba  rondaire  7  ba  sluaghrechtaire  fer 
nErenn.  Co  cuala-som  fecht  and  fria  di  chulaid  asin  carraic 
in  mac  alla  'coa  fregra.  Amsoi  fon  ail  7  nodo-sine  fris  dia  di- 
gail  fair  in  gotha  rochuala,  co^zatarraid  barr  na  tuinde  -,  coron- 
esart  'moan  cairric,  conià  romarb  and.  Unde  Lia  Lindgadan 
noniinaiu}\ 


I.   fiarfaidhe  R.  2.   murthuinde  Ed.  Wclsh  ?HorJo«. 


72  Whitley  Stokes. 

Lindgadan  son  of  Loeguire  the  Gifted,  son  of  Connad  the 
Yellow,  son  of  Iliach,  stole  out  of  Dundalk  onMagMurthemne 
a  hornless  cow  which  belonged  to  Dechtere,  Cùchulainn's 
mother,  so  Cûchulainn  killed  him  at  yonder  stone.  Whence 
Lia  Lindgadain. 

Otherwise  :  Lindgadan  the  Arrogant,  the  crier  ^  of  Erin  in 
the  reign  of  Find  son  of  Findtan,  and  no  one  durst  speak  to 
him,  on  sea  or  on  land,  without  being  asked  by  him;  for  'tis  he 
thatwas  spencer  and  host-steward  of  themen  of  Ireland.  Once 
upon  a  time  he  heard,  behind  him,  out  of  the  crag  the  écho 
answerino;  him.  He  turned  to  the  chff  and  stretched  towards 
it  to  avenge  on  it  the  voice  he  had  heard.  Whereupon  the  crest 
of  the  wave  overtook  him,  and  dashed  him  against  the  rock, 
and  there  killed  him.  Whence  Lia  Lindgadain  «  Lindgadan's 
Stone  »  is  named. 

Also  in  LL.  165^25:  BB.  407^5:  H.  ôy»:  Lee.  519'':  and  Ed.  fo.  5^2. 
Edited  frora  Ed.  in  Folklore,  IV,  484-485. 
Lia  Lins'adain  not  identified. 


120.    GÀIRECH. 

Gairech,  canas  roainmniged  ? 

Ni  ansa.  Don  gair  rolasat  macraid  Emna  im  Comculaifin  ina 
lighe  chro,  co  rot-freagratrt';-  7  carpait  7  graigi-  7  [fo.  124-'  i] 
armu  7  ailchi  na  ngrellach  san  chan  imon  n-ath,  co  mhinar 
amal  tinde  foibdidi  ïor  fiuchw^.  Unde  Gairech  dicitur. 

From  the  gai r  «  outcry  »  which  the  striplings  of  Emain  sent 
forth  around  (their  fosterbrother)  Cûchulainn  as  he  lay  in  his 
bed  of  gore.  And  chariots  and  horses  and  weapons  and  the 
stones  of  the  mires  3  answered  it  on  this  side  and  that  around 


1 .  In  the  pocm  he  is  called  calJairc  choirinlighe  the  callaire  of  the  ale- 
house:  callaire  .i.  bolsgaire  no  fcar  garma,  P.  O'C. 

2.  cairge  R. 

3.  orcallach  clav.  loam,  mire:  the  nanic  of  several  lands  in  Ireland,  so 
called  from  being  flat,  moist,  bare,  trampled  places,  P.  O'C. 


The  Rennes  Dindsencluis.  7^ 

the  ford,  so  that  they  became  likea  (redhot)  ingot^  dipt  (and) 
boiling.  Whence  Gàirech  is  said. 

Also  in  LL.  165b 48:  BB.  407b  25  :  H.  6j^:  Lee.  520^.  Edited  from  LL. 
in  Silva  Gadelica,  II,  480,  528. 

The  Hill  of  Gairech,  says  O'Curry  {Lectures,  p  39)  is  «  sorae  distance 
southeast  of  Athlone,  where  the  Ulstermen  routed  their  enemies  and 
drove  them  in  disorder  over  the  Shannon  into  Connacht  » . 

The  tragical  death  of  the  stripHngs  of  Emain  is  recounted  in  the  Tàia 
bd  Cûahigi,  LU.  78b,  LL.  76b. 


121.    LUIBNECH. 

Luibnech,  canas  roainiuniged? 

Ni  aiisa.  Lubaii  dtrgoir  roboi  isin  chétaig-  Crimibainii  [À. 
lennbrat  sainemail  Crimthainn]  Niad  Naire  dosn-ucsat  Ulaid 
aniar  o  Temraig  Luachnx  ar  in  mbaethréim  3  rucsat  o  Dun  da 
Bend  co  Cend  Febrat  Sleibe  Gain,  7  dia  ro  ortsat  in  cathraig'^  7 
dia  ro  marbsat  in  rii  7  tuc[sat]  leo  a  cetaig,  conid  and  cota- 
bruiset  7  ro  scarsat  a  tri  coecta  luban  co  ;z-uboll  oir  ar  cach  lu- 
bain.  Is  frisin  dû  sin  adberar  Luibnech  5. 

A  bow*^  of  red  gold  which  was  in  the  cétach  Crimthainn, 
that  is,  Crimthann  Nia  Nâire's  beautiful  mantle  which  the 
Ulaid  carried  oif  from  the  west,  from  Tara  Luachra,  in  the 
furious  foray  which  they  made  from  the  Fort  of  two  Peaks  to 
Cenn  Febrat  of  Sliab  Gain.  When  they  wrecked  the  town,  and 
killed  the  king  and  brought  away  his  mantle,  'tis  in  that  place 
(Luibnech)  they  broke  it  up  and  tore  out  its  thrice  fifty  lâ- 
hàns  «  bows  »  with  an  apple  of  gold  on  each.  Of  that  place 
Luibnech  is  said. 

Also  in  LL.  i6)b  38:  BB.  407-^  58  :  H.  67b  ;  and  Lee.  520-1. 

Luibnech  (gen.  Liiibiiige),  not  identified.  It  was,  according  to  O'Dono- 

1 .  tin[n]e  .i.  caor  the  mass,  cast  or  charge  of  any  métal  from  the  forge 
or  furnace,  as  much  as  either  melt[s]  at  once,  P.  O'C. 

2.  chetaid  R. 

3 .  bsethrem  R. 

4.  carrac  R. 

5 .  frie  isindu  in  abbar  luibnec/jR.  is  fns  innûi  adbt'rar  luibnech  BB.  fesin 
àicittcv,  Lee. 

6.  îâbdu  a  bow,  a  hoop,  an  arch,  P.  O'C. 

Revue  Celtique,  XVI.  6 


74  Whitley  Sîokes. 

van  (Book  of  Rights,  lo  note  u)  a  place  on  the  borders  of  ancient  Meath 
and  Munster. 

The  story  of  the  furious  foray  of  the  Ulaid  is  told  in  a  fragmentary 
manner  in  the  Book  of  Leinster,  261 1>  26 — 268b,  and  the  Lebar  na  hUidre, 
19a — 20b,  whence  it  has  been  edited  by  the  late  W.  M.  Hennessy,  in  the 
Todd  Lectureseries,  vol.  I.  He  identifies  Dân  dà  Beini  «  Fort  of  Two  Peaks  », 
with  Dunsandel  near  Coleraine.  He  thinks  that  Tara  Luachra  is  on  the 
confines  of  Limerick  and  Kerry.  Sliab  Câin  is  a  hill  to  the  south  of  Ardpa- 
trick,  co.  Limerick. 

As  to  Crimthann  Nia  Nâire  and  his  mantle,  see  above,  no.  30  (Revue  Cel- 
tique, XV,  332). 


122.  Lecc  Thollchinn. 

Lecc  Thollcind,  cid  dia  ta  ? 

Ni  ansa.  Tollchend  druth  Enna  Ceiidsclaig^  nô  ^âiach  meic 
Enda  Ceindsek/V  doroch^/r  i  -  cath  in  Saxanu  ïor  Muir  hicht 
dia  ngaet  3  Niall  A'^ci/giallach  do  laim  ~Echach,  coro  tescad  a 
cend  and  don  druth  cosin  cathbarr  moaille  fris,  7  rogloidastar 
a  cathbarr  'moa  cend,  7  forfeimdes  a  brud  110  a  etarscarad  fria 
cend,  coro  ladh  im-muir,  coro  idnaic  car/;  tond  diaroile,  co 
roacht  forsin  licc-ut,  7  nôi  [tuill]  and,  a  da  n-o  7  a  da  su[i]l  7 
a  da  oil  7  a  da  sroin  7  a  bel,  et  nmic  Tollcend  dicebatiu%  7  Lee 
ToWchind  in  lecc  fo;'[s]a  tocomlai. 

Tollchenn  the  jester  of  Enna  Cennselach  orof  Eochaid,  Enna 
Cennselach's  son,  fell  in  a  battle  against  the  Saxons  on  the 
Ictian  Sea  when  Niall  of  the  Nine  Hostages  was  mortally 
wounded  by  Eochaid's  hand.  The  jester's  head  was  eut  off,  and 
together  with  it  the  helmet,  for  the  helmet  stuck  round  the 
head  and  could  not  be  broken  or  scparated  therefrom.  So  the 
head  was  cast  into  the  sea,  and  one  wave  delivered  it  to  ano- 
ther  till  it  arrived  at  yonder  Lecc  «  flagstone  »  ;  and  there  were 
nine  holes  therein,  its  two  ears  and  two  eyes  and  two  cheeks 
and  two  nostrils  and  the  mouth.  Whence  was  said  Toll-chenn 


1.  cendselaid  R. 

2.  aR. 

3 .  ngaeti  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  75 

«  h:!°-head  »,  and  Ixcc  Thollchinn  «  Holehead's  Flagstone  » 
the  stone  whereat  it  arrived. 

Also  in  LL.  166^  5  :  BB.  408b  28  :  H.  67b  :  Lee.  520». 

Lecc  Thollcinn  not  identified.  Miiir  n  Icht  the  channel  between  France  and 
England.  Niall  of  the  Nine  Hostages  slain  by  Eochaid,  A.D.  405,  accor- 
ding  to  the  Annals  of  the  Four  Masters. 


125.  Indber  mBicni. 

Indber  niBicne,  canas  ro  aininniged  ? 

Ni  ansa.  Bicne  gilla  Conoïïl  Q'rnaigh^  adbath  and  oc  timain 
na  mbo  dobretha  ^  a  hAlpain  iarsin  mbôdr  mor  boi  a  n-aimsir 
Bresail  Bodibaidh  ineic  Rudraighi  3  nô  Bresail  Bric,  coind  and 
atbath  Bicne  mac  Loegaire  coiia  n-imain  hi  tir,  7  is  and  con- 
rallsat  in  bùar4  a  n-adarca  dib,  conid  de  atberar  Bendchor 
Ulad  7  Indber  mBicne  nominatur. 

Bicne,  Conall  Cernach's  servant,  died  there  while  driving  the 
kine  (of  Frdecli  son  of  Idath)  tliat  were  brought  eut  of 
Scotland  after  the  great  murrain  that  befei  in  the  time  of  Bres- 
al  Bô-dibad  son  of  Rudraige,  or  (in  the  time)  of  Bresal  Brecc. 
There,  then,  died  Bicne  son  of  Loegaire  (smothered  in  a 
quicksand)  when  driving  them  ashore,  and  'tis  there  that  (in 
grief  for  him)  the  cattle  shed  their  horns.  Whence  Bennchor 
Ulad  «  horn-casting  of  Ulster  »  is  said,  and  Indber  mBicni 
«  Bicne's  Estuary  »  is  named. 

Also  in  LL.  166-^  14:  BB.  408»  58  :  H.  68^  and  Lee.  520.  Indher  mBicni 
seems  =^  the  Inber  Béce  of  Cormac's  Glossary  s.  v.  Coire  Breccain,  now 
probably,  Bangor  Bay.  As  to  the  Ostium  fluvii  nomine  Bicne  see  Reeves 
Eccl.  Antiqq.  387. 

Bennchor  Ulad  now  Bangor  in  the  co.  Down,  the  site  of  S.  ComgeU's  great 
and  fa  mous  monastery,  of  which  the  churchyard  and  the  Antiphonary  are 
now  the  only  rehcs. 

The  story  hère  referred  to,  Tâin  Bô  Frdich,  LL.  248'> — 2)2b,  has  been 
edited  by  Crowe  in  the  Proceedin^s  of  the  R.  I.  Academy,  Irish  niss.  séries, 
voL  I,  pp.  136-156. 

1 .  c«rnaidh'  R.  3 .   rugraidhe  R. 

2.  dobrethta  R.  4.  buair  R. 


yô  Whitley  Stokes. 

As  to  Bresal  Bôdibad  «  cow-destruction  »,  seeûieCoir  Aniiiaiu!,  where  it 
is  said  that  only  three  heifers  survived  the  murrain.  He  reigned  (according 
to  the  Four  Mas  ter  s)  from  A.  M.  4991  to  A.  M.  5001. 

As  to  shedding  horns  in  token  of  grief,  see  above,  no.  16. 


124.  Loch  Séta. 

Loch  Séta^,  cmas  Yoainmnigcd  ? 

Ni  misa.  Set  as  dech  ro  bôi  i  D-Erinn  intansin  .i.  mind  Lse- 
oahe  Luire  meic  \]mini  rolasat  ino;ena  Fainle  mcfc  Duib 
[fo.  124'' i]  da  Roth  ind.  Mondial  7  Dian  7  Dalb,  Echen  7 
Biblu  a  n-anmann,  7  romarbta  iarsin  Faillie  7  a  coicingena  ind, 
7  tucsat  isin  loch  lasin  set,  Un^^  [Loch  Séta.] 

The  best  set  «  jewel  »  that  was  then  in  Erin,  to  wit  the 
diadem  of  (the  king  of  Leinster)  Loeguire  Lore  son  of  L^gaine, 
which  the  daughters  of  Faindle  son  of  Dub-dâ-Roth  flung 
into  the  lake.  Monchae,  Dian,  Dalb,  Echan  and  Biblu  were 
their  names.  And  afterwards  Faindle  and  his  five  daughters 
were  killed  for  this  crime,  and  they  (the  executioners)  cast 
them  into  the  lake  along  with  the  jewel. 

Also  in  LL.  i68b48:  BB.  408b  4:  H.  68b:  Lee.  520^;  and  D.  4.  2,  a  ms. 
in  the  hbrary  of  the  R.  I.  Academy. 

Loch  Séta  not  identified.  It  must  be  in  Leinster. 

Loeguire  Lorc  monarch  of  Ireland,  according  to  the  Four  Mastcrs,  A. M. 
4607,  4608. 

This  story,  hke  many  othcrs  in  the  Dindsenchas,  is  incompletely  told, 
the  narrator  assuming  that  his  hearer  or  reader  knew  why  the  diadem  was 
flung  into  tlie  lake. 

125.  Traig  Tuirbi. 

[TJraig  Tuirbe,  canas  xoainmnigcâ  ? 

Ni  ansa  À.  Tuirbe  Tragmar,  atha/r  Gobain  soir,  is  e  rodon- 
selb.  is  on  f()rba  sin^  foceirdedh  aurchur  dia  biail5  a  Taulaigh 

I .   setna  R. 
2     is  e  sin  R. 
3 .   buil  R. 


The  Rennes  Dindsenchas.  -jj 

in  Bêla  fri  hagaid  in  tuile  co  «-aurgairedh  in  fairrge,  7  ni  tui- 
dhcedh  tairis.  Ochs  ni  fes  can  a  3  genelach  sainriud,  acht  minip 
oen  dona  hespadachaib  atrullatar  o  Temraig  riasin  Sab  n-Il- 
danach  fil  i4  nDiamraib  Bregh.  Unde  Tra'ig  Tuirbi. 

Tuirbe's  strand,  whence  was  it  named  ?  Not  hard  to  say. 
Tuirbe  Trdgmar,  father  of  the  Gobbdn  Saer,  'tis  he  that 
owned  it.  'Tis  from  that  héritage  he  used  to  hurl  a  cast  of  his 
axe,  fi-om  TuJach  in  Bêla  «  the  Hill  of  the  Axe  »  in  the  foce 
of  the  flood-tide,  so  that  he  forbade  the  sea,  and  it  would  not 
corne  over  the  axe.  And  no  one  knows  his  genealogy  unless 
he  be  one  of  the  defectives  who  fled  from  Tara  before  the 
Master  of  Many  Arts  and  who  are  (now)  in  the  Diamrai  of 
Bregia.  Whence  Trâig  Tuirbi  «  Tuirbe's  Strand  ». 

Also  in  BB.  408b  :  H.  68-'':  Lee.  520b,  and  Ed.  5b  i.  Edited  from  BB.  in 
Silva  GadeHca,  II,  473,  518  :  from  Ed.  in  FoUdore,  IV,  488. 

According  to  Pétrie  (Round  Toivers,  pp.  382,  383)  Trâig  Tuirbi  «  Tur- 
be's  Strand  »  is  now  Turvey  on  the  nortlicrn  coast  of  the  co.  of  Dublin, 
and  the  Diavira  Breg  are  now  Diamor  in  Meath.  As  to  the  Gohbdn  («  beak- 
let,  snoutlet  »)  Sacj-  see  Pétrie  ubi  supra. 

Sab  ilddnach  should  be  Saiiiilddnach  «  skilled-in-many-arts-together  »,  as 
it  is  in  Ed.  and  in  the  Second  Bat  lie  of  Moytiira.  See  Revue  Celtique,  XII, 
pp.  74,  76,  78,  80.  It  was  applied  to  Lugh  mac  Ethlenu. 

The  taie  of  Tuirbe  and  his  axe  rerainds  one  of  Paraçurâma.  «  This  hero, 
after  the  destruction  of  the  Kshatriya  race,  bestowed  the  earth  upon  the 
Brahmans,  who  repaid  the  obligation  by  banishing  him  as  a  homicide  from 
amongst  them.  Being  thus  at  a  loss  for  a  domicile,  he  solicited  one  of  the 
océan,  and  its  regent-deity  consented  to  yield  him  as  much  land  as  he  could 
hurl  his  battle-axe  along.  Paraçurâma  threw  the  weapon  from  Gokernam 
to  Kumâri,  and  the  retiring  océan  yielded  him  the  coast  of  Malabar,  below 
the  latitude  of  15°  ».  H.  H.  Wilson,  Catalogue  of  the  Mackeii:[ie  Collection, 
2d  éd.  Madras,  1882,  p.  56. 

So  in  his  Glossary  of  Judicial  and  Revenue  Ternis,  London,  1855,  p.  402: 
«  Paraçurûma.  .  .  an  avatar  of  Vishnu,  to  whom  is  ascribed  the  recovery 
from  the  sea  of  Kerala,  or  Malabar,  by  casting  his  axe  from  a  point  of  the 
coast,  Mount  Dilli,  to  the  extrême  south  ;  the  sea  retiring  from  the  part 
sowwhich  the  axe  flew  ». 


3 .  an  R. 

4.  a  R. 


78  Whitley  Stokes . 


126.  Bri  Léith. 

[B]ri  Leith,  canas  roaimnniged? 

Ni  aiisa.  Liath  mac  Celtchair  Chualand  is  e  m^c  flatha  is 
coimebôi  hisidcuirib  Hcreniij  co  ro  carasMr-sein  Brii  mBruach- 
bricc  ingen  Mid/r  Morglonnaigh  mc/clndui  maie  Cechtaigh^ 
Dochoidh  da//o  Bri  a  hingenraidli  co  FtTta  na  ningen  a  tseh 
Themrach.  Luid  Liath  lin  a  macc^em  co  mbôi  hi  Tulaigh  na 
hiarmaithrighi.  Feimdiset  comracc  ni  bad  nesom  fri  taibleoraib 
side  Mid/r  [fo.  124'' 2]  ar  ba  lir  becli-teilleoin  hi  16  dinnle- 
imfreagra  a  ndiubraic[th]e,  co  ro  briscif  Ico  Cochlangilla  Leith, 
co  7/-apad. 

IMsôi  in  ingen  do  Bri  Leith  coro  bris  a  cride  inti,  7  atb^rt 
Liath  :  «  Cenco  roosa  in  inginsi  is  mo  ainmse  bias  fw/rre  » 
.i.  Bri  Leith  .i.  bri  asa  Hath,  conid  de  atberar  Bri  Leith  7 
Dind  Cochiain. 

Liath  son  of  Celtchar  of  Cualu,  was  the  fairest  prince's 
son  that  Hved  in  the  foiry-troops  of  Erin,  and  he  loved  Bri 
Bruachbrecc  daughter  of  Mider  of  the  Mighty  Deeds  son  of 
Indui,  son  of  Cechtach.  (To  meet  her  lover)  Bri  went  with 
her  maidens  to  the  Grave  of  theGirls  beside  Tara.  And  Liath 
went  with  ail  his  youths  till  he  stood  on  the  Hill  of  the 
Aftcr-repentance.  And  they  could  not  corne  nearer  together, 
because  of  the  slingers  on  Mider's  clfmound.  For  as  numerous 
as  a  swarm  of  bées  on  a  day  of  beauty  was  the  mutual  answer 
of  their  castings.  And  Cochlan,  Liath's  servant,  was  sore- 
wounded  by  them  and  he  died. 

Then  the  girl  turns  to  (Mider's  elfmound,  now)  Bri  Léith, 
and  (there)  her  heart  broke  in  her,  (and  there  she  died).  And 
Liath  said  :  «  Though  I  shall  not  attain  this  girl,  'tis  my  name 
that  she  shall  bear,  »  Hence  Bri  Léith,  that  is  «  Liath's  Hill  » . 
Hence  is  said  Bri  Léith  and  Dind  Cochlàin  «  Cochldn's  Height  ». 

1 .  cechtaidh  R. 

2.  ainnbe  R.  ainleH.  ainle  Bodl.  nalaind  Lcc.  Read  dndle  by  metathesis 
for  dinde,  dilde,  derived  from  dJind  «  beautiful  « . 


The  Rennes  Dindienchas.  -jc) 

Also  in  BB.  408b  54  :  H.  68^:  Lee.  521  «:  Bodl.  no.  9;  and  Ed.  fo.  2^  i. 
Edited  from  BB.  in  Silva  Gadelica,  II,  476,  522  :  from  Bodl.  in  Folklore, 
III,  477. 

Brî  Lcith  west  of  Ardagh  in  tlie  co.  of  Longford.  Ciialti  a  district  in  the 
co.  of  Wicklow.  Ferta  na  n-Ingeii  probably  tlie  first  of  the  two  Cloenjertae, 
Rev.  Celtique,  XV.  283.  See  O'Curry's  Manners  andCusloiiis,lll,  356,  357, 
where  he  renders  briiachhrec  («  bigbellied-frecl^led  »  ')  by  «  of  the  frecicled 
face  »  tulach  na  hiannaithrige  by  «  Hill  of  Pursuit  »,  tahleori  (derived  from 
tahaill  «  sling  »,  W.  /<?/),  by  «  battlement-warders  »,  and  teiU'nui  by  «  hu- 
mming  wild  bées  ». 

As  to  the  elfking  Miderof  Brî  Léith  see  Windisch's  Irischc  Texte,  I,  115, 
ri6,  876,  O'Curry's  M.  and  C,  II,  192-194,  III,  191,  and  d'Arbois  de 
Jubainville's  Le  Cycle  Mythologique  Irlandais,  pp.  274,  311-322. 


127.  Tethba. 

[Tjethba,  canas  ro  aimnniged? 

Ni  ansa.  Tefli  ingen  Eachach  Oiremon  co  ros-car  Noisiu  mac 
Nechtoin  Findgualai  o  Loch  Léin,  7  ba  hi  a  muime  de,  Eitech 
ingen  Lendglais  meic  Luind  de  Glomraighiu  Trachta  Tuirhe. 
Is  i  dociiôidli  marôen^  lia  dalta.  O  dorocht  [Tethba]  co  hArd 
Nôisen  —  7  ba  hArd  n-Umai  co  sin  —  asbcrt-si  :  «  Bid  tes- 
baidh  do  cumtuch  in  tirese  mo  dulasa  as.  »  «  Ni  ba  fir  on,  » 
ar  Noisiu.  «  Ni  theseba  do  slondu[d]su  don  tirse  :  issed  on 
arata.  »  «  Is  teidmnech  ind  ail  breithre  facbaisiu  hr  in  tirse, 
ar  sisi  3  :  «  bat-lile  comhui  de  ar  ar  tarrggraig.  »  Ba  fir  àidiu, 
ar  itbath  a  muime  oc  dul  buddes,  conid  de  ata  Cenn-etich  7 
Tethba. 

Tethba  was  Eochaid  Airem's  daughter,  and  she  was  loved 
by  Noisiu  son  of  Nechtdn  of  the  White  Shoulder,  from  Loch 
Léin.  And  his  fosterraother  was  Etech  daughter  of  Lennglass 
son  of  Lon,  of  the  Glomraige  of  Tuirbe's  Strand,  and  'tis  she 
that  went  along  with  her  fosterhng  (when  he  eloped  with 
Tethba).  When  Tethba  reached  Ard  Nôisen  —  till  then  it  had 


1.  hruach  .i.  brumhôr  big-belHed,  largebcliied,  P.  O'C. 

2.  mâroen  R. 

3 .  tirese  ar  isisi  R. 


8o  Wintley  Stokes. 

been  Ard  n-Umai  —  she  said  :  «  My  going  hence  will  lessen 
this  land's  covert  ».  «  That  is  untme,  »  saysNôisiu:  «  thiiie 
appellation  will  never  be  wanting  to  this  land.  Such  is  what 
remains  (and  it  will  suffice).  »  Quoth  she:  «  The  shameful 
word'^  which  thou  hast  left  on  this  land  is  deadly.  Grief 
therefor  will  follow  thee  on  our  journey.  »  That  came  true, 
for  in  wending  southwards  his  fostermother  died.  So  thence 
is  Cenn-Etich  and  Tcthba. 

Also  in  BB.  409^12:  H.  éSb;  Lee.  52i''>;  Bodl.  no.  13;  and  Ed.  fo.  3»!. 
Edited  from  BB.  in  Sih'a  Gaddica,  II,  473,  518:  froni  Bodl.  in  Folklore, 
III,  480-481. 

Tethha,  anglicised  Teffa,  a  territory  in  the  counties  of  Weslmeath  and 
Longford.  Loch  Léin  now  the  Lakes  of  Killarney.  Tracht  Tnirbi  near  Mala- 
hide  in  tke  co.  of  Dublin.  Ard  Nôisen  «  Noisiu's  Height  »,  not  identified, 
Çom  Etich  now  Kinnitty  in  King's  county,  O'Curry  Lectures,  p.  340  :  Cbron. 
Scot.,  p.  367. 

Eochaid  Airem  overking  of  Ireland  A. M  5070,  according  to  the  Four 
Masters. 

128.  Loch  Andind  7  Loch  n-Uair, 

[L]och  Aindind  7  Loch  n-Uair,  canas  roaiiimnigthe? 

Ni  ansa.  Aindind  Oach  7  hUar  Etharchar  da  mac  Gumoit  do 
rigaib  Fear  mBolg.  7  is  do  leith  genek/^  fer  nGréc  doib  .i. 
Grecus  mac  Point  7  Danaus  mac  Point,  7  is  eisen  sen  Fher 
mBolg,  7  rogab  wen  indara  fine  ior  aroile,  co  tallsat  ïonn  a 
n-uisqwc  somblasta,  daig  is  cornus  cachta  berar  [for]  uisq//€  hi 
tirib  Gr^'c,  7  adachta  fo  dœire  .i.  uir  do  tarraing  for  lecaib  loma 
co  mbeidis  sccJjt  cubait  ina  doimne.  Roteichset  da/zc  riasin  cu- 
machti  moir  dochum  vîExcnn,  7  ni  gabsat  acht  \c  lochoib  lind- 
glanaib.  Rogab  da«o  Aindind  7  Uar  ac  dib  lochaib  cutrumaib 
.i.  CLitruma  fodeas  7  fotuaidh,  uaidh[ib],  7  co  n-eplet^r  diblin- 
aib  car/;  coa  loch,  et  a  C[U\hns  nomina[n]tur. 

Aindinn  Oach  «  the  Eared  »  and  Uar  Etharchar  were  two 
sons  of  Gumor  (Ugmor  ?)  of  the  kings  of  the  Fir  Bolg.  And  as 
regards  pedigree  they  were  of  the  men  of  the  Greeks,  to  wit, 

I  .  Literally  «  shame  of  a  word  »,  «  verbal  insuit  ».  See  Revue  Celtique, 
VIII,  p.  50,  linc  10. 


The  Rennes  bi. 

Grecus  son  of  Pont  and  Danaus  son  ox 

the  ancestor  of  the  Fir  Bolg.  And  one  of  the  l 

vailed  over  the  other  and  deprived  them  of  their  s  s. 

water,  for  in  the  lands  of  the  Greeks  a  power  of  impou.. 

is  given  over  water;  and  they  were  made  subject  to  slavery, 

namely  to  drag  mould  (in  leathern  bags)  on  to  bare  flagstones, 

80  that  it  might  be  seven  cubits  deep  on  the  stones. 

So  (having  built  boats  of  the  leathern  bags)  they  fled  be- 
fore  that  tyranny  to  Ireland,  and  there  they  set  up  only  at 
clear-watered  lakes.  So  Aindinn  and  Uar  set  up  at  two  of 
thèse  Likes  which  were  equal,  that  is  equal  in  the  south  and 
in  the  north;  and  there  they  both  died,  each  at  his  kike;  and 
from  them  the  lakes  are  named. 

Also  in  BB.  409^1 34:  H.  69^:  Lee.  521^  Bodl.  no.  14:  and  Ed.  fo.  3^1. 
Edited  from  Bodl.  in  Folklore,  III,  482. 

Loch  Aindinn,  now  Lough  Ennell  in  Westmeath.  (Aindenn  son  of  Ne- 
med,  BB.  iib).  Loch  Uair  now  Lough  Owei  in  Westmeath.  Turgesius 
(Thorgils)  was  drowned  in  it  A.D.  847. 

As  to  the  Fir  Bolg  and  their  bags  see  LL.  6^.  As  to  their  flight  to  Ire- 
land, O'Mahony's  Keating,  p.  129. 


129.  Druim  Suamaich. 

[DJRLiim  Suamaich,  canas  ïoaininniged  ? 

Wiansa.  Suamach  mac  Samgubai,  sencha[id]  7  aiti  Cormaic 
Conloinges  meic  Coiichohair,  7  Caindlech  ingen  Geim  Gelta 
mt'/c  Rodba  meic  Tuaich  Tuile,  di  ^  claind  Conoiïl  Ct';/[g]ancnis, 
ba  si  sin  a  muime.  Co  du[d]caid  Cormac  aniar  o  Cruachain  Aei, 
do  gabail  rigi  n-lUmi^  7  ro  an  a  oiti  dia  éis  ardaig  rofitir  dofie- 
dsad  a  dalta  7  na  bad  ri  Ulad.  Doluid  Suamach  i^  ndiaidh  a 
diihx  dia  ergaire  arna  tesed  in  targraidh.  Intan  tanic  co  Tulaig 
nDér  .i.  dera  in  Dagdai  oc  cainiud  a  meic,  is  and  a/ro//nairc 
daighidh  na  hoirgne  i^  [mJBruidin  da  Choca.  Atbail  Suamach 
cenfuirech,  7  atbail  Caindlech  i  n-Ard  Caindlech.  Vnde  Druim 
Suamaich  7  Ard  Caindlech  dicuntur:. 


1.  diaR. 

2.  a  R. 


^^ 


Stokes. 


_,amguba  was  the  storyteller  and  fosterfa- 
.  Conlonges  son  of  Conchobar,  and  Cormac''s 
.cr  was   Caindlech  daugliter  of  Geim  Gelta  son  of 
a,  son  of  Tuach  Tuile,  of  the  clan  of  Conall  Hornskin. 
rvhen  Cormac  went  eastward  from  Cruachan  Ai  to  seize  the 
crown  of  Ulster  his  fosterflither  h  ad  stayed  behind  him  be- 
cause  he  knew  that  his  fosterling  would  fall  and  never  be 
king  of  the  Ulaid.  (Howbeit)  Suamach  foUowed  his  fosterling 
to  forbid  him  to  go  on  that  journey.  When  he  came  to  the 
Hill  ofthe  Tears  —  that  is,  the  tears  of  the  Dagda  bewailing 
his  son  (Germait)  —  there  he  beheld  the  blaze  ofthe  wrecking 
of  Bruden  da  Ghoca.  Suamach  died  forthwith,  and  Gaindlech 
(hearing  that  her  fosterling  was   slain)  died  on  Ard   Gain- 
dlech,  Whence  Druim  Suamaich  «  Suamach's  Ridge   »  and 
Ard  Caindlech. 

Also  in  LL.  166^46  :  BB.  409^' 31  :  H.  69b  :  Lee.  522»,  and  Bodl.  no.  45. 
Edited  from  Bodl.  in  Folklore,  III,  308. 

Druim  Sitainaig  and  Ard  Caindlech,  not  identified.  Bruden  da  Choca  now 
Breenmore,  in  the  barony  of  Kilkenny  West,  in  the  co.  ofWestraeath. 

The  taie  is  an  incident  in  the  unpublished  story  of  Togail  Bruidne  da  Choca, 
as  to  which  see  O'Curry,  Lectures,  p.  260:  Manncrs  and  Cnstonis,  III,  254. 
Hère  follows  the  passage  in  question,  from  the  oldest  copy,  viz.  that  in 
H.  3.  18,  for  a  loan  of  which  MS.  I  am  indebted  to  the  Board  of  Trinity 
Collège,  Dublin  : 

Dodechaid  âïdiu  Suamach  mac  Samgub^  anîar  andiaidh  na  turrgraighe 
di  vreit[h]  rohaid  da  daltae,  cor-rainic  Tulaig  Dér  .i.  derce  folas  rotheilg  in 
Dagdse  inte  a  comrac  fri  tasc  a  meic  in  Cermatae.  Conid  de  digairter  Tu- 
lach  Der  di.  O\conivcùrc  iar«/«  Suamach  daigh  na  hoirgne  uad  fora  daltée 
ni  rodamairdo  co  robris  a  cride  ann,  conïd  de  digarar  Druim  Suama/V  don 
t'ûaig  0  sin  co  sudiu,  H.  3.  18,  pp.  717-718. 

Then  Suamach  son  ofSamguba  went  from  the  west  aftcr  the  expédition, 
to  give  a  warning  to  his  fosterson.  And  he  reached  the  Hill  of  Tears,  that 
is,  the  tears  of  blood  which  the  Dagda  shed  thereon  when  he  met  with  the 
report  (of  the  death)  of  his  son,  the  Germait  :  hence  it  is  called  Tiilach  Dér 
('  the  Hill  of  Tears  «.  Now  when  Suamach  beheld  the  blaze  of  the  wreck- 
ing on  his  fosterson  he  could  not  endure  it,  and  his  heart  broke  in 
him.  Hence  from  that  time  to  this  the  hill  is  called  Druim  Suamaig  a  Sua- 
mach's Ridge  », 

In  the  same  story  Suamach  is  said  to  hâve  been  a  seer  and  a  man  of 
great  knowledge  (ba  fisid-simn  ocus  ha  fer  morcelais,  H.  3.  18,  p.  715),  and 
his  wife  Caindlech  is  said  to  hâve  fallen  at  Muine  Caindlige  «  Caindlech's 
Brake  »  (p.  713). 


The  Rennes  Dindsenchas. 


130.  DÛN  MAC  Nechtain  Scéne. 

[Lee.  522']. 

Dun  mac  Neachtain  Sceine,  canas  ra  hainmnigead  ? 

Ni  ansa.  Neacht  Indbir  Sceine  do  Corca  Laidhi,  bcan  Fir 
Uillne  meic  Lmgdecb  Mail,  mâthair  a  thii  mac  A.  Diachail  7 
Foili  7  Fannall  ^  a  n-anmand.  Is  iat  geogna  Cuchulainn  dia- 
ragaib  armu,  amail  adfedar  ar  Macgnimarthaib)  C(?//cuIainn. 
Un^6'  Dun  mac  Nechtain  Scène  dicitur. 

Necht  of  Inver  Scéne  of  the  Corco  Ldigdi,  was  the  wife  of 
Fer  Uillne  son  of  Lugaid  the  Lord,  and  the  mother  of  her  three 
sons,  whose  names  were  Diachail  (Tuachail  ?)  and  Foill  and 
Fannall.  'Tis  they  whom  Cuchulainn  slew  when  he  (first) 
took  arms,  as  is  told  in  the  Boyish  Dceds  of  CûchuJainn. 
Whence  is  said  Diïn  Mac  Nechtain  Scéne  «  the  Fort  of  the 
sons  of  Nechtan  Scéne  » . 

Also  in  LL.  i7ot'4o  and  BB.  410^  25. 

Dûn  Mac  Nechtain  Scéne  not  identified.  Inhcr  Sccne  now  Kenmare  Bay. 
Fer  the  adventure  hère  referred  to,   see   Lebor  na  hUidre,  p.    52^-52b, 
and  LL.  61  ''-ô/^,  where  the  fort  is  called,  Dûn  mac  Nechta  Scéne. 
( 

\ 

I 

Whitley  Stokes. 
(A  suivre.) 


Tuachail  7  Foil  7  Fannail,  LL.  Diuchaii  7  Foill  7  Fannall,  BB. 
in  là,  LL. 
m(ifc[gnim]rad,  BB. 


LE  ROI  LOTH  DES  ROMANS  DE  LA  TABLE  RONDE. 


Dans  les  romans  français  de  la  Table  Ronde,  Loth  est  roi 
d'Orcanie  et  père  de  Gauvain.  Il  a  épousé  la  sœur  d'Arthur. 
Chez  Gaufrei  de  Monmouth,  il  est  de  souche  royale,  frère 
d'Auguselus  et  de  Urianus,  neveu  de  SicheJiniis  (leg.  Sichel- 
■mus?),  roi  de  Norwège.  Arthur,  après  sa  conquête  du  nord  de 
l'île  sur  les  Saxons,  donne  à  Auguselus  le  pouvoir  sur  les 
Scots,  à  Urianus  le  sceptre  sur  les  Murefenses,  à  Lot,  qui  avait 
épousé  sa  sœur,  du  temps  d'Aurélius  Ambrosius  ^,  et  en  avait 
eu  deux  fils,  Malgainus  et  Modredus,  la  Londonesia  et  les  pro- 
vinces qui  en  dépendaient-.  Arthur  assure  ensuite  à  Loth  la 
possession  de  la  Norvège,  à  laquelle  il  avait  droit,  comme  neveu 
de  Sichelmus  (///5f .  Brit.,  VIII,  21  ;  IX,  9; IX,  ii,  12;  X,  6). 
Ce  passage  de  Gaufrei  me  paraît  des  plus  instructifs.  Il  vise, 
en  effet,  une  époque,  semble-t-il,  assez  facile  à  préciser.  Tout 
d'abord,  Londonesia  ne  désigne  nullement  Londres  et  le  pays 
y  attenant,  comme  le  dit  la  traduction  du  Brut  Tysilio  de 
San-Marte  (p.  608;  cf.  Myv.  Arch.,  2^  édit.,  p.  464);  on  doit 
lire  Lodoncsia  ou  mieux  Londonesia  :  il  s'agit,  en  effet,  d'un 


1.  San-Marte  a  faii  dans  sa  traduction  du  Brut-Tyrilio  un  singulier 
contre-sens  en  faisant  épouser  à  Loth  la  sœur  d'Aurélius  Ambrosius  {Hist. 
reg.  Brit.,  p.  608).  Il  est  vrai  qu'il  a  suivi  la  traduction  de  Peter  Roberts. 
L"édition  de  la  Myvyrian  (2e  éd.,  p.  464)  ne  dit  rien  de  pareil.  Peter  Ro- 
berts a  puisé  son  contre-sens  dans  XHisloria  de  Gaufrei:  Lot  autem,  qui 
tempore  Aurelii  Ambrosii,  sororem  ipsius  duxerat  (IX,  9). 

2.  ...  reddit  Auguselo  regiam  potestatem  Scotorum  ;  fratremque  ejus 
Urianum  sceptro  Murefensium  insignivit;  Lot  autem,  qui  tempore  Aurelii 
Ambrosii  sororem  ipsius  duxerat,  ex  qua  Walgainum  et  Modredum  genue- 
rat,  ad  consulatum  Londonesiae  ceterarumque  comprovinciarum  quae  ad 
eum  pertinebant,  reduxit  (IX,  9). 


Le  roi  Loth  des  Romans  de  la  Table  Ronde.  85 

partage  de  l'Ecosse,  comme  le  montre  clairement  le  contexte. 
Lodonesia  est  la  région  de  Lothian,  comprenant,  dans  son 
sens  le  plus  étendu,  tout  le  territoire  occupé  actuellement  par 
les  comtés  de  Berwick,  Roxburgh,  et  des  Lothian  (Skene, 
Celt.  Scot.,  I,  p.  13 1)^  Murefenses  indique  la  région  connue 
dans  les  chroniques  latines  sous  le  nom  de  Moravia,  et  com- 
prenait la  région  de  Moray  et  de  Ross.  Le  nom  de  Scotia 
comprend  le  reste  de  l'Ecosse  celtique.  Or,  cette  division  n'a 
de  sens  qu'à  un  seul  moment  de  l'histoire  d'Ecosse,  après  la 
grande  bataille  de  Carham,  sur  la  Tweed,  livrée,  en  1018,  par 
Malcolm,  roi  des  Scots,  et  Eugenius  Calvus,  roi  des  Bretons 
de  Strath-Clut,  aux  Northumbriens.  L'armée  des  Angles  fut  à 
peu  près  détruite  {Simeonis  Diinclm.,  Hisl.  EccL,  à  l'année 
ICI 8).  A  la  suite  de  ce  désastre,  tout  le  district  au  nord  de  la 
Tweed  passa  au  royaume  d'Ecosse  et  en  forma  la  limite  méri- 
dionale (Sim.,  Jt'  Ohs.  Dun.,  ap.  Skene,  Celt.  Scotl.,  I,  p.  394). 
La  Chronique  des  Pietés  et  des  Scots,  document  rédigé  vers  la 
même  époque,  donne  la  division  suivante  de  l'Ecosse  :  «  Ultra 
(Tede  flumen)  usque  ad  flumen  Forthi  magni,  scilicet,  Loonia 
(Lodonesia)  et  Galweya  (Galloway),  et  Albania  tota,  quae 
modo  Scotia  vocatur,  et  Morovia,  et  omnes  insulae  occiden- 
tales oceani  usque  ad  Norwegiam  et  usque  Daciam,  sciHcet 
Kathencsia,  Orkaneya,  Enchcgal,  et  Man  et  Ordos  et  Gurth,  et 
ceterae  insulae  occidentales  oceani  circa  Nonuec^iam  et  Daciam 
(Chron.  Pict.,  p.  154,  ap.  Skene,  Celt.  ScoîL,  p.  396).  D'après 
la  Chronique,  l'Ecosse  comprend,  au  commencement  du 
xi^  siècle,  trois  régions  :  Loonia  et  Galweya,  la  région  de  Lo- 
thian et  de  Galloway,  de  la  Tweed  au  Forth  ;  la  Scotia  ou 
Albania  proprement  dite,  et  la  Moravia.  La  Scotia  ou  Albania 
est  nettement  distinguée  des  pa3''s  au  sud  des  Firth,  et  de  la 
Morovia,  au  nord  de  la  Spey.  Au  nord  et  à  l'ouest  de  ces  pro- 
vinces est  le  territoire  qui  est  sous  la  suprématie  des  Scandi- 
naves et  portant  le  nom  de  Nonuegia  et  Dacia.  Sur  le  conti- 
nent, c'est  Caithness  et  Airergaidhel  (Skene,  Celt.  Scotl., 
p.  396).  Cette  division  correspond,  on  le  voit,  parfaitement  à 


I .  Le  nom  de  Lotb  n'a  rien  à  faire  avec  celui  de  Lodonesia  ou  Loudoscîa, 
malgré  certaines  apparences. 


86  J.  Loth. 

celle  que  nous  trouvons  dans  Gaufrei.  La  place  à  part  donnée 
à  la  Moravia  est  particulièrement  significative.  Ce  n'est  qu'à 
la  mort  de  Sigurd,  roi  Scandinave  des  Orcades,  tué  à  la  ba- 
taille décisive  de  Clontarf,  en  Irlande,  en  1014,  que  les  chefs 
du  pays  de  Moray  deviennent  indépendants  et  sont  soustraits 
à  la  domination  Scandinave.  Ils  prennent  même  le  titre  de  ri 
(roi)  (Celt.  Scotl.,  I,  p.  387,  397).  Gaufrei  s'est  donc  inspiré, 
pour  son  partage  de  l'Ecosse,  d'une  source  du  commencement 
du  xi^  siècle. 

La  Lodonesia  paraît  avoir  été  occupée  principalement  par  des 
Pietés  avant  son  annexion  à  la  Northumbrie  :  «  Erai  tune  rex 
Pictorum  Lothus  —  (Buchanan,  Hist.  Scot.,  V,  c.  45).  Boe- 
thius  (Scot.  Hist.,  I,  IX)  dit  aussi  que  Loth,  père  de  Modred 
et  Walwan,  était  roi  des  Pietés  :  «  Oui  Pitblandiae  novum  a  se 
nomen  Londoniae  egregiam  ob  prohitatem  reliqucrit  ad  posteras  (ap. 
San-Marte,  Hist.  reg.,  p.  381).  La  royauté  de  la  Norvège, 
confiée  à  Loth  par  Gaufrei,  est  un  souvenir  de  l'époque  peu 
éloignée  encore  de  son  temps  où  l'extrême  nord  du  continent 
et  les  îles  portaient,  comme  nous  l'avons  vu,  le  nom  de  Nor- 
wegia.  Les  mariages  entre  les  flmiilles  des  chefs  Scandinaves  et 
des  chefs  Celtes  d'Ecosse  étaient,  à  cette  époque,  firéquents,  et 
il  n'y  a  rien  d'étonnant  que  Gaufrei  ait  donné  à  Lot  un  oncle 
du  nom  de  Sichelm,  nom  qui  n'a  rien  de  celtique.  Le  titre  de 
roi  d'Orcanie  que  Loth  a  dans  les  romans  français  est  équi- 
valent à  celui  de  roi  de  Norvège. 

La  version  galloise  de  Gaufrei  transforme  Loth  en  Llew, 
fils  de  Cynvarch,  et  Auguselus  en  Arawn,  La  Moravia  est 
remplacée  par  Reged  ÇMyv.  Arch.,  2^  édit.,  p.  634). 

L'auteur  du  Brut  Tyrilio,  voulant  concilier  Gaufrei  qui  fait 
de  Loth  (Llew)  le  père  de  Walgainus  (Gwalchmai),  et  la  tra- 
dition galloise  qui  le  qualifie  de  fils  de  Gwyar,  le  donne  bien 
comme  beau-frère  d'Arthur,  mais  ajoute  et  de  Giuyar,  mère  de 
GiuaJchiuai  l'empereur:  (ef  oedd  vraïud  yngyfraith  y  Arthyr  cic 
y  Wyar,  mam  Walchmei  amherawdr.  Myrv.  Arch.,  p.  464). 
Il  faut  évident  suppléer  et  mari  àe  Gwyar,  mère  de  Gwalchmai. 

Dans  le  Mabinogi  de  Kulhwch  et  Olwen  (édit.  Rh}^s- 
Evans,  p.  133),  G  walchmei,  fils  de  Gwyar,  est  neveu  d'Ar- 
thur, fils  de  la  sœur  de  ce  dernier. 


Le  roi  Loîh  des  Romans  de  la  Table  Ronde.  87 

Le  nom  de  Loth  se  retrouve-t-il  dans  les  traditions  galloises? 
Le  contraire  serait  étrange  :  comment  serait-il  venu  aux  ro- 
manciers français  ?  Le  Mabino2;i  de  Kulhwch  et  Olwen  men- 
tionne  un  Lloch  Llawwynnyawc,  ou  Loch  à  la  main  blanche 
ÇEdit.  Rhys-Ev.,  p.  107).  Ce  personnage  apparaît  encore  dans 
le  même  roman,  et  cette  fois  il  est  présenté  comme  de  la  fa- 
mille d'Arthur  :  «  Gweir,  fils  de  Kadellin  Talariant,  Gweir 
Gwrhyt  Ennwir,  Gweir  Baladyr  hir,  oncles  d'Arthur,  frères  de 
sa  mère,  fils  de  Lloch  Llawwynnyawc,  de  l'autre  côté  de  la 
mer  Terwyn  (p.  iio;  Lloch  est  écrit  ici  Lliucli).  On  a  fiit  de 
la  mer  Terwyn  la  mer  Tyrrhénienne.  C'est,  eu  eftet,  le  nom 
qu'elle  a  pris  assez  souvent  dans  les  écrits  des  lettrés,  mais  il 
ne  paraît  guère  douteux  que  cette  mer,  comme  la  mer  To- 
ri  n  des  Irlandais,  n'ait  désigné  toute  autre  choses  En  l'ab- 
sence d'indication  précise,  je  ne  me  hasarderai  pas  à  l'iden- 
tifier; il  est  possible  qu'il  s'agisse  de  l'estuaire  du  Firth  of 
Forth  ou  de  celui  de  la  Clyde.  Ces  estuaires  sont  souvent  qua- 
lifiés de  mer,  notamment  par  Bède.  Lloch  serait  ainsi  un  chef 
picte  ou  Scot.  On  remarquera  qu'il  n'est  plus  ici  beau-frère 
d'Arthur,  mais  son  grand-père  maternel. 

En  supposant  que  le  nom  de  Loth  ait  été  emprunté  par  les 
Gallois  aux  Gaëls,  la  forme  Lloch  n'a  rien  d'anormal.  Le  ch 
gallois  avait  à  peu  près  le  son  du  th  vieil-irlandais,  tandis  que 
le  th  vieux-brittonique  devait  avoir  un  son  assez  difterent, 
comme  le  montre  son  évolution  dans  la  plupart  des  groupes, 
par  exemple  en  comique  et  en  breton-armoricain.  La  forme 
Loth  des  romans  français  s'expliquerait,  non  par  un  emprunt 
direct  aux  Gaëls,  absolument  invraisemblable,  mais  par  une 
faute  de  lecture  :  on  a  lu  Loti:  au  lieu  de  Loch.  J'ai  montré 
dans  mon  étude  sur  les  Théories  h's  plus  récentes  de  l'origine  des 
romans  arthnriens,  que  plusieurs  des  noms  les  plus  importants 
dans  ces  romans  étaient  parvenus  aux  écrivains  de  langue 
française  par  une  source  écrite  :  Loth  serait  de  ce  nombre. 

Une  autre  hypothèse  est  possible  :   Loth  serait  une  forme 


I .  Il  est  probable  que  cette  confusion  de  la  mer  Terwyn  avec  la  mer 
Tyrrhénienne  n'est-  pas  étrangère  aux  pérégrinations  en  Italie  de  plusieurs 
personnages,  par  exemple  de  saint  Patrice. 


88  J.  Loth. 

brittonique  et  Lloch  une  forme  galloise  altérée  de  ce  nom  ;  je 
dis  altérée,  car  le  nom  se  retrouvant  dans  plusieurs  textes  fort 
différents  (Mabinogion,  Livre  noir),  il  est  difficile  de  supposer 
une  erreur  d'écriture  ;  ou  enfin  Lloch  ne  serait  pas  le  Loth  des 
romans.  Dans  ce  cas,  retrouve-t-on  le  nom  de  Loth  chez  les 
peuples  brittoniques  ? 

Au  tome  VI,  p.  198  des  Anciens  évêchés  de  Bretagne,  de 
MM.  Geslin  de  Bourgogne  et  Anatole  de  Barthélémy,  je  relève 
une  donation  £iite  à  l'abbaye  de  Bégar,  par  Eudo  Loth  et  Loth 
f rater  ejus,  arniigcri,  à  la  date  de  1279.  Cette  donation  est  Élite 
en  leur  nom  et  au  nom  de  leurs  héritiers.  Ce  sont  des  sei- 
gneurs en  possession  de  terres  dans  le  voisinage  de  Bégar. 
Bégard  est  aujourd'hui  dans  l'arrondissement  de  Guingamp 
(Côtes-du-Nord).  Le  nom  de  Loth,  s'il  représente  une  forme 
vraiment  bretonne,  a  dû,  dans  le  cours  du  xiii^  siècle,  en  tout 
cas  sans  aucun  doute,  au  xiv%  s'écrire  Lo:{.  Or,  tout  juste- 
ment, c'est  le  nom  d'une  fomille  noble  du  même  pays,  pro- 
priétaire de  grands  biens  aux  xv^-xvii^  siècles  dans  plusieurs 
parosses  de  l'évêché  de  Tréguier.  Un  Guillaume  Loz  apparaît 
en  1395  ;  un  Yvon  en  1481,  etc.  (de  Courcy,  Nobiliaire  de 
Bretagne,  p.  118). 

Si  le  nom  de  Loth  avait  été  int.oduit  chez  les  Armoricains 
par  mode,  sous  l'influence  des  romans  arthuriens,  on  l'eût 
prononcé  Lot,  et  il  n'eût  point  évolué  en  Lo^.  Il  est  donc  à 
peu  près  certain  que  le  nom  de  Loth  n'était  pas  inconnu  des 
Bretons.  Dès  lors,  il  est  probable  que  ce  n'est  point  par  les 
Gallois  qu'il  est  parvenu  aux  écrivains  français.  Mais  les  Gallois 
n'étaient  point  les  seuls  Bretons  d'Angleterre.  Les  Bretons  du 
nord  de  l'île,  ceux  du  sud  ont  pu  mieux  conserver  ce  nom. 
Une  autre  conséquence  du  fait  que  le  nom  de  Loth  est  britto- 
nique, c'est  qu'il  ne  saurait  être  d'origine  gaëhque  :  le  //;  brit- 
tonique ne  peut  en  effet  correspondre  au  th  vieil-irlandais. 

J.  Loth. 


SOME    I  RISH    ETYMA 


;.  TIBRE. 

This  Word  and  its  derivatives  hâve  hitherto  been  explained 
as  if  connected  with  tihim  «  I  laugh  ».  O'Beirne  Crowe  ren- 
dered  tibrehy  «  dimples  »,  see  Windisch  Wôrterbuch,  p.  821, 
Siniilary  O'Clery  s.  v.  tihrigb  explained//'/  tuiiiii  tibrigh  hy  fri 
tuinn  ghâireachtaigb  «  against  a  laughing  wave  ».  But  the  fol- 
lowing  gloss  from  Harl.  5280,  fo.  41  a  seems  to  give  the  cor- 
rect meaning  of  the  word  :  tibre  À.  finda  na  gnïaidi  fàcbus  an 
allan  dia  hésc  «  the  hairs  of  the  cheek,  which  the  razor  leaves 
behind  ».  Thus  in  the  wellknown  description  of  CùchuHnn 
(LU.  p.  81  a):  cethri  tibre  cechtar  a  dà  griïad  A.  libre  buide  7 
tib'-e  liane  7  tibre  gorin  7  (ibre  corcra.  Now  tibre  is  either  the 
plural  or  a  sister-form  of  tibur,  which  occurs  in  the  compound 
tibur-gér  «  haarscharf  »  :  côica  claided  fuilchrech  tibiirgcra,  LL. 
51  a,  5.  Then  we  hâve  the  adj.  tibrech  «  hairy  »  in  ûas  tuind 
tibrig  LL.  17  b,  2  (cf.  O'Clery's  quotation)  applied  to  a  wave 
in  the  same  way  as  nwngach  in  SC.  45,  16  to  the  sea. 


0 


IL 


RITH. 

This  would  be  the  form  which  W.  rhyd  «  ford  »   should 
Rtvue.  Celtique,  XVI.  7 


90  Kuno  Meyer. 

hâve  in  Irish,  and  I  think  we  hâve  the  word  in  the  place- 
name  Humar-rith,  LU.  70  b,  11  :  Humarrith  aiiiin  ind  àtha 
sin  dano. 


III. 


URGARTWGUD. 

That  urgartiugud  «  to  while  away  the  time,  to  amuse  »  is 
derived  from  garii  «  short  »  is,  I  think,  coniirmed  by  the  si- 
milar  dérivation  of  W.  difyru  «  to  amuse  »  from  hyr  «  short  » 
and  of  O.  N.  skciiita  in  the  same .sensé  from  shaninir  «  short  ». 
For  examples  of  the  word  see  Cath  Finntrâgha,  Index,  and 
add  do  irgartigud  a  menman,  LU.  22  a,  27. 

Kuno  Meyer. 


M.  O'CLERY'S  BEATHA  CEALLAIGH 


In  the  Brussels  MS.  2324-40,  fo.  53''-59%  there  is  a  copy  of 
the  Life  of  St.  Cellach  made  in  1629  by  Michael  O'Clery  from 
th  Leabhar  Breac,  pp.  272''-275'',  as  appears  by  the  following 
colophon  :  I  mainistir  na  m-brathar  i  Cinel  Feichin  roscriobh 
an  brathair  hocht  Michel  o  Chirigb  an  tecclamadh  so  labhrus  ar 
CheaWacb  arna  tecchmadb  as  stair  labhrus  ar  coccadh  Con- 
nacht  asan  leabwr  da  n-goirtt'r  Leabhar  Dhùna  Doighre.  3.  oc- 
tob^r  1629.  O'Clery  lelt  out  the  narrative  of  the  war  between 
Connaught  and  Ulster  as  well  as  the  entire  end  of  the  pièce, 
which  relates  the  vengeance  taken  by  Cûchoingelt  on  the 
murderers  of  Cellach.  He  divided  his  vv^ork  into  15  chapters 
and  called  it  Beaiha  Ceallaig  epscoip  ocus  a  mhartra. 

O'Clery's  work  is  valuable  for  two  reasons.  First,  this 
is  one  of  the  rare  instances  where  we  can  compare  with 
the  original  the  copy  made  by  one  of  the  best  among  the 
later  scribes.  Secondly,  the  Leabhar  Breac  was  in  a  better 
State  of  préservation  in  O'Clery's  time  and  he  was  able  to 
read  several  passages  which  hâve  since  then  become  illegible; 
and  in  several  cases  he  corrected  the  mistakes  into  which  the 
scribe  of  LBr.  had  fallen.  I  therefore  give  a  list  of  the  most 
important  variants.  The  références  are  to  the  printed  text  in 
O'Grady's  Silva  Gadelica  (vol.  I,  pp.  49-59)  corrected  by  the 
facsimile  of  the  original. 

P.  49,  9  noticced  B  —  10  chrech  B  ;/cbc'rthe  B  uada  B  — 
12  after  a  crech  B  bas  :  Dorala  somh  i  n-eccraite  adbail  fri 
ceiniul  Conuill  7  Eogain  7  fri  hUllta  archena  gorotionoilset 
slùagh  lânmor  do  crechad  Connacht.  Fergus  (Forg//5  MS.)  7 
Domhnall  da  mac  Mhuircertaig  mie  Erca  at  iad  roptar  tôisigh 


92  Kiino  Meyer. 

do  slogaibh  Uladh.  Acht  atd  ni  cena  roairccset  rempu  go 
Muaidh  et  rucc  Eogan  forra  7  roferadh  cath  ettorra  cotorcair 
Fergus  (Forg//i"  MS.)  7  Domhnall  et  roba  tromgonta  Eogan 
Bel  ann  conadh  for  crannaibh  a  slegh  rohimcuiredh  he,  etc. 
as  on  p.  ^0,  21. 

P.  50,  25  lar  sin  tra  roba  cinnte  la  cach  bas  (ïfàgbhûil  dô  B 

—  27  comairle  LB  comhairliuccz^J/;  B  —  30  cose  LB  fôs  B 
dib  LB  dhaibh  B  dô  cluain  LB  go  cluain  B  —  32  eili  om.  B  — 
33  lar  sin  atbath  Eogan  et  tangat^r  clanna  Fiacrach  go  Cluain 
go  Ciaran  mar  do  theccaisc  Eogan  doibh  et  o  rangatt?/r  fe- 
rais etc.  as  on  p.  Ji,  S. 

P.  51,  9  roïi'esûadb  B  —  10  a  toscca  do  Chiaran  B  —  11 
agaid  {i.e.  adaig)  LB  lioidche  B — -12  roaiclet^rasom  LB  aic- 
cillsetrtirsom  B  —  13  do  imtigh  B  —  19  gurab  B  —  21  .i.  6- 
Codnaig  ont.  B  —  22  ni  ba  LB  nirbo  5—25  oinigh  ïo  B  — 
27  gurbo  B  ■ —  32  Dala  Cellaig  immorro  B  —  33  nocor  LB  — 
goro  B  —  34  i;//thuillea///  LB  imtuilledh  na  hesccaine  B  — 
35  ar  a  dhoilghe  B 

P.  52,  5  siiiblilfT/;  luigheach  5  —  8  sechnom  J5  go  ceirn  B 

—  9  ar  iffern  B  —  11  Ocus  oni.  B  —  14  he  dana  B  dofui- 
righ  B  —  17  bi  LB  boi  B  —  21  do  LB  ro  B  —  22  dorinde  B 
ol  LB  ar  B  ar  cùla  B  —  23  nara  LB  narab  B  —  26  co  mo 
indsin  LB  go  mor  annsin  B  —  2S  or  LB  ol  B  —  29  rempv  B 

—  34  7  for  a  ghenmnaigecht  om.  B  —  35  for  Eirinn  LB  ann- 
sin B  cotucsat  B  —  37  ocûs  bôi  LB  combôi  B  —  38  cleirchi  B 

—  40  chatliair  B  —  40  mar  LB  marsin  B  as  menci  B  — 
41  na  LB  inas  B 

P.  53,  2  frisar  B  —  7  a  mhac  LB  na  m^rcaomh  B  —  8  fria 
Guaire  om.  B  —  9  sechaind  LB  torainn  B  —  13  ol  LB  ar  B 

—  15  dheinim  B  mo  thratlia  7  m'urn^/Vhthe  B  —  16  ama- 
rach  B  —  19  imbôi  B  imatL5  ni  hiat  B  —  23  m'fcrann-sa  LB 
an  ferann  sa  B  —  24  ndena  LB  fliccba  B  ina  bfil  B  —  25  i 
and  uli  om.  B  —  28  rainic  oni.  B  iarum  LB  sium  B  —  30  ûa- 
dha  B  —  32  as  a  haithle  LB  iarum  B  —  34  ata  a  n-ddn 
dam-sa  B  —  36  smuainedh  B 

P.  54,  3  sein  B  —  4  hoirdtvxaigedh  B —  5  naomlitha  B  — 
8  deinedh  B  —  9  Guaire  mac  Colmain  B  —  14  do  sir  i^  — 

—  19  cuirit  B  —  20  ar  a  chenn  B  aithnighedh  B  —  25  over 


M.  O'Clery's  Beatha  Ceallaigh.  9j 

dénam  B  adds  radh  — ^27  \\u2\gnech  B —  28  ar  aba  B  — 
29  cin  in  chomairli  bar  LB  doraidhset  B  —  32  buidech  B  — 

34  fhurailim  B  —  3  5  do  insachsat  ina  cethrar  LB  docuattï^r  B 

—  36  maraon  B  —  37  maith  leis  B  —  39  oirecthar  LB  ec- 
carthar  B 

P.  55,  diin  B  —  4,  5,  dii2thain  B  —  5  naisccedb B  —  10  no 
tdirnic  LB  co  tdrnaic  B  —  12  ann  oui.  B  —  13  roclaochlai- 
dhsidlî  bar  n-aiccn^f  B  —  16  dogebtai  B  —  19  7  as  cuma  B  — 
22  do  LB  ro  B  —  23  ruccat/zr  B  —  26  dogébthai  LB  dogeb- 
hadh  sibh  B  —  37  daibhsi  sa  i?  —  41  oram  nireim  nacJms  B 

P.  56,  r  mon  B  —  2  bar  LB  ar  B  —  3  dldiii  LB  cena  B 

—  10  cellach  itir  B  —  12  ar  thocc[th]ib  LB  tar  togha  B  — 
I-)  inn  élôd  LB  elvdh  B  —  16  for  oman  LB  ar  eccla  B  —  18 
do  thecht  ani  chenn  LB  d'fligail  damh  B  cuma  dô  LB  cuma 
robai  B  —  23  alita,  om.  B  —  25  ut  dixit  LB  7  doraidh  B  — 
26  mhadan  B  dotaed  B  mar  lasdn  LB  m'arraccldn  B  —  27  rus- 
fôi  LB  rosfdidh  B  — ^  28  A  ingean  drt'ga  uaille  B  —  29  madan 
B  soillsighes  B  —  31  a  affer  acainn  oui.  B  —  32  ar  côir  B  — 

35  forci V  B  —  41  fhuara  B 

P.  57,  4  comtharraing  LB  tharraing  B  —  13  ocus  LB  is  B 

—  15  form  B  —  16  mac  som  LB  mac  lie  5 —  19  ni  maith  B 

—  20  tar  (?zd  er)  cend  B  er  cend  B  —  21  ocus  LB  is  B  — 
26  ar  ti'is  B  —  28  naomta  B  —  30  bi  LB  boi  B  —  34  a  bhecc 
nô  a  mhôr  B  — -37  rainic  B  —  38  déinedh  B  —  41  no  fos- 
cadh  B  —  42  inis  B  —  43  folamh  B  itir  oui.  B 

P.  58  8  ina  fhiadnaise  don  béist  B  —  9  ianaidb  B  for  on- 
faisi  B  nlsfuair  don  LB  ni  fhùair  an  B  —  10  slich[t  na  péiste] 
LB  a  slicht  B  —  11  dolen  B  —  16  crôda  LB  beodha  B  — 
18  ainm  hé  LB  ainm  de  i?  —  20  slicht  in  chôicir  LB  an 
coiccer  B  ar  fud  B  —  22  a/;n-u  LB  armu  B  —  25  iar  n-ithe 
neithe  B  —  26  dolai  for  M.  co  môr  B  —  29  i  n-iath  B  — 
31  Eochaid  LB  Eoghain  B —  33  nochanfuil  B  —  35  ar  sal- 
maibh  (nô  salmcedlaib)  B 

P.   59,  5  ar  ecla  B  —  6  rosfeimdett^?;-  B  —  7  beos  ont.  B 

—  13  coranccatt^rr  B  —  15  anni  atconncat^r  B  doroine  B  — 
16  bi  LB  bôi  B  —  177  roimarcuirset  hé  B  —  23  rotoirinn  B 

—  25  damhaibh  B  et  tictis  B  gâcha  B  —  26  tainic  B  —  28 
cumann  B  —  29  nach  mair  B  —  30  éis  5  —  32  ga  tigh  B 


94  Kuno  Meyer. 

—  3  3  doriiide  B  aftcr  bithtruaige  B  ends  thiis  :  Acht  ata  ni 
chena  rodighail  Cucoingelt  go  maith  a  brathair  ar  an  lucht 
rosmarbh,  oir  domarbh  iad  a  ccethrar  i  n-aonbruighin  7  ri. 

Kuno  Meyer. 


L'EXPRESSION  E  OUENTELL. 

L'expression  e  quentell  dans  les  Anciens  Noëls  bretons  paraît 
avoir  parfois  embarrassé  M.  de  la  Villemarqué;  en  plusieurs 
endroits,  il  ne  la  traduit  pas  : 

Vers  :  Noue!  !  nouel  !  e  quentell  don  guelet 
So  diliu~ret  bon  guir  roue  binniguet. 

Traduction:  Noël!  Noël!  Pour  nous  rendre  visite 

Notre  vrai  roi  béni  est  envoyé  par  Dieu. 

Cf.  vers  282,  283,  etc. 

Le  dictionnaire  de  Le  Gonidec  traduit  e  hntel  par  à  temps,  à 
propos,  à  point.  Tel  est  bien  le  sens  de  cet  idiotisme,  comme 
en  fait  foi  le  dictionnaire  français-breton  de  Grégoire  de  Ros- 
trenen  :  à  tems,  au  temps  qu'il  faut:  eqenteU;  arrivera  tems  : 
arruont  e  qentell  (au  mot  teuis')  ;  la  moisson  a  été  faite  à  tems  : 
an  éaust  a  so  bet  great  ê  qe)itell  (au  mot  moisson').  Il  n'est  pas 
inutile  de  remarquer  que  le  même  dictionnaire  traduit /rt/Vé^  la 
moisson  par  qentelya  an  eaust  :  y  aurait-il  entre  les  deux  expres- 
sions le  même  rapport  qu'entre  l'idiotisme  français  de  saison, 
hors  de  saison,  et  saison  (sationeni)  ?  Ou  faut-il  simplement  y  voir 
une  évolution  du  sens  de  kentel,  leçon  ?  A  ce  propos,  il  n'est 
pas  inutile  de  remarquer,  comme  l'a  fait,  je  crois,  M.  Win- 
disch,  que  kentel  ne  correspond  pas  exactement  à  l'irlandais 
-citai  da.nsfor-cital.  La  forme  brittonique  correspondant  exac- 
tement à  l'irlandais  est  le  gallois  cathl  :=  *can-tlo-. 


iD^ 


J.   LOTH. 


CHRONIQUE 


SOMMAIRE;  I.  César,  De  bello  gallico,  publié  par  M.  Meusel.  —  II.  La  Chronique 
de  Saint- Riquier  éditée  par  M.  Ferd.nand  Lot.  —  III.  Le  nouveau  catalogue  du 
musée  de  Dijon.  —  IV  Les  bronzes  gallo-romains  du  musée  de  Saint-Germain  dans 
un  nouvel  ouvrage  de  M.  S.  Reinach.  —  V.  Les  Celtes  dans  les  vallées  du  Pô  et  du 
Danube,  par  M.  Al.  Bertrand.  —  VI.  Hibernica  minora,  par  M.  Kuno  Meyer.  — 
VII.  The  Elucidarium.  etc.,  en  gallois,  édites  par  MM.  J.  Morris  Jones  et  John 
Rhys.  —  VIII.  Gildas  et  Nennius  dans  les  Monumenta  Germaniae  historica.  —  IX. 
Le  droit  irlandais  suivant  M.  L.  Ginnel  et  le  droit  gallois  suivant  M.  Hubert  Lewis. 
—  X.  La  doctrine  de  l'immortalité  de  l'âme  suivant  M.  Marillier.  —  XI.  L'Irlande 
dans  la  Grande  Encyclopédie.  —  XII.  Le  Trésor  vieux-celtique  de  M.  Holder.  — 
XIII.  Un  nouvel  ouvrage  de  M.  J.  Rhys.  —  XIV.  M.  E.  Windisch  correspondant 
de  l'Academie  des  Inscriptions. 


I. 

Les  travaux  sur  César,  De  bello  gallico,  se  multiplient. 

L'édition  donnée  en  1892  par  M.  Dosson  a  été  annoncée  ici,  t.  XIV, 
p.  86. 

En  1893,  la  librairie  Teubner  a  publié  l'édition  de  M.  Bernard  Kubler  ', 
qui,  par  l'importance  qu'elle  attribue,  avec  raison,  je  crois,  aux  mss.  de 
Paris  5764  et  du  Vatican  3324,  inaugure  un  système  opposé  à  celui  de  la 
célèbre  édition  donnée  par  Nipperdey. 

La  même  année,  M.  Henri  Meusel,  simple  professeur  de  gymnase  à 
Berlin,  a  terminé  son  savant  Lexicon  caesarianiim,  le  travail  le  plus  consi- 
dérable dont  l'ensemble  des  Commentaires  ait  été  jusqu'ici  l'objet,  et  qu'on 
me  reproche,  peut-être  avec  raison,  d'avoir  mentionné  trop  brièvement 
dans  la  Revue  Celtique,  t.  XV,  p.  137  ;  j'aurais  dû  en  effet  signaler  le  soin 
avec  lequel  le  savant  auteur  a  étudié  les  mss.,  et  les  efforts  intelligents  par 
lesquels,  s'éclairant  à  la  lois  par  les  manuscrits  et  par  les  règles  de  la  gram- 

I .  C.  Juin  Caesaris  comuicnlarii  cum  A.  Hirtii  alicruvique  supplemeutis  ex 
recensione  Bernardi  Kiibleri.  Vol  l.  Coniinentarii  de  bello  gallico.  Editio  inajor, 
in-i2,  cxxx-237  pages.  Aux  pages  xi-cxix,  M.  Kubler  a  réuni  en  un  tableau 
à  trois  colonnes.  1°,  2°  les  leçons  les  plus  importantes  des  deux  classes  de 
mss.,  30  les  conjectures  les  plus  intéressantes  des  éditeurs.  Mais  au  bas  des 
pages  du  texte  il  n'a  pas  mis  de  notes. 


c)6  Chronique. 

maire,  il  cherche  à  déterminer  la  leçon  qu'il  faut  choisir  pour  retrouver  la 
langue  de  César, 

Enfin  M.  Meusel  vient  de  donner  une  édition  nouvelle  du  De  bcJlogallico  >. 
Son  système  est  celui  de  M.  Kùbler,  à  cette  différence  près  qu'il  a  étudié  les 
variantes  d'un  plus  grand  nombre  de  manuscrits.  Contrairement  à  la  doc- 
trine de  Nipperdey,  il  reconnaît  dans  les  manuscrits  latins  5764  de  Paris 
(Thuaneus).  xi^  siècle  2,  et  de  Vienne,  en  Autriche,  95,  xii^  siècle  3,  les  pré- 
cieux représentants  d'une  vulgate  antérieure  à  l'édition  donnée,  avec  cor- 
rections plus  ou  moins  bonnes,  vers  l'an  500  de  notre  ère,  par  Julius  Celsus 
Constantinus,  qui  a  eu  pour  collaborateur,  dans  son  travail  sur  le  livre  II, 
Flavius  Licerius  Firminus  Lupicinus. 

De  cette  édition  corrigée  dérivent  :  1°  les  mss.  d'Amsterdam  81  (Bongar- 
sius  prUmis)A,  ix«-xe  siècle,  et  de  Paris,  lat.  5056  (Miisciacensis  vulgaire- 
ment appelé  Moysiacensis)  ix^  siècle  5  ;  2°  les  mss.  de  Paris,  latin  5763  (Flo- 
riacensis,  ou  Parisinus  antiquus)  i\^-yfi  siècle 6;  du  Vatican  ■^%b^(RomarAis)l^ 
xe  siècle  ;  de  lord  Ashburnham,  aujourd'hui  à  Florence  dans  la  bibliothèque 
Laurentienne  sous  la  cote  R  33,  x^  siècle 8.  Les  deux  premiers  mss.  forment 
une  famille  qu'il  faut  distinguer  de  celle  à  laquelle  appartiennent  les  trois 
derniers. 

On  doit  mettre  à  part  deux  mss.,  de  caractère  mixte,  l'un  qui  porte  au 
Vatican  le  n"  5324  (Ursiiiianus),  xi<^  siècle,  l'autre  le  no  541  de  la  biblio- 
thèque Riccardienne  à  Florence,  xi^-xii^  siècle.  A  la  fin  des  livres  Vil  et  VIII 
de  cette  famille,  on  trouve  la  mention  de  la  révision  faite  par  Julius  Celsus 
Constantinus.  Cette  mention  fait  défaut  dans  Vexplicit  des  livres  I-VI  de 
cette  famille,  tandis  qu'on  la  trouve  à  la  fin  de  chacun  des  huit  livres  dans 
les  cinq  mss.  précités  qui  représentent  complètement  l'édition  donnée  par 
Julius  Celsus  Constantinus  avec  le  concours  de  Flavius  Licerius  Firminus 
Lupicinus.  Ainsi  dans  les  mss.  du  Vatican  3324  et  de  la  bibliothèque  Ric- 
cardienne no  541,  les  six  premiers  livres  du  De  bello  gallico  appartiennent  à 
la  vulgate  ancienne  représentée  par  les  mss.  de  Paris  5764  et  de  Vienne  95  ; 
les  deux  derniers  livres  dérivent  de  l'édition  corrigée  par  Julius  Celsus  Cons- 
tantinus et  par  Flavius  Licerius  Firminus  Lupicinus?. 

1.  Berlin,  Weber,  1894,  in-8,  xii-261  pages.  M.  Meusel  place  les  va- 
riantes en  notes. 

2.  Châtelain,  Paléographie  des  classiques  latins,  pi.  XLVIil. 
5.   Châtelain,  ibid.,  pi.  L,  20. 

4.  Ce  ms.  vient  de  Saint-Benoît-sur-Loire,  comme  le  Parisinus  anti- 
quus,  latin  5763  de  Paris. 

5.  Châtelain,  Paléographie  des  classiques  latins,  pi.  XLVII. 

6.  Châtelain,  ibid.,  pi    XLVI. 

7.  Autrefois  de  Corbie  ;  Châtelain,  Paléographie  des  classiques  latins, 
pi.  LIV,  cf.  p.  15. 

8.  Châtelain,  ibid.,  pi.  La  2. 

9.  Le  ms  du  British  Muséum,  Additionat  10084,  xi<^  siècle,  dont  une 
page  a  été  reproduite  en  photogravure  par  M.  Châtelain,  pi.  L  a,  1°  (cf. 
p.  30)  n'a  pas  été  examiné  par  M.  Meusel.   C'est  un  des  mss.   qui  repré- 


Chronique.  97 

Observation  fort  intéressante  :  l'ancienne  vulgate  est  le  texte  que  l'es- 
pagnol Orose  avait  sous  les  yeux  quand,  au  commencement  du  v<:  siècle, 
il  écrivait  le  sixième  livre  de  ses  Historiae  advcrsiis  pagaiios  '.  Au  contraire, 
Priscien,  au  livre  VII  de  ses  hutitiitiones  gravi))iaticac  rédigées  à  Constanti- 
nople  environ  cent  ans  plus  tard,  s'est  servi  de  l'édition  corrigée  par  Julius 
Celsus  Constantinus  et  par  Flavius  Licerius  Firminus  Lupicinus;  un  passage 
de  César,  livre  V,  c.  i,  fin  du  §  2  2,  cité  par  Priscien,  Institidiones  gram- 
maticae,  1.  VII,  c.  75,  est  emprunté  à  cette  édition. 

M.  Meusel  s'est  attaché,  entre  autres  détails  curieux,  à  déterminer  aussi 
exactement  que  possible  l'orthographe  donnée  par  César  aux  noms  gaulois 
mentionné  s  dans  le  De  bello  gallico.  Il  avait  commencé  à  traiter  ce  sujet  en 
1886  dans  les  Jahrcsberichte  des  Philologischen  Vereins  ^11  Berlin,  t.  XII, 
p.  262-271  ;  il  l'a  étudié  plus  complètement  en  1894  dans  le  t.  XX  du 
même  recueil,  p.  214-398.  La  leçon  de  César,  et  la  bonne  leçon,  ne  sont 
pas  toujours  identiques.  Les  lecteurs  du  De  bello  gallico  connaissent  la  leçon 
défectueuse  Andes  ou  A)idi  pour  Andecavi  «  Angers  »  ;  il  y  a  des  circons- 
tances dans  lesquelles  la  défectuosité  de  la  notation  adoptée  par  César  est 
certaine  sans  avoir  une  aussi  grande  importance.  C'est  ainsi  que  le  grand 
capitaine  a  appelé  Lexovii  par  un  e  dans  la  première  syllabe  les  habitants  de 
Lisieux,  dont  le  nom  est  écrit  Lixoviatis  au  singulier  dans  leur  plus  ancienne 
r.iOnnaie  (Muret,  n°  7141),  et  Lixovio[s]  au  commencement  de  la  domi- 
nation romaine  (Muret,  nos  7157,  7159,  7163,  7165,  7166.  La  lecture  Le- 
xovio,  n°  7156,  est  douteuse).  Il  est  clair  que  César  aurait  dû  écrire  Lixovii 
par  un  /  à  la  première  syllabe,  mais  il  paraît  certain  qu'il  a  substitué  un  e  à 
cet  /  Ce  nom  de  peuple  paraît  dans  cinq  endroits  :  III,  9,  10;  11,4;  17,  3; 
VII,  75,3;  dans  les  cinq  premiers  passages  tous  les  mss.  offrent  e,  dans  le 
dernier  1'/  est  spécial  à  l'édition  corrigée.  Donc  l'orthographe  Lexovii  doit 
être  respectée  par  les  éditeurs,  toute  défectueuse  qu'elle  est  ;  telles  sont  les 
notations  Haediii,  Helvetii,  par  une  /;  initiale  que  César  a  écrite,  bien  que 
les  Gaulois  ne  connussent  pas  cette  lettre. 

L'édition  corrigée  offre  la  variante  Lt'.to/'/V  avec  b  au  lieu  de  v.  M.  Meusel 
rejette  ce  b  avec  raison.  Avec  raison  aussi  il  écrit  Esiivii  et  non  Esiibii  le 
nom  d'un  peuple  voisin  des  Lixovii  ;  de  bonne  heure,  les  scribes  latins  ont 
commencé  à  confondre  le  b  et  le  v,  à  écrire  par  conséquent  b  quand  il  aurait 
fallu  écrire  v,  —  M.  Meusel  en  a  relevé  un  certain  nombre  d'exemples;  — 
mais  ils  ont  aussi  écrit  v  lorsqu'ils  auraient  dû  écrire  b,  en  sorte  qu'il  peut 
être  hardi  d'affirmer  avec  M.  Meusel  que,  des  deux  leçons  Cavilloiitim  et 
Cahillonum  «  Chalon-sur-Saône  »,  la  première  soit  la  bonne.  La  leçon  Ca- 

sentent  l'édition  corrigée,  et  il  est  au  Musée  britannique  au  moins  depuis 
1840.  List  of  additioiis  to  the  mss.  in  tlie  British  Muséum  in  the  years 
MDCCCXXXVI-MDCCCXL,  London,  MDCCCXLIII,  p.  no. 

1 .  L'honneur  de  cette  découverte  revient  à  un  professeur  de  gymnase, 
M.  Rudolf  Schneider,  qui  l'a  exposée  dans  \qs  Jahresberichte  des  Philologischen 
Vereins  :(u  Berlin,  t.  XI  (1885),  p.  1 51-173. 

2.  Ici  la  correction  paraît  préférable  à  la  vulgate  ancienne. 


98  Chronique. 

hilhnum  est  celle  qui  au  temps  de  l'empire  romain  a  pour  elle  le  plus  d'au- 
torité '.  Elle  est  justifiée  par  le  rapprochement  avec  le  nom  d'homme  Ca- 
hillo,  que  des  inscriptions  conservent.  De  ce  que  dans  une  inscription,  repro- 
duite au  tome  I'^''  du  Corpus  inscriptionum  laliuariim  n°  607,  on  trouve  au 
datif  pluriel  libertav[us]  =  Uhertabiis,  et  de  ce  qu'on  a  relevé  d'autres  exem- 
ples analogues,  comme  Favio  zzi  Favio,  acervissimam  =  acerhissimam  (H. 
Schuchardt,  VokaUsmus  des  Vidgiir-lateins,  t.  I.  p.  131;  t.  III,  p.  67), 
Vivi  =  Vibi,  génitif  du  gentilice  romain  Vibius  (C.  /.  L.,  IV,  2953),  etc., 
il  ne  faut  pas  conclure  que  libertavits,  Faviiis,  acervissima,  Vivius  auraient 
été  écrits  ou  dictés  par  un  auteur  tel  que  César. 

Ces  exemples  suffisent  pour  montrer  quel  intérêt  présentent  pour  les 
études  celtiques  les  travaux  de  M.  Meusel,  soit  qu'on  adopte  ses  doctrines, 
ce  qui  est  le  cas  le  plus  fréquent,  soit  qu'on  en  puisse  contester  le  fon- 
dement. 

Je  termine  par  une  petite  observation  personnelle.  Suivant  M.  Meusel 
(Jahresbcrichte,  tome  XX,  p.  230),  MM.  Holder  et  d'Arbois  croient  que 
la  finale  as,  à  l'accusatif  pluriel  de  certains  noms  de  peuples  gaulois  chez 
César,  est  gauloise  par  a  long  et  non  grecque  par  a  bref  :  M.  Meusel  a  l'air 
de  nous  attribuer  la  paternité  de  cette  doctrine  qui  est  due  à  Ebel,  Revue 
Celtique,  t.  II,  p.  403  ;  je  crois  comme  Ebel  que  bien  des  Romains,  sachant 
le  grec  mieux  que  le  gaulois,  prononçaient  bref  l'a  de  l'accusatif  pluriel  en 
as  dans  les  thèmes  consonantiques  gaulois.  J'ai  développé  cette  doctrine 
dans  la  Revue  Celtique,  t.  XIV,  p.  252,  253.  César  prononçait-il  Lingôms 
comme  les  Gaulois  ou  Lingônâs  comme  Lucain  ?  Je  l'ignore.  Mais  il  est 
inadmissible  que  César  ait  cru  la  déclinaison  gauloise  identique  à  la  décli- 
naison grecque.  S'il  avait  eu  cette  opinion,  il  n'aurait  pas  écrit  à  côté  à'Al- 
lobrogas  (I,  14;  VII,  64),  Allobrogibus  (I,  6,  10,  14,  28  ;  VU,  64),  à  côté  de 
Liiigonas  (I,  26),  Lingonihus  (VI,  44).  On  lirait  dans  les  commentaires  v^/- 
lobroxi,  Liugosi.  Les  datifs- ablatifs  pluriels  en  -bus  des  noms  gaulois  chez 
César  sont  une  notation  romaine  des  datifs-ablatifs  pluriels  celtiques  en  -bis. 
Comme  l'accusatif  singulier  Allobroga  de  Juvénal,  qui  est  dû  à  l'influence 
combinée  delà  déclinaison  grecque  et  de  l'accusatif  pluriel  gaulois,  les  accu- 
satifs pluriels  en  es  de  César  sont  dus  à  l'influence  de  la  déclinaison  latine 
et  à  celle  de  l'accusatif  singulier  gaulois  en  en  ou  in  ;  Atrebatein  (V,  22)  est 
la  notation  romaine  d'un  accusatif  singulier  gaulois  Atrebaten,  d'où  l'accu- 
satif pluriel  Atrebates  (11,  4,  25).  Je  m'arrête,  quand  on  parle  de  César  et 
des  Coijitnentaires,  on  pourrait  ne  jamais  finir. 

II. 

M.  Ferdinand  Lot,  avec  son  édition  de  la  Chronique  de  Saint-Riquier  2 
qui  se  termine  en  1104,  nous  transporte  en  un  monde  difi"érent  de  celui  où 

1.  A.  Holder,  Altceltischer  Sprachschat^,  t.  I,  col.  662. 

2 .  Hariulf,  Chronique  de  l'abbaye  de  Saint-Riquier,  Paris,  Alphonse  Pi- 
card, 1894,  in-8,  LXXiii-362  pages. 


Chronique.  c)9 

César  écrivait,  mais  il  ne  nous  fait  pas  sortir  de  Gaule.  Les  noms  d'hommes 
qui  apparaissent  dans  cette  chronique  sont  presque  tous  germains  d'origine; 
un  d  eux,  accompagné  d'un  surnom,  résume  l'histoire  de  la  Gaule  en  deux 
mots:  Ansehnus  Cosdiiueiisis. [Anselmus,  c'est  «  celui  qui  a  le  casque,  hehn  » 
des  Anses,  c'est-à-dire  des  grands  dieux  du  panthéon  germanique  ;  Cos- 
diinensis  «  de  Coudun  »  (Oise),  adjectif  formé  avec  le  suffixe  -ensis  qui  est 
d'origine  latine,  atteste  la  puissante  influence  de  la  domination  romaine  qui 
a  précédé  la  conquête  germanique,  mais  cet  adjectif  dérive  de  Cos[s6]-danon, 
nom  de  lieu  gaulois  qu'on  trouve  aussi  dans  le  département  de  l'Aube, 
où  Cosdon  est  un  écart  de  la  commune  de  Paisy-Cosdon.  Ce  nom  de  lieu 
est  un  monument  de  la  période  celtique  de  notre  histoire. 

Un  autre  nom  de  lieu  gaulois  est  Lango-ratmit,  probablement  «  forteresse 
de  Langos  ».  Lamjos  est  un  nom  d'homme  gaulois  écrit  Lagge  au  vocatif 
dans  une  inscription  de  Narbonne  (C.  /.  L.,  XII,  4938).  Dans  Lango-ratum 
on  peut  reconnaître  un  synonyme  de  Latigo-briga,  nom  d'une  station  ro- 
maine d'Espagne  sur  la  route  de  Lisbonne  à  Braga  {Itincraire  d'Aiitouin, 
521,  7)  écrit  Laiigo-bn'ca  par  le  Géographe  de  Ravenne  (307,  3).  On  trouve 
le  premier  terme  lango-  dans  Aa^yo-iSpitat,  nom  d'un  peuple  d'Espagne 
mentionné  par  Plutarque,  Vie  de  Sertorius,  §  13  *. 

Deux  noms  de  lieux  sont  des  noms  d'homme  gaulois  employés  comme 
noms  de  fiuidi  sous  l'empire  romain  ;  Caours,  Somme,  ccdesia  Cadorcensis 
dans  un  diplôme  de  l'année  856,  est  un  linciQn  fiuidu s  Cadurcus  dont  le  pre- 
mier propriétaire  s'appelait  Cadurcus,  parce  que  probablement  il  était  de 
Cahors.  Saint-Riquier  s'est  d'abord  appelé  villa  Centula  (p.  12,  13,  25), 
Centulus  vicus  (p.  16);  c'est  un  antique  f  11  tid us  CintuUiis,  dont  le  premier  pro- 
priétaire s'appelait  CintiiUiis.  Le  nom  d'homme  CiniuUiis  est  offert  sous  l'em- 
pire romain  par  des  inscriptions  recueillies  dans  l'empire  d'Autriche,  en 
Carinthie,  près  de  Klagenfurt  (C.  /.  L.,  III,  4944),  dans  l'Italie  septen- 
trionale :  à  Vérone  (C.  /.  L.,  3361),  près  de  Come  (C.  /.  L.,  V,  5223), 
près  de  Milan  (C.  /.  L.,  V,  5676),  près  de  Novare  (C.  /.  L.,  V,  6604); 
enfin  en  France  à  Nîmes  (C  /  L.,  XII,  3944).  Cintidliis  écrit  CeutiiUus, 
Centulus  au  moyen  âge  est  un  des  rares  mots  gaulois  qui  ont  continué  à  être 
employés  comme  noms  d'hommes  après  l'empire  romain,  des  comtes  de  Béarn 
et  de  Bigorre  l'ont  porté.  Le  plus  ancien  exemple  de  cet  emploi  moderne 
date  du  règne  de  Louis  le  Débonnaire,  on  le  trouve  chez  Eginhard,  An- 
nales, année  819,  où  il  est  question  du  gascon  Lupus,  fils  de  Centullus2. 
CintuUus  paraît  dériver  du  thème  cintu-  «  premier  ». 

L'abbaye  de  Saint-Riquier  (Somme),  qui  date  du  commencement  du 
vue  siècle,  doit  sa  fondation  à  un  personnage  appelé  Richarius  qui  fut  amené 
à  la  vie  monastique  par  la  prédication  de  deux  moines  ;  l'un,  breton,  s'ap- 
pelait Chaydocus  (p.  14,  15),  Chaidocus  (p.  76)  ou  Caydocus  (p.  266),  mieux 


1 .  Edition  Didot,  p.  685,  1.  4$. 

2.  D.  Bouquet,   t.  VI,  p,    178;  Migne,  Palrologia  latina,  t.   104,  col. 
486  c;  cf.  Mas-Latrie,  Trésor  de  chronologie,  col.  1537,  1562. 


1 00  Chronique. 

Cadoc;  l'autre  était  irlandais,  son  nom  est  écrit  dans  la  Chronique,  Fricorus 
(p.  76).  Cette  abbaye  a  donc  une  origine  néo-celtique. 

m. 

Une  des  rares  inscriptions  celtiques  de  la  Gaule  est  conservée  en  original 
au  musée  des  Antiques  de  Dijon  ',  dont  la  Commission  des  antiquités  de  la 
Côte-d'Or  vient  de  publier  le  catalogue  en  un  beau  volume  in-4  de  xxxii- 
389  pages,  orné  de  25  planches  en  photogravure.  Parmi  les  bas-reliefs  re- 
produits par  ces  planches  nous  signalerons  le  n°  78,  pi.  II,  représentant 
trois  déesses  mères  et  provenant  de  Vertilliim,  Vertault  (Côte-d'Or),  et  les 
nos  y^  et  80,  pi.  III,  où  l'on  reconnaît  le  dieu  au  marteau  accompagné 
d'une  déesse.  La  plupart  des  noms  d'hommes  gaulois  mentionnés  dans  ce 
volume  ont  déjà  été  publiés  par  l'abbé  Lejay,  Inscriptions  antiques  de  la 
Côte-d'Or,  1889.  Nous  ne  trouvons  guère  à  signaler  comme  inédit  que  le 
nom  de  femme  Sacriina,  n°  244  ;  mais  il  est  intéressant  de  voir  reproduites 
par  de  belles  planches  des  inscriptions  déjà  publiées,  comme  la  dédicace  Deo 
Marti  Cicolliti,  n°  73,  pi.  VI  ;  Lejay,  no  145  II  serait  bien  à  désirer  que  les 
antiques  de  tous  les  musées  de  province  fussent  l'objet  de  publications  sem- 
blables. Celle-ci  a  pour  auteur  M.  d'Arbaumont,  qui  a  eu  pour  les  inscrip  ■ 
tions  latines  la  collaboration  de  M.  Cagnat,  professeur  au  Collège  de 
France. 


IV. 

Le  catalogue  du  musée  de  Dijon  nous  fait  connaître  deux  images  du 
dieu  au  marteau  (ou  au  maillet,  comme  dit  M.  S.  Reinach)  ;  on  trouve 
trente  reproductions  de  statuettes  de  ce  dieu  aux  pages  141-156  d'un  ré- 
cent ouvrage  publié  par  le  plus  fécond  de  nos  archéologues  contemporains, 
nous  voulons  parler  du  volume  intitulé  :  Antiquités  nationales.  Description 
raisonne'e  du  musée  de  Saint-Germain-en-Layc .  Bron:(es  figurés  de  la  Gaule  ro- 
maine, par  Salomon  Reinach,  in-8,  xv-384  p.,  avec  535  figures  intercalées 
dans  le  texte,  et  une  planche.  Ce  livre  est  édité  par  la  maison  Didot. 
Bien  qu'il  ait  pour  objet  l'étude  d'un  ensemble  d'objets  d'art  tous  contem- 
porains d'une  époque  où  l'indépendance  gauloise  avait  fait  place  à  la  do- 
mination romaine,  il  abonde  en  indications  précieuses  pour  les  études  cel- 
tiques. Nous  signalerons  entre  autres,  d'abord,  les  quelques  pages  du 
préambule  où  l'auteur  étudie  l'art  celtique  avant  la  conquête  romaine,  en- 
suite le  savant  chapitre  consacré  (p.  137-200),  aux  divinités  celtiques  :  le 
dieu  au  marteau  ou  au  maillet  que  M.  Reinach  appelle  Dispater,  le  dieu 

I .  C'est  l'inscription  de  la  casserole  dédiée  par  Doiros  Segomari  au  dieu 
Alisanos,  n°  445.  La  traduction  est  donnée  d'après  M.  d'Arbois,  dit  le  ré- 
dacteur Mais  je  ne  suis  pas  tout  à  fait  certain  que  ieuru  soit  la  troisième 
personne  d'un  temps  passé  et  non  la  première  personne  du  singulier  du  pré- 
sent de  l'indicatif. 


Chronique.  loi 

Cernunnos,  les  dieux  accroupis,  les  dieux  cornus,  le  serpent  à  tête  de  bélier. 
Les  connaissances  générales  que  M.  S.  Reinach  possède  en  archéologie 
donnent  à  ses  travaux  sur  tout  sujet  spécial  une  ampleur  que  n'ont  pas  tou- 
jours les  travaux  des  autres  archéologues.  A  propos,  par  exemple,  du  dieu 
au  marteau,  il  a  fait  des  rapprochements  fort  instructifs,  et  on  ne  peut 
que  trouver  très  séduisante  sa  doctrine,  p.  166-167  :  les  attributs  des 
DIEUX  SONT  DES  FÉTICHES  DÉCHUS,  maxime  certainement  vraie  en  bien  des 
cas.  Enfin  nous  nous  reprocherions  de  ne  rien  dire  |ici  des  dix-sept  san- 
gliers figurés  aux  pages  268-274;  l'un,  no  267,  est  un  sanglier  enseigne, 
qui  a  pu  servir  de  drapeau  à  une  armée  gauloise. 

V. 

Le  livre  de  M.  S.  Reinach  est  dédié  à  M.  Alexandre  Bertrand,  conser- 
vateur du  musée  des  Antiquités  nationales  à  Saint-Germain-en-Laye  ; 
M.  S.  Reinach  a  collaboré  à  un  nouvel  et  savant  ouvrage  archéologique  de 
M.  A.  Bertrand  :  Les  Celtes  dans  les  vallées  du  Pô  et  du  Danube,  Paris,  Le- 
roux, 1894,  VI1-241  pages  et  115  figures  intercalées  dans  le  texte.  L'objet 
de  ce  livre,  fort  instructif,  quoique  provoquant  la  controverse,  est  d'établir 
par  les  monuments  figurés  que  vers  l'époque  où  Rome  fut  fondée,  au  hui- 
tième siècle  avant  notre  ère,  la  civilisation  qui  était  maîtresse  du  bassin  du 
Danube  était  identique  à  celle  qui,  à  la  même  date,  dominait  dans  le  bassin 
du  Pô,  et  que  cette  civilisation  était  celtique.  Cette  doctrine  se  rapproche 
sur  un  certain  point  de  celle  que  j'enseigne  ;  elle  en  diff'ère  radicalement 
sur  un  autre.  Je  crois  qu'il  fut  un  siècle  où  la  civilisation  celtique  antérieu- 
rement établie  dans  le  bassin  du  Danube  est  venue  s'installer  triomphante 
dans  une  partie  du  bassin  du  Pô,  mais  ce  siècle  est  le  quatrième  avant  notre 
ère  et  non  le  huitième. 

Suivant  moi  —  et  je  ne  crois  pas  être  seul  de  mon  avis  —  le  bassin  du 
Rhône  et  les  côtes  aujourd'hui  françaises  de  la  Méditerranée,  sont  restées 
ligures  jusque  vers  l'an  300  avant  J.-C.  Q.uand,  environ  un  siècle  avant 
cette  date,  les  Celtes  ou  Gaulois  ont  fait  la  conquête  de  l'Italie  du  Nord,  ils 
y  sont  venus,  non  du  bassin  du  Rhône,  mais  du  bassin  du  haut  Danube, 
où  ils  habitaient  depuis  un  temps  immémorial,  quoique  à  cette  époque  ils 
occupassent  déjà  en  partie  les  deux  rives  du  Rhin  :  suivant  Appien,  copiant 
sans  doute  Fabius  Pictor,  les  Gaulois  qui  prirent  Rome  sont  :  [lolpa.  KeXtwv 
Twv  à[JL?i  -ov  'Pfjvov  {De  rehus  Gallicis,  c.  11,  éd.  Didot,  p.  26,  1.  i).  Ils 
arrivèrent  en  Italie  par  VAlpis  Julia  i,  c'est-à-dire  par  le  nord-est,  et  non 
parle  pays  des  Taurini,  autrement  dit  par  le  nord-ouest.  Tite-Live,  V,  34,  8, 
a  sur  ce  point  comme  sur  bien  d'autres  réuni  dans  une  seule  narration  deux 

I .  VAlpis  Julia  était  au  temps  de  l'empire  romain  sur  la  route  par  la- 
quelle â'Eiuona,  aujourd'hui  Laibach,  dans  l'empire  d'Autriche,  enCarniole, 
on  gagnait  en  Italie  Aquilée,  aujourd'hui  une  des  possessions  conservées 
par  l'empire  d'Autriche  au  sud  des  Alpes,  et  de  là  Milan.  Voyez  Itinéraire 
d'Antoiiiii,  p.  558-560. 


1 02  Chronique . 

récits  contradictoires  ;  l'un,  primitif,  parlait  des  saltiis  Jtiliae  Alpis,  l'autre, 
plus  récent,  disait  :  pcr  Tmirinos  ;  l'historien  latin  a  écrit  :  per  Taurinos,  sal- 
tusqiie  JuJiae  Alpis  ;  et  quand  des  critiques  modernes,  pour  mettre  Tite-Live 
d'accord  avec  lui-même,  changent  JuJiae  en  vkll'bm  Dur iae,  et  font  dire  à 
Tite-Live  ;  per  Taurinos  saltiis,  VALLEUgue  Diiriac  Alpis  transcender unt,  ou 
Alpes  transcendernnt,  au  lieu  de  :  per  Taurinos,  saltusque  Juliae  Alpis  trans- 
cenderimt  ',  ils  substituent  arbitrairement  leurs  idées  modernes  à  un  texte 
antique,  qu'ils  devraient  respecter  d'abord  et  tâcher  de  comprendre  ensuite, 
s'ils  ont  assez  d'intelligence  pour  en  venir  à  bout. 

Nous  sommes  donc,  M.  Bertrand  et  moi,  d'accord  sur  un  point  :  Les 
Celtes  du  bassin  du  Danube  et  les  Celtes  du  bassin  du  Pô,  c'est  la  même 
nation.  Mais  sur  cet  accord  se  greffe  un  dissentiment.  Suivant  M.  Bertrand, 
et  contrairement  à  ce  que  je  crois,  les  Celtes  du  Danube  ont,  avant  les 
Etrusques,  occupé  la  vallée  du  Pô;  quand,  au  cinquième  siècle  avant  notre 
ère,  les  Etrusques  dominaient  dans  l'Italie  septentrionale,  ils  y  étaient  mêlés 
à  une  population  celtique  qui  les  avait  précédés  au  moins  dès  le  huitième, 
siècle.  Mêles  est.  dit  M.  Bertrand,  p.  46,  la  traduction  que  nous  devons 
faire  du  participe  présent  moyen  £-'.a.iyvj;j.£voi  chez  Polybe,  II,  17,  3.  Dans  la 
traduction  latine  donnée  par  l'édition  Didot,  p.  80,  ce  participe  présent  est 
rendu  par  commercia  cuni  eis  freqiientabant  ;  il  s'agit  des  rapports  que  les 
Celtes  eurent  avec  les  Etrusques  immédiatement  avant  d'envahir  le  bassin 
du  Pô;  au  moyen,  le  verbe  iTïttxtyvufii  signifie  ordinairement,  en  effet, 
comme  on  dit  en  allemand:  Verkehr  mit  Einem  hahen.  Cette  traduction  que 
je  prends  dans  le  Griechisch-deiitsches  Hand-worterbuch  de  Pape  est  rendue 
par  «  avoir  des  relations  avec  »  dans  le  Dictionnaire  grec-français  de 
M.  Bailly.  Le  contexte  impose  ce  sens,  puisque,  dit  Polybe,  les  relations 
dont  il  s'agit  avaient  pour  cause  le  voisinage,  TcapâOs^jiç  2,  ce  qui  exclut  l'habi- 
tation simultanée  sur  le  même  territoire  ;  d'autre  part,  £7:'.[j.îyvuu.£vot  est  un 
présent  qui,  s'il  avait  le  sens  de  notre  verbe  «  mêler  »,  voudrait  dire  «  se 
mêlant  «,  et  ne  renfermerait  par  conséquent  aucune  allusion  à  des  faits 
plus  anciens  que  la  domination  étrusque  dans  l'Italie  du  nord. 

Le  sens  proposé  par  M.  Bertrand  est  donc  inadmissible.  Le  verbe  iT.\\tJ.- 
yvujxi  au  moyen  a,  dans  ce  passage  de  Polybe,  le  même  sens  que  le  verbe 
aua[jLiyvu[xt  à  l'actif  dans  le  passage  où  Strabon,  parlant  de  l'entrevue 
d'Alexandre  le  Grand  avec  les  ambassadeurs  celtes  en  336,  écrit  :  a'j;jL[i.TÇat 
TÔJ  'iVXsÇàv&poj  Kê).-:oj;  3. 

Les  Ombriens  qui  ont  précédé  les  Etrusques  en  Ita  ie  sont  des  Celtes, 


.  I .  Vallenique  Duriae  Alpes  dans  Titi  Livi  ah  urhe  condita  liber  V  jiïr  den 
Sclmlgebraucb  crklàrt  von  Franz  Luterbacher.  Leipzig,  Teubner,  1887,  p.  65. 
On  lit  vallenique  Duriae  Alpis  dans  l'édition  de  Tite-Live  donnée  par  H.-J. 
Millier,  à  Berlin,  chez  Weidmann,  t.  II  (1882),  p.  201  :  cf,  p.  265.  Vallem 
n'est  dans  aucun  ms.  Voyez  édition  de  Weissenborn,  variantes  du  t.  I 
(1862),  p.  CXXVIII. 

2.  'B7:iaiyvu(jL£vot  x.aià  xrjv  TiapaOsa'.v 

3.  Strabon,  1.  VII,  c.  3,  §  8;  édition  de  Didot,  p.  250,  1.  39. 


Chronique.  loj 

prétend  M.  Bertrand  ;  et  i!  s'appuie,  p.  77,  sur  l'autorité  de  M.  Bréal  qui 
lui  a  dit  que  des  Celtes  pouvaient  avoir  appris  l'ombrien  au  sud  des  Alpes  à 
une  époque  préhistorique,  comme  d'autres  Celtes  ont  appris  le  latin  au  sud 
et  au  nord  des  Alpes  après  la  conquête  romaine  ;  mais  si  nous  savons  que 
les  Romains  ont  conquis  sur  les  Celtes  la  Gaule  cisalpine  et  transalpine, 
aucun  historien  ne  nous  a  raconté  la  conquête  de  l'Italie  par  les  Ombriens 
sur  les  Celtes,  et  par  conséquent  ne  nous  a  expliqué  comment  les  popu- 
lations qui  parlaient  ombrien  auraient  pu  être  d'origine  celtique.  L'assertion 
de  M.  Antonius  Gnipho  :  Galloruiii  veterum  propa^inem  Umbros  esse' 
manque  de  précision  ;  elle  n'a  pas  plus  de  valeur  ethnographique  que  les 
textes  qui  attribuent  aux  Belges  une  origine  germanique.  Les  Belges  ve- 
naient de  Germanie,  ils  étaient  Germains  d'origine  géographiquement  et 
non  ethnographiquement;  peut-être  M.  Antonius  Gnipho  a-t-il  voulu  dire 
que  les  Ombriens  venaient  du  nord  des  Alpes,  c'est-à-dire  du  pays  habité 
par  les  ancêtres  des  Gaulois,  ses  contemporains.  Mais  il  est  peu  vraisem- 
blable qu'au  temps  de  M.  Antonius  Gnipho,  premier  siècle  avant  J.-C,  il 
ait  existé  une  tradition  sur  l'origine  de  la  nation  que  Pline  appelle  la  plus 
ancienne  d'Italie:  Uiiihrorinn  gens  antiquissima  ItaUae exislimatiir  (IW,  112). 
D'ailleurs,  on  peut  dire  qu'en  général  l'opinion  courante  sur  la  descen- 
dance physique  des  populations  de  l'Europe  est,  et  probablement  a  tou- 
jours été,  sans  valeur  aucune. 

Les  descriptions  données  par  M.  Bertrand  des  découvertes  qui  ont  eu  lieu 
dans  les  cimetières  atîtiques  sont  pleines  d'intérêt;  il  cherche  à  en  tirer  des 
idées  générales,  il  a  raison,  seulement  la  concordance  entre  les  faits  qu'il 
signale  et  les  faits  observés  par  les  linguistes  est  impossible  à  établir. 

Un  Celte  pour  le  linguiste  est  un  homme  dont,  par  exemple,  l'idiome  a 
perdu  le  p  indo-européen  ;  quel  rapport  peut -il  y  avoir  entre  ce  phénomène 
phonétique  et  la  forme  d'une  épée  ou  tel  usage  funéraire  ?  Sur  quel  argu- 
ment s'appuiera-t-on  pour  démontrer  que  les  guerriers  incinérés  à  Sesto- 
Calende,  près  de  Milan,  au  huitième  siècle  avant  notre  ère  Cp.  52),  que  les 
gens  incinérés  à  une  date  mal  déterminée  dans  la  nécropole  d'Hallstadt  en 
Autriche  (p.  129)  parlaient  une  l-^naue  d'où  le^  indo-européen  avait  disparu? 

Quand  une  langue  s'empare  d'un  domaine  géographique,  c'est  ordinai- 
rement le  résultat  d'une  conquête  militaire  et  politique.  La  langue  du  La- 
tium,  ce  petit  pays,  a  des  filles  qui  occupent  aujourd'hui  une  grande  partie 
de  l'Europe,  c'est  le  résultat  d'une  conquête  faite  les  armes  à  la  main  et 
d'une  domination  administrative  qui  a  duré  plusieurs  siècles.  L'espagnol  et 
le  portugais,  dialectes  du  latin,  sont  aujourd'hui  les  langues  de  l'Amérique 
du  centre  et  du  sud  ;  ce  sont  des  guerres  victorieuses  qui  ont  donné  aux 
langues  romanes  cet  agrandissement  de  territoire. 

D'autre  part,  le  latin  maître  de  la  rive  gauche  du  Rhin  et  de  la  rive 
droite  du  haut  Danube  pendant  des  siècles  a  reculé  sur  ces  deux  points,  et 
c'est  devant  la  conquête  germanique  qu'il  a  battu  en  retraite. 


I.   Solin,  édition  Mommsen,  p.  37,  1.  9-10;  cf.  A.  Bertrand,  p.  75. 


104  Chronique. 

Au  contraire  les  faits  artistiques  et  religieux  qui  sont  du  domaine  de  l'ar- 
chéologie sont  au  moins  fort  souvent  indépendants  des  événements  mili- 
taires et  politiques. 

De  ce  que  l'art  grec  s'est  établi  en  Gaule  au  premier  siècle  de  notre  ère, 
conclura-t-on  qu'une  armée  grecque  est  venue  conquérir  la  Gaule  à  cette 
date  ?  L'architecture  gothique  inventée  en  France  au  douzième  siècle  a  été 
adoptée  au  siècle  suivant  par  une  grande  partie  de  l'Europe  :  les  cathédrales 
de  Fribourg  en  Brisgau,  de  Vienne  en  Autriche  sont  des  églises  gothiques  ; 
sera-t-on  en  droit  d'en  tirer  cette  conséquence  qu'à  la  date  où  ces  édifices 
ont  été  bâtis,  Fribourg  en  Brisgau,  Vienne  en  Autriche  étaient  compris 
dans  l'Etat  dont  Paris  est  la  capitale  ? 

Du  seizième  siècle  au  dix-neuvième  les  modes  changent,  l'architecture 
italienne  supplante  l'architecture  gothique  dans  la  plupart  des  capitales  eu- 
ropéennes. Que  dirait-on  si  quelqu'un  imaginait  en  conséquence  d'avancer 
qu'alors  l'empire  romain  d'Auguste  et  de  Traj an  était  rétabli,  ou  que  Saint- 
Paul  de  Londres  étant  une  imitation  de  Saint-Pierre  de  Rome,  est  un  mo- 
nument de  la  domination  religieuse  ou  politique  du  pontife  romain  dans  la 
capitale  de  l'Angleterre. 

due  dire  aussi  des  usages  funéraires  ?  Quand  la  gens  Cornclia,  abandon- 
nant le  vieil  usage  romain  de  l'inhumation,  accepta  l'usage  grec  de  l'inci- 
nération, adopté  déjà  par  le  reste  de  l'aristocratie  romaine,  le  latin  avait-il 
cessi  d'être  la  langue  des  Romains,  les  Grecs  avaient-ils  supplanté  les  Ro- 
mains dans  le  commandement  des  armées,  dans  le  Sénat  et  dans  les  hautes 
dignités  de  la  république  romaine  ?  Et  quand  le  monde  romain,  devenu 
chrétien,  revint  à  ses  habitudes  primitives  en  prenant  la  coutume  juive  de 
l'inhumation,  était-ce  parmi  les  Juifs  que  se  recrutaient  les  empereurs  et 
les  magistrats,  l'hébreu  était-il  devenu  la  langue  des  Romains  ? 

Pourquoi  est-il  impossible  de  soutenir  au  sujet:  1°  de  l'art  grec  dans  la 
Gaule  romaine,  2°  de  l'architecture  gothique  dans  l'Allemagne  du  moyen 
âge  ;  30  de  l'art  italien  hors  d'Italie  dans  l'Europe  moderne,  4°  des  rites  funé- 
raires à  Rome,  les  thèses  saugrenues  que  nous  venons  d'exposer  ?  Parce 
que  les  historiens  contemporains  :  1°,  4°  de  la  république  et  de  l'empire 
romain,  2°  de  l'architecture  gothique  du  m03'en  âge,  3°  de  l'architecture 
moderne,  opposent  à  ces  thèses  leurs  récits,  concordant  avec  le  témoignage 
des  inscriptions.  Qand  il  s'agit  de  l'Europe  du  Centre  et  de  l'Ouest  au 
huitième  siècle  avant  J.-C.,  les  archéologues  croient  pouvoir  se  donner 
libre  carrière,  parce  qu'on  ne  peut  leur  opposer  ni  des  historiens  ni  des 
inscriptions,  qui  à  cette  date  n'existent  ni  les  uns  ni  les  autres.  Mais  ils 
s'exagèrent  la  valeur  des  documents  dont  ils  disposent.  De  l'archéologie,  il 
n'y  a  rien  à  tirer  ni  pour  l'histoire  politique  ni  pour  l'histoire  linguistique, 
ni  pour  l'ethnographie,  quand  on  ne  peut  s'éclairer  ni  par  le  secours  d'his- 
toriens contemporains  ou  à  peu  près  des  faits  archéologiques,  ni  par  la  lu- 
mière éclatante  que  l'écriture  des  épitaphes,  des  dédicaces,  etc.,  enfin  des 
légendes  monétaires,  jette  sur  les  monuments  figurés  et  sur  les  peuples 
dont  ces  monuments  conservent  le  souvenir. 

La  diffusion  de  l'art  grec  sous  l'empire  romain,  le   succès  de   l'art  go- 


Chronique.  105 

thique  hors  de  France  au  moyen  âge  et  le  triomphe  de  l'art  italien  en  Eu- 
rope aux  temps  modernes  sont  des  sujets  d'études  pleins  d'intérêt,  sans 
qu'on  y  mêle  des  théories  linguistiques,  politiques  ou  ethnographiques  ; 
pourquoi  les  archéologues  qui  s'occupent  de  l'Europe  de  l'ouest  et  du 
centre  aux  temps  antérieurs  à  la  domination  romaine  n'imitent-ils  pas  le  sage 
exemple  des  archéologues  qui  étudient  la  même  région  à  des  temps  moins 
anciens  ?  Voici  notre  réponse.  Ceux  qui  créent  une  science  nouvelle  avec 
un  véritable  amour  s'en  exagèrent  forcément  l'importance.  C'est  une  loi  de 
l'esprit  humain.  Si  ces  érudits  obéissent  à  cette  loi,  on  ne  peut  sans  injus- 
tice la  leur  reprocher  bien  vivement.  L'amour  ardent  de  la  science  chez  le 
professeur  et  chez  l'étudiant,  —  quand  même  cette  passion  les  entraîne 
au  delà  de  bornes  que  plus  froidement  ils  respecteraient,  —  est  la  condition 
indispensable  du  progrès  qu'au  milieu  de  nos  contradictions  nous  sommes 
tous  d'accord  pour  chercher. 

VI. 

M.  Kuno  Meyer  a  traité  un  sujet  moins  émouvant  et  plus  solide  dans 
le  petit  in-4  de  XV-103  pages,  qu'il  a  intitulé:  Hibernica  minora,  beitig  a 
Fragment  of  an  old-irish  Treatise  on  the  Psalter.  Ce  volume,  publié  à  Oxford, 
Clarendon  Press,  fait  partie  des  Anecdota  Oxoniensia.  Jexts,  Documents  and 
Extracts  chiefly  from  mss.  in  the  Bodkian  and  other  Oxford  Lihraries.  Mediaeval 
and  modem  séries,  part  VIII.  C'est  à  la  bibliothèque  Bodléienne  d'Oxford 
que  se  trouve  le  ms.  où  M.  Kuno  Meyer  a  trouvé  la  principale  base  de 
son  édition.  Ce  ms.  est  le  no  Rawhnson  B.  512,  de  plusieurs  mains, 
xive  et  xve  siècle,  et  dont  M.  Whitley  Stokes  a  donné  une  description  dé- 
taillée dans  la  préface  de  son  savant  ouvrage  :  The  tripartite  Life  of  Patrick., 
p.  xiv-XLV.  A  la  page  xxi,  sous  le  no  25,  M.  Whitley  Stokes  mentionne: 
A  tract  on  the  Psalter  dont  il  reproduit  les  premières  lignes .  Ce  traité  occupe 
trois  feuillets  :  45  rt-47  h  ;  il  en  manque  la  fin.  Une  copie  du  même  frag- 
ment se  trouve  au  Musée  britannique  dans  le  ms.  Harléien  5280,  fos  21  a- 
24b.  Cette  copie  fort  défectueuse  date  du  xvi^  siècle,  tandis  que  celle  de  la 
bibliothèque  Bodléienne  d'Oxford  remonte  au  xv^  et  vaut  beaucoup  mieux. 

L'intérêt  de  cette  publication  résulte  beaucoup  moins  du  sujet  choisi  par 
l'auteur  du  traité  que  des  travaux  personnels  placés  par  l'éditeur  avant  et 
après  le  texte  irlandais.  M.  Kuno  Meyer  prouve  que  les  deux  mss.  procè- 
dent d'un  original  qui  paraît  remonter  au  viiie  siècle  ;  après  avoir  re- 
produit la  leçon  fournie  par  le  Rawlinson  B  512,  avoir  donné  en  outre  les 
variantes  de  Harleian  5280,  il  a  essayé  de  restituer  le  texte  primitif  qu'il 
accompagne  d'une  traduction.  Ce  travail  est  un  modèle  offert  à  ceux  qui 
cherchent  à  déterminer  l'âge  d'une  composition  irlandaise.  En  appendix, 
M.  Kuno  Meyer  publie  ce  qu'il  a  trouvé  de  plus  intéressant  parmi  les  au- 
tres morceaux  irlandais  inédits  que  le  ms.  Rawlinson  B  512  nous  a  con- 
servés. Nous  citerons,  p.  ^1-64,  une  rédaction  inédite  de  V histoire  du  cochon 
de  Mac  Dathâ.  M.  Windisch  a  publié  ce  récit  légendaire  dans  ses  Irische 
Texte,!,  ■ç.  96-106,  d'après  trois  autres  mss.  :  10  Livre  de  Leinster,  p.  iiib- 

Rtvue  Celliqut,  XVI.  8 


io6  Chronicjue. 

114a;  2°  Trinity  Collège  Dublin,  H.  3.  18,  p.  743-748;  3°  Musée  Britan- 
nique, Harléien  s 280,  fo  40-42,  jans  se  servir  de  celui  d'Oxford  ;  et  c'est 
d'après  l'édition  de  M.  Windisch  que  M.  L.  Duvau  a  fait  la  traduction 
contenue  dans  le  Cours  de  Uttcrahire  celtique,  t.  V,  p.  66-80. 

On  peut  aussi  remarquer  la  pièce  dont  le  titre  est  Aided  tri  mac  n-Diar- 
mata  [Cerrhèoiï]  «  Meurtre  des  trois  fils  de  Diarmait  Cerrbêl  »,  p.  70-75. 
Elle  se  trouve  aussi  dans  le  mss.  Rawlinson  502,  f.  73  Z»  et  74/)  ;  elle 
manque  dans  Y  Essai  d'un  catalogue  de  la  littérature  épique  de  l'Irlande. 

VII. 

Comme  le  traité  irlandais  sur  les  psaumes,  c'est  au  point  de  vue  de  la 
langue  que  sont  instructifs  les  textes  gallois  publiés  par  MM.  J.  Morris  Jones 
et  John  Rhys  dans  les  Auecdota  oxoiiiensa,  Mediacval  and  modem  Séries, 
part  VI.  Ils  sont  conservés  par  le  ms.  119  de  Jésus  Collège,  Oxford, 
xiv^  siècle,  exactement  1346.  Ce  sont  des  documents  ecclésiastiques  chré- 
tiens, traduits  du  latin.  Le  morceau  le  plus  considérable  est  VElucidariiim 
sive  Dialogus  de  siimnia  totius  christianae  theologiae,  publié  en  1854  dans  la 
Patroîogia  latiua  de  Migne,  t. -172,  col.  1108-1176,  parmi  les  œuvres  d'Ho- 
noré d'Autun  et  qui  avaient  été  déjà  imprimées  cinq  fois  au  moins,  savoir  : 
1°  dans  Divi  Anselmi,  Cantuaricnsis  archiepiscopi,  thcologi  suc  tenipore  praes- 
tantissiïiii  atq.ie  celeherrinii,  oiiiuia,  quae  supersunt  opéra.  Coloniae  apud  Ma- 
ternum  Colinum,  MDLXXIII,  in-fol.  t.  III,  p.  150-278;  —  2°  dans  la 
réimpression  de  ce  recueil  à  Cologne,  apud  Petruin  Colinum,  1612,  p  222- 
261;  —  3'  dans  Saiicti  Anselmi,  ex  Beccensi,  Cantuariensis  a.ixhit:piscopi, 
Paris,  1675,  in-fol  ,  p.  457-487;  —  40  dans  la  réimpression  de  Paris,  1721, 
in-fol.,  aux  mêmes  pages;  5°  dans  la  réimpression  de  Venise,  1744;  — 
6°  dans  l'édition  anglaise  des  œuvres  de  saint  Lanfranc.  Oxford  (Paris), 
1844,  in-8,  t.  II,  p.  200-298  et  suivantes.  M.  Morris  Jones  donne,  p.  173-228, 
une  septième  édition  qui  serait  plus  commode  s'il  l'avait  mise  en  regard  du 
texte  gallois,  p.  3-76. 

Pour  l'histoire  du  gallois,  un  manuscrit,  daté  du  xiv"- siècle,  est  d'une 
grande  importance.  Les  observations  philologiques  que  M.  Morris  Jones  a 
réunies  dans  l'introduction  et  dans  les  notes  sont  fort  intéressantes. 

VIII. 

La  collection  des  Auctores  autiquissiini,  qui  fait  partie  de  la  série  in-4  des 
Monumenta  Germaniae  historien,  vient  de  s'enrichir  d'un  fascicule  nouveau, 
publié  par  M.  Mommsen,  c'est  la  première  partie  du  tome  XIII,  qui  est 
lui-même  le  t.  III  des  Clironica  minora.  Il  contient  les  œuvres  de  Gildas  et 
la  composition  attribuée  d'ordinaire  à  Nennius.  Désormais,  le  petit  volume 
si  commode  :  Nennius  und  Gildas  ex  recensione  Stevenson,  heraiisgrgeben  von 
San  Marte  (A.  Schulz),  Berlin,  Rose,  1844,  in-8,  devra  être  mis  de  côté, 
et  on  ne  pourra  plus  citer  que  Mommsen,  Chronica  minora,  t.  III. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  nouveau  dans  l'édition  de  M.  Mommsen,  c'est  que 


Chronique.  107 

pour  Nennius  l'éditeur  a  utilisé  le  ms.  de  Chartres  publié  par  M.  l'abbé 
Duchesne,  Revue  Celtique.,  t.  XV,  p.  175-180,  et  qu'en  regard  du  texte 
primitif  il  donne  la  traduction  en  latin  du  remaniement  irlandais  fait  au 
xi^  siècle  par  Gilla  Coemain  ;  cette  traduction  a  pour  auteur  M.  Zimmer. 
Elle  est  exécutée  d'après  l'édition  donnée  par  Todd  en  1848  >.  Reproduisant 
autant  que  possible  les  expressions  et  les  tournures  de  phrase  du  texte 
établi  par  M.  Mommsen.  elle  paraît  du  reste  en  générale  exacte.  On  peut 
cependant  y  critiquer  certains  détails.  J"ai  examiné  avec  attention  la  partie 
qui  se  rapporte  au  fragment  conservé  p.  3  du  Lehar  un  hUidre  (écrit  vers  1 100), 
et  publié  par  M.  Windisch,  Kurigcfasste  ■rische  Graininatik,  p.  124-125.  Les 
mss.  irlandais  de  ce  document  offrent  quelquefois  des  leçons  différentes. 
M.  Zimmer  tenait  à  ce  que  sa  traduction  ressemblât  le  plus  que  faire  se 
pourrait  au  texte  latin  de  M.  Mommsen,  et  il  a  choisi  les  leçons  en  consé- 
quence. 

Ainsi  le  mot  tuos,  adjectif  possessif  qualifiant  mcif^os  chez  M.  Mommsen, 
p.  184,  col.  I,  1.  5,  manque  dans  L.  U.,  p.  3,  col.  i,  1.  2  (Windisch, 
p.  124,  1.  2),  comme  dans  le  Livre  de  Ballymote,  fin  du  xiv^  siècle,  p.  210, 
col.  2,  1.  38;  on  le  trouve  chez  Zimmer  qui,  p.  184,  col.  2,  1.  3,  l'a  inséré 
dans  sa  traduction  sur  l'autorité  de  Todd,  p.  94,  1.  16,  c'est-à-dire,  je  crois, 
du  ms.  H.  3.  17  du  Collège  de  la  Trinité  de  Dublin,  où,  p.  806-826,  le 
Nennius  irlandais  a  été  transcrit  vers  l'année  14DO.  Chez  Todd,  la  leçon  du 
d-drailhib  «  à  tes  druides  »  remplace  la  leçon  dona[ib]  druidib  a  aux  druides  » 
du  Lebor  im  h-Uidre  et  du  Livre  de  Ballvmote  ;  or,  rien  ne  prouve  que 
cette  leçon  mentionnée  par  nous  la  dernière,  mais  qui  est  celle  du  plus  an- 
cien ms.,  ne  soit  pas  la  leçon  primitive  de  Gilla  Coemain,  auteur  de  la  ré- 
daction irlandaise. 

Après  avoir  en  ce  cas  rejeté  la  leçon  du  plus  ancien  ms.  par  respect  pour 
le  texte  de  M.  Mommsen,  M.  Zimmer  la  préfère  dans  un  autre  endroit 
pour  la  même  raison.  Les  mots  ocus  feairl\b]ar  «  qu'on  voie,  qu'on  re- 
garde »  se  rencontrent  dans  l'édition  de  Todd,  p.  94,  1.  2:,  et  dans  le 
Livre  de  Ballvmote,  p.  210,  col.  2,  1.  44  ;  mais  ils  manquent  dans  le  Le- 
bor na  h-Uidre,  p  3,  col.  i,  1.  10  (Windisch,  p.  124,  1.  8)  ;  ils  n'ont  pas 
pénétré  dans  la  traduction  de  M.  Zimmer,  p.  184,  col.  2,  1.  11-12,  parce 
que,  dans  le  texte  établi  par  M.  Mommsen,  p.  184,  col.  i,  1.  10,  rien  n'y 
correspond. 

Ces  deux  exemples  sulîfisent  pour  montrer  quel  a  été  le  système  d'après 
lequel  M.  Zimmer  a  établi  le  texte  irlandais  traduit  ensuite  en  latin  par 


I.  Leabh.xr  breathnach  annso  sis.  Tbe  irish  version  of  the  historia  Bri- 
tonum  oj  Nennius.  Dublin,  printed  for  the  irish  Archaeological  Society. 
Dans  le  titre  irlandais,  miiiso  sis  «  ci-dessous  »  traduit  Vineipit  des  mss.  la- 
tins, comme  ailleurs  corici  sin  rend  Vexplicit  des  mêmes  mss.  Si  nous  sui- 
vions le  système  de  Todd,  nous  mettrions  le  mot  incipit  en  tête  de  nos 
éditions  d'auteurs  latins.  Depuis  longtemps  on  fait  sur  le  continent  l'éco- 
nomie de  ces  sept  lettres.  Je  crois  que  c'est  aussi  une  dépense  dont  la  plu- 
part des  auteurs  anglais  se  privent. 


io8  Chronique. 

lui.  Reste  à  dire  un  mot  des  passages  interpolés  où  le  texte  latin  a  cessé  de 
servir  de  guide  au  savant  professeur  de  Greiswald.  Prenons  pour  exemple 
l'endroit  où  il  s'agit  de  la  position  des  caisses  mystérieuses  dont  Ambroise, 
le  prodigieux  enfant  sans  père,  devine  l'existence  souterraine,  inconnue 
aux  Druides  bretons. 

Le  faciem  in  fade  (hahentes)  de  M.  Zimmer,  p.  184,  col.  2,  1.  11,  traduit 
les  mots  inn-agaid  a  n-agaid  de  Todd,  p.  94,  1.  21,  à  condition  qu'on  ad- 
mette que  a  n-  soit  uoe  notation  moderne  de  /  n-  «  en  »  et  qu'on  ne  lise 
pas  avec  une  légère  correction  :  /  ii-agaid  a  n-agaid  «  en  face  [de  toi]  leur 
face  «.  Cette  leçon  rectifiée  correspondrait  exactement  à  celle  du  Livre  de 
Ballymote,  p.  210,  col.  2,  1.  44:  aii-agaid  in-agaid  «  leur  fiice  en  face  », 
sous-entendu  «  de  toi  »,  et  à  celle  du  Lebor  na  h-Uidre,  p.  3,  col.  i,  1.  10 
(Windisch,  p.  124, 1.  7-8)  :  in  agid  t-agid  «  en  face  ta  face,  vis-à-vis  de  toi  ». 
Si  M.  Zimmer,  au  lieu  de  copier  Todd  à  la  hâte,  s'était  donné  la  peine 
d'étudier  un  peu  à  fond  son  sujet  —  ce  qu'il  est  certes  capables  de  iaire  — 
il  aurait  écrit  par  exemple /aaV»;  suam  contra  te  hahentes,  ou,  dans  un  latin 
plus  littéral, /aaVm  suam  in  facie  tua  hahentes,  et  il  serait  plus  clair. 

Ce  sont  là  des  vétilles.  Elles  ne  feront  pas  obstacle  à  ce  que  la  traduction 
latine  de  M.  Zimmer  ne  soit  fort  utile  aux  savants  ou  aux  amateurs  qu'in- 
téresse la  littérature  légendaire  des  Iles-Britanniques,  et  qui,  sachant  le 
latin,  mais  ignorant  l'irlandais  et  l'anglais,  ne  peuvent  dans  l'édition  de 
Todd  lire  ni  le  texte  irlandais  ni  la  traduction  anglaise  qui  l'accompagne. 
Les  textes  irlandais  n'ont  pas  toujours  la  bonne  fortune  d'être  traduits  avec 
V élégance  fidèle  du  latin  moyen-âgiste  de  M.  Zimmer,  ce  vir  et  linguae  rc- 
rumque  Celtarum  unice  doctus,  comme  dit  avec  tant  de  compétence,  p.  114, 
M.  Mommsen,  ce  roi  incontesté  de  l'érudition  contemporaine.  Toutefois, 
M.  Mommsen,  avec  une  bienveillante  malice,  ajoute  à  cette  appréciation  si 
légitime  un  élogieux  correctif  :  sununo  adeoque  interdnm  NiMio  acuniine  ins- 
tructus. 

IX. 

De  l'uNiCE  dodus  de  M.  Mommsen,  il  y  a  deux  traductions  possibles. 
Cette  formule  peut  signifier  que  M.  Zimmer  connaît  les  langues  celtiques 
mieux  que  tous  les  celtistes  contemporains,  qu'il  n'y  a  qu'un  celtiste  au 
monde,  et  que  ce  celtiste  est  M.  Zimmer.  C'est,  je  crois,  le  véritable  sens  ; 
mais  un  autre  sens  est  aussi  présentable,  c'est  qu'en  dehors  des  langues 
celtiques  M.  Zimmer  ne  saurait  pas  grand'chose,  ne  saurait  même  rien; 
nous  avons  la  preuve  du  contraire  ;  mais  je  ne  suis  pas  sûr  que  M.  Mom- 
msen, homme  d'esprit  comme  on  dit  en  français,  comparant  sa  langue 
latine  à  celle  qu'écrit  M.  Zimmer,  ne  se  soit  complu  dans  une  amphibo- 
logie possible.  En  tout  cas,  je  le  déclare  franchement,  l'anglais  de  M.  Lau- 
rence Ginnel,  auteur  du  livre  intitulé  :  The  Bichon  Laivs,  me  semble  beau- 
coup plus  littéraire  que  le  latin  de  M.  Zimmer. 

M.  Ginnel  est  avocat  et  de  plus  irlandais,  ce  qui  ne  veut  pas  dire  sans 
talent  ;  voici  sa  préface  : 

((  Quand  il  y  a  quelque  temps  on  vint  à  savoir  que  j'avais  entrepris  de 


Chronique.  1 09 

«  faire  des  conférences  sur  les  lois  irlandaises  devant  la  Société  littéraire 
«  irlandaise  de  Londres,  un  ami  me  félicita  du  beau  sujet  que  j'avais  pris 
«  en  main,  et  le  même  jour  un  autre  me  demanda  pourquoi  j'avais  choisi 
«  le  sujet  le  moins  intéressant  qui  fût  au  monde.  » 

«  A  ces  deux  amis  et  aux  deux  classes  d'hommes  dont  ils  sont  le  type, 
«  je  dédie  respectueusement  ce  petit  volume.  » 

La  forme  de  cet  ouvrage  n'a  rien  de  scientifique.  On  n'y  trouve  ni  notes, 
ni  renvois  précis  à  aucun  texte.  L'auteur,  comme  la  plupart  des  avocats 
anglais,  connaît  mal  la  littérature  antique.  Il  n'admet  pas  qu'en  Gaule  les 
Druides  aient  présidé  à  des  sacrifices  humains,  v  C'est  »,  dit-il,  p.  4,  «une 
évidente  absurdité.  «  Il  attribue  à  la  littérature  légendaire  de  l'Irlande  une 
valeur  exagérée  :  «  On  a  »,  dit-il,  p.  5,  «  établi  la  certitude  de  beaucoup 
«  de  faits  qui  ont  dans  l'histoire  d'Irlande  une  importance  fondamentale  et 
«  qui  sont  de  trois  siècles  antérieurs  à  César.  »      • 

Mais  M.  Ginnel  expose  en  général,  d'une  façon  très'claire,  le  droit  irlan- 
dais, et  les  points  sur  lesquels  il  me  paraît  se  tromper  sont  peu  nombreux. 
Je  ne  sais  point  par  exemple  sur  quoi  il  se  fonde,  quand  il  prétend,  p.  107, 
qu'il  y  avait  dans  la  société  irlandaise  un  groupe  appelé  sept,  intermédiaire 
entre  la  famille,  y?;/?,  et  ce  qu'il  appelle  clan.  Ce  qu'il  appelle  dan  est,  je 
suppose,  ce  qui  porte  ordinairement  le  nom  de  tuath  «  état,  cité,  royaume  » 
dans  les  documents  légaux  ;  sept  est  un  mot  anglais,  dont  je  ne  connais 
pas  l'équivalent  irlandais  ;  et  quant  au  mot  dan,  mieux  dand,  il  n'est,  ce 
me  semble,  employé  dans  le  texte  du  Sendius  Mo'r  que  pour  désigner  les 
fruits  de  la  terre,  t.  III,  p.  40,  1.  25  (cf.  O'Donovan,  Supplément  à 
O'Reilly,  au  mot  dann).  M.  Ginnel  semble  s'être  laissé  beaucoup  trop  ins- 
pirer par  Sullivan  qui  traite  la  même  question  dans  son  volume  d'intro- 
duction à  O'Curry,  On  the  Manners,  t.  I,  p.  Lxxviii,  et  qui,  en  sa  qualité 
de  «  scientifique  »  comme  nous  disons,  n'a  pas  compris  grand'chose  aux 
questions  de  droit  irlandais  qu'il  a  touchées. 

Je  n'ai  encore  vu  aucun  texte  prouvant  que  le  gavdkind  existât  en 
Irlande  (Ginnel,  p.  129),  au  moins  à  l'époque  où  le  Sendnis  Môr  nous  fait 
remonter.  A  la  page  105,  M.  Ginnel  n'a  pas  compris  comment  il  faut  en- 
tendre les  divisions  de  la  famille,  fine,  irlandaise. 

J'ai  autrefois,  comme  M.  Ginnel,  p.  28-29,  pris  au  sérieux  les  indications 
chronologiques  contenues  dans  l'introduction  du  Scudnis  Môr,  je  n'y  crois 
plus  aujourd'hui. 

On  pourrait  adresser  à  M.  Ginnel  quelques  autres  critiques  du  même 
genre  ;  cela  n'empêche  pas  que  son  livre  ne  soit  généralement  exact.  Il  est 
parfaitement  clair.  Les  gens  qui  n'ont  aucune  notion  générale  de  droit  le 
liront  sans  difficulté,  et  s'ils  sont  capables  de  comprendre  au  droit  quelque 
chose,  ils  pourront  y  apprendre  beaucoup  de  choses  qu'ils  ne  savent  point. 

Cependant  ce  livre  a  un  défaut  qu'on  peut  reprocher  à  plus  d'un  autre 
ouvrage  analogue  composé  dans  les  Iles-Britanniques. 

Les  érudits  qui  s'occupent  d'histoire  du  droit  sur  le  continent  ont,  en 
général,  au  moins  une  certaine  teinture  de  la  législation  savante  dont  les 
principaux  monuments  sont  les  compilations  écrites  par  ordre  de  Justinien . 


110  chronique. 

Une  partie  de  ces  érudits,  —  je  ne  parle  pas  ici  de  Fustel  de  Coulanges,  — 
ne  se  sont  engagés  dans  l'étude  chronologique  du  droit  comparé  qu'après 
avoir  acquis  des  lois  romaines  une  connaissance  approfondie.  En  Angleterre, 
on  paraît  croire  en  général  que,  lorsqu'on  veut  écrire  un  livre  sur  l'histoire 
du  droit,  on  a  une  préparation  suffisante  si  l'on  possède  bien  le  droit  cou- 
tumier  d'après  lequel  les  tribunaux  anglais  rendent  aujourd'hui  leurs  juge- 
ments. Telle  n'est  pas  hoti'è  manière  de  voir.  Voilà  pourquoi  les  préfaces 
mises  en  tête  de  chacun  des  volumes  des  Ancicnt  Latus  of  Iieland  nous 
paraissent  d'une  excessive  faiblesse  qu'en  Irlande  on  n'aperçoit  pas.  Telle  est 
la  raison  aussi  pour  laquelle,  à  tort  ou  à  raison,  je  n'apprécie  que  médio- 
crement un  ouvrage  dont  le  droit  gallois  a  été  l'objet  il  y  a  quelques  années 
et  dont,  faute  d'en  contîa.ître  l'existence,  je  n'ai  rien  dit  quand  il  a  paru:  The 
ancieiit  Laivs  of  Wale^è^ved  especially  in  regard  to  the  Light  they  throiv  upon 
the  Origin  of  sonie  ei^Ê^Jmtitulions  by  Hubert  Lewis  of  Middle  Temple, 
edited  by  J.  LloydfJ^^^Bfccturer  in  History  and  Welsh  in  the  University 
Collège  Aberystwj^^^Hon,  EUiot  Stock,  1892,  in-8,  xvi-558  pages. 
F.  Walter,  Dus 'ql^^^^^ n'est  pas  encore  remplacé  par  un  livre  meil- 
leur, quoiqu'il  ^^n^^^^^^^9. 


X. 

M.  L.  M.iril|iiB|maître  de  conférences  à  l'Ecole  des  Hautes  Etudes,  sec- 
tion des  scienBjBeligieuses,  vient  de  publier  une  brochure  intitulée  :  La 
survivance  de  l'âme  et  Vidée  de  justice  che^  les  peuples  non  civilisés.  A  la  page  2, 
il  résume  ainsi  qu'il  suit  la  doctrine  qu'il  prétend  démontrer  :  «  L'idée  de 
«  la  survivance  de  l'âme  apparaît  le  plus  souvent  dénuée  de  caractère  moral, 
«  et  l'autre  vie  n'est  que  la  continuation  de  celle-ci  :  le  pays  des  morts  est 
«  fort  semblable  au  pays  des  vivants,  les  mêmes  habitudes  y  régnent,  les 
«  mêmes  usages,  le  même  genre  de  vie.  L'autre  monde  n'est  guère  qu'un 
«  double  de  ce  monde  où  vivent  les  hommes,  les  méchants  et  les  bons  y 
«  ont  la  même  destinée.  »  Cette  conception  est,  suivant  moi,  exactement 
conforme  à  la  croyance  celtique.  Sans  m'être  entendu  avec  M.  L.  Maril- 
lier,  que  je  n'avais  pas  l'honneur  de  connaître,  j'ai  en  même  temps  que  lui 
exposé  à  peu  près  la  même  thèse.  On  peut  le  voir  dans  le  t.  VU  de  mon 
Cours  de  Littérature  celtique,  qui  vient  de  paraître  à  la  librairie  Thorin, 
avec  ce  sous-titre:  Études  sur  le  droit  celtique,  t.  I.  Cela  veut-il  dire  que  tous 
deux  nous  avons  raison  ?  Je  l'ignore.  Le  public  savant  jugera. 


XL 

L'article  Irlande  de  la  Grande  Encyclopédie  contient  une  partie  historique 
développée  (t.  XX,  p.  954-967).  Elle  est  divisée  en  trois  sections  :  1°  récit 
chronologique  des  événements  politiques  et  militaires,  2°  étude  sur  la 
langue  et  la  littérature,  3°  bibliographie.  Ce  travail,  qui  me  semble  fort 
bien  fait,  a  pour  auteur  M.  Ferdinand  Lot.  Dans  la  bibliographie,  l'auteur 


Chronique.  i  i  i 

signale  un  livre  de  M.  Joyce  dont  la  Revue  Celtique  n'a  encore  rien  dit  :  A 
short  History  of  Ireland,  Londres,  1893. 

XII. 

M.  A.  Holder  a  fait  paraître  la  sixième  livraison  de  son  Alt-celtischer 
Sprachschati,  qui  comprend  les  colonnes  1281-1536;  elle  commence  au 
mot  Diastullus  et  se  termine  au  milieu  de  l'article  consacré  au  mot  Galata. 
Cet  ouvrage,  dont  le  premier  volume  semble  près  d'être  achevé,  peut 
rendre  déjà  d'immenses  services  qui  seront  plus  grands  encore  lorsqu'il 
sera  entièrement  terminé.  Je  suis  peut-être  de  tous  les  celtistes  celui  pour 
lequel  il  était  le  moins  nécessaire,  j'avais  le  projet  de  publier  un  livre  sem- 
blable, quoique  moins  développé,  qui  est  resté  tout  entier  sur  fiches  ; 
l'œuvre  de  M.  Holder  est  beaucoup  plus  complète  que  n'aurait  été  la 
mienne,  elle  est  surtout  maintenant  bien  plus  commode  à  consulter  que  ne 
l'est  mon  recueil  de  cartes  rangées  dans  des  boîtes  fort  lourdes.  Je  vais 
donner  deux  exemples  des  résultats  auxquels  on  peut  arriver  en  combinant 
avec  les  matériaux  classés  par  M.  Holder  d'autres  matériaux,  soit  encore 
inédits  à  la  date  de  son  impression,  soit  restés  en  dehors  des  limites  qu'il 
a  dû  se  tracer. 

Aux  col.  815  et  816,  M.  Holder  mentionne  le  nom  d'homme  gaulois 
latinisé  Carras,  en  Grande-Bretagne  (York),  employé  comme  surnom  du 
dieu  Mars  en  Gaule  (Basses-Alpes)  ;  ce  mot  paraît  identique  à  l'irlandais 
carr,  au  génitif  cairr  (Ancient  Laivs  of  Ireland,  t.  I,  p.  226,  1.  32;  p.  228, 
1.  2),  à  l'accusatif  pluriel  carrii  (ibid.,  p.  228,  1.  6),  carra  (ibid  ,  p.  134, 
1.  32),  qui  veut  dire  «  guerrier  »  ',  et  qui  a  un  dérivé  synonyme  carrud 
(ibid.,  p.  124.  1.  8;  p.  134,  1.  31).  Le  thème  carro-  du  gaulois  latinisé 
Carrus  est  le  premier  terme  de  plusieurs  composés  mentionnés  par  M.  Hol- 
der, col.  810,  813.  De  ces  composés,  un  est  nom  d'homme:  Carro-talo-s, 
Besançon  (Doubs),  et  de  kmme  Carro-tala,  Le  Châtelet  (Meuse);  un  autre 
est  nom  de  lieu,  Carro-dUno-n,  Bavière,  Silésie,  Croatie,  Russie  méridio- 
nale. J'étais  encore  il  y  a  quelques  jours  désespéré  de  n'avoir  pu  trouver 
de  Carro-duno-n  en  France,  je  viens  d'en  rencontrer  un  dans  une  charte 
de  997  publiée  d'après  l'original  des  Archives  de  la  Manche  par 
M.  Bertrand  de  Broussillon,  Cartnlaire  de  Saint-Michel  de  l'Abbayette,  Paris, 
Picard,  1894,  p.  Il:  Cardiin,  aujourd'hui  Ville-Chardon,  commune  de 
Landivy,   Mayenne  2.  Cardiin  est  mentionné  par  Cauvin,  Géographie  an- 


1.  Carr  apparaît  avec  sens  de  «  javelot  »  dans  les  articles  additionnels 
au  Glossaire  de  Cormac,  Whitley  Stokes,  Saiias  Chorniaic,  p.  47.  Du  guer- 
rier à  son  arme,  ou  de  l'arme  au  guerrier,  il  y  a  la  distance  qui  sépare  le 
sens  propre  du  sens  figuré  qu'on  obtient  par  la  métonymie. 

2.  Landivy,  vers  1060  Lan-degiiihii,  est  une  fondation  bretonne.  On 
trouve  dans  le  Cartnlaire  de  Saint-Michel  de  l'Abbayette  d'autres  noms 
bretons:  Gurgor,  Harcust,  Main,  Rivallon,  Tehen,  Urfoen.  Une  autre  fon- 
dation bretonne  dans  le  Maine  était  Mat-vaUis,  id  est  Bona  vallis  donné  par 


I  1 2  Chronique. 

cienne  du  diocèse  du  Mans,  1845,  p.  Lxxi  et  109,  et  par  Léon  Maître,  Dic- 
tionnaire topographiqiie  du  département  de  la  Mayenne,  p.  334';  mais  aucun 
d'eux  n'avait  vu  l'original,  tous  deux  s'étaient  contentés  de  reproduire  la 
copie  faite  par  D.  Briant,  bénédictin,  mort  en  17 16  après  avoir  composé 
l'ouvrage  inédit  intitulé  Ceiioman[ii]ia,  Bibliothèque  du  Mans,  ms.  no  226 
bis.  En  rapprodiant  du  texte,  publié  par  M.  Bertrand  de  Broussillon,  le  Trésor 
vieux-celtique  de  M.  Holder,  on  voit  jaillir  la  lumière,  conmie  l'étincelle 
quand  avec  le  fer  on  frappe  un  caillou  2. 

Autre  exemple  :  je  préparais  il  y  a  quelques  jours  une  leçon  sur  l'apo- 
phonie  ou  ahlaut  dans  les  langues  celtiques  :  un  des  exemples  que  je  voulais 
citer  était  la  racine  dont  la  forme  normale  est  derk,  la  forme  fléchie  dork, 
la  forme  réduite  DrK,  et  qui  signifie  «  voir  «.  Cette  racine  a  été  étudiée  par 
M.  Whitlcy  Stokes,  Urkeltischer  Sprachschati,  p.  148-149,  et  par  M.  Holder: 
col.  1266;  cf.  col.  1096,  aux  mots:  Con-dercus,  nom  d'homme  (Toulouse); 
Con-dercum,  nom  de  lieu  (Grande-Bretagne);  col.  13 17,  aux  mots:  Dre- 
cinus,  nom  d'homme  (Poitiers),  *dreco-.  De  la  forme  normale,  Con-dercos, 
nom  d'homme,  est  un  exemple  gaulois  continental  latinisé  ;  Condercum, 
mieux  Condercus,  sous-entendu  fundus,  est  un  exemple  gaulois  insulaire 
du  même  nom  d'homme,  employé  adjectivement  avec  le  sens  géogra- 
phique ;  con-derco-s  est  le  substantif  correspondant  au  verbe  passif  1  -landais 
con-dercar  «  on  voit  ».  Dans  le  verbe  et  dans  le  substantif,  nous  ayons  le 
même  thème  con-derco-.  Drecinus,  dérivé  de  *dreco-,  nous  offre  la  forme 
réduite  qu'on  trouve  aussi  dans  l'irlandais  drech  ^*drika,  et  dans  le  gallois 
drych  =  * drik-ho-s,  tous  deux  signifiant  «  visage  »,  «  aspect  »,  enfin  dans 
le  grec  Bpaxtov  «  serpent  »,  en  français  «  dragon  ». 

Et,  me  demandai-je,  où  trouver  un  exemple  gaulois  de  la  forme  fléchie 
DORK  qu'on  trouve  dans  le  grec  ôsoopze  «  il  a  vu  »,  ooç)y.oi.i  «  gazelle  » 
(Curtius-Windisch,  Grund:^ïge  der  griechischen  Etyinologie,  5e  éd.,  p.  134)  ? 
Elle  nous  est  offerte  par  le  nom  de  lieu  français  «  Condorcet  »  (Drôme), 
qu'illustra  au  siècle  dernier  le  marquis  Caritat  de  Condorcet,  dont  le  nom 
d'un  lycée  de  Paris  consacre  le  souvenir  encore  populaire.  «  Condorcet  », 

le  roi  Sigebert  1<^^  à  l'abbaye  de  Saint-Médard  de  Soissons,  Vie  anonyme 
de  saint  Méddrd,  ix^  siècle,  D.  Bouquet,  t.  III,  p.  454  a. 

1.  Au  mot  VILLE-CHARDON.  Curdun  manque  à  la  Table  des  formes  an- 
ciennes, p.  341. 

2.  Depuis  que  ces  lignes  sont  écrites,  M.  Longnon  m'a  signalé  un  autre 
exemple  de  Carro-dimo-n  qui,  s'il  n'est  pas  français  comme  Ville-Chardon, 
appartient  à  la  Gaule,  c'est  Karden  sur  la  Moselle,  Prusse  Rhénane,  cercle 
de  Cochem,  régence  de  Coblenz.  Karden  était  au  ix'-'  siècle  Caradona,  dans 
le  diocèse  de  Trêves,  comme  on  le  voit  chez  Thégan  sous  la  date  de  836, 
dans  le  ms.  de  la  Bibliothèque  impériale  de  Vienne,  histoire  profane,  n"  832. 
Monuwenta  Germaniae  historica,  in-fol.  Scriptorcs,  II,  603,  29;  Migne,  Pa- 
trologia  latina,  t.  106,  col.  429  a;  D.  Bouquet,  VI,  85,0.  Osterley,  i//.y/û- 
risch-gcûgraphisches  Woerterbuch,  p.  332.  Carden  était  chef-lieu  d'archidia- 
coné.  Desnoyers,  dans  V Annuaire  de  la  Société  de  l'Histoire  de  France,  1859, 
P-  27. 


Chroni(]iie.  i  :  3 

qui  s'est  appelé  Conâorces  pendant  les  derniers  siècles  du  moyen  âge  et  les 
premiers  temps  de  l'époque  moderne,  était  en  998  le  Castrinn  Coiidorcense  '  -. 
Le  castrum  Condoneuse  avait  été  bâti  sur  l'emplacement  d'un  *  ftiiidus  Con- 
dorcus,  c'est-à-dire  d'une  propriété  cadastrée  pendant  l'empire  romain  sous 
le  nom  d'un  Gaulois  appelé  *  Condorcos.  *  Coiidorais  est  à  Cotidcrcus  ce 
qu'est  Sc'pxotjia'.  «  je  vois  »,  à  o£Oop/a  «  j'ai  vu  ». 

La  géographie  de  la  France  offre  un  autre  exemple  de  la  forme  fléchie 
V^  DORK  de\/~DERK,  c'est  Dorche,  commune  de  Chanay  (Ain),  ancienne 
paroisse,  pour  laquelle  Guigne,  Topographie  historique  du  département  de 
l'Ain,  p.  135,  a  trouvé  la  vieille  forme  Dorcha  =  *  villa  Dorca,  propriété 
Aq*  Dorcos.  Quant  à  la  forme  normale,  Dercé  (Vienne)  et  Dercy  (Aisne) 
attestent  l'existence  d'un  nom  de  lieu  *Dirciacus  [fundus]  dérivé  du  genti- 
lice  * Dercius  qui  veut  dire  «  fils  de  *  Dercos  ».  *  Dercos  «  celui  qui  voit  », 
est  le  masculin  de  l'irlandais  dcrc  «  œil  »  zzi  * derca  «  celle  qui  voit  ». 

En  donnant  ces  exemples  qui  ne  sont  pas  empruntés  à  VAltceltischer 
Sprachschat:(_,  je  n'entends  en  aucune  façon  critiquer  le  travail  de  M.  Holder. 
M.  Holder,  d'après  son  programme,  devait  prendre  l'année  734  pour  limite 
de  ses  recherches;  je  veux  au  contraire  montrer  à  quels  résultats  peut  con- 
duire l'emploi  de  son  savarît  et  utile  ouvrage,  qui  fera  date  dans  l'histoire 
des  études  celtiques  presque  autant  que  la  Granimatica  celtica:  comme  le 
livre  de  Zeuss,  il  est  susceptible  de  nombreux  développements,  il  est,  comme 
on  dit,  suggestif;  ce  n'est  pas  un  défaut,  c'est  un  mérite. 

XIIL 

M.  John  Rhys,  dont  les  lecteurs  de  la  Revue  Celtique  regrettent  de  lire  si 
rarement  la  prose,  vient  de  publier  sur  la  langue  celtique  parlée  dans  l'île 
de  Man,  un  ouvrage  dont  M.  G.  Dottin  m'a  remis  un  compte  rendu  qui 
paraîtra  dans  la  prochaine  livrai-son  :  The  Oiitliiies  of  thc  Phonology  of  Manx 
Gaelic.  Douglas,  isle  of  Man.  MDCCCXCIV  (included  in  vol.  XXXIII  of 
the  Publications  of  the  Manx  Society).  In-8,  xin-183  pages. 

XIV. 

L'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres,  dans  sa  séance  du  28  dé- 
cembre dernier,  a  élu  correspondant  à  Leipzig  M.  E.  Windisch. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 
Paris,  le  1 5  janvier  1895. 


I.  Brun-Durand,  Dictionnaire  topographiqnc  du  départenicnl  de  la  Drônie, 
p.  109. 


PÉRIODIQUES 


I. 

Annales  de  Bretagne,  juillet  1894.  —  P.  528-529.  Liste  des  Irlandais 
établis  à  Nantes  en  1756,  publiée  par  M.  Parfouru.  -  P.  550-578.  Nomen- 
clature des  paroisses  composant  l'ancien  diocèse  de  Nantes,  dressée  par 
M.  Léon  Maître,  qui  donne  les  exemples  les  plus  anciens  de  disque  nom. 
A  signaler  comme  témoignages  d'une  occupation  bretonne  les  no^ns  d'ori- 
gine gallo-romaine  qui  suivent  :  Asserac,  Avessac,  Escoublac,  Herbignac, 
Marsac,  Masserac,  Missillac,  NisiUac,  Piriac  (Pen-Cariaci),  Severac,  Te- 
hilliac,  qui  s'opposent  aux  noms  traités  à  la  façon  romane  ;  Auverné,  Bé- 
ligné,  etc.  Bonœuvre  =  *  Bonô-brfga.  —  P.  579-601,  M.  Le  Braz  continue 
son  savant  mémoire  :  Les  saints  bretons  d'après  la  tradition  populaire.  — 
P.  611-631.  Recueil  d'exemples  de  morceaux  poétiques  gallois  composés 
d  une  seule  strophe,  et  qu'on  appelle  au  singulier  pennill,  au  pluriel  pen- 
nillwn.  M.  Loth  qui  publie  ce  recueil,  joint  pour  quelques  morceaux  la 
musique  aux  paroles.  —  P.  632-633.  Le  même  M.  Loth  signale  d'après  le 
Cartulaire  de  l'Université  de  Paris  et  d'après  Rutebeuf  l'usage  où  l'on  a  été 
à  Paris,  pendant  le  xii^  et  le  xiii^  siècles,  de  plaisanter  les  étudiants  gallois 
sur  leur  croyance  nationale  au  retour  du  roi  Arthur.  —  P.  634-635.  Il 
rapproche  une  fable  bretonne  «  Olivier  et  Alanic  »,  d'une  fable  gaélique 
d'Ecosse  «  Le  Coq  et  le  Renard  «. 

Novembre  1894.  —  P.  39.  Suite  des  intéressantes  recherches  de  M.  Le 
Braz  sur  les  saints  bretons  d'après  la  tradition  populaire.  —  P.  65.  M.  Le 
Carget  publie  une  légende  du  Capsizun  qui  nous  présente  le  nom  du  roi 
Grallon  comme  un  composé  de  deux  termes  :  le  premier  terme  serait  cran, 
nom  donné  en  Bretagne  à  la  racine  de  la  fougère,  le  second  serait  Ion  «  en- 
fant ».  Cette  explication  montre  que  dans  le  monde  celtique  les  Irlandais 
n'ont  pas  eu  le  monopole  des  étymologies  fantastiques  dont  le  Dindsenchiis 
offre  une  si  jolie  collection  ;  mais  elle  a  un  autre  intérêt,  c'est  de  nous 
donner  le  sens  du  mot  breton  cran  et  de  montrer  que  ce  mot  ne  peut  être 
considéré  comme  une  variante  de  prenn  «  bois  »  M.  Loth  a  proposé  une 
explication  de  Grallon,  Chrestomathie  bretonne,  p.  133,  146.  La  plus  an- 
cienne forme  de  ce  mot  paraît  avoir  été  en  breton  Gral-lon,  en  gallois  Grat- 
laun;  le  second  terme  semble  identique  à  l'adjectif  breton  Iciin,  gallois /atu« 


Périodiques.  1 1 5 

«  plein  ».  Le  premier  serait,  suivant  M.  Loth,  le  substantif  gallois  gradd 
«  degré,  rang  »,  venant  du  latin  gradus.  Pourquoi  pas  plutôt  le  substantif 
coxv\\(\\i& grath  «  grâce  »,  du  h\X.m gratiis  ?  —  P.  66.  Remarques  sur  la  vie 
de  saint  Teliau  d'après  le  livre  de  Llandaf.  Ces  notes  dont  l'auteur  est 
M  Loth  sont  fort  intéressantes.  M.  Loth  y  explique  par  exemple  comment 
le  nom  d'homme  El-iiid  a  une  variante  hypocoristique  T-cl-iaii  ou  El-iau  ; 
comment  M-aid-cc  est  le  même  personnage  que  Aid-amis,  etc.  Ici  M.  Loth 
marche  sur  les  traces  de  M.  Zimmer,  qui  a  eu  le  mérite  d'appliquer  avec 
intelligence  aux  noms  d'homme  celtiques  une  doctrme  établie  antérieure- 
ment pour  les  noms  d'homme  germaniques',  et  qui,  émettant  dans  une 
certaine  mesure  une  doctrine  nouvelle,  a  trouvé  juste,  sans  mériter  ici  la 
critique  de  M.  Mommsen  :  interdum  nimio  acinniiie  instnictus.  En  effet  in- 
tcrdiim  et  «  toujours  »  ne  sont  pas  synonymes. 

IL 

Zeitschrift  fur  das  Gvmnasi.\l-wesen.  —  Quarante-huitième  année, 
tome  vingt-huitième  de  la  seconde  série.  —  P.  198.  Mémoire  de 
M.  Momtnsen  pour  servir  à  l'établissement  du  texte  du  De  hcUo  gaUico.  Le 
savant  auteur  propose,  p  200,  de  lire  en  deux  mots,  1.  I,  c.  10,  §  4,  Grai 
Oceli,  les  Grai  à'Ocelum  au  lieu  de  Graioceli  en  un  mot.  Suivant  lui, 
p.  209-210,  le  nom  de  lieu  écrit  dans  les  mss.  de:  Meclodone,  Melloduniim, 
Melkduniim,  Mellosedum,  Metioseduin,  doit  avoir  été  écrit  par  César  Meclo- 
diiumu.  M.  Mommsen  s'appuie  sur  le  témoignage  de  l'Itinéraire  d'Antonin, 
de  la  Table  de  Peutinger,  des  mss.  de  Grégoire  de  Tours,  enfin  de  la 
lettre  adressée  vers  l'an  540  par  Léon,  archevêque  de  Sens,  à  Childebert, 
roi  des  Francs,  pour  s'opposer  à  l'érection  d'un  évêché  à  Mekm.  Cette 
lettre  a  déjà  eu  au  moins  sept  éditions  (Pardessus,  Diphviata,  t.  I, 
p.  100).  On  peut  voir  l'édition  de  Grégoire  de  Tours  par  Ruinart.  p.  1328 
(Migne,  Palrohgia  latiua,  t.  LXXI,  col.  ii^S-i  159)  et  celle  de  D.  Bouquet, 
t.  IV,-  p.  60.  Evêque  de  Melun  y  est  dit  Medcdoninsim  episcopum,  Melun  y 
est  appelé  à  l'ablatif  Meclcdoiw.  A  ces  exemples  cités  par  M.  Mommsen  on 
peut  joindre  la  légende  monétaire  Meclidone,  Meckdone,  Prou,  Catalogue  des 
vioiuiaics  de  la  Bibliothhjue  nationale.  Les  Monnaies  mérovivgiennes,  p,  151, 
132.  —  P.  214.  Le  mémoire  de  M.  Mommsen  est  suivi  d'un  travail  de 
M.  Meusel  sur  le  même  sujet.  Nous  en  avons  déjà  parlé,  p.  97,  à  propos 
de  l'édition  de  César  due  au  savant  auteur.  Mentionnons  ses  corrections  : 
Atuatiici  pour  Adiiatuci,  Andehrogitis  pour  Aiidecoinbogiiis,  Rauraci  pour  Rau- 
rici,  Veragri  pour  Varagri,  Troiicillus  pour  Procilliis.  Devront-elles  toutes 
être  acceptées?  C'est  ce  dont  l'avenir  décidera. 


I  .  Zur  Personennamenhildvng  ini  Irischen,  dans  la  Zeitschrift  fïtr  verglei- 
chc-nde  Sprachforschiiug,  t.  XXXII,  p.  1 58  et  suivantes  ;  cf.  RiTiie  Celtique, 
t.  XIII,  p.  294. 


ii6  Périodiques. 

III. 

Indogermanische  Forschungen,  t.  IV.  —  p.  84-85.  M.  R.  Thurneysen 
explique  *  Litavia,  en  bas-latin  Letavia,  en  vieux-gallois  Litaii,  aujourd'hui 
LJydaiv,  en  irlandais  moyen  Letha,  nom  donné  à  la  Gaule  par  les  Celtes  des 
Iles-Britanniques.  C'est  le  même  mot  que  le  sanscrit  prthivT,  un  nom  de  la 
terre.  On  peut  ajouter  que  prthiin  a.  un  doublet  ^r//;m-5,  identique  au  nom 
divin  Litavi-s  (Lejay,  Inscriptions  antiques  de  la  Côte-d'Or,  nos  203,  204, 
206),  d'où  Litaviccos,  et  Con-victo-litavis,  noms  d'hommes  gaulois  chez 
César,  De  I  eUo  gallico.  —  P.  264-294.  Les  labiovélaires  (d'autres  disent 
gutturales  vélaires)  moyennes  non  aspirées  et  moyennes  aspirées  en  celtique 
par  M.  Osthofï,  travail  très  important  et  qui  touche  à  trop  de  questions 
pour  que  l'on  puisse  en  discuter  ici  la  valeur.  Suivant  M.  Osthoff,  la  gut- 
turale vélaire  movenne  non  aspirée  devient  toujours  /'  en  celtique  (p.  265), 
et  la  gutturale  vélaire  aspirée  devient  en  celtique  toujours  o-,  jamais  h  (p.  268). 
On  a  tort,  par  exemple,  de  rattacher  Imiiin  «  je  frappe  »,  à  la  même  racine 
que  guin  «  blessure  »,  ::=goni,  en  grec  so'vo;  «  meurtre  »  (p.  2;  3),  etc.  — 
P.  294-299.  Etude  sur  les  noms  de  nombre  irlandais  par  M.  Windisch. 
L'auteur  explique  par  viros,  viri  «  homme,  hommes  »,  la  finale  -ar,  -er, 
-hor,  des  substantifs  masculins  ôinar,  triar,  cctlirar,  côiccr,  sesser,  ochtar, 
nonbor,  dccheiibor,  tirés  des  noms  de  nombre  i,  3,4,  5,6,  8,  9,  10.  Les 
noms  de  nombre  «  deux  »  et  «  sept  »  ont  échappé  à  cette  formation. 

IV. 

The  Journal  of  the  Royal  Society  of  Antiq.uaries  of  Ireland, 
vol.  IV,  part  3  et  4.  —  P.  209.  Suite  du  mémoire  de  M.  Robert  Munro 
sur  les  habitations  lacustres  d'Irlande.  On  sait  qu'en  Irlande  ces  habitations 
ont  continué  à  être  occupées  dans  la  période  historique  et  même  jusqu'à 
une  date  récente.  —  P.  232.  Notice  sur  les  antiquités  de  Tara,  vieille  capi- 
tale de  l'Irlande,  qui  fut  abandonnée  et  cessa  d'être  habitée  dès  la  seconde 
moitié  du  vi^  siècle.  Deux  plans  y  sont  joints.  Ce  .sont  ceux  qu'on  trouve 
dans  le  mémoire  de  Pétrie  sur  Tara.  Le  Rév.  Murphy,  auteur  de  la  notice, 
a  ajouté  aux  plans  de  Pétrie  diverses  indications  que  ne  donne  pas  l'auteur 
primitii.  —  P.  256.  Dissertation  de  Miss  Hickson  à  propos  du  passage  de 
Ptolémée  :  Aoùp  ro^a^oj  b.ôoXai,  1.  II,  c.  2  (Irlande),  édition  Mùller,  t.  I, 
p.  76,  1.  6.  M.  Joyce,  The  Origin  and  History  of  irish  Naines  of  Places,  t.  II, 
p.  403,  dit  que,  suivant  O'Reilly,  dur  signifie  «  eau  »,  mais,  ajoute-t-il,  je 
n'ai  jamais  rencontré  dans  aucun  texte  irlandais  le  mot  dur  avec  le  sens 
d'eau.  Ce  mot  employé  adjectivement  a  un  sens  établi  par  de  nombreux 
témoignages,  c'est  «  fort  »,  ou  si  l'on  veut  avec  O'Clery  «  dur,  rude,  diffi- 
cile »,  crûaid  no  doilidh,  par  exemple  dans  le  composé  que  l'on  note  au- 
jourd'hui dur-las  ou  dur-less,  plus  anciennement  dur-lis  «  fort-château  » 
(c'est-à-dire  château  difficile  à  prendre).  Telle  est  l'explication  de  ce  com- 
posé chez  Joyce,  The  Origin  and  History  oj  irish  Nantes  oj  Places,  t.  I, 
5*^  édition,   p.    274  ;    comparez  la  notation  diir-hiis  dans  le  Glossaire  de 


Périodiques.  1 17 

Cormac  au  mot  Foi.  Miss  Hickson  croit  avoir  trouvé  un  exemple  moderne 
de  dur  avec  le  sens  d'eau,  c'est  Moyâcr-iuell  «  source  de  Magh-dur  »  à 
Tralee,  en  Munster,  comté  de  Kerry.  Mais  Magh  dur  peut  être  simplement 
le  nom  du  champ  où  la  source  jaillit  et  signifier  «  champ  rude,  difficile  à 
labourer  ».  Quant  au  Aojp  de  Ptolémée,  signifie-t-il  «  eau  »?  Peut-on  af- 
firmer que  les  nombreux  noms  propres  de  rivière  d'Irlande  aient  été  tous 
à  l'origine  des  noms  communs  signifiant  eau  ?  Sur  le  sens  du  mot  dur 
le  plus  sage  est  de  s'en  tenir  à  l'opinion  exprimée  par  M.  Joyce,  t.  Il, 
p.  403,  citée  plus  haut,  et  de  rejeter  une  seconde  opinion  de  M.  Joyce, 
ibid.,  p.  404,  suivant  laquelle  Paraiste  Dhâire  signifierait  «  paroisse  de 
l'eau  ».  Le  vrai  sens  paraît  être  «  paroisse  de  la  forteresse  ».  Le  mot  dur  =: 
dUr-os,  cf.  Octo-dur-us  chez  César,  De  hello gaJlico,  est  dans  cette  formule  un 
substantif  neutre  employé  au  génitif:  dàire  zn:  dUr-es-os,  tandis  que  dans 
Magh-dur  =  »iagos  dïïro-ii,  et  dans  Dur-las,  Dur-kss,  dur  est  la  notation 
moderne  d'un  thème  dûro-  employé  comme  adjectif.  —  P.  271.  M.  S.-K. 
Kirker  compare  d'anciennes  forteresses  grecques  avec  îles  forteresses  irlan- 
daises. —  P.  292.  Découverte  d'une  inscription  ogamique  inédite  à  Gur- 
rane,  comté  de  Kerry  :  DunieJi  viaqi  Glasiconas  «  [Tombe]  de  Dumelos,  fils 
de  Glasicu  ».  —  P.  315.  Fouilles  du  Rév.  Q..-K  Buick  dans  le  cfauiwg (ha.- 
bitation  lacustre)  de  Moylacq.  —  P.  349.  Recherches  sur  l'origine  de  l'or- 
nementation préhistorique  en  Irlande  par  M.  George  Cofïey.  M.  Coffey 
conteste  les  doctrines  exposées  par  M.  S.  Reinach  dans  son  savant  mé- 
moire :  Le  Mirage  oriental,  dont  la  Revue  Celtique  a  rendu  compte,  t.  X'V, 
p.  228-231.  Suivant  M  Coff'ev,  la  spirale,  cet  ornement  celtique  d'usage  si 
fréquent,  appartient  à  la  civilisation  mycénienne,  et  son  origine  doit  être 
cherchée  en  Egypte.  —  P.  380.  Mémoire  de  Miss  Margaret  Stokes  sur  un 
usage  funèbre  irlandais  au  comté  de  Wexford.  Les  principaux  personnages 
qui  suivent  un  enterrement  portent  chacun  une  croix  de  bois  et  ils  suspen- 
dent ces  croix  à  un  arbre  du  cimetière. 

V. 

Transactions  of  the  Gaelic  Society  of  Inverness,  vol.  XVIII,  1891- 
1892.  Inverness,  1894,  in-8,  xvi-384  pages.  —  Nous  signalerons  dans  ce 
volume,  comme  dans  le  'précédent,  ce  qui  se  rapporte  aux  sujets  traités 
jusqu'ici  dans  la  Revue  Celtique:  P.  79,  Mémoire  de  M.  Alex  Macbain  sur 
le  dialecte  gaélique  de  Badenoch.  —  P.  183.  Etude  de  M.  Mackay  sur  des 
noms  de  lieu  recueillis  dans  les  paroisses  de  Kil-donan  (Cella  Doitani)  et  de 
Reay  (Rdth)  comté  de  Sutherland  :  les  montagnes  s'appellent  :  Beiin 
«  corne  »,  ciioc  «  bosse  »,  nieaU  «  boule,  masse,  colline  »,  avec  addition 
d'un  second  mot,  adjectif  ou  substantif  déterminant,  placé  après  Beiiii,  ctioc, 
meall,  d'où  résulte  un  composé  syntactique  ;  les  composés  anciens,  c'est-à- 
dire  asyntactiques,  où  le  déterminant  est  placé  le  premier,  font  défaut.  Les 
noms  de  lac,  loch,  de  rivière,  ait,  de  champ,  achadh,  sont  formés  de  même 
à  la  manière  moderne.  —  P.  97.  Recueil  de  formules  magiques,  textes 
gaéliques,  recueillis  par  M.  Mackenzie,  dans  les  Hébrides;  on  trouve  encore 


1 1 8  Périodiques. 

dans  ces  îles  la  croyance  au  ^eis  ou  enchantement  prohibitif  irlandais,  un 
homme  peut  être  fo-gheasaib.  On  y  appelle  orra  chiviiais  l'enchantement 
irlandais  qui  rend  les  maris  impuissants  et  sur  lequel  on  peut  consulter 
le  Sencbus-  Môr  (Ancient  Laws  of  Irelaud,  t  I,  p.  i8o,  1.  27-28)  Mais  la 
plupart  des  incantations  colligées  par  M.  Mackenzie  sont  chrétiennes. 
—  P.  267.  La  géographie  de  l'Ecosse  chez  Ptolémée  par  M.  A.  Mac- 
bain,  avec  une  carte.  M.  Macbain  a  pris  pour  base  l'édition  de  Mûller, 
Paris,  Didot,  1883.  La  conclusion  de  ce  mémoire  est,  —  contrairement  à 
la  doctrine  de  M.  J  Rhys  —  que  les  noms  de  lieux  et  de  peuples  de  l'Ecosse 
antique  connus  par  Ptolémée  sont  indo-européens,  —  celtiques  du  groupe 
brittonique,  —  et  que  par  conséquent  il  n'est  pas  exact  que  les  Pietés  soient 
anaryens.  —  J'oubliais,  p.  8,  un  mémoire  de  M.  Norman  Matheson  sur  la 
croyance  aux  esprits  et  aux  apparitions  dans  l'île  de  Skye  ;  et,  p.  229,  une 
étude  de  M  Charles  Fergusson  sur  l'histoire  priniitive,  les  légendes  et  les 
traditions  de  Strathardle.  Cette  étude  a  été  commencée  au  t.  XVII  du 
même  recueil. 

A  ce  t.  XVIII  est  joint  le  prospectus  d'un  Etymologkaî  DicHonary  of  the 
gaelic  Langiiage  par  M.  Alexander  Macbain.  Le  spécimen  de  la  page  4  est  de 
nature  à  faire  bien  augurer  de  i^ouvrage  dont  le  prix  sera  très  modéré, 
7  shillings  6  pence.  La  souscription  est  ouverte  chez  M.  Robert  Livingson, 
à  Inverness. 

VI. 

Zeitschrift  der  Savigny-Stiftuxg  fur  Rechtgeschichte,  t.  XV,  pre- 
mière livraison,  Roiinmistiche  Abthciliiiig,  p.  209-240.  —  Article  de  M.  Zim- 
mer  intitulé  :  «  Le  droit  maternel  chez  les  Pietés  et  son  importance  pour 
«  l'histoire  de  l'antiquité  aryenne  »  Dans  ce  travail  M.  Zimmer  détend, 
contrairement  à  l'opinion  de  M.  Macbain,  la  doctrine  de  M.  J.  Rhys  sur 
l'origine  anarienne  des  Pietés.  On-  sait  que  les  Pietés  apparaissent  pour  la 
première  fois  en  296  dans  un  panégyrique  anonyme  prononcé  a  Trêves  de- 
vant le  César  Constance  Chlore,  père  de  Constantin.  Comme  les  Francs, 
dont  il  est  pour  la  première  fois  question  eij  240,  ils  semblent  être  une  coa- 
lition de  petits  peuples  confédérés  contre  la  puissance  romaine.  Mais  leur 
nom,  moins  heureux  que  celui  des  Francs,  disparaît  de  la  géographie  poli- 
tique vers  l'année  900  ;  le  nom  des  Scots  ou  Irlandais  s'introduisit  dans  la 
région  septentrionale  de  la  Grande-Bretagne  vers  l'an  500,  quand  la  tribu 
irlandaise  ou  scoie  de  Dalriada  passant  la  mer  vint  s'étabUr  au  territoire  qui, 
dans  l'Ecosse  moderne,  forme  le  comté  d'Argyll,  et  peu  après  cette  tribu 
envahissante  devint  dominante  dans  tout  le  pays  voisin,  d'où  le  nom 
d'Ecosse,  Scot-laucl,  porté  officiellement  depuis  la  fin  du  xi^  siècle  par  la 
vaste  circonscription  territoriale  qui  comprend  tout  le  nord  de  la  Grande- 
Bretagne. 

Les  peuples  dont  l'association  forma  la  confédération  des  Pietés  nous 
sont  connus  principalement  par  Ptolémée,  livre  II,  c.  3,§  5  et  suivant.  Une 
partie  de  leurs  noms  est  certainement  celtique,  comme  le  montre  M.  Mac- 
bain.  Un  de  ces   peuples  s'appelait  Cakdonii,   et  nous  savons  par  Dion 


Périodiques.  1 19 

Cassius  comment  s'appelait  un  Calédonien  du  temps  de  l'empereur  romain 
Septime  Sévère  (193-21 1).  Le  nom  de  ce  Calédonien  était  Argento-coxo-s 
«  au  pied  d'argent  »,  mot  évidemment  celtique.  Un  siècle  après,  Argento- 
coxos  aurait  été  Picte.  Les  Calédoniens  avaient,  paraît-il,  de  fort  mauvaises 
mœurs,  celles  qu'une  partie  de  notre  littérature  nous  attribue,  et  celles 
qu'attribuerait  aux  Anglais  et  aux  Irlandais  de  nos  jours  un  voyageur  qui 
jugerait  des  deux  nations  d'après  les  femmes  qu'on  rencontre  le  soir  dans 
les  rues  de  Londres  et  de  Dublin.  Dion  Cassius  raconte  que  l'empereur 
Septime  Sévère,  mort  en  211,  fit  une  loi  contre  l'adultère,  et  que  d'après 
les  registres  officiels  vus  par  lui  pendant  un  de  ses  consulats,  le  nombre  des 
procès  criminels  faits  pour  adultère  sous  le  règne  de  ce  prince  fut  de  trois 
mille.  L'impératrice  Julia  Domna,  femme  de  Septime  Sévère,  reprochait  un 
jour  à  la  femme  d\4rgeiito  coxos  son  inconduite  notoire.  «  Je  fais  publique- 
ment avec  des  gens  distingués,  »  répondit  la  Calédonienne,  «  ce  que  vous 
autres  dames  romaines  faites,  en  vous  cachant,  avec  des  malotrus  »  ' .  Les 
dames  calédoniennes  avaient  en  général,  suivant  Dion,  les  mêmes  mœurs. 
La  règle  c<  pater  is  est  qitcm  luiptiae  deniônsirant  »  pouvait  donc  souvent 
sembler  peu  digne  de  respect  De  là  l'usage  picte  que  rapporte  Bède  qui 
écrivait  en  731,  c"est-à  dire  à  une  date  où  les  Pietés  avaient  encore  leur  au- 
tonomie. Suivant  cet  auteur,  les  Pietés  arrivant  de  Scythie  se  rendirent 
d'abord  en  Irlande  ;  repoussés  par  les  Scots  qui  les  avaient  précédés  dans 
cette  île,  ils  allèrent  s  établir  dans  la  partie  septentrionale  de  la  Grande- 
Bretagne,  et,  n'ayant  point  amené  de  femmes  avec  eux,  ils  épousèrent  des 
Scotes.  Mais  ces  Scotes  ne  leur  furent  données  en  mariage  qu'à  une  condi- 
tion, c'est  qu'en  cas  de  doute,  iihi  res  pervenirel  in  diibium,  ils  éliraient,  eli- 
gereiit,  des  rois  pris  dans  la  ligne  féminine  plutôt  que  dans  la  ligne  mascu- 
line ;  tout  ceci  est  légendaire.  Mais,  ajoute  Bède,  les  Pietés  ont  jusqu'ici 
observé  cet  engagement.  Donc,  en  cas  de  doute,  les  Pietés  prenaient  leurs 
rois  dans  la  ligne  féminine  2.  Si  deux  frères  utérins  étaient  sûrs  de  leur  pa- 
renté, l'idée  de  frères  consanguins  devait  souvent  chez  eux  être  accom- 
pagné d'un  point  d'interrogation.  Suivant  M.  Zi.nmer,  ce  texte  constate 
«  le  droit  maternel  »,  vmtterrecht.  Mais  il  ne  s'agit  pas  d'un  «  droit  », 
puisque  le  roi  était  électif:  eligcient,  et  non  héréditaire;  il  n'est  pas  question 
d'un  «  droit  maternel  »  exclusif  du  droit  paternel,  puisqu'on  ne  s'adresse  à 
la  ligne  maternelle  que  si  la  ligne  paternelle  est  douteuse,  c'est-à-dire  si  son 
existence  ne  peut  être  prouvée,  autrement  dit  si  juridiquement  la  ligne  pa- 
ternelle n'existe  pas.  C'est  à  peu  près  la  doctrine  qu'on  trouve  dans  les  plus 


I.  Dion  Cassius  abrégé  par  Xiphilin,  livre  LXXVI,  c.  16,  §  4  et  5  ; 
édition  d'Immanuel  Beeker,  t.  II,  p.  4o:;-403  ;  cf.  livre  LXXVI,  c.  12,  §2; 
ihid.,  p.  400.  A  comparer  Solin  édition  Mommsen,  p.  235,  1.  6-10,  où  il 
s'agit  du  roi  des  Ehitdcs  iiisiilac. 

2  Bède,  Historia  ecdesiastica,  1.  I,  c.  i  ;  Migne,  Patrohghi  latina,  t.  95, 
col  26.  Il  n'y  a  aucune  importance  à  attacher  aux  textes  irlandais,  qui'ré- 
pètent  la  doctrine  de  Bède  en  l'exagérant,  à  une  date  où  depuis  longtemps 
le  royaume  picte  avait  cessé  d'exister. 


1 20  Périodiques. 

anciennes  rédactions  de  la  loi  salique  au  chapitre  LXII  :  Si  le  défunt  ne 
laisse  ni  père,  ni  mère,  ni  frère,  ni  sœur,  dit  ce  document  germanique,  on 
appellera  à  la  succession  d'abord  la  sœur  de  la  mère,  à  son  défaut  la  sœur 
du  père,  et,  à  défaut  de  celle-ci,  les  collatéraux  de  la  ligne  masculine  autres 
que  le  frère.  Le  droit  de  la  sœur  de  la  mère  sur  la  succession  du  mort,  par 
préférence  aux  collatéraux  autres  que  le  frère,  est  un  droit  maternel  bien 
plus  clair  que  ce  dont  parle  Bède  et  cependant  le  considère-t-on  comme 
une  preuve  que  les  Francs  auraient  été  anaryens  '  ?  Au  ix^  siècle,  nous 
voyons  déjà  une  dynastie  scotc,  autrement  dit  irlandaise,  régner  sur  les 
Pietés.  Kenneth,  fils  d'Alpin,  occupe  le  trône  de  844  à  858.  A  sa  mort, 
8)8,  il  laisse  deux  fils,  probablement  mineurs,  plus  un  frère  et  une  sœur. 
Il  a  pour  successeur  son  frère  Domnall  I^r,  858-862.  A  Domnall  succède 
le  fils  aîné  de  Kenneth,  Constantin,  qui  meurt  en  876,  laissant  un  fils 
nommé  Domnall  comme  son  grand-oncle,  et  u  \  frère,  Aed,  c'est  Aed  qui 
prend  la  couronne,  876.  En  878,  il  est  remplacé  par  Eochaid,  fils  de  la  sœur 
de  Kenneth,  et  c'est  seulement  en  889  qu'on  voit  monter  sur  le  trône 
Domnall  II,  probablement  trop  jeune  pour  régner  quand  treize  ans  plutôt 
mourut  Constantin  son  père,  876. 


Alpin 
1 

I .   Kenneth 

844-858 

2 .   Domnall  I^r 
8)8-862 

N.  fille 
épouse  Run 

3 .   Constantin 
862-876 

4.   Aed 
876-878 

5 .   Eochaid 
878-889 

6.   Domnall  II 
889 

Suivant  M.  Zimmer  (p.  222,  note),  l'avènement  d'Eochaid  constate  le 
retour  au  droit  picte,  ou  anaryen,  tandis  que  Domnall  l^^,  Constantin,  Aed 
et  Domnall  II  auraient  été  appelés  au  trône  suivant  les  règles  du  droit  ir- 
landais. C'est  une  erreur:  la  loi  irlandaise  du  ix'=  siècle  admet  le  droit 
successoral  des  neveux  par  les  femmes.  L'incapacité  du  mineur  Domnall  II 
donnait  à  Eochaid  droit  sur  l'héritage  de  Kenneth. 

M.  Rhys  soutient  qu'avant  l'invasion  celtique  la  Grande-Bretagne  a  été 
occupée  par  une  population  anaryenne  que  les  Celtes  n'ont  pas  détruite.  Je 
suis  d'accord  avec  lui.  Mais  les  rapports  que  lui  et  quelques  autres  savants 
prétendent  établir  entre  ce  fait  ethnographique  et  d'autres  phénomènes  de 
l'ordre  linguistique  ou  juridique  ne  me  paraissent  pas  toujours  définiti- 
vement établis. 

I .  Cf.  Tacite,  Ger mania,  XX  :  sororum  filiis  idem  apiid  avuncnlum  qui  ai 
patrem  honor.   Quidam   sanctiorem  artioremque  hune  nexum   sanguinis  arbi- 

trantur. 


Périodiques.  1 2 1 

VII. 

FoLK-LoRE.  —  Septembre  1894.  P.  177.  Notes  recueillies  en  Irlande 
dans  le  comté  de  Leitrim,  par  M.  Leland  L.  Duncan.  —  P.  212.  Du  culte 
de  l'eau  et  des  sources  dans  l'île  de  Man,  par  A.-W.  Moore.  —  P.  229.  De 
la  classification  des  proverbes  et  dictons  de  l'île  de  Man,  par  G.-W.  Wood. 
L'auteur  donne  le  texte  et  la  traduction  de  ces  proverbes. 

Décembre  1894.  P.  299.  Les  merveilles  de  l'Irlande  d'après  le  traité  islan- 
dais intitulé  Kongs  Skuggsjo  «  miroir  royal  »  qui  a  été  écrit  vers  1250. 
M.  Kuno  Meyer  compare  ces  merveilles  avec  celles  dont  parlent  Giraud  de 
Barry  dans  sa  Topographia  Hiherniae,  et  l'auteur  du  chapitre  intitulé  :  Do 
ingantaib  Erenn  dans  le  Nennius  de  Todd,  p.  192-219.  Le  texte  islandais 
est  sur  plusieurs  points  plus  complet  que  ces  deux  documents. 

VIII. 

Archaeologia  Cambrensis.  —  Octobre  1894.  P.  276.  M.  J.-W.  Willis 
Bund  compare  les  caractères  des  saints  irlandais  avec  ceux  des  saints  gallois. 
Caractère  commun:  très  peu  de  saintes,  très  peu  de  martyrs,  etc.  Caractère 
spécial  au  saint  gallois  :  il  est  ordinairement  bâtard,  il  a  peu  de  goût  pour 
la  vie  errante  du  missionnaire,  etc.  —  P.  208.  Description  par  M.  Arthur 
G.  Langdon  d'une  stèle  funéraire  à  Biscowey,  Saint-Blazy,  Cornwall,  texte 
et  quatre  figures,  légende  :  Alroron  Ullici  films.  —  P.  329-332.  Notes  sur 
deux  stèles  funéraires,  l'une  à  Pen-y-Mynid,  Brecknock-shire,  avec  inscrip- 
tion ogamique  non  déchifîrée,  l'autre  déjà  connue  et  offrant  la  légende  Te- 
gernaciis  filins  Marti  hic  jacit,  à  Capel  Brithdir,  Glamorgan-shire  (cf.  Rhys, 
Lectures  on  ivelsh  Philology,  2^  édition,  p.  385,  n°  46  ;  Hùbner,  Iiiscriptioncs 
Britanniae  christianae,  n°  58).  Un  critique  prétend  qu'au  lieu  de  Marti  il 
faut  lire  Marii. 

IX. 

Zeitschrift  fur  vergleichende  sprachforschung  auf  DEM  Gebiete 
DES  Indo-Germanischen  Sprachen,  t.  XXXIII,  4e  livraison.  —  P.  651. 
Mémoire  de  M.  Thurneysen  sur  la  formation  indo-européenne  du  compa- 
ratif. M.  Thurneysen,  p.  552,  explique  les  superlatifs  gallois  hinham,  de  hcii, 
et  irlandais  5/;/«OT,  de  sen  «  vieux  »,  par  un  primitif  celtique  *  seii-is-amo-s  =^ 
* sen-is-mos  QA.  Brugmann  aurait  écrit  *sen-is-iiimo-s'),  avec  un  double  suf- 
fixe identique  à  celui  dont  on  doit  constater  l'existence  dans  le  la.nn  pnlcher- 
rintus  =  * polcr-isumo-s  (M.  Brugmann  a  écrit  * polcr-is-emo-s  ziz  * polcr-is- 
tnmo-s).  Il  semble  donc  que  le  nom  divin  gaulois  Belisama  serait  un  superlatif. 
On  pourrait  en  dire  a.u\nn\.di&si-iOvas  àaW&nTrigisamus  (Gra',imatica  celtica-, 
p.  769,  770),  et  Segisatîia  (Ptolémée).  Le  nom  d'homme  Cintiisnms  nous 
oflFre  peut-être  une  forme  contractée  pour  cintû-is-amo-s  et  serait  en  ce  cas 
un  superlatif  de  cintu-s  «  premier  »,  et  un  doublet  du  gallois  c^yw/a/,  en  breton 
quentaff,  ke^ita  ;  cf.  nessam,  Brugmann,  Grundriss,  t.  II,  p.  158,  159,  169. 

Revue  Celtique,  XVI.  9 


122  Périodiques. 


X. 

Allmer.  Revue  épigraphiclue  du  midi  de  la  France,  nos  74^  75^  avril- 
septembre  1894.  —  P.  291.  Nom  d'homme  Ganaponis  au  génitif  dans  une 
épitaphe  de  Nîmes.  —  P.  298-^02,  309-314.  Commencement- d'une  étude 
sur  les  dieux  de  la  Gaule  par  ordre  alphabétique  :  Abianius,  Ahiamis,  Ahi- 
nhis,  Adonna,  Accortts  ou  Acoriis,  Adsmerhis  ou  Ates)i!eriiis,  Adimcolis, 
Alamhrina. 

XL 

BOLETIN    DE    LA    REAL    ACADEMIA    DE   LA    HISTORIA,    t.    XXV,    juiUet-dé- 

cembre  1894.  —  P.  79.  Dans  un  mémoii^  du  P.  Fita,  nom  d'homme  pro- 
bablement celtique  Cantoniis,  conservé  pa;  une  inscription  chrétienne  de 
Merida,  laquelle  est  datée  de  l'an  517  de  l'ère  d'Espagne  (479  de  J.-C).  — 
P.  126,  dans  le  même  mémoire,  nom  de  femme  Tongilia  attesté  par  une 
épitaphe  de  Zalamea  de  la  Serena.  Ce  nom  déjà  connu  paraît  dériver  de  la 
racine  qui  a  donné  en  irlandais  le  verbe  tong  «  je  jure  ». 

XII. 

Proceedings  of  THE  ROYAL  iRisH  AcADEMY,  ^  série,  t.  IIÏ,  n"  3 .  — 
p.  428.  Mémoire  sur  la  fonction  du  mode  subjonctif  en  irlandais,  par 
M.  R.  Atkinson.  Le  savant  auteur  y  a  relevé  tous  les  exemples  conservés 
par  les  Ancient  Laws  of  Ircland,  t.  I,  II,  III,  IV,  du  verbe  qui  est  :  1°  avec 
tmèse  do-gniii,  2°  sans  tmèse  dcnim,  je  fais  ;  il  appelle  «  indépendante  »  la 
forme  avec  tmèse  ou  forme  tmête,  t;j.riTr[;  «  dépendante  »  la  forme  sans 
tmèse  ou  forme  atméte,  airjirjro;.  Le  subjonctif  s'emploie  en  irlandais  à  peu 
près  dans  les  mêmes  conditions  qu'en  latin.  —  P.  459.  De  l'usage  du  sub- 
jonctif en  gallois. 

XIII. 

Archaeologia,  publication  de  la  Société  des  Antiquaires  de  Londres, 
t.  LIV.  ■ —  Mémoire  de  M.  John  Hope  sur  des  fouilles  faites  à  Silchester, 
comté  de  Southampton,  et  dont  nous  avons  déjà  dit  un  mot  dans  notre 
t.  XV,  p.  144.  On  a  trouvé  à  neuf  pieds  sous  terre  une  stèle  sur  laquelle 
est  gravée  une  inscription  ogamique.  M.  J.  Rhys,  l'homme  aujourd'hui  le 
plus  compétent  en  cette  matière,  consulté  par  M.John  Hope,  lit:  ebicatos 
MAQ.I  Mucoi.  Ebicatos,  pense  M.  Rhys,  est  le  génitif  d'un  nom  d'homme  dont 
le  nominatif  serait  Ebicaliis.  Il  suppose  qu'Ebicatos  est  identique  à  Ivacattos 
lu  en  Irlande  sur  une  des  pierres  de  Killeen-Cormac,  comté  de  Kildare. 
Mucoi  exprime  la  même  idée  que  le  latin  nepolis.  Jusqu'ici  aucune  ins- 
cription ogamique  n'avait  été  trouvée  à  l'est  de  la  Severn  et  des  comtés  de 
Cornwall  et  Devon. 

Le  mémoire  de  M.  John  Hope  contient  une  figure  qui  représente  cette 
stèle. 


Périoditjues.  125 

XIV. 

The  Academy.  —  No  du  21  juillet  1894.  Note  de  M.  Whitley  Stokes  sur 
le  ms.  de  la  Bibliothèque  Laurencienne  de  Florence,  Plut.  XLV,  14,  qui 
contient  des  gloses  irlandaises  sur  deux  abrégés  du  commentaire  des  Buco- 
liques par  Phylargyrius  (cf.  Revue  Celtique,  t.  XIV,  p.  226,  353  ;  t.  XV, 
p.  143.  L'auteur  irlandais  de  ces  gloses  se  donne  le  nom  latin  de  Fatosus, 
qui  serait  en  irlandais  Tûicthech,  dérivé  de  loced,  titcad  «  destin  ^>.  Le  com- 
mentaire de  Phylargyrius  est  suivi  dans  ce  ms.  d'un  autre  commentaire  ano- 
nyme où  se  trouvent  quelques  gloses  irlandaises  que  M.  Whitley  Stokes 
reproduit.  —  25  août,  p.  134.  Recueil  par  M.  Whitley  Stokes  de  textes 
concernant  l'usage  irlandais  de  faire  jeter  par  chaque  guerrier,  avant  la  ba- 
taille, une  pierre  en  un  endroit  déterminé  ;  après  Le  combat  chacun  des 
survivants  reprenait  une  pierre  ;  en  comptant  celles  qui  restaient,  on  savait 
le  nombre  des  guerriers  restés  sur  le  champ  de  bataille.  —  P.  135.  Lord 
Southesk  suppose  que  le  signe  ogamique  X  peut  quelquefois  avoir  repré- 
senté un  son  guttural.  —  20  octobre,  p.  304.  Lettre  du  Rév.  F.-E.  W^arren 
qui,  après  nouvel  examen  du  missel  dit  de  Stowe,  maintient  son  ancienne 
opinion  que  l'écriture  de  la  partie  la  plus  ancienne  du  ms.  remonte  au 
ixe  siècle,  la  plus  récente  au  siècle  suivant,  que  par  conséquent  le  Rév.  Mac 
Carthy  se  trompe  quand,  d'accord  avec  Todd,  il  date  la  première  écriture 
du  vue  siècle  et  la  seconde  du  viiie.  —  Le  semestre  de  juillet  à  décembre  1894 
contient,  outre  l'art,  de  lord  Southesk  déjà  cité,  une  véritable  avalanche  de 
noies  sur  des  inscriptions  ogamiques  et  sur  d'autres  encore  plus  obscures 
par  M.  Macalister,  p.  118,  154,  174,  196,  216,  377,  558;  par  lord  Sou- 
thesk, p.  155,  282;  par  MM.  E.  W.-B.  Nicholson,  p.  236;  Edmund  Mac 
Clure,  p.  282;  C.-H.  Monro,  p.  330;  par  le  colonel  Philip  D.  Vigors, 
p.  353.  Imprimées  les  unes  à  la  suite  des  autres,  ces  notes  feraient  la  ma- 
tière d'un  volume,  et  pour  les  analyser,  je  ne  me  sens  pas  compétence  suf- 
fisante. 

XV. 

The  Scottish  Review,  octobre  1894.  —  P.  270-297.  Analyse  par 
M.  W.-A.  Craigie  de  trois  contes  ossianiques: 

1°  «  Le  château  enchanté  de  Keshcorran  »,  Briiighean  Cheise  Chorrain  déjà 
publié  d'après  le  ms.  du  Musée  britannique,  additioual  18747,  fol.  75  b,  de 
l'année  1800,  par  M.  St.  O'Grady,  Silva  Gadelica  :  texte,  p.  306-310;  tra- 
duction, p.  343-347.  M.  Craigie  signale  :  1°  une  autre  édition  d'après  un 
autre  mss.  dans  le  Irisb  Echo  de  Boston,  t.  IV,  no  2;  2°  un  ms.  non  men- 
tionné dans  y  Essai  d'un  catalogue  de  la  littérature  épique  de  l'Irlande,  p.  49-50, 
c'est  le  no  XXXVI  de  la  Bibliothèque  des  avocats  d'Edimbourg. 

20  «  Le  château  enchanté  d'Eochaid  petit  et  rouge  »,  Bruighean  Eochaidh 
bhig  dbeirg,  récemment  publié  à  Dublin  par  M.  Patrick  O'Brien  :  Bldith- 
fhleasg  de  Mhilseiinihh  na  Gaoidhelge.  Ce  conte  avait  déjà  paru  en  1872  dans 
le  livre  de  Campbell,  Leabhar  na  Feinne,  p.  89-90,  sous  le  titre  de  «  Voyage 
de  Finn  à  la  maison  d'Odhach  Beaganech  »,  Tunis  Fhinn  do  thigh  Odhacha 


124  Périodiques. 

Beagaiiich.  On  le  trouve  aussi  dans  un  autre  ouvrage  de  Campbell,  West- 
Highland  Taies,  t.  II,  p.  89.  Enfin  un  ms.  non  indiqué  dans  VEssai  d'un 
catalogue,  p.  52,  est  conservé  à  la  Bibliothèque  des  Avocats  d'Edimbourg 
sous  le  no  LVl. 

50  «  Le  château  enchanté  du  sorbier  »,  Briiighean  Chaorthuin,  publié  en 
partie  par  Campbell,  Leahhar  na  Feinne,  p.  86-88,  et  dont  on  trouve  une 
version  complète  chez  le  même  auteur,  West  Highland  Taies,  t.  II,  p.  192. 
La  Bibliothèque  des  Avocats  d'Edimbourg  possède  trois  mss.  de  ce  conte 
sous  les  nos  XXXIV,  XXXVIII  et  LVIII.  Aucun  de  ces  mss.  n'est  cité  dans 
l'Essai  d'un  Catalogue,  p.  49-50;  or,  le  premier  étant  daté  de  1603,  paraît 
être  le  plus  ancien  que  l'on  connaisse.  M.  Craig  semble  ignorer  qu'une  tra- 
duction anglaise  du  «  Château  enchanté  du  sorbier  »  a  été  publié  sous  le 
titre  de  The  fairy  palace  of  the  quicken  tree,  par  M.  Joyce,  au.K  pages  77  et 
suivantes  des  deux  éditions  de  ses  Old  celtic  Romances,  l'une  de  1879,  l'autre 
de  1894. 

Janvier  1895,  p.  i.  Etude  sur  les  Culdees,  c'est-à-dire  sur  les  religieux 
irlandais  du  haut  moyen  âge  par  M.  A.  Allaria.  Ce  travail  est  de  seconde 
main,  mais  écrit  avec  élégance  et  clarté.  L'auteur  assimile  les  Culdees  aux 
chanoines  réguliers  du  continent. 

XVI. 

L'Anthropologie,  juillet  à  décembre  1894,  est  toujours  une  publication 
du  plus  haut  intérêt,  mais  elle  s'occupe  principalement  soit  d'époques  anté- 
rieures à  la  période  celtique,  soit  de  régions  oîi  les  Celtes  n'ont  pas  eu 
d'établissements.  Nous  signalerons  cependant  les  fouilles  de  MM.  R.  Pontvrau 
et  E.  Cabié  dans  un  cimetière  gaulois  à  Saint-Sulpice,  Tarn,  p.  641-657. 

POSTSCRIPTUM. 

Je  répare  un  oubli  en  annonçant  que  M  Standish  O'Grady  vient  de  faire 
paraître  à  Londres,  librairie  Methuen  et  C>e,  un  volume  in-8  intitulé  :  The 
coming  of  Cuchulain.  Je  suis  informé  de  cette  nouvelle  par  VEvening  Tele 
graph,  no  du  i^^  décembre  dernier,  qu'un  ami  m'a  envoyé  de  Dublin. 

Si  j'en  juge  d'après  l'article  de  ce  journal,  le  document  publié  doit  être 
le  morceau  intitulé  Macgnii)irada  Conculainn  «  Exploits  de  Cûchulainn  en- 
fant ».  Quand  je  me  serai  procuré  ce  volume,  j'en  pourrai  parler  avec  con- 
naissance de  cause. 

Paris,  le  28  janvier  1895. 

H.   D'ArBOIS  de  JUBAINVILLE. 

Le  Propriétaire-Gérant  :  Veuve  E.  BOUILLON. 

Chartres.  —  Imprimerie  Durand,  rue  Fulbert. 


LA  DIVISION   DES  SYLLABES 


A   PROPOS   D  UN    RAPPROCHEMENT   ENTRE   LE   LATIN   ET   L  IRLANDAIS. 


M.  Whitley  Stokes  (The  Acadcuiy,  2  mars  1895,  n°  1191, 
p.  193-194),  signale  dans  un  texte  irlandais  des  allitérations 
systématiques  telles  que  Cata-rina  rogda,  Eu-o-enius 
o-lorda.  Il  étudie  les  règles  de  ces  allitérations  et  les  indices 
qu'elles  peuvent  fournir  sur  la  division  irlandaise  des  syllabes; 
en  même  temps  il  établit  un  rapprochement  et  une  compa- 
raison entre  la  division  syllabique  irlandaise  et  la  division 
syllabique  latine.  Il  y  aurait,  suivant  lui,  concordance  sur  la 
plupart  des  points  (allitération  irlandaise  Pergen-Zinus 
Zendmin,  division  syllabique  latine  Pergen-tinus);  ily  aurait, 
au  contraire,  discordance  en  ce  qui  touche  les  groupes  comme  si 
(allit.  irl.  Anas-/asius  /oed-lech ,  div.  syll.  lat.  Ana-stasius). 

La  concordance  est,  je  crois,  plus  constante  que  ne  l'a  sup- 
posé l'illustre  savant.  C'est  au  point  de  vue  latin  que  je  me 
propose  de  revenir  sur  la  question,  laissant  aux  celtistes  le  con- 
trôle des  formes  irlandaises  et  la  discussion  directe  de  la 
trouvaille  de  M.  Stokes. 

Il  y  a  en  latin  deux  divisions  syllabiques  à  distinguer,  l'une 
graphique,  l'autre  phonétique. 

La  division  graphique  des  syllabes  est  chose  conventionnelle 
et  sans  intérêt  linguistique.  Elle  est  fondée  sur  des  motifs  pé- 
dantesques  et  futiles.  Servius,  par  exemple  (Keil,  Gramniatici 
Latini,  t.  IV,  p.  427),  veut  qu'on  coupe  a-spice,  parce  que  le 
groupe  sp  peut  commencer  un  mot  latin  {spicà).  De  même, 
on  coupera  a-mnis  à  cause  de  Mncsthcus.  On  séparera  les 
Revue  Celtique,  XVI.  10 


126  L.  Havet. 

deux  tt  dans  aî-iulit,  parce  qu'aucun  mot  ne  commence  par 
tt.  On  coupera,  selon  Servius,  ah-dîtur  et  non  a-hditur,  parce 
que  hd  n'est  groupe  initial  qu'en  grec  (^ziXKoC),  et  ne  peut  se 
rencontrer  au  commencement  d'un  mot  latin  (même  d'un 
mot  «  latin  »  tel  que  Mîtestheus  /).  Des  règles  semblables,  avec 
des  considérants  non  moins  ridicules,  sont  données  par  d'autres 
grammairiens  ;  voir  par  exemple  les  passages  relevés  par 
M.  Lindsay,  The  Latin  Language,  p.  125-126.  Tout  absurdes 
qu'elles  sont,  nous  devons  les  suivre,  ne  fût-ce  que  pour  ne 
pas  rompre  l'unité  de  la  langue  universelle.  Un  érudit  français 
qui  laisse  imprimer  sanc-tus,  au  lieu  de  san-ctus,  est  coupable 
d'indiscipline,  et  il  en  est  de  même  d'un  Anglais  qui  tolère 
que  son  imprimeur  coupe  henevol-entem.  Mais,  en  suivant  ces 
règles,  il  faut  les  mépriser.  Ce  sont  des  inventions  de  la  sub- 
tilité grecque,  ineptes  dès  leur  origine,  et  qui  n'ont  pas  gagné 
à  être  adaptées  par  des  Latins  à  leur  langue.  Il  n'y  a  à  les 
connaître  que  pour  leur  obéir  :  elles  sont  essentiellement  sté- 
riles et  ne  peuvent  féconder  ni  l'étude  du  latin  lui-même,  ni  à 
plus  forte  raison  celle  d'un  idiome  étranger.  Les  divergences 
entre  l'irlandais  et  le  latin,  dans  les  exemples  allégués  par 
M.  Whitley  Stokes,  n'existent  que  grâce  à  la  doctrine  imagi- 
naire de  Servius  et  de  ses  pareils. 

L'autre  division  des  syllabes  est  la  division  phonétique,  dont 
je  doute  qu'un  ancien  ait  jamais  parlé.  Elle  est  la  seule  qui 
puisse  être  de  quelque  utilité  à  la  science;  tantôt  elle  est  en 
accord  avec  la  division  graphique,  tantôt  la  division  graphique 
la  contredit,  mais  peu  importe. 

La  division  phonétique  des  syllabes  nous  est  connue  avant 
tout  par  la  prosodie.  Un  groupe  partagé  entre  deux  syllabes 
phonétiques  allonge  la  syllabe  précédente,  un  groupe  non  par- 
tagé la  laisse  brève:  crêdét  rês  -  -  -,  mais  crèdé  très  -  ^  -; 
c'est  le  même  motif  qui  fait  que  l'augment  dans  èVAe^Tov  peut 
être  bref,  tandis  que  le  préfixe  est  nécessairement  long  dans 
âx-Xe-kw.  Les  mots  comme  r.y.-içibz,  patris,  ont  deux  prosodies, 
selon  qu'on  prononce  pà-tr...  ou  pàt-r...  Chez  les  anciens 
dramatiques  latins,  patris  a  toujours  la  première  brève,  ce  qui 
revient  à  dire  que  cette  syllabe  était  toujours  ^^  et  non  pàt. 
L'allongement,  c'est-à-dire  la  coupe  syllabique  pàt-ris,  est  dû 


La  Division  des  Syllabes.  1 27 

à  l'imitation  érudite  de  la  prosodie  grecque,  et  n'a  jamais  re- 
posé sur  la  prononciation  sincère  des  Romains.  Cela  bien 
compris,  on  voit  d'emblée  que  la  division  phonétique  exacte 
est  às-pice,  àm-nis,  en  dépit  de  la  division  graphique  a-spice, 
a-mnis,  et  en  dépit  de  spica  et  de  Mnestheus.  De  même  la  di- 
vision phonétique  est  fàc-tus,  nôs-ter,  en  dépit  de  Stella  et  de 
Ctesiphon,  et  quoique  en  imprimant  le  latin  on  doive  couper 
fa-clus  et  no-stcr.  Partout  où  une  voyelle  brève  forme  une  syl- 
labe longue,  c'est  que  la  prononciation  lui  rattache  une  des 
consonnes  qui  la  suivent,  avec  ou  sans  l'agrément  des  gram- 
matici.  Peu  importe  d'ailleurs,  en  prosodie,  qu'il  s'agisse  de 
st,  qui  peut  commencer  un  mot,  ou  de  nt,  qui  en  est  inca- 
pable. Suivant  la  très  juste  remarque  de  M.  Lindsay,  la  règle 
dite  des  breues  hreuiantcs  atteint  aussi  bien  la  seconde  syllabe 
de  uolun-tateiii  que  celle  du  prétendu  ege-statein  (ou  du  prétendu 
uolu-piatcm');  ces  trois  mots  également  peuvent  chez  Plaute  va- 
loir tantôt  -  -  -  -  et  tantôt  -  ^  -  -,  l'un  et  l'autre  suivant 
les  mêmes  circonstances. 

Une  autre  source  d'information  est  la  phonétique  historique. 
Capra,  qui  d'après  la  prosodie  de  Plaute  était  prononcé  ca-pra, 
a  fait  en  vieux  français  chievre.  Le  p  est  donc  traité  de  même 
que  dans  le-porem  lièvre,  ce-pa  cive,  ri-pa  rive,  c'est-à-dire 
comme  initial  de  syllabe.  Va,  naturellement,  est  traité  comme 
final  de  syllabe,  puisque  ca  devient  cbie  comme  dans  ca-nein 
chien,  ca-put  chief,  ca-ra  chiere.  La  phonétique  post-latine  con- 
firme donc  la  coupe  ca-pra^  attestée  par  la  prosodie  préclas- 
sique. Dans  cap-pa  chape,  il  faut  rattacher  une  consonne  à  la 
première  syllabe  ;  ici  encore  la  phonétique  et  la  prosodie  sont 
d'accord.  Dans  cosia  il  faut  séparer  1'^  du  t,  côs-ta  (en  dépit  de 
la  division  graphique  co-std),  parce  que  les  Latins  font  longue 
la  syllabe  initiale  et  que  les  Français  n'en  ont  pas  diphtongue 
Yo  bref.  Les  grammairiens  prescrivent  ru-pta,  mais  c'est  riip-ta 
qu'indiquent  et  la  poésie  latine  et  la  phonétique  romane. 

Les  seuls  groupes  qui  puissent  appartenir  tout  entiers  à  la 
syllabe  suivante  sont  les  groupes  à  liquide  (pa-treni  -  -,  po- 
plo  -  -,  re-frenare  -  -  -  -).  Tous  les  autres,  y  compris  le 
sp  d'aspice  et  le  mn  d'aiiiiiis,  se  partagent  entre  les  syllabes 
voisines.  Tel  est  le  résultat  très  simple  auquel  on  arrive,  si  on 


128  L.  Havet. 

liiisse  de  côté  la  division  conventionnelle  et  purement  gra- 
phique des  syllabes,  et  si  on  s'en  tient  à  la  seule  division  qui 
ait  été  réelle,  la  division  phonétique. 

Du  même  coup,  les  difficultés  signalées  par  M.  Whitley 
Stokes  pour  l'allitération  irlandaise  s'évanouissent.  Il  est  régu- 
lier de  faire  allitérer  Anas-/asius /oedlech,  Dios-côrus  is 
Colman,  Teles-/?orus  /?apa,  etc.  De  même  il  n'y  a  rien 
que  de  normal  dans  l'allitération  Epec-/i-/us  Af-z'ôin  (si- 
gnalée incomplètement  par  M.  Stokes).  Ma-^rona  allitère 
régulièrement  en  t  et  Lu-cretia  en  c,  mais  ce  n'est  pas  parce 
que  Servius  aurait  coupé  ces  mots  ainsi.  Enfin  Dom-mina 
allitère  régulièrement  en  m,  comme  le  montre  M.  Stokes, 
mais  l'hypothèse  D  o  -  ?;m i  n  a ,  qu'il  indique  entre  crochets,  est 
inadmissible.  Telles  sont  les  indications  que  peut  fournir  la 
prononciation  latine  pour  éclairer  un  petit  problème  irlandais. 

Louis  Havet. 


LAURUS,  LAURACUS,  LAURIUS,  LAURIACUS 


Laurus  est  un  nom  d'esclave  qu'on  trouve  dans  des  inscrip- 
tions sous  l'empire  romain  en  Italie.  On  a  recueilli  près  de 
Préneste  l'épitaphe  d'un  certain  Laurus  dont  le  père,  nommé 
Abascantus,  était  esclave  de  l'empereur  et  dispensator  annonae^. 
Le  musée  de  Leyde  possède  l'épitaphe  d'un  autre  Laurus,  es- 
clave de  P.  Caucilius  Celer;  ce  monument  est  d'origine  ita- 
lienne 2.  D'Ostie  on  a  transporté  à  Rome,  au  musée  de  La- 
tran,  l'épitaphe  qu'un  certain  C.  Silius  avait  fait  graver  pour 
lui  et  pour  ses  affranchis,  dont  un  appelé  Laurus  "i.  Laurus  qui 
fit  graver  à  Nursia,  aujourd'hui  Norcia,  l'épitaphe  de  sa  mère 
Chrysostomis,  était  probablement  esclave  ■^. 

Je  crois,  d'accord  avec  Zeuss,  que  ce  nom  d'homme  est  ori- 
ginairement un  adjectif  gaulois  identique  au  vieil  irlandais 
lour'i,  qui  signifie  «  suffisant  »  dans  un  certain  nombre  de 
passages  des  plus  anciens  mss.  irlandais  que  nous  possédions^. 
Comparez  les  noms  d'homme  grecs  'Apxs-ri;,  'Ixavoç,  et  le  nom 
d'homme  latin  Idonius  pour  Idoneus.  L'origine  celtique  du 
nom  d'homme  Laurus  est  établie  par  plusieurs  circonstances. 
La  première  est  sa  présence  fréquente  en  pays  celtique. 


1.  CI.  L.,  XIV,  2834. 

2.  C.  I.  I.,  VI,  21172. 

3.  CI.  L.,  XIV,  417. 

4.  C.  1.  L.,  XI,  4566. 

5.  Grainmatica  celtica,  p.  33,  1.  22-25. 

6.  Ms.  de  Wûrzburg,  f"  4d,  glose  12;  (°  loa,  gl.  17;  fo  iid,  gl.  15, 
f"  24b,  gl.  16;  éd.  Whitley  Stokes,  p.  22,  54,  6&,  139.  Ms.  de  Milan, 
fo  3  5d,  gl.  24,  édition  jAscoli,  p.  113.  Priscien  de  Saint-Gall,  i°  15  b, 
gl.  7  ;  fo  159  a,  gl.  3  ;  édition  Ascoli,  p.  21,  94. 


130  H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

Louro,  c'est-à-dire  fundiis  Laurus,  fonds  de  terre  nommé 
Laurus,  parce  que  son  propriétaire  s'appelait  Laurus  à  la  date 
du  cadastre  romain,  est  le  nom  de  quatre  villages  de  Galice, 
un  dans  chacune  des  provinces  de  Coruiia  et  de  Lugo,  deux 
dans  celle  de  Pontevreda  ;  or  la  Galice  est  une  des  parties  de 
l'Espagne  qui  restèrent  celtiques  après  la  conquête  carthagi- 
noise et  sous  l'empire  romain.  De  Laurus  dérive  le  nom  de 
lieu  Lauracus  qui  apparaît  en  93 1  dans  un  diplôme  du  roi 
Raoul  ^  et  qui,  dans  cet  acte,  désigne  Laurac,  Aude,  chef-lieu 
dès  le  XII''  siècle  de  la  petite  province  appelée  Lauragais.  Le 
nom  de  Laurac  est  aussi  porté  par  une  commune  du  dépar- 
tement de  l'Ardèche.  Le  nom  d'homme  Laurus  apparaît  dans 
une  inscription  mutilée  de  Narbonne  ^.  Il  est  en  pays  celtique 
employé  comme  cognomen  par  des  citoyens  romains  :  C.  Mi- 
nervius  Laurus  à  Milan  3,  G.  Servihus  Laurus  en  Portugal 4, 
M.  Arrius  Laurus,  en  Espagne,  à  Merida5,P.  Manlius  L^îwrM^ 
dans  un  diplôme  de  citoyen  romain  accordé  à  un  vétéran  par 
l'empereur  Titus  ;  on  a  trouvé  ce  diplôme  en  basse  Autriche, 
à  Klosterneuburg,  près  de  Vienne^,  dont  le  nom  primitif  Vin- 
dobona  est  celtique. 

Le  nom  barbare  Laurus  et  le  cognomen  identique  ont  donc 
été  très  répandus  dans  les  parties  celtiques  de  l'empire  romain, 
on  les  trouve  peu  ailleurs.  La  marque  du  potier  Laurus  en 
Sardaigne  7  est  sur  une  pièce  qui  peut  avoir  été  importée  du 
continent.  Une  inscription  mutilée  de  Nice  nous  fait  connaître 
le  cognomen  :  Laurus  d'un  décurion  ^  qui,  bien  qu'en  pays 
ligure,  peut  être  celte  de  naissance  9. 

L'origine  celtique  du  mot  Laurus  est  confirmée  par  l'examen 
de  deux' dérivés.  Le  premier   est  Laurinus,  employé  comme 


1.  D.  Bouquet,  IX,  576  C. 

2.  CI.  L.,  XII,  4940, 

3.  CI.  L.,  V,  6073. 
.4.  C.  /.  L.,  II,  359. 

$.  CI.  L.,  II,  4940. 

6.  C.  /.  L.,  t.  m,  p.  854. 

7.  C.  I.L.,  X,  8336,2. 

8.  C.  I.  L.,  V,  7903. 

9.  Nous  ferons  la  même  observation  à  propos  du  surnom  de  P.  Noznus 
Laurus,  Spalato  en  Dalmatie,  C.  1.  L.,  III,  2551. 


Laums,  Lauracus,  Laurius,  Laurîacus.  1 3 1 

nom  d'homme  dans  une  inscription  d'Uzès,  Gard.  Cette  ins- 
cription est  une  épitaphe  gravée  par  ordre  de  Laurinus,  Celti 
Jîlius^.  Le  nom  du  père  de  ce  personnage  établit  sa  natio- 
nalité. 

Le  second  dérivé  est  Lourismo,  nom  d'un  village  d'Espagne, 
en  Galice,  province  de  Coruna;  Lourismo  =  Laurismus, 
soxxs-Qnïtnàvi  fund us,  a  été  un  nom  d'homme  avant  d'être  nom 
de  lieu,  c'est  un  superlatif  du  thème  lauro-,  louro-.  Com- 
parez à  ce  masculin  le  féminin  Segisama,  superlatif  du  thème 
sego-,  en  sanscrit  sahâ-  «  puissant,  fort  ».  Segisama  «  la  très 
forte  »  est  le  nom  de  deux  villes  d'Espagne  :  Segisama  Vaccaeo- 
rum^  et  Segisama  Brasaca  3  :  Sego-  a  valeur  d'adjectif  avec  le  sens 
de  «  fort  »  dans  Sego-briga  «  Fort  château  »,  nom  d'une  ville 
espagnole,  aujourd'hui  Segorbe4.  Le  féminin  sega  de  cet  ad- 
jectif, employé  substantivement  avec  le  sens  de  «  forte  »,  est 
un  surnom  de  femme  dans  l'épitaphe  Pompeia  Sega,  affranchie 
de  Pompeia  Lepida.  Ce  monument  a  été  trouvé  à  Narbonne5. 
Segisama  =  *Sego-isiiima,  Lounsmo  ^=*  louro-is-mo-s. 

Il  est  inadmissible  que  le  nom  d'homme  Launis  soit  iden- 
tique au  latin  laurus  «  laurier  »,  comme  De-vit  l'a  supposé 
dans  V Onomasticon  totiits  Latinitatis.  On  n'avait  pas  à  Rome 
l'usage  de  créer  des  noms  de  personne  avec  des  noms  d'arbre. 
Aucun  Romain  ne  s'est  appelé  Abies,  Alniis,  Quercus,  Ulmus. 

Du  cognomen  Laurus  on  a  dérivé  suivant  l'usage  un  gentilice 
Laurius,  qui  a  été  employé  comme  nom  de  lieu,  Laurias, 
c'est-à-dire  villas  Laurias,  villae  Lauriae  dans  une  charte  du 
xi^  siècle  conservée  par  le  Cartulaire  de  Saint-Victor  de  Mar- 
seille^. 

A  l'aide  du  suffixe  -âco-s,  on  a  tiré  de  ce  gentilice  un  nom 


1.  CI.  L.,  XII,  2928. 

2.  CI.  L.,  II,  900,  3281. 

3.  C  I  L.,  II,  4157.  Sur  le  superlatif  celtique,  voyez  ci-dessus,  p.  121. 

4.  C.  I.  L.,  t.  II,  p.  417. 

5.  CI.  L.,  XII,  5069.  Cï.  Sega  Triiimif.,  Brescia,  V,  4717. 

6.  Cartulaire  de  Saint-Victor  de  Marseille,  t.  I,  p.  623  ;  cf.  seniores  Lau- 
rienses,  ihid.,  p.  332.  Comparez  le  nom  de  lieu  Laurianus  àzns  un  diplôme 
de  l'empereur  Otton  I,  967,  Sickel,  Die  Urkuiidcii  der  dentschen  Kœnige  iiiid 
Kaiser,  t.  I,  p.  458-459.  11  s'agit  d'une  localité  située  dans  le  territoire 
à'Ainiternuin,  c'est-à-dire  en  Italie,  dans  les  Abruzzes,  province  d'Aquila. 


132  H.  d'Arbois  de  Jabainville. 

de  lieu  Lauriacus  dont  il  y  a  plusieurs  exemples.  Nous  en  ci- 
terons deux  à  l'est  de  la  Gaule,  mais  en  pays  celtique. 

L'un,  comme  l'Itinéraire  d'Antonin  nous  l'apprend,  était 
situé  en  Norique  sur  la  route  qui  de  Sinniuni,  aujourd'hui 
Mitritza  en  Serbie  %  et  de  Taurununi,  aujourd'hui  Semlin  en 
Croatie,  menait  en  Gaule  2;  de  ce  Lauriacus,  par  une  autre 
route,  on  gagnait  l'Italie  3.  En  341,  les  empereurs  Constance  et 
Constant  en  datèrent  un  rescrit  dont  le  Code  Théodosien  et  le 
Code  Justinien  nous  ont  conservé  des  fragments  4.  Ammien 
Marcellin  raconte  que  l'empereur  Gratien  passa  k  Lauriacus  en 
3775.  A  la  fin  du  iv*^  siècle,  deux  préfets,  celui  de  la  seconde 
légion  surnommée  Italica,  et  celui  de  la  flottille,  classis,  du 
Danube,  résidaient  à  Lauriacus^.  Il  y  avait  dans  cette  localité, 
à  la  même  époque,  une  fobrique  de  boucliers,  fahrica  scu- 
tariai,  et  une  garnison  de  lanciers,  lancearii  Lauriacenses^. 
Au  siècle  suivant,  tous  ces  établissements  disparurent,  et  dans 
la  vie  de  saint  Severin,  qui  habita  le  Norique  de  452  à  482, 
on  voit  les  habitants  de  Lauriacus,  cives  ex  oppido  Lauriaco9, 
donner  d'abord  asile  dans. leurs  murailles  à  ceux  de  leurs  com- 
patriotes que  la  conquête  germanique  a  expulsés  des  villes  ro- 
maines bâties  le  long  du  haut  Danube  ^°,  puis  enfin  être  con- 
traints d'évacuer  leur  ville  et  de  se  réfugier  dans  celles  qu'avait 
occupées  Feletheus,  autrement  dit  Feva,  roi  des  Rugi  ^^ .  Lau- 
riacus subsista  cependant.  Un  capitulaire  de  Charlemagne 
mentionne*  en  805  cette  localité  :  elle  est  à  l'est  le  point  ex- 
trême de  l'empire,  les  marchands  qui  vont  commercer  avec 


1.  Itinéraire  d'Antonin,  p.  231,  1.  11;  p.  235,  1.  i. 

2.  Ihid.,  p.  241,  1.  3  ;  p.  249,  1.  I. 

3.  Ibid.,  p.  276,  1.  I  ;  p.  277,  1.  3. 

4.  Code  Théodosien,  1.  VIII,  t.  2,  1.  i  ;  I.  XII,  t.  i,  1.  31.  Code  Justinien, 
1.  X,  t.  69,1.  I. 

5.  Ammien  Marcellin,  1.  XXXI,  c.  10,  §  20. 

6.  Notitiadignitatiim  occidentis,  édition  Boecking,  p.  100. 

7.  Ibid.,  p.  43. 

8.  Ibid.,  p.  35,  cf.  p.  27,  et  C.  /.  L.,  t.  III.  p.  689. 

9.  Vita  sancti  Sevcrini,  c  XVIII,  §  i  ;  édition  donnée  par  Hermann 
Sauppe,  dans  Monnnwnta  Germaniae  historica,  in-4.  Aitctores  antiquissimi, 
t.  I,  pars  posterior,  p.  17,  1.  20. 

10.   Ibid.,  c.  XXVII,  §  2;  c.  XXVIII,  §  I  ;  c.  XXX,  §  i;  p.  21,  22. 
n.  Ibid.,  c,  XXXI,  §  i,p.  23. 


Laurus,  Lauracus,  Laurius,  Lauriacus.  1 3  3 

les  Slaves  et  les  Avares  peuvent  aller  jusque-là  sous  la  protec- 
tion impériale  ^  Ce  Lauriacus  est  aujourd'hui  Lorch,  Autriche  2. 

Un  autre  Lauriacus,  également  situé  à  l'est  du  Rhin,  est 
moins  célèbre.  La  plus  ancienne  mention,  à  notre  connais- 
sance, ne  remonte  qu'au  xii^  siècle.  Une  bulle  du  pape  Inno- 
cent II,  1136,  concerne  le  monastère  dit  Laureacus,  in  diocesi 
AugustensiK  II  est  question  de  la  même  localité,  au  même 
siècle,  chez  le  chroniqueur  Otton  de  Freising.  C'est  aujour- 
d'hui Lorch,  en  Wurtemberg 4. 

Passons  le  Rhin;  entrons  en  Gaule.  Nous  y  trouvons 
quatre  Lauriacus  dont  nous  pouvons  déterminer  la  position  : 

Dans  l'ancien  département  de  la  Moselle,  Lorry-les-Metz, 
appelé  Lauriacus  en  945,  comme  une  charte  nous  l'apprend  5. 

Dans  le  département  de  Maine-et-Loire,  Loire,  probablement 
le  Lauriacus  in  pago  Andegavensi  où  un  concile  se  tint  en  843, 
la  quatrième  année  du  règne  de  Charles  le  Chauve  ^.  Ce  doit 
être  aussi  la  villa  Lauriacus  in  Andecavo  fisco,  mentionnée 
en  797  dans  un  diplôme  de  Charlemagne  pour  l'abbaye  de 
Prûm  7. 

Dans  le  département  du  Loiret,  Lorris  est  probablement  le 
Lauriacus  situé  dans  le  pagus  Aurclianensis,  suivant  un  diplôme 
accordé  par  Hugues  Capet  à  l'église  cathédrale  d'Orléans  en 
990^.  Aux  termes  de  ce  diplôme,  des  biens  situés  dans  ce  Lau- 

1 .  Monnuienta  Germaniae  historien,  in-4,  Legiuii  sectio  II,  Capitiilaria 
regmu  francorinn,  t.  I,  édités  par  Alfred  Boretius,  p.  123,  1.  18.  Dans  une 
bulle  du  pape  Eugène  II,  824-827,  on  trouve  le  nom  d'un  certain  Yrolfus, 
archevêque  de  Lauriacus,  Migne,  Fatrologia  latiua,  t.  129,  col.  989-991. 
Mais  cette  pièce  paraît  fausse.  Voyez  Gams,  Séries  episcoporum,  p.  327; 
Jaflfe,  Regesta,  2^  édition,  t.  II,  p.  322,  n"  2566. 

2.  H.  Osterley,  Historisch-geographisches  Wôrterhuch  des  deutschen  Mitlel- 
alter,  p.  407. 

3.  Migne,  Patrologia  latina,  t.  179,  col.  276. 

4.  Osterley,  Historisch-georagphisches  Wôrterhuch,  p.  407. 

5  .   Bouteiller,  Dictionnaire  topographique  du  département  delà  Moselle,  p.  1 50. 

6.  Capitula  in  Synodo  acta  quae  habita  est  apud  Lauriacum  in  pago  An- 
degavensi anno  DCCCXLIII  incarnationis  domini  nostri  |csu  Christi, 
mense  octobri,  indictione  VII,  Caroli  Calvi  régis  anno  IV.  Labbe,  Sacro- 
sancta  Concilia,  t.  VII,  Paris,  1771,  col.  1790.  Cf.  Port,  Dictionnaire  de 
Maine-et-Loire,  t.  II,  p.  465,  532. 

7.  Sickel.  Acta  reguni  et  inipcraloruni  Karolinoriini,  t.  II,  p.  59.  Migne, 
Patrologia  latina,  t.  97,  col.  1068, 

8.  D.  Bouquet,  t.  X,  p.  558.^. 


IÎ4 


H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


riacus  avaient  été  restitués  à  l'église  d'Orléans  par  le  roi  Ro- 
bert, 922-923. 

Loirac,  Gironde,  nous  offre  la  prononciation  méridionale 
de  Lauriacus  par  opposition  à  la  prononciation  septentrionale  : 
Loire,  Maine-et-Loire;  Lorry,  Moselle. 

Outre  ces  six  Lauriacus  dont  le  nom  actuel  est  connu,  nous 
pouvons  en  citer  trois  dont  nous  ignorons  la  position;  ils 
sont  mentionnés  :  le  premier,  dans  un  diplôme  donné  par 
Charlemagne  en  775  à  l'abbaye  de  Saint-Martin  de  Tours  %  le 
second,  dans  le  Cartulaire  de  Sauxillanges,  Puy-de-Dôme  -,  le 
troisième,  dans  le  Cartulaire  de  Brioude,  Haute-Loire  3. 

Tous  ces  noms  de  lieu  s'expliquent  par  un  gentilice  romain 
Laurius,  dérivé  du  nom  d'homme  gaulois  Louros,  en  vieil  ir- 
landais lour  «  suffisant  ». 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


1.  D.  Bouquet,  t.  V,  p.  737,  a  écrit  Lausiacus,  corrigé  en  Lauriacus  par 
Mabille,  Pancarte  noire  de  Saint-Martin  de  Tours,  p.  226,  cf.  p.  69,  n^  XVIII. 

2 .  In  villa  quae  vocatur  Lauriacus.    Doniol,   Cartulaire  de  Sauxillanges, 
p.  179. 

3.  Li  villa  quae  dicitur  Lauriago.  Doniol,  Cartulaire  de  Brioude,  p.  75. 


THE   PROSE  TALES 

IN   THE 

RENNES    DINDSENCHAS 

FIRST   SUPPLEMENT,    EXTRACTS   FROM   THE   BOOK   OF    LECAN. 


131.  Medraide. 
(Lee.  p.  481''). 

Meadraide,  canas  rohainmniged  ? 

Ni  ansa.  Meadraide  mac  Torcair  ^  meic  Tromda  meic  Cala- 
truim  a  iîinis  iartharaicii  Espàine  tanic  le  Mac  con  a  n-Erind, 
cor'gab  isin  tracht  [n-ucut]3.  Unde  Meadraide  dicitur. 

ITem  for  Ath  Cliath  Meadraidi  fos  .i,  Cliath  mac  Cuilind 
meic  Duib-duind  do  muintir  Meic  con  adrocliair  and.  Duibri 
mac  Dubain  meic  Deirc  do  muintir  Meic  con  fos,  a  quo  Duibri, 
[7]  Neidi  Nithgonach,  a  quo  Usce  'Heidi,  7  Gaeth  m^c  Nech- 
tain  meic  Firmoir  meic  Erimoin  meiç  Rois  meic  Inbirmuigi  .i. 
cliamain  4  Meadraidi,  [7]  Marcan  mac  Duinn  meic  Dathaich  s 
do  muintir  Cbuind  cétcbataig,  7  Gaillim  ingen  Breasail  ranic 
dia  fothrucun  cus'm  abaind,  a  quo  Gaillium,  7  Laigen  ^  Gairb- 
liath  mac  Dairi  meic  rig  Espâine,  a  quo  Ath  Laigin,  Failend7 
mac  Illaind  meic  Ne[i]r  tanic  asin  traig  do  thaeb  na  Greci  ^  do 

1 .  Voir  Revue  Celtique,  XV,  272,  478  ;  XVI,  31. 

2.  Dorcoin  maill,  H. 

3.  sic  H. 

4.  cliabmuin  H. 

5.  Datain  H. 

6.  sic  H.  Laigin  Lee. 

7.  sic  H.  Failind  Lee. 

8.  tainic  asin  nGreig,  H.  ^ 


136  V/hitley  Sîokes. 

choba[i]r  Mt'/c  con,  a  quo  Inis  Failind  ^,  [7]  Boireand  niac 
Bolcain  meic  Bain  meic  lUaind  a  hEs^àin  tainic  co  Boirind 
Corcomruad,  a  c[uo  Boireann. 

Medraide  son  ofTorchar,  son  ofTromda,  son  of  Calatrom, 
out  of  a  western  island  of  Spain  came  with  Mac  con  into  Ire- 
land,  and  set  up  on  yonder  strand  (Medraide),  whence  Me- 
draide is  said. 

Also  :  on  Ath  cliath  Medraide  moreover  i.  e.  Cliath  son  of 
Cuilenn,  son  of  Dub-duinn,  of  Mac  con's  family,  fell  there.  Du- 
bri  son  of  Duban  son  of  Derc,  of  Mac  con's  family  also,  from 
whom  Diihrî  (is  named),  and  Neide  Nithgonach  from  whom 
is  Neide's  TVater,  and  Gaeth  sonof  Nechtan,  son  of  Firmor,  son 
of  Erimon,  son  of  Ross,  son  of  Inbirmuigi  [?]  i.  e.  Medraide's 
brother-in  law,  and  Marcan  son  of  Donn,  son  of  Dathach,  of 
ihe  family  ofHundred-battled  Conn,  and  Gaillim  daughter  of 
Bresal  —  from  her  is  GaiJJiuin,  —  came  to  the  river  to  bathe 
and  Laigen  Rough-grey,  son  ofDaire,  son  of  the  King  of  Spain 
—  from  whom  is  Laigen's  Ford.  Failenn  son  of  Illann,  son  of 
Ner,  —  from  whom  is  FaiJcnns  Island  —  came  from  the  strand 
on  the  coast  of  Greece  to  help  Mac  con.  And  Boirenn  son  of 
Bolcan,  son  of  Ban  —  from  whom  is  Boirenn  —  out  of  Spain 
came  to  Boirenn  Corcomruad. 

Also  in  H.  40b.  As  to  Mac  con  see  Rame  Celtique,  XIII,  434,  442.  The 
article  is  little  but  a  list  of  the  foreign  allies  with  whom  he  returned  to 
Ireland  from  his  banishment.  Some  of  thèse,  it  seems,  were  Spaniards  and 
Greeks  and  others  were  Scots  and  Britons. 

As  to  Medraide  now  Maaree,  co.  Galway,  see  the  dindsenchas  of  Ath 
cliath  Medraige,  Revue  Celtique,  XV,  460.  Gaillim  now  the  river  Galway. 
Boirenn  now  Burren,  in  the  north  of  the  co.  Clare. 


132.  Carn  Fraich. 
(Lee.  p.  485^). 

Carnd  Fraich,  canus  ro\\ainmniged  ? 

NI  ansa.  Dia  tarla  Gond  Getchathach  7  Eogan  Taidlech  i 

I .  Failend  H, 


The  Rennes  Dindienchas.  First  Supplément.  137 

comflaithis  fo  Erind  iarua  roind  d'  Escer  Riada  on  Ath  cliath 
co  chele  .i.  Ath  cliath^  Meadraidi  7  Ath  diath  DuibHndi.  Bai 
àono  fendid  la  hEogan,  Fraech  Midleasach  mac  rig  Es'çàim,  7 
bai  oc  argain  co  Cruachain  cach  re  n-uair.  Fecht  and  dodea- 
chaid  co  Cruachnaib  Ai  do  tharclom  chreichi  cor'  gobsad  crod 
na  Cruachna.  Bae  Conall  Cmichan  À.  oidi  Cuind,  'ca  fei- 
theam,  cor'  lean  iad  7  a  cethrar  mac  .i.  Corc  7  Connla  7  Cet- 
genCruachan  7  Fraech,  co  rucsad  for[r]o  ac  Meadraidi,  airm  a 
roibi  Eogan  boden.  Cor'  c^frsead  coibleng  cwrad  eatwrru,  co 
tarrla  Fraech  mac  Co^aill  Cruaciia;;  co  hEogan,  cor'  gon  co 
coimsech  Eogan.  Dorala  Fraech  mac  rig  Espâfns  arbelaib 
Eogain,  cor'  chomraic  doib  in  da  Fraech,  cor'  thoit  Fraech 
mac  Co//aill  'san  irgail.  lAr  toitim  in  churad  doiadsad  Tuatha 
Taidean  7  Fir  Domnann  7  Cruithnich  na  Cruachna,  7  Conall 
fodesin  7  a  tri  mcic  aile,  7  nir'  licsead  a  fodbad,  7  dodichuir- 
sead  Muimnich  arcwr  a  n-a[r]m  [p.  485'']  ic  Ath  Meadraidi, 
cor'  beanad  a  cro  7  a  crech  dib.  lAr  femead  a  leanma«a  do 
Chonall  con:i  clandma/cne,  dothocbadar  leo  Fraech  co  Cnoc  na 
dala  ria  Cruachnaib  sairrdeas,  cor'  hadlaiced  ann  he,  con^à. 
uada  sloindter  in  carnd.  \]ndc  àicitur  Carnd  Fraich. 

Ailit^r  Carn  Fraich  .i.  Fraech  mac  Fidaig  dodeachaid  do 
serc  [FJindabrach  do  chrothad  in  chaerthaind  robai  ar  dublind 
Brea  risi  n-abar  in  tShuca  indiu  2,  ccr'  airig  pest  bona  in  chaer- 
t[h]aind  he,  cor'  len  7  cor'  geogain  3  co  mor,  co  tue  Fraech  a 
codeur  7  in  caerthann  co  Meidb,  co  roibi  'ga  fothr/v^  isin 
charnn,  co;zad[d]e  dogairther  Carn  Fraich.  No  comad  and  foga- 
bad  bas  lasin  pest,  7  a  adnocol  'sin  charnn  beos. 

Ni  head  sain  a  fir,  acht  la  Coincul[ainn]  dothoit  a  comrac 
Msci  ar  Tain  bo  Cuailcne  i  n-Ath  Omna  ar  bord  Slebe  Fuait. 
Tareis  a  baiti  la  Coincula////z  dochonncadar  tir  'Er:cnn  in  band- 
trocht  mor  dia  saigid  co  corp  Fraich,  7  dolicsed  gair  mor  osa 
chind,  7  tocaibsead  leo  'sa  sith,  Sith  Fraich  iviwiorro  ainm  in 
tsidha  osin  inall,  coma,  da  dearbad  sin  rochanad  so  : 

Carnd  Fraich,  ca  hadbar  dia  fuil.  7rl. 

1 .  Lee.  inserts  cliathuch. 

2.  MS.  ar  dubaind  brea  risinab  in  s/;tuca  aiiiug, 

3 .  MS.  geodain. 


138  Whiîley  Stokes. 

Conn  of  the  Hundred  Battles  and  Eogan  Taidlech  chanced 
to  be  in  joint-sovranty  throughout  Erin  after  dividing  it  by 
the  Escer  Riada  from  one  Âth  cliath  to  the  other,  that  is  Ath 
cliath  Medraidi  (Clarin  Bridge)  and  Âth  cliath  DuibHnne 
(Dubhn).  Now  Eogan  had  a  champion,  Fraech  Midlesach, 
son  of  the  king  of  Spain,  and  he  was  plundering  as  far  as 
Cruachan  every  second  hour.  Once  upon  a  time  he  went  to 
Cruachu  Ai  to  gather  a  prey,  and  they  seized  the  cattle  of 
Cruachu.  But  Conall  of  Cruachu,  Conn's  fosterfather,  was 
watching  them,  and  he  followed  them  with  his  four  sons 
Corc  and  Connla,  Cétgen  of  Cruachu  and  Fraech  ;  and  they 
overtook  the  raiders  at  Medraide,  the  place  in  which  was 
Eogan  himself.  Then  they  fought  a  champions'  battle  between 
them,  and  Frdech  son  of  Conall  of  Cruachu  attacked  Eogan 
and  wounded  him  mightily.  Frdech  son  of  the  king  of  Spain 
came  before  Eogan,  and  the  twoFraechs  fought,  till  Frdech  son 
of  Conall  fell  in  the  combat.  After  the  fall  of  the  hero  the 
Tuatha  Taiden  and  the  Fir  Domnann  and  the  Picts  of  Crua- 
chan and  Conall  himself  and  his  three  other  sons  closed 
round  (Frdech's  body),  and  they  did  not  let  him  be  stript  of 
his  armour,  and  the  Munstermen  disperséd  after  casting  away 
their  weapons  at  Ath  Medraidi,  and  they  were  deprived  of 
their  cattle  and  their  prey.  After  Conall  with  his  children  be- 
came  unable  to  pursue  them  Frdech  was  carried  up  to  the 
Hill  of  the  Assembly,  to  the  south-east  of  Cruachain,  and 
there  he  was  buried,  and  from  him  the  cairn  is  named.  Hence 
Carn  Fràich  «  Frdech's  Cairn  »  is  said. 

Otherwise  :  Carn  Fràich,  that  is,  Frdech  son  of  Fidach  (leg. 
Idath  ?)  went  for  love  of  Findabair  to  shake  the  rowantree  that 
was  over  the  black  linn  of  Brei,  which  to  day  is  called  the 
Suça  ;  but  the  monster  at  the  foot  of  the  rowantree  perceived 
him,  and  pursued  him,  and  wounded  him  sorely.  But  Frdech 
brought  Medb  the  monster  in  triumph,  and  the  rowantree; 
and  he  was  healed  in  the  cairn,  wherefore  it  is  called  Carn 
Fràich. 

Or  mayhap  he  was  killed  by  the  monster,  and  his  grave  is 
still  in  the  cairn.  But  that  is  not  the  truth  of  the  taie,  for  he 
fell  by  Cùchulainn,  in  a  water-combat  on  the  Driving  of  the 


The  Rennes  Dindsenchas.  First  Supplément.  1 39 

Kine  of  Cualnge,  at  Ath  Omna  on  the  edge  of  Sliab  Fuait. 
After  he  was  drowned  by  Cûchulainn  the  men  of  Erin  met  the 
great  band  of  women  coming  to  Fraech's  body,  and  they  ut- 
tered  a  mighty  cry  over  his  head  and  took  him  up  with  them 
into  the  elfmound.  Now  Sid  Fràich  is  the  name  of  the  elf- 
mound  thenceforward,  and  to  certify  that  this  was  sung  : 

«  Fraech's  cairn,  what  is  the  cause  of  it  ?  »  etc. 

Not  found  elsewhere,  See  O'Donovan,  F.  M.  1225,  p.  22,  Miscdlany  ofthe 
Irish  Arch.  Soc,  I,  293. 

Carn  Frâich,  now  Carnfree,  in  the  townland  of  Carns,  parish  of  OguUa. 
barony  and  co.  of  Roscommon,  a  little  west  of  Duma  Selga,  no.  71,  supra. 
Escir  Riada  a  Une  of  gravel  hills  crossing  Ireland  from  Dublin  to  Clarin- 
bridge,  co.  Galway.  Suça  now  the  river  Suck.  Sliab  Fuait,  v.  supra  no.  100. 

Conn  of  the  Hundred  Battles  reigned  from  A.D.  123  to  157.  His  con- 
temporary.  Eogan  Taidlech  (also  called  Eogan  M6r  and  Mog  Nuadat)  was 
king  of  the  southern  Irish. 

For  the  story  of  Fràech,  the  pcist  and  the  rowantree  see  Tdin  ho  Frâich, 
LL.  250,  edited  and  translated  by  Crowe,  Proceedings  of  the  R.  I.  Academy. 
Irish  MSS.  Séries,  I. 

For  the  drowning  of  Frâech  and  the  removal  of  his  corpse  into  an  elf- 
mound, see  the  Taijt  hô  Cûalnge,  LU.  63b.  «  In  dul  so,  »  orCû,  «  in  didma 
th'  anacul?  »  «  Noco  didem,  »  or  Fraséch.  Atnaig  Cû  foi,  atherruch  conid 
appad  Fraasch.  Tocurethar  for  tir.  Beraita  muintir  a  cholaind  co  mbôi  isin 
dunud.  Ath  Fraich  issed  ainm  ind  atha  sin  co  brath.  Cointi  a  ndunad  n-ule 
Frasech,  co  n-accatar  banchuri  i  n-inaraib  ûanib  for  colaind  Fraich  maie 
Idaid.  Focessat  ùadib  issa  sfd.  Si'd  Fraich  ainm  in  tsida  sin  iarom. 

«  This  time,  »  saith  Cû(chulainn),  «  wilt  thou  accept  quarter  ?  1  «  I  will 
not  accept,  »  saith  Frdech.  Cû  tlirusts  him  again  under  it  (i.  e.  the  water  of 
the  ford),  so  that  Frdech  perished.  He  is  brought  to  land.  His  people  bear 
his  body  into  the  camp.  Ath  Frâich  «  Fraech's  Ford  »  is  the  name  of  that 
ford  for  ever.  Ail  the  camp  bewails  Fraech,  till  they  saw  a  train  of  women 
in  green  tunics  (lamenting)  over  the  body  of  Fraech  son  of  Idath.  They 
carry  (?)  it  away  from  them  into  the  elfmound.  Now  Sid  Frâich  is  that  elf- 
mound's  name.  » 


133.  Ard  na  Riag. 
(Lee.  p.  492^). 

Ard  na  riag,  canai  rohainmniged  ? 

Ni  ansa.  Dia  rogob  formot  7  firmiscni  Cellaich  maie  Eogain 


I .   Literally  :  «  wilt  thou  suffer  thyself  to  be  protected  ?  » 


m 


1 40  Whitley  Stokes. 

meic  Cellaich  meic  AiWla  Muilt  meic  Dathi  meic  Fiachrach  a  cridi 
Guairi  Aidne  meic  Colmain  cor'  guidistair  ceathror  comalta 
Cellaig  um  marbad  Chellaich  .i.  Mael-Croin  7  Mael-Senaich  7 
Mael-daLuad  7  Mael-Deoraid,  7  dodeonaigedar  ^  na  comal- 
tada  sin  cor'  marbsad  Cellach  tre  fwrail  Guairi  7  tarcenn 
chomthach  mor. 

lAr  marbad  CheWaig  da  chomaltaib  dobi  Cu-choingelt  mac 
Eogain  'na  n-'iarmovacbt,  co  fuair  iad  ac  Sal  Srotha  Deirg,  co 
rue  leis  co  Tulaich  na  Fairscena  iad  da  riagad,  co  ro  riagad 
and  iad,  conad  uaitliib  ammmgtber  in  t-ard.  Unde  àicituv. 

When  envy  and  hatred  of  Cellach  son  of  Eogan,  son  of 
Cellach,  son  of  Ailill  Wether,  son  of  Dathi  son  of  Fiachra, 
were  in  the  heart  of  Guaire  Aidne  son  of  Colman,  he  entreated 
the  four  Maels,  Cellach's  four  foster-brothers,  to  kill  him. 
And  those  fosterbrothers  consented  to  kill  Cellach  at  Guaire's 
behest  and  for  sake  of  great  bribes. 

After  Cellach  had  been  killed  by  his  fosterbrothers,  Cû- 
choingelt  son  of  Eogan  was  pursuing  them,  and  he  found 
them  at  (the  river)  Sdl  Srotha  Deirg  («  Brine  of  the  Red 
stream  »),  and  he  brought  them  to  the  Hill  of  the  Outlook,  to 
torture  them,  and  there  they  were  tortured,  and  from  them 
the  height  has  its  name. 

This  article  is  found  only  in  the  Lecan  copy  of  the  Dindsenchas. 

Ard  na  riag  «  the  Height  of  tlie  Tortures  or  Executions  » ,  now  Ard- 
narea  a  village  near  the  town  of  Ballina  :  see  O'Donovan,  Four  Masters, 
A.D.  1266,  and  Hy-Fiachrach,  p.  54, .note  w. 

Soi  srotha  deirg,  now  the  river  Moy. 

The  story  of  the  murder  of  Cellach  and  the  exécution  of  his  murderers 
is  well  told  in  the  Lebar  Brecc,  pp.  274,  276,  whence  it  has  been  edited  in 
Silva  Gadelica,  I,  57,  63,  II,  59,  66.  But  see  Revue  Celtique,  XVI,  91. 


134.  Inber  mBuada. 
(Lee.  p.  492''). 

INbear  m[B]uada,  can^j  rohainm;»^^^  ^ 

I.    MS.  do  deonaidedflr. 


The  Rennes  Dindsenchas.  First  Supplément.  141 

Ni  ansa.  Dia  tainic  Parrthalon  mac  Sera  meic  Sru  meic  Esru 
meic  Gaeidil  Glais,  6  taid  Gaeidil,  asin  Greic  iar  marbad  a 
athar  7  a  mathar  7  a  braithrech  uni  chenn  a  forba,  dia  roibe 
sechnon  in  domain  in  [leg.  6]  cach  thir  do  thir,  co  ranic  fa- 
deoid  co  iiErind,  cor'  gob  cuan  7  calad  a  n-Inis  Saimer.  Dam 
ochtair  a  lin,  co  roibi  re  trell  isin  chuan  sin.  lAr  scithlim  a 
loin  imnwrro  do[g]nidis  fiadach  7  enach  7  iascach.  Uair  ni 
[fjuair  Parthabn  a  n-inb/r  na  'n-abaind  i  n-Eriiin  co  tanic  co 
hinber  mBuada,  co  rob  and  do[f]uair  iasc  ar  tus,  co  ndebradar 
muinter  Parthab/;?  ;  «  Is  buadach  in  t-'mdher  !  »  ol  siad. 
«  Biaid  in  t-ainm  sin  fair,  «  ol  Parrthab?î  .i.  Inher  m[B]uada  », 
et  unde  dicitur  Inhor  mBuada. 

When  Parthalon  son  of  Sera,  son  of  Sru,  son  of  Esru,  son 
of  Goedel  Glas,  from  whom  are  the  Goedil,  came  out  of 
Greece,  after  his  father  and  mother  and  brothers  had  been 
killed  for  sake  of  their  héritage,  he  wandered  over  the  world 
from  one  country  to  another,  till  at  last  he  came  to  Ireland 
and  got  a  haven  and  landing-place  at  Inis  Saimer.  A  band  of 
eight  was  his  complément,  and  for  some  time  they  tarried  in 
that  haven.  After  their  provisions  were  spent  they  hunted 
deer,  and  birded  and  fished.  Parthalon  found  no  fish  in  any 
estuary  or  river  in  Ireland  till  he  came  to  Inber  mBuada,  and 
there  first  he  found  fish.  So  Parthalon's  people  said  :  «  Profit- 
able (buadach)  is  the  inver  !  »  say  they.  «  That  shall  be  the 
name  upon  it,  »  says  Parthalon,  «  even  Inber  mBuada  ».  And 
hence  we  say  Inber  mBuada  «  estuary  of  profit  » . 

Inbei-  mBuada  (fovmerly  Iiidber  Caini  glais  :  see  infra  no.  136)  not  iden- 
tified.  Inis  Saimer  an  island  in  the  river  Erne  at  Ballyshannon,  Four  Mas- 
ters,  A.D.  1197,  note  6.  O'Mahony's  Keating,  p.  115. 

As  to  Partholon  (name  borrowed  from  Bartholoinaeus),  the  first  colonizer 
of  Ireland  after  the  Flood,  see  LL.  y-\  i2j^  and  infra  Nos.  145,  150. 

Gaedel  Glas  the  eponymous  ancestor  of  the  Irish.  See  Saltair  na  Rann 
3993-4012. 

135.  DiNDA  Hua  n-Amalgada. 
(Lee.  p.  4930- 

Do  dindaib  Ua  nAmalgaid  andso  .i.  Carnn  Amalgaid  7  Tir 
Revue  Celtique,  XVI.  li 


142  Whitley  Stokes. 

Amalgaid  7  Fearsad  Threisi  7  Inis  Amalgaid  for  Loch  Con  7 
Mag  mBroin  la  Hi'iu  Amalgaid,  canas  ro  hainmniged  ? 

Ni  ansa.  Carn  Amalgaid  .i.  Amalgaid  meic  Fiachra.  Elgaid 
mac  Dathi  meic  Fiachrach  is  lais  rotochlad  in  carnn  'cum 
aenaig  Hiia  n-Amalgaid  do  denam  'na  thimchell  cacha  bliadwa^ 
7  do  feitheam  a  long  7  a  coblaig  as  7  ind,  7  dia  adnocol 
bodén. 

Amalgaid  mac  Fiachrach  meic  Echach  Muidmedoin,  is  uada 
ro  hainmniged  Tir  Amalgaid. 

Fearsad  Treisi  mviwrro  cid  diata  ?  Ni  a)isa.  Treisi  ingen 
Nad-fraich  bean  Amal2;aid  nieic  Fiachrach  meic  Echach  Muo-- 
inedoin  do  baidead  innti,  ronad  uaithi  ainmnichthear,  co;md  ria 
aderar  Fearsad  Ratha  Branduib  indiu^ 

Inis  Amalgaid,  cid  diata  ?Ni  aiisa.  Dia  ndechaid  Ruad  ingen 
Airdig  Uchtleathain  meic  Fir-choca,  bean  Dathi  meic  Fiachrach 
do  thuismed  a  toirch/«ja  co  hoilen  for  Loch  Con,  co  rue  mac 
forsan  indsi  .i.  Amalgaid  m^ïc  Dathi,  conià  uada  sloindter  an 
indsi  .i,  Inis  Amalgaid;  7  is  aitreb  naemda  ind  oilen  sin. 

Mag  mBroin,  cid  dia  ta  ?  Ni  ansa.  Bron  mac  AUtoid  dearb- 
[b]rathair  Manannain  meic  Alloid,  is  e  rosslecht  a  fidbaid  in 
mag,  confia,  he  a  ainm  fil  fair  .i.  Mag  mBroin,  ocus  derb[b]ra- 
thair  aile  doib  Ceiti  mac  Alloid,  dia  ta  Mag  Ceidi.  Comxà  do 
chuimneochad  na  ndind  sin  rocanad  so  : 

Seanchos  Chairn  Amalgaid  feil  7rl. 

Of  the  notable  places  of  Hùi  Amalgaid  hère,  to  wit,  Carn 
Amalgaid,  and  Tir  Amalgaid,  and  Fersat  Trese,  and  Inis 
Amalgaid  on  Loch  Con,  and  Mag  mBroin  in  Hùi  Amalgaid, 
whcnce  were  they  named  ? 

Not  hard  to  say.  Carn  Amalgaid,  i.  e.  Amalgaid  son  of 
Fiachra.  Elgaid  son  of  Dathi  son  of  Fiachra,  'tis  by  him  that 
the  cairn  was  dug  in  order  to  make  around  it  an  annual  meet- 
ing-place for  the  Hûi  Amalgaid,  and  to  watch  therefrom  his 
vessels  and  his  fleet  (going)  out  and  (coming)  in,  and  (lastly) 
for  his  own  burial  (therein). 

I.   MS.  aniucr. 


The  Rennes  Dindsenchas.  First  Supplément.  143 

Amalgaid  son  of  Fiachra,  son  of  Eochaid  Muidmedôin,  from 
him  Tîr  Amalgaid  v^as  named. 

Fersat  Trese,  now,  whence  is  it  ?  Not  hard  to  say.  Trese 
daughter  of  Nadfraech,  wife  of  Amalgaid  son  of  Fiachra,  son  of 
Eochaid  Muigmedôn,  was  drowned  therein:  so  it  is  named 
from  her,  and  today  it  is  called  Fersat  Ratha  Branduib. 

Inis  Amalgaid,  whence  is  it  ?  Easy  to  say.  When  Ruad 
daughter  of  Airdech  the  Broadbreasted,  son  of  Firchoca,  and 
wife  of  Dathi  son  of  Fiachra  went  to  an  island  on  Loch  Con 
to  bring  forth  the  chiid  in  her  womb,  she  bore  a  son  on  this 
island,  even  Amalgaid  son  of  Dathi,  so  that  the  island,  even 
Inis  Amalgaid,  is  named  from  him.  And  that  island  is  a  hal- 
lowed  habitation. 

Mag  mBroin,  whence  is  it  ?  Easy  to  say.  Bron  son  of  Allot, 
own  brother  of  Manannan  son  of  Allot,  'tis  he  that  felled  the 
wood  of  the  plain,  so  that  it  bears  his  name,  even  Mag 
mBroin  «  Bron's  Plain  » .  And  there  was  another  brother  of 
theirs,  Ceite  son  of  Allot,  from  whom  is  Mag  Ceiti. 

Wherefore,  to  commemorate  those  notable  places  this  was 
sung  : 

The  story  of  the  cairn  of  gênerons  Amalgaid,  etc. 

Carii  Amalgaid  on  the  si'mmit  of  Mullaghearn,  near  Killala  in  the  ba- 
rony  ofTirawley,  v.  O'Donovan,  Hy  Fiachrach,  443  n.  The  passage  rela- 
tingto  this  cairn  is  quoted  and  translated  in  Petrie's  Round  Towers,  p.  107. 
Tir  Amalgaid  now  the  barony  of  Tirawley,  co.  Mayo.  Fersat  Trese  i.  e. 
trajectus  Tresiae,  in  the  parish  of  Killala,  near  the  abbey  of  Rafran  (Râith 
Bhrain),  see  Hy  Fiachrach,  9,  490.  Inis  Amalgaid  now  Inishlee,  an  islet  in 
Loch  Con.  Mag  mBroin  «  Bron's  Plain  »,  now  probably  the  townland  of 
Killybrone  (i.  e.  CM  Maighe  Broin)  in  the  parish  of  Ardagh.  See  Hy  Fia- 
chrach, p.  236  n.  Mag  Ceiti  not  identified. 

Dathi  son  of  Fiachra,  overking  of  Ireland  from  A.D.  405  to  428,  said  to 
hâve  been  Idlled  by  lightning  at  the  Alps.  See  Lebor  na  huidre,  38^. 

136.  Mag  Tibra. 
(Lee.  p.  494O. 

Mag  Tibra,  canas  rohainmniged  ? 

Ni  ansa.  hirial  faid  mac  Ereamon  meic  Milead  EsTpâine,  rig 


1 44  Whitley  Stokes. 

hEr[e]and  7  Alban,  7  tanic  Irial  timchell  Erend  inacuairt,  co 
riacht  co  hindber  Chairnd  Glais  risi  n-abar  Inher  mBuada,  7 
tanic  da  acallaini  aindsen  a  buime  .i.  Tibir  ingcn  Chais  Clo- 
thaig  do  Tliuathaib  de  Danand,  co  rue  le  rig  hErind  diadunad 
bodesin  .i.  co  Mag  nGIas.  IS  andsin  dogob  galar  rega  rig 
hEreun,  co  testa  a  ndun  a  buime.  Tancadrtr  fîr  Erenn  fo  thasc 
in  rig  co  riacht[atar]  dun  Tibra,  7  dothocbad^'r  leo  he  co  rei- 
lic  idlaide  na  Cruachna,  cor'  liadlaicead  and  he.  Dochuaid  Ti- 
bir isa  muir  dé  bathad  do  cumaid  '■  a  dalta,  co  tucad  i  tir  hi- 
iarna^  bathad  do  thonnaib  in  mara,  cor'  hadlaiced  hi  'sa  moig 
sin  re  taeb  na  tniga,  ro/zad  uaithi  ainmnigthear  in  mag  .i.  Mag 
Tibra,  7  is  dona  gairthib  mora  doligedar  lucht  in  baiH  i[c] 
cainead  rig  Ereiin  7  a  buime  ita  Tulchan  na  nGairthi. 

Irial  the  Prophet  son  of  Erem,  son  of  Mil  of  Spain,  was  King 
of  Erin  and  Alba;  and  on  his  circuit  Irial  came  round  Erin  till 
he  reached  the  Estuary  of  the  Green  Cairn,  which  is  (now) 
called  Inber  mBuada.  And  there  he  came  to  hâve  speech  of 
his  fostermother  Tibir  daughter  of  Cass  Clothach  of  the 
Tuatha  dé  Danann,  and  she  brought  the  king  of  Erin  to  her 
own  fort,  even  to  Mag  Glas.  There  a  deadly  illness  attacked 
the  King  of  Erin  and  he  passed  away  in  his  fostermother's 
fort.  The  men  of  Ireland  came  at  the  news  of  the  king's  death 
till  they  reached  Tibir's  di'ni,  and  they  took  him  up  to  the 
pagan  burialground  of  Cruachain,  and  there  he  was  interred. 
Out  of  grief  for  her  fosterling  Tibir  went  into  thesea  to  drown 
herself,  and  after  she  was  overwhelmed  by  the  seawaves  she 
was  brought  on  shore  and  buried  in  that  plain  beside  the 
strand.  Wherefore  the  plain  is  named  from  her,  even  Mag 
Tibra;  and  from  the  great  cries  which  the  folk  of  the  stead 
uttered  in  bewailing  the  King  of  Erin  and  his  fostermother 
Tulchàn  na  ngairîhe  —  «  the  Hillock  of  the  Outcries  »  —  is 
so  called. 

Mag  Tibra  and  Tulchân  na  ngairthc  havc  not  been  ideiitified.  Cruachain 
or  Cruachu,  now  Rathcroghan,  the  ancient  palace  of  the  Kings  of  Con- 
naught,  is  in  the  co.  Roscommon,   between  Belanagare  and  Elphin  :  see 

I.  MS.  cumaig.  2.   MS.  iar  iarna 


The  Rennes  Dind'senchas.  First  Supplément.  145 

the  dindsenchas  of  Râith  Cruachan,  Rev.  Celt.,  XV,  465,  and  O'Donovan's 
note,  Four  Masters,  122^.  The  pagan  cemetery  (named  Oenach  Cruachan  in 
LU.  5 1»,  and  now  called  Roilig  na  Righ)  lies  a  quarter  of  a  mile  souih  of 
Rathcroghan. 

In  LL.  127b  Gilla  Coémâin  says  that  Irial  the  Prophet  reigned  for  ten 
years,  and  died  of  a  one  hour's  illness  in  Mag  Muâde. 


137.  Sliab  nGam. 
(Lee.  p.  494^. 

Sliab  nGam,  canas  rohainmniged  ? 

Ni  aiisa.  Gam  Gruadsolos  .i.  gilla  [p.  494'']  Ereamoin  moir 
meic  Milead  Espàine,  is  he  rosaraigsead  na  hamaidi  no  na 
maidi  im  a  cheann,  7  robeansad  de  he,  7  rolaisead  uaidib  isin 
loch  no  'sa  tibraid  in  cend,  7  is  don  buaidred  tue  in  ceann 
forsin  tibraid  ita  blas  searb  ùiirn  indara  fecht  7  in  fecht  aile  is 
firusq//i.  Coma,  on  Gam  sin  ita  Sliab  nGam, 

Gam  the  Bright-cheeked,  a  servant  of  Eremon  the  Great, 
son  of  Mil  of  Spain,  'tis  he  whom  the  crones  ^  outraged  as  to 
his  head,  and  they  struck  it  off  him,  and  they  cast  the  head 
into  the  lake  or  into  the  well.  And  from  the  disturbance 
which  the  head  caused  to  the  well  it  has  at  one  time  a  bitter 
taste  and  at  another  it  is  pure  spring-water.  Wherefore  from 
that  Gam  Sliab  nGam  is  so  called. 

Sliab  nGam,  now  Slieve  Garaph,  a  chain  of  mountains  in  the  co.  of  Sligo, 
O'Donovan,  Foiir  Masters,  1286,  note  d,  where  he  says  that  «  the  name 
is  incorrectiy  translated  Ox  Mountains,  because  the  natives  believe  that  the 
true  Irish  form  of  the  name  is  Sliabli  dhamh,  i.  e.  mountains  of  the  oxen.  » 

138.  Loch  Gile. 
(Lee.  p.  498^). 

Loch  Gili,  chinas  rohainmnigead  ? 

Ni  a)isa.  Romra  7  Omra,  da  ri  robadar  sin  moig  dia  ta  in 

I.  maiâi  is  obscure  to  me;  but  amaidi  seems  =  animiti  ofLL.  120»  11 
(Rev.  Celtique,  III,  176). 


146  Whitley  Stokes. 

loch.  Bai  ingen  la  Romra  .i.  Gili  a  hainm,  Dia  rochuindig 
Omra  do  mnai  Gili  ingen  Romra  co  r'er  7  co  r'eitig  an  ingen 
eseom.  Dia  ndeachaid  Gili  la  dia  fothrucad  co  tobar  robai  for- 
sin  maig  an  aimsir  bai  snigi  ann  co  facaid  in  fear  bai  'ca  cuind- 
gid  osa  cind,  cor'ba  marb  do  nairi  in  ingen,  co  fuair  bas  isin 
tibraid.  Co  tainic  a  buime  'na  doc/mi  'na  diaid  sin,  co  ra  chai, 
7  is  dona  deoraib  ro  muidsedar  uaithi  'sa  tobar  dorindi  in  loch, 
7  o  Gili  ingin  Romra  rohaiumniged .  Undc  Loch  Gili  dicitur. 
Corbo  marb  Omra  do  laim  Romra  a  ndigail  a  ingine,  7  do- 
mebaid  cromaidm  cz^mad  da  chraidi  'na  cliab  fodesin  do  chu- 
maid  a  ingine,  conad  uaidib  na  da  charn  .i.  carnn  Romra  7 
carn  Omra.  Conad  doib  sin  rocanad  : 

Ingean  Romra,  GiU  glan,  7rl. 

Romra  and  Omra  were  two  kings  who  lived  in  the  plain 
which  became  the  lough.  Romra  had  a  daughter  named  Gile 
«  Brightness  ».  Omra  asked  Gile  Romra's  daughter  to  be  his 
wife,  but  she  refused  and  rejected  him.  One  day  when  it  was 
raining  Gile  went  to  a  well  in  the  plain  to  bathe.  She  saw 
above  her  head  the  man  who  was  seeking  her.  The  girl  died 
of  shame  and  found  death  in  the  well.  After  her  came  her  fos- 
termother  and  wept,  and  'tis  with  the  tears  that  burst  from 
her  into  the  well  that  she  made  the  lough,  and  from  Gile 
Romra's  daughter,  the  lough  was  named.  Hence  Loch  Gile  is 
said. 

There  Omra  died  by  Romra's  hand,  in  vengeance  for  his 
daughter,  and  a  gore-burst  of  grief  broke  from  his  heart  in 
his  own  breast  for  sorrow  because  of  his  daughter.  So  that 
from  them  the  two  cairns  are  named,  to  wit,  Carn  Romra 
and  Carn  Omra.  Wherefore  of  them  hath  been  sung  : 

Romra's  daughter,  pure  Gile,  etc. 

Loch  Gile  now  Lough  GiU  in  the  co.  Sligo. 

Another  death  from  excess  of  female  modesty  is  commemorated  by  Kea- 
ting,  who  says  (Halliday's  édition,  p.  296)  that  Fiai  the  wife  of  Lugaidh 
son  of  Ith  died  through  shame  because  her  husband  had  seen  her  nakedness 
as  she  was  coming  in  from  swimming  (fuair  Fiai  bean  Lughaidh  mhic  Ithe, 
bas  do  naire  air  fïaicsin  a  nochta  dà  céile  ar  tteacht  6  shnâmh  dhf). 

The  genesis  of  Loch  Gile  recalls  the  Egyptian  tradition  that  the  swelling 


The  Rennes  Dindsenchas.  First  Supplément.  147 

of  the  Nile  was  caused  by  the  tears  of  Isis  for  the  loss  of  Osiris,  whom 
Typho  had  basely  murdered.  SeealsoNo.  98  supra,  for  the  origin  of  Loch 
Ruidi  and  two  other  Irish  lakes. 

Gile  is  derived  from  gcî  «  bright  »,  which  seems  cognate  with  yeXàv 
Xi[j.m'.y,  Hesych. 


139.  Âth  Liac  Find. 
(Lee.  p.  501''). 

Ath  Liag  Find,  canas  rohammniged  ? 

Ni  ansa.  Cath  doradad  it/r  Find  mac  Cumaill  7  Fland  mac 
Echach  Abradruaid,  conià  annsin  doroacht  Sidengingen  Mong- 
ain  Sidig  ^  co  lig  co  slabrad  oir  do  Find  mac  Cuma'ûl,  co 
tard  sin  a  laim  Guaire  Guill,  co  tairnic  airm  Find  do  chai- 
thim,  co?nd  iarwm  tairlig  [a  lic^],  co  torcradar  de  tri  meic 
Ecliach  Abradruaid  .i.  Bran  7  Seanach  7  Senan,  7  torchair  in 
liag  isan  ath,  7  ni  fagaib  5  nech  conasïagaïh  Bé-tuinde  4  inge?i 
Nothra  né  Chalaid  meic  Co7/chind,  coiiïd  hi  domheir  araird  ma- 
dain  domnaig,  7  secht  mhliadna  iarwm  co  brath.  [Unde  Ath  Liac 
Finn]  5, 

A  battle  was  fought^  between  Find  son  of  Cumall  and 
Fland  son  of  Eochaid  of  the  Red  Eyebrows,  and  thither  came 
Sideng,  daughter  of  Mongan  of  the  Elfmounds,  unto  Find  son 
of  Cumall  with  a  flat  stone  and  a  chain  of  gold  (fastened 
thereto).  And  Find  placed  it  in  the  hand  of  Guaire  Goll  till 
he  had  used  up  his  weapons,  whereupon  (snatching  it  from 
Guaire  Goll)  he  flung  his  stone,  and  thereby  fell  three  sons  of 
Eochaid  of  the  Red  Eyebrows,  namely  Bran  and  Senach  and 
Sendn.  And  the  stone  fell  into  the  ford  and  no  one  found  it 
till  Bé-tuinde  («  Woman  of  the  Wave  »)  daughter  of  No- 
thair,  or  of  Calad,  son  of  Conchenn,  found  it.  And  'tis  shethat 


1 .  sigid  Lee. 

2.  sic  BB. 

3.  fadaib  Lee,  forfagaib,  H. 

4.  con;/5  fadaib  BechuiUi,  Lee. 

5 .  sic  H. 

6.  Hterally,  delivered. 


148  Whitley  Sîokes. 

brings  it  up  (on  shore)  011  a  Sunday  morning,  and  there  are 
seven  years  thence  till  Doomsday.  Hence  Atb  liac  Find  «  the 
Ford  of  Find's  flagstone  ». 

Also  in  BB.  394'' 8  and  H.  53a.  Versified  by  Mael-Muru,  LL.  163^24: 
Edited  and  translated  by  O'Curry,  Manners  and  Ciistoms,  II,  283-2S5,  as 
an  illustration  of  the  use  of  the  «  champion's  hand-stone.  » 

Àth  liac  Find  now  the  ford  of  Ballyleague,  at  Lanesborough,  on  the 
Shannon,  above  Athlone.  Giiaire  GoJl  a  name  for  Oissi'n  or  Ossian,  Rev. 
Celt.,  VII,  pp.  289,  300. 

Note  the  use  of  the  présents /a^a/è  and  do-m-heir  for  the  future. 


140.  Druim  Criaich. 
(Lee.  p.  502^). 

Druim  Criaich  ^,  canas  roha'mmniged  ? 

Ni  ansa.  Druim  n-Airthir  a  hainm  artus,  co  tardsad  na  tri 
Find-eamna  catli  dia  n-athair  ann,  d'Eochaid  Feidleach,  do  rig 
Herenn  .i.  Breas  7  Nar  7  Lothar  a  n-anmand,  7  a  n-Eamain 
Mâcha  dono  rohoilead  iad  2  —  710  eamain  cach  raed  cengailii, 
7  do  oentairbert  rucad  iad. 

Lodar  tuaithbel  Emin  tar  Febal  7  dar  Eas  Ruaid  7  dar  Duib 
7  dar  Drobais  7  dar  Daill  7  dar  Sligech  7  dar  Senchorann  7 
dar  Segais  7  dar  Mag  Luirg  7  dar  Mag  n-Ai  7  dar  Mag  Crua- 
chan,  conad  andsin  rosiacht>  Clothra  a  siur  7  rochai  friu  7 
ros-poc,  7  adb^rt  :  «  Ba  saeth  lim  beith  can  clanda  !  »  7  ro- 
chuindich  a  coimlebaid,  r(;/ad[d]e  dorala  Lugaid  Riab  ndearg 
vnac  na  tri  Find-eamna.  IS  airi  doiio  doronnad  sin,  cona  gab- 
dais  fircatha  fria  n-athair. 

Lodar  iarsin  o  Chruachain  tar  Ath  kiain  arfud  Midi  tar  Ath 
Féne,  dar  Findglais,  dar  Glais  Tarsna,  dar  Glais  Cruind,  dar 
Druim  n-Airthir. 

Tri  tricha  ced  andsin  im  Eochaid.  Timnais  dono  Eochaîd 
troscad  ara  mrtcaib  im  thelcaid  +  doib  né  im  chairdi  mis  dô  )  fr 

1.  sicBB.  and  H.  Criad  Lee. 

2.  rohaltait  BB,  and  H. 

3 .  dos  roacht  BB.  dus  roacht  H. 

4.  thelgad  BB.  thelcud  H. 

5.  do  BB.,  H.  doib  Lee. 


The  Rennes  Dindsenchas.  First  Supplément.  149 

cath,  7  ni  thucad  do  acht  cath  arnamdrach,  7  ros-mallaig  Eo- 
chaid  andsin  iad,  7  adb^^rt:  «  Beidid  mar  tad  a  n-anmann  », 
7  dobert  in  cath,  7  docliomairt  .uii.  mile  [do  suidib],  7  ro^- 
madmaid  in  meic^  im  theora  nonbaraib  leo  .i.  nacnmur  la 
Nar  doriacht  tir  ind  Nair  5  a  n-Umall,  conad  ann  dorochair  ac 
Leith  na  cor,  7  naenmor  aile  am  Breas  co  Dun  mBres  [p.  502''] 
co  Loch  n-Oirbsen,  co  ndorchair  ann,  7  nonbar  aile  la  Lothar 
dar  Ath  luain,  co  ndorchair  and. 

Co  tancadar  a  tri  cind  co  Druim  criaich^  [ria  n-aidchi],  co- 
nad  and  isbert  Eochaid  in  mbreithir,  nach  ngebad  mac  andiaid 
a  athar  flaithiMi^  Temra  can  nech  etwrru  on  dail  sin  anuas. 

Unde  Druim  criaich  5  dicitur. 

Druim  nAirthir  («  Ridge  of  the  east  »)  was  its  name  at 
first,  till  the  three  Find-emna  («  Finns  of  Emain  »)  gave  battle 
to  their  father  there,  even  to  Eochaid  Feidlech,  king  of  Ire- 
land.  Bres  and  Nar  and  Lothar  were  their  names,  and  in 
Emain  Mâcha  they  were  reared.  Or  emai)i  is  every  thing  con- 
nected,  and  at  one  birth  they  were  brought  forth. 

They  marched  through  the  north  of  Ireland  over  Febal  and 
over  Ess  Rûaid,  and  crossed  (the  rivers)  Dub  and  Drobdis  and 
Dali  and  Sligech,  and  over  Senchorann  and  Segais  and  Mag 
Luirg  and  Mag  nAi  and  Mag  Cruachan,  and  there  their  sister 
Clothru  sought  them,  and  wept  to  them,  and  kissed  them. 
And  she  said  :  «  I  am  troubledat  being  childless  »,  and  she  en- 
treated  them  to  lie  with  her.  And  thence  was  born  Lugaid 
Red-stripes,  the  son  of  the  three  Find-emna.  This  was  donc 
that  they  might  not  get  «  truth  of  battle  »  ^  from  their  father. 

Thereafter  they  marched  from  Cruachan  over  Ath  lûain 
throughout  Meath,  over  Âth  Féne  and  Findglais  and  Glais 
tarsna  and  Glais  Cruind  and  Druim  n-airthir. 

Thrice  three  thousand  were  then  with  Eochaid,  and  he  or- 

1 .  MS.  repeats  7  ro. 

2.  imeid,  Lee.  in  meit  BB.  an  meic  H. 

3.  sic  H.  tiriNair  Lee. 

4.  sic  BB.  criaid  Lee. 

5 .  criaid  Lee. 

6.  i.  e.  I  suppose,  fair  play  in  fight. 


1 50  Whitley  Stokes. 

dered  a  fast  against  his  sons  to  overthrow(?)  them,  or  to  make 
them  grant  him  a  month'strucefrom  battle.  Nought,  however, 
was  given  him  save  battle  on  the  morrow.  So  then  Eochaid 
cursed  his  sons  and  said,  «  Let  them  be  Hke  their  names  ». 
(Noise  and  Shame  and  Trough).  And  he  dehvered  battle  (to 
his  sons  and  their  troops),  and  crushed  seven  thousand  of 
them  ;  and  the  sons  were  routed  with  only  thrice  nine  in  their 
Company,  to  wit,  nine  with  Ndr,  who  reached  Tir  ind  Ndir  in 
Umall,  and  there  he  fell  at  Liath  na  cor  ;  and  nine  others  with 
Bres  at  Dùn  Bres  by  Loch  Orbsen,  and  there  he  fell  ;  and 
nine  others  with  Lothar  over  Âth  lûain,  and  there  he  fell  (and, 
like  his  brothers,  was  beheaded). 

Then  before  nightfall  their  three  heads  came  to  Druim 
Criaich,  and  there  Eochaid  uttered  the  word,  that  from  that 
time  forward  no  son  should  ever  take  the  lordship  of  Tara 
after  his  fiither  unless  some  one  came  between  them. 

AIso  in  BB.  394^45  and  H.  55b.  Versified  by  Cuan  hua  Lothchain, 
LL.  151. 

Druim  criaich,  nowDrumcreein  the  co.  Westmeath.  Criaich,  says  O'Curry 
(Mattiiers  and  Ciistoms,  II,  145)  «  is  composed  of  «•/  the  heart  and  acli  a 
sigh  or  moan  :  because  ever  after  the  monarch  Eochaidh  Feidhlech  received 
the  heads  of  his  three  rebelhous  sons  on  this  hill,  sighs  and  moans  never 
ceased  to  issue  from  his  heart.  »  But  cri  means  «  body,  »  not  «  heart,  »  and 
O'Curry's  etymology  is  given  in  the  Côir  Anmann  as  the  explanation  of 
feidlech,  not  criaich  :  No  Eochaid  feidhil-uch  .i.  fada  .i.  feidhil  .i.  uch  comôr 
minic  lais,  ar  ni  dheachfl/^  a  thinnius  asa  chridiu  6  romarbhait  a  maccu  lais 
a  cath  Droma  Cri'adh,  co  fuair  feîn  bas,  cona[dj  ar  in  fotha  sid  asberar  Eo- 
chaid Feidhk'ch  fris,  H.  3.  18,  p.  575. 

Uiiiall  now  the  Owles  in  co.  Mayo.  Loch  Orbsciinow  Lough  Corrib.  Ath 
lûain  now  Athlone. 

The  répulsive  taie  of  Clothru's  incestuous  intercourse  with  her  three 
brothers  is  told,  with  some  variation,  also  in  LL.  124^,  Unes  41-55.  See 
too  O'Mahony's  Keating,  pp.  287.  288. 


141.  TuAG  Inbir  ocus  Loch  n-Echach. 
(Lee.  p.  503O. 

Tuag  Inbir  7  Loch  nEchacb,  canas  i-ohàinïïiiiigtbea  ? 

Ni  aiîsa.  Tuag  ingen  Chonaill  Chollamrach,  dalta  Chonairi 


The  Rennes  Dindsenchas.  First  Supplément.  1 5 1 

môir  meic  Ewrsceil,  is  and  roalt,  i  Temraig^,  co  slogaib  mora 
d'ingenaib  rig  Hmnd  uimpi  diahimchoimed.  O  hindi(?)  im- 
morro  co  cend  a  .u,  mhliadan  ni  ro  leiced  fer  ind  dia  himcha- 
sain  co  wgabad  ri  Herenn  a  himchomarc.  Rodfai[d]  dono  Ma- 
nannan  techta  ina  dochum  .i.  Fer  Fidail  mac  Eogabail,  dalta 
do  Manandan,  drai  do  Thuathaib  de  Danann,  a  richt  mnai  dia 
cainteglach  boden,  co  mbai  teora  aidche  ann. 

Isin  cheathromad  aidche  immorro  À.  aidchi  luain,  rocha- 
chain  in  drai  bricht  suain  osin  n-ingin,  conas-hrgaïb  fair  co'hln- 
bear  nGlais,  ar  ba  head  a  cedainm.  Conas-hirim  ar  lar  'na 
suan  conigsed  d'iarraid  curaig  ^,  7  nirb'ail  do  a  diiscud  conas- 
bearad  'na  suan  i  Tir  Ban  thsuthain,  co  tanic  tond  tuili  dia  eis, 
coro  baidead  in  ingen.  \]nde  Tuag3  Inb/r. 

Doluid  do/70  Fer  Fidail  mac  Eogabail  [roime]  dia  thig,  7 
r«j-marb  and  Manandan  ar  son  a  mignima. 

Loch  n-Echach  \n\morro,  is  sund  adfédar^  .i.  Eochaid  mac 
Maireada,  brathair  sen  7  Rib,  co  rongradaig  ben  a  athar  5  .i. 
Eiblind  ingen  Guairi  —  is  uaithi  ainmnigther  Sliab  n-Eiblindi. 
Lodar  rompo  for  imirgi  a  hirluachair  co  Brega  7  co  Brug 
vaeic  in  Og.  IS  and  bae  Aengwj  foracind,  7  dlomais  friu,  7 
marbais  a  mbuar  in  aidchi  sin  7  a  n-echu  ^  arnamarach,  7 
romaed  marbad  na  muintin  in  treas  aidche  [p.  503'']  mina 
deachdais  uad,  7  con-aitcheadar  iarwm  imarchor  a  n-elba 
uad,  7  dorad  doib  each,  7  adbeart  a  athchur7  dia  tig  siu  sre- 
blad  a  fual.  Mus-luat^  for  cai  mis  medon  fogamair9  feascz^r 
luain  i  Liathmuine.  Annsin  deiUich^°  a  n-ech  leu"  iar  car  a 
n-elba  de,  7  silis  a  fual  co  mbo  tibra  a  talmain.  Dognithir 
tech  im  suidiu  ^%  7  gabais  Eochaid  flaithis  n-Ulad  co  mbai 
nai  mhliadna  dec  i  n-Emain. 

1 .  a  temraid,  Lee. 

2.  curaid,  Lee. 

3 .  tuad,  Lee. 

4.  Loch  neaehach  sunn  mwiorro  is  and  adberar  iw  adfedar,  Lee. 

5 .  coro  gradaid  ben  a  athair,  Lee. 

6.  an  élu,  Lee. 

7.  sic  BB.  air,  Lee. 

8.  sic  BB.  and  H.  musleath,  Lee. 

9.  fodamair,  Lee. 

10.  Lee.  inserts  anellach. 

11.  sic  BB.  lem  Lee.  12.   l'msiudiu,  Lee. 


IJ2  Whiîley  Stokes. 

IS  ann  luid  Lind-mune  tar  Liathmuine,  cor'  baidead  Eo- 
chaid  7  a  cland  uile  acht  mad  Dairiu  7  Conaing,  conad  o  Cho- 
naing  Dal  Selle  7  Dal  mBuain.  Cet  \Aiadan  iar  nge[i]n  Ocist 
ann  sin.  [Unde  Loch  n-Echach  dicitur]. 

Tuag  daughter  of  Conall  CoUamair,  fosterling  of  Conaire 
the  Great,  son  of  Etarscél,  there  was  she  reared,  in  Tara,  with 
great  hosts  of  daughters  of  the  King  of  Erin  around  her  to 
protect  her.  Now  from...  to  the  end  of  her  five  years  no  man 
was  allowed  to  see  her,  so  that  the  King  of  Ireland  might  hâve 
the  asking  of  her.  So  Manannan  sent  her  a  messenger,  even 
Fer  Fidail  se  x  of  Eogabal,  a  pupil  of  Manannan's  and  a  druid 
of  the  Tuat^^a  dé  Danann,  in  the  shape  of  a  woman  of  his 
own  fair  household,  and  there  he  remained  for  three  nights. 

On  the  fourth  night,  however,  a  Monday  night,  the  druid 
sang  a  sleep-spell  over  the  girl,  and  carried  her  to  Inber  Glais, 
for  this  was  the  first  name  of  Tuag  Inbir.  There  he  laid  her 
down  in  her  sleep  while  he  went  to  look  for  a  boat,  and  he 
wished  not  to  awake  her  that  he  might  take  her  while  sleep- 
ing  into  the  Land  of  Eternal  Women.  But  a  wave  of  the 
floodtide  came  after  him,  and  the  girl  was  drowned.  Whence 
Tuag  Inbir . 

Then  Fer  Fidail  son  of  Eogabal  fared  forth  to  his  house, 
and  there  Manannan  killed  him  because  of  his  misdeed. 

Hère  now  is  declared  Loch  n-Echach  «  Echaid's  lake  »  (so 
called  from)  Eochaid  son  of  Mairid  and  brother  of  Rib,  whom 
his  father's  wife  Eiblenn  Guaire's  daughter  loved.  'Tis  from 
her  S  lia  b  n-Eiblinmïs  named.  They  fared  on  a  flitting  from 
Irluachair  to  Bregia  and  Brug  maie  ind  Oc.  Oengus  was 
there  ahead  of  them,  and  he  rejected  them  and  on  that  night 
he  killed  their  cattle,  and  on  the  morrow  their  horses,  and 
he  threatened  to  kill  their  households  on  the  third  night  un- 
less  they  went  away.  So  they  begged  him  for  carriage  for 
their  goods,  and  he  gave  them  a  horse,  telling  them  to  send  it 
backto  his  house  before  it  staled.  In  the  mid-monthof  autumn, 
on  a  Monday  evening,  they  wend  their  way  into  Liathmuine. 
There  their  horse  lies  down,  after  their  goods  had  been  taken 
off  him,  and  he  lets  his  urine  flow  till  it  became  a  well  in  the 


The  Rennes  Dindsenchas.  First  Supplément.  1 5  3 

earth.  Round  this  a  house  is  built,  and  Eochaid  takes  the  lord- 
ship  of  Ulster  and  dwelt  in  Emain  for  nineteen  years. 

Then  went  Lind-mùne  over  Liathmuine,  and  Eochaid  was 
drowned  with  ail  his  children  save  only  Dairiu  and  Conaing. 
And  from  Conaing  Ddl  Selle  and  Ddl  mBuain  descend.  'Twas 
then  a  hundred  years  after  the  birth  of  Christ.  Hence  Loch 
nEchach  «  Eochaid's  lake  »  is  said. 

Also  in  BB.  395b  ^o  and  H.  54b.  The  part  relating  to  Tuag  Inbir  is  in 
Bodl.  no.  46  (whence  edited  in  Folklore,  III.  510,  511),  and  is  versified  in 
LL.  1521».  The  part  relating  to  Loch  n-Echach  is  in  Ed.  fo.  4^2,  whence 
edited  in  Folklore,  IV,  474-5.  See  also  Aided  Echach  maie  Maireda,  LL. 
j^a-^gb^  edited  by  Crowe  in  1870,  and5//z'a  Gadelica,  II,  483,  484,  532. 

Tuag  Inbir  the  mouth  ofthe  river  Bann.  Loch  nEchach  now  Lough  Neagh. 
Sliab  nEiblindi  now  the  Slieve  Phelim  mountains  Irluachair'm  the  S.  E.  of 
the  co.  Kerry.  Brug  nieic  ind  Oc,  the  plain  through  which  the  Boyne  flows. 
Lind  mûine  («  stagnum  mictus  »)  not  identified  :  niûine  gen.  sg.  of  Cor- 
niac's  vnîn  «  urine  ».  Ddl  Selle  (^  Dal  Saline,  LU.  39b)  not  identified.  Dâl 
mBuain  the  tribe  and  district  on  each  side  of  thè  river  Lagan,  from  Moirà  to 
Belfast. 

As  to  the  elf  Fer  Figail  see  Rev.  Celtique,  XIII,  458  where  he  is  called 
Fer  fi. 

142.  Benn  Bôguine. 
(Lee.  p.  504^). 

Beand  Bogaine,  cznas  vo\\d\nm.niged  ? 

Ni  ansa.  Bo  do  buaibh^  Flidaisi  ingine  Gairb  meic  Greas- 
caid^  mna  Aililla  Feasfonnaid  3  adrulla  and  coro  thai  da  laeg  .i. 
laeg  fireann-7  laeg  boineand,  7  fiadaigis4  dono  s'A  na  bo  sin 
ann  co  wad  fêta  ni  dib,  cor'bad  lana  na  muigi  dib.  Intan  dono 
no  gesed  in  tarb  bai  ocaib  no  thiagdais  ba  in  tire  comfoco[i]s 
ina  ndochum,  7  ni  thictis5  iar«m.  Banbruigiu  bai  andsin  .i. 
Echdar  ingen  Uatha  sin,  bean  sin  Bruachda  meic  Baisgil.  Bai 
[for]  altrom  dono  la  side  .i.  Fiacha  mac  Neill.  Doluid  dono 


1 .  sic  B.  buaid  Lee. 

2.  Gresaigh  BB.  and  H. 

3.  feisroinnigh  BB.  fesroinigh  H. 

4.  sic  B.  fiagais,  Lee.  rofiadaig  LL. 

5.  thicdisBB.,  tictis  H.  bligdis  Lee. 


1 54  Whitley  Stokes. 

in  bo  boi  'na  beola  sm  fo  ge[i]m  in  tairb  ucud.  Dlomais  dono  a 
buime  Fhchaig  j  adb^rt  nad  ebelta  le  he  for  a  lacht  co  tisad 
leis  in  bo  ro  thom[l]acht  ina  beolu  no  coro  bebsad  in  [m]buar 
n-angbaid.  Doluid  Fiacha  riam  co  ro  slecht^  in  buar  uile,  co 
n-ehen  :  «  Is  bo-guine  andso  7  bid  [sed]  ainm  na  benni  [se]  » . 
Unde  dîcitur  Beann  Bogaine. 

A  cow  of  the  kine  of  Flidas,  daughter  of  Garb  son  of  Gres- 
cad,  wife  of  Ailill  Fesfonnad,  escaped  there  and  dropt  two 
calves,  a  buU-calf  and  a  cow-cali,  and  the  otfspring  of  that  cow 
went  wild,  se  that  nought  could  be  done  with  them,  and  the 
plains  were  full  of  them.  Now  when  the  buU  that  was  with 
them  woLild  bellow  the  cows  of  the  neighbouring  country 
would  go  to  them,  and  then  they  would  not  come  (back). 
There  was  a  female  hospitalier  there,  namely  Echdar  daughter 
of  Uathach,  wife  of  Bruachaid  son  ofBaisgel.  With  her,  then, 
in  fosterage  was  Fiacha  son  of  Niall.  Now  the  cow  that  was  in 
front  of  her  went  ofF  at  the  roar  of  y  on  bull.  So  his  foster- 
mother  declared  to  Fiacha  saying  that  he  would  not  be  nou- 
rished  by  her  on  milk  until  the  cow  that  was  milked  before 
her  should  come  back  with  him,  or  until  he  should  kill  the 
wicked  cattle.  So  Fiacha  started  off  and  eut  down  ail  the 
cattle,  and  said  :  «  There  is  a  cow-slaughter  !  »  Qô-guine),  and 
this  shall  be  the  name  of  the  peak.  «  Whence  is  said  Benn  Bé- 
guine «  peak  of  cow-slaughter  ». 

Also  in  LL.  163» 45  :  BB.  397^3:  H.  55b;  and  Ed.  fo.  4=*  i,fromwhich 
last  the  story  lias  been  edited  in  Folklore,  IV,  473. 

Betiu  Boguine  notidentified.  A  man's  name  Bogaine  occurs  in  LU.  70^  14. 

As  to  Flidais,  see  LL.  147»  35 — 248^  11.  The  clher  names  vary.  Fiacha 
is  Find  (LL.)  or  Fiadchad  (Ed.)  :  Echdar  is  Ane  (LL.)  ;  Uath  is  Uathach 
(LL.). 

143.  Sll\b  Betha. 
(Lee.  p.  505O. 


Sliab  Beatha,  cann j  roh'xinmnigcd  ? 
Ni  ansa.  Bith  mac 

I     coro  slechtaib,  Lee. 


Ni  ansa.  Bith  mac  Nae  dono  doriacht  la  Ceasair  ingin  Bea- 


The  Rennes  Dindsenchas.  First  Supplément.  1 5  5 

tha  meic  Nae  ceathracha  trath  ria  ndilind  dochum  nErind  ar 
imgabail  [na  dilend  ^J,  ut  dicituv  in  Capturis  Hiberniae.  IS  ead 
dono  luid  Bith  rena  shecht  mnaib  dec  iar  cedroind  a  .xx.u.  im- 
morro  iar  mbas  Ladraind  ^,  conïd  andsin  rongab  5  crithgalar, 
cow-apadde,  cona  ro  adnaicsead  na  mna  i  carn  [mor]4  SIebi  Be- 
tha5.  Unde  Sliab  Betha^  diciîur. 

Now  Bith  son  of  Noah,  forty  days  before  the  Déluge,  came 
with  his  daughter  Cesair  to  Erin  to  avoid  the  flood,  as  is  told 
in  the  Capturae  Hiberniae.  After  the  first  division  (of  the  fifty 
women  who  had  corne  to  Ireland  with  him  and  Cesair,  Ladru 
and  Finntan)  Bith  went  (to  Sliab  Betha)  with  his  seventeen 
wives,  —  or  (if  it  was)  after  Ladru's  death,  his  twenty-five 
wives  —  and  there  an  ague  attacked  him,  whereof  he  pe- 
rished.  And  the  wives  buried  him  in  the  great  cairn  of  Sliab 
Betha.  Whence  Sliab  Betha  «  Bith's  mountain  »  is  said. 

Also  in  BB.  397^18:  H.  56^  ;  and  Ed.  fo.  4''  i.  The  Edinburgh  version 
is  much  fuller,  and  has  been  published  in  Folklore,  IV,  477. 

SUah  Betha  now  Slieve  Beagh,  a  mountain  on  the  confines  ofFermanagh 
and  Monaghan. 

For  an  account  of  the  two  divisions  of  the  fifty  women  that  accompanied 
Bith  and  his  comrades  to  Ireland,  see  O'Mahony's  Keating,  p.  108.  As  to 
his  death,  accordiog  to  Gilla  Coemâin,  LL.  127a,  he  died,  not  of  ague,  but 
of  grief  for  his  only  son  (marh  de  chumaid  a  oenmeic). 

The  Capturae  Hiberniae  («  Gabâia  Hérenn  »)  is  raentioned  also  in  the 
Bodleian  version  of  the  dindsenchas  of  Nemthenn  (supra  no.  83),  and 
should  be  added  to  O'Curry's  Hst  of  lost  books,  Lectures,  pp.  20,  2i.  It 
doubtless  corresponded  in  substance  with  the  O'Clerys'  compilation  called 
Leahhar  Gahhâla. 

144.  Âth  nGabla  ocus  Urard. 
(Lee.  p.  505*). 

Ath  nGabla  7  Urard,  c'àwas  ïo:m\m.niged  ? 

Ni  ansa.  Ceithri  haraid  badar  la  hOrrlam  m^îc  [nJAililla  7 

1 .  sic  BB.  and  H. 

2.  iar  mbas  laidlindi  no  Ladraind,  Lee. 
3  .  sic  BB.  rogob,  Lee. 

4.  sic  BB.  and  H. 

5.  sic  BB.  and  H.  beathad,  Lee. 

6.  Beathatha,  Lee. 


156  Wintley  Stokes. 

Meadba.  Dolodar  aniar  iar  Tain  bo  Cn^ihigi.  It  e  annso  a  n- 
anmand  .i.  Fraech  7  Foichnem  7  Err  7  Indell,  ceithri  meic 
Uraird  m^/c  Ainchindead  ^  \wcic  Fir  da  Roth.  Rodw^-marb  Cu- 
chulaind  oc  Ath  Greancha,  co  tue  gobai  ceithri  mbeann  fo  a 
cinnu^  uasan  ath.  Unde  Ath  nGabla  nom/;mtM;'. 

Dia  dard  [Feargus]  in  fecht  for[d]dail  for  slogu  'Exenn  oc 
3uma  nGranarda  aniar  for  Grellaich  Sruthra  [.i.]  Sruthar 
Chuillindi  7  Sruthar  Gartchon,  intan  tangad^r  .iiii.  meic 
Uraird  aniar  îor  Tebthae  [p.  505'']  ndesctTt',  is  and  doluid 
Urard  la  Brig-le[i]th  aniar,  co  faca  dendgor  na  sHged  do  chairp- 
thib  a  mac  7  dodrui*"ien  com[b]ad  [iar]  maidm  for  firu  Olneg- 
macht  7  com[b]ad  .ar  mbas  AiHlla  7  Meadba  7  a  cheithri 
mac,  coro  dianaigh4  a  eocho  .i.  Cnamrad  7  Cruan  a  n-an- 
mann  —  coro  daised  7  coro  dergenset  a  aided  i  Fan  Chruainî. 

\Jr\âe  Urard  7  Ath  nGabhi  7  Tulach  Cnamraid  7  Gleand 
Cruain  no[min]a[n]tur. 

Orlam  a  son  of  Aihll  and  Medb,  had  four  charioteers.  They 
went  from  the  west  after  the  Driving  of  the  Kine  of  Cuahige. 
Thèse  were  their  names  :  Fraech  and  Foichnem,  Err  and  In- 
dell, four  sons  of  Urard  son  of  Ainching,  son  of  Fer  dd  Roth. 
Cùchulainn  killed  them  at  Ath  Grencha,  and  put  a  fork  with 
tour  points  under  their  heads  over  the  ford.  Whence  Ath 
nGabla  «  the  Ford  of  the  Fork  »,  hath  its  name. 

When  Fergus  made  the  successful  expédition  from  the  west 
against  the  hosts  of  Erin  at  Duma  Granarda  on  Grellach  Sru- 
thra, i.  e.  Sruthar  ChuilHnne  and  Sruthar  Gartchon,  at  the 
time  that  Urard's  four  sons  came  eastward  upon  southern 
Tebtha,  then  went  Urard  from  the  west  by  Bri  Leith.  And  he 
saw  the  dendgor  (?)  of  the  road  (made)  by  his  sons'  chariots,  and 
he  thought  that  the  men  of  Connaught  had  been  defeated,  and 
t'iiat  Ailill  and  Medb  and  his  four  sons  had  died.  So  he  has- 
tened  his  horses  —  Cnamrad  and  Cruan  were  their  names  — 


1 .  Amchingedh  BB.  Aincingedh  H. 

2.  sic  BB.  fochind,  Lee 

3 .  sic  BB.  for  test,  bai  andesct'rt  Erenn,  Lee. 

4.  coro  dianaid,  Lee. 

5 .  sic  BB.  condearcnaidsead  a  fan  chruain,  Lee. 


ri, 


Br 


fnrious  and   luiicu 
„  Cruan  s  Slope  ^^  ^^q^j^u   ana  ,^  ^^^ 

^l^™",.  %  '»    nd  Gie«»  Cruan.  «  Cruan 
«  Cnamrad  s  tiui 

Vub  tbe  four  heads  (on  it), 

,45.    COIRE  MBRECCÀm. 

(Lee.  p-  505')- 


2.  sicBB.mleatbLec 
3-  Revue  Ce/ti^"^.  ^*'^- 


ijS  Whitley  Stokes. 

fothuaid  .i.  comrac  na  n-'ûmuin  aiiiar  7  anair,  an[d]eas  7  a, 
tuaid,  co  cuir  cach  dib  im  thuaim  ^  araile,  co  tuitid  sis  a  fu- 
domain  ^,  co  mbai  amail  choire  n-obelda  doleic  in  loim  sis 
suas,  co  cluinter  a  escal  amn//  thoraind  dochein.  Q?;/aid  ann 
dorala  Breacan  m^cParthalo[i]n  doluid  co  fuaill  3  7  imtholtain 
o[a]  athair  a 4  hErind,  coro[m]baid  a  coccait  cwrach. 

IS  and  dono  [dojrola  Brecan  mac  Maine  meic  Neill  .1.  cu- 
raclî  oc  coimchennuch  "i,  coro  baid[ed]  ann,  7  ni  therno  dib 
acht  a  scela  [o  orgain],  7  ri. 

IS  and  [didiul  dorala  Colam  cilli  iar  ce[i]n,  dia  rochoime- 
rich  in  muir  fri;  ,  dia  [tuajrgaib  cnama  Br[e]acain  meic  Maine 
vaeic  Neill,  dia  n-ebairt  Colam  cilli  «  Condolb  sin,  a  sein- 
Breacain  »,  7rl. 

A  great  whirlpool  there  is  between  Ireland  and  Scotland 
on  the  norrh.  It  is  the  meeting  of  many  seas,  from  east  and 
west,  from  north  and  south  ;  and  each  of  them  hurls  (itself) 
round  another's  place,  so  that  they  fall  down  into  the  deep, 
and  it  resembles  an  open  caldron  which  casts  the  draught 
down  (and)  up,  and  its  roaring  is  heard  like  flu'-oif  thunder. 
Into  this  came  Parthalon's  son  Breccdn,  who  went  with  pride 
and  wilfulness  from  his  father  out  of  Ireland,  and  it  drowned 
him  with  (his)  fifty  boats. 

It  was  there,  also,  that  Breccdn  son  of  Maine,  son  of  Niall 
(of  the  Nine  Hostages)  with  fifty  boats  was  drowned  while  on 
a  trading  venture,  and  nought  of  them  escaped  save  the  tid- 
ings  of  their  destruction. 

It  was  there,  too,  a  long  time  after,  that  Colomb  cille  chan- 
ced  to  be,  when  the  sea  rose  up  against  him  and  upheaved 
this  Breccdn's  bones.  And  Colomb  cille  said  :  «  That  is 
friendly,  thou  old  Breccdn  »,  etc. 

Also  in  BB;  398^33  and  Ed.  4b  2.  Edited  (fromEd.)in  Folklore,  lY,  478. 
Translated  in  Reeves'  Vita  Columhae,  pp.  262-3.  See  also  Cormac's  Glos- 
sary,  s.  v.  Coire  Brccciin. 

1 .  sic  BB.  a  thuaim  Lee.  a  thoaira  H. 

2.  co  tuitet  sis  hi  fudomnaib,  BB. 

3 .  ar  uaill  BB.  and  H. 

4.  sic  BB.  and  H.  co,  Lee. 

5.  ocomcenduch  BB.  ochoimchennach,  Lee. 


The  Rennes  Dindsenchas.  First  Supplément.  159 

Coire  niBreccâin  «  Breccân's  Caldron  »,  is,  according  to  Reeves(F//a  Co- 
lumbae,  29,  121)  the  dangerous  sea  between  Rathlin  Island  and  the  north 
coast  of  Ireland,  and  not  the  strait  between  Scarba  and  Jura,  which  is  now 
called  Corryvreckan.  In  his  Ecclesiastical  Antiquities,  p.  386,  he  identifies 
it  with  the  Jôlduhlaup  of  the  Laudnâmaboc.  But  see  Todd,  Wars  of  the 
Gaedhilwith  the  Gaill,  Ixxv,  note  2. 

As  to  Partholon  see  above,  No.  134,  and  O'Mahony's  Keating,  83, 
Ï14-1 16. 

Colomb  cille's  adventure  in  Coire  mBreccâin  is  thus  told  by  O'Donnell 
in  the  Bodleian  manuscript  (Rawlinson  B.  514,  fo.  50^2):  Dia  mboi  Coîum 
cille  ag  dul  a  nAlbain  iar  mordhail  gur'  eirig  Coire  Brecain  rena  ucht,  gur 
chuir  cnama  Brecain  m/c  Maine  m/VNell  .ix.  giallaig  fora  uac/;tar  robaidh^^h 
ann  fria  re  ciana  roime  sin,  gwr  ro  aithin  Coliim  cille  tre  sp/raid  faidhedo- 
rsLchta.  gur  biad  cnama  Brecain  robôi  ann,  co  «deabflzrt  :  «  Is  forbaid  frimsa 
sin,  a  tsen-Blirecain,  »  or  se;  7  roguid  Coluiii  cille  annsin  air  Brecan  comis- 
fuair  fochruidh  nimhe  dô. 

When  Colomb  cille  was  going  into  Scotland,  after  the  convention  (of 
Druim  ceta),  Coire  Breccâin  rose  before  him  and  cast  up  on  its  surface  the 
bones  of  Breccan  son  of  Maine  son  of  Niall  of  the  Nine  Hostages,  who  had 
bcCTi  drowned  there  a  long  time  before.  And  through  a  spirit  of  prophecy 
Colomb  cille  recognised  that  it  was  Breccân's  bones  that  were  there.  So  he 
said  :  «  That  is  great  affection  for  me,  thou  old  Breccan,  »  saith  he.  And 
then  Colomb  cille  prayed  for  Breccan  and  got  for  him  the  reward  of  heaven. 


146.  Benn  Foibni. 
(Lee.  p.  506''). 

Beand  Foibne,  C2inas  rohûnmniged  ? 

Ni  ansa.  Foibne  mac  Taircliealtain,  deogbaire  Echach  Ailt- 
leathain  meic  Aililla  Caisfiaclaig^,  is  e  robuail  Illand  mac  Ear- 
clain  mdc  Doithre,  ri  Slebe  Mu[g]dorn,  os  gualaind  Echach 
Ailtleathain  i  n-ailt  Midchuarta  i  Temraig  Breg^.  Doluid  riam 
fothuaid  [i]arfud  mBreg.  MMi--leic  Feargna  Fear  gai  leathain 
inadiaid,  7  im«n"acht5  riam  as  cach  bc[i]nd  [in-aroile]  cusiw 
mbe[i]nnn-ucud.  Ccwidamirod-mert.  Um/6'BennFoib;»'d/a7i/r. 

Foibne  son  of  Taircheitan,  the  cupbearer  of  Eochaid  of  the 
Broad-joints  son  of  Aihll  of  the  Twisted  Teeth,  struck  Illann 


1 .  caisfiaclaid,  Lee. 

2.  in  ailt  Midluachra  i  Temra/V  Luachra  no  i  T&varaig  Brcg,  Lee. 

3.  sic  BB.  musriacht  Lee,  musrachtH. 


1 6o  Whitley  Stokes. 

son  of  Erclan,  son  of  Doithre,  over  the  shoulder  of  Eo- 
cliaid  of  the  Broad-joints  in  the  house  of  Midchuairt  in  Tara 
of  Bregia,  Then  he  went  northward  throughout  Bregia. 
Fergna  the  Man  of  the  Broad  Spear  hurled  himself  after  him, 
and  drove  him  before  him  from  one  peak  to  another,  even 
unto  yonder  peak  (Benn  Foibni),  and  there  he  killed  him. 
Whence  Benii  Foibiii  «  Foibne's  Peak  », 

Also  in  BB.    399^  i  :  H.  57b:  Ed.  4^2.  Edited  (from  Ed.)  in  Folklore, 

IV,  479- 

Beitn  Foibnt  is  according  to  Reeves  (Vita  Cohtmhae,  p.  275,  note  c) 
«  now  Benyevenagh,  a  conspicuous  mountain-brow  over  Lough  Foyle  in 
the  parish  of  Tamlaght  Ard.  » 

Eochaid  Ailththan  is  said  to  hâve  been  overldng  of  Ireland  from  A.  M.  4788 
to  A. M.  4804,  as  was  his  father  AiHU  of  the  Twisted  Teeth  from  A. M.  4758 
to  A. M.  4782. 

147.  Mag  LÉIGE. 
(Lec.  p.  523^). 

Mag  Leigi,  cana.r  ra  hdinTaniged  ? 

Ni  ansa.  Liag  ingen  Trescadail  ms/c  Buain  meic  Bealaig  do 
Fomorchaib  [p.  523'']  .i.  siur  do  More  mac  Deileadh.  Ba  hi 
dobid  ag  tûr  7  ag  lovuus  chana  for  ck;î//aib  Neimeadh  o  More 
mi^c  Deilead  7  o  Cowaing  m^îc  Faebair.  Is  amkfJ  àono  dobidh, 
7  cingid  [nô]  liach  iaraind  lé,  7  tri  .1.  a  lan  na  leigi  sin  o 
cach  teallach  a  nEùnn  do  chk»//zaib  N^//àd  [.i.]  cd/Va  Idn  eatha 
7  lachta,  .1.  àono  do  min  glain  ^  7  .1.  lan  imme  2. 

Fograid  àono  clanda  Né';;ndh  cath  for  More  7  for  C(:i??aing. 
An  tan  tangad^r  sil  Nrmid  sidr  do  chur  chatha  imrecaib  7 
Liach  ar  Muig  Leigi,  7  cis  airthir  Ert',7;/  lé  'cd  idnacul  do  Thur 
Cowaing,  co  rwi^-marb  Britdr  mac  Vergus:\  Leit[h]dg/rg,  7  ra 
adais  '  clanda  Ni'/;/id  imo  hainm  do  beith  forsin  forand  indro 
marbad.  \]nde  Mao;  Léhe  dicitur. 


1 .  m'vig  lain,  Lec. 

2.  loma,  Lec. 

3  .   ra  adaid,  Lec. 


The  Rennes  Dindsenchas.  First  Supplément.  1 6 1 

Liag,  daughter  of  Trescadal  son  of  Buan  son  of  Belach  of 
the  Fomorians,  was  a  sister  of  More  son  of  Delà.  'Twas  she 
that  used  (to  be  sent)  by  More  and  by  Conang  son  of  Faebar 
to  seek  and  measure  the  rent  due  (to  them)  from  the  clans  of 
Nemed.  Thus  then  she  used  to  be,  a  goblet  ^  (or)  skimmer  of 
iron  she  had;  and  thrice  fifty  fiUs  of  that  skimmer  were  levied 
from  every  household  of  the  clans  of  Nemed  in  Erin,  (na- 
mely)  fifty  fills  of  corn  and  milk,  fifty  fills  of  pure  flour,  and 
fifty  fills  of  butter. 

Now  the  clans  of  Nemed  challenged  More  and  Conang  to 
battle.  When  Nemed's  offspring  were  marehing  westward  to 
fight  them,  Liach  happened  ^  to  be  on  Mag  Léige,  with  the 
tribute  of  the  east  of  Ireland  whieh  she  was  taking  to  Tor  Co- 
naing  («  Conang's  Tower  »).  So  Baitar  son  of  Fergus  Redside 
killed  her;  and  the  clans  of  Nemed  allowed  lier  name  to  be  on 
the  land  where  she  was  killed.  Whence  Mag  Léige  «  Liach's 
Plain  »  is  said. 

Only  found  (so  far  as  I  know)  in  the  Lecan  copy  of  the  Dindsenchas. 
But  the  story  is  told  by  Keating,  pp.  125-126  of  O'Mahony's  translation, 
and  see  LL.  6*43-51. 

Mag  Léige  not  identified.  Tor  Conaing  on  Tory  Island,  off  the  N.  W. 
coast  of  Donegal. 

As  to  Nemed  and  his  sons  (Starn,  Fergus,  Ardân,  Annind)  see  LL.  127». 


148.    SÉIG   MOSSAD. 

(Lee.  p.  523''). 

Seg  Mosad,  chinas  rahainm/z/o-^^  ? 

Ni  ansa.  Mosadh  [p.  524'']  vaac  Main  meic  Idir  m^fc  [Fjleisci 
findi  eo  fuair  seig  a  Fidh  Eoin,  7  ro  biath  co  forbairt  iar//m 
co  n-ithead  na  graigi  3  7  na  tainti  7  na  daine  [dessaib  7  tria- 


1 .  cingid  =  Cormac's  cingit. 

2 .  inirecaih^=  imreaccailé  À.  teagmhail,  imreaccaibh  doibh  .'-..  tarla  doibh, 
O'Cl.  =:  imrecaun,  LL.  10%'°  10,  the  sigmatic  aorist  sg.  3,  oi  immccmaingim. 

3 .  graidi  Lee. 


i62  Whitley  Stokes. 

raib]^  O  na  fuair  a  daithin  dofeall  ara  oidi  co  n[d]uaid  isin 
muigh.  Unde  Seg  Mosad  dicitur. 

Mossad  mac  Main  grindi  gel 
mac  Fleisci  findi,  fo  an  fer, 
ailis  ség  fri  seal  subaigh, 
robo  mer  don  m6rc/;/o'aidh. 

Mossad  son  of  Maen,  son  of  lar,  son  of  Flesc  the  Fair^ 
found  a  hawk  in  Fid  Eôin  («  Bird's  Wood  »),  and  fed  it  so 
that  it  grew  ?  id  ate  up  the  horse-herds  and  the  flocks  and  the 
human  bein^s  by  twos  and  threes.  When  it  could  not  get  its 
fill  it  turned  on  its  fosterer  and  devoured  him  on  the  plain. 
Whence  Séig  Mossad  is  said. 

Mossad  son  of  Maen,  a  bright  band. 
Son  of  Flesc  Find,  good  was  the  man, 
Nurtured  a  hawk  for  a  joyous  time  : 
It  became  furious  to  the  great  champion. 

Also  in  LL.  i6ob  37  and  Bodl.  no.  24.  Edited  from  Bodl.  in  Folklore, 
III,  490. 

St'/V  Mossad  not  identified,  but  Mag  Mossad  or  Mag  Mossaid  is  located  by 
O'Curry  (Lectures  ou  MS.  Materials,  485  note)  in  the  barony  ofEliogarty, 
co.  Tipperary.  Fid  Eôin  z:;  Mag  Eôin,  Ed.,  not  identified. 

The  story  reminds  one  of  the  Latin  proverbs  :  in  sinu  viperam  habere  : 
viperam  nutricaresub  alâ. 


149.  Brefne  yrl. 
(Lee.  p.  524-^). 

Breifne,  amas  rohainmiiiged  ? 

Ni  ansa.  Brefne  an  bangaisgeadhach  .i,  ingen  Beodin  m^fc 
Beothaig  meic  Iarmuine/1  flitha  mac  Nt'/;ùd,  rodoscomraig  and 
7  Ragan  Anglonnach  do  clannaib  Caim  .i.  taiseach  tegLaig 
Aeng//ja  m^-Zc  inn  Oig,  co  ndrochair  leis  inn  ingen  2.  Unde 
Breifne  dicilur. 

1 .  sic  LL. 

2.  leisin  ningin  Lee. 


The  Rennes  D'indsenchas.  First  Supplément.  \6\ 

Luid  ^  àono  Ragan  co  liAill  mcic  Asuaill,  cor'  marb^J  and  la 
Tuaith  Dé  Danann.  Unde  Tuaim  Ragain  dicitur. 

Mag  Innusa  À.  o  Innus  ingin  Breis  meic  Ealathan  ainmni- 
giher. 

Sliab  Fraech  .i.  Fraech  do  muindt/r  Ceasrach  adbath  and, 
dia  mbadrtr  andiaid  Finntain.  Dochuirsed  cloch  cach  mnafM/Vri 
isin  tsliab.  Unde  Sliab  Fraech  dicitur. 

Mag  Slecht  .i.  is  ann  dosler/;fsad  fir  Erenii  do  Crom  Chruach 
im  Thigernmas  mac  Folk/V/;^  co  ndorchair  deicb  cet  7  tri  mili 
dib.  Unde  Mag  Slecbt,  7  Mag  Senaig  a  ainm  anus. 

Unde  Breifne  dicitur.  Findtan  doroine  : 

Brefne  ca  hadbar  dla  fuil,  7rl. 

Brefne  the  woman-cbampion,  daughter  of  Beôdn  son  of 
Beothach,  son  of  larmuinél  the  prophet  of  the  sons  of  Nemed, 
there  encountered  Ragan  Anglonnach  of  the  clans  of  Cam, 
the  chief  of  the  household  of  Oengus  Mac  ind  Ôc,  and  by  his 
hand  the  girl  fell.  Hence  Brefne  is  said. 

Then  Ragan  went  to  Aill  meic  Asuaill  «  the  Rock  of 
Asuall's  son  »,  and  there  he  was  killed  by  the  Tuath  Dé  Da- 
nann. Whence  Tuaim  Ragain  «  Ragan's  tumulus  »  is  said. 

Mag  Innusa  is  named  from  Innus  daughter  of  Bres,  son  of 
Elathu. 

Sliab  Fraech,  that  is,  Fraech  (one)  of  Cesair's  household 
died  there  when  they  survived  Finntan.  On  the  mountain 
they  put  a  stone  for  each  woman.  Hence  Sliab  Fraech  is  said. 

Mag  Sh'cht  :  'tis  there  that  the  men  of  Erin  around  Tigern- 
mas  son  of  FoUach,  prostrated  themselves  to  Crom  Cruach; 
and  of  them  fell  ten  hundred  and  three  thousands.  Whence 
Mag  Slecht  «  Plain  of  Prostrations  »,  but  Mag  Senaig  «  Se- 
nach's  Plain  »,  had  been  its  name  at  first. 

Whence  Brefne'is  said.  Findtan  made  (the  following  poem): 

Brefne,  from  what  cause  is  it  ?  etc. 

Found  only  in  the  Lecan  copy  of  the  Dindsenchas. 
Brefne  now  the  counties  of  Cavan  and  Leitrim. 

I .   Luig  Lee. 


164  Whitley  Sîokes . 

Mag  Innusa  and  Sliah  Fraech  not  identified. 

Mag  Slecht  v.  supra  no.  85.  As  to  the  death  there  (from  plague)  of  Ti- 
gernmas  and  most  of  the  men  of  Erin,  see  LL.  i6b,  127b. 

As  to  female  champions  or  warriors  in  Ireland,  v.  supra  no.  i,  §  27 
(Diimae  na  wbananius)  and  see  Battle  of  Ventry,  éd.  Kuno  Meyer,  pp.  76-77, 
and  Lives  of  Saints  from  the  Book  of  Lismore,  1.  4832  and  p.  361'.  As  to  the 
Russian  polinit\i  see  Folklore,  I,  470-1. 


150.  Loch  Laiglinni. 
(Lee.  p.  524^*). 

Loch  Laiglindi,  cana^  ro\yàmvc\niged  ? 

Ni  ansa.  Laiglindi  mac  Parrthabm  7  Dealbnad  ingen  Locli- 
taigti  a  màihair.  Tainig  Laigl/n//t'  .1.  laech  co  Tipraid  D^ra 
raeic  Sceara.  Ramebaidh  tond  tairrsib,  cor'  baid  Laigl/nng  con^ 
A.  laecli,  co  nderna[d]  loch  de.  \Jr\dc  Loch  LaighW/  àicitur;  7 
adbath  Dealbnad  immorro  a  màthan,  bean  Parrth«/o/«^  dia  cu- 
maid^  cona  .1.  mgen. 

Laiglinne  was  son  of  Partholon,  and  Delbnat  daughter  of 
Lochtach  was  his  mother.  With  fifty  warriors  Laiglinne  came 
to  the  Well  of  Dera  son  of  Scera.  A  wave  burst  over  them  and 
drowned  Laiglinne  with  his  fifty  warriors,  and  thereof  a  lake 
was  made.  Hence  we  say  Loch  Laiglinni  «  Laiglinne's  Lake  ». 
And  his  mother  Delbnat,  Partholon'swife,  with  her  fifty  maid- 
ens,  died  of  grief. 

Found  only  in  the  Lecan  copy  of  the  Dindsenchas. 

Loch  Laiglùmi  not  identified.  It  was  in  Hùi  maie  Uais  Breg,  in  East 
Meath,  to  the  S.  W.  of  Tara,  See  Four  Mastcrs,  A. M.  2535,  where  the 
lalie  is  said  to  hâve  burst  forth  when  LaigUnne's  grave  was  dug. 

As  to  Parthalon  see  above,  No.  134. 

151.  Loch  Cenn. 
(Lee.  p.  524b). 

Loch  Ceand,  can(75  rohainm?»^^^  ?  . 

Ni  ansa.  Cath  doradad  araili  la  [la]  Colman  Môr  mac  Diar- 

I .  cumaig,  Lee. 


The  Rennes  Dindsenchas.  First  Supplément.  165 

mada  7  la  Cairpri  mac  Each[ach]  meîc  Aengusa  meic  Nad- 
fraeich,  co  ndorchair  Colman  and  iar  maidm  chatha  fair,  co 
tucadh  isin  Loch  Cend,  7  nai  cet  cenn  do  chennaib  a  sluaig 
mailli  fris.  UndeLoch  Cenn  dicitur,  7  Loch  Silenn  roimi  sin  é. 

On  a  certain  day  a  battle  was  fought  by  Cohndn  Môr  son 
of  Diarmait  and  Cairpre  son  of  Eochaid|son  of  Oengusison  of 
Nat-frâich.  After  being  routed  in  battle  Colman  fell  and  was 
cast  into  Loch  Cenn,  and  together  with  hini  nine  hundred 
heads  of  the  heads  of  his  army.  Hence  we  say  Loch  Cenn 
«  Lake  of  Heads  »,  and  before  that  it  had  been  Loch  Silenn. 

Found,  so  far  as  I  know,  only  in  the  Lecan  copy  of  the  Dindsenchas. 

Loch  Cenn  not  identified.  But  there  is  a  Loughnagin  (=  Loch  na  gcenn) 
in  Donegal  (Joyce,  p.  213),  which  may  perhaps  be  the  lalve  in  question. 

Cohnan  Môr  mac  Diarmuta  is  said  by  the  Annahsts  (F.  M.  at  A.  D.  552, 
Annals  of  Ulsterat  5^4,  and  also  557)  to  hâve  been  killed  by  a  Pict  named 
Dubsloit  ;  but  they  are  silent  as  to  the  place  of  the  occurrence. 

152.  Mag  nDumach. 
(Lee.  p.  524''). 

Mag  nDumach,  CMias  roha'mmnigcd? 

Ni  ansa.  Cath  doradadh  etir  Eber^  7  Eremon  ann,  dd  mac 
Mïled,  um  na  tri  dromandaib  as  deach  bai  a  nEr/;/«  .i.  Druim 
Cresach  7  Druim  Beitheach  a  cuid  Erimoin  [7  Druim  Fingin  a 
cuit  Ebir).  Ba  bec  lé  hEber  aen  druim  'sin  leith  tes  7  a  dô  'sin 
tir  thuaid,  7  adb^rt  Erimon  na  fuigthea^  uad  a  chuid.  F^r- 
thair  cath  eatorru.  Ra  meabaid  tra  îor  Eiher,  co  ndorchair  and 
Eib^r  7  Palap  mac  Erimoin  Id  Conmael  m^'c  Eihir,  7  dogniead 
dumada  ar  an  laec/;raid  annsin.  Unde  Mag  nDumach,  7  Mag 
n[D]enusa  a  ainm  ar  tus. 

[p.  525^]  'San  chath  for  Denus  na  dreab, 
'san  muigh  adrochair  Ebei-j 
a  torcradûfr  amalle 
Goisten,  Segda  ocus  Suirge. 

Unde  Mag  n[D]umach  dicitur:. 

1 .  Eimbcr,  Lee. 

2.  fiuigthea,  Lee. 


i66  Whitley  Stokes. 

Between  Eber  and  Eremon,  two  sons  of  Mil,  a  battle  was 
there  delivered  concerning  the  three  ridges  that  were  best  in 
Erin,  to  wit,  Druim  Cresach  and  Druim  Betliecli  in  Eremon's 
share  and  Druim  Fingin  in  Eber's  share.  To  Eber  it  seemed 
small  to  liave  one  ridge  in  tiie  southern  half  (of  Ireland)  and 
two  in  the  northern  country  ;  but  Erimon  said  that  his  portion 
should  not  be  obtained  from  him.  So  between  tliem  a  battle 
is  fought  in  which  Eber  was  defeated,  and  therein  fell  Eber 
and  Palap  son  of  Eremon  by  Conmael  son  of  Cathbad  ;  and 
barrows  were  built  over  the  heroes  there,  whence  Mag  iiDu- 
mach  «  the  Barrowed  Plain  »,  and  its  original  name  was  Mag 
nDenusa. 

In  the  battle  on  Denus  of  the  habitations, 
In  the  plain  where  Eber  fell, 
There  fell  together 
Goisten,  Sedga  and  Suirge. 

Hence  Mag  nDumach  is  said. 

Also  in  Egerton  1781,  fo.  75b,  whence  edited  in  Folklore,  IV,  492. 

Mag  nDumach  is  perhaps  the  plain  called  by  the  Four  Masiers,  A.D.  858, 
Magh  Duina,  which  O'Donovan  says  is  now  called  Moy,  adjoining  Char- 
lemont  on  the  Tyrone  side  of  the  Blackwater.  Druim  Clasaigh  (=:  Druim 
Cresach)  is  a  long  hill  in  Hy-Many,  between  Lough  Ree  and  the  river  Suck 
(Suça).  Druim  Beathaigl)  (rr  Druim  Bethccli)  was  the  name  of  aridgeacross 
the  plain  of  Maenmagh  near  the  town  of  Loughrea,  in  the  co.  of  Galway. 
Druim  Finghin  is  a  ridge  extending  from  Castle-Lyons  in  the  co.  of  Cork 
to  the  south  side  of  the  Bay  of  Dungarvan. 

As  to  Eber  and  Eremon  and  their  dispute  see  the  Four  Masters,  A. M. 
3501,  and  O'Mahony's  Keating,  p.  210. 

153.  Cnucha. 
(Lec.  p.  525O. 

Cnucha,  can^^  ra  h^minnigedl 

Ni  ansa.  Cnucha  \ngen  Comùng  a  hiath  Luimnigh,  buime 
Chuind  Chétchathaig ,  dochoidh  and  do  tham  ina  tigh  feisin,  7 
do  hadnaiceadh  la  Conaing  isin  chnuc  ugad  .i.  Cnucha.  \Jnde 
Cnucha  diciîur:. 

Finit.  Amen.  Finit. 


The  Rennes  Dindsenchas.  First  Supplément.  167 

Cnucha  daughter  of  Conaing,  out  of  the  country  of  Luim- 
nech,  fostermother  of  Conn  of  the  Hundred  Battles,  went 
thither  to  die  in  her  own  liouse,  and  was  buried  by  Conaing 
in  yonder  hill,  namely  Cnucha.  Whence  Cnucha  is  said. 

It  endeth.  Amen.  It  endeth. 

Also  in  Egerton  1781,  fo.  76b  2,  whence  edited  in  Folklore,  IV,  495. 
Cnucha  now,    probably,    Castleknock    near    Dublin,    see   O'Donovan's 
note  f.  Four  Masters,  A. M.  3579.  Luimnech,  see  above,  no.  57. 
Conn  Cétchathach  owcr'k'mg  ofireland,  from  A.D.  123  to  157. 


Whitley  Stokes. 
(A  suivre.) 


SUR  QUELQUES  TEXTES  FRANCO-BRETONS 


I. 

1.  M.  de  la  Villemarqué  a  signalé  et  étudié  au  point  de 
vue  de  l'histoire  littéraire^  un  «  Noël  en  breton  qui  parle 
François  »,  composé  par  Jean  Daniel,  au  xvi^  siècle,  et  repro- 
duit récemment  par  M.  Henri  Chardon  2.  C'est  un  document 
curieux  à  plusieurs  égards. 

2.  La  pièce  a  été  faite,  comme  l'indique  un  sous-titre,  pour 
être  chantée  sur  «  le  trihori  de  basse  Bretaigne  »,  cet  air  de 
danse  si  fameux  alors,  cf.  Revue  Celtique,  XV,  151.  Il  est  donc 
intéressant  d'en  examiner  le  rythme. 

Voici  le  refrain  et  le  premier  couplet. 

Tyvonnct  et  Mathery,  Hervé,  Henry, 
Trudaine, 
Faison  en  ung  chantery 
Ung  beau  hery, 
Gent  et  joly, 
Ennet  demain. 
Noël! 

Ma  père,  il  a  dit  que  Adam 

Eut  ung  beau  fam, 
Qui  mordoit  en  ung  pomme, 
Par  quoy  Dieu  de  son  meson 


1,  Bulletin  delà  Société  archéologique  du  Finistère,  Q.uimper,  1883,  p.  27- 
30,  cf.  16. 

2.  Les  Noëls  de  Jean  Daniel  dit  Maître  Mitou,  organiste  de  Saint-Maurice 
et  chapelain  de  Saint-Pierre  d'Angers,  1 5  20- 15  30.  Le  Mans,  1874,  p.  37-39. 


Sur  cjuel(]ues  Textes  franco-bretons.  169 

Mist  le  bon  hom. 
Entrez  dehors  garsonne, 
Vous  irez  petez  1  dehors 
Ta  meschant  corps, 
Villaine. 
Vous  en  aurez  pour  le  mors  2 
Plusieurs  remors, 
Soyez  en  certain, 
Tyvonnet. 

Ce  dernier  mot,  qui  revient  à  la  fin  des  six  autres  couplets, 
n'est  là  que  pour  représenter  le  refrain. 

Une  chose  frappe  d'abord,  c'est  la  ressemblance  rythmique 
du  refrain  avec  les  six  derniers  vers  du  couplet.  Le  refrain  dif- 
fère seulement  en  ce  que  le  vers  en  ain  est  précédé  de  deux, 
et  non  d'un  vers  de  quatre  syllabes,  et  suivi  du  cri:  Noël! 
Mais  cette  dernière  particularité  est  fort  commune  dans  les 
Noëls,  et  le  trihori  original  n'y  est  sans  doute  pour  rien. 

Le  type  presque  identique  des  deux  passages  permet  de  les 
corriger  l'un  par  l'autre.  Au  refrain,  il  vaut  mieux  couper  la 
première  ligne  : 

Tyvonnet  et  Mathery, 
Hervé,  Henry. 

Le  dernier  vers  du  couplet  a  une  syllabe  de  trop  ;  il  faudrait 
«  soyez  certain  »  ou  «  sois-en  certain  ». 

Le  couplet  suivant  confirme,  comme  tous  les  autres,  cette 
induction,  mais  il  présente  d'autres  difficultés. 

Quant  le  dyable  il  aura  veu 

Sa  dépourveu, 
Trandoue  qu'il  est  daise, 
Il  est  dallé,  il  est  venu 

Villain  cornu  : 
C'est  ung  beste  mohaise. 
Mais  Doe  de  paradis 

A  mi  sa  filz 
En  peine, 


1.  C'est-à-dire  «  bouter  »,  mettre. 

2.  C'est-à-dire  «  à  cause  de  la  mort  ». 


lyo  E.  Ernauh. 

Et  est  venu  de  sa  pays, 

Ce  disont  ilz, 
A  puissant  main, 

Tyvonnet. 

Si  l'on  garde  ce  texte  tel  quel,  il  faut  admettre  : 

1°  que  Doc,  Dieu,  et  -doue  dans  trandoue,  par  le  ciel  !  = 
dran  Doe,  Sainte  Nonne,  819,  etc.^  ont  deux  syllabes,  con- 
trairement à  l'usage  du  breton  moyen,  gardé  par  le  vannetais 
moderne  (cf.  Revue  Morbihannaise,  II,  239;  III,  374,  375); 

2°  que  dans  dallé,  il,  et  dans  et  est,  il  y  a  des  exemples  de 
synérèse,  fait  fréquent  en  breton  du  temps  (cf.  Rev.  Celt., 
XI,  loi). 

Sur  le  premier  point,  il  n'y  a  pas  de  doute  :  Z>7r  se  retrouve 
avec  la  même  valeur  au  quatrième  couplet,  et  peut-être  ttrt 
sixième. 

Le  second  n'étant  appuyé  par  aucun  autre  passage,  on  peut 
supposer  aussi  que  l'auteur  n'avait  pas  exprimé  les  mots  il,  et. 

Le  troisième  couplet  a  encore  besoin  de  secours. 

Adam,  il  estoit  chassé, 

Perdu,  lassé 
Ou  vieu  maison  du  dyable  ; 
Mais  Diou  il  a  pourchassé 

Ser  che  trace 
Ung  beau  vierge  amyable. 
Gabriel  il  est  dallé 

Et  devallé 
Soubdaine, 
Au  beau  vierge  a  dit  : 
Amen,  nomcn  Eve 

Seras  mis  plain, 

Tyvonnet. 

Il  me  semble  qu'on  doit  lire  :  «  Serché,  tracé  »  ;  et 

Au  beau  vierge  a  dit  :  Ave, 
Noiiien  Eve 
Sera  mis  plain, 

c'est-à-dire  :  «  le  nom  d'Eve  sera  justifié  (par  toi)  ». 

I .   Cf.  le  Dictionnaire  étymologique  du  bretoti  moyen  qui  suit  mon  édition 
du  Mystère  de  Sainte  Barbe,  au  mot  dre.  Sur  le  t,  voir  plus  loin,  §  26. 


Sur  quelcjues  Textes  franco-bretons.  171 

Le  quatrième  couplet  a  deux  vers  feux. 

Le  Doe  il  est  nasqui 

Tant  beau,  genty, 
Seullement  sur  de  paille. 
Ung  asne  est  eraprès  tappy  ; 

Ung  vache  aussi 
Son  halayne  lui  baille. 

En  ung  vieu  maison 
Il  est  Fenfantelet 

Tant  jeune; 
Il  aura  ma  gastelet, 
Ma  tourtelet, 

S'il  a  besoing, 
Tyvonnet. 

Il  feudrait  quelque  chose  comme  «  En  ung  vieille  mai- 
sonnet  »  ou  «  Dedans  ung  vieu  maisonnet  »  ;  l'absence  de 
rime  prouve  bien  que  le  vers  n'est  pas  complet. 
Le  suivant  était  peut-être  «  Il  est  né,  l'enfentelet  ». 
Il  n'y  a  pas  à  changer  «  tant  jeune  »  ;  mais  la  finale  devant 
être  en  aine^  l'auteur  a  dû  feire  allusion  à  une  prononciation 
semblable  à  celle  du  gallo  ou  haut-breton  actuel  jiêne. 

Enfin  nous  arrivons  à  un  couple^  de  mesure  irréprochable, 
le  cinquième  : 

Je  porty  ma  flageoUet 

Et  ma  muset, 
Et  sonneray  d'atache 
Trihory  joly  dehet, 

Languilloset. 
G'iray  comment  un  vache. 
Je  feray  dancer  Mary 
Avecques  luy, 
Dandaine. 
Joseph  sera  endormy, 
Le  bon  hommy 
N'est  pas  trop  sain, 
Tyvonnet. 

Il  n'en  est  point  de  même  du  sixième  : 

Au  petit  dociaure 

Que  je  feré 
Ung  poupine  en  son  crache  ; 
Neppes  je  luy  porteré, 

Morceau  doré. 


172  E.  Ernault. 

Chappon  de  Cornouache. 
Il  aura  le  bon  barat, 
Le  guyne  math  à  plaine, 
L'Orléans  vin,  l'Achevin, 

Le  Poetevin, 

S'il  aura  faim, 
Tyvonnet. 

Le  premier  vers  paraît  à  corriger  en  «  Au  petit  Doe  i'  au  ré  »; 
«  j'aurai  que  je  ferai  »  serait  pour  «  j'aurai  à  faire  »,  «  je 
ferai  ». 

Il  faut  lire,  en  deux  lignes. 

Le  guyne  math 
A  plaine. 

De  plus,  cette  strophe  présente  une  particularité  dont  il  a 
été  question  à  propos  du  breton,  Rev.  Celt.,  XIII,  239.  Les 
vers  7,  8,  10  et  11,  qui  devaient  être  sur  une  même  rime, 
ont  deux  finales  différentes.  Mais  pour  compenser  ce  défaut, 
l'auteur  a  coupé  intérieurement  les  vers  7  et  10  de  façon  à 
donner,  au  lieu  d'une  rime  quadruple,  deux  rimes  triples  : 

Il  aurfl  —  le  bon  harat, 

Le  guyne  math. . . 
L'Orléans  vin,  —  YAchevin, 
Le  Poetei'/H. 

Le  mot  barat,  pain,  qui  n'a  jamais  eu  de  t  en  breton,  rime 
mieux  avec  aura  qu'avec  math,  bon. 

Le  septième  et  dernier  couplet,  parfaitement  correct  d'ail- 
leurs, diffère  de  tous  les  autres,  et  contraste  surtout  avec  celui 
qui  précède,  en  ce  que  la  première  rime  masculine  est  iden- 
tique à  la  seconde. 

Je  prierai  dévotement, 

Mignonnement, 
Le  petit  et  son  mère, 
Que  j'auray  joyeusement 

Vin  largement, 
Or  en  mon  gibecière 
Et  neppes,  finablemcnt 

Mon  saulvemcnt 


Sur  quelques  Textes  franco-bretons.  1 7  3 

Soubdaine : 
Si  chanteray  haultement, 
Godinement, 
Au  lieu  haultain, 
Tyvonnet. 

AMEN.  Noël  ! 

3 .  Le  rythme  de  cette  poésie  railleuse  se  fait  remarquer  par 
trois  caractères  saillants  : 

1°  Il  combine  des  vers  masculins  de  sept  et  de  quatre  syl- 
labes ; 

2°  Il  a  deux  vers  féminins  de  six  syllabes  ; 

3°  Il  présente  systématiquement  un  vers  féminin  de  deux 
syll.,  en  -aine,  rimant  à  -ain. 

Ces  traits  doivent-ils  être  attribués  sans  réserve  à  la  versifi- 
cation de  l'original  breton  ? 

4.  Pour  le  premier,  la  chose  n'est  guère  douteuse.  La  com- 
binaison sept  syll.  -\-  quatre  existait  en  breton  moyen.  Elle 
appartenait,  non  pas  à  la  littérature  semi-savante  des  Mystères 
et  autres  pièces  religieuses,  mais  à  la  poésie  populaire  et  pro- 
fane du  temps. 

Nous  en  avons  une  preuve  dans  le  couplet  chanté  par  les 
maçons,  Sainte  Barbe,  79  (cf.  mon  édition,  p.  vi,  x)  : 

Euelhen  eu  gonit  gloat,  hac  ebataf, 

Euelhen  eu  gonit  gloat, 

Mar  da  moaes  dan  marchât 

Ha  cafFout  compaignun  mat 

Hac  e  reo  dà  euaf  ; 

Euelhen  eu  gounit  gloat,  hac  ebataf. 

Le  rythme  est  sensiblement  le  même,  dans  la  chanson  du 
voyer  de  Quimperlc  ^  : 

Me  a  deu  a  les  Alan 
Seul  a  guellaff; 
Me  biou,  buguel  Breiz,  gour  ez  querchen; 
Ma  bez  essou,  quae  da  glen. 


I.   Bulletin  de  la  Société  arcliéologiqitc  du  Finistère,  XV  (1888),   p.  327, 
328,  330,  362. 

Revue  Celtique,  XVI.  13 


174  ^-  Ernault. 

Peut-être  faudrait-il  me  a  hiou,  ce  qui  rendrait  l'analogie 
complète;  cf.  me  a  hiaoïi  ane~an,  je  le  possède,  etc.,  P.  Gré- 
goire de  Rostrenen. 

On  peut  comparer  plusieurs  chansons  françaises,  comme 

Trop  penser  me  font  amours,  dormir  ne  puis  '  ; 

voici,  par  exemple,  les  premiers  couplets  de  deux  Noëls,  sur 
l'air  :  «  Vous  qui  désirez  sans  fin  ouïr  chanter  »  : 

Enfin  de  vos  maux  touché, 

Juifs  et  Paj^ens, 
Dieu  paroît,  et  du  péché 

Rompt  les  hens; 
La  plus  grande  prophétie     S'accompHt, 
Nous  allons  voir  le  Messie     Tant  prédit. 

L'Eternel  montre  en  ce  jour 

Tout  son  amour. 

Il  descend  du  haut  des  Cieux 

Dans  ces  bas  lieux. 

Pour  sauver  l'homme  mortel 

Et  criminel, 

Il  veut  paroître  aujourd'hui 

Semblable  à  lui  2. 

5 .  Je  me  garderai  pourtant  d'affirmer  que  ces  rythmes  po- 
pulaires en  breton  du  xvi=  siècle  y  soient  tous  d'origine  fran- 
çaise. La  mesure  celtique  de  sept  syllabes,  si  commune  en  vieil 
irlandais,  en  gallois  de  toutes  les  époques  et  en  comique,  a  dû 
exister  aussi  en  vieil  armoricain. 

Dans  la  littérature  cléricale  du  moyen-breton,  nous  trou- 
vons seulement  parmi  les  Nouclou  des  hémistiches  de  sept  syll., 
venant  toujours  après  d'autres  plus  longs  :  huit  -f-  sept, 
n°^XVII,  XXXV;  dix  +  sept,  n°  XXXIII;  à  chaque  fois  le 
rythme  est  emprunté  à  une  hymne  latine. 

Mais  il  y  a  des  indices  assurés  de  la  vieille  popularité  du  vers 
breton  de  sept  syll.,  soit  employé  seul,  soit  mêlé  à  d'autres. 

1 .  G.  Paris,  Chansons  du  XV'^  siècle,  n°  xxx,  cf.  lxxviii,  Rcv.  d'hist. 
littéraire  de  la  France,  II,  44. 

2.  Cantiques  spirituels  sur  divers  sujets  de  la  doctrine  et  de  la  morale  chré- 
tienne. .  .  Nouvelle  édition.  Paris,  chez  Butard,  1767,  p.  171  et  178. 


Sur  quelques  Textes  franco-bretons.  1 7  5 

C'est,  d'abord,  un  dicton  rimé  intérieurement  et  qui  doit 
remonter  au  xvi^  siècle  :  ^ 

B'irvik,  h'irviken 
Riwal  Yar:{  na  choari  ouz  den, 

cf.  Rev.  Celt.,  XIV,  220  ;  puis,  une  formulette  donnée  dans  le 
Dictionnaire  et  colloque  françois  et  breton  de  G.  Quiquer,  Mor- 
laix,  1690,  p.  65  (cf.  mon  Glossaire  moyen-breton^  s.  v.  mewi): 

Caera  mal  jar  scroperes, 
à  vuoua  é  doùar  carabes, 
so  het  gant  ar  Vannigueres 
en  gouard  an  Euo. 

On  peut  citer  encore  cette  mention  faite  négligemment  par 
le  P.  Grégoire,  au  mot  chien:  «  qon,  pluriel  de  qy,  n'a  plus 
d'usage  que...  &  dans  quelque  chanson,  comme  :  deut  da  vellet 
coantâ  lo^n  en  deus  bet  boëd  ar  c'hon  » .  Il  est  bien  possible  que 
ce  petit  texte  populaire  remonte  au  moyen-breton,  et  ait  été 

alors  : 

Duet  da  guek'/  czzret  lozn 
En  deux  hczet  hoet  an  con. 

6.  Il  est  à  noter  que  plusieurs  proverbes  et  dictons  ont  en- 
core, ou  avaient,  sous  leur  forme  la  plus  ancienne,  la  même 
mesure  ;  en  voici,  par  exemple,  deux,  qui  sont,  de  plus,  inté- 
rieurement rimes  : 

D'à  clevt'/  an  allweiez 
Oz  cana  d'an  goiilou  dez, 

D.  Le  Pelletier,  s.  v.  alhueder  (cf.  v.  trenmi); 

PaouriC(/  pa  h\nv\.à.icqa., 
Goaçz  evit  an  diaul  ez  a, 

Grég.,  V.  riche  (ci.  v.  détremper,  estafier,  gouvernail,  jugement, 
lait,  pauvreté). 

On  lit  dans  les  Proverbes  et  dictons  de  la  Basse-Bretagne,  du  re- 
gretté Sauvé  : 

Nep  a  gouez  hcn  deveuz  lamm  ; 

Pa  dorr  he  c'harr  e  vez  kamra 


lyô  E.  Erriault. 

(n°  527);  le  premier  vers  serait  grammaticalement  plus  exact 
sous  cette  forme  : 

Nep  a  gouc;{  en  devq  lamm. 

Cf.  n°^  194,  225,  240,  260,  282,  283,  301,  307,  311,  347, 
415,  434,  461,  493,  526,  665,  710,  716,  726,  729,  761,  768, 
769,  783,   788,  806,  818,  829,   847,   868,   886,   905,  920, 

963,973- 

7.  Le  vers  de  sept  syll.,  rarement  employé  dans  les  chan- 
sons actuelles  un  peu  longues,  comme  celle  de  Pashoii-hir,  est 
assez  fréquent  dans  les  rinwstclo  ou  formulettes  ;  en  voici  un 
exemple  du  petit  Tréguier  : 

Deuz  ë  heure  pë  zavi 

Gwerc'h  de  vek  ha  c'houe  de  vri, 

Dibiqous  de  daoulagat, 

Ka  lak  de  dreo  en  état  '. 

Il  en  est  de  même  pour  les  airs  de  danse  ;  tel  est  ce  qua- 
train, qui  sert  à  danser  en  akvandeu  (=  en  avant  deux)  : 

N'em  eux  neniet  eur  gwennek, 
Eur  plac'h  renkan  de  gavet, 
Ha  pe  lakeign  më  arc'hant,  më  arc'hant,  më  arc'hant, 
Ha  pe  lakeign  më  arc'hant, 
Renkeign  kavet  unan  goant  2. 

C'est  à  cette  dernière  catégorie  qu'a  pu  appartenir  le  fameux 
trihori  de  Bretagne. 

8.  Contenait-il,  comme  sa  parodie  française,  des  vers  de 
six  syllabes  ?  Je  ne  le  crois  pas.  Ces  vers  sont,  en  réalité,  aussi 
longs  que  les  précédents,  si  l'on  compte  leur  terminaison  fémi- 
nine, dont  l'analogue  n'existait  pas  dans  la  langue  originale. 
L'introduction  de  ces  rimes  féminines  s'explique  par  un  scru- 
pule du  versificateur  français,  dont  les  autres  Noëls  observent 
d'ordinaire  la  loi  classique  de  l'alternance. 

Lorsqu'on  adapte  au  breton  un  air  français,  on  ne  peut 
laisser  aux  vers  à  rimes  féminines  ce  caractère  que  si  l'on  se 

1.  Cf.  Sauvé,  Rcv.  Celt.,  V,  159,  160,  172,  178. 

2.  Cf.  Sauvé,  Rev.  Celt.,  V,  164. 


Sur  quelques  Textes  franco-bretons  177 

sert  du  dialecte  de  Vannes.  Voici,  par  exemple,  le  refrain  du 
cantique  «  Faux  plaisirs,  vains  honneurs,  biens  frivoles  », 
dans  les  Guer^enneu  eid  ol  er  blai,  Vannes,  1864,  p.  43,  44: 

Faus  joéieu,  inour,  gloér  ha  bobance, 
Adieu  d'oh  eid  er  huéh  dehuéhan  ; 
Pêl-amzér,  é  sigur  deverrance, 
En  e  hoès  me  lorbet  liessan. 

Cf.  les  cantiques  Henib  asten  termén  davantage ,  p.  32,  33; 
A  Icin  en  nean,  Marie,  p.  15 9- 161,  etc. 

Il  n'en  est  pas  toujours  ainsi  en  vannetais;  on  peut  ne  tenir 
aucun  compte  de  Ve  français,  et  laisser  à  la  musique  le  soin  de 
prolonger  les  syllabes  bretonnes  correspondantes,  kinsi  dans 
le  Choége  nehué  a  gannenneu,  Vannes,  1829,  se  trouve  un  can- 
tique «  Ar  en  ton  Gallec  :  Arrête  ici,  passant  »,  où  l'auteur  n'a 
pas  cherché  à  reproduire  l'alternance  des  rimes  masculines  et 
féminines.  Il  n'en  emploie  qu'une  de  cette  dernière  sorte  :  of- 
fance,  vangeance,  et  c'est  à  une  place  où  le  français  a  une  rime 
masculine.  De  plus,  il  lui  arrive  de  garder  la  même  rime  dans 
tout  le  quatrain  :  a  garante,  Doué,  delé,  é  vuhé.  Ce  n'est  pas 
qu'il  lui  répugne  absolument  de  tenir  compte  de  cet  e,  en 
d'autres  circonstances  :  on  lit,  à  la  même  page  (105),  douce 
Jésus,  doux  Jésus,  en  quatre  syllabes. 

Un  autre  système  consiste  à  donner  une  syllabe  de  plus  aux 
vers  bretons  qui  répondent  à  des  vers  français  à  terminaison 
féminine.  Ainsi  la  strophe  «  Faux. plaisirs  »,  etc.,  est  traduite 
dans  les  Kanaouennou  santel  de  l'abbé  Henry,  Saint-Brieuc,  1842, 
p.  290  : 

Bed  trompler,  bed  trubard,  bed  millighet 

Deuz  da  zelaou  va  c'henavezo  ; 

Nemet  re  n'am  euz-me  da  zervichet 

Ha  renet  da  falz  plijadurio. 

Voici  encore  un  exemple,  emprunté  à  la  traduction  trécoroise 
du  cantique  «  Arrête  ici  passant  »  dans  le  Me^ellour  an  ineo, 
Saint-Brieuc,  183  i,  p.  207  : 

Couscoude  men  so  bet  lienoret  ac  estimet, 
Ha  breraan  gant  an  oU  men  so  aman  dileset  ; 
Ma  c'iiorf  a  so  rentet,  bars  en  quer  ber  amser, 
Un  objet  flerius,  a  spont  ac  a  horreur. 


lyS  E.  Ernault. 

Jean  Daniel  a  dû  s'arrêter  à  un  parti  semblable,  en  franci- 
sant le  trihori  des  bas -Bretons  :  pour  y  mettre  des  rimes  fémi- 
nines, il  aura  supprimé  une  syllabe  pleine  aux  vers  3  et  6 
de  chaque  couplet,  ce  qui  les  rendait,  au  point  de  vue  fran- 
çais, plus  courts  que  les  vers  i  et  4. 

9.  Reste  à  parler  de  ces  rimes  bizarres  :  trudaine,  demain; 
villaine,  certain;  peine,  main;  soubdaine,  plain ;  jeune  (jiène), 
besoing  ;  dandaine,  sain  ;  plaine,  fliim  ;  soubdaine,  haultain  ; 
qui  rappellent  certain  quatrain  mis  au  bas  d'un  tableau  récent, 
et  où  charnieur  répond  à  qu'il  meure! 

Le  breton  qui,  comme  on  vient  de  le  voir,  n'avait  pas  de 
rimes  féminines,  ne  pouvait  donner  lieu  directement  à  cette 
.plaisanterie.  Tout  au  plus  pourrait-on  supposer  au  refrain  de 
l'original  un  mot  analogue  au  trudaine  !  de  l'imitation  française, 
mot  qui  n'avait  pas  besoin  de  rime  :  cf.  falira-dondaine,  Quel- 
lien,  Chansons  et  danses  des  Bretons,  p.  181  ;  ladiradiraine,  169  ; 
dondaine,  Luzel  et  Le  Braz,  Soniou  Brei:(^I:^el,  I,  194,  312;  rou- 
larilanlaine,  244,  etc.  Les  mots  de  ce  genre  sont  souvent  bre- 
tonisés  en  -èneu,  -èno:  dariraineu,  Son.  Br. -!:(.,  I,  120;  diraineu, 
288;  tralandiridenno,  54;  digadenno,  Quellien,  202;  cf.  Rev. 
Celt.,  XI,  193;  Gloss.  moy.-hret.,  v.  mekn  (voir  le§  suivant); 
mais  ils  proviennent  de  refrains  français  tels  que  la  f al  ira  don- 
daine,  E.  Rolland,  Recueil  de  chansons  populaires,  II,  121,  d'ia- 
ridondaine,  138,  derlidondainc ,  135,  mirlitontaine,  141,  etc. 

Sur  ce  point,  le  rapport  du  rythme  primitif  avec  l'imitation 
française  reste  donc  douteux;  voir  §  15.  Mais  la  question  a 
aussi  un  côté  linguistique,  qui  est  plus  facile  à  éclaircir. 

10.  Une  des  particularités  de  la  langue  du  Noël  franco- 
breton,  c'est  la  suppression  de  Ve  final,  à  la  rime  :  ung  chantery, 
une  chanterie,  ung  beau  fam,  une  belle  femme,  le  bon  hom,  le 
bonhomme,  strophe  i  ;  sa  dépourveu,  sa  dépourvue,  2  ;  ma 
tourtelet,  ma  tourtelette,  4;  ma  muset,  ma  musette,  Mary, 
Marie,  5  ;  et,  inversement,  l'addition  de  cet  e  là  où  il  n'existe 
pas  en  français  :  garsonne,  garçon,  i  ;  à  plaine  est  probablement 
«  à  plein  »,  6.  On  trouve  même  le  breton ^«m^  vin,  francisé 
en  guyne,  en  deux  syll.,  str.  6. 

Les  rimes  de  trudaine  d  demain,  etc.,  sont,  au  fond,  sem- 
blables, sauf  l'orthographe,   à  celles  de  homme  (écrit  hom)  à 


Sur  quelques  Textes  franco-bretons.  \jc) 

meson,  de  pomme  à  garçon  (écrit  garsoune),  et  de  flageoUet  à 
musette  (écrit  fuuset,  str.  5). 

Ces  suppressions  ou  additions  fiiutives  sont  dues,  dans  le 
français  des  Bretons,  à  l'influence  de  leur  propre  langue,  qui 
n'a  pas  le  correspondant  exact  de  notre  e  final.  Dans  les  mots 
français  empruntés  par  le  breton,  cet  e  est,  d'ordinaire,  ou 
supprimé  ou  transformé;  cf.  Rev.  Cdt.,  VIII,  526;  IX,  379; 
XI,  363;  Gloss.  moy.-bret.,  v.  assamhlajf,  fim'sajf,  gorgaff,  me. 

Nous  venons  de  noter  (§  9)  un  autre  changement  de  Ve  mi- 
muet  final,  Qn.o,  dans  la  terminaison  française  -aine,  qui  de- 
vient par  ailleurs  -ene  dans  le  breton  ruhe-ruhene,  de  but  en 
blanc,  =  ribon-ribaine,  cf.  GJoss.  moy.-brct.,  v.  Geniuefe. 

Il  n'y  a  exception  que  pour  le  vannetais,  comme  on  l'a  vu 
§8;  cf.  Rev.  Celt.,  IX,  378,  379;  Revue  Movbihannaise,  II, 
240,  241.  J'ai  eu  tort  d'écrire  sirë  roue  «  sire  roi  »  dans  une 
chanson  trécoroise  traduite  du  français,  Mélusine,  VI,  255  ;  la 
vraie  leçon  est  sir  ë  roue,  variante  de  prononciation  de  sir  ër 
roue,  qui  rend  exactement  «  sire  le  roi  »,  E.  Rolland,  Recueil, 
I,  267-271,  273-275;  II,  152. 

II.  La  confusion  des  mots  avec  ou  sans  e  final  a  encore 
une  autre  cause;  c'est  la  difficulté  de  distinguer  les  genres,  dans 
une  langue  qu'on  sait  imparfaitement.  Ainsi  ung  beau  fam  est 
pris  comme  masculin,  et  gar sonne  paraît  féminin. 

On  peut  citer  ici  la  phrase  prononcée  par  un  Breton  de  Pleu- 
bihan,  Claude  Berthou,  aux  courses  de  Cesson,  en  1807. 
«  Lorsque  le  triomphe  de  Canaris  fut  proclamé,  Berthou  caressa 
son  cheval  et  lui  dit,  avec  l'accent  d'une  profonde  émotion  : 
Canaris,  ma  camarade!  ma  Canaris  !  tu  as  fait  mon  forteun'^.  » 

Les  fautes  de  genre  qui  émaillent  notre  Noël  sont  loin, 
d'ailleurs,  de  pouvoir  toutes  se  ramener  à  cet  unique  principe, 
comme  ma  père,  son  meson,  str.  i  ;  il  n'en  manque  pas  qui  y 
sont  directement  contraires  :  mig  pomme,  ta...  corps,  i,  safil^, 
sa  pays,  2,  ung  beau  vierge,  ^,son  mère,  7,  etc.  ^.  Quelquefois 

1.  Notions  historiques. .  .  sur  le  littoral.  .  .  des  Côtes-du-Nord,  par  Ha- 
basque,  Saint-Brieuc,  t.  II  (1834),  p.  317. 

2 .  On  connaît  la  prière  peu  chrétienne  attribuée  au  paysan  breton  : 
«  Mon  Dieu  de  ma  pays,  secourez  mon  vache,  et  laissez  mon  femme  mou- 
rir ».  Cf.  le  refrain  de  la  chanson  de  Pierre  Dupont,  Les  Bœufs, 


i8o  E.  Ernault. 

les  deux  genres  sont  employés  en  môme  temps  :  «  c'est  ung 
beste  mohaise  »,  str.  2.  Voir  §  22. 

12.  La  phonétique  bretonne  explique  aussi  le  ch  de  Achevin, 
angevin,  str.  6:  cf.  grainchou,  granges,  Grég.,  etc.;  Rev. 
Celt.,  VII,  147.  Voir  §  19. 

13.  Les  autres  fautes  commises  à  dessein  par  J.  Daniel  re- 
lèvent, pour  la  plupart,  de  la  syntaxe. 

Celle  qui  est  répétée  avec  le  plus  d'insistance,  c'est  le  pléo- 
nasme du  pronom  avec  le  nom  sujet,  en  dehors  de  l'interro- 
gation :  «  ma  père,  il  a  dit  »,  str.  i  ;  «  le  dyable  il  aura  veu  », 
2;  «  Adam,  il  estoit  »,  «  Diou  il  a  pourchassé  »,  «  Gabriel 
il  est  »,  3  ;  «  le  Doe  il  est  »,  4.  Voir  §  22,  30. 

14.  Mentionnons  encore  l'expression  «  je  prierai...  que 
j'auray  »,  7,  qui  répond  à  une  particularité  de  la  conjugaison 
bretonne  :  mani  he:^o=^  «  que  j'aurai  »  et  «  que  j'aie  ».  Voir 

§30- 

15.  Le  Noël  renferme,  en  outre,  des  mots  bretons;  nous 

avons  déjà  noté,  §  2,  Doe,  Dieu,  trandoiie,  par  Dieu,  giiyne 
math,  bon  vin,  harat,  pain. 

M.  de  la  Villemarqué  a  expliqué  avec  raison  bon  hominy,  str.  5 , 
par  le  diminutif  breton  bonomik,  petit  bonhomme;  cf.  §  25. 

Sa  conjecture  sur  hery,  str.  i,  qui  serait  pour  hoary,  jeu, 
est  plausible;  hoary  a  passé  en  gallo  ou  haut-breton,  cf.  Rev. 
Celt.,  V,  22. 

Je  m'écarterais  de  l'opinion  exprimée  autrefois  par  l'émi- 
nent  celtiste  dans  les  quatre  cas  suivants,  où  il  a  proposé  une 
interprétation  bretonne. 

Str.  I.  Trudaine  !  Ce  doit  être  un  mot  insignifiant,  tiré  d'un 
refrain,  comme  dandaine,  str.  5  ;  cf.  §  9.  On  le  retrouve  dans 
un  Noël  poitevin  de  J.  Daniel  (p.  50  de  l'édition  Chardon)  : 

Ung  convy  y  tint. 


Quant  eusmes  assez 
Mené  la  trudaine, 
Nous  fusmes  lassez; 


c'est-à-dire  «  quand  nous  nous  fûmes  bien  amusés  ».  Le  Dic- 
tionnaire de  l'ancienne  langue  française  de  M.  Godefroy  donne 


Sur  quel{jues  Textes  franco-bretons.  i8i 

trudaîne,  f.  «  baliverne,  fantaisie  incohérente;  trouble,  agi- 
tation »,  et  en  cite  d'autres  exemples  ;  l'auteur  ajoute  trudaincs, 
superstitions,  en  patois  percheron.  On  peut  voir  dans  l'His- 
toire de  la  chanson  populaire  en  France  de  M.  J.  Tiersot,  Paris, 
1889,  p.  185,  une  citation  de  la  Galette  musicale  de  dé- 
cembre 1849,  où  G.  Kastner  regarde  trudon  trudaine  comme 
une  onomatopée  du  bruit  du  tambour,  et  dit  que  ces  mots  ont 
quelquefois  servi  de  refrain.  Cf.  G.  Paris,  Chansons,  100. 

Str.  I.  Ennet  demain  semble  contenir  le  haut-breton  anè, 
aujourd'hui  (v.  franc,  anuit).  F eui-ètre  demain  est-il  pris  dans 
le  même  sens  ;  ce  ne  serait  pas  plus  bizarre  que  la  locution 
«  entrez  dehors  »  pour  «  sortez  »,  qu'on  lit  au  même  couplet. 

Str.  5.  Dehet  =  v.  franc,  de  het,  de  hait,  de  bon  cœur,  avec 
plaisir.  —  Languilloset  est  peut-être  une  variante  du  cri  agui- 
lanneuf,  anguillanneuf,  aguilloneu,  etc. 

—  La  forme  Cornouache  pour  Cornouaille,  par  changement 
de  terminaison,  avec  nuance  dépréciative,  str.  6,  rappelle  l'ex- 
pression méprisante  «  au  fin  fond  de  la  campiche  »,  pour  «  de 
la  campagne  »,  usitée  à  Saint-Brieuc.  Cf.  en  petit  Trég.  koch, 
ventre,  par  plaisanterie  pour  kof,  Rev.  Celt.,  XIV,  285  ;  monoch, 
monnaie,  pour  mone. 

Avant  de  quitter  la  question  du  trihori,  j'ajouterai  que 
M.  J.  Trévédy,  ancien  président  du  tribunal  de  Qiiimper,  qui 
s'est  occupé  des  anciens  témoignages  relatifs  à  cette  danse  ^,  a 
bien  voulu  m'écrire  à  ce  sujet  : 

«  Dans  mon  enfance,  nous  dansions  sur  cette  chanson  : 

Miche  Lagiieden  derbau  derhaii 
Miche  Lagueden  derbau 
/  Breil  ! 

avec  un  saut.  Cela  se  répétait  trois  fois.  C'était  une  sorte  de 
cancan.  Mon  souvenir  très  présent  rapproche  notre  danse  des 
descriptions  de  Paré  et  de  l'indication  de  Noël  du  Fail  :  trois 
pas  et  un  saut  ! 

I  .  Dans  le  Bulletin  de  la  Sociétc  archéologique  du  Finistère,  1890,  à  propos 
du  voyage  d'Ambroise  Paré  en  Bretagne.  Je  regrette  de  n'avoir  pas  connu 
cet  article  quand  j'étudiais,  Rev.  Celt.,  XV,  149  et  suiv.,  le  passage  breton 
de  ce  Voyage,  que  M.  Trévédy  a  expliqué  à  peu  près  comme  moi. 


i82  E.  Erndiilt. 

«  J'ai  idée  que  dans  les  campagnes  du  trécorrois  on  danserait 
encore  comme  nous  enfants,  il  y  a  cinquante  ans  passés.  » 

On  chante  en  effet  à  Pléhédel,  ou  du  moins  on  chantait,  il 
y  a  quelques  années,  un  air  de  danse  qui  a  des  affinités  évi- 
dentes, tant  avec  celui  que  se  rappelle  M.  Trévédy,  qu'avec  le 
rythme  du  Noël  «  sur  le  trihori  de  basse  Bretaigne  »  : 

Tache  piche  logoden,  d'eur  bod,  d'eur  bod  ; 
Tache  piche  logoden,  d'eur  bod  dréns. 
War  i  gein  ha  war  i  gof,  d'eur  bod,  d'eur  bod; 
War  i  gein  ha  war  i  gof,  d'eur  bod  dréns. 

c'est-à-dire  :  «  Taché  piché,  (une)  souris  à  un  buisson,  à  un 
buisson;  taché  piché,  (une)  souris,  à  un  buisson  d'épines.  Sur 
son  dos  et  sur  son  ventre,  à  un  buisson,  à  un  buisson,  sur 
son  dos  et  sur  son  ventre,  à  un  buisson  d'épines  » . 

Nous  avons  ici  le  vers  de  sept  syll.  -h  quatre,  et  aussi  celui 
de  sept  syll.  +  trois,  qui  expliquerait,  dans  le  Noël,  les  vers 
en  -aine. 

IL 

i6.  Achille  Jubinal  a  puWié^  une  ancienne  poésie  intitulée 
Le  privilège  aux  Bretons,  en  la  caractérisant  ainsi  :  «  Cette 
pièce,  dont  l'orthographe  est  singulière,  me  paraît  être  une 
satire  des  professions  qu'exerçaient  à  Paris  les  Bretons  » . 

Les  singularités  de  ce  texte  ne  sont  point  de  nature  ortho- 
graphique; elles  reviennent  à  celles  que  nous  avons  constatées 
dans  le  Noël  de  J.  Daniel,  et  doivent  être  attribuées  à  la 
même  cause,  l'imitation  moqueuse  du  français  parlé  par  les 
bas-Bretons. 

17.  La  suppression  de  Ve  mi-muet  est  plus  radicale  dans  le 
Privilège  que  dans  le  Noël.  On  la  trouve  dès  les  premiers 
vers: 

Diex  gart  la  roi  de  Frans,  et  tout  sa  compaingni; 

elle  paraît  à  peu  près  constamment  jusqu'à  la  fin. 

I.  Jongleurs  et  Trouvères,  ou  choix  de  saluts,  épîtres,  rêveries  et  autres 
pièces  légères  des  xiii^  et  xiv^  siècles,  Paris,  1835,  p.  52-62. 


Sur  (Quelques  Textes  franco-bretons.  183 

Les  rimes  en  prennent  un  aspect  uniformément  masculin. 
C'est  sans  doute  par  suite  de  méprises  qu'on  lit  chevalerie, 
p.  52,  outrage,  59,  mesure,  linage,  61;  les  rimes  correspon- 
dantes n'ont  pas  d'^.  Les  quatre  vers  en  anie,  p.  56,  sont  en 
français  correct,  étant  mis  dans  la  bouche  du  roi.  Restent, 
comme  faisant  exception:  Saini-TiUie,  batilUe,  p.  56;  estre, 
mestre,  destre;  paumoie,  voie,  59;  afère,  rctrère,  61;  chivière, 
derrière,  compaingne,  longaingne,  62. 

Ces  terminaisons  écourtées  peuvent  rimer  à  des  finales  mas- 
culines :  fu,  ru  (fut,  rue)  ;  Glatingnis,  justis,  puis  (justice, 
puits),  $8;  Mari,  tricberi,  anui  (Marie,  tricherie,  ennui),  60. 
Il  en  est  de  même,  comme  on  l'a  vu,  dans  le  Noël.  1 

Mais  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  dans  ce  dernier  texte, 
l'apocope  de  Ve  est  aussi  de  règle  en  dehors  de  la  rime  :  plus 
jan  que  cir,  plus  jaune  que  cire,  55,  57,  etc.  Il  faut  excepter 
d'abord  les  monosyllabes,  qui  gardent  Ve  devant  une  consonne, 
parfois  même  devant  une  voyelle:  ce  est,  en  deux  syll., 
vers  15,  c'est,  v.  37;  et  puis  les  mots  où  Ve  se  trouve  précédé 
d'une  double  articulation,  comme  autre,  porte,  p.  52,  entre, 
quatre  (écnt  .iiij.),  53  ;  meismes,  trois  syll.,  55.  Les  exemples 
contraires,  comme  dame,  53,  rende,  voire,  55,  croisse,  grande, 
56,  sainte,  60  (deux  syll.),  sont  relativement  rares,  et  quel- 
quefois fautifs  :  ainsi  usage  ne  compte  que  pour  deux  syll. ,  devant 
une  consonne  et  en  dehors  de  la  césure,  au  v.  4  de  la  p.  55. 

18.  Il  arrive  assez  souvent,  en  conséquence,  que  les  mots 
français  à  terminaison  féminine  affectent  la  même  forme  qu'ils 
ont  prise  en  breton.  Ainsi  Phelip,  p.  55,  =  moy.  bret.  Phe- 
lip,  Filip  (écrit  aussi  Pbclippe,  par  un  gallicisme  purement 
graphique);  fos,  57,  62,  contré,  56,  tricheri,  cur,  ordur,  60, 
=  moy.  bret.  fos,  fosse,  contre,  contrée,  trichery,  cur,  ordur  ; 
cf.  dans  le  Noël  Mary  =^  bret.  moy.  Mary. 

Une  différence  se  montre  dans  le  traitement  de  -ce,  qui  est 
écrit  -s,  tandis  que  le  breton  moyen  prononçait  -ç  :  gras, 
grâce,  55,  Frans,  57,  justis,  62,  Moris,  57-61,  en  regard  du 
moy.  bret.  grâce,  France,  iusticc,  Moricc.  La  rime  Moris,  guis 
n'eût  pas  été  admise  en  breton  moyen  (Moricc,  guis).  Cf. 
Rev.  Celt.,  XI,  353-356;  XV,  154;  Revue  Morbihannaise,  II, 
247,  248. 


184  E.  Ernault. 

19.  En  revanche,  l'auteur  du  Privilège  a  tenu  compte,  dans 
les  finales  en  -age^  de  la  confusion,  fréquente  en  breton,  des 
sonores  et  des  sourdes  :  il  écrit  sauvach,  domach,  usach,  lin- 
gnach,  p.  52,  usach,  55,  gach,  53,  et  fait  rimer  ce  mot  à  oiiirag, 
corag,  éritag.  Comparez  le  breton  moderne  savaich,  dounmich, 
usaichf  lignaich,  outraich,  couraich,  heritaich,  arraich,  rage, 
Grég.,  en  petit  Tréguier  :^ovach  et  jovach,  domach,  hourach. 
On  lit  flrmf/;  dans  le  Doctrinal  ar  Christenien,  Morlaix,  1628, 
p.  150  (moy.  bret.  arraig').  La  notation  étymologique  domi- 
nait en  breton  moyen  ;  on  y  trouve  pourtant  flaig  et  flaich, 
flach,  bouger  (flageoler),  faich  et  faig,  fâcherie;  cf.  ouiragy, 
outrage,  Grand  Mystère  de  Jésus,  91b,  et  outrachi.  Sainte 
Nonne,  1144;  sigou  eîsichou,  sièges,  etc.  ;  voir  §  12,  et  Rev. 
a//.,  IX,  372,  373. 

Ces  alternances,  confirmées  par  les  rimes,  cf.  Rev.  Celt., 
XIII,  242,  ne  se  bornent  pas  à  l'articulation  j,  en  breton 
moyen  :  cf.  homicit,  homicide,  remet,  remède,  dac,  dague,  etc. 
Je  pense  que  la  forme,  isolée  dans  le  Privilège,  sir  if,  p.  61, 
veut  dire  «  (mes)sire  Yves  »,  et  répond  au  trècorois  Nif^. 

20.  On  peut  voir  encore  des  bretonismes  de  nature  phoné- 
tique dans  les  assimilations  de  voyelles,  manas  (qu'il)  menace, 
55,  chiîuis,  chemise,  53,  55,  57,  Dinis,  Denis,  dimis,  demi, 
53,  et  dans  la  dissimilation  pr^i'/Vf^'-,  privilège,  55,  58,  prévikg, 
57;  cf.  bret.  moderne  mananç:^,  menace,  mananç,  menacer 
(voir  Gloss.  moy. -bret.,  v.  habasq)  ;  petit  Trég.  jimijeten,  che- 
misette à  l'ancienne  mode  (vannetais  jumesetenn,  camisole, 
Grég.,  chemiscetteenn,  l'A.);  bret.  moy.  preuikg  (et priuilaig'), 
privilège. 

21.  D'autres  modifications  phoniques  moins  communes 
sont:  acriptur,  écriture,  57  (cf.  bret.  moy.  astenn,  éten- 
dre, etc.);  bo,  beau,  54,  cf.  mohaise,  mauvaise,  Noël,  str.  2. 

22.  Les  fautes  de  grammaire  sont  nombreuses,  mais  assez 
peu  variées;  voici  les  principales. 

Genres:  la  roi,  ma  frer,  ma  pain,  la  bois,  lagenest,  son  besl  (sa 
bète),  p.  52  ;  mo)i  caintuv,  mon  sarp  (ma  serpe),  53  ;  cf.  §  11. 

I .  Cf.  mon  Etude  sur  le  dialecte  breto)i  de  la  presqu'île  de  Bal\,  Saint- 
Brieuc,  1883,  p.  18. 


Sur  quelques  Textes  franco-bretons.  185 

Conjugaisons:  bate:(,  battu,  render,  rendre,  53,  etc.;  cî.  je 
porty,  je  portai  (ou  porterai?),  Noël,  str.  5. 

Nombres  :  sont  pour  «  est  »,  vers  16;  tu  l'entende:;^,  tu  l'en- 
tends, p.  55.  Voir  §  30. 

Naturellement,  il  n'y  a  pas  besoin  d'être  Breton  pour  mal- 
traiter le  français  de  la  sorte.  Aussi  trouve-t-on  des  fautes 
semblables  dans  la  pièce  du  recueil  de  Jubinal  intitulée  La 
pais  ans  Englois,  p.  170  et  suiv.,  où  l'on  s'est  proposé  de 
railler  le  français  des  Anglais  :  la  tens,  le  temps,  ma  ray,  mon 
roi,  p.  170;  safrer,  172,  son  maison,  171,  ton  guère,  son  test, 
172;  rier,  rire,  171,  jefarra/]e  ferai,  173,  etc. 

On  y  lit  aussi  ces  pre\  il  serra  verdes,  ces  prés  seront  verts, 
170,  avec  un  pronom  redondant  comme  dans  le  Noël,  cf.  §  13. 

23 .  Une  forme  commune  au  Privilège  et  à  la  Pais  ans  En- 
glois est  chivaler,  chevalier,  p.  54  et  170,  174;  on  peut  com- 
parer chival  dans  ces  deux  vers  de  ^wq  ar  pêvar  mah  Emon 
(chez  Lédan,  1866),  p.  207,  où  Renaud,  pour  mieux  garder 
l'incognito,  contrefait  le  Breton  qui  parle  mal  français  (je 
souligne  les  mots  bretons)  : 

Me  je  va  da  Baris  ha  via  chival  ha  moa, 
Pour  goiiit,  mon  l'ami,  la  ciiruiieii  du  Roa 

c'est-à-dire  :   «  moi  je  vais  à  Paris,  et  mon  cheval  et  (avec) 
moi,  pour  gagner,  mon  ami,  la  couronne  du  roi.  » 

24.  Un  passage  du  Privilège  (p.  59),  me  semble  devoir 
s'expliquer  par  la  langue  bretonne.  Un  personnage  breton 
vient  de  recevoir  un  coup  qui  l'a  terrassé. 

Et  cil  s'escri  :  «  Haio  !  haie  !... 
«  Enitrou,  Maria,  en  trou  !  » 

A  la  fin  du  premier  vers,  l'éditeur  met  en  note  :  «  cri 
d'alarme  »  ;  et  après  le  second  :  «  Venez  tous  !  au  secours  !  » 

L'une  de  ces  explications  est  vraie,  mais  non  en  français. 
Haio  est,  sans  aucun  doute,  identique  au  breton  moderne  ayoti 
«  ahi,  interjection  de  douleur  »,  Grég.;  ab  !  hyou  «  un  mot 
que  l'on  dit  lorsqu'on  est  effrayé  »,  dans  un  vieux  diction- 
naire, selon  D.  Le  Pelletier;  léonais  ah!  iou !  Barxa:^^  Brei^, 
124,    cornouaillais  ai!  aou!  ai!  aou!  255,   vannetais  ayuu 


i86  E.  Ernault. 

«  hai  »,  l'A.,  trécorois  ah!  iaou  !  Gweixiou  Breix-Ixfh  I?  40 j 
ayouî  ayou!  allas,  Trajedi  Jacoh,  119,  fors  !  ayou  va  bue!  Traj. 
Moyses,  273.  En  moyen-breton,  on  trouve  le  premier  de  ces 
mots,  ha!  et  un  dérivé  du  second,  le  \ei-he youal,  crier. 

Le  vers  suivant  a  une  forme  Maria,  qui  paraît  bretonne  ; 
les  autres  mots  ne  présentent  aucun  sens  en  français.  La  glose 
de  l'éditeur  a  été  inspirée  par  les  lignes  qui  suivent, 

A  l'aist  i  vint  dant  Tragel, 
Moris,  etc. 

OÙ  l'on  voit  que  des  camarades  vinrent  à  l'aide  du  Breton  en 
détresse;  mais  il  avait,  je  crois,  invoqué  un  autre  secours.  Le 
vers  en  question  se  corrige  avec  vraisemblance  en 

En  itron  Maria,  en  autrou 

«  Madame  Marie,  Seigneur  !  »  C'est  l'équivalent  de  celui-ci, 
qu'on  lit  à  la  page  suivante  : 

Dam  Diex,  et  sainte  Mari. 

Le  P.  Grégoire  donne,  comme  synonyme  de  ayou,  la  locution 
znûogue  ayou-do lie.  Voir  §  26,  32. 

25.  Les  noms  propres,  dans  le  Privilège,  ont  souvent  une 
physionomie  bretonne. 

Morvenic,  p.  59,  est  le  diminutif  de  Morven,  61  ;  il  se  pré- 
sente sous  la  forme  francisée  Morveni,  p.  58,  où  il  rime  à 
Guilgemi,  sans  doute  diminutif  de  «  Guillaume  »  ;  cf.  Guigen- 
ninc,  p.  61.  Voir  §  15. 

26.  Le  principal  personnage  s'appelle  Yvon  (cf.  le  Tyvonntt 
du  Noël),  son  frère  RumaJan,  p.  53  (lisez  RiuaJan?  Riolen, 
p.  58,  peut  être  le  même;  cf.  Riolan,  59),  son  cousin  Guingan 
ou  Guigan,  fils  de  dame  GJegens,  5  3 . 

Il  cite  comme  garants  Badiiot,  Madugant,  dan  Guillo  (pour 
«  don  Guillou  »,  Guillaume),  dan  Morant,  sa  fier  Tronio  {Tpom 
«  sa  fille  Droniou  »,  cf.  Tronio  la  fil  Morven,  et  Taniel,  p.  61 
=  Daniel,  59,  nous  avons  vu  de  même  dans  le  Noël  trandoue 
pour  dran  doe,  §  2)  ;  le  sir  de  Plegalo;  dan  Loquiaus,  p.  54. 

Nous  voyons  dans  Guillo,  Tronio,  un  0  rendant  le  breton 
ou,  comme  au  mot  haio,  §  24  ;  voir  aussi  §33. 


Sur  quelques  Textes  franco-bretons.  187 

Inversement,  une  prononciation  bretonne  ou  pour  Vo  fran- 
çais est  attestée  au  xvi''  siècle  par  ce  passage  de  Noël  du  Fail  ^  : 
«  frotans  leurs  nez,  et  plus  tounez,  comme  dit  le  Bas-Breton, 
que  fondeurs  de  cloches  ».  Tb^/zq  pour  (es )tonnés  raç^elle  la 
double  prononciation,  en  breton  moyen,  de /on  et  îoun,  un  ton, 
son  et  souri,  un  son,  pazj'on  et  pa^roun,  parrain  ;  en  breton 
moderne,  à&hre:yOnecq  et  bre~ounecq,  la  langue  bretonne,  Grég., 
brétou  et  brétoun,  un  Breton,  Le  Gonidec,  etc.  Cet  ou  est  par- 
ticulièrement fréquent  en  cornouaillais. 

27.  Il  est  question  encore,  dans  le  Privilège,  de  Daiit  Tru- 
galet  le  provoir  (don  Trugalet  le  prêtre),  p.  57,  cf.  Trugel,  58, 
dant  Tragel,  59,  Contruguel,  61  ;  de  Guymar,  57,  cf.  Guio- 
mar,  58;  de  Galo,  58;  on  jure  «  par  saint  Lagado  de  Bre- 
taing  »,  p.  60;  voir  §  32. 


III. 

28.  D'autres  Noëls  du  xvi^  siècle  ont  le  même  caractère  que 
celui  qui  a  été  reproduit  plus  haut. 

M.  Chardon  a  cité  deux  vers  de  l'un  de  ces  Noëls  franco- 
bretons,  p.  Lxvi.  On  y  trouve  les  mots  jobec  vilhan,  qui  sont 
certainement  pour  Jobic  vihan,  le  petit  Job,  cf.  Jobih,  Bar^a:^ 
Brei^,  166,  c'est-à-dire  le  petit  Joseph;  Josebic,  Job,  Jobic, 
Grég.  ;  Jop,  Jopik,  J.  Moal,  Supplément  lexico-granimatical  au 
dict.  de  Troude,  p.  16,  pet.  Trég.  Jobeq. 

Cette  transcription  jobec  vilhan  nous  fournit  la  preuve  qu'en 
breton  moyen  on  adoucissait,  comme  aujourd'hui,  l'initiale 
de  l'épithète  accolée  à  un  nom  propre  ;  cf.  Gloss.  moy.-bret., 
V.  ab. 

29.  L'autre  pièce  citée  par  M.  Chardon  est  le  dernier  Noël 
de  Laurens  Roux,  intitulé  «  Noël  en  breton  bretonnant  qui 
aprent  à  parler  le  françois  »  ;  en  voici  le  commencement  : 

De  matheol  meeff  deoch 
Doe  sont  venu  en  un  crache, 
Chantez  en  noël  gueneoch. 

I .  Contes  et  Discours  d'Eutrapel,  réimprimés  par  les  soins  de  D.  Jouaust 
Paris,  1875,  t.  I,  p.  184. 


i88  E.  Ernault. 

On  y  reconnaît  aisément  les  mots  bretons  de  jnat  dech  ol, 
me  ejf  deoch,  bonjour  à  vous  tous,  je  bois  à  vous;  Doe,  Dieu, 
cf.  §  2,  et  gueneoch,  avec  vous. 

De  maîheol  pourrait  se  corriger  en  de  matehol;  nous  avons  vu 
pourtant  la  graphie  math,  bon,  §  2.  La  suppression  du  d  après 
le  t  est  un  fait  de  prononciation  ;  Grég.  donne  demateoc'h,  de- 
maddeoc'h,  demaddeoch-oJl,  bonjour,  salut,  et  l'A.  dé-matt  teoh, 
s.  V.  jour. 

En  moyen-breton  on  ne  trouve  que  de:{  mat,  de^mat,  mais 
la  notation  de  matheol  prouve  que  la  prononciation  trécoroise, 
cornouaillaise  et  vannetaise  de,  jour,  avait  déjà  commencé. 
Aux  autres  exemples  de  la  chute  du  ;(  doux  à  cette  époque, 
cités  Rev.  Celt.,  XV,  152,  153,  il  faut  ajouter  diouguet,  ap- 
porté, à  côté  de  di:{ouguet,  apportez,  di:;ocn,  apporter),  en 
vieux  breton  dodocetic,  gl.  inlatam.  Grég.  donne  di:{ouguet  et 
diouguet,  et  à  l'infinitif  di^puguen  et  diouguen. 

Il  est  fort  possible  que  la  chute  du  ;(  remonte  aussi  au 
moyen-breton,  dans  le  léonais  daoiïarn,  van.  deiiourn,  deilarn, 
mains,  Grég.,  deourne,  l'A.,  de  daow^ourn,  daouxôrn,  Grég., 
moy.  bret.  daou  dorn,  dou  dorn;  cf.  van.  aornn,  aournn,  poi- 
gnet, poing,  l'A.,  Supplément,  de  axprnn,  id.,  ibid.,  moy. 
bret.  a:^orn,  variante  de  aixoni  formé  par  dissimilation  {Rev, 
Celt.,  XV,  388). 

Comme  contraste  à  ces  chutes  anciennes  du  :;^  doux,  'on 
peut  citer  des  cas  où  il  se  maintient  encore  aujourd'hui  en 
vannetais,  et  surtout  en  trécorois;  cf.  Rev.  Celt.,  VI,  390; 
VII,  3  9  ;  Revue  Morbihannaise,  III,  337,  3  3  8  ^  Un  autre  exemple 

I.  La  métathèse,  qui  peut  faire  disparaître  un  ^  dur,  cf.  Rev.  Celt.,  VIII, 
34,  35,  peut  aussi  préserver  de  la  destruction  un  i  doux:  van.  ansàueln, 
avouer  =  bret.  moy.  di-ansaf,  renier,  de  * aianv,  gall.  addef.  Cf.  bret. 
moy.  hamhroiic,  conduire,  pour  * havrouiic.  Le  gall.  hcbriviio-  doit  sans  doute 
soii  b  à  une  forme  semblable  au  comique  heinbronc,  il  conduira  ;  cf.  bret. 
abrant,  sourcil,  comique  abrans,  pour  *aî'ra»/ (gaélique /rt?7/;m,  paupière),  à 
cause  d'une  variante  *  ambrant,  gall.  amrant,  paupière.  Hembronc  et  amrant 
sont  dans  le  même  cas  que  le  léon.  daustle,  claustre,  gageure,  van.  gloestr, 
gage,  tréc.  noadoe,  aiguille,  bret.  moy.  pabuelae^,  papauté,  v.  bret.  liusiu, 
lessive,  cf.  Rev.  Celt.,  VIII,  508.  La  dissimilation  de  "ambrant  en  abraut  est 
aussi  régulière  en  breton  moyen  que  celle  de  semblant,  état  (d'innocence), 
J.  45,  en  seblant,  semblant,  air,  marque,  forme  beaucoup  plus  fréquente;  cf. 
setance  =  «  sentence  » . 


Sur  quelques  Textes  franco-bretons.  1 89 

est  le  nom  du  mois  de  juin,  en  trécorois  mé:(even,  =  léon. 
me^evenn,  Grég.,  mé:^éven,  Le  Gonidec,  moy.  bret.  me:(euen, 
van.  meheiienn,  Grég.,  méhéuin,  maihéuein,  maiéucin,  l'A.  Le 
gallois  mehefin  montre  qu'il  ne  saurait  être  question  d'un  :(  dur 
ou  th,  pour  rendre  compte  du  rapport  des  dialectes  de  Tré- 
guier  et  de  Vannes.  Reste  à  expliquer  que  le  gallois  lui-même 
n'ait  pas  le  ;{  doux  du  léonais  et  du  trécorois.  Cette  absence 
du  dd  est  à  rapprocher  de  celle  qui  s'observe  dans  le  gall. 
meiun,  moy.  gall.  ymeun,  en  regard  du  vieil  irlandais  immedôn, 
au  milieu;  la  syllabe  me-  est,  je  crois,  la  même  dans  les  deux 
mots  gallois.  On  ne  doit  pas  s'attendre  à  ce  que  l'armoricain 
montre  ici  le  même  degré  d'usure  que  le  gallois,  puisque  le 
moy.  breton  a  gardé,  en  la  renforçant,  la  dentale  de  iui-medôn, 
dans  metou,  (un)  moyen,  en  metou,  au  milieu  ^  Au  gall.  me- 
hefin correspond  donc  un  armoricain  *me:(-hevin,  dont  le  ^ 
doux  est  tombé  en  vannetais,  mais  resté  en  trécorois,  sans 
doute  à  cause  de  1'/;  suivant,  seul  conservé  par  le  dialecte  de 
Vannes.  Cf.  tréc.  pop  (Jj)ini,  chacun,  niap  Çj)énan,  fils  aîné,  à 
côté  de  'bob  cil,  chacun  à  son  tour,  niab  ar  chéntafi,  terme 
d'injure.  Quant  au  iJ  gallois,  sa  chute  n'est  pas  sans  exemple  : 
dygwyl  Jeuan  =  dydd  giuyl  loan,  la  saint  Jean,  tréc.  dé  giuel 
Yan;  archiagon,  archidiacre  =  archddiagon,  bret.  moy.  mxh- 
diagon,  mod.  arryagoun,  Grég.;  cf.  Rev.  Celt.,  VII,  173. 

*  Me^-hevin  =  *  medio-sam-inos  «  qui  est  au  milieu  de 
l'été  »,  cf.  le  grec  [j.£7--(^;x(5)î-'.voç;,  qui  est  au  milieu  du  jour, 
ou  au  sud,  l'anglais  midsumnier,  miheu  de  l'été,  et  le  gall. 
alban  hcfin,  solstice  d'été;  V 2.à]Qcû{  hefin  ^=  * sam-inos ,  àènvè 
comme  jsp-ivô^.  La  formation  du  bret.  mi':{  méT^even  «  mois  du 
milieu  de  l'été  »  =  mois  de  juin,  est  ainsi  équivalente  à  celle 


I .  En  metou  paraît  venir  de  "en  menton,  *m  mendou,  pour  *in  medoun  = 
V.  irl.  im-medâii,  gall.  moy.  y-memt,  par  une  métatlièse  semblable  à  celle  de 
di-ansaf,  mais  plus  ancienne.  Il  ne  faudrait  pas  comparer  le  bret.  moy.  /a;(- 
roncy,  larcin,  Rev.  Celt.,  VIII,  509,  parce  qu'il  représente  *  Jalronicium, 
comme  le  provençal  laironicis,  l'italien  ladroiieccio,  etc.  En  tiielou  est  une  va- 
riante légitime  de  *eii  menton;  cf.  moy.  bret.  eguetou,  agiietoii,  dernièrement, 
à  côté  de  agiientou  ;  qiietell  et  quentel,  leçon  (la  première  syll.  peut  rimer  en 
ef)  ;  gat  et  gant,  avec  ;  digataff  et  digant  af,  de  lui  ;  qiientaff,  premier,  avec 
première  syll.  rimant  en  et,  van.  quétan,  l'A.,  etc.  Pour  "'menton  de  *  men- 
dou, cf.  Rev.  Celt.,  VII,  146-148. 

Revue  Celtique.  XVI.  14 


190  E.  Ernault. 

de  son  synonyme  en  irlandais,  mi  meodhain  havraidb  (selon 
Lhuyd,  Archaologia  Britannica,  Oxford,  1707,  p.  74),  et  en 
suédois,  midsommarsmânad ;  elle  rappelle  celle  de  l'allemand 
Mittiuoch  «  mercredi  »,  ^=  milieu  de  la  semaine. 

L'année  celtique  comprenait  trois  mois  d'été  proprement 
dit  :  mai,  dont  le  premier  jour  s'appelait  en  irlandais  cêt- 
shoman  «  premier  de  l'été  »,  cf.  gall.  cynkfin,  commencement 
de  l'été,  =  * cintu-saminos ;  juin,  et  juillet.  La  désignation 
bretonne  de  juin  est  donc  plus  rigoureusement  exacte  que  le 
nom  irlandais  du  31  octobre,  snnifiàn,  lin  de  l'été  (pris  au  sens 
large,  et  comprenant  les  trois  mois  de  l'automne)  ^ 

Cette  explication  du  nom  breton  et  gallois  de  juin  esc  con- 
firmée parle  gall.  {inis)  gorphenaf,  juillet,  qui  s'interprète  na- 
turellement «  le  dernier  mois  (d'été)  ».  C'est  un  superlatif  ré- 
pondant au  snhsliwlii gorphen,  la  fin;  cï.pcnaf,  le  principal,  etc. 
{Gloss.  moy.-bret.,  w.  pemi),  et  le  ht.Jîni-timus.  Peut-être  aussi 
gorphenaf  était-il  primitivement  gorphen  haf  «  fin  d'été  ». 

M.  Loth,  Les  mots  latins  dans  les  langues  brittoniques ,  44,  re- 
garde le  comique  comme  absolument  d'accord  avec  l'armo- 
ricain, sur  les  noms  des  six  mois  qui  ont  une  désignation  cel- 
tique; il  identifie,  par  conséquent,  le  corn.  ;;//:(  ephan,  juin, 
w/:(  gorephan,  juillet,  au  bret.  (jni^)  me^even,  juin,  bret.  moy. 
gouherejf,  juillet,  inoà.  goiië::j-e,  gouëro,  gouhere,  van.  gourbenëun, 
Grég.,  gourhenneu,  Chai,  ms.,  gourhelin,  Grég.,  gourhélin,  l'A. 
Cet  accord  des  deux  langues  n'est  point  évident.  A  mon  avis, 
le  van.  gourhenëiin,  gourhenneu,  remonte  à  *gour-hereff:  sur 
l'échange  des  préfixes  gour-  et  gou-,  cf.  Revue  Morbihannaise, 

IV,  37-42;  pour  71  venant  de  r  et  de  :(_r,  cf.  Gloss.  nwy.-breî., 

V.  be:(.  Gourhelin  est  le  même  mot,  avec  dissimilation  du  se- 
cond r  en  /  (cf.  Gloss.,  v.  reler,  etc.)  ;  mais  la  terminaison  a 
été  influencée  par  celle  de  nu^héuin,  juin.  L'association  de  ces 
deux  mois  se  montre  encore  dans  un  autre  nom  de  juillet, 
me^evennicq,  van.  meheiiennicq,  Grég.,  méhéuénig,  maiéuénig, 
maihéuénig,  l'A.,  =  «  petit  juin  ».  Mi^  hère,  comique  mî-{  he- 
dra,  gall.  mis  hydref^,   octobre,  veut  dire   proprement  «   le 


1 .  Cf.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours  de  littérature  celtique,  VII,  296,  297. 

2.  Hyddfref,  littéralement  «  rutting  ofdeer  »,  doit  être  différent;  hydref 


Sur  quelques  Textes  franco-bretons.  1 9 1 

mois  d'automne  »  (celui  qui  finit  l'automne),  cf.  Rev.  Celt., 
XV,  392,  394;  mis  gouhereff,  mis  gouë^re  paraît  signifiera  le 
mois  avant  l'automne  »,  litt.  «  sous  l'automne  »,  cf.  ïû.  fog- 
mur,  automne,  =  «  sous  l'hiver  »  (on  pourrait  entendre  en- 
core au  sens  diminutif  «  petit  automne,  petit  hiver  »).  Re- 
marquons aussi  qu'en  comique  le  nom  de  novembre,  mî^  diu, 
entre  dans  la  composition  de  celui  de  décembre,  mis  kevardhiu. 
Il  en  est  de  même  en  armoricain  :  bret.  moy.  et  mod.  mis  du, 
novembre;  moy.  querzu,  décembre,  mod.  qer7:u,  qerdii,  qe- 
verdu,  van.  qeûerdu,  Grég.,  mis  quenuerdu,  Chai,  ms  (:=  gall. 
*cyfr-ddii,  tout  noir  ?)  L'alliance  des  deux  idées  fait  même  que 
le  dictionnaire  de  l'A.,  qui  ne  connaît  ^asqeilerdu,  traduit  deux 
fois  «  décembre  »  par  7?iiss  du,  miss-du  (Chai.  ms.  a  ynis  du, 
novembre,  s.  v.  mois).  Tout  ceci  nous  autorise  à  admettre 
qu'en  comique  les  noms  de  «  juin  »  et  de  «  juillet  »  ont  dé- 
teint l'un  sur  l'autre.  M/;(  gorephan,  juillet,  a  l'air  de  signifier 
«  le  grand  juin  »,  àe  gor  -\-  epban;  mi:^  cphan,  juin,  peut  être 
un  ancien  *  îne:(Jjevin,  accommodé,  pour  la  première  partie,  à 
mi^;,  mois  ^,  et  pour  la  seconde,  à  un  parent  du  gall.  gor- 
phenaf-. 

30.  Quant  à  sont  pour  «  est  »,  dans  Doe  sont  venu,  nous 
l'avons  vu  déjà,  §  22. 

J'en  trouve  un  autre  exemple  dans  ce  passage  de  maistre  Pa- 
thelin  : 

Sont-il  ung  asne  que  j'os  braire? 

Halas  !  halas  !  cousin  à  moy  ! 

Hz  seront  tous  en  grand  esmoy. 

Le  jour,  quand  je  ne  te  verray, 

Il  convient  que  je  te  herray; 

Car  tu  m'as  faict  grand  trichery  : 

Ton  faict,  il  est  tout  trompery  ?. 


est  plutôt  dérivé  de  hxdr,  hardi,  bret.  moy.  /;qr,  irl.  sethar,  fort  (cf.  Urhcl- 
tischer  Sprachsclmt-^,  1.^7),  avec  un  sens  analogue  à  celui  du  lat.  au(c)tiimniis. 

1.  Cette  analogie  fort  naturelle  se  produit  aussi  en  armoricain  :  Le  Go- 
nidec  signale  les  prononciations  vn^-êveii,  viix_-ivin,  au  lieu  de  mîx^  mi'iéven. 

2.  Dans  le  document  récent  qui  nous  a  conservé  le  mot  inii  ephan 
(Lhuyd,  74),  on  trouve  par  ailleurs^/;  pour  v  :  gopJm,  demander,  Lh.  141 
^  govyn,  gall.  gofyn. 

5  .  Le  Théâtre  français  avant  ta  Renaissance,  par  Edouard  Fournier.  Paris, 
1872,  p.  102. 


192  E.  Ernaulî. 

Ces  vers  contiennent,  en  outre,  d'autres  bretonismes  déjà 
étudiés  :  irichery,  troîiipery  pour  -rie  ;  que  je  te  herrai  pour 
«  que  je  te  haïsse  »  ;  «  ton  taict,  il  est  ».  Voir  §  10,  17;  14- 
13;  et  plus  loin,  §  33. 

3  I .  Après  ce  prélude  en  français  bretonisé,  Patlielin  continue 
en  bas-breton.  D'après  les  textes  publiés  par  M.  Loth,  Rev. 
Celi.,  IV,  450-456,  il  y  a  du  passage  breton  trois  rédactions 
complètement  distinctes. 

La  première,  en  douze  vers,  a  été  l'objet  de  plusieurs  essais 
de  traduction;  cf.  encore  Rev.  Celt.,  V,  225-227. 

M.  Loth  a  lu  et  traduit  ainsi  les  deux  premiers  vers  : 

Ha  ioul  (pu  ha  ol)  d'an  diaoul  en  ravezeic 
Corf  ha  enef  {ou  eneuf). 

GUILLEMETTE 

Dieu  vous  ayst. 

«  Plût  au  ciel  qu'il  fût,  ou  Puisse-t-il  être  tout  entier  au 
diable  corps  et  âme  ». 

Mais,  d'abord,  le  pronom  en,  il,  est  ici  fort  suspect.  En 
moyen-breton  en  est  toujours  régime;  le  sujet  de  la  troisième 
personne  est  ejf,  ef.  La  variante  enff  paraît  dans  les  Novelou, 
au  xvii'^  siècle  ;  en,  c'est-à-dire  eh,  comme  aujourd'hui,  s'y 
montre  une  fois,  str.  210. 

En  second  lieu,  rave:{eic  «  qu'il  soit  »,  ne  ressemble  à  au- 
cune forme  du  verbe  breton.  M.  Loth  semble  corriger  ce  mot 
en  ravexe,  Rev.  Celt.,  IV,  455,  et  rave::^ei,  V,  225;  ce  dernier 
ne  serait  soutenable  qu'en  supposant  une  notation  française  ei 
(ou  ai)  pour  e.  La  forme  ravexf-  a  pour  elle  l'autorité  du 
P.  Grégoire,  qui,  dans  sa  Grammaire,  donne  ra  ve^é,  qu'il 
fût,  p.  128;  rien  ne  prouve,  d'ailleurs,  qu'elle  remonte  au 
moyen-breton.  Elle  a  surtout  le  tort  de  ne  pas  rimer  avec  ayst. 
En  faisant  ce  même  reproche  à  la  leçon  ra  ve:(i,  que  tu  sois, 
admise  par  M.  de  la  Villemarqué  et  par  moi  (Rev.  Celt.,  V, 
226),  M.  Loth  prenait  ayst  pour  le  français  moderne  «  qu'il 
ait  »,  tandis  que  c'est  «  qu'il  aide  »,  comme  dans  aït  vus 
Deus,  Chanson  de  Roland,  v.  1865,  cf.  l'allusion  à  une  équi- 
valence de  ravezeic  et  aist,  Rev.  Celt.,  IV,  453.  M.  Loth  avait 


Sur  quelques  Textes  franco-bretons.  193 

pourtant  signalé  lui-môme,  à  la  page  précédente,  une  variante 
«  Dieu  vous  bénie  ».  E.  Fournier  a  imprimé  rave:(;ie  et  bénie. 

Notre  lecture  diaulyen  «  diables  »  a  donné  lieu  à  une  autre 
critique,  sur  laquelle  on  peut  voir  Mélusine,  VI,  64.  Il  est  bien 
vrai  que  cette  forme  ne  peut  pas  justifier  d'une  antiquité  plus 
reculée  que  rave^e;  aussi  ne  la  soutiendrai-] e  plus.  Cette  syllabe 
embarrassante  en  ne  proviendrait-elle  pas  du  mot  en  euf,  à  la 
ligne  suivante  ?  loul  et  diaoul  avaient  également  deux  syllabes 
en  breton  moyen  ;  le  plus  sûr  est  donc,  à  mon  avis,  de  lire 

Ha  iûiiî  dan  diaoul  rave^i 

«  puisses-tu  être  au  diable  »,  en  admettant  une  synérèse  à  l'un 
des  deux  mots. 

Les  deux  derniers  e  sont  aussi  de  trop  dans  rave^eie,  tandis 
qu'on  a  omis  les  /  de  ioiil  et  diaoul.  Tout  cela  donne  à  penser 
qu'il  ne  faut  pas  prendre  trop  à  la  lettre  le  système  de  restau- 
ration purement  paléographique  préconisé  par  M.  Loth.  C'est 
pourquoi  dans  le  deuxième  vers,  dont  le  sens  est  certain,  Cerf 
ha  eneuf  «  corps  et  âme  »,  nous  restituerons  sans  scrupule  un 
c  au  mot  hac. 

Les  vers  3  et  4  sont  lus  par  M.  Loth 

Hui  roz  bezou  drouc  noz  badou 
Digant  an  can  (ou  eau)  en  hoz  madou 

«  puissiez-vous  avoir  mal  la  nuit  durant  (ou  des  étourdis- 
sements)  avec  le  chant  (ou  les  lamentations)  dans  vos  biens  ». 

Mais  no:;^  badou  n'a  jamais  voulu  dire  «  la  nuit  durant  »  ;  et 
malgré  l'explication  donnée  Rev.  Celt.,  V,  226,  je  ne  vois  pas 
quel  avantage  il  y  a  à  changer  le  texte,  qui  porte  tan,  feu, 
pour  arriver  à  cette  singulière  imprécation  :  «  le  chant  dans 
vos  biens  ». 

L'autre  correction,  eau  «  lamentations  »,  ne  me  semble 
guère  meilleure  :  on  eût  écrit  probablement  caff  ou  caf.  No- 
tons à  ce  propos  que  j'ai  cru  à  tort,  Rcv.  Celt.,  XV,  153,  à  la 
présence  du  mot*cafu,  chagrin,  dans  un  texte  moyen-breton. 
Il  n'y  a  de  l'existence  d'une  telle  forme  à  cette  époque  que 
des  preuves  théoriques,  d'ailleurs  dignes  de  créance.  Ajoutons 


194  E.  Ernault. 

ce  refrain  d'une  chanson  rustique  étudiée,  Revue  Morhihan- 
tiaise,  I,  362-364  : 

Caon  d'am  davad  penn-gornic, 
Caon  d'am  davad  ! 

«  deuil  à  mon  mouton  à  petite  tête  cornue,  deuil  à  mon 
mouton  !  »  Il  a  sept  syllabes  +  quatre  (cf.  §  4),  et  est  rimé 
intérieurement,  ce  qui  paraît  indiquer  qu'il  reproduit  un 
moyen-breton  cajf  dam  dajfat. 

Le  sens  propre  de  badoii  est  bien  «  étourdissements  »  ;  mais 
il  en  a  aussi  de  plus  énergiques  ;  il  paraît  signifier  «  fré- 
nésie »,  Poèmes  bretons,  114. 

La  finale  de  bc:(ou  a  dû  être  accommodée  à  celle  de  badou, 
et  «o:^  modelé  sur  ro:(;  je  crois  que  le  texte  primitif  était 

Hui  roz  bezo  drouc  nos,  badou 
Digant  an  tan  en  hoz  raadou 

«  puissiez-vous  avoir  mauvaise  nuit,  des  saisissements  par 
suite  de  l'incendie  dans  vos  biens  ». 

Voici  la  lecture  et  l'interprétation  de  M.  Loth,  pour  les 
vers  5-10  : 

Empedif  dich  guitebunan 
Quet  querent  ol  dre  douchaman 
Ma  nez  cahet  hoz  bouzelou 
Eny  obet  grande  canou 
Maz  rehet  truez  d'an  hol  con 
So  ol  oz  mervel  gant  nafon. 

«  priant  (ou  prier)  pour  vous  à  l'envi  —  tous  vos  parents  par 
crainte  —  que  vous  ne  rendiez  (cacetis)  vos  entrailles  — 
Vous  aurez  d'eux  des  lamentations  ou  des  chants,  ou  En  fai- 
sant de  grandes  lamentations  ?  —  à  tel  point  que  vous  feriez 
pitié  aux  chiens  —  qui  meurent  de  faim.  » 

Empedif  nt  peut,  je  crois,  être  ni  un  infinitif,  ni  surtout  un 
participe  présent. 

Ouet  querent  est  une  correction  superflue  ;  le  texte  porte 
que:^  queuient,  qui  se  lit  beaucoup  plus  naturellement  que:{  que- 
ment.  De  même  douchaman  pour  douch  ama  est  plus  simple- 
ment douch  aman  ;  cf.  Rev.  Celt.,  VII,  161. 


Sur  quelques  Textes  franco-bretons.  195 

Je  traduirais  donc  :  «  Je  vous  souhaiterai  à  tous  sans  excep- 
tion —  tous  tant  que  vous  êtes  ici  ».  * Douchanian(t),  crainte, 
n'est  appuyé  par  rien  ;  dre  douch  aman  est  analogue  à  dre  de 
gnou  «  comme  il  est  évident  »,  Sainte  Barbe,  64. 

Au  vers  suivant.  M,  Loth  a  cliangé  mene^  en  ma  ne^;  en- 
core faudrait-il  ma  ne.  Je  propose  de  lire  men  e^^,  et  de  cons- 
truire hox_  houTelou  comme  un  ablatif,  ce  qui  est  régulier.  Il 
viendra  :  «  que  vous  rendiez  une  pierre  de  vos  entrailles  »  ;  ce 
serait  un  sarcasme  semblable  au  durius  est  ...  lapillis  de  Ca- 
tulle (Ad  Furium). 

Le  texte  du  vers  8  est  regardé  par  M.  Loth  comme  déses- 
péré. Sa  première  traduction  me  semble  impossible.  La  se- 
conde est  meilleure,  mais  suppose  une  forte  invraisemblanc'ë, 
c'est  l'intrusion  du  français  grande  au  milieu  du  texte  breton. 
Si  nous  observons  que  le  mot  breton  que::(_  quement  est  devenu, 
dans  une  variante  d'un  vers  précédent,  quels  que  vient,  Rev. 
Celt.,  IV,  452,  nous  pouvons  admettre  que  grande  n'a,  de 
même,  que  par  accident,  une  physionomie  purement  fran- 
çaise. Au  lieu  delà  restitution  hardie  que  j'ai  risquée  autrefois, 
cf.  Rev.  Celt.,  V,  22e,  je  propose  de  lire 

En  un  ober  gront  lia  caiioit, 

«  en  faisant  du  bruit  et  des  gémissements  » . 
Quant  aux  lignes  9  et  10,  je  lirais  et  traduirais  : 

Maz  rehet  truez  dan  hol  con 
So  ol  oz  mervell  gant  naon, 

«  au  point  que  vous  fassiez  pitié  à  tous  les  chiens  qui  meurent 
tout  à  fait  de  faim  » . 

Les  vers  11  et  12  sont,  d'après  M.  Loth, 

Aluzen  archet  ho  pysy 
Hoz  calz  amour  ha  courtesy 

«  Vous  aurez  (ou  puissiez-vous  avoir)  l'aumône  d'un  cercueil 
—  contre  beaucoup  d'amour  et  de  courtoisie  ». 

Une  correction  s'impose,  car  ho  pysy  n'a  jamais  existé,  pas 
plus  au  sens  de  «  vous  aurez  »  ou  «   puissiez-vous  avoir  » 


196  E.  Ernaiih. 

qu'en  aucun  autre  ;  et  si  le  malin  avocat,  dans  ses  divagations 
intéressées,  peut  choquer  le  bon  goût  et  la  délicatesse  du 
lecteur,  du  moins  n'a-t-il  pas  encore  été  pris  à  manquer  de 
respect  à  la  grammaire  bretonne  ;  il  se  conformait  au  précepte 
que  devait  plus  tard  formuler  Boileau  : 

Surtout  qu'en  vos  écrits  la  langue  révérée 

Dans  vos  plus  grands  excès  vous  soit  toujours  sacrée. 

Le  remède  nécessaire  n'est  d'ailleurs  pas  bien  héroïque  ; 
c'est  le  changement  d'un  0  en  e.  He  pysy  «  tu  auras  »  est  par- 
parfaitement  admissible,  comme  seconde  personne  du  moy. 
bret.  ham  be^if,  que  j'aie,  cf.  Rev.  CeJt.,  IX,  259,  260.  On 
l'eût  sans  doute  écrite  dans  un  texte  destiné  aux  seuls  Bretons, 
*ha:(^  byxy;  la  notation  contraste  ici  avec  celle  de  ro\  heiou,  bo^ 
bou^elou.  Inversement,  alu:{en  eût  été  aluscn;  cf.  Rev.  Celt., 
XV,  151,  390. 

Je  lirais  ces  deux  vers 

Aluzen  ha  cher  he  pysy 
Ha  calz  amour  ha  courtesy, 

avec  le  sens  donné  par  M.  de  la  Villemarqué  :  «  Tu  auras  au- 
mône et  bon  visage,  et  beaucoup  de  tendresse  et  de  civihté  ». 
Après  avoir  interpellé  au  pluriel  tous  les  assistants,  maître  Pa- 
thelin  s'adresse  au  seul  marchand  de  drap,  comme  au  com- 
mencement Çra  z'^:^/),  et  promet  ironiquement  de  lui  donner 
toute  satisfoction. 

Il  est  remarquable  que  le  premier  vers  et  le  dernier  aient 
seuls  une  rime  intérieure  (loul^  dhoiiJ ;  amour,  cowrtesy). 

32.  La  seconde  rédaction,  Rev.  Celt.,  IV,  455,  est  beau- 
coup plus  corrompue  que  la  précédente  ;  il  suffit  de  comparer 
les  deux  premiers  vers  à  ceux  de  cette  dernière,  auxquels  ils 
étaient  à  l'origine  identiques,  pour  comprendre  qu'il  faut  re- 
noncer à  tout  espoir  de  restitution  complète,  tant  qu'on  n'aura 
pas  de  variantes. 

Je  me  contenterai  d'indiquer  quelques  rapprochements. 

Le  troisième  vers  ressemble  au  moins  autant  que  les  précé- 
dents à  la  ligne  correspondante  de  l'autre  version.  Je  crois 
qu'il  en  dérive,  et  que  le  quatrième  vers,  qui  doit  rimer  avec 


Sur  quelques  Textes  franco-bretons.  1 97 

lui,  répond  de  même  au  vers  suivant  du  premier  texte.  Ceci 
nous  permet  de  constater  de  nouveau  deux  sources  de  corrup- 
tion dans  ce  breton  si  maltraité  :  les  mots  peuvent  y  être 
transposés,  ou  adaptés  à  des  termes  français.  Dans  ce  vers 

Yne  tJiomas  lart  en  bacon 

M.  Loth  dit  que  le  second  mot  paraît  être  pour  chômas  (il 
resta)  ;  je  pense  que  c'est  le  français  Thomas,  comme  ce  qui 
suit  répond  au  français  lard,  en,  bacon  (=  lard)  ;  réminiscences 
qui  ont  défiguré  le  texte  breton,  tan  en  ho(^)  niadou.  C'est  la 
syllabe  ho(^  qui  se  trouve  égarée  dans  thomas  ;  le  srribe  a  tra- 
vesti maclou  en  bacon,  sous  la  double  influence  de  badou  (pour 
la  forme)  et  de  lart  (pour  le  sens),  sans  daigner  tenir  compte 
de  la  rime.  Du  reste,  le  vers  neuvième  et  dernier  n'a  pas  non 
plus  de  rime.  Mais  cela  tient  à  ce  qu'il  y  a  une  lacune.  Car  ce 
vers  était  sans  doute  identique  au  douzième  de  la  première 
version;  il  manque  donc  le  correspondant  du  onzième. 

Ainsi  cette  seconde  rédaction  n'a  en  propre  que  quatre  vers 
(de  5  à  8). 

Le  cinquième  finit  par  aualen,  cf.  bret.  moy.  aualenn,  pom- 
mier, mod.  avalenn,  id.,  Grég.,  van.  avalen,  pomme,  Pel., 
tréc.  id.,  Bar^a^  Brei^,  216. 

Le  sixième  vers  se  termine  par  libostren,  qui  semble  signifier 
<v  crotte  ))  ;  cf.  libistrenec,  crotté,  fangeux,  souillé,  mouillé, 
humide,  D.  Le  Pelletier,  libistrinec,  P.  Maunoir,  libistrinccq, 
P.  Grégoire;  libistrus,  id.,  Maun.,  gall.  lliby stras. 

Les  derniers  mots  du  septième  vers,  a  coste,  rappellent  le 
moy.  bret.  a  coste^,  de  côté,  qui  a  pu  avoir  une  variante  sans 
^,  cf.  niaieste^et  maieste,  majesté,  etc.  ÇRev.  Celt.,  XV,  153). 
Mais  je  soupçonne  coste  d'être  un  arrangement  à  la  française 
d'un  mot  breton  de  terminaison  différente,  parce  que  le  hui- 
tième vers,  A  trou  mare  a  lagade  paraît  bien  être  pour 

Autrou  mari  ha  lagado 

«  Seigneur,  Marie,  et  (saint)  Lagado  »,  ou  pour 
Itron  mari  ha  lagado, 
«  Dame  Marie  et  (saint)  Lagado  »  ;  cf.  §  24,  33,  27. 


198  E.  Ernault. 

33.  La  troisième  rédaction,  Rev.  Cdt.,  IV,  456,  est  dans  le 
même  état  que  la  seconde  ;  on  ne  peut  espérer  de  l'expliquer 
que  partiellement. 

Elle  débute  par  un  nouveau  quiproquo  franco-breton;  car  le 

vers 

Chetu  vng  gasec  que  jous  bien 

expliqué  par  M.  Loth  (avec  les  trois  premiers  mots  bretons) 
«  voilà  une  jument  que  j'ai  bien  entendue  »,  sont  évidemment 
une  variante  à  demi  bretonisée  du  vers  étudié  plus  haut,  §  30, 

Sont-il  ung  asne  que  j'os  braire? 

Le  second  vers, 

Je  you  peurs  trcu  maria 

est  également  expliqué  par  M.   Loth  comme  hybride  :   «  J'ai 
eu  peur,  madame  Marie  »  (itron  Maria).  Nous  avons  déjà  vu 
plusieurs  fois  cette  exclamation  (§  24,  32). 
Le  quatrième  vers, 

En  bado  me  chanse  cropen 

me  paraît  être  pour 

En  badou  mechancc  e  clopen 

«  son  cerveau  est  dérangé  sans   doute  (ou  par  malheur)  ». 
Nous  avons  vu  encore  0  pour  ou,  §  24,  26.  Cette  correction 
détruit  ici   une  rime  intérieure,   mais  on  a  constaté,   §  31, 
qu'il  n'y  a  pas  à  s'en  préoccuper. 
Les  vers  5  et  6, 

Q.uemeredol  a  huy  enten 
Laquet  damez  vng  men  eodic, 

sont  traduits  par  M.  Loth  «  prenez  tous,  comprenez-vous.  — 
J'en  ai  mis  un  dans  ma  pochette  ».  Ceci  suppose  à  la  fin  de 
la  seconde  ligne  la  correction  cm  codic,  qui  est.  en  ejffet  excel- 
lente. 

Au  heu  de  vng,  on  attendrait  plutôt  vnan;  mais  l'emploi  de 
l'adjectif  wî  au  lieu  du  pronom  se  montre  dans  un  passage  des 


Sur  quelques  Textes  franco-bretons.  199 

NoveîouÇ'y'y^'),  ct  il  existe  de  nos  jours  dans  certaines  localités, 
par  exemple  à  Pédernec;  cf.  eun,  Soniou  Brei^-I^el,  II,  86. 

De  la  forme  orale  qiiemeredol  pour  quemeret  ol,  M.  Loth 
conclut  que  «  ce  passage  a  dû  être  écrit  par  un  Français  sous 
la  dictée  d'un  Breton  »  ;  il  eût  pu  ajouter  que  laquet  dame^ 
pour  laquet  mneux,  et  enten  pour  entent,  autoriseraient  la  même 
explication.  Toutefois,  il  n'est  pas  exact  de  dire  qu'«  on  a  tou- 
jours écrit  quemeret  oll  »  :  le  vers  513  de  Sainte  Nonne  porte  ed 
oll,  allez  tous.  De  plus,  c'est  au  poète,  et  non  à  son  copiste, 
qu'il  faut  attribuer  la  rime  de  cropen  avec  enten(t),  cf.  tréc.  pe- 
gemen,  combien,  d'où  le  haut-bret.  péguémenne,  argent,  =  moy. 
bret.  peguement,  Rev.  Celt.,  V,  223. 

On  peut  donc  penser  aussi  que  l'auteur  breton  du  pas- 
sage, le  composant  ou  le  traduisant  pour  des  acteurs  français, 
s'est  ingénié  à  écrire  d'une  façon  conforme  à  la  pronon- 
ciation. En  ce  cas,  il  n'aurait  pas  toujours  réussi:  la  mutation, 
observée  ^^r\s  vng gasec,  ne  l'est  point  dans  e  cropen. 

Au  vers  qui  suit,  dehret  doit  bien  être  «  mangez  «  (ou 
«  mangé  »)  ;  peut-être  faut-il  comprendre  dehret  hu  «  mangez, 
vous  ».  Je  ne  crois  pas  que  tu  et  puisse  être  pour  cuet,  ca- 
chez, ni  surtout  que  lamadic  veuille  dire  «  promptement  ». 
Ce  mot,  autant  que  je  puis  le  savoir,  n'existe  pas;  nous  avons 
plutôt  ici  madic  «  bonbon  »,  ou  «  assez  bon  ». 

Enfin  le  dernier  vers, 

Ne  sont-il  ja  vng  beau  p  ho  py 

doit  être  du  français  parlé  par  un  Breton  ;  cf.  «  sont-il  ung 
asne  »,  etc. 

34.  Cette  scène  où  maistre  Pathelin  accable  le  drapier  de 
son  érudition  polyglotte  en  rappelle  naturellement  une  autre, 
qu'elle  a  peut-être  inspirée  ;  c'est  le  chapitre  IX  du  Pantagruel, 
où  Panurge  s'annonce  comme  un  si  beau  parleur  de  langues 
inconnues  à  ses  auditeurs.  On  s'attend  à  trouver  du  breton 
dans  cette  avalanche  de  spécimens  linguistiques,  et  on  en  a 
en  effet  signalé.  Malheureusement  cette  opinion  ne  peut  tenir 
devant  un  sérieux  examen.  Il  faut  reconnaître  que  Rabelais  a 
perdu  la  une  belle  occasion  de  nous  transmettre  un  rensei- 
gnement intéressant. 


200  E.  Ernault. 

35.  Les  phrases  que  M.  Loth  a  publiées  sous  ce  titre  :  «  Un 
logogriphe  breton-français  de  la  fin  du  xv!*"  siècle  »,  Annales 
de  Bretagne,  III,  251,  252,  mettent  en  scène,  selon  lui  «  un 
maître  sachant  très  peu  le  breton,  employant  certains  mots  de 
la  façon  la  plus  impropre,  affublant  les  autres  de  terminaisons 
fantaisistes,  et  un  valet  ne  sachant  que  quelques  mots  de 
français  ».  Sur  l'addition  de  terminaisons  arbitraires,  cf.  Rev. 
CelL,  XIV,  290. 

Celui  qui  a  écrit  le  «  logogriphe  »  savait  le  breton,  et  la 
manière  de  l'orthographier  ;  il  n'a  pas  observé  les  mutations  : 
a  gallec,  de  français,  ma  penn(es),  ma  tête,  ma  quein(es) ,  mon 
dos. 

M.  Loth  corrige  or,  sur,  en  oar ;  je  ne  vois  pas  que  ce  soit 
nécessaire.  D'abord  parce  que  la  forme  or  se  présente  trois  fois 
dans  le  texte.  Ensuite,  parce  que  son  existence  est  nettement 
attestée  par  le  P.  Grégoire,  pour  le  bas  Léon,  et  par  Le  Go- 
nidec,  qui  dit  l'avoir  entendue,  sans  préciser  le  dialecte.  Enfin, 
parce  que  des  prononciations  semblables  se  montrent  en 
moyen-breton,  par  exemple  à^ns  goarant  qi  garant,  il  garantit, 
goascajf  et  goschajf,  étreindre,  coaxj'ell  et  co^rell,  semelle,  et 
qu'elles  subsistent  encore  aujourd'hui;  cf.  Rev.  Celt.,  III,  53; 

XI,  357. 

Dans  ma  cousin,  pour  «  ma  cousine  »,  il  y  a  une  faute  de 
même  nature  que  forteun,  etc.,  §  11. 

En  dehors  des  mots  bretons  dont  il  est  farci,  le  langage  du 
valet  contient  encore  un  bretonisme,  c'est  la  locution  «  a 
petit  en  petit  )•>  =:z  a  muheud-ê-neubeud  «  petit-à-petit»,  Grég., 
littéralement  «  de  peu  en  peu  »;  cf.  moy.  bret.,  axfx,  en  de^, 
de  jour  en  jour,  abloe:(_  en  bloe^,  d'année  en  année  ;  mod.  a  be^ 
e  pe:(  (démonter,  examiner  une  horloge)  pièce  à  pièce.  In- 
troduction d'ar  vuez^  dévot,  Quimper,  chez  Y.-Y.-L.  Derrien, 
p.  429,  etc. 

(A  suivre.) 

E.  Ernault. 


DIALECTICA 


i. 


LA  TERMINAISON  BRETONNE  -MP,  -MB  DANS  LE 
SYSTÈME  VERBAL  ET  PRONOMINAL. 

Le  problème  de  la  présence  d'une  labiale  p,  b  après  -m  de  la 
première  personne  du  pluriel  dans  le  verbe,  et  du  pronom  suf- 
fixe de  la  même  personne  dans  la  combinaison  des  prépositions 
avec  les  pronoms  (lavaromp,  Javaremp,  ganeomp'),  en  breton 
armoricain,  alors  que  rien  de  tel  ne  s'observe  ni  en  gallois,  ni 
en  comique,  trouve  sa  solution,  par  voie  d'analogie,  dans 
l'observation  de  £uts  dialectaux  contemporains. 

Il  ne  s'est  produit,  à  ma  connaissance,  que  deux  tentatives 
d'explication  de  ce  phénomène:  l'une  de  M.  Wmd'ischÇAbban- 
dlungcn  d.  Kgl.  Sachs.  Gcs.  d.  Wiss.,  phil.-hist.  KL,  X,  488); 
l'autre  de  M.  Richard  Schmidt  (^Zur  Keltischen  Grammatik. 
Inaugural-Dissertation,  Strasbourg,  Trûbncr,  1891,  pp.  8-17). 

En  gallois,  dans  la  terminaison  -lun  du  présent  et  de  l'impé- 
ratif présent  actuel,  M.  Windisch  retrouve  tn  aspiré  et  voca- 
lisé sous  la  forme  zu  -\-  n,  pronom  personnel  suffixe.  Quant  à 
Vm  dur  de  caroni,  il  aurait  reparu  sous  l'influence  du  groupe 
nasal  -nt  de  caront,  troisième  personne  du  pluriel.  En  breton, 
l'analogie  serait  allée  plus  loin  :  b.  0  -\-  nasal  -\-  ténue  de  caront 
aurait  répondu  le  groupe  aussi  analogue  que  possible  de  0  +  na- 
sale-labiale -\-  ténue  -omp.  M.  Richard  Schmidt  n'a  pas  eu  de 
peine  à  montrer  l'invraisemblance  de  cette  théorie.  Si  lu, 
dit-il,  c'est-à-dire  ;;/  spirant  et  vocalisé,  a  été  de  nouveau  ra- 


202  J.  Loth. 

mené  à  m  sous  l'influence  de  Vu  de  -nt,  pourquoi  cette  in- 
fluence ne  s'est-elle  pas  aussi  manifestée  à  l'indicatif  présent  ? 
Pourquoi  à  l'indicatif  -lu  -|-  n,  ailleurs  -om?  N'est-il  pas  plus 
naturel,  ajoute  Schmidt  avec  raison,  de  supposer  que  l'échange 
iu(n)  et  -m  dans  la  première  personne  du  pluriel  est  primitif 
et  représente  la  terminaison  primaire  et  secondaire  de  ces  per- 
sonnes en  brittonique  ?  De  plus,  n  apparaît  au  pluriel  dans 
certaines  prépositions  avec  pronoms  suflîxes  :  yn,  à  nous,  qui 
répond  au  vieil-irl.  di'inn. 

M.  Richard  Schmidt  voit  tout  simplement  dans  inp  une  évo- 
lution phonétique  de  mm.  Il  cite  à  l'appui  de  sa  thèse  la  forme 
lanip,  saut,  à  côté  de  lamm  =  irl.  lëim  =  *lnginen  :  scîu  int  o 
vont  d'ann  daou-lamp  rw^,  les  voilà  qui  vont  au  grand  galop 
(aux  deux  sauts  rouges,  mot-à-mot,  c'est-h-dne  faisant  jaillir  le 
feu  de  leurs  deux  paires  de  sabots)  (Luzel,  Revue  Celt.,  I,  r  12).  Le 
verbe  lampat,  sauter,  existe  dans  beaucoup  d'endroits  en  Bre- 
tagne. M.  Ernault  voit  dans  lampat  le  verbe  français  lamper 
usité  dans  le  patois  de  Montbéliard,  avec  le  sens  de  glisser, 
tomber.  Je  crois  ce  rapprochement  peu  vraisemblable,  mais  il 
est  de  nature  néanmoins  à  affaiblir  l'hypothèse  dé  M.  Richard 
Schmidt  ou,  au  moins,  à  faire  concevoir  des  doutes  sur  sa 
justesse.  M.  Schmidt  cite  encore  à  l'appui  de  son  opinion 
comps,  mot,  à  côté  de  comps,  remps  et  rems.  Il  conclut  en  disant 
que  vraisemblablement  m  final,  dans  des  conditions  aujour- 
d'hui difficiles  à  déterminer,  mais  assurément  par  suite  d'une 
union  étroite  avec  le  membre  de  phrase  suivant,  par  exemple 
quand  ce  membre  commençait  par  s  ou  r,  a  développé  après 
lui  une  explosion  labiale  ^ 

Quoique  appuyée  par  des  exemples  discutables,  la  thèse  de 
M.  Richard  Schmidt  est  fondée  :  la  labiale,  dans  la  terminaison 
mp,  est  un  fait  de  pure  phonétique  et  ne  doit  nullement  sa 
n:.issance  à  l'analogie.  Nous  avons  dans  le  dialecte  de  Vannes 
un  exemple  récent  de  l'éclosion  d'une  labiale  après  m  final 
dans  iikjmb  emprunté  au  français  tiu'uw  (prononcé  avec  voyelle 


I  Schmidt  signale  dans  un  texte  de  ma  Chrestomathie  -oui-  au  lieu  de 
omp  dans  jv/rrt  oukimon-ni.  Ce  n'est  pas  isole  à  Ouessant,  on  dit  ac'liaiwn- 
ni,  de  nous;  à  Faouët,  genoimi,  avec  nous. 


Dialectica.  203 

brève,  comme  dans  nicnie  forme,  même  temps)  :  er  memb  ira,  la 
même  chose  ;  er  memb  langaj,  le  même  langage  ;  er  memb  le- 
Xenneu,  les  mêmes  lois,  etc.  {Vocabulaire  nouveau,  imprimé 
chez  Galles,  à  Vannes,  en  1885);  cf.  quemer  memb,  prends 
même  (J'^ie  de  saint  Alexis,  composée  en  1799,  ap.  J.  Loth, 
Chrest.  bret.,  p.  357).  C'est  une  forme  assez  récemment  em- 
pruntée au  français  ;  la  forme  antérieure  est  mêmes,  seule  usitée 
en  bas-vannetais  et  dans  les  autres  dialectes.  On  peut  ajouter 
à  memb,  quemb,  différence  (L'Armerye,  au  mot  différence)  :  il 
est  clair  que  le  b  n'a  ici  rien  d'étymologique  et  ne  remonte 
pas  au  b  de  *cambio-. 

Comment  expliquer  phonétiquement  cette  éclosion  de  la 
labiale  après  m  final  ?  La  labiale  aurait-elle  pris  naissance  dans 
un  groupe  syntactique,  par  exemple  entre  w  final  +  -^  ou  r  ini- 
tiale ?  Coinps  et  coms,  peut-être  kemret  (qui  remonte  proba- 
blement à  comberét-,  comme  Schmidt  en  a  fait  la  remarque), 
semblent  l'indiquer.  Néanmoins,  la  générafisation  de  l'emploi 
de  -mp,  -mb  dans  toute  la  Bretagne,  comme  de  nombreuses  re- 
cherches m'en  ont  convaincu,  remonte  à  une  cause  différente: 
le  développement  de  la  labiale  après  m  final  et  la  formation  du 
groupe  mp  final  est  surtout  dû  à  la  même  cause  qui  a  transformé 
nn  irlandais  en  nd  :  ?nni  ou  voyelle  brève  -|-  m  final,  nn  ou 
voyelle  brève  -f-  ^^  final  développent  un  son  dissemblable  mais 
de  même  organe.  Nous  en  avons  vu  un  exemple  frappant 
dans  memb.  Le  breton  de  Saint-Gilles -Pligeaux  (Cornou ailles) 
nous  en  offre  des  exemples  pour  n  final.  Au  Heu  de  onn,  je 
suis,  on  prononce  ont  :  clan  ont,  je  suis  malade  ;  en  réponse  à 
une  interrogation,  comme  save^^vous,  on  répond  souvent  ^ran, 
je  le  fois  (moyen-breton  ^TtV^  .•  à  Saint-Gilles-Pligeaux,  on  dit 
grant^.  Le  comique  nous  montre  un  dédoublement  analogue 
dans  les  formes  modernes  pedn,  tête,  pour  penn;  debm,  à  moi, 
pour  demm  (Ja-e:{  dhebm,  crois-moi,  ap.  Lhuyd,  Archaeologia, 
p.  242). 

La  question  du  dédoublement  de  ni,  n  final,  se  lie  à  celle  de 
la  nature  actuelle  des  consonnes  finales  en  breton-armoricain. 


I .  Je  tiens  les  formes  écrites  ont,  ffrant  de  M.  Guillaume  Le  Ny,  natif 
de  Saint-Gilles-Pligeaux,  élève  à  l'Institution  Notre-Dame  de  Guingamp. 


204  •^-  ^oth. 

Rien  de  plus  varié  que  le  système  orthographique  adopté  par 
les  écrivains  bretons  en  ce  qui  concerne  les  explosives  finales. 
L'un  écrit  tantôt  d,  'antôt  t,  tantôt  c,  tantôt  g,  etc.  L'autre 
préfère  la  sourde  ;  un  troisième,  la  sonore.  Leur  embarras  se 
conçoit  d'ailleurs  :  la  sat:{phonetic  joue  ici  un  rôle  important, 
et  le  caractère  de  la  consonne  finale  peut  être  déterminé  par  la 
nature  du  son  initial  suivant.  Il  est  rare  que  l'écrivain  se  laisse 
guider  par  son  oreille.  On  peut  cependant  l'observer  chez 
quelques  écrivains,  notamment  chez  les  Vannetais,  surtout 
ceux  du  siècle  dernier.  Ils  écrivent  généralement  c  la  gutturale 
finale,  //  la  dentale  finale  sourde,  p  l'explosive  sourde  labiale, 
telles  qu'on  les  entend  réellement  dans  la  prononciation.  Si 
on  fait  abstraction  de  la  sat^^plmietic,  notamment  de  la  position 
de  la  consonne  finale  devant  une  voyelle  initiale,  ils  obéissent 
inconsciemment  à  une  loi  qu'on  peut  formuler  ainsi  :  en  breton 
moderne,  l'explosive  finale  est  sourde,  quand  la  voyelle  précédente 
est  brève;  V explosive  finale  est  sonore,  quand  la  voyelle  précédente 
est  longue,  le  cas  de  satzpthonetic  étant  écarté  :  an  aval  nian  a  ^o 
mâd,  cette  pomme-ci  est  bonne;  eun  den  mât,  un  homme  bon, 
un  bon  homme  ;  ar  bêd,  le  monde,  den  é  bét  (haut-vannetais 
bett)  ;  coàt  (cwât),  bois,  tâd,  père,  gwâd,  sang  (haut-vannet. 
gouaitt,  =:  gwçtt,  bas-vannet.  givéd^^. 

Dans  les  mêmes  conditions  où  l'explosive  finale  est  sourde, 
il  a  dû  se  produire  un  effort  analogue  de  la  langue  sur  la  na- 
sale finale  :  supposons  n  tendant  à  la  sourde,  nous  arrivons  à 
nt;  m  tend  à  mp  :  mp  est,  en  effet,  l'équivalent  breton  de  l'm 
gallois  sourd,  représenté  dans  l'écriture  par  mh  (ce  son,  en  gallois, 
n'existe  pas  à  la  finale)  :  cf.  v.-gall.  cymher  =  comper,  con- 
fluent. Il  est  donc  infiniment  probable  que  c'est  mp  que  nous 
devons  supposer  à  l'origine  et  non  mb  ;  mb  s'est  développé 
par  sat^phonetik,  notamment  devant  une  voyelle. 

En  résumé,  la  labiale  dans  le  groupe  mp  est  due  à  un  déve- 
loppement spontané,  à  un  dédoublement  de  la  nasale  finale. 
On  peut  aussi  admettre  l'action  de  la  consonne  initiale  sui- 
vante, mettant  m  final  dans  un  groupe  où  l'explosion  d'une  la- 
biale devait  se  produire. 

I.   Cf.  J.  Loth,  Les  mois  latins  dans  les  langues  brittoniqiies,  pp.  77-80. 


Dialecîica.  20  j 


II. 


LT,  DR  A  OUESSANT. 

Le  groupe  tr,  dr  après  avoir  évolué  en  :(r^  en  moyen-breton, 
est  devenu  partout  aujourd'hui  -er,  -r  :  motrep,  tante,  mo^reh, 
moèreb ;  cadr ,  beau,  ca-^j',  caer;aradr,  ara^}',  arar,  alar,  arèr,  etc. 
Il  est  conservé  à  Ouessant  (?nq  Eussa;  Eussaf  ■=  Uxisama). 
Le  breton  d'Ouessant  est  du  léonard,  avec  un  certain  nombre 
de  traits  caractéristiques,  parmi  lesquels  dr  conservé  ;  ex.  moé- 
dreb,  tante  (gall.  niodr-yb);  ar  edred,  le  cimetière,  ^our  arvedred, 
ailleurs  ar  vèred  ^  (gallois  beddrod,  peut-être  pour  bedrod,  sous 
l'influence  de  beddy  Je  ne  sais  si  la  conservation  du  groupe 
est  un  fait  général,  ne  l'ayant  constaté  que  dans  ces  deux 
mots.  En  effet,  on  a  au  singulier  Jaër,  voleur,  au  pluriel  laë- 
droun.  Il  semble  que  dr  ne  se  maintient  pas  à  la  finale. 

Lt  est  conservé  dans  guelt,  herbe,  ailleurs  gèot,  yèot,  yôd, 
gallois  gzuellt.  En  revanche,  il  s'est  vocalisé  dans  caoter,  chau- 
dron, =  caldâria,  aoter  =  alîàre,  maout  ■=  mi'dto,  pluriel 
méot.  En  somme,  /^  a  à  peu  près  disparu.  Il  en  a  été  de  même 
à  Quiberon  pour  dr.  Au  siècle  dernier,  Cillart  de  Kerampoul 
{Dicîioiiii.,  p.  vu)  signalait  encore  compadre,  comme  propre  à 
cette  localité.  Aujourd'hui,  c'est  la  forme  générale  qui  a  pré- 
valu. On  voit  ici  clairement  l'action  géographique  des  dialectes 
les  uns  sur  les  autres.  Il  est  très  probable  que  livré  à  lui- 
même,  le  breton  d'Ouessant  eût  conservé  lt,  celui  de  Qui- 
beron dr.  L'action  du  breton  environnant  a  eu  raison  peu  à 
peu  des  tendances  phonétiques  naturelles  ;  les  formes  particu- 
lières à  ces  localités  ont  disparu  une  à  une  :  c'est  à  peine  si 
quelques-unes  émergent  encore  au  milieu  des  ondes  dialec- 
tales qui  les  assaillent  de  tous  côtés  et  finiront  par  les  faire  en- 
tièrement disparaître. 


I .  Le  z'  initial  disparaît;  de  même  ar  cleieii,  les  prêtres,  pour  er  veleien;da 
Rest,  à  Brest,  pour  da  Vrest.  Ces  notes  sur  le  breton  d'Ouessant  me  vien- 
nent du  curé  de  l'île,  par  l'intermédiaire  de  M.  l'abbé  Steun,  professeur  de 
rhétorique  à  Lesneven. 

Revue  Celtique,  XVI.  15 


2o6  J.  Loth. 

Ouessant  a  conservé  ou  rétabli  ;(  dans  hugale^,  enfants. 
Comme  mot  curieux,  on  peut  signaler:  mis  bian,  le  mois 
petit,  c'est-à-dire /^Vr/>r,  amené  peut-être  par  genveur,  janvier, 
où  l'imagination  populaire  a  cru  trouver  meur,  grand  ;  bre- 
micha,  ce  soir;  emezeis,  dit-on:  Per  ;(o  clan,  eme:(eis,  Pierre 
est  malade,  dit-on. 

J.  Loth. 
(A  suivre.) 


RECENT  CHANGES  MADE  IN  SCOTCH  GAELIC 

The  Scotch  Celts  generally  wrote  GaeHc  according  to  the 
Irish  method  imtil  about  the  middle  of  the  last  centiiry.  Ste- 
wart  acknowledges  this  in  his  Scotch  GaeUc  grammar.  The 
principal  changes  made  in  their  language  by  the  Scotch,  may 
be  said  to  be  he  following  :  (i)  In  the  article  :  changing  an  to 
am  in  the  nominative,  accusative,  and  sometimes  in  the  da- 
tive,  before  masculine  nouns  beginning  with  labials,  as  wri- 
ting  am  fear,  the  man,  am  buachaill,  the  boy,  am  peacadh,  the 
sin,  am  ministeir,  the  minister,  instead  of  an  fear,  etc.  ;  — 
changing  the  genitive  plural  na  to  nan  before  nouns  begin- 
ning with  liquids,  and  with  c,  s  and  t,  as  writing  nan  lann, 
of  the  swords,  nan  riogh,  of  the  kings,  nan  ceann,  of  the 
heads,  nan  sluagh,  of  the  hosts,  nan  tarbh,  of  the  hulls, 
instead  of  na  lann,  etc.  ;  —  changing  the  genitive  plural 
na,  to  nam  before  words  beginning  with  labials,  as  writing 
nam  fear,  of  the  men,  nam  mort,  of  the  beeves,  nam  port, 
of  the  fortresses,  instead  of  na  bhfear,  etc.  (2)  In  posses- 
sive pronouns  :  changing  the  possessive  pronoun  a  to  an 
before  liquids,  and  before  c,  s,  and  t,  as  writing  an  righ,  their 
king,  an  ceann,  their  head,  an  sagart,  their  priest,  an  tarbh, 
their  bull,  thèse  by  causing  ambhibology  of  the  worst  kind, 
and  confounding  the  article  with  the  possessive  pronoun,  a, 
an,  am.  Those  phrases  hâve  been  for  many  hundreds  of  years 
written  by  the  Irish  (and  by  the  Scotch  up  to  a  century  and 
a  half  ago)  a  righ,  a  gceann,  a  sagart,  a  dtarbh  ;  changing  the 
same  possessive  pronoun  a  to  am  before  labials.  as  writing 
am  fear,  their  man,  am  buachaill,  their  boy,  am  peacadh,  their 
sin,  instead  of  a  bhfear,  a  mbuachdill,  a  bheacadh,  thèse  by 
again  confounding  the  article  and  the  pronoun,  and  creating 


2o8  J.-O.  Russell. 

still  more  amphibology.  (3)  In  relative  pronouns  ;  changing  a 
into  an,  and  not  foUowing  it  with  the  letter  with  which  the 
n  of  an  has  naturally  become  assimilated,  as  writing  «  An 
duine  ag  an  d'  fhuaradh  an  cupan  »,  instead  of  «  An  duine 
ag  a  bhfuaradh  an  cupan  »,  the  man  with  whom  the  cup  was 
found.  (4)  Abohshing  ecUpsis,  except  the  nasal  eclipsis  of  b,  d 
and  g  by  m  and  n,  as  in  the  phrases  nam  ban,  nan  giolla,  nan 
daoine  ;  but  examples  of  pure  consonantal  eclipsis  are  to  be 
found  in  every  printed  book  and  manuscript,  published  or 
written  in  Gaelic  in  Scotland  down  to  a  century  and  a  half 
ago.  The  Book  of  Dier  is  the  most  ancient  Gaehc  m.  s. 
known  to  hâve  been  written  in  Scotland,  and  it  is  also  the 
one  in  which  the  most  ancient  examples  of  consonantal 
eclipsis  are  to  be  seen.  In  II  four  instances  of  eclipsis  may  be 
seen  in  the  phrases  «  ar  a  ginn  »,  «  iar  n-ére  na  glérech  », 
«  dattdc  na  glérech  »%  «  Achad  na  glérech  ».  It  is  évident 
that  the  scribe  who  wTote  the  Gaelic  charters  in  the  Book 
of  Dier,  was  not  a  good  Gaelic  Scholar,  for  he  left  out  the 
initial  c'  s  of  the  words  cinn  and  clérech,  but  wrote  the  eclip- 
sing  g'  s,  showing  clearly  that  he  wrote  the  words  as  they 
were  pronounced  in  his  time  in  Scotland,  namely  in  the 
twelfth  century,  or  in  the  reign  of  David  I,  King  of  Scotland, 
in  whose  reign  the  Gaelic  charters  of  the  Book  of  Dier 
were  written.  Even  in  the  almost  unintellegible,  attempted- 
phonetic  Gaelic  poems  written  by  the  Dean  of  Lismore  in 
Scotland  in  the  sixteenth  century,  and  in  the  equally  difficult 
to  be  understood  poems  recently  published  in  Reliquiae  Cel- 
tica,  scores  of  instances  of  unmistakable  eclipsis  may  be  seen, 
such  as  a  clarre,  oyd  ni  gJar  is  ni  gloh,  evidently  intented  for 
«  a  chléirigh,  oide  na  gcléir  a's  na  gclog  »,  but  which  Mr.  J. 
M"  Laughlan  has  transliterated  «  A  chleirich,  oide  nan  cleir's 
nan  clog  ».  See  Book  of  the  Dean  of  Lismore,  p.  4  Gaelic 
Part.  At  page  20  of  same  book,  we  find  the  phrase  fini  ni 
vane,  evidently  intended  for  «  Finn  na  bhFéin  »,  but  which 
is  transhterated  «  Fionn  nam  Fein  »,  by  Mr.  M'  Laughlan.  In 
Reliquiae  Celticae,  in  the  part  phonetically  spelled,  written  late 

I .  To  cntreat  the  clergy. 


Récent  Changes  made  in  Scotch  Gaelic.  209 

in  the  seventeenth  century  a  great  many  instances  of  eclipsis 
can  be  found.  To  give  them  ail  would  take  up  too  much 
space,  and  one  will  be  enough  ;  «  da  dugais  cin  »,  evidently 
intented  for  dd  d-tugais,  or  dà  d-tugas  cion,  to  whom  thon 
gavest,  or  I  gave  love.  Even  as  late  as  1754,  Mr.  Kirke  got 
an  édition  of  the  Irish  Testament  printed  in  the  Roman 
letter  for  the  use  of  the  Gaelic-speaking  Scotch,  and  in  an 
explanatory  note  by  him  on  the  title  page,  we  find  the  phrase 
«  brigh  na  Ccaibidileach  os  a  ccionn  ».  The  two  c'  s  are,  of 
course,  the  same  as  gc.  From  the  early  and  peculiar  ins- 
tances of  the  use  of  eclipsis  to  be  found  in  the  Book  of  Dier, 
it  would  seem  that  it  was  used  in  speaking  a  long  time  before 
it  came  to  be  marked  in  writing. 

The  changes  recently  made  by  the  Scotch  in  the  verbal 
System  in  Gaelic  are  so  many  that  they  could  not  be  fully 
noted  without  taking  up  too  much  space.  The  letter/  has  in 
Scotch  Gaelic,  entirely  disappeared  from  the  future  tense  and 
conditional  mood  of  regular  verbs  ofwhat  modem  Irish  gram- 
marians  call  the  first  conjugation,  The  /  was,  however,  re- 
tained  in  the  first  Scotch  Gaelic  issue  of  the  Testament, 
printed  in  1767.  The  synthetic  forms  of  the  présent  tense, 
and  of  ail  moods  and  tenses  except  the  first  person  singular  of 
the  conditional  mood,  hâve  been  recently  abandoned,  although 
nearly  ail  the  synthetic  forms  of  the  verbs  may  be  found  in 
the  Scotch  Gaelic  Testament  of  1767. 

In  most  of  the  Scotch  Gaelic  books  printed  within  the  last 
thirty  years,  ail,  or  almost  ail,  nouns  are  made  to  end  in  n 
in  ail  cases  of  the  plural,  Such  a  change  certainly  tends  to 
simplify  the  language,  but  it  is  nothing  more  or  less  than 
language-manufacture.  If  such  changes  are  allowed  to  go  on 
f.xr  another  century.  Scotch  Gaelic  shall  hâve  cessed  to  be 
Gaelic.  The  changes  made  in  the  language  of  the  first,  as  one 
of  the  first,  books  ever  printed  in  Scotch  Gaelic,  namely  the 
Testament  of  1767,  might  be  included  under  the  four  heads 
that  hâve  been  noted;  but  the  changes  made  since  then  are  so 
numerous  that  it  would  be  impossible  to  note  thcm  ail  in  a 
short  article  like  this.  It  will  be  enough  to  say  that  the  lan- 
guage of  the  last  Scotch  Gaelic  Testament  published,  bearing 


210 


J.-O.  Russell. 


the  date  1875,  is  in  many  ways  so  radically  différent  from 
the  language  of  the  Scotch  Gaelic  Testament  of  1767,  that  it 
seems  hard  to  beHeve  that  both  books  were  intended  to  be 
read  by  people  of  the  same  race  speaking  the  same  idiom. 

The  changes  that  hâve  been  recently  made  in  the  GaeUc  of 
Scotland  do  not  seem  to  be  warranted  by  the  language  of  the 
most  ancient  Irish  or  Scotch  Gaehc  manuscripts. 

The  following  texts  from  the  Irish  Testament  of  1602,  and 
from  the  Scotch  Gaelic  Testaments  of  1767,  1807  and  1875, 
will  give  some  idea  of  the  manner  in  which  the  varions  édi- 
tions of  the  Scotch  Gaelic  versions  differ. 


Irish  Testament. 

Scotch  Gaehc  Testament . 


Irish  Testament. 

Scotch  Gaehc  Testament. 


Irish  Testament. 


Matthew.  III,  6. 

1602.   Ag  admhâil  a  bpeacadh. 
1767.    Ag  admhail  am  peacaidh. 
1807.   Ag  admail  am  peacanna. 
1875 .   A  -g  admhail  om  peacanann. 

Matthew,  II,  18. 

1602.  NÎor  bh'dil  le  solds  do  ghiacadh. 
1767.  Nior  b'àil  le  sôlâs  do  ghiacadh. 
1807.   Che  b'ail  leatha  sôlâs  do  ghiacadh. 

Matthew,  II,  21. 

1 602 .   Agus  do  ghabh  se  an  leanabh  agus  tainic 


Scotch  Gaelic  Testament.    1767.   Agus  ghabh  se  an  leanabh  agus  thainig 

se... 
—  1807 .  Agus  ghabh  e  an  leanabh  agus  thainice... 


Irish  Testament. 

Scotch  Gaelic  Testament. 


Matthew,  II,  22. 

1602.   Do  iompaid  se  go  criochaibh  na  Galile. 
1  767.   D'  iompaidh  se  go  criochaibh  na  Galilée. 
1807.   Thiondaidh  é  gu  criochaibh  Ghalile. 
1875 .   Chaidh  e  a  leth-taobh  gu  criochan  Gha- 
lile. 


Matthew,  III,   12. 

Irish  Testament.  1602.  Loisgfidh  se  an  chaidh  le  teinigh. 

Scotch  Gaelic  Testament.    1767.   Loisfidh  se  a'  mail  le  teine. 
—  1807.   Loisgidh  è  am  mail  le  teine. 


Récent  Changes  made  in  Scotch  Gaelic. 


21  I 


Irish  Testament. 

Scotch  Gaelic  Testament. 


Irish  Testament. 

Scotch  Gaelic  Testament. 


Irish  Testament. 

Scotch  Gaelic  Testament . 


Irish  Testament. 

Scotch  Gaelic  Testament. 


Matthew,  IV,  4. 

1602.  Ni  le  h-arân  amhâin... 
1 767 .  Ni  le  h-aran  amhain. . . 
1807.  Cha  'n  ann  le  h-aran  a  mhain... 

Matthew,  IX,  i. 

1602,   Do  chuaidh  se  tar  uisge. 
1767.   Do  chuaidh  se  thar  uisge. 
1807.   Chaidh  è  thar  an  uisge. 

Matthew,  IX,  11. 

1602.  Geud  fâ  n-itheann  bhur  maighisdir...? 

1767.  Geud  fa  n-itheann  bhur  maighisdir...? 

1807.  Car  son  dh'  itheas  bhur  maighstir...? 

1875.  C'ar-son  atha  ur  maighistir  a  g-ithe...? 

Matthew,  XI,  23. 

1602.  Teilgfear  sios  go  h-ifrionn  thu. 

1767.  Tilgfear  sios  gu  h-ifrinn  thu. 

—  1807.  Tilgear  sios  gu  h-ifrinn  thu. 

—  1875.  Teid  thu  sios  gu  ruig  iutharna. 

Matthew,  XV,  32. 

Irish  Testament.  1602.   Atâ  truaigh  agam  do'n  t-sluagh. 

Scotch  Gaelic  Testament.  1767.    Ataim  ag  gabhail  truais  do'n  t-sIuagh. 

—  1807.   Ataim  a'  gabhail  truais  do'n  sluagh. 

—  1875.  Tha  truas  agam  ris  an  t-sluagh. 

II    CORINTHIANS,    XI,    21. 

Irish  Testament.  1602.   Is  a  dtaobh  easonôra  a  deirim  so. 

Scotch  Gaelic  Testament.  1767.  Labhra[i]m  thaobh  easonoir. 

—  1807.   Labhra[i]m  thaobh  easurraim. 

—  1875.  Tha  mi  labhairt  a  reir  es-onoir. 

Révélations,  XXII,  5. 

Irish  Testament  1602.   Agus   nf  bh-fuil  uireasbhuidh   léchruin 

orrtha 
Scotch  GaeUc  Testament.    1767.   Agus  ni  bhuil  feum  aca  air  coinnil. 

—  1807.   Agus  cha  n'  eil  feum  aca  air  coinnil. 


Dubhn. 


J.  O.  RUSSELL. 


ÉTUDES  BRETONNES 


IX. 

SUR  l'argot  de  la  roche. 

(Suite  et  fin'.) 

35.  Les  résultats  de  ma  dernière  enquête  sur  l'argot  de  La 
Roche,  faite  pendant  les  vacances  de  1894,  seront  exposés 
ici  dans  le  même  ordre  que  les  faits  précédemment  recueillis 
(cf.  §  14). 

36.  Voici  d'abord  des  acceptions  et  combinaisons  nouvelles 
de  mots  rochois. 

Ahbrclhen  viniq,  petit-fils,  bret.  mnp  hihan. 

Anjes,  mari  ;  dannve  i  hanjes,  son  futur  mari,  son  fiancé. 

Beogal,  pleurer;  miauler. 

Bilhaos  gourt,  hilhaos  ru  (bonne  monnaie,  monnaie  rouge), 
or, 

Bilhes,  vilhes,  sœur;  vHIks  viniq,  petite-fille,  bret.  merc'h 
vihan  ;  houtono  bilh^et  (boutons  de  femmes),  épingles. 

Boulijer  dranm,  pommes  de  terre,  cf.  Rev.  Celt.,  XV,  357; 
houlijer  niiniq  (petits  boulets),  la  grêle. 

Bruahtere^  ivater,  poule  d'eau,  breton  iar-doiir  ;  pod  hruan- 
ted  (le  gars  aux  œufs,  le  mangeur  d'œufs),  fouine,  martre,  be- 
lette. 

I.   Voir  Revue  Celtique,  XIV,  267;  XV,  337. 


Etudes  bretonnes.  2 1 5 

C'houé:{.  Toul  ar  chouéx^  (le  trou  de  la  maison),  la  clef,  cf. 
la  devinette  n°  102,  Rev.  Celt.,  IV,  88;  c'hoîte^  daou  estach 
(maison  à  deux  étages),  bissac. 

C'houibes  mihson  (mauvaise  vermine),  la  gale.  J'ai  en- 
tendu une  vieille  femme  de  Saint-Gilles,  près  de  Saint-Clet, 
employer  c'houibes  au  sens  de  «  taons,  mouches  qui  piquent  » 
(cf.  Rev.  Ceh.,  XV,  358). 

C'houil  ar  c'haplahs  (le  travail  du  tailleur),  du  fil;  c'houiler 
palh  (travailleur  de  paille),  couvreur  en  chaume;  c'bouiler  rufan 
(travailleur  de  feu),  étameur  ;  'ma  c'houikrien  rup  hrachet  (les 
serviteurs  du  Seigneur,  les  anges  crachent),  il  pleqt. 

Dovergn  miniq  ou  miniq  an  dovergn  (petit  cheval,  ou  petit 
du  cheval),  poulain  ;  dovergn-rufan,  pivert,  littéralement 
«  cheval  de  bois,  de  forêt  »,  cf.  bret.  ha^ek  koad  (jument  du 
bois). 

Eltris.  Dahnve  eltris  (matière  de  pain,  ce  qui  deviendra  du 
pain),  semence  de  froment. 

Erlikin.  Teat  'n  erlihin  (le  théâtre  de  l'arlequin,  de  la  cré- 
pière),  le  trépied;  cf.  Rev.  Celt.,  XV,  351. 

Filhor.  Éle  vid  filhor  i  baeron  (des  anges  pour  le  filleul  de 
son  parrain,  pour  le  diable),  corbeaux;  cf.  Bar:(a:{  Brei^,  440. 

Gourd,  sain,  bien  portant  ;  chou  gourd,  chou  pommé  ;  gour- 
dajen  da  grachet,  ou  da  grachet  minson  (objet  pour  cracher  dan- 
gereusement), fusil  ;  gourdajen  grefier,  hibou,  chat-huant,  litt. 
«  chose  (animal,  oiseau)-chat  »,  d'après  le  trécorois  even-has, 
Rev.  Celt.,  IV,  153  ;  gourdajeno,  choses;  gourdajenin,  gourda- 
jenein,  faire,  agir. 

Grifohn  c'houcT^  Doue  (chien  de  la  maison  de  Dieu),  suisse, 
cf.  bret.  chas-dè'-Dieu,  Rev.  Celt.,  VI,  411,  VII,  2^1  ;  grifon 
water,  loutre,  bret.  ki-dour. 

Gwatnel,  mère;  ma  givarnel  c'hourd,  ma  femme. 

Giuegan.  Vreo^^  giuegan,  miel,  =  koc'h-giuenan,  qui  se  dit  en 
petit  Tréguier  par  plaisanterie,  cf.  argot  étron  de  mouche,  cire, 
F.Michel,  L.  Rigaud;  lanteo:^gwega}i(hem'r:e  d'abeilles),  miel, 
parce  qu'il  s'étend  sur  le  pain,  comme  le  beurre. 

Huoniq  an  noter  (le  soleil  de  la  nuit),  la  lune  ;  huon  gzuilhoiq 
(le  soleil  du  petit  Guillaume,  du  loup),  id.  ;  cf.  Rev.  Celt., 
VII,  44- 


214  E.  Ernault. 

Keyen,  parents,  avec  un  adjectif  possessif:  ho  keyen,  vos  pa- 
rents, comme  en  bret.  ho  tud,  litt.  «  vos  gens  »  ;  cf.  Rcv. 
Celt.,  VI,  388. 

Klaîik,  bec  (d'oiseau)  ;  duori  i  glank  (ouvrir  sa  bouche), 
bâiller  ;  eur  pe^  klank  ha  na  intent  na  sa  na  là,  un  imbécile  qui 
n'entend  ni  à  dia  ni  à  huhau  ;  cf.  tréc.  genôek,  sot,  de  geno, 
bouche.  L'expression  du  petit  Tréguier  na  sa  na  là,  Rev.  Celt., 
XV,  346,  est  formée  de  deux  termes  de  charretier:  sa,  en 
avant  !  tout  droit  !  Le  Gonidec,  et  alla,  à  droite  !  à  Lan- 
goat,  Rev.  Celt.,  IV,  146  ;  cf.  le  fr.  çà  et  là  ?  Sa  étant  opposé 
à  M,  a  pu  signifier  «  à  gauche  »  ;  de  même  au  proverbe  980 
de  Sauvé,  sa  !  fait  contraste  avec  dia  !  à  droite  (cf.  Rev.  Celt., 
V,  159,  192).  En  français,  dia  veut  dire  «  à  gauche  «  ;  mais 
Pictet  nous  apprend  que,  dans  une  partie  au  moins  de  la 
Suisse,  il  s'emploie  au  sens  contraire,  comme  en  breton  (^Les 
Origines  indo-européennes,  2^  éd.,  III,  214).  Le  P.  Grégoire 
rend  de  même  le  franc,  dia  par  dia,  diha,  deha.  Il  s'accorde 
avec  le  dictionnaire  vannetais  de  l'A.  pour  expHquer  le  fr. 
hurhaut  par  «  à  gauche  »,  mais  ce  dernier  donne,  à  dia,  le 
breton  diha,  guiha,  guéha  comme  un  «  terme  de  chartiers, 
pour  exciter  au  travail  le  bœuf  qui  est  attaché  à  gauche  ». 

Le  P.  Grégoire  donne,  au  mot  cause,  le  proverbe  alla  tenna, 
alla  goiienna  «  telle  cause,  tel  effet  »  ;  il  l'explique  par  ne  aller 
tenna  nemed  diouch  ar  voiienn,  c'est-à-dire  sans  doute  «  on  ne 
peut  agir  que  conformément  à  sa  nature,  à  sa  race  »;  cf. 
l'autre  dicton  de  même  sens  qu'il  cite  également,  peptra  a  demi 
d'e  had  ha  d'e  natur  =  «  chaque  chose  tend  à  sa  race  et  à  sa 
nature  »,  et  qui  répond  au  cinquième  proverbe  du  recueil  de 
Brizeux,  n°  472  de  Sauvé  : 

Ha  droug  ha  mad 
A  denn  d'he  had. 

Ces  deux  auteurs  ont  compris  :  «  mal  ou  bien  de  sa  semence 
vient  »  ;  c'est  plutôt  «  tend  vers  son  origine,  agit  dans  le  sens 
de  sa  nature  »  ;  cf.  le  Grand  Mystère  de  Jésus,  94  : 

Ha  drouc  ha  mat,  e  pep  statur, 
A  ten  de  hat  a  de  natur 
A  pep  croeadur  natural. 


Etudes  bretonnes.  2 1 5 

Le  sens  général  de  la  phrase  alla  tcnna,  alla  goilenna  est  bien 
celui  que  lui  attribue  Grégoire,  mais  l'explication  proposée  est 
grammaticalement  inadmissible.  Alla  n'a  rien  à  faire  avec 
gallout,  pouvoir,  et  doit  être  rapproché  de  alla,  à  droite,  pro- 
bablement avec  une  acception  plus  générale,  «  par  là  ».  On 
pourrait  entendre  :  «  tirer  par  là,  (c'est  le  moyen  de)  toucher, 
(d'atteindre)  par  là  »,  cf.  ténna  da'r  giienn,  tirer  au  blanc,  sqei 
èr  giienn,  donner  dans  le  blanc,  Grég.,  si  ceci  ne  supposait  à  la 
première  syllabe  de  goilenna  une  prononciation  trécoroise, 
démentie  par  la  finale  du  même  mot  et  de  tenna  :  Grégoire  au- 
rait écrit  en  ce  dialecte  goiiennah  et  tennah.  L'interorétation  la 
plus  probable  est,  je  crois  «  par  là  tirer,  par  là  germer  », 
c'est-à-dire  «  lorsqu'on  tire  par  là,  c'est  qu'on  est  né  comme 
cela  »  ;  ce  qui  revient  à  cette  autre  phrase,  dioud  e  vouënn  ê  ra 
«  ce  garçon  chasse  de  race  »,  Grég. 

Kouer  deu^  ë  jour  (paysan  à  la  journée),  journalier. 

Krahh.  C'houe\  ër  granhet  (maison,  demeure  des  marins), 
navire;  chiminal  ou  dovergn  c'Jwue:^  ër  grahket  (cheminée,  ou 
cheval  de  navire),  mât. 

Manuel.  Gourdajen  Manuel  (objet,  bête  de  Dieu),  papillon, 
à  cause  du  bret.  halavennicq-Douë,  P.  Grégoire  de  Rostrenen 
(irl.  dealhhan-dé,  eunan-dé,  etc.).  Gourdajen  Manuel  est  aussi 
l'alouette,  qu'on  appelle  encore  'n  ini  ha  gaîïd  Manuel,  celle 
qui  va  avec  Dieu  (au  ciel)  ;  cf.  ann  eiin  touer-Doue,  l'oiseau 
qui  jure  (le  nom  de)  Dieu,  à  Saint-Mayeux,  Rev.  Celt.,  IV,  153 . 

Miniq  kubiq  ko^^  (fils  du  diable),  sorcier. 

Mihson,  mal  portant. 

Niqol.  Pod  niqol  boubou  (l'homme  à  la  viande  de  bœuf),  le 
boucher. 

Ouser  terk  (m.angeur  de  terre),  crapaud  ;  cf.  Rev.  Celt., 
XV,  351.  Voir  vreo:{er  terk,  §  37. 

Piere^en.  Bernier  piere:(eno  (assembleur  de  pierres),  ou  avec 
le  synonyme  breton  bernier  niein,  maçon. 

Poenser  benben  (voleur  de  pomme  de  terre),  ou  poeïiser  ^.^ra- 
sin  (voleur  de  pomme),  celui  qui  a  un  polype  au  visage.  Voir 
laer  gwenan,  §  42. 

Raton.  Giuamel  ë  raton,  religieuse;  miniq  ë  raton,  enfant  de 
chœur. 


2i6  E.  Ernault. 

Roleg gourd  ;;ardin  (gros  marteau  de  tailleur),  dé;  rolcgo  jar- 
din (marteaux  de  tailleur),  aiguilles. 

Rufan.  Gourdajcn  rufan  (chose  à  bois),  arbre;  rufan  miniq 
(petit  bois),  branche  ;  rufanian,  brûler,  éclairer  ;  rufaniet, 
chaud. 

Rupe:^^  vreo::^,  dame;  rupes  en  tiirgmr,  truie;  rupcs  ar  c'boele 
(la  dame  du  taureau),  vache.  Ceci  rappelle  l'expression  iro- 
nique «  madame  la  génisse  »,  La  Fontaine,  Fables,  II,  4. 

Skalpino  vagot,  shalpino  rufan,  ou  hoto  vagot  (chaussures  de 
bois),  sabots,  comme  en  breton  hoto-koat  ;  pod  skalpmo 
(l'homme  aux  chaussures),  le  cordonnier. 

Skrap.  C'houe:(  ë  skrap,  lupanar. 

Talcr.  Bilhei;^  en  talero,  ou  bilhe^  en  talero  gourd  (la  fille  aux 
repas,  ou  aux  bons  repas),  cuisinière  ;  pod  en  talero  gourd, 
cuisinier. 

Taouen  daohnet,  très  pauvre;  imitation  de  l'expression  inten- 
sive, usitée  en  petit  Tréguier,  paour  du  daohnet,  litt.  «  pauvre 
noir  damné  ». 

Tariek  ou  taliek  d'ousah  (tabac  à  manger),  chique  ;  t.  de 
choukah  ba^^  ël  hikan,  t.  à  priser  (petit  trécorois  choukah  butun, 
priser,  cf.  Rev.  Celt.,  IV,  150). 

Terk.  Pod  en  terk  (l'homme  qui  se  sert  d'argile  à  crépir), 
maçon. 

Tortour,  lit. 

Trafiqyohner,  cordonnier. 

Tulodi,  tulodcin,  parler;  chanter  ;  écouter,  entendre.  Tulodi 
minson,  chanter  faux  ;  gourdajen  de  dulodi  (chose,  organe  pour 
entendre),  oreille;  on  dit  aussi  tulodo,  les  oreilles. 

Tunik  c'hourd,  grand'messe  ;  en  dunik  miniq  (la  petite  prière), 
les  vêpres.  A  propos  de  la  correspondance  des  voyelles  u  et  a 
dans  l'expression  tuniq  XP  taniq,  qui  paraît  d'origine  rochoise, 
j'ai  cité,  Rev.  Celt.,  XV,  346,  le  moy.  bret.  na  cuffnacar,  ni 
ami  ni  parent.  Le  petit  trécorois  emploie  une  locution  ana- 
logue :  na  bu  na  bar  (n'avoir)  ni  vie  ni  mouvement.  Ce  bu, 
par  lui-même  inusité,  a  dû  être  extrait  du  mot  bue,  vie.  La 
même  syllabe  se  présente  dans  le  mot  burlesque  bisi-bu, 
petit  doigt,  Grég.,  de  bisik  biÇJjan)}  et  dans  le  terme  enfantin 
bubu,  feu,  chose  qui  brûle,  en  petit  Tréguier. 


Etudes  bretonnes.  217 

Vilach.  Ar  vilach  vras  (la  grande  ville),  Paris. 
Voari.  Voar  'hierexen  d'ijes,  jette-lui  une  pierre  ;  voari  rufan, 
faire  du  feu, 

Water.  Ar  luater  gourd  (la  grande  eau),  la  mer. 
Zardin.  Ober  i  :^ardin  (faire  son  couturier),  coudre. 
Zerasincd  vid  goad  'n  ouc'h  (pommes  pour  le  sang  du  verrat, 
fruits  qui  donnent  le  vin),  raisin. 

Zousilh  ru,  vin  rouge;  ^ousilb  gwen,  vin  blanc;  :(ousilh  eg, 
vinaigre  (bret.  gwin-eg^  ;  ■:;pusUhaden  dahnet,  eau-de-vie. 

Quelques  expressions  composées  seront  encore  notées  aux 
paragraphes  suivants,  à  propos  de  mots  qui  présentrnt  d'autres 
particularités. 

37.  —  Les  formes  grammaticales,  dérivés  et  composés,  qui 
suivent,  ne  donnent  lieu  à  aucune  difficulté. 

Beoger,  pi.  ioi,  veau,  litt.  beuglant,  comme  blèjer,  hlchjer, 
pi.  ien,  cf.  Rev.  Ceît.,  XIV,  272. 
Bnianted,  des  œufs. 

Gourdajenat,  f.,  plein  une  chose  :  eur  chourdajenat  trotach, 
une  assiettée  de  soupe.  On  dit  aussi  machinad,  mot  qui  n'est 
peut-être  pas  spécial  au  rochois  :  eur  machinad  luater,  pour  eur 
poul  dour,  un  étang. 

Grignen  :  eltris  grigncn,  pain  d'orge. 

Giuamek:{et,  femmes;  cf.  Gloss.  vioy.-hrel.,  v.  goam,  marron. 
Hadtakr  noter  «  second  repas  de  nuit  »,  réveillon,  d'après 
le  breton  hadhoahn. 
Hadvariajet,  remarié. 
Jargîlhat,  ventrée. 
Kuloto,  des  culottes. 

Lahperes  (sauteuse),  pie  ;  cf.  Rcv.  Celt.,  XIV,  274. 
Lugner,  fenêtre,  cf.  Rev.  Celt.,  XIV,  274;  XV,  362. 
Milino  (moulins)  :  më  milino,  mes  dents. 
Minikoc'h,  plus  petit;  de  viniqo,  tes  enflmts. 
Minsonarden ,  femme  laide,  sans  soins  ;   mihsonares,  sotte, 
terme  de  reproche. 

Morisan,  faire  le  paresseux. 

Mudé:;p,  hudéxp,  des  bouteilles.  On  dit  de  même  hastroulh 
et  mastrotilh,  une  bonne,  cf.  Rcv.  Celt.,  XV,  348. 
Pelhcr,  f.  es,  débauché. 


21 8  E.  Ernaulî. 

Rufanien  vitiiq ,  allumette. 

Shraperes,  femme  débauchée. 

Tafinegen,  eau-de-vie. 

Taouannet,  pauvres. 

Tariagi,  taliagin,  fumer;  tariek  ou  talieh  de dariagin,  ou  de 
âaliagi,  tabac  à  fumer. 

Tuloder  baz^  c'houe^  Doue  (chanteur  dans  la  maison  de  Dieu), 
chantre. 

Tuniho,  lettres  ;  pod  an  tuniho  (l'homme  aux  lettres),  le 
facteur. 

Freo^er  terk,  taupe,  quasi  hacher  douar  ;  voir  ouser  terk,  §  36. 
Il  est  remarquable  que  le  proverbe  breton  325  de  Sauvé, 
contre  un  avare,  «  il  est  de  la  race  du  crapaud,  qui  craint 
qu'à  manger  la  terre  ne  lui  manque  »,  se  trouve  avec  substi- 
tution de  la  taupe  au  crapaud,  dans  Noël  du  Fail,  Contes  et 
discoMS d'Eutrapel rèivn^nmés  par  ...  D.  Jouaust,  Paris,  1875, 
t.  I,  p.  108  :  «  Le  mesme  capitaine  ...  estoit  marié  à  une  fort 
honneste  damoiselle,  mais  la  plus  avaricieuse  et  chiche  qui 
fust  au  pays,  n'osant  manger  son  saoul,  de  peur  que  la  terre 
ne  lui  deffaiUist,  comme  fait  la  taupe  ».  La  taupe  et  le  cra- 
paud sont  associés  dans  d'autres  traditions  rapportées  par 
M.  E.  Rolland,  Faune  populaire,  III,  56. 

Zardineres,  lingère,  couturière;  ober  i^ardineres,  coudre. 

Zousilherien,  des  ivrognes;  :(ousiIberes,  buveuse. 

38.  J'ai  rencontré  deux  mots  qui  jettent  quelque  lumière 
sur  les  origines  de  la  diphtongue  eo  et  du  suffixe  eo:(_  en  rochois 
(cf.  Rev.  tel  t.,  XV,  342,  343,  357):  _ 

vlanbeo^ih,  jurer,  dérivé  du  français  flambeaux,  cf.  bret. 
moy.  flambeau,  flamhcux,  moderne  flamhe:^enn,  van.  flambéu, 
Grég.,  etc.,  voir  i^ft;.  Celt.,  VI,  389; 

pihseo,  queue  ;  saucisse  ;  pénis  ;  pihseo  trafiqyohner,  alêne  de 
cordonnier  ;  pihseo  luater  (queues  dans  l'eau),  anguilles  ;  du 
français  pinceau. 

On  peut  distinguer  en  rochois  deux  terminaisons  eoT^.  L'une 
alterne  avec  -aos  :  bilheo^,  bilhaos,  argent,  =  *  bilJeaux  ;  war  ar 
beo^,  sur  le  pavé,  =:  bret.  bdos,  cour  à  fumier,  Pelletier,  Rev. 
Celt.,  XIV,  278,  cf.  ce  passage  d'Habasque,  Notions  ...  sur  le 
littoral  ...  des  Côtes-du-Nord,  Saint-Brieuc,  t.  I,  p.  304:  «  Les 


Etudes  breWnnes.  2 1 9 

fermes  sont  généralement  couvertes  en  chaume.  Un  cloaque 
infect,  sous  le  nom  de  vaux,  est  en  avant  de  la  maison.  C'est 
une  mare  où  l'on  fait  pourrir  des  ajoncs  et  des  pailles,  dont 
on  veut  faire  des  engrais  » . 

L'autre  terminaison  -eo:(^,  -eouz^,  répond  au  français  -oux, 
-ouse,  fréquent  en  argot,  et  peut-être  influencé  par  l'autre  suf- 
fixe -ao:(^,  -eo^. 

La  finale  depiiiseo  se  retrouve  dans  quelques  mots  bretons: 
moy.  bret.  bourreau,  bourreu,  bourreau,  mod.  bourreau,  van. 
borrév^,  Grég.,  van.  cureau,  choriste,  curreau,  enfant  de 
chœur,  l'A.,  plur.  v.  franc,  cureaux.  Archives  de  ■Bretagne, 
Vn,  72,  cf.  Rev.  Celt.,  III,  52,  n.  i;  sur  l'ancienne  termi- 
naison -eau,  -iau  en  haut-breton,  on  peut  voir  Gœrlich,  Fran- 
Zpsische  Studien,  V,  359,  413. 

Citons  encore  le  breton  potéo,  potev,  aiguière,  podtéau,  pot  de 
faïence,  Grég.,  pôtéô,  Le  Gonidec,  du  franc,  pot  à  eau.  C'est 
de  ce  composé  que  Le  Brigant  semble  avoir  extrait  le  mot  ev, 
eau  ^,  qu'il  emploie  dans  sa  traduction  des  premières  lignes  de 
la  Genèse,  Détachemens  de  la  langue  primitive,  Paris,  1787, 
p.  22  : 

Da  ghêntan  Doué  à  croiias  an  Evo,  ag  an  Douar  : 
Ag  an  Douar  évoa  duidan  ev,  a  bcû  et. 

«  Au  commencement,  Dieu  créa  les  Cieux  et  la  Terre: 
Et  la  Terre  étoit  couverte  d'eau,  et  noiee  ». 

C'est  la  seule  erreur  de  ce  genre  que  je  voie  dans  les  trois 
traductions  bibliques  de  l'auteur  qui  me  sont  connues.  J'ai 
publié  la  plus  étendue,  Rev.  Celt.,  XI,  180-182  ;  voici  la  troi- 
sième (i  Cor.,  XIII,  I,  2): 

A  pa  gomsfén  langach  an  oll  dud,  ag  an  élé,  mar  nambé  ket  ar 
garante,  na  vén  nemertével  ar  hoiievr  a:(on,  ag  ar  ^inibal  à  dint. 

A  mar  ambé  ar  broféci,  ag  anavefen  oll  ar  mistério,  ag  an  oll 
goût,  ag  ambé  oll  ar  fé  da  allout  diblassan  ar  ménéo  a  nàmbé  két 
ar  garante,  niann  na  non. 

1 .  Le  pluriel  boiiriarion,  Me'lusine,  VII,  131,  doit  provenir  de  quelque  mé- 
prise, pour  bouriavion. 

2.  On  trouve  eve,  eau,  en  haut-breton  ancien  et  moderne;  cf.  E.  Gœr- 
lich, Fran^œstsche  Studien,  V,  345,  413. 


2  20  E.  Ernault. 

«  Et  quand  je  parlerois  le  langage  des  Hommes  et  des  An- 
ges, si  je  n'avois  pas  la  charité,  je  ne  serois  que  comme  un 
airain  sonnant,  ou  une  cimbale  retentissante. 

Et  quand  j'aurois  le  don  de  prophétie,  que  je  pénétrerois 
tous  les  mystères,  et  toute  la  science  ;  et  quand  j'aurois  toute 
la  foi  capable  de  transporter  les  montagnes,  si  je  n'avois  pas 
la  charité,  je  ne  suis  rien  »  ^ 

La  variante  de  prononciation  dans  moy.  bret.  haetes,  mod. 
hetès,  heotès,  botte,  porrée,  Gr.,  cf.  Rev.  Celt.,  XV,  357,  re- 
monte au  commencement  du  xvii'^  siècle  :  bcautUs,  bette,  No- 
mendator,  80.  La  diphtongue  différente  de  boëtrahès,  bette- 
raves, Gr.,  est  due  à  l'influence  de  boet,  nourriture,  cf.  gall. 
hwytatwys,  pommes  de  terre,  adaptation  de  l'anglais  potatoes 
d'après  biuyta,  manger.  On  dit  en  petit  trécorois  betrabes  ; 
l'A.  donne  baitéss,  bettes,  boiterahcenn,  betterave,  plur.  boiterabe. 

39.  J'ai  indiqué  à  tort,  Rev.  Celt.,  XV,  342,  le  suffixe  -od 
de  iunodo,  tidodein,  comme  propre  à  l'argot  de  La  Roche.  Il  se 
trouve  en  breton,  par  exemple  dans  les  mots  suivants  : 

mod.  rustaud,  rustaud,  rustre,  rustaudes,  rustaude  ;  rust, 
rustique;  courtaud,  pi.  ed,  garçon  qui  fait  son  apprentissage, 
terme  d'injure,  Grég.  (=  «  courtaud  de  boutique  »),  em- 
prunts directs  au  français; 

van.  bêerrautt,  courtaud,  bêerraudeenn,  courtaude,  l'A.,  de 
berre,  court,  l'A.,  par  imitation  du  .français  ; 

van.  gaguillautt,  bègue,  gaguillaudein,  bégayer,  grasseyer, 
gaguillaudage,  m.,  bégaiement,  grasseyement,  l'A.,  à  Sarzeau 
gadeliaud,  bègue,  gadeliaudein,  bégayer,  selon  Chai,  ins,  du  bret. 
moy.  gagoill,  gagouill,  bègue,  mod. gagoïiilb,  Grég.;  van.  mis- 
taudic,  poupin,  de  mistr,  id.,  Chalons  ms. 

On  échange  parfois  en  argot  les  suffixes  -aud  et  -ot  :  Jarot, 
Monsieur,  faraude,  Madame,  Mademoiselle,  Le  Vice  puni,  108. 
Le  fait  se  produit  aussi  en  français  populaire  (cf.  Gaidoz,  Mé- 
lusine,  VI,  49);  le  comte  Jaubert  donne,  par  exemple,  pi- 
cauder,  picoter,  riauder,  rioter,  ricaner  2.  De  môme  en  van./^;-- 

1 .  Présent  singulier  offert  aux  savans  interprètes  de  l'Europe.. .  A  Rennes, 
chez  N.  Audran  de  Montenay,  Libraire,  p.  18,  12.  Le  permis  d'imprimer 
qui  se  trouve  à  la  fin,  p.  23,  est  daté  du  7  juin  1783. 

2.  Glossaire  du  centre  de  la  France,  2^  éd.,  1864. 


Etudes  bretonnes.  22 1 

laut  k  Sarz(eau)  «  franc,  ouvert  »,  (ém.  farlauden  «  gagui  », 
Châlons  lus.,  =  ïr.  falot,  ci.  falotin,  hret.  faJotin,  bouffon,  ibid. 
Çsdon  Grcg.,farlaudeiiii  «  dondon  »  ne  se  dit  guère  en  bonne 
part);  michodein,  mûrir,  l'A.,  michodein,  Gr.,  répond  au  fr. 
mijoter,  dont  il  a  quelquefois  le  sens  :  en  dès...  mijodet  ar  en  tan 
«  (la  soupe)  qui  s'est  lentement  consommée  sur  le  feu  »,  Re- 
vue de  Bretagne,  de  Vendée  et  d'Anjou,  novembre  1889,  P-  39 1- 
Le  mot  français  est  aussi  employé  dans  le  sens  ordinaire  du 
vannetais  :  migeoter,  mûrir  sur  la  planche,  niigeot,  lieu  où  l'on 
conserve  les  fruits,  au  Mans,  Littré  ;  migeoter,  mûrir  sur  la 
paille,  en  parlant  des  nèfles,  Ch.  Ménière,  Glossaire  angevin'^. 
Le  bret.  darevi  a  également  les  deux  acceptions  de  «  cuire  » 
et  «  mûrir  ». 

Le  même  échange  semble  avoir  lieu  encore  dans  un  mot  breton 
d'ailleurs  remarquable  par  la  diversité  de  ses  déformations  : 

haiJhebod,  pi.  ed,  coquin,  faquin,  malotru,  polisson,  celui 
qui  est  couvert  de  haillons,  hailheboded,  canaille,  bailbebodês, 
hailhebodenn,  coquine,  hailhebodaich,  coquinerie,  Gr.  ; 

hailhevod,  pi.  ed,  polisson,  Gr.,  hailkvaudd,  faquin,  gredin, 
haillevautt,  pi.  -audctt,  maraud,  polisson,  malotru,  baillevau- 
dage,m.,  gredinaille,  gredinerie,  maraudaille,  l'A.,  van.  hailh- 
vaudecq,  pi.  -digucd,  malotru,  Gr.  ; 

aklepoted,  gamins,  jeunes  étourdis,  Fei:(_  ha  Brei^  du 
23  août  1873  ; 

laqepod,  van.  laqoupod,  estafier,  lacqepaud,  pi.  et,  van.  lacqou- 
paud,  pi.  ed,  satellite,  coupe-jarret,  Gr.,  laqqepod,  v.  géant; 
lakepod,  pi.  ed,  mauvais  sujet,  polisson,  bandit,  Troude; 

cailbebodenn,  pi.  ed,  bergère,  courtisane,  Gr.  ; 

Galibod,  nom  d'un  personnage  paillard  qu'il  est  question  de 
pendre,  Soniou  Breizrl^el,  II,  120. 

L'origine  de  hailhebod  a  dû  être  le  vieux  français  halleboter, 
grappiller,  cf.  rouchi  alboder,  faire  le  fainéant  ;  haut-breton  hal- 
boter,  ramasser  des  raisins  qui  restent  dans  les  ceps  après  la 
vendange,  Alcide  Leroux-.  Mais  il  a  pu  y  avoir,  pour  plu- 


1 .  Mémoires  de  la  Société  académique  de  Maine-et-Loire,  t.  XXXVI  (1881). 

2.  Bulletin  arcJk'ologique  de  l'Association  breloiuie,  t.  V,  Saint-Brieuc,  1886. 
L'auteur  donne  aussi  halot,  vagabond,  homme  sans  aveu. 

Revue  Celtique,  XVI.  16 


22  2  E.  Ernault. 

sieurs  formes,  influence  d'autres  mots  bretons  :  Iakes,  laquais; 
caillaren,  souillon,  coureuse,  D.  Le  Pelletier. 

D'autres  transformations  proviennent  de  ce  que  le  mot  a 
été  coupé  en  deux,  peut-être  par  suite  d'une  étymologie  popu- 
laire d'après  paut,  garçon  : 

haiJhonn,  pi.  -ohncd,  malotru,  polisson,  van.  haiJhoncd,  ca- 
naille, hailhonnecq,  pi,  -nigued,  malotru,  Gr.,  ko^  c'haiUon, 
vieux  coquin,  Son.  Br. -!:(.,  II,  58,  60.  Le  P.  Grégoire  explique 
aussi  hailhon,  fém.  Ijailhontiès,  par  «  couvert  de  haillons  »;  il 
est  naturel  de  comparer  ce  mot  français;  pourtant  Troude 
donne  aussi  kailkn,  m.,  vaurien,  canaille,  en  cornouaillais. 

La  seconde  partie  paraît  seule,  au  contraire,  dans  le  cor- 
nouaillais ihot,  ubot,  hubot,  canaille,  gueux,  uhota,  etc.,  agir  et 
vivre  en  gueux,  Pel.;  cf.  Gloss.  moy.-bret.,  v.  bubot. 

M.  Gaidoz  a  signalé  aussi,  Méhisine,  VI,  49,  Rev.  Cclt.,  V, 
476,  477,  la  confusion  en  français  des  terminaisons  -ot  et  -0. 
Le  même  fait  se  produit  parfois  en  breton  :  chcminod  c  che- 
minod  »  (employé  au  chemin  de  fer),  Luzel,  Bepred  Brei:^ad, 
36,  38,  plur.  cheminoëd,  44. 

Un  autre  échange  de  suffixes  plus  divergents  se  remarque 
entre  le  vannetais  niignan,  chaudronnier,  l'A.,  et  mignaud, 
chiffonnier,  Gïoss.  de  Jaubert.  Inversement,  c'est  le  vannetais 
qui  a  -aud  et  le  français  -an,  -ant,  dans  averlaud,  garçon,  à 
Surzur  près  Sarzeau^,  cf.  averlant,  ami  de  bouteille,  comipa- 
gnon  de  taverne,  J.  Leroux,  Diciionnairc  comique  ;  «  mes  bons 
averlans  »,  Rabelais;  averlan,  avcriant,  débauché,  bon  com- 
pagnon, La  Curne  de  Sainte-Palaye  ;  haut-breton  abreland, 
prétendant,  Alcide  Leroux. 

Cette  terminaison  est,  comme  on  voit,  assez  commune  en 
breton  dans  des  termes  de  mépris  ;  cf.  encore  pichot,  homme 
minutieux,  niais,  et  aussi  nonchalant,  sans  vigueur,  en  petit 
Tréguier,  Rev.  Celt.,  IV,  164,  =  provençal  pichoi,  petit,  un 
pichot,  un  petit  homme,  un  pleutre,  un  lâche.  Mistral. 

Plusieurs  de  ces  mots  sentent  l'argot  :  jalot,  chaudronnier, 
gredin,  Rev.  Celt.,  XV,  349,  jaJodage,  gredinaille,  gredinerie, 
maraudaille,  VA.,  jalodés  i(  guenippe  »  Chai,  nis ;  d.  jaJgaudétt, 

I.   De  l'urgence  d"unc  exploration  philologique  en  Bretagne,  p.  11. 


Eludes  bretonnes.  223 

effrontées,  l'A.,  v.  débraiUcr ;  tréc.  pâlot,  van.  palaut,  cam- 
pagnard, Rev.  Celt.,  XIV,  288;  loiiaud,  pi.  ed,  coquin, 
loilaudi,  coquiner,  badiner,  loûaudaich,  coquinerie,  Gr.,  même 
racine  que  louvêc,  pi.  louviguétt,  fat,  l'A.  ;  louïdicq,  coquin, 
Gr.,  moy.  bret.  louuidic,  fat,  sot,  Rev.  Celt.,  XIV,  286,  287. 
Il  est  possible  que  les  premiers  argotiers  de  La  Roche  aient  été 
appelés  des  *  Tunaudet. 

La  terminaison  -aud  alterne  avec  -ad  dans  loiiaud,  co- 
quin, etc.,  Gr.,  louât,  niais,  P.  Maunoir,  loiiad,  niais,  badin, 
loûadès,  badine,  loiiadi,  niaiser,  louadére:{,  niaiserie,  loûadere:(, 
badinage,  Gr.  De  même  kermwad,  Cornouaillais,  pl'ir.  kerne- 
luis.  Le  Pel.,  hrnévad,  pi.  kermvaded,  van.  kernéiiad,  pi.  ker- 
néiiis,  Gr.  (Jierneviad,  Hingant,  Grani.  14),  a  un  synonyme 
kernevaud,  pi.  ed,  fém.  kernevaudès,  Gr.,  kernévod.  Le  Gon., 
kernevod,  f.  c:{,  Moal.  Cette  particularité,  inconnue  aux  autres 
ethniques,  a  son  pendant  dans  la  forme  leonnard,  pi.  ed  «  Leon- 
nois  »,  Gr.,  léonartt,  pi.  -ardétt  «  Leonois  »,  l'A.,  léonard 
«  Léonnais  ou  Léonard  »,  f.  -e^,  Gon.  ^,  à  côté  du  régulier 
léonad,  pi.  léonaded,  léoni:^,  f.  Jéonadex^,  Gon.  Çéoniad,  Hing. 
14),  dont  l'ancienneté  est  assurée  par  le  pluriel  moyen- 
breton  leonis.  A  leur  origine,  ces  nouvelles  désignations  expri- 
maient sans  doute  une  nuance  de  mépris  (cf.  QueUien,  U argot 
des  Nomades,  44;  Rev.  Celt.,  VII,  46,  XV,  352;  Sauvé, 
P'-ov.,  943);  on  peut  comparer  clei:{yad  et  clei^ard,  van. 
cleyad  et  clcyard,  gaucher,  Gr.,  en  regard  du  moy. -bret.  clei^r 
yat,  gall.  cleiddiad.  Mais  le  choix  de  -aud  semble  avoir  été 
déterminé  par  une  suggestion  d'ordre  phonétique  :  à  lou-ad, 
lou-od,  kerneiu-ad,  *  kernciu-od,  kcrnev-od,  on  peut  comparer  du- 
ad,  du  noir  de  fumée,  Gr.,  Gon.  ;  du-ot,  blé  charbonné,  Gr., 
du-od,  Gon.  (gall.  duad,  cirage);  du-an,  blé  noirci  en  dedans, 
charbonné,  Pel.,  Gon.,  petit  trécorois  du-on,  cirage  formé 
avec  la  suie  de  la  poêle,  Rev.  Celt.,  IV,  152  ;  diho-annet,  divo- 
annct,  germé,  Gr.,  tréc.  diw-onet,  Rev.  Celt.,  III,  52.  La  syl- 

I .  Je  ne  vois  pas  de  preuve  qu'on  ait  employé  en  armoricain  la  forme 
hrei:{ard,  breton,  citée  par  exemple  dans  V Histoire  de  la  Petite-Bretagne,  par 
Manet,  Saint-Malo,  1834,  t.  I,  p.  5,  au  lieu  de  brey:{ad,  Gr.,  hrei\ad,  hrei- 
liad,  Le  Gon.,  Troude,  hreiiiad,  Rev.  de  Bret.  et  de  Vendée,  XXYUl{i8jd), 
p.  389,  p\.brey:(^is,  breyiidy,  Gr.,  brei^aded.  Le  Gon.,  moy.  bret.  Brei:{is. 


224 


E.  Ernaiilt. 


labe  wo  devient  facilement  o,  cf.  Rcv.  Celf.,  VII,  315  ;  il  est 
assez  naturel  d'admettre  que  c'est  par  l'intermédiaire  de  zoo 
qu'on  a  passé  de  wah  0.  Ce  changement  s'observe  surtout  en 
vannetais.  Cf.  Rev.  Celt.,  III,  53. 

Le  petit  trécorois  marc'hpôt,  m.,  gaillarde,  femme  dé- 
gourdie, robuste,  capable,  rappelle  l'argot  marpaut,  maître, 
homme,  Le  vice  puni,  109,  F.  Michel,  Méni.  de  la  Soc.  de 
Ling.,  VII,  50,  V.  fr.  marpaut,  niarpaud,  goinfre,  fripon,  vo- 
leur, vaurien,  fém.  marpaude,  Godefroy  ;  niarpaud  en  Dau- 
phiné,  fripon,  vaurien,  en  Limousin  gros  lourdaud,  Mistral, 
en  Vendômois  chat  mâle,  matou,  Martellière.  L'addition  du 
son  c'h  peut  être  due  à  une  étymologie  populaire  d'après 
viarc'b,  cheval,  et  pat,  garçon  ;  cf.  penn-pautr,  garçonnière, 
Grég.,  penn-haotr,  Moal,  de  pcnn,  tête;  skil-paôtr,  fille  qui  a 
les  manières  hardies  et  libres  d'un  garçon,  Pel.,  de  skil-  d'où 
slùidrenc,  à  demi-aigre,  aigret,  Pel.  (=  gall.  ysgil,  recoin,  de 
cil,  coin,  comparez  au  breton  gilgamm,  boiteux,  Gr.,  chilgainin, 
bancal,  Troude,  gil  gani,  jambe  torte,  Chai,  ms,  le  gall. 
cilgam,  oblique)  ;  ras-paotr,  garçonnière,  Troude,  raspaotr, 
Suppl.  aux  dict.  bref..,  Landerneau,  1872,  de  ras-,  d'où  ras- 
paredi,  cuire  superficiellement,  ibid.  ;  van.  ur  sah pautr',  gar- 
çonnière. Chai,  ms.,  àe  sah,  sac.  Ce  dictionnaire  rend  encore 
la  même  idée  par  ur  uerh  sod  el  urga:{ec,  litt.  «  une  fille  folâtre 
comme  une  jument  »;  cf.  Rev.  Celt.,  IX,  no,  m;  Gloss. 
moy.-bret.,  v.  mouien. 

40.  —  Mots  bretons  détournés  de  leur  sens  : 

5a/'i (guignes),  clous,  Rcv.  Celt.,  XV,  348;  cf.  ar  bahi,  les 
guignes,  Sauvé,  Proverbes,  972. 

Batimancbo  (bateaux),  gros  sabots,  Rev.  Celt.,  XIV,  277; 
cf.  Sauvé,  Prov.,  864. 

BeeJc,  loup  ;  cri  dont  on  eft'raie  les  enfants,  en  les  menaçant 
du  loup,  Quellien,  L'argot  des  nomades,  29,  cf.  41.  Ce  mot 
rappelle  beaucoup  le  vannetais  beaical,  bêler,  beaiqual,  beai- 
quein,  croasser,  beaiquereah,  bêlement,  croassement,  TA.  ;  ul 
lay  bihan  é  vaical,  un  petit  veau  qui  beugle,  Vocabul.  nouv., 
Vannes,  1863,  p.  v.  C'était  peut-être,  à  l'origine,  une  imi- 
tation du  cri  de  frayeur  d'un  animal  en  présence  du  loup.  Cf. 
béé,  onomatopée  du  cri  de  la  chèvre,  Gr.,  v.  Pontscorf. 


Etudes  bretonnes.  225 

Gaouiat  (menteur),  miroir. 

letren,  pi.  0  (guêtre),  laboureur;  on  dit  aussi  ietren  terk 
(bret.  labourer  douar). 

Kalch,  m.,  sac;  cf.  Rev.  Celt.,  XV,  356. 

Kerch:  rei  kerc'h,  battre,  Rev.  Celt.,  XIV,  280.  Cf.  «  donner 
de  l'avoine,  battre,  rouer  de  coups.  De  la  langue  des  charre- 
tiers, l'expression  est  passée  dans  celle  ...  des  gens  sans 
aveu  »^  Fustier. 

Koharden,  f.,  pi.  0,  coup  ;  en  petit  Tréguier  nœud  de  ruban, 
du  français  cocarde. 

Koublet,  bossu.  Ce  mot  n'est  connu  en  Tréguier' qu'au  sens 
de  «  joint,  accouplé  »  ;  l'acception  rochoise  doit  dériver  d'une 
autre  plus  ancienne  «  replié  »;  cf.  Rev.  Celt.,  VII,  311; 
Gloss.  moy.-bret.,  v.  coubl. 

Luchah  (luire),  jurer;  luc'hach  (vernis,  faux  brillant,  argot), 
juron.  Cf.  tréc.  luc'het  (éclairs),  blasphèmes;  Rev.  Celt.,  XV, 
362,  363,  et  l'emploi  de  luiet,  éclairs,  dans  des  jurons,  Rev. 
Celt.,  V,  188. 

Mixer  (misère),  pudendamuUeris;  héjal  i  mixer,  danser.  On 
dit  encore  komanan,  laïuen. 

Mous  (mousse),  aide-maçon,  Rev.  Celt.,  XV,  350.  Le  sens 
de  ce  mot  n'a  aucun  rapport  avec  la  marine,  dans  cette 
phrase  :  Eunn  den  divar  ar  mea^  ...  her  c'heiiieraxda  vous pe  da 
vevcll  bihan  evit  diouall  he  xenved,  un  homme  de  la  campagne 
le  prit  comme  garçon,  ou  petit  domestique  pour  garder  les 
brebis;  Bue^  cir  x^nt  skrivet  ...  gant  ann  Aotrou  Morvan  ... 
moulet  evit  ann  eil  guech  . . .  goude  eunn  evesa  great  . . .  gant  ann 
Aotrou  Nikolas  ...  Keniper,  1894,  P-  '^^^• 

Pis  (pois),  coup  de  fusil,  balle  ;  cf.  boulijer  dranin  (boulets 
d'une  drachme),  pois,  Rev.  Celt.,  XV,  357. 

Piti-piti  (cri  pour  appeler  les  poussins),  poussins.  Du  fran- 
çais/j^^//,  cf.  Rev.  Celt.,  IV,  148. 

Plohjer  (plongeur),  fouille-au-pot,  petit  marmiton.  Cette 
prononciation  française  ne  se  trouve  guère  écrite  :  le  P.  Grég. 
donne  pi uhger,  van.  plugeour.  Mais  on  \\i  plonjaden  et  plon- 
chadcn,  action  de  plonger,  Collection  Penguern,  t.  I,  fol.  31, 
cf.  Méhtsine,  III,  453. 

Pobi  =  pelhad;  pober,  débauché,  f.  poberes.  Le  sens  propre 


2  26  E.  Ernaidt. 

de  pobi  «  cuire  »,  n'est  plus  connu  en  Tréguier,  de  sorte  que 
c'est  bien  là  un  archaïsme  rochois.  D.  Le  Pelletier  et  Le  Go- 
nidec  donnent  pibi,  en  remarquant  qu'il  est  peu  usité  :  cf.  Rev. 
Celt.,  III,  57,  eiGloss.  vioy.-bret.,  w.  pihi. 

Poméet  (pommé),  ivrogne;  participe  du  verbe  poméin,  pom- 
mer, usité  en  petit  Tréguier  (cf.  vanduih,  au  §  44). 

Prosesionn  (procession),  vaches  qui  se  suivent  en  courant. 

SpagnoJes  (espagnole),  vache  qui  n'a  pas  de  cornes  ;  viaoul 
Spagn,  ou  spagnol,  brebis  sans  cornes. 

Spohtus  (terrible),  roitelet. 

Tolen,  f,,  pi.  to/m/gr  (tableau),  carte;  gourdajenin  gant  toli- 
nier,  ou  gant  harto,  jouer  aux  cartes.  Esplikasion  toliuier  (ex- 
plication de  tableaux),  crêpes.  Ceci  fait  sans  doute  allusion  aux 
tableaux  ou  images  allégoriques  qu'on  expose  et  qu'on  ex- 
plique dans  des  églises  bretonnes,  pendant  les  retraites  et  les 
missions;  cf.  Sauvé,  Rev.  Celt.,  III,  246-248. 

Ucher  (huissier),  fainéant. 

Zegal  (seigle),  argile. 

41.  Les  mots  suivants  donnent  lieu  à  quelques  observations. 

C'houeéres,  f.,  soufflet  de  cuisine,  ne  se  dit  plus  en  petit  Tré- 
guier; mais  il  répond  au  léonais  c'huëxçrès,  Gr,,  c'hoe:{eurez^, 
Supplément  aux  dict.  bret.,  Landerneau,  1872,  p.  57,  cf.  103  ; 
van.  huëhercs,  Gr.,  huéheréss,  l'A. 

Gournij  m.,  la  Saint-Michel,  par  abréviation  du  tréc.  gour- 
mihel ;  gourm  ou  am^er  gourin  s'emploie  aussi  pour  «  l'au- 
tomne »  :  ker:(  gourtn  e  'n  am^er  chourtah  da  chouilan,  litt. 
«  c'est  pendant  l'automne  qu'est  la  meilleure  saison  (aux  cou- 
vreurs) pour  travailler  ».  Cette  préposition  kei\,  pendant,  que  je 
n'ai  jamais  vue  écrite,  n'est  pas  un  mot  rochois  ;  on  l'emploie 
à  Tréguier.  Je  crois  qu'elle  diffère  de  Â'm;(,  (au)  milieu,  et 
qu'elle  est  identique  à  kerx_,  kers,  jouissance,  possession,  profit, 
gain,  disposition,  droit  de  disposer,  Pel.  Cet  auteur  cite  le 
mot  d'après  l'usage  du  bas  Léon  et  de  la  Cornouaille,  avec  la 
préposition  en,  qui  se  sous-entend  parfaitement  en  trécorois. 
Le  P.  Grégoire  donne  cm  c'bcr^  ema  et  \a  c'her:^  eo,  c'est  mon 
bien,  mon  patrimoine  ;  Le  Gonidec  fait  kers  du  féminin.  Ker:;^, 
kers,  doit  répondre  à  l'irlandais  cert,  le  droit,  adjectivement 
droit,  juste;  gall.  certb,  évident,  (vue)  perçante,  ardent,  etc., 


Etudes  bretonnes.  227 

moy.  bret.  quer^^,  certes,  tout  à  fait,  van.  akerh,  cf.  lat. 
cerf  us. 

Ce  mot  gourm  n'est  pas  le  seul  nom  breton  de  l'automne 
qui  manque  à  la  liste  donnée  Rev.  Cdt.,  XV,  392-394.  On  lit, 
Colloque  français  et  breton  ou  nouveau  vocahulake,  9^  édition, 
Brest,  imprimerie  F.  Halégouet,  p.  102  :  «  (Pourrais-tu  me 
dire  pourquoi  le  temps  est  si  mauvais  chaque  année  ?)  Dans 
l'été  vient  l'hiver;  au  lieu  du  printemps  nous  avons  l'au- 
tomne... En  hanv  e  teu  ar  goanv;  e  leac'h  ann  amxer-nevez^  ann 
diskarr  ».  Diskarr  est  ici  l'abréviation  de  diskar-am:^er,  qui  se 
lit  p.  62,  cf.  17. 

Une  autre  désignation  de  la  même  saison  paraît  se  trouver, 
sous  une  forme  sans  doute  altérée,  dans  ce  proverbe  connu  à 
Saint-Clet,  à  Trévérec,  etc.  : 

Pardon  Jan  Jili 
Ges  kastel  goan  d'an  ti 

«  le  pardon  de  Saint-Gilles  amène  l'automne  dans  la  maison  »  ; 

ou  encore  : 

Gant  pardon  Jan  Jili 
'Haiïtre  kastel  goanv  en  ti 

«  avec  le  pardon  de  Saint-Gilles  l'automne  entre  dans  la  mai- 
son ».  Le  pardon  de  cette  localité  a  lieu  le  2  septembre,  et 
coïncide  avec  le  commencement  de  l'automne,  dans  l'année 
hturgique.  On  prétend  qu'il  fait  toujours  mauvais  temps  ce 
jour-là.  L'expression  kastel  goah  ne  s'emploie  que  dans  ce 
dicton.  Aussi  ne  sait-on  quelle  idée  précise  lui  attribuer;  on 
l'entend  au  sens  général  de  «  mauvaise  saison,  début  de  l'hiver  » . 
Quelques-uns  veulent  que  kastel  goan,  Htt.  «  château  d'hiver  », 
s'appHque  à  de  gros  nuages  noirs,  figurant  des  châteaux  dans 
le  ciel,  kasteyo  ba  'n  oabl.  Kastel  a  pu  remplacer  kestel,  pris 
pour  son  pluriel,  mais  ayant  d'abord  signifié  «  saison  »,  = 
van.  kestel,  chant,  Livr  cl  lab.,  8,  10,  12,  etc.,  moy.-br,  que- 
tell,  qucntel ;  cf.  pet.  tréc.  boustoulher  et  boutoulher ,  bouteiller, 
sommelier. 

Lala.  Eur  lala,  un  fainéant,  cf.  lela,  bambin,  TA.,  Sup. 

Papllhono,  neige,  du  bret.  papilhoii,  papillon,  avec  la  termi- 


2  28  E.  Ernault. 

naison  de  pluriel  des  choses  inanimées,  au  lieu  de  papilhonet. 
Cf.  moy.  bret.  balauenn  erch,  flocon  de  neige,  de  balauenn, 
papillon.  La  même  assimilation  se  rencontre  en  provençal  : 
parpaiolo,  flocon  de  neige,  parpaioun  de  nèii,  gros  flocon  de 
neige,  cf.  mousco  blanco  (mouches  blanches),  flocons  de  neige, 
Mistral.  Inversement,  Victor  Hugo  a  dit  :  «  A  midi  mille  pa- 
pillons blancs  s'y  réfugiaient,  et  c'était  un  spectacle  divin  de 
voir  là  tourbillonner  en  flocons  dans  l'ombre  cette  neige  vi- 
vante de  l'été  »  (Les  Misérables,  IV^  partie,  Uvre  III,  m). 
L'expression  lui  était  sans  doute  suggérée  par  une  réminiscence 
de  ces  vers  des  Orientales  (XXXIII,  str.  2)  : 

'  Il  faut  qu'avril  jaloux  brûle  de  ses  gelées 

Le  beau  pommier,  trop  fier  de  ses  fleurs  étoilées, 
Neige  odorante  du  printemps. 

Voici  un  autre  passage  du  poète  où  les  deux  idées  sont  en- 
core associées  : 

En  hiver,  le  ciel  triste 
Laisse  tomber  sur  terre  un  linceul  pâle  et  froid  ; 
Mais,  quand  avril  revient,  la  fleur  naît,  le  jour  croît; 
Alors  la  terre  heureuse  au  ciel  qui  la  protège 
Rend  en  papillons  blancs  tous  ses  flocons  de  neige. 

Torquemada,  partie  I,  acte  i,  scène  (. 

Stripalho,  tripes,  bret.  stripo,  avec  la  finale  de  tripaiUc. 

42.  Expressions  composées,  sobriquets  formés  de  mots 
bretons  : 

Beh.  Pûd  i  vek  (le  gars  au  bec),  bécasse  (en  bret.  kevelek  est 
masculin);  bek  mele7i (hec  jaune),  merle  (cf.  l'épithète  caracté- 
ristique ar  vouak'h  beh  nielen,  le  merle  au  bec  jaune,  Revue  de 
Bret.  et  de  Vendée,  t.  XIX,  1866,  p.  458;  de  même  en  gallois, 

Barxa^i  Breix,  145)- 

Bohbard.  Eur  wonbar  war  i  Uthann  (une  bombarbe,  instru- 
ment de  musique,  sur  son  nez),  (il  a)  un  grand  nez. 

Denved  bihcn  (petits  inoutons),  nuages  blancs,  moutonneux. 

Dihar.  Potret  0  dibar  nioaiin  (les  gars  aux  jambes  minces), 
crabes. 

Kaset.  KIoc'h  ar  c'hasetloaio  (la  cloche  du  coffre  aux  cuillers), 
l'angélus  du  soir,  qui  fait  prendre  les  cuillers  pour  le  souper. 


Etudes  bretonnes.  229 

Laer.  Laer  bleut  (voleur  de  farine),  meunier,  cf.  Sauvé, 
Prov.,  858.  Laer  gzuenan  (voleur  d'abeilles),  homme  chauve, 
Rev.  Celt.,  XV,  352,  vient  peut-être  d'un  jeu  de  mots  sur  le 
bret.  gzuenanenn  «  abeille  »  et  «  verrue  »  ;  cf.  poehser  behben, 
au  §  36. 

Logot  du  (souris  noires),  taupes;  de  là  logoter  (souricier), 
taupier.  Pod  ël  logot  (l'homme  aux  souris),  charcutier,  parce 
qu'on  suppose  qu'il  met  dans  ses  saucisses  toutes  sortes  de 
viandes. 

Lost.  Pod  e  lest  hir  (gars  à  la  longue  queue),  rat,  cf.  Rev. 
Celt.,  XV,  353  ;  losto  berr  (queues  courtes),  des  souris. 

Lutanahd  ar  c'hernio  (le  lieutenant  des  cornes),  taureau. 

Marc'h  gla^,  la  mer,  Rev.  Celt.,  XV,  353.  Marc  h  glas  veut 
dire  ordinairement  «  cheval  gris  »,  Grég.,  de  même  en  gal- 
lois march  glas,  caseg  las.  Dans  cette  dernière  langue,  caseg, 
jument,  signifie  aussi  brisant,  grande  vague.  En  mannois  un 
cheval  gris  s'appelle  tgûevatm  cabbyl  glass ,  qui  signifierait  aussi 
bien  «  cheval  vert  »;  cf.  l'intéressant  ouvrage  de  M.  Rhys, 
The  outlines  of  the  Phonology  of  Manx  Gaelic,  Douglas,  isle  of 
Man,  1894,  p.  24. 

Marc'hadour  chufere  (marchand  d'hydromel)  ou  hoar  (de 
cire)  ou  mél  (de  miel),  homme  aux  yeux  chassieux. 

Min  aour  (mine  d'or),  huîtres,  à  cause  de  leur  prix. 

Penn.  La  plaisanterie  macabre  sur  les  chauves,  rapportée 
Rev.  Celt.,  XV,  353,  se  retrouve  en  van.  :  peenn  carnéle, 
chauve,  l'A.  Penn-bcu'^  est  donné  par  le  P.  Grégoire,  au  sens 
de  l'argot  français  «  tête  de  buis  »  :  tête  chauve. 

Pesk  heb  doiir  (poisson  sans  eau),  celui  qui  est  toujours  em- 
barrassé pour  trouver  ses  outils,  parce  qu'il  ne  se  soucie  pas 
de  travailler. 

Poultr.  Pod  pouV  prévet  (l'homme  à  la  poudre  contre  les 
vers),  pharmacien. 

Prenest.  N'eus  ined  eur  prenest  zvar  i  gastel,  ou  /  chato  (il  n'y 
a  qu'une  fenêtre  à  son  château),  il  est  borgne.  On  dit  dans  le 
même  sens  :  N'all  ket  diorein  i  hrenecho  pë  ve  didortet  Huon,  il 
ne  peut  pas  ouvrir  ses  fenêtres,  quand  le  soleil  est  levé. 

Ràbad  'bet  (pas  de  rabais),  boiteux  ;  à  cause  du  dicton  po- 
pulaire en  petit  Tréguier:  pemp  ha  pemp  ra  dek,  rabad  ebet,  ra- 


230  E.  Ernaulî. 

had  ehet  «  cinq  et  cinq  font  dix,  pas  de  rabais,  pas  de  rabais  », 
par  lequel  on  raille  les  boiteux.  Cf.  Robert  Caze,  L'élève  Gen- 
drevin,  Paris,  1884,  P-  264:  «  Enfin  la  petite  femme  revint 
suivie  du  tailleur  boiteux  affecté  au  service  du  vestiaire  ... 
Madame  Vandière  ...  discuta  avec  le  cinq  et  trois  font  huit  du 
vestiaire  ».  L.  Rigaud  donne  i"/A--  et  trois  font  neuf  n  boiteux  », 
et  y  voit  une  «  allusion  à  Tallure  inégale  des  boiteux  dont  les 
pas  semblent  marquer  des  nombres  différents  ».  S'il  en  est 
ainsi,  le  sel  de  la  plaisanterie  n'était  plus  compris  de  celui  qui 
l'a  fait  passer  du  français  en  breton. 

Roue'n  tagoset  (le  roi  des  trapus),  petit  homme.  Tagos,  en 
petit  Tréguier,  =  torgos,  homme  gros  et  court,  nain,  Pel., 
torrogoçx^,  trapu,  dim.  -icq,  Grég. 

Zi:(alb.  Pod  i  :^i^alh  (le  gars  aux  ciseaux,  à  la  pince), 
homard. 

43 .  Emplois  spéciaux  de  divers  noms  propres  : 

I:^abel  viniq  (petite  Isabelle,  petit  lièvre),  lapin. 

Jah  sah  ter  (Jean  sans  terre),  synon3^me  de  pesk  hcb  dour, 
§42. 

Kadas,  une  rosse  ;  un  marchand  de  chevaux.  Kadas,  à  Lan- 
vollon  Kadras,  était  le  surnom  d'un  équarrisseur,  Guillaume 
Leguen,  parce  qu'il  avait  été  employé  aux  travaux  du  cadastre. 
Il  est  mort  il  y  a  peu  d'années. 

Keraïucl.  'N  otro  'Gerawel  (monsieur  de  la  Ville-du-vent), 
vent  fort. 

Lapolû.  Ed  e  Lapolû  de  Galek  (La  Pollue  est  allé  à  Callac), 
c'est  aujourd'hui  mercredi.  Lapolû  était  le  surnom  d'un 
homme  noble,  de  Beauhardy  ;  le  mercredi  est  jour  de  marché  à 
Callac. 

Madékn  (Madeleine),  pluie  ;  cf.  l'expression  française 
«  pleurer  comme  une  Madeleine  »  ?  On  dit  aussi,  dans  le 
même  sens,  ma  pantin  Madelen  barbu  «  ma  tante  Madeleine 
barbue  »  ;  c'était  le  surnom  d'un  ancien  Rochois. 

Marteh  (Martin),  ours. 

Melkus,  celui  qui  n'a  qu'une  oreille.  C'est  le  nom  écrit  en 
moyen-breton  Malchus  (cf.  l'évangile  selon  saint  Jean,  XVIII, 
10).  M.  de  La  Villemarqué  a  ajouté  au  dictionnaire  breton- 
français  de  Le  Gonidec  le  verbe  malkusa,  essoriller.  Sur  le 


Etudes  bretonnes.  2  3 1 

changement  d'^  en  e  sous  l'influence  d'un  u  suivant,  on  peut 
voir  Glûss.  moy.-hret.,  v.  ac'huhi,  auv,  dastum. 

Pieriq  paregxçihp,  café  avec  eau-de-vie  à  discrétion,  Rcv. 
Celt.,  XV,  359.  M.  Fr.  Gélard  a  eu  l'obligeance  de  m'ap- 
prendre  que  «  Pierric  par  exemple  «  était  un  ouvrier  ajusteur 
employé  par  son  père,  et  ainsi  surnommé  parce  qu'il  affec- 
tionnait cette  expression  (of.  Rev.  Celt.,  VII,  39). 

Pleuyel.  Ed  e  chaouks  de  Bleuyel  (la  chaux  est  allée  à  Plou- 
guiel,  près  de  Tréguier),  la  chaux  (ou  l'argile)  est  en  trop  pe- 
tite quantité. 

Sultan  (Sultan),  lion. 

'Vichèven,  paresseux.  Littéralement  «  (la)  Micheau  »,  sur- 
nom d'un  pauvre  de  Saint-Clet,  qui  l'avait  hérité  de  sa 
mère. 

L'expression  klevet  i  T^anta  Maria,  entendre  son  chapelet 
d'injures,  Rev.  Celt.,  XV,  355,  n'est  pas  spéciale  au  rochois; 
on  l'emploie  à  Trévérec,  à  Saint-Clet,  etc. 

L'altération  de  thériaque  en  taryek,  tabac  (Rev.  Celt.,  XV, 
344)  a  pu  être  amenée  par  l'influence  du  nom  de  lieu  Tariec, 
près  de  Tréglonou,  dans  le  Finistère. 

44..  —  Les  emprunts  au  français  sont  assez  nombreux. 

Bâ,  des  bas.  —  Bah,  balai.  —  Bâton,  m.,  bâton.  —  Belom, 
grand  (=  «  bel  homme  »). 

Blah,  blanc,  pâle;  cf.  Rev.  Celt.,XlV,  271. 

Ble,  du  blé. 

Boa,  bois,  îorèt  ;  gourdajen  boa  (chose,  animal  des  bois),  écu- 
reuil. Voir  jumah. 

Boeteu,  boiteux. 

Bonbon,  ognon  ;  trotach  ë  bonbon,  soupe  à  l'ognon  ;  bonbon 
gourt  (bon  ognon),  ail;  bonbon  hir,  porreau,  du  fr.  bonbon. 
Cf.  bon-bon,  m.,  bonbon,  l'A.;  maguet  deus  a  vonbon,  nourri 
de  bonbon,  Meulidigtie:( qegin-gaër  cure  Sufit-Yan-ar-bis  ...  gant 
...  el  Liab  ...  7081  (Le  Bail,  1807),  p.  12. 

Botah,  été  («  =  beau  temps  »). 

Bouinboum,  chapeau  (=  «  boumboum  »,  onomatopée  du 
tambour). 

Breton,  le  breton,  la  langue  bretonne;  tunikah  breton,  tulo- 
dein  breton,  parler  breton.  Breton  ne  s'emploie  en  ce  sens  qu'en 


232  E.  Ernault. 

vannetais;  dans  les  autres  dialectes  le  mot  veut  dire  «  un 
Breton  ».  Yoir  fr anse. 

Cha  ndcl,  chandelle. 

Chato,  château.  Yoir  prenest,  §  42. 

Chemis,  chemise.  Le  mot  chemix^  est  employé  par  plaisanterie 
dans  une  chanson  bretonne  connue  à  La  Roche,  et  citée  par 
M.  Quellien,  L'argot  des  nomades,  21.  Cf.  :{eini:^eîtenn ,  jupe  de 
dessous,  Gwerxjou  Brei^^-I^el,  I,  450,  etc. 

Cher,  cher.  —  Chô,  chaud.  —  Dô,  dos.  —  Dur,  dur.  — 
Echel,  échelle. 

Eletrikeletrak,  télégraphe  électrique  ;  altération  moqueuse  de 
ce  dernier  mot,  d'après  des  locutions  populaires  telles  que 
«  prendre  ses  cliques  et  ses  claques  ». 

Epeng,  épingles.  —  Epôl,  épaule.  —  Fer,  (er  ;  fer  gourd  (bon 
fer),  acier.  Ce  mot  n'existe  en  trécorois  que  dans  le  composé 
pofer,  marmite  (pot  de  fer),  etc.,  voir  G!oss.  moy.-hret.,  v. 
ren  (cf.  potéo,  pot  à  eau,  §  38),  et  les  dérivés  ferein,  repasser 
du  linge,  fèreres,  repasseuse. 

Fiev,  fièvre. 

For,  ion;  fors,  force.  Ce  dernier  mot  existe  en  breton  dans 
quelques  locutions,  comme  krial  fors,  haut-breton  «  crier 
force  »  ;  cf.  Loth,  Les  mots  latins  dans  les  langues  brittoniques , 
169. 

Frah,  (un)  franc;  franse,  français;  tunikan  franse,  parler 
français.  De  là  sans  doute  l'expression  niohd  da  dunikah,  aller 
à  l'école  (cf.  tuniko,  §  37). 

Froa,  froid.  —  Glas,  de  la  glace.  —  Grah,  grand.  —  Hard, 
hardes,  vêtements. 

Hô,  haut;  cf.  haot,  haut,  hao-har,  plein  jusqu'au  ras,  dans  le 
dialecte  de  Batz  (Loire-Liférieure). 

Iver,  hiver;  rupet  'n  iver  (les  messieurs,  les  richards  de 
l'hiver),  fourmis  ;  cf.  la  formulette  d'Audierne  citée  par 
Sauvé,  Rev.  Celt.,  V,  175. 

Juman,  jument  ;  juman  de  boa,  pivert,  traduction  littérale 
en  français  du  breton  ka:;ek-koat. 

Kanarden,  f.,  canard. 

Kloch,  pi.  0,  cloche  (on  dit  aussi  klocljo  c'boinx  Doue,  cloches 
de  l'église). 


Etudes  bretonnes.  233 

Kou,  cou. 

Kouchet  kik,  battre  quelqu'un,  Kev.  Cclt.,  XV,  359.  Cf.  a 
couchin  douar,  je  tasserai  la  terre,  Soniou  Bràx^I^cl,  II,  68. 

Kour,  court,  adj, 

Leh,  du  lin.  —  Loh,  long.  —  Lour,  lourd. 

Luil,  huile,  ou  luil  salât  (huile  de  salade),  du  fr.  «  l'huile  »; 
cf.  bret.  lodevi,  eau-de-vie,  Rev.  Cclt.,  VII,  44,  laudevi.  Son. 
Br.-I:(^.,  II,  38,  etc.;  voir  Gloss.  moy.-bret.,  v.  lotrucc. 

Maladi,  maladie. 

Mat7i^el,  fiancée,  avant  le  mariage,  en  bret.  yeulc'h  ;  du  fr. 
vulgaire  mam'xelle,  mademoiselle. 

Mardi,  mardi.  —  Meg,  maigre.  —  Meunie,  meunier.  — 
Moiich,  une  mouche. 

Moul,  f.,  pi.  c,  un  moule;  tire-lignes. 

Moulhet,  mouillé.  —  Mule,  mulet.  ■ — ■  Nej,  neige.  —  Noar, 
noir,  brun.  —  Oublian,  oublier.  —  Papie,  papier.  —  Pegn, 
peigne.  —  Pd,  pelle.  —  Peti,  petit.  —  Peur,  peur.  —  Poa, 
des  pois.  —  Poar,  poire.  —  Poasoh,  poisson,  —  Poavr, 
poivre. 

Poenver  =  nafles,  du  fr.  «  point  vert  ». 

Port,  m.,  porte. 

Pui,  puits. 

Ra:(oar,  rasoir  (cf.  raxpué'r,  Gr.,  pet.  trécorois  ra:{our'). 

Ri,  du  riz.  —  Samdi,  samedi.  —  Sàvan,  savant. 

Senlëndi,  lundi  (=  «  saint  Lundi  »). 

Sixp,  ciseaux.  —  Soaf,  soif. 

Solda,  soldat;  taouen  solda,  punaise. 

Soulie,  soulier;  pod  soulie,  cordonnier. 

Tan,  temps  (cf.  botan). 

Vahduih,  vendre,  dérivé  du  fr.  vendu;  cf.  forbuet,  fourbu, 
parea,  guérir,  de  parc,  guéri,  prêt  (paré),  Gr.,  etc.;  voir 
poDiéet  au  §  40. 

Fer,  vert. 

Au  lieu  de  bo~cu,  Rev.  Cclt.,  XV,  358,  lisez  bossu  (cf.  Gloss. 
moy.-bret.^. 

45.  —  Quant  aux  mots  formés  par  contamination,  je  ne 
puis  ajouter  que  pékct,  poissons,  pour  peskct  d'après  pekct,  collé, 
et  kohneri,  hirondelle,   pour  giueneri  (prononciation   du  petit 


234  E.  Ernault. 

Tréguier),  d'après  le  nom  propre  Gonerî,  Koncri,  cf.  Rev. 
Cdt.,  XV,  354. 

Le  mot  lahsogne  dans  mond  de  lahsogne  (aller  à  Lansogné), 
s'enivrer,  a  dû  être  traité  comme  un  terme  géographique  à 
cause  de  sa  première  syllabe  lan  ;  d'ailleurs  on  dit  aussi  eul 
lansogm,  un  homme  ivre  (cf.  Rev.  Celt.,  VII,  45,  250;  XIV, 
274).  Ne  serait-ce  pas  un  mélange  du  radical  de  lancé  et  du 
suffixe  de  ivrogne  ?  Ue  final  français  devient  souvent  en  breton 
é,  cf.  Rev.  Celt.,  VIII,  526  ;  IX,^379. 

Le  mot  ivrogne  a  donné  dans  le  dialecte  de  Batz  (presqu'île 
du  Croisic),  ivrogn,  id,,  ivrognererh,  ivrognerie;  mais  ailleurs 
en  vannetais  ivraign,  ivraignereah,  Guerienneu...  Guillome, 
Vannes,  1857,  p.  57,  58;  yvraignour,  ivraign-erah,  Loth, 
Chrestomathie  bretonne,  335,  35e.  Le  même  changement  de 
voyelle  s'observe  en  bret.  moy.  :  charoignn  et  charaing,  cha- 
rogne ;  co:(^ gain  raignet  «  vieille  charogne  usée  »,  selon  PeL, 
qui  voit  dans  rnignet  le  verbe  ragna  =  «  rogner  »,  usité  au 
pays  d'Audierne;  mais  c'est  plutôt,  je  crois,  le  participe  cor- 
respondant au  van.  roigneih,  devenir  galeux,  Gr.,  cf.  moy. 
bret.  roingnenn,  rogne.  Inversement,  le  moy.  bret.  boing 
«  baing  »  =bayn,  plur.  baynnou,  bainnou,  Nomenclator,  319, 
246;  cf.  an  hoing  «  la  hanche  »,  Nom.,  24,  hoinch,  pi.  hoin- 
chou,  Gr.  Le  franc,  moins,  qui  s'est  habituellement  "prononcé 
mains  pendant  le  xv^  et  le  xvi*"  siècles  (G.  Paris,  Chansons  du 
XV^  siècle,  p.  123),  est  devenu  mes  en  breton  de  Batz  dans  0 
mes  ke,  à  moins  que,  et  ailleurs  dans  l'expression  na  muy  na 
mas,  na  muy  na  nieas,  ni  plus  ni  moins,  Gr. 

46.  —  Je  ne  vois  pas  d'étymologie  probable  pour  le  mot 
brebe,  gaucher. 

47.  —  Un  nom  vannetais  de  l'argot,  omis  Rev.  Celt.,  XV, 
363,  est  cranouage,  m.  «  argot  des  mandians  »,  l'A.,  Sup.;  mot 
cité,  avec  une  autre  acception,  Rev.  Celt.,  XIV,  284. 

48.  Examinons  maintenant  quelques  formations  bretonnes 
qui  peuvent  s'éclaircir  par  l'argot. 

La  terminaison  -orch,  -ourch  dans  byorc'h,  petite  bière,  sy- 
nonyme de  byericq,  bèricq,  diminutif  de  hyèr,  bér,  van.  bir, 
Gr.,  bèr,  byer,  Y\om.  314,  bier.  Doctrinal  de  1628^  p.  189; 
matourc'h,    pi.    ed    «    chambrière    mesquine   »,    cf.    matesicq 


Etudes  bretonnes.  235 

«  chambrillon,  petite  servante  »,  dim.  de  niâtes,  Gr.,  mate'^, 
matourch  «  chambrière,  méchine  »  Nom,  320,  semble  tout 
d'abord  avoir  remplacé  les  terminaisons  -er,  -e^,  pour  ex- 
primer une  nuance  de  mépris.  Mais  il  est  fort  possible  que 
cette  substitution  ait  eu  pour  première  cause  le  désir  d'altérer 
la  physionomie  des  mots  ;  cf.  l'observation  sur  le  suffixe  -asse, 
en  argot  et  en  français.  Mémoires  de  la  Société  de  Linguistique, 
VII,  45.  Quoique  le  suffixe  -urco-  ait  existé  en  gaulois  ^,  il  est 
plus  naturel  de  comparer  ici  les  mots  comme  collorc  pour 
collo,  cou,  frontorc  pour  f route,  front,  dans  l'argot  italien  de 
Val  Furva^,  et  boiiorgue,  bon,  en  argot  français. 

Le  mot  tu^um,  pesant,  lourd  (d'esprit),  lourdaud,  Pel.,  doit 
venir  de  *  tusini  ou  *tosiiii  :  cf.  turumel,  bosse  de  terre,  butte, 
à  côté  de  torimella  (et  força'),  se  rouler  à  terre,  Pel.,  van.  tor- 
rinicllat,  se  rouler,  gambiller3,  tauriniellat,  taurecih,  taureal 
«  se  veautrer  »,  Gr.  ;  voir  Rev.  Celt.,  IV,  466,  467  ;  XIV,  320. 
*  Tus-ini,  *to-siiii  paraît  avoir  la  même  origine  que  l'espagnol 
tocho,  grossier,  stupide  ;  son  suffixe  -ii)i  se  retrouve  dans 
l'argot  toutime,  tout,  Delvau,  Le  Vice  puni,  112,  et  le  vieux 
ïrançais grand isnie,  grandiiiie,  très  grand,  etc.,  calqué  sur  le  lat. 
grand issinius  ;  cf.  la  terminaison  argotique  -cme  :  duresme, 
fromage.  Le  jargon  de  l'argot,  durênie,  id.,  L.  Rig.,  fromage 
blanc,  Delvau,  durénie,  id.^  Virm.,  de  dur  (par  antiphrase 4, 
peur  «  fromage  mou  »)  =  ital.  durissinio  (fém.  à  Naples 
durcssimd),  espagnol  durisimo,  très  dur. 

49.  Le  nom  de  l'acier,  en  gallois  dur,  en  breton  dir,  est 
tiré  du  lat.  dilrus  par  M.  Loth,  Les  mots  lat.  dans  les  langues 


1.  Grammalica  cettica,  2^  éd.,  808. 

2.  Archivio gtottologico  itdiano,  III,  55. 

3 .  On  lit  corriucUat,  gambiller,  Châlons  ms  ;  c'est  une  sorte  de  com- 
promis entre  torriuidlat  et  le  mot  différent  corihcllat,  chanceler  («  n'est 
bon  que  pour  les  choses  matérielles  »),  bout  ar  goribet,  être  chancelant, 
Chai.  111s.,  V.  chancelier;  cf.  riboiil-diriboul  «  se  dit  d'un  individu  qui  ne  peut 
rester  en  place  »,  Troude,  haut-bret.  dèriboutcr,  dégringoler? 

4.  Ces  sortes  de  langue  pratiquent  volontiers  l'esprit  de  contradiction 
que  Boileau  se  plaignait  de  trouver  dans  la  rime  : 

Quand  je  veux  dire  blanc,  la  quinteuse  dit  noir. 

Ainsi  dans  le  «  grec  de  Saint  Gilles  »  (paroisse  de  Londres),  un  ramoneur 
s'appelle  lily-whitc,  blanc  comme  un  lis.  Cf.  plus  haut  sponlus,  §  40,  etc. 


2  jô  E.  Ernault. 

hrittoniques,  163  ;  selon  M.  Stokes,  Urkclfischer  Sprachschat^, 
151,  ce  serait  le  correspondant  celtique  du  latin.  Quoi  qu'il  en 
soit,  il  est  remarquable  que  les  langues  bretonnes  se  rencon- 
trent ici  avec  divers  argots  :  argot  français  dur,  fer,  four- 
besque  duroso,  F.  Michel.  Un  synonyme  de  dur  est  durin, 
d'où,  duriner,  ferrer,  Le  jargon  de  l'argot,  Delvau;  c'est  le  pen- 
dant àedoussin,  plomb,  doussiner,  plomber.  Le  jargon  de  l'argot, 
L.  Rig.,  dérivés  de  doux. 

Le  mot  pratisien  est  employé.  Revue  de  Bretagne,  de  Vendée 
et  d'Anjou,  août  1889,  p.  123,  au  sens  d'«  artiste  »,  tailleur 
habile  (dialecte  de  Tréguier);  cf.  Rev.  Celt.,  XIV,  288. 

M.  duellien  a  publié.  Chansons  et  Danses  des  Bretons,  181, 
182,  une  chanson  que  lui  a  apprise  un  couvreur  de  La  Roche- 
Derrien;  elle  contient  le  mot  rotoukiou,  au  sens  de  ini::^cr, 
§  40.  On  prononce  rouqyouqyou  à  Pontrieux,  etc.  ;  cf.  roucoucou, 
m.  «  lapin  mort-né,  dans  l'argot  des  chiffonniers  et  de  leurs 
gargotiers  »,  Delvau.  Ce  mot  baroque  pourrait  appartenir  à  la 
famille  de  rococo  «  démodé  »,  riquiqui,  eau-de-vie,  L.  Rig., 
mauvaise  eau-de-vie;  mesquin,  petit,  étroit,  Virmaitre,  cf. 
Delvau  ;  le  petit  doigt,  Jaubert,  Supplément  au  Glossaire  du 
centre  de  la  France,  1869,  etc.;  à  Avranches,  roitelet.  Faune 
pop.,  II,  290;  à  Nice,  sorte  de  cri  de  joie.  Mistral,  v.  requin- 
quin;  id.  à  Saint-Servan,  Mélusine,  I,  270. 

E.  Ernault. 


MÉLANGES 


I. 

LE  PRONOM  ADVERBE  SE,  SEN  EN  BRETON. 

Se,  vannetais  se,  sen  (an  dén  ^e,  cet  homme-là,  se  :(o  giuîr, 
cela  est  vrai),  a  été  identifié  avec  l'irlandais  sin,  malgré  la  con- 
servation de  s  initial,  suivi  de  voyelle.  A  priori,  cette  identifi- 
cation était  plausible  :  on  pouvait  expliquer  la  conservation  de 
s  par  les  combinaisons  de  la  construction  syntactique  et  le  jeu 
de  l'analogie.  Elle  devient  certaine  si  on  consulte  les  dialectes 
bretons.  Se  entre  en  construction,  on  peut  même  dire,  est 
soudé  et  fondu  dans  le  mot  wz-~J  ou  plus  fréquemment  a-::é 
(ma-:^é),  là.  Or,  dans  nombre  de  localités,  on  a  abé  ou  indif- 
féremment a:^é,  abé. 

Dans  le  Léon,  à  Guiclan,  Plougastel-Daoulas,  Lannilis,  on 
emploie  a:(é  et  ahé  ou  ac'bé. 

A  Penvenan,  dans  le  Trégorrois,  il  en  est  de  même. 

A  Ploneïs,  prés  Quimper,  on  dit  a:(é  et  ahé. 

Enfin,  à  Quiberon,  sur  la  côte  du  Morbihan,  on  emploie  /;/ 
après  une  voyelle  au  lieu  de  si  (i  =  e  fermé)  :  en  din  si,  cet 
homme,  mais  en  dra  hi,  cette  chose-là. 

En  revanche,  il  est  vrai,  on  dit  constamment  asi,  là. 

Pour  compléter  cts  remarques  sur  a'^é,  j'ajouterai  qu'on  se 
sert  dans  certaines  communes  de  la  Haute-Cornouailles, 
comme  Trégunc,  de  formes  réduites:  ass  =■  asé  (Trégunc)  ; 
ans,  au  Faouët,  =  bas-vannetais  àn:(e,  alixen  (an  nasale 
voyelle  française). 

Revue  Celtique,  XVI.  17 


2^8  Mélanges. 

Se,  comme  l'a  montré  Thurneysen,  a  été  usité  en  vieux- 
gallois. 

J.  LOTH. 

IL 

LE  BEULAN-PEULÂN  DE  ZIMMER. 

Dans  son  Ncnnius  plus  ou  moins  Vindicatus,  Zimmer  croit 
avoir  établi  que  la  récension  de  V Hisîoria  Brittonum  dontGilla 
Coemgin  s'est  servi  entre  1059  et  1072  pour  sa  version  irlan- 
daise, a  été  faite  en  Anglesey,  vers  810.  Le  rédacteur  nomme 
par  deux  fois  son  maître  Beulan.  Dans  les  Neues  archiv,  XIX, 
p.  667,  Zimmer  croit  pouvoir  corroborer  son  opinion  de  l'ori- 
gine  nord-galloise  de  la  récension  en  question  par  le   nom 
même  de  Beulan.  Voici  son  raisonnement  dans  toute  sa  lim- 
pidité. Une  vie  de  saint  Cybi  ^  qui  a  donné  son  nom  à  Caer- 
Gyhi  (Holyhead,   en  Anglesey)  et  autres  lieux,  mentionne 
parmi  les  disciples  du  saint  an  personnage  du  nom  de  Peulan. 
Ce  Peulan  est  le  patron  de  Llan-Beulan  en  Anglesey,   mais 
son  culte  paraît  inconnu  ailleurs.  Ce  Peulan,  d'après  des  gé- 
néalogies hagiographiques  sans  valeur  historique  sérieuse,  au- 
rait été  fils  de  Paiilinus  ou  Pawl  hen,  maître  de  saint  David 
(v.    Rees,    Lives,  p.  402,   405,  etc.;  cf.  Liber  Laiidav.,  éd. 
Rhys,  p.  99).   Peulan  n'étant  connu  qu'en  Anglesey,  où  le 
magister  Beulan  aurait-il  été  prendre  son  nom,  si  ce  n'est  à 
Llan-Beulan  ?  dit  Zimmer.  Il  doit  y  être  né,  ajoute-t-il,  sans 
se  douter  qu'il  viole  les  lois  les  plus  élémentaires  du  consonantisme 
et  du  vocalisme  çrallois.  Si  le  mas;ister  a  tiré  son  nom  de  Llan- 
Beulan,  il  est  clair  qu'il  devait  s'appeler  Peulan.  Supposez  un 
Gallois  de  Caer-Gybi  voulant  donner  le  nom  du  patron  Cybi  à 
un  de  ses  enfants  :  ira-t-il  l'appeler  Gybi  ?  Si  la  forme  primitive 
du  nom,  en  revanche,  eût  été  Beulan,  on  eût  eu,  comme  l'a  fait 


I.  W.-J.  Rees,  Lives  of  the  Cainhro-british  saints,  p,  183.  Cette  vie  est 
tirée  du  ms.  du  British  Mus.,  Cott.  Vesp.  A.  XIV,  manuscrit  du  xii^- 
xiiie  siècle.  Notre  savant  directeur  a  donc  eu  tort  de  mettre  en  doute  l'exis- 
tence de  Q'bi,  Kepiits,  sous  sa  forme  latinisée.  Cette  vie,  d'ailleurs,  n'a  pas 
grande  valeur  et  ne  saurait  être  consultée  qu'avec  les  plus  grandes  pré- 
cautions. 


Mélanges.  2^9 

justement  remarquer  M.  d'Arbois  de  Jubainville,  LIan-Veulan, 
qui  s'écrirait  aujourd'hui  Llan-fciiJan.  Autre  point  encore  plus 
important.  Eu  (prononcez  e'f)  moyen-gallois,  a  toujours  pour 
répondant,  en  vieux-gallois,  ou  (ou).  C'est  un  des  critérium 
les  plus  connus  pour  distinguer  le  moyen-gallois  du  vieux- 
gallois:  v.-gall.  0«//^/r/;_,  moy.-gall.  Eudeyrn;v.-gû\.  Mouric, 
m.-gall.  Meuryc,  etc.  Les  terminaisons  du  pluriel  moyen-gall. 
en  eu  sont  toutes  en  ou(y.  G.  Evans,  Liber Landav.,  p.  xix). 
Si,  au  contraire,  on  a  eu  (au)  en  vieux-gallois,  en  moyen- 
gallois  on  a  eiu  ou  yw  :  v.  gall.  Teudubr,  moy.-gall.  Teiudwr, 
v.-gi\\.  pcteu,  puits,  gall.-mod.  pydew.  Ce  sont  les  deux  faits 
les  mieux  connus  de  l'histoire  du  vocalisme  gallois.  Le  nom 
du  magister  étant  Beulan  en  vieux-gallois,  on  devrait  le  re- 
trouver aujourd'hui  sous  la  forme  Baulan  :  on  aurait  Llan- 
fewlan.  Quant  à  Peulan,  la  forme  vieille-galloise  de  son  nom 
serait  Poulan.  Poulan  est  le  dérivé  gallois  de  Poul  (Paulus). 
Poul  est  bien  connu  (v.  Lib.  Land,  p.  227;  cf.  Poulinus, 
p.  99).  On  voit  que  le  nom  de  Peulan,  moyen-gallois,  patron 
de  Llan-Beulan,  ne  peut  aucunement  être  identifié  avec  celui 
de  Beulan,  vieux-gallois.  On  est  peiné  d'avoir  à  réfuter  de 
pareilles  billevesées. 

J.    LOTH. 


BIBLIOGRAPHIE 


The  Outlines  of  the  Phonology  of  Manx  Gaelic,  by  John  Rhys, 
University  Press,  Oxford,  1894,  gr.  in-8,  xiii-183  p. 

Cet  ouvrage  forme  la  seconde  partie  du  tome  II  d'un  re- 
cueil intitulé  :  The  Booh  of  Coinmon  Frayer  in  Maux  Gaelic, 
being  translations  made  by  bishop  Phillips  in  16 10  and  by 
the  manx  clergy  in  1765  edited  by  A.-W.  More  M.  A.  as- 
sisted  by  John  Rhys  M.  A.,  L.  L.  D.  professor  of  Celtic  in 
the  University  of  Oxford.  Printed  for  the  Manx  Society at 
the  University-Press,  Oxford.  PhilHps,  auteur  de  la  plus  an- 
cienne des  traductions  réunies  dans  cet  ouvrage,  devint  évêque 
de  Sodor  et  de  Man  en  1605  et  mourut  en  1633.  L'unique 
ms.  que  l'on  connaisse  de  son  œuvre  est  une  copie  écrite  entre 
1625  et  1630.  C'est  une  traduction  du  Frayer  book  de  1604. 
La  publication  de  More  est  à  deux  colonnes:  l'une  contient 
la  traduction  de  l'évêque  Phillips,  l'autre  la  traduction  nou- 
velle pubhée  en  1765,  mais  réimprimée  ici  d'après  l'édition 
corrigée  qui  a  paru  en  1842.  Quand  le  texte  anglais  dont 
l'évêque  Phillips  s'est  servi  a  paru  trop  éloigné  de  celui  qu'on 
imprime  aujourd'hui,  M.  More  a  donné  en  note  ce  vieux 
texte  anglais.  Cette  publication  est  aujourd'hui  indispensable 
aux  érudits  qui  veulent  étudier  à  fond  le  dialecte  de  Man.  Elle 
est  en  dépôt  à  la  librairie  Henry  Froude,  à  Londres.  Le  prix 
total  des  deux  volumes  est  de  50  shillings. 

L'ouvrage  de  M.  Rhys  est  divisé  en  douze  chapitres  :  I.  Les 
voyelles.  IL  Les  voyelles  nasales.  III.  Les  semi-voyelles. 
IV.  Les  aspirées.  V.  Remarques  préHminaires  sur  les  con- 
sonnes. VI.  Les  labiales.  Vil.  Les  dentales.  VIII.  Les  guttu- 


Bibliographie.  241 

raies.  IX.  Les  consonnes  nasales.  X.  Les  consonnes  liquides. 
XL  Les  sifflantes.  XIL  Dialecte  et  orthographe.  C'est,  comme 
on  le  voit,  une  étude  détaillée  de  la  prononciation  actuelle  du 
gaélique  de  l'île  de  Man.  Les  exemples  donnés  par  M.  Rh5's 
proviennent  du  livre  de  prières  de  Phillips.  La  prononciation 
a  été  recueillie  par  M.  Rhys  lui-même  au  cours  de  quelques 
voyages  qu'il  a  faits  dans  l'île  de  Man. 

La  critique  d'un  tel  livre  est  difficile  à  faire  ;  quand  on  n'a 
pas  entendu  et  déterminé  les  sons  étudiés,  et  qu'on  ne  peut 
vérifier  par  soi-même  l'exactitude  des  renseignements  donnés, 
on  est  réduit  à  juger  la  méthode  de  l'auteur  et  les  alentours 
du  sujet  traité. 

M..  Rhys,  p.  I,  nous  déclare  qu'il  n'a  pas  essayé  de  déter- 
miner exactement  les  nuances  vocaliques  et  qu'il  s'est  contenté 
déclasser  les  voyelles  en  longues  et  brèves,  fermées  et  ouvertes. 
Il  y  aurait  beaucoup  à  dire  sur  cette  classification  ^  Mais,  au 
moins,  faudrait-il  s'entendre  sur  le  sens  des  mots  fermé  (close) 
et  ouvert  (open)-.  M.  Rhys  nomme  fermé  (close),  Va  de  l'anglais 
bad,  cab  (p.  3).  Or,  pour  la  plupart  des  gens,  la  bouche  est 
plus  ouverte  pour  prononcer  ce  son  que  pour  prononcer  Va  de 
ail,  et  l'on  s'accorde  généralement  à  regarder  Va  de  bad 
comme  ouvert,  Va  de  ail  comme  fermé.  Ce  qui  est  plus  grave, 
c'est  que  M.  Rhys  donne  (p.  8)  comme  exemples  de  ^ fermé 
long  le  français  dès  et  près.  Or,  pour  beaucoup  d'oreilles,  Ve 
de  dès  est  moyen  ;  Ve  de  près  est  ouvert  ;  en  tout  cas,  aucun 
des  deux  n'est  fermé.  Comme  exemple  d'o  fermé  long, 
M.  Rhys  donne  les  mots  français  Claude  et  mode  (p.  10).  Or, 
dans  la  prononciation  de  Paris,  le  premier  0  est  fermé  (Klçd),  le 
second  ouvert  (mçd).  Comment  sera-t-il  possible  au  lecteur  de 
se  reconnaître  parmi  ces  données  inexactes  ou  contradictoires  ? 

Il  aurait  été  intéressant  de  comparer  la  prononciation  d'un 
dialecte  irlandais  à  la  prononciation  du  gaélique  de  Man.  Mais 


1 .  Je  me  contente  de  renvoyer  à  la  thèse  de  M.  l'abbé  Rousselot,  Les 

Modifications  phonétiques  du   langage  étudiées  dans  le  patois  d'une  famille  de 
Cellefrouin  (Revue  des  patois  gallo-romans,  t.  IV,  p.  96). 

2.  L'erreur  dans  laquelle  est  ici  tombé  le  savant  auteur  est  sans  doute  la 
confusion  de  la  fermeture  ou  de  l'ouverture  dissyllabes  avec  la  fermeture  ou 
l'ouverture  des  voyelles. 


242  Bibliographie. 

les  éléments  nous  manquent  pour  que  cette  comparaison  soit 
utile  et  exacte.  M.  Rhys  a  recueilli  les  mots  de  la  bouche  de 
plusieurs  personnes  appartenant  à  des  paroisses  différentes.  Il 
se  trouvait  donc  dans  des  conditions  très  défavorables  pour 
nous  donner  le  relevé  exact  d'un  dialecte.  Quant  à  l'irlandais, 
il  figure  entre  parenthèses  à  côté  du  gaélique  de  Man,  mais 
tous  deux  sont  transcrits  dans  leur  orthographe  historique,  et 
il  est  nécessaire  pour  comparer  les  sons  de  se  reporter,  d'une 
part,  aux  notions  de  prononciation  répandues  dans  le  volume, 
et  d'autre  part  aux  ouvrages  qui  traitent  de  la  prononciation 
actuelle  de  l'irlandais.  On  chercherait  vainement  dans  le 
livre  de  M.  Rhys  un  tableau  d'ensemble  nous  donnant  la  va- 
leur phonétique  des  diverses  graphies  du  gaélique  de  Man; 
or,  dans  un  Hvre  de  phonologie,  un  tel  tableau  est  au  moins 
utile,  car  il  permettrait,  à  défaut  de  transcriptions  phonétiques 
de  tous  les  mots,  de  se  livrer  à  d'intéressantes  comparaisons 
entre  le  manx  et  l'irlandais. 

Le  livre  de  M.  Rhys  ne  laisse  pas  de  contenir  d'intéressants 
renseignements,  en  particulier  sur  les  voyelles  nasales, 
p.  30-48.  M.  Khys  remarque  avec  raison,  p.  33,  que  l'irlan- 
dais de  Tuam  connaît  la  nasahsation  des  voyelles.  J'avais 
constaté  cette  nasalisation  dans  la  Revue  Celtique,  t.  XIV, 
p.  108,  et  je  suis  heureux  de  voir  ma  remarque  confirmée 
par  le  témoignage  de  M.  Rhys. 

Il  importe  aussi  qu'on  ne  se  méprenne  pas  sur  la  portée 
des  critiques  qui  précèdent.  Il  est  fort  difficile  d'étudier  avec 
précision  sur  des  graphies  plus  ou  moins  orthographiques, 
vieilles  d'un  ou  deux  siècles,  la  prononciation  exacte  d'un  dia- 
lecte. M.  John  Rhys  s'est  acquitté  de  cette  tâche  ardue  mieux 
que  personne.  Mais  nous  serions  heureux  qu'il  nous  donnât 
bientôt  pour  comparer  au  dialecte  de  Phillips  et  à  celui  de  ses 
continuateurs  le  relevé  d'un  de  ces  dialectes  de  l'île  de  Man 
qu'il  connaît  si  bien. 

Regrettons  en  terminant  que  les  recherches  dans  ce  livre, 
rendues  difficiles  par  la  disposition  typographique,  trop  com- 
pacte, n'y  soient  pas  flicilitées  par  un  index,  ou  au  moins  par 
une  table  détaillée. 

G.   DOTTIN. 


CHRONIQUE 


SOMMAIRE:  I.  St.  O'Grady,  La  Venuede  Cûchulainn. —  II.  O'Donoghue,  Brendaniana. 
III.  Guirlande  formée  d'un  choix  de  compositions  irlandaises.  — -  V.  Epaves  de  la 
tradition  celtique,  publiées  sous  la  direction  d'Archibald  Campbell.  —  V.  Le  Livre 
de  l'anachorète  édité  par  M.  Morris  Jones.  —  VI.  Oscar  Montelius,  Les  Temps  pré- 
historiques en  Suède.  —  VII.  Les  Celto-Germains  suivant  M.  Martin  May.  — 
VIII.  Emile  Petitot,  Origine  et  migrations  des  peuples.  —  IX.  V.  Hehn,  Plantes 
cultivées  et  animaux  domestiques,  6"  édition,  par  0.  Schrader  et  A.  Engler.  — 
X.  Lettre  de  M.  Meusel.  —  XI.  Mort  de  M.  Luzel.  — ■  XII.  M.  J.  Rhys,  principal 
de  Jésus  Collège.  —  XIII.  Nouvel  ouvrage  de  Miss  Margaret  Stokes. 

I. 

Si  j'en  crois  le  seul  traité  de  blazon  que  je  possède,  Irlande  porte  de 
gueules  (c'est-à  dire  émail  rouge)  à  la  harpe  d'or.  Cependant  la  couleur  de 
l'Irlande  est  le  vert,  c'est  pour  cela  probablement  que  la  Revue  Celtique, 
depuis  sa  fondation,  a  toujours  eu  des  couvertures  vertes,  et  que  les  trois 
premiers  volumes  dont  je  vais  avoir  à  parler  ont  été  à  Dublin  vêtus  d'un 
cartonnage  de  même  couleur. 

M.  Standish  O'Grady,  le  savant  auteur  de  Silva  Gadelica  —  livre  à  cou- 
verture jaune  et  œuvre  d'érudition,  malgré  les  imperfections  que  M.  Kuno 
Meyer  a  signalées,  .et  destiné  par  conséquent  à  un  nombre  restreint  de  lec- 
teurs —  a  voulu  s'adresser  au  public  plus  nombreux  pour  lequel  il  avait  déjà 
écrit  Finn  and  lus  coiiipanions,  The  hog  of  stars,  The  story  of  Irelaiid  :  il  vient 
donc  de  publier,  avec  couverture  verte,  une  oeuvre  de  vulgarisation  :  Th: 
coniing  of  Cûchulainn,  a  romance  of  the  heroic  âge  of  Ireland  ;  c'est  le  morceau 
dont  le  titre  irlandais  est  Macgniinrada  Conculainn  «  exploits  de  Cijchulainn 
enfant  »,  un  épisode  du  Tdin  bô  Cûailnge.  M.  O'Grady  a  choisi  pour  base  de 
sa  rédaction  le  texte  du  Livre  de  Leinster  qu'il  a  arrangé  suivant  son  goût 
personnel,  en  l'agrémentant  de  développements  pris  soit  dans  son  imagi- 
nation, soit  dans  d'autres  textes  irlandais.  C'est  un  livre  qui  n'a  aucune  pré- 
tention scientifique.  L'auteur,  sur  le  revers  du  titre,  imprime  comine  épi- 
graphe un  passage  des  Annales  de  Tigernach  qu'il  date  du  ix^"  siècle  (()  th 
centiirv)  et  qui  sont  du  xi^  :  or,  ce  passage  prétendu  est  un  amalgame  de 
trois  textes  différents  :  «  Nativitas  Concullain  mrt('c  Scanlain  »  édition  d'O'Co- 
nor,  p.  lo);  «  Genemain  Concullain  herois  «  (p.  12);  «  Mors  Concullain 


2  44  Chroni(^ue. 

fortissimi  herois  Scotorum  »  (p.  14).  Suivant  M.  St.  O'Grady,  Tigernach 
aurait  écrit  :  «  Cuculainn,  filius  Sualtam,  fortissimus  héros  Scotorum  ».  Soit. 
Voici  qui  me  semble  plus  sérieux. 

La  légende,  connue  de  Tigernach,  disait  que  ce  héros  était  âgé  de  sept 
ans  quand  il  prit  pour  la  première  fois  les  armes  :  «  Secht  m-bliadna  a  aes  i 
n-ûair  dogabh  gaisced  »  (p.  14);  c'est  ce  qu'on  lit  au  Livre  de  Leinster, 
p.  68,  col.  I,  1.  13-14:  «  Mac  bec  doringni  na-gnîma-si»  i-ci«d  a-secht 
«  m-h\iadiia  ar  n-a-breith  ».  M.  St.  O'Grady  traduit  :  «  Cuculainwasseven- 
teen  years  of  âge  when  he  did  thèse  feats  »,  en  d'autres  termes,  il  rend  sept 
par  dix-sept.  Cet  exemple  peut  donner  une  idée  de  la  façon  dont  le  savant 
auteur  procède  quand  il  veut  vulgariser  son  érudition. 

Ma  principale  critique  portera  sur  un  point.  Nous  avons  deux  principaux 
textes  du  Tain  hô  Cûailuge:  l'un  le  meilleur  et  le  plus  court  est  celui  que 
nous  a  conservé  le  Lehar  na  hUidre,  écrit  vers  1 100;  l'autre  plus  long,  qui 
sur  divers  points  nous  offre  une  amplification  du  premier  par  un  chrétien 
ennemi  de  la  littérature  payenne  irlandaise,  est  le  texte  qu'on  trouve  dans 
le  Livre  de  Leinster  postérieur  d'un  demi-siècle.  C'est  celui  que  M.  St. 
O'Grady  a  pris  pour  base  de  sa  rédaction.  Voici  un  exemple. 

Les  femmes  de  la  cour  du  roi  Conchobar,  craignant  la  fureur  de  Cùchu- 
lainn,  recoururent,  sur  le  conseil  du  monarque,  au  procédé  qui,  employé 
par  l'orateur  Hypéride,  sauva  la  vie  à  la  belle  Phryné  accusée  d'un  crime 
capital  devant  un  tribunal  athénien.  On  connaît  le  texte  d'Athénée  qui  rap- 
pelle cet  artifice  du  célèbre  avocat: 

Ilspippi^Ça;  TO'jç  yjTtoviazouç  yutjLvi  Te  -3.  /^ziçjvoi.  7:oLr,aa;  ' . 

Prière  de  ne  pas  confondre  cette  nudité  de  la  gorge  en  présence  des  juges 
avec  la  nudité  complète  de  la  même  Phryné  quand  elle  se  baigna  dans  la 
mer  devant  tous  les  Grecs  assemblés  aux  fêtes  d'Eleusis  et  de  Poséidon  : 

Tri  0£  twv  'EXjuaivL'fov  r.txvriyùpti  zaï  Trj  Ttôv  IIoaEioovtcov  èv  o<\is\.  xtov  llav- 
sXXtJvwv  :ïavTwv  à-oOîjjiEvri  Oa'.jj.aT'.a  zal  Xûaa^a  ta;  y.d(j.a;,  Èv£6«ivï  xr; 
OaXâTTT)  2. 

C'est  le  premier  de  ces  procédés  que  suivant  le  Lebar  na-hUidre  les 
femmes  de  la  cour  du  roi  Conchobar  employèrent  pour  calmer  la  fureur  du 
jeune  héros  Cuchulainn:  donocbtat  a  bruinnii.  Les  Gauloises  de  Gergovie, 
assiégées  par  César  en  l'an  52  avant  J.-C,  et  croyant  leur  ville  déjà  prise, 
recoururent  à  ce  moyen  comme  une  ressource  suprême  : 


1 .  Athcnèe,  XIII,  59,  édition  donnée  chez  Teubner  par  A.  Meineke,  t.  III, 
p.  64,  1.  4- 

2.  Athénée,  XIII,  59,  t.  III,  p    64,  1.  15-1S. 

3 .  «  Mnâ  ernochta  ar-a-chend  »,  ar  Couchahar .  Tothéit  iaruw  ba;/trocht 
n-E»/na  ar-a-che/;d  im  Mugai»  mnai  Conchohair  maie  Nessa  oais  do«no- 
chtata;H-bruiHnil7;riss.  «  It-éôiciHSO  a)«dricfat  fritÎHdiu,  »  orMugain.  Foilgi- 
seow  a-gnûis.  Lehar  ua-hUidre,  p.  63,  col.   1,  1.  28-32. 


Chronique.  245 

Matres  familiae  de  muro  vestem  argentumque  jactabant  et,  pectore  nudo 
prominenks,  passis  manibus  obtestabantur  Romanos  ut  sibi  parcerent  1 . 

L'auteur  de  la  rédaction  qu'on  lit  dans  le  Livre  de  Leinster  ne  s'est  pas 
contenté  du  mouvement  oratoire  d'Hypéride,  il  nous  transporte  au  bain 
d'Eleusis,  ou  pis  encore,  faisant  observer  combien  cette  façon  d'agir  était 
scandaleuse,  scandiach ;  elle  fit  baisser  les  yeux  du  héros: 

lu  ban-trocht  da  lecud  immach  do  saigid  m  mac  .i.  tri  coicait  ban  .i. 
deich  mnaa  octis  secht  fichit  di'scir  dt'rglowmocht  i«  oenfecht  uili  ocus  arn- 
bantoesech  rempo  sca;/dlach  do  thôcbail  a;/-nochta  ocus  an  nâre  dô.  Tan- 
catar  i;Hmach  iii  ban-maccrad  uile  ocus  tuargbatar  a?i-nochta  ocus  a«-nâre 
uile  dô.  Foilgid  in  mac  a-gnûis  forru  ocus  dobretha  a-dreich  fri-sin-carpa/  ar 
na  acced  nochta  no  nàre  na  w-ban  2. 

M.  Zimmer,  dans  une  revue  juridique  allemande,  voulant  apprendre  aux 
modernes  émules  d'Hypéride  combien  la  cour  de  Conchobar  était  immorale 
et  avait  perdu  le  plus  élémentaire  sentiment  de  la  pudeur,  cite  ce  passage  et 
le  résume  ainsi  :  Die  Kônigin  mit  dem  zuciblichen  Hofstaat  entgcgen  mit  ent- 
hlôssteii  Brilsten  und  hochgchohenen  Rocken  dass  die  Scham  sichthar  war  3.  Cette 
analyse  est  exacte,  mais  le  passage  dont  les  huit  derniers  mots  de  cette  ana- 
lyse nous  donnent  le  sens  général  est  une  interpolation.  Or,  c'est  le  texte 
interpolé  que  M.  St.  O'Grady  reproduit  avec  divers  développements  de  son 
cru,  p.  159,  160  de  son  livre.  Cette  façon  de  vulgariser  la  vieille  littérature 
irlandaise  ne  peut  passer  sans  protestation. 

Les  compositions  épiques  des  Irlandais  payens  sont  des  oeuvres  d'une 
moralité  médiocre,  mais  on  est  injuste  envers  elles  quand,  ayant  entre  les 
mains  une  rédaction  authentique,  on  lui  préfère  une  version  altérée  par  un 
ennemi,  et  quand  ainsi  on  attribue  au  vieil  auteur  anonyme  un  tableau  dont 
l'impudique  crudité  aurait  été  de  tout  temps  révoltante  4. 

1.  De  hello  Gallico,  1.  VII,  c.  47,  §  5. 

2.  Livre  de  Leinster,  p.  67,  col.  2,  1.  36-43. 

3.  Zeilschrijt  der  Savigny  Stiftung  fiir  Rechtsgeschichte,  t.  XV,  1894, 
p.  239. 

4  Outre  le  texte  précité.  M.  Zimmer  renvoie  à  un  passage  du  Mesca 
Ulad,  publié  par  Hennessy,  Todd  Lectures  Séries,  t.  I,  partiel,  p.  52  :  Tiscaid 
Riches  a  ctach  di  fiad  Choinculainn,  mais  il  s'agit  ici  d'une  femme  seule,  d'une 
vieille  femme,  nourrice  du  guerrier  Crimthan  que  le  héros  Cûchulainn  allait 
tuer  et  dont  elle  voulait  sauver  la  vie.  Une  pierre  adroitement  lancée  dé- 
barrassa de  Riches  Cûchulainn  d'abord  réduit  à  baisser  les  yeux  pour  éviter 
de  la  voir.  Chez  Plutarque,  De  inulicruni  virtutihus,  19.  Béllérophon  est 
moins  heureux  et  les  femmes  lyciennes  le  mettent  en  fuite  par  le  procédé 
qui  coûta  la  vie  à  Riches  :  al  yjvaîy.Eç,  âvaa'jpa[i.£va'.  xoùç  y  ixcoviaxouç,  aTirjv- 
■cr]aav  aùtfo-  T.i\iv  oùv  u;c'  aicjyuvr];  àvay fopoû'vTO;  6:ï((J(o.  A  la  vue  de  ces 
femmes  les  flots  eux-mêmes  de  la  mer  reculèrent  épouvantés  :  -/.al  tô  •/.■j[jia 
Xc'ysxa'.  auv'JTToy copiera'..  Pour  raconter  cette  anecdote  mythologique,  Plu- 
tarque évite  les  expressions  brutales  dont  s'est  servi  l'interpolateur  du  Tdin 
hô  Cûaihige  et  fait  par  là,  ce  nous  semble,  acte  de  bon  goût.  Sur  l'acte  des 


246  Chronique. 


IL 

Brendaniana,  5t  Breudan  the  Voyager  in  Story  and  Legend,  par  Denis 
O'Donoghue,  curé  de  la  paroisse  catholique  d'Adfert,  en  Irlande,  est, 
comme  le  précédent  ouvrage,  un  livre  de  vulgarisation. 

Saint  Brendan  est  le  patron  de  l'église  cathédrale  d'Adfert,  en  ruines  et 
abandonnée  depuis  1641,  aujourd'hui  propriété  nationale  et  monument  his- 
torique. Après  une  description  et  une  histoire  de  cet  édifice  viennent  deux 
morceaux.  Le  premier  est  la  première  moitié  du  sermon  sur  saint  Brendan 
contenu  dans  le  célèbre  Livre  de  Lismore  et  publié  en  1890  par  M.  Whitley 
Stokes,  Anecdota  oxoniensia,  Lives  of  Saints  froni  the  Book  of  Lismore, 
p.  99-116,  avec  une  traduction,  p.  247-261.  M.  O'Donoghue  donne  le  texte 
irlandais  et  met  en  regard  la  traduction  anglaise.  A  la  suite  il  a  placé  la  tra- 
duction anglaise  du  texte  latin  de  la  Navigatio  ou  Peregrinaîio  sancti  Eren- 
dani,  document  connu  en  France  par  :  la  publication  de  A.  Jubinal,  La  lé- 
gende latine  de  S.  Brandaines,  Paris,  1836;  De  Goeje,  La  Légende  de  saint 
Brendan,  Leyde,  1890;  un  article  de  M.  César  Boser,  dans  la  Roinania, 
t.  XXn,  1893,  p.  578-590;  en  Allemagne  par:  le  livre  du  docteur  Cari 
Schrôder,  5.  Brandan.  Ein  lateinischer  itnd  drei  deiitsche  Texte,  Erlangen, 
187 1;  la  thèse  de  Gustav  Schirmer,  Ziir  Brendanus- Légende,  présentée  à 
l'Université  de  Leipzig  en  1888;  deux  articles  de  M.  Zimmer,  Zeitsclirift 
fiïr  deutsches  Altertum,  t.  XXXlll,  1888,  etc.  ;  en  Irlande  par  le  livre  que  le 
cardinal  Moran  a  intitulé  Acta  sancti  Brendani,  \%J2,  «  the  most  valuable 
and  the  most  accessible  repertory  we  hâve  of  matters  Brendanian  »  dit 
M.  O'Donoghue.  J'avoue  à  ma  honte  ne  pas  connaître  ce  recueil  dont 
l'auteur  aurait  consulté  pour  la  Navigatio  un  ms.  du  ix^  siècle  conservé  au 
Vatican,  tandis  que  Jubinal  s'est  contenté  de  mss.  du  xi*  et  du  xii=  que  pos- 
sède la  Bibliothèque  nationale  de  Paris,  et  M.  Cari  Schroeder  de  deux  mss  , 
l'un  de  Leipzig,  xii<^  siècle,  l'autre  de  Wolfenbuttel,  xV  siècle.  Si  la  publi- 
cation de  M.  O'Donoghue  a  quelque  valeur,  elle  doit  cette  valeur  aux  notes 
nombreuses  dont  les  deux  textes  sont  accompagnés  et  dont  je  ne  suis  guère 
à  même  de  contrôler  le  mérite.  Sa  préface  est  datée  de  la  fête  de  saint 
Brendan  [16  mai]  1893. 

III. 

A  la  même  année  remonte  un  livre  dont  nous  avons  parlé  dans  notre 
précédente  livraison,  p.  123,  d'après  la  Scotlish  Revieiu.  il  est  intitulé:  A 
Garland  o/Gaelic  Sélections.  BLiitbfhleasg  de  Mhilseâinibh  na  Gaoidhelge.  C'est 
un  recueil  de  morceaux  irlandais  modernes.  Les  aventures  de  Turlough, 

femmes  lyciennes,  au  point  de  vuede  la  sorcellerie,  voir  un  article  deRapp 
chez  Roscher,  Atisfilbrliches  Lexicon  der  griechiscljcn  tind  rômischen  Mytliologie, 
t.  I,  col.  771,  1.  61-64.  Mais  au  temps  de  Néron,  ce  geste  magique  avait 
perdu  sa  puissance,  témoin  Agrippine:  protendens  utuiini:  «  Ventrein  jeri  », 
excîamavitj  multisque  vulnerihus  confecta  est  (Tacite,  An)iales,  XIV,  8). 


Chronique.  247 

fils  de  Starn,  et  celles  de  ses  trois  fils,  par  Michel  Comyn  (auteur  d'Oisin 
dans  la  Terre  des  Jeunes)  qui  mourut  à  la  fin  du  siècle  dernier,  les  aven- 
tures d'Eochaid  Becc  le  rouge  qui  sont  un  peu  plus  anciennes,  un  poème  en 
l'honneur  de  William  Smith  O'Brien  (Uilliam  Gaibhnean  O'Briain)  le 
grand  agitateur  irlandais  mort  en  1864,  etc.  Les  textes  irlandais  ne  sont  pas 
accompagnés  de  traductions. 

IV. 

A  côté  de  ces  volumes  verts  qui  viennent  d'Irlande,  j'en  trouve  sur  ma 
table  un  autre  qui  est  vêtu  de  gris  jaune;  il  est  édité  par  la  librairie  David 
Nutt  de  Londres  ;  et  il  est  écossais  d'origine,  c'est  le  t.  V  des  IFaifs  and 
Strays  of  Cdtic  Tradition  «  Epaves  de  la  tradition  celtique  »,  publication 
entreprise  et  dirigée  par  lord  Archibald  Campbell.  Série  du  comté  d'Argyll. 
Ce  volume  contient  un  recueil  de  morceaux  réunis  par  feu  le  Rév.  John 
Gregorson  Campbell,  pasteur  de  la  paroisse  de  Tirée,  une  île  comprise  dans 
les  Hébrides  méridionales,  comté  d'Argyll.  En  tête  du  volume  est  une  in- 
troduction écrite  par  le  savant  folkloriste  M.  Alfred  Nutt;  elle  raconte  la 
vie  et  les  travaux  de  John  Gregorson  Campbell.  Viennent  ensuite  ceux  de 
ces  travaux  qui  ont  été  considérés  comme  dignes  d'être  imprimés.  Trois 
d'entre  eux  sont  des  textes  gaéliques  recueillis  par  l'auteur  et  accompagnés 
par  lui  de  traductions  :  1°  Lochbuie  et  ses  deux  bergers,  p.  32-41  ;  2°  His- 
toire de  Mademoiselle  Pin-Noir,  fille  du  roi  de  Norvège  ;  on  y  apprend  par 
quel  moyen  elle  fit  sécher  les  bois  de  Loch  Aber,  p.  101-107;  30  Histoire 
d'O'Neil  où  l'on  voit  comment  il  lui  vint  des  cheveux  sur  la  tête,  p.  108- 
113.  Ce  volume,  très  amusant  à  lire,  se  termine  par  un  recueil  de  fables  où 
le  rôle  du  renard  n'est  pas  oublié. 


Après  l'Irlande  et  l'Ecosse,  le  pays  de  Galles.  Dans  la  précédente  livraison, 
j'ai  parlé  beaucoup  trop  brièvement,  p.  106,  de  la  récente  publication  de 
M.  J.  Morris  Jones,  avec  le  concours  de  M.  J.  Rhys,  son  maître  :  Anec- 
dota  Oxoniensia.  The Elucidariwn  and  other  Tracts  inlVelsh froni'Li.yvYR  agkyr 
Llandewivrevi  (Livre  de  l'anachorète  de  Llan-dewivrevi),  A.  D.  1346 
(Jésus  Collège,  MS.  119).  Jedois  à  l'obligeante  confraternité  de  M.  H.  Zim- 
mer  le  tirage  à  part  du  très  savant  article  qu'il  a  consacré  à  ce  volume  dans 
les  Gôttingische  gekhrte  An:(eigen,  n°  i  de  1895.  Je  ne  puis  me  dispenser  de 
revenir  sur  le  même  sujet  en  utilisant  à  mon  profit  le  travail  de  M.  Zimmer, 
mais  sans  me  croire  obligé  d'en  adopter  toutes  les  conclusions. 

Pour  être  compris  des  lecteurs  de  la  Revue  Celtique,  il  faut  que  je  re- 
vienne sur  une  publication  dont  M.  G.  Paris  a  déjà  rendu  compte  ici 
même,  t.  XIV,  p.  338-341. 

Le  tome  II  des  Sélections  front  the  Hcugwrt  Mss.  preserved  in  the  Peniarth 
lihrary,  commencé  par  le  Rév.  Robert  Williams,  chanoine  de  Saint-Asaph, 
et  terminé  en  1892  par  le  Rév.  G.  Hartwell  Jones,  professeur  de  latin  au 
Collège  de  l'Université  à  Cardifl",  contient,  à  partir  de  la  page  189,  un  re- 
cueil de  morceaux  religieux  gallois.  Ce  volume  n'ayant  pas  de  table,  quel- 


248  Chronique. 

ques  personnes  pourront  trouver  commode  celle  que  nous  avons  dressée. 
Nous  laissons  de  côté  les  deux  premiers  textes  publiés  dans  ce  volume  et 
qui  ne  rentrent  pas  dans  notre  sujet,  ce  sont  :  «  Les  Gestes  de  Charle- 
magne  «  et  «  Bovon  d'Hanstone  ».  Nous  plaçons  un  astérisque  en  tête  du 
numéro  d'ordre  des  morceaux  qui  se  trouvent  également  dans  le  livre  de 
MM.  Morris  Jones  et  J.  Rhys. 

PAGES  OU   COMMENCENT 

TITRES  DES  MORCEAUX  RELIGIEUX — — -   ^  .^ -_ 

le  texte       la  traduction       les  note  s 

10  Purgatoire  de  saint  Patrice  1 189  566  747 

2°  Vie  de  la  vierge  Marie  [et  enfance  du 
Christ]  ou  évangile  apocryphe  de 
saint  Mathieu,  Pscudo-Matthaei  evan- 

gdiiim^ 212  582  748 

*3o  Les  sept  péchés  mortels 237  600  749 

40  L'évangile  de  Nicodème  ou  plus  exacte- 
ment légende  du  bois  de  la  croix  de- 
puis Adam  jusqu'à  Salomon  5.      .     .       243  604  749 

50  La  messe  de  la  croix  ou  du  vendredi 
saint,  récit  de  la  Passion  suivant  saint 
Mathieu   et  de  la  découverte  de  la 


1.  Aux  indication  bibliographiques  données  sur  ce  document  par  M.  G. 
Hartwell  Jones,  p.  747,  on  peut  ajouter  celle-ci  ;  la  bibliothèque  bleue  im- 
primée à  Troyes,  chez  Garnier,  comprend  une  Histoire  de  la  vie  et  du  pur- 
gatoire de  S.  Patrice,  archevêque  et  primat  d'Hyhernie,  mise  en  françois  par  le 
R.  P.  François  Bouillon,  de  l'ordre  de  S.  François  et  bachelier  en  théo- 
logie, nouvelle  édition,  revue  et  corrigée,  sans  date,  in-i6,  191  pages. 
L'approbation  est  datée  de  1642,  la  permission  du  roi  de  1735.  Voir  aussi 
un  article  de  M.  Ga'idoz,  Revue  critique,  1869,  premier  trimestre,  p.  254-256. 
Une  traduction  en  français  du  Purgatoire  de  saint  Patrice  a  été  signalée  dans 
un  ms.  du  xiii'^  siècle.  Bibliothèque  nationale,  Fr.  13496,  fo  298,  Rouiania, 
VII,  163;  bien  d'autres  ont  été  indiquées  depuis  par  M.  Paul  Meyer  dans  le 
même  périodique,  t.  XVII  (1888),  p.  382.  Sur  la  traduction  anglaise,  cf. 
H.  Paul,  Gruudriss  der  germanischen  Philologie,  II,  i,  633. 

2.  Tischendorf,  Evatigelia  apocrypha,  2"  édition,  p.  51-110,  où  se  trouve 
le  texte  latin.  Une  traduction  en  français  par  M.  G.  Brunet  se  trouve  chez 
Migne,  Dictionnaire  des  Apocryphes,  t.  I,  col.  1059-1088. 

3 .  Jean  de  Beleth,  Rationak  divlnoruni  officioruni,  cap.  CLI,  De  e.xalta- 
tione  crucis,  Migne,  Patrologia  latina,  t.  202,  col.  153  B.  G.  Jacques  de 
Voragine,  Légende  dorée,  commence  par  le  même  récit  le  chapitre  consacré 
à  l'Invention  de  la  Sainte  Croix,  et  il  dit  tirer  ce  récit  de  l'évangile  de  Ni- 
codème. Comparez  la  rédaction  abrégée  que  donne  M.  G.  Brunet  du 
Voyage  de  Seth  au  Paradis  terrestre,  Migne,  Dictionnaire  des  Apocryphes,  t.  I, 
col.  387-390.  Le  travail  fondamental  sur  ce  sujet  est  celui  de  Wilhclm 
Meyer  (aus  Speyer)  :  Die  Geschichte  des  Kreu\hol:{es  vor  Christiis  dans  les 
Ahandlungen  der  Kôn.  Bayer.  Akademie  der  IVissenschaJten,  classe  de  phil. 
et  d'histoire,  vol.  XVI(Mùnchen,  1882),  p.  103-166.  Cf.  Romania,  XV,  326. 


Chronique.  249 

PAGES  OU  COMMENCENT 

TITRES  DES  MORCEAUX  RELIGIEUX ^    .   ^^    ■   — 

le  texte      la  traduction      les  notes 

croix  de  J.-C,  par  Hélène,  mère  de 

Constantin 250  610  750 

6°  Histoire  de  Ponce-Pilate 267  620  751 

70  Histoire  de  Judas 271  624  751 

8°  Signes  précurseurs  du  jugement  dernier.  274  627  751 

90  Prophétie  de  la  sage  sibylle 276  628  752 

*  10°  Vision  de  l'apôtre  Paul 284  635  752 

*  11°  Explication  de  l'oraison  dominicale.      .  291  639  753 

*  120  Utilité  d'entendre  la  messe 295  642  753 

130  Utilité  de  voir  le  corps  du  Christ.    .     .  296  643  753 

*■  140  Annonciation  de  l'ange    Gabriel   à   la 

Vierge 296  643  753 

*  150  Début  de  l'évangile  de  saint  Jean.     .     .  297  644  753 

160  Les  sept  sages  de  Rome  1 301  647  753 

170  L'huile  bénite 324  663  755 

*i8o  Le  pays  du  prêtre  Jean 327  665  755 

*  190  L'empereur  Adrien  et  Ipotis  ou  l'enfant 

sage 335  670  756 

*  20°  Comment  le  Père,  le  Fils  et  l'Esprit  saint 

ne  font  qu'un  Dieu  ou  le  Credo  de 

saint  Athanase 346  677  757 

*2io  Ehicidarium 349  679  757 

*22o  Nourriture  de  l'âme  o;<  Sainte  vie.    .     .  430  730  759 

La  façon  dont  Robert  Williams  a  établi  son  texte  est  peu  clairement  in- 
diquée et  les  mss.  Hengurt,  autrement  dit  de  la  bibliothèque  de  Peniarth, 
dont  il  s'est  servi,  sont  tous  plus  récents  que  le  «  Livre  de  l'Anachorète  », 
Llyvyr  yr  agkyr;  quelques-uns  même  sont  postérieurs  de  trois  siècles.  Cette 
circonstance  suffirait  à  elle  seule  pour  motiver  la  publication  par  MM.  Rhys 
et  Morris  Jones  de  ce  précieux  ms.  où  sont  contenus  les  onze  morceaux 
mentionnés  dans  la  liste  ci-dessus  sous  les  numéros  3,  10,  11,  12,  14,  15, 
18,  19,  20,  21,  22,  plus  trois  autres  morceaux  qui  font  défaut  aux  Sélections 
from  Hengwrt  mss.,  savoir  :  1°  le  «  Trépas  de  la  Vierge  »  dont  on  n'avait 
jusqu'ici  publié  aucune  traduction  galloise,  2°  et  3°  les  vies  galloises  de  saint 
David  et  de  saint  Beuno,  déjà  éditées,  l'une  d'après  le  ms.  Titus  D.XXIL 
de  la  Bibliothèque  Cottonienne  au  Musée  Britannique,  l'autre  d'après  un 
ms.  du  comte  de  Macclesfield,  par  Rees,  Lives  of  Camhro-hritish  Saints, 
p.  102-116  et  p.  13-21,  avectraductions  anglaises,  p.  402-417  et  p.  299-308. 

1 .  «  Deux  rédactions  du  roman  des  sept  sages  de  Rome  »  ont  été  pu- 
bliées par  M.  Gaston  Paris  en  1876  dans  la  collection  éditée  par  la  Société 
des  Anciens  Textes  Français.  Voir  aussi  dans  le  Bulletin  de  la  Société  des 
Anciens  Textes  Français,  année  1894,  no  i,  p.  38-43,  une  notice  de 
M.  P.  Meyer. 


2^0.  Chronique. 

M.  Morris  Jones  s'est  attaché  à  reproduire  aussi  rigoureusement  que  pos- 
sible le  texte  du  ms.,  sans  nous  faire  grâce  d'une  rature,  d'une  majuscule, 
en  notant  d'une  façon  spéciale  les  mots  douteux,  etc.,  etc. 

Voici  la  liste  des  pièces  publiées  par  M.  Morris  Jones  : 

1°  UEhicidarium  attribué  à  Honorius  d'Autun  (no  21  delà  liste  précé- 
dente). Au  sujet  de  ce  traité  on  peut  consulter  Karl  Schorbach:  Studien  iïher 
das  deutsche  Volksbuch  Lucidarius,  iiad  seine  Bearheitungen  infremden  Spracheii, 
Strasbourg,  Trùbner,  1894.  M.  Karl  Schorbach  n'a  pas  connu  l'édition 
du  texte  gallois  donnée  dans  les  Sélections  Jroui  Heng-wrt  MSS.  ;  on  peut  le 
constater  aux  pages  248-249.  Il  considère  comme  certaine  l'attribution  de 
l'ouvrage  latin  à  Honorius  d'Autun  et  croit  en  avoir  découvert  la  preuve  dans 
un  passage  de  V Hexaemeron  non  cité  jusqu'ici,  croit-il,  et  dont  il  résulte  que 
VHexaenieron  et  VElucidariiun  sont  du  même  auteur;  mais,  comme  M.  Hau- 
réau  me  le  fait  observer,  rien  ne  prouve  que  VHexaenieron  ait  été  composé 
par  Honorius  d'Autun,  et  d'ailleurs  le  passage  mis  en  vedette  par  M.  K.  Schor- 
bach a  été  cité  avant  lui  dans  V Histoire  littéraire,  t.  XII,  p.  172.  Du  reste, 
le  travail  de  M.  K.  Schorbach  peut  être  étudié  avec  fruit. 

2°  Le  trépas  de  Marie,  Transitas  heatae  Marine,  dont  la  rédaction  latine 
réimprimée  en  appendice  par  M.  Morris  Jones,  a  déjà  été  publié  en  notre 
siècle  par  Tischendorf,  Apocalypses  apocrypliae,  1866,  p.  11 3-1 36,  et  plus 
anciennement  au  xvi';  et  au  xviie  siècle,  notamment  dans  la  Maxim  a 
Bibliotheca  veterum  patriim  et  antiquoriini  scriptonnn  ecclesiasticonim,  édi- 
tion de  Lyon,  1677,  t.  II,  pars  11,  p.  212-216.  Une  traduction  française  du 
texte  latin  se  trouve  dans  V Encyclopédie  théologique  de  Migne,  Dictionnaire 
des  Apocryphes,  t.  II,  1858,  col.  587-598.  Il  existe  de  ce  document  un  ar- 
rangement breton  :  Trenienvan  an  ytron  guerches  Maria  publié  en  1 879  par 
M.  de  La  Villemarqué,  Poèmes  bretons  du  Moyen- Age,  p.  2-73,  avec  une  tra- 
duction française  en  regard  et  des  observations  critiques,  p.  123-154.  Le 
titre  gallois  est  Y-ntod  aeth  Meir  y-nef  «  Comment  Marie  alla  au  ciel  ». 

3°  «  La  sainte  vie  »,  Kyssegyrlan  Uiiched  édité  avec  le  titre  de  «  Nour- 
riture de  l'âme,  »  Ymborthyr  enait,  dans  la  liste  précédemment  citée  no  22. 

40  50  Vies  de  saint  Dewi  et  de  saint  Beuno  dont  nous  avons  déjà  parlé. 

6°  L'empereur  Adrien  et  Ipotis  ou  L'Enfant  sage,  n°  19  de  la  liste  précé- 
dente. Pour  la  bibliographie,  consulter  Gôttingische  gelehrte  An:(eigui,  1895, 
p.  55  et  suiv.,  et  Roniania,  XXII,  88.  Il  existe  un  arrangement  breton  de  ce 
morceau  :  «  L'enfant  sage  de  trois  ans.  Questions  que  lui  adressa  l'empe- 
reur Constantin  et  réponses  qu'il  lui  fit  ;  traduction  nouvelle  en  breton  par 
Me  G.  Duboishardy,  prêtre.  Quatrième  édition  augmentée  et  corrigée  à 
nouveau  par  A.  Lédan.  Morlaix,  chezLédan,  rue  du  Pavé.  »  Ar  biiguel  fur  da 
dri  hloai-  Ar  goulennou  a  eure  outan  an  impalaer  Constantin  hac  ar  responchou 
a  eure  de\an,  laqet  e  breionec  a  neve^gant  noblha  discret  M^  G.  Duboishardy, 
beleg  ;  pêvarvet  édition  cresqet  ha  corriget  a  neve:^  gant  A.  Léd.^n.  E  Mont- 
roulez  e  ty  Lédan,  ru  ar  Pave,  in-i6,  31  pages. 

70  Credo  de  saint  Athanase,  no  20  de  la  liste  précédente. 

8°  Comment  l'homme  doit  croire  en  Dieu,  ou  les  sept  péchés  capitaux, 
no  3  de  la  liste  précédente. 


chronique .  251 

90  Explication  de  l'oraison  dominicale  d'après  Hugues  de  Saint-Victor. 
Le  texte  latin  a  été  publié  dans  la  PatroJogia  Jatnia  de  Migne,  t.  175,  col,  774- 
789.  C'est  le  no  1 1  de  la  liste  précédente. 

10°  Utilité  d'entendre  la  messe,  n°  12  de  la  liste  précédente. 

12°  Vision  de  l'apôtre  Paul,  avec  reproduction  en  appendix  du  texte  latin 
d'après  le  ms.  deMerton  Collège,  no  15.  M.  H.  Brandes  a  publié  en  1885,  à 
Halle  :  Visio  S  Pauli.  Ein  Beitràge  \ur  Visionslitteratitr  mit  eineiii  detitschen 
und  iwei  latcinischen  Texten.  Une  version  anglaise  a  été  éditée  par  M.  Horst- 
mann  d'après  le  ms.  Laud  108  {Archiv  fur  das  Studium  derneueren  Sprachen, 
t.  LU,  p.  33-38).  Cf.  Paul,  Griindriss,  t.  II,  i,  p.  619,  638  ;  Romania,  VI,  11  ; 
VII,  473  ;  XX,  17;  Karl  Kraus,  Deutsche  Gedichte  der  i^ivôJJten  lahrhunderts , 
p.  38-41,  187-197.  C'est  le  no  10  de  la  liste  précédente. 

120  De  l'observation  du  dimanche,  fin  de  la  Vision  de  l'apôtre  Paul, 
même  no  de  la  liste  précédente. 

130  Annonciation  de  l'Ange  Gabriel  à  la  Vierge  Marie,  traduction  de 
l'Evangile  de  saint  Luc,  I,  26-38,  no  14  de  la  liste  précédente. 

140  Début  de  l'évangile  de  saint  Jean,  I,  1-14,  no  15  de  la  liste  précé- 
dente. 

150  La  Trinité  en  un  dieu,  fin  du  no  15  de  la  liste  précédente. 

160  Le  pays  du  Prêtre  Jean,  no  18  de  la  liste  précédente.  M.  Morris 
Jones  a  réimprimé  le  texte  latin  d'après  une  édition  de  l'année  1499  qu. 
n'est  pas  indiquée  par  Brunet,  Manuel  du  Libraire,  t.  III,  col.  546  :  Brunet, 
en  cet  endroit,  mentionne  trois  éditions  qui  paraissent  du  xv^  siècle,  mais 
qui  sont  sans  date  imprimée.  Ceux  qui  veulent  avoir  une  bonne  biblio- 
graphie du  sujet  doivent  lire  un  article  de  M.  P.  Meyer,  Notices  et  extraits 
des  viss.,  t.  XXXIV,  i^e  partie,  p.  228  et  suivantes. 

La  publication  de  M.  Morris  Jones  n'est  pas  une  édition,  c'est  la  repro- 
duction d'un  manuscrit,  mais  ce  ms.  ofi"re  un  texte  sur  bien  des  points  su- 
périeur à  l'édition  de  WiUiams.  Voici  quelques  exemples: 


Williams  Pt.  V. 


286, 


3  mor^rj'nmon 
(Le  pi.  moriuyuion  est  mo- 
derne et  mauvais) 
286,  24  divar     (mauvaise    [lecture 
pour  diôeir) 

286,  36  ddygyivydd 

287,  I  giiawd 

287,  23  pannyt    (mauvaise    lecture 

pour  pannyô) 
290,   36  yny  beriii,  mauvaise  lecture 

pour 
24  Sefyiit  y  seith  hyiinv.  gogoleit 


153, 


Llyfr  yr  Ancr. 
17  morynyon 


154,     3  di6eir 


291, 

294, 
297, 


23  amprydyazu 

23  Ihuiyeu  («  peintures  ») 


154, 

12  dygwydho 

154, 

1 5  gnawt 

155, 

I  pann  y6 

IS8, 

28  yny  6erin 

i47> 

12  Sef  ynt   y    seith   hynny, 

gogelent 

150, 

6  vnprydyaw 

160, 

4  llinyev  («  lignes  ») 

U' 


252 


chronique. 


Jf  iliiams  Pt.  V. 

Llyr  yr  Aner 

298, 

1 5  Uwyxcha,  moderne  et  mau- 

vais pour 

160, 

25  lewycha 

298, 

24  ddm  hen  ddyn  («  deux  vieux 

161, 

6  dev  hendyn  («  deux  vieilles 

hommes  ») 

personnes  ») 

298, 

26  y  vaneg 

161, 

8  yvenegi 

299, 

1 1  a  aner  0  rat  yr  yspryt  glan 

161, 

26  a  enir  orat  yr  yspryt  glan 

299> 

23  yr  holl  roddeu  («  tous   les 

162, 

3  yr  holl  radeu  («  toutes  les 

dons  ))) 

grâces  ») 

(Le  pi.  de  rhodd  est  rhod- 

dion) 

23^, 

31  curyfedd,  lisez 

170, 

15  enryfed 

236, 

26  Uewynhu 

129, 

3  a  lewycha 

Cette  pièce  chezWilliams 
est  pleine  d'expressions  mo- 
•  dernes.  Cf.  p.  358,  i,  enaid 
pour  eneit  ;  hendicodd  |pour 
hmdigawd,  etc. 
239,   12  na  wneler  rinyeu  ar  swyneii ,       142, 
nachyvarwydoii,  nasuiyn- 
neu.  Le  copiste  n'a  pas 
compris  le   sens  de  ar- 
sangheii . 
239,  20  a  warho  142, 

239,  22  y  triigared  142, 

240,  5  da  chaxxarnnhao  dyn  gwQlQt       143, 

triuy  dug. 

«  Il  ne  jurera  pas  qu'il 
l'aurait  vu  » 

240,  20  hoffder  («  plaisir  »)  143, 

241,  21  medycynaetJni  145, 
241,  24  aggiienn  145, 


20  na  wneler  rinyev.  nac  ar- 
sanghev,  na  chyfuarby- 
donn.  na  swynev. 


27  aéahardho 

28  y  drugared 

1 5  na  chadarnnhao  dyn  kelwyd 
trwy  twng 

«  Il  ne  confirmera  point 
un  mensonge  par  un  ser- 
ment » 
30  hofl:ed  («  vanterie  ») 
I  medyginaethu 
4  anghenn 


VI. 

L'infatigable  M.  Salomon  Reinach  vient  de  publier  la  traduction  d'un 
ouvrage  de  M.  Oscar  Montelius,  Les  temps  préhistoriques  en  Suède  et  dans  tes 
autres  pays  Scandinaves  '.  Voici  les  divisions  de  ce  livre  dont  le  savant  tra- 
ducteur a  négligé  de  nous  donner  le  tableau,  pensant  que  son  copieux  et  très 
commode  index  alphabétique  devait  suffire. 


I.  Paris,  Leroux,  1895,  in-8,  552  pages,  427  figures  intercalées  dans  le 
texte,  et  vingt  planches. 


Chronique.  253 

Age  de  la  pierre  jusau'AU  xviie  siècle  avant  J.-C.  — P.  7-55, 

PLANCHES  I-VI. 


Pierre  taillée,  p.     8,  Période 

I, 

Planche    I. 

—                            — 

2, 

—       II. 

Pierre   polie,  p.  11,      — 

I, 

—        III. 

—                          — 

2, 

—        IV. 

—                          — 

3i 

—        V. 

—                          — 

4, 

—        VI. 

II.  Age  du  bronze  de  1700  a  500  environ  avant  J.-C.  —  P.  54-139, 

PLANCHES  VII-XII. 

Période  i,   1700-1450,  Planche  VII. 

—  2,  1450-1250,       —       VIII. 

—  3,  1250-1050,       —       IX.  < 

—  4,   1050-850,         —       X. 

—  5,     850-650,         —       XI. 

—  6,     650-500,         —       XII. 

III.  Age  du  fer  de  l'an  500  environ  avant  J.-C.  jusqu'à  la  seconde 

moitié  du  onzième  siècle  après  J.-C.  —  P.  140-313,  planches 
XIII-XX. 

A.  Premier  âge  du  fer  ou  époque  pré-romaine,  de  '^00  av.  J.-C.  à 
l'ère  chrétienne,  p.  142-IS2,  Planches  XIII-XF. 

Période  i,   500-300  av.  J.-C,  Planche  XIII. 

—  2,  300-150         —  —       XIV. 

—  3,   150-     i         —  —       XV. 

B.  Deuxième  âge  du  fer  ou  époque  de  l'influence  romaine,  du  commen- 
cement de  l'ère  chrétienne  au  commencement  du  cinquième  siècle  après  /.- 
C.,p.  IS2-IÇ6,  Planches  XVI,  XVII. 

Période  4,  Premier  et  deuxième  siècles  de  notre  ère,  planche  XVI. 

—  3,  de  l'an  200  à  l'an  400  de  notre  ère,  planche  XVII. 

C.  Troisième  âge  du  fer,  du  commencement  du  cinquième  siècle  au 
commencement  du  neuvième,  p.  iç)G-22$,  Planches  XVIII  et  XIX. 

Période  6,  de  l'an  400  à  l'an  600  de  notre  ère,  planche  XVIII. 

—  7,  de  l'an  600  à  l'an  800  de  notre  ère,  planche  XIX. 

D.  Quatrième  âge  du  fer,  du  commencement  du  neuvième  siècle  au  mi- 
lieu du  onzième,  époque  des  Vikings,  p.  22^-pj. 

Période  8,  800-850,  planche  XX. 

Les  Celtes  n'ont  jamais  habité  la  Suède  ni  les  autres  pays  Scandinaves, 
l'Islande  excepté.  Mais  il  a  existé  un  art  septentrional  qu'on  peut  appeler 
celto-germanique  qui  s'oppose  en  Europe  à  l'art  gréco-romain  du  raidi. 
C'est  un  sujet  d'étude  fort  intéressant,  auquel  le  livre  de  M.  Montelius  offre 
une  importante  contribution.  Je  ne  hasarderai  qu'une  critique,  les  dates 
précises  qu'indique  M.  MonteUus  me  semblent  un  peu  hardies. 

Revue  Celtique,  XVI.  18 


2  $4  Chronique. 


VII. 

La  Société  d'histoire  et  delà  science  de  l'antiquité,  Verein  fur  Geschichte 
und  Aîterihumskunde,  a  tenu  à  Francfort-sur-le-Main,  le  24  juin  dernier,  une 
assemblée  où  M.  Martin  May  a  fait  une  lecture  sur  la  part  des  Celto-Ger- 
raains  dans  la  civilisation  européenne  pendant  les  temps  antiques.  Il  débute 
en  opposant  à  la  civilisation  des  Grecs  et  des  Romains  celle  des  Barbares, 
c'est-à-dire  des  Celto-Germains.  Mais  il  mêle  à  cette  exposition  bien  des 
théories  hasardées.  Ainsi  Elien,  Variae  historiae,  IX,  16,  rapporte  que  les 
premiers  habitants  de  l'Italie  furent  les  Ausones  dont  le  plus  ancien  s'ap- 
pela Mares  et  était  homme  par  devant,  cheval  par  derrière.  M.  May,  p.  5, 
croit  reconnaître  dans  Mares  un  dérivé  du  gaulois  marca,  marco-  «  cheval-», 
en  germanique  inarh,  inarha,  mais  il  faut  pour  cela  suppléer  arbitrairement 
dans  le  Mares  d'Elien  une  gutturale  qui  manque  entre  IV  et  Vè.  Plus  loin, 
p.  II,  M.  May  avance  que  l'étrusque  et  l'ombrien  sont  des  langues  celto- 
germaniques,  mères  du  latin  ;  c'est  une  doctrine  un  peu  hardie  que  peu  de 
linguistes,  je  crois,  partageront,  et  contre  laquelle  en  tout  cas  je  proteste. 

VIII. 

Je  ne  dirai  pas  qu'il  y  ait  plus  de  sens  critique  dans  le  livre  de  M.  Emile 
Petitot  intitulé  :  Origines  et  Migration  des  peuples  de  la  Gaule  jusqu'à  Y  avè- 
nement des  Francs,  Paris,  Maisonneuve,  1894,  in-8,  716  pages.  L'auteur  est 
un  ancien  missionnaire  arctique,  comme  il  le  dit  lui-même,  et  dans  une  cure 
de  village,  à  Mareuil-les-Meaux,  il  se  repose  des  fatigues  septentrionales  que 
lui  ont  causées  jadis  ses  paroissiens  sauvages;  en  même  temps,  pour  ne  pas 
rester  actuellement  oisif  au  milieu  de  Findifïérence  des  paroissiens  français, 
il  lit.  Il  a  lu  Strabon  dans  la  traduction  Tardieu,  il  a  lu  les  traductions 
jointes  aux  textes  antiques  par  Cougny,  Extraits  des  auteurs  grecs.  Il  a  con- 
sulté Macrobe,  Cicéron,  Virgile,  Tacite,  Festus,  Pline  le  Naturaliste,  Tite- 
Live,  Silius  Italicus,  Servius,  Amraien  Marcellin,  Justin,  Claudien,  Solin, 
Aurelius  Victor.  Sur  l'origine  du  nom  des  Celtes,  il  connaît  les  opinions  de 
Leibniz,  de  L.-F.  Jehan,  de  Bergmann,  de  Boulanger,  du  P.  de  Rostrenen, 
de  D.  Le  Pelletier,  de  Mezeray,  de  Schoepfiin,  de  Valentin  Smith,  de 
Charles  Bigarne.  Des  Galli,  il  sait  ce  qu'ont  pensé  Amédée  Thierry, 
Michelet,  Alexandre  Bertrand,  Lemière.  Sur  les  Celtici,  il  connaît  l'opinion 
de  MM.  Le  Deist  de  Botidoux  et  Rosseeuw-Saint-Hilaire.  Il  rappelle  ce  qu'ont 
dit  des  Cimbres  le  baron  de  Belloguet,  le  docteur  Prichard,  La  Tour  d'Au- 
vergne, M.  Lagneau.  Il  connaît  les  systèmes  de  Loeve-Veimars,  de  G.  Lé- 
vesque,  de  Le  Brigant,  de  Poinsinet  de  Sivry,  de  Moreau  de  Jonnès,  de 
Lenglet  du  Fresnoy,  de  Valroger,  de  J.  Pinkerton.  Il  a  parcouru  les  œuvres 
de  :  Le  Touzé  de  Longuemar,  Robiou,  Oddant-Desnos  et  A.  Garrigou.  Les 
découvertes  du  baron  de  Braye  (sic)  et  de  Schliemann,  les  études  de 
MM.  Cartailhac  et  de  Nadailhac  ne  lui  ont  pas  échappé,  mais  il  paraît  peu 
connaître  la  littérature  allemande  de  son  sujet  :  l'allemand  est  une  langue 


chronique.  255 

difficile  à  apprendre  et  qu'on  ne  parle  guère  dans  les  régions  arctiques  où 
M.  Petitot  a  commencé  ses  études  ethnographiques.  Ses  lectures  si  variées 
de  textes  français  et  latins  l'ont  conduit  à  des  résultats  inattendus  : 

«  Qu'y  aurait-il  d'étonnant,  »  dit-il,  «  que  Paris  ou  plutôt  les  Parisiiît- 
«  montassent  au  petit-fils  de  Priam  alors  que  Rome  et  une  portion  des  Ro- 
«  mains  descendent  du  troyen  Enée  ?  Nous  n'avons  aucun  intérêt  à  nous 
«  déprécier  nous-mêmes  »  (p.  232). 

Les  Albains  sont  des  Celtes  ;  sont  Celtes  les  Albani  du  Caucase  comme 
ceux  d'Albe-la-Longue,  première  capitale  du  Latium,  comme  les  Albanais. 
Il  doit  paraître  étrange,  fait  observer  l'honnête  curé,  que  ni  Lemière,  ni 
Strabon  n'aient  fait  cette  découverte  (p.  240)  par  laquelle  M.  Petitot  comp- 
terait sans  doute  assurer  l'immortalité  de  son  nom,  si  la  trouvaille  dont  il 
s'agit  n'était,  suivant  lui,  l'évidence  même,  par  conséquent  sans  gloire,  et 
s'il  n'était  lui-même  d'une  exemplaire  modestie,  à  laquelle  suffisent  la  paix 
de  la  conscience  et  la  joie  du  devoir  accompli. 

IX. 

Nous  marchons  sur  un  terrain  scientifique  un  peu  moins  mouvant  avec  la 
sixième  édition  de  Victor  Hehn  :  «  Plantes  cultivées  et  animaux  domes- 
«  tiques  dans  leur  passage  d'Asie  en  Grèce  et  en  Italie,  comme  dans  le 
«  reste  de  l'Europe  «  :  Kiilhir-pfaiiicn  iind  Hausthiere  in  ihreiii  Uebergang 
ans  Asien  nach  Gricchmland  iiiid  Italien  soivie  in  das  ïihrige  Europa,  par 
MM.  O.  Schrader  et  A.  Engler.  Cette  édition  contient  des  additions  inté- 
ressantes. On  peut  cependant  y  signaler  certaines  lacunes  au  point  de  vue 
des  études  celtiques. 

Ainsi  on  y  lit,  p.  457,  que  le  mot  allemand  Ttatxe  «  chat  »  est  d'origine 
germanique,  tandis  que  son  origine  e.xotique  est  reconnue  comme  possible, 
disons  «  certaine  »,  par  Kluge,  Etymohgischcs  Woerterhuch,  5^  édition, 
p.  188.  Le  mot  s'est  introduit  dans  les  langues  germaniques  après  la  pre- 
mière substitution  des  consonnes  et  avant  la  seconde.  L'origine  celtique  est 
rendue  très  vraisemblable  par  la  légende  monétaire  CATTOS,par  l'irlandais  cat, 
par  le  breton  ka^  et  le  gallois  cath  '.  Naturellement  ce  mot,  à  l'origine,  dé- 
signait le  chat  sauvage. 

A  la  page  551,  l'allemand  Brûune,  en  gothique  hriinjo  «  cuirasse  »,  en 
vieux  français  broigne,  est  expliqué  avec  raison,  ce  semble,  par  l'irlandais 
hrninne  «  poitrine  »,  dérivé  de  brû,  génïûi  h r on n  «  corps,  ventre  »,  mais  la 
diflFérence  de  sens  qui  existe  entre  bruimie  et  brû  n'est  pas  indiquée,  la  ré- 
daction est  même  faite  de  manière  à  laisser  croire  au  lecteur  que  les  deux 
mots  sont  synonymes  2. 'Le  vaste  sujet  traité  par  MM.  Schrader  et  Engler  les 
obHge  à  entrer  dans  des  détails  sur  lesquels  les  connaissances  spéciales  leur 
font  défaut. 

1 .  Whitley  Stokes,  Urhllischer  Sprachschati,  p.  67  ;  Holder,  Allcdliscbtr 
Sprachscbali,  col.  846. 

2.  Cf.  Kluge,  p.  56,aumot6r/i//;;t',  etWindisch,  Irische  Texte,  l.  I,p.  405. 


256  Chronique. 


X. 

On  ne  peut  le  dire  de  M.  Meusel,  quand  il  s'agit  de  César. 

Je  reçois  de  ce  savant  la  critique  d'un  détail  de  mon  article  sur  son  édi- 
tion du  De  bello  gallico,  dans  la  dernière  livraison  de  cette  revue,  p.  96  : 
«  Sur  un  point,  »  m'écrit-il,  «  je  ne  puis  adopter  votre  opinion  :  Le  Ursi- 
«  nianus  et  le  Riccardiamis  ne  sont  pas  de  caractère  mixte,  quoiqu'on  y 
«  trouve  (à  la  fin  des  livres  VII  et  VIII)  la  mention  de  la  revision  faite  par 
«  Julius  Celsus.  La  même  mention  se  trouve  aussi  dans  le  Thuaneiis,  mais 
«  de  seconde  main;  et  je  ne  doute  pas  que  dans  la  source  commune  des 
«  deux  mss.  (Ursinianus  et  Riccardiamis)  cette  subscriptio  ne  se  soit  trouvée 
«  faite  de  seconde  main.  « 

Je  n'avais  aucune  opinion  personnelle  sur  cette  question,  je  croyais  repro- 
duire la  doctrine  des  gens  compétents.  Il  paraît  que  je  me  trompais. 

XI. 

La  Revue  Celtique  vient  de  perdre  un  de  ses  collaborateurs  les  plus  méri- 
tants dans  la  personne  de  M  Luzel,  archiviste  du  département  du  Finistère. 
Un  article  nécrologique  paraîtra  dans  la  prochaine  livraison. 

XII. 

Notre  savant  confrère,  M.  John  Rhys,  vient  d'être  élu  principal  de  Jésus 
Collège  à  Oxford. 

XIII. 

Miss  Margaret  Stokes  vient  de  mettre  sous  presse  un  volume  intitulé  Three 
Months  in  ihe  Forests  of  France,  pèlerinage  à  la  recherche  des  vestiges  laissés 
sur  le  continent  français  par  les  saints  irlandais  du  moyen  âge.  Ce  volume, 
où  il  sera  question  des  saints  Columban,  Deicole,  Fursa,  Gobain,  etc.,  sera 
la  suite  et  le  pendant  du  livre  auquel  elle  a  donné  le  titre  de  Six  months  in 
ihe  Apennines,  Il  paraîtra  à  la  librairie  Ceorge  Bell  and  sons,  Londres,  York 
Street,  Covent-Garden ;  prix:  12  shillings. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 
Paris,  le  2  avril  1895. 


PÉRIODIQUES 


I. 

Bulletin  de  la  Société  archéologiq.ue  du  Finistère,  t.  XXII,  2^  li- 
vraison de  1895,  p.  42-80.  —  Très  intéressant  article  de  M.  L.  Delisle,  le 
savant  administrateur  de  la  Bibliothèque  nationale,  sur  les  plus  anciens  im- 
primés bretons. 

La  première  partie  traite  des  heures  bretonnes  du  xvi^  siècle.  L'auteur  y 
fixe  la  date  du  volume  dont  M.  Whitley  Stokes  a  publié  d'importants  ex- 
traits dans  ses  Middlc-bretoii  Hoiirs,  Calcutta,  1876.  On  connaît  de  ce  vo- 
lume deux  exemplaires  incomplets:  l'un,  qui  a  appartenu  à  M.  Pol  de 
Courcy,  est  devenu  propriété  de  la  Bibliothèque  nationale,  l'autre  est  un 
trésor  dont  Mme  la  comtesse  de  Kergariou  n'entend  pas  se  défaire.  Par  la 
comparaison  avec  d'autres  ouvrages,  M.  Delisle  établit  que  ce  volume  a  été 
imprimé  vers  l'année  1550,  et  que  vraisemblablement  il  était  destiné  au 
diocèse  de  Léon. 

Dans  la  seconde  partie  intitulée  Appendice,  l'érudit  auteur  étudie  les  trois 
éditions  du  CathoUcon  deLagadeuc,  faites:  la  première  en  1499,  àTréguier; 
la  seconde  à  une  date  indéterminée,  mais  avant  1520;  la  troisième  en  1521, 
à  Paris.  La  seconde  et  la  troisième  édition  renferment  pour  la  partie  bre- 
tonne de  nombreuses  additions  qui  manquent  dans  l'édition  de  M.  Le  Men, 
puisque  celle-ci  a  pour  base  l'édition  de  1499. 

II. 

Bulletin  archéologiq.ue  du  Comité  des  Travaux  historiques  et 
sciENTiFiauES,  année  1894,  f^  livraison.  —  P.  42  :  Marque  du  potier  Vo- 
SECUNNUs  sur  un  fragment  de  vase  trouvé  à  Saint-Quentin,  Aisne.  — 
P.  127-137:  Mémoire  de  M.  Charles  de  Laugardière  sur  les  inscriptions 
gauloises  de  Genouilly,  Cher.  Nous  avons  parlé  de  deux  de  ces  inscriptions 
dans  la  Revue  Celtique,  t.  XV,  p.  237  '  ;  elles  sont  gravées  sur  une  stèle  re- 
produite dans  la  planche  IX  du  Bulletin  archéologique,  et  dans  cette  planche 

I .   Au  lieu  de  anevnoc,  lisez  aneovnoc. 


258  Périodiques. 

on  trouve  aussi  figurée  une  stèle  dont  nous  n'avons  rien  dit  et  sur  laquelle 
est  gravé  le  mot  rvontv. 

III. 

Revue  épigraphiq.ue  du  midi  de  la  France,  no  77.  —  M.  AUmer  con- 
tinue son  étude  sur  les  dieux  de  la  Gaule,  il  s'occupe  d'AmarcoUtanus,  An- 
valonnacns,  Aramo,  Arausio,  ArnaJia  (apocryphe),  Artaiiis,  Artio,  Aventia, 
Avicantiis,  Axiiris.  C'est  un  travail  intéressant  et  qui  sera  fort  utile  une  fois 
terminé.  Toutefois  l'auteur,  plus  épigraphiste  que  grammairien,  se  laisse 
aller  quelquefois  à  des  observations  linguistiques  singulières. 

Par  exemple,  il  ne  connaît  pas  l'usage  celtique  de  former  avec  le  suffixe 
-âco-s  des  noms  d'hommes  tels  que  Deviciacus,  Diimnacus,  Valetiaciis  dans 
le  De  hello  galllco  (voir  une  liste  plus  complète  chez  Holder,  Alt-celtischer 
Sprachschati,  col.  21).  Il  croit,  p.  344,  que  les  Celtes  ne  se  sont  jamais 
servis  du  suffixe  -aco-s  que  pour  créer  des  noms  de  lieu,  il  en  conclut  que 
Anvalonnacos  est  un  nom  de  lieu  et  que  les  érudits  qui  considèrent  ce  mot 
comme  un  nom  de  divinité  sont  dans  l'erreur. 

Il  ne  sait  pas  que  le  latin  canins  «  chant  »  est  de  la  quatrième  déclinaison  : 
le  àaûiAvi-canio  est,  suivant  lui,  p.  349,  le  datif  d'un  composé  latin  signi- 
fiant «  chant  d'oiseau  ». 

Il  est  à  souhaiter  que  M.  Allmer  continue  son  étude  épigraphique  sur  les 
noms  de  dieux  gaulois,  mais  il  ferait  bien  à  l'avenir  de  supprimer  ses  com- 
mentaires grammaticaux. 

IV. 

Revue  des  traditions  populaires,  t.  X,  livraisons  de  janvier  et 
mars  1895.  —  P.  52.  Notes  sur  l'île  de  Batz,  par  G.  Milin,  Superstitions  et 
coutumes,  formulette  bretonne  du  jeu  appelé  choari  he-{ihnlat  «  jeu  du  doigt 
de  feu  »  ;  devinettes  bretonnes.  —  P.  i  0.  Prcwerbes  gaéliques  d'Ecosse  sur 
les  métiers,  recueil  formé  par  J.-H.  Mac-Adam. 

V. 

The  Academy,  janvier-mars  1895.  — Continuation  de  la  correspondance 
relative  aux  inscriptions  oghamiques,  p.  16,  35-37,  216-217,  voir  Revue 
Celtique,  n°  précédent,  p.  123.  —  P.  60.  Déchiffrement  par  M.  H  -J.  Law- 
lor  de  la  devise  circulaire  en  irlandais  qui  se  trouve  dans  l'évangéliaire  de 
Mulling,  ms.  du  Collège  de  la  Trinité  de  Dublin,  sur  lequel  on  peut  con- 
sulter: J.-T.  Gilbert,  National  inss.  of  Irelaml,  première  partie,  pi.  XX,  XXI; 
cf.  O'Curry,  Lectures  on  the  Manuscript  Materials  of  ancicnt  irish  History, 
planche  5,  figures  M,  N  ;  Westwood,  Palaeographia  sacra  pictoria,  Irish  bi- 
blical  mss.,  pi.  II,  figure  no  6.  —  P.  172.  Des  vers  du  Codex  Bocrnerianus : 
Tèicht  do-Roim  rnôr  saido,  bec  torbai  (aller  à  Rome,  c'est  beaucoup  de  tracas 
pour  peu  de  profit),  M.  J.-H.  Bernard  rapproche  une  légende  conservée 
par  le  Liber  hymnorum  des  Franciscains.  Il  s'agit  de  sainte  Brigite  envoyant 
à  Rome  pour  affaire  des  députés  qui  revinrent  sans  rapporter  aucune  ré- 


Périodiques.  259 

ponse.  Sainte  Brigite  dit  :  Nî  môr  uar  iarha,  cid  môr  for  saethar.  «  Votre 
profit  n'est  pas  grand  quelque  grande  qu'ait  été  votre  peine  »  (Whitley 
Stolvcs,  Lives  of  saints  from  the  Book  of  Lismore,  p.  335).  —  P.  342.  Lettre 
de  M.  Robert  Blair  annonçant  que  le  8  de  ce  mois  il  a  été  fait  à  South- 
Shields  la  découverte  d'un  autel  romain  avec  cette  inscription: 

DEAE  •  BR[i] 
GANTIAE  • 
SACRVM 

congenn[i]c 

eus- VS"L-M 

On  sait  qu'une  autre  dédicace  à  la  dca  Brigantia  est  imprimée  dans  le  C. 
I.  L.,  VII,  1062.  L'original  de  cette  dédicace  se  trouve  au  musée  d'Edim- 
bourg. Le  monument  qui  vient  d'être  découvert  est  exposé  au  musée  de 
South-Shields. 

VI. 

L'Anthropologie,  t.  VI,  no  i,  p.  18-39.  —  Suite  du  savant  et  intéressant 
mémoire  de  M.  Salomon  Reinach  sur  la  sculpture  en  Europe  avant  les  in- 
fluences gréco-romaines. 

VII. 

BOLETIN  DE   LA    REAL   ACADEMIA  DE   LA  HISTORIA,   t.    XXVI,    quatrième 

livraison.  —  P.  227.  Publication  par  le  P.  F.  Fita  de  titres  concernant 
l'hôpital  de  Sainte-Marie  de  Najera,  xi^  et  xii^  siècles.  Parmi  les  noms  de 
lieu  mentionnés  dans  ces  actes  plusieurs  paraissent  dater  de  la  période  ro- 
maine comme  In  Granione,  in  Carrione,  Argeniana. 

A  Granio,  Granionis,  aujourd'hui  Grafiôn,  Espagne,  comparez  les  dérivés 
français  du  même  gentilice,  Gragnague  (Haute-Garonne),  Grignac  (Cantal), 
Grigny,  dont  le  Dictionnaire  des  Postes  offre  sept  exemples,  Grignan 
(Drôme,  Gers),Grignon,  dont  on  connaît  quinze  exemples  au  moins. 

De  Carrio,  -onls,  Carrion  en  Espagne,  on  peut  rapprocher  Charry 
(Nièvre)  =  *  Carriacus,  dérivé  d'un  gentilice,  Carrius,  qui  vient  lui-même 
du  nom  gaulois  Garros  «  guerrier,  héros  »,  en  vieil  irlandais  carr,  génitif 
cairr.  Argeniaiia  s'explique  par  un  gentilice  Argculius,  formé  à  l'aide  d'un 
nom  d'homme  gaulois  Arganto-s  et  d"où  les  noms  de  lieu  français  Argensac 
(Dordogne),  Argençon  (Hautes-Alpes).  Fontaneta  est  le  féminin  de  Fonta- 
netum,  d'où  les  Fontency,  Fontenay  de  la  France  du  Nord,  les  Fontenet, 
Fontanet  de  la  France  du  Sud. 

Quelques-uns  des  noms  de  lieu  fournis  par  les  chartes  de  Sainte-Marie 
de  Najéra  remontent  plus  haut  qUe  la  période  romaine,  tels  sont  celui  du 
lieu  dit  in  Alesanco,  p.  231,  234,  235  ;  villa  Alasanco,  p.  252  ;  celui  de  Vaqua 
de  Elesone,  p.  231,  234  (cf.  ad  Eleson,  p.  250),  et  de  la  villa  . , .  quod  di- 
citiir  Aleison,  aujourd'hui  Alesôn  (p.  265).  Inutile  de  répéter  ce  que  j'ai  dit 
ailleurs  de  ces  mots  dont  la  forme  la  plus  ancienne  est  Alisincos,  Aliso[n]. 


200  Périodiques. 

VIII. 

Congrès  des  Sociétés  savantes,  extrait  du  journal  Le  Temps,  21  avril 
1895.  —  M.  Charles  Joret,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  d'Aix,  fait  une 
communication  sur  l'étymologie  du  nom  de  Caen.  Ce  nom  a  de  tout  temps 
donné  lieu  aux  hypothèses  les  plus  fantaisistes;  mais,  depuis  un  demi-siècle, 
on  lui  a  généralement  attribué,  comme  à  la  ville  qu'il  désigne,  une  origine 
germanique.  La  forme  Cathim,  qu'on  rencontre  dans  une  charte  du 
xi^  siècle,  avait  fait  croire  aux  derniers  historiens  de  la  capitale  de  la  basse 
Normandie  que  l'allemand  heim  se  trouvait  dans  la  seconde  partie  du  nom 
de  Caen.  C'est  là  une  supposition  qui  ne  résiste  pas  à  l'examen.  Le  nom  de 
Caen,  dans  la  plupart  des  textes  latins  du  moyen  âge,  est  Cadomnm,  parfois 
Catommn  ou  Cathomiun;  si  l'on  rapproche  ces  mots  des  noms  contemporains 
de  Rouen,  Rodoiiiuin,  Rolomum  ou  Rothomuin,  on  est  frappé  de  la  ressem- 
blance qu'ils  présentent.  Or,  l'ancien  nom  de  Rouen  est  Rùtoinagus,  on  est 
par  suite  autorisé  à  admettre  que  le  nom  primitif  de  Caen  était  Cato-Magus 
ou  Catu-Magtis  ;  le  dernier  élément  de  ce  composé  est  le  mot  celtique  magus 
(champ),  si  commun  dans  la  toponomastique  gauloise;  quant  à  catus,  ce 
mot  veut  dire  «  combat  »  ou  «  bataille  »  ;  le  nom  de  Caen  aurait  donc  si- 
gnifié «  champ  du  combat  »,  ou  mieux  «  champ  de  Bataille  »,  le  mot  cel- 
tique catiis  étant  parfois,  comme  le  mot  français  bataille,  un  nom  d'homme. 
Quoi  qu'il  en  soit,  le  nom  de  Caen  est  d'origine  gauloise,  comme  celui  de 
Rouen  et  de  la  plupart  des  villes  importantes  de  l'ancienne  Neustrie. 

IX. 

The  Journal  of  the  royal  Society  of  Antiouaries  of  Ireland  for 
THE  year  1895.  Première  livraison.  —  P.  i.  Mémoire  du  savant  Charles 
Graves,  évêque  de  Limerick,  sur  une  inscription  oghamique  trouvée  pen- 
dant l'automne  de  1893,  près  de  Gortatlea,  entre  Tralee  et  Killarney: 
niottacobranora.  . . 
dvmeli  maq.i  glasiconas. 

Glasiconas  est  le  génitif  de  *  Ghissicû,  en  vieil  irlandais  Glaisiuc,  nom 
d'homme,  dont  la  Vie  Tripariite  offre  un  exemple.  C'est  un  composé  dont 
le  second  terme  est  câ  «  chien  »  :  comparez  le  nom  de  Miliuc  =:  *MTli-cïï, 
porté  par  l'Irlandais  dont  saint  Patrice  fut  esclave.  —  P.  16.  Suite  du  mé- 
moire de  M.  Coffey  sur  l'ornementation  préhistorique  en  Irlande.  L'auteur 
s'occupe  principalement  ici  du  commerce  de  l'étain  dans  l'antiquité  et  des 
terrains  aurifères  d'Irlande.  —  P.  41.  Etude  du  Rév.  G.  Raphaël  Buick  sur 
les  pointes  de  flèches  en  silex  trouvées  en  Irlande.  —  P.  86-87.  DeuK  figures 
représentant  un  dolmen  près  de  Castlewellan,  comté  de  Down,  etc.,  etc. 

Dijon,  le  i\  avril  1895. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

Le  Propriétaire-Gérant  :  Veuve  E.  BOUILLON. 

Chartres.  —  Imprimerie  Durand,  rue  Fulbert. 


LA  RELIGION   DES  CALATES 


Il  est  généralement  admis  que  les  Galates  d'Asie  Mineure,  à 
l'époque  impériale,  avalent  tout  à  fait  oublié  la  religion  de 
leurs  pères.  Voici  comment  s'exprime  à  ce  sujet  M.  Mommsen^: 

«  Une  bonne  partie  des  Galates,  appelés  Gallo-Grecs  par  les 
Romains  dans  les  dernières  années  de  la  République,  devait 
descendre  des  Phrygiens  qui  habitaient  autrefois  la  contrée. 
Ce  qui  est  plus  important,  c'est  que  la  religion  très  vivace  dans 
le  pays  et  le  sacerdoce  local  n'ont  rien  de  commun  avec  les  institu- 
tions sacrées  des  Celtes  d'Europe.  Non  seulement  la  Magna  Mater, 
dont  les  Romains,  à  l'époque  d'Annibal,  demandèrent  l'image 
sainte  aux  Tolistobogii  qui  la  leur  envoyèrent,  était  d'origine 
phrygienne,  mais  encore  les  prêtres  de  cette  divinité  apparte- 
naient presque  tous  à  la  noblesse  galate  ^.  » 

Dans  le  passage  célèbre  où  Plutarque  raconte  l'histoire  de 
l'héroïne  galate  Gamma 5,  il  dit  que  le  prestige  de  cette  femme 
était  encore  rehaussé  par  le  fait  qu'elle  était  prêtresse  d'Ar- 
témis,  divinité  que  les  Galates  ont  en  vénération  particulière  : 
£U',cpav£7Tipav  B'aÙTYjv  ÏTZoizi  xai  xo  r?jç  'ApT3iJ.'.oo^  lipctzv  sîvai,  r^v 
p.âX'.jxa  FaXixat  asoouat.  La  suite  du  récit  mentionne  un  temple, 
avec  un  autel  et  une  image  de  la  déesse  :  nous  sommes  donc 
en  présence  d'un  culte,  sinon  hellénique  d'origine,  du  moins 
hellénisé,  et  où  rien  ne  rappelle  les  pratiques  religieuses  attri- 
buées par  les  anciens  aux  Celtes  de  l'Europe. 


1 .  Mommsen,  Histoire  romaine,  trad.  Gagnât  et  Toutain,  t.  X,  p.  115. 

2.  Pour  des  exemples,  voir  Perrot,  Exploration  de  la  Galatie,  p.  185, 

3.  Plutarque,  De  Mnlicrnin  virtutibns,  XX:  éd.  Didot,  p.  318. 

Revue  Cclûqae^    KVI.  19 


202  Salomon  Reinach 

M.  Usener  a  tout  récemment  signalé  ^  un  passage  curieux 
d'une  vie  de  saint  Théodore  de  Sykéon  par  son  élève  Geor- 
gios,  dont  le  texte  grec  a  été  publié  en  1884,  d'après  un  ma- 
nuscrit delaMarciana  à  Venise,  par  M.  Theophilos  loannou^. 
Sykéon  est  un  bourg  de  Galatie,  sur  la  rivière  Siberis,  et  une 
station  de  la  route  impériale  de  Constantinople  à  Ancyre'. 
Voici  le  passage  de  la  vie  du  saint  qui  a  trait  aux  superstitions 
locales  de  la  Galatie;  comme  M.  Usener  en  a  reproduit  le 
texte,  il  suffira  d'en  donner  ici  une  traduction  : 

«  Théodore  entendit  parler  d'un  certain  lieu  à  8  milles 
de  distance  (de  Sykéon),  que  l'on  appelait  Arkéa.  On  disait 
que  personne  n'en  pouvait  approcher,  surtout  à  l'heure  de 
midi,  car  c'était  le  séjour  de  la  divinité  nommée  Artémis  qui, 
entourée  d'un  cortège  de  démons,  tourmentait  jusqu'à  la  mort 
ceux  qu'elle  rencontrait.  Étonné  de  cette  rumeur,  Théodore, 
au  fort  de  l'été,  se  rendit  à  la  hâte  en  cet  endroit  après  avoir 
chanté  les  psaumes  de  la  troisième  heure,  et  passa  tout  le  mi- 
lieu du  jour  au  Heu  même  que  l'on  croyait  hanté  par  Artémis. 
Protégé  par  le  Christ,  il  ne  vit  aucune  manifestation  des  puis- 
sances mauvaises  et  s'en  retourna  au  martyrium  où  il  demeu- 
rait. » 

M.  Usener  ne  s'est  pas  souvenu  à  ce  propos  du  passage  de 
Plutarque  sur  le  culte  d' Artémis  en  Galatie.  Ce  témoignage 
est  cependant  fort  important  à  rappeler,  car  il  reçoit  de  la  Vie 
de  saint  Théodore  une  confirmation  jusqu'à  présent  unique. 
Artémis,  nom  grec  de  la  grande  divinité  phrygienne  du  pays, 
n'était  pas  seulement  l'objet  d'un  culte  public,  mais  de  supers- 
titions et  de  terreurs  populaires.  Reste  à  savoir  si  la  déesse 
ainsi  désignée  était  d'origine  celtique  et  si  l'on  peut  découvrir, 
sur  cette  lande  asiatique  hantée  par  des  esprits  malfaisants,  un 
souvenir  de  la  religion  des  envahisseurs. 

Le  savant  allemand  l'a  pensé.  Il  a  invoqué,  après  Lobeck  et 

1.  Usener,  Rheinisches  Muséum,  1895,  p.  147. 

2.  Et  non  Johannis,  comme  lecrit  M.  Usener.  La  rectification  a  été  faite 
par  M.  Krumbacher,  Byianiinische  Zeitschrift,  1895,  p.  382,  qui  rappelle 
qu'il  a  déjà  cité  cette  publication  dans  sa  Geschichte  der  Byiantinischen  Lite- 
ratiir,  p.  69,  138  (Mvriij.£Ta  àyioXoyi/.a.   'Ev  Bcvsxta,   1884). 

3.  Ramsay,  Historical  Geography  oj  Asia  Minor,  p.  241,  244. 


La  Religion  des  Calâtes.  26  J 

d'autres  ^,  un  passage  des  Actes  de  saint  Symphorien,  martyr 
d'Augustodunum.  Dans  le  curieux  entretien  où  le  document 
reproduit  par  Ruinart^  met  aux  prises  le  consulaire  Heraclius 
et  Symphorien,  celui-ci  s'efforce  de  jeter  le  discrédit  sur  les 
divinités  païennes.  Après  avoir  médit  d'Apollon,  il  ajoute  : 
Dianam  quoque  daemonium  esse  meridianum  Sanctorum  industria 
investigavit,  quae  per  compila  currcjis  et  silvarum  sécréta  perlus- 
trans...  Triviae  sibi  cognomen,  duni  triviis  insidiatur,  obtinuit.  » 

Ainsi,  à  Autun  comme  en  Galatie,  Artémis-Diane  est  un 
démon  du  midi,  qui  hante  les  carrefours  et  les  forêts  ;  alors  que 
nos  sources  littéraires  la  représentent  comme  une  chasseresse 
nocturne,  les  actes  de  saint  Symphorien,  d'accord  avec  la  Vie 
de  Théodore  de  Sykéon,  tont  d'elle  un  démon  redoutable  en 
plein  jour,  daemonium  meridianum. 

La  conclusion  que  M.  Usener  voudrait  tirer  de  ce  rappro- 
chement s'imposerait  presque  avec  évidence  si  l'idée  d'un  démon 
du  midi  n'était  pas  elle-même  empruntée  à  une  source  litté- 
raire. Cette  considération  nous  avertit  d'être  circonspects. 

Dans  le  Psaume  XC,  il  est  question,  en  effet,  d'un  Gat;xiv'.cv 
lj,s(j'0iJi.6p'v6v  ;  ce  sont  les  expressions  mêmes  du  texte  grec.  Voici 
la  traduction  de  l'original  hébreu  par  Reuss  >  : 

«  Tu  n'auras  pas  à  craindre  le  frisson  de  la  nuit,  ni  la  flèche 
qui  Tole  de  jour,  ni  la  peste  qui  se  glisse  dans  les  ténèbres,  ni 
la  contagion  qui  ravage  en  plein  tnidi.  » 

Les  interprètes,  auteurs  du  texte  grec,  n'ont  pas  dû  songer 
à  une  idée  abstraite  conmie  celle  de  la  contagion,  mais  à  une 
divinité  du  paganisme.  Omnes  dii gmtium  daemonia,  dit  le  Psal- 
miste  4.  Le  «  démon  du  midi  »  devait  aussi  être  l'un  d'eux. 

En  Galatie,  où,  d'après  Plutarque,  la  déesse  la  plus  honorée 
était  Artémis,  son  nom  se  présentait  naturellement  à  l'esprit. 
Dans  le  pays  des  Eduens,  on  n'est  pas  autorisé  à  dire  qu'il 
existât  une  superstition  populaire  relative  à  Diane  «  démon  du 


I  ,   Cf.  Lobeck,  Aglaopbaiiiiis,  p.  1092. 

2.  Ruinart,  Acta  Sincera,  p.  125  de  l'édition  de  1859. 

3.  Reuss,  Les  Psaumes,  p.  293. 

4.  Psaumes,  XCV,  5  ;  ce  passage  a  été  cité  par  M.  Le  Blant,  Les  premiers 
chrétiens  et  les  dieux,  p.  4  (extrait  des  Mélanges  de  l'Ecole  de  Rome,  t.  XIV, 
1894). 


264  Salomon  Reinach. 

midi».  En  effet,  saint  Symphorien  présente  l'assimilation  de 
Diane  avec  le  daemonium  meridianum  des  Psaumes  comme  le 
résultat  d'une  exégèse  savante  (sanctorum  industria  investi- 
gavit).  Cette  exégèse  se  fondait  sur  le  caractère  vagabond  de 
Diane,  sur  la  puissance  redoutable  attribuée  à  ses  flèches,  sur 
sa  prédilection  pour  les  forêts  et  les  carrefours.  Diane  est  aussi, 
comme  l'indique  son  nom,  la  déesse  du  jour  (dies)  et  l'on  ne 
s'étonnera  pas  qu'on  l'ait  reconnue  dans  une  dea  meri-diana  ano- 
nyme. De  tradition  ou  de  superstition  populaire,  il  n'y  a  pas 
trace  dans  tout  cela. 

M.  Usener  ne  s'est  pas  souvenu  d'un  texte  allégué  par 
Grimm^,  qui,  au  premier  abord,  paraît  fournir  une  confirma- 
tion de  l'hypothèse  touchant  l'existence  d'une  Diana  meridiana 
dans  la  mythologie  des  peuples  européens.  «  Liebusch-,  dit 
Grimm,  rapporte  une  remarquable  légende  de  la  Haute-Lu- 
sace  au  sujet  de  D-^'iwitza.  C'était  une  belle  jeune  femme  de 
race  noble  qui,  armée  de  la  :(ylha,  errait  à  travers  les  forêts; 
les  plus  beaux  chiens  de  chasse  l'accompagnaient  et  effrayaient 
tant  le  gibier  que  les  hommes  qui,  à  l'heure  de  midi,  se  trou- 
vaient au  fond  des  bois.  Aujourd'hui  encore,  quand  un  homme 
reste  seul  vers  midi  dans  une  forêt  de  pins,  on  lui  dit  en  plai- 
santant :  «  Ne  crains-tu  pas  que  D-:iwitza  ne  vienne  sur  toi  ?  » 
Cette  Diiwitza  paraît  être  la  Dziewanna  polonaise  et  la  Diana 
des  Romains.  » 

D'après  les  observations  que  nous  avons  présentées  plus 
haut,  il  ne  semble  pas  que  cette  tradition  soit  pure  de  toute 
influence  littéraire.  Une  fois  la  Diana  romaine  identifiée,  par 
l'exégèse  chrétienne,  au  daemonium  meridianum  du  Psaume, 
cette  conception  se  substitua  çà  et  là,  en  pays  chrétien,  à  celle 
de  la  chasseresse  nocturne.  Le  folklore,  de  nos  jours  surtout, 
se  cristallise  en  littérature,  mais  il  arrive  souvent,  quand  on 
cherche  bien,  qu'on  trouve  aussi  de  la  littérature  à  l'origine 
du  folklore. 

Les  traditions  vraiment  populaires  connaissent  des  génies 
nocturnes  malfaisants,  que  l'on  désigne  sous  les  noms  les  plus 

1.  Grimm,  Deutsche  Mythologie ,  éd.  de  1835,  p.  706. 

2.  Dans  l'ouvrage  intitulé  Skythika,  p.  287.  Je  n'ai  pas  vu  ce  livre. 


La  Religion  des  Gaiates.  265 

divers  et  qui,  sous  l'influence  du  christianisme,  ont  été  parfois 
identifiés  à  Diane  et  aux  démons  féminins  de  son  cortège. 
Depuis  le  iv*  siècle  jusqu'au  xv*%  on  croit  que  Diane,  assi- 
milée ou  associée  à  Hérodiade,  est  la  reine  du  sabbat^.  Dès 
314,  on  trouve  ce  qui  suit  dans  les  canons  du  concile  tenu  à 
Ancyre  3  : 

«  Illudetiam  non  omittendum  quod  quaedam  sceleratae  mulieres, 
rétro  post  Satanam  conversae,  daemonmn  illusionibus  et  phantas- 
matibus  seductae,  credunt  ac.  profitentur  se  nocturnis  horis  cu7n 
Diana  paganorum  dea  vel  cum  Hérodiade  et  innuniera  midtitudine 
mulierum  equitare  super  quasdam  bestiaset  multa  ter /arum  spatia 
intempestae  noctis  silentio  pertransire,  ejusque  jussionibus  velut 
dominae  obedire  et  certis  noctibus  ad  ejus  servitium  evocari.  j> 

D'autres  textes  analogues,  où  il  est  question  de  Herodias  et 
de  Holda,  ont  été  réunis  par  Grimm-^.  Il  n'a  pas  cité  le  sui- 
vant, que  je  trouve  allégué  par  Dom  Martin  5: 

«  Des  statuts  manuscrits  de  l'église  de  Conserans,  des  xiii^ 
et  xiv^  siècles,  font  encore  mention  de  femmes  qui  faisaient 
métier  d'aller  à  cheval  pendant  la  nuit  avec  Diane,  divinité  du 
paganisme,  ou  avec  Hérodiade  ou  Bensozia,  et  faisaient  ins- 
crire leur  nom  dans  le  catalogue  qui  contient  toutes  celles  de 
leur  sexe  qui  passaient  pour  déesses.  » 

La  croyance  au  sabbat  est  certainement  d'origine  populaire, 
mais  Diane  et  Hérodiade  n'ont  pu  y  usurper  une  place  que  par 
l'influence  de  la  prédication  ou  des  livres.  Cette  influence 
s'est  exercée  de  bonne  heure  —  témoin  le  texte  du  concile 
d' Ancyre  —  et  les  effets  en  ont  été  durables  —  témoin  ce  que 
dit  encore  Dom  Martin  ^t 

«  Nos  anciens  Français  étaient  si  entêtés  de  l'existence 
d'une  telle  divinité  (Diane)  qu'ils  n'en  pouvaient  effacer  l'idée, 
même  après  avoir  embrassé  le  christianisme  7,  Ils  donnaient  le 

1.  Cf.  Paul,  Grundriss  tler  gerni.  Philologie,  t.  I,  p.  1108. 

2.  Le  Blant,  op.  laud.,  p.  10. 

3.  Mansi,  Concilia,  t.  II,  p.  556. 

4.  Grimm,  Deutsche  Mythologie,  p.  XLii,  176,  522. 

5.  Dom  Martin,  Religion  des  Gaulois,  t.  I,  p.  60. 

6.  Ibid.,  p.  63. 

7.  C'est,  au  contraire,  le  christianisme  qui,  se  conformant  à  une  vieille 
tradition  d'exégèse,  assurait  la  survivance  des  divinités  païennes. 


266  Sa!omon  Reinach. 

nom  de  Diane  à  une  espèce  de  démon  qu'ils  se  figuraient 
occupé  à  faire  du  mal.  C'est  ainsi  qu'il  est  dit  dans  la  vie  de 
saint  Césaire  d'Arles  qu'il  guérit  miraculeusement  une  ser- 
vante d'un  démon  que  les  paysans  appelaient  Diane  (daemunium 
quod  rnstici  Dianam  appellant),  qui  déchirait  toutes  les  nuits 
cette  pauvre  créature  à  coups  de  fouet...  Ce  démon  est  ce  que 
les  auteurs  de  la  basse  latinité  ont  appelé,  d'après  le  Psalmiste, 
le  dé  mon  du  midi.  » 

A  la  fin  du  vii'=  siècle,  quand  saint  Cilian  de  Franconie  a  été 
massacré  par  ordre  de  Geilana,  la  femme  du  duc  Gozbert, 
celui-ci  veut  venger  la  mort  de  l'apôtre.  Mais  le  peuple  s'y 
oppose  et  prétend  conserver  le  culte  de  ses  pères  :  Volumus 
,  servire  magnae  Dianae  sicut  et  anteriores  nostri  fecerunt  patres  et 
prosperati  sunt  in  eo  usque  in  praesens.  »  ^  Diana  est  ici  la  tra- 
duction, faite  par  un  clerc,  du  nom  de  quelque  divinité  ger- 
manique ;  il  ne  peut  être  question,  dans  la  Franconie  païenne, 
d'une  survivance  du  culte  de  la  Diane  romaine,  et  l'on  com- 
mettrait une  erreur  grossière,  quoique  tentante  au  premier 
abord,  en  assimilant  cette  Magna  Diana  franconienne  à  la 
grande  Artémis  que  l'on  adorait  chez  les  Galates. 

Je  ne  connais  qu'un  seul  texte  grec,  déjà  rappelé  par  Dom 
Martin,  où  il  soit  question  d'un  «  démon  du  midi  »  :  c'est 
celui  de  Suidas  sur  Empuse.  Après  l'avoir  rapprochée  d'Hécate, 
parlé  de  ses  transformations,  de  son  pied  d'airain,  etc.,  le  lexi- 
cographe byzantin  ajoute  :  «  On  dit  qu'elle  paraît  encore 
vers  le  midi,  quand  on  rend  les  derniers  devoirs  aux  morts-.  » 
Partout  ailleurs,  Empuse  est  un  démon  nocturne;  on  peut 
donc  penser  que  Suidas,  lui  aussi,  a  eu  présente  à  l'esprit 
quelque  tentative  isolée  d'exégèse  où  le  oa'.;;iv'.ov  ;j.crr;;x6p'.vdv  du 
Psaume  était  assimilé  non  pas  à  Artémis-Hécate,  mais  à  son 
fantôme,  Empousa  {py:r.yLz\j.'j.  cx'.y.ovuocîc  'jizl  r^c  'Ey.ir/;;  ï~<.T.t\i- 

Notre  conclusion  est  donc  négative.  Il  serait  assurément 
fort  intéressant  de  pouvoir  admettre,  avec  le  Rév.  Stokes,  que 


1.  Dom  Martin,  op.  laiid.,  t.  II,  p.  49. 

2.  AoxcT   oï   y.ai  TaTç    |jLEar|[i.6p'ai;    çavTâ'^ciOa'.,    oTav    -oX;    /aTOiyoïis'voiç 


La  Religion  des  Calâtes.  267 

«  l'idolâtrie  celtique  suivait  exactement  le  même  rituel  en 
Asie  et  en  Gaule  »^,  ou,  avec  M.  Usener,  que  les  Éduens  et 
les  Galates  d'Asie  connaissaient  une  même  Diane,  fée  redou- 
table de  la  méridienne.  Mais  les  témoignages  qu'on  peut  allé- 
guer n'autorisent  pas  ces  hypothèses.  Ils  nous  montrent,  dans 
la  Diane  du  midi,  une  création  de  l'exégèse  chrétienne  à  ses 
débuts,  superposée  aux  données  banales  de  la  démonologie  po- 
pulaire. Si,  à  leur  arrivée  en  Asie  Mineure,  les  Galates 
avaient  la  même  religion  que  les  Éduens,  ce  qui  est  possible, 
rien  encore  n'atteste  la  survivance,  jusqu'à  l'époque  chré- 
tienne, de  traits  communs  à  leurs  croyances  primitives. 

Salomon  Reinach. 


A  PROPOS  DE  NENNIUS  VINDICATUS. 


Zimmer,  qui  me  paraît  assez  chatouilleux  sur  l'article  du 
tien  et  du  mien  (ce  dont  je  n'oserais  absolument  le  blâmer), 
me  permettra  une  légère  vindicatio.  Dans  un  récent  article  de 
M,  Thurneysen  sur  le  Nennius  vindicatus,  article  qui  m'a  paru 
judicieux  dans  l'ensemble,  le  critique  approuve  l'hypothèse  de 
Zimmer  2,  que  le  rédacteur  de  679  aurait  mêlé  le  gallois  au 
latin,  hypothèse  appuyée  sur  deux  passages  :  (Ida  junxit  Din 
Guayrdi  guurth  Bryneich  —  Tune  Talhaern  Tataguen  in  poe- 
mate  claruit  et  Neiren  et  Tahesin).  Suivant  Thurneysen, 
Zimmer  explique  scharfsinnig  la  faute  et  Neiren  pour  Aneiren, 
par  le  fait  qu'un  rédacteur  gallois  postérieur  aura  pris  a  de 
aneiren  pour  la  conjonction  A,  et.  J'ai  été  d'autant  plus 
agréablement  surpris  de  l'appréciation  de  notre  savant  collabo- 
rateur que  V hypothèse  est  de  moi.  Je  me  cite  :  «  au  lieu  de  Nei- 

1 .  Article  Symphorianus  dans  le  Dictionary  of  Christian  biography. 

2.  Nennius  vindicatus,  p.  103  *. 


268  J.  Loth. 

ren,  il  n'y  a  pas  le  moindre  doute  que  le  compilateur  avait 
sous  les  yeux  un  original  breton:  Talhaern...  amiren ;  \\  aura 
pris  a  pour  la  conjonction  ac,  a  et  l'aura  transcrite  par  et, 
tandis  que  c'est  la  première  syllabe  du  nom  du  poète.  —  Un 
autre  passage  me  semble  encore  plus  probant,  chap.  LXVI: 
Ida  filius  Eobba  tenuit  regiones  in  sinistrali  parte  Humbri  ma- 
ris XII  annis  et  junxit  arcem  id  est  Dinguei'rin  et  Gurbirnerth 
(ver.  gurâbirnel]))  :  quae  duae  regiones  fuerunt  in  una  regione, 
id  est,  Deur  a  Berneth,  anglice,  Deira  et  Bernicia.  Ce  passage 
est  éclairci  par  un  autre  inséré  dans  la  Gemalogia  (Pétrie,  Mon. 
hist.  brit.,  p.  85  b)  :  Ida  filius  Eobba  tenuit  regiones  in  sinis- 
trali parte  Britanniae;  id  est  Umbri  maris  et  regnavit  annis  XII 
et  uncxit  (leg.  junxit)  Dynguayrdi  Guuerthberneich  (var.  guerth 
Benicihc).  Le  compilateur  me  semble  n'avoir  pas  compris  le 
texte  breton  qui  portait  :  [il  joignit]  Dinguerin  guurth  Brencich, 
c'est-à-dire,  il  joignit  D...  à  Breneich,  ce  qui  fit  que  ces  deux 
régions  furent  réunies  en  une  seule.  Ici  le  breton  n'a  même 
pas  été  traduit  et  le  compilateur  a  pris  guurth  Bryneich  pour 
un  nom  propre.  La  généalogie  n'est  pas  de  source  bretonne, 
mais  on  y  a  annexé  des  faits  bretons.  «  Voir  Revue  Celtique,  X, 
n°  3,  P- 357-358,  1889. 

J.  Loth. 


THE   PROSE   TALES 


RENNES    DINDSENCHAS' 


SECOND   SUPPLEMENT.    EXTRACTS   FROM   THE   BOOK   OF   LEINSTER. 


154.  DÛN  MÀisc. 
(LL.  160-^25). 


Dim  Mdsc  unde  nominatur  ? 

Cdinén  Mdsc  mac  Augein  Urgnaid  maie  Setnai  S'ithhaicc,  is 
leis  dorochlas  in  dùn  sin,  7  based  a  forbba  in  tir  im  Dûn 
Mdsc,  7  is  and  atbath. 

Bratliir  da;w  in  Mdsc  sin  7  Nui  o  fail  Rdith  Nui  im-Maig 
Reichet  7  Kâitb  Nui  in  Huib  Garbchon,  7  issed  rue  fodes  in 
Nui  ar  imgabi//  Mdisc,  ar  rochuaid  in  Nui  co  mndi  Mdsc. 

Brathair  aile  dôib  dàuo,  Finterig,  o  fil  Dûn  Finteing,  ocus 
Cûar,  6  fail  Dûn  Cuair,  ocus  Alb  o  fil  inn  Albine. 

IS  dô  sein  rochan  in  senchaid  : 

larfaigid  dim,  comol  rigle, 
mad  ail  dûib  Qolas  d'aicbne,  7c. 

Dûn  Mdisc,  whence  is  it  named  ? 

Cainén  Mdsc  son  of  Augen  Urgnaid  son  of  Setna  Sithbacc: 
'Tis  by  him  that  fortress  was  founded,  and  his  héritage  was 
the  land  round  Dûn  Mdsc,  and  'tis  there  that  he  died. 

Now,  that  Mdsc  and  Nui  were  brethren  —  Nui  firom  whom 
is  Râith  Nui  in  Mag  Rechet  and  Râith  Nui  in   Hûi  Garr- 

I.  Voir  Revue  Celtique,  XY,  272,  478;  XVI,  31,  135. 


270  Whitley  Stokes. 

chon  ;  and  this  is  what  brought  Nui  southwards,  to  avoid 
Mâsc,  for  Nui  had  gone  in  unto  Masc's  wife. 

Otiier  brethren  had  they,  Finteng,  from  whom  is  Dûn 
Finteing,  Cùar  from  whom  is  Dùn  Cùair,  and  Alb,  from 
whom  is  the  Albine. 

'Tis  of  that  the  shanachie  sang  : 

Ask  ye  of  me,  a  bright  assembly 

If  ye  désire  to  recognise  guidance,  etc. 

Also  in  Laud  6io,  fo.  84bwhere  Musc  is  said  to  hâve  been  the  eldest  of  six 
brethren,  Ladra,  Nue,  Finnteng,  Cuar,  Alb  and  Masc,  —  ail  rathbuilders. 

Dân  Masc,  now  Dunarnase  in  Queen's  county,  Four  Masters,  A.D.  843. 
Book  of  Rights,  216,  note  q.  Mag  Rechet  now  Morett  in  the  same  county. 
Dûn  cûair  now  Rathcore,  on  the  borders  of  Meathand  Leinster.  The  Albine 
probably  the  river  from  which  Inber  n-Ailbine(no.  5)  took  its  name.  This 
is  spelt  Alhcne  by  the  Four  Masters,  A.D.  1052,  where  O'Donovan  says 
that  it  is  «  not  identifîed  ».  But  see  Rev.  Celtique,  XV,  295. 

Setna  Sithbacc  is  mentioned  by  the  Four  Masters  at  A.D.  5090,  as  the 
father  of  Nuada  Necht. 

With  the  incident  of  Nûi's  adultery,  cf.  Ercad's,  no.  24,  and  Ibel's, 
no.  98. 

155.  Srub  B6. 
(LL.  160=^36). 

Sriib  Bô,  unde  nominatur? 

Liath  Lurgach  trenfer  robôi  ic  Daire  Léith  i  nHuib  Falge, 
œ  «dechaid  co  Tilaig  Eogain  7  in  tir  na  flisuch.  Co  cùala  géim 
bô  ic  tiactain  al-Loch  Sithgail,  cor-ragaib  indegaid  na  bô.  co 
toracht  Srùib  Bô  i  n-iarth//r  Maige  Reichet.  co  tarraid  andsin 
in  mboin  7  coros-marb.  Co  tanic  Sithgal  Sechderc,  o  n-ain- 
mnigther  Loch  Sithgail,  indegaid  a  bô,  co  fuair  Liath  Lur- 
gach  (or  a  tairr  ica  coscrad,  co  ndernsat  gleicc,  7  cor'  fortam- 
hiig  Sithcr^/  for  Liath.  Ocus  co  rue  Skhgal  lais  Liath  iarna 
chehgul,  co  ranic  Loch  S'nhgail.  Cor-ragaib  uamun  ands^^ie 
Liath  imma  breith  issin  loch,  co  tart  feirt  for  a  lama  7  co  ro 
bris  in  cengul  bôi  for  a  lama.  Co  wd^rnsat  gleicc  doridisi  Sith- 
gal  7  Liath,  Co  ro  fortamlaig  Liath  andsé'^e  for  Six.hgal.  Co  ro 
chuir  Sith^â!/  in  riiboin  remi  [léo''  i]  issin  loch,  co  tdraill 
Liath  a  srùib  coro  thair[r]hgiset  muntrr  Sithgail  chucu  in 
liiboin  'sin  loch  allus  a  herbuill.  Co  rochuir  Liath  iarsain  corp 


The  Rennes  Dindsenchas.  Second  Supplément.  271 

Shhgail  isin  loch  7  œ  rue  leis  sriiib  na  bo  corrice  in  n-inad  i 
tarraid  in  mboin  aw'is,  i  comartha  neirt,  7  conos-fargaib  and, 
umie  ^oeîa  : 

Sittigal  Sechderc  slaide  dir 
mac  do  Gu.nnat  mac  Ganncdin, 
Liath  Lurgach,  luath  a  chuir, 
dia  tuthchaid  uad  a  oenboin. 

Liath  Lurgach,  a  champion  who  dwelt  at  Daire  Léith 
(«  Liath's  Oakwood  »)  in  Hûi  Falgi,  went  to  Tilach  Eogain, 
where  the  land  was  a  désert.  He  heard  the  loAying  of  a  cow 
out  of  Loch  Sithgail,  and  he  made  after  the  cow  till  he  rea- 
ched  Srùb  Bo  in  the  west  of  Mag  Rechet.  There  he  overtook 
the  cow  and  killed  her.  But  Sithgal  Sechderc,  from  whom 
Loch  Sithgail  is  named,  came  after  his  cow,  and  found  Liath 
Lurgach  on  her  belly,  cutting  her  up.  So  they  wrestled,  and 
Sithgal  prevailed  over  Liath.  And  after  binding  him  Sithgal 
took  Liath  with  him  till  he  reached  Loch  Sithgail.  There 
Liath  was  seized  by  dread  of  being  carried  into  the  lake  :  so 
he  gave  afeirt  on  his  hands,  and  broke  the  band  that  was  upon 
them.  Then  Sithgal  and  Liath  wrestled  again,  and  this  time 
Liath  vanquished  Sithgal.  Howbeit  Sithgal  flung  the  cow 
before  him  into  the  lake,  but  Liath  came  to  her  nose.  Then 
Sithgal's  people  dragged  the  cow  into  the  lake  by  her  tail. 
Thereupon  Liath  flung  Sithgal's  body  into  the  lake,  and  in 
token  of  strength  carried  off  the  cow's  nose  till  he  reached  the 
place  where  he  first  overtook  the  cow,  and  there  he  leit  it. 
Whence  the  poet  : 

Sithgal  Sechderc,  smiting  of  slaughter, 

son  of  Gunnfat  son  of  Ganndn, 

Liath  Lurgach,  swift  his  casts, 

v  .0  whom  his  only  cow^  went  from  him. 

Srnh  B6  was  in  the  western  part  of  Morett  in  the  Queen's  county.  Daire 
Léith  somewhere  in  Offaly  in  Leinster.  Tilach  Eogain  and  Loch  Sithgail  not 
identified. 

1  .  The  ace.  sg.  hoin  is  hère  used  for  the  nom.  hô  in  order  to  make  a 
rime. 


272  Whitley  Stokes. 

156.  Mag  Tarbga  ocus  Findloch. 
(LL.   166^47). 

Mag  Tarbga,  wide  nominatur  ? 

Ni  ansa.  De  chomruc  7  do  gleicc  na  da  tarb  .i.  T'màhemiaig 
7  Duind  CuAnge,  iar  tabairt  na  tana  im  Chnocc  Tarbga. 

Findloch  .i.  loch  Findbf;/naig,  de  bas  ind  Findbmnaig  o 
Dund  Cuahige  isin  loch  ût.  Unde  ^oeta: 

Mag  Tarbga  can  ro  raded  ? 
do  gleicc  na  tarb  tenn[s]athech. 
1 167*  i]  tria  bas  ind  Find  co  môr  môch  [leg.  moch] 
de  dogarar  in  Findloch. 


•'&'• 


Mag  Tarbga,  whence  is  it  named  ? 

Easily  answered.  From  the  conflict  and  struggle  of  the  two 
bulls  QarF),  to  wit,  of  the  Whitehorned  and  of  the  Dun  of 
Cualnge,  after  the  drove  had  been  brought  round  Cnocc 
Tarbga. 

Findloch,  that  is,  the  lake  of  Findbennach  «  White-horn- 
ed  »,  from  the  death  of  the  White-horned  by  the  Dun  of 
Cualnge  in  that  lake.  Hence  (said)  the  poet  : 

Mag  Tarbga,  whence  was  it  so  said? 
From  the  struggle  of  the  strong-sated  bulls. 
From  the  death  of  the  Find  greatly  early, 
Hence  the  Findloch  is  called. 

Also  in  Bodl.  no.  28,  whence  edited  in  Folklore,  III,  493. 

Tag  Tarbga,  and  Cnocc  Tarbga  not  identified.  A  place  called  Tarbga  is 
mentioned  supra,  no.  66.  Findloch  is  perhapsthe  Fionnloch  of  the  Four  Mas- 
ters,  A.D.  1369,  now  the  Lower  Lough  Erne  in  Fermanagh. 

As  to  the  two  bulls  see  supra  no.  57.  Their  deaths  are  described  in  LL. 
104a  and  in  O'Curry's  Lectures,  pp,  39,  40. 


157.  Sliab  Cua. 
(LL.   169M). 

Sliab  Cua,  unde  nominatur? 


The  Rennes  Dindenchas.  Second  Supplément.  27  j 

Ni  ansa.  Cua  Cendmar  mac  Broccsalaig  Cringlunig,  dalta 
Boibli  mcic  Buirchi.  Tanic  bôdr  môr  i  nHer/nn  i  n-amsir  Con- 
gail  Chlarainig  coima  frith  i  iiHemm  acht  oensamaisc  i  nGlind 
Samaisci,  7  oen  tarb.  Ac  Boibli  dano  robatar  sain.  Rofôided 
cech  dalta  dia  daltaib  dia  cornet.  Intan  rosiaclit  do  Cliua  Cend- 
mar cùairt  a  cometa  ro  fell  foraib.  Rosn-uc  leis  co  iidernai  bro- 
thlaig  foraib,  7  dos-fuaid  issin  tsléib.  Unde  ^oeta  : 

Cua  Cendmdr  co  crutli  cliain 
mac  Brocc[s]alaz^  Cringlunmair, 
dalta  ^  duaid  a  boin  isin  tsléib 
ropo  dalta  co  ndallchéill. 

Cua  Big-head,  son  of  Broccsalach  Witherkneed,  was  foste"- 
ling  of  Boible  son  of  Buirche.  In  the  time  of  Conall  the  Flat- 
faced  a  great  murrain  invaded  Ireland,  so  that  there  was 
found  in  Ireland  but  one  heifer,  in  Glenn  Samaisce,  and  one 
buU.  Thèse  belonged  to  Boible.  Each  of  his  fosterlings  was 
sent  (in  turn)  to  guard  them.  When  his  turn  of  guarding 
came  to  Cua  Big-head  he  dealt  treacherously  concerning  them. 
For  he  took  them  away  and  made  a  cooking-pit  for  them,  and 
devoured  them  on  the  mountain.  Whence  said  the  poet: 

Cua  Big-head,  with  a  fair  torm, 
Son  of  Broccsalach  of  the  withered  knee, 
Afosterling  that  devoured  hiscow  on  the  mountain, 
He  was  a  fosterling  with  a  blind  reason. 

Also  in  Bodl.   13^1,  wheiice  edited  in  Folklore,  III,  486. 
Sliab  Cua,  now  Sliab  Gua  in  the  co.  of  Waterford. 
Glenn  Samaisce,  a  valIey  in  the  co.  of  Kerry. 

Cûiigal  Cldrainech  <.<  the  Flatfaced  »,  overking  of  Ireland  A.  M.  5017-503 1, 
according  to  the  Four  Masters. 


<:  158.  Loch  Riach. 

(LL.   170M8). 

Loch  Riach,  canas  roainmniged  ? 
I .  facs.  datta. 


274  Whiîley  Stokes. 

Ni  ansa.  Bôe  cocad  etir  liru  sidi  im-Moenmaig  i  Tir  Maine 
etir  na  cethri  rigu  .i.  Riach  7  Cosdub  ocus  Caibell  ocus  Etar 
Etualairig.  Ba  hé  domna  in  choctha  .i.  da  ingin  cliaema  ro- 
batar  issin  tsid  .i.  Ceirbil  Balmaith  ingen  Etair  Etualairig  ocus 
Land  Lethdfrg  ingen  Chaihill.  Riach  7  Cosdub  adchoitech- 
ta[tar]  na  ingena,  Adrograd  cath  uadib  impu.  Atb^rtsat  cipsi 
magen  i  fer£iithe  in  cath.  Mad  iss(i)dib  dognether  in  cath 
bid  corbbud  don  tsId.  Mad  et/r  dainib  coimccatàr  ni  bia  celtur 
(or  sidib  di  sodain.  Asrubratar  a  terthain  i  n-aidchi  im-Maig 
Main,  ocus  inti  nothisad  artus  ind  issed  a  ainm  forbiad  in  ma[i]g. 
AsbtTtatar  daiio  mad  ina  ndelbaib  fessin  no  fertais  in  cath  ni 
biad  déchoir  et/r  firu  sidi  7  doene  olchena. 

Ros-dolbsetar  i  ndelbaib  ridam  riallaid  uile. 

Ba  brigach  dano  roferad  in  cath  sin,  co  «dernsat  cetheora 
tulcha  im-Moenmaig  dia  n-irignib  7  dia-corignaib. 

ISin  cath  sin  darochair  Riach  ri  sidi,  a  quo  Loch  Riach . 
Dowchair  and  dano  Caibell,  dia  ta  Carn  Caibill  fri  loch 
atuaid.  Is  and  torchair  Costub,  dia  ta  Daire  Costuib. 

Ata  tipra  'sin  maig  sin,  is  asti  ro  mebaid  in  loch  fo  thir  do 
dilgund  ind  air.  Tipra  Truimm  a  hainm.  Ni  faii  ^ùàLiu  [n]ach 
dath  na  beth  forsin  loch  sin  o  sein  co  se.  conid  ainm  do  Loch 
Reach  .i.  ré  cach  datha  bis  and.  Ni  fess  dano  taeb  nô  airchend 
(isin)d  loch  sin,  ar  is  comfota  ar  cecb  leth.  IS  bés  dô  daiw  cach 
sechtmad  hliadain  in-uair  choir  dia  tartar  cairich  finna  and  bat 
corcra  uli...  uili.  undc  (poeta  :) 

(Ro)chuala  cocad  n-amra 

There  was  warfare  among  the  Men  of  the  Elfmounds  in 
Moenmag  in  Tir  Maini,  between  the  four  kings,  Riach  and 
Cossdub  and  Caibell  and  Etar  Étualaing.  This  was  the  ground 
of  the  warfare,  to  wit,  two  loveable  maidens  who  dwelt  in 
the  elfmound,  namely  Ceirbil  Balmaith  daughter  of  Etar  Étua- 
laing, and  Land  Lethderg  daughter  of  Caibell.  Riach  and  Coss- 
dub sued  for  the  maidens  (and  were  rejected).  Battle  for 
them  was  demanded  of  the  kings.  They  (Etar  and  Caibell)  ask- 
ed  in  what  plain  the  battle  should  be  delivered.  If  it  were 
fought  in  elfmounds  the  elhnound  would  be  poUuted.  If  they 


The  Rennes  Dindknchas.  Second  Supplément.  275 

(the  fighters)  were  seen  among  mortals  the  elves  would  no 
longer  be  invisible  (at  will).  So  they  said  they  would  fight  at 
night  on  Mag  Moin,  and  that  the  name  of  him  who  should 
first  corne  therein  would  survive  on  the  plain.  They  said, 
moreover,  that  if  they  delivered  the  battle  in  their  own 
forms  there  would  be  no  distinction  between  men  of  the 
elfmounds  and  other  mortals.  So  they  ail  shaped  themselves 
into  the  shapes  of  deer. 

So  vehemently  then  was  that  battle  fought  that  they  made 
in  Moenmag  four  hillocks  of  their  hoofs  and  their  antlers. 

In  that  battle  fell  Riach  king  of  the  elfmound,  from  whom 
LochRiach  (is  named).  Therein  also  fell  Caibell,  from  whom 
is  Carn  'Caihill to  the  north  of  the  loch.  There  too  fell  Coss- 
dub,  from  whom  is  Daire  Cossduib  «  Cossdub's  Oakwood  ». 

There  is  in  that  plain  a  well  whereout  the  loch  brake  through 
the  earth  to  quell  the  slaughter.  Tipra  Truimm  «  the 
Well  of  the  Aldertree  »  is  its  name.  Now  there  is  no  colour 
that  is  not  on  this  loch  from  that  time  to  this.  Wherefore  its 
name  is  Loch  Reach,  i.  e.  a  space  (j'é)  of  every  (cacb)  colour 
is  there.  Neither  side  nor  edge  is  known  in  that  loch,  for  it  is 
equally  long  in  every  direction.  One  of  its  customs  is  that, 
every  seventh  year,  at  the  proper  hour,  if  whitesheep  are  cast 
into  it  they  ail  become  crimson. 

Whence  the  poet  : 

I  heard  of  a  wonderful  warfare. 

In  Lee.  p.  482-1 18  we  hâve  the  following  abridgment  : 

Loch  Riach,  cana^  rohainniH/o't''^  •'' 

Ni  ansa.  Ceithri  rig  badar  a  Maenmach  .i.  Caimell  7  Edar  7  Casta  7 
Riach.  Bai  ingen  dodo  ac  Caimell  7  bai  ingen  aile  ac  Edar.  Cuindgis  Casta 
doiio  7  Riach  na  rigna.  Eitigthear  iad  imna  hingenaib.  Andsin  dofuacradrtr 
cath  fortho  7  doiaemsad  in  dias  aile  sin,  7  a  cur  in  chatha  doib  a  rechtaib 
dam  robadar,  7,'""'  aerno  asin  chath  acht  Riach  amâin,  conad  [uad]a  ainm- 
nigthear  Loch  Riach  dia  robaidead  ind.  Unde  dicilur  Loch  Riach. 

Loch  Riach,  whence  was  it  named? 

Easily  answered.  There  were  four  kings  that  dwelt  in  Moenmag,  even 
Caimell  and  Edar  and  Casta  and  Riach.  Now  Caimell  had  a  daughter  and 
Edar  had  another  daughter.  Casta  and  Riach  asked  for  the  queens.  They 
are  rejected  by  the  girls.  Then  they  declared  war  upon  them  (Caimell  and 
Edar),  and  the  other  pair  (Casta  and  Riach)  accepted  that  challenge,  and 


276  Whitley  Stokes. 

fought  the  battle  in  the  shapes  of  deer  (in  which)  they  were.  And  from 
that  battle  none,  save  only  Riach,  escaped,  and  from  him  Loch  Riach  is 
named,  since  he  was  (afterwards)  drowned  therein. 

Loch  Riach,  now  Lough  Reagh  in  the  co.  Galway,  has  been  mentioned 
in  no.  50. 

Moenmag,  now  Moinmoy,  a  territory  in  the  co.  of  Galway. 

Carn  CaibiU,  Daire  Cossduib  and  Tipra  Trtiimm,  not  identified. 

The  metamorphosis  of  the  elves  into  deer  and  the  loss  of  their  antlers  in 
the  fight  remind  one  of  the  story  of  Achelous,  who  changed  himself  into 
a  bull,  and  lost  one  of  his  horns  in  his  combat  with  Hercules  {Ovid,  Met., 
IX,  8). 


159.  Loch  n-Oirbsen. 
(LL.   170'' 43)- 

Loch  n-Oirbsen,  canaj  roainmniged  ? 

Ni  ansa.  And  dorata  in  cath  Cuillend.  Ba  ruadmôin  mor 
andsin  7  ba  ddairech  dosmar  7  ba  fiad  selgga  do  Rinnail  Ruad 
mac  Delà  meic  Loith  do^  Feraib  Bolg.  Uillend  Faeburderg 
m^6"  Cachir  meic  Namat  meic  Echach  Gairb,  meic  Duach  Tem- 
racb  is  é  tue  in  cath  Cullend  do  Manannan,  conid  and  romar- 
bad.  .iiii.  anmand  fair  .i.  Gaer  7  Gaeal  7  Oirbsen  7  Manaw- 
iian.  Drui  side  dmo  7  cerd  7  cennaige,  coro  marhad  isin  chath 
sin,  7  coro  hadnacht  ina  sessom  in  dû  sain,  7  co  roemid  in 
loch  foa,  7  co  mbaid(ed)...  ind  adnacw//. 

Rogdet  Uillend  iarsin  iar  trib  trathaib  i  cath  Cuillend  la 
Mac  Gmne  i  ndigail  Mananiiaiu.  Womarhad  imiiiorro  Mac 
Gmie  la  (hAmergin),  i  cath  Temrach  i  ndigail  Uillend.  Andsin 
ro  ôrddaig  (Bri)git  banfili  7  bandrui,  ingen  Echach  Ollathir  .i. 
gol  7  caine  marb  7  eigem  fri  hecin  7  set  mar  car/;  n-alchaib  .lu. 

'Tis  there  the  battle  of  Cuilliu  was  delivered.  It  (i.  e.  the 
bed  of  the  lake)  was  then  a  great  red  bog  and  a  bushy  oak- 
wood,  and  it  was  the  hunting-ground  of  Rinnail  the  Red,  son 
of  Delà,  son  of  Loth  of  the  Fir  Bolg.  Uillenn  Red-edge  son  of 
Cacher,  son  of  Nama,  son  of  Eochaid  the  Rough,  son  of 
Duach  of  Tara,  'tis  he  that  delivered  the  battle  of  Cuilliu  to 

I .  The  facsimile  has  co. 


The  Rennes  Dindknchas.  Second  Supplément.  277 

Manannan,  who  there  was  killed,  and  who  bore  four  names, 
to  wit,  Gaer  and  Gaeal  and  Oirbsen  and  Manannan.  A  druid 
was  he  too,  and  a  wright  and  a  chapman.  And  he  was  killed  in 
that  battle  and  buried  upstanding  in  that  place  ;  but  the  lake 
burst  up  under  him  and  overwhelmed  (the  site)  of  the 
tomb. 

Uillend  was  afterwards  slain,  after  three  days,  in  the  battle 
of  Cuilliu^  by  Mac  Gréne  in  revenge  for  Manannan.  Mac 
Gréne,  however,  was  killed  by  Amergin  in  the  battle  of 
Tara  in  revenge  for  Uillend.  'Tis  then  that  Brigit  the  poetess 
and  druidess,  Eochaid  Ollathar's  daughter,  ordained  wailing 
and  keening  for  the  dead  and  screaming  at  need,  and-... 

Loch  n-Oirisen,  now  Lough  Corrib  in  the  co.  of  Galway. 

As  to  Manannan  v.  supra  nos.  29,  74,  98,  135,  141. 

Mac  Gréne  («  tilius  solis  »),  a  king  ot  the  Tuatha  de  Danann  jointly  with 
Mac  Cuill  and  Mac  Cecht:  see  Four  Masters,  A. M.  3471,  and  O'Mahony's 
Keating,  pp.  144,  204.  Mac  Grene  .i.  Cethor,  grian  adea,  LL.  io->.  Eochaid 
OUathar  (ahàs  the  Dagda  Môr)  said  to  hâve  reigned  over  Ireland  from 
A. M.  3371  to  A. M.  3450,  V.  LL.  127''  and  Four  Masters.  His  daughter 
Brigit  the  poetess  is  mentioned  in  LL.  187':  and  in  Cormac's  Glossary  s.  v, 
Brigit. 

160.  Eô  Rossa  yrl. 
(LL.   i99''6i). 

E6  Rossa  7  Eô  Mugna  7  Bili  Dathi  7  Craeb  Uisnig  7  Bili 
Tortan,  coic  crand  sin. 

Eo  Rosa,  ibar  é.  Sairtuath  co  Druim  Bairr  à.oïoc\\air,  ut 
Druim  Suithe  cecinit  : 

[200^  i]    Eo  Rosa.  dia  dronbalc. 

roth  ruirech  dor  nime. 

re-'..  flatha.  nert  n-aicde. 

fuaim  tuinni.  10  fô  foirne. 

5   dech  duiHb.  fer  ferbglan. 

diriuch  dronchrand.  gart  Idnmar, 

I  .   Sic.  But  this  is  surely  a  scribal  error. 
2.   I  cannot  translate  the  remaining  words. 

Revue  Celtique,  XVI.  20 


278  Wbitley  Siokes 

tren  trinoit.  breth  bunaid. 

dam  toimsi.  25   brath  brethach. 
15   maith  mdthar.  brosna  suad. 

mac  Maire.  Saeriu  crannaib. 

muir  mothach  du  Galion. 

miad  maisse.  caemiu  dossaib. 

mal  menman.  30  din  bethra. 
20  mind  n-angel.  brig  bethad. 

nuall  betha.  bricht  n-eolais. 

blad  Banba.  Eo  Rosa. 

brig  buada.' 

IJnmus  immorro  Craeb  Belaig  Dathi,  7  is  si  romarb  Dathen 
in  filid,  7  suas  dorochair  co  Carn  Uachtair  Bile,  7  is  uad  ainm- 
nigth^r  Fir  Bile. 

Dair  dano  Eo  Mugna,  7  fodess  cer/;ndiriuch  dorochair  co 
Coirthi  Craind  Beoda  dar  Mag  n-Ailbe.  .ix.  cet  mdach  a  thorud 
de  dircnaib,  7  tri  toirthi  fair  ce^/;a  hliâd^ie  À,  ubla  amra  ingan- 
tacha  7  cnoe  corra  crodergga  7  derccain  donna  drumnecha. 

Unniwi'  immorro  Grand  Tortan,  7  siardes  ce^/;dirgi  dorochair 
co  Cill  Ichtair  Thiri. 

Fothûaid  cecbdirgi  dorochair  Unaius  Usnig  co  Granaird  i 
Garpr/  ir-ré  mac  [nJAeda  Slâne. 

The  TreeofRoss  and  the  Tree  of  Mugna  and  the  Ancient 
Tree  of  Dathe  and  the  Branching  Tree  of  Uisnech  and  the 
Ancient  Tree  of  Tortu  —  tive  trees  are  those. 

The  Tree  of  Ross  is  a  yew.  North-east  as  far  as  Druim 
Bairr  it  fell,  as  Druim  Suithe  («  Ridge  of  Science  »)  sang  : 

Tree  of  Ross,  a  king's  wheel,  a  prince's  right,  a  wave's 
noise,  best  of  créatures,  a  straight  firm  tree,  afirm-strong  god, 
door(?)  of  heaven,  strength  of  a  building,  the  good  of  a  crew, 
a  word-pure  man,  full-great  bount}^  :  the  Triniiy's  mighty 
one,  a  measure's  house  (?),  a  mother's  good,  Mary's  Son,  a 
fruitful  sea,  beauty's  honour,  a  mind's  lord,  diadem  of  angels, 
shout  ofthe  world,  Banba's  renown,  might  of  victory,  judg- 
ment  of  origin,  judicial  doom,  faggot  (?)  of  sages,  noblest  of 
trees^  glory  of  Leinster,  dearest  of  bushes,  a  bear's  (?)  defence, 
vigour  of  lifc,  spell  of  knowledgc,  Tree  of  Ross  ! 


/  ( 


The  Rennes  Dindsenchas .  Second  Supplément.  279 

Now  the  Branchy  Tree  of  Belach  Dathi  is  an  ash,  and  'tis 
k  that  killed  the  poet  Dathen,  and  it  fell  upwards  as  far  as 
Carn  Uachtair  Bile,  and  from  it  the  Fir  Bile  are  named. 

Now  the  Tree  of  Mugna  is  an  oak,  and  it  fell  due  south- 
ward,  over  Mag  n-Ailbe,  as  far  as  the  Pillar  of  the  Living 
Tree.  Nine  hundred  bushels  was  its  crop  of  acorns,  and  three 
crops  it  bore  every  year,  to  wit,  apples  goodly,  marvellous, 
and  nuts  round,  blood-red,  and  acorns  brown,  ridgy. 

The  Tree  of  Tortu  was  an  ash,  and  due  south-eastward  it 
fell  as  far  as  Cell  îchtair  Thire. 

Due  northward  fell  the  Ash  of  Usnech,  as  fiir  as  Granard  in 
Cairbre,  in  the  time  of  the  sons  of  Aed  Slâne. 

The  E6  Mugna  and  the  Bile  Tortan  \ve  hâve  already  met  with  in  No.  34 
(Rev.  CelL,  XV,  419),  and  No.  50  (ibid.,  445):  the  Eo  Rossa  and  the 
Craeb  Dathi  in  No.  50.  Mugna,  where  the  Eo  Mugna,  stood,  was  near 
Carlow,  F.  M.  940,  in  the  south  of  the  Co.  of  Kildare,  F.  M.  962.  The 
Bile  Tortan,  «  tree  of  Tortu  »,  stood  at  a  place  called  Tortu  near  Ardbrac- 
can  in  the  co.  Meath,  see  Chroii.  Scot.,  pp.  46,  76,  190.  Druiin  Bairr,  to 
which  the  Eo  Rossa  fell,  is  in  Fermanagh.  The  Fir  Bili  inhabited  what  is 
now  thebarony  of  Farbill  in  the  co.  of  Westmeath.  Granaird  i  Cairpri,  now 
Granard  in  the  co.  of  Longford. 

Of  the  two  poets  hère  mentioned,  Druim  Suithe  and  Dathen,  I  know 
nothing.  The  rhapsody  attributed  to  the  former  seems  a  string  of  ken- 
nings',  which  in  Irish,  as  in  Scandinavian,  poetry,  took  the  place  of  si- 
miles.  It  once  perhaps  had  some  meaning,  now  not  easily  discoverable. 

Aed  Slanc,  king  of  Ireland,  was  murdered  A.D.  600.  His  two  sons,  Diar- 
mait  and  Blathmec,  joint  kings  of  Ireland,  perished  ofthe  plague  A.D.  664. 


161.  Emain  Mâcha. 
(LL.  20^46). 

Cid  dia  td  Emain  Mâcha  ? 

Ni  ansa.  Trj  '.g  bdtar  ior  Her////z  i  comnathizYj.  Do  Vltaib 
dôib  .i.  Dithorba  mac  Dimmain  a  hUsniuch  Mide,  Aed  Riiad 
mac  Bdduirn  maie  Argaitmair  a  Tir  Aeda,  Cimbaeth  m^^  Fin- 


I .   One  of  them,  brosna  suad,  is  a  technical  term  of  the  poets  :  see  Thur- 
neysen,  Mittelirische  Verslehren,  121. 


28o  Whitley  Stokes. 

tain  meic  Argatmair  a  Finnabair  Maige  Inis.  Doniat  côra 
iarum  na  rig  sin,  [20*"  i]  secht  mhh'adna  car/;  fir  dib  ir-rige. 
Tri  secht  mbliadna.  Ratha  evirru  secht  lidruid,  secht  filid,  secht 
n-ôcthig/rn.  Na  secht  lidruid  dia  rimsad  tria  bric[h]tu.  Na 
secht  filid  dia  ligUmad  7  dia  n-erfuacra,  7  na  secht  tôisig  dia 
riguin  ^  7  dia  loscud  meni  facbad  in  fer  dib  in  rige  i  cind  secht 
mhXiadan  :  co  cornet  fir  flatha  .i.  mess  car/;a  \Àiadne  7  cen  meth 
rûamna  CQch  datlia  7  cen  mna  d'écaib  de  banaidid. 

Timclielsat  teora  cùarda  cer/;  fir  dib  ir-rige  .i.  Ixiii.  ^.  Aed 
Ruad  trd  atbath  dib  art//i  .i.  badud  robaded  i  n-Es-Ruaid,  7 
co  tucad  a  chorp  issin  sid-sin.  \]nde  Sid  n-Aeda  7  Ess-Riiaid. 
Ni  fargaib  in  t-Aed  sin  claind  acht  oen  ingen  .i.  Mâcha  Mong- 
rùad  a  hainm-side.  Conattaig-side  sel  a  hathar  don  rige.  Atb^rt 
Cimbaeth  7  Dithorba  ni  thib^rtais  rige  do  mndi.  Fechta  cath 
etwrru  7  maidid  in  cath  rc  Mâcha.  Dorumalt  secht  mWia- 
dna  ir-rige.  Dorochût/r  'Dllhorha  i  Corund  ïàisedQ.  Fordcaib- 
sedQ  côic  maccu  maithe  .i.  Baeth  7  Bras,  Bétach  7  Uallach  7 
Borbchas.  Conatchetar  sedt  rige.  hxhen  Mâcha  na  tibred  dôib, 
arni  6  rathaibtuc,  achtiï  roi  chathaarécin.  Fecta  cath  etwrru. 
Brissis  Mâcha  in  cath  for  m^tccaib  Dithorba  co  fargaibset  dr 
cend  aicce.  Co  ro  chuir  iat  ar  innarba  iartain  i  ndithrubaib 
Co;macht.  Tue  Mâcha  iarsain  Cimbaeth  chucci  do  chéile  di  7 
do  thaisigecht  a  3  amsaige  imme. 

O  robatar  oentadaig  trd  Mâcha  7  Cimbdeth,  luid  Mâcha  do 
iarair  iwac  fiDithorba  ir-richt  chlaimsige  .i.  tdes  secail  7  rota 
racomled  impe,  rt^nos-fuair  i  mBairind  Co;macht  oc  fune  tuirc 
allaid4,  lArfaigit  na  fir  scéla  di,  7  innissid  si  dôib,  7  dob^rat 
biad  di  'con  tenid  si.  Klheir  fer  dib:  «  Is  dlaind  rose  na  cal- 
ligi  :  ôentaigem  fria.  »  Nos-beir-side  leis  fon  caillid.  Cenglaid- 
si  in  fer  sain  d.\-\us  nirt,  7  Bcbaid  é  'sin  chdillid.  Tic-si  dori- 
disi  don  tenid.  «  Cade  in  fer  dachoid  latt  ?  »  ar  siat.  «  Mebol 
lais,  »  ar  si,  «  tiachtain  chucaibsi  'ar  n-oentugud  friclaimsig.  » 
«  Ni  ba  mebol,  »  ar  iatsum,  «  ar  dogenamni  uli  a  cetna.  » 
Nos-beir  car/;  fer  fon  caille.  Cehglaid-si  car/;  fer  dib  ar  niurt, 

1 .  Facs.  guin 

2.  Facs.  Ixui. 

3 .  Facs.  dothaisigechta 

4.  Facs.  tuircallaid 


The  Rennes  Dind'enchas.  Second  Supplément.  281 

ocus  nos-beir  i  n-oencherigul  lé  iat  co  hUltu.  AsbtTtatar  Ulaid 
am-marbrt(i.  «  Ni  thô,  »  ar  sisi,  «  ar  is  coll  fir  flatha  damsa, 
acht  a  ndoirad  fo  dôire  7  claidet  raith  immumsa,  corop  hi  bas 
primchathir  Ulad  co  brath.  » 

Coro  thôraind-si  dôib  in  dûn  cona  heo  (.i.  delg)  ôir  imma 
muin  .i.  Emuin  .i.  eo  muin  .i.  éo  imma  muin  Mâcha.  Côic 
hliadna  ar  .cccc.  ria  ngein  Chm^  ocus  .1.  bliadan  aile  ar  .cccc. 
[21^  i]  6  gein  Crist  co  turscur  Emna  Mâcha  (i.  co  tuttim  d'Ultu 
co  Airgialla)  dona  tri  Collaib  iar  rhbrissiud  ciiatha  Aciiaid  Leth- 
deirg  i  Fernmaig,  i  lorchair  Fergwi  Foga  mac  Fraichair  For- 
tren,  tiugflaitii  Ulad  i  n-Emain  Mâcha. 

There  were  three  kings  over  Erin  in  joint-sovranty.  Of  the 
Ulaid  were  they,  even  Dithorba  son  of  Dimmdn,  of  Usnech 
of  Meath,  Aed  the  Red,  son  of  Bâdurn,  son  of  Argatmar,  from 
Tir  Aeda,  and  Cimbaeth,  son  of  Fintan,  son  of  Argatmar,  of 
Finnabair  of  Mag  Inis.  Now  those  kings  make  an  arrange- 
ment that  each  of  them  should  be  seven  years  in  the  king- 
ship.  Thrice  seven  years.  The  sureties  between  them  were 
seven  druids,  seven  poets,  seven  captains.  The  seven  druids 
to  bewitch  (?)  them  ^  by  means  of  spells  :  the  seven  poets  to 
satirise  them  and  denounce  them,  and  the  seven  chieftains  to 
wound  and  burn  them,  unless  each  manof  them  should  give  up 
the  kingship  at  the  end  of  his  seven  years,  with  safeguarding 
a  prince's  truth,  to  wit,  mast  every  year,  and  no  failure  of 
dyestuff(?)  of  every  colour,  and  no  women  to  die  in  childbed. 

Each  man  of  them  took  three  turns^  in  the  kingship,  that 
is,  sixty-three  (years  in  ail).  Now  Aed  the  Red  was  the  first 
of  them  to  die  :  he  was  drowned  a  drowning  in  Ess  Rûaid 
(«  Ruad's  cataract  »),  and  his  body  was  borne  into  the  elf- 
mound  there.  Hence  Sid  n-Aeda  («  Aed's  Elfmound  »)  and 
Ess  Rûaid.  Thc^L  Aed  left  no  children  save  one  daughter, 
whose  name  was  Mâcha  of  the  Ruddy  Hair.  She  demanded 
her  father's  turn  of  the  kingship.  But  Cimbaeth  and  Dithorba 
would  not  surrender  the  kingship  to  a  woman.  So  a  battle  is 


1 .  dia  rimsad.  O'Curry  renders  ritnsad  by  «  scorch  »,  a  mère  guess. 

2 .  Literally  c  They  went  round  three  circuits  each  man  of  them  »■. 


282  Whitley  Stokes. 

fought  between  them,  and  Mâcha  routs  them  in  the  fight. 
She  spent  seven  years  in  thekingship.  Dithorba  fell  in  Corann 
at  that  time.  He  left  five  noble  sons,  namely  Baeth  and  Bras, 
Bétach  and  Uallach  and  Borbchas.  Theyclaimed  the  kingship; 
but  Mâcha  said  that  she  would  not  surrender  it  to  them  be- 
cause  it  was  not  froni  sureties  that  she  had  got  it,  but  by 
force  on  a  foughten  field.  So  a  battle  was  fought  between 
them,  and  Mâcha  routed  Dithorba's  sons,  and  they  left  with 
her  a  «  slaughter  of  heads  ».  Thereafter  she  banished  them 
into  the  déserts  of  Connaught.  Then  Mâcha  took  Cimbaeth 
to  be  her  husband  and  to  lead  her  soldiery  for  her. 

So  when  Mâcha  and  Cimbaeth  were  united,  Mâcha  went  to 
seek  Dithorba's  sons  in  the  guise  of  a  lepress  —  that  is,  rye- 
dough  and  red  bog-stuff  were  rubbed  over  her  —  and  she 
found  them  in  Boirenn  Connacht  (around  a  lire),  cooking  a 
wild  boar.  The  men  ask  tidings  of  her,  and  she  tells  them 
(the  news),  and  they  give  her  food  by  this  fire.  One  of  them 
says  :  «  Beautiful  is  the  hag's  eye  !  let  us  lie  with  her.  »  He 
carries  her  off  through  the  wood.  She  binds  that  man  by  dint 
of  her  strength  and  in  the  wood  she  leaves  him.  She  comes 
again  to  the  fire.  «  Where  is  the  man  who  went  away  with 
thee?  »  say  they.  «  He  is  ashamed,  »  quoth  she,  «  to  come 
to  you  after  lying  with  a  lepress.  »  «  'Tis  no  shame,  »  say 
they,  «  for  ail  of  us  will  do  the  samc.  »  So  each  of  them 
carries  her  through  the  wood,  and  she  binds  each  of  them  by 
force,  and  brings  them  in  one  bond  to  Ulster.  The  Ulster- 
men  said  that  they  should  be  killed.  «  Nay,  »  quoth  she, 
«  since  it  would  be  for  me  a  violation  of  a  prince's  truth.  But 
let  them  slave  in  slavery,  and  dig  a  rath  around  me,  so  that 
it  may  be  Ulster's  chief  city  for  ever.  » 

Then  she  marked  out  the  fortress  with  her  brooch  (eô)  of 
gold  that  was  at  her  neck  (inuiii).  Hence  Emuin,  that  is,  eo- 
inuin,  the  cô  that  was  at  Macha's  luuin. 

Four  hundred  years  and  five  (was  this)  before  the  birth  of 
Christ,  and  (there  were)  fifty  other  years  and  four  hundred 
from  the  birth  of  Christ  to  the  severance  of  Emain  Mâcha  (i. 
e.  after  its  fall  from  Ulster  to  Oriel)  by  the  three  Collas  after 
they  won  the  battle  of  Achad  Lethdeirg  in  Fernmag,  where- 


The  Rennes  Dindsenchas.  Second  Supplément.  283 

in  feli  f°rgus  Foga  son  of  Fraichar  Fortrén,  the  last  prince  of 
the  Ulaid  (who  reigned)  in  Emain  Mâcha. 

Edited  with  the  exception  of  the  last  paragraph  by  O'Curry  in  his  Lec- 
tures on  the  MS.  Materials  of  Aiicient  Irish  History,  pp.  526-528.  See  F.M. 
A. M.  4532. 

Emain  Mâcha,  now  the  Navan  Fort,  two  miles  west  of  Armagh.  See  the 
plan,  Revue  Celtique,  XVI,  4. 

Macha's  smearing  herself  with  rye-dough  and  red  bog-stufï  has  been  sup- 
posed  to  be  one  of  thesavage  puTcapa't  àyvîla'.  discussed  by  Mr.  Andrew  Lang 
in  his  Myth,  Ritual  and  Religion,  I,  285-286.  But  hère  it  seeras  only  a 
means  of  disguise.  Compare  the  Boroma,  Rev.  Celtique,  XIII,  80,  where 
Rôn  Cerr  disguises  himself  with  rye-dough  and  calFs  blood. 

Fernmag  now  Farney.  The  battle  of  Achad  Lethdeirg  was  fought  A.D. 
321  or  322. 

«  Safeguarding  a  prince's  truth,  to  wit,  mast  every  year  »,  etc.  Compare 
the  Odyssey,  XIX,  109. 


284 


Whitley  Stokes. 


INDICES 

^-y- 

2,  Revue  Celtique, 

XV,  pp. 

277-356, 

33-' 

80, 

— 

pp. 

418-484 

81-1 

IJO, 

— 

XVI, pp. 

31-83. 

131 

->n. 

— 

pp. 

125-157 

154- 

-161, 

— 

pp. 

269-283, 

INDEX   OF    PLACES. 


Aball  Aillinne  (a  tree).  17. 
Acluid  Abla.  108. 
Achad  Lethdeirg.  163. 
Acuil.  22. 

Adarca  Hua  Failgi.  16. 
Adlaic.  I  5  42- 
Aidne.  78. 
Aige  (a  river).  15. 
Ail  Clùade.  1 16. 
Ailech.  91,  et  v.  90. 
Aill  meic  Asuaill.  149. 
Aillend.  17. 
Airbri.  16. 
Airer  Criblaige.  52. 
Aithechtuatha.  8. 

Alba.  18,  74,91,96,  116,  123,  145. 
Albine.  154. 
Almu.  16. 

Annôitf?)  Formaile.  52. 
Ard  Gain.  71. 
Ard  Caindlecli.  129. 
Ard  Fidraid.  14. 
Ard  Fothaid.  89. 
Ard  Lemnachta.  39. 
Ard  Luaithrid.  13. 
Ard  Machae.  94. 
Ard  na  Ri'ag.  135. 
Ard  Nôisen    127. 
Ard  n-Umai.  127. 
j^th  mBecc.  95. 
>^th  Cinn  mara.  27. 
Ath  Cli'ath  Cûalann  (Duiblinne).  28 
et  V.  II,  58,  132. 


Âth  Cliath  Medraigi.  61,  et  v.   58, 

,  i3i>  132- 
Aih  Fadat,  36. 
Ath  Féne.  140. 
Àth  nGabla.  144. 
;4th  Grencha.  144. 
Ath  ind  Inathair.  i  18. 
Ath  ind  Uinchi.  27. 
Ath  Laigin.  131. 
Àth  hac  find.  139. 
y\th  lûain.  66,  140. 
Âth  Mara  (Maere).  32. 
Ath  môr.  66. 
^th  na  Féile.   52. 
J^xh  Omna.  132. 
y^th  Orc.  II. 
>\th  Sige  (Side?).  78. 
Ath  Truistenn.  22. 
Athcn.  18 

Babluan.  2$. 

Bairenn  (a  river).  25. 

Bairenn  Germain.  25. 

Banba.  40,  78,  160. 

Barc  Grimthainn  nia  Niir.  4. 

Belach  Gonglais.  35. 

Belach  dd  benn.  24. 

Belach  dâ  liacc.  79. 

Belach  nDuirgein.  24,  et  v.  14. 

Belach  Fualascach.  il. 

Belach  Gabràin.  37. 

Belach  na  fert.  70. 

Belach  nemed.  38. 


The  Rennes  Dindsenchas.  Index  of  Places. 


285 


Benn  Béguine.  142. 

Benn  Boirche.  98. 

Benn  Codail.  109. 

Benn  Étair.  29,  30. 

Benn  Foibni    146. 

Bennchor  Ukd.   123. 

Berba  (a  river).  1 5,  et  v.  36,  49,  50. 

Berna  na  cléithe.  25. 

Bernas  Tire  Aeda.  91. 

Berramain.  31,  63, 

Berre.  52,  87. 

Bile  Dathi  (a  tree).  160. 

Bile  Tortan  (a  tree).   160,  et  v.  34, 

50. 
Bladma.  112. 
Blocc  (a  stone).  i  §  21. 
Bluicne  (a  stone).  i  §  21. 
Bô.  19, 
Bôand  (a  river).  19,  98,  ace.  Bôinn. 

16,  28. 
Boirenn.  131. 
Boirenn  Connacht,  163. 
Boirenn  Corcumruad.  22. 
Brea.  132. 
Bréchmag.  34,  118. 
Brefne.  149,  et  v.  3,  72 
Brega.  78,  79,  115,  141,  146. 
Bre;ain,  gen.  Bretan.  i,  20.  Bretain 

Alo  Cluaide.  116. 
Br[-dam  Dile.  78. 
Bri  Ele.  8,  16,  59. 
Bri  Léith.  126,  etv.  3,  65,  94,  144. 
Bruden  da  Clioca.  129. 
Bruden  da  Derga,.  29,  31. 
Brug  maie  ind  Oc.  28,  79,  141. 
Brug  mnâ  Elcmair.  78. 

Caill  Achaid.  71. 

Caill  Cuan.  20. 

Caisel  Cannain.  58. 

Caisel  Gannan.  52. 

Caisel  Oengusa  mie  Crundmail,  4. 

Caprach  Cormaic.  i  §  10. 

Carcar  Léith  Machae.  4. 

Carman.  18. 

Carn  Aroalgaid.  133. 

Carn  Caibill.  158. 

Carn  Conaill.  78. 

Carn  Daim  Deirg.  52. 

Carn  Feradaig.  56. 

Carn  Frâich.  132. 

Carn  Furbaidi.  88. 


Carn  hùi  Néit.  46. 

Carn  Luigdech.  96. 

Carn  maeraide  hùa  Néil.  i  §§  39,  40. 

Carn  Mail.  96. 

Carn  na  maeraide  Laigen.   i  §§  32, 

36. 
Carn  Omra.  138. 
Carn  Romra.  138. 
Carn  uachtair  bili.  160. 
Carngal  (Carnail?)   Cuind  Cétcha- 

thaig.  4. 
Carraic  Cluman.  i  §  37. 
Carraic  Drobeoil,  25. 
Carraic  Leithdeirg.  92. 
Cathair  Comfosaid.  52. 
Cathair  Crofind.  i  §  3. 
Cathair  Dûine  lascaig.  49. 
Ceilbe.  21. 
Céis  Coroinn.  77. 
Cell  Ichtair  Thire,  160. 
Cenn  Cuirrig.  49. 
Cenn  Etich.  127. 
Cenn  Febrat.  48,  121. 
Cenn  Ti're,  66. 
Cera.  68. 
Cermna.  78. 
Cerna.  115. 
Cetha  Forngaire.  118. 
Cir  7  Curreill  mnâ  in  Dagdai    4. 
Cland  Bresail  Bricc.  i  §  7. 
Cland  Ailella.  75. 
Cland  Cruthnig.  39. 
Cland  Gailim.  63. 
Cleitech.  114. 
Cliu  Muman.  61. 
Cloenfertai.  i  §§  34,  35. 
Clôenloeh.  116. 
Clûain  Caechne.  36. 
Clûain  Ailestair.  20. 
Clùain  Cannain.  58. 
Cnâmehoill.  1 10. 
Cnâmross.  31. 
Cnocc  Bae.  20. 
Cnoec  mBaine.  91. 
Cnoce  Dabilla.,  4,  19. 
Cnocc  Duma  Aichir.  22. 
Cnoce  Tarbga.  156. 
Cnogba.  78. 
Cnueha.  153. 

Coiced  Ailella  meic  Mata.  20. 
Côiced  Cairbri.  20. 
Côiced  Conchobair.  20. 


286 


Whitley  Stokes. 


Côiced  Gailian.  38. 

Côiced  Olnecmacht.  61. 

Coille  Germain.  25. 

Coire  mBreccain.  145. 

Comfot  Coelchon  7  a  arad.  1  §  28. 

Comfot  Cairbri  Lifechair.  4. 

Commar  tri  n-uisce.  102. 

Conailli  Murthemne.  95. 

Connacht.  31,  33,   52,  57,  60,  71, 

87,  112,  161. 
Corann.  161,  Coronn.  77,  161. 
Corco  Lâigdi.  130. 
Corcomruad.  151. 
Corra  Ednecha.  51. 
Craeb  Belaig  Dathi.  160. 
Craeb  Dathi.  50. 
Craeb  Mugna.  50,  et  v.  54. 
Craeb  Uisnig.  160. 
Crann  Tortan.  160,  et  v.  34. 
Crechmâel.  86. 
Crîch  Comul.  32. 
Crich  Cruithnech.  78. 
Crich  Cualann.  40. 
Crinda.  118. 
Croch.  52. 

Cros  Adamnain.  i  §  20. 
Gros  Fergusa.  1  §  37. 
Grotta  Gliach.  47. 
Gruach  Aigli.  78. 
Gruaclian.  ,80,  136. 
Gruachan  Ai.  129,  132. 
Gruachan  Aigli.  68. 
Gruachu.  72. 

Crutlinig  na  Gruachna.  152. 
Cualgne.  66. 

Gualu,  gen.  Cualann.  126. 
Cuchtair  Cormaic.  i  §  16. 
Cûil  Cada.  113. 
Gûil  Eclîtair.  60. 
Guilliu,  gen.  Guillenn.  159. 

Dâ  cich  na  Morrigna.  4. 

Dail.  78. 

Daim-inis.  83. 

Daire  Bainb.  112. 

Daire  Gossduib.  158. 

Daire  Falgad.  113. 

Daire  Léith.  154. 

Daire  Léith  hua  Falgi.  36. 

Daire  Tarbga.  73. 

Dâl  n-Araide.  20. 

Dell  mBûain.  141. 


Dàl  Selle  (Sailne).  141. 

Dâl  n-Uisnig.  30. 

Dali.  140. 

Dali  (a  mound).  i  §  23. 

Danmairc.  9. 

Derc  dub.  i  §  10. 

Derc  niBuailcc  Bicc.  4. 

Derg-môin.  25. 

Desel  Temra.  i  §§38,  39. 

Desgabur.  18. 

Dési  Breg.  22. 

Dési  Temrach.  Introduction. 

Dési  Muman.  v.  Indeôin. 

Diadlaic.  i  §  42. 

Diamrai  Breg.  125. 

Dind  Gochlâin.  126. 

Dind  rig.  9. 

Dinda  Hua  nAmalgada.  135. 

Dindgnai  in  Broga.  4. 

Dindgnai  Laigen.  22. 

Dindgnai  Temrach.  i. 

Dorchae.  i  §  23. 

Drobâis.  140. 

Drong  Assail.  66. 

Druim  n-Airbre.  8. 

Druim  n-Airthir.  140. 

Druim  Almaine.  37. 

Druim  Bairr.  160. 

Druim  Bertach.  52. 

Druim  Bethech.  152. 

Druim  câin  (in  Gonnaught).  87. 

Druim  câin  (Tara),  i  §  3. 

Druim  cliab.  82. 

Druim  Cresach  (Clasaig?).  152. 

Druim  Criaich.  140. 

Druim  nDairbrech.  8. 

Druim  den.  27. 

Druim  nDescin  (Tara),  i  S  3- 

Druim  Fingin.  152. 

Druim  Ing.  29. 

Druim  Suamaich.  129. 

Dub.  140. 

Dub-âtha  Maisten.  22. 

Dub-chlais.  112. 

Dub-gaill.  9. 

Dub-inis.  7 1 . 

Dubri.  151. 

Dub-thi'r.  84. 

Duib-lind.  26. 

Dumae  n-Aicle.  2. 

Dumae  n-Eirc.  2. 

Dumae  Faifni.  1 5, 


The  Rennes  Dindsenchas.  Index  of  Places. 


287 


Dumae  Granarda.  144. 

Dumae  ind  Luchduinn.  i  §  41. 

Dumae  na  bô.  i  §11. 

Dumae  na  mbanamus.  i  §  27. 

Dumae  na  cnâm.  4. 

Dumae  na  ngiall.  i  §  12,  3. 

Dumae  Rôirenn.  33. 

Dumae  Selga.  71. 

Dumae  Tresc.  4. 

Dûn.  52. 

Dûn  Barc.  82. 

Dûn  niBrea.  29. 

Dûn  Bres.  140. 

Dûn  Cairin.  58. 

Dûn  Crimthainn.  30,  et  v.  3. 

Dûn  Croin.  66. 

Dûn  Cûair.  154. 

Dûn  dà  benn.  121. 

Dûn  delga.  54,  119. 

Dûn  Étair.  28. 

Dûn  Finteing.  154. 

Dûn  nGabail.  23. 

Dûn  Garbâin.  48. 

Dûn  mac  Nechtâin  Scène.  130. 

Dûn  Masc.  154. 

Dûn  Meic  Dâtho.  18. 

Dûn  na  nGîall.   99  =  Duma   na 

nGiall  q.  v. 
Dûn  Oengusa.  78. 
Dûn  Sobairci.  66,  98. 

Eiscir  Riada.  58,  132. 

Elle.  56. 

Emain.  106,  120,  141. 

Emain  Mâcha.  161,  et  v.  140. 

Enach  selga.  34. 

Eoganacht  Caisil.  i  §  28. 

Eôir  (a  river).  49. 

E6  Mugna  (a  tree).  iSo-,    .  /.  34. 

E6  Rossa  (a  tree).  160,  et  v.  50. 

Ériu,  gen.  Érenn,  dat.  Érinn.  Intro- 
duction, I,  62,  90  et  passini. 

Ernai.  76,  80. 

Ernai  Muman.  22. 

Espàin,  Espâinia.  i  §  2,  93,  131, 
136. 

Ess  Duinn.  81. 

EssRûaid.  81,  et  v.  75, 106, 140, 161. 

Etal.  43. 

Étar.  3. 

Etharlaige.  118. 

Ethne.  88. 


Fafaind.  15,  16. 

Fal.  I  §  15. 

Fan  in  Briugad.  16. 

Fan  na  carpat.  i  §  34- 

Febal  (i.  e.  Loch  Febail?).  140. 

Femen.  12,  49. 

Fernmag.  163. 

Fersat  Râtha  Branduib.  135. 

Fersat  Trese.  135. 

Fert  Feidlimthe  Rechtmair.  4. 

Ferta  Aeda  Luirgnig.  4. 

Ferta  Esclâim  (Pâtraic).  4. 

Ferta  nan-ingen.  126. 

Fiad  in  Broga.  20. 

Ffch  mBûana.  106. 

Fid  eoin    148. 

Fid  Frosmuine.  117. 

Fid  nGaible.  1 1 . 

Find.  19. 

Findabair  Maige  Inis.  161. 

Findglais.  33,  140. 

Findloch.  156. 

Findloch  Géra.  68. 

Fir  Bile.  160. 

Fir  Bolg.  8,  29,  40,  128,  159. 

Fir  Domnann.  8,  9,  132. 

Fir  Falga.  53,  81,  ni. 

Fir  Femin.  47. 

Fir  Féne.  72. 

Fir  Fidga.  82. 

Fir  Murig.  5. 

Fir  Olnecmacht.  60,  71,75,  112. 

Firt  mBoinne   4. 

Foma.  22. 

Fomoiri.  38,  108. 

Fomoraig.  42,  147. 

Forauiri  Fer  Falga.  91. 

Forcartain  (-tan,  -tu).  22,  26,  iio. 

Fornochl.  27  et  v.  22. 

Forrad.  i  §  9. 

Fothairt.  18. 

Fothairt  Airbre.  8. 

Fothairt  Domnann.  9. 

Frâech  Slemna  (Oirenn) .   115. 

Frâechmag.  70. 

Frainc.  43. 

Fremann.  3,  65. 

Fulacht  Fiachach  Sraibtine.  4. 

Gabal.  11. 

Gabrân  (Belach  Gabrâin).  49. 

Gaileoin,  dat.  Gailianaib.9,  15,  160. 


Whitley  Sîokes. 


Gailia  Narbonem.  43. 
Gaill.  9.  See  Dub-gaill. 
Gaillim.  131. 
Gâirech.  120,  et  v,  66. 
Galenga.  9. 
Glascarn.  71 . 
Glais  Cuind.  140. 
Glais  Cruinn.  66. 
Glais  tarsna.  140. 
Glais  Rompir.  22. 
Glenn  Cappaige.  25. 
Glenn  Cruain.  144. 
Glenn  Cuill.  25. 
Glenn  Findléiih.  25. 
Glenn  in  Mata.  4. 
Glenn  na  Samaisce.  66. 
Glenn  Samaisce.  157. 
Glenn  Serraig.  107. 
Glenn  Smoil.  25. 
Glomraige.  127 
Gôidil.  20,  40,  68,  116,  134. 
Granaird  i  Cairbri.  160. 
Grec  «  Greece  »,  134.  . 
Greic  «  Greeks  ».  58,  128. 
Grellach  Sruthra,  144. 
Gris.  32. 

Hirarus,  see  Irarus. 
Hûi  Amalgaid.  135. 
Hùi  Fàlgi.  18,  36,  135. 
Hûi  Felmeda.  22. 
Hùi  Garbchon.  1 54. 
Hûi  Mail.  14. 
Hùi  Muiredaig.  33. 
Hûi  Néill.  I  5  39. 

lath  n-Elga.  42. 

Ibur  Baile.  17. 

Ilgairech.  66. 

Imbliuch  Meconn.  43. 

Imdae  in  Dagdai.  4. 

Inber  (Indber?)  n-Àilbine.  5. 

Inber  mBicni.  123. 

Inber  mBuada.  134,  136. 

Inber  Cairn  glais.  136. 

Inber  Cichmaini.  104. 

Inber  Colptha.  4,  28. 

Inber  Dea.  40. 

Inber  Glais,  141. 

Inber  Scène.  130. 

Inber  Slaine.  40. 

Inber  Unuill.  7 1 . 


Indeoin  na  nDése.  55. 
Inis  Aine.  42. 
Inis  Amalgaid.  135. 
Inis  Bretan.  91. 
Inis  Érenn.  109. 
Inis  Failinn.  131. 
Inis  Glas.  66. 
Inis  Medon.  78. 
Inis  Saimer.  134. 
Insi  Mod.  74,  78. 
Irarus.  117. 
Irluachair.  141. 
Irmumu.  58. 
Irôt  (Erôt).  10. 
Irrus  Damnonn.  58. 

Laigin.  9,  etv.  i  §§  7,  35,  36,  and 
Nos.  14,  22,  28,  29,  33,  34,  36, 

38,  39>  71- 
Laigin  Desgabur.  18. 
Laiglinni.  78. 
Laigni.  103. 
Laigsi.  9,  18. 
Lecan  môr  Midi.  66. 
Lecc  bend  «  stone  of  horns  »?  4,  28. 
Lecc  Thollchinn.  122. 
Lecht  Cellaig  m.  Maile  coba.  4. 
Ledit  Con  ocus  Cethin.  i  §  14. 
Lecht  gabra  Cinaeda.  4. 
Ledit  ind  abaic.  i  §  22. 
Ledit  in  Dagdai.  4. 
Lecht  in  Mate.  4. 
Lecht  Maini.  i  §  19. 
Lecht  Niata  (Mata?),  i  §  S. 
Lecht  Oenfir  Aife.  95. 
Leth  Cuinn.  14. 
Lia  Lindgatain.  1 19. 
Lia  na  fi'an.  i  §§  25,  26. 
Lia  Nothain.  87. 

Liacc  benn.  28  =r  Lecc  benn  q.  v. 
Liacc  Buidi  nieic  Muireda.  4. 
Liaig  (a  well).  i  §  10. 
Lianiain.  22. 
Liatlî  na  cor.  140. 
Liathdruim  (Tara),  i. 
Liathmuine.  113,  141. 
Liber  (a  river),  i  j. 
Ligir  (a  river).  43. 
Ligmuine.  8. 
Linc.  103. 
Linn  Doe.  36. 
Linn  mnâ  féile.  59. 


The  Rennes  Dindsenchas.  Index  of  Places. 


289 


Loch  Aindind.  128. 

Loch  bel  dracon.  47. 

Loch  cenn.  151. 

Loch  Cimbi.  78. 

Loch  con.  74,  145. 

Loch  Cuan.  98. 

Loch  Cutra.  78. 

Loch  Dacaech.  40,  98. 

Loch  nDechet.  75. 

Loch  Dergdeirc.  64. 

Loch  n-Echach.  141,  et  v.  51. 

Loch  n-Érne.  80. 

Loch  Febail.  91,  140. 

Loch  Gabar.  107. 

Loch  Gartnan.  40. 

Loch  Gile.  138. 

Loch  Laighnni.  150. 

Loch  Léin.  55,  et  v.  50,  127. 

Loch  Lôeg.  97. 

Loch  Lurgan.  36. 

Loch  Mesca.  78 

Loch  Néill.  73. 

Loch  n-Orbsen.  159,  et  v.   140. 

Loch  Riach.   158,  et  v.  50. 

Loch  R!  (Rîb).  79,  et  v.  51. 

Loch  Ruidi.  98. 

Loch  Séta  (Sétna).  124. 

Loch  Sîlenn.  67,  151. 

Loch  Sithgail.  155. 

Loch  n-Uair.  128. 

Lochlann.  5. 

Loeg  (a  well).  i  §  15. 

Long  ingine  Forainn.  4. 

Long  na  mban.  i  §§  24,  28,  29,  32. 

Luachair.  50,  52,  79. 

Luachair  Aine.  52. 

Luachair  Degad.  53. 

Luibnech.  121. 

Luigni.  103. 

Luimnech.  57,  153. 

Lusmag.  108. 

Machad  Brigte.  16. 
Maenmag.  63,  et  v.  60,  158. 
Mag  Adair.  78. 
Magn-Ai.  69,  73,  140. 
Mag  n-Aidni.  62. 
Mag  n-Ailbe.  160. 
Mag  n-Airbthen.  79. 
Mag  mBernsa(?).  25. 
Mag  mBolgaide,  1 1 1 . 
Mag  niBreg.  m. 


Mag  mBroin.  135. 

Mag  Ceiti.  135. 

Mag  Goba.  93,  et  v.  66. 

Mag  Coroinn.  77. 

Mag  Cruachan.  140. 

Mag  Guma.  1 10. 

Mag  nDenusa.  152. 

Mag  nDoirb.  iio. 

Mag  nDumach.  152. 

Mag  Étair.  30. 

Mag  Fea.  44. 

Mag  Femin.  44. 

Mag  Fera.  44. 

Mag  Fertaigi.  13. 

Mag  Find.  79. 

Mag  Findabrach.  118. 

Mag  nGlas.  136. 

Mag  Innusa.  149. 

Mag  n-Itha.  90. 

Mag  Léige.  147. 

Mag  Lena.  1 12. 

Mag  Lifi.  12. 

Mag  Luathat.  13. 

Mag  Luirg.  72,  140. 

Mag  Lunga.  75. 

Mag  Mâcha.  94,  102. 

Mag  Maein.  81. 

Mag  Main  (=:  Maenmag?).  158. 

Mag  Maisten.  32. 

Mag  Mechi.  13. 

Mag  Mell  Tire  Tairngiri.  45. 

Mag  Mesca.  18. 

Mag  Muaich.   1 10. 

Mag  Mucraime.  70. 

Mag  Mugna.  34. 

Mag  Muirig.  5. 

Mag  Muirisc.  76. 

Mag  Murthemne.  119. 

Mag  Rechet.  154,  155, 

Mag  Roigni.  43. 

Mag  Senaig.  149. 

Mag  Slecht.  85,  et  v.  72,  149. 

Mag  Tarbga.  156. 

Mag  Tibra.  1 36. 

Mag  Tuired.  108. 

Mag  Ulad.  96. 

Maistiu.  32. 

Mala(?).  25. 

Martine.  72. 

Medraide.  131. 

Mide.  7,  et  v.  3,  78,  115. 

Moel  (a  stone).  i  §  21. 


290 


Whiîley  Stokes. 


Moin  Alinn  (Almaine).  37. 

Môin  Gai  glaiss.  14. 

Môin  Lamraige.  3. 

Môin  Tire  Nair.  105. 

Mucciind.  66. 

Mucc-inis.  74. 

Muimni.  103. 

Muimnich.  132. 

Muirbech  Mil.  78. 

Muir   n-Icht.   6,   42,  122  =  Icht- 

muir.  42. 
Mumu   gen.   Muman.    46,   47,   57, 

61,  107. 
Mûr  na  Morrigna.  4. 
Mûr  Tea.  i  §  9. 
Mûr  na  tri  cocar.  i  §  24. 

Nâs.  20. 

Nemnach  (a  well).  i  §§  5,  6. 

Nemthenn.  83. 

Nith  (a  stream).  i  §  5. 

Ochonn  (Ochan?)  Midi.  6. 
Odba.  103. 
Odras.  113. 
Oe  Cualann.  29. 
Oenach  Airbi  Roiir.  95. 
Oenach  Carmuin.  18. 
Oenacli  Fer  Fidga.  81. 
Oenach  Mâcha.  56,  94. 
Oenach  Oengusa.  32,  6$. 
Oenach  Taihen.  20,  99. 
Oenach  Teite.  49. 
Ohaecmacht.  61. 
Ossraige.  18. 

Port  Coelrenna.  40. 

Port  Lâirge.  42. 

Pupall  Adamn.iin.  i  §  18. 

Rdith  Alestair.  20. 

Rditli  Badammrach.  49. 

Râith  Becc.  18. 

Rdith  Cairbri.  117. 

Râith  Cennaig.  78. 

Râith  Cndmrossa.  31. 

Raith  ColmdinmicFaelchon.  i  §40. 

Rdith  commair.  78. 

Rdith  Conchobair  mie  Nesa.  i  §  30. 

Rdith  cro.  118. 

Rdith  Crûachan.  65. 

Rdith  Cuirrig.  49. 


Rdith  Éssa.  3. 

Rdith  Etdin.  36. 

Rdith  Gelbée.  21. 

Rdith  Grainne.  i  §§  33,  34,  35. 

Raith  Loegairi.  i  '§§  7,  8. 

Rdith  meic  Bricc.  15. 

Râith  môr  Maige  Line.  97. 

Rdith  na  senad.  i  §  17. 

Rdith  Nui  in  Hûi  Garbchon.  154. 

Rdith  Nui  in  Mag  Rechet.  134. 

Rdith  Rogein.  97. 

Rdith  Rig.  I  §  9. 

Rdith  Ruine.  20. 

Rdith  senaid.  i  §  17. 

Ramann.  54. 

Redg.  54.  ^ 

Rind  BeraSirraim.  78. 

Rind  Boirne.  78. 

Rind  Tamain.  78. 

Rôiriu.  33. 

Ross  Créa.  58. 

Ross  Ndir  meic  Edlicon.  10. 

Rout  sûla  Midir.  4. 

Sdl  Srotha  Deirg.  133. 

Saxain.  122. 

Scarb  Indech.  25. 

Sciath  Conculainn.  i  §  31. 

Seithia.  38. 

Segais.  31,  140. 

Séig  Mossad.  148. 

Sen-ehorann.  140. 

Seseenn  Temrach.  i  §§32,  33,  36. 

Sid  n-Aeda.  81,  161. 

Sid  mBaine.  47. 

Sid  in  Broga.  3.  " 

Sid  Buidb.  12,  55. 

Sid  CoUomrach.  73. 

Sid  Crûachan.  57,  65,  113. 

Sid  Femin.  37.  Sid  Fer  Femin.  47. 

Sid  Findchada.  18, 

Sid  Frdich.   132. 

Sid  Neehtain.  19. 

Sid  Nenta.  60. 

Sîl  Mereill.  24, 

Sil  Nemid.  147. 

Sinann  (a  river).  59,  10$. 

Siûir  (a  river).  49,  50. 

Slainc.  40. 

Sliab  Admoir.  40. 

Sliab  Betha.  143. 

Shab  Bladma.  10. 


The  Rennes  Dindknchas.  Index  of  Places. 


291 


Sliab  Bodbgnai,  113. 
Sliab  câin.  48,  121. 
Sli'ab  Callann.  loi. 
SHab  in  chotaig.  19. 
Sliab  CoUan,  20. 
Sliab  Cua.  157. 
Sliab  Digasa.  25. 
Sliab  n-Echtga.  60. 
Sliab  n-Eiblinne.  141. 
Sliab  Fraeich.  149. 
Sliab  Fûait.  100,  132. 
Sliab  nGam.  137. 
Sliab  Guairi.  19. 
Sliab  Leccach.  29. 
Sliab  Leitrech.  20. 
Slfab  Mairge.  38. 
Sliab  Mis.  51,  52. 
Sliab  Monaid.  18. 
Sliab  Senaig  Gairb.  5 1 . 
Sliab  Uillenn.  88. 
Slige  Assail.  58. 
Slige  Cualann.  58, 
Slige  Dala.  58. 
Slige  Midluachra.  58. 
Slige  Môr.  58. 
Sligech.  140. 
Snam  dâ  en.  105. 
Sndm  Maige  Tairbirt.  91. 
Snâm  Rathin.  106. 
Snûad.  32. 
Srub  Brain.  54,  58. 
Srub  Bô.  155. 
Sruthar  Chuillinne.  144. 
Sruthar  Gartchon.  144. 
Sruthar  Matha.  102. 
Suça  (a  river).  132. 
Suide  Aeda.  75. 

Tailtiu.  99,  et  v.  20,  78. 

Tarbga.  66,  71. 

Tarr-câin.  59. 

Tebtha.  3,  144  zzi  Tethba  q.  v. 

Tech  Cormaic.  i  §  9. 

Tech  Ennaig.  78. 

Tech  Mairisen.  i  §  6. 

Tech  Midchuarta.  i  §  26,  146. 

Temair.  i,  et  v.  35,113,  125,  126, 

141,  146,  159.  Temoria.  i  §  4. 
Temair  Lûachra.  50. 
Tethba.  127. 
Tilach  Eogain.  155. 


Tipra  bô  finde.  i  §  10. 

Tipra  Connia.  59. 

Tipra  Dera.  150. 

Tipra  Sengarman.  52. 

Tipra  Slaingi.  108. 

Tipra  Truimm.  158. 

Tir  Aeda.  161. 

Tir  Amalgaid.  135. 

Tir  ind  Nâir.  140. 

Tir  Maini.  158. 

Tir  na  mban  suthain.  141. 

Tir  Tairngiri.  45,  68. 

Tlachtga.  110,  etv.  78. 

Tond  Clidna.  45. 

Tor  Conaing.  147. 

Torinis.  43. 

Trâig  Baih.  95. 

Traig  Tuirbi.  125  =  Tracht  Tuir^bi. 

127. 
Tredumae  Neise.  i  §§  29,  30. 
Tricha  cétGaleon.  9. 
Tûag  Inbir.  141. 
Tùain  Ragain.  149. 
Tûath  fis.  I  §  28. 
Tûatha  dé  Danann.  18,  60,  77,  90, 

108,  156,  141,  149. 
Tûatha  Fidga,  39.  v.  Fir  Fidga. 
Tûatha  Fochmainn.  39. 
Tûatha  Taiden.  132. 
Tul  Tuinne.  57. 
Tulach  Cnamraid.  144. 
Tulach  dâ  roth.  45. 
Tulach  Dotoad.  33. 
Tulach  in  bêla.  125. 
Tulach  na  ndér.  129. 
Tulach  na  faircsen .  133. 
Tulach  na  hiarmaithrigi.  126. 
Tulach  Lathraich.  78. 
Tulchan  na  ngairthe.  136. 
Turloch  SiUnne.  67. 

Uaim  Cruachan.  70,  80,  113. 
Uarân  Garaid.  66. 
Uisnech.  7,  160.  UisnechMidi.  161. 
Ulaid.  64,  66,  78,  94,  96,  97,  112, 

118,  121,  129,  141,  161,  163. 
Umall.  58,  140. 
Unnius  Uisnig  (a  tree).  160. 
Urard.  144. 
Usce  Neidi.  131. 


292 


Whitley  Stokes. 


INDEX    OF    PERSONS. 


[b.  =  ben  wife ;  i.  —  ingen  daughter ;  m.  =  mac  son.} 


Abach  fili.  34. 

Abcân  eices.  81. 

Abraham  m.  Tara.  91. 

Acall  i.  Fedelme.  2. 

Adamndn.  1  §  18,  20. 

Adar  m.  Umoir.  78. 

Ae  m.  Allgubai.  69. 

Aed  Lurgnech.  4. 

Aed  m.  in  Dagdai.  91. 

Aed  m.  Labrada  Lesbricc.  81. 

Aed  Ron.  1 1. 

Aed  Ruad  m.  Baduirn.  75,  81,  94, 

161. 
Aed  Slâine.  34,  160. 
Agnoman.  66,  94. 
Ai  m.  Ollaman.  18. 
Aicher  Cerr  m.  Echach.  22. 
Aide  i.  Oichinn.  26. 
Aidne  m.  Allguba.  62. 
Aife  i.  Scathaige.  95. 
Aige  i.  Broccada.  15. 
Ailech  i.  Fubthairi.  91. 
Ailestar  m.  Dorncla.  20. 
Ailill  Aine.  9. 
Ailill  Caisfiaclach.  146. 
Ailill  Fesfonnad.  142. 
Ailill  Find.  104. 
Ailill  m.  Aeda  Roin.  11. 
Ailill  m.  Eogain.  91. 
Ailill  m.  Rosa,  Medb's  husband.  9, 

61,  70,  72,  78,  104,  106,  144. 
Ailill  Molt  m.  Dathi.  133. 
Ailenn  i.  Luigdech.  17. 
Aimergin  largiunnach.  80. 
Aindle  m.  Loga  Lâmfota.  82. 
Aindinn  Oach.  128. 
Aine  (gen.  sg.)beloved  ofEtar.  29. 
Ainge  i.  in  Dagdai.   11. 
Aingen.  66. 

Airchinded  m.  Fir  dâ  Roth.  144. 
Airdech  m.  Fir-choca.  135. 
Aithechdae.  14. 
Alb  m.  Augein  Urgnaid.  154. 


Allguba  m.  Eithriuil.  62. 

Almu  i.  Bécain.  16. 

Altach  m.  Duilb.  18. 

Amorgein  m.  Amalgada.  Introd. 

Amalgaid  m.  Fiachra.  135. 

Argatmar.  161. 

Art  Mes-delmann.  17. 

Asal  m.  Doir  Domblais.  58. 

Asuall.  149. 

Atherne  Ailgesach.  28. 

Augen  Urgnaid.  154. 

Badammair.  49. 

Badurn  m.  Argatmair.  161. 

Baeth  m.  Dithorba.  161. 

Baile.  45,  1 17. 

Baine  i.  Frigrenn.  91. 

Bairenn  i.  Germain.  25. 

Bairnech  Barannbel.  78. 

Baitâr  m.  Fergusa  Leithdeirg    147. 

Ban  bolgach  m.  Bannaig.  55. 

Ban  m.  îllaind.  131. 

Banba.  5 1. 

Banbân.  71. 

Bannach  m.  Glamaig.  55. 

Bé  cuille.  18. 

Bé  Fâil.  41. 

Bé  Gelchnes.  21. 

Bé  tuinde  i.  Nothra  nôCalaid.  139. 

Becc-altach.  66. 

Benén.  i  §  20. 

Bennân  m.  Birchinn.  98. 

Beoân  m.  Beothaig.  149. 

Beothach  m.  larmuinéil.  149. 

Berchan,  saint.  1 1. 

Bernas  m.  Frigrenn.  91. 

Bersa  a  Berramain.  31. 

Biblu  i.  Faindli.  124. 

Bicne  drui.  1 17. 

Bicne  gilla  Gonaill  Ccrnaig.  123. 

Bile  m.  Brigi.  100. 

Bir  m.  Umoir.  78. 

Bith  m.  Noe.  143, 


The  Rennes  Dindienchas.  Index  oj  Persons. 


m 


Blad  m.  Breogain.  lo. 

Bladma.  lo. 

Blae  Ballethan.  103. 

Blathnat  i.  Mind.  53. 

Bled  m.  Cruinn.  66. 

Blod.  66. 

Blod  m.  Con.  10. 

Blonoc  i.  in  Tûi.  67. 

Bôand  b.  Nechtâin.  4,  19. 

Bodb.  12,  55,  57. 

Bôi  i.  Ruadri  (Ruadrach).  20. 

Boible  m.  Boirchi.  157. 

Boirche.  64,  157. 

Boirche  bôaire.  98. 

Boirenn  m.  Bolcâin.  131. 

Bolcàn  m.  Bain.  131. 

Borbchas  m.  Dithorba.  161. 

Bore  Buiredach  m.  Manchin.  80. 

Bran  m.  Echach  Abratruaid.  139. 

Bras  m.  Dithorba.  161. 

Brath  m.  Deatha.  7,  44. 

Brea  m.  Senbotha.  29. 

Breccân  m.  Maini.  145. 

Breccân  m.  Partholoin.  145. 

Brech  m.  Broichdi.  118. 

Brefne  i.  Beoâin.  149. 

Brega  m.  Bregoin.  m. 

Bregmael.  10. 

Bres  m.  Echach  Feidiig.  140. 

Eres  m.  Elathan.  46,  149. 

Bresa  i.  Germain.  25. 

Bresal  Bélach.  31. 

Bresal  Bôdibad  m.  Rudraigi.  123. 

Bresal  Brecc.  i  §7,  123.  m.  Briuin. 

97- 
Brf  Brû-glas.  20. 
Bri  m.  Bairceda.^40. 
Bri  Bruachbrecc  i.  Midir.  126. 
Briccen  m.  Tuinde.  91. 
Brige  m.  Breoguinn.  100. 
Brigit  banfili   i.  Echach  Ollathair. 

159. 
Broccaid  m.  Bruic.  1 5. 
Broccsalach  Cringlunech.  157. 
Brodar  m.  Meic  Sciach.  23. 
Brogarban.  71 . 
Bron  m.  AUoit.  135. 
Bruachaid  m.  Baisgil.  142. 
Buachat  Buasach.  113. 
Bualc  Becc.  4. 
Buan  i.  Samaera.  106. 
Buan  m.  Belaig.  147. 

Revue  Celtique,  XVI. 


Buichet  in  briugu.  71. 
Buide  m.  Bain  Blaith.  66. 
Buide  m.  Buain.  loi. 
Buide  m.  Muireda.  4. 
Buirech.  17. 

Cacher  m.  Nàmat.  159. 

Cadha.  113. 

Câechre  i.  Léith.  36. 

Caibell.  158. 

Câilte,  Câelte.  27,  45. 

Gain  m.  Deirg  Dualaig.  48. 

Gaindlech  i.  Geim  Gelta.  129. 

Gàinén  Mâsc.  154. 

Gairbre  Grommchenn.  22. 

Gairbre  m.  Echach.  151. 

Gairbre  m.  Etâine.  115. 

Gairbre  Lifechar.  4,  31,  117. 

Gairbre  Niafer.  2,  21,  78. 

Gaire  b.  Gannain.  58. 

Galcmael  m.  Gartan.  83. 

Calad  m.  Gonchinn.  139. 

Gam  tôisech  teglaig  Oengusa.  149. 

Gannân  Gruthnech.  12. 

Gannan  m.  Edlecon.  58. 

Ganthon  m.  Gaithmenn.  i  §  2. 

Gappach  i.  Germain.  25. 

Garmen.  18. 

Gartan  m.  Gonnaith.  83. 

Gass  Clothach.  136. 

Gass  Glothmin.  10. 

Gass  m.  GlaissGamna.  26. 

Gassàn  m.  Germain.  25. 

Gathâir  Môr.  10,  40,  102. 

Geirbil  Balmaith  i.  Etair.  158. 

Geite  m.  Alloit.  135. 

Gellach  m.  Ailella  Muilt.  133. 

Gellach  m.  Eogain.  133. 

Gellach  m.  Mâile  Goba.  4, 

Geltchar.  ici. 

Genn  fâelad  m.  Ailella.  Introd. 

Gentarcluais.  38. 

Cerball  m.  Muirecâin.  21. 

Germait  Milbeoil.  4. 

German  Galadchenn.  25. 

Gerna  Gass  m.  Gairbri.  115. 

Gerniam.  115. 

Cesair  i.  Betha.  Introd.  and  149. 

Get  m.  Magach.  78. 

Getgen  Gruachan.  132. 

Gethen.  i  §  14,  66. 

Gethern  m.  Finntain,  66. 


294 


Whitley  StokdS. 


Cian  athair  Loga.  46. 

Ciarnait.  i  §  5. 

Cinaed  m.  Irgalaig.  4. 

Cich-Maine  Andoe.  104. 

Cich-muine  m.  Ailello  Find.  104. 

Cicul  Glicerglun.  41. 

Cimbaeth  m.  Finntain.  161. 

Cimbe  Cethirchinn.  78. 

Cingid  m.  Umoir.  78. 

Cleitech  drui.  114. 

Cleitech  m.  Dega  (Deda?).  114. 

Cliach  cruitire,  47. 

Cliath  i.  Germain.  25. 

Cliath  m.  Cuilinn.  131. 

Clidna  i.  Genainn.  144. 

Cloen  m.  Ingoir.  116. 

Clothru  i.  Echach  Feidlig.  88,  140. 

Cnucha  i.  Conaing.  153. 

Goba.  91. 

Gobthach  Goelbreg.  9. 

Gobthach  rf  Hérenn.  15. 

Cocca  gen.  sg.  36. 

Gochldn  gilla  Léith.  126. 

Gochrann  i.  Guirrig  Lifî.  49. 

Godai  Corrchichech.  109. 

Godai  Grinchi'chech.  3. 

Gôelcheis.  77. 

Gôelchu  m.  Loairn.  i  §  28. 

Gôemgen  Gongancnes.  51. 

Golla,  na  tri,  91,  161. 

Colnidn  mor  m.  Diarmata.  151. 

Golmân  m.  Faelchon.  i  §  40. 

Golomb  cille.  145. 

Gonaing  m.  Echach.  141. 

Conaing  m.  Faebair.  147. 

Gonaire  Mor.   3,   12,  29,    31,    35, 

II I,  141. 
Conall  Gernach.  2,  66,  72,  78,  105, 

106,  123. 
Gonall  Glârainech.  157. 
Gonall  Gôel  m.  Oengusa.  32,  78. 
Gonall  Gonganchnes.  129. 
Gonall  Grommdergm.  Labrada.  73, 
Gonall  Gruachan.  132. 
Gonchenn  i.  Buidb.  47. 
Gonchobar  m.  Nessa.  i  (§§29,  30), 

2,  55,  66,  88,  94,  129. 
Gonchuirn  m.  Umoir.  78. 
Gonganchnes.  ici. 
Gonn  (transformed  into  a  boar).  71. 
Gonn  Gétchathach.  4,  34,  58,  102, 

103,  132,  153. 


Gonnad  Buide  m.  Iliach.  115. 
Gonnla.  59. 

Gonnla  m.  Gonaill  Gruachan.  132. 
Gonmael  m.  Ebir.  56,  152. 
Gonmenn  m.  Goumaic.  29. 
Gorc  m.  Gonaill  Gruachan.  132. 
Gormac  m.   Airt.  i  §§  5,  6,  8,  14, 

16. 
Gormac  Gass.  i  §  28. 
Gormac  Gonloinges.  129. 
Gormac  hua  Guinn.    113,    114,  118 

=  Gormac  m.  Airt  q.  v. 
Gormac  m.  Gulennain.  i. 
Gormac  Gaileng.  10. 
Goro  cruitire.  77. 
Gorrchenn  Gruaich.  91. 
Gosdub  ri  sîde.  158. 
Gréa  i.  Edlicon.  58. 
Grech  mael.  86. 
Crem  Marda.  17. 
Griblach  Gonnacht.  52. 
Gridenbel  cainte.  18. 
Grimthann  m.  Griblaige.  52. 
Grimthann   m.     Luigdech.    30    =: 

Grimthann  Nia  Nâire.  4,  121. 
Grimthann  Sciathbél.  29,  39. 
Gri'st.  29,  99,  161. 
Grôchan  (Crochenn)  Grôderg.  65. 
Crôfinn.  i  §  3. 
Gronn  m.  Agnomain.  66. 
Gromm  Croich  (Gruach).  85,  149. 
Gruachu.  6s. 
Grunniuc.  66. 
Gû.  I  §  14,  66. 
Gû  m    Gais  Glothmin.  10. 
Gua  Gennmar  m.  Broccsalaig.  157. 
Gualu.  29. 

Guar  m.  Augein  Urgnaid.  154. 
Gûchoingelt  m.  Eogain.  135. 
Gûchulainn,    i  (§§  30,   31),  2,   53, 

54,  66,  78,   95,  106,   119,   120, 

130,  132,  144. 
Guilenn  m.  Dub-duinn.  131. 
Guirce  m.  Snithi.  10. 
Gulann  cerd.  ici. 
Guldub  m.  Dein.  14. 
Cuma  m.  Tlachtga.  no. 
Gurnân  Gosdub  m.  Redoirche.  82. 
Gûroi  m.  Dâiri.  55,  72. 
Gurrech  Lifi.  49,  52. 
Cutra  m.  Umoir.  78. 


The  Rennes  Dindsenchas.  Index  of  Persans. 


29^ 


Dabilla  oirce.  4,  19. 

Dacaech  i.  Cicuil.  41 . 

Da  choca    129. 

Daelech  m.  Umoir.  78. 

Dagda,  in.  4,  11,  91,  129. 

Dairbre  Derg  m.  Lulaig.  8. 

DâireDerg  m.  Echach.  32. 

Dâirem.  Fiachna.  66. 

Dairiu  m.  Echach.  141. 

Dala  Glas  m.  Edlecon.  58. 

Dalb  Garb.  71. 

Dalb  i.  FaindH.  124. 

Dallân  m.  Macachâin.  21. 

Damairne  m.  Diubahaig.  58. 

Danaus  m.  Point.  128. 

Dartaid  i.  Regamna.  61. 

Dathen  fiH.  160. 

Dathi  m.  Fiachrach.  133. 

Dea  m.  Dega.  40. 

Déchet  m.  Derguir.  75. 

Dechtere  mâthair  Conculainn.  119. 

Deda  m.  Sin.  48. 

Delà  m.  Loith.  159. 

Delbnat  i.  Lochtaig.  150. 

Deltbanna  m.  Druchta.  12. 

Dera  m.  Scera.  150. 

Derbrenn  (=  Drebrenn?).  77. 

Derbrenn  i.  Echach  Feidlig.  71. 

Derg  (=:Daderga).  29. 

Di'an  i.  FaindH.  124. 

Di'an  m.  Dibaid.  18. 

Di'ancecht.  108. 

Diancecht  m.  Echtaig.  77. 

Diarmait  hua  Duibni.  49. 

Diarmail  m.  Cerbaill.  Introd. 

Dibad  m.  Doirche.  18. 

Digais  Dibartach.  25. 

Dil  i.  Lugmannrach.  44,  m. 

Dimma  Cron.  14. 

Di'moin  m.  Germain.  25. 

Dithorba  m.  Dimmain.  161. 

Diuchaill  m.  Fir  Uillne.  130. 

Dodera  m.  Aurmora.  48. 

Doe  i.  Léith.  36. 

Domnall  m.  Murchada.  34. 

Donn  Cûalgni.  66,  156. 

Donn  Desa.  29. 

Donn  m.  Dathaich.  131. 

Donn  m.  Dubâin.  81. 

Donnchad  m.  Flaind  Sinna.  99. 

Dorb  m.  Tlachtga.  110. 

Dorncla.  20. 


Dornmâr  m.  Germain.  25. 

Dothur  m.  Dibaid.  18. 

Drebrenn  (=:  Derbrenn?).  73. 

Dreco  i.  Chalcmâil.  83. 

Druim  Suithe.  160. 

Duach  Teimen.  99. 

Dub  i.  Roduib.  26. 

Dub  m.  Dibaid.  18. 

Dub  m.  Duibni.  49. 

Duban  m.  BiU.  81. 

Dubân  m.  Deirc.  131. 

Dubmuc    (leg.     Duinniuc,     Tuin- 

niuc?).  66. 
Dubrot.  52. 
Dubthach  Dubthaire   m.    Forgnae. 

22. 
Dubthach  m.  Rune.  67. 
Duibri  m.  Dubâin.  151. 
Duirgein  i.  Luaith.  24. 

Eber  m.  Miled.  152. 

Echan  i.  FaindH.  124. 

Echdar  i.  Uathaig.  142. 

Echtach  m.  Esoirc.  77. 

Echtga  Uathach  i.  Urscothaich.  60. 

Eiblenn  i.  Guairi.  141. 

Eitech  i.  Lennglais.  127. 

Elathu  m.  Néit.  46. 

Elgaid  m.  Dathi.  135. 

Engan  m.  Gruinn.  66. 

Enna  Aignech.  73,  107. 

Enna  Gennselach.  6,  86,  122. 

Enna  m.  Nois.  26. 

Ennach  m.  Umoir.  78. 

Eochaid  (Eochu)  Abratruad.  139. 

Eochaid  Ailtlethan.  146. 

Eochaid  Airem  (Aireman).   3,  65, 

127. 
Eochaid  Becc  m.  Gairbri.  61. 
Eochaid  Bélbuide.  18. 
Eochaid  Genn  maire.  107. 
Eochaid  Doimlen.  31,  91. 
Eochaid  Echbél.  53. 
Eochaid  Feidlech.  71,  140. 
Eochaid  Garb   m.  Duach.  20,    99, 

159- 
Eochaid  Gunnfat.  118. 
Eochaid  m.   Enna  Gennselaig.    6, 

122. 
Eochaid  m.  Luchta.  64. 
Eochaid  m.  Maireda.  51,  79,  141. 
Eochaid  m.  Oengusa.  151. 


296 


Whitley  Sîokes. 


Eochaid  Muniste.  38. 

Eochaid  Oilech.  8. 

Eochaid  Ollathair.  159. 

Eochaid  Sâlbuide.  i  §  29. 

Eochaid  Toebfota.  32. 

Eogan  m.  Cellaich.  133. 

Eogan  m.  Néill.  Introd. 

Eogan  Tâidlech.  132. 

Eoin  Baisti.  47. 

Ere  m.  Cairbri  Niafir.  2. 

Ercad  i.  Fresca.  24. 

Erclan  m.  Doithre.  146. 

Erem  (Eremon)  m.  Miled.   50,  93, 

136,    137,    I>2. 

Eremon  m.  Rois.  131. 

Erisnech  m    Imniaiseich.  91. 

Ériu  rigain  Tuath  déDanann.  51. 

Eriu  of  Inis  Èrenn.  109. 

Erne  i.  Buirc  Buiredaich.  80. 

Ernolb  m.  n'g  Danmarc.  9. 

Err  m.  Uraird.  144. 

Esa  i.  Echach  Aireman.  3. 

Esclam  britheni  in  Dagdai.  4. 

Esru  m.  Gôidil  Glais.  134. 

Etadon  m.  Nuadat  Airgetlaim.  11. 

Étâin  b.  Echach  Aireman.  3,  65. 

Etan  Cennderg.  36. 

Étar  b.  Gaind.  29. 

Étar  Étualaing.  158 

Étar  m.  Etgaith.  29. 

Etarbad.  23. 

Etarscél  father  of  Conaire.  141. 

Etarscél  M6r.  35. 

Ethne.  48. 

Ethne  i.  Echach  Feidlig.  88. 

Ethrél.  62. 

Ette.  66. 

Etsine  banféinnid.  105. 

Fadat  m.  Léith.  36. 
Faifne  fih.  1 3. 
Failbe  Flann.  37. 
Failenn  m.  lUainn.  131. 
Faindle  m.  Duib  dâ  roth.  124. 
Fand  i.  FUdais.  55. 
Fannall  m.  Fir  Uillne.  130. 
Fea  i.  Elcmair,  44. 
Fea  m.  Mogaich.  44. 
Febra  m.  Sin.  48. 
Fedlem  Nôchrothach.  2. 
Fedlimid  Rechtmar.  4. 
Femcn  m.  Mogaich.  44. 


Fer  fi  (fîgail)  m.  Eogabail.  58,  141. 
Fer  gair  m.  Duinn  Desa.  33. 
Fer  gel  m.  Duinn  Desa.  35. 
Fer  glas  m.  Duinn  Desa.  35. 
Fer  rogain  m.  Duinn  Desa.  35. 
Fer  rogair  m.  Duinn  Desa.  35. 
Fer  uillne  m.  Luigdech  Mail.  130. 
Fera  m.  Mogaich.  44. 
Feradach  m.  Rochuirp.  56. 
Fercertnem.  Athglô.  64. 
Fergna  fer  gai  lethain.  146. 
Fergna  m.  Findchâime.  104. 
Fergus  ailithir.  i  S  37. 
Fergus  B6t  dar  Bregc.  118. 
Fergus  Duib-détach.  118. 
Fergus  Finbel.  52. 
Fergus  Foga.  161. 
Fergus  Foltlebar.  118. 
Fergus  Lethderg.  83. 
Fergus  Lusca-béist.  60. 
Fergus  m.  Roig.  66. 
Fermor  m.  Erimoin.  131. 
Fethlenn  m.  Fidrui.  91. 
Fiach.  17. 
Fiacha  Cassan.  8. 
Fiacha  Labrainne.  80. 
Fiacha  m.  Néill.  142. 
Fiacha  Sraibtine.  4,  14,  31,  91- 
Fiachra    m.    Echach    Muidmedôin. 

135- 
Fiai  i.  Mâcha.  94. 
Fidrad  m.  Dama  Duibe.  14. 
Find  transformed.  71. 
Find  fili  m.  Rossa  Rûaid.  21 . 
Find  hùa  Bâiscni.  88  :^Find  m.  Cu- 

maill.  27,  31,  139. 
Find  m.  Findtain.  119. 
Find  m.  Ragamna.  49. 
Findabair  beloved  of  Frdech.  132. 
Findabair  i.  Luigdech  Làigdi.  118. 
Findbennach.  66,  166. 
Findchad  m.  Conaill  Cernaig.  105. 
Findchaem  i.  Magach.  80. 
Find-emna,  na  tri.  140. 
Findgall  m.  Findamair.  46. 
Findmall.  8. 
Finntan  m.  Laimiach.  Introd.  and 

149. 
Finntan  m.  Néill.  66. 
Finteng  m.  Augein  Urgnaid.  134. 
Fir  m.  Mâcha.  94. 
Fland  transformed.  71. 


The  Rennes  Dindienchas.  Index  of  Persons. 


297 


Fland  Febla.  Introd. 

Fland  m.  Echach  Abratruaid.  139. 

Fland  Sinna  m.  Maelâechlainn.  99. 

Fledach  m.  Germain.  25. 

Flesc  ddlem.  19. 

Flidais  i.  Gairb.  142. 

Fodia.  51. 

Foibne  m.  Taircheltain.  146. 

Foichnem  m.  Uraird.  144. 

Foill  m.  Fir  uillne.  130. 

Follscaide  muccaid.  112. 

Forau  m.  Aichir.  22. 

Forann  (Ph  roah?).  4. 

Forbarr.  63. 

Fordub  (Ferdub?)  m.  Aichir.  22. 

Forgnae.  22. 

Fornocht  m.  Aichir.  22. 

Fothad  Airgthech.  89. 

Fothad  Ganann.  49,  91. 

Frâech  do  muintir  Cesrach.  149. 

Fraech  m.  Fidaig  (Idath?).  132. 

Frâech  m.  Uraird.  144. 

Friech  Midlesach  m.  Gonaill.  132. 

Frâechar  Fortren.  161. 

Frigriu  m.  Rubai  Rûaid.  91. 

Froechan.  71. 

Fuat  m.  Bili.  100. 

Fuata  Bé-Fâil.  41. 

Fublhaire  ri  Alban.  91. 

Fuilech  m.  Germain.  25. 

Fuiter  m.  Forduib.  23. 

Furbaide  Ferbenn.  88. 

Fursa  of  Peronne.  47. 

Gabal  Gairechtach  i.  Guill.  11,  perh. 

the  same  as  Gabal  i.  Guill  Glais. 

23. 
Gae  Glas  m.  Luinde,  14. 
Gaeal,    Gaer,    two  of  Manannan's 

names.  139. 
Gaeith  m.  Gaisi  Glaine.  81. 
Gaeth  m.  Nechtain.  131. 
Gaible  m.  Etadoin.  11. 
Gaillim  i.  Bresail.  131. 
Gairech  Gumor  7. 
Gam  Gruadsolus.  137. 
Gand  m.  Delà  (Delada).  29,  60. 
Gannân.  52. 
Garb  m.  Grescaid.  142. 
Garbân  m.  Dedad.  48. 
Garman  Garb  m.  Borna  leice.  40. 
Garman  Glas  m.  Dega.  40. 


Geide  Ollgothach.  i  §  i. 

Gem  Gelta  m.  Rodba.  129. 

Genann  m.  Triuin.  45. 

Gile  i.  Romra.  138. 

Giusach  m.  Lodain.  58. 

Glamach  m.  Gomir.  55. 

Glan  m.  Carbaid.  2. 

Glas  m.  Gais.    75. 

Glas  (Fer   Glas)  m.   Duinn  Desa. 

35- 
Glas  m.  Scairb.  23. 

Glas  Temrach.  i  §  1 1  • 

Glascû.  107. 

Gobban  sâer.  125. 

Gôedel  Glas.  134. 

Goisten.  152. 

Goll  Glas  m.  Fedlimtheo.  23. 

Gollan  m.  Conmail.  56. 

Grdinne.  i  §§  33,  34,  35- 

Grecus  m.  Point.  128. 

Grian  Bancliure.  90. 

Gris  ban-lecerd.  32. 

Guaire  Aidne  m.  Colmâin.  153. 

Guaire  Dubchestach.  84. 

Guaire  Gann  m.  Guairi.  84. 

Guaire  Goll  (=  Oissi'n).  139. 

Guaire  m.  in  Daill.  84. 

Gumor  (Umor?).  128. 

Gunnait  m.  Suçait.  18. 

Gunnat  m.  Gannâin.  155. 

Heithiurun.  i  §  2. 

lar  m.  rleisci.  148. 

Ibar  m.  Sciach.  25. 

Ibec  m.  Loga.  20. 

Ibel  m.  Manannain.  98. 

Ibuirne  m.  Dedois.  31. 

Iliach.  66. 

Illann  m.  Erclaim.  146. 

Illann  m.  Neir.  131. 

Imchad  m.  Fiachna.  66. 

Indech  m.  Dea  Domnann.  24. 

Indell  m.  Uraird.  144. 

Indue  m.  Cechtaig.  126. 

Ing  m.  Doirb  Glais.  29. 

Ingen  Forainn  (Scota).  4. 

Ingcél.  35. 

Innus  i.  Breis.  149. 

Irgus  m.  Umoir.  78. 

Irial  fâith  m.  Eremon.  136. 

Ith  m.  Breogain.  90. 


298 


Whiîley  Stokes. 


luchna  Ciabfaindech.  i6,45.Iuchna 
Eochaid  Echbél.  53. 

Labraid,  athair  Conaill.  73. 

Labraid  Lamderg.  23. 

Labraid  Lessbrecc.  81. 

Labraid  Loingsech.  9,  15. 

Ladru.  45. 

Laidgenn  m.  Baircheda.  6. 

Laigen  Gairbliath.  131. 

Laiglinne  m.  Parthaloin.  150. 

Laime  m.  Luaidre.  113. 

Lâm  ddlem.  19. 

Land  Lethderg  i.  Caibill.  158. 

Lathrach  m.  Umoir.  78. 

Leçon  i.  Lotair.  98. 

Lee  Fer  Flatha.  31. 

Lén  Linfiaclach.  55. 

Lena  m.  Mesroeda.  18,  112. 

Lennglas  m.  Luind.  127. 

Lethderg  i.  Conchobair  m.  Nessa. 

91. 
Liag  i.  Tresca  (Trescadail).  24, 147. 
Liamain  Lennchain.  22. 
Liath  Daire  Léith.  36. 
Liath  Lurgach.  155. 
Liath  m.  Cehchair.  126. 
Liath  m.  Germain,  25. 
Liath  Machae  (a  horse).  4. 
Liber  i.  Luit.  15. 
Life  i.  Cannain  Cruthnig.  12. 
Ligmuine.  8. 
Lindgatan  Labar.  119. 
Lindgatan    m.     Loeguiri    Buadaig. 

119. 
Loarn  m.  Rûaid.  1  §  28. 
Lochar  Lûath  m.  Smiraig.  18. 
Lodan  Liath.  38. 
Lodan  Luchairglan  m.  Lir.  59. 
Lôeguire  Bûadach.  106,  119. 
Lôeguire  Lorc.  9,  124. 
Lôeguire  m.  Néill.  i  §§  7,  8,  20. 
Lomm-altach  m.  Lathraig.  24. 
Lonim-glùinech  m.  Lommaltaig.  24. 
Lomna  Druth.  29,  34. 
Lot  Luamnach.  41. 
Lothar  m.  Echach  Feidhg.  140. 
Luachair  Boirennach.  22. 
Luâm  dilem.  19. 
Luath  m.  Lommgluinig.  24. 
Lucat  MaeL  i  §  20. 
Lug  Laebach.  18. 


Lug  Lâmfota.  82. 

Lug  Liamna.  14. 

Lug  m.  Ethlenn.  46. 

Lug  m.  in  Scail  Bailb.  20,  99. 

Lugaid  Lâigde.  48,  118. 

Lugaid  Lâmtind.  64. 

Lugaid  Mac-con.  i  §  35- 

Lugaid  MâL  96. 

Lugaid  m.  Cairbri  Cromchinn.  22. 

Lugaid  m.  Itha.  i  (§  i),  50. 

Lugaid  m.  Maie  Ni'a.  89. 

Lugaid  ri  Laigen.  17. 

Lugaid  Sriab  (Riab)  nderg.  88,  140. 

Lugar  m.  Luigdech  Lâmfind.  64. 

Luinde  m.  Loga  Liamna.  14. 

Lurga  m.  Lûaith.  91. 

Lutair  m.  Luirgnig.  23, 

Mac  cecht.  13,  31. 

Mac  con.  131  et  v.  Lugaid  Mac-con. 

Mac  dâ  thô.  iQ],  112. 

Mac  gréne.  1 59. 

Mac  ind  ôcc.  45. 

Mac  nia.  89. 

Macachân  m.  Echtigirn.  21. 

Mâcha  b.  Chruind.  94. 

Mâcha  b.  Nemed.  94. 

Mâchai.  Aeda  Ruaid.  94. 

Mâcha  Mongruad  i.  Aeda.  161. 

Machar  m.  Dubthaig.  67. 

Mael  croin.  133. 

Mael  da  Luad.  133. 

Mael  deoraid.  133. 

Mael  Odrâin  ni.  Dimmai  Croin.  ij\. 

Mael  Senaich.  133. 

Maen  m.  Etna.  42. 

Maen  m.  lair.  148. 

Maer  b.  Bersa    31. 

Maer  i.  Oengusa.  32. 

Maine  Athrai  b.  Mie  dâ  thô.  112. 

Maine  m.  Munremair.  i  §  19. 

Maine  m.  Néill  Nôigiallaig.  145. 

Maine  Milscoth  m.  Duinn  Desa.  81. 

Maini,  na  secht.  61. 

Maire  (B.  V.).  160. 

Mairgine  gilla.  26. 

Mairid  m.  Caireda.  51. 

Mairiseo.  i  §  6. 

Mairtine.  72. 

Maistiu  i.  Oengusa.  32. 

Mal  m.  Rochraidi.  94. 

Mala  i.  Germain.  25. 


The  Rennes  Dindsenchas.  Index  of  Persans. 


299 


Manannan.    29,  98,    141,   159.   m. 

Alloit.  135.  m.  lir.  74. 
Manchi'n  m.  Machon.  80. 
Marcân  m.  Duinn.  131. 
Marg  m.  Giusaig.  38. 
Mata.  4,  28. 

Matha  m.  Roirenn.  102. 
Mèche  m.  na  Morn'gna.  13. 
Medb.  61,  66,  70,  71,  72,  78,  80, 

104,  106,  1 32,  144. 
Medraide  m.  Torcair.  131. 
Mel.  71. 

Mélge  m.  Cobthaig.  15. 
Mend  rî  Fer  Falga.  53. 
Mercell  m.  Smirduib.  24. 
Mesc  m.  Umoir.  78. 
Mesca  i.  Buidb.  18. 
Mes-buachalla.  5. 
Mes-dedad  m.  Amargin.  28. 
Mes-gegra  ri  Laigen.  28. 
Mes-gegra  m.  dâ  thé.  18. 
Mes-réta.  112. 
Mianach  i.  Dubthaig.  22. 
Mide  m.  Bratha.  7. 
Mider  Brf  Léith.   3,4,  65,   79,  .94. 

môrglonnach.  126. 
Midluachair  m.  Damairni.  58. 
Mil   Esp.iine.   41,    51,  62,   63,   69, 

70,  90,  93,  136,  137,  152. 
Mis  i.  Maireda.  51. 
Moach  Maelchenn.  60. 
Mod.  74,  m.  Umoir.  78. 
Moen  m.  Ailella  Aine.  9. 
Moen  mogaid.  63. 
Mog  Ruith  m.  Fergusa.  iio. 
Mogach  m.  Dachair.  44. 
Monchae  i.  Faindli.  124. 
Mongfind  muime  Find.  52. 
Môr  i.  Rithir.  97. 
More  m.  Deled.  147. 
Morrigain,  in.  4,  12. 
Mossad  m.  Main.  148. 
Mothur  m.  Largaig.  18. 
Muach  m.  Tlachtga.  1 10. 
Mug  lama  m.  Luigdech.  22. 
Mugain.  48. 

Muirchertach  m.  Eirc.  114. 
Muiresc  i,  Ugaini.  76. 

Nâma  m.  Echach  Gairb.  159. 
Nâr  m.  Echach  Feidlig.  140. 
Nâr  m.  Edlecon,  10. 


Nar  m.  Findchada.  105. 

Ndr  m.  Oengusa,  58. 

Nâs  i.  Ruadri  (Ruadrach).  20. 

Nàs  m.  Dorncla.  20. 

Neeht  Inbir  Scéine.  130. 

Nechtân  Bascain.  46. 

Nechtan  Findguala.  127. 

Nechtân  Lâmderg.  46. 

Nechtân  m.  Firmoir.  131. 

Nechtân  m.  Labrada.  19. 

Nechtân  m.  Luadat.  4. 

Neide  Nithgonach.  131. 

Néll  m.  Enna  Aignig.  73. 

Nemain  b.  Néit.  91. 

Nemannach  cerd.  $S. 

Nemed.  7,  149. 

Nemed  m.  Agnomain.  94. 

Nera.  66. 

Nés  i.  Echach  Sâlbuidi.  i  §  29. 

Net.  91. 

Net  m.  Angada.  46. 

Net  m.  Nuacha.  46. 

Nîall  Nôigiallach.  6,  122. 

Ni'ata.  I  §  8. 

Ninine  éces.  34. 

Nôisiu  m.  Nechtâin.  127. 

Nothain  i.  Conmoir.  87. 

Nuadu  Airgetlam.  11,24. 

Nui  m.  Augein  Urgnaid.  154. 

Ochaill.  57. 
Ochtauin  August.  18. 
Odarnatân  m.  Laime.  113. 
Odba  b.  Eremoin.    103. 
Odba  Uancenn.  102,  103. 
Odras  i.,Odarnatâin.  113. 
Oenfer  Aife  (Conlaech).  95. 
Oengus  m.  Crundmael.  4. 
Oengus  m.  in  Dagdai.  19  =  Oen- 
gus m.  ind  Ôc.  32,  71,  79,  141, 

■49- 
Oengus  m.  Nadfraich.  isi. 
Oengus TuirbechTemrach.  73, 107. 
Oengus  m.  Umoir.  32,  78. 
Oichenn  m.  Cnucha.  26. 
Oirbsen  =  Manannan.  159. 
Oisin  m.  Find.  52. 
Oisîne.  27. 
Ole  Ai.  80. 
Omra.  138. 
Orc  m.  Ingoir.  11. 
Orlam  m.  Ailella.  144. 


300 


Whitley  Stokes. 


Palap  m.  Eremoin.  152. 
Parthalon  m.  Sera.  29,  134,  150. 
Patrie  m.  Calpuirn.Introd.,  i  (§  20), 

4,  68,  85,  99,  100. 
Pont.  128. 

Ragan  Anglonnach.  149. 

Raithen.  106. 

Raran  (Rônan?).  53. 

Rechtaid  Rigderg.  94. 

Redoirche  m.  Dibaid.  82. 

Riach.  158. 

Ri'b  m.  Maireda.  51,79,  141. 

Rinnail  Rûad  m.  Delà.  159. 

Rither  m.  Derlaim.  97. 

Rochaid  m.  Faithemain.  66. 

Rochorp  m.  Gollâin.  56. 

Rodba  m.  Tuaich  Tuile.  129. 

Rodub  m.  Gais.  26. 

Roigne  Rômânach.  43. 

Roigne  Roscadach  m.  Ugaini.  43. 

Roimper  m.  Aichir.  22. 

Rôiriu  i.  Rarain  (Rônâin?).  33. 

Rôiriu  m.  Rogain  Rechtaidi.  102. 

Rôiriu  m.  Senâin.  33. 

Romra.  138. 

Ronc  m.  Dorncla.  20. 

Ross  m.  Dedad.  78. 

Ross  Failge.  18. 

Ross  m.  Fiachra.  66. 

Ross  Rigbuide.  98. 

Ross  Rûad.  2. 

Rosualt,  in.  76. 

Roth  m.  Cithaing.  42. 

Rûad  i.  Airdig  Uchtlethain.  135. 

Rûad  i.  Maini  Milscoith.  81. 

Rûad  m.  Rigduinn.  5. 

Ruadchinn,   or    Ruadclioin,    Mair- 

tine.  72. 
Rubae  Ruad  m.  Didoil.  91. 
Rucht.  66. 
Rucne.  66. 

Samildânach.  125. 
Sampait  i.  Rentrai.  86. 
Scâl  Balb.  20,  99. 
Scàl  m.  Germain.  23. 
Segda.  I 32. 
Sen  m.  Duirb.  18. 
Sen-Gann.  60. 
Sen-Gairmen.  i8, 
Sen-Garmain  Slébe  Mis.  52. 


Sen-Sinchell.  36. 

Senach  m.  Echacli  Abratruaid.  139. 

Senach  Garb  m.  Degad.  51. 

Senân  m.  Echach  Abratruaid.  139. 

Senan  m.  Setna.  33. 

Sera  m.  Sru.  134. 

Setna.  17. 

Setna  Seccderg  m.  Durbaidi.  58. 

Setna  Sithbacc.  154. 

Sidengi.  Mongain  Sidig.  139. 

Silenn  i.  Machair.  67. 

Sinann  i.  Lodain.  59. 

Sinech  Side  Crûachan.  65. 

Simon  drui.  110. 

Sithgal  Sechderc  m.  Gunnait.  155. 

Slaite  Seched.  31. 

Slange  m.  Delà.  40. 

Slechtaire  m.  Sengarmna.  52. 

Smirdub  m.  Smail.  47. 

Smuchaill  m.  Bacduib.  57. 

Sru  m.  Esru.  134. 

Su-altach  m.  Becc-ahaig.  66. 

Suamach  m.  Samgubai,  129. 

Suirge.  152. 

Tailtiu  i.  Magmoir.  20,  99, 

Tairbert  gilla.  91. 

Taman  m.  Umoir.  78. 

Tara.  91. 

Tathlomma  Line.  103. 

Tea  b.  Eremoin.  i. 

Tea  i.  Luigdech.  i  (§§  i,  9),  50. 

Teite  i.  Maie  niad.  49. 

Tephis  i.  Bachtir.  i  §  2. 

Ternoc  (to-Ernôc).  47. 

Tethba.  127. 

Tibir  i.  Chaiss  Clothaig.  136. 

Tigernmas  m.  Follaig.  56,  85,  149. 

Tlachtga  i.  Moga  Ruith.  iio. 

ToUchenn  druth.  122. 

Torcar  m.  Tromda.  131. 

Tortu.  160. 

Treg.  71. 

Tréis.  71. 

Tresc.  4. 

Trescadal  m.  Bûain.  147. 

Trese  i.  Nadfraich.  135. 

Troindae  m.  Calatruim.  92,  131. 

Trostan  drui.  39. 

Truistiu  i.  Dubthaig.  22. 

Tuag  i.  Collamrach.  141. 

Tuathal  Techtmar.  8. 


The  Rennes  Dindsenchas.  Index  Renm. 


301 


Tuathmar.  41. 
Tue  m.  Rige.  67. 
Tuirbe  Trâgmar.  125. 
Tulchainne  drui  Conairi.  m. 

Uachall.  10. 

Uallach  m.  Dithorba.  161. 
Uar  Etharchar.  128. 
Uargus  m.  Doltaig.  25. 


Ucha  i.  Oxa  Rigcerta.  18. 

Ugaine.  50,  76. 

Ugaine  m.  Echach  Buadaig. 

UillennFaebardergm.  Find. 

Uinche  Ochurbel.  27. 

Umor.  78. 

Urard  m.  Airchinded.  144. 

Urscothach  m.  Tinni.  60. 

Ururus.  17. 


43- 


159. 


INDEX   RERUM. 


Adultery.  24,  98,  154. 

ague.  145. 

animais,  tendernessto.  16.  See  deer, 
doe,  dragon,  fawn,  horse,  lapdog, 
milk,  salmon,  serpent,  sheep, 
stag,  swine,  wolf. 

anvil,  showers  cast  by  Lén's.  55. 

axe,  sea  restrained  by  Tuirbe's.  125. 

bathing.  36,  131,  138. 
battle-stone.  32. 
.hârrows  (dui)iada).  152. 
birds,  monstrous.  54,  hunting.  132. 

See  kisses,  hawk,  hen. 
bird-shapes,  men  in.  105. 
boatframes.  82. 
boats  of  bronze.  5,  45,  81. 
bones  cast  up  by  whirlpool.  145. 
bribes.  133. 
brigands.  73. 
buffoon  (driith).  86. 
burial  in  cairn.   143,  in  elfmound. 

161,  in  armour.   i  §  7:   upstan- 

ding.  159. 
burial-place.  115,  136. 

caesarean  opération.  88. 

cairn.    i   (§§   36,    39),  29,  88,  96, 

i35>  143- 
caldron  (cotre)  first  made  in  Ireland. 

29. 
csirhunde  (ciDinocoî).  11. 
cave,  dwelling  in.  52. 
chain  of  gold.  139. 


champion's  bit  (curadnn'r).  106. 
charm    (dicJictal).     18.    See    love- 

cliarms. 
clearing  plains.  20,  43,  44,  69,  94, 

99, III,  135. 
cooking-pit.  157. 

covenants  (cuir)  on  marriage.  i  §  i . 
cow.  See  milk. 

cowdung,  smearing  head  with.  53. 
crime,    its  efïect  on  earth.    84,  on 

water    137.  See  brigands,  incest, 

parricide,  poison,  theft. 
cross  of  Fergus.  i  §  29,  on  Oengus' 

tunic.  32. 
cupbearer  (deogbaire).  60,  146. 

deer,  elves  assume  forms  of.  1 38. 

diadem  (mind).  40,  124. 

divination.  21. 

dough  (tacs).  161. 

dragon.  47. 

dream,  love  in  a.  92. 

druid  (drui).  See  wizard. 

duel  first  fought  in  Ireland.  29. 

dwarf  (ahacc).  i  §  22. 


easement.  5. 

elfmound,  chief  of.   114, 
132,  pollution  of.  158. 
elves.  See  deer,  night. 


burial  in. 


fasting  on.  Introd.,  by  sureties.  78, 
on  Eochaid  Feidlech's  sons.  140. 
fawn.  34. 


302 


Whitley  Slokes . 


fian  I  (§  25),  is- 

fire  first  lighted  in  Ireland.  7,  from 

knuckles.  62.  See  ordeal. 
fishing.  134,  fishing-nets.   104.  See 

salmon. 
floods.  44. 

fords,  fighting  in.  132,  139. 
forests.  See  clearing. 

gems,  house  adorned  with.  91. 

giant.  23. 

gold.  See  chain. 

grave.  103,  gravestone  (Ua).  87,  91 , 
94.  See  lake 

grief,  death  from.  2,  20,  22,  29, 
118,  129,  150,  shedding  horns 
from.  123,  suicide  from.  137. 

guarantors.  78. 

harp.  47,  harper.  77. 

hawk,  148. 

hazels  of  wisdom.  59. 

heads  as  tropliies.  78,  cast  into  lake. 

151,  exposed.  2,  20. 
hearts  burnt.  13. 
hen  of  Bairche.  64,  89. 
herbs  of  healing.  108. 
historian  (senchaid).  7,  129. 
horns  on  Furbaide's  temples.  88,  cast 

by  cattle  in  sign  of  grief.  16,  123. 
herses  as  beasts  of  draught.  91,  of 

burden.  100,  141. 
horse-race.   18,  with  preghant  wo- 

man.  94. 
hostages  (gèill).  6,  18. 
house  first  built  in  Ireland.  29.  See 

gems. 
human  sacrifice.  85. 
hurdles.  28,  61. 

idol.  Heithiurun.  i  §  2.  Croiii  cruach, 
8s,  149. 

incantation  (caiitain).  18. 

incest.  140. 

insuit.  53. 

invention,  of  traps  and  pitfalls.  93. 
of  caldrons.  29,  of  fire.  7,  of 
houses.  29,  of  shaving.  63. 

invulnerability.  39. 

kingof Ireland,  stone  roaring  under. 
I  §  13- 


kisses  (péca)  transformed  into  birds. 

117. 
knowledge.  See  salmon. 

lake  bursting  out  of  grave.  40,  for- 

med  of  «  draught  of  grief».  98, 

quelling  slaughter.  158. 
lampoon    (glàm).     52,    lampooner 

(câinte).  18. 
Land  of  Promise.  45,  68. 
Land  of  Perennial  Women.  141. 
lapdog  (oirce).  17. 
law.  See  covenants,  easement,  fas- 

ting,    guarantors,   ordeal,    poly- 

gamy,  rent,  rightofway,  rushes, 

service,  sureties,  tabus. 
lepress.  161. 
life.  See  shadow. 
love,  death  from.  29,  in  a  dream. 

92. 
love-charms.  31. 
lute  (mennchrott).  i  §  91. 

magie.  See  charm,  divination,  spell, 

wizardry. 
marriage.  See  adultery,  polygamy. 
mermaids.  42,  81. 
metamorphosis.  See  transformation. 
milk  of  one-coloured  cows.  39,  46. 
music,   effects  of.    42,  45,  47,  81. 

See  harp,  lute. 

nakedness.  6. 

name  bestowed  on  plains.  12,  147, 
158. 

night,  elves  fighting  at.  158. 

nuts,  of  Segais.  31,  on  the  Tree  of 
Mugna.  34,  of  the  hazels  of  wis- 
dom. 59,  of  Caill  Achaid.  71. 

one-coloured  cows.  39,  46. 
ordeal  by  fire.  i  (§  20),  by  a  sod. 
100. 

parricide,  efïect  of.  84. 

pillar-stone  (coirthè).  53. 

pitfall.  93. 

plains,  see  clearing,  name. 

poet(/;7/J.  Introd.,  21,  33,  64,  69. 

poison.  83. 

poisoned  weapons.  39. 

polygamy.  20,  26,  82,  14}. 


The  Rennes  Dindsenchas.  Index  Rerum. 


30J 


profits  à  prendre.  3. 
prophecy.  27,  prophet.  149. 

quarry  stones,  right  to.  3. 

rampart  (mûr).  18. 

nipe  of  Tlachtga.  110. 

rath-builders.  20. 

rath-building.  20. 

rent  (cis).  78,  (câin).  i^j. 

right  of  way  (tôchar).  3. 

roads.  58. 

Rowing  Wheel  (roth  ràmach).  no. 

rushes,  right  to  gather.  3. 

rye,  dough  of.  161. 

salmon  of  knowledge.  59. 

satire,  blotches  raised  by.  15. 

sea.    See  axe,  tub,  whirlpool.  sea- 

monsters.  10,  seaspells.  26. 
s&x'çtnxs  (nathraig).  13. 
service,  contract  of.  22. 
strength  of  a  hundred.  39. 
shadow  connected  with  life.  49. 
shame,  death  from.  138. 
shaving.  63. 

sheep.  28,  change  ofcolour  of.  158. 
shield,   of  Cùchulainn.    i   §  31,   of 

Mac  cecht.  31. 
singing,  effect  of.  42. 
ringle  feet,  hands  and  eyes.  41. 
single  colour,  cows  of.  39,  46. 
signal  to  lover.  53. 
sleep  produced  by  music.  42. 
sleep-charm  (bricht  suain).  151. 
slinging.  26. 
smiîh.  10,  14. 

sod,  ordeal  of.  100,  adored.  100. 
song  of  mermaids.  42. 
spears  (laigin).  9. 
spectral  army.  51. 

s^pçW (bricht).  9, 18,49,  7^>  '  I3.  Hi- 
spencer  (ronâaire).  i   §  14,  (dailem). 

12. 
stag.  34. 
stone,  buildings  of.  91,  roaring  un- 

der  king.    i  §  13,  used  in  battle. 

139,  precious,  see  carbuncle. 
stones  for  computing  losses.  29.  See 

pillar-stône,  quarry. 


submarine  folk.  5,  well.  59. 

suicide.  136. 

sureties  (ratha).  78,  81,  161. 

swimming.  81. 

swine  hunted.  35,  37,  73,  74,  ma- 
gical.  70,  human  beings  trans- 
formed  into.  71,  herding.  103. 

tabus  (geisi).  46,  99. 

tears,  lake  formed  of.  138,  of 
blood.  192. 

theft  of  diadem.  40. 

longues  excised  and  buried.  7. 

tortures.  133. 

tower  (toi).  75,  147. 

transformation  of  girl  into  a  bag  of 
water.  15,  a  pool  of  water.  113, 
a  man.  36:  of  men  and  women 
into  boars  and  sows.  71,  of  kisses 
into  birds.  117. 

trap.  93. 

trees  destroyed  by  sea-beasts.  10, 
growing  through  graves.  17, 
wonderful.  34,  50,  160.  See  clea- 
ring plains,  harels,  yew. 

tub  dripping  during  sea-flood.  11. 

unborn   child,  fear  of  being  killed 

by.  88. 
urine,  flood  of.  141. 

water,    woman    transformed  into. 

15,  113,  changed  by  crime.  137. 
water-mill.  i  §  5. 
well.  19.  See  urine, 
whirlpool.  145. 
wisdora.  See  hazels. 
witches.  18,  30. 
withershins  walking.  19,  marching. 

140. 
wizard  (âriti).    i  (§§  20,   21),  7,  9, 

18,  88,  III,  114,  141,  159. 
w'izâràvy  (driiiclecbf).  14,  lio. 
wolf.  34. 

women  fighting.  24. 
women  soldiers.  i  (§27),  105,  149, 

rimers.  32,  83 ,86,druids.  83, 159. 
wrestling.  155. 

yew,  house  built  of.  91. 


304 


Whitley  Stokes. 


INDEX  VERBORUM. 


aclaidim.  112,  I  hitnl,  I  attack. 

ad-âigestar.  43,  timtiit. 

adbathatar.  44,  perieriint. 

adrochair.  152,  cecidit. 

aidbriud.  40,  reproof. 

ail  bréthre.  127,  verbal  iiisiilt. 

àinnle.  126,  beauty. 

airrches.  93,  a  trap. 

airchend.  158,  edge? 

aircing,  42,  edge? 

air-ech.  79,  a  pach-horse. 

airtem.  112,  an  inch. 

aister.  65,  iravel. 

ailt.  146,  a  house. 

allaind  (tallaind?).  28. 

amros.  31,  doiibt,  ignc-ance. 

amsaige.  161,  soldiery. 

ardsenôir.  chiej  elder,  Introd. 

ar-laicim.  6,  I  release. 

ar-segar.  15,  is  called. 

at-beb.  94,  morhius  est. 

at-cluinte.    102,   was  felt,   uns  pcr- 

ceived. 
atomannar.  109,  I ai)i  raised  iip? 
aub.  115,  a  river. 

ba.  13,  dimib. 

bâeth-réim.  121,  ai)iad  course,  a  Ju- 
rions raid. 

baigliu.  34,  a  faivn. 

ban-aidid.  161,  death  in  childbed. 

ban-amus.  i  §  27,  a  female  soldicr. 

ban-brugaid.  115,  a  female  hospital- 
ier, =hanhruig\u.  142. 

ban-chara.  49,  a  parauiour. 

ban-drui.  83,  159,  a  druidess. 

ban-féindid.  105,  a  female  champion . 

ban-fili,  a  poetess,  159. 

ban-gaisgedach.  \^<),  a  female  cham- 
pion . 

ban-licerd.  32,  83,  86,  a  female 
rimer. 

ban-serc.  53,  a  paramonr. 

ban-tôisech.  80,  a  chieftainess. 

ban-trebthach.  136,  a  ividoîv. 


ban-tuath.  18,  a  witch. 

barc.  4,  a  palace. 

bech-teillén.  126,  a  swarni  of  bées? 

bir.  13,  ivater. 

bleda  mara.  10,  beasts  of  the  sea. 

bo-âr.    123,    157,    miirraiii,   cattle- 

plagite. 
brachem.  34,  a  stag. 
branén.  54,  a  young  crow. 
bratbertach.  i  §  8,  plundering? 
bréch.  54,  a  ivolf. 
briugu  cétach.  40. 
bi-osna  suad.  160. 
brothlach.  157,  a  cooking-pit. 
brù.  34,  a  doe. 
brùach-brecc.    126,    big-bellied  and 

frecUed. 
bûarach.  86,  coiu-spancel. 

caem.  1 17,  «  noble. 

caer.  115,  abundance. 

caer  dis.  26,  a  kiiid  of  slingstoiie? 

cain-teglach.  141,  afair  household. 

callaire.  119,  a  crier. 

carnail.  31,  «  heap. 

carr.  14,  a  spear. 

cechnatar.   42,    cecinenmt,    ro-cha- 

chain.  69,   141,  cecinit,  =  roca- 

choin.  95. 
ceithrib.    66,    83,    dat.    of  ceithre 

four. 
celtar.  1 58,  conceahnent  ?  disguise  ? 
cétach.  30,  121,  fl  mantle. 
cét-cluasta.  38,  hiindred-eared. 
cess  ôited.  94,  debility  of  childbed. 
céte.  94.  a  fair-green,  P.  O'C. 
cingit.  147,  rt  goblet. 
claimsech.  161,  a  lepress. 
cland-maicne.  132,  children. 
clâr  fodluta.  79,  a  floodgate? 
clé-gûalu.  99,  lejt  shoulder. 
cliabaine.  60,  cradling. 
cnô-maidim.  2,  I  hreak  like  a  nul. 
cnô-maidm.  1 18,  breaking  like  a  mit. 
cocholl.  104,  a  kind  offishing-iiet. 


The  Rennes  Dindsenchas.  Index  Verborum. 


305 


coemnacair.  47,  potttit. 
coim-chennach.   145,  trading,  traf- 

ficking. 
com-arc.  20,  commémoration. 
com-fân.  i  §  15,  rt  slope. 
com-flathius.     132,     161,    joint-so- 

vranty. 
com-fota.  158,  equally  long. 
com-maidm  cridi.  102,  a  heart-hrea- 

king. 
com-rith.  94,  a  joint  course,  a  race. 
corathach,  gen.  pi.  135,  bribes. 
conairnecht  prêt.  pass.  sg.  3  of  co- 

nairicim.  83. 
conaitechair.  46,  lie  dcmandeâ,  pi.  3 

conaitchetar.  78,  i4i,conatchetar. 

161. 
conaitich.   78,  conauttaig.  5,  cona- 

taig.  69,  99,  condatig.  12,  he  de- 

nianded. 
con-buachail.  lOi,  a  herd-hound. 
coucairecht.    35,  managing  packs  of 

hoiinds. 
condolb.  145,  affection. 
coogegne.  6,  he  transfixed. 
congna.  158,  liorn,  antler. 
consniaim.  6,  I gain? 
corbbud.  158,  corruption,  pollution. 
coscrad.  155,  ciitting  up  an  animal. 
criathar.  74,  a  désert. 
cruisech.  6,  a  javelin. 
cuchtair,  gen.  cuchtrach.  i  §  16,  a 

Icitcbeii. 
cuchtaire.  60,  a  kitcbener. 
cuirreill.  4,  a  casket. 
cullach,  see  glas-chullach. 
cuthchaire.  93,  a  trapper. 

dadaig,  fescur  dadaig.  97. 

à3.\gjire,  ace.  sg.  daigid.  129. 

dall-chi'all.  157. 

dan.  43,  a  taslc. 

deccra.   i  §  9,  tvonders?  remarkable 

things  ? 
delà.  93,  adrinking-cup. 
delidin.  17,  metathesis. 
dellich.  66,  dellig.  100,  he  lay,  fell 

down. 
dendgor  dnst?  144. 
deogbaire.  60,  146,  a  ciipbearer. 
di'anaigira.  144,  I  hasten. 
dichinaid  .15,  guiltless. 


diclochad.  3,  qtiarrying  stones? 
diétgud.  6,  undressing,  disrobing, 
dineoch.  36,  rt  healing  draught. 
doe.  118,  an  artn.  dâ  doii.  93. 
dôer-fognam.  78,  base  service. 
doith  (doich?).  93,  limber,  freefrom 

hitches.  doich  .i.  eascaidh  no  ta- 

paidh,  P.  O'C. 
doreguinn.  3,  for  doroega  he  chose. 
doruaichill.  39,  he promised? 
dotuaraid.  9,  remained. 
drochta.  11,  a  tub. 
drond.  66,  a  chine. 
dub-sesra.  46,  a  bucketful. 
dubthair.  87,  a  jungle. 
duirb.  66,  a  tvonn. 
duis.  116,  a  présent. 

echmairt.  107,  covering  a  mare. 
elba.   141,  goods,  property.  W.  elw 

«  lucrum,  quaestuà  ». 
ell.  49,  advantage,  opportunity. 
en.  27,  water. 
énach.  134,  catching  birds. 

1.  eô.  161,  a  brooch. 

2.  eô.  160,  a  tree. 
eol.  97,  a  home. 
h-ér.  1 17,  high. 
erbâgaid.  102,  a  contender. 
erc.  18,  a  cow. 

ère  mi'as.  25  «  burden  of  dishes  ». 
escaid  (dat.  sg.).  i  §  22,  a  quagmire. 
escal.    145,   roaring  oj   luater   (esc- 

gal?),  eascal  .i.  fuaim,  P.  O'C. 
etrud.  86.  milking-tiine?  SeeO'Don. 

supp.   s.  V.   eadar-thrath.    Corm. 

Tr.  s.  V.  etsruth. 

fairscena.  133,  for  faircsen,  gen.  sg. 

of  fliircsiu  outlook. 
fdl-cliaîh.  6i,u'all-hurdle. 
ferb-glan.  160,  pure-worded. 
feirt.  155,  jerk  ?  t-iuist  ? 
fiadaigim.  142,  I  go  zvild. 
fiad-ubla.  62,  crab-apples. 
fîch.  106. 
fi'r  catha.    140,  truth  of  hattle,  fair 

play. 
ffr-miscne.  133,  intense  hatred. 
fobride.  6,  hidden  ? 
fochetal.  117,  lampooning? 
fochmarc.  87,  searching  for . 


3o6 


Whitley  Stokes. 


fodbad.  132,  to  strip  ojf  armour. 

foen.  59,  supine. 

fo-loscaim  (prêt.   pass.    foroUscath. 

46),  /  singe. 
forbart.  101,  he  proceeded  ?  desired  ? 
forécnigud,  to  force,  to  râpe,  86. 
for-forbairt.  24,  he  entreated? 
forgabul.  18,  a  dépendent  branch. 
forruidbich.  104,  he  vanquished? 
fortamlaigim.  155,  l over corne. 
fortbe.  118,  a  ciittlng-off. 
fo-s-ruidbed.  19,  was  deprived. 
fotholl  talman.  52,  a  cavern. 
fothrus.    132,    for    othrus  sickness, 

illness. 
fualas.  26,  82,  afamiJy. 
fuilgech.  40,  shovelling? 
fuither  fossuid.  60,  a  permanent  es- 

tate?  ferann  fuithir.  63. 

glaisin.  i  §  35,  woad. 
glas-chullach.    107,  a  grey  British 

stalUon. 
glôedaim.  122,  I  stick  to. 
gnâth-focul.  I  §  14,  fl  proverh. 
gnia.  34,  a  sister's  son. 
goth  spear,  pi.  n.  goith.  109. 
grainne    claidib.    112,    point    of   a 

sword. 
grellach.  120,  a  mire. 
grian.  100,  grave!. 
guin  galann.  loi,  a  mighty  hhiv. 

herus.  W]^  spindleivood. 

iarmaithrige.  126,  after-repentance. 
iascach.  134,  catcUng  fish. 
ilatha.  81. 

imbolg.  66,  candletnas. 
imm-furail.  98,  excess, 
iram-r-ecaim.  52,  147,  he  happened, 

he  met. 
imbadach.  94,  pregnant. 

lainn-fordiuclantaid.  9.  an  eager  de- 

voitrcr. 
leithe.  23,  a  shoulderbïade. 
lindglan.  128,  clear-watered. 
long.    4,    a    house?    .i.    teagh;    P. 

O'C. 
lubân.  121,  a  bow,  hop. 
lugnasad.  99.  lammas. 


luimnechda.    87,  full  of  cloaks  or 

shields. 
lummain.  57,  cloak. 
lumman.  57,  shield, 
luscaidecht.  60,  infancy,  babyhood. 

mes-chuire.  58,  an  armed  host. 
mi'dé.  7,  an  evil  smoke. 
moch-léithe.  18,  earJy grayness. 
mothar.  83,  scrub,  stunted  biishes. 
muccaidecht.  103,  herding  sivitie. 
muc-clais.  112.  a  pig's  trench. 
mur-duchu.  42,  a  mermaid. 
mur-gabul.  43,  a  sea-inht. 

nasad.  20,  99,  an  assembly.  .i.   ao- 

nach,  P.  O'C. 
nert-lecc.  ^2,battie-stone,\it. strength- 

stone. 
nômad  =  nôi  trath.  63,  94. 
noedin.  10,  boat. 

obelda.  14  5 ,  for  ôibéla  open-mouthed . 
oitiu   gen.  oited,  chiJdled.  See  cess 

ôited. 
othar.   22,  wage?   .i.  tuarastal,  P. 

O'C. 

port.  41,  fl  mansion. 
pri'm-rôt.  58,  achief  road. 

rathmogaid.  63,  78,  a  rath-builder. 
rathmuigecht.  20,  rath-biiiUing . 
rimaire.  79,  a  computer. 
rimsad.  ibi,  to  bewitch? 
ross  lin.  :\6,flax-seed. 
ruamna.  161,  dyestuff? 
ruiseda.  10,  sea-monsters. 

samguba.  81,  mermaid. 

scithlim.  134,  spending,  consuming. 

sciulang.  52,  a  fugitive. 

secal.  161,  rye.  (from  lat.  secale). 

sechta.  18,  seven  things. 

seilche.  1 1,  a  tortoise. 

selaig.  43,  perf.  act.  sg.  3  of  sligim 

I  eut  dov.ni. 
sephaind.  47,  perf.  act.  sg.  3  of  sen- 

nim  Ip]a-j. 
sescrad.  ioi,dry  (unbulled)  coivs. 
sethad.  18,  driving?  (leg.  sechad?). 
siu  for  re  siu.  141. 


The  Rennes  Dindsenchas.  Index  Verborum. 


307 


slabra.  60,  a  hride-gift. 
slâucrechtach.  108.  healedof  tvoimds. 
sluag-rechtaire.  119,  host-steward. 
snas-chur.  -^2,  a  chip. 
so-mâin.  63,  a  vahtahU  considération. 
sûili  na  mér  (lit.  the  eyes  of  the  fin- 
gers)  knuckks.  62. 

taemad.  93,  piimping  eut,  emptyin^. 

taes.  161,  dough. 

taibleôir.  126,  a  slinger. 

tairbert.  109,  vigoiir?  ;  140,  a  hirth. 

taircim  (to-air-icim).  117,  I corne  to. 

tairthugud.  loi,  an  acconnt 

tamlaigim.  15,/  die  of  diseuse. 

tamnugud.  44,  a  lopping. 

tardarc.  70,  îooking  over. 

tarr.  59,  hack?  belly? 

tarrgraig.  127,  129,  a  journey. 

tartha.  5,  dry? 

tascraim.  26,  I  sever. 

tathaim.  38,  obiit. 

tathlaira  (-laib?).  36,  slinging? 

teidmnech.  127,  pestUential ,  deadly. 

teinm.  31,  ^0  eut. 


1.  telau     104,  loosing. 

2.  telach  Vb-'^n-  sg.)-    i  §  31,  «  ^0^- 
loiv  ? 

tinne.  120,  an  ingot, 

togerad.  117,  girding  at,  gïbing. 

tôisech  teglaig.  149,  chief  oj  a  house- 

hold. 
tortha,  117,  comel  toirche.  68,  corne 

hither. 
treb-lucht.  36,  hoiisehold. 
trechumasc.  6,  a  crowd? 
trefuilngid.  34,  a  strong  upholder. 
tùarad.  i  §  5. 
tuaim.  145,  a  place. 
tuairse.  8,  a  rernnant. 
tuaithbel.  19,  140,  withershins. 
tuathach  awitch,  acc.sg.  tuaidig.  30. 
tucsat  dia  cind.  18,  they  swore  by. 
tulchân.  136,  a  hillock? 
tul-chnâm.  102,  frontal  bone. 
turscur.  161,  severance. 
turtur.  31. 

uaisnech.  7,  sublime. 
uisine,  temple  (capitis).  88. 


^o8  Whitley  Stokes. 


ADDITIONAL  NOTES. 


Revue  Celtique,  XV, 

P.  391,  11.  21-23  "  ^  roadway  »,  etc.  Perhaps  the  correct  rendering  is 
(t  a  right  of  way  over  Môin  Lamraige,  a  right  to  eut  timber  over  Brefne,  a 
right  to  quarry  stones  in  Meath,  and  a  right  to  gather  rushes  over  Tebtha  ». 
If  so,  we  hâve  hère  a  proof  that  the  Irish  recognised  servitudes,  or,  in  the 
language  of  English  lawyers,  easements  and  profits  à  prendre. 

P.  295,  1.  19.  The  Ailbine  is  mentioned  in  theBook  of  Armagh,  fo.  9'' i 
(«  ad  hostium  Ailbine  »)  and  in  Adamnân's  Vita  Cohmihae,  II,  4  («  ab  illo 
riuulo  qui  dicitur  Ailbine  »). 

P.  296,  note  4,  add  and,  according  to  Thiébault's  Mémoires,  the  Russian 
gênerai  Suvaroff,  after  his  triumphal  entry  into  Alessandria,  stript  off  ail 
his  clothes,  except  his  jackboots,  and  exhibited  himself  «  naked  as  a  rep- 
tile »  to  the  bystanders. 

P.  298,  1.  10.  Mide's  object  in  cutting  out  the  wizards' tongues  was  per- 
haps to  prevent  them  uttering  maleficent  spells.  So  Tereus  eut  out  Philo- 
meJa's  tongue  to  prevent  her  revealing  her  sufferings. 

P.  301,  I.  8.  The  gen.  sg.  Erota  is  probably  nz  Hirolae,  Bk  of  Arm. 
I3b2,  Iriiate,  Trip.  Life,  222,  with  the  fem.  article  na  hlritathe,  LL.  207''25, 
na  hirûade,  LL.  90^',  na  hiruade,  LL.  loi^  jo.  Zimmer's  identification  with 
A.  S.  Haredha-land  (A.  S.  Chron.  787),  ON.  * HanidbaR,  seems  phoneti- 
cally  impossible. 

P.  306, 1.  22.  For  the  slaving  of  Aithechdach  by  Mael-odràin  after  he  had 
been  a  year  buried,  see  Kuno  Meycr's  Hihernica  Minora,  73. 

P.  309,  1.  30.  Shedding  horns  in  token  of  grief  is  mentioned  again,  infra 
no.  123. 

P.  311,  1.  16.  Tiicsat  dia  ciiid  seems  an  idiom  meaning  «  they  swore  by  ;>. 

P.  312  (misprinted  412),  1.  14,  ilurg  hère  seems  to  mean  «  in  the 
rank  ». 

P.  312,  1.  27,  mar  taidbsiii,  lit.  like  a  show,  is  an  idiom  meaning  u  in 
great  quantity  ». 

P.  325,  1.  4.  The  story  of  Nuada  and  his  silver  hand  reminds  one  of  the 
Açvins  substituting  an  iron  leg  for  the  leg  of  Vispala  eut  ofï  in  battle. 

P.  332, 1.  4,  after  4g  insert  and  The  Academy,  Aug.  25,  1894,  pp.  134,  135. 

P.  333,1.  6,  as  to  Crimthanns  mantle  see  further,  infra  No.  121 . 

P.  334,  1.  28.  The  «  nuts  of  Segais  »  came  from  the  nine  hazels  that 
grew  there.  See  infra  No.  59. 


The  Rennes  Dindsenchas.  Additional  Notes.  309 

P.  336,  1.  12.  Sniiad  =  W.  nudd,  Lat.  nuhes.  Gris  novv  the  river  Griese. 

P.  422,  1.  7  add  as  is  said  of  their  names  and  customs  and  deeds  in  the 
Book  of  the  Appellations  of  the  Heroes  of  Leinster. 

P.  425,  1.  34,  add  Loch  Lurgan  now  Galway  Bay.  The  magical  property 
of  the  Pool  of  the  Bulls  reminds  one  of  the  Carian  fountain  SalmaciSj 
Ovid.  Met.,  4,  286. 

P.  431,  1.  2.  The  river  Slaine  (now  Slaney)  rises  in  the  co.  Wicklow  and 
flows  into  Wexford  Harbour. 

P.  432,  note  3.  Or  is  it  for  airchinn  «  edge  »?  If  so,  translate  p.  433, 
line  2  froni  bottom  «  by  the  edge  of  the  land  to  go  round  boundaries  ». 

P.  434,  1.  17.  O'Donovan  (Four  Masters,  A.D.  858,  note  p.  95 1,  note  s) 
'■■s  that  Port  Ldïrge  takes  its  name  from  Laraic,  a  viking  who  plundered 
'It-  "ling  in  951.  If  so,  the  Dindsenchas  was  composed  when  the  true 
etymology  had  been  forgotten. 

P.  437,  1.  4.  As  to  clearing  places  of  trees  cf.  Psalm  74,  5. 

P.  438,  1.  29.  For  the  sîory  of  Clidna  and  for  Câilte's  song  see  Silva  Gade- 
lica,  I,  178,  II,  200-201. 

P.  444,  1.  6.  Hère  Tête,  Roigne  and  Gabrân  seem  to  stand  respectively 
for  Oenach  Tête,  Mag  Roigni,  and  Belach  Gabrâin.  So  Febal,  No.  140,  for 
Loch  Febail. 

P.  450,  1.  28.  According  to  O'Curry  (Lectures,  p.  477),  there  was  ano- 
ther  Srub  Brain  in  the  west  of  Kerry,  and,  if  he  be  right,  this  is  probably 
the  Srub  Brain  hère  mentioned.  As  Kuno  Meyer  observes.  Nos.  50-5  S  ail 
refer  to  régions  in  Kerry. 

P.  467,  1.  30.  Gàirech  and  Ilgàirech  «  two  hills  in  the  neighbourhood  of 
MuUingar,  in  the  co.  of  Westmeath,  where  the  List  battle  of  the  Tain  hô 
Cuallngne  was  fought  »,  O'Curry,  Children  of  Tiiirenn,  174,  note  i6q.  As 
to  Gnirech  see  No.  120,  Rev.  Celt.,  XVI,  72. 

P.  469,  after  1.  6  add  Compare  with  this  graceful  legend  the  story  of  the 
birds  of  the  lake  of  Savaddon  in  Giraldus  Cambrensis'  Itin.  Cambr.,  I,  11, 
p.  34  of  the  Rolls  édition. 

P.  470,  1.  23.  add  The  swine  that  could  not  be  counted  may  be  com- 
pared  with  the  circle-stones  at  Rollright  in  Oxfordshire,  that  cannot  be 
reckoned  twice  the  sanie,  Folklore,  VI,  26. 

P.  481,  1.  2,  Mag  iiAdair,  now  Park  Myra,  O'Curry,  Tochmarc  Monera, 
p.  157  n.:  Loch  Outra,  now  Lough  Cooter,  county  Galway:  Loch  Cimme, 
now  Lough  Hacket.  in  the  same  county. 


Revue  Celtique,  XVI. 

P.  36,  1.  20.  The  twelve  stonc-idols  were  probably  fetish-stones.  Crout- 
cruach  may  hâve  been  a  wooden  image  (ïo'avov)  covered  with  gold. 

P.  39,  1.  6.  Furbaide  with  his  horns  reminds  one  of  Zagreus. 

P.  46,  1.  3,  nômad  «  a  space  of  nine  days  ».  Was  this  part  of  the  story 
suggested  by  Leto's  nine  days'  labour  in  Delos? 

Revut  Celtique,  XVL  22 


I 


310  Whitley  Stokes . 

P.  141,  1.  27.  Father  Hogan  tells  methat  Buaid  was  an  ancient  name  of 
the  Bann,  so  that  Inher  mBuada  would  he  the  mouth  of  that  river. 

P.  145,  1.  5  from  bottom.  For  another  example  of  the  baleful  influence 
of  a  crime  on  the  water  of  a  well  see  Hawthorne's  novel,  The  Hoiisc  of  tbe 
Seven  Gables,  chap.  i. 

P.  146,  penultimate  line.  Thèse  stories  of  deaths  from  shame  perhaps 
originated  in  the  common  tabu  forbidding  husbands,  for  a  certain  time 
after  marriage,  to  see  their  wives  unveiled. 

P.  1 53.  As  to  drowning  men  in  a  flood  of  urine,  see  the  Australian  taie 
of  Pundjel  in  A.  Lang's  Myth,  Rituat  and  Religion,  II,  5.  For  more  as  to 
the  mythological  use  of  this  liquid  see  J .  Darmesteter,  Sacred  Books  of  the 
East,  vol.  IV,  p.  Ixxxviii. 

P.  155,  1.  27,  after  substance  insert  with  BB.  21-42  and. 

P.  165,  1.  25,  after  put  insert  upon  her. 

P.  164,  1.  I,  add:  Fraech,  better  Frôich,  is  hère  the  gen.  sg.  of  a  fem.  0- 
stem  (like  Lat.fagiis).  When  Bith  died,  his  widows  (of  whora  Fraech  was 
one)  came  to  Fintan,  but  he  fled  before  them.  Thereupon  his  vvife  Cesair 
died  of  grief. 

P.  164.  1.  23,  add  for  him. 


The  Rennes  Dindsenchas.  Corrigenda.  31 1 


CORRIGENDA. 


Revue  Celtique,  XV. 

P.  276,  col.  I,  1.  7,  for  499a  read  496» 

279,  1.5,  from  bottom,  for  hill  she  would  choose  read  choice  hill. 
285,  §  11-,  for  green  read  Gray.  Father  Henebry  thinks  that  Glas  Tem- 

rach  was  the  name  of  a  famous  cow,  and  that  it  is  hère  a  gloss 

on  hô. 
287,  §  28,  1.  i,  for  ion  read  charioteer 

290,  last  Hne,  for  Luachair  read  luachair. 

291,  1.  3, /or  Qrimxhaiun  read  Crïmthainn. 

297,  1.  2,  for  uais  nech  7-ead  uaisnech 

298,  1.  3,  read  «  Sublime  is  he  who  is  hère,  etc. 
301,  1.  24,  after  Ross  itisert  Nair 

303,  1.  iS,  for  South  ofTara  they  set  up,  read  Southwards  from  Tara 

they  took  their  way 

304,  1.  2^,  for  what  they  left  read  whatsoever  they  found 
303,  1.  23^/or  ron-maid  enech  read  ron-maide  nech 

306,  1.  8,  dele  [leg.  it?] 

307,  1.  13,  for  sent  her  on  a  circuit  ail  read  she  ran  four  times 

1.  2  5,  for  Liber  wentto  her  woerm^  Out  of  sorrow  for  him  Liber 

went 
1.  25,  the  dia  cumaid  of  the  ms.  should  be  corrected  into  dia  chu- 

maid. 
1.  27,  for  Bricc  read  Bruicc. 
313,  11.  25,  34,  p.  314,  11.  5,  6, for  German  read  Garman 
515,  1.  I,  for  now  Wexford  read  in  the  south  of  the  présent  county  of 

Kildare,  Ann.  Ult.  840,  note  11. 
322,  1.  23, /or  Forcarthain  (bis)  read  Forcartain 
3J2,  1.  i,/o/  ^.      -''96 

333,  1.  6, /or  Déa  ben  read  Dé  a  ben 

334,  1.  20, /or  shower  7-M(/ showers 

335,  1.  6,  for  ce  read  co 

421,  1.  4,  for  çocyiÀo;  read  cpây.Xo; 
/!  425,  1.  12,  for  oi  read  of{ 

[  428,  1.  4,  after  kine  iusert  of  one  colour 

,'  Notes  I  and  2  belong  to  p.  429 

450,  1.  7,  for  German  read  Garman. 
1.  17,  for  part  read  part  ' . 

430,  1.  22, /or  shining  '  rcf?^  shining 


312  Whitîey  Stokes. 

P.  431,  1.  3, /or  was  r<;at?  lay. 

11.  6,  7,  for  the  day  that  the  lake  will  be  born  rmd  on  the  birthday 
of  the  lake. 
432,  1.  1^1  for  III  rend  II 
434,  1.4, /or  huger  than  read  as  huge  as 
441,  1.  8,  for  Fodb  read  Bodb. 
447,  1.  30, /or  Crinthann  rt'fl(i  Crimthann. 
452,  1.  2, /or  seem  to  rrai  may 

457)  1-  9)  /''''  ^1''^  ']\yi^ce.  of  the  nuts  is  apparent  on  their  purple  bellies 
read  it  is  the  juice  of  the  nuts  that  iscast  up  like  crimson  bubbles, 

462,  1.  Il,  for  Athlo  read  Athglo 

463,  1.  S, /or  elsewhere  rm^^  infra  No.  89. 
465,  1.  18,  for  Fiachrac/;  read  Fiachwa 
467,  1.  4,  for  Fiachra  read  Fiachna 

1.  9,  for  to  read  as  far  as. 
471,  1.  2,  froni  bottoni  read  Brogarban 
475,  1.  2,  after  Islands  insert  are  called 

483,  I.  4,  for  whereover  read  wheresoever 

484,  1.  i<^,for  they  were  ail,  read  both  she  and  they 


P. 


56, 
37) 
41, 
45- 
SI, 
53, 
54, 
68, 

75, 

76, 

77, 

138, 

148, 

149, 
150, 

160, 

161, 

162, 
163, 
164, 
166, 


Revue  Celtique,  XVI. 

12,  for  propritiated  read  propitiated 

25, /or  Commaer's  read  Conmaer's 
ast  line,  for  Rubne  read  Rubae 
The  fîrst  two  Unes  should  be  the  last  two  lines. 
.11,  for  ganes  read  games 
.  14.  for  Becan  read  Buan 
.  21,  for  fer  read  for 
.  26,  for  came  read  were 
.  8, /or  125  read  123 
.13,  for  Lore  read  Lorc 
ast  line,  for  sow  read  over 
.  34,  for  healed  read  sick 
ast  line,  for  fr  read  fri 

.  ic),  for  through  the  non\\oî  read  withershins  in 
.  I ,  jor  to  overthrow  (?)  them  or  to  make  them  grant   read  to 

make  them  let  him  go  or  grant 
.  29, /or  Britdr  read  Baitdr. 
.   12,  for  Liach  happened  2  to  be  on  Mag  Léige,  with  read  they  and 

Liach  met  2  on  Mag  Léige,  and  she  had 
.11,  for  turned  on  read  betrayed 
.  24,  for  survived  read  were  after 
.23,  add  for  him 
.  9, /or  Cathbad  read  Eber 

Whitley  Stokes. 


LE  SORT  CHEZ  LES  GERMAINS  ET  LES  CELTES 


Tacite  ÇGermama,  lo)  nous  décrit  une  des  façons  de  consul- 
ter le  sort  usitée  chez  les  Germains  :  «  Sortium  consuetudo 
simplex.  Virgam  frugiferae  arbori  decisam  in  surculos  ampu- 
tant eosque  notis  quibusdam  discretos  super  candidam  vestem 
temere  ac  fortuite  spargunt;  mox,  si  publice  consultetur,  sacer- 
dos  civitatis,  siri  privatim,  ipse  pater  familias,  precatus  deos 
caelumque  suspiciens  ter  singulos  tollit,  sublatos  secundum 
impressam  ante  notam  interpretatur.  »  Ces  notae  sont  sans 
doute  des  runes.  Le  mot  seul  de  Buchstabe  suffirait  à  prouver 
que  les  runes  étaient  habituellement  gravées  sur  du  bois. 

Barbara  fraxineis  p.'ngatur  riina  tahellis 
Onodquc  papyrus  agit,  virgiila  plana  valet. 

[Fortunat.  Carm.  Vil,   i8,  19). 

En  norrois,  rûnakefli  ou  simplement  keJJi  désigne  les  bois 
à  sort.  Kefii  est  devenu  par  emprunt,  en  écossais,  keevil^. 

Le  ter  singulos  ioJlit  est  confirmé  par  un  passage  de  César 
(^De  bell. gall.,  I,  53,  7).  G.  Valerius  Procillus,  interprète  gau- 
lois de  César,  délivré  des  mains  d'Arioviste  après  la  victoire 
des  Romains,  raconte  qu'on  consulta  trois  fois  le  sort  à  son 
sujet  :  se  pracsente  de  se  ter  sortibus  consuïtum  dicebat,  utrum 
igni  statim  necaretur  an  in  aliud  tempus  i-eservaretur  :  sortium 
beneficio  se  esse  incolumem. 

Le  même  usage  a  existé  chez  les  Gaëls  et  les  Bretons.  Le 
sort,  consulter  le  sort  est  exprimé  en  irlandais  par  crann-chur, 
mot  à  mot,  action  de  lancer  le  bois.  (Tri  bior-ghaoithe  an  bhais, 
réédit.  par  Atkinson,  Irish  manuscript.  séries,  vol.  II,  part  I, 
j).  108,5  j  crand-chur,  The  Passions  and  the  Homilies  from  Leab- 
/'  ^ar  breac,  éd.  Atkinson.  Voir  Glossary.^ 

I.   Sievers,  Cnindriss  der  geriii.  phil.,l,  p   242. 


514  J-  ^oth. 

En  comique,  la  même  idée  est  exprimée  de  même  :  Teulel 
pren  myl  wcl  vyé,  tirer  au  sort  serait  mille  fois  mieux  :  mot  à 
mot,  lancer  Je  bois  ÇPassion,  2S/[j). 

En  gallois,  coelhren  signifie  également  sort  et  est  composé  de 
coel  pronostic,  présage,  et  ào:  pren  bois.  Silvan  Evans  donne  des 
exemples  de  ce  mot,  usité  encore  aujourd'hui,  tirés  du  Brut 
Gr.  ab  Arthur  {Myvyr.  Arch.,  II,  243),  du  Brut  y  Tyiuysogion, 
(>^,  du  Brut  y  Saeson  {Myv.  Arch.,  II,  534).  Ces  morceaux  de 
bois  qu'on  lançait  étaient  évidemment,  comme  chez  les  Ger- 
mains, distingués  par  des  signes.  Le  mot  blaen-bren  signifie 
privilège,  bonne  fortune  et  est  composé  de  blaen,  extrémité, 
sommet,  priorité  et  de  pren,  bois  (v.  Mabinog.,  éd.  Rhys-Evans, 
p.  145,  ligne  23  ;  ma  traduction,  tome  \,  p.  289,  notes  cri- 
tiques, p.  354;  Lhwyd  lui  donne  le  sens  de  bonne  fortune; 
Silvan  Evans,  Welsh  Dict.,  id.). 

Le  mot  breton  prendenn,  qui  s'igmûe  fléau,  jnalheur'^,  et  aussi 
méchanceté  me  paraît  devoir  être  cité  ici.  Il  paraît  bien  contenir 
également^  pren,  bois,  et  est  peut-être  à  décomposer  en  pren, 
bois  et  demi,  pour  tenu  :  action  de  tirer  le  bois,  tirer  au  sort  (et. 
le  comique  teulel  premi). 

On  a  donné  au  mot  gallois  coelbren  le  sens  d'alphabet,  mais 
on  ne  trouve  pas,  à  ma  connaissance,  d'exemple  bien  ancien 
de  ce  mot  dans  ce  sens.  (Je  ne  l'ai  trouvé  ni  dans  le  Livre  Noir, 
ni  dans  le  Livre  de  Taliesin,  ni  dans  celui  a'Aneurin.)  L'alpha- 
bet dit  coelbren  y  beirdd  ne  se  trouve  dans  aucun  manuscrit 
avant  le  xvi^  siècle  (Silvan  Evans,  Welsh  Dict.,  au  mot  coel- 
bren, p.  839,  2^  col.).  Néanmoins,  si  on  se  rapporte  à  ce  qui 
précède,  s'il  est  établi  que  le  sort  était  consulté  au  moyen  de 
morceaux  de  bois  portant  des  signes  gravés,  n'est-il  pas  vrai- 
semblable qu'à  une  époque  ancienne  coelbren  a  eu,  chez  les 
Bretons,  la  même  fortune  que  le  buchstabe  chez  les  Ger- 
mains ?  J.  LOTH. 

I .    Vie  de  Sainte  Notin,  éd.  Ernault,  vers  11 90: 
pehe:^  prendenn  so  disqiiennet; 
Cf.  Ix  Grand  Mystère  de  Jésus,  p.  64: 

Cargnet  a  prenden 
Jn^as  oa  ho  pcnn 
Il  y  a  une  variante  ^rt'rff/;  ;  mais  k  (orme  prenden  est  assurée  par  le  passage 
ci-dessus  de  Sainte  Nonn. 


LA  DÉSINENCE  BRETONNE 


PREMIERE    PERSONNE    PLURIELLE 


I.  La  désinence  de  la  i'^  pers.  plur.  est  en  breton  -ni  ou 
-mp,  tant  pour  les  formes  verbales  que  pour  les  prépositions 
combinées  avec  leur  régime  :  karoni{p),  nous  aimons,  om(p), 
nous  sommes,  karein^p),  nous  aimions,  deom(^p),  à  nous, 
ganeoinÇp),  avec  nous. 

Les  langues  celtiques  présentent,  sur  ce  point,  de  notables 
divergences.  On  trouve  en  gallois  -m  dans  y  m,  carem,  gennym, 
mais  -n  dans  carwn,  yn,  à  nous.  Le  comique  a  toujours  -n  : 
caryn,  on,  car  en  (et  non  carem,  Loth,  Essai  sur  le  verbe  néo- 
celtique, 70),  thyn,  genen. 

Le  vieil-irlandais,  plus  varié,  offre,  dans  la  conjugaison  ac- 
tive, 1°  -m  simple  final  :  no  charani,  nous  aimons,  caram,  ai- 
mons; 2°  -m  dur  final  :  -hiamm,  que  nous  soyons  (Wh.  Stokes, 
The  neo-celtic  verh  suhstantive,  33);  3°  divers  suffixes  commen- 
çant par  m  dur,  comme  carmnie,  nous  aimons,  animi,  nous 
sommes,  no  charntmîs,  nous  aimions  ;  4°  -n  final,  provoquant 
l'aspiration  d'une  consonne  suivante:  bân,  soyons  {Verb  sub- 
stant.,  19,  53).  Les  prépositions  prennent  uniformément  -n 
dur  ou  -nn,  nd  :  dûn,  à  nous,  linn,  avec  nous,  diin,  dind,  de 
nous. 

2.  D'après  M.  Brugmann,  Grundriss  der  vergleichenden  Gram- 
matik  der  indogermanischen  Sprachen,  II,  1354,  1355,  les  m 
durs  de  l'irlandais  sont  dus  à  l'analogie  de  la  forme  ammi,  où 
-mm-  vient  de  -sm-  (racine  es,  cf.  Verb  substant.,  43),  la  pho- 
nétique exigeant  l'aspiration  de  tout  m  primitivement  entre 


5 16  E.  Ernaulî. 

voyelles.  Les  m  du  gallois,  qui  devaient  être  redoublés  à  l'o- 
rigine (car  en  cette  langue  ///  entre  voj^elles  devient  v),  re- 
monteraient aussi  à  -s>ii-,  par  exemple  dans  yni,  nous  sommés, 
caroiii,  nous  aurons  aimé.  L'auteur  cite  M.  Thurneysen,  qui 
soupçonne  dans  les  formes  verbales  galloises  en  -m  l'influence 
d'aoristes  et  d'injonctifs  ayant  la  caractéristique  s. 

M.  Stokes,  Vcrb  suhst.,  40,  50,  rappelant  une  observation 
faite  par  M.  Thurneysen,  Revue  Celtique,  VI,  145,  pense  que 
Vm  dur  peut  représenter  phonétiquement,  en  irlandais  comme 
en  gallois,  un  /;/  intervocahque  suivi  de  Taccent;  ainsi  le  gall. 
ym,  nous  sommes  =::  sanscrit  iinâs,  nous  allons  ;  buani,  nous 
fûmes  =  habbûviniâ. 

Il  en  était  peut-être  de  même  quand  Vm  venait  après  une 
liquide.  M.  Stokes  distingue,  UrkeJfischer  Sprachschati,  114, 
l'irl.  gorni,  chaud,  rouge,  =  *gormos,  de  gorm,  bleu,  nomina- 
tif plur.  gormma,  gall.  gwrm,  noir,  brun,  ==;  *gorsiiios ;  ne  se- 
rait-ce pas  un  seul  mot,  *gormôs,  cf.  Gspixdc  ? 

3.  On  explique  le  gall.  cariun  par  *cariuf-n,  de  *caroni.  (par 
m  simple,  =:  irl.  canwi),  avec  addition  d'un  n  de  nature  pro- 
nominale. Cette  forme  remonte  peut-être  au  vieux-gallois  : 
ceinmicun,  nous  honorons,  ou  honorons  ?  Beitrage  de  Kuhn  et 
Schleicher,  IV,  385,  35e  (cf.  iohuii,  adorons,  Rev.  Celt.,  VI, 
53).  Mais  dans  ceinmicun  le  sens  seul  du  radical  est  certain: 
cf.  vieux-bret.  Kenmicet,  Cartulaire  de  Redon^  75,  gall.  ceinmy- 
gedig  honoré.  Le  contexte  n'est  pas  clair;  peut-être  guorsed 
ceinmicun  veut-il  dire  «  siège  d'honneur  »,  cf.  irlandais 
i//;///r/';/, déshonneur,  mépris,  Stokes,  Beitr.  de  Bezzenberger, 
XVIII,  62. 

Le  vieux-breton  ne  présente  que  docondoinni  ou  docordomni, 
nous  écartons,  dont  on  peut  se  demander  si  Vm  était  doux  ou 
dur.  Cette  dernière  explication  me  paraît  la  plus  probable. 

4.  L'absence  de  formes  en  ;;/  après  les  prépositions,  dans 
l'irlandais,  me  f.tit  penser,  comme  M.  Richard  Schmidt,  Indo- 
germanische  Forschungen,  I,  52,  que  le  gallois  et  l'armoricain 
les  ont  empruntées  à  la  conjugaison,  et  qu'elles  n'ont  rien  à 
faire  avec  y.\}.\}.t.  Les  Trécorois  ont  étendu  cette  désinence  ver- 
bale au  pronom  sujet:  ils  disent  ni-m(p),  nous;  c'est  le  pen- 
dant de  i-nt,  eux,  gall.  hiuy-nt,  v.  irl.  sîa-t  (cf.  l'italien  ^^//-?zo); 


La  première  personne  du  pluriel  en  breton.  :;  17 

rappelons  encore  etré~out,  entre  eux,  à  Landerneau,  de  etre:^o^ 
et  getcfit,  avec  eux,  à  l'île  de  Houat,  de  gete  ;  Loth,  Chresio- 
maihie  bretonne,  365,  375.  Le  dialecte  de  Tréguier  a  aussi, 
sous  l'influence  des  formes  prises  par  le  pronom  après  les  pré- 
positions, modifié  le  mot  on,  notre,  à  nous  ;  par  exemple  om 
noat,  notre  âge,  om  deus,  nous  avons,  pour  on  oat,  on  deus. 

L'exception  unique  faite  par  le  gallois  en  faveur  de  yn  pro- 
vient, comme  l'a  vu  M.  Schmidt,  de  ce  qu'au  singulier  on  dit 
ym  à  moi,  forme  dont  l'antiquité  est  assurée  par  le  comique 
dym  et  le  v.  irl.  domm,  tandis  qu'on  a,  par  exemple,  en  gall. 
gcnnyf,  avec  moi,  comique  genaf,  comme  en  breton  moyen 
gueneff.  M.  Stokes  a  expliqué  cette  différence  de  traitement 
par  une  différence  de  cas  dans  le  pronom  régime  :  donim, 
duinni  =  *du  m'b' ,  *fu  mibl  (datif),  avec  un  b  qui  manquait  à 
l'accusatif  {Cdtic  Declension,  V^  éd.,  102).  Le  breton  moyen 
avait  déjà  passé  le  niveau  sur  cette  ancienne  distinction,  et  mo- 
delé diff  sur  gueneff. 

5.  Le^  final  est  spécial  à  l'armoricain.  Il  a  une  variante, 
b,  fréquente  surtout  en  vannetais  :  e  hranib,  nous  faisons, 
Grammaire  de  Guillome,  Vannes,  1836,  p.  57,  etc.  On  lit 
a-rampp,  id.,  avec  deux  p,  Dictionnaire  de  l'A.,  v.  lof.  Quelle 
est  l'origine  de  cette  consonne  adventice  ? 

M.  Stokes  a,  je  crois,  trouvé  la  vraie  solution,  en  expliquant 
que  -mp  vient  de  la  forme  augmentée  au  moyen  du  pronom 
ni  :  caromni,  puis  carompni,  d'où  caromp  à  côté  de  carom  {Mid- 
dle-Breton  Hours,  91;  The  Breton  Glosses  at  Orléans,  n°  221; 
Verb  subst.,  51).  Il  a  rapproché  le  bret.  moy.  columpnenn,  dani- 
pnaff,  byinpn,  colonne,  damner,  hymne,  et  les  mots  bas-lat. 
sompnus,  sollernpn  itas . 

On  peut  ajouter  le  moy.  bret.  condampnet,  condamné, 
Sainte-Barbe,  342,  Poèmes  bretons,  i  (=  condamnet,  Saint-Gwe- 
nolé  cité  par  D.  Le  Pelletier,  v.  giuitibunan)  ;  dampnacion, 
damnation.  Poèmes  bretons,  239.  Le  ^  de  ces  mots  subsiste 
encore  en  petit  Tréguier  ;  on  emploie  dampet,  damné,  dampa- 
sion,  damnation,  dans  les  jurons,  comme  équivalents  anodins 
de  damnet,  daonet  et  de  daonasion.  Le  groupe  -inn-  a  perdu 
également  son  n  dans  le  moy.  bret.  amneseuc,  anieseuc,  voisin, 
aujourd'hui  anie:{ck.  Cf.  tréc.  asamcs,  ensemble,  de  asambles. 


^  i8  E.  Ernault. 

6.  M.  R.  Schmidt,  qui  a  recherché  l'origine  des  formes  en 
-mp,  Idg.  Forsch.,  I,  50-59,  ne  mentionne  pas  l'expHcation  de 
M.  Stokes,  qui  a  été  aussi  adoptée  par  M.  de  la  Villemarqué. 

Il  rapporte  une  hypothèse  de  M.  Windisch,  d'après  laquelle 
caro-m-p  serait  une  sorte  d'accommodation  de  carom  à  la  3^ 
pers.  plur.  caro-n-t  (p.  5 1)  ;  ce  qui  n'a  guère  de  vraisemblance. 
Lui-même  a  cru  trouver  dans  le  doublet  lamm  et  lamp,  un 
saut,  la  preuve  qu'une  finale  bretonne  par  m  dur  peut  se 
transformer  en  -mp,  soit  spontanément,  soit  dans  certaines 
circonstances  syntactiques  (p.  55-57)  ;  les  combinaisons  m-{-  s, 
in  -f-  r,  donnant  quelquefois  -mps-,  -mpr-,  en  breton  moyen  (p. 

57,  58). 

M.  Loth  pense  également.  Les  mots  latins  dans  les  langues 
hrittoniques,  180,  que  le  vannetais  lampat,  sauter,  vient  de 
*lamhàt,  dérivé  de  lamm,  par  «  un  phénomène  analogue  à 
celui  qui  a  développé  p  après  les  premières  personnes  du  plu- 
riel en  -om,  -am  » . 

7.  Il  me  semble  que  si  lamp,  lampet  dérivaient  phonéti- 
quement de  lamm,  lammet,  on  trouverait  d'autres  applications 
de  la  même  loi  dans  des  cas  absolument  semblables,  comme 
bret.  moy.  hram,  bramet ;  cam,  camhet,  un  pas;  cam,  courbe, 
camel,  courbé,  boiteux;  tam,  tammaou ;  estlam,  estlammet ; flam, 
flammet  ;  sam,  sammaff,  etc.  Or,  cela  n'a  jamais  lieu  dans  le 
breton  moyen,  qui,  du  reste,  connaît  seulement  lam  et  lamet, 
et  non  lamp  ni  lampet.  Le  plus  ancien  exemple  que  je  sache  de 
ces  dernières  formes  se  montre  dans  la  devise  de  Le  Brigant 
sur  la  tour  de  Babel  :  a  hann  a  lampas  c'est  d'ici  que  (le  cel- 
tique) s'est  élancé,  Observations  fondamentales  sur  Us  langues 
anciennes  et  modernes...  par  M.  Le  Brigant,  Avocat...  A  Paris, 
chez  Barrois  l'aîné...  M.DCC.LXXXVII,  p.  m,  etc. 

Le  breton  moderne  n'est  pas  plus  favorable  à  l'identification 
de  lampet  avec  lammet  :  on  n'a  pas  cité  un  seul  exemple  du 
même  genre.  Aussi  l'explication  de  lampet  par  l'influence  de 
lamp,  glissant,  sur  lam,  saut,  chute,  lamet,  sauter,  Glossaire 
moyen-breton,  v.  lampr,  me  paraît-elle  encore  la  plus  probable. 
Malgré  le  dicton  populaire  ranplaTi  ne  qe  kouéan,  «  glisser 
n'est  pas  tomber  »,  l'un  est  souvent  le  préliminaire  de  l'autre, 
et  les  deux  idées  s'expriment  en  latin  par  le  même  mot  lapsus. 


La  première  personne  du  pluriel  en  breton.  3 1 9 

On  peut  admettre  qu'une  des  causes  de  la  confusion  qui  a 
eu  lieu  ici  en  breton  moderne  a  été  l'expression  étudiée  à  un 
autre  point  de  vue  par  M.  Schmidt,  p.  56,  d'ann  daou  latnm 
ru:(^,  au  grand  galop,  dont  d'ann  daou-Jamp  ru^  est  une  variante 
légitime. 

8.  Car  le  passage  de  -mr-  à  -mpr-,  dès  l'époque  du  moyen- 
breton,  est  un  fait  réel,  qui  appuie  d'ailleurs  l'explication  de 
-mpn-  par  -mn-.  Seulement  l'unique  exemple  qu'en  ont  cité 
M.  Stokes  (Middk-Bret.  Hours,  91)  et  M.  Schmidt  (p.  57)  ne 
me  paraît  pas  bien  établi.  Il  s'agit  du  bret.  moy.  quempret, 
compret,  prendre,  qui  viendrait  de  *quenin't ;  M.  Schmidt  croit 
à  tort  cette  dernière  forme  attestée,  parce  que  M.  Loth  l'a 
imprudemment  donnée  sans  astérisque,  Chrestomathie  bretonne, 
54;,  69.  Je  ne  vois  pas  de  raison  qui  force  à  interpréter  la  la- 
biale de  quempret,  compret  =* com-bre-tis  autrement  que  celle  du 
moy.  bret.  tricombout,  maison  de  trois  chambres,  vieux-bret. 
compot,  territoire,  commune,  =  *com-bu-tis,  ou  du  bret.  mo- 
derne camby,  campy,  intérêt,  usure,  =  cambium  (GJoss.  moy.- 
bret.,  V.  campy). 

Je  citerais  avec  plus  de  confiance,  comme  exemple  de  l'in- 
tercalation  de/)  entre  m  et  r,  le  bret.  moy.  et  moderne  darem- 
pret,  visiter,  fréquenter,  gall.  darymred.  Le  vieux-bret.  arimrot, 
«  functus  est  (pontificatus  officio)  »  est,  je  crois,  le  parfait  d'un 
verbe  semblable,  *ar-im-ret,  =  gall.  arymred,  action  de  courir 
autour;  cf.  Revue  Morbihannaise,  III,  377.  Il  est  vrai  que  im, 
em  vient  de  ambi  =  v.  irl.  imb-,  imm- ;  mais  c'était,  dans 
* (d)-ar-im-ret ,  un  élément  distinct  et  toujours  senti  comme 
tel,  qui  s'était  fixé  sous  une  forme  où  le  b  primitif  n'existait 
plus  ;  c'est  ainsi  que  *cainbos  était  devenu  cam,  courbe,  dès  le 
vieux-breton,  sans  variante  *caî}ib. 

9.  Pour  prouver  le  changement  de  ms  en  nips  dans  le  bre- 
ton moyen,  M.  Stokes  avait  cité  camps,  aube  de  prêtre;  coms, 
comps,  parler;  on  peut  ajouter  Sampson,  Samson  ;  amser  et 
ampser,  temps. 

M.  Schmidt  compare  rems,  remps,  «  durée  de  la  vie  de 
l'homme  »,  Troude,  à  l'irl.  moyen  renies,  moderne  réimheas, 
temps,  période;  mais  la  qualité  différente  de  1';;/  lui  fait  se 
demander  si  l'armoricain  ne  serait  pas  emprunté  à  l'irlandais. 


?20  E.  Ernault 

Le  breton  moyen  avait  remsy,  remsi  et  rempsy,  temps,  vie,  cf. 
mon  Dictionnaire  étymologique ,  à  la  suite  du  Mystère  de  Sainte- 
Barbe.  Il  n'y  a  aucune  raison  de  croire  ce  mot  de  provenance 
étrangère  ;  l'm  de  camps  =  camisia  était  également  intervoca- 
lique,  ce  qui  ne  l'a  pas  empêché  de  subsister,  en  s'appuyant 
sur  l'j  suivant  ;  cf.  moy.  bret.  hiffuis,  hiuis,  chemise  (de  femme), 
qui  représente  aussi  camisia.  Le  même  foit  se  montre  dans  le 
vieil-irlandais  caimmse.  Il  est  vrai  que  c'est  là,  comme  camps, 
un  mot  savant.  Mais  on  peut  expliquer  encore  coms,  comps, 
parler,  par  * co-m's-,  cf.  le  comique  cewsel.  De  plus,  remsy,  rems, 
paraît  n'être  pas  isolé  en  breton. 

L'irl.  remes,  réimheas,  se  décompose  en  ré,  temps,  espace,  et 
mess,  mesure.  On  peut  comparer  en  cette  langue  roimse,  perche, 
O'Reilly  (cf.  meas,  «  a  rod  for  measuring  a  grave  »,  O'Clery), 
que  j'assimilerais  au  breton  vu  rams,  «  un  homme  à  longues 
jambes  »,  Nomenclator  de  1633,  p.  273,  ramps,  «  homme  ex- 
traordinairement  haut  »,  Grégoire  de  Rostrenen,  rampsed, 
géants,  abbé  Henry,  Gènes,  Quimperlé,  1849,  p.  31;  de*ro- 
nis-,  grande  taille,  grande  mesure. 

10.  Cette  tendance  du  breton  à  conserver  Vm  devant  un  s, 
sans  doute  aussi  devant  d'autres  sons  voisins,  aiderait  à  com- 
prendre l'absence  d'un  correspondant  armoricain  exact  au  pré- 
fixe négatif  comique  et  gallois  af-,  irl.  et  écossais  amh-,  de 
a)n-.  On  attendrait  *av-  ;  mais  d'après  ce  que  nous  venons  de 
voir,  il  n'y  a  pas  à  s'étonner  de  trouver  am-,  dans  des  cas 
comme  amsent,  désobéissant,  P.  Maunoir,  D.  Le  Pelletier, 
amsént,  P.  Grégoire,  amsent,  a7n::^ent.  Le  Gonidec.  On  peut 
admettre  encore  la  légitimité  de  Vm  dans  les  mots  comme 
moy.  bret.  aindere,  déréglé,  amdereat,  inconvenant  ;  amsere,  id.. 
Doctrinal  de  1628,  p.  124;  am::^cre,  am:^eread,  indécent,  Grég.; 
le  d  était  là  un  archaïsme  orthographique,  sauf  pour  certaines 
localités,  surtout  du  dialecte  de  Tréguier.  Cf.  aussi  amgestr 
(cheval)  difficile  à  manier,  etc.,  Grég.,  aiujcstr,  Troude,  de 
gestr,  geste. 

Partie  de  là,  la  forme  am-  se  sera  étendue  à  d'autres  com- 
posés qui  devraient  avoir  av-,  par  exemple  amlavar,  qui  parle 
difficilement,  Supplément  aux  dictionnaires  bretons,  Landerneau, 
1872,  p.  48,  à  côté  du  comique  aflauar,  qui  ne  parle  pas. 


La  première  personne  du  pluriel  en  breton.  321 

muet/gall.  afiafar  (y.  irl.  amlabar).  La  généralisation  de 
Vam-  négatif  a  été  favorisée,  du  reste,  par  ce  fait  qu'il  y  avait 
en  breton  un  autre  préfixe  am-,  par  m  dur  (=  anibi),  dont 
certains  emplois  prêtaient  à  la  confusion.  Ainsi  le  mot  amc'hou- 
lou,  «  contre-jour,  lumière  opposée  à  quelque  chose  »  Grég. , 
formé  comme  en  grec  àij.fpiX'j/,-/;,  crépuscule,  a  pris,  par  exten- 
sion, le  sens  de  «  privation  de  lumière,  obscurité,  ténèbres  », 
Grég.;  au  contraire,  dans  le  correspondant  gallois  d'à[j.cptÀijxYj, 
ce  sont  les  rayons  qui  sont  complètement  dégagés  des  ombres  : 
amlwg  veut  dire  «  tout  à  fait  clair,  qui  se  trouve  en  pleine  lu- 
mière ». 

II.  Lamp  de  ïamm  serait  plus  soutenable  que  lanipet  de  la- 
met  ;  car  on  lit  dans  Sainte-Nonne  une  fois  chomp  pour  chom, 
rester,  et  deux  fois  expmp  pour  expm,  besoin.  Ce  sont  là  des 
indications  sur  la  prononciation  du  copiste;  mais  l'auteur 
avait  songé  aux  formes  ordinaires  dans  les  deux  derniers  cas, 
puisqu'il  fait  rimer  ezpmp  en  om;  chomp  est  en  dehors  de  la 
rime.  E^omp  se  trouve  encore,  Sainte-Barbe,  67,  comme  va- 
riante, au  xvii"^  siècle,  du  mot  g:(om^  que  porte  l'édition  précé- 
dente, et  qui  est  aussi  exigé  par  la  rime.  L'existence  de  e~omp 
au  xvi^  siècle  est  fort  probable;  je  n'en  dirai  pas  autant  de  celle 
de  dérivés  comme  *e::^ofnpoi{y  *eXpmpec,  qui  n'ont  laissé  de  traces 
nulle  part.  Le  plus  simple  est  d'attribuer  cette  double  pronon- 
ciation c:^om,  e~omp,  à  l'influence  des  formes  fréquentes  et  mul- 
tiples en  om  et  omp  pour  omp-ni,  comme  deom,  deomp-ni,  deomp, 
«  nous  venons  »;  «  venons!  »  et  «  à  nous  ».  De  même  en 
vannetais  er  memb  ton,  le  même  air.  Choses  a  gannenneu... 
Vannes,  1835,  p.  210,  ur  memb  action,  une  même  action,  102, 
mé-menib,  moi-même,  92,  ean-memb,  lui-même,  3,  =  mcm,  210, 
même,  89,  l'A.,  etc.;  peut-être  aussi  quemb-oh-quemp,  mesure 
pour  mesure,  qiiemb,  choix,  différence,  l'A.,  ■=  quem  oh  queni, 
«  troc,  troc  »,  Chai,  ms.,  kem,  changement,  Livr  el  labourer, 
26,  etc.  (==  camby,  campy),  cf.  d'emb,  à  nous.  Grammaire  de 
Guillome,  91,  etc.  Remarquons  bien  que  cette  addition  de  b 
ou  p  est  toujours  finale;  ainsi  le  van.  béndém,  vendent,  mcndém, 
vendange,  mi^  béndém,  septembre,  Grég.,  miss-menndém,  l'A. 
est  écrit  me}îndemp,'w'mée,  meendémp,  vendange,  l'A.,  ce  qui 
semble  appuyer  l'explication  de  ianip  par  lamnt  ;  mais  le  p  ne 


3  22  E.  Ernanlt. 

passe  point  aux  dérivés  :  plur.  menndemeu,  meenndêmeu  ;  ineenn- 
démein,  vendanger,  meenndêmour ,  vendangeur,  l'A.,  etc.  ;  une 
variante  lamp  de  lamui  n'est  donc  pas  suffisante  pour  expliquer 
lampet. 

Une  ancienne  finale  -w/)peut,  inversement,  alterner  avec -;«, 
Le  moy.  bret.  tem,  moment,  qui  rime  en  eni,  vient  de  *temp 
=:  tempus,  cf.  gallois  tymp,  grossesse  ;  le  bret.  moderne  a  pentp 
et  pem,  cinq,  comme  le  gallois  pump  et  puni  ;  skoemp  et  skocm, 
scabreux,  etc.  Mais,  encore  ici,  l'état  primitif  est  fidèlement 
conservé  dans  les  dérivés.  Ainsi  le  diminutif  des  deux  derniers 
mots  Gsipempiq,  osselet,  du  plur.  pempigho,  cinq  petites  (pierres); 
shoeinpiq,  un  peu  délicat,  etc. 

12.  Je  mentionne  seulement  pour  la  curiosité  du  fait  l'équi- 
valence de  -11,  -m  et  -mp,  dans  les  désignations  galloises  du 
butor  :  aderyn  y  biun,  adcryn  y  bumi  et  aderyn  y  hiump.  Natu- 
rellement, il  ne  faut  pas  songer  à  voir  là  le  pendant  du  rapport 
entre  le  gall,  carwn  et  le  bret.  karom,  karomp.  M.  S.  Evans 
explique  ces  mots  par  une  onomatopée  du  cri  de  l'animal  : 
«  l'oiseau  qui  fait  boum  !  »  et  dit  qu'en  anglais  provincial  on 
l'appelle  également  bitter-bunip.  Bwn  se  retrouve  dans  l'irl. 
bunnàn,  et  en  bret.  dans  boungors,  Nomenclator,  38,  Grég., 
boTigors,  boungors,  Le  Gon.,  etc.;  biuin,  hiump,  d'où  bwmp  y 
gors,  id.,  littéralement  «  le  butor  des  roseaux  »  (cf.  l'allemand 
Rohrdomriiel^,  dans  bom-gors,  D.  Le  Pelletier. 

E,  Ernault. 


DIALECTICA 

(Suite.) 


m. 


LE  BRETON  DE  QUIBERON. 

Ce  serait  une  illusion  que  de  croire  que  le  breton  dialectal 
écrit  répond  exactement  au  langage  parlé  dans  un  endroit  pré- 
cis et  déterminé.  Le  vannetais  écrit,  par  exemple,  se  rapproche 
assurément  du  breton  parlé  aux  environs  de  Vannes,  mais  il 
se  distingue  par  un  ensemble  de  traits  qu'on  ne  saurait  loca- 
liser dans  une  même  commune  ni  dans  un  même  canton.  Le 
breton  dialectal  écrit  ne  représente  donc  un  type  vrai  et  réel 
que  si  on  le  cherche  dans  l'ensemble  ou  dans  une  notable  par- 
tie de  la  zone  dialectale  ;  c'est  un  type  convenu,  si  on  veut 
le  localiser.  Il  n'y  a  pas  de  dialecte  où  le  langage  écrit  couvre 
plus  de  divergences  curieuses  et  nettement  accusées  qu'en 
vannetais. 

On  se  contente,  pour  le  vannetais,  de  deux  grandes  di- 
visions :  le  haut-vannetais  et  le  bas-vannetais. 

Par  bas-vannetais,  on  entend  le  territoire  compris  entre  le 
Scorffet  l'Ellé,  avec  une  bande  de  terrain  variant  de  une  à 
trois  lieues  de  large  sur  la  rive  gauche  du  Scorff.  Les  lecteurs 
de  la  Revue  Celtique  se  rendront  facilement  compte  des  impor- 
tantes différences  qui  séparent  les  deux  zones  en  se  reportant 
à  mon  article  :  Remarques  sur  le  bas-vannetais  {Revue  Celtique, 
VII,  p.  171). 


324  J-  Lotli. 

Cette  division  est  tout  à  foit  insuffisante.  Le  haut-vannctais 
se  scinde  en  deux  groupes  très  différents  que  j'appellerai  groupe 
maritime  qi groupe  intérieur  ou  méditerranéen. 

Le  groupe  maritime  comprend  la  côte  est,  c'est-à-dire  la 
presqu'île  de  Rhuys,  le  golfe  du  Morbihan,  avec  les  îles  de 
Houat  et  Hœdic,  la  presqu'île  de  Quiberon^  Le  breton  de 
Batz,  dans  la  Loire-Inférieure,  lui  est  étroitement  apparenté. 
Le  breton  de  l'île  de  Groix  s'y  rattache  aussi,  malgré  de  no- 
tables différences,  par  des  affinités  particulières.  A  l'intérieur, 
les  traits  les  plus  saillants  de  ce  groupe  ne  se  rencontrent  plus, 
si  je  ne  me  trompe,  au  nord  de  Vannes  et  d'Auray.  Ils  me 
paraissent  acquérir  leur  maximum  d'intensité  à  Quiberon 
même.  J'ai  recueilli  les  matériaux  de  cette  étude  de  la  bouche 
de  M.  Le  Quellec,  instituteur  à  Guémené-sur-Scorff,  natif  de 
Saint-Julien,  en  Quiberon,  aujourd'hui  décédé,  et  de  M""^  Le 
Quellec,  originaire  de  la  presqu'île  et  en  possédant  bien  la 
langue.  Les  exemples  en  breton  de  Sarzeau  (très  voisin  de 
celui  de  Quiberon,  surtout  le  breton  de  Saint-Gildas  de  Rhuys), 
sont  tirés  du  travail  de  M.  Ernault,  Le  dialecte  vannetais  de 
Sarzeau  {Revue  Celtique,  III,  pp.  49  et  232). 

Je  note  le  timbre  des  voyelles;  c  sans  notation  représente  e 
français  dans  h,  petit  ;  iv  exprime  //  consonne.  La  voyelle  na- 
sale est  surmontée  du  tilde;  c  qi  g  sont  durs;  surmontés  d'un 
accent  (/',  fj),  ils  représentent  des  palatales  extrêmement  iota- 
cisées,  qu'on  pourrait  prendre  poiw  tch  et  dj-. 

Les  traits  caractéristiques  du  breton  de  Quiberon  sont  les 
suivants  : 

1°  Les  voyelles  fermées  dans  les  autres  dialectes  deviennent 
encore  plus  fermées  :  e  final  et  médial  devient  /  .•  0  final  de- 
vient ou  (a  fermé  tend  'xo,  etc.); 


1 .  Je  n'ai  pu  encore  déterminer  avec  précision  ses  limites  ouest.  Il  paraît 
s'étendre  avec  des  traits  un  peu  atténués  jusqu'à  l'embouchure  du  Blavet. 

2.  De  fait,  on  peut  s'y  tromper  et  on  s'y  est  trompé.  Une  observation 
attentive,  au  moins  pour  Quiberon,  m'a  convaincu  que  c'est  une  illusion. 
M.  Dottin  me  fait  remarquer  que  les  sons  intermédiaires  entre /ry,  07  et  ts, 
dj  se  retrouvent  dans  certains  dialectes  français,  par  exemple  dans  le  patois 
de  Montmartin-sur  Mer,  Manche  (cf.  Annales  de  Bretagne,  X,  p.  95). 


Dialecîica.'  325 

2°  Les  consonnes  sont  nettement  palatales  ou  vélaires,  sui- 
vant la  nature  des  voyelles  qui  les  accompagnent. 

Devant  e  palatal  (=  ï,  è,  mais  non  e  =  0  =  p  =  ^),  la 
palatalisation  se  traduit  par  le  dégagement  d'un  i  qui  forme 
diphtongue  avec  e.  Quand  la  consonne  qui  suit  e  est  r  ou  1, 
g  devient  simplement  i; 

3°  ou,  0  se  diphtonguent;  si  0  est  fermé,  la  diphtongue  est 
fermée;  elle  est  ouverte,  si  0  est  ouvert. 

4°  e  se  brise  en  ia,  quand  il  est  suivi  de  r,  1  ou  s  ^\-  con- 
sonne, ou  de  lu,  c'est-à-dire  quand  il  est  nettement  ouvert . 

Les  phénomènes  2°  et  3°  sont  indépendants  de  l'accent. 

L  a)  ç  final  devient  /  ;  carôti,  affection,  amour,  ■=!  bas- 
vannet.  carante,  léon  carànte:^;  môni,  montagne,  = 
bas-vannet.  màne,  léon.  niene^^;  Dui,  Dieu,  =  bas- 
vannet.  Doe ;asi,  =-  léon.  a^ç  {en-drahi,  cette  chose- 
ci,  en  din  si,  cet  homme-ci)  ;  begali,  enfants  ==:  bas- 
vannet.  léon.  hugale;  gwiriôni  =  bas-vannet.  gwi- 
rione,  léon.  gwiriône:^;  mi,  je,  moi  =  bas-vannet. 
me;  ti,  tu,  toi,  =  te^,  etc. 
b^  ç  suivi  de  r  ou  de  /  devient  /;  il  devient  également  i, 
quand  il  n'est  pas  en  position,  et  qu'il  répond  à  un 
e  bas-vannetais  ou  haut-vannetais  :  r^r/r,  on  aime, 
=  bas-vannet,  carer ;  din  =  bas-vannet.  den  ;  bid, 
monde,  =  bas-vannet.  bèd;  givil,  fête,  =  bas-vannet. 
giuçl ;  iiuil-,  haut,  =  bas-vannet.  iivel;  i::jl,  bas,  = 
bas-vannet.  i:^el ;tiiv,  épais,  =  bas-vannet.  tçù';  giuis, 
truie,  =  bas-vannet.  gm::^;  sic'h,  sec,  =  bas-vannet. 
sec'h;  caminir,  tailleur,  =  bas-vannet.  cemener, 
(vec  r  palatal);  miwil,  serviteur,  =haut-vannet.  inté- 
rieur mewel  ou  mewçl^;  digivinir,  vendredi,  sup- 
pose une  forme  antérieure  digimier,  =^  bas-vannet. 
digwener ;diivic'h,  journée,  =^t'H'cc7;;  bihir,  bâtons  = 

1 .  On  voit  à  quelles  erreurs  on  s'expose  en  se  servant  de  formes  dialec- 
tales, sans  connaître  à  fond  la  phonétique  du  dialecte  dont  on  se  sert  :  mi, 
ti,  ne  peuvent  être  identifiés  avec  mi,  ti,  gallois. 

2.  Cette  prononciation  de  /  répond,  comme  le  fait  remarquer  M.  Dottin, 
à  celle  de  l  vélaire,  en  irlandais,  précédé  de  i,  c'est-à-dire  à  -aol  moderne. 

Revue  CeÏHcjue,  XVI.  23 


5  26  J-  loth. 

haut-vannet.  hihier,  léon.  bizjer  ;  cihir,  =^haut-vaii- 
net.  ciher,  cihier,  léon.  cimier  ;  pirag ,  =  haut  vannet. 
perag ;  pinaïus,  =■  haut-vannet.  pçuos;  mi  gemt- 
rou,  je  prendrais  haut-vannet.  îiie  geuierou.  —  Pour 
les  exceptions,  voir  IL 
Pour  donner  une  idée  exacte  de  la  prononciation  de 
-//  -17'  final,  il  faudrait  supposer  un  petit  e  muet 
avant  1,  r,  s  :  miwfl^  ixi'^l ;  de  même  pour  c'h  :  sfch, 
hufc'h,  six,  =  bas-vannet  huec'h^. 
c)  Q  final  devient  ou  :  mi  ^ou,  je  suis  =  m^  :{ç  brou  =^  bas- 
vannet.  léon,  brç;  irou,  =  bas-vannet.  léon.  frç 
ero^. 

IL  Palatalisation  exprimée  par  i  (l'accent  ou  plutôt  ici 
l'élément  sur  lequel  la  voix  appuie  est  e^  : 

moaricb,  toute,  =  bas-vannet.  moereb  ; 

mabiet,  les  fils,  plur.  de  màb; 

Gwiniet,  Vannes,  =  bas-vannet.  Givenet ; 

moagiet,  fumée,  cf.  bas-vannet.  mçget  (^palatal); 

giveliet,  voir,  =  bas-vannet.  léon.  giuelet ; 

mirhiet,  filles,  =  bas-vannet.  merhiet,  léon.  merc'hed; 

riedied,  courir,  =  bas-vannet.  léon.  redec; 

pi  gon::jct,  quand  vous  parlez,  =  léon  pa  gO}7i:^et  : 

picmpied,  cinquième  =  bas-vannet.  pempet ; 

7i5deliec,  Noël,  =  bas-vannet.  nedelec,  léon.  nçdçlcc ; 

carieg,  plur.  cerieg,  rochers,  =  léon.  carreg,  cerreg; 

ca:^iec,  jument,  pi.  ce^iec,  :=■  bas-vannet.  léon .  ^fl';^^^^ 
ce:^ec. 

Cf.  à  Sarzeau,  pieniicc,  quinze,  pien:^iegviei ,  quinzième. 

Devant  s,  il  m'a  semblé  que  l'accent  était  sur  /  et  que 
e  était  une  voyelle  atténuée  : 

magerics,  nourrice,  ==:  haut-vannet.  magerçs; 

santi^s,  sainte,  =  haut-vannet.;  j^/cj^  bas-vannet.  santés; 


1 .  -ir  pour  cr  existe  dans  une  étendue  notable  du  haut-vannetais  inté- 
rieur. A  Sarzeau,  on  a  simplement  -il,  -ir,  -ic'h. 

2.  ou  ==  0  final  est  commun  à  tout  le  haut-vannetais.  Ce  phénomène  se 
montre  également  en  Goello. 


Dialectica.  •  327 

inies,  île,  =  léon.  enex^,  etc.  M.  Ernault  transcrit  pour 

Sarzeau  par  une  diphtongue  pure. 
Devant  m,  «final  (n  non  nasalisée),  on  a,  à  Quiberon, 

ia  (Sarzeau  ié)  : 
piamp,  cinq,  =  bas-vannet.  peiiip; 
courhian,  peau,  =  bas-vannet.  léon.  crohcn,  croc'hen; 
axian,  âne  =  bas-vannet,  léon.  a7;en; 
dieJian,  feuille,  =:::  bas-vannet.  âçlcn ; 
oavirian,    messe,  =    haut-vannet.    overen   ou    ovçyçn; 
louogoadian,  souris,  =  logoden,  bas-vannet.   logodoi  (le 

premier  0  est  ouvert  par  assimilation;  gall.  llygodeii); 
pe  viaii,  lorsque  je  suis  (présent  d'habitude)  =  bas- 
vannet.  pe  mu,  etc. 

Remarque  i  :  n  suivi  de  voyelle  palatale  donne  ///  ou 
gnmjàw  ou  gnà,  ciel,  =  bas-vannet.  new; 
Sarzeau,  inà,  âme,  =  bas-vannet.  inàiv; 
unec,  onze  =  bas-vannet.  wenec. 

Remarque  2.  Lorsque  e  suivi  de  r  se  trouve  en  position 
dans  le  corps  du  mot,  au  lieu  de  donner  f,  il  se  diph- 
tongue :  mi  gemirou  —  me  geiuçro,  maïs  de  gemier't,  pour 
prendre  =  de  gemeret. 

Exception  i .  A  Quiberon^  les  diphtongues  anciennes 
ou  existant  en  moyen-breton,  réduites  à  un  son  simple, 
échappent  au  phénomène  de  palatalisation  :  lec'h,  lait  = 
moyen-bret.  lae:;^,  gall.  llaeth ;  santelcc'h^,  sainteté  = 
léon.  sante!ei=^*santolaetb ; her,  village,  ville,  =  moyen- 
bret.  caer ;  1er,  voleur,  =  laer,  moyen-bret.  /a^;-.  ;  àwç, 
repos  du  bétail,  =  léon.  ecljoaz^,  gall.  ecbiu)dd ;  ermç:(^, 
dehors,  halen,  sel.,  =  vieux-cornique,  haloin^-;  Kibiren, 
Quiberon,  =^  Keberoeii  (cart.  de  Redon). 

oe  s'est  réduit  à  une  palatale,  en  passant  par  -fie  dans 
tieni  (sarzeau),  chaud,  bas-vannet.  com,  —  gall  t-wyiit. 

1 .  Sarzeau,  sauteïiec'h,  z'.  III. 

2.  -oin,  en  syllabe  finae  non  accentuée,  a  donné  en  comique,  en  gal- 
lois et  en  breton  -en,  comme  le  montrent  halen  (dialectalement,  en  breton, 
hoalen,  Jjokn);  cf.  vieux-gallois  niahariiin,  bélier,  moyen-gallois  (Lois)  >na- 
haaen,  gallois-moderne  maharen,  myharen. 


328  .y.  Loîh. 

En  dehors  des  cas  précédents,  à  Sarzeau,  comme  à 
Qiiiberon,  les  deux  mots  calct,  dur,  et  clîvetj  maladie, 
forment  exception.  Pour  clJvet,  la  nasale  dans  la  syl- 
labe précédente  paraît  en  être  la  cause  :  Sarzeau  èhuçl, 
haut,  ?;^t'/,  bas,  tèhuel,  épais,  =Q_uiberon,  ibui^l,  i^i^l, 
tiwi'^l.  Pour  calet,  l'explication  est  plus  difficile  ;  e  paraît 
être  pour  une  voyelle  non  palatale  :  Gloses  de  Luxemb. 
caJat  (cf.  vieil-irl.  calath,  irl.mod.  cnlad). 

Les  participes  passifs  en  -et  à  Quiberon,  comme  à 
Sarzeau,  forment  une  importante  exception.  A  quoi 
l'attribuer  ?  Faudrait-il  supposer  un  type  apparte- 
nant à  la  déclinaison  en  -a-  (peut-être  même  ter- 
miné en  -io  :  caret  =  carat io-  (cf.  le  participe  irlan- 
dais en  te^y 

Exception  11.  e  non  palatal  =  0  =  à  =  â,  régulière- 
ment ne  provoque  point  de  palatalisation  :  bçlôc, 
prêtre,  =  hfig^os;  ■=z.*bacIàco-;  hiegec  {biegôc^,  niais,  dç- 
rivé  Qn -àco-  de  bec,  honche ;  pienec,  têtu;  piscet,  pois- 
sons (piscôt^^,  =  gall.  pysgod,  pysgaud,  =  phcâtus,  pis- 
câtio ;  birdet,  longueur  (-dot,  =  gallois  -daiudr=.  -*tati). 

Les  noms  en  -ec  marquant  endroit  ensemencé  de 
tel  ou  tel  produit,  primitivement  en  -Icâ,  ont  été  assi- 
milés aux  noms  en  -âco-  :  irviiioc,  champ  de  navets. 

Il  est  impossible   de  ne  pas   être  frappé  des  rapports  de  ce 
vocalisme  avec  celui  de  l'irlandais. 

IIL  0  donne  ouo;  ç  donne  oa  ;  e  donne /rt. 

a):  din  couoc'h,  homne- vieux  =  léon.  dên  cô:y,  bas-van- 
net,  den  côch,  couc'h ;  coac'b  troiv,  mauvaises,  vieilles 
choses,  ==:  léon.  ro:^  traou,  bas-vannet.  cçc'h  traou; 
ascouorn,  =  léon.  ascourn ; 
iscouob,  évêque,  =^  escçb  ; 


1 ,  Les  participes  gallois  en  -edig  remontent  vraisemblablement  à   une 
forme  en  -alico-  ou  -aticio-. 

2.  De  même  en  bas-vannetais  :  pescet,  avec  c  vélaire,  mais  m'eset  —  (ne) 
m'es  cet,  je  n'ai  pas. 


Dialectica.  529 

mouçr,  mer,  =  bas-vannet.  niÇw  ; 

douor,  porte,  =  bas-vannetais  Jôr  ; 

nouas,  nuit,  =  bas-vannet.  nô:{  ; 

foiiçrn,  four,  =  léon.Journ; 

couQC,  coq,  =  côg  ; 

touoret,  brise  =  tçret. 

Devant  /,  on  entend  une  demi- voyelle  e  :  apostoel,  apôtre. 

Au  lieu  de  disadouorn,  samedi,  on  entend  disadôeni  ; 

Idhiern  pour  louarn,  renard,  haut-vannet.  luern. 
Exceptions:    moc'h,    pourceaux,    clçc'h,   cloche,    bçch, 

joue. 
b)  coarn,  coin,  corne,  =  bas-vannet.  léon.  corn  ; 
hast,  queue,  =  bas-vannet.  léon.  Içst  ; 
oavirian  (wavirian),  messe  =  haut-vannet.  overen; 
loHOgoadian,  souris  =  *loggden  ou  *lngoden   (cf.  gall. 

llygoden,  irl.  luch  ;  en  bas-vannet.    dans   logoden,   la 

première  voyelle  a  été  assimilée  à  la  seconde)  ; 
Goaviriôw,  les  ruisseaux    (nom   de  lieu  de  Quiberon, 

endroit  où  coulent  plusieurs  filets  d'eau)  =  *govçi-, 

gallois  gofer  ; 
nwagiet,    fumée,    suppose    moget.    Cf.    à    Saint-Gildas 

oascol,  chardon  =  Sarzeau  oscal  ;  oahein,  bœufs  = 

Sarzeau  ohein. 

IV.  e  ouvert  (c'est-à-dire  e  devant  deux  consonnes  dont  la  pre- 
mière est  /,  r  ou  s,  ou  devant  vJ),  devient  ia  : 

diaven,  ^èvre^our diarbien  =  derhcn  (bas-vannet.  terhicn, 
gall.  teirthaivii)  ; 

dimiarher,  mercredi,  =  dimerc'hcr ; 

iviarn,  enfer,  =  ifern  ; 

miast,  maître,  =  mest  ; 

fiast,  fête^  =zfest; 

iast,  moisson,  août,  =  bas-vannet.  est,  léon.  cost  ; 

iar  pour  iarh,  neige,  —  bas-vannet.  léon.  erc'h  ; 

cawiall,  berceau,  =  cavell ; 

bliaiu,  chevaux,  =  bas-vannet.  bkw ; 

ceniaw,  toison  de  brebis,  =  bas-vannet.  cançw  ;  moy. 
bret.  hicau,  gall.  cnaif  (\ho\\.  créa). 


330  J.  Loîh. 

Cf.  à  Sarzeau  :  iniarh,  fille,  =  merc'h;  aviall,  comme^ 
:=  evel  ;  biarw,  action  de  bouillir,  ■=^  bas-vannet. 
heriv  ;  àdiarw,  après-dîner,  =  bas-vannet.  andenv  ; 
càâiarw,  cousin,  =  bas-vannet.  canderiv  ;  urgamiall, 
une  boiteuse,  =  bas-vannet.  or  gamell;  diarw,  du 
chêne,  =  bas-vannet.  derw.  Ce  phénomène  de  bre- 
chung,  sous  l'accent,  est  général  devant  ch,  dans  les 
groupes-z<c7;,  ôch  :  hiioc'h,  bioc'h,  biôc'h,  vache; 
peoch,  peach,  paix  (cf.  gallois  buwdi).  Il  se  présente 
fréquemment,  un  peu  partout,  dans  les  monosyllabes 
tn-cc'h  :  seach,  sec,  leac'h,  endroit. 

Il  est  possible  qu'en  ce  qui  concerne  la  diphtongaison  de 
ou,  0  en  ouo,  oa,  le  caractère  vélaire  de  la  consonne  ait  joué  un 
rôle  aujourd'hui  difficile  à  déterminer. 

Ce  qui  vient  d'être  dit  me  dispense  d'insister  sur  le  conson- 
nantisme.  La  gutturale  précédée  de  voyelle  palatale  et  suivie 
d'une  vélaire,  devient  très  iotacisée  :  degor,  ouvert  =  léon. 
bas-vannet.  digor ;  pecol  grand,  =  bas-vannet.  picçl;  begali,  =■ 
bas-vannet.  biigale.  Quelquefois  l'élément  palatal  se  confond 
avec  la  gutturale  palatalisée  entre  deux  voyelles  :  ikgèt,  vingt, 
=:  bas-vannet.  ûigent. 

s  devient  ch,  comme  dans  tout  le  vannetais  devant  t.  Sk 
devient,  comme  en  bas-vanhetais,  ch  devant  une  voyelle  pala- 
tale e^  i,  û  :  chugiaU,  bas-vannet.  chudell,  écuelle,  =  scudell  ; 
chirian,  bas-vannet.  chirien,  éclat  de  bois,  =  j-^'/mn;  mais 
scôt,  ombre;  scod,  bûche;  pescet  (piscôt)  etc. 

En  résumé,  les  deux  traits  distinctifs  du  dialecte  de  Qui- 
beron  et,  en  général,  du  groupe  maritime,  c'est  que  l'influence 
réciproque  des  voyelles  et  des  consonnes  s'y  montre  de  la 
façon  la  plus  nette,  et  que  le  timbre  vocalique  s'y  traduit  par 
des  phénomènes  nettement  accusés. 

En  dehors  de  ces  caractères  distinctifs,  je  signale  les  sui- 
vants : 

a)  1  long  final  devient  é/.*  nei,  nous,  =  bas-vannet.  léon. 
ni;  huei,  vous,  =  léon.  c'houi,  bas-vannet.  hui; 
hei,  elle,  =  léon.,  bas-vannet.  /.'/; 


Dialecîica.  jji 

brasômi,  grandeur,  =  brasoni  ;  hoarei,  jeu,  =  c'hoari; 

tel,  maison,  =  ti,  etc. 
Suivi  de  la  gutturale,   ou  d'une  chuintante  ch,  j,  il 

devient  ç  : 
mabçc,  petit  enfant,  =  mabic  ;  servech,  service,  =  ser- 

vich. 
Autrement,  il  est  conservé  :  glin,  genou,  gûir,  vrai. 
Ce  phénomène  s'observe  dans  toute  la  zone  maritime 

(avec  cette  différence  que  -in  devient  dans  la  plus 

grande     partie    du    haut-vannetais    ~ein  :    ftiitein, 

matin) . 

b)  —  on  final   devient  oli  (avec  une   légère  résonnance 

nasale)  :  braoge,  éclair,  =  haut-vannet.  bro'ugôn  ; 
getôîi,    avec    lui,  ==  bas-vannet.  getôj  =  moyen-bret. 
gantàff. 

c)  0  (eu)  =  *rt  vieux-celtique  est  conservé,  bref  ou  long, 

dans  brôr,  frère  (plur.  brdiei-)  ;  blôd,  fiirine,  lôr, 
aire  à  battre;  môd,  pouce,  scôd,  ombre;  trt,  maigre 
(avec  r  voyelle)  ;  mais  er,  heure  (traduit  peut-être 
le  son  0  ouvert  français).  Le  haut-vannetais,  partout 
ailleurs,  est  arrivé  pour  m  h  e  on  e. 


DECLINAISON  ET  CONJUGAISON 

I.  A  signaler,  dans  les  mutations  syntactiques,  le 
changement  de  /  initial  en  v  :  ht  vian,  sa  tête  à 
elle  (de  même  en  bas-vannetais,  et  ailleurs,  /;/  vçwi). 
Comme  en  bas-vannetais  et,  en  cornouaillais  spora- 
diquement, l'initiale  du  participe  ne  subit  aucune 
mutation  après  ià,  lui,  ei,  elle  :  nie  'mes  (jnôs)  ià  caret, 
nie  'mes  ei  caret,  je  l'ai  aimé,  je  l'ai  aimée. 

Pronoms.  —  Les  nota  augentes  (pronoms  renforçant  le 
suffixe  personnel)  après  le  verbe  sont  curieuses  : 
ti  'm  bar  dôgn,  tu  m'aimes  moi. 
m'a  car  des,  je  t'aime  toi. 
//  er  hardou,  tu  l'aimes  lui. 


3^2  J.  Loth. 

huei   i  har  dôi,  vous  Taimez  elle. 

huei  er  ^  har  domp,  vous  nous  aimez  nous 

nei  hou  car  doc  h,  nous  vous  aimons  vous. 

nci  ou  car  dent,  nous  les  aimons  eux. 
Le  d  qui  s'est  fondu  aux  3*^  pers.  du  sg.  masc.  et  fémin., 
à  la  3"  pers.  du  plur.  avec  le  pronom  suffixe  joint  à 
la  préposition,  apparaît  ici  à  toutes  les  personnes. 

(Joc'hto'u,  contre  lui,  à  lui  ;   gctoii  pour  gent  toli,  avec 
lui,  hemp:iOH,  sans  lui,  etc.). 

PRONOM  AGGLUTINÉ  AVEC  PREPOSITION  : 

Sg.   I  genôgn  (avec  moi). 

2  gencs. 

3  m^sc.getôii. 
fém.  getôi. 

pi.    I  genomp  (bas-vannet.  gcnomp,  gcnimp). 

2  genoc'h. 

3  getênt  ou  get'int. 

PRONOMS  DÉMONSTRATIFS  : 

hannè,  celui-ci. 
bonne,  celle-ci. 
hanicl),  celui-là. 
hounich,  celle-là. 


n.  VERBE  SUBSTANTIF  : 

Indicatif  présent. 

sg.  I  zveign. 

2  wes. 

3  ou. 
pi.  I  womp. 

2  luçc  h. 

3  int. 

1.  er,  en  proclitiques  ziz  haut-vannet.  /;«;-,  hitn  r=  bas-vannet.  hoii. 


I 


Dialecîica.  333 

La  2*^  pers.  du  sg.  a  subi  l'influence  de  la  2"  pers.  du  sg. 
en  -s  du  verbe  ordinaire. 
ou  =  cou  Çgall.yiv).  Weign  et  lues  sont  probablement 
pour  oueih,  oues  avec  accent  sur  ou  primitivement  :  ou 
est  devenu  consonne  et  de  là  a  passé  au  pluriel. 

Imparfait. 

Sg.  I  wann. 
2  was,  etc. 

Prétérit. 
Sg.  3  pers.  mi  luç,  je  fus. 

Futur. 

Sg.  I  efôgn. 

2  e  foi. 

3  c/^«- 
pi.  I  e  fomp. 

2  e  fôt. 

3  é  feint. 

Cond. 
sg.  I  /()Vt';2,  etc. 

Présent  d'habitude. 

Sg.  r  /)6'  vian,  lorsque  je   suis   (habituel- 
lement. 

Infinitif. 
bout. 

Participe. 
bit. 

FORME  EN  -r. 

bir  :  pe   vir,  lorsqu'on  est  (bas-vannetais  p  liv'r.) 


3  34  J-  ^oth. 


VERBE  AVOIR  : 

Indicatif  présent. 

sg.  I  mi  'mes  Çuiôs'). 

2  ti  hes. 

3  là  des. 
hei  des. 

pi.  I  nei  en  es. 

2  huei  e  hwes. 

3  ind  ou  des. 

Passé  et  imparf. 

ss;.  I  mein  hoe. 

2  ti  a  poe. 

3  masc.  ià  en  dewe,  etc. 


FORME  EN  -y. 
Présent  :  carir  (on  aime). 

FORME  EN  -t.  —  (Imparfait). 

careat  (on  aimait). 

Dans  le  vocabulaire,  je  relève  un  mot  que  je  ne  crois  avoir 
rencontré  dans  aucun  livre,  ni  entendu  :  bre,  résine.  Pour  le 
goémon  long,  on  se  sert  du  mol  f es. 

Cette  étude  n'est  qu'une  ébauche.  J'espère  plus  tard  la 
compléter.  Aussi  n'essaierai-je  pas  d'établir  la  chronologie  de 
ces  divers  phénomènes.  Le  phénomène  de  palatalisation  a  pu 
être  plus  ou  moins  accusé,  mais  il  est  évidemment  fort  ancien, 
puisqu'il  repose  sur  une  loi  naturelle  aussi  vieille  que  la 
langue. 

Le  changement  de  e  en  /,  de  o  en  ou  n'est  que  la  réalisation 


Dialectica.  33  5 

d'une  tendance  et  n'est  probablement  pas  plus  ancien  que  la 
chute  de  S  final  (carôti,  =  carante's). 

La  diphtongaison  de  l  final  en  ci  est  postérieur  au  chan- 
gement de  e  final  en  i,  autrement  on  eût  eu  carôtci  et  non  carôti. 

La  diphtongaison  de  o  en  ouo,  o  en  oa  ne  saurait  être  facile- 
ment datée,  mais  comme  elle  suppose  un  jeu  de  voyelles  ouvertes 
et  fermées  qui  repose  sur  l'accent  néo-celtique,  elle  ne  peut 
remonter  à  la  période  du  vieux-celtique. 

(A  suivre.)  J.  Loth. 


E  BEN;  Y  BEN. 


En  comique,  pour  traduire  l'autre,  lorsqu'il  s'agit  de  deux, 
on  se  sert  de  y  hen,  pour  le  masculin  aussi  bien  que  pour  le 
féminin.  C'est  ainsi  que  dans  la  Pass.  Dont.,  2826,  en  par- 
lant du  second  des  deux  larrons,  il  est  dit  :  drehevough  yheyn, 
élevez  l'autre.  En  breton  armoricain,  eben  est  exclusivement 
employé  quand  l'autre  est  féminin. 

Ben  est  évidemment  pour  peu  et  il  n'est  guère  douteux  que 
ce  ne  soit  le  mot  peu,  tête.  Comme  le  fait,  en  effet,  remarquer 
M.  Dottin,  cenn  a,  en  irlandais,  un  emploi  fort  analogue.  Je  me 
contente  de  citer  l'exemple  suivant  :  Ni  bheith  mise  ag  ithe  aon 
ghràn  agus  béidh  na  cinn  elle  ag  ithé,  je  ne  mangerai  pas  un  seul 
grain  et  les  autres  en  mangeront  (^Annales  de  Bretagne,  X,  p.  442, 
contes  irlandais,  texte  par  Douglas  Hyde,  traduction  par 
G.  Dottin).  Le  mot  pen  pour  désigner  un  seul  individu  d'une 
espèce  animale,  a  un  emploi  analogue,  en  breton,  dans  pen- 
moc'h,  pemoc'h,  un  porc;  pendenved,  un  mouton. 

Le  seul  problème  difficile  que  soulève  cette  expression,  c'est 
son  emploi  exclusif  au  féminin,  en  breton.  Il  me  paraît  pro- 
bable qu'à  l'époque  où  on  ne  se  rendait  plus  compte  du  sens 
exact  de  eben,  la  langue  a  cru  y  sentir  la  présence  d'un  fémi- 
nin comme  l'irlandais  ben,  femme,  gallois  benyw,  femme, 
comique  benoiu.  L'armoricain  a  perdu  ces  mots,  mais  il  n'est 
pas  douteux  qu'il  ne  les  ait  autrefois  possédés. 

J.  Loth. 


NÉCROLOGIE 


M.  François-Marie  Luzel,  né  à  Keramborgne,  commune  de  Plouaret, 
Côtes-du-Nord,  en  juin  1821,  est  mort  à  Quimper  le  26  février  1895,  à 
l'âge  de  soixante -quatorze  ans,  après  avoir  occupé  les  positions  les  plus  va- 
riées, successivement  homme  de  lettres  à  Paris,  professeur  de  collège  à  Pon- 
toise,  à  Dinan,  à  Quimper,  à  Lorient,  rentier  sans  beaucoup  de  rentes  à 
Plouaret,  journaliste  à  Morlaix,  juge  de  paix  à  Daoulas,  enfin  archiviste 
départemental  à  Quimper,  où  il  a  passé  dans  une  retraite  paisible,  labo- 
rieuse et  justement  honorée  les  quatorze  dernières  années  de  sa  vie,  d'abord 
fort  agitée.  On  peut  diviser  sa  carrière  littéraire  en  deux  parties.  Il  a  été 
poète,  il  a  été  érudit.  Ces  deux  aspects  de  son  intelligence  ont  persisté  con- 
curremment jusqu'à  la  fin,  mais  naturellement  le  poète  l'emportait  pendant 
la  jeunesse,  et  l'érudit  dominait'  chez  lui  dans  l'âge  mur  et  la  vieillesse. 

Ses  premiers  essais  poétiques  datent  de  l'époque  où,  étudiant  en  médecine, 
théoriquement  du  moins  ' ,  étudiant  en  médecine  comme  d'autres  gens  de 
lettres  ont  été  clercs  de  notaire  et  clercs  d'avoué,  il  vivait  dans  la  société  de 
Théophile  Gautier,  de  Gérard  de  Nerval,  des  Goncourt  et  de  Murger. 

Le  premier  volume  qui  porte  son  nom  est  Chants  de  l'cpèe,  par  Francès- 
Mary  an  Uhd,  i  vol.  in-12  de  122  pp.  Paris,  chez  l'auteur,  rue  Lamartine, 
17;  typ.  Hennuyer,  Batignolles,  1856.  C'est  un  recueil  de  vers  français. 
Mais  quatre  ans  plus  tôt,  M.  Luzel  avait  été  un  des  auteurs  du  volume  inti- 
tulé Bleuniou  Brcii  (Poésies  anciennes  et  modernes  de  la  Bretagne),  Quim- 
perlé.  Clairet,  1832,  où  il  avait  inséré  une  pièce  de  vers  bretons  intitulée 
Breii-Iid.  Sa  principale  publication  originale  est  Bepred  Brei^ad,  Toujours 


I.  Les  études   médicales  de  Luzel  m'étonnaient  beaucoup.  Je  suis  allé 
aux  renseignements.  Voici  la  réponse  que  j'ai  reçue: 
Faculté  de  médecine  de  Paris. 

Paris,  le  3  juillet  1895. 
Monsieur  et  cher  collègue,  les  recherches  faites  à  la  Faculté  n'ont  pas 
amené  la  découverte  du  passage  de  M.  Luzel,  François-Marie,  comme  étu- 
diant régulier  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris.  Recevez,  Monsieur  et  cher 
collègue,  l'assurance  de  ma  considération  la  plus  distinguée. 

Le  doyen,  Brouardel. 
Monsieur  le  professeur  d'Arbois  de  Jubainville. 


i 


Nécrologie.  337 

breton,  poésies  bretonnes,  avec  traduction  française  en  regard,  par  F. -M. 
Luzel  ;  Haslé  (Morlaix)  ;  Forest  et  Grimaud  (Nantes)  ;    Hachette    (Paris), 

1  vol.  petit  in-8  de  xv-270  pp.,  1865.  Il  a  depuis,  et  presque  jusqu'à  sa 
mort,  semé  ses  vers  bretons  et  français  un  peu  partout,  dans  la  Revue  de 
Bretagne  et  de  Vendée,  la  Revue  illustrée  de  Bretagne  et  d'Anjou-,  V Hermine,  et 
dans  les  journaux  :  Publicateur  du  Finistère,  Abeille  de  Lorient,  Le  Fitiis- 
tère,  etc. 

La  carrière  scientifique  de  M.  Luzel  a  commencé  dès  1846  par  un  rapport 
sur  des  pièces  de  théâtre  manuscrites  en  bas-breton,  lu  le  19  janvier  de 
cette  année  en  séance  du  comité  historique  des  monuments  écrits.  Dix-sept 
ans  plus  tard,  il  faisait  imprimer  Sainte  Tryphine  et  le  roi  Arthur,  mystère 
breton  en  deux  journées  et  huit  actes,  publié  et  précédé  d'une  introduction 
par  F. -M.  Luzel,  texte  revu  et  corrigé  d'après  les  manuscrits  de  l'abbé 
Henri;  Quimperlé,  Clairet,  1863,  i  vol.  pet.  in-8  de  XLiv-453  pp.  Vingt- 
six  ans  s'écoulèrent,  et  ce  volume  fut  suivi  de  Bubei  saut  Giuennolé  ahad,  «  la 
Vie  de  saint  Gwennolé  »,  abbé,  mystère  breton  en  une  journée  et  six  actes, 
texte  breton  et  traduction  française  en  regard  ;  Q,uimper,  Charles  Cotonnec 
1889,  i^'^'  222  pages. 

M.  Luzel  a  fait  mieux  encore  que  de  publier  des  mystères  bretons.  Ayant 
réuni  une  collection  de  manuscrits  de  ces  mystères  au  nombre  de  cinquante- 
huit,  il  en  a  fait  don  à  la  Bibliothèque  nationale  en  1863.  La  liste  de  ces 
manuscrits  a  été  insérée  dans  {^iRevuc  Celtique,  t.  V,  p.  318-320,  cf.  t.  XI, 
p.  408-420,  424.  Après  avoir  fait  cet  acte  de  libéralité,  d'autant  plus  re- 
commandable  que  M.  Luzel  était  alors  absolument  sans  fortune,  il  a  formé 
dans  les  dernières  années  de  sa  vie  une  collection  nouvelle  de  mystères 
bretons  qui,  abandonnée  à  M.  Le  Braz  par  ses  héritiers,  doit,  dit-on,  aller 
a  la  Bibliothèque  nationale  compléter  la  première  collection. 

Des  publications  érudites  de  M.  Luzel,  celle  qui  a  eu  le  plus  grand  re- 
tentissement est  l'ouvrage  intitulé  :  Documents  pour  servir  à  l'étude  de 
l'histoire  de  la  langue  bretonne,  Giver^iou  Ereii-Iiel,  chants  populaires  de  la 
Basse-Bretagne  recueillis  et  traduits  par  F. -M.  Luzel  ;  Lorient,  Corfmat, 

2  vol.  in-8,  datés,  le  premier  de  1868,  le  second  de  1874  '.  Entre  les  an- 
nées 1860  et  1870,  le  vent  poétique  qui  soufflait  sur  la  Bretagne  et  dont  le 
Bardai  Brei^  de  M.  de  La  Villemarqué  était  la  principale  expression,  paraît 
avoir  perdu  beaucoup  de  sa  force,  et  on  vit  commencer  un  mouvement  ht- 
téraire  où  l'imagination  avait  moins  de  part  et  où  l'érudition  jouait  un  rôle, 
plus  important.  A  la  publication  du  Mystère  de  sainte  Tryphine,  par  M.  Luzel, 
1863,  M.  de  La  Villemarqué  ripostait  par  le  Grand  Mystère  de  Jésus,  1865, 
abrégé  fait  au  xvie  siècle  en  breton  du  Mystère  de  la  Passion  d'Arnoul  Gre- 
ban  2.  Le  Mystère  de  sainte  Tryphine  avait  sur   le  Grand  Mystère  de  Jésus 

1.  On  peut  se  procurer  cet  ouvrage  à  la  librairie  Bouillon,  67,  rue  Ri- 
chelieu, Paris. 

2.  Voyez  le  Mystère  de  la  Passion  d'Arnoul  Greban  publié  d'après  les  ma- 
nuscrits de  Paris,  avec  une  introduction  et  un  glossaire  par  G.  Paris  et 
G.  Raynaud.  Paris,  Vieweg,  1878. 


338  Nécrologie. 

l'avantage  d'être  une  œuvre  originale,  mais  il  ne  remontait  pas  au  delà  du 
xviiie  siècle. 

Deux  ans  après  l'apparition  du  Grand  Mystère  de  Jésus,  R.-F.  Le  Men 
vint  à  la  rescousse  en  publiant  à  Lorient,  chez  Corfmat,  un  abrégé  du  Ca- 
ihoJicon  de  Lagadeuc  d'après  l'édition  de  1499. 

La  première  édition  du  mystère  breton  de  la  Passion,  ou  Grand  Mystère 
de  Jésus,  reproduite  par  M.  de  La  Villemarqué,  ne  date  que  de  1 5  30.  Le  Men 
l'emportait  donc  chronologiquement  sur  M.  de  La  Villemarqué  qui,  à  ce 
point  de  vue,  venait  de  battre  Luzel. 

L'apparition  du  tome  I^r  des  Gtver'^iou  Brei^-I^el  a  suivi  à  un  an  d'in- 
tervalle la  publication  de  Le  Men.  On  a  reconnu  dans  ce  volume  le  texte 
primitif  d'un  certain  nombre  de  morceaux  dont  les  arrangements,  publiés 
par  M.  de  La  Villemarqué  dans  le  Bariai-Brei^  en  1839  et  réimprimés  dans 
les  éditions  suivantes  de  ce  célèbre  recueil,  appartiennent  à  la  période  pu- 
rement Imaginative  et  poétique  de  l'histoire  littéraire  bretonne,  comme  les 
Bleuniou  Brei^,  recueil  auquel  M.  Luzel  a  collaboré,  1852. 

La  suite  des  deux  volumes  des  Givcriiou  Brei^-Iiel  a  paru  en  1890.  Ce 
sont  les  Soniou  Brei^-fyl,  chansons  populaires  de  la  Basse-Bretagne,  recueil- 
lies et  traduites  par  F. -M.  Luzel,  avec  la  collaboration  de  A.  Le  Braz  (Poé- 
sies lyriques),  Paris,  Bouillon,  1890,  2  vol.  in-8,  XLiii-335,  m-352  pages. 

Les  textes  qui  ont  fourni  la  matière  de  ces  quatre  volumes  ont  été  re- 
cueillis par  M.  Luzel  dans  .la  tradition  orale.  Ce  ne  sont  pas  les  seuls  docu- 
ments que  le  laborieux  auteur  ait  puisés  à  cette  source.  Nous  n'entreprendrons 
pas  de  faire  ici  l'énumération  des  contes  bretons  publiés  dans  divers  recueils 
par  cet  érudit  à  la  fois  si  actif  et  si  consciencieux.  Des  missions  qu'il  reçut 
en  Bretagne  pendant  plusieurs  années  eurent  pour  résuhat  cinq  rapports, 
datés  des  6  septembre  1869,  2  août  et  4  novembre  1870,  i^r  août  1871, 
i>^r  septembre  1872,  qui  ont  été  insérés  dans  les  Archives  des  Missions  scien- 
tifiques et  littéraires,  et  qui  contiennent  douze  contes  bretons.  D'autres 
contes  bretons  recueillis  par  M.  Luzel  ont  été  publiés  dans  les  trois  premiers 
volumes  de  Mélusine,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Finistère, 
dans  les  Annales  de  Bretagne,  dans  la  Revue  illustrée  de  Bretagne  et  d'Anjou, 
dans  la  Revue  des  provinces  de  l'Ouest,  dans  la  Revue  Celtique,  etc.  Enfin  on 
doit  à  M.  Luzel,  dans  cet  ordre  d'idées,  les  sept  volumes  dont  voici  le  titre  : 
Contes  bretons,  Quimperlé,  Clairet,  1870,  i  vol.  in-12;  Veillées  bretonnes, 
Paris  Viewecr,  1879,  i  vol.  in-12;  Légendes  chrétiennes  de  la  Basse-Bretagne, 
Paris,  Maisonneuve,  2  vol.  in-i8,  1881;  Les  Contes  populaires  de  Bretagne, 
3  vol.  in-i8,  Paris,  Maisonneuve,  1887. 

M.  Luzel  était  archiviste  du  département  du  Finistère  quand  il  a  publié 
ces  trois  derniers  volumes,  ainsi  que  ses  deux  derniers  volumes  de  chansons 
populaires.  Ces  travaux  littéraires  ne  l'ont  pas  empêché  de  remplir  les  de- 
voirs que  lui  imposaient  ses  fonctions.  Sur  les  475  pages  in-4  dont  se  com- 
pose le  premier  volume  de  VInvcntaire  sommaire  des  archives  départementales 
du  Finistère,  240  sont  dues  à  M.  Le  Men  et  235  à  M.  Luzel,  qui  a  en  outre 
préparé  les  96  premières  pages  du  t.  IL  Le  nombre  des  articles  inventoriés 
par  M.  Luzel  est  de  693,  contre  842  inventoriés  par  M.  Le  Men. 


Nécrologie.  339 

M.  Luzel  n'était  pas  linguiste,  mais  ce  point  faible  mis  de  côté,  on  ne 
pouvait  qu'avec  étonnement  trouver  un  sens  critique  aussi  sûr  chez  un 
homme  qui  avait  tant  de  goût  pour  les  vers  et  pour  la  fiction  poétique. 
Impossible  d'avoir  plus  que  lui  le  dévouement  désintéressé  pour  la  science, 
et  de  témoigner  plus  de  bienveillance  à  ceux  qui  se  consacraient  aux  mêmes 
études  que  lui.  J'en  ai  fait  l'expérience  lors  de  mon  passage  à  Plouaret 
en  1872,  quand,  parcourant  la  Bretagne,  je  cherchais  dans  les  archives  et 
les  bibliothèques  les  traces  inédites  les  plus  anciennes  de  la  langue  bretonne. 
Moins  âgé  que  M.  de  La  Villemarqué,  qui  cependant  lui  survit,  M.  Luzel  a 
été  quelque  temps  son  adversaire,  mais  tous  deux  avaient  trop  de  bon  sens, 
l'âme  trop  élevée,  pour  conserver  longtemps  l'un  contre  l'autre  des  senti- 
ments d'animosité,  et  pendant  les  dernières  années  de  la  vie  de  M.  Luzel, 
la  Société  archéologique  du  Finistère,  dont  ils  étaient  tous  deux  membres 
zélés,  a  été  entre  eux  un  trait  d'union. 


CHRONIQUE 


SOMMAIRE:  1.  M.  Standish  Hayes  O'Grady  et  M.  Standish  O'Grady.  —  II.  Récla- 
mation de  M.  T.-O.  Russell.  —  III.  La  Passion  selon  saint  Mathieu  était-elle  au- 
trefois lue  le  vendredi  saint  dans  la  liturgie  du  pays  de  Galles?  —  IV.  Excursions 
archéologiques  de  la  Cambrian  Archaeological  Association.  —  V.  Nouvelle  publi- 
cation de  M.  J.  Morris  Jones.  —  VI.  La  Société  des  Cymmrodorion.  —  VII.  La  So- 
ciété gaélique  d'Inverness.  —  VIII.  Etude  de  M.  Strachan  sur  le  verbe  déponent 
irlandais.  —  IX.  Contes  irlandais  publiés  par  M.  Jeremiah  Curtin.  —  X.  Le  Mar- 
tyrologe d'O'Gorman,  publié  par  M.  Whitley  Stokes. 

I. 

Sur  la  couverture  de  la  Revue  Celtique,  en  tête  de  la  seconde  page,  il  est 
imprimé  que  toutes  les  communications  et  correspondances  relatives  à  la  ré- 
daction doivent  être  envoyées  à  M.  H.  d'Arbois  de  Jubainviile,  84,  boule- 
vard Montparnasse,  à  Paris.  Or,  une  grande  partie  de  ces  cornmunications 
est  adressée  à  la  librairie  Emile  Bouillon,  67,  rue  de  Richelieu,  à  environ 
trois  kilomètres  de  chez  moi,  et  de  temps  en  temps,  ceux  qui  ont  à  récla- 
mer un  numéro  en  retard  ou  à  traiter  à  propos  de  la  Revue  Celtique  une 
affaire  de  librairie  quelconque,  s'adressent  à  moi.  Chacune  de  ces  erreurs 
m'impatiente,  parce  que  j'ai  mauvais  caractère.  Eh  bien  !  j'ai  commis  une 
erreur  du  même  genre.  M.  Standish  H.  O'Grady,  pubhant  en  i8c;2  la  Silva 
Gûdelica,  a  mis  en  tête  du  second  volume  une  préface  dont  les  marges,  dans 
mon  exemplaire,  depuis  qu'il  est  entre  mes  mains,  sont  couvertes  de  notes 
manuscrites,  agrémentées  de  deux  grosses  taches  d'encre  qui  me  déses- 
pèrent, car  je  ne  puis,  hélas!  en  rejeter  la  faute  sur  autrui.  Cette  préface  se 
termine  par  une  phrase  qui  montre  qu'un  érudit  peut  quelquefois  associer  la 
science  et  l'esprit.  «  Souvent,  »  dit  M.  Standish  H.  O'Grady,  «  je  subis  le  sup- 
cc  plice  de  Tantale.  Je  me  vois  attribuer  les  chefs-d'œuvre  d'un  parent.  Cela 
«  me  décide  à  faire  observer  au  pubHc  que  j'ai  une  marque  de  fabrique  — 
«  il  n'y  a  pas  de  preuve  d'authenticité  sans  cela  —  et  cette  marque,  qui 
«  est  en  abrégé  sur  le  titre  de  ce  volume,  la  voici  en  son  complet  dévelop- 
«  pement:  Stakdish  Hayes  O'Grady.  »  J'ai  lu  cette  recommandation 
comme  le  reste  de  la  préface,  mais  je  l'ai  lue  sans  la  comprendre.  Jamais 
aucun  livre  de  M.  Standish  O'Grady  sans  HfayesJ  ne  m'était  arrivé  entre 
les  mains.  Dans  la  famille  on  n'est  pas  généreux,  et  pour  avoir  les  livres 
de  ces  Messieurs,  il  faut  les  acheter,  quelquefois  très  cher.  Lorsque  j'ai  pris 


Chronique.  ^41 

mon  parii  de  me  procurer,  moyennant  finances,  The  coiiiinçr  of  Ciiciilain  de 
M.  Standish  O'Grady,  j'avais  oublié  l'observation  précitée  de  M.  Standish 
H[ayes]  O'Grady,  qui  remonte  à  trois  ans,  et  j'ai  cru  qu'il  était  l'auteur  de 
ce  nouveau  «  chef-d'œuvre  »  de  son  parent.  Je  ne  crois  pas  avoir  été  trop  dur 
dans  mon  appréciation  de  ce  livre  ;  un  éminent  celtiste  m'a  écrit  en  me 
citant  un  proverbe  anglais  qui  peut  se  traduire  en  français  :  «  Vous  avez 
pris  un  pavé  pour  écraser  une  mouche.  «  Ce  jugement  est  sévère.  Quoi 
qu'il  en  soit,  je  devais  une  réparation  à  M.  Standish  H[ayes]  O'Grady, 
dont  les  publications,  malgré  les  critiques  de  détails  fort  justifiées  dont  elles 
sont  l'objet,  sont  indispensables  à  tout  celtiste  sérieu.x. 

II. 

Voici  un  exemple  de  la  façon  dont  certaines  gens  écrivent  mon  adresse  : 
«  Rédacteur  Rnnie  Celtique,  67,  rue  Richelieu,  Paris,  France.  «  L'auteur  de 
la  missive  qui  m'a  été  envoyée  de  cette  façon,  mais  qui,  naturellement,  ne 
m'est  parvenue  qu'après  un  long  retard,  est  un  journaliste  irlando-améri- 
cain,  M.  T'.-O.  Russell,  auteur  de  l'article  intitulé:  Récent  Cbani^es  made  in 
Scotch  Gaelic,  qui  a  paru  dans  le  dernier  numéro  de  la  Revue  Celtique,  p.  207. 
Cet  article,  que  M.  Russell  était  venu  m'oflfrir  à  Paris,  et  que  j'avais  ac- 
cepté, à  condition  qu'il  en  retrancherait  toute  expression  blessante  pour  les 
Gaëls  d'Ecosse,  m'est  arrivé  ensuite  par  la  poste  sans  que  l'auteur  eût  pris 
la  peine  d'y  joindre  l'indication  d'un  domicile  ou  d'une  résidence.  On  peut 
être  savant,  avoir  de  l'esprit,  et  ne  pas  penser  à  tout.  Je  savais  que  M.  Rus- 
sel,  irlandais  d'origine,  habitait  depuis  un  certain  temps  l'Amérique  du 
Nord,  et  que  de  Paris  il  allait  en  Irlande  où  il  devait  quelque  temps  sé- 
journer. Ce  n'était  pas  pour  la  poste  une  adresse  suffisante.  La  conséquence 
se  devine.  M.  Russell  n'a  pas  reçu  d'épreuve,  or  il  en  est  fort  étonné;  il  est 
même  très  mécontent  de  moi  qui  aurais  dû,  primo,  corriger  les  erreurs  con- 
tenues dans  son  manuscrit,  secundo,  ne  pas  laisser  s'y  ajouter  des  fautes 
d'impression. 

La  principale  erreur  contenue  dans  le  manuscrit  de  M.  Russell  est,  suivant 
lui,  celle-ci.  Il  reproche,  sans  réserve  aucune,  aux  Gaëls  d'Ecosse,  de  ne  pas 
appHquer  la  loi  irlandaise  de  l'éclipsé  après  le  pronom  possessif  de  la  troi- 
sième personne  du  pluriel,  a,  dont  la  forme  primitive,  au,  est  originaire- 
ment le  génitif  pluriel  du  pronom  personnel  de  la  3'=  personne.  L'ortho- 
graphe gaélique  d'Ecosse  étant  étymologique,  garde  en  général  1"»  final  de 
ce  mot,  mais  le  change  en;;;,  devant  les  labiales:  1°  am  jear  (i  leur  homme», 
2°  ani  huaclMill  «  leur  valet  »,  primitivement  «  leur  pâtre  »,  5°  ani  peacadh 
«  leur  péché  ».  L'orthographe  irlandaise  est  phonétique  et  historique:  1°  a 
hhfear,  2°  rt  mhuac])aill ,  3°  a  hpeacadli  ;  i"/,  2°  h,  3°/)  nese  prononcent  pas 
et  sont  éclipsés,  c'est-à-dire  remplacés,  respectivement:  1°  par/'/;,  2°  par  ;;;, 
3°  par  h.  L'orthographe  gaélique  contredit  l'orthographe  irlandaise  dans  le 


I .   Et  non  J. 

Rcvut  Celtique,  XVI.  24 


342  Chronique. 

premier  cas  et  dans  le  troisième.  Ces  deux  orthographes  sont  d'accord  dans 
le  second  cas  ;  en  effet,  la  différence  entre  l'irlandais  a  nihuachaiVi  et  le  gaé- 
lique am  huacbaiU  ne  mérite  guère  qu'on  attire  sur  elle  l'attention. 

Or,  dans  la  rédaction  de  M.  Russell  aucune  distinction  n'est  faite  entre 
les  labiales.  L'auteur  reproche  aux  Gaëls  d'Ecosse  d'écrire  le  pronom 
possessif  de  la  troisième  personne,  am,  devant  b,  comme  il  leur  reproche  de 
l'écrire  ainsi  devant/  et  devant^.  «  Ceux  qui  liront  cela  »,  m'écrit-il,  «  di- 
ront que  je  suis  fou  ».  Il  regrette  aussi  d'avoir  parlé  des  poèmes  écrits, 
ivrilteii,  par  le  doyen  de  Lismore.  La  direction  de  la  Revue  Celtique  aurait 
dû  corriger  cela,  paraît-il,  et  faire  imprimer  copied  «  copié  »,  au  lieu  de 
îurittcn  «  écrit  »,  et  «  c'est  un  scandale  »  qu'elle  ne  l'ait  point  fait. 

Si  je  m'étais  avisé  de  modifier  ces  deux  passages,  j'en  aurais  modifié  aussi 
bien  d'autres,  j'aurais  refait  l'article  complètement  en  montrant  par  quelles 
raisons  l'orthographe  gaélique  est  motivée,  et  en  disant  d'autre  part  ce 
qu'il  y  a  de  rationnel  dans  l'orthographe  irlandaise  :  chacune  de  ces  ortho- 
graphes est  l'expression  d'un  système  différent  ;  des  deux  côtés  on  peut  se 
défendre. 

Quant  aux  citations  irlandaises  et  gaéliques  d'Ecosse,  toutes  empruntées 
à  des  éditions  que  je  ne  possède  point,  je  les  aurais  remplacées  par  des 
exemples  tirés  des  éditions  qui  sont  dans  ma  bibliothèque  et  dont  je  puis 
vérifier  l'exactitude.  Il  y  a,  paraît-il,  dans  ces  citations,  les  fautes  d'impres- 
sion suivantes  : 

P.   2IO,  li 


I),  au  lieu 

de  admail, 

liseï 

admhail. 

i6,         — 

om 

— 

am. 

19.         — 

sôlas 

— 

sôlas. 

20,         — 

che 

— 

cha. 

20,         — 

sôlâs 

— 

sôlas. 

28,         - 

iompaid 

— 

iompoidh. 

34,         — 

chaidh  le 

— 

chaidh  lé. 

35,         — 

loisfidh 

— 

loisgfidh. 

loet  1 1, — 

Geud 

— 

creud. 

3O1         — 

lôchruin 

— 

lôchruinn. 

211,   — 

Voici  l'errata  du  texte  anglais  tel  qu'il  a  été  dressé  par  l'auteur  : 
P.  207,  ligne  14,  au  lieu  de  hulls,  /wq  buUs. 


—     i7> 

— 

mort. 

— 

mart. 

—     22, 

— 

thèse  by, 

— 

thereby. 

—     22, 

— 

ambibology, 

— 

amphiboiogy. 

—     24, 

— 

Those 

— 

Thèse. 

-     29, 

— 

thèse  by 

— 

thereby. 

208, 

—     29, 

— 

intented 

— 

intended. 

209, 

—     3i> 

— 

cessed 

— 

ceased. 

—     32, 

— 

as 

— 

or. 

Je  regrette  d'avoir  laissé  subsister  ces  fautes,  mais  le  manuscrit  n'était 
pas  suffisamment  clair  pour  des  compositeurs  français,  et  sur  la  première 


Chronii^ue.  545 

épreuve  il  y  avait  au  moins  dix  fois  autant  de  fautes  d'impression  qu'il  en 
est  resté  sur  la  bonne  feuille. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'article  de  M.  Russell  montre  à  quel  point  de  vue  les 
divergences  orthographiques  avec  les  Gaëls  d'Ecosse  sont  envisagées  en  Ir- 
lande, et  il  est  plus  intéressant  qu'un  mémoire  écrit  par  un  érudit  qui  ne 
sentirait  pas  l'aiguillon  du  patriotisme  local  et  qui  raisonnerait  froidement 
sur  ces  questions  de  grammaire.  Rien  n'est  amusant  comme  d'assister  en 
France  à  une  discussion  grammaticale  entre  Vannetais  et  Léonard.  Certai- 
nement personne  n'a  plus  que  'moi  le  respect  de  la  Compagnie  de  Jésus, 
cependant  il  m'est  arrivé  une  fois  de  rire  au  nez  de  deux  Jésuites  bretons, 
originaires,  l'un  des  environs  de  Vannes,  l'autre  des  environs  de  Léon  ;  ils 
soutenaient  l'un  contre  l'autre  que  le  dialecte  de  chacun  d'eux  était  le  bon 
breton  ;  ils  arrivèrent  à  se  fâcher.  Je  n'avais  jamais  vu  deux  Jésuites  se  dis- 
puter avec  une  vivacité  pareille.  Mais  il  y  avait  de  quoi.  On  sait  que  le 
breton  a  été  la  langue  de  nos  premiers  parents.  Q.uand,  dans  le  paradis  ter- 
restre, Adam,  pour  la  première  fois,  dit  une  tendresse  à  Eve,  c'était  en 
breton  ;  Eve  lui  répondit  dans  la  même  langue  et  sur  le  même  ton,  et  voilà 
pourquoi  le  genre  humain  existe.  Caïn  et  Abel  parlèrent  breton  comme 
leurs  parents,  mais  tandis  qu'Abel,  ce  bon  garçon,  s'exprimait  en  léonard, 
le  méchant  Caïn  parlait  vannetais,  les  deux  frères  ne  se  comprirent  pas. 
C'est  pour  cela  que  ce  misérable  Caïn  a  si  mal  tourné,  et  qu'Abel  a  été  si 
malheureux.  J'espère  qu'entre  le  professeur  écossais  M.  Mackinnon  et  le 
journaliste  irlandais  M.  Russell,  la  querelle  commencée  dans  VAcadi'Diy,  et 
que  M.  Russell  a  continuée  dans  la  ReviieC  eJtique,  n'aura  pas  une  issue  aussi 
tragique.  M.  Russell  a  déchargé  sur  moi  l'électricité  de  sa  colère,  je  ne  m'en 
porte  pas  plus  mal  et  j'aurai  servi  de  paravent  à  M.  Mackinnon. 

m. 

Plusieurs  personnes  ont  lu  avec  surprise,  dans  notre  dernière  livraison, 
p.  248,  que  le  récit  de  la  Passion  suivant  saint  Mathieu  était  attribué  au 
Vendredi  saint  par  un  texte  gallois.  En  effet,  l'usage  romain,  conservé  par 
l'Eglise  anglicane,  attribue  au  dimanche  des  Rameaux  le  récit  de  la  Passion 
par  saint  Mathieu  et  affecte  au  Vendredi  saint  le  texte  qui  correspond  dans 
l'évangile  de  saint  Jean.  C'est  un  usage  excessivement  ancien,  puisqu'on  le 
trouve^attesté  déjà  par  le  Liber  comitis ,  que  certains  considèrent  comme  une 
oeuvre  de  saint  Jérôme,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  au  tome  XXX  de  Migne, 
PatroJogia  latiiia.  Dans  ce  volume,  les  passages  relatifs  au  récit  de  la  Passion 
lu  le  dimanche  des  Rameaux  et  le  Vendredi  saint  se  trouvent  aux  colonnes 
502  C  et  503  A.  On  pourra  consulter  aussi,  et  avec  plus  de  profit  sur  ce 
sujet,  Ernst  Ranke,  Das  KirchUche  Pcricopcnsysiem  ans  den  àltesteii  Urkunden 
dcr  rômischen  Liturgie,  p.  332-333,  339-340,  xxxiv-xxxv,  LXiii-LXiv, 
Lxxxvi.  Toutefois  l'usage  de  l'Eglise  d'Afrique,  tel  qu'il  est  constaté  dans 
le  sermon  CCXXXII  de  saint  Augustin,  était  de  ne  lire  qu'une  fois  le  récit 
de  la  Passion  en  prenant  ce  récit  dans  saint  Mathieu  :  «  Passio  autem,  quia 
uno  die  legitiir,  non  solet  legi  nisi  secunduui  Matthaeuni.  »  Patrohgia  latina, 


344  Chronique. 

t.  XXXIX,  col.  1108,  et  il  paraît  que  c'était  le  jour  du  Vendredi  saint 
qu'avait  lieu  cette  lecture,  puisque  c'est  en  ce  jour  que  saint  Augustin  prêcha 
son  sermon  CCXVIII,  De  Passioiie  Domini,  Pativlogia  latina,  t.  XXXIX, 
col.  1084. 

Le  système  de  l'Eglise  d'Afrique  a  été  adopté  par  le  clergé  luthérien.  Ce 
clergé  ne  lit  qu'une  fois  par  an  l'Evangile  de  la  Passion  :  c'est  le  Vendredi 
saint,  et  c'est  dans  saint  Mathieu,  qui,  dit  Ernst  Ranke,  raconte  la  mort  du 
Christ,  tandis  que  dans  l'Evangile  de  saint  Jean  on  trouve  le  récit  des  der- 
niers moments  de  Jésus  écrit  par  son  ami  le  plus  intime. 

Il  serait  curieux  de  savoir  si  dans  le  manuscrit  reproduit  par  le  Rév,  Ro- 
bert Williams,  t.  II,  p.  250  et  suivantes,  le  titre  Croglilh  (iiiass  (?)  of  good 
friJay),  Vendredi  saint,  existe  réellement,  et,  en  cas  d'affirmative,  s'il  est  de 
même  date  que  le  texte  gallois,  et  quand  ce  texte  gallois  a  été  écrit, 

M.  Samuel  Berger,  qui  connaît  si  bien  les  traductions  de  la  Bible,  m'a 
fait  remarquer  dans  ce  texte  gallois  plusieurs  variantes  étrangères  à  la  Vul- 
gate  ;  par  exemple,  on  Ht  dans  la  Vulgate,  Mathieu,  XXVII,  16  :  hahebat 
atitem  tune  vinctinn  insigfiem,  qui  dicchatur  Barabbas,  en  gallois  :  ac  ydoed 
yna ganihaiu  garcharaivr  halch,  Barrabas  oed  y  enw ;  or,  certains  textes  latins 
mélangés  contiennent  ici  une  addition  étrangère  à  la  Vulgate  :  Qui  propter 
hondcidium  missns  erat  in  carcerem  ;  dans  le  texte  gallois,  on  trouve  cette  ad- 
dition rendue  ainsi:  a  dugessit  yr  carchar  am  rylad  kelein  ohonaw  (p.  255. 
Cf.  la  traduction,  p.  613). 

Ce  document  nous  ofïre-t-11  la  trace  d'un  usage  liturgique  de  l'Eglise 
bretonne  dans  laquelle  on  aurait  lu  le  Vendredi  saint  la  Passion  selon  saint 
Mathieu  ?  Cela  pourrait  sembler  extraordinaire  à  ceux  qui  ont  jeté  les  yeux 
sur  le  «  Sacramentaire  gallican  »,  Migne,  Palrologia  latina,  t.  LXXIl, 
col.  494-496,  et  qui  y  ont  vu  que  le  jour  du  Vendredi  saint,  iii  parasceve, 
on  lisait  le  récit  de  la  Passion  selon  saint  Jean.  Les  savants  qui  étudient 
l'histoire  de  la  liturgie  chrétienne  seraient  plus  que  moi  à  même  de  résou- 
dre cette  question.  Renvoi  à  M.  F.-E.  Warren  et  à  M.  l'abbé  Duchesne. 


IV. 

La  Camhrian  Archaeoiogicaî  Association  tiendra  le  lundi  12  août  prochain, 
à  Launceston,  une  assemblée  pour  laquelle  elle  aura  la  coopération  de  la 
Royaî  Institution  of  CorniuaU.  Cette  réunion  sera  suivie  d'excursions  archéo- 
logiques qui  dureront  cinq  jours. 


V. 

M.  J.  Morris  Jones,  qui  a  publié  avec  le  patronage  de  M.  J.  Rhys  le 
«  Livre  de  l'Anachorète  »  (v.  plus  haut,  p.  106,  247-252),  va  faire  paraître 
à  la  librairie  Jarris  et  Poster,  Lorne  House,  Bangor,  une  nouvelle  édition 
des  «  Visions  du  barde  endormi  »,  Giveledigactheu  y  bardd  ctusc,  par  Ellis 
Wynne,  auteur  gallois  né  en  1670  et  mort  en  1734,  et  qui,  suivant  le  Rév. 


chronique.  ^45 

Robert  Williams,  Biographicd  dictionary  of  emiiient  Wehhmen,  p.  549,  aurait 
été  le  plus  remarquable  des  prosateurs  gallois.  Si  l'on  en  croit  Robert  Wil- 
liams, les  «  Visions  du  barde  endormi  »  sont,  quant  au  style,  un  des  plus 
beaux  ouvrages  écrits  en  langue  galloise.  La  nouvelle  édition  coûtera  sept 
shillings  six  pence  franco.  Elle  sera  tirée  à  250  exemplaires.  Une  édition 
meilleur  marche  paraîtra  plus  tard. 

VI. 

The  Transactions  of  the  Honoiirahle  Society  of  Cymmrodorion,  session  1893- 
1894,  contiennent  trois  articles  relatifs  à  l'histoire  ecclésiastique  du  pays  de 
Galles. 

Le  premier,  intitulé  The  ancient  Chitrch  in  IVaJcs,  par  sir  Roland  Lomax 
Vaughan-Williams,  un  des  juges  de  Sa  Majesté,  est  une  œuvre  politique 
et  littéraire  dont  l'auteur  n'a  eu,  je  pense,  aucune  visée  scientifique.  Le  se- 
cond article,  dont  le  titre  est  IVelsh  saints,  et  qui  est  dû  à  la  plume  de 
M.  J.-W.  Willis-Bund,  consiste  en  un  développement  d'un  mémoire  publié 
par  le  même  auteur  en  octobre  1894  dans  VArchaeoIogia  cambrensis,  5e  série, 
t.  XI,  p.  276,  et  dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  p.  121. 

Le  plus  important  de  ces  articles  est  le  troisième  :  Some  Aspects  of  the 
Christian  Clmrch  in  JVales  ditring  the  fifth  and  sixth  centuries,  par  le  Rév.  Hugh 
Williams,  professeur  d'histoire  ecclésiastique  au  collège  théologique  de  Bala. 
Ce  mémoire,  qui  a  78  pages,  est  à  mon  avis  une  œuvre  de  grande  valeur  ; 
l'auteur  connaît  sur  son  sujet  les  travaux  les  plus  récents  et  fait  les  plus 
louables  efforts  pour  traiter  sans  passion  des  questions  que  la  plupart  des 
écrivains  abordent  avec  les  préoccupations  d'une  apologétique  mal  éclairée. 
Il  ne  connaît  pas  seulement  l'excellente  publication  d'Arthur  West  Haddan 
et  de  William  Stubbs  :  Coimcils  and  ecclesiastical  Dociiiuenis  relating  ta  Great 
Britain  and  Ireland.  Il  a  étudié  les  travaux  de  l'abbé  Duchesne,  de  Harnack, 
de  Samuel  Berger,  de  J.  Loth,  de  J.  Rhys,  de  Morris  Jones,  de  H.  Zimmer, 
de  Gwenogfryn  Evans,  etc. 

Son  mémoire  est  divisé  en  cinq  chapitres. 

Le  premier,  p.  58,  traite  du  christianisme  en  Grande-Bretagne  avant  le 
V  siècle.  M.  Hugh  Williams  soutient  qu'à  cette  date  le  christianisme  n'avait 
pas  en  Grande-Bretagne  d'autres  adeptes  que  des  étrangers  d'origine  ro- 
maine. Une  des  raisons  sur  lesquelles  il  s'appuie  est  qu'au  concile  d'Arles, 
3 1 4,  les  quatre  ecclésiastiques  qui  représentèrent  l'Eglise  bretonne,  n'au- 
raient aucun  porté  des  noms  celtiques.  Si  cette  assertion  était  conforme  à 
la  vérité,  il  ne  serait  pas  certain  qu'on  pût  en  tirer  une  conclusion  quel- 
conque, car  dès  le  premier  siècle  de  notre  ère,  on  voit  les  grands  seigneurs 
gaulois  porter  des  noms  romains.  Mais  le  savant  auteur  commet  une  erreur 
de  fait  :  le  nom  de  l'évêque  d'York,  Eboriiis  (qui  doit  être  corrigé  en  Ebiirius) 
est  un  gentilice  romain  tiré  du  nom  d'homme  celtique  Ebiiros,  d'où  vient 
aussi  le  nom  topographique  Eburacus[fiindiis],  c'est-à-dire  «  propriété  d'Ebu- 
ros  »,  aujourd'hui  York. 

Le  second  chapitre,   p.   65   «  Eglise  bretonne  ou  galloise  »,  contient, 


346  Chronique. 

entre  autres  choses,  une  intéressante  étude  sur  l'évèque  breton  Fastidius, 
qui  vivait  au  v^  siècle,  et  dont  le  traité  De  vita  christiana  a  été  publié  par 
Migne,  Patrologia  laiina,  t.  L,  p.  383-402,  et  sur  le  breton  Faustus,  qui 
devint  abbé  de  Lérins  en  433,  et  évêque  de  Riez  (Basses-Alpes),  vers  462. 
On  trouve  ses  oeuvres  dans  la  Patrologie  latine  de  Migne,  t.  LVÏII,  p  775- 
894.  Une  meilleure  édition  en  a  été  donnée  par  August  Engelbrecht,  en  1 89 1 , 
t.  XXI  du  Corptis  scriptorum  ecclcsiasticoriim  de  l'Académie  impériale  de 
Vienne.  Krusch,  dans  son  édition  de  Sidoine  Apollinaire  (Monuviciita  Ger- 
vianiae  Jiislorica,  in-4,  Aiiciorum  autiquissiiiioniiii  toiiiiis  VIII,  1887),  a  pu- 
blié, p.  265  et  suivantes,  un  certain  nombre  de  lettres  de  Faustus,  et 
p.  Liv-LXi,  une  notice  sur  ce  personnage.  Or,  cette  étude  paraît  avoir 
échappé  à  M.  Hugh  Williams.  Mais  cela  n'empêche  pas  que  la  partie  cor- 
respondante de  son  travail  ne  puisse  être  lue  avec  plaisir  et  profit. 

Le  troisième  chapitre,  p.  84,  parle  de  l'histoire  de  l'Eglise  chrétienne 
dans  le  Pays  de  Galles  depuis  la  fin  du  v^  siècle  jusqu'à  la  fin  du  vie  siècle. 
M.  Hugh  Williams  y  traite,  entre  autres  choses,  des  versions  de  la  Bible.  Il 
exprime  son  regret  de  n'avoir  trouvé  aucun  témoignage  attestant  l'emploi 
d'une  traduction  galloise  de  la  Bible  dans  le  culte.  Il  est,  en  effet,  vraisem- 
blable qu'il  n'a  pas  existé  de  traduction  complète  de  la  Bible  en  gallois 
avant  la  Réforme,  mais  on  a  conservé  pour  certains  fragments  des  traduc- 
tions écrites  antérieurement  à  cette  date.  Nous  venons  de  parler  d'un  de  ces 
fragments.  Sur  deux  autres,  voir  plus  haut,  p.  249-251.  Suivant  l'auteur, 
l'organisation  de  l'Eglise  chiétienne  dans  le  pays  de  Galles,  au  vie  siècle, 
était  en  général  la  même  qu'en  Gaule,  à  cette  différence  près  qu'il  n'existait 
pas  de  métropolitain,  et  que  le  nombre  des  évêques  était  excessivement 
multiplié;  en  Irlande,  le  nombre  des  évêques  était  également  excessif.  La 
dogmatique  de  l'Eglise  galloise  était  identique  à  celle  des  autres  églises  occi- 
dentales. La  liturgie  dérivait  de  celle  de  Gaule,  et  c'est  de  la  liturgie  galli- 
cane qu'elle  tient  les  caractères  orientaux  qui  ne  se  retrouvent  pas  dans  la 
liturgie  romaine.  Marseille  a  toujours  été  une  ville  grecque.  Ajoutons  : 
1°  que  saint  Irénée,  le  célèbre  évêque  de  Lyon,  porte  un  nom  grec,  écrivait 
en  grec,  2°  que  le  sud-est  de  la  France  est  le  pays  d'origine  du  Nouveau 
Testament  grec-latin  connu  sous  le  nom  de  codex  Be^ae,  écrit  vers  le  vi"  siècle 
et  aujourd'hui  conservé  à  Cambridge,  mais  provenant  de  Lyon  où  il  était 
encore  en  1562',  3°  que  parmi  les  noms  des  martyrs  de  Lyon  en  177,  nous 
trouvons  Pothinus,  Macarins,  AJcibiades,  PhiUimemis,  Helpis,  Attahis, 
Akxandcr,  Aristacus,  Zosiniits,  Zoticus,  Trophima ;  c'est-à-dire  que  sur  les 
quarante-huit  martyrs,  onze  portent  des  noms  grecs.  C'est  entre  le  quart 
et  le  cinquième.  Or,  sur  les  quatre  ecclésiastiques  qui  représentent  la 
Grande-Bretagne  au  concile  d'Arles  en  314,  il  y  en  a  un  dont  le  nom  est 
grec  :   c'est  Adelfius  =  'Aoc'À-^io;.  Un  des  points  importants  sur  lesquels 

I .  Il  est  contemporain  de  V Aviva  CJiohiiiiih  ChiUioix  l'irlandais  Columba, 
l'apôtre  des  Pietés,  le  célèbre  abbé  d'Iova  en  Ecosse,  est  dit  avoir  eu,  entre 
autres  mérites,  celui  d'enseigner  la  grammaire  grecque:  «  atgaill  {glose  xo'io- 
glaind)  gramataig  gréic  ».  Whitley  Stokes,  Goidelica^,  p.  170,  §  123. 


Chronique.  347 

l'usage  gallican  suivi  dans  le  pays  de  Galles  différait  de  l'usage  romain, 
était  que  la  confirmation  semblait  constituer  une  des  parties  du  sacrement 
de  baptême  et  était  administrée  par  les  prêtres  comme  en  Orient  au  lieu 
d'être  réservée  aux  évêques  suivant  l'usage  romain. 

Le  quatrième  chapitre,  p.  107,  traite  du  monachisme  gallois.  Comparant 
le  genre  de  vie  des  moines  au  vi^  siècle  avec  celui  des  chrétiens  dont  Sal- 
vien  décrit  les  mœurs,  il  en  conclut  qu'on  doit  aux  moines  du  vi^  siècle 
la  rapide  propagation  du  christianisme  à  cette  date  parmi  les  populations 
celtiques  restées  jusque-là  païennes.  Les  écoles  monastiques  succédèrent 
aux  écoles  romaines  que  la  chute  de  l'empire  avait  détruites.  Mais  ce  que 
nous  devons  surtout  apprécier  chez  les  moines  des  régions  celtiques, 
c'est  leur  influence  morale.  Un  des  témoins  du  mouvement  qui  se  pro- 
duisit au  vie  siècle  est  l'œuvre  de  Gildas,  que  les  historiens  méprisent, 
mais  qui  a  été  le  Salvien  du  pays  de  Galles  et  un  des  grands  chrétiens  de 
son  temps. 

Le  chapitre  V,  p.  120,  traite  des  changements  qui  se  produisirent  au  vue 
et  au  viiie  siècles,  quand  l'influence  de  l'Eglise  romaine  devint  prédomi- 
nante en  Grande-Bretagne  par  suite  de  la  mission  envoyée  à  Canterbury 
par  le  pape  saint  Grégoire  le  Grand.  Un  des  points  sur  lesquels  on  s'est 
beaucoup  querellé  à  cette  époque  a  été  de  savoir  comment  on  calculerait  la 
date  de  Pâques,  si  ce  serait  d'après  l'ancien  comput  romain,  ou  d'après  le 
nouveau,  originaire  d'Alexandrie.  M.  Hugh  Williams,  p.  124,  attache  peu 
d'importance  à  cette  querelle  de  sacristie,  qui  n'a  pu  passionner  que  de  très 
pauvres  esprits,  et  que  les  grands  réformateurs  du  xvie  siècle,  parmi  lesquels 
il  y  avait  au  moins  un  homme  de  génie,  se  sont  bien  gardés  de  renouveler. 
La  discussion  portée  sur  ce  point  par  les  ecclésiastiques  gallois  et  irlandais 
devait  forcément  aboutir  à  une  défaite,  parce  que  leurs  fidèles  y  sont  restés 
indifférents.  Le  seizième  siècle  a  associé  aux  dissentiments  sur  le  dogme  et 
sur  la  liturgie  la  question  de  savoir  qui  exercerait  le  pouvoir  temporel,  qui 
serait  propriétaire  de  biens  ecclésiastiques  et  la  question  du  mariage  des 
prêtres.  Pour  le  pouvoir,  la  fortune  et  les  femmes,  les  hommes  se  sont  tou- 
jours entre-tués.  Mais  ce  n'est  pas  la  peine  de  se  l'aire  casser  la  tête  pour 
célébrer  la  fête  de  Pâques  huit  ou  quinze  jours  plus  tôt,  huit  ou  quinze  jours 
plus  tard. 

VIL 

Le  tome  XIX  des  Transactions  of  tlie  gaelic  Society  of  hiver iiess  contient 
trois  assez  longs  morceaux  en  gaélique  d'Ecosse:  Taillear  Ghearraidh-ho-Stig , 
p.  25-37;  ^'iii-^'i'i  a'  Bhaird  Aosda,  p.  89-98;  An  Teine  Mâr,  p.  158-171. 

Parmi  les  mémoires  nous  signalerons  d'abord  celui  de  M.  Strachan  sur 
l'utilité  de  l'irlandais  pour  l'étude  du  gaélique  d'Ecosse,  p.  15-25.  Ce  mé- 
moire contient,  par  exemple,  un  fort  intéressant  travail  sur  la  langue  du 
livre  de  Deir,  aujourd'hui  Deer,  en  Buchan,  comté  d'Aberdeen,  Ecosse. 
M.  Strachan  reproduit,  p.  15-16,  le  passage  qui  commence  à  Taugator 
(Whitley  Slokcs,  GôideUca,  p.  108,  1.  21),  et  qui  finit  à /(W/'f  j7(ï;z/(,' rfd  (ibid.. 


348  Chronique.  ' 

1.  27;  la  traduction  anglaise  se  trouve  à  la  même  page,  1.  57-44,  et  p.  109, 
1.  i).  Il  en  donne  la  traduction  en  gaélique  moderne,  en  irlandais  clas- 
sique style  de  Keating,  et  en  irlandais  moderne,  dialecte  de  Waterford, 
et  fait  suivre  un  commentaire  de  tous  les  mots.  Ce  mémoire  est  écrit  avec 
la  compétence  dont  M.  Strachan  a  donné  tant  de  preuves  dans  ses  précé- 
dentes publications. 

Nous  citerons  aussi  :  une  étude  de  M.  J.  Mackay  sur  les  noms  de  lieux  des 
paroisses  de  Golspie  et  Rogart,  comté  de  Sutherland  ;  un  travail  de 
M.  Alexander  Macbain  sur  l'élément  Scandinave  des  noms  de  lieux  dans  les 
hautes  terres  d'Ecosse;  un  recueil,  par  le  Rév.  Duncan  Macinnes  de  termes 
techniques  gaéliques  concernant  les  bateaux,  les  fours,  le  métier  de  tisse- 
rand, les  chaumières  et  les  paniers;  enfin  les  fragments  de  poésies  gaéliques 
colligées  par  les  Rév.  Thomas  Sinton  et  Donald  Masson. 

M.  Poison  a  inséré  dans  ce  volume  un  mémoire  sur  certaines  anciennes 
forteresses  de  l'Ecosse  septentrionale,  qu'on  appelle  aujourd'hui  hroch,  et 
que  l'on  suppose  être  d'origine  picte.  Ces  monuments  auraient  été  construits 
du  V"  au  ix<=  siècle.  Ils  sont  bâtis  en  pierres  et  de  forme  ronde.  On  en  a  fait 
un  relevé;  on  en  a  compté  373.  La  plupart  sont  situés  en  Ecosse,  dans  les 
comtés  de  Caithness,  Sutherland,  Ross,  Inverness,  qui  sont  les  plus  sep- 
tentrionaux de  la  Grande-Bretagne,  ou  dans  les  îles  voisines.  Shetland, 
Orkney,  Lewis,  Harris  et  Skye. 


VIII. 

M.  J.  Strachan  a  fait  tirer  à  part,  sous  le  titre  de  Contributions  to  tbc 
history  of  thc  déponent  verh  in  irish,  un  mémoire  lu  par  lui  le  i"  juin  1894 
en  séance  de  la  PInlologicaJ  Society.  Cette  étude  du  verbe  déponent  est  d'une 
grande  importance  pour  l'histoire  de  la  langue  et  de  la  littérature  irlanc  lises  ; 
elle  est  divisée  en  trois  parties.  La  première  est  un  recueil  de  matcriai  x  ;  la 
seconde  est  intitulée:  Remarques  sur  l'histoire  du  déponent;  la  troisième  a 
pour  objet  les  formations  déponentes  relativement  nouvelles  au  prétérit 
sigmatique  et  à  la  première  personne  du  singulier  du  subjonctif. 

M.  Strachan  emprunte  ses  matériaux  d'abord  aux  gloses  irlandaises  des 
manuscrits  latins  du  viii''  et  du  ix^  siècle,  aux  incantations  de  Saint-Gall 
et  aux  poèmes  du  monastère  de  Saint-Paul  qui  datent  du  ixe  siècle.  Il  di- 
vise en  deux  classes  les  verbes  déponents  qu'il  a  recueillis  dans  ces  docu- 
ments. Les  plus  nombreux,  c'est-à-dire  cent  seize,  semblent  de  formation 
relativement  moderne;  ce  sont  des  verbes  dénominatifs  enagiur,  iginr,  qui, 
étant  spéciaux  à  l'irlandais,  sont,  les  uns,  tirés  d'adjectifs  en  ach  et  en  ccb, 
les  autres,  formés  par  analogie  ;  ils  ne  peuvent  remonter  à  une  haute  anti- 
quité; c'est  la  seconde  classe  qui  appartient  à  la  troisième  conjugaison.  La  pre- 
mière classe  se  compose  de  trente-quatre  verbes,  les  uns  primitifs,  les  autres 
dénominatifs  qui  n'ont  pas  le  suffixe  caractéristique  agiur,  iginr,  de  la  se- 
conde classe.  Les  verbes  de  la  première  classe  appartiennent  aux  trois  con- 
jugaisons. 


chronique. 


H9 


PREMIERE    CONJUGAISON 


chiinur  «  j'entends  ». 
sechur  «  je  suis  ». 


DEUXIÈME    CONJUGAISON 


agtir  «  je  crains  » . 

com-alnnr  «  je  rem- 
plis ». 

fo-ciallur  «  je  rassem- 
ble, je  procure  ». 

aro-fochir  «  j'énonce  » . 

follmir  «  je  veux  ». 

foliiur  «  je  règne  ». 

ad-gladnr  «  j'adresse  la 
parole  ». 

labrur  «  je  parle  ». 

ad-inacbdur«.  j'admire  » . 

mollir  «  je  loue  ». 

samlur  «  j'imite  ». 


TROISIEME  CONJUGAISON 


frilh-ailiiir  «  j'attends  ». 

airliur,  coiiairliur  «  je 
conseille  ». 

cnirinr  «  je  pose  ». 

gaiiiinr  «  je  nais  ». 

laimiiir  «  j'ose  ». 

di-iiiecciur  «  je  mépri- 
se ». 

midiitr  «  je  juge  ». 

moiniur  «  je  pense  ». 

ad-nniilniur  «  je  ré- 
pète ». 

dirgiur,  dans  condîr- 
giitr  «  je  dirige,  et 
dans  troiiedi'rgiur  «  je 
transfère  ». 

do-fui-sJiur  «  je  tom- 
be ». 

sissiur  «  je  suis  de- 
bout ». 

thuhiur  «  je  demande.  » 


A  ces  vingt-six  verbes,  qui  paraissent  avoir  eu  au  déponent  une  conju- 
gaison complète,  il  faut  en  ajouter  :  deux  qui  n'avaient  qu'un  parfait  dépo- 
nent avec  sens  de  présent  et  un  futur  sigraatique  déponent,  qui  sont  tous 
deux  de  la  première  conjugaison  :  felar  «  je  sais  »,  au  (\x\.\ix  fessiir,  et  dii-fo- 
tbraccar,  duthraccar  «  je  veux,  je  désire  »,  à  la  3e  personne  du  pluriel  du 
futur  dutairsetar  ;  un  autre,  qui  avait  un  futur  sigmatique  actif  avec  sens  de 
présent,  seiss  «  il  est  assis  »,  et  un  parfait  déponent,  siassair  «  il  s'est 
assis  »;  enfin  les  verbes  actifs  :  adchiii  «  je  vois  »,  qui  a  un  subjonctif  pré- 
sent déponent;  coiiiccitn  «  je  peux  »,  ei  fodatnaim  «  je  souffre  »,  dont  le 
parfait  est  déponent. 

De  ces  exemples,  M.  Strachan  rapproche  ceux  que  fournissent  : 

Les  hymnes  irlandaises  ; 

Le  glossaire  de  Cormac; 

Les  textes  épiques  irlandais  :  Audacht  Moraimi,  Tdin  B6  Frdich,  Sccl 
niuicce  Maie  Datho,  Longes  mac  n-Usiiig,  Tdin  Bô  Reganiain,  Tdin  Bô  Re- 
ganina,  Togail  Bruidne  da  Derga,  «  Fuite  d'Etâin  »,  Tochmarc  Etdine,  Tdin 
Bô  Cûaihtge,  Mesca  Ulad,  Serglige  Coiiculaind,  Fled  Bricrcnd,  Siahiir  charpat 
Conetilaind ,  Echtra  Coiidla,  Aided  Conculaind,  Tochmarc  Emere  ; 

Les  récits  religieux  chrétiens  contenus  dans  le  Livre  de  Leinster, 
p.  278-282; 

La  règle  de  Mochuta  ; 

Le  martyrologe  d'Oengus  ; 


550  Chronique. 

La  vie  tripartite  de  saint  Patrice  ; 

Les  poèmes  attribués  à  divers  écrivains  du  x-^  et  du  xi^  siècle  :  Dallân  Mac 
More,  mort  au  commencement  dux^  siècle  ;  Cinaed  Hua  Artacâin,  mort  en 
975  ;  Eochaid  Hua  Flaind,  mort  en  984,  Macliac,  mort  en  1015  ;  Cuan  Hua 
Lothchain,  mort  en  1024;  Fland  Mainistrech,  mort  en  1056  ;  Gilla  Coemain, 
mort  en  1072  ; 

Le  Saltair  na  rann  ; 

Des  textes  religieux  dans  le  Lehar  na  hUidrc:  Dâ  hrôn  flatha  niine,  Scéla 
hii  hratha,  Scéla  na  essergi,  Fis  Adainnâhi  ; 

Des  récits  épiques  relativement  récents  :  Aircch  mennian  Uraird  maie 
Coisi  «  Mort  de  Goll  et  de  Garb  »,  Bôraina,  Togail  Troi,  Cath  Ruis  na 
rig. 

Voici  la  conclusion  que  M.  Strachan  tire  de  ces  textes  :  c'est  dans  le 
courant  du  xe  siècle,  même  plus  exactement  au  commencement  du 
xe  siècle,  que  le  déponent  est  tombé  en  désuétude  chez  les  Irlandais.  Il  y  a 
exception  pour  la  troisième  personne  du  singulier  et  du  pluriel  du  prétérit 
sigmatique,  pour  la  première  personne  du  pluriel  du  même  temps,  pour  la 
première  personne  du  singulier  du  subjonctif,  et  pour  quelques  expressions 
consacrées  comme  fitir  «  il  sait  »,  génair  «  il  naquit  »,  etc. 

Une  objection  se  présente;  elle  a  été  posée  par  M.  Zimraer,  Zeitschrift  de 
Kuhn,  t.  XXX,  p.  263.  Au  déponent,  la  troisième  personne  du  singulier  du 
présent  de  l'indicatif  conserve  avant  la  dentale  caractéristique  de  cette  per- 
sonne une  voyelle  qui  tombe  au  passif.  Cette  dentale  est  un  d  au  dépo- 
nent, tandis  qu'elle  est  un  //;  au  passif.  Du  premier  de  ces  faits,  M.  Z. 
conclut  que  la  création  du  passif  est  antérieure  à  la  loi  de  la  phonétique 
irlandaise  qui,  dans  les  mots  de  trois  syllabes  et  au  delà,  pa  '  l'effet  de 
l'accent  d'intensité  qui  frappe  l'initiale,  fait  tomber  en  qualité  i  ^  postto- 
nique la  voyelle  de  la  seconde  syllabe;  carlhar  rr  *carator  «  il  es'i  aimé  », 
au  passif,  mais  no-inoladar  «  il  loue  »,  au  déponent.  2°  dans  cart/.ar,  nous 
avons  un  th,  conformément  à  la  règle  qui  veut  que,  lorsque  /  est,  comme 
dit  Zeuss,  infectiis,  il  se  change  en  //;  dans  l'intérieur  des  polysyllabes  et  à 
la  finale  des  monosyllabes,  tandis  qu'il  devient  J  à  la  finale  des  polysyllabes; 
110-moladar  est  contraire  à  cette  règle  ;  il  est  donc  emprunté  à  un  mot  dans 
lequel  le  d  était  final.  Donc  moladar  est  une  formation  relativement  récente 
dérivée  de  la  3e  personne  du  singulier  du  présent  de  l'irKJicatif  actif 
postérieurement  à  la  date  où  l'accent  d'intensité  est  venu  modifier  en  ir- 
landais les  formes  primitives  des  verbes.  Mais  cette  doctrine  n'est  pas  si  so- 
lidement établie  qu'elle  le  paraît.  Ainsi  samlalhar  «  il  ressemble  »,  ms.  de 
Wûrzburg,  de  Siint-Gall  et  de  Milan,  est  de  tous  points  conforme  aux  deux 
lois  énoncées  plus  haut  :  chute  de  la  posttonique  et  remplacement  du  t  in- 
fectas par  //;  dans  les  polysyllabes.  Chiinelhar,  il  entend,  observe  la  seconde 
loi  en  violant  la  première,  qui  est  également  violée  par  le  passif  cairigthir 
«  notatur  »,  au  lieu  de  cairgethir. 

L'analogie  donne  la  solution  de  la  difficulté.  Le  déponent  ayant  le  même 
sens  que  l'actif,  on  lui  a  conservé  toujours  la  voyelle  et  donné  quelquefois 
la  consonne  caractéristiques  de  l'actif.  La  conservation  de  la  voyelle  est  un 


Chronique.  351 

moyen  par  lequel  le  langage  intelligent  empêche  la  confusion  du  déponent 
avec  le  passif. 

Du  reste,  des  formations  comme  iio-inoladar  «  il  loue  »,  ro-cluiiiethar,  il 
entend,  ne  peuvent  être  un  développement  de  formes  antérieures  (présent 
de  l'indicatif  conjoint)  telles  que  no-chara  ou  âoUcci,  puisque  la  dentale 
finale  fliit  défaut  à  ces  formes  antérieures. 

No-moladar  ne  peut  non  plus  être  un  développement  d'une  forme  ab- 
solue telle  que  carid,  puisque  dans  carid  la  voyelle  qui  précède  la  dentale 
n'est  pas  la  même  que  dans  no-moladar.  On  est  donc  réduit  à  expliquer  mo- 
Iddanpixr:  un  dérivé  d'un  préhistorique  moyen  *iiioIato,  qui  aurait  eu  le  sens 
du  présent  primaire,  tandis  que  dans  l'irlandais  historique  cette  formation 
n'est  connue  que  comme  troisième  personne  du  présent  secondaire,  no- 
charad  «  il  aimait  ».  Une  partie  des  verbes  déponents  irlandais  de  la  première 
classe  existe  comme  verbes  moj'ens  en  sanscrit  ou  en  grec,  comme  dépo- 
nents en  latin.  Un  exemple  bien  connu  est  sechiir,  en  grec  £'7:o[j.at,  en 
sanscrit  sacê,  en  latin  seqnor. 

La  conséquence  de  ces  observations  est  que  nous  avons  acquis,  grâce  à 
M.  Strachan,  un  nouveau  moyen  de  fixer  la  date  des  documents  irlandais. 
Plus  les  formes  du  déponent  sont  nombreuses,  plus  l'antiquité  d'un  texte 
sera  établie.  Naturellement  il  n'y  a  pas  à  tenir  compte  d'expressions  consa- 
crées dont  certaines,  telles  qnt  fetar  ',  aujourd'hui /ca^^ar  «  je  sais  yi,fitir 
«  il  sait  » ,  en  breton  goar,  goer,  en  gallois  gwyr,  ont  eu  la  vie  très  résis- 
tante, comme  la  troisième  personne  du  singulier,  la  première  et  la  troi- 
sième personne  du  pluriel  du  prétérit  sigmatique. 

M.  Strachan  croit  que  le  martyrologe  d'Oengus  est  antérieur  au  x^  siècle, 
et  il  considère  comme  fort  improbable  qu'il  soit  question  des  Vihings  dans 
les  plus  anciens  récits  épiques  irlandais,  où  M.  Zimmer  veut  les  introduire 
de  vive  force,  et  qui  sont  antérieurs  à  l'établissement  de  ces  conquérants 
2:ermains  en  Irlande  2. 


1.  Fetar,  suivant  moi,  s'explique  par  un  primitif  uidr,  identique  à  la 
troisième  personne  du  pluriel  du  parfait  sanscrit  vidur.  Le  t  se  justifie  par 
une  assimilation  du  d  à  1'/  initial  =  v  de  l'irlandais  ;  comparez  dofet,  tofet 
«  il  conduit  »  «  précède  »  pour  *dti-uede[t]  (Ancient  Laws,  t.  I,  p.  112, 
1.  14-15),  mais  fcdaim;  asindiiit,  je  raconte,  est  pour  as-iud-fiut,  z^*ex- 
ande-uidu,  par  un  effet  de  la  même  loi  dont  on  trouve  un  autre  exemple 
au  début  de  l'hymne  de  Fiacc  :  atfet  rz  ad-ueidc[t],  il  raconte.  L'expli- 
cation de  fetar  par  un  prétérit  sigmatique  est  impossible  par  deux  raisons  : 
l'une  est  que  le  prétérit  sigmatique  de  la  racine  acid  perdrait  son  d  et  au- 
rait un  s:  fiastar;  l'autre,  que  ce  temps  se  confondrait  avec  le  futur.  En 
général,  les  verbes  qui,  comme  celui-ci,  ont  un  futur  sigmatique,  n'ont  pas 
de  prétérit  sigmatique. 

2.  Un  des  textes  irlandais  les  plus  anciens  que  nous  ayons  est  évidemment 
VAinra  Choluiinb  chilli,  qui  date  de  la  seconde  moitié  du  VF  siècle.  Or, 
nous  y  trouvons  les  exemples  suivants  de  déponent,  parfait  déduit  : 

Indicatif  présent,  pluriel,  première  personne,  §  35,  iiiiincinar,  L.  U.,qb, 


/ 


3  $  2  Chronique. 


IX. 

Les  Taies  of  tbe  Faines  and  of  the  Ghost  ÎVorld  coUected  from  oral  tradi- 
tion in  soitth-wcst  Munster  by  Jeremiah  Curtin  nous  font  sortir  des  études 
grammaticales  pour  nous  transporter  dans  un  domaine  littéraire  où  la  lec- 
ture exige  moins  de  tension  d'esprit.  Les  fées  d'Irlande  ressemblent  aux 
fées  françaises  et  les  paysans  irlandais  du  Munster  ont  un  talent  de  conteurs 
au  moins  égal  à  celui  de  leurs  congénères  du  continent.  Malheureusement 
l'auteur  n'a  pas  joint  le  texte  irlandais  à  sa  traduction  anglaise  qui  a  paru  à 
la  librairie  David  Nutt,  de  Londres. 

X. 

Nous  recevons  à  l'instant  Tbe  Martyrclogy  of  Gornian,  texte  irlandais  du 
xii'^  siècle  publié  pour  la  Société  H.  Bradshaw,  par  M.  Whitley  Stokes,  avec 
traduction  anglaise,  introduction  grammaticale  et  de  copieux  index,  in-8, 
LII-41 1  pages.  Un  compte  rendu  détaillé  de  ce  savant  ouvrage  paraîtra  dans 
une  de  nos  prochaines  livraisons. 


H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


Paris,  le  21  juillet  189J. 


28,  glosé  par /02/H»6';«-»/ ,•  Livre  franciscain  des  hymnes,  Gôidelica,  162,11111- 
nonniar  glosé  par  inid  toimtiu  leind. 

§  88,  vmneniar,  L.  U.  12  b,  40,  glosé  par  doiiniiiDieni;  niuneinmar,  Livre 
des  hymnes,  Gôidelica,  p.  167,  glosé  par  dobcrthar  dosoui,  ce  qui  est  une  ex- 
plication et  non  une  traduction;  niuineniar,  L.  Br.,  p.  259,  col.  i,  1.  3, 
avec  la  même  glose  que  dans  le  Livre  des  hymnes. 

Subjonctif  pluriel,  troisième  personne,  genctar,  §  36,  L.  U.,  9  b,  31,  glosé 
par  bes  geneniain.  Dans  le  Livre  des  hymnes  genêt,  Gôidelica,  p.  162,  doit 
évidemment  être  corrigé  en  genetar. 

Prétérit  sigmatique,  troisième  personne  du  singulier.  §  34,  accestar, 
L.  U.,  9  b,  25-26  ;  aiccestar.  Livre  des  hymnes,  Gôidelica,  p.  162. 

§  94,  ellastar,  L.  U.,  13  a,  25,  glosé  par  ailed.  On  trouve  le  même  mot 
et  la  même  glose  dans  le  Livre  des  Hymnes,  Gôidelica,  p.  168.  Cf.  L.  Br., 
p.  239,  col.  1,1.  31. 

§  123,  accallastar,  L.  U.,  14  b,  40,  glosé  par  doguid  acallaiin;  aiccdles- 
tair,  Livre  des  hymnes,  Gôidelica,  p.  170,  glosé  par  dognid  acallaim;  acal- 
lastar,  L.  Br.,  p.  240,  col.  i,  1.  11,  avec  la  glose  no  accaillcd. 

§  127,  Figlestar,  Livre  des  hymnes,  Gôidelica,  p.  170;  L.  Br.,  p.  240, 
col.  1,1.  33.  La  glose  dans  les  deux  manuscrits  est  0  figill  imrâite  do  dé- 
nam,  c'est-à-dire  :  «  faisant  une  veille  de  méditation  ». 

§  127,  glinneslar,  Livre  des  hymnes,  Gôidelica,  p.  170,  glosé  par  noglin- 
niged;  glindeslar,  L.  Br.,  p.  240,  1.   33,  35,  glosé  par  no  glindcad. 

Le  glossateur  a  partout  supprimé  le  déponent.  Or,  ce  glossateur  écrivait 
probablement  au  xi<=  siècle. 


PÉRIODIQUES 


I. 

Nachrichten  der  K.  Gesellschaft  derWissenschaften  zu  Gôttingen. 
Philologisch-historische  Klasse,  1895,  2e  cahier,  p.  117-165.  —  Entre 
Lycophron  et  les  modernes  décadents  s'intercalent  les  Hispericajamina,  dé- 
couverts par  le  cardinal  Angelo  Mai,  qui  les  a  publiés  :  Chssicorum  auc- 
toriim...  séries,  t.  V  (p.  479-500).  Ce  document  a  été  réimprimé  depuis  par 
Migne,  Patrologia  latina,  t.  XC,  col.  1 185-1 196,  et  en  dernier  lieu  parM.  Sto- 
wasser  dans  le  i ^  Jahrcshericht  ûher  das  K.  K.  Fraii:i-Joseph-Gyi)uiasi!ii>i  in 
Wien,  Schidjahr,  1SS6-S/,  Vienne,  1887.  La  source  est  le  manuscrit  du  Vati- 
can coté  Reg.  81. 

Un  inorceau  de  même  goût  et  d'une  littérature  aussi  attrayante,  ce  sont 
les  fragments  de  Luxembourg,  dont  une  partie,  publiée  pour  la  pre- 
mière fois  par  Mone,  Die  gallische  Sprache  nnd  ihre  Brauchbarkeit,  185 1, 
a  été  depuis  réimprimée  plusieurs  fois,  notamment  dans  la  Grammatica  cel- 
tica,  et  par  M.  Rhys,  Revue  Celtique,  t.  L  P-  348-351.  Une  autre  partie  a 
été  découverte  en  1875  par  le  savant  bibliothécaire  de  Cambridge,  H.  Brad- 
shaw,  et  cela  m'explique  pourquoi  cet  érudit,  si  justement  regretté,  ne  m'a 
guère  parlé  que  des  Hisperica  faviiua  lors  de  la  visite  que  je  lui  ai  f.tite  à 
Cambridge  le  vendredi  17  juin  1881.  C'est  par  lui  que  j'ai  appris  la  réim- 
pression de  ce  document  dans  la  Patrologia  Jatina  de  Migne,  quoique  Vindex 
operuni  alphabet icus  n'en  dise  rien,  et  il  a  passé  un  certain  temps  à  me  dé- 
montrer qu'avec  du  travail  on  peut  parvenir  à  pénétrer  le  sens  des  Hisperica 
famina.  Grâce  aux  notes  inédites  laissées  par  Bradshaw,  Collected  papers  of 
Henry  Bradshaiu,  M.  Heinrich  Zimmer  a  trouvé  dans  la  bibliothèque  de  la 
ville  de  Luxembourg  le  débris  découvert  par  Bradshaw.  Les  fragments  de 
Luxembourg  se  composent  de  quatre  feuillets,  dont  les  deux  derniers 
avaient  été  publiés  par  Mone,  Zeuss,  Rhys,  etc.,  et  dont  les  deux  premiers 
étaient  inédits.  Ils  se  trouvaient  dans  la  couverture  du  manuscrit  coté  109 
qui  vient  de  l'abbaye  d'Epternach.  Ils  sont  aujourd'hui  cotés  manuscrit  89. 

En  regard  des  fragments  de  Luxembourg  viennent  se  placer  les  fragments 
de  Paris,  jusqu'ici  totalement  inédits.  Ils  ont  été  découverts  par  M.  J.  Loth, 
qui  en  parle  dans  la  Revue  Celtique,  t.  V,  p.  469.  Ils  se  trouvent  à  la  Biblio- 
thèque  nationale  dans  le  manuscrit  latin  11411,  f°s  99,   100,    ici,  102, 


i 


3  54  Périodiques. 

ixe-x«  siècle.  M.  Zimmer  les  publie  aux  pages  135-144,  tandis  qu'il  a  donne 
ceux  de  Luxembourg  aux  pages  120-128.  Son  mémoire  contient  une  sa- 
vante étude  sur  ces  documents.  Nous  y  remarquons  surtout,  p.  152,  une 
concordance  entre  le  texte  découvert  au  Vatican  par  Mai  et  les  fragments 
tant  de  Luxembourg  que  de  Paris.  Ceux-ci  proviennent  de  deux  manuscrits 
différents  où,  d'une  façon  indépendante  et  dans  la  même  langue,  les  auteurs 
traitaient  le  même  sujet  que  l'auteur  du  livre  bizarre  contenu  dans  le  ma- 
nuscrit du  Vatican.  Suivant  M.  Zimmer,  les  Hisperica  fauiiim  datent  du 
vi<^  siècle,  ont  été  composés  dans  le  S.-O.  de  la  Grande-Bretagne,  et  le 
manuscrit  du  Vatican  qui  les  a  conservés  est  probablement  la  copie  faite  à 
Fleury,  aujourd'hui  Saint-Benoît-sur-Loire,  d'un  manuscrit  breton.  On 
sait  que  les  fragments  de  Luxembourg  contiennent  des  gloses  bretonnes. 

IL 

Zeitschrift  fur  vergleichende  Litteraturgeschichte,  herausge- 
GEBEN  VON  Dr.  Max  Koch.  —  Nouvelle  suite,  t.  VIII,  p.  51-86,  p.  143- 
174.  —  Mémoire  de  M.  Ludwig-Chr.  Stern  sur  la  poésie  épique  ossianique. 
Ce  travail  est  divisé  en  trois  chapitres.  Le  premier  traite  de  l'œuvre  de  Mac- 
pherson.  Voici  la  conclusion  à  laquelle  l'auteur  arrive:  «  Quand  aujour- 
«  d'hui,  reportant  le  regard  en  arrière,  on  jette  les  yeux  sur  cette  mons- 
((  trueuse  falsification,  qui  du  reste  appartient  à  un  âge  où,  comme  on  le 
«  sait,  la  supercherie  littéraire  était  si  fréquente,  on  ne  peut  qu'être  étonné 
«  de  l'audace  et  du  succès  du  faussaire,  delà  folie  de  ses  savants  défenseurs, 
«  de  la  crédulité  nationale  et  de  l'ignorance  de  tout  un  peuple.  Vraiment, 
«  en  Ecosse,  il  a  fallu  trop  longtemps  attendre  le  triomphe  de  la  vérité. 
«  A-t-elle  en  Allemagne  pénétré  partout,  c'est  ce  que  n'oserait  soutenir  au- 
«  cune  personne  qui  aurait  fait  une  étude  complète  de  ce  domaine  de  l'his- 
«  toire  Httéraire.  » 

Les  deux  chapitres  suivants  contiennent  une  étude  détaillée  sur  les  mo- 
numents authentiques  de  la  littérature  ossianique  tant  en  Irlande  qu'en 
Ecosse.  L'auteur  y  dit  aussi  quelques  mots  des  morceaux  du  cycle  de  Con- 
chobar  e:  Cûchulain  que  Macpherson  a  voulu  transporter  dans  la  littérature 
ossianique.  Il  serait,  ce  me  semble,  difficile  de  connaître  plus  à  fond  que 
M.  Stern  la  bibliographie  de  ce  vaste  sujet. 

in. 

Zeitschrift  fur  romanische  philologie,  herausgegeben  von  Dr. 
GusTAV  Grôber,  t.  XIX,  p.  96.  —  M.  W.  Meyer  Lùbke  critique  l'expli- 
cation donnée  du  français  caillou  dans  le  Dictionnaire  général  de  la  langue 
française  par  MM  Hatzfdd,  Darmesteter  et  Thomas,  p.  329  et  390.  Sui- 
vant cet  ouvrage,  caillou  est  un  dérivé  normano-picard  àe.'  chail,  qui  n'est 
plus  usité  que  dans  l'O.  de  la  France  et  qui  viendrait  du  latin  calctilum. 
Dans  caillou  on  devrait  reconnaître  le  latin  calcuhun  développé  au  moyen 
d'un  suffixe  -avmn.  Mais  jamais  le  latin  ni   le  normand  n'ont  formé  des 


Périodiques.  3  5  5 

substantifs  avec  ce  suffixe.  M.  Meyer-Lùbke  propose  pour  le  mot  caillou  une 
origine  celtique.  En  gallois,  tesliciile  se  dit  caill,  au  pluriel  ccilliau  =  *  call- 
joves.  Le  thème  Jcallmi-  serait  un  développement  du  thème  hallio-,  conservé 
dans  le  composé  celtique  Calliomarcos  cité  par  Marcellus  de  Bordeaux,  qui  le 
traduit  par  equi  tingula.  C'est  le  nom  d'une  herbe  qu'on  employait  pour 
guérir  la  toux.  L'hypothèse  du  savant  grammairien  paraît  fort  séduisante. 
Cependant  nous  nous  demandons  si  le  rapprochement  du  gallois  caill  avec 
le  gaulois  callio-  est  parfaitement  justifié  et  si  le  gallois  caill  ne  serait  pas 
identique  à  son  synonyme  breton  kalch  zr:  *kalko-,  qui  est  le  thème  du- 
quel dérive  le  latin  cakuliis. 

P.  273-275,  le  même  auteur  recherche  Fétymologie  du  provençal  hau, 
hana  «  corne  ».  Faut-il  l'expliquer  par  le  vieil-allemand  hain  «  os  «,  ou  par 
le  gallois  han  «  corne  »?  A  ce  sujet,  M.  Meyer-Lùbke,  après  avoir  rejeté,  à 
cause  du  sens,  Fétymologie  germanique  et  s'être  rattaché  à  l'étymologie 
celtique,  examine  quels  rapports  phonétiques  il  peut  y  avoir  entre  les  deux 
synonymes;  irlandais  houi,  gallois  han.  Suivant  lui,  ces  deux  mots  sont  pho- 
nétiquement identiques  -,  mais  cette  doctrine  me  semble  erronée.  L'irlandais 
benn  =  *heuna,  et  le  gallois  ban  ^z  *bnna.  Il  y  a  entre  ces  deux  mots  le 
même  rapport  qu'entre  le  nominatif  irlandais  bcn  «  femme  »  zr:  *bena,  et 
le  génitif  pluriel  ban  «  des  femmes  »  =  *bnnon. 

P.  276,  le  même  savant  propose  une  étymologie  nouvelle  pour  le  mot 
français  encombrer.  C'est  un  gaulois  *  konibero-  ou  *  komboro-,  substantif,  de 
même  origine  que  le  latin  confero,  le  grec  aujjLoépw,  (juijiaopâ.  *Kombero-  au- 
rait le  même  sens  que  le  latin  congeries  et  devrait  se  reconnaître  dans  l'ir- 
landais coinmar,  «  rencontre  de  vallées,  de  cours  d'eau  ou  de  chemins  »,  dans 
le  gallois  O'WH/tT  et  dans  le  breton  kcniper,  signifiant  tous  deux  «  confluent  ». 

On  sait  que  l'érudit  auteur  de  ces  articles  publie  une  savante  grammaire 
des  langues  romanes  dont  le  t.  II  vient  de  paraître,  traduit  en  français  par 
MiM.  d'Outrepont,  à  la  hbrairie  H.  Welter.  Ce  volume  traite  de  la  morpho- 
logie. Pour  les  études  celtiques  il  y  a  quelques  indications  à  signaler. 

Ainsi  Berry  représenterait  le  bas-latin  Bitiirigo  accentué  sur  la  pénultième, 
tandis  que  Bourges  est  la  prononciation  moderne  de  Bitdrigcs  accentué  sur 
ranté-pénultième,  p.  11. 

Poitou,  Anjou  =  Pictavo,  Andecavo,  ibid.  Poitiers  =  Pictavis,  Angers 
=  Andccavis,  p.  13.  Naturellement  dans  la  liste  des  suffixes  romans  le  suf- 
fixe avus  fait  défaut  ;  nous  ne  trouvons  que  le  suffixe  ivus,  p.  589-590. 

On  pourra  remarquer  avec  étonnement,  à  la  p.  591,  le  nom  d'homme 
Bodicca,  dont  l'auteur  n'a  pas  deviné  l'origine  celtique.  Cf.  Holder,  Altcel- 
tischer  Sprachschali,  p.  458.  Le  paragraphe  consacré  au  suffixe  -iccus  pour- 
rait être  remanié  et  contenir  un  renvoi  à  Zeuss,  Grammatica  celtica,  2^  édi- 
tion, p.  807. 

IV. 

Revue  archéologiclue,  t.  XXVI,  p.  163-19J,  309-335.  —  Etude  sur 
Epona,  déesse  gauloise  des  chevaux,  par  M.  Salomon  Reinach.  Ce  travail 
est  divisé  en  trois  parties.  La  première  est  consacrée  au  type  équestre  et 


556  Périodii^iies. 

nous  représente  Epona  assise,  ordinairement  à  droite,  sur  un  cheval  mar- 
chant à  droite.  Ce  type  se  répartit  ainsi  :  en  France,  trente-six  ;  dans  le 
Luxembourg,  trois  ;  en  Allemagne  :  Bade,  Palatinat,  Hesse  rhénane,  Prusse 
rhénane  et  Nassau,  dix-neuf;  dans  l'empire  d'Autriche,  Tyrol,  un  ;  en 
Italie,  Pompéi,  un. 

La  seconde  partie  a  pour  objet  les  monuments  qui  nous  représentent  Epona 
associée  à  des  chevaux  qu'elle  ne  monte  pas.  Ces  monuments  sont  au 
nombre  de  quinze.  On  en  a  trouvé  un  en  Angleterre,  deux  en  France, 
un  dans  le  Luxembourg,  trois  en  Allemagne  :  Wurtemberg  et  Nassau,  un 
en  Basse-Autriche,  six  en  Italie,  dont  le  plus  méridional  à  Naples. 

Dans  la  troisième  partie,  M.  Reinach  s'occupe  :  1°  des  textes  fournis  par 
les  auteurs  de  l'antiquité  gréco-romaine,  2°  des  inscriptions.  Les  auteurs 
sont  au  nombre  de  huit:  un  Grec  nommé  Agésilas,  et  d'ailleurs  inconnu, 
Juvénal,  Apulée,  Minutius  Félix  (dont  la  doctrine  a  été  deux  fois  reproduite 
,  par  Tertullien),  Prudence  et  l'Atricain  Fulgentius  Planciades.  Quant  aux 
inscriptions,  on  en  a  jusqu'à  présent  publié  trente-huit,  que  M.  Holder  a 
reproduites  dans  son  Altceltischcr  Sprachschati,  col.  1448-1450;  on  en  a 
trouvé  deux  en  Grande-Bretagne,  dont  une  en  Ecosse  ;  une  en  Espagne,  à 
Siguenza,  en  Nouvelle-Castille,  dans  le  territoire  des  Arevaci,  peuple  celti- 
bère  '  ;  quatre  en  France  ;  douze  en  Italie,  dont  onze  à  Rome  ;  cinq  en  Al- 
lemagne, Bavière  et  Prusse  rhénane;  douze  en  Autriche-Hongrie,  Carin- 
thie,  Dalmatie,  Hongrie,  Styrie,  Transylvanie,  une  en  Serbie. 

Ainsi  des  monuments  figurés  ou  épigraphiques  qui  rappellent  le  culte 
à'Epjiia,  on  a  recueilli  le  plus  septentrional  en  Ecosse,  le  plus  méridional  à 
Naples,  le  plus  occidental  en  Nouvelle-Castille,  le  plus  oriental  en  Serbie. 
Mais  c'est  surtout  dans  le  bassin  du  Rhin  supérieur,  à  partir  de  Coblenz,  et 
dans  le  bassin  du  Rhône  supérieur,  au  nord  de  Lyon,  qu'on  les  trouve  accu- 
mulés. Là  semble  être  le  pays  d'origine  de  cette  divinité  gauloise. 

Soixante-seize  figures  intercalées  dans  le  texte  ajoutent  une  grande  valeur 
à  ce  savant  travail. 


SiTZUKGSBERICHTE    DER    KÔNIGLICH-PREUSSISCHEN   AkADEMIE  DER    WI3- 

SENSCHAFTEN  zu  Berlin,  1895,  p.  381.  —  Mémoire  de  M.  Hirschfeld  sur 
l'histoire  du  christianisme  à  Lyon  avant  Constantin. 

Ce  mémoire  commence  par  une  étude  sur  les  martyrs  de  l'année  177. 
M.  Hirschfeld  en  dresse  la  liste  d'après  :  1°  le  martyrologe  hiéronymien, 
2°  Grégoire  de  Tours,  3°  le  manuscrit  de  Munich  no  3514,  4°  le  martyro- 
loge d'Adon,  50  le  martyrologe  de  Notker.  Tous  les  noms  sont  d'ori- 
gine latine  ou  grecque,  sauf  deux;  l'un  est  d'origine  biblique,  Zaccharias; 
l'autre  est  le  seul  indigène  :  Rhodana,  ainsi  écrit  par  Adon,  Notker  et  dans 
le  manuscrit  de  Munich,  Rhodana  dans  le  martyrologe  hiéronymien,  Rodane 
dans  un  manuscrit  de  Grégoire  de  Tours,  Rodona  dans  les  autres.  C'est  la 


I .   Revue  Celtique,  t.  XV,  p.  27. 


Périodiques.  5^7 

forme  féminine  du  nom  du  Rhône,  qu'on  trouve  employé  comme  nom 
d'homme  au  masculin  dans  d'autres  inscriptions  :  Corpus  inscriptionum 
latinarum,Y,  3677,  5  5  59(?);  IX,  322.  Quand  plus  tard  saint  Irénée  s'est 
plaint  d'être  obligé  d'employer  une  langue  barbare  dans  son  ministère  près 
des  Celtes  :  «  où/.  IxiÇrjTrÎCTS'.i;  ok  Tiàp'  7)[xa)v  tojv  ev  KeXtoÎç  oiarpiCovicov  y.at 
::Ept  patpGapov  o'.aXs'x'cov  xô  Tikziaxo^  aazoXoujjLs'vtov,  Xo'ycov  tiyvY]v  »,  il  ne 
parlait  pas  des  habitants  de  Lyon  ;  il  faisait  allusion  aux  missions  que,  seul 
évêque  de  toute  la  Gaule,  il  avait  entreprises  pour  convertir  ce  pays  alors 
fort  incomplètement  romanisé  et  presque  entièrement  païen.  L'épiscopat  de 
saint  Irénée  se  place  entre  177  et  201. 

VI. 

Revue  internationale  de  l'enseignement,  t.  XXIX,  p.  533-554.  — 
Première  partie  d'une  étude  de  M.  J.  Bloch  sur  la  religion  des  Gaulois.  Cet 
article,  qui  sera  continué,  est  divisé  en  trois  paragraphes  intitulés,  le  pre- 
mier :  «  Les  sources.  La  religion  gauloise  et  la  religion  gallo-romaine  »,  le 
second:  «  La  mythologie  populaire  »,  le  troisième  :  «  Les  grands  dieux  de 
la  Gaule  ». 

Dans  le  premier,  l'auteur  parle  des  textes,  des  inscriptions,  des  monu- 
ments figurés,  de  la  littérature  irlandaise  et  des  superstitions  populaires 
modernes. 

Dans  le  second  paragraphe,  il  est  question  du  culte  des  arbres,  et  à  ce 
propos  de  l'usage  moderne  du  mai,  de  la  cueillette  du  gui  chez  Pline  et  du 
gui  dans  les  étables  chez  les  paysans  du  Morbihan.  Vient  ensuite  le  culte 
des  sources,  des  cours  d'eau  et  des  lacs,  enfin  celui  des  iiiafres,  aujourd'hui 
les  fées. 

Dans  le  troisième  paragraphe,  M.  Bloch  parle  du  dieu  au  maillet,  qui  est 
suivant  lui  le  dieu  appelé  Taraniis(?)  par  Lucain  ',  et  qui  serait  aussi  le  dieu 
assimilé  par  César  à  Jupiter.  Au  Mercure  romain  il  semble  qu'on  assimila 
plusieurs  divinités  celtiques  Lugus,  Smerius  dont  la  parèdreest  Rosmerta^, 
et  Ogmios.  Ce  sont  des  dieux  bienfaisants  dont  Cernunnos  est  l'adversaire. 
La  suite  de  ce  mémoire  paraîtra  prochainement. 

VII. 
FoLK-LoRE  de  mars  1895.  —  Note  du  Rév.  Walter  Gregor  sur  les  gâ- 


1 .  Le  vers  446  du  livre  I  de  Lucain  est  ordinairement  noté  ainsi  qu'il 
suit  :  «  Et  Taranis  Scythicae  non  mitior  ara  Dianae  »  (éà.  de  Hosius  chez 
Teubner,  1892,  p.  19,  éd.  deLejay  chez  Klincksieck,  1894,  p.  61).  M.  Bloch 
le  corrige  ainsi  : 

«  Et  Tarani  scythica  non  mitior  ara  Diana.  »  Ce  n'est  pas  le  lieu  de  dis- 
cuter ici  cette  nouvelle  leçon. 

2.  Ro-siuer-ta  et  Siiicr-io-s  paraissent  provenir  de  la  même  racine  que 
l'irlandais  siiicr  «  feu  ».  Whitley  Stokes,  Ùrkeltischer  Sprachschat:{,  p.  317. 

Revue  Celtique,  XVI.  25 


358  Périodiques. 

teaux  que  dans  quelques  localités  d'Ecosse  on  fait  la  veille  du  ler  mai  et 
qu'on  appelle  BeUaiie  bannocks. 

Mémoire  de  Arthur  J.  Evans  sur  le  cercle  de  pierre  appelé  RoUrighl  stones 
et  les  tra^'itions  populaires  qui  s'y  rattachent.  Ce  monument  est  situé  en 
Angleterre,  comté  d'Oxford,  près  de  la  limite  qui  sépare  ce  comté  de  celui 
de  Warvvick.  On  suppose  que  cette  limite  est  sur  ce  point  identique  à  celle 
qui  séparait  les  Dohuni  des  Cornavii. 

FoLK-LoRE  de  juin  1895.  —  Mémoire  de  R.  C.  Maclagan  sur  des  objets 
de  folk-îore  recueillis  en  Ecosse  dans  le  comté  d'Argyle  (envoûtement, 
poupées  faites  avec  des  poignées  d'épis  et  qu'on  appelle  Maighdean  Biiana 
«  fille  de  moisson  »,  fil  à  trois  nœuds,  snâini,  pour  triompher  du  mauvais 
œil,  etc.).  —  Notes  recueillies  par  le  Rév.  Mac  Phail  sur  les  superstitions 
de  l'île  de  Lewis;  on  y  peut  remarquer  une  invocation  à  un  personnage  ap- 
pelé Shoni,  nom  identique  à  celui  d'un  scribe  écrit  en  ogham  Sonid  dans  le 
missel  de  Stowe. 


VIII. 

BiBLiOTHÈQ.UE  del'Écoledes  Chartes,  livraison  de  janvier-février  1895, 
t.  LVI,  p.  45-83.  —  Nouvelle  édition  revue  et  corrigée  du  savant  mé- 
moire de  M.  Léopold  Delisle  sur  les  Heures  bretonnes  du  xvi^  siècle.  De 
ce  mémoire,  dont  on  ne  pourrait  trop  faire  l'éloge,  nous  avons  parlé  dans 
notre  précédente  livraison  d'après  le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du 
Finistère,  p.  257,  qui  en  a  donné  une  première  édition.  A  la  suite  de  son 
travail,  M.  Delisle  a  inséré  dans  la  Bibliothèque  de  l'Ecole  des  Chartes  le  fac- 
similé  d'une  page  du  livre  si  rare  qui  en  a  fourni  le  sujet.  Nous  devons  à 
sa  gracieuse  obligeance  le  plaisir  de  mettre  ce  fac-similé  sous  les  yeux  des 
lecteurs  de  la  Revue  Celtique.  Voyez  ci-contre,  p.  359. 

IX. 

Annales  de  Bretagne.  —  T.  X,  no  2,  janvier  1895,  p.  270-271.  Contes 
irlandais,  texte  original  recueilli  par  M.  Douglas  Hyde  et  traduction  par 
M.  G.  Dottin.  I.  Le  prêtre  et  l'évêque.  II.  Cond  se  réfugie  auprès  des 
chèvres.  III.  Jean  le  rétameur.  —  Chanson  bretonne  publiée  par  M.  Le  Lay, 
professeur  au  lycée  de  Pontivy. 

La  livraison  se  termine  par  les  premières  pages  (A-Danter)  du  diction- 
naire vannetais-français  composé  par  Pierre  de  Châlons,  appelé  Nicolas  de 
Chalons  par  Levot,  Biographie  bretonne,  t.  I,  p.  278.  M.  J.  Loth,  éditeur,  a 
ajouté  entre  crochets  les  équivalents  en  dialectes  de  Léon,  Cornouailles  et 
Tréguier. 

T.  X,  no  3,  avril  1895.  P.  333,  article  nécrologique  sur  M.  Luzel  par 
M.  J.  Loth.  P.  340-361.  Catalogue  des  œuvres  de  M.  Luzel,  par  M.  Pros- 
per  Hémon.  P.  413-437  —  Les  saints  bretons  d'après  la  traduction  populaire, 
par  M.  Le  Braz  (suite).  Le  morceau  principal  de  cet  article  est  le  texte  en 
vers  bretons  de  la  vie  du  «  Prince  Melar  »,  saint  en  grande  réputation  à 


Périodiques.  ^59 

3inpatetenl6re?ûnec» 

Mn  froej  m  l)ûl  iX)  mitron, 

â)anctifîceturnomentuum 
B  ejetîjoj  Ijanu  faîjeiRet 
H)te  quemment  cljjiden  a  fo  ganet 
^  aj  renttop  DcocJ)/mo?/l)a  gloa  j 
tiej  i)on  oïl  ober/l)a  ïauar 

3(ll)ucmat  regnum  tmm. 
£)  euetDeomptjclljojiiaoentelej 
SDa  Ijalïafu  ?)on  fiUuîïîguej 
îRacanDefirtocjljo^îJoaîou 
Cuamagljon  eneffudu. 
jïtat  \jolunta0  tua/  ficut  in 

ttlù^inttvra; 
O  toeteuelenneff/ijarenîiûMar 
]fâ  0  j  puiffancc  bras^/  aTo  Wfpaç 
fî|>afuplï>enl)(uej: 
S)a  toejo  graet  Ijo  ijolonte^ 

panem  noftrum  quotiliîanum/ 

tanobts^ljûDie* 
:e  ett  non  cû?ffou  an  bara  matenei 
^on  eneffou  an  bâta  celeftîel 
l)p}i\x  fter  majUijimp  aman 
l^ocorff  p?eciu3i  cguîtangucllljafu. 

€  t  Dimiete  nobi^Dcbita  noftra 

ê>icut  ^  no0  bimtttimiig  Dcbi> 

to?ibiigno(ln;9^ 


ic 


360  Périodiques. 

Lanmeur.  — P.  438-467,  continuation  par  M.  G.  Dottin  de  sa  publication  de 
contes  irlandais,  texte  et  traduction  :  IV.  Le  chevalier  aux  tours  d'adresse. 
V.  Le  garçon  qui  avait  été  longtemps  sur  le  sein  de  sa  mère.  Nous  es- 
pérons pouvoir  annoncer  prochainement  un  tirage  à  part  de  cet  excellent 
recueil.  —  Dans  cette  livraison  est  continuée  jusqu'à  l'avant-dernier  mot 
de  la  lettre  H  la  réimpression  du  dictionnaire  vannetais-français  de  Pierre 
de  Châlons  commencé  dans  la  livraison  précédente. 

Tome  X,  no  4,  p.  603.  Textes  bretons  et  gallois  chez  Paul  Merula,  Cos- 
niographiae generalis  libri  très...  ex  officinaPlantiniana,  1605.  Pater  en  breton 
et  en  gallois,  credo  en  breton  (article  de  M.  J.  Loth).  — P.  606.  Suite  des 
contes  irlandais  publiés  par  M.  G.  Dottin.  —  La  réimpression  du  diction- 
naire vannetais-français  de  Pierre  de  Châlons  est  terminée  dans  cette  livrai- 
son. Cette  réimpression  est  en  vente  à  Rennes,  chez  Plihon  et  Hervée,  au 
prix  de  cinq  francs. 

X. 

The  Academy,  mai-juin  1895,  p.  402-403,  p.  445-446,  p.  466,  p.  484- 
485,  p.  507.  —  Lettres  de  MM.  E.-W.-B.  Nicholson,  A.-L.  Mayhew  et 
Edmund  Mac-Clure  sur  la  question  de  savoir  où  est  né  saint  Patrice.  Sui- 
vant M.  Nicholson,  le  Bannavem  Tabemiae  delà  «  Confession  de  saint  Pa- 
trice »  doit  être  corrigé  en  Bannaventa  Britanniae,  Baniiavciita  n'est  pas 
autre  chose  que  Daventry,  en  Angleterre,  comté  de  Northampton,  et  Ban- 
naventa  doit  être  décomposé  ainsi  :  Bann-davent-a.  Ban  est  un  mot  gallois 
signifiant  dans  la  langue  géographique  «  éminence  »,  sens  secondaire  dérivé 
du  sens  primitif»  corne  ».  Davent  est  le  gallois  dafn  «  goutte,  écoulement  », 
en  sorte  que  Bannaventa  signifie  «  montagne  des  sources  ». 

Les  procédés  étymologiques  de  M.  Nicholson  ne  sont  pas  du  goût  de 
tout  le  monde.  Il  a  trouvé  deux  contradicteurs,  ce  qui  le  vexe.  Si  tous  les 
linguistes  compétents  s'occupaient  de  lui,  le  nombre  des  critiques  serait, 
peut-être  bien,  un  peu  plus  considérable.  Cinquante  ans  plus  tôt  il  aurait 
été  probablement  plus  heureux. 

P.  545-546.  Note  de  M.  Whitlcy  Stokes  sur  un  calendrier  en  vers  hexa- 
mètres qui  précède  un  psautier  conservé  au  British  Muséum  sous  la  cote 
Galba  A.  XVIII  du  fonds  Cottonien.  On  croit  que  ce  manuscrit  a  appar- 
tenu au  roi  Aethelstan,  et  on  l'a  considéré  jusqu'ici  comme  une  œuvre 
saxonne.  M.  Whitley  Stokes  penche  à  le  considérer  plutôt  comme  irlandais. 
En  effet,  ce  calendrier  mentionne  dix  saints  irlandais  contre  quatre  anglo- 
saxons  seulement,  et  la  latinité  parait  irlandaise. 

The  Academy,  juillet  1895,  p.  12.  Lettre  de  M.  J.  Hessels  qui  dit 
que  la  latinité  du  ms.  Galba  A.  XVIII  peut  être  anglo-saxonne  aussi  bien 
qu'irlandaise,  mais  laisse  subsister  l'argument  fondé  sur  les  noms  des 
saints. 

•  M.  Hùbner  a  publié  en  1876  dans  ses  Inscripliones  Britanniae  christianae, 
sous  le  n"  96,  une  inscription  gravée  sur  une  croi.x  de  pierre  haute  de  qua- 


Périodiques.  361 

torze  pieds  anglais,  soit  4  mètres  37  cent.,  à  Carew,  comté  de  Pembroke, 
c'est-à-dire  dans  la  région  sud-ouest  du  pays  de  Galles.  Ce  monument  était 
depuis  longtemps  connu.  Westwood,  dans  son  Lapidarium  Walliae  (1876- 
1879),  P^-  LVII,  cf  p.  1 19-120,  donne  deux  représentations  de  la  croix  de 
Carew  ;  dans  l'une  il  nous  la  montre  de  face,  dans  l'autre  il  nous  la  fait 
voir  par  derrière,  enfin  il  y  joint  une  figure  où  l'inscription  est  donnée  sur 
une  plus  grande  échelle.  Il  fait  observer  qu'une  copie  sur  pierre  de  cette 
inscription  se  trouve  en  Irlande,  comté  de  Wexford,  au  château  de  Fethard, 
propriété  de  la  famille  Carew.  Une  autre  copie  plus  récente  a  été  décou- 
verte sur  un  bloc  de  granit  au-dessus  de  la  baie  de  Baginbun,  non  loin  de 
Fethard,  également  dans  le  comté  de  Wexford. 

M.  J.  Rhys  a  reconnu  dans  le  premier  mot  de  l'inscription  de  Carew, 
Margitetit,  un  nom  propre  gallois,  plus  tard  Meredudd  (Lectures  on  Welsh 
Philology,  2^  éd.,  p.  234). 

Cette  inscription  et  ses  copies  ont  été  dans  TAcademy,  pendant  le  second 
semestre  de  l'année  dernière,  l'objet  d'une  correspondance  suivie  entre 
MM.  E.-W.-B.  Nicholson,  R.-A.-S.  Macalister,  Philip  D.  Wigors,  Goddard 
H.  Orpen,  Lord  Southesk,  comme  on  peut  le  voir  aux  p.  235,  257,  282, 
305,  306,  353,  377  de  ce  journal  anglais. 

Dans  le  numéro  de  I'Academy  du  15  juin  dernier  a  paru,  p.  32-33,  une 
lettre  de  M.  J.  Romilly  Allen  qui  éclaircit  la  question,  jusqu'ici  fort  obscure 
à  mes  yeux,  que  ces  Messieurs  discutaient.  Il  n'y  a  pas  à  s'occuper  des 
copies  signalées  en  Irlande  à  Fethard  et  à  Baginbun.  L'inscription  de  Ca- 
rew mérite  seule  notre  attention. 

Suivant  M.  J.  Rhys,  qui  foit  autorité  en  cette  matière,  il  faut  lire  Mar- 
giteut  Recett  f[ecit].  Cette  inscription,  dit  M.  Allen,  a  été  gravée  au  ix^  ou 
au  xe  siècle,  la  copie  de  Fethard  date  du  xiii^  ou  du  xiv^,  la  copie  de  Ba- 
ginbun est  beaucoup  plus  récente.  Le  nom  de  Margi-teut,  dont  le  premier 
terme  paraît  identique  au  premier  terme  de  Margi-ditmim,  station  romaine 
de  Grande-Bretagne  dans  l'Itinéraire  d'Antonin,  apparaît  sous  différentes 
formes  dans  les  textes  gallois.  Dans  le  Livre  de  Llan  Dâv,  p.  125,  rex  De- 
meticae  regionis  Margeliid,  fiUus  Rein,  est  un  contemporain  de  saint  Teliatis, 
v:e  siècle,  et  Margetud,  fils  du  roi  Gnfiid,  1039-1063,  est  témoin  d'une  do- 
nation faite  par  son  père  à  l'évêque  Herivaldiis,  1056-1104.  Plus  ancien- 
nement, en  796,  mourut  Morgetiud  rex  Demetoriun,  dont  le  fils,  Eugein 
filius  Margetiud,  mourut  en  811  (^Annales  Cambriae,  p.  11).  Margetiiid  re- 
produit presque  exactement  le  Margiteut  de  l'inscription.  Plus  tard  (dans 
la  même  chronique),  on  trouve  Marediit,  986  (p.  20),  989,  993,  994  (p.  21), 
1069-1070  (p.  28),  1102  (p.  33),  1 106  (p.  34),  Meredut,  Maredut,  1128 
(p.  38),  etc.;  Mareditd  est  l'orthographe  du  Brut  y  tytvysogion,  Meredudd  est 
la  notation  moderne. 

Le  même  numéro  de  I'Academy  contient,  p.  35-36,  une  dissertation  de 
M.  E.-W.-B.  Nicholson  sur  la  racine  celtique  ab  à  propos  du  Bannavem 
Taberniae  de  la  «  Confession  de  saint  Patrice  ».  Je  ne  me  sens  pas  assez 
fort  pour  apprécier  un  morceau  si  savant.  Les  écrits  de  M.  Nicholson  sont 
en  général  au-dessus  de  ma  portée. 


3  6  2  Périodi/jues. 


XI. 

L'Anthropologie,  t.  VI,  no  3.  —  P.  293-311.  Suite  delà  savante  étude 
de  M.  Salomon  Reinach  sur  la  sculpture  en  Europe  avant  les  influences 
gréco-romaines.  Cet  article,  comme  les  précédents,  est  illustré.  La  der- 
nière figure  porte  le  numéro  298 . 

XII. 

Zeitschrift  fur  ixdogermanische  Sprach-  und  Altertumskunde,  t.V, 
p.  87-88.  —  M.  Wilhelm  Streitberg  expose  que  Mattium  et  Maitiacus  sont 
deux  mots  celtiques,  et  non  d'origine  germanique  comme  l'a  cru  M.  W.' 
Braune.  Ils  tirent  leur  origine  d'un  nom  hypocoristique  où  était  doublé  k  / 
de  la  première  partie  d'un  nom  d'homme  composé  tel  que  Mati-donnus. 

XIII. 

Journal  of  the  couxty  Kildare  archaeological  society,  1. 1,  no  5, 
1894,  p.  281-285.  —  Notice  par  Miss  Margaret  Stokes  sur  deux  croix  de 
pierre  de  date  fort  ancienne  qui  existent  encore  aujourd'hui  à  Castledermot. 
Ces  croix  sont  ornées  de  figures  représentant  divers  sujets  religieux.  Une 
des  plus  intéressantes  est  celle  de  la  Mort  dans  le  tombeau.  Le  personnage 
est  assis  les  jambes  repliées  et  les  mains  croisées  au-dessus  des  genoux,  dans 
une  posture  qui  ressemble  à  celle  de  certains  squelettes  dans  les  tombeaux 
païens. 

XIV. 

Zeitschrift  fur  deutsche  Philologie,  t.  XXVIII,  p.  80-113,  étude 
approfondie  de  M.  R.  Thurneysen  sur  le  Kenniiis  vlndkaliis  deM.  H.  Zim- 
mer.  Dans  le  tome  précédent  de  la  Revue  Celtique,  p.  126-129,  le  livre  de 
M.  Zimmer  a  été  annoncé  d'une  façon  trop  brève,  étant  donnée  l'impor- 
tance considérable  de  cet  ouvrage.  Au  même  tome,  p.  174-197,  M.  l'abbé 
Duchesnc  a  publié  sous  le  titre  de  Nennius  retractalus  une  critique  plus 
approfondie  de  l'œuvre  de  M.  Zimmer.  Je  suis  revenu  un  peu  rapidement 
sur  le  même  sujet  dans  la  première  livraison  du  présent  volume  de  la  Revue 
Celtique,  p.  106-108,  à  propos  de  la  nouvelle  édition  de  Nennius  donnée 
par  M.  Mommsen  :  Monuinenla  Germaniae  historica,  in-4,  auctores  autiquis- 
siini,  t.  XIII,  ou  Chronica  minora,  t.  III.  Le  compte  rendu  de  M.  Thur- 
neysen est  dû  à  la  plume  d'un  savant  tout  à  fait  compétent  ;  il  est  tellement 
complet  et  si  détaillé  que  la  place  manquerait  ici  pour  en  donner  une  ana- 
lyse suffisante.  J'y  renvoie  donc  les  lecteurs  de  \zReviie  Celtique.  Je  me  bor- 
nerai à  quelques  extraits. 

«  Ce  livre,  »  dit  M.  Thurneysen,  p.  80,  «  montre  le  même  caractère  que 
«  les  autres  travaux  du  même  auteur:  une  immense  impétuosité  qu'aucune 
«  conséquence  ne  fait  reculer.  Dès  qu'une  hypothèse  a  été  exprimée,  elle 


Périodiijues.  363 

«  sert  de  fondement  à  une  construction  nouvelle.  De  là,  pour  celui  qui 
«  juge  uniquement  d'après  les  lois  de  l'esthétique,  il  résulte  une  unité  lit- 
«  téraire  dont  la  forme  exerce  une  séduction  presque  irrésistible  ;  —  cer- 
«  tains  comptes  rendus  en  sont  la  preuve.  —  Mais  quand  le  lecteur  est 
«  accessible  au  doute,  il  ne  peut,  sans  éprouver  un  certain  malaise,  voir  un 
«  monument  majestueux  s'élever  sur  des  fondements  dont  les  matériaux, 
«  fort  mélangés,  sont  alternativement  de  belles  pierres  de  taille,  et  des 
«  pierres  apparentes,  vraies  bulles  de  savon.  »  M.  Zimmer  se  plaindra  de 
la  cruauté  dont  je  fais  preuve  en  traduisant  ce  passage  et  en  l'insérant  dans 
la  Revue  Celtique.  Mais  il  n'est  pas  donné  à  tout  le  monde  de  bâtir  en 
pierres  de  taille.  Les  maisons  dont  je  suis  propriétaire  sont  toutes  cons- 
truites en  moellons.  C'est  dans  une  maison  bâtie  en  moellons  que  je  suis 
né,  et  pendant  vingt-huit  ans  à  Troyes,  j'ai  habité  une  maison  bâtie  en 
torchis,  hift-stein  «  pierre  de  vent  »,  comme  dit  M.  Thurneysen,  ce  que, 
faute  d'équivalent  français,  je  rends  ci-dessus  par  une  périphrase. 

Voici  comment  M.  Thurneysen  entend  les  sources  de  l'histoire  publiée 
sous  le  nom  de  Nennius  (voir  son  aiticle,  p.  103-104);  il  prend  pour  base 
l'édition  de  San  Marte,  Berlin,  1844,  p.  27  et  suivantes. 

Prologue,  §§  I  et  3,  développement  postérieur  de  la  préface  de  Nennius; 

§  3,  préface  de  Nennius  à  son  édition  définitive,  859; 

§  4,  vient  de  l'original,  écrit  vers  679  ; 

§  5,  addition  par  Nennius  vers  831  ; 

§  6-9,  viennent  de  l'original  ; 

§  10-16,  additions  de  Nennius; 

§  17,  de  l'original; 

§  18,  addition  antérieure  à  Nennius; 

§  19-20,  de  l'original; 

§  20-30,  addition  de  Nennius; 

§  31-48,  de  l'original; 

§  48-55,  addition  de  Nennius  ; 

§  56,  de  l'original  ; 

§  57-61,  addition  de  Nennius  qui  s'arrête  à  la  ligne  3  de  la  p.  72  ; 

§  61,  à  partir  des  mots  Ida  filius  Eohha,  p.  72,  1.  4;  §  62-64  et  §  65 
jusques  et  y  compris  les  mots  novem  annis,  p.  74,  1.  9,  de  l'original; 

fin  du  §  65,  additions  la  plupart  antérieures  à  Nennius; 

§  66,  addition  récente  empruntée  aux  Annales  Canibriae; 

§  G'j-'jG,  liste  des  merveilles  de  Bretagne;  les  deux  premières,  p.  75, 1. 3-1 1, 
appartiennent  probablement  à  l'original,  les  deux  suivantes,  p.  75,  1.  12-20, 
sont  des  additions  antérieures  à  Nennius  et  tout  le  reste,  jusques  et  y  com- 
pris le  §  76,  est  un  recueil  d'additions  qui  remontent,  les  unes  probable- 
ment, les  autres  certainement  à  Nennius. 

La  liste  des  cités,  p.  80,  est  antérieure  à  Nennius  et  très  ancienne. 

M.  Thurneysen  n'admet  pas  la  doctrine  exagérée  de  M.  Zimmer,  qui  fait 
de  saint  Patrice  un  personnage  à  peu  près  complètement  fabuleux.  Il  rejette 
comme  nous  l'étrange  assertion  que  Féne,  nom  national  des  Irlandais,  serait 
un  mot  d'origine  germanique.    L'étude  de  son  article  est  indispensable  à 


364  Périodiques. 

tous  ceux  qui  voudront  se  rendre  un  compte  précis  de  l'état  actuel  des 
questions  soulevées  par  l'œuvre  médiocre  et  cependant  si  importante  qui 
circule  sous  le  nom  de  Nennius. 


XV. 

The  Journal  of  the  Royal  Society  of  Antiquaries  of  Ireland.  — 
Article  de  M.  John  Rhys  sur  dus  inscriptions  oghamiques  de  l'Irlande  sep- 
tentrionale: 1°  à  la  Bibliothèque  publique  d'Armagh:  dinoaglo  maq.i 
Q.ETAI.  Cf.  MAQ.I  aETTi,  inscription  de  Ballinrannig,  comté  de  Kerry,  en 
Irlande,  et  le  nom  du  personnage  épique,  Cet  mac  Magacb;  2°  pierre  d'Agha- 
scribbagh,  près  de  Greencastle:  dôtoatt  maq.i  nan...  Dotoatt  est  le  génitif 
d'un  nom  d'homme  écrit  Dotoad  au  même  cas  dans  le  nom  géographique 
Tiilach  Dotoad  (Revue  Celtique,  t.  XV,  p.  418,  Dindsenchas  de  Rennes,  §  33). 
—  Mémoire  de  M.  W.-F.  Wakeman  sur  des  sépultures  païennes  trouvées 
à  Old-Cornaught,  comté  de  Dublin.  —  Recherches  sur  l'origine  des  su- 
perstitions irlandaises  concernant  les  fées,  par  feu  Herbert  Hore,  avec  notes 
par  M.  David  Mac-Ritchie. 

XVI. 

SUPPLEMENTI  PERIODICI  ALl'  ARCHIVIO  GLOTTOLOGICO  ITALIANO...  ORDI- 

nati  da  G.-I.  Ascoli.  Seconda  dispensa,  p.  97-131.  Deux  mémoires  de 
M.  Ascoli. 

Dans  le  premier,  le  savant  italien  revient  sur  les  comparatifs  d'égalité 
irlandais  en  ithir  dont  il  avait  déjà  précédemment  traité,  comme  on  l'a  pu 
voir  par  le  compte  rendu  imprimé  dans  la  Reinte  Celtique,  t.  XIII,  p.  297- 
298.  Un  des  textes  qu'il  produit  à  l'appui  de  sa  doctrine  dans  ce  nouveau 
travail  est  extrait  du  récit  irlandais  de  l'histoire  du  peuple  juif,  Stair  cloinde 
Israël  dans  le  Leahhar  Breac,  p.  120,  col.  2,  1.  45-48:  «  Le  principal  autel 
«  était  de  même  hauteur  que  le  sein  et  que  la  noble  poitrine  du  grand- 
ce  prêtre  Aaron  »  In  prim-altoir  primda  immorro  comard  side  fri  iicht  ocus 
fri  hurhruinde  in-uasal-sacairt  Aroin.  La  même  idée  est  exprimée  en  d'au- 
tres termes  dans  le  Saltair  na  Rann,  vers  4269,  4268  ;  il  y  est  dit  que  «  le 
principal  autel  «  In-prim-altoir  «  était  aussi  haut  que  le  sein  d' Aaron  »  ha- 
/jarddidir  ucht  Aroin.  Cotn-ARD  «  de  même  hauteur  que  »  est  synonyme 
de  ARDD-iW/V  «  aussi  haut  que  »  ;  le  préfixe  coin-  a  la  même  valeur  que  le 
suffixe  -idir. 

Le  second  mémoire  a  pour  objet  l'étude  de  ce  que  devient  en  irlandais 
st  initial.  On  dit  en  général  que  st  initial  se  réduit  en  irlandais  à  t  ;  exem- 
ples: tiagu  «  je  vais  »  =  a-sr/oj;  tàu,  tu  «  je  suis  »  =  sto. 

Mais,  pour  un  certain  nombre  de  mots  au  moins,  il  est  certain  que  ;  ini- 
tial =  st  est  antérieur  à  la  date  où  l'irlandais  s'est  séparé  des  autres  lan- 
gues celtiques  et  même  à  celle  où  le  celtique  s'est  séparé  d'autres  langues 
indo-européennes.  A  côté  de  la  racine  sanscrite  sthag  «  couvrir  »,  et  du 
grec  cj-c'yo;  «  toit  »,  on  a  le  grec  leyo;  «  même  sens  »,  le  latin  tego,  l'aile- 


Périodiques.  365 

mand  dach  «  toit  »,  et  le  vieux  breton  tig  «  maison  »,  aujourd'hui  //  en 
breton,  iy  en  gallois,  en  sorte  qu-e  la  perte  de  Vs  initiale  dans  l'irlandais 
tech  «  maison  »  n'est  pas  un  fait  spécial  à  l'irlandais.  Le  même  phéno- 
mène dans  tiagii  «  je  vais  »  ne  s'est  pas  produit  seulement  en  irlandais, 
puisque  en  gallois  on  a  taith  «  voyage  »,  venant  également  de  la  racine 
STEiGH.  L'irlandais  tmuailt  «  opprobre,  insulte  »,  n'a  pas  1'^  initial  du  grec 
cTc'aS'jj  «  je  réprimande  »,  or  cet  s  fliit  également  défaut  au  breton  tarnall 
«  blâme  ». 

D'autre  part,  le  groupe  st  initial  devient  s  en  irlandais  comme  en  breton 
et  en  gallois  dans  :  serc ,  irlandais  «  amour  »  ;  serch,  gallois,  même  sens  ; 
serc'h,  breton  «  concubine  »,  cf.  grec  aTepYto  «  j'aime  »,  aïo^yri  «  amour  »  ; 
dans  le  gallois  saiudl\K  talon»,  en  breton  seul,  en  irlandais  sdl  pour  *shî- 
tlo-,  dans  le  breton  sevel,  le  gallois  sefyll,  d'une  racine  stam,  qui  est  dans 
l'irlandais:  samaigîm  «  je  pose  ».  Dans  samaigin,  s  ^  st  est  initial,  il  est 
médial  dans:  sessam  =  *si-stamu  «  acte  de  se  tenir  debout  »;  tairissem^= 
*du-are-sistama  «  position,  état,  constance  »,  autres  mots  irlandais  où  se  re- 
connaît la  même  racine  stam,  qui  dérive  de  la  racine  sta.  Il  y  a  un  mot 
irlandais  d'origine  latine  qui  perd  le  t  et  garde  1'^  du  groupe  initial  st, 
c'est  sabaU  «  grange  »,  de  stabiilum. 

Comment  se  fait-il  qu'en  irlandais  sto  soit  devenu  tdtc,  tû  ?  M.  Ascoli 
l'explique  en  supposant  que  cette  formation  a  été  empruntée  aux  composés 
tels  que/er-ift  «  il  est  dessus  ». 

On  rencontre  dans  Echtra  Coitdla  (Windisch,  Irische  Gratmiiatik,  p.  119, 
1.  14),  for  dot  d,  mieux  for-do-[t]-td  «  il  est  sur  toi  »  (Whitley  Stokes,  Tbe 
Old-irish  Vah  Svbstantive,  p.  106);  dans  \q  Saltarna  Ranii,  vers  1453, /or/a; 
enfin  fortha  dans  un  texte  de  droit  cité  par  O'Donovan  d'après  la  copie 
d'O'Curry,  p.  1607,  lignes  18,  20,  21,  qui  reproduit  le  ms.  de  l'Académie 
royale  d'Irlande  autrefois  35.5,  aujourd'hui  23Q6,  xvi^  siècle.  Un  autre 
composé  est  attd  «  il  est  »  =  ad-std[t]  à  la  première  personne  du  singulier 
attâ  «  je  suis  »,  sur  lequel  on  peut  voir  les  exemples  réunis  d'après  le  ms. 
de  Wùrzburg  dans  la  Grammatica  celtica,  2^  édition,  p.  488-489.  N'ou- 
bHons  pas  zïa^i  =rr  *a'th-sto,  plus  anciennement  *  a/e-ifo,  ibid.,  p.  489,  et 
d'autres  composés  réunis  par  M.  Whitley  Stokes,  Thi  Old-irish  Verb  Sitbs- 
tantive,  p.  106. 

En  règle  générale,  st  médial  entre  deux  voyelles  devient  ss  en  irlandais, 
air-issiiir  =  * are-sistiu-r  «  je  m'appuie  sur  »,  ms.  de  Milan  cité  par  Stra- 
chan,  The  déponent  verb  in  Irish,  p.  21,  etc.,  etc.  Mais  ce  traitement  n'a  pas 
lieu  lorsque  le  groupe  st  n'est  pas  placé  entre  deux  voyelles  ;  quand  le 
groupe  si  médial  est  précédé  d'une  consonne,  s  tombe  et  t  persiste  :  Dech- 
tire,  nom  de  la  sœur  du  roi  Conchobar,  mère  de  Lug,  =  Deksteria;  ochtar 
«  au-dessus  de  »  :=  ouks-tero-  de  la  même  racine  que  nasal  «  haut  »  = 
onks-ello-  ;  echtar  «  hors  de  »  =  *eks-tero-  de  la  même  racine  que  le  latin 
extra;  cette  loi  exphque  l'absence  de  1'^  et  le  maintien  du  t  àa.ns  for-td, 
fortha,  at-td,  et  par  conséquent  par  analogie  dans  td.  Telle  est  la  doctrine 
de  M.  Ascoli. 

Je  crois  qu'il  est  inutile  de  chercher  si  loin.  La  racine  indo-européenne 

Revue  Celtique,  XVI.  26 


3  66  Périodiques. 

STÀ-  avait  en  celtique  un  doublet  ta,  comme  en  grec,  à  côté  de  axEyoç,  on 
trouve  le  doublet  TEyo;.  Ce  qui  nous  en  donne  la  preuve,  c'est  le  gallois 
taw  (étudié  par  Rhys,  Lectures  on  luelsh  Phihlogy,  2^  éd.,  p.  130,  et  par 
Whitley  Stokes,  The  Old-irish  Verb  siibstantive,  p.  107),  qui,  tombé  en  dé- 
suétude comme  verbe,  est  employé  avec  le  sens  de  «  que  »  par  les  Gallois 
méridionaux  au  lieu  de  mai  «  que  »,  variante  de  mae  «  il  est  »,  dans  le 
gallois  du  nord.  On  a  déjà  plus  haut  comparé  le  gallois  taith,  «  voyage  »,  à 
l'irlandais  tiagu  «  je  vais  »,  de  la  racine  steigh;  et  cependant  le  latin  5//- 
mulus  est  devenu  swtniul  en  gallois. 

En  breton,  ^0  «  est  »  rz:  stâ[/],  gardant  son  s  initial,  perd  le  /  suivant, 
cf.  serch  «  concubine  »  =  *sterka,  et  seveî  «  se  lever  »,  pour  *stamell,  c'est 
la  doctrine  de  la  Graiiiin.  celt.,  2^  éd.,  p.  554-555,  je  ne  vois  pourquoi 
l'abandonner.  Cette  chute  du  t  dans  le  groupe  st  se  remarque  en  breton  dans 
sebeia  «  éblouir  »,  du  latin  stupidare  ;  sottl  «  chaume  »,  en  vannetais  ie^J, 
'du  latin  stipula;  elle  peut  par  conséquent  être  postérieure  à  la  conquête 
romaine  ou  plus  ancienne  comme  dans  serch  «  concubine  »,  en  vieil  irlan- 
dais serc  «  amour  »,  de  la  racine  sterg,  qui  est  dans  le  grec  oTépyfo. 

L'étude  de  1'^/  initial  =  /  et  de  1'^/  initial  =  s  dans  les  langues  celtiques, 
soulève  des  problèmes  chronologiques  et  géographiques  qui  ne  sont  pas  en- 
core, suivant  moi,  complètement  résolus. 

XVII. 

Gazette  des  Beaux-Arts,  3"^  pér.,  t.  X,  XI.  —  M.  S.  Reinach,  L'origine, 
et  les  caractères  de  l'art  gallo-romain,  expose  que  dans  toute  l'Europe  du 
nord,  et  par  conséquent  en  Gaule,  avant  l'époque  où  la  Gaule  a  été  con- 
quise par  les  Romains,  il  existait  un  art  celto-scythiqne  qui  s'oppose  à  l'art 
gréco-romain.  Ses  caractères  sont  : 

jo  Prévalence  de  la  décoration  géométrique; 

2°  Prévalence  du  goût  de  la  symétrie  sur  celui  de  la  nature  vivante,  de 
la  logique  sur  l'imagination  ; 

30  Goût  pour  l'emploi  des  couleurs  vives,  d'où  l'émaillerie  de  Bibracte, 
les  cabochons  de  corail  qui  décorent  les  objets  métalliques,  les  perles 
d'ambre  et  en  pâte  de  verre  multicolore  ; 

40  Goût  pour  le  travail  ajouré,  très  frappant  dans  les  beaux  ornements 
de  bronze  provenant  des  nécropoles  de  Chassemy,  dans  l'Aisne,  de  Som- 
mebionne,  dans  la  Marne,  etc.  ; 

50  Tendance  à  la  stylisation,  c'est-à-dire  à  la  transformation  de  la  forme 
humaine  et  animale  en  fioritures,  en  motifs  de  décoration. 

Ces  caractères  reparaissent  sur  notre  sol  avec  l'art  mérovingien. 

Sous  l'empire  romain,  l'art  grec  fait  son  apparition  en  Gaule.  M.  S.  Rei- 
nach suppose  que  le  principal  représentant  de  cet  art,  Zénodore,  auteur  du 
Mercure  Arverne,  était  originaire  d'Egypte  et  croit  reconnaître  une  in- 
fluence égyptienne  dans  certains  produits  de  l'art  gallo-romain,  il  y  con- 
state en  même  temps  une  certaine  exagération  qui  lui  semble  propre  au 
génie  de  notre  nation. 


Périodiques.  367 

Des  figures  intercalées  dans  le  texte  paraissent  justifier  la  doctrine  du 
savant  auteur. 

XVIII. 

Revue  ÉPiGRAPHiauE  du  Midi  de  la  France,  no  78,  avril,  mai,  juin 
1895.  — P.  357  et  suiv.  Continuation  de  l'étude  de  M.  AUmer  sur  les 
dieux  de  la  Gaule  celtique  (cf.  ci-dessus,  p.  122,  258).  Il  s'agit  ici  des 
dieux  et  déesses  :  Aximus,  Baco,  Baginas,  Bagbiiis,  Baginatiae,  Belado,  Be- 
lemis.  Les  inscriptions  concernant  Bdenus  qui  auraient,  dit-on,  été  trouvées 
en  Gaule,  sont  toutes  fausses  suivant  M.  Allmer.  Il  fait  un  rapprochement 
intéressant  entre  un  passage  des  Actes  de  saint  Marcel  de  Chalon-sur- 
Saône  et  la  dédicace  :  Deo  Baconi,  trouvée  dans  cette  ville. 

Dans  les  comptes  rendus  précédents,  j'ai  négligé  le  ï\°  76  où,  p.  320  et 
suiv.,  sont  étudiés  les  dieux  etdéesses:  Aclido,  Alaiinius,  Albariiiiis,  Alhio- 
rix,  Albiorica,  Ald[  ]me[  ]scs,  AUsanus,  Ahnahae,  Andarta,  Athuhodua,  Alisiocus. 

M.  Allmer  continue  dans  ces  travaux  à  montrer  les  éminentes  qualités 
qui  le  distinguent  comme  épigraphiste,  et  à  donner  des  leçons  aux  Hn- 
guistes  jusqu'ici  rebelles  à  son  enseignement  :  ainsi,  p.  520,  il  découvre 
que  Anicius,  que  l'on  a  pris  jusqu'à  présent  pour  un  gentilice  romain,  est 
un  mot  grec.  P.  321  :  «  il  ne  serait  pas  impossible,  dit-il,  que  le  nom 
V  Lauzon  de  la  rivière  qui  passe  à  Alaun  (commune  de  Lurs,  Basses-Alpes), 
«  soit  une  déformation  du  mot  Alaunio  ». 


XIX. 

Bulletin  de  la  Société  archéologiq,ue  du  Finistère,  t.  XXII,  p.  17- 
23.  —  Notice  par  M.  J.-M.  Abgrall  sur  quatre  vieilles  cloches  et  deux 
pierres  sonnantes.  Ce  sont  :  la  cloche  de  Saint^Pol-de-Léon  (Finistère), 
cehe  de  Saint-Goulven  (Finistère),  celle  de  Saint-Mériadec  à  Stival,  près 
Pontivy  (Morbihan),  et  celle  de  Saint-Renan  à  Locrenan  (Finistère).  La 
dernière  est  formée  de  deux  feuilles  de  cuivre  cintrées  et  rivées  sur  les 
bords  par  une  série  de  petits  clous  de  même  métal.  Les  autres  ont  été 
fondues.  Celle  de  Saint-Goulven  est  quadrangulaire,  celle  de  Saint-Pol-de- 
Léon  et  celle  de  Saint-Mériadec  ont  à  peu  près  la  même  forme,  si  ce  n'est 
que  leurs  angles  sont  arrondis.  Ces  deux  dernières  ont  une  forme  analogue 
à  celle  de  beaucoup  de  vieilles  cloches  irlandaises,  si  mes  souvenirs  sont 
exacts.  La  hauteur  de  ces  petits  monuments  est:  Saint-Pol-de-Léon, 
o  m.  19,  Saint-Goulven,  cm.  145,  Saint-Mériadec  et  Saint-Renan,  cm.  20. 
La  largeur  à  la  base  est:  Saint-Pol-de-Léon  et  Saint-Mériadec,  o  m.  18, 
Saint-Renan,  o  m.  15,  Saint-Goulven,  o  m.  12.  La  cloche  de  Saint-Mé- 
riadec porte  l'inscription  pirtur  ficisti.  On  peut  sous-entendre  me  et  tra- 
duire «  Pirtur  (ou  Peredur),  tu  m'as  faite  ».  M.  Abgrall  rapproche  de  ces 
quatre  cloches  deux  pierres  sonnantes  dont  une  est  conservée  dans  la 
grotte  ou  chapelle  de  saint  Gildas,  entre  Baud  et  Pontivy;  saint  Gildas 
s'en  servait,  dit-on,  pour  appeler  le  peuple  aux  offices.  Saint  Bieuzy,  dis- 
ciple de  saint  Gildas,  avait  aussi  sa  pierre,  qui  servait  au  même  usage;  elle 


3  68  Périodiques. 

est  conservée  dans  l'église  paroissiale  de  Bieuzy  (Morbihan).  — P.  139-148. 
Mémoire  du  baron  Haina  du  Fretay,  qui  soutient  que  les  squelettes  avec 
armes  en  bronze  ou  même  en  pierres,  trouvés  dans  de  grands  coffres  de 
pierre  sous  tumulus,  appartiennent  à  notre  ère  et  sont  chrétiens.  C'est  le 
résultat  de  trente  ans  de  travaux  et  d'une  collection  qui,  formée  par  lui, 
est  «  des  plus  utiles  au  point  de  vue  scientifique  et  supérieure  certainement 
«  à  la  majorité  des  musées.  La  collection  des  pierres  taillées  seule  compte 
«  plus  de  douze  mille  types  de  premier  ordre,  et  tout  le  reste  est  à  l'ave- 
«  nant.  Cette  collection,  »  ajoute  l'auteur,  «  est  mon  œuvre  personnelle. 
«  Tout  a  été  trouvé  dans  mes  recherches.  C'est  ainsi  que  l'on  arrive  à  des 
«  certitudes  qui  restent  des  points  historiques  acquis.  Des  hommes  de 
«  génie  comme  Boucher  de  Perthes,  de  Caumont  et  d'autres  encore,  n'ont 
«  pas  procédé  autrement.  Ils  ont  travaillé,  vu,  et  profondément  réfléchi 
«  avant  de  parler.  Aussi  leurs  oeuvres  impérissables  seront  toujours  vraies 
«  pour  leur  gloire  et  pour  la  science.  » 

H.  D'ARBOIS  de  JUBAINVILLli. 

Paris,  le  23  juillet  189s. 


Le  Propriétaire-Gérant  :  Veuve  E.  BOUILLON. 


Chartres.  —  Imprimerie  Durand,  rue  Fulbert. 


BAS-RELIEF   INÉDIT 

AUTREFOIS  A  LA  BIBLIOTHÈaUE  DE  STRASBOURG 


Au  mois  d'août  1869,  à  la  suite  d'un  voyage  de  M.  Alex. 
Bertrand  et  du  général  Creuly  en  Alsace,  le  musée  de  Saint- 
Germain,    alors  en  voie   de  formation,  acquit  de  M.  Aug. 


Bas-relief  de  Brumath,  autrefois  à  la  Bihliotliéque  de  Strasbourg. 

Saum,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Strasbourg,  une  série  de 
cinq  moulages  en  plâtre  d'après  des  bas-reliefs  gallo-romains. 
Un  an  après,  les  originaux  étaient  détruits  par  les  bombes 

Revue  Celtique,  XVI.  27 


370"  Salomon  Reinach. 

prussiennes,  dans  la  funeste  nuit  du  24  août  1870  ^  Les  mou- 
lages conservés  à  Saint-Germain  ont  donc  aujourd'hui  toute 
l'importance  archéologique  des  originaux  dont  ils  tiennent 
lieu.  L'un  d'eux  est  reproduit  par  la  similigravure  au  début  du 
présent  article  ;  voici  l'indication  succincte  des  autres,  avec  le 
numéro  d'ordre  des  moulages  sur  le  registre  d'entrée  du 
Musée  de  Saint-Germain. 

11374.  Bas-relief  censé  provenir  du  Donon,  représentant 
une  femme  drapée  debout  à  gauche  (Rosmerta),  et,  à  droite, 
Mercure  appuyé  sur  un  caducée.  Dans  le  champ,  entre  ces 
deux  personnages,  un  coq.  Haut.,  i  m.  45. 

11 375.  Bas-relief  découvert  à  Strasbourg  en  1866  à  la  limite 
de  la  ville  franque,  en  dehors  de  l'enceinte  gallo-romaine.  Di- 
vinité mithriaque  avec  quatre  ailes,  debout  devant  un  Hon 
passant  à  gauche.  Haut.,  o  m.  70.  Ce  bas-relief  a  été  publié 
trois  fois:  en  héliogravure,  par  M.  Quicherat,  Revue  des  So- 
ciétés savantes,  1868,  VIII,  p.  398;  en  xylogravure,  par 
M.  Froehner,  Musées  de  France,  pi.  23,  et  en  similigravure  par 
M.  Cumont,  Monuments  figurés  du  culte  de  Mithra,  3^  fascicule 
(1895),  n°  240. 

11376.  Bas-relief  représentant  le  buste  de  la  déesse  Sirona, 
avec  la  dédicace  Deae  "Bironae  au-dessous.  Découvert  en  175 1 
à  Saint-Avold  ;  ancienne  collection  Schoepflin.  Haut.,  o  m.  40. 
Ce  bas-rehef  a  été  publié,  d'après  un  dessin,  par  M.  Ch.  Ro- 
bert, d'^ns  h  Revue  Celtigue  (t.  lY,  p.  136). 

11377.  Inscription  funéraire  trouvée  à  Saverne  en  1852; 
dans  le  bas,  une  petite  ouverture  (Brambach,  Corp.  inscr. 
rhen.,  n°  1864). 

11378.  Le  bas-relief  que  nous  reproduisons. 

Un  personnage  barbu,  complètement  nu,  les  bras  retom- 
bant le  long  du  corps,  est  debout  sous  une  arcade  supportée 
par  deux  colonnettes^.  Au-dessous,  dans  un  cartouche  orné 
de  queues  d'aronde,  on  lit  en  caractères  hauts  de  o  m.  018: 

ERVMO 


1.  V.  l'article  de  M.  Reuss  dans  la  Rez'tie  Critique,  1870,  II,  p.  160. 

2.  Ces  arcades  sont  l'indication  en  raccourci  d'un  petit  temple;  on  les 
voit  souvent  indiquées,  avec  ou  sans  les  colonnettes  de  support,  sur  les 


Un  Bas-Relief  inédit  de  Strasbourg.  371 

D'après  une  lettre  écrite  à  M.  Bertrand  par  M.  Saum,  en 
1869,  la  matière  du  bas-relief  était  le  stuc.  Le  moulage 
prouve  qu'il  devait  être  en  mauvais  état.  Au  premier  abord, 
l'aspect  de  la  photographie  ferait  supposer  que  les  jambes 
sont  celles  d'un  animal  plutôt  que  d'un  homme;  mais,  en  se 
reportant  au  moulage,  on  reconnaît  que  les  mutilations  subies 
par  la  partie  inférieure  du  relief  sont  seules  responsables  de 
cette  apparente  anomalie. 

Le  bas-relief  qui  nous  occupe  a  été  découvert  au  commen- 
cement du  siècle  à  Brumath,  l'ancienne  Brocomagus,  où  les 
antiquités  gallo-romaines  ne  sont  pas  rares  %  et  où  l'on  a  éga- 
lement recueilli  des  objets  remontant  à  l'époque  celtique  2.  Il 
a  été  signalé,  à  la  suite  de  Schweighâuser  et  de  Ravenez  (le 
traducteur  de  Schoepflin),  par  Brambach,  dont  la  notice, 
publiée  au  Corpus  inscriptionam  rhenaiiarum  (1867),  est  ainsi 
conçue  (p.  341) : 

*i898  Ih?  «  Trouvée  dnns  les  fondations  d'une  maison  de  Brumath.  » 
Rav.  5  «  Figure  en  stuc.  ».  Scbw. 

Deus 
E.  R.  V.  MO 

Scfiweigliiiuser  iiist.  I,   494.  Ravenez,  III,   129,  dicit  iii  Inhliotheca  Argcn- 
torateitsi  servari,  uln  non  in-veni.  Pro  faha  iuscriptioneiii  haheo. 

Brambach  a  déclaré  faux,  sans  les  avoir  vus,  le  bas-relief  et 
l'inscription.  Mais  l'inscription  n'est  pas  conforme  à  la  trans- 
cription qu'il  en  a  donnée  d'après  Ravenez.  Non  seulement  il 
n'y  a  pas  trois  points  entre  les  lettres,  mais  il  n'y  en  a  aucun. 


stèles  gallo-romaines  représentant  des  divinités  ou  des  défunts.  Cf.  au 
musée  de  Saint-Germain  les  nos  1220,  25077,  24424,  24883,  24884, 
27517,  etc. 

1 .  Cf.  P.  Ristelhuber,  Dictionnaire  du  Haut  et  du  Bas-Rhin,  Strasbourg, 
1865,  p.  79;  Rev.  archcol.,  1867,  I,  p.  159. 

2.  Voir  le  Dictionnaire  archéologique  de  ta  Gaule,  art.  Brumath. 

3.  Schœpflinus  (Jo.  Daniel),  Alsatia  illustrata  celtica  romaua  francica. 
Traduction  de  L.-\V.  Ravenez,  I-V.  Mulhouse  (Perrin),  1849  ^^l-'  '""S- 

4.  Schweighâuser,  Antiquités  du  département  du  Bas-Rhin,  I-III.  Manus- 
crit in-fol.  de  la  bibliothèque  de  Strasbourg,  utilisé  par  Brambach  (cf.  Corp. 
inscr.  rhénan.,  p.  xxv.) 


372  Salomon  Reinach. 

La  lettre  V  paraît  bien  encadrée  de  deux  points  qui  peuvent 
éveiller  l'idée  de  points  de  séparation;  toutefois,  en  regardant 
de  près  le  moulage,  on  s'aperçoit  que  ces  points  ne  sont  pas 
à  la  même  hauteur,  qu'ils  sont  de  forme  irrégulière  et  que 
leur  présence  est  purement  accidentelle.  Loin  donc  de  cher- 
cher des  mots  dont  les  lettres  E,  R,  V  et  le  groupe  MO  se- 
raient les  expressions  abrégées,  il  faut  admettre  que  l'inscrip- 
tion est  une  dédicace  au  dieu,  d'ailleurs  tout  à  fait  inconnu, 
dont  le  nom  se  présente  ici  sous  la  forme  Erumo. 

Ce  nom  de  divinité  ne  figure  ni  dans  le  Spracbschalz^  de 
M.  Holder,  ni  dans  VOnomasticon  de  V.  de  Vit,  ni  dans  les 
listes  de  noms  celtiques  ou  supposés  tels  qui  ont  été  dressées 
par  MM.  Creuly  et  l'abbé  Thédenat.  Cela  s'expUque  d'autant 
mieux  que  Brambach,  dans  l'index  de  son  recueil,  n'a  pas  ren- 
voyé à  Erumo.  Au  musée  de  Saint-Germain,  M.  Al.  Bertrand 
avait  exposé  le  moulage  du  bas-relief  de  Brumath  avec  l'éti- 
quette :  «  dédicace  au  dieu  Erumus  »  ^  ;  il  l'avait  rapproché, 
dans  la  salle  XIX,  consacrée  aux  monuments  de  la  mythologie 
gallo-romaine,  de  l'inscription  du  buste  de  Beaumont-le- 
Roger,  qu'il  lisait  ESVMO  PASCNVSTICVS,  et  où  il  recon- 
naissait un  ex-voto  «  au  dieu  Esumus  ».  Il  y  aurait  donc  eu, 
suivant  lui,  deux  divinités  gauloises  presque  homonymes,  Esu- 
mus dans  l'Eure  et  Erumus  dans  le  Bas-Rhin. 

Cette  manière  de  voir  ne  peut  plus  être  admise  aujourd'hui. 
Je  crois  avoir  montré  que  l'inscription  du  buste  de  Beaumont- 
le-Roger  ^  doit  se  lire  Esumopas  Cnusticus,  et  que,  par  suite, 
le  nom  de  dieu  Esumus  n'est  attesté  par  aucun  document. 
Reste  donc  seulement  Erumo,  forme  fournie  par  une  inscription 
dont  la  lecture  est  certaine  et  dont  l'authenticité,  quoi  qu'en 
ait  dit  Brambach,  ne  peut  être  raisonnablement  mise  en  doute. 

Si  Erumo  était  écrit  en  grec,  EPTMQ,  on  n'hésiterait  pas  à 
y  reconnaître  l'épithète  de  Zeus,  âp'JiJ.s;,  signifiant  «  protec- 
teur »  3  et  apparentée  au  mot  à'p'j;xx  «  rempart  »  ou  «  abri  ». 
Mais   rien  ne  nous  porte  à  croire  qu'un   mot  analogue   ait 


1 .  Cf.  mon  Catalogue  sommaire  du  musée  de  Saint-Germain,  p.  31. 

2.  Revue  Celtique,  t.  XV,  p.  413  ;  Bronzes  figurés,  p.  231,  no  223. 

3.  Theogn.,  II,  64,  31. 


Un  Bas-Relief  inédit  de  Strasbourg.  373 

existé  en  celtique.  En  revanche,  nous  pouvons  citer  un  cer- 
tain nombre  de  thèmes  celtiques  en  -otn,  -um  :  tels  sont  :  Ged- 
oni-o^,  Aged-om-o-pas ,  Es-um-o-pas,  Mogit-um-a,  Rum-o,  Seg- 
om-o.  Le  rapprochement  avec  les  noms  d'homme  et  de  dieu 
Gedomo  (ou  Gedenio)  et  Segomo  autoriserait  peut-être  à  penser 
que  Erunio  est  un  nominatif,  non  un  datif;  on  pourrait  rap- 
peler à  ce  propos  que,  sur  l'autel  de  Paris,  les  noms  de  dieux 
représentés  sont  au  nominatif:  Tarvos  Trigaranus,  Volcanus, 
Esus-.  En  tous  les  cas,  il  paraît  certain  qu'Erumus  ou  Erumo 
est  un  nom  à  ajouter  à  la  hste  des  divinités  gauloises  qui  nous 
sont  connues  seulement  par  les  inscriptions. 

Salomon  Reinach. 


1 .  Ce  nom  et  les  suivants  figurent  dans  les  listes  de  MM.  Creuly  et  Tlié- 
denat  ou  dans  le  Sprachschali  de  Holder. 

2.  Desjardins,  Gcogr.  de  la  Gaule  rom.,  t.  III,  pi.  xi. 


THE  ANNALS  OF  TIGERNACH 


I.  —  THE  FRAGMENT  IN  RAWLINSON  B.  502. 

Tigernach  hua  Braein  was  a  learned  abbot  of  Clonmacnois, 
who  died  in  the  year  1088.  Of  the  Annals  ascribed  to  him 
there  are  now  extant  only  the  following  fragments  : 

1.  From  the  time  of  the  prophets  Oseas,  Amos,  Isaias, 
Jonas  and  Michasas  to  the  time  of  Antoninus  Pius. 

2.  From  B.C.  322  (or  thereabouts)  to  A.D.  360. 

3.  From  A.D.  489  to  A.D.  766. 

4.  From  A.D.  975  to  A.D.  1088. 

The  lirst  of  thèse  fragments,  now  for  the  first  time  printed, 
is  preserved  in  Rawlinson  B.  502,  a  twelfth-century  vellum  in 
the  Bodleian,  ff.  1-^-12''. 

The  second,  third  and  fourth  fragments  are  inRawl.  B.  488, 
ff.  i''-i9'',  a  vehum  of  the  I4th  century,  also  in  the  Bodleian. 
Thèse  fragments  hâve  been  edited  b}^  dr.  O'Conor,  with  gross 
inaccuracy,  in  his  Rcruvi  Hiheniicarnin  Scriptores,  Buckingham, 
1825,  vol.  II,  pp.  1-3 14.  The  fourth  fragment  is  followed  by 
an  anonymous  continuation  (ft".  20-26)  in  Irish,  from  A.D. 
1088  to  A.D.   1178,  which  bas  not  hitherto  bcen  printed. 

A  fifth  fragment  of  Annals,  which  dr.  Todd  supposed  to  be 
part  of  Tigernach's  work,  is  found  at  the  beginning  of  a  MS. 
in  the  library  of  Trinity  Collège,  Dublin,  marked  H.  i.  8. 
This  fragment  consists  of  four  leaves  of  vellum  written,  I 
think,  in  the  I4th  century,  and  covers  the  time  from  A.D.  34 
(or  thereabouts)  to  A.  D.  378.  It  lias  not  been  printed. 


The  Annals  of  Tigernach.  First  Fragment.  375 

The  sources  of  the  Irish  portions  of  the  fragment  now  pub- 
lished  are  not  now  discoverable.  But  the  non-Irish  portions 
are,  for  the  most  part,  compiled  from  the  following  works  : 

1.  S.  Hieron3^mi  Interpretatio  Chronicae  Eusebii  PamphiH 
(Migne's  Patrologia  laiina,  t.  XXVII). 

2.  Pauh  Orosii...  Historiarum  hbri  septem  (I  hâve  em- 
ployed  Havercamp's  édition,  Leiden,  1738). 

3.  Chronicon  siue  de  sex  huius  secuH  aetatibus,  printed  in 
Bedae  Opéra,  eà.  Giles,  London,  1843,  vol.  VI,  pp.  270-332. 

Besides  thèse,  Tigernach  used  the  Vuigate,  Isidorus  Hispa- 
lensis'  Etymologiartim  Libri  XX,  a  Latin  translation  of  Jose- 
phus'  Antiquities  oftbe  Jeius,  and,  possibly,  also  the  lost  Chro- 
nicon of  Juhus  Africanus. 

There  is  a  facsimile  of  two  pages  (ff.  6^,  7^)  of  the  follow- 
ing fragment  in  Gilbert's  National  MSS.  of  Ireland,  Part  I, 
plates  xliii,  xliv.  And  six  of  the  Irish  glosses  hâve  been  edited 
in  this  Revue,  t.  VII,  p.  374. 


RAWL.  B.  502,  Fo.  i.^  I. 


cjtfe ferw7ît,  quemmultoantetempore régnasse  pr^'^scripslmw^. 
Osse,  Amos,  Essaias,  lonas  et  Michias  m  ludea  profetant,  ut 
alii  aiunt. 

KK.  Faccea  f/l/ws  Manachem  rexit  ISrael  annis  .u. 

Romulus  et  Remz/i"  generantwr  Marte  et  Ilia, 

KK.  Al[c]meon  uxif  Aihenenses  annis  .u. 

Faccea  ïilius  Romelia^  rexit  Israël  annis  .xx. 

KK.  Carpwi^  regnanit  Athenenses  annis  .x. 

KKK.  Turimas  rexit  Maddoniani  annis  xxx  ix. 

KKKKKK.  lOtham  morit/yr. 

K.  Ac\\2.z  ïilius  lotha/;/ rt'.v// lUdam  an;//i  .xui.  Ab  hoccon- 
ductw^  Teglad  Fallazar  rex  Assirion^/w  Rassin  regem  Sm^inter- 

I .   leg.  Charops 


376  Whitley  Stokes. 

fecit  et  habitatores  Damasci  tmnstulit  Cirinen.  Aesimides  ^ 
rexit  Athèncnscs  annis  .x. 

KKK.  Achaz  horologium^  inuenit.  Eliates  3  rexit  Lidios  an- 
nis  .xiiii. 

K.  Romulus  veo}iaiiil  annis  xxxix. 

KKK.  Osse  f/lZ/isHela  rexii  Israël  ■âniiis  .ix.,  qui  fuit  nouis- 
s'imus  decim  tribuum  rex. 

KKK.  Roma  condita  est  in  monte  Palatino  .xi.  kal.  Maias 
a  geminis  Remo  et  Romulo  f/l/is  Rex  Siluiie,  quae  erat  filia 
Numitoris  f/l/i  Frochx,  ciiiiis  f/l/us  fuit  Amuliw5  rex.  qnae  Rea 
uirgo  uestalis  fuit,  sed  roHstuprata,  ideo  in  terram  uiua  de- 
fossa  est  ab  Amulio  patris  sui  iratre,  q//i  eius  f/l/os  in  Tib[e]riw 
fluuium  expossuit.  q«os  in  ripa  flum/nis  inueniens  Acca  Lau- 
rentia  primi  armnztarii  et  regii  Faustuli  uxor,  quae  Lupa  dice- 
hulur,  rapuit  inde  -àlmique,  et  ideo  Romub/j-  a  lupa  nutrit//j  di- 
citur.  Siue  Faustui//j  ipse  eos  m  ripa;//  expositos  ab  unda,  ut 
magis  putandu///  est,  i;/uenit  et  detulit  ad  Accam  uxorem  suam, 
quae  po^tea  eos  aluit,  q//i  cuni  adoleuissent,  collecta  pastor/^?;î 
manu,  Amulium  rcgem  hatrem  aui  sui  Numitoris-*  in  uinàictam 
niatr'is  sUcT;  et  mersionis  sux  in  flum///e  i///t'/'fecerw//t,  [to.  i-'2] 
auumq/a'  suu///Numitorem  in  regnu///  ffi//stituunt,  sed  r\on  diu 
in  regno  remansit.  N(^////  Romul//jr  ad  r()//secration^/;î  regni  sui 
interÏQch  eum. 

Tifrtio  anno  p/iore  Teglad  Fallazar  rex  Assiriorurii  sub  Faccea 
f/l/o  Romelias  rege  Israël  t/-anstulit  p/'imo  Ruben  et  Gad  et  de- 
medium  tribus  Mannasse  in  Assirios  et  dispt'rsit  eos  in  terra 
ex(ilii). 

K.  Calidicwj5  rexit  Athcnenses  ixiinis  .x. 

K,  Rem;^5  occissus  est  rutro  (.i.  o  sunn)  pastorali  a  Fabio 
duce  Romuli  ob  uallum  (.i.  murnni)  saltu  ^  t/'rttnsilitum  anno 
ab  Urbe  rc?/dita  tenio.  Romul/vi  frâf//-is  sui  (.i.  Rémi)  sangine 


1 .  MS.  Aesimides 

2.  MS.  horalogium 

3 .  leg.  Alyattes 

4.  MS.  numutoris 

5 .  leg.  Cleidicus. 

6 .  in  marg.  ob  assili  impunitatem  [magna  Romulo  multitudo  coniungitur, 
Euseb.  Hieron.,  p.  566J. 


The  Aimais  of  Tigernach.  First  Fragment.  7,-ji 

muros,  regnuw  aui  (.i.  Numitoris),  templum  soceri  (.i.  Titi 
Tatii^  régis  Sabinorw;u)  dicnuit.  In  Cons\i^\i\)us  ~  ludis  Sa- 
bine a  Romanis  raptiï  et  uiolatiç  suni. 

M...  oïàiis  xcxit  Medos  annzV  .xl. 

K.  Romul//j  milites  ex  populo  elegit  ac  centum  a  populo 
nobilissimos3  uiros  elegit,  q/zi  ob  a^tatem  senatores,  ob  curam 
uéTo  ac  solliciludine;;/  rei  publico:^  p^/res  uocati  suni. 

KK.  Amoyses  rexit  lEgi^tios  aniiis  .xlii. 

K.  Achaz  mort[u]us  est  in  hoc  tempore,  ut  Eusebi//j  ait.  Re- 
gnum  defecit  .x.  tribuu;;?  q//i  erant  in  parte  Samaria^  et  uictit 
a  Sencharim  qui  et  Salmanasar  rege  Caldeorum  et  translata; 
sw//t  in  montes  Medorum.  Beda  u^ro  refert  in  sexto  aivio  Eze- 
chi^e  Samaria;//  deletam  esse.  Ezecias  f/l/«s  Achaz  rexit  luda?n 
annis  .xxix.  Mêles  rexit  Lidios  annis  .xii. 

KKKKK. 

N////C  iNcipit  captiuitas  .x.  tribuum. 

Sexto  Ezechia;  anno  Salminasar  rex  Assirior///;/  capta  Sama- 
ria  transtulit  Israël  in  Assirios,  ad  Niwuen  scilicet  ciuitatem  4, 
[fo.  i^  i]  c/«ws  regnum  a  primo  Hierobuam  an/t;  stetcrat  anuis 
.ccclx5. 

SecM7iào  annc  priore  Hipomenes^  rta// Athen6';/j"t'j'  an///j-  .x. 

Regnatuwz  est  in  Samaria  annis  .ccl.  Samaritanorw///  gens 
sumsit  exordium  ab  Assiriis,  qui  transmigrati  habitauer///ït  in 
Samaria,  qui  inferpretantur  custodes,  eo  quod  captiuata  plèbe 
Israël  in  terra.m  ad  custodiatii  coUocati  suin. 

Hoc  tempore  Essaias  et  Osse  profetabant. 

KKKKKKK.  Candaules  rexit  Lidios  annis  .xuii. 

Q//arto  decimo  anno  Ezechi^  ascendit  Sinchirib  ^ilius  Sal- 
minasar régis  Assiriorww  in  terram  ludae,  et  indixit  Ezechia; 
XXX  tallenta  auri  et  xxx  tallenta  argenti.  Tallentum  habet  tria 
milia  siclorww,,  siclus  auteiii  xxx  (uel  xx,  ut  alii)  obelos.  Obelus 
auteni  est  demedium  scriptuli. 


1 .  MS.  (hère  obscure)  seems  tit/«tatus 

2.  MS.  coHsodalibus,  the  d  being  inserted  to  prevent  hiatus. 

3.  MS.  nouilissimos 

4.  Hère  the  words  «  Tuiic  Tobias  capuis  est  »  are  inserted. 

5 .  «  ccix  »  in  Beda,  VI,  286,  from  whom  this  sentence  is  taken. 

6.  MS.  hipomenses  ;  Icg.  Hippomenes 


378  Whitley  Stokes. 

K.  Leoc/77tes  rexit  Aiheneiises  aniiis  .x. 

Hos  annos  .xu.  qui  sequnt//;-  addidit  Doniintis  Ezechin^  egro- 
tanti  monemque  tune  certissimam  per  Essaiam  sibi  profetam 
prfl^stulanti  ac  petenti  et  peccata  sua  deflenti.  Sole  reu^rso  ab 
occassu  pêne  ad  ortuni  et  umbra  per  x  linias  in  horologio  Achaz 
in  signLi;/^  sibi  mise  deferend^e  reiKTtente  :  q//o  tempore  quoque 
occidit  Deus  p^r  angelum  .clxxxu.  milia  Assïnoruiii  ^ropter 
deprecationem  Ezechi^e  q/^^'rentis  (.i.  no  ereged)  s^perbia;;; 
Sinchirib  et  Rapsacis  ducis  eiiis  uerha.. 

KK.  Pé^rdica  rexit  Macidonios  annis  Ai. 

Cobtach  Côel  Breg  mac  Ugaine  Môir  do  loscud  co  trichait 
rig  imme  i  nD'iiid  rig  Maige  Ailbe  hi[m]Brudin  [fo.  i''2] 
Tua;;nTia  Tenbath  sai/zrud,  la  Labraid  Loiiigsech  Môen  mac  Ai- 
lella  Ane  mr//c  Loeguire  Luire  maie  Ugai;/e  Môir,  i  wdigail  a 
athar  7  a  senathar  romarb  Cobthach  Côel.  Cocad  ô  sein  etir 
Laigniu  7  Leth  Cuind. 

[«  Cobthach  the  Slender,  of  Bregia,  son  of  Ugaine  the 
Great  was  burnt,  with  thirty  kings  around  him,  at  Dind  Rig 
ofMagh  Ailbe,  in  the  Hostel  ofTuaimm  Tenbath  precisely, 
by  Labraid  the  Dumb  Exile,  son  of  Ailill  Ane,  son  of  Loeguire 
Lorc,  son  of  Ugaine  the  Great,  in  revenge  for  his  father  and 
his  grandfather  whom  Cobthach  the  Slender  had  killed.  War- 
fare  thence  b'etween  Leinster  and  Conn's  Half^  ».] 

KKKKKKKK.  Absander  -  rexit  Aûienenscs  annis  .x. 

KKKK.  Hoc  anno  Ezechias  mort[u]//i-  est. 

Romul//j  q//i  rexit  Roma///  xxxix  aiviis,  ciun  apud  paludew 
Caprea//i  deambulassct  n//jqz/rt/«  cowparuit.  Poit  h////c  senatores 
uno  anno  rcni  puplica;;/  rcxer////t. 

[in  marg.  iiimcccuiii.]  K.  Mannasses  f/l/ws  Ezechias  rexit 
Iuda;;i  ixnnis  .lu.,  a^ud  qitein  Essaias  proféra  serra  in  caput 
adacta  pcr  longu/»  in  duas  partes  diuisswj  est.  Hic  ob  scelera 
sua  catenat//5  et  co/;/pedit^/5  in  Babiloniam  duct//5  est^  sed  ob 
penitentiam  et  prcces  restituit//r  in  regnu///. 

Gisses  rexit  Lidios  annis  .xxxui. 


1 .  the  northern  half  of  Ireland. 

2.  Icg.  Apsandcr 


The  Aiinals  of  Tigernacli.  First  Fragment.  ^79 

Romanor//;//  secuiidiis  Numa  Poinpili«j'^  régnait  il  aniiis  .xli. 
q«i  Capitolium  a  fundam^/ztis  œdificauit,  qinque  uestales  uir- 
guines  pnmus  instituit,  duosq/zf  ma/ses,  lanuariu;//  et  Februa- 
nufii,  .X.  meusibus  anni  adiecit.  Tune  quoque  Sibella  Samia 
claruit. 

KKKKK.  Erixias  ^  vexit  aniiis  .x.  Athcnenses. 

KKKKK.  Dinastia  JEgl^noriDn  intennittkuy  annis  .c.xii. 
Rursum  JEgipûoruin  dinastia  renascitur  et  regnauit  Amixnius 
Saitis  annis  .ui. 

Sexto  anno  priore  c[o]epit  regnare  Medos  Cardeceas,  q//i 
vegnaiùt  :inms  .xiii. 

KKKK.  Athenis  annui  principes  .ix,  ro;/stituti  s//;/t  cessan- 
tibwj  regibw^.  Tune  finis  Athenensis  regni  fuit. 

KKK.  Nefi-ites  rexit  Aigiptios  annis  .ui.  [fo.  2^  i  in  marg.  : 
Orosius  hoc  ait].  K.  Multis  praelns  undiqw^  scatescentib«5  reg- 
num  ad  Scithias  exiit,  ac  deinde  ad  Medos  per  Diocum  reduc- 
tuw^  et  post  ad  Caldeos  ac  subinde  ad  P^rsas  uagatum  est. 
Qjnntus  Medor/Yw  rex  Dioces,  q//i  rcgnanit  awiis  .liiii. 

KKKKK.  Anciioris  vexit  JEgiptios  annis  .xii.  Dinastia  uigesi- 
ma  nona  Ni//dissior«/;/. 

KKKKKKKKKKKK.  Mutes  vexit  Egipios  avino  uno.  Ardes 
vexit  annis  xxxuii.  Lidios. 

K.  Neferioces  vexit  JEgïpfios  .iii.  mf//sib//i".  Nectinebis  vexit 
JEgîptios  annis  .xuiii. 

KKKKK.  Qz/into  anno  priore  cepit  regnare  Çsic^  Macido- 
nios  Acneus.  annis  .xxxix.  regnans. 

Secundo  an/zo  priore  regnare  c[o]epitLatinorum  tt'rtiwj,  Tul- 
l/i5  3  Hostili//j^  q//i  vegnauit  annis  .xxu,  qui  primwj'  reguwH 
Rovnanovuni  purpora  et  {ascihus  ussus  est,  et  adiecto  monte 
Celio  Urbem  ampli[fi]cauit. 

KKKKK.  Bizantium  .i.  Co/;stantinopolis5,  aPausaniarc^z/dita 
est. 

KKKKKKK.  Mannasse  mort[u]«j  est. 

1 .  MS.  pampili/« 

2.  MS.  Frigas:  leg.  Eryxias 

3 .  MS.  tulli//.v 

4.  MS.  regnu;// 

5 .  MS.  co/;stantinapolis 


?8o  Whitley  Stokes. 

K.  Teo  l'exil  JEgipios  annis  .ii. 

Ammon  BUus  Mannasse  rexit  ludam  an;?/5  duohus  iuxta 
Ebreos.  secniiduni  uero  .Ixx.  liitei-pretes  aniiis  ,xii. 

Histrw^  (.i.  ciuitas)  in  Ponto  condita  est. 

K.  Ammon  a  serais  suis  i)iterficitur. 

K.  losias  îilius  Ammon  rexit  luda^w  annis  .xxxi.  Hic  mun- 
data  ludea  et  Hierusalem  templo  etia)ii  innouato  post  abiectas 
sordes  idolatrix  pascha  celib^rrimuw  Domino  fecit  .xuiii°  anno 
regni  sui.  Et  cum  Nechaone  JEgipùonnii  rege  congressiis 
[fo.  2^2]  in  campo  Macedo,  qui^  nniic  Maximinopolis  uocarwr^ 
occ'isus  est. 

K.  Hoc  te;;;pore  Taies  Melesiw5  primwj-  fissiez/^  chrus  ha- 
'belur. 

Profetantibw5  \n  ludea  Heremia  Sofonia  et  Olda  uxore- 
Sellum. 

Nectanib//5  rexit  lEgi^tios  annis  .xuiii.  Hue  usgue  mansit  hoc 
regnum. 

KKKKKKKKKKKKKKK.  Caditates  rexit  Lidios  an?;/5  .xu. 

Romanor//m  qnartiis  Ancus  Marciwi  Numœ  ex  f/l/a  nepos 
rcgnauit  annis  .xxxiii.,  qwi  Auentinu;n  monte?//  et  laniculu;// 
Urbiaddedit  et  sup/-a  mare  .xui.  (.i.  sexto  decimo)  ab  Urbe  mi- 
liario  Ostiaw(.i.  insolam  7ie\  ciui/^/c///)  fo//dedit. 

K.  Hôc  tempore  Elchias  sacerdos  claruit.  Hoc  anno  ut  pr^f^- 
sc/'ipsim//^  losias  mundata  ludea,  et  reXiqua.  Hic  losias  .iiii. 
t/l/os  liabuit,  \d  est  lonan,  lochini,  Sellum,  Sedecliiam. 

Secunào  anno  p/'iore  c[o]epit  regnare  Medos  Fraortes  annis 
quatuor  .xx.  regnans  : 

KKK.  Pilipp//5  rfx/V  Macidonios  annis  .xxxuiii. 

KKKKKKKKKK.  Hôc  anno  losias  occisus  est  in  campo 
Macedo  a  Nechaone  rege  iEgipti,  ut  ^raescrx^simus. 

K.  lochini  îilius  lossia;  rexit  ludani  annis  .xi.  ])osi  uero 
Iosia7/i  stati///  regnauit  iilius  eius  lochaz,  qui  est  Sellu///  nonii- 
natus,  trib«5  mensihus,  quem  Nechao  ui//ctu///  ducens  in  ^Egip- 
tum  Eliachim  f/l/'/nn  lossia;  fr«//-em  eius  ro//stituit  regem,  et 
uocauit  nonien  eius  lochim. 


1 .  MS.  qiiae 

2.  Hère  there  is  an  enisure. 


The  Armais  of  Tigernach.  First  Fragment.  381 

KK.  N//WC  iNcipit  captiuitas  duan/;/^  tribuuw, 
Anno  t6'rtio  lochim  Nabcodonosôr  [fo.  2^  i]  rex  Babilonis 
capta  Hierusalem  et  plurimis  captiuatis,  in  quibus  erant  Daniel, 
Annanias,  Azarias,  Misœl,  partem  uassorz^w   templi  Doniinï 
Babiloniam  tnznstulit.. 


INcipit  regnu/«  Caldeorum. 

K.  A  qwarto  anno  lochim  Scriptura  regnum  Nabcodonosor 
co/;iputat,  qui  ^  e[r]go  non  solum  Caldeis  et  ludeis,  sed  et  Assi- 
riis  et  yEgiptiis  et  Moabditis  aliisqwi^  innumeris  gentibw^  incipit 
regnare. 

Quarto  âwio  priore  c[o]epit  regnare  (j/V)  Lidios  Aliates  nnnis 
.xlix.  Alii  ferw;?t  lochim  hune  a  Nabcodonosor  esse  captu;;;  et 
in  Babiloniaw  ductum. 

KKKKKKKK.  Mortuo  lochim  ïilius  élus  qui  et  lechonias 
regnauit  tribus  m^;/sibz^^  ac  diebwi"  .x.  Hic  circumdata  a  Cal- 
deis Hierusolima  exiit  ad  regem  Babilonis  cum  matre  sua,  et 
ductus  est  in  Babilonem  cum  populo  suo  anno  octauo  regni 
Nabcodonosor. 

Romanorw/y/  qu'AXlus  regnauitT ^rquinmusV riscus :\nnis \x^mi, 
qui  circu?;z-  Rorna^  œditicauit,  nximoruni  senator////;  auxit,  Ro- 
manos  ludos  instituit,  muros  et  cloacas  3  i^dificauit,  capitolium 
extruxit:  qz/i  ab  Anci  Marci  f/l/is  occiss//j- est.  Yiunc  Tarqwin- 
nia;;f  in  tempore  lossias  regnare  Beda  in  Cronica  refert. 

Qjid.no  an»o  priore  regnare  Medos  Ciraxires  an/z/V  .xxxii. 
regnans  in  te/;;pore  Nabcodonosor, 

K.  Sedecias  qwi  et  Mathian  rexit  Iuda/;i  d.nnis  .xi.  Hw/ws 
anno  [fo.  2'' 2]  undccimo  régis  autem  Babilonis  .xix.  (.i.  no/70 
deci/wo)  ludea  captiua  in  Babilone;«  ducta  est,  totaqwe  Hieru- 
saleîn  distructa  est,  et  templuw  incensum  est  a  Nabutzardan 
duce  Nabcodonosor  anno  ex  q«o  fundari  cepit  ccccxxxiiii. 

Hic  est  Sedechias  quem  }^^bcodonosor  duob//5  oc/dis  dempsit. 


1 .  MS.  quant 

2.  MS.  circium 

3.  .i.  inna  fannacon 


382  Whitley  Stokes . 

et  in  conspectu  p^/ris  f/l/os  suos  occidit  et  ipsum  ceann  po^tea 
in  Babiloniam  duxit.  Q.//i  autem  reliqwi  fuerant  ludei  tmnsfu- 
gerunt  in  ^Egiptum  qwa  post  annos  qu'mqiie  a  Caldeis  perçusse 
1)1  Babiloniam  siint  et  ipsi  tmnsmigrati. 

K.  Très  pueri  Sedrac,  Misac,  Abdinago  i;;  caminum  ignis 
a  Nabcodonosor  missi  sunt,  et  inde  eos  i/7columes  Detis  eripuit. 

K.  Daniel  in  laccuiii  leonu/;;  imnitiir,  sed  uerius  a  Dario 
rege  Meàorum,  post  eucrsaiii  Babiloniam,  in  terra  Medorww 
Daniel  missw.s"  est  in  laccuiii  leonu/;/. 

KKKKKKKK.  Hebreorw;^  captiuitas  in  Babiionia  annis 
.Ixx.  INte?;'  captiuitatew  autcm  Samaria;  qnae  fuit  in  Nirue  et 
captiuitate;;;  H'ierusiûeni  quae  fuit  in  Babiionia  anni  sunt  cxliiii. 

Hoc  tempore  Sapho  mulier  in  diufrso  poemate  claruit,  et 
Solon  leges  Athenensib//i'  dédit. 

Finit  qwarta  retas.  INcipit  q//inta,  quae  coiiîinet  annos 
•dlxxxix.  ut  poeta  ait.., 

O  dôerad  in  phopuil  co  gein  Fiadat  fedil 
côic  cet  is  née  mbliadna  ocbtinoga  co  demi/i, 
O  Adam  co  ngénair  oenmac  Maire  mini 
it  dd  hliadain  côicat  nôe  cet  is  tri  mili....,.., 

[From  the  Captivity  of  the  People  till  the  Birth  of  enduring 
God  (are)  five  hundred  and  eighty-nine  years  assuredly.  From 
Adam  till  gentle  Mary's  one  Son  was  born  there  are  fiftj^-two 
years,  nine  hundreds,  and  three  thousands.] 

[fo.  3''  i]  Quinta  mundi  n^tas  ab  exté'rmin[i]o  c[o]epit  regni 
ludaici,  quod  iuxta  Hercmii^  profetiam  .Ixx.  -Annis  p^'rmansit. 
Hoc  tempore  ignis  ab  altario  sublat/^^  et  in  puteo  abscondit//j 
^ost  .Ixx.  annos  uiuus  in  aq/ya  inuent/^J  est. 

KKKKK.  Europz/j  rexit  Macidonios  annis  .xxui. 

KKKKKKKKK.  Anno  xiiii.  postqiiani  p^rcussa  est  ciuitas, 
qui  est  uigissim//5  qiiintiis  transmigrationis  régis  lochin,  Eze- 
chel  uidit  in  uissionib//i  renouationcm  ciui/^///5  ac  templi  cere- 
moniannnque  eiiis. 

KKKKKKKKKKK.  Nabcodonosor  morit//r  uigissimo  quinto 
anno  po^t  eufrsionem  Hierusalc?//. 

K.  Romanor«;;i  sextwi'  Seruiî/5  Tuilli//j  regnauit  annis 
xxxiiii,  qui  .iii.  montes  Urbi  addidit,  Q//iriiiale;;/^  Esquilinum, 


The  Aimais  of  Tigernach.  First  Fragment.  383 

Uiminalem.  Fossas  circuni  muros  duxit.  Censûs  Romanoru;» 
pnm//jciuium  instituit.  Qjn  a  Tarqwinnio  Sup^rbo  gencro  suo 
occissus  est. 

Nono  anno  priore  c[o]epit  regnare  Çsic)  Medos  Astiages  qui 
et  Asuerws.  q//i  regnauit  annis  .xxxuiii. 

CroessLis  rexit  Lidios  annis  xu.  Croesswi"  poj'tea  a  Ciro  capt us 
est,    et  Lïdoruni   regnuni   distructu/;/    est,    quod    stetit    annis 

.ce. XXX. 

[in  marg.  iii/»ccclxxx.ix.]Euilmoradach  f/l/ws  Nabcodonosor 
iLiviis  regnauit  xuiii.  Anno  xxui.  po5t  eue;'sione/;i  Hierusoli- 
moYum  subleuaait  Euilmoradach  rex  Babilonis,  anno  quo  reg- 
nare c[o]epit,  qwi  est  annus  trigesimus  septimus  transmigra- 
tionis  lochln  [fo.  3^  2]  régis,  ca^ut  régis  lochin  de  carcere,  et 
possuit  tronu;/î  eius  super  tronum  regum  qui  ïuei'unl  cum  eo 
in  Babilone. 

Ni  ar  dôeri  trâ  adrimi  Matha  hoc  teinp/^5  acht  ar  méit  inna 
hairmiten  roboi  do  lochin  i;;ti. 

[So  not  as  captivity  does  Mattliew  reckon  hoc  teiupus,  but  for 
the  greatness  of  the  honour  whichwaspaid  to  lochin  therein]. 

îOseppw5  hoc  ait  (Beda  ait,  si  Iosepp;/5'  sc/ipserit  et  non  liber 
m?/zdosus  fallit)  ïd  est  centum  fere  annos  ab  eut'rsa  Hierusalem 
usque  ad  eutTsionf/;i  regni  KAldeoruin.  Nabcodonosor  enim, 
teste  sacra  Script/o'a.  xxu.  post  cu^rsa/;?  Hierusalem  uixit  annos. 
Euilmoradach  f/l/^<s  eius  regnauit  annis  .xuiii.  Negasar^  f/l///s 
eius  annis  .xl.  cui  successit  ïilius  eius  Labosordach  mensihus  .ix. 
Hoc  defuncto  ad  Ballazar,  qwi  Nabôan  nuncupatw/',  imptvium 
transisse  dicit,  qui  cum  .x.  et  .uii.  annis  regnaret,  captam  a 
Ciro  Persarz^w  et  Dario  Medor uni  rege  Babiloniam  exequitur^. 

Eusebiî/i'  ait  annos  .xxx.  a[b  eju^rsione  Hierusak»/  usque  ad 
iwitium  Cirii  régis  P^rsarum  ^  lulius  autem  African//i  .Ixx. 
annos  cowputat.  \Y\eronynius  autem  in  tractatu  Danielis  ait  : 
Tradunt  Ebrei  h/^fwscemodi  fabulam  us^w^  ad  septuagissimu/n 
annnm,  q//o  Heremias  captiuitatem  ^opuM  ludeor//;»  dixerat 
soluendam  esse.  De  qwo  Zacharias  in  principio  uoluminis  sui 

1.  sic  MS.  as  a  correction  o(  Egessar.  The  Neiiglissar  ofjosephus  is 
meant. 

2.  sic  Beda,  VI,  MS.  dich 

5 .   Hère  MS.  inscris  Uieroiiyinus  ait. 


384  Whitley  Stokes. 

loquiliir  :  Irrita?;/  putans  Dà  pollicitation^;;/  Baldazar,  îvAsum- 
que  promissu;;/_,  usque  in  gaudiu?//  fecit  grande  rfHuiuium,  in- 
sultans quodammodo  spei  [fo.  3''  i]  luàeoruDi,  et  uassis  templi 
D^i.  Sed  statim  ultio  diuina  ro;îsecuta  est.  Tune  apparuit  Bal- 
dazar pugnus  sine  manu  scribens  ïn  pariete  tria  u^rba,  id  est 
Mane  Techél  Fares,  quam  scripturam  ïnterpreiatus  est  ei  Daniel 
profeta  significantem  i;«pmuni  Caldeorw/n  in  Medos  et  Versas 
esse  tran[s]ferendu/;z^  d/ct'ns,  Mane,  id  est  numerus,  numerauit 
enim  Deus  regnum  tuum  et  compleuit  illud.  Techél,  id  est  ap- 
pensio  :  appendit  enini  Deus  regnum  tuuw  in  statéra  et  inuen- 
tu7;î  minus  habens.  Fares,  id  est  diuissio  :  diuissit  enim  Deus 
ïegnuin  de  manu  tua  et  dédit  Médis  et  P^rsis. 

Eusebiwj  ait:  Mortuo  Nabcodonozor  rege  Babilonior//;;/  sus- 
cepit  impc'/'ium  eius  Maradochi//^  iniperzior,  cui  successit  (rater 
eius  Baldazar. 

Heremias  profeta  ait:  Ecce  ego  mitta/;/  et  assumam  uniu^;- 
sivn  cognationt';;;-  aq/nlonis,  ait  Do/z/m/zs,  c/Nabcodonosor,  ser- 
uuw  meum,  et  adduca;//  eos  super  tf/'ram  Isra^'l,  et  seruient  Is- 
rahelitai  régi  Babilonis  annis  .Ixx.  ^  Cuinque  impleti  fuerint 
.Ixx.  anni,  uisitabo  super  terra;//  Caldeor/^;//  iniq/vitate/;/  eius, 
et  pona;;/  illam  in  solitudines  sempitt'/'nas  -  et  his  qui  eu;;/  la- 
chonia  ducti  sunt  in  Babilonem. 

Ait  ailibi  :  Cm;;/  c[o]epmnt  in  Babilone  impleri  .Ixx.  anni, 
reducam  uos  ad  locum  uestrum,  ait  DoniinusK 


INcipit  n//;;c  regnu;;/  Pcrsarum^. 

[fo.  3''2.  In  marg.  iii/;/ccccxxiii.]  K.  Pe;'sar///;/  ^rimus  drus 
regnauit  annis  .xxx.,  q//i,  deuicto  auo  suo  mat^'rno  Astiage 
Medorum  rege,  Médis  et  Pé'rsis  ipse  regnauit. 

Hic  primo  anno  regni  sui  Babiloniam  expugnauit,  regcmq//6' 


1 .  Jer.  XXV,  9,  1 1. 

2.  Jer.  XXV,  12. 

3.  Jer  XXIX,  10. 

4.  marg.  sup.  Adde  .iiii  annos  snpi'r  xx.ui.  praescriptos  uf  fiât  numerus 
.XXX.  aniior;/»i  a  uersione  Hierusa/fw  secundum  Euscbium,  et  sic  hi'c  nu- 
merns  rongruit. 


The  Annals  of  Tigernach.  First  Fragment.  ^85 

eius  Baldazar  occidit.  qiwd  i//credibile  pêne  apud  mortales  erat 
[in  marg.  Orosiiis  d/V/t],  nanc[iie  Babilonia///  a  Nebrôth  gigante 
fundatam,  a  Nino  auteiii  uel  a  Samiramide  uxore  dus  reparatam 
esse  ïei'wn.  Mmoi'uiii  dus  lirmitas  et  magnitudo  uix  credibilis 
relatu  est.  lAunis  coctili  laùve  atqw^  iiiterïusso  bitumine  coni- 
pactM^  erat.  latitudine  cubitor?/;;/  .1.  et  altitudine  quater  tanta, 
rf  ambitu  .cccclxxx.  stadiorum  circumuenit///'.  Ipsa  autein  qua- 
drata  erat,  et  in  consuiiimAÙone  pinnarum  média  iiiterca- 
pedine  uigenas  qwadrigas  capit.  A  fronte  muronuii,  ccntum 
portœ  aereœ^  Domus  i»trinsec//j  geminas  q//atcr  liabitationes 
erant. 

Ipsa  tamen  a  Ciro  et  Dario  sine  mini;;/a  pêne  mora  uicta  ac 
subuersa  est.  Nanqwe  Eiifraten  longe  ualidissimuw  et  mediam 
Babiioneam  i;//^rfluente//Mn  .cccclxxx.  fossas  diriuauit  ;  pt'r 
cuius  alueos^  Ciri 'exercitwj  ciuitatem  clam  nocte  subintrauit, 
eamqw6'  totaw  uastauit,  c[iiod  uel  humano  op^re  extrûi  uel  hu- 
mana  uirtute  distrui  utrumqw6'  pêne  ap/Y^f  mortales  [fo.  ^^  i] 
incredibile  fuit.  Quicquid  auteiii  est  opère  fo;zstructum  et  arte 
aDdificatu;;?  labi  et  a);;sumi  uetustate  Babilon  capta  conûrmai. 

Hic  Cir.'/5"  primo  anno  regni  sui  laxata  Hebreor///;;  captiui- 
tate  .1.  fere  milia  ho;;////um  regrcdi  fecit  in  ludeam,  restituens 
éis  ow«ia  uassa  templi  Doinim  aurea  et  argentea  quinque  mi- 
lia q«artcenta  (.f/V)  qwrté' Nabcodon[o]sor  de  Hierusak';;i  hi  Babi- 
loniam  transtulit.  Qjn  ludei  coiigregati  in  Hierusalem  mensQ 
.uii.  a^dificauerz/H^  aitare,  et  a  primo  die  m^/zsis  eiusdeni  c[o]e- 
p^runt  oiîerre  holochaustum  Do/;/mo. 

K.  Anno  auteni  secundo  aduent//j-  sui  mense  secundo  templi 
fundam^?zta  iecerw;/t  anno  incensionis  eius  iuxta  Affricanum, 
Ixx.ii.  ;  iuxta  u^ro  Cronicaw  Eusebi,  xxxii.  Sed  impedientib/« 
Samaritis  iw^ermissuw  est  opus  usque  ad  annuin  Dari  secuuduni, 
qui  eûam  in  regno  Assueri  et  Artarxer[x]is  scripserw/z/  accwi'sa- 
tionem  adu^rsu//i  ludeos,  et  rescripsit  Artarxerxes  ne  aedili- 
caretwr  Hierusal^?;;. 

KKK.  Alcetas  rexit  Macidonios  annis  .xxix. 


1.  MS.  adds  capit. 

2.  MS.  albeos 

Revue  Celtique,  XVI.  28 


^86  Whitley  Stokes. 

KKKKKKKKK.  Lïdoruni  regnuni  defecit;,  quod  stetit  annis 
.ccxxx. 

KKKKKKKKKKKKKKKKK.  Cirus  a  Tamire  regina  Sci- 
thiîe  occissus  est. 

[in  marg.  iii;;/ccccxxxi]  K.  Ca/;/bases  f/l/«s  Ciri  regnauit  an- 
nis  .uiii.,  qui  secunàus  Nabcodonosor  dicitur.  Hic  deuicta 
yEgipto  cunctani  eius  relegione;;^  abho/;/i;/at//i"  qw^v^rimonias  ^ 
eiiis  et  templa  deposuit.  [fo.  4^2]  Babilone^f  in  yEgipto-  a:;difi- 
cauit.  Wunc  aiunt  ab  Hebréis  secunduni  Nabcodonosor  uocari, 
sub  q//o  ludith  historia  conscnhiuir ,  quae  caput  Olfernis  am- 
putauit,  et  sccum  furtim  abstulit.  Unde  ab  exercim  eius  dic- 
tum  est  :  Deest  caput  Olfernis. 

KK.  Amintas  rexit  Macidonios  an;7/V  .1. 

K,  Romanorww  septimus  Tarq«inni//i  Snperhiis,  Tarq//inni 
Prisci  f/l///s,  regnauit  tinnis  .xxx.ii.,  q//i  causa  Tarqz/inni  lun- 
[ijoris  f/lfi  sui,  qwi  Lucretiam  corrup^rat?,  qmque  alio  nomme 
Aruns  uocabatwr^  regno  expuls//i  est. 

KKKK.  Cambisses  îiiius  Ciri  a  magis  suis  occissus  est. 

K.  Fra/res  magi  regnauerunt  m«zsibus  .uii. 

Hiessus  sacerdos  magnz/.y,  f/l///s  losedech  et  princeps  gentis 
Iudei"e  Zorobobél  f/l/ws  Salathel  f/l/i  locbin  f/'l/i  losix'  et  Aggeus 
et  Zacliarias  et  Malachias  proférai  claruer«;ît. 

Pithagoras  tissic//j  clarwj  filosoph/zi"  babetw;%  q//i  prim//5-  filo- 
sophos  et  filosophia^;;  noininci  no;/;/;/auit,  respuens  se  sapiente?;^ 
uocari. 

K.  Dariwj  Fersicus,  filius  Istai[s]pis,  regnauit  annis  .xxui. 
Inter  Dariu//ï  et  Ca/;/bassen  régnasse  duo  iratrcs  magos  in  libris 
cronicorw;;?  Euscbi  reperimus.  uerum  Hieronynius  in  expositione 
Danielis  scribit  post  Cambassén  Smerdén  maguw  régnasse, 
cuius  Pantharchen  f/l/a?;i  Cawbassis  ducit  uxoreni,  qui  cum  a 
septiw  magis  fuisset  occissus,  et  in  locum  eius  Dariw^  SM^ce- 
pisset  imp^^rium,  ead^w  Pantarches  nubsit  Dario,  qui  ex  ea 
Xerxén  [ilium  genuit. 

K.  secundo  anno  Darii  septuagissim//5-  annwj  captiuitatis  Hie- 
rusalt';n  [fo.  4^  i]  impletz^r,  ut  uult  Eusebi//^  testem  adhibens 

1 .  i.  e.  caerimonias 

2.  i.  e.  Cairo 

3 .  MS.  corru;//p('rat 


The  Annals  of  Tïgernach.  Fini  Fragment.  ^87 

Zachariam  profetam,  ad  queiii  secundo  anno  Darii  loquitur  an- 
gelusdicens:  Domine  exercituum,  usqwt'quo  tû  non  misserebms 
Hïerusakm,  et  urbiu///  luda  qnibus  hatus  ^  es  ?  Iste  septuage- 
sinius  annus  est  [Zach.,  i,  12].  Ite/;/  qwarto  Darii  anno  ait  idem 
profeta:  Cuni  ieiunaretis  é'/  plangeretis  per  hos  .Ixx.  annos, 
nunquid  ieiunium  ieiunastis  mi/;/ ?  [Zach.,  vii,  5]. 

KKKK.  Sexto  anno  Darii  templi  aedificatio  co;;/pleta  est. 
die  iertia  nit'/zsis  Adar  (.i.  Martius),  qui  est  xl.mus  sexius  an- 
nus  ex  quo  sub  Ciro  fundamt'nta  eius  sunt  iecta.  Un^^;  in  euan- 
gelio  dicunt  ludei  ;  xi  et  ui.  annis  a^dificatu///  est  hoc  templum. 
C[o]eper«nt  ludei  auteni  a^dificare  templum  anno  secundo  Da- 
rii mense  sexto  die  uigissima  qwarta  et  anno  .uii.,  ut  d/ct//ra 
est,  mensQ  .xii,,  die  tsrtia  compleuerw;;/.  Ex  quo  apparet  opus 
templi  et  an/ea  non  parua  ex  parte  p^ractum,  Annos  auteni 
Ixx.  a  distructione  'ûïius  usque  ad  ptrfectawi  restaurandi  licen- 
tia?/i  Qsse  computandos. 

KKKK.  Ab  egrt'ssu-  ScottorzY///  de  iEgipto  mille  anni  suni 
nsqiie  ad  decimuw  hune  annuw  Darii  régis  Ptrsar/y;;/. 

KKKKKKKKKKKKKKKKKKK.  Pulsis  Urbe  xQgihus  qu\ 
imperauerznzt  annis  .ccxliii.  uix  us(/«é^  ad  q/nntu;yz  decimu/;/  la- 
pid^m  Roma  tenebat  i///p(vium. 

Romx  posx.  exactos  reges  primum  ro/7sules  a  Bruto  esse  c[o]e- 
perunt.  Deinde  tribûni  plebis  ac  dictatores,  qui  q/nnq//t'  an/z/j 
regnauerw^t  populum,  [fo.  4'' 2]  c^-urs///;/ ro/zsules  rem  pupli- 
caw  obtenuer//;/t  per  annos  ferme  .cccclxiiii.  usq«^  ad  luliuni 
Cessarem,  qu\  primus  singulare  arripuit  imperium  olinipiade 
.clxxx[iii.] 

KKKKKKKK  (iii///lxxxuiii).  Xerxes  ïAius  Dari  regnauit 
annis  .xx.  Hic  /Egipiwn,  quae  a  Dario  discesserat,  capit.  Qui 
adu^fSM^  Graechin  pugnatur  .dcc.  milia  armatorwm  de  regno 
et  .ccan.  de  auxiliis,  rostratas  etiam  naues  mille  duocentas, 
onerarias  auteni  .iii.  milia  numéro  habuisse  narratwr.  Attamm 
uict/zi'  Leonida  rege  Spartanorww  cwn  .de.  uiris  contra  se  cuni 
.de.  milibwj  s«/s  pugnante  patriaw  refugit. 

Sub  his  tribw^  regib/z.c,  Ciro  scilicet  et  Dario  et  Xerxe,  Oro- 


1.  MS.  natus 

2,  MS.  ins;ressu 


388  Whitley  Stokes . 

sius  refert  decies  nouies  centena  milia  de  uisceribws  unius 
regni  Persïci.  esse  occissa. 

Herodot«5  hïstonaruni  scriptor  et  Zeuxis  pictor  agnos- 
cuntur. 

KKKKKKKK.  Alaxander  rexit  Macidonios  annis  .xliii. 

KKKKKKKKKKKK.  Escilus,  Pindar//^,  Sofocles  et  Eari- 
pides  tragoediarum  ^  scriptores  celebrantwr. 

[in  marg.  iii/;/cclxxix.]  K.  Arctabanz/^  rexit  Pf?;-sas  vnensihus 
.uii.  q/a  occidit  Xerxen  in  regia  sua,  ut  Orosi«5  ait. 

Socrates  natus  est. 

K.  Artarxerxes  (j/r)  qui  et  Longimanus,  id  est  Maicpcxéip  [leg. 
Mx/.piyz'.p]  regnauit  annis  .xl. 

KKKKKK.  Huius  anno  .uii.  p/ima  die  me;zsis  primi  Ezras, 
sacerdos  et  scriba  legis  Dt'i,  ascendit  de  Babilone  cum  epistolis 
régis,  et  in  prima  die  mensis  qwinti  uenit  in  Hierusalem  cum 
uiris  mille  Ace.  Tune  Ezras  profeta  totaw  Scriptz/ram  uetms 
testammti  [fo.  5^1]  a  Caldeis  incensam  renouauit  Spiritu 
Sancto  perïusus,  et,  biter  alla  strennue  gesta,  castigauit  f/l/os 
transmigrationis  ab  uxoribus  alienigenis.  [Ezra,  x.,  10.] 

KKKKKKKKKKKKK.  Eiusdem  régis  anno  uigissimo  Ne- 
mias  2  pincerna  régis  de  Sussis  Castro  adueniens  mur//w  Hieru- 
salem .lii.  diebwj-  restituit  et  genti  ducatum  .xii.  annis  prae- 
buit. 

Hue  usque  diui;7a  Scriptura  temporum  siriem  continet  : 
quae  pojt  haec  apud  ludeos  s;^nt  [dijgesta  de  libro  Machabeorum 
et  loseppi  âlq^ue  Affricani  scriptis  exhibentur,  qui  deinceps 
uniuersam  historiam  usque  ad  Romana  tempora  pt'rsecuti 
suni.  Et  qwidem  AÛricunus  in  qwinto  temporum  uolumine 
huius  temporis  ita  meminit  :  Mansit  ^rgo  impcrfectum  oipus 
usque  ad  Nemiam  et  uicesmum  annum  Artarxer[x]is,  quo  tem- 
pore  regni  P^rsarum  .cxu.  anni  fuerant  euoluti.  Captiuitatis 
autem  Hierusalem  centissimw^  octuogissim?^5  et  qwintus  erat 
annus.  Et  tune  primu;»  Artarxerxes  iusit  muros  extrui  Hie- 
rusalem, cui  op^ri  praeîuii  Nemias.  Et  a:dificata  est  platea  et 
mûri  circundati  suni  ei.  Et  ex  illo  tempore,  si  numerare  uelis, 


1 .  MS.  trogoediaru>» 

2.  MS.  nemais 


neM.alsoIT„ernacH.Fn.Fr.,«^'- 


,89 


càptiuitas  autem  Samana.[fo-  5^^^^^/^empore  per  Zoro- 

r«  Together  went  the  ten  m 

HkronywM5  ait .  iwrer  L'IF  ei  menses  très,  mi 

hSÙ s"::^-'"'-^^^^  '"  tXh  pontife.  fuU,  p«t 

m[o]cntii5. 

INcipitn»«ctemp«Machabeor„m. 

,•    -c  D'amers  week  «1,  and  in- 

terlmed  .  -i  •  'i"'" 
"'t  MS.trogocdmum 


jgo  IVhitley  Stokes. 

{uerunt  usqiie  aà   Aristobulum,   q/à  ciiiii  dignitate   pontificis 
etiam  regale  sihi  c[o]epit  usurpare  uocahulum. 

KKKKKKKKKKKKKKKKKKK.  Archelaus  rexif  Machi- 
donios  an/z/j  .xxiiii. 

K.  Artarxerxes  (sic)  qui  cognomiuauis  est  Mnemôn  ^,  Darii 
et  Parisaditis  f/l///s,  an/z/V  .xl.  ïQgnanit  P^rsas.  Sub  hôc  rege 
uidetwr  Hester  historia  fuisse  ro/npleta.  Ipse  quippe  est  q/Yi  ab 
Hebreis  Kssutïus,  et  a  .Ixx.  Intenpyeûhus  Artarxerxes  uocatwr. 

Athenenses  .xuii.  littms  uti  c[o]epgrunt,  cum  anto  .xui. 
tantum  littsras  haberent. 

KKKK.  Galli  Zenones-  duceBrenno?  Roma///  i/aïasserunt 
excepto  Capitolio  ^,  et  sex  mensibics  uastauerunt,  et  mille  libris 
auri  pr^tium  descesionis  paciscunt//;-. 

Tribuni  militares  pro  consxûihus  esse  c[o]epcrunt. 

Aristotiles,  octauum  decimum  ^etatis  annum  gerens,  Plato- 
nis  auditor  est. 

KKKKKKKKKKKKKKKKKKK.  Nectanebz/5  rexit  ^giptios 
annis  xuiii. 

K.  Orestis  rexit  Macidonios  imiiis  .iii. 

KKK.  Achelaus  rexit  Macidonios  anuis  .iiii. 

KKKK.  Ami;/tas  rexit  Macidonios  aniio  uno. 

K.  Pausias  rexit  Macidonios  anno  uno. 

K.  Amizztas  rexit  Macido;//o5-  aniiis  .ui. 

KKKKKK.  Argellis  rexit  Macido/2/W  ann/V  .ii. 

KK.K.  Artarxerxes,  quit'^  Ochus,  rexit  Pfrsas  [fo.  5 ''2]  an- 
nis  .xxui.  Iste  JEgiptuui  suo  iiiipeno  adiunxit,  Nectanebo  rége 
eius  iii  Ethiopiam  pulso  in  quo  iî-giptiorum  regnum  di[st]ruc- 
tu/;z  est. 

Amintas  rexit  Macidonios  an;;/.s-  xuiii. 

Demôstenes  orator  oniiilinn  rumore  celebrat/zr. 

Romani  Gallos  superant. 

KKKKKKKKK.KKKKKKKKK.  Alaxander  rexit  Macidonios 
anno  uno. 


1 .  MS.  memnôn 

2.  .i.  Lib('rpat(';-da.  Liher  pciter  enim  Sténo  àicitiix.  G  àW'i  aide  m  Stenoncs 
uocantur  quia  Lilvru;»  Patre;,v  hospitio  recipt'runt. 

3 .  MS.  brennio 

4.  MS.  capitalio 


The  Annals  of  Tigernach.  First  Fragment.  391 

Ptolomeus,  qui  et  Oloretes  àictm  est,  régit  MAcidonios  an- 
uis  .iiii. 

K.  Plato  philosophas  mortuus  est,  post  queni  Achademiam 
Speusippw^  tenuit. 

KKK.  Verdica.rexitMadâ.oniosânnis  .ui. 

KK.K.  Arses  Ochi  BU us  rexit  P^rsas  annis  .iiii. 

Hoc  tempore  ludeorum  pontifex  maxim^i'  ladas  chrus  ha- 
hetur,  cuius  ïratex  Mannasses  templum  m  monte  Garrazim  con- 
struxit. 

Speusippwj  moritwr^  cui  successit  Xenocrates. 

K.  Pihppw5  Aminte  ^  iilius,  q//i  cum  Athea  Scitharum  rege 
conflixit  et  fraudulentia  ^  magis  (\uam  uirtute  eum  uicit,  ac 
.XX.  [milia]  captiuorura  secum  duxit,  regnrt«/7  Macidonios  anww 
xxiii.  Cuius  anni  duob//5  exceptis  ante  exacti  sunt,  quia  Euse- 
h'mm  in  sirie  Macidonicorum  regum  secuti  sumus,  qui  Ixx 
Interprètes  sequhur,  quique  semper  regum  tempora  protelat, 
ideo  m  scribendo  computo  regaH  deuiauim«5.  Pihppz/i"  autem 
iste  hiter  îiMum  suum  Alaxandra;;/  et  "[enerum  Alaxandruwi 
Epirotam  a  q/^odam  nobih  uiro,  Pausania3  nomine,  occisswj 
est. 

[fo.  6^  i]  KK.  Q_//arto  an  no  Arsis  {tiel  Xerxis)  f/l/i  Ochi 
Alaxander  Pilipi^^  Ohmpiadis  iiXius,  .xx.  œtatis  annumgerens, 
Macidonibus  regnare  incipit. 

K.  'Dàruis,  qui  et  Mehis  dicitur,  Arsdmi  f/lms,  rexit  P^rsas 
an;;/V  .ui. 

Alaxander  aduersum  Ilirios  et  Tracas  féliciter  demicans,  sub- 
uersis  Tébis,  in  P^rsas  arma  corripuit,  et  ap«J  Granicum4 
^umen  regiisî  ducibwj'  opprfôis,  urbew  Sardis  capit.  Idem 
capta  Tiro  ludea/;^  capit,  a  q//a  fauorabiliter  ^  exceptwj  Deo  uic- 
timas  i/;niiolat  et  pontificum  templi  lodam,  qwi  in  uisione 
pri«^ei  apparaît,  honoribus  plurimis  prosequhur,  Andromacho 
locoru/;?  custode  demissô. 


I . 

MS. 

amincae 

2. 

MS. 

fraudelentia 

3  • 

MS. 

nobile  uiro  p«5samia 

4- 

MS. 

graminidem 

5- 

MS. 

regeis 

6,   MS.  faborabunt 


392  Whitley  Stokes. 

KKKKK.  Alaxander  septimo  anno  regni  sui  Alaxandria/»  in 
^gipto  fo/ïdedit.  Nec  mora  Babilonem  obtenuit,  mteriecio 
Dario  in  quo  Vers^nim  regnum  distructu/;/  est,  quod  stetfrat 
annis  .ccxxxi. 

Latini  a  Romanis  p^rdomiti  suni. 

KKKK.  Tune  eûam  belluw  Agidis^  Spai-tanorw/;i  régis  hi 
Grrt'É'cia  contra  Antipatris  copias,  Alaxandri  [régis]  Epiri  ^  i;; 
Lucania  fo//tra  Bruttios  3  Lucanosque  cw;//  xxx  milibw5  suis, 
Zopyrionis4  pracfecti  Ponti  in  Scithiagestum  est  conVà  Scithas, 
qwi  omnes  a  Scithis  micrkci'i  sunt,  qui  oniiies  cum  suis  exer- 
citibwj  in  his  bellis  dileti  sunt. 

K.  Alaxander  ^ost  mortem  Darii  .u.  annis  regnauit.  Na;;^ 
antea  .uii.  Qui  Hircanos  et  Mardos  5  subiecit  [fo.  6^2].  Tune 
ucnit  ad  eum  Thalestris  siue  Minothaea^  cum  ,ccc.  mulie- 
ribus  gratia  subolis7  ab  eo  swjcipienda;.  Tune  Parthos  aggn's- 
sus  diu  obsistentes  propemodum  dileuit  antequam  uicit.  Inde 
Drancas,  Eu^rgitas,  Purapamenos,  Adaspios^  subegit.  Urbe 
Alaxandria  super  amn^'m  Tanaim  a^/zstituta,  India?;/  adiit  ciini 
Poro  fortissimo  Indôru//j  rege  cruentissimum  bellum  gessit,  in 
quo  Alaxander  cum  ipso  Poro  si;/gularit('r  congressus,  occisso- 
que  deiectus  equo,  ro;/cursu  satilitu;//  mortem  euassit.  Porus 
multis  uulnerib//^  con(ossus  et  captus  est  ;  q/ro  ob  testimonium 
uirtutis  in  regnum  restituto,  duas  ibirc/zdedit  ciuitates,  Niciam 
ci  Bucifalen,  quain  de  no))iine  cqul  sui  ita  uocari  pmccepit. 

ReuiTtens  in  Ammône  condedh  Parthonium.  Idem.  Indicum 
usque  ocianum  uictoriis  poti/YJ  quant  bellis  p^ruenit,  ac  Babi- 
lonem reu(';'sw5  .xxxii.  uitœ,  regn'i  auteni  sui  .xii.  anno,  ueneni 
austu  pmit.  Vostquani  translato  in  multos  impt^rio,  JEglptwn 
Ptolome?/^  Lagi  9  f/l/ws  tenuit,  Macidonas  Pilippwi-,  qwi  et  Ari- 
deus,   îraier  Alaxandri,  Siria/n  et  Babiloniam  et  oninia  régna 


1 .  MS.  hagidis 

2.  MS.  eperi 

3 .  MS.  brutros 

4.  MS.  zophirionis 

5 .  MS.  mandos 

6.  MS.  alestris  siue  manutha 

7.  MS.  sabolis 

8.  MS.  adsapios 

9.  MS.  largi 


The  Annals  of  Tlgernach.  First  Fragment.  595 

orientis  Seleuc//^  Nicanor,  Asias  mi»ori  regnauit  Anûgonus, 
qui  apud  Daniele//i  [fo.  6^  i]  per  .iiii.  hirci  qui  arietem  conte- 
reret  cornua  designantur. 

K.  iEgipto  primus  régna w//  Ptolomeus  .i.  qui  et  Soter 
Lagi  ^  {ilius  annis  .xl.,  q/n  Hierusolimis  et  ludea  in  ditionem^ 
siiam  dolo  reductis  plurimos  captiuorum  in  yEgiptum  trans- 
tulit. 

Appius  Claudius  cxcus  Romc^  clarus  habetwr. 

Hoc  tempore  ludeorum  pontifex  maxim/^j  Onias  lodœ  f/l///s 
clarus  habetz/r. 

KKKKKKKKKKKK.  Tertio  decimo  anno  Ptolomei  Siri^ 
et  Babiloniie  et  supenonhus  locis  regnare  incipit  Seleuc//y  Ni- 
canor. A  q//o  tempore  Machabeorum  Hebrea  historia  Graeœ- 
rum  supputât  regnum,  et  a  qtio  Ediséni  sua  tempora  computant. 

Seleucz/j  Laudaciam  Seleuciam,  Antiochiam,  Appaniam, 
Edessam,  Beroeam  3  et  Pellam  urbes  coiidcàit.  Seleuc/^5  ïn  eas 
urbes  qwas  extruxerat  ludeos  transfert,  ius  eis  ciuium  et  mu- 
n[i]cipalem  (.i.  cista)  ordinem  concedens  œqwali  honore  cuiii 
Graecis.  ludeorum  pontifex  maximwi  religiosisimw^  ac  piissi- 
mus  Simon  Onia^  f/i/ws  clarw^  hàhetur,  post  quem  Eliazarus 
iratei'  eius  SM5cepit  te/^zpli  ministerium  f/h'o  eîus  Onia  paruo 
admodum  derelicto. 

Regno  Siri^  et  Alaxandri^e  in  minori  Assia  conregnatum  est, 
et  primw5  regnauit  ibi  Antigonwj  annis  .xuiii.  Ptolomei  primo 
anno4  regnare  iwchoans.  Hic  igitur  ann«^  .xiii.  est  [fo.  6^2]  An- 
tigoni  sicut  Ptolomei., 

Conregnatum  quoque  est  in  Macidonia  Ptolomeis  et  Seleiicis, 
et  p;'im//5  regnauit  ibi  pcwt  Alaxandrum  Pilippus,  q«i  et  Ari- 
deusî,  (rater  Alaxandri,  annis  .uii.  regnans,  primo  anno  Ptolo- 
mei regnare  incipiens. 

KKKKK.  Undeci/;;o  anno  priore  Arideus  ïrater  Alaxandri, 
q//i  et  Pilip«5-,  rex  Macidonuin^,  eu  m  sua  uxore  Euridice  a  Ma- 


1 .  MS.  Largi. 

2.  MS.  decionem 

3 .  MS.  beroeam 

4.  Hère  begins  the  first  fragment  of  thèse  Annals  in  Rawl.  B.  ^88. 

5 .  leg.  Arrhidaeus 

6  MS.  macidonibiw  uel  uni 


394  Whitley  Stokes. 

cidonih;/j  ipsis,  suadente  Olimpiade  (et  ipsa  po.ctea  a  Casandrô 
inter^ecta  est)  matre  Alaxandri,  occissus  est:  post  queni  reg- 
nauit  in  Macidonia  Cassander  annis  xix,  a  q//o  Hercoles, 
Alexandri  Magni  filius,  xiiii.  an;/o  ietatis  sua;  cum  Roxa[na] 
matre  sua  i;?/t'rfectus  est.  i.  in  Ancipolitana  ^ 

Antigon//i  rex  Assias  minoris  a  Seleuco  et  Ptolomec  in  bello 
OCCISSUS  est  :  ^osi  queiii  regnauit  Demetriwj,  cui  nomcii  Polior- 
cetes^,  iiMuseius,  an;//-v  .xuiii. 

In  anno  .xuiii.  Ptolomei  fuit  initiatwi  regnare  in  Emain 
Cimbséd  f/h'//s  Fi;ztai«^  qwi  regnauit  .xxuiii.  annis.  Tune  Echu 
Buadach  pater  Ugaine  in  Temoria  regnase  ab  aliis  fertwr  liqueV 
praescripslmus  ollini  Ugaine  i^np^rasse.  Omnia  monimc;/ta 
Scottorum  usque  Cimbsd  incerta  erant. 

Hoc  temporg  Zenon  zoicus^  et  Minauder  comicus  et  Teu- 
frastus  philosophus  5  claruerw;/t. 

KKKKKKKKK.  Cassander  rex  Macidonie  obit,  cui  succè- 
dent f/l/i  eius  Antigonwi-^  et  Alaxandcr  annis  .iiii. 

KKKK.  Alaxander  Ulius  Casandri  belluw  parans  fn7/ri  ui;/- 
dicare  matrem.  dispônens  a  De;;/etrio  occiditwr. 

[fo.  7'^  î]  Anùpater  iratex  eius  a  Lisimacho?  socero  suo  \n- 
tereuitus  est.  Post  q//os  regnauit  Demetri//5  f/l/ws  Antigoni 
:\r\nis  .ui. 

KKKKKK.  Demetrio  a  Seleuco  et  Pirro  Epirota  a  Macidonia 
expulso  in  Siclliani,  ibiq/zf  eodeni  capto  et  interkcto  Seleucw^ 
Assiam  minorew  tenuit.  Firrusque  Macidonias  regnuw  i;/uas- 
sit,  sed  non  tenuit.  Na;/i  reu^rso  co  ad  Epiruni  Lissimach//5 
regnauit  in  Macidonia  annis  .ui. 

KKKKKK.  Lisi;;;achMi  aSileuco  in  bello  iw/érfectus  est. 

Q?/arto  anno  priore  Ptolom^ws  Sot^r  pmt,  et  Ptolonié'ws  Phi- 
ladelphwj-  ^  regnare  c[o]epit,  ut  Hebraica  u^^ritas  testatwr. 

I.  leg.  in  urbe  Amphipolitana? 

2  MS.  poliercites 

3 .  i.  e.  licet   ■ 

4.  i.  e.  stoicus 

3.   MS.  teufras  tris  philôsophi.  Tljcopljiaslus,  ol"  course,  is  meant. 

6.  interlined  :  uel  Anùputer  nomen  eius,  q//i  malvein  suaw  Tesoloniccn 
manu  sua  luteikc'n. 

7.  marg.  sup.  :  qui  Uliiim  suu;;/  Agothoclen  cxosiis  iiilcrcmit. 

8.  MS.  philodelplnis 


The  Annals  of  Tigernach.  First  Fragment.  395 

K.  Seleuc//^  a  Ptolomeo,  cuius  sowrern  Lisinmchus  habuit 
Lixore»;^  iusidiis  cii'cu//Rient//i'  occiss//i"  est. 

H'\c  est  finis  Macidonici  belli,  exti/zctis  xxx.iiii.  ducibw.y 
Alaxandri. 

Fost  Lisimachu/;i  regnaiiit  in  Macidonia  Ceraun/zj;,  qui  et 
FtoloniQus,  mensïhus  .ix.,  iMiliargw^  mens'ihus  Ai.,  Antip^fer 
diehus  xlu. 

Quarto  aniio  priore  Ptolomeus  Philadelph//j  ^  regnare  coepit, 
qui  regnauit  annis  .xxxniii.  Ptolomeus  ludeos  q//i  in  yEgipto 
erant  lib^ros  e5J"t' p^Tmissit,  et  Eleazaro  pontifici  multaHieruso- 
limani  et  in  rempli  donaria  uassa  t/ansmittens^  .Ixxii.  Inter- 
prètes petit,  q//i  script//rnm  sanctam  in  Graecum  mTt^vent  elo- 
quiutn.  No/z  solu/;/  eniin  gentiu;//  script// ras,  sed  diui;/as  littrras 
in  bibiiotheca^;/  sua/;/  ro;/tulit.  Nain  .Ixxx.  milia  libroru///  un- 
diqiie  collocauit. 

Tantœ  anteni  potentire  fuisse  narrat//r  Ptolonv//s  iste  Phila- 
delphwj-  3  ut  Ptolomeu/;/  patrein  ui;/ceret.  Narrant  eiiini  histo- 
riée eu/;/  habuisse  peditum  [fo.  j"  2]  ce.  milia,  eq//itu///  .xx. 
milia,  curr[u]um  .ii.  milia.  Eliflintos,  q/^os  primos  adduxit  ex 
Ethiopia,  q//adrincentos.  Naues  longas,  q/zas  liburnas  dicim//5^ 
mille  q//incentas.  Alias  ad  portanda  militu///  cibaria  mille,  et 
cetera. 

[in  marg.  Isidorns]  Per  ide///  temp//j'  Arat//j'  astrolog//j  agnos- 
citur.  Atq/^6'  argentei  nu///mi  primum  Ronii'e  constituuntur. 

K.  Sustenes  rexit  Macidonios  annis  .ii. 

Sostrat/^^  Cnidi//j'  far///;/  in  altissimo  urbis  Alaxandri/za;  loco 
fOf/struxit. 

IN  loco  Seleuci  in  Siria  et  Babilonia  et  tota  pêne  Assia 
regnauit  Anteoch«j^  q//it'/  Sott'r    dict//j  est,  imnis  xix, 

K.  Echu  Euliechuir  mac  Fedaich  regnauit  in  Emai;/  an- 
nis XX. 

ludeor//;;/  pontificatu/;/  post  Elizar///;/  auuncul//j  eius  Man- 
nasses  accepit. 

K.  Antigon/^.?  regnauit  Macidonios  annis  .xxx.ui. 


1 .  MS.  philodeiphus. 

2.  MS.  transmittentes 

3 .  MS.  philodelph/^v 


396  Whitley  Stokes. 

KKKKKKKKKKKKKKKKK.  Anteochw^,  qui  uocabatwr 
©NYsecor  [6e6ç  o~j-o:]  id  est  d(7/s  iste,  vegnauit  in  Assia  pêne 
tota  annis  .xu.,  quem  occidit  Laudecé  uxor  sua  ueneno,  causa 
Bsrnicis  filis  Ptolomei  Philadelphi  ^  in  locum  suu;;z  ductde,  et 
B^rnicen  cuw  filio  suo  lachadione  ab  Anteocho  genito  lacha- 
dioni  et  Geneo,  principibz^i'  Anteochia^,  occidendaw  tradedit. 
M^ioreinque  {ilium  suuvi  Seleucum  cognom^z/to  Callicinum  ^^ 
et  in  loco  pû!/ris  sui  regem  co;zstituit.  Habebat  eniin  Laudecé 
duos  f/I/os  ab  Anteocho  0HYsecok  (sic)  genitos,  Seleucuw 
Callicinu;;/-  et  Anteochu;;/  cognom^^nto  Maiorem.  Cumque  Se- 
léucw^  Maior  ïrater  tciûo  anno  regni  sui  occisswj  esset  in  Frigia 
per  dolum  Nicanoris  Anteoch//.?  Magn;/5  imp^rauit. 

[fo.  7*"  i]  Hùa;nchend  mac  Co..ai»d  regnauit  in  Emai// an- 
nis  .1. 

K.K.K.K.K.K.K.K.K.K.K.K.K.K.K. 

Ptolomcus  EutTgites  ïrater  szY/)erioris  régis  vegnauit  annis 
.xxui.  Q//i  abinde  EutTgites  ab  iïlgiptiis  est  uocatus  quia 
capta  Siria  et  Calicia  et  prope  modum  uniucrsa  Assia  inter  in- 
numera  argenti  pondéra  ac  uassa  prt'tiosa  quae  cepit  eùain  deos 
eoru;/z  retulit.  quos5  Cawbases,  capta  ^Egipto,  in  P^rsas  por- 
tauérat. 

Anteochus  OHTsecok  ab  uxore  sua  ut  pr^edixim//5  occissus 
est.  Gui  sucessit  f/l/ws  eius  Seleucwj  Gallicinz/^^  .iii.  annis. 

lUdeoru;;/  pontifex  Onias  Simonis  I/^5ti,  f/l///s  clarus  habe- 
tur.  Cuins  ite;;z  f/l/ws  Simon  non  minori  gloria  fulget.  Sub  quo 
HiesMj-  (ilius  Sirach  Sapientic-e  libru?;?  componens  quem  uocant 
Panarethon  î,  etiflfm  in  eo  fecit  Simonis  mention^?». 

KK.  SeleucMi  Gallicinus4  'di  Frigia  a  Nicanore  ïnterïectus  est 
ut  praescripsimwj.  Gui  sucessit  ïrater  suus  Anteochwj  Magnw^^ 
q/n  vegnauit  avinis  xxxui. 

Hô^  2LV\no  P'ivvus  rex  Epirotaru/;j  apud  Argos  urbem  saxo 


1 .  philodelphi 

2.  leg.  Callinîcum 

3  .   MS.  quos  retulit. 

4.  leg.  Callinicus.  Rawl.  B.  488,  fo.  1^2,  gives  this  in  Irish  :  Anfcochus 
Enysecok  a  bean  posta  fein  romarb  e,  7  is  'na  inadh  do  thoscadh  a  mac 
fen  .i.  Seleucus  Caillccinius,  etc. 

5 .  leg.  -avâo^Tov 


The  Annals  of  Tigernach.  First  Fragment.  397 

icius  hîferit,  et  Sextilia  uirgo  uestalis  .i.  qw/a  in  adultt'rio  de- 
pr^hensa  est,  uiua  defossa  est. 

KK.  Demetriz^j-  regnauit  in  Macidonia  annis  .x. 

KK.  Apud  Formas  duitatem  multis  ictis  fulminuwî  moenia 
undiqwg  comhusta  et  desolata  suhi  apud  agrum  Calénum  re- 
pente scissa  terra  ign^w  eructauit.  Tribwj  diehus  tnhusque  noc- 
ùhus  exestuans  .u.  agri  iugera  in  cinerem  extorruit.  INtcr 
multa  prodigia  sanguis  e  t^rra,  lac  uissa?»  est  mandre  de  caelo 
in  signuw  belli  Cartagiwénsis,  [fo.  J^  2]  Tib^ris  insolitis  auctM5 
i?«bribw^  et  ultra  opinionem  uel  diurnitate  uel  magnitudiwe  re- 
dundans  om/na  Romas  œdificia  in  piano  posita  deiecit. 

Antigonw^  regnauit  vi  Macidonia  annis  .xii. 

KKKKKKKKKKKKK.K.K. 

SeleucMs  Ceraunwj'^  regnauit  .iii.  annis,  qui  a  Nicanore  in 
Frigia  interïectus  est. 

Antioch«5  Magnwj-  regnare  i/zcipit. 

K.K.K.K.K.  Ptolomeus  Philopator  f/l///s  Eu<?rgitis  regnauit 
JEgiptios  annis  .xuii.  Ab  isto  Philopatore  ludei  pra^lio  uicti 
.Ix.  milia  armator uin  corruer/</zt,  Sicilia/;zq?/e  MarcelU/j  consul 
obtenet. 

Pilipz/^  regnauit  in  Macedonia  annis  xlii. 

KKKK.  Anteoch«5  rex  Siri^e,  uicto  Philopatore,  ludeaw  sibi 
sociat. 

lUdeorum  pontifex  maximwj-  Onias  (iUus  Simonis  i/2signis 
habetwr.  Ad  queni  Lac[e]demoniorz^m  rex  Arius  legatos  mittit. 
Hoc  tempore  Anîeociius  diis  gentiu/w  Iudeosi;/nnolarecogebat. 

KKKKKK.  Conchobor  Rot  m^^  Cathair  regnauit  in  Emai« 
annis  xxx. 

,  IN  Piceno  ûunien  sanguinù  fluxit,  et  a-pud  Dacos  caé'lum 
ardére  uissu;/i  est;  et  Armini  noctem  ultra  lucem  cldram  of- 
fulsise,  ac  tris  lunas  distantibw^  c^zdi  regionib//j'  exortas  apa- 
ruise  dicunt.  Tune  quoque  magno  t^rremotu  Caria  et  Kàdus 
insohe  adeo  conçusse  sunt  ut  labentib/zj'  uulgo  tectis  ingens 
ille  Colos«5  rueret. 

K.  Anteochus  Magnus  moritwr.  Cui  succesit  Seleuc/^j  Phi- 
lopator filius  suus  regnauit  annis  .xii. 

X .  MS.  gerauiius 


'LMW»"  ' 


398  Whitley  Stokes. 

KKKKK.  Ptolomeus  Epifanes  f/l///s  Philopatoris  regnauit 
annis  .xxuii. 

Prim//5  Yihcr  Machabeoru;»  ap//JIudeos  h/////s  tcmporis  gesta 
contenct. 

Onias  sacerdos  assumptis  luJeorw;;/  [fo.  8*  i]  plurimis  fûgit 
in  JEgiptuui,  et  a  Ptolomeo  honorifice  susceptus,  accepit  eam 
régions ;»  quae  [Hjeleopoleos  uocahatur,  et  ro/zcedente  rege  tew- 
plu;;i  extruxit  in  yEgipto  simile  rempli  ludcovuni,  quod  per- 
mansit  usque  ad  impmum  Uespesiani  annis  cci.  Sub  occas- 
sione  igitur  Onia3  pontificis  i;zfinita  examina  ludeorum  in 
JEgiptuDi  cojiïugeniiit.  Eo  tempore  et  Cirine  eoruw^  mulcitu- 
4iwe  repleta  est.  Haec  autem  ué[  Oniîe  ml  ctiens  JEgipx.\xm 
causa  petendi  fuit,  (\nia  pugnantibw^  contrai  se  magno  Anteoco 
uel  Seleùco  Philopatorç  magiis  et  ducibwj'  Ptolomei,  possita  \n 
medio  ludea  m  contraria  studia  sci;/debat//;-_,  aliis  Anteocho, 
aliis  Ptolomeo  fauentibwi-. 

Hdc  setate  poeta  'Enmus  fuit. 

[in  marg.  sup.]  Orosius.  His  etiam  dieb//^  Annibal  apwJ 
Prusia?;/  regew  Bethinia^  cum  a  Romanis  reposceretwr  uenéno 
se  necauit. 

KKKKKKK.  Seleucw5  Philopator  momur. 

K.  Anteocwj  Epifanes,  irater  Seleuci  .i.  f/l/ws  Antiochi 
Magni,  sucessit  Seleuco.  regnauit  imiiis  .xi. 

Eusc'/'///5.  Hôc  an;/o  Antioch//^  morit//;%  cui  sucessit  f/lf/<ssuus 
Seleu.c/^i  Philopator,  q//i  regnauit  awiis  .xii. 

KKKKKKKKKKKKKKKKK.  Fiachna  mac  Féidilimthe 
regnauit  in  Emai/z  annis  xui. 

[in  marg.  iiimdcccix]  KKK.  Hoc  anno  Scleuc//5  moritur,  cui 
sucessit  in  regnum  frrt/er  suw5  Anteoch/<^  Epiphanes,  qzn 
regnauit  annis  .xi. 

Ptolomeus  Philometor  regnauit  annis  .xxxu.  Hune  Ptolo- 
meum  Ameochus  pmelio  supt'/ans  ludeos  uaria  calamitate  op- 
p/rsit. 

Fer  idem  temp//5  Scipio  -  Affncam  uicit. 


1,  This  is  a  correction  of  «  et   Cireneoriiin  »,   the  reading  of  Beda, 
VI,  297. 

2.  .i.  a  scipa  d/c/».s    i.  ôiid  luirg 


The  Annals  of  Tigernach.  First  Fragment.  399 

Aristobulwi  natione  ludeus  peripateùcus  ^  philosop/;«j-  agnos- 
dtur.  qui  ad  Philometorew  Ptolomeu;»  explanationu;;/  in 
Moysen  commcnurios  scripsit. 

Anteochw^  Epifanes  q/n  post  Seleucum  Philopatorem  aniiis 
.xi.  regnauit,  in  Siria  ludeor;/;»  legem  iwpugnans  owniaqwe 
idulorww  sordibwj  ro/z/plens,  in  templo  Olimpii  louis  simula- 
cru/;;  ponit.  Sed  et  in  Samaria  super  uerticem  montis  [fo.  8^2] 
Garizim  louis  Pmgrini  delubrum  -  a-dificat,  Samaritanis  ut 
id  faceret  pr^cantibw^.  Ueruw  Mathathias  .i.  pa/cr  Macha- 
heoYuni,  sacerdos  patrias  leges  ui/zdicat  zànersus  Anteociii 
duces  arma  corripiens.  Qwo  mortuo  ducatuw  ludeoru;//  siis- 
cepit  ffl//<s  eius  ludas  Machabe//j-,a  q//o  Machabi  fra/res  eiiis 
dicti  s/"/t,  anno  .c.xl.uii.  (.i.  centisi/;/o  q//adragisiwo  septi/«o) 
regni  Graecorum,  uigissi;;/o  anteiii  Ptolomei.  Olimpiade  u^ro 
c.l.u.  (à.  centissi;//a  q«inq//agesima  q//inta)  :  q/d  mox  An- 
teochi  duces  de  ludea  expellens  et  te/;/pluw  ab  iduloru/;^  ima- 
ginib//5  emundans  p^t/rias  leges  ^osl  trienniu;;/  s///s  ciuihus  red- 
dedit.  \}nde  po^t  secessu/;/  Oniœ  sacerdotis  in  ^Egiptum,  et 
mortew  Alcemi  q//i  effugato  Onia  pontificatu/«  inàigniis  pos- 
sidere  te;/.'ptabat,  o;//;/ium  fauore^  ludeor//;;/  Machabeo  sacer- 
dotiu///  decernit//;-  ;  q//oi  pojt  mortem  eins  (rater  lonatlias  sor- 
iitiis  est  .xix.  âwiis,  quod  plurima  ministrauit  i?zdustria.  Refert 
enini  Eusebi/z^eg/rssuw  Onia;  bi  ^giptum  multis  de  sacerdotio 
^o/ztendere.  lArsôn  eniiii  îratev  Oniie  et  quida/;/  lessns  conten- 
debant  illud. 

Posî  q//os  Minalaus,  qui  ocdssus  est  a  iuniore  Anteocho,  et 
Alcimas,  q//i  a///bitione  i/zdebita  pontificatum  i;Riadit.  Ob  quod 
Onias  f/l///s  pontiHcis  Onii^^  JEgipiuin  transmigrans,  in  [H]i- 
liopolitano  pago  ciuitatem  sui  noniinis  condediî,  templo  ad  si- 
militudinem  templi  patrii^  ro/zstructo. 

Pfrses  regnauit  in  Macidonia  annis  .x.  q//o  defuncto  regnu/// 
Macidonix  defecit. 

[fo.  8''  i]   KKKKKKKKKK.    Amœchus  Epifanes  sub  q//o 


1.  MS.  pe?  hipathetic?«      ^ 

2.  MS.  delubruum  '"^ 

3 .  MS.  fabore 

4.  MS.  Tpatrïs 


400  Whitley  Stokes. 

Elizarus  et  .uii.  Machabei  simul  aini  matre  sua  Machaba  passi 
sunt  uersns  in  am^;/tia;;?  dispt'ratione  et  merore  iii  Tebes  op- 
pido  P^rsidis  p^riit. 

In  marg.  :  licet  in  martirilogio  desintiria  et  uermihns  esse 
constimptiis . . .r  iiel  àicitiir. 

KK.  Anteoch//j-(.i.  ali//i-  iunior)  rcgnaiiit  in  Skia  .ii.  annis 
Ixx.  prûftJscriptis. 

K.  Dâre  macYorggo  regnaiiit'vi  Emain  an;nV  .Ixxi. 

Demetri//j'  régna uit  in  Siria  et  minore  simul  Asia  annis  .xii. 

KKKKKKKKKK.K.  Demetrius  mort7///i_,  cai  sucessit 
Alaxander  annis  x. 

KKKKKK.KKKK.  Alaxander  mortntis,  cui  sucessit  Deme- 
trius  annis  .iii. 

[In  marg.  iii;;/dcccxxxuiii]  K.  Ptolomez/j-  Eun-gites  ali//i- 
XQgnaitit  annis  xxix. 

KK.  Demetriz/j  monuus,  cui  sucessit  Anteoch//j^  q//i  et 
Sitides  dicitur,  annis  .ix. 

KKKK.  lonathas  dux  ludeor//;//  et  pontifex  ctini  Romanis  et 
Spartanis  '  amicitias  facit  :  q//o  a  Trifone  i;?/£'rfecto,  in  sacer- 
dotiuw  {rater  eius  Simon  ^  assumit/zr  anno  regni  Eu^rgitis  .uii., 
qiiod  .uiii.  annis  strennuissime  gerens  lohanni  reliq//it.  Hic 
aduersiis  Hircanos  bellum  gerens  Hircani  nonien  accepit,  et  a 
Rômdnis  ii'is  amicitias  postulans  decreto  senât/zj-  viter  amicos 
rclaiiis  est. 

Samaria;//^  quae  nostro  tempore  Sebaste  uocat//r,  obsidione 
captam  solo  coajq/zauit,  quain  po^tea  Herodes  instaurans  Sebas- 
tia;;z  in  honore;/^  Aug//^ti  appellari  uoluit.  Hoc  tempore  cmn. 
Hierusolimam  Anteochus  (.i.  Sitides  3)  obsideret  Hircan//^ 
princeps  ludeoru///  reserato  Dauid  sepulcro  tria  milia  tallenta 
auri  inde  abstraxit,  ex  q//ib//5  Anteocho  [fo.  8'' 2]  xxx.  tallenta 
dédit  ut  obsidionem  relinq/zrrct,  atq//t'  ut  (adi  i;/uidiam  deme- 
ret  fert//r  ex  reliq//a  pcccunia  instituise  primns  cenedocliia^, 

1 .  MS.  sportanis 

2.  in  marg.  Cuiiis  morte  .ccui  annus  reg(ni)  Sirix  hnpleUis  est...  ad  illud 
te;Hp;(5  In...  Ma)chabeorum  pr'imus  historiam  coiit'met  co)i!putaniurquc  a 
pn(mo)  anno  Cirii  (regi)s  Persartim  uscjue  (ad)  ûnem  primi  uo(lu)minis  Ma- 
cha(be)or?o«  et  moneiii  pontifias  Simônis  ...ccccxxu. 

3 .  leg.  Sidetcs 

4.  leg.  xcnodochia 


The  Annals  of  Tigernach.  Firsl  Fragment.  401 

qmhiis  aduentutn  suscipcret  paupcrum  et  pmgrinorum.  Un^^ 
et  uocabulum  su/;/sit.  Nam  cencdochiu/;/  ^  pt'rignnorum  sus- 
cepdo  dicititr. 

Hôc  tempore  pcr  consuleiii  Brutuiii  Hispania  a  Romanis  ob- 
tenta  est. 

KKKKK.  Anteoch//5  Sidites-  moniiir.  Cui  successit  Deme- 
triiis  amiis  .iiii. 

KKKK.  Cui  successit  Anteoch//i',  q//i  et  Gnphus3,  an- 
nis  .xii. 

KKKKKKKKKKKK.  Anteochus  Griph//^  3  mor////r.  Cui 
successit  Anteoch//i'  Cizichin//J'4  an///V  .xix.,  q//i  iecto  Grippo 
Siria;/i  obtenuit.  Ac  rurs/zi'  Grip//j"  siiperato  Cizicino  eande/;/ 
recipit.  Ita  ex  successione  regnabant  inuicem  adut'rsu/;/  se  dé- 
minantes. 

lOhannes  tenuit  pontificatu///  q//artoan;/o  priore  annis  xxuiii. 

KKKKKKK.K.  Ptolomeus  Fiscon5,  q//i  et  Soter,  xegnauit 
ann/jT  .xuii. 

Cicero  Arpini  nascit//r,  m^fre  Heluia,  pa/re  aiitcui  eq/(estris 
ordinis  ex  regio  Uulscor/////  gf/zcre. 

Uarro  nascit//r. 

Traces  Romanis  subieciuntz/r. 

Hircano  \n  pontificatu/;/^  q//oJ  ipse  .xxui.  an;//V  tenuit,  Aris- 
tobul//5  succedit  ànno  uno,  q//i  rex  pariti^r  et  pontifex  pnm//j 
ap//^/  ludeos  deadematis  suwpsit  i/îsigne  poi't  cccc  annos  Ixxxiiii 
Babiloniix;  captiuitatis,  po5t  c[iieni  regnauit  lane//^  cognom^//to 
Alaxander  an//w  xxuii.,  q//i  pontificatum  q/zoq//^' administ/'flîns, 
crudelissi///e  [fo.  9^  i]  ciuib//^  pmefuit. 

KKKKKKKKKKK.  Anteoch//j  Cizicin//^  obit,  cui  sucessit 
Pilip//5  annis  duob//i". 

K.  Hùc  usq//5  Siria  possessa^  ^er  reges  \ii  Romana///  dicio- 
ne///  cessit. 

KKK.  Aristobul//5  .uii.  anno  priore  coepit  regnare,  q//i  pri- 


I.  leg.  xenodochium  (Çcvooo/sîov). 

2  MS.  Stidies  :  leg.  Sidetes  (S'.ôrjxr];). 

3.  MS.  oriphus:  leg.  Grypus  (rpjT^d;). 

4.  leg.  Cyzicenus  (Ku'C'.y.rjvoç). 

5 .  leg.  Physcon  (èûT/.wv). 

6.  MS.  possesia 

Revue  Cellique,  XVI.  29 


40  2  Whitley  Stokes. 

mus  reuersiis  de  Babilone  deadema  Graecix  potestatis  insigne 
cuDi  honore  pontificat//^  assumpsit.  Cui  successit  Alaxander 
laneus,  rex  parit(V  et  pontifex,  q//i  rexit  popiilnm  annis  xxuii. 

[in  marg.  iii///dccclxu.]  K.  Ptolome//j"^  q/d  et  Alaxander^, 
aiviis  .X. 

[inmarg.  sup.JEndamflcRochada  an;z/5  .u.  regnanh  in  Emain. 

Hoc  tempore  rethorica  ars  in  Roma  reporta  est. 

Siria  p^T  Gabinu/n  ducen;  in  Romanorun/  doniiniiim  tmnsit 
septiiiio  anno  Ptolomei  capto  Pilippo  a  Gabino. 

Poeta  qiiociiie  Lucreîiiis  nascit//r^  q//i  poj'/ea  sese,  furore 
amatorio-,  intofecit. 

KKKKK.  Fiac  mac  Fiadclion  regnauit  m  Emain  annw  .Ixu. 

[In  marg.  iii///dccclxx.iii.]  KKKKK.  Ptolome/zi'  Fiscon,  q//i 
a  ma/re  sua  Cleopatra  in  Ciprun/  fuerat  deiect//.f,  regnauit  annis 
uiii.,  qni  regressus  herwn  regnu/n  obtenuit. 

P^r  idé'w  tetnpiis  Galln^  Rom^  retlioricam  docuit. 

Primnj- tnnc  Saln^tinj  historiograph//5  3  nascitnr. 

[in  marg.]  Silla  uastat  Athinenses. 

KKKKKKKK.  Ptoiomenj  Dionissi/zi'  regnauit  annis  xxx. 

[interlined]  iii///dcccciii  quia  Alaxandrnw^  qni  ante  ewn  reg- 
nabat,  ob  intofectiont'w  ma/ris  sua^  ciues  pepiilerant4. 

K.  Findcliad  m^^c  Baicci  regnauit  in  Emain  annis  duohus. 

KK.  Tricha  rig  robôi  de  Laignib  for  Heri/ïd  6thd  Labraid 
Loirigsech  co  Cathaer  Môr. 

[«  Of  Leinster  there  were  thirty  kings  over  Ireland,  from 
Labraid  the  Exile  to  Cathaer  the  Great  »]. 

Conchobur  Msèl  mac  Fuithi  regnauit  vi  Emain  [annis]  .xii. 

K.  Q//into  anno  PtoIon/^?f/ Alaxandria  uxor  Alaxandri  ponti- 
fiais, po5t  morten/  eius  regnauit  ludeis  annis  .ix.,  ex  q//o  tem- 
pore ludeos  reruni  fonfussio  et  uariai  cladés-  opprcser//nt.  Post 
cuinsmortem  [fo.  9''  2]  Aristobui//5  et  Hircanus  fiiii  eius  inter  se 
de  inzpmo  demicantes  occassionr/n  pr«fb[u]^re  Romanis  ut  lu- 
deani  inuaderent.  ITaq//(; Pompent  Hierusolimaw  uenicns,  capta 


1 .  MS.  Alaixander 

2.  MS.  furorew  amatore;/? 

3 .  MS.  historiagr;iph«i- 

4.  MS.  populerant 


The  Annals  of  Tigernach.  First  Fragment.  403 

urbe  et  templo  reserato,  usqiie  ad  sanct^  sanctorum  accessit. 
Aristobulu/;i  uinctum  secu;;;  Romam  abduxit.  Pontificatum 
fra/ri  eiits  tradedit  Hircano,  quod  ipse  tenait  .xxiiii.  annos. 
Tnnc  prinuMii  Romanis  gens  ludeorum  foc/a  est  tributaria,  po5t 
qneiii  Herodes  f/l///s  Antipatri  Ascolonita:  q//i,  interïecto  a  se 
Hircano  regnuw  ludeoru///^  senat//i-  a^z/sultu  accepit,  et  q//i  pn- 
miis  alienigena  ludeis  pmefuit. 

KKKKKKKKKK.  Appollodor//5  praé-ceptor  Aug/ziti  chrtis 
habetz/r. 

K.  Cormacc  mac  Laidich  xegnnnit  \n  Emai;/  an;z/j  .xuiii. 

K.  Cicero  laude  oratoria  celebrat//r. 

K.  Cato  philosoplu/i'  [H]orati//jq//t'  nascunt/zr. 

K.  Uirgil/zzs  Maro  in  pago  q/zi  dicititr  Andis  haut  procul 
a  Mantua,  nascitzzr,  p^/re  Scimacône  figulo,  maire  uero  Maia. 

KKK.  Pompewi'  uict»^  a  Césare  in  campis  .ui.  Tesalicis^  in 
iEgiptu///  fugit,  ihïqiie  ut  litiis  affigit-  mox  iusu  Ptolomei  ado- 
lescentis  in  gratia/zz  Cessaris  uictoris  occisszz^  est. 

KKKKKKK.  Cessar  Gemianos  et  Gallos  cepit. 

KK.  Brittannos  quoqiie  stipend[i]arios  fecit.  Uirgilizzj  Cre- 
mon^e  studiis  erudit//r. 

[in  marg.  iii/zzdccccxxu]  K.  Cleopatra  soror  Ptolomei  reg- 
nauit  annis  diiohiis  [in  marg.  uel  xxii]  tanttmi. 

K.  Regnum  Graecoruw  defecit. 


[fo.  9*"  i]  INcipit  regnu;;z  Romanorzz/zz^  qiioJ  pzrmanebit  usqiie 
in  finc;z/  szvt^czzli. 

K.  Tertio  anno  regni  Cleopatnxi  lulizz^  Cessar,  q/zi  Cleopa- 
tram  uiolauit,  p/-imzzi'  Romanorzz///  singulare  obtenuit  iznpe- 
riuiH,  a  qwo  Romanor/zzn  principes  Cessares  apellati  s/znt. 

Mochta  mac  Murchorad  regnaitit  in  Emahi  awiis  iii. 

K.  Cessar  a  caeso  ^  mero  maoris  dictus  est. 

K.  Cassius,  .i.  dux  Romdnz/i"^  ludea  capta  tewpluz/z  Hieru- 


sal^nz  spoliauit. 


1 .  MS.  tesalicif 

2.  MS.  ac  cesso 


404  Whitley  Siokes. 

K.  Euchu  mac  Dare  regnauit  \n  Emain  an;//V  .iii. 

Oïosiiis  :  Cessar,  postq//rtf/;z  orbe;;/,  domuit  t'/ Po/;/peu?;î  uicit, 
Roma/;^  redit  :  ibi,  àmn  rei  puplica;  statum  contra  exe;;/pla 
maior;/?;/  cltTaenicr  i;;staurat,  auctorib//j'  Bruto  et  Cassio, 
consà.0  etiaiii  plurimo  senatu,  po^t  .iiii.  annos  et  .ui.  menses 
monarchia?  suas,  in  cûria  .xx.  et  iii,  uulnerib//^  a  suis  coiiïosus 
intcrh.  In  rcniuratione  conim  eu;;;  fuisse  ampli//^  (\iiam  .Ix. 
rc;;scios  fer//;;t,  duo,  scilicet,  Brùti  et  Gai/zi-  Cassi//^  aliique^ 
(\iiam  plurimi.  C/////S  cornus  w  Voro  fragmf;;tis  tribunaliu;;;  ac 
subsellior//w  crematu?;;  est.  Ab  hinc  i;;;pf;-atores. 

[in  marg.  iiiwdcccdxui.]  K.  Anno  ab  Urbe  fo;îdita  .dccx. 
i/;/^/'fecto  Iulio  Cessare  Octanian/zj-,  q;/i  testam^^to  lulii  Ces- 
saris  auunculi  sui  et  hereditate;;;  et  nomen  asumpserat,  quiqne 
poj'tea  reriini  potit;/i  Augiistiis  est  d\ctns^  regnauit  annis  quin- 
q//aginti  sex  r/ mmsib;;j  .ui.  et  dieb;/i  xii,  q//or//;;z  .xu.  uiuente 
Cleopatra  q/;adragenti  uero  et  unum  po5tea  uixit  annos.  A  q/;o 
Augiisti  reges  Rômanor//w  apellati  sunt.  Qjn  statwi  ordi;;at/;i- 
quinque  bella  ciuilia  gessit,  Muti;;ense5,  Pilipense^,  P^rusi- 
nuw  -f,  Siculu;;;^,  Actiac//;;/4  :  e  c^itihiis  duo,  hoc  est,  p;imum  ac 
nouissimu;;;  aduo'sus  Marc//;;;  Antoniu;;;^  seciinduni  aduevsus^ 
Brùtuw  et  Cassiu;;/,  ierûnni  adu(TS//j  Luciu;;/  Antoniu;;;,  q//ar- 
tum  [fo.  9'' 2]  adutTs/zi-  Scxtu;//  Po;;;peu;;/  Pompei  Gnei  f/l///m 
rc>;/fécit. 

KK,  Echu  Sdlbude  mac  Loch  regnauit  in  Emain  :mnis  .iii. 

KKK.  Fergus  mac  Leti,  q//i  fonflixit  conir-x  bestiam  hi  Loch 
Rudraige7  et  ibi  deniers//^  est,  regnauit  m  Emai;;  an?//j  .xii. 

KKKKK.  Natiuitas  Conculainn  maie  Soaitai;;/. 

[«  Birth  of  Cûchulamn  son  of  Soaitam  »] 

Undecimo  anno  Aug;/i'ti,  déficiente  in  ludea  pontificatu, 
Herodes,  n/7;/i  ad  ca;;/  pdTti//ens,  utpote  Antipatri  Ascolonitœ 

1 .  MS.  aliiqui 

2.  MS.  octouian/(5 
3  .    .i.  campus 

4 .  campus 

5 .  i«sola 

6.  MS.  aducrsuws 

7.  «  in  Loch  Rudraigi  »,  now  Dundrum  Bay.  See  the  story,  Ancient 
Latvs,  I,  64,  70-74. 


The  Annals  of  Tigernach.  First  Fragment.  405 

et  Cipriadis  (.i.  matris)  Arabicas  f/lms,  ^ostquam  occidit  Hir- 
canuiii  pontifice/;i^  a  Romanis  s//5cepit  imp^îrium  ludeoru///^ 
quod  tenuit  annis  xxxui.  Qjn  ne  ignobilis  forte  et  a  ludeor uni 
semi/7e  argueret//r  extrane//5,  co)iihussit  libres  onines  q/nb//s  no- 
bilitas  gentis  ludeœ  in  te;//pio  reseruabat/^r  asscripta. 

Hâcten/zj  q//i  uocabant//r  Lagidœ^  in  yEgipto  regnaiierunt  A. 
annis  .ccxcu. 

INsuper  eûaiii  ut  sobole///  sua///  regio  illor/////  generi  Herodes 
<:o///misceret,  proiecta  Doside  femina  Hierusolmitana,  qiiam 
p/'iuat//5  accepg/'at  uxoreni,  et  nato  ex  ea  f/l/o  Antipatro  sociat 
sibi  Miriam//^  f/I/'am  Alaxandri^,  neptem  Aristoboli  fra^ris  Hir- 
cani,  q//i  ante  cuin  rexerat  ludeos.  Hacc  qiiinquc  ei  f/l/os  genuit, 
quonxm  duos,  AIaxandru//i  et  Aristobolu///^  ipse  necauit  m  Sa- 
maria.  Nec  mora  QÛam  pojt  ma^rem  illor //w  q//a  nihil  cari/^j 
nouerat,  p^remit.  E  q//ib//j"  Aristobulus  Herode///  ex  BtTonice 
s//^cepfrat  f/l///m  o^iicni  m  Actib//i"  Apoj'tuloru///  ab  angelo  ^er~ 
cussum  legim/zx. 

KKKK.  Marc//5  Antoni//i  Niger  uict//.ç-  ab  Augiisto  iii 
Alaxandria  sese  p/'op/ia  manu  i///6'/'fecit,  et  Cleopat/'a  uxor  eiiis 
serpentis  morsu  i//  sinist/'a  tacta  exanimata  est. 

H.ÔC  anno  cepit  regnare  i;/  Emai//  Conchobor  mac  Nessa,  q'/i 
régnai  lit  annis  .Ix. 

Rorannad  Hériu  idrsi//  hi  côic,  iar  n-ârcai/î  [fo.  10^  i]  Coii- 
are  Môir  maie  Etarsceôil  hi  niBrudin  Dd  Dergga,  et/V  Co//cho- 
bur  mac  Nessa  ociis  Co'nyre  Nia  fer  7  Tigernach  Tétbannach 
7  Dedad  m^i:  Sin  7  Ailill  mar  Mâgag. 

ISiw  tsechtmad  hliadaiii  iar  ndith  Co//airi  ro^ab  Lus^aid  Reo- 
derg  rigi. 

[«  Thereafter  Ireland  was  parted  into  five,  after  the  slaugh- 
ter  of  Conare  the  Great,  son  of  Etarscél,  in  the  Hostel  of  Da 
Derga,  among  Conchobar  son  of  Nessa,  and  Cairbre  Nia  fer, 
and  Tigernach  Tétbannach,  and  Dedad  son  of  Sen,  and  Ailill 
son  of  Mâga. 

In  the  seventh  year  after  the  destruction  of  Conare,  Lugaid 
Redstripe  seized  the  sovranty.  »] 


1 .  MS.  Uigidiae 

2.  MS.  Alanxandri 


4o6  Whitley  Stokes. 

KKKKKKKKKKKKKK.  Maria  mater  Doiiiim  nata  est. 

KKKK.  Slogad  Tana  bo  Cûalngi. 

[«  the  Expédition  ofthe  Driving  of  the  Kine  of  Cualnge  »]. 

Uirgili//^  Maro  in  Brundissi[o]  .lii.  c-etatis  sua^annc»  mort[u]//5 
est.  Ciiiiis  ossa  iii  Neapoli  ^  humata  s//nt,  hôc  epitaphio,  qiiod 
ipse  an^^  morte/;;  sua/;/  dictauc;'at,  tumulo  eiiis  superposho  : 

Mantua  me  genuit,  Calabri  ^  rapuere,  tenet  niinc 
Parthinope.  cecini  pascua3,  rura4,  duces  5. 

KKKKKKK.  Finit  q//inta  ai'tas  mundi  ro;;ti?;ens  a.nnos 
.d.lxxxix.  INcipit  sexta  mundi  œtas  ab  L/carnatione  Chrisii 
usqiie  ad  die;;;  iudicii.  Beda  boat  breuitfr  sequentia  haec. 

Sexta  mundi  a;tas  nulla  generatione  ne!  sirie  tcmporum  certa, 
sed  ut  aîtas  decrepita  ipsa  totins  saecitlï  morte  consumanda. 

Cétna  hlhdain  tossaich  ôigtathcuir  is  hi  sein  in  hïiadain  ria 
gen  Crîst.  BYiadain  tanaisse  iiiimorro  de  nôidécdu  hi  rogenair. 

[«  The  first  year  of  the  beginning  of  the  cycle,  that  is  the 
year  before  Christ's  Nativity.  (It  was),  however,  the  second 
year  ofthe  decennoval  in  which  he  was  born  »]. 

[in  marg.  iii;;;dcccchi]  K.  Ab  initio  mundi  u;;;cxc  iuxta  .Ixx. 
I«/^rpretes.  5"^^//;^^//;;;  u^;'o Ebreica;;;  umtatem,  iii;;zdcccclu.  Ab 
Urbe  uero  ro;;dita  anno  .dcchi.  Anno  quoc[ue  i;;;pmi  Cessaris 
Aug/mi  xlii.  Anno  s^^;//;do  decinoucnal/i-  et  uii.  feria  lesus 
Christiis  F;l///s  D^i  scxtMii  mundi  :\;tate;;;  suo  aduentu  consQ- 
crauit. 

Beda  ait  :  Anno  Cessaris  Aug;/i'ti  .xHi.  A  morte  uero  Cleo- 
patrai- <;/ Antonii  qiiando  et  JEgiptiisiu  p;'oui;/cia;;;  ue^rsa^j^  anno 
xxuii.  01i;;;piadis  centissi;;;i\;  .Ixxxxiiii.  anno  tertio.  Ab  Urbe 
aiiteiii  condiia  anno  .dccHi  .i.  eo  anno  q//o  co;;;presis  cuncta- 
l'iiii!  per  orbe;;;  len-.c  gentiu;;;  motib//^  firmissima;;;  uerissi- 
ma;;;q;/t'  pace;;;  ordi/zatione  [fo.  10^2]  Dd  Cessar  aw/possuit, 
lesus  Christ  us  Filins  Dt'i  sexta;;;  mundi  œtatc;;;  (rc5;z)secrauit 
aduentu  .i. 


1 .  MS.  necapoli 

2.  MS.  calubri 

3 .  .i.  Bocolica 

4.  .i.  Gcorgica 

5 .  .i.  libr«;«  ^Enedsc 


The  Annals  of  Tigernach   Firsi  Fragment.  407 

K.  Mors  Coiichuhind  fortissimi  herois  Scottor///;/  la  Lugaid 
mac  tri  co?i  (.i.  ri  M/////an)  7  la  Ercc  (.i.  ri  Te;;/rach)  mac 
Coirpri  Niad  fir  7  la  tri  maccu  Calattin  de  Cho;znachtaib.  Uii. 
mhliadna  a  des  'mtan  rogab  gaisced  .xuii.  mhliadna  dano  a  aes 
i/îtan  riibôi  i«degaid  Tdna  bô  Cudilge,  xxiiii.  hlhdna  iiuuiorro 
a  aes  i«tan  atbath. 

[«  The  death  of  Cûchulainn  the  bravest  hero  of  the  Irish, 
by  Lugaid  son  of  Three  Hounds,  king  of  Munster,  and  by 
Ere  King  of  Tara,  son  of  Carbre  Nid  fer,  and  by  the  three 
sons  of  Calatin  of  Connaught.  Seven  years  was  his  âge  when 
lie  assumed  arms^  seventeen  was  his  âge  when  he  followed  the 
Driving  of  the  Kine  of  Cualnge,  but  twenty-seven  years  was 
his  âge  when  he  died.  »] 

in  marg.]  Mors  Emiri  uxoris  ConcnX^md. 

in  marg.]  Mors  Eirc  m.aic  Corpri  rig  Te;/a-ach  7  Lugdach 
maie  Como'i  la  CoiidW.  Qrnach,  7  i//riud  cet/;n  coiced  n-Erenn 
la  secht  Maim  o  Ultaib. 

[«  The  death  of  Ere  son  of  Carbre  king  of  Tara  and  of 
Lugaid  son  of  Cû-roi  by  Conall  Cernach,  and  the  invasion  of 
the  four  fifths  of  Ireland  by  the  seven  Maines  of  Ulster.  »] 

Kii.  Kiii.  Ku.  Kui.  Anno  i;;/p6'ni  Aug//^ti  .xluii.  Herodes 
moriiiir.  Hic  eniin  igné  exinnsecns  urehatiir,  inînnsecus  qiioqne 
uasto  iwcendio,  i/^explebilis  auiditas  cibi  ^  Oui  ne  corp//jr  dus 
putridi;îe  corruptu/;/,  febris  magna,  prurigo  i/ztoUerabilis,  colli 
dolor,  pedu/;/  tumor.  Poj'tea  oleo  ïniis,  oculi  ciiis  soluti  s//;/t, 
Disp^yans  aiitein  oinnes  primarios  et  nobiles  plebis  ad  se  coUegi 
iubet  et  in  une  loco  recludi.  Qjn  eu/;/  collecti  s////t  ait  sorori 
suas  :  Nôui  ludeos  de  mea  morte  gauissuros,  et  ideo,  ut  ha- 
bea///  lugentes  ciiiii  spiritu///  exalautvo,  oiiines  i///6';'ficite.  Igitur 
ïilns  suis  .iii.  a  se  ^nte  necatis  ^  cultru///  poscit  ut  pomu/// 
more  solito  purgaret,  ipse  eleuans  in  se  dextera///  sua//^  obit. 

Beda  ait  :  Herodes  morbo  i«/ercutis  aquie  et  scatentib//j  toto 
corpore  Mermihus  miserabilittT  sed  digne  morit//r. 

K.  uii.  Kïchelai'is  f/l///s  Herodis  regnaititannis  Àx.  id  estusqiic 
ad  ûnctn  Aug//Jti. 


1.  MS.  ciui 

2.  sic.  kg.  antcuocatis  ? 


4o8  Whiiley  Stokes. 

K.  i.  K  iii.  K.  iiii.  K.  u.  K.  ni.  K.  i.  INitiu/;2  indictionis. 
[IiUcrliiicd]  Ab  initio  mundi  iiixta  .Ixx.  Interpreium,  .wnccx. 
seciindiiiiiEus^hii  uentateni  .iii///.dcccclxi.  Ab  Incarnatione  u^ro 
an;//  .x. 

K.  iii.  Octauian//j-^  mort[u]//j  est  \n  Ca///pania,  an/z/V  .lui. 
m6'//sibus  .ui.  d  dieb//j-  xii.  regnaiis. 

Archek//j  f/l///s  Herodis  mort[u]//^  est.  Cui  successer?//2t  .iiii. 
ïratres  eiiis,  Herodes  [fo.  lo'' i]  tetrarcha  et  Pilipp//j- 1'.' Lissias 
et  Antipatfr. 

inmarg.  iii/;/dcccclxxx.ix.]K  iiii.  Txheniis  Ulitis  Augiisn,  iiel 
magis  priuigntis-  dus,  hoc  est  Libia^  uxoris  élus  (iiiits  ex  sitpe- 
riore  genitus  con'mge,  regmiiit  aniiis  .xxiii. 

K.  uii.  Herodes  tetrarcha  ludeis  iniperat,  a  q//o  lohannes 
Babtiza  décollât//^  est  m  Macheruntha  oppido,  et  sub  q//o  Icsiis 
Chnstiis  crucifix//.^  est.  Ac  Iacob//j  Zebedeiabeo  decollatus  est. 

Kuii.  Ki.  Ab  initio  mundi  iuxta  Ixx  Inter^^retts  .u/nccxx. 
scciinâitm  atitem  Ehxeos  iiimdcccclxxi. 

Kii.  Ab  Incarnatione  .xx.  Herodes  tetrarca,  q//i  regnaint  an- 
nis  xxiiii.,  m  honorew  Tibmi  et  ma/ris  eius  lÀhm  Tibmadem 
et  Libiadem  rc);zdedit. 

Kiiii.  Ku.  Kui.  Co;/chobur  \\\ac  Nessa  m  uiii.  -àwio  T'ihem 
q/deuisse  àicitur. 

Kuii.  Kii.  Kiii.  Kiiii  dcccclxxxx]  Dttodeciiiio  anno  regni  Ti- 
bc/'ii  Vonûus  VWmhs  \n  ludea///  miss//5  est. 

Ku.  Kui.  Ki  [in  marg.  iii///dcccclxxx]  .i.  Anno  .xu.  Tibc/ii 
Ccssaris  ab  lohanne  Babtiza  lesns  Chrisiiis  babtizat//j  est  in 
Ennon  iuxta  Salem. 

Hoc  tempore  Cbristiis  elegit  apostulos  xii. 

Ab  initio  mundi  seciindiiiii  Ehreos  pcractis  (.ni  m.  iiel  iiii  /;/., 
ut  Eusebi//i  ait),  iuxta.  aiiteni  \xx.  u/;/ccxxxii.  Ab  Incarnatione 
qiioqiie  xxx.,  q//o  tempore  I[o]han«gj  babtiza  occis//5  est. 

Kii.  Eusebi//.f  ait  q;iiod  .xui.  an;/o  Tibmi  principiu;;/  tuerit 
.Ixxxi.  mbelii  seciindiiiii  Ehreos.  quare  autein^  nostra  supputatio 


1 .  MS.  octouianMi 

2.  MS.  picmgnus 

5.   sic.  lîcda,  VI,  191,  li,  Rawl.  B.  j02.  h".  Rawl.  B,  48.3. 


The  Aniidls  of  Tlgernach.  First  Fragment.  409 

un^cLiigenti  min//j  ponendas  ^  estimau^rit  annos  facile  q/a  sn- 
penori  hiiiiis  libelli  legerit  i/zueniet. 

lUxta  ucro  Cronica///  Eusebii  eadeui  qiiae  ipse  de  utraq//t'  edi- 
tione  ut  sibi  uidebatz/r  rti/z/possuit  anni  suiit  u/;/ccxxuiii. 

Kiii.  Ku.  Anno  .xuiii.  Tibt'rii  Cessaris ïesits  Christits  crucifix//^ 
est  anno  .xxxiii.  œtatis  su^e  eu/;/  semesse  anni.  uel  xxx.iiii.,  ut 
Eusebio  placet,  q//i  xiiii  luna  t/'aditus  est  et  .u.  feria,  xu.  au- 
tetn  luna  et  ui.  feria  pass//i.  xuii-''  aiiteiii  luna  die  dominica  re- 
surrexit  .ui.  //cl  .uiii  kl.  Apr'ûis. 

Agrippa  cognommto  Herodes  f/l///s  Aristobuli  f/T/'i  Herodis 
régis  acc//Jsator  Herodis  [fo.  10'' 2]  tet/'archas,  Roma?;/  pro- 
kctns  a  Tibmo  in  ui/îcula  conieckur.  Ubi  plurimos  sibi  ass- 
ciuit  ad  amicitia/;/  et  maxime  Germanici  f/lf//m  Gaiu/;z. 

Kui.  Hoc  anno  .xix.  ut  alii  aiunt,  Christ  lis  crucifix//^  est. 

Madat  cethri  hliadna  trichât  beite  i  n-âis  Christ  is  for  .xii. 
kl.  Ap;  //  xiiii.  luna  pasciu.  Madat  tri  .xxx.  col-leith  imiiiorro 
na///ma  is  for  ochtkl.  Apr/7  in  cessad  7  for  sexkl.  ind  eiseirge, 
quod  a  multis  auctorib//j  ro;/stat  esse  uulgatu/;/.  Hic  est  nunienis 
ab  initio  i//d  ôigthathchuir  co  cessad  Crist  dlxui.xu.  luna.  Cru- 
cifix//^ est  .ui.  feria,  uiii  kl.  apr/7.  Pr/ma  feria  resurrexit,  hi 
sexkl.  april,  hi  sechtmaid  dec  escai.  Non  sic  aiitein  in  ciclo 
Dionissi  i;/uenies. 

[«  If  it  is  34  years  that  are  in  Christ's  âge,  (the  Passion)  is 
on  the  I2th  of  the  kalends  of  April,  the  I4th  of  the  paschal 
moon.  If  however  it  is  only  33  1/2  years,  the  Passion  is  on 
the  8th  of  the  Kalends  of  April  and  the  Résurrection  is  on  the 
6th  of  the  Kalends,  qitod,  etc.  This  is  the  number  from  the 
beginning  of  the  complète  cycle  to  Christ's  Passion,  566.  On 
the  I5th  of  the  moon  he  was  crucified,  on  a  Friday,  the  8th 
of  the  kalends  of  April.  On  a  Sunday  he  arose,  on  the  6th  of 
the  kalends  of  April,  on  the  lyth  day  of  the  moon.  Non 
sic,  etc.   »] 

Hoc  anno  Maria  mater  Doniin'i  q//ieuisse  .xlui.  ;i;tatis  sux 
iiniio  asserit//r^  iiel^  ut  ali[i]  aiunt,  seq//t'nte  anno. 

IAcob//j-  lustus  eçiscopiis  oiclessiiii  Hierusolimor///;/  ordi//at//r 
ab  apostulis. 

I .   sic:  leg.  ponendos,  as  iii  Rawl.  B,  488. 


410  Whitley  Stokes. 

Conchohur  mac  Nessa  obiit,  cuisucessitf/l///S6'///5  Causcraid, 
qui  regnauit  in  Emain  annis  trib//^. 

Cath  Artig  (or  coiced  n-Olnecmacht  la  C//5craid  mac  Conco- 
hair.  Cz/jcraid  obit  la  M^c  cecht.  Mac  cecht  do  thuitim  foche- 
toir  la  Cowall  Q/'nach  ic  Crannaig  }Aaic  céclit.  Glasni  mac 
Conch-ohair  .ix.  a«nis  regnauit. 

[«  The  baitle  of  Artech  gained  over  the  province  of  Con- 
naught  by  Cuscraid  son  of  Conchobar.  Cuscraid  died  by  the 
hand  of  Mac  Cecht.  Mac  Cecht  fell  at  once  by  the  hand  of 
Conall  Cernach  at  Crannach  Maie  Cecht.  Giasne  son  of  Con- 
chobar reigned  for  nine  years  »]. 

Kuii.  Ki.  Kiii.  Kiiii.  Tibt'rius  ambiguis  ueneni  signis  oblt. 

Ku.  Gai//5  Callicola^  regnaitit  annis  .iiii.  ^  non  plenis,  utOro- 
siiis.  Ho;;/t)  o/;//ziuw  flagitiossissim//j,  q//i  dixit  :  Utina//i  popu- 
lits  unam  ceruice;;^  hab^ret  !  In  c/////s  secreto  pojt  morte;»  eius 
duo  libelli  rept'rti  siint,  qiiorwn  altfri  pugio,  altt'ri  gladi//i  pro 
signo  nowfnis  ascriptum  est.  Et  in  eodem  secreto  inuenta  est 
ingens  arca  uarior///;/  xienenoviiin,  qiiae  iubente  Céssare  Claudio 
in  mare  efF//5sa  i;zgens  strages  pisciu;»  pcr  proxi;?ni  litora 
inuenta  est. 

Gains  Agrippam  Herode/u  amic///;i  snuni  uinculis  libfratuw 
regew  lud-x  fecit,  q/n  pcrmansit  in  regno  annis  .uii.  id  est  usque 
ad  .iiii.  Claudii  annu/y/,  q//o  ab  anguelo  pt'rc//j-so  successit  in 
vegnum  îilins  eius  Agrippa,  et  usque  ad  ext^/'min[i]u?«  [fo.  1 1''  i] 
Iudeor//w^  id  est  xxui.  annis,  p^rseu^rault.  Herodes  Tetrarchaî 
et  ipse  Gai  amicitiam  petens4,  cogente  Herodiade,  Roma;;/ 
uenit,  sed  âccnssatus  ab  Agrippa,  etiani  tetrarchiam  perdedit, 
fugiensq?/^  in  Hispania/»  cnni  Herodiade  ibi  pmt. 

Mathe//i-  euangeUum  scripsit  in  ludea  in  tempore  Gai,  q//i 
po5tea  mort[u]//^  est  in  Macidonia,  uel,  ut  aUi  aiunt,  in  Fersi- 
dia,  sed  uerius  in  Ethiopia  occissw^  est. 

Ab  i»itio  mundi  iuxta  Ixx.ii  I»/t'rprt'tes  .u;;;ccl.,  seciinduni 
ucro  Ehreos  iii/;/.dccccxci. 


1 .  leg.  Caligula. 

2.  iiel  .m.  ueJ  .uii.  annis,  mez/sibus  x.  diebus  uiii,  ut  Bcda  ait. 

3 .  MS.  detrarclia 

4.  MS.  ad  amicitiam  pcrJens 


The  Annals  of  Tigernach.  First  Fragment.  41 1 

Kui.  Gains  statua///  louis  i//  te///plo  Hierusak///  sub  noiiiine 
suo  poni  ii'isit. 

Pilat//i'  q//i  sententia//^  da///nationis  bi  Cbristum  dixerat, 
tantis  irrogante^  Gaio  angorib//^  coartat//j  [est,]  ut  se  sua 
manu  i/î/^rfecerat. 

Ki.  Gaius  a  protectorib/^^  suis  interfectus  est. 

iiii///  uiiii  m^/?ses  uii  dies.  Kii.  Chudius  regnanit  an;//"jxxuiii 
(ue\  xuiii,  ut  Orosins^,  q//i  xxx.u.  senatores  et  .ccc.  équités 
Romanos  mi//imis  causis  mteïïecw.. 

Kiii.  Petr//j  c///w  Anteochenaw  œclma///  fundasset  ad  expug- 
nandu///  Simone///  Magu///  Roma///  uenit,  ibiq//g  .xxu.  annis 
episcopale//î  cathedra///  tenuit  us^^''^'^'^  ultimu///Neronis  annu///. 

Iriél  Glùnmar  mac  CoiixvW  Chernaig  regnanit  in  Emain  an- 
nis  xl. 

[«  Iriei  Big-Knee  son  of  Conall  Cernach  reigned  in  Emain 
40  years.  »] 

Kiiii.  Togail  Bruidne  da  B^/-ga  (ut  alii  aiunt,  sed  cène  fal- 
luntitr)  (or  Comme  Môr. 

[«  The  destruction  of  the  Hostel  of  Da  Berga  on  Conaire 
the  Great.  »] 

Kui.  Qjta.no  anno  Claudi  famés  g/'auissi///a,  c/////s  mem///it 
Lucas  2,  fflc/a  est. 

Claudi //i-  iiii.  anno  regni  sui  Brittania///  adit,  qiiani  neqiie 
ante  luliu///  Cessare///  nec  poj-t  eu///  quisq//a///  atti//gere  aussiis 
erat,  sm^  ullo  prael'io  ac  sangine  i«t/'a  paucissi///os  dies  pluri- 
mani  insoL^e  parte/;/  in  dedition^?//  recepit.  Orcadas  etiani  inso- 
las  Ro;//ano  adiecit  impe/io,  ac  sexto  ^osiquam  profect//j  erat 
mensc  Romam  redit. 

Kuii.  Marc//5  in  ItaHa  euangehu///  sc/'ipsit  (.i.  in  Roma  sin- 
gularité'/%  ut  Beda  ait),  q//i  pcjtea  a  Petro  ad  Alaxandriaw 
mis//5  est,  ibiq//c  episcopns  ordinat//?  est. 

Ki.  Kii.  Kiii.  Lugaid  Réoderg  mac  na  tri  Find  n-Emna  re- 
gnanit  in  Temoria  an///5  xxui.  Tricha  rig  do  Leith  Chui//d 
ôthd  [fo.   ir'  2]  Lugaid  co  Diarmait  mac  Cerbaill. 

[«  Lugaid  Red-stripe,  son  of  tiie  three  Finds  of  Emain,  rei- 


1 .  MS.  arrogantise 

2.  Acts,  XI,  28. 


41  2  IVhitley  Stokes. 

gned  in  Tara  twenty-six  years.  Thirty-six  kings  from  Conn's 
Half  (reigned  in  Tara)  from  Lugaid  to  Diarmait  son  of 
Cerball  ».] 

Ciaudi//J  Roma  expulit  ludeôs  tu/nul[tu]antes. 

Kui.  Famés  in  Roma. 

Kii.  Kiii.  Claudi//i  manifestis  ueneni  signis  obit.  iii;;/xxii. 
ue\  xiii  annis  meuslhus  .uii.  dicbiis  .xxuiii.  ne!  xiii  annis  non  ple- 
nis,  ut  Orosiiis. 

Kiiii.  Nero  iii  re  militari  nibiloinnino  aussns  Brittania/;; 
[pêne]  a7;/isit.  Na;/?  duo  oppida  nobilisi?//a  illic  sub  eo  capta 
CLtque  (eu^rsa  s//;;t). 

Nero  régna iiit  annis  xui.,  q//i  prim//5  i;;/p^rator  Chn'stvànos 
perseciniis  est.  Qji'i  fuit  tr^nsgrfjsor  sceleru///  auunculi  sui  Gai 
Callicolx^^  Nain  matrem  sua/;/  et  sorores  suas  et  o/;///es  cogna- 
tas  et  arnicas  suas  pulluit.  Uir/////  in  uxore;//  duxit,  ipse  a  uiro 
ut  uxor  accept//j  est.  Q//i  etiani  [nunquam]  min//^  mille  car- 
rucis  -  fcwfecisse  itfr  vadiîiir.  Qjii  calidis  ac  frigidis  ungentis 
lauaret//r.  Q.//i  reûhns  aureis  qiiae  lineis  trahcbant//r  purpu- 
reis  3  piscaret/zr.  Deniq//t'  urbis  Romai  incendiu/;/  uoluntatis 
su;^  spectaculum  fecit.  Ver  sex  dies  septeniqiie  noctes  ardens 
ciuitas  regios  pauit  aspect//^.  0;;/;/iu///  pêne  senatoru/;/  diuitias 
igné  ereptas  uiolentcr  rapuit.  Q//i  po5t  o;//7zia  scelera  beatis- 
simos  Christ!  apostulos  ob  magi  Simonis  nece?ii,  a  demonibwj 
ab  apostulis  in  nomine  Christï  adiuratis,  ab  aère  dimisi  et  In 
.iiii.  partes  corpore  in  terra  diuissi.  [Qui]  per  Agrippam  prae- 
fectu;;/  Petru///  cruce,  Paulu;//  gladio  occidit, 

Ku.  Secundo  anno  Neronis  Fest//^  ludex-  p/-ocurator  sucessit 
Fclici,  a  q//o  Paul^^i'  Roma///  ui//ct//5  mittit///'^  et  biennium  in 
libéra  c/zitodia  manens:  po^t  haec  ad  p/vTfdicandu///  demittit//r, 
necduni  Nerone  in  tanta  scelera  q//anta  de  eo  narrant  historié 
erwwpente.  Festo  magistratui  ludeaj  succedit  Albin//5^  Albino 
Vlorus^  ciiiiis  luxoriam  et  auaritia///  cetc;'aq//t'  flagitia  ludei  non 
ferentes,  contra  Romanos  rebellauer/////.  Adut'rs//5  q«os  Ues- 
pesian//^  magist^/'  militia.^  missiis  plurimas  urbes  ludex-  cepit. 


1 .  i.  e.  Caligulue 

2.  .i.  o  charptib  1.  o  charraib  c  of  chariots  or  of  cars  ». 

3.  purpurcis  funibus  extrahcbantur,  Orosius,  VII,  7. 


The  Annals  of  Tigernach.  First  Fragment.  41 5 

[fo.  II*»!]  Kuii.  Ki.  Kii.  Kiii.  Ab  i//itio  mundi  .uwcclxiii. 
iuxta  .Ixx.  I;;/^rprgtes,  scciindum  nero  Ebr^o;  iiiiyy/xiiii.  Ab  \n- 
carfiatione  .Ixiii. 

Ku.  Kui.  Maria  Magdalena  moritur. 

Kuii.  lAcobwj  îratcrDoniim,  cumxxx  an«?VHierusoiimor//m 
rexisset  oeclesiam,  lapidatwr  a  ludeis,  qui  de  pi«na  tewpli  iprae- 
cipitatus  ïiiste  fullonis  in  caput  percussiis  interii. 

Kii.  Marc//5  in  Alaxandria  morit//r^  cui  successit  Annian//i' 
annis  .xxii. 

Kiii.  Verseus  poeta  moritwr. 

Kiiii.  Nero  lohannt'ui  apos/////////  in  doleu///,  ftTuez/tis  olei  mis- 
sit,  ut  TertuVhxnus  air,  q//i  inde  purior  et  uigetior  exierat 
qiiain  iwtroierat. 

Tomaidiw  Locha  Rib  ma/c  Maireda  dar  Mag  n-Airbthen. 

Tomaidi;/;  Liimiui^e  tar  Liathmuine,  edôn  Locha  Echach 
aitt  doliégad  silnDubthaich  Doeltengad  acht  Curcufôche  na/;/ma 
conihraûiair  side  in  Dubthach  do  Fergus  mac  Roaig. 

[«  The  outbreak  of  the  lake  of  Rib  son  of  Mairid,  over  Mag 
Airbthen. 

The  outbreak  of  Linn-mùne  («  stagnum  mictus  »)  over 
Liath-muine,  to  wit,  of  Lough  Neagh,  in  a  place  where  the 
seed  of  Dubthach  Chafertongue,  save  only  tlie  Corcu-foche, 
was  overwhelmed.  This  Dubthach  was  a  comrade  of  Fergus 
son  of  Roach  »]. 

Ku.  Kuii.  Ki.  Lucanns  (.i.  poeta)  ac  Seneca  (.i.  p/Tceptor 
Nerônis)  interficimitur  Ç.i.  a  Nero/ze). 

Kii.  Nero  ignominiosse  fugiens  a  senatu  ad  q//artu///  ab  Urbe 
kipidem  sesé  ipse  interïécit. 

Hoc  awio  Petr//j  et  Pauh/j  a  Nerone  anteaqwr////  semet  ipsuw 
interûceret  occissi  s/^;/t. 

Linns  papa  .ii.  annis. 

Kii.  Galua  cixni  Pissône  adoptiuo  f/l/o  regnauit  .uii.  me?isi- 
hus,  qui  ab  Othone  i///^rfecti  SM;;t. 

Othôn  .iii.  mensihns,  qui  semet  ipsu;n  interîecit. 

Uitelh/zj-  .uiii.  mensihns,  qui  fuit  uorator  cibi  ^,  q//i  a  senatu 


I .   MS.  ciui 


4 14  Whitley  Stokes. 

excarnificat//^  crebris  conipuncùomhus  et  unco  tractus  m  Ti- 
herim  misus  caruit  sepultz^ra. 

Euodi;/5^  episcopus  po5t  Petr//;;;  xxiii  anuis,  in  Antecchia 
msrrr.  [ia  marg.  xxxi]. 

Uespesian//Tc»j»Tito  f/l/o  suo  regnauit  an;nj  .ix.  mensihus 
,xi.  dlébus  xxii.  H;V  apioi  iudeaw  imp^rator  ab  exercitu  appel- 
latMJ  et  bellu?;;  Tito  f/l/o  suo  commatà^niSy  Roma;n  ^er  Alaxan- 
àùd^m  proficiscitMr,  ojà  secundo  anno  rudeae  regnuw  suburrtit. 
Te/;;plum  solo  strauit  po^t  annos  primœ  xdihcationis  eius  mille 
.ixxxix.  Consutnmiitum  est  hoc  belluw  a.h7iis  .iiii.,  duob«i  qui- 
deni  Nerone  uiuente  et  duobwj'  aliis  poi"tea. 

Uespessianus  [fo.  1 1''  2]  inter  alla  magnor///;;  operum  hcta.  in 
priuata  adhuc  uita  iii  Germaniaw^  deinde  et  Brittaniaw  a 
Claudio  miss//5  tric[i]es  et  bis  ciini  hoste  conûlxlt,  duas  uali- 
dissi;;/as  genres  .xx.  oppida,  i?/solam  Uecta;;/  Brittani.'e  proxi- 
ma;;/  Romano  adiecit  i/;/pt'no.  Coloss//j  erigit//r  habens  altitu- 
di/;es  .cuii.  pedes. 

Kiii.  Hôc  anno  ui?idicta  crucis  a  Uespisiano  et  Tito  f/l/o 
eius,  postquani  enim  Uespessian//^  Rôma;;/  reuersns est, Titus  îilius 
eius  ciuitate/M  Hierusale/;/  expugnauit.  Te;;/.plu;;i  solô  strauit. 
Regnu;;/.  ludeor///;/  subufrtit.  Ubi  undecies  centum  milia  capta 
esse  et  ducta  Euseppw^  ^  p^rhibet. 

Ku.  Anencletwi^  papa  anmV  .xx. 

Kui.  Kuu.  Ki.  Ab  initio  mundi  .umcclxxix  iuxta  .Ixx.  secun- 
dum  wero  ^hreos  iiiiwxxx.  Ab  lnc2Ln\^tione  autem  Ixxui. 

Lugaid  Réo  derg  occissMj  est  ôna  trib  Rûadchennaib  (.i.  de 
Laignib).  Nô  co/nmad  hu  claideb  dodoléced  ^o;m-abbad  de  cho- 
maid  a  mnd  .i.  Deirbe  forgaill,  nodechsad. 

[«  Lugaid  Red-stripe  was  slain  by  the  three  Red-heads  of 
Leinster,  Or  it  may  be  that  he  betook  himself  to  (his  own) 
sword  and  died  of  grief  for  his  wife,  Derb  forgaill,  who  had 
gone.  »] 

Kiii.  Cre;/ithann  Nia  Ndir  regnauit  annis  .xiii. 

Kiiii.  Andréas  crucifix//5  est  in  Patras  ciuitate  .i.  Achai^, 
ab  Egia  (.i.  proconsule) . 


1 .  leg.  losephus 

2.  IcR.  Anudetus 


The  Annals  of  Tigernach.  First  Sid^nent.  41 5 

Ku.  Uespesianw^  m  uilla  pro/)ria  circa  Sabinos  pmftmiio 
uentris  mort[u]Mi"  est. 

Pilipzu  \n  Hierapoli  dmtate  Frigiœ  crucifixï/i  et  lapidatw^  est. 

[in  marg.  iiii/;/xl]  .Kui.  Tiius  filins  Uespesiani  regnaiiit  pojt 
^atrem  suudi  annis  .ii.  ac  mens'ihiis  .ii.  Iste  m  utraque  lifzga 
tanto  facundissimw^  exstetit  ut  causas  latine  égerit,  poemata  et 
tragoedias  graece  co/;/poneret.  Tanto  autem  bellicosissim/a  ^ 
fuit  ut  in  expugnatione  Hierusolimor/^//^  .xii.  propugnatores 
.xii.  sagittarz/;»  conîoderet  ictib//j.  Porro  bi  hnpeno  tantse  bo- 
nitatis  fuit  ut  nullu;«  omnino  puniret,  sed  conmnctos  aduersuni 
se  <:oniuratione  demitteret,  atqw^  in  eade/n  famili[a]ntate  quain 
anfea  habuerat  reteneret.  Huius  enam  inter  oiiinh  [fo.  12^  i]  fuit 
iilud  célèbre  d'icîuni,  pcrdedisse  diem  q//a  n//;/l  boni  faceret. 

Ki.  Tit//j^  segregatis  a  numéro  principuw^  Othone  et  Vi- 
tellio,  in  c/////s  te/npore  Babi//j3  mons  prcfudit  incendia, 
quae  uiciwas  regiones  cutn  urbibwj"  honihiibus  deleuer//nt,  cufii 
ingenti  oinmnm  iuctu  in  eade/n  uilla  qwa  ^ater  eiiis  périt  morbo 
abs//n/pt/^j  est.  Qui  fuit  uir  omnium  uirtutu/n  mirabilis  adeo 
ut  amor  et  dilicic-e  hu/nani  generis  diœretur.  Hic  anzphithea- 
thrun?  Rom^  a^dificauit  et  iii  dedicatione  eiiis  .u.  milia  fera- 
r///n  occidit. 

Kii.  Domitian//i-fra/er  Titi  iunior  regiiauit  [ânnis]  .xu.etmen- 
sihiis  .u.  Hic  sectindits  post  Neronew  Christianos  persecutus  est, 
sub  q«o  lohaniies  apostiilus  in  Pathmo  insola  religat/zi  est,  et 
Flauia  Domitilla,  Flauii  Clemt'ntis  consulis  ex  sorore  neptis*, 
in  insola?n  Pontiana/n  ob  fidei  testimoniu/n  exiliat//r;  qni  et 
ipsuni  lohannen/  fertnr  in  feruentis  olei  doliunz  missise,  sed 
lohanwgr  ta/n  in/mûnis  redisse  [dicitur]  a  poenis  qnctiii  a  cor- 
ruptione  carnis  manebat  semper  inmionis. 

Iriel  Glûnmar  .i.  mac  Qwaill  Qrnaig,  die  dominica  hi 
Seiwmiu  ocdssits  est  o  Cre///thand  Nia  Nair,  ucl  a  Gallis,  ut 
alii  d/r//nt. 


1.  MS.  belliocissimzw 

2.  MS.  pnncipi//)« 

3.  sic,  leg.  Vesuvius 

4.  .i.  donn  ingi?;.  gebes  lasiw  fersa  i»  tsiur  («  of  the  daughter,  whom  the 
sister  has  by  this  man  »). 


4i6  Whitley  Stokes. 

[«  Iriél  Big-knee,  son  of  Conall  Cernach,  was  killed  on  a 
Sunday  in  Semne  by  Crenithand  Nia  Ndir,  vel  etc.  »] 

Kiii.  Fiacha  Fi;zda?/mas  mac  Ireil  Glunmair  regnauit  m 
Emain  dieis  a  athar  annis  .xx. 

[«  Fiaclia  Find-amnas,  son  of  Iriél  Big-knee,  reigned  in 
Emain  after  liis  father  for  twenty  years  ».] 

Kiiii.  Domitian//^  multos  senaiormii  in  exiliu/;/  misit  ac  ptT- 
emit. 

Kui.  Domitian//^  cunctos  q//i  de  génère  Daiiid  erant  intcr- 
fici  i//5sit,  ut  null//5  ludeor//;;/  ex  regali  origi;ze  siipciccssti. 

Kuii.  Abili//i"  episrop/.'^  Alaxandria[e]  an^zwxiii. 

Ki.  Kii.  Kiiii.  Cre^/zthand  Nia  Nar  mort[u]//^  est. 

Ku.  Feradach  Fi;/d  mac  Cremûiaiiid  regnauit  annis  .xxii. 

Kui.  In  hôc  tenipore  claruit  Morand  mac  Môin. 

Kuii.  Tomas  aposf/////j-  in  Culan'ia  ïugnJatiis  est. 

Kxii.  Clemens  discipul//^  Pétri,  episcopus  Romas  ordinat//r 
,ix.  annis. 

Bartholome//5  décollât//^  et  sepult//5. 

Kiii.  Ignati//5  Anteochia:  episcopus  annis  xuii. 

Kiiii.  Carpri  [fo.  12^2]  Cend  cait  .u.  hliadna  ro;z-ebailt.  ^ 

«  [Carbre  Cat's  head,  five  years  till  he  died  »]. 

Ab  initio  mundi  .u;;/ccxc.  secunduni  Ixx  Interprexes,  secundmn 
uero  Vhreos  iiii«?.lxxi.  Ab  Incaxnatione  Mcro  xcui. 

K.u.  Domitian//5  ab  Aug/zi/t)  non//i"  occÀssiis  est. 

K.ui.  Nerua  senexa^Petroniopra^'fecto  "praeionoet  Parthinio 
spadone  Domitiani  in/^rfectore  m  regnu;;/  ordinat//j'^  regnauit 
anno  uno,  et  m(';/sib//.f  iiii  et  dieb//j  octo,  q//i  Traianu;;;  sQCwni 
m  regnu/;?  adoptauit.  Hic  primo  edicto  >  suo  cunctos  exules 
reuocauit.  \3nde  et  lohannes  apostulus  hâc  generali  i/zdulgcntia 
lïheratus  Ephessu;;i  rediit.  Et  c\uia  concussani  se  absente  per 
hereticos  uidit  asclicsias  ûdein,  rogatus  ab  episcopis  Asise,  con- 
ïcsùin  hanc  descripta  m  euangelio  suo  ut'rbi  Deï  aeternitate  sta- 
biliuit. 

Nerua  morbo  conkctus  obit. 


1 .  This  cntry  seems  inserted  ))iaii.  rcc. 

2.  MS.  c 

; .  MS.  cdictito 


The  Annals  of  Tigernach.  First  Fragment.  417 

Kuii.  Tra'iznus  génère  Hispanus  regnanit  .xix.  annis  et  men- 
sihus  .ui.  et  diebus  .x.  Iste  Assia  et  Babilonia  capta  usque  ad 
Iwdi^  fines  pojt  Alaxandruw  accessit. 

Ki.  Traianwj-  ien'uis  persequ'itur  Christiânos. 

Kii.  Cerdon  prïmus  episcopus  Alaxandri^e  annis  .xii.  qui  fuit 
quanus  ab  âpostiilo. 

Kiiii.  Iohan;z^5  apos//<///.f  Ixxuiii.  a.nno  post  Passionem  Do- 
mini,  i'etatis  aiitein  su^e  no/zagissimo  uiii.  anno  Effessi  placida 
morte  q//ieuit. 

Clem^ws  papa  Pétri  discipultt^,  apwi  Cersonam  ciuitatew  a 
Traiano  in  mare  demers//5  est  anchora  collo  conligata,  a  cuiiis 
corpore  in  feria  eius  anniu^rsaria  semper  trium  miliu;/^  spatio 
tribus  dieb//j  mare  recedit,  Cbn'stianis  Domino  ad  corpus  eius 
lier  pr^t'bente. 

Kui.  Simon  Cleopa;  f/l///s  apostulus,  ut  alii  aiunt,  lerusoli- 
morum  episcopus  crucifix//^  est  a  Traiano,  senex  .cxxi.  an- 
norum. 

Kuii.  Kii.  Fiatach  Fi;?d  regnanit  biEmâin  annis  xHi. 

Kiii.  Kiiii.  Ku.  Madian/^j  apostulus  interïectus  est. 

Kuii.  Ignaûns  Anteochia;  episcopus  Romam  perductus  a 
Traiano  bestis  tradit//i-  est,  qui  suadentib?/y  ewn  capiorihus  suis 
fugere  respondit  [fo.  12'' i]  Non.  Chrisn  frumentum  sum^  et 
demihus  hestiàrum  molar-.  Alaxander  quoque  Romana^  urbis 
episcopus  martmo  coronatus,  et  uno  ab  Urbe  miliario  uia  Nu- 
memana,  ubi  decoUatz/i  est  sepelit//r. 

Plini//5  secunduSj  Nouocomensis?,  orator  et  historic//^  habe- 
tnr,  cuius  plurima  ingenii  op^ra  extant. 

Ki.  Pantheuwî  Romœ  quod  Domitian//.^  fecerat  fulmine 4  con- 
crematum  est.  cui  nomen  datum  est  inde,  q^uod  omniiifii  deorum 
sit  ipsa  domus  habitaculuw. 

lUdei  per  diuersas  terrarum  partes  seditione;»  mouentes 
digna  c[a]ede  st^rnunt. 

Traian//j  Romani  i;//perii,    quod  posi  Augustwn  defensuw 

1 .  MS.  suum 

2.  MS.  moliar 

3 .  a  Nouocoma  cïuUatc,  1.  nuathescthid  [«  new  cutter  »  ?  «  new  sha- 
ver  »  ?J  ab  aliis  libris. 

4.  MS.  flumine 

Revue  Celtique,  XVI.  30 


41 8  Whitley  Stokes. 

magis  fuerat  q/<am  nobiliter^  awplificatum,  fines  longue  Idte- 
que  diffudit^. 

Kii.  Feradach  ¥ind  Fechtnach  defecit,  cui  successit  f/lms 
suus  Fiacha  Fi«nfolad  a.nnis  .xui. 

Kui.  Ab  inirio  mundi  .umccdx  secunduni  Ixx,  seciindum 
Ebr^oi  iiiimc.  Ab  \nc2ixn.atione  cxm. 

\usius  Ahxandria  episcopus  annis  xi. 

Kiiii.  Kui.  Timothi/«  Pauli  discipul/«  q/deuit. 

Kiiii.  Titus  epïscopiis  in  Creta  qwieuit. 

Ki.  Trflianus  apud Seleuciam  Isauri^e  urbem  profluuio  ...uen~ 
tris  mort[u]us  «n. 

Kii.  Adrianus,  consuhrinx  Traiani  (ilius,  rQgnauit  annû  xxi. 
Hir  per  Q//adratU7?/  discipulu;;/  Apos//dor//;;;^  é'^  Aristidew  Athe- 
nense;//  uiru;n  lide  sapientiaq//6'  plenu;;?^  et  per  Serenu?;?  Gra- 
neum  Legatu/u  libris  de  Cbrisîia.n:i  relegione  co;7zpositis  in- 
structw5^  pm^cepit  per  epistolam  Christia.nos  sine  obiectu  cremi- 
num  non  dawndri.  IDem  ludeos  secundo  rebelles  ultima  cœde 
perdomuit,  etiam  introeundi  ablata  eis  licentia  Hierusolimaw 
qMaw  ipsein  optiwu;?/ statu;^;i  murorum  exstructione  reparauit, 
et  Eliaw  uocari  de  suo  nomme  pra^cepit.  IDe?;^  eruditisim/zj  m 
utraque  lingua  bibliothecham  Athenis  miri  op^ris  cowstruxit. 

Kiii.  Elimm  mac  Conrach  regnauit  in  Emai;z  [fo.  12^2] 
annis  x. 

Ku.  Kui.  Kuii.  Aqz/ila  Pontic//5  interpres  secimàus  posi  Ixxii. 
habet//r. 

Ki.  Kii.  Eumenes  Ahxandrice  episcopiis  anno  uno  et  m^?zse 
unô. 

Kiiiii.  Marais  Alaxandria^  episcopus  .xiii.  annis. 

Ku.  Fiacha  Fi;zdfolad  interkctiis  est,  in  Teo7;/oria  iiel  him- 
Maig  bolg  ut  alii  aiunt,  o  hElimm  mac  Conrach  À.  6  rig 
hUlad,  q//i  et  ipse  cecidit  hi  cath  Aichle  la  Tuathal  Techtmar 
in  ui»dicta;/?  patris  sui. 

[«  Fiacha  Findfolad  was  slain  at  Tara,  or,  as  some  say,  on 
Mag  Bolg,  by   Elimm  son  of  Connra,  i.  e.  by  the  King  of 


1 .  MS.  nouiliter 

2.  MS.  defudit 

3.  Hère  in  marg.  an  entry  beginning  (F)iatach...ri  Ulad. 


The  Annals  of  Tigernach.  First  Fragment.  419 

Ulster,  who  himself  fell  in  the  battle  of  Aichle  by  Tuathat 
Techtmar  in  vengeance  forj- .s  father  ».] 

Kui.  Kuii.  Ki.  Tuathal  Techtmar  regnauit  a.nnis  xxx.  Is  dô 
cetaronasced  7  fris  roiccad  bôrama  Lagen  [artuis]  [«  'Tis  by  him 
that  the  horcuna  («  tribute  »)  of  Leinster  was  first  imposed, 
and  to  him  it  was  first  paid  »]. 

Mal  m.ac  Rochride  l'egnaiiit  in  Emain  anww  xxxiii. 

Kiii.  Kiiii.  Kii.  Kui.  Kuii.  Kii.  Ab  initio  mundi  uwccc 
xxxuiii,  seciindiini  Ixx  Interprètes  :  iuxta  uero  Ehreos  iiiiwc.xix, 
Ab  lncar)mtione  .cxxxiiii. 

Kiii.  Kiiii.  Celadion  episcopits  Ahxandria  annis  .xiiii. 

Ku.  Hierusolim^e  ^rïmiis  ex  gentibw^  episcopus  ^onstituit/»* 
Murciis,  cessantib/^5  his  qui  fuerunt  ex  ludeis,  qui  snnt  numéro 
,xu.  et  pnïduerant  a  Pasione  Do//nni  per  annos  fere  .c  et  uii. 

Basilides  heresiarches  (?)  agnoscitur. 

Adrianz/i  Elias  morbo  mort[u]i/.y  est. 

Kuiii.  Antoni[n]//.y  cognommto  P'ius,  cum  îiXiis  suis  Aurelio 
et  Lucio,  regnauit  annis  .xxii. 

Ki.  lustmus  philosophus\ihri\mp?'o  Christhna  religione  com- 
posituw  Antoni[n]o  tradedit,  hemgnunique  eum  erga  Christh- 
nos  hoiniiies  fecit.  Q.//i  ne/;  longue  poit,  s//jcitante  p^Tsecutionew 
Crescente^  Cynico  {uel  Canino),  pro  Christo  sanginew  fudit. 

Kii.  Sulpicio  Romsî  episcopo  Hermès  scripsit  libruw  qui  di- 
cituY  Pastoris,  vi  quo  praeceptum  angueli  contenetur,  ut  pascha 
die  do;;;/nico  celebraret//r. 

Kiii.  Policarp//^  Roma?;/  ueniens,  multos  ab  heretica  labe 
castigauit,  q//i  Ualentini  et  Cerdonis  nupcr  doctrina  fuerant 
corrupti. 

Kii.  Antoni[n];/j  ideo  Vms  cognomiwatz^i'  est,  quia  in  omm 
régné  Romano  cautionib//5  iwcensis  cunctoru?»  débita  relaxauit. 
\}\\de  'Pater  Patriœ  appelldtwi'  est. 

London,  17  July  1895. 

Whitley  Stokes. 


I ,   propnum 


DEUX  NOTES  DU  MANUSCRIT  IRLANDAIS 
DE  RENNES. 


M.  G.  Dottin  m'a  envoyé  une  copie  de  deux  notes  contenues  dans  le 
ms.  irlandais  de  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Rennes.  L'une,  fort  effacée 
et  peu  lisible,  se  trouve  au  folio  125  verso  '.  Elle  est  datée  de  1586.  L'autre, 
en  écriture  moderne,  est  placée  au  bas  du  folio  25  verso  2.  Voici  la  restitu- 
tion et  la  traduction  que  je  propose  pour  ces  deux  notes  3. 

Les  lettres  en  italique  ne  sont  pas  dans  le  manuscrit  ou  n'y  sont  point 
lisibles  ;  les  lettres  entre  crochets  sont  dans  le  manuscrit,  mais  doivent  être 
supprimées  : 

Beânnacht  Dé  agiis  mo  hheannacbt-sâ  ût [t]sealb/;adôinb/;  4  an 
leab/;a/V-si,  cibé  iad  féin,  agus  go  soÏYhbighidh  Dia  dô'ihh  agus 
do'w  té  ag  a[na]  b/;fuil  se  anois,  Conchûbhair  Mac  Flanncha- 
dha  :  mise  Cown  Mac  Aodha  agus  (^go  soirhhighidh  D'id)  do'n 
c/;aillin  t//leg,  agus  go  dtiuhhraidh  Dia  Uilleog  Bùrc  ag  a  bhfui- 

lim-si  'na  iochair,  slân  ô'n  ts'mbhal-Sii  sios anno  âomini 

7;;/lesimo  quinqnagesimo  (leg.  qtiingentesimd)  ottagesemo  sexto. 

«  Benedictio  Dei  et  benedictio  mea  apud  possessores  hujus 
libri,  quicumque  sunt,  et  Deus  benedicat  eos  et  eum  pênes 
quem  nunc  est,  vidclicet  Conchubiiair  (Conor)  Mac  Flann- 
chadha  (Clancy).  Ego  Conn  Mac  Aodha  [Mackay].  Deus  bene- 
dicat istam  puellam  Uilleôg  (Ulick),  et  ducat  Deus  Uiileog 
Burk  (Burke  aut  De  Burgo)  apud  quem  nunc  sum,  salvum  ab 
iioc  itinere,  anno  domini  MDLXXXVI. 

II. 

Mairg  darb  sealbh  siîil 

Do'n  fbcruinn(?)  nach  bhfiiigh 
Bidh  an  tsiiil  do  sior 

Mar  a  mbionn  an  gradh. 
«  Malheur  à  qui  a  un  œil  pour  ...  qu'il  n'obtient  pas;  l'œil 
est  toujours  où  est  l'aftection.   » 

Le  seul  mot  obscur  est  îocruinn. 

Douglas  Hyde. 

1.  Cf.  Revue  Celtique,  t.  XV,  p.  91,  1.  26  sq. 

2.  Cf.  Revue  Celtique,  t.  XV,  p.  81,  1.  28-29. 

S .  J'ai  communiqué  à  mon  ami,  M.  Mac  Néill,  le  texte  de  ces  notes;  il 
est  d'accord  avec  moi  sur  la  plupart  des  points. 
4 .  Le  ms.  semble  porter  sealbhadorraihh. 


CONTES   IRLANDAIS 

(Suite!.) 


II. 


LA  MORT  DES  FILS  D  USNECH. 


I .  REMARaUES  GRAMMATICALES 


PHONETIQ.UE. 


1.  La  terminaison  verbale  -adhj  que  nous  avons  déjà  exa- 
minée, mérite  une  étude  spéciale  ;  -adb  est  susceptible  de  quatre 
prononciations  différentes  : 

1°  -adb,  -eadh  se  prononce  ii  (q)  :  riigadh  (rôgû);  ciiireadh 
(kôrû)  ;  doiseadh  (klôsû),  tôgadh  (tôgû)  ;  kagadh  (lyagu),  righ- 
neadb  (rinyù),  ndéaniadb  (nyavnç),  marbbiiigbeadb  (mdriw); 

2°  -adb  se  prononce  à  (ô)  :  bàtbadb  (bdhâ),  dôgbadh  (dç) 
bbualadb  {wùolci),  luarbbadb  (nràrov^zi),  sasad b  (sâsa),  gearradh 
(gydrà),  sàtbadbÇsà),  sleitcbtadb  (s\ix/tX),  criotbnugbadb  (\<.v''6nu), 
moladh  (môlà)  ; 

3°  -adb  se  prononce  -àt,  eadb  se  prononce  )t  :  dtagadh  si 
(ddgât  si),  bbfeiceadb  se  (vékït  sç),  gcosiiôfbadb  si  (gosnçit  sç), 
bbfagadb  se  (wât  sç)  ;  innscadb  se  (insït  sç),  dtoigfeadb  se  (dçkït 
sç),  dtinbbradb  se  (dyùrït  sç),  ngcarradb  siad  (nydrad  sied)  ; 

I,  Cf.  Revue  Celtique,  t.  XIV,  p.  1 13-13 1. 


42  2  G.  Dottin. 

4°  adh  se  prononce  ày  :  dtagadh  (dàgayî),  thiocfadh  (xûkày), 
gheobhadh  (yôfà-/),  bhuaileadh  (wuilà-/),  chosnôchadh  (^ypswQy  =^ 
XOsnQ/â'/),  choinneôchadh  (yônyo-/  =■  yônyoyây). 

Dans  la  terminaison  -aidh,  -idh,  le  dh  est  toujours  muet  : 
deunfaidh  (diâna),  gcloisfidh  siad  (glise  siâd),  bhfaghaidh  (wa), 
bhfaghaidh  se  (wâi  sç),  iagaigîdh  (tâgagi),  tôgaigidh  (tôgàgi), 
geobhaidh  (yôfâ),  thibhraidh  (tyûnï),  tiocfaidh  (tôka),  reidhteô- 
chaidh  (rçtyç),  foillseôchaidh  (fwilsç),  feicfidb  (vçki),  caithfidh 
(kâ),  chnirfidh  (ywirï),  chosnôchaidh  (yosno),  rachaidh  (rdyâ), 
bhfiiighidh  (\\'i),  feuchfaidh  (féâya). 

Comme  on  le  voit,  les  divers  sons  de  -adh  ont  été  répartis 
dans  des  fonctions  différentes  :  adh,  terminaison  de  l'imparfait 
'  et  du  conditionnel  actifs,  se  prononce  at  quand  il  est  suivi  des 
pronoms  personnels  de  la  troisième  personne  se,  si,  siad,  et  ay 
dans  tout  autre  cas  ;  adh,  terminaison  de  l'infinitif,  se  prononce 
à  ;  adh,  terminaison  du  passif,  se  prononce  u. 

Il  est  étrange,  si  la  prononciation  ai  de  adh  est  ancienne, 
que  le  changement  de  dh  en  t  devant  s  ne  se  soit  pas  produit 
également  pour  la  désidence  -idh,  or,  on  dit  luâi  se  (bhfaghaidh 
se),  mais  luât  se  (bhfaghadh  se). 

2.  La  dentale  du  passif  est  /  au  lieu  de  th  après  g  dans 
leigtear,  leigti  (à  côté  de  leigthi). 


DECLINAISON. 

1.  Le  nominatif  et  l'accusatif  sont  toujours  confondus  en 
irlandais  moderne.  Pour  l'expression  commune  de  ces  deux 
cas,  tantôt  l'ancien  nominatif,  tantôt  l'ancien  accusatif  a  pré- 
valu. 

2.  Génitif.  La  désinence  du  génitif  est  conservée  dans  les 
mots  suivants  : 

A.  Anciens  thèmes  en  -o  :  dliglndh,  leinbl),  Uisnigh,  Manan- 
nàin,  dinnéir,  ainn,  cuain. 

B.  Anciens  thèmes  en  -à:  vinà,  chiche,  lâiiiihe,  deise,  nieire 
(pour  meôif-),  tiagha. 

C.  Anciens  thèmes  en  i  :  fola. 

D.  Anciens  thèmes  consonantiques  :  ^7//;flr^  Albann,  Duine. 


Un  Dialecte  irlandais.  423 

E.  Aodhbha  est,  dans  notre  dialecte,  l'équivalent  du  moyen- 
irlandais  ae,  vieil-irlandais  au  nominatif  ôa. 

Le  nominatif  s'emploie  en  fonction  de  génitif  pour  les  mots: 
bean-ôg  (cf.  mna),  torr,  tabhairne,  clé,  troid,  clann,  arm,  croidhe. 

3.  Datif.  La  désinence  du  datif  est  conservée  dans  les 
mots  suivants:  Eirinn,  làimh,  Albainn,  cloinn,  ôig,  chli;  dans 
bais  et  Manannàin  la  forme  du  génitif  est  employée  par  erreur 
en  fonction  de  datif. 

Le  datif  est  identique  au  nominatif  dans  righ,  criifh,  fear, 
oidhche,  taobh,  céile,  Déirdre,  triohiôid,  Icanhh,  beanôg,  oileàn, 
clann,  rôs,  fiach,  coi  II,  intinn,  deas,  faiichios,  cath,  teas,  sncnchta, 
mathair,  gràdh,  cuideachta,  aistear,  tir.  Il  semble  donc  que  le 
datif  soit  en  voie  de  disparition.  Le  cas  est  d'ailleurs  suffisam- 
ment déterminé  par  la  préposition. 

4.  Nominatif  pluriel.  L'ancien  nominatif  pluriel  persiste 
dans  saighdinir,  caraid,  ceannfairt.  On  a  refait  à  ri  un  pluriel 
en  -te  d'après  l'analogie  des  thèmes  à  dentale  :  righte  au  lieu  de 
l'ancien  pluriel  riogha  qui  était  primitivement  une  forme  d'ac- 
cusatif. Putôg  et  sgamhôg  font  au  nominatif  pluriel  putôga, 
sgamhôga.  A  côté  de  ceannfairt,  on  trouve  ccannfairteachai. 

5.  Le  génitif  pluriel  est  distinct  du  nominatif  pluriel  d^ns 
ceannfart.  Il  lui  est  identique  dans  righte,  coirp,  conirâidi,  nam- 
haid. 

6.  Le  bh  du  datif  pluriel  n'est  conservé  que  dans  fearaibh ; 
pour  sûili,  conirâidi,  dearbhraithreachai,  gnôthai  le  datif  est  iden- 
tique au  nominatif  pluriel. 

7.  Voici  dans  notre  texte  les  formes  des  prépositions 
unies  aux  pronoms  : 

i""*  p.  sg.,  orm,  lioni,  agani,  uaini,  dhom. 

2^  p.  sg.,  agat,  diiit,  leat,  romhat,  art. 

y  p.  sg.  masc,  uaidh,  leis,  dhô,  dhe,  aige. 

y  p.  sg.  fém.,  leithe,  iiaithe. 

V  p.  pi.,  orrainn,  dhninn. 

2^  p.  pL,  agaiÇhW),  lib,  dhiiibse,  dib,  asib  (avec  b  et  non  /;/;). 

y  p.  pi.  A  cette  personne  notre  dialecte  a  conservé  deux 
séries  de  formes,  les  unes  avec  le  pronom  au  datif,  les  autres 
avec  le  pronom  à  l'accusatif.  A  la  première  série  appartiennent 
orraib,  leôib,  dhôib,  dib,  asioib.  A  la  seconde  appartiennent  acu, 


G.  Dottin.  424 

rompu.  L'irlandais  moderne  est,  comme  on  le  voit,  très  diffé- 
rent sur  ce  point  du  vieil-irlandais. 

8.  La  désinence  de  la  i""^  pers.  pi.  m/«'i  s'emploie  comme 
pronom  absolu  :  iiia's  niiiid. 

9.  Comparatifs  :  breagha,  ôige,  tréine,  cumhachtaighe,  mô. 


CONJUGAISON  ^ 

Présent:  réidhîigh,  faghaidh. 

Présent  d'habitude  :  seasann. 

Lmpèratif  :  teirigh,  tagaigidh,  tôgaigidh,  cuimhnighidh,  bigidh, 
siubhlaigidh,  deunaigidh. 

Imparfait:  tagadh,  gearradh,  biiaikadh. 

Prétérit:  i'"''  p.  sg.,  fuarais. 

V^  p.  pi.,  bhUmiid. 

y  p.  sg.,  siddh,  chraith,  leag,  ghlaoidh,  ghlac,  bhiiail,  seas, 
saoil. 

d/fosgail,  d'innsigh,  d'ionnsiiigh. 

Futur:  V  p.  pi.,  dcunfamuid,  rachaviuid. 

Relatif:  bhéidheas,  feicfcas,  deunfas  (iné,  mitid),  feudfas 
(ni  nid). 

y  p.  sg.,  cosnôchaidh,  geobhaidh,  réidhteôchaidh,  foillseôchaidb, 
fuighidh,  rachaidh. 

feicfidh,  cuirfidh,  aithrisfidh,  tiocfaidh,  feiichfaidh. 

Conditionnel:  i""^  p.  sg.,  deunfainn. 

3^  p.  sg.,  cosnôchadh,  geobhadh,  iompôchadh,  tiitbhradh. 

tiocfadh,  iôigfcadh. 

PASSIF.  —  Présent:  ciiirtear,  kigtear,fendtar. 

Imparfait  :  leigthi,  Icigti. 

Prétérit  :  cloiseadh,  Jeagadh,  righncadh,  déarnadh,  marbhiii- 
gheadh. 

facas. 

INFINITIF:  thidheachtan, fannacht,  kagaint. 

Participe  :  ràidhte,  caithte,  maithte,  fohiighthe,  leagtha. 

I .  Nous  n'avons  pas  fait  entrer  dans  cette  liste  les  formes  déjà  relevées, 
t.  XIV,  p.  117. 


Un  Dialecte  irlandais.  425 


2.    TEXTE. 

Le  conte  que  nous  publions  ci-après  diffère  peu  de  la  seconde  rédaction  du 
«  meurtre  des  fils  d'Usnech  »  que  l'on  trouve  chez  H.  d'Arbois  de  Ju- 
bainville,  L'Épopée  celtique  en  Irlande,  t.  1,  p.  256-286  (Cours  de  littéra- 
ture celtique,  t.  V).  Il  est  seulement  moins  détaillé  et  moins  complet. 
Il  ne  contient  aucun  détail  sur  les  circonstances  de  la  naissance  de 
Derdriu  ni  sur  sa  famille;  il  n'y  est  question  ni  de  l'amour  du  roi  pour 
Derdriu,  ni  du  geas  qui  interdisait  à  Noise  de  venir  en  Irlande  en  temps 
de  paix,  à  moins  qu'il  ne  fût  en  compagnie  de  Cuchulainn,  Conall  ou 
Fergus,  ni  des  présages  de  mort  que  Derdriu  fait  remarquer  aux  trois 
frères,  ni  des  exhortations  de  Conchobar  pour  décider  les  Ulates  à  tuer 
les  fils  d'Usnech.  D'autre  part,  notre  récit  renferme  quelques  innova- 
tions :  Conchobar  est  remplacé  par  Manannân  ;  Noise  par  Aille  ;  c'est 
la  nourrice  de  Derdriu  et  non  le  hasard  qui  fait  connaître  Aille  à  Der- 
driu ;  ce  n'est  qu'après  avoir  tenté  une  expédition  en  Ecosse  et  après 
avoir  été  repoussé  que  Conchobar  a  recours  à  la  ruse  pour  se  venger 
des  fils  d'Usnech;  enfin  au  lieu  d'être  décapités  par  le  fils  du  roi  de 
Norwège,  les  fils  d'Usnech  se  tuent  les  uns  les  autres  par  mégarde. 


426  G.  Dotîin. 


Transcription  phonétique. 

1.  Rôgù  l'dnà  mnâ.  Niiër  rôgù  hi,  vi  si  nà  l'dnà  rô  bra  gô 
ro  ke  yàmk  i  diànà  iônà  yi  l'anâ  brdyà. 

2.  Kôru  fis  ër  à  dnàdçir  nç)  gô  vçkït  sç  an  l'anit.  Hdnik  an 
driâdôir  agûs  dçy^  sç  ér  à  l'dnà.  Noir  a  ydnïk  sç  in  l'dnà,  rôni 
sç  à  yjasà  dnâyt'.  Xdnik  se  an  triblôid  yôsnQx'  ï^  É'ré  ■(:{  Içki 
an  l'dnà  iàytïn  sûàs  gô  ddgàt  si  nà  banôg. 


3.  Nûër  adûrty  an  driâdôir,  gô  gôsnoit  sç  ïn  triblçid  yo 
É'ré  va  likti  an  l'dnà  hiàytin  sùàs  nà  bançg,  kôru  fis  ër  ri  Mô- 
nônân,  gôn  insit  sç  vq  an  triblçid  yûkày  orûb  ma  liktër  hi 
hiàyt  sùàs  nà  ban  ôg.  Dûrt  an  ri  gô-dôkit  sç  hi  79  hen. 

4.  Nûëré  à  klôsù  an  ydël  fûà  may  yôn  l'dnà  togû  an  l'dnà 
àstydy  gôdi  tydy  an  d°li.  Hanik  nà  rityë,  hânik  an  driàdgir, 
Lydgu  an  l'dnà  Idhër  nà  rityë.  Xdnïk  sied  an  l'dnà.  Dârty  sied 
nay  wdkà çôn  l'dnà  eriô  nis  dl'ë  nà  nis  brdyà  nà  l'dnà.  —  «  Nis  », 


Traduction  française. 

1.  Une  fille  naquit.  Quand  elle  fut  née,  c'était  une  si  belle 
enfant  que  celui  qui  la  voyait  était  émerveillé  de  sa  beauté. 

2.  On  envoya  chercher  le  sorcier  pour  qu'il  vînt  voir  l'en- 
fant. Le  sorcier  arriva  et  il  regarda  l'enfant.  Quand  il  eut  vu 
l'enfant,  il  accomplit  son  art  de  sorcier.  Il  vit  les  malheurs 
que  cette  enfant  coûterait  à  l'Irlande  si  on  la  laissait  atteindre 
l'âge  de  femme. 

3.  Lorsque  le  sorcier  eut  dit  qu'elle  coûterait  de  grands 
malheurs  à  l'Irlande  si  on  la  laissait  atteindre  l'âge  de  femme, 
il  envoya  chercher  le  roi  Manannan,  pour  lui  dire  les  malheurs 
qui  fondraient  sur  eux  si  on  laissait  l'enfant  atteindre  l'âge  de 


Un  Dialecte  irlandais.  427 


Transcription  orthographique. 

1.  Rugadh  leanbh  mnd.  'n  uair  a  rugadh  i,  bhi  si  'na 
leanbh  ro  bhreagh,  go  raibh  an  té  chonnaic  i  [ag]  déanamh  ^ 
iongnaidh  dhi^  lé  n-a  breagha'. 

2.  Cuireadh  fios  air  an  draoidlieadôir  nô  go  bhfeiceadii  se 
an  leanblî.  Thdinic  an  draoidheadôir  agus  d'feuch  se  air  an 
leanbh.  'n  uair  a  chonnaic  se  an  leanbh,  righne  se  a  chleasa 
draoidheachta.  Chonnaic  se  an  trioblôid  chosnôchadh  dh'  Ei- 
rinn  dhd  leigthi  an  leanbh  thidheachtan  suas  go  dtagadh  si  'na 
bean-ôg'i. 

3.  'n  uair  adubhairt  an  draoidheadôir  go  gcosnôchadh  si  an 
trioblôid  dho  Eirinn  dhd  leigti  an  leanbh  thidheachtan  suas  'na 
bean  ôig,  cuireadh  fios  air  righ  Mananndin,  go  n-innseadh  se 
dhô  an  trioblôid  thiocfadh  orraib5,  md  leigtear  i  thidheacht 
suas  'na  bean  ôig.  Dubhairt  an  ri  go  dtôigfeadh  se  i  dhô  fein. 

4.  'N  uair  a  cloiseadh  an  chdil  chuaidh  amach  dhe  'n 
leanbh,  tôgadh  an  leanbh  asteach  go  dti  teach  an  dlighidh. 
Thdinic  na  righte,  thdinic  an  draoidheadôir.  Leagadh  an 
leanbh  [i]  Idthair   na   righte.    Chonnaic  siad  an  leanbh.   Du- 


femme.  Le  roi  dit  qu'il  la  prendrait  pour  lui. 

4.  Lorsqu'on  eut  appris  les  bruits  qui  couraient  au  sujet 
de  l'enfant,  on  transporta  l'enfant  dans  la  maison  de  la  loi. 
Les  rois  vinrent,  le  sorcier  vint.  On  déposa  l'enfant  au  miheu 
des  rois.  Ils  virent  l'enfant.  Ils  dirent  qu'ils  n'avaient  jamais 
vu  un  enfant  plus  avenant  et  plus  beau  que  cette  enflint.  — 
«  Eh  bien  »,  dit  le  sorcier,  «  n'avez-vous  pas  vu  l'enflmt  ?  » 


1 .  En  Connaught  dîoiiauih  =  diongnainh. 

2.  Toujours  prononcé  comme  s'il  s'écrivait  dhaoi. 

3 .  Leg.  breagl)acht. 

4.  Leg.  vinaoi  ôig. 

5 .  orra  est  plus  usuel. 


428  G.  Dottin. 

ïsïndriàdôir,  «  na-/ûil  ôg°i  ér  n  dfârk  ér  à  l'dnà  ?»  —  «  Gôkçrd  à 
ta  ôgôtsë  lé  râër  a  l'ânà?  »  —  «  Ta  mise  râ  lib  ànis  gô  gôsnâ  an 
rdnà  so  fwil  agus  k.°irp,  ma  liktar  a  k3^ân  lés  à  l'ânâ.  »  — 
«  Tçkyé  mesi  yôm.  hçn  »,  durty  ri  Mônônân,  «  dianà  mç 
tdwr  klô/a  yï  'i^  '^ty  na/  v^kë  çnya^  hi,  o  durty  an  driàdoir 
gô  gôsnât  sî  mçtsën  triblçid  yôn  ilân.  » 


5.  Vî  nâ  rityë  sdstà  les,  mar  ôk  sied  brahunâs,  an  l'dnâ  y°iï 
in  bais.  Rïiîi  sç  an  tdwr  lai  an  l'dnà,  gô  dç)kït  sç  siias.  Fùàr  se 
bdnàltra  vi  féluna*/  lai  an  l'dna  Qgy  dilt.  Ni  rô  fis  ég  ényd-/  wdi 
sin  âmdx  gô  kçàrd  bô  kô'r  yôn  l'dnà. 

6.  Vi  tr'ûr  drahër  yë  ylan  Ésnyë  ëg  à  ri  Mônônân.  Bwi 
hiëd  an  tr'ur  à  bar  yira  vi  ïn  Érin  le  nà  lifi.  Ni  rô  bwiàl  bdhàna 
dç)  orôb  ;  ni  rç  çàn  ndwidy  ya  yi^ytàyt  vi  gru  hiëd  wûàlà  na 
^ân  laëvà  ir/tàrà-/  d'ity  orôb.  Nùër  rôgù  Nis,  agûs  Â'iyë  ïs 
Ardân,  rôni  an  driàdçir  à  ylds  driàyt',  durty  léhe  nay  rô  bwiàl 
bahà  na  dç  na  ndwid  ë  bi-/  ya  /.û/tax  çàn  laev  is  far  d'Ity  ôrôb. 


—  «  Qu'as-tu  à  dire  au  sujet  de  l'enfant  ?»  —  «  Je  vous  dis 
maintenant  que  cette  enfant  coûtera  du  sang  et  des  cadavres  si 
on  lui  laisse  la  vie  ^  »  —  «  Je  la  prendrai  pour  moi  »,  dit  le 
roi  Manannan;  «  je  ferai  une  tour  de  pierre  pour  elle,  dans  un 
lieu  où  personne  ne  la  verra,  puisque  le  sorcier  a  dit  qu'elle 
coûterait  tant  de  malheurs  à  l'île.  » 

5.  Les  rois  furent  contents  de  lui,  car  ils  avaient  condamné 
l'enfant  à  mort.  Manannan  fit  la  tour  pour  l'enfant  afin  de 
l'élever.  Il  trouva  une  nourrice  qui  fut  habile  à  élever  l'enfant. 
Personne  à  partir  de  ce  moment  ne  sut  ce  qu'on  avait  fait  de 
l'enfant. 

6.  Il  y  avait  trois  frères,  fils  d'Usnech,  chez  le  roi  Manan- 
nan. C'étaient  les  trois  hommes  les  plus  braves  qu'il  y  eût  en 

I.  Littéralement  «  la  tête  ». 


Un  Dialecte  irlandais.  429 

bhairt  siad  nach  bhfaca  [siad]  aon  leanbh  ariamh  nios  dilne  nâ 
nios  breagha  nà  a'  leanbh.  —  «  Anois  »,  ar  san  draoidhea- 
dôir,  «  nach  bhfuil  agaibh^  'ur^  n-amharc  air  an  leanbh  ?»  — 
«  Caidé  a'  rud  atd  agat-sa  lé  rddh  air  an  leanbh  ?»  —  «  Ta 
mise  [ag]  rddh  lib  anois  go  gcosnôchaidh  an  leanbh-so  fuil 
agus  coirp  md  leigtear  an  ceann  leis  an  leanbh.  »  —  «  Tôgfaidh 
mise  dhom  féin  i  »,  dubhairt  ri  Mananndin,  «  deunfaidh  mé 
torr3  cloichedhi  in  dit  nach  bhfeicfidh  aon-neach  i,  6  dubhairt 
an  draoidheadôir  go  gcosnôchadh  si  a[n]  méid  sin  triobl6id[e] 
dho  'n  oiledn.  » 

5 .  Bhi  na  righte  sdsta  leis,  mar  thug  siad  breitheamhnas  an 
leanbh  chur  in 4  bdis.  Righne  se  an  torr  l'aghaidh  s  an  leinbh, 
go  toigfeadh  se  suas[i].  Fuair  se  banaltra  bhi  feileamhnach^ 
l'aghaidh  an  leinbh  ôig  faghdilt.  Ni  raibh  a  fios  ag  aon  neach 
uaidh  sin  amach  caidé  7  an  rud  ba  côir  dho'n  leanbh. 

6.  Bhi  triur  dearbhrdthar^  dhe  chlann9  Uisnigh  aig  an  righ 
Mananndin.  Ba  h-iad  an  triur  a  b'  ^°  tearr  d'  fir^^  a  bhi  in  Ei- 
rinn  le  n-a  linn.  Ni  raibh  baoghal  bdthadh  "  nd  dôghadh  ^3 
orraib.  Ni  raibh  aon  ndmhaid  dhd  chùmhachtacht  bhi  i  gcruth 
iad  abhualadh,  nd  aon  Idmh  uachtar  faghail[t]  orraib.  'N  uair 
[ajrugadh  Naois  agus  Aille  's  Arddn,  righne  an  draoidheadôir 


Irlande  de  Teur  temps.  Il  n'y  avait  pour  eux  aucun  danger,  ni 
de  noyade,  ni  d'incendie.  Aucun  ennemi,  quelque  puissant 
qu'il  fût,  n'était  capable  de  les  frapper,  ni  d'obtenir  la  victoire 
sur  eux.  Lorsque  Naois,  Aile  et  Ardan  étaient  nés,  le  sorcier 

1 .  On  dit  agaidh  dans  l'ouest  du  Connaught. 

2.  =  bhur. 

3 .  La  prononciation  aw  est  particulière  au  dialecte  du  West  Connaught. 

4.  =  chiim. 

5  .  =  Ze  h-aghaidh. 

6.  oireamhnach. 

7 .  Ordinairement  écrit  cai  e,  prononcé  go  dé. 

8.  La  prononciation  drâthar  n'est  pas  régulière. 

9 .  Leg.  chhinn. 

10.  z=:  doba. 

11.  =  d'fearaibh. 

12.  Leg.  bdidhtt. 

1 3 .  Leg.  dôighte. 


4^0  G.  Dottin. 

"Sodé  à  gdil.  Vi  sied  na  dri  haédyur  êg  à  ri  Mônônân.  Ni  rô 
tr'ur  fir  bô  vrâyà  nà  hiéd.  Vi  eg  à  ri  anyyàn  orôb.  Vî  fatyis  ëg 
gâ7  nyd-/  hiéd  ônsç,  "In  sàn  âmsïn  vi  a  gdil  yômor,  na-/  rô 
kyârd  é  bi-/  yo  nâ  tiré  na  -/ûalà  a  gdil  le  faus  a-iîdskyé. 


7.  In  san  dmsin,  vi  an  vanôg  in  sa  tdwr,  nior  çan  7°iné  le 
yôl  àstydx  ïn  sa  tdwr  a-/  Mônônân.  Bwi  he  sén  dhér,  bwi  è 
hdnïm  Drédrà  ni  Wônônân.  Nôiré  vi  si  g'érï  suas  nà  banôg 
-/ô''  si  spé's  i-var.  Rïiii  si  asliiî  in  sàn  r/yé,  gô  wdkà  si  in  sàn 
dsliii  far  'gà  rô  à  yrûà  -/ôdydrôg  les  à  rçs,  agûs  à  grûég  yàdû 
les  vlà-/du,  as  a  -/rdyjàn  y.ôgydl  les  an  snydytà. 


8.  La  'r  nà  wdirày,  nûér  vî  si  agûs  a  mâhér  fri  yéié,  diàrà 
si  YÔnwâhér  gôn  ydrnâ  si  asliiî  à  r^r,  gô-wdkà  si  an  far  bô 
vrdyà  ydnik  sûil  ban  erio,  gô  rô  à  grùà  yôdydrôg  les  à  rçs,  à 
yrùég  yôdû  les  viàydïi,  agûs  a  yrdyjàn  yôgydl  les  an  snydytà. 
Dùrty  an  wâhër  léyyè  :  «  Ta  far  en  aràm  t'dhér,  mar  ta  rati 


avait  accompli  son  art  de  sorcellerie,  et  avait  dit  qu'il  n'y  au- 
rait aucun  danger,  ni  noyade,  ni  incendie,  ni  ennemi  au 
monde  quelque  puissant  qu'il  fût,  qui  pût  venir  à  bout  d'eux. 
Voilà  leur  réputation.  Ils  étaient  tous  trois  soldats  chez  le  roi 
Manannan.  Il  n'y  avait  point  trois  hommes  qui  fussent  plus 
beaux  qu'eux.  Le  roi  avait  une  grande  estime  pour  eux.  Tout 
le  monde  avait  peur  de  les  attaquer.  Dans  ce  temps,  leur  re- 
nommée était  si  grande  qu'il  n'y  avait  point  de  contrée  dans 
le  monde  entier  qui  n'eût  entendu  parler  de  l'excellence  de 
leur  bravoure. 

7.  Pendant  ce  temps-là,  la  jeune  fille  était  dans  la  tour,  et 
il  n'y  avait  point  d'homme  à  entrer  dans  la  tour,  sauf  Ma- 
nannan. Il  était  son  père;  elle  s'appelait  Derdriu,  fille  de  Ma- 
nannan. Q.uand  elle  eut  atteint  l'âge  de  femme,  elle  se  prit 
d'amour  pour  un  homme.  Elle  fit  un  songe  une  nuit  ;  elle  vit 


Un  Dialecte  irlandais.  4;  i 

a  chleas  draoidheachta  :  dubhairt  léithe  nach  raibh  baoghal 
bâthadh  ^  nâ  dôghadh^  nâ  namhaid  air  bith  dhâ  chumhach- 
tach[t]  aon5  lamh  is  fearr  faghâilt  orraib.  Siod4  é  >  a  gcail.  Bhi 
siad  'nd  dtri  saighdiuir  aig  an  righ  Manannâin.  Ni  raibh  triur 
fir^  ba  bhreagha  [io]nd  iad.  Bhi  aig  an  righ  an-ghean  orraib. 
Bhi  faitchios  aig 7  gach  [aon]  neach  iad  ionnsuighe.  In  san  am 
sin,  bhi  a  gcail  chomh  môr  nach  raibh  cedrd  air  bith  dhe  na 
na  tiri[bh|  nach  gcuala  a  gcdil  le  feabhas  a  ngaisge. 

7.  In  san  am  sin,  bhi  an  bhean  ôg  in  san  torr.  Ni  raibh 
aon  dhuine  le  dhul  asteach  in  san  torr  acht  Mananndn.  Bd  hé 
soin  a  hathair,  ba  hé  a  hainm  Déirdre  ni  Mhananndin.  'nuair 
a  bhi  si  aig  eirghe  suas  'na  bean  ôig,  chuir  si  spéis  i  bhfear. 
Righne  si  aisling  in  san  oidhche,  go  bhfaca  si  in  san  aisling 
fear  ag  a  raibh  a  ghruadh  chomh  dearg  leis  an  rôs,  agus  a 
ghruaig  chomh  dubh  leis  an  bhfiach  dubh  agus  a  chroiceann 
chomh  geai  leis  an  sneachta. 

8.  Là  air  na  bhdireach,  'n  uair  bhi  si  agus  a  mdthair  fri 
chéile,  d'fiarfuigh  si  dhe  'n  mhdthair  go  ndedrna  si  aisling 
aréir,  go  bhfaca  si  an  fear  ba  bhreagha  chonnaic  sûil  bdn  ^ 
ariamh,  go  raibh  a  ghruadh  chomh  dearg  leis  an  rôs,  agus  a 
ghruaig  chomh  dubh  leis  [an]  bhfiach  dubh,  agus  a  chroiceann 


dans  ce  songe  un  homme  dont  la  joue  était  rouge  comme  la 
rose,  et  la  chevelure  noire  comm.e  le  corbeau,  et  la  peau 
blanche  comme  la  neige. 

8.  Le  lendemain,  quand  elles  furent  toutes  deux,  sa  mère 
et  elle,  elle  dit  à  sa  mère  qu'elle  avait  fait  un  songe  la  nuit 
dernière,  qu'elle  avait  vu  l'homme  le  plus  beau  qu'eût  jamais 
vu  œil  de  femme,  que  sa  joue  était  rouge  comme  la  rose,  sa 
chevelure  noire  comme  le  corbeau  et  sa  peau  blanche  comme 

1 .  Leg.  bâidhte. 

2.  Leg.  dôighte. 

3 .  Leg.  an. 

4.  =  sud. 

5.  Leg.  /'. 

6.  Leg.  fear. 

7 .  Leg.  air. 

8.  Leg.  mnâ. 


432  G.  Doit  in. 

agât.  'Séné  Âilyë.  Ta  bôrty  d°râhër  élë  egë.  "Sied  nd  fir  ïs 
brâyà  yânik  ban  ério  le  nà  sùilé.  »  —  «  Mar  wâ  me  hé  leâ 
posa,  yôfâ  me  bas  leà  grâ  -(ç.  »  —  «  Rçtyo  misé  dô  yas.  » 
Dûrty  an  wahêr  leâ  Ailyé. 


9.  ^In  sàn  âmsïn,  hânik  an  bûstêrï  ;  wâri  se  mïnan  lai  an 
dinçr.  Vi  sied  féà-zint  ér  àn-miistërï  marw  an  minant  Vf  ér 
à  tâlâ  snyâ-/tâ,  vi  an  tâlà  fâlï.  Xrô-/  an  bûstëri  suas  an  minan, 
hârifi  se'  y°idfôla.  D'oskil  se  sûàs  an  mïnan,  harifï  se  'ma-/  à 
fôtogi  yôdiwâ  agùs  à  yri  agùs  sgawôgi.  Xd  se  ër  d  snyâytd,  hug 
se  lés  dn  minân  gô  dyûrit  se  sûds  dn  minan  léyyé  wusddya  yôn 
wânaltrd.  Hânïk  dn  fidy  du,  hôsd  se  g'ôl  nd  fôld.  Vf  dn  vançg 
agùs  dn  wandltra  fçdyint  ër  d  vidydù  g'ol  nd  fôld.  —  «  Nis, 
ïnin,  vçkin  tu  dn  fidydu,  ta  g'  61  na  fôld,  td  grâeg  dn-yâr  so 
wil  tusâ  ïn  grâ  les  ;  ta  yrûd  mar  dn-il,  agus  d  yrayydn  yôgydl 
les  an  snydytâ.  »  —  «  Wâhér,  kédnos  é  v^kim'hé  ?»  —  «  Didnd 
misé  anmçd  sin  lé  gô  véki  tu  hç.  X°irï  mç  sgyçdld  ég  Ailyé 
an  nos  gôddgdy  a  Yrdhrdoyi  agus  d  y°idy  kômradi. 


la  neige.  La  mère  lui  dit:  —  «  Il  y  a  dans  l'armée  de  ton  père 
un  homme  comme  tu  dis.  C'est  Aillé.  Il  a  deux  autres  frères. 
Ce  sont  les  hommes  les  plus  beaux  qu'ait  jamais  vus  une  femme 
de  ses  yeux.  »  —  «  Si  je  ne  l'ai  pour  époux,  je  mourrai 
d'amour  pour  lui.  »  —  «  J'arrangerai,  moi,  ton  affaire.  »  La 
femme  dit  cela  d  Aillé. 

9.  En  ce  temps-là,  le  boucher  vint,  et  tua  un  chevreau  pour 
le  dîner.  Elles  étaient  à  regarder  le  boucher  tuer  le  chevreau. 
Il  y  avait  sur  la  terre  de  la  neige,  la  terre  en  était  couverte.  Le 
boucher  suspendit  le  chevreau,  il  lit  couler  le  sang.  Il  ouvrit 
entièrement  le  chevreau,  il  en  tira  les  boyaux,  le  foie,  le  cœur 


I.  Leg.  vïnân. 


Un  Dialecte  irlandais.  435 

chomh  geai  leis  an  sneachta.  Dubhairt  an  mhdthair  léithe  : 
«  Td  fear  in  arm  t'athar  mar  ta  rdiJhte  agat.  Sin  é  Aille.  Ta 
beirt  dhrdthair  ^  elle  aige.  Siad  na  fir  is  breagha  chonnaic  bean 
ariamh  lé  n-a  siiili[bh].  »  —  «  Mar-  bhfaghaidh  mé  é  le  pô- 
sadh,  geobhaidh  mé  bds  le  grddh  dhô.  »  —  «  Réidhteôchaidh 
mise  do  chds.  ;>  Dubhairt  an  mhdthair  lé  Aille  [an  ni  sin]. 

9.  Insan  am  sin,  thdinic  an  buistéire.  Mharbhuigh  se  mion- 
nân  l'aghaidh  an  dinnéir.  Bhi  siad  [ag]  feuchaint  air  an  mbuis- 
téire  [ag]  marbhadh  an  mhionndin.  Bhi  air  an  talamh  snea- 
chta :  bhi  an  talamh  folnighte3.  Chroch  an  buistéire  suas  an 
mionndn.  Tharruing  se  a  chuid  fola.  D'fosgail  se  suas  an 
mionndn.  Tharruing  se  amach  a  phutôga,  a  chuid  aodhbha^ 
agus  a  chroidhe  agus  a  sgamhôga.  Chaith  se  air  an  sneachta 
[iad]  ;  thug  se  leis  an  mionndn  go  dtiubhradh  se  suas  an 
mionndn  l'aghaidh  ûsaide,  dho'n  bhanaltra.  Thdinic  an 
fiach  dubh  :  thosuigh  se  ag  61  na  fola.  Bhi  an  bhean  ôg  agus 
an  bhanaltra  [ag]  feuchaint  air  an  bhfiach  dubh  ag  61  na 
fola.  —  «  Anois,  a  inghin,  an  bhfeiceann  tû  an  fiach  dubh 
td  ag  ôl  na  fola  ?  Td  gruaig  an  fear  5  so  [a]  bhfuil  tusa  i  ngrddh 
leis  [mar  an  bhfiach  dubh  sin],  td  a  ghruadh  mar  an  fuil  agus 
a  chroiceann  chomh  geai  leis  an  sneachta.  »  —  «  A  mhd- 
thair, cionnus  a  bhfeicfidh  mé  é  ?  »  —  «  Deunfaidh  mé  an 
méid   sin    lé  go  ^  bhfeicfidh  tû  é.   Chuirfidh   mé  sgeula    aig 


et  les  poumons.  Il  les  jeta  sur  la  neige;  il  emporta  le  chevreau 
pour  le  donner  à  apprêter  à  la  nourrice.  Un  corbeau  vint  et 
se  mit  à  boire  le  sang.  La  jeune  fille  et  la  nourrice  étaient  à 
regarder  le  corbeau  boire  le  sang.  —  «  Eh  bien,  ma  fille,  tu 
vois  le  corbeau  qui  est  en  train  de  boire  le  sang  ;  les  cheveux 
de  cet  homme  que  tu  aimes  sont  comme  ce  corbeau,  sa  joue 
est  comme  le  sang  et  sa  peau  aussi  blanche  que  la  neige.  »  — 


I, 

=  dhearhhrâthair. 

2. 

3- 

4. 
5. 

6. 

=  tniina. 

Leg.  falnighthe. 

aedh  dans  l'ouest  du  Connaught 

Leg.  jir. 

=  chum  go. 

Revue  Celtique,  XVI. 

31 


4U  G.Dottin. 


10.  Nûer  fûér  Âilyë  sgyéalà,  hdnik  nyendi  les  a  Yrihçr 
Ardân  agùs  à  y°idy  kômrddï  ïn  à  -/"idya'/at.  Hanik  sied  ér  ai  an 
tdwr.  Vi  an  vanog  agùs  an  wdnaltrà  fanàyt  gô  vékit  sied  iéd. 
Hyûil  sied  sis  agùs  'ûàs  ër  ai  an  tdwr.  Nôirë  yànik  sied  an  va- 
nog, durt  sied  na-/  wdkâ  ényar  le  na  hûli  ban  nis-prdyà  nd  hi. 
Hânik  sied  er  ds. 


II.  Fûa  sied  ég  61  stya-/ i-dyd-/  a  tdvernyë.  Hi  sied  sis -/ô 
fada,  agùs  vï  sied  nà  si  sis  g'61;  s'e  an  kçrà  vi  akà  kôr  sis  ër 
brd'/à  an  vanôg.  Nôirë  d'ôïl  sied  anôing,  d'çiri  sied  sûàs  a-g°i- 
dyà-/tà  /éle.  Hanik  sied  wdla. 

La  ér  nà  wdirà-/,  t'inse  kydn  gô  nà  komrddi  gôn-ydr  is  Qgye 
YÔ  na  drydhàro'/i  an  tdriskint  fùér  Âilye.  Hdnik  an  farôg  gôdi 
'n  à  yrdhër  Ailye.  Diàrôyà  yô  :  "An  fi°r  an  skyçàl  ta  rdti 
g'ûàr  tu  ôfàr  ër  à-mannôg  o°rtlat,  agùs  ma  fwéris,  kçrd  na-/ 
tyûrà  lat  hi  ?  »  • —  «  Ni  dka  mesi,  agùs  da  vçkin,  ni  -/enygy 
rôd  ë  bih  wé  Yàm  m'dnàm  vç  kdilti  lé'/yë.  »  ''Ansin,  hânik 
gay  ùa"/ï  an  vanôg,  dûrt  sied  gô  mô  kldhïrë  vi  in  sa-vdi  fùër 
an  tdriskint.  Dûrt  se  gô  dôkit  se  les  i. 


«  Ma  mère,  comment  le  verrai-je  ?»  —  «  Je  ferai  tout  ce  qu'il 
faut  pour  que  tu  le  voies.  Je  dirai  un  mot  à  Aillé  en  sorte  que 
viennent  ses  frères  et  ses  camarades.  » 

10.  Quand  Aillé  sut  l'histoire,  il  vint,  avec  son  frère  Ardan 
et  ses  camarades  en  sa  compagnie.  Ils  arrivèrent  en  face  de  la 
tour.  La  jeune  fille  et  la  nourrice  attendaient  pour  les  voir. 
Ils  se  promenèrent  de  long  en  large  devant  la  tour  pour  voir 
la  jeune  fille.  Quand  ils  l'eurent  vue,  ils  dirent  que  jamais  un 
homme  n'avait  vu  de  ses  yeux  une  femme  plus  belle  qu'elle. 
Ils  s'en  retournèrent. 

11.  Ils  s'en  allèrent  boire  dans  une  auberge,  ils  restèrent 
assis  longtemps  et  ils  restèrent  assis  à  boire,  la  conversation 
qu'ils  tenaient  tomba  sur  la  beauté  de  la  jeune  fille.  Lorsqu'ils 


Un  Dialecte  irlandais.  43$ 

Aille   an    nos    go    dtagadh   a   dhearbhràithre  agus  a  chuid 
comraidi.  » 

10.  'N  uair  fuair  Aille  sgeula,  thâinic  in  aendidh  leis  a 
dhearbhrdthair  Arddn  agus  a  chuid  comraidi  in  a  chuideachta. 
Thdinic  siad  air  agaidh  an  torr^  Bhi  an  bhean  6g  agus  an 
bhanaltra  [ag]  fanacht  go  bhfeiceadh  siad  iad.  Siubhail  siad 
sios  agus  suas  air  aghaidh  an  torr3  nô  go  bhfaca  siad  an  bhean 
ôg.  'N  uair  a  chonnaic  siad  an  bhean  og,  dubhairt  siad  nach 
bhfaca  aon  fear  dé  n-a  siiiii[bh]  bean  nios  breagha  nd  i. 
Thdinic  siad  air  ais. 

11.  Chuaidh  siad  ag  61  asteach  i  dteach  an  tdbhairne.  Suidh 
siad  slos  go  fada,  agus  bhi  siad  'na  suidhe  sios  ag  61.  Is  é  an 
c6mhrddh  bhi  aca  cur  sios  air  bhreagha  an  bhean  6g^.  'N  uair 
d'61  siad  a  nd6ithin  d'eirigh  siad  i  gcuideachta  a  chéile.  Thdi- 
nic siad  a  bhaile. 

Ld  air  n-a  bhdrach,  d'innsigh  ceann  dhe  na  comrdidi[bh] 
dho'n  fear  is  6ige  dhe  na  dearbhrdithreachaibh  an  tairsgint^ 
fuair  Aille.  Thdinic  an  fear  6g  go  dti  n-a  dhearbhrdthair  Aille. 
D'fiarfuigh  se  dhe  :  «  An  fior  an  sgeul  td  rdidhte  go  bh-fuair  tii 
offer  air  an  mbean  ôig  thabairt  leat  ?  agus  md  fuarais,  créad 
nach  tiubhrd  leat  i  ?  »  —  «  Ni  faca  mise,  agus  dd  bhfeicinn, 
ni  choinne6chadh  4  rud  air  bith  uaithe    dho  m'anam  bheith 


eurent  assez  bu,  ils  s'en  allèrent  tous  de  compagnie.  Ils  ren- 
trèrent chez  eux. 

Le  lendemain  l'un  des  camarades  raconta  au  plus  jeune  des 
frères  la  proposition  qu'avait  reçue  Aillé.  Le  jeune  homme 
alla  trouver  son  frère  Aillé.  Il  lui  demanda:  «  Est-ce  vrai 
l'histoire  qu'on  m'a  dite,  que  tu  avais  reçu  la  proposition 
d'emmener  la  jeune  fille  avec  toi  ?  et  si  tu  l'as  reçue  pour- 
quoi ne  l'emmènerais-tu  pas  avec  toi  ?»  —  «  Je  ne  l'ai  pas 
vue  et  si  je  l'avais  vue  rien  au  monde  ne  m'arrêterait,  même  si 


1 .  Leg.  tiiirr. 

2.  Leg.  na  tnnd  ôige. 

3 .  Leg.  tairgsin. 

4.  =  choiighhôchadh. 


436  G.  Dottin. 


12.  Dûrty  an  wandltrà  gôr  ànis  vi  ânt  am  àcô  ;  «  ta  ri  Mô- 
nônân  g'ôl  gô  kûgyôlâ  ér  âstir  ég  à  ri  yùgyâla..  Nùër  a  dimé  Mô- 
nônan  gô  kûgyôlâ,  hùg  Âilye  les  Drçdrà;  dyémi  sied  gô  Âlôb- 
win  11'  aty  a  ro  à  garid  rompu.  Hanik  sied  ëg  à  ri  Alobwin. 
Hanik  se  'md^,  yrà  se  a  lâév  le  yéniné  yô  nâ  drâharôyi.  Xûr 
se  kçàd  mile  faltyé  rïv  yjdn  Esnyë.  «  Nisë  »,  isrà  Ailye  yô  nà 
wintre  :  «  sôdi  mô  y^lë,  Drédrâ  ni  Mônônan  vi  ïn  sa  tdwr  klôyà 
o  vl  si  nâ  lydnà  gô  dânik  si  suas  nâ  ban  ôg.  Fùër  mise  hi,  agùs 
is  orâm  a  Idg  si  â  sùil,  agûs  hit  si  ï  grdy  lyôm.  Hôig  me 
erôm  hçn,  o  hit  si  ïn  gray  lyôm  i  ort  lôm  agùs  dûrt  me 
lôm  hçn  gô  dokin  gô  Alôbwin  ëg  mô  kdredy  o  ta  sùil  agâm 
gôr  ta  se.  »  Rùg  ri  Alôbwin  ër  Idëv  ér  Drç'drâ  :  «  Nil  çn-yar 
a  yéfây  an  tdriskint  nay  dôekit  se  ç.  Nis,  kôsno  se  fwil  agùs 
k^ërp  ér  an  dstir  so  ;  nis,  ni  dkà  sibse  m.ise  agùs  ni  dkâ  mise 
sib.  Rdyâ  tùsà,  Ailyë,  ëg  iârlà  YÛinë  an  tr'ôin  a'risï  tu  yo  t'dstir. 
K°ire  mise  g°irim  sgwôlâ  ridy  an  ildïn  yùilé  ri,  ma  's  ma  les 
Idév  yùganta  ôrt  dib,  ta  k'ad  ôku.  »  Nis,  ta  triân  y'ir  Alôbwin 
ër  iw  klan  Esnyë,  yunâ  yob,  agùs  iàrlâ  yùinë  â  tr'ôin. 


je  devais  perdre  la  vie  pour  elle.  »  Là-dessus  arrivèrent  tous 
ceux  qui  avaient  vu  la  jeune  fille;  ils  dirent  qu'il  était  un 
lâche,  l'homme  qui  avait  trouvé  cette  bonne  occasion.  Il  dit 
qu'il  la  prendrait. 

12.  La  nourrice  dit  que  c'était  le  bon  moment  pour  eux. 
«  Le  roi  Manannan  est  parti  en  Ulster  pour  aller  rendre  visite 
au  roi  d'Ulster.  »  Quand  Manannan  fut  parti  pour  l'Ulster, 
Aillé  prit  Derdriu  avec  lui  ;  ils  partirent  pour  l'Ecosse  où  était 
leur  ami.  Ils  arrivèrent  chez  le  roi  d'Ecosse.  Celui-ci  sortit  et 
donna  une  poignée  de  main  à  chacun  des  frères.  Il  souhaita 
mille  bonjours  aux  fils  d'Usnech.  —  «  Eh  bien  »,  dit  Aillé  â 
l'assistance,  «  voici  ma  femme  Derdriu,  fille  de  Manannan, 
laquelle  était  dans  la  tour  de  pierre  depuis  le  moment  où  elle 
était  enfant  jusqu'à  ce  qu'elle  eût  atteint  l'âge  de  femme.  Je 
l'ai  trouvée  et  c'est  sur  moi  qu'elle  a  jeté  son  regard,  et  elle 


Un  Dialecte  irlandais.  437 

caillte  léithe.  »  Annsin  thdinic  gach  a  bhfaca  an  bhean  ôg; 
dubhairt  siad  go  mba  cleathaire  bhi  in  san  bhfear  fuair  an  tairs- 
gint.  Dubhairt  se  go  dtôigfeadh  se  leis  i. 

12.  Dubhairt  an  bhanaltra  gur  anois  bhi  an  t-am  aca  :  «  Ta 
ri  Mananndin  ag  'ul  go  Cùig'  Uladh  air  aistear  aig  an  Righ 
Cûig'  Uladh.  »  'N  uair  a  d'  imthigh  Mananndin  go  Cûig' 
Uladh,  thug  Aille  leis  Déirdre.  D'imthigh  siad  go  h-Albainn, 
an  dit  a  raibh  a  gcaraid  rômpa.  Thdinic  siad  aig  an  Righ  Al- 
bann.  Thdinic  se  amach,  chraith  se  lamh  le  [ga]ch  aon-duine 
dho  na  dearbhrdithreachaibh.  Chuir  se  ceud  mile  Bilte  roimh 
chloinn  Uisnigh.  —  «  Anois  »,  arsa  Aille  dho  n-a  mhuintir, 
«  siod  i  mo  chéile,  Déidre  ni  Mhananndin,  bhi  ins  an  torr 
cloiche  6  bhi  si  'na  leanbh  go  dtdinic  si  suas  'na  bean  oig. 
Fuair  mise  i,  agus  is  orm  a  leag  si  a  sûil,  agus  thuit  si  i 
ngrddh  liom.  Thôig  mé  orm  féin,  6  thuit  si  i  ngradh  liom,  i 
thabhairt  liom;  agus  dubhairt  mé  liom  féin  go  dtôiginn  go 
h-Albainn  [i]  aig  mo  charaid,  ô  td  sûil  agam  gur  td  se.  »  Rug 
ri  Albann  air  Idimh  air  Dhéirdre  :  —  «  Ni  fuil  aon  fear  a  gheo- 
bhadh  an  tairsgint  nach  dtôigfeadh  se  é.  Anois,  cosnôchaidh 
se  fuil  agus  coirp  air  an  aistear  so.  Anois,  ni  faca  sibh-se 
mise  agus  ni  faca  mise  sibh.  Rachaidh  tusa.  Aille,  aig  iarla 
Dhûine-an-Treoin  ;  aithrisfidh  tû  dhô  t'aistear.  Cuirfidh  mise 
goirm-sgoile  thrid  an  oilean.  [Ga]ch  uile  ri,  md  's  maith  leis 
Idmh   chonganta  thabhairt  doib,  td  cead  aca.  Anois,  td  trian 


est  tombée  amoureuse  de  moi.  J'ai  eu  le  courage,  puisqu'elle 
était  tombée  amoureuse  de  moi,  de  la  prendre  avec  moi,  je 
me  suis  dit  à  moi-même  d'aller  en  Ecosse  chez  mon  ami, 
puisque  j'espère  qu'il  l'est.  »  Le  roi  d'Ecosse  prit  Derdriu  parla 
main  :  —  «  Il  n'y  a  pas  un  homme  auquel  on  eût  £iit  cette 
offre  qui  ne  l'eût  pas  acceptée.  Maintenant,  cette  expédition 
coûtera  du  sang  et  des  cadavres  ;  eh  bien,  je  ne  vous  ai  pas 
vus  et  vous  ne  m'avez  pas  vu.  Tu  iras.  Aillé,  chez  le  comte  de 
Dun  an  Treôin,  tu  lui  raconteras  ton  voyage.  J'enverrai  par 
toute  l'île  une  proclamation.  Tout  roi  qui  voudra  vous 
donner  un  coup  de  main  en  a  la  permission.  »  Alors  un  tiers 
des  hommes  d'Ecosse  se  mettent  du  côté  des  iils  d'Usnech  — 


438  G.  Dottin. 


13.  "In  sân  am  sin,  hânik  anal  Mwinônân  léhe  na  y°\à. 
ârïm,  gô  wât  se  sasà  ër  klan  Esnyé  fwi  an  ïntn  horl  wai.  Ha- 
nik  se  gô  Halôbwin  ëg  ri  Hdlôbwin  agùs  a  ynyt  arim.  Nûër 
ydnik  ri  Halôbwin  tià/ta  agûs  a  y°\à  ârïm  nçndi  les,  dag  se  à 
hd)j,  agùs  fui  se  ma-/  fwi  nâ  '/iiie.  Nûër  hanïk  an  da  ri 
ïn  à  yjk^è  :  —  «  KC^id  mile  fâ'ltye  érç)t,  ri  Mônônân  as 
E're  »,  is  a  durty  ri  Halôbwin  les.  »  Nôirë  yrâ.  sied  lawë  le 
7yçlé  :  —  «  Wil  tùërisk  ogùd  dôm  ér  klan  Esnyc  ?»  —  «  Nïl  ; 
Ya-ddgà-/  sied  agam,  yianin  diob  prison e  lé  hu  hdso.  »  — 
«  Wil  tùërisk  e  bih  ôgùd  ôrùb  mar  is  gô  hdlôbwin  hânik 
sied.  »  —  «  Tdire  ëg  iârlà  yûin  à  tr'ôin,  agùs  b'édir  gô  dyùrït 
se  yùty  tùërisk  ôrùb.  » 


14.  Dimi  se  ëg  iarla  yùin  a  tr'oin.  X°ir  se  fâ'ltye  rïv  Mônô- 
nân. —  «  Kéârd  ç  t'  astir?  »  D'inse  Mônônân  y'  iârlâ  y^iin  a 
trçin  â-âstir.  —  «  Wil  tùërisk  dgùd  ër  y\ân  Esnye  ?»  —  «  Ta. 
Kéârd  rôni  sied  ort,  Içe  gô  danik  tu  as  É'ré  agùs  dô  yùytâ  sâè~ 
dyuri  ?  »  D'insë  Mônônân  ké  ânt  ùdâr  hùg  as  E'rë:  —  «  Hùg 
klan  Esnyë  ùëm  m'ïnin  Drçdrâ  vi  ïn  sa  tâwr  klôyâ.  »  —  «  Ta 


pour  leur  donner  aide  —   ainsi   que  le   comte  de   Dun   an 
Treôin. 

13.  En  ce  temps-là,  Manannan  survint  avec  ses  armées  pour 
obtenir  satisfaction  des  fils  d'Usnech,  au  sujet  de  sa  fille  qu'Aillé 
lui  avait  enlevée.  Il  arriva  en  Ecosse,  chez  le  roi  d'Ecosse,  avec 
sa  puissante  armée.  Quand  le  roi  d'Ecosse  le  vit  s'avancer,  lui 
et  son  armée  avec  lui,  il  quitta  sa  maison  et  alla  dehors  à  sa 
rencontre.  Quand  les  deux  rois  se  furent  rejoints  :  «  Cent 
mille  bienvenues  à  toi,  roi  Manannan  d'Irlande  »,  lui  dit  le 
roi  d'Ecosse.  Quand  ils  se  furent  serré  la  main  :  —  «  As-tu 
des  nouvelles  à  me  donner  au  sujet  des  fils  d'Usnech  ?»  — 
«  Non;  s'ils  étaient  venus  chez  moi,  je  les  aurais  faits  prison- 
niers pour  te  donner  satisfaction.  »  —  «  As-tu  sur  eux  quelque 
nouvelle,  puisque  c'est  en  Ecosse  qu'ils  sont  allés?  »  —  «  Va 


Un  Dialecte  irlandais.  439 

dh'fir  Albann  air  thaobh  chlann  ^  Uisnigh  —  congnamh  [tha- 
bhairt]  dôib  — ,  agus  iarla  Dhùine  an  Treoin.  » 

13.  In  san  am  sin  thdinic  anall  Manannâin  lé  n-a  chuid 
arm  go  bhfaghadh  se  sdsadh  air  chloinn  Uisnigh  faoi  an  inghin 
thabhairt  uaidh.  Thdinic  se  go  h-Albainn,  aig  ri  Albann,  agus 
a  chûmhacht  airm.  'N  uair  chonnaic  ri  Albann  ag  tidheacht  é, 
agus  a  chuid  arm  in  aendidh  leis,  d'fdg  se  a  theach,  agus 
fuaidh^  se  amach  faoi  'na  choinne.  'N  uair  thdinic  an  dd  ri 
in  3  a  chéile  :  «  Ceud  mile  tdilte  rômhat,  ri  Manannâin  as 
Éire  »,  is  a  dubhairt  ri  Albann  leis.  'N  uair  chraith  siad  Idimh 
le  chéile:  —  «[An]  bhfuil  tuairisg  agat  dom  air  chloinn  Uis- 
nigh ?»  —  «  Ni  '1,  dhd  dtagadh  siad  agam,  dheunfainn  dib 
priosûnaigh  lé  thu  sdsadh.  »  —  «  Bhfuil  tuairisg  air  bith 
agat  orraib,  mar  is  go  h-Albainn  thdinic  siad  ?»  —  «  Teirigh 
go  h-iarla  Dhùine  an  Treoin,  agus  b'féidir  go  dtiubhradh  se 
dhuit  tuairisg  orraib.  » 

14.  D'imthigh  se  aig  iarla  Dhùine  an  Treoin.  Chuir  se 
fdilte  roimh  Mhanannain.  —  «  Ceurd  é  t'aistear.?  »  D'innsigh 
Mhananndin  dh'  iarla  Dhùine  an  Treoin  a  aistear.  —  «  Bh- 
fuil tuairisg  agat  air  chloinn  Uisnigh  ?»  —  «  Td.  Ceurd  righne 
siad  ort,  lé  go  dtdinic  tù  as  Eirinn  agus  do  chumhachta  saigh- 
diuraidh  ?  »  D'innsigh  Mananndin  cia  an  t-ughdar  thug  as  Ei- 
rinn [é].  —  «  Thug  clann  Uisnigh  uaim  m'  inghean  Déirdre, 
bhi  in  san  torr  cloiche.  »  —  «  Td  siad  annso,  faoi  chumhachta 


trouver  le  comte  de  Dun  an  Treoin  et  il  peut  se  faire  qu'il  te 
donne  de  leurs  nouvelles.  » 

14.  Manannan  alla  trouver  le  comte  de  Dun  an  Treoin. 
Celui-ci  souhaita  la  bienvenue  à  Manannan.  «  Quel  est  le 
sujet  de  ton  voyage  ?  »  Manannan  raconta  son  voyage  au 
comte  de  Dun  an  Treoin.  —  «  As-tu  des  nouvelles  au  sujet 
des  fils  d'Usnech?  »  —  «  J'en  ai.  Que  t'ont-ils  fait  pour  que 
tu  sois  venu  d'Irlande  avec  tes  puissants  soldats  ?  »  Manannan 


1.  Leg.  chimie. 

2 .  =  chuaidh. 

3.  =  chum. 


440  G.  Doitin. 

sied  inso  fwi  '/û/ta  agùs  misnyûil,  trçdn,  léa  sâsà  Qrt  ditse.  » 
D'inse  iàrlâ  yiiin  a  tr'oin  'n  àty  à  ro  sied  ins  an. 

15.  D'yémi  Mônônan  agûs  à  y°id  ^râm  ïn  sàn  âty  rurty 
larld  vûin  a  tr'ôin  n'âty  à  ro  sied  ïn  san.  Nûér  a  yânik  klan 
Ésnye  Mônônan  tià-/t,  agûs  a  xâ-/tà  ârïm  :  «  Nis,  çyraliarô'/ï, 
anyû  no  gô  bra-/.  »  Rçtyé  sied  hçn  leyje  an  trédy.  Hanik  an 
dâ  ârâm  ïn  â-/yçle.  Vi  gyârâ  agùs  sa  edir  a  da  arim;  rine  klan 
Esnye  sliâ-/tâ  ér  arâm  Mônônan.  N°ire  vi  an  la  kâtyé  agûs  an 
iyye  tiâ/t,  stop  an  dâ  ârâm.  Là  ër  nâ  wâirâ-/,  yôsà  an  kâ  nis 
kûyû  nis  trénâ  nâ  'n  kéâd  la.  Vi  klan  Lsnyé  gyârâ  agûs  a  lyâ- 
gint  ârâm  Wônônân  nâ  sliâytï.  Has  â  ka  gô  tôrnçnâ.  ''Stop 
sied  tôrnçna  yo  'n  dârnâ  là.  In  sânn  iyyé  yl^i  Mônônan  er  â 
■/ôdy  kyântàrtï  :  —  «  Kéàrd  yanasmôdy  â  m^ïrà-/  ?  »  Durty  nà 
•/yânflirtyô-/i  les  :  —  «  Ma  hâsan  tu  trédy  à  mâira-/  is  ri  vyôg, 
vçis  agad  g'ûl  gô  Eyrë.  »  N°iré  yànik  sç  an  sllayta  vi  dianti  ër 
y°idy  dràm,  ^(\ak  se  gorlyà  agûs  durty  gôn  ômpQt  se  gô  Éyré. 


raconta  la  cause  qui  l'avait  fait  partir  d'Irlande.  —  «  Les  fiis 
d'Usnech  m'ont  enlevé  ma  fille  Derdriu  qui  était  dans  la  tour 
de  pierre.  »  —  «  Ils  sont  ici  forts,  courageux  et  intrépides 
pour  te  donner  satisfoction.  »  Le  comte  de  Dun  an  Treôin  lui 
dit  l'endroit  où  ils  étaient. 

15.  Manannan  partit  avec  ses  armées  pour  l'endroit  dont 
lui  avait  parlé  le  comte  de  Dun  an  Treôin,  l'endroit  où  ils 
étaient.  Quand  les  fils  d'Usnech  eurent  vu  Manannan  s'avancer 
avec  sa  puissante  armée  :  —  «  Allons,  frères,  aujourd'hui  ou 
jamais  !  »  Ils  se  préparèrent  pour  le  combat.  Les  deux  armées 
en  vinrent  aux  mains.  On  échangea  coups  de  tranchant  et 
coups  de  pointe  entre  les  deux  armées.  Les  fils  d'Usnech 
firent  un  grand  carnage  de  l'armée  de  Manannan.  Quand  le 
jour  fut  tombé  et  que  la  nuit  fut  venue,  les  deux  armées  s'ar- 
rêtèrent.   Le  lendemain,   le  combat  recommença,  plus  fort, 


Un  Dialecte  irlandais.  441 

misneamhail,  treun,  lé  sdsadh  thabhairt  dhuit-se.  «  D'innsigh 
iarla  Dhûine  an  Treoin  an  dit  a  raibh  siad. 

15.  D'imthigh  Manannain  agus  a  chuid  arm  in  san  ait  ar' 
^ubhairt  iarla  Dhûine  an  Treoin  [clann  Uisnigh  a  bheith],  an 
dit  a  raibh  siad  in  san.  'N  uair  a  chonnaic  clann  Uisnigh  Ma- 
nanndin  ag  tidheacht  agus  a  chumhachta  arm.  —  «  Anois,  a 
dheabhrdithreacha,  andiu  nô  go  brdth  !  »  Réidhtigh  siad  [iad] 
fhéin  l'aghaidh  an  ^  troid-.  Thainic  an  dd  arm  in3  a  chéile. 
Bhi  gearradh  agus  sdthadh  eidir  an  dd  arm.  Righne  clann 
Uisnigh  sleuchtadh  air  arm  Mananndin.  'N  uair  bhi  an  Id 
caithte,  agus  an  oidhche  ag  tidheacht,  stop  an  dd  arm.  Ld  air 
n-a  bhdireach4,  thosuigh  an  cath  nios  cûmhachtaighe,  nios 
tréine,  nd  an  cheud  ld.  Bhi  clann  Uisnigh  ag  gearradh  agus  ag 
leagaint  airm  Mhananndin  'na  sleuchtadh.  Seas  an  cath  go 
trdthnôna.  Stop  siad  trdthnôna  dhe'n  darna  ld.  In  san  oidche 
ghlaoidh  Mananndin  air  a  chuid  ceannfart[a].  —  a  Ceurd 
dheunfasmuid  i  mbdrach  ?  »  Dubhairt  na  ceannfairt  leis  :  — 
«  Md  seasann  tû  ag  troid  i  mbdrach,  is  ri-bheag  bhéidheas 
agat  ag  'ul  go  hEirinn.  »  'N  uair  a  chonnaic  se  an  sleuchtadh 
bhi  deunta  air  a  chuid  arm,  ghlac  se  a  gcomhairle,  agus  du- 
bhairt se  go  n-iompôchadh  se  go  h-Eirinn. 


plus  acharné  que  le  premier  jour.  Les  fils  d'Usnech  taillaient 
en  pièces  et  renversaient  à  coups  de  pointe  l'armée  de  Ma- 
nannan.  Le  combat  dura  jusqu'au  soir.  Ils  s'arrêtèrent  le  soir 
du  second  jour.  La  nuit,  Manannan  convoqua  tous  ses  chefs  : 
—  «  Qu'allons-nous  faire  demain  ?  »  Les  chefs  lui  dirent  :  — 
«  Si  tu  persistes  à  combattre  demain,  petit  sera  le  nombre  de 
ceux  qui  s'en  retourneront  avec  toi  en  Irlande.  »  Quand  il 
vit  le  carnage  qui  avait  été  fait  de  son  armée,  il  accepta  le 
conseil  et  dit  qu'il  s'en  retournerait  en  Irlande. 


1 .  Leg.  na. 

2.  Leg.  froide. 

3 .  =  chuni. 

4.  =  bbaracb. 


442  G.  Dottin. 

i6.  Ta  se  ticr/t  à  wâlâ  gô  Eyré,  nis  mç  na  lya  7°id  ârdm 
mâro  gàn  çn  sâsa  ëg  'ér  -/lan  Esnyé,  na  èr  Drédrâ.  Niier  hanik 
wâlâ  ëg  a  ha-/  '/û/ta-/,  didra  ànt  âr^glic  rô  sç  sâsta  an  dstïr. 
Durty  Mônônan  les  gôm  ôlk  a  âstir,  —  «  Nis,  kér  diânâs  mé? 
Ta  mé  fwi  hârôg  agùs  fwi  brisa  krl.  Ka  tu  kkis  yénà  voni 
anis  go  wâi  me  s^sa  orùb,  /ôsénty  e  léçdye  yô  -/ribloit  yôm. 
Riné  ant  ârglic  vq  çn  -/lâs,  serd  edûrty  se  les  an  ri  :  —  «  K°ir 
g°irim  sg°ilé  'ma-/,  agùs  fwilsotu  yôr  fôblï  ^  g'  wil  a  bôrdun 
le  fail  ôku  :  «  Tâgâgi  wâlà  gô  Eyré,  ylan  Esnyë,  togà  g°i  lib  Drç- 
drà  !  Ta  an  âty  à  vf  agi  le  fail  arist  !  »  «  Nis  »,  is  ânt  ar-glik, 
«  nûër  e  glisï  sied  so,  tôkà  sied  ér  as,  ër  an  âw^'r  g'ûïl  ga-/  wil 
kâtï  yôb.  Nis,  ta  sied  gô  tiàyt  gô  Eyré.  K°Irï  tûsàdô  y^id  drâm 
ïnnà  lyed  sô  7Ô  yâil.  »  Rïni  sç  mar  dûrty  ant  âr-glik. 


17.  Vi  siéd-san  a  tiaytin  niôs  on  bàla>  kuan,  nis  ridy  a  tir, 
nuër  hanik  sied  gôdi  an  yôil  rô  'm  bôhar  ri  na  lâr.  Wil 
smûinté  Nis  gô  rô  plôtà  lyâki   Iç  nà  n-âhi.  —  «  Ké°rt  ta  ôrt 


16.  Il  s'en  va  chez  lui  en  Irlande.  Plus  de  la  moitié  de 
son  armée  avait  péri  sans  qu'il  obtînt  satisfoction  des  fils  d'Us- 
nech,  ni  de  Derdriu.  Quand  il  fut  arrivé  chez  lui  dans  sa 
maison  de  puissance  (son  palais),  son  conseiller  lui  demanda 
s'il  était  content  de  son  voyage.  Manannan  lui  dit  que  son 
voyage  était  mauvais.  «  Maintenant,  que  vais-je  faire?  Je  suis 
en  colère  et  mon  cœur  est  brisé.  Pourrais-tu  employer  un 
artifice,  maintenant,  pour  que  j'obtienne  d'eux  satisfaction  et 
compensation  pour  le  tourment  qu'ils  m'ont  donné  ?  »  Le 
conseiller  lui  imagina  un  artifice  ;  voici  :  il  dit  au  roi  :  «  Fais 
une  proclamation  et  tu  feras  connaître  publiquement  que  leur 


1.  Leg.  an  fear.  Tar  glic  est  sans  doute  une  corruption  de  Dali  G^c. 

2.  Leg.  pôbîi. 

3.  Leg.  on  vhilà. 


Un  Dialecte  irlandais.  443 

16.  Td  se  ag  tidheacht  a  bhaile  go  h-Éirinn;  nios  mô  na 
leath  a  chuid  arm  marbh  gan  aon  sdsadh  aige  air  chloinn  Uis- 
nigh  nd  air  Dhéirdre.  'N  uair  [a]  thdinic  a  bhaile  aig  a  theach 
chùmhachtach,  d'ilarfuig  an  fear  glic  [an]  raibh  se  sasta  [leis] 
an  aistear.  Dubhairt  Mananndin  leis  go  mb'  olc  a  aistear.  — 
«  Anois,  ceurd  dheunfas  me  ?  Td  mé  faoi  fearg  agus  faoi  bhri- 
seadh  croidhe.  Caithfidh  tu  cleas  a  dheunamh  dhom  anois  go 
bhfaghaidh  mé  sdsadh  orraib  [a]  chosaint  a  leithéide  dhe  trio- 
blôid  dhom.  Righne  an  fear  ghc  dhô  aon  chleas,  seurd  ^  du- 
bhairt se  leis  an  righ  :  «  Cuir  goirm-sgoile  amach,  agus  foill- 
seôchaidh  tû  go  puiblidhe  go  bhfuil  a  bpardûn  lé  faghdil  aca: 
Tagaigidh^  a  bhaile,  chJann  Uisnigh!  Tôgaigidh  5  libDéirdre! 
Td  an  dit  a  bhi  agai(bh)  le  faghdil  arist  !  Anois  »,  ar  san  fear 
glic,  «  'n  uair  a  gcloisfidh  siad  so,  tiocfaidh  siad  air  ais,  air  an 
adhbhar  go  bhfuil  gach  a  bhfuil  [aca]  caithte  dhôib.  Anois,  td 
siad  go  tidheacht  go  h-Eirinn.  Cuirfidh  tusa  do  chuid  arm  in 
a  léitheid   so  dhe  choill.  »  Righne  se  mar  dubhairt  an  fear 

17.  Bhi  siad-san  ag  tidheachtan  anios  6  'n  mbaile  cuain, 
anios  thrid  an  tir,  nuair  thdinic  siad  go  dti  an  choill  [a]  raibh 
an  bôthar  ag  rith  'na  Idr.  Bhuail  smuainte  Naois  go  raihhplota 
leagtha  lé   n-a  n-agaidh.  —   «  Ceurd  td  ort,   a  dhearbhrd- 


pardon  leur  est  accordé  :  Revenez  chez  vous,  fils  d'Usnech  ! 
Amenez  avec  vous  Derdriu  !  La  situation  que  vous  aviez,  vous 
l'aurez  de  nouveau  !  Maintenant  »,  dit  le  conseiller,  «  quand 
ils  apprendront  cela,  ils  reviendront,  puisque  tout  ce  qu'ils 
avaient  fait  leur  est  pardonné.  Alors,  ils  sont  en  train  de  venir 
en  Irlande.  Tu  posteras  tes  armées  dans  tel  bois.  »  Il  fit 
comme  le  conseiller  lui  avait  dit. 

17.  Ils  étaient  en  train  de  descendre  du  port  à  travers  le 
pays  quand  ils  arrivèrent  au  bois  au  milieu  duquel  passait  la 
route  ;  l'idée  vint  à  Naois  qu'il  y  avait   un  complot  contre 


1 .  Leg.  is  é  nid.  Cf.  ceurd  =  ce  an  nid. 

2 .  =  lagaidh,  ilgidh. 

3 .  =  togaidh. 


444  G-  Dottin. 

éyrahër  ?  »  —  «  Ta  me  yâ  Çgyâl  gô  wil  plot  dianta  le  sasà  â'I- 
ty  orin.  »  —  «  Eyrahër,  nàkôvnï  ér  sin,  ni  yçtàr  sinà  vé,  na-/ 
wil  okàl  agùs  ônoir  an  ri  g'wil  àr  bârdûn  mâtyà  ynin.  »  — 
«  Éyrahër,  70  surâ'ltyë  agùs  ta  mé  kàntyë  lat,  tcâ  se  ïn  m'  in- 
tin,  agùs  nil  rôd  à  bi  nis  surâ'ltyë  na  hé.  Nis^  kçrd  iânas- 
m°idy? —  «  Diànam°idy  mwit  hén  a  yôse'nty  yp  ma  agùs  ia- 
tàsm°idy  hé.  Raya  n'çrit  so  gô  wi  sied  stya/  ïn  sa  gail  ta  ér  tiu  ^ 
or  lâêv  yjé  agùs  râyânT^idy  ér  an  yaïl  or  lâév  y  as.  Féayà  sib  gô 
griiî,  su°lëgi  go  ré  agùs  bigi  surâ'ltyé  yàr  gnâhà.  Nis,  mas 
sibsé  ekis  ç°n  iné  yâr  ér  nâwidy,  k°irë  sib  fad  vçré  â-sib.  Mas 
m°idy  ekis  an  nâwidy,  diànàm°idy  an  sgçàl  kéànà  yùbse.  » 


18.  Anis,  bwi  hé  tiu  na  lâëvë  dçse  fôkïs  an  nâwidy  agùs 
n°iré  a  yânik  sied  à  nâwidy,  ha  sied,  y°ir  fad  vé're  astôb  tçrty 
kôra,  xo  n-wintir  a  vi  tiu  nà  lâévë  klçe.  Hânik  sied  as  a-gâil 
mwintir  nà  lâëve  klçe.  Hânik  àied  fré  yyçlé.  —  «  Nis,  eyrâ- 
harôyï  kâham°ïdy  trçdy  yiànà  nis.  Ta  an  plot  dianti  Iç  n'âr  'n 
ai  gô  wai  se  sâsà  ôriii  nùër  này  ùôr  se  n°iré  vim°idy  ïn  Hâlo- 
bwin.  » 


eux.  —  «  Qu'as-tu,  mon  frère  ?»  —  «  Je  vois  qu'il  y  a  un 
complot  de  fliit  pour  tirer  satisfaction  de  nous,  »  —  «  Mon 
frère,  ne  pense  pas  à  cela,  ce  ne  peut  être,  puisque  nous 
avons  la  parole  d'honneur  du  roi  que  le  pardon  nous  est  ac- 
cordé. »  —  «  Mon  frère,  c'est  aussi  sûr  que  je  te  parle,  c'est 
dans  mon  esprit  et  il  n'y  a  rien  au  monde  de  plus  sûr  que 
cela.  Et  maintenant  que  ferons-nous  ?»  —  «  Nous  aurons  à 
nous  défendre  aussi  bien  que  nous  pourrons.  Un  certain 
nombre  d'entre  nous  entreront  dans  le  bois  qui  est  situé  à 
main  gauche  et  nous  irons  dans  le  boisa  main  droite.  Regardez 
attentivement,  marchez  tout  préparés  et  soyez  sûrs  de  votre 


I.  Lea;.  h  in. 


Un  Dialecte  irlandais.  445 

thair  ?»  —  «  Ta  mé  dhd  feicedil  go  bhfuil  plota  deunta  lé 
sâsadh  faghdilt  orrainn.  »  —  «  A  dhearbhrdthair,  na  cuimh- 
nigh  air  sin,  ni  teudtar  siii  a  bheith,  nach  bhfuil  focal  agus 
onôir  an  righ  go  bhfuil  ar  bpdrdûn  maithte  dhiiinn.  »  —  «  A 
dhearbhrdthair,  chomh  surailte  ^  agus  td  mé  ag  caint  leat,  td 
se  in  m'intinn  agus  ni  '1  rud  a[ir]  bith  nios  surdilte  nd  é. 
Anois  caid  é  rud  a  dheunfas-muid  ?»  —  «  Deunfamuid  féin 
achosaint  chomh  maith  agus  feudflis-muid  é.  Rachaidh  an  oi- 
read  so  go  bhfuighidh  siad  asteach  in  san  gcoill  td  air  thaoibh 
ar  ldimh[e]  chli,  agus  rachamuid  air  Idimh  dheas.  Feuchfaidh 
sib  go  grinn  ;  siubhlaigidh  go  réidh  agus  bigidh  ^  surdilte 
dh'  ur  5  ngnôthai[bh].  Anois  md's  sib-se  feicfeas  aon-duine 
dh'  fear[aib]  ar  ndmhaid4  cuirfidh  sib  fead  mhéire  as  sib. 
Md  's  muid  a  feicfeas  an  ndmhaid,  deunfamuid  an  sgeul  ceudna 
dhuib-se.  » 

18.  Anois  ba  h-é  [air]  taobh  na  laime  deise  facas  an  ndm- 
haid, agus  'n  uaira  chonnaic  siad  an  ndmhaid,  seas  siad,  chuir 
fead  mhéire  astoib  ag  tabhairt  comhartha  dho  'n  mhuintir  a 
bhi  taobh  na  Idimhe  clé.  Thdinic  siad  as  an  gcoill  —  muin- 
tear  na  Idimhe  clé  — ;  thdinic  siad  fré  chéile.  —  «  Anois,  a 
dhearbhrdithreacha,  caithfidhmuid  troid  adheunamh 'nois.  Td 
an  plota  deunta  lé  n-ar  n-aghaidh  go  bhfaghaidh  se  [an  ri]  sd- 


affaire.  Maintenant,  si  vous  voyez  un  homme  de  notre  ennemi, 
vous  donnerez  un  coup  de  sifflet  avec  vos  doigts.  Si  c'est  nous 
qui  voyons  l'ennemi,  nous  ferons  la  même  histoire  pour 
vous.  » 

18.  Eh  bien,  ce  fut  du  côté  droit  que  l'on  vit  l'ennemi  et 
quand  ils  eurent  vu  l'ennemi,  ils  s'arrêtèrent,  ils  sifflèrent 
dans  leurs  doigts  pour  donner  le  signal  à  la  troupe  qui  était  à 
main  gauche.  Le  parti  qui  était  à  main  gauche  sortit  du  bois. 
Ils  firent  leur  jonction.  —  «  Eh  bien,  frères,  nous  allons 
avoir  à  combattre  maintenant.  Le  complot  est  fait  contre  nous 

1 .  =  cinnte. 

2 .  =  biidh. 

3 .  =  hhtir. 

4.  Leg.  ndinhad. 


446  G.  Dottin. 


19.  Rïnyû  mar  ly^gu  sis,  Fûa  an  tr'ur  drâhér  ïn  tôsa  Içç 
gôn  yârâd  sied  à-mâlâx  ridy  àn-nâwidy.  Rïnyû  hé.  Dônsâ  sied 
à-nâwidy  '/ridy  à-gâil;  vi  fwil  agùs  k"irp  gô  lyôr  ïn  sâ-gaïl. 
Vî  à  nâwidy  yô  tréàn  agûs  gô  ro  sied  n  yômârka  ôrùb.  Hâs  à 
ka  gôn  yârno  èlyçâytâ.  ''An  sa  slyçàyta  vî  kLan  Ésnyë  yçnà, 
hanik  krônii  agùs  fatiôs  ér  â-nâwidy. 


20.  Tn  san  âm  sin,  dïmi  à-nâwidy  lé  fatiôs  rômpQ.  Wârë 
sied  hén  à  yèlè  nûér  à  dimè  àn-nâwidy  yôh,  ï  dyas  an  trçdy 
wùïlàx  fâr  gô  ylan  Ésnyé  bwilé  ya  lan,  hil  se  gô  'r  nâwidy  à 
vihàn  ;  kérd  a  vihàn  ?  a  eyrâër.  Mar  sin  à  riiîe  an  tryùr  le  nà 
-/çle.  Ni  rç  ç°n  iné  rô  n'endi  le  klân  Esnyé  na-/  mâriw  ïn  sa 
gâû. 

21.  Vî  Drédrâ  fçâyint  ér  à-gâ,  ta  si  sawa'ltye;  nûér  a  yànik 
si  nay  rô  d°in  é  bih  ya  danik  n'éndi  leyyë  as  Hâlôbwin  nay  wil 
mâro.  —  «  Ta  na  tr'ur  gâski  is  fâr  vî  'n  yErin  mâro,  mar  ta 
Nis  Âilye  agûs  Ardân,  tr'ûr  klan  Ésnye...  "Sibsë,  lûyt  an  ûâ, 
na  dianôgi  an  ûa  kông  ncâ  gyâr,   diànôgi  gô  môr  agûs  gô 


pour  que  le  roi  obtienne  satisfaction  de  nous,  puisqu'il  n'a  pu 
l'obtenir  quand  nous  étions  en  Ecosse.  » 

19.  Il  fut  fait  comme  on  avait  décidé.  Les  trois  frères  se 
mirent  à  se  tailler  un  chemin  à  travers  les  ennemis.  Cela  fut 
fliit.  Ils  attaquèrent  l'ennemi  au  milieu  du  bois,  il  y  eut  pas 
mal  de  sang  et  de  cadavres  dans  le  bois.  L'ennemi  était  aussi 
fort  et  trop  nombreux  pour  eux.  Le  combat  dura,  en  sorte 
qu'ils  firent  un  grand  carnage.  Dans  ce  carnage  que  les  fils 
d'Usnech  firent,  la  crainte  et  la  panique  s'emparèrent  de  l'en- 
nemi. 

20.  A  ce  moment,  l'ennemi  s'enfuit  plein  de  crainte  devant 
eux.  Ils  se  frappèrent  à  mort  mutuellement,  quand  l'ennemi 
fut  parti,  dans  la  chaleur  du  combat.  Un  des  fils  d'Usnech 
frappait  un  coup  de  son  épée,  il  pensa  que  c'était  un  ennemi 


Un  Dialecte  irlandais.  447 

sadh  orrain,  'n  uair  nach  bhfuair  se  [é]  nuair  a  bhi-muid  in 
Albainn.  » 

19.  Righneadh  mar  leagadh  sios.  Fuaidh^  an  triur  dearbh- 
râthair  in  ^  tosaigh  lé  go  ngearradh  siad  a  mbealach  thrid  an 
ndmhaid.  Righneadli  é.  D'ionnsuigh  siad  an  ndmhaid  thrid  an 
gcoill.  Biii  fuil  agus  coirp  go  leôr  in  san  gcoill.  Bhi  an  ndm- 
haid chomh  treun  agus  go  raibh  siad  an  iomarca  orraib.  Seas 
an  cath  go  ndéarnadh  sleuchtadh  ;  in  san  sleuchtadh  biii  clann 
Uisnigh  a  dheunamh,  thdinic  criothnughadh  agus  faitchios  air 
an  ndmhaid. 

20.  In  san  amsin,  d'imthigh  an  ndmhaid  lé  faitchios  rômpa. 
Mharbhuigh  siad  féin  a  chéile,  'n  uair  a  d'imthig  an  ndmhaid 
uathaib,  i  dteas  an  troid^.  Bhuaileadh  fcar  dhe  chloinn  Uis- 
nigh buille  dhd  lann,  saoil  se  gur  ndmhaid  a  bhl  ann.  Ceurd 
a  bhi  ann  ?  A  dhearbhrdthair  !  Mar  sin  a  righne  an  triur  lé  na 
chéile.  Ni  raibh  aonduine  dhd  raibh  in  aendidh  lé  cloinn  Uis- 
nigh nach  4  marbhuigheadh  in  san  gcoill. 

21.  Bhi  Déirdre  ag  feuchaint  air  an  gcath  ;  td  si  sdbhdilte. 
'N  uair  a  chonnaic  si  nach  raibh  duine  air  bith  dhd  dtdinic  in 
aendidh  léithe  as  Albainn  nach  bhfuil  marbh  :  —  «  Td  na  5 
triur  gaisgidheadh  is  fearr  bhi  in  Eirinn  marbh,  mar  a  td  Naois, 
Aille  agus  Ârdan  —  triur  cloinne  Uisnigh.  Sib-se,  lucht  an^ 


qui  était  là.  Qui  était-ce  ?  Son  frère.  Ainsi  firent  les  trois 
guerriers  les  uns  envers  les  autres.  Il  n'y  eut  pas  un  homme 
de  la  compagnie  des  fils  d'Usnech  qui  ne  fût  tué  dans  le  bois. 
2 1 .  Derdriu  regardait  le  combat  ;  elle  est  saine  et  sauve  ; 
quand  elle  vit  qu'il  n'y  avait  pas  un  homme  au  monde  de 
ceux  qui  étaient  venus  d'Ecosse  en  sa  compagnie  qui  ne  fût 
mort  :  —  «  Ils  sont  morts,  les  trois  guerriers  les  meilleurs 
d'Irlande,  comme  Naois,  Aillé  et  Ardan,  les  trois  fils  d'Usnech. 


1 .  Leg.  chuaidh. 

2.  Leg.  cJmm. 

3  .  Leg.  na  troide. 

4.  Leg.  ftar. 

5.  Leg.  an. 

6.  Leg.  na. 


448  G.  Dotîin. 

lyân  hi,  gô  gôrtàr  nâ  tr'ur  gdski  a-bar  vï  in-yÉriii  agùs  misé 
fçn  Içb.  Bwi  ïn  iâd  nâ  ftriv  a-bâr  a  vi  lé  na  lin  in-yÉrin  Rïiîi 
si  an  dân  molâ  a-gùâ/tâ  agùs  a  moryâil. 


Conté  à  Galwa}-  par  Thomas  Ford,  Je  19  juillet  1891, 
et  recueilli  par  G.  Dottin. 


Vous,  fossoyeurs,  ne  faites  pas  la  fosse  étroite  ni  courte, 
faites-la  grande  et  large,  pour  qu'on  enterre  les  trois  guerriers 
les  meilleurs  qui  soient  en  Irlande,  et  moi-même  avec  eux. 
Ils  ont  été  les  hommes  les  meilleurs  qui  furent  en  Irlande  de 


Un  Dialecte  irlandais.  449 

uagha,  nd  deunaigidh  ^  an  uagh  cumhang  nô  gearr,  deunai- 
gidh  go  môr  agus  go  leathan  i,  go  gcuirtear  an  triur  gaisgi- 
dheadh  a  b'  fearr  bhi  in  Eirinn,  agus  mise  féin  leoib.  Ba  shin 
iad  na  fearaibh-  a  b'  fearr  a  bhi  le  na  linn  in  Eirinn.  »  Righne 
si  an  dân  ag  moladh  a  gcûmhachta  agus  a  môr-chdil. 

Transcrit  en  orthographe  usuelle  par  le  Rev.  E.  O'Growney. 


leur  temps.   »  Elle  fit  un  chant  pour  louer  leur  puissance  et 
leur  grand  renom. 

G.   DOTTIN. 

Rennes,  5  mai  1894. 

1 .  Leg.  deunaidh. 

2.  Leg.  fir. 


Rtvut  Ctlliquej  XVI.  32 


CHRONIQUE 


SOMMAIRE  :   La  croix  de  Coiig. 

Je  comptais  prendre  pendant  ces  vacances  un  repos  complet  et  ne  pas 
donner  de  chronique  à  la  Revue  Celtique.  Mais  je  me  reprocherais  de  passer 
sous  silence  la  belle  et  curieuse  publication  —  grand  in-4,  12  pages  et 
deux  planches  avec  figures  intercalées  dans  le  texte  —  que  M"c  Marguerite 
Stokes  vient  de  consacrer  à  la  croix  de  Cong.  Cette  croix  appartient  au 
musée  de  l'Académie  royale  d'Irlande.  Elle  lui  a  été  donnée  en  1839  par  le 
professeur  Mac  Cullagh.  Elle  était  conservée  au  xviiie  siècle  dans  l'abbaye 
augustinienne  de  Cong  en  Connaught.  Elle  est  en  cuivre  doré,  ornée  de 
filigranes  d'or  et  d'émaux  ou  de  cabochons,  d'abord  au  nombre  de  dix-huit, 
aujourd'hui  réduits  à  treize;  sa  hauteur  est  de  deux  pieds  six  pouces  anglais, 
ou  soixante-quinze  centimètres;  sa  largeur  aux  bras  est  d'un  pied  six  pouces 
trois  quarts,  ou  quarante-six  centimètres.  Au  centre  est  fixé  un  morceau  de 
la  vraie  croix,  comme  le  dit  une  inscription  latine  :  Hac  cruce  tegitur 
QUA  PAs[s]us  co\DiTOR  ORBis.  D'autres  inscriptions  nous  apprennent,  entre 
autres  détails  intéressants,  la  date  de  ce  monument. 

1°  or[oit]  do  Mureduch  u  Dubthaig  do  senoir  Erend.  «  Priez  pour 
«  Muiredach  (ou  Maurice)  ua  Dubthaig  (O'Duffy)  l'homme  le  plus  véné- 
«  rable  d'Irlande  »,  c'est-à-dire  archevêque  de  Tuam,  mort  en  11 50,  comme 
on  lit  sous  cette  date  dans  les  Annahs  des  Ouatre-Maîtres  :  Muireadbach  ua 
Duhhlhaich,  airdeaspucc  Coniiacht, aiid-sheanôir Ereatui  uile  i  n-egna,  i  n-digbe 
i  t-tiodJmacal  seôtt  agus  hidh,  décc  i  c-Cunga  an  seiseadh  décc  do  mh'i  Mai  i  f- 
féil  naeinl]  Breuainn  iar-san  c-coicceadh  hliadhainse  achtmoghat  aaeisi  «  Muire- 
«  dach  O'DufFy,  archevêque  de  Connaught,  l'homme  le  plus  vénérable  de 
«  toute  l'Irlande  par  sa  science,  sa  chasteté,  sa  libéralité,  mourut  à  Conga  le 
«  seize  mai,  jour  de  la  fête  de  saint  Brendan  ;  il  avait  dépassé  la  soixante- 
«  quinzième  année  de  son  âge.  »  La  même  indication  est  donnée  dans  les 
Annales  Buelliani,  édition  d'O'Conor  :  An[no\  MCL.  Mauricius  Ua  Dubthaig, 
archiepiscopus  Conachtie  in  Xpisto  quievit  (cf.  The  Works  of  James  fVare,  éd. 
Harris,  t.  I,  p.  603). 

2°  Or[oit]  do  Therrdel[buch]  u  Choncho[buir],  do  RIO  Erend,  la- 
san-derrnad  in  gressa.  «  Priez  pour  Turlough  O'Conor,  roi  d'Irlande,  qui 
«  a  fait  faire  cette  oeuvre.  »  Turlough  O'Conor  régna  de  1106  à  11 56. 


Chronique.  451 

30  Or[oit]  do  Domnul  m[a]c  Flannacan  u  Dubd[aig]  epscup  Con- 
nacht,  do  comarba  comman  ocus  chiaran,  ican  errnad  in  gressa. 
«  Priez  pour  Donnel,  fils  de  Flannacan  O'Duffy,  etévêque  de  Connaught, 
«  successeur  de  Comman  [,  évêque  d'EIphin]  et  de  Ciarân  [,  évêque  de 
«  Clonmacnois]  ;  c'est  chez  lui  que  cette  œuvre  a  été  exécutée.  «  La  mort 
de  cet  ecclésiastique  est  datée  de  11 37  par  les  Annales  de  Loch  Ce  :  Doni- 
nall  hua  Duhtaigh,  Elefinensis  episcopus,  ocus  comarha  Ciarân  Cliiana  mie 
Ndis,  apiid  Cliian  Ferla  Brénuinn  quievit  in  Chrisio  (édition  Hennessy,  t.  I, 
p.  137  ;  cf.  The  JVorks  of  James  IVare,  éd.  Harris,  t.  I,  p.  169,  628.  Ce  per- 
sonnage a-t-il  été  archevêque  de  Tuam,  comme  certains  le  croient  ?  Je 
n'en  sais  rien. 

Il  résulte  de  ces  dates  que  la  croix  de  Cong  a  été  fabriquée  entre  1 106 
et  1137. 

Le  nom  de  l'orfèvre  est  donné  par  la  quatrième  inscription: 

0r[0IT]  DO  MaEL-ÎsU,   M[a]c  BrATDAN  u  EcHAN,  DORIGNI  in  GRESSA. 

«  Priez  pour  Mael-Isu  (serviteur  de  Jésus),  fils  de  Bratdan  O'Eghan, 
«  c'est  lui  qui  a  fait  cette  œuvre.  » 

Deux  magnifiques  lithochromies  dessinées  et  peintes  par  M''^  Marguerite 
Stokes  sont  jointes  à  son  mémoire,  l'une  donne  une  vue  d'ensemble  réduite 
de  la  croix  de  Cong,  l'autre  une  partie  grandeur  naturelle. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 
Paris,  le  ler  septembre  1895  1. 


I .  Quand  cette  livraison  paraîtra,  le  nouvel  ouvrage  du  même  auteur 
«  Trois  mois  dans  les  forêts  de  France  »  Three  nionlhs  in  the  Forests  oj 
France,  déjà  annoncé  plus  haut,  p.  256,  sera  sans  doute  enfin  sorti  des 
presses  et  mis  en  vente  à  Londres,  chez  George  Bell. 


TABLE 


DES    PRINCIPAUX    MOTS    ÉTUDIÉS    DANS    LE    VOLUME    XVI 
DE    LA    REVUE    CELTIQUE'. 


1.  Gaulois  ou  vieux-celtiqjje. 

(Voir  p.  114,  122,   2(8,  2J9,  367.) 

-aco-,  131,  258,  528. 

Agedomopas,  373. 

Alisincos,  259. 

Aliso(n),  259. 

Allobrogas,  98. 

Alroron,  121. 

ambi-,  y,<)^  321. 

Andebrogius,  115. 

Andecavi,  97,  355. 

Andes  ou  Andi,  97. 

AvEouvo;,  257. 

Anvallonacos,  258. 

Arevaci,  3  56, 

Argantos,  259. 

Argentocoxos  «  au   pied  d'argent  », 

119. 
-as,  ace.  pi.,  3e  décl.,  98. 
Atrebates,  98. 
Atuaduci,  115. 
Avicanto,  258. 
-avo-,  3S4,  3  5  s. 
Belenus,  367. 
Belisama,  121. 


Bituriges,  35^. 

Bodicca,  35^. 

Brigantia  (dea),  259. 

Brocomagus,  371. 

Cabillonum  (ou  Cavi-?),  97,  98. 

Cadorcensis,  99. 

Cadurcus,  99. 

Caledonii,  1 18. 

calliomarcos  «  equi  ungula  »,   sorte 

de  plante,  555. 
Cantonus,  122. 
Carrio,  259. 
Carrius,  259. 
Carrodunon,  111,  112. 
Garros  «  guerrier,  héros  »,  1  1 1,  259. 
Carrotala,  111. 
Garrotalos,  11 1. 
Gatomum,  260. 
Gattos  «  chat  »,  255. 
Gatus  «  bataille  »,  260. 
Geltus,  131. 
Gentullus,  99. 
Gentulus,  99. 
Gernunnos,  101 ,  357. 
Gicollui  (Marti),  100. 


I.  Cette  table  a  été  faite  par  M.  Ernauit. 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XVI.  45  3 


cintu-,  premier,  99,  121. 

Cintullus,  99. 

Cintusmus,  121. 

Condercum,  1  1 2. 

Condercus,  112,  115. 

Condorcense  (castrum),  115. 

Congenniccus,  2  59. 

Convictolitavis,  i  16. 

Cosdunensis,  99. 

Dorcha,  115. 

Aoûp,  116,  117. 

Drecinus,  1 12. 

-duros,  forteresse,  1 17, 

Eborius,  345. 

Eburacus,  545 . 

Eburos,  345. 

Epona,  355,  356. 

Erumo,  369-373. 

Esumopas,  372,  573. 

Esus,  373. 

Esuvii,  97. 

Ganaponis  (gén.),  1  22. 

Gedomo,  373. 

Grai  Oceli,  115. 

Haedui,  97. 

Helvetii,  97. 

-iccus,  355. 

ieuru,  100. 

-isamo-,  superl.,  121,  151. 

Lagge  (voc),  99. 

AayyoGpixai,  99. 

Langobriga,  99. 

Langoratum    «    forteresse    de    Lan- 

goss,99. 
Lauracus,  130. 
Lauriacenses,  132. 
Lauriacus,  132-134. 
Laurianus,  131. 
Laurias  (villas),  131. 
Laurienses,  131. 
Laurinus,  130,  1 3  ( . 
Laurus,  129-13 1,  1 34. 


Lexovii,  97. 

Lingonas,  98. 

Litaviccos,  1 16. 

Litavis,  116. 

Lixoviatis,  97. 

Lixovio(s),  97. 

Lugus,  357. 

magos,  champ,  260. 

marca-,  cheval,  254. 

Margidunum,  361 . 

Marti  ou  Marii  (gén.),  121. 

Matidonnus,  362. 

Mattiacus,  362. 

Mattium,  362. 

Meclodunnm,  i  !  5. 

Mogituma,  373. 

Octodurus,  1 17. 

-om-,  -um-,  373. 

Pennocrucium,  36. 

Pictavi,  355. 

Rauraci,  115. 

Rosmerta,  3  57. 

Rotomagus,  260. 

Rumo,  373. 

Ruontu,  258. 

Sacruna,  100. 

Sega  «  forte  »,  131. 

Segisama  «  la  très  forte  »,  121,131. 

Segobriga  «  fort  château  »,  131. 

Segomo,  373. 

Sirona,  370. 

Smerios,  3  57. 

Taranis,  357. 

Tarvos  Trigaranus,  373, 

Tegernacus,  121. 

Tongilia,  i  22. 

Trigisamus,  121. 

Troucillus,  115. 

Ullici  (gén.),  121. 

Uxisama,  205. 

Veragri,  115. 

Vertillum,  100. 


454  Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XVI. 

Vindobona,  130. 
-viros,  homme,  1 16. 


II.  Ogamique. 
(Voir  p.  260,  564.) 

Dotoatt  (gén.),  364. 
Dumeli  (gén.),  1 17. 
Ebicatos  (gén.),  122. 
Glasiconas  (gén.),  117,  260. 
Ivacattos  (gén.),  122. 
maqi,  du  fils,  1 17,  122. 
mucoi,  du  petit-fils,  122. 

III.  Irlandais. 

(Voir  p.  14,  M,  28,  29,91-94,  107-109, 
116,  123,  284-309,  349,  3SI,  3S2, 
417,  420-424,  427-429,  431,  433, 
4M.  439,  441-443,  44S-) 

a,  leur,  341,  342. 

-ach,  -ech  (adj.),  348. 

-adh,  421,  422. 

-agiur,  -igiur  (dépon.),  348. 

airissiur.  je  m'appuie  sur,  565. 

amaidi,  vieilles  femmes,  145. 

amh-,  préf.  négatif,  320. 

amlabar,  muet,  321. 

ammi,  nous  sommes,  315. 

-ar,  1  16. 

arddidir,  aussi  haut,  364. 

Ard  Mâcha,  Armagh,  3,  45,  46. 

asindiut,  je  raconte,  351. 

alfet,  il  raconte,  3^1. 

attà,  il  est,  365. 

attô,  je  suis,  365. 

bail,  membre,  ^  5. 

ban,  des  femmes,  355. 

ban,  soyons,  315. 

Beann  Eadair,  23. 

ben,  femme,  335,  3  5  S- 

benim,  je  frappe,  1 16. 

benn,  corne,  355. 

-bi'amm,  que  nous  soyons,  315. 


-bor,  1 16. 

bru,  corps,  ventre,  255. 

bruinne,  poitrine,  255. 

bunnân,  butor,  322. 

cairigthir  «  notatur  »,  350. 

calath,  calad,  dur,  328. 

caram,  aimons,  315. 

carmme,  nous  aimons,  315. 

carr,  guerrier;  javelot,  111,  259. 

carrud,  guerrier,  i  11 . 

carthar,  il  est  aimé,  3  50. 

cat,  chat,  255. 

cenn,  tête;  na  cinn  eile,  les  autres, 

33S- 
Cenn  Cruaich,  36. 
cert,  droit,  juste;  le  droit,  226. 
Cet  mac  Magach,  364. 
cétshomain,  premier  mai,  190. 
cland,  fruits  de  la  terre,  109. 
cluinethar,  il  entend,  350,  351. 
cocratar  (ro-),  ils  conspirèrent,  40. 
côicer,  le  nombre  cinq,  1  16. 
comard,  de  même  hauteur,  364. 
commar,    rencontre    de   vallées,    de 

cours  d'eau  ou  de  chemins,  355. 
Conan,  Canan,  26. 
conchair,  puissant,  compact?,  26. 
condercar,  on  voit,  1  1  2. 
crann-chur,    le    sort;    consulter    le 

sort,  313. 
Craobh  Ruadh,  6. 
cri,  corps,  1 50, 
Cromm-cruach,  309. 
Cromm  crin,  36. 
cû,  chien,  260. 
Cualnge,  53. 

cullach,  sanglier;  étalon,  59. 
dealbhan-dé,  papillon,  215. 
Dechtire,  365. 
dénim,  je  fais,  122. 
derc,  œil,  113. 
diin,  dind,  de  nous,  315. 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XVI. 


4S5 


dimicin,  déshonneur,  mépris,  316. 
dofet,  tofet,  il  conduit,  précède,  551. 
dogniu,  je  fais,  1  22. 
domm,  dumm,  à  moi,  3 17. 
Dotoad  (gén.),  364. 
drech,  visage,  aspect^  112. 
Duboenach    «    l'assemblée   noire    », 

50,  51. 
dûn,  dûnii,  à  nous,  202,  3 1  ^. 
dur,  fort,  dur,  difficile,  né,  117. 
echtar,  hors  de,  365.     • 
Eidersgeoil,  9,  19,  24. 
Emain  Mâcha,   le  Navan  fort,    1-3, 

6,7. 
-er,  1  16. 
Erem,  44. 
Erota,  308. 

eunan-dé,  papillon,  215. 
fainghlean,  vallée  profonde,  55. 
feadar,  fetar,  je  sais,  349,  351. 
Féne,  Irlandais,  363. 
feoras,  fusain,  69. 
fine,  famille,  109. 
fitir,  11  sait,  350,  351. 
fogmur,  automne,  1,91. 
forbhaidh,  accroissement?,  65. 
forcital,  enseignement,  94. 
fortâ,  il  est  dessus,  365. 
Fricorus,  100. 
garit,  court,  90. 
genair,  il  naquit,  350. 
gér,  aigu,  69. 
gile,  éclat,  146,  147. 
Glaisiuc,  260. 

gleôdh,  éclaircir,  décider,  68,  69. 
gobbân,  petit  bec,  76,  77. 
gorm,  chaud;  rouge;  bleu,  316. 
guin,  blessure,  1 16. 
gunn,  cou,  70. 
Humarrith,  90. 
imb-,  imm-,  autour,  3 19. 
immedôn,  au  milieu,  189. 


1  n-,  en,  i,  108. 
itau,  je  suis,   365. 

-ithir,  -idir,  compar.  d'égalité,  364, 
Letha,  la  Gaule,  1 16. 
linn,  avec  nous,  315. 
lour,  suffisant,  129,  134. 
luch,  soris,     3  29. 
-  m,  i"^  pers.  plur.,  315. 
mar  taibsin,  en  grande  quantité,  308. 
mess,  mesure,  320. 
Miliuc,  260. 

mf  meodhain  havraidh,  juin,  190. 
-mm,  ire  pers.  plur.,  315. 
moladar  (no-),  il  loue,  350,  351. 
mûn,  urine,  1 53. 
murthonn,  flot  de  la  mer,  71. 
-n,  fe  pers.  plur.,  315. 
nessam,  le  plus  proche,  121. 
-nn,  -nd,  nous,  315. 
no-charad,  il  aimait,  351. 
no  charam,  nous  aimons,  315,  316. 
no  charmmis,  nous  aimions,  315. 
nonbor,  le  nombre  neuf,  1 16. 
ochtar,  au-dessus  de,  365. 
ôinar,  le  nombre  un,  1 16. 
ortha,  lève-toi,  va,  68. 
ré,  temps,  espace,  320. 
remes,    réimheas,    temps,    période, 

319,  320. 
-rith,  gué,  89,  90. 
roimse,  perche,  320. 
saball,  grange,  365. 
samaigim,  je  pose,  365. 
samfuin,  le  31  octobre,  190. 
samlathar,  il  ressemble,  350. 
sechur,  je  suis,  351.. 
sedlad  (ro-),  il  fut  brisé?,  44. 
seol,  lit,  49. 
serc,  amour,  365,  366. 
sessam,  acte  de  se  tenir  debout,  365. 
sethar,  fort,  191. 
siat,  eux,  316. 


4^6  Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XVI. 


sin,  -là,  237. 

sinem,  le  plus  vieux,  121. 

smer,  feu,  557. 

Snuad,  509. 

tabaill,  fronde,  79. 

tairissem,  position,  état,  constance, 

365. 
tamailt,  opprobre,  insulte,  365. 
tau,  tu,  je  suis,  364,  365. 
-te,  participe  passé,  328. 
tech,  maison,  365. 
tiagu,  je  vais,  564-^66. 
tibim,  je  ris,  89. 
libre,  poils  de  la  barbe,  89. 
tibrech,  chevelu,  89. 
tong,  je  jure,  122. 
Torian,  87. 
uasal,  haut,  365. 
Uat,  52. 
urgartiu£;ud,  divertir,  90. 

IV.  Gaélique  d'Ecosse. 
(Voir  p.  84,  8j,  1 17,  1 18,  208-21 1,  342, 

3S80 
a,  an,  lequel,  208. 
a,  an,  am,  leur,  207,  541,  342. 
amh-,  préf.  négatif,  320. 
an,  am,  le,  la,  207. 
Beann  Eadain,  23. 
broch,  sorte  de  forteresse,  348. 
da,  à  qui,  209. 
fabhra,  paupière,  188. 
Lothian,  84-86. 
na,  nan,  nam,  des,  207,  208. 

V.  Mannois. 
glass,  gris;  vert^  229. 

VI.  Gallois. 

(Voir  p.  84  87,  1 1  s,  2(1,  252.) 

a,  et,  267,  268. 

af-,  préf.  négatif,  320. 


aflafar,  muet,  321. 

amlwg,  tout  à  fait  clair,  321, 

amrant,  paupière,  188. 

Aneiren,  267,  268. 

Arawn,  86. 

archiagon,  archidiacre,  189. 

arymred, action  de  courirautour,  3 19. 

ban,  corne,  éminence,  355,  360. 

bedd,  tombe,  205. 

beddrod,  cimetière,  205. 

benyw,  femme,  335. 

Beulan,  238,  259. 

blaen-bren,  privilège,  bonne  fortune, 
314. 

buam,  nous  fûmes,  3 16. 

buwch,  vache,  330. 

bwmp  y  gors,  butor,  322. 

bwn,  bwm,  bwmp  (aderyn  y  — ), 
butor,  322, 

bwyta,  manger,  220. 

bwytatwys,  pommes  de  terre,  220. 

byr,  court,  90. 

caill,  testicule,  355. 

carem,  nous  aimions,  ji^. 

carom,  nous  aurons  aimé,  316. 

carwn,  nous  aimons,  315,  316,  322. 

caseg,  jument;  brisant,  grande  va- 
gue, 229. 

cath,  chat,  255. 

cathl,  mélodie,  chant,  94. 

ceinmygedig,  honoré,  316. 

certh,  évident;  (vue)  perçante;  ar- 
dent, 226. 

cil,  coin,  224. 

cilgam,  oblique,  224. 

cleiddiad,  gaucher,  223. 

clywed,  entendre;  flairer;  goûter; 
sentir,  54. 

cnaif,  toison,  329. 

coelbren,  sort;  alphabet,  314. 

cymher,  cymmer,  confluent,  204, 
355- 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XVI. 


457 


cyntaf,  premier,  121. 

cyntefin,    commencement    de    l'été, 

190. 
dafn,  goutte,  360. 
darymred,  fréquenter,  319. 
-dawd,  328. 
difyru,  amuser,  90. 
drych,  visage,  aspect,  112. 
duad,  cirage,  223. 
dur,  acier,  235. 

dygwyl  leuan,  la  Saint-Jean,  189. 
echwydd,  repos,  327. 
-edig,  part,  passé,  328. 
elw,  gain,  305. 
-eu,  plur,,  259. 
Eudeyrn,  239. 
gennyf,  avec  moi,  317. 
gennym,  avec  nous,  315. 
gofer,  ruisseau,  329. 
gofyn,  demander,  191. 
goganu,  railler,  69. 
gorphen, la  fin,  190. 
gorphenaf,  juillet,  190,  191. 
gradd,  degré,  rang,  115, 
Gratlaun,  1 14. 
guurth,  à,  267,  268. 
gwellt,  herbe,  205. 
gwrm,  noir,  brun,  3 16. 
gwyr,  il  sait,  351. 
hebrwng,  conduire,  188. 
liefin,  d'été,  189. 
hinham,  le  plus  vieux,  121. 
hwynt,  eux,  316. 
hydr,  hardi,  191 . 

hydref,  automne,  octobre,  190,   191. 
hyddfref,  octobre,  190. 
Litau,  Gaule,  1 16. 
llaeth,  lait,  327. 
Llan-Beulan,  238. 
llawn,  plein,  1 14. 
Llew,  86. 
llibystrus,  crotté,  197. 


Lloch,  87,  88. 

Llydaw,  la  petite  Bretagne,  116. 

llygoden,  souris,  327,  329. 

Loth,  84-88. 

-m^  ire  pers.  plur.;  nous,  31$. 

mae,  il  est,  366. 

maharen,  maharuin,  bélier,  327. 

mai,  que,  366. 

Margiteut,  361. 

mehefin,  juin,  189. 

Meredudd,  361 . 

Meuryc,  239. 

mi,  je,  moi,  325. 

modryb,  tante,  205 . 

mordon,  flot  de  la  mer,  71. 

Mouric,  259. 

nudd,  brouillard,  309. 

-om,    ire  pers.    plur.  du   fut.   ant., 

201,  202,  3 16. 
-ont,  3"  pers.  plur.  du  fut.  ant.,  201 . 
-ou,  plur.,  239. 
Outigirn,  239. 
penaf,  le  principal,  190. 
peteu,  pydew,  puits,  239. 
Peulan,  238,  239. 
Poul,  Paul,  239. 
pren,  bois,  314. 
pump,  pum,  cinq,  322. 
pysgod,  poissons,  328. 
rhyd,  gué,  89. 
sawdl,  talon,  365. 
se,  cela,  238. 
sefyll,  se  lever,  365. 
serch,  amour,  365. 
swmwl,  aiguillon,  366. 
tafl,  jet,  79. 

taith,  voyage,  365,  366. 
taw,  que,  366. 
teirthawn,  fièvre,  329. 
Terwyn,  87. 
Teudubr,  Tewdwr,  239. 
ti,  tu,  toi,  325. 


458  Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XVI. 

twym,  chaud,  327. 

ty,  maison,  565. 

tymp,  grossesse,  322. 

-wn,  irepers.  plur.,  prés,  et  impér., 

201,  202,  3 16. 
ym,  à  moi,  3 17. 
ym,  nous  sommes,  315,  316. 
jimewn,  au  milieu,  189. 
yn,  à  nous,  202,  315,  317. 
ysgi!,  recoin,  224. 
y\v,  il  est,  333. 


VII.  C0RNIQ.UE. 

abrans,  sourcil,  188, 
af-,  préf.  nég.,  320. 
aflauar,  muet,  320. 
benow,  femme,  355. 
caren,  nous  aimions,  315. 
caryn,  nous  aimons,  3 1 5. 
cewsel,  parler,  320. 
codna,  cou,  70. 
debm,  à  moi,  203. 
dym,  à  moi,  3 17. 
genaf,  avec  moi,  3 1  7. 
genen,  avec  nous    315. 
gophen,  demander,  191 . 
gorephan,  juillet,  190,  191. 
grath,  grâce,  115. 
haloin,  sel,  327. 
hembronc,  il  conduira,  188. 
mi's  kevardhiu,  décembre,  191 
miz,  mois,  191 . 
mîz  diu,  novembre,  191. 
miz  ephan,  juin,  190,  191 . 
mîz  hedra,  octobre,  190. 
-n,  ire  pers.  plur.  ;  nous,  3 1 5. 
on,  nous  sommes,  315. 
pedn,  tête,  203. 
teulel  pren,  tirer  au  sort,  314. 
thyn,  à  nous,  315. 
y  ben,  l'autre,  335. 


VIII.  Breton  Armoricain. 

(Voir  p.    114,  181-184,   186,  187,  195, 

197-200,  205,  212-220,224-234,  32J- 

335. 
a,  de,  200. 
abrant,  sourcil,  188. 
-ac,  1 14. 
-ach,  184. 
-ad,  223. 
aguentou,     aguetou,     dernièrement, 

189. 

ahé,  ac'hé,  là,  237. 
-aich,  184. 
-aine,  178. 

akerh,  tout  à  fait,  227. 
aklepoted,  gamins,  221. 
alevandeu,  sorte  de  danse,  176. 
alla,  par  là  ;  à  droite,  214,215. 
aluzen,  aumône,  195.,  196. 
am-,  préf.  nég.,  etc.,  320,  321. 
amc'houlou,  contre-jour;    obscurité, 

321. 
amdere,  amzere,    déréglé,   indécent, 

320. 
amjestr,   (cheval)  difficile  à   manier, 

320. 
amlavar,  qui  parle  difficilement,  320. 
amneseuc,  ameseuc,  voisin,  317. 
amsent,  désobéissant,  320. 
amser,  ampser,  temps,  319. 
-an,  222. 

anderù,  après-dîner,  330. 
ansàuein,  avouer,  188. 
anze,  aiïzen,  là,  257. 
aornn,  poignet,  poing,  188. 
aoter,  autel,  205. 
apostoel,  apôtre,  329. 
arazr,  arèr,  charrue,  205. 
-ard,  223. 

arimrot,  il  s'acquitta,  319. 
arraich,  rage,  184. 
arryagoun,  archidiacre,  189. 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XVI.  459 


arzorn,  azorn,  poing,  188. 

asambles,  asames,  ensemble,  317. 

asi,  là,  2?7,  325. 

askourn,  os,  328. 

ass,  ans,  là,  237. 

astenn,  étendre,  184. 

-aud,  -ot,  220-224. 

avalen,  pommier,  pomme,  197. 

averiaud,  garçon,  222. 

ayou,  aïe!  185,  186. 

aze,  là,  237,  325. 

azen, âne,  327. 

babi,  guignes,  224. 

badou,  étourdissements,  frénésie,  193, 

194,  198. 
baetes,  betès,  bette,  porrée,  220. 
balauenn,  papillon;  flocon  de  neige. 

228. 
balavennicq-Douë,  papillon,  215. 
bâos,  cour  à  fumier,  218. 
bar,  mouvement,  2  16. 
bara,  pain,  172,  180. 
bayn,  bain,  234. 
beaiqual,  bêler;  croasser,  224. 
beauttes.,  bette,  porrée,  220. 
bêd,  bét,  monde,  204,  325. 
béé,  cri  de  la  chèvre,  224. 
bêerrautt,  courtaud,  220. 
belek,  prêtre,  328. 
béndém,  vendange,  septembre,  321. 
bèred,  bedred,  cimetière,  205. 
berû,  action  de  bouillir,  330. 
bezibulat  (c'hoari  — ),  «  jeu  du  doigt 

de  feu  1),  258. 
biegek,  niais,  328. 
bihier,  bâtons,  326. 
biou,  il  possède,  172,  173. 
bisi-bu,  petit  doigt,  216. 
bit,  (j'ai)  été,  333. 
bleu,  cheveux,  329. 
bleud,  farine,  331. 
'bob  eil,  chacun  à  son  tour,  189. 


boc'h,  joue,  329. 

boet,  nourriture,  220. 

boëtrabès,  betterave,  220. 

boing,  bain,  234. 

bom-gors,  butor,  322. 

bonbon,  bonbon,  23 1. 

bonomik,  petit  bonhomme,  180. 

bossu,  bossu,  233. 

boungors,  butor,  322. 

bourreau,  borrév,  bourreau,  219. 

boutoulher,  boustoulher,  bouteiller, 
sommelier,  227. 

brasonij  grandeur,  331. 

bre,  résine,  3  54. 

breizad,  breiziad,  Breton,  223. 

Breizis,  Bretons,  223. 

bremicha,  ce  soir,  206. 

breton,  brétoun,  un  Breton,  187, 
232. 

breton,  le  breton,  23 1,  232. 

breur,  frère,  331. 

brezonecq,  brezounecq,  le  breton, 
187. 

bro,  pays,  326. 

brogon,  éclairs,  331. 

bu:  na  bu  na  bar,  ni  vie  ni  mouve- 
ment, 216. 

bubu,  feu,  chose  qui  brûle,   216. 

bue,  vie,  2  16. 

bugale,  bugalez,  enfants,  206,  325, 
330. 

buoc'h,  bioc'h,  vache,  330. 

byèr,  bière,  234. 

byorc'h,  petite  bière,  234. 

cadr,  caer,  beau,  205. 

cailhebodenn,  courtisane,  221. 

caiilaren,  souillon,  coureuse,  222. 

calât,  calet,  dur,  328. 

cam,  courbe,  3 19. 

cam,  camhet,  un  pas,  318. 

camby,  campy,  intérêt,  usure,  319, 
321. 


460  Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XVI. 


camps,  aube  de  prêtre,  519,  320. 
Caydocus,  Cadoc,  100,  10 i. 
charoignn,  charaing,  charogne,  234. 
chas-dë-Dieu,  suisse,  215. 
cheminod,  employé  au  chemin  de  fer, 

222. 
chemiseetteenn,  camisole,  184. 
chemiz,  chemise,  23  2. 
chilgam,  bancal,  224. 
chirien,  éclat  de  bois,  330. 
c'hoari,  hoary,"ieu,  180,  531. 
chom,  chomp,  rester,  321. 
c'houibës,  taons,  213. 
choukan  butun,  priser,  216. 
chudell,  écuelle,  350. 
c'huëzerès,  soufflet,  226. 
claustre,  gageure,  188. 
cleizyad,  cleizard,  gaucher,  223. 
clopen,  cerveau,  198. 
coazrell,  cozrell,  semelle,  200. 
codic,  pochette,  198. 
columpnenn,  colonne,  317. 
compadre,  compère,  205. 
Comper,  confluent,  204. 
compot,  territoire,  commune,  319. 
compret,  prendre,  319. 
coms,    comps,  parole,   parler,   202, 

203,  319,  320. 
condampnet,  condamné,  317. 
contre,  contrée,  183. 
coribeliat,  chanceler,  235. 
corriuellat,  gambiller,  235. 
costez,  côté,  197. 
courtaud,  garçon,  apprenti,  220. 
cranouage,  argot  des  mendiants,  234. 
cureau,  enfant  de  chœur,  219. 
dac,  dague,  184. 
dampet,  damné,  3 17. 
dampnaff,  damner,  317. 
daonet,  damné,  216,  317;  paoïtr  du 

daonnet,  très  pauvre,  216. 
daoijarn,  mains,  188. 


darempret,  visiter,  fréquenter,  519. 

darevi,  cuire,  mûrir,  22  i . 

de,  jour,  188.  189. 

delen,  feuille,  327. 

de   matheol,   bonjour  à    vous    tous, 

187,  188. 
d'emb,  à  nous,  321. 
den,  homme,  325. 
dennt,  eux,  332. 

deom(p),  nous  venons,  venons,  321  ; 
deom(p),  à  nous,  315,  321. 
deourne,  mains,  188. 
derù,  chêne,  3  30. 
des,  toi,  331. 
deuec'h,  journée,  32  <;. 
deugn,  moi,  331. 
deui,  elle,  332. 
dia,  à  droite,  2  14. 
diansaf,  renier,  188,  1 89. 
diaoul,  diable,  193. 
diff,  à  moi,  3 17. 
digant  af,  digataff,  de  lui,  189. 
digor,  ouvert,  350. 
diguener,  vendredi,  325. 
dihoannet,  germé,  223. 
dimerc'her,  mercredi,  329. 
diouguet,  apporté,  188. 
dir,  acier,  23  5. 
disadoern,  samedi,  329. 
diskarr,  automne,  227. 
dizoen,  apporter,  188. 
doc'h,  vous,  332. 
docondomni    ou    docordomni,    nous 

écartons,  3 16. 
dodocetic,  apporté,  188. 
Doe,  Dieu,  169,  170,  172,  180,  325. 
dofimp,  nous,  3  32. 
dor,  porte,  329. 
doufi,  lui,  331. 
douce,  doux,  177. 
dre,   par,    170;    dre  douch,  comme 

vous  êtes,  194,  195. 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XVI. 


461 


duad,  du  noir  de  fumée,  223. 

duan,  blé charbonné,  223. 

duot,  blé  charbonné,  223. 

ë,  le,  179. 

-e  mi-muet,  177-179. 

-e,  eux,  317. 

eben,  l'autre,  f.,  335. 

ec'hoaz.  repos  du  bétail,  327. 

echt,  moisson,  août,  329. 

ed  oll,  allez  tous,  199. 

eff,  il,  192. 

ei,  la,  elle,  331. 

-ek,  endroit  ensemencé  de,  328. 

emezeis,  dit-on,  206. 

empedif,  je  souhaiterai,  194,  195. 

en,  le,  lui,  192. 

en,  en,  200. 

en,  il,  192. 

en  devez,  il  a  habituellement,  176. 

-ene,  179. 

-èneu,  178. 

enez,  île,  327. 

enff,  il,  192. 

-èno,  178. 

-ent,  eux,  317,  332. 

enten,  il  entend,  198,  199. 

-eo,  218,  219. 

er,  heure,  331. 

erc'h,  neige,  329. 

ermez,  dehors,  327. 

eskob,  évêque,  328. 

-et,  part,  passé,  328. 

eiin  touer-Doue,  alouette,  215. 

Eussa,  Ouessant,  205. 

evel,  comme,  330. 

even-kas,  hibou,  213. 

ezom,  ezomp,  besoin,  321. 

faich,  faig,  fâcherie,  184. 

falotin,  bouffon,  221. 

farlaut,  franc,  ouvert,  220,  221. 

ferein,  repasser  du  linge,  232. 

es,  goémon  long,  334. 


fest,  fête,  329. 
feugn,  je  serai,  333. 
feuien,  je  serais,  333. 
flach,  flaig,  bouger,  184. 
flambeau,  flambeux,  flambeau,  218. 
forbuet,  fourbu,  233. 
fors,  (crier)  fort,  232. 
fourn,  four,  329. 
gadeliaudein,  bégayer,  220. 
gagoùilh,  bègue,  220. 
gaguillaudage,  bégaiement,  grasseye- 
ment, 220. 
gaguillautt,  bègue,  220. 
Galibod,  22  1 , 
gallout,  pouvoir,  215. 
Calo,  187. 

ganeom(p),  avec  nous,  201 ,  202, 315. 
gant,  gat,  avec,   189,  332. 
gantaff,  avec  lui,  331. 
genôek,  sot,  2  14. 
genveur,  janvier,  206. 
gestr,  geste,  320. 
geton,  avec  lui,  331. 
glas,  gris,  229. 
glin,  genou,  331. 
gloestr,  gage,  188. 
goar,  goer,  il  sait,  351. 
goarant,  gorant,  il  garantit,  200. 
goascaff,  goschaff,  étreindre,  200. 
Goaviriëu,  a  les  ruisseaux  »,  329. 
Goneri,  234. 
gou-,  190. 

gouenn,  race,  214,  215. 
goùenna,  germer,  214,  215. 
gouëro,  juillet,  190. 
gouhereff,  juillet,  190,  191. 
gour-,  190 

gourhelin,  juillet,  190. 
gourhenneu,  juillet,  190. 
gourmikel,  la  Saint-Michel,  226. 
grâce,  grâce,  183. 
graff,  gran,  grant,  je  fais,  203, 


462  Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XVI. 


grainchou,  granges,  180, 

Grallon,  1  14. 

Gratlon,  1:4. 

guéha,  diha,  terme  pour  exciter  au 

travail  le  bœuf  qui  est  à  gauche, 

214. 
guelet,  voir,  326. 
guelt,  geot,  herbe,  205. 
gueneff,  avec  moi,  317. 
Guenet,  Vannes,  326. 
guenn,  blanc,  215. 
guez,  truie,  325. 
Guillo,  186. 

guin,  vin,  172,  178,  180. 
guir,  vrai,  331. 
guirionnez,  vérité,  32^. 
Gurgor,  111. 
gwâd,  gouaitt,  sang,  204. 
gwel,  fête,  325. 
gweneri,  hirondelle,  233. 
ha,  ha!  186. 
ha,  hac,  et,  193. 

hailhebod,  hailhevod,  coquin,  221. 
hailhonn,  malotru,  polisson,  222. 
hailhvaudecq,  malotru,  221. 
haio,  aïe!  185,  186. 
halen,  sel,  327. 
ham  bezif,  que  j'aie,  196. 
hambrouc,  conduire,  188. 
hanic'h,  celui-là,  3  32. 
hannè,  celui-ci,  332. 
haot,  haut;    hao-bar,  plein  jusqu'au 

ras,  232. 
Harcust,  1 1 1 . 

he  pysy,  tu  auras,  195,  196. 
hère,  automne,  octobre,  190,  191. 
hezr,  hardi,  191. 
hi,  elle,  3  30. 
-hi,  -là,  237,  325. 
hirdet,  longueur.  328. 
hivis,  chemise  de  femme,  320. 
hoalen,  holen,  sel,  327. 


hoing,  hanche,  234. 

homicit,  homicide,  184. 

honnè,  celle-ci,  3  32. 

hounic'h,  celle-là,  3  32. 

hubot,  ibot,  canaille,  222. 

huec'h,  six,  326. 

hui,  vous,  330. 

hun,  hur,  notre,  3  32. 

hympn,  hymne,  3 17. 

iafij  le,  lui,  331. 

-ik,  dimin.,  180,  186,  190,234. 

ifern,  enfer,  329. 

im-ell-,  235. 

nanij,  âme,  327. 

fit,  eux,  3 16. 

oui,  volonté,  193. 

rvinek,  champ  de  navets,  328. 

ùel,  haut,  325,  328. 
ivraign,  ivrogn,  ivrogne,  234. 

zel,  bas,  325,  326,  328. 

algaudétt,  effrontées,  222. 

alot,  chaudronnier,  gredin,  222. 

imijeten,    chemisette    à     l'ancienne 

mode,  184. 
Jobic  vihan,  le  petit  Joseph,  187. 
jovach,  sauvage,  184. 
jumesetenn,  camisole,  184. 
kaer,  ville,  327. 
kaillen,  vaurien,  222. 
kalc'h,  testicule,  3^5. 
kamell,  boiteuse,  330. 
kanderù,  cousin,  3  30. 
kaneù,  toison,  329. 
kaon,  deuil,  193-195. 
kaoter,  chaudron,  205. 
karante,  amour,  325,  335. 
kareat,  on  aimait,  334. 
karemp),  nous  aimions,  315. 
karer,  karir,  on  aime,  325,  334. 
karom(p),  nous    aimons,   315,    317, 

3,8. 
karont,  ils  aiment,  3 18. 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XVI. 


463 


karreg,  rocher,  326. 

kastel  goafi,  automne?  227. 

kavell,  berceau,  329. 

kaz,  chat,  2^5. 

kazek,  jument,  224,  326;  kazek 
koad,  pivert,  213,  232. 

Keberoen,  Quiberon,  527. 

kem,  changement,  321 . 

kemener,  tailleur,  325 . 

kemeret,  prendre,  327. 

kemero,  il  prendra,  326,  327. 

Kemper,  confluent,  355. 

kempret,  prendre,  203. 

Kenmicet,  honoré,  3 16. 

kentel,  leçon,  94. 

kernevaud,  Cornouaillais,  223. 

kerneviad,  Cornouaillais,  223. 

kerz,  jouissance,  possession;  pen- 
dant, 226. 

kestel,  chant,  227. 

ket,  (ne)  pas,  328. 

kihier,  chats,  326. 

klinvet,  maladie,  328. 

kloc'h,  cloche,  329. 

kneau,  toison,  329. 

koat,  bois,  204. 

koch,  ventre,  181. 

koc'h-gwenan,  miel,  213. 

kog,  coq,  329. 

kokarden,  nœud  de  ruban,  225. 

komzet,  vous  parlez,  326. 

korn,  coin,  corne,  329. 

koublet,  joint,  accouplé,  225. 

kouchafi,  tasser,  23  3. 

koz,  vieux,  328. 

kran,  racine  de  la  fougère,  1 14. 

kroc'hen,  peau,  327. 

là,  à  droite,  214. 

laëdroun,  voleurs,  205. 

laez,  lait,  327. 

Lagado,  187,  197. 

lakes,  laquais,  222. 


lamm,  saut,  chute,  202,  318,  319, 
321,  322. 

lammet,  sauter,  3 18. 

lamp,  glissant,  3 18. 

lamp,  saut,  202, 3 18,  3 19, 321,  322. 

lampat,  lampet,  sauter,  202,  318, 
322. 

Landeguihu,  Landivy,  1 1 1. 

laqepod,  laqoupod,  estafier,  coupe- 
jarret,  221. 

laquet  damez,  j'ai  mis,  198,  199. 

lazr,  laër,  voleur,  205,  327. 

lazroncy,  larcin,  189. 

leac'h,  endroit,  330. 

iela,  bambin,  227. 

leonad,  leoniad,  Léonais,  223, 

leonnard,  Léonais,  223. 

Leonis,  les  Léonais,  223. 

leun,  plein,  1  14. 

leur,  aire  à  battre,  331. 

libistrenec,  crotté,  197. 

libistrus,  crotté,  197. 

iibostren,  crotté,  197. 

liusiu,  lessive,  188. 

lodevi,  eau-de-vie,  233. 

logoden,  souris,  327,  329. 

Ion,  enfant,  1 14. 

lost,  queue,  329. 

Loth,  88. 

louât,  niais,  223. 

loùaud,  coquin,  223. 

louïdicq,  coquin,  223. 

louvêc,  fat,  223. 

Loz,  88. 

luc'het,  éclairs;  blasphèmes,  225. 

luern, renard,  329. 

-m,  -mp,  -mb,  ire  pers.  plur.,  201- 
204,  315-318,  322. 

mab,  map,  fils,  189,  326. 

mabik,  petit  enfant,  331. 

màd,  mat,  math,  bon,  ni,  172, 
180,  188,  204. 


464  Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XVI. 


mageres,  nourrice,  326. 

Main,  1 1 1. 

maiestez,  maieste,  majesté,  197. 

malkusa,  essoriller,  230. 

mam  bezo,  que  j'aurai,  que  j'aie,  180. 

manançz,  menace,  184. 

mane,  montagne,  325. 

maout,  mouton,  205. 

marc'h,  cheval,  224. 

marc'hpôt,  gaillarde,  224. 

Maria,  Mary,  Marie,  183,  186,  197. 

matez,  servante,  235. 

matourc'h,  petite  servante,  234,  235. 

me,  mi,  je,  moi,  325. 

meenndêmein,  vendanger,  322. 

méhéuénig,  juillet,  190. 

méhéuin,)uin,  189,  190. 

mêm,   memb,   mêmes,   même,    202, 

203,  321. 
mem  boe,  j'avais,  j'eus,  334. 
méndém,  menndemp,  vendange,   vi- 

née,  321. 
merc'h,  fille,  32e,  330. 
mes,  moins,  254. 
mest,  maître,  329. 
metou,  moyen,  milieu,  189. 
meud,  pouce,  331. 
meùel,  serviteur,  325,  326. 
mezeven,  juin,  189-191. 
mezevennicq,  juillet,  190. 
michodein,  mûrir,  221. 
mignan,  chaudronnier,  222. 
mijodet,  mijoté,  221. 
mi  'mes,  j'ai,  3  34. 
mis  bian,  février,  206. 
mis  du,  novembre,  191  ■ 
mistaudic,  poupin,  220. 
mitein,  matin,  331. 
miz,  mois,  19: . 
miz-éven,  juin,  191 . 
moc'h,  pourceaux,  329. 
moédreb,  moereb,  tante,  205,  326. 


moget,  fumée,  326,  329. 

monoch,  monnaie,  181. 

mor,  mer,  329. 

Moricc,  Maurice,  183. 

Morven,  1  86. 

Morvenic,  186. 

motrep,  tante,  205. 

mous,  garçon,  petit  domestique,  225. 

nedellec,  noël,  326. 

neù,  ciel,  327. 

ni,  nous,  3 17,  32  i,  330. 

Nif,  Yves,  184. 

nim(p),  nous,  3 16. 

noadoe,  aiguille,  188. 

noz,  nuit,  329. 

-0,  eux,  317. 

oahein,  bœufs,  329. 

ochkal,  chardon,  329. 

-od, -aud,  220-224. 

-ogn,  234. 

om(p),  notre,  à  nous,  3  i  7. 

-om(p),  i^e  pers.   plur.;   nous,   201, 

202,  315,  321,  322. 
om(p),  nous  sommes,  315. 
on,  notre,  à  nous,  3 17. 
ont,  je  suis,  203. 
-ont,  eux,  3 17. 
or,  sur,  200. 

-orc'h,  -ourc'h,  234,  235. 
ou,  il  est,  332,  333. 
outragy,  outrachi,  outrage,  184. 
overen,  messe,  327,  329. 
pabaelaez,  papauté,  188 
pâlot,  campagnard,  223. 
papilhon,  papillon,  227. 
parea,  guérir,  233. 
paut,  garçon,  222,  224. 
pazron,  pazroun,  parrain,  187. 
pegement,  pegemen,  combien,  199. 
peket,  collé,  233. 
pemp,  pem,  cinq,  322,  327. 
pempet,  cinquième,  326. 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XVI 


465 


pempiq,  osselet,  322. 

pemzek,  quinze,  326. 

pen,  tête,  229,  335. 

pendenved,  un  mouton,  335. 

penmoc'h,  un  porc,  335. 

penn-pautr,  garçonnière,  224. 

penos,  comment,  326. 

peoc'h,  peac'h,  paix,  330. 

perag,  pourquoi,  326. 

pesket,  poissons,  233,  328,  330. 

Piielip,  Phelippe,  Philippe,  183. 

picliot,  homme  minutieux,  niais,  sans 
vigueur,  222, 

pienek,  têtu,  328. 

pikol,  grand,  330. 

plonjaden,    plonchaden,    action     de 
plonger,  225. 

pobi,  pibi,  cuire,  226. 

pofer,  marmite,  232. 

poméirï,  pommer,  226, 

pop  ini,  chacun,  189. 

potés,  aiguière,  219,  232. 

pratisien,  artiste,  tailleur  habile,  236. 

prendenn,   fléau,   malheur,    méchan- 
ceté, 314. 

prcnn,  bois,  1 14,  314. 

preuileg,  privilège,   184. 

qentelya  an  eaust,  faire  la  moisson, 
94. 

qeverdu,  décembre,  191. 

qon,  chiens,  175. 

quemb,  choix,  différence,  203,   321. 

quemeredol,  prenez  tous,  198,  199. 

quempret,  prendre,  319^ 

quentaff,  quétan,  premier,  121,  189. 

quentel,   queteil,   chant;   (à)   temps, 

94,227. 
querz,  certes,  tout  à  fait,  227. 
querzu,  décembre,  191. 
quez  quement,  tous  ceux  qui,    194, 

>9S- 
rabad,  rabais,  229,  230. 

Revue  Celtique,  XVI. 


ragna,  rogner,  234. 

rams,  ramps,  homme  à  longues  jam- 
bes, géant,  320. 

raspaotr,  garçonnière,  224. 

rasparedi,  cuire  superficiellement, 
224. 

ra  vezé,  qu'il  fût,  192. 

ravezi,  que  tu  sois,  192,  196. 

razouër,  rasoir,  233. 

redec,  courir,  326. 

remet,  remède,  184. 

rems,  remps,  durée,  vie,  202,  319, 
320. 

remsy,  rempsy,  temps,  vie,  320. 

riboul-diriboul,  qui  ne  peut  rester  en 
place,  235. 

rimostelo,  formulettes  rimées,  176. 

Rivallon,  ;  i  1 . 

roignein,  devenir  galeux,  234. 

rotoukiou,  pudenda  mulieris,  256. 

rube-rubene,  de  but  en  blanc,  179. 

rustaud,  rustaud,  220. 

sa,  en  avant,  tout  droit,  214. 

sa,  à  gauche,  214. 

sah, sac,  224. 

sah  pautr',  garçonnière,  224. 

Sampson,  Samson,  319. 

santelez,  sainteté,  327. 

santés,  sainte,  326. 

savaich,  sauvage,  184. 

se,  cela,  237. 

se,  sen,  -là,  237. 

seac'h,  sec,  3  30. 

sebeza,  éblouir,  36e. 

seblant,  semblant,  air,   188. 

sec'h,  sec,  3  25,-  326. 

serc'h,  concubine,  365,  366. 

servich,  service,  331. 

setance,  sentence,  188. 

seul,  talon,  365. 

sevel,  se  lever,  365,  366. 

si, -là,  237,  325. 

33 


406  Tdble  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XV!. 


sigou,  sichou,  sièges,  184. 

sir,  sire,  179. 

skeut,  ombre,  330,  331. 

skiidrenc,  à  moitié  aigre,  224. 

skil-paôtr,    fille  qui  a  les  manières 

d'un  garçon,  224. 
skod,  bûche,  330. 
skoemp,  skoem,  scabreux,  322. 
skoempiq,  un  peu  délicat,  322. 
so,  (il)  est,  366. 
son,  soun,  un  son,  187. 
soûl,  chaume,  366. 
spoiïtus,  terrible,  226,  235. 
stripo,  tripes,  228. 
tâd,  père,  204. 
tagos,  homme  trapu,  230. 
tamall,  blâme,  365. 
Tariec,  231. 
te,  ti,  tu,  toi,  325. 
Teheu,  111. 
tem,  moment,  322. 
tenhuel,  épais,  328. 
tenna,  tirer,  214,  215,  314- 
terhien,  fièvre,  329. 
teù,  épais,  325. 
ti,  tig,  maison,  33 1,  365. 
tiem,  chaud,  327. 
ton,  toun,  un  ton,  187. 
torea,  torimella,  se  rouler  à  terre, 

23S- 

toret,  brisé,  329. 
torrogoçz,  trapu,  230. 
-tou,  lui,  332. 

trandoue,  par  le  ciel!  169,  170,180, 
186. 


tricombout,  maison  de  trois  cham- 
bres, 3 19. 
tro,  tour,  326. 
Tronio,  186. 
trt,  maigre,  331. 
tud,  gens,  parents,  214. 
tuniq  zo  taniq,  c'est  indifférent,  216. 
turumel,. butte    235. 
tuzum,  pesant,  lourd  d'esprit,  235. 
uen,  (quand)  je  suis,  327. 
uenec,  onze,  327. 
uer,  on  est,  333. 
uigent,  vingt,  330. 
-um,  -umell-,  235. 
vng,  un,  198,  199. 
Urfoen,  11  i . 
vazé,  là,  237, 

venn,  (sa)  tête  (à  elle),  331. 
vian,jesuis  habituellement,  327,  333. 
wann,  j'étais,  333. 
we,  il  fut,  333. 
weign,  je  suis,  332,  333. 
wes,  tu  es,  332,  333. 
woc'h,  vous  êtes,  332. 
womp,  nous  sommes,  532. 
youal,  crier,  186. 
zanta  Maria  (entendre  son)  chapelet 

d'injures,  231. 
ze, -là,  237. 

zemizettenn,  jupe  de  dessous,  232. 
zo,  (il)  est,  326. 
zou,  (sans)  lui,  332. 
zovach,  sauvage,  184. 


ADDENDA  ET  CORRIGENDA 


Vol.   V,  p.    197,  1.  24,  forUrgrinnreadUrgreiin 

25,  for  Muncham  rend  Muncha.m 

198,  14,  for  faebzir  cruaid  read  faebHrcruaid 
17,  for  doronnsatar  read  doronsatar 

26,  for  henha.  read  hretha. 

199,  4,  for  doroin  read  doroni 
1 5 ,  for  Tuth  read  Futh 

for  Madhfeada  read  Madhfeaa  (MS.  has  punctum 
delens  under  d). 
20,  read  Sescinn  Uairbeoil 
22,  read  cusin  n-inad 
30,  read  marhaid-si 

200,  8,  for  d'iiio  read  àin 
14,  read  isin  n-inad 

28,  for  leis  in  read  leisin 
for  gobann  read  gohainn 

201,  2,  for  Muice  read  Muicce 

19,  for  Uirgrmn  read  Urgrenn 

29,  for  nochana  read  nochana[d] 
34,  for  rosair  and  read  rosai  rand 
37,  /or  dsgell  read  osgell 

202,  4,  /br  cam  read  cain 

9,  refli  imrim  each  imaser;.'ar 
36,  /or  in  ni  bertar  read  in  m-b<;rtar 

203,  3,  refl(i  in  n-acaine  moir 

5 ,  /br  Forberba  read  for  Berba 

7,  for  Tainic  read  Rainic 

8,  for  cid  ni  fil  read  cid  in  fil 
33,  read  tQÏthed 

204,       3,  for  dorith  read  do  rith  (bis) 

Vol.  VI,  177,      10,  for  it  râe  i-ead  itrâe 

"78)       S>  for  ratha  line  reai  Ratha  Line 

10,  for  mu  cean  read  mucean 
18!,     27,  read  he  will  arise  (itrâe  1=  atrae)  for  my  advan- 

tage  (rem'leas) 
182,       I ,  for  gave  thanks  for  him  read  fondled  him  (kg.  ro- 
bôi  oc  bâidhi  uime) 


^68  Addenda  et  Corrigenda. 

Vol.  VI,  p.  182,  I.     2,  for  prophesied  to  him  rra^  prophesied  ofhim 
1 3 ,  7-ead  He  will  be  king  of  Râith  Line 
18,  for  my  head  read  welcome  (mucean) 

183,  2,  for  fri  troisc  read  fnt[h]roisc 
10,  for  acuil  read  a  cuil,  /.  e.  i  cûil 
25,  read  Seghsa 

34,  for  over  the  river  read  in  the  air  (lit.  above  him- 

self,  ûaso) 
36,  for  ...  on  the  Boyne  read  against  the  current  of 

the  Boyne 

184,  8,  for  ...  of  my  fist  read  in  the  hollow  (lit.  recess,  i 

cûil)  of  my  hand 
25,  read  in  ibrach 

185,  20,  for  Anglesea  read  Dûn  Monaig,  i.  e.  according  to 

Reeves,  Columba,  p.  473  n,  the  seat  of  the 
Dalriatic  monarchs  of  Scotland,  near  Loch 
Crinan  in  Argyle. 
21,  for  where  ...  read  where  the  galley  was.  ibrach 
«  galley  »  occurs  also  Ir.  Texte,  2.  Ser.  2. 
Heft,  p.  127,  1.  138. 

186,  17,  for  fuair  (so  in  MS.)  read  fûar 
21,  Jor  traisc  thisea  read  traiscthi-sea 
23,  for  loiscthsea  rcarf  loiscth[i]-sea 

25,  for  Withered  are  etc.  read  Thèse  arms  bave  been 
withered,  thèse  deeds  hâve  been  quelled 

28,  for  joyful  read  beautiful 

29,  read  I  hâve  been  the  beauty  of  the  assembly  (rop- 

sam  aille  airechta),  and  cf.  ropat  ségaind  ai- 
rechta,  LL.  255  a,  42  ;  rob  mac  ochta  aireachta 
«  may  he  be  the  darling  of  the  assembly  », 
Book  of  Rights,  p.  194;  as  e  is  aiUi  in  gach 
aenach,  Hy  Many,  p.  141,  20. 

Kuno  Meyer. 


Vol.  XV,  p.   540,  1.   10,  for  mouths  read  months. 
Vol.  XVI,  p.  272,  I.  21,  for  sated  read  thrusting. 

Whitley  Stokes. 
Le  Propriétaire-Gérant:  Veuve  E.  BOUILLON. 

Chartres.  —  Imprimerie  Durand,  rue  Fulbert. 


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