Prof. Dr îh. SA.AOER
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REVUE CELTIQUE
TOME XVI
Digitized by the Internet Archive
in 2010 witii funding from
University of Ottawa
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\ \^ FONDÉE -4 ^^
/w V H. GAIDOZ y ^
>/ .870-, 885 \0^
^J^^ PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE ^^\
*-'"h. d'arbois de jubainville
Membre de l'Institut, Professeur au Collège de France
AVEC LE CONCOURS DE
J. LOTH E. ERNAULT
Doyen de la Faculté des Professeur à la Faculté des
Lettres de Rennes Lettres de Poitiers
ET DE PLUSIEURS SAVANTS DES ILES BRITANNIQUES ET DU CONTINENT
G. DOTTIN
Maître de Conférences à la Faculté des Lettres de Rennes
Secrétaire de la Rédaction
Tome XVI
f^rof Dr. Th.BAAO^R
: -?OÊse L t. ,< s(;»-< e w &g s si
NIJMEGEN
a ^Cjl^
PARIS
LIBRAIRIE EMILE BOUILLON, ÉDITEUR
67, RUE DE RICHELIEU, AU PREMIER
SERVICES
DATE,
581471
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES
DANS LE TOME XVI
Pages.
ARTICLES DE FOND.
Plan du « Navan Fort » appelé en vieil irlandais Emiiin Mâcha (pi.),
par H, d'Arbois de Jubainville i
Notice d'un manuscrit irlandais de la Bibliothèque universitaire de
Giessen, par Ludw.-Chr. Stern 8
The Prose Taies in the Rennes Dindknchas, published with Transla-
tion and Notes by Whitley Stokes 31, 135,269
Le roi Loth des romans de la Table ronde, par J. Loth 84
Some Irish Etyma, by Kuno Meyer 89
M. O'Clery's Bcatha Ceallaig, by Kuno Meyer 91
L'expression « ^u^n^f//, par J. Loth 94
La division des syllabes (à propos d'un rapprochement entre le latin
et l'irlandais), par Louis Havet 125
Laurus, Lauracus, Laarius, Launacus, par H. d'Arbois de Jubain-
ville 129
Sur quelques textes franco-bretons, par Emile Ernault 168
Dialectica. i . La terminaison bretonne -mp, -mb dans le système ver-
bal et pronominal; 2. It, dr à Ouessant; 3. Le breton de Quiberon,
par J. Loth 201,323
Récent Changes made in Scotch Gaelic, by T.-O. Russel. . . 207, 341
Etudes bretonnes : IX. Sur l'argot de La Roche (fin), par Emile
Ernault 212
La religion des Calâtes, par Salomon Reinach 261
A propos de Ncnnius Vindicatus, par J. Loth 267
Le sort chez les Germains et chez les Celtes, par J. Loth. . . . 513
VI Table des Matières.
La désinence bretonne de la première personne du pluriel, par Emile
Ernault 31 j
E ben, y bcn, par J. Loth J5j
Bas-relief inédit autrefois à la bibliothèque de Strasbourg (fig.\ par
Salomon Reinach 369
The Annals of Tigernach, published by Whitley Stokes 374
Deux notes du manuscrit irlandais de Rennes, par Douglas Hyde. . 420
Contes irlandais (suite), par G. Dottin 421
MÉLANGES.
Le pronom adverbe se, soi en breton, par J. Loth.
Le Beulan-Peulûti de Zimmer, par J. Loth..
237
238
BIBLIOGRAPHIE.
The Outlines of the Phonology of Manx Gaelic, by John Rhys (G.
Dottin) 240
NÉCROLOGIE.
François-Marie Luzel 3j6
CHRONIQUE.
Accusatifs gaulois en -as. 98.
Bertrand (Alexandre). Les Celtes divis
les vallées du Pô et du Danube.
101.
Brendan (saint). 246.
Campbell (John Gregorson). Contes
gaéliques. 247.
César. De bello gallico, p. p. B.
Kùbler, 95 ; p. p. H. Meusel, 95,
256. Voir Orthographe.
Contes celtiques. 246, 247, 347,
352. Voir O'Brien, Campbell,
Curtin.
Curtin (Jeremiah). Taies of the Pai-
ries and of the Ghost World col-
lectcd from oral traditions in S. W.
Munster. 3^2.
Dijon (musée de). Catalogue des An-
tiques, roo.
Droit irlandais. 108. Voir Ginnel.
Eglise (histoire de 1') dans le pays de
Galles, 345. Voir Liturgie.
Engler (A.), 255. Voir Hehn.
Gaélique. Son orthographe, 342.
Gildas. 106.
Ginnel (Laurence). The brehon Laws,
108.
Hariulf. Chronique de l'abbaye de
Saint-Riquier, 98.
Hehn (Victor). Kulturpflanzen und
Hausthiere, 6^ éd., p. p. 0. Schra-
der et A. Engler, 255.
Holder (A.). Altceltischer Sprach-
schatz, III.
Table des Matières.
vil
Irlande (L'article) dans la Grande
Encyclopédie, par F. Lot, i lo.
Jones (J. Morris). The Elucidarium
and other Tracts in Welsli from
Llyvyr agkyr Llandewivrevi (en col-
laboration avec John Rhys), 106,
247. — GweUdigaetheu y bardd
cwsc d'Ellis Wynne, 344.
Kùbler (Bernard). 95. Voir César.
Liturgie galloise. 345.
Lot (Ferdinand), 98, i 10. Voir Ha-
riulf, Irlande.
Marinier (L.). La survivance de l'âme
et l'idée de justice chez les peuples
non civilisés. 1 10.
May (Martin). Civilisation celto-ger-
maine, 254.
Meusel (H.), 95, 256. Voir César.
Meyer (V^nno). Hibernica minora, 105.
Mommsen (Th.). Chronica minora,
106.
Montelius (Oscar) Les temps préhis-
toriques en Suède et dans les autres
pays Scandinaves, trad. par Salo-
mon Reinach, 252.
Nennius. 106.
O'Brien (Patrick). A garland of Gae-
lic Sélections, 245.
O'Donoghue. St. Brendan the Voya-
ger in Story and Legcnd, 246.
O'Grady (Standish). The Coming of
Cuchulainn, 243, 340.
Orthographe donnée par César aux
noms gaulois, 97.
Petitot (Emile). Origines et migra-
tion des peuples de la Gaule jus-
qu'à l'avènement des Francs, 284.
Reinach (Saiomon). Catalogue du
musée de Saint-Gern.ain-en-La\'e :
bronzes figurés de la Gaule, 100.
Voir Montelius.
Rhys (John). 106, 247. Elu principal
de Jésus Collège. 256. Voir Jones.
Russel (T.-O.). Sur l'orthographe
gaélique, 342.
Schrader (0.). 255. Voir Hehn.
Stokes (MissMargaret). Three months
in the Forests of France, 256. —
La croix de Cong, 450.
Stokes (Whitley). The Martyrology
of Gorman, 352.
Strachan (J.). Contributions ta the
History of the déponent Verb in
Irish, 348.
Vaughan-Williams (Sir Roland Lo-
max L The ancient Church in IVaies,
345-
Verbe irlandais, 348. Voi.- Strachan.
Williams (Rév. Hugh). Some Aspects
of the Christian Church in Wales
during the fifth and sixth centuries,
545-
Williams (Rév. Robert). Sélections
from the Hengwrt MSS., 247.
Willis-Bund (J.-W.). Welsh Saints,
345-
Windisch (E.). Élu correspondant de
l'Institut, 113.
Wynne (El lis). Gweledigaetheu y
bardd cwsc, 344.
Zimmer (H.). Éd. de Nennius, 107,
Sur J. Morris Jones, i^j.
PÉRIODiqUES ANALYSÉS.
Academy, 123, 258, 360.
Annales de Bretagne, 1 1 4, 3 58.
Anthropologie, 1 14, 259, 362.
Archaeologia, 122,
VIII
Table des matières.
Archaeologia Cambrensis, 121.
Archivio glottologico italiano, 564.
Bibliothèque de l'École des Chartes,
358.
Boletin de la Real Academia de la
Historia, 122, 259.
Bulletin archéologique du Comité
des travaux historiques et scienti-
fiques, 2^6.
Bulletin de la Société archéologique
du Finistère, 256, 367.
Congrès des Sociétés savantes, 260.
Folk-Lore, 121^ 3^7.
Gazette des Beaux- Arts, 366.
Indogermanische Forschungen, 116.
Journal of the County Kildare ar-
chaeological Society, 362.
Journal of the R. Society of the An-
tiquariesoflreland, 116,260,364.
Nachrichten der k. Gesellschaft der
Wissenschaften zu Gôttingen, 353.
Proceedings of the R. Irish Aca-
demy, 1 22.
Revue archéologique, 355.
Revue internationale de l'enseigne-
ment, 357.
Revue des traditions populaires, 258.
Revue épigraphique du midi de la
France, 122,2 58, 367.
Scottish Review, 123.
Sitzungsbericht der k. preussischen
Akademia der Wissenschaften zu
Berlin, 3 56.
Transactions of the Gaelic Society
of Inverness, 1 17.
Zeitschrift der Savigny-Stiftung fur
Rechtsgeschichte, 1 18.
Zeitschrift fur das Gymnasial-We-
sen, 115.
Zeitschrift fur deutsche Philologie,
364.
Zeitschrift fur romanische Philologie,
3 54.
Zeitschrift fur vergleichende Litera-
turgeschichte, 3 54.
Zeitschrift fur vergleichende Sprach-
forschung auf dcm Gebiete der in-
dogermanischen Sprachen, (21.
TABLE, par M. E. Ernault, des principaux mots étudiés dans le t. XVI
de la Revue Celtiijue, p. 452.
PLAN DU « NAVAN FORT »
APPELÉ EN VIEIL IRLANDAIS
EMAIN MACHA'
Tous ceux qui se sont occupés de la plus ancienne littérature
épique, conservée jusqu'à nous par les manuscrits irlandais,
ont entendu parler d'Emain Mâcha, c'est-à-dire de la capitale
du roi Conchobar, qui régnait en Ulster vers le début de l'ère
chrétienne.
Emain Mâcha a été détruite au commencement du iv^ siècle
de cette ère par les trois Colla; et, depuis, elle est restée
déserte. Sous la date de 331, les Annales des Quatre Maîtres
s'expriment ainsi : « Bataille d'Achad Leithderg en Farney ^
« livrée par les trois Colla aux guerriers d'Ulster. Là fut tué
« Fergus Fogha, fils de Fraechar Fortrên. Fergus Fogha est le
« dernier des princes d'Ulster qui résidèrent à Emhain. Après
« cette bataille les trois Colla brûlèrent Emhain qui, depuis lors,
« ne fut plus habitée parles rois d'Ulster ni par leurs sujets 3, »
Le témoignage des Annales des Quatre Maîtres terminées,
1 . Navan représente à la façon anglaise la prononciation actuelle
d'Emain, quand la préposition i n- « en « précède ce nom topographique :
i n-Eamhain, comme dans les textes cités ci -dessous, n. 3 ; et plus loin, p. 2,
n. 2; p. 3, n. 2 et 3.
Le groupe initial tonique m bref ne doit pas être pris pour une diphtongue,
c'est la notation moderne de Ve initial primitif qui se prononce maintenant
comme l'a anglais dans heart « cœur », ou comme en général l'a français.
L';» intervocalique, noté ml: ou m pointé dès le commencement du qua-
torzième siècle, a pris le son de notre v ou du v anglais. Q.uant au groupe
az de la syllabe finale qui est atone et brève, ce n'est pas la notation d'une
diphtongue; le son — ^aujourd'hui un peu sourd — qu'il figure, est analogue
à celui de l'a bref anglais qui se rapproche, comme on sait, de notre e muet.
2. Farney, comté de Monaghan, en Ulster.
3. CathAchaidh Leithdeircc hi Fernmoigh la-sna tribh CoUaibh for Ul-
tuibh, du i ttorchair Fergus Fogha mac Fraechair Fortriuin ; tiugh-flaith
Uladh i n-Eamhain in Fergus hi sin. Ro loicset iaromh Eamhain agus nî-
s-aittreabhsat Ulaidh inte o-sén. Ed. d'O'Donovan, t. I, p. 124.
Revue Celtique. XVI. î
2 H. D' Artois de Juhainville.
comme on le sait, en 1636, s'accorde sur ce point avec celui
des Annales d'Inisfal qui vont jusqu'en 1320. Ces Annales,
après avoir mentionné la défaite et la mort du roi d'Ulster
Fergus Fogha dans la bataille d'Achad Leithderg, poursuivent
leur récit comme il suit : « Les Colla avec les guerriers de
« Connaught brûlèrent Emain tout entière, en sorte que les rois
« d'Ulster et leurs sujets n'y habitèrent plus désormais ^ «
Tigernach, qui acheva sa chronique en 1088, est d'accord
avec les Quatre Maîtres et avec les Annales d'Inisfal. Voici la
traduction du passage : « Bataille d'Achad Leithderg en Farney
« où Fergus Fogha, fils de Fraechar Fortrên, dernier prince
« d'Emain Mâcha, fut tué par les trois Colla. Colla Mend périt
« aussi dans cette bataille. Ensuite les trois Colla détruisirent
« de fond en comble Emain Mâcha. Les rois d'Ulster et leurs
« sujets n'y ont pas habité depuis cette époque -. »
La seule différence entre les Annales des Quatre Maîtres
d'une part, celles d'Liisfol et celles de Tigernach d'autre part,
semble porter sur la chronologie : si nous nous en croyons
l'éditeur, la destruction d'Emain Mâcha aurait eu lieu, sui-
vant les Annales d'Inisfal et suivant Tigernach en 322, tandis
que les Quatre Maîtres la datent de 321. C'est une question
accessoire qu'il est inutile de discuter ici.
Le triste sort d'Emain Mâcha frappa beaucoup les esprits.
Quand le christianisme se fut établi en Irlande, on opposa la
ruine de cette célèbre capitale à la splendeur des établissements
que la religion nouvelle avait fondés et qui alors n'avaient pas
de si belles légendes. Dans Thymne de Fiacc, en l'honneur de
saint Patrice, on lit : « C'est en Armagh qu'est la royauté ; il
« y a longtemps qu'elle est partie d'Emain 3. »
I. Gluaisid na Colla gan Oilneagmacht leo iar sin, agus ro loigsiad
Eamhainula, go na-r-aitioghadar Olltaicc innte 0 sin anuas. O'Conor, Re-
rum Inhcndcariim scriptores, t. I, 3>: partie, p. 10; cf. i'"-' partie, p. 76.
2 Cath Achaig Leithdeirg i Fernmuigh i torchair Fergus Foga mac
Fraechair Fortriùin, tuigh-fhlaith LUadh an-Eamhain Mâcha, la-sna tri Colla,
ocus dorochair Colla Mend i-sin cath sin. Rochlaidsid iarom na tri Collo
Eamhain Mâcha, ocus ni ro-s-aitrebsad \l'\aid innti o sin aile. O'Conor, Re-
rum hiberuicartnn scriptores, t. I, première partie, p 69.
3 . In Ardmacha hl rige,
is clan doreracht Emain.
\\'indisch, Irische Texte, t. 1, p. 14.
Pbn du Navanfort (Emain Mâcha . j
La même idée est exprimée dans le prologue du Martyrologe
d'Oengus :
Le fort d'Emain a disparu
D n'en reste que les pierres ;
Aujourd'hui la Rome de TOccideni
C'est la populeuse abbaye de Glendalough ' .
Emain Mâcha est resté inhabitée jusqu'à ce jour, si ce n'est
qu'en 15S7, Niall O'Neil], roi d'Ulster, voulant plaire aux
gens de lettres d'Irlande, y fit hàtir une maison. Les Quatre
Maîtres signalent ce Êiit en reproduisant sous la date de 1387
deux notices empruntées à deux chroniques différentes, aux-
quelles, suivant leur s\"stème, ils ne renvoient pas :
ce Construction d'une maison à Emain Mâcha par Niall
« O'Neil, roi d'Ulster, pour satisfaire les gens de lettres d'Ir-
« lande - » .
« Construction d'une maison à Emain Mâcha par Niall
« O'Neill, car il n'y avait pas eu de maison à Emain depuis
« longtemps 5 ».
Au XVII' siècle, il ne restait plus de traces de cette maison,
il ne subsistait de la vieille forteresse que les fossés et la motte,
comme aujourd'hui 4.
Emain Mâcha, en anglais ihc Navan fort, est située à deux
milles anglais, soit environ trois kilomètres à l'ouest d'Armagh,
Ard Madw, la fondation de saint Patrice, par laquelle elle a
été supplantée, comme le dit rh3-mne de Place cité plus haut.
C'est un cercle à peu près parfait qui a de diamètre environ
huit cent pieds ;mglais, soit deux cent quarante-quatre mètres,
1 . Broc Erana ro-sciich-e,
.'icht mairde a-docha.
Is Rû.îim ianhair betha
Gleaud- d.Uaclî-da-locha.
F^ircOengaso, Protoi;ue, quatrain 194; édition de Whiiley Stokes, p. xix.
2. Teacli do dénora i n-Eamhain Mâcha do Niall 0 Néill (do n'gh
Ul-îdli") do diol d,4mh Éreann. Ed. d'O'Donovan, t. IV,. p. 707.
; . Teach do dénamh i n-Eîmliain Mâcha la Niall Ô Néill, ar ni bhui
tegh Jnîi-sidhe fri ré in-chéiu go sin. Ed. d'O'Donovan, t. IV, p. 70S.
4. Emania prope Ardiuacham, nuuc fossis latis, vestigiis murorura emi-
nentihus et ruderibus pristinam reddens splendorem. Colgan, Trias ihauma-
tur^a, p. 6. Louvain, 1647.
4 H. D'Arbois de Jubainville.
et une contenance d'un peu plus de quatre hectares et demi. Du
côté de l'ouest, les terrassements sont encore bien conservés.
Si l'on suit dans le plan ci-joint la coupe SD' qui va du
nord-ouest au sud-est^ et que l'arpenteur, M. Me Bride, appelle
Longitudinal section, on trouve d'abord un rejet de terre haut
de quatorze pieds anglais, soit un peu plus de quatre mètres.
//// 9
/mS
///V/2
//yfZZ
///Vd
//Nj^
T U V W X Y 2 A' O B' C
Longitudinal section.
0*
Puis vient un fossé ; du sommet du rejet de terre au fond du
fossé, il y a onze pieds anglais, un peu plus de trois mètres.
A environ cent pieds anglais ou un peu plus de trente mè-
tres du fossé commence la motte qui offre au sommet une
plate-forme en forme d'elHpse; son grand diamètre est de cent
quatre-vingts pieds anglais ou cinquante mètres, le petit de cent
cinquante pieds anglais ou quarante-cinq mètres, la con
Plan du Navan fort (Emain Mâcha). 5
tenance d'environ dix-neuf ares. Du fond du fossé au sommet
de la motte on compte trente-cinq pieds anglais ou un peu
plus de dix mètres. Le sommet de la motte dépasse de quinze
pieds, soit environ cinq mètres, le sol qui l'avoisine, c'est-à-
dire la plate-forme du reste de la forteresse.
Si l'on suit la coupe A R ou Cross Sectmi, qui va de l'ouest
A/V^
////S"^.
H
^
^
^
/y-v/y
8 C DErCH J K L M N 0 P
Cross section.
à l'est, les différences de niveau sont un peu plus grandes, la
pente naturelle du sol est beaucoup plus forte; ainsi du fond du
fossé au sommet de la motte il y a quarante-cinq pieds, soit
près de quatorze mètres. Quand venant d'Armagh, comme
je l'ai fait il y a treize ans, on arrive au point A, le Navan
Fort produit un grand effet.
On remarquera que la motte n'est pas au centre de la forte-
resse; en suivant la coupe SD', on trouve de la base de la
6 H. D'Arbois de Juhainville.
motte au fossé, dans la direction du nord-ouest, cent pieds
anglais ou un peu plus de trente mètres comme nous avons
vu, et dans la direction du sud-est, quatre cent quatre-vingts
pieds ou environ cent quarante-quatre mètres. Si l'on prend
la coupe A R, de l'ouest à l'est, on trouve à l'ouest de la motte
cent vingt pieds anglais ou un peu plus de trente-six mètres,
et à l'est quatre cent quatre-vingt-dix pieds ou cent-quarante-
neuf mètres qui, ajoutés au diamètre de la motte, donnent le
total de deux cent quarante-quatre mètres, diamètre moyen
du cercle formé par la forteresse d'Emain ainsi qu'il a été dit
plus haut.
Ce que nous savons des anciens édifices irlandais donne
le droit d'affirmer que la plupart des constructions élevées à
Emain Mâcha pendant la période épique de l'histoire d'Irlande
ont dû être en bois ; cependant il y avait été employé au
moins quelques pierres : de ces pierres il est question dans le
prologue du Martyrologe d'Oengus cité page 3, elles étaient en-
core en place quand ce document a été écrit ; depuis elles ont
sans doute servi de matériaux pour construire des maisons.
O'Donovan écrivait en 185 1 qu'il n'avait pu trouver à Emain
aucune trace de mur en pierres ^ Je n'en ai pas vu plus que lui
lors de la visite que j'ai faite à cette vieille forteresse en 1881.
Emain Mâcha, avec sa motte, offre une grande analogie avec
les plus anciens châteaux féodaux du moyen âge français
comme avec certains lieux de refuge antérieurs à l'époque ro-
maine et dont les archéologues ont constaté l'existence sur le
territoire de la Gaule antique.
Certaines personnes penseront que la dimension du Navan
Fort est bien modeste ; mais la grande salle des fêtes, dite
Craobh-Ruadh, paraît avoir été située en dehors de cette forte-
resse ; son nom est conservé par un fond de terre — townlufid
comme on dit en anglais — appelé avec la notation anglaise
Creeve Roe ; et dans un autre fond de terre du nom de Trea,
joignant Creeve Roe, se trouve une motte appelée King's Sta-
bles (c Etables du roi - » .
1. Annales des Quatre Maîtres, t. IV, p. 708, note.
2. Annales des Quatre Maîtres, ibid.
Plan du Navan fort (Emain Mâcha) . 7
Je dois le plan du Navan fort ^ à l'obligeante générosité du
Révérend Close, trésorier de l'Académie royale d'Irlande, que
je prie d'agréer mes remerciements et ceux des lecteurs de la
Revue Celtique; je n'ai pas de procuration, mais je me porte
fort pour eux sans crainte. d'être désavoué.
H. d'Arbois de Jubainville.
I. Le format de la Revue Celtique a exigé une légère réduction du plan
de M. Bride. L'échelle du plan ainsi réduit est de six pieds anglais par mil-
limètre. Quant à l'échelle des deux coupes, p. 3 et 5, elle est indiquée en
pieds anglais dans ces figures.
NOTICE
d'un
MANUSCRIT IRLANDAIS
DE
LA BIBLIOTHÈQ.UE UNIVERSITAIRE DE GlESSEN.
Le manuscrit de la bibliothèque universitaire de Giessen
coté n° 1267, est signalé dans le catalogue de J.-Val. Adrian^
comme un recueil d'histoires et de poèmes en langue irlan-
daise ; l'éditeur a joint à la brève note qu'il en donne la tra-
duction anglaise de cinq fragments de texte dont l'original est
reproduit en fac-similé et réuni sur une même planche. Le
savant irlandais distingué à qui l'on doit la traduction de ces
spécimens, T. Crofton Croker, n'en avait sous les yeux que
Ls calques, de sorte qu'il ne pouvait avoir connaissance de la
diversité des matières contenues dans le volume. Qu'il me soit
donc permis de donner, au profit de ceux qui s'intéressent à
la littérature gaélique moderne, une description détaillée de ce
manuscrit imparfaitement connu qui, au reste, semble être
tombé dans l'oubli.
C'est un petit volume in-quarto de 66 feuillets en papier.
Il est provenu de la riche bibliothèque du baron René-Charles
de Senckenberg, mort en 1800, et appartenait autrefois à Jean
Schilter, célèbre jurisconsulte et antiquaire à Strasbourg, qui
I . Catalogus codicum mnnuscriptorum bibliothecse academicie Gissensis,
Fraucofurti ad M., 1840, p. 384.
Le Manuscrit irlandais de la Bibliothèque universitaire de Giessen. 9
paraît l'avoir reçu en 1695 d'un Irlandais, peut-être même du
scribe des textes. Le manuscrit primitif, qui paraît tout en-
tier de la même main, finissait par le fol. 62, et les derniers
feuillets manquaient, aussi bien qu'un feuillet à la suite du
fol. 24 et un autre à la suite du fol. 46; le reste (fol. 63-66)
est ajouté après coup.
Des choses étrangères au sujet qui se trouvent dispersées
par tout le livre, partie en langue latine' et partie en langue
anglaise, peuvent mettre sur la voie du nom du scribe et de
son temps. Il se nomme Domhnall o Headrisgeoill (Eider-
sgeoil) ; il était donc de l'ancienne famille des Driscolls, sur
laquelle on peut lire une notice instructive de J. O'Donovan
dans le Miscellany of the Celtic Society, 1849, p. 384-403.
Le scribe anglicise son prénom, ce me semble, tantôt Daniel,
tantôt Dennis. Outre le nom de Cornélius O'Driscoll qui s'est
inscrit deux fois (fol. 11 v°, 28 v°), on trouve les noms de
nombre d'autres lecteurs. Suivant une inscription (fol. 16 v°) :
Damhnuill 6 Headrisgeoill : xxxxxxxx9, on est tenté de
croire que Daniel DriscoU écrivait en 1689; car on trouve
ailleurs, sur les marges et sur des pages laissées blanches çà et
là, les années 1688, 1689, 1691, 1692, 1693, 1^955 et au bas
du fol. 53 v° : An aois 6. C. V. et da XXXX thuicfâs, c'est-à-
dire, si je ne me trompe pas : Anno (1)685 'l'-n consequetur.
La première page du feuillet qui se trouve en tête du vo-
lume, donnée en partie en foc-similé dans le catalogue d 'Adrian,
paraît être en contradiction avec cette chronologie. Le scribe
y a arrangé quelques phrases pour le titre d'une édition qu'il
se proposait de faire de son recueil, savoir, outre un quatrain
sur la m.ort et le nom de Dennis DriscoU, les mots : iar na
chur a cclô a manisdir na mhrathair neirionach a Lohhain maille
hughdardhàs M. D. LXXXV:, c'est-à-dire « imprimé au cou-
vent des frères irlandais à Louvain avec autorité en 1585. »
Puisque les impressions les plus anciennes des Franciscains ir-
landais du couvent de Saint-Antoine de Padoue à Louvain ne
datent que du commencement du xvii" siècle ^, nous serons
I. O'Curry, Manuscript viatcriah, p. 644, cite par erreur 1616 comme
date de la fondation du couvent des Récollets irlandais à Louvain. C'est
Revue Celtique, XVI. 2
10 , Liidw.-Chr. Stern.
justes en corrigeant Tannée mise sur le titre du manuscrit de
Giessen en 1685. Je le regarde comme écrit à Louvain en
1684, et cette fixation correspond parfaitement avec la condi-
tion de l'écriture et avec le contenu du livre.
Les pièces comprises dans le manuscrit de Giessen appartien-
nent à la littérature irlandaise moderne et sont connues pour la
plupart par d'autres manuscrits ou même par des publications.
Fol. 2 r°: As truadb lioiii a compàin do chor^ « Ta condition
est triste, ce me semble, mon ami. » — Poème adressé à un
inconnu qui s'est converti du catholicisme au protestantisme;
il est dirigé contre l'hérésie de Luther et de Calvin et glorifie
l'église cathohque. L'auteur est Bonaventura O'Hussey
(Giolla-Brighde O'Heoghusa), fi-ère franciscain du collège de
Saint-Antoine à Louvain, qui fleurit en 1608. Voir O'Reilly,
Irish writers, p. 169. Le poème se compose de 88 quatrains
sur le mètre nommé Rannaigecht mhôr ; il a été publié dans
le Catechismus hibernicus de B. O'Hussey, sec. éd. Rom:^
1707 cura Philippi Maguire, p. 237-255, mais difteremment à
l'égard du nombre et de l'ordre des quatrains. Le texte du
manuscrit de Giessen comprend les quatrains 1-4, 6-19, 21-22,
X, 23-29, 31-38, 40-72, 78, X, 79-81, 73-77, 82-84. L'édi-
tion manque de deux quatrains fournis par le manuscrit aussi
bien que du ccangal ou sommaire qui fait le dernier ou 73^
quatrain du manuscrit. Une copie du poème qui correspond,
à l'exception d'un seul quatrain, parfliitcment à l'édition se
trouve dans le manuscrit de Goettingue daté de 1659, Cad.
bis t. 77 j, fol. 4 v°-7 v°2.
l'église qui fut fondée en 161 7, tandis que la fondation du couvent date de
1609 (voir Piot, Histoire de Louvain, 1839, P- 3<^o)' ^^^'^ l'imprimerie
doit déjà avoir existé. Le catéchisme de Bonaventura O'Husse}' parut à
Louvain en 1608 (O'Reilly, Irish writers, p. 168). En 1616 on y imprima
le Spéculum vitcc vel Desiderius (dont l'original est le livre espagnol Espejo
de religiosos, imprimé à Burgos en 1548), traduit en irlandais (Sgithaii an
chrdbbaidh) par Florence Conry, et non pas en 1625 comme disent O'Reilly,
p. 182, et J. Reid, Bihliotheca scoto-celtica, p. xxvi. J'ai pu constater la
date sur un exemplaire du livre qui se trouve dans la bibliothèque de la ville
de Hambourg. Le couvent de Saint-Antoine fut supprimé en 1783.
1 . Je donnerai les textes tels quels, bien que l'orthographe du manus-
crit laisse beaucoup à désirer.
2. Voir Thurneysen dans le catalogue des manuscrits de Goettingue,
Berlin, 1893, II, p. 257.
Le Manuscrit irlandais de la Bibliothèque universitaire de Giessen. ; i
Fol. 9 r°. Fiiarus a psalîer Chasiï « J'ai trouvé dans le
psautier de Cashel » ^ — Poème concernant les neuf invasions
étrangères (gahhàil) qu'a subies l'Irlande, 30 quatrains sur le
mètre appelé Debide. Parmi ceux qui ont pris possession de
l'île il y en a trois qui ont vécu avant le déluge, savoir : i . les
trois filles de Caïn (quatrain 2); 2. Luas, Cab et Laghra
(qu. 3); 3. Fintan et Ceasair (qu. 4) — différemment du
poème de Gilla Coemain et d'autres légendes sur les Capturai
Hiberni^e. Les conquérants qui arrivèrent après le déluge sont:
4. Adhna (qu. 8); 5. la colonie amenée par Partholon
(qu. 10); 6. la coloniedes fils de Neimed (qu. 12), desquels
descendent les Firbolg (qu. 14) et les Tuatha Dé Danann
(qu. 15); 7. la colonie des fils de Miled (ou Mil), c'est-à-
dire les Gaels ou Scots (qu. 20); 8'. les Lochlannois (qu. 24)
et 9. les Anglais (qu. 26). G. Keating cite ce poème plusieurs
fois dans son histoire d'Irlande, savoir les quatrains 2 (éd.
Haliday, p. 148), 5 (p. 152), 8-9 (p. 160), 18 (p. 290). Les
quatre quatrains avant le dernier et un autre qui manque dans
le manuscrit ont été extraits par N. O'Kearney dans ses Pro-
phecies of St. Columbkille, Dublin, 1856, p. 126-127; ils ont
pour objet une prétendue prophétie de St. Berchan concernant
la bataille de Sain2;el où les Anglais auraient été vaincus 2. La
dernière ligne, a righeacht na caemh Temhrach, selon O'Kearney,
est dans notre manuscrit ar faithe na claon Temrach » sur le
champ du bourg penchant de Tara ». Cette leçon vaut mieux,
attendu que claon est une épithète bien connue de Tara >.
Fol. 10 r°. Tein le mo cxoidhe go bec\u « mon cœur est vé-
ritablement malade ». Une complainte sur la prise en pos-
session de l'Irlande par les étrangers (goill) et sur leur domi-
1. Voir O'Curry, Mamiscript matcrials, p. 19; O'Donovan, Book of
Rights, p. XXII et suiv. Psalterium ou, en irlandais, saltair, signifie un l'ivre
de 150 chapitres en vers, comme dans le cas du Saltair na rann, et puis
généralement, selon Ducange, liber, codex qullibet.
2. Sur la bataille imaginaire de Saingel ou Singland (près de Limerick),
voir la note d'O'Donovan dans les Annales des Quatre Maîtres, A.D. 1383.
3. Voira râiih clain-Tenira dans le Tegasg flatha, 1. 60. C'est ce mot
qu'il faut entendre dans la ballade de Garbh et Cuchulainn : sonn catha na
claoin Teanihrach (H. Maclean, UUonian hero ballads, p. 18).
12 Ludw.-Chr. Stcrn.
nati'on de trente ans, deux quatrains sur le mètre appelé
Debide et deux sur la Rannaigecht bheg.
Fol. 10 v°. Des vers aux lignes longues sur un mètre que les
savants irlandais nomment Ollbrecad déne cenntruime (n° 53
de M. Thurneysen). Le poète chante les beautés de sa bien-
aimée Anny, après le départ de laquelle il se trouve délaissé
comme un navire sans voile ou comme Enée après la des-
truction de Troie.
As blasda binn gasta grin tapaidh g/d tim an oirchiabhach,
As breadha dlaoi go salaibh sios gradh mo C7oidhe an mhiolbriarthach ;
As dirge na an rôs loinnC) ar a beol Anaoi beg rosgiamhach,
Mise na deoig mar loing gaii seol no mur Aognus a ndeoig na ttroi-
[gheanach.
Fol. II r°. Mor ata ar tegusg fJatha « Beaucoup dépend de
l'instruction du prince. » — Direction poétique écrite pour le
quatrième comte de Thomond Donogh O'Brien, qui vécut
sous les règnes d'Elisabeth et de Jacques I", par le barde de sa
cour Tadhg Mac Daire Mac Bruadin (ou Mac Bruaidedha),
qui fleurit au commencement du xv!!"" siècle. 25 quatrains du
poème, qui est du mètre appelé Debide, ont été publiés par
Ch. Vallancey, Ibero-celtic grammar, Dublin, 1773, p. 184-
191, le poème complet de 54 quatrains par Theoph. O'Flana-
gan dans les Mémoires de la Société gaélique de Dublin en
1808; cette édition a été réitérée dans le Gaelic Journal, I
(1885), p. 352-354. Le texte du manuscrit de Giessen est
moins correct que l'édition d'O'Fknagan ; il a un 55^ qua-
train qui semble être ajouté après coup.
Aingil nimhe, naoimh talmhan, drong ogh absdal modh anghlan,
an ri dar saor oïrecht so go tti d'aodhairec/;i mhanmo.
Fol. II v° et 12 r° sont laissés blancs; on y a écrit
des noms de saints et autres et .une addition anglaise de
denrées.
Fol. 14 r°. Conduibh ort a mhacaoimh mna « Prends-toi en
garde, jeune fille. » — 5 quatrains sur le mètre nommé Ran-
naigecht mhôr, avec le refrain Cuimnigh orm na pas fear
Le Manuscrit irlandais de la Bibliothèque universitaire de Giessen . 1 5
« Songe à moi, ne te marie pas ! » Le poète donne ce conseil
aux jeunes filles :
Na braiter do gradh na tfuath, na nocht hinntin go luath leam,
ceil do run, taisig do phog, cuimnigh orm, na p6s fear.
Fol. 14 v°. Trmdh si n a aoinf ère (lisez aoinfhir Aoife") «. C'est
triste, ô fils unique d'Aoife. » — Elégie dans laquelle Cuchu-
lainn déplore la mort de Conlaoch qu'il a tué lui-même en
combat singulier, ne sachant que ce fiât son fils, le fils d'Aoife ;
18 quatrains qui sont sur le mètre appelé Rannaigecht bheg.
Le poème se trouve quelquefois comme accessoire de la bal-
lade bien connue « Comment Conlaoch vint en Irlande ».
Voir Charl. Brooke, Relies of ancient Irish poetry, Dublin,
1789, p. 269, et édition de 18 16, p. 399; D'Arbois de Jubain-
ville, Catalogue de la littérature épique, p. 16, et V Épopée
celtique en Irlande, p. 51. La ballade date du xv^ siècle et se
trouve déjà dans le Livre du Doyen de Lismore (édition de
Maclauchlan, p. 24, et de Cameron, Reliquiae celticae, I, 58).
La récente rédaction écossaise de la ballade se trouve fréquem-
ment augmentée de quelques quatrains de l'élégie, bien que
celle-ci soit différente par rapport à l'espèce du mètre. Voir
J.-F. Campbell, Leabhar na feinne, p. 9 ; Gaelic Society of
Inverness, XIV, 355 ; Highland Monthly, I, 530; H. Maclean,
Ultonian hero-ballads, p. 65.
Fol. 15 r°. A bean fuair faill ar an bhfeart « ô femme que
l'on a abandonnée sur la tombe. » — Elégie sur U mort des
frères O'Donnell et d'O'Neill, célèbres combattants pour l'in-
dépendance de l'Irlande sous le règne de la reine Elisabeth,
lesquels moururent à Rome et furent enterrés dans l'église
des Franciscains à San-Pietro-Montorio. Ce sont les frères
Rory O'Donnell, premier comte de Tyrconnell (mort le
28 juillet 1608, âgé de 33 ans), et Caffar O'Donnell (mort le
13 septembre 1608)^ et leur neveu Hugh O'Neill, baron de
Dungannon (mort le 13 septembre 1609, âgé de 24 ans) ; le
I . Le frère aîné de Rory et Caffar, Hugh Roe O'Donnell, mourut le
10 septembre 1602 en Espagne. Nous avons sa vie par Lughaidh O'Clery,
dernièrement publiée par D. Murphy.
14 Ludw.-Chr. Stern.
père de ce dernier, le comte de Tyrone, mourut le 20 juil-
let 16 16 dans son soixante-seizième an et fut enterré dans la
même église. Le poème de consolation, qui est sur le mètre
appelé Debide, est adressé à Nuala, sœur des O'Donnells, par
Owen Roe Mac Ward, dont la mort est enregistrée par les
Quatre Maîtres en 1609. Le texte que M. O. Connellan en
a publié, d'après une copie plus récente, dans les Mémoires de la
Société ossianique de Dublin, V (1860), p. 295-300, a 40 qua-
trains^; le ipanuscrit n'en a que 19 et le ceangal ou som-
maire, savoir les quatrains i-io, 12, 11, 17, 18, 22, 28, 30, 24,
23, 402. O'Reilly, Irishwriters, p. 161, avaitsous les yeux une
copie qui manquait du 40*^ quatrain, c'est-à-dire du ceangal.
Fol. 16 r°. Quatrain, éloges d'une honorable tribu.
So an treabh na bhfuil flath don ôr fliuil ird 3, /4ll*t> [{)
Nar creach bean gan fear na aon tighe naoimh, '
Nar glac breab 0 neach da threithe biodh,
'S nar leig creac tar lear le trein gan diol.
A la même page se trouvent des noms et des vers latins sans
importance. A la page suivante on lit : Si pater est Adam et
mater est Aeva, cur non sunt homines nobilitate pares ? Non
pater aut mater da(n)t nobis nobilitatem, sed moribus et vita
nobilitatur homo — dicton qui est répété fol. 6G r°.
Fol. lé v°. Creadfa sirfin saogalfada ? « Pourquoi devrais-
je désidérer une longue vie ?» — Deux quatrains sur la mor-
talité; ils sont sur le mètre nommé Setna. Le second est cité
par G. Keating, Tri bior-ghaoithe an hhàis, p. 216. Un troi-
sième quatrain sur le mètre appelé Rannaigecht mhôr, concerne
le péché, la rétribution et la salvation.
Peacach me ag deanamh ort, ormsa na noclil an côir;
cia do thuillios tfearg is tfioc, feac orura, a Chriosd, is fôir !
1 . Le texte irlandais est suivi d'une paraphrase anglaise en vers par Cl.
Mangan. On ne saurait trop improuver cette manière de faire connaître la
poésie celtique, laquelle consiste à atténuer l'énergie de la pensée et à ef-
facer la grâce de l'expression pour y substituer des rimes sonnantes sans
force et sans caractère.
2 . Une copie de cette élégie qui se trouve dans un manuscrit de la Grande
Bibliothèque Royale à Copenhague, n'a également que ces 19 quatrains et
le sommaire.
3 . Probablement pour aird, par licence poétique, à cause de la rime.
Le Manuscrit irlandais de la Bibliothèque universitaire de Giessen. 1 5
Fol. 17 r°. La naoïi da raibb ô DoinhnuUl i. Aodb ritadh mac
Neil gairbh iiiïc Toirdhcalluibh an fhiona... « O'Donncll, sa-
voir Hugh Roe, fils de Niall garbh , fils de Turlogh du vin,
étant un jour » C'est le récit ailleurs intitulé Eacbtra an
chcatharnaigh chaoih'iahhaigh « Les faits du Kerne ou aventurier
à raies étroites «, c'est-à-dire probablement vêtu d'un habit à
petites raies. Il s'agit d'un sorcier qui fait voir ses tours
d'adresse dangereux, mais sans faire du mal, à la cour de
plusieurs gentilshommes irlandais au commencement du
xv!*" siècle. La pièce a été dernièrement publiée d'après deux
manuscrits, de 1800 et de 1740, par St. H. O'Grady dans la
Silva Gaddica, p. 276-289. D. Hyde donne quelques extraits
d'un manuscrit de 1762 dans son livre Beside the firc, p. xxvi,
et J.-F. Campbell a publié le conte albano-gaélique sur le
même sujet dans les Popular taies of the West-Highlands, I
(1860), p. 289. Les textes diffèrent beaucoup l'un de l'autre;
celui de Giessen se termine inachevé au bas de la page
fol. 24 v°. Les derniers mots du manuscrit sont : Do bhi an c.
c. r. a ttig r(igb) Laigen — voir Silva Gadelica, p. 288,
ligne 4.
Fol. 25 r°. Da mbcinsi agus Conlaoch slan « Si nous fussions
sains, moi et Conlaoch ». — Deux quatrains sur le mètre
nommé Debide, adressés par le poète à un ami chéri ; le pre-
mier quatrain est emprunté de la complainte de Cuchulainn
citée plus haut.
Da mbeinsi agus Conlaoc/; slan ag imbhcrt ar ccleas ccorahlan,
ni' bforlan oruin ar cceann cheithre hollcogeadh Eirionn.
Do bheirim rao briatar nach bras duitsi aiiois, cedh beag fhognHi-,
g»rab tu an Conlaoc nach tim, leath mo cro'ide. ar na chomhroinn.
Voir Ch. Brooke, Relies^-, p. 397, et Campbell, Leabhar na
feinne, p. 14''. Suivent deux quatrains sur le même mètre qui
semblent cependant appartenir à un autre poème.
Suathrt/n anois ata in dail is toclia re mnaoi a fcr-graidh,
dalta a sliasda go ngoire na mac[h] a hùrbr?(ne.
T(r)eig/(f/; bean laog a broinn ag an bhfear bhios da teaghall;
mrt/Vg do bheir taobh, a dhuine thall, re cuire na rosg romhall.
Fol. 25 r°. 56' riogpuirt Eirionn anall « Six résidences roya-
i6 Ludw.-Chr. Stem.
les d'Irlande autrefois » . — Poème de 7 quatrains sur le mè-
tre Debide concernant les six résidences royales en Irlande et
les derniers rois qui y ont résidé. Il s'agit de Diarmaid Donn,
fils de Fergus Cerbhall, roi suprême d'Irlande, à Temair ou
Tara (comté de Meath), mort en 565 ; Muirchertach, fils de
Niall Glundubh, roi d'Ulster de la tribu des Ui Neill, à Oi-
leach ou Elagh (en Donégal), tué en 941 ; Cerbhall, fils de
Muirigen, roi de Leinster, à Naas (en Kildare), tué en 904 ;
Fergus Fogha, roi d"Ulster, à Emain, près d'Armagh, tué en
331; Raghallach, fils d'Uadhach, roi de Connaught, à Crua-
chan, tué en 648; et Cormac, fils de Cuilennan, roi de
Munster, à Cashel, tué en 903. Voici le texte du poème.
Se riogpuirt Eirionn anall inneosadfh] daoibh an anmann,
sloinneadli] daoibh re seal na flatha gar fasuigheadh.
Nâs is Oileach is Eamhuin, bailte na riog gan meabhuil,
Teamhair bnV/; a ccurthaoi smacht, Caisiol is Cruacha Connacht.
O remhius Dhiarmada dhuinn mie Feargusa m/c Cearbhuill,
6 breithir Ruadhain na thoigh ni raibh ri a tTeamhrigi.
Ni raibh ri a nOileach 6 Muirct'rtach morglireidheach,
ata Nâs gan ri anall on la do rochair Cearbhall 2.
O thoirchuir Feargus Fogha le na CoWaibh ar Muig-chobha 5,
do sguir a bhlaidh-sa sa b?ig, ata Eamhain gan aon rig.
O ré Raghallfl?>/; ratha m/c Uadhach an ardfhlatha,
do thuit le cloinn Mhothlain mhir, ni raibhe rî a cCruaclwm4.
Cormac a cCaisioU fa dheoig deg mac Cuileannain corîHmhoir,
Cormrtc, rohudb makh a ré, do caith a seat7;/ et a se S.
O'Curry discute ce poème dans ses Manners and customs,
1. Voir Silva Gaddica, p. 69, 77. Ce quatrain est cité par Pétrie, Tara,
p. 125, et par O'Donovan dans son Supplément au dictionnaire d'O'Reilly,
p. 566. Dans le texte, Cearbhuill est fautif au lieu de Choniiill.
2. Ce quatrain est cité par le même O'Donovan, 1. c, p. 659, et dans
les Annales des Quatre Maîtres, an 904. Le roi Muircheartach a la même
épithète (môrghroidheadh) dans le poème de Cormacan eiges, quatrain 4,
édition d'O'Donovan.
3 . Sur les trois Colla, voir les extraits d'O'Grady dans la Silva Gadelica,
II, p. 461 et suiv.-
4. Voir Silva Gadelica, 451; II, 497. Suivant les Annales des Quatre
Maîtres, A. D. 645, Raghallach fut tué par Maolbrighde mac Mothlachâin.
C'est la forme usuelle du nom. Les Annales de Clonniacnoise cependant
le prononcent Moyle-Bride O'Mothlan.
5. C'est-à-dire: il régna 7 ans et 6 mois, étant arrivé au pouvoir en 896.
Le Manuscrit irlandais de la Bibliothèque universitaire de Giessen. 17
m, 25, et fait connaître son auteur, Eochaidh O'Hussey, qui
l'écrivit à l'occasion de la rénovation du château de Mac Der-
mot situé sur le Rocher de Loch Ce, environ 1620.
Fol. 25 v°. Eolach me a tteacht na neasga « J'ai connaissance
de l'arrivée des mois ». — Poème de 7 quatrains sur le mè-
tre nommé Debide, où les mois de l'année sont comparés avec
les heures du jour et de la nuit, de sorte que minuit corres-
pond à janvier et midi à juillet.
Fol. 25 v°. A fbir eâhlmr aga mhi hean « O homme jaloux
qui es marié ». — Poème qui se compose de 3 quatrains sur
le mètre nommé Rannaigecht mhôr et d'un ceangal aux lignes
longues. Conseil pour le mari jaloux :
Na cread sgeal a bhfior na mbreig, eisdec/j/ do diluas fein na cluin,
na cread do raidhrc do shùil, leath a ttuigfe tu na tuig.
Fol. 26 r''. A fbir fbeacbus uait an cnàinh « O homme qui»
regardes l'os devant toi ». — Poème de 28 quatrains qui ap-
partiennent au mètre appelé Rannaigecht mhôr, sur la nature
périssable et l'instabilité des choses d'ici-bas, par le frère fran-
ciscain Owen Roe Mac Ward le jeune qui fleurit en 1640
(voir O'Reilly, Irisb luriters, p. 191, qui avait 27 quatrains
du poème). Le poète fait dire les mots du texte au crâne de
Hugh O'Neill qui décéda dans son vingt-cinquième an :
dearbh ua ui Dhomhnuil fa me is oighre ui Neill da gairm
diom. Le monde, dit-il, ne tient pas ce qu'il promet et sur-
tout il ne l'a pas tenu à moi ; la fin imminente doit nous ex-
horter à être pieux.
Fol. 27 r°. Goll mear milcata « Goll fier, martial ». — Poème
qui célèbre les louanges de Goll, le plus fort héros des guer-
riers fianniques de Finn mac Cumaill ; c'est un rosg de
19 quatrains qui sont du mètre appelé Blogbairdne de 5 syl-
labes -^ " ^ - - (n° 9 de M. Thurneysen). Le poème a été
publié par S. O'Halloran dans les Mémoires de l'Académie
royale d'Irlande, II (1788), antiquités p. 7-17 (voir Burke,
Tbe Collège Irisb gramiuar, p. 250); les quatre quatrains du
début seulement se trouvent dans Tbe Higbland Sociely's
Report on tbe poenis of Ossian, Edimbourg, 1806, p. 141-2;
Al. Cameron donne le texte du manuscrit d'Edimbourg n° 48
i8 Ludw.-Chr. Stern.
dans les Reliquiae celîicae, I, 124 ^ Les vers sont remar-
quables par leur forme artificielle, ayant à la fois l'allitération
dans chaque ligne courte et l'assonance à la fin des lignes
longues, conformément aux règles. En présentant le texte de
notre manuscrit, je prendrai la liberté d'utiliser les diverses
leçons des autres textes que nous avons entre les mains ; pour-
tant il y a plusieurs mots dans le poème qui restent douteux.
GoU mear mileanta 2, ceap na crôdhachta,
lâmh fhial arrachta, mian 11a môrdhachta.
Fraoch nach fuaraightear 5, laoch go làn-deabhaidh4,
réim an rîgh-churaidh mar iéim lân-teineadh.
Leomhan luath armach, leônadh lân-mhileadh,
tonn ag tréan tuarguin, GoU na ngndth iorghuil.
Leomhan lonn-ghni'omhach, beôdha binn duanach S,
créachtach comhdhdlach, éachtach iolbhuadhach.
Dith ar dheagh-dhaoinibh, fi'och an ollbhuadliaibh 6,
uaill os ârd-n'oghaibh, buaidh ar borb-shluaghaibh.
Triath na trom-chana, briathra bionn-mhalla,
mileadh mear-dhdna dlightheach diongbhdla?.
Tréan-fhear tréan-lamhach, séimh-fhear slôgh-armach,
fear lonn Idn-shniomhach, GoU mear môrdhdlach.
1 . On connaît un autre rosg à la louange de GoU commençant par Ard
aigneadh Ghiiill, poème qui se trouve dans le Livre du Doyen de Lismore
(Rel. celt., L 55) et ailleurs (Ch. Brooke, Relies^, p. 438). James Mac-
phersou avait sous les yeux probablement le GoU mear viilcanta, lorsqu'il
écrivit au sujet de son prétendu chant de guerre d'UUin (Fingal, livre IV,
p. 56, édition de 1762): « It runs down hke a torrent, and consists almost
entirely of epithets » — description qui ne convient point à son propre
chant de guerre. Il a traduit ce dernier d'une pièce gaélique fabriquée sans
doute par ce faussaire Lauchlan Macpherson-Strathmashie (Report on the
aiithcnticity of ihc poams of Ossian, p. 145). Celle-ci débute par A mha-
cain cheann et est une imitation de la plainte funèbre de Rob Roy Macgrcgor
Sàr mharcach nach fann (Stewart, Collection, p. 301 ; Menzies, Comh-
chriiinncacha, p. 256). Ce chant que J. Macpherson a traduit positivement
d'un original gaélique (savoir de Macpherson-Strathmashie) est retraduit
dans l'édition gaélique des poèmes d'Ossian en 1807 {Fingal, 4, 299-310) et
encore une fois par Don. Campbell, Treatise on the language, poetry, and
viiisic of the Highland clans, Edimbourg, 1862, p. 122.
2. mileata. G.
3 . fuareadh G, fuar i'dhaidh R, bhfuarthear H, fuaruightear C. .
4. ndeabha/i//; G.
5 . nduadach G.
6. aniolbhuadhac/j G.
7. duille dionsfbhata G.
Le Manuscrit irlandais de la Bibliothèque universitaire de Ciessen. 19
Sgâth I ar sgiamh-ghaire, blâth co mbuan aille,
tuile thréan shléibhe, buille buadh-lâimhe 2.
Môrdha mear iomghuin, crodh' ar ceannarghuibh,
tûir go dtrom-fhoghluibh 3, muir 6s mion-aibhnibh.
Tonr. 6s tréan-f hairge 4, Goll nach gl6r dhordha,
searc na sior-fhoghla, mac mear môr Morna.
Sgi'os ar churadhaibh, cios ar chineadhuibh S,
grian 6s glan-f headhibh, fîal re filidhibh.
Goll mear m6r fuighleach, flaith nach fior-dhiamliair^,
gach tir tréin-leônadh?, ri go righriaghuil.
Duais go ndearbh-f héile, cruas gach comhdhâla,
fear diau dith-gaire^, triath gach trom-dhdimhe.
Sûil gach sior-mhuirir, clù nach câinfidhear,
gris an bhuan-einigh9, beô nach bâithfidhear.
Féinnidh fear an-mhîn, céillidh comhall-ghlôr 'o,
béim Ghuill ghlan ioralàn mar thuinn thorainn mh6ir
Curadh cruadh-reannach, doghbhaidh ' ' eirionnach,
colg lom luath-bhuilleach, Goll borb béimionnach.
Flaith na bhtbghail clirioch, maith gan mûgha ghnâith,
sruth ag siubhal luath, cruth mar chubhar bhkiith.
Einfhear iomarcach, tréinfhear tromfholtach,
sgiath na sgiamholtach '2, cliath na gconnachtach.
Feidhm nach feidhm-fallsa, béim na môr-ghlonnsa,
cr6dh' an comhlann-sa, mordha an m6r GhoU-sa.
Le scribe du manuscrit de Giessen a signé cette pièce : Scrip-
tum per me Dannilem Driscoll.
Fol. 28 r°. Caith a hhfuiglnr re daonnachl « Employé ce que
tu possèdes à l'iiumanité » . — Exliortation à être hospitalier ;
on doit prendre exemple sur Guaire d'Aidhne (voir Keating,
traduction d'O'Mahony, p. 435; Silva Gadelica, p. 399;
1 . sgiath G, a sgiath ar sgiath ghoire H.
2. a bhuadhlaimhe G.
3 . ga ttrom fhorrom H.
4. trén fliearrdha G.
5 . gach cinneadhudh G.
6. nach fiordhiamur G, noch B.
7. lein G.
8. mac dian deagh dhaire H; dighaire C.
9. na buainein G.
10. ceill. comhol ghl6r G, ceilth comhall H.
11. dogbh' C, dogbhuibh H.
12. sgeimhioltach H, sgeimhealtach C. C'est sans doute un mot dérivé
de sgeuuhiolta (emissariorum manipuli, tirailleurs) ; voir O'Donovan, Sup-
plément s. V., et comparer sgcinililc, Diction, scoto-celticum.
20 Ludw.-Chr. Stem.
O'Donovan, Hy-Fiachrach, p. 391), et St. Columba; 13 qua-
trains sur le mètre appelé Rannaigecht bheg.
Fol. 28 r°. Quatrain satirique.
Doni Maire ImU is baibhinig,
is à\o\aidhâ mathtT cart is bulbhin/d,
cuim àz father smxh. ar ceirlinig,
is crathuig an brat/^air go la dia dislaoi uire.
Fol. 28 v°. A thigerna ro mhilis a losa Crist « O doux
seigneur, ô Jésus-Christ ». — Invocation de Jésus et de la
sainte Vierge, prière miraculeuse, comme il est dit dans un
épilogue, pour celui qui est à l'agonie. Le scribe avait l'inten-
tion de transcrire la pièce sur le fol. 11 v° où il a mis le titre
y appartenant : Ortha Muire bantig^^rna.
Fol. 29 r°. Tôruigheacht Shaidhhhe « La poursuite ou le
voyage à la recherche de Sadb », conte du cycle ossianique
sur l'enlèvement de Sadb, épouse de Glas, et sa reconduite.
M. d'Arbois de Jubainville, Catalogue de la littérature épique,
p. 251-252, relève une douzaine de textes de cette compo-
sition, et M. Nettlau, dans la Revue Celtique, X, 459, en
mentionne un treizième contenu dans le manuscrit H. i. 17
de TCD. Commence: Fleadh mor caoin moradhbhul do ro-
iiadh re Fionn mhic Cubhuil m/c Trenmhoir i Bhaoisgne a
mbruigin Teamhra Luacra hudh deas « Un grand festin noble
et prodigieux fut arrangé par Fionn, fils de Cumall, fils de
Trenmor, descendant de Baoisgne, dans le château de Temair
Luachra du sud. » Voici un court précis de ce récit inédit.
Après le festin de Temair Luachra, Fionn et ses guerriers
font la chasse. Ils regrettent à cette occasion que les Fianna
n'ont plus, sous le règne du roi suprême Cormac, fils d'Art,
la puissance qu'ils ont eue autrefois, bien que, à l'avis de Finn,
ses 2,000 chasseurs vaillent encore mieux que 30 bataillons de
Cormac, Les femmes des Fianna sont restées chez elles à Te-
mair Luachra, et suivant la proposition de Maigneis, épouse
de Finn ^ et fille de Garadh Glundubh (qui était un descen-
I . Nous avons les noms de plusieurs épouses de Finn mac Cumaill. Les
plus célèbres sont Ailbhe gruadbrec et Grainne. On connaît de plus Ba-
Le Manuscrit irlandais de la Bibliothèque universitaire de Giessen , 2 1
dant de Cet mac Magach, célèbre chevalier de la Craeb Ruad),
elles vont trouver dans le voisinage un bain en plein air.
Pendant que les autres femmes se baignent, Sadb, fille d'Eogan
ôg, fils d'Eogan môr, fils d'Oilill olum^ laquelle est l'épouse
de Glas mac Aoncerda Berra, fait le guet pour avertir ses ca-
marades dans le cas où un étranger s'approcherait. Malgré
cette précaution, les femmes en se baignant sont surprises par un
guerrier étranger ; c'est un alhnharach ou pirate qui a abordé
dans cet endroit retiré. Il avance et se place en face des
femmes, qui mettent leurs habits à la hâte, pour les ques-
tionner sur le pays et ses habitants. C'est Maigneis qui lui
donne intrépidement les renseignements qu'il désire, surtout
sur la caste militaire des Fianna, sur leur histoire et leurs pri-
vilèges. Cette partie du récit (fol. 31 v°) a été publiée en 1854
par N. O'Kearney dans les Mémoires de. la Société ossianique
de Dublin, I, 42. Ensuite, l'étranger se fait connaître comme
Ciothach Cruad-armach, roi d'une île qui porte son nom dans
le pays oriental de DreoUann mhôr (voir Silva Gadelica,
p. 299), et il choisit la belle Sadb afin qu'elle l'accompagne
dans son royaume. Sans s'inquiéter des menaces des femmes,
il la saisit entre ses bras et la porte au bord de son vaisseau.
Maigneis, convaincue que Finn et les Fianna poursuivraient
l'étranger, lui impose le tabou ou la prohibition magique
(gess) de ne laisser toucher la femme de Glas par aucun homme
avant la fin de la première année. Maigneis expliquant aux
Fianna rentrant de la chasse ce qui est advenu, Finn hésite à
poursuivre le ravisseur dans le pays de Dreollann tout de suite,
puisqu'il a des intérêts importants qui lui défendent de man-
quer à la fête de Tailten. Mais il accepte la proposition de
Goll, en conséquence de laquelle le navire des Fianna nommé
Brecbharc est équipé pour l'expédition guerrière en Dreollann
dhamair ou Bodamar (Rcv. Celt., XiV, 242), Smirnat la Blonde (BB.
285a. LL. 139^) ou Smirgad {Silva Cad., p. 98), puis Moingfhinn (p. 106),
Berrach brec (p. 141), Sadb, fille de Bodb (p. 155), Aine (p. 162), Blâ ou
Blaoi, fille de Derg et mère d'Ossin (p. 195 suiv.), Dairfliinne (Oss. Soc,
I, 12). L'agallamh na senôrach fait mention de Maiginis, fille de Garadh
{Silva Cad., p. 203), mais c'est dans le Livre du Doyen de Lisraore (no. 20)
que Myginis est désignée comme femme du chef des Fianna.
22 Ludw.-Chr. Stem.
et son commandement confié à Ossin, fils de Finn. Les prin-
cipaux héros Diarmuid, Goll, Conan, Glas, Mac Lughach et
mille autres guerriers prennent part à l'expédition. Après un
voyage de longue durée ils atteignent l'île de Faolinn
(fol. 34 v°), où ils sont accueillis de flèches et de javelots par
une population ennemie; à l'instigation de Conan ils descen-
dent à terre malgré cette opposition .ouverte. Le seigneur de
l'ile, du nom de Turcholl, reconnaît le bâtiment de Finn mac
Cumaiil, sous lequel il a été en service autrefois. C'est à cause
de cette ancienne amitié qu'il donne l'hospitalité aux héros
pendant quinze jours, jusqu'à ce que Glas, mari de Sadb, leur
rappelle le but de l'expédition. A cette occasion, Conan, le
Thersite des Fianna, ne peut retenir sa raillerie. « Ton mal-
heur et ton amour de la mort sur toi, ô Glas ! » dit-il, « c'est
ton grand amour pour la femme qui est à présent chez un
autre homme à ta place ! » ^ Les héros font leurs adieux à
Turcholl en refusant le secours d'homn-ss qu'il leur offre,
bien qu'ils conviennent de la difficulté ce leur entreprise.
« C'est abattre un chêne des poings, » disent-ils, « ou nager
contre une cataracte ou mettre la main dans un nid de grif-
fons (ou un lien d'osier autour de sable) cette expédition-ci ! » ^.
Ensuite ils reprennent la mer et atteignent l'île du roi Gorm-
shuileach qui lui-même a servi dans le corps des Fianna ;
c'est pourquoi il reçoit les guerriers avec empressement hos-
pitalier. Après quinze jours ils font voile à partir de cette île,
accompagnés du fils du roi nommé Sigrach, qui a connais-
sance du pays de DreoUann et s'offre à leur servir de guide
(fol. 40 r°).
Enfin ils arrivent à leur but et dès qu'ils sont débarqués,
Sadb reconnaît les Fianna venus pour la délivrer de son ra-
1 . Ort do dhonn?(5 et do grad bhais a Ghlais, ar Conan Maol mac
Morna, as mor an grad sin agad don mhnaoi ata ag icr eile tar do cheann !
(fol. 36 vo).
2. As tuarccflm darac do dornibh no as snamh an agha/dh esa no lam a
nead gribhedibhsi an tur«^ sin (fol. 36 vo) ; et plus loin: As tuarga/;/ da-
rach do dhoir»ibh no as snamh an agaM easa no gad um gainibh an toisg
sin (fol. 39 vo). Comparez: gat um ganam 7 snam inagid srotha, Stokes,
To!^ail Troi, 629, et K. Meyer, Battle of Veniry, p. 83-85; The Vision of
Mac CongUnne, p. 70 suiv.
Le Manuscrit irlandais de la Bibliottiè(jue universitaire de Ciessen . 2 3
visscur. Ciothach est par hasard absent, en expédition, mais
ils rencontrent son fils Dorn dedsholus et ses deux fils adop-
tifs, Sgiathan sgiathsholus et Tregmon, fils du roi de Grèce.
Ils assoient un camp vis-à-vis des ennemis. Dans une sortie
qu'ils entreprennent, Sigrach et le prince O'Liathan réussissent
à arracher Sadb du milieu des ennemis, mais Dorn la rapporte
et la cache avec les autres femmes dans une place forte de l'île.
Ensuite, Diarmuid enlève Sadb de nouveau avec les femmes
des DreoUannois, et Fathannon est chargé de les embarquer.
Ne voulant paraître peu chevaleresques en s'enfuyant avec
leur proie sans coup férir, les Fianna se disposent à la bataille
et leurs chefs distribuent parmi eux les princes ennemis qu'ils
se chargent de vaincre^ (fol. 43 r°). La bataille est combattue.
Conan encourage les guerriers et Ossin fliit ses épreuves,
semblable à un lion ou à un taureau. Glas tue Dorn et Diar-
muid tue Sgiathan. Sigrach et Mac Lughach ont à soutenir
un grave combat contre le fils du roi de Grèce qui a la pru-
dence d'éviter Goll, le plus fort héros des Fianna. Il succombe
enfin, probablement — car il manque un feuillet du manus-
crit entre fol. 46 et fol. 47.
Après la défaite des ennemis, étant venus à bout de leur
entreprise, les Fianna partent pour regagner leur patrie ; ils
emmènent Sadb et laissent les autres femmes dans l'île. Ils
atterrissent d'abord à l'île d'Innis Uill, où Gormshuileach les
héberge une autre quinzaine et soigne leurs blessés. Ensuite
ils naviguent pour l'Irlande et arrivent à Alwen, résidence de
Finn, où ils racontent leurs aventures (fol. 48 r°).
Retourné dans son pays, Ciothach entend la mort de son
fils et de ses fils adoptifs et voit les ravages causés par les
Fianna. Accompagné d'un seul garçon, il s'embarque pour
l'Irlande, où il aborde à Benn Edair^. Il recherche l'amitié du
roi suprême Cormac pour en faire profit contre les Fianna
1 . Une telle distribution de la victoire se trouve parfois dans les récits et
dans les ballades gaéliques ; voir la bataille de Magh Leana, p. 114 ; Lea-
bhar na feinne, p. 83, etc.
2. Beann Eadair est le lieu de débarquement aussi dans la ballade de
Dearg mac Dreabhail : « Do ghabh an Dearg deud-gheal cuan Ag Binn Ea-
dain nam môr shluagh ». En albano-gaélique on prononce Eadain au lieu
d'Eadair.
24 Ludw.-Chr. Stern.
(fol. 48 v°). Il provoque Finn et la tribu de Baoisgne au
combat et fait en sorte que la tribu de Morna s'abstient de
s'opposer à lui. C'est Ossin qui le combat le premier, mais il
succombe en duel et est lié par Ciothach. Glas et beaucoup
d'autres guerriers des rangs des Fianna ont le même sort. Fi-
nalement Osgar, fils d' Ossin, âgé seulement de dix-neuf ans,
entreprend la lutte contre le roi Ciothach pour délivrer son
père des liens. Endossé de l'armure de Finn, il soutient un
combat de trois journées contre l'étranger et réussit enfin à le
dompter et à lui trancher la tête.
Le récit finit par ces mots : « Lorsque Finn vit le grand
homme tomber, il alla à la rencontre d' Osgar et lui donna
trois baisers. Finn et Osgar dégagèrent Ossin des liens et puis
tous les autres guerriers des Fianna. Il y avait beaucoup d'Ir-
landais qui approuvaient cet exploit, bien qu'il y eût d'autres
qui le désapprouvaient. Mais il n'y avait personne, ni homme
ni femme, à qui cet exploit faisait plus de déplaisir qu'au roi
d'Irlande Cormac, fils d'Art. Voilà la poursuite de Sadb, fille
d'Eogan ôg, et la mort du roi de la grande Dreollann et son
combat avec Osgar. Fin. » ^. — Scriptumpermc Dan. Driscoll.
Fol. 52 v°. Miaii mïc Comhuill fa hard gnaoi « La joie de Mac
Cumaill, élevé de sa personne ». — Cinq quatrains et demi
sur le mètre nommé Rannaigecht mhôr, concernant la chasse
et les autres plaisirs que Finn aimait. Le petit poème se
trouve intercalé dans l'agallamh moderne ; voir Société ossia-
nique, IV, 15-16. Dans le manuscrit les deux derniers qua-
trains sont conçus en ces termes :
Faoidh buabhuill ar sgiir do sheilg,
guth gadhair ar leirg na bhfian,
fleag Almhaine ameasg na ndamh —
fahiad sin so brach a mhian.
I . Mar do chonarc ¥ionii an fer mor ag tuitiiii do leig a ccoinnc et a
ccomhdhail Osguir et torbhur/f.ç teora pog dho. Do sgaoil Vionn et Osgwr
d'Oisin ar tus et don bhtein uile 0 sin araach. Bhadar moran dfcruibh Ei-
rionn leir mhaith an gniomh sin, gi go raibh cuid eile aca 1er b'olc é, et ni
raiblie ann sin uile fear na bean 1er mheasa an gniomh sin na Corbhmhac
mac Airt .i. rf Eirionn. Cona 1' toiraidher/;i Saidhbhe iiigine Eogain oig et
bas rf na Dreollamw moire agus a chomrac re Hosgur gonuig sin. Finit.
F. (fol. 52 ro).
Le Manuscrit irlandais de la Bibliothèque universitaire de Giessen . 2 5
As me Oisin mrtc an riog,
faraor nocha mhair mo sgiamh,
ào chuaidh mo gliaisge ar ccùl,
a ri na ndul, nî bhfuil ma (sic) mliian.
Fol. 52 v°. Fiarfxxïios (Ike fiafraighis^ Padraig mhacha « Pa-
trice de Mâcha demanda » à Ossin, si son père était natif de
Munster ou de Leinster, Ossin nomme la suite des aïeux de
Finn, savoir: Cumall, Trenmor, Ferdalocli, Conn, Gairi-don-
mlioigh, (Baoisgne), Daire-donn, Deaghaidh (Dega) ; les
quatre fils de Daire-donn étaient Curoi, Baoisgne, Fiacha et
Eochaidlî. C'est ainsi que Finn descendait des Clanna Dea-
ghadh dans le Munster du sud, le chef desquels était Curoi,
tandis que les clanna Baoisgne habitaient Leinster et Meath.
Le poème de 9 quatrains, le mètre desquels est en désordre
dans le manuscrit de Giessen, se rencontre aussi dans le Dua-
naire Fhinn des Franciscains de Dublin ; voir Gocttinger Ge-
lehrte Jn~eigeii^ 1887, p. 172.
Fol. 53 r°. Eoc. ô beogusa ce. Do chuaidh mo shuil tar mo
chuid « Mes yeux sont passés par-dessus ma nourriture ». —
Soupirs amoureux de 12 quatrains sur le mètre appelé Rannai-
gecht mhor par Eochaidh O'Hussey. Les mots du début for-
ment la fin du sixième quatrain, mais les quatrains qui suivent
semblent appartenir au même poème. Quatre quatrains y sont
joints, à la suite, sans interruption: Mairg do bheir gmd leaûi-
troiiiacb « Malheur à celui qui aime sans espérance » ; ils sont
du mètre appelé Rannaigecht bheg.
Fol. 53 v°. Ag admhail t'oides ma taim « Si je concède ta maî-
trise ». — Quatre quatrains, dont un appartient au mètre
nommé Debide, les autres à la Rannaigecht mhôr, adressés
par le poète à un autre sur son genre de poésie. Il dit qu'il ne
marche pas sur les traces de son maître et qu'il ne le prend
pas pour modèle :
Ag admhail t'oides ma taim, nier .eannus do lorg um dlidn;
misi ag cumhdach na cora, tusa ag dion na heagcora.
Daithador mhisi re dan, do nim bân do ni bhios duibli,
do nim duibh do ni bhios bân, do ni'm dan gan daith gaii chruith.
Dân direach mas peacadh e, feadh mo ré ni dhearn/^j- suid,
cuirim ûagnusc ar mac de, nar peacuidh me sa reim ud.
Revue Celtique, XVI, 3
26 Ludw.-Chr. Stem.
Optimiis Scotortim, mas laidin choir a labhraim,
ni heirionnac Corbnirt/c chais ' acht Albanac gan amharus.
Le dernier quatrain est réitéré à la page fol. 55 r°.
Fol. 54 v°. A cceann naoi mhliaghna fuar Fionn ceannas ar
fhiannuihh Eirionn « Après neuf ans Finn obtint la position
de chef sur les Fianna d'Irlande ». — Poème de 11 quatrains
sur le mètre nommé Debide, lesquels ont pour objet les âges
des héros les plus célèbres parmi les Fianna. Des âges excessi-
vement avancés sont attribués à tous, savoir : 249 ans à Finn,
334 à Ossin, 38 à Osgar, 213 ans à Cailte, 140 ans à Cu-
mall, 400 ans à Goll, 140 ans à Conan, 112 ans à Mac Lu-
ghach, 169 ans à Diarmuid et 100 ans à Cairel. La pièce a été
publiée, d'après le livre noir de Clanranald, dans les Reliquiae
celticae, II, 304, mais le nombre des variantes est assez consi-
dérable; c'est pourquoi j'ajoute le texte de notre manuscrit
en entier.
A cceann naoi nibhaghna fua(i)r Fionn ceannas ar fhiannuihh Eirionn
6 Modh-nuadhadh na neac/;, ri ^an omhan gan eitheach.
Se fithchidh bhaghun fa dho is naoi mbhaghna ni sa mho
saegal Fhinn fa séun fa raith fa bhuaidh fa trcan don ardfhlaith.
Do bhi saoghal Oisin m/c Finn tri cead bhaghun go haoibhinn,
seacht mbhaghna deag fa dho, mi seac/j/mhuin et aon 16.
Fithce bhaguin sa hoc/;/ deag saogaZ Osguir, is ni breag,
gan troig thar ais ag cur cath idir an fhein san ardfhlaith.
Tri bliagna deag ar da ceid saoghal Caoilte na mor thread ,
6 an lo a rugadh an fiai fionn gnr bathflrf/; é a Liaithr«im.
St&cht bhfithcidh bliaguin go htacht saogal G/bhuill do dûSiOàheadh gan
cios an domhuin gan dail do go humh da thogbhail. \nert,
Ceithre cead bliaghuin acht mi saogal mie Morna fa maith gnaoi
nir leig neac soir na siar uaidh gan comhrad (1. comhrac) aon fir.
Seac/;/ bhfithcidh hVizgttin fa sheol saogal Canain mhallar/j/aig mo/r^,
ag iniHrbhaidh idir an bhfein, ag bualladh dorn et fa meir.
1. Ce sont les Dalcassiens (dâil Cais), ou les tribus de Thomond, qui
sont descendus de Cormac Cas, fils d'Oilill olum. — Je ferai remarquer en
passan; que dans un poème de Mac Brodin publié par O'Flanagan, Deir-
d. ,, p. 229, la leçon A koghain do shil cconchair ccais me paraît être fautive.
On trouve les mêmes vers, dans les Reliquiae celticae, II, 144, avec la mei-
lleure leçon A leomhain do shiol Chermaic chais. O'Flanagan attribue à con-
chair, mot qui se trouve aussi dans le Tegasg flatha, 1. 199, le sens de
« puissant, compact. »
2. Canan est l'orthographe du manuscrit, au lieu de Conan; la voyelle
Le Manuscrit irlandais de la Bibliothèque universitaire de Giessen. 27
Chuig f hithcidh bliaguin sa dho deg saoga/ mie Luidhgh, snf breag,
ar ghoil ar gaisgt' ar greann a mharr aidhne na Heirinn.
Ocht bhfithchidh bliag»/;/. re suirge saogal Diarmada ui Duibhne,
naoi mbliagna don macaom og le cluithe luibe et liath/oid.
Cuig Jilhchidh bliagHm, is derhh liom, saogfll Caroil mie mie Finn,
ni dhearna fris comhmc lann neac nar bhuin Carul a cheann.
Fol 55 v°. Oisin is fada do suan « O Ossin, ton sommeil
dure longtemps ». — Début du poème qui suit, 6 quatrains.
Fol. 56 v°. Agallaïub Phadraig et Oisin « Dialogue de saint
Patrice et d'Ossin «. — Poème ossianique de 40 quatrains qui
sont sur le mètre appelé Rannaigecht mhôr. Le saint exhorte
le vieux guerrier qui tient toujours aux souvenirs de l'âge hé-
roïque en dédaignant à accepter la doctrine chrétienne, à se
convertir et à avoir recours à Dieu dans sa vieillesse aban-
donnée. « Fais attention, « lui dit-il, « à toi-même, pauvre
homme, considère la tombe et ta vieillesse ! «
Tabhair th'aire dhuit fein, 6 taoi gan cheill anois.
tabhair th'aire dliuit, a thruadli, smuain ar an uaig et ar h'aois.
Le texte le plus ancien de ce poème que M. d'Arbois de Ju-
bainville cite dans son Catalogue, p. 2, date de 1721 ; il se
trouve aussi dans le Codex Phillippicus 1028 1, écrit en 1730,
et dans 10271 de la même bibliothèque, lequel date également
du xviii^ siècle. Un fragment du poème, dans le manuscrit
d'Edimbourg n° 62, a été publié dans les Reliquiae celticae, I,
164. Une rédaction récente qui est augmentée de beaucoup
d'interpolations, a été imprimée par J. O'Daly dans les Mé-
moires de la Société Ossianique, IV, 2-62. Chez les monta-
gnards d'Ecosse, cette ballade est incorporée avec un autre
poème ossianique qui se trouve déjà dans le recueil du Doyen
de Lismore {Rel. celi., I, 10) : Iriuis duinii, a Phadraig, an
onoir do kighinn. Cette rédaction albano-gaélique est bien
connue sous le titre de Urniiigb Ossin « la prière d'Ossin » ;
on en a beaucoup de textes, voir Th. -F. Hill, Ancient Erse
poenis, édition 1878, p. 21-25 '■> Report, appendix, p. 1 18-129,
brève a se prononce 0 en irlandais moderne, du moins dans une partie de
l'Irlande. Voir les grammaires de Lynch, Molloy, O'Growney, etc.
28 Ludw.-Chr. Stem.
J.-F. Campbell, Lcahhar na Feinne, p. 41-47; Reliqiiiae ccl-
ticae, I, 263, et Scottish Revieiu, VIII (1888), p. 350 et suiv.
Fol. 58 v°. Mo tegasg da ngahhîha a cbiiirp nar chJechta riot
srian « Si tu acceptais mon instruction, ô corps, qui n'es pas
accoutumé de mettre un frein à toi ». — Exhortation à la
piété, 7 quatrains aux lignes longues avec la rime en ia. Sui-
vant O'Reilly, Irisb writcrs, p. 192, l'auteur du poème est un
nommé Edmond Mac Donogh, qui fleurit en 1640^
Pol. 59 r°. Ag so baramhuil na niigdar et na bhfcalhoirighe do
na crioclmhh et don nadur tairnghes a lucht aitribh na ccrioc sin
« Les opinions des auteurs et des philosophes sur les pays et
sur la nature qui caractérise les habitants de ces pays ».
Pièce en prose traduite, comme il est facile à voir, de l'an-
glais 2, L'auteur dit que les peuples septentrionaux ont plus
de faim et que c'est la raison pourquoi ils sont plus belliqueux ;
il ajoute que les hommes maigres sont moins inoffensifs que
les hommes gras; c'est pourquoi César ne voulait avoir au-
tour de lui que ceux-ci. Jean Bodin, auteur du livre Universae
naturae theatrum en 1596, est cité. Plus loin, il est question
du caractère des divers peuples et de ce qu'ils aiment dans
leurs femmes. Quatre distiques latins et deux quatrains irlan-
dais terminent ce traité.
Fol. 61 v°. Cnoc an âir an cnoc so thsiar « La colline du
massacre, la colline de l'ouest » 5. Poème ossianique qu'ont
publié Theoph. O'Flanagan dans Deirdri, p. 199-203 et,
d'après un manuscrit plus moderne, J. O'Daly dans la So-
ciété Ossianique, IV, 80, 86-92; trois textes du poème sont
reproduits dans les Reliquiae ccJticae, I, 137, 149; II, 305. Le
catalogue de M. d'Arbois de Jubainville n'en cite aucun ma-
nuscrit avant 1752. Il s'agit de Niamh-nuadh-chrothach qui
est poursuivie par Tailc mac Treoin, guerrier monstrueux à
1 . Le poème d'Eamon Mac Donogh est contenu aussi dans le manuscrit
du Musée Britannique coté additioiial 31877, fol. 136 v°.
2. On y trouve, fol. 60 v", la forme Polonians ; les Espagnols sont ca-
ractérisés ar cheantreine (headstrongness) et les Irlandais ar ghloirdhao-
nihaoin (vaingloriousness), etc.
3 . C'est un autre lieu nommé Cnoc an air dont la légende se trouve
dans l'Agallamli nasenôrach; voir Silva Gaâdica, p. 126.
I
Le Manuscrit irlandais de la Bibliothècjiie universitaire de Giessen. 29
tête de chat; il est tué en duel par Osgar, mais aussi la jeune
fille meurt de douleur. Le manuscrit ne donne que 15 qua-
trains (qui sont du mètre appelé Rannaigecht mhôr) ; les qua-
trains 8, 14 et les trois derniers manquent, car la pièce s'ar-
rête inachevée au bas de la page.
Fol. 63 r°. Turris Babilonis. — Morceau concernant la tour
de Babel, la diffusion des 72 langues, l'école des langues dans
la plaine de Senax (lire Senaar), Nuil (lire Niul ou plutôt
Nél) qui épouse Scota, fille du Pharaon et mère de Gadelus
(Goedel glas) duquel sont descendus les Gaels ou Scoti. La
pièce est écrite comme prose, mais ce sont les quatrains 15-20
du poème bien connu sous le titre de « Dirge of Ireland »
qui a été publié en 1855 par M. A. O'Brennan. On considère
John O'Connell comme son auteur, le même qui était évêque
de Kerry de 1691 jusqu'en 1704. Voir O'Reilly, Irish luriters,
p. 195. L'éditeur appelle ce poème, qui donne un résumé de
l'histoire d'Irlande, un des meilleurs échantillons de la « great
rivalry in dirgic poetry ». La forme du vers est la même que
dans la Lamentation d'Irlande publiée par M. Thurneysen
dans la Revue Celtique, XIV, 154. L'édition d'O'Brennan
est très médiocre ; il lit par exemple, à la dernière ligne du
20^ quatrain, k'tn do dhannas (mot qui n'existe pas) au lieu de
lân do dhaonnacht, ce que porte le manuscrit. Une copie iné-
dite du poème se trouve au reste dans le livre noir de Clan-
ranald ; voir: Reliquia celiica, II, 146.
Fol. 63 v°. Un alphabet, où il est dit sur x, y, :{ : ni bhfuil
:\.cht oilithrig ô greacuibh ionnta; un Pater latin; un verset
soi-disant de S. Jérémie (togbhadh [1. tôigéabh] uaibh ar se
an breitheamh an £udh et an seanoiret do b'.earleanbhainbha-
namhla na nait daoibh), interprété comn.j dirigé contre l'in-
dolence du clergé. Voir la prophétie d'Isaïe, ch. 3, v. 4.
Fol. 64 r°. Les premiers 4 quatrains du poème susindiqué
de B. O'Hussey (fol. 2 r°).
Fol. 64 v°. Une plaisanterie en anglais : Was not that a hand-
some Jester, etc. — Les distiques latins cL un quatrain irlan-
dais transcrits du fol. 61 r°.
Fol. 65 r°. L'alphabet, le Pater, un quatrain tiré du poème
de B. O'Hussey (fol. 4 r").
30 Ludw.-Çhr. Stern.
Fol. 66 r°. Quelques phrases en latin, anglais et irlandais
avec des gloses allemandes interlinéaires.
Les feuillets 63-66 ont été ajoutés après coup; ils furent
écrits probablement pour J. Schilter par un Irlandais qui
semble avoir donné des leçons d'irlandais à ce polymathe.
Berlin, octobre 1894.
Ludw.-Chr. Stern.
THE PROSE TALES
RENNES DINDSENGHAS
8i. Ess RÙAiD.
(Lee. p. 498'').
Eas Ruaid, canas rohainmniged ?
Ni ansa. Aed Ruad mac Baduir[n]d ri Eriiid robaided and
oc faircsin a delba [p. 499'''] oc snam an esa, a quo Eas Ruaid
nominatur. Is e a sid, Sith ^d-'', ar ur an easa.
Aliter : Ruad ingen Mai'^ Milscoith meic Duinn Desa
doroega Aed ^ mac Labra.r" .ubric meic Roga [Rodaim]. Is
as tainic a hilathaib Maigi Masin. I curach creduma Abcain3
eigis tai»/c 7 a lam cle fri hErind. Dia luid la Gœith mac
Gaisi Glaine do œnach Fer Fidga tuarcaib a scol creda fora
churach ind n-ingen, 7 doluid a[o]enur isin n-inbear, conas-ïaca.
JEd [don tsuidiu ir-raba, 7 ni fidir Aed] cia bae in ingen, [7 ni
fitir in ingen] cia tir inda raba, co cuala dord na samguba4
isinn inhiur nach cuala nech [riam], 7 asb^rt : « Bid he seo
inbtv bus ainm i n-Erind, » 7 dothuill5 'na suan, 7 dolig^ tar
bruindi a lunga, cor' baidead. Conad de asbearar Eas Ruaid.
No comad o JEd Ruad mac Baduirn .i. o ns. Evenn no-
^t)
1 . Voir Revue CelUquc, XV, 272, 478.
2. dorœda iEda, Lee.
3 . a curachaib creduma cain, Lee.
4. saniduba, Lee.
5 . co;/atuil BB. conatuil H.
6. deilligh BB, H. Cf. infra No. 93.
^2 Whitley Stokes.
hainmnichthea dia rotelleastair ara oclach ina thuaristal, dia
brisistair na reanna aicsidi 7 nemaicsidi fair, coro greis in t-oc-
lach na curu i cenn in rig .i. muir 7 ga;th 7 grian 7 eoi-
theoir 7 firmaimint, cor' thogair JEd tre theasbach dul 'san
eas da fothrucud ^ Eas nDuinn meic Dubain nié^fc Bili a hainm
roime sin nocor'baithead JEd tre firt mara 7 morgaithi. Vnde
dicituT Eas Ruaid.
It was Aed Ruad, son of Badurn, king of Ireland, that was
drowned there while gazing at his image and swimming the
rapid. From him Ess Ruaid « Ruad's Rapid » is named. His
gravemound, Sid Aeda, is on the rapid's brink.
Aliter : It was Ruad, daughter of Maine Milscoîh son of
Donn Desa, who chose Aed [Rôn] son of Labraid Lesbrecc,
son of Roga Rodam. Where she came from was out of the
ilatha(?) of Mag Maen. In Abcan the poet's boat of bronze
she came, with Ireland on the kirboard side^. Whenshe went
with Gaeth, son of Gaes GLnn, to the assembly of the Men ot
Fidga the giri hoîsts her sail of tin on his boat, and en-
tered the inver alone. Whereupon Aed saw her from the seat
he occupied, but he knew not wlio the girl might be, and
she knew not what land she was in. In the inver then she
heard the mermaid's melody which none had ever heard, and
she said : « This inver is the noblest in Erin ! » And she fell
asleep (at the music), tumbled over the bow of her boat, and
was drowned. Hence is said Ess Ruaid.
Or it may hâve been named from Aed Ruad son of Ba-
durn, king of Ireland, when he defrauded his champion con-
cerning his stipend, and broke upon him the stars, visible and
invisible?. Thereupon the champion incited against the king
the sureties, to wit, sea and wind, sun, ether and firmament,
and called Aed, by means of (the sun's) sultriness, to enter the
rapid and bathe. Ess Didnn « the Rapid of Donn, son of Du-
ban, son of Bile » had been its name before that, till Aed was
1 . fothrucucu?;, Lee.
2. Literally : and her left hand towards Ireland.
3 . I do not understand this. It is probably an idioni denoting a gross
breach of faith.
The Rennes Dindse/ichas. 3j
drowned (therein) by a miracle of sea and mighty wind. Hence
Ess Riiaid « (Aed) Ruad's Rapid » is said.
§§ 1-5 are also in LL. 165» z|: BB. 391^25; and H. 50^. Bodl. no. 42.
The curious § 4 is found only in Lee. Versified, LL. 213a 22. Edited froni
BB. in Silva Gadelica, II, 479, 52^: from BodL in Folklore, III, 505.
Ess (Aeda) Riiaiâ, the salmonleap at Ballyshannon, co. Donegal, is an-
glicised Assaroe.
A brief dindsenchas corresponding with ïi 2 is found in LL. 20b 10 : Aed
Ruad trâ atbath di'b artùs .i. badud robàded i n-Es-ruaid, 7 co tucad a chorp
issin sid sin. Xinde Sid n-iEda 7 Ess Rûaid. « Nowofthem Aed Ruad was
the first to die, to wit, he was drowned a drowning in Assaroe, and his body
was brought into that sid. Whence « Acd's Sid « and « Ruad's Rapid ». As
to boats of bronze, see above, nos. 5 and 45; and cp. the lioigùie crèdume
in LU. 45=».
According to the poem in LL. 213, the object of the lady Ruad's hapless
love was Aed Rôn son of Imchad (dia tue in morgrad mada \ d'Acd Rôn mar
inac luichada).
For another instance of the action of the sun and wind when given as
sureties (rallia), see LU. 158b, Rolls Tripartite Life, p. 567.
82. Druim Cliab.
(Lee. p. 497'0.
Druim Cliab, canas rohainm/»VeJ ?
Ni ansa. IS and doroindi Curnan Cosdub mac Redoirche
nieic Dibaid .111. cliab cwraich do arcain Dune Barc for Aindle
mac Loga Lamfota, co mbiç \)Y\:\.dain co leith icon togail sin,
co ndrochair Ainle ann conx rignaib 7 co lin a fualais olcheana;
7 is annsin adb^rt Cz/rnan : « Is maith cach dail [dia] diagaid
fir. » ri. \Jndô Druim Cliab.
'Tis there that Curnan the Blacklegged, son of Reodoirche
son of Dibad, built thrice fifty boatframes to destroy Diin Barc
on Ainle son of Lug Longhand. A year and a half was he at
that destruction, and there Âinle fell with his queens and the
rest of his fimily. And 'tis then that Curnan said : « Good is
every gathering to which mengo, « etc. Whence Druim Cliab
« the Ridge of (boat) frames » .
Also in LL. 165-' 20 : BB. 392*30: H. 51»: and Bodl. no. 34. Versified
LL., 213a 52 — 213^6, where Caurnan's utterance (probably the first line of
34 Whitley Stokes.
a lost poem) is given as Maith cach daldia tiagatfir. In LL. 165^ it is Is m'
in ni dia tiagatfir denam. Edited from LL. in Silva Gadelica, II, 479, 526:
from Bodl. in Folklore, III, 498-9.
Driiiin Cliab now Drumcliff in the barony of Carbury and co. of Sligo.
See the Four Masters, A.D. 871, 1187.
Dûn Barc « Fort of Ships », is perhaps Dûnna mBarc (now Dunnamark)
in Bantry Bay.
83. Nemthenn.
(R. 115^ i)
Neimthend, cid dia ta ?
Ni ansa. Dreco ingen Chalcmail mcic Cartan w\eic Co;/naitli
bandnii 7 banliccerd, is le ronairnecht laith neime do ceitMb
macoib f/r/;et Yergus-x Leithdf /rg, co /z-eblaMr uile di sodlioin ^,
conïà don airm a n-eiplewr is ainm Nemtenn.
Dreco daughter ofCalcmael son of Cartan, son of Connath
was a druidess and a female rhymer, and by her was pre-
pared a poisonous liquor for Fergus Redside's four and twenty
sons, so that they ail died of it; and the place at which they
perished bears the name Neni-îbeiin « strong poison ».
AIso in LL. 165^ 29: BB. 592^ 9: H. 51^: Lee. 491^: Bodl. no. 35. Ver-
sified in LL. 2i3i'8, where the names of the twenty-four sons are given, and
Dreco is described as driii 7 degfiU « a wizard and a good poet ». Edited
from BodL in Folklore, III. 499.
Fergus Lcthderg, one of the four chieftains said to hâve come to Ireland
withNemid, A. M. 2850.
Nemthmu, now Nephin, a mountain in co. Mayo.
84. DUBTHÎR.
Dubthir, canas ro ainmniged ?
Ni ansa. Da mac forfacaib Guaire mac in Daill .i. Guaire
Gann 7 Daire [Duhchestach], coro marb in Guaire in Daire oc
Daiminis, coiiid de roleith fid 7 mothar dar crich nGuaire don
I . soghoin R.
The Rennes Dindsenchas.
35
fingail sin dorigne ar Daire nDubcestac/;^ for a brathair. Unde
Dub//;/r.
There were two sons whom Guaire son of the Dali
(« Blind ») left, namely Guaire Gann (« the Scanty ») and
Daire Dubchestach (« of the dark questions »). And at Daim-'
inis Guaire killed Daire, so that a wood and stunted bushes
overspread Guaire's country, because of the parricide which he
committed on Daire Dubchestach his brother. Whence Dub-
thîr « dark-land ».
Also in LL. 1651^8: BB. 392-^34: H. 51'^: Lee. 499: Bodl. no. 37. Edi-
ted from LL. in Silva Gadellca, II, 472, 517-518: from Lee. in Progs. of
the R. I. Âcadeiny, Irish mss. séries, I, 184 : from BodL in Folklore, III, 501.
Diibthir (Duhthtir, LL.) is supposed to be in Connaught, and Daminis
may be the famous island (now Devenish) in Lough Erne.
As to land being cursed with sterility in conséquence of a murder, see '
Herodotus, VI, 139: 'ATîoz-cst'vaat oï TOîat neXaiyoTat xoù; açjïtsoo'jç Traîoà;
x£ xal yuvaîy.aç oi'-e y^ y.ap-ov stpepE x. t. X.
85. Mag Slecht.
Magh Slecht, canas ïoninmniged ?
Ni ansa. Ann roboi ri[g]idal Erenn A. m Crom Croich, 7
da idhal decc do clochaib ime, 7 eisium di or, 7 is é ba déa
do cacb lucht rogab Erinn co toracbt Vatiic. IS dô no idpradis
cétgdnQ câcha sotha 7 primgene cacha cloinde. IS cuca rosiacht
TigtTn[m]c?.f mac EoWaicb ri Ereiiii dia samna co firu 7 co mna
Eremi imalle dia adhradh, covo slecht uilefiadhu co ra;m[d|etar
tul a n-etan 7 maetha hi srona 7 foircledha a nglun 7 corra a
n-uillend, co n-eplat^fr teora cet/;rama[i]n fer n-Erciin oc na
slechtonaib sin. IJnde Mag Slecht.
'Tis there was the king-idol of Erin, namely the Crom
Croich, and around him twelve idols made of stones ; but he
was of gold. Until Patrick's advent, he was the god ofevery
folk that colonized Ireland. To him they used to offer the
firstlings ofevery issue and the chief scions ofevery clan. 'Tis
36 Whitley Siokes.
to hini that Erin's king, Tigernmas son of FoUach, repaired
on HallontiJe, together with the men and women oi Ireland,
in order to adore him. And they ail prostrated before him, so
that the tops of their foreheads and the gristle of their noses
and the caps of their knees and the ends of their elbows broke,
and three fourths of the men of Erin perished at those pro-
strations. Whence Mag SI echt « Plain of Prostrations ».
Also in BB. 395^4: H. 51b: Lee. 500^. Versified, LL. 213'" 38 ', where
the principal idol is called Cromin Crâaich, and in Cronim crin, and the
object of offeringhim a third of their progeny is stated to be to obtain milk
and corn (hlicht ociis ith) — whence \ve may infer that the Irish Ceks Hke other
races, hcld that the Earth-gods could be propritiated by human sacrifices.
See more as to this idol in the Tripartite Life, p. 90, 92, where he is called
Cenn Cruaich (ci. Peiinocriiciiim ?) and the twelve subgods are covered with
copper (uma) : in LL. 16^ 31, where the writer says that only four of the men
of Erin escaped from Mag Slécht : in the Four Masters A. M. 3656: in
O'Curry's Lectures, pp. 103, 538; and m Rei'tie Celtique, I, 259-260.
Mag' Sh'cht is the plain lying round Ballymagauran in the co. of Cavan.
As to the sacred number twelve, see the Index rerum to the Tripartite
Life, Rolls éd. p. 589.
86. Crechmàel.
Crech mdol, c^nas ro aininniged ?
Ni ansa .i. Crech msel drai [leg. dri'ith] Enda Cennsdaig
dorât gradh do Sampait ingin Bentrai. Buachal da/w 7 banli-
cerd Isen^, conas-ïuair in druth oc imain a bô do edrud, coro
gab algais di 7 rola laim fuirre da fcreicniugw^. IMsôi in ben
iris, 7 rocu[i]r 7 rocengoil, 7 rothend a buaraich 'ma braghait,
conid romarb in drai [leg. drûth]. Unde Crccbmâcl.
Crechmdel, Enda Cennselach's bufïoon, gave love to
Bentrae's daughter Sampait. She was a herdsv^oman and a
poetess. The buffoon found her driving her kine home at
evening, and he made an urgent request of her, and put his
hand upon her to force her. The woman turns against him,
and cast him down and bound him and tightened her cow-
1 . In the lithographie facsimile, 213!^, 1. 52, for hana weshould probably
read hanu : 1. 53, for uiset oie road luiset oh: I. 54, for denon and sana read
deiiioi! and fccna.
2. Sic BB. isein H. is he R,
The Rennes Dimiienchas. 37
spancel round his neck^ so that the buffoon died. Whence
Crechmacl.
Also in LL. 167b 16; BB. 393-> 44; H. 52^; Lee. 497->; D. 4. 2. fo. 56b 3;
and Bodl. no. 40. Versified, LL. 199-* 62 — 199I'' 13, where Sampait's iather
iscalled Bethra, and hard occurs as the équivalent of leccerd. Published from
BodL in Folklore, III, 503-504.
Crcchinad was the name of a wood not identified. Eiida Cciiiiselacb is
mentioned in the Book of Armagh, fo. i8-i i, as having a son, Crimthann,
contetnporary with S, Patrick.
87. Lia Nothain.
Lia Nothain, canûs roainiuiiiged?
Ni ansa. Nothain^ ingeii Coiimolr do Coiinacht-ïih robôi as
cacb diibt[h]air diaroile .IIL hlindaii, 7 ni tue a haghaidh for
mâchoire, 7 praind céit domeiledh [cach lae]. Luidii dano a
iiûiair a crich Beirre do iar[r]aidli a ingine, co mbôi hlhdaùi
hiin fora fochmarc, conid ann fu^fuair isin ûdhaid, 7 ba lor do
grain a delb, 7 ba hedh roraidh fris : « Indat bi ïor ndôine .i.
mo muime 7 mo mâtbak 7 mo hnixhair 7 car/; a[r'] farcb/y.y
oc Druim Gain ? »
« Marb uile acbt mise, » ar Coiim-Àor.
« Bamsa marbsa di sodhain, » ol sise, « 7 tiaghsa latsu^
immarach ar in magli coro saidlie mo lia 7 coro claide mo
fdTt. »
Unde Lia Nolbain.
Nothain, Commaer's daughter, of Connaught, was wande-
ring for thrice fifty years from one jungle to another, and her
tace never fell on a fieid, and every day she would eat a dinner
for a hundred.
So her fither fored forth of the district of Berre to seek his
daughter, and a full year was he a-searching for her, and then
he found her in the forest, and horrible enough was her
aspect. This she said to him : « Are your people alive, to
wit, my nurse nnd my mother and my brother and whosoever
I left at Druim Gain ? »
I Nothtain R. 2. Sic BB. tia^hsu latsa R.
38 Whitley Siokes.
« Ail are dead save myself, » says Conmaer.
« Then I too should be dead, » quoth she. « To-morrow I
go with thee on the plain that thou mayst set my gravestone
(lia) and dig my grave. »
Whence Lia Notlmin « Nothain's Gravestone ».
Also in BB. 593b 20; H. 52^, and Lee. 500b. Versified, LL. 214^5 '. The
versions in LL. 167^29, and Bodl. no. 41 (Folklore, III, 504) are very dif-
férent.
Lia Notbain not identified. Nor is Bcrre, which raust be somewhere in
Connauglit.
88. Carn Furbaidi.
Carnn Furbaidhe 7 Ethne, c.inas i-oaiiwmigthe ?
Ni ansa. Eithnc ingeii Eichacb FeidhhV^ ben Coiichohair
raeic Nesa, ba si vnâthair Fwrbaidhe. Asbert daiio a drùi fri
Clothraind [ingin Echach Feidlig] macc a sethar da marbad.
Mus-l'ic Eithne anoir dia basait co Cruachaiii. Doluidh da;/o
Lughaid Sriab nderg ara cind — mac sen Clothroinde — 7
baidhidh - in mnôi .i. Eithne, isin aboind fo/'sa fail a ainm, 7
dobdV't a mac treithi, iarna bddhadh .i. Fwrbaidhe Ferbend .i.
da beind hatar ina uisinib .x. uii. hlhdna a oes ar Tain bo
Cnalnge. Luid dano Furbaidhe do digoil a mâthar co drochair
leis Clothru. Luidh dano Lugaid ind iarmovacbt F//rbaidhe,
conid romarb hi mullach Sleibe Uillenn, coro ladh a carnn and
.i. cloch cach fir bai la Lugaid. Unde Carnn Furbaidhe 7 Eith-
ne no;;//?/a[n]twr. Sliab Uillend mwiorro o Uilend Fa^bard^rg
mac Find hiii Baiscne, ronapad and, nomiuiiur.
Ethne, daughter of Eochaid Feidiech, wife of Conchobar
mac Nessa, was Furbaide's mother. Now lier wizard had told
Clothru, (another) daughter of Eochaid Feidlech's, that her
sister's son would kill her. So Ethne (who was then in-child
1 . The facsimile is hère very incomplète, owing doubtless, to the ob-
scurity of the ms. The first quatrain should be:
Ata sund fo choirthe chrûaid
ben co ndoirthi is co //dimbûaid,
ca» gairm sochair moasech,
diar'bo ainm Nothain Nertbuillech.
2 , baidhigh R.
The Rennes DindUnchas. 39
with Furbaide) goes from the east to Cruachan for lier lying-
in. Then Lugaid of the Red Stripes — he was a son of Clo-
thru's — went ahead of Ethne, and drowns her in the river
which bears her name. And after she was drowned he eut out
from her womb her son, even Furbaide Fer-benn, that is, two
horns (henn) were on his temples. Seventeen years old was
Furbaide at the Driving of the Kine of Cualnge. Then Fur-
baide went to avenge his mother, and Clothru fell by his
hands. So Lugaid went in pursuit of Furbaide and killed him
on the top of Sliab Uillenn, and thereon was cast his cairn,
to wit, a stone for each man who accompanied Lugaid.
Whence Cani Furhaidi « Furbaide's Cairn », and Ethne are
(so) named. Sliab Uillenn, however, is named from Uillenn
Red-edge, son of Find hua Baiscni, who was killed there.
Also in BB. 394a 14: H. 52b: Lee. 301^ and Bodl. no. 8. Versified, LL.
199*35. Edited (from Bodl.) in FoIJdore, III, 476-477.
Cani Furhaidi on the top of 5//fl/' Uillenn, not identified. Ethne the river
Inny, dividing the co. of Longford from the western half of Westmeath.
As to Eochaid Feidlech and his three daughters, Ethne, Clothru and
Medb, see LL. 124b 34: O'Mahony's Keating 277, and O'Curry, M. andC.
II, 240, 24i.Asto Lugaid Sriab nderg's incestuous parentage,.see thedind-
senchas of Druim criaich, infra, no. 140. The Csesarean opération by which
Furbaide was brought forth is mentioned in LL. 125-^3, 199^45, and also
in Lee. cited by O'Donovan, Supp. s. v. Glaise.
89. Ard Fothaid.
Ard Fothaidh, can^i' roainninigcd?
Ni ansa. Voû\ad Airgthech m^c 'Lxxigdech meic Meic nia co-
watail and co cend teora coigtighes fri foghar ceirce Bairche,
dia mbai for echtra. Unde Ard Vothaid noniinatiir.
Fothad Airgthech son of Lugaid son of Mac nia, when he
was on an adventure slept there, till the end of three fortnights,
at the clucking of Bairche's hen. Whence Ard Fothaid is named.
Also in BB. 399*32: H. 58*: Lee. 506^. and Ed. 4b 2. Edited (from Ed.)
in Silva Gadelica, II, 483, 531, -Aaà Folklore, IV, 479.
Ard Fothaid seems the same as the Ard Fothad oi ûi^V omx Masters, A.D.
40 Whitley Stokes.
639, « the name of a fort on a hill near Ballymagrorty. .. in the co. of
Donegal » (?). See also Reeves Fita Cohunhae, p. 38 note. It is spelt Ard
Fothaid in the Tripartite Life, Rolls éd. p. 148, and Ardd Fotliid in the Book
of Armagh, fo. 18'' 2.
Fothad Airgthech, a son of Mac-con, was slain in battle A.D. 285. In
LU. 133'' is a story about the identification of his tomb, which is printed
and translated in Petrie's Round Toivers, pp. 107, 108. The allusion to
Boirche's lien is to me obscure. Vide supra, n° 64.
90. Mag n-Itha.
Mag nitha, cann.^ roainiuniged ?
Ni aiisa. Ith mac Breogain [is e cétna] fuair Eirind am'is [do
macaib Miled,] co ro marbsat Tuatha Dé Danann ar formdiu-
ghudh n-Eran/ impn, dia rocljt cuca co Oilech Neit dia n-ei-
p^Tt : « Is coir d[a]ib corc etraib [do dénum.] Is maith in inse
a tathi. Is imda a mil 7 a iasc [7 a mes 7 a cruithnecht. Is
mesraigthi a fuacht 7 a tes. »] Coro [cojcratar in toisicli iar-
sin, co rot-marbsrtt ar in maigh ucut. \]ndc Mag n-Itba.
Ith son ofBreogan, 'tis he that first of the sons of Milfound
Ireland, and the Tuatha Dé Danann kilied him because they
were envions of the Milesians having Ireland. It was when he
got to Ailech Néit and said : « It is meet for you to make
peace between you and us, Good is the island wherein ye are.
Abundant are its honey and its fish, its mast and its wheat.
Moderate are the cold and the heat thereof. » So then the
chieftains (of the Tuatha Dé Danann) conspired ^ and kilied
him on yonder plain. Whence Mag n-Itha « Ith's Plain. »
Also in BB. 399148: H. 58->; Lee. 507». The copy in Bodl. 53 (edited
in Folklore, III, 515) difïers.
Mag nItha seems the plain along the river Finn in the barony of Raphoe,
co. Donegal, now called the Lagan, rather than Mag n-Itha Fothairt in the
co. Wexford.
Ailech Kèit (also called Ailech Frighrenn), the palace of the northern Irish
Kings, near Derry. See infra no. 91.
Ith son of Breogan, one of the Spanish invaders of Ireland, O'Mahony's
Keating, p. 180.
I . Lit. whispered together, a compound of con- and the root kar.
The Rennes Dindsenchas. 41
91. AlLECH.
Ailech, canas wainmniged?
Ni aiisa. Ailech o ail-ech asb^rar .i. ail eich andsin, ar it
eich t//csat a ailbech la Fri[g]rend mac Rubit Rùaid mac Di-
doil do Fomuirib Fer Falga, 7 Baine ainm a ingene, 7 Tair-
hen a gilla, 7 Bernas a mac. Unde Ailech Fiigrenn 7 Cnoc
mBaine 7 Snâni Maighi Tairb/rt 7 Bernas Tire h^Eda.
Ailit(?r ; Ailech ond ailigh tuarccaib Corrchend o Cruaich fri
lighi JEda meic in DagJ^ï iarna marbadh, co nar'léic in Daghda
a marbadh isin gnimsin, acbt in marb ara muni àogrés co
fagbad ailech a chum[f]at do chor fora lighi. Rosir da/w Corr-
cend Erinn fon marb sin co fuair lice a chomfat oc Loch Fe-
boil, coiias-tua.rgaïh fair, conïd ann asb^rt oca breith : « Ach,
ach do ail, is di dobeb ! » « Is coir didiu, » ol in Dagii^^
« cid ail-ach ainm in denna so, » 7 dobath Corrcend — mide
Oilech — 7 dobreath in Dagda Ailech do Neit m.ac Indui, do
brathair a athar iarsin, 7 dia mnoi do Nemoin. Unde Ailech
[Néit] nomimnur.
Ind aimsir immorro Abraim meic Thara rocumda^^L
[fo. 116^2] Ailit^r ; Frigriu mac Rubai Ruaidh doluidh a
hinis Bretan. Cerd sidhe do Fubthaire do rig Alban ^, co tue
ieis Aihg a ingin- for aithiud dochum Ereiiii. Doluid dano Fub-
taire a lurg a ingene co hOilech, co ndt-rna Frigriu tech di
do dé'rgiubwr^ 7 doheccra[d] in tech sin do or 7 do argad 7 do
uma; 7 do gemoib, co mbâ comsolus al-lô 7 a n-oidchi in tech
sm, 7 ruccad and in ingen dia taiscfJ^ 7 adberar ba dalta hi
don Cé'rd 7 ni ba ben, 7 co mba si sin ben Eiichacb 3 Doimplen
[7] màihair na Colla, 7 Fiacha Srabtine ba ri intan sin. IJnde
Ailech Erigrenn noniinauir.
Ailech from ail- and ecb, that is ail « stone » and eich
« horses », for it is horses that drew the srones of which it
was built for Frighriu son of Rubne the Red, son of Didol, of
1 . do Fubthainre, R. 3 . QCâchach R.
2. ailech R. ^
Revue Celtique, XVI. 4
42 WIntley Sîokes .
the Fomorians of the Isle of Mann. And Baine was his daugh-
ter's name, and Tairbert was his servant and Bernas his son.
Whence Ailecb Frighrenn « Frighriu's Stone-house », and
Cnoc inBaine « Baine's Hill », and Snâm Maige Tairbirt « the
Swimming-place of Tairbert's Plain and Bernas of Tir Aeda. »
Otherwise : Ailecb from the ail « stone » which Corrchenn
of Cruach Hfted for the grave of Aed the Dagda's son, after
he had killed him (for seducing his wife). Now the Dagda
would not iet Corrchenn be killed for that deed, but (sentenc-
ed him to carry) the corpse on his back until he should find
a stone as long as Aed to put upon his grave. So Corrchenn
carrying that corpse searched Erin till he found at Lough
Foyle a stone of the right length. This he heaved up on his
back, and then he said while carrying it : « Acb, acb « ah, ah »,
thy stone (ail), I shall die of it ! » « Meet it is, » quoth the
Dagda, « that Ail-acb be the name of this noteworthy stead, »
and then Corrchenn died. Whence Ailecb. And the Dagda after-
wards gave Ailech to his father's brother Net and to his wife Ne-
main. Whence it is named Ailecb Néit « Nét's stonehouse ».
Now it was built in the time of Abraham son of Terah.
Otherwise : Out of the island of Britain went Frighriu son of
Rubae the Red. He was the craftsman of Fubthaire king of
Scotland, and with the king's daughter Ailech he eloped to
Ireland. Then Fubthaire went on his daughter's track to Ail-
ech, (and the king of Ireland protected the two lovers from
Fubthaire, and granted to the girl the site of Ailech). There,
then, Frighriu built her a house of red yew, and that house
was set out with gold and silver and brass and gems, so that
it was equally radiant by night and by day. And therein
the girl was put to be hoarded, and 'tis said that she was a
fosterling (or pupil) of the craitsman, and she became the
wife of Eochu Doimlén and the mother of the (three) Collas.
And Fiacha Sraibtine was then king. Whence Aikcb Frigbreiin
« Frighriu's Stonehouse » is named.
Also in BB. 399b 22: H. 58b: Lee. 507^. Versified LL. 164a (where
Frighriu is styled cerd Criithmaige ce \ i rè tuhthairc 6 Ht) : also (by Flann
Manistrech) in LL. iSi^ R. 11 5b 2, Lee 507b. A third poem on the subject
The Rennes Dindsenchas. 43
hegïnmng A iîech Fiigretin (faithchc rîgraîth) rîgda in domain is found in H.
and Lee. 509a, whence it has been edited, with an English Iranslation, in
Ti}e Ordnance Survey of tlie Co. of Londonderry, I, 223 et seq.
Ailcch is now Elagli or Greenan Ely (Grianan Ailig), a fort on the sum-
mit of a hill near Burt in the barony of Inishowen.
As to the Dagda see Revue Celtique, XII, 124. As to the battle-god Net
and his wife, see Cormac's glossary, s. v. hièit.
Eochu Doinilén, a son of Cairbre Lifechair, see the Four Masters, A.D. 276.
Fiacha Sraibtine, overking of Ireland from A.D. 286 to A.D. 322, when he
was slain by the threc Collas, or Conlas, as the name is spelt in LL.
1641^ 5, the ancestors of many great fliraiUes in Ireland and Scotland.
92. Carraic Lethdeirg.
[CJarrac Leithck/rg, axwas rohainmnigedh ?
Ni ansa À. Leithdcrg ingen Co}ic\\ohair meic Nesa, bean
Tromdai meic Calatruim^, dorât gradh ind aislinge do Fotlwi
Cananne, co tainic se ocus- triar fear ime fodesin dia saighidh3
.i. Feithlenn mac Fidrui 7 Lurga mac Luaith 7 Eirisnech mac
Inmaise[i]Lh, 7 Fothad in ceihraniad'i, acht ba hiar nguin Ai-
kWa maie Eogain. Briccem mac Tuinde tue eathar doib. Ro-
marhad daiio Tromda, 7 tuccad a ben iiadli don 5 carraic. Unde
Carrac LQîbdeirg.
Lethderg (« Red-side ») daughtcr of Concliobar mac Nessa,
wife of Tromdae son of Caiatrom, gave love in a dream to
Fothad Cananne. So to her came he and three men witii
himself, namely, Fethlenn son of Fidrue and Lurga son of
Luath and Eirisnecli son of Inmaisech, and Fothad was the
fourth, but it was after the slaying of Ailill son of Eogan.
Briccen mac Tuinde (« son of Wave ») gavethem aboat. So
Tromda was killed and his wife was taken from him to the
crag. Whence Carrac Lethdeirg « Lethderg's Crag ».
Also in BB. 400^ 11 : H. 61^: Lee. 510^.
Carraic LetJjdeirg, net identified. As to Fotliad Canainnc see Revue Ce,
1. caladhdrûib R. 4. in .iiii.ad BB., in imad R.
2. cotainicset R. S- sic BB. and Lee. din R.
3 . saidhigh R.
44. Whitley Stokes.
tique, XIV, 248 and Silva Gadclica, II, 474, 519. His name occurs in LL.
139a 15 as that of the husband of Callech Bérri. He was called after his
hound Canann, Coir Anmann, Lee. 445''.
93. Mag Coba.
Mag Coba, canas roaimuniged ?
Ni ansa. Coba cu[th]chaire Eirimon meic Miled Es^aine. Is e
cétna ro indlestar airrcis 7 cuithigh art//j- a n-Eïriun, 7 indles
fodesin a chois i suidiu duus in bad^ doith^, coro sedlad buinde
a sliasta 7 a da doit inde, 7 co deiligh a delà iarna thœmad, co
7/-apadh de. Vnde M.ag Coba.
Coba the pitfiill-maker (or trapper) of Erem son of Mil of
Spain. 'Tis he that first prepared a trap and pitfall in Erin,
and he himself put his leg into it to see if it were in trim(?),
whereupon his shinbone and his two fore-arms were frac-
tured (?) in it, and his drinkingcup after being emptied fell
down, so that he died thercof (i. e. of pain and thirst),
Whence Mag Coba.
AIso in BB. 400b 54; H. 61^: Lee. siob, and Ed. 5» i. Edited from Ed.
in Folklore, IV, 482.
Mag Coba seems to hâve been an old name for a portion of the baronies
of Iveagh in Ulster. See Reeves Ecd. Antiqq., p. 349, note s.
As to Erem (= Aryaniaii) son of Mil, see the Four Masters A M. 3501,
and the dinisenchas oî Mag uDiiinach, Lee. 524'', mfra no. 52).
Thisstory ofCoba eontains some rare words — airrches « trap », cuithech
("pitfall », and its derivative cuthchaire « trapper », doith (leg. doich?)
« active », ro sedlad « was fractured(?) », delà « drinking-cup ».
94. Ard Mâcha.
Ard Machae, canas xoainmniged ?
Ni ansa. Mâcha ben Nemedh meic Agnomoin atbath and 7
1 . sic BB. bat R.
2. better, perhaps, doich .i. eascaidh no tâipaiàh expéditions, quick, nimble,
active, P. O'C.
The Rennes Dindsenchas. 45
when she reached the end of the green she brings forth a boy
and a girl — Fir and Fiai « True and Modest » their names
rohadnacht, 7 ba hé indara magh .x. roslecht la Nemedh, 7
dobretha dia mnoi co mbeith a ainm uasa. \Jï\de Mao- Mâcha.
Ailitfr; Mâcha ingen yEdha Ruaidh maie Baduini, is le ro-
thornedh Emoin. Is ann ro hadnacht dia rz^j-marb Rechtaidh.
Rigd^rg, 7 isdiaguba rognith Oenach Mâcha. Unde Mag Mâcha.
Ailier.- Macha2 dano ben Chrn[i]nd meic Agnoman doriacht
and do comrith fri heacha Concohair, ar atbcrt an fer ba luai-
thiu^ a bean. KvcAaid d3.n0 bôi in ben, is hi inbadhach, cor'
chuin[n]igh cairde coro thoeda bru, 7 ni lucad di, 7 dognith in
comrith iarwm, 7 ba luaithem si, 7 o ro siacht [cenn] in céiti
bmdh mac 7 ingen — Fir 7 Fiai a n-anmand — 7 atb^rt co
mbedis \J\aid fo ceis ôited in car/; uair d/^j"-fic£id eicin. Conïd
de bai in cess ïor \]\\iaih fri re noinaide o ûaith Concohair co
flaith Mail mcic Roc/;raide, 7 atb^rat ba hi sin Grian Banchî^r^
ingt'/z M'idir Bn Léitb, 7 atbeb iar suidhiu, 7 focresa a iert i n-
Ard Machaî, 7 focer a guba 7 roclan[n]udh a lic^. Unde Ard
Mâcha.
Mâcha wife of Nemed son of Agnoman died there (on Mag
Mâcha) and was buried, and it is the twelfth plain which was
cleared by Nemed, and he bestowed it on his wife so that it
might bear her name. Whence Mag Mâcha « Macha's Plain ».
Otherwise : Mâcha daughter of Aed the Red, son of Badurn
— 'tis by her Emain was marked out — was buried there
when Rechtaid of the red fore-arm killed her. To lament her,
Oenach Mâcha « Macha's Fair » was established. Whence Ma?
Mâcha.
Otherwise : Mâcha wife of Crund son of Agnoman went
thither to race against king Conchobar's horses, for her hus-
band had said that his wife was swifter (than they). Thus
then was the wife, big with child - : so she asked a respite till
her womb should hâve falien, and this was not granted to her.
So then the race was run, and she was the swiftest. And
1. luiathiu R.
2. P. O'C. explains ionhhadhach by « timely, seasonable, in due time »,
as if it were derivcd fiom inbuid.
46 Whitley StoKes.
— and shc siiid that the Ulaid would abide under feebleness of
childbed whensoever need should befall them. Wherefore the
Ulaid suffered feebleness for the space of a nomad from the reign
of Conchobar to the reign of Mal son of Rochraide « Great
heart ». And men say that she was Grian Banchure « the
Sun of Womanfolk », daughter of Mider of Bri Léith. And after
this she died/and her tomb was raised on Ard Mâcha, and
her lamentation was made, and her gravestone was planted.
Whence Ard Machae « Macha's Height » ,
Also in BB. 400^49 : H. 61^: Lee. 510^; and Ed. 4^2. Edited from Lee.
in Reeves' The Ancient Churchcs of Arviagh, 1860, p. 41 ; from Ed. in Folk-
lore, IV, 480.
Ard Mâcha now Armagh. Mal son of Rocliraide overking of Ireiand
A.D. 107-110. As to Mider see infra no. 126.
Tliat the second Mâcha marl<ed out Emain (now the Navan, about two
miles west of Armagh) is told also in Cormac's Glossary s. v. Emain, and
in LL. 20b 48.
The story of the third Macha's race with Conchobar's horses and of the
birth of hev twins is related more fuUy in LL. 125'^ 42, whence it has been
published by the late Sir Samuel Ferguson in a note to his Congal,
London, 1872, pp. 189, 190, with a Latin version, and by Prof. Windisch
in the Bcrichtc of the Royal Saxon Gesellschaft der Wissenschaften, 1884,
p. 336-347, w'ith a German translation.
95. Lecht Ôenfir Âife.
Lecht Oinfir Aife, canas roainiiiiiigcd ?
Ni ansa. Oenfer Aife mac do Cboïiiciûainii dorocht tar muir
co Traigh mBaile no co hAth niBcc i G);/aillib Mwrthemne,
como farnaic do fria athair, co ron-iarflir/;/ a athair cia bui
and, 7 ni dernai =^ a sloindedh dô. Nôi mhlhdna ba sldn dô.
Imuforbair doib co nàrochair in mac. Coind and ishcn in mac :
« AndsLi labroind [ani] biis no [a]ni thoas ». Conid and asbf/t
Cil culaiiiii :
« Oenfer Aife ciarba du
do dicHth 'na athardu,
bidam bithchuimnech - rem re
dom gleo fri hOenfer Aife. »
1 . dcrnaidh R.
2. sic H. bidh damh bidh cuimnech R.
The Rennes Dindsenchas. 47
Ros-fuc leis Cu culaiiin iiirsin roro[n]adnacht oc [Oenach]
Airrbe Rofir, 7 coro cachoin a guba. Unde Lecht Oenfir Aife.
Oenfer Aife « Aife's Only-man », a son of Cûchulainn's,
[sent by his mother from Scotland] came over sea to Baile's
Strand or to Littleford in Conailli Murthemni. There he met
with his father, and his father asked him who he was. And he
would not déclare his name. He had completed (only) nine
years. So flither and son attacked each other, and the son fell.
Then said the son : « 'Tis hard that I should speak what is
or what turns ». Then said CùchuLiinn : « Aife's only-man,
though 'twas meet (for him) to be hidden in his patrimony
during my time I shall be ever mindful|of my fight with Aife's
only-man ».
Thereafter Cûchulainn took him away and buried him at
Oenach Airbi Rofir, and sang his dirge. Hence Lecht Oenfir
Aife « the Monument of Aife's Only-Man ».
Also in BB. 401^28: H. 62b : and Lee. 511^,
Lecht Oiiifir Aife not identifàed. Trâig Baile now Dundalk in the Co. ot
Louth.
Conailli Muirthemni the part of tlie same county whioh lies between the
Cooley mountains and the Boyne.
Aife daughter of Scathach the Scottish aniazon who taught Cûchulainn
the art of war. Oenfer Aife was a name for Conlaech, Aife's son by Cûchu-
lainn, O'Curry, M. and C, II, 312, where it is said that the spear by
which Conlaech fell had been made by his own mother and bestowed by
her on his father (as a love-token). Other incidents in the story are given
by Kearing, pp. 279, 280 of O'Mahony's translation.
The combat between Cûchulainn and his son is thus referred 10 in the
Tâin bô Cualnge, LL. 88^14:
Ni tharla rumm sund cose | a bhacear Oenfer Aife.
da mac samla galaib gliad, | ni fuanw sund, a Fir diad.
« Since Aife's Only-man fell, never until now hâve I met thy like in battle-
fîghts, never hâve I found hère, O Fer diad ». And Conlaech's death on
Traig Baile is mentioned by Cinaed hua Artacdin, LL. 31-^9: For Trâig
Baile, bressim iigle, dorochair Oinfer Aife.
A taie called Aidcd Conlaich is preserved in H. 2. 16, col. 955, 957; in
two mss. in the Advocates' library (XXXVIII and LXII), and in 17 other
mss. Hsted by d'Arbois de Jubainville in x\\ç. Essai d'un catalogue, pp. 16, 17.
See also O'Mahony's Keating, pp. 279-280. It is (as hath often been ob-
served) the Celtic reflex of the story of Sohrab and Rustam.
48 Whitley Stokes
96. Carn Mail.
Carnd Mail i Maig Ulad, nô Carn hnïgdech, cid dia tat ?
Ni ansa. Lugaid Mal ro cuired a hEùnn lucht secht long co
hAlpfl'/n, co loxacht afrithise adochum nEirt'/z» co morloinges
Alb^;;, co tucsatar cath do UUtaib 7 co roemid riam. Cloch
àzno càch fir doriacht la hMgaid is de doronad in carn, 7 is fair
bai Luga/J ac cur in catha. UnJf Carn Liiigdech.
« The Lord's Cairn » in Mag Ulad, or « Lugaid's Cairn »,
whence are they ?
Not hard to say. Lord Lugaid, with the crews of seven
ships was expelled from Erin to Alba; but he returned to L'e-
land with the great fleet of Scotland, and they gave battle to
the Ulaid and routed them. The cairn was made up of a stone
for every inan who came with Lugaid, and upon it Lugaid
stood while delivering the battle. Whence Carn Luigdech
« Lugaid's Cairn ».
Also in LL. lyoi' 17 : BB. 402» 6: H. 63-1; and Lee. 51 1^. Edited from Lee.
by O'Donovan in the Miscdlany of the Ccltic Society, p. 66.
Carn Mail, not identified, but somewhere in the part of the co. Louth
between the Cooley mountains and the Boyne. As to the mode and object
ofmaking it, see no. 29, Revue Celtique, XV, ^31-332.
As to Lugaid Mal, a son of Daire Sirchrechtaeh, see the MisceUany of the
Celtic Society, p. 7.
97. RÀITH MÔR MaIGE LiNE.
Rath Mor Maige ^ Line, canas roainmniged ?
Ni ansa. Rath Rogein a ainm ^ïiits co flaith Bresail B/ic
meic Briuin ri \]\ad, co nàtchaid sidhe for echt/a fo Loch Loegh,
co mboi .1. hYiiidan and. Mor da»o ingen Rithir meic Derlaim
[a ben] frisin resin isin raith, co n-epeirt si^: « Is cian lend
I . maide R. 2. se R.
The Rennes Dindienchas. 49
echtra Bresail, 7 asbnV aroile ben: « Bid cian duilsiu, ar ni
tharga co brdth ^ dia echtra coa eol co tiset a mairb co cdch » .
Ba marb daw Mor îochétou, 7 rolil a hainm don raith, \inde
Râith Mor Maige Line, 7 doriar/;^ Bresal Brec fescur dadaig
la de, amail asbcrar i n-Echtra Bresail 7rl.
Râith Rogein « Rogen's Fort » was its name at first and down
to the reign of Bresal Brec son of Briun, King of Ulster. He
went on an adventure under Loch Lôig and was there for
fifty years. Now his wife Mor daughter of Rither son of Der-
lam was ail that tinie in the fort, and she said : « Bresal's ad-
venture seems long to us », And another lady said « It will
be long for thee, for until their dead shall conie back to ail
others, never will he return from his adventure to his home- ».
Forthwith Mor died and her name clave to the rath,
hencc Râith Mor. And Bresal Brec returned at nightfall the
y after(?), as is told in Bresal's Adventure, etc.
Also inLL. lyob 25 : BB. 402b 39: Lee. 512^. Edited(from LL.) mSRva
Gadclica, II, 471, 516. See also Reeves Ecd. Aiitiqq. 386.
Rdith Môr Maige Line, now Rathmore, co. Antrim. Loch Léig/ idam-
nâns Vituli Stagnum, now Belfast Lough.
Echtra Bresail: this taie seems lost.
98. Benn Boirchi.
Bend Boirche canas ïoainiiiniged ?
Ni ansa. Boirche boaire meic [Rossa] Rigbuidhe ba sed a
suidhe mbuachalla insin, 7 is cimvà argaire[d] car/; mboin ota
Dun Sobairce cotice Boaind, co ticdis co Beind mBairce, 7 [ni]
gelled bô imfwrail sech aroile. Unde Bend Bairche dicitur.
Boirche the cowherd of the son of Ross Rigbuide that bciin
(« peak ») was his herdsman's seat, and 'tis equally he would herd
every cow from Dunseverick as for as the Boyne, and they
1. bracliR.
2. or, if we read with LL, coa seol, « to his bed », seol .i. Icabaidh,
P. O'C.
50 Whitley Sîokes.
would corne (at his call) to Benn Boirchi, and never a cow
w-uld graze a bit more than another. Whence Benn Boirchi
« Boirche's Peak » is said.
Alitt'r Bennan mac Boirchinn (;/ô Birchinn) romarb Ihcal
mac Manannan i ndul co[a] mhnâi .i. Leçon ingen Lotair a
hainm-siden, conià é sin fdth dia roleic Manannan a tri lomann
cumad dia cnde .i. Loch Ruide 7 Loch Cuan 7 Loch Dacha^ch,
7 romarb Bennan iarsin for in mbeinn ucut. Unde Benna
Bairchi dicitur.
Otherwise : Bennan son of Boirchenn (or Birchenn) killed
Mananndn's son Ibel for going in unto his wife hight Leçon,
Lotar's daughter. And this was the cause of Mananndn's cast-
ing from his heart his three drauglits of grief (which became)
Loch Ruidi, Loch Cuan and Loch Dacaech. And after that
he killed Bennan on that peak. Whence Benna Boirchi is said.
Also in BB. 405-'' 4: H. 64^ : Lee. 512b, and Ed. fo. 5^ i. Edited, from
Ed. and BB., in Silva GadeJica, II, 480, 527 : from Ed. in Folklore, IV, 487.
Benna Boirchi « Boirche's Peaks » now that part of the Mourne Mount-
ains in the ce. of Down, where the river Bann has its source, Fotir Mas-
ters, A.D. 1493, note j. Loch Ruidi not identified. Loch Cuan, now Strang-
ford Lough. Loch Dacaech, now Waterford Harbour.
99. Tailtiu.
Tailltiu, canas roainniniged ?
Ni ansa. Tailltiu ingen Magmoir ben Echach Gairb m^/c
Duach Teimin, is leis doronad Dun na nGiall i Temraig, 7 ba
hiside buimi Loga meic [in] Scail Bailb. Is i rowataig coa fer
caillid Cuan do slaide di comad ôenach ^ imo lecht, 7 atbath-
si i kalaind Auguist iarsin, 7 roacht a guba 7 a nasad la Lu-
gaid. Unde Lugnasa[d] d/V/m//s. Coic cet hliadan immorro 7
mih ria ngein Crist andsin, 7 «ognithi ind œnach la cach rig
nogi^ihed Eiri co tainic Vatraic, 7 côic cet ;cnach i Tailltin o Pa-
traic co duboenach Dondchada maie Mailsechl ai nn.
I . œnaig R.
The Rennes Dindsenchas. 5 1
Teora geisi do Tailtin : teck tairrsi cin tairlim, a deiscin mr
clegualainn^ [oc toidecht uaithi] 7 aurchur nad gremna- indi
[iar fuined ngréine]. Unde ^nach Taillten dicitur.
Tailtiu daughter of Magmôr was the wife of Eochu the
Rough son of Dua the Dark. 'Tis by him that the Fortress of
the Hostages was buih in Tara, and she was the fostermother
ofLug the son of the Dumb Champion, 'Tis she that asked
her husband to clear away for her the Wood of Cùan, so that
there might be an assembly around her grave. And after that
she died on the calends of August, and her lamentation and
funeral ganes were held by Lugaid. Hence we say Lug-nasad
« Lugh-games », Lammas-tide.
Now that was fifteen hundred years before the birth of
Christ; and untii Patrick's advent the fair was held by every
king who took Ireland; and there were five hundred f^iirs in
Tailtiu from Patrick till the Diib-oenach « Black Assembly » of
Donchad son of Fland son of Maelsechlainn.
Three were the tabus for Tailtiu : crossing it without aHght-
ing : looking at it over the left shoulder (w4ien leavingit);
and casting unprofitably in it (after sunset). Hence Oeiiach
Taihen « Tailtiu's Assembly ».
Also in BB. 403^30: H. 10'': Lee. 5i3-*; and Ed. fo. 5b i. Versified,
LL. 200^' 12. Ediied from BB. nxSilva Gadelka, II, 469, 514: from Ed. in
Folklore, IV, 486-487. See also O'Curry, M. and C, II, 148.
Tailtiu now Teltown in Meath. For traditions relating to the assembly or
fair held there, see the Four Masters A. M. 4370 and O'Mahony's Kcating,
p. 301. Dûii lia iigiall znz Duiiia iia ngiaU, supra, no. I, § 12, 13, Revue
Celtique, XV, 281.
The above etymology of Lngiiasad is also in Cormac's Glossary.
Donnchad son of Flann Sinna, son of Mael-sechlainn, was overking of
Ireland from A.D. 918 toA.D. 942. The « Black Assembly » raeans, per-
haps, the assembly whichin A.D. 925, was prevented by Muirchertach son
of Niall.
100. Slîab Puait.
Shab Puait, cinasroaiiiiiiiiiged?
Ni ansa. Fuat mac Bile meic Brighe meic Bre[o]guind dota-
I . -guala«m R. 2 . nadcrgmna R.
52 Whitley Stokes.
rail inse for muir oc tuiàecht dochum Eyeim À. inis Magdena
nô Moagdeda, id est mor-ôc diada. Cacb oen nofw/Vmed a bond
fuirre ni aprad ga3 cein nobid indti. Tue daiio Fuat fot leis
eisi, conid fair condesscd oc breithemnaj 7 oc eiarcert. Intan
dano nodordad goe imsôadh ^ a fonn ind arda 7 a fer fri grian,
7 o'tberedh immorro flr imsôadh a fer i n-arda, 7 ata dano in
fot sin be//5 issin tsléih, 7 is fair dellig in grainne torchair a
gerran Fairaic, conid adradli sruith[e] o sin ille ar coimet na
firinde and.
Aliter coiiadh o Fuat [mac Bile] mcic Breogain codiles ro-
raitea. Undc Sliab Vuait [nominatur].
When Fuat son of Bile son of Brig son of Breogann was
coming to Ireland he visited an island on the sea, namely Inis
Magdena or Moagdeda, that is Môr-ôc-diada « Great-young-
divine ». Whosoever set his sole upon it would tell no lie so
long as he was therein. So Fuat brought outofit a sod where-
on he sat while judging and while deciding questions. Now
when he would utter falsehood its under part would turn up-
wards and its grass down to the gravel. But when he told
truth its grass would turn upwards. And that sod is still
on the mountain, and 'tis on it lay the single grain which fell
from Saint Patrick's gelding. So thenceforward, because of
preserving the truth, it is the adoration of elders.
Otherwise: itmay be from Fuat son of Bile, sonof Breogan,
that the mountain, properly, was called. Whence SJiab Fuait
« Fuat' s Mountain ».
Also in BB. 404^51: H. 74-'': Lee. 514^ and Ed. fo. 5^1. Vcrsified,
LL. 204-'' 16. Edited from BB. in Silva Gaddica, II, 475, 521 : from Ed. in
Folldore, IV, 483.
Sliah Fiiait, a mountain near Newtown Hamilton in the Co. of Ar-
magh, is Stiah Uait in the Annals of Uister. Hence the / appears to be
prosthetic. [/a/ from * Aveu t os? cognais, with mons Avcntiniis? ks\.o^N\\id\
see Servius, ad Aen. 7.657.
For other Irish ordeals see Irisclie Texte, III, 188-193.
The story of the grain of wheat is told in the Triparlile Life, Rolls éd.
p. 240.
I . imsodhadh R.
The Rennes Dindsenchas. 5 j
loi. Sliab Callann.
Sliab Kallann, canas roainmniged ?
Ni ama. Callann fo//buachail Buidhe meic Buain meîc ¥or-
gatnnâ como forbart in Donc! Cuailnge riana re choir ddir in
tsescraid ^ imbi, co ro gaib do 7 in cù oc cosnam in tsescraid ^,
co drochair in eu di sodhoin. Nô comadh oc 5 tahain na tana
coro cosain in cù, conid and dobreatha guin galand fair o chac/;
nô o Dun[d] Chua'ûngi isin tsléib. Unde Sliab Kiûlann dicitur.
IS hé imiiiorro tàinhugud fir in cou sin. Cuilen he do Dâol
cho'm Celtchair. Is and dono fofrith sein, i clocund Conganchnis,
ar tri coin haiar ina chind .i. in eu robôi oc Culand cerd 7 in
cii robôi ac Celtc/;^7;/' 7 in cù robai ac Mac da Thô. Brec im-
morro, 7 dub 7 odhor a ndatha, ut dicitur.
Callann was the herd-hound of Buide son of Bccan son of
Forgamain; and when the Donn of Cualnge, before his proper
time, proceeded to bull the dry cows around him, he and the
hound began to contend for the cows, and by him the hound
fell. Or it may be that the hound fought at the taking of the
drove, whereupon a mighty deathblow was inflicted upon hiîn
by every one, or by the Donn Cùailngi, at the mountain.
Whence Sliab Callann « Callann's Mountain » is said.
Now this the true account of that hound. He was a pup ot
Celtchar's hound Dael. And he was found in the skull of Con-
ganchnes ; for there were three hounds in that skull, to wit,
the hound that Culand the craftsman had, and the hound that
Celtchar had, and the hound that Mac da Thô had. Speckled
and bkick and grey were their (respective) colours, as is said.
Also in BB. 404b i : H. 64^: Lee. 514b i ; and Ed. fo. 5^ i. Edited from
Ed. in Folklore, lY, 482.
Sliab Callainn, now Slieve Gallion, a mountain in the co. of London-
derry, on tlie borders ofTyrone.
Tlie Donn of Cualnge (now Cooley in the co. of Louth) is the brown
bull to obtain which was the primary object of the expédition known as
the Tâiii bô Cualnge « Driving of theKine of Cualnge ».
1 . tsescraich R. 5 . do R.
2. sescraich R.
54 Whitley Stokes.
The finding of the hound's father Dael is referred to in LU. 61-'', left
margin, where the writer dénies that Culann's hound was one of the three
found in the skull of Conganchnes. As to Mac dâ Thô's hound, Ailbe, see
Irischc Texte, I, 96.
102. Sruthar Matha.
Sruthar Matha, canas roainmniged?
Ni ansa. Matha mac Roirend meic Rogain Rer/;/aidh[i] rig-
imuccaid Cathair Mair ri Erend. Ba herbagaid da;/o Matha în
mucahî Cuind Cctchataig À. fri hOdba. Boi dayzodaire toirthech
ind iart/;ar Maige ^ Mâcha, 7 ni basi mes a samla ar meit 7 ar
bola[d]maire. Intan ticc^^ ga^th tairis atcluinti a bokidh fo
hÉrinn - cepedh leth nobrred gaoth hé, co mbad commaidm
cride do mucaib Evcnii 'co toi7/r/;fain. Taraiil dano a holad
mucca Cathair fO ndaïsed impu. Lotar dia saighid co Comar
tri n-uisqwc. Luidh daiio Matha nandiaidh codian, co torchitir,
co roeimidh tulcnaim a chind, co ndecha/W do d'ihad agaile isin
sruth, co ro baided and, co n-epairt car/; iman sruth : « Sruth
dar Matha ! » Unde Sruthar Malba.
Matha son of Roiriu son of Rogan Rechtaide was the chief
swineherd of Cathair the Great, King of Ireland. He was a
contender against Odba the swineherd of Conn of the Hund-
red Battles. Now in the western part of the Plain of Mâcha
there was an oakwood, and no mast was ever like its mast fer
size and for fragrance. When the wind would blow over it the
odour thereof would be smelt3 throughout Erin, to what
point soever the wind would carry the scent, so that it was
a heartbreak to the swine of Ireland when it reached them.
Now its fragrance came to Cathair's swine, so they went mad
and rushed towards it as far as the Meeting of the Three Wa-
ters. After them, then, went Matha furiously, and he feli and
fractured the frontal bone of his head. Then he went to
quench his ardour in the stream, and therein he was drown-
I . maide R. 2. foth R.
3 . at-clulnti : so in Welsh, clywed « to hear » means also « to smell »,
« to taste » and « to feel ». The Elucidariwn, edd. Jones and Rhys, Oxford,
1894, p. 263.
The Rennes Dindienchas. 5 5
ed, aiiu -ery one said by thc brink : « The strenm (snilb)
over Matha (dar Matha) ! ». Whcnce Sruthar Matha.
Also iiiLL. 169a 52 : BB. 4041^ 31 : H. Gy. Lee. 514'^'; andBodl. no. 51.
Edited froni Bodl, in Folklore, III, 514.
Srulhair Matha not identified. It must hâve been near the Meeting of thc
Tliree Waters (Suir, Nore and Barrow), i. e. near Waterford.
Cathair Môr overking of Ireland A.D. 120-122. Conn of the Hundred
Battles, A.D. 123-157.
103. Odba.
Odba, canas roainniniged ?
Ni aiisa. Odba Uancend mac Bla Ballethain, meic Thad-
-lomna Line, righmucaidh Chuind cet cbatbaig, fer selgca oss 7
elta arcena, fer daiw nad bôi hi taigh acht a fe — [fo. 120'' 2] —
dhaib 7 hi fanglennaib fri seilg 7 mucaidecht^, 7 ba scd a
suide mbuachalla in cnoc ucut, 7 is and dogc^ intan ff/;apad a
adnacal and. Unde Odba nominatur.
Nô - is i Odba bean h£"renioin roadnacht and, 7 ba si sin
mâtbair Luighne 7 Laighne 7 Muimne, 7 is andsin roclas a
fert la h£"remon, Unde Odba diciiiir.
Odba Uancenn son of Blae BroadUnib', son of Tathlomna
(Cathlomna ?) ot Linè, was chief swineherd of Conn of the
Hundred Battles. He was, besides, a hunter of stags and does.
Moreover he was one who never lived in a house, but always
in woods and deep glens-i, hunting and herding swine. And yon
hill, Odba, was his herdsman's seat, and therein he chose to
be buried when he died. Whence Odba is named.
Or it is Eremon's wife Odba that was buried there, and
she was the mother of the Luigni and Laigni and Muiinni ;
and 'tis there that her grave was dug by Eremon. Whence
Odba is said.
Also in LL. 170^ 32 : BB. 503'^ 4 : H. I2-'; and Lee. 515».
Odba is said by O'Donovan (^Foiir Masters, A. M. 3502) to hâve been the
name of a mound on the summit of a hill in Meath.
I. mucaigei7;^ R. 2. 7 R.
3 . or perhaps 7ûXaTU'.paXXo; (bail zn cpaÀXoç).
4. fainghkan a deep vale or glen, P. O'C.
56 Whitley Sîokes.
104. Inber Cichmaini.
Inber Cichmaine, canas roainniniged ?
Ni ansa. Cich-Maine Andoe ^ mac AiMla 7 MeJba, in sccht-
nwd mac do Oïlill 7 Meidb, is é forruidbich^ F^rgna mac
Findca^ime oc côsnam churaich forsin tracht.
Né Cich-moine mac Oi/t'Ua Find fuarawr na hiascaire and
oc telach al-lin 7 a cocholl^, coro marbsat isin inber, et unde
Inhcr Cich-muine noiiiinatur.
Cich-Maine Andoe son of Ailill and Medb — he was their
seventh son — 'tis he whom Fergna son of Findchaime van-
quished (?) when contending for a boat on the strand.
Or 'tis Cichmuine son of AiHll Find whom the fishermen
found there loosing their nets and seines, so they killed him in
the inver, and hence Inber Cichniaiiii is named.
Also in BB. 405-1: H. 12^: Lee. 5i5'S and Ed. fo. 5b 2. Edited (from
Ed.) in Folklore, IV, 491-2.
Inher Cichmaini is on the east coast of Ulster (O'Curry, M. and C, III,
162, 188). Etâin was reared there, LU. I2c,a25.
105. MÔIN TiRE NÀIR,
Moin Tire Nair, canas roainniniged ?
Ni ansa. Nar mac Findcadha meic ConoWi [Cernaig] robith
and la hEitsine mbanfeinded iar md.rhad a da hén for Snam da
En for Sinaind. \]nde Snam da En àicitm- [7 Môin Tire Nâir].
Ndr son of Findchad son of Conall Cernach was there slain
by Etsine the championess, after he had killed her two birds
1 . adnoe R.
2. sic BB , forruidbigh Ed., foruidbich H., foruirbich R. seems (or for -
ro-iid-fich, where the simplex may be cognate with Lat. vi-n-co and Goth.
vcihaii.
3. telach .i. sgâoileadh, O'CL cochall a net, a fàshing-net, P. O'ConnelL
The Rennes Dindsenchas. 57
at Sndm dd En on the Shannon. Hence is said Suâin âà En
« the Swimming-place of Two Birds «, and Môin Tire Nâir
« the Moor of Nar's Land ».
Also in LL. i66b 13 : BB. 405-'^ 49 : H. 65b ; and Lcc. $151». Edited from
LL. in Silva Gadelica, II, 469, 514.
Ta- Nâir was in the Owles, co. Mayo: see infra, no. 140. Môin Tire
Nâir is not identified. Sndin dâ En \s, according to Joyce (/m/; Naines of
Places, p. 248) a portion of tlie Sliannon near Clonmacnois.
The prose taie is very incomplète. According to the metrical version in
LL. 203"% Nâr was Estiu's husband, and the « two birds » were her para-
mour Bude and his fosterbrother, who used to visit her in birdshapes, sing-
ing so that ail around her fell asleep. Then Bude assumed his human
form and shared Estiu's bed. Adruid reveals the secret to Nâr, who watches
his opportunity and kills the birds with a single cast as they were crossing
the Shannon. Estiu, who had gone to meet them, falls dead on the bank,
and Nâr dies of grief for his faithless wife.
106. FiCH mBuana.
Fich mBuana, canas roainniniged ?
Ni ansa. Buan ingen Samaira ^ dorad gradh do Coinqulamn
dia lotar na curaidh do chosnam in churadhmire .i. Laoghaire
Buadhacli 7 Conoll Qrnach 7 C//quk//z;2. Lodar a nihreith co
hEmoin, 7 ised rofoidit co hO'ûill 7 co Meidb, condas-iseid
Oilill co Sam[a]er co hEs Rnaid, 7 rogle sen in curadhmir do
Co'mculaimi.
Luid dawo Conold 7 aara^ .i. Raithen, (or Snam Raithin,
coro baided and Raithen, unde Snam Raithin. Luid da;/o
Buan indiaid 5 Conculainn (or fuilHcht a carpait comce in n-all
ucat, coro ling leim n-uathmar 'mon n-all inadiaid-^, co n-apad
de. Unde¥ich mBuana.
Buan daughter of Samaera gave her heart to Cùchulainn,
when the champions, even Loeguire the Gifted, Conall the
Victorious and Cùchulainn, went to contend for the Cham-
1 . Samarîa R. 3 . andiaig R.
2. arad R. 4. inadiaig R.
Revue Celtique, XVI ,
^
$8 Whitley Stokes.
pion's Bit. For the award they fared to Emain, and thence
they were sent to Ailill and Medb. Ailill (refusing toarbitrate)
sent them on to Assaroe, to Samaera, and lie adjudged the
Champion's Bit to Cûchulainn.
Then Conall and liis cliarioteer Ratlien went over Sndm
Rathin, and there Rathen was drowned : wlience Snâm Rathin
« Rathen's Swimming-place ». Then Buan followed Cûchu-
lainn on his chariot's track as far as yon rock (Fich inBuana),
and she leapt an awful leap after him (striking her head)
against the rock, and thereof she died. Whence Fich mBuana.
« Buan's Farm ».
Also in LL. lèd^ 21 : BB. 405^9; H. 65b; and Lee. sis^.
Fich iiiBiiaim, called in the poem Fich Nemain « vicus Nemani «, not
identified. Nor is Sn.im Rathin, unless it be the Sndiiih Ralhaimi of the
Foui- Masters, A.D. 1148, which, O'Donovan thought, was probably one
of the ancient names of Drumsna on the Shannon, on the confines on the
counties of Roscommon and Leitrim. Ess Ruaid, see no. 81, supra, p, 33.
As to the contention for the Champion's Bit, see the FUd Bricrend eà. by
Windisch, Irische Texte, I, 235. As to Buan's leap, ibid. 290:= LU. 109''.
107. Loch Gabar.
Loch Gabar, canas roainmniged?
Ni ansa. Da gabar Echach^ Cind Maire ri Muman dobre-
tha uadh a ngiallacht do rig Temrac/; do Enna Aighnech- mac
Oeng/zi-a Tuirbich Temra^/j fri dlig^^ a tuath, uair na tancatar
feis Ttinrach. Robaidit a eich isin loch.
Nô dawo, robai glaschuUach la Glascoin ina sleib, 7 ba sed a
ainm, Searrach, dia ta Glenn Serraich. Doluid fora seichim co
mbôi et^r scuru Enna Aignig do saigid echmarta, co luid ind
eich riam isin loch, coros-baidte and .i. Gdoth 7 Grian a n-an-
mand. Unde Loch Gabar dicitur.
Two ofthe steeds of Echu Horsehead king of Munster were
sent by him, as a sign of submission, to the overking of Ire-
land Enna Aignech son of Oengus Turbech of Tara, for they
I. Echaclia R. 2, Aidhnech R.
The Rennes Dindienchas. 59
were due from his tribes since they came not to the Feast of
Tara. Echu's steeds were drowned in the lake.
Or also, Glascû had on his mountain (Shab Glascon ?) a
grey British stallion named Serrach « Foal », from which
Gknn Serraig is named. This stalHon went following them
(Echu's two steeds), to seek a mare to cover, till he was among
Enna Aignech's studs, and the (two) horses fled before it into
the lake and weré drowned therein, « Wind » and « Sun »
were their names. Hence Locl} Gahar « Lake of Steeds » is
said.
Also in BB. 405b 37 : H. 13^: Lee. 516^.
Loch Gahar (or Loch dd Gahar) « is now dried up, but the place is still
called Loch Gobhar, anglice Lagore or Logore ». O'Donovan, Four Mas-
ters, A. M. 3581. It is near Dunshaughlin in Meath. Gknn Serraicli is men-
tioned in the Book of Rights, pp. 4, 14, but O'Donovan did not know its
situation. It must hâve been in Leinster.
Enna Aignech was overking of Ireland from A. M. 4888 to 4907. See
Rev. Celt., XV, 474.
Cullach generally means « a boar » ; but ODavoren, 68, glosses it by
ech bretnach « a British steed », and the context shews that we hâve hère
to do with an equine animal. Echiiiarta is gen. sg. of eachuiairt, which
O'Don. Supp. explains by « horsing » and P. O'C. by « to cover a mare ».
108. LUSMAG.
Lusmagh, canas roainmniged ?
Ni misa. Is ass tue Diancecht cach lus n-ice ^ fowammalt ar
Tiprait Slainge ind Achad Abla fri Magh Tiiiredh. aniartuaid
intan fechta in cath mor etcr Tuatha Dea [Danann] 7 Fo-
moire. Car/; oen do Tuathaib De 'Danann nolaigtis fon lind
lusraidh sin atraighedh slemoin slancrechtach. Un^^ Lusma^
no;;////atur.
'Tis thence that Diancecht brought every herb of healing,
and grated them on Slainge's well in Achad Abla to the north-
west of Moytura, when the great battle was fought between
the Tuatha Dé Danann and the Fomorians. Everyone of the
I . Sic BB. luid îce R. written, apparently, over an erasure.
6o Whitley Stokes.
Tuatha Dé Danann whom they would lay underthat water of
herbs would rise up smooth and healed of his wounds.
Whence Lusmag « Herb-plain » is named.
Also in BB. 406=»: D. 4. 2 (R. I. A), fo. 55^2: H. 43b, Lee. 388», and
Ed. fo. 5b I. Edited from Ed. m Folklore, IV, 489.
Lusmag prohably in King's count}'. Achad Ahla « field of the apple-tree »,
not identified. Northern Mag Tuired nowa townland in the barony of Tir-
errill, co. Sligo. For a romantic account of the battle, see Reinie Celtique,
XII, 56-1 10. The heahng-well is mentioned ibid., pp. 94, 96. Compare the
story of Ard Lemnachta, Rev. Celt., XV, 427.
109. Benn Codail.
Bend Codhoil, canas roaiiimniged? Ni ansa.
Codhal Corrcichech is é rob aite hErend dia ta Inis Emui,
7 is and airb^'edh bith a dalta, forsin mbeind ucat, 7 nach
tairbert dob^redli fuirri ^ conochad in talmoin foib, 7 meine
epr^d Oiriu fria haiti : « atomannar- suas co tiaghat na goith
gaithi trianar cluasa, » 7 mine apradh si sin noasfad co[m]bad
leir Er/w de, 7 al-laithi domelad comorba Erenn tuara Codail
(orheir a gail 7 a slaine. Unde Benn Codail.
Codai the Roundbreasted' 'tis he that was fosterer of Eriu
homwhom Inis Érenn « Eriu's island », is named. And on yonder
peak he used to feed his fosterling. And every vigour 3 which
he bestowed upon her used toraise the earth underthem. Un-
icss Eriu had said to her fosterer. « I am heaved (?) up on
high so that (the sun scorches me and) the spears of wind are
coming through our ears » — unless she had said tbat^ the
peak would hâve grown until Ireland was full thereof. And
the day that Ériu's successor eats Codal's food (game, fish or
venison) she increases her valour and her health. Whence
Benn Codail « Codal's Peak » .
Also in BB. 406125: H. 13b : Lee. 5 16^; and Ed. fo. 51^2. The beginning
is cited in H. 3. 18, p. 610^. Edited (from Ed.) in Folklore, IV, 490.
1 . Sic Lee. fair R.
2. atomandar BB. isium romorthogbaither, Lee.
3 . I take tairbert hère to be = airbheart .i. treoir strength, vigour, forti-
tiide, P. O'C. It also means a portage or isthmus. For a proper name.
Tairbert v. supra, no. 91.
The Rennes Dindsenchas. 6i
Bcnii Codai! not identifîed. hiis Ereiin said to be now Ireland's Eye, a
small island near Howth, co. Dublin. (Joyce, Irish Naines of Places, p. 104).
Ériu called after a queen of the Tuatha dé Danann. For an instance of sym-
pathy between human beings and mountains see Rev. Celtique, XII, 108.
But I know of no parallel in folklore to the concurrent growth of a peak
and of a child reared upon it.
110. Tlachtga.
TLichtga, canns ro aininniged?
Ni ansa. Tlachtga ingen Moeha Ruith meic Ferg//5a forda-
roeblengaw;- tri racic Simoin druadh dia ^ luid lia hathair do
foglaim druidef/;/a in betlia, arbitli is i dorigne do Triun in
Roth Ramach 7 in Lia hi Forcarthu 7 in Coirt[h]iaCnamcoill.
[fo. 121'' 2] Terlai iarwm anair 7 a ndede sin iee, co loracht
tulaich Tlachtgai, conià. ann ros-iamnad 7 rue tri macu '.. Doirb
a qwo Mag nDoirb, 7 Cuma a qwo Mag Cuma, 7 Muach a qwo
Mag Muaich, 7 co /zdechsat na tri anmand sin i^ nàermat a
hEre nis toraigii 3 digal echtrand. Un^^ Tlachtga dicitur.
Tlachtga daughter of Mog Ruith son of Fergus: three sons
of Simon Magus ravished her when she went with her father
to îearn the world's magie : for 'tis she that made for Trian
the Rowing Wheel and the Stone in Forcarthu and the Pillar-
stone in Cnâmchoill. Then she escaped from the east, bring-
ing those two things with her, till she reached Tlachtga Hill ;
and there she lay-in and ' jre three sons, namely Dorb, from
whom is Mag nDoirb, iuid Cuma, from whom is Mag Cuma,
and Muach, from whom is Mag Muaich. And till thèse three
names are forgotten in Ireland, foreigners' vengeance will not
visit it. Whence Tlachtga is said.
Also in BB. 406'': H. 13b: Lee. 516b; and Ed. fo. 5b 2. Edited frora Ed.
in Silva Gadelica, II, 466, 511, and in Folk-ïore, IV, 490-491.
Tlachtga is now the Hill of Ward near Athboy in Meath : Forcarthu is
near Rathcoole in the co. Dublin; and Cndmchaill is Cieghile near the town
of Tipperary. Mag Citmina, Mag nDoirb and Mag Muaich are now forgotten,
so the prophecy as to foreigners' vengeance lias been fulfîlled.
1 . druagix; do R. 3 . toraidh R.
2. a R.
62 Whitley Stokes.
As to the wizard Mogh Ruith and the Rowing Wheel, which is to roU
over Europe before Doomsday, crushing the tribes to which the pupils of
Simon Magus respectively belonged, see the Bodleian ms. Laud 6io, fo.
109a I, and O'Curry's Lectures, pp. 272, 385, 401, 421, 423, 428. Of the
pillar-stone of Cnamchoill it is said : Dali cach oen notn-aicfe, bodar cach
oen nod-cluinfe, marb cach ôen risi mbenfa, Laud 610, fo. 109^2, « Blind
(will be) every one who shall see it : deaf every one who shall hear it, and
dead every one against whora it shall strike ».
In Ed. Tlachtga is said tohave died in childbed, and over her the fortress
was buiit.
III. Mag mBreg.
Magh niBregh, canas wammniged ?
Ni ansa. Brega mac Bregoin sindser clainni Brcogain, 7 is
leis roslecht in mag, et a qwo now/;zatur.
Ailitcr; Dil ingen Mik^ (wd Lugmanrach) dodechaid a tir Fer
Falga la Tulchainde drai Conaire. I n-oenuair rogeinir-si o[a]
màthair 7 rue in bo loegh. Rocar in ingen in laogh iar//m
sech na liindile archena, ar rogenir i n-oenuair fria, 7 foremid
Tulcinde a tahain-se co tuccad a Ixgh le.
Bôi cairdes do suide frisin Morrighain, 7 rogaid di tahairt
na himana co Mag niBolgaidhe, ar rop edh ainm in maighi o
thus, 7 rochar Brega dano dam Dile in magh sin, 7 folil a
ainm de. Un^^; Mag Birg.
Brega son of Breogan was the eldest of Breogan's children,
and by him the plain was cleared (of trees), and from him it
takes its name.
Otherwise : Dil daughter of Lugmannair eloped from the
land of the Men of Falga (the Isle ofMann) with Tulchainde,
Conaire's wizard. The same hour that she was born of her
mother a certain cow dropt a calf. So the girl loved the calf
more than the other cattle since it had been born at the same
time that she had, and Tulchainde could not get her away till
the calf was brought with her.
There was friendship between him and the Morrigan, so he
begged h°'- to bring the drove to Mag mBolgaide — for that
■ The Rennes Dindknchas. 6î
was the first name of the plain, and there Dil's ox Brega loved
that plain, and its name clave to it. Whence Mag niBreg.
Also in BB. 406b 45 : H. 14a : Lee. 517^ and Bodl.no. 2. and Ed. fo. ib i.
Edited from Bodl. in Folklore, III, 470; from Ed. in Silva Gadeîica, II,
472, V7-
Mag mBreg (also Bregmag) the name of a large plain in East Meath.
Conaire i. e. Conaire Môr, the hero of the Brudcn da Derga, overking of
Ireland, killed by outlaws B. C. 40. His druid (or rather chief bufïoon)
Tulchinne or Taulchinne is described in LU. 92b — 93^. The Morrigan
(jnorigain gl. lamia, Regina 215, fo. ici) was one of the Tuatha dé Da-
nann ; see Rev. Celtique, Xll, 128: see also Hennessy's paper « The ancient
Irish Goddess of W^ar », Revue Celtique, I, 35 et seq. Breogan perhaps the
Spanish sovran in O'Mahony's Keatiiig, pp. 178, 179, 196.
112. Mag Lena.
Mag Lena, canas roainmniged ?
Ni ansa. Lena mac Roida .i. mac Mis Réta, is hé roalt
muicc M^fc Datliô fosfuair i nDaire Bainb i n-orther Bladlima.
Fororbairt leis [co cenn .uii. mhliadan] co mbatar .uii. n-air-
tim di forbaidh saille for a sruib. Dia tultaMr Ulaid 7 Fir n-
Olnecma^^^ do feis Meic Datho dodechas o Maine Athrai
cuice do cuingidh na muice do chobair a einich, 7 dofargaidh
.1. tor: toga[idi] dia eisi, 7 ni rogab uada. Dochuaidh dano
Lena re muicc (or Dubclais n-aidhchi gair riana thidnacul uad.
In bail i^ mboi conâtail and, co n-uargaib in mue muc-clais
tairis cen airiugud ^ dô, co rod-muchai, co w-aclaid-sium dano
oc suide, co rocht grainne a cloidim in muic, co mbo marb, 7
dodechaid Follscaide mucaid Maie Dathô co rue in muic fri-
sin feis, 7 co rola firt Lena' ann. Unde Mag Lena.
Lena son of Roed i. e. son of Mes P.oeda, 'tis lie that reared
(his grandfather) Mac Dâ-thô's pig, which he found in Daire
Bainb in the eastern part of Bladma. It grew up with him till
the end of seven years, when there were seven inches of a
growth (.'') of fat on its snout. When the Ulaid and the men of
1 . a R. ?. firtscena R.
2. airi'udad R.
64 Whitley Stokes.
Connaught went to Mac Ddthô's feast, Maine Athrai (Mac Da-
thô's wife) sent to Lena to ask for the pig to help liis hospi-
tality, and oft'ered fifty choice hogs in lieu thereof, and Lena
did not take them. Now one niglit, shortly before he deli-
vered the pig (to Mac Ddthô), Lena went with it to Dubclais
« Black Trench ». There he fell asleep, and the pig (by its
rooting) raised the trench over him, without his feeling it, so
that he was smothered. Hereat then he attacks^ the pig, and
the point of his sword reached it and killed it. And Mac Dd-
thô's swineherd Follscaide went and carried the pig to the
feast, and there (on the plain) set Lena's gravemound. Whence
Macr Lena « Lena's Plain » .
o
Also in H. 14'' : Lee. 517a, and D. 4. 2. (R.I. A.) fo. 50-^ i. Edited inac-
curately 2 {rom Lee. in O'Curry's Balile of Magh Leami, pp. 15, 16 note,
whence reprinted in Irische Texte, I, 112.
Mag Lena « now Moylena, alias Kilbride, a parish comprising the town
of Tullamore, in the King's County », O'Donovan, Four Masters, A.D. 902.
As to Mes-Roida and his father Mac Dâ-thô see Scél Mucce Maie Dathô
LL. iiib — 114» éd. Windisch, Irische Texte, I, 96-108.
113. Odras.
Odras, canas roainmniged ?
Ni ansa. Odras ingen Odarnatan xwaic Laime iwaic Luaidre,
is i ba banbruga/J do Buchat Buasach [bôaire] Corm^?/c h/h'
Cuind, co luid do eis a fir le buaib, conos-toracht in Morrigan
co tarb Liathmuine [le], co ndart boin dia buaib ina timcull,
7 hased ainni in tairb, Slemuin. Oca imain aniar o Temraig
dotaraill le Fraech nOirend coro gelt n-and, con'ià Fraech
Slemna a ainm di sodoin. Fosruataig in Morrighan co mboi i3
n-uaini Cruachan. larsin doluid Odras 7 a gilla lee .i. Cadha,
co nd/-och(nV i5 Cuil Cadha. Doluid Odras beos hi lurg a bô
1 . -aclaid Ht. « hunts » or « follows », in the Laws « sues ». O'Curry's
rendering seems mère guesswork : « He started, however, turning against
her (before he tvas quilc dcad) ».
2. e. g. for Forbairt read Forforbairt : for ceathrachadh read ceathracha :
for cri tri nonmair read eri nonmair : for hidlachad read hidlacad,
3. a R.
The Rennes Dindsenclias. 65
dosaighid ^ sidha Cruach^;;. Dofuit codlad fuirre i nDaire Fal-
gud condos-fuisce in Morrigrt// and, 7 dicain [brichtu] fuirre,
co ndeirgne iinn [usci] di Odra[i]s, co luid isind aub fil f/i
Sliab Bodbgnai aniar. Unde Odras.
Odras daugliter of Odarnatan son of Laime son of Luaidre,
'tis she was hospitalier to Buchat Buasach the cow-chief of
Cormac hua Cuind. She went after her husband with kine,
and to her came the Morrigan, bringing a bull of Liathmuine.
His name was Slemuin « Smooth », and he bulled one of
Odras' cows around her. As he was being driven eastward
from Tara he halted at Oiriu's Heath and grazed there. Hence
its name, Fracch Sleinna « Slemuin's Heath «. The Morrigan
carried him off and installed him (with the cow) in the cave
of Cruachu. Thereafter went Odras along with her servant
Cada, who fell dead at Gi'iil Cada « Cada's Recess ». Still on
flired Odras, in the track of her cow, towards the elfmound
of Cruachu. Sleep fell upon her in the Oakwood of Falga,
and the Morrigan awoke her and sang spells over her, and
made of Odras a pool of water which entered the river that
flows to the west of Slieve Bawne (the Shannon). Hence Odras.
Also in LL. i68a 19: H. 71»: Lee. 523-''.
Odras Cûil Cada, and Fracch Skmna not identitîed. Liathmuine « grey-
brake >■>, probably the Liathmuine i n-Uhaib mentioned in LU. 39^. Siiah
Bodhgitai now Slieve Bawne, a mountain in tlie district extending from
Lanesborough to Rooskey, on tlie west side of the Shannon, in the co. of
Roscoramon, O'Donovan, Four Masters, A.D. 678, note u.
The Morrigan's magical transformation of Odras into a pool of water is
another parallel to the story of the witch Geirhild in the Landndmabôk .
See above, no. 1 5.
As the end of the poem which in R follows the story of Odras, is the
following scribe's note : acsin a bruaîsi/; bedaigi 7 olc indil ort.
114. Cleitech.
Cleitech, canas roaimimiged?
Ni ansa. Cleitech drai ro aittreb and, 7 is and roadnacht.
Unde Cleitech.
I . dosaidhig R.
6G Whitley Stokes.
Nô is ann robôi cleithi tech Erenn 7 is eisidhe roloiscedh îor
Muirc^rtach mac Earca. A^ti ba cleithi acli don Erind bas meic
Erca ann. No bas Cormaic hi'ii Chuind dia roglen cnaim iaich
ina braghait.
Alite;-. No comad and dogneth Cleitecli mac Degad a tech.
Unde Cletech.
Cleitech a wizard (of the Tuatha Dé Danann) dwelt there,
and there he was buried. Whence Cleitech.
Or 'tis there was the top(i. e. chief) of the housesof Erin,
and this house was burnt on Muircertach son of Ere. Or the
death of Erc's son there was the top (i. e. chief) of groans, for
Erin. Or the death of Cormac grandson of Conn, when the
salmon's bone stuck in his throat.
Ahter : Or maybe it was there that Cleitech son of Dega
(Deda ?), would build his house. Whence Cleitech.
Also in LL. 166'' 36: H. 14b: Lee. ^17^, and Bodl. 47. Edited from LL.
in Siîva Gadelica, II, 486, 534, and from Bodl. in Folklore, III, 511.
Cleitech near Stackallan Bridge, on the south side of tlie Boyne.
Tlie story of Muirchertach's death, A.D. 527, is told in tlie unpublished
Oided Muirchertaig macc Erca, H.* 2. 16, col. 310-320. « According to this
story », says O'Donovan (Four Masters, A.D. 526, note F) « Muircliertach
fell a victim to the revenge of a concubine named Si'n (Sheen), for whom
he had abandoned his lawful queen, but whom lie afterwards consented to put
away at the command of S. Cairneach. This concubine having lost her fa-
ther, mother, sister, and others of her family, who were of tlie old tribe
of Tara, by the hand of Muircheartach in the battle of Cirb or Ath Sidhe,
on the Boyne, tlirew herself in his way, and became his mistress for the
purpose of wreaking her vengeance upon him with the greater fiicility. And
the story states that she burnt the house of Cletty over the head of the nion-
arch, who, when scorched by the fiâmes, plunged into a puncheon of
wine, in whicli he was sufïocated. Hence it was said that lie was drowncd
and burnt ». See also Tigernach's Annals, A.D. 534 (RawL B. 488, fo.
7''i): Chroniciim Scotoriwi, A.D. 531 : Aimais of Ulster, A.D. 533; and
Petrie's Tara Hill, pp. 96, 97.
As to Cormac's death from the fishbone, see the Four Masters, A.D. 266.
115. Cerna.
Cerna, canas roainmniged?
mi
The Rennes Dindsenchas. 6j
Ni ansa. Cerniam ainm tuisig in[t]sîda fil and. Unde Cerna.
nominztur.
Aliter ; Cerna. A. cœr nia, daig is and atd primrelicc airthir
Midhe 7 Breg, 7 dano is and roadnocht Cerna Cas mac Cairpri
msic Etaini 7 a athair. Ar imed didiu niad 7 tûisech and
unde dicitiix Cœrniad 7rl. cér imad.
Cerniam was the name of tlie chief of the elfmound that is
there. Wlience Cerna is named.
Otherwise : Cerna i, e. caer-nia[d] « abundance of champ-
ions », because there is the principal burial-place of Bregia
and the eastern part of Meath, and, moreover, 'tis there that
Cerna Cass son of Cairpre son of Etdin, and his father were
buried. 'Tis because of the abundance of champions and chiefs
there that Caer niad is said, etc. : câer (means) « abun-
dance ».
Also in LL. 168* 39: H. 15^: Lee. 518^; and Bodl. no. 48. Edited from
Bodl. in Folklore, III, 512.
O'Donovan, Four Mastcrs, A.D. 890, note 2, says that Cearna is not
identified, but that it is referred to in the Dindsenchas as situate in Meath.
câer, protoceltic qairo- (-â?), root qi, Skr. cinoti, Av. ci.
lié. Cloenloch.
Cloenloch, canas roainmniged?
Ni ansa .i. Claon mac Ingoir meic rig Bretan Ala Cluaidhe,
is e cétna cennaighe ^ dodechaid a hAlpain i nEirind co nduis-
ib flatha fer nGaeidhel, conid and docer, ocon loch ucat. Unde
Cloenloch nominatur.
Cloen son of Ingor, son of the king of the Britons of Ail
Clûaide, was the first merchant that came out of Alba into
Erin with présents fit for princes of the men of the Gaels, and
there he fell, at yonder lake. Whence Cloenloch is named.
Also in LL. 169b 15 : H. 66^: Lee. 518^, and Bodl. no. 49. Edited from
LL. in Silva Gadelica, II, 468, 515 : from Bodl. in Folklore, III, 515.
I . cendaidhe R.
68 Whitley Stokes.
Ail Clûaidc « the Rock of Clyde », now Dumbarton.
Three lakes called Claonloch « crooked lake » are mentioned in the Aii-
nals of the Four Masters. This one, perhaps, is Claonloch Slèibhe Ftiaid, A.D.
1009, which is near Newtown Hamilton in the co. of Armagh. A Cloen-
loch near Gort in the co. of Galway is mentioned in Chron. Scot, pp. 45,
369.
117. HiRARUS,
Hirarus, canas roainniniged ?
Wi ansa À. Eôin Baile hatar oc tathaigid Cairpr/ Likchair
do Raith Cairprf. « Tortha, tortha », a do dib; « TIagu,
tiagu, » in deda aile. Secbt coecait oidhchi badar oc fochetal
do, 7 ciped teach [fo. ii'i,^ i] ind Ere a mbeith Cairpre taircitis
chuccai. Cetheora poca insin in Meic Oicc. Ros-delb ir-richt
cethri [n-én] co mbidis oc togerad ca;m nErtv/n.
Asrubart Cairpre insin fria druid ^ .i. Bicne a ainm : « Cisi
aird arangairet duit ? » ar in drûi 2. « Etrom 7 turcbail ngréne, »
ol Cairpre. Corna iarsin tarclamad crand do car/; fid i n-Erinn
don drui[d], 7 foreimidh diclietal foraib co iMcad crand do a
Fid Frosmuine, rondergenai dicetal fair. Tuargabad in t-herus
soin os fedhoibli ^renn, coro fastai na heonu ucat [cen togai-
rad Cairpri o sein illc.]
« As uasal 7 lier in t-herwj-, a Bicne, 7 bid se a hainm, Her-
heriis, » 7 îorhcbad dia comforba car/; ndoraid forfeimdibitis
fir Ere»?; do gleodh dosum acht co tarmalad ni dia thorud, do
ith nô do blicht nô mes nô iasc. Unc/f YWravus nominatur.
The (four) birds of Baile came haunting Cairpre Lifechair
to Raith Cairpri. « Come, come 3 ! » say two of them. « I
go, I go » say the other two. For seven times fifty nights
they were lampooning(?) him, and no matter what house in
Erin Cairpre was in, to him they would repair 4. Now those
1 . sic LL. draui R.
2. sic LL. an draui R.
5. tortha from to-orlha: cf. ortha À. eirg, LU. 57^, cognate with Lat.
orior, Gr. ôo-vj-ai?
4. tairgeadh .i. teacht a coming onward, P. O'C.
The Rennes Dindsenchas. 69
birds were the Mac Oc's four kisses. He had shaped them into
the form of four birds that they might be girding at the nobles
of Erin.
Cairbre told that to his wizard hight Bicne. « In what
quarter do they cry (?) to thee ? » asked the wizard. « Be-
tween me and the sunrise, » says Cairbre. So then a tree from
every forest in Ireland was collected for the wizard, and he
was unable to sing spells over them until a tree was brought
to him out of Fid Frosmuine. Over this he sang a spell and
that herus (spindletree ?) was uphfted over the woods of Erin,
and it detained yonder birds (on its branches), and there was
no mocking of Cairbre thenceforward.
« Noble and high is the benis, O Bicne; and this shall be
the name of the place, Hér-herus « high herus ! » And to his
successor this was left, that when the men of Erin should be
unable to get any difficult question decided^ by him he should
partake of some of its fruit, corn, milk, mast or fish. Whence
Hirarus is named.
Also in LL. 166*23: Lee. 518-': H, 15b.
Hirarus perhaps loraras, now Ories or Oris in the barony of Clonlonan
and county of Westmeath. See the Four Masters, A.D. 1160. Fid Frosmuine
not identified.
As to the Birds of Baile and the Mac Oc's Kisses, see O'Curry Lectures,
pp. 478, 479.
The taie is incomplète, especially at the end, and there are some obscure
words in it: Fochetal seems cognate with W. go-gaiiu: togerad (leg. fo-gêr-
ad ?) cognate with gêr « sharp » : herus now feorus, gl. accrus, leg. acc-
rus, Ir. Gl. no. 582 : feoras spindle wood, a spindle tree, prick wood orpeg-
word, P. O'C.
118. Mag Findabrach.
Mag Findabrach, can as voainmnigcd ?
Ni ansa. Lixgaid Lâigde- donacht aniar on Etharlaighe > do
tabairt catha Crinda la Cormac [hua Cuinn] fri hUlltu, conid
1 . gleôdh .i. glanad no criochnaghadh cleaning. . . ending, deciding,
P. O'C.
2 . laide R. ; . etharlaidhc R.
70 Wlntley Sîokes.
he Lugaid iarsin romarb na tri Ferg//i-a .i. Fergus Duibdetach
7 Vergus Foltlebar 7 Fergz^i' Bôd dar Brega. forsin oenlic oc
Raitlî Crô, dia ii-ep£'rt CoriiMc :
For an oen-lic oc Raith Cro
fortbe ^ na tri Ferguso,
co n-ebt7't Corm^/c « is gle
ni ceil a doe for Ldige ^
Ociis rorighsat Ulaid Eocliaz^ Gunnfat iardain, 7 adberar
Lugaid dia marb^i, 7 is eisein cath inro chaid[set] fir Hérenn
a n-armu co nach denad nech acbt a inathar do tarraing co[n]a
lamaib a broind aroile. Co;zid de ata Ath in Inathair fri Crinda
anoirtuaidh, 7 dofuit Lugaid Làigde 3 in la sin.
Dotoet4 dano Findabair ingen Luig[d]ech aniar os cethaib
forngaire S do comfis a aihar, con'id co;zdrainicc fri tasc a hatliar
isin mag ucut, co r[o]eimid a cride cnomaidm inde 7 ina dalta
dia cumaidhsi .i. Brech mac Broiclidi. Unde [Mag Finnabrach
7 Breclimag].
Lugaid Ldigde c^me from the west, from the Etharlaige, to
deliver tlie battle of Crinna in aid of Cormac liua Cuinn against
the Ulaid ; and that was the Lugaid who aftcrwards killed the
three Ferguses, — to wit, Fergus the Blacktoothed, Fergus
Longhair and Fergus Fire-over-Bregia — on the same flags-
tone at Raith Cro. Whereof Cormac said :
On the same flagstone at Raith Cro (was) the slaughtering
of the thrce Ferguses, so that Cormac said : « it is clear his
arm doth not fail Ldigde ».
And the Ulaid crowned Eochaid Longneck ^, and 'tis said
that Lugaid killed him; and that is the battle in which the
men of Erin used up their weapons so that no one could do
1. fortmboi R. foirthhe .i. foirthcibeadh no gearradh, P. O'C.
2. ar laide R.
3 . laide R.
4. Dotaeth R.
5 . In the poem this is os cethaib fian forngaire. Probably Cetha Forn-
gairi is a place-name.
6. With Ir. giinn neck, P. O'C. compares Corn, codna.
The Rennes Dindsenchas. 71
augh. but drag with his hands the entrails out of another's
belly. l'^ence is Aîjj in Inathair « the Ford of the Entrails »,
to the nt rth-east of Crinna. And on that day Lugaid Ldigde
(himselfj fell. So then his daughter Findabair came from the
west over Cetha Forngairi [?] to learn about her father, and on
yon plain she met the news of her father's death, and her heart
broke in her like a nut. And in like manner the heart of her
fosterlino; Brech son of Broichde broke out of grief for her.
Whence are Mag Finnabrach « Finnabair's Plain », and Brech-
mag.
Also in LL. 16'^^ ly. BB. 407-1 25 : H. 16^, and Lee. 5 19a.
Mag Finnabrach not identified. Etharhige or Atharlach, now Aharlovv, a
glen in Tipperary. Rdilh Crô near Slane in the co. Meath. Brechmag, angli-
cised Breaffy. perhaps in co. Clare.
The battle of Crinna (on the Boyne, near Stacl^allan Bridge) is dated
A.D. 206, by the Four Masters, who there give the above quatrain. There
is a long story about this battle in the Book of Lismore, fo. 121a — 123»,
which has been edited and translated in SiJva Gadclica, I, 319-326, II, 359-
368. and of which there is a précis in O'Mahony's Keatlng, pp. 323-327.
119. Lia Lindgatain.
Lia Lindgatain, canas roaimnniged ?
Ni ansa. Lindgadan mac Lasghaire Buadaich maie Conna'id
Buidhe maie Iliach tall boin m^el Deichteri màthar ConcnXainn
a Dun Delga a Muigh M^rthemne, coma, romarb Ci'iciûaiiiii
oc in lia ucat. Unde Lia Lindgadan.
Ail[i]tt'r ; Lindgadan Labar, callaire Herenn a flaith Find meic
Findtain, 7 ni lamthai labra leis ar muir nô ar tir cen fiar-
faighe^ dosom, ar is hé ba rondaire 7 ba sluaghrechtaire fer
nErenn. Co cuala-som fecht and fria di chulaid asin carraic
in mac alla 'coa fregra. Amsoi fon ail 7 nodo-sine fris dia di-
gail fair in gotha rochuala, co^zatarraid barr na tuinde -, coron-
esart 'moan cairric, conià romarb and. Unde Lia Lindgadan
noniinaiu}\
I. fiarfaidhe R. 2. murthuinde Ed. Wclsh ?HorJo«.
72 Whitley Stokes.
Lindgadan son of Loeguire the Gifted, son of Connad the
Yellow, son of Iliach, stole out of Dundalk onMagMurthemne
a hornless cow which belonged to Dechtere, Cùchulainn's
mother, so Cûchulainn killed him at yonder stone. Whence
Lia Lindgadain.
Otherwise : Lindgadan the Arrogant, the crier ^ of Erin in
the reign of Find son of Findtan, and no one durst speak to
him, on sea or on land, without being asked by him; for 'tis he
thatwas spencer and host-steward of themen of Ireland. Once
upon a time he heard, behind him, out of the crag the écho
answerino; him. He turned to the chff and stretched towards
it to avenge on it the voice he had heard. Whereupon the crest
of the wave overtook him, and dashed him against the rock,
and there killed him. Whence Lia Lindgadain « Lindgadan's
Stone » is named.
Also in LL. 165^25: BB. 407^5: H. ôy»: Lee. 519'': and Ed. fo. 5^2.
Edited frora Ed. in Folklore, IV, 484-485.
Lia Lins'adain not identified.
120. GÀIRECH.
Gairech, canas roainmniged ?
Ni ansa. Don gair rolasat macraid Emna im Comculaifin ina
lighe chro, co rot-freagratrt';- 7 carpait 7 graigi- 7 [fo. 124-' i]
armu 7 ailchi na ngrellach san chan imon n-ath, co mhinar
amal tinde foibdidi ïor fiuchw^. Unde Gairech dicitur.
From the gai r « outcry » which the striplings of Emain sent
forth around (their fosterbrother) Cûchulainn as he lay in his
bed of gore. And chariots and horses and weapons and the
stones of the mires 3 answered it on this side and that around
1 . In the pocm he is called calJairc choirinlighe the callaire of the ale-
house: callaire .i. bolsgaire no fcar garma, P. O'C.
2. cairge R.
3. orcallach clav. loam, mire: the nanic of several lands in Ireland, so
called from being flat, moist, bare, trampled places, P. O'C.
The Rennes Dindsencluis. 7^
the ford, so that they became likea (redhot) ingot^ dipt (and)
boiling. Whence Gàirech is said.
Also in LL. 165b 48: BB. 407b 25 : H. 6j^: Lee. 520^. Edited from LL.
in Silva Gadelica, II, 480, 528.
The Hill of Gairech, says O'Curry {Lectures, p 39) is « sorae distance
southeast of Athlone, where the Ulstermen routed their enemies and
drove them in disorder over the Shannon into Connacht » .
The tragical death of the stripHngs of Emain is recounted in the Tàia
bd Cûahigi, LU. 78b, LL. 76b.
121. LUIBNECH.
Luibnech, canas roainiuniged?
Ni aiisa. Lubaii dtrgoir roboi isin chétaig- Crimibainii [À.
lennbrat sainemail Crimthainn] Niad Naire dosn-ucsat Ulaid
aniar o Temraig Luachnx ar in mbaethréim 3 rucsat o Dun da
Bend co Cend Febrat Sleibe Gain, 7 dia ro ortsat in cathraig'^ 7
dia ro marbsat in rii 7 tuc[sat] leo a cetaig, conid and cota-
bruiset 7 ro scarsat a tri coecta luban co ;z-uboll oir ar cach lu-
bain. Is frisin dû sin adberar Luibnech 5.
A bow*^ of red gold which was in the cétach Crimthainn,
that is, Crimthann Nia Nâire's beautiful mantle which the
Ulaid carried oif from the west, from Tara Luachra, in the
furious foray which they made from the Fort of two Peaks to
Cenn Febrat of Sliab Gain. When they wrecked the town, and
killed the king and brought away his mantle, 'tis in that place
(Luibnech) they broke it up and tore out its thrice fifty lâ-
hàns « bows » with an apple of gold on each. Of that place
Luibnech is said.
Also in LL. i6)b 38: BB. 407-^ 58 : H. 67b ; and Lee. 520-1.
Luibnech (gen. Liiibiiige), not identified. It was, according to O'Dono-
1 . tin[n]e .i. caor the mass, cast or charge of any métal from the forge
or furnace, as much as either melt[s] at once, P. O'C.
2. chetaid R.
3 . bsethrem R.
4. carrac R.
5 . frie isindu in abbar luibnec/jR. is fns innûi adbt'rar luibnech BB. fesin
àicittcv, Lee.
6. îâbdu a bow, a hoop, an arch, P. O'C.
Revue Celtique, XVI. 6
74 Whitley Sîokes.
van (Book of Rights, lo note u) a place on the borders of ancient Meath
and Munster.
The story of the furious foray of the Ulaid is told in a fragmentary
manner in the Book of Leinster, 261 1> 26 — 268b, and the Lebar na hUidre,
19a — 20b, whence it has been edited by the late W. M. Hennessy, in the
Todd Lectureseries, vol. I. He identifies Dân dà Beini « Fort of Two Peaks »,
with Dunsandel near Coleraine. He thinks that Tara Luachra is on the
confines of Limerick and Kerry. Sliab Câin is a hill to the south of Ardpa-
trick, co. Limerick.
As to Crimthann Nia Nâire and his mantle, see above, no. 30 (Revue Cel-
tique, XV, 332).
122. Lecc Thollchinn.
Lecc Thollcind, cid dia ta ?
Ni ansa. Tollchend druth Enna Ceiidsclaig^ nô ^âiach meic
Enda Ceindsek/V doroch^/r i - cath in Saxanu ïor Muir hicht
dia ngaet 3 Niall A'^ci/giallach do laim ~Echach, coro tescad a
cend and don druth cosin cathbarr moaille fris, 7 rogloidastar
a cathbarr 'moa cend, 7 forfeimdes a brud 110 a etarscarad fria
cend, coro ladh im-muir, coro idnaic car/; tond diaroile, co
roacht forsin licc-ut, 7 nôi [tuill] and, a da n-o 7 a da su[i]l 7
a da oil 7 a da sroin 7 a bel, et nmic Tollcend dicebatiu% 7 Lee
ToWchind in lecc fo;'[s]a tocomlai.
Tollchenn the jester of Enna Cennselach orof Eochaid, Enna
Cennselach's son, fell in a battle against the Saxons on the
Ictian Sea when Niall of the Nine Hostages was mortally
wounded by Eochaid's hand. The jester's head was eut off, and
together with it the helmet, for the helmet stuck round the
head and could not be broken or scparated therefrom. So the
head was cast into the sea, and one wave delivered it to ano-
ther till it arrived at yonder Lecc « flagstone » ; and there were
nine holes therein, its two ears and two eyes and two cheeks
and two nostrils and the mouth. Whence was said Toll-chenn
1. cendselaid R.
2. aR.
3 . ngaeti R.
The Rennes Dindsenchas. 75
« h:!°-head », and Ixcc Thollchinn « Holehead's Flagstone »
the stone whereat it arrived.
Also in LL. 166^ 5 : BB. 408b 28 : H. 67b : Lee. 520».
Lecc Thollcinn not identified. Miiir n Icht the channel between France and
England. Niall of the Nine Hostages slain by Eochaid, A.D. 405, accor-
ding to the Annals of the Four Masters.
125. Indber mBicni.
Indber niBicne, canas ro aininniged ?
Ni ansa. Bicne gilla Conoïïl Q'rnaigh^ adbath and oc timain
na mbo dobretha ^ a hAlpain iarsin mbôdr mor boi a n-aimsir
Bresail Bodibaidh ineic Rudraighi 3 nô Bresail Bric, coind and
atbath Bicne mac Loegaire coiia n-imain hi tir, 7 is and con-
rallsat in bùar4 a n-adarca dib, conid de atberar Bendchor
Ulad 7 Indber mBicne nominatur.
Bicne, Conall Cernach's servant, died there while driving the
kine (of Frdecli son of Idath) tliat were brought eut of
Scotland after the great murrain that befei in the time of Bres-
al Bô-dibad son of Rudraige, or (in the time) of Bresal Brecc.
There, then, died Bicne son of Loegaire (smothered in a
quicksand) when driving them ashore, and 'tis there that (in
grief for him) the cattle shed their horns. Whence Bennchor
Ulad « horn-casting of Ulster » is said, and Indber mBicni
« Bicne's Estuary » is named.
Also in LL. 166-^ 14: BB. 408» 58 : H. 68^ and Lee. 520. Indher mBicni
seems =^ the Inber Béce of Cormac's Glossary s. v. Coire Breccain, now
probably, Bangor Bay. As to the Ostium fluvii nomine Bicne see Reeves
Eccl. Antiqq. 387.
Bennchor Ulad now Bangor in the co. Down, the site of S. ComgeU's great
and fa mous monastery, of which the churchyard and the Antiphonary are
now the only rehcs.
The story hère referred to, Tâin Bô Frdich, LL. 248'> — 2)2b, has been
edited by Crowe in the Proceedin^s of the R. I. Academy, Irish niss. séries,
voL I, pp. 136-156.
1 . c«rnaidh' R. 3 . rugraidhe R.
2. dobrethta R. 4. buair R.
yô Whitley Stokes.
As to Bresal Bôdibad « cow-destruction », seeûieCoir Aniiiaiu!, where it
is said that only three heifers survived the murrain. He reigned (according
to the Four Mas ter s) from A. M. 4991 to A. M. 5001.
As to shedding horns in token of grief, see above, no. 16.
124. Loch Séta.
Loch Séta^, cmas Yoainmnigcd ?
Ni misa. Set as dech ro bôi i D-Erinn intansin .i. mind Lse-
oahe Luire meic \]mini rolasat ino;ena Fainle mcfc Duib
[fo. 124'' i] da Roth ind. Mondial 7 Dian 7 Dalb, Echen 7
Biblu a n-anmann, 7 romarbta iarsin Faillie 7 a coicingena ind,
7 tucsat isin loch lasin set, Un^^ [Loch Séta.]
The best set « jewel » that was then in Erin, to wit the
diadem of (the king of Leinster) Loeguire Lore son of L^gaine,
which the daughters of Faindle son of Dub-dâ-Roth flung
into the lake. Monchae, Dian, Dalb, Echan and Biblu were
their names. And afterwards Faindle and his five daughters
were killed for this crime, and they (the executioners) cast
them into the lake along with the jewel.
Also in LL. i68b48: BB. 408b 4: H. 68b: Lee. 520^; and D. 4. 2, a ms.
in the hbrary of the R. I. Academy.
Loch Séta not identified. It must be in Leinster.
Loeguire Lorc monarch of Ireland, according to the Four Mastcrs, A. M.
4607, 4608.
This story, hke many othcrs in the Dindsenchas, is incompletely told,
the narrator assuming that his hearer or reader knew why the diadem was
flung into tlie lake.
125. Traig Tuirbi.
[TJraig Tuirbe, canas xoainmnigcâ ?
Ni ansa À. Tuirbe Tragmar, atha/r Gobain soir, is e rodon-
selb. is on f()rba sin^ foceirdedh aurchur dia biail5 a Taulaigh
I . setna R.
2 is e sin R.
3 . buil R.
The Rennes Dindsenchas. -jj
in Bêla fri hagaid in tuile co «-aurgairedh in fairrge, 7 ni tui-
dhcedh tairis. Ochs ni fes can a 3 genelach sainriud, acht minip
oen dona hespadachaib atrullatar o Temraig riasin Sab n-Il-
danach fil i4 nDiamraib Bregh. Unde Tra'ig Tuirbi.
Tuirbe's strand, whence was it named ? Not hard to say.
Tuirbe Trdgmar, father of the Gobbdn Saer, 'tis he that
owned it. 'Tis from that héritage he used to hurl a cast of his
axe, fi-om TuJach in Bêla « the Hill of the Axe » in the foce
of the flood-tide, so that he forbade the sea, and it would not
corne over the axe. And no one knows his genealogy unless
he be one of the defectives who fled from Tara before the
Master of Many Arts and who are (now) in the Diamrai of
Bregia. Whence Trâig Tuirbi « Tuirbe's Strand ».
Also in BB. 408b : H. 68-'': Lee. 520b, and Ed. 5b i. Edited from BB. in
Silva GadeHca, II, 473, 518 : from Ed. in FoUdore, IV, 488.
According to Pétrie (Round Toivers, pp. 382, 383) Trâig Tuirbi « Tur-
be's Strand » is now Turvey on the nortlicrn coast of the co. of Dublin,
and the Diavira Breg are now Diamor in Meath. As to the Gohbdn (« beak-
let, snoutlet ») Sacj- see Pétrie ubi supra.
Sab ilddnach should be Saiiiilddnach « skilled-in-many-arts-together », as
it is in Ed. and in the Second Bat lie of Moytiira. See Revue Celtique, XII,
pp. 74, 76, 78, 80. It was applied to Lugh mac Ethlenu.
The taie of Tuirbe and his axe rerainds one of Paraçurâma. « This hero,
after the destruction of the Kshatriya race, bestowed the earth upon the
Brahmans, who repaid the obligation by banishing him as a homicide from
amongst them. Being thus at a loss for a domicile, he solicited one of the
océan, and its regent-deity consented to yield him as much land as he could
hurl his battle-axe along. Paraçurâma threw the weapon from Gokernam
to Kumâri, and the retiring océan yielded him the coast of Malabar, below
the latitude of 15° ». H. H. Wilson, Catalogue of the Mackeii:[ie Collection,
2d éd. Madras, 1882, p. 56.
So in his Glossary of Judicial and Revenue Ternis, London, 1855, p. 402:
« Paraçurûma. . . an avatar of Vishnu, to whom is ascribed the recovery
from the sea of Kerala, or Malabar, by casting his axe from a point of the
coast, Mount Dilli, to the extrême south ; the sea retiring from the part
sowwhich the axe flew ».
3 . an R.
4. a R.
78 Whitley Stokes .
126. Bri Léith.
[B]ri Leith, canas roaimnniged?
Ni aiisa. Liath mac Celtchair Chualand is e m^c flatha is
coimebôi hisidcuirib Hcreniij co ro carasMr-sein Brii mBruach-
bricc ingen Mid/r Morglonnaigh mc/clndui maie Cechtaigh^
Dochoidh da//o Bri a hingenraidli co FtTta na ningen a tseh
Themrach. Luid Liath lin a macc^em co mbôi hi Tulaigh na
hiarmaithrighi. Feimdiset comracc ni bad nesom fri taibleoraib
side Mid/r [fo. 124'' 2] ar ba lir becli-teilleoin hi 16 dinnle-
imfreagra a ndiubraic[th]e, co ro briscif Ico Cochlangilla Leith,
co 7/-apad.
IMsôi in ingen do Bri Leith coro bris a cride inti, 7 atb^rt
Liath : « Cenco roosa in inginsi is mo ainmse bias fw/rre »
.i. Bri Leith .i. bri asa Hath, conid de atberar Bri Leith 7
Dind Cochiain.
Liath son of Celtchar of Cualu, was the fairest prince's
son that Hved in the foiry-troops of Erin, and he loved Bri
Bruachbrecc daughter of Mider of the Mighty Deeds son of
Indui, son of Cechtach. (To meet her lover) Bri went with
her maidens to the Grave of theGirls beside Tara. And Liath
went with ail his youths till he stood on the Hill of the
Aftcr-repentance. And they could not corne nearer together,
because of the slingers on Mider's clfmound. For as numerous
as a swarm of bées on a day of beauty was the mutual answer
of their castings. And Cochlan, Liath's servant, was sore-
wounded by them and he died.
Then the girl turns to (Mider's elfmound, now) Bri Léith,
and (there) her heart broke in her, (and there she died). And
Liath said : « Though I shall not attain this girl, 'tis my name
that she shall bear, » Hence Bri Léith, that is « Liath's Hill » .
Hence is said Bri Léith and Dind Cochlàin « Cochldn's Height ».
1 . cechtaidh R.
2. ainnbe R. ainleH. ainle Bodl. nalaind Lcc. Read dndle by metathesis
for dinde, dilde, derived from dJind « beautiful « .
The Rennes Dindienchas. -jc)
Also in BB. 408b 54 : H. 68^: Lee. 521 «: Bodl. no. 9; and Ed. fo. 2^ i.
Edited from BB. in Silva Gadelica, II, 476, 522 : from Bodl. in Folklore,
III, 477.
Brî Lcith west of Ardagh in tlie co. of Longford. Ciialti a district in the
co. of Wicklow. Ferta na n-Ingeii probably tlie first of the two Cloenjertae,
Rev. Celtique, XV. 283. See O'Curry's Manners andCusloiiis,lll, 356, 357,
where he renders briiachhrec (« bigbellied-frecl^led » ') by « of the frecicled
face » tulach na hiannaithrige by « Hill of Pursuit », tahleori (derived from
tahaill « sling », W. /<?/), by « battlement-warders », and teiU'nui by « hu-
mming wild bées ».
As to the elfking Miderof Brî Léith see Windisch's Irischc Texte, I, 115,
ri6, 876, O'Curry's M. and C, II, 192-194, III, 191, and d'Arbois de
Jubainville's Le Cycle Mythologique Irlandais, pp. 274, 311-322.
127. Tethba.
[Tjethba, canas ro aimnniged?
Ni ansa. Tefli ingen Eachach Oiremon co ros-car Noisiu mac
Nechtoin Findgualai o Loch Léin, 7 ba hi a muime de, Eitech
ingen Lendglais meic Luind de Glomraighiu Trachta Tuirhe.
Is i dociiôidli marôen^ lia dalta. O dorocht [Tethba] co hArd
Nôisen — 7 ba hArd n-Umai co sin — asbcrt-si : « Bid tes-
baidh do cumtuch in tirese mo dulasa as. » « Ni ba fir on, »
ar Noisiu. « Ni theseba do slondu[d]su don tirse : issed on
arata. » « Is teidmnech ind ail breithre facbaisiu hr in tirse,
ar sisi 3 : « bat-lile comhui de ar ar tarrggraig. » Ba fir àidiu,
ar itbath a muime oc dul buddes, conid de ata Cenn-etich 7
Tethba.
Tethba was Eochaid Airem's daughter, and she was loved
by Noisiu son of Nechtdn of the White Shoulder, from Loch
Léin. And his fosterraother was Etech daughter of Lennglass
son of Lon, of the Glomraige of Tuirbe's Strand, and 'tis she
that went along with her fosterhng (when he eloped with
Tethba). When Tethba reached Ard Nôisen — till then it had
1. hruach .i. brumhôr big-belHed, largebcliied, P. O'C.
2. mâroen R.
3 . tirese ar isisi R.
8o Wintley Stokes.
been Ard n-Umai — she said : « My going hence will lessen
this land's covert ». « That is untme, » saysNôisiu: « thiiie
appellation will never be wanting to this land. Such is what
remains (and it will suffice). » Quoth she: « The shameful
word'^ which thou hast left on this land is deadly. Grief
therefor will follow thee on our journey. » That came true,
for in wending southwards his fostermother died. So thence
is Cenn-Etich and Tcthba.
Also in BB. 409^12: H. éSb; Lee. 52i''>; Bodl. no. 13; and Ed. fo. 3»!.
Edited from BB. in Sih'a Gaddica, II, 473, 518: froni Bodl. in Folklore,
III, 480-481.
Tethha, anglicised Teffa, a territory in the counties of Weslmeath and
Longford. Loch Léin now the Lakes of Killarney. Tracht Tnirbi near Mala-
hide in tke co. of Dublin. Ard Nôisen « Noisiu's Height », not identified,
Çom Etich now Kinnitty in King's county, O'Curry Lectures, p. 340 : Cbron.
Scot., p. 367.
Eochaid Airem overking of Ireland A. M 5070, according to the Four
Masters.
128. Loch Andind 7 Loch n-Uair,
[L]och Aindind 7 Loch n-Uair, canas roaiiimnigthe?
Ni ansa. Aindind Oach 7 hUar Etharchar da mac Gumoit do
rigaib Fear mBolg. 7 is do leith genek/^ fer nGréc doib .i.
Grecus mac Point 7 Danaus mac Point, 7 is eisen sen Fher
mBolg, 7 rogab wen indara fine ior aroile, co tallsat ïonn a
n-uisqwc somblasta, daig is cornus cachta berar [for] uisq//€ hi
tirib Gr^'c, 7 adachta fo dœire .i. uir do tarraing for lecaib loma
co mbeidis sccJjt cubait ina doimne. Roteichset da/zc riasin cu-
machti moir dochum vîExcnn, 7 ni gabsat acht \c lochoib lind-
glanaib. Rogab da«o Aindind 7 Uar ac dib lochaib cutrumaib
.i. CLitruma fodeas 7 fotuaidh, uaidh[ib], 7 co n-eplet^r diblin-
aib car/; coa loch, et a C[U\hns nomina[n]tur.
Aindinn Oach « the Eared » and Uar Etharchar were two
sons of Gumor (Ugmor ?) of the kings of the Fir Bolg. And as
regards pedigree they were of the men of the Greeks, to wit,
I . Literally « shame of a word », « verbal insuit ». See Revue Celtique,
VIII, p. 50, linc 10.
The Rennes bi.
Grecus son of Pont and Danaus son ox
the ancestor of the Fir Bolg. And one of the l
vailed over the other and deprived them of their s s.
water, for in the lands of the Greeks a power of impou..
is given over water; and they were made subject to slavery,
namely to drag mould (in leathern bags) on to bare flagstones,
80 that it might be seven cubits deep on the stones.
So (having built boats of the leathern bags) they fled be-
fore that tyranny to Ireland, and there they set up only at
clear-watered lakes. So Aindinn and Uar set up at two of
thèse Likes which were equal, that is equal in the south and
in the north; and there they both died, each at his kike; and
from them the lakes are named.
Also in BB. 409^1 34: H. 69^: Lee. 521^ Bodl. no. 14: and Ed. fo. 3^1.
Edited from Bodl. in Folklore, III, 482.
Loch Aindinn, now Lough Ennell in Westmeath. (Aindenn son of Ne-
med, BB. iib). Loch Uair now Lough Owei in Westmeath. Turgesius
(Thorgils) was drowned in it A.D. 847.
As to the Fir Bolg and their bags see LL. 6^. As to their flight to Ire-
land, O'Mahony's Keating, p. 129.
129. Druim Suamaich.
[DJRLiim Suamaich, canas ïoaininniged ?
Wiansa. Suamach mac Samgubai, sencha[id] 7 aiti Cormaic
Conloinges meic Coiichohair, 7 Caindlech ingen Geim Gelta
mt'/c Rodba meic Tuaich Tuile, di ^ claind Conoiïl Ct';/[g]ancnis,
ba si sin a muime. Co du[d]caid Cormac aniar o Cruachain Aei,
do gabail rigi n-lUmi^ 7 ro an a oiti dia éis ardaig rofitir dofie-
dsad a dalta 7 na bad ri Ulad. Doluid Suamach i^ ndiaidh a
diihx dia ergaire arna tesed in targraidh. Intan tanic co Tulaig
nDér .i. dera in Dagdai oc cainiud a meic, is and a/ro//nairc
daighidh na hoirgne i^ [mJBruidin da Choca. Atbail Suamach
cenfuirech, 7 atbail Caindlech i n-Ard Caindlech. Vnde Druim
Suamaich 7 Ard Caindlech dicuntur:.
1. diaR.
2. a R.
^^
Stokes.
_,amguba was the storyteller and fosterfa-
. Conlonges son of Conchobar, and Cormac''s
.cr was Caindlech daugliter of Geim Gelta son of
a, son of Tuach Tuile, of the clan of Conall Hornskin.
rvhen Cormac went eastward from Cruachan Ai to seize the
crown of Ulster his fosterflither h ad stayed behind him be-
cause he knew that his fosterling would fall and never be
king of the Ulaid. (Howbeit) Suamach foUowed his fosterling
to forbid him to go on that journey. When he came to the
Hill ofthe Tears — that is, the tears of the Dagda bewailing
his son (Germait) — there he beheld the blaze ofthe wrecking
of Bruden da Ghoca. Suamach died forthwith, and Gaindlech
(hearing that her fosterling was slain) died on Ard Gain-
dlech, Whence Druim Suamaich « Suamach's Ridge » and
Ard Caindlech.
Also in LL. 166^46 : BB. 409^' 31 : H. 69b : Lee. 522», and Bodl. no. 45.
Edited from Bodl. in Folklore, III, 308.
Druim Sitainaig and Ard Caindlech, not identified. Bruden da Choca now
Breenmore, in the barony of Kilkenny West, in the co. ofWestraeath.
The taie is an incident in the unpublished story of Togail Bruidne da Choca,
as to which see O'Curry, Lectures, p. 260: Manncrs and Cnstonis, III, 254.
Hère follows the passage in question, from the oldest copy, viz. that in
H. 3. 18, for a loan of which MS. I am indebted to the Board of Trinity
Collège, Dublin :
Dodechaid âïdiu Suamach mac Samgub^ anîar andiaidh na turrgraighe
di vreit[h] rohaid da daltae, cor-rainic Tulaig Dér .i. derce folas rotheilg in
Dagdse inte a comrac fri tasc a meic in Cermatae. Conid de digairter Tu-
lach Der di. O\conivcùrc iar«/« Suamach daigh na hoirgne uad fora daltée
ni rodamairdo co robris a cride ann, conïd de digarar Druim Suama/V don
t'ûaig 0 sin co sudiu, H. 3. 18, pp. 717-718.
Then Suamach son ofSamguba went from the west aftcr the expédition,
to give a warning to his fosterson. And he reached the Hill of Tears, that
is, the tears of blood which the Dagda shed thereon when he met with the
report (of the death) of his son, the Germait : hence it is called Tiilach Dér
(' the Hill of Tears «. Now when Suamach beheld the blaze of the wreck-
ing on his fosterson he could not endure it, and his heart broke in
him. Hence from that time to this the hill is called Druim Suamaig a Sua-
mach's Ridge »,
In the same story Suamach is said to hâve been a seer and a man of
great knowledge (ba fisid-simn ocus ha fer morcelais, H. 3. 18, p. 715), and
his wife Caindlech is said to hâve fallen at Muine Caindlige « Caindlech's
Brake » (p. 713).
The Rennes Dindsenchas.
130. DÛN MAC Nechtain Scéne.
[Lee. 522'].
Dun mac Neachtain Sceine, canas ra hainmnigead ?
Ni ansa. Neacht Indbir Sceine do Corca Laidhi, bcan Fir
Uillne meic Lmgdecb Mail, mâthair a thii mac A. Diachail 7
Foili 7 Fannall ^ a n-anmand. Is iat geogna Cuchulainn dia-
ragaib armu, amail adfedar ar Macgnimarthaib) C(?//cuIainn.
Un^6' Dun mac Nechtain Scène dicitur.
Necht of Inver Scéne of the Corco Ldigdi, was the wife of
Fer Uillne son of Lugaid the Lord, and the mother of her three
sons, whose names were Diachail (Tuachail ?) and Foill and
Fannall. 'Tis they whom Cuchulainn slew when he (first)
took arms, as is told in the Boyish Dceds of CûchuJainn.
Whence is said Diïn Mac Nechtain Scéne « the Fort of the
sons of Nechtan Scéne » .
Also in LL. i7ot'4o and BB. 410^ 25.
Dûn Mac Nechtain Scéne not identified. Inhcr Sccne now Kenmare Bay.
Fer the adventure hère referred to, see Lebor na hUidre, p. 52^-52b,
and LL. 61 ''-ô/^, where the fort is called, Dûn mac Nechta Scéne.
(
\
I
Whitley Stokes.
(A suivre.)
Tuachail 7 Foil 7 Fannail, LL. Diuchaii 7 Foill 7 Fannall, BB.
in là, LL.
m(ifc[gnim]rad, BB.
LE ROI LOTH DES ROMANS DE LA TABLE RONDE.
Dans les romans français de la Table Ronde, Loth est roi
d'Orcanie et père de Gauvain. Il a épousé la sœur d'Arthur.
Chez Gaufrei de Monmouth, il est de souche royale, frère
d'Auguselus et de Urianus, neveu de SicheJiniis (leg. Sichel-
■mus?), roi de Norwège. Arthur, après sa conquête du nord de
l'île sur les Saxons, donne à Auguselus le pouvoir sur les
Scots, à Urianus le sceptre sur les Murefenses, à Lot, qui avait
épousé sa sœur, du temps d'Aurélius Ambrosius ^, et en avait
eu deux fils, Malgainus et Modredus, la Londonesia et les pro-
vinces qui en dépendaient-. Arthur assure ensuite à Loth la
possession de la Norvège, à laquelle il avait droit, comme neveu
de Sichelmus (///5f . Brit., VIII, 21 ; IX, 9; IX, ii, 12; X, 6).
Ce passage de Gaufrei me paraît des plus instructifs. Il vise,
en effet, une époque, semble-t-il, assez facile à préciser. Tout
d'abord, Londonesia ne désigne nullement Londres et le pays
y attenant, comme le dit la traduction du Brut Tysilio de
San-Marte (p. 608; cf. Myv. Arch., 2^ édit., p. 464); on doit
lire Lodoncsia ou mieux Londonesia : il s'agit, en effet, d'un
1. San-Marte a faii dans sa traduction du Brut-Tyrilio un singulier
contre-sens en faisant épouser à Loth la sœur d'Aurélius Ambrosius {Hist.
reg. Brit., p. 608). Il est vrai qu'il a suivi la traduction de Peter Roberts.
L"édition de la Myvyrian (2e éd., p. 464) ne dit rien de pareil. Peter Ro-
berts a puisé son contre-sens dans XHisloria de Gaufrei: Lot autem, qui
tempore Aurelii Ambrosii, sororem ipsius duxerat (IX, 9).
2. ... reddit Auguselo regiam potestatem Scotorum ; fratremque ejus
Urianum sceptro Murefensium insignivit; Lot autem, qui tempore Aurelii
Ambrosii sororem ipsius duxerat, ex qua Walgainum et Modredum genue-
rat, ad consulatum Londonesiae ceterarumque comprovinciarum quae ad
eum pertinebant, reduxit (IX, 9).
Le roi Loth des Romans de la Table Ronde. 85
partage de l'Ecosse, comme le montre clairement le contexte.
Lodonesia est la région de Lothian, comprenant, dans son
sens le plus étendu, tout le territoire occupé actuellement par
les comtés de Berwick, Roxburgh, et des Lothian (Skene,
Celt. Scot., I, p. 13 1)^ Murefenses indique la région connue
dans les chroniques latines sous le nom de Moravia, et com-
prenait la région de Moray et de Ross. Le nom de Scotia
comprend le reste de l'Ecosse celtique. Or, cette division n'a
de sens qu'à un seul moment de l'histoire d'Ecosse, après la
grande bataille de Carham, sur la Tweed, livrée, en 1018, par
Malcolm, roi des Scots, et Eugenius Calvus, roi des Bretons
de Strath-Clut, aux Northumbriens. L'armée des Angles fut à
peu près détruite {Simeonis Diinclm., Hisl. EccL, à l'année
ICI 8). A la suite de ce désastre, tout le district au nord de la
Tweed passa au royaume d'Ecosse et en forma la limite méri-
dionale (Sim., Jt' Ohs. Dun., ap. Skene, Celt. Scotl., I, p. 394).
La Chronique des Pietés et des Scots, document rédigé vers la
même époque, donne la division suivante de l'Ecosse : « Ultra
(Tede flumen) usque ad flumen Forthi magni, scilicet, Loonia
(Lodonesia) et Galweya (Galloway), et Albania tota, quae
modo Scotia vocatur, et Morovia, et omnes insulae occiden-
tales oceani usque ad Norwegiam et usque Daciam, sciHcet
Kathencsia, Orkaneya, Enchcgal, et Man et Ordos et Gurth, et
ceterae insulae occidentales oceani circa Nonuec^iam et Daciam
(Chron. Pict., p. 154, ap. Skene, Celt. ScoîL, p. 396). D'après
la Chronique, l'Ecosse comprend, au commencement du
xi^ siècle, trois régions : Loonia et Galweya, la région de Lo-
thian et de Galloway, de la Tweed au Forth ; la Scotia ou
Albania proprement dite, et la Moravia. La Scotia ou Albania
est nettement distinguée des pa3''s au sud des Firth, et de la
Morovia, au nord de la Spey. Au nord et à l'ouest de ces pro-
vinces est le territoire qui est sous la suprématie des Scandi-
naves et portant le nom de Nonuegia et Dacia. Sur le conti-
nent, c'est Caithness et Airergaidhel (Skene, Celt. Scotl.,
p. 396). Cette division correspond, on le voit, parfaitement à
I . Le nom de Lotb n'a rien à faire avec celui de Lodonesia ou Loudoscîa,
malgré certaines apparences.
86 J. Loth.
celle que nous trouvons dans Gaufrei. La place à part donnée
à la Moravia est particulièrement significative. Ce n'est qu'à
la mort de Sigurd, roi Scandinave des Orcades, tué à la ba-
taille décisive de Clontarf, en Irlande, en 1014, que les chefs
du pays de Moray deviennent indépendants et sont soustraits
à la domination Scandinave. Ils prennent même le titre de ri
(roi) (Celt. Scotl., I, p. 387, 397). Gaufrei s'est donc inspiré,
pour son partage de l'Ecosse, d'une source du commencement
du xi^ siècle.
La Lodonesia paraît avoir été occupée principalement par des
Pietés avant son annexion à la Northumbrie : « Erai tune rex
Pictorum Lothus — (Buchanan, Hist. Scot., V, c. 45). Boe-
thius (Scot. Hist., I, IX) dit aussi que Loth, père de Modred
et Walwan, était roi des Pietés : « Oui Pitblandiae novum a se
nomen Londoniae egregiam ob prohitatem reliqucrit ad posteras (ap.
San-Marte, Hist. reg., p. 381). La royauté de la Norvège,
confiée à Loth par Gaufrei, est un souvenir de l'époque peu
éloignée encore de son temps où l'extrême nord du continent
et les îles portaient, comme nous l'avons vu, le nom de Nor-
wegia. Les mariages entre les flmiilles des chefs Scandinaves et
des chefs Celtes d'Ecosse étaient, à cette époque, firéquents, et
il n'y a rien d'étonnant que Gaufrei ait donné à Lot un oncle
du nom de Sichelm, nom qui n'a rien de celtique. Le titre de
roi d'Orcanie que Loth a dans les romans français est équi-
valent à celui de roi de Norvège.
La version galloise de Gaufrei transforme Loth en Llew,
fils de Cynvarch, et Auguselus en Arawn, La Moravia est
remplacée par Reged ÇMyv. Arch., 2^ édit., p. 634).
L'auteur du Brut Tyrilio, voulant concilier Gaufrei qui fait
de Loth (Llew) le père de Walgainus (Gwalchmai), et la tra-
dition galloise qui le qualifie de fils de Gwyar, le donne bien
comme beau-frère d'Arthur, mais ajoute et de Giuyar, mère de
GiuaJchiuai l'empereur: (ef oedd vraïud yngyfraith y Arthyr cic
y Wyar, mam Walchmei amherawdr. Myrv. Arch., p. 464).
Il faut évident suppléer et mari àe Gwyar, mère de Gwalchmai.
Dans le Mabinogi de Kulhwch et Olwen (édit. Rh}^s-
Evans, p. 133), G walchmei, fils de Gwyar, est neveu d'Ar-
thur, fils de la sœur de ce dernier.
Le roi Loîh des Romans de la Table Ronde. 87
Le nom de Loth se retrouve-t-il dans les traditions galloises?
Le contraire serait étrange : comment serait-il venu aux ro-
manciers français ? Le Mabino2;i de Kulhwch et Olwen men-
tionne un Lloch Llawwynnyawc, ou Loch à la main blanche
ÇEdit. Rhys-Ev., p. 107). Ce personnage apparaît encore dans
le même roman, et cette fois il est présenté comme de la fa-
mille d'Arthur : « Gweir, fils de Kadellin Talariant, Gweir
Gwrhyt Ennwir, Gweir Baladyr hir, oncles d'Arthur, frères de
sa mère, fils de Lloch Llawwynnyawc, de l'autre côté de la
mer Terwyn (p. iio; Lloch est écrit ici Lliucli). On a fiit de
la mer Terwyn la mer Tyrrhénienne. C'est, eu eftet, le nom
qu'elle a pris assez souvent dans les écrits des lettrés, mais il
ne paraît guère douteux que cette mer, comme la mer To-
ri n des Irlandais, n'ait désigné toute autre choses En l'ab-
sence d'indication précise, je ne me hasarderai pas à l'iden-
tifier; il est possible qu'il s'agisse de l'estuaire du Firth of
Forth ou de celui de la Clyde. Ces estuaires sont souvent qua-
lifiés de mer, notamment par Bède. Lloch serait ainsi un chef
picte ou Scot. On remarquera qu'il n'est plus ici beau-frère
d'Arthur, mais son grand-père maternel.
En supposant que le nom de Loth ait été emprunté par les
Gallois aux Gaëls, la forme Lloch n'a rien d'anormal. Le ch
gallois avait à peu près le son du th vieil-irlandais, tandis que
le th vieux-brittonique devait avoir un son assez difterent,
comme le montre son évolution dans la plupart des groupes,
par exemple en comique et en breton-armoricain. La forme
Loth des romans français s'expliquerait, non par un emprunt
direct aux Gaëls, absolument invraisemblable, mais par une
faute de lecture : on a lu Loti: au lieu de Loch. J'ai montré
dans mon étude sur les Théories h's plus récentes de l'origine des
romans arthnriens, que plusieurs des noms les plus importants
dans ces romans étaient parvenus aux écrivains de langue
française par une source écrite : Loth serait de ce nombre.
Une autre hypothèse est possible : Loth serait une forme
I . Il est probable que cette confusion de la mer Terwyn avec la mer
Tyrrhénienne n'est- pas étrangère aux pérégrinations en Italie de plusieurs
personnages, par exemple de saint Patrice.
88 J. Loth.
brittonique et Lloch une forme galloise altérée de ce nom ; je
dis altérée, car le nom se retrouvant dans plusieurs textes fort
différents (Mabinogion, Livre noir), il est difficile de supposer
une erreur d'écriture ; ou enfin Lloch ne serait pas le Loth des
romans. Dans ce cas, retrouve-t-on le nom de Loth chez les
peuples brittoniques ?
Au tome VI, p. 198 des Anciens évêchés de Bretagne, de
MM. Geslin de Bourgogne et Anatole de Barthélémy, je relève
une donation £iite à l'abbaye de Bégar, par Eudo Loth et Loth
f rater ejus, arniigcri, à la date de 1279. Cette donation est Élite
en leur nom et au nom de leurs héritiers. Ce sont des sei-
gneurs en possession de terres dans le voisinage de Bégar.
Bégard est aujourd'hui dans l'arrondissement de Guingamp
(Côtes-du-Nord). Le nom de Loth, s'il représente une forme
vraiment bretonne, a dû, dans le cours du xiii^ siècle, en tout
cas sans aucun doute, au xiv% s'écrire Lo:{. Or, tout juste-
ment, c'est le nom d'une fomille noble du même pays, pro-
priétaire de grands biens aux xv^-xvii^ siècles dans plusieurs
parosses de l'évêché de Tréguier. Un Guillaume Loz apparaît
en 1395 ; un Yvon en 1481, etc. (de Courcy, Nobiliaire de
Bretagne, p. 118).
Si le nom de Loth avait été int.oduit chez les Armoricains
par mode, sous l'influence des romans arthuriens, on l'eût
prononcé Lot, et il n'eût point évolué en Lo^. Il est donc à
peu près certain que le nom de Loth n'était pas inconnu des
Bretons. Dès lors, il est probable que ce n'est point par les
Gallois qu'il est parvenu aux écrivains français. Mais les Gallois
n'étaient point les seuls Bretons d'Angleterre. Les Bretons du
nord de l'île, ceux du sud ont pu mieux conserver ce nom.
Une autre conséquence du fait que le nom de Loth est britto-
nique, c'est qu'il ne saurait être d'origine gaëhque : le //; brit-
tonique ne peut en effet correspondre au th vieil-irlandais.
J. Loth.
SOME I RISH ETYMA
;. TIBRE.
This Word and its derivatives hâve hitherto been explained
as if connected with tihim « I laugh ». O'Beirne Crowe ren-
dered tibrehy « dimples », see Windisch Wôrterbuch, p. 821,
Siniilary O'Clery s. v. tihrigb explained//'/ tuiiiii tibrigh hy fri
tuinn ghâireachtaigb « against a laughing wave ». But the fol-
lowing gloss from Harl. 5280, fo. 41 a seems to give the cor-
rect meaning of the word : tibre À. finda na gnïaidi fàcbus an
allan dia hésc « the hairs of the cheek, which the razor leaves
behind ». Thus in the wellknown description of CùchuHnn
(LU. p. 81 a): cethri tibre cechtar a dà griïad A. libre buide 7
tib'-e liane 7 tibre gorin 7 (ibre corcra. Now tibre is either the
plural or a sister-form of tibur, which occurs in the compound
tibur-gér « haarscharf » : côica claided fuilchrech tibiirgcra, LL.
51 a, 5. Then we hâve the adj. tibrech « hairy » in ûas tuind
tibrig LL. 17 b, 2 (cf. O'Clery's quotation) applied to a wave
in the same way as nwngach in SC. 45, 16 to the sea.
0
IL
RITH.
This would be the form which W. rhyd « ford » should
Rtvue. Celtique, XVI. 7
90 Kuno Meyer.
hâve in Irish, and I think we hâve the word in the place-
name Humar-rith, LU. 70 b, 11 : Humarrith aiiiin ind àtha
sin dano.
III.
URGARTWGUD.
That urgartiugud « to while away the time, to amuse » is
derived from garii « short » is, I think, coniirmed by the si-
milar dérivation of W. difyru « to amuse » from hyr « short »
and of O. N. skciiita in the same .sensé from shaninir « short ».
For examples of the word see Cath Finntrâgha, Index, and
add do irgartigud a menman, LU. 22 a, 27.
Kuno Meyer.
M. O'CLERY'S BEATHA CEALLAIGH
In the Brussels MS. 2324-40, fo. 53''-59% there is a copy of
the Life of St. Cellach made in 1629 by Michael O'Clery from
th Leabhar Breac, pp. 272''-275'', as appears by the following
colophon : I mainistir na m-brathar i Cinel Feichin roscriobh
an brathair hocht Michel o Chirigb an tecclamadh so labhrus ar
CheaWacb arna tecchmadb as stair labhrus ar coccadh Con-
nacht asan leabwr da n-goirtt'r Leabhar Dhùna Doighre. 3. oc-
tob^r 1629. O'Clery lelt out the narrative of the war between
Connaught and Ulster as well as the entire end of the pièce,
which relates the vengeance taken by Cûchoingelt on the
murderers of Cellach. He divided his vv^ork into 15 chapters
and called it Beaiha Ceallaig epscoip ocus a mhartra.
O'Clery's work is valuable for two reasons. First, this
is one of the rare instances where we can compare with
the original the copy made by one of the best among the
later scribes. Secondly, the Leabhar Breac was in a better
State of préservation in O'Clery's time and he was able to
read several passages which hâve since then become illegible;
and in several cases he corrected the mistakes into which the
scribe of LBr. had fallen. I therefore give a list of the most
important variants. The références are to the printed text in
O'Grady's Silva Gadelica (vol. I, pp. 49-59) corrected by the
facsimile of the original.
P. 49, 9 noticced B — 10 chrech B ;/cbc'rthe B uada B —
12 after a crech B bas : Dorala somh i n-eccraite adbail fri
ceiniul Conuill 7 Eogain 7 fri hUllta archena gorotionoilset
slùagh lânmor do crechad Connacht. Fergus (Forg//5 MS.) 7
Domhnall da mac Mhuircertaig mie Erca at iad roptar tôisigh
92 Kiino Meyer.
do slogaibh Uladh. Acht atd ni cena roairccset rempu go
Muaidh et rucc Eogan forra 7 roferadh cath ettorra cotorcair
Fergus (Forg//i" MS.) 7 Domhnall et roba tromgonta Eogan
Bel ann conadh for crannaibh a slegh rohimcuiredh he, etc.
as on p. ^0, 21.
P. 50, 25 lar sin tra roba cinnte la cach bas (ïfàgbhûil dô B
— 27 comairle LB comhairliuccz^J/; B — 30 cose LB fôs B
dib LB dhaibh B dô cluain LB go cluain B — 32 eili om. B —
33 lar sin atbath Eogan et tangat^r clanna Fiacrach go Cluain
go Ciaran mar do theccaisc Eogan doibh et o rangatt?/r fe-
rais etc. as on p. Ji, S.
P. 51, 9 roïi'esûadb B — 10 a toscca do Chiaran B — 11
agaid {i.e. adaig) LB lioidche B — -12 roaiclet^rasom LB aic-
cillsetrtirsom B — 13 do imtigh B — 19 gurab B — 21 .i. 6-
Codnaig ont. B — 22 ni ba LB nirbo 5—25 oinigh ïo B —
27 gurbo B ■ — 32 Dala Cellaig immorro B — 33 nocor LB —
goro B — 34 i;//thuillea/// LB imtuilledh na hesccaine B —
35 ar a dhoilghe B
P. 52, 5 siiiblilfT/; luigheach 5 — 8 sechnom J5 go ceirn B
— 9 ar iffern B — 11 Ocus oni. B — 14 he dana B dofui-
righ B — 17 bi LB boi B — 21 do LB ro B — 22 dorinde B
ol LB ar B ar cùla B — 23 nara LB narab B — 26 co mo
indsin LB go mor annsin B — 2S or LB ol B — 29 rempv B
— 34 7 for a ghenmnaigecht om. B — 35 for Eirinn LB ann-
sin B cotucsat B — 37 ocûs bôi LB combôi B — 38 cleirchi B
— 40 chatliair B — 40 mar LB marsin B as menci B —
41 na LB inas B
P. 53, 2 frisar B — 7 a mhac LB na m^rcaomh B — 8 fria
Guaire om. B — 9 sechaind LB torainn B — 13 ol LB ar B
— 15 dheinim B mo thratlia 7 m'urn^/Vhthe B — 16 ama-
rach B — 19 imbôi B imatL5 ni hiat B — 23 m'fcrann-sa LB
an ferann sa B — 24 ndena LB fliccba B ina bfil B — 25 i
and uli om. B — 28 rainic oni. B iarum LB sium B — 30 ûa-
dha B — 32 as a haithle LB iarum B — 34 ata a n-ddn
dam-sa B — 36 smuainedh B
P. 54, 3 sein B — 4 hoirdtvxaigedh B — 5 naomlitha B —
8 deinedh B — 9 Guaire mac Colmain B — 14 do sir i^ —
— 19 cuirit B — 20 ar a chenn B aithnighedh B — 25 over
M. O'Clery's Beatha Ceallaigh. 9j
dénam B adds radh — ^27 \\u2\gnech B — 28 ar aba B —
29 cin in chomairli bar LB doraidhset B — 32 buidech B —
34 fhurailim B — 3 5 do insachsat ina cethrar LB docuattï^r B
— 36 maraon B — 37 maith leis B — 39 oirecthar LB ec-
carthar B
P. 55, diin B — 4, 5, dii2thain B — 5 naisccedb B — 10 no
tdirnic LB co tdrnaic B — 12 ann oui. B — 13 roclaochlai-
dhsidlî bar n-aiccn^f B — 16 dogebtai B — 19 7 as cuma B —
22 do LB ro B — 23 ruccat/zr B — 26 dogébthai LB dogeb-
hadh sibh B — 37 daibhsi sa i? — 41 oram nireim nacJms B
P. 56, r mon B — 2 bar LB ar B — 3 dldiii LB cena B
— 10 cellach itir B — 12 ar thocc[th]ib LB tar togha B —
I-) inn élôd LB elvdh B — 16 for oman LB ar eccla B — 18
do thecht ani chenn LB d'fligail damh B cuma dô LB cuma
robai B — 23 alita, om. B — 25 ut dixit LB 7 doraidh B —
26 mhadan B dotaed B mar lasdn LB m'arraccldn B — 27 rus-
fôi LB rosfdidh B — ^ 28 A ingean drt'ga uaille B — 29 madan
B soillsighes B — 31 a affer acainn oui. B — 32 ar côir B —
35 forci V B — 41 fhuara B
P. 57, 4 comtharraing LB tharraing B — 13 ocus LB is B
— 15 form B — 16 mac som LB mac lie 5 — 19 ni maith B
— 20 tar (?zd er) cend B er cend B — 21 ocus LB is B —
26 ar ti'is B — 28 naomta B — 30 bi LB boi B — 34 a bhecc
nô a mhôr B — -37 rainic B — 38 déinedh B — 41 no fos-
cadh B — 42 inis B — 43 folamh B itir oui. B
P. 58 8 ina fhiadnaise don béist B — 9 ianaidb B for on-
faisi B nlsfuair don LB ni fhùair an B — 10 slich[t na péiste]
LB a slicht B — 11 dolen B — 16 crôda LB beodha B —
18 ainm hé LB ainm de i? — 20 slicht in chôicir LB an
coiccer B ar fud B — 22 a/;n-u LB armu B — 25 iar n-ithe
neithe B — 26 dolai for M. co môr B — 29 i n-iath B —
31 Eochaid LB Eoghain B — 33 nochanfuil B — 35 ar sal-
maibh (nô salmcedlaib) B
P. 59, 5 ar ecla B — 6 rosfeimdett^?;- B — 7 beos ont. B
— 13 coranccatt^rr B — 15 anni atconncat^r B doroine B —
16 bi LB bôi B — 177 roimarcuirset hé B — 23 rotoirinn B
— 25 damhaibh B et tictis B gâcha B — 26 tainic B — 28
cumann B — 29 nach mair B — 30 éis 5 — 32 ga tigh B
94 Kuno Meyer.
— 3 3 doriiide B aftcr bithtruaige B ends thiis : Acht ata ni
chena rodighail Cucoingelt go maith a brathair ar an lucht
rosmarbh, oir domarbh iad a ccethrar i n-aonbruighin 7 ri.
Kuno Meyer.
L'EXPRESSION E OUENTELL.
L'expression e quentell dans les Anciens Noëls bretons paraît
avoir parfois embarrassé M. de la Villemarqué; en plusieurs
endroits, il ne la traduit pas :
Vers : Noue! ! nouel ! e quentell don guelet
So diliu~ret bon guir roue binniguet.
Traduction: Noël! Noël! Pour nous rendre visite
Notre vrai roi béni est envoyé par Dieu.
Cf. vers 282, 283, etc.
Le dictionnaire de Le Gonidec traduit e hntel par à temps, à
propos, à point. Tel est bien le sens de cet idiotisme, comme
en fait foi le dictionnaire français-breton de Grégoire de Ros-
trenen : à tems, au temps qu'il faut: eqenteU; arrivera tems :
arruont e qentell (au mot teuis') ; la moisson a été faite à tems :
an éaust a so bet great ê qe)itell (au mot moisson'). Il n'est pas
inutile de remarquer que le même dictionnaire traduit /rt/Vé^ la
moisson par qentelya an eaust : y aurait-il entre les deux expres-
sions le même rapport qu'entre l'idiotisme français de saison,
hors de saison, et saison (sationeni) ? Ou faut-il simplement y voir
une évolution du sens de kentel, leçon ? A ce propos, il n'est
pas inutile de remarquer, comme l'a fait, je crois, M. Win-
disch, que kentel ne correspond pas exactement à l'irlandais
-citai da.nsfor-cital. La forme brittonique correspondant exac-
tement à l'irlandais est le gallois cathl := *can-tlo-.
iD^
J. LOTH.
CHRONIQUE
SOMMAIRE; I. César, De bello gallico, publié par M. Meusel. — II. La Chronique
de Saint- Riquier éditée par M. Ferd.nand Lot. — III. Le nouveau catalogue du
musée de Dijon. — IV Les bronzes gallo-romains du musée de Saint-Germain dans
un nouvel ouvrage de M. S. Reinach. — V. Les Celtes dans les vallées du Pô et du
Danube, par M. Al. Bertrand. — VI. Hibernica minora, par M. Kuno Meyer. —
VII. The Elucidarium. etc., en gallois, édites par MM. J. Morris Jones et John
Rhys. — VIII. Gildas et Nennius dans les Monumenta Germaniae historica. — IX.
Le droit irlandais suivant M. L. Ginnel et le droit gallois suivant M. Hubert Lewis.
— X. La doctrine de l'immortalité de l'âme suivant M. Marillier. — XI. L'Irlande
dans la Grande Encyclopédie. — XII. Le Trésor vieux-celtique de M. Holder. —
XIII. Un nouvel ouvrage de M. J. Rhys. — XIV. M. E. Windisch correspondant
de l'Academie des Inscriptions.
I.
Les travaux sur César, De bello gallico, se multiplient.
L'édition donnée en 1892 par M. Dosson a été annoncée ici, t. XIV,
p. 86.
En 1893, la librairie Teubner a publié l'édition de M. Bernard Kubler ',
qui, par l'importance qu'elle attribue, avec raison, je crois, aux mss. de
Paris 5764 et du Vatican 3324, inaugure un système opposé à celui de la
célèbre édition donnée par Nipperdey.
La même année, M. Henri Meusel, simple professeur de gymnase à
Berlin, a terminé son savant Lexicon caesarianiim, le travail le plus consi-
dérable dont l'ensemble des Commentaires ait été jusqu'ici l'objet, et qu'on
me reproche, peut-être avec raison, d'avoir mentionné trop brièvement
dans la Revue Celtique, t. XV, p. 137 ; j'aurais dû en effet signaler le soin
avec lequel le savant auteur a étudié les mss., et les efforts intelligents par
lesquels, s'éclairant à la lois par les manuscrits et par les règles de la gram-
I . C. Juin Caesaris comuicnlarii cum A. Hirtii alicruvique supplemeutis ex
recensione Bernardi Kiibleri. Vol l. Coniinentarii de bello gallico. Editio inajor,
in-i2, cxxx-237 pages. Aux pages xi-cxix, M. Kubler a réuni en un tableau
à trois colonnes. 1°, 2° les leçons les plus importantes des deux classes de
mss., 30 les conjectures les plus intéressantes des éditeurs. Mais au bas des
pages du texte il n'a pas mis de notes.
c)6 Chronique.
maire, il cherche à déterminer la leçon qu'il faut choisir pour retrouver la
langue de César,
Enfin M. Meusel vient de donner une édition nouvelle du De bcJlogallico >.
Son système est celui de M. Kùbler, à cette différence près qu'il a étudié les
variantes d'un plus grand nombre de manuscrits. Contrairement à la doc-
trine de Nipperdey, il reconnaît dans les manuscrits latins 5764 de Paris
(Thuaneus). xi^ siècle 2, et de Vienne, en Autriche, 95, xii^ siècle 3, les pré-
cieux représentants d'une vulgate antérieure à l'édition donnée, avec cor-
rections plus ou moins bonnes, vers l'an 500 de notre ère, par Julius Celsus
Constantinus, qui a eu pour collaborateur, dans son travail sur le livre II,
Flavius Licerius Firminus Lupicinus.
De cette édition corrigée dérivent : 1° les mss. d'Amsterdam 81 (Bongar-
sius prUmis)A, ix«-xe siècle, et de Paris, lat. 5056 (Miisciacensis vulgaire-
ment appelé Moysiacensis) ix^ siècle 5 ; 2° les mss. de Paris, latin 5763 (Flo-
riacensis, ou Parisinus antiquus) i\^-yfi siècle 6; du Vatican ■^%b^(RomarAis)l^
xe siècle ; de lord Ashburnham, aujourd'hui à Florence dans la bibliothèque
Laurentienne sous la cote R 33, x^ siècle 8. Les deux premiers mss. forment
une famille qu'il faut distinguer de celle à laquelle appartiennent les trois
derniers.
On doit mettre à part deux mss., de caractère mixte, l'un qui porte au
Vatican le n" 5324 (Ursiiiianus), xi<^ siècle, l'autre le no 541 de la biblio-
thèque Riccardienne à Florence, xi^-xii^ siècle. A la fin des livres Vil et VIII
de cette famille, on trouve la mention de la révision faite par Julius Celsus
Constantinus. Cette mention fait défaut dans Vexplicit des livres I-VI de
cette famille, tandis qu'on la trouve à la fin de chacun des huit livres dans
les cinq mss. précités qui représentent complètement l'édition donnée par
Julius Celsus Constantinus avec le concours de Flavius Licerius Firminus
Lupicinus. Ainsi dans les mss. du Vatican 3324 et de la bibliothèque Ric-
cardienne no 541, les six premiers livres du De bello gallico appartiennent à
la vulgate ancienne représentée par les mss. de Paris 5764 et de Vienne 95 ;
les deux derniers livres dérivent de l'édition corrigée par Julius Celsus Cons-
tantinus et par Flavius Licerius Firminus Lupicinus?.
1. Berlin, Weber, 1894, in-8, xii-261 pages. M. Meusel place les va-
riantes en notes.
2. Châtelain, Paléographie des classiques latins, pi. XLVIil.
5. Châtelain, ibid., pi. L, 20.
4. Ce ms. vient de Saint-Benoît-sur-Loire, comme le Parisinus anti-
quus, latin 5763 de Paris.
5. Châtelain, Paléographie des classiques latins, pi. XLVII.
6. Châtelain, ibid., pi XLVI.
7. Autrefois de Corbie ; Châtelain, Paléographie des classiques latins,
pi. LIV, cf. p. 15.
8. Châtelain, ibid., pi. La 2.
9. Le ms du British Muséum, Additionat 10084, xi<^ siècle, dont une
page a été reproduite en photogravure par M. Châtelain, pi. L a, 1° (cf.
p. 30) n'a pas été examiné par M. Meusel. C'est un des mss. qui repré-
Chronique. 97
Observation fort intéressante : l'ancienne vulgate est le texte que l'es-
pagnol Orose avait sous les yeux quand, au commencement du v<: siècle,
il écrivait le sixième livre de ses Historiae advcrsiis pagaiios '. Au contraire,
Priscien, au livre VII de ses hutitiitiones gravi))iaticac rédigées à Constanti-
nople environ cent ans plus tard, s'est servi de l'édition corrigée par Julius
Celsus Constantinus et par Flavius Licerius Firminus Lupicinus; un passage
de César, livre V, c. i, fin du § 2 2, cité par Priscien, Institidiones gram-
maticae, 1. VII, c. 75, est emprunté à cette édition.
M. Meusel s'est attaché, entre autres détails curieux, à déterminer aussi
exactement que possible l'orthographe donnée par César aux noms gaulois
mentionné s dans le De bello gallico. Il avait commencé à traiter ce sujet en
1886 dans les Jahrcsberichte des Philologischen Vereins ^11 Berlin, t. XII,
p. 262-271 ; il l'a étudié plus complètement en 1894 dans le t. XX du
même recueil, p. 214-398. La leçon de César, et la bonne leçon, ne sont
pas toujours identiques. Les lecteurs du De bello gallico connaissent la leçon
défectueuse Andes ou A)idi pour Andecavi « Angers » ; il y a des circons-
tances dans lesquelles la défectuosité de la notation adoptée par César est
certaine sans avoir une aussi grande importance. C'est ainsi que le grand
capitaine a appelé Lexovii par un e dans la première syllabe les habitants de
Lisieux, dont le nom est écrit Lixoviatis au singulier dans leur plus ancienne
r.iOnnaie (Muret, n° 7141), et Lixovio[s] au commencement de la domi-
nation romaine (Muret, nos 7157, 7159, 7163, 7165, 7166. La lecture Le-
xovio, n° 7156, est douteuse). Il est clair que César aurait dû écrire Lixovii
par un / à la première syllabe, mais il paraît certain qu'il a substitué un e à
cet / Ce nom de peuple paraît dans cinq endroits : III, 9, 10; 11,4; 17, 3;
VII, 75,3; dans les cinq premiers passages tous les mss. offrent e, dans le
dernier 1'/ est spécial à l'édition corrigée. Donc l'orthographe Lexovii doit
être respectée par les éditeurs, toute défectueuse qu'elle est ; telles sont les
notations Haediii, Helvetii, par une /; initiale que César a écrite, bien que
les Gaulois ne connussent pas cette lettre.
L'édition corrigée offre la variante Lt'.to/'/V avec b au lieu de v. M. Meusel
rejette ce b avec raison. Avec raison aussi il écrit Esiivii et non Esiibii le
nom d'un peuple voisin des Lixovii ; de bonne heure, les scribes latins ont
commencé à confondre le b et le v, à écrire par conséquent b quand il aurait
fallu écrire v, — M. Meusel en a relevé un certain nombre d'exemples; —
mais ils ont aussi écrit v lorsqu'ils auraient dû écrire b, en sorte qu'il peut
être hardi d'affirmer avec M. Meusel que, des deux leçons Cavilloiitim et
Cahillonum « Chalon-sur-Saône », la première soit la bonne. La leçon Ca-
sentent l'édition corrigée, et il est au Musée britannique au moins depuis
1840. List of additioiis to the mss. in tlie British Muséum in the years
MDCCCXXXVI-MDCCCXL, London, MDCCCXLIII, p. no.
1 . L'honneur de cette découverte revient à un professeur de gymnase,
M. Rudolf Schneider, qui l'a exposée dans \qs Jahresberichte des Philologischen
Vereins :(u Berlin, t. XI (1885), p. 1 51-173.
2. Ici la correction paraît préférable à la vulgate ancienne.
98 Chronique.
hilhnum est celle qui au temps de l'empire romain a pour elle le plus d'au-
torité '. Elle est justifiée par le rapprochement avec le nom d'homme Ca-
hillo, que des inscriptions conservent. De ce que dans une inscription, repro-
duite au tome I'^'' du Corpus inscriptionum laliuariim n° 607, on trouve au
datif pluriel libertav[us] = Uhertabiis, et de ce qu'on a relevé d'autres exem-
ples analogues, comme Favio zzi Favio, acervissimam = acerhissimam (H.
Schuchardt, VokaUsmus des Vidgiir-lateins, t. I. p. 131; t. III, p. 67),
Vivi = Vibi, génitif du gentilice romain Vibius (C. /. L., IV, 2953), etc.,
il ne faut pas conclure que libertavits, Faviiis, acervissima, Vivius auraient
été écrits ou dictés par un auteur tel que César.
Ces exemples suffisent pour montrer quel intérêt présentent pour les
études celtiques les travaux de M. Meusel, soit qu'on adopte ses doctrines,
ce qui est le cas le plus fréquent, soit qu'on en puisse contester le fon-
dement.
Je termine par une petite observation personnelle. Suivant M. Meusel
(Jahresbcrichte, tome XX, p. 230), MM. Holder et d'Arbois croient que
la finale as, à l'accusatif pluriel de certains noms de peuples gaulois chez
César, est gauloise par a long et non grecque par a bref : M. Meusel a l'air
de nous attribuer la paternité de cette doctrine qui est due à Ebel, Revue
Celtique, t. II, p. 403 ; je crois comme Ebel que bien des Romains, sachant
le grec mieux que le gaulois, prononçaient bref l'a de l'accusatif pluriel en
as dans les thèmes consonantiques gaulois. J'ai développé cette doctrine
dans la Revue Celtique, t. XIV, p. 252, 253. César prononçait-il Lingôms
comme les Gaulois ou Lingônâs comme Lucain ? Je l'ignore. Mais il est
inadmissible que César ait cru la déclinaison gauloise identique à la décli-
naison grecque. S'il avait eu cette opinion, il n'aurait pas écrit à côté à'Al-
lobrogas (I, 14; VII, 64), Allobrogibus (I, 6, 10, 14, 28 ; VU, 64), à côté de
Liiigonas (I, 26), Lingonihus (VI, 44). On lirait dans les commentaires v^/-
lobroxi, Liugosi. Les datifs- ablatifs pluriels en -bus des noms gaulois chez
César sont une notation romaine des datifs-ablatifs pluriels celtiques en -bis.
Comme l'accusatif singulier Allobroga de Juvénal, qui est dû à l'influence
combinée delà déclinaison grecque et de l'accusatif pluriel gaulois, les accu-
satifs pluriels en es de César sont dus à l'influence de la déclinaison latine
et à celle de l'accusatif singulier gaulois en en ou in ; Atrebatein (V, 22) est
la notation romaine d'un accusatif singulier gaulois Atrebaten, d'où l'accu-
satif pluriel Atrebates (11, 4, 25). Je m'arrête, quand on parle de César et
des Coijitnentaires, on pourrait ne jamais finir.
II.
M. Ferdinand Lot, avec son édition de la Chronique de Saint-Riquier 2
qui se termine en 1104, nous transporte en un monde difi"érent de celui où
1. A. Holder, Altceltischer Sprachschat^, t. I, col. 662.
2 . Hariulf, Chronique de l'abbaye de Saint-Riquier, Paris, Alphonse Pi-
card, 1894, in-8, LXXiii-362 pages.
Chronique. c)9
César écrivait, mais il ne nous fait pas sortir de Gaule. Les noms d'hommes
qui apparaissent dans cette chronique sont presque tous germains d'origine;
un d eux, accompagné d'un surnom, résume l'histoire de la Gaule en deux
mots: Ansehnus Cosdiiueiisis. [Anselmus, c'est « celui qui a le casque, hehn »
des Anses, c'est-à-dire des grands dieux du panthéon germanique ; Cos-
diinensis « de Coudun » (Oise), adjectif formé avec le suffixe -ensis qui est
d'origine latine, atteste la puissante influence de la domination romaine qui
a précédé la conquête germanique, mais cet adjectif dérive de Cos[s6]-danon,
nom de lieu gaulois qu'on trouve aussi dans le département de l'Aube,
où Cosdon est un écart de la commune de Paisy-Cosdon. Ce nom de lieu
est un monument de la période celtique de notre histoire.
Un autre nom de lieu gaulois est Lango-ratmit, probablement « forteresse
de Langos ». Lamjos est un nom d'homme gaulois écrit Lagge au vocatif
dans une inscription de Narbonne (C. /. L., XII, 4938). Dans Lango-ratum
on peut reconnaître un synonyme de Latigo-briga, nom d'une station ro-
maine d'Espagne sur la route de Lisbonne à Braga {Itincraire d'Aiitouin,
521, 7) écrit Laiigo-bn'ca par le Géographe de Ravenne (307, 3). On trouve
le premier terme lango- dans Aa^yo-iSpitat, nom d'un peuple d'Espagne
mentionné par Plutarque, Vie de Sertorius, § 13 *.
Deux noms de lieux sont des noms d'homme gaulois employés comme
noms de fiuidi sous l'empire romain ; Caours, Somme, ccdesia Cadorcensis
dans un diplôme de l'année 856, est un linciQn fiuidu s Cadurcus dont le pre-
mier propriétaire s'appelait Cadurcus, parce que probablement il était de
Cahors. Saint-Riquier s'est d'abord appelé villa Centula (p. 12, 13, 25),
Centulus vicus (p. 16); c'est un antique f 11 tid us CintuUiis, dont le premier pro-
priétaire s'appelait CintiiUiis. Le nom d'homme CiniuUiis est offert sous l'em-
pire romain par des inscriptions recueillies dans l'empire d'Autriche, en
Carinthie, près de Klagenfurt (C. /. L., III, 4944), dans l'Italie septen-
trionale : à Vérone (C. /. L., 3361), près de Come (C. /. L., V, 5223),
près de Milan (C. /. L., V, 5676), près de Novare (C. /. L., V, 6604);
enfin en France à Nîmes (C / L., XII, 3944). Cintidliis écrit CeutiiUus,
Centulus au moyen âge est un des rares mots gaulois qui ont continué à être
employés comme noms d'hommes après l'empire romain, des comtes de Béarn
et de Bigorre l'ont porté. Le plus ancien exemple de cet emploi moderne
date du règne de Louis le Débonnaire, on le trouve chez Eginhard, An-
nales, année 819, où il est question du gascon Lupus, fils de Centullus2.
CintuUus paraît dériver du thème cintu- « premier ».
L'abbaye de Saint-Riquier (Somme), qui date du commencement du
vue siècle, doit sa fondation à un personnage appelé Richarius qui fut amené
à la vie monastique par la prédication de deux moines ; l'un, breton, s'ap-
pelait Chaydocus (p. 14, 15), Chaidocus (p. 76) ou Caydocus (p. 266), mieux
1 . Edition Didot, p. 685, 1. 4$.
2. D. Bouquet, t. VI, p, 178; Migne, Palrologia latina, t. 104, col.
486 c; cf. Mas-Latrie, Trésor de chronologie, col. 1537, 1562.
1 00 Chronique.
Cadoc; l'autre était irlandais, son nom est écrit dans la Chronique, Fricorus
(p. 76). Cette abbaye a donc une origine néo-celtique.
m.
Une des rares inscriptions celtiques de la Gaule est conservée en original
au musée des Antiques de Dijon ', dont la Commission des antiquités de la
Côte-d'Or vient de publier le catalogue en un beau volume in-4 de xxxii-
389 pages, orné de 25 planches en photogravure. Parmi les bas-reliefs re-
produits par ces planches nous signalerons le n° 78, pi. II, représentant
trois déesses mères et provenant de Vertilliim, Vertault (Côte-d'Or), et les
nos y^ et 80, pi. III, où l'on reconnaît le dieu au marteau accompagné
d'une déesse. La plupart des noms d'hommes gaulois mentionnés dans ce
volume ont déjà été publiés par l'abbé Lejay, Inscriptions antiques de la
Côte-d'Or, 1889. Nous ne trouvons guère à signaler comme inédit que le
nom de femme Sacriina, n° 244 ; mais il est intéressant de voir reproduites
par de belles planches des inscriptions déjà publiées, comme la dédicace Deo
Marti Cicolliti, n° 73, pi. VI ; Lejay, no 145 II serait bien à désirer que les
antiques de tous les musées de province fussent l'objet de publications sem-
blables. Celle-ci a pour auteur M. d'Arbaumont, qui a eu pour les inscrip ■
tions latines la collaboration de M. Cagnat, professeur au Collège de
France.
IV.
Le catalogue du musée de Dijon nous fait connaître deux images du
dieu au marteau (ou au maillet, comme dit M. S. Reinach) ; on trouve
trente reproductions de statuettes de ce dieu aux pages 141-156 d'un ré-
cent ouvrage publié par le plus fécond de nos archéologues contemporains,
nous voulons parler du volume intitulé : Antiquités nationales. Description
raisonne'e du musée de Saint-Germain-en-Layc . Bron:(es figurés de la Gaule ro-
maine, par Salomon Reinach, in-8, xv-384 p., avec 535 figures intercalées
dans le texte, et une planche. Ce livre est édité par la maison Didot.
Bien qu'il ait pour objet l'étude d'un ensemble d'objets d'art tous contem-
porains d'une époque où l'indépendance gauloise avait fait place à la do-
mination romaine, il abonde en indications précieuses pour les études cel-
tiques. Nous signalerons entre autres, d'abord, les quelques pages du
préambule où l'auteur étudie l'art celtique avant la conquête romaine, en-
suite le savant chapitre consacré (p. 137-200), aux divinités celtiques : le
dieu au marteau ou au maillet que M. Reinach appelle Dispater, le dieu
I . C'est l'inscription de la casserole dédiée par Doiros Segomari au dieu
Alisanos, n° 445. La traduction est donnée d'après M. d'Arbois, dit le ré-
dacteur Mais je ne suis pas tout à fait certain que ieuru soit la troisième
personne d'un temps passé et non la première personne du singulier du pré-
sent de l'indicatif.
Chronique. loi
Cernunnos, les dieux accroupis, les dieux cornus, le serpent à tête de bélier.
Les connaissances générales que M. S. Reinach possède en archéologie
donnent à ses travaux sur tout sujet spécial une ampleur que n'ont pas tou-
jours les travaux des autres archéologues. A propos, par exemple, du dieu
au marteau, il a fait des rapprochements fort instructifs, et on ne peut
que trouver très séduisante sa doctrine, p. 166-167 : les attributs des
DIEUX SONT DES FÉTICHES DÉCHUS, maxime certainement vraie en bien des
cas. Enfin nous nous reprocherions de ne rien dire |ici des dix-sept san-
gliers figurés aux pages 268-274; l'un, no 267, est un sanglier enseigne,
qui a pu servir de drapeau à une armée gauloise.
V.
Le livre de M. S. Reinach est dédié à M. Alexandre Bertrand, conser-
vateur du musée des Antiquités nationales à Saint-Germain-en-Laye ;
M. S. Reinach a collaboré à un nouvel et savant ouvrage archéologique de
M. A. Bertrand : Les Celtes dans les vallées du Pô et du Danube, Paris, Le-
roux, 1894, VI1-241 pages et 115 figures intercalées dans le texte. L'objet
de ce livre, fort instructif, quoique provoquant la controverse, est d'établir
par les monuments figurés que vers l'époque où Rome fut fondée, au hui-
tième siècle avant notre ère, la civilisation qui était maîtresse du bassin du
Danube était identique à celle qui, à la même date, dominait dans le bassin
du Pô, et que cette civilisation était celtique. Cette doctrine se rapproche
sur un certain point de celle que j'enseigne ; elle en diff'ère radicalement
sur un autre. Je crois qu'il fut un siècle où la civilisation celtique antérieu-
rement établie dans le bassin du Danube est venue s'installer triomphante
dans une partie du bassin du Pô, mais ce siècle est le quatrième avant notre
ère et non le huitième.
Suivant moi — et je ne crois pas être seul de mon avis — le bassin du
Rhône et les côtes aujourd'hui françaises de la Méditerranée, sont restées
ligures jusque vers l'an 300 avant J.-C. Q.uand, environ un siècle avant
cette date, les Celtes ou Gaulois ont fait la conquête de l'Italie du Nord, ils
y sont venus, non du bassin du Rhône, mais du bassin du haut Danube,
où ils habitaient depuis un temps immémorial, quoique à cette époque ils
occupassent déjà en partie les deux rives du Rhin : suivant Appien, copiant
sans doute Fabius Pictor, les Gaulois qui prirent Rome sont : [lolpa. KeXtwv
Twv à[JL?i -ov 'Pfjvov {De rehus Gallicis, c. 11, éd. Didot, p. 26, 1. i). Ils
arrivèrent en Italie par VAlpis Julia i, c'est-à-dire par le nord-est, et non
parle pays des Taurini, autrement dit par le nord-ouest. Tite-Live, V, 34, 8,
a sur ce point comme sur bien d'autres réuni dans une seule narration deux
I . VAlpis Julia était au temps de l'empire romain sur la route par la-
quelle â'Eiuona, aujourd'hui Laibach, dans l'empire d'Autriche, enCarniole,
on gagnait en Italie Aquilée, aujourd'hui une des possessions conservées
par l'empire d'Autriche au sud des Alpes, et de là Milan. Voyez Itinéraire
d'Antoiiiii, p. 558-560.
1 02 Chronique .
récits contradictoires ; l'un, primitif, parlait des saltiis Jtiliae Alpis, l'autre,
plus récent, disait : pcr Tmirinos ; l'historien latin a écrit : per Taurinos, sal-
tusqiie JuJiae Alpis ; et quand des critiques modernes, pour mettre Tite-Live
d'accord avec lui-même, changent JuJiae en vkll'bm Dur iae, et font dire à
Tite-Live ; per Taurinos saltiis, VALLEUgue Diiriac Alpis transcender unt, ou
Alpes transcendernnt, au lieu de : per Taurinos, saltusque Juliae Alpis trans-
cenderimt ', ils substituent arbitrairement leurs idées modernes à un texte
antique, qu'ils devraient respecter d'abord et tâcher de comprendre ensuite,
s'ils ont assez d'intelligence pour en venir à bout.
Nous sommes donc, M. Bertrand et moi, d'accord sur un point : Les
Celtes du bassin du Danube et les Celtes du bassin du Pô, c'est la même
nation. Mais sur cet accord se greffe un dissentiment. Suivant M. Bertrand,
et contrairement à ce que je crois, les Celtes du Danube ont, avant les
Etrusques, occupé la vallée du Pô; quand, au cinquième siècle avant notre
ère, les Etrusques dominaient dans l'Italie septentrionale, ils y étaient mêlés
à une population celtique qui les avait précédés au moins dès le huitième,
siècle. Mêles est. dit M. Bertrand, p. 46, la traduction que nous devons
faire du participe présent moyen £-'.a.iyvj;j.£voi chez Polybe, II, 17, 3. Dans la
traduction latine donnée par l'édition Didot, p. 80, ce participe présent est
rendu par commercia cuni eis freqiientabant ; il s'agit des rapports que les
Celtes eurent avec les Etrusques immédiatement avant d'envahir le bassin
du Pô; au moyen, le verbe iTïttxtyvufii signifie ordinairement, en effet,
comme on dit en allemand: Verkehr mit Einem hahen. Cette traduction que
je prends dans le Griechisch-deiitsches Hand-worterbuch de Pape est rendue
par « avoir des relations avec » dans le Dictionnaire grec-français de
M. Bailly. Le contexte impose ce sens, puisque, dit Polybe, les relations
dont il s'agit avaient pour cause le voisinage, TcapâOs^jiç 2, ce qui exclut l'habi-
tation simultanée sur le même territoire ; d'autre part, £7:'.[j.îyvuu.£vot est un
présent qui, s'il avait le sens de notre verbe « mêler », voudrait dire « se
mêlant «, et ne renfermerait par conséquent aucune allusion à des faits
plus anciens que la domination étrusque dans l'Italie du nord.
Le sens proposé par M. Bertrand est donc inadmissible. Le verbe iT.\\tJ.-
yvujxi au moyen a, dans ce passage de Polybe, le même sens que le verbe
aua[jLiyvu[xt à l'actif dans le passage où Strabon, parlant de l'entrevue
d'Alexandre le Grand avec les ambassadeurs celtes en 336, écrit : a'j;jL[i.TÇat
TÔJ 'iVXsÇàv&poj Kê).-:oj; 3.
Les Ombriens qui ont précédé les Etrusques en Ita ie sont des Celtes,
. I . Vallenique Duriae Alpes dans Titi Livi ah urhe condita liber V jiïr den
Sclmlgebraucb crklàrt von Franz Luterbacher. Leipzig, Teubner, 1887, p. 65.
On lit vallenique Duriae Alpis dans l'édition de Tite-Live donnée par H.-J.
Millier, à Berlin, chez Weidmann, t. II (1882), p. 201 : cf, p. 265. Vallem
n'est dans aucun ms. Voyez édition de Weissenborn, variantes du t. I
(1862), p. CXXVIII.
2. 'B7:iaiyvu(jL£vot x.aià xrjv TiapaOsa'.v
3. Strabon, 1. VII, c. 3, § 8; édition de Didot, p. 250, 1. 39.
Chronique. loj
prétend M. Bertrand ; et i! s'appuie, p. 77, sur l'autorité de M. Bréal qui
lui a dit que des Celtes pouvaient avoir appris l'ombrien au sud des Alpes à
une époque préhistorique, comme d'autres Celtes ont appris le latin au sud
et au nord des Alpes après la conquête romaine ; mais si nous savons que
les Romains ont conquis sur les Celtes la Gaule cisalpine et transalpine,
aucun historien ne nous a raconté la conquête de l'Italie par les Ombriens
sur les Celtes, et par conséquent ne nous a expliqué comment les popu-
lations qui parlaient ombrien auraient pu être d'origine celtique. L'assertion
de M. Antonius Gnipho : Galloruiii veterum propa^inem Umbros esse'
manque de précision ; elle n'a pas plus de valeur ethnographique que les
textes qui attribuent aux Belges une origine germanique. Les Belges ve-
naient de Germanie, ils étaient Germains d'origine géographiquement et
non ethnographiquement; peut-être M. Antonius Gnipho a-t-il voulu dire
que les Ombriens venaient du nord des Alpes, c'est-à-dire du pays habité
par les ancêtres des Gaulois, ses contemporains. Mais il est peu vraisem-
blable qu'au temps de M. Antonius Gnipho, premier siècle avant J.-C, il
ait existé une tradition sur l'origine de la nation que Pline appelle la plus
ancienne d'Italie: Uiiihrorinn gens antiquissima ItaUae exislimatiir (IW, 112).
D'ailleurs, on peut dire qu'en général l'opinion courante sur la descen-
dance physique des populations de l'Europe est, et probablement a tou-
jours été, sans valeur aucune.
Les descriptions données par M. Bertrand des découvertes qui ont eu lieu
dans les cimetières atîtiques sont pleines d'intérêt; il cherche à en tirer des
idées générales, il a raison, seulement la concordance entre les faits qu'il
signale et les faits observés par les linguistes est impossible à établir.
Un Celte pour le linguiste est un homme dont, par exemple, l'idiome a
perdu le p indo-européen ; quel rapport peut -il y avoir entre ce phénomène
phonétique et la forme d'une épée ou tel usage funéraire ? Sur quel argu-
ment s'appuiera-t-on pour démontrer que les guerriers incinérés à Sesto-
Calende, près de Milan, au huitième siècle avant notre ère Cp. 52), que les
gens incinérés à une date mal déterminée dans la nécropole d'Hallstadt en
Autriche (p. 129) parlaient une l-^naue d'où le^ indo-européen avait disparu?
Quand une langue s'empare d'un domaine géographique, c'est ordinai-
rement le résultat d'une conquête militaire et politique. La langue du La-
tium, ce petit pays, a des filles qui occupent aujourd'hui une grande partie
de l'Europe, c'est le résultat d'une conquête faite les armes à la main et
d'une domination administrative qui a duré plusieurs siècles. L'espagnol et
le portugais, dialectes du latin, sont aujourd'hui les langues de l'Amérique
du centre et du sud ; ce sont des guerres victorieuses qui ont donné aux
langues romanes cet agrandissement de territoire.
D'autre part, le latin maître de la rive gauche du Rhin et de la rive
droite du haut Danube pendant des siècles a reculé sur ces deux points, et
c'est devant la conquête germanique qu'il a battu en retraite.
I. Solin, édition Mommsen, p. 37, 1. 9-10; cf. A. Bertrand, p. 75.
104 Chronique.
Au contraire les faits artistiques et religieux qui sont du domaine de l'ar-
chéologie sont au moins fort souvent indépendants des événements mili-
taires et politiques.
De ce que l'art grec s'est établi en Gaule au premier siècle de notre ère,
conclura-t-on qu'une armée grecque est venue conquérir la Gaule à cette
date ? L'architecture gothique inventée en France au douzième siècle a été
adoptée au siècle suivant par une grande partie de l'Europe : les cathédrales
de Fribourg en Brisgau, de Vienne en Autriche sont des églises gothiques ;
sera-t-on en droit d'en tirer cette conséquence qu'à la date où ces édifices
ont été bâtis, Fribourg en Brisgau, Vienne en Autriche étaient compris
dans l'Etat dont Paris est la capitale ?
Du seizième siècle au dix-neuvième les modes changent, l'architecture
italienne supplante l'architecture gothique dans la plupart des capitales eu-
ropéennes. Que dirait-on si quelqu'un imaginait en conséquence d'avancer
qu'alors l'empire romain d'Auguste et de Traj an était rétabli, ou que Saint-
Paul de Londres étant une imitation de Saint-Pierre de Rome, est un mo-
nument de la domination religieuse ou politique du pontife romain dans la
capitale de l'Angleterre.
due dire aussi des usages funéraires ? Quand la gens Cornclia, abandon-
nant le vieil usage romain de l'inhumation, accepta l'usage grec de l'inci-
nération, adopté déjà par le reste de l'aristocratie romaine, le latin avait-il
cessi d'être la langue des Romains, les Grecs avaient-ils supplanté les Ro-
mains dans le commandement des armées, dans le Sénat et dans les hautes
dignités de la république romaine ? Et quand le monde romain, devenu
chrétien, revint à ses habitudes primitives en prenant la coutume juive de
l'inhumation, était-ce parmi les Juifs que se recrutaient les empereurs et
les magistrats, l'hébreu était-il devenu la langue des Romains ?
Pourquoi est-il impossible de soutenir au sujet: 1° de l'art grec dans la
Gaule romaine, 2° de l'architecture gothique dans l'Allemagne du moyen
âge ; 30 de l'art italien hors d'Italie dans l'Europe moderne, 4° des rites funé-
raires à Rome, les thèses saugrenues que nous venons d'exposer ? Parce
que les historiens contemporains : 1°, 4° de la république et de l'empire
romain, 2° de l'architecture gothique du m03'en âge, 3° de l'architecture
moderne, opposent à ces thèses leurs récits, concordant avec le témoignage
des inscriptions. Qand il s'agit de l'Europe du Centre et de l'Ouest au
huitième siècle avant J.-C., les archéologues croient pouvoir se donner
libre carrière, parce qu'on ne peut leur opposer ni des historiens ni des
inscriptions, qui à cette date n'existent ni les uns ni les autres. Mais ils
s'exagèrent la valeur des documents dont ils disposent. De l'archéologie, il
n'y a rien à tirer ni pour l'histoire politique ni pour l'histoire linguistique,
ni pour l'ethnographie, quand on ne peut s'éclairer ni par le secours d'his-
toriens contemporains ou à peu près des faits archéologiques, ni par la lu-
mière éclatante que l'écriture des épitaphes, des dédicaces, etc., enfin des
légendes monétaires, jette sur les monuments figurés et sur les peuples
dont ces monuments conservent le souvenir.
La diffusion de l'art grec sous l'empire romain, le succès de l'art go-
Chronique. 105
thique hors de France au moyen âge et le triomphe de l'art italien en Eu-
rope aux temps modernes sont des sujets d'études pleins d'intérêt, sans
qu'on y mêle des théories linguistiques, politiques ou ethnographiques ;
pourquoi les archéologues qui s'occupent de l'Europe de l'ouest et du
centre aux temps antérieurs à la domination romaine n'imitent-ils pas le sage
exemple des archéologues qui étudient la même région à des temps moins
anciens ? Voici notre réponse. Ceux qui créent une science nouvelle avec
un véritable amour s'en exagèrent forcément l'importance. C'est une loi de
l'esprit humain. Si ces érudits obéissent à cette loi, on ne peut sans injus-
tice la leur reprocher bien vivement. L'amour ardent de la science chez le
professeur et chez l'étudiant, — quand même cette passion les entraîne
au delà de bornes que plus froidement ils respecteraient, — est la condition
indispensable du progrès qu'au milieu de nos contradictions nous sommes
tous d'accord pour chercher.
VI.
M. Kuno Meyer a traité un sujet moins émouvant et plus solide dans
le petit in-4 de XV-103 pages, qu'il a intitulé: Hibernica minora, beitig a
Fragment of an old-irish Treatise on the Psalter. Ce volume, publié à Oxford,
Clarendon Press, fait partie des Anecdota Oxoniensia. Jexts, Documents and
Extracts chiefly from mss. in the Bodkian and other Oxford Lihraries. Mediaeval
and modem séries, part VIII. C'est à la bibliothèque Bodléienne d'Oxford
que se trouve le ms. où M. Kuno Meyer a trouvé la principale base de
son édition. Ce ms. est le no Rawhnson B. 512, de plusieurs mains,
xive et xve siècle, et dont M. Whitley Stokes a donné une description dé-
taillée dans la préface de son savant ouvrage : The tripartite Life of Patrick.,
p. xiv-XLV. A la page xxi, sous le no 25, M. Whitley Stokes mentionne:
A tract on the Psalter dont il reproduit les premières lignes . Ce traité occupe
trois feuillets : 45 rt-47 h ; il en manque la fin. Une copie du même frag-
ment se trouve au Musée britannique dans le ms. Harléien 5280, fos 21 a-
24b. Cette copie fort défectueuse date du xvi^ siècle, tandis que celle de la
bibliothèque Bodléienne d'Oxford remonte au xv^ et vaut beaucoup mieux.
L'intérêt de cette publication résulte beaucoup moins du sujet choisi par
l'auteur du traité que des travaux personnels placés par l'éditeur avant et
après le texte irlandais. M. Kuno Meyer prouve que les deux mss. procè-
dent d'un original qui paraît remonter au viiie siècle ; après avoir re-
produit la leçon fournie par le Rawlinson B 512, avoir donné en outre les
variantes de Harleian 5280, il a essayé de restituer le texte primitif qu'il
accompagne d'une traduction. Ce travail est un modèle offert à ceux qui
cherchent à déterminer l'âge d'une composition irlandaise. En appendix,
M. Kuno Meyer publie ce qu'il a trouvé de plus intéressant parmi les au-
tres morceaux irlandais inédits que le ms. Rawlinson B 512 nous a con-
servés. Nous citerons, p. ^1-64, une rédaction inédite de V histoire du cochon
de Mac Dathâ. M. Windisch a publié ce récit légendaire dans ses Irische
Texte,!, ■ç. 96-106, d'après trois autres mss. : 10 Livre de Leinster, p. iiib-
Rtvue Celliqut, XVI. 8
io6 Chronicjue.
114a; 2° Trinity Collège Dublin, H. 3. 18, p. 743-748; 3° Musée Britan-
nique, Harléien s 280, fo 40-42, jans se servir de celui d'Oxford ; et c'est
d'après l'édition de M. Windisch que M. L. Duvau a fait la traduction
contenue dans le Cours de Uttcrahire celtique, t. V, p. 66-80.
On peut aussi remarquer la pièce dont le titre est Aided tri mac n-Diar-
mata [Cerrhèoiï] « Meurtre des trois fils de Diarmait Cerrbêl », p. 70-75.
Elle se trouve aussi dans le mss. Rawlinson 502, f. 73 Z» et 74/) ; elle
manque dans Y Essai d'un catalogue de la littérature épique de l'Irlande.
VII.
Comme le traité irlandais sur les psaumes, c'est au point de vue de la
langue que sont instructifs les textes gallois publiés par MM. J. Morris Jones
et John Rhys dans les Auecdota oxoiiiensa, Mediacval and modem Séries,
part VI. Ils sont conservés par le ms. 119 de Jésus Collège, Oxford,
xiv^ siècle, exactement 1346. Ce sont des documents ecclésiastiques chré-
tiens, traduits du latin. Le morceau le plus considérable est VElucidariiim
sive Dialogus de siimnia totius christianae theologiae, publié en 1854 dans la
Patroîogia latiua de Migne, t. -172, col. 1108-1176, parmi les œuvres d'Ho-
noré d'Autun et qui avaient été déjà imprimées cinq fois au moins, savoir :
1° dans Divi Anselmi, Cantuaricnsis archiepiscopi, thcologi suc tenipore praes-
tantissiïiii atq.ie celeherrinii, oiiiuia, quae supersunt opéra. Coloniae apud Ma-
ternum Colinum, MDLXXIII, in-fol. t. III, p. 150-278; — 2° dans la
réimpression de ce recueil à Cologne, apud Petruin Colinum, 1612, p 222-
261; — 3' dans Saiicti Anselmi, ex Beccensi, Cantuariensis a.ixhit:piscopi,
Paris, 1675, in-fol , p. 457-487; — 40 dans la réimpression de Paris, 1721,
in-fol., aux mêmes pages; 5° dans la réimpression de Venise, 1744; —
6° dans l'édition anglaise des œuvres de saint Lanfranc. Oxford (Paris),
1844, in-8, t. II, p. 200-298 et suivantes. M. Morris Jones donne, p. 173-228,
une septième édition qui serait plus commode s'il l'avait mise en regard du
texte gallois, p. 3-76.
Pour l'histoire du gallois, un manuscrit, daté du xiv"- siècle, est d'une
grande importance. Les observations philologiques que M. Morris Jones a
réunies dans l'introduction et dans les notes sont fort intéressantes.
VIII.
La collection des Auctores autiquissiini, qui fait partie de la série in-4 des
Monumenta Germaniae historien, vient de s'enrichir d'un fascicule nouveau,
publié par M. Mommsen, c'est la première partie du tome XIII, qui est
lui-même le t. III des Clironica minora. Il contient les œuvres de Gildas et
la composition attribuée d'ordinaire à Nennius. Désormais, le petit volume
si commode : Nennius und Gildas ex recensione Stevenson, heraiisgrgeben von
San Marte (A. Schulz), Berlin, Rose, 1844, in-8, devra être mis de côté,
et on ne pourra plus citer que Mommsen, Chronica minora, t. III.
Ce qu'il y a de plus nouveau dans l'édition de M. Mommsen, c'est que
Chronique. 107
pour Nennius l'éditeur a utilisé le ms. de Chartres publié par M. l'abbé
Duchesne, Revue Celtique., t. XV, p. 175-180, et qu'en regard du texte
primitif il donne la traduction en latin du remaniement irlandais fait au
xi^ siècle par Gilla Coemain ; cette traduction a pour auteur M. Zimmer.
Elle est exécutée d'après l'édition donnée par Todd en 1848 >. Reproduisant
autant que possible les expressions et les tournures de phrase du texte
établi par M. Mommsen. elle paraît du reste en générale exacte. On peut
cependant y critiquer certains détails. J"ai examiné avec attention la partie
qui se rapporte au fragment conservé p. 3 du Lehar un hUidre (écrit vers 1 100),
et publié par M. Windisch, Kurigcfasste ■rische Graininatik, p. 124-125. Les
mss. irlandais de ce document offrent quelquefois des leçons différentes.
M. Zimmer tenait à ce que sa traduction ressemblât le plus que faire se
pourrait au texte latin de M. Mommsen, et il a choisi les leçons en consé-
quence.
Ainsi le mot tuos, adjectif possessif qualifiant mcif^os chez M. Mommsen,
p. 184, col. I, 1. 5, manque dans L. U., p. 3, col. i, 1. 2 (Windisch,
p. 124, 1. 2), comme dans le Livre de Ballymote, fin du xiv^ siècle, p. 210,
col. 2, 1. 38; on le trouve chez Zimmer qui, p. 184, col. 2, 1. 3, l'a inséré
dans sa traduction sur l'autorité de Todd, p. 94, 1. 16, c'est-à-dire, je crois,
du ms. H. 3. 17 du Collège de la Trinité de Dublin, où, p. 806-826, le
Nennius irlandais a été transcrit vers l'année 14DO. Chez Todd, la leçon du
d-drailhib « à tes druides » remplace la leçon dona[ib] druidib a aux druides »
du Lebor im h-Uidre et du Livre de Ballvmote ; or, rien ne prouve que
cette leçon mentionnée par nous la dernière, mais qui est celle du plus an-
cien ms., ne soit pas la leçon primitive de Gilla Coemain, auteur de la ré-
daction irlandaise.
Après avoir en ce cas rejeté la leçon du plus ancien ms. par respect pour
le texte de M. Mommsen, M. Zimmer la préfère dans un autre endroit
pour la même raison. Les mots ocus feairl\b]ar « qu'on voie, qu'on re-
garde » se rencontrent dans l'édition de Todd, p. 94, 1. 2:, et dans le
Livre de Ballvmote, p. 210, col. 2, 1. 44 ; mais ils manquent dans le Le-
bor na h-Uidre, p 3, col. i, 1. 10 (Windisch, p. 124, 1. 8) ; ils n'ont pas
pénétré dans la traduction de M. Zimmer, p. 184, col. 2, 1. 11-12, parce
que, dans le texte établi par M. Mommsen, p. 184, col. i, 1. 10, rien n'y
correspond.
Ces deux exemples sulîfisent pour montrer quel a été le système d'après
lequel M. Zimmer a établi le texte irlandais traduit ensuite en latin par
I. Leabh.xr breathnach annso sis. Tbe irish version of the historia Bri-
tonum oj Nennius. Dublin, printed for the irish Archaeological Society.
Dans le titre irlandais, miiiso sis « ci-dessous » traduit Vineipit des mss. la-
tins, comme ailleurs corici sin rend Vexplicit des mêmes mss. Si nous sui-
vions le système de Todd, nous mettrions le mot incipit en tête de nos
éditions d'auteurs latins. Depuis longtemps on fait sur le continent l'éco-
nomie de ces sept lettres. Je crois que c'est aussi une dépense dont la plu-
part des auteurs anglais se privent.
io8 Chronique.
lui. Reste à dire un mot des passages interpolés où le texte latin a cessé de
servir de guide au savant professeur de Greiswald. Prenons pour exemple
l'endroit où il s'agit de la position des caisses mystérieuses dont Ambroise,
le prodigieux enfant sans père, devine l'existence souterraine, inconnue
aux Druides bretons.
Le faciem in fade (hahentes) de M. Zimmer, p. 184, col. 2, 1. 11, traduit
les mots inn-agaid a n-agaid de Todd, p. 94, 1. 21, à condition qu'on ad-
mette que a n- soit uoe notation moderne de / n- « en » et qu'on ne lise
pas avec une légère correction : / ii-agaid a n-agaid « en face [de toi] leur
face «. Cette leçon rectifiée correspondrait exactement à celle du Livre de
Ballymote, p. 210, col. 2, 1. 44: aii-agaid in-agaid « leur fiice en face »,
sous-entendu « de toi », et à celle du Lebor na h-Uidre, p. 3, col. i, 1. 10
(Windisch, p. 124, 1. 7-8) : in agid t-agid « en face ta face, vis-à-vis de toi ».
Si M. Zimmer, au lieu de copier Todd à la hâte, s'était donné la peine
d'étudier un peu à fond son sujet — ce qu'il est certes capables de iaire —
il aurait écrit par exemple /aaV»; suam contra te hahentes, ou, dans un latin
plus littéral, /aaVm suam in facie tua hahentes, et il serait plus clair.
Ce sont là des vétilles. Elles ne feront pas obstacle à ce que la traduction
latine de M. Zimmer ne soit fort utile aux savants ou aux amateurs qu'in-
téresse la littérature légendaire des Iles-Britanniques, et qui, sachant le
latin, mais ignorant l'irlandais et l'anglais, ne peuvent dans l'édition de
Todd lire ni le texte irlandais ni la traduction anglaise qui l'accompagne.
Les textes irlandais n'ont pas toujours la bonne fortune d'être traduits avec
V élégance fidèle du latin moyen-âgiste de M. Zimmer, ce vir et linguae rc-
rumque Celtarum unice doctus, comme dit avec tant de compétence, p. 114,
M. Mommsen, ce roi incontesté de l'érudition contemporaine. Toutefois,
M. Mommsen, avec une bienveillante malice, ajoute à cette appréciation si
légitime un élogieux correctif : sununo adeoque interdnm NiMio acuniine ins-
tructus.
IX.
De l'uNiCE dodus de M. Mommsen, il y a deux traductions possibles.
Cette formule peut signifier que M. Zimmer connaît les langues celtiques
mieux que tous les celtistes contemporains, qu'il n'y a qu'un celtiste au
monde, et que ce celtiste est M. Zimmer. C'est, je crois, le véritable sens ;
mais un autre sens est aussi présentable, c'est qu'en dehors des langues
celtiques M. Zimmer ne saurait pas grand'chose, ne saurait même rien;
nous avons la preuve du contraire ; mais je ne suis pas sûr que M. Mom-
msen, homme d'esprit comme on dit en français, comparant sa langue
latine à celle qu'écrit M. Zimmer, ne se soit complu dans une amphibo-
logie possible. En tout cas, je le déclare franchement, l'anglais de M. Lau-
rence Ginnel, auteur du livre intitulé : The Bichon Laivs, me semble beau-
coup plus littéraire que le latin de M. Zimmer.
M. Ginnel est avocat et de plus irlandais, ce qui ne veut pas dire sans
talent ; voici sa préface :
(( Quand il y a quelque temps on vint à savoir que j'avais entrepris de
Chronique. 1 09
« faire des conférences sur les lois irlandaises devant la Société littéraire
« irlandaise de Londres, un ami me félicita du beau sujet que j'avais pris
« en main, et le même jour un autre me demanda pourquoi j'avais choisi
« le sujet le moins intéressant qui fût au monde. »
« A ces deux amis et aux deux classes d'hommes dont ils sont le type,
« je dédie respectueusement ce petit volume. »
La forme de cet ouvrage n'a rien de scientifique. On n'y trouve ni notes,
ni renvois précis à aucun texte. L'auteur, comme la plupart des avocats
anglais, connaît mal la littérature antique. Il n'admet pas qu'en Gaule les
Druides aient présidé à des sacrifices humains, v C'est », dit-il, p. 4, «une
évidente absurdité. « Il attribue à la littérature légendaire de l'Irlande une
valeur exagérée : « On a », dit-il, p. 5, « établi la certitude de beaucoup
« de faits qui ont dans l'histoire d'Irlande une importance fondamentale et
« qui sont de trois siècles antérieurs à César. » •
Mais M. Ginnel expose en général, d'une façon très'claire, le droit irlan-
dais, et les points sur lesquels il me paraît se tromper sont peu nombreux.
Je ne sais point par exemple sur quoi il se fonde, quand il prétend, p. 107,
qu'il y avait dans la société irlandaise un groupe appelé sept, intermédiaire
entre la famille, y?;/?, et ce qu'il appelle clan. Ce qu'il appelle dan est, je
suppose, ce qui porte ordinairement le nom de tuath « état, cité, royaume »
dans les documents légaux ; sept est un mot anglais, dont je ne connais
pas l'équivalent irlandais ; et quant au mot dan, mieux dand, il n'est, ce
me semble, employé dans le texte du Sendius Mo'r que pour désigner les
fruits de la terre, t. III, p. 40, 1. 25 (cf. O'Donovan, Supplément à
O'Reilly, au mot dann). M. Ginnel semble s'être laissé beaucoup trop ins-
pirer par Sullivan qui traite la même question dans son volume d'intro-
duction à O'Curry, On the Manners, t. I, p. Lxxviii, et qui, en sa qualité
de « scientifique » comme nous disons, n'a pas compris grand'chose aux
questions de droit irlandais qu'il a touchées.
Je n'ai encore vu aucun texte prouvant que le gavdkind existât en
Irlande (Ginnel, p. 129), au moins à l'époque où le Sendnis Môr nous fait
remonter. A la page 105, M. Ginnel n'a pas compris comment il faut en-
tendre les divisions de la famille, fine, irlandaise.
J'ai autrefois, comme M. Ginnel, p. 28-29, pris au sérieux les indications
chronologiques contenues dans l'introduction du Scudnis Môr, je n'y crois
plus aujourd'hui.
On pourrait adresser à M. Ginnel quelques autres critiques du même
genre ; cela n'empêche pas que son livre ne soit généralement exact. Il est
parfaitement clair. Les gens qui n'ont aucune notion générale de droit le
liront sans difficulté, et s'ils sont capables de comprendre au droit quelque
chose, ils pourront y apprendre beaucoup de choses qu'ils ne savent point.
Cependant ce livre a un défaut qu'on peut reprocher à plus d'un autre
ouvrage analogue composé dans les Iles-Britanniques.
Les érudits qui s'occupent d'histoire du droit sur le continent ont, en
général, au moins une certaine teinture de la législation savante dont les
principaux monuments sont les compilations écrites par ordre de Justinien .
110 chronique.
Une partie de ces érudits, — je ne parle pas ici de Fustel de Coulanges, —
ne se sont engagés dans l'étude chronologique du droit comparé qu'après
avoir acquis des lois romaines une connaissance approfondie. En Angleterre,
on paraît croire en général que, lorsqu'on veut écrire un livre sur l'histoire
du droit, on a une préparation suffisante si l'on possède bien le droit cou-
tumier d'après lequel les tribunaux anglais rendent aujourd'hui leurs juge-
ments. Telle n'est pas hoti'è manière de voir. Voilà pourquoi les préfaces
mises en tête de chacun des volumes des Ancicnt Latus of Iieland nous
paraissent d'une excessive faiblesse qu'en Irlande on n'aperçoit pas. Telle est
la raison aussi pour laquelle, à tort ou à raison, je n'apprécie que médio-
crement un ouvrage dont le droit gallois a été l'objet il y a quelques années
et dont, faute d'en contîa.ître l'existence, je n'ai rien dit quand il a paru: The
ancieiit Laivs of Wale^è^ved especially in regard to the Light they throiv upon
the Origin of sonie ei^Ê^Jmtitulions by Hubert Lewis of Middle Temple,
edited by J. LloydfJ^^^Bfccturer in History and Welsh in the University
Collège Aberystwj^^^Hon, EUiot Stock, 1892, in-8, xvi-558 pages.
F. Walter, Dus 'ql^^^^^ n'est pas encore remplacé par un livre meil-
leur, quoiqu'il ^^n^^^^^^^9.
X.
M. L. M.iril|iiB|maître de conférences à l'Ecole des Hautes Etudes, sec-
tion des scienBjBeligieuses, vient de publier une brochure intitulée : La
survivance de l'âme et Vidée de justice che^ les peuples non civilisés. A la page 2,
il résume ainsi qu'il suit la doctrine qu'il prétend démontrer : « L'idée de
« la survivance de l'âme apparaît le plus souvent dénuée de caractère moral,
« et l'autre vie n'est que la continuation de celle-ci : le pays des morts est
« fort semblable au pays des vivants, les mêmes habitudes y régnent, les
« mêmes usages, le même genre de vie. L'autre monde n'est guère qu'un
« double de ce monde où vivent les hommes, les méchants et les bons y
« ont la même destinée. » Cette conception est, suivant moi, exactement
conforme à la croyance celtique. Sans m'être entendu avec M. L. Maril-
lier, que je n'avais pas l'honneur de connaître, j'ai en même temps que lui
exposé à peu près la même thèse. On peut le voir dans le t. VU de mon
Cours de Littérature celtique, qui vient de paraître à la librairie Thorin,
avec ce sous-titre: Études sur le droit celtique, t. I. Cela veut-il dire que tous
deux nous avons raison ? Je l'ignore. Le public savant jugera.
XL
L'article Irlande de la Grande Encyclopédie contient une partie historique
développée (t. XX, p. 954-967). Elle est divisée en trois sections : 1° récit
chronologique des événements politiques et militaires, 2° étude sur la
langue et la littérature, 3° bibliographie. Ce travail, qui me semble fort
bien fait, a pour auteur M. Ferdinand Lot. Dans la bibliographie, l'auteur
Chronique. i i i
signale un livre de M. Joyce dont la Revue Celtique n'a encore rien dit : A
short History of Ireland, Londres, 1893.
XII.
M. A. Holder a fait paraître la sixième livraison de son Alt-celtischer
Sprachschati, qui comprend les colonnes 1281-1536; elle commence au
mot Diastullus et se termine au milieu de l'article consacré au mot Galata.
Cet ouvrage, dont le premier volume semble près d'être achevé, peut
rendre déjà d'immenses services qui seront plus grands encore lorsqu'il
sera entièrement terminé. Je suis peut-être de tous les celtistes celui pour
lequel il était le moins nécessaire, j'avais le projet de publier un livre sem-
blable, quoique moins développé, qui est resté tout entier sur fiches ;
l'œuvre de M. Holder est beaucoup plus complète que n'aurait été la
mienne, elle est surtout maintenant bien plus commode à consulter que ne
l'est mon recueil de cartes rangées dans des boîtes fort lourdes. Je vais
donner deux exemples des résultats auxquels on peut arriver en combinant
avec les matériaux classés par M. Holder d'autres matériaux, soit encore
inédits à la date de son impression, soit restés en dehors des limites qu'il
a dû se tracer.
Aux col. 815 et 816, M. Holder mentionne le nom d'homme gaulois
latinisé Carras, en Grande-Bretagne (York), employé comme surnom du
dieu Mars en Gaule (Basses-Alpes) ; ce mot paraît identique à l'irlandais
carr, au génitif cairr (Ancient Laivs of Ireland, t. I, p. 226, 1. 32; p. 228,
1. 2), à l'accusatif pluriel carrii (ibid., p. 228, 1. 6), carra (ibid , p. 134,
1. 32), qui veut dire « guerrier » ', et qui a un dérivé synonyme carrud
(ibid., p. 124. 1. 8; p. 134, 1. 31). Le thème carro- du gaulois latinisé
Carrus est le premier terme de plusieurs composés mentionnés par M. Hol-
der, col. 810, 813. De ces composés, un est nom d'homme: Carro-talo-s,
Besançon (Doubs), et de kmme Carro-tala, Le Châtelet (Meuse); un autre
est nom de lieu, Carro-dUno-n, Bavière, Silésie, Croatie, Russie méridio-
nale. J'étais encore il y a quelques jours désespéré de n'avoir pu trouver
de Carro-duno-n en France, je viens d'en rencontrer un dans une charte
de 997 publiée d'après l'original des Archives de la Manche par
M. Bertrand de Broussillon, Cartnlaire de Saint-Michel de l'Abbayette, Paris,
Picard, 1894, p. Il: Cardiin, aujourd'hui Ville-Chardon, commune de
Landivy, Mayenne 2. Cardiin est mentionné par Cauvin, Géographie an-
1. Carr apparaît avec sens de « javelot » dans les articles additionnels
au Glossaire de Cormac, Whitley Stokes, Saiias Chorniaic, p. 47. Du guer-
rier à son arme, ou de l'arme au guerrier, il y a la distance qui sépare le
sens propre du sens figuré qu'on obtient par la métonymie.
2. Landivy, vers 1060 Lan-degiiihii, est une fondation bretonne. On
trouve dans le Cartnlaire de Saint-Michel de l'Abbayette d'autres noms
bretons: Gurgor, Harcust, Main, Rivallon, Tehen, Urfoen. Une autre fon-
dation bretonne dans le Maine était Mat-vaUis, id est Bona vallis donné par
I 1 2 Chronique.
cienne du diocèse du Mans, 1845, p. Lxxi et 109, et par Léon Maître, Dic-
tionnaire topographiqiie du département de la Mayenne, p. 334'; mais aucun
d'eux n'avait vu l'original, tous deux s'étaient contentés de reproduire la
copie faite par D. Briant, bénédictin, mort en 17 16 après avoir composé
l'ouvrage inédit intitulé Ceiioman[ii]ia, Bibliothèque du Mans, ms. no 226
bis. En rapprodiant du texte, publié par M. Bertrand de Broussillon, le Trésor
vieux-celtique de M. Holder, on voit jaillir la lumière, conmie l'étincelle
quand avec le fer on frappe un caillou 2.
Autre exemple : je préparais il y a quelques jours une leçon sur l'apo-
phonie ou ahlaut dans les langues celtiques : un des exemples que je voulais
citer était la racine dont la forme normale est derk, la forme fléchie dork,
la forme réduite DrK, et qui signifie « voir «. Cette racine a été étudiée par
M. Whitlcy Stokes, Urkeltischer Sprachschati, p. 148-149, et par M. Holder:
col. 1266; cf. col. 1096, aux mots: Con-dercus, nom d'homme (Toulouse);
Con-dercum, nom de lieu (Grande-Bretagne); col. 13 17, aux mots: Dre-
cinus, nom d'homme (Poitiers), *dreco-. De la forme normale, Con-dercos,
nom d'homme, est un exemple gaulois continental latinisé ; Condercum,
mieux Condercus, sous-entendu fundus, est un exemple gaulois insulaire
du même nom d'homme, employé adjectivement avec le sens géogra-
phique ; con-derco-s est le substantif correspondant au verbe passif 1 -landais
con-dercar « on voit ». Dans le verbe et dans le substantif, nous ayons le
même thème con-derco-. Drecinus, dérivé de *dreco-, nous offre la forme
réduite qu'on trouve aussi dans l'irlandais drech ^*drika, et dans le gallois
drych = * drik-ho-s, tous deux signifiant « visage », « aspect », enfin dans
le grec Bpaxtov « serpent », en français « dragon ».
Et, me demandai-je, où trouver un exemple gaulois de la forme fléchie
DORK qu'on trouve dans le grec ôsoopze « il a vu », ooç)y.oi.i « gazelle »
(Curtius-Windisch, Grund:^ïge der griechischen Etyinologie, 5e éd., p. 134) ?
Elle nous est offerte par le nom de lieu français « Condorcet » (Drôme),
qu'illustra au siècle dernier le marquis Caritat de Condorcet, dont le nom
d'un lycée de Paris consacre le souvenir encore populaire. « Condorcet »,
le roi Sigebert 1<^^ à l'abbaye de Saint-Médard de Soissons, Vie anonyme
de saint Méddrd, ix^ siècle, D. Bouquet, t. III, p. 454 a.
1. Au mot VILLE-CHARDON. Curdun manque à la Table des formes an-
ciennes, p. 341.
2. Depuis que ces lignes sont écrites, M. Longnon m'a signalé un autre
exemple de Carro-dimo-n qui, s'il n'est pas français comme Ville-Chardon,
appartient à la Gaule, c'est Karden sur la Moselle, Prusse Rhénane, cercle
de Cochem, régence de Coblenz. Karden était au ix'-' siècle Caradona, dans
le diocèse de Trêves, comme on le voit chez Thégan sous la date de 836,
dans le ms. de la Bibliothèque impériale de Vienne, histoire profane, n" 832.
Monuwenta Germaniae historica, in-fol. Scriptorcs, II, 603, 29; Migne, Pa-
trologia latina, t. 106, col. 429 a; D. Bouquet, VI, 85,0. Osterley, i//.y/û-
risch-gcûgraphisches Woerterbuch, p. 332. Carden était chef-lieu d'archidia-
coné. Desnoyers, dans V Annuaire de la Société de l'Histoire de France, 1859,
P- 27.
Chroni(]iie. i : 3
qui s'est appelé Conâorces pendant les derniers siècles du moyen âge et les
premiers temps de l'époque moderne, était en 998 le Castrinn Coiidorcense ' -.
Le castrum Condoneuse avait été bâti sur l'emplacement d'un * ftiiidus Con-
dorcus, c'est-à-dire d'une propriété cadastrée pendant l'empire romain sous
le nom d'un Gaulois appelé * Condorcos. * Coiidorais est à Cotidcrcus ce
qu'est Sc'pxotjia'. « je vois », à o£Oop/a « j'ai vu ».
La géographie de la France offre un autre exemple de la forme fléchie
V^ DORK de\/~DERK, c'est Dorche, commune de Chanay (Ain), ancienne
paroisse, pour laquelle Guigne, Topographie historique du département de
l'Ain, p. 135, a trouvé la vieille forme Dorcha = * villa Dorca, propriété
Aq* Dorcos. Quant à la forme normale, Dercé (Vienne) et Dercy (Aisne)
attestent l'existence d'un nom de lieu *Dirciacus [fundus] dérivé du genti-
lice * Dercius qui veut dire « fils de * Dercos ». * Dercos « celui qui voit »,
est le masculin de l'irlandais dcrc « œil » zzi * derca « celle qui voit ».
En donnant ces exemples qui ne sont pas empruntés à VAltceltischer
Sprachschat:(_, je n'entends en aucune façon critiquer le travail de M. Holder.
M. Holder, d'après son programme, devait prendre l'année 734 pour limite
de ses recherches; je veux au contraire montrer à quels résultats peut con-
duire l'emploi de son savarît et utile ouvrage, qui fera date dans l'histoire
des études celtiques presque autant que la Granimatica celtica: comme le
livre de Zeuss, il est susceptible de nombreux développements, il est, comme
on dit, suggestif; ce n'est pas un défaut, c'est un mérite.
XIIL
M. John Rhys, dont les lecteurs de la Revue Celtique regrettent de lire si
rarement la prose, vient de publier sur la langue celtique parlée dans l'île
de Man, un ouvrage dont M. G. Dottin m'a remis un compte rendu qui
paraîtra dans la prochaine livrai-son : The Oiitliiies of thc Phonology of Manx
Gaelic. Douglas, isle of Man. MDCCCXCIV (included in vol. XXXIII of
the Publications of the Manx Society). In-8, xin-183 pages.
XIV.
L'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dans sa séance du 28 dé-
cembre dernier, a élu correspondant à Leipzig M. E. Windisch.
H. d'Arbois de Jubainville.
Paris, le 1 5 janvier 1895.
I. Brun-Durand, Dictionnaire topographiqnc du départenicnl de la Drônie,
p. 109.
PÉRIODIQUES
I.
Annales de Bretagne, juillet 1894. — P. 528-529. Liste des Irlandais
établis à Nantes en 1756, publiée par M. Parfouru. - P. 550-578. Nomen-
clature des paroisses composant l'ancien diocèse de Nantes, dressée par
M. Léon Maître, qui donne les exemples les plus anciens de disque nom.
A signaler comme témoignages d'une occupation bretonne les no^ns d'ori-
gine gallo-romaine qui suivent : Asserac, Avessac, Escoublac, Herbignac,
Marsac, Masserac, Missillac, NisiUac, Piriac (Pen-Cariaci), Severac, Te-
hilliac, qui s'opposent aux noms traités à la façon romane ; Auverné, Bé-
ligné, etc. Bonœuvre = * Bonô-brfga. — P. 579-601, M. Le Braz continue
son savant mémoire : Les saints bretons d'après la tradition populaire. —
P. 611-631. Recueil d'exemples de morceaux poétiques gallois composés
d une seule strophe, et qu'on appelle au singulier pennill, au pluriel pen-
nillwn. M. Loth qui publie ce recueil, joint pour quelques morceaux la
musique aux paroles. — P. 632-633. Le même M. Loth signale d'après le
Cartulaire de l'Université de Paris et d'après Rutebeuf l'usage où l'on a été
à Paris, pendant le xii^ et le xiii^ siècles, de plaisanter les étudiants gallois
sur leur croyance nationale au retour du roi Arthur. — P. 634-635. Il
rapproche une fable bretonne « Olivier et Alanic », d'une fable gaélique
d'Ecosse « Le Coq et le Renard «.
Novembre 1894. — P. 39. Suite des intéressantes recherches de M. Le
Braz sur les saints bretons d'après la tradition populaire. — P. 65. M. Le
Carget publie une légende du Capsizun qui nous présente le nom du roi
Grallon comme un composé de deux termes : le premier terme serait cran,
nom donné en Bretagne à la racine de la fougère, le second serait Ion « en-
fant ». Cette explication montre que dans le monde celtique les Irlandais
n'ont pas eu le monopole des étymologies fantastiques dont le Dindsenchiis
offre une si jolie collection ; mais elle a un autre intérêt, c'est de nous
donner le sens du mot breton cran et de montrer que ce mot ne peut être
considéré comme une variante de prenn « bois » M. Loth a proposé une
explication de Grallon, Chrestomathie bretonne, p. 133, 146. La plus an-
cienne forme de ce mot paraît avoir été en breton Gral-lon, en gallois Grat-
laun; le second terme semble identique à l'adjectif breton Iciin, gallois /atu«
Périodiques. 1 1 5
« plein ». Le premier serait, suivant M. Loth, le substantif gallois gradd
« degré, rang », venant du latin gradus. Pourquoi pas plutôt le substantif
coxv\\(\\i& grath « grâce », du h\X.m gratiis ? — P. 66. Remarques sur la vie
de saint Teliau d'après le livre de Llandaf. Ces notes dont l'auteur est
M Loth sont fort intéressantes. M. Loth y explique par exemple comment
le nom d'homme El-iiid a une variante hypocoristique T-cl-iaii ou El-iau ;
comment M-aid-cc est le même personnage que Aid-amis, etc. Ici M. Loth
marche sur les traces de M. Zimmer, qui a eu le mérite d'appliquer avec
intelligence aux noms d'homme celtiques une doctrme établie antérieure-
ment pour les noms d'homme germaniques', et qui, émettant dans une
certaine mesure une doctrine nouvelle, a trouvé juste, sans mériter ici la
critique de M. Mommsen : interdum nimio acinniiie instnictus. En effet in-
tcrdiim et « toujours » ne sont pas synonymes.
IL
Zeitschrift fur das Gvmnasi.\l-wesen. — Quarante-huitième année,
tome vingt-huitième de la seconde série. — P. 198. Mémoire de
M. Momtnsen pour servir à l'établissement du texte du De hcUo gaUico. Le
savant auteur propose, p 200, de lire en deux mots, 1. I, c. 10, § 4, Grai
Oceli, les Grai à'Ocelum au lieu de Graioceli en un mot. Suivant lui,
p. 209-210, le nom de lieu écrit dans les mss. de: Meclodone, Melloduniim,
Melkduniim, Mellosedum, Metioseduin, doit avoir été écrit par César Meclo-
diiumu. M. Mommsen s'appuie sur le témoignage de l'Itinéraire d'Antonin,
de la Table de Peutinger, des mss. de Grégoire de Tours, enfin de la
lettre adressée vers l'an 540 par Léon, archevêque de Sens, à Childebert,
roi des Francs, pour s'opposer à l'érection d'un évêché à Mekm. Cette
lettre a déjà eu au moins sept éditions (Pardessus, Diphviata, t. I,
p. 100). On peut voir l'édition de Grégoire de Tours par Ruinart. p. 1328
(Migne, Palrohgia latiua, t. LXXI, col. ii^S-i 159) et celle de D. Bouquet,
t. IV,- p. 60. Evêque de Melun y est dit Medcdoninsim episcopum, Melun y
est appelé à l'ablatif Meclcdoiw. A ces exemples cités par M. Mommsen on
peut joindre la légende monétaire Meclidone, Meckdone, Prou, Catalogue des
vioiuiaics de la Bibliothhjue nationale. Les Monnaies mérovivgiennes, p, 151,
132. — P. 214. Le mémoire de M. Mommsen est suivi d'un travail de
M. Meusel sur le même sujet. Nous en avons déjà parlé, p. 97, à propos
de l'édition de César due au savant auteur. Mentionnons ses corrections :
Atuatiici pour Adiiatuci, Andehrogitis pour Aiidecoinbogiiis, Rauraci pour Rau-
rici, Veragri pour Varagri, Troiicillus pour Procilliis. Devront-elles toutes
être acceptées? C'est ce dont l'avenir décidera.
I . Zur Personennamenhildvng ini Irischen, dans la Zeitschrift fïtr verglei-
chc-nde Sprachforschiiug, t. XXXII, p. 1 58 et suivantes ; cf. RiTiie Celtique,
t. XIII, p. 294.
ii6 Périodiques.
III.
Indogermanische Forschungen, t. IV. — p. 84-85. M. R. Thurneysen
explique * Litavia, en bas-latin Letavia, en vieux-gallois Litaii, aujourd'hui
LJydaiv, en irlandais moyen Letha, nom donné à la Gaule par les Celtes des
Iles-Britanniques. C'est le même mot que le sanscrit prthivT, un nom de la
terre. On peut ajouter que prthiin a. un doublet ^r//;m-5, identique au nom
divin Litavi-s (Lejay, Inscriptions antiques de la Côte-d'Or, nos 203, 204,
206), d'où Litaviccos, et Con-victo-litavis, noms d'hommes gaulois chez
César, De I eUo gallico. — P. 264-294. Les labiovélaires (d'autres disent
gutturales vélaires) moyennes non aspirées et moyennes aspirées en celtique
par M. Osthofï, travail très important et qui touche à trop de questions
pour que l'on puisse en discuter ici la valeur. Suivant M. Osthoff, la gut-
turale vélaire movenne non aspirée devient toujours /' en celtique (p. 265),
et la gutturale vélaire aspirée devient en celtique toujours o-, jamais h (p. 268).
On a tort, par exemple, de rattacher Imiiin « je frappe », à la même racine
que guin « blessure », ::=goni, en grec so'vo; « meurtre » (p. 2; 3), etc. —
P. 294-299. Etude sur les noms de nombre irlandais par M. Windisch.
L'auteur explique par viros, viri « homme, hommes », la finale -ar, -er,
-hor, des substantifs masculins ôinar, triar, cctlirar, côiccr, sesser, ochtar,
nonbor, dccheiibor, tirés des noms de nombre i, 3,4, 5,6, 8, 9, 10. Les
noms de nombre « deux » et « sept » ont échappé à cette formation.
IV.
The Journal of the Royal Society of Antiq.uaries of Ireland,
vol. IV, part 3 et 4. — P. 209. Suite du mémoire de M. Robert Munro
sur les habitations lacustres d'Irlande. On sait qu'en Irlande ces habitations
ont continué à être occupées dans la période historique et même jusqu'à
une date récente. — P. 232. Notice sur les antiquités de Tara, vieille capi-
tale de l'Irlande, qui fut abandonnée et cessa d'être habitée dès la seconde
moitié du vi^ siècle. Deux plans y sont joints. Ce .sont ceux qu'on trouve
dans le mémoire de Pétrie sur Tara. Le Rév. Murphy, auteur de la notice,
a ajouté aux plans de Pétrie diverses indications que ne donne pas l'auteur
primitii. — P. 256. Dissertation de Miss Hickson à propos du passage de
Ptolémée : Aoùp ro^a^oj b.ôoXai, 1. II, c. 2 (Irlande), édition Mùller, t. I,
p. 76, 1. 6. M. Joyce, The Origin and History of irish Naines of Places, t. II,
p. 403, dit que, suivant O'Reilly, dur signifie « eau », mais, ajoute-t-il, je
n'ai jamais rencontré dans aucun texte irlandais le mot dur avec le sens
d'eau. Ce mot employé adjectivement a un sens établi par de nombreux
témoignages, c'est « fort », ou si l'on veut avec O'Clery « dur, rude, diffi-
cile », crûaid no doilidh, par exemple dans le composé que l'on note au-
jourd'hui dur-las ou dur-less, plus anciennement dur-lis « fort-château »
(c'est-à-dire château difficile à prendre). Telle est l'explication de ce com-
posé chez Joyce, The Origin and History oj irish Nantes oj Places, t. I,
5*^ édition, p. 274 ; comparez la notation diir-hiis dans le Glossaire de
Périodiques. 1 17
Cormac au mot Foi. Miss Hickson croit avoir trouvé un exemple moderne
de dur avec le sens d'eau, c'est Moyâcr-iuell « source de Magh-dur » à
Tralee, en Munster, comté de Kerry. Mais Magh dur peut être simplement
le nom du champ où la source jaillit et signifier « champ rude, difficile à
labourer ». Quant au Aojp de Ptolémée, signifie-t-il « eau »? Peut-on af-
firmer que les nombreux noms propres de rivière d'Irlande aient été tous
à l'origine des noms communs signifiant eau ? Sur le sens du mot dur
le plus sage est de s'en tenir à l'opinion exprimée par M. Joyce, t. Il,
p. 403, citée plus haut, et de rejeter une seconde opinion de M. Joyce,
ibid., p. 404, suivant laquelle Paraiste Dhâire signifierait « paroisse de
l'eau ». Le vrai sens paraît être « paroisse de la forteresse ». Le mot dur =:
dUr-os, cf. Octo-dur-us chez César, De hello gaJlico, est dans cette formule un
substantif neutre employé au génitif: dàire zn: dUr-es-os, tandis que dans
Magh-dur = »iagos dïïro-ii, et dans Dur-las, Dur-kss, dur est la notation
moderne d'un thème dûro- employé comme adjectif. — P. 271. M. S.-K.
Kirker compare d'anciennes forteresses grecques avec îles forteresses irlan-
daises. — P. 292. Découverte d'une inscription ogamique inédite à Gur-
rane, comté de Kerry : DunieJi viaqi Glasiconas « [Tombe] de Dumelos, fils
de Glasicu ». — P. 315. Fouilles du Rév. Q..-K Buick dans le cfauiwg (ha.-
bitation lacustre) de Moylacq. — P. 349. Recherches sur l'origine de l'or-
nementation préhistorique en Irlande par M. George Cofïey. M. Coffey
conteste les doctrines exposées par M. S. Reinach dans son savant mé-
moire : Le Mirage oriental, dont la Revue Celtique a rendu compte, t. X'V,
p. 228-231. Suivant M Coff'ev, la spirale, cet ornement celtique d'usage si
fréquent, appartient à la civilisation mycénienne, et son origine doit être
cherchée en Egypte. — P. 380. Mémoire de Miss Margaret Stokes sur un
usage funèbre irlandais au comté de Wexford. Les principaux personnages
qui suivent un enterrement portent chacun une croix de bois et ils suspen-
dent ces croix à un arbre du cimetière.
V.
Transactions of the Gaelic Society of Inverness, vol. XVIII, 1891-
1892. Inverness, 1894, in-8, xvi-384 pages. — Nous signalerons dans ce
volume, comme dans le 'précédent, ce qui se rapporte aux sujets traités
jusqu'ici dans la Revue Celtique: P. 79, Mémoire de M. Alex Macbain sur
le dialecte gaélique de Badenoch. — P. 183. Etude de M. Mackay sur des
noms de lieu recueillis dans les paroisses de Kil-donan (Cella Doitani) et de
Reay (Rdth) comté de Sutherland : les montagnes s'appellent : Beiin
« corne », ciioc « bosse », nieaU « boule, masse, colline », avec addition
d'un second mot, adjectif ou substantif déterminant, placé après Beiiii, ctioc,
meall, d'où résulte un composé syntactique ; les composés anciens, c'est-à-
dire asyntactiques, où le déterminant est placé le premier, font défaut. Les
noms de lac, loch, de rivière, ait, de champ, achadh, sont formés de même
à la manière moderne. — P. 97. Recueil de formules magiques, textes
gaéliques, recueillis par M. Mackenzie, dans les Hébrides; on trouve encore
1 1 8 Périodiques.
dans ces îles la croyance au ^eis ou enchantement prohibitif irlandais, un
homme peut être fo-gheasaib. On y appelle orra chiviiais l'enchantement
irlandais qui rend les maris impuissants et sur lequel on peut consulter
le Sencbus- Môr (Ancient Laws of Irelaud, t I, p. i8o, 1. 27-28) Mais la
plupart des incantations colligées par M. Mackenzie sont chrétiennes.
— P. 267. La géographie de l'Ecosse chez Ptolémée par M. A. Mac-
bain, avec une carte. M. Macbain a pris pour base l'édition de Mûller,
Paris, Didot, 1883. La conclusion de ce mémoire est, — contrairement à
la doctrine de M. J Rhys — que les noms de lieux et de peuples de l'Ecosse
antique connus par Ptolémée sont indo-européens, — celtiques du groupe
brittonique, — et que par conséquent il n'est pas exact que les Pietés soient
anaryens. — J'oubliais, p. 8, un mémoire de M. Norman Matheson sur la
croyance aux esprits et aux apparitions dans l'île de Skye ; et, p. 229, une
étude de M Charles Fergusson sur l'histoire priniitive, les légendes et les
traditions de Strathardle. Cette étude a été commencée au t. XVII du
même recueil.
A ce t. XVIII est joint le prospectus d'un Etymologkaî DicHonary of the
gaelic Langiiage par M. Alexander Macbain. Le spécimen de la page 4 est de
nature à faire bien augurer de i^ouvrage dont le prix sera très modéré,
7 shillings 6 pence. La souscription est ouverte chez M. Robert Livingson,
à Inverness.
VI.
Zeitschrift der Savigny-Stiftuxg fur Rechtgeschichte, t. XV, pre-
mière livraison, Roiinmistiche Abthciliiiig, p. 209-240. — Article de M. Zim-
mer intitulé : « Le droit maternel chez les Pietés et son importance pour
« l'histoire de l'antiquité aryenne » Dans ce travail M. Zimmer détend,
contrairement à l'opinion de M. Macbain, la doctrine de M. J. Rhys sur
l'origine anarienne des Pietés. On- sait que les Pietés apparaissent pour la
première fois en 296 dans un panégyrique anonyme prononcé a Trêves de-
vant le César Constance Chlore, père de Constantin. Comme les Francs,
dont il est pour la première fois question eij 240, ils semblent être une coa-
lition de petits peuples confédérés contre la puissance romaine. Mais leur
nom, moins heureux que celui des Francs, disparaît de la géographie poli-
tique vers l'année 900 ; le nom des Scots ou Irlandais s'introduisit dans la
région septentrionale de la Grande-Bretagne vers l'an 500, quand la tribu
irlandaise ou scoie de Dalriada passant la mer vint s'étabUr au territoire qui,
dans l'Ecosse moderne, forme le comté d'Argyll, et peu après cette tribu
envahissante devint dominante dans tout le pays voisin, d'où le nom
d'Ecosse, Scot-laucl, porté officiellement depuis la fin du xi^ siècle par la
vaste circonscription territoriale qui comprend tout le nord de la Grande-
Bretagne.
Les peuples dont l'association forma la confédération des Pietés nous
sont connus principalement par Ptolémée, livre II, c. 3,§ 5 et suivant. Une
partie de leurs noms est certainement celtique, comme le montre M. Mac-
bain. Un de ces peuples s'appelait Cakdonii, et nous savons par Dion
Périodiques. 1 19
Cassius comment s'appelait un Calédonien du temps de l'empereur romain
Septime Sévère (193-21 1). Le nom de ce Calédonien était Argento-coxo-s
« au pied d'argent », mot évidemment celtique. Un siècle après, Argento-
coxos aurait été Picte. Les Calédoniens avaient, paraît-il, de fort mauvaises
mœurs, celles qu'une partie de notre littérature nous attribue, et celles
qu'attribuerait aux Anglais et aux Irlandais de nos jours un voyageur qui
jugerait des deux nations d'après les femmes qu'on rencontre le soir dans
les rues de Londres et de Dublin. Dion Cassius raconte que l'empereur
Septime Sévère, mort en 211, fit une loi contre l'adultère, et que d'après
les registres officiels vus par lui pendant un de ses consulats, le nombre des
procès criminels faits pour adultère sous le règne de ce prince fut de trois
mille. L'impératrice Julia Domna, femme de Septime Sévère, reprochait un
jour à la femme d\4rgeiito coxos son inconduite notoire. « Je fais publique-
ment avec des gens distingués, » répondit la Calédonienne, « ce que vous
autres dames romaines faites, en vous cachant, avec des malotrus » ' . Les
dames calédoniennes avaient en général, suivant Dion, les mêmes mœurs.
La règle c< pater is est qitcm luiptiae deniônsirant » pouvait donc souvent
sembler peu digne de respect De là l'usage picte que rapporte Bède qui
écrivait en 731, c"est-à dire à une date où les Pietés avaient encore leur au-
tonomie. Suivant cet auteur, les Pietés arrivant de Scythie se rendirent
d'abord en Irlande ; repoussés par les Scots qui les avaient précédés dans
cette île, ils allèrent s établir dans la partie septentrionale de la Grande-
Bretagne, et, n'ayant point amené de femmes avec eux, ils épousèrent des
Scotes. Mais ces Scotes ne leur furent données en mariage qu'à une condi-
tion, c'est qu'en cas de doute, iihi res pervenirel in diibium, ils éliraient, eli-
gereiit, des rois pris dans la ligne féminine plutôt que dans la ligne mascu-
line ; tout ceci est légendaire. Mais, ajoute Bède, les Pietés ont jusqu'ici
observé cet engagement. Donc, en cas de doute, les Pietés prenaient leurs
rois dans la ligne féminine 2. Si deux frères utérins étaient sûrs de leur pa-
renté, l'idée de frères consanguins devait souvent chez eux être accom-
pagné d'un point d'interrogation. Suivant M. Zi.nmer, ce texte constate
« le droit maternel », vmtterrecht. Mais il ne s'agit pas d'un « droit »,
puisque le roi était électif: eligcient, et non héréditaire; il n'est pas question
d'un « droit maternel » exclusif du droit paternel, puisqu'on ne s'adresse à
la ligne maternelle que si la ligne paternelle est douteuse, c'est-à-dire si son
existence ne peut être prouvée, autrement dit si juridiquement la ligne pa-
ternelle n'existe pas. C'est à peu près la doctrine qu'on trouve dans les plus
I. Dion Cassius abrégé par Xiphilin, livre LXXVI, c. 16, § 4 et 5 ;
édition d'Immanuel Beeker, t. II, p. 4o:;-403 ; cf. livre LXXVI, c. 12, §2;
ihid., p. 400. A comparer Solin édition Mommsen, p. 235, 1. 6-10, où il
s'agit du roi des Ehitdcs iiisiilac.
2 Bède, Historia ecdesiastica, 1. I, c. i ; Migne, Patrohghi latina, t. 95,
col 26. Il n'y a aucune importance à attacher aux textes irlandais, qui'ré-
pètent la doctrine de Bède en l'exagérant, à une date où depuis longtemps
le royaume picte avait cessé d'exister.
1 20 Périodiques.
anciennes rédactions de la loi salique au chapitre LXII : Si le défunt ne
laisse ni père, ni mère, ni frère, ni sœur, dit ce document germanique, on
appellera à la succession d'abord la sœur de la mère, à son défaut la sœur
du père, et, à défaut de celle-ci, les collatéraux de la ligne masculine autres
que le frère. Le droit de la sœur de la mère sur la succession du mort, par
préférence aux collatéraux autres que le frère, est un droit maternel bien
plus clair que ce dont parle Bède et cependant le considère-t-on comme
une preuve que les Francs auraient été anaryens ' ? Au ix^ siècle, nous
voyons déjà une dynastie scotc, autrement dit irlandaise, régner sur les
Pietés. Kenneth, fils d'Alpin, occupe le trône de 844 à 858. A sa mort,
8)8, il laisse deux fils, probablement mineurs, plus un frère et une sœur.
Il a pour successeur son frère Domnall I^r, 858-862. A Domnall succède
le fils aîné de Kenneth, Constantin, qui meurt en 876, laissant un fils
nommé Domnall comme son grand-oncle, et u \ frère, Aed, c'est Aed qui
prend la couronne, 876. En 878, il est remplacé par Eochaid, fils de la sœur
de Kenneth, et c'est seulement en 889 qu'on voit monter sur le trône
Domnall II, probablement trop jeune pour régner quand treize ans plutôt
mourut Constantin son père, 876.
Alpin
1
I . Kenneth
844-858
2 . Domnall I^r
8)8-862
N. fille
épouse Run
3 . Constantin
862-876
4. Aed
876-878
5 . Eochaid
878-889
6. Domnall II
889
Suivant M. Zimmer (p. 222, note), l'avènement d'Eochaid constate le
retour au droit picte, ou anaryen, tandis que Domnall l^^, Constantin, Aed
et Domnall II auraient été appelés au trône suivant les règles du droit ir-
landais. C'est une erreur: la loi irlandaise du ix'= siècle admet le droit
successoral des neveux par les femmes. L'incapacité du mineur Domnall II
donnait à Eochaid droit sur l'héritage de Kenneth.
M. Rhys soutient qu'avant l'invasion celtique la Grande-Bretagne a été
occupée par une population anaryenne que les Celtes n'ont pas détruite. Je
suis d'accord avec lui. Mais les rapports que lui et quelques autres savants
prétendent établir entre ce fait ethnographique et d'autres phénomènes de
l'ordre linguistique ou juridique ne me paraissent pas toujours définiti-
vement établis.
I . Cf. Tacite, Ger mania, XX : sororum filiis idem apiid avuncnlum qui ai
patrem honor. Quidam sanctiorem artioremque hune nexum sanguinis arbi-
trantur.
Périodiques. 1 2 1
VII.
FoLK-LoRE. — Septembre 1894. P. 177. Notes recueillies en Irlande
dans le comté de Leitrim, par M. Leland L. Duncan. — P. 212. Du culte
de l'eau et des sources dans l'île de Man, par A.-W. Moore. — P. 229. De
la classification des proverbes et dictons de l'île de Man, par G.-W. Wood.
L'auteur donne le texte et la traduction de ces proverbes.
Décembre 1894. P. 299. Les merveilles de l'Irlande d'après le traité islan-
dais intitulé Kongs Skuggsjo « miroir royal » qui a été écrit vers 1250.
M. Kuno Meyer compare ces merveilles avec celles dont parlent Giraud de
Barry dans sa Topographia Hiherniae, et l'auteur du chapitre intitulé : Do
ingantaib Erenn dans le Nennius de Todd, p. 192-219. Le texte islandais
est sur plusieurs points plus complet que ces deux documents.
VIII.
Archaeologia Cambrensis. — Octobre 1894. P. 276. M. J.-W. Willis
Bund compare les caractères des saints irlandais avec ceux des saints gallois.
Caractère commun: très peu de saintes, très peu de martyrs, etc. Caractère
spécial au saint gallois : il est ordinairement bâtard, il a peu de goût pour
la vie errante du missionnaire, etc. — P. 208. Description par M. Arthur
G. Langdon d'une stèle funéraire à Biscowey, Saint-Blazy, Cornwall, texte
et quatre figures, légende : Alroron Ullici films. — P. 329-332. Notes sur
deux stèles funéraires, l'une à Pen-y-Mynid, Brecknock-shire, avec inscrip-
tion ogamique non déchifîrée, l'autre déjà connue et offrant la légende Te-
gernaciis filins Marti hic jacit, à Capel Brithdir, Glamorgan-shire (cf. Rhys,
Lectures on ivelsh Philology, 2^ édition, p. 385, n° 46 ; Hùbner, Iiiscriptioncs
Britanniae christianae, n° 58). Un critique prétend qu'au lieu de Marti il
faut lire Marii.
IX.
Zeitschrift fur vergleichende sprachforschung auf DEM Gebiete
DES Indo-Germanischen Sprachen, t. XXXIII, 4e livraison. — P. 651.
Mémoire de M. Thurneysen sur la formation indo-européenne du compa-
ratif. M. Thurneysen, p. 552, explique les superlatifs gallois hinham, de hcii,
et irlandais 5/;/«OT, de sen « vieux », par un primitif celtique * seii-is-amo-s =^
* sen-is-mos QA. Brugmann aurait écrit *sen-is-iiimo-s'), avec un double suf-
fixe identique à celui dont on doit constater l'existence dans le la.nn pnlcher-
rintus = * polcr-isumo-s (M. Brugmann a écrit * polcr-is-emo-s ziz * polcr-is-
tnmo-s). Il semble donc que le nom divin gaulois Belisama serait un superlatif.
On pourrait en dire a.u\nn\.di&si-iOvas àaW&nTrigisamus (Gra',imatica celtica-,
p. 769, 770), et Segisatîia (Ptolémée). Le nom d'homme Cintiisnms nous
oflFre peut-être une forme contractée pour cintû-is-amo-s et serait en ce cas
un superlatif de cintu-s « premier », et un doublet du gallois c^yw/a/, en breton
quentaff, ke^ita ; cf. nessam, Brugmann, Grundriss, t. II, p. 158, 159, 169.
Revue Celtique, XVI. 9
122 Périodiques.
X.
Allmer. Revue épigraphiclue du midi de la France, nos 74^ 75^ avril-
septembre 1894. — P. 291. Nom d'homme Ganaponis au génitif dans une
épitaphe de Nîmes. — P. 298-^02, 309-314. Commencement- d'une étude
sur les dieux de la Gaule par ordre alphabétique : Abianius, Ahiamis, Ahi-
nhis, Adonna, Accortts ou Acoriis, Adsmerhis ou Ates)i!eriiis, Adimcolis,
Alamhrina.
XL
BOLETIN DE LA REAL ACADEMIA DE LA HISTORIA, t. XXV, juiUet-dé-
cembre 1894. — P. 79. Dans un mémoii^ du P. Fita, nom d'homme pro-
bablement celtique Cantoniis, conservé pa; une inscription chrétienne de
Merida, laquelle est datée de l'an 517 de l'ère d'Espagne (479 de J.-C). —
P. 126, dans le même mémoire, nom de femme Tongilia attesté par une
épitaphe de Zalamea de la Serena. Ce nom déjà connu paraît dériver de la
racine qui a donné en irlandais le verbe tong « je jure ».
XII.
Proceedings of THE ROYAL iRisH AcADEMY, ^ série, t. IIÏ, n" 3 . —
p. 428. Mémoire sur la fonction du mode subjonctif en irlandais, par
M. R. Atkinson. Le savant auteur y a relevé tous les exemples conservés
par les Ancient Laws of Ircland, t. I, II, III, IV, du verbe qui est : 1° avec
tmèse do-gniii, 2° sans tmèse dcnim, je fais ; il appelle « indépendante » la
forme avec tmèse ou forme tmête, t;j.riTr[; « dépendante » la forme sans
tmèse ou forme atméte, airjirjro;. Le subjonctif s'emploie en irlandais à peu
près dans les mêmes conditions qu'en latin. — P. 459. De l'usage du sub-
jonctif en gallois.
XIII.
Archaeologia, publication de la Société des Antiquaires de Londres,
t. LIV. ■ — Mémoire de M. John Hope sur des fouilles faites à Silchester,
comté de Southampton, et dont nous avons déjà dit un mot dans notre
t. XV, p. 144. On a trouvé à neuf pieds sous terre une stèle sur laquelle
est gravée une inscription ogamique. M. J. Rhys, l'homme aujourd'hui le
plus compétent en cette matière, consulté par M.John Hope, lit: ebicatos
MAQ.I Mucoi. Ebicatos, pense M. Rhys, est le génitif d'un nom d'homme dont
le nominatif serait Ebicaliis. Il suppose qu'Ebicatos est identique à Ivacattos
lu en Irlande sur une des pierres de Killeen-Cormac, comté de Kildare.
Mucoi exprime la même idée que le latin nepolis. Jusqu'ici aucune ins-
cription ogamique n'avait été trouvée à l'est de la Severn et des comtés de
Cornwall et Devon.
Le mémoire de M. John Hope contient une figure qui représente cette
stèle.
Périoditjues. 125
XIV.
The Academy. — No du 21 juillet 1894. Note de M. Whitley Stokes sur
le ms. de la Bibliothèque Laurencienne de Florence, Plut. XLV, 14, qui
contient des gloses irlandaises sur deux abrégés du commentaire des Buco-
liques par Phylargyrius (cf. Revue Celtique, t. XIV, p. 226, 353 ; t. XV,
p. 143. L'auteur irlandais de ces gloses se donne le nom latin de Fatosus,
qui serait en irlandais Tûicthech, dérivé de loced, titcad « destin ^>. Le com-
mentaire de Phylargyrius est suivi dans ce ms. d'un autre commentaire ano-
nyme où se trouvent quelques gloses irlandaises que M. Whitley Stokes
reproduit. — 25 août, p. 134. Recueil par M. Whitley Stokes de textes
concernant l'usage irlandais de faire jeter par chaque guerrier, avant la ba-
taille, une pierre en un endroit déterminé ; après Le combat chacun des
survivants reprenait une pierre ; en comptant celles qui restaient, on savait
le nombre des guerriers restés sur le champ de bataille. — P. 135. Lord
Southesk suppose que le signe ogamique X peut quelquefois avoir repré-
senté un son guttural. — 20 octobre, p. 304. Lettre du Rév. F.-E. W^arren
qui, après nouvel examen du missel dit de Stowe, maintient son ancienne
opinion que l'écriture de la partie la plus ancienne du ms. remonte au
ixe siècle, la plus récente au siècle suivant, que par conséquent le Rév. Mac
Carthy se trompe quand, d'accord avec Todd, il date la première écriture
du vue siècle et la seconde du viiie. — Le semestre de juillet à décembre 1894
contient, outre l'art, de lord Southesk déjà cité, une véritable avalanche de
noies sur des inscriptions ogamiques et sur d'autres encore plus obscures
par M. Macalister, p. 118, 154, 174, 196, 216, 377, 558; par lord Sou-
thesk, p. 155, 282; par MM. E. W.-B. Nicholson, p. 236; Edmund Mac
Clure, p. 282; C.-H. Monro, p. 330; par le colonel Philip D. Vigors,
p. 353. Imprimées les unes à la suite des autres, ces notes feraient la ma-
tière d'un volume, et pour les analyser, je ne me sens pas compétence suf-
fisante.
XV.
The Scottish Review, octobre 1894. — P. 270-297. Analyse par
M. W.-A. Craigie de trois contes ossianiques:
1° « Le château enchanté de Keshcorran », Briiighean Cheise Chorrain déjà
publié d'après le ms. du Musée britannique, additioual 18747, fol. 75 b, de
l'année 1800, par M. St. O'Grady, Silva Gadelica : texte, p. 306-310; tra-
duction, p. 343-347. M. Craigie signale : 1° une autre édition d'après un
autre mss. dans le Irisb Echo de Boston, t. IV, no 2; 2° un ms. non men-
tionné dans y Essai d'un catalogue de la littérature épique de l'Irlande, p. 49-50,
c'est le no XXXVI de la Bibliothèque des avocats d'Edimbourg.
20 « Le château enchanté d'Eochaid petit et rouge », Bruighean Eochaidh
bhig dbeirg, récemment publié à Dublin par M. Patrick O'Brien : Bldith-
fhleasg de Mhilseiinihh na Gaoidhelge. Ce conte avait déjà paru en 1872 dans
le livre de Campbell, Leabhar na Feinne, p. 89-90, sous le titre de « Voyage
de Finn à la maison d'Odhach Beaganech », Tunis Fhinn do thigh Odhacha
124 Périodiques.
Beagaiiich. On le trouve aussi dans un autre ouvrage de Campbell, West-
Highland Taies, t. II, p. 89. Enfin un ms. non indiqué dans VEssai d'un
catalogue, p. 52, est conservé à la Bibliothèque des Avocats d'Edimbourg
sous le no LVl.
50 « Le château enchanté du sorbier », Briiighean Chaorthuin, publié en
partie par Campbell, Leahhar na Feinne, p. 86-88, et dont on trouve une
version complète chez le même auteur, West Highland Taies, t. II, p. 192.
La Bibliothèque des Avocats d'Edimbourg possède trois mss. de ce conte
sous les nos XXXIV, XXXVIII et LVIII. Aucun de ces mss. n'est cité dans
l'Essai d'un Catalogue, p. 49-50; or, le premier étant daté de 1603, paraît
être le plus ancien que l'on connaisse. M. Craig semble ignorer qu'une tra-
duction anglaise du « Château enchanté du sorbier » a été publié sous le
titre de The fairy palace of the quicken tree, par M. Joyce, au.K pages 77 et
suivantes des deux éditions de ses Old celtic Romances, l'une de 1879, l'autre
de 1894.
Janvier 1895, p. i. Etude sur les Culdees, c'est-à-dire sur les religieux
irlandais du haut moyen âge par M. A. Allaria. Ce travail est de seconde
main, mais écrit avec élégance et clarté. L'auteur assimile les Culdees aux
chanoines réguliers du continent.
XVI.
L'Anthropologie, juillet à décembre 1894, est toujours une publication
du plus haut intérêt, mais elle s'occupe principalement soit d'époques anté-
rieures à la période celtique, soit de régions oîi les Celtes n'ont pas eu
d'établissements. Nous signalerons cependant les fouilles de MM. R. Pontvrau
et E. Cabié dans un cimetière gaulois à Saint-Sulpice, Tarn, p. 641-657.
POSTSCRIPTUM.
Je répare un oubli en annonçant que M Standish O'Grady vient de faire
paraître à Londres, librairie Methuen et C>e, un volume in-8 intitulé : The
coming of Cuchulain. Je suis informé de cette nouvelle par VEvening Tele
graph, no du i^^ décembre dernier, qu'un ami m'a envoyé de Dublin.
Si j'en juge d'après l'article de ce journal, le document publié doit être
le morceau intitulé Macgnii)irada Conculainn « Exploits de Cûchulainn en-
fant ». Quand je me serai procuré ce volume, j'en pourrai parler avec con-
naissance de cause.
Paris, le 28 janvier 1895.
H. D'ArBOIS de JUBAINVILLE.
Le Propriétaire-Gérant : Veuve E. BOUILLON.
Chartres. — Imprimerie Durand, rue Fulbert.
LA DIVISION DES SYLLABES
A PROPOS D UN RAPPROCHEMENT ENTRE LE LATIN ET L IRLANDAIS.
M. Whitley Stokes (The Acadcuiy, 2 mars 1895, n° 1191,
p. 193-194), signale dans un texte irlandais des allitérations
systématiques telles que Cata-rina rogda, Eu-o-enius
o-lorda. Il étudie les règles de ces allitérations et les indices
qu'elles peuvent fournir sur la division irlandaise des syllabes;
en même temps il établit un rapprochement et une compa-
raison entre la division syllabique irlandaise et la division
syllabique latine. Il y aurait, suivant lui, concordance sur la
plupart des points (allitération irlandaise Pergen-Zinus
Zendmin, division syllabique latine Pergen-tinus); ily aurait,
au contraire, discordance en ce qui touche les groupes comme si
(allit. irl. Anas-/asius /oed-lech , div. syll. lat. Ana-stasius).
La concordance est, je crois, plus constante que ne l'a sup-
posé l'illustre savant. C'est au point de vue latin que je me
propose de revenir sur la question, laissant aux celtistes le con-
trôle des formes irlandaises et la discussion directe de la
trouvaille de M. Stokes.
Il y a en latin deux divisions syllabiques à distinguer, l'une
graphique, l'autre phonétique.
La division graphique des syllabes est chose conventionnelle
et sans intérêt linguistique. Elle est fondée sur des motifs pé-
dantesques et futiles. Servius, par exemple (Keil, Gramniatici
Latini, t. IV, p. 427), veut qu'on coupe a-spice, parce que le
groupe sp peut commencer un mot latin {spicà). De même,
on coupera a-mnis à cause de Mncsthcus. On séparera les
Revue Celtique, XVI. 10
126 L. Havet.
deux tt dans aî-iulit, parce qu'aucun mot ne commence par
tt. On coupera, selon Servius, ah-dîtur et non a-hditur, parce
que hd n'est groupe initial qu'en grec (^ziXKoC), et ne peut se
rencontrer au commencement d'un mot latin (même d'un
mot « latin » tel que Mîtestheus /). Des règles semblables, avec
des considérants non moins ridicules, sont données par d'autres
grammairiens ; voir par exemple les passages relevés par
M. Lindsay, The Latin Language, p. 125-126. Tout absurdes
qu'elles sont, nous devons les suivre, ne fût-ce que pour ne
pas rompre l'unité de la langue universelle. Un érudit français
qui laisse imprimer sanc-tus, au lieu de san-ctus, est coupable
d'indiscipline, et il en est de même d'un Anglais qui tolère
que son imprimeur coupe henevol-entem. Mais, en suivant ces
règles, il faut les mépriser. Ce sont des inventions de la sub-
tilité grecque, ineptes dès leur origine, et qui n'ont pas gagné
à être adaptées par des Latins à leur langue. Il n'y a à les
connaître que pour leur obéir : elles sont essentiellement sté-
riles et ne peuvent féconder ni l'étude du latin lui-même, ni à
plus forte raison celle d'un idiome étranger. Les divergences
entre l'irlandais et le latin, dans les exemples allégués par
M. Whitley Stokes, n'existent que grâce à la doctrine imagi-
naire de Servius et de ses pareils.
L'autre division des syllabes est la division phonétique, dont
je doute qu'un ancien ait jamais parlé. Elle est la seule qui
puisse être de quelque utilité à la science; tantôt elle est en
accord avec la division graphique, tantôt la division graphique
la contredit, mais peu importe.
La division phonétique des syllabes nous est connue avant
tout par la prosodie. Un groupe partagé entre deux syllabes
phonétiques allonge la syllabe précédente, un groupe non par-
tagé la laisse brève: crêdét rês - - -, mais crèdé très - ^ -;
c'est le même motif qui fait que l'augment dans èVAe^Tov peut
être bref, tandis que le préfixe est nécessairement long dans
âx-Xe-kw. Les mots comme r.y.-içibz, patris, ont deux prosodies,
selon qu'on prononce pà-tr... ou pàt-r... Chez les anciens
dramatiques latins, patris a toujours la première brève, ce qui
revient à dire que cette syllabe était toujours ^^ et non pàt.
L'allongement, c'est-à-dire la coupe syllabique pàt-ris, est dû
La Division des Syllabes. 1 27
à l'imitation érudite de la prosodie grecque, et n'a jamais re-
posé sur la prononciation sincère des Romains. Cela bien
compris, on voit d'emblée que la division phonétique exacte
est às-pice, àm-nis, en dépit de la division graphique a-spice,
a-mnis, et en dépit de spica et de Mnestheus. De même la di-
vision phonétique est fàc-tus, nôs-ter, en dépit de Stella et de
Ctesiphon, et quoique en imprimant le latin on doive couper
fa-clus et no-stcr. Partout où une voyelle brève forme une syl-
labe longue, c'est que la prononciation lui rattache une des
consonnes qui la suivent, avec ou sans l'agrément des gram-
matici. Peu importe d'ailleurs, en prosodie, qu'il s'agisse de
st, qui peut commencer un mot, ou de nt, qui en est inca-
pable. Suivant la très juste remarque de M. Lindsay, la règle
dite des breues hreuiantcs atteint aussi bien la seconde syllabe
de uolun-tateiii que celle du prétendu ege-statein (ou du prétendu
uolu-piatcm'); ces trois mots également peuvent chez Plaute va-
loir tantôt - - - - et tantôt - ^ - -, l'un et l'autre suivant
les mêmes circonstances.
Une autre source d'information est la phonétique historique.
Capra, qui d'après la prosodie de Plaute était prononcé ca-pra,
a fait en vieux français chievre. Le p est donc traité de même
que dans le-porem lièvre, ce-pa cive, ri-pa rive, c'est-à-dire
comme initial de syllabe. Va, naturellement, est traité comme
final de syllabe, puisque ca devient cbie comme dans ca-nein
chien, ca-put chief, ca-ra chiere. La phonétique post-latine con-
firme donc la coupe ca-pra^ attestée par la prosodie préclas-
sique. Dans cap-pa chape, il faut rattacher une consonne à la
première syllabe ; ici encore la phonétique et la prosodie sont
d'accord. Dans cosia il faut séparer 1'^ du t, côs-ta (en dépit de
la division graphique co-std), parce que les Latins font longue
la syllabe initiale et que les Français n'en ont pas diphtongue
Yo bref. Les grammairiens prescrivent ru-pta, mais c'est riip-ta
qu'indiquent et la poésie latine et la phonétique romane.
Les seuls groupes qui puissent appartenir tout entiers à la
syllabe suivante sont les groupes à liquide (pa-treni - -, po-
plo - -, re-frenare - - - -). Tous les autres, y compris le
sp d'aspice et le mn d'aiiiiiis, se partagent entre les syllabes
voisines. Tel est le résultat très simple auquel on arrive, si on
128 L. Havet.
liiisse de côté la division conventionnelle et purement gra-
phique des syllabes, et si on s'en tient à la seule division qui
ait été réelle, la division phonétique.
Du même coup, les difficultés signalées par M. Whitley
Stokes pour l'allitération irlandaise s'évanouissent. Il est régu-
lier de faire allitérer Anas-/asius /oedlech, Dios-côrus is
Colman, Teles-/?orus /?apa, etc. De même il n'y a rien
que de normal dans l'allitération Epec-/i-/us Af-z'ôin (si-
gnalée incomplètement par M. Stokes). Ma-^rona allitère
régulièrement en t et Lu-cretia en c, mais ce n'est pas parce
que Servius aurait coupé ces mots ainsi. Enfin Dom-mina
allitère régulièrement en m, comme le montre M. Stokes,
mais l'hypothèse D o - ?;m i n a , qu'il indique entre crochets, est
inadmissible. Telles sont les indications que peut fournir la
prononciation latine pour éclairer un petit problème irlandais.
Louis Havet.
LAURUS, LAURACUS, LAURIUS, LAURIACUS
Laurus est un nom d'esclave qu'on trouve dans des inscrip-
tions sous l'empire romain en Italie. On a recueilli près de
Préneste l'épitaphe d'un certain Laurus dont le père, nommé
Abascantus, était esclave de l'empereur et dispensator annonae^.
Le musée de Leyde possède l'épitaphe d'un autre Laurus, es-
clave de P. Caucilius Celer; ce monument est d'origine ita-
lienne 2. D'Ostie on a transporté à Rome, au musée de La-
tran, l'épitaphe qu'un certain C. Silius avait fait graver pour
lui et pour ses affranchis, dont un appelé Laurus "i. Laurus qui
fit graver à Nursia, aujourd'hui Norcia, l'épitaphe de sa mère
Chrysostomis, était probablement esclave ■^.
Je crois, d'accord avec Zeuss, que ce nom d'homme est ori-
ginairement un adjectif gaulois identique au vieil irlandais
lour'i, qui signifie « suffisant » dans un certain nombre de
passages des plus anciens mss. irlandais que nous possédions^.
Comparez les noms d'homme grecs 'Apxs-ri;, 'Ixavoç, et le nom
d'homme latin Idonius pour Idoneus. L'origine celtique du
nom d'homme Laurus est établie par plusieurs circonstances.
La première est sa présence fréquente en pays celtique.
1. CI. L., XIV, 2834.
2. C. I. I., VI, 21172.
3. CI. L., XIV, 417.
4. C. 1. L., XI, 4566.
5. Grainmatica celtica, p. 33, 1. 22-25.
6. Ms. de Wûrzburg, f" 4d, glose 12; (° loa, gl. 17; fo iid, gl. 15,
f" 24b, gl. 16; éd. Whitley Stokes, p. 22, 54, 6&, 139. Ms. de Milan,
fo 3 5d, gl. 24, édition jAscoli, p. 113. Priscien de Saint-Gall, i° 15 b,
gl. 7 ; fo 159 a, gl. 3 ; édition Ascoli, p. 21, 94.
130 H. d'Arbois de Jubainville.
Louro, c'est-à-dire fundiis Laurus, fonds de terre nommé
Laurus, parce que son propriétaire s'appelait Laurus à la date
du cadastre romain, est le nom de quatre villages de Galice,
un dans chacune des provinces de Coruiia et de Lugo, deux
dans celle de Pontevreda ; or la Galice est une des parties de
l'Espagne qui restèrent celtiques après la conquête carthagi-
noise et sous l'empire romain. De Laurus dérive le nom de
lieu Lauracus qui apparaît en 93 1 dans un diplôme du roi
Raoul ^ et qui, dans cet acte, désigne Laurac, Aude, chef-lieu
dès le XII'' siècle de la petite province appelée Lauragais. Le
nom de Laurac est aussi porté par une commune du dépar-
tement de l'Ardèche. Le nom d'homme Laurus apparaît dans
une inscription mutilée de Narbonne ^. Il est en pays celtique
employé comme cognomen par des citoyens romains : C. Mi-
nervius Laurus à Milan 3, G. Servihus Laurus en Portugal 4,
M. Arrius Laurus, en Espagne, à Merida5,P. Manlius L^îwrM^
dans un diplôme de citoyen romain accordé à un vétéran par
l'empereur Titus ; on a trouvé ce diplôme en basse Autriche,
à Klosterneuburg, près de Vienne^, dont le nom primitif Vin-
dobona est celtique.
Le nom barbare Laurus et le cognomen identique ont donc
été très répandus dans les parties celtiques de l'empire romain,
on les trouve peu ailleurs. La marque du potier Laurus en
Sardaigne 7 est sur une pièce qui peut avoir été importée du
continent. Une inscription mutilée de Nice nous fait connaître
le cognomen : Laurus d'un décurion ^ qui, bien qu'en pays
ligure, peut être celte de naissance 9.
L'origine celtique du mot Laurus est confirmée par l'examen
de deux' dérivés. Le premier est Laurinus, employé comme
1. D. Bouquet, IX, 576 C.
2. CI. L., XII, 4940,
3. CI. L., V, 6073.
.4. C. /. L., II, 359.
$. CI. L., II, 4940.
6. C. /. L., t. m, p. 854.
7. C. I.L., X, 8336,2.
8. C. I. L., V, 7903.
9. Nous ferons la même observation à propos du surnom de P. Noznus
Laurus, Spalato en Dalmatie, C. 1. L., III, 2551.
Laums, Lauracus, Laurius, Laurîacus. 1 3 1
nom d'homme dans une inscription d'Uzès, Gard. Cette ins-
cription est une épitaphe gravée par ordre de Laurinus, Celti
Jîlius^. Le nom du père de ce personnage établit sa natio-
nalité.
Le second dérivé est Lourismo, nom d'un village d'Espagne,
en Galice, province de Coruna; Lourismo = Laurismus,
soxxs-Qnïtnàvi fund us, a été un nom d'homme avant d'être nom
de lieu, c'est un superlatif du thème lauro-, louro-. Com-
parez à ce masculin le féminin Segisama, superlatif du thème
sego-, en sanscrit sahâ- « puissant, fort ». Segisama « la très
forte » est le nom de deux villes d'Espagne : Segisama Vaccaeo-
rum^ et Segisama Brasaca 3 : Sego- a valeur d'adjectif avec le sens
de « fort » dans Sego-briga « Fort château », nom d'une ville
espagnole, aujourd'hui Segorbe4. Le féminin sega de cet ad-
jectif, employé substantivement avec le sens de « forte », est
un surnom de femme dans l'épitaphe Pompeia Sega, affranchie
de Pompeia Lepida. Ce monument a été trouvé à Narbonne5.
Segisama = *Sego-isiiima, Lounsmo ^=* louro-is-mo-s.
Il est inadmissible que le nom d'homme Launis soit iden-
tique au latin laurus « laurier », comme De-vit l'a supposé
dans V Onomasticon totiits Latinitatis. On n'avait pas à Rome
l'usage de créer des noms de personne avec des noms d'arbre.
Aucun Romain ne s'est appelé Abies, Alniis, Quercus, Ulmus.
Du cognomen Laurus on a dérivé suivant l'usage un gentilice
Laurius, qui a été employé comme nom de lieu, Laurias,
c'est-à-dire villas Laurias, villae Lauriae dans une charte du
xi^ siècle conservée par le Cartulaire de Saint-Victor de Mar-
seille^.
A l'aide du suffixe -âco-s, on a tiré de ce gentilice un nom
1. CI. L., XII, 2928.
2. CI. L., II, 900, 3281.
3. C I L., II, 4157. Sur le superlatif celtique, voyez ci-dessus, p. 121.
4. C. I. L., t. II, p. 417.
5. CI. L., XII, 5069. Cï. Sega Triiimif., Brescia, V, 4717.
6. Cartulaire de Saint-Victor de Marseille, t. I, p. 623 ; cf. seniores Lau-
rienses, ihid., p. 332. Comparez le nom de lieu Laurianus àzns un diplôme
de l'empereur Otton I, 967, Sickel, Die Urkuiidcii der dentschen Kœnige iiiid
Kaiser, t. I, p. 458-459. 11 s'agit d'une localité située dans le territoire
à'Ainiternuin, c'est-à-dire en Italie, dans les Abruzzes, province d'Aquila.
132 H. d'Arbois de Jabainville.
de lieu Lauriacus dont il y a plusieurs exemples. Nous en ci-
terons deux à l'est de la Gaule, mais en pays celtique.
L'un, comme l'Itinéraire d'Antonin nous l'apprend, était
situé en Norique sur la route qui de Sinniuni, aujourd'hui
Mitritza en Serbie % et de Taurununi, aujourd'hui Semlin en
Croatie, menait en Gaule 2; de ce Lauriacus, par une autre
route, on gagnait l'Italie 3. En 341, les empereurs Constance et
Constant en datèrent un rescrit dont le Code Théodosien et le
Code Justinien nous ont conservé des fragments 4. Ammien
Marcellin raconte que l'empereur Gratien passa k Lauriacus en
3775. A la fin du iv*^ siècle, deux préfets, celui de la seconde
légion surnommée Italica, et celui de la flottille, classis, du
Danube, résidaient à Lauriacus^. Il y avait dans cette localité,
à la même époque, une fobrique de boucliers, fahrica scu-
tariai, et une garnison de lanciers, lancearii Lauriacenses^.
Au siècle suivant, tous ces établissements disparurent, et dans
la vie de saint Severin, qui habita le Norique de 452 à 482,
on voit les habitants de Lauriacus, cives ex oppido Lauriaco9,
donner d'abord asile dans. leurs murailles à ceux de leurs com-
patriotes que la conquête germanique a expulsés des villes ro-
maines bâties le long du haut Danube ^°, puis enfin être con-
traints d'évacuer leur ville et de se réfugier dans celles qu'avait
occupées Feletheus, autrement dit Feva, roi des Rugi ^^ . Lau-
riacus subsista cependant. Un capitulaire de Charlemagne
mentionne* en 805 cette localité : elle est à l'est le point ex-
trême de l'empire, les marchands qui vont commercer avec
1. Itinéraire d'Antonin, p. 231, 1. 11; p. 235, 1. i.
2. Ihid., p. 241, 1. 3 ; p. 249, 1. I.
3. Ibid., p. 276, 1. I ; p. 277, 1. 3.
4. Code Théodosien, 1. VIII, t. 2, 1. i ; I. XII, t. i, 1. 31. Code Justinien,
1. X, t. 69,1. I.
5. Ammien Marcellin, 1. XXXI, c. 10, § 20.
6. Notitiadignitatiim occidentis, édition Boecking, p. 100.
7. Ibid., p. 43.
8. Ibid., p. 35, cf. p. 27, et C. /. L., t. III. p. 689.
9. Vita sancti Sevcrini, c XVIII, § i ; édition donnée par Hermann
Sauppe, dans Monnnwnta Germaniae historica, in-4. Aitctores antiquissimi,
t. I, pars posterior, p. 17, 1. 20.
10. Ibid., c. XXVII, § 2; c. XXVIII, § I ; c. XXX, § i; p. 21, 22.
n. Ibid., c, XXXI, § i,p. 23.
Laurus, Lauracus, Laurius, Lauriacus. 1 3 3
les Slaves et les Avares peuvent aller jusque-là sous la protec-
tion impériale ^ Ce Lauriacus est aujourd'hui Lorch, Autriche 2.
Un autre Lauriacus, également situé à l'est du Rhin, est
moins célèbre. La plus ancienne mention, à notre connais-
sance, ne remonte qu'au xii^ siècle. Une bulle du pape Inno-
cent II, 1136, concerne le monastère dit Laureacus, in diocesi
AugustensiK II est question de la même localité, au même
siècle, chez le chroniqueur Otton de Freising. C'est aujour-
d'hui Lorch, en Wurtemberg 4.
Passons le Rhin; entrons en Gaule. Nous y trouvons
quatre Lauriacus dont nous pouvons déterminer la position :
Dans l'ancien département de la Moselle, Lorry-les-Metz,
appelé Lauriacus en 945, comme une charte nous l'apprend 5.
Dans le département de Maine-et-Loire, Loire, probablement
le Lauriacus in pago Andegavensi où un concile se tint en 843,
la quatrième année du règne de Charles le Chauve ^. Ce doit
être aussi la villa Lauriacus in Andecavo fisco, mentionnée
en 797 dans un diplôme de Charlemagne pour l'abbaye de
Prûm 7.
Dans le département du Loiret, Lorris est probablement le
Lauriacus situé dans le pagus Aurclianensis, suivant un diplôme
accordé par Hugues Capet à l'église cathédrale d'Orléans en
990^. Aux termes de ce diplôme, des biens situés dans ce Lau-
1 . Monnuienta Germaniae historien, in-4, Legiuii sectio II, Capitiilaria
regmu francorinn, t. I, édités par Alfred Boretius, p. 123, 1. 18. Dans une
bulle du pape Eugène II, 824-827, on trouve le nom d'un certain Yrolfus,
archevêque de Lauriacus, Migne, Fatrologia latiua, t. 129, col. 989-991.
Mais cette pièce paraît fausse. Voyez Gams, Séries episcoporum, p. 327;
Jaflfe, Regesta, 2^ édition, t. II, p. 322, n" 2566.
2. H. Osterley, Historisch-geographisches Wôrterhuch des deutschen Mitlel-
alter, p. 407.
3. Migne, Patrologia latina, t. 179, col. 276.
4. Osterley, Historisch-georagphisches Wôrterhuch, p. 407.
5 . Bouteiller, Dictionnaire topographique du département delà Moselle, p. 1 50.
6. Capitula in Synodo acta quae habita est apud Lauriacum in pago An-
degavensi anno DCCCXLIII incarnationis domini nostri |csu Christi,
mense octobri, indictione VII, Caroli Calvi régis anno IV. Labbe, Sacro-
sancta Concilia, t. VII, Paris, 1771, col. 1790. Cf. Port, Dictionnaire de
Maine-et-Loire, t. II, p. 465, 532.
7. Sickel. Acta reguni et inipcraloruni Karolinoriini, t. II, p. 59. Migne,
Patrologia latina, t. 97, col. 1068,
8. D. Bouquet, t. X, p. 558.^.
IÎ4
H. d'Arbois de Jubainville.
riacus avaient été restitués à l'église d'Orléans par le roi Ro-
bert, 922-923.
Loirac, Gironde, nous offre la prononciation méridionale
de Lauriacus par opposition à la prononciation septentrionale :
Loire, Maine-et-Loire; Lorry, Moselle.
Outre ces six Lauriacus dont le nom actuel est connu, nous
pouvons en citer trois dont nous ignorons la position; ils
sont mentionnés : le premier, dans un diplôme donné par
Charlemagne en 775 à l'abbaye de Saint-Martin de Tours % le
second, dans le Cartulaire de Sauxillanges, Puy-de-Dôme -, le
troisième, dans le Cartulaire de Brioude, Haute-Loire 3.
Tous ces noms de lieu s'expliquent par un gentilice romain
Laurius, dérivé du nom d'homme gaulois Louros, en vieil ir-
landais lour « suffisant ».
H. d'Arbois de Jubainville.
1. D. Bouquet, t. V, p. 737, a écrit Lausiacus, corrigé en Lauriacus par
Mabille, Pancarte noire de Saint-Martin de Tours, p. 226, cf. p. 69, n^ XVIII.
2 . In villa quae vocatur Lauriacus. Doniol, Cartulaire de Sauxillanges,
p. 179.
3. Li villa quae dicitur Lauriago. Doniol, Cartulaire de Brioude, p. 75.
THE PROSE TALES
IN THE
RENNES DINDSENCHAS
FIRST SUPPLEMENT, EXTRACTS FROM THE BOOK OF LECAN.
131. Medraide.
(Lee. p. 481'').
Meadraide, canas rohainmniged ?
Ni ansa. Meadraide mac Torcair ^ meic Tromda meic Cala-
truim a iîinis iartharaicii Espàine tanic le Mac con a n-Erind,
cor'gab isin tracht [n-ucut]3. Unde Meadraide dicitur.
ITem for Ath Cliath Meadraidi fos .i, Cliath mac Cuilind
meic Duib-duind do muintir Meic con adrocliair and. Duibri
mac Dubain meic Deirc do muintir Meic con fos, a quo Duibri,
[7] Neidi Nithgonach, a quo Usce 'Heidi, 7 Gaeth m^c Nech-
tain meic Firmoir meic Erimoin meiç Rois meic Inbirmuigi .i.
cliamain 4 Meadraidi, [7] Marcan mac Duinn meic Dathaich s
do muintir Cbuind cétcbataig, 7 Gaillim ingen Breasail ranic
dia fothrucun cus'm abaind, a quo Gaillium, 7 Laigen ^ Gairb-
liath mac Dairi meic rig Espâine, a quo Ath Laigin, Failend7
mac Illaind meic Ne[i]r tanic asin traig do thaeb na Greci ^ do
1 . Voir Revue Celtique, XV, 272, 478 ; XVI, 31.
2. Dorcoin maill, H.
3. sic H.
4. cliabmuin H.
5. Datain H.
6. sic H. Laigin Lee.
7. sic H. Failind Lee.
8. tainic asin nGreig, H. ^
136 V/hitley Sîokes.
choba[i]r Mt'/c con, a quo Inis Failind ^, [7] Boireand niac
Bolcain meic Bain meic lUaind a hEs^àin tainic co Boirind
Corcomruad, a c[uo Boireann.
Medraide son ofTorchar, son ofTromda, son of Calatrom,
out of a western island of Spain came with Mac con into Ire-
land, and set up on yonder strand (Medraide), whence Me-
draide is said.
Also : on Ath cliath Medraide moreover i. e. Cliath son of
Cuilenn, son of Dub-duinn, of Mac con's family, fell there. Du-
bri son of Duban son of Derc, of Mac con's family also, from
whom Diihrî (is named), and Neide Nithgonach from whom
is Neide's TVater, and Gaeth sonof Nechtan, son of Firmor, son
of Erimon, son of Ross, son of Inbirmuigi [?] i. e. Medraide's
brother-in law, and Marcan son of Donn, son of Dathach, of
ihe family ofHundred-battled Conn, and Gaillim daughter of
Bresal — from her is GaiJJiuin, — came to the river to bathe
and Laigen Rough-grey, son ofDaire, son of the King of Spain
— from whom is Laigen's Ford. Failenn son of Illann, son of
Ner, — from whom is FaiJcnns Island — came from the strand
on the coast of Greece to help Mac con. And Boirenn son of
Bolcan, son of Ban — from whom is Boirenn — out of Spain
came to Boirenn Corcomruad.
Also in H. 40b. As to Mac con see Rame Celtique, XIII, 434, 442. The
article is little but a list of the foreign allies with whom he returned to
Ireland from his banishment. Some of thèse, it seems, were Spaniards and
Greeks and others were Scots and Britons.
As to Medraide now Maaree, co. Galway, see the dindsenchas of Ath
cliath Medraige, Revue Celtique, XV, 460. Gaillim now the river Galway.
Boirenn now Burren, in the north of the co. Clare.
132. Carn Fraich.
(Lee. p. 485^).
Carnd Fraich, canus ro\\ainmniged ?
NI ansa. Dia tarla Gond Getchathach 7 Eogan Taidlech i
I . Failend H,
The Rennes Dindienchas. First Supplément. 137
comflaithis fo Erind iarua roind d' Escer Riada on Ath cliath
co chele .i. Ath cliath^ Meadraidi 7 Ath diath DuibHndi. Bai
àono fendid la hEogan, Fraech Midleasach mac rig Es'çàim, 7
bai oc argain co Cruachain cach re n-uair. Fecht and dodea-
chaid co Cruachnaib Ai do tharclom chreichi cor' gobsad crod
na Cruachna. Bae Conall Cmichan À. oidi Cuind, 'ca fei-
theam, cor' lean iad 7 a cethrar mac .i. Corc 7 Connla 7 Cet-
genCruachan 7 Fraech, co rucsad for[r]o ac Meadraidi, airm a
roibi Eogan boden. Cor' c^frsead coibleng cwrad eatwrru, co
tarrla Fraech mac Co^aill Cruaciia;; co hEogan, cor' gon co
coimsech Eogan. Dorala Fraech mac rig Espâfns arbelaib
Eogain, cor' chomraic doib in da Fraech, cor' thoit Fraech
mac Co//aill 'san irgail. lAr toitim in churad doiadsad Tuatha
Taidean 7 Fir Domnann 7 Cruithnich na Cruachna, 7 Conall
fodesin 7 a tri mcic aile, 7 nir' licsead a fodbad, 7 dodichuir-
sead Muimnich arcwr a n-a[r]m [p. 485''] ic Ath Meadraidi,
cor' beanad a cro 7 a crech dib. lAr femead a leanma«a do
Chonall con:i clandma/cne, dothocbadar leo Fraech co Cnoc na
dala ria Cruachnaib sairrdeas, cor' hadlaiced ann he, con^à.
uada sloindter in carnd. \]ndc àicitur Carnd Fraich.
Ailit^r Carn Fraich .i. Fraech mac Fidaig dodeachaid do
serc [FJindabrach do chrothad in chaerthaind robai ar dublind
Brea risi n-abar in tShuca indiu 2, ccr' airig pest bona in chaer-
t[h]aind he, cor' len 7 cor' geogain 3 co mor, co tue Fraech a
codeur 7 in caerthann co Meidb, co roibi 'ga fothr/v^ isin
charnn, co;zad[d]e dogairther Carn Fraich. No comad and foga-
bad bas lasin pest, 7 a adnocol 'sin charnn beos.
Ni head sain a fir, acht la Coincul[ainn] dothoit a comrac
Msci ar Tain bo Cuailcne i n-Ath Omna ar bord Slebe Fuait.
Tareis a baiti la Coincula////z dochonncadar tir 'Er:cnn in band-
trocht mor dia saigid co corp Fraich, 7 dolicsed gair mor osa
chind, 7 tocaibsead leo 'sa sith, Sith Fraich iviwiorro ainm in
tsidha osin inall, coma, da dearbad sin rochanad so :
Carnd Fraich, ca hadbar dia fuil. 7rl.
1 . Lee. inserts cliathuch.
2. MS. ar dubaind brea risinab in s/;tuca aiiiug,
3 . MS. geodain.
138 Whiîley Stokes.
Conn of the Hundred Battles and Eogan Taidlech chanced
to be in joint-sovranty throughout Erin after dividing it by
the Escer Riada from one Âth cliath to the other, that is Ath
cliath Medraidi (Clarin Bridge) and Âth cliath DuibHnne
(Dubhn). Now Eogan had a champion, Fraech Midlesach,
son of the king of Spain, and he was plundering as far as
Cruachan every second hour. Once upon a time he went to
Cruachu Ai to gather a prey, and they seized the cattle of
Cruachu. But Conall of Cruachu, Conn's fosterfather, was
watching them, and he followed them with his four sons
Corc and Connla, Cétgen of Cruachu and Fraech ; and they
overtook the raiders at Medraide, the place in which was
Eogan himself. Then they fought a champions' battle between
them, and Frdech son of Conall of Cruachu attacked Eogan
and wounded him mightily. Frdech son of the king of Spain
came before Eogan, and the twoFraechs fought, till Frdech son
of Conall fell in the combat. After the fall of the hero the
Tuatha Taiden and the Fir Domnann and the Picts of Crua-
chan and Conall himself and his three other sons closed
round (Frdech's body), and they did not let him be stript of
his armour, and the Munstermen disperséd after casting away
their weapons at Ath Medraidi, and they were deprived of
their cattle and their prey. After Conall with his children be-
came unable to pursue them Frdech was carried up to the
Hill of the Assembly, to the south-east of Cruachain, and
there he was buried, and from him the cairn is named. Hence
Carn Fràich « Frdech's Cairn » is said.
Otherwise : Carn Fràich, that is, Frdech son of Fidach (leg.
Idath ?) went for love of Findabair to shake the rowantree that
was over the black linn of Brei, which to day is called the
Suça ; but the monster at the foot of the rowantree perceived
him, and pursued him, and wounded him sorely. But Frdech
brought Medb the monster in triumph, and the rowantree;
and he was healed in the cairn, wherefore it is called Carn
Fràich.
Or mayhap he was killed by the monster, and his grave is
still in the cairn. But that is not the truth of the taie, for he
fell by Cùchulainn, in a water-combat on the Driving of the
The Rennes Dindsenchas. First Supplément. 1 39
Kine of Cualnge, at Ath Omna on the edge of Sliab Fuait.
After he was drowned by Cûchulainn the men of Erin met the
great band of women coming to Fraech's body, and they ut-
tered a mighty cry over his head and took him up with them
into the elfmound. Now Sid Fràich is the name of the elf-
mound thenceforward, and to certify that this was sung :
« Fraech's cairn, what is the cause of it ? » etc.
Not found elsewhere, See O'Donovan, F. M. 1225, p. 22, Miscdlany ofthe
Irish Arch. Soc, I, 293.
Carn Frâich, now Carnfree, in the townland of Carns, parish of OguUa.
barony and co. of Roscommon, a little west of Duma Selga, no. 71, supra.
Escir Riada a Une of gravel hills crossing Ireland from Dublin to Clarin-
bridge, co. Galway. Suça now the river Suck. Sliab Fuait, v. supra no. 100.
Conn of the Hundred Battles reigned from A.D. 123 to 157. His con-
temporary. Eogan Taidlech (also called Eogan M6r and Mog Nuadat) was
king of the southern Irish.
For the story of Fràech, the pcist and the rowantree see Tdin ho Frâich,
LL. 250, edited and translated by Crowe, Proceedings of the R. I. Academy.
Irish MSS. Séries, I.
For the drowning of Frâech and the removal of his corpse into an elf-
mound, see the Taijt hô Cûalnge, LU. 63b. « In dul so, » orCû, « in didma
th' anacul? » « Noco didem, » or Fraséch. Atnaig Cû foi, atherruch conid
appad Fraasch. Tocurethar for tir. Beraita muintir a cholaind co mbôi isin
dunud. Ath Fraich issed ainm ind atha sin co brath. Cointi a ndunad n-ule
Frasech, co n-accatar banchuri i n-inaraib ûanib for colaind Fraich maie
Idaid. Focessat ùadib issa sfd. Si'd Fraich ainm in tsida sin iarom.
« This time, » saith Cû(chulainn), « wilt thou accept quarter ? 1 « I will
not accept, » saith Frdech. Cû tlirusts him again under it (i. e. the water of
the ford), so that Frdech perished. He is brought to land. His people bear
his body into the camp. Ath Frâich « Fraech's Ford » is the name of that
ford for ever. Ail the camp bewails Fraech, till they saw a train of women
in green tunics (lamenting) over the body of Fraech son of Idath. They
carry (?) it away from them into the elfmound. Now Sid Frâich is that elf-
mound's name. »
133. Ard na Riag.
(Lee. p. 492^).
Ard na riag, canai rohainmniged ?
Ni ansa. Dia rogob formot 7 firmiscni Cellaich maie Eogain
I . Literally : « wilt thou suffer thyself to be protected ? »
m
1 40 Whitley Stokes.
meic Cellaich meic AiWla Muilt meic Dathi meic Fiachrach a cridi
Guairi Aidne meic Colmain cor' guidistair ceathror comalta
Cellaig um marbad Chellaich .i. Mael-Croin 7 Mael-Senaich 7
Mael-daLuad 7 Mael-Deoraid, 7 dodeonaigedar ^ na comal-
tada sin cor' marbsad Cellach tre fwrail Guairi 7 tarcenn
chomthach mor.
lAr marbad CheWaig da chomaltaib dobi Cu-choingelt mac
Eogain 'na n-'iarmovacbt, co fuair iad ac Sal Srotha Deirg, co
rue leis co Tulaich na Fairscena iad da riagad, co ro riagad
and iad, conad uaitliib ammmgtber in t-ard. Unde àicituv.
When envy and hatred of Cellach son of Eogan, son of
Cellach, son of Ailill Wether, son of Dathi son of Fiachra,
were in the heart of Guaire Aidne son of Colman, he entreated
the four Maels, Cellach's four foster-brothers, to kill him.
And those fosterbrothers consented to kill Cellach at Guaire's
behest and for sake of great bribes.
After Cellach had been killed by his fosterbrothers, Cû-
choingelt son of Eogan was pursuing them, and he found
them at (the river) Sdl Srotha Deirg (« Brine of the Red
stream »), and he brought them to the Hill of the Outlook, to
torture them, and there they were tortured, and from them
the height has its name.
This article is found only in the Lecan copy of the Dindsenchas.
Ard na riag « the Height of tlie Tortures or Executions » , now Ard-
narea a village near the town of Ballina : see O'Donovan, Four Masters,
A.D. 1266, and Hy-Fiachrach, p. 54, .note w.
Soi srotha deirg, now the river Moy.
The story of the murder of Cellach and the exécution of his murderers
is well told in the Lebar Brecc, pp. 274, 276, whence it has been edited in
Silva Gadelica, I, 57, 63, II, 59, 66. But see Revue Celtique, XVI, 91.
134. Inber mBuada.
(Lee. p. 492'').
INbear m[B]uada, can^j rohainm;»^^^ ^
I. MS. do deonaidedflr.
The Rennes Dindsenchas. First Supplément. 141
Ni ansa. Dia tainic Parrthalon mac Sera meic Sru meic Esru
meic Gaeidil Glais, 6 taid Gaeidil, asin Greic iar marbad a
athar 7 a mathar 7 a braithrech uni chenn a forba, dia roibe
sechnon in domain in [leg. 6] cach thir do thir, co ranic fa-
deoid co iiErind, cor' gob cuan 7 calad a n-Inis Saimer. Dam
ochtair a lin, co roibi re trell isin chuan sin. lAr scithlim a
loin imnwrro do[g]nidis fiadach 7 enach 7 iascach. Uair ni
[fjuair Parthabn a n-inb/r na 'n-abaind i n-Eriiin co tanic co
hinber mBuada, co rob and do[f]uair iasc ar tus, co ndebradar
muinter Parthab/;? ; « Is buadach in t-'mdher ! » ol siad.
« Biaid in t-ainm sin fair, « ol Parrthab?î .i. Inher m[B]uada »,
et unde dicitur Inhor mBuada.
When Parthalon son of Sera, son of Sru, son of Esru, son
of Goedel Glas, from whom are the Goedil, came out of
Greece, after his father and mother and brothers had been
killed for sake of their héritage, he wandered over the world
from one country to another, till at last he came to Ireland
and got a haven and landing-place at Inis Saimer. A band of
eight was his complément, and for some time they tarried in
that haven. After their provisions were spent they hunted
deer, and birded and fished. Parthalon found no fish in any
estuary or river in Ireland till he came to Inber mBuada, and
there first he found fish. So Parthalon's people said : « Profit-
able (buadach) is the inver ! » say they. « That shall be the
name upon it, » says Parthalon, « even Inber mBuada ». And
hence we say Inber mBuada « estuary of profit » .
Inbei- mBuada (fovmerly Iiidber Caini glais : see infra no. 136) not iden-
tified. Inis Saimer an island in the river Erne at Ballyshannon, Four Mas-
ters, A.D. 1197, note 6. O'Mahony's Keating, p. 115.
As to Partholon (name borrowed from Bartholoinaeus), the first colonizer
of Ireland after the Flood, see LL. y-\ i2j^ and infra Nos. 145, 150.
Gaedel Glas the eponymous ancestor of the Irish. See Saltair na Rann
3993-4012.
135. DiNDA Hua n-Amalgada.
(Lee. p. 4930-
Do dindaib Ua nAmalgaid andso .i. Carnn Amalgaid 7 Tir
Revue Celtique, XVI. li
142 Whitley Stokes.
Amalgaid 7 Fearsad Threisi 7 Inis Amalgaid for Loch Con 7
Mag mBroin la Hi'iu Amalgaid, canas ro hainmniged ?
Ni ansa. Carn Amalgaid .i. Amalgaid meic Fiachra. Elgaid
mac Dathi meic Fiachrach is lais rotochlad in carnn 'cum
aenaig Hiia n-Amalgaid do denam 'na thimchell cacha bliadwa^
7 do feitheam a long 7 a coblaig as 7 ind, 7 dia adnocol
bodén.
Amalgaid mac Fiachrach meic Echach Muidmedoin, is uada
ro hainmniged Tir Amalgaid.
Fearsad Treisi mviwrro cid diata ? Ni a)isa. Treisi ingen
Nad-fraich bean Amal2;aid nieic Fiachrach meic Echach Muo--
inedoin do baidead innti, ronad uaithi ainmnichthear, co;md ria
aderar Fearsad Ratha Branduib indiu^
Inis Amalgaid, cid diata ?Ni aiisa. Dia ndechaid Ruad ingen
Airdig Uchtleathain meic Fir-choca, bean Dathi meic Fiachrach
do thuismed a toirch/«ja co hoilen for Loch Con, co rue mac
forsan indsi .i. Amalgaid m^ïc Dathi, conià uada sloindter an
indsi .i, Inis Amalgaid; 7 is aitreb naemda ind oilen sin.
Mag mBroin, cid dia ta ? Ni ansa. Bron mac AUtoid dearb-
[b]rathair Manannain meic Alloid, is e rosslecht a fidbaid in
mag, confia, he a ainm fil fair .i. Mag mBroin, ocus derb[b]ra-
thair aile doib Ceiti mac Alloid, dia ta Mag Ceidi. Comxà do
chuimneochad na ndind sin rocanad so :
Seanchos Chairn Amalgaid feil 7rl.
Of the notable places of Hùi Amalgaid hère, to wit, Carn
Amalgaid, and Tir Amalgaid, and Fersat Trese, and Inis
Amalgaid on Loch Con, and Mag mBroin in Hùi Amalgaid,
whcnce were they named ?
Not hard to say. Carn Amalgaid, i. e. Amalgaid son of
Fiachra. Elgaid son of Dathi son of Fiachra, 'tis by him that
the cairn was dug in order to make around it an annual meet-
ing-place for the Hûi Amalgaid, and to watch therefrom his
vessels and his fleet (going) out and (coming) in, and (lastly)
for his own burial (therein).
I. MS. aniucr.
The Rennes Dindsenchas. First Supplément. 143
Amalgaid son of Fiachra, son of Eochaid Muidmedôin, from
him Tîr Amalgaid v^as named.
Fersat Trese, now, whence is it ? Not hard to say. Trese
daughter of Nadfraech, wife of Amalgaid son of Fiachra, son of
Eochaid Muigmedôn, was drowned therein: so it is named
from her, and today it is called Fersat Ratha Branduib.
Inis Amalgaid, whence is it ? Easy to say. When Ruad
daughter of Airdech the Broadbreasted, son of Firchoca, and
wife of Dathi son of Fiachra went to an island on Loch Con
to bring forth the chiid in her womb, she bore a son on this
island, even Amalgaid son of Dathi, so that the island, even
Inis Amalgaid, is named from him. And that island is a hal-
lowed habitation.
Mag mBroin, whence is it ? Easy to say. Bron son of Allot,
own brother of Manannan son of Allot, 'tis he that felled the
wood of the plain, so that it bears his name, even Mag
mBroin « Bron's Plain » . And there was another brother of
theirs, Ceite son of Allot, from whom is Mag Ceiti.
Wherefore, to commemorate those notable places this was
sung :
The story of the cairn of gênerons Amalgaid, etc.
Carii Amalgaid on the si'mmit of Mullaghearn, near Killala in the ba-
rony ofTirawley, v. O'Donovan, Hy Fiachrach, 443 n. The passage rela-
tingto this cairn is quoted and translated in Petrie's Round Towers, p. 107.
Tir Amalgaid now the barony of Tirawley, co. Mayo. Fersat Trese i. e.
trajectus Tresiae, in the parish of Killala, near the abbey of Rafran (Râith
Bhrain), see Hy Fiachrach, 9, 490. Inis Amalgaid now Inishlee, an islet in
Loch Con. Mag mBroin « Bron's Plain », now probably the townland of
Killybrone (i. e. CM Maighe Broin) in the parish of Ardagh. See Hy Fia-
chrach, p. 236 n. Mag Ceiti not identified.
Dathi son of Fiachra, overking of Ireland from A.D. 405 to 428, said to
hâve been Idlled by lightning at the Alps. See Lebor na huidre, 38^.
136. Mag Tibra.
(Lee. p. 494O.
Mag Tibra, canas rohainmniged ?
Ni ansa. hirial faid mac Ereamon meic Milead EsTpâine, rig
1 44 Whitley Stokes.
hEr[e]and 7 Alban, 7 tanic Irial timchell Erend inacuairt, co
riacht co hindber Chairnd Glais risi n-abar Inher mBuada, 7
tanic da acallaini aindsen a buime .i. Tibir ingcn Chais Clo-
thaig do Tliuathaib de Danand, co rue le rig hErind diadunad
bodesin .i. co Mag nGIas. IS andsin dogob galar rega rig
hEreun, co testa a ndun a buime. Tancadrtr fîr Erenn fo thasc
in rig co riacht[atar] dun Tibra, 7 dothocbad^'r leo he co rei-
lic idlaide na Cruachna, cor' liadlaicead and he. Dochuaid Ti-
bir isa muir dé bathad do cumaid '■ a dalta, co tucad i tir hi-
iarna^ bathad do thonnaib in mara, cor' hadlaiced hi 'sa moig
sin re taeb na tniga, ro/zad uaithi ainmnigthear in mag .i. Mag
Tibra, 7 is dona gairthib mora doligedar lucht in baiH i[c]
cainead rig Ereiin 7 a buime ita Tulchan na nGairthi.
Irial the Prophet son of Erem, son of Mil of Spain, was King
of Erin and Alba; and on his circuit Irial came round Erin till
he reached the Estuary of the Green Cairn, which is (now)
called Inber mBuada. And there he came to hâve speech of
his fostermother Tibir daughter of Cass Clothach of the
Tuatha dé Danann, and she brought the king of Erin to her
own fort, even to Mag Glas. There a deadly illness attacked
the King of Erin and he passed away in his fostermother's
fort. The men of Ireland came at the news of the king's death
till they reached Tibir's di'ni, and they took him up to the
pagan burialground of Cruachain, and there he was interred.
Out of grief for her fosterling Tibir went into thesea to drown
herself, and after she was overwhelmed by the seawaves she
was brought on shore and buried in that plain beside the
strand. Wherefore the plain is named from her, even Mag
Tibra; and from the great cries which the folk of the stead
uttered in bewailing the King of Erin and his fostermother
Tulchàn na ngairîhe — « the Hillock of the Outcries » — is
so called.
Mag Tibra and Tulchân na ngairthc havc not been ideiitified. Cruachain
or Cruachu, now Rathcroghan, the ancient palace of the Kings of Con-
naught, is in the co. Roscommon, between Belanagare and Elphin : see
I. MS. cumaig. 2. MS. iar iarna
The Rennes Dind'senchas. First Supplément. 145
the dindsenchas of Râith Cruachan, Rev. Celt., XV, 465, and O'Donovan's
note, Four Masters, 122^. The pagan cemetery (named Oenach Cruachan in
LU. 5 1», and now called Roilig na Righ) lies a quarter of a mile souih of
Rathcroghan.
In LL. 127b Gilla Coémâin says that Irial the Prophet reigned for ten
years, and died of a one hour's illness in Mag Muâde.
137. Sliab nGam.
(Lee. p. 494^.
Sliab nGam, canas rohainmniged ?
Ni aiisa. Gam Gruadsolos .i. gilla [p. 494''] Ereamoin moir
meic Milead Espàine, is he rosaraigsead na hamaidi no na
maidi im a cheann, 7 robeansad de he, 7 rolaisead uaidib isin
loch no 'sa tibraid in cend, 7 is don buaidred tue in ceann
forsin tibraid ita blas searb ùiirn indara fecht 7 in fecht aile is
firusq//i. Coma, on Gam sin ita Sliab nGam,
Gam the Bright-cheeked, a servant of Eremon the Great,
son of Mil of Spain, 'tis he whom the crones ^ outraged as to
his head, and they struck it off him, and they cast the head
into the lake or into the well. And from the disturbance
which the head caused to the well it has at one time a bitter
taste and at another it is pure spring-water. Wherefore from
that Gam Sliab nGam is so called.
Sliab nGam, now Slieve Garaph, a chain of mountains in the co. of Sligo,
O'Donovan, Foiir Masters, 1286, note d, where he says that « the name
is incorrectiy translated Ox Mountains, because the natives believe that the
true Irish form of the name is Sliabli dhamh, i. e. mountains of the oxen. »
138. Loch Gile.
(Lee. p. 498^).
Loch Gili, chinas rohainmnigead ?
Ni a)isa. Romra 7 Omra, da ri robadar sin moig dia ta in
I. maiâi is obscure to me; but amaidi seems = animiti ofLL. 120» 11
(Rev. Celtique, III, 176).
146 Whitley Stokes.
loch. Bai ingen la Romra .i. Gili a hainm, Dia rochuindig
Omra do mnai Gili ingen Romra co r'er 7 co r'eitig an ingen
eseom. Dia ndeachaid Gili la dia fothrucad co tobar robai for-
sin maig an aimsir bai snigi ann co facaid in fear bai 'ca cuind-
gid osa cind, cor'ba marb do nairi in ingen, co fuair bas isin
tibraid. Co tainic a buime 'na doc/mi 'na diaid sin, co ra chai,
7 is dona deoraib ro muidsedar uaithi 'sa tobar dorindi in loch,
7 o Gili ingin Romra rohaiumniged . Undc Loch Gili dicitur.
Corbo marb Omra do laim Romra a ndigail a ingine, 7 do-
mebaid cromaidm cz^mad da chraidi 'na cliab fodesin do chu-
maid a ingine, conad uaidib na da charn .i. carnn Romra 7
carn Omra. Conad doib sin rocanad :
Ingean Romra, GiU glan, 7rl.
Romra and Omra were two kings who lived in the plain
which became the lough. Romra had a daughter named Gile
« Brightness ». Omra asked Gile Romra's daughter to be his
wife, but she refused and rejected him. One day when it was
raining Gile went to a well in the plain to bathe. She saw
above her head the man who was seeking her. The girl died
of shame and found death in the well. After her came her fos-
termother and wept, and 'tis with the tears that burst from
her into the well that she made the lough, and from Gile
Romra's daughter, the lough was named. Hence Loch Gile is
said.
There Omra died by Romra's hand, in vengeance for his
daughter, and a gore-burst of grief broke from his heart in
his own breast for sorrow because of his daughter. So that
from them the two cairns are named, to wit, Carn Romra
and Carn Omra. Wherefore of them hath been sung :
Romra's daughter, pure Gile, etc.
Loch Gile now Lough GiU in the co. Sligo.
Another death from excess of female modesty is commemorated by Kea-
ting, who says (Halliday's édition, p. 296) that Fiai the wife of Lugaidh
son of Ith died through shame because her husband had seen her nakedness
as she was coming in from swimming (fuair Fiai bean Lughaidh mhic Ithe,
bas do naire air fïaicsin a nochta dà céile ar tteacht 6 shnâmh dhf).
The genesis of Loch Gile recalls the Egyptian tradition that the swelling
The Rennes Dindsenchas. First Supplément. 147
of the Nile was caused by the tears of Isis for the loss of Osiris, whom
Typho had basely murdered. SeealsoNo. 98 supra, for the origin of Loch
Ruidi and two other Irish lakes.
Gile is derived from gcî « bright », which seems cognate with yeXàv
Xi[j.m'.y, Hesych.
139. Âth Liac Find.
(Lee. p. 501'').
Ath Liag Find, canas rohammniged ?
Ni ansa. Cath doradad it/r Find mac Cumaill 7 Fland mac
Echach Abradruaid, conià annsin doroacht Sidengingen Mong-
ain Sidig ^ co lig co slabrad oir do Find mac Cuma'ûl, co
tard sin a laim Guaire Guill, co tairnic airm Find do chai-
thim, co?nd iarwm tairlig [a lic^], co torcradar de tri meic
Ecliach Abradruaid .i. Bran 7 Seanach 7 Senan, 7 torchair in
liag isan ath, 7 ni fagaib 5 nech conasïagaïh Bé-tuinde 4 inge?i
Nothra né Chalaid meic Co7/chind, coiiïd hi domheir araird ma-
dain domnaig, 7 secht mhliadna iarwm co brath. [Unde Ath Liac
Finn] 5,
A battle was fought^ between Find son of Cumall and
Fland son of Eochaid of the Red Eyebrows, and thither came
Sideng, daughter of Mongan of the Elfmounds, unto Find son
of Cumall with a flat stone and a chain of gold (fastened
thereto). And Find placed it in the hand of Guaire Goll till
he had used up his weapons, whereupon (snatching it from
Guaire Goll) he flung his stone, and thereby fell three sons of
Eochaid of the Red Eyebrows, namely Bran and Senach and
Sendn. And the stone fell into the ford and no one found it
till Bé-tuinde (« Woman of the Wave ») daughter of No-
thair, or of Calad, son of Conchenn, found it. And 'tis shethat
1 . sigid Lee.
2. sic BB.
3. fadaib Lee, forfagaib, H.
4. con;/5 fadaib BechuiUi, Lee.
5 . sic H.
6. Hterally, delivered.
148 Whitley Sîokes.
brings it up (on shore) 011 a Sunday morning, and there are
seven years thence till Doomsday. Hence Atb liac Find « the
Ford of Find's flagstone ».
Also in BB. 394'' 8 and H. 53a. Versified by Mael-Muru, LL. 163^24:
Edited and translated by O'Curry, Manners and Ciistoms, II, 283-2S5, as
an illustration of the use of the « champion's hand-stone. »
Àth liac Find now the ford of Ballyleague, at Lanesborough, on the
Shannon, above Athlone. Giiaire GoJl a name for Oissi'n or Ossian, Rev.
Celt., VII, pp. 289, 300.
Note the use of the présents /a^a/è and do-m-heir for the future.
140. Druim Criaich.
(Lee. p. 502^).
Druim Criaich ^, canas roha'mmniged ?
Ni ansa. Druim n-Airthir a hainm artus, co tardsad na tri
Find-eamna catli dia n-athair ann, d'Eochaid Feidleach, do rig
Herenn .i. Breas 7 Nar 7 Lothar a n-anmand, 7 a n-Eamain
Mâcha dono rohoilead iad 2 — 710 eamain cach raed cengailii,
7 do oentairbert rucad iad.
Lodar tuaithbel Emin tar Febal 7 dar Eas Ruaid 7 dar Duib
7 dar Drobais 7 dar Daill 7 dar Sligech 7 dar Senchorann 7
dar Segais 7 dar Mag Luirg 7 dar Mag n-Ai 7 dar Mag Crua-
chan, conad andsin rosiacht> Clothra a siur 7 rochai friu 7
ros-poc, 7 adb^rt : « Ba saeth lim beith can clanda ! » 7 ro-
chuindich a coimlebaid, r(;/ad[d]e dorala Lugaid Riab ndearg
vnac na tri Find-eamna. IS airi doiio doronnad sin, cona gab-
dais fircatha fria n-athair.
Lodar iarsin o Chruachain tar Ath kiain arfud Midi tar Ath
Féne, dar Findglais, dar Glais Tarsna, dar Glais Cruind, dar
Druim n-Airthir.
Tri tricha ced andsin im Eochaid. Timnais dono Eochaîd
troscad ara mrtcaib im thelcaid + doib né im chairdi mis dô ) fr
1. sicBB. and H. Criad Lee.
2. rohaltait BB, and H.
3 . dos roacht BB. dus roacht H.
4. thelgad BB. thelcud H.
5. do BB., H. doib Lee.
The Rennes Dindsenchas. First Supplément. 149
cath, 7 ni thucad do acht cath arnamdrach, 7 ros-mallaig Eo-
chaid andsin iad, 7 adb^^rt: « Beidid mar tad a n-anmann »,
7 dobert in cath, 7 docliomairt .uii. mile [do suidib], 7 ro^-
madmaid in meic^ im theora nonbaraib leo .i. nacnmur la
Nar doriacht tir ind Nair 5 a n-Umall, conad ann dorochair ac
Leith na cor, 7 naenmor aile am Breas co Dun mBres [p. 502'']
co Loch n-Oirbsen, co ndorchair ann, 7 nonbar aile la Lothar
dar Ath luain, co ndorchair and.
Co tancadar a tri cind co Druim criaich^ [ria n-aidchi], co-
nad and isbert Eochaid in mbreithir, nach ngebad mac andiaid
a athar flaithiMi^ Temra can nech etwrru on dail sin anuas.
Unde Druim criaich 5 dicitur.
Druim nAirthir (« Ridge of the east ») was its name at
first, till the three Find-emna (« Finns of Emain ») gave battle
to their father there, even to Eochaid Feidlech, king of Ire-
land. Bres and Nar and Lothar were their names, and in
Emain Mâcha they were reared. Or emai)i is every thing con-
nected, and at one birth they were brought forth.
They marched through the north of Ireland over Febal and
over Ess Rûaid, and crossed (the rivers) Dub and Drobdis and
Dali and Sligech, and over Senchorann and Segais and Mag
Luirg and Mag nAi and Mag Cruachan, and there their sister
Clothru sought them, and wept to them, and kissed them.
And she said : « I am troubledat being childless », and she en-
treated them to lie with her. And thence was born Lugaid
Red-stripes, the son of the three Find-emna. This was donc
that they might not get « truth of battle » ^ from their father.
Thereafter they marched from Cruachan over Ath lûain
throughout Meath, over Âth Féne and Findglais and Glais
tarsna and Glais Cruind and Druim n-airthir.
Thrice three thousand were then with Eochaid, and he or-
1 . MS. repeats 7 ro.
2. imeid, Lee. in meit BB. an meic H.
3. sic H. tiriNair Lee.
4. sic BB. criaid Lee.
5 . criaid Lee.
6. i. e. I suppose, fair play in fight.
1 50 Whitley Stokes.
dered a fast against his sons to overthrow(?) them, or to make
them grant him a month'strucefrom battle. Nought, however,
was given him save battle on the morrow. So then Eochaid
cursed his sons and said, « Let them be Hke their names ».
(Noise and Shame and Trough). And he dehvered battle (to
his sons and their troops), and crushed seven thousand of
them ; and the sons were routed with only thrice nine in their
Company, to wit, nine with Ndr, who reached Tir ind Ndir in
Umall, and there he fell at Liath na cor ; and nine others with
Bres at Dùn Bres by Loch Orbsen, and there he fell ; and
nine others with Lothar over Âth lûain, and there he fell (and,
like his brothers, was beheaded).
Then before nightfall their three heads came to Druim
Criaich, and there Eochaid uttered the word, that from that
time forward no son should ever take the lordship of Tara
after his fiither unless some one came between them.
AIso in BB. 394^45 and H. 55b. Versified by Cuan hua Lothchain,
LL. 151.
Druim criaich, nowDrumcreein the co. Westmeath. Criaich, says O'Curry
(Mattiiers and Ciistoms, II, 145) « is composed of «•/ the heart and acli a
sigh or moan : because ever after the monarch Eochaidh Feidhlech received
the heads of his three rebelhous sons on this hill, sighs and moans never
ceased to issue from his heart. » But cri means « body, » not « heart, » and
O'Curry's etymology is given in the Côir Anmann as the explanation of
feidlech, not criaich : No Eochaid feidhil-uch .i. fada .i. feidhil .i. uch comôr
minic lais, ar ni dheachfl/^ a thinnius asa chridiu 6 romarbhait a maccu lais
a cath Droma Cri'adh, co fuair feîn bas, cona[dj ar in fotha sid asberar Eo-
chaid Feidhk'ch fris, H. 3. 18, p. 575.
Uiiiall now the Owles in co. Mayo. Loch Orbsciinow Lough Corrib. Ath
lûain now Athlone.
The répulsive taie of Clothru's incestuous intercourse with her three
brothers is told, with some variation, also in LL. 124^, Unes 41-55. See
too O'Mahony's Keating, pp. 287. 288.
141. TuAG Inbir ocus Loch n-Echach.
(Lee. p. 503O.
Tuag Inbir 7 Loch nEchacb, canas i-ohàinïïiiiigtbea ?
Ni aiîsa. Tuag ingen Chonaill Chollamrach, dalta Chonairi
The Rennes Dindsenchas. First Supplément. 1 5 1
môir meic Ewrsceil, is and roalt, i Temraig^, co slogaib mora
d'ingenaib rig Hmnd uimpi diahimchoimed. O hindi(?) im-
morro co cend a .u, mhliadan ni ro leiced fer ind dia himcha-
sain co wgabad ri Herenn a himchomarc. Rodfai[d] dono Ma-
nannan techta ina dochum .i. Fer Fidail mac Eogabail, dalta
do Manandan, drai do Thuathaib de Danann, a richt mnai dia
cainteglach boden, co mbai teora aidche ann.
Isin cheathromad aidche immorro À. aidchi luain, rocha-
chain in drai bricht suain osin n-ingin, conas-hrgaïb fair co'hln-
bear nGlais, ar ba head a cedainm. Conas-hirim ar lar 'na
suan conigsed d'iarraid curaig ^, 7 nirb'ail do a diiscud conas-
bearad 'na suan i Tir Ban thsuthain, co tanic tond tuili dia eis,
coro baidead in ingen. \]nde Tuag3 Inb/r.
Doluid do/70 Fer Fidail mac Eogabail [roime] dia thig, 7
r«j-marb and Manandan ar son a mignima.
Loch n-Echach \n\morro, is sund adfédar^ .i. Eochaid mac
Maireada, brathair sen 7 Rib, co rongradaig ben a athar 5 .i.
Eiblind ingen Guairi — is uaithi ainmnigther Sliab n-Eiblindi.
Lodar rompo for imirgi a hirluachair co Brega 7 co Brug
vaeic in Og. IS and bae Aengwj foracind, 7 dlomais friu, 7
marbais a mbuar in aidchi sin 7 a n-echu ^ arnamarach, 7
romaed marbad na muintin in treas aidche [p. 503''] mina
deachdais uad, 7 con-aitcheadar iarwm imarchor a n-elba
uad, 7 dorad doib each, 7 adbeart a athchur7 dia tig siu sre-
blad a fual. Mus-luat^ for cai mis medon fogamair9 feascz^r
luain i Liathmuine. Annsin deiUich^° a n-ech leu" iar car a
n-elba de, 7 silis a fual co mbo tibra a talmain. Dognithir
tech im suidiu ^% 7 gabais Eochaid flaithis n-Ulad co mbai
nai mhliadna dec i n-Emain.
1 . a temraid, Lee.
2. curaid, Lee.
3 . tuad, Lee.
4. Loch neaehach sunn mwiorro is and adberar iw adfedar, Lee.
5 . coro gradaid ben a athair, Lee.
6. an élu, Lee.
7. sic BB. air, Lee.
8. sic BB. and H. musleath, Lee.
9. fodamair, Lee.
10. Lee. inserts anellach.
11. sic BB. lem Lee. 12. l'msiudiu, Lee.
IJ2 Whiîley Stokes.
IS ann luid Lind-mune tar Liathmuine, cor' baidead Eo-
chaid 7 a cland uile acht mad Dairiu 7 Conaing, conad o Cho-
naing Dal Selle 7 Dal mBuain. Cet \Aiadan iar nge[i]n Ocist
ann sin. [Unde Loch n-Echach dicitur].
Tuag daughter of Conall CoUamair, fosterling of Conaire
the Great, son of Etarscél, there was she reared, in Tara, with
great hosts of daughters of the King of Erin around her to
protect her. Now from... to the end of her five years no man
was allowed to see her, so that the King of Ireland might hâve
the asking of her. So Manannan sent her a messenger, even
Fer Fidail se x of Eogabal, a pupil of Manannan's and a druid
of the Tuat^^a dé Danann, in the shape of a woman of his
own fair household, and there he remained for three nights.
On the fourth night, however, a Monday night, the druid
sang a sleep-spell over the girl, and carried her to Inber Glais,
for this was the first name of Tuag Inbir. There he laid her
down in her sleep while he went to look for a boat, and he
wished not to awake her that he might take her while sleep-
ing into the Land of Eternal Women. But a wave of the
floodtide came after him, and the girl was drowned. Whence
Tuag Inbir .
Then Fer Fidail son of Eogabal fared forth to his house,
and there Manannan killed him because of his misdeed.
Hère now is declared Loch n-Echach « Echaid's lake » (so
called from) Eochaid son of Mairid and brother of Rib, whom
his father's wife Eiblenn Guaire's daughter loved. 'Tis from
her S lia b n-Eiblinmïs named. They fared on a flitting from
Irluachair to Bregia and Brug maie ind Oc. Oengus was
there ahead of them, and he rejected them and on that night
he killed their cattle, and on the morrow their horses, and
he threatened to kill their households on the third night un-
less they went away. So they begged him for carriage for
their goods, and he gave them a horse, telling them to send it
backto his house before it staled. In the mid-monthof autumn,
on a Monday evening, they wend their way into Liathmuine.
There their horse lies down, after their goods had been taken
off him, and he lets his urine flow till it became a well in the
The Rennes Dindsenchas. First Supplément. 1 5 3
earth. Round this a house is built, and Eochaid takes the lord-
ship of Ulster and dwelt in Emain for nineteen years.
Then went Lind-mùne over Liathmuine, and Eochaid was
drowned with ail his children save only Dairiu and Conaing.
And from Conaing Ddl Selle and Ddl mBuain descend. 'Twas
then a hundred years after the birth of Christ. Hence Loch
nEchach « Eochaid's lake » is said.
Also in BB. 395b ^o and H. 54b. The part relating to Tuag Inbir is in
Bodl. no. 46 (whence edited in Folklore, III. 510, 511), and is versified in
LL. 1521». The part relating to Loch n-Echach is in Ed. fo. 4^2, whence
edited in Folklore, IV, 474-5. See also Aided Echach maie Maireda, LL.
j^a-^gb^ edited by Crowe in 1870, and5//z'a Gadelica, II, 483, 484, 532.
Tuag Inbir the mouth ofthe river Bann. Loch nEchach now Lough Neagh.
Sliab nEiblindi now the Slieve Phelim mountains Irluachair'm the S. E. of
the co. Kerry. Brug nieic ind Oc, the plain through which the Boyne flows.
Lind mûine (« stagnum mictus ») not identified : niûine gen. sg. of Cor-
niac's vnîn « urine ». Ddl Selle (^ Dal Saline, LU. 39b) not identified. Dâl
mBuain the tribe and district on each side of thè river Lagan, from Moirà to
Belfast.
As to the elf Fer Figail see Rev. Celtique, XIII, 458 where he is called
Fer fi.
142. Benn Bôguine.
(Lee. p. 504^).
Beand Bogaine, cznas vo\\d\nm.niged ?
Ni ansa. Bo do buaibh^ Flidaisi ingine Gairb meic Greas-
caid^ mna Aililla Feasfonnaid 3 adrulla and coro thai da laeg .i.
laeg fireann-7 laeg boineand, 7 fiadaigis4 dono s'A na bo sin
ann co wad fêta ni dib, cor'bad lana na muigi dib. Intan dono
no gesed in tarb bai ocaib no thiagdais ba in tire comfoco[i]s
ina ndochum, 7 ni thictis5 iar«m. Banbruigiu bai andsin .i.
Echdar ingen Uatha sin, bean sin Bruachda meic Baisgil. Bai
[for] altrom dono la side .i. Fiacha mac Neill. Doluid dono
1 . sic B. buaid Lee.
2. Gresaigh BB. and H.
3. feisroinnigh BB. fesroinigh H.
4. sic B. fiagais, Lee. rofiadaig LL.
5. thicdisBB., tictis H. bligdis Lee.
1 54 Whitley Stokes.
in bo boi 'na beola sm fo ge[i]m in tairb ucud. Dlomais dono a
buime Fhchaig j adb^rt nad ebelta le he for a lacht co tisad
leis in bo ro thom[l]acht ina beolu no coro bebsad in [m]buar
n-angbaid. Doluid Fiacha riam co ro slecht^ in buar uile, co
n-ehen : « Is bo-guine andso 7 bid [sed] ainm na benni [se] » .
Unde dîcitur Beann Bogaine.
A cow of the kine of Flidas, daughter of Garb son of Gres-
cad, wife of Ailill Fesfonnad, escaped there and dropt two
calves, a buU-calf and a cow-cali, and the otfspring of that cow
went wild, se that nought could be done with them, and the
plains were full of them. Now when the buU that was with
them woLild bellow the cows of the neighbouring country
would go to them, and then they would not come (back).
There was a female hospitalier there, namely Echdar daughter
of Uathach, wife of Bruachaid son ofBaisgel. With her, then,
in fosterage was Fiacha son of Niall. Now the cow that was in
front of her went ofF at the roar of y on bull. So his foster-
mother declared to Fiacha saying that he would not be nou-
rished by her on milk until the cow that was milked before
her should come back with him, or until he should kill the
wicked cattle. So Fiacha started off and eut down ail the
cattle, and said : « There is a cow-slaughter ! » Qô-guine), and
this shall be the name of the peak. « Whence is said Benn Bé-
guine « peak of cow-slaughter ».
Also in LL. 163» 45 : BB. 397^3: H. 55b; and Ed. fo. 4=* i,fromwhich
last the story lias been edited in Folklore, IV, 473.
Betiu Boguine notidentified. A man's name Bogaine occurs in LU. 70^ 14.
As to Flidais, see LL. 147» 35 — 248^ 11. The clher names vary. Fiacha
is Find (LL.) or Fiadchad (Ed.) : Echdar is Ane (LL.) ; Uath is Uathach
(LL.).
143. Sll\b Betha.
(Lee. p. 505O.
Sliab Beatha, cann j roh'xinmnigcd ?
Ni ansa. Bith mac
I coro slechtaib, Lee.
Ni ansa. Bith mac Nae dono doriacht la Ceasair ingin Bea-
The Rennes Dindsenchas. First Supplément. 1 5 5
tha meic Nae ceathracha trath ria ndilind dochum nErind ar
imgabail [na dilend ^J, ut dicituv in Capturis Hiberniae. IS ead
dono luid Bith rena shecht mnaib dec iar cedroind a .xx.u. im-
morro iar mbas Ladraind ^, conïd andsin rongab 5 crithgalar,
cow-apadde, cona ro adnaicsead na mna i carn [mor]4 SIebi Be-
tha5. Unde Sliab Betha^ diciîur.
Now Bith son of Noah, forty days before the Déluge, came
with his daughter Cesair to Erin to avoid the flood, as is told
in the Capturae Hiberniae. After the first division (of the fifty
women who had corne to Ireland with him and Cesair, Ladru
and Finntan) Bith went (to Sliab Betha) with his seventeen
wives, — or (if it was) after Ladru's death, his twenty-five
wives — and there an ague attacked him, whereof he pe-
rished. And the wives buried him in the great cairn of Sliab
Betha. Whence Sliab Betha « Bith's mountain » is said.
Also in BB. 397^18: H. 56^ ; and Ed. fo. 4'' i. The Edinburgh version
is much fuller, and has been published in Folklore, IV, 477.
SUah Betha now Slieve Beagh, a mountain on the confines ofFermanagh
and Monaghan.
For an account of the two divisions of the fifty women that accompanied
Bith and his comrades to Ireland, see O'Mahony's Keating, p. 108. As to
his death, accordiog to Gilla Coemâin, LL. 127a, he died, not of ague, but
of grief for his only son (marh de chumaid a oenmeic).
The Capturae Hiberniae (« Gabâia Hérenn ») is raentioned also in the
Bodleian version of the dindsenchas of Nemthenn (supra no. 83), and
should be added to O'Curry's Hst of lost books, Lectures, pp. 20, 2i. It
doubtless corresponded in substance with the O'Clerys' compilation called
Leahhar Gahhâla.
144. Âth nGabla ocus Urard.
(Lee. p. 505*).
Ath nGabla 7 Urard, c'àwas ïo:m\m.niged ?
Ni ansa. Ceithri haraid badar la hOrrlam m^îc [nJAililla 7
1 . sic BB. and H.
2. iar mbas laidlindi no Ladraind, Lee.
3 . sic BB. rogob, Lee.
4. sic BB. and H.
5. sic BB. and H. beathad, Lee.
6. Beathatha, Lee.
156 Wintley Stokes.
Meadba. Dolodar aniar iar Tain bo Cn^ihigi. It e annso a n-
anmand .i. Fraech 7 Foichnem 7 Err 7 Indell, ceithri meic
Uraird m^/c Ainchindead ^ \wcic Fir da Roth. Rodw^-marb Cu-
chulaind oc Ath Greancha, co tue gobai ceithri mbeann fo a
cinnu^ uasan ath. Unde Ath nGabla nom/;mtM;'.
Dia dard [Feargus] in fecht for[d]dail for slogu 'Exenn oc
3uma nGranarda aniar for Grellaich Sruthra [.i.] Sruthar
Chuillindi 7 Sruthar Gartchon, intan tangad^r .iiii. meic
Uraird aniar îor Tebthae [p. 505''] ndesctTt', is and doluid
Urard la Brig-le[i]th aniar, co faca dendgor na sHged do chairp-
thib a mac 7 dodrui*"ien com[b]ad [iar] maidm for firu Olneg-
macht 7 com[b]ad .ar mbas AiHlla 7 Meadba 7 a cheithri
mac, coro dianaigh4 a eocho .i. Cnamrad 7 Cruan a n-an-
mann — coro daised 7 coro dergenset a aided i Fan Chruainî.
\Jr\âe Urard 7 Ath nGabhi 7 Tulach Cnamraid 7 Gleand
Cruain no[min]a[n]tur.
Orlam a son of Aihll and Medb, had four charioteers. They
went from the west after the Driving of the Kine of Cuahige.
Thèse were their names : Fraech and Foichnem, Err and In-
dell, four sons of Urard son of Ainching, son of Fer dd Roth.
Cùchulainn killed them at Ath Grencha, and put a fork with
tour points under their heads over the ford. Whence Ath
nGabla « the Ford of the Fork », hath its name.
When Fergus made the successful expédition from the west
against the hosts of Erin at Duma Granarda on Grellach Sru-
thra, i. e. Sruthar ChuilHnne and Sruthar Gartchon, at the
time that Urard's four sons came eastward upon southern
Tebtha, then went Urard from the west by Bri Leith. And he
saw the dendgor (?) of the road (made) by his sons' chariots, and
he thought that the men of Connaught had been defeated, and
t'iiat Ailill and Medb and his four sons had died. So he has-
tened his horses — Cnamrad and Cruan were their names —
1 . Amchingedh BB. Aincingedh H.
2. sic BB. fochind, Lee
3 . sic BB. for test, bai andesct'rt Erenn, Lee.
4. coro dianaid, Lee.
5 . sic BB. condearcnaidsead a fan chruain, Lee.
ri,
Br
fnrious and luiicu
„ Cruan s Slope ^^ ^^q^j^u ana ,^ ^^^
^l^™",. % '» nd Gie«» Cruan. « Cruan
« Cnamrad s tiui
Vub tbe four heads (on it),
,45. COIRE MBRECCÀm.
(Lee. p- 505')-
2. sicBB.mleatbLec
3- Revue Ce/ti^"^. ^*'^-
ijS Whitley Stokes.
fothuaid .i. comrac na n-'ûmuin aiiiar 7 anair, an[d]eas 7 a,
tuaid, co cuir cach dib im thuaim ^ araile, co tuitid sis a fu-
domain ^, co mbai amail choire n-obelda doleic in loim sis
suas, co cluinter a escal amn// thoraind dochein. Q?;/aid ann
dorala Breacan m^cParthalo[i]n doluid co fuaill 3 7 imtholtain
o[a] athair a 4 hErind, coro[m]baid a coccait cwrach.
IS and dono [dojrola Brecan mac Maine meic Neill .1. cu-
raclî oc coimchennuch "i, coro baid[ed] ann, 7 ni therno dib
acht a scela [o orgain], 7 ri.
IS and [didiul dorala Colam cilli iar ce[i]n, dia rochoime-
rich in muir fri; , dia [tuajrgaib cnama Br[e]acain meic Maine
vaeic Neill, dia n-ebairt Colam cilli « Condolb sin, a sein-
Breacain », 7rl.
A great whirlpool there is between Ireland and Scotland
on the norrh. It is the meeting of many seas, from east and
west, from north and south ; and each of them hurls (itself)
round another's place, so that they fall down into the deep,
and it resembles an open caldron which casts the draught
down (and) up, and its roaring is heard like flu'-oif thunder.
Into this came Parthalon's son Breccdn, who went with pride
and wilfulness from his father out of Ireland, and it drowned
him with (his) fifty boats.
It was there, also, that Breccdn son of Maine, son of Niall
(of the Nine Hostages) with fifty boats was drowned while on
a trading venture, and nought of them escaped save the tid-
ings of their destruction.
It was there, too, a long time after, that Colomb cille chan-
ced to be, when the sea rose up against him and upheaved
this Breccdn's bones. And Colomb cille said : « That is
friendly, thou old Breccdn », etc.
Also in BB; 398^33 and Ed. 4b 2. Edited (fromEd.)in Folklore, lY, 478.
Translated in Reeves' Vita Columhae, pp. 262-3. See also Cormac's Glos-
sary, s. v. Coire Brccciin.
1 . sic BB. a thuaim Lee. a thoaira H.
2. co tuitet sis hi fudomnaib, BB.
3 . ar uaill BB. and H.
4. sic BB. and H. co, Lee.
5. ocomcenduch BB. ochoimchennach, Lee.
The Rennes Dindsenchas. First Supplément. 159
Coire niBreccâin « Breccân's Caldron », is, according to Reeves(F//a Co-
lumbae, 29, 121) the dangerous sea between Rathlin Island and the north
coast of Ireland, and not the strait between Scarba and Jura, which is now
called Corryvreckan. In his Ecclesiastical Antiquities, p. 386, he identifies
it with the Jôlduhlaup of the Laudnâmaboc. But see Todd, Wars of the
Gaedhilwith the Gaill, Ixxv, note 2.
As to Partholon see above, No. 134, and O'Mahony's Keating, 83,
Ï14-1 16.
Colomb cille's adventure in Coire mBreccâin is thus told by O'Donnell
in the Bodleian manuscript (Rawlinson B. 514, fo. 50^2): Dia mboi Coîum
cille ag dul a nAlbain iar mordhail gur' eirig Coire Brecain rena ucht, gur
chuir cnama Brecain m/c Maine m/VNell .ix. giallaig fora uac/;tar robaidh^^h
ann fria re ciana roime sin, gwr ro aithin Coliim cille tre sp/raid faidhedo-
rsLchta. gur biad cnama Brecain robôi ann, co «deabflzrt : « Is forbaid frimsa
sin, a tsen-Blirecain, » or se; 7 roguid Coluiii cille annsin air Brecan comis-
fuair fochruidh nimhe dô.
When Colomb cille was going into Scotland, after the convention (of
Druim ceta), Coire Breccâin rose before him and cast up on its surface the
bones of Breccan son of Maine son of Niall of the Nine Hostages, who had
bcCTi drowned there a long time before. And through a spirit of prophecy
Colomb cille recognised that it was Breccân's bones that were there. So he
said : « That is great affection for me, thou old Breccan, » saith he. And
then Colomb cille prayed for Breccan and got for him the reward of heaven.
146. Benn Foibni.
(Lee. p. 506'').
Beand Foibne, C2inas rohûnmniged ?
Ni ansa. Foibne mac Taircliealtain, deogbaire Echach Ailt-
leathain meic Aililla Caisfiaclaig^, is e robuail Illand mac Ear-
clain mdc Doithre, ri Slebe Mu[g]dorn, os gualaind Echach
Ailtleathain i n-ailt Midchuarta i Temraig Breg^. Doluid riam
fothuaid [i]arfud mBreg. MMi--leic Feargna Fear gai leathain
inadiaid, 7 im«n"acht5 riam as cach bc[i]nd [in-aroile] cusiw
mbe[i]nnn-ucud. Ccwidamirod-mert. Um/6'BennFoib;»'d/a7i/r.
Foibne son of Taircheitan, the cupbearer of Eochaid of the
Broad-joints son of Aihll of the Twisted Teeth, struck Illann
1 . caisfiaclaid, Lee.
2. in ailt Midluachra i Temra/V Luachra no i T&varaig Brcg, Lee.
3. sic BB. musriacht Lee, musrachtH.
1 6o Whitley Stokes.
son of Erclan, son of Doithre, over the shoulder of Eo-
cliaid of the Broad-joints in the house of Midchuairt in Tara
of Bregia, Then he went northward throughout Bregia.
Fergna the Man of the Broad Spear hurled himself after him,
and drove him before him from one peak to another, even
unto yonder peak (Benn Foibni), and there he killed him.
Whence Benii Foibiii « Foibne's Peak »,
Also in BB. 399^ i : H. 57b: Ed. 4^2. Edited (from Ed.) in Folklore,
IV, 479-
Beitn Foibnt is according to Reeves (Vita Cohtmhae, p. 275, note c)
« now Benyevenagh, a conspicuous mountain-brow over Lough Foyle in
the parish of Tamlaght Ard. »
Eochaid Ailththan is said to hâve been overldng of Ireland from A. M. 4788
to A. M. 4804, as was his father AiHU of the Twisted Teeth from A. M. 4758
to A. M. 4782.
147. Mag LÉIGE.
(Lec. p. 523^).
Mag Leigi, cana.r ra hdinTaniged ?
Ni ansa. Liag ingen Trescadail ms/c Buain meic Bealaig do
Fomorchaib [p. 523''] .i. siur do More mac Deileadh. Ba hi
dobid ag tûr 7 ag lovuus chana for ck;î//aib Neimeadh o More
mi^c Deilead 7 o Cowaing m^îc Faebair. Is amkfJ àono dobidh,
7 cingid [nô] liach iaraind lé, 7 tri .1. a lan na leigi sin o
cach teallach a nEùnn do chk»//zaib N^//àd [.i.] cd/Va Idn eatha
7 lachta, .1. àono do min glain ^ 7 .1. lan imme 2.
Fograid àono clanda Né';;ndh cath for More 7 for C(:i??aing.
An tan tangad^r sil Nrmid sidr do chur chatha imrecaib 7
Liach ar Muig Leigi, 7 cis airthir Ert',7;/ lé 'cd idnacul do Thur
Cowaing, co rwi^-marb Britdr mac Vergus:\ Leit[h]dg/rg, 7 ra
adais ' clanda Ni'/;/id imo hainm do beith forsin forand indro
marbad. \]nde Mao; Léhe dicitur.
1 . m'vig lain, Lec.
2. loma, Lec.
3 . ra adaid, Lec.
The Rennes Dindsenchas. First Supplément. 1 6 1
Liag, daughter of Trescadal son of Buan son of Belach of
the Fomorians, was a sister of More son of Delà. 'Twas she
that used (to be sent) by More and by Conang son of Faebar
to seek and measure the rent due (to them) from the clans of
Nemed. Thus then she used to be, a goblet ^ (or) skimmer of
iron she had; and thrice fifty fiUs of that skimmer were levied
from every household of the clans of Nemed in Erin, (na-
mely) fifty fills of corn and milk, fifty fills of pure flour, and
fifty fills of butter.
Now the clans of Nemed challenged More and Conang to
battle. When Nemed's offspring were marehing westward to
fight them, Liach happened ^ to be on Mag Léige, with the
tribute of the east of Ireland whieh she was taking to Tor Co-
naing (« Conang's Tower »). So Baitar son of Fergus Redside
killed her; and the clans of Nemed allowed lier name to be on
the land where she was killed. Whence Mag Léige « Liach's
Plain » is said.
Only found (so far as I know) in the Lecan copy of the Dindsenchas.
But the story is told by Keating, pp. 125-126 of O'Mahony's translation,
and see LL. 6*43-51.
Mag Léige not identified. Tor Conaing on Tory Island, off the N. W.
coast of Donegal.
As to Nemed and his sons (Starn, Fergus, Ardân, Annind) see LL. 127».
148. SÉIG MOSSAD.
(Lee. p. 523'').
Seg Mosad, chinas rahainm/z/o-^^ ?
Ni ansa. Mosadh [p. 524''] vaac Main meic Idir m^fc [Fjleisci
findi eo fuair seig a Fidh Eoin, 7 ro biath co forbairt iar//m
co n-ithead na graigi 3 7 na tainti 7 na daine [dessaib 7 tria-
1 . cingid = Cormac's cingit.
2 . inirecaih^= imreaccailé À. teagmhail, imreaccaibh doibh .'-.. tarla doibh,
O'Cl. =: imrecaun, LL. 10%'° 10, the sigmatic aorist sg. 3, oi immccmaingim.
3 . graidi Lee.
i62 Whitley Stokes.
raib]^ O na fuair a daithin dofeall ara oidi co n[d]uaid isin
muigh. Unde Seg Mosad dicitur.
Mossad mac Main grindi gel
mac Fleisci findi, fo an fer,
ailis ség fri seal subaigh,
robo mer don m6rc/;/o'aidh.
Mossad son of Maen, son of lar, son of Flesc the Fair^
found a hawk in Fid Eôin (« Bird's Wood »), and fed it so
that it grew ? id ate up the horse-herds and the flocks and the
human bein^s by twos and threes. When it could not get its
fill it turned on its fosterer and devoured him on the plain.
Whence Séig Mossad is said.
Mossad son of Maen, a bright band.
Son of Flesc Find, good was the man,
Nurtured a hawk for a joyous time :
It became furious to the great champion.
Also in LL. i6ob 37 and Bodl. no. 24. Edited from Bodl. in Folklore,
III, 490.
St'/V Mossad not identified, but Mag Mossad or Mag Mossaid is located by
O'Curry (Lectures ou MS. Materials, 485 note) in the barony ofEliogarty,
co. Tipperary. Fid Eôin z:; Mag Eôin, Ed., not identified.
The story reminds one of the Latin proverbs : in sinu viperam habere :
viperam nutricaresub alâ.
149. Brefne yrl.
(Lee. p. 524-^).
Breifne, amas rohainmiiiged ?
Ni ansa. Brefne an bangaisgeadhach .i, ingen Beodin m^fc
Beothaig meic Iarmuine/1 flitha mac Nt'/;ùd, rodoscomraig and
7 Ragan Anglonnach do clannaib Caim .i. taiseach tegLaig
Aeng//ja m^-Zc inn Oig, co ndrochair leis inn ingen 2. Unde
Breifne dicilur.
1 . sic LL.
2. leisin ningin Lee.
The Rennes D'indsenchas. First Supplément. \6\
Luid ^ àono Ragan co liAill mcic Asuaill, cor' marb^J and la
Tuaith Dé Danann. Unde Tuaim Ragain dicitur.
Mag Innusa À. o Innus ingin Breis meic Ealathan ainmni-
giher.
Sliab Fraech .i. Fraech do muindt/r Ceasrach adbath and,
dia mbadrtr andiaid Finntain. Dochuirsed cloch cach mnafM/Vri
isin tsliab. Unde Sliab Fraech dicitur.
Mag Slecht .i. is ann dosler/;fsad fir Erenii do Crom Chruach
im Thigernmas mac Folk/V/;^ co ndorchair deicb cet 7 tri mili
dib. Unde Mag Slecbt, 7 Mag Senaig a ainm anus.
Unde Breifne dicitur. Findtan doroine :
Brefne ca hadbar dla fuil, 7rl.
Brefne the woman-cbampion, daughter of Beôdn son of
Beothach, son of larmuinél the prophet of the sons of Nemed,
there encountered Ragan Anglonnach of the clans of Cam,
the chief of the household of Oengus Mac ind Ôc, and by his
hand the girl fell. Hence Brefne is said.
Then Ragan went to Aill meic Asuaill « the Rock of
Asuall's son », and there he was killed by the Tuath Dé Da-
nann. Whence Tuaim Ragain « Ragan's tumulus » is said.
Mag Innusa is named from Innus daughter of Bres, son of
Elathu.
Sliab Fraech, that is, Fraech (one) of Cesair's household
died there when they survived Finntan. On the mountain
they put a stone for each woman. Hence Sliab Fraech is said.
Mag Sh'cht : 'tis there that the men of Erin around Tigern-
mas son of FoUach, prostrated themselves to Crom Cruach;
and of them fell ten hundred and three thousands. Whence
Mag Slecht « Plain of Prostrations », but Mag Senaig « Se-
nach's Plain », had been its name at first.
Whence Brefne'is said. Findtan made (the following poem):
Brefne, from what cause is it ? etc.
Found only in the Lecan copy of the Dindsenchas.
Brefne now the counties of Cavan and Leitrim.
I . Luig Lee.
164 Whitley Sîokes .
Mag Innusa and Sliah Fraech not identified.
Mag Slecht v. supra no. 85. As to the death there (from plague) of Ti-
gernmas and most of the men of Erin, see LL. i6b, 127b.
As to female champions or warriors in Ireland, v. supra no. i, § 27
(Diimae na wbananius) and see Battle of Ventry, éd. Kuno Meyer, pp. 76-77,
and Lives of Saints from the Book of Lismore, 1. 4832 and p. 361'. As to the
Russian polinit\i see Folklore, I, 470-1.
150. Loch Laiglinni.
(Lee. p. 524^*).
Loch Laiglindi, cana^ ro\yàmvc\niged ?
Ni ansa. Laiglindi mac Parrthabm 7 Dealbnad ingen Locli-
taigti a màihair. Tainig Laigl/n//t' .1. laech co Tipraid D^ra
raeic Sceara. Ramebaidh tond tairrsib, cor' baid Laigl/nng con^
A. laecli, co nderna[d] loch de. \Jr\dc Loch LaighW/ àicitur; 7
adbath Dealbnad immorro a màthan, bean Parrth«/o/«^ dia cu-
maid^ cona .1. mgen.
Laiglinne was son of Partholon, and Delbnat daughter of
Lochtach was his mother. With fifty warriors Laiglinne came
to the Well of Dera son of Scera. A wave burst over them and
drowned Laiglinne with his fifty warriors, and thereof a lake
was made. Hence we say Loch Laiglinni « Laiglinne's Lake ».
And his mother Delbnat, Partholon'swife, with her fifty maid-
ens, died of grief.
Found only in the Lecan copy of the Dindsenchas.
Loch Laiglùmi not identified. It was in Hùi maie Uais Breg, in East
Meath, to the S. W. of Tara, See Four Mastcrs, A. M. 2535, where the
lalie is said to hâve burst forth when LaigUnne's grave was dug.
As to Parthalon see above, No. 134.
151. Loch Cenn.
(Lee. p. 524b).
Loch Ceand, can(75 rohainm?»^^^ ? .
Ni ansa. Cath doradad araili la [la] Colman Môr mac Diar-
I . cumaig, Lee.
The Rennes Dindsenchas. First Supplément. 165
mada 7 la Cairpri mac Each[ach] meîc Aengusa meic Nad-
fraeich, co ndorchair Colman and iar maidm chatha fair, co
tucadh isin Loch Cend, 7 nai cet cenn do chennaib a sluaig
mailli fris. UndeLoch Cenn dicitur, 7 Loch Silenn roimi sin é.
On a certain day a battle was fought by Cohndn Môr son
of Diarmait and Cairpre son of Eochaid|son of Oengusison of
Nat-frâich. After being routed in battle Colman fell and was
cast into Loch Cenn, and together with hini nine hundred
heads of the heads of his army. Hence we say Loch Cenn
« Lake of Heads », and before that it had been Loch Silenn.
Found, so far as I know, only in the Lecan copy of the Dindsenchas.
Loch Cenn not identified. But there is a Loughnagin (= Loch na gcenn)
in Donegal (Joyce, p. 213), which may perhaps be the lalve in question.
Cohnan Môr mac Diarmuta is said by the Annahsts (F. M. at A. D. 552,
Annals of Ulsterat 5^4, and also 557) to hâve been killed by a Pict named
Dubsloit ; but they are silent as to the place of the occurrence.
152. Mag nDumach.
(Lee. p. 524'').
Mag nDumach, CMias roha'mmnigcd?
Ni ansa. Cath doradadh etir Eber^ 7 Eremon ann, dd mac
Mïled, um na tri dromandaib as deach bai a nEr/;/« .i. Druim
Cresach 7 Druim Beitheach a cuid Erimoin [7 Druim Fingin a
cuit Ebir). Ba bec lé hEber aen druim 'sin leith tes 7 a dô 'sin
tir thuaid, 7 adb^rt Erimon na fuigthea^ uad a chuid. F^r-
thair cath eatorru. Ra meabaid tra îor Eiher, co ndorchair and
Eib^r 7 Palap mac Erimoin Id Conmael m^'c Eihir, 7 dogniead
dumada ar an laec/;raid annsin. Unde Mag nDumach, 7 Mag
n[D]enusa a ainm ar tus.
[p. 525^] 'San chath for Denus na dreab,
'san muigh adrochair Ebei-j
a torcradûfr amalle
Goisten, Segda ocus Suirge.
Unde Mag n[D]umach dicitur:.
1 . Eimbcr, Lee.
2. fiuigthea, Lee.
i66 Whitley Stokes.
Between Eber and Eremon, two sons of Mil, a battle was
there delivered concerning the three ridges that were best in
Erin, to wit, Druim Cresach and Druim Betliecli in Eremon's
share and Druim Fingin in Eber's share. To Eber it seemed
small to liave one ridge in tiie southern half (of Ireland) and
two in the northern country ; but Erimon said that his portion
should not be obtained from him. So between tliem a battle
is fought in which Eber was defeated, and therein fell Eber
and Palap son of Eremon by Conmael son of Cathbad ; and
barrows were built over the heroes there, whence Mag iiDu-
mach « the Barrowed Plain », and its original name was Mag
nDenusa.
In the battle on Denus of the habitations,
In the plain where Eber fell,
There fell together
Goisten, Sedga and Suirge.
Hence Mag nDumach is said.
Also in Egerton 1781, fo. 75b, whence edited in Folklore, IV, 492.
Mag nDumach is perhaps the plain called by the Four Masiers, A.D. 858,
Magh Duina, which O'Donovan says is now called Moy, adjoining Char-
lemont on the Tyrone side of the Blackwater. Druim Clasaigh (=: Druim
Cresach) is a long hill in Hy-Many, between Lough Ree and the river Suck
(Suça). Druim Beathaigl) (rr Druim Bethccli) was the name of aridgeacross
the plain of Maenmagh near the town of Loughrea, in the co. of Galway.
Druim Finghin is a ridge extending from Castle-Lyons in the co. of Cork
to the south side of the Bay of Dungarvan.
As to Eber and Eremon and their dispute see the Four Masters, A. M.
3501, and O'Mahony's Keating, p. 210.
153. Cnucha.
(Lec. p. 525O.
Cnucha, can^^ ra h^minnigedl
Ni ansa. Cnucha \ngen Comùng a hiath Luimnigh, buime
Chuind Chétchathaig , dochoidh and do tham ina tigh feisin, 7
do hadnaiceadh la Conaing isin chnuc ugad .i. Cnucha. \Jnde
Cnucha diciîur:.
Finit. Amen. Finit.
The Rennes Dindsenchas. First Supplément. 167
Cnucha daughter of Conaing, out of the country of Luim-
nech, fostermother of Conn of the Hundred Battles, went
thither to die in her own liouse, and was buried by Conaing
in yonder hill, namely Cnucha. Whence Cnucha is said.
It endeth. Amen. It endeth.
Also in Egerton 1781, fo. 76b 2, whence edited in Folklore, IV, 495.
Cnucha now, probably, Castleknock near Dublin, see O'Donovan's
note f. Four Masters, A. M. 3579. Luimnech, see above, no. 57.
Conn Cétchathach owcr'k'mg ofireland, from A.D. 123 to 157.
Whitley Stokes.
(A suivre.)
SUR QUELQUES TEXTES FRANCO-BRETONS
I.
1. M. de la Villemarqué a signalé et étudié au point de
vue de l'histoire littéraire^ un « Noël en breton qui parle
François », composé par Jean Daniel, au xvi^ siècle, et repro-
duit récemment par M. Henri Chardon 2. C'est un document
curieux à plusieurs égards.
2. La pièce a été faite, comme l'indique un sous-titre, pour
être chantée sur « le trihori de basse Bretaigne », cet air de
danse si fameux alors, cf. Revue Celtique, XV, 151. Il est donc
intéressant d'en examiner le rythme.
Voici le refrain et le premier couplet.
Tyvonnct et Mathery, Hervé, Henry,
Trudaine,
Faison en ung chantery
Ung beau hery,
Gent et joly,
Ennet demain.
Noël!
Ma père, il a dit que Adam
Eut ung beau fam,
Qui mordoit en ung pomme,
Par quoy Dieu de son meson
1, Bulletin delà Société archéologique du Finistère, Q.uimper, 1883, p. 27-
30, cf. 16.
2. Les Noëls de Jean Daniel dit Maître Mitou, organiste de Saint-Maurice
et chapelain de Saint-Pierre d'Angers, 1 5 20- 15 30. Le Mans, 1874, p. 37-39.
Sur cjuel(]ues Textes franco-bretons. 169
Mist le bon hom.
Entrez dehors garsonne,
Vous irez petez 1 dehors
Ta meschant corps,
Villaine.
Vous en aurez pour le mors 2
Plusieurs remors,
Soyez en certain,
Tyvonnet.
Ce dernier mot, qui revient à la fin des six autres couplets,
n'est là que pour représenter le refrain.
Une chose frappe d'abord, c'est la ressemblance rythmique
du refrain avec les six derniers vers du couplet. Le refrain dif-
fère seulement en ce que le vers en ain est précédé de deux,
et non d'un vers de quatre syllabes, et suivi du cri: Noël!
Mais cette dernière particularité est fort commune dans les
Noëls, et le trihori original n'y est sans doute pour rien.
Le type presque identique des deux passages permet de les
corriger l'un par l'autre. Au refrain, il vaut mieux couper la
première ligne :
Tyvonnet et Mathery,
Hervé, Henry.
Le dernier vers du couplet a une syllabe de trop ; il faudrait
« soyez certain » ou « sois-en certain ».
Le couplet suivant confirme, comme tous les autres, cette
induction, mais il présente d'autres difficultés.
Quant le dyable il aura veu
Sa dépourveu,
Trandoue qu'il est daise,
Il est dallé, il est venu
Villain cornu :
C'est ung beste mohaise.
Mais Doe de paradis
A mi sa filz
En peine,
1. C'est-à-dire « bouter », mettre.
2. C'est-à-dire « à cause de la mort ».
lyo E. Ernauh.
Et est venu de sa pays,
Ce disont ilz,
A puissant main,
Tyvonnet.
Si l'on garde ce texte tel quel, il faut admettre :
1° que Doc, Dieu, et -doue dans trandoue, par le ciel ! =
dran Doe, Sainte Nonne, 819, etc.^ ont deux syllabes, con-
trairement à l'usage du breton moyen, gardé par le vannetais
moderne (cf. Revue Morbihannaise, II, 239; III, 374, 375);
2° que dans dallé, il, et dans et est, il y a des exemples de
synérèse, fait fréquent en breton du temps (cf. Rev. Celt.,
XI, loi).
Sur le premier point, il n'y a pas de doute : Z>7r se retrouve
avec la même valeur au quatrième couplet, et peut-être ttrt
sixième.
Le second n'étant appuyé par aucun autre passage, on peut
supposer aussi que l'auteur n'avait pas exprimé les mots il, et.
Le troisième couplet a encore besoin de secours.
Adam, il estoit chassé,
Perdu, lassé
Ou vieu maison du dyable ;
Mais Diou il a pourchassé
Ser che trace
Ung beau vierge amyable.
Gabriel il est dallé
Et devallé
Soubdaine,
Au beau vierge a dit :
Amen, nomcn Eve
Seras mis plain,
Tyvonnet.
Il me semble qu'on doit lire : « Serché, tracé » ; et
Au beau vierge a dit : Ave,
Noiiien Eve
Sera mis plain,
c'est-à-dire : « le nom d'Eve sera justifié (par toi) ».
I . Cf. le Dictionnaire étymologique du bretoti moyen qui suit mon édition
du Mystère de Sainte Barbe, au mot dre. Sur le t, voir plus loin, § 26.
Sur quelcjues Textes franco-bretons. 171
Le quatrième couplet a deux vers feux.
Le Doe il est nasqui
Tant beau, genty,
Seullement sur de paille.
Ung asne est eraprès tappy ;
Ung vache aussi
Son halayne lui baille.
En ung vieu maison
Il est Fenfantelet
Tant jeune;
Il aura ma gastelet,
Ma tourtelet,
S'il a besoing,
Tyvonnet.
Il feudrait quelque chose comme « En ung vieille mai-
sonnet » ou « Dedans ung vieu maisonnet » ; l'absence de
rime prouve bien que le vers n'est pas complet.
Le suivant était peut-être « Il est né, l'enfentelet ».
Il n'y a pas à changer « tant jeune » ; mais la finale devant
être en aine^ l'auteur a dû feire allusion à une prononciation
semblable à celle du gallo ou haut-breton actuel jiêne.
Enfin nous arrivons à un couple^ de mesure irréprochable,
le cinquième :
Je porty ma flageoUet
Et ma muset,
Et sonneray d'atache
Trihory joly dehet,
Languilloset.
G'iray comment un vache.
Je feray dancer Mary
Avecques luy,
Dandaine.
Joseph sera endormy,
Le bon hommy
N'est pas trop sain,
Tyvonnet.
Il n'en est point de même du sixième :
Au petit dociaure
Que je feré
Ung poupine en son crache ;
Neppes je luy porteré,
Morceau doré.
172 E. Ernault.
Chappon de Cornouache.
Il aura le bon barat,
Le guyne math à plaine,
L'Orléans vin, l'Achevin,
Le Poetevin,
S'il aura faim,
Tyvonnet.
Le premier vers paraît à corriger en « Au petit Doe i' au ré »;
« j'aurai que je ferai » serait pour « j'aurai à faire », « je
ferai ».
Il faut lire, en deux lignes.
Le guyne math
A plaine.
De plus, cette strophe présente une particularité dont il a
été question à propos du breton, Rev. Celt., XIII, 239. Les
vers 7, 8, 10 et 11, qui devaient être sur une même rime,
ont deux finales différentes. Mais pour compenser ce défaut,
l'auteur a coupé intérieurement les vers 7 et 10 de façon à
donner, au lieu d'une rime quadruple, deux rimes triples :
Il aurfl — le bon harat,
Le guyne math. . .
L'Orléans vin, — YAchevin,
Le Poetei'/H.
Le mot barat, pain, qui n'a jamais eu de t en breton, rime
mieux avec aura qu'avec math, bon.
Le septième et dernier couplet, parfaitement correct d'ail-
leurs, diffère de tous les autres, et contraste surtout avec celui
qui précède, en ce que la première rime masculine est iden-
tique à la seconde.
Je prierai dévotement,
Mignonnement,
Le petit et son mère,
Que j'auray joyeusement
Vin largement,
Or en mon gibecière
Et neppes, finablemcnt
Mon saulvemcnt
Sur quelques Textes franco-bretons. 1 7 3
Soubdaine :
Si chanteray haultement,
Godinement,
Au lieu haultain,
Tyvonnet.
AMEN. Noël !
3 . Le rythme de cette poésie railleuse se fait remarquer par
trois caractères saillants :
1° Il combine des vers masculins de sept et de quatre syl-
labes ;
2° Il a deux vers féminins de six syllabes ;
3° Il présente systématiquement un vers féminin de deux
syll., en -aine, rimant à -ain.
Ces traits doivent-ils être attribués sans réserve à la versifi-
cation de l'original breton ?
4. Pour le premier, la chose n'est guère douteuse. La com-
binaison sept syll. -\- quatre existait en breton moyen. Elle
appartenait, non pas à la littérature semi-savante des Mystères
et autres pièces religieuses, mais à la poésie populaire et pro-
fane du temps.
Nous en avons une preuve dans le couplet chanté par les
maçons, Sainte Barbe, 79 (cf. mon édition, p. vi, x) :
Euelhen eu gonit gloat, hac ebataf,
Euelhen eu gonit gloat,
Mar da moaes dan marchât
Ha cafFout compaignun mat
Hac e reo dà euaf ;
Euelhen eu gounit gloat, hac ebataf.
Le rythme est sensiblement le même, dans la chanson du
voyer de Quimperlc ^ :
Me a deu a les Alan
Seul a guellaff;
Me biou, buguel Breiz, gour ez querchen;
Ma bez essou, quae da glen.
I. Bulletin de la Société arcliéologiqitc du Finistère, XV (1888), p. 327,
328, 330, 362.
Revue Celtique, XVI. 13
174 ^- Ernault.
Peut-être faudrait-il me a hiou, ce qui rendrait l'analogie
complète; cf. me a hiaoïi ane~an, je le possède, etc., P. Gré-
goire de Rostrenen.
On peut comparer plusieurs chansons françaises, comme
Trop penser me font amours, dormir ne puis ' ;
voici, par exemple, les premiers couplets de deux Noëls, sur
l'air : « Vous qui désirez sans fin ouïr chanter » :
Enfin de vos maux touché,
Juifs et Paj^ens,
Dieu paroît, et du péché
Rompt les hens;
La plus grande prophétie S'accompHt,
Nous allons voir le Messie Tant prédit.
L'Eternel montre en ce jour
Tout son amour.
Il descend du haut des Cieux
Dans ces bas lieux.
Pour sauver l'homme mortel
Et criminel,
Il veut paroître aujourd'hui
Semblable à lui 2.
5 . Je me garderai pourtant d'affirmer que ces rythmes po-
pulaires en breton du xvi= siècle y soient tous d'origine fran-
çaise. La mesure celtique de sept syllabes, si commune en vieil
irlandais, en gallois de toutes les époques et en comique, a dû
exister aussi en vieil armoricain.
Dans la littérature cléricale du moyen-breton, nous trou-
vons seulement parmi les Nouclou des hémistiches de sept syll.,
venant toujours après d'autres plus longs : huit -f- sept,
n°^XVII, XXXV; dix + sept, n° XXXIII; à chaque fois le
rythme est emprunté à une hymne latine.
Mais il y a des indices assurés de la vieille popularité du vers
breton de sept syll., soit employé seul, soit mêlé à d'autres.
1 . G. Paris, Chansons du XV'^ siècle, n° xxx, cf. lxxviii, Rcv. d'hist.
littéraire de la France, II, 44.
2. Cantiques spirituels sur divers sujets de la doctrine et de la morale chré-
tienne. . . Nouvelle édition. Paris, chez Butard, 1767, p. 171 et 178.
Sur quelques Textes franco-bretons. 1 7 5
C'est, d'abord, un dicton rimé intérieurement et qui doit
remonter au xvi^ siècle : ^
B'irvik, h'irviken
Riwal Yar:{ na choari ouz den,
cf. Rev. Celt., XIV, 220 ; puis, une formulette donnée dans le
Dictionnaire et colloque françois et breton de G. Quiquer, Mor-
laix, 1690, p. 65 (cf. mon Glossaire moyen-breton^ s. v. mewi):
Caera mal jar scroperes,
à vuoua é doùar carabes,
so het gant ar Vannigueres
en gouard an Euo.
On peut citer encore cette mention faite négligemment par
le P. Grégoire, au mot chien: « qon, pluriel de qy, n'a plus
d'usage que... & dans quelque chanson, comme : deut da vellet
coantâ lo^n en deus bet boëd ar c'hon » . Il est bien possible que
ce petit texte populaire remonte au moyen-breton, et ait été
alors :
Duet da guek'/ czzret lozn
En deux hczet hoet an con.
6. Il est à noter que plusieurs proverbes et dictons ont en-
core, ou avaient, sous leur forme la plus ancienne, la même
mesure ; en voici, par exemple, deux, qui sont, de plus, inté-
rieurement rimes :
D'à clevt'/ an allweiez
Oz cana d'an goiilou dez,
D. Le Pelletier, s. v. alhueder (cf. v. trenmi);
PaouriC(/ pa h\nv\.à.icqa.,
Goaçz evit an diaul ez a,
Grég., V. riche (ci. v. détremper, estafier, gouvernail, jugement,
lait, pauvreté).
On lit dans les Proverbes et dictons de la Basse-Bretagne, du re-
gretté Sauvé :
Nep a gouez hcn deveuz lamm ;
Pa dorr he c'harr e vez kamra
lyô E. Erriault.
(n° 527); le premier vers serait grammaticalement plus exact
sous cette forme :
Nep a gouc;{ en devq lamm.
Cf. n°^ 194, 225, 240, 260, 282, 283, 301, 307, 311, 347,
415, 434, 461, 493, 526, 665, 710, 716, 726, 729, 761, 768,
769, 783, 788, 806, 818, 829, 847, 868, 886, 905, 920,
963,973-
7. Le vers de sept syll., rarement employé dans les chan-
sons actuelles un peu longues, comme celle de Pashoii-hir, est
assez fréquent dans les rinwstclo ou formulettes ; en voici un
exemple du petit Tréguier :
Deuz ë heure pë zavi
Gwerc'h de vek ha c'houe de vri,
Dibiqous de daoulagat,
Ka lak de dreo en état '.
Il en est de même pour les airs de danse ; tel est ce qua-
train, qui sert à danser en akvandeu (= en avant deux) :
N'em eux neniet eur gwennek,
Eur plac'h renkan de gavet,
Ha pe lakeign më arc'hant, më arc'hant, më arc'hant,
Ha pe lakeign më arc'hant,
Renkeign kavet unan goant 2.
C'est à cette dernière catégorie qu'a pu appartenir le fameux
trihori de Bretagne.
8. Contenait-il, comme sa parodie française, des vers de
six syllabes ? Je ne le crois pas. Ces vers sont, en réalité, aussi
longs que les précédents, si l'on compte leur terminaison fémi-
nine, dont l'analogue n'existait pas dans la langue originale.
L'introduction de ces rimes féminines s'explique par un scru-
pule du versificateur français, dont les autres Noëls observent
d'ordinaire la loi classique de l'alternance.
Lorsqu'on adapte au breton un air français, on ne peut
laisser aux vers à rimes féminines ce caractère que si l'on se
1. Cf. Sauvé, Rcv. Celt., V, 159, 160, 172, 178.
2. Cf. Sauvé, Rev. Celt., V, 164.
Sur quelques Textes franco-bretons 177
sert du dialecte de Vannes. Voici, par exemple, le refrain du
cantique « Faux plaisirs, vains honneurs, biens frivoles »,
dans les Guer^enneu eid ol er blai, Vannes, 1864, p. 43, 44:
Faus joéieu, inour, gloér ha bobance,
Adieu d'oh eid er huéh dehuéhan ;
Pêl-amzér, é sigur deverrance,
En e hoès me lorbet liessan.
Cf. les cantiques Henib asten termén davantage , p. 32, 33;
A Icin en nean, Marie, p. 15 9- 161, etc.
Il n'en est pas toujours ainsi en vannetais; on peut ne tenir
aucun compte de Ve français, et laisser à la musique le soin de
prolonger les syllabes bretonnes correspondantes, kinsi dans
le Choége nehué a gannenneu, Vannes, 1829, se trouve un can-
tique « Ar en ton Gallec : Arrête ici, passant », où l'auteur n'a
pas cherché à reproduire l'alternance des rimes masculines et
féminines. Il n'en emploie qu'une de cette dernière sorte : of-
fance, vangeance, et c'est à une place où le français a une rime
masculine. De plus, il lui arrive de garder la même rime dans
tout le quatrain : a garante, Doué, delé, é vuhé. Ce n'est pas
qu'il lui répugne absolument de tenir compte de cet e, en
d'autres circonstances : on lit, à la même page (105), douce
Jésus, doux Jésus, en quatre syllabes.
Un autre système consiste à donner une syllabe de plus aux
vers bretons qui répondent à des vers français à terminaison
féminine. Ainsi la strophe « Faux. plaisirs », etc., est traduite
dans les Kanaouennou santel de l'abbé Henry, Saint-Brieuc, 1842,
p. 290 :
Bed trompler, bed trubard, bed millighet
Deuz da zelaou va c'henavezo ;
Nemet re n'am euz-me da zervichet
Ha renet da falz plijadurio.
Voici encore un exemple, emprunté à la traduction trécoroise
du cantique « Arrête ici passant » dans le Me^ellour an ineo,
Saint-Brieuc, 183 i, p. 207 :
Couscoude men so bet lienoret ac estimet,
Ha breraan gant an oU men so aman dileset ;
Ma c'iiorf a so rentet, bars en quer ber amser,
Un objet flerius, a spont ac a horreur.
lyS E. Ernault.
Jean Daniel a dû s'arrêter à un parti semblable, en franci-
sant le trihori des bas -Bretons : pour y mettre des rimes fémi-
nines, il aura supprimé une syllabe pleine aux vers 3 et 6
de chaque couplet, ce qui les rendait, au point de vue fran-
çais, plus courts que les vers i et 4.
9. Reste à parler de ces rimes bizarres : trudaine, demain;
villaine, certain; peine, main; soubdaine, plain ; jeune (jiène),
besoing ; dandaine, sain ; plaine, fliim ; soubdaine, haultain ;
qui rappellent certain quatrain mis au bas d'un tableau récent,
et où charnieur répond à qu'il meure!
Le breton qui, comme on vient de le voir, n'avait pas de
rimes féminines, ne pouvait donner lieu directement à cette
.plaisanterie. Tout au plus pourrait-on supposer au refrain de
l'original un mot analogue au trudaine ! de l'imitation française,
mot qui n'avait pas besoin de rime : cf. falira-dondaine, Quel-
lien, Chansons et danses des Bretons, p. 181 ; ladiradiraine, 169 ;
dondaine, Luzel et Le Braz, Soniou Brei:(^I:^el, I, 194, 312; rou-
larilanlaine, 244, etc. Les mots de ce genre sont souvent bre-
tonisés en -èneu, -èno: dariraineu, Son. Br. -!:(., I, 120; diraineu,
288; tralandiridenno, 54; digadenno, Quellien, 202; cf. Rev.
Celt., XI, 193; Gloss. moy.-hret., v. mekn (voir le§ suivant);
mais ils proviennent de refrains français tels que la f al ira don-
daine, E. Rolland, Recueil de chansons populaires, II, 121, d'ia-
ridondaine, 138, derlidondainc , 135, mirlitontaine, 141, etc.
Sur ce point, le rapport du rythme primitif avec l'imitation
française reste donc douteux; voir § 15. Mais la question a
aussi un côté linguistique, qui est plus facile à éclaircir.
10. Une des particularités de la langue du Noël franco-
breton, c'est la suppression de Ve final, à la rime : ung chantery,
une chanterie, ung beau fam, une belle femme, le bon hom, le
bonhomme, strophe i ; sa dépourveu, sa dépourvue, 2 ; ma
tourtelet, ma tourtelette, 4; ma muset, ma musette, Mary,
Marie, 5 ; et, inversement, l'addition de cet e là où il n'existe
pas en français : garsonne, garçon, i ; à plaine est probablement
« à plein », 6. On trouve même le breton ^«m^ vin, francisé
en guyne, en deux syll., str. 6.
Les rimes de trudaine d demain, etc., sont, au fond, sem-
blables, sauf l'orthographe, à celles de homme (écrit hom) à
Sur quelques Textes franco-bretons. \jc)
meson, de pomme à garçon (écrit garsoune), et de flageoUet à
musette (écrit fuuset, str. 5).
Ces suppressions ou additions fiiutives sont dues, dans le
français des Bretons, à l'influence de leur propre langue, qui
n'a pas le correspondant exact de notre e final. Dans les mots
français empruntés par le breton, cet e est, d'ordinaire, ou
supprimé ou transformé; cf. Rev. Cdt., VIII, 526; IX, 379;
XI, 363; Gloss. moy.-bret., v. assamhlajf, fim'sajf, gorgaff, me.
Nous venons de noter (§ 9) un autre changement de Ve mi-
muet final, Qn.o, dans la terminaison française -aine, qui de-
vient par ailleurs -ene dans le breton ruhe-ruhene, de but en
blanc, = ribon-ribaine, cf. GJoss. moy.-brct., v. Geniuefe.
Il n'y a exception que pour le vannetais, comme on l'a vu
§8; cf. Rev. Celt., IX, 378, 379; Revue Movbihannaise, II,
240, 241. J'ai eu tort d'écrire sirë roue « sire roi » dans une
chanson trécoroise traduite du français, Mélusine, VI, 255 ; la
vraie leçon est sir ë roue, variante de prononciation de sir ër
roue, qui rend exactement « sire le roi », E. Rolland, Recueil,
I, 267-271, 273-275; II, 152.
II. La confusion des mots avec ou sans e final a encore
une autre cause; c'est la difficulté de distinguer les genres, dans
une langue qu'on sait imparfaitement. Ainsi ung beau fam est
pris comme masculin, et gar sonne paraît féminin.
On peut citer ici la phrase prononcée par un Breton de Pleu-
bihan, Claude Berthou, aux courses de Cesson, en 1807.
« Lorsque le triomphe de Canaris fut proclamé, Berthou caressa
son cheval et lui dit, avec l'accent d'une profonde émotion :
Canaris, ma camarade! ma Canaris ! tu as fait mon forteun'^. »
Les fautes de genre qui émaillent notre Noël sont loin,
d'ailleurs, de pouvoir toutes se ramener à cet unique principe,
comme ma père, son meson, str. i ; il n'en manque pas qui y
sont directement contraires : mig pomme, ta... corps, i, safil^,
sa pays, 2, ung beau vierge, ^,son mère, 7, etc. ^. Quelquefois
1. Notions historiques. . . sur le littoral. . . des Côtes-du-Nord, par Ha-
basque, Saint-Brieuc, t. II (1834), p. 317.
2 . On connaît la prière peu chrétienne attribuée au paysan breton :
« Mon Dieu de ma pays, secourez mon vache, et laissez mon femme mou-
rir ». Cf. le refrain de la chanson de Pierre Dupont, Les Bœufs,
i8o E. Ernault.
les deux genres sont employés en môme temps : « c'est ung
beste mohaise », str. 2. Voir § 22.
12. La phonétique bretonne explique aussi le ch de Achevin,
angevin, str. 6: cf. grainchou, granges, Grég., etc.; Rev.
Celt., VII, 147. Voir § 19.
13. Les autres fautes commises à dessein par J. Daniel re-
lèvent, pour la plupart, de la syntaxe.
Celle qui est répétée avec le plus d'insistance, c'est le pléo-
nasme du pronom avec le nom sujet, en dehors de l'interro-
gation : « ma père, il a dit », str. i ; « le dyable il aura veu »,
2; « Adam, il estoit », « Diou il a pourchassé », « Gabriel
il est », 3 ; « le Doe il est », 4. Voir § 22, 30.
14. Mentionnons encore l'expression « je prierai... que
j'auray », 7, qui répond à une particularité de la conjugaison
bretonne : mani he:^o=^ « que j'aurai » et « que j'aie ». Voir
§30-
15. Le Noël renferme, en outre, des mots bretons; nous
avons déjà noté, § 2, Doe, Dieu, trandoiie, par Dieu, giiyne
math, bon vin, harat, pain.
M. de la Villemarqué a expliqué avec raison bon hominy, str. 5 ,
par le diminutif breton bonomik, petit bonhomme; cf. § 25.
Sa conjecture sur hery, str. i, qui serait pour hoary, jeu,
est plausible; hoary a passé en gallo ou haut-breton, cf. Rev.
Celt., V, 22.
Je m'écarterais de l'opinion exprimée autrefois par l'émi-
nent celtiste dans les quatre cas suivants, où il a proposé une
interprétation bretonne.
Str. I. Trudaine ! Ce doit être un mot insignifiant, tiré d'un
refrain, comme dandaine, str. 5 ; cf. § 9. On le retrouve dans
un Noël poitevin de J. Daniel (p. 50 de l'édition Chardon) :
Ung convy y tint.
Quant eusmes assez
Mené la trudaine,
Nous fusmes lassez;
c'est-à-dire « quand nous nous fûmes bien amusés ». Le Dic-
tionnaire de l'ancienne langue française de M. Godefroy donne
Sur quel{jues Textes franco-bretons. i8i
trudaîne, f. « baliverne, fantaisie incohérente; trouble, agi-
tation », et en cite d'autres exemples ; l'auteur ajoute trudaincs,
superstitions, en patois percheron. On peut voir dans l'His-
toire de la chanson populaire en France de M. J. Tiersot, Paris,
1889, p. 185, une citation de la Galette musicale de dé-
cembre 1849, où G. Kastner regarde trudon trudaine comme
une onomatopée du bruit du tambour, et dit que ces mots ont
quelquefois servi de refrain. Cf. G. Paris, Chansons, 100.
Str. I. Ennet demain semble contenir le haut-breton anè,
aujourd'hui (v. franc, anuit). F eui-ètre demain est-il pris dans
le même sens ; ce ne serait pas plus bizarre que la locution
« entrez dehors » pour « sortez », qu'on lit au même couplet.
Str. 5. Dehet = v. franc, de het, de hait, de bon cœur, avec
plaisir. — Languilloset est peut-être une variante du cri agui-
lanneuf, anguillanneuf, aguilloneu, etc.
— La forme Cornouache pour Cornouaille, par changement
de terminaison, avec nuance dépréciative, str. 6, rappelle l'ex-
pression méprisante « au fin fond de la campiche », pour « de
la campagne », usitée à Saint-Brieuc. Cf. en petit Trég. koch,
ventre, par plaisanterie pour kof, Rev. Celt., XIV, 285 ; monoch,
monnaie, pour mone.
Avant de quitter la question du trihori, j'ajouterai que
M. J. Trévédy, ancien président du tribunal de Qiiimper, qui
s'est occupé des anciens témoignages relatifs à cette danse ^, a
bien voulu m'écrire à ce sujet :
« Dans mon enfance, nous dansions sur cette chanson :
Miche Lagiieden derbau derhaii
Miche Lagueden derbau
/ Breil !
avec un saut. Cela se répétait trois fois. C'était une sorte de
cancan. Mon souvenir très présent rapproche notre danse des
descriptions de Paré et de l'indication de Noël du Fail : trois
pas et un saut !
I . Dans le Bulletin de la Sociétc archéologique du Finistère, 1890, à propos
du voyage d'Ambroise Paré en Bretagne. Je regrette de n'avoir pas connu
cet article quand j'étudiais, Rev. Celt., XV, 149 et suiv., le passage breton
de ce Voyage, que M. Trévédy a expliqué à peu près comme moi.
i82 E. Erndiilt.
« J'ai idée que dans les campagnes du trécorrois on danserait
encore comme nous enfants, il y a cinquante ans passés. »
On chante en effet à Pléhédel, ou du moins on chantait, il
y a quelques années, un air de danse qui a des affinités évi-
dentes, tant avec celui que se rappelle M. Trévédy, qu'avec le
rythme du Noël « sur le trihori de basse Bretaigne » :
Tache piche logoden, d'eur bod, d'eur bod ;
Tache piche logoden, d'eur bod dréns.
War i gein ha war i gof, d'eur bod, d'eur bod;
War i gein ha war i gof, d'eur bod dréns.
c'est-à-dire : « Taché piché, (une) souris à un buisson, à un
buisson; taché piché, (une) souris, à un buisson d'épines. Sur
son dos et sur son ventre, à un buisson, à un buisson, sur
son dos et sur son ventre, à un buisson d'épines » .
Nous avons ici le vers de sept syll. -h quatre, et aussi celui
de sept syll. + trois, qui expliquerait, dans le Noël, les vers
en -aine.
IL
i6. Achille Jubinal a puWié^ une ancienne poésie intitulée
Le privilège aux Bretons, en la caractérisant ainsi : « Cette
pièce, dont l'orthographe est singulière, me paraît être une
satire des professions qu'exerçaient à Paris les Bretons » .
Les singularités de ce texte ne sont point de nature ortho-
graphique; elles reviennent à celles que nous avons constatées
dans le Noël de J. Daniel, et doivent être attribuées à la
même cause, l'imitation moqueuse du français parlé par les
bas-Bretons.
17. La suppression de Ve mi-muet est plus radicale dans le
Privilège que dans le Noël. On la trouve dès les premiers
vers:
Diex gart la roi de Frans, et tout sa compaingni;
elle paraît à peu près constamment jusqu'à la fin.
I. Jongleurs et Trouvères, ou choix de saluts, épîtres, rêveries et autres
pièces légères des xiii^ et xiv^ siècles, Paris, 1835, p. 52-62.
Sur (Quelques Textes franco-bretons. 183
Les rimes en prennent un aspect uniformément masculin.
C'est sans doute par suite de méprises qu'on lit chevalerie,
p. 52, outrage, 59, mesure, linage, 61; les rimes correspon-
dantes n'ont pas d'^. Les quatre vers en anie, p. 56, sont en
français correct, étant mis dans la bouche du roi. Restent,
comme faisant exception: Saini-TiUie, batilUe, p. 56; estre,
mestre, destre; paumoie, voie, 59; afère, rctrère, 61; chivière,
derrière, compaingne, longaingne, 62.
Ces terminaisons écourtées peuvent rimer à des finales mas-
culines : fu, ru (fut, rue) ; Glatingnis, justis, puis (justice,
puits), $8; Mari, tricberi, anui (Marie, tricherie, ennui), 60.
Il en est de même, comme on l'a vu, dans le Noël. 1
Mais contrairement à ce qui a lieu dans ce dernier texte,
l'apocope de Ve est aussi de règle en dehors de la rime : plus
jan que cir, plus jaune que cire, 55, 57, etc. Il faut excepter
d'abord les monosyllabes, qui gardent Ve devant une consonne,
parfois même devant une voyelle: ce est, en deux syll.,
vers 15, c'est, v. 37; et puis les mots où Ve se trouve précédé
d'une double articulation, comme autre, porte, p. 52, entre,
quatre (écnt .iiij.), 53 ; meismes, trois syll., 55. Les exemples
contraires, comme dame, 53, rende, voire, 55, croisse, grande,
56, sainte, 60 (deux syll.), sont relativement rares, et quel-
quefois fautifs : ainsi usage ne compte que pour deux syll. , devant
une consonne et en dehors de la césure, au v. 4 de la p. 55.
18. Il arrive assez souvent, en conséquence, que les mots
français à terminaison féminine affectent la même forme qu'ils
ont prise en breton. Ainsi Phelip, p. 55, = moy. bret. Phe-
lip, Filip (écrit aussi Pbclippe, par un gallicisme purement
graphique); fos, 57, 62, contré, 56, tricheri, cur, ordur, 60,
= moy. bret. fos, fosse, contre, contrée, trichery, cur, ordur ;
cf. dans le Noël Mary =^ bret. moy. Mary.
Une différence se montre dans le traitement de -ce, qui est
écrit -s, tandis que le breton moyen prononçait -ç : gras,
grâce, 55, Frans, 57, justis, 62, Moris, 57-61, en regard du
moy. bret. grâce, France, iusticc, Moricc. La rime Moris, guis
n'eût pas été admise en breton moyen (Moricc, guis). Cf.
Rev. Celt., XI, 353-356; XV, 154; Revue Morbihannaise, II,
247, 248.
184 E. Ernault.
19. En revanche, l'auteur du Privilège a tenu compte, dans
les finales en -age^ de la confusion, fréquente en breton, des
sonores et des sourdes : il écrit sauvach, domach, usach, lin-
gnach, p. 52, usach, 55, gach, 53, et fait rimer ce mot à oiiirag,
corag, éritag. Comparez le breton moderne savaich, dounmich,
usaichf lignaich, outraich, couraich, heritaich, arraich, rage,
Grég., en petit Tréguier :^ovach et jovach, domach, hourach.
On lit flrmf/; dans le Doctrinal ar Christenien, Morlaix, 1628,
p. 150 (moy. bret. arraig'). La notation étymologique domi-
nait en breton moyen ; on y trouve pourtant flaig et flaich,
flach, bouger (flageoler), faich et faig, fâcherie; cf. ouiragy,
outrage, Grand Mystère de Jésus, 91b, et outrachi. Sainte
Nonne, 1144; sigou eîsichou, sièges, etc. ; voir § 12, et Rev.
a//., IX, 372, 373.
Ces alternances, confirmées par les rimes, cf. Rev. Celt.,
XIII, 242, ne se bornent pas à l'articulation j, en breton
moyen : cf. homicit, homicide, remet, remède, dac, dague, etc.
Je pense que la forme, isolée dans le Privilège, sir if, p. 61,
veut dire « (mes)sire Yves », et répond au trècorois Nif^.
20. On peut voir encore des bretonismes de nature phoné-
tique dans les assimilations de voyelles, manas (qu'il) menace,
55, chiîuis, chemise, 53, 55, 57, Dinis, Denis, dimis, demi,
53, et dans la dissimilation pr^i'/Vf^'-, privilège, 55, 58, prévikg,
57; cf. bret. moderne mananç:^, menace, mananç, menacer
(voir Gloss. moy. -bret., v. habasq) ; petit Trég. jimijeten, che-
misette à l'ancienne mode (vannetais jumesetenn, camisole,
Grég., chemiscetteenn, l'A.); bret. moy. preuikg (et priuilaig'),
privilège.
21. D'autres modifications phoniques moins communes
sont: acriptur, écriture, 57 (cf. bret. moy. astenn, éten-
dre, etc.); bo, beau, 54, cf. mohaise, mauvaise, Noël, str. 2.
22. Les fautes de grammaire sont nombreuses, mais assez
peu variées; voici les principales.
Genres: la roi, ma frer, ma pain, la bois, lagenest, son besl (sa
bète), p. 52 ; mo)i caintuv, mon sarp (ma serpe), 53 ; cf. § 11.
I . Cf. mon Etude sur le dialecte breto)i de la presqu'île de Bal\, Saint-
Brieuc, 1883, p. 18.
Sur quelques Textes franco-bretons. 185
Conjugaisons: bate:(, battu, render, rendre, 53, etc.; cî. je
porty, je portai (ou porterai?), Noël, str. 5.
Nombres : sont pour « est », vers 16; tu l'entende:;^, tu l'en-
tends, p. 55. Voir § 30.
Naturellement, il n'y a pas besoin d'être Breton pour mal-
traiter le français de la sorte. Aussi trouve-t-on des fautes
semblables dans la pièce du recueil de Jubinal intitulée La
pais ans Englois, p. 170 et suiv., où l'on s'est proposé de
railler le français des Anglais : la tens, le temps, ma ray, mon
roi, p. 170; safrer, 172, son maison, 171, ton guère, son test,
172; rier, rire, 171, jefarra/]e ferai, 173, etc.
On y lit aussi ces pre\ il serra verdes, ces prés seront verts,
170, avec un pronom redondant comme dans le Noël, cf. § 13.
23 . Une forme commune au Privilège et à la Pais ans En-
glois est chivaler, chevalier, p. 54 et 170, 174; on peut com-
parer chival dans ces deux vers de ^wq ar pêvar mah Emon
(chez Lédan, 1866), p. 207, où Renaud, pour mieux garder
l'incognito, contrefait le Breton qui parle mal français (je
souligne les mots bretons) :
Me je va da Baris ha via chival ha moa,
Pour goiiit, mon l'ami, la ciiruiieii du Roa
c'est-à-dire : « moi je vais à Paris, et mon cheval et (avec)
moi, pour gagner, mon ami, la couronne du roi. »
24. Un passage du Privilège (p. 59), me semble devoir
s'expliquer par la langue bretonne. Un personnage breton
vient de recevoir un coup qui l'a terrassé.
Et cil s'escri : « Haio ! haie !...
« Enitrou, Maria, en trou ! »
A la fin du premier vers, l'éditeur met en note : « cri
d'alarme » ; et après le second : « Venez tous ! au secours ! »
L'une de ces explications est vraie, mais non en français.
Haio est, sans aucun doute, identique au breton moderne ayoti
« ahi, interjection de douleur », Grég.; ab ! hyou « un mot
que l'on dit lorsqu'on est effrayé », dans un vieux diction-
naire, selon D. Le Pelletier; léonais ah! iou ! Barxa:^^ Brei^,
124, cornouaillais ai! aou! ai! aou! 255, vannetais ayuu
i86 E. Ernault.
« hai », l'A., trécorois ah! iaou ! Gweixiou Breix-Ixfh I? 40 j
ayouî ayou! allas, Trajedi Jacoh, 119, fors ! ayou va bue! Traj.
Moyses, 273. En moyen-breton, on trouve le premier de ces
mots, ha! et un dérivé du second, le \ei-he youal, crier.
Le vers suivant a une forme Maria, qui paraît bretonne ;
les autres mots ne présentent aucun sens en français. La glose
de l'éditeur a été inspirée par les lignes qui suivent,
A l'aist i vint dant Tragel,
Moris, etc.
OÙ l'on voit que des camarades vinrent à l'aide du Breton en
détresse; mais il avait, je crois, invoqué un autre secours. Le
vers en question se corrige avec vraisemblance en
En itron Maria, en autrou
« Madame Marie, Seigneur ! » C'est l'équivalent de celui-ci,
qu'on lit à la page suivante :
Dam Diex, et sainte Mari.
Le P. Grégoire donne, comme synonyme de ayou, la locution
znûogue ayou-do lie. Voir § 26, 32.
25. Les noms propres, dans le Privilège, ont souvent une
physionomie bretonne.
Morvenic, p. 59, est le diminutif de Morven, 61 ; il se pré-
sente sous la forme francisée Morveni, p. 58, où il rime à
Guilgemi, sans doute diminutif de « Guillaume » ; cf. Guigen-
ninc, p. 61. Voir § 15.
26. Le principal personnage s'appelle Yvon (cf. le Tyvonntt
du Noël), son frère RumaJan, p. 53 (lisez RiuaJan? Riolen,
p. 58, peut être le même; cf. Riolan, 59), son cousin Guingan
ou Guigan, fils de dame GJegens, 5 3 .
Il cite comme garants Badiiot, Madugant, dan Guillo (pour
« don Guillou », Guillaume), dan Morant, sa fier Tronio {Tpom
« sa fille Droniou », cf. Tronio la fil Morven, et Taniel, p. 61
= Daniel, 59, nous avons vu de même dans le Noël trandoue
pour dran doe, § 2) ; le sir de Plegalo; dan Loquiaus, p. 54.
Nous voyons dans Guillo, Tronio, un 0 rendant le breton
ou, comme au mot haio, § 24 ; voir aussi §33.
Sur quelques Textes franco-bretons. 187
Inversement, une prononciation bretonne ou pour Vo fran-
çais est attestée au xvi'' siècle par ce passage de Noël du Fail ^ :
« frotans leurs nez, et plus tounez, comme dit le Bas-Breton,
que fondeurs de cloches ». Tb^/zq pour (es )tonnés raç^elle la
double prononciation, en breton moyen, de /on et îoun, un ton,
son et souri, un son, pazj'on et pa^roun, parrain ; en breton
moderne, à&hre:yOnecq et bre~ounecq, la langue bretonne, Grég.,
brétou et brétoun, un Breton, Le Gonidec, etc. Cet ou est par-
ticulièrement fréquent en cornouaillais.
27. Il est question encore, dans le Privilège, de Daiit Tru-
galet le provoir (don Trugalet le prêtre), p. 57, cf. Trugel, 58,
dant Tragel, 59, Contruguel, 61 ; de Guymar, 57, cf. Guio-
mar, 58; de Galo, 58; on jure « par saint Lagado de Bre-
taing », p. 60; voir § 32.
III.
28. D'autres Noëls du xvi^ siècle ont le même caractère que
celui qui a été reproduit plus haut.
M. Chardon a cité deux vers de l'un de ces Noëls franco-
bretons, p. Lxvi. On y trouve les mots jobec vilhan, qui sont
certainement pour Jobic vihan, le petit Job, cf. Jobih, Bar^a:^
Brei^, 166, c'est-à-dire le petit Joseph; Josebic, Job, Jobic,
Grég. ; Jop, Jopik, J. Moal, Supplément lexico-granimatical au
dict. de Troude, p. 16, pet. Trég. Jobeq.
Cette transcription jobec vilhan nous fournit la preuve qu'en
breton moyen on adoucissait, comme aujourd'hui, l'initiale
de l'épithète accolée à un nom propre ; cf. Gloss. moy.-bret.,
V. ab.
29. L'autre pièce citée par M. Chardon est le dernier Noël
de Laurens Roux, intitulé « Noël en breton bretonnant qui
aprent à parler le françois » ; en voici le commencement :
De matheol meeff deoch
Doe sont venu en un crache,
Chantez en noël gueneoch.
I . Contes et Discours d'Eutrapel, réimprimés par les soins de D. Jouaust
Paris, 1875, t. I, p. 184.
i88 E. Ernault.
On y reconnaît aisément les mots bretons de jnat dech ol,
me ejf deoch, bonjour à vous tous, je bois à vous; Doe, Dieu,
cf. § 2, et gueneoch, avec vous.
De maîheol pourrait se corriger en de matehol; nous avons vu
pourtant la graphie math, bon, § 2. La suppression du d après
le t est un fait de prononciation ; Grég. donne demateoc'h, de-
maddeoc'h, demaddeoch-oJl, bonjour, salut, et l'A. dé-matt teoh,
s. V. jour.
En moyen-breton on ne trouve que de:{ mat, de^mat, mais
la notation de matheol prouve que la prononciation trécoroise,
cornouaillaise et vannetaise de, jour, avait déjà commencé.
Aux autres exemples de la chute du ;( doux à cette époque,
cités Rev. Celt., XV, 152, 153, il faut ajouter diouguet, ap-
porté, à côté de di:{ouguet, apportez, di:;ocn, apporter), en
vieux breton dodocetic, gl. inlatam. Grég. donne di:{ouguet et
diouguet, et à l'infinitif di^puguen et diouguen.
Il est fort possible que la chute du ;( remonte aussi au
moyen-breton, dans le léonais daoiïarn, van. deiiourn, deilarn,
mains, Grég., deourne, l'A., de daow^ourn, daouxôrn, Grég.,
moy. bret. daou dorn, dou dorn; cf. van. aornn, aournn, poi-
gnet, poing, l'A., Supplément, de axprnn, id., ibid., moy.
bret. a:^orn, variante de aixoni formé par dissimilation {Rev,
Celt., XV, 388).
Comme contraste à ces chutes anciennes du :;^ doux, 'on
peut citer des cas où il se maintient encore aujourd'hui en
vannetais, et surtout en trécorois; cf. Rev. Celt., VI, 390;
VII, 3 9 ; Revue Morbihannaise, III, 337, 3 3 8 ^ Un autre exemple
I. La métathèse, qui peut faire disparaître un ^ dur, cf. Rev. Celt., VIII,
34, 35, peut aussi préserver de la destruction un i doux: van. ansàueln,
avouer = bret. moy. di-ansaf, renier, de * aianv, gall. addef. Cf. bret.
moy. hamhroiic, conduire, pour * havrouiic. Le gall. hcbriviio- doit sans doute
soii b à une forme semblable au comique heinbronc, il conduira ; cf. bret.
abrant, sourcil, comique abrans, pour *aî'ra»/ (gaélique /rt?7/;m, paupière), à
cause d'une variante * ambrant, gall. amrant, paupière. Hembronc et amrant
sont dans le même cas que le léon. daustle, claustre, gageure, van. gloestr,
gage, tréc. noadoe, aiguille, bret. moy. pabuelae^, papauté, v. bret. liusiu,
lessive, cf. Rev. Celt., VIII, 508. La dissimilation de "ambrant en abraut est
aussi régulière en breton moyen que celle de semblant, état (d'innocence),
J. 45, en seblant, semblant, air, marque, forme beaucoup plus fréquente; cf.
setance = « sentence » .
Sur quelques Textes franco-bretons. 1 89
est le nom du mois de juin, en trécorois mé:(even, = léon.
me^evenn, Grég., mé:^éven, Le Gonidec, moy. bret. me:(euen,
van. meheiienn, Grég., méhéuin, maihéuein, maiéucin, l'A. Le
gallois mehefin montre qu'il ne saurait être question d'un :( dur
ou th, pour rendre compte du rapport des dialectes de Tré-
guier et de Vannes. Reste à expliquer que le gallois lui-même
n'ait pas le ;{ doux du léonais et du trécorois. Cette absence
du dd est à rapprocher de celle qui s'observe dans le gall.
meiun, moy. gall. ymeun, en regard du vieil irlandais immedôn,
au milieu; la syllabe me- est, je crois, la même dans les deux
mots gallois. On ne doit pas s'attendre à ce que l'armoricain
montre ici le même degré d'usure que le gallois, puisque le
moy. breton a gardé, en la renforçant, la dentale de iui-medôn,
dans metou, (un) moyen, en metou, au milieu ^ Au gall. me-
hefin correspond donc un armoricain *me:(-hevin, dont le ^
doux est tombé en vannetais, mais resté en trécorois, sans
doute à cause de 1'/; suivant, seul conservé par le dialecte de
Vannes. Cf. tréc. pop (Jj)ini, chacun, niap Çj)énan, fils aîné, à
côté de 'bob cil, chacun à son tour, niab ar chéntafi, terme
d'injure. Quant au iJ gallois, sa chute n'est pas sans exemple :
dygwyl Jeuan = dydd giuyl loan, la saint Jean, tréc. dé giuel
Yan; archiagon, archidiacre = archddiagon, bret. moy. mxh-
diagon, mod. arryagoun, Grég.; cf. Rev. Celt., VII, 173.
* Me^-hevin = * medio-sam-inos « qui est au milieu de
l'été », cf. le grec [j.£7--(^;x(5)î-'.voç;, qui est au milieu du jour,
ou au sud, l'anglais midsumnier, miheu de l'été, et le gall.
alban hcfin, solstice d'été; V 2.à]Qcû{ hefin ^= * sam-inos , àènvè
comme jsp-ivô^. La formation du bret. mi':{ méT^even « mois du
milieu de l'été » = mois de juin, est ainsi équivalente à celle
I . En metou paraît venir de "en menton, *m mendou, pour *in medoun =
V. irl. im-medâii, gall. moy. y-memt, par une métatlièse semblable à celle de
di-ansaf, mais plus ancienne. Il ne faudrait pas comparer le bret. moy. /a;(-
roncy, larcin, Rev. Celt., VIII, 509, parce qu'il représente * Jalronicium,
comme le provençal laironicis, l'italien ladroiieccio, etc. En tiielou est une va-
riante légitime de *eii menton; cf. moy. bret. eguetou, agiietoii, dernièrement,
à côté de agiientou ; qiietell et quentel, leçon (la première syll. peut rimer en
ef) ; gat et gant, avec ; digataff et digant af, de lui ; qiientaff, premier, avec
première syll. rimant en et, van. quétan, l'A., etc. Pour "'menton de * men-
dou, cf. Rev. Celt., VII, 146-148.
Revue Celtique. XVI. 14
190 E. Ernault.
de son synonyme en irlandais, mi meodhain havraidb (selon
Lhuyd, Archaologia Britannica, Oxford, 1707, p. 74), et en
suédois, midsommarsmânad ; elle rappelle celle de l'allemand
Mittiuoch « mercredi », ^= milieu de la semaine.
L'année celtique comprenait trois mois d'été proprement
dit : mai, dont le premier jour s'appelait en irlandais cêt-
shoman « premier de l'été », cf. gall. cynkfin, commencement
de l'été, = * cintu-saminos ; juin, et juillet. La désignation
bretonne de juin est donc plus rigoureusement exacte que le
nom irlandais du 31 octobre, snnifiàn, lin de l'été (pris au sens
large, et comprenant les trois mois de l'automne) ^
Cette explication du nom breton et gallois de juin esc con-
firmée parle gall. {inis) gorphenaf, juillet, qui s'interprète na-
turellement « le dernier mois (d'été) ». C'est un superlatif ré-
pondant au snhsliwlii gorphen, la fin; cï.pcnaf, le principal, etc.
{Gloss. moy.-bret., w. pemi), et le ht.Jîni-timus. Peut-être aussi
gorphenaf était-il primitivement gorphen haf « fin d'été ».
M. Loth, Les mots latins dans les langues brittoniques , 44, re-
garde le comique comme absolument d'accord avec l'armo-
ricain, sur les noms des six mois qui ont une désignation cel-
tique; il identifie, par conséquent, le corn. ;;//:( ephan, juin,
w/:( gorephan, juillet, au bret. (jni^) me^even, juin, bret. moy.
gouherejf, juillet, inoà. goiië::j-e, gouëro, gouhere, van. gourbenëun,
Grég., gourhenneu, Chai, ms., gourhelin, Grég., gourhélin, l'A.
Cet accord des deux langues n'est point évident. A mon avis,
le van. gourhenëiin, gourhenneu, remonte à *gour-hereff: sur
l'échange des préfixes gour- et gou-, cf. Revue Morbihannaise,
IV, 37-42; pour 71 venant de r et de :(_r, cf. Gloss. nwy.-breî.,
V. be:(. Gourhelin est le même mot, avec dissimilation du se-
cond r en / (cf. Gloss., v. reler, etc.) ; mais la terminaison a
été influencée par celle de nu^héuin, juin. L'association de ces
deux mois se montre encore dans un autre nom de juillet,
me^evennicq, van. meheiiennicq, Grég., méhéuénig, maiéuénig,
maihéuénig, l'A., = « petit juin ». Mi^ hère, comique mî-{ he-
dra, gall. mis hydref^, octobre, veut dire proprement « le
1 . Cf. d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature celtique, VII, 296, 297.
2. Hyddfref, littéralement « rutting ofdeer », doit être différent; hydref
Sur quelques Textes franco-bretons. 1 9 1
mois d'automne » (celui qui finit l'automne), cf. Rev. Celt.,
XV, 392, 394; mis gouhereff, mis gouë^re paraît signifiera le
mois avant l'automne », litt. « sous l'automne », cf. ïû. fog-
mur, automne, = « sous l'hiver » (on pourrait entendre en-
core au sens diminutif « petit automne, petit hiver »). Re-
marquons aussi qu'en comique le nom de novembre, mî^ diu,
entre dans la composition de celui de décembre, mis kevardhiu.
Il en est de même en armoricain : bret. moy. et mod. mis du,
novembre; moy. querzu, décembre, mod. qer7:u, qerdii, qe-
verdu, van. qeûerdu, Grég., mis quenuerdu, Chai, ms (:= gall.
*cyfr-ddii, tout noir ?) L'alliance des deux idées fait même que
le dictionnaire de l'A., qui ne connaît ^asqeilerdu, traduit deux
fois « décembre » par 7?iiss du, miss-du (Chai. ms. a ynis du,
novembre, s. v. mois). Tout ceci nous autorise à admettre
qu'en comique les noms de « juin » et de « juillet » ont dé-
teint l'un sur l'autre. M/;( gorephan, juillet, a l'air de signifier
« le grand juin », àe gor -\- epban; mi:^ cphan, juin, peut être
un ancien * îne:(Jjevin, accommodé, pour la première partie, à
mi^;, mois ^, et pour la seconde, à un parent du gall. gor-
phenaf-.
30. Quant à sont pour « est », dans Doe sont venu, nous
l'avons vu déjà, § 22.
J'en trouve un autre exemple dans ce passage de maistre Pa-
thelin :
Sont-il ung asne que j'os braire?
Halas ! halas ! cousin à moy !
Hz seront tous en grand esmoy.
Le jour, quand je ne te verray,
Il convient que je te herray;
Car tu m'as faict grand trichery :
Ton faict, il est tout trompery ?.
est plutôt dérivé de hxdr, hardi, bret. moy. /;qr, irl. sethar, fort (cf. Urhcl-
tischer Sprachsclmt-^, 1.^7), avec un sens analogue à celui du lat. au(c)tiimniis.
1. Cette analogie fort naturelle se produit aussi en armoricain : Le Go-
nidec signale les prononciations vn^-êveii, viix_-ivin, au lieu de mîx^ mi'iéven.
2. Dans le document récent qui nous a conservé le mot inii ephan
(Lhuyd, 74), on trouve par ailleurs^/; pour v : gopJm, demander, Lh. 141
^ govyn, gall. gofyn.
5 . Le Théâtre français avant ta Renaissance, par Edouard Fournier. Paris,
1872, p. 102.
192 E. Ernaulî.
Ces vers contiennent, en outre, d'autres bretonismes déjà
étudiés : irichery, troîiipery pour -rie ; que je te herrai pour
« que je te haïsse » ; « ton taict, il est ». Voir § 10, 17; 14-
13; et plus loin, § 33.
3 I . Après ce prélude en français bretonisé, Patlielin continue
en bas-breton. D'après les textes publiés par M. Loth, Rev.
Celi., IV, 450-456, il y a du passage breton trois rédactions
complètement distinctes.
La première, en douze vers, a été l'objet de plusieurs essais
de traduction; cf. encore Rev. Celt., V, 225-227.
M. Loth a lu et traduit ainsi les deux premiers vers :
Ha ioul (pu ha ol) d'an diaoul en ravezeic
Corf ha enef {ou eneuf).
GUILLEMETTE
Dieu vous ayst.
« Plût au ciel qu'il fût, ou Puisse-t-il être tout entier au
diable corps et âme ».
Mais, d'abord, le pronom en, il, est ici fort suspect. En
moyen-breton en est toujours régime; le sujet de la troisième
personne est ejf, ef. La variante enff paraît dans les Novelou,
au xvii'^ siècle ; en, c'est-à-dire eh, comme aujourd'hui, s'y
montre une fois, str. 210.
En second lieu, rave:{eic « qu'il soit », ne ressemble à au-
cune forme du verbe breton. M. Loth semble corriger ce mot
en ravexe, Rev. Celt., IV, 455, et rave::^ei, V, 225; ce dernier
ne serait soutenable qu'en supposant une notation française ei
(ou ai) pour e. La forme ravexf- a pour elle l'autorité du
P. Grégoire, qui, dans sa Grammaire, donne ra ve^é, qu'il
fût, p. 128; rien ne prouve, d'ailleurs, qu'elle remonte au
moyen-breton. Elle a surtout le tort de ne pas rimer avec ayst.
En faisant ce même reproche à la leçon ra ve:(i, que tu sois,
admise par M. de la Villemarqué et par moi (Rev. Celt., V,
226), M. Loth prenait ayst pour le français moderne « qu'il
ait », tandis que c'est « qu'il aide », comme dans aït vus
Deus, Chanson de Roland, v. 1865, cf. l'allusion à une équi-
valence de ravezeic et aist, Rev. Celt., IV, 453. M. Loth avait
Sur quelques Textes franco-bretons. 193
pourtant signalé lui-môme, à la page précédente, une variante
« Dieu vous bénie ». E. Fournier a imprimé rave:(;ie et bénie.
Notre lecture diaulyen « diables » a donné lieu à une autre
critique, sur laquelle on peut voir Mélusine, VI, 64. Il est bien
vrai que cette forme ne peut pas justifier d'une antiquité plus
reculée que rave^e; aussi ne la soutiendrai-] e plus. Cette syllabe
embarrassante en ne proviendrait-elle pas du mot en euf, à la
ligne suivante ? loul et diaoul avaient également deux syllabes
en breton moyen ; le plus sûr est donc, à mon avis, de lire
Ha iûiiî dan diaoul rave^i
« puisses-tu être au diable », en admettant une synérèse à l'un
des deux mots.
Les deux derniers e sont aussi de trop dans rave^eie, tandis
qu'on a omis les / de ioiil et diaoul. Tout cela donne à penser
qu'il ne faut pas prendre trop à la lettre le système de restau-
ration purement paléographique préconisé par M. Loth. C'est
pourquoi dans le deuxième vers, dont le sens est certain, Cerf
ha eneuf « corps et âme », nous restituerons sans scrupule un
c au mot hac.
Les vers 3 et 4 sont lus par M. Loth
Hui roz bezou drouc noz badou
Digant an can (ou eau) en hoz madou
« puissiez-vous avoir mal la nuit durant (ou des étourdis-
sements) avec le chant (ou les lamentations) dans vos biens ».
Mais no:;^ badou n'a jamais voulu dire « la nuit durant » ; et
malgré l'explication donnée Rev. Celt., V, 226, je ne vois pas
quel avantage il y a à changer le texte, qui porte tan, feu,
pour arriver à cette singulière imprécation : « le chant dans
vos biens ».
L'autre correction, eau « lamentations », ne me semble
guère meilleure : on eût écrit probablement caff ou caf. No-
tons à ce propos que j'ai cru à tort, Rcv. Celt., XV, 153, à la
présence du mot*cafu, chagrin, dans un texte moyen-breton.
Il n'y a de l'existence d'une telle forme à cette époque que
des preuves théoriques, d'ailleurs dignes de créance. Ajoutons
194 E. Ernault.
ce refrain d'une chanson rustique étudiée, Revue Morhihan-
tiaise, I, 362-364 :
Caon d'am davad penn-gornic,
Caon d'am davad !
« deuil à mon mouton à petite tête cornue, deuil à mon
mouton ! » Il a sept syllabes + quatre (cf. § 4), et est rimé
intérieurement, ce qui paraît indiquer qu'il reproduit un
moyen-breton cajf dam dajfat.
Le sens propre de badoii est bien « étourdissements » ; mais
il en a aussi de plus énergiques ; il paraît signifier « fré-
nésie », Poèmes bretons, 114.
La finale de bc:(ou a dû être accommodée à celle de badou,
et «o:^ modelé sur ro:(; je crois que le texte primitif était
Hui roz bezo drouc nos, badou
Digant an tan en hoz raadou
« puissiez-vous avoir mauvaise nuit, des saisissements par
suite de l'incendie dans vos biens ».
Voici la lecture et l'interprétation de M. Loth, pour les
vers 5-10 :
Empedif dich guitebunan
Quet querent ol dre douchaman
Ma nez cahet hoz bouzelou
Eny obet grande canou
Maz rehet truez d'an hol con
So ol oz mervel gant nafon.
« priant (ou prier) pour vous à l'envi — tous vos parents par
crainte — que vous ne rendiez (cacetis) vos entrailles —
Vous aurez d'eux des lamentations ou des chants, ou En fai-
sant de grandes lamentations ? — à tel point que vous feriez
pitié aux chiens — qui meurent de faim. »
Empedif nt peut, je crois, être ni un infinitif, ni surtout un
participe présent.
Ouet querent est une correction superflue ; le texte porte
que:^ queuient, qui se lit beaucoup plus naturellement que:{ que-
ment. De même douchaman pour douch ama est plus simple-
ment douch aman ; cf. Rev. Celt., VII, 161.
Sur quelques Textes franco-bretons. 195
Je traduirais donc : « Je vous souhaiterai à tous sans excep-
tion — tous tant que vous êtes ici ». * Douchanian(t), crainte,
n'est appuyé par rien ; dre douch aman est analogue à dre de
gnou « comme il est évident », Sainte Barbe, 64.
Au vers suivant. M, Loth a cliangé mene^ en ma ne^; en-
core faudrait-il ma ne. Je propose de lire men e^^, et de cons-
truire hox_ houTelou comme un ablatif, ce qui est régulier. Il
viendra : « que vous rendiez une pierre de vos entrailles » ; ce
serait un sarcasme semblable au durius est ... lapillis de Ca-
tulle (Ad Furium).
Le texte du vers 8 est regardé par M. Loth comme déses-
péré. Sa première traduction me semble impossible. La se-
conde est meilleure, mais suppose une forte invraisemblanc'ë,
c'est l'intrusion du français grande au milieu du texte breton.
Si nous observons que le mot breton que::(_ quement est devenu,
dans une variante d'un vers précédent, quels que vient, Rev.
Celt., IV, 452, nous pouvons admettre que grande n'a, de
même, que par accident, une physionomie purement fran-
çaise. Au lieu delà restitution hardie que j'ai risquée autrefois,
cf. Rev. Celt., V, 22e, je propose de lire
En un ober gront lia caiioit,
« en faisant du bruit et des gémissements » .
Quant aux lignes 9 et 10, je lirais et traduirais :
Maz rehet truez dan hol con
So ol oz mervell gant naon,
« au point que vous fassiez pitié à tous les chiens qui meurent
tout à fait de faim » .
Les vers 11 et 12 sont, d'après M. Loth,
Aluzen archet ho pysy
Hoz calz amour ha courtesy
« Vous aurez (ou puissiez-vous avoir) l'aumône d'un cercueil
— contre beaucoup d'amour et de courtoisie ».
Une correction s'impose, car ho pysy n'a jamais existé, pas
plus au sens de « vous aurez » ou « puissiez-vous avoir »
196 E. Ernaiih.
qu'en aucun autre ; et si le malin avocat, dans ses divagations
intéressées, peut choquer le bon goût et la délicatesse du
lecteur, du moins n'a-t-il pas encore été pris à manquer de
respect à la grammaire bretonne ; il se conformait au précepte
que devait plus tard formuler Boileau :
Surtout qu'en vos écrits la langue révérée
Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.
Le remède nécessaire n'est d'ailleurs pas bien héroïque ;
c'est le changement d'un 0 en e. He pysy « tu auras » est par-
parfaitement admissible, comme seconde personne du moy.
bret. ham be^if, que j'aie, cf. Rev. CeJt., IX, 259, 260. On
l'eût sans doute écrite dans un texte destiné aux seuls Bretons,
*ha:(^ byxy; la notation contraste ici avec celle de ro\ heiou, bo^
bou^elou. Inversement, alu:{en eût été aluscn; cf. Rev. Celt.,
XV, 151, 390.
Je lirais ces deux vers
Aluzen ha cher he pysy
Ha calz amour ha courtesy,
avec le sens donné par M. de la Villemarqué : « Tu auras au-
mône et bon visage, et beaucoup de tendresse et de civihté ».
Après avoir interpellé au pluriel tous les assistants, maître Pa-
thelin s'adresse au seul marchand de drap, comme au com-
mencement Çra z'^:^/), et promet ironiquement de lui donner
toute satisfoction.
Il est remarquable que le premier vers et le dernier aient
seuls une rime intérieure (loul^ dhoiiJ ; amour, cowrtesy).
32. La seconde rédaction, Rev. Celt., IV, 455, est beau-
coup plus corrompue que la précédente ; il suffit de comparer
les deux premiers vers à ceux de cette dernière, auxquels ils
étaient à l'origine identiques, pour comprendre qu'il faut re-
noncer à tout espoir de restitution complète, tant qu'on n'aura
pas de variantes.
Je me contenterai d'indiquer quelques rapprochements.
Le troisième vers ressemble au moins autant que les précé-
dents à la ligne correspondante de l'autre version. Je crois
qu'il en dérive, et que le quatrième vers, qui doit rimer avec
Sur quelques Textes franco-bretons. 1 97
lui, répond de même au vers suivant du premier texte. Ceci
nous permet de constater de nouveau deux sources de corrup-
tion dans ce breton si maltraité : les mots peuvent y être
transposés, ou adaptés à des termes français. Dans ce vers
Yne tJiomas lart en bacon
M. Loth dit que le second mot paraît être pour chômas (il
resta) ; je pense que c'est le français Thomas, comme ce qui
suit répond au français lard, en, bacon (= lard) ; réminiscences
qui ont défiguré le texte breton, tan en ho(^) niadou. C'est la
syllabe ho(^ qui se trouve égarée dans thomas ; le srribe a tra-
vesti maclou en bacon, sous la double influence de badou (pour
la forme) et de lart (pour le sens), sans daigner tenir compte
de la rime. Du reste, le vers neuvième et dernier n'a pas non
plus de rime. Mais cela tient à ce qu'il y a une lacune. Car ce
vers était sans doute identique au douzième de la première
version; il manque donc le correspondant du onzième.
Ainsi cette seconde rédaction n'a en propre que quatre vers
(de 5 à 8).
Le cinquième finit par aualen, cf. bret. moy. aualenn, pom-
mier, mod. avalenn, id., Grég., van. avalen, pomme, Pel.,
tréc. id., Bar^a^ Brei^, 216.
Le sixième vers se termine par libostren, qui semble signifier
<v crotte )) ; cf. libistrenec, crotté, fangeux, souillé, mouillé,
humide, D. Le Pelletier, libistrinec, P. Maunoir, libistrinccq,
P. Grégoire; libistrus, id., Maun., gall. lliby stras.
Les derniers mots du septième vers, a coste, rappellent le
moy. bret. a coste^, de côté, qui a pu avoir une variante sans
^, cf. niaieste^et maieste, majesté, etc. ÇRev. Celt., XV, 153).
Mais je soupçonne coste d'être un arrangement à la française
d'un mot breton de terminaison différente, parce que le hui-
tième vers, A trou mare a lagade paraît bien être pour
Autrou mari ha lagado
« Seigneur, Marie, et (saint) Lagado », ou pour
Itron mari ha lagado,
« Dame Marie et (saint) Lagado » ; cf. § 24, 33, 27.
198 E. Ernault.
33. La troisième rédaction, Rev. Cdt., IV, 456, est dans le
même état que la seconde ; on ne peut espérer de l'expliquer
que partiellement.
Elle débute par un nouveau quiproquo franco-breton; car le
vers
Chetu vng gasec que jous bien
expliqué par M. Loth (avec les trois premiers mots bretons)
« voilà une jument que j'ai bien entendue », sont évidemment
une variante à demi bretonisée du vers étudié plus haut, § 30,
Sont-il ung asne que j'os braire?
Le second vers,
Je you peurs trcu maria
est également expliqué par M. Loth comme hybride : « J'ai
eu peur, madame Marie » (itron Maria). Nous avons déjà vu
plusieurs fois cette exclamation (§ 24, 32).
Le quatrième vers,
En bado me chanse cropen
me paraît être pour
En badou mechancc e clopen
« son cerveau est dérangé sans doute (ou par malheur) ».
Nous avons vu encore 0 pour ou, § 24, 26. Cette correction
détruit ici une rime intérieure, mais on a constaté, § 31,
qu'il n'y a pas à s'en préoccuper.
Les vers 5 et 6,
Q.uemeredol a huy enten
Laquet damez vng men eodic,
sont traduits par M. Loth « prenez tous, comprenez-vous. —
J'en ai mis un dans ma pochette ». Ceci suppose à la fin de
la seconde ligne la correction cm codic, qui est. en ejffet excel-
lente.
Au heu de vng, on attendrait plutôt vnan; mais l'emploi de
l'adjectif wî au lieu du pronom se montre dans un passage des
Sur quelques Textes franco-bretons. 199
NoveîouÇ'y'y^'), ct il existe de nos jours dans certaines localités,
par exemple à Pédernec; cf. eun, Soniou Brei^-I^el, II, 86.
De la forme orale qiiemeredol pour quemeret ol, M. Loth
conclut que « ce passage a dû être écrit par un Français sous
la dictée d'un Breton » ; il eût pu ajouter que laquet dame^
pour laquet mneux, et enten pour entent, autoriseraient la même
explication. Toutefois, il n'est pas exact de dire qu'« on a tou-
jours écrit quemeret oll » : le vers 513 de Sainte Nonne porte ed
oll, allez tous. De plus, c'est au poète, et non à son copiste,
qu'il faut attribuer la rime de cropen avec enten(t), cf. tréc. pe-
gemen, combien, d'où le haut-bret. péguémenne, argent, = moy.
bret. peguement, Rev. Celt., V, 223.
On peut donc penser aussi que l'auteur breton du pas-
sage, le composant ou le traduisant pour des acteurs français,
s'est ingénié à écrire d'une façon conforme à la pronon-
ciation. En ce cas, il n'aurait pas toujours réussi: la mutation,
observée ^^r\s vng gasec, ne l'est point dans e cropen.
Au vers qui suit, dehret doit bien être « mangez « (ou
« mangé ») ; peut-être faut-il comprendre dehret hu « mangez,
vous ». Je ne crois pas que tu et puisse être pour cuet, ca-
chez, ni surtout que lamadic veuille dire « promptement ».
Ce mot, autant que je puis le savoir, n'existe pas; nous avons
plutôt ici madic « bonbon », ou « assez bon ».
Enfin le dernier vers,
Ne sont-il ja vng beau p ho py
doit être du français parlé par un Breton ; cf. « sont-il ung
asne », etc.
34. Cette scène où maistre Pathelin accable le drapier de
son érudition polyglotte en rappelle naturellement une autre,
qu'elle a peut-être inspirée ; c'est le chapitre IX du Pantagruel,
où Panurge s'annonce comme un si beau parleur de langues
inconnues à ses auditeurs. On s'attend à trouver du breton
dans cette avalanche de spécimens linguistiques, et on en a
en effet signalé. Malheureusement cette opinion ne peut tenir
devant un sérieux examen. Il faut reconnaître que Rabelais a
perdu la une belle occasion de nous transmettre un rensei-
gnement intéressant.
200 E. Ernault.
35. Les phrases que M. Loth a publiées sous ce titre : « Un
logogriphe breton-français de la fin du xv!*" siècle », Annales
de Bretagne, III, 251, 252, mettent en scène, selon lui « un
maître sachant très peu le breton, employant certains mots de
la façon la plus impropre, affublant les autres de terminaisons
fantaisistes, et un valet ne sachant que quelques mots de
français ». Sur l'addition de terminaisons arbitraires, cf. Rev.
CelL, XIV, 290.
Celui qui a écrit le « logogriphe » savait le breton, et la
manière de l'orthographier ; il n'a pas observé les mutations :
a gallec, de français, ma penn(es), ma tête, ma quein(es) , mon
dos.
M. Loth corrige or, sur, en oar ; je ne vois pas que ce soit
nécessaire. D'abord parce que la forme or se présente trois fois
dans le texte. Ensuite, parce que son existence est nettement
attestée par le P. Grégoire, pour le bas Léon, et par Le Go-
nidec, qui dit l'avoir entendue, sans préciser le dialecte. Enfin,
parce que des prononciations semblables se montrent en
moyen-breton, par exemple à^ns goarant qi garant, il garantit,
goascajf et goschajf, étreindre, coaxj'ell et co^rell, semelle, et
qu'elles subsistent encore aujourd'hui; cf. Rev. Celt., III, 53;
XI, 357.
Dans ma cousin, pour « ma cousine », il y a une faute de
même nature que forteun, etc., § 11.
En dehors des mots bretons dont il est farci, le langage du
valet contient encore un bretonisme, c'est la locution « a
petit en petit )•> =:z a muheud-ê-neubeud « petit-à-petit», Grég.,
littéralement « de peu en peu »; cf. moy. bret., axfx, en de^,
de jour en jour, abloe:(_ en bloe^, d'année en année ; mod. a be^
e pe:( (démonter, examiner une horloge) pièce à pièce. In-
troduction d'ar vuez^ dévot, Quimper, chez Y.-Y.-L. Derrien,
p. 429, etc.
(A suivre.)
E. Ernault.
DIALECTICA
i.
LA TERMINAISON BRETONNE -MP, -MB DANS LE
SYSTÈME VERBAL ET PRONOMINAL.
Le problème de la présence d'une labiale p, b après -m de la
première personne du pluriel dans le verbe, et du pronom suf-
fixe de la même personne dans la combinaison des prépositions
avec les pronoms (lavaromp, Javaremp, ganeomp'), en breton
armoricain, alors que rien de tel ne s'observe ni en gallois, ni
en comique, trouve sa solution, par voie d'analogie, dans
l'observation de £uts dialectaux contemporains.
Il ne s'est produit, à ma connaissance, que deux tentatives
d'explication de ce phénomène: l'une de M. Wmd'ischÇAbban-
dlungcn d. Kgl. Sachs. Gcs. d. Wiss., phil.-hist. KL, X, 488);
l'autre de M. Richard Schmidt (^Zur Keltischen Grammatik.
Inaugural-Dissertation, Strasbourg, Trûbncr, 1891, pp. 8-17).
En gallois, dans la terminaison -lun du présent et de l'impé-
ratif présent actuel, M. Windisch retrouve tn aspiré et voca-
lisé sous la forme zu -\- n, pronom personnel suffixe. Quant à
Vm dur de caroni, il aurait reparu sous l'influence du groupe
nasal -nt de caront, troisième personne du pluriel. En breton,
l'analogie serait allée plus loin : b. 0 -\- nasal -\- ténue de caront
aurait répondu le groupe aussi analogue que possible de 0 + na-
sale-labiale -\- ténue -omp. M. Richard Schmidt n'a pas eu de
peine à montrer l'invraisemblance de cette théorie. Si lu,
dit-il, c'est-à-dire ;;/ spirant et vocalisé, a été de nouveau ra-
202 J. Loth.
mené à m sous l'influence de Vu de -nt, pourquoi cette in-
fluence ne s'est-elle pas aussi manifestée à l'indicatif présent ?
Pourquoi à l'indicatif -lu -|- n, ailleurs -om? N'est-il pas plus
naturel, ajoute Schmidt avec raison, de supposer que l'échange
iu(n) et -m dans la première personne du pluriel est primitif
et représente la terminaison primaire et secondaire de ces per-
sonnes en brittonique ? De plus, n apparaît au pluriel dans
certaines prépositions avec pronoms suflîxes : yn, à nous, qui
répond au vieil-irl. di'inn.
M. Richard Schmidt voit tout simplement dans inp une évo-
lution phonétique de mm. Il cite à l'appui de sa thèse la forme
lanip, saut, à côté de lamm = irl. lëim = *lnginen : scîu int o
vont d'ann daou-lamp rw^, les voilà qui vont au grand galop
(aux deux sauts rouges, mot-à-mot, c'est-h-dne faisant jaillir le
feu de leurs deux paires de sabots) (Luzel, Revue Celt., I, r 12). Le
verbe lampat, sauter, existe dans beaucoup d'endroits en Bre-
tagne. M. Ernault voit dans lampat le verbe français lamper
usité dans le patois de Montbéliard, avec le sens de glisser,
tomber. Je crois ce rapprochement peu vraisemblable, mais il
est de nature néanmoins à affaiblir l'hypothèse dé M. Richard
Schmidt ou, au moins, à faire concevoir des doutes sur sa
justesse. M. Schmidt cite encore à l'appui de son opinion
comps, mot, à côté de comps, remps et rems. Il conclut en disant
que vraisemblablement m final, dans des conditions aujour-
d'hui difficiles à déterminer, mais assurément par suite d'une
union étroite avec le membre de phrase suivant, par exemple
quand ce membre commençait par s ou r, a développé après
lui une explosion labiale ^
Quoique appuyée par des exemples discutables, la thèse de
M. Richard Schmidt est fondée : la labiale, dans la terminaison
mp, est un fait de pure phonétique et ne doit nullement sa
n:.issance à l'analogie. Nous avons dans le dialecte de Vannes
un exemple récent de l'éclosion d'une labiale après m final
dans iikjmb emprunté au français tiu'uw (prononcé avec voyelle
I Schmidt signale dans un texte de ma Chrestomathie -oui- au lieu de
omp dans jv/rrt oukimon-ni. Ce n'est pas isole à Ouessant, on dit ac'liaiwn-
ni, de nous; à Faouët, genoimi, avec nous.
Dialectica. 203
brève, comme dans nicnie forme, même temps) : er memb ira, la
même chose ; er memb langaj, le même langage ; er memb le-
Xenneu, les mêmes lois, etc. {Vocabulaire nouveau, imprimé
chez Galles, à Vannes, en 1885); cf. quemer memb, prends
même (J'^ie de saint Alexis, composée en 1799, ap. J. Loth,
Chrest. bret., p. 357). C'est une forme assez récemment em-
pruntée au français ; la forme antérieure est mêmes, seule usitée
en bas-vannetais et dans les autres dialectes. On peut ajouter
à memb, quemb, différence (L'Armerye, au mot différence) : il
est clair que le b n'a ici rien d'étymologique et ne remonte
pas au b de *cambio-.
Comment expliquer phonétiquement cette éclosion de la
labiale après m final ? La labiale aurait-elle pris naissance dans
un groupe syntactique, par exemple entre w final + -^ ou r ini-
tiale ? Coinps et coms, peut-être kemret (qui remonte proba-
blement à comberét-, comme Schmidt en a fait la remarque),
semblent l'indiquer. Néanmoins, la générafisation de l'emploi
de -mp, -mb dans toute la Bretagne, comme de nombreuses re-
cherches m'en ont convaincu, remonte à une cause différente:
le développement de la labiale après m final et la formation du
groupe mp final est surtout dû à la même cause qui a transformé
nn irlandais en nd : ?nni ou voyelle brève -|- m final, nn ou
voyelle brève -f- ^^ final développent un son dissemblable mais
de même organe. Nous en avons vu un exemple frappant
dans memb. Le breton de Saint-Gilles -Pligeaux (Cornou ailles)
nous en offre des exemples pour n final. Au Heu de onn, je
suis, on prononce ont : clan ont, je suis malade ; en réponse à
une interrogation, comme save^^vous, on répond souvent ^ran,
je le fois (moyen-breton ^TtV^ .• à Saint-Gilles-Pligeaux, on dit
grant^. Le comique nous montre un dédoublement analogue
dans les formes modernes pedn, tête, pour penn; debm, à moi,
pour demm (Ja-e:{ dhebm, crois-moi, ap. Lhuyd, Archaeologia,
p. 242).
La question du dédoublement de ni, n final, se lie à celle de
la nature actuelle des consonnes finales en breton-armoricain.
I . Je tiens les formes écrites ont, ffrant de M. Guillaume Le Ny, natif
de Saint-Gilles-Pligeaux, élève à l'Institution Notre-Dame de Guingamp.
204 •^- ^oth.
Rien de plus varié que le système orthographique adopté par
les écrivains bretons en ce qui concerne les explosives finales.
L'un écrit tantôt d, 'antôt t, tantôt c, tantôt g, etc. L'autre
préfère la sourde ; un troisième, la sonore. Leur embarras se
conçoit d'ailleurs : la sat:{phonetic joue ici un rôle important,
et le caractère de la consonne finale peut être déterminé par la
nature du son initial suivant. Il est rare que l'écrivain se laisse
guider par son oreille. On peut cependant l'observer chez
quelques écrivains, notamment chez les Vannetais, surtout
ceux du siècle dernier. Ils écrivent généralement c la gutturale
finale, // la dentale finale sourde, p l'explosive sourde labiale,
telles qu'on les entend réellement dans la prononciation. Si
on fait abstraction de la sat^^plmietic, notamment de la position
de la consonne finale devant une voyelle initiale, ils obéissent
inconsciemment à une loi qu'on peut formuler ainsi : en breton
moderne, l'explosive finale est sourde, quand la voyelle précédente
est brève; V explosive finale est sonore, quand la voyelle précédente
est longue, le cas de satzpthonetic étant écarté : an aval nian a ^o
mâd, cette pomme-ci est bonne; eun den mât, un homme bon,
un bon homme ; ar bêd, le monde, den é bét (haut-vannetais
bett) ; coàt (cwât), bois, tâd, père, gwâd, sang (haut-vannet.
gouaitt, =: gwçtt, bas-vannet. givéd^^.
Dans les mêmes conditions où l'explosive finale est sourde,
il a dû se produire un effort analogue de la langue sur la na-
sale finale : supposons n tendant à la sourde, nous arrivons à
nt; m tend à mp : mp est, en effet, l'équivalent breton de l'm
gallois sourd, représenté dans l'écriture par mh (ce son, en gallois,
n'existe pas à la finale) : cf. v.-gall. cymher = comper, con-
fluent. Il est donc infiniment probable que c'est mp que nous
devons supposer à l'origine et non mb ; mb s'est développé
par sat^phonetik, notamment devant une voyelle.
En résumé, la labiale dans le groupe mp est due à un déve-
loppement spontané, à un dédoublement de la nasale finale.
On peut aussi admettre l'action de la consonne initiale sui-
vante, mettant m final dans un groupe où l'explosion d'une la-
biale devait se produire.
I. Cf. J. Loth, Les mois latins dans les langues brittoniqiies, pp. 77-80.
Dialecîica. 20 j
II.
LT, DR A OUESSANT.
Le groupe tr, dr après avoir évolué en :(r^ en moyen-breton,
est devenu partout aujourd'hui -er, -r : motrep, tante, mo^reh,
moèreb ; cadr , beau, ca-^j', caer;aradr, ara^}', arar, alar, arèr, etc.
Il est conservé à Ouessant (?nq Eussa; Eussaf ■= Uxisama).
Le breton d'Ouessant est du léonard, avec un certain nombre
de traits caractéristiques, parmi lesquels dr conservé ; ex. moé-
dreb, tante (gall. niodr-yb); ar edred, le cimetière, ^our arvedred,
ailleurs ar vèred ^ (gallois beddrod, peut-être pour bedrod, sous
l'influence de beddy Je ne sais si la conservation du groupe
est un fait général, ne l'ayant constaté que dans ces deux
mots. En effet, on a au singulier Jaër, voleur, au pluriel laë-
droun. Il semble que dr ne se maintient pas à la finale.
Lt est conservé dans guelt, herbe, ailleurs gèot, yèot, yôd,
gallois gzuellt. En revanche, il s'est vocalisé dans caoter, chau-
dron, = caldâria, aoter = alîàre, maout ■= mi'dto, pluriel
méot. En somme, /^ a à peu près disparu. Il en a été de même
à Quiberon pour dr. Au siècle dernier, Cillart de Kerampoul
{Dicîioiiii., p. vu) signalait encore compadre, comme propre à
cette localité. Aujourd'hui, c'est la forme générale qui a pré-
valu. On voit ici clairement l'action géographique des dialectes
les uns sur les autres. Il est très probable que livré à lui-
même, le breton d'Ouessant eût conservé lt, celui de Qui-
beron dr. L'action du breton environnant a eu raison peu à
peu des tendances phonétiques naturelles ; les formes particu-
lières à ces localités ont disparu une à une : c'est à peine si
quelques-unes émergent encore au milieu des ondes dialec-
tales qui les assaillent de tous côtés et finiront par les faire en-
tièrement disparaître.
I . Le z' initial disparaît; de même ar cleieii, les prêtres, pour er veleien;da
Rest, à Brest, pour da Vrest. Ces notes sur le breton d'Ouessant me vien-
nent du curé de l'île, par l'intermédiaire de M. l'abbé Steun, professeur de
rhétorique à Lesneven.
Revue Celtique, XVI. 15
2o6 J. Loth.
Ouessant a conservé ou rétabli ;( dans hugale^, enfants.
Comme mot curieux, on peut signaler: mis bian, le mois
petit, c'est-à-dire /^Vr/>r, amené peut-être par genveur, janvier,
où l'imagination populaire a cru trouver meur, grand ; bre-
micha, ce soir; emezeis, dit-on: Per ;(o clan, eme:(eis, Pierre
est malade, dit-on.
J. Loth.
(A suivre.)
RECENT CHANGES MADE IN SCOTCH GAELIC
The Scotch Celts generally wrote GaeHc according to the
Irish method imtil about the middle of the last centiiry. Ste-
wart acknowledges this in his Scotch GaeUc grammar. The
principal changes made in their language by the Scotch, may
be said to be he following : (i) In the article : changing an to
am in the nominative, accusative, and sometimes in the da-
tive, before masculine nouns beginning with labials, as wri-
ting am fear, the man, am buachaill, the boy, am peacadh, the
sin, am ministeir, the minister, instead of an fear, etc. ; —
changing the genitive plural na to nan before nouns begin-
ning with liquids, and with c, s and t, as writing nan lann,
of the swords, nan riogh, of the kings, nan ceann, of the
heads, nan sluagh, of the hosts, nan tarbh, of the hulls,
instead of na lann, etc. ; — changing the genitive plural
na, to nam before words beginning with labials, as writing
nam fear, of the men, nam mort, of the beeves, nam port,
of the fortresses, instead of na bhfear, etc. (2) In posses-
sive pronouns : changing the possessive pronoun a to an
before liquids, and before c, s, and t, as writing an righ, their
king, an ceann, their head, an sagart, their priest, an tarbh,
their bull, thèse by causing ambhibology of the worst kind,
and confounding the article with the possessive pronoun, a,
an, am. Those phrases hâve been for many hundreds of years
written by the Irish (and by the Scotch up to a century and
a half ago) a righ, a gceann, a sagart, a dtarbh ; changing the
same possessive pronoun a to am before labials. as writing
am fear, their man, am buachaill, their boy, am peacadh, their
sin, instead of a bhfear, a mbuachdill, a bheacadh, thèse by
again confounding the article and the pronoun, and creating
2o8 J.-O. Russell.
still more amphibology. (3) In relative pronouns ; changing a
into an, and not foUowing it with the letter with which the
n of an has naturally become assimilated, as writing « An
duine ag an d' fhuaradh an cupan », instead of « An duine
ag a bhfuaradh an cupan », the man with whom the cup was
found. (4) Abohshing ecUpsis, except the nasal eclipsis of b, d
and g by m and n, as in the phrases nam ban, nan giolla, nan
daoine ; but examples of pure consonantal eclipsis are to be
found in every printed book and manuscript, published or
written in Gaelic in Scotland down to a century and a half
ago. The Book of Dier is the most ancient Gaehc m. s.
known to hâve been written in Scotland, and it is also the
one in which the most ancient examples of consonantal
eclipsis are to be seen. In II four instances of eclipsis may be
seen in the phrases « ar a ginn », « iar n-ére na glérech »,
« dattdc na glérech »% « Achad na glérech ». It is évident
that the scribe who wTote the Gaelic charters in the Book
of Dier, was not a good Gaelic Scholar, for he left out the
initial c' s of the words cinn and clérech, but wrote the eclip-
sing g' s, showing clearly that he wrote the words as they
were pronounced in his time in Scotland, namely in the
twelfth century, or in the reign of David I, King of Scotland,
in whose reign the Gaelic charters of the Book of Dier
were written. Even in the almost unintellegible, attempted-
phonetic Gaelic poems written by the Dean of Lismore in
Scotland in the sixteenth century, and in the equally difficult
to be understood poems recently published in Reliquiae Cel-
tica, scores of instances of unmistakable eclipsis may be seen,
such as a clarre, oyd ni gJar is ni gloh, evidently intented for
« a chléirigh, oide na gcléir a's na gclog », but which Mr. J.
M" Laughlan has transliterated « A chleirich, oide nan cleir's
nan clog ». See Book of the Dean of Lismore, p. 4 Gaelic
Part. At page 20 of same book, we find the phrase fini ni
vane, evidently intended for « Finn na bhFéin », but which
is transhterated « Fionn nam Fein », by Mr. M' Laughlan. In
Reliquiae Celticae, in the part phonetically spelled, written late
I . To cntreat the clergy.
Récent Changes made in Scotch Gaelic. 209
in the seventeenth century a great many instances of eclipsis
can be found. To give them ail would take up too much
space, and one will be enough ; « da dugais cin », evidently
intented for dd d-tugais, or dà d-tugas cion, to whom thon
gavest, or I gave love. Even as late as 1754, Mr. Kirke got
an édition of the Irish Testament printed in the Roman
letter for the use of the Gaelic-speaking Scotch, and in an
explanatory note by him on the title page, we find the phrase
« brigh na Ccaibidileach os a ccionn ». The two c' s are, of
course, the same as gc. From the early and peculiar ins-
tances of the use of eclipsis to be found in the Book of Dier,
it would seem that it was used in speaking a long time before
it came to be marked in writing.
The changes recently made by the Scotch in the verbal
System in Gaelic are so many that they could not be fully
noted without taking up too much space. The letter/ has in
Scotch Gaelic, entirely disappeared from the future tense and
conditional mood of regular verbs ofwhat modem Irish gram-
marians call the first conjugation, The / was, however, re-
tained in the first Scotch Gaelic issue of the Testament,
printed in 1767. The synthetic forms of the présent tense,
and of ail moods and tenses except the first person singular of
the conditional mood, hâve been recently abandoned, although
nearly ail the synthetic forms of the verbs may be found in
the Scotch Gaelic Testament of 1767.
In most of the Scotch Gaelic books printed within the last
thirty years, ail, or almost ail, nouns are made to end in n
in ail cases of the plural, Such a change certainly tends to
simplify the language, but it is nothing more or less than
language-manufacture. If such changes are allowed to go on
f.xr another century. Scotch Gaelic shall hâve cessed to be
Gaelic. The changes made in the language of the first, as one
of the first, books ever printed in Scotch Gaelic, namely the
Testament of 1767, might be included under the four heads
that hâve been noted; but the changes made since then are so
numerous that it would be impossible to note thcm ail in a
short article like this. It will be enough to say that the lan-
guage of the last Scotch Gaelic Testament published, bearing
210
J.-O. Russell.
the date 1875, is in many ways so radically différent from
the language of the Scotch Gaelic Testament of 1767, that it
seems hard to beHeve that both books were intended to be
read by people of the same race speaking the same idiom.
The changes that hâve been recently made in the GaeUc of
Scotland do not seem to be warranted by the language of the
most ancient Irish or Scotch Gaehc manuscripts.
The following texts from the Irish Testament of 1602, and
from the Scotch Gaelic Testaments of 1767, 1807 and 1875,
will give some idea of the manner in which the varions édi-
tions of the Scotch Gaelic versions differ.
Irish Testament.
Scotch Gaehc Testament .
Irish Testament.
Scotch Gaehc Testament.
Irish Testament.
Matthew. III, 6.
1602. Ag admhâil a bpeacadh.
1767. Ag admhail am peacaidh.
1807. Ag admail am peacanna.
1875 . A -g admhail om peacanann.
Matthew, II, 18.
1602. NÎor bh'dil le solds do ghiacadh.
1767. Nior b'àil le sôlâs do ghiacadh.
1807. Che b'ail leatha sôlâs do ghiacadh.
Matthew, II, 21.
1 602 . Agus do ghabh se an leanabh agus tainic
Scotch Gaelic Testament. 1767. Agus ghabh se an leanabh agus thainig
se...
— 1807 . Agus ghabh e an leanabh agus thainice...
Irish Testament.
Scotch Gaelic Testament.
Matthew, II, 22.
1602. Do iompaid se go criochaibh na Galile.
1 767. D' iompaidh se go criochaibh na Galilée.
1807. Thiondaidh é gu criochaibh Ghalile.
1875 . Chaidh e a leth-taobh gu criochan Gha-
lile.
Matthew, III, 12.
Irish Testament. 1602. Loisgfidh se an chaidh le teinigh.
Scotch Gaelic Testament. 1767. Loisfidh se a' mail le teine.
— 1807. Loisgidh è am mail le teine.
Récent Changes made in Scotch Gaelic.
21 I
Irish Testament.
Scotch Gaelic Testament.
Irish Testament.
Scotch Gaelic Testament.
Irish Testament.
Scotch Gaelic Testament .
Irish Testament.
Scotch Gaelic Testament.
Matthew, IV, 4.
1602. Ni le h-arân amhâin...
1 767 . Ni le h-aran amhain. . .
1807. Cha 'n ann le h-aran a mhain...
Matthew, IX, i.
1602, Do chuaidh se tar uisge.
1767. Do chuaidh se thar uisge.
1807. Chaidh è thar an uisge.
Matthew, IX, 11.
1602. Geud fâ n-itheann bhur maighisdir...?
1767. Geud fa n-itheann bhur maighisdir...?
1807. Car son dh' itheas bhur maighstir...?
1875. C'ar-son atha ur maighistir a g-ithe...?
Matthew, XI, 23.
1602. Teilgfear sios go h-ifrionn thu.
1767. Tilgfear sios gu h-ifrinn thu.
— 1807. Tilgear sios gu h-ifrinn thu.
— 1875. Teid thu sios gu ruig iutharna.
Matthew, XV, 32.
Irish Testament. 1602. Atâ truaigh agam do'n t-sluagh.
Scotch Gaelic Testament. 1767. Ataim ag gabhail truais do'n t-sIuagh.
— 1807. Ataim a' gabhail truais do'n sluagh.
— 1875. Tha truas agam ris an t-sluagh.
II CORINTHIANS, XI, 21.
Irish Testament. 1602. Is a dtaobh easonôra a deirim so.
Scotch Gaelic Testament. 1767. Labhra[i]m thaobh easonoir.
— 1807. Labhra[i]m thaobh easurraim.
— 1875. Tha mi labhairt a reir es-onoir.
Révélations, XXII, 5.
Irish Testament 1602. Agus nf bh-fuil uireasbhuidh léchruin
orrtha
Scotch GaeUc Testament. 1767. Agus ni bhuil feum aca air coinnil.
— 1807. Agus cha n' eil feum aca air coinnil.
Dubhn.
J. O. RUSSELL.
ÉTUDES BRETONNES
IX.
SUR l'argot de la roche.
(Suite et fin'.)
35. Les résultats de ma dernière enquête sur l'argot de La
Roche, faite pendant les vacances de 1894, seront exposés
ici dans le même ordre que les faits précédemment recueillis
(cf. § 14).
36. Voici d'abord des acceptions et combinaisons nouvelles
de mots rochois.
Ahbrclhen viniq, petit-fils, bret. mnp hihan.
Anjes, mari ; dannve i hanjes, son futur mari, son fiancé.
Beogal, pleurer; miauler.
Bilhaos gourt, hilhaos ru (bonne monnaie, monnaie rouge),
or,
Bilhes, vilhes, sœur; vHIks viniq, petite-fille, bret. merc'h
vihan ; houtono bilh^et (boutons de femmes), épingles.
Boulijer dranm, pommes de terre, cf. Rev. Celt., XV, 357;
houlijer niiniq (petits boulets), la grêle.
Bruahtere^ ivater, poule d'eau, breton iar-doiir ; pod hruan-
ted (le gars aux œufs, le mangeur d'œufs), fouine, martre, be-
lette.
I. Voir Revue Celtique, XIV, 267; XV, 337.
Etudes bretonnes. 2 1 5
C'houé:{. Toul ar chouéx^ (le trou de la maison), la clef, cf.
la devinette n° 102, Rev. Celt., IV, 88; c'hoîte^ daou estach
(maison à deux étages), bissac.
C'houibes mihson (mauvaise vermine), la gale. J'ai en-
tendu une vieille femme de Saint-Gilles, près de Saint-Clet,
employer c'houibes au sens de « taons, mouches qui piquent »
(cf. Rev. Ceh., XV, 358).
C'houil ar c'haplahs (le travail du tailleur), du fil; c'houiler
palh (travailleur de paille), couvreur en chaume; c'bouiler rufan
(travailleur de feu), étameur ; 'ma c'houikrien rup hrachet (les
serviteurs du Seigneur, les anges crachent), il pleqt.
Dovergn miniq ou miniq an dovergn (petit cheval, ou petit
du cheval), poulain ; dovergn-rufan, pivert, littéralement
« cheval de bois, de forêt », cf. bret. ha^ek koad (jument du
bois).
Eltris. Dahnve eltris (matière de pain, ce qui deviendra du
pain), semence de froment.
Erlikin. Teat 'n erlihin (le théâtre de l'arlequin, de la cré-
pière), le trépied; cf. Rev. Celt., XV, 351.
Filhor. Éle vid filhor i baeron (des anges pour le filleul de
son parrain, pour le diable), corbeaux; cf. Bar:(a:{ Brei^, 440.
Gourd, sain, bien portant ; chou gourd, chou pommé ; gour-
dajen da grachet, ou da grachet minson (objet pour cracher dan-
gereusement), fusil ; gourdajen grefier, hibou, chat-huant, litt.
« chose (animal, oiseau)-chat », d'après le trécorois even-has,
Rev. Celt., IV, 153 ; gourdajeno, choses; gourdajenin, gourda-
jenein, faire, agir.
Grifohn c'houcT^ Doue (chien de la maison de Dieu), suisse,
cf. bret. chas-dè'-Dieu, Rev. Celt., VI, 411, VII, 2^1 ; grifon
water, loutre, bret. ki-dour.
Gwatnel, mère; ma givarnel c'hourd, ma femme.
Giuegan. Vreo^^ giuegan, miel, = koc'h-giuenan, qui se dit en
petit Tréguier par plaisanterie, cf. argot étron de mouche, cire,
F.Michel, L. Rigaud; lanteo:^gwega}i(hem'r:e d'abeilles), miel,
parce qu'il s'étend sur le pain, comme le beurre.
Huoniq an noter (le soleil de la nuit), la lune ; huon gzuilhoiq
(le soleil du petit Guillaume, du loup), id. ; cf. Rev. Celt.,
VII, 44-
214 E. Ernault.
Keyen, parents, avec un adjectif possessif: ho keyen, vos pa-
rents, comme en bret. ho tud, litt. « vos gens » ; cf. Rcv.
Celt., VI, 388.
Klaîik, bec (d'oiseau) ; duori i glank (ouvrir sa bouche),
bâiller ; eur pe^ klank ha na intent na sa na là, un imbécile qui
n'entend ni à dia ni à huhau ; cf. tréc. genôek, sot, de geno,
bouche. L'expression du petit Tréguier na sa na là, Rev. Celt.,
XV, 346, est formée de deux termes de charretier: sa, en
avant ! tout droit ! Le Gonidec, et alla, à droite ! à Lan-
goat, Rev. Celt., IV, 146 ; cf. le fr. çà et là ? Sa étant opposé
à M, a pu signifier « à gauche » ; de même au proverbe 980
de Sauvé, sa ! fait contraste avec dia ! à droite (cf. Rev. Celt.,
V, 159, 192). En français, dia veut dire « à gauche « ; mais
Pictet nous apprend que, dans une partie au moins de la
Suisse, il s'emploie au sens contraire, comme en breton (^Les
Origines indo-européennes, 2^ éd., III, 214). Le P. Grégoire
rend de même le franc, dia par dia, diha, deha. Il s'accorde
avec le dictionnaire vannetais de l'A. pour expHquer le fr.
hurhaut par « à gauche », mais ce dernier donne, à dia, le
breton diha, guiha, guéha comme un « terme de chartiers,
pour exciter au travail le bœuf qui est attaché à gauche ».
Le P. Grégoire donne, au mot cause, le proverbe alla tenna,
alla goiienna « telle cause, tel effet » ; il l'explique par ne aller
tenna nemed diouch ar voiienn, c'est-à-dire sans doute « on ne
peut agir que conformément à sa nature, à sa race »; cf.
l'autre dicton de même sens qu'il cite également, peptra a demi
d'e had ha d'e natur = « chaque chose tend à sa race et à sa
nature », et qui répond au cinquième proverbe du recueil de
Brizeux, n° 472 de Sauvé :
Ha droug ha mad
A denn d'he had.
Ces deux auteurs ont compris : « mal ou bien de sa semence
vient » ; c'est plutôt « tend vers son origine, agit dans le sens
de sa nature » ; cf. le Grand Mystère de Jésus, 94 :
Ha drouc ha mat, e pep statur,
A ten de hat a de natur
A pep croeadur natural.
Etudes bretonnes. 2 1 5
Le sens général de la phrase alla tcnna, alla goilenna est bien
celui que lui attribue Grégoire, mais l'explication proposée est
grammaticalement inadmissible. Alla n'a rien à faire avec
gallout, pouvoir, et doit être rapproché de alla, à droite, pro-
bablement avec une acception plus générale, « par là ». On
pourrait entendre : « tirer par là, (c'est le moyen de) toucher,
(d'atteindre) par là », cf. ténna da'r giienn, tirer au blanc, sqei
èr giienn, donner dans le blanc, Grég., si ceci ne supposait à la
première syllabe de goilenna une prononciation trécoroise,
démentie par la finale du même mot et de tenna : Grégoire au-
rait écrit en ce dialecte goiiennah et tennah. L'interorétation la
plus probable est, je crois « par là tirer, par là germer »,
c'est-à-dire « lorsqu'on tire par là, c'est qu'on est né comme
cela » ; ce qui revient à cette autre phrase, dioud e vouënn ê ra
« ce garçon chasse de race », Grég.
Kouer deu^ ë jour (paysan à la journée), journalier.
Krahh. C'houe\ ër granhet (maison, demeure des marins),
navire; chiminal ou dovergn c'Jwue:^ ër grahket (cheminée, ou
cheval de navire), mât.
Manuel. Gourdajen Manuel (objet, bête de Dieu), papillon,
à cause du bret. halavennicq-Douë, P. Grégoire de Rostrenen
(irl. dealhhan-dé, eunan-dé, etc.). Gourdajen Manuel est aussi
l'alouette, qu'on appelle encore 'n ini ha gaîïd Manuel, celle
qui va avec Dieu (au ciel) ; cf. ann eiin touer-Doue, l'oiseau
qui jure (le nom de) Dieu, à Saint-Mayeux, Rev. Celt., IV, 153 .
Miniq kubiq ko^^ (fils du diable), sorcier.
Mihson, mal portant.
Niqol. Pod niqol boubou (l'homme à la viande de bœuf), le
boucher.
Ouser terk (m.angeur de terre), crapaud ; cf. Rev. Celt.,
XV, 351. Voir vreo:{er terk, § 37.
Piere^en. Bernier piere:(eno (assembleur de pierres), ou avec
le synonyme breton bernier niein, maçon.
Poenser benben (voleur de pomme de terre), ou poeïiser ^.^ra-
sin (voleur de pomme), celui qui a un polype au visage. Voir
laer gwenan, § 42.
Raton. Giuamel ë raton, religieuse; miniq ë raton, enfant de
chœur.
2i6 E. Ernault.
Roleg gourd ;;ardin (gros marteau de tailleur), dé; rolcgo jar-
din (marteaux de tailleur), aiguilles.
Rufan. Gourdajcn rufan (chose à bois), arbre; rufan miniq
(petit bois), branche ; rufanian, brûler, éclairer ; rufaniet,
chaud.
Rupe:^^ vreo::^, dame; rupes en tiirgmr, truie; rupcs ar c'boele
(la dame du taureau), vache. Ceci rappelle l'expression iro-
nique « madame la génisse », La Fontaine, Fables, II, 4.
Skalpino vagot, shalpino rufan, ou hoto vagot (chaussures de
bois), sabots, comme en breton hoto-koat ; pod skalpmo
(l'homme aux chaussures), le cordonnier.
Skrap. C'houe:( ë skrap, lupanar.
Talcr. Bilhei;^ en talero, ou bilhe^ en talero gourd (la fille aux
repas, ou aux bons repas), cuisinière ; pod en talero gourd,
cuisinier.
Taouen daohnet, très pauvre; imitation de l'expression inten-
sive, usitée en petit Tréguier, paour du daohnet, litt. « pauvre
noir damné ».
Tariek ou taliek d'ousah (tabac à manger), chique ; t. de
choukah ba^^ ël hikan, t. à priser (petit trécorois choukah butun,
priser, cf. Rev. Celt., IV, 150).
Terk. Pod en terk (l'homme qui se sert d'argile à crépir),
maçon.
Tortour, lit.
Trafiqyohner, cordonnier.
Tulodi, tulodcin, parler; chanter ; écouter, entendre. Tulodi
minson, chanter faux ; gourdajen de dulodi (chose, organe pour
entendre), oreille; on dit aussi tulodo, les oreilles.
Tunik c'hourd, grand'messe ; en dunik miniq (la petite prière),
les vêpres. A propos de la correspondance des voyelles u et a
dans l'expression tuniq XP taniq, qui paraît d'origine rochoise,
j'ai cité, Rev. Celt., XV, 346, le moy. bret. na cuffnacar, ni
ami ni parent. Le petit trécorois emploie une locution ana-
logue : na bu na bar (n'avoir) ni vie ni mouvement. Ce bu,
par lui-même inusité, a dû être extrait du mot bue, vie. La
même syllabe se présente dans le mot burlesque bisi-bu,
petit doigt, Grég., de bisik biÇJjan)} et dans le terme enfantin
bubu, feu, chose qui brûle, en petit Tréguier.
Etudes bretonnes. 217
Vilach. Ar vilach vras (la grande ville), Paris.
Voari. Voar 'hierexen d'ijes, jette-lui une pierre ; voari rufan,
faire du feu,
Water. Ar luater gourd (la grande eau), la mer.
Zardin. Ober i :^ardin (faire son couturier), coudre.
Zerasincd vid goad 'n ouc'h (pommes pour le sang du verrat,
fruits qui donnent le vin), raisin.
Zousilh ru, vin rouge; ^ousilb gwen, vin blanc; :(ousilh eg,
vinaigre (bret. gwin-eg^ ; ■:;pusUhaden dahnet, eau-de-vie.
Quelques expressions composées seront encore notées aux
paragraphes suivants, à propos de mots qui présentrnt d'autres
particularités.
37. — Les formes grammaticales, dérivés et composés, qui
suivent, ne donnent lieu à aucune difficulté.
Beoger, pi. ioi, veau, litt. beuglant, comme blèjer, hlchjer,
pi. ien, cf. Rev. Ceît., XIV, 272.
Bnianted, des œufs.
Gourdajenat, f., plein une chose : eur chourdajenat trotach,
une assiettée de soupe. On dit aussi machinad, mot qui n'est
peut-être pas spécial au rochois : eur machinad luater, pour eur
poul dour, un étang.
Grignen : eltris grigncn, pain d'orge.
Giuamek:{et, femmes; cf. Gloss. vioy.-hrel., v. goam, marron.
Hadtakr noter « second repas de nuit », réveillon, d'après
le breton hadhoahn.
Hadvariajet, remarié.
Jargîlhat, ventrée.
Kuloto, des culottes.
Lahperes (sauteuse), pie ; cf. Rcv. Celt., XIV, 274.
Lugner, fenêtre, cf. Rev. Celt., XIV, 274; XV, 362.
Milino (moulins) : më milino, mes dents.
Minikoc'h, plus petit; de viniqo, tes enflmts.
Minsonarden , femme laide, sans soins ; mihsonares, sotte,
terme de reproche.
Morisan, faire le paresseux.
Mudé:;p, hudéxp, des bouteilles. On dit de même hastroulh
et mastrotilh, une bonne, cf. Rcv. Celt., XV, 348.
Pelhcr, f. es, débauché.
21 8 E. Ernaulî.
Rufanien vitiiq , allumette.
Shraperes, femme débauchée.
Tafinegen, eau-de-vie.
Taouannet, pauvres.
Tariagi, taliagin, fumer; tariek ou talieh de dariagin, ou de
âaliagi, tabac à fumer.
Tuloder baz^ c'houe^ Doue (chanteur dans la maison de Dieu),
chantre.
Tuniho, lettres ; pod an tuniho (l'homme aux lettres), le
facteur.
Freo^er terk, taupe, quasi hacher douar ; voir ouser terk, § 36.
Il est remarquable que le proverbe breton 325 de Sauvé,
contre un avare, « il est de la race du crapaud, qui craint
qu'à manger la terre ne lui manque », se trouve avec substi-
tution de la taupe au crapaud, dans Noël du Fail, Contes et
discoMS d'Eutrapel rèivn^nmés par ... D. Jouaust, Paris, 1875,
t. I, p. 108 : « Le mesme capitaine ... estoit marié à une fort
honneste damoiselle, mais la plus avaricieuse et chiche qui
fust au pays, n'osant manger son saoul, de peur que la terre
ne lui deffaiUist, comme fait la taupe ». La taupe et le cra-
paud sont associés dans d'autres traditions rapportées par
M. E. Rolland, Faune populaire, III, 56.
Zardineres, lingère, couturière; ober i^ardineres, coudre.
Zousilherien, des ivrognes; :(ousiIberes, buveuse.
38. J'ai rencontré deux mots qui jettent quelque lumière
sur les origines de la diphtongue eo et du suffixe eo:(_ en rochois
(cf. Rev. tel t., XV, 342, 343, 357): _
vlanbeo^ih, jurer, dérivé du français flambeaux, cf. bret.
moy. flambeau, flamhcux, moderne flamhe:^enn, van. flambéu,
Grég., etc., voir i^ft;. Celt., VI, 389;
pihseo, queue ; saucisse ; pénis ; pihseo trafiqyohner, alêne de
cordonnier ; pihseo luater (queues dans l'eau), anguilles ; du
français pinceau.
On peut distinguer en rochois deux terminaisons eoT^. L'une
alterne avec -aos : bilheo^, bilhaos, argent, = * bilJeaux ; war ar
beo^, sur le pavé, =: bret. bdos, cour à fumier, Pelletier, Rev.
Celt., XIV, 278, cf. ce passage d'Habasque, Notions ... sur le
littoral ... des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc, t. I, p. 304: « Les
Etudes breWnnes. 2 1 9
fermes sont généralement couvertes en chaume. Un cloaque
infect, sous le nom de vaux, est en avant de la maison. C'est
une mare où l'on fait pourrir des ajoncs et des pailles, dont
on veut faire des engrais » .
L'autre terminaison -eo:(^, -eouz^, répond au français -oux,
-ouse, fréquent en argot, et peut-être influencé par l'autre suf-
fixe -ao:(^, -eo^.
La finale depiiiseo se retrouve dans quelques mots bretons:
moy. bret. bourreau, bourreu, bourreau, mod. bourreau, van.
borrév^, Grég., van. cureau, choriste, curreau, enfant de
chœur, l'A., plur. v. franc, cureaux. Archives de ■Bretagne,
Vn, 72, cf. Rev. Celt., III, 52, n. i; sur l'ancienne termi-
naison -eau, -iau en haut-breton, on peut voir Gœrlich, Fran-
Zpsische Studien, V, 359, 413.
Citons encore le breton potéo, potev, aiguière, podtéau, pot de
faïence, Grég., pôtéô, Le Gonidec, du franc, pot à eau. C'est
de ce composé que Le Brigant semble avoir extrait le mot ev,
eau ^, qu'il emploie dans sa traduction des premières lignes de
la Genèse, Détachemens de la langue primitive, Paris, 1787,
p. 22 :
Da ghêntan Doué à croiias an Evo, ag an Douar :
Ag an Douar évoa duidan ev, a bcû et.
« Au commencement, Dieu créa les Cieux et la Terre:
Et la Terre étoit couverte d'eau, et noiee ».
C'est la seule erreur de ce genre que je voie dans les trois
traductions bibliques de l'auteur qui me sont connues. J'ai
publié la plus étendue, Rev. Celt., XI, 180-182 ; voici la troi-
sième (i Cor., XIII, I, 2):
A pa gomsfén langach an oll dud, ag an élé, mar nambé ket ar
garante, na vén nemertével ar hoiievr a:(on, ag ar ^inibal à dint.
A mar ambé ar broféci, ag anavefen oll ar mistério, ag an oll
goût, ag ambé oll ar fé da allout diblassan ar ménéo a nàmbé két
ar garante, niann na non.
1 . Le pluriel boiiriarion, Me'lusine, VII, 131, doit provenir de quelque mé-
prise, pour bouriavion.
2. On trouve eve, eau, en haut-breton ancien et moderne; cf. E. Gœr-
lich, Fran^œstsche Studien, V, 345, 413.
2 20 E. Ernault.
« Et quand je parlerois le langage des Hommes et des An-
ges, si je n'avois pas la charité, je ne serois que comme un
airain sonnant, ou une cimbale retentissante.
Et quand j'aurois le don de prophétie, que je pénétrerois
tous les mystères, et toute la science ; et quand j'aurois toute
la foi capable de transporter les montagnes, si je n'avois pas
la charité, je ne suis rien » ^
La variante de prononciation dans moy. bret. haetes, mod.
hetès, heotès, botte, porrée, Gr., cf. Rev. Celt., XV, 357, re-
monte au commencement du xvii'^ siècle : bcautUs, bette, No-
mendator, 80. La diphtongue différente de boëtrahès, bette-
raves, Gr., est due à l'influence de boet, nourriture, cf. gall.
hwytatwys, pommes de terre, adaptation de l'anglais potatoes
d'après biuyta, manger. On dit en petit trécorois betrabes ;
l'A. donne baitéss, bettes, boiterahcenn, betterave, plur. boiterabe.
39. J'ai indiqué à tort, Rev. Celt., XV, 342, le suffixe -od
de iunodo, tidodein, comme propre à l'argot de La Roche. Il se
trouve en breton, par exemple dans les mots suivants :
mod. rustaud, rustaud, rustre, rustaudes, rustaude ; rust,
rustique; courtaud, pi. ed, garçon qui fait son apprentissage,
terme d'injure, Grég. (= « courtaud de boutique »), em-
prunts directs au français;
van. bêerrautt, courtaud, bêerraudeenn, courtaude, l'A., de
berre, court, l'A., par imitation du .français ;
van. gaguillautt, bègue, gaguillaudein, bégayer, grasseyer,
gaguillaudage, m., bégaiement, grasseyement, l'A., à Sarzeau
gadeliaud, bègue, gadeliaudein, bégayer, selon Chai, ins, du bret.
moy. gagoill, gagouill, bègue, mod. gagoïiilb, Grég.; van. mis-
taudic, poupin, de mistr, id., Chalons ms.
On échange parfois en argot les suffixes -aud et -ot : Jarot,
Monsieur, faraude, Madame, Mademoiselle, Le Vice puni, 108.
Le fait se produit aussi en français populaire (cf. Gaidoz, Mé-
lusine, VI, 49); le comte Jaubert donne, par exemple, pi-
cauder, picoter, riauder, rioter, ricaner 2. De môme en van./^;--
1 . Présent singulier offert aux savans interprètes de l'Europe.. . A Rennes,
chez N. Audran de Montenay, Libraire, p. 18, 12. Le permis d'imprimer
qui se trouve à la fin, p. 23, est daté du 7 juin 1783.
2. Glossaire du centre de la France, 2^ éd., 1864.
Etudes bretonnes. 22 1
laut k Sarz(eau) « franc, ouvert », (ém. farlauden « gagui »,
Châlons lus., = ïr. falot, ci. falotin, hret. faJotin, bouffon, ibid.
Çsdon Grcg.,farlaudeiiii « dondon » ne se dit guère en bonne
part); michodein, mûrir, l'A., michodein, Gr., répond au fr.
mijoter, dont il a quelquefois le sens : en dès... mijodet ar en tan
« (la soupe) qui s'est lentement consommée sur le feu », Re-
vue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou, novembre 1889, P- 39 1-
Le mot français est aussi employé dans le sens ordinaire du
vannetais : migeoter, mûrir sur la planche, niigeot, lieu où l'on
conserve les fruits, au Mans, Littré ; migeoter, mûrir sur la
paille, en parlant des nèfles, Ch. Ménière, Glossaire angevin'^.
Le bret. darevi a également les deux acceptions de « cuire »
et « mûrir ».
Le même échange semble avoir lieu encore dans un mot breton
d'ailleurs remarquable par la diversité de ses déformations :
haiJhebod, pi. ed, coquin, faquin, malotru, polisson, celui
qui est couvert de haillons, hailheboded, canaille, bailbebodês,
hailhebodenn, coquine, hailhebodaich, coquinerie, Gr. ;
hailhevod, pi. ed, polisson, Gr., hailkvaudd, faquin, gredin,
haillevautt, pi. -audctt, maraud, polisson, malotru, baillevau-
dage,m., gredinaille, gredinerie, maraudaille, l'A., van. hailh-
vaudecq, pi. -digucd, malotru, Gr. ;
aklepoted, gamins, jeunes étourdis, Fei:(_ ha Brei^ du
23 août 1873 ;
laqepod, van. laqoupod, estafier, lacqepaud, pi. et, van. lacqou-
paud, pi. ed, satellite, coupe-jarret, Gr., laqqepod, v. géant;
lakepod, pi. ed, mauvais sujet, polisson, bandit, Troude;
cailbebodenn, pi. ed, bergère, courtisane, Gr. ;
Galibod, nom d'un personnage paillard qu'il est question de
pendre, Soniou Breizrl^el, II, 120.
L'origine de hailhebod a dû être le vieux français halleboter,
grappiller, cf. rouchi alboder, faire le fainéant ; haut-breton hal-
boter, ramasser des raisins qui restent dans les ceps après la
vendange, Alcide Leroux-. Mais il a pu y avoir, pour plu-
1 . Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire, t. XXXVI (1881).
2. Bulletin arcJk'ologique de l'Association breloiuie, t. V, Saint-Brieuc, 1886.
L'auteur donne aussi halot, vagabond, homme sans aveu.
Revue Celtique, XVI. 16
22 2 E. Ernault.
sieurs formes, influence d'autres mots bretons : Iakes, laquais;
caillaren, souillon, coureuse, D. Le Pelletier.
D'autres transformations proviennent de ce que le mot a
été coupé en deux, peut-être par suite d'une étymologie popu-
laire d'après paut, garçon :
haiJhonn, pi. -ohncd, malotru, polisson, van. haiJhoncd, ca-
naille, hailhonnecq, pi, -nigued, malotru, Gr., ko^ c'haiUon,
vieux coquin, Son. Br. -!:(., II, 58, 60. Le P. Grégoire explique
aussi hailhon, fém. Ijailhontiès, par « couvert de haillons »; il
est naturel de comparer ce mot français; pourtant Troude
donne aussi kailkn, m., vaurien, canaille, en cornouaillais.
La seconde partie paraît seule, au contraire, dans le cor-
nouaillais ihot, ubot, hubot, canaille, gueux, uhota, etc., agir et
vivre en gueux, Pel.; cf. Gloss. moy.-bret., v. bubot.
M. Gaidoz a signalé aussi, Méhisine, VI, 49, Rev. Cclt., V,
476, 477, la confusion en français des terminaisons -ot et -0.
Le même fait se produit parfois en breton : chcminod c che-
minod » (employé au chemin de fer), Luzel, Bepred Brei:^ad,
36, 38, plur. cheminoëd, 44.
Un autre échange de suffixes plus divergents se remarque
entre le vannetais niignan, chaudronnier, l'A., et mignaud,
chiffonnier, Gïoss. de Jaubert. Inversement, c'est le vannetais
qui a -aud et le français -an, -ant, dans averlaud, garçon, à
Surzur près Sarzeau^, cf. averlant, ami de bouteille, comipa-
gnon de taverne, J. Leroux, Diciionnairc comique ; « mes bons
averlans », Rabelais; averlan, avcriant, débauché, bon com-
pagnon, La Curne de Sainte-Palaye ; haut-breton abreland,
prétendant, Alcide Leroux.
Cette terminaison est, comme on voit, assez commune en
breton dans des termes de mépris ; cf. encore pichot, homme
minutieux, niais, et aussi nonchalant, sans vigueur, en petit
Tréguier, Rev. Celt., IV, 164, = provençal pichoi, petit, un
pichot, un petit homme, un pleutre, un lâche. Mistral.
Plusieurs de ces mots sentent l'argot : jalot, chaudronnier,
gredin, Rev. Celt., XV, 349, jaJodage, gredinaille, gredinerie,
maraudaille, VA., jalodés i( guenippe » Chai, nis ; d. jaJgaudétt,
I. De l'urgence d"unc exploration philologique en Bretagne, p. 11.
Eludes bretonnes. 223
effrontées, l'A., v. débraiUcr ; tréc. pâlot, van. palaut, cam-
pagnard, Rev. Celt., XIV, 288; loiiaud, pi. ed, coquin,
loilaudi, coquiner, badiner, loûaudaich, coquinerie, Gr., même
racine que louvêc, pi. louviguétt, fat, l'A. ; louïdicq, coquin,
Gr., moy. bret. louuidic, fat, sot, Rev. Celt., XIV, 286, 287.
Il est possible que les premiers argotiers de La Roche aient été
appelés des * Tunaudet.
La terminaison -aud alterne avec -ad dans loiiaud, co-
quin, etc., Gr., louât, niais, P. Maunoir, loiiad, niais, badin,
loûadès, badine, loiiadi, niaiser, louadére:{, niaiserie, loûadere:(,
badinage, Gr. De même kermwad, Cornouaillais, pl'ir. kerne-
luis. Le Pel., hrnévad, pi. kermvaded, van. kernéiiad, pi. ker-
néiiis, Gr. (Jierneviad, Hingant, Grani. 14), a un synonyme
kernevaud, pi. ed, fém. kernevaudès, Gr., kernévod. Le Gon.,
kernevod, f. c:{, Moal. Cette particularité, inconnue aux autres
ethniques, a son pendant dans la forme leonnard, pi. ed « Leon-
nois », Gr., léonartt, pi. -ardétt « Leonois », l'A., léonard
« Léonnais ou Léonard », f. -e^, Gon. ^, à côté du régulier
léonad, pi. léonaded, léoni:^, f. Jéonadex^, Gon. Çéoniad, Hing.
14), dont l'ancienneté est assurée par le pluriel moyen-
breton leonis. A leur origine, ces nouvelles désignations expri-
maient sans doute une nuance de mépris (cf. QueUien, U argot
des Nomades, 44; Rev. Celt., VII, 46, XV, 352; Sauvé,
P'-ov., 943); on peut comparer clei:{yad et clei^ard, van.
cleyad et clcyard, gaucher, Gr., en regard du moy. -bret. clei^r
yat, gall. cleiddiad. Mais le choix de -aud semble avoir été
déterminé par une suggestion d'ordre phonétique : à lou-ad,
lou-od, kerneiu-ad, * kernciu-od, kcrnev-od, on peut comparer du-
ad, du noir de fumée, Gr., Gon. ; du-ot, blé charbonné, Gr.,
du-od, Gon. (gall. duad, cirage); du-an, blé noirci en dedans,
charbonné, Pel., Gon., petit trécorois du-on, cirage formé
avec la suie de la poêle, Rev. Celt., IV, 152 ; diho-annet, divo-
annct, germé, Gr., tréc. diw-onet, Rev. Celt., III, 52. La syl-
I . Je ne vois pas de preuve qu'on ait employé en armoricain la forme
hrei:{ard, breton, citée par exemple dans V Histoire de la Petite-Bretagne, par
Manet, Saint-Malo, 1834, t. I, p. 5, au lieu de brey:{ad, Gr., hrei\ad, hrei-
liad, Le Gon., Troude, hreiiiad, Rev. de Bret. et de Vendée, XXYUl{i8jd),
p. 389, p\.brey:(^is, breyiidy, Gr., brei^aded. Le Gon., moy. bret. Brei:{is.
224
E. Ernaiilt.
labe wo devient facilement o, cf. Rcv. Celf., VII, 315 ; il est
assez naturel d'admettre que c'est par l'intermédiaire de zoo
qu'on a passé de wah 0. Ce changement s'observe surtout en
vannetais. Cf. Rev. Celt., III, 53.
Le petit trécorois marc'hpôt, m., gaillarde, femme dé-
gourdie, robuste, capable, rappelle l'argot marpaut, maître,
homme, Le vice puni, 109, F. Michel, Méni. de la Soc. de
Ling., VII, 50, V. fr. marpaut, niarpaud, goinfre, fripon, vo-
leur, vaurien, fém. marpaude, Godefroy ; niarpaud en Dau-
phiné, fripon, vaurien, en Limousin gros lourdaud, Mistral,
en Vendômois chat mâle, matou, Martellière. L'addition du
son c'h peut être due à une étymologie populaire d'après
viarc'b, cheval, et pat, garçon ; cf. penn-pautr, garçonnière,
Grég., penn-haotr, Moal, de pcnn, tête; skil-paôtr, fille qui a
les manières hardies et libres d'un garçon, Pel., de skil- d'où
slùidrenc, à demi-aigre, aigret, Pel. (= gall. ysgil, recoin, de
cil, coin, comparez au breton gilgamm, boiteux, Gr., chilgainin,
bancal, Troude, gil gani, jambe torte, Chai, ms, le gall.
cilgam, oblique) ; ras-paotr, garçonnière, Troude, raspaotr,
Suppl. aux dict. bref.., Landerneau, 1872, de ras-, d'où ras-
paredi, cuire superficiellement, ibid. ; van. ur sah pautr', gar-
çonnière. Chai, ms., àe sah, sac. Ce dictionnaire rend encore
la même idée par ur uerh sod el urga:{ec, litt. « une fille folâtre
comme une jument »; cf. Rev. Celt., IX, no, m; Gloss.
moy.-bret., v. mouien.
40. — Mots bretons détournés de leur sens :
5a/'i (guignes), clous, Rcv. Celt., XV, 348; cf. ar bahi, les
guignes, Sauvé, Proverbes, 972.
Batimancbo (bateaux), gros sabots, Rev. Celt., XIV, 277;
cf. Sauvé, Prov., 864.
BeeJc, loup ; cri dont on eft'raie les enfants, en les menaçant
du loup, Quellien, L'argot des nomades, 29, cf. 41. Ce mot
rappelle beaucoup le vannetais beaical, bêler, beaiqual, beai-
quein, croasser, beaiquereah, bêlement, croassement, TA. ; ul
lay bihan é vaical, un petit veau qui beugle, Vocabul. nouv.,
Vannes, 1863, p. v. C'était peut-être, à l'origine, une imi-
tation du cri de frayeur d'un animal en présence du loup. Cf.
béé, onomatopée du cri de la chèvre, Gr., v. Pontscorf.
Etudes bretonnes. 225
Gaouiat (menteur), miroir.
letren, pi. 0 (guêtre), laboureur; on dit aussi ietren terk
(bret. labourer douar).
Kalch, m., sac; cf. Rev. Celt., XV, 356.
Kerch: rei kerc'h, battre, Rev. Celt., XIV, 280. Cf. « donner
de l'avoine, battre, rouer de coups. De la langue des charre-
tiers, l'expression est passée dans celle ... des gens sans
aveu »^ Fustier.
Koharden, f., pi. 0, coup ; en petit Tréguier nœud de ruban,
du français cocarde.
Koublet, bossu. Ce mot n'est connu en Tréguier' qu'au sens
de « joint, accouplé » ; l'acception rochoise doit dériver d'une
autre plus ancienne « replié »; cf. Rev. Celt., VII, 311;
Gloss. moy.-bret., v. coubl.
Luchah (luire), jurer; luc'hach (vernis, faux brillant, argot),
juron. Cf. tréc. luc'het (éclairs), blasphèmes; Rev. Celt., XV,
362, 363, et l'emploi de luiet, éclairs, dans des jurons, Rev.
Celt., V, 188.
Mixer (misère), pudendamuUeris; héjal i mixer, danser. On
dit encore komanan, laïuen.
Mous (mousse), aide-maçon, Rev. Celt., XV, 350. Le sens
de ce mot n'a aucun rapport avec la marine, dans cette
phrase : Eunn den divar ar mea^ ... her c'heiiieraxda vous pe da
vevcll bihan evit diouall he xenved, un homme de la campagne
le prit comme garçon, ou petit domestique pour garder les
brebis; Bue^ cir x^nt skrivet ... gant ann Aotrou Morvan ...
moulet evit ann eil guech . . . goude eunn evesa great . . . gant ann
Aotrou Nikolas ... Keniper, 1894, P- '^^^•
Pis (pois), coup de fusil, balle ; cf. boulijer dranin (boulets
d'une drachme), pois, Rev. Celt., XV, 357.
Piti-piti (cri pour appeler les poussins), poussins. Du fran-
çais/j^^//, cf. Rev. Celt., IV, 148.
Plohjer (plongeur), fouille-au-pot, petit marmiton. Cette
prononciation française ne se trouve guère écrite : le P. Grég.
donne pi uhger, van. plugeour. Mais on \\i plonjaden et plon-
chadcn, action de plonger, Collection Penguern, t. I, fol. 31,
cf. Méhtsine, III, 453.
Pobi = pelhad; pober, débauché, f. poberes. Le sens propre
2 26 E. Ernaidt.
de pobi « cuire », n'est plus connu en Tréguier, de sorte que
c'est bien là un archaïsme rochois. D. Le Pelletier et Le Go-
nidec donnent pibi, en remarquant qu'il est peu usité : cf. Rev.
Celt., III, 57, eiGloss. vioy.-bret., w. pihi.
Poméet (pommé), ivrogne; participe du verbe poméin, pom-
mer, usité en petit Tréguier (cf. vanduih, au § 44).
Prosesionn (procession), vaches qui se suivent en courant.
SpagnoJes (espagnole), vache qui n'a pas de cornes ; viaoul
Spagn, ou spagnol, brebis sans cornes.
Spohtus (terrible), roitelet.
Tolen, f,, pi. to/m/gr (tableau), carte; gourdajenin gant toli-
nier, ou gant harto, jouer aux cartes. Esplikasion toliuier (ex-
plication de tableaux), crêpes. Ceci fait sans doute allusion aux
tableaux ou images allégoriques qu'on expose et qu'on ex-
plique dans des églises bretonnes, pendant les retraites et les
missions; cf. Sauvé, Rev. Celt., III, 246-248.
Ucher (huissier), fainéant.
Zegal (seigle), argile.
41. Les mots suivants donnent lieu à quelques observations.
C'houeéres, f., soufflet de cuisine, ne se dit plus en petit Tré-
guier; mais il répond au léonais c'huëxçrès, Gr,, c'hoe:{eurez^,
Supplément aux dict. bret., Landerneau, 1872, p. 57, cf. 103 ;
van. huëhercs, Gr., huéheréss, l'A.
Gournij m., la Saint-Michel, par abréviation du tréc. gour-
mihel ; gourm ou am^er gourin s'emploie aussi pour « l'au-
tomne » : ker:( gourtn e 'n am^er chourtah da chouilan, litt.
« c'est pendant l'automne qu'est la meilleure saison (aux cou-
vreurs) pour travailler ». Cette préposition kei\, pendant, que je
n'ai jamais vue écrite, n'est pas un mot rochois ; on l'emploie
à Tréguier. Je crois qu'elle diffère de Â'm;(, (au) milieu, et
qu'elle est identique à kerx_, kers, jouissance, possession, profit,
gain, disposition, droit de disposer, Pel. Cet auteur cite le
mot d'après l'usage du bas Léon et de la Cornouaille, avec la
préposition en, qui se sous-entend parfaitement en trécorois.
Le P. Grégoire donne cm c'bcr^ ema et \a c'her:^ eo, c'est mon
bien, mon patrimoine ; Le Gonidec fait kers du féminin. Ker:;^,
kers, doit répondre à l'irlandais cert, le droit, adjectivement
droit, juste; gall. certb, évident, (vue) perçante, ardent, etc.,
Etudes bretonnes. 227
moy. bret. quer^^, certes, tout à fait, van. akerh, cf. lat.
cerf us.
Ce mot gourm n'est pas le seul nom breton de l'automne
qui manque à la liste donnée Rev. Cdt., XV, 392-394. On lit,
Colloque français et breton ou nouveau vocahulake, 9^ édition,
Brest, imprimerie F. Halégouet, p. 102 : « (Pourrais-tu me
dire pourquoi le temps est si mauvais chaque année ?) Dans
l'été vient l'hiver; au lieu du printemps nous avons l'au-
tomne... En hanv e teu ar goanv; e leac'h ann amxer-nevez^ ann
diskarr ». Diskarr est ici l'abréviation de diskar-am:^er, qui se
lit p. 62, cf. 17.
Une autre désignation de la même saison paraît se trouver,
sous une forme sans doute altérée, dans ce proverbe connu à
Saint-Clet, à Trévérec, etc. :
Pardon Jan Jili
Ges kastel goan d'an ti
« le pardon de Saint-Gilles amène l'automne dans la maison » ;
ou encore :
Gant pardon Jan Jili
'Haiïtre kastel goanv en ti
« avec le pardon de Saint-Gilles l'automne entre dans la mai-
son ». Le pardon de cette localité a lieu le 2 septembre, et
coïncide avec le commencement de l'automne, dans l'année
hturgique. On prétend qu'il fait toujours mauvais temps ce
jour-là. L'expression kastel goah ne s'emploie que dans ce
dicton. Aussi ne sait-on quelle idée précise lui attribuer; on
l'entend au sens général de « mauvaise saison, début de l'hiver » .
Quelques-uns veulent que kastel goan, Htt. « château d'hiver »,
s'appHque à de gros nuages noirs, figurant des châteaux dans
le ciel, kasteyo ba 'n oabl. Kastel a pu remplacer kestel, pris
pour son pluriel, mais ayant d'abord signifié « saison », =
van. kestel, chant, Livr cl lab., 8, 10, 12, etc., moy.-br, que-
tell, qucntel ; cf. pet. tréc. boustoulher et boutoulher , bouteiller,
sommelier.
Lala. Eur lala, un fainéant, cf. lela, bambin, TA., Sup.
Papllhono, neige, du bret. papilhoii, papillon, avec la termi-
2 28 E. Ernault.
naison de pluriel des choses inanimées, au lieu de papilhonet.
Cf. moy. bret. balauenn erch, flocon de neige, de balauenn,
papillon. La même assimilation se rencontre en provençal :
parpaiolo, flocon de neige, parpaioun de nèii, gros flocon de
neige, cf. mousco blanco (mouches blanches), flocons de neige,
Mistral. Inversement, Victor Hugo a dit : « A midi mille pa-
pillons blancs s'y réfugiaient, et c'était un spectacle divin de
voir là tourbillonner en flocons dans l'ombre cette neige vi-
vante de l'été » (Les Misérables, IV^ partie, Uvre III, m).
L'expression lui était sans doute suggérée par une réminiscence
de ces vers des Orientales (XXXIII, str. 2) :
' Il faut qu'avril jaloux brûle de ses gelées
Le beau pommier, trop fier de ses fleurs étoilées,
Neige odorante du printemps.
Voici un autre passage du poète où les deux idées sont en-
core associées :
En hiver, le ciel triste
Laisse tomber sur terre un linceul pâle et froid ;
Mais, quand avril revient, la fleur naît, le jour croît;
Alors la terre heureuse au ciel qui la protège
Rend en papillons blancs tous ses flocons de neige.
Torquemada, partie I, acte i, scène (.
Stripalho, tripes, bret. stripo, avec la finale de tripaiUc.
42. Expressions composées, sobriquets formés de mots
bretons :
Beh. Pûd i vek (le gars au bec), bécasse (en bret. kevelek est
masculin); bek mele7i (hec jaune), merle (cf. l'épithète caracté-
ristique ar vouak'h beh nielen, le merle au bec jaune, Revue de
Bret. et de Vendée, t. XIX, 1866, p. 458; de même en gallois,
Barxa^i Breix, 145)-
Bohbard. Eur wonbar war i Uthann (une bombarbe, instru-
ment de musique, sur son nez), (il a) un grand nez.
Denved bihcn (petits inoutons), nuages blancs, moutonneux.
Dihar. Potret 0 dibar nioaiin (les gars aux jambes minces),
crabes.
Kaset. KIoc'h ar c'hasetloaio (la cloche du coffre aux cuillers),
l'angélus du soir, qui fait prendre les cuillers pour le souper.
Etudes bretonnes. 229
Laer. Laer bleut (voleur de farine), meunier, cf. Sauvé,
Prov., 858. Laer gzuenan (voleur d'abeilles), homme chauve,
Rev. Celt., XV, 352, vient peut-être d'un jeu de mots sur le
bret. gzuenanenn « abeille » et « verrue » ; cf. poehser behben,
au § 36.
Logot du (souris noires), taupes; de là logoter (souricier),
taupier. Pod ël logot (l'homme aux souris), charcutier, parce
qu'on suppose qu'il met dans ses saucisses toutes sortes de
viandes.
Lost. Pod e lest hir (gars à la longue queue), rat, cf. Rev.
Celt., XV, 353 ; losto berr (queues courtes), des souris.
Lutanahd ar c'hernio (le lieutenant des cornes), taureau.
Marc'h gla^, la mer, Rev. Celt., XV, 353. Marc h glas veut
dire ordinairement « cheval gris », Grég., de même en gal-
lois march glas, caseg las. Dans cette dernière langue, caseg,
jument, signifie aussi brisant, grande vague. En mannois un
cheval gris s'appelle tgûevatm cabbyl glass , qui signifierait aussi
bien « cheval vert »; cf. l'intéressant ouvrage de M. Rhys,
The outlines of the Phonology of Manx Gaelic, Douglas, isle of
Man, 1894, p. 24.
Marc'hadour chufere (marchand d'hydromel) ou hoar (de
cire) ou mél (de miel), homme aux yeux chassieux.
Min aour (mine d'or), huîtres, à cause de leur prix.
Penn. La plaisanterie macabre sur les chauves, rapportée
Rev. Celt., XV, 353, se retrouve en van. : peenn carnéle,
chauve, l'A. Penn-bcu'^ est donné par le P. Grégoire, au sens
de l'argot français « tête de buis » : tête chauve.
Pesk heb doiir (poisson sans eau), celui qui est toujours em-
barrassé pour trouver ses outils, parce qu'il ne se soucie pas
de travailler.
Poultr. Pod pouV prévet (l'homme à la poudre contre les
vers), pharmacien.
Prenest. N'eus ined eur prenest zvar i gastel, ou / chato (il n'y
a qu'une fenêtre à son château), il est borgne. On dit dans le
même sens : N'all ket diorein i hrenecho pë ve didortet Huon, il
ne peut pas ouvrir ses fenêtres, quand le soleil est levé.
Ràbad 'bet (pas de rabais), boiteux ; à cause du dicton po-
pulaire en petit Tréguier: pemp ha pemp ra dek, rabad ebet, ra-
230 E. Ernaulî.
had ehet « cinq et cinq font dix, pas de rabais, pas de rabais »,
par lequel on raille les boiteux. Cf. Robert Caze, L'élève Gen-
drevin, Paris, 1884, P- 264: « Enfin la petite femme revint
suivie du tailleur boiteux affecté au service du vestiaire ...
Madame Vandière ... discuta avec le cinq et trois font huit du
vestiaire ». L. Rigaud donne i"/A-- et trois font neuf n boiteux »,
et y voit une « allusion à Tallure inégale des boiteux dont les
pas semblent marquer des nombres différents ». S'il en est
ainsi, le sel de la plaisanterie n'était plus compris de celui qui
l'a fait passer du français en breton.
Roue'n tagoset (le roi des trapus), petit homme. Tagos, en
petit Tréguier, = torgos, homme gros et court, nain, Pel.,
torrogoçx^, trapu, dim. -icq, Grég.
Zi:(alb. Pod i :^i^alh (le gars aux ciseaux, à la pince),
homard.
43 . Emplois spéciaux de divers noms propres :
I:^abel viniq (petite Isabelle, petit lièvre), lapin.
Jah sah ter (Jean sans terre), synon3^me de pesk hcb dour,
§42.
Kadas, une rosse ; un marchand de chevaux. Kadas, à Lan-
vollon Kadras, était le surnom d'un équarrisseur, Guillaume
Leguen, parce qu'il avait été employé aux travaux du cadastre.
Il est mort il y a peu d'années.
Keraïucl. 'N otro 'Gerawel (monsieur de la Ville-du-vent),
vent fort.
Lapolû. Ed e Lapolû de Galek (La Pollue est allé à Callac),
c'est aujourd'hui mercredi. Lapolû était le surnom d'un
homme noble, de Beauhardy ; le mercredi est jour de marché à
Callac.
Madékn (Madeleine), pluie ; cf. l'expression française
« pleurer comme une Madeleine » ? On dit aussi, dans le
même sens, ma pantin Madelen barbu « ma tante Madeleine
barbue » ; c'était le surnom d'un ancien Rochois.
Marteh (Martin), ours.
Melkus, celui qui n'a qu'une oreille. C'est le nom écrit en
moyen-breton Malchus (cf. l'évangile selon saint Jean, XVIII,
10). M. de La Villemarqué a ajouté au dictionnaire breton-
français de Le Gonidec le verbe malkusa, essoriller. Sur le
Etudes bretonnes. 2 3 1
changement d'^ en e sous l'influence d'un u suivant, on peut
voir Glûss. moy.-hret., v. ac'huhi, auv, dastum.
Pieriq paregxçihp, café avec eau-de-vie à discrétion, Rcv.
Celt., XV, 359. M. Fr. Gélard a eu l'obligeance de m'ap-
prendre que « Pierric par exemple « était un ouvrier ajusteur
employé par son père, et ainsi surnommé parce qu'il affec-
tionnait cette expression (of. Rev. Celt., VII, 39).
Pleuyel. Ed e chaouks de Bleuyel (la chaux est allée à Plou-
guiel, près de Tréguier), la chaux (ou l'argile) est en trop pe-
tite quantité.
Sultan (Sultan), lion.
'Vichèven, paresseux. Littéralement « (la) Micheau », sur-
nom d'un pauvre de Saint-Clet, qui l'avait hérité de sa
mère.
L'expression klevet i T^anta Maria, entendre son chapelet
d'injures, Rev. Celt., XV, 355, n'est pas spéciale au rochois;
on l'emploie à Trévérec, à Saint-Clet, etc.
L'altération de thériaque en taryek, tabac (Rev. Celt., XV,
344) a pu être amenée par l'influence du nom de lieu Tariec,
près de Tréglonou, dans le Finistère.
44.. — Les emprunts au français sont assez nombreux.
Bâ, des bas. — Bah, balai. — Bâton, m., bâton. — Belom,
grand (= « bel homme »).
Blah, blanc, pâle; cf. Rev. Celt.,XlV, 271.
Ble, du blé.
Boa, bois, îorèt ; gourdajen boa (chose, animal des bois), écu-
reuil. Voir jumah.
Boeteu, boiteux.
Bonbon, ognon ; trotach ë bonbon, soupe à l'ognon ; bonbon
gourt (bon ognon), ail; bonbon hir, porreau, du fr. bonbon.
Cf. bon-bon, m., bonbon, l'A.; maguet deus a vonbon, nourri
de bonbon, Meulidigtie:( qegin-gaër cure Sufit-Yan-ar-bis ... gant
... el Liab ... 7081 (Le Bail, 1807), p. 12.
Botah, été (« = beau temps »).
Bouinboum, chapeau (= « boumboum », onomatopée du
tambour).
Breton, le breton, la langue bretonne; tunikah breton, tulo-
dein breton, parler breton. Breton ne s'emploie en ce sens qu'en
232 E. Ernault.
vannetais; dans les autres dialectes le mot veut dire « un
Breton ». Yoir fr anse.
Cha ndcl, chandelle.
Chato, château. Yoir prenest, § 42.
Chemis, chemise. Le mot chemix^ est employé par plaisanterie
dans une chanson bretonne connue à La Roche, et citée par
M. Quellien, L'argot des nomades, 21. Cf. :{eini:^eîtenn , jupe de
dessous, Gwerxjou Brei^^-I^el, I, 450, etc.
Cher, cher. — Chô, chaud. — Dô, dos. — Dur, dur. —
Echel, échelle.
Eletrikeletrak, télégraphe électrique ; altération moqueuse de
ce dernier mot, d'après des locutions populaires telles que
« prendre ses cliques et ses claques ».
Epeng, épingles. — Epôl, épaule. — Fer, (er ; fer gourd (bon
fer), acier. Ce mot n'existe en trécorois que dans le composé
pofer, marmite (pot de fer), etc., voir G!oss. moy.-hret., v.
ren (cf. potéo, pot à eau, § 38), et les dérivés ferein, repasser
du linge, fèreres, repasseuse.
Fiev, fièvre.
For, ion; fors, force. Ce dernier mot existe en breton dans
quelques locutions, comme krial fors, haut-breton « crier
force » ; cf. Loth, Les mots latins dans les langues brittoniques ,
169.
Frah, (un) franc; franse, français; tunikan franse, parler
français. De là sans doute l'expression niohd da dunikah, aller
à l'école (cf. tuniko, § 37).
Froa, froid. — Glas, de la glace. — Grah, grand. — Hard,
hardes, vêtements.
Hô, haut; cf. haot, haut, hao-har, plein jusqu'au ras, dans le
dialecte de Batz (Loire-Liférieure).
Iver, hiver; rupet 'n iver (les messieurs, les richards de
l'hiver), fourmis ; cf. la formulette d'Audierne citée par
Sauvé, Rev. Celt., V, 175.
Juman, jument ; juman de boa, pivert, traduction littérale
en français du breton ka:;ek-koat.
Kanarden, f., canard.
Kloch, pi. 0, cloche (on dit aussi klocljo c'boinx Doue, cloches
de l'église).
Etudes bretonnes. 233
Kou, cou.
Kouchet kik, battre quelqu'un, Kev. Cclt., XV, 359. Cf. a
couchin douar, je tasserai la terre, Soniou Bràx^I^cl, II, 68.
Kour, court, adj,
Leh, du lin. — Loh, long. — Lour, lourd.
Luil, huile, ou luil salât (huile de salade), du fr. « l'huile »;
cf. bret. lodevi, eau-de-vie, Rev. Cclt., VII, 44, laudevi. Son.
Br.-I:(^., II, 38, etc.; voir Gloss. moy.-bret., v. lotrucc.
Maladi, maladie.
Mat7i^el, fiancée, avant le mariage, en bret. yeulc'h ; du fr.
vulgaire mam'xelle, mademoiselle.
Mardi, mardi. — Meg, maigre. — Meunie, meunier. —
Moiich, une mouche.
Moul, f., pi. c, un moule; tire-lignes.
Moulhet, mouillé. — Mule, mulet. ■ — ■ Nej, neige. — Noar,
noir, brun. — Oublian, oublier. — Papie, papier. — Pegn,
peigne. — Pd, pelle. — Peti, petit. — Peur, peur. — Poa,
des pois. — Poar, poire. — Poasoh, poisson, — Poavr,
poivre.
Poenver = nafles, du fr. « point vert ».
Port, m., porte.
Pui, puits.
Ra:(oar, rasoir (cf. raxpué'r, Gr., pet. trécorois ra:{our').
Ri, du riz. — Samdi, samedi. — Sàvan, savant.
Senlëndi, lundi (= « saint Lundi »).
Sixp, ciseaux. — Soaf, soif.
Solda, soldat; taouen solda, punaise.
Soulie, soulier; pod soulie, cordonnier.
Tan, temps (cf. botan).
Vahduih, vendre, dérivé du fr. vendu; cf. forbuet, fourbu,
parea, guérir, de parc, guéri, prêt (paré), Gr., etc.; voir
poDiéet au § 40.
Fer, vert.
Au lieu de bo~cu, Rev. Cclt., XV, 358, lisez bossu (cf. Gloss.
moy.-bret.^.
45. — Quant aux mots formés par contamination, je ne
puis ajouter que pékct, poissons, pour peskct d'après pekct, collé,
et kohneri, hirondelle, pour giueneri (prononciation du petit
234 E. Ernault.
Tréguier), d'après le nom propre Gonerî, Koncri, cf. Rev.
Cdt., XV, 354.
Le mot lahsogne dans mond de lahsogne (aller à Lansogné),
s'enivrer, a dû être traité comme un terme géographique à
cause de sa première syllabe lan ; d'ailleurs on dit aussi eul
lansogm, un homme ivre (cf. Rev. Celt., VII, 45, 250; XIV,
274). Ne serait-ce pas un mélange du radical de lancé et du
suffixe de ivrogne ? Ue final français devient souvent en breton
é, cf. Rev. Celt., VIII, 526 ; IX,^379.
Le mot ivrogne a donné dans le dialecte de Batz (presqu'île
du Croisic), ivrogn, id,, ivrognererh, ivrognerie; mais ailleurs
en vannetais ivraign, ivraignereah, Guerienneu... Guillome,
Vannes, 1857, p. 57, 58; yvraignour, ivraign-erah, Loth,
Chrestomathie bretonne, 335, 35e. Le même changement de
voyelle s'observe en bret. moy. : charoignn et charaing, cha-
rogne ; co:(^ gain raignet « vieille charogne usée », selon PeL,
qui voit dans rnignet le verbe ragna = « rogner », usité au
pays d'Audierne; mais c'est plutôt, je crois, le participe cor-
respondant au van. roigneih, devenir galeux, Gr., cf. moy.
bret. roingnenn, rogne. Inversement, le moy. bret. boing
« baing » =bayn, plur. baynnou, bainnou, Nomenclator, 319,
246; cf. an hoing « la hanche », Nom., 24, hoinch, pi. hoin-
chou, Gr. Le franc, moins, qui s'est habituellement "prononcé
mains pendant le xv^ et le xvi*" siècles (G. Paris, Chansons du
XV^ siècle, p. 123), est devenu mes en breton de Batz dans 0
mes ke, à moins que, et ailleurs dans l'expression na muy na
mas, na muy na nieas, ni plus ni moins, Gr.
46. — Je ne vois pas d'étymologie probable pour le mot
brebe, gaucher.
47. — Un nom vannetais de l'argot, omis Rev. Celt., XV,
363, est cranouage, m. « argot des mandians », l'A., Sup.; mot
cité, avec une autre acception, Rev. Celt., XIV, 284.
48. Examinons maintenant quelques formations bretonnes
qui peuvent s'éclaircir par l'argot.
La terminaison -orch, -ourch dans byorc'h, petite bière, sy-
nonyme de byericq, bèricq, diminutif de hyèr, bér, van. bir,
Gr., bèr, byer, Y\om. 314, bier. Doctrinal de 1628^ p. 189;
matourc'h, pi. ed « chambrière mesquine », cf. matesicq
Etudes bretonnes. 235
« chambrillon, petite servante », dim. de niâtes, Gr., mate'^,
matourch « chambrière, méchine » Nom, 320, semble tout
d'abord avoir remplacé les terminaisons -er, -e^, pour ex-
primer une nuance de mépris. Mais il est fort possible que
cette substitution ait eu pour première cause le désir d'altérer
la physionomie des mots ; cf. l'observation sur le suffixe -asse,
en argot et en français. Mémoires de la Société de Linguistique,
VII, 45. Quoique le suffixe -urco- ait existé en gaulois ^, il est
plus naturel de comparer ici les mots comme collorc pour
collo, cou, frontorc pour f route, front, dans l'argot italien de
Val Furva^, et boiiorgue, bon, en argot français.
Le mot tu^um, pesant, lourd (d'esprit), lourdaud, Pel., doit
venir de * tusini ou *tosiiii : cf. turumel, bosse de terre, butte,
à côté de torimella (et força'), se rouler à terre, Pel., van. tor-
rinicllat, se rouler, gambiller3, tauriniellat, taurecih, taureal
« se veautrer », Gr. ; voir Rev. Celt., IV, 466, 467 ; XIV, 320.
* Tus-ini, *to-siiii paraît avoir la même origine que l'espagnol
tocho, grossier, stupide ; son suffixe -ii)i se retrouve dans
l'argot toutime, tout, Delvau, Le Vice puni, 112, et le vieux
ïrançais grand isnie, grandiiiie, très grand, etc., calqué sur le lat.
grand issinius ; cf. la terminaison argotique -cme : duresme,
fromage. Le jargon de l'argot, durênie, id., L. Rig., fromage
blanc, Delvau, durénie, id.^ Virm., de dur (par antiphrase 4,
peur « fromage mou ») = ital. durissinio (fém. à Naples
durcssimd), espagnol durisimo, très dur.
49. Le nom de l'acier, en gallois dur, en breton dir, est
tiré du lat. dilrus par M. Loth, Les mots lat. dans les langues
1. Grammalica cettica, 2^ éd., 808.
2. Archivio gtottologico itdiano, III, 55.
3 . On lit corriucUat, gambiller, Châlons ms ; c'est une sorte de com-
promis entre torriuidlat et le mot différent corihcllat, chanceler (« n'est
bon que pour les choses matérielles »), bout ar goribet, être chancelant,
Chai. 111s., V. chancelier; cf. riboiil-diriboul « se dit d'un individu qui ne peut
rester en place », Troude, haut-bret. dèriboutcr, dégringoler?
4. Ces sortes de langue pratiquent volontiers l'esprit de contradiction
que Boileau se plaignait de trouver dans la rime :
Quand je veux dire blanc, la quinteuse dit noir.
Ainsi dans le « grec de Saint Gilles » (paroisse de Londres), un ramoneur
s'appelle lily-whitc, blanc comme un lis. Cf. plus haut sponlus, § 40, etc.
2 jô E. Ernault.
hrittoniques, 163 ; selon M. Stokes, Urkclfischer Sprachschat^,
151, ce serait le correspondant celtique du latin. Quoi qu'il en
soit, il est remarquable que les langues bretonnes se rencon-
trent ici avec divers argots : argot français dur, fer, four-
besque duroso, F. Michel. Un synonyme de dur est durin,
d'où, duriner, ferrer, Le jargon de l'argot, Delvau; c'est le pen-
dant àedoussin, plomb, doussiner, plomber. Le jargon de l'argot,
L. Rig., dérivés de doux.
Le mot pratisien est employé. Revue de Bretagne, de Vendée
et d'Anjou, août 1889, p. 123, au sens d'« artiste », tailleur
habile (dialecte de Tréguier); cf. Rev. Celt., XIV, 288.
M. duellien a publié. Chansons et Danses des Bretons, 181,
182, une chanson que lui a apprise un couvreur de La Roche-
Derrien; elle contient le mot rotoukiou, au sens de ini::^cr,
§ 40. On prononce rouqyouqyou à Pontrieux, etc. ; cf. roucoucou,
m. « lapin mort-né, dans l'argot des chiffonniers et de leurs
gargotiers », Delvau. Ce mot baroque pourrait appartenir à la
famille de rococo « démodé », riquiqui, eau-de-vie, L. Rig.,
mauvaise eau-de-vie; mesquin, petit, étroit, Virmaitre, cf.
Delvau ; le petit doigt, Jaubert, Supplément au Glossaire du
centre de la France, 1869, etc.; à Avranches, roitelet. Faune
pop., II, 290; à Nice, sorte de cri de joie. Mistral, v. requin-
quin; id. à Saint-Servan, Mélusine, I, 270.
E. Ernault.
MÉLANGES
I.
LE PRONOM ADVERBE SE, SEN EN BRETON.
Se, vannetais se, sen (an dén ^e, cet homme-là, se :(o giuîr,
cela est vrai), a été identifié avec l'irlandais sin, malgré la con-
servation de s initial, suivi de voyelle. A priori, cette identifi-
cation était plausible : on pouvait expliquer la conservation de
s par les combinaisons de la construction syntactique et le jeu
de l'analogie. Elle devient certaine si on consulte les dialectes
bretons. Se entre en construction, on peut même dire, est
soudé et fondu dans le mot wz-~J ou plus fréquemment a-::é
(ma-:^é), là. Or, dans nombre de localités, on a abé ou indif-
féremment a:^é, abé.
Dans le Léon, à Guiclan, Plougastel-Daoulas, Lannilis, on
emploie a:(é et ahé ou ac'bé.
A Penvenan, dans le Trégorrois, il en est de même.
A Ploneïs, prés Quimper, on dit a:(é et ahé.
Enfin, à Quiberon, sur la côte du Morbihan, on emploie /;/
après une voyelle au lieu de si (i = e fermé) : en din si, cet
homme, mais en dra hi, cette chose-là.
En revanche, il est vrai, on dit constamment asi, là.
Pour compléter cts remarques sur a'^é, j'ajouterai qu'on se
sert dans certaines communes de la Haute-Cornouailles,
comme Trégunc, de formes réduites: ass =■ asé (Trégunc) ;
ans, au Faouët, = bas-vannetais àn:(e, alixen (an nasale
voyelle française).
Revue Celtique, XVI. 17
2^8 Mélanges.
Se, comme l'a montré Thurneysen, a été usité en vieux-
gallois.
J. LOTH.
IL
LE BEULAN-PEULÂN DE ZIMMER.
Dans son Ncnnius plus ou moins Vindicatus, Zimmer croit
avoir établi que la récension de V Hisîoria Brittonum dontGilla
Coemgin s'est servi entre 1059 et 1072 pour sa version irlan-
daise, a été faite en Anglesey, vers 810. Le rédacteur nomme
par deux fois son maître Beulan. Dans les Neues archiv, XIX,
p. 667, Zimmer croit pouvoir corroborer son opinion de l'ori-
gine nord-galloise de la récension en question par le nom
même de Beulan. Voici son raisonnement dans toute sa lim-
pidité. Une vie de saint Cybi ^ qui a donné son nom à Caer-
Gyhi (Holyhead, en Anglesey) et autres lieux, mentionne
parmi les disciples du saint an personnage du nom de Peulan.
Ce Peulan est le patron de Llan-Beulan en Anglesey, mais
son culte paraît inconnu ailleurs. Ce Peulan, d'après des gé-
néalogies hagiographiques sans valeur historique sérieuse, au-
rait été fils de Paiilinus ou Pawl hen, maître de saint David
(v. Rees, Lives, p. 402, 405, etc.; cf. Liber Laiidav., éd.
Rhys, p. 99). Peulan n'étant connu qu'en Anglesey, où le
magister Beulan aurait-il été prendre son nom, si ce n'est à
Llan-Beulan ? dit Zimmer. Il doit y être né, ajoute-t-il, sans
se douter qu'il viole les lois les plus élémentaires du consonantisme
et du vocalisme çrallois. Si le mas;ister a tiré son nom de Llan-
Beulan, il est clair qu'il devait s'appeler Peulan. Supposez un
Gallois de Caer-Gybi voulant donner le nom du patron Cybi à
un de ses enfants : ira-t-il l'appeler Gybi ? Si la forme primitive
du nom, en revanche, eût été Beulan, on eût eu, comme l'a fait
I. W.-J. Rees, Lives of the Cainhro-british saints, p, 183. Cette vie est
tirée du ms. du British Mus., Cott. Vesp. A. XIV, manuscrit du xii^-
xiiie siècle. Notre savant directeur a donc eu tort de mettre en doute l'exis-
tence de Q'bi, Kepiits, sous sa forme latinisée. Cette vie, d'ailleurs, n'a pas
grande valeur et ne saurait être consultée qu'avec les plus grandes pré-
cautions.
Mélanges. 2^9
justement remarquer M. d'Arbois de Jubainville, LIan-Veulan,
qui s'écrirait aujourd'hui Llan-fciiJan. Autre point encore plus
important. Eu (prononcez e'f) moyen-gallois, a toujours pour
répondant, en vieux-gallois, ou (ou). C'est un des critérium
les plus connus pour distinguer le moyen-gallois du vieux-
gallois: v.-gall. 0«//^/r/;_, moy.-gall. Eudeyrn;v.-gû\. Mouric,
m.-gall. Meuryc, etc. Les terminaisons du pluriel moyen-gall.
en eu sont toutes en ou(y. G. Evans, Liber Landav., p. xix).
Si, au contraire, on a eu (au) en vieux-gallois, en moyen-
gallois on a eiu ou yw : v. gall. Teudubr, moy.-gall. Teiudwr,
v.-gi\\. pcteu, puits, gall.-mod. pydew. Ce sont les deux faits
les mieux connus de l'histoire du vocalisme gallois. Le nom
du magister étant Beulan en vieux-gallois, on devrait le re-
trouver aujourd'hui sous la forme Baulan : on aurait Llan-
fewlan. Quant à Peulan, la forme vieille-galloise de son nom
serait Poulan. Poulan est le dérivé gallois de Poul (Paulus).
Poul est bien connu (v. Lib. Land, p. 227; cf. Poulinus,
p. 99). On voit que le nom de Peulan, moyen-gallois, patron
de Llan-Beulan, ne peut aucunement être identifié avec celui
de Beulan, vieux-gallois. On est peiné d'avoir à réfuter de
pareilles billevesées.
J. LOTH.
BIBLIOGRAPHIE
The Outlines of the Phonology of Manx Gaelic, by John Rhys,
University Press, Oxford, 1894, gr. in-8, xiii-183 p.
Cet ouvrage forme la seconde partie du tome II d'un re-
cueil intitulé : The Booh of Coinmon Frayer in Maux Gaelic,
being translations made by bishop Phillips in 16 10 and by
the manx clergy in 1765 edited by A.-W. More M. A. as-
sisted by John Rhys M. A., L. L. D. professor of Celtic in
the University of Oxford. Printed for the Manx Society at
the University-Press, Oxford. PhilHps, auteur de la plus an-
cienne des traductions réunies dans cet ouvrage, devint évêque
de Sodor et de Man en 1605 et mourut en 1633. L'unique
ms. que l'on connaisse de son œuvre est une copie écrite entre
1625 et 1630. C'est une traduction du Frayer book de 1604.
La publication de More est à deux colonnes: l'une contient
la traduction de l'évêque Phillips, l'autre la traduction nou-
velle pubhée en 1765, mais réimprimée ici d'après l'édition
corrigée qui a paru en 1842. Quand le texte anglais dont
l'évêque Phillips s'est servi a paru trop éloigné de celui qu'on
imprime aujourd'hui, M. More a donné en note ce vieux
texte anglais. Cette publication est aujourd'hui indispensable
aux érudits qui veulent étudier à fond le dialecte de Man. Elle
est en dépôt à la librairie Henry Froude, à Londres. Le prix
total des deux volumes est de 50 shillings.
L'ouvrage de M. Rhys est divisé en douze chapitres : I. Les
voyelles. IL Les voyelles nasales. III. Les semi-voyelles.
IV. Les aspirées. V. Remarques préHminaires sur les con-
sonnes. VI. Les labiales. Vil. Les dentales. VIII. Les guttu-
Bibliographie. 241
raies. IX. Les consonnes nasales. X. Les consonnes liquides.
XL Les sifflantes. XIL Dialecte et orthographe. C'est, comme
on le voit, une étude détaillée de la prononciation actuelle du
gaélique de l'île de Man. Les exemples donnés par M. Rh5's
proviennent du livre de prières de Phillips. La prononciation
a été recueillie par M. Rhys lui-même au cours de quelques
voyages qu'il a faits dans l'île de Man.
La critique d'un tel livre est difficile à faire ; quand on n'a
pas entendu et déterminé les sons étudiés, et qu'on ne peut
vérifier par soi-même l'exactitude des renseignements donnés,
on est réduit à juger la méthode de l'auteur et les alentours
du sujet traité.
M.. Rhys, p. I, nous déclare qu'il n'a pas essayé de déter-
miner exactement les nuances vocaliques et qu'il s'est contenté
déclasser les voyelles en longues et brèves, fermées et ouvertes.
Il y aurait beaucoup à dire sur cette classification ^ Mais, au
moins, faudrait-il s'entendre sur le sens des mots fermé (close)
et ouvert (open)-. M. Rhys nomme fermé (close), Va de l'anglais
bad, cab (p. 3). Or, pour la plupart des gens, la bouche est
plus ouverte pour prononcer ce son que pour prononcer Va de
ail, et l'on s'accorde généralement à regarder Va de bad
comme ouvert, Va de ail comme fermé. Ce qui est plus grave,
c'est que M. Rhys donne (p. 8) comme exemples de ^ fermé
long le français dès et près. Or, pour beaucoup d'oreilles, Ve
de dès est moyen ; Ve de près est ouvert ; en tout cas, aucun
des deux n'est fermé. Comme exemple d'o fermé long,
M. Rhys donne les mots français Claude et mode (p. 10). Or,
dans la prononciation de Paris, le premier 0 est fermé (Klçd), le
second ouvert (mçd). Comment sera-t-il possible au lecteur de
se reconnaître parmi ces données inexactes ou contradictoires ?
Il aurait été intéressant de comparer la prononciation d'un
dialecte irlandais à la prononciation du gaélique de Man. Mais
1 . Je me contente de renvoyer à la thèse de M. l'abbé Rousselot, Les
Modifications phonétiques du langage étudiées dans le patois d'une famille de
Cellefrouin (Revue des patois gallo-romans, t. IV, p. 96).
2. L'erreur dans laquelle est ici tombé le savant auteur est sans doute la
confusion de la fermeture ou de l'ouverture dissyllabes avec la fermeture ou
l'ouverture des voyelles.
242 Bibliographie.
les éléments nous manquent pour que cette comparaison soit
utile et exacte. M. Rhys a recueilli les mots de la bouche de
plusieurs personnes appartenant à des paroisses différentes. Il
se trouvait donc dans des conditions très défavorables pour
nous donner le relevé exact d'un dialecte. Quant à l'irlandais,
il figure entre parenthèses à côté du gaélique de Man, mais
tous deux sont transcrits dans leur orthographe historique, et
il est nécessaire pour comparer les sons de se reporter, d'une
part, aux notions de prononciation répandues dans le volume,
et d'autre part aux ouvrages qui traitent de la prononciation
actuelle de l'irlandais. On chercherait vainement dans le
livre de M. Rhys un tableau d'ensemble nous donnant la va-
leur phonétique des diverses graphies du gaélique de Man;
or, dans un Hvre de phonologie, un tel tableau est au moins
utile, car il permettrait, à défaut de transcriptions phonétiques
de tous les mots, de se livrer à d'intéressantes comparaisons
entre le manx et l'irlandais.
Le livre de M. Rhys ne laisse pas de contenir d'intéressants
renseignements, en particulier sur les voyelles nasales,
p. 30-48. M. Khys remarque avec raison, p. 33, que l'irlan-
dais de Tuam connaît la nasahsation des voyelles. J'avais
constaté cette nasalisation dans la Revue Celtique, t. XIV,
p. 108, et je suis heureux de voir ma remarque confirmée
par le témoignage de M. Rhys.
Il importe aussi qu'on ne se méprenne pas sur la portée
des critiques qui précèdent. Il est fort difficile d'étudier avec
précision sur des graphies plus ou moins orthographiques,
vieilles d'un ou deux siècles, la prononciation exacte d'un dia-
lecte. M. John Rhys s'est acquitté de cette tâche ardue mieux
que personne. Mais nous serions heureux qu'il nous donnât
bientôt pour comparer au dialecte de Phillips et à celui de ses
continuateurs le relevé d'un de ces dialectes de l'île de Man
qu'il connaît si bien.
Regrettons en terminant que les recherches dans ce livre,
rendues difficiles par la disposition typographique, trop com-
pacte, n'y soient pas flicilitées par un index, ou au moins par
une table détaillée.
G. DOTTIN.
CHRONIQUE
SOMMAIRE: I. St. O'Grady, La Venuede Cûchulainn. — II. O'Donoghue, Brendaniana.
III. Guirlande formée d'un choix de compositions irlandaises. — - V. Epaves de la
tradition celtique, publiées sous la direction d'Archibald Campbell. — V. Le Livre
de l'anachorète édité par M. Morris Jones. — VI. Oscar Montelius, Les Temps pré-
historiques en Suède. — VII. Les Celto-Germains suivant M. Martin May. —
VIII. Emile Petitot, Origine et migrations des peuples. — IX. V. Hehn, Plantes
cultivées et animaux domestiques, 6" édition, par 0. Schrader et A. Engler. —
X. Lettre de M. Meusel. — XI. Mort de M. Luzel. — ■ XII. M. J. Rhys, principal
de Jésus Collège. — XIII. Nouvel ouvrage de Miss Margaret Stokes.
I.
Si j'en crois le seul traité de blazon que je possède, Irlande porte de
gueules (c'est-à dire émail rouge) à la harpe d'or. Cependant la couleur de
l'Irlande est le vert, c'est pour cela probablement que la Revue Celtique,
depuis sa fondation, a toujours eu des couvertures vertes, et que les trois
premiers volumes dont je vais avoir à parler ont été à Dublin vêtus d'un
cartonnage de même couleur.
M. Standish O'Grady, le savant auteur de Silva Gadelica — livre à cou-
verture jaune et œuvre d'érudition, malgré les imperfections que M. Kuno
Meyer a signalées, .et destiné par conséquent à un nombre restreint de lec-
teurs — a voulu s'adresser au public plus nombreux pour lequel il avait déjà
écrit Finn and lus coiiipanions, The hog of stars, The story of Irelaiid : il vient
donc de publier, avec couverture verte, une oeuvre de vulgarisation : Th:
coniing of Cûchulainn, a romance of the heroic âge of Ireland ; c'est le morceau
dont le titre irlandais est Macgniinrada Conculainn « exploits de Cijchulainn
enfant », un épisode du Tdin bô Cûailnge. M. O'Grady a choisi pour base de
sa rédaction le texte du Livre de Leinster qu'il a arrangé suivant son goût
personnel, en l'agrémentant de développements pris soit dans son imagi-
nation, soit dans d'autres textes irlandais. C'est un livre qui n'a aucune pré-
tention scientifique. L'auteur, sur le revers du titre, imprime comine épi-
graphe un passage des Annales de Tigernach qu'il date du ix^" siècle (() th
centiirv) et qui sont du xi^ : or, ce passage prétendu est un amalgame de
trois textes différents : « Nativitas Concullain mrt('c Scanlain » édition d'O'Co-
nor, p. lo); « Genemain Concullain herois « (p. 12); « Mors Concullain
2 44 Chroni(^ue.
fortissimi herois Scotorum » (p. 14). Suivant M. St. O'Grady, Tigernach
aurait écrit : « Cuculainn, filius Sualtam, fortissimus héros Scotorum ». Soit.
Voici qui me semble plus sérieux.
La légende, connue de Tigernach, disait que ce héros était âgé de sept
ans quand il prit pour la première fois les armes : « Secht m-bliadna a aes i
n-ûair dogabh gaisced » (p. 14); c'est ce qu'on lit au Livre de Leinster,
p. 68, col. I, 1. 13-14: « Mac bec doringni na-gnîma-si» i-ci«d a-secht
« m-h\iadiia ar n-a-breith ». M. St. O'Grady traduit : « Cuculainwasseven-
teen years of âge when he did thèse feats », en d'autres termes, il rend sept
par dix-sept. Cet exemple peut donner une idée de la façon dont le savant
auteur procède quand il veut vulgariser son érudition.
Ma principale critique portera sur un point. Nous avons deux principaux
textes du Tain hô Cûailuge: l'un le meilleur et le plus court est celui que
nous a conservé le Lehar na hUidre, écrit vers 1 100; l'autre plus long, qui
sur divers points nous offre une amplification du premier par un chrétien
ennemi de la littérature payenne irlandaise, est le texte qu'on trouve dans
le Livre de Leinster postérieur d'un demi-siècle. C'est celui que M. St.
O'Grady a pris pour base de sa rédaction. Voici un exemple.
Les femmes de la cour du roi Conchobar, craignant la fureur de Cùchu-
lainn, recoururent, sur le conseil du monarque, au procédé qui, employé
par l'orateur Hypéride, sauva la vie à la belle Phryné accusée d'un crime
capital devant un tribunal athénien. On connaît le texte d'Athénée qui rap-
pelle cet artifice du célèbre avocat:
Ilspippi^Ça; TO'jç yjTtoviazouç yutjLvi Te -3. /^ziçjvoi. 7:oLr,aa; ' .
Prière de ne pas confondre cette nudité de la gorge en présence des juges
avec la nudité complète de la même Phryné quand elle se baigna dans la
mer devant tous les Grecs assemblés aux fêtes d'Eleusis et de Poséidon :
Tri 0£ twv 'EXjuaivL'fov r.txvriyùpti zaï Trj Ttôv IIoaEioovtcov èv o<\is\. xtov llav-
sXXtJvwv :ïavTwv à-oOîjjiEvri Oa'.jj.aT'.a zal Xûaa^a ta; y.d(j.a;, Èv£6«ivï xr;
OaXâTTT) 2.
C'est le premier de ces procédés que suivant le Lebar na-hUidre les
femmes de la cour du roi Conchobar employèrent pour calmer la fureur du
jeune héros Cuchulainn: donocbtat a bruinnii. Les Gauloises de Gergovie,
assiégées par César en l'an 52 avant J.-C, et croyant leur ville déjà prise,
recoururent à ce moyen comme une ressource suprême :
1 . Athcnèe, XIII, 59, édition donnée chez Teubner par A. Meineke, t. III,
p. 64, 1. 4-
2. Athénée, XIII, 59, t. III, p 64, 1. 15-1S.
3 . « Mnâ ernochta ar-a-chend », ar Couchahar . Tothéit iaruw ba;/trocht
n-E»/na ar-a-che/;d im Mugai» mnai Conchohair maie Nessa oais do«no-
chtata;H-bruiHnil7;riss. « It-éôiciHSO a)«dricfat fritÎHdiu, » orMugain. Foilgi-
seow a-gnûis. Lehar ua-hUidre, p. 63, col. 1, 1. 28-32.
Chronique. 245
Matres familiae de muro vestem argentumque jactabant et, pectore nudo
prominenks, passis manibus obtestabantur Romanos ut sibi parcerent 1 .
L'auteur de la rédaction qu'on lit dans le Livre de Leinster ne s'est pas
contenté du mouvement oratoire d'Hypéride, il nous transporte au bain
d'Eleusis, ou pis encore, faisant observer combien cette façon d'agir était
scandaleuse, scandiach ; elle fit baisser les yeux du héros:
lu ban-trocht da lecud immach do saigid m mac .i. tri coicait ban .i.
deich mnaa octis secht fichit di'scir dt'rglowmocht i« oenfecht uili ocus arn-
bantoesech rempo sca;/dlach do thôcbail a;/-nochta ocus an nâre dô. Tan-
catar i;Hmach iii ban-maccrad uile ocus tuargbatar a?i-nochta ocus a«-nâre
uile dô. Foilgid in mac a-gnûis forru ocus dobretha a-dreich fri-sin-carpa/ ar
na acced nochta no nàre na w-ban 2.
M. Zimmer, dans une revue juridique allemande, voulant apprendre aux
modernes émules d'Hypéride combien la cour de Conchobar était immorale
et avait perdu le plus élémentaire sentiment de la pudeur, cite ce passage et
le résume ainsi : Die Kônigin mit dem zuciblichen Hofstaat entgcgen mit ent-
hlôssteii Brilsten und hochgchohenen Rocken dass die Scham sichthar war 3. Cette
analyse est exacte, mais le passage dont les huit derniers mots de cette ana-
lyse nous donnent le sens général est une interpolation. Or, c'est le texte
interpolé que M. St. O'Grady reproduit avec divers développements de son
cru, p. 159, 160 de son livre. Cette façon de vulgariser la vieille littérature
irlandaise ne peut passer sans protestation.
Les compositions épiques des Irlandais payens sont des oeuvres d'une
moralité médiocre, mais on est injuste envers elles quand, ayant entre les
mains une rédaction authentique, on lui préfère une version altérée par un
ennemi, et quand ainsi on attribue au vieil auteur anonyme un tableau dont
l'impudique crudité aurait été de tout temps révoltante 4.
1. De hello Gallico, 1. VII, c. 47, § 5.
2. Livre de Leinster, p. 67, col. 2, 1. 36-43.
3. Zeilschrijt der Savigny Stiftung fiir Rechtsgeschichte, t. XV, 1894,
p. 239.
4 Outre le texte précité. M. Zimmer renvoie à un passage du Mesca
Ulad, publié par Hennessy, Todd Lectures Séries, t. I, partiel, p. 52 : Tiscaid
Riches a ctach di fiad Choinculainn, mais il s'agit ici d'une femme seule, d'une
vieille femme, nourrice du guerrier Crimthan que le héros Cûchulainn allait
tuer et dont elle voulait sauver la vie. Une pierre adroitement lancée dé-
barrassa de Riches Cûchulainn d'abord réduit à baisser les yeux pour éviter
de la voir. Chez Plutarque, De inulicruni virtutihus, 19. Béllérophon est
moins heureux et les femmes lyciennes le mettent en fuite par le procédé
qui coûta la vie à Riches : al yjvaîy.Eç, âvaa'jpa[i.£va'. xoùç y ixcoviaxouç, aTirjv-
■cr]aav aùtfo- T.i\iv oùv u;c' aicjyuvr]; àvay fopoû'vTO; 6:ï((J(o. A la vue de ces
femmes les flots eux-mêmes de la mer reculèrent épouvantés : -/.al tô •/.■j[jia
Xc'ysxa'. auv'JTToy copiera'.. Pour raconter cette anecdote mythologique, Plu-
tarque évite les expressions brutales dont s'est servi l'interpolateur du Tdin
hô Cûaihige et fait par là, ce nous semble, acte de bon goût. Sur l'acte des
246 Chronique.
IL
Brendaniana, 5t Breudan the Voyager in Story and Legend, par Denis
O'Donoghue, curé de la paroisse catholique d'Adfert, en Irlande, est,
comme le précédent ouvrage, un livre de vulgarisation.
Saint Brendan est le patron de l'église cathédrale d'Adfert, en ruines et
abandonnée depuis 1641, aujourd'hui propriété nationale et monument his-
torique. Après une description et une histoire de cet édifice viennent deux
morceaux. Le premier est la première moitié du sermon sur saint Brendan
contenu dans le célèbre Livre de Lismore et publié en 1890 par M. Whitley
Stokes, Anecdota oxoniensia, Lives of Saints froni the Book of Lismore,
p. 99-116, avec une traduction, p. 247-261. M. O'Donoghue donne le texte
irlandais et met en regard la traduction anglaise. A la suite il a placé la tra-
duction anglaise du texte latin de la Navigatio ou Peregrinaîio sancti Eren-
dani, document connu en France par : la publication de A. Jubinal, La lé-
gende latine de S. Brandaines, Paris, 1836; De Goeje, La Légende de saint
Brendan, Leyde, 1890; un article de M. César Boser, dans la Roinania,
t. XXn, 1893, p. 578-590; en Allemagne par: le livre du docteur Cari
Schrôder, 5. Brandan. Ein lateinischer itnd drei deiitsche Texte, Erlangen,
187 1; la thèse de Gustav Schirmer, Ziir Brendanus- Légende, présentée à
l'Université de Leipzig en 1888; deux articles de M. Zimmer, Zeitsclirift
fiïr deutsches Altertum, t. XXXlll, 1888, etc. ; en Irlande par le livre que le
cardinal Moran a intitulé Acta sancti Brendani, \%J2, « the most valuable
and the most accessible repertory we hâve of matters Brendanian » dit
M. O'Donoghue. J'avoue à ma honte ne pas connaître ce recueil dont
l'auteur aurait consulté pour la Navigatio un ms. du ix^ siècle conservé au
Vatican, tandis que Jubinal s'est contenté de mss. du xi* et du xii= que pos-
sède la Bibliothèque nationale de Paris, et M. Cari Schroeder de deux mss ,
l'un de Leipzig, xii<^ siècle, l'autre de Wolfenbuttel, xV siècle. Si la publi-
cation de M. O'Donoghue a quelque valeur, elle doit cette valeur aux notes
nombreuses dont les deux textes sont accompagnés et dont je ne suis guère
à même de contrôler le mérite. Sa préface est datée de la fête de saint
Brendan [16 mai] 1893.
III.
A la même année remonte un livre dont nous avons parlé dans notre
précédente livraison, p. 123, d'après la Scotlish Revieiu. il est intitulé: A
Garland o/Gaelic Sélections. BLiitbfhleasg de Mhilseâinibh na Gaoidhelge. C'est
un recueil de morceaux irlandais modernes. Les aventures de Turlough,
femmes lyciennes, au point de vuede la sorcellerie, voir un article deRapp
chez Roscher, Atisfilbrliches Lexicon der griechiscljcn tind rômischen Mytliologie,
t. I, col. 771, 1. 61-64. Mais au temps de Néron, ce geste magique avait
perdu sa puissance, témoin Agrippine: protendens utuiini: « Ventrein jeri »,
excîamavitj multisque vulnerihus confecta est (Tacite, An)iales, XIV, 8).
Chronique. 247
fils de Starn, et celles de ses trois fils, par Michel Comyn (auteur d'Oisin
dans la Terre des Jeunes) qui mourut à la fin du siècle dernier, les aven-
tures d'Eochaid Becc le rouge qui sont un peu plus anciennes, un poème en
l'honneur de William Smith O'Brien (Uilliam Gaibhnean O'Briain) le
grand agitateur irlandais mort en 1864, etc. Les textes irlandais ne sont pas
accompagnés de traductions.
IV.
A côté de ces volumes verts qui viennent d'Irlande, j'en trouve sur ma
table un autre qui est vêtu de gris jaune; il est édité par la librairie David
Nutt de Londres ; et il est écossais d'origine, c'est le t. V des IFaifs and
Strays of Cdtic Tradition « Epaves de la tradition celtique », publication
entreprise et dirigée par lord Archibald Campbell. Série du comté d'Argyll.
Ce volume contient un recueil de morceaux réunis par feu le Rév. John
Gregorson Campbell, pasteur de la paroisse de Tirée, une île comprise dans
les Hébrides méridionales, comté d'Argyll. En tête du volume est une in-
troduction écrite par le savant folkloriste M. Alfred Nutt; elle raconte la
vie et les travaux de John Gregorson Campbell. Viennent ensuite ceux de
ces travaux qui ont été considérés comme dignes d'être imprimés. Trois
d'entre eux sont des textes gaéliques recueillis par l'auteur et accompagnés
par lui de traductions : 1° Lochbuie et ses deux bergers, p. 32-41 ; 2° His-
toire de Mademoiselle Pin-Noir, fille du roi de Norvège ; on y apprend par
quel moyen elle fit sécher les bois de Loch Aber, p. 101-107; 30 Histoire
d'O'Neil où l'on voit comment il lui vint des cheveux sur la tête, p. 108-
113. Ce volume, très amusant à lire, se termine par un recueil de fables où
le rôle du renard n'est pas oublié.
Après l'Irlande et l'Ecosse, le pays de Galles. Dans la précédente livraison,
j'ai parlé beaucoup trop brièvement, p. 106, de la récente publication de
M. J. Morris Jones, avec le concours de M. J. Rhys, son maître : Anec-
dota Oxoniensia. The Elucidariwn and other Tracts inlVelsh froni'Li.yvYR agkyr
Llandewivrevi (Livre de l'anachorète de Llan-dewivrevi), A. D. 1346
(Jésus Collège, MS. 119). Jedois à l'obligeante confraternité de M. H. Zim-
mer le tirage à part du très savant article qu'il a consacré à ce volume dans
les Gôttingische gekhrte An:(eigen, n° i de 1895. Je ne puis me dispenser de
revenir sur le même sujet en utilisant à mon profit le travail de M. Zimmer,
mais sans me croire obligé d'en adopter toutes les conclusions.
Pour être compris des lecteurs de la Revue Celtique, il faut que je re-
vienne sur une publication dont M. G. Paris a déjà rendu compte ici
même, t. XIV, p. 338-341.
Le tome II des Sélections front the Hcugwrt Mss. preserved in the Peniarth
lihrary, commencé par le Rév. Robert Williams, chanoine de Saint-Asaph,
et terminé en 1892 par le Rév. G. Hartwell Jones, professeur de latin au
Collège de l'Université à Cardifl", contient, à partir de la page 189, un re-
cueil de morceaux religieux gallois. Ce volume n'ayant pas de table, quel-
248 Chronique.
ques personnes pourront trouver commode celle que nous avons dressée.
Nous laissons de côté les deux premiers textes publiés dans ce volume et
qui ne rentrent pas dans notre sujet, ce sont : « Les Gestes de Charle-
magne « et « Bovon d'Hanstone ». Nous plaçons un astérisque en tête du
numéro d'ordre des morceaux qui se trouvent également dans le livre de
MM. Morris Jones et J. Rhys.
PAGES OU COMMENCENT
TITRES DES MORCEAUX RELIGIEUX — — - ^ .^ -_
le texte la traduction les note s
10 Purgatoire de saint Patrice 1 189 566 747
2° Vie de la vierge Marie [et enfance du
Christ] ou évangile apocryphe de
saint Mathieu, Pscudo-Matthaei evan-
gdiiim^ 212 582 748
*3o Les sept péchés mortels 237 600 749
40 L'évangile de Nicodème ou plus exacte-
ment légende du bois de la croix de-
puis Adam jusqu'à Salomon 5. . . 243 604 749
50 La messe de la croix ou du vendredi
saint, récit de la Passion suivant saint
Mathieu et de la découverte de la
1. Aux indication bibliographiques données sur ce document par M. G.
Hartwell Jones, p. 747, on peut ajouter celle-ci ; la bibliothèque bleue im-
primée à Troyes, chez Garnier, comprend une Histoire de la vie et du pur-
gatoire de S. Patrice, archevêque et primat d'Hyhernie, mise en françois par le
R. P. François Bouillon, de l'ordre de S. François et bachelier en théo-
logie, nouvelle édition, revue et corrigée, sans date, in-i6, 191 pages.
L'approbation est datée de 1642, la permission du roi de 1735. Voir aussi
un article de M. Ga'idoz, Revue critique, 1869, premier trimestre, p. 254-256.
Une traduction en français du Purgatoire de saint Patrice a été signalée dans
un ms. du xiii'^ siècle. Bibliothèque nationale, Fr. 13496, fo 298, Rouiania,
VII, 163; bien d'autres ont été indiquées depuis par M. Paul Meyer dans le
même périodique, t. XVII (1888), p. 382. Sur la traduction anglaise, cf.
H. Paul, Gruudriss der germanischen Philologie, II, i, 633.
2. Tischendorf, Evatigelia apocrypha, 2" édition, p. 51-110, où se trouve
le texte latin. Une traduction en français par M. G. Brunet se trouve chez
Migne, Dictionnaire des Apocryphes, t. I, col. 1059-1088.
3 . Jean de Beleth, Rationak divlnoruni officioruni, cap. CLI, De e.xalta-
tione crucis, Migne, Patrologia latina, t. 202, col. 153 B. G. Jacques de
Voragine, Légende dorée, commence par le même récit le chapitre consacré
à l'Invention de la Sainte Croix, et il dit tirer ce récit de l'évangile de Ni-
codème. Comparez la rédaction abrégée que donne M. G. Brunet du
Voyage de Seth au Paradis terrestre, Migne, Dictionnaire des Apocryphes, t. I,
col. 387-390. Le travail fondamental sur ce sujet est celui de Wilhclm
Meyer (aus Speyer) : Die Geschichte des Kreu\hol:{es vor Christiis dans les
Ahandlungen der Kôn. Bayer. Akademie der IVissenschaJten, classe de phil.
et d'histoire, vol. XVI(Mùnchen, 1882), p. 103-166. Cf. Romania, XV, 326.
Chronique. 249
PAGES OU COMMENCENT
TITRES DES MORCEAUX RELIGIEUX ^ . ^^ ■ —
le texte la traduction les notes
croix de J.-C, par Hélène, mère de
Constantin 250 610 750
6° Histoire de Ponce-Pilate 267 620 751
70 Histoire de Judas 271 624 751
8° Signes précurseurs du jugement dernier. 274 627 751
90 Prophétie de la sage sibylle 276 628 752
* 10° Vision de l'apôtre Paul 284 635 752
* 11° Explication de l'oraison dominicale. . 291 639 753
* 120 Utilité d'entendre la messe 295 642 753
130 Utilité de voir le corps du Christ. . . 296 643 753
*■ 140 Annonciation de l'ange Gabriel à la
Vierge 296 643 753
* 150 Début de l'évangile de saint Jean. . . 297 644 753
160 Les sept sages de Rome 1 301 647 753
170 L'huile bénite 324 663 755
*i8o Le pays du prêtre Jean 327 665 755
* 190 L'empereur Adrien et Ipotis ou l'enfant
sage 335 670 756
* 20° Comment le Père, le Fils et l'Esprit saint
ne font qu'un Dieu ou le Credo de
saint Athanase 346 677 757
*2io Ehicidarium 349 679 757
*22o Nourriture de l'âme o;< Sainte vie. . . 430 730 759
La façon dont Robert Williams a établi son texte est peu clairement in-
diquée et les mss. Hengurt, autrement dit de la bibliothèque de Peniarth,
dont il s'est servi, sont tous plus récents que le « Livre de l'Anachorète »,
Llyvyr yr agkyr; quelques-uns même sont postérieurs de trois siècles. Cette
circonstance suffirait à elle seule pour motiver la publication par MM. Rhys
et Morris Jones de ce précieux ms. où sont contenus les onze morceaux
mentionnés dans la liste ci-dessus sous les numéros 3, 10, 11, 12, 14, 15,
18, 19, 20, 21, 22, plus trois autres morceaux qui font défaut aux Sélections
from Hengwrt mss., savoir : 1° le « Trépas de la Vierge » dont on n'avait
jusqu'ici publié aucune traduction galloise, 2° et 3° les vies galloises de saint
David et de saint Beuno, déjà éditées, l'une d'après le ms. Titus D.XXIL
de la Bibliothèque Cottonienne au Musée Britannique, l'autre d'après un
ms. du comte de Macclesfield, par Rees, Lives of Camhro-hritish Saints,
p. 102-116 et p. 13-21, avectraductions anglaises, p. 402-417 et p. 299-308.
1 . « Deux rédactions du roman des sept sages de Rome » ont été pu-
bliées par M. Gaston Paris en 1876 dans la collection éditée par la Société
des Anciens Textes Français. Voir aussi dans le Bulletin de la Société des
Anciens Textes Français, année 1894, no i, p. 38-43, une notice de
M. P. Meyer.
2^0. Chronique.
M. Morris Jones s'est attaché à reproduire aussi rigoureusement que pos-
sible le texte du ms., sans nous faire grâce d'une rature, d'une majuscule,
en notant d'une façon spéciale les mots douteux, etc., etc.
Voici la liste des pièces publiées par M. Morris Jones :
1° UEhicidarium attribué à Honorius d'Autun (no 21 delà liste précé-
dente). Au sujet de ce traité on peut consulter Karl Schorbach: Studien iïher
das deutsche Volksbuch Lucidarius, iiad seine Bearheitungen infremden Spracheii,
Strasbourg, Trùbner, 1894. M. Karl Schorbach n'a pas connu l'édition
du texte gallois donnée dans les Sélections Jroui Heng-wrt MSS. ; on peut le
constater aux pages 248-249. Il considère comme certaine l'attribution de
l'ouvrage latin à Honorius d'Autun et croit en avoir découvert la preuve dans
un passage de V Hexaemeron non cité jusqu'ici, croit-il, et dont il résulte que
VHexaenieron et VElucidariiun sont du même auteur; mais, comme M. Hau-
réau me le fait observer, rien ne prouve que VHexaenieron ait été composé
par Honorius d'Autun, et d'ailleurs le passage mis en vedette par M. K. Schor-
bach a été cité avant lui dans V Histoire littéraire, t. XII, p. 172. Du reste,
le travail de M. K. Schorbach peut être étudié avec fruit.
2° Le trépas de Marie, Transitas heatae Marine, dont la rédaction latine
réimprimée en appendice par M. Morris Jones, a déjà été publié en notre
siècle par Tischendorf, Apocalypses apocrypliae, 1866, p. 11 3-1 36, et plus
anciennement au xvi'; et au xviie siècle, notamment dans la Maxim a
Bibliotheca veterum patriim et antiquoriini scriptonnn ecclesiasticonim, édi-
tion de Lyon, 1677, t. II, pars 11, p. 212-216. Une traduction française du
texte latin se trouve dans V Encyclopédie théologique de Migne, Dictionnaire
des Apocryphes, t. II, 1858, col. 587-598. Il existe de ce document un ar-
rangement breton : Trenienvan an ytron guerches Maria publié en 1 879 par
M. de La Villemarqué, Poèmes bretons du Moyen- Age, p. 2-73, avec une tra-
duction française en regard et des observations critiques, p. 123-154. Le
titre gallois est Y-ntod aeth Meir y-nef « Comment Marie alla au ciel ».
3° « La sainte vie », Kyssegyrlan Uiiched édité avec le titre de « Nour-
riture de l'âme, » Ymborthyr enait, dans la liste précédemment citée no 22.
40 50 Vies de saint Dewi et de saint Beuno dont nous avons déjà parlé.
6° L'empereur Adrien et Ipotis ou L'Enfant sage, n° 19 de la liste précé-
dente. Pour la bibliographie, consulter Gôttingische gelehrte An:(eigui, 1895,
p. 55 et suiv., et Roniania, XXII, 88. Il existe un arrangement breton de ce
morceau : « L'enfant sage de trois ans. Questions que lui adressa l'empe-
reur Constantin et réponses qu'il lui fit ; traduction nouvelle en breton par
Me G. Duboishardy, prêtre. Quatrième édition augmentée et corrigée à
nouveau par A. Lédan. Morlaix, chezLédan, rue du Pavé. » Ar biiguel fur da
dri hloai- Ar goulennou a eure outan an impalaer Constantin hac ar responchou
a eure de\an, laqet e breionec a neve^gant noblha discret M^ G. Duboishardy,
beleg ; pêvarvet édition cresqet ha corriget a neve:^ gant A. Léd.^n. E Mont-
roulez e ty Lédan, ru ar Pave, in-i6, 31 pages.
70 Credo de saint Athanase, no 20 de la liste précédente.
8° Comment l'homme doit croire en Dieu, ou les sept péchés capitaux,
no 3 de la liste précédente.
chronique . 251
90 Explication de l'oraison dominicale d'après Hugues de Saint-Victor.
Le texte latin a été publié dans la PatroJogia Jatnia de Migne, t. 175, col, 774-
789. C'est le no 1 1 de la liste précédente.
10° Utilité d'entendre la messe, n° 12 de la liste précédente.
12° Vision de l'apôtre Paul, avec reproduction en appendix du texte latin
d'après le ms. deMerton Collège, no 15. M. H. Brandes a publié en 1885, à
Halle : Visio S Pauli. Ein Beitràge \ur Visionslitteratitr mit eineiii detitschen
und iwei latcinischen Texten. Une version anglaise a été éditée par M. Horst-
mann d'après le ms. Laud 108 {Archiv fur das Studium derneueren Sprachen,
t. LU, p. 33-38). Cf. Paul, Griindriss, t. II, i, p. 619, 638 ; Romania, VI, 11 ;
VII, 473 ; XX, 17; Karl Kraus, Deutsche Gedichte der i^ivôJJten lahrhunderts ,
p. 38-41, 187-197. C'est le no 10 de la liste précédente.
120 De l'observation du dimanche, fin de la Vision de l'apôtre Paul,
même no de la liste précédente.
130 Annonciation de l'Ange Gabriel à la Vierge Marie, traduction de
l'Evangile de saint Luc, I, 26-38, no 14 de la liste précédente.
140 Début de l'évangile de saint Jean, I, 1-14, no 15 de la liste précé-
dente.
150 La Trinité en un dieu, fin du no 15 de la liste précédente.
160 Le pays du Prêtre Jean, no 18 de la liste précédente. M. Morris
Jones a réimprimé le texte latin d'après une édition de l'année 1499 qu.
n'est pas indiquée par Brunet, Manuel du Libraire, t. III, col. 546 : Brunet,
en cet endroit, mentionne trois éditions qui paraissent du xv^ siècle, mais
qui sont sans date imprimée. Ceux qui veulent avoir une bonne biblio-
graphie du sujet doivent lire un article de M. P. Meyer, Notices et extraits
des viss., t. XXXIV, i^e partie, p. 228 et suivantes.
La publication de M. Morris Jones n'est pas une édition, c'est la repro-
duction d'un manuscrit, mais ce ms. ofi"re un texte sur bien des points su-
périeur à l'édition de WiUiams. Voici quelques exemples:
Williams Pt. V.
286,
3 mor^rj'nmon
(Le pi. moriuyuion est mo-
derne et mauvais)
286, 24 divar (mauvaise [lecture
pour diôeir)
286, 36 ddygyivydd
287, I giiawd
287, 23 pannyt (mauvaise lecture
pour pannyô)
290, 36 yny beriii, mauvaise lecture
pour
24 Sefyiit y seith hyiinv. gogoleit
153,
Llyfr yr Ancr.
17 morynyon
154, 3 di6eir
291,
294,
297,
23 amprydyazu
23 Ihuiyeu (« peintures »)
154,
12 dygwydho
154,
1 5 gnawt
155,
I pann y6
IS8,
28 yny 6erin
i47>
12 Sef ynt y seith hynny,
gogelent
150,
6 vnprydyaw
160,
4 llinyev (« lignes »)
U'
252
chronique.
Jf iliiams Pt. V.
Llyr yr Aner
298,
1 5 Uwyxcha, moderne et mau-
vais pour
160,
25 lewycha
298,
24 ddm hen ddyn (« deux vieux
161,
6 dev hendyn (« deux vieilles
hommes »)
personnes »)
298,
26 y vaneg
161,
8 yvenegi
299,
1 1 a aner 0 rat yr yspryt glan
161,
26 a enir orat yr yspryt glan
299>
23 yr holl roddeu (« tous les
162,
3 yr holl radeu (« toutes les
dons )))
grâces »)
(Le pi. de rhodd est rhod-
dion)
23^,
31 curyfedd, lisez
170,
15 enryfed
236,
26 Uewynhu
129,
3 a lewycha
Cette pièce chezWilliams
est pleine d'expressions mo-
• dernes. Cf. p. 358, i, enaid
pour eneit ; hendicodd |pour
hmdigawd, etc.
239, 12 na wneler rinyeu ar swyneii , 142,
nachyvarwydoii, nasuiyn-
neu. Le copiste n'a pas
compris le sens de ar-
sangheii .
239, 20 a warho 142,
239, 22 y triigared 142,
240, 5 da chaxxarnnhao dyn gwQlQt 143,
triuy dug.
« Il ne jurera pas qu'il
l'aurait vu »
240, 20 hoffder (« plaisir ») 143,
241, 21 medycynaetJni 145,
241, 24 aggiienn 145,
20 na wneler rinyev. nac ar-
sanghev, na chyfuarby-
donn. na swynev.
27 aéahardho
28 y drugared
1 5 na chadarnnhao dyn kelwyd
trwy twng
« Il ne confirmera point
un mensonge par un ser-
ment »
30 hofl:ed (« vanterie »)
I medyginaethu
4 anghenn
VI.
L'infatigable M. Salomon Reinach vient de publier la traduction d'un
ouvrage de M. Oscar Montelius, Les temps préhistoriques en Suède et dans tes
autres pays Scandinaves '. Voici les divisions de ce livre dont le savant tra-
ducteur a négligé de nous donner le tableau, pensant que son copieux et très
commode index alphabétique devait suffire.
I. Paris, Leroux, 1895, in-8, 552 pages, 427 figures intercalées dans le
texte, et vingt planches.
Chronique. 253
Age de la pierre jusau'AU xviie siècle avant J.-C. — P. 7-55,
PLANCHES I-VI.
Pierre taillée, p. 8, Période
I,
Planche I.
— —
2,
— II.
Pierre polie, p. 11, —
I,
— III.
— —
2,
— IV.
— —
3i
— V.
— —
4,
— VI.
II. Age du bronze de 1700 a 500 environ avant J.-C. — P. 54-139,
PLANCHES VII-XII.
Période i, 1700-1450, Planche VII.
— 2, 1450-1250, — VIII.
— 3, 1250-1050, — IX. <
— 4, 1050-850, — X.
— 5, 850-650, — XI.
— 6, 650-500, — XII.
III. Age du fer de l'an 500 environ avant J.-C. jusqu'à la seconde
moitié du onzième siècle après J.-C. — P. 140-313, planches
XIII-XX.
A. Premier âge du fer ou époque pré-romaine, de '^00 av. J.-C. à
l'ère chrétienne, p. 142-IS2, Planches XIII-XF.
Période i, 500-300 av. J.-C, Planche XIII.
— 2, 300-150 — — XIV.
— 3, 150- i — — XV.
B. Deuxième âge du fer ou époque de l'influence romaine, du commen-
cement de l'ère chrétienne au commencement du cinquième siècle après /.-
C.,p. IS2-IÇ6, Planches XVI, XVII.
Période 4, Premier et deuxième siècles de notre ère, planche XVI.
— 3, de l'an 200 à l'an 400 de notre ère, planche XVII.
C. Troisième âge du fer, du commencement du cinquième siècle au
commencement du neuvième, p. iç)G-22$, Planches XVIII et XIX.
Période 6, de l'an 400 à l'an 600 de notre ère, planche XVIII.
— 7, de l'an 600 à l'an 800 de notre ère, planche XIX.
D. Quatrième âge du fer, du commencement du neuvième siècle au mi-
lieu du onzième, époque des Vikings, p. 22^-pj.
Période 8, 800-850, planche XX.
Les Celtes n'ont jamais habité la Suède ni les autres pays Scandinaves,
l'Islande excepté. Mais il a existé un art septentrional qu'on peut appeler
celto-germanique qui s'oppose en Europe à l'art gréco-romain du raidi.
C'est un sujet d'étude fort intéressant, auquel le livre de M. Montelius offre
une importante contribution. Je ne hasarderai qu'une critique, les dates
précises qu'indique M. MonteUus me semblent un peu hardies.
Revue Celtique, XVI. 18
2 $4 Chronique.
VII.
La Société d'histoire et delà science de l'antiquité, Verein fur Geschichte
und Aîterihumskunde, a tenu à Francfort-sur-le-Main, le 24 juin dernier, une
assemblée où M. Martin May a fait une lecture sur la part des Celto-Ger-
raains dans la civilisation européenne pendant les temps antiques. Il débute
en opposant à la civilisation des Grecs et des Romains celle des Barbares,
c'est-à-dire des Celto-Germains. Mais il mêle à cette exposition bien des
théories hasardées. Ainsi Elien, Variae historiae, IX, 16, rapporte que les
premiers habitants de l'Italie furent les Ausones dont le plus ancien s'ap-
pela Mares et était homme par devant, cheval par derrière. M. May, p. 5,
croit reconnaître dans Mares un dérivé du gaulois marca, marco- « cheval-»,
en germanique inarh, inarha, mais il faut pour cela suppléer arbitrairement
dans le Mares d'Elien une gutturale qui manque entre IV et Vè. Plus loin,
p. II, M. May avance que l'étrusque et l'ombrien sont des langues celto-
germaniques, mères du latin ; c'est une doctrine un peu hardie que peu de
linguistes, je crois, partageront, et contre laquelle en tout cas je proteste.
VIII.
Je ne dirai pas qu'il y ait plus de sens critique dans le livre de M. Emile
Petitot intitulé : Origines et Migration des peuples de la Gaule jusqu'à Y avè-
nement des Francs, Paris, Maisonneuve, 1894, in-8, 716 pages. L'auteur est
un ancien missionnaire arctique, comme il le dit lui-même, et dans une cure
de village, à Mareuil-les-Meaux, il se repose des fatigues septentrionales que
lui ont causées jadis ses paroissiens sauvages; en même temps, pour ne pas
rester actuellement oisif au milieu de Findifïérence des paroissiens français,
il lit. Il a lu Strabon dans la traduction Tardieu, il a lu les traductions
jointes aux textes antiques par Cougny, Extraits des auteurs grecs. Il a con-
sulté Macrobe, Cicéron, Virgile, Tacite, Festus, Pline le Naturaliste, Tite-
Live, Silius Italicus, Servius, Amraien Marcellin, Justin, Claudien, Solin,
Aurelius Victor. Sur l'origine du nom des Celtes, il connaît les opinions de
Leibniz, de L.-F. Jehan, de Bergmann, de Boulanger, du P. de Rostrenen,
de D. Le Pelletier, de Mezeray, de Schoepfiin, de Valentin Smith, de
Charles Bigarne. Des Galli, il sait ce qu'ont pensé Amédée Thierry,
Michelet, Alexandre Bertrand, Lemière. Sur les Celtici, il connaît l'opinion
de MM. Le Deist de Botidoux et Rosseeuw-Saint-Hilaire. Il rappelle ce qu'ont
dit des Cimbres le baron de Belloguet, le docteur Prichard, La Tour d'Au-
vergne, M. Lagneau. Il connaît les systèmes de Loeve-Veimars, de G. Lé-
vesque, de Le Brigant, de Poinsinet de Sivry, de Moreau de Jonnès, de
Lenglet du Fresnoy, de Valroger, de J. Pinkerton. Il a parcouru les œuvres
de : Le Touzé de Longuemar, Robiou, Oddant-Desnos et A. Garrigou. Les
découvertes du baron de Braye (sic) et de Schliemann, les études de
MM. Cartailhac et de Nadailhac ne lui ont pas échappé, mais il paraît peu
connaître la littérature allemande de son sujet : l'allemand est une langue
chronique. 255
difficile à apprendre et qu'on ne parle guère dans les régions arctiques où
M. Petitot a commencé ses études ethnographiques. Ses lectures si variées
de textes français et latins l'ont conduit à des résultats inattendus :
« Qu'y aurait-il d'étonnant, » dit-il, « que Paris ou plutôt les Parisiiît-
« montassent au petit-fils de Priam alors que Rome et une portion des Ro-
« mains descendent du troyen Enée ? Nous n'avons aucun intérêt à nous
« déprécier nous-mêmes » (p. 232).
Les Albains sont des Celtes ; sont Celtes les Albani du Caucase comme
ceux d'Albe-la-Longue, première capitale du Latium, comme les Albanais.
Il doit paraître étrange, fait observer l'honnête curé, que ni Lemière, ni
Strabon n'aient fait cette découverte (p. 240) par laquelle M. Petitot comp-
terait sans doute assurer l'immortalité de son nom, si la trouvaille dont il
s'agit n'était, suivant lui, l'évidence même, par conséquent sans gloire, et
s'il n'était lui-même d'une exemplaire modestie, à laquelle suffisent la paix
de la conscience et la joie du devoir accompli.
IX.
Nous marchons sur un terrain scientifique un peu moins mouvant avec la
sixième édition de Victor Hehn : « Plantes cultivées et animaux domes-
« tiques dans leur passage d'Asie en Grèce et en Italie, comme dans le
« reste de l'Europe « : Kiilhir-pfaiiicn iind Hausthiere in ihreiii Uebergang
ans Asien nach Gricchmland iiiid Italien soivie in das ïihrige Europa, par
MM. O. Schrader et A. Engler. Cette édition contient des additions inté-
ressantes. On peut cependant y signaler certaines lacunes au point de vue
des études celtiques.
Ainsi on y lit, p. 457, que le mot allemand Ttatxe « chat » est d'origine
germanique, tandis que son origine e.xotique est reconnue comme possible,
disons « certaine », par Kluge, Etymohgischcs Woerterhuch, 5^ édition,
p. 188. Le mot s'est introduit dans les langues germaniques après la pre-
mière substitution des consonnes et avant la seconde. L'origine celtique est
rendue très vraisemblable par la légende monétaire CATTOS,par l'irlandais cat,
par le breton ka^ et le gallois cath '. Naturellement ce mot, à l'origine, dé-
signait le chat sauvage.
A la page 551, l'allemand Brûune, en gothique hriinjo « cuirasse », en
vieux français broigne, est expliqué avec raison, ce semble, par l'irlandais
hrninne « poitrine », dérivé de brû, génïûi h r on n « corps, ventre », mais la
diflFérence de sens qui existe entre bruimie et brû n'est pas indiquée, la ré-
daction est même faite de manière à laisser croire au lecteur que les deux
mots sont synonymes 2. 'Le vaste sujet traité par MM. Schrader et Engler les
obHge à entrer dans des détails sur lesquels les connaissances spéciales leur
font défaut.
1 . Whitley Stokes, Urhllischer Sprachschati, p. 67 ; Holder, Allcdliscbtr
Sprachscbali, col. 846.
2. Cf. Kluge, p. 56,aumot6r/i//;;t', etWindisch, Irische Texte, l. I,p. 405.
256 Chronique.
X.
On ne peut le dire de M. Meusel, quand il s'agit de César.
Je reçois de ce savant la critique d'un détail de mon article sur son édi-
tion du De bello gallico, dans la dernière livraison de cette revue, p. 96 :
« Sur un point, » m'écrit-il, « je ne puis adopter votre opinion : Le Ursi-
« nianus et le Riccardiamis ne sont pas de caractère mixte, quoiqu'on y
« trouve (à la fin des livres VII et VIII) la mention de la revision faite par
« Julius Celsus. La même mention se trouve aussi dans le Thuaneiis, mais
« de seconde main; et je ne doute pas que dans la source commune des
« deux mss. (Ursinianus et Riccardiamis) cette subscriptio ne se soit trouvée
« faite de seconde main. «
Je n'avais aucune opinion personnelle sur cette question, je croyais repro-
duire la doctrine des gens compétents. Il paraît que je me trompais.
XI.
La Revue Celtique vient de perdre un de ses collaborateurs les plus méri-
tants dans la personne de M Luzel, archiviste du département du Finistère.
Un article nécrologique paraîtra dans la prochaine livraison.
XII.
Notre savant confrère, M. John Rhys, vient d'être élu principal de Jésus
Collège à Oxford.
XIII.
Miss Margaret Stokes vient de mettre sous presse un volume intitulé Three
Months in ihe Forests of France, pèlerinage à la recherche des vestiges laissés
sur le continent français par les saints irlandais du moyen âge. Ce volume,
où il sera question des saints Columban, Deicole, Fursa, Gobain, etc., sera
la suite et le pendant du livre auquel elle a donné le titre de Six months in
ihe Apennines, Il paraîtra à la librairie Ceorge Bell and sons, Londres, York
Street, Covent-Garden ; prix: 12 shillings.
H. d'Arbois de Jubainville.
Paris, le 2 avril 1895.
PÉRIODIQUES
I.
Bulletin de la Société archéologiq.ue du Finistère, t. XXII, 2^ li-
vraison de 1895, p. 42-80. — Très intéressant article de M. L. Delisle, le
savant administrateur de la Bibliothèque nationale, sur les plus anciens im-
primés bretons.
La première partie traite des heures bretonnes du xvi^ siècle. L'auteur y
fixe la date du volume dont M. Whitley Stokes a publié d'importants ex-
traits dans ses Middlc-bretoii Hoiirs, Calcutta, 1876. On connaît de ce vo-
lume deux exemplaires incomplets: l'un, qui a appartenu à M. Pol de
Courcy, est devenu propriété de la Bibliothèque nationale, l'autre est un
trésor dont Mme la comtesse de Kergariou n'entend pas se défaire. Par la
comparaison avec d'autres ouvrages, M. Delisle établit que ce volume a été
imprimé vers l'année 1550, et que vraisemblablement il était destiné au
diocèse de Léon.
Dans la seconde partie intitulée Appendice, l'érudit auteur étudie les trois
éditions du CathoUcon deLagadeuc, faites: la première en 1499, àTréguier;
la seconde à une date indéterminée, mais avant 1520; la troisième en 1521,
à Paris. La seconde et la troisième édition renferment pour la partie bre-
tonne de nombreuses additions qui manquent dans l'édition de M. Le Men,
puisque celle-ci a pour base l'édition de 1499.
II.
Bulletin archéologiq.ue du Comité des Travaux historiques et
sciENTiFiauES, année 1894, f^ livraison. — P. 42 : Marque du potier Vo-
SECUNNUs sur un fragment de vase trouvé à Saint-Quentin, Aisne. —
P. 127-137: Mémoire de M. Charles de Laugardière sur les inscriptions
gauloises de Genouilly, Cher. Nous avons parlé de deux de ces inscriptions
dans la Revue Celtique, t. XV, p. 237 ' ; elles sont gravées sur une stèle re-
produite dans la planche IX du Bulletin archéologique, et dans cette planche
I . Au lieu de anevnoc, lisez aneovnoc.
258 Périodiques.
on trouve aussi figurée une stèle dont nous n'avons rien dit et sur laquelle
est gravé le mot rvontv.
III.
Revue épigraphiq.ue du midi de la France, no 77. — M. AUmer con-
tinue son étude sur les dieux de la Gaule, il s'occupe d'AmarcoUtanus, An-
valonnacns, Aramo, Arausio, ArnaJia (apocryphe), Artaiiis, Artio, Aventia,
Avicantiis, Axiiris. C'est un travail intéressant et qui sera fort utile une fois
terminé. Toutefois l'auteur, plus épigraphiste que grammairien, se laisse
aller quelquefois à des observations linguistiques singulières.
Par exemple, il ne connaît pas l'usage celtique de former avec le suffixe
-âco-s des noms d'hommes tels que Deviciacus, Diimnacus, Valetiaciis dans
le De hello galllco (voir une liste plus complète chez Holder, Alt-celtischer
Sprachschati, col. 21). Il croit, p. 344, que les Celtes ne se sont jamais
servis du suffixe -aco-s que pour créer des noms de lieu, il en conclut que
Anvalonnacos est un nom de lieu et que les érudits qui considèrent ce mot
comme un nom de divinité sont dans l'erreur.
Il ne sait pas que le latin canins « chant » est de la quatrième déclinaison :
le àaûiAvi-canio est, suivant lui, p. 349, le datif d'un composé latin signi-
fiant « chant d'oiseau ».
Il est à souhaiter que M. Allmer continue son étude épigraphique sur les
noms de dieux gaulois, mais il ferait bien à l'avenir de supprimer ses com-
mentaires grammaticaux.
IV.
Revue des traditions populaires, t. X, livraisons de janvier et
mars 1895. — P. 52. Notes sur l'île de Batz, par G. Milin, Superstitions et
coutumes, formulette bretonne du jeu appelé choari he-{ihnlat « jeu du doigt
de feu » ; devinettes bretonnes. — P. i 0. Prcwerbes gaéliques d'Ecosse sur
les métiers, recueil formé par J.-H. Mac-Adam.
V.
The Academy, janvier-mars 1895. — Continuation de la correspondance
relative aux inscriptions oghamiques, p. 16, 35-37, 216-217, voir Revue
Celtique, n° précédent, p. 123. — P. 60. Déchiffrement par M. H -J. Law-
lor de la devise circulaire en irlandais qui se trouve dans l'évangéliaire de
Mulling, ms. du Collège de la Trinité de Dublin, sur lequel on peut con-
sulter: J.-T. Gilbert, National inss. of Irelaml, première partie, pi. XX, XXI;
cf. O'Curry, Lectures on the Manuscript Materials of ancicnt irish History,
planche 5, figures M, N ; Westwood, Palaeographia sacra pictoria, Irish bi-
blical mss., pi. II, figure no 6. — P. 172. Des vers du Codex Bocrnerianus :
Tèicht do-Roim rnôr saido, bec torbai (aller à Rome, c'est beaucoup de tracas
pour peu de profit), M. J.-H. Bernard rapproche une légende conservée
par le Liber hymnorum des Franciscains. Il s'agit de sainte Brigite envoyant
à Rome pour affaire des députés qui revinrent sans rapporter aucune ré-
Périodiques. 259
ponse. Sainte Brigite dit : Nî môr uar iarha, cid môr for saethar. « Votre
profit n'est pas grand quelque grande qu'ait été votre peine » (Whitley
Stolvcs, Lives of saints from the Book of Lismore, p. 335). — P. 342. Lettre
de M. Robert Blair annonçant que le 8 de ce mois il a été fait à South-
Shields la découverte d'un autel romain avec cette inscription:
DEAE • BR[i]
GANTIAE •
SACRVM
congenn[i]c
eus- VS"L-M
On sait qu'une autre dédicace à la dca Brigantia est imprimée dans le C.
I. L., VII, 1062. L'original de cette dédicace se trouve au musée d'Edim-
bourg. Le monument qui vient d'être découvert est exposé au musée de
South-Shields.
VI.
L'Anthropologie, t. VI, no i, p. 18-39. — Suite du savant et intéressant
mémoire de M. Salomon Reinach sur la sculpture en Europe avant les in-
fluences gréco-romaines.
VII.
BOLETIN DE LA REAL ACADEMIA DE LA HISTORIA, t. XXVI, quatrième
livraison. — P. 227. Publication par le P. F. Fita de titres concernant
l'hôpital de Sainte-Marie de Najera, xi^ et xii^ siècles. Parmi les noms de
lieu mentionnés dans ces actes plusieurs paraissent dater de la période ro-
maine comme In Granione, in Carrione, Argeniana.
A Granio, Granionis, aujourd'hui Grafiôn, Espagne, comparez les dérivés
français du même gentilice, Gragnague (Haute-Garonne), Grignac (Cantal),
Grigny, dont le Dictionnaire des Postes offre sept exemples, Grignan
(Drôme, Gers),Grignon, dont on connaît quinze exemples au moins.
De Carrio, -onls, Carrion en Espagne, on peut rapprocher Charry
(Nièvre) = * Carriacus, dérivé d'un gentilice, Carrius, qui vient lui-même
du nom gaulois Garros « guerrier, héros », en vieil irlandais carr, génitif
cairr. Argeniaiia s'explique par un gentilice Argculius, formé à l'aide d'un
nom d'homme gaulois Arganto-s et d"où les noms de lieu français Argensac
(Dordogne), Argençon (Hautes-Alpes). Fontaneta est le féminin de Fonta-
netum, d'où les Fontency, Fontenay de la France du Nord, les Fontenet,
Fontanet de la France du Sud.
Quelques-uns des noms de lieu fournis par les chartes de Sainte-Marie
de Najéra remontent plus haut qUe la période romaine, tels sont celui du
lieu dit in Alesanco, p. 231, 234, 235 ; villa Alasanco, p. 252 ; celui de Vaqua
de Elesone, p. 231, 234 (cf. ad Eleson, p. 250), et de la villa . , . quod di-
citiir Aleison, aujourd'hui Alesôn (p. 265). Inutile de répéter ce que j'ai dit
ailleurs de ces mots dont la forme la plus ancienne est Alisincos, Aliso[n].
200 Périodiques.
VIII.
Congrès des Sociétés savantes, extrait du journal Le Temps, 21 avril
1895. — M. Charles Joret, professeur à la Faculté des lettres d'Aix, fait une
communication sur l'étymologie du nom de Caen. Ce nom a de tout temps
donné lieu aux hypothèses les plus fantaisistes; mais, depuis un demi-siècle,
on lui a généralement attribué, comme à la ville qu'il désigne, une origine
germanique. La forme Cathim, qu'on rencontre dans une charte du
xi^ siècle, avait fait croire aux derniers historiens de la capitale de la basse
Normandie que l'allemand heim se trouvait dans la seconde partie du nom
de Caen. C'est là une supposition qui ne résiste pas à l'examen. Le nom de
Caen, dans la plupart des textes latins du moyen âge, est Cadomnm, parfois
Catommn ou Cathomiun; si l'on rapproche ces mots des noms contemporains
de Rouen, Rodoiiiuin, Rolomum ou Rothomuin, on est frappé de la ressem-
blance qu'ils présentent. Or, l'ancien nom de Rouen est Rùtoinagus, on est
par suite autorisé à admettre que le nom primitif de Caen était Cato-Magus
ou Catu-Magtis ; le dernier élément de ce composé est le mot celtique magus
(champ), si commun dans la toponomastique gauloise; quant à catus, ce
mot veut dire « combat » ou « bataille » ; le nom de Caen aurait donc si-
gnifié « champ du combat », ou mieux « champ de Bataille », le mot cel-
tique catiis étant parfois, comme le mot français bataille, un nom d'homme.
Quoi qu'il en soit, le nom de Caen est d'origine gauloise, comme celui de
Rouen et de la plupart des villes importantes de l'ancienne Neustrie.
IX.
The Journal of the royal Society of Antiouaries of Ireland for
THE year 1895. Première livraison. — P. i. Mémoire du savant Charles
Graves, évêque de Limerick, sur une inscription oghamique trouvée pen-
dant l'automne de 1893, près de Gortatlea, entre Tralee et Killarney:
niottacobranora. . .
dvmeli maq.i glasiconas.
Glasiconas est le génitif de * Ghissicû, en vieil irlandais Glaisiuc, nom
d'homme, dont la Vie Tripariite offre un exemple. C'est un composé dont
le second terme est câ « chien » : comparez le nom de Miliuc =: *MTli-cïï,
porté par l'Irlandais dont saint Patrice fut esclave. — P. 16. Suite du mé-
moire de M. Coffey sur l'ornementation préhistorique en Irlande. L'auteur
s'occupe principalement ici du commerce de l'étain dans l'antiquité et des
terrains aurifères d'Irlande. — P. 41. Etude du Rév. G. Raphaël Buick sur
les pointes de flèches en silex trouvées en Irlande. — P. 86-87. DeuK figures
représentant un dolmen près de Castlewellan, comté de Down, etc., etc.
Dijon, le i\ avril 1895.
H. d'Arbois de Jubainville.
Le Propriétaire-Gérant : Veuve E. BOUILLON.
Chartres. — Imprimerie Durand, rue Fulbert.
LA RELIGION DES CALATES
Il est généralement admis que les Galates d'Asie Mineure, à
l'époque impériale, avalent tout à fait oublié la religion de
leurs pères. Voici comment s'exprime à ce sujet M. Mommsen^:
« Une bonne partie des Galates, appelés Gallo-Grecs par les
Romains dans les dernières années de la République, devait
descendre des Phrygiens qui habitaient autrefois la contrée.
Ce qui est plus important, c'est que la religion très vivace dans
le pays et le sacerdoce local n'ont rien de commun avec les institu-
tions sacrées des Celtes d'Europe. Non seulement la Magna Mater,
dont les Romains, à l'époque d'Annibal, demandèrent l'image
sainte aux Tolistobogii qui la leur envoyèrent, était d'origine
phrygienne, mais encore les prêtres de cette divinité apparte-
naient presque tous à la noblesse galate ^. »
Dans le passage célèbre où Plutarque raconte l'histoire de
l'héroïne galate Gamma 5, il dit que le prestige de cette femme
était encore rehaussé par le fait qu'elle était prêtresse d'Ar-
témis, divinité que les Galates ont en vénération particulière :
£U',cpav£7Tipav B'aÙTYjv ÏTZoizi xai xo r?jç 'ApT3iJ.'.oo^ lipctzv sîvai, r^v
p.âX'.jxa FaXixat asoouat. La suite du récit mentionne un temple,
avec un autel et une image de la déesse : nous sommes donc
en présence d'un culte, sinon hellénique d'origine, du moins
hellénisé, et où rien ne rappelle les pratiques religieuses attri-
buées par les anciens aux Celtes de l'Europe.
1 . Mommsen, Histoire romaine, trad. Gagnât et Toutain, t. X, p. 115.
2. Pour des exemples, voir Perrot, Exploration de la Galatie, p. 185,
3. Plutarque, De Mnlicrnin virtutibns, XX: éd. Didot, p. 318.
Revue Cclûqae^ KVI. 19
202 Salomon Reinach
M. Usener a tout récemment signalé ^ un passage curieux
d'une vie de saint Théodore de Sykéon par son élève Geor-
gios, dont le texte grec a été publié en 1884, d'après un ma-
nuscrit delaMarciana à Venise, par M. Theophilos loannou^.
Sykéon est un bourg de Galatie, sur la rivière Siberis, et une
station de la route impériale de Constantinople à Ancyre'.
Voici le passage de la vie du saint qui a trait aux superstitions
locales de la Galatie; comme M. Usener en a reproduit le
texte, il suffira d'en donner ici une traduction :
« Théodore entendit parler d'un certain lieu à 8 milles
de distance (de Sykéon), que l'on appelait Arkéa. On disait
que personne n'en pouvait approcher, surtout à l'heure de
midi, car c'était le séjour de la divinité nommée Artémis qui,
entourée d'un cortège de démons, tourmentait jusqu'à la mort
ceux qu'elle rencontrait. Étonné de cette rumeur, Théodore,
au fort de l'été, se rendit à la hâte en cet endroit après avoir
chanté les psaumes de la troisième heure, et passa tout le mi-
lieu du jour au Heu même que l'on croyait hanté par Artémis.
Protégé par le Christ, il ne vit aucune manifestation des puis-
sances mauvaises et s'en retourna au martyrium où il demeu-
rait. »
M. Usener ne s'est pas souvenu à ce propos du passage de
Plutarque sur le culte d' Artémis en Galatie. Ce témoignage
est cependant fort important à rappeler, car il reçoit de la Vie
de saint Théodore une confirmation jusqu'à présent unique.
Artémis, nom grec de la grande divinité phrygienne du pays,
n'était pas seulement l'objet d'un culte public, mais de supers-
titions et de terreurs populaires. Reste à savoir si la déesse
ainsi désignée était d'origine celtique et si l'on peut découvrir,
sur cette lande asiatique hantée par des esprits malfaisants, un
souvenir de la religion des envahisseurs.
Le savant allemand l'a pensé. Il a invoqué, après Lobeck et
1. Usener, Rheinisches Muséum, 1895, p. 147.
2. Et non Johannis, comme lecrit M. Usener. La rectification a été faite
par M. Krumbacher, Byianiinische Zeitschrift, 1895, p. 382, qui rappelle
qu'il a déjà cité cette publication dans sa Geschichte der Byiantinischen Lite-
ratiir, p. 69, 138 (Mvriij.£Ta àyioXoyi/.a. 'Ev Bcvsxta, 1884).
3. Ramsay, Historical Geography oj Asia Minor, p. 241, 244.
La Religion des Calâtes. 26 J
d'autres ^, un passage des Actes de saint Symphorien, martyr
d'Augustodunum. Dans le curieux entretien où le document
reproduit par Ruinart^ met aux prises le consulaire Heraclius
et Symphorien, celui-ci s'efforce de jeter le discrédit sur les
divinités païennes. Après avoir médit d'Apollon, il ajoute :
Dianam quoque daemonium esse meridianum Sanctorum industria
investigavit, quae per compila currcjis et silvarum sécréta perlus-
trans... Triviae sibi cognomen, duni triviis insidiatur, obtinuit. »
Ainsi, à Autun comme en Galatie, Artémis-Diane est un
démon du midi, qui hante les carrefours et les forêts ; alors que
nos sources littéraires la représentent comme une chasseresse
nocturne, les actes de saint Symphorien, d'accord avec la Vie
de Théodore de Sykéon, tont d'elle un démon redoutable en
plein jour, daemonium meridianum.
La conclusion que M. Usener voudrait tirer de ce rappro-
chement s'imposerait presque avec évidence si l'idée d'un démon
du midi n'était pas elle-même empruntée à une source litté-
raire. Cette considération nous avertit d'être circonspects.
Dans le Psaume XC, il est question, en effet, d'un Gat;xiv'.cv
lj,s(j'0iJi.6p'v6v ; ce sont les expressions mêmes du texte grec. Voici
la traduction de l'original hébreu par Reuss > :
« Tu n'auras pas à craindre le frisson de la nuit, ni la flèche
qui Tole de jour, ni la peste qui se glisse dans les ténèbres, ni
la contagion qui ravage en plein tnidi. »
Les interprètes, auteurs du texte grec, n'ont pas dû songer
à une idée abstraite conmie celle de la contagion, mais à une
divinité du paganisme. Omnes dii gmtium daemonia, dit le Psal-
miste 4. Le « démon du midi » devait aussi être l'un d'eux.
En Galatie, où, d'après Plutarque, la déesse la plus honorée
était Artémis, son nom se présentait naturellement à l'esprit.
Dans le pays des Eduens, on n'est pas autorisé à dire qu'il
existât une superstition populaire relative à Diane « démon du
I , Cf. Lobeck, Aglaopbaiiiiis, p. 1092.
2. Ruinart, Acta Sincera, p. 125 de l'édition de 1859.
3. Reuss, Les Psaumes, p. 293.
4. Psaumes, XCV, 5 ; ce passage a été cité par M. Le Blant, Les premiers
chrétiens et les dieux, p. 4 (extrait des Mélanges de l'Ecole de Rome, t. XIV,
1894).
264 Salomon Reinach.
midi». En effet, saint Symphorien présente l'assimilation de
Diane avec le daemonium meridianum des Psaumes comme le
résultat d'une exégèse savante (sanctorum industria investi-
gavit). Cette exégèse se fondait sur le caractère vagabond de
Diane, sur la puissance redoutable attribuée à ses flèches, sur
sa prédilection pour les forêts et les carrefours. Diane est aussi,
comme l'indique son nom, la déesse du jour (dies) et l'on ne
s'étonnera pas qu'on l'ait reconnue dans une dea meri-diana ano-
nyme. De tradition ou de superstition populaire, il n'y a pas
trace dans tout cela.
M. Usener ne s'est pas souvenu d'un texte allégué par
Grimm^, qui, au premier abord, paraît fournir une confirma-
tion de l'hypothèse touchant l'existence d'une Diana meridiana
dans la mythologie des peuples européens. « Liebusch-, dit
Grimm, rapporte une remarquable légende de la Haute-Lu-
sace au sujet de D-^'iwitza. C'était une belle jeune femme de
race noble qui, armée de la :(ylha, errait à travers les forêts;
les plus beaux chiens de chasse l'accompagnaient et effrayaient
tant le gibier que les hommes qui, à l'heure de midi, se trou-
vaient au fond des bois. Aujourd'hui encore, quand un homme
reste seul vers midi dans une forêt de pins, on lui dit en plai-
santant : « Ne crains-tu pas que D-:iwitza ne vienne sur toi ? »
Cette Diiwitza paraît être la Dziewanna polonaise et la Diana
des Romains. »
D'après les observations que nous avons présentées plus
haut, il ne semble pas que cette tradition soit pure de toute
influence littéraire. Une fois la Diana romaine identifiée, par
l'exégèse chrétienne, au daemonium meridianum du Psaume,
cette conception se substitua çà et là, en pays chrétien, à celle
de la chasseresse nocturne. Le folklore, de nos jours surtout,
se cristallise en littérature, mais il arrive souvent, quand on
cherche bien, qu'on trouve aussi de la littérature à l'origine
du folklore.
Les traditions vraiment populaires connaissent des génies
nocturnes malfaisants, que l'on désigne sous les noms les plus
1. Grimm, Deutsche Mythologie , éd. de 1835, p. 706.
2. Dans l'ouvrage intitulé Skythika, p. 287. Je n'ai pas vu ce livre.
La Religion des Gaiates. 265
divers et qui, sous l'influence du christianisme, ont été parfois
identifiés à Diane et aux démons féminins de son cortège.
Depuis le iv* siècle jusqu'au xv*% on croit que Diane, assi-
milée ou associée à Hérodiade, est la reine du sabbat^. Dès
314, on trouve ce qui suit dans les canons du concile tenu à
Ancyre 3 :
« Illudetiam non omittendum quod quaedam sceleratae mulieres,
rétro post Satanam conversae, daemonmn illusionibus et phantas-
matibus seductae, credunt ac. profitentur se nocturnis horis cu7n
Diana paganorum dea vel cum Hérodiade et innuniera midtitudine
mulierum equitare super quasdam bestiaset multa ter /arum spatia
intempestae noctis silentio pertransire, ejusque jussionibus velut
dominae obedire et certis noctibus ad ejus servitium evocari. j>
D'autres textes analogues, où il est question de Herodias et
de Holda, ont été réunis par Grimm-^. Il n'a pas cité le sui-
vant, que je trouve allégué par Dom Martin 5:
« Des statuts manuscrits de l'église de Conserans, des xiii^
et xiv^ siècles, font encore mention de femmes qui faisaient
métier d'aller à cheval pendant la nuit avec Diane, divinité du
paganisme, ou avec Hérodiade ou Bensozia, et faisaient ins-
crire leur nom dans le catalogue qui contient toutes celles de
leur sexe qui passaient pour déesses. »
La croyance au sabbat est certainement d'origine populaire,
mais Diane et Hérodiade n'ont pu y usurper une place que par
l'influence de la prédication ou des livres. Cette influence
s'est exercée de bonne heure — témoin le texte du concile
d' Ancyre — et les effets en ont été durables — témoin ce que
dit encore Dom Martin ^t
« Nos anciens Français étaient si entêtés de l'existence
d'une telle divinité (Diane) qu'ils n'en pouvaient effacer l'idée,
même après avoir embrassé le christianisme 7, Ils donnaient le
1. Cf. Paul, Grundriss tler gerni. Philologie, t. I, p. 1108.
2. Le Blant, op. laud., p. 10.
3. Mansi, Concilia, t. II, p. 556.
4. Grimm, Deutsche Mythologie, p. XLii, 176, 522.
5. Dom Martin, Religion des Gaulois, t. I, p. 60.
6. Ibid., p. 63.
7. C'est, au contraire, le christianisme qui, se conformant à une vieille
tradition d'exégèse, assurait la survivance des divinités païennes.
266 Sa!omon Reinach.
nom de Diane à une espèce de démon qu'ils se figuraient
occupé à faire du mal. C'est ainsi qu'il est dit dans la vie de
saint Césaire d'Arles qu'il guérit miraculeusement une ser-
vante d'un démon que les paysans appelaient Diane (daemunium
quod rnstici Dianam appellant), qui déchirait toutes les nuits
cette pauvre créature à coups de fouet... Ce démon est ce que
les auteurs de la basse latinité ont appelé, d'après le Psalmiste,
le dé mon du midi. »
A la fin du vii'= siècle, quand saint Cilian de Franconie a été
massacré par ordre de Geilana, la femme du duc Gozbert,
celui-ci veut venger la mort de l'apôtre. Mais le peuple s'y
oppose et prétend conserver le culte de ses pères : Volumus
, servire magnae Dianae sicut et anteriores nostri fecerunt patres et
prosperati sunt in eo usque in praesens. » ^ Diana est ici la tra-
duction, faite par un clerc, du nom de quelque divinité ger-
manique ; il ne peut être question, dans la Franconie païenne,
d'une survivance du culte de la Diane romaine, et l'on com-
mettrait une erreur grossière, quoique tentante au premier
abord, en assimilant cette Magna Diana franconienne à la
grande Artémis que l'on adorait chez les Galates.
Je ne connais qu'un seul texte grec, déjà rappelé par Dom
Martin, où il soit question d'un « démon du midi » : c'est
celui de Suidas sur Empuse. Après l'avoir rapprochée d'Hécate,
parlé de ses transformations, de son pied d'airain, etc., le lexi-
cographe byzantin ajoute : « On dit qu'elle paraît encore
vers le midi, quand on rend les derniers devoirs aux morts-. »
Partout ailleurs, Empuse est un démon nocturne; on peut
donc penser que Suidas, lui aussi, a eu présente à l'esprit
quelque tentative isolée d'exégèse où le oa'.;;iv'.ov ;j.crr;;x6p'.vdv du
Psaume était assimilé non pas à Artémis-Hécate, mais à son
fantôme, Empousa {py:r.yLz\j.'j. cx'.y.ovuocîc 'jizl r^c 'Ey.ir/;; ï~<.T.t\i-
Notre conclusion est donc négative. Il serait assurément
fort intéressant de pouvoir admettre, avec le Rév. Stokes, que
1. Dom Martin, op. laiid., t. II, p. 49.
2. AoxcT oï y.ai TaTç |jLEar|[i.6p'ai; çavTâ'^ciOa'., oTav -oX; /aTOiyoïis'voiç
La Religion des Calâtes. 267
« l'idolâtrie celtique suivait exactement le même rituel en
Asie et en Gaule »^, ou, avec M. Usener, que les Éduens et
les Galates d'Asie connaissaient une même Diane, fée redou-
table de la méridienne. Mais les témoignages qu'on peut allé-
guer n'autorisent pas ces hypothèses. Ils nous montrent, dans
la Diane du midi, une création de l'exégèse chrétienne à ses
débuts, superposée aux données banales de la démonologie po-
pulaire. Si, à leur arrivée en Asie Mineure, les Galates
avaient la même religion que les Éduens, ce qui est possible,
rien encore n'atteste la survivance, jusqu'à l'époque chré-
tienne, de traits communs à leurs croyances primitives.
Salomon Reinach.
A PROPOS DE NENNIUS VINDICATUS.
Zimmer, qui me paraît assez chatouilleux sur l'article du
tien et du mien (ce dont je n'oserais absolument le blâmer),
me permettra une légère vindicatio. Dans un récent article de
M, Thurneysen sur le Nennius vindicatus, article qui m'a paru
judicieux dans l'ensemble, le critique approuve l'hypothèse de
Zimmer 2, que le rédacteur de 679 aurait mêlé le gallois au
latin, hypothèse appuyée sur deux passages : (Ida junxit Din
Guayrdi guurth Bryneich — Tune Talhaern Tataguen in poe-
mate claruit et Neiren et Tahesin). Suivant Thurneysen,
Zimmer explique scharfsinnig la faute et Neiren pour Aneiren,
par le fait qu'un rédacteur gallois postérieur aura pris a de
aneiren pour la conjonction A, et. J'ai été d'autant plus
agréablement surpris de l'appréciation de notre savant collabo-
rateur que V hypothèse est de moi. Je me cite : « au lieu de Nei-
1 . Article Symphorianus dans le Dictionary of Christian biography.
2. Nennius vindicatus, p. 103 *.
268 J. Loth.
ren, il n'y a pas le moindre doute que le compilateur avait
sous les yeux un original breton: Talhaern... amiren ; \\ aura
pris a pour la conjonction ac, a et l'aura transcrite par et,
tandis que c'est la première syllabe du nom du poète. — Un
autre passage me semble encore plus probant, chap. LXVI:
Ida filius Eobba tenuit regiones in sinistrali parte Humbri ma-
ris XII annis et junxit arcem id est Dinguei'rin et Gurbirnerth
(ver. gurâbirnel])) : quae duae regiones fuerunt in una regione,
id est, Deur a Berneth, anglice, Deira et Bernicia. Ce passage
est éclairci par un autre inséré dans la Gemalogia (Pétrie, Mon.
hist. brit., p. 85 b) : Ida filius Eobba tenuit regiones in sinis-
trali parte Britanniae; id est Umbri maris et regnavit annis XII
et uncxit (leg. junxit) Dynguayrdi Guuerthberneich (var. guerth
Benicihc). Le compilateur me semble n'avoir pas compris le
texte breton qui portait : [il joignit] Dinguerin guurth Brencich,
c'est-à-dire, il joignit D... à Breneich, ce qui fit que ces deux
régions furent réunies en une seule. Ici le breton n'a même
pas été traduit et le compilateur a pris guurth Bryneich pour
un nom propre. La généalogie n'est pas de source bretonne,
mais on y a annexé des faits bretons. « Voir Revue Celtique, X,
n° 3, P- 357-358, 1889.
J. Loth.
THE PROSE TALES
RENNES DINDSENCHAS'
SECOND SUPPLEMENT. EXTRACTS FROM THE BOOK OF LEINSTER.
154. DÛN MÀisc.
(LL. 160-^25).
Dim Mdsc unde nominatur ?
Cdinén Mdsc mac Augein Urgnaid maie Setnai S'ithhaicc, is
leis dorochlas in dùn sin, 7 based a forbba in tir im Dûn
Mdsc, 7 is and atbath.
Bratliir da;w in Mdsc sin 7 Nui o fail Rdith Nui im-Maig
Reichet 7 Kâitb Nui in Huib Garbchon, 7 issed rue fodes in
Nui ar imgabi// Mdisc, ar rochuaid in Nui co mndi Mdsc.
Brathair aile dôib dàuo, Finterig, o fil Dûn Finteing, ocus
Cûar, 6 fail Dûn Cuair, ocus Alb o fil inn Albine.
IS dô sein rochan in senchaid :
larfaigid dim, comol rigle,
mad ail dûib Qolas d'aicbne, 7c.
Dûn Mdisc, whence is it named ?
Cainén Mdsc son of Augen Urgnaid son of Setna Sithbacc:
'Tis by him that fortress was founded, and his héritage was
the land round Dûn Mdsc, and 'tis there that he died.
Now, that Mdsc and Nui were brethren — Nui firom whom
is Râith Nui in Mag Rechet and Râith Nui in Hûi Garr-
I. Voir Revue Celtique, XY, 272, 478; XVI, 31, 135.
270 Whitley Stokes.
chon ; and this is what brought Nui southwards, to avoid
Mâsc, for Nui had gone in unto Masc's wife.
Otiier brethren had they, Finteng, from whom is Dûn
Finteing, Cùar from whom is Dùn Cùair, and Alb, from
whom is the Albine.
'Tis of that the shanachie sang :
Ask ye of me, a bright assembly
If ye désire to recognise guidance, etc.
Also in Laud 6io, fo. 84bwhere Musc is said to hâve been the eldest of six
brethren, Ladra, Nue, Finnteng, Cuar, Alb and Masc, — ail rathbuilders.
Dân Masc, now Dunarnase in Queen's county, Four Masters, A.D. 843.
Book of Rights, 216, note q. Mag Rechet now Morett in the same county.
Dûn cûair now Rathcore, on the borders of Meathand Leinster. The Albine
probably the river from which Inber n-Ailbine(no. 5) took its name. This
is spelt Alhcne by the Four Masters, A.D. 1052, where O'Donovan says
that it is « not identifîed ». But see Rev. Celtique, XV, 295.
Setna Sithbacc is mentioned by the Four Masters at A.D. 5090, as the
father of Nuada Necht.
With the incident of Nûi's adultery, cf. Ercad's, no. 24, and Ibel's,
no. 98.
155. Srub B6.
(LL. 160=^36).
Sriib Bô, unde nominatur?
Liath Lurgach trenfer robôi ic Daire Léith i nHuib Falge,
œ «dechaid co Tilaig Eogain 7 in tir na flisuch. Co cùala géim
bô ic tiactain al-Loch Sithgail, cor-ragaib indegaid na bô. co
toracht Srùib Bô i n-iarth//r Maige Reichet. co tarraid andsin
in mboin 7 coros-marb. Co tanic Sithgal Sechderc, o n-ain-
mnigther Loch Sithgail, indegaid a bô, co fuair Liath Lur-
gach (or a tairr ica coscrad, co ndernsat gleicc, 7 cor' fortam-
hiig Sithcr^/ for Liath. Ocus co rue Skhgal lais Liath iarna
chehgul, co ranic Loch S'nhgail. Cor-ragaib uamun ands^^ie
Liath imma breith issin loch, co tart feirt for a lama 7 co ro
bris in cengul bôi for a lama. Co wd^rnsat gleicc doridisi Sith-
gal 7 Liath, Co ro fortamlaig Liath andsé'^e for Six.hgal. Co ro
chuir Sith^â!/ in riiboin remi [léo'' i] issin loch, co tdraill
Liath a srùib coro thair[r]hgiset muntrr Sithgail chucu in
liiboin 'sin loch allus a herbuill. Co rochuir Liath iarsain corp
The Rennes Dindsenchas. Second Supplément. 271
Shhgail isin loch 7 œ rue leis sriiib na bo corrice in n-inad i
tarraid in mboin aw'is, i comartha neirt, 7 conos-fargaib and,
umie ^oeîa :
Sittigal Sechderc slaide dir
mac do Gu.nnat mac Ganncdin,
Liath Lurgach, luath a chuir,
dia tuthchaid uad a oenboin.
Liath Lurgach, a champion who dwelt at Daire Léith
(« Liath's Oakwood ») in Hûi Falgi, went to Tilach Eogain,
where the land was a désert. He heard the loAying of a cow
out of Loch Sithgail, and he made after the cow till he rea-
ched Srùb Bo in the west of Mag Rechet. There he overtook
the cow and killed her. But Sithgal Sechderc, from whom
Loch Sithgail is named, came after his cow, and found Liath
Lurgach on her belly, cutting her up. So they wrestled, and
Sithgal prevailed over Liath. And after binding him Sithgal
took Liath with him till he reached Loch Sithgail. There
Liath was seized by dread of being carried into the lake : so
he gave afeirt on his hands, and broke the band that was upon
them. Then Sithgal and Liath wrestled again, and this time
Liath vanquished Sithgal. Howbeit Sithgal flung the cow
before him into the lake, but Liath came to her nose. Then
Sithgal's people dragged the cow into the lake by her tail.
Thereupon Liath flung Sithgal's body into the lake, and in
token of strength carried off the cow's nose till he reached the
place where he first overtook the cow, and there he leit it.
Whence the poet :
Sithgal Sechderc, smiting of slaughter,
son of Gunnfat son of Ganndn,
Liath Lurgach, swift his casts,
v .0 whom his only cow^ went from him.
Srnh B6 was in the western part of Morett in the Queen's county. Daire
Léith somewhere in Offaly in Leinster. Tilach Eogain and Loch Sithgail not
identified.
1 . The ace. sg. hoin is hère used for the nom. hô in order to make a
rime.
272 Whitley Stokes.
156. Mag Tarbga ocus Findloch.
(LL. 166^47).
Mag Tarbga, wide nominatur ?
Ni ansa. De chomruc 7 do gleicc na da tarb .i. T'màhemiaig
7 Duind CuAnge, iar tabairt na tana im Chnocc Tarbga.
Findloch .i. loch Findbf;/naig, de bas ind Findbmnaig o
Dund Cuahige isin loch ût. Unde ^oeta:
Mag Tarbga can ro raded ?
do gleicc na tarb tenn[s]athech.
1 167* i] tria bas ind Find co môr môch [leg. moch]
de dogarar in Findloch.
•'&'•
Mag Tarbga, whence is it named ?
Easily answered. From the conflict and struggle of the two
bulls QarF), to wit, of the Whitehorned and of the Dun of
Cualnge, after the drove had been brought round Cnocc
Tarbga.
Findloch, that is, the lake of Findbennach « White-horn-
ed », from the death of the White-horned by the Dun of
Cualnge in that lake. Hence (said) the poet :
Mag Tarbga, whence was it so said?
From the struggle of the strong-sated bulls.
From the death of the Find greatly early,
Hence the Findloch is called.
Also in Bodl. no. 28, whence edited in Folklore, III, 493.
Tag Tarbga, and Cnocc Tarbga not identified. A place called Tarbga is
mentioned supra, no. 66. Findloch is perhapsthe Fionnloch of the Four Mas-
ters, A.D. 1369, now the Lower Lough Erne in Fermanagh.
As to the two bulls see supra no. 57. Their deaths are described in LL.
104a and in O'Curry's Lectures, pp, 39, 40.
157. Sliab Cua.
(LL. 169M).
Sliab Cua, unde nominatur?
The Rennes Dindenchas. Second Supplément. 27 j
Ni ansa. Cua Cendmar mac Broccsalaig Cringlunig, dalta
Boibli mcic Buirchi. Tanic bôdr môr i nHer/nn i n-amsir Con-
gail Chlarainig coima frith i iiHemm acht oensamaisc i nGlind
Samaisci, 7 oen tarb. Ac Boibli dano robatar sain. Rofôided
cech dalta dia daltaib dia cornet. Intan rosiaclit do Cliua Cend-
mar cùairt a cometa ro fell foraib. Rosn-uc leis co iidernai bro-
thlaig foraib, 7 dos-fuaid issin tsléib. Unde ^oeta :
Cua Cendmdr co crutli cliain
mac Brocc[s]alaz^ Cringlunmair,
dalta ^ duaid a boin isin tsléib
ropo dalta co ndallchéill.
Cua Big-head, son of Broccsalach Witherkneed, was foste"-
ling of Boible son of Buirche. In the time of Conall the Flat-
faced a great murrain invaded Ireland, so that there was
found in Ireland but one heifer, in Glenn Samaisce, and one
buU. Thèse belonged to Boible. Each of his fosterlings was
sent (in turn) to guard them. When his turn of guarding
came to Cua Big-head he dealt treacherously concerning them.
For he took them away and made a cooking-pit for them, and
devoured them on the mountain. Whence said the poet:
Cua Big-head, with a fair torm,
Son of Broccsalach of the withered knee,
Afosterling that devoured hiscow on the mountain,
He was a fosterling with a blind reason.
Also in Bodl. 13^1, wheiice edited in Folklore, III, 486.
Sliab Cua, now Sliab Gua in the co. of Waterford.
Glenn Samaisce, a valIey in the co. of Kerry.
Cûiigal Cldrainech <.< the Flatfaced », overking of Ireland A. M. 5017-503 1,
according to the Four Masters.
<: 158. Loch Riach.
(LL. 170M8).
Loch Riach, canas roainmniged ?
I . facs. datta.
274 Whiîley Stokes.
Ni ansa. Bôe cocad etir liru sidi im-Moenmaig i Tir Maine
etir na cethri rigu .i. Riach 7 Cosdub ocus Caibell ocus Etar
Etualairig. Ba hé domna in choctha .i. da ingin cliaema ro-
batar issin tsid .i. Ceirbil Balmaith ingen Etair Etualairig ocus
Land Lethdfrg ingen Chaihill. Riach 7 Cosdub adchoitech-
ta[tar] na ingena, Adrograd cath uadib impu. Atb^rtsat cipsi
magen i fer£iithe in cath. Mad iss(i)dib dognether in cath
bid corbbud don tsId. Mad et/r dainib coimccatàr ni bia celtur
(or sidib di sodain. Asrubratar a terthain i n-aidchi im-Maig
Main, ocus inti nothisad artus ind issed a ainm forbiad in ma[i]g.
AsbtTtatar daiio mad ina ndelbaib fessin no fertais in cath ni
biad déchoir et/r firu sidi 7 doene olchena.
Ros-dolbsetar i ndelbaib ridam riallaid uile.
Ba brigach dano roferad in cath sin, co «dernsat cetheora
tulcha im-Moenmaig dia n-irignib 7 dia-corignaib.
ISin cath sin darochair Riach ri sidi, a quo Loch Riach .
Dowchair and dano Caibell, dia ta Carn Caibill fri loch
atuaid. Is and torchair Costub, dia ta Daire Costuib.
Ata tipra 'sin maig sin, is asti ro mebaid in loch fo thir do
dilgund ind air. Tipra Truimm a hainm. Ni faii ^ùàLiu [n]ach
dath na beth forsin loch sin o sein co se. conid ainm do Loch
Reach .i. ré cach datha bis and. Ni fess dano taeb nô airchend
(isin)d loch sin, ar is comfota ar cecb leth. IS bés dô daiw cach
sechtmad hliadain in-uair choir dia tartar cairich finna and bat
corcra uli... uili. undc (poeta :)
(Ro)chuala cocad n-amra
There was warfare among the Men of the Elfmounds in
Moenmag in Tir Maini, between the four kings, Riach and
Cossdub and Caibell and Etar Étualaing. This was the ground
of the warfare, to wit, two loveable maidens who dwelt in
the elfmound, namely Ceirbil Balmaith daughter of Etar Étua-
laing, and Land Lethderg daughter of Caibell. Riach and Coss-
dub sued for the maidens (and were rejected). Battle for
them was demanded of the kings. They (Etar and Caibell) ask-
ed in what plain the battle should be delivered. If it were
fought in elfmounds the elhnound would be poUuted. If they
The Rennes Dindknchas. Second Supplément. 275
(the fighters) were seen among mortals the elves would no
longer be invisible (at will). So they said they would fight at
night on Mag Moin, and that the name of him who should
first corne therein would survive on the plain. They said,
moreover, that if they delivered the battle in their own
forms there would be no distinction between men of the
elfmounds and other mortals. So they ail shaped themselves
into the shapes of deer.
So vehemently then was that battle fought that they made
in Moenmag four hillocks of their hoofs and their antlers.
In that battle fell Riach king of the elfmound, from whom
LochRiach (is named). Therein also fell Caibell, from whom
is Carn 'Caihill to the north of the loch. There too fell Coss-
dub, from whom is Daire Cossduib « Cossdub's Oakwood ».
There is in that plain a well whereout the loch brake through
the earth to quell the slaughter. Tipra Truimm « the
Well of the Aldertree » is its name. Now there is no colour
that is not on this loch from that time to this. Wherefore its
name is Loch Reach, i. e. a space (j'é) of every (cacb) colour
is there. Neither side nor edge is known in that loch, for it is
equally long in every direction. One of its customs is that,
every seventh year, at the proper hour, if whitesheep are cast
into it they ail become crimson.
Whence the poet :
I heard of a wonderful warfare.
In Lee. p. 482-1 18 we hâve the following abridgment :
Loch Riach, cana^ rohainniH/o't''^ •''
Ni ansa. Ceithri rig badar a Maenmach .i. Caimell 7 Edar 7 Casta 7
Riach. Bai ingen dodo ac Caimell 7 bai ingen aile ac Edar. Cuindgis Casta
doiio 7 Riach na rigna. Eitigthear iad imna hingenaib. Andsin dofuacradrtr
cath fortho 7 doiaemsad in dias aile sin, 7 a cur in chatha doib a rechtaib
dam robadar, 7,'""' aerno asin chath acht Riach amâin, conad [uad]a ainm-
nigthear Loch Riach dia robaidead ind. Unde dicilur Loch Riach.
Loch Riach, whence was it named?
Easily answered. There were four kings that dwelt in Moenmag, even
Caimell and Edar and Casta and Riach. Now Caimell had a daughter and
Edar had another daughter. Casta and Riach asked for the queens. They
are rejected by the girls. Then they declared war upon them (Caimell and
Edar), and the other pair (Casta and Riach) accepted that challenge, and
276 Whitley Stokes.
fought the battle in the shapes of deer (in which) they were. And from
that battle none, save only Riach, escaped, and from him Loch Riach is
named, since he was (afterwards) drowned therein.
Loch Riach, now Lough Reagh in the co. Galway, has been mentioned
in no. 50.
Moenmag, now Moinmoy, a territory in the co. of Galway.
Carn CaibiU, Daire Cossduib and Tipra Trtiimm, not identified.
The metamorphosis of the elves into deer and the loss of their antlers in
the fight remind one of the story of Achelous, who changed himself into
a bull, and lost one of his horns in his combat with Hercules {Ovid, Met.,
IX, 8).
159. Loch n-Oirbsen.
(LL. 170'' 43)-
Loch n-Oirbsen, canaj roainmniged ?
Ni ansa. And dorata in cath Cuillend. Ba ruadmôin mor
andsin 7 ba ddairech dosmar 7 ba fiad selgga do Rinnail Ruad
mac Delà meic Loith do^ Feraib Bolg. Uillend Faeburderg
m^6" Cachir meic Namat meic Echach Gairb, meic Duach Tem-
racb is é tue in cath Cullend do Manannan, conid and romar-
bad. .iiii. anmand fair .i. Gaer 7 Gaeal 7 Oirbsen 7 Manaw-
iian. Drui side dmo 7 cerd 7 cennaige, coro marhad isin chath
sin, 7 coro hadnacht ina sessom in dû sain, 7 co roemid in
loch foa, 7 co mbaid(ed)... ind adnacw//.
Rogdet Uillend iarsin iar trib trathaib i cath Cuillend la
Mac Gmne i ndigail Mananiiaiu. Womarhad imiiiorro Mac
Gmie la (hAmergin), i cath Temrach i ndigail Uillend. Andsin
ro ôrddaig (Bri)git banfili 7 bandrui, ingen Echach Ollathir .i.
gol 7 caine marb 7 eigem fri hecin 7 set mar car/; n-alchaib .lu.
'Tis there the battle of Cuilliu was delivered. It (i. e. the
bed of the lake) was then a great red bog and a bushy oak-
wood, and it was the hunting-ground of Rinnail the Red, son
of Delà, son of Loth of the Fir Bolg. Uillenn Red-edge son of
Cacher, son of Nama, son of Eochaid the Rough, son of
Duach of Tara, 'tis he that delivered the battle of Cuilliu to
I . The facsimile has co.
The Rennes Dindknchas. Second Supplément. 277
Manannan, who there was killed, and who bore four names,
to wit, Gaer and Gaeal and Oirbsen and Manannan. A druid
was he too, and a wright and a chapman. And he was killed in
that battle and buried upstanding in that place ; but the lake
burst up under him and overwhelmed (the site) of the
tomb.
Uillend was afterwards slain, after three days, in the battle
of Cuilliu^ by Mac Gréne in revenge for Manannan. Mac
Gréne, however, was killed by Amergin in the battle of
Tara in revenge for Uillend. 'Tis then that Brigit the poetess
and druidess, Eochaid Ollathar's daughter, ordained wailing
and keening for the dead and screaming at need, and-...
Loch n-Oirisen, now Lough Corrib in the co. of Galway.
As to Manannan v. supra nos. 29, 74, 98, 135, 141.
Mac Gréne (« tilius solis »), a king ot the Tuatha de Danann jointly with
Mac Cuill and Mac Cecht: see Four Masters, A. M. 3471, and O'Mahony's
Keating, pp. 144, 204. Mac Grene .i. Cethor, grian adea, LL. io->. Eochaid
OUathar (ahàs the Dagda Môr) said to hâve reigned over Ireland from
A. M. 3371 to A. M. 3450, V. LL. 127'' and Four Masters. His daughter
Brigit the poetess is mentioned in LL. 187': and in Cormac's Glossary s. v,
Brigit.
160. Eô Rossa yrl.
(LL. i99''6i).
E6 Rossa 7 Eô Mugna 7 Bili Dathi 7 Craeb Uisnig 7 Bili
Tortan, coic crand sin.
Eo Rosa, ibar é. Sairtuath co Druim Bairr à.oïoc\\air, ut
Druim Suithe cecinit :
[200^ i] Eo Rosa. dia dronbalc.
roth ruirech dor nime.
re-'.. flatha. nert n-aicde.
fuaim tuinni. 10 fô foirne.
5 dech duiHb. fer ferbglan.
diriuch dronchrand. gart Idnmar,
I . Sic. But this is surely a scribal error.
2. I cannot translate the remaining words.
Revue Celtique, XVI. 20
278 Wbitley Siokes
tren trinoit. breth bunaid.
dam toimsi. 25 brath brethach.
15 maith mdthar. brosna suad.
mac Maire. Saeriu crannaib.
muir mothach du Galion.
miad maisse. caemiu dossaib.
mal menman. 30 din bethra.
20 mind n-angel. brig bethad.
nuall betha. bricht n-eolais.
blad Banba. Eo Rosa.
brig buada.'
IJnmus immorro Craeb Belaig Dathi, 7 is si romarb Dathen
in filid, 7 suas dorochair co Carn Uachtair Bile, 7 is uad ainm-
nigth^r Fir Bile.
Dair dano Eo Mugna, 7 fodess cer/;ndiriuch dorochair co
Coirthi Craind Beoda dar Mag n-Ailbe. .ix. cet mdach a thorud
de dircnaib, 7 tri toirthi fair ce^/;a hliâd^ie À, ubla amra ingan-
tacha 7 cnoe corra crodergga 7 derccain donna drumnecha.
Unniwi' immorro Grand Tortan, 7 siardes ce^/;dirgi dorochair
co Cill Ichtair Thiri.
Fothûaid cecbdirgi dorochair Unaius Usnig co Granaird i
Garpr/ ir-ré mac [nJAeda Slâne.
The TreeofRoss and the Tree of Mugna and the Ancient
Tree of Dathe and the Branching Tree of Uisnech and the
Ancient Tree of Tortu — tive trees are those.
The Tree of Ross is a yew. North-east as far as Druim
Bairr it fell, as Druim Suithe (« Ridge of Science ») sang :
Tree of Ross, a king's wheel, a prince's right, a wave's
noise, best of créatures, a straight firm tree, afirm-strong god,
door(?) of heaven, strength of a building, the good of a crew,
a word-pure man, full-great bount}^ : the Triniiy's mighty
one, a measure's house (?), a mother's good, Mary's Son, a
fruitful sea, beauty's honour, a mind's lord, diadem of angels,
shout ofthe world, Banba's renown, might of victory, judg-
ment of origin, judicial doom, faggot (?) of sages, noblest of
trees^ glory of Leinster, dearest of bushes, a bear's (?) defence,
vigour of lifc, spell of knowledgc, Tree of Ross !
/ (
The Rennes Dindsenchas . Second Supplément. 279
Now the Branchy Tree of Belach Dathi is an ash, and 'tis
k that killed the poet Dathen, and it fell upwards as far as
Carn Uachtair Bile, and from it the Fir Bile are named.
Now the Tree of Mugna is an oak, and it fell due south-
ward, over Mag n-Ailbe, as far as the Pillar of the Living
Tree. Nine hundred bushels was its crop of acorns, and three
crops it bore every year, to wit, apples goodly, marvellous,
and nuts round, blood-red, and acorns brown, ridgy.
The Tree of Tortu was an ash, and due south-eastward it
fell as far as Cell îchtair Thire.
Due northward fell the Ash of Usnech, as fiir as Granard in
Cairbre, in the time of the sons of Aed Slâne.
The E6 Mugna and the Bile Tortan \ve hâve already met with in No. 34
(Rev. CelL, XV, 419), and No. 50 (ibid., 445): the Eo Rossa and the
Craeb Dathi in No. 50. Mugna, where the Eo Mugna, stood, was near
Carlow, F. M. 940, in the south of the Co. of Kildare, F. M. 962. The
Bile Tortan, « tree of Tortu », stood at a place called Tortu near Ardbrac-
can in the co. Meath, see Chroii. Scot., pp. 46, 76, 190. Druiin Bairr, to
which the Eo Rossa fell, is in Fermanagh. The Fir Bili inhabited what is
now thebarony of Farbill in the co. of Westmeath. Granaird i Cairpri, now
Granard in the co. of Longford.
Of the two poets hère mentioned, Druim Suithe and Dathen, I know
nothing. The rhapsody attributed to the former seems a string of ken-
nings', which in Irish, as in Scandinavian, poetry, took the place of si-
miles. It once perhaps had some meaning, now not easily discoverable.
Aed Slanc, king of Ireland, was murdered A.D. 600. His two sons, Diar-
mait and Blathmec, joint kings of Ireland, perished ofthe plague A.D. 664.
161. Emain Mâcha.
(LL. 20^46).
Cid dia td Emain Mâcha ?
Ni ansa. Trj '.g bdtar ior Her////z i comnathizYj. Do Vltaib
dôib .i. Dithorba mac Dimmain a hUsniuch Mide, Aed Riiad
mac Bdduirn maie Argaitmair a Tir Aeda, Cimbaeth m^^ Fin-
I . One of them, brosna suad, is a technical term of the poets : see Thur-
neysen, Mittelirische Verslehren, 121.
28o Whitley Stokes.
tain meic Argatmair a Finnabair Maige Inis. Doniat côra
iarum na rig sin, [20*" i] secht mhh'adna car/; fir dib ir-rige.
Tri secht mbliadna. Ratha evirru secht lidruid, secht filid, secht
n-ôcthig/rn. Na secht lidruid dia rimsad tria bric[h]tu. Na
secht filid dia ligUmad 7 dia n-erfuacra, 7 na secht tôisig dia
riguin ^ 7 dia loscud meni facbad in fer dib in rige i cind secht
mhXiadan : co cornet fir flatha .i. mess car/;a \Àiadne 7 cen meth
rûamna CQch datlia 7 cen mna d'écaib de banaidid.
Timclielsat teora cùarda cer/; fir dib ir-rige .i. Ixiii. ^. Aed
Ruad trd atbath dib art//i .i. badud robaded i n-Es-Ruaid, 7
co tucad a chorp issin sid-sin. \]nde Sid n-Aeda 7 Ess-Riiaid.
Ni fargaib in t-Aed sin claind acht oen ingen .i. Mâcha Mong-
rùad a hainm-side. Conattaig-side sel a hathar don rige. Atb^rt
Cimbaeth 7 Dithorba ni thib^rtais rige do mndi. Fechta cath
etwrru 7 maidid in cath rc Mâcha. Dorumalt secht mWia-
dna ir-rige. Dorochût/r 'Dllhorha i Corund ïàisedQ. Fordcaib-
sedQ côic maccu maithe .i. Baeth 7 Bras, Bétach 7 Uallach 7
Borbchas. Conatchetar sedt rige. hxhen Mâcha na tibred dôib,
arni 6 rathaibtuc, achtiï roi chathaarécin. Fecta cath etwrru.
Brissis Mâcha in cath for m^tccaib Dithorba co fargaibset dr
cend aicce. Co ro chuir iat ar innarba iartain i ndithrubaib
Co;macht. Tue Mâcha iarsain Cimbaeth chucci do chéile di 7
do thaisigecht a 3 amsaige imme.
O robatar oentadaig trd Mâcha 7 Cimbdeth, luid Mâcha do
iarair iwac fiDithorba ir-richt chlaimsige .i. tdes secail 7 rota
racomled impe, rt^nos-fuair i mBairind Co;macht oc fune tuirc
allaid4, lArfaigit na fir scéla di, 7 innissid si dôib, 7 dob^rat
biad di 'con tenid si. Klheir fer dib: « Is dlaind rose na cal-
ligi : ôentaigem fria. » Nos-beir-side leis fon caillid. Cenglaid-
si in fer sain d.\-\us nirt, 7 Bcbaid é 'sin chdillid. Tic-si dori-
disi don tenid. « Cade in fer dachoid latt ? » ar siat. « Mebol
lais, » ar si, « tiachtain chucaibsi 'ar n-oentugud friclaimsig. »
« Ni ba mebol, » ar iatsum, « ar dogenamni uli a cetna. »
Nos-beir car/; fer fon caille. Cehglaid-si car/; fer dib ar niurt,
1 . Facs. guin
2. Facs. Ixui.
3 . Facs. dothaisigechta
4. Facs. tuircallaid
The Rennes Dind'enchas. Second Supplément. 281
ocus nos-beir i n-oencherigul lé iat co hUltu. AsbtTtatar Ulaid
am-marbrt(i. « Ni thô, » ar sisi, « ar is coll fir flatha damsa,
acht a ndoirad fo dôire 7 claidet raith immumsa, corop hi bas
primchathir Ulad co brath. »
Coro thôraind-si dôib in dûn cona heo (.i. delg) ôir imma
muin .i. Emuin .i. eo muin .i. éo imma muin Mâcha. Côic
hliadna ar .cccc. ria ngein Chm^ ocus .1. bliadan aile ar .cccc.
[21^ i] 6 gein Crist co turscur Emna Mâcha (i. co tuttim d'Ultu
co Airgialla) dona tri Collaib iar rhbrissiud ciiatha Aciiaid Leth-
deirg i Fernmaig, i lorchair Fergwi Foga mac Fraichair For-
tren, tiugflaitii Ulad i n-Emain Mâcha.
There were three kings over Erin in joint-sovranty. Of the
Ulaid were they, even Dithorba son of Dimmdn, of Usnech
of Meath, Aed the Red, son of Bâdurn, son of Argatmar, from
Tir Aeda, and Cimbaeth, son of Fintan, son of Argatmar, of
Finnabair of Mag Inis. Now those kings make an arrange-
ment that each of them should be seven years in the king-
ship. Thrice seven years. The sureties between them were
seven druids, seven poets, seven captains. The seven druids
to bewitch (?) them ^ by means of spells : the seven poets to
satirise them and denounce them, and the seven chieftains to
wound and burn them, unless each manof them should give up
the kingship at the end of his seven years, with safeguarding
a prince's truth, to wit, mast every year, and no failure of
dyestuff(?) of every colour, and no women to die in childbed.
Each man of them took three turns^ in the kingship, that
is, sixty-three (years in ail). Now Aed the Red was the first
of them to die : he was drowned a drowning in Ess Rûaid
(« Ruad's cataract »), and his body was borne into the elf-
mound there. Hence Sid n-Aeda (« Aed's Elfmound ») and
Ess Rûaid. Thc^L Aed left no children save one daughter,
whose name was Mâcha of the Ruddy Hair. She demanded
her father's turn of the kingship. But Cimbaeth and Dithorba
would not surrender the kingship to a woman. So a battle is
1 . dia rimsad. O'Curry renders ritnsad by « scorch », a mère guess.
2 . Literally c They went round three circuits each man of them »■.
282 Whitley Stokes.
fought between them, and Mâcha routs them in the fight.
She spent seven years in thekingship. Dithorba fell in Corann
at that time. He left five noble sons, namely Baeth and Bras,
Bétach and Uallach and Borbchas. Theyclaimed the kingship;
but Mâcha said that she would not surrender it to them be-
cause it was not froni sureties that she had got it, but by
force on a foughten field. So a battle was fought between
them, and Mâcha routed Dithorba's sons, and they left with
her a « slaughter of heads ». Thereafter she banished them
into the déserts of Connaught. Then Mâcha took Cimbaeth
to be her husband and to lead her soldiery for her.
So when Mâcha and Cimbaeth were united, Mâcha went to
seek Dithorba's sons in the guise of a lepress — that is, rye-
dough and red bog-stuff were rubbed over her — and she
found them in Boirenn Connacht (around a lire), cooking a
wild boar. The men ask tidings of her, and she tells them
(the news), and they give her food by this fire. One of them
says : « Beautiful is the hag's eye ! let us lie with her. » He
carries her off through the wood. She binds that man by dint
of her strength and in the wood she leaves him. She comes
again to the fire. « Where is the man who went away with
thee? » say they. « He is ashamed, » quoth she, « to come
to you after lying with a lepress. » « 'Tis no shame, » say
they, « for ail of us will do the samc. » So each of them
carries her through the wood, and she binds each of them by
force, and brings them in one bond to Ulster. The Ulster-
men said that they should be killed. « Nay, » quoth she,
« since it would be for me a violation of a prince's truth. But
let them slave in slavery, and dig a rath around me, so that
it may be Ulster's chief city for ever. »
Then she marked out the fortress with her brooch (eô) of
gold that was at her neck (inuiii). Hence Emuin, that is, eo-
inuin, the cô that was at Macha's luuin.
Four hundred years and five (was this) before the birth of
Christ, and (there were) fifty other years and four hundred
from the birth of Christ to the severance of Emain Mâcha (i.
e. after its fall from Ulster to Oriel) by the three Collas after
they won the battle of Achad Lethdeirg in Fernmag, where-
The Rennes Dindsenchas. Second Supplément. 283
in feli f°rgus Foga son of Fraichar Fortrén, the last prince of
the Ulaid (who reigned) in Emain Mâcha.
Edited with the exception of the last paragraph by O'Curry in his Lec-
tures on the MS. Materials of Aiicient Irish History, pp. 526-528. See F.M.
A. M. 4532.
Emain Mâcha, now the Navan Fort, two miles west of Armagh. See the
plan, Revue Celtique, XVI, 4.
Macha's smearing herself with rye-dough and red bog-stufï has been sup-
posed to be one of thesavage puTcapa't àyvîla'. discussed by Mr. Andrew Lang
in his Myth, Ritual and Religion, I, 285-286. But hère it seeras only a
means of disguise. Compare the Boroma, Rev. Celtique, XIII, 80, where
Rôn Cerr disguises himself with rye-dough and calFs blood.
Fernmag now Farney. The battle of Achad Lethdeirg was fought A.D.
321 or 322.
« Safeguarding a prince's truth, to wit, mast every year », etc. Compare
the Odyssey, XIX, 109.
284
Whitley Stokes.
INDICES
^-y-
2, Revue Celtique,
XV, pp.
277-356,
33-'
80,
—
pp.
418-484
81-1
IJO,
—
XVI, pp.
31-83.
131
->n.
—
pp.
125-157
154-
-161,
—
pp.
269-283,
INDEX OF PLACES.
Aball Aillinne (a tree). 17.
Acluid Abla. 108.
Achad Lethdeirg. 163.
Acuil. 22.
Adarca Hua Failgi. 16.
Adlaic. I 5 42-
Aidne. 78.
Aige (a river). 15.
Ail Clùade. 1 16.
Ailech. 91, et v. 90.
Aill meic Asuaill. 149.
Aillend. 17.
Airbri. 16.
Airer Criblaige. 52.
Aithechtuatha. 8.
Alba. 18, 74,91,96, 116, 123, 145.
Albine. 154.
Almu. 16.
Annôitf?) Formaile. 52.
Ard Gain. 71.
Ard Caindlecli. 129.
Ard Fidraid. 14.
Ard Fothaid. 89.
Ard Lemnachta. 39.
Ard Luaithrid. 13.
Ard Machae. 94.
Ard na Ri'ag. 135.
Ard Nôisen 127.
Ard n-Umai. 127.
j^th mBecc. 95.
>^th Cinn mara. 27.
Ath Cli'ath Cûalann (Duiblinne). 28
et V. II, 58, 132.
Âth Cliath Medraigi. 61, et v. 58,
, i3i> 132-
Aih Fadat, 36.
Ath Féne. 140.
Àth nGabla. 144.
;4th Grencha. 144.
Ath ind Inathair. i 18.
Ath ind Uinchi. 27.
Ath Laigin. 131.
Àth hac find. 139.
y\th lûain. 66, 140.
Âth Mara (Maere). 32.
Ath môr. 66.
^th na Féile. 52.
J^xh Omna. 132.
y^th Orc. II.
>\th Sige (Side?). 78.
Ath Truistenn. 22.
Athcn. 18
Babluan. 2$.
Bairenn (a river). 25.
Bairenn Germain. 25.
Banba. 40, 78, 160.
Barc Grimthainn nia Niir. 4.
Belach Gonglais. 35.
Belach dd benn. 24.
Belach dâ liacc. 79.
Belach nDuirgein. 24, et v. 14.
Belach Fualascach. il.
Belach Gabràin. 37.
Belach na fert. 70.
Belach nemed. 38.
The Rennes Dindsenchas. Index of Places.
285
Benn Béguine. 142.
Benn Boirche. 98.
Benn Codail. 109.
Benn Étair. 29, 30.
Benn Foibni 146.
Bennchor Ukd. 123.
Berba (a river). 1 5, et v. 36, 49, 50.
Berna na cléithe. 25.
Bernas Tire Aeda. 91.
Berramain. 31, 63,
Berre. 52, 87.
Bile Dathi (a tree). 160.
Bile Tortan (a tree). 160, et v. 34,
50.
Bladma. 112.
Blocc (a stone). i § 21.
Bluicne (a stone). i § 21.
Bô. 19,
Bôand (a river). 19, 98, ace. Bôinn.
16, 28.
Boirenn. 131.
Boirenn Connacht, 163.
Boirenn Corcumruad. 22.
Brea. 132.
Bréchmag. 34, 118.
Brefne. 149, et v. 3, 72
Brega. 78, 79, 115, 141, 146.
Bre;ain, gen. Bretan. i, 20. Bretain
Alo Cluaide. 116.
Br[-dam Dile. 78.
Bri Ele. 8, 16, 59.
Bri Léith. 126, etv. 3, 65, 94, 144.
Bruden da Clioca. 129.
Bruden da Derga,. 29, 31.
Brug maie ind Oc. 28, 79, 141.
Brug mnâ Elcmair. 78.
Caill Achaid. 71.
Caill Cuan. 20.
Caisel Cannain. 58.
Caisel Gannan. 52.
Caisel Oengusa mie Crundmail, 4.
Caprach Cormaic. i § 10.
Carcar Léith Machae. 4.
Carman. 18.
Carn Aroalgaid. 133.
Carn Caibill. 158.
Carn Conaill. 78.
Carn Daim Deirg. 52.
Carn Feradaig. 56.
Carn Frâich. 132.
Carn Furbaidi. 88.
Carn hùi Néit. 46.
Carn Luigdech. 96.
Carn maeraide hùa Néil. i §§ 39, 40.
Carn Mail. 96.
Carn na maeraide Laigen. i §§ 32,
36.
Carn Omra. 138.
Carn Romra. 138.
Carn uachtair bili. 160.
Carngal (Carnail?) Cuind Cétcha-
thaig. 4.
Carraic Cluman. i § 37.
Carraic Drobeoil, 25.
Carraic Leithdeirg. 92.
Cathair Comfosaid. 52.
Cathair Crofind. i § 3.
Cathair Dûine lascaig. 49.
Ceilbe. 21.
Céis Coroinn. 77.
Cell Ichtair Thire, 160.
Cenn Cuirrig. 49.
Cenn Etich. 127.
Cenn Febrat. 48, 121.
Cenn Ti're, 66.
Cera. 68.
Cermna. 78.
Cerna. 115.
Cetha Forngaire. 118.
Cir 7 Curreill mnâ in Dagdai 4.
Cland Bresail Bricc. i § 7.
Cland Ailella. 75.
Cland Cruthnig. 39.
Cland Gailim. 63.
Cleitech. 114.
Cliu Muman. 61.
Cloenfertai. i §§ 34, 35.
Clôenloeh. 116.
Clûain Caechne. 36.
Clûain Ailestair. 20.
Clùain Cannain. 58.
Cnâmehoill. 1 10.
Cnâmross. 31.
Cnocc Bae. 20.
Cnoec mBaine. 91.
Cnoce Dabilla., 4, 19.
Cnocc Duma Aichir. 22.
Cnoce Tarbga. 156.
Cnogba. 78.
Cnueha. 153.
Coiced Ailella meic Mata. 20.
Côiced Cairbri. 20.
Côiced Conchobair. 20.
286
Whitley Stokes.
Côiced Gailian. 38.
Côiced Olnecmacht. 61.
Coille Germain. 25.
Coire mBreccain. 145.
Comfot Coelchon 7 a arad. 1 § 28.
Comfot Cairbri Lifechair. 4.
Commar tri n-uisce. 102.
Conailli Murthemne. 95.
Connacht. 31, 33, 52, 57, 60, 71,
87, 112, 161.
Corann. 161, Coronn. 77, 161.
Corco Lâigdi. 130.
Corcomruad. 151.
Corra Ednecha. 51.
Craeb Belaig Dathi. 160.
Craeb Dathi. 50.
Craeb Mugna. 50, et v. 54.
Craeb Uisnig. 160.
Crann Tortan. 160, et v. 34.
Crechmâel. 86.
Crîch Comul. 32.
Crich Cruithnech. 78.
Crich Cualann. 40.
Crinda. 118.
Croch. 52.
Cros Adamnain. i § 20.
Gros Fergusa. 1 § 37.
Grotta Gliach. 47.
Gruach Aigli. 78.
Gruaclian. ,80, 136.
Gruachan Ai. 129, 132.
Gruachan Aigli. 68.
Gruachu. 72.
Crutlinig na Gruachna. 152.
Cualgne. 66.
Gualu, gen. Cualann. 126.
Cuchtair Cormaic. i § 16.
Cûil Cada. 113.
Gûil Eclîtair. 60.
Guilliu, gen. Guillenn. 159.
Dâ cich na Morrigna. 4.
Dail. 78.
Daim-inis. 83.
Daire Bainb. 112.
Daire Gossduib. 158.
Daire Falgad. 113.
Daire Léith. 154.
Daire Léith hua Falgi. 36.
Daire Tarbga. 73.
Dâl n-Araide. 20.
Dell mBûain. 141.
Dàl Selle (Sailne). 141.
Dâl n-Uisnig. 30.
Dali. 140.
Dali (a mound). i § 23.
Danmairc. 9.
Derc dub. i § 10.
Derc niBuailcc Bicc. 4.
Derg-môin. 25.
Desel Temra. i §§38, 39.
Desgabur. 18.
Dési Breg. 22.
Dési Temrach. Introduction.
Dési Muman. v. Indeôin.
Diadlaic. i § 42.
Diamrai Breg. 125.
Dind Gochlâin. 126.
Dind rig. 9.
Dinda Hua nAmalgada. 135.
Dindgnai in Broga. 4.
Dindgnai Laigen. 22.
Dindgnai Temrach. i.
Dorchae. i § 23.
Drobâis. 140.
Drong Assail. 66.
Druim n-Airbre. 8.
Druim n-Airthir. 140.
Druim Almaine. 37.
Druim Bairr. 160.
Druim Bertach. 52.
Druim Bethech. 152.
Druim câin (in Gonnaught). 87.
Druim câin (Tara), i § 3.
Druim cliab. 82.
Druim Cresach (Clasaig?). 152.
Druim Criaich. 140.
Druim nDairbrech. 8.
Druim den. 27.
Druim nDescin (Tara), i S 3-
Druim Fingin. 152.
Druim Ing. 29.
Druim Suamaich. 129.
Dub. 140.
Dub-âtha Maisten. 22.
Dub-chlais. 112.
Dub-gaill. 9.
Dub-inis. 7 1 .
Dubri. 151.
Dub-thi'r. 84.
Duib-lind. 26.
Dumae n-Aicle. 2.
Dumae n-Eirc. 2.
Dumae Faifni. 1 5,
The Rennes Dindsenchas. Index of Places.
287
Dumae Granarda. 144.
Dumae ind Luchduinn. i § 41.
Dumae na bô. i §11.
Dumae na mbanamus. i § 27.
Dumae na cnâm. 4.
Dumae na ngiall. i § 12, 3.
Dumae Rôirenn. 33.
Dumae Selga. 71.
Dumae Tresc. 4.
Dûn. 52.
Dûn Barc. 82.
Dûn niBrea. 29.
Dûn Bres. 140.
Dûn Cairin. 58.
Dûn Crimthainn. 30, et v. 3.
Dûn Croin. 66.
Dûn Cûair. 154.
Dûn dà benn. 121.
Dûn delga. 54, 119.
Dûn Étair. 28.
Dûn Finteing. 154.
Dûn nGabail. 23.
Dûn Garbâin. 48.
Dûn mac Nechtâin Scène. 130.
Dûn Masc. 154.
Dûn Meic Dâtho. 18.
Dûn na nGîall. 99 = Duma na
nGiall q. v.
Dûn Oengusa. 78.
Dûn Sobairci. 66, 98.
Eiscir Riada. 58, 132.
Elle. 56.
Emain. 106, 120, 141.
Emain Mâcha. 161, et v. 140.
Enach selga. 34.
Eoganacht Caisil. i § 28.
Eôir (a river). 49.
E6 Mugna (a tree). iSo-, . /. 34.
E6 Rossa (a tree). 160, et v. 50.
Ériu, gen. Érenn, dat. Érinn. Intro-
duction, I, 62, 90 et passini.
Ernai. 76, 80.
Ernai Muman. 22.
Espàin, Espâinia. i § 2, 93, 131,
136.
Ess Duinn. 81.
EssRûaid. 81, et v. 75, 106, 140, 161.
Etal. 43.
Étar. 3.
Etharlaige. 118.
Ethne. 88.
Fafaind. 15, 16.
Fal. I § 15.
Fan in Briugad. 16.
Fan na carpat. i § 34-
Febal (i. e. Loch Febail?). 140.
Femen. 12, 49.
Fernmag. 163.
Fersat Râtha Branduib. 135.
Fersat Trese. 135.
Fert Feidlimthe Rechtmair. 4.
Ferta Aeda Luirgnig. 4.
Ferta Esclâim (Pâtraic). 4.
Ferta nan-ingen. 126.
Fiad in Broga. 20.
Ffch mBûana. 106.
Fid eoin 148.
Fid Frosmuine. 117.
Fid nGaible. 1 1 .
Find. 19.
Findabair Maige Inis. 161.
Findglais. 33, 140.
Findloch. 156.
Findloch Géra. 68.
Fir Bile. 160.
Fir Bolg. 8, 29, 40, 128, 159.
Fir Domnann. 8, 9, 132.
Fir Falga. 53, 81, ni.
Fir Femin. 47.
Fir Féne. 72.
Fir Fidga. 82.
Fir Murig. 5.
Fir Olnecmacht. 60, 71,75, 112.
Firt mBoinne 4.
Foma. 22.
Fomoiri. 38, 108.
Fomoraig. 42, 147.
Forauiri Fer Falga. 91.
Forcartain (-tan, -tu). 22, 26, iio.
Fornochl. 27 et v. 22.
Forrad. i § 9.
Fothairt. 18.
Fothairt Airbre. 8.
Fothairt Domnann. 9.
Frâech Slemna (Oirenn) . 115.
Frâechmag. 70.
Frainc. 43.
Fremann. 3, 65.
Fulacht Fiachach Sraibtine. 4.
Gabal. 11.
Gabrân (Belach Gabrâin). 49.
Gaileoin, dat. Gailianaib.9, 15, 160.
Whitley Sîokes.
Gailia Narbonem. 43.
Gaill. 9. See Dub-gaill.
Gaillim. 131.
Gâirech. 120, et v, 66.
Galenga. 9.
Glascarn. 71 .
Glais Cuind. 140.
Glais Cruinn. 66.
Glais tarsna. 140.
Glais Rompir. 22.
Glenn Cappaige. 25.
Glenn Cruain. 144.
Glenn Cuill. 25.
Glenn Findléiih. 25.
Glenn in Mata. 4.
Glenn na Samaisce. 66.
Glenn Samaisce. 157.
Glenn Serraig. 107.
Glenn Smoil. 25.
Glomraige. 127
Gôidil. 20, 40, 68, 116, 134.
Granaird i Cairbri. 160.
Grec « Greece », 134. .
Greic « Greeks ». 58, 128.
Grellach Sruthra, 144.
Gris. 32.
Hirarus, see Irarus.
Hûi Amalgaid. 135.
Hùi Fàlgi. 18, 36, 135.
Hûi Felmeda. 22.
Hùi Garbchon. 1 54.
Hûi Mail. 14.
Hùi Muiredaig. 33.
Hûi Néill. I 5 39.
lath n-Elga. 42.
Ibur Baile. 17.
Ilgairech. 66.
Imbliuch Meconn. 43.
Imdae in Dagdai. 4.
Inber (Indber?) n-Àilbine. 5.
Inber mBicni. 123.
Inber mBuada. 134, 136.
Inber Cairn glais. 136.
Inber Cichmaini. 104.
Inber Colptha. 4, 28.
Inber Dea. 40.
Inber Glais, 141.
Inber Scène. 130.
Inber Slaine. 40.
Inber Unuill. 7 1 .
Indeoin na nDése. 55.
Inis Aine. 42.
Inis Amalgaid. 135.
Inis Bretan. 91.
Inis Érenn. 109.
Inis Failinn. 131.
Inis Glas. 66.
Inis Medon. 78.
Inis Saimer. 134.
Insi Mod. 74, 78.
Irarus. 117.
Irluachair. 141.
Irmumu. 58.
Irôt (Erôt). 10.
Irrus Damnonn. 58.
Laigin. 9, etv. i §§ 7, 35, 36, and
Nos. 14, 22, 28, 29, 33, 34, 36,
38, 39> 71-
Laigin Desgabur. 18.
Laiglinni. 78.
Laigni. 103.
Laigsi. 9, 18.
Lecan môr Midi. 66.
Lecc bend « stone of horns »? 4, 28.
Lecc Thollchinn. 122.
Lecht Cellaig m. Maile coba. 4.
Ledit Con ocus Cethin. i § 14.
Lecht gabra Cinaeda. 4.
Ledit ind abaic. i § 22.
Ledit in Dagdai. 4.
Lecht in Mate. 4.
Lecht Maini. i § 19.
Lecht Niata (Mata?), i § S.
Lecht Oenfir Aife. 95.
Leth Cuinn. 14.
Lia Lindgatain. 1 19.
Lia na fi'an. i §§ 25, 26.
Lia Nothain. 87.
Liacc benn. 28 =r Lecc benn q. v.
Liacc Buidi nieic Muireda. 4.
Liaig (a well). i § 10.
Lianiain. 22.
Liatlî na cor. 140.
Liathdruim (Tara), i.
Liathmuine. 113, 141.
Liber (a river), i j.
Ligir (a river). 43.
Ligmuine. 8.
Linc. 103.
Linn Doe. 36.
Linn mnâ féile. 59.
The Rennes Dindsenchas. Index of Places.
289
Loch Aindind. 128.
Loch bel dracon. 47.
Loch cenn. 151.
Loch Cimbi. 78.
Loch con. 74, 145.
Loch Cuan. 98.
Loch Cutra. 78.
Loch Dacaech. 40, 98.
Loch nDechet. 75.
Loch Dergdeirc. 64.
Loch n-Echach. 141, et v. 51.
Loch n-Érne. 80.
Loch Febail. 91, 140.
Loch Gabar. 107.
Loch Gartnan. 40.
Loch Gile. 138.
Loch Laighnni. 150.
Loch Léin. 55, et v. 50, 127.
Loch Lôeg. 97.
Loch Lurgan. 36.
Loch Mesca. 78
Loch Néill. 73.
Loch n-Orbsen. 159, et v. 140.
Loch Riach. 158, et v. 50.
Loch R! (Rîb). 79, et v. 51.
Loch Ruidi. 98.
Loch Séta (Sétna). 124.
Loch Sîlenn. 67, 151.
Loch Sithgail. 155.
Loch n-Uair. 128.
Lochlann. 5.
Loeg (a well). i § 15.
Long ingine Forainn. 4.
Long na mban. i §§ 24, 28, 29, 32.
Luachair. 50, 52, 79.
Luachair Aine. 52.
Luachair Degad. 53.
Luibnech. 121.
Luigni. 103.
Luimnech. 57, 153.
Lusmag. 108.
Machad Brigte. 16.
Maenmag. 63, et v. 60, 158.
Mag Adair. 78.
Magn-Ai. 69, 73, 140.
Mag n-Aidni. 62.
Mag n-Ailbe. 160.
Mag n-Airbthen. 79.
Mag mBernsa(?). 25.
Mag mBolgaide, 1 1 1 .
Mag niBreg. m.
Mag mBroin. 135.
Mag Ceiti. 135.
Mag Goba. 93, et v. 66.
Mag Coroinn. 77.
Mag Cruachan. 140.
Mag Guma. 1 10.
Mag nDenusa. 152.
Mag nDoirb. iio.
Mag nDumach. 152.
Mag Étair. 30.
Mag Fea. 44.
Mag Femin. 44.
Mag Fera. 44.
Mag Fertaigi. 13.
Mag Find. 79.
Mag Findabrach. 118.
Mag nGlas. 136.
Mag Innusa. 149.
Mag n-Itha. 90.
Mag Léige. 147.
Mag Lena. 1 12.
Mag Lifi. 12.
Mag Luathat. 13.
Mag Luirg. 72, 140.
Mag Lunga. 75.
Mag Mâcha. 94, 102.
Mag Maein. 81.
Mag Main (=: Maenmag?). 158.
Mag Maisten. 32.
Mag Mechi. 13.
Mag Mell Tire Tairngiri. 45.
Mag Mesca. 18.
Mag Muaich. 1 10.
Mag Mucraime. 70.
Mag Mugna. 34.
Mag Muirig. 5.
Mag Muirisc. 76.
Mag Murthemne. 119.
Mag Rechet. 154, 155,
Mag Roigni. 43.
Mag Senaig. 149.
Mag Slecht. 85, et v. 72, 149.
Mag Tarbga. 156.
Mag Tibra. 1 36.
Mag Tuired. 108.
Mag Ulad. 96.
Maistiu. 32.
Mala(?). 25.
Martine. 72.
Medraide. 131.
Mide. 7, et v. 3, 78, 115.
Moel (a stone). i § 21.
290
Whiîley Stokes.
Moin Alinn (Almaine). 37.
Môin Gai glaiss. 14.
Môin Lamraige. 3.
Môin Tire Nair. 105.
Mucciind. 66.
Mucc-inis. 74.
Muimni. 103.
Muimnich. 132.
Muirbech Mil. 78.
Muir n-Icht. 6, 42, 122 = Icht-
muir. 42.
Mumu gen. Muman. 46, 47, 57,
61, 107.
Mûr na Morrigna. 4.
Mûr Tea. i § 9.
Mûr na tri cocar. i § 24.
Nâs. 20.
Nemnach (a well). i §§ 5, 6.
Nemthenn. 83.
Nith (a stream). i § 5.
Ochonn (Ochan?) Midi. 6.
Odba. 103.
Odras. 113.
Oe Cualann. 29.
Oenach Airbi Roiir. 95.
Oenach Carmuin. 18.
Oenacli Fer Fidga. 81.
Oenach Mâcha. 56, 94.
Oenach Oengusa. 32, 6$.
Oenach Taihen. 20, 99.
Oenach Teite. 49.
Ohaecmacht. 61.
Ossraige. 18.
Port Coelrenna. 40.
Port Lâirge. 42.
Pupall Adamn.iin. i § 18.
Rdith Alestair. 20.
Rditli Badammrach. 49.
Râith Becc. 18.
Rdith Cairbri. 117.
Râith Cennaig. 78.
Râith Cndmrossa. 31.
Raith ColmdinmicFaelchon. i §40.
Rdith commair. 78.
Rdith Conchobair mie Nesa. i § 30.
Rdith cro. 118.
Rdith Crûachan. 65.
Rdith Cuirrig. 49.
Rdith Éssa. 3.
Rdith Etdin. 36.
Rdith Gelbée. 21.
Rdith Grainne. i §§ 33, 34, 35.
Raith Loegairi. i '§§ 7, 8.
Rdith meic Bricc. 15.
Râith môr Maige Line. 97.
Rdith na senad. i § 17.
Rdith Nui in Hûi Garbchon. 154.
Rdith Nui in Mag Rechet. 134.
Rdith Rogein. 97.
Rdith Rig. I § 9.
Rdith Ruine. 20.
Rdith senaid. i § 17.
Ramann. 54.
Redg. 54. ^
Rind BeraSirraim. 78.
Rind Boirne. 78.
Rind Tamain. 78.
Rôiriu. 33.
Ross Créa. 58.
Ross Ndir meic Edlicon. 10.
Rout sûla Midir. 4.
Sdl Srotha Deirg. 133.
Saxain. 122.
Scarb Indech. 25.
Sciath Conculainn. i § 31.
Seithia. 38.
Segais. 31, 140.
Séig Mossad. 148.
Sen-ehorann. 140.
Seseenn Temrach. i §§32, 33, 36.
Sid n-Aeda. 81, 161.
Sid mBaine. 47.
Sid in Broga. 3. "
Sid Buidb. 12, 55.
Sid CoUomrach. 73.
Sid Crûachan. 57, 65, 113.
Sid Femin. 37. Sid Fer Femin. 47.
Sid Findchada. 18,
Sid Frdich. 132.
Sid Neehtain. 19.
Sid Nenta. 60.
Sîl Mereill. 24,
Sil Nemid. 147.
Sinann (a river). 59, 10$.
Siûir (a river). 49, 50.
Slainc. 40.
Sliab Admoir. 40.
Sliab Betha. 143.
Shab Bladma. 10.
The Rennes Dindknchas. Index of Places.
291
Sliab Bodbgnai, 113.
Sliab câin. 48, 121.
Sli'ab Callann. loi.
SHab in chotaig. 19.
Sliab CoUan, 20.
Sliab Cua. 157.
Sliab Digasa. 25.
Sliab n-Echtga. 60.
Sliab n-Eiblinne. 141.
Sliab Fraeich. 149.
Sliab Fûait. 100, 132.
Sliab nGam. 137.
Sliab Guairi. 19.
Sliab Leccach. 29.
Sliab Leitrech. 20.
Slfab Mairge. 38.
Sliab Mis. 51, 52.
Sliab Monaid. 18.
Sliab Senaig Gairb. 5 1 .
Sliab Uillenn. 88.
Slige Assail. 58.
Slige Cualann. 58,
Slige Dala. 58.
Slige Midluachra. 58.
Slige Môr. 58.
Sligech. 140.
Snam dâ en. 105.
Sndm Maige Tairbirt. 91.
Snâm Rathin. 106.
Snûad. 32.
Srub Brain. 54, 58.
Srub Bô. 155.
Sruthar Chuillinne. 144.
Sruthar Gartchon. 144.
Sruthar Matha. 102.
Suça (a river). 132.
Suide Aeda. 75.
Tailtiu. 99, et v. 20, 78.
Tarbga. 66, 71.
Tarr-câin. 59.
Tebtha. 3, 144 zzi Tethba q. v.
Tech Cormaic. i § 9.
Tech Ennaig. 78.
Tech Mairisen. i § 6.
Tech Midchuarta. i § 26, 146.
Temair. i, et v. 35,113, 125, 126,
141, 146, 159. Temoria. i § 4.
Temair Lûachra. 50.
Tethba. 127.
Tilach Eogain. 155.
Tipra bô finde. i § 10.
Tipra Connia. 59.
Tipra Dera. 150.
Tipra Sengarman. 52.
Tipra Slaingi. 108.
Tipra Truimm. 158.
Tir Aeda. 161.
Tir Amalgaid. 135.
Tir ind Nâir. 140.
Tir Maini. 158.
Tir na mban suthain. 141.
Tir Tairngiri. 45, 68.
Tlachtga. 110, etv. 78.
Tond Clidna. 45.
Tor Conaing. 147.
Torinis. 43.
Trâig Baih. 95.
Traig Tuirbi. 125 = Tracht Tuir^bi.
127.
Tredumae Neise. i §§ 29, 30.
Tricha cétGaleon. 9.
Tûag Inbir. 141.
Tùain Ragain. 149.
Tûath fis. I § 28.
Tûatha dé Danann. 18, 60, 77, 90,
108, 156, 141, 149.
Tûatha Fidga, 39. v. Fir Fidga.
Tûatha Fochmainn. 39.
Tûatha Taiden. 132.
Tul Tuinne. 57.
Tulach Cnamraid. 144.
Tulach dâ roth. 45.
Tulach Dotoad. 33.
Tulach in bêla. 125.
Tulach na ndér. 129.
Tulach na faircsen . 133.
Tulach na hiarmaithrigi. 126.
Tulach Lathraich. 78.
Tulchan na ngairthe. 136.
Turloch SiUnne. 67.
Uaim Cruachan. 70, 80, 113.
Uarân Garaid. 66.
Uisnech. 7, 160. UisnechMidi. 161.
Ulaid. 64, 66, 78, 94, 96, 97, 112,
118, 121, 129, 141, 161, 163.
Umall. 58, 140.
Unnius Uisnig (a tree). 160.
Urard. 144.
Usce Neidi. 131.
292
Whitley Stokes.
INDEX OF PERSONS.
[b. = ben wife ; i. — ingen daughter ; m. = mac son.}
Abach fili. 34.
Abcân eices. 81.
Abraham m. Tara. 91.
Acall i. Fedelme. 2.
Adamndn. 1 § 18, 20.
Adar m. Umoir. 78.
Ae m. Allgubai. 69.
Aed Lurgnech. 4.
Aed m. in Dagdai. 91.
Aed m. Labrada Lesbricc. 81.
Aed Ron. 1 1.
Aed Ruad m. Baduirn. 75, 81, 94,
161.
Aed Slâine. 34, 160.
Agnoman. 66, 94.
Ai m. Ollaman. 18.
Aicher Cerr m. Echach. 22.
Aide i. Oichinn. 26.
Aidne m. Allguba. 62.
Aife i. Scathaige. 95.
Aige i. Broccada. 15.
Ailech i. Fubthairi. 91.
Ailestar m. Dorncla. 20.
Ailill Aine. 9.
Ailill Caisfiaclach. 146.
Ailill Fesfonnad. 142.
Ailill Find. 104.
Ailill m. Aeda Roin. 11.
Ailill m. Eogain. 91.
Ailill m. Rosa, Medb's husband. 9,
61, 70, 72, 78, 104, 106, 144.
Ailill Molt m. Dathi. 133.
Ailenn i. Luigdech. 17.
Aimergin largiunnach. 80.
Aindle m. Loga Lâmfota. 82.
Aindinn Oach. 128.
Aine (gen. sg.)beloved ofEtar. 29.
Ainge i. in Dagdai. 11.
Aingen. 66.
Airchinded m. Fir dâ Roth. 144.
Airdech m. Fir-choca. 135.
Aithechdae. 14.
Alb m. Augein Urgnaid. 154.
Allguba m. Eithriuil. 62.
Almu i. Bécain. 16.
Altach m. Duilb. 18.
Amorgein m. Amalgada. Introd.
Amalgaid m. Fiachra. 135.
Argatmar. 161.
Art Mes-delmann. 17.
Asal m. Doir Domblais. 58.
Asuall. 149.
Atherne Ailgesach. 28.
Augen Urgnaid. 154.
Badammair. 49.
Badurn m. Argatmair. 161.
Baeth m. Dithorba. 161.
Baile. 45, 1 17.
Baine i. Frigrenn. 91.
Bairenn i. Germain. 25.
Bairnech Barannbel. 78.
Baitâr m. Fergusa Leithdeirg 147.
Ban bolgach m. Bannaig. 55.
Ban m. îllaind. 131.
Banba. 5 1.
Banbân. 71.
Bannach m. Glamaig. 55.
Bé cuille. 18.
Bé Fâil. 41.
Bé Gelchnes. 21.
Bé tuinde i. Nothra nôCalaid. 139.
Becc-altach. 66.
Benén. i § 20.
Bennân m. Birchinn. 98.
Beoân m. Beothaig. 149.
Beothach m. larmuinéil. 149.
Berchan, saint. 1 1.
Bernas m. Frigrenn. 91.
Bersa a Berramain. 31.
Biblu i. Faindli. 124.
Bicne drui. 1 17.
Bicne gilla Gonaill Ccrnaig. 123.
Bile m. Brigi. 100.
Bir m. Umoir. 78.
Bith m. Noe. 143,
The Rennes Dindienchas. Index oj Persons.
m
Blad m. Breogain. lo.
Bladma. lo.
Blae Ballethan. 103.
Blathnat i. Mind. 53.
Bled m. Cruinn. 66.
Blod. 66.
Blod m. Con. 10.
Blonoc i. in Tûi. 67.
Bôand b. Nechtâin. 4, 19.
Bodb. 12, 55, 57.
Bôi i. Ruadri (Ruadrach). 20.
Boible m. Boirchi. 157.
Boirche. 64, 157.
Boirche bôaire. 98.
Boirenn m. Bolcâin. 131.
Bolcàn m. Bain. 131.
Borbchas m. Dithorba. 161.
Bore Buiredach m. Manchin. 80.
Bran m. Echach Abratruaid. 139.
Bras m. Dithorba. 161.
Brath m. Deatha. 7, 44.
Brea m. Senbotha. 29.
Breccân m. Maini. 145.
Breccân m. Partholoin. 145.
Brech m. Broichdi. 118.
Brefne i. Beoâin. 149.
Brega m. Bregoin. m.
Bregmael. 10.
Bres m. Echach Feidiig. 140.
Eres m. Elathan. 46, 149.
Bresa i. Germain. 25.
Bresal Bélach. 31.
Bresal Bôdibad m. Rudraigi. 123.
Bresal Brecc. i §7, 123. m. Briuin.
97-
Brf Brû-glas. 20.
Bri m. Bairceda.^40.
Bri Bruachbrecc i. Midir. 126.
Briccen m. Tuinde. 91.
Brige m. Breoguinn. 100.
Brigit banfili i. Echach Ollathair.
159.
Broccaid m. Bruic. 1 5.
Broccsalach Cringlunech. 157.
Brodar m. Meic Sciach. 23.
Brogarban. 71 .
Bron m. AUoit. 135.
Bruachaid m. Baisgil. 142.
Buachat Buasach. 113.
Bualc Becc. 4.
Buan i. Samaera. 106.
Buan m. Belaig. 147.
Revue Celtique, XVI.
Buichet in briugu. 71.
Buide m. Bain Blaith. 66.
Buide m. Buain. loi.
Buide m. Muireda. 4.
Buirech. 17.
Cacher m. Nàmat. 159.
Cadha. 113.
Câechre i. Léith. 36.
Caibell. 158.
Câilte, Câelte. 27, 45.
Gain m. Deirg Dualaig. 48.
Gaindlech i. Geim Gelta. 129.
Gàinén Mâsc. 154.
Gairbre Grommchenn. 22.
Gairbre m. Echach. 151.
Gairbre m. Etâine. 115.
Gairbre Lifechar. 4, 31, 117.
Gairbre Niafer. 2, 21, 78.
Gaire b. Gannain. 58.
Galcmael m. Gartan. 83.
Calad m. Gonchinn. 139.
Gam tôisech teglaig Oengusa. 149.
Gannân Gruthnech. 12.
Gannan m. Edlecon. 58.
Ganthon m. Gaithmenn. i § 2.
Gappach i. Germain. 25.
Garmen. 18.
Gartan m. Gonnaith. 83.
Gass Clothach. 136.
Gass Glothmin. 10.
Gass m. GlaissGamna. 26.
Gassàn m. Germain. 25.
Gathâir Môr. 10, 40, 102.
Geirbil Balmaith i. Etair. 158.
Geite m. Alloit. 135.
Gellach m. Ailella Muilt. 133.
Gellach m. Eogain. 133.
Gellach m. Mâile Goba. 4,
Geltchar. ici.
Genn fâelad m. Ailella. Introd.
Gentarcluais. 38.
Cerball m. Muirecâin. 21.
Germait Milbeoil. 4.
German Galadchenn. 25.
Gerna Gass m. Gairbri. 115.
Gerniam. 115.
Cesair i. Betha. Introd. and 149.
Get m. Magach. 78.
Getgen Gruachan. 132.
Gethen. i § 14, 66.
Gethern m. Finntain, 66.
294
Whitley StokdS.
Cian athair Loga. 46.
Ciarnait. i § 5.
Cinaed m. Irgalaig. 4.
Cich-Maine Andoe. 104.
Cich-muine m. Ailello Find. 104.
Cicul Glicerglun. 41.
Cimbaeth m. Finntain. 161.
Cimbe Cethirchinn. 78.
Cingid m. Umoir. 78.
Cleitech drui. 114.
Cleitech m. Dega (Deda?). 114.
Cliach cruitire, 47.
Cliath i. Germain. 25.
Cliath m. Cuilinn. 131.
Clidna i. Genainn. 144.
Cloen m. Ingoir. 116.
Clothru i. Echach Feidlig. 88, 140.
Cnucha i. Conaing. 153.
Goba. 91.
Gobthach Goelbreg. 9.
Gobthach rf Hérenn. 15.
Cocca gen. sg. 36.
Gochldn gilla Léith. 126.
Gochrann i. Guirrig Lifî. 49.
Godai Corrchichech. 109.
Godai Grinchi'chech. 3.
Gôelcheis. 77.
Gôelchu m. Loairn. i § 28.
Gôemgen Gongancnes. 51.
Golla, na tri, 91, 161.
Colnidn mor m. Diarmata. 151.
Golmân m. Faelchon. i § 40.
Golomb cille. 145.
Gonaing m. Echach. 141.
Conaing m. Faebair. 147.
Gonaire Mor. 3, 12, 29, 31, 35,
II I, 141.
Conall Gernach. 2, 66, 72, 78, 105,
106, 123.
Gonall Glârainech. 157.
Gonall Gôel m. Oengusa. 32, 78.
Gonall Gonganchnes. 129.
Gonall Grommdergm. Labrada. 73,
Gonall Gruachan. 132.
Gonchenn i. Buidb. 47.
Gonchobar m. Nessa. i (§§29, 30),
2, 55, 66, 88, 94, 129.
Gonchuirn m. Umoir. 78.
Gonganchnes. ici.
Gonn (transformed into a boar). 71.
Gonn Gétchathach. 4, 34, 58, 102,
103, 132, 153.
Gonnad Buide m. Iliach. 115.
Gonnla. 59.
Gonnla m. Gonaill Gruachan. 132.
Gonmael m. Ebir. 56, 152.
Gonmenn m. Goumaic. 29.
Gorc m. Gonaill Gruachan. 132.
Gormac m. Airt. i §§ 5, 6, 8, 14,
16.
Gormac Gass. i § 28.
Gormac Gonloinges. 129.
Gormac hua Guinn. 113, 114, 118
= Gormac m. Airt q. v.
Gormac m. Gulennain. i.
Gormac Gaileng. 10.
Goro cruitire. 77.
Gorrchenn Gruaich. 91.
Gosdub ri sîde. 158.
Gréa i. Edlicon. 58.
Grech mael. 86.
Crem Marda. 17.
Griblach Gonnacht. 52.
Gridenbel cainte. 18.
Grimthann m. Griblaige. 52.
Grimthann m. Luigdech. 30 =:
Grimthann Nia Nâire. 4, 121.
Grimthann Sciathbél. 29, 39.
Gri'st. 29, 99, 161.
Grôchan (Crochenn) Grôderg. 65.
Crôfinn. i § 3.
Gronn m. Agnomain. 66.
Gromm Croich (Gruach). 85, 149.
Gruachu. 6s.
Grunniuc. 66.
Gû. I § 14, 66.
Gû m Gais Glothmin. 10.
Gua Gennmar m. Broccsalaig. 157.
Gualu. 29.
Guar m. Augein Urgnaid. 154.
Gûchoingelt m. Eogain. 135.
Gûchulainn, i (§§ 30, 31), 2, 53,
54, 66, 78, 95, 106, 119, 120,
130, 132, 144.
Guilenn m. Dub-duinn. 131.
Guirce m. Snithi. 10.
Gulann cerd. ici.
Guldub m. Dein. 14.
Cuma m. Tlachtga. no.
Gurnân Gosdub m. Redoirche. 82.
Gûroi m. Dâiri. 55, 72.
Gurrech Lifi. 49, 52.
Cutra m. Umoir. 78.
The Rennes Dindsenchas. Index of Persans.
29^
Dabilla oirce. 4, 19.
Dacaech i. Cicuil. 41 .
Da choca 129.
Daelech m. Umoir. 78.
Dagda, in. 4, 11, 91, 129.
Dairbre Derg m. Lulaig. 8.
DâireDerg m. Echach. 32.
Dâirem. Fiachna. 66.
Dairiu m. Echach. 141.
Dala Glas m. Edlecon. 58.
Dalb Garb. 71.
Dalb i. FaindH. 124.
Dallân m. Macachâin. 21.
Damairne m. Diubahaig. 58.
Danaus m. Point. 128.
Dartaid i. Regamna. 61.
Dathen fiH. 160.
Dathi m. Fiachrach. 133.
Dea m. Dega. 40.
Déchet m. Derguir. 75.
Dechtere mâthair Conculainn. 119.
Deda m. Sin. 48.
Delà m. Loith. 159.
Delbnat i. Lochtaig. 150.
Deltbanna m. Druchta. 12.
Dera m. Scera. 150.
Derbrenn (= Drebrenn?). 77.
Derbrenn i. Echach Feidlig. 71.
Derg (=:Daderga). 29.
Di'an i. FaindH. 124.
Di'an m. Dibaid. 18.
Di'ancecht. 108.
Diancecht m. Echtaig. 77.
Diarmait hua Duibni. 49.
Diarmail m. Cerbaill. Introd.
Dibad m. Doirche. 18.
Digais Dibartach. 25.
Dil i. Lugmannrach. 44, m.
Dimma Cron. 14.
Di'moin m. Germain. 25.
Dithorba m. Dimmain. 161.
Diuchaill m. Fir Uillne. 130.
Dodera m. Aurmora. 48.
Doe i. Léith. 36.
Domnall m. Murchada. 34.
Donn Cûalgni. 66, 156.
Donn Desa. 29.
Donn m. Dathaich. 131.
Donn m. Dubâin. 81.
Donnchad m. Flaind Sinna. 99.
Dorb m. Tlachtga. 110.
Dorncla. 20.
Dornmâr m. Germain. 25.
Dothur m. Dibaid. 18.
Drebrenn (=: Derbrenn?). 73.
Dreco i. Chalcmâil. 83.
Druim Suithe. 160.
Duach Teimen. 99.
Dub i. Roduib. 26.
Dub m. Dibaid. 18.
Dub m. Duibni. 49.
Duban m. BiU. 81.
Dubân m. Deirc. 131.
Dubmuc (leg. Duinniuc, Tuin-
niuc?). 66.
Dubrot. 52.
Dubthach Dubthaire m. Forgnae.
22.
Dubthach m. Rune. 67.
Duibri m. Dubâin. 151.
Duirgein i. Luaith. 24.
Eber m. Miled. 152.
Echan i. FaindH. 124.
Echdar i. Uathaig. 142.
Echtach m. Esoirc. 77.
Echtga Uathach i. Urscothaich. 60.
Eiblenn i. Guairi. 141.
Eitech i. Lennglais. 127.
Elathu m. Néit. 46.
Elgaid m. Dathi. 135.
Engan m. Gruinn. 66.
Enna Aignech. 73, 107.
Enna Gennselach. 6, 86, 122.
Enna m. Nois. 26.
Ennach m. Umoir. 78.
Eochaid (Eochu) Abratruad. 139.
Eochaid Ailtlethan. 146.
Eochaid Airem (Aireman). 3, 65,
127.
Eochaid Becc m. Gairbri. 61.
Eochaid Bélbuide. 18.
Eochaid Genn maire. 107.
Eochaid Doimlen. 31, 91.
Eochaid Echbél. 53.
Eochaid Feidlech. 71, 140.
Eochaid Garb m. Duach. 20, 99,
159-
Eochaid Gunnfat. 118.
Eochaid m. Enna Gennselaig. 6,
122.
Eochaid m. Luchta. 64.
Eochaid m. Maireda. 51, 79, 141.
Eochaid m. Oengusa. 151.
296
Whitley Sîokes.
Eochaid Muniste. 38.
Eochaid Oilech. 8.
Eochaid Ollathair. 159.
Eochaid Sâlbuide. i § 29.
Eochaid Toebfota. 32.
Eogan m. Cellaich. 133.
Eogan m. Néill. Introd.
Eogan Tâidlech. 132.
Eoin Baisti. 47.
Ere m. Cairbri Niafir. 2.
Ercad i. Fresca. 24.
Erclan m. Doithre. 146.
Erem (Eremon) m. Miled. 50, 93,
136, 137, I>2.
Eremon m. Rois. 131.
Erisnech m Imniaiseich. 91.
Ériu rigain Tuath déDanann. 51.
Eriu of Inis Èrenn. 109.
Erne i. Buirc Buiredaich. 80.
Ernolb m. n'g Danmarc. 9.
Err m. Uraird. 144.
Esa i. Echach Aireman. 3.
Esclam britheni in Dagdai. 4.
Esru m. Gôidil Glais. 134.
Etadon m. Nuadat Airgetlaim. 11.
Étâin b. Echach Aireman. 3, 65.
Etan Cennderg. 36.
Étar b. Gaind. 29.
Étar Étualaing. 158
Étar m. Etgaith. 29.
Etarbad. 23.
Etarscél father of Conaire. 141.
Etarscél M6r. 35.
Ethne. 48.
Ethne i. Echach Feidlig. 88.
Ethrél. 62.
Ette. 66.
Etsine banféinnid. 105.
Fadat m. Léith. 36.
Faifne fih. 1 3.
Failbe Flann. 37.
Failenn m. lUainn. 131.
Faindle m. Duib dâ roth. 124.
Fand i. FUdais. 55.
Fannall m. Fir Uillne. 130.
Fea i. Elcmair, 44.
Fea m. Mogaich. 44.
Febra m. Sin. 48.
Fedlem Nôchrothach. 2.
Fedlimid Rechtmar. 4.
Femcn m. Mogaich. 44.
Fer fi (fîgail) m. Eogabail. 58, 141.
Fer gair m. Duinn Desa. 33.
Fer gel m. Duinn Desa. 35.
Fer glas m. Duinn Desa. 35.
Fer rogain m. Duinn Desa. 35.
Fer rogair m. Duinn Desa. 35.
Fer uillne m. Luigdech Mail. 130.
Fera m. Mogaich. 44.
Feradach m. Rochuirp. 56.
Fercertnem. Athglô. 64.
Fergna fer gai lethain. 146.
Fergna m. Findchâime. 104.
Fergus ailithir. i S 37.
Fergus B6t dar Bregc. 118.
Fergus Duib-détach. 118.
Fergus Finbel. 52.
Fergus Foga. 161.
Fergus Foltlebar. 118.
Fergus Lethderg. 83.
Fergus Lusca-béist. 60.
Fergus m. Roig. 66.
Fermor m. Erimoin. 131.
Fethlenn m. Fidrui. 91.
Fiach. 17.
Fiacha Cassan. 8.
Fiacha Labrainne. 80.
Fiacha m. Néill. 142.
Fiacha Sraibtine. 4, 14, 31, 91-
Fiachra m. Echach Muidmedôin.
135-
Fiai i. Mâcha. 94.
Fidrad m. Dama Duibe. 14.
Find transformed. 71.
Find fili m. Rossa Rûaid. 21 .
Find hùa Bâiscni. 88 :^Find m. Cu-
maill. 27, 31, 139.
Find m. Findtain. 119.
Find m. Ragamna. 49.
Findabair beloved of Frdech. 132.
Findabair i. Luigdech Làigdi. 118.
Findbennach. 66, 166.
Findchad m. Conaill Cernaig. 105.
Findchaem i. Magach. 80.
Find-emna, na tri. 140.
Findgall m. Findamair. 46.
Findmall. 8.
Finntan m. Laimiach. Introd. and
149.
Finntan m. Néill. 66.
Finteng m. Augein Urgnaid. 134.
Fir m. Mâcha. 94.
Fland transformed. 71.
The Rennes Dindienchas. Index of Persons.
297
Fland Febla. Introd.
Fland m. Echach Abratruaid. 139.
Fland Sinna m. Maelâechlainn. 99.
Fledach m. Germain. 25.
Flesc ddlem. 19.
Flidais i. Gairb. 142.
Fodia. 51.
Foibne m. Taircheltain. 146.
Foichnem m. Uraird. 144.
Foill m. Fir uillne. 130.
Follscaide muccaid. 112.
Forau m. Aichir. 22.
Forann (Ph roah?). 4.
Forbarr. 63.
Fordub (Ferdub?) m. Aichir. 22.
Forgnae. 22.
Fornocht m. Aichir. 22.
Fothad Airgthech. 89.
Fothad Ganann. 49, 91.
Frâech do muintir Cesrach. 149.
Fraech m. Fidaig (Idath?). 132.
Frâech m. Uraird. 144.
Friech Midlesach m. Gonaill. 132.
Frâechar Fortren. 161.
Frigriu m. Rubai Rûaid. 91.
Froechan. 71.
Fuat m. Bili. 100.
Fuata Bé-Fâil. 41.
Fublhaire ri Alban. 91.
Fuilech m. Germain. 25.
Fuiter m. Forduib. 23.
Furbaide Ferbenn. 88.
Fursa of Peronne. 47.
Gabal Gairechtach i. Guill. 11, perh.
the same as Gabal i. Guill Glais.
23.
Gae Glas m. Luinde, 14.
Gaeal, Gaer, two of Manannan's
names. 139.
Gaeith m. Gaisi Glaine. 81.
Gaeth m. Nechtain. 131.
Gaible m. Etadoin. 11.
Gaillim i. Bresail. 131.
Gairech Gumor 7.
Gam Gruadsolus. 137.
Gand m. Delà (Delada). 29, 60.
Gannân. 52.
Garb m. Grescaid. 142.
Garbân m. Dedad. 48.
Garman Garb m. Borna leice. 40.
Garman Glas m. Dega. 40.
Geide Ollgothach. i § i.
Gem Gelta m. Rodba. 129.
Genann m. Triuin. 45.
Gile i. Romra. 138.
Giusach m. Lodain. 58.
Glamach m. Gomir. 55.
Glan m. Carbaid. 2.
Glas m. Gais. 75.
Glas (Fer Glas) m. Duinn Desa.
35-
Glas m. Scairb. 23.
Glas Temrach. i § 1 1 •
Glascû. 107.
Gobban sâer. 125.
Gôedel Glas. 134.
Goisten. 152.
Goll Glas m. Fedlimtheo. 23.
Gollan m. Conmail. 56.
Grdinne. i §§ 33, 34, 35-
Grecus m. Point. 128.
Grian Bancliure. 90.
Gris ban-lecerd. 32.
Guaire Aidne m. Colmâin. 153.
Guaire Dubchestach. 84.
Guaire Gann m. Guairi. 84.
Guaire Goll (= Oissi'n). 139.
Guaire m. in Daill. 84.
Gumor (Umor?). 128.
Gunnait m. Suçait. 18.
Gunnat m. Gannâin. 155.
Heithiurun. i § 2.
lar m. rleisci. 148.
Ibar m. Sciach. 25.
Ibec m. Loga. 20.
Ibel m. Manannain. 98.
Ibuirne m. Dedois. 31.
Iliach. 66.
Illann m. Erclaim. 146.
Illann m. Neir. 131.
Imchad m. Fiachna. 66.
Indech m. Dea Domnann. 24.
Indell m. Uraird. 144.
Indue m. Cechtaig. 126.
Ing m. Doirb Glais. 29.
Ingen Forainn (Scota). 4.
Ingcél. 35.
Innus i. Breis. 149.
Irgus m. Umoir. 78.
Irial fâith m. Eremon. 136.
Ith m. Breogain. 90.
298
Whiîley Stokes.
luchna Ciabfaindech. i6,45.Iuchna
Eochaid Echbél. 53.
Labraid, athair Conaill. 73.
Labraid Lamderg. 23.
Labraid Lessbrecc. 81.
Labraid Loingsech. 9, 15.
Ladru. 45.
Laidgenn m. Baircheda. 6.
Laigen Gairbliath. 131.
Laiglinne m. Parthaloin. 150.
Laime m. Luaidre. 113.
Lâm ddlem. 19.
Land Lethderg i. Caibill. 158.
Lathrach m. Umoir. 78.
Leçon i. Lotair. 98.
Lee Fer Flatha. 31.
Lén Linfiaclach. 55.
Lena m. Mesroeda. 18, 112.
Lennglas m. Luind. 127.
Lethderg i. Conchobair m. Nessa.
91.
Liag i. Tresca (Trescadail). 24, 147.
Liamain Lennchain. 22.
Liath Daire Léith. 36.
Liath Lurgach. 155.
Liath m. Cehchair. 126.
Liath m. Germain, 25.
Liath Machae (a horse). 4.
Liber i. Luit. 15.
Life i. Cannain Cruthnig. 12.
Ligmuine. 8.
Lindgatan Labar. 119.
Lindgatan m. Loeguiri Buadaig.
119.
Loarn m. Rûaid. 1 § 28.
Lochar Lûath m. Smiraig. 18.
Lodan Liath. 38.
Lodan Luchairglan m. Lir. 59.
Lôeguire Bûadach. 106, 119.
Lôeguire Lorc. 9, 124.
Lôeguire m. Néill. i §§ 7, 8, 20.
Lomm-altach m. Lathraig. 24.
Lonim-glùinech m. Lommaltaig. 24.
Lomna Druth. 29, 34.
Lot Luamnach. 41.
Lothar m. Echach Feidhg. 140.
Luachair Boirennach. 22.
Luâm dilem. 19.
Luath m. Lommgluinig. 24.
Lucat MaeL i § 20.
Lug Laebach. 18.
Lug Lâmfota. 82.
Lug Liamna. 14.
Lug m. Ethlenn. 46.
Lug m. in Scail Bailb. 20, 99.
Lugaid Lâigde. 48, 118.
Lugaid Lâmtind. 64.
Lugaid Mac-con. i § 35-
Lugaid MâL 96.
Lugaid m. Cairbri Cromchinn. 22.
Lugaid m. Itha. i (§ i), 50.
Lugaid m. Maie Ni'a. 89.
Lugaid ri Laigen. 17.
Lugaid Sriab (Riab) nderg. 88, 140.
Lugar m. Luigdech Lâmfind. 64.
Luinde m. Loga Liamna. 14.
Lurga m. Lûaith. 91.
Lutair m. Luirgnig. 23,
Mac cecht. 13, 31.
Mac con. 131 et v. Lugaid Mac-con.
Mac dâ thô. iQ], 112.
Mac gréne. 1 59.
Mac ind ôcc. 45.
Mac nia. 89.
Macachân m. Echtigirn. 21.
Mâcha b. Chruind. 94.
Mâcha b. Nemed. 94.
Mâchai. Aeda Ruaid. 94.
Mâcha Mongruad i. Aeda. 161.
Machar m. Dubthaig. 67.
Mael croin. 133.
Mael da Luad. 133.
Mael deoraid. 133.
Mael Odrâin ni. Dimmai Croin. ij\.
Mael Senaich. 133.
Maen m. Etna. 42.
Maen m. lair. 148.
Maer b. Bersa 31.
Maer i. Oengusa. 32.
Maine Athrai b. Mie dâ thô. 112.
Maine m. Munremair. i § 19.
Maine m. Néill Nôigiallaig. 145.
Maine Milscoth m. Duinn Desa. 81.
Maini, na secht. 61.
Maire (B. V.). 160.
Mairgine gilla. 26.
Mairid m. Caireda. 51.
Mairiseo. i § 6.
Mairtine. 72.
Maistiu i. Oengusa. 32.
Mal m. Rochraidi. 94.
Mala i. Germain. 25.
The Rennes Dindsenchas. Index of Persans.
299
Manannan. 29, 98, 141, 159. m.
Alloit. 135. m. lir. 74.
Manchi'n m. Machon. 80.
Marcân m. Duinn. 131.
Marg m. Giusaig. 38.
Mata. 4, 28.
Matha m. Roirenn. 102.
Mèche m. na Morn'gna. 13.
Medb. 61, 66, 70, 71, 72, 78, 80,
104, 106, 1 32, 144.
Medraide m. Torcair. 131.
Mel. 71.
Mélge m. Cobthaig. 15.
Mend rî Fer Falga. 53.
Mercell m. Smirduib. 24.
Mesc m. Umoir. 78.
Mesca i. Buidb. 18.
Mes-buachalla. 5.
Mes-dedad m. Amargin. 28.
Mes-gegra ri Laigen. 28.
Mes-gegra m. dâ thé. 18.
Mes-réta. 112.
Mianach i. Dubthaig. 22.
Mide m. Bratha. 7.
Mider Brf Léith. 3,4, 65, 79, .94.
môrglonnach. 126.
Midluachair m. Damairni. 58.
Mil Esp.iine. 41, 51, 62, 63, 69,
70, 90, 93, 136, 137, 152.
Mis i. Maireda. 51.
Moach Maelchenn. 60.
Mod. 74, m. Umoir. 78.
Moen m. Ailella Aine. 9.
Moen mogaid. 63.
Mog Ruith m. Fergusa. iio.
Mogach m. Dachair. 44.
Monchae i. Faindli. 124.
Mongfind muime Find. 52.
Môr i. Rithir. 97.
More m. Deled. 147.
Morrigain, in. 4, 12.
Mossad m. Main. 148.
Mothur m. Largaig. 18.
Muach m. Tlachtga. 1 10.
Mug lama m. Luigdech. 22.
Mugain. 48.
Muirchertach m. Eirc. 114.
Muiresc i, Ugaini. 76.
Nâma m. Echach Gairb. 159.
Nâr m. Echach Feidlig. 140.
Nâr m. Edlecon, 10.
Nar m. Findchada. 105.
Ndr m. Oengusa, 58.
Nâs i. Ruadri (Ruadrach). 20.
Nàs m. Dorncla. 20.
Neeht Inbir Scéine. 130.
Nechtân Bascain. 46.
Nechtan Findguala. 127.
Nechtân Lâmderg. 46.
Nechtân m. Firmoir. 131.
Nechtân m. Labrada. 19.
Nechtân m. Luadat. 4.
Neide Nithgonach. 131.
Néll m. Enna Aignig. 73.
Nemain b. Néit. 91.
Nemannach cerd. $S.
Nemed. 7, 149.
Nemed m. Agnomain. 94.
Nera. 66.
Nés i. Echach Sâlbuidi. i § 29.
Net. 91.
Net m. Angada. 46.
Net m. Nuacha. 46.
Nîall Nôigiallach. 6, 122.
Ni'ata. I § 8.
Ninine éces. 34.
Nôisiu m. Nechtâin. 127.
Nothain i. Conmoir. 87.
Nuadu Airgetlam. 11,24.
Nui m. Augein Urgnaid. 154.
Ochaill. 57.
Ochtauin August. 18.
Odarnatân m. Laime. 113.
Odba b. Eremoin. 103.
Odba Uancenn. 102, 103.
Odras i.,Odarnatâin. 113.
Oenfer Aife (Conlaech). 95.
Oengus m. Crundmael. 4.
Oengus m. in Dagdai. 19 = Oen-
gus m. ind Ôc. 32, 71, 79, 141,
■49-
Oengus m. Nadfraich. isi.
Oengus TuirbechTemrach. 73, 107.
Oengus m. Umoir. 32, 78.
Oichenn m. Cnucha. 26.
Oirbsen = Manannan. 159.
Oisin m. Find. 52.
Oisîne. 27.
Ole Ai. 80.
Omra. 138.
Orc m. Ingoir. 11.
Orlam m. Ailella. 144.
300
Whitley Stokes.
Palap m. Eremoin. 152.
Parthalon m. Sera. 29, 134, 150.
Patrie m. Calpuirn.Introd., i (§ 20),
4, 68, 85, 99, 100.
Pont. 128.
Ragan Anglonnach. 149.
Raithen. 106.
Raran (Rônan?). 53.
Rechtaid Rigderg. 94.
Redoirche m. Dibaid. 82.
Riach. 158.
Ri'b m. Maireda. 51,79, 141.
Rinnail Rûad m. Delà. 159.
Rither m. Derlaim. 97.
Rochaid m. Faithemain. 66.
Rochorp m. Gollâin. 56.
Rodba m. Tuaich Tuile. 129.
Rodub m. Gais. 26.
Roigne Rômânach. 43.
Roigne Roscadach m. Ugaini. 43.
Roimper m. Aichir. 22.
Rôiriu i. Rarain (Rônâin?). 33.
Rôiriu m. Rogain Rechtaidi. 102.
Rôiriu m. Senâin. 33.
Romra. 138.
Ronc m. Dorncla. 20.
Ross m. Dedad. 78.
Ross Failge. 18.
Ross m. Fiachra. 66.
Ross Rigbuide. 98.
Ross Rûad. 2.
Rosualt, in. 76.
Roth m. Cithaing. 42.
Rûad i. Airdig Uchtlethain. 135.
Rûad i. Maini Milscoith. 81.
Rûad m. Rigduinn. 5.
Ruadchinn, or Ruadclioin, Mair-
tine. 72.
Rubae Ruad m. Didoil. 91.
Rucht. 66.
Rucne. 66.
Samildânach. 125.
Sampait i. Rentrai. 86.
Scâl Balb. 20, 99.
Scàl m. Germain. 23.
Segda. I 32.
Sen m. Duirb. 18.
Sen-Gann. 60.
Sen-Gairmen. i8,
Sen-Garmain Slébe Mis. 52.
Sen-Sinchell. 36.
Senach m. Echacli Abratruaid. 139.
Senach Garb m. Degad. 51.
Senân m. Echach Abratruaid. 139.
Senan m. Setna. 33.
Sera m. Sru. 134.
Setna. 17.
Setna Seccderg m. Durbaidi. 58.
Setna Sithbacc. 154.
Sidengi. Mongain Sidig. 139.
Silenn i. Machair. 67.
Sinann i. Lodain. 59.
Sinech Side Crûachan. 65.
Simon drui. 110.
Sithgal Sechderc m. Gunnait. 155.
Slaite Seched. 31.
Slange m. Delà. 40.
Slechtaire m. Sengarmna. 52.
Smirdub m. Smail. 47.
Smuchaill m. Bacduib. 57.
Sru m. Esru. 134.
Su-altach m. Becc-ahaig. 66.
Suamach m. Samgubai, 129.
Suirge. 152.
Tailtiu i. Magmoir. 20, 99,
Tairbert gilla. 91.
Taman m. Umoir. 78.
Tara. 91.
Tathlomma Line. 103.
Tea b. Eremoin. i.
Tea i. Luigdech. i (§§ i, 9), 50.
Teite i. Maie niad. 49.
Tephis i. Bachtir. i § 2.
Ternoc (to-Ernôc). 47.
Tethba. 127.
Tibir i. Chaiss Clothaig. 136.
Tigernmas m. Follaig. 56, 85, 149.
Tlachtga i. Moga Ruith. iio.
ToUchenn druth. 122.
Torcar m. Tromda. 131.
Tortu. 160.
Treg. 71.
Tréis. 71.
Tresc. 4.
Trescadal m. Bûain. 147.
Trese i. Nadfraich. 135.
Troindae m. Calatruim. 92, 131.
Trostan drui. 39.
Truistiu i. Dubthaig. 22.
Tuag i. Collamrach. 141.
Tuathal Techtmar. 8.
The Rennes Dindsenchas. Index Renm.
301
Tuathmar. 41.
Tue m. Rige. 67.
Tuirbe Trâgmar. 125.
Tulchainne drui Conairi. m.
Uachall. 10.
Uallach m. Dithorba. 161.
Uar Etharchar. 128.
Uargus m. Doltaig. 25.
Ucha i. Oxa Rigcerta. 18.
Ugaine. 50, 76.
Ugaine m. Echach Buadaig.
UillennFaebardergm. Find.
Uinche Ochurbel. 27.
Umor. 78.
Urard m. Airchinded. 144.
Urscothach m. Tinni. 60.
Ururus. 17.
43-
159.
INDEX RERUM.
Adultery. 24, 98, 154.
ague. 145.
animais, tendernessto. 16. See deer,
doe, dragon, fawn, horse, lapdog,
milk, salmon, serpent, sheep,
stag, swine, wolf.
anvil, showers cast by Lén's. 55.
axe, sea restrained by Tuirbe's. 125.
bathing. 36, 131, 138.
battle-stone. 32.
.hârrows (dui)iada). 152.
birds, monstrous. 54, hunting. 132.
See kisses, hawk, hen.
bird-shapes, men in. 105.
boatframes. 82.
boats of bronze. 5, 45, 81.
bones cast up by whirlpool. 145.
bribes. 133.
brigands. 73.
buffoon (driith). 86.
burial in cairn. 143, in elfmound.
161, in armour. i § 7: upstan-
ding. 159.
burial-place. 115, 136.
caesarean opération. 88.
cairn. i (§§ 36, 39), 29, 88, 96,
i35> 143-
caldron (cotre) first made in Ireland.
29.
csirhunde (ciDinocoî). 11.
cave, dwelling in. 52.
chain of gold. 139.
champion's bit (curadnn'r). 106.
charm (dicJictal). 18. See love-
cliarms.
clearing plains. 20, 43, 44, 69, 94,
99, III, 135.
cooking-pit. 157.
covenants (cuir) on marriage. i § i .
cow. See milk.
cowdung, smearing head with. 53.
crime, its efïect on earth. 84, on
water 137. See brigands, incest,
parricide, poison, theft.
cross of Fergus. i § 29, on Oengus'
tunic. 32.
cupbearer (deogbaire). 60, 146.
deer, elves assume forms of. 1 38.
diadem (mind). 40, 124.
divination. 21.
dough (tacs). 161.
dragon. 47.
dream, love in a. 92.
druid (drui). See wizard.
duel first fought in Ireland. 29.
dwarf (ahacc). i § 22.
easement. 5.
elfmound, chief of. 114,
132, pollution of. 158.
elves. See deer, night.
burial in.
fasting on. Introd., by sureties. 78,
on Eochaid Feidlech's sons. 140.
fawn. 34.
302
Whitley Slokes .
fian I (§ 25), is-
fire first lighted in Ireland. 7, from
knuckles. 62. See ordeal.
fishing. 134, fishing-nets. 104. See
salmon.
floods. 44.
fords, fighting in. 132, 139.
forests. See clearing.
gems, house adorned with. 91.
giant. 23.
gold. See chain.
grave. 103, gravestone (Ua). 87, 91 ,
94. See lake
grief, death from. 2, 20, 22, 29,
118, 129, 150, shedding horns
from. 123, suicide from. 137.
guarantors. 78.
harp. 47, harper. 77.
hawk, 148.
hazels of wisdom. 59.
heads as tropliies. 78, cast into lake.
151, exposed. 2, 20.
hearts burnt. 13.
hen of Bairche. 64, 89.
herbs of healing. 108.
historian (senchaid). 7, 129.
horns on Furbaide's temples. 88, cast
by cattle in sign of grief. 16, 123.
herses as beasts of draught. 91, of
burden. 100, 141.
horse-race. 18, with preghant wo-
man. 94.
hostages (gèill). 6, 18.
house first built in Ireland. 29. See
gems.
human sacrifice. 85.
hurdles. 28, 61.
idol. Heithiurun. i § 2. Croiii cruach,
8s, 149.
incantation (caiitain). 18.
incest. 140.
insuit. 53.
invention, of traps and pitfalls. 93.
of caldrons. 29, of fire. 7, of
houses. 29, of shaving. 63.
invulnerability. 39.
kingof Ireland, stone roaring under.
I § 13-
kisses (péca) transformed into birds.
117.
knowledge. See salmon.
lake bursting out of grave. 40, for-
med of « draught of grief». 98,
quelling slaughter. 158.
lampoon (glàm). 52, lampooner
(câinte). 18.
Land of Promise. 45, 68.
Land of Perennial Women. 141.
lapdog (oirce). 17.
law. See covenants, easement, fas-
ting, guarantors, ordeal, poly-
gamy, rent, rightofway, rushes,
service, sureties, tabus.
lepress. 161.
life. See shadow.
love, death from. 29, in a dream.
92.
love-charms. 31.
lute (mennchrott). i § 91.
magie. See charm, divination, spell,
wizardry.
marriage. See adultery, polygamy.
mermaids. 42, 81.
metamorphosis. See transformation.
milk of one-coloured cows. 39, 46.
music, effects of. 42, 45, 47, 81.
See harp, lute.
nakedness. 6.
name bestowed on plains. 12, 147,
158.
night, elves fighting at. 158.
nuts, of Segais. 31, on the Tree of
Mugna. 34, of the hazels of wis-
dom. 59, of Caill Achaid. 71.
one-coloured cows. 39, 46.
ordeal by fire. i (§ 20), by a sod.
100.
parricide, efïect of. 84.
pillar-stone (coirthè). 53.
pitfall. 93.
plains, see clearing, name.
poet(/;7/J. Introd., 21, 33, 64, 69.
poison. 83.
poisoned weapons. 39.
polygamy. 20, 26, 82, 14}.
The Rennes Dindsenchas. Index Rerum.
30J
profits à prendre. 3.
prophecy. 27, prophet. 149.
quarry stones, right to. 3.
rampart (mûr). 18.
nipe of Tlachtga. 110.
rath-builders. 20.
rath-building. 20.
rent (cis). 78, (câin). i^j.
right of way (tôchar). 3.
roads. 58.
Rowing Wheel (roth ràmach). no.
rushes, right to gather. 3.
rye, dough of. 161.
salmon of knowledge. 59.
satire, blotches raised by. 15.
sea. See axe, tub, whirlpool. sea-
monsters. 10, seaspells. 26.
s&x'çtnxs (nathraig). 13.
service, contract of. 22.
strength of a hundred. 39.
shadow connected with life. 49.
shame, death from. 138.
shaving. 63.
sheep. 28, change ofcolour of. 158.
shield, of Cùchulainn. i § 31, of
Mac cecht. 31.
singing, effect of. 42.
ringle feet, hands and eyes. 41.
single colour, cows of. 39, 46.
signal to lover. 53.
sleep produced by music. 42.
sleep-charm (bricht suain). 151.
slinging. 26.
smiîh. 10, 14.
sod, ordeal of. 100, adored. 100.
song of mermaids. 42.
spears (laigin). 9.
spectral army. 51.
s^pçW (bricht). 9, 18,49, 7^> ' I3. Hi-
spencer (ronâaire). i § 14, (dailem).
12.
stag. 34.
stone, buildings of. 91, roaring un-
der king. i § 13, used in battle.
139, precious, see carbuncle.
stones for computing losses. 29. See
pillar-stône, quarry.
submarine folk. 5, well. 59.
suicide. 136.
sureties (ratha). 78, 81, 161.
swimming. 81.
swine hunted. 35, 37, 73, 74, ma-
gical. 70, human beings trans-
formed into. 71, herding. 103.
tabus (geisi). 46, 99.
tears, lake formed of. 138, of
blood. 192.
theft of diadem. 40.
longues excised and buried. 7.
tortures. 133.
tower (toi). 75, 147.
transformation of girl into a bag of
water. 15, a pool of water. 113,
a man. 36: of men and women
into boars and sows. 71, of kisses
into birds. 117.
trap. 93.
trees destroyed by sea-beasts. 10,
growing through graves. 17,
wonderful. 34, 50, 160. See clea-
ring plains, harels, yew.
tub dripping during sea-flood. 11.
unborn child, fear of being killed
by. 88.
urine, flood of. 141.
water, woman transformed into.
15, 113, changed by crime. 137.
water-mill. i § 5.
well. 19. See urine,
whirlpool. 145.
wisdora. See hazels.
witches. 18, 30.
withershins walking. 19, marching.
140.
wizard (âriti). i (§§ 20, 21), 7, 9,
18, 88, III, 114, 141, 159.
w'izâràvy (driiiclecbf). 14, lio.
wolf. 34.
women fighting. 24.
women soldiers. i (§27), 105, 149,
rimers. 32, 83 ,86,druids. 83, 159.
wrestling. 155.
yew, house built of. 91.
304
Whitley Stokes.
INDEX VERBORUM.
aclaidim. 112, I hitnl, I attack.
ad-âigestar. 43, timtiit.
adbathatar. 44, perieriint.
adrochair. 152, cecidit.
aidbriud. 40, reproof.
ail bréthre. 127, verbal iiisiilt.
àinnle. 126, beauty.
airrches. 93, a trap.
airchend. 158, edge?
aircing, 42, edge?
air-ech. 79, a pach-horse.
airtem. 112, an inch.
aister. 65, iravel.
ailt. 146, a house.
allaind (tallaind?). 28.
amros. 31, doiibt, ignc-ance.
amsaige. 161, soldiery.
ardsenôir. chiej elder, Introd.
ar-laicim. 6, I release.
ar-segar. 15, is called.
at-beb. 94, morhius est.
at-cluinte. 102, was felt, uns pcr-
ceived.
atomannar. 109, I ai)i raised iip?
aub. 115, a river.
ba. 13, dimib.
bâeth-réim. 121, ai)iad course, a Ju-
rions raid.
baigliu. 34, a faivn.
ban-aidid. 161, death in childbed.
ban-amus. i § 27, a female soldicr.
ban-brugaid. 115, a female hospital-
ier, =hanhruig\u. 142.
ban-chara. 49, a parauiour.
ban-drui. 83, 159, a druidess.
ban-féindid. 105, a female champion .
ban-fili, a poetess, 159.
ban-gaisgedach. \^<), a female cham-
pion .
ban-licerd. 32, 83, 86, a female
rimer.
ban-serc. 53, a paramonr.
ban-tôisech. 80, a chieftainess.
ban-trebthach. 136, a ividoîv.
ban-tuath. 18, a witch.
barc. 4, a palace.
bech-teillén. 126, a swarni of bées?
bir. 13, ivater.
bleda mara. 10, beasts of the sea.
bo-âr. 123, 157, miirraiii, cattle-
plagite.
brachem. 34, a stag.
branén. 54, a young crow.
bratbertach. i § 8, plundering?
bréch. 54, a ivolf.
briugu cétach. 40.
bi-osna suad. 160.
brothlach. 157, a cooking-pit.
brù. 34, a doe.
brùach-brecc. 126, big-bellied and
frecUed.
bûarach. 86, coiu-spancel.
caem. 1 17, « noble.
caer. 115, abundance.
caer dis. 26, a kiiid of slingstoiie?
cain-teglach. 141, afair household.
callaire. 119, a crier.
carnail. 31, « heap.
carr. 14, a spear.
cechnatar. 42, cecinenmt, ro-cha-
chain. 69, 141, cecinit, = roca-
choin. 95.
ceithrib. 66, 83, dat. of ceithre
four.
celtar. 1 58, conceahnent ? disguise ?
cétach. 30, 121, fl mantle.
cét-cluasta. 38, hiindred-eared.
cess ôited. 94, debility of childbed.
céte. 94. a fair-green, P. O'C.
cingit. 147, rt goblet.
claimsech. 161, a lepress.
cland-maicne. 132, children.
clâr fodluta. 79, a floodgate?
clé-gûalu. 99, lejt shoulder.
cliabaine. 60, cradling.
cnô-maidim. 2, I hreak like a nul.
cnô-maidm. 1 18, breaking like a mit.
cocholl. 104, a kind offishing-iiet.
The Rennes Dindsenchas. Index Verborum.
305
coemnacair. 47, potttit.
coim-chennach. 145, trading, traf-
ficking.
com-arc. 20, commémoration.
com-fân. i § 15, rt slope.
com-flathius. 132, 161, joint-so-
vranty.
com-fota. 158, equally long.
com-maidm cridi. 102, a heart-hrea-
king.
com-rith. 94, a joint course, a race.
corathach, gen. pi. 135, bribes.
conairnecht prêt. pass. sg. 3 of co-
nairicim. 83.
conaitechair. 46, lie dcmandeâ, pi. 3
conaitchetar. 78, i4i,conatchetar.
161.
conaitich. 78, conauttaig. 5, cona-
taig. 69, 99, condatig. 12, he de-
nianded.
con-buachail. lOi, a herd-hound.
coucairecht. 35, managing packs of
hoiinds.
condolb. 145, affection.
coogegne. 6, he transfixed.
congna. 158, liorn, antler.
consniaim. 6, I gain?
corbbud. 158, corruption, pollution.
coscrad. 155, ciitting up an animal.
criathar. 74, a désert.
cruisech. 6, a javelin.
cuchtair, gen. cuchtrach. i § 16, a
Icitcbeii.
cuchtaire. 60, a kitcbener.
cuirreill. 4, a casket.
cullach, see glas-chullach.
cuthchaire. 93, a trapper.
dadaig, fescur dadaig. 97.
à3.\gjire, ace. sg. daigid. 129.
dall-chi'all. 157.
dan. 43, a taslc.
deccra. i § 9, tvonders? remarkable
things ?
delà. 93, adrinking-cup.
delidin. 17, metathesis.
dellich. 66, dellig. 100, he lay, fell
down.
dendgor dnst? 144.
deogbaire. 60, 146, a ciipbearer.
di'anaigira. 144, I hasten.
dichinaid .15, guiltless.
diclochad. 3, qtiarrying stones?
diétgud. 6, undressing, disrobing,
dineoch. 36, rt healing draught.
doe. 118, an artn. dâ doii. 93.
dôer-fognam. 78, base service.
doith (doich?). 93, limber, freefrom
hitches. doich .i. eascaidh no ta-
paidh, P. O'C.
doreguinn. 3, for doroega he chose.
doruaichill. 39, he promised?
dotuaraid. 9, remained.
drochta. 11, a tub.
drond. 66, a chine.
dub-sesra. 46, a bucketful.
dubthair. 87, a jungle.
duirb. 66, a tvonn.
duis. 116, a présent.
echmairt. 107, covering a mare.
elba. 141, goods, property. W. elw
« lucrum, quaestuà ».
ell. 49, advantage, opportunity.
en. 27, water.
énach. 134, catching birds.
1. eô. 161, a brooch.
2. eô. 160, a tree.
eol. 97, a home.
h-ér. 1 17, high.
erbâgaid. 102, a contender.
erc. 18, a cow.
ère mi'as. 25 « burden of dishes ».
escaid (dat. sg.). i § 22, a quagmire.
escal. 145, roaring oj luater (esc-
gal?), eascal .i. fuaim, P. O'C.
etrud. 86. milking-tiine? SeeO'Don.
supp. s. V. eadar-thrath. Corm.
Tr. s. V. etsruth.
fairscena. 133, for faircsen, gen. sg.
of fliircsiu outlook.
fdl-cliaîh. 6i,u'all-hurdle.
ferb-glan. 160, pure-worded.
feirt. 155, jerk ? t-iuist ?
fiadaigim. 142, I go zvild.
fiad-ubla. 62, crab-apples.
fîch. 106.
fi'r catha. 140, truth of hattle, fair
play.
ffr-miscne. 133, intense hatred.
fobride. 6, hidden ?
fochetal. 117, lampooning?
fochmarc. 87, searching for .
3o6
Whitley Stokes.
fodbad. 132, to strip ojf armour.
foen. 59, supine.
fo-loscaim (prêt. pass. foroUscath.
46), / singe.
forbart. 101, he proceeded ? desired ?
forécnigud, to force, to râpe, 86.
for-forbairt. 24, he entreated?
forgabul. 18, a dépendent branch.
forruidbich. 104, he vanquished?
fortamlaigim. 155, l over corne.
fortbe. 118, a ciittlng-off.
fo-s-ruidbed. 19, was deprived.
fotholl talman. 52, a cavern.
fothrus. 132, for othrus sickness,
illness.
fualas. 26, 82, afamiJy.
fuilgech. 40, shovelling?
fuither fossuid. 60, a permanent es-
tate? ferann fuithir. 63.
glaisin. i § 35, woad.
glas-chullach. 107, a grey British
stalUon.
glôedaim. 122, I stick to.
gnâth-focul. I § 14, fl proverh.
gnia. 34, a sister's son.
goth spear, pi. n. goith. 109.
grainne claidib. 112, point of a
sword.
grellach. 120, a mire.
grian. 100, grave!.
guin galann. loi, a mighty hhiv.
herus. W]^ spindleivood.
iarmaithrige. 126, after-repentance.
iascach. 134, catcUng fish.
ilatha. 81.
imbolg. 66, candletnas.
imm-furail. 98, excess,
iram-r-ecaim. 52, 147, he happened,
he met.
imbadach. 94, pregnant.
lainn-fordiuclantaid. 9. an eager de-
voitrcr.
leithe. 23, a shoulderbïade.
lindglan. 128, clear-watered.
long. 4, a house? .i. teagh; P.
O'C.
lubân. 121, a bow, hop.
lugnasad. 99. lammas.
luimnechda. 87, full of cloaks or
shields.
lummain. 57, cloak.
lumman. 57, shield,
luscaidecht. 60, infancy, babyhood.
mes-chuire. 58, an armed host.
mi'dé. 7, an evil smoke.
moch-léithe. 18, earJy grayness.
mothar. 83, scrub, stunted biishes.
muccaidecht. 103, herding sivitie.
muc-clais. 112. a pig's trench.
mur-duchu. 42, a mermaid.
mur-gabul. 43, a sea-inht.
nasad. 20, 99, an assembly. .i. ao-
nach, P. O'C.
nert-lecc. ^2,battie-stone,\it. strength-
stone.
nômad = nôi trath. 63, 94.
noedin. 10, boat.
obelda. 14 5 , for ôibéla open-mouthed .
oitiu gen. oited, chiJdled. See cess
ôited.
othar. 22, wage? .i. tuarastal, P.
O'C.
port. 41, fl mansion.
pri'm-rôt. 58, achief road.
rathmogaid. 63, 78, a rath-builder.
rathmuigecht. 20, rath-biiiUing .
rimaire. 79, a computer.
rimsad. ibi, to bewitch?
ross lin. :\6,flax-seed.
ruamna. 161, dyestuff?
ruiseda. 10, sea-monsters.
samguba. 81, mermaid.
scithlim. 134, spending, consuming.
sciulang. 52, a fugitive.
secal. 161, rye. (from lat. secale).
sechta. 18, seven things.
seilche. 1 1, a tortoise.
selaig. 43, perf. act. sg. 3 of sligim
I eut dov.ni.
sephaind. 47, perf. act. sg. 3 of sen-
nim Ip]a-j.
sescrad. ioi,dry (unbulled) coivs.
sethad. 18, driving? (leg. sechad?).
siu for re siu. 141.
The Rennes Dindsenchas. Index Verborum.
307
slabra. 60, a hride-gift.
slâucrechtach. 108. healedof tvoimds.
sluag-rechtaire. 119, host-steward.
snas-chur. -^2, a chip.
so-mâin. 63, a vahtahU considération.
sûili na mér (lit. the eyes of the fin-
gers) knuckks. 62.
taemad. 93, piimping eut, emptyin^.
taes. 161, dough.
taibleôir. 126, a slinger.
tairbert. 109, vigoiir? ; 140, a hirth.
taircim (to-air-icim). 117, I corne to.
tairthugud. loi, an acconnt
tamlaigim. 15,/ die of diseuse.
tamnugud. 44, a lopping.
tardarc. 70, îooking over.
tarr. 59, hack? belly?
tarrgraig. 127, 129, a journey.
tartha. 5, dry?
tascraim. 26, I sever.
tathaim. 38, obiit.
tathlaira (-laib?). 36, slinging?
teidmnech. 127, pestUential , deadly.
teinm. 31, ^0 eut.
1. telau 104, loosing.
2. telach Vb-'^n- sg.)- i § 31, « ^0^-
loiv ?
tinne. 120, an ingot,
togerad. 117, girding at, gïbing.
tôisech teglaig. 149, chief oj a house-
hold.
tortha, 117, comel toirche. 68, corne
hither.
treb-lucht. 36, hoiisehold.
trechumasc. 6, a crowd?
trefuilngid. 34, a strong upholder.
tùarad. i § 5.
tuaim. 145, a place.
tuairse. 8, a rernnant.
tuaithbel. 19, 140, withershins.
tuathach awitch, acc.sg. tuaidig. 30.
tucsat dia cind. 18, they swore by.
tulchân. 136, a hillock?
tul-chnâm. 102, frontal bone.
turscur. 161, severance.
turtur. 31.
uaisnech. 7, sublime.
uisine, temple (capitis). 88.
^o8 Whitley Stokes.
ADDITIONAL NOTES.
Revue Celtique, XV,
P. 391, 11. 21-23 " ^ roadway », etc. Perhaps the correct rendering is
(t a right of way over Môin Lamraige, a right to eut timber over Brefne, a
right to quarry stones in Meath, and a right to gather rushes over Tebtha ».
If so, we hâve hère a proof that the Irish recognised servitudes, or, in the
language of English lawyers, easements and profits à prendre.
P. 295, 1. 19. The Ailbine is mentioned in theBook of Armagh, fo. 9'' i
(« ad hostium Ailbine ») and in Adamnân's Vita Cohmihae, II, 4 (« ab illo
riuulo qui dicitur Ailbine »).
P. 296, note 4, add and, according to Thiébault's Mémoires, the Russian
gênerai Suvaroff, after his triumphal entry into Alessandria, stript off ail
his clothes, except his jackboots, and exhibited himself « naked as a rep-
tile » to the bystanders.
P. 298, 1. 10. Mide's object in cutting out the wizards' tongues was per-
haps to prevent them uttering maleficent spells. So Tereus eut out Philo-
meJa's tongue to prevent her revealing her sufferings.
P. 301, I. 8. The gen. sg. Erota is probably nz Hirolae, Bk of Arm.
I3b2, Iriiate, Trip. Life, 222, with the fem. article na hlritathe, LL. 207''25,
na hirûade, LL. 90^', na hiruade, LL. loi^ jo. Zimmer's identification with
A. S. Haredha-land (A. S. Chron. 787), ON. * HanidbaR, seems phoneti-
cally impossible.
P. 306, 1. 22. For the slaving of Aithechdach by Mael-odràin after he had
been a year buried, see Kuno Meycr's Hihernica Minora, 73.
P. 309, 1. 30. Shedding horns in token of grief is mentioned again, infra
no. 123.
P. 311, 1. 16. Tiicsat dia ciiid seems an idiom meaning « they swore by ;>.
P. 312 (misprinted 412), 1. 14, ilurg hère seems to mean « in the
rank ».
P. 312, 1. 27, mar taidbsiii, lit. like a show, is an idiom meaning u in
great quantity ».
P. 325, 1. 4. The story of Nuada and his silver hand reminds one of the
Açvins substituting an iron leg for the leg of Vispala eut ofï in battle.
P. 332, 1. 4, after 4g insert and The Academy, Aug. 25, 1894, pp. 134, 135.
P. 333,1. 6, as to Crimthanns mantle see further, infra No. 121 .
P. 334, 1. 28. The « nuts of Segais » came from the nine hazels that
grew there. See infra No. 59.
The Rennes Dindsenchas. Additional Notes. 309
P. 336, 1. 12. Sniiad = W. nudd, Lat. nuhes. Gris novv the river Griese.
P. 422, 1. 7 add as is said of their names and customs and deeds in the
Book of the Appellations of the Heroes of Leinster.
P. 425, 1. 34, add Loch Lurgan now Galway Bay. The magical property
of the Pool of the Bulls reminds one of the Carian fountain SalmaciSj
Ovid. Met., 4, 286.
P. 431, 1. 2. The river Slaine (now Slaney) rises in the co. Wicklow and
flows into Wexford Harbour.
P. 432, note 3. Or is it for airchinn « edge »? If so, translate p. 433,
line 2 froni bottom « by the edge of the land to go round boundaries ».
P. 434, 1. 17. O'Donovan (Four Masters, A.D. 858, note p. 95 1, note s)
'■■s that Port Ldïrge takes its name from Laraic, a viking who plundered
'It- "ling in 951. If so, the Dindsenchas was composed when the true
etymology had been forgotten.
P. 437, 1. 4. As to clearing places of trees cf. Psalm 74, 5.
P. 438, 1. 29. For the sîory of Clidna and for Câilte's song see Silva Gade-
lica, I, 178, II, 200-201.
P. 444, 1. 6. Hère Tête, Roigne and Gabrân seem to stand respectively
for Oenach Tête, Mag Roigni, and Belach Gabrâin. So Febal, No. 140, for
Loch Febail.
P. 450, 1. 28. According to O'Curry (Lectures, p. 477), there was ano-
ther Srub Brain in the west of Kerry, and, if he be right, this is probably
the Srub Brain hère mentioned. As Kuno Meyer observes. Nos. 50-5 S ail
refer to régions in Kerry.
P. 467, 1. 30. Gàirech and Ilgàirech « two hills in the neighbourhood of
MuUingar, in the co. of Westmeath, where the List battle of the Tain hô
Cuallngne was fought », O'Curry, Children of Tiiirenn, 174, note i6q. As
to Gnirech see No. 120, Rev. Celt., XVI, 72.
P. 469, after 1. 6 add Compare with this graceful legend the story of the
birds of the lake of Savaddon in Giraldus Cambrensis' Itin. Cambr., I, 11,
p. 34 of the Rolls édition.
P. 470, 1. 23. add The swine that could not be counted may be com-
pared with the circle-stones at Rollright in Oxfordshire, that cannot be
reckoned twice the sanie, Folklore, VI, 26.
P. 481, 1. 2, Mag iiAdair, now Park Myra, O'Curry, Tochmarc Monera,
p. 157 n.: Loch Outra, now Lough Cooter, county Galway: Loch Cimme,
now Lough Hacket. in the same county.
Revue Celtique, XVI.
P. 36, 1. 20. The twelve stonc-idols were probably fetish-stones. Crout-
cruach may hâve been a wooden image (ïo'avov) covered with gold.
P. 39, 1. 6. Furbaide with his horns reminds one of Zagreus.
P. 46, 1. 3, nômad « a space of nine days ». Was this part of the story
suggested by Leto's nine days' labour in Delos?
Revut Celtique, XVL 22
I
310 Whitley Stokes .
P. 141, 1. 27. Father Hogan tells methat Buaid was an ancient name of
the Bann, so that Inher mBuada would he the mouth of that river.
P. 145, 1. 5 from bottom. For another example of the baleful influence
of a crime on the water of a well see Hawthorne's novel, The Hoiisc of tbe
Seven Gables, chap. i.
P. 146, penultimate line. Thèse stories of deaths from shame perhaps
originated in the common tabu forbidding husbands, for a certain time
after marriage, to see their wives unveiled.
P. 1 53. As to drowning men in a flood of urine, see the Australian taie
of Pundjel in A. Lang's Myth, Rituat and Religion, II, 5. For more as to
the mythological use of this liquid see J . Darmesteter, Sacred Books of the
East, vol. IV, p. Ixxxviii.
P. 155, 1. 27, after substance insert with BB. 21-42 and.
P. 165, 1. 25, after put insert upon her.
P. 164, 1. I, add: Fraech, better Frôich, is hère the gen. sg. of a fem. 0-
stem (like Lat.fagiis). When Bith died, his widows (of whora Fraech was
one) came to Fintan, but he fled before them. Thereupon his vvife Cesair
died of grief.
P. 164. 1. 23, add for him.
The Rennes Dindsenchas. Corrigenda. 31 1
CORRIGENDA.
Revue Celtique, XV.
P. 276, col. I, 1. 7, for 499a read 496»
279, 1.5, from bottom, for hill she would choose read choice hill.
285, § 11-, for green read Gray. Father Henebry thinks that Glas Tem-
rach was the name of a famous cow, and that it is hère a gloss
on hô.
287, § 28, 1. i, for ion read charioteer
290, last Hne, for Luachair read luachair.
291, 1. 3, /or Qrimxhaiun read Crïmthainn.
297, 1. 2, for uais nech 7-ead uaisnech
298, 1. 3, read « Sublime is he who is hère, etc.
301, 1. 24, after Ross itisert Nair
303, 1. iS, for South ofTara they set up, read Southwards from Tara
they took their way
304, 1. 2^, for what they left read whatsoever they found
303, 1. 23^/or ron-maid enech read ron-maide nech
306, 1. 8, dele [leg. it?]
307, 1. 13, for sent her on a circuit ail read she ran four times
1. 2 5, for Liber wentto her woerm^ Out of sorrow for him Liber
went
1. 25, the dia cumaid of the ms. should be corrected into dia chu-
maid.
1. 27, for Bricc read Bruicc.
313, 11. 25, 34, p. 314, 11. 5, 6, for German read Garman
515, 1. I, for now Wexford read in the south of the présent county of
Kildare, Ann. Ult. 840, note 11.
322, 1. 23, /or Forcarthain (bis) read Forcartain
3J2, 1. i,/o/ ^. -''96
333, 1. 6, /or Déa ben read Dé a ben
334, 1. 20, /or shower 7-M(/ showers
335, 1. 6, for ce read co
421, 1. 4, for çocyiÀo; read cpây.Xo;
/! 425, 1. 12, for oi read of{
[ 428, 1. 4, after kine iusert of one colour
,' Notes I and 2 belong to p. 429
450, 1. 7, for German read Garman.
1. 17, for part read part ' .
430, 1. 22, /or shining ' rcf?^ shining
312 Whitîey Stokes.
P. 431, 1. 3, /or was r<;at? lay.
11. 6, 7, for the day that the lake will be born rmd on the birthday
of the lake.
432, 1. 1^1 for III rend II
434, 1.4, /or huger than read as huge as
441, 1. 8, for Fodb read Bodb.
447, 1. 30, /or Crinthann rt'fl(i Crimthann.
452, 1. 2, /or seem to rrai may
457) 1- 9) /'''' ^1''^ ']\yi^ce. of the nuts is apparent on their purple bellies
read it is the juice of the nuts that iscast up like crimson bubbles,
462, 1. Il, for Athlo read Athglo
463, 1. S, /or elsewhere rm^^ infra No. 89.
465, 1. 18, for Fiachrac/; read Fiachwa
467, 1. 4, for Fiachra read Fiachna
1. 9, for to read as far as.
471, 1. 2, froni bottoni read Brogarban
475, 1. 2, after Islands insert are called
483, I. 4, for whereover read wheresoever
484, 1. i<^,for they were ail, read both she and they
P.
56,
37)
41,
45-
SI,
53,
54,
68,
75,
76,
77,
138,
148,
149,
150,
160,
161,
162,
163,
164,
166,
Revue Celtique, XVI.
12, for propritiated read propitiated
25, /or Commaer's read Conmaer's
ast line, for Rubne read Rubae
The fîrst two Unes should be the last two lines.
.11, for ganes read games
. 14. for Becan read Buan
. 21, for fer read for
. 26, for came read were
. 8, /or 125 read 123
.13, for Lore read Lorc
ast line, for sow read over
. 34, for healed read sick
ast line, for fr read fri
. ic), for through the non\\oî read withershins in
. I , jor to overthrow (?) them or to make them grant read to
make them let him go or grant
. 29, /or Britdr read Baitdr.
. 12, for Liach happened 2 to be on Mag Léige, with read they and
Liach met 2 on Mag Léige, and she had
.11, for turned on read betrayed
. 24, for survived read were after
.23, add for him
. 9, /or Cathbad read Eber
Whitley Stokes.
LE SORT CHEZ LES GERMAINS ET LES CELTES
Tacite ÇGermama, lo) nous décrit une des façons de consul-
ter le sort usitée chez les Germains : « Sortium consuetudo
simplex. Virgam frugiferae arbori decisam in surculos ampu-
tant eosque notis quibusdam discretos super candidam vestem
temere ac fortuite spargunt; mox, si publice consultetur, sacer-
dos civitatis, siri privatim, ipse pater familias, precatus deos
caelumque suspiciens ter singulos tollit, sublatos secundum
impressam ante notam interpretatur. » Ces notae sont sans
doute des runes. Le mot seul de Buchstabe suffirait à prouver
que les runes étaient habituellement gravées sur du bois.
Barbara fraxineis p.'ngatur riina tahellis
Onodquc papyrus agit, virgiila plana valet.
[Fortunat. Carm. Vil, i8, 19).
En norrois, rûnakefli ou simplement keJJi désigne les bois
à sort. Kefii est devenu par emprunt, en écossais, keevil^.
Le ter singulos ioJlit est confirmé par un passage de César
(^De bell. gall., I, 53, 7). G. Valerius Procillus, interprète gau-
lois de César, délivré des mains d'Arioviste après la victoire
des Romains, raconte qu'on consulta trois fois le sort à son
sujet : se pracsente de se ter sortibus consuïtum dicebat, utrum
igni statim necaretur an in aliud tempus i-eservaretur : sortium
beneficio se esse incolumem.
Le même usage a existé chez les Gaëls et les Bretons. Le
sort, consulter le sort est exprimé en irlandais par crann-chur,
mot à mot, action de lancer le bois. (Tri bior-ghaoithe an bhais,
réédit. par Atkinson, Irish manuscript. séries, vol. II, part I,
j). 108,5 j crand-chur, The Passions and the Homilies from Leab-
/' ^ar breac, éd. Atkinson. Voir Glossary.^
I. Sievers, Cnindriss der geriii. phil.,l, p 242.
514 J- ^oth.
En comique, la même idée est exprimée de même : Teulel
pren myl wcl vyé, tirer au sort serait mille fois mieux : mot à
mot, lancer Je bois ÇPassion, 2S/[j).
En gallois, coelhren signifie également sort et est composé de
coel pronostic, présage, et ào: pren bois. Silvan Evans donne des
exemples de ce mot, usité encore aujourd'hui, tirés du Brut
Gr. ab Arthur {Myvyr. Arch., II, 243), du Brut y Tyiuysogion,
(>^, du Brut y Saeson {Myv. Arch., II, 534). Ces morceaux de
bois qu'on lançait étaient évidemment, comme chez les Ger-
mains, distingués par des signes. Le mot blaen-bren signifie
privilège, bonne fortune et est composé de blaen, extrémité,
sommet, priorité et de pren, bois (v. Mabinog., éd. Rhys-Evans,
p. 145, ligne 23 ; ma traduction, tome \, p. 289, notes cri-
tiques, p. 354; Lhwyd lui donne le sens de bonne fortune;
Silvan Evans, Welsh Dict., id.).
Le mot breton prendenn, qui s'igmûe fléau, jnalheur'^, et aussi
méchanceté me paraît devoir être cité ici. Il paraît bien contenir
également^ pren, bois, et est peut-être à décomposer en pren,
bois et demi, pour tenu : action de tirer le bois, tirer au sort (et.
le comique teulel premi).
On a donné au mot gallois coelbren le sens d'alphabet, mais
on ne trouve pas, à ma connaissance, d'exemple bien ancien
de ce mot dans ce sens. (Je ne l'ai trouvé ni dans le Livre Noir,
ni dans le Livre de Taliesin, ni dans celui a'Aneurin.) L'alpha-
bet dit coelbren y beirdd ne se trouve dans aucun manuscrit
avant le xvi^ siècle (Silvan Evans, Welsh Dict., au mot coel-
bren, p. 839, 2^ col.). Néanmoins, si on se rapporte à ce qui
précède, s'il est établi que le sort était consulté au moyen de
morceaux de bois portant des signes gravés, n'est-il pas vrai-
semblable qu'à une époque ancienne coelbren a eu, chez les
Bretons, la même fortune que le buchstabe chez les Ger-
mains ? J. LOTH.
I . Vie de Sainte Notin, éd. Ernault, vers 11 90:
pehe:^ prendenn so disqiiennet;
Cf. Ix Grand Mystère de Jésus, p. 64:
Cargnet a prenden
Jn^as oa ho pcnn
Il y a une variante ^rt'rff/; ; mais k (orme prenden est assurée par le passage
ci-dessus de Sainte Nonn.
LA DÉSINENCE BRETONNE
PREMIERE PERSONNE PLURIELLE
I. La désinence de la i'^ pers. plur. est en breton -ni ou
-mp, tant pour les formes verbales que pour les prépositions
combinées avec leur régime : karoni{p), nous aimons, om(p),
nous sommes, karein^p), nous aimions, deom(^p), à nous,
ganeoinÇp), avec nous.
Les langues celtiques présentent, sur ce point, de notables
divergences. On trouve en gallois -m dans y m, carem, gennym,
mais -n dans carwn, yn, à nous. Le comique a toujours -n :
caryn, on, car en (et non carem, Loth, Essai sur le verbe néo-
celtique, 70), thyn, genen.
Le vieil-irlandais, plus varié, offre, dans la conjugaison ac-
tive, 1° -m simple final : no charani, nous aimons, caram, ai-
mons; 2° -m dur final : -hiamm, que nous soyons (Wh. Stokes,
The neo-celtic verh suhstantive, 33); 3° divers suffixes commen-
çant par m dur, comme carmnie, nous aimons, animi, nous
sommes, no charntmîs, nous aimions ; 4° -n final, provoquant
l'aspiration d'une consonne suivante: bân, soyons {Verb sub-
stant., 19, 53). Les prépositions prennent uniformément -n
dur ou -nn, nd : dûn, à nous, linn, avec nous, diin, dind, de
nous.
2. D'après M. Brugmann, Grundriss der vergleichenden Gram-
matik der indogermanischen Sprachen, II, 1354, 1355, les m
durs de l'irlandais sont dus à l'analogie de la forme ammi, où
-mm- vient de -sm- (racine es, cf. Verb substant., 43), la pho-
nétique exigeant l'aspiration de tout m primitivement entre
5 16 E. Ernaulî.
voyelles. Les m du gallois, qui devaient être redoublés à l'o-
rigine (car en cette langue /// entre voj^elles devient v), re-
monteraient aussi à -s>ii-, par exemple dans yni, nous sommés,
caroiii, nous aurons aimé. L'auteur cite M. Thurneysen, qui
soupçonne dans les formes verbales galloises en -m l'influence
d'aoristes et d'injonctifs ayant la caractéristique s.
M. Stokes, Vcrb suhst., 40, 50, rappelant une observation
faite par M. Thurneysen, Revue Celtique, VI, 145, pense que
Vm dur peut représenter phonétiquement, en irlandais comme
en gallois, un /;/ intervocahque suivi de Taccent; ainsi le gall.
ym, nous sommes =:: sanscrit iinâs, nous allons ; buani, nous
fûmes = habbûviniâ.
Il en était peut-être de même quand Vm venait après une
liquide. M. Stokes distingue, UrkeJfischer Sprachschati, 114,
l'irl. gorni, chaud, rouge, = *gormos, de gorm, bleu, nomina-
tif plur. gormma, gall. gwrm, noir, brun, ==; *gorsiiios ; ne se-
rait-ce pas un seul mot, *gormôs, cf. Gspixdc ?
3. On explique le gall. cariun par *cariuf-n, de *caroni. (par
m simple, =: irl. canwi), avec addition d'un n de nature pro-
nominale. Cette forme remonte peut-être au vieux-gallois :
ceinmicun, nous honorons, ou honorons ? Beitrage de Kuhn et
Schleicher, IV, 385, 35e (cf. iohuii, adorons, Rev. Celt., VI,
53). Mais dans ceinmicun le sens seul du radical est certain:
cf. vieux-bret. Kenmicet, Cartulaire de Redon^ 75, gall. ceinmy-
gedig honoré. Le contexte n'est pas clair; peut-être guorsed
ceinmicun veut-il dire « siège d'honneur », cf. irlandais
i//;///r/';/, déshonneur, mépris, Stokes, Beitr. de Bezzenberger,
XVIII, 62.
Le vieux-breton ne présente que docondoinni ou docordomni,
nous écartons, dont on peut se demander si Vm était doux ou
dur. Cette dernière explication me paraît la plus probable.
4. L'absence de formes en ;;/ après les prépositions, dans
l'irlandais, me f.tit penser, comme M. Richard Schmidt, Indo-
germanische Forschungen, I, 52, que le gallois et l'armoricain
les ont empruntées à la conjugaison, et qu'elles n'ont rien à
faire avec y.\}.\}.t. Les Trécorois ont étendu cette désinence ver-
bale au pronom sujet: ils disent ni-m(p), nous; c'est le pen-
dant de i-nt, eux, gall. hiuy-nt, v. irl. sîa-t (cf. l'italien ^^//-?zo);
La première personne du pluriel en breton. :; 17
rappelons encore etré~out, entre eux, à Landerneau, de etre:^o^
et getcfit, avec eux, à l'île de Houat, de gete ; Loth, Chresio-
maihie bretonne, 365, 375. Le dialecte de Tréguier a aussi,
sous l'influence des formes prises par le pronom après les pré-
positions, modifié le mot on, notre, à nous ; par exemple om
noat, notre âge, om deus, nous avons, pour on oat, on deus.
L'exception unique faite par le gallois en faveur de yn pro-
vient, comme l'a vu M. Schmidt, de ce qu'au singulier on dit
ym à moi, forme dont l'antiquité est assurée par le comique
dym et le v. irl. domm, tandis qu'on a, par exemple, en gall.
gcnnyf, avec moi, comique genaf, comme en breton moyen
gueneff. M. Stokes a expliqué cette différence de traitement
par une différence de cas dans le pronom régime : donim,
duinni = *du m'b' , *fu mibl (datif), avec un b qui manquait à
l'accusatif {Cdtic Declension, V^ éd., 102). Le breton moyen
avait déjà passé le niveau sur cette ancienne distinction, et mo-
delé diff sur gueneff.
5. Le^ final est spécial à l'armoricain. Il a une variante,
b, fréquente surtout en vannetais : e hranib, nous faisons,
Grammaire de Guillome, Vannes, 1836, p. 57, etc. On lit
a-rampp, id., avec deux p, Dictionnaire de l'A., v. lof. Quelle
est l'origine de cette consonne adventice ?
M. Stokes a, je crois, trouvé la vraie solution, en expliquant
que -mp vient de la forme augmentée au moyen du pronom
ni : caromni, puis carompni, d'où caromp à côté de carom {Mid-
dle-Breton Hours, 91; The Breton Glosses at Orléans, n° 221;
Verb subst., 51). Il a rapproché le bret. moy. columpnenn, dani-
pnaff, byinpn, colonne, damner, hymne, et les mots bas-lat.
sompnus, sollernpn itas .
On peut ajouter le moy. bret. condampnet, condamné,
Sainte-Barbe, 342, Poèmes bretons, i (= condamnet, Saint-Gwe-
nolé cité par D. Le Pelletier, v. giuitibunan) ; dampnacion,
damnation. Poèmes bretons, 239. Le ^ de ces mots subsiste
encore en petit Tréguier ; on emploie dampet, damné, dampa-
sion, damnation, dans les jurons, comme équivalents anodins
de damnet, daonet et de daonasion. Le groupe -inn- a perdu
également son n dans le moy. bret. amneseuc, anieseuc, voisin,
aujourd'hui anie:{ck. Cf. tréc. asamcs, ensemble, de asambles.
^ i8 E. Ernault.
6. M. R. Schmidt, qui a recherché l'origine des formes en
-mp, Idg. Forsch., I, 50-59, ne mentionne pas l'expHcation de
M. Stokes, qui a été aussi adoptée par M. de la Villemarqué.
Il rapporte une hypothèse de M. Windisch, d'après laquelle
caro-m-p serait une sorte d'accommodation de carom à la 3^
pers. plur. caro-n-t (p. 5 1) ; ce qui n'a guère de vraisemblance.
Lui-même a cru trouver dans le doublet lamm et lamp, un
saut, la preuve qu'une finale bretonne par m dur peut se
transformer en -mp, soit spontanément, soit dans certaines
circonstances syntactiques (p. 55-57) ; les combinaisons m-{- s,
in -f- r, donnant quelquefois -mps-, -mpr-, en breton moyen (p.
57, 58).
M. Loth pense également. Les mots latins dans les langues
hrittoniques, 180, que le vannetais lampat, sauter, vient de
*lamhàt, dérivé de lamm, par « un phénomène analogue à
celui qui a développé p après les premières personnes du plu-
riel en -om, -am » .
7. Il me semble que si lamp, lampet dérivaient phonéti-
quement de lamm, lammet, on trouverait d'autres applications
de la même loi dans des cas absolument semblables, comme
bret. moy. hram, bramet ; cam, camhet, un pas; cam, courbe,
camel, courbé, boiteux; tam, tammaou ; estlam, estlammet ; flam,
flammet ; sam, sammaff, etc. Or, cela n'a jamais lieu dans le
breton moyen, qui, du reste, connaît seulement lam et lamet,
et non lamp ni lampet. Le plus ancien exemple que je sache de
ces dernières formes se montre dans la devise de Le Brigant
sur la tour de Babel : a hann a lampas c'est d'ici que (le cel-
tique) s'est élancé, Observations fondamentales sur Us langues
anciennes et modernes... par M. Le Brigant, Avocat... A Paris,
chez Barrois l'aîné... M.DCC.LXXXVII, p. m, etc.
Le breton moderne n'est pas plus favorable à l'identification
de lampet avec lammet : on n'a pas cité un seul exemple du
même genre. Aussi l'explication de lampet par l'influence de
lamp, glissant, sur lam, saut, chute, lamet, sauter, Glossaire
moyen-breton, v. lampr, me paraît-elle encore la plus probable.
Malgré le dicton populaire ranplaTi ne qe kouéan, « glisser
n'est pas tomber », l'un est souvent le préliminaire de l'autre,
et les deux idées s'expriment en latin par le même mot lapsus.
La première personne du pluriel en breton. 3 1 9
On peut admettre qu'une des causes de la confusion qui a
eu lieu ici en breton moderne a été l'expression étudiée à un
autre point de vue par M. Schmidt, p. 56, d'ann daou latnm
ru:(^, au grand galop, dont d'ann daou-Jamp ru^ est une variante
légitime.
8. Car le passage de -mr- à -mpr-, dès l'époque du moyen-
breton, est un fait réel, qui appuie d'ailleurs l'explication de
-mpn- par -mn-. Seulement l'unique exemple qu'en ont cité
M. Stokes (Middk-Bret. Hours, 91) et M. Schmidt (p. 57) ne
me paraît pas bien établi. Il s'agit du bret. moy. quempret,
compret, prendre, qui viendrait de *quenin't ; M. Schmidt croit
à tort cette dernière forme attestée, parce que M. Loth l'a
imprudemment donnée sans astérisque, Chrestomathie bretonne,
54;, 69. Je ne vois pas de raison qui force à interpréter la la-
biale de quempret, compret =* com-bre-tis autrement que celle du
moy. bret. tricombout, maison de trois chambres, vieux-bret.
compot, territoire, commune, = *com-bu-tis, ou du bret. mo-
derne camby, campy, intérêt, usure, = cambium (GJoss. moy.-
bret., V. campy).
Je citerais avec plus de confiance, comme exemple de l'in-
tercalation de/) entre m et r, le bret. moy. et moderne darem-
pret, visiter, fréquenter, gall. darymred. Le vieux-bret. arimrot,
« functus est (pontificatus officio) » est, je crois, le parfait d'un
verbe semblable, *ar-im-ret, = gall. arymred, action de courir
autour; cf. Revue Morbihannaise, III, 377. Il est vrai que im,
em vient de ambi = v. irl. imb-, imm- ; mais c'était, dans
* (d)-ar-im-ret , un élément distinct et toujours senti comme
tel, qui s'était fixé sous une forme où le b primitif n'existait
plus ; c'est ainsi que *cainbos était devenu cam, courbe, dès le
vieux-breton, sans variante *caî}ib.
9. Pour prouver le changement de ms en nips dans le bre-
ton moyen, M. Stokes avait cité camps, aube de prêtre; coms,
comps, parler; on peut ajouter Sampson, Samson ; amser et
ampser, temps.
M. Schmidt compare rems, remps, « durée de la vie de
l'homme », Troude, à l'irl. moyen renies, moderne réimheas,
temps, période; mais la qualité différente de 1';;/ lui fait se
demander si l'armoricain ne serait pas emprunté à l'irlandais.
?20 E. Ernault
Le breton moyen avait remsy, remsi et rempsy, temps, vie, cf.
mon Dictionnaire étymologique , à la suite du Mystère de Sainte-
Barbe. Il n'y a aucune raison de croire ce mot de provenance
étrangère ; l'm de camps = camisia était également intervoca-
lique, ce qui ne l'a pas empêché de subsister, en s'appuyant
sur l'j suivant ; cf. moy. bret. hiffuis, hiuis, chemise (de femme),
qui représente aussi camisia. Le même foit se montre dans le
vieil-irlandais caimmse. Il est vrai que c'est là, comme camps,
un mot savant. Mais on peut expliquer encore coms, comps,
parler, par * co-m's-, cf. le comique cewsel. De plus, remsy, rems,
paraît n'être pas isolé en breton.
L'irl. remes, réimheas, se décompose en ré, temps, espace, et
mess, mesure. On peut comparer en cette langue roimse, perche,
O'Reilly (cf. meas, « a rod for measuring a grave », O'Clery),
que j'assimilerais au breton vu rams, « un homme à longues
jambes », Nomenclator de 1633, p. 273, ramps, « homme ex-
traordinairement haut », Grégoire de Rostrenen, rampsed,
géants, abbé Henry, Gènes, Quimperlé, 1849, p. 31; de*ro-
nis-, grande taille, grande mesure.
10. Cette tendance du breton à conserver Vm devant un s,
sans doute aussi devant d'autres sons voisins, aiderait à com-
prendre l'absence d'un correspondant armoricain exact au pré-
fixe négatif comique et gallois af-, irl. et écossais amh-, de
a)n-. On attendrait *av- ; mais d'après ce que nous venons de
voir, il n'y a pas à s'étonner de trouver am-, dans des cas
comme amsent, désobéissant, P. Maunoir, D. Le Pelletier,
amsént, P. Grégoire, amsent, a7n::^ent. Le Gonidec. On peut
admettre encore la légitimité de Vm dans les mots comme
moy. bret. aindere, déréglé, amdereat, inconvenant ; amsere, id..
Doctrinal de 1628, p. 124; am::^cre, am:^eread, indécent, Grég.;
le d était là un archaïsme orthographique, sauf pour certaines
localités, surtout du dialecte de Tréguier. Cf. aussi amgestr
(cheval) difficile à manier, etc., Grég., aiujcstr, Troude, de
gestr, geste.
Partie de là, la forme am- se sera étendue à d'autres com-
posés qui devraient avoir av-, par exemple amlavar, qui parle
difficilement, Supplément aux dictionnaires bretons, Landerneau,
1872, p. 48, à côté du comique aflauar, qui ne parle pas.
La première personne du pluriel en breton. 321
muet/gall. afiafar (y. irl. amlabar). La généralisation de
Vam- négatif a été favorisée, du reste, par ce fait qu'il y avait
en breton un autre préfixe am-, par m dur (= anibi), dont
certains emplois prêtaient à la confusion. Ainsi le mot amc'hou-
lou, « contre-jour, lumière opposée à quelque chose » Grég. ,
formé comme en grec àij.fpiX'j/,-/;, crépuscule, a pris, par exten-
sion, le sens de « privation de lumière, obscurité, ténèbres »,
Grég.; au contraire, dans le correspondant gallois d'à[j.cptÀijxYj,
ce sont les rayons qui sont complètement dégagés des ombres :
amlwg veut dire « tout à fait clair, qui se trouve en pleine lu-
mière ».
II. Lamp de ïamm serait plus soutenable que lanipet de la-
met ; car on lit dans Sainte-Nonne une fois chomp pour chom,
rester, et deux fois expmp pour expm, besoin. Ce sont là des
indications sur la prononciation du copiste; mais l'auteur
avait songé aux formes ordinaires dans les deux derniers cas,
puisqu'il fait rimer ezpmp en om; chomp est en dehors de la
rime. E^omp se trouve encore, Sainte-Barbe, 67, comme va-
riante, au xvii"^ siècle, du mot g:(om^ que porte l'édition précé-
dente, et qui est aussi exigé par la rime. L'existence de e~omp
au xvi^ siècle est fort probable; je n'en dirai pas autant de celle
de dérivés comme *e::^ofnpoi{y *eXpmpec, qui n'ont laissé de traces
nulle part. Le plus simple est d'attribuer cette double pronon-
ciation c:^om, e~omp, à l'influence des formes fréquentes et mul-
tiples en om et omp pour omp-ni, comme deom, deomp-ni, deomp,
« nous venons »; « venons! » et « à nous ». De même en
vannetais er memb ton, le même air. Choses a gannenneu...
Vannes, 1835, p. 210, ur memb action, une même action, 102,
mé-menib, moi-même, 92, ean-memb, lui-même, 3, = mcm, 210,
même, 89, l'A., etc.; peut-être aussi quemb-oh-quemp, mesure
pour mesure, qiiemb, choix, différence, l'A., ■= quem oh queni,
« troc, troc », Chai, ms., kem, changement, Livr el labourer,
26, etc. (== camby, campy), cf. d'emb, à nous. Grammaire de
Guillome, 91, etc. Remarquons bien que cette addition de b
ou p est toujours finale; ainsi le van. béndém, vendent, mcndém,
vendange, mi^ béndém, septembre, Grég., miss-menndém, l'A.
est écrit me}îndemp,'w'mée, meendémp, vendange, l'A., ce qui
semble appuyer l'explication de ianip par lamnt ; mais le p ne
3 22 E. Ernanlt.
passe point aux dérivés : plur. menndemeu, meenndêmeu ; ineenn-
démein, vendanger, meenndêmour , vendangeur, l'A., etc. ; une
variante lamp de lamui n'est donc pas suffisante pour expliquer
lampet.
Une ancienne finale -w/)peut, inversement, alterner avec -;«,
Le moy. bret. tem, moment, qui rime en eni, vient de *temp
=: tempus, cf. gallois tymp, grossesse ; le bret. moderne a pentp
et pem, cinq, comme le gallois pump et puni ; skoemp et skocm,
scabreux, etc. Mais, encore ici, l'état primitif est fidèlement
conservé dans les dérivés. Ainsi le diminutif des deux derniers
mots Gsipempiq, osselet, du plur. pempigho, cinq petites (pierres);
shoeinpiq, un peu délicat, etc.
12. Je mentionne seulement pour la curiosité du fait l'équi-
valence de -11, -m et -mp, dans les désignations galloises du
butor : aderyn y biun, adcryn y bumi et aderyn y hiump. Natu-
rellement, il ne faut pas songer à voir là le pendant du rapport
entre le gall, carwn et le bret. karom, karomp. M. S. Evans
explique ces mots par une onomatopée du cri de l'animal :
« l'oiseau qui fait boum ! » et dit qu'en anglais provincial on
l'appelle également bitter-bunip. Bwn se retrouve dans l'irl.
bunnàn, et en bret. dans boungors, Nomenclator, 38, Grég.,
boTigors, boungors, Le Gon., etc.; biuin, hiump, d'où bwmp y
gors, id., littéralement « le butor des roseaux » (cf. l'allemand
Rohrdomriiel^, dans bom-gors, D. Le Pelletier.
E, Ernault.
DIALECTICA
(Suite.)
m.
LE BRETON DE QUIBERON.
Ce serait une illusion que de croire que le breton dialectal
écrit répond exactement au langage parlé dans un endroit pré-
cis et déterminé. Le vannetais écrit, par exemple, se rapproche
assurément du breton parlé aux environs de Vannes, mais il
se distingue par un ensemble de traits qu'on ne saurait loca-
liser dans une même commune ni dans un même canton. Le
breton dialectal écrit ne représente donc un type vrai et réel
que si on le cherche dans l'ensemble ou dans une notable par-
tie de la zone dialectale ; c'est un type convenu, si on veut
le localiser. Il n'y a pas de dialecte où le langage écrit couvre
plus de divergences curieuses et nettement accusées qu'en
vannetais.
On se contente, pour le vannetais, de deux grandes di-
visions : le haut-vannetais et le bas-vannetais.
Par bas-vannetais, on entend le territoire compris entre le
Scorffet l'Ellé, avec une bande de terrain variant de une à
trois lieues de large sur la rive gauche du Scorff. Les lecteurs
de la Revue Celtique se rendront facilement compte des impor-
tantes différences qui séparent les deux zones en se reportant
à mon article : Remarques sur le bas-vannetais {Revue Celtique,
VII, p. 171).
324 J- Lotli.
Cette division est tout à foit insuffisante. Le haut-vannctais
se scinde en deux groupes très différents que j'appellerai groupe
maritime qi groupe intérieur ou méditerranéen.
Le groupe maritime comprend la côte est, c'est-à-dire la
presqu'île de Rhuys, le golfe du Morbihan, avec les îles de
Houat et Hœdic, la presqu'île de Quiberon^ Le breton de
Batz, dans la Loire-Inférieure, lui est étroitement apparenté.
Le breton de l'île de Groix s'y rattache aussi, malgré de no-
tables différences, par des affinités particulières. A l'intérieur,
les traits les plus saillants de ce groupe ne se rencontrent plus,
si je ne me trompe, au nord de Vannes et d'Auray. Ils me
paraissent acquérir leur maximum d'intensité à Quiberon
même. J'ai recueilli les matériaux de cette étude de la bouche
de M. Le Quellec, instituteur à Guémené-sur-Scorff, natif de
Saint-Julien, en Quiberon, aujourd'hui décédé, et de M""^ Le
Quellec, originaire de la presqu'île et en possédant bien la
langue. Les exemples en breton de Sarzeau (très voisin de
celui de Quiberon, surtout le breton de Saint-Gildas de Rhuys),
sont tirés du travail de M. Ernault, Le dialecte vannetais de
Sarzeau {Revue Celtique, III, pp. 49 et 232).
Je note le timbre des voyelles; c sans notation représente e
français dans h, petit ; iv exprime // consonne. La voyelle na-
sale est surmontée du tilde; c qi g sont durs; surmontés d'un
accent (/', fj), ils représentent des palatales extrêmement iota-
cisées, qu'on pourrait prendre poiw tch et dj-.
Les traits caractéristiques du breton de Quiberon sont les
suivants :
1° Les voyelles fermées dans les autres dialectes deviennent
encore plus fermées : e final et médial devient / .• 0 final de-
vient ou (a fermé tend 'xo, etc.);
1 . Je n'ai pu encore déterminer avec précision ses limites ouest. Il paraît
s'étendre avec des traits un peu atténués jusqu'à l'embouchure du Blavet.
2. De fait, on peut s'y tromper et on s'y est trompé. Une observation
attentive, au moins pour Quiberon, m'a convaincu que c'est une illusion.
M. Dottin me fait remarquer que les sons intermédiaires entre /ry, 07 et ts,
dj se retrouvent dans certains dialectes français, par exemple dans le patois
de Montmartin-sur Mer, Manche (cf. Annales de Bretagne, X, p. 95).
Dialecîica.' 325
2° Les consonnes sont nettement palatales ou vélaires, sui-
vant la nature des voyelles qui les accompagnent.
Devant e palatal (= ï, è, mais non e = 0 = p = ^), la
palatalisation se traduit par le dégagement d'un i qui forme
diphtongue avec e. Quand la consonne qui suit e est r ou 1,
g devient simplement i;
3° ou, 0 se diphtonguent; si 0 est fermé, la diphtongue est
fermée; elle est ouverte, si 0 est ouvert.
4° e se brise en ia, quand il est suivi de r, 1 ou s ^\- con-
sonne, ou de lu, c'est-à-dire quand il est nettement ouvert .
Les phénomènes 2° et 3° sont indépendants de l'accent.
L a) ç final devient / ; carôti, affection, amour, ■=! bas-
vannet. carante, léon carànte:^; môni, montagne, =
bas-vannet. màne, léon. niene^^; Dui, Dieu, = bas-
vannet. Doe ;asi, =- léon. a^ç {en-drahi, cette chose-
ci, en din si, cet homme-ci) ; begali, enfants ==: bas-
vannet. léon. hugale; gwiriôni = bas-vannet. gwi-
rione, léon. gwiriône:^; mi, je, moi = bas-vannet.
me; ti, tu, toi, = te^, etc.
b^ ç suivi de r ou de / devient /; il devient également i,
quand il n'est pas en position, et qu'il répond à un
e bas-vannetais ou haut-vannetais : r^r/r, on aime,
= bas-vannet, carer ; din = bas-vannet. den ; bid,
monde, = bas-vannet. bèd; givil, fête, = bas-vannet.
giuçl ; iiuil-, haut, = bas-vannet. iivel; i::jl, bas, =
bas-vannet. i:^el ;tiiv, épais, = bas-vannet. tçù'; giuis,
truie, = bas-vannet. gm::^; sic'h, sec, = bas-vannet.
sec'h; caminir, tailleur, = bas-vannet. cemener,
(vec r palatal); miwil, serviteur, =haut-vannet. inté-
rieur mewel ou mewçl^; digivinir, vendredi, sup-
pose une forme antérieure digimier, =^ bas-vannet.
digwener ;diivic'h, journée, =^t'H'cc7;; bihir, bâtons =
1 . On voit à quelles erreurs on s'expose en se servant de formes dialec-
tales, sans connaître à fond la phonétique du dialecte dont on se sert : mi,
ti, ne peuvent être identifiés avec mi, ti, gallois.
2. Cette prononciation de / répond, comme le fait remarquer M. Dottin,
à celle de l vélaire, en irlandais, précédé de i, c'est-à-dire à -aol moderne.
Revue CeÏHcjue, XVI. 23
5 26 J- loth.
haut-vannet. hihier, léon. bizjer ; cihir, =^haut-vaii-
net. ciher, cihier, léon. cimier ; pirag , = haut vannet.
perag ; pinaïus, =■ haut-vannet. pçuos; mi gemt-
rou, je prendrais haut-vannet. îiie geuierou. — Pour
les exceptions, voir IL
Pour donner une idée exacte de la prononciation de
-// -17' final, il faudrait supposer un petit e muet
avant 1, r, s : miwfl^ ixi'^l ; de même pour c'h : sfch,
hufc'h, six, = bas-vannet huec'h^.
c) Q final devient ou : mi ^ou, je suis = m^ :{ç brou =^ bas-
vannet. léon, brç; irou, = bas-vannet. léon. frç
ero^.
IL Palatalisation exprimée par i (l'accent ou plutôt ici
l'élément sur lequel la voix appuie est e^ :
moaricb, toute, = bas-vannet. moereb ;
mabiet, les fils, plur. de màb;
Gwiniet, Vannes, = bas-vannet. Givenet ;
moagiet, fumée, cf. bas-vannet. mçget (^palatal);
giveliet, voir, = bas-vannet. léon. giuelet ;
mirhiet, filles, = bas-vannet. merhiet, léon. merc'hed;
riedied, courir, = bas-vannet. léon. redec;
pi gon::jct, quand vous parlez, = léon pa gO}7i:^et :
picmpied, cinquième = bas-vannet. pempet ;
7i5deliec, Noël, = bas-vannet. nedelec, léon. nçdçlcc ;
carieg, plur. cerieg, rochers, = léon. carreg, cerreg;
ca:^iec, jument, pi. ce^iec, :=■ bas-vannet. léon . ^fl';^^^^
ce:^ec.
Cf. à Sarzeau, pieniicc, quinze, pien:^iegviei , quinzième.
Devant s, il m'a semblé que l'accent était sur / et que
e était une voyelle atténuée :
magerics, nourrice, ==: haut-vannet. magerçs;
santi^s, sainte, = haut-vannet.; j^/cj^ bas-vannet. santés;
1 . -ir pour cr existe dans une étendue notable du haut-vannetais inté-
rieur. A Sarzeau, on a simplement -il, -ir, -ic'h.
2. ou == 0 final est commun à tout le haut-vannetais. Ce phénomène se
montre également en Goello.
Dialectica. • 327
inies, île, = léon. enex^, etc. M. Ernault transcrit pour
Sarzeau par une diphtongue pure.
Devant m, «final (n non nasalisée), on a, à Quiberon,
ia (Sarzeau ié) :
piamp, cinq, = bas-vannet. peiiip;
courhian, peau, = bas-vannet. léon. crohcn, croc'hen;
axian, âne = bas-vannet, léon. a7;en;
dieJian, feuille, =::: bas-vannet. âçlcn ;
oavirian, messe, = haut-vannet. overen ou ovçyçn;
louogoadian, souris, = logoden, bas-vannet. logodoi (le
premier 0 est ouvert par assimilation; gall. llygodeii);
pe viaii, lorsque je suis (présent d'habitude) = bas-
vannet. pe mu, etc.
Remarque i : n suivi de voyelle palatale donne /// ou
gnmjàw ou gnà, ciel, = bas-vannet. new;
Sarzeau, inà, âme, = bas-vannet. inàiv;
unec, onze = bas-vannet. wenec.
Remarque 2. Lorsque e suivi de r se trouve en position
dans le corps du mot, au lieu de donner f, il se diph-
tongue : mi gemirou — me geiuçro, maïs de gemier't, pour
prendre = de gemeret.
Exception i . A Quiberon^ les diphtongues anciennes
ou existant en moyen-breton, réduites à un son simple,
échappent au phénomène de palatalisation : lec'h, lait =
moyen-bret. lae:;^, gall. llaeth ; santelcc'h^, sainteté =
léon. sante!ei=^*santolaetb ; her, village, ville, = moyen-
bret. caer ; 1er, voleur, = laer, moyen-bret. /a^;-. ; àwç,
repos du bétail, = léon. ecljoaz^, gall. ecbiu)dd ; ermç:(^,
dehors, halen, sel., = vieux-cornique, haloin^-; Kibiren,
Quiberon, =^ Keberoeii (cart. de Redon).
oe s'est réduit à une palatale, en passant par -fie dans
tieni (sarzeau), chaud, bas-vannet. com, — gall t-wyiit.
1 . Sarzeau, sauteïiec'h, z'. III.
2. -oin, en syllabe finae non accentuée, a donné en comique, en gal-
lois et en breton -en, comme le montrent halen (dialectalement, en breton,
hoalen, Jjokn); cf. vieux-gallois niahariiin, bélier, moyen-gallois (Lois) >na-
haaen, gallois-moderne maharen, myharen.
328 .y. Loîh.
En dehors des cas précédents, à Sarzeau, comme à
Qiiiberon, les deux mots calct, dur, et clîvetj maladie,
forment exception. Pour clJvet, la nasale dans la syl-
labe précédente paraît en être la cause : Sarzeau èhuçl,
haut, ?;^t'/, bas, tèhuel, épais, =Q_uiberon, ibui^l, i^i^l,
tiwi'^l. Pour calet, l'explication est plus difficile ; e paraît
être pour une voyelle non palatale : Gloses de Luxemb.
caJat (cf. vieil-irl. calath, irl.mod. cnlad).
Les participes passifs en -et à Quiberon, comme à
Sarzeau, forment une importante exception. A quoi
l'attribuer ? Faudrait-il supposer un type apparte-
nant à la déclinaison en -a- (peut-être même ter-
miné en -io : caret = carat io- (cf. le participe irlan-
dais en te^y
Exception 11. e non palatal = 0 = à = â, régulière-
ment ne provoque point de palatalisation : bçlôc,
prêtre, = hfig^os; ■=z.*bacIàco-; hiegec {biegôc^, niais, dç-
rivé Qn -àco- de bec, honche ; pienec, têtu; piscet, pois-
sons (piscôt^^, = gall. pysgod, pysgaud, = phcâtus, pis-
câtio ; birdet, longueur (-dot, = gallois -daiudr=. -*tati).
Les noms en -ec marquant endroit ensemencé de
tel ou tel produit, primitivement en -Icâ, ont été assi-
milés aux noms en -âco- : irviiioc, champ de navets.
Il est impossible de ne pas être frappé des rapports de ce
vocalisme avec celui de l'irlandais.
IIL 0 donne ouo; ç donne oa ; e donne /rt.
a): din couoc'h, homne- vieux = léon. dên cô:y, bas-van-
net, den côch, couc'h ; coac'b troiv, mauvaises, vieilles
choses, ==: léon. ro:^ traou, bas-vannet. cçc'h traou;
ascouorn, = léon. ascourn ;
iscouob, évêque, =^ escçb ;
1 , Les participes gallois en -edig remontent vraisemblablement à une
forme en -alico- ou -aticio-.
2. De même en bas-vannetais : pescet, avec c vélaire, mais m'eset — (ne)
m'es cet, je n'ai pas.
Dialectica. 529
mouçr, mer, = bas-vannet. niÇw ;
douor, porte, = bas-vannetais Jôr ;
nouas, nuit, = bas-vannet. nô:{ ;
foiiçrn, four, = léon.Journ;
couQC, coq, = côg ;
touoret, brise = tçret.
Devant /, on entend une demi- voyelle e : apostoel, apôtre.
Au lieu de disadouorn, samedi, on entend disadôeni ;
Idhiern pour louarn, renard, haut-vannet. luern.
Exceptions: moc'h, pourceaux, clçc'h, cloche, bçch,
joue.
b) coarn, coin, corne, = bas-vannet. léon. corn ;
hast, queue, = bas-vannet. léon. Içst ;
oavirian (wavirian), messe = haut-vannet. overen;
loHOgoadian, souris = *loggden ou *lngoden (cf. gall.
llygoden, irl. luch ; en bas-vannet. dans logoden, la
première voyelle a été assimilée à la seconde) ;
Goaviriôw, les ruisseaux (nom de lieu de Quiberon,
endroit où coulent plusieurs filets d'eau) = *govçi-,
gallois gofer ;
nwagiet, fumée, suppose moget. Cf. à Saint-Gildas
oascol, chardon = Sarzeau oscal ; oahein, bœufs =
Sarzeau ohein.
IV. e ouvert (c'est-à-dire e devant deux consonnes dont la pre-
mière est /, r ou s, ou devant vJ), devient ia :
diaven, ^èvre^our diarbien = derhcn (bas-vannet. terhicn,
gall. teirthaivii) ;
dimiarher, mercredi, = dimerc'hcr ;
iviarn, enfer, = ifern ;
miast, maître, = mest ;
fiast, fête^ =zfest;
iast, moisson, août, = bas-vannet. est, léon. cost ;
iar pour iarh, neige, — bas-vannet. léon. erc'h ;
cawiall, berceau, = cavell ;
bliaiu, chevaux, = bas-vannet. bkw ;
ceniaw, toison de brebis, = bas-vannet. cançw ; moy.
bret. hicau, gall. cnaif (\ho\\. créa).
330 J. Loîh.
Cf. à Sarzeau : iniarh, fille, = merc'h; aviall, comme^
:= evel ; biarw, action de bouillir, ■=^ bas-vannet.
heriv ; àdiarw, après-dîner, = bas-vannet. andenv ;
càâiarw, cousin, = bas-vannet. canderiv ; urgamiall,
une boiteuse, = bas-vannet. or gamell; diarw, du
chêne, = bas-vannet. derw. Ce phénomène de bre-
chung, sous l'accent, est général devant ch, dans les
groupes-z<c7;, ôch : hiioc'h, bioc'h, biôc'h, vache;
peoch, peach, paix (cf. gallois buwdi). Il se présente
fréquemment, un peu partout, dans les monosyllabes
tn-cc'h : seach, sec, leac'h, endroit.
Il est possible qu'en ce qui concerne la diphtongaison de
ou, 0 en ouo, oa, le caractère vélaire de la consonne ait joué un
rôle aujourd'hui difficile à déterminer.
Ce qui vient d'être dit me dispense d'insister sur le conson-
nantisme. La gutturale précédée de voyelle palatale et suivie
d'une vélaire, devient très iotacisée : degor, ouvert = léon.
bas-vannet. digor ; pecol grand, = bas-vannet. picçl; begali, =■
bas-vannet. biigale. Quelquefois l'élément palatal se confond
avec la gutturale palatalisée entre deux voyelles : ikgèt, vingt,
=: bas-vannet. ûigent.
s devient ch, comme dans tout le vannetais devant t. Sk
devient, comme en bas-vanhetais, ch devant une voyelle pala-
tale e^ i, û : chugiaU, bas-vannet. chudell, écuelle, = scudell ;
chirian, bas-vannet. chirien, éclat de bois, = j-^'/mn; mais
scôt, ombre; scod, bûche; pescet (piscôt) etc.
En résumé, les deux traits distinctifs du dialecte de Qui-
beron et, en général, du groupe maritime, c'est que l'influence
réciproque des voyelles et des consonnes s'y montre de la
façon la plus nette, et que le timbre vocalique s'y traduit par
des phénomènes nettement accusés.
En dehors de ces caractères distinctifs, je signale les sui-
vants :
a) 1 long final devient é/.* nei, nous, = bas-vannet. léon.
ni; huei, vous, = léon. c'houi, bas-vannet. hui;
hei, elle, = léon., bas-vannet. /.'/;
Dialecîica. jji
brasômi, grandeur, = brasoni ; hoarei, jeu, = c'hoari;
tel, maison, = ti, etc.
Suivi de la gutturale, ou d'une chuintante ch, j, il
devient ç :
mabçc, petit enfant, = mabic ; servech, service, = ser-
vich.
Autrement, il est conservé : glin, genou, gûir, vrai.
Ce phénomène s'observe dans toute la zone maritime
(avec cette différence que -in devient dans la plus
grande partie du haut-vannetais ~ein : ftiitein,
matin) .
b) — on final devient oli (avec une légère résonnance
nasale) : braoge, éclair, = haut-vannet. bro'ugôn ;
getôîi, avec lui, == bas-vannet. getôj = moyen-bret.
gantàff.
c) 0 (eu) = *rt vieux-celtique est conservé, bref ou long,
dans brôr, frère (plur. brdiei-) ; blôd, fiirine, lôr,
aire à battre; môd, pouce, scôd, ombre; trt, maigre
(avec r voyelle) ; mais er, heure (traduit peut-être
le son 0 ouvert français). Le haut-vannetais, partout
ailleurs, est arrivé pour m h e on e.
DECLINAISON ET CONJUGAISON
I. A signaler, dans les mutations syntactiques, le
changement de / initial en v : ht vian, sa tête à
elle (de même en bas-vannetais, et ailleurs, /;/ vçwi).
Comme en bas-vannetais et, en cornouaillais spora-
diquement, l'initiale du participe ne subit aucune
mutation après ià, lui, ei, elle : nie 'mes (jnôs) ià caret,
nie 'mes ei caret, je l'ai aimé, je l'ai aimée.
Pronoms. — Les nota augentes (pronoms renforçant le
suffixe personnel) après le verbe sont curieuses :
ti 'm bar dôgn, tu m'aimes moi.
m'a car des, je t'aime toi.
// er hardou, tu l'aimes lui.
3^2 J. Loth.
huei i har dôi, vous Taimez elle.
huei er ^ har domp, vous nous aimez nous
nei hou car doc h, nous vous aimons vous.
nci ou car dent, nous les aimons eux.
Le d qui s'est fondu aux 3*^ pers. du sg. masc. et fémin.,
à la 3" pers. du plur. avec le pronom suffixe joint à
la préposition, apparaît ici à toutes les personnes.
(Joc'hto'u, contre lui, à lui ; gctoii pour gent toli, avec
lui, hemp:iOH, sans lui, etc.).
PRONOM AGGLUTINÉ AVEC PREPOSITION :
Sg. I genôgn (avec moi).
2 gencs.
3 m^sc.getôii.
fém. getôi.
pi. I genomp (bas-vannet. gcnomp, gcnimp).
2 genoc'h.
3 getênt ou get'int.
PRONOMS DÉMONSTRATIFS :
hannè, celui-ci.
bonne, celle-ci.
hanicl), celui-là.
hounich, celle-là.
n. VERBE SUBSTANTIF :
Indicatif présent.
sg. I zveign.
2 wes.
3 ou.
pi. I womp.
2 luçc h.
3 int.
1. er, en proclitiques ziz haut-vannet. /;«;-, hitn r= bas-vannet. hoii.
I
Dialecîica. 333
La 2*^ pers. du sg. a subi l'influence de la 2" pers. du sg.
en -s du verbe ordinaire.
ou = cou Çgall.yiv). Weign et lues sont probablement
pour oueih, oues avec accent sur ou primitivement : ou
est devenu consonne et de là a passé au pluriel.
Imparfait.
Sg. I wann.
2 was, etc.
Prétérit.
Sg. 3 pers. mi luç, je fus.
Futur.
Sg. I efôgn.
2 e foi.
3 c/^«-
pi. I e fomp.
2 e fôt.
3 é feint.
Cond.
sg. I /()Vt';2, etc.
Présent d'habitude.
Sg. r /)6' vian, lorsque je suis (habituel-
lement.
Infinitif.
bout.
Participe.
bit.
FORME EN -r.
bir : pe vir, lorsqu'on est (bas-vannetais p liv'r.)
3 34 J- ^oth.
VERBE AVOIR :
Indicatif présent.
sg. I mi 'mes Çuiôs').
2 ti hes.
3 là des.
hei des.
pi. I nei en es.
2 huei e hwes.
3 ind ou des.
Passé et imparf.
ss;. I mein hoe.
2 ti a poe.
3 masc. ià en dewe, etc.
FORME EN -y.
Présent : carir (on aime).
FORME EN -t. — (Imparfait).
careat (on aimait).
Dans le vocabulaire, je relève un mot que je ne crois avoir
rencontré dans aucun livre, ni entendu : bre, résine. Pour le
goémon long, on se sert du mol f es.
Cette étude n'est qu'une ébauche. J'espère plus tard la
compléter. Aussi n'essaierai-je pas d'établir la chronologie de
ces divers phénomènes. Le phénomène de palatalisation a pu
être plus ou moins accusé, mais il est évidemment fort ancien,
puisqu'il repose sur une loi naturelle aussi vieille que la
langue.
Le changement de e en /, de o en ou n'est que la réalisation
Dialectica. 33 5
d'une tendance et n'est probablement pas plus ancien que la
chute de S final (carôti, = carante's).
La diphtongaison de l final en ci est postérieur au chan-
gement de e final en i, autrement on eût eu carôtci et non carôti.
La diphtongaison de o en ouo, o en oa ne saurait être facile-
ment datée, mais comme elle suppose un jeu de voyelles ouvertes
et fermées qui repose sur l'accent néo-celtique, elle ne peut
remonter à la période du vieux-celtique.
(A suivre.) J. Loth.
E BEN; Y BEN.
En comique, pour traduire l'autre, lorsqu'il s'agit de deux,
on se sert de y hen, pour le masculin aussi bien que pour le
féminin. C'est ainsi que dans la Pass. Dont., 2826, en par-
lant du second des deux larrons, il est dit : drehevough yheyn,
élevez l'autre. En breton armoricain, eben est exclusivement
employé quand l'autre est féminin.
Ben est évidemment pour peu et il n'est guère douteux que
ce ne soit le mot peu, tête. Comme le fait, en effet, remarquer
M. Dottin, cenn a, en irlandais, un emploi fort analogue. Je me
contente de citer l'exemple suivant : Ni bheith mise ag ithe aon
ghràn agus béidh na cinn elle ag ithé, je ne mangerai pas un seul
grain et les autres en mangeront (^Annales de Bretagne, X, p. 442,
contes irlandais, texte par Douglas Hyde, traduction par
G. Dottin). Le mot pen pour désigner un seul individu d'une
espèce animale, a un emploi analogue, en breton, dans pen-
moc'h, pemoc'h, un porc; pendenved, un mouton.
Le seul problème difficile que soulève cette expression, c'est
son emploi exclusif au féminin, en breton. Il me paraît pro-
bable qu'à l'époque où on ne se rendait plus compte du sens
exact de eben, la langue a cru y sentir la présence d'un fémi-
nin comme l'irlandais ben, femme, gallois benyw, femme,
comique benoiu. L'armoricain a perdu ces mots, mais il n'est
pas douteux qu'il ne les ait autrefois possédés.
J. Loth.
NÉCROLOGIE
M. François-Marie Luzel, né à Keramborgne, commune de Plouaret,
Côtes-du-Nord, en juin 1821, est mort à Quimper le 26 février 1895, à
l'âge de soixante -quatorze ans, après avoir occupé les positions les plus va-
riées, successivement homme de lettres à Paris, professeur de collège à Pon-
toise, à Dinan, à Quimper, à Lorient, rentier sans beaucoup de rentes à
Plouaret, journaliste à Morlaix, juge de paix à Daoulas, enfin archiviste
départemental à Quimper, où il a passé dans une retraite paisible, labo-
rieuse et justement honorée les quatorze dernières années de sa vie, d'abord
fort agitée. On peut diviser sa carrière littéraire en deux parties. Il a été
poète, il a été érudit. Ces deux aspects de son intelligence ont persisté con-
curremment jusqu'à la fin, mais naturellement le poète l'emportait pendant
la jeunesse, et l'érudit dominait' chez lui dans l'âge mur et la vieillesse.
Ses premiers essais poétiques datent de l'époque où, étudiant en médecine,
théoriquement du moins ' , étudiant en médecine comme d'autres gens de
lettres ont été clercs de notaire et clercs d'avoué, il vivait dans la société de
Théophile Gautier, de Gérard de Nerval, des Goncourt et de Murger.
Le premier volume qui porte son nom est Chants de l'cpèe, par Francès-
Mary an Uhd, i vol. in-12 de 122 pp. Paris, chez l'auteur, rue Lamartine,
17; typ. Hennuyer, Batignolles, 1856. C'est un recueil de vers français.
Mais quatre ans plus tôt, M. Luzel avait été un des auteurs du volume inti-
tulé Bleuniou Brcii (Poésies anciennes et modernes de la Bretagne), Quim-
perlé. Clairet, 1832, où il avait inséré une pièce de vers bretons intitulée
Breii-Iid. Sa principale publication originale est Bepred Brei^ad, Toujours
I. Les études médicales de Luzel m'étonnaient beaucoup. Je suis allé
aux renseignements. Voici la réponse que j'ai reçue:
Faculté de médecine de Paris.
Paris, le 3 juillet 1895.
Monsieur et cher collègue, les recherches faites à la Faculté n'ont pas
amené la découverte du passage de M. Luzel, François-Marie, comme étu-
diant régulier à la Faculté de médecine de Paris. Recevez, Monsieur et cher
collègue, l'assurance de ma considération la plus distinguée.
Le doyen, Brouardel.
Monsieur le professeur d'Arbois de Jubainville.
i
Nécrologie. 337
breton, poésies bretonnes, avec traduction française en regard, par F. -M.
Luzel ; Haslé (Morlaix) ; Forest et Grimaud (Nantes) ; Hachette (Paris),
1 vol. petit in-8 de xv-270 pp., 1865. Il a depuis, et presque jusqu'à sa
mort, semé ses vers bretons et français un peu partout, dans la Revue de
Bretagne et de Vendée, la Revue illustrée de Bretagne et d'Anjou-, V Hermine, et
dans les journaux : Publicateur du Finistère, Abeille de Lorient, Le Fitiis-
tère, etc.
La carrière scientifique de M. Luzel a commencé dès 1846 par un rapport
sur des pièces de théâtre manuscrites en bas-breton, lu le 19 janvier de
cette année en séance du comité historique des monuments écrits. Dix-sept
ans plus tard, il faisait imprimer Sainte Tryphine et le roi Arthur, mystère
breton en deux journées et huit actes, publié et précédé d'une introduction
par F. -M. Luzel, texte revu et corrigé d'après les manuscrits de l'abbé
Henri; Quimperlé, Clairet, 1863, i vol. pet. in-8 de XLiv-453 pp. Vingt-
six ans s'écoulèrent, et ce volume fut suivi de Bubei saut Giuennolé ahad, « la
Vie de saint Gwennolé », abbé, mystère breton en une journée et six actes,
texte breton et traduction française en regard ; Q,uimper, Charles Cotonnec
1889, i^'^' 222 pages.
M. Luzel a fait mieux encore que de publier des mystères bretons. Ayant
réuni une collection de manuscrits de ces mystères au nombre de cinquante-
huit, il en a fait don à la Bibliothèque nationale en 1863. La liste de ces
manuscrits a été insérée dans {^iRevuc Celtique, t. V, p. 318-320, cf. t. XI,
p. 408-420, 424. Après avoir fait cet acte de libéralité, d'autant plus re-
commandable que M. Luzel était alors absolument sans fortune, il a formé
dans les dernières années de sa vie une collection nouvelle de mystères
bretons qui, abandonnée à M. Le Braz par ses héritiers, doit, dit-on, aller
a la Bibliothèque nationale compléter la première collection.
Des publications érudites de M. Luzel, celle qui a eu le plus grand re-
tentissement est l'ouvrage intitulé : Documents pour servir à l'étude de
l'histoire de la langue bretonne, Giver^iou Ereii-Iiel, chants populaires de la
Basse-Bretagne recueillis et traduits par F. -M. Luzel ; Lorient, Corfmat,
2 vol. in-8, datés, le premier de 1868, le second de 1874 '. Entre les an-
nées 1860 et 1870, le vent poétique qui soufflait sur la Bretagne et dont le
Bardai Brei^ de M. de La Villemarqué était la principale expression, paraît
avoir perdu beaucoup de sa force, et on vit commencer un mouvement ht-
téraire où l'imagination avait moins de part et où l'érudition jouait un rôle,
plus important. A la publication du Mystère de sainte Tryphine, par M. Luzel,
1863, M. de La Villemarqué ripostait par le Grand Mystère de Jésus, 1865,
abrégé fait au xvie siècle en breton du Mystère de la Passion d'Arnoul Gre-
ban 2. Le Mystère de sainte Tryphine avait sur le Grand Mystère de Jésus
1. On peut se procurer cet ouvrage à la librairie Bouillon, 67, rue Ri-
chelieu, Paris.
2. Voyez le Mystère de la Passion d'Arnoul Greban publié d'après les ma-
nuscrits de Paris, avec une introduction et un glossaire par G. Paris et
G. Raynaud. Paris, Vieweg, 1878.
338 Nécrologie.
l'avantage d'être une œuvre originale, mais il ne remontait pas au delà du
xviiie siècle.
Deux ans après l'apparition du Grand Mystère de Jésus, R.-F. Le Men
vint à la rescousse en publiant à Lorient, chez Corfmat, un abrégé du Ca-
ihoJicon de Lagadeuc d'après l'édition de 1499.
La première édition du mystère breton de la Passion, ou Grand Mystère
de Jésus, reproduite par M. de La Villemarqué, ne date que de 1 5 30. Le Men
l'emportait donc chronologiquement sur M. de La Villemarqué qui, à ce
point de vue, venait de battre Luzel.
L'apparition du tome I^r des Gtver'^iou Brei^-I^el a suivi à un an d'in-
tervalle la publication de Le Men. On a reconnu dans ce volume le texte
primitif d'un certain nombre de morceaux dont les arrangements, publiés
par M. de La Villemarqué dans le Bariai-Brei^ en 1839 et réimprimés dans
les éditions suivantes de ce célèbre recueil, appartiennent à la période pu-
rement Imaginative et poétique de l'histoire littéraire bretonne, comme les
Bleuniou Brei^, recueil auquel M. Luzel a collaboré, 1852.
La suite des deux volumes des Givcriiou Brei^-Iiel a paru en 1890. Ce
sont les Soniou Brei^-fyl, chansons populaires de la Basse-Bretagne, recueil-
lies et traduites par F. -M. Luzel, avec la collaboration de A. Le Braz (Poé-
sies lyriques), Paris, Bouillon, 1890, 2 vol. in-8, XLiii-335, m-352 pages.
Les textes qui ont fourni la matière de ces quatre volumes ont été re-
cueillis par M. Luzel dans .la tradition orale. Ce ne sont pas les seuls docu-
ments que le laborieux auteur ait puisés à cette source. Nous n'entreprendrons
pas de faire ici l'énumération des contes bretons publiés dans divers recueils
par cet érudit à la fois si actif et si consciencieux. Des missions qu'il reçut
en Bretagne pendant plusieurs années eurent pour résuhat cinq rapports,
datés des 6 septembre 1869, 2 août et 4 novembre 1870, i^r août 1871,
i>^r septembre 1872, qui ont été insérés dans les Archives des Missions scien-
tifiques et littéraires, et qui contiennent douze contes bretons. D'autres
contes bretons recueillis par M. Luzel ont été publiés dans les trois premiers
volumes de Mélusine, dans le Bulletin de la Société archéologique du Finistère,
dans les Annales de Bretagne, dans la Revue illustrée de Bretagne et d'Anjou,
dans la Revue des provinces de l'Ouest, dans la Revue Celtique, etc. Enfin on
doit à M. Luzel, dans cet ordre d'idées, les sept volumes dont voici le titre :
Contes bretons, Quimperlé, Clairet, 1870, i vol. in-12; Veillées bretonnes,
Paris Viewecr, 1879, i vol. in-12; Légendes chrétiennes de la Basse-Bretagne,
Paris, Maisonneuve, 2 vol. in-i8, 1881; Les Contes populaires de Bretagne,
3 vol. in-i8, Paris, Maisonneuve, 1887.
M. Luzel était archiviste du département du Finistère quand il a publié
ces trois derniers volumes, ainsi que ses deux derniers volumes de chansons
populaires. Ces travaux littéraires ne l'ont pas empêché de remplir les de-
voirs que lui imposaient ses fonctions. Sur les 475 pages in-4 dont se com-
pose le premier volume de VInvcntaire sommaire des archives départementales
du Finistère, 240 sont dues à M. Le Men et 235 à M. Luzel, qui a en outre
préparé les 96 premières pages du t. IL Le nombre des articles inventoriés
par M. Luzel est de 693, contre 842 inventoriés par M. Le Men.
Nécrologie. 339
M. Luzel n'était pas linguiste, mais ce point faible mis de côté, on ne
pouvait qu'avec étonnement trouver un sens critique aussi sûr chez un
homme qui avait tant de goût pour les vers et pour la fiction poétique.
Impossible d'avoir plus que lui le dévouement désintéressé pour la science,
et de témoigner plus de bienveillance à ceux qui se consacraient aux mêmes
études que lui. J'en ai fait l'expérience lors de mon passage à Plouaret
en 1872, quand, parcourant la Bretagne, je cherchais dans les archives et
les bibliothèques les traces inédites les plus anciennes de la langue bretonne.
Moins âgé que M. de La Villemarqué, qui cependant lui survit, M. Luzel a
été quelque temps son adversaire, mais tous deux avaient trop de bon sens,
l'âme trop élevée, pour conserver longtemps l'un contre l'autre des senti-
ments d'animosité, et pendant les dernières années de la vie de M. Luzel,
la Société archéologique du Finistère, dont ils étaient tous deux membres
zélés, a été entre eux un trait d'union.
CHRONIQUE
SOMMAIRE: 1. M. Standish Hayes O'Grady et M. Standish O'Grady. — II. Récla-
mation de M. T.-O. Russell. — III. La Passion selon saint Mathieu était-elle au-
trefois lue le vendredi saint dans la liturgie du pays de Galles? — IV. Excursions
archéologiques de la Cambrian Archaeological Association. — V. Nouvelle publi-
cation de M. J. Morris Jones. — VI. La Société des Cymmrodorion. — VII. La So-
ciété gaélique d'Inverness. — VIII. Etude de M. Strachan sur le verbe déponent
irlandais. — IX. Contes irlandais publiés par M. Jeremiah Curtin. — X. Le Mar-
tyrologe d'O'Gorman, publié par M. Whitley Stokes.
I.
Sur la couverture de la Revue Celtique, en tête de la seconde page, il est
imprimé que toutes les communications et correspondances relatives à la ré-
daction doivent être envoyées à M. H. d'Arbois de Jubainviile, 84, boule-
vard Montparnasse, à Paris. Or, une grande partie de ces cornmunications
est adressée à la librairie Emile Bouillon, 67, rue de Richelieu, à environ
trois kilomètres de chez moi, et de temps en temps, ceux qui ont à récla-
mer un numéro en retard ou à traiter à propos de la Revue Celtique une
affaire de librairie quelconque, s'adressent à moi. Chacune de ces erreurs
m'impatiente, parce que j'ai mauvais caractère. Eh bien ! j'ai commis une
erreur du même genre. M. Standish H. O'Grady, pubhant en i8c;2 la Silva
Gûdelica, a mis en tête du second volume une préface dont les marges, dans
mon exemplaire, depuis qu'il est entre mes mains, sont couvertes de notes
manuscrites, agrémentées de deux grosses taches d'encre qui me déses-
pèrent, car je ne puis, hélas! en rejeter la faute sur autrui. Cette préface se
termine par une phrase qui montre qu'un érudit peut quelquefois associer la
science et l'esprit. « Souvent, » dit M. Standish H. O'Grady, « je subis le sup-
cc plice de Tantale. Je me vois attribuer les chefs-d'œuvre d'un parent. Cela
« me décide à faire observer au pubHc que j'ai une marque de fabrique —
« il n'y a pas de preuve d'authenticité sans cela — et cette marque, qui
« est en abrégé sur le titre de ce volume, la voici en son complet dévelop-
« pement: Stakdish Hayes O'Grady. » J'ai lu cette recommandation
comme le reste de la préface, mais je l'ai lue sans la comprendre. Jamais
aucun livre de M. Standish O'Grady sans HfayesJ ne m'était arrivé entre
les mains. Dans la famille on n'est pas généreux, et pour avoir les livres
de ces Messieurs, il faut les acheter, quelquefois très cher. Lorsque j'ai pris
Chronique. ^41
mon parii de me procurer, moyennant finances, The coiiiinçr of Ciiciilain de
M. Standish O'Grady, j'avais oublié l'observation précitée de M. Standish
H[ayes] O'Grady, qui remonte à trois ans, et j'ai cru qu'il était l'auteur de
ce nouveau « chef-d'œuvre » de son parent. Je ne crois pas avoir été trop dur
dans mon appréciation de ce livre ; un éminent celtiste m'a écrit en me
citant un proverbe anglais qui peut se traduire en français : « Vous avez
pris un pavé pour écraser une mouche. « Ce jugement est sévère. Quoi
qu'il en soit, je devais une réparation à M. Standish H[ayes] O'Grady,
dont les publications, malgré les critiques de détails fort justifiées dont elles
sont l'objet, sont indispensables à tout celtiste sérieu.x.
II.
Voici un exemple de la façon dont certaines gens écrivent mon adresse :
« Rédacteur Rnnie Celtique, 67, rue Richelieu, Paris, France. « L'auteur de
la missive qui m'a été envoyée de cette façon, mais qui, naturellement, ne
m'est parvenue qu'après un long retard, est un journaliste irlando-améri-
cain, M. T'.-O. Russell, auteur de l'article intitulé: Récent Cbani^es made in
Scotch Gaelic, qui a paru dans le dernier numéro de la Revue Celtique, p. 207.
Cet article, que M. Russell était venu m'oflfrir à Paris, et que j'avais ac-
cepté, à condition qu'il en retrancherait toute expression blessante pour les
Gaëls d'Ecosse, m'est arrivé ensuite par la poste sans que l'auteur eût pris
la peine d'y joindre l'indication d'un domicile ou d'une résidence. On peut
être savant, avoir de l'esprit, et ne pas penser à tout. Je savais que M. Rus-
sel, irlandais d'origine, habitait depuis un certain temps l'Amérique du
Nord, et que de Paris il allait en Irlande où il devait quelque temps sé-
journer. Ce n'était pas pour la poste une adresse suffisante. La conséquence
se devine. M. Russell n'a pas reçu d'épreuve, or il en est fort étonné; il est
même très mécontent de moi qui aurais dû, primo, corriger les erreurs con-
tenues dans son manuscrit, secundo, ne pas laisser s'y ajouter des fautes
d'impression.
La principale erreur contenue dans le manuscrit de M. Russell est, suivant
lui, celle-ci. Il reproche, sans réserve aucune, aux Gaëls d'Ecosse, de ne pas
appHquer la loi irlandaise de l'éclipsé après le pronom possessif de la troi-
sième personne du pluriel, a, dont la forme primitive, au, est originaire-
ment le génitif pluriel du pronom personnel de la 3'= personne. L'ortho-
graphe gaélique d'Ecosse étant étymologique, garde en général 1"» final de
ce mot, mais le change en;;;, devant les labiales: 1° am jear (i leur homme»,
2° ani huaclMill « leur valet », primitivement « leur pâtre », 5° ani peacadh
« leur péché ». L'orthographe irlandaise est phonétique et historique: 1° a
hhfear, 2° rt mhuac])aill , 3° a hpeacadli ; i"/, 2° h, 3°/) nese prononcent pas
et sont éclipsés, c'est-à-dire remplacés, respectivement: 1° par/'/;, 2° par ;;;,
3° par h. L'orthographe gaélique contredit l'orthographe irlandaise dans le
I . Et non J.
Rcvut Celtique, XVI. 24
342 Chronique.
premier cas et dans le troisième. Ces deux orthographes sont d'accord dans
le second cas ; en effet, la différence entre l'irlandais a nihuachaiVi et le gaé-
lique am huacbaiU ne mérite guère qu'on attire sur elle l'attention.
Or, dans la rédaction de M. Russell aucune distinction n'est faite entre
les labiales. L'auteur reproche aux Gaëls d'Ecosse d'écrire le pronom
possessif de la troisième personne, am, devant b, comme il leur reproche de
l'écrire ainsi devant/ et devant^. « Ceux qui liront cela », m'écrit-il, « di-
ront que je suis fou ». Il regrette aussi d'avoir parlé des poèmes écrits,
ivrilteii, par le doyen de Lismore. La direction de la Revue Celtique aurait
dû corriger cela, paraît-il, et faire imprimer copied « copié », au lieu de
îurittcn « écrit », et « c'est un scandale » qu'elle ne l'ait point fait.
Si je m'étais avisé de modifier ces deux passages, j'en aurais modifié aussi
bien d'autres, j'aurais refait l'article complètement en montrant par quelles
raisons l'orthographe gaélique est motivée, et en disant d'autre part ce
qu'il y a de rationnel dans l'orthographe irlandaise : chacune de ces ortho-
graphes est l'expression d'un système différent ; des deux côtés on peut se
défendre.
Quant aux citations irlandaises et gaéliques d'Ecosse, toutes empruntées
à des éditions que je ne possède point, je les aurais remplacées par des
exemples tirés des éditions qui sont dans ma bibliothèque et dont je puis
vérifier l'exactitude. Il y a, paraît-il, dans ces citations, les fautes d'impres-
sion suivantes :
P. 2IO, li
I), au lieu
de admail,
liseï
admhail.
i6, —
om
—
am.
19. —
sôlas
—
sôlas.
20, —
che
—
cha.
20, —
sôlâs
—
sôlas.
28, -
iompaid
—
iompoidh.
34, —
chaidh le
—
chaidh lé.
35, —
loisfidh
—
loisgfidh.
loet 1 1, —
Geud
—
creud.
3O1 —
lôchruin
—
lôchruinn.
211, —
Voici l'errata du texte anglais tel qu'il a été dressé par l'auteur :
P. 207, ligne 14, au lieu de hulls, /wq buUs.
— i7>
—
mort.
—
mart.
— 22,
—
thèse by,
—
thereby.
— 22,
—
ambibology,
—
amphiboiogy.
— 24,
—
Those
—
Thèse.
- 29,
—
thèse by
—
thereby.
208,
— 29,
—
intented
—
intended.
209,
— 3i>
—
cessed
—
ceased.
— 32,
—
as
—
or.
Je regrette d'avoir laissé subsister ces fautes, mais le manuscrit n'était
pas suffisamment clair pour des compositeurs français, et sur la première
Chronii^ue. 545
épreuve il y avait au moins dix fois autant de fautes d'impression qu'il en
est resté sur la bonne feuille.
Quoi qu'il en soit, l'article de M. Russell montre à quel point de vue les
divergences orthographiques avec les Gaëls d'Ecosse sont envisagées en Ir-
lande, et il est plus intéressant qu'un mémoire écrit par un érudit qui ne
sentirait pas l'aiguillon du patriotisme local et qui raisonnerait froidement
sur ces questions de grammaire. Rien n'est amusant comme d'assister en
France à une discussion grammaticale entre Vannetais et Léonard. Certai-
nement personne n'a plus que 'moi le respect de la Compagnie de Jésus,
cependant il m'est arrivé une fois de rire au nez de deux Jésuites bretons,
originaires, l'un des environs de Vannes, l'autre des environs de Léon ; ils
soutenaient l'un contre l'autre que le dialecte de chacun d'eux était le bon
breton ; ils arrivèrent à se fâcher. Je n'avais jamais vu deux Jésuites se dis-
puter avec une vivacité pareille. Mais il y avait de quoi. On sait que le
breton a été la langue de nos premiers parents. Q.uand, dans le paradis ter-
restre, Adam, pour la première fois, dit une tendresse à Eve, c'était en
breton ; Eve lui répondit dans la même langue et sur le même ton, et voilà
pourquoi le genre humain existe. Caïn et Abel parlèrent breton comme
leurs parents, mais tandis qu'Abel, ce bon garçon, s'exprimait en léonard,
le méchant Caïn parlait vannetais, les deux frères ne se comprirent pas.
C'est pour cela que ce misérable Caïn a si mal tourné, et qu'Abel a été si
malheureux. J'espère qu'entre le professeur écossais M. Mackinnon et le
journaliste irlandais M. Russell, la querelle commencée dans VAcadi'Diy, et
que M. Russell a continuée dans la ReviieC eJtique, n'aura pas une issue aussi
tragique. M. Russell a déchargé sur moi l'électricité de sa colère, je ne m'en
porte pas plus mal et j'aurai servi de paravent à M. Mackinnon.
m.
Plusieurs personnes ont lu avec surprise, dans notre dernière livraison,
p. 248, que le récit de la Passion suivant saint Mathieu était attribué au
Vendredi saint par un texte gallois. En effet, l'usage romain, conservé par
l'Eglise anglicane, attribue au dimanche des Rameaux le récit de la Passion
par saint Mathieu et affecte au Vendredi saint le texte qui correspond dans
l'évangile de saint Jean. C'est un usage excessivement ancien, puisqu'on le
trouve^attesté déjà par le Liber comitis , que certains considèrent comme une
oeuvre de saint Jérôme, ainsi qu'on peut le voir au tome XXX de Migne,
PatroJogia latiiia. Dans ce volume, les passages relatifs au récit de la Passion
lu le dimanche des Rameaux et le Vendredi saint se trouvent aux colonnes
502 C et 503 A. On pourra consulter aussi, et avec plus de profit sur ce
sujet, Ernst Ranke, Das KirchUche Pcricopcnsysiem ans den àltesteii Urkunden
dcr rômischen Liturgie, p. 332-333, 339-340, xxxiv-xxxv, LXiii-LXiv,
Lxxxvi. Toutefois l'usage de l'Eglise d'Afrique, tel qu'il est constaté dans
le sermon CCXXXII de saint Augustin, était de ne lire qu'une fois le récit
de la Passion en prenant ce récit dans saint Mathieu : « Passio autem, quia
uno die legitiir, non solet legi nisi secunduui Matthaeuni. » Patrohgia latina,
344 Chronique.
t. XXXIX, col. 1108, et il paraît que c'était le jour du Vendredi saint
qu'avait lieu cette lecture, puisque c'est en ce jour que saint Augustin prêcha
son sermon CCXVIII, De Passioiie Domini, Pativlogia latina, t. XXXIX,
col. 1084.
Le système de l'Eglise d'Afrique a été adopté par le clergé luthérien. Ce
clergé ne lit qu'une fois par an l'Evangile de la Passion : c'est le Vendredi
saint, et c'est dans saint Mathieu, qui, dit Ernst Ranke, raconte la mort du
Christ, tandis que dans l'Evangile de saint Jean on trouve le récit des der-
niers moments de Jésus écrit par son ami le plus intime.
Il serait curieux de savoir si dans le manuscrit reproduit par le Rév, Ro-
bert Williams, t. II, p. 250 et suivantes, le titre Croglilh (iiiass (?) of good
friJay), Vendredi saint, existe réellement, et, en cas d'affirmative, s'il est de
même date que le texte gallois, et quand ce texte gallois a été écrit,
M. Samuel Berger, qui connaît si bien les traductions de la Bible, m'a
fait remarquer dans ce texte gallois plusieurs variantes étrangères à la Vul-
gate ; par exemple, on Ht dans la Vulgate, Mathieu, XXVII, 16 : hahebat
atitem tune vinctinn insigfiem, qui dicchatur Barabbas, en gallois : ac ydoed
yna ganihaiu garcharaivr halch, Barrabas oed y enw ; or, certains textes latins
mélangés contiennent ici une addition étrangère à la Vulgate : Qui propter
hondcidium missns erat in carcerem ; dans le texte gallois, on trouve cette ad-
dition rendue ainsi: a dugessit yr carchar am rylad kelein ohonaw (p. 255.
Cf. la traduction, p. 613).
Ce document nous ofïre-t-11 la trace d'un usage liturgique de l'Eglise
bretonne dans laquelle on aurait lu le Vendredi saint la Passion selon saint
Mathieu ? Cela pourrait sembler extraordinaire à ceux qui ont jeté les yeux
sur le « Sacramentaire gallican », Migne, Palrologia latina, t. LXXIl,
col. 494-496, et qui y ont vu que le jour du Vendredi saint, iii parasceve,
on lisait le récit de la Passion selon saint Jean. Les savants qui étudient
l'histoire de la liturgie chrétienne seraient plus que moi à même de résou-
dre cette question. Renvoi à M. F.-E. Warren et à M. l'abbé Duchesne.
IV.
La Camhrian Archaeoiogicaî Association tiendra le lundi 12 août prochain,
à Launceston, une assemblée pour laquelle elle aura la coopération de la
Royaî Institution of CorniuaU. Cette réunion sera suivie d'excursions archéo-
logiques qui dureront cinq jours.
V.
M. J. Morris Jones, qui a publié avec le patronage de M. J. Rhys le
« Livre de l'Anachorète » (v. plus haut, p. 106, 247-252), va faire paraître
à la librairie Jarris et Poster, Lorne House, Bangor, une nouvelle édition
des « Visions du barde endormi », Giveledigactheu y bardd ctusc, par Ellis
Wynne, auteur gallois né en 1670 et mort en 1734, et qui, suivant le Rév.
chronique. ^45
Robert Williams, Biographicd dictionary of emiiient Wehhmen, p. 549, aurait
été le plus remarquable des prosateurs gallois. Si l'on en croit Robert Wil-
liams, les « Visions du barde endormi » sont, quant au style, un des plus
beaux ouvrages écrits en langue galloise. La nouvelle édition coûtera sept
shillings six pence franco. Elle sera tirée à 250 exemplaires. Une édition
meilleur marche paraîtra plus tard.
VI.
The Transactions of the Honoiirahle Society of Cymmrodorion, session 1893-
1894, contiennent trois articles relatifs à l'histoire ecclésiastique du pays de
Galles.
Le premier, intitulé The ancient Chitrch in IVaJcs, par sir Roland Lomax
Vaughan-Williams, un des juges de Sa Majesté, est une œuvre politique
et littéraire dont l'auteur n'a eu, je pense, aucune visée scientifique. Le se-
cond article, dont le titre est IVelsh saints, et qui est dû à la plume de
M. J.-W. Willis-Bund, consiste en un développement d'un mémoire publié
par le même auteur en octobre 1894 dans VArchaeoIogia cambrensis, 5e série,
t. XI, p. 276, et dont nous avons parlé plus haut, p. 121.
Le plus important de ces articles est le troisième : Some Aspects of the
Christian Clmrch in JVales ditring the fifth and sixth centuries, par le Rév. Hugh
Williams, professeur d'histoire ecclésiastique au collège théologique de Bala.
Ce mémoire, qui a 78 pages, est à mon avis une œuvre de grande valeur ;
l'auteur connaît sur son sujet les travaux les plus récents et fait les plus
louables efforts pour traiter sans passion des questions que la plupart des
écrivains abordent avec les préoccupations d'une apologétique mal éclairée.
Il ne connaît pas seulement l'excellente publication d'Arthur West Haddan
et de William Stubbs : Coimcils and ecclesiastical Dociiiuenis relating ta Great
Britain and Ireland. Il a étudié les travaux de l'abbé Duchesne, de Harnack,
de Samuel Berger, de J. Loth, de J. Rhys, de Morris Jones, de H. Zimmer,
de Gwenogfryn Evans, etc.
Son mémoire est divisé en cinq chapitres.
Le premier, p. 58, traite du christianisme en Grande-Bretagne avant le
V siècle. M. Hugh Williams soutient qu'à cette date le christianisme n'avait
pas en Grande-Bretagne d'autres adeptes que des étrangers d'origine ro-
maine. Une des raisons sur lesquelles il s'appuie est qu'au concile d'Arles,
3 1 4, les quatre ecclésiastiques qui représentèrent l'Eglise bretonne, n'au-
raient aucun porté des noms celtiques. Si cette assertion était conforme à
la vérité, il ne serait pas certain qu'on pût en tirer une conclusion quel-
conque, car dès le premier siècle de notre ère, on voit les grands seigneurs
gaulois porter des noms romains. Mais le savant auteur commet une erreur
de fait : le nom de l'évêque d'York, Eboriiis (qui doit être corrigé en Ebiirius)
est un gentilice romain tiré du nom d'homme celtique Ebiiros, d'où vient
aussi le nom topographique Eburacus[fiindiis], c'est-à-dire « propriété d'Ebu-
ros », aujourd'hui York.
Le second chapitre, p. 65 « Eglise bretonne ou galloise », contient,
346 Chronique.
entre autres choses, une intéressante étude sur l'évèque breton Fastidius,
qui vivait au v^ siècle, et dont le traité De vita christiana a été publié par
Migne, Patrologia laiina, t. L, p. 383-402, et sur le breton Faustus, qui
devint abbé de Lérins en 433, et évêque de Riez (Basses-Alpes), vers 462.
On trouve ses oeuvres dans la Patrologie latine de Migne, t. LVÏII, p 775-
894. Une meilleure édition en a été donnée par August Engelbrecht, en 1 89 1 ,
t. XXI du Corptis scriptorum ecclcsiasticoriim de l'Académie impériale de
Vienne. Krusch, dans son édition de Sidoine Apollinaire (Monuviciita Ger-
vianiae Jiislorica, in-4, Aiiciorum autiquissiiiioniiii toiiiiis VIII, 1887), a pu-
blié, p. 265 et suivantes, un certain nombre de lettres de Faustus, et
p. Liv-LXi, une notice sur ce personnage. Or, cette étude paraît avoir
échappé à M. Hugh Williams. Mais cela n'empêche pas que la partie cor-
respondante de son travail ne puisse être lue avec plaisir et profit.
Le troisième chapitre, p. 84, parle de l'histoire de l'Eglise chrétienne
dans le Pays de Galles depuis la fin du v^ siècle jusqu'à la fin du vie siècle.
M. Hugh Williams y traite, entre autres choses, des versions de la Bible. Il
exprime son regret de n'avoir trouvé aucun témoignage attestant l'emploi
d'une traduction galloise de la Bible dans le culte. Il est, en effet, vraisem-
blable qu'il n'a pas existé de traduction complète de la Bible en gallois
avant la Réforme, mais on a conservé pour certains fragments des traduc-
tions écrites antérieurement à cette date. Nous venons de parler d'un de ces
fragments. Sur deux autres, voir plus haut, p. 249-251. Suivant l'auteur,
l'organisation de l'Eglise chiétienne dans le pays de Galles, au vie siècle,
était en général la même qu'en Gaule, à cette différence près qu'il n'existait
pas de métropolitain, et que le nombre des évêques était excessivement
multiplié; en Irlande, le nombre des évêques était également excessif. La
dogmatique de l'Eglise galloise était identique à celle des autres églises occi-
dentales. La liturgie dérivait de celle de Gaule, et c'est de la liturgie galli-
cane qu'elle tient les caractères orientaux qui ne se retrouvent pas dans la
liturgie romaine. Marseille a toujours été une ville grecque. Ajoutons :
1° que saint Irénée, le célèbre évêque de Lyon, porte un nom grec, écrivait
en grec, 2° que le sud-est de la France est le pays d'origine du Nouveau
Testament grec-latin connu sous le nom de codex Be^ae, écrit vers le vi" siècle
et aujourd'hui conservé à Cambridge, mais provenant de Lyon où il était
encore en 1562', 3° que parmi les noms des martyrs de Lyon en 177, nous
trouvons Pothinus, Macarins, AJcibiades, PhiUimemis, Helpis, Attahis,
Akxandcr, Aristacus, Zosiniits, Zoticus, Trophima ; c'est-à-dire que sur les
quarante-huit martyrs, onze portent des noms grecs. C'est entre le quart
et le cinquième. Or, sur les quatre ecclésiastiques qui représentent la
Grande-Bretagne au concile d'Arles en 314, il y en a un dont le nom est
grec : c'est Adelfius = 'Aoc'À-^io;. Un des points importants sur lesquels
I . Il est contemporain de V Aviva CJiohiiiiih ChiUioix l'irlandais Columba,
l'apôtre des Pietés, le célèbre abbé d'Iova en Ecosse, est dit avoir eu, entre
autres mérites, celui d'enseigner la grammaire grecque: « atgaill {glose xo'io-
glaind) gramataig gréic ». Whitley Stokes, Goidelica^, p. 170, § 123.
Chronique. 347
l'usage gallican suivi dans le pays de Galles différait de l'usage romain,
était que la confirmation semblait constituer une des parties du sacrement
de baptême et était administrée par les prêtres comme en Orient au lieu
d'être réservée aux évêques suivant l'usage romain.
Le quatrième chapitre, p. 107, traite du monachisme gallois. Comparant
le genre de vie des moines au vi^ siècle avec celui des chrétiens dont Sal-
vien décrit les mœurs, il en conclut qu'on doit aux moines du vi^ siècle
la rapide propagation du christianisme à cette date parmi les populations
celtiques restées jusque-là païennes. Les écoles monastiques succédèrent
aux écoles romaines que la chute de l'empire avait détruites. Mais ce que
nous devons surtout apprécier chez les moines des régions celtiques,
c'est leur influence morale. Un des témoins du mouvement qui se pro-
duisit au vie siècle est l'œuvre de Gildas, que les historiens méprisent,
mais qui a été le Salvien du pays de Galles et un des grands chrétiens de
son temps.
Le chapitre V, p. 120, traite des changements qui se produisirent au vue
et au viiie siècles, quand l'influence de l'Eglise romaine devint prédomi-
nante en Grande-Bretagne par suite de la mission envoyée à Canterbury
par le pape saint Grégoire le Grand. Un des points sur lesquels on s'est
beaucoup querellé à cette époque a été de savoir comment on calculerait la
date de Pâques, si ce serait d'après l'ancien comput romain, ou d'après le
nouveau, originaire d'Alexandrie. M. Hugh Williams, p. 124, attache peu
d'importance à cette querelle de sacristie, qui n'a pu passionner que de très
pauvres esprits, et que les grands réformateurs du xvie siècle, parmi lesquels
il y avait au moins un homme de génie, se sont bien gardés de renouveler.
La discussion portée sur ce point par les ecclésiastiques gallois et irlandais
devait forcément aboutir à une défaite, parce que leurs fidèles y sont restés
indifférents. Le seizième siècle a associé aux dissentiments sur le dogme et
sur la liturgie la question de savoir qui exercerait le pouvoir temporel, qui
serait propriétaire de biens ecclésiastiques et la question du mariage des
prêtres. Pour le pouvoir, la fortune et les femmes, les hommes se sont tou-
jours entre-tués. Mais ce n'est pas la peine de se l'aire casser la tête pour
célébrer la fête de Pâques huit ou quinze jours plus tôt, huit ou quinze jours
plus tard.
VIL
Le tome XIX des Transactions of tlie gaelic Society of hiver iiess contient
trois assez longs morceaux en gaélique d'Ecosse: Taillear Ghearraidh-ho-Stig ,
p. 25-37; ^'iii-^'i'i a' Bhaird Aosda, p. 89-98; An Teine Mâr, p. 158-171.
Parmi les mémoires nous signalerons d'abord celui de M. Strachan sur
l'utilité de l'irlandais pour l'étude du gaélique d'Ecosse, p. 15-25. Ce mé-
moire contient, par exemple, un fort intéressant travail sur la langue du
livre de Deir, aujourd'hui Deer, en Buchan, comté d'Aberdeen, Ecosse.
M. Strachan reproduit, p. 15-16, le passage qui commence à Taugator
(Whitley Slokcs, GôideUca, p. 108, 1. 21), et qui finit à /(W/'f j7(ï;z/(,' rfd (ibid..
348 Chronique. '
1. 27; la traduction anglaise se trouve à la même page, 1. 57-44, et p. 109,
1. i). Il en donne la traduction en gaélique moderne, en irlandais clas-
sique style de Keating, et en irlandais moderne, dialecte de Waterford,
et fait suivre un commentaire de tous les mots. Ce mémoire est écrit avec
la compétence dont M. Strachan a donné tant de preuves dans ses précé-
dentes publications.
Nous citerons aussi : une étude de M. J. Mackay sur les noms de lieux des
paroisses de Golspie et Rogart, comté de Sutherland ; un travail de
M. Alexander Macbain sur l'élément Scandinave des noms de lieux dans les
hautes terres d'Ecosse; un recueil, par le Rév. Duncan Macinnes de termes
techniques gaéliques concernant les bateaux, les fours, le métier de tisse-
rand, les chaumières et les paniers; enfin les fragments de poésies gaéliques
colligées par les Rév. Thomas Sinton et Donald Masson.
M. Poison a inséré dans ce volume un mémoire sur certaines anciennes
forteresses de l'Ecosse septentrionale, qu'on appelle aujourd'hui hroch, et
que l'on suppose être d'origine picte. Ces monuments auraient été construits
du V" au ix<= siècle. Ils sont bâtis en pierres et de forme ronde. On en a fait
un relevé; on en a compté 373. La plupart sont situés en Ecosse, dans les
comtés de Caithness, Sutherland, Ross, Inverness, qui sont les plus sep-
tentrionaux de la Grande-Bretagne, ou dans les îles voisines. Shetland,
Orkney, Lewis, Harris et Skye.
VIII.
M. J. Strachan a fait tirer à part, sous le titre de Contributions to tbc
history of thc déponent verh in irish, un mémoire lu par lui le i" juin 1894
en séance de la PInlologicaJ Society. Cette étude du verbe déponent est d'une
grande importance pour l'histoire de la langue et de la littérature irlanc lises ;
elle est divisée en trois parties. La première est un recueil de matcriai x ; la
seconde est intitulée: Remarques sur l'histoire du déponent; la troisième a
pour objet les formations déponentes relativement nouvelles au prétérit
sigmatique et à la première personne du singulier du subjonctif.
M. Strachan emprunte ses matériaux d'abord aux gloses irlandaises des
manuscrits latins du viii'' et du ix^ siècle, aux incantations de Saint-Gall
et aux poèmes du monastère de Saint-Paul qui datent du ixe siècle. Il di-
vise en deux classes les verbes déponents qu'il a recueillis dans ces docu-
ments. Les plus nombreux, c'est-à-dire cent seize, semblent de formation
relativement moderne; ce sont des verbes dénominatifs enagiur, iginr, qui,
étant spéciaux à l'irlandais, sont, les uns, tirés d'adjectifs en ach et en ccb,
les autres, formés par analogie ; ils ne peuvent remonter à une haute anti-
quité; c'est la seconde classe qui appartient à la troisième conjugaison. La pre-
mière classe se compose de trente-quatre verbes, les uns primitifs, les autres
dénominatifs qui n'ont pas le suffixe caractéristique agiur, iginr, de la se-
conde classe. Les verbes de la première classe appartiennent aux trois con-
jugaisons.
chronique.
H9
PREMIERE CONJUGAISON
chiinur « j'entends ».
sechur « je suis ».
DEUXIÈME CONJUGAISON
agtir « je crains » .
com-alnnr « je rem-
plis ».
fo-ciallur « je rassem-
ble, je procure ».
aro-fochir « j'énonce » .
follmir « je veux ».
foliiur « je règne ».
ad-gladnr « j'adresse la
parole ».
labrur « je parle ».
ad-inacbdur«. j'admire » .
mollir « je loue ».
samlur « j'imite ».
TROISIEME CONJUGAISON
frilh-ailiiir « j'attends ».
airliur, coiiairliur « je
conseille ».
cnirinr « je pose ».
gaiiiinr « je nais ».
laimiiir « j'ose ».
di-iiiecciur « je mépri-
se ».
midiitr « je juge ».
moiniur « je pense ».
ad-nniilniur « je ré-
pète ».
dirgiur, dans condîr-
giitr « je dirige, et
dans troiiedi'rgiur « je
transfère ».
do-fui-sJiur « je tom-
be ».
sissiur « je suis de-
bout ».
thuhiur « je demande. »
A ces vingt-six verbes, qui paraissent avoir eu au déponent une conju-
gaison complète, il faut en ajouter : deux qui n'avaient qu'un parfait dépo-
nent avec sens de présent et un futur sigraatique déponent, qui sont tous
deux de la première conjugaison : felar « je sais », au (\x\.\ix fessiir, et dii-fo-
tbraccar, duthraccar « je veux, je désire », à la 3e personne du pluriel du
futur dutairsetar ; un autre, qui avait un futur sigmatique actif avec sens de
présent, seiss « il est assis », et un parfait déponent, siassair « il s'est
assis »; enfin les verbes actifs : adchiii « je vois », qui a un subjonctif pré-
sent déponent; coiiiccitn « je peux », ei fodatnaim « je souffre », dont le
parfait est déponent.
De ces exemples, M. Strachan rapproche ceux que fournissent :
Les hymnes irlandaises ;
Le glossaire de Cormac;
Les textes épiques irlandais : Audacht Moraimi, Tdin B6 Frdich, Sccl
niuicce Maie Datho, Longes mac n-Usiiig, Tdin Bô Reganiain, Tdin Bô Re-
ganina, Togail Bruidne da Derga, « Fuite d'Etâin », Tochmarc Etdine, Tdin
Bô Cûaihtge, Mesca Ulad, Serglige Coiiculaind, Fled Bricrcnd, Siahiir charpat
Conetilaind , Echtra Coiidla, Aided Conculaind, Tochmarc Emere ;
Les récits religieux chrétiens contenus dans le Livre de Leinster,
p. 278-282;
La règle de Mochuta ;
Le martyrologe d'Oengus ;
550 Chronique.
La vie tripartite de saint Patrice ;
Les poèmes attribués à divers écrivains du x-^ et du xi^ siècle : Dallân Mac
More, mort au commencement dux^ siècle ; Cinaed Hua Artacâin, mort en
975 ; Eochaid Hua Flaind, mort en 984, Macliac, mort en 1015 ; Cuan Hua
Lothchain, mort en 1024; Fland Mainistrech, mort en 1056 ; Gilla Coemain,
mort en 1072 ;
Le Saltair na rann ;
Des textes religieux dans le Lehar na hUidrc: Dâ hrôn flatha niine, Scéla
hii hratha, Scéla na essergi, Fis Adainnâhi ;
Des récits épiques relativement récents : Aircch mennian Uraird maie
Coisi « Mort de Goll et de Garb », Bôraina, Togail Troi, Cath Ruis na
rig.
Voici la conclusion que M. Strachan tire de ces textes : c'est dans le
courant du xe siècle, même plus exactement au commencement du
xe siècle, que le déponent est tombé en désuétude chez les Irlandais. Il y a
exception pour la troisième personne du singulier et du pluriel du prétérit
sigmatique, pour la première personne du pluriel du même temps, pour la
première personne du singulier du subjonctif, et pour quelques expressions
consacrées comme fitir « il sait », génair « il naquit », etc.
Une objection se présente; elle a été posée par M. Zimraer, Zeitschrift de
Kuhn, t. XXX, p. 263. Au déponent, la troisième personne du singulier du
présent de l'indicatif conserve avant la dentale caractéristique de cette per-
sonne une voyelle qui tombe au passif. Cette dentale est un d au dépo-
nent, tandis qu'elle est un //; au passif. Du premier de ces faits, M. Z.
conclut que la création du passif est antérieure à la loi de la phonétique
irlandaise qui, dans les mots de trois syllabes et au delà, pa ' l'effet de
l'accent d'intensité qui frappe l'initiale, fait tomber en qualité i ^ postto-
nique la voyelle de la seconde syllabe; carlhar rr *carator « il es'i aimé »,
au passif, mais no-inoladar « il loue », au déponent. 2° dans cart/.ar, nous
avons un th, conformément à la règle qui veut que, lorsque / est, comme
dit Zeuss, infectiis, il se change en //; dans l'intérieur des polysyllabes et à
la finale des monosyllabes, tandis qu'il devient J à la finale des polysyllabes;
110-moladar est contraire à cette règle ; il est donc emprunté à un mot dans
lequel le d était final. Donc moladar est une formation relativement récente
dérivée de la 3e personne du singulier du présent de l'irKJicatif actif
postérieurement à la date où l'accent d'intensité est venu modifier en ir-
landais les formes primitives des verbes. Mais cette doctrine n'est pas si so-
lidement établie qu'elle le paraît. Ainsi samlalhar « il ressemble », ms. de
Wûrzburg, de Siint-Gall et de Milan, est de tous points conforme aux deux
lois énoncées plus haut : chute de la posttonique et remplacement du t in-
fectas par //; dans les polysyllabes. Chiinelhar, il entend, observe la seconde
loi en violant la première, qui est également violée par le passif cairigthir
« notatur », au lieu de cairgethir.
L'analogie donne la solution de la difficulté. Le déponent ayant le même
sens que l'actif, on lui a conservé toujours la voyelle et donné quelquefois
la consonne caractéristiques de l'actif. La conservation de la voyelle est un
Chronique. 351
moyen par lequel le langage intelligent empêche la confusion du déponent
avec le passif.
Du reste, des formations comme iio-inoladar « il loue », ro-cluiiiethar, il
entend, ne peuvent être un développement de formes antérieures (présent
de l'indicatif conjoint) telles que no-chara ou âoUcci, puisque la dentale
finale fliit défaut à ces formes antérieures.
No-moladar ne peut non plus être un développement d'une forme ab-
solue telle que carid, puisque dans carid la voyelle qui précède la dentale
n'est pas la même que dans no-moladar. On est donc réduit à expliquer mo-
Iddanpixr: un dérivé d'un préhistorique moyen *iiioIato, qui aurait eu le sens
du présent primaire, tandis que dans l'irlandais historique cette formation
n'est connue que comme troisième personne du présent secondaire, no-
charad « il aimait ». Une partie des verbes déponents irlandais de la première
classe existe comme verbes moj'ens en sanscrit ou en grec, comme dépo-
nents en latin. Un exemple bien connu est sechiir, en grec £'7:o[j.at, en
sanscrit sacê, en latin seqnor.
La conséquence de ces observations est que nous avons acquis, grâce à
M. Strachan, un nouveau moyen de fixer la date des documents irlandais.
Plus les formes du déponent sont nombreuses, plus l'antiquité d'un texte
sera établie. Naturellement il n'y a pas à tenir compte d'expressions consa-
crées dont certaines, telles qnt fetar ', aujourd'hui /ca^^ar « je sais yi,fitir
« il sait » , en breton goar, goer, en gallois gwyr, ont eu la vie très résis-
tante, comme la troisième personne du singulier, la première et la troi-
sième personne du pluriel du prétérit sigmatique.
M. Strachan croit que le martyrologe d'Oengus est antérieur au x^ siècle,
et il considère comme fort improbable qu'il soit question des Vihings dans
les plus anciens récits épiques irlandais, où M. Zimmer veut les introduire
de vive force, et qui sont antérieurs à l'établissement de ces conquérants
2:ermains en Irlande 2.
1. Fetar, suivant moi, s'explique par un primitif uidr, identique à la
troisième personne du pluriel du parfait sanscrit vidur. Le t se justifie par
une assimilation du d à 1'/ initial = v de l'irlandais ; comparez dofet, tofet
« il conduit » « précède » pour *dti-uede[t] (Ancient Laws, t. I, p. 112,
1. 14-15), mais fcdaim; asindiiit, je raconte, est pour as-iud-fiut, z^*ex-
ande-uidu, par un effet de la même loi dont on trouve un autre exemple
au début de l'hymne de Fiacc : atfet rz ad-ueidc[t], il raconte. L'expli-
cation de fetar par un prétérit sigmatique est impossible par deux raisons :
l'une est que le prétérit sigmatique de la racine acid perdrait son d et au-
rait un s: fiastar; l'autre, que ce temps se confondrait avec le futur. En
général, les verbes qui, comme celui-ci, ont un futur sigmatique, n'ont pas
de prétérit sigmatique.
2. Un des textes irlandais les plus anciens que nous ayons est évidemment
VAinra Choluiinb chilli, qui date de la seconde moitié du VF siècle. Or,
nous y trouvons les exemples suivants de déponent, parfait déduit :
Indicatif présent, pluriel, première personne, § 35, iiiiincinar, L. U.,qb,
/
3 $ 2 Chronique.
IX.
Les Taies of tbe Faines and of the Ghost ÎVorld coUected from oral tradi-
tion in soitth-wcst Munster by Jeremiah Curtin nous font sortir des études
grammaticales pour nous transporter dans un domaine littéraire où la lec-
ture exige moins de tension d'esprit. Les fées d'Irlande ressemblent aux
fées françaises et les paysans irlandais du Munster ont un talent de conteurs
au moins égal à celui de leurs congénères du continent. Malheureusement
l'auteur n'a pas joint le texte irlandais à sa traduction anglaise qui a paru à
la librairie David Nutt, de Londres.
X.
Nous recevons à l'instant Tbe Martyrclogy of Gornian, texte irlandais du
xii'^ siècle publié pour la Société H. Bradshaw, par M. Whitley Stokes, avec
traduction anglaise, introduction grammaticale et de copieux index, in-8,
LII-41 1 pages. Un compte rendu détaillé de ce savant ouvrage paraîtra dans
une de nos prochaines livraisons.
H. d'Arbois de Jubainville.
Paris, le 21 juillet 189J.
28, glosé par /02/H»6';«-»/ ,• Livre franciscain des hymnes, Gôidelica, 162,11111-
nonniar glosé par inid toimtiu leind.
§ 88, vmneniar, L. U. 12 b, 40, glosé par doiiniiiDieni; niuneinmar, Livre
des hymnes, Gôidelica, p. 167, glosé par dobcrthar dosoui, ce qui est une ex-
plication et non une traduction; niuineniar, L. Br., p. 259, col. i, 1. 3,
avec la même glose que dans le Livre des hymnes.
Subjonctif pluriel, troisième personne, genctar, § 36, L. U., 9 b, 31, glosé
par bes geneniain. Dans le Livre des hymnes genêt, Gôidelica, p. 162, doit
évidemment être corrigé en genetar.
Prétérit sigmatique, troisième personne du singulier. § 34, accestar,
L. U., 9 b, 25-26 ; aiccestar. Livre des hymnes, Gôidelica, p. 162.
§ 94, ellastar, L. U., 13 a, 25, glosé par ailed. On trouve le même mot
et la même glose dans le Livre des Hymnes, Gôidelica, p. 168. Cf. L. Br.,
p. 239, col. 1,1. 31.
§ 123, accallastar, L. U., 14 b, 40, glosé par doguid acallaiin; aiccdles-
tair, Livre des hymnes, Gôidelica, p. 170, glosé par dognid acallaim; acal-
lastar, L. Br., p. 240, col. i, 1. 11, avec la glose no accaillcd.
§ 127, Figlestar, Livre des hymnes, Gôidelica, p. 170; L. Br., p. 240,
col. 1,1. 33. La glose dans les deux manuscrits est 0 figill imrâite do dé-
nam, c'est-à-dire : « faisant une veille de méditation ».
§ 127, glinneslar, Livre des hymnes, Gôidelica, p. 170, glosé par noglin-
niged; glindeslar, L. Br., p. 240, 1. 33, 35, glosé par no glindcad.
Le glossateur a partout supprimé le déponent. Or, ce glossateur écrivait
probablement au xi<= siècle.
PÉRIODIQUES
I.
Nachrichten der K. Gesellschaft derWissenschaften zu Gôttingen.
Philologisch-historische Klasse, 1895, 2e cahier, p. 117-165. — Entre
Lycophron et les modernes décadents s'intercalent les Hispericajamina, dé-
couverts par le cardinal Angelo Mai, qui les a publiés : Chssicorum auc-
toriim... séries, t. V (p. 479-500). Ce document a été réimprimé depuis par
Migne, Patrologia latina, t. XC, col. 1 185-1 196, et en dernier lieu parM. Sto-
wasser dans le i ^ Jahrcshericht ûher das K. K. Fraii:i-Joseph-Gyi)uiasi!ii>i in
Wien, Schidjahr, 1SS6-S/, Vienne, 1887. La source est le manuscrit du Vati-
can coté Reg. 81.
Un inorceau de même goût et d'une littérature aussi attrayante, ce sont
les fragments de Luxembourg, dont une partie, publiée pour la pre-
mière fois par Mone, Die gallische Sprache nnd ihre Brauchbarkeit, 185 1,
a été depuis réimprimée plusieurs fois, notamment dans la Grammatica cel-
tica, et par M. Rhys, Revue Celtique, t. L P- 348-351. Une autre partie a
été découverte en 1875 par le savant bibliothécaire de Cambridge, H. Brad-
shaw, et cela m'explique pourquoi cet érudit, si justement regretté, ne m'a
guère parlé que des Hisperica faviiua lors de la visite que je lui ai f.tite à
Cambridge le vendredi 17 juin 1881. C'est par lui que j'ai appris la réim-
pression de ce document dans la Patrologia Jatina de Migne, quoique Vindex
operuni alphabet icus n'en dise rien, et il a passé un certain temps à me dé-
montrer qu'avec du travail on peut parvenir à pénétrer le sens des Hisperica
famina. Grâce aux notes inédites laissées par Bradshaw, Collected papers of
Henry Bradshaiu, M. Heinrich Zimmer a trouvé dans la bibliothèque de la
ville de Luxembourg le débris découvert par Bradshaw. Les fragments de
Luxembourg se composent de quatre feuillets, dont les deux derniers
avaient été publiés par Mone, Zeuss, Rhys, etc., et dont les deux premiers
étaient inédits. Ils se trouvaient dans la couverture du manuscrit coté 109
qui vient de l'abbaye d'Epternach. Ils sont aujourd'hui cotés manuscrit 89.
En regard des fragments de Luxembourg viennent se placer les fragments
de Paris, jusqu'ici totalement inédits. Ils ont été découverts par M. J. Loth,
qui en parle dans la Revue Celtique, t. V, p. 469. Ils se trouvent à la Biblio-
thèque nationale dans le manuscrit latin 11411, f°s 99, 100, ici, 102,
i
3 54 Périodiques.
ixe-x« siècle. M. Zimmer les publie aux pages 135-144, tandis qu'il a donne
ceux de Luxembourg aux pages 120-128. Son mémoire contient une sa-
vante étude sur ces documents. Nous y remarquons surtout, p. 152, une
concordance entre le texte découvert au Vatican par Mai et les fragments
tant de Luxembourg que de Paris. Ceux-ci proviennent de deux manuscrits
différents où, d'une façon indépendante et dans la même langue, les auteurs
traitaient le même sujet que l'auteur du livre bizarre contenu dans le ma-
nuscrit du Vatican. Suivant M. Zimmer, les Hisperica fauiiim datent du
vi<^ siècle, ont été composés dans le S.-O. de la Grande-Bretagne, et le
manuscrit du Vatican qui les a conservés est probablement la copie faite à
Fleury, aujourd'hui Saint-Benoît-sur-Loire, d'un manuscrit breton. On
sait que les fragments de Luxembourg contiennent des gloses bretonnes.
IL
Zeitschrift fur vergleichende Litteraturgeschichte, herausge-
GEBEN VON Dr. Max Koch. — Nouvelle suite, t. VIII, p. 51-86, p. 143-
174. — Mémoire de M. Ludwig-Chr. Stern sur la poésie épique ossianique.
Ce travail est divisé en trois chapitres. Le premier traite de l'œuvre de Mac-
pherson. Voici la conclusion à laquelle l'auteur arrive: « Quand aujour-
« d'hui, reportant le regard en arrière, on jette les yeux sur cette mons-
(( trueuse falsification, qui du reste appartient à un âge où, comme on le
« sait, la supercherie littéraire était si fréquente, on ne peut qu'être étonné
« de l'audace et du succès du faussaire, delà folie de ses savants défenseurs,
« de la crédulité nationale et de l'ignorance de tout un peuple. Vraiment,
« en Ecosse, il a fallu trop longtemps attendre le triomphe de la vérité.
« A-t-elle en Allemagne pénétré partout, c'est ce que n'oserait soutenir au-
« cune personne qui aurait fait une étude complète de ce domaine de l'his-
« toire Httéraire. »
Les deux chapitres suivants contiennent une étude détaillée sur les mo-
numents authentiques de la littérature ossianique tant en Irlande qu'en
Ecosse. L'auteur y dit aussi quelques mots des morceaux du cycle de Con-
chobar e: Cûchulain que Macpherson a voulu transporter dans la littérature
ossianique. Il serait, ce me semble, difficile de connaître plus à fond que
M. Stern la bibliographie de ce vaste sujet.
in.
Zeitschrift fur romanische philologie, herausgegeben von Dr.
GusTAV Grôber, t. XIX, p. 96. — M. W. Meyer Lùbke critique l'expli-
cation donnée du français caillou dans le Dictionnaire général de la langue
française par MM Hatzfdd, Darmesteter et Thomas, p. 329 et 390. Sui-
vant cet ouvrage, caillou est un dérivé normano-picard àe.' chail, qui n'est
plus usité que dans l'O. de la France et qui viendrait du latin calctilum.
Dans caillou on devrait reconnaître le latin calcuhun développé au moyen
d'un suffixe -avmn. Mais jamais le latin ni le normand n'ont formé des
Périodiques. 3 5 5
substantifs avec ce suffixe. M. Meyer-Lùbke propose pour le mot caillou une
origine celtique. En gallois, tesliciile se dit caill, au pluriel ccilliau = * call-
joves. Le thème Jcallmi- serait un développement du thème hallio-, conservé
dans le composé celtique Calliomarcos cité par Marcellus de Bordeaux, qui le
traduit par equi tingula. C'est le nom d'une herbe qu'on employait pour
guérir la toux. L'hypothèse du savant grammairien paraît fort séduisante.
Cependant nous nous demandons si le rapprochement du gallois caill avec
le gaulois callio- est parfaitement justifié et si le gallois caill ne serait pas
identique à son synonyme breton kalch zr: *kalko-, qui est le thème du-
quel dérive le latin cakuliis.
P. 273-275, le même auteur recherche Fétymologie du provençal hau,
hana « corne ». Faut-il l'expliquer par le vieil-allemand hain « os «, ou par
le gallois han « corne »? A ce sujet, M. Meyer-Lùbke, après avoir rejeté, à
cause du sens, Fétymologie germanique et s'être rattaché à l'étymologie
celtique, examine quels rapports phonétiques il peut y avoir entre les deux
synonymes; irlandais houi, gallois han. Suivant lui, ces deux mots sont pho-
nétiquement identiques -, mais cette doctrine me semble erronée. L'irlandais
benn = *heuna, et le gallois ban ^z *bnna. Il y a entre ces deux mots le
même rapport qu'entre le nominatif irlandais bcn « femme » zr: *bena, et
le génitif pluriel ban « des femmes » = *bnnon.
P. 276, le même savant propose une étymologie nouvelle pour le mot
français encombrer. C'est un gaulois * konibero- ou * komboro-, substantif, de
même origine que le latin confero, le grec aujjLoépw, (juijiaopâ. *Kombero- au-
rait le même sens que le latin congeries et devrait se reconnaître dans l'ir-
landais coinmar, « rencontre de vallées, de cours d'eau ou de chemins », dans
le gallois O'WH/tT et dans le breton kcniper, signifiant tous deux « confluent ».
On sait que l'érudit auteur de ces articles publie une savante grammaire
des langues romanes dont le t. II vient de paraître, traduit en français par
MiM. d'Outrepont, à la hbrairie H. Welter. Ce volume traite de la morpho-
logie. Pour les études celtiques il y a quelques indications à signaler.
Ainsi Berry représenterait le bas-latin Bitiirigo accentué sur la pénultième,
tandis que Bourges est la prononciation moderne de Bitdrigcs accentué sur
ranté-pénultième, p. 11.
Poitou, Anjou = Pictavo, Andecavo, ibid. Poitiers = Pictavis, Angers
= Andccavis, p. 13. Naturellement dans la liste des suffixes romans le suf-
fixe avus fait défaut ; nous ne trouvons que le suffixe ivus, p. 589-590.
On pourra remarquer avec étonnement, à la p. 591, le nom d'homme
Bodicca, dont l'auteur n'a pas deviné l'origine celtique. Cf. Holder, Altcel-
tischer Sprachschali, p. 458. Le paragraphe consacré au suffixe -iccus pour-
rait être remanié et contenir un renvoi à Zeuss, Grammatica celtica, 2^ édi-
tion, p. 807.
IV.
Revue archéologiclue, t. XXVI, p. 163-19J, 309-335. — Etude sur
Epona, déesse gauloise des chevaux, par M. Salomon Reinach. Ce travail
est divisé en trois parties. La première est consacrée au type équestre et
556 Périodii^iies.
nous représente Epona assise, ordinairement à droite, sur un cheval mar-
chant à droite. Ce type se répartit ainsi : en France, trente-six ; dans le
Luxembourg, trois ; en Allemagne : Bade, Palatinat, Hesse rhénane, Prusse
rhénane et Nassau, dix-neuf; dans l'empire d'Autriche, Tyrol, un ; en
Italie, Pompéi, un.
La seconde partie a pour objet les monuments qui nous représentent Epona
associée à des chevaux qu'elle ne monte pas. Ces monuments sont au
nombre de quinze. On en a trouvé un en Angleterre, deux en France,
un dans le Luxembourg, trois en Allemagne : Wurtemberg et Nassau, un
en Basse-Autriche, six en Italie, dont le plus méridional à Naples.
Dans la troisième partie, M. Reinach s'occupe : 1° des textes fournis par
les auteurs de l'antiquité gréco-romaine, 2° des inscriptions. Les auteurs
sont au nombre de huit: un Grec nommé Agésilas, et d'ailleurs inconnu,
Juvénal, Apulée, Minutius Félix (dont la doctrine a été deux fois reproduite
, par Tertullien), Prudence et l'Atricain Fulgentius Planciades. Quant aux
inscriptions, on en a jusqu'à présent publié trente-huit, que M. Holder a
reproduites dans son Altceltischcr Sprachschati, col. 1448-1450; on en a
trouvé deux en Grande-Bretagne, dont une en Ecosse ; une en Espagne, à
Siguenza, en Nouvelle-Castille, dans le territoire des Arevaci, peuple celti-
bère ' ; quatre en France ; douze en Italie, dont onze à Rome ; cinq en Al-
lemagne, Bavière et Prusse rhénane; douze en Autriche-Hongrie, Carin-
thie, Dalmatie, Hongrie, Styrie, Transylvanie, une en Serbie.
Ainsi des monuments figurés ou épigraphiques qui rappellent le culte
à'Epjiia, on a recueilli le plus septentrional en Ecosse, le plus méridional à
Naples, le plus occidental en Nouvelle-Castille, le plus oriental en Serbie.
Mais c'est surtout dans le bassin du Rhin supérieur, à partir de Coblenz, et
dans le bassin du Rhône supérieur, au nord de Lyon, qu'on les trouve accu-
mulés. Là semble être le pays d'origine de cette divinité gauloise.
Soixante-seize figures intercalées dans le texte ajoutent une grande valeur
à ce savant travail.
SiTZUKGSBERICHTE DER KÔNIGLICH-PREUSSISCHEN AkADEMIE DER WI3-
SENSCHAFTEN zu Berlin, 1895, p. 381. — Mémoire de M. Hirschfeld sur
l'histoire du christianisme à Lyon avant Constantin.
Ce mémoire commence par une étude sur les martyrs de l'année 177.
M. Hirschfeld en dresse la liste d'après : 1° le martyrologe hiéronymien,
2° Grégoire de Tours, 3° le manuscrit de Munich no 3514, 4° le martyro-
loge d'Adon, 50 le martyrologe de Notker. Tous les noms sont d'ori-
gine latine ou grecque, sauf deux; l'un est d'origine biblique, Zaccharias;
l'autre est le seul indigène : Rhodana, ainsi écrit par Adon, Notker et dans
le manuscrit de Munich, Rhodana dans le martyrologe hiéronymien, Rodane
dans un manuscrit de Grégoire de Tours, Rodona dans les autres. C'est la
I . Revue Celtique, t. XV, p. 27.
Périodiques. 5^7
forme féminine du nom du Rhône, qu'on trouve employé comme nom
d'homme au masculin dans d'autres inscriptions : Corpus inscriptionum
latinarum,Y, 3677, 5 5 59(?); IX, 322. Quand plus tard saint Irénée s'est
plaint d'être obligé d'employer une langue barbare dans son ministère près
des Celtes : « où/. IxiÇrjTrÎCTS'.i; ok Tiàp' 7)[xa)v tojv ev KeXtoÎç oiarpiCovicov y.at
::Ept patpGapov o'.aXs'x'cov xô Tikziaxo^ aazoXoujjLs'vtov, Xo'ycov tiyvY]v », il ne
parlait pas des habitants de Lyon ; il faisait allusion aux missions que, seul
évêque de toute la Gaule, il avait entreprises pour convertir ce pays alors
fort incomplètement romanisé et presque entièrement païen. L'épiscopat de
saint Irénée se place entre 177 et 201.
VI.
Revue internationale de l'enseignement, t. XXIX, p. 533-554. —
Première partie d'une étude de M. J. Bloch sur la religion des Gaulois. Cet
article, qui sera continué, est divisé en trois paragraphes intitulés, le pre-
mier : « Les sources. La religion gauloise et la religion gallo-romaine », le
second: « La mythologie populaire », le troisième : « Les grands dieux de
la Gaule ».
Dans le premier, l'auteur parle des textes, des inscriptions, des monu-
ments figurés, de la littérature irlandaise et des superstitions populaires
modernes.
Dans le second paragraphe, il est question du culte des arbres, et à ce
propos de l'usage moderne du mai, de la cueillette du gui chez Pline et du
gui dans les étables chez les paysans du Morbihan. Vient ensuite le culte
des sources, des cours d'eau et des lacs, enfin celui des iiiafres, aujourd'hui
les fées.
Dans le troisième paragraphe, M. Bloch parle du dieu au maillet, qui est
suivant lui le dieu appelé Taraniis(?) par Lucain ', et qui serait aussi le dieu
assimilé par César à Jupiter. Au Mercure romain il semble qu'on assimila
plusieurs divinités celtiques Lugus, Smerius dont la parèdreest Rosmerta^,
et Ogmios. Ce sont des dieux bienfaisants dont Cernunnos est l'adversaire.
La suite de ce mémoire paraîtra prochainement.
VII.
FoLK-LoRE de mars 1895. — Note du Rév. Walter Gregor sur les gâ-
1 . Le vers 446 du livre I de Lucain est ordinairement noté ainsi qu'il
suit : « Et Taranis Scythicae non mitior ara Dianae » (éà. de Hosius chez
Teubner, 1892, p. 19, éd. deLejay chez Klincksieck, 1894, p. 61). M. Bloch
le corrige ainsi :
« Et Tarani scythica non mitior ara Diana. » Ce n'est pas le lieu de dis-
cuter ici cette nouvelle leçon.
2. Ro-siuer-ta et Siiicr-io-s paraissent provenir de la même racine que
l'irlandais siiicr « feu ». Whitley Stokes, Ùrkeltischer Sprachschat:{, p. 317.
Revue Celtique, XVI. 25
358 Périodiques.
teaux que dans quelques localités d'Ecosse on fait la veille du ler mai et
qu'on appelle BeUaiie bannocks.
Mémoire de Arthur J. Evans sur le cercle de pierre appelé RoUrighl stones
et les tra^'itions populaires qui s'y rattachent. Ce monument est situé en
Angleterre, comté d'Oxford, près de la limite qui sépare ce comté de celui
de Warvvick. On suppose que cette limite est sur ce point identique à celle
qui séparait les Dohuni des Cornavii.
FoLK-LoRE de juin 1895. — Mémoire de R. C. Maclagan sur des objets
de folk-îore recueillis en Ecosse dans le comté d'Argyle (envoûtement,
poupées faites avec des poignées d'épis et qu'on appelle Maighdean Biiana
« fille de moisson », fil à trois nœuds, snâini, pour triompher du mauvais
œil, etc.). — Notes recueillies par le Rév. Mac Phail sur les superstitions
de l'île de Lewis; on y peut remarquer une invocation à un personnage ap-
pelé Shoni, nom identique à celui d'un scribe écrit en ogham Sonid dans le
missel de Stowe.
VIII.
BiBLiOTHÈQ.UE del'Écoledes Chartes, livraison de janvier-février 1895,
t. LVI, p. 45-83. — Nouvelle édition revue et corrigée du savant mé-
moire de M. Léopold Delisle sur les Heures bretonnes du xvi^ siècle. De
ce mémoire, dont on ne pourrait trop faire l'éloge, nous avons parlé dans
notre précédente livraison d'après le Bulletin de la Société archéologique du
Finistère, p. 257, qui en a donné une première édition. A la suite de son
travail, M. Delisle a inséré dans la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes le fac-
similé d'une page du livre si rare qui en a fourni le sujet. Nous devons à
sa gracieuse obligeance le plaisir de mettre ce fac-similé sous les yeux des
lecteurs de la Revue Celtique. Voyez ci-contre, p. 359.
IX.
Annales de Bretagne. — T. X, no 2, janvier 1895, p. 270-271. Contes
irlandais, texte original recueilli par M. Douglas Hyde et traduction par
M. G. Dottin. I. Le prêtre et l'évêque. II. Cond se réfugie auprès des
chèvres. III. Jean le rétameur. — Chanson bretonne publiée par M. Le Lay,
professeur au lycée de Pontivy.
La livraison se termine par les premières pages (A-Danter) du diction-
naire vannetais-français composé par Pierre de Châlons, appelé Nicolas de
Chalons par Levot, Biographie bretonne, t. I, p. 278. M. J. Loth, éditeur, a
ajouté entre crochets les équivalents en dialectes de Léon, Cornouailles et
Tréguier.
T. X, no 3, avril 1895. P. 333, article nécrologique sur M. Luzel par
M. J. Loth. P. 340-361. Catalogue des œuvres de M. Luzel, par M. Pros-
per Hémon. P. 413-437 — Les saints bretons d'après la traduction populaire,
par M. Le Braz (suite). Le morceau principal de cet article est le texte en
vers bretons de la vie du « Prince Melar », saint en grande réputation à
Périodiques. ^59
3inpatetenl6re?ûnec»
Mn froej m l)ûl iX) mitron,
â)anctifîceturnomentuum
B ejetîjoj Ijanu faîjeiRet
H)te quemment cljjiden a fo ganet
^ aj renttop DcocJ)/mo?/l)a gloa j
tiej i)on oïl ober/l)a ïauar
3(ll)ucmat regnum tmm.
£) euetDeomptjclljojiiaoentelej
SDa Ijalïafu ?)on fiUuîïîguej
îRacanDefirtocjljo^îJoaîou
Cuamagljon eneffudu.
jïtat \jolunta0 tua/ ficut in
ttlù^inttvra;
O toeteuelenneff/ijarenîiûMar
]fâ 0 j puiffancc bras^/ aTo Wfpaç
fî|>afuplï>enl)(uej:
S)a toejo graet Ijo ijolonte^
panem noftrum quotiliîanum/
tanobts^ljûDie*
:e ett non cû?ffou an bara matenei
^on eneffou an bâta celeftîel
l)p}i\x fter majUijimp aman
l^ocorff p?eciu3i cguîtangucllljafu.
€ t Dimiete nobi^Dcbita noftra
ê>icut ^ no0 bimtttimiig Dcbi>
to?ibiigno(ln;9^
ic
360 Périodiques.
Lanmeur. — P. 438-467, continuation par M. G. Dottin de sa publication de
contes irlandais, texte et traduction : IV. Le chevalier aux tours d'adresse.
V. Le garçon qui avait été longtemps sur le sein de sa mère. Nous es-
pérons pouvoir annoncer prochainement un tirage à part de cet excellent
recueil. — Dans cette livraison est continuée jusqu'à l'avant-dernier mot
de la lettre H la réimpression du dictionnaire vannetais-français de Pierre
de Châlons commencé dans la livraison précédente.
Tome X, no 4, p. 603. Textes bretons et gallois chez Paul Merula, Cos-
niographiae generalis libri très... ex officinaPlantiniana, 1605. Pater en breton
et en gallois, credo en breton (article de M. J. Loth). — P. 606. Suite des
contes irlandais publiés par M. G. Dottin. — La réimpression du diction-
naire vannetais-français de Pierre de Châlons est terminée dans cette livrai-
son. Cette réimpression est en vente à Rennes, chez Plihon et Hervée, au
prix de cinq francs.
X.
The Academy, mai-juin 1895, p. 402-403, p. 445-446, p. 466, p. 484-
485, p. 507. — Lettres de MM. E.-W.-B. Nicholson, A.-L. Mayhew et
Edmund Mac-Clure sur la question de savoir où est né saint Patrice. Sui-
vant M. Nicholson, le Bannavem Tabemiae delà « Confession de saint Pa-
trice » doit être corrigé en Bannaventa Britanniae, Baniiavciita n'est pas
autre chose que Daventry, en Angleterre, comté de Northampton, et Ban-
naventa doit être décomposé ainsi : Bann-davent-a. Ban est un mot gallois
signifiant dans la langue géographique « éminence », sens secondaire dérivé
du sens primitif» corne ». Davent est le gallois dafn « goutte, écoulement »,
en sorte que Bannaventa signifie « montagne des sources ».
Les procédés étymologiques de M. Nicholson ne sont pas du goût de
tout le monde. Il a trouvé deux contradicteurs, ce qui le vexe. Si tous les
linguistes compétents s'occupaient de lui, le nombre des critiques serait,
peut-être bien, un peu plus considérable. Cinquante ans plus tôt il aurait
été probablement plus heureux.
P. 545-546. Note de M. Whitlcy Stokes sur un calendrier en vers hexa-
mètres qui précède un psautier conservé au British Muséum sous la cote
Galba A. XVIII du fonds Cottonien. On croit que ce manuscrit a appar-
tenu au roi Aethelstan, et on l'a considéré jusqu'ici comme une œuvre
saxonne. M. Whitley Stokes penche à le considérer plutôt comme irlandais.
En effet, ce calendrier mentionne dix saints irlandais contre quatre anglo-
saxons seulement, et la latinité parait irlandaise.
The Academy, juillet 1895, p. 12. Lettre de M. J. Hessels qui dit
que la latinité du ms. Galba A. XVIII peut être anglo-saxonne aussi bien
qu'irlandaise, mais laisse subsister l'argument fondé sur les noms des
saints.
• M. Hùbner a publié en 1876 dans ses Inscripliones Britanniae christianae,
sous le n" 96, une inscription gravée sur une croi.x de pierre haute de qua-
Périodiques. 361
torze pieds anglais, soit 4 mètres 37 cent., à Carew, comté de Pembroke,
c'est-à-dire dans la région sud-ouest du pays de Galles. Ce monument était
depuis longtemps connu. Westwood, dans son Lapidarium Walliae (1876-
1879), P^- LVII, cf p. 1 19-120, donne deux représentations de la croix de
Carew ; dans l'une il nous la montre de face, dans l'autre il nous la fait
voir par derrière, enfin il y joint une figure où l'inscription est donnée sur
une plus grande échelle. Il fait observer qu'une copie sur pierre de cette
inscription se trouve en Irlande, comté de Wexford, au château de Fethard,
propriété de la famille Carew. Une autre copie plus récente a été décou-
verte sur un bloc de granit au-dessus de la baie de Baginbun, non loin de
Fethard, également dans le comté de Wexford.
M. J. Rhys a reconnu dans le premier mot de l'inscription de Carew,
Margitetit, un nom propre gallois, plus tard Meredudd (Lectures on Welsh
Philology, 2^ éd., p. 234).
Cette inscription et ses copies ont été dans TAcademy, pendant le second
semestre de l'année dernière, l'objet d'une correspondance suivie entre
MM. E.-W.-B. Nicholson, R.-A.-S. Macalister, Philip D. Wigors, Goddard
H. Orpen, Lord Southesk, comme on peut le voir aux p. 235, 257, 282,
305, 306, 353, 377 de ce journal anglais.
Dans le numéro de I'Academy du 15 juin dernier a paru, p. 32-33, une
lettre de M. J. Romilly Allen qui éclaircit la question, jusqu'ici fort obscure
à mes yeux, que ces Messieurs discutaient. Il n'y a pas à s'occuper des
copies signalées en Irlande à Fethard et à Baginbun. L'inscription de Ca-
rew mérite seule notre attention.
Suivant M. J. Rhys, qui foit autorité en cette matière, il faut lire Mar-
giteut Recett f[ecit]. Cette inscription, dit M. Allen, a été gravée au ix^ ou
au xe siècle, la copie de Fethard date du xiii^ ou du xiv^, la copie de Ba-
ginbun est beaucoup plus récente. Le nom de Margi-teut, dont le premier
terme paraît identique au premier terme de Margi-ditmim, station romaine
de Grande-Bretagne dans l'Itinéraire d'Antonin, apparaît sous différentes
formes dans les textes gallois. Dans le Livre de Llan Dâv, p. 125, rex De-
meticae regionis Margeliid, fiUus Rein, est un contemporain de saint Teliatis,
v:e siècle, et Margetud, fils du roi Gnfiid, 1039-1063, est témoin d'une do-
nation faite par son père à l'évêque Herivaldiis, 1056-1104. Plus ancien-
nement, en 796, mourut Morgetiud rex Demetoriun, dont le fils, Eugein
filius Margetiud, mourut en 811 (^Annales Cambriae, p. 11). Margetiiid re-
produit presque exactement le Margiteut de l'inscription. Plus tard (dans
la même chronique), on trouve Marediit, 986 (p. 20), 989, 993, 994 (p. 21),
1069-1070 (p. 28), 1102 (p. 33), 1 106 (p. 34), Meredut, Maredut, 1128
(p. 38), etc.; Mareditd est l'orthographe du Brut y tytvysogion, Meredudd est
la notation moderne.
Le même numéro de I'Academy contient, p. 35-36, une dissertation de
M. E.-W.-B. Nicholson sur la racine celtique ab à propos du Bannavem
Taberniae de la « Confession de saint Patrice ». Je ne me sens pas assez
fort pour apprécier un morceau si savant. Les écrits de M. Nicholson sont
en général au-dessus de ma portée.
3 6 2 Périodi/jues.
XI.
L'Anthropologie, t. VI, no 3. — P. 293-311. Suite delà savante étude
de M. Salomon Reinach sur la sculpture en Europe avant les influences
gréco-romaines. Cet article, comme les précédents, est illustré. La der-
nière figure porte le numéro 298 .
XII.
Zeitschrift fur ixdogermanische Sprach- und Altertumskunde, t.V,
p. 87-88. — M. Wilhelm Streitberg expose que Mattium et Maitiacus sont
deux mots celtiques, et non d'origine germanique comme l'a cru M. W.'
Braune. Ils tirent leur origine d'un nom hypocoristique où était doublé k /
de la première partie d'un nom d'homme composé tel que Mati-donnus.
XIII.
Journal of the couxty Kildare archaeological society, 1. 1, no 5,
1894, p. 281-285. — Notice par Miss Margaret Stokes sur deux croix de
pierre de date fort ancienne qui existent encore aujourd'hui à Castledermot.
Ces croix sont ornées de figures représentant divers sujets religieux. Une
des plus intéressantes est celle de la Mort dans le tombeau. Le personnage
est assis les jambes repliées et les mains croisées au-dessus des genoux, dans
une posture qui ressemble à celle de certains squelettes dans les tombeaux
païens.
XIV.
Zeitschrift fur deutsche Philologie, t. XXVIII, p. 80-113, étude
approfondie de M. R. Thurneysen sur le Kenniiis vlndkaliis deM. H. Zim-
mer. Dans le tome précédent de la Revue Celtique, p. 126-129, le livre de
M. Zimmer a été annoncé d'une façon trop brève, étant donnée l'impor-
tance considérable de cet ouvrage. Au même tome, p. 174-197, M. l'abbé
Duchesnc a publié sous le titre de Nennius retractalus une critique plus
approfondie de l'œuvre de M. Zimmer. Je suis revenu un peu rapidement
sur le même sujet dans la première livraison du présent volume de la Revue
Celtique, p. 106-108, à propos de la nouvelle édition de Nennius donnée
par M. Mommsen : Monuinenla Germaniae historica, in-4, auctores autiquis-
siini, t. XIII, ou Chronica minora, t. III. Le compte rendu de M. Thur-
neysen est dû à la plume d'un savant tout à fait compétent ; il est tellement
complet et si détaillé que la place manquerait ici pour en donner une ana-
lyse suffisante. J'y renvoie donc les lecteurs de \zReviie Celtique. Je me bor-
nerai à quelques extraits.
« Ce livre, » dit M. Thurneysen, p. 80, « montre le même caractère que
« les autres travaux du même auteur: une immense impétuosité qu'aucune
« conséquence ne fait reculer. Dès qu'une hypothèse a été exprimée, elle
Périodiijues. 363
« sert de fondement à une construction nouvelle. De là, pour celui qui
« juge uniquement d'après les lois de l'esthétique, il résulte une unité lit-
« téraire dont la forme exerce une séduction presque irrésistible ; — cer-
« tains comptes rendus en sont la preuve. — Mais quand le lecteur est
« accessible au doute, il ne peut, sans éprouver un certain malaise, voir un
« monument majestueux s'élever sur des fondements dont les matériaux,
« fort mélangés, sont alternativement de belles pierres de taille, et des
« pierres apparentes, vraies bulles de savon. » M. Zimmer se plaindra de
la cruauté dont je fais preuve en traduisant ce passage et en l'insérant dans
la Revue Celtique. Mais il n'est pas donné à tout le monde de bâtir en
pierres de taille. Les maisons dont je suis propriétaire sont toutes cons-
truites en moellons. C'est dans une maison bâtie en moellons que je suis
né, et pendant vingt-huit ans à Troyes, j'ai habité une maison bâtie en
torchis, hift-stein « pierre de vent », comme dit M. Thurneysen, ce que,
faute d'équivalent français, je rends ci-dessus par une périphrase.
Voici comment M. Thurneysen entend les sources de l'histoire publiée
sous le nom de Nennius (voir son aiticle, p. 103-104); il prend pour base
l'édition de San Marte, Berlin, 1844, p. 27 et suivantes.
Prologue, §§ I et 3, développement postérieur de la préface de Nennius;
§ 3, préface de Nennius à son édition définitive, 859;
§ 4, vient de l'original, écrit vers 679 ;
§ 5, addition par Nennius vers 831 ;
§ 6-9, viennent de l'original ;
§ 10-16, additions de Nennius;
§ 17, de l'original;
§ 18, addition antérieure à Nennius;
§ 19-20, de l'original;
§ 20-30, addition de Nennius;
§ 31-48, de l'original;
§ 48-55, addition de Nennius ;
§ 56, de l'original ;
§ 57-61, addition de Nennius qui s'arrête à la ligne 3 de la p. 72 ;
§ 61, à partir des mots Ida filius Eohha, p. 72, 1. 4; § 62-64 et § 65
jusques et y compris les mots novem annis, p. 74, 1. 9, de l'original;
fin du § 65, additions la plupart antérieures à Nennius;
§ 66, addition récente empruntée aux Annales Canibriae;
§ G'j-'jG, liste des merveilles de Bretagne; les deux premières, p. 75, 1. 3-1 1,
appartiennent probablement à l'original, les deux suivantes, p. 75, 1. 12-20,
sont des additions antérieures à Nennius et tout le reste, jusques et y com-
pris le § 76, est un recueil d'additions qui remontent, les unes probable-
ment, les autres certainement à Nennius.
La liste des cités, p. 80, est antérieure à Nennius et très ancienne.
M. Thurneysen n'admet pas la doctrine exagérée de M. Zimmer, qui fait
de saint Patrice un personnage à peu près complètement fabuleux. Il rejette
comme nous l'étrange assertion que Féne, nom national des Irlandais, serait
un mot d'origine germanique. L'étude de son article est indispensable à
364 Périodiques.
tous ceux qui voudront se rendre un compte précis de l'état actuel des
questions soulevées par l'œuvre médiocre et cependant si importante qui
circule sous le nom de Nennius.
XV.
The Journal of the Royal Society of Antiquaries of Ireland. —
Article de M. John Rhys sur dus inscriptions oghamiques de l'Irlande sep-
tentrionale: 1° à la Bibliothèque publique d'Armagh: dinoaglo maq.i
Q.ETAI. Cf. MAQ.I aETTi, inscription de Ballinrannig, comté de Kerry, en
Irlande, et le nom du personnage épique, Cet mac Magacb; 2° pierre d'Agha-
scribbagh, près de Greencastle: dôtoatt maq.i nan... Dotoatt est le génitif
d'un nom d'homme écrit Dotoad au même cas dans le nom géographique
Tiilach Dotoad (Revue Celtique, t. XV, p. 418, Dindsenchas de Rennes, § 33).
— Mémoire de M. W.-F. Wakeman sur des sépultures païennes trouvées
à Old-Cornaught, comté de Dublin. — Recherches sur l'origine des su-
perstitions irlandaises concernant les fées, par feu Herbert Hore, avec notes
par M. David Mac-Ritchie.
XVI.
SUPPLEMENTI PERIODICI ALl' ARCHIVIO GLOTTOLOGICO ITALIANO... ORDI-
nati da G.-I. Ascoli. Seconda dispensa, p. 97-131. Deux mémoires de
M. Ascoli.
Dans le premier, le savant italien revient sur les comparatifs d'égalité
irlandais en ithir dont il avait déjà précédemment traité, comme on l'a pu
voir par le compte rendu imprimé dans la Reinte Celtique, t. XIII, p. 297-
298. Un des textes qu'il produit à l'appui de sa doctrine dans ce nouveau
travail est extrait du récit irlandais de l'histoire du peuple juif, Stair cloinde
Israël dans le Leahhar Breac, p. 120, col. 2, 1. 45-48: « Le principal autel
« était de même hauteur que le sein et que la noble poitrine du grand-
ce prêtre Aaron » In prim-altoir primda immorro comard side fri iicht ocus
fri hurhruinde in-uasal-sacairt Aroin. La même idée est exprimée en d'au-
tres termes dans le Saltair na Rann, vers 4269, 4268 ; il y est dit que « le
principal autel « In-prim-altoir « était aussi haut que le sein d' Aaron » ha-
/jarddidir ucht Aroin. Cotn-ARD « de même hauteur que » est synonyme
de ARDD-iW/V « aussi haut que » ; le préfixe coin- a la même valeur que le
suffixe -idir.
Le second mémoire a pour objet l'étude de ce que devient en irlandais
st initial. On dit en général que st initial se réduit en irlandais à t ; exem-
ples: tiagu « je vais » = a-sr/oj; tàu, tu « je suis » = sto.
Mais, pour un certain nombre de mots au moins, il est certain que ; ini-
tial = st est antérieur à la date où l'irlandais s'est séparé des autres lan-
gues celtiques et même à celle où le celtique s'est séparé d'autres langues
indo-européennes. A côté de la racine sanscrite sthag « couvrir », et du
grec cj-c'yo; « toit », on a le grec leyo; « même sens », le latin tego, l'aile-
Périodiques. 365
mand dach « toit », et le vieux breton tig « maison », aujourd'hui // en
breton, iy en gallois, en sorte qu-e la perte de Vs initiale dans l'irlandais
tech « maison » n'est pas un fait spécial à l'irlandais. Le même phéno-
mène dans tiagii « je vais » ne s'est pas produit seulement en irlandais,
puisque en gallois on a taith « voyage », venant également de la racine
STEiGH. L'irlandais tmuailt « opprobre, insulte », n'a pas 1'^ initial du grec
cTc'aS'jj « je réprimande », or cet s fliit également défaut au breton tarnall
« blâme ».
D'autre part, le groupe st initial devient s en irlandais comme en breton
et en gallois dans : serc , irlandais « amour » ; serch, gallois, même sens ;
serc'h, breton « concubine », cf. grec aTepYto « j'aime », aïo^yri « amour » ;
dans le gallois saiudl\K talon», en breton seul, en irlandais sdl pour *shî-
tlo-, dans le breton sevel, le gallois sefyll, d'une racine stam, qui est dans
l'irlandais: samaigîm « je pose ». Dans samaigin, s ^ st est initial, il est
médial dans: sessam = *si-stamu « acte de se tenir debout »; tairissem^=
*du-are-sistama « position, état, constance », autres mots irlandais où se re-
connaît la même racine stam, qui dérive de la racine sta. Il y a un mot
irlandais d'origine latine qui perd le t et garde 1'^ du groupe initial st,
c'est sabaU « grange », de stabiilum.
Comment se fait-il qu'en irlandais sto soit devenu tdtc, tû ? M. Ascoli
l'explique en supposant que cette formation a été empruntée aux composés
tels que/er-ift « il est dessus ».
On rencontre dans Echtra Coitdla (Windisch, Irische Gratmiiatik, p. 119,
1. 14), for dot d, mieux for-do-[t]-td « il est sur toi » (Whitley Stokes, Tbe
Old-irish Vah Svbstantive, p. 106); dans \q Saltarna Ranii, vers 1453, /or/a;
enfin fortha dans un texte de droit cité par O'Donovan d'après la copie
d'O'Curry, p. 1607, lignes 18, 20, 21, qui reproduit le ms. de l'Académie
royale d'Irlande autrefois 35.5, aujourd'hui 23Q6, xvi^ siècle. Un autre
composé est attd « il est » = ad-std[t] à la première personne du singulier
attâ « je suis », sur lequel on peut voir les exemples réunis d'après le ms.
de Wùrzburg dans la Grammatica celtica, 2^ édition, p. 488-489. N'ou-
bHons pas zïa^i =rr *a'th-sto, plus anciennement * a/e-ifo, ibid., p. 489, et
d'autres composés réunis par M. Whitley Stokes, Thi Old-irish Verb Sitbs-
tantive, p. 106.
En règle générale, st médial entre deux voyelles devient ss en irlandais,
air-issiiir = * are-sistiu-r « je m'appuie sur », ms. de Milan cité par Stra-
chan, The déponent verb in Irish, p. 21, etc., etc. Mais ce traitement n'a pas
lieu lorsque le groupe st n'est pas placé entre deux voyelles ; quand le
groupe si médial est précédé d'une consonne, s tombe et t persiste : Dech-
tire, nom de la sœur du roi Conchobar, mère de Lug, = Deksteria; ochtar
« au-dessus de » := ouks-tero- de la même racine que nasal « haut » =
onks-ello- ; echtar « hors de » = *eks-tero- de la même racine que le latin
extra; cette loi exphque l'absence de 1'^ et le maintien du t àa.ns for-td,
fortha, at-td, et par conséquent par analogie dans td. Telle est la doctrine
de M. Ascoli.
Je crois qu'il est inutile de chercher si loin. La racine indo-européenne
Revue Celtique, XVI. 26
3 66 Périodiques.
STÀ- avait en celtique un doublet ta, comme en grec, à côté de axEyoç, on
trouve le doublet TEyo;. Ce qui nous en donne la preuve, c'est le gallois
taw (étudié par Rhys, Lectures on luelsh Phihlogy, 2^ éd., p. 130, et par
Whitley Stokes, The Old-irish Verb siibstantive, p. 107), qui, tombé en dé-
suétude comme verbe, est employé avec le sens de « que » par les Gallois
méridionaux au lieu de mai « que », variante de mae « il est », dans le
gallois du nord. On a déjà plus haut comparé le gallois taith, « voyage », à
l'irlandais tiagu « je vais », de la racine steigh; et cependant le latin 5//-
mulus est devenu swtniul en gallois.
En breton, ^0 « est » rz: stâ[/], gardant son s initial, perd le / suivant,
cf. serch « concubine » = *sterka, et seveî « se lever », pour *stamell, c'est
la doctrine de la Graiiiin. celt., 2^ éd., p. 554-555, je ne vois pourquoi
l'abandonner. Cette chute du t dans le groupe st se remarque en breton dans
sebeia « éblouir », du latin stupidare ; sottl « chaume », en vannetais ie^J,
'du latin stipula; elle peut par conséquent être postérieure à la conquête
romaine ou plus ancienne comme dans serch « concubine », en vieil irlan-
dais serc « amour », de la racine sterg, qui est dans le grec oTépyfo.
L'étude de 1'^/ initial = / et de 1'^/ initial = s dans les langues celtiques,
soulève des problèmes chronologiques et géographiques qui ne sont pas en-
core, suivant moi, complètement résolus.
XVII.
Gazette des Beaux-Arts, 3"^ pér., t. X, XI. — M. S. Reinach, L'origine,
et les caractères de l'art gallo-romain, expose que dans toute l'Europe du
nord, et par conséquent en Gaule, avant l'époque où la Gaule a été con-
quise par les Romains, il existait un art celto-scythiqne qui s'oppose à l'art
gréco-romain. Ses caractères sont :
jo Prévalence de la décoration géométrique;
2° Prévalence du goût de la symétrie sur celui de la nature vivante, de
la logique sur l'imagination ;
30 Goût pour l'emploi des couleurs vives, d'où l'émaillerie de Bibracte,
les cabochons de corail qui décorent les objets métalliques, les perles
d'ambre et en pâte de verre multicolore ;
40 Goût pour le travail ajouré, très frappant dans les beaux ornements
de bronze provenant des nécropoles de Chassemy, dans l'Aisne, de Som-
mebionne, dans la Marne, etc. ;
50 Tendance à la stylisation, c'est-à-dire à la transformation de la forme
humaine et animale en fioritures, en motifs de décoration.
Ces caractères reparaissent sur notre sol avec l'art mérovingien.
Sous l'empire romain, l'art grec fait son apparition en Gaule. M. S. Rei-
nach suppose que le principal représentant de cet art, Zénodore, auteur du
Mercure Arverne, était originaire d'Egypte et croit reconnaître une in-
fluence égyptienne dans certains produits de l'art gallo-romain, il y con-
state en même temps une certaine exagération qui lui semble propre au
génie de notre nation.
Périodiques. 367
Des figures intercalées dans le texte paraissent justifier la doctrine du
savant auteur.
XVIII.
Revue ÉPiGRAPHiauE du Midi de la France, no 78, avril, mai, juin
1895. — P. 357 et suiv. Continuation de l'étude de M. AUmer sur les
dieux de la Gaule celtique (cf. ci-dessus, p. 122, 258). Il s'agit ici des
dieux et déesses : Aximus, Baco, Baginas, Bagbiiis, Baginatiae, Belado, Be-
lemis. Les inscriptions concernant Bdenus qui auraient, dit-on, été trouvées
en Gaule, sont toutes fausses suivant M. Allmer. Il fait un rapprochement
intéressant entre un passage des Actes de saint Marcel de Chalon-sur-
Saône et la dédicace : Deo Baconi, trouvée dans cette ville.
Dans les comptes rendus précédents, j'ai négligé le ï\° 76 où, p. 320 et
suiv., sont étudiés les dieux etdéesses: Aclido, Alaiinius, Albariiiiis, Alhio-
rix, Albiorica, Ald[ ]me[ ]scs, AUsanus, Ahnahae, Andarta, Athuhodua, Alisiocus.
M. Allmer continue dans ces travaux à montrer les éminentes qualités
qui le distinguent comme épigraphiste, et à donner des leçons aux Hn-
guistes jusqu'ici rebelles à son enseignement : ainsi, p. 520, il découvre
que Anicius, que l'on a pris jusqu'à présent pour un gentilice romain, est
un mot grec. P. 321 : « il ne serait pas impossible, dit-il, que le nom
V Lauzon de la rivière qui passe à Alaun (commune de Lurs, Basses-Alpes),
« soit une déformation du mot Alaunio ».
XIX.
Bulletin de la Société archéologiq,ue du Finistère, t. XXII, p. 17-
23. — Notice par M. J.-M. Abgrall sur quatre vieilles cloches et deux
pierres sonnantes. Ce sont : la cloche de Saint^Pol-de-Léon (Finistère),
cehe de Saint-Goulven (Finistère), celle de Saint-Mériadec à Stival, près
Pontivy (Morbihan), et celle de Saint-Renan à Locrenan (Finistère). La
dernière est formée de deux feuilles de cuivre cintrées et rivées sur les
bords par une série de petits clous de même métal. Les autres ont été
fondues. Celle de Saint-Goulven est quadrangulaire, celle de Saint-Pol-de-
Léon et celle de Saint-Mériadec ont à peu près la même forme, si ce n'est
que leurs angles sont arrondis. Ces deux dernières ont une forme analogue
à celle de beaucoup de vieilles cloches irlandaises, si mes souvenirs sont
exacts. La hauteur de ces petits monuments est: Saint-Pol-de-Léon,
o m. 19, Saint-Goulven, cm. 145, Saint-Mériadec et Saint-Renan, cm. 20.
La largeur à la base est: Saint-Pol-de-Léon et Saint-Mériadec, o m. 18,
Saint-Renan, o m. 15, Saint-Goulven, o m. 12. La cloche de Saint-Mé-
riadec porte l'inscription pirtur ficisti. On peut sous-entendre me et tra-
duire « Pirtur (ou Peredur), tu m'as faite ». M. Abgrall rapproche de ces
quatre cloches deux pierres sonnantes dont une est conservée dans la
grotte ou chapelle de saint Gildas, entre Baud et Pontivy; saint Gildas
s'en servait, dit-on, pour appeler le peuple aux offices. Saint Bieuzy, dis-
ciple de saint Gildas, avait aussi sa pierre, qui servait au même usage; elle
3 68 Périodiques.
est conservée dans l'église paroissiale de Bieuzy (Morbihan). — P. 139-148.
Mémoire du baron Haina du Fretay, qui soutient que les squelettes avec
armes en bronze ou même en pierres, trouvés dans de grands coffres de
pierre sous tumulus, appartiennent à notre ère et sont chrétiens. C'est le
résultat de trente ans de travaux et d'une collection qui, formée par lui,
est « des plus utiles au point de vue scientifique et supérieure certainement
« à la majorité des musées. La collection des pierres taillées seule compte
« plus de douze mille types de premier ordre, et tout le reste est à l'ave-
« nant. Cette collection, » ajoute l'auteur, « est mon œuvre personnelle.
« Tout a été trouvé dans mes recherches. C'est ainsi que l'on arrive à des
« certitudes qui restent des points historiques acquis. Des hommes de
« génie comme Boucher de Perthes, de Caumont et d'autres encore, n'ont
« pas procédé autrement. Ils ont travaillé, vu, et profondément réfléchi
« avant de parler. Aussi leurs oeuvres impérissables seront toujours vraies
« pour leur gloire et pour la science. »
H. D'ARBOIS de JUBAINVILLli.
Paris, le 23 juillet 189s.
Le Propriétaire-Gérant : Veuve E. BOUILLON.
Chartres. — Imprimerie Durand, rue Fulbert.
BAS-RELIEF INÉDIT
AUTREFOIS A LA BIBLIOTHÈaUE DE STRASBOURG
Au mois d'août 1869, à la suite d'un voyage de M. Alex.
Bertrand et du général Creuly en Alsace, le musée de Saint-
Germain, alors en voie de formation, acquit de M. Aug.
Bas-relief de Brumath, autrefois à la Bihliotliéque de Strasbourg.
Saum, bibliothécaire de la ville de Strasbourg, une série de
cinq moulages en plâtre d'après des bas-reliefs gallo-romains.
Un an après, les originaux étaient détruits par les bombes
Revue Celtique, XVI. 27
370" Salomon Reinach.
prussiennes, dans la funeste nuit du 24 août 1870 ^ Les mou-
lages conservés à Saint-Germain ont donc aujourd'hui toute
l'importance archéologique des originaux dont ils tiennent
lieu. L'un d'eux est reproduit par la similigravure au début du
présent article ; voici l'indication succincte des autres, avec le
numéro d'ordre des moulages sur le registre d'entrée du
Musée de Saint-Germain.
11374. Bas-relief censé provenir du Donon, représentant
une femme drapée debout à gauche (Rosmerta), et, à droite,
Mercure appuyé sur un caducée. Dans le champ, entre ces
deux personnages, un coq. Haut., i m. 45.
11 375. Bas-relief découvert à Strasbourg en 1866 à la limite
de la ville franque, en dehors de l'enceinte gallo-romaine. Di-
vinité mithriaque avec quatre ailes, debout devant un Hon
passant à gauche. Haut., o m. 70. Ce bas-relief a été publié
trois fois: en héliogravure, par M. Quicherat, Revue des So-
ciétés savantes, 1868, VIII, p. 398; en xylogravure, par
M. Froehner, Musées de France, pi. 23, et en similigravure par
M. Cumont, Monuments figurés du culte de Mithra, 3^ fascicule
(1895), n° 240.
11376. Bas-relief représentant le buste de la déesse Sirona,
avec la dédicace Deae "Bironae au-dessous. Découvert en 175 1
à Saint-Avold ; ancienne collection Schoepflin. Haut., o m. 40.
Ce bas-rehef a été publié, d'après un dessin, par M. Ch. Ro-
bert, d'^ns h Revue Celtigue (t. lY, p. 136).
11377. Inscription funéraire trouvée à Saverne en 1852;
dans le bas, une petite ouverture (Brambach, Corp. inscr.
rhen., n° 1864).
11378. Le bas-relief que nous reproduisons.
Un personnage barbu, complètement nu, les bras retom-
bant le long du corps, est debout sous une arcade supportée
par deux colonnettes^. Au-dessous, dans un cartouche orné
de queues d'aronde, on lit en caractères hauts de o m. 018:
ERVMO
1. V. l'article de M. Reuss dans la Rez'tie Critique, 1870, II, p. 160.
2. Ces arcades sont l'indication en raccourci d'un petit temple; on les
voit souvent indiquées, avec ou sans les colonnettes de support, sur les
Un Bas-Relief inédit de Strasbourg. 371
D'après une lettre écrite à M. Bertrand par M. Saum, en
1869, la matière du bas-relief était le stuc. Le moulage
prouve qu'il devait être en mauvais état. Au premier abord,
l'aspect de la photographie ferait supposer que les jambes
sont celles d'un animal plutôt que d'un homme; mais, en se
reportant au moulage, on reconnaît que les mutilations subies
par la partie inférieure du relief sont seules responsables de
cette apparente anomalie.
Le bas-relief qui nous occupe a été découvert au commen-
cement du siècle à Brumath, l'ancienne Brocomagus, où les
antiquités gallo-romaines ne sont pas rares % et où l'on a éga-
lement recueilli des objets remontant à l'époque celtique 2. Il
a été signalé, à la suite de Schweighâuser et de Ravenez (le
traducteur de Schoepflin), par Brambach, dont la notice,
publiée au Corpus inscriptionam rhenaiiarum (1867), est ainsi
conçue (p. 341) :
*i898 Ih? « Trouvée dnns les fondations d'une maison de Brumath. »
Rav. 5 « Figure en stuc. ». Scbw.
Deus
E. R. V. MO
Scfiweigliiiuser iiist. I, 494. Ravenez, III, 129, dicit iii Inhliotheca Argcn-
torateitsi servari, uln non in-veni. Pro faha iuscriptioneiii haheo.
Brambach a déclaré faux, sans les avoir vus, le bas-relief et
l'inscription. Mais l'inscription n'est pas conforme à la trans-
cription qu'il en a donnée d'après Ravenez. Non seulement il
n'y a pas trois points entre les lettres, mais il n'y en a aucun.
stèles gallo-romaines représentant des divinités ou des défunts. Cf. au
musée de Saint-Germain les nos 1220, 25077, 24424, 24883, 24884,
27517, etc.
1 . Cf. P. Ristelhuber, Dictionnaire du Haut et du Bas-Rhin, Strasbourg,
1865, p. 79; Rev. archcol., 1867, I, p. 159.
2. Voir le Dictionnaire archéologique de ta Gaule, art. Brumath.
3. Schœpflinus (Jo. Daniel), Alsatia illustrata celtica romaua francica.
Traduction de L.-\V. Ravenez, I-V. Mulhouse (Perrin), 1849 ^^l-' '""S-
4. Schweighâuser, Antiquités du département du Bas-Rhin, I-III. Manus-
crit in-fol. de la bibliothèque de Strasbourg, utilisé par Brambach (cf. Corp.
inscr. rhénan., p. xxv.)
372 Salomon Reinach.
La lettre V paraît bien encadrée de deux points qui peuvent
éveiller l'idée de points de séparation; toutefois, en regardant
de près le moulage, on s'aperçoit que ces points ne sont pas
à la même hauteur, qu'ils sont de forme irrégulière et que
leur présence est purement accidentelle. Loin donc de cher-
cher des mots dont les lettres E, R, V et le groupe MO se-
raient les expressions abrégées, il faut admettre que l'inscrip-
tion est une dédicace au dieu, d'ailleurs tout à fait inconnu,
dont le nom se présente ici sous la forme Erumo.
Ce nom de divinité ne figure ni dans le Spracbschalz^ de
M. Holder, ni dans VOnomasticon de V. de Vit, ni dans les
listes de noms celtiques ou supposés tels qui ont été dressées
par MM. Creuly et l'abbé Thédenat. Cela s'expUque d'autant
mieux que Brambach, dans l'index de son recueil, n'a pas ren-
voyé à Erumo. Au musée de Saint-Germain, M. Al. Bertrand
avait exposé le moulage du bas-relief de Brumath avec l'éti-
quette : « dédicace au dieu Erumus » ^ ; il l'avait rapproché,
dans la salle XIX, consacrée aux monuments de la mythologie
gallo-romaine, de l'inscription du buste de Beaumont-le-
Roger, qu'il lisait ESVMO PASCNVSTICVS, et où il recon-
naissait un ex-voto « au dieu Esumus ». Il y aurait donc eu,
suivant lui, deux divinités gauloises presque homonymes, Esu-
mus dans l'Eure et Erumus dans le Bas-Rhin.
Cette manière de voir ne peut plus être admise aujourd'hui.
Je crois avoir montré que l'inscription du buste de Beaumont-
le-Roger ^ doit se lire Esumopas Cnusticus, et que, par suite,
le nom de dieu Esumus n'est attesté par aucun document.
Reste donc seulement Erumo, forme fournie par une inscription
dont la lecture est certaine et dont l'authenticité, quoi qu'en
ait dit Brambach, ne peut être raisonnablement mise en doute.
Si Erumo était écrit en grec, EPTMQ, on n'hésiterait pas à
y reconnaître l'épithète de Zeus, âp'JiJ.s;, signifiant « protec-
teur » 3 et apparentée au mot à'p'j;xx « rempart » ou « abri ».
Mais rien ne nous porte à croire qu'un mot analogue ait
1 . Cf. mon Catalogue sommaire du musée de Saint-Germain, p. 31.
2. Revue Celtique, t. XV, p. 413 ; Bronzes figurés, p. 231, no 223.
3. Theogn., II, 64, 31.
Un Bas-Relief inédit de Strasbourg. 373
existé en celtique. En revanche, nous pouvons citer un cer-
tain nombre de thèmes celtiques en -otn, -um : tels sont : Ged-
oni-o^, Aged-om-o-pas , Es-um-o-pas, Mogit-um-a, Rum-o, Seg-
om-o. Le rapprochement avec les noms d'homme et de dieu
Gedomo (ou Gedenio) et Segomo autoriserait peut-être à penser
que Erunio est un nominatif, non un datif; on pourrait rap-
peler à ce propos que, sur l'autel de Paris, les noms de dieux
représentés sont au nominatif: Tarvos Trigaranus, Volcanus,
Esus-. En tous les cas, il paraît certain qu'Erumus ou Erumo
est un nom à ajouter à la hste des divinités gauloises qui nous
sont connues seulement par les inscriptions.
Salomon Reinach.
1 . Ce nom et les suivants figurent dans les listes de MM. Creuly et Tlié-
denat ou dans le Sprachschali de Holder.
2. Desjardins, Gcogr. de la Gaule rom., t. III, pi. xi.
THE ANNALS OF TIGERNACH
I. — THE FRAGMENT IN RAWLINSON B. 502.
Tigernach hua Braein was a learned abbot of Clonmacnois,
who died in the year 1088. Of the Annals ascribed to him
there are now extant only the following fragments :
1. From the time of the prophets Oseas, Amos, Isaias,
Jonas and Michasas to the time of Antoninus Pius.
2. From B.C. 322 (or thereabouts) to A.D. 360.
3. From A.D. 489 to A.D. 766.
4. From A.D. 975 to A.D. 1088.
The lirst of thèse fragments, now for the first time printed,
is preserved in Rawlinson B. 502, a twelfth-century vellum in
the Bodleian, ff. 1-^-12''.
The second, third and fourth fragments are inRawl. B. 488,
ff. i''-i9'', a vehum of the I4th century, also in the Bodleian.
Thèse fragments hâve been edited b}^ dr. O'Conor, with gross
inaccuracy, in his Rcruvi Hiheniicarnin Scriptores, Buckingham,
1825, vol. II, pp. 1-3 14. The fourth fragment is followed by
an anonymous continuation (ft". 20-26) in Irish, from A.D.
1088 to A.D. 1178, which bas not hitherto bcen printed.
A fifth fragment of Annals, which dr. Todd supposed to be
part of Tigernach's work, is found at the beginning of a MS.
in the library of Trinity Collège, Dublin, marked H. i. 8.
This fragment consists of four leaves of vellum written, I
think, in the I4th century, and covers the time from A.D. 34
(or thereabouts) to A. D. 378. It lias not been printed.
The Annals of Tigernach. First Fragment. 375
The sources of the Irish portions of the fragment now pub-
lished are not now discoverable. But the non-Irish portions
are, for the most part, compiled from the following works :
1. S. Hieron3^mi Interpretatio Chronicae Eusebii PamphiH
(Migne's Patrologia laiina, t. XXVII).
2. Pauh Orosii... Historiarum hbri septem (I hâve em-
ployed Havercamp's édition, Leiden, 1738).
3. Chronicon siue de sex huius secuH aetatibus, printed in
Bedae Opéra, eà. Giles, London, 1843, vol. VI, pp. 270-332.
Besides thèse, Tigernach used the Vuigate, Isidorus Hispa-
lensis' Etymologiartim Libri XX, a Latin translation of Jose-
phus' Antiquities oftbe Jeius, and, possibly, also the lost Chro-
nicon of Juhus Africanus.
There is a facsimile of two pages (ff. 6^, 7^) of the follow-
ing fragment in Gilbert's National MSS. of Ireland, Part I,
plates xliii, xliv. And six of the Irish glosses hâve been edited
in this Revue, t. VII, p. 374.
RAWL. B. 502, Fo. i.^ I.
cjtfe ferw7ît, quemmultoantetempore régnasse pr^'^scripslmw^.
Osse, Amos, Essaias, lonas et Michias m ludea profetant, ut
alii aiunt.
KK. Faccea f/l/ws Manachem rexit ISrael annis .u.
Romulus et Remz/i" generantwr Marte et Ilia,
KK. Al[c]meon uxif Aihenenses annis .u.
Faccea ïilius Romelia^ rexit Israël annis .xx.
KK. Carpwi^ regnanit Athenenses annis .x.
KKK. Turimas rexit Maddoniani annis xxx ix.
KKKKKK. lOtham morit/yr.
K. Ac\\2.z ïilius lotha/;/ rt'.v// lUdam an;//i .xui. Ab hoccon-
ductw^ Teglad Fallazar rex Assirion^/w Rassin regem Sm^inter-
I . leg. Charops
376 Whitley Stokes.
fecit et habitatores Damasci tmnstulit Cirinen. Aesimides ^
rexit Athèncnscs annis .x.
KKK. Achaz horologium^ inuenit. Eliates 3 rexit Lidios an-
nis .xiiii.
K. Romulus veo}iaiiil annis xxxix.
KKK. Osse f/lZ/isHela rexii Israël ■âniiis .ix., qui fuit nouis-
s'imus decim tribuum rex.
KKK. Roma condita est in monte Palatino .xi. kal. Maias
a geminis Remo et Romulo f/l/is Rex Siluiie, quae erat filia
Numitoris f/l/i Frochx, ciiiiis f/l/us fuit Amuliw5 rex. qnae Rea
uirgo uestalis fuit, sed roHstuprata, ideo in terram uiua de-
fossa est ab Amulio patris sui iratre, q//i eius f/l/os in Tib[e]riw
fluuium expossuit. q«os in ripa flum/nis inueniens Acca Lau-
rentia primi armnztarii et regii Faustuli uxor, quae Lupa dice-
hulur, rapuit inde -àlmique, et ideo Romub/j- a lupa nutrit//j di-
citur. Siue Faustui//j ipse eos m ripa;// expositos ab unda, ut
magis putandu/// est, i;/uenit et detulit ad Accam uxorem suam,
quae po^tea eos aluit, q//i cuni adoleuissent, collecta pastor/^?;î
manu, Amulium rcgem hatrem aui sui Numitoris-* in uinàictam
niatr'is sUcT; et mersionis sux in flum///e i///t'/'fecerw//t, [to. i-'2]
auumq/a' suu///Numitorem in regnu/// ffi//stituunt, sed r\on diu
in regno remansit. N(^//// Romul//jr ad r()//secration^/;î regni sui
interÏQch eum.
Tifrtio anno p/iore Teglad Fallazar rex Assiriorurii sub Faccea
f/l/o Romelias rege Israël t/-anstulit p/'imo Ruben et Gad et de-
medium tribus Mannasse in Assirios et dispt'rsit eos in terra
ex(ilii).
K. Calidicwj5 rexit Athcnenses ixiinis .x.
K, Rem;^5 occissus est rutro (.i. o sunn) pastorali a Fabio
duce Romuli ob uallum (.i. murnni) saltu ^ t/'rttnsilitum anno
ab Urbe rc?/dita tenio. Romul/vi frâf//-is sui (.i. Rémi) sangine
1 . MS. Aesimides
2. MS. horalogium
3 . leg. Alyattes
4. MS. numutoris
5 . leg. Cleidicus.
6 . in marg. ob assili impunitatem [magna Romulo multitudo coniungitur,
Euseb. Hieron., p. 566J.
The Aimais of Tigernach. First Fragment. 7,-ji
muros, regnuw aui (.i. Numitoris), templum soceri (.i. Titi
Tatii^ régis Sabinorw;u) dicnuit. In Cons\i^\i\)us ~ ludis Sa-
bine a Romanis raptiï et uiolatiç suni.
M... oïàiis xcxit Medos annzV .xl.
K. Romul//j milites ex populo elegit ac centum a populo
nobilissimos3 uiros elegit, q/zi ob a^tatem senatores, ob curam
uéTo ac solliciludine;;/ rei publico:^ p^/res uocati suni.
KK. Amoyses rexit lEgi^tios aniiis .xlii.
K. Achaz mort[u]us est in hoc tempore, ut Eusebi//j ait. Re-
gnum defecit .x. tribuu;;? q//i erant in parte Samaria^ et uictit
a Sencharim qui et Salmanasar rege Caldeorum et translata;
sw//t in montes Medorum. Beda u^ro refert in sexto aivio Eze-
chi^e Samaria;// deletam esse. Ezecias f/l/«s Achaz rexit luda?n
annis .xxix. Mêles rexit Lidios annis .xii.
KKKKK.
N////C iNcipit captiuitas .x. tribuum.
Sexto Ezechia; anno Salminasar rex Assirior///;/ capta Sama-
ria transtulit Israël in Assirios, ad Niwuen scilicet ciuitatem 4,
[fo. i^ i] c/«ws regnum a primo Hierobuam an/t; stetcrat anuis
.ccclx5.
SecM7iào annc priore Hipomenes^ rta// Athen6';/j"t'j' an///j- .x.
Regnatuwz est in Samaria annis .ccl. Samaritanorw/// gens
sumsit exordium ab Assiriis, qui transmigrati habitauer///ït in
Samaria, qui inferpretantur custodes, eo quod captiuata plèbe
Israël in terra.m ad custodiatii coUocati suin.
Hoc tempore Essaias et Osse profetabant.
KKKKKKK. Candaules rexit Lidios annis .xuii.
Q//arto decimo anno Ezechi^ ascendit Sinchirib ^ilius Sal-
minasar régis Assiriorww in terram ludae, et indixit Ezechia;
XXX tallenta auri et xxx tallenta argenti. Tallentum habet tria
milia siclorww,, siclus auteiii xxx (uel xx, ut alii) obelos. Obelus
auteni est demedium scriptuli.
1 . MS. (hère obscure) seems tit/«tatus
2. MS. coHsodalibus, the d being inserted to prevent hiatus.
3. MS. nouilissimos
4. Hère the words « Tuiic Tobias capuis est » are inserted.
5 . « ccix » in Beda, VI, 286, from whom this sentence is taken.
6. MS. hipomenses ; Icg. Hippomenes
378 Whitley Stokes.
K. Leoc/77tes rexit Aiheneiises aniiis .x.
Hos annos .xu. qui sequnt//;- addidit Doniintis Ezechin^ egro-
tanti monemque tune certissimam per Essaiam sibi profetam
prfl^stulanti ac petenti et peccata sua deflenti. Sole reu^rso ab
occassu pêne ad ortuni et umbra per x linias in horologio Achaz
in signLi;/^ sibi mise deferend^e reiKTtente : q//o tempore quoque
occidit Deus p^r angelum .clxxxu. milia Assïnoruiii ^ropter
deprecationem Ezechi^e q/^^'rentis (.i. no ereged) s^perbia;;;
Sinchirib et Rapsacis ducis eiiis uerha..
KK. Pé^rdica rexit Macidonios annis Ai.
Cobtach Côel Breg mac Ugaine Môir do loscud co trichait
rig imme i nD'iiid rig Maige Ailbe hi[m]Brudin [fo. i''2]
Tua;;nTia Tenbath sai/zrud, la Labraid Loiiigsech Môen mac Ai-
lella Ane mr//c Loeguire Luire maie Ugai;/e Môir, i wdigail a
athar 7 a senathar romarb Cobthach Côel. Cocad ô sein etir
Laigniu 7 Leth Cuind.
[« Cobthach the Slender, of Bregia, son of Ugaine the
Great was burnt, with thirty kings around him, at Dind Rig
ofMagh Ailbe, in the Hostel ofTuaimm Tenbath precisely,
by Labraid the Dumb Exile, son of Ailill Ane, son of Loeguire
Lorc, son of Ugaine the Great, in revenge for his father and
his grandfather whom Cobthach the Slender had killed. War-
fare thence b'etween Leinster and Conn's Half^ ».]
KKKKKKKK. Absander - rexit Aûienenscs annis .x.
KKKK. Hoc anno Ezechias mort[u]//i- est.
Romul//j q//i rexit Roma/// xxxix aiviis, ciun apud paludew
Caprea//i deambulassct n//jqz/rt/« cowparuit. Poit h////c senatores
uno anno rcni puplica;;/ rcxer////t.
[in marg. iiimcccuiii.] K. Mannasses f/l/ws Ezechias rexit
Iuda;;i ixnnis .lu., a^ud qitein Essaias proféra serra in caput
adacta pcr longu/» in duas partes diuisswj est. Hic ob scelera
sua catenat//5 et co/;/pedit^/5 in Babiloniam duct//5 est^ sed ob
penitentiam et prcces restituit//r in regnu///.
Gisses rexit Lidios annis .xxxui.
1 . the northern half of Ireland.
2. Icg. Apsandcr
The Aiinals of Tigernacli. First Fragment. ^79
Romanor//;// secuiidiis Numa Poinpili«j'^ régnait il aniiis .xli.
q«i Capitolium a fundam^/ztis œdificauit, qinque uestales uir-
guines pnmus instituit, duosq/zf ma/ses, lanuariu;// et Februa-
nufii, .X. meusibus anni adiecit. Tune quoque Sibella Samia
claruit.
KKKKK. Erixias ^ vexit aniiis .x. Athcnenses.
KKKKK. Dinastia JEgl^noriDn intennittkuy annis .c.xii.
Rursum JEgipûoruin dinastia renascitur et regnauit Amixnius
Saitis annis .ui.
Sexto anno priore c[o]epit regnare Medos Cardeceas, q//i
vegnaiùt :inms .xiii.
KKKK. Athenis annui principes .ix, ro;/stituti s//;/t cessan-
tibwj regibw^. Tune finis Athenensis regni fuit.
KKK. Nefi-ites rexit Aigiptios annis .ui. [fo. 2^ i in marg. :
Orosius hoc ait]. K. Multis praelns undiqw^ scatescentib«5 reg-
num ad Scithias exiit, ac deinde ad Medos per Diocum reduc-
tuw^ et post ad Caldeos ac subinde ad P^rsas uagatum est.
Qjnntus Medor/Yw rex Dioces, q//i rcgnanit awiis .liiii.
KKKKK. Anciioris vexit JEgiptios annis .xii. Dinastia uigesi-
ma nona Ni//dissior«/;/.
KKKKKKKKKKKK. Mutes vexit Egipios avino uno. Ardes
vexit annis xxxuii. Lidios.
K. Neferioces vexit JEgïpfios .iii. mf//sib//i". Nectinebis vexit
JEgîptios annis .xuiii.
KKKKK. Qz/into anno priore cepit regnare Çsic^ Macido-
nios Acneus. annis .xxxix. regnans.
Secundo an/zo priore regnare c[o]epitLatinorum tt'rtiwj, Tul-
l/i5 3 Hostili//j^ q//i vegnauit annis .xxu, qui primwj' reguwH
Rovnanovuni purpora et {ascihus ussus est, et adiecto monte
Celio Urbem ampli[fi]cauit.
KKKKK. Bizantium .i. Co/;stantinopolis5, aPausaniarc^z/dita
est.
KKKKKKK. Mannasse mort[u]«j est.
1 . MS. pampili/«
2. MS. Frigas: leg. Eryxias
3 . MS. tulli//.v
4. MS. regnu;//
5 . MS. co/;stantinapolis
?8o Whitley Stokes.
K. Teo l'exil JEgipios annis .ii.
Ammon BUus Mannasse rexit ludam an;?/5 duohus iuxta
Ebreos. secniiduni uero .Ixx. liitei-pretes aniiis ,xii.
Histrw^ (.i. ciuitas) in Ponto condita est.
K. Ammon a serais suis i)iterficitur.
K. losias îilius Ammon rexit luda^w annis .xxxi. Hic mun-
data ludea et Hierusalem templo etia)ii innouato post abiectas
sordes idolatrix pascha celib^rrimuw Domino fecit .xuiii° anno
regni sui. Et cum Nechaone JEgipùonnii rege congressiis
[fo. 2^2] in campo Macedo, qui^ nniic Maximinopolis uocarwr^
occ'isus est.
K. Hoc te;;;pore Taies Melesiw5 primwj- fissiez/^ chrus ha-
'belur.
Profetantibw5 \n ludea Heremia Sofonia et Olda uxore-
Sellum.
Nectanib//5 rexit lEgi^tios annis .xuiii. Hue usgue mansit hoc
regnum.
KKKKKKKKKKKKKKK. Caditates rexit Lidios an?;/5 .xu.
Romanor//m qnartiis Ancus Marciwi Numœ ex f/l/a nepos
rcgnauit annis .xxxiii., qwi Auentinu;n monte?// et laniculu;//
Urbiaddedit et sup/-a mare .xui. (.i. sexto decimo) ab Urbe mi-
liario Ostiaw(.i. insolam 7ie\ ciui/^/c///) fo//dedit.
K. Hôc tempore Elchias sacerdos claruit. Hoc anno ut pr^f^-
sc/'ipsim//^ losias mundata ludea, et reXiqua. Hic losias .iiii.
t/l/os liabuit, \d est lonan, lochini, Sellum, Sedecliiam.
Secunào anno p/'iore c[o]epit regnare Medos Fraortes annis
quatuor .xx. regnans :
KKK. Pilipp//5 rfx/V Macidonios annis .xxxuiii.
KKKKKKKKKK. Hôc anno losias occisus est in campo
Macedo a Nechaone rege iEgipti, ut ^raescrx^simus.
K. lochini îilius lossia; rexit ludani annis .xi. ])osi uero
Iosia7/i stati/// regnauit iilius eius lochaz, qui est Sellu/// nonii-
natus, trib«5 mensihus, quem Nechao ui//ctu/// ducens in ^Egip-
tum Eliachim f/l/'/nn lossia; fr«//-em eius ro//stituit regem, et
uocauit nonien eius lochim.
1 . MS. qiiae
2. Hère there is an enisure.
The Armais of Tigernach. First Fragment. 381
KK. N//WC iNcipit captiuitas duan/;/^ tribuuw,
Anno t6'rtio lochim Nabcodonosôr [fo. 2^ i] rex Babilonis
capta Hierusalem et plurimis captiuatis, in quibus erant Daniel,
Annanias, Azarias, Misœl, partem uassorz^w templi Doniinï
Babiloniam tnznstulit..
INcipit regnu/« Caldeorum.
K. A qwarto anno lochim Scriptura regnum Nabcodonosor
co/;iputat, qui ^ e[r]go non solum Caldeis et ludeis, sed et Assi-
riis et yEgiptiis et Moabditis aliisqwi^ innumeris gentibw^ incipit
regnare.
Quarto âwio priore c[o]epit regnare (j/V) Lidios Aliates nnnis
.xlix. Alii ferw;?t lochim hune a Nabcodonosor esse captu;;; et
in Babiloniaw ductum.
KKKKKKKK. Mortuo lochim ïilius élus qui et lechonias
regnauit tribus m^;/sibz^^ ac diebwi" .x. Hic circumdata a Cal-
deis Hierusolima exiit ad regem Babilonis cum matre sua, et
ductus est in Babilonem cum populo suo anno octauo regni
Nabcodonosor.
Romanorw/y/ qu'AXlus regnauitT ^rquinmusV riscus :\nnis \x^mi,
qui circu?;z- Rorna^ œditicauit, nximoruni senator////; auxit, Ro-
manos ludos instituit, muros et cloacas 3 i^dificauit, capitolium
extruxit: qz/i ab Anci Marci f/l/is occiss//j- est. Yiunc Tarqwin-
nia;;f in tempore lossias regnare Beda in Cronica refert.
Qjid.no an»o priore regnare Medos Ciraxires an/z/V .xxxii.
regnans in te/;;pore Nabcodonosor,
K. Sedecias qwi et Mathian rexit Iuda/;i d.nnis .xi. Hw/ws
anno [fo. 2'' 2] undccimo régis autem Babilonis .xix. (.i. no/70
deci/wo) ludea captiua in Babilone;« ducta est, totaqwe Hieru-
saleîn distructa est, et templuw incensum est a Nabutzardan
duce Nabcodonosor anno ex q«o fundari cepit ccccxxxiiii.
Hic est Sedechias quem }^^bcodonosor duob//5 oc/dis dempsit.
1 . MS. quant
2. MS. circium
3. .i. inna fannacon
382 Whitley Stokes .
et in conspectu p^/ris f/l/os suos occidit et ipsum ceann po^tea
in Babiloniam duxit. Q.//i autem reliqwi fuerant ludei tmnsfu-
gerunt in ^Egiptum qwa post annos qu'mqiie a Caldeis perçusse
1)1 Babiloniam siint et ipsi tmnsmigrati.
K. Très pueri Sedrac, Misac, Abdinago i;; caminum ignis
a Nabcodonosor missi sunt, et inde eos i/7columes Detis eripuit.
K. Daniel in laccuiii leonu/;; imnitiir, sed uerius a Dario
rege Meàorum, post eucrsaiii Babiloniam, in terra Medorww
Daniel missw.s" est in laccuiii leonu/;/.
KKKKKKKK. Hebreorw;^ captiuitas in Babiionia annis
.Ixx. INte?;' captiuitatew autcm Samaria; qnae fuit in Nirue et
captiuitate;;; H'ierusiûeni quae fuit in Babiionia anni sunt cxliiii.
Hoc tempore Sapho mulier in diufrso poemate claruit, et
Solon leges Athenensib//i' dédit.
Finit qwarta retas. INcipit q//inta, quae coiiîinet annos
•dlxxxix. ut poeta ait..,
O dôerad in phopuil co gein Fiadat fedil
côic cet is née mbliadna ocbtinoga co demi/i,
O Adam co ngénair oenmac Maire mini
it dd hliadain côicat nôe cet is tri mili....,..,
[From the Captivity of the People till the Birth of enduring
God (are) five hundred and eighty-nine years assuredly. From
Adam till gentle Mary's one Son was born there are fiftj^-two
years, nine hundreds, and three thousands.]
[fo. 3'' i] Quinta mundi n^tas ab exté'rmin[i]o c[o]epit regni
ludaici, quod iuxta Hercmii^ profetiam .Ixx. -Annis p^'rmansit.
Hoc tempore ignis ab altario sublat/^^ et in puteo abscondit//j
^ost .Ixx. annos uiuus in aq/ya inuent/^J est.
KKKKK. Europz/j rexit Macidonios annis .xxui.
KKKKKKKKK. Anno xiiii. postqiiani p^rcussa est ciuitas,
qui est uigissim//5 qiiintiis transmigrationis régis lochin, Eze-
chel uidit in uissionib//i renouationcm ciui/^///5 ac templi cere-
moniannnque eiiis.
KKKKKKKKKKK. Nabcodonosor morit//r uigissimo quinto
anno po^t eufrsionem Hierusalc?//.
K. Romanor«;;i sextwi' Seruiî/5 Tuilli//j regnauit annis
xxxiiii, qui .iii. montes Urbi addidit, Q//iriiiale;;/^ Esquilinum,
The Aimais of Tigernach. First Fragment. 383
Uiminalem. Fossas circuni muros duxit. Censûs Romanoru;»
pnm//jciuium instituit. Qjn a Tarqwinnio Sup^rbo gencro suo
occissus est.
Nono anno priore c[o]epit regnare Çsic) Medos Astiages qui
et Asuerws. q//i regnauit annis .xxxuiii.
CroessLis rexit Lidios annis xu. Croesswi" poj'tea a Ciro capt us
est, et Lïdoruni regnuni distructu/;/ est, quod stetit annis
.ce. XXX.
[in marg. iii/»ccclxxx.ix.]Euilmoradach f/l/ws Nabcodonosor
iLiviis regnauit xuiii. Anno xxui. po5t eue;'sione/;i Hierusoli-
moYum subleuaait Euilmoradach rex Babilonis, anno quo reg-
nare c[o]epit, qwi est annus trigesimus septimus transmigra-
tionis lochln [fo. 3^ 2] régis, ca^ut régis lochin de carcere, et
possuit tronu;/î eius super tronum regum qui ïuei'unl cum eo
in Babilone.
Ni ar dôeri trâ adrimi Matha hoc teinp/^5 acht ar méit inna
hairmiten roboi do lochin i;;ti.
[So not as captivity does Mattliew reckon hoc teiupus, but for
the greatness of the honour whichwaspaid to lochin therein].
îOseppw5 hoc ait (Beda ait, si Iosepp;/5' sc/ipserit et non liber
m?/zdosus fallit) ïd est centum fere annos ab eut'rsa Hierusalem
usque ad eutTsionf/;i regni KAldeoruin. Nabcodonosor enim,
teste sacra Script/o'a. xxu. post cu^rsa/;? Hierusalem uixit annos.
Euilmoradach f/l/^<s eius regnauit annis .xuiii. Negasar^ f/l///s
eius annis .xl. cui successit ïilius eius Labosordach mensihus .ix.
Hoc defuncto ad Ballazar, qwi Nabôan nuncupatw/', imptvium
transisse dicit, qui cum .x. et .uii. annis regnaret, captam a
Ciro Persarz^w et Dario Medor uni rege Babiloniam exequitur^.
Eusebiî/i' ait annos .xxx. a[b eju^rsione Hierusak»/ usque ad
iwitium Cirii régis P^rsarum ^ lulius autem African//i .Ixx.
annos cowputat. \Y\eronynius autem in tractatu Danielis ait :
Tradunt Ebrei h/^fwscemodi fabulam us^w^ ad septuagissimu/n
annnm, q//o Heremias captiuitatem ^opuM ludeor//;» dixerat
soluendam esse. De qwo Zacharias in principio uoluminis sui
1. sic MS. as a correction o( Egessar. The Neiiglissar ofjosephus is
meant.
2. sic Beda, VI, MS. dich
5 . Hère MS. inscris Uieroiiyinus ait.
384 Whitley Stokes.
loquiliir : Irrita?;/ putans Dà pollicitation^;;/ Baldazar, îvAsum-
que promissu;;/_, usque in gaudiu?// fecit grande rfHuiuium, in-
sultans quodammodo spei [fo. 3'' i] luàeoruDi, et uassis templi
D^i. Sed statim ultio diuina ro;îsecuta est. Tune apparuit Bal-
dazar pugnus sine manu scribens ïn pariete tria u^rba, id est
Mane Techél Fares, quam scripturam ïnterpreiatus est ei Daniel
profeta significantem i;«pmuni Caldeorw/n in Medos et Versas
esse tran[s]ferendu/;z^ d/ct'ns, Mane, id est numerus, numerauit
enim Deus regnum tuum et compleuit illud. Techél, id est ap-
pensio : appendit enini Deus regnum tuuw in statéra et inuen-
tu7;î minus habens. Fares, id est diuissio : diuissit enim Deus
ïegnuin de manu tua et dédit Médis et P^rsis.
Eusebiwj ait: Mortuo Nabcodonozor rege Babilonior//;;/ sus-
cepit impc'/'ium eius Maradochi//^ iniperzior, cui successit (rater
eius Baldazar.
Heremias profeta ait: Ecce ego mitta/;/ et assumam uniu^;-
sivn cognationt';;;- aq/nlonis, ait Do/z/m/zs, c/Nabcodonosor, ser-
uuw meum, et adduca;// eos super tf/'ram Isra^'l, et seruient Is-
rahelitai régi Babilonis annis .Ixx. ^ Cuinque impleti fuerint
.Ixx. anni, uisitabo super terra;// Caldeor/^;// iniq/vitate/;/ eius,
et pona;;/ illam in solitudines sempitt'/'nas - et his qui eu;;/ la-
chonia ducti sunt in Babilonem.
Ait ailibi : Cm;;/ c[o]epmnt in Babilone impleri .Ixx. anni,
reducam uos ad locum uestrum, ait DoniinusK
INcipit n//;;c regnu;;/ Pcrsarum^.
[fo. 3''2. In marg. iii/;/ccccxxiii.] K. Pe;'sar///;/ ^rimus drus
regnauit annis .xxx., q//i, deuicto auo suo mat^'rno Astiage
Medorum rege, Médis et Pé'rsis ipse regnauit.
Hic primo anno regni sui Babiloniam expugnauit, regcmq//6'
1 . Jer. XXV, 9, 1 1.
2. Jer. XXV, 12.
3. Jer XXIX, 10.
4. marg. sup. Adde .iiii annos snpi'r xx.ui. praescriptos uf fiât numerus
.XXX. aniior;/»i a uersione Hierusa/fw secundum Euscbium, et sic hi'c nu-
merns rongruit.
The Annals of Tigernach. First Fragment. ^85
eius Baldazar occidit. qiwd i//credibile pêne apud mortales erat
[in marg. Orosiiis d/V/t], nanc[iie Babilonia/// a Nebrôth gigante
fundatam, a Nino auteiii uel a Samiramide uxore dus reparatam
esse ïei'wn. Mmoi'uiii dus lirmitas et magnitudo uix credibilis
relatu est. lAunis coctili laùve atqw^ iiiterïusso bitumine coni-
pactM^ erat. latitudine cubitor?/;;/ .1. et altitudine quater tanta,
rf ambitu .cccclxxx. stadiorum circumuenit///'. Ipsa autein qua-
drata erat, et in consuiiimAÙone pinnarum média iiiterca-
pedine uigenas qwadrigas capit. A fronte muronuii, ccntum
portœ aereœ^ Domus i»trinsec//j geminas q//atcr liabitationes
erant.
Ipsa tamen a Ciro et Dario sine mini;;/a pêne mora uicta ac
subuersa est. Nanqwe Eiifraten longe ualidissimuw et mediam
Babiioneam i;//^rfluente//Mn .cccclxxx. fossas diriuauit ; pt'r
cuius alueos^ Ciri 'exercitwj ciuitatem clam nocte subintrauit,
eamqw6' totaw uastauit, c[iiod uel humano op^re extrûi uel hu-
mana uirtute distrui utrumqw6' pêne ap/Y^f mortales [fo. ^^ i]
incredibile fuit. Quicquid auteiii est opère fo;zstructum et arte
aDdificatu;;? labi et a);;sumi uetustate Babilon capta conûrmai.
Hic Cir.'/5" primo anno regni sui laxata Hebreor///;; captiui-
tate .1. fere milia ho;;////um regrcdi fecit in ludeam, restituens
éis ow«ia uassa templi Doinim aurea et argentea quinque mi-
lia q«artcenta (.f/V) qwrté' Nabcodon[o]sor de Hierusak';;i hi Babi-
loniam transtulit. Qjn ludei coiigregati in Hierusalem mensQ
.uii. a^dificauerz/H^ aitare, et a primo die m^/zsis eiusdeni c[o]e-
p^runt oiîerre holochaustum Do/;/mo.
K. Anno auteni secundo aduent//j- sui mense secundo templi
fundam^?zta iecerw;/t anno incensionis eius iuxta Affricanum,
Ixx.ii. ; iuxta u^ro Cronicaw Eusebi, xxxii. Sed impedientib/«
Samaritis iw^ermissuw est opus usque ad annuin Dari secuuduni,
qui eûam in regno Assueri et Artarxer[x]is scripserw/z/ accwi'sa-
tionem adu^rsu//i ludeos, et rescripsit Artarxerxes ne aedili-
caretwr Hierusal^?;;.
KKK. Alcetas rexit Macidonios annis .xxix.
1. MS. adds capit.
2. MS. albeos
Revue Celtique, XVI. 28
^86 Whitley Stokes.
KKKKKKKKK. Lïdoruni regnuni defecit;, quod stetit annis
.ccxxx.
KKKKKKKKKKKKKKKKK. Cirus a Tamire regina Sci-
thiîe occissus est.
[in marg. iii;;/ccccxxxi] K. Ca/;/bases f/l/«s Ciri regnauit an-
nis .uiii., qui secunàus Nabcodonosor dicitur. Hic deuicta
yEgipto cunctani eius relegione;;^ abho/;/i;/at//i" qw^v^rimonias ^
eiiis et templa deposuit. [fo. 4^2] Babilone^f in yEgipto- a:;difi-
cauit. Wunc aiunt ab Hebréis secunduni Nabcodonosor uocari,
sub q//o ludith historia conscnhiuir , quae caput Olfernis am-
putauit, et sccum furtim abstulit. Unde ab exercim eius dic-
tum est : Deest caput Olfernis.
KK. Amintas rexit Macidonios an;7/V .1.
K, Romanorww septimus Tarq«inni//i Snperhiis, Tarq//inni
Prisci f/l///s, regnauit tinnis .xxx.ii., q//i causa Tarqz/inni lun-
[ijoris f/lfi sui, qwi Lucretiam corrup^rat?, qmque alio nomme
Aruns uocabatwr^ regno expuls//i est.
KKKK. Cambisses îiiius Ciri a magis suis occissus est.
K. Fra/res magi regnauerunt m«zsibus .uii.
Hiessus sacerdos magnz/.y, f/l///s losedech et princeps gentis
Iudei"e Zorobobél f/l/ws Salathel f/l/i locbin f/'l/i losix' et Aggeus
et Zacliarias et Malachias proférai claruer«;ît.
Pithagoras tissic//j clarwj filosoph/zi" babetw;% q//i prim//5- filo-
sophos et filosophia^;; noininci no;/;/;/auit, respuens se sapiente?;^
uocari.
K. Dariwj Fersicus, filius Istai[s]pis, regnauit annis .xxui.
Inter Dariu//ï et Ca/;/bassen régnasse duo iratrcs magos in libris
cronicorw;;? Euscbi reperimus. uerum Hieronynius in expositione
Danielis scribit post Cambassén Smerdén maguw régnasse,
cuius Pantharchen f/l/a?;i Cawbassis ducit uxoreni, qui cum a
septiw magis fuisset occissus, et in locum eius Dariw^ SM^ce-
pisset imp^^rium, ead^w Pantarches nubsit Dario, qui ex ea
Xerxén [ilium genuit.
K. secundo anno Darii septuagissim//5- annwj captiuitatis Hie-
rusalt';n [fo. 4^ i] impletz^r, ut uult Eusebi//^ testem adhibens
1 . i. e. caerimonias
2. i. e. Cairo
3 . MS. corru;//p('rat
The Annals of Tïgernach. Fini Fragment. ^87
Zachariam profetam, ad queiii secundo anno Darii loquitur an-
gelusdicens: Domine exercituum, usqwt'quo tû non misserebms
Hïerusakm, et urbiu/// luda qnibus hatus ^ es ? Iste septuage-
sinius annus est [Zach., i, 12]. Ite/;/ qwarto Darii anno ait idem
profeta: Cuni ieiunaretis é'/ plangeretis per hos .Ixx. annos,
nunquid ieiunium ieiunastis mi/;/ ? [Zach., vii, 5].
KKKK. Sexto anno Darii templi aedificatio co;;/pleta est.
die iertia nit'/zsis Adar (.i. Martius), qui est xl.mus sexius an-
nus ex quo sub Ciro fundamt'nta eius sunt iecta. Un^^; in euan-
gelio dicunt ludei ; xi et ui. annis a^dificatu/// est hoc templum.
C[o]eper«nt ludei auteni a^dificare templum anno secundo Da-
rii mense sexto die uigissima qwarta et anno .uii., ut d/ct//ra
est, mensQ .xii,, die tsrtia compleuerw;;/. Ex quo apparet opus
templi et an/ea non parua ex parte p^ractum, Annos auteni
Ixx. a distructione 'ûïius usque ad ptrfectawi restaurandi licen-
tia?/i Qsse computandos.
KKKK. Ab egrt'ssu- ScottorzY/// de iEgipto mille anni suni
nsqiie ad decimuw hune annuw Darii régis Ptrsar/y;;/.
KKKKKKKKKKKKKKKKKKK. Pulsis Urbe xQgihus qu\
imperauerznzt annis .ccxliii. uix us(/«é^ ad q/nntu;yz decimu/;/ la-
pid^m Roma tenebat i///p(vium.
Romx posx. exactos reges primum ro/7sules a Bruto esse c[o]e-
perunt. Deinde tribûni plebis ac dictatores, qui q/nnq//t' an/z/j
regnauerw^t populum, [fo. 4'' 2] c^-urs///;/ ro/zsules rem pupli-
caw obtenuer//;/t per annos ferme .cccclxiiii. usq«^ ad luliuni
Cessarem, qu\ primus singulare arripuit imperium olinipiade
.clxxx[iii.]
KKKKKKKK (iii///lxxxuiii). Xerxes ïAius Dari regnauit
annis .xx. Hic /Egipiwn, quae a Dario discesserat, capit. Qui
adu^fSM^ Graechin pugnatur .dcc. milia armatorwm de regno
et .ccan. de auxiliis, rostratas etiam naues mille duocentas,
onerarias auteni .iii. milia numéro habuisse narratwr. Attamm
uict/zi' Leonida rege Spartanorww cwn .de. uiris contra se cuni
.de. milibwj s«/s pugnante patriaw refugit.
Sub his tribw^ regib/z.c, Ciro scilicet et Dario et Xerxe, Oro-
1. MS. natus
2, MS. ins;ressu
388 Whitley Stokes .
sius refert decies nouies centena milia de uisceribws unius
regni Persïci. esse occissa.
Herodot«5 hïstonaruni scriptor et Zeuxis pictor agnos-
cuntur.
KKKKKKKK. Alaxander rexit Macidonios annis .xliii.
KKKKKKKKKKKK. Escilus, Pindar//^, Sofocles et Eari-
pides tragoediarum ^ scriptores celebrantwr.
[in marg. iii/;/cclxxix.] K. Arctabanz/^ rexit Pf?;-sas vnensihus
.uii. q/a occidit Xerxen in regia sua, ut Orosi«5 ait.
Socrates natus est.
K. Artarxerxes (j/r) qui et Longimanus, id est Maicpcxéip [leg.
Mx/.piyz'.p] regnauit annis .xl.
KKKKKK. Huius anno .uii. p/ima die me;zsis primi Ezras,
sacerdos et scriba legis Dt'i, ascendit de Babilone cum epistolis
régis, et in prima die mensis qwinti uenit in Hierusalem cum
uiris mille Ace. Tune Ezras profeta totaw Scriptz/ram uetms
testammti [fo. 5^1] a Caldeis incensam renouauit Spiritu
Sancto perïusus, et, biter alla strennue gesta, castigauit f/l/os
transmigrationis ab uxoribus alienigenis. [Ezra, x., 10.]
KKKKKKKKKKKKK. Eiusdem régis anno uigissimo Ne-
mias 2 pincerna régis de Sussis Castro adueniens mur//w Hieru-
salem .lii. diebwj- restituit et genti ducatum .xii. annis prae-
buit.
Hue usque diui;7a Scriptura temporum siriem continet :
quae pojt haec apud ludeos s;^nt [dijgesta de libro Machabeorum
et loseppi âlq^ue Affricani scriptis exhibentur, qui deinceps
uniuersam historiam usque ad Romana tempora pt'rsecuti
suni. Et qwidem AÛricunus in qwinto temporum uolumine
huius temporis ita meminit : Mansit ^rgo impcrfectum oipus
usque ad Nemiam et uicesmum annum Artarxer[x]is, quo tem-
pore regni P^rsarum .cxu. anni fuerant euoluti. Captiuitatis
autem Hierusalem centissimw^ octuogissim?^5 et qwintus erat
annus. Et tune primu;» Artarxerxes iusit muros extrui Hie-
rusalem, cui op^ri praeîuii Nemias. Et a:dificata est platea et
mûri circundati suni ei. Et ex illo tempore, si numerare uelis,
1 . MS. trogoediaru>»
2. MS. nemais
neM.alsoIT„ernacH.Fn.Fr.,«^'-
,89
càptiuitas autem Samana.[fo- 5^^^^^/^empore per Zoro-
r« Together went the ten m
HkronywM5 ait . iwrer L'IF ei menses très, mi
hSÙ s"::^-'"'-^^^^ '" tXh pontife. fuU, p«t
m[o]cntii5.
INcipitn»«ctemp«Machabeor„m.
,• -c D'amers week «1, and in-
terlmed . -i • 'i"'"
"'t MS.trogocdmum
jgo IVhitley Stokes.
{uerunt usqiie aà Aristobulum, q/à ciiiii dignitate pontificis
etiam regale sihi c[o]epit usurpare uocahulum.
KKKKKKKKKKKKKKKKKKK. Archelaus rexif Machi-
donios an/z/j .xxiiii.
K. Artarxerxes (sic) qui cognomiuauis est Mnemôn ^, Darii
et Parisaditis f/l///s, an/z/V .xl. ïQgnanit P^rsas. Sub hôc rege
uidetwr Hester historia fuisse ro/npleta. Ipse quippe est q/Yi ab
Hebreis Kssutïus, et a .Ixx. Intenpyeûhus Artarxerxes uocatwr.
Athenenses .xuii. littms uti c[o]epgrunt, cum anto .xui.
tantum littsras haberent.
KKKK. Galli Zenones- duceBrenno? Roma/// i/aïasserunt
excepto Capitolio ^, et sex mensibics uastauerunt, et mille libris
auri pr^tium descesionis paciscunt//;-.
Tribuni militares pro consxûihus esse c[o]epcrunt.
Aristotiles, octauum decimum ^etatis annum gerens, Plato-
nis auditor est.
KKKKKKKKKKKKKKKKKKK. Nectanebz/5 rexit ^giptios
annis xuiii.
K. Orestis rexit Macidonios imiiis .iii.
KKK. Achelaus rexit Macidonios anuis .iiii.
KKKK. Ami;/tas rexit Macidonios aniio uno.
K. Pausias rexit Macidonios anno uno.
K. Amizztas rexit Macido;//o5- aniiis .ui.
KKKKKK. Argellis rexit Macido/2/W ann/V .ii.
KK.K. Artarxerxes, quit'^ Ochus, rexit Pfrsas [fo. 5 ''2] an-
nis .xxui. Iste JEgiptuui suo iiiipeno adiunxit, Nectanebo rége
eius iii Ethiopiam pulso in quo iî-giptiorum regnum di[st]ruc-
tu/;z est.
Amintas rexit Macidonios an;;/.s- xuiii.
Demôstenes orator oniiilinn rumore celebrat/zr.
Romani Gallos superant.
KKKKKKKKK.KKKKKKKKK. Alaxander rexit Macidonios
anno uno.
1 . MS. memnôn
2. .i. Lib('rpat(';-da. Liher pciter enim Sténo àicitiix. G àW'i aide m Stenoncs
uocantur quia Lilvru;» Patre;,v hospitio recipt'runt.
3 . MS. brennio
4. MS. capitalio
The Annals of Tigernach. First Fragment. 391
Ptolomeus, qui et Oloretes àictm est, régit MAcidonios an-
uis .iiii.
K. Plato philosophas mortuus est, post queni Achademiam
Speusippw^ tenuit.
KKK. Verdica.rexitMadâ.oniosânnis .ui.
KK.K. Arses Ochi BU us rexit P^rsas annis .iiii.
Hoc tempore ludeorum pontifex maxim^i' ladas chrus ha-
hetur, cuius ïratex Mannasses templum m monte Garrazim con-
struxit.
Speusippwj moritwr^ cui successit Xenocrates.
K. Pihppw5 Aminte ^ iilius, q//i cum Athea Scitharum rege
conflixit et fraudulentia ^ magis (\uam uirtute eum uicit, ac
.XX. [milia] captiuorura secum duxit, regnrt«/7 Macidonios anww
xxiii. Cuius anni duob//5 exceptis ante exacti sunt, quia Euse-
h'mm in sirie Macidonicorum regum secuti sumus, qui Ixx
Interprètes sequhur, quique semper regum tempora protelat,
ideo m scribendo computo regaH deuiauim«5. Pihppz/i" autem
iste hiter îiMum suum Alaxandra;;/ et "[enerum Alaxandruwi
Epirotam a q/^odam nobih uiro, Pausania3 nomine, occisswj
est.
[fo. 6^ i] KK. Q_//arto an no Arsis {tiel Xerxis) f/l/i Ochi
Alaxander Pilipi^^ Ohmpiadis iiXius, .xx. œtatis annumgerens,
Macidonibus regnare incipit.
K. 'Dàruis, qui et Mehis dicitur, Arsdmi f/lms, rexit P^rsas
an;;/V .ui.
Alaxander aduersum Ilirios et Tracas féliciter demicans, sub-
uersis Tébis, in P^rsas arma corripuit, et ap«J Granicum4
^umen regiisî ducibwj' opprfôis, urbew Sardis capit. Idem
capta Tiro ludea/;^ capit, a q//a fauorabiliter ^ exceptwj Deo uic-
timas i/;niiolat et pontificum templi lodam, qwi in uisione
pri«^ei apparaît, honoribus plurimis prosequhur, Andromacho
locoru/;? custode demissô.
I .
MS.
amincae
2.
MS.
fraudelentia
3 •
MS.
nobile uiro p«5samia
4-
MS.
graminidem
5-
MS.
regeis
6, MS. faborabunt
392 Whitley Stokes.
KKKKK. Alaxander septimo anno regni sui Alaxandria/» in
^gipto fo/ïdedit. Nec mora Babilonem obtenuit, mteriecio
Dario in quo Vers^nim regnum distructu/;/ est, quod stetfrat
annis .ccxxxi.
Latini a Romanis p^rdomiti suni.
KKKK. Tune eûam belluw Agidis^ Spai-tanorw/;i régis hi
Grrt'É'cia contra Antipatris copias, Alaxandri [régis] Epiri ^ i;;
Lucania fo//tra Bruttios 3 Lucanosque cw;// xxx milibw5 suis,
Zopyrionis4 pracfecti Ponti in Scithiagestum est conVà Scithas,
qwi omnes a Scithis micrkci'i sunt, qui oniiies cum suis exer-
citibwj in his bellis dileti sunt.
K. Alaxander ^ost mortem Darii .u. annis regnauit. Na;;^
antea .uii. Qui Hircanos et Mardos 5 subiecit [fo. 6^2]. Tune
ucnit ad eum Thalestris siue Minothaea^ cum ,ccc. mulie-
ribus gratia subolis7 ab eo swjcipienda;. Tune Parthos aggn's-
sus diu obsistentes propemodum dileuit antequam uicit. Inde
Drancas, Eu^rgitas, Purapamenos, Adaspios^ subegit. Urbe
Alaxandria super amn^'m Tanaim a^/zstituta, India?;/ adiit ciini
Poro fortissimo Indôru//j rege cruentissimum bellum gessit, in
quo Alaxander cum ipso Poro si;/gularit('r congressus, occisso-
que deiectus equo, ro;/cursu satilitu;// mortem euassit. Porus
multis uulnerib//^ con(ossus et captus est ; q/ro ob testimonium
uirtutis in regnum restituto, duas ibirc/zdedit ciuitates, Niciam
ci Bucifalen, quain de no))iine cqul sui ita uocari pmccepit.
ReuiTtens in Ammône condedh Parthonium. Idem. Indicum
usque ocianum uictoriis poti/YJ quant bellis p^ruenit, ac Babi-
lonem reu(';'sw5 .xxxii. uitœ, regn'i auteni sui .xii. anno, ueneni
austu pmit. Vostquani translato in multos impt^rio, JEglptwn
Ptolome?/^ Lagi 9 f/l/ws tenuit, Macidonas Pilippwi-, qwi et Ari-
deus, îraier Alaxandri, Siria/n et Babiloniam et oninia régna
1 . MS. hagidis
2. MS. eperi
3 . MS. brutros
4. MS. zophirionis
5 . MS. mandos
6. MS. alestris siue manutha
7. MS. sabolis
8. MS. adsapios
9. MS. largi
The Annals of Tlgernach. First Fragment. 595
orientis Seleuc//^ Nicanor, Asias mi»ori regnauit Anûgonus,
qui apud Daniele//i [fo. 6^ i] per .iiii. hirci qui arietem conte-
reret cornua designantur.
K. iEgipto primus régna w// Ptolomeus .i. qui et Soter
Lagi ^ {ilius annis .xl., q/n Hierusolimis et ludea in ditionem^
siiam dolo reductis plurimos captiuorum in yEgiptum trans-
tulit.
Appius Claudius cxcus Romc^ clarus habetwr.
Hoc tempore ludeorum pontifex maxim/^j Onias lodœ f/l///s
clarus habetz/r.
KKKKKKKKKKKK. Tertio decimo anno Ptolomei Siri^
et Babiloniie et supenonhus locis regnare incipit Seleuc//y Ni-
canor. A q//o tempore Machabeorum Hebrea historia Graeœ-
rum supputât regnum, et a qtio Ediséni sua tempora computant.
Seleucz/j Laudaciam Seleuciam, Antiochiam, Appaniam,
Edessam, Beroeam 3 et Pellam urbes coiidcàit. Seleuc/^5 ïn eas
urbes qwas extruxerat ludeos transfert, ius eis ciuium et mu-
n[i]cipalem (.i. cista) ordinem concedens œqwali honore cuiii
Graecis. ludeorum pontifex maximwi religiosisimw^ ac piissi-
mus Simon Onia^ f/i/ws clarw^ hàhetur, post quem Eliazarus
iratei' eius SM5cepit te/^zpli ministerium f/h'o eîus Onia paruo
admodum derelicto.
Regno Siri^ et Alaxandri^e in minori Assia conregnatum est,
et primw5 regnauit ibi Antigonwj annis .xuiii. Ptolomei primo
anno4 regnare iwchoans. Hic igitur ann«^ .xiii. est [fo. 6^2] An-
tigoni sicut Ptolomei.,
Conregnatum quoque est in Macidonia Ptolomeis et Seleiicis,
et p;'im//5 regnauit ibi pcwt Alaxandrum Pilippus, q«i et Ari-
deusî, (rater Alaxandri, annis .uii. regnans, primo anno Ptolo-
mei regnare incipiens.
KKKKK. Undeci/;;o anno priore Arideus ïrater Alaxandri,
q//i et Pilip«5-, rex Macidonuin^, eu m sua uxore Euridice a Ma-
1 . MS. Largi.
2. MS. decionem
3 . MS. beroeam
4. Hère begins the first fragment of thèse Annals in Rawl. B. ^88.
5 . leg. Arrhidaeus
6 MS. macidonibiw uel uni
394 Whitley Stokes.
cidonih;/j ipsis, suadente Olimpiade (et ipsa po.ctea a Casandrô
inter^ecta est) matre Alaxandri, occissus est: post queni reg-
nauit in Macidonia Cassander annis xix, a q//o Hercoles,
Alexandri Magni filius, xiiii. an;/o ietatis sua; cum Roxa[na]
matre sua i;?/t'rfectus est. i. in Ancipolitana ^
Antigon//i rex Assias minoris a Seleuco et Ptolomec in bello
OCCISSUS est : ^osi queiii regnauit Demetriwj, cui nomcii Polior-
cetes^, iiMuseius, an;//-v .xuiii.
In anno .xuiii. Ptolomei fuit initiatwi regnare in Emain
Cimbséd f/h'//s Fi;ztai«^ qwi regnauit .xxuiii. annis. Tune Echu
Buadach pater Ugaine in Temoria regnase ab aliis fertwr liqueV
praescripslmus ollini Ugaine i^np^rasse. Omnia monimc;/ta
Scottorum usque Cimbsd incerta erant.
Hoc temporg Zenon zoicus^ et Minauder comicus et Teu-
frastus philosophus 5 claruerw;/t.
KKKKKKKKK. Cassander rex Macidonie obit, cui succè-
dent f/l/i eius Antigonwi-^ et Alaxandcr annis .iiii.
KKKK. Alaxander Ulius Casandri belluw parans fn7/ri ui;/-
dicare matrem. dispônens a De;;/etrio occiditwr.
[fo. 7'^ î] Anùpater iratex eius a Lisimacho? socero suo \n-
tereuitus est. Post q//os regnauit Demetri//5 f/l/ws Antigoni
:\r\nis .ui.
KKKKKK. Demetrio a Seleuco et Pirro Epirota a Macidonia
expulso in Siclliani, ibiq/zf eodeni capto et interkcto Seleucw^
Assiam minorew tenuit. Firrusque Macidonias regnuw i;/uas-
sit, sed non tenuit. Na;/i reu^rso co ad Epiruni Lissimach//5
regnauit in Macidonia annis .ui.
KKKKKK. Lisi;;;achMi aSileuco in bello iw/érfectus est.
Q?/arto anno priore Ptolom^ws Sot^r pmt, et Ptolonié'ws Phi-
ladelphwj- ^ regnare c[o]epit, ut Hebraica u^^ritas testatwr.
I. leg. in urbe Amphipolitana?
2 MS. poliercites
3 . i. e. licet ■
4. i. e. stoicus
3. MS. teufras tris philôsophi. Tljcopljiaslus, ol" course, is meant.
6. interlined : uel Anùputer nomen eius, q//i malvein suaw Tesoloniccn
manu sua luteikc'n.
7. marg. sup. : qui Uliiim suu;;/ Agothoclen cxosiis iiilcrcmit.
8. MS. philodelplnis
The Annals of Tigernach. First Fragment. 395
K. Seleuc//^ a Ptolomeo, cuius sowrern Lisinmchus habuit
Lixore»;^ iusidiis cii'cu//Rient//i' occiss//i" est.
H'\c est finis Macidonici belli, exti/zctis xxx.iiii. ducibw.y
Alaxandri.
Fost Lisimachu/;i regnaiiit in Macidonia Ceraun/zj;, qui et
FtoloniQus, mensïhus .ix., iMiliargw^ mens'ihus Ai., Antip^fer
diehus xlu.
Quarto aniio priore Ptolomeus Philadelph//j ^ regnare coepit,
qui regnauit annis .xxxniii. Ptolomeus ludeos q//i in yEgipto
erant lib^ros e5J"t' p^Tmissit, et Eleazaro pontifici multaHieruso-
limani et in rempli donaria uassa t/ansmittens^ .Ixxii. Inter-
prètes petit, q//i script//rnm sanctam in Graecum mTt^vent elo-
quiutn. No/z solu/;/ eniin gentiu;// script// ras, sed diui;/as littrras
in bibiiotheca^;/ sua/;/ ro;/tulit. Nain .Ixxx. milia libroru/// un-
diqiie collocauit.
Tantœ anteni potentire fuisse narrat//r Ptolonv//s iste Phila-
delphwj- 3 ut Ptolomeu/;/ patrein ui;/ceret. Narrant eiiini histo-
riée eu/;/ habuisse peditum [fo. j" 2] ce. milia, eq//itu/// .xx.
milia, curr[u]um .ii. milia. Eliflintos, q/^os primos adduxit ex
Ethiopia, q//adrincentos. Naues longas, q/zas liburnas dicim//5^
mille q//incentas. Alias ad portanda militu/// cibaria mille, et
cetera.
[in marg. Isidorns] Per ide/// temp//j' Arat//j' astrolog//j agnos-
citur. Atq/^6' argentei nu///mi primum Ronii'e constituuntur.
K. Sustenes rexit Macidonios annis .ii.
Sostrat/^^ Cnidi//j' far///;/ in altissimo urbis Alaxandri/za; loco
fOf/struxit.
IN loco Seleuci in Siria et Babilonia et tota pêne Assia
regnauit Anteoch«j^ q//it'/ Sott'r dict//j est, imnis xix,
K. Echu Euliechuir mac Fedaich regnauit in Emai;/ an-
nis XX.
ludeor//;;/ pontificatu/;/ post Elizar///;/ auuncul//j eius Man-
nasses accepit.
K. Antigon/^.? regnauit Macidonios annis .xxx.ui.
1 . MS. philodeiphus.
2. MS. transmittentes
3 . MS. philodelph/^v
396 Whitley Stokes.
KKKKKKKKKKKKKKKKK. Anteochw^, qui uocabatwr
©NYsecor [6e6ç o~j-o:] id est d(7/s iste, vegnauit in Assia pêne
tota annis .xu., quem occidit Laudecé uxor sua ueneno, causa
Bsrnicis filis Ptolomei Philadelphi ^ in locum suu;;z ductde, et
B^rnicen cuw filio suo lachadione ab Anteocho genito lacha-
dioni et Geneo, principibz^i' Anteochia^, occidendaw tradedit.
M^ioreinque {ilium suuvi Seleucum cognom^z/to Callicinum ^^
et in loco pû!/ris sui regem co;zstituit. Habebat eniin Laudecé
duos f/I/os ab Anteocho 0HYsecok (sic) genitos, Seleucuw
Callicinu;;/- et Anteochu;;/ cognom^^nto Maiorem. Cumque Se-
léucw^ Maior ïrater tciûo anno regni sui occisswj esset in Frigia
per dolum Nicanoris Anteoch//.? Magn;/5 imp^rauit.
[fo. 7*" i] Hùa;nchend mac Co..ai»d regnauit in Emai// an-
nis .1.
K.K.K.K.K.K.K.K.K.K.K.K.K.K.K.
Ptolomcus EutTgites ïrater szY/)erioris régis vegnauit annis
.xxui. Q//i abinde EutTgites ab iïlgiptiis est uocatus quia
capta Siria et Calicia et prope modum uniucrsa Assia inter in-
numera argenti pondéra ac uassa prt'tiosa quae cepit eùain deos
eoru;/z retulit. quos5 Cawbases, capta ^Egipto, in P^rsas por-
tauérat.
Anteochus OHTsecok ab uxore sua ut pr^edixim//5 occissus
est. Gui sucessit f/l/ws eius Seleucwj Gallicinz/^^ .iii. annis.
lUdeoru;;/ pontifex Onias Simonis I/^5ti, f/l///s clarus habe-
tur. Cuins ite;;z f/l/ws Simon non minori gloria fulget. Sub quo
HiesMj- (ilius Sirach Sapientic-e libru?;? componens quem uocant
Panarethon î, etiflfm in eo fecit Simonis mention^?».
KK. SeleucMi Gallicinus4 'di Frigia a Nicanore ïnterïectus est
ut praescripsimwj. Gui sucessit ïrater suus Anteochwj Magnw^^
q/n vegnauit avinis xxxui.
Hô^ 2LV\no P'ivvus rex Epirotaru/;j apud Argos urbem saxo
1 . philodelphi
2. leg. Callinîcum
3 . MS. quos retulit.
4. leg. Callinicus. Rawl. B. 488, fo. 1^2, gives this in Irish : Anfcochus
Enysecok a bean posta fein romarb e, 7 is 'na inadh do thoscadh a mac
fen .i. Seleucus Caillccinius, etc.
5 . leg. -avâo^Tov
The Annals of Tigernach. First Fragment. 397
icius hîferit, et Sextilia uirgo uestalis .i. qw/a in adultt'rio de-
pr^hensa est, uiua defossa est.
KK. Demetriz^j- regnauit in Macidonia annis .x.
KK. Apud Formas duitatem multis ictis fulminuwî moenia
undiqwg comhusta et desolata suhi apud agrum Calénum re-
pente scissa terra ign^w eructauit. Tribwj diehus tnhusque noc-
ùhus exestuans .u. agri iugera in cinerem extorruit. INtcr
multa prodigia sanguis e t^rra, lac uissa?» est mandre de caelo
in signuw belli Cartagiwénsis, [fo. J^ 2] Tib^ris insolitis auctM5
i?«bribw^ et ultra opinionem uel diurnitate uel magnitudiwe re-
dundans om/na Romas œdificia in piano posita deiecit.
Antigonw^ regnauit vi Macidonia annis .xii.
KKKKKKKKKKKKK.K.K.
SeleucMs Ceraunwj'^ regnauit .iii. annis, qui a Nicanore in
Frigia interïectus est.
Antioch«5 Magnwj- regnare i/zcipit.
K.K.K.K.K. Ptolomeus Philopator f/l///s Eu<?rgitis regnauit
JEgiptios annis .xuii. Ab isto Philopatore ludei pra^lio uicti
.Ix. milia armator uin corruer/</zt, Sicilia/;zq?/e MarcelU/j consul
obtenet.
Pilipz/^ regnauit in Macedonia annis xlii.
KKKK. Anteoch«5 rex Siri^e, uicto Philopatore, ludeaw sibi
sociat.
lUdeorum pontifex maximwj- Onias (iUus Simonis i/2signis
habetwr. Ad queni Lac[e]demoniorz^m rex Arius legatos mittit.
Hoc tempore Anîeociius diis gentiu/w Iudeosi;/nnolarecogebat.
KKKKKK. Conchobor Rot m^^ Cathair regnauit in Emai«
annis xxx.
, IN Piceno ûunien sanguinù fluxit, et a-pud Dacos caé'lum
ardére uissu;/i est; et Armini noctem ultra lucem cldram of-
fulsise, ac tris lunas distantibw^ c^zdi regionib//j' exortas apa-
ruise dicunt. Tune quoque magno t^rremotu Caria et Kàdus
insohe adeo conçusse sunt ut labentib/zj' uulgo tectis ingens
ille Colos«5 rueret.
K. Anteochus Magnus moritwr. Cui succesit Seleuc/^j Phi-
lopator filius suus regnauit annis .xii.
X . MS. gerauiius
'LMW»" '
398 Whitley Stokes.
KKKKK. Ptolomeus Epifanes f/l///s Philopatoris regnauit
annis .xxuii.
Prim//5 Yihcr Machabeoru;» ap//JIudeos h/////s tcmporis gesta
contenct.
Onias sacerdos assumptis luJeorw;;/ [fo. 8* i] plurimis fûgit
in JEgiptuui, et a Ptolomeo honorifice susceptus, accepit eam
régions ;» quae [Hjeleopoleos uocahatur, et ro/zcedente rege tew-
plu;;i extruxit in yEgipto simile rempli ludcovuni, quod per-
mansit usque ad impmum Uespesiani annis cci. Sub occas-
sione igitur Onia3 pontificis i;zfinita examina ludeorum in
JEgiptuDi cojiïugeniiit. Eo tempore et Cirine eoruw^ mulcitu-
4iwe repleta est. Haec autem ué[ Oniîe ml ctiens JEgipx.\xm
causa petendi fuit, (\nia pugnantibw^ contrai se magno Anteoco
uel Seleùco Philopatorç magiis et ducibwj' Ptolomei, possita \n
medio ludea m contraria studia sci;/debat//;-_, aliis Anteocho,
aliis Ptolomeo fauentibwi-.
Hdc setate poeta 'Enmus fuit.
[in marg. sup.] Orosius. His etiam dieb//^ Annibal apwJ
Prusia?;/ regew Bethinia^ cum a Romanis reposceretwr uenéno
se necauit.
KKKKKKK. Seleucw5 Philopator momur.
K. Anteocwj Epifanes, irater Seleuci .i. f/l/ws Antiochi
Magni, sucessit Seleuco. regnauit imiiis .xi.
Eusc'/'///5. Hôc an;/o Antioch//^ morit//;% cui sucessit f/lf/<ssuus
Seleu.c/^i Philopator, q//i regnauit awiis .xii.
KKKKKKKKKKKKKKKKK. Fiachna mac Féidilimthe
regnauit in Emai/z annis xui.
[in marg. iiimdcccix] KKK. Hoc anno Scleuc//5 moritur, cui
sucessit in regnum frrt/er suw5 Anteoch/<^ Epiphanes, qzn
regnauit annis .xi.
Ptolomeus Philometor regnauit annis .xxxu. Hune Ptolo-
meum Ameochus pmelio supt'/ans ludeos uaria calamitate op-
p/rsit.
Fer idem temp//5 Scipio - Affncam uicit.
1, This is a correction of « et Cireneoriiin », the reading of Beda,
VI, 297.
2. .i. a scipa d/c/».s i. ôiid luirg
The Annals of Tigernach. First Fragment. 399
Aristobulwi natione ludeus peripateùcus ^ philosop/;«j- agnos-
dtur. qui ad Philometorew Ptolomeu;» explanationu;;/ in
Moysen commcnurios scripsit.
Anteochw^ Epifanes q/n post Seleucum Philopatorem aniiis
.xi. regnauit, in Siria ludeor;/;» legem iwpugnans owniaqwe
idulorww sordibwj ro/z/plens, in templo Olimpii louis simula-
cru/;; ponit. Sed et in Samaria super uerticem montis [fo. 8^2]
Garizim louis Pmgrini delubrum - a-dificat, Samaritanis ut
id faceret pr^cantibw^. Ueruw Mathathias .i. pa/cr Macha-
heoYuni, sacerdos patrias leges ui/zdicat zànersus Anteociii
duces arma corripiens. Qwo mortuo ducatuw ludeoru;// siis-
cepit ffl//<s eius ludas Machabe//j-,a q//o Machabi fra/res eiiis
dicti s/"/t, anno .c.xl.uii. (.i. centisi/;/o q//adragisiwo septi/«o)
regni Graecorum, uigissi;;/o anteiii Ptolomei. Olimpiade u^ro
c.l.u. (à. centissi;//a q«inq//agesima q//inta) : q/d mox An-
teochi duces de ludea expellens et te/;/pluw ab iduloru/;^ ima-
ginib//5 emundans p^t/rias leges ^osl trienniu;;/ s///s ciuihus red-
dedit. \}nde po^t secessu/;/ Oniœ sacerdotis in ^Egiptum, et
mortew Alcemi q//i effugato Onia pontificatu/« inàigniis pos-
sidere te;/.'ptabat, o;//;/ium fauore^ ludeor//;;/ Machabeo sacer-
dotiu/// decernit//;- ; q//oi pojt mortem eins (rater lonatlias sor-
iitiis est .xix. âwiis, quod plurima ministrauit i?zdustria. Refert
enini Eusebi/z^eg/rssuw Onia; bi ^giptum multis de sacerdotio
^o/ztendere. lArsôn eniiii îratev Oniie et quida/;/ lessns conten-
debant illud.
Posî q//os Minalaus, qui ocdssus est a iuniore Anteocho, et
Alcimas, q//i a///bitione i/zdebita pontificatum i;Riadit. Ob quod
Onias f/l///s pontiHcis Onii^^ JEgipiuin transmigrans, in [H]i-
liopolitano pago ciuitatem sui noniinis condediî, templo ad si-
militudinem templi patrii^ ro/zstructo.
Pfrses regnauit in Macidonia annis .x. q//o defuncto regnu///
Macidonix defecit.
[fo. 8'' i] KKKKKKKKKK. Amœchus Epifanes sub q//o
1. MS. pe? hipathetic?« ^
2. MS. delubruum '"^
3 . MS. fabore
4. MS. Tpatrïs
400 Whitley Stokes.
Elizarus et .uii. Machabei simul aini matre sua Machaba passi
sunt uersns in am^;/tia;;? dispt'ratione et merore iii Tebes op-
pido P^rsidis p^riit.
In marg. : licet in martirilogio desintiria et uermihns esse
constimptiis . . .r iiel àicitiir.
KK. Anteoch//j-(.i. ali//i- iunior) rcgnaiiit in Skia .ii. annis
Ixx. prûftJscriptis.
K. Dâre macYorggo regnaiiit'vi Emain an;nV .Ixxi.
Demetri//j' régna uit in Siria et minore simul Asia annis .xii.
KKKKKKKKKK.K. Demetrius mort7///i_, cai sucessit
Alaxander annis x.
KKKKKK.KKKK. Alaxander mortntis, cui sucessit Deme-
trius annis .iii.
[In marg. iii;;/dcccxxxuiii] K. Ptolomez/j- Eun-gites ali//i-
XQgnaitit annis xxix.
KK. Demetriz/j monuus, cui sucessit Anteoch//j^ q//i et
Sitides dicitur, annis .ix.
KKKK. lonathas dux ludeor//;// et pontifex ctini Romanis et
Spartanis ' amicitias facit : q//o a Trifone i;?/£'rfecto, in sacer-
dotiuw {rater eius Simon ^ assumit/zr anno regni Eu^rgitis .uii.,
qiiod .uiii. annis strennuissime gerens lohanni reliq//it. Hic
aduersiis Hircanos bellum gerens Hircani nonien accepit, et a
Rômdnis ii'is amicitias postulans decreto senât/zj- viter amicos
rclaiiis est.
Samaria;//^ quae nostro tempore Sebaste uocat//r, obsidione
captam solo coajq/zauit, quain po^tea Herodes instaurans Sebas-
tia;;z in honore;/^ Aug//^ti appellari uoluit. Hoc tempore cmn.
Hierusolimam Anteochus (.i. Sitides 3) obsideret Hircan//^
princeps ludeoru/// reserato Dauid sepulcro tria milia tallenta
auri inde abstraxit, ex q//ib//5 Anteocho [fo. 8'' 2] xxx. tallenta
dédit ut obsidionem relinq/zrrct, atq//t' ut (adi i;/uidiam deme-
ret fert//r ex reliq//a pcccunia instituise primns cenedocliia^,
1 . MS. sportanis
2. in marg. Cuiiis morte .ccui annus reg(ni) Sirix hnpleUis est... ad illud
te;Hp;(5 In... Ma)chabeorum pr'imus historiam coiit'met co)i!putaniurquc a
pn(mo) anno Cirii (regi)s Persartim uscjue (ad) ûnem primi uo(lu)minis Ma-
cha(be)or?o« et moneiii pontifias Simônis ...ccccxxu.
3 . leg. Sidetcs
4. leg. xcnodochia
The Annals of Tigernach. Firsl Fragment. 401
qmhiis aduentutn suscipcret paupcrum et pmgrinorum. Un^^
et uocabulum su/;/sit. Nam cencdochiu/;/ ^ pt'rignnorum sus-
cepdo dicititr.
Hôc tempore pcr consuleiii Brutuiii Hispania a Romanis ob-
tenta est.
KKKKK. Anteoch//5 Sidites- moniiir. Cui successit Deme-
triiis amiis .iiii.
KKKK. Cui successit Anteoch//i', q//i et Gnphus3, an-
nis .xii.
KKKKKKKKKKKK. Anteochus Griph//^ 3 mor////r. Cui
successit Anteoch//i' Cizichin//J'4 an///V .xix., q//i iecto Grippo
Siria;/i obtenuit. Ac rurs/zi' Grip//j" siiperato Cizicino eande/;/
recipit. Ita ex successione regnabant inuicem adut'rsu/;/ se dé-
minantes.
lOhannes tenuit pontificatu/// q//artoan;/o priore annis xxuiii.
KKKKKKK.K. Ptolomeus Fiscon5, q//i et Soter, xegnauit
ann/jT .xuii.
Cicero Arpini nascit//r, m^fre Heluia, pa/re aiitcui eq/(estris
ordinis ex regio Uulscor///// gf/zcre.
Uarro nascit//r.
Traces Romanis subieciuntz/r.
Hircano \n pontificatu/;/^ q//oJ ipse .xxui. an;//V tenuit, Aris-
tobul//5 succedit ànno uno, q//i rex pariti^r et pontifex pnm//j
ap//^/ ludeos deadematis suwpsit i/îsigne poi't cccc annos Ixxxiiii
Babiloniix; captiuitatis, po5t c[iieni regnauit lane//^ cognom^//to
Alaxander an//w xxuii., q//i pontificatum q/zoq//^' administ/'flîns,
crudelissi///e [fo. 9^ i] ciuib//^ pmefuit.
KKKKKKKKKKK. Anteoch//j Cizicin//^ obit, cui sucessit
Pilip//5 annis duob//i".
K. Hùc usq//5 Siria possessa^ ^er reges \ii Romana/// dicio-
ne/// cessit.
KKK. Aristobul//5 .uii. anno priore coepit regnare, q//i pri-
I. leg. xenodochium (Çcvooo/sîov).
2 MS. Stidies : leg. Sidetes (S'.ôrjxr];).
3. MS. oriphus: leg. Grypus (rpjT^d;).
4. leg. Cyzicenus (Ku'C'.y.rjvoç).
5 . leg. Physcon (èûT/.wv).
6. MS. possesia
Revue Cellique, XVI. 29
40 2 Whitley Stokes.
mus reuersiis de Babilone deadema Graecix potestatis insigne
cuDi honore pontificat//^ assumpsit. Cui successit Alaxander
laneus, rex parit(V et pontifex, q//i rexit popiilnm annis xxuii.
[in marg. iii///dccclxu.] K. Ptolome//j"^ q/d et Alaxander^,
aiviis .X.
[inmarg. sup.JEndamflcRochada an;z/5 .u. regnanh in Emain.
Hoc tempore rethorica ars in Roma reporta est.
Siria p^T Gabinu/n ducen; in Romanorun/ doniiniiim tmnsit
septiiiio anno Ptolomei capto Pilippo a Gabino.
Poeta qiiociiie Lucreîiiis nascit//r^ q//i poj'/ea sese, furore
amatorio-, intofecit.
KKKKK. Fiac mac Fiadclion regnauit m Emain annw .Ixu.
[In marg. iii///dccclxx.iii.] KKKKK. Ptolome/zi' Fiscon, q//i
a ma/re sua Cleopatra in Ciprun/ fuerat deiect//.f, regnauit annis
uiii., qni regressus herwn regnu/n obtenuit.
P^r idé'w tetnpiis Galln^ Rom^ retlioricam docuit.
Primnj- tnnc Saln^tinj historiograph//5 3 nascitnr.
[in marg.] Silla uastat Athinenses.
KKKKKKKK. Ptoiomenj Dionissi/zi' regnauit annis xxx.
[interlined] iii///dcccciii quia Alaxandrnw^ qni ante ewn reg-
nabat, ob intofectiont'w ma/ris sua^ ciues pepiilerant4.
K. Findcliad m^^c Baicci regnauit in Emain annis duohus.
KK. Tricha rig robôi de Laignib for Heri/ïd 6thd Labraid
Loirigsech co Cathaer Môr.
[« Of Leinster there were thirty kings over Ireland, from
Labraid the Exile to Cathaer the Great »].
Conchobur Msèl mac Fuithi regnauit vi Emain [annis] .xii.
K. Q//into anno PtoIon/^?f/ Alaxandria uxor Alaxandri ponti-
fiais, po5t morten/ eius regnauit ludeis annis .ix., ex q//o tem-
pore ludeos reruni fonfussio et uariai cladés- opprcser//nt. Post
cuinsmortem [fo. 9'' 2] Aristobui//5 et Hircanus fiiii eius inter se
de inzpmo demicantes occassionr/n pr«fb[u]^re Romanis ut lu-
deani inuaderent. ITaq//(; Pompent Hierusolimaw uenicns, capta
1 . MS. Alaixander
2. MS. furorew amatore;/?
3 . MS. historiagr;iph«i-
4. MS. populerant
The Annals of Tigernach. First Fragment. 403
urbe et templo reserato, usqiie ad sanct^ sanctorum accessit.
Aristobulu/;i uinctum secu;;; Romam abduxit. Pontificatum
fra/ri eiits tradedit Hircano, quod ipse tenait .xxiiii. annos.
Tnnc prinuMii Romanis gens ludeorum foc/a est tributaria, po5t
qneiii Herodes f/l///s Antipatri Ascolonita: q//i, interïecto a se
Hircano regnuw ludeoru///^ senat//i- a^z/sultu accepit, et q//i pn-
miis alienigena ludeis pmefuit.
KKKKKKKKKK. Appollodor//5 praé-ceptor Aug/ziti chrtis
habetz/r.
K. Cormacc mac Laidich xegnnnit \n Emai;/ an;z/j .xuiii.
K. Cicero laude oratoria celebrat//r.
K. Cato philosoplu/i' [H]orati//jq//t' nascunt/zr.
K. Uirgil/zzs Maro in pago q/zi dicititr Andis haut procul
a Mantua, nascitzzr, p^/re Scimacône figulo, maire uero Maia.
KKK. Pompewi' uict»^ a Césare in campis .ui. Tesalicis^ in
iEgiptu/// fugit, ihïqiie ut litiis affigit- mox iusu Ptolomei ado-
lescentis in gratia/zz Cessaris uictoris occisszz^ est.
KKKKKKK. Cessar Gemianos et Gallos cepit.
KK. Brittannos quoqiie stipend[i]arios fecit. Uirgilizzj Cre-
mon^e studiis erudit//r.
[in marg. iii/zzdccccxxu] K. Cleopatra soror Ptolomei reg-
nauit annis diiohiis [in marg. uel xxii] tanttmi.
K. Regnum Graecoruw defecit.
[fo. 9*" i] INcipit regnu;;z Romanorzz/zz^ qiioJ pzrmanebit usqiie
in finc;z/ szvt^czzli.
K. Tertio anno regni Cleopatnxi lulizz^ Cessar, q/zi Cleopa-
tram uiolauit, p/-imzzi' Romanorzz/// singulare obtenuit iznpe-
riuiH, a qwo Romanor/zzn principes Cessares apellati s/znt.
Mochta mac Murchorad regnaitit in Emahi awiis iii.
K. Cessar a caeso ^ mero maoris dictus est.
K. Cassius, .i. dux Romdnz/i"^ ludea capta tewpluz/z Hieru-
sal^nz spoliauit.
1 . MS. tesalicif
2. MS. ac cesso
404 Whitley Siokes.
K. Euchu mac Dare regnauit \n Emain an;//V .iii.
Oïosiiis : Cessar, postq//rtf/;z orbe;;/, domuit t'/ Po/;/peu?;î uicit,
Roma/;^ redit : ibi, àmn rei puplica; statum contra exe;;/pla
maior;/?;/ cltTaenicr i;;staurat, auctorib//j' Bruto et Cassio,
consà.0 etiaiii plurimo senatu, po^t .iiii. annos et .ui. menses
monarchia? suas, in cûria .xx. et iii, uulnerib//^ a suis coiiïosus
intcrh. In rcniuratione conim eu;;; fuisse ampli//^ (\iiam .Ix.
rc;;scios fer//;;t, duo, scilicet, Brùti et Gai/zi- Cassi//^ aliique^
(\iiam plurimi. C/////S cornus w Voro fragmf;;tis tribunaliu;;; ac
subsellior//w crematu?;; est. Ab hinc i;;;pf;-atores.
[in marg. iiiwdcccdxui.] K. Anno ab Urbe fo;îdita .dccx.
i/;/^/'fecto Iulio Cessare Octanian/zj-, q;/i testam^^to lulii Ces-
saris auunculi sui et hereditate;;; et nomen asumpserat, quiqne
poj'tea reriini potit;/i Augiistiis est d\ctns^ regnauit annis quin-
q//aginti sex r/ mmsib;;j .ui. et dieb;/i xii, q//or//;;z .xu. uiuente
Cleopatra q/;adragenti uero et unum po5tea uixit annos. A q/;o
Augiisti reges Rômanor//w apellati sunt. Qjn statwi ordi;;at/;i-
quinque bella ciuilia gessit, Muti;;ense5, Pilipense^, P^rusi-
nuw -f, Siculu;;;^, Actiac//;;/4 : e c^itihiis duo, hoc est, p;imum ac
nouissimu;;; aduo'sus Marc//;;; Antoniu;;;^ seciinduni aduevsus^
Brùtuw et Cassiu;;/, ierûnni adu(TS//j Luciu;;/ Antoniu;;;, q//ar-
tum [fo. 9'' 2] adutTs/zi- Scxtu;// Po;;;peu;;/ Pompei Gnei f/l///m
rc>;/fécit.
KK, Echu Sdlbude mac Loch regnauit in Emain :mnis .iii.
KKK. Fergus mac Leti, q//i fonflixit conir-x bestiam hi Loch
Rudraige7 et ibi deniers//^ est, regnauit m Emai;; an?//j .xii.
KKKKK. Natiuitas Conculainn maie Soaitai;;/.
[« Birth of Cûchulamn son of Soaitam »]
Undecimo anno Aug;/i'ti, déficiente in ludea pontificatu,
Herodes, n/7;/i ad ca;;/ pdTti//ens, utpote Antipatri Ascolonitœ
1 . MS. aliiqui
2. MS. octouian/(5
3 . .i. campus
4 . campus
5 . i«sola
6. MS. aducrsuws
7. « in Loch Rudraigi », now Dundrum Bay. See the story, Ancient
Latvs, I, 64, 70-74.
The Annals of Tigernach. First Fragment. 405
et Cipriadis (.i. matris) Arabicas f/lms, ^ostquam occidit Hir-
canuiii pontifice/;i^ a Romanis s//5cepit imp^îrium ludeoru///^
quod tenuit annis xxxui. Qjn ne ignobilis forte et a ludeor uni
semi/7e argueret//r extrane//5, co)iihussit libres onines q/nb//s no-
bilitas gentis ludeœ in te;//pio reseruabat/^r asscripta.
Hâcten/zj q//i uocabant//r Lagidœ^ in yEgipto regnaiierunt A.
annis .ccxcu.
INsuper eûaiii ut sobole/// sua/// regio illor///// generi Herodes
<:o///misceret, proiecta Doside femina Hierusolmitana, qiiam
p/'iuat//5 accepg/'at uxoreni, et nato ex ea f/l/o Antipatro sociat
sibi Miriam//^ f/I/'am Alaxandri^, neptem Aristoboli fra^ris Hir-
cani, q//i ante cuin rexerat ludeos. Hacc qiiinquc ei f/l/os genuit,
quonxm duos, AIaxandru//i et Aristobolu///^ ipse necauit m Sa-
maria. Nec mora QÛam pojt ma^rem illor //w q//a nihil cari/^j
nouerat, p^remit. E q//ib//j" Aristobulus Herode/// ex BtTonice
s//^cepfrat f/l///m o^iicni m Actib//i" Apoj'tuloru/// ab angelo ^er~
cussum legim/zx.
KKKK. Marc//5 Antoni//i Niger uict//.ç- ab Augiisto iii
Alaxandria sese p/'op/ia manu i///6'/'fecit, et Cleopat/'a uxor eiiis
serpentis morsu i// sinist/'a tacta exanimata est.
H.ÔC anno cepit regnare i;/ Emai// Conchobor mac Nessa, q'/i
régnai lit annis .Ix.
Rorannad Hériu idrsi// hi côic, iar n-ârcai/î [fo. 10^ i] Coii-
are Môir maie Etarsceôil hi niBrudin Dd Dergga, et/V Co//cho-
bur mac Nessa ociis Co'nyre Nia fer 7 Tigernach Tétbannach
7 Dedad m^i: Sin 7 Ailill mar Mâgag.
ISiw tsechtmad hliadaiii iar ndith Co//airi ro^ab Lus^aid Reo-
derg rigi.
[« Thereafter Ireland was parted into five, after the slaugh-
ter of Conare the Great, son of Etarscél, in the Hostel of Da
Derga, among Conchobar son of Nessa, and Cairbre Nia fer,
and Tigernach Tétbannach, and Dedad son of Sen, and Ailill
son of Mâga.
In the seventh year after the destruction of Conare, Lugaid
Redstripe seized the sovranty. »]
1 . MS. Uigidiae
2. MS. Alanxandri
4o6 Whitley Stokes.
KKKKKKKKKKKKKK. Maria mater Doiiiim nata est.
KKKK. Slogad Tana bo Cûalngi.
[« the Expédition ofthe Driving of the Kine of Cualnge »].
Uirgili//^ Maro in Brundissi[o] .lii. c-etatis sua^annc» mort[u]//5
est. Ciiiiis ossa iii Neapoli ^ humata s//nt, hôc epitaphio, qiiod
ipse an^^ morte/;; sua/;/ dictauc;'at, tumulo eiiis superposho :
Mantua me genuit, Calabri ^ rapuere, tenet niinc
Parthinope. cecini pascua3, rura4, duces 5.
KKKKKKK. Finit q//inta ai'tas mundi ro;;ti?;ens a.nnos
.d.lxxxix. INcipit sexta mundi œtas ab L/carnatione Chrisii
usqiie ad die;;; iudicii. Beda boat breuitfr sequentia haec.
Sexta mundi a;tas nulla generatione ne! sirie tcmporum certa,
sed ut aîtas decrepita ipsa totins saecitlï morte consumanda.
Cétna hlhdain tossaich ôigtathcuir is hi sein in hïiadain ria
gen Crîst. BYiadain tanaisse iiiimorro de nôidécdu hi rogenair.
[« The first year of the beginning of the cycle, that is the
year before Christ's Nativity. (It was), however, the second
year ofthe decennoval in which he was born »].
[in marg. iii;;;dcccchi] K. Ab initio mundi u;;;cxc iuxta .Ixx.
I«/^rpretes. 5"^^//;^^//;;; u^;'o Ebreica;;; umtatem, iii;;zdcccclu. Ab
Urbe uero ro;;dita anno .dcchi. Anno quoc[ue i;;;pmi Cessaris
Aug/mi xlii. Anno s^^;//;do decinoucnal/i- et uii. feria lesus
Christiis F;l///s D^i scxtMii mundi :\;tate;;; suo aduentu consQ-
crauit.
Beda ait : Anno Cessaris Aug;/i'ti .xHi. A morte uero Cleo-
patrai- <;/ Antonii qiiando et JEgiptiisiu p;'oui;/cia;;; ue^rsa^j^ anno
xxuii. 01i;;;piadis centissi;;;i\; .Ixxxxiiii. anno tertio. Ab Urbe
aiiteiii condiia anno .dccHi .i. eo anno q//o co;;;presis cuncta-
l'iiii! per orbe;;; len-.c gentiu;;; motib//^ firmissima;;; uerissi-
ma;;;q;/t' pace;;; ordi/zatione [fo. 10^2] Dd Cessar aw/possuit,
lesus Christ us Filins Dt'i sexta;;; mundi œtatc;;; (rc5;z)secrauit
aduentu .i.
1 . MS. necapoli
2. MS. calubri
3 . .i. Bocolica
4. .i. Gcorgica
5 . .i. libr«;« ^Enedsc
The Annals of Tigernach Firsi Fragment. 407
K. Mors Coiichuhind fortissimi herois Scottor///;/ la Lugaid
mac tri co?i (.i. ri M/////an) 7 la Ercc (.i. ri Te;;/rach) mac
Coirpri Niad fir 7 la tri maccu Calattin de Cho;znachtaib. Uii.
mhliadna a des 'mtan rogab gaisced .xuii. mhliadna dano a aes
i/îtan riibôi i«degaid Tdna bô Cudilge, xxiiii. hlhdna iiuuiorro
a aes i«tan atbath.
[« The death of Cûchulainn the bravest hero of the Irish,
by Lugaid son of Three Hounds, king of Munster, and by
Ere King of Tara, son of Carbre Nid fer, and by the three
sons of Calatin of Connaught. Seven years was his âge when
lie assumed arms^ seventeen was his âge when he followed the
Driving of the Kine of Cualnge, but twenty-seven years was
his âge when he died. »]
in marg.] Mors Emiri uxoris ConcnX^md.
in marg.] Mors Eirc m.aic Corpri rig Te;/a-ach 7 Lugdach
maie Como'i la CoiidW. Qrnach, 7 i//riud cet/;n coiced n-Erenn
la secht Maim o Ultaib.
[« The death of Ere son of Carbre king of Tara and of
Lugaid son of Cû-roi by Conall Cernach, and the invasion of
the four fifths of Ireland by the seven Maines of Ulster. »]
Kii. Kiii. Ku. Kui. Anno i;;/p6'ni Aug//^ti .xluii. Herodes
moriiiir. Hic eniin igné exinnsecns urehatiir, inînnsecus qiioqne
uasto iwcendio, i/^explebilis auiditas cibi ^ Oui ne corp//jr dus
putridi;îe corruptu/;/, febris magna, prurigo i/ztoUerabilis, colli
dolor, pedu/;/ tumor. Poj'tea oleo ïniis, oculi ciiis soluti s//;/t,
Disp^yans aiitein oinnes primarios et nobiles plebis ad se coUegi
iubet et in une loco recludi. Qjn eu/;/ collecti s////t ait sorori
suas : Nôui ludeos de mea morte gauissuros, et ideo, ut ha-
bea/// lugentes ciiiii spiritu/// exalautvo, oiiines i///6';'ficite. Igitur
ïilns suis .iii. a se ^nte necatis ^ cultru/// poscit ut pomu///
more solito purgaret, ipse eleuans in se dextera/// sua//^ obit.
Beda ait : Herodes morbo i«/ercutis aquie et scatentib//j toto
corpore Mermihus miserabilittT sed digne morit//r.
K. uii. Kïchelai'is f/l///s Herodis regnaititannis Àx. id estusqiic
ad ûnctn Aug//Jti.
1. MS. ciui
2. sic. kg. antcuocatis ?
4o8 Whiiley Stokes.
K. i. K iii. K. iiii. K. u. K. ni. K. i. INitiu/;2 indictionis.
[IiUcrliiicd] Ab initio mundi iiixta .Ixx. Interpreium, .wnccx.
seciindiiiiiEus^hii uentateni .iii///.dcccclxi. Ab Incarnatione u^ro
an;// .x.
K. iii. Octauian//j-^ mort[u]//j est \n Ca///pania, an/z/V .lui.
m6'//sibus .ui. d dieb//j- xii. regnaiis.
Archek//j f/l///s Herodis mort[u]//^ est. Cui successer?//2t .iiii.
ïratres eiiis, Herodes [fo. lo'' i] tetrarcha et Pilipp//j- 1'.' Lissias
et Antipatfr.
inmarg. iii/;/dcccclxxx.ix.]K iiii. Txheniis Ulitis Augiisn, iiel
magis priuigntis- dus, hoc est Libia^ uxoris élus (iiiits ex sitpe-
riore genitus con'mge, regmiiit aniiis .xxiii.
K. uii. Herodes tetrarcha ludeis iniperat, a q//o lohannes
Babtiza décollât//^ est m Macheruntha oppido, et sub q//o Icsiis
Chnstiis crucifix//.^ est. Ac Iacob//j Zebedeiabeo decollatus est.
Kuii. Ki. Ab initio mundi iuxta Ixx Inter^^retts .u/nccxx.
scciinâitm atitem Ehxeos iiimdcccclxxi.
Kii. Ab Incarnatione .xx. Herodes tetrarca, q//i regnaint an-
nis xxiiii., m honorew Tibmi et ma/ris eius lÀhm Tibmadem
et Libiadem rc);zdedit.
Kiiii. Ku. Kui. Co;/chobur \\\ac Nessa m uiii. -àwio T'ihem
q/deuisse àicitur.
Kuii. Kii. Kiii. Kiiii dcccclxxxx] Dttodeciiiio anno regni Ti-
bc/'ii Vonûus VWmhs \n ludea/// miss//5 est.
Ku. Kui. Ki [in marg. iii///dcccclxxx] .i. Anno .xu. Tibc/ii
Ccssaris ab lohanne Babtiza lesns Chrisiiis babtizat//j est in
Ennon iuxta Salem.
Hoc tempore Cbristiis elegit apostulos xii.
Ab initio mundi seciindiiiii Ehreos pcractis (.ni m. iiel iiii /;/.,
ut Eusebi//i ait), iuxta. aiiteni \xx. u/;/ccxxxii. Ab Incarnatione
qiioqiie xxx., q//o tempore I[o]han«gj babtiza occis//5 est.
Kii. Eusebi//.f ait q;iiod .xui. an;/o Tibmi principiu;;/ tuerit
.Ixxxi. mbelii seciindiiiii Ehreos. quare autein^ nostra supputatio
1 . MS. octouianMi
2. MS. picmgnus
5. sic. lîcda, VI, 191, li, Rawl. B. j02. h". Rawl. B, 48.3.
The Aniidls of Tlgernach. First Fragment. 409
un^cLiigenti min//j ponendas ^ estimau^rit annos facile q/a sn-
penori hiiiiis libelli legerit i/zueniet.
lUxta ucro Cronica/// Eusebii eadeui qiiae ipse de utraq//t' edi-
tione ut sibi uidebatz/r rti/z/possuit anni suiit u/;/ccxxuiii.
Kiii. Ku. Anno .xuiii. Tibt'rii Cessaris ïesits Christits crucifix//^
est anno .xxxiii. œtatis su^e eu/;/ semesse anni. uel xxx.iiii., ut
Eusebio placet, q//i xiiii luna t/'aditus est et .u. feria, xu. au-
tetn luna et ui. feria pass//i. xuii-'' aiiteiii luna die dominica re-
surrexit .ui. //cl .uiii kl. Apr'ûis.
Agrippa cognommto Herodes f/l///s Aristobuli f/T/'i Herodis
régis acc//Jsator Herodis [fo. 10'' 2] tet/'archas, Roma?;/ pro-
kctns a Tibmo in ui/îcula conieckur. Ubi plurimos sibi ass-
ciuit ad amicitia/;/ et maxime Germanici f/lf//m Gaiu/;z.
Kui. Hoc anno .xix. ut alii aiunt, Christ lis crucifix//^ est.
Madat cethri hliadna trichât beite i n-âis Christ is for .xii.
kl. Ap; // xiiii. luna pasciu. Madat tri .xxx. col-leith imiiiorro
na///ma is for ochtkl. Apr/7 in cessad 7 for sexkl. ind eiseirge,
quod a multis auctorib//j ro;/stat esse uulgatu/;/. Hic est nunienis
ab initio i//d ôigthathchuir co cessad Crist dlxui.xu. luna. Cru-
cifix//^ est .ui. feria, uiii kl. apr/7. Pr/ma feria resurrexit, hi
sexkl. april, hi sechtmaid dec escai. Non sic aiitein in ciclo
Dionissi i;/uenies.
[« If it is 34 years that are in Christ's âge, (the Passion) is
on the I2th of the kalends of April, the I4th of the paschal
moon. If however it is only 33 1/2 years, the Passion is on
the 8th of the Kalends of April and the Résurrection is on the
6th of the Kalends, qitod, etc. This is the number from the
beginning of the complète cycle to Christ's Passion, 566. On
the I5th of the moon he was crucified, on a Friday, the 8th
of the kalends of April. On a Sunday he arose, on the 6th of
the kalends of April, on the lyth day of the moon. Non
sic, etc. »]
Hoc anno Maria mater Doniin'i q//ieuisse .xlui. ;i;tatis sux
iiniio asserit//r^ iiel^ ut ali[i] aiunt, seq//t'nte anno.
IAcob//j- lustus eçiscopiis oiclessiiii Hierusolimor///;/ ordi//at//r
ab apostulis.
I . sic: leg. ponendos, as iii Rawl. B, 488.
410 Whitley Stokes.
Conchohur mac Nessa obiit, cuisucessitf/l///S6'///5 Causcraid,
qui regnauit in Emain annis trib//^.
Cath Artig (or coiced n-Olnecmacht la C//5craid mac Conco-
hair. Cz/jcraid obit la M^c cecht. Mac cecht do thuitim foche-
toir la Cowall Q/'nach ic Crannaig }Aaic céclit. Glasni mac
Conch-ohair .ix. a«nis regnauit.
[« The baitle of Artech gained over the province of Con-
naught by Cuscraid son of Conchobar. Cuscraid died by the
hand of Mac Cecht. Mac Cecht fell at once by the hand of
Conall Cernach at Crannach Maie Cecht. Giasne son of Con-
chobar reigned for nine years »].
Kuii. Ki. Kiii. Kiiii. Tibt'rius ambiguis ueneni signis oblt.
Ku. Gai//5 Callicola^ regnaitit annis .iiii. ^ non plenis, utOro-
siiis. Ho;;/t) o/;//ziuw flagitiossissim//j, q//i dixit : Utina//i popu-
lits unam ceruice;;^ hab^ret ! In c/////s secreto pojt morte;» eius
duo libelli rept'rti siint, qiiorwn altfri pugio, altt'ri gladi//i pro
signo nowfnis ascriptum est. Et in eodem secreto inuenta est
ingens arca uarior///;/ xienenoviiin, qiiae iubente Céssare Claudio
in mare efF//5sa i;zgens strages pisciu;» pcr proxi;?ni litora
inuenta est.
Gains Agrippam Herode/u amic///;i snuni uinculis libfratuw
regew lud-x fecit, q/n pcrmansit in regno annis .uii. id est usque
ad .iiii. Claudii annu/y/, q//o ab anguelo pt'rc//j-so successit in
vegnum îilins eius Agrippa, et usque ad ext^/'min[i]u?« [fo. 1 1'' i]
Iudeor//w^ id est xxui. annis, p^rseu^rault. Herodes Tetrarchaî
et ipse Gai amicitiam petens4, cogente Herodiade, Roma;;/
uenit, sed âccnssatus ab Agrippa, etiani tetrarchiam perdedit,
fugiensq?/^ in Hispania/» cnni Herodiade ibi pmt.
Mathe//i- euangeUum scripsit in ludea in tempore Gai, q//i
po5tea mort[u]//^ est in Macidonia, uel, ut aUi aiunt, in Fersi-
dia, sed uerius in Ethiopia occissw^ est.
Ab i»itio mundi iuxta Ixx.ii I»/t'rprt'tes .u;;;ccl., seciinduni
ucro Ehreos iii/;/.dccccxci.
1 . leg. Caligula.
2. iiel .m. ueJ .uii. annis, mez/sibus x. diebus uiii, ut Bcda ait.
3 . MS. detrarclia
4. MS. ad amicitiam pcrJens
The Annals of Tigernach. First Fragment. 41 1
Kui. Gains statua/// louis i// te///plo Hierusak/// sub noiiiine
suo poni ii'isit.
Pilat//i' q//i sententia//^ da///nationis bi Cbristum dixerat,
tantis irrogante^ Gaio angorib//^ coartat//j [est,] ut se sua
manu i/î/^rfecerat.
Ki. Gaius a protectorib/^^ suis interfectus est.
iiii/// uiiii m^/?ses uii dies. Kii. Chudius regnanit an;//"jxxuiii
(ue\ xuiii, ut Orosins^, q//i xxx.u. senatores et .ccc. équités
Romanos mi//imis causis mteïïecw..
Kiii. Petr//j c///w Anteochenaw œclma/// fundasset ad expug-
nandu/// Simone/// Magu/// Roma/// uenit, ibiq//g .xxu. annis
episcopale//î cathedra/// tenuit us^^''^'^'^ ultimu///Neronis annu///.
Iriél Glùnmar mac CoiixvW Chernaig regnanit in Emain an-
nis xl.
[« Iriei Big-Knee son of Conall Cernach reigned in Emain
40 years. »]
Kiiii. Togail Bruidne da B^/-ga (ut alii aiunt, sed cène fal-
luntitr) (or Comme Môr.
[« The destruction of the Hostel of Da Berga on Conaire
the Great. »]
Kui. Qjta.no anno Claudi famés g/'auissi///a, c/////s mem///it
Lucas 2, fflc/a est.
Claudi //i- iiii. anno regni sui Brittania/// adit, qiiani neqiie
ante luliu/// Cessare/// nec poj-t eu/// quisq//a/// atti//gere aussiis
erat, sm^ ullo prael'io ac sangine i«t/'a paucissi///os dies pluri-
mani insoL^e parte/;/ in dedition^?// recepit. Orcadas etiani inso-
las Ro;//ano adiecit impe/io, ac sexto ^osiquam profect//j erat
mensc Romam redit.
Kuii. Marc//5 in ItaHa euangehu/// sc/'ipsit (.i. in Roma sin-
gularité'/% ut Beda ait), q//i pcjtea a Petro ad Alaxandriaw
mis//5 est, ibiq//c episcopns ordinat//? est.
Ki. Kii. Kiii. Lugaid Réoderg mac na tri Find n-Emna re-
gnanit in Temoria an///5 xxui. Tricha rig do Leith Chui//d
ôthd [fo. ir' 2] Lugaid co Diarmait mac Cerbaill.
[« Lugaid Red-stripe, son of tiie three Finds of Emain, rei-
1 . MS. arrogantise
2. Acts, XI, 28.
41 2 IVhitley Stokes.
gned in Tara twenty-six years. Thirty-six kings from Conn's
Half (reigned in Tara) from Lugaid to Diarmait son of
Cerball ».]
Ciaudi//J Roma expulit ludeôs tu/nul[tu]antes.
Kui. Famés in Roma.
Kii. Kiii. Claudi//i manifestis ueneni signis obit. iii;;/xxii.
ue\ xiii annis meuslhus .uii. dicbiis .xxuiii. ne! xiii annis non ple-
nis, ut Orosiiis.
Kiiii. Nero iii re militari nibiloinnino aussns Brittania/;;
[pêne] a7;/isit. Na;/? duo oppida nobilisi?//a illic sub eo capta
CLtque (eu^rsa s//;;t).
Nero régna iiit annis xui., q//i prim//5 i;;/p^rator Chn'stvànos
perseciniis est. Qji'i fuit tr^nsgrfjsor sceleru/// auunculi sui Gai
Callicolx^^ Nain matrem sua/;/ et sorores suas et o/;///es cogna-
tas et arnicas suas pulluit. Uir///// in uxore;// duxit, ipse a uiro
ut uxor accept//j est. Q//i etiani [nunquam] min//^ mille car-
rucis - fcwfecisse itfr vadiîiir. Qjii calidis ac frigidis ungentis
lauaret//r. Q.//i reûhns aureis qiiae lineis trahcbant//r purpu-
reis 3 piscaret/zr. Deniq//t' urbis Romai incendiu/;/ uoluntatis
su;^ spectaculum fecit. Ver sex dies septeniqiie noctes ardens
ciuitas regios pauit aspect//^. 0;;/;/iu/// pêne senatoru/;/ diuitias
igné ereptas uiolentcr rapuit. Q//i po5t o;//7zia scelera beatis-
simos Christ! apostulos ob magi Simonis nece?ii, a demonibwj
ab apostulis in nomine Christï adiuratis, ab aère dimisi et In
.iiii. partes corpore in terra diuissi. [Qui] per Agrippam prae-
fectu;;/ Petru/// cruce, Paulu;// gladio occidit,
Ku. Secundo anno Neronis Fest//^ ludex- p/-ocurator sucessit
Fclici, a q//o Paul^^i' Roma/// ui//ct//5 mittit///'^ et biennium in
libéra c/zitodia manens: po^t haec ad p/vTfdicandu/// demittit//r,
necduni Nerone in tanta scelera q//anta de eo narrant historié
erwwpente. Festo magistratui ludeaj succedit Albin//5^ Albino
Vlorus^ ciiiiis luxoriam et auaritia/// cetc;'aq//t' flagitia ludei non
ferentes, contra Romanos rebellauer/////. Adut'rs//5 q«os Ues-
pesian//^ magist^/' militia.^ missiis plurimas urbes ludex- cepit.
1 . i. e. Caligulue
2. .i. o charptib 1. o charraib c of chariots or of cars ».
3. purpurcis funibus extrahcbantur, Orosius, VII, 7.
The Annals of Tigernach. First Fragment. 41 5
[fo. II*»!] Kuii. Ki. Kii. Kiii. Ab i//itio mundi .uwcclxiii.
iuxta .Ixx. I;;/^rprgtes, scciindum nero Ebr^o; iiiiyy/xiiii. Ab \n-
carfiatione .Ixiii.
Ku. Kui. Maria Magdalena moritur.
Kuii. lAcobwj îratcrDoniim, cumxxx an«?VHierusoiimor//m
rexisset oeclesiam, lapidatwr a ludeis, qui de pi«na tewpli iprae-
cipitatus ïiiste fullonis in caput percussiis interii.
Kii. Marc//5 in Alaxandria morit//r^ cui successit Annian//i'
annis .xxii.
Kiii. Verseus poeta moritwr.
Kiiii. Nero lohannt'ui apos///////// in doleu///, ftTuez/tis olei mis-
sit, ut TertuVhxnus air, q//i inde purior et uigetior exierat
qiiain iwtroierat.
Tomaidiw Locha Rib ma/c Maireda dar Mag n-Airbthen.
Tomaidi;/; Liimiui^e tar Liathmuine, edôn Locha Echach
aitt doliégad silnDubthaich Doeltengad acht Curcufôche na/;/ma
conihraûiair side in Dubthach do Fergus mac Roaig.
[« The outbreak of the lake of Rib son of Mairid, over Mag
Airbthen.
The outbreak of Linn-mùne (« stagnum mictus ») over
Liath-muine, to wit, of Lough Neagh, in a place where the
seed of Dubthach Chafertongue, save only tlie Corcu-foche,
was overwhelmed. This Dubthach was a comrade of Fergus
son of Roach »].
Ku. Kuii. Ki. Lucanns (.i. poeta) ac Seneca (.i. p/Tceptor
Nerônis) interficimitur Ç.i. a Nero/ze).
Kii. Nero ignominiosse fugiens a senatu ad q//artu/// ab Urbe
kipidem sesé ipse interïécit.
Hoc awio Petr//j et Pauh/j a Nerone anteaqwr//// semet ipsuw
interûceret occissi s/^;/t.
Linns papa .ii. annis.
Kii. Galua cixni Pissône adoptiuo f/l/o regnauit .uii. me?isi-
hus, qui ab Othone i///^rfecti SM;;t.
Othôn .iii. mensihns, qui semet ipsu;n interîecit.
Uitelh/zj- .uiii. mensihns, qui fuit uorator cibi ^, q//i a senatu
I . MS. ciui
4 14 Whitley Stokes.
excarnificat//^ crebris conipuncùomhus et unco tractus m Ti-
herim misus caruit sepultz^ra.
Euodi;/5^ episcopus po5t Petr//;;; xxiii anuis, in Antecchia
msrrr. [ia marg. xxxi].
Uespesian//Tc»j»Tito f/l/o suo regnauit an;nj .ix. mensihus
,xi. dlébus xxii. H;V apioi iudeaw imp^rator ab exercitu appel-
latMJ et bellu?;; Tito f/l/o suo commatà^niSy Roma;n ^er Alaxan-
àùd^m proficiscitMr, ojà secundo anno rudeae regnuw suburrtit.
Te/;;plum solo strauit po^t annos primœ xdihcationis eius mille
.ixxxix. Consutnmiitum est hoc belluw a.h7iis .iiii., duob«i qui-
deni Nerone uiuente et duobwj' aliis poi"tea.
Uespessianus [fo. 1 1'' 2] inter alla magnor///;; operum hcta. in
priuata adhuc uita iii Germaniaw^ deinde et Brittaniaw a
Claudio miss//5 tric[i]es et bis ciini hoste conûlxlt, duas uali-
dissi;;/as genres .xx. oppida, i?/solam Uecta;;/ Brittani.'e proxi-
ma;;/ Romano adiecit i/;/pt'no. Coloss//j erigit//r habens altitu-
di/;es .cuii. pedes.
Kiii. Hôc anno ui?idicta crucis a Uespisiano et Tito f/l/o
eius, postquani enim Uespessian//^ Rôma;;/ reuersns est, Titus îilius
eius ciuitate/M Hierusale/;/ expugnauit. Te;;/.plu;;i solô strauit.
Regnu;;/. ludeor///;/ subufrtit. Ubi undecies centum milia capta
esse et ducta Euseppw^ ^ p^rhibet.
Ku. Anencletwi^ papa anmV .xx.
Kui. Kuu. Ki. Ab initio mundi .umcclxxix iuxta .Ixx. secun-
dum wero ^hreos iiiiwxxx. Ab lnc2Ln\^tione autem Ixxui.
Lugaid Réo derg occissMj est ôna trib Rûadchennaib (.i. de
Laignib). Nô co/nmad hu claideb dodoléced ^o;m-abbad de cho-
maid a mnd .i. Deirbe forgaill, nodechsad.
[« Lugaid Red-stripe was slain by the three Red-heads of
Leinster, Or it may be that he betook himself to (his own)
sword and died of grief for his wife, Derb forgaill, who had
gone. »]
Kiii. Cre;/ithann Nia Ndir regnauit annis .xiii.
Kiiii. Andréas crucifix//5 est in Patras ciuitate .i. Achai^,
ab Egia (.i. proconsule) .
1 . leg. losephus
2. IcR. Anudetus
The Annals of Tigernach. First Sid^nent. 41 5
Ku. Uespesianw^ m uilla pro/)ria circa Sabinos pmftmiio
uentris mort[u]Mi" est.
Pilipzu \n Hierapoli dmtate Frigiœ crucifixï/i et lapidatw^ est.
[in marg. iiii/;/xl] .Kui. Tiius filins Uespesiani regnaiiit pojt
^atrem suudi annis .ii. ac mens'ihiis .ii. Iste m utraque lifzga
tanto facundissimw^ exstetit ut causas latine égerit, poemata et
tragoedias graece co/;/poneret. Tanto autem bellicosissim/a ^
fuit ut in expugnatione Hierusolimor/^//^ .xii. propugnatores
.xii. sagittarz/;» conîoderet ictib//j. Porro bi hnpeno tantse bo-
nitatis fuit ut nullu;« omnino puniret, sed conmnctos aduersuni
se <:oniuratione demitteret, atqw^ in eade/n famili[a]ntate quain
anfea habuerat reteneret. Huius enam inter oiiinh [fo. 12^ i] fuit
iilud célèbre d'icîuni, pcrdedisse diem q//a n//;/l boni faceret.
Ki. Tit//j^ segregatis a numéro principuw^ Othone et Vi-
tellio, in c/////s te/npore Babi//j3 mons prcfudit incendia,
quae uiciwas regiones cutn urbibwj" honihiibus deleuer//nt, cufii
ingenti oinmnm iuctu in eade/n uilla qwa ^ater eiiis périt morbo
abs//n/pt/^j est. Qui fuit uir omnium uirtutu/n mirabilis adeo
ut amor et dilicic-e hu/nani generis diœretur. Hic anzphithea-
thrun? Rom^ a^dificauit et iii dedicatione eiiis .u. milia fera-
r///n occidit.
Kii. Domitian//i-fra/er Titi iunior regiiauit [ânnis] .xu.etmen-
sihiis .u. Hic sectindits post Neronew Christianos persecutus est,
sub q«o lohaniies apostiilus in Pathmo insola religat/zi est, et
Flauia Domitilla, Flauii Clemt'ntis consulis ex sorore neptis*,
in insola?n Pontiana/n ob fidei testimoniu/n exiliat//r; qni et
ipsuni lohannen/ fertnr in feruentis olei doliunz missise, sed
lohanwgr ta/n in/mûnis redisse [dicitur] a poenis qnctiii a cor-
ruptione carnis manebat semper inmionis.
Iriel Glûnmar .i. mac Qwaill Qrnaig, die dominica hi
Seiwmiu ocdssits est o Cre///thand Nia Nair, ucl a Gallis, ut
alii d/r//nt.
1. MS. belliocissimzw
2. MS. pnncipi//)«
3. sic, leg. Vesuvius
4. .i. donn ingi?;. gebes lasiw fersa i» tsiur (« of the daughter, whom the
sister has by this man »).
4i6 Whitley Stokes.
[« Iriél Big-knee, son of Conall Cernach, was killed on a
Sunday in Semne by Crenithand Nia Ndir, vel etc. »]
Kiii. Fiacha Fi;zda?/mas mac Ireil Glunmair regnauit m
Emain dieis a athar annis .xx.
[« Fiaclia Find-amnas, son of Iriél Big-knee, reigned in
Emain after liis father for twenty years ».]
Kiiii. Domitian//^ multos senaiormii in exiliu/;/ misit ac ptT-
emit.
Kui. Domitian//^ cunctos q//i de génère Daiiid erant intcr-
fici i//5sit, ut null//5 ludeor//;;/ ex regali origi;ze siipciccssti.
Kuii. Abili//i" episrop/.'^ Alaxandria[e] an^zwxiii.
Ki. Kii. Kiiii. Cre^/zthand Nia Nar mort[u]//^ est.
Ku. Feradach Fi;/d mac Cremûiaiiid regnauit annis .xxii.
Kui. In hôc tenipore claruit Morand mac Môin.
Kuii. Tomas aposf/////j- in Culan'ia ïugnJatiis est.
Kxii. Clemens discipul//^ Pétri, episcopus Romas ordinat//r
,ix. annis.
Bartholome//5 décollât//^ et sepult//5.
Kiii. Ignati//5 Anteochia: episcopus annis xuii.
Kiiii. Carpri [fo. 12^2] Cend cait .u. hliadna ro;z-ebailt. ^
« [Carbre Cat's head, five years till he died »].
Ab initio mundi .u;;/ccxc. secunduni Ixx Interprexes, secundmn
uero Vhreos iiii«?.lxxi. Ab Incaxnatione Mcro xcui.
K.u. Domitian//5 ab Aug/zi/t) non//i" occÀssiis est.
K.ui. Nerua senexa^Petroniopra^'fecto "praeionoet Parthinio
spadone Domitiani in/^rfectore m regnu;;/ ordinat//j'^ regnauit
anno uno, et m(';/sib//.f iiii et dieb//j octo, q//i Traianu;;; sQCwni
m regnu/;? adoptauit. Hic primo edicto > suo cunctos exules
reuocauit. \3nde et lohannes apostulus hâc generali i/zdulgcntia
lïheratus Ephessu;;i rediit. Et c\uia concussani se absente per
hereticos uidit asclicsias ûdein, rogatus ab episcopis Asise, con-
ïcsùin hanc descripta m euangelio suo ut'rbi Deï aeternitate sta-
biliuit.
Nerua morbo conkctus obit.
1 . This cntry seems inserted ))iaii. rcc.
2. MS. c
; . MS. cdictito
The Annals of Tigernach. First Fragment. 417
Kuii. Tra'iznus génère Hispanus regnanit .xix. annis et men-
sihus .ui. et diebus .x. Iste Assia et Babilonia capta usque ad
Iwdi^ fines pojt Alaxandruw accessit.
Ki. Traianwj- ien'uis persequ'itur Christiânos.
Kii. Cerdon prïmus episcopus Alaxandri^e annis .xii. qui fuit
quanus ab âpostiilo.
Kiiii. Iohan;z^5 apos//<///.f Ixxuiii. a.nno post Passionem Do-
mini, i'etatis aiitein su^e no/zagissimo uiii. anno Effessi placida
morte q//ieuit.
Clem^ws papa Pétri discipultt^, apwi Cersonam ciuitatew a
Traiano in mare demers//5 est anchora collo conligata, a cuiiis
corpore in feria eius anniu^rsaria semper trium miliu;/^ spatio
tribus dieb//j mare recedit, Cbn'stianis Domino ad corpus eius
lier pr^t'bente.
Kui. Simon Cleopa; f/l///s apostulus, ut alii aiunt, lerusoli-
morum episcopus crucifix//^ est a Traiano, senex .cxxi. an-
norum.
Kuii. Kii. Fiatach Fi;?d regnanit biEmâin annis xHi.
Kiii. Kiiii. Ku. Madian/^j apostulus interïectus est.
Kuii. Ignaûns Anteochia; episcopus Romam perductus a
Traiano bestis tradit//i- est, qui suadentib?/y ewn capiorihus suis
fugere respondit [fo. 12'' i] Non. Chrisn frumentum sum^ et
demihus hestiàrum molar-. Alaxander quoque Romana^ urbis
episcopus martmo coronatus, et uno ab Urbe miliario uia Nu-
memana, ubi decoUatz/i est sepelit//r.
Plini//5 secunduSj Nouocomensis?, orator et historic//^ habe-
tnr, cuius plurima ingenii op^ra extant.
Ki. Pantheuwî Romœ quod Domitian//.^ fecerat fulmine 4 con-
crematum est. cui nomen datum est inde, q^uod omniiifii deorum
sit ipsa domus habitaculuw.
lUdei per diuersas terrarum partes seditione;» mouentes
digna c[a]ede st^rnunt.
Traian//j Romani i;//perii, quod posi Augustwn defensuw
1 . MS. suum
2. MS. moliar
3 . a Nouocoma cïuUatc, 1. nuathescthid [« new cutter » ? « new sha-
ver » ?J ab aliis libris.
4. MS. flumine
Revue Celtique, XVI. 30
41 8 Whitley Stokes.
magis fuerat q/<am nobiliter^ awplificatum, fines longue Idte-
que diffudit^.
Kii. Feradach ¥ind Fechtnach defecit, cui successit f/lms
suus Fiacha Fi«nfolad a.nnis .xui.
Kui. Ab inirio mundi .umccdx secunduni Ixx, seciindum
Ebr^oi iiiimc. Ab \nc2ixn.atione cxm.
\usius Ahxandria episcopus annis xi.
Kiiii. Kui. Timothi/« Pauli discipul/« q/deuit.
Kiiii. Titus epïscopiis in Creta qwieuit.
Ki. Trflianus apud Seleuciam Isauri^e urbem profluuio ...uen~
tris mort[u]us «n.
Kii. Adrianus, consuhrinx Traiani (ilius, rQgnauit annû xxi.
Hir per Q//adratU7?/ discipulu;;/ Apos//dor//;;;^ é'^ Aristidew Athe-
nense;// uiru;n lide sapientiaq//6' plenu;;?^ et per Serenu?;? Gra-
neum Legatu/u libris de Cbrisîia.n:i relegione co;7zpositis in-
structw5^ pm^cepit per epistolam Christia.nos sine obiectu cremi-
num non dawndri. IDem ludeos secundo rebelles ultima cœde
perdomuit, etiam introeundi ablata eis licentia Hierusolimaw
qMaw ipsein optiwu;?/ statu;^;i murorum exstructione reparauit,
et Eliaw uocari de suo nomme pra^cepit. IDe?;^ eruditisim/zj m
utraque lingua bibliothecham Athenis miri op^ris cowstruxit.
Kiii. Elimm mac Conrach regnauit in Emai;z [fo. 12^2]
annis x.
Ku. Kui. Kuii. Aqz/ila Pontic//5 interpres secimàus posi Ixxii.
habet//r.
Ki. Kii. Eumenes Ahxandrice episcopiis anno uno et m^?zse
unô.
Kiiiii. Marais Alaxandria^ episcopus .xiii. annis.
Ku. Fiacha Fi;zdfolad interkctiis est, in Teo7;/oria iiel him-
Maig bolg ut alii aiunt, o hElimm mac Conrach À. 6 rig
hUlad, q//i et ipse cecidit hi cath Aichle la Tuathal Techtmar
in ui»dicta;/? patris sui.
[« Fiacha Findfolad was slain at Tara, or, as some say, on
Mag Bolg, by Elimm son of Connra, i. e. by the King of
1 . MS. nouiliter
2. MS. defudit
3. Hère in marg. an entry beginning (F)iatach...ri Ulad.
The Annals of Tigernach. First Fragment. 419
Ulster, who himself fell in the battle of Aichle by Tuathat
Techtmar in vengeance forj- .s father ».]
Kui. Kuii. Ki. Tuathal Techtmar regnauit a.nnis xxx. Is dô
cetaronasced 7 fris roiccad bôrama Lagen [artuis] [« 'Tis by him
that the horcuna (« tribute ») of Leinster was first imposed,
and to him it was first paid »].
Mal m.ac Rochride l'egnaiiit in Emain anww xxxiii.
Kiii. Kiiii. Kii. Kui. Kuii. Kii. Ab initio mundi uwccc
xxxuiii, seciindiini Ixx Interprètes : iuxta uero Ehreos iiiiwc.xix,
Ab lncar)mtione .cxxxiiii.
Kiii. Kiiii. Celadion episcopits Ahxandria annis .xiiii.
Ku. Hierusolim^e ^rïmiis ex gentibw^ episcopus ^onstituit/»*
Murciis, cessantib/^5 his qui fuerunt ex ludeis, qui snnt numéro
,xu. et pnïduerant a Pasione Do//nni per annos fere .c et uii.
Basilides heresiarches (?) agnoscitur.
Adrianz/i Elias morbo mort[u]i/.y est.
Kuiii. Antoni[n]//.y cognommto P'ius, cum îiXiis suis Aurelio
et Lucio, regnauit annis .xxii.
Ki. lustmus philosophus\ihri\mp?'o Christhna religione com-
posituw Antoni[n]o tradedit, hemgnunique eum erga Christh-
nos hoiniiies fecit. Q.//i ne/; longue poit, s//jcitante p^Tsecutionew
Crescente^ Cynico {uel Canino), pro Christo sanginew fudit.
Kii. Sulpicio Romsî episcopo Hermès scripsit libruw qui di-
cituY Pastoris, vi quo praeceptum angueli contenetur, ut pascha
die do;;;/nico celebraret//r.
Kiii. Policarp//^ Roma?;/ ueniens, multos ab heretica labe
castigauit, q//i Ualentini et Cerdonis nupcr doctrina fuerant
corrupti.
Kii. Antoni[n];/j ideo Vms cognomiwatz^i' est, quia in omm
régné Romano cautionib//5 iwcensis cunctoru?» débita relaxauit.
\}\\de 'Pater Patriœ appelldtwi' est.
London, 17 July 1895.
Whitley Stokes.
I , propnum
DEUX NOTES DU MANUSCRIT IRLANDAIS
DE RENNES.
M. G. Dottin m'a envoyé une copie de deux notes contenues dans le
ms. irlandais de la bibliothèque de la ville de Rennes. L'une, fort effacée
et peu lisible, se trouve au folio 125 verso '. Elle est datée de 1586. L'autre,
en écriture moderne, est placée au bas du folio 25 verso 2. Voici la restitu-
tion et la traduction que je propose pour ces deux notes 3.
Les lettres en italique ne sont pas dans le manuscrit ou n'y sont point
lisibles ; les lettres entre crochets sont dans le manuscrit, mais doivent être
supprimées :
Beânnacht Dé agiis mo hheannacbt-sâ ût [t]sealb/;adôinb/; 4 an
leab/;a/V-si, cibé iad féin, agus go soÏYhbighidh Dia dô'ihh agus
do'w té ag a[na] b/;fuil se anois, Conchûbhair Mac Flanncha-
dha : mise Cown Mac Aodha agus (^go soirhhighidh D'id) do'n
c/;aillin t//leg, agus go dtiuhhraidh Dia Uilleog Bùrc ag a bhfui-
lim-si 'na iochair, slân ô'n ts'mbhal-Sii sios anno âomini
7;;/lesimo quinqnagesimo (leg. qtiingentesimd) ottagesemo sexto.
« Benedictio Dei et benedictio mea apud possessores hujus
libri, quicumque sunt, et Deus benedicat eos et eum pênes
quem nunc est, vidclicet Conchubiiair (Conor) Mac Flann-
chadha (Clancy). Ego Conn Mac Aodha [Mackay]. Deus bene-
dicat istam puellam Uilleôg (Ulick), et ducat Deus Uiileog
Burk (Burke aut De Burgo) apud quem nunc sum, salvum ab
iioc itinere, anno domini MDLXXXVI.
II.
Mairg darb sealbh siîil
Do'n fbcruinn(?) nach bhfiiigh
Bidh an tsiiil do sior
Mar a mbionn an gradh.
« Malheur à qui a un œil pour ... qu'il n'obtient pas; l'œil
est toujours où est l'aftection. »
Le seul mot obscur est îocruinn.
Douglas Hyde.
1. Cf. Revue Celtique, t. XV, p. 91, 1. 26 sq.
2. Cf. Revue Celtique, t. XV, p. 81, 1. 28-29.
S . J'ai communiqué à mon ami, M. Mac Néill, le texte de ces notes; il
est d'accord avec moi sur la plupart des points.
4 . Le ms. semble porter sealbhadorraihh.
CONTES IRLANDAIS
(Suite!.)
II.
LA MORT DES FILS D USNECH.
I . REMARaUES GRAMMATICALES
PHONETIQ.UE.
1. La terminaison verbale -adhj que nous avons déjà exa-
minée, mérite une étude spéciale ; -adb est susceptible de quatre
prononciations différentes :
1° -adb, -eadh se prononce ii (q) : riigadh (rôgû); ciiireadh
(kôrû) ; doiseadh (klôsû), tôgadh (tôgû) ; kagadh (lyagu), righ-
neadb (rinyù), ndéaniadb (nyavnç), marbbiiigbeadb (mdriw);
2° -adb se prononce à (ô) : bàtbadb (bdhâ), dôgbadh (dç)
bbualadb {wùolci), luarbbadb (nràrov^zi), sasad b (sâsa), gearradh
(gydrà), sàtbadbÇsà), sleitcbtadb (s\ix/tX), criotbnugbadb (\<.v''6nu),
moladh (môlà) ;
3° -adb se prononce -àt, eadb se prononce )t : dtagadh si
(ddgât si), bbfeiceadb se (vékït sç), gcosiiôfbadb si (gosnçit sç),
bbfagadb se (wât sç) ; innscadb se (insït sç), dtoigfeadb se (dçkït
sç), dtinbbradb se (dyùrït sç), ngcarradb siad (nydrad sied) ;
I, Cf. Revue Celtique, t. XIV, p. 1 13-13 1.
42 2 G. Dottin.
4° adh se prononce ày : dtagadh (dàgayî), thiocfadh (xûkày),
gheobhadh (yôfà-/), bhuaileadh (wuilà-/), chosnôchadh (^ypswQy =^
XOsnQ/â'/), choinneôchadh (yônyo-/ =■ yônyoyây).
Dans la terminaison -aidh, -idh, le dh est toujours muet :
deunfaidh (diâna), gcloisfidh siad (glise siâd), bhfaghaidh (wa),
bhfaghaidh se (wâi sç), iagaigîdh (tâgagi), tôgaigidh (tôgàgi),
geobhaidh (yôfâ), thibhraidh (tyûnï), tiocfaidh (tôka), reidhteô-
chaidh (rçtyç), foillseôchaidh (fwilsç), feicfidb (vçki), caithfidh
(kâ), chnirfidh (ywirï), chosnôchaidh (yosno), rachaidh (rdyâ),
bhfiiighidh (\\'i), feuchfaidh (féâya).
Comme on le voit, les divers sons de -adh ont été répartis
dans des fonctions différentes : adh, terminaison de l'imparfait
' et du conditionnel actifs, se prononce at quand il est suivi des
pronoms personnels de la troisième personne se, si, siad, et ay
dans tout autre cas ; adh, terminaison de l'infinitif, se prononce
à ; adh, terminaison du passif, se prononce u.
Il est étrange, si la prononciation ai de adh est ancienne,
que le changement de dh en t devant s ne se soit pas produit
également pour la désidence -idh, or, on dit luâi se (bhfaghaidh
se), mais luât se (bhfaghadh se).
2. La dentale du passif est / au lieu de th après g dans
leigtear, leigti (à côté de leigthi).
DECLINAISON.
1. Le nominatif et l'accusatif sont toujours confondus en
irlandais moderne. Pour l'expression commune de ces deux
cas, tantôt l'ancien nominatif, tantôt l'ancien accusatif a pré-
valu.
2. Génitif. La désinence du génitif est conservée dans les
mots suivants :
A. Anciens thèmes en -o : dliglndh, leinbl), Uisnigh, Manan-
nàin, dinnéir, ainn, cuain.
B. Anciens thèmes en -à: vinà, chiche, lâiiiihe, deise, nieire
(pour meôif-), tiagha.
C. Anciens thèmes en i : fola.
D. Anciens thèmes consonantiques : ^7//;flr^ Albann, Duine.
Un Dialecte irlandais. 423
E. Aodhbha est, dans notre dialecte, l'équivalent du moyen-
irlandais ae, vieil-irlandais au nominatif ôa.
Le nominatif s'emploie en fonction de génitif pour les mots:
bean-ôg (cf. mna), torr, tabhairne, clé, troid, clann, arm, croidhe.
3. Datif. La désinence du datif est conservée dans les
mots suivants: Eirinn, làimh, Albainn, cloinn, ôig, chli; dans
bais et Manannàin la forme du génitif est employée par erreur
en fonction de datif.
Le datif est identique au nominatif dans righ, criifh, fear,
oidhche, taobh, céile, Déirdre, triohiôid, Icanhh, beanôg, oileàn,
clann, rôs, fiach, coi II, intinn, deas, faiichios, cath, teas, sncnchta,
mathair, gràdh, cuideachta, aistear, tir. Il semble donc que le
datif soit en voie de disparition. Le cas est d'ailleurs suffisam-
ment déterminé par la préposition.
4. Nominatif pluriel. L'ancien nominatif pluriel persiste
dans saighdinir, caraid, ceannfairt. On a refait à ri un pluriel
en -te d'après l'analogie des thèmes à dentale : righte au lieu de
l'ancien pluriel riogha qui était primitivement une forme d'ac-
cusatif. Putôg et sgamhôg font au nominatif pluriel putôga,
sgamhôga. A côté de ceannfairt, on trouve ccannfairteachai.
5. Le génitif pluriel est distinct du nominatif pluriel d^ns
ceannfart. Il lui est identique dans righte, coirp, conirâidi, nam-
haid.
6. Le bh du datif pluriel n'est conservé que dans fearaibh ;
pour sûili, conirâidi, dearbhraithreachai, gnôthai le datif est iden-
tique au nominatif pluriel.
7. Voici dans notre texte les formes des prépositions
unies aux pronoms :
i""* p. sg., orm, lioni, agani, uaini, dhom.
2^ p. sg., agat, diiit, leat, romhat, art.
y p. sg. masc, uaidh, leis, dhô, dhe, aige.
y p. sg. fém., leithe, iiaithe.
V p. pi., orrainn, dhninn.
2^ p. pL, agaiÇhW), lib, dhiiibse, dib, asib (avec b et non /;/;).
y p. pi. A cette personne notre dialecte a conservé deux
séries de formes, les unes avec le pronom au datif, les autres
avec le pronom à l'accusatif. A la première série appartiennent
orraib, leôib, dhôib, dib, asioib. A la seconde appartiennent acu,
G. Dottin. 424
rompu. L'irlandais moderne est, comme on le voit, très diffé-
rent sur ce point du vieil-irlandais.
8. La désinence de la i""^ pers. pi. m/«'i s'emploie comme
pronom absolu : iiia's niiiid.
9. Comparatifs : breagha, ôige, tréine, cumhachtaighe, mô.
CONJUGAISON ^
Présent: réidhîigh, faghaidh.
Présent d'habitude : seasann.
Lmpèratif : teirigh, tagaigidh, tôgaigidh, cuimhnighidh, bigidh,
siubhlaigidh, deunaigidh.
Imparfait: tagadh, gearradh, biiaikadh.
Prétérit: i'"'' p. sg., fuarais.
V^ p. pi., bhUmiid.
y p. sg., siddh, chraith, leag, ghlaoidh, ghlac, bhiiail, seas,
saoil.
d/fosgail, d'innsigh, d'ionnsiiigh.
Futur: V p. pi., dcunfamuid, rachaviuid.
Relatif: bhéidheas, feicfcas, deunfas (iné, mitid), feudfas
(ni nid).
y p. sg., cosnôchaidh, geobhaidh, réidhteôchaidh, foillseôchaidb,
fuighidh, rachaidh.
feicfidh, cuirfidh, aithrisfidh, tiocfaidh, feiichfaidh.
Conditionnel: i""^ p. sg., deunfainn.
3^ p. sg., cosnôchadh, geobhadh, iompôchadh, tiitbhradh.
tiocfadh, iôigfcadh.
PASSIF. — Présent: ciiirtear, kigtear,fendtar.
Imparfait : leigthi, Icigti.
Prétérit : cloiseadh, Jeagadh, righncadh, déarnadh, marbhiii-
gheadh.
facas.
INFINITIF: thidheachtan, fannacht, kagaint.
Participe : ràidhte, caithte, maithte, fohiighthe, leagtha.
I . Nous n'avons pas fait entrer dans cette liste les formes déjà relevées,
t. XIV, p. 117.
Un Dialecte irlandais. 425
2. TEXTE.
Le conte que nous publions ci-après diffère peu de la seconde rédaction du
« meurtre des fils d'Usnech » que l'on trouve chez H. d'Arbois de Ju-
bainville, L'Épopée celtique en Irlande, t. 1, p. 256-286 (Cours de littéra-
ture celtique, t. V). Il est seulement moins détaillé et moins complet.
Il ne contient aucun détail sur les circonstances de la naissance de
Derdriu ni sur sa famille; il n'y est question ni de l'amour du roi pour
Derdriu, ni du geas qui interdisait à Noise de venir en Irlande en temps
de paix, à moins qu'il ne fût en compagnie de Cuchulainn, Conall ou
Fergus, ni des présages de mort que Derdriu fait remarquer aux trois
frères, ni des exhortations de Conchobar pour décider les Ulates à tuer
les fils d'Usnech. D'autre part, notre récit renferme quelques innova-
tions : Conchobar est remplacé par Manannân ; Noise par Aille ; c'est
la nourrice de Derdriu et non le hasard qui fait connaître Aille à Der-
driu ; ce n'est qu'après avoir tenté une expédition en Ecosse et après
avoir été repoussé que Conchobar a recours à la ruse pour se venger
des fils d'Usnech; enfin au lieu d'être décapités par le fils du roi de
Norwège, les fils d'Usnech se tuent les uns les autres par mégarde.
426 G. Dotîin.
Transcription phonétique.
1. Rôgù l'dnà mnâ. Niiër rôgù hi, vi si nà l'dnà rô bra gô
ro ke yàmk i diànà iônà yi l'anâ brdyà.
2. Kôru fis ër à dnàdçir nç) gô vçkït sç an l'anit. Hdnik an
driâdôir agûs dçy^ sç ér à l'dnà. Noir a ydnïk sç in l'dnà, rôni
sç à yjasà dnâyt'. Xdnik se an triblôid yôsnQx' ï^ É'ré ■(:{ Içki
an l'dnà iàytïn sûàs gô ddgàt si nà banôg.
3. Nûër adûrty an driâdôir, gô gôsnoit sç ïn triblçid yo
É'ré va likti an l'dnà hiàytin sùàs nà bançg, kôru fis ër ri Mô-
nônân, gôn insit sç vq an triblçid yûkày orûb ma liktër hi
hiàyt sùàs nà ban ôg. Dûrt an ri gô-dôkit sç hi 79 hen.
4. Nûëré à klôsù an ydël fûà may yôn l'dnà togû an l'dnà
àstydy gôdi tydy an d°li. Hanik nà rityë, hânik an driàdgir,
Lydgu an l'dnà Idhër nà rityë. Xdnïk sied an l'dnà. Dârty sied
nay wdkà çôn l'dnà eriô nis dl'ë nà nis brdyà nà l'dnà. — « Nis »,
Traduction française.
1. Une fille naquit. Quand elle fut née, c'était une si belle
enfant que celui qui la voyait était émerveillé de sa beauté.
2. On envoya chercher le sorcier pour qu'il vînt voir l'en-
fant. Le sorcier arriva et il regarda l'enfant. Quand il eut vu
l'enfant, il accomplit son art de sorcier. Il vit les malheurs
que cette enfant coûterait à l'Irlande si on la laissait atteindre
l'âge de femme.
3. Lorsque le sorcier eut dit qu'elle coûterait de grands
malheurs à l'Irlande si on la laissait atteindre l'âge de femme,
il envoya chercher le roi Manannan, pour lui dire les malheurs
qui fondraient sur eux si on laissait l'enfant atteindre l'âge de
Un Dialecte irlandais. 427
Transcription orthographique.
1. Rugadh leanbh mnd. 'n uair a rugadh i, bhi si 'na
leanbh ro bhreagh, go raibh an té chonnaic i [ag] déanamh ^
iongnaidh dhi^ lé n-a breagha'.
2. Cuireadh fios air an draoidlieadôir nô go bhfeiceadii se
an leanblî. Thdinic an draoidheadôir agus d'feuch se air an
leanbh. 'n uair a chonnaic se an leanbh, righne se a chleasa
draoidheachta. Chonnaic se an trioblôid chosnôchadh dh' Ei-
rinn dhd leigthi an leanbh thidheachtan suas go dtagadh si 'na
bean-ôg'i.
3. 'n uair adubhairt an draoidheadôir go gcosnôchadh si an
trioblôid dho Eirinn dhd leigti an leanbh thidheachtan suas 'na
bean ôig, cuireadh fios air righ Mananndin, go n-innseadh se
dhô an trioblôid thiocfadh orraib5, md leigtear i thidheacht
suas 'na bean ôig. Dubhairt an ri go dtôigfeadh se i dhô fein.
4. 'N uair a cloiseadh an chdil chuaidh amach dhe 'n
leanbh, tôgadh an leanbh asteach go dti teach an dlighidh.
Thdinic na righte, thdinic an draoidheadôir. Leagadh an
leanbh [i] Idthair na righte. Chonnaic siad an leanbh. Du-
femme. Le roi dit qu'il la prendrait pour lui.
4. Lorsqu'on eut appris les bruits qui couraient au sujet
de l'enfant, on transporta l'enfant dans la maison de la loi.
Les rois vinrent, le sorcier vint. On déposa l'enfant au miheu
des rois. Ils virent l'enfant. Ils dirent qu'ils n'avaient jamais
vu un enfant plus avenant et plus beau que cette enflint. —
« Eh bien », dit le sorcier, « n'avez-vous pas vu l'enflmt ? »
1 . En Connaught dîoiiauih = diongnainh.
2. Toujours prononcé comme s'il s'écrivait dhaoi.
3 . Leg. breagl)acht.
4. Leg. vinaoi ôig.
5 . orra est plus usuel.
428 G. Dottin.
ïsïndriàdôir, « na-/ûil ôg°i ér n dfârk ér à l'dnà ?» — « Gôkçrd à
ta ôgôtsë lé râër a l'ânà? » — « Ta mise râ lib ànis gô gôsnâ an
rdnà so fwil agus k.°irp, ma liktar a k3^ân lés à l'ânâ. » —
« Tçkyé mesi yôm. hçn », durty ri Mônônân, « dianà mç
tdwr klô/a yï 'i^ '^ty na/ v^kë çnya^ hi, o durty an driàdoir
gô gôsnât sî mçtsën triblçid yôn ilân. »
5. Vî nâ rityë sdstà les, mar ôk sied brahunâs, an l'dnâ y°iï
in bais. Rïiîi sç an tdwr lai an l'dnà, gô dç)kït sç siias. Fùàr se
bdnàltra vi féluna*/ lai an l'dna Qgy dilt. Ni rô fis ég ényd-/ wdi
sin âmdx gô kçàrd bô kô'r yôn l'dnà.
6. Vi tr'ûr drahër yë ylan Ésnyë ëg à ri Mônônân. Bwi
hiëd an tr'ur à bar yira vi ïn Érin le nà lifi. Ni rô bwiàl bdhàna
dç) orôb ; ni rç çàn ndwidy ya yi^ytàyt vi gru hiëd wûàlà na
^ân laëvà ir/tàrà-/ d'ity orôb. Nùër rôgù Nis, agûs Â'iyë ïs
Ardân, rôni an driàdçir à ylds driàyt', durty léhe nay rô bwiàl
bahà na dç na ndwid ë bi-/ ya /.û/tax çàn laev is far d'Ity ôrôb.
— « Qu'as-tu à dire au sujet de l'enfant ?» — « Je vous dis
maintenant que cette enfant coûtera du sang et des cadavres si
on lui laisse la vie ^ » — « Je la prendrai pour moi », dit le
roi Manannan; « je ferai une tour de pierre pour elle, dans un
lieu où personne ne la verra, puisque le sorcier a dit qu'elle
coûterait tant de malheurs à l'île. »
5. Les rois furent contents de lui, car ils avaient condamné
l'enfant à mort. Manannan fit la tour pour l'enfant afin de
l'élever. Il trouva une nourrice qui fut habile à élever l'enfant.
Personne à partir de ce moment ne sut ce qu'on avait fait de
l'enfant.
6. Il y avait trois frères, fils d'Usnech, chez le roi Manan-
nan. C'étaient les trois hommes les plus braves qu'il y eût en
I. Littéralement « la tête ».
Un Dialecte irlandais. 429
bhairt siad nach bhfaca [siad] aon leanbh ariamh nios dilne nâ
nios breagha nà a' leanbh. — « Anois », ar san draoidhea-
dôir, « nach bhfuil agaibh^ 'ur^ n-amharc air an leanbh ?» —
« Caidé a' rud atd agat-sa lé rddh air an leanbh ?» — « Ta
mise [ag] rddh lib anois go gcosnôchaidh an leanbh-so fuil
agus coirp md leigtear an ceann leis an leanbh. » — « Tôgfaidh
mise dhom féin i », dubhairt ri Mananndin, « deunfaidh mé
torr3 cloichedhi in dit nach bhfeicfidh aon-neach i, 6 dubhairt
an draoidheadôir go gcosnôchadh si a[n] méid sin triobl6id[e]
dho 'n oiledn. »
5 . Bhi na righte sdsta leis, mar thug siad breitheamhnas an
leanbh chur in 4 bdis. Righne se an torr l'aghaidh s an leinbh,
go toigfeadh se suas[i]. Fuair se banaltra bhi feileamhnach^
l'aghaidh an leinbh ôig faghdilt. Ni raibh a fios ag aon neach
uaidh sin amach caidé 7 an rud ba côir dho'n leanbh.
6. Bhi triur dearbhrdthar^ dhe chlann9 Uisnigh aig an righ
Mananndin. Ba h-iad an triur a b' ^° tearr d' fir^^ a bhi in Ei-
rinn le n-a linn. Ni raibh baoghal bdthadh " nd dôghadh ^3
orraib. Ni raibh aon ndmhaid dhd chùmhachtacht bhi i gcruth
iad abhualadh, nd aon Idmh uachtar faghail[t] orraib. 'N uair
[ajrugadh Naois agus Aille 's Arddn, righne an draoidheadôir
Irlande de Teur temps. Il n'y avait pour eux aucun danger, ni
de noyade, ni d'incendie. Aucun ennemi, quelque puissant
qu'il fût, n'était capable de les frapper, ni d'obtenir la victoire
sur eux. Lorsque Naois, Aile et Ardan étaient nés, le sorcier
1 . On dit agaidh dans l'ouest du Connaught.
2. = bhur.
3 . La prononciation aw est particulière au dialecte du West Connaught.
4. = chiim.
5 . = Ze h-aghaidh.
6. oireamhnach.
7 . Ordinairement écrit cai e, prononcé go dé.
8. La prononciation drâthar n'est pas régulière.
9 . Leg. chhinn.
10. z=: doba.
11. = d'fearaibh.
12. Leg. bdidhtt.
1 3 . Leg. dôighte.
4^0 G. Dottin.
"Sodé à gdil. Vi sied na dri haédyur êg à ri Mônônân. Ni rô
tr'ur fir bô vrâyà nà hiéd. Vi eg à ri anyyàn orôb. Vî fatyis ëg
gâ7 nyd-/ hiéd ônsç, "In sàn âmsïn vi a gdil yômor, na-/ rô
kyârd é bi-/ yo nâ tiré na -/ûalà a gdil le faus a-iîdskyé.
7. In san dmsin, vi an vanôg in sa tdwr, nior çan 7°iné le
yôl àstydx ïn sa tdwr a-/ Mônônân. Bwi he sén dhér, bwi è
hdnïm Drédrà ni Wônônân. Nôiré vi si g'érï suas nà banôg
-/ô'' si spé's i-var. Rïiii si asliiî in sàn r/yé, gô wdkà si in sàn
dsliii far 'gà rô à yrûà -/ôdydrôg les à rçs, agûs à grûég yàdû
les vlà-/du, as a -/rdyjàn y.ôgydl les an snydytà.
8. La 'r nà wdirày, nûér vî si agûs a mâhér fri yéié, diàrà
si YÔnwâhér gôn ydrnâ si asliiî à r^r, gô-wdkà si an far bô
vrdyà ydnik sûil ban erio, gô rô à grùà yôdydrôg les à rçs, à
yrùég yôdû les viàydïi, agûs a yrdyjàn yôgydl les an snydytà.
Dùrty an wâhër léyyè : « Ta far en aràm t'dhér, mar ta rati
avait accompli son art de sorcellerie, et avait dit qu'il n'y au-
rait aucun danger, ni noyade, ni incendie, ni ennemi au
monde quelque puissant qu'il fût, qui pût venir à bout d'eux.
Voilà leur réputation. Ils étaient tous trois soldats chez le roi
Manannan. Il n'y avait point trois hommes qui fussent plus
beaux qu'eux. Le roi avait une grande estime pour eux. Tout
le monde avait peur de les attaquer. Dans ce temps, leur re-
nommée était si grande qu'il n'y avait point de contrée dans
le monde entier qui n'eût entendu parler de l'excellence de
leur bravoure.
7. Pendant ce temps-là, la jeune fille était dans la tour, et
il n'y avait point d'homme à entrer dans la tour, sauf Ma-
nannan. Il était son père; elle s'appelait Derdriu, fille de Ma-
nannan. Q.uand elle eut atteint l'âge de femme, elle se prit
d'amour pour un homme. Elle fit un songe une nuit ; elle vit
Un Dialecte irlandais. 4; i
a chleas draoidheachta : dubhairt léithe nach raibh baoghal
bâthadh ^ nâ dôghadh^ nâ namhaid air bith dhâ chumhach-
tach[t] aon5 lamh is fearr faghâilt orraib. Siod4 é > a gcail. Bhi
siad 'nd dtri saighdiuir aig an righ Manannâin. Ni raibh triur
fir^ ba bhreagha [io]nd iad. Bhi aig an righ an-ghean orraib.
Bhi faitchios aig 7 gach [aon] neach iad ionnsuighe. In san am
sin, bhi a gcail chomh môr nach raibh cedrd air bith dhe na
na tiri[bh| nach gcuala a gcdil le feabhas a ngaisge.
7. In san am sin, bhi an bhean ôg in san torr. Ni raibh
aon dhuine le dhul asteach in san torr acht Mananndn. Bd hé
soin a hathair, ba hé a hainm Déirdre ni Mhananndin. 'nuair
a bhi si aig eirghe suas 'na bean ôig, chuir si spéis i bhfear.
Righne si aisling in san oidhche, go bhfaca si in san aisling
fear ag a raibh a ghruadh chomh dearg leis an rôs, agus a
ghruaig chomh dubh leis an bhfiach dubh agus a chroiceann
chomh geai leis an sneachta.
8. Là air na bhdireach, 'n uair bhi si agus a mdthair fri
chéile, d'fiarfuigh si dhe 'n mhdthair go ndedrna si aisling
aréir, go bhfaca si an fear ba bhreagha chonnaic sûil bdn ^
ariamh, go raibh a ghruadh chomh dearg leis an rôs, agus a
ghruaig chomh dubh leis [an] bhfiach dubh, agus a chroiceann
dans ce songe un homme dont la joue était rouge comme la
rose, et la chevelure noire comm.e le corbeau, et la peau
blanche comme la neige.
8. Le lendemain, quand elles furent toutes deux, sa mère
et elle, elle dit à sa mère qu'elle avait fait un songe la nuit
dernière, qu'elle avait vu l'homme le plus beau qu'eût jamais
vu œil de femme, que sa joue était rouge comme la rose, sa
chevelure noire comme le corbeau et sa peau blanche comme
1 . Leg. bâidhte.
2. Leg. dôighte.
3 . Leg. an.
4. = sud.
5. Leg. /'.
6. Leg. fear.
7 . Leg. air.
8. Leg. mnâ.
432 G. Doit in.
agât. 'Séné Âilyë. Ta bôrty d°râhër élë egë. "Sied nd fir ïs
brâyà yânik ban ério le nà sùilé. » — « Mar wâ me hé leâ
posa, yôfâ me bas leà grâ -(ç. » — « Rçtyo misé dô yas. »
Dûrty an wahêr leâ Ailyé.
9. ^In sàn âmsïn, hânik an bûstêrï ; wâri se mïnan lai an
dinçr. Vi sied féà-zint ér àn-miistërï marw an minant Vf ér
à tâlâ snyâ-/tâ, vi an tâlà fâlï. Xrô-/ an bûstëri suas an minan,
hârifi se' y°idfôla. D'oskil se sûàs an mïnan, harifï se 'ma-/ à
fôtogi yôdiwâ agùs à yri agùs sgawôgi. Xd se ër d snyâytd, hug
se lés dn minân gô dyûrit se sûds dn minan léyyé wusddya yôn
wânaltrd. Hânïk dn fidy du, hôsd se g'ôl nd fôld. Vf dn vançg
agùs dn wandltra fçdyint ër d vidydù g'ol nd fôld. — « Nis,
ïnin, vçkin tu dn fidydu, ta g' 61 na fôld, td grâeg dn-yâr so
wil tusâ ïn grâ les ; ta yrûd mar dn-il, agus d yrayydn yôgydl
les an snydytâ. » — « Wâhér, kédnos é v^kim'hé ?» — « Didnd
misé anmçd sin lé gô véki tu hç. X°irï mç sgyçdld ég Ailyé
an nos gôddgdy a Yrdhrdoyi agus d y°idy kômradi.
la neige. La mère lui dit: — « Il y a dans l'armée de ton père
un homme comme tu dis. C'est Aillé. Il a deux autres frères.
Ce sont les hommes les plus beaux qu'ait jamais vus une femme
de ses yeux. » — « Si je ne l'ai pour époux, je mourrai
d'amour pour lui. » — « J'arrangerai, moi, ton affaire. » La
femme dit cela d Aillé.
9. En ce temps-là, le boucher vint, et tua un chevreau pour
le dîner. Elles étaient à regarder le boucher tuer le chevreau.
Il y avait sur la terre de la neige, la terre en était couverte. Le
boucher suspendit le chevreau, il lit couler le sang. Il ouvrit
entièrement le chevreau, il en tira les boyaux, le foie, le cœur
I. Leg. vïnân.
Un Dialecte irlandais. 435
chomh geai leis an sneachta. Dubhairt an mhdthair léithe :
« Td fear in arm t'athar mar ta rdiJhte agat. Sin é Aille. Ta
beirt dhrdthair ^ elle aige. Siad na fir is breagha chonnaic bean
ariamh lé n-a siiili[bh]. » — « Mar- bhfaghaidh mé é le pô-
sadh, geobhaidh mé bds le grddh dhô. » — « Réidhteôchaidh
mise do chds. ;> Dubhairt an mhdthair lé Aille [an ni sin].
9. Insan am sin, thdinic an buistéire. Mharbhuigh se mion-
nân l'aghaidh an dinnéir. Bhi siad [ag] feuchaint air an mbuis-
téire [ag] marbhadh an mhionndin. Bhi air an talamh snea-
chta : bhi an talamh folnighte3. Chroch an buistéire suas an
mionndn. Tharruing se a chuid fola. D'fosgail se suas an
mionndn. Tharruing se amach a phutôga, a chuid aodhbha^
agus a chroidhe agus a sgamhôga. Chaith se air an sneachta
[iad] ; thug se leis an mionndn go dtiubhradh se suas an
mionndn l'aghaidh ûsaide, dho'n bhanaltra. Thdinic an
fiach dubh : thosuigh se ag 61 na fola. Bhi an bhean ôg agus
an bhanaltra [ag] feuchaint air an bhfiach dubh ag 61 na
fola. — « Anois, a inghin, an bhfeiceann tû an fiach dubh
td ag ôl na fola ? Td gruaig an fear 5 so [a] bhfuil tusa i ngrddh
leis [mar an bhfiach dubh sin], td a ghruadh mar an fuil agus
a chroiceann chomh geai leis an sneachta. » — « A mhd-
thair, cionnus a bhfeicfidh mé é ? » — « Deunfaidh mé an
méid sin lé go ^ bhfeicfidh tû é. Chuirfidh mé sgeula aig
et les poumons. Il les jeta sur la neige; il emporta le chevreau
pour le donner à apprêter à la nourrice. Un corbeau vint et
se mit à boire le sang. La jeune fille et la nourrice étaient à
regarder le corbeau boire le sang. — « Eh bien, ma fille, tu
vois le corbeau qui est en train de boire le sang ; les cheveux
de cet homme que tu aimes sont comme ce corbeau, sa joue
est comme le sang et sa peau aussi blanche que la neige. » —
I,
= dhearhhrâthair.
2.
3-
4.
5.
6.
= tniina.
Leg. falnighthe.
aedh dans l'ouest du Connaught
Leg. jir.
= chum go.
Revue Celtique, XVI.
31
4U G.Dottin.
10. Nûer fûér Âilyë sgyéalà, hdnik nyendi les a Yrihçr
Ardân agùs à y°idy kômrddï ïn à -/"idya'/at. Hanik sied ér ai an
tdwr. Vi an vanog agùs an wdnaltrà fanàyt gô vékit sied iéd.
Hyûil sied sis agùs 'ûàs ër ai an tdwr. Nôirë yànik sied an va-
nog, durt sied na-/ wdkâ ényar le na hûli ban nis-prdyà nd hi.
Hânik sied er ds.
II. Fûa sied ég 61 stya-/ i-dyd-/ a tdvernyë. Hi sied sis -/ô
fada, agùs vï sied nà si sis g'61; s'e an kçrà vi akà kôr sis ër
brd'/à an vanôg. Nôirë d'ôïl sied anôing, d'çiri sied sûàs a-g°i-
dyà-/tà /éle. Hanik sied wdla.
La ér nà wdirà-/, t'inse kydn gô nà komrddi gôn-ydr is Qgye
YÔ na drydhàro'/i an tdriskint fùér Âilye. Hdnik an farôg gôdi
'n à yrdhër Ailye. Diàrôyà yô : "An fi°r an skyçàl ta rdti
g'ûàr tu ôfàr ër à-mannôg o°rtlat, agùs ma fwéris, kçrd na-/
tyûrà lat hi ? » • — « Ni dka mesi, agùs da vçkin, ni -/enygy
rôd ë bih wé Yàm m'dnàm vç kdilti lé'/yë. » ''Ansin, hânik
gay ùa"/ï an vanôg, dûrt sied gô mô kldhïrë vi in sa-vdi fùër
an tdriskint. Dûrt se gô dôkit se les i.
« Ma mère, comment le verrai-je ?» — « Je ferai tout ce qu'il
faut pour que tu le voies. Je dirai un mot à Aillé en sorte que
viennent ses frères et ses camarades. »
10. Quand Aillé sut l'histoire, il vint, avec son frère Ardan
et ses camarades en sa compagnie. Ils arrivèrent en face de la
tour. La jeune fille et la nourrice attendaient pour les voir.
Ils se promenèrent de long en large devant la tour pour voir
la jeune fille. Quand ils l'eurent vue, ils dirent que jamais un
homme n'avait vu de ses yeux une femme plus belle qu'elle.
Ils s'en retournèrent.
11. Ils s'en allèrent boire dans une auberge, ils restèrent
assis longtemps et ils restèrent assis à boire, la conversation
qu'ils tenaient tomba sur la beauté de la jeune fille. Lorsqu'ils
Un Dialecte irlandais. 43$
Aille an nos go dtagadh a dhearbhràithre agus a chuid
comraidi. »
10. 'N uair fuair Aille sgeula, thâinic in aendidh leis a
dhearbhrdthair Arddn agus a chuid comraidi in a chuideachta.
Thdinic siad air agaidh an torr^ Bhi an bhean 6g agus an
bhanaltra [ag] fanacht go bhfeiceadh siad iad. Siubhail siad
sios agus suas air aghaidh an torr3 nô go bhfaca siad an bhean
ôg. 'N uair a chonnaic siad an bhean og, dubhairt siad nach
bhfaca aon fear dé n-a siiiii[bh] bean nios breagha nd i.
Thdinic siad air ais.
11. Chuaidh siad ag 61 asteach i dteach an tdbhairne. Suidh
siad slos go fada, agus bhi siad 'na suidhe sios ag 61. Is é an
c6mhrddh bhi aca cur sios air bhreagha an bhean 6g^. 'N uair
d'61 siad a nd6ithin d'eirigh siad i gcuideachta a chéile. Thdi-
nic siad a bhaile.
Ld air n-a bhdrach, d'innsigh ceann dhe na comrdidi[bh]
dho'n fear is 6ige dhe na dearbhrdithreachaibh an tairsgint^
fuair Aille. Thdinic an fear 6g go dti n-a dhearbhrdthair Aille.
D'fiarfuigh se dhe : « An fior an sgeul td rdidhte go bh-fuair tii
offer air an mbean ôig thabairt leat ? agus md fuarais, créad
nach tiubhrd leat i ? » — « Ni faca mise, agus dd bhfeicinn,
ni choinne6chadh 4 rud air bith uaithe dho m'anam bheith
eurent assez bu, ils s'en allèrent tous de compagnie. Ils ren-
trèrent chez eux.
Le lendemain l'un des camarades raconta au plus jeune des
frères la proposition qu'avait reçue Aillé. Le jeune homme
alla trouver son frère Aillé. Il lui demanda: « Est-ce vrai
l'histoire qu'on m'a dite, que tu avais reçu la proposition
d'emmener la jeune fille avec toi ? et si tu l'as reçue pour-
quoi ne l'emmènerais-tu pas avec toi ?» — « Je ne l'ai pas
vue et si je l'avais vue rien au monde ne m'arrêterait, même si
1 . Leg. tiiirr.
2. Leg. na tnnd ôige.
3 . Leg. tairgsin.
4. = choiighhôchadh.
436 G. Dottin.
12. Dûrty an wandltrà gôr ànis vi ânt am àcô ; « ta ri Mô-
nônân g'ôl gô kûgyôlâ ér âstir ég à ri yùgyâla.. Nùër a dimé Mô-
nônan gô kûgyôlâ, hùg Âilye les Drçdrà; dyémi sied gô Âlôb-
win 11' aty a ro à garid rompu. Hanik sied ëg à ri Alobwin.
Hanik se 'md^, yrà se a lâév le yéniné yô nâ drâharôyi. Xûr
se kçàd mile faltyé rïv yjdn Esnyë. « Nisë », isrà Ailye yô nà
wintre : « sôdi mô y^lë, Drédrâ ni Mônônan vi ïn sa tdwr klôyà
o vl si nâ lydnà gô dânik si suas nâ ban ôg. Fùër mise hi, agùs
is orâm a Idg si â sùil, agûs hit si ï grdy lyôm. Hôig me
erôm hçn, o hit si ïn gray lyôm i ort lôm agùs dûrt me
lôm hçn gô dokin gô Alôbwin ëg mô kdredy o ta sùil agâm
gôr ta se. » Rùg ri Alôbwin ër Idëv ér Drç'drâ : « Nil çn-yar
a yéfây an tdriskint nay dôekit se ç. Nis, kôsno se fwil agùs
k^ërp ér an dstir so ; nis, ni dkà sibse m.ise agùs ni dkâ mise
sib. Rdyâ tùsà, Ailyë, ëg iârlà YÛinë an tr'ôin a'risï tu yo t'dstir.
K°ire mise g°irim sgwôlâ ridy an ildïn yùilé ri, ma 's ma les
Idév yùganta ôrt dib, ta k'ad ôku. » Nis, ta triân y'ir Alôbwin
ër iw klan Esnyë, yunâ yob, agùs iàrlâ yùinë â tr'ôin.
je devais perdre la vie pour elle. » Là-dessus arrivèrent tous
ceux qui avaient vu la jeune fille; ils dirent qu'il était un
lâche, l'homme qui avait trouvé cette bonne occasion. Il dit
qu'il la prendrait.
12. La nourrice dit que c'était le bon moment pour eux.
« Le roi Manannan est parti en Ulster pour aller rendre visite
au roi d'Ulster. » Quand Manannan fut parti pour l'Ulster,
Aillé prit Derdriu avec lui ; ils partirent pour l'Ecosse où était
leur ami. Ils arrivèrent chez le roi d'Ecosse. Celui-ci sortit et
donna une poignée de main à chacun des frères. Il souhaita
mille bonjours aux fils d'Usnech. — « Eh bien », dit Aillé â
l'assistance, « voici ma femme Derdriu, fille de Manannan,
laquelle était dans la tour de pierre depuis le moment où elle
était enfant jusqu'à ce qu'elle eût atteint l'âge de femme. Je
l'ai trouvée et c'est sur moi qu'elle a jeté son regard, et elle
Un Dialecte irlandais. 437
caillte léithe. » Annsin thdinic gach a bhfaca an bhean ôg;
dubhairt siad go mba cleathaire bhi in san bhfear fuair an tairs-
gint. Dubhairt se go dtôigfeadh se leis i.
12. Dubhairt an bhanaltra gur anois bhi an t-am aca : « Ta
ri Mananndin ag 'ul go Cùig' Uladh air aistear aig an Righ
Cûig' Uladh. » 'N uair a d' imthigh Mananndin go Cûig'
Uladh, thug Aille leis Déirdre. D'imthigh siad go h-Albainn,
an dit a raibh a gcaraid rômpa. Thdinic siad aig an Righ Al-
bann. Thdinic se amach, chraith se lamh le [ga]ch aon-duine
dho na dearbhrdithreachaibh. Chuir se ceud mile Bilte roimh
chloinn Uisnigh. — « Anois », arsa Aille dho n-a mhuintir,
« siod i mo chéile, Déidre ni Mhananndin, bhi ins an torr
cloiche 6 bhi si 'na leanbh go dtdinic si suas 'na bean oig.
Fuair mise i, agus is orm a leag si a sûil, agus thuit si i
ngrddh liom. Thôig mé orm féin, 6 thuit si i ngradh liom, i
thabhairt liom; agus dubhairt mé liom féin go dtôiginn go
h-Albainn [i] aig mo charaid, ô td sûil agam gur td se. » Rug
ri Albann air Idimh air Dhéirdre : — « Ni fuil aon fear a gheo-
bhadh an tairsgint nach dtôigfeadh se é. Anois, cosnôchaidh
se fuil agus coirp air an aistear so. Anois, ni faca sibh-se
mise agus ni faca mise sibh. Rachaidh tusa. Aille, aig iarla
Dhûine-an-Treoin ; aithrisfidh tû dhô t'aistear. Cuirfidh mise
goirm-sgoile thrid an oilean. [Ga]ch uile ri, md 's maith leis
Idmh chonganta thabhairt doib, td cead aca. Anois, td trian
est tombée amoureuse de moi. J'ai eu le courage, puisqu'elle
était tombée amoureuse de moi, de la prendre avec moi, je
me suis dit à moi-même d'aller en Ecosse chez mon ami,
puisque j'espère qu'il l'est. » Le roi d'Ecosse prit Derdriu parla
main : — « Il n'y a pas un homme auquel on eût £iit cette
offre qui ne l'eût pas acceptée. Maintenant, cette expédition
coûtera du sang et des cadavres ; eh bien, je ne vous ai pas
vus et vous ne m'avez pas vu. Tu iras. Aillé, chez le comte de
Dun an Treôin, tu lui raconteras ton voyage. J'enverrai par
toute l'île une proclamation. Tout roi qui voudra vous
donner un coup de main en a la permission. » Alors un tiers
des hommes d'Ecosse se mettent du côté des iils d'Usnech —
438 G. Dottin.
13. "In sân am sin, hânik anal Mwinônân léhe na y°\à.
ârïm, gô wât se sasà ër klan Esnyé fwi an ïntn horl wai. Ha-
nik se gô Halôbwin ëg ri Hdlôbwin agùs a ynyt arim. Nûër
ydnik ri Halôbwin tià/ta agûs a y°\à ârïm nçndi les, dag se à
hd)j, agùs fui se ma-/ fwi nâ '/iiie. Nûër hanïk an da ri
ïn à yjk^è : — « KC^id mile fâ'ltye érç)t, ri Mônônân as
E're », is a durty ri Halôbwin les. » Nôirë yrâ. sied lawë le
7yçlé : — « Wil tùërisk ogùd dôm ér klan Esnyc ?» — « Nïl ;
Ya-ddgà-/ sied agam, yianin diob prison e lé hu hdso. » —
« Wil tùërisk e bih ôgùd ôrùb mar is gô hdlôbwin hânik
sied. » — « Tdire ëg iârlà yûin à tr'ôin, agùs b'édir gô dyùrït
se yùty tùërisk ôrùb. »
14. Dimi se ëg iarla yùin a tr'oin. X°ir se fâ'ltye rïv Mônô-
nân. — « Kéârd ç t' astir? » D'inse Mônônân y' iârlâ y^iin a
trçin â-âstir. — « Wil tùërisk dgùd ër y\ân Esnye ?» — « Ta.
Kéârd rôni sied ort, Içe gô danik tu as É'ré agùs dô yùytâ sâè~
dyuri ? » D'insë Mônônân ké ânt ùdâr hùg as E'rë: — « Hùg
klan Esnyë ùëm m'ïnin Drçdrâ vi ïn sa tâwr klôyâ. » — « Ta
pour leur donner aide — ainsi que le comte de Dun an
Treôin.
13. En ce temps-là, Manannan survint avec ses armées pour
obtenir satisfaction des fils d'Usnech, au sujet de sa fille qu'Aillé
lui avait enlevée. Il arriva en Ecosse, chez le roi d'Ecosse, avec
sa puissante armée. Quand le roi d'Ecosse le vit s'avancer, lui
et son armée avec lui, il quitta sa maison et alla dehors à sa
rencontre. Quand les deux rois se furent rejoints : « Cent
mille bienvenues à toi, roi Manannan d'Irlande », lui dit le
roi d'Ecosse. Quand ils se furent serré la main : — « As-tu
des nouvelles à me donner au sujet des fils d'Usnech ?» —
« Non; s'ils étaient venus chez moi, je les aurais faits prison-
niers pour te donner satisfaction. » — « As-tu sur eux quelque
nouvelle, puisque c'est en Ecosse qu'ils sont allés? » — « Va
Un Dialecte irlandais. 439
dh'fir Albann air thaobh chlann ^ Uisnigh — congnamh [tha-
bhairt] dôib — , agus iarla Dhùine an Treoin. »
13. In san am sin thdinic anall Manannâin lé n-a chuid
arm go bhfaghadh se sdsadh air chloinn Uisnigh faoi an inghin
thabhairt uaidh. Thdinic se go h-Albainn, aig ri Albann, agus
a chûmhacht airm. 'N uair chonnaic ri Albann ag tidheacht é,
agus a chuid arm in aendidh leis, d'fdg se a theach, agus
fuaidh^ se amach faoi 'na choinne. 'N uair thdinic an dd ri
in 3 a chéile : « Ceud mile tdilte rômhat, ri Manannâin as
Éire », is a dubhairt ri Albann leis. 'N uair chraith siad Idimh
le chéile: — «[An] bhfuil tuairisg agat dom air chloinn Uis-
nigh ?» — « Ni '1, dhd dtagadh siad agam, dheunfainn dib
priosûnaigh lé thu sdsadh. » — « Bhfuil tuairisg air bith
agat orraib, mar is go h-Albainn thdinic siad ?» — « Teirigh
go h-iarla Dhùine an Treoin, agus b'féidir go dtiubhradh se
dhuit tuairisg orraib. »
14. D'imthigh se aig iarla Dhùine an Treoin. Chuir se
fdilte roimh Mhanannain. — « Ceurd é t'aistear.? » D'innsigh
Mhananndin dh' iarla Dhùine an Treoin a aistear. — « Bh-
fuil tuairisg agat air chloinn Uisnigh ?» — « Td. Ceurd righne
siad ort, lé go dtdinic tù as Eirinn agus do chumhachta saigh-
diuraidh ? » D'innsigh Mananndin cia an t-ughdar thug as Ei-
rinn [é]. — « Thug clann Uisnigh uaim m' inghean Déirdre,
bhi in san torr cloiche. » — « Td siad annso, faoi chumhachta
trouver le comte de Dun an Treoin et il peut se faire qu'il te
donne de leurs nouvelles. »
14. Manannan alla trouver le comte de Dun an Treoin.
Celui-ci souhaita la bienvenue à Manannan. « Quel est le
sujet de ton voyage ? » Manannan raconta son voyage au
comte de Dun an Treoin. — « As-tu des nouvelles au sujet
des fils d'Usnech? » — « J'en ai. Que t'ont-ils fait pour que
tu sois venu d'Irlande avec tes puissants soldats ? » Manannan
1. Leg. chimie.
2 . = chuaidh.
3. = chum.
440 G. Doitin.
sied inso fwi '/û/ta agùs misnyûil, trçdn, léa sâsà Qrt ditse. »
D'inse iàrlâ yiiin a tr'oin 'n àty à ro sied ins an.
15. D'yémi Mônônan agûs à y°id ^râm ïn sàn âty rurty
larld vûin a tr'ôin n'âty à ro sied ïn san. Nûér a yânik klan
Ésnye Mônônan tià-/t, agûs a xâ-/tà ârïm : « Nis, çyraliarô'/ï,
anyû no gô bra-/. » Rçtyé sied hçn leyje an trédy. Hanik an
dâ ârâm ïn â-/yçle. Vi gyârâ agùs sa edir a da arim; rine klan
Esnye sliâ-/tâ ér arâm Mônônan. N°ire vi an la kâtyé agûs an
iyye tiâ/t, stop an dâ ârâm. Là ër nâ wâirâ-/, yôsà an kâ nis
kûyû nis trénâ nâ 'n kéâd la. Vi klan Lsnyé gyârâ agûs a lyâ-
gint ârâm Wônônân nâ sliâytï. Has â ka gô tôrnçnâ. ''Stop
sied tôrnçna yo 'n dârnâ là. In sânn iyyé yl^i Mônônan er â
■/ôdy kyântàrtï : — « Kéàrd yanasmôdy â m^ïrà-/ ? » Durty nà
•/yânflirtyô-/i les : — « Ma hâsan tu trédy à mâira-/ is ri vyôg,
vçis agad g'ûl gô Eyrë. » N°iré yànik sç an sllayta vi dianti ër
y°idy dràm, ^(\ak se gorlyà agûs durty gôn ômpQt se gô Éyré.
raconta la cause qui l'avait fait partir d'Irlande. — « Les fiis
d'Usnech m'ont enlevé ma fille Derdriu qui était dans la tour
de pierre. » — « Ils sont ici forts, courageux et intrépides
pour te donner satisfoction. » Le comte de Dun an Treôin lui
dit l'endroit où ils étaient.
15. Manannan partit avec ses armées pour l'endroit dont
lui avait parlé le comte de Dun an Treôin, l'endroit où ils
étaient. Quand les fils d'Usnech eurent vu Manannan s'avancer
avec sa puissante armée : — « Allons, frères, aujourd'hui ou
jamais ! » Ils se préparèrent pour le combat. Les deux armées
en vinrent aux mains. On échangea coups de tranchant et
coups de pointe entre les deux armées. Les fils d'Usnech
firent un grand carnage de l'armée de Manannan. Quand le
jour fut tombé et que la nuit fut venue, les deux armées s'ar-
rêtèrent. Le lendemain, le combat recommença, plus fort,
Un Dialecte irlandais. 441
misneamhail, treun, lé sdsadh thabhairt dhuit-se. « D'innsigh
iarla Dhûine an Treoin an dit a raibh siad.
15. D'imthigh Manannain agus a chuid arm in san ait ar'
^ubhairt iarla Dhûine an Treoin [clann Uisnigh a bheith], an
dit a raibh siad in san. 'N uair a chonnaic clann Uisnigh Ma-
nanndin ag tidheacht agus a chumhachta arm. — « Anois, a
dheabhrdithreacha, andiu nô go brdth ! » Réidhtigh siad [iad]
fhéin l'aghaidh an ^ troid-. Thainic an dd arm in3 a chéile.
Bhi gearradh agus sdthadh eidir an dd arm. Righne clann
Uisnigh sleuchtadh air arm Mananndin. 'N uair bhi an Id
caithte, agus an oidhche ag tidheacht, stop an dd arm. Ld air
n-a bhdireach4, thosuigh an cath nios cûmhachtaighe, nios
tréine, nd an cheud ld. Bhi clann Uisnigh ag gearradh agus ag
leagaint airm Mhananndin 'na sleuchtadh. Seas an cath go
trdthnôna. Stop siad trdthnôna dhe'n darna ld. In san oidche
ghlaoidh Mananndin air a chuid ceannfart[a]. — a Ceurd
dheunfasmuid i mbdrach ? » Dubhairt na ceannfairt leis : —
« Md seasann tû ag troid i mbdrach, is ri-bheag bhéidheas
agat ag 'ul go hEirinn. » 'N uair a chonnaic se an sleuchtadh
bhi deunta air a chuid arm, ghlac se a gcomhairle, agus du-
bhairt se go n-iompôchadh se go h-Eirinn.
plus acharné que le premier jour. Les fils d'Usnech taillaient
en pièces et renversaient à coups de pointe l'armée de Ma-
nannan. Le combat dura jusqu'au soir. Ils s'arrêtèrent le soir
du second jour. La nuit, Manannan convoqua tous ses chefs :
— « Qu'allons-nous faire demain ? » Les chefs lui dirent : —
« Si tu persistes à combattre demain, petit sera le nombre de
ceux qui s'en retourneront avec toi en Irlande. » Quand il
vit le carnage qui avait été fait de son armée, il accepta le
conseil et dit qu'il s'en retournerait en Irlande.
1 . Leg. na.
2. Leg. froide.
3 . = chuni.
4. = bbaracb.
442 G. Dottin.
i6. Ta se ticr/t à wâlâ gô Eyré, nis mç na lya 7°id ârdm
mâro gàn çn sâsa ëg 'ér -/lan Esnyé, na èr Drédrâ. Niier hanik
wâlâ ëg a ha-/ '/û/ta-/, didra ànt âr^glic rô sç sâsta an dstïr.
Durty Mônônan les gôm ôlk a âstir, — « Nis, kér diânâs mé?
Ta mé fwi hârôg agùs fwi brisa krl. Ka tu kkis yénà voni
anis go wâi me s^sa orùb, /ôsénty e léçdye yô -/ribloit yôm.
Riné ant ârglic vq çn -/lâs, serd edûrty se les an ri : — « K°ir
g°irim sg°ilé 'ma-/, agùs fwilsotu yôr fôblï ^ g' wil a bôrdun
le fail ôku : « Tâgâgi wâlà gô Eyré, ylan Esnyë, togà g°i lib Drç-
drà ! Ta an âty à vf agi le fail arist ! » « Nis », is ânt ar-glik,
« nûër e glisï sied so, tôkà sied ér as, ër an âw^'r g'ûïl ga-/ wil
kâtï yôb. Nis, ta sied gô tiàyt gô Eyré. K°Irï tûsàdô y^id drâm
ïnnà lyed sô 7Ô yâil. » Rïni sç mar dûrty ant âr-glik.
17. Vi siéd-san a tiaytin niôs on bàla> kuan, nis ridy a tir,
nuër hanik sied gôdi an yôil rô 'm bôhar ri na lâr. Wil
smûinté Nis gô rô plôtà lyâki Iç nà n-âhi. — « Ké°rt ta ôrt
16. Il s'en va chez lui en Irlande. Plus de la moitié de
son armée avait péri sans qu'il obtînt satisfoction des fils d'Us-
nech, ni de Derdriu. Quand il fut arrivé chez lui dans sa
maison de puissance (son palais), son conseiller lui demanda
s'il était content de son voyage. Manannan lui dit que son
voyage était mauvais. « Maintenant, que vais-je faire? Je suis
en colère et mon cœur est brisé. Pourrais-tu employer un
artifice, maintenant, pour que j'obtienne d'eux satisfaction et
compensation pour le tourment qu'ils m'ont donné ? » Le
conseiller lui imagina un artifice ; voici : il dit au roi : « Fais
une proclamation et tu feras connaître publiquement que leur
1. Leg. an fear. Tar glic est sans doute une corruption de Dali G^c.
2. Leg. pôbîi.
3. Leg. on vhilà.
Un Dialecte irlandais. 443
16. Td se ag tidheacht a bhaile go h-Éirinn; nios mô na
leath a chuid arm marbh gan aon sdsadh aige air chloinn Uis-
nigh nd air Dhéirdre. 'N uair [a] thdinic a bhaile aig a theach
chùmhachtach, d'ilarfuig an fear glic [an] raibh se sasta [leis]
an aistear. Dubhairt Mananndin leis go mb' olc a aistear. —
« Anois, ceurd dheunfas me ? Td mé faoi fearg agus faoi bhri-
seadh croidhe. Caithfidh tu cleas a dheunamh dhom anois go
bhfaghaidh mé sdsadh orraib [a] chosaint a leithéide dhe trio-
blôid dhom. Righne an fear ghc dhô aon chleas, seurd ^ du-
bhairt se leis an righ : « Cuir goirm-sgoile amach, agus foill-
seôchaidh tû go puiblidhe go bhfuil a bpardûn lé faghdil aca:
Tagaigidh^ a bhaile, chJann Uisnigh! Tôgaigidh 5 libDéirdre!
Td an dit a bhi agai(bh) le faghdil arist ! Anois », ar san fear
glic, « 'n uair a gcloisfidh siad so, tiocfaidh siad air ais, air an
adhbhar go bhfuil gach a bhfuil [aca] caithte dhôib. Anois, td
siad go tidheacht go h-Eirinn. Cuirfidh tusa do chuid arm in
a léitheid so dhe choill. » Righne se mar dubhairt an fear
17. Bhi siad-san ag tidheachtan anios 6 'n mbaile cuain,
anios thrid an tir, nuair thdinic siad go dti an choill [a] raibh
an bôthar ag rith 'na Idr. Bhuail smuainte Naois go raihhplota
leagtha lé n-a n-agaidh. — « Ceurd td ort, a dhearbhrd-
pardon leur est accordé : Revenez chez vous, fils d'Usnech !
Amenez avec vous Derdriu ! La situation que vous aviez, vous
l'aurez de nouveau ! Maintenant », dit le conseiller, « quand
ils apprendront cela, ils reviendront, puisque tout ce qu'ils
avaient fait leur est pardonné. Alors, ils sont en train de venir
en Irlande. Tu posteras tes armées dans tel bois. » Il fit
comme le conseiller lui avait dit.
17. Ils étaient en train de descendre du port à travers le
pays quand ils arrivèrent au bois au milieu duquel passait la
route ; l'idée vint à Naois qu'il y avait un complot contre
1 . Leg. is é nid. Cf. ceurd = ce an nid.
2 . = lagaidh, ilgidh.
3 . = togaidh.
444 G- Dottin.
éyrahër ? » — « Ta me yâ Çgyâl gô wil plot dianta le sasà â'I-
ty orin. » — « Eyrahër, nàkôvnï ér sin, ni yçtàr sinà vé, na-/
wil okàl agùs ônoir an ri g'wil àr bârdûn mâtyà ynin. » —
« Éyrahër, 70 surâ'ltyë agùs ta mé kàntyë lat, tcâ se ïn m' in-
tin, agùs nil rôd à bi nis surâ'ltyë na hé. Nis^ kçrd iânas-
m°idy? — « Diànam°idy mwit hén a yôse'nty yp ma agùs ia-
tàsm°idy hé. Raya n'çrit so gô wi sied stya/ ïn sa gail ta ér tiu ^
or lâêv yjé agùs râyânT^idy ér an yaïl or lâév y as. Féayà sib gô
griiî, su°lëgi go ré agùs bigi surâ'ltyé yàr gnâhà. Nis, mas
sibsé ekis ç°n iné yâr ér nâwidy, k°irë sib fad vçré â-sib. Mas
m°idy ekis an nâwidy, diànàm°idy an sgçàl kéànà yùbse. »
18. Anis, bwi hé tiu na lâëvë dçse fôkïs an nâwidy agùs
n°iré a yânik sied à nâwidy, ha sied, y°ir fad vé're astôb tçrty
kôra, xo n-wintir a vi tiu nà lâévë klçe. Hânik sied as a-gâil
mwintir nà lâëve klçe. Hânik àied fré yyçlé. — « Nis, eyrâ-
harôyï kâham°ïdy trçdy yiànà nis. Ta an plot dianti Iç n'âr 'n
ai gô wai se sâsà ôriii nùër này ùôr se n°iré vim°idy ïn Hâlo-
bwin. »
eux. — « Qu'as-tu, mon frère ?» — « Je vois qu'il y a un
complot de fliit pour tirer satisfaction de nous, » — « Mon
frère, ne pense pas à cela, ce ne peut être, puisque nous
avons la parole d'honneur du roi que le pardon nous est ac-
cordé. » — « Mon frère, c'est aussi sûr que je te parle, c'est
dans mon esprit et il n'y a rien au monde de plus sûr que
cela. Et maintenant que ferons-nous ?» — « Nous aurons à
nous défendre aussi bien que nous pourrons. Un certain
nombre d'entre nous entreront dans le bois qui est situé à
main gauche et nous irons dans le boisa main droite. Regardez
attentivement, marchez tout préparés et soyez sûrs de votre
I. Lea;. h in.
Un Dialecte irlandais. 445
thair ?» — « Ta mé dhd feicedil go bhfuil plota deunta lé
sâsadh faghdilt orrainn. » — « A dhearbhrdthair, na cuimh-
nigh air sin, ni teudtar siii a bheith, nach bhfuil focal agus
onôir an righ go bhfuil ar bpdrdûn maithte dhiiinn. » — « A
dhearbhrdthair, chomh surailte ^ agus td mé ag caint leat, td
se in m'intinn agus ni '1 rud a[ir] bith nios surdilte nd é.
Anois caid é rud a dheunfas-muid ?» — « Deunfamuid féin
achosaint chomh maith agus feudflis-muid é. Rachaidh an oi-
read so go bhfuighidh siad asteach in san gcoill td air thaoibh
ar ldimh[e] chli, agus rachamuid air Idimh dheas. Feuchfaidh
sib go grinn ; siubhlaigidh go réidh agus bigidh ^ surdilte
dh' ur 5 ngnôthai[bh]. Anois md's sib-se feicfeas aon-duine
dh' fear[aib] ar ndmhaid4 cuirfidh sib fead mhéire as sib.
Md 's muid a feicfeas an ndmhaid, deunfamuid an sgeul ceudna
dhuib-se. »
18. Anois ba h-é [air] taobh na laime deise facas an ndm-
haid, agus 'n uaira chonnaic siad an ndmhaid, seas siad, chuir
fead mhéire astoib ag tabhairt comhartha dho 'n mhuintir a
bhi taobh na Idimhe clé. Thdinic siad as an gcoill — muin-
tear na Idimhe clé — ; thdinic siad fré chéile. — « Anois, a
dhearbhrdithreacha, caithfidhmuid troid adheunamh 'nois. Td
an plota deunta lé n-ar n-aghaidh go bhfaghaidh se [an ri] sd-
affaire. Maintenant, si vous voyez un homme de notre ennemi,
vous donnerez un coup de sifflet avec vos doigts. Si c'est nous
qui voyons l'ennemi, nous ferons la même histoire pour
vous. »
18. Eh bien, ce fut du côté droit que l'on vit l'ennemi et
quand ils eurent vu l'ennemi, ils s'arrêtèrent, ils sifflèrent
dans leurs doigts pour donner le signal à la troupe qui était à
main gauche. Le parti qui était à main gauche sortit du bois.
Ils firent leur jonction. — « Eh bien, frères, nous allons
avoir à combattre maintenant. Le complot est fait contre nous
1 . = cinnte.
2 . = biidh.
3 . = hhtir.
4. Leg. ndinhad.
446 G. Dottin.
19. Rïnyû mar ly^gu sis, Fûa an tr'ur drâhér ïn tôsa Içç
gôn yârâd sied à-mâlâx ridy àn-nâwidy. Rïnyû hé. Dônsâ sied
à-nâwidy '/ridy à-gâil; vi fwil agùs k"irp gô lyôr ïn sâ-gaïl.
Vî à nâwidy yô tréàn agûs gô ro sied n yômârka ôrùb. Hâs à
ka gôn yârno èlyçâytâ. ''An sa slyçàyta vî kLan Ésnyë yçnà,
hanik krônii agùs fatiôs ér â-nâwidy.
20. Tn san âm sin, dïmi à-nâwidy lé fatiôs rômpQ. Wârë
sied hén à yèlè nûér à dimè àn-nâwidy yôh, ï dyas an trçdy
wùïlàx fâr gô ylan Ésnyé bwilé ya lan, hil se gô 'r nâwidy à
vihàn ; kérd a vihàn ? a eyrâër. Mar sin à riiîe an tryùr le nà
-/çle. Ni rç ç°n iné rô n'endi le klân Esnyé na-/ mâriw ïn sa
gâû.
21. Vî Drédrâ fçâyint ér à-gâ, ta si sawa'ltye; nûér a yànik
si nay rô d°in é bih ya danik n'éndi leyyë as Hâlôbwin nay wil
mâro. — « Ta na tr'ur gâski is fâr vî 'n yErin mâro, mar ta
Nis Âilye agûs Ardân, tr'ûr klan Ésnye... "Sibsë, lûyt an ûâ,
na dianôgi an ûa kông ncâ gyâr, diànôgi gô môr agûs gô
pour que le roi obtienne satisfaction de nous, puisqu'il n'a pu
l'obtenir quand nous étions en Ecosse. »
19. Il fut fait comme on avait décidé. Les trois frères se
mirent à se tailler un chemin à travers les ennemis. Cela fut
fliit. Ils attaquèrent l'ennemi au milieu du bois, il y eut pas
mal de sang et de cadavres dans le bois. L'ennemi était aussi
fort et trop nombreux pour eux. Le combat dura, en sorte
qu'ils firent un grand carnage. Dans ce carnage que les fils
d'Usnech firent, la crainte et la panique s'emparèrent de l'en-
nemi.
20. A ce moment, l'ennemi s'enfuit plein de crainte devant
eux. Ils se frappèrent à mort mutuellement, quand l'ennemi
fut parti, dans la chaleur du combat. Un des fils d'Usnech
frappait un coup de son épée, il pensa que c'était un ennemi
Un Dialecte irlandais. 447
sadh orrain, 'n uair nach bhfuair se [é] nuair a bhi-muid in
Albainn. »
19. Righneadh mar leagadh sios. Fuaidh^ an triur dearbh-
râthair in ^ tosaigh lé go ngearradh siad a mbealach thrid an
ndmhaid. Righneadli é. D'ionnsuigh siad an ndmhaid thrid an
gcoill. Biii fuil agus coirp go leôr in san gcoill. Bhi an ndm-
haid chomh treun agus go raibh siad an iomarca orraib. Seas
an cath go ndéarnadh sleuchtadh ; in san sleuchtadh biii clann
Uisnigh a dheunamh, thdinic criothnughadh agus faitchios air
an ndmhaid.
20. In san amsin, d'imthigh an ndmhaid lé faitchios rômpa.
Mharbhuigh siad féin a chéile, 'n uair a d'imthig an ndmhaid
uathaib, i dteas an troid^. Bhuaileadh fcar dhe chloinn Uis-
nigh buille dhd lann, saoil se gur ndmhaid a bhl ann. Ceurd
a bhi ann ? A dhearbhrdthair ! Mar sin a righne an triur lé na
chéile. Ni raibh aonduine dhd raibh in aendidh lé cloinn Uis-
nigh nach 4 marbhuigheadh in san gcoill.
21. Bhi Déirdre ag feuchaint air an gcath ; td si sdbhdilte.
'N uair a chonnaic si nach raibh duine air bith dhd dtdinic in
aendidh léithe as Albainn nach bhfuil marbh : — « Td na 5
triur gaisgidheadh is fearr bhi in Eirinn marbh, mar a td Naois,
Aille agus Ârdan — triur cloinne Uisnigh. Sib-se, lucht an^
qui était là. Qui était-ce ? Son frère. Ainsi firent les trois
guerriers les uns envers les autres. Il n'y eut pas un homme
de la compagnie des fils d'Usnech qui ne fût tué dans le bois.
2 1 . Derdriu regardait le combat ; elle est saine et sauve ;
quand elle vit qu'il n'y avait pas un homme au monde de
ceux qui étaient venus d'Ecosse en sa compagnie qui ne fût
mort : — « Ils sont morts, les trois guerriers les meilleurs
d'Irlande, comme Naois, Aillé et Ardan, les trois fils d'Usnech.
1 . Leg. chuaidh.
2. Leg. cJmm.
3 . Leg. na troide.
4. Leg. ftar.
5. Leg. an.
6. Leg. na.
448 G. Dotîin.
lyân hi, gô gôrtàr nâ tr'ur gdski a-bar vï in-yÉriii agùs misé
fçn Içb. Bwi ïn iâd nâ ftriv a-bâr a vi lé na lin in-yÉrin Rïiîi
si an dân molâ a-gùâ/tâ agùs a moryâil.
Conté à Galwa}- par Thomas Ford, Je 19 juillet 1891,
et recueilli par G. Dottin.
Vous, fossoyeurs, ne faites pas la fosse étroite ni courte,
faites-la grande et large, pour qu'on enterre les trois guerriers
les meilleurs qui soient en Irlande, et moi-même avec eux.
Ils ont été les hommes les meilleurs qui furent en Irlande de
Un Dialecte irlandais. 449
uagha, nd deunaigidh ^ an uagh cumhang nô gearr, deunai-
gidh go môr agus go leathan i, go gcuirtear an triur gaisgi-
dheadh a b' fearr bhi in Eirinn, agus mise féin leoib. Ba shin
iad na fearaibh- a b' fearr a bhi le na linn in Eirinn. » Righne
si an dân ag moladh a gcûmhachta agus a môr-chdil.
Transcrit en orthographe usuelle par le Rev. E. O'Growney.
leur temps. » Elle fit un chant pour louer leur puissance et
leur grand renom.
G. DOTTIN.
Rennes, 5 mai 1894.
1 . Leg. deunaidh.
2. Leg. fir.
Rtvut Ctlliquej XVI. 32
CHRONIQUE
SOMMAIRE : La croix de Coiig.
Je comptais prendre pendant ces vacances un repos complet et ne pas
donner de chronique à la Revue Celtique. Mais je me reprocherais de passer
sous silence la belle et curieuse publication — grand in-4, 12 pages et
deux planches avec figures intercalées dans le texte — que M"c Marguerite
Stokes vient de consacrer à la croix de Cong. Cette croix appartient au
musée de l'Académie royale d'Irlande. Elle lui a été donnée en 1839 par le
professeur Mac Cullagh. Elle était conservée au xviiie siècle dans l'abbaye
augustinienne de Cong en Connaught. Elle est en cuivre doré, ornée de
filigranes d'or et d'émaux ou de cabochons, d'abord au nombre de dix-huit,
aujourd'hui réduits à treize; sa hauteur est de deux pieds six pouces anglais,
ou soixante-quinze centimètres; sa largeur aux bras est d'un pied six pouces
trois quarts, ou quarante-six centimètres. Au centre est fixé un morceau de
la vraie croix, comme le dit une inscription latine : Hac cruce tegitur
QUA PAs[s]us co\DiTOR ORBis. D'autres inscriptions nous apprennent, entre
autres détails intéressants, la date de ce monument.
1° or[oit] do Mureduch u Dubthaig do senoir Erend. « Priez pour
« Muiredach (ou Maurice) ua Dubthaig (O'Duffy) l'homme le plus véné-
« rable d'Irlande », c'est-à-dire archevêque de Tuam, mort en 11 50, comme
on lit sous cette date dans les Annahs des Ouatre-Maîtres : Muireadbach ua
Duhhlhaich, airdeaspucc Coniiacht, aiid-sheanôir Ereatui uile i n-egna, i n-digbe
i t-tiodJmacal seôtt agus hidh, décc i c-Cunga an seiseadh décc do mh'i Mai i f-
féil naeinl] Breuainn iar-san c-coicceadh hliadhainse achtmoghat aaeisi « Muire-
« dach O'DufFy, archevêque de Connaught, l'homme le plus vénérable de
« toute l'Irlande par sa science, sa chasteté, sa libéralité, mourut à Conga le
« seize mai, jour de la fête de saint Brendan ; il avait dépassé la soixante-
« quinzième année de son âge. » La même indication est donnée dans les
Annales Buelliani, édition d'O'Conor : An[no\ MCL. Mauricius Ua Dubthaig,
archiepiscopus Conachtie in Xpisto quievit (cf. The Works of James fVare, éd.
Harris, t. I, p. 603).
2° Or[oit] do Therrdel[buch] u Choncho[buir], do RIO Erend, la-
san-derrnad in gressa. « Priez pour Turlough O'Conor, roi d'Irlande, qui
« a fait faire cette oeuvre. » Turlough O'Conor régna de 1106 à 11 56.
Chronique. 451
30 Or[oit] do Domnul m[a]c Flannacan u Dubd[aig] epscup Con-
nacht, do comarba comman ocus chiaran, ican errnad in gressa.
« Priez pour Donnel, fils de Flannacan O'Duffy, etévêque de Connaught,
« successeur de Comman [, évêque d'EIphin] et de Ciarân [, évêque de
« Clonmacnois] ; c'est chez lui que cette œuvre a été exécutée. « La mort
de cet ecclésiastique est datée de 11 37 par les Annales de Loch Ce : Doni-
nall hua Duhtaigh, Elefinensis episcopus, ocus comarha Ciarân Cliiana mie
Ndis, apiid Cliian Ferla Brénuinn quievit in Chrisio (édition Hennessy, t. I,
p. 137 ; cf. The JVorks of James IVare, éd. Harris, t. I, p. 169, 628. Ce per-
sonnage a-t-il été archevêque de Tuam, comme certains le croient ? Je
n'en sais rien.
Il résulte de ces dates que la croix de Cong a été fabriquée entre 1 106
et 1137.
Le nom de l'orfèvre est donné par la quatrième inscription:
0r[0IT] DO MaEL-ÎsU, M[a]c BrATDAN u EcHAN, DORIGNI in GRESSA.
« Priez pour Mael-Isu (serviteur de Jésus), fils de Bratdan O'Eghan,
« c'est lui qui a fait cette œuvre. »
Deux magnifiques lithochromies dessinées et peintes par M''^ Marguerite
Stokes sont jointes à son mémoire, l'une donne une vue d'ensemble réduite
de la croix de Cong, l'autre une partie grandeur naturelle.
H. d'Arbois de Jubainville.
Paris, le ler septembre 1895 1.
I . Quand cette livraison paraîtra, le nouvel ouvrage du même auteur
« Trois mois dans les forêts de France » Three nionlhs in the Forests oj
France, déjà annoncé plus haut, p. 256, sera sans doute enfin sorti des
presses et mis en vente à Londres, chez George Bell.
TABLE
DES PRINCIPAUX MOTS ÉTUDIÉS DANS LE VOLUME XVI
DE LA REVUE CELTIQUE'.
1. Gaulois ou vieux-celtiqjje.
(Voir p. 114, 122, 2(8, 2J9, 367.)
-aco-, 131, 258, 528.
Agedomopas, 373.
Alisincos, 259.
Aliso(n), 259.
Allobrogas, 98.
Alroron, 121.
ambi-, y,<)^ 321.
Andebrogius, 115.
Andecavi, 97, 355.
Andes ou Andi, 97.
AvEouvo;, 257.
Anvallonacos, 258.
Arevaci, 3 56,
Argantos, 259.
Argentocoxos « au pied d'argent »,
119.
-as, ace. pi., 3e décl., 98.
Atrebates, 98.
Atuaduci, 115.
Avicanto, 258.
-avo-, 3S4, 3 5 s.
Belenus, 367.
Belisama, 121.
Bituriges, 35^.
Bodicca, 35^.
Brigantia (dea), 259.
Brocomagus, 371.
Cabillonum (ou Cavi-?), 97, 98.
Cadorcensis, 99.
Cadurcus, 99.
Caledonii, 1 18.
calliomarcos « equi ungula », sorte
de plante, 555.
Cantonus, 122.
Carrio, 259.
Carrius, 259.
Carrodunon, 111, 112.
Garros « guerrier, héros », 1 1 1, 259.
Carrotala, 111.
Garrotalos, 11 1.
Gatomum, 260.
Gattos « chat », 255.
Gatus « bataille », 260.
Geltus, 131.
Gentullus, 99.
Gentulus, 99.
Gernunnos, 101 , 357.
Gicollui (Marti), 100.
I. Cette table a été faite par M. Ernauit.
Table des principaux mots étudiés dans le tome XVI. 45 3
cintu-, premier, 99, 121.
Cintullus, 99.
Cintusmus, 121.
Condercum, 1 1 2.
Condercus, 112, 115.
Condorcense (castrum), 115.
Congenniccus, 2 59.
Convictolitavis, i 16.
Cosdunensis, 99.
Dorcha, 115.
Aoûp, 116, 117.
Drecinus, 1 12.
-duros, forteresse, 1 17,
Eborius, 345.
Eburacus, 545 .
Eburos, 345.
Epona, 355, 356.
Erumo, 369-373.
Esumopas, 372, 573.
Esus, 373.
Esuvii, 97.
Ganaponis (gén.), 1 22.
Gedomo, 373.
Grai Oceli, 115.
Haedui, 97.
Helvetii, 97.
-iccus, 355.
ieuru, 100.
-isamo-, superl., 121, 151.
Lagge (voc), 99.
AayyoGpixai, 99.
Langobriga, 99.
Langoratum « forteresse de Lan-
goss,99.
Lauracus, 130.
Lauriacenses, 132.
Lauriacus, 132-134.
Laurianus, 131.
Laurias (villas), 131.
Laurienses, 131.
Laurinus, 130, 1 3 ( .
Laurus, 129-13 1, 1 34.
Lexovii, 97.
Lingonas, 98.
Litaviccos, 1 16.
Litavis, 116.
Lixoviatis, 97.
Lixovio(s), 97.
Lugus, 357.
magos, champ, 260.
marca-, cheval, 254.
Margidunum, 361 .
Marti ou Marii (gén.), 121.
Matidonnus, 362.
Mattiacus, 362.
Mattium, 362.
Meclodunnm, i ! 5.
Mogituma, 373.
Octodurus, 1 17.
-om-, -um-, 373.
Pennocrucium, 36.
Pictavi, 355.
Rauraci, 115.
Rosmerta, 3 57.
Rotomagus, 260.
Rumo, 373.
Ruontu, 258.
Sacruna, 100.
Sega « forte », 131.
Segisama « la très forte », 121,131.
Segobriga « fort château », 131.
Segomo, 373.
Sirona, 370.
Smerios, 3 57.
Taranis, 357.
Tarvos Trigaranus, 373,
Tegernacus, 121.
Tongilia, i 22.
Trigisamus, 121.
Troucillus, 115.
Ullici (gén.), 121.
Uxisama, 205.
Veragri, 115.
Vertillum, 100.
454 Table des principaux mots étudiés dans le tome XVI.
Vindobona, 130.
-viros, homme, 1 16.
II. Ogamique.
(Voir p. 260, 564.)
Dotoatt (gén.), 364.
Dumeli (gén.), 1 17.
Ebicatos (gén.), 122.
Glasiconas (gén.), 117, 260.
Ivacattos (gén.), 122.
maqi, du fils, 1 17, 122.
mucoi, du petit-fils, 122.
III. Irlandais.
(Voir p. 14, M, 28, 29,91-94, 107-109,
116, 123, 284-309, 349, 3SI, 3S2,
417, 420-424, 427-429, 431, 433,
4M. 439, 441-443, 44S-)
a, leur, 341, 342.
-ach, -ech (adj.), 348.
-adh, 421, 422.
-agiur, -igiur (dépon.), 348.
airissiur. je m'appuie sur, 565.
amaidi, vieilles femmes, 145.
amh-, préf. négatif, 320.
amlabar, muet, 321.
ammi, nous sommes, 315.
-ar, 1 16.
arddidir, aussi haut, 364.
Ard Mâcha, Armagh, 3, 45, 46.
asindiut, je raconte, 351.
alfet, il raconte, 3^1.
attà, il est, 365.
attô, je suis, 365.
bail, membre, ^ 5.
ban, des femmes, 355.
ban, soyons, 315.
Beann Eadair, 23.
ben, femme, 335, 3 5 S-
benim, je frappe, 1 16.
benn, corne, 355.
-bi'amm, que nous soyons, 315.
-bor, 1 16.
bru, corps, ventre, 255.
bruinne, poitrine, 255.
bunnân, butor, 322.
cairigthir « notatur », 350.
calath, calad, dur, 328.
caram, aimons, 315.
carmme, nous aimons, 315.
carr, guerrier; javelot, 111, 259.
carrud, guerrier, i 11 .
carthar, il est aimé, 3 50.
cat, chat, 255.
cenn, tête; na cinn eile, les autres,
33S-
Cenn Cruaich, 36.
cert, droit, juste; le droit, 226.
Cet mac Magach, 364.
cétshomain, premier mai, 190.
cland, fruits de la terre, 109.
cluinethar, il entend, 350, 351.
cocratar (ro-), ils conspirèrent, 40.
côicer, le nombre cinq, 1 16.
comard, de même hauteur, 364.
commar, rencontre de vallées, de
cours d'eau ou de chemins, 355.
Conan, Canan, 26.
conchair, puissant, compact?, 26.
condercar, on voit, 1 1 2.
crann-chur, le sort; consulter le
sort, 313.
Craobh Ruadh, 6.
cri, corps, 1 50,
Cromm-cruach, 309.
Cromm crin, 36.
cû, chien, 260.
Cualnge, 53.
cullach, sanglier; étalon, 59.
dealbhan-dé, papillon, 215.
Dechtire, 365.
dénim, je fais, 122.
derc, œil, 113.
diin, dind, de nous, 315.
Table des principaux mots étudiés dans le tome XVI.
4S5
dimicin, déshonneur, mépris, 316.
dofet, tofet, il conduit, précède, 551.
dogniu, je fais, 1 22.
domm, dumm, à moi, 3 17.
Dotoad (gén.), 364.
drech, visage, aspect^ 112.
Duboenach « l'assemblée noire »,
50, 51.
dûn, dûnii, à nous, 202, 3 1 ^.
dur, fort, dur, difficile, né, 117.
echtar, hors de, 365. •
Eidersgeoil, 9, 19, 24.
Emain Mâcha, le Navan fort, 1-3,
6,7.
-er, 1 16.
Erem, 44.
Erota, 308.
eunan-dé, papillon, 215.
fainghlean, vallée profonde, 55.
feadar, fetar, je sais, 349, 351.
Féne, Irlandais, 363.
feoras, fusain, 69.
fine, famille, 109.
fitir, 11 sait, 350, 351.
fogmur, automne, 1,91.
forbhaidh, accroissement?, 65.
forcital, enseignement, 94.
fortâ, il est dessus, 365.
Fricorus, 100.
garit, court, 90.
genair, il naquit, 350.
gér, aigu, 69.
gile, éclat, 146, 147.
Glaisiuc, 260.
gleôdh, éclaircir, décider, 68, 69.
gobbân, petit bec, 76, 77.
gorm, chaud; rouge; bleu, 316.
guin, blessure, 1 16.
gunn, cou, 70.
Humarrith, 90.
imb-, imm-, autour, 3 19.
immedôn, au milieu, 189.
1 n-, en, i, 108.
itau, je suis, 365.
-ithir, -idir, compar. d'égalité, 364,
Letha, la Gaule, 1 16.
linn, avec nous, 315.
lour, suffisant, 129, 134.
luch, soris, 3 29.
- m, i"^ pers. plur., 315.
mar taibsin, en grande quantité, 308.
mess, mesure, 320.
Miliuc, 260.
mf meodhain havraidh, juin, 190.
-mm, ire pers. plur., 315.
moladar (no-), il loue, 350, 351.
mûn, urine, 1 53.
murthonn, flot de la mer, 71.
-n, fe pers. plur., 315.
nessam, le plus proche, 121.
-nn, -nd, nous, 315.
no-charad, il aimait, 351.
no charam, nous aimons, 315, 316.
no charmmis, nous aimions, 315.
nonbor, le nombre neuf, 1 16.
ochtar, au-dessus de, 365.
ôinar, le nombre un, 1 16.
ortha, lève-toi, va, 68.
ré, temps, espace, 320.
remes, réimheas, temps, période,
319, 320.
-rith, gué, 89, 90.
roimse, perche, 320.
saball, grange, 365.
samaigim, je pose, 365.
samfuin, le 31 octobre, 190.
samlathar, il ressemble, 350.
sechur, je suis, 351..
sedlad (ro-), il fut brisé?, 44.
seol, lit, 49.
serc, amour, 365, 366.
sessam, acte de se tenir debout, 365.
sethar, fort, 191.
siat, eux, 316.
4^6 Table des principaux mots étudiés dans le tome XVI.
sin, -là, 237.
sinem, le plus vieux, 121.
smer, feu, 557.
Snuad, 509.
tabaill, fronde, 79.
tairissem, position, état, constance,
365.
tamailt, opprobre, insulte, 365.
tau, tu, je suis, 364, 365.
-te, participe passé, 328.
tech, maison, 365.
tiagu, je vais, 564-^66.
tibim, je ris, 89.
libre, poils de la barbe, 89.
tibrech, chevelu, 89.
tong, je jure, 122.
Torian, 87.
uasal, haut, 365.
Uat, 52.
urgartiu£;ud, divertir, 90.
IV. Gaélique d'Ecosse.
(Voir p. 84, 8j, 1 17, 1 18, 208-21 1, 342,
3S80
a, an, lequel, 208.
a, an, am, leur, 207, 541, 342.
amh-, préf. négatif, 320.
an, am, le, la, 207.
Beann Eadain, 23.
broch, sorte de forteresse, 348.
da, à qui, 209.
fabhra, paupière, 188.
Lothian, 84-86.
na, nan, nam, des, 207, 208.
V. Mannois.
glass, gris; vert^ 229.
VI. Gallois.
(Voir p. 84 87, 1 1 s, 2(1, 252.)
a, et, 267, 268.
af-, préf. négatif, 320.
aflafar, muet, 321.
amlwg, tout à fait clair, 321,
amrant, paupière, 188.
Aneiren, 267, 268.
Arawn, 86.
archiagon, archidiacre, 189.
arymred, action de courirautour, 3 19.
ban, corne, éminence, 355, 360.
bedd, tombe, 205.
beddrod, cimetière, 205.
benyw, femme, 335.
Beulan, 238, 259.
blaen-bren, privilège, bonne fortune,
314.
buam, nous fûmes, 3 16.
buwch, vache, 330.
bwmp y gors, butor, 322.
bwn, bwm, bwmp (aderyn y — ),
butor, 322,
bwyta, manger, 220.
bwytatwys, pommes de terre, 220.
byr, court, 90.
caill, testicule, 355.
carem, nous aimions, ji^.
carom, nous aurons aimé, 316.
carwn, nous aimons, 315, 316, 322.
caseg, jument; brisant, grande va-
gue, 229.
cath, chat, 255.
cathl, mélodie, chant, 94.
ceinmygedig, honoré, 316.
certh, évident; (vue) perçante; ar-
dent, 226.
cil, coin, 224.
cilgam, oblique, 224.
cleiddiad, gaucher, 223.
clywed, entendre; flairer; goûter;
sentir, 54.
cnaif, toison, 329.
coelbren, sort; alphabet, 314.
cymher, cymmer, confluent, 204,
355-
Table des principaux mots étudiés dans le tome XVI.
457
cyntaf, premier, 121.
cyntefin, commencement de l'été,
190.
dafn, goutte, 360.
darymred, fréquenter, 319.
-dawd, 328.
difyru, amuser, 90.
drych, visage, aspect, 112.
duad, cirage, 223.
dur, acier, 235.
dygwyl leuan, la Saint-Jean, 189.
echwydd, repos, 327.
-edig, part, passé, 328.
elw, gain, 305.
-eu, plur,, 259.
Eudeyrn, 239.
gennyf, avec moi, 317.
gennym, avec nous, 315.
gofer, ruisseau, 329.
gofyn, demander, 191.
goganu, railler, 69.
gorphen, la fin, 190.
gorphenaf, juillet, 190, 191.
gradd, degré, rang, 115,
Gratlaun, 1 14.
guurth, à, 267, 268.
gwellt, herbe, 205.
gwrm, noir, brun, 3 16.
gwyr, il sait, 351.
hebrwng, conduire, 188.
liefin, d'été, 189.
hinham, le plus vieux, 121.
hwynt, eux, 316.
hydr, hardi, 191 .
hydref, automne, octobre, 190, 191.
hyddfref, octobre, 190.
Litau, Gaule, 1 16.
llaeth, lait, 327.
Llan-Beulan, 238.
llawn, plein, 1 14.
Llew, 86.
llibystrus, crotté, 197.
Lloch, 87, 88.
Llydaw, la petite Bretagne, 116.
llygoden, souris, 327, 329.
Loth, 84-88.
-m^ ire pers. plur.; nous, 31$.
mae, il est, 366.
maharen, maharuin, bélier, 327.
mai, que, 366.
Margiteut, 361.
mehefin, juin, 189.
Meredudd, 361 .
Meuryc, 239.
mi, je, moi, 325.
modryb, tante, 205 .
mordon, flot de la mer, 71.
Mouric, 259.
nudd, brouillard, 309.
-om, ire pers. plur. du fut. ant.,
201, 202, 3 16.
-ont, 3" pers. plur. du fut. ant., 201 .
-ou, plur., 239.
Outigirn, 239.
penaf, le principal, 190.
peteu, pydew, puits, 239.
Peulan, 238, 239.
Poul, Paul, 239.
pren, bois, 314.
pump, pum, cinq, 322.
pysgod, poissons, 328.
rhyd, gué, 89.
sawdl, talon, 365.
se, cela, 238.
sefyll, se lever, 365.
serch, amour, 365.
swmwl, aiguillon, 366.
tafl, jet, 79.
taith, voyage, 365, 366.
taw, que, 366.
teirthawn, fièvre, 329.
Terwyn, 87.
Teudubr, Tewdwr, 239.
ti, tu, toi, 325.
458 Table des principaux mots étudiés dans le tome XVI.
twym, chaud, 327.
ty, maison, 565.
tymp, grossesse, 322.
-wn, irepers. plur., prés, et impér.,
201, 202, 3 16.
ym, à moi, 3 17.
ym, nous sommes, 315, 316.
jimewn, au milieu, 189.
yn, à nous, 202, 315, 317.
ysgi!, recoin, 224.
y\v, il est, 333.
VII. C0RNIQ.UE.
abrans, sourcil, 188,
af-, préf. nég., 320.
aflauar, muet, 320.
benow, femme, 355.
caren, nous aimions, 315.
caryn, nous aimons, 3 1 5.
cewsel, parler, 320.
codna, cou, 70.
debm, à moi, 203.
dym, à moi, 3 17.
genaf, avec moi, 3 1 7.
genen, avec nous 315.
gophen, demander, 191 .
gorephan, juillet, 190, 191.
grath, grâce, 115.
haloin, sel, 327.
hembronc, il conduira, 188.
mi's kevardhiu, décembre, 191
miz, mois, 191 .
mîz diu, novembre, 191.
miz ephan, juin, 190, 191 .
mîz hedra, octobre, 190.
-n, ire pers. plur. ; nous, 3 1 5.
on, nous sommes, 315.
pedn, tête, 203.
teulel pren, tirer au sort, 314.
thyn, à nous, 315.
y ben, l'autre, 335.
VIII. Breton Armoricain.
(Voir p. 114, 181-184, 186, 187, 195,
197-200, 205, 212-220,224-234, 32J-
335.
a, de, 200.
abrant, sourcil, 188.
-ac, 1 14.
-ach, 184.
-ad, 223.
aguentou, aguetou, dernièrement,
189.
ahé, ac'hé, là, 237.
-aich, 184.
-aine, 178.
akerh, tout à fait, 227.
aklepoted, gamins, 221.
alevandeu, sorte de danse, 176.
alla, par là ; à droite, 214,215.
aluzen, aumône, 195., 196.
am-, préf. nég., etc., 320, 321.
amc'houlou, contre-jour; obscurité,
321.
amdere, amzere, déréglé, indécent,
320.
amjestr, (cheval) difficile à manier,
320.
amlavar, qui parle difficilement, 320.
amneseuc, ameseuc, voisin, 317.
amsent, désobéissant, 320.
amser, ampser, temps, 319.
-an, 222.
anderù, après-dîner, 330.
ansàuein, avouer, 188.
anze, aiïzen, là, 257.
aornn, poignet, poing, 188.
aoter, autel, 205.
apostoel, apôtre, 329.
arazr, arèr, charrue, 205.
-ard, 223.
arimrot, il s'acquitta, 319.
arraich, rage, 184.
arryagoun, archidiacre, 189.
Table des principaux mots étudiés dans le tome XVI. 459
arzorn, azorn, poing, 188.
asambles, asames, ensemble, 317.
asi, là, 2?7, 325.
askourn, os, 328.
ass, ans, là, 237.
astenn, étendre, 184.
-aud, -ot, 220-224.
avalen, pommier, pomme, 197.
averiaud, garçon, 222.
ayou, aïe! 185, 186.
aze, là, 237, 325.
azen, âne, 327.
babi, guignes, 224.
badou, étourdissements, frénésie, 193,
194, 198.
baetes, betès, bette, porrée, 220.
balauenn, papillon; flocon de neige.
228.
balavennicq-Douë, papillon, 215.
bâos, cour à fumier, 218.
bar, mouvement, 2 16.
bara, pain, 172, 180.
bayn, bain, 234.
beaiqual, bêler; croasser, 224.
beauttes., bette, porrée, 220.
bêd, bét, monde, 204, 325.
béé, cri de la chèvre, 224.
bêerrautt, courtaud, 220.
belek, prêtre, 328.
béndém, vendange, septembre, 321.
bèred, bedred, cimetière, 205.
berû, action de bouillir, 330.
bezibulat (c'hoari — ), « jeu du doigt
de feu 1), 258.
biegek, niais, 328.
bihier, bâtons, 326.
biou, il possède, 172, 173.
bisi-bu, petit doigt, 216.
bit, (j'ai) été, 333.
bleu, cheveux, 329.
bleud, farine, 331.
'bob eil, chacun à son tour, 189.
boc'h, joue, 329.
boet, nourriture, 220.
boëtrabès, betterave, 220.
boing, bain, 234.
bom-gors, butor, 322.
bonbon, bonbon, 23 1.
bonomik, petit bonhomme, 180.
bossu, bossu, 233.
boungors, butor, 322.
bourreau, borrév, bourreau, 219.
boutoulher, boustoulher, bouteiller,
sommelier, 227.
brasonij grandeur, 331.
bre, résine, 3 54.
breizad, breiziad, Breton, 223.
Breizis, Bretons, 223.
bremicha, ce soir, 206.
breton, brétoun, un Breton, 187,
232.
breton, le breton, 23 1, 232.
breur, frère, 331.
brezonecq, brezounecq, le breton,
187.
bro, pays, 326.
brogon, éclairs, 331.
bu: na bu na bar, ni vie ni mouve-
ment, 216.
bubu, feu, chose qui brûle, 216.
bue, vie, 2 16.
bugale, bugalez, enfants, 206, 325,
330.
buoc'h, bioc'h, vache, 330.
byèr, bière, 234.
byorc'h, petite bière, 234.
cadr, caer, beau, 205.
cailhebodenn, courtisane, 221.
caiilaren, souillon, coureuse, 222.
calât, calet, dur, 328.
cam, courbe, 3 19.
cam, camhet, un pas, 318.
camby, campy, intérêt, usure, 319,
321.
460 Table des principaux mots étudiés dans le tome XVI.
camps, aube de prêtre, 519, 320.
Caydocus, Cadoc, 100, 10 i.
charoignn, charaing, charogne, 234.
chas-dë-Dieu, suisse, 215.
cheminod, employé au chemin de fer,
222.
chemiseetteenn, camisole, 184.
chemiz, chemise, 23 2.
chilgam, bancal, 224.
chirien, éclat de bois, 330.
c'hoari, hoary,"ieu, 180, 531.
chom, chomp, rester, 321.
c'houibës, taons, 213.
choukan butun, priser, 216.
chudell, écuelle, 350.
c'huëzerès, soufflet, 226.
claustre, gageure, 188.
cleizyad, cleizard, gaucher, 223.
clopen, cerveau, 198.
coazrell, cozrell, semelle, 200.
codic, pochette, 198.
columpnenn, colonne, 317.
compadre, compère, 205.
Comper, confluent, 204.
compot, territoire, commune, 319.
compret, prendre, 319.
coms, comps, parole, parler, 202,
203, 319, 320.
condampnet, condamné, 317.
contre, contrée, 183.
coribeliat, chanceler, 235.
corriuellat, gambiller, 235.
costez, côté, 197.
courtaud, garçon, apprenti, 220.
cranouage, argot des mendiants, 234.
cureau, enfant de chœur, 219.
dac, dague, 184.
dampet, damné, 3 17.
dampnaff, damner, 317.
daonet, damné, 216, 317; paoïtr du
daonnet, très pauvre, 216.
daoijarn, mains, 188.
darempret, visiter, fréquenter, 519.
darevi, cuire, mûrir, 22 i .
de, jour, 188. 189.
delen, feuille, 327.
de matheol, bonjour à vous tous,
187, 188.
d'emb, à nous, 321.
den, homme, 325.
dennt, eux, 332.
deom(p), nous venons, venons, 321 ;
deom(p), à nous, 315, 321.
deourne, mains, 188.
derù, chêne, 3 30.
des, toi, 331.
deuec'h, journée, 32 <;.
deugn, moi, 331.
deui, elle, 332.
dia, à droite, 2 14.
diansaf, renier, 188, 1 89.
diaoul, diable, 193.
diff, à moi, 3 17.
digant af, digataff, de lui, 189.
digor, ouvert, 350.
diguener, vendredi, 325.
dihoannet, germé, 223.
dimerc'her, mercredi, 329.
diouguet, apporté, 188.
dir, acier, 23 5.
disadoern, samedi, 329.
diskarr, automne, 227.
dizoen, apporter, 188.
doc'h, vous, 332.
docondomni ou docordomni, nous
écartons, 3 16.
dodocetic, apporté, 188.
Doe, Dieu, 169, 170, 172, 180, 325.
dofimp, nous, 3 32.
dor, porte, 329.
doufi, lui, 331.
douce, doux, 177.
dre, par, 170; dre douch, comme
vous êtes, 194, 195.
Table des principaux mots étudiés dans le tome XVI.
461
duad, du noir de fumée, 223.
duan, blé charbonné, 223.
duot, blé charbonné, 223.
ë, le, 179.
-e mi-muet, 177-179.
-e, eux, 317.
eben, l'autre, f., 335.
ec'hoaz. repos du bétail, 327.
echt, moisson, août, 329.
ed oll, allez tous, 199.
eff, il, 192.
ei, la, elle, 331.
-ek, endroit ensemencé de, 328.
emezeis, dit-on, 206.
empedif, je souhaiterai, 194, 195.
en, le, lui, 192.
en, en, 200.
en, il, 192.
en devez, il a habituellement, 176.
-ene, 179.
-èneu, 178.
enez, île, 327.
enff, il, 192.
-èno, 178.
-ent, eux, 317, 332.
enten, il entend, 198, 199.
-eo, 218, 219.
er, heure, 331.
erc'h, neige, 329.
ermez, dehors, 327.
eskob, évêque, 328.
-et, part, passé, 328.
eiin touer-Doue, alouette, 215.
Eussa, Ouessant, 205.
evel, comme, 330.
even-kas, hibou, 213.
ezom, ezomp, besoin, 321.
faich, faig, fâcherie, 184.
falotin, bouffon, 221.
farlaut, franc, ouvert, 220, 221.
ferein, repasser du linge, 232.
es, goémon long, 334.
fest, fête, 329.
feugn, je serai, 333.
feuien, je serais, 333.
flach, flaig, bouger, 184.
flambeau, flambeux, flambeau, 218.
forbuet, fourbu, 233.
fors, (crier) fort, 232.
fourn, four, 329.
gadeliaudein, bégayer, 220.
gagoùilh, bègue, 220.
gaguillaudage, bégaiement, grasseye-
ment, 220.
gaguillautt, bègue, 220.
Galibod, 22 1 ,
gallout, pouvoir, 215.
Calo, 187.
ganeom(p), avec nous, 201 , 202, 315.
gant, gat, avec, 189, 332.
gantaff, avec lui, 331.
genôek, sot, 2 14.
genveur, janvier, 206.
gestr, geste, 320.
geton, avec lui, 331.
glas, gris, 229.
glin, genou, 331.
gloestr, gage, 188.
goar, goer, il sait, 351.
goarant, gorant, il garantit, 200.
goascaff, goschaff, étreindre, 200.
Goaviriëu, a les ruisseaux », 329.
Goneri, 234.
gou-, 190.
gouenn, race, 214, 215.
goùenna, germer, 214, 215.
gouëro, juillet, 190.
gouhereff, juillet, 190, 191.
gour-, 190
gourhelin, juillet, 190.
gourhenneu, juillet, 190.
gourmikel, la Saint-Michel, 226.
grâce, grâce, 183.
graff, gran, grant, je fais, 203,
462 Table des principaux mots étudiés dans le tome XVI.
grainchou, granges, 180,
Grallon, 1 14.
Gratlon, 1:4.
guéha, diha, terme pour exciter au
travail le bœuf qui est à gauche,
214.
guelet, voir, 326.
guelt, geot, herbe, 205.
gueneff, avec moi, 317.
Guenet, Vannes, 326.
guenn, blanc, 215.
guez, truie, 325.
Guillo, 186.
guin, vin, 172, 178, 180.
guir, vrai, 331.
guirionnez, vérité, 32^.
Gurgor, 111.
gwâd, gouaitt, sang, 204.
gwel, fête, 325.
gweneri, hirondelle, 233.
ha, ha! 186.
ha, hac, et, 193.
hailhebod, hailhevod, coquin, 221.
hailhonn, malotru, polisson, 222.
hailhvaudecq, malotru, 221.
haio, aïe! 185, 186.
halen, sel, 327.
ham bezif, que j'aie, 196.
hambrouc, conduire, 188.
hanic'h, celui-là, 3 32.
hannè, celui-ci, 332.
haot, haut; hao-bar, plein jusqu'au
ras, 232.
Harcust, 1 1 1 .
he pysy, tu auras, 195, 196.
hère, automne, octobre, 190, 191.
hezr, hardi, 191.
hi, elle, 3 30.
-hi, -là, 237, 325.
hirdet, longueur. 328.
hivis, chemise de femme, 320.
hoalen, holen, sel, 327.
hoing, hanche, 234.
homicit, homicide, 184.
honnè, celle-ci, 3 32.
hounic'h, celle-là, 3 32.
hubot, ibot, canaille, 222.
huec'h, six, 326.
hui, vous, 330.
hun, hur, notre, 3 32.
hympn, hymne, 3 17.
iafij le, lui, 331.
-ik, dimin., 180, 186, 190,234.
ifern, enfer, 329.
im-ell-, 235.
nanij, âme, 327.
fit, eux, 3 16.
oui, volonté, 193.
rvinek, champ de navets, 328.
ùel, haut, 325, 328.
ivraign, ivrogn, ivrogne, 234.
zel, bas, 325, 326, 328.
algaudétt, effrontées, 222.
alot, chaudronnier, gredin, 222.
imijeten, chemisette à l'ancienne
mode, 184.
Jobic vihan, le petit Joseph, 187.
jovach, sauvage, 184.
jumesetenn, camisole, 184.
kaer, ville, 327.
kaillen, vaurien, 222.
kalc'h, testicule, 3^5.
kamell, boiteuse, 330.
kanderù, cousin, 3 30.
kaneù, toison, 329.
kaon, deuil, 193-195.
kaoter, chaudron, 205.
karante, amour, 325, 335.
kareat, on aimait, 334.
karemp), nous aimions, 315.
karer, karir, on aime, 325, 334.
karom(p), nous aimons, 315, 317,
3,8.
karont, ils aiment, 3 18.
Table des principaux mots étudiés dans le tome XVI.
463
karreg, rocher, 326.
kastel goafi, automne? 227.
kavell, berceau, 329.
kaz, chat, 2^5.
kazek, jument, 224, 326; kazek
koad, pivert, 213, 232.
Keberoen, Quiberon, 527.
kem, changement, 321 .
kemener, tailleur, 325 .
kemeret, prendre, 327.
kemero, il prendra, 326, 327.
Kemper, confluent, 355.
kempret, prendre, 203.
Kenmicet, honoré, 3 16.
kentel, leçon, 94.
kernevaud, Cornouaillais, 223.
kerneviad, Cornouaillais, 223.
kerz, jouissance, possession; pen-
dant, 226.
kestel, chant, 227.
ket, (ne) pas, 328.
kihier, chats, 326.
klinvet, maladie, 328.
kloc'h, cloche, 329.
kneau, toison, 329.
koat, bois, 204.
koch, ventre, 181.
koc'h-gwenan, miel, 213.
kog, coq, 329.
kokarden, nœud de ruban, 225.
komzet, vous parlez, 326.
korn, coin, corne, 329.
koublet, joint, accouplé, 225.
kouchafi, tasser, 23 3.
koz, vieux, 328.
kran, racine de la fougère, 1 14.
kroc'hen, peau, 327.
là, à droite, 214.
laëdroun, voleurs, 205.
laez, lait, 327.
Lagado, 187, 197.
lakes, laquais, 222.
lamm, saut, chute, 202, 318, 319,
321, 322.
lammet, sauter, 3 18.
lamp, glissant, 3 18.
lamp, saut, 202, 3 18, 3 19, 321, 322.
lampat, lampet, sauter, 202, 318,
322.
Landeguihu, Landivy, 1 1 1.
laqepod, laqoupod, estafier, coupe-
jarret, 221.
laquet damez, j'ai mis, 198, 199.
lazr, laër, voleur, 205, 327.
lazroncy, larcin, 189.
leac'h, endroit, 330.
iela, bambin, 227.
leonad, leoniad, Léonais, 223,
leonnard, Léonais, 223.
Leonis, les Léonais, 223.
leun, plein, 1 14.
leur, aire à battre, 331.
libistrenec, crotté, 197.
libistrus, crotté, 197.
iibostren, crotté, 197.
liusiu, lessive, 188.
lodevi, eau-de-vie, 233.
logoden, souris, 327, 329.
Ion, enfant, 1 14.
lost, queue, 329.
Loth, 88.
louât, niais, 223.
loùaud, coquin, 223.
louïdicq, coquin, 223.
louvêc, fat, 223.
Loz, 88.
luc'het, éclairs; blasphèmes, 225.
luern, renard, 329.
-m, -mp, -mb, ire pers. plur., 201-
204, 315-318, 322.
mab, map, fils, 189, 326.
mabik, petit enfant, 331.
màd, mat, math, bon, ni, 172,
180, 188, 204.
464 Table des principaux mots étudiés dans le tome XVI.
mageres, nourrice, 326.
Main, 1 1 1.
maiestez, maieste, majesté, 197.
malkusa, essoriller, 230.
mam bezo, que j'aurai, que j'aie, 180.
manançz, menace, 184.
mane, montagne, 325.
maout, mouton, 205.
marc'h, cheval, 224.
marc'hpôt, gaillarde, 224.
Maria, Mary, Marie, 183, 186, 197.
matez, servante, 235.
matourc'h, petite servante, 234, 235.
me, mi, je, moi, 325.
meenndêmein, vendanger, 322.
méhéuénig, juillet, 190.
méhéuin,)uin, 189, 190.
mêm, memb, mêmes, même, 202,
203, 321.
mem boe, j'avais, j'eus, 334.
méndém, menndemp, vendange, vi-
née, 321.
merc'h, fille, 32e, 330.
mes, moins, 254.
mest, maître, 329.
metou, moyen, milieu, 189.
meud, pouce, 331.
meùel, serviteur, 325, 326.
mezeven, juin, 189-191.
mezevennicq, juillet, 190.
michodein, mûrir, 221.
mignan, chaudronnier, 222.
mijodet, mijoté, 221.
mi 'mes, j'ai, 3 34.
mis bian, février, 206.
mis du, novembre, 191 ■
mistaudic, poupin, 220.
mitein, matin, 331.
miz, mois, 19: .
miz-éven, juin, 191 .
moc'h, pourceaux, 329.
moédreb, moereb, tante, 205, 326.
moget, fumée, 326, 329.
monoch, monnaie, 181.
mor, mer, 329.
Moricc, Maurice, 183.
Morven, 1 86.
Morvenic, 186.
motrep, tante, 205.
mous, garçon, petit domestique, 225.
nedellec, noël, 326.
neù, ciel, 327.
ni, nous, 3 17, 32 i, 330.
Nif, Yves, 184.
nim(p), nous, 3 16.
noadoe, aiguille, 188.
noz, nuit, 329.
-0, eux, 317.
oahein, bœufs, 329.
ochkal, chardon, 329.
-od, -aud, 220-224.
-ogn, 234.
om(p), notre, à nous, 3 i 7.
-om(p), i^e pers. plur.; nous, 201,
202, 315, 321, 322.
om(p), nous sommes, 315.
on, notre, à nous, 3 17.
ont, je suis, 203.
-ont, eux, 3 17.
or, sur, 200.
-orc'h, -ourc'h, 234, 235.
ou, il est, 332, 333.
outragy, outrachi, outrage, 184.
overen, messe, 327, 329.
pabaelaez, papauté, 188
pâlot, campagnard, 223.
papilhon, papillon, 227.
parea, guérir, 233.
paut, garçon, 222, 224.
pazron, pazroun, parrain, 187.
pegement, pegemen, combien, 199.
peket, collé, 233.
pemp, pem, cinq, 322, 327.
pempet, cinquième, 326.
Table des principaux mots étudiés dans le tome XVI
465
pempiq, osselet, 322.
pemzek, quinze, 326.
pen, tête, 229, 335.
pendenved, un mouton, 335.
penmoc'h, un porc, 335.
penn-pautr, garçonnière, 224.
penos, comment, 326.
peoc'h, peac'h, paix, 330.
perag, pourquoi, 326.
pesket, poissons, 233, 328, 330.
Piielip, Phelippe, Philippe, 183.
picliot, homme minutieux, niais, sans
vigueur, 222,
pienek, têtu, 328.
pikol, grand, 330.
plonjaden, plonchaden, action de
plonger, 225.
pobi, pibi, cuire, 226.
pofer, marmite, 232.
poméirï, pommer, 226,
pop ini, chacun, 189.
potés, aiguière, 219, 232.
pratisien, artiste, tailleur habile, 236.
prendenn, fléau, malheur, méchan-
ceté, 314.
prcnn, bois, 1 14, 314.
preuileg, privilège, 184.
qentelya an eaust, faire la moisson,
94.
qeverdu, décembre, 191.
qon, chiens, 175.
quemb, choix, différence, 203, 321.
quemeredol, prenez tous, 198, 199.
quempret, prendre, 319^
quentaff, quétan, premier, 121, 189.
quentel, queteil, chant; (à) temps,
94,227.
querz, certes, tout à fait, 227.
querzu, décembre, 191.
quez quement, tous ceux qui, 194,
>9S-
rabad, rabais, 229, 230.
Revue Celtique, XVI.
ragna, rogner, 234.
rams, ramps, homme à longues jam-
bes, géant, 320.
raspaotr, garçonnière, 224.
rasparedi, cuire superficiellement,
224.
ra vezé, qu'il fût, 192.
ravezi, que tu sois, 192, 196.
razouër, rasoir, 233.
redec, courir, 326.
remet, remède, 184.
rems, remps, durée, vie, 202, 319,
320.
remsy, rempsy, temps, vie, 320.
riboul-diriboul, qui ne peut rester en
place, 235.
rimostelo, formulettes rimées, 176.
Rivallon, ; i 1 .
roignein, devenir galeux, 234.
rotoukiou, pudenda mulieris, 256.
rube-rubene, de but en blanc, 179.
rustaud, rustaud, 220.
sa, en avant, tout droit, 214.
sa, à gauche, 214.
sah, sac, 224.
sah pautr', garçonnière, 224.
Sampson, Samson, 319.
santelez, sainteté, 327.
santés, sainte, 326.
savaich, sauvage, 184.
se, cela, 237.
se, sen, -là, 237.
seac'h, sec, 3 30.
sebeza, éblouir, 36e.
seblant, semblant, air, 188.
sec'h, sec, 3 25,- 326.
serc'h, concubine, 365, 366.
servich, service, 331.
setance, sentence, 188.
seul, talon, 365.
sevel, se lever, 365, 366.
si, -là, 237, 325.
33
406 Tdble des principaux mots étudiés dans le tome XV!.
sigou, sichou, sièges, 184.
sir, sire, 179.
skeut, ombre, 330, 331.
skiidrenc, à moitié aigre, 224.
skil-paôtr, fille qui a les manières
d'un garçon, 224.
skod, bûche, 330.
skoemp, skoem, scabreux, 322.
skoempiq, un peu délicat, 322.
so, (il) est, 366.
son, soun, un son, 187.
soûl, chaume, 366.
spoiïtus, terrible, 226, 235.
stripo, tripes, 228.
tâd, père, 204.
tagos, homme trapu, 230.
tamall, blâme, 365.
Tariec, 231.
te, ti, tu, toi, 325.
Teheu, 111.
tem, moment, 322.
tenhuel, épais, 328.
tenna, tirer, 214, 215, 314-
terhien, fièvre, 329.
teù, épais, 325.
ti, tig, maison, 33 1, 365.
tiem, chaud, 327.
ton, toun, un ton, 187.
torea, torimella, se rouler à terre,
23S-
toret, brisé, 329.
torrogoçz, trapu, 230.
-tou, lui, 332.
trandoue, par le ciel! 169, 170,180,
186.
tricombout, maison de trois cham-
bres, 3 19.
tro, tour, 326.
Tronio, 186.
trt, maigre, 331.
tud, gens, parents, 214.
tuniq zo taniq, c'est indifférent, 216.
turumel,. butte 235.
tuzum, pesant, lourd d'esprit, 235.
uen, (quand) je suis, 327.
uenec, onze, 327.
uer, on est, 333.
uigent, vingt, 330.
-um, -umell-, 235.
vng, un, 198, 199.
Urfoen, 11 i .
vazé, là, 237,
venn, (sa) tête (à elle), 331.
vian,jesuis habituellement, 327, 333.
wann, j'étais, 333.
we, il fut, 333.
weign, je suis, 332, 333.
wes, tu es, 332, 333.
woc'h, vous êtes, 332.
womp, nous sommes, 532.
youal, crier, 186.
zanta Maria (entendre son) chapelet
d'injures, 231.
ze, -là, 237.
zemizettenn, jupe de dessous, 232.
zo, (il) est, 326.
zou, (sans) lui, 332.
zovach, sauvage, 184.
ADDENDA ET CORRIGENDA
Vol. V, p. 197, 1. 24, forUrgrinnreadUrgreiin
25, for Muncham rend Muncha.m
198, 14, for faebzir cruaid read faebHrcruaid
17, for doronnsatar read doronsatar
26, for henha. read hretha.
199, 4, for doroin read doroni
1 5 , for Tuth read Futh
for Madhfeada read Madhfeaa (MS. has punctum
delens under d).
20, read Sescinn Uairbeoil
22, read cusin n-inad
30, read marhaid-si
200, 8, for d'iiio read àin
14, read isin n-inad
28, for leis in read leisin
for gobann read gohainn
201, 2, for Muice read Muicce
19, for Uirgrmn read Urgrenn
29, for nochana read nochana[d]
34, for rosair and read rosai rand
37, /or dsgell read osgell
202, 4, /br cam read cain
9, refli imrim each imaser;.'ar
36, /or in ni bertar read in m-b<;rtar
203, 3, refl(i in n-acaine moir
5 , /br Forberba read for Berba
7, for Tainic read Rainic
8, for cid ni fil read cid in fil
33, read tQÏthed
204, 3, for dorith read do rith (bis)
Vol. VI, 177, 10, for it râe i-ead itrâe
"78) S> for ratha line reai Ratha Line
10, for mu cean read mucean
18!, 27, read he will arise (itrâe 1= atrae) for my advan-
tage (rem'leas)
182, I , for gave thanks for him read fondled him (kg. ro-
bôi oc bâidhi uime)
^68 Addenda et Corrigenda.
Vol. VI, p. 182, I. 2, for prophesied to him rra^ prophesied ofhim
1 3 , 7-ead He will be king of Râith Line
18, for my head read welcome (mucean)
183, 2, for fri troisc read fnt[h]roisc
10, for acuil read a cuil, /. e. i cûil
25, read Seghsa
34, for over the river read in the air (lit. above him-
self, ûaso)
36, for ... on the Boyne read against the current of
the Boyne
184, 8, for ... of my fist read in the hollow (lit. recess, i
cûil) of my hand
25, read in ibrach
185, 20, for Anglesea read Dûn Monaig, i. e. according to
Reeves, Columba, p. 473 n, the seat of the
Dalriatic monarchs of Scotland, near Loch
Crinan in Argyle.
21, for where ... read where the galley was. ibrach
« galley » occurs also Ir. Texte, 2. Ser. 2.
Heft, p. 127, 1. 138.
186, 17, for fuair (so in MS.) read fûar
21, Jor traisc thisea read traiscthi-sea
23, for loiscthsea rcarf loiscth[i]-sea
25, for Withered are etc. read Thèse arms bave been
withered, thèse deeds hâve been quelled
28, for joyful read beautiful
29, read I hâve been the beauty of the assembly (rop-
sam aille airechta), and cf. ropat ségaind ai-
rechta, LL. 255 a, 42 ; rob mac ochta aireachta
« may he be the darling of the assembly »,
Book of Rights, p. 194; as e is aiUi in gach
aenach, Hy Many, p. 141, 20.
Kuno Meyer.
Vol. XV, p. 540, 1. 10, for mouths read months.
Vol. XVI, p. 272, I. 21, for sated read thrusting.
Whitley Stokes.
Le Propriétaire-Gérant: Veuve E. BOUILLON.
Chartres. — Imprimerie Durand, rue Fulbert.
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