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Digitized by the Internet Archive
in 2010 with funding from
University of Ottawa
littp://www.arcliive.org/details/revueceltique26pari
REVUE CELTIQUE
TOME XXVI
CHARTRES. — IMPRIMERIE DURAND, RUE FULBERT.
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^\ FONDÉE r J
yfc. ^^ PAR V"^^ ^
^^ H. GAIDOZ \ f\
■V^ PUIU.II^E SOU- LA DIRECTION DE Vl
H. D A Fi BOIS DE JU BAIN VILLE
Membre de l'Institut, Professeur au Col:ège de France
AVEC I.E CONCOUR!> DE
E. ERNAULT J. LOTH G. DOTTIN
Professeur à l'Université Doyen de la Faculté des Professeur à l'Université
de Poitiers Lettres de Rennes de Rennes
ET DE PLUSIEURS SAVANTS DES ILES BRI lANNI'^JES ET DU CONIINENT
Tome XXVI
^ Dr. Th.SAAD^R
d igu
PARIS (2O
LIBRAIRIE EMILE BOUILLON, ÉDITEUR
67, RUE DE RICHELIEU, AU PREMIER
1905
581480
TABLE DES MATIERES
CONTENUES
DANS LE TOME XXVI
Pages.
ARTICLES D&FOND ET MÉLANGES
Reste de prononciation vieille-brittonique en vannetais, par J. Loth. . i
The Colloquy of the two Sages, Immaccallam in dà ihuarad, par
Whitley Stokes 4
Sur l'étymologie bretonne, suite, par É. Ernault 65, 113, 520
Aljm comme second terme en vieux breton, par J. Loth 95
Le mystère breton de saint Crépin et de saint Crépinien, suite, par
Victor Tourneur 96, 200, 290
Le soi-disant mot gaulois XoOyo;, par A. Holder 129
Adventure of St. Columba's Clerics, par Whitley Stokes (1 ]o\
Les dieux celtiques à forme d'animaux, par H. d'A. de J 19J
Études comiques, par J. Loth 218
Les victimes immolées par les constructeurs pour assurer la solidité
des édifices, par H. d'A. de J 289
Les Druides, notions générales, par H. d'A. de J 359
Three Legends from Brussel Manuscripts 560
Kinarfichchit, par F.-N. Robinson 378
Mélanges, par J. Loth 380
Morten, Murten, Moridunum, par H. d'A. de J 383
Un fragment grec transcrit en lettres latines par un Irlandais au viii«
siècle ou au ix', par H. d'A. de J 384
BIBLIOGRAPHIE
Les commencements du christianisme en Pologne et la mission irlan-
daise, article de M. L. Léger 389
VI
Table des matières.
CHRONIQUE
AlUn (J. Komilly), Ccltic art in pa-
^an and Christian Times, iSS.
Anwyl (F..), Prolcgomena to the
Study of old weish Poetry, :-]o.
Barrau-Dilligo et Poupardin, Cartu-
lairc de Saint-Vincent- de-Lucq,
271.
Blanchet (Adrien). Traité des mon-
naies gauloises, 1 78.
Borrel. Matronac Saivennae, 272.
Bugge (Alexandcr), Caithréim Cella-
chain Caisil, On the Fomorians
and the Norsemen, 190.
Bury (J.-B.). The Life of St. Patrick.
590.
Callegari (W.), F^tude sur Pythéas,
184.
Carmichael (Alexander), Deirdirc,
268.
Dinneen (Rev Patrick S.), Focléir
gaedhilge agus bearla. 179.
P'erguson (Lady Samuel), sa mort,
171.
Gould (The Rev. S. Baring), The
Life of saint Germanus by Cons-
tantius, 271 .
Gwennou (Charles), Le vin du rec-
teur de Coatascorn, 181.
Holder(Alfred), Altceltischer Sprach-
schatz, seizième livraison, 272.
Huli (Miss Eleanor), Pagan Ireland.
'75-
lllustratcd Guide to the northern.
western and southern Islands and
Coasts of Ireland, 18}.
Ihm, article sur les Druides chez
Pauly-Wissova, Real-encyclopae-
die, 187.
Knox (Hubert-Thomas), Notes on
the early History of the diocèses of
Tuam. Killala and Achonry, 182.
Lcite de Vasconcellos (J.). ReligiOes
da Lusitania, {90.
Maclagan (Robert Craig). The Perth
Incident of 1 596 from a Folklore
Point of View, 182.
Mac Sweeney (Patrick M.), éditeur du
Caithréim Conghail CLiireinghnigh,
172.
Meyer(Kuno). Càin Adamnâin, 176.
Midy (René). Le vin du recteur de
Coatascorn. 181.
Newell (William Wells). William of
Malmesbury on the Antiquity of
Glastonbury. 188.
Passy (L.). La ville de Gisors, 271.
Poupardin et Barrau-Dihigo, Cartu-
laire de Saint-\'incent-de-Lucq,
271.
Reinach (Salomon), Apollo, histoire
générale des Arts plastiques, 176.
— Cultes, mythes et religions, 1 80.
Rhys (J.). Studies in early irish His-
tory, 184. — Early Britain, ;<: édi-
tion, 189. — The origin of the
welsh englyn and kindred Mètres,
'77-
Roger (M.), éditeur de VAis Malsa-
chani et auteur d'une étude sur
L'enseignement des lettres classi-
ques d'.Ausone à Alcuin, 287.
Strachan (J.), professeur de celtique
à l'Université de Manchester, 172.
— Contributions to the History
of middle irish Declension, 191.
— Old irish Paradigms, 390.
Table lies matières.
vil
Thomas (Antoine). Nouveaux essais
de philologie française, 185.
Wade-Kvans (A.-W ), Peniarth ms.
57, fo^ 61 A-76 B, 271.
Wardle (George- V), The Holy Grail,
270.
VVatson (W.-J.), Place Names of
Ross and Cromarty, 17^.
VVhite (Newport J.-D.), auteur d'une
édition nouvelle de la Confession de
saint Patrice et de sa Lettre à Coro-
ticus, 174, 283.
Windisch (Ernst) dans la 2'^ édition
du Grundriss der romanischen Phi-
lologie de M. Groeber, 187.
Zimmer (H.), membre de l'Académie
royale de Prusse, 112.
PÉRIODIQUES
Analecta Bollandiana, 283.
Annales de Bretagne, 276.
Beitraege zur kunde der indo-germa-
nischen Sprachen, 281.
Boletin de la Real Academia de la
Historia, 277.
Bulletin archéologique du comité des
travaux historiques, 282.
Bulletin de la Société nationale des
antiquaires de France, 280.
Celtic Review, 275.
Eriu, 273.
Hermine, 277.
Indogermanische Forschungen, 281.
Journal of the Royal Society of Anti-
quaries of Ireland, 275, cf. 183.
L'Anthropologie, 280.
Revue des études anciennes, 27.8.
Revue des traditions populaires, 280.
Revue épigraphique, 282.
The irish ecclesiastical Record, 282.
Zeitschrift fur celtische Philologie,
281.
CORRESPONDANCE, par Salomon Reinach, 286.
ERRATA. 588, auquel il faut ajouter, p. 190, ligne 8, au lieu de Saphus,
lisez Sophus, et p. 27;, 1. 5, au lieu Je L., lisez S.
TABLE, par E. Ekxallt, des principaux mots étudiés dans le t. XXVI
de la Revue Celtique, p. 443.
TABLE, par P. Le Nestour, des volumes XIX-XXIV de la Revue Celtique.
Première partie. Index alphabétique, p. i*-36*.
RESTE DE PRONONCIATION
VIEILLE-BRITTONIQUE EN VANNETAIS
Un des traits frappants de la prononciation des dialectes
gaéliques, c'est la distinction très nette des gutturales et des
palatales, suivant le caractère réel et primitif de la voyelle sui-
vante. Si on écrivait, par exemple, coirce, avoine, phonétique-
ment, on aurait cerce. A l'œil, il semblerait qu'il ne doit y avoir
aucune différence entre les deux c. Or, le premier est nette-
ment guttural et le second palatal: kerkje (j'emploie kj- pour
marquer une forte palatalisation). L'orthographe étymologique
coirce = korkio- justifie et explique cette prononciation. En
réalité, le premier e dans la prononciation est une fausse pala-
tale. Il semble qu'il ne reste plus rien de cet état de choses en
gallois ni en breton. L'analogie et le temps paraissent avoir
tout nivelé. Or, je viens d'en découvrir des traces certaines en
vannetais. En juin dernier, fusant lire des vers bretons vanne-
tais à un étudiant, M. l'abbé Le Bayon, de Pluvigner, près
Auray (Morbihan), poète et écrivain breton des plus remar-
quables, je fus frappé de la façon dont il prononçait le mot
kerc'h, avoine. Je lui fis répéter le mot plusieurs fois et toujours
avec le même résultat. Il prononçait nettement kor avec un k
parfiiitement guttural. Le fait est d'autant plus significatif que
le vannetais est de tous les dialectes celui qui palatalise le plus.
Le groupe ki-, h-, pour une oreille qui n'est pas très exercée,
produit l'impression de t'si-, :\e-. C'est exactement la pronon-
ciation irlandaise: e de kerc'h est une fausse palatale. Ce qui a
contribué à sauver ici l'ancienne prononciation, c'est certaine-
ment le peu d'énergie de la spirante gutturale dans le groupe
Revut Ciluqut, XWI. i
2 J. Luth.
-rc'h: clic ;i niciiic absûlunicnt disparu à Pluvigncr dans ce mot
(en comique moderne, le même phénomène s'est produit).
Autrement, la voyelle de kôr fût arrivée sous l'influence de -rc'h
à e ouvert, ce qui eût probablement entraîné la palatalisation
ou l'eût rendue plus rapide. J'ai prié M. Le Bayon de faire une
étude sur tous les mots de son dialecte commençant par ke-.
Peut-être v en a-t-il d'autres. Il ressort nettement de ce fait :
I" que le jeu des gutturales et palatales devant les voyelles
infectées a existé et subsisté probablement assez longtemps,
régulièrement, en vieux-brittonique; 2° que les voyelles infec-
tées ont eu, suivant leur nature, un timbre fort différent du
timbre actuel et beaucoup plus de variété.
Les deux agents d'unification en cette matière sont le temps
et l'analogie. L'accent également influe. Par exemple, presque
partout, en vannetais, on prononce g initial, fortement palatal
dans le groupe gen-, get- avec -h pronom-suffixe :
gjenein, avec moi,
gjetô ou gjelou, avec lui,
gjeti, avec elle, etc.
Et cependant, il est sûr que si, en moyen-breton, ge- dans
genein était palatal, getou, gcti remontent à gantoii, genti. Or,
à Sauzon (Belle-îsle), on prononce encore gjenein-, mais on
dit geleô, geti, gelc (avec eux), avec mw g nettement guttural.
Ailleurs, en bas-vannetais, par exemple, l'analogie et le temps
ont foit leur œuvre. La place de l'accent importe aussi. En
voici un exemple. En bas-vannetais le mot caer, village, ville,
se prononce kèr avec k et, en construction,^ guttural: e kèr,
en ville; d'er gêr, à la maison (cf., pour le sens, gallois tref,
ville, a dref, à la maison). Si, au contraire, caer entre en com-
position, comme dans tant de noms de lieux, on le prononce
kjer- : Kjer-strat, Kjer-wen (caer-zven), etc. Le mot kêr = caer
= cair, cadr, beau, a encore, en vannetais, k guttural.
Pour les autres consonnes, la même chose a dû se produire.
A Cléguerec, comme en irlandais, m évoluant en spirante labiale,
devient v devant une voyelle palatale, lu devant une gutturale :
er l'erc'h, la fille; er ivam (mam), la mère.
En bas-vannetais, le léonard hvn, chaud, haut-vannetais
lue>n, gallois Iwym a pour correspondant kjoni.
Reste de prononciation rieillr brittonique en rannctais. ]
Si je ne nie trompe, c'est un reste de hi prontmeiaticm en
vieux-celtique, à une époque où la diphtongaison de ei en -oe-
n'avait pas eu lieu. Après, en ert'et, la palatalisation est impos-
sible. Le bas-vannetais n'a pas passé par le degré liiciii du haut-
vannetais.
J. LoTii.
THH CeM.LOQ.UY OF THE TWO SAGES
Thirtccn copies of the Iinnincallaui in dà Thiiaraâ (or Thuar),
commonly called « thc Dialogue (or ColloqLiy) of the two
Sages », arc mcntioned in the Essai d'un catalogue de la litté-
rature épique de l'Irlande, p. 5. Of thèse, two belong to the
I2th century, one to the i4th, and the rest to the i5th and
subséquent centuries. The présent édition is based on the three
oldest copies, viz.
L, the copy in the Book of Lcinstcr, pp. 186, 187, r88,
where it breaks ofF imperfectly in the middle of § 233.
R, the copy in RawHnson B. 502, a ms. in the Bodleian,
fo. 60^2 — 62'' 2;
Y, the copy in the Yellow Book of Lecan, cols. 549-569,
pp. 24i''-25i*' of the facsimile.
Some account of this curious and difficult pièce of an-
cient Gaelic literature lias been given bv O'Curry, Lectures,
pp. 383-385, Manners and Citstonis, IL 20, III, 315, and
by Atkinson, Booh of Lcinster, Contents, pp. 47, 48. On the
dcath of Adnac, the chief-poct of Ulster in the reign of
Conchobar mac Nessa, his officiai robe was conferred on
Ferchertne, a famous elderly bard. Adnae's voung and
beardless son, Néde, who was then studying in Scotland under
Eochu Echbél, heard thèse tidings from a sca-wave and pro-
ceeded to Emain to claini the robe. At the instigation of
Briccriu Poison-tongue, and in the temporary absence of Fer-
chertne, Néde donned the poet's robe, fixed a beard of grass
on his lace, and sat down in the poet's chair. Shortly afterwards
Ferchertne returned, and addressed tiie voung man indignantlv :
« Who is this poet, a poct round whom lies the rcbc with its
The Collo<]u\ of thr tnv Sages. 5
splendeur, whose beard is forged of grass ? » Néde replies re-
spectfullv that he had been a pupil of a renowned master.
Ferchertne then asks whence he had corne. Néde answers with
a string of kennings, and puts a likc question to Ferchertne.
Ferchertne replies with a similar string, and then demands
Néde's namc. Néde answers with ten more kennings. « And
thou », he asks, « O my senior, what is thy name ? » Six
kennings are given in answer, and then Ferchertne asks what
art the lad practises. The answer is a séries of metaphors
drawn froni an Irish poet's' life in the early Middle-Ages. A
like question to Ferchertne produces a like reply, much of
which is obscure. Each then asks the other whither he is going
and where he has gone. The answers are in the secret poetic
language, the meaning ot which can often only beguessed'.
The poets then ask each othcr : « Whosc son art thou ? »
Evasive riddling answers are given. Ferchertne then seeks news
ot the condition of Ireland. Néde replies with the cheerful
optimism of youth, and in turn rcquests Ferchertne for his
tidings. Ferchertne then, with an old man's pessimism, fore-
tells ail manner of physical and moral evils, including the
raids of the vikings on Ireland and the decay of religion, art,
poetry and virtue in a country ruined by invasion and inter-
tribal strife. The birth of Antichrist is prophesied, and the
perishing of the world. « Knowest thou », says Ferchertne
at last, « who is above thee? » « God and Ferchertne », is the
substance of the answer. Néde then gives up the poet's robe
to Ferchertne, rises from the poet's chair, and is about to
cast himself at the old man's feet, when Ferchertne stays him,
and bestows a crowd of blessings on the youth. The pièce
ends with reciprocal blessings from Néde, and his acknow-
ledgment of Ferchertne as his second father.
As to the date of the composition of the Iiiiinacallain, it
seems from the language- to hâve been written in the tenth
century. But ail that can be said with certainty is that it was
composed after the vikings (who are called « the men of the
black spears », « the fair stammerers ») had commenced their
I. Cf. the coUoquy ot Cùchulainn and Hmcr in the Tochmarc Emiic.
6 Whitley Stokcs.
raids on Ireland, and before the vocabulary callcd Cormac's
Glossary and thc commentary on the Senchas Môr had been
compilcd. Thus in Cormac's Glossary thc Immacallam is cited
by name at thc articles coth and Tethra ; and the following
words, apparently taken from our pièce, occur with trifling
variations in the same vocabulary : ndba othnoc, huas, briamon
smethraific, caill crinmon, creth, coic, cel « death », colomna àis,
dulhcbcrn, dcJ, druchta dea, félmac, Jàlh, imscing, moth, noc, on
tréith (:= tore Ircilh), tout, riss, simind, tugen, uinchi etba, ucht
n-osnae. Thcn in the commentary on x.\\q Senchas Môr {\\:[r\.
432, fo. 2^1 = Ancient Laws, I, 18) \ve hâve:
On Liair dona ronuc Aimirgin Glungel ctihreith i n-Ere robu
la filedu anaen//r \)reil\\Qxnr\us cusin Imacallaim in da Tuar
i n-Emain Mâche .i. Fc/ceirtne til/ 7 Nede n-\ac Adnae mie
Uithir imun tugain suad bui ac Adna mac Uithir. Ba dorcha
iWdii in labrad ro labairset na 'àVid isin fuigell sin ; 7 nir' bu reill
donaib rtathib in brethcmn/<5 ron-ucsat.
« From the time, then, that Amergin Whiteknee passed the
hrst sentence in Ireland, judicature belonged to the poets alone,
until the Colloqu} in Emain Mâcha of the two Sages, namely,
Ferchertne the poet and Néde son of Adnae, son of Uther,
concerning the sage's robe which Adnae, son of Uther, pos-
scssed. Obscure, indeed, was the language which the poets
spake in that discussion, and the judgment which they passed
was not clear to the lords. »
L. R, and Y are, accordingly, provided with numerous
Middle-Irish glosses, some absurd or needless, others here-
inafter printed, as really throwàng light on the obscurities
above referred to.
A Word, in conclusion, as to the interlocutors. Three poets
named Ferchertne' are mentioned in Irish books: first, thc
poet of Labraid Lorc, thrice named in the taie of the Destruc-
lion of Dind Rig, Celt. Zeitschr., III, pp. 4, 6: secondly, the
poet of Cii-roi, and alleged author of the Amra Conrôi, whosc
I. A fourth, Ferchertne mac Athglô, is mentioned in the dindsenchas of
Loch Dergdeirc, Rn<. Cell., XV, 461. But this seems a mistake for Athirne,
Rn: Celtique, VIII, 48.
Thr Collo<]n\ of thc Uvo Saii^cs. 7
tragical suicide in avenging his master's betrayal is described
by Keating and in the Revue Celtique, XV, 449; and, thirdly,
Fcrchertne mac Glais, the poet of Concliobar mac Nessa,
whose colloquy with Néde son of Adnac is thc siibjcct ol thc
Immacallam. As to Néde, his adultery with his uncle Caier's
wife, his satire on Caier, and his subséquent career, are they
net set forth in Cormac's Glossary (YBL. col. 47), s. v. gaire^ ?
Professer Strachan bas most kindly read a proof of this paper,
and made many corrections and valuable suggestions. For the
mistakes that doubtless still remain in the tentative translation
and in the glossarv, I alone am answerable.
I. see Tbree Irish Glossarics, London, 1862, pp. xxxvi-xl, where the
tragic taie is printed and translated.
w. s.
Camberley, 25 January 1903.
Whitley Stokes.
IMMACALLAM IX DA THUARAD
(Lebar Laignech, iSd*.)
I. Adna m<7(-Uth/Wir' de thuath^z/T'Ôlnecmacht, oWiini hEr^'»»
i n-ccsi 7 i'iliikcht. Atacomnaic mac hisidG- .i. Néde [mac
Adnai i?.] Luid iar«m in mac sin do tbglaim écsi i n-Albain^
co Eochu Echbél, 7 ro bùi i farrad Echach cor'bo colach i n-ccsi 4.
IL Luid laa and in gilla co mbùi ior bru mara, ar bâ baile
fallsigthe éicsi dog/r's lasna filedu for bru us(7>. Co cuala in
gilla fog»r isin tuind .i. càrns cainiuda 7 torsi, 7 bd irignad
leis^. Rola iar«m in gilla bricht forsin tuind, co ro fallsiged dô
cid rom-bôi/. Co târfas dô iarsain con'id ac cainiud a athar
[iarna ecaib, R] ro bûi in tond, 7 co tucad a thuignech do
Ferch^z-tne file, 7 ro gab ollamnns i n-inad a athar-som .i.
Adnai ^.
III. Luid iarn;// in gilla9 dia thaig 7 adfét dia aite .i. do
Echaui. Ocus asbt'rt s/Je fris : eirg do[t] tir i fecht-sa : ni thalla
adar n-ècsi ar ndis'° i n-oen-bale, uair fcrosnâi th 'eicsi duit it
oWam ar eolas".
1 . Uthir R. Uithir Y.
2. la suide R. laisidhe Y.
5. R inscris : coGruibne n-ecess 7 co Crechduile 7 co liEochaid nEchbel.
Luid iarum in gilla.
4. co hEochaid nEch/v/ co ro t'ogla//w lai.ss co mba heolac/; i n-ecsi, R.
5. or mara un usn chena R. Ar bru mara no uissci, co gcualaigh an gillc
.i. Neidhc in fogw isin toinn. Y.
6. insin R
7. imbui R.
8. Co tarfas do coeniud a athar iarna ccaib 7 a tliuinccli do thabairt do
Ferchertne 7 ollamnas hErenn do gabail do, R.
9. om. R.
10. adar n ollownas A', arda n-ollaninai7.'/ i'.
1 1 . Uair forosna t'eicsi duitsiu at allani i fechtsa ar eolas A'.
The Collo(]uy of thr two Sages.
THE COLLOQ.UY OF THE TWO SAGES
(Book of Leinster, p. iSo*}
I. Adnae, son of Uthider, of" the tribcs of Connaught, was
the ollavc of Irekind in science and poetry. He had a son, to
wit, Néde. Now that son went to learn science in Scotland,
unto Eochu Echbél (Horsemouth) ' ; and he stayed along with
Eochu until he was skilled in science.
II. One day the lad fared forth till he was on the brink ot
the sea, — for the poets deenied that on the brink of water
it was ahvays a place of révélation ot science. He heard a
Sound in the wave, to wit, a chant of wailing and sadness-,
and it seemed strange to hiin. So the lad cast a'spell upon the
wave, that it might reveal to him what the matter was. And
thereafter it was declared to him that the wave was bewailing
his father Adnae, after his death, and that Adnae's robe had
been given to Ferchertne the poet >, who had taken the oUave-
ship in place of Néde's father.
III. Then the lad went to his house and tells (ail this) to
his tutor, that is, to Eochu. And Eochu said to him: « Get
thee to thy coùntry now. Our tw^o sciences hâve no room in
one place ; for thy science shews clearly to thee that thou art
an ollave in knowledse ».
1. Also. according to R, to Gruibne ecess and to Crechduile.
2. Cf. LB. jSb)): h.xhen Caindech : cid chan«.s; in tond. Asbert Colnni
cille : do mM«tersa bôi i ngabud anallana (ors'md fairgi co «-cpilt- ocn dib
« Said Cainnech : what isthe wave singing? Said Colum cille: tliy hoiisc-
hold was in péril hitherto on the sea, so that one of them pcrished ».
;. son of Glas, son of Ross, son of Rudraige, Y.
lo lW//7/<v Stokrs.
IV. Luid ïaruiii Ncide reme' 7 a thri^ brathir leis .i. Lu-
gaid, Cairpr^, Cruttine. Docuridar bolc belce dôib far' cona'ir.
AsbtTt fer dib : cid dia n-apar bolc helce (i. bélchéo) ? Uair na
fetatar-» lotar fc/- culu > co Echaid co mbdtar mis aice^. Lotar
(or conïir doridisi/. Docuridar simind doib. Asb^rt fer dib: cid
dia n-apar scmind (.i. seim co hind). Uair na fetatar^, lotar
(or culu co a n-aiti9. Doc//mlat '" ûad i " cind mis aile. Docu-
ridar gass'- sanais doib. Uair na fctatar cid dia nep^/r gas
sanais^^ (.i. a sianas) tiagait for culu co Echaid, co mbatar mis
aile aca'-^.
y. O ro ictha dôib trà a cesta documlaiset'5 do Chind Tire,
7 luid iarsin do Rind Snôc. Doc^^mlaiset iar/<m a Purt Rig dar
fairgi corra-gab^^ '^ ir-Rind Roiss : assaide ïor Semniu, ior
Latharnu, (or Mag Line, for Ollarbai, for TulaigRoisc, (or Ard
Slébe, for Crâib Telcha^', for Mag n-Ercaite, for Banna, iar n-
Uact//r, for Gle'nd Riga, for Tuaihaih hUn riiBresail, for Ard
Sailech fris'raitcr Ard Mâcha indiu, for Sidbruig na hEmna ^^.
\'I. IS àmlaid da//o doc/niilai in m^;c, 7 craeb airgdide uaso,
uair issed no bid uasna hanrothaib. Craeb ôir im;«orro uasna
1. Doluid lArtim N'ede do saigid a thire R.
2. na tri R.
3. ar in R.
4. cia ret in belce. Ni tîtatar iar;i»t R.
5. arculu R.
6. oca R.
7. Lotar a co»/air dordiis (sic) R.
8. cia ret in siminn. Ni fetatar da«c» R.
9. conaiti R.
10. DocHmlaiset R.
1 1 . cm. R.
12. gassan R.
15. ni ba soirthi Ico dàiio Anisin R.
14. oca R.
15. Roictha tra a cesta dôib. Doc»mlai iar^/m Xede R.
16. congabsat R.
17. croeb taulcha R.
18. for sithbruig Emna Mâcha R.
Thr CollOijii\ of thr Dro Sages. l l
IV. So Néde fared fonvard, and witli him his three Bro-
thers, namely, Lugaid, Cairbre, Cruttinc. A boli^ hclcc (« puff-
ball ») chanced (to meet) them on the path. Said one of them :
« Why is it called bolg bélce? » Since they knew not, they
went back to Eochu and remaincd a month with him. Again
they farcd on the path. A simiiid (« rush ») chanced to meet
them. Since they knew not (why it was so called), they went
back to their tutor. At the end of another month they set ont
(again) from him. A gass sanais (« sprig of sanicle»?) chan-
ced (to meet) them. Since they knew not why it was called
gass sanais, they return to Eochu and remained another month
with him.
V. Now when their questions had been solved for them,
they proceeded to Cantire, and he afterwards went to Rind
Snôc. Then from Port Rig they passed over the sea till they
landed at Rind Roisc : thence over Semne % over Latharna-,
over Mag Line5, over Oliarba ^, over Tulach Roisc, over Ard
slébe, over Craeb Selcha5, over Mag Ercaite, over the (river)
Bann, along Uachtar, over Glenn Rige ^, over the Districts of
the Hi'ii Bresail", over Ard Sailech ^, which today is called
Armagh, over the Elfmound of Emain9,
VI. Thus then went the youth, with a silvern branch above
him; for this is what used to be above the anruths^^: a branch
1. the ancient name of Island-Magec in the countv of Antrim, Four
Masters, A. M. 2859, note i.
2. now Larne, in the same countv.
5. in Dalaradia, a territory in the ea.st of Ulster.
4. now the Lame water, according to O'Donovan.
5. now probably Crewc, near Glenavy, co. Antrim, O'Don,
6. now Glenree, the vallev of the Newry river, O'Don.
7. a territory in the county of Armagh, O'Don.
8. see Trip. Life, p. 472, 1. 25.
9. now the Navan fort, near the city of Armagh.
10. the second grade of poets, Cormac's Globsary.
I 2 Whitley Stokrs..
oWatunaih. Cracb umai \\n]i)iorro no h\d R] uasna f[\cdaib
archena.
VII. Doc/nnlat iar//m dochum Emna }Aacbae. Docuridar
dam"> Bric/'iu doib f()rsind [t'iaithchc. Asb^rt-saide friu dia tuc-
tais a lôg d(3 ropad Ncdc bad ollrt;;/ hEn;/;/ ', t/'iana chomairlc
7 t/'iana impidc. DobtTt Neide lenid corcra do, cona c//intuch
oir 7 argrt/7-. Asbcrt Bricriu ris dula co ro suidcd i n-inud >
o\\a)ua}i, 7 asbtvt riss ba marb Herch<'/'tni. Ocus ba liand bai-
s/Je, fri Emain atuaid oc tuidccht^ écsi dia écsinib.
VIII. Ociis asbr/'t da;/o Bric/'iu ni gcib hr amulchach oWain-
nacht^ i n-Emiiin Mâcha, ar ba ndidenta som ardi n-aisi. Gsibais
Ncidc hin a duirn dond [t]e6r, 7 focheirt bricht fair, comd ed
domnuined cach ba ulcha bai fair^. Ociis luid co //dessid i
cathâir oWanuin 7 gaba/V a thugnig inime. T/i datha na tugnigi
.i. tugi do ittib en ligel ar medôn : frosbrccht/ad tindruine ior
ind leitli ichtarach dianectair, 7 ti)/dath fo/orda ior ind Icith
uachtarach 7.
IX. Luid Bricriu iarsain ^ co Ferchf/tni 7 :ishen ris: Ba
dirsan [duit R], a Yerchertni, do chor a hollomnacht9 indiu !
Ro gab fer (k airmitnech [amulchach R.] oWamnacht i n-Emuin.
Ba lond Ferchertiie f/'is/(/e'°, ocus luid is'tech rigda", co mbâi
fo/'sin irlar '- 7 a lam ff/'sin gabail '>. Coiïid and asbert: Ciasu file.
f/7/M.
1. 7 asbtvt sede iViu dobi'Mais log do 7 ropad Ncide bad ollin» i n-Emain R.
2. R omits this sentence.
S. dola dô co sessad hi suide R.
4. ic tichtain R.
5. hollawmas R.
b. t:o;»bad ulche beth fair R.
7. Tri datha na tuinige .i. tuigi do ettaeib en, tind ar medon 7 fordath
tindruine for in ieith ichtaraig 7 fordatli fo/orda (or ind leith huachtaraig R.
8. colcic R.
9. hollamnas R.
10. suidi V.
11. isin tech R.
12. for sind lar R.
15. gabuii R. tuirid, H. 5. 18, p 545'.
14. Co»id ann asidbi';t: Ciaso fili fili R.
The CoUoqny of tlie tivo Sages. i J
of gold abovc thc ollaves : a brandi of coppcr over thc rcst of
the poets.
VII. Then they go towards Emain Machae. And Bricriu'
chances (to meet) them on the green. He said to them that if
they woLild givc him his guerdon - Nédc would, through his
advicc and intercession, bccomc the oUavc of Irchind. So Nédc
gave him a purple tunic, with its adornment of gold and
silver, and Bricriu told him to go and sit in the ollave's place.
He also said that Ferchertnc was dead, while (in fact) he was
then to the north of Emain, leading(?) wisdom to his pupils.
Mil. And then Bricriu said: « No beardless man reçoives
the ollaveship in Emain Machae », — for Nède was infantine
(leg. boyish) as regards âge. Néde takes his handful of grass,
ând casts a spcll upon it, so that every onc would suppose it
was a beard that was on him>. And he went and satdown on
the ollave's chair, and took his robe around him. Three were
the colours of thc robe, to wit, a covcring of bright birds'
feathcrs in the middle : a showery spcckling of findruinc on
the lowcr half outside, and a golden colour on thc upper
halff.
IX. Thereafter Bricriu went to Ferchertnc and said to him :
« It were sad, O Ferchertnc, that thou shouldst bc put out of
the ollaveship todav ! A voung honourablc man has taken the
ollaveship in Emain. »
Thereat Ferchertnc was wroth, and he entered thc palace,
and stood on thc floor with his hand on the beam. So that
therc hc said : « Who is this poct, a poct », etc.
1. Bricriu Xemthenga(« Poison-tongue »). See as to him FleJ Bricrenn,
Irische Texte, i.
2. Or « the price of it ».
5. Compare the stories of Cûcliulainn's beard of grass (LU. 74''), and of
the false beards of wool, whicli the voung Ulaid tied to their faces, Ir.
Texte, III, 588.
4. Compare Cormac's Glossary, s. v. tit^eii : « it is of skins of birds white
and many-coloured that thc poet's toga is made from the girdle downwards,
and of mallards' necks and crests from the girdle upwards to the ncck »
14 Whitley Stokes.
X. Loc tra donc! iininacall^//w sea ' Emain Mâcha. Amscr
da;;() di amser Conchobair maie Ncssa. Ptvsa da;/o Ncdc mac
Adiiai de CUonnachlaih, iiô is de Thuathaib dé Donaiin - dô,
■\mail atb<'/r> issind Immacalh?/';;; : Mr/c-sa Dana, Dân mac
Osmenta ~c. vcus Ferf/;c/7;/(' tîli do Ultaib i. (p. i86''| Tucaita
denma .i. tuignech^ Adnai do thabairt do ïr^rcbcrtni 6 Meidb
7 () Ai//Il iar w-cc Adnai. Co tanic Neide mac Adiidi a hAlpain,
:\mail atrubrammar'^, co hEmain, co ;/dessid i cathair oll^iwa;;,
co toracht ¥crchcrtnt' istech, 7 co n-cpcn ic tascin Nédi :
1. Ciasii hli, tîli imma li[g] tugen cona llî"?
2. dodonairb*^ iar cetul chreth
3. la dêcim felmûc
4. fér des rogi'einde9
5. i n-airm "^ chreth'' chetail. Ciasu file, file neit'-?
6. Ni chualacuic'5 n-inne'4 m^nVr Adnai
7. Ni chuala co solmtis''>
8. Mell suide dar ninu Néde.
9. Kad n-onorda inso atbcrt '^ Ncilc tVi Vercbcrliic :
I. ehuiaiii-sc R. 2. Donann R.
)■
asbiTt fein A'.
4. R ailiis : in sui.
). tuinech R.
6. Co tanic Xcide a liAlbain iar foglaini eicse o Eocliaid FclilvV, conid iar
tichtain do a liAlbain dochuaid R. daig olc lais an ollamnacht fuair |Fcr-
chertné] o Meidb 7 Ailill nech oilo dia saigid 7 asbert Neidhi narbuo coir
oWatnnacht a athar do taba/Vt doneoch iiUc Y.
7. om. R. y.
5. donairb R. Y.
9. rogrinde O'Dav. no. 759, rogrinni R. rogrc'ind L. teir deis rogrind Y.
10. airb L. Y. airm R.
1 1 . cread R.
12. ciasa file fil in neit Y.
I ^. cuich L. cuic R. Y .
14. ninde V. inni L. inni R.
1 j. solmais H. co solmis .i. co tis solani oca R.
ib. roraidc R. roraid V.
The Collo^uy of tlie two Sages. 1 5
X. Now thc place of tliis Colloquy is Emain Machae. And
the time of it is the time of Conchobar Mac Nessa. Thc
author, then, is Néde son of Adnae of Connaught — or hc
is of the Tuatha dé Danann, as he says in the Colloquy
(§§ 129, 130) « I am the son of Dân (« Poetry »), Dân son
of Osmenad (« Scrutiny »), etc. — and Ferchertne the poet of
Ulster. The cause of composing it is that after Adnae's death
his robe was conferred on Ferciiertne by Medb and Ailill'. So
Adnae's son, Néde, came out of Scotland, (as \ve hâve said),
to Emain, and sat on the ollave's chair; and Ferchertne entered
the house, and said on seeing Néde :
1. Who is this poet, a poet round whom lies the robe with
its splendour,
2. who would display himself after chanting poetry ?-
3. According to what I sec, (he is only) a pupiP.
4. Of grass is the arrangement of his great beard^.
5 . In the place for chanting poetry "!, who is this poet, a con-
tentions poet ?
6. I never heard thc secret of thc scnsc of Adnae's son :
7. I never heard of him with ready knowledge.
8. A mistake, by (my) lettcrs^, is Néde's scat !
9. This is an honoritîc speech which Ncdc uttcred to
Ferchertne :
1. Presumablv during thc tcmporary SLiprcmacy of Connaught over
Ulster, when queen Medb invaded the latter province.
2. .i. dodonasbénand iar cantain a ai .i. a eicsi L.
5. is amlaid atchiim [ataciim R.] conid mac foglamma L. R. « 'tis thus
I see him, that he is a son of learning ».
4. is de ra orddaig a greind, dond [t|eôr L. « thereof lie has arranged
his beard, of the grass ».
5. in bah ata a[c] cantain a écsi L. « in the stead in which he is reci-
ting his wisdom ». in baie i ta ic cantain a ai R.
6. one of the two glosses on this paragraph in L is : dar mo littre, is
melta Nede don tsuide i ndessid .i. suide i cathâir ind olloman « by my
letters ! Néde is deceived by the scat in whicii hc has sat, i. c. sittiiig in tiic
chair of the ollave ».
i6 Whilley Stokes.
[dIXIT NÏiI)K|
10. Arsan', a inmo sruith, sûi coisc car/; sûi^.
1 1 . sûi ceci) ainb aise 5
12. arsecha4 riasiu ro rtastar [fcirg frind i'J cia aise cia sûg.
13. fochen cid sathchialb sûthc
14. séiin anim ocnait mani chiastar'^ ceird.
15. ciiig mal
16. mithadbait, iiiitharfaid".
17. domairb/V tiad tath cor-rubcc^.
18. rosclai délai fir muaid méinig'^
I DIXIT I-ERCHERTNe]
19. Ceist, a gillai foreitail, ean dodcehadsu '° ?
|respo\dit néde]
20. Ni ansa : a sail^' sûad,
21. a eommur gâise,
22. a forbthib fio -,
1. arsean R. Arsan V.
2. socoisg cacli sai Y.
5. anim aise L. anbaisc R. sai gach ainim aisg Y.
4. asecha L. arsecha R. arseacha Y.
5. sâithchiall R. saithciall Y.
6. munab ciastur Y. mani ciastar R.
7. mithadbaith mitarfaidh Y. mitadbuit, mithartaid R.
8. corubeicc R. (cjorbam beag )'.
9. muaith miiinig R. and R adds : Muad a sccha st'i/e, (.i. maith ani ro
seich Sfdc) cia aise, (.i. becaisc) cia sug, (.i. cia sug asci more tbgebc lo-
ronn) fochen cid sathchiall suthc, ut supra interpretatur. Roseala deala fir
nuad masinidh 1'.
10. sic R. dodechadais L. dodechaidsu H. dodechadha/i" Y.
11. assail R. a sail suadh .i. i coimider/;/ tsala in tsuadh Y.
12. a foirbthe fio .i. nsin baie i fail firbithe in mathiwa R. a foirbiili ioa V.
The Colloquy of the two Sages, 17
SAID XEDE
10. An ancicnt one, O mv senior, cverv s.ige is a corrcc-
tive sage ' .
11. A sage is the.reproach ot every ignorant person-.
12. (But) before he knows wrath against us he should sec
what reproach, what (evil) sap (is in us) 5.
13. Wclcome is even the piercing sensé of wisdom.
14. Slight is the hlemish of a voung man, unless his art be
(rightly) questioned-f.
15. Step, chief (a more huvful \vay)>-
16. Thou shewest badly, thou hast shewn hadly.
17. Thou yieldest to me vcry meagrely the food of Icarning*^.
18. I hâve drained the dug of a man goodlv, trcasurous".
SAID ri-RCHERTN'r:
19. A question, O instructing hid, whencc hast tliou corne ?
NÉDF. ANSWF.RKD
20. Not hard (to say) : from the heel of a sage,
21. from a confluence of wisdom,
22. from perfections of goodness,
1. .i. is sùtliemail tccosc cerh su.id L. A. suitlicninil tecnsc car/j suad R.
2. .i. dlcgair de ^iiid aise cccb aneolaig, L. A. dlegar do suid aise cach
aneolaig R.
5. .i. dena ar solcgad riasiu dognc tcirg rind cia aise (i. becaisc), cia
sûg .i. cia sùg aisci mori togcbi fonn, L.
4. Is ctrom nô is bec ind anim do neocli a bitli ôc menip cesti (or a ela-
dain L. « light or small the blemish to any onc is his being voung, unless
there bea question as to his science. »
5. .i.ccmnig, a uasail, innas as dHgtIiechu, L. « step, tliou noble, in a
manner more lawful ».
6. or if \ve take/arf as the prep., and for corriibec read coiha becc, translate
« thou humblest me before knowlcdge that I may be small ».
7. .i. ro denusa sini ind lir maith moinig ic a rabatar niôini na hecisi
.i. Ech« L. « I hâve sucked the tcat ofthe good treasurous man, who had
the treasures of wisdom, i. e. Eochu (Echbéi) ».
Revue Celtique, XXV] 2
i8 ll7/;//<7 Stokes.
23. al-liiacliair throgaiii ',
24. a caillib- crinmond >,
23. a CLiardaib âne 4,
26. as[a)miJctar 5 fir iar fcbaib,
27. i forcant;ar^M'irinne7,
28. i tunethar^ gô, '
29. i fcgaiter datba,
30. i niiigtcr'^ dfina.
51. Os tiissu, a mmo sriiith, can dollod '° ?
[respoxdit ferchrrtni:]
32. Ni ansa. iar colomnaib aise",
33. iar srotbaib Galion'-,
34. iar sid mnâ Necbtâin,
35. iar rig mnâ Nuadat,
36. iar futhiur gr^'nc'',
37. iar n -ad bai êscai,
38. iar srinci '•♦ ôic.
39. Ctsi, a gillai tbrcitail, cia th\iinm-siu ?
1. throgan L. troghain V. troguin .i. dorooig a fuin .i. ainm do tliurc-
bail deirg na grc'ne isin matain R.
2. nô a coUaib R. .i. na .ix. ciiil! inna Segsa. it 0 so a n-anmann : Sali,
Fall, Fufall, Finnani, Fonnam, Foludell,[Fot"uighcll )'.), Cru, Crinnani,
(Crinniann Y.\, Criianblae R.
3. a calloib crcthmond V.
4. â cuairtibh aine V.
5. assamidar R. asmidhither Y.
6. forcanar R. fourchanar Y.
7. fior Y.
8. funither R. fuinighter Y.
g. innuigtcr R. anuaigighter V.
10. doloutsa y.
11. ais /?. gcoulamnaip aise )'.
12. gaoilioin V.
13. iar fuithir grene .i. iar ndagthir inna ai (.i. inna eicsi) grianda .i.
celum de quo uenit anima, et terra de qua iienit corpus R.
14. srincni R. srincne Y.
The Colloquy of the Uvo Sages 1 9
23. h'om brightness of sunrise,
24. from the hazels of poetic art',
25. from circuits of splendeur,
26. out of which they measurc truth according to excel-
lences -,
27. in which righteousness is taught,
28. in which talsehood sets 3,
29. in which colours are seen4,
30. in which poenis are freshened.
31. And thou, O my senior, whence hast thou corne?
FERCHERTNE ANSWERED
32. Not hard (to say) : along the columns of âge 5,
33. along the streams of Galion (Leinster)^,
34. along the elfmound of Nechtan's wife^,
35. along the forearm of Niiada's wife*'^,
36. along the land of the sun (science),
37. along the dvvelling of the moon9,
38. along the young one's navcl-string ■".
39. A question, O instructing lad, what is thy namc ?
1. .i. a nôi collaib na Scgsa L. «from the nine hazels of the Segais » (i.
e. the mound from which the river Boyne rises, Rev. CelL, XV, 457).
2. .i. doreir a n-eolais R. a according to their i<no\vledge ».
3. .1. i fescrigend gô L. « in which falschood grows towards evcning »
(vesperascit).
4. find im-moltar, dub i n-aerthar L. « white when he is praised, black
when he is satirised », 7 brccc hi fuacarar R. « and speckled when hc is
proclaimed ».
5. .i. iar colomnaib se ;ies [secht n-aessa R] m duine L. i. c. the six âges
of a human bcing, Corm. Gl.
6. especially the Boyno, at whose source grew the hazels of poetic in-
spiration, atib-seom sruth imniais na ecsa esse R. « he quafl'ed thercout the
stream of inspiration of knowledge ».
7. i. e. the Boyne. Bôand was the wifc of Nechtân son of Labraid : see
her legend, Rev. Celt., XV, 315, which omits to mention tiiat shc com-
mitted adultery with the Dagda.
8. another poetic name for the Boyne. Nuada Necht was (according to
L) the name of a Leinstcr poct. Nuada Necht seems an alias for Nechtdn ?
9. i. rofitir in n-adba i mbi in t-ésca il-lo 7 in grian i n aidchi L « he
knows the place where the moon is in the day and the sun in the night ».
10. the beginnings of knowledge.
20 Wliitlcy Stokes.
[respondit xédk]
40. Ni ansii. Robec. Ronior. Rothct. Rochtot.
.) I . |p. 187^] Rosre tened,
.\2. Tcne fetii,
4^. FogroU sêse ',
44. Sopor somma,
43 . Slocreth ddna-,
46. Droncht';Jach co teinm :i tein.
47. Os tussii, a mmo srtiilh, ci.i do ainm-siu? ?
[rKSPOXDIT FERCHF.RTN'i:]
48. Ni ansa : Ncssu cèlaib,
49. Cur > fethach^' foaisnis frcisnis'^,
)0. Fochmorc toruis7,
) I. Fithe cerda,
52. Comrar dana,
5^. Dranim de muir^,
)4. Cest, a gilk/ fd/citail, cia dan dognisiii ?
1. scisse R. foghrall seise Y.
2. Sloicreth (creth .i. ai) (.iana .i. slaiJiin ai mo Jana R. sloichreath
dana Y. Slocrech dana L.
^. cia thainnisiu R.
.}. caur R. cur Y.
S. feithech V.
6. frisneis R. freisneis Y.
7. fociimorcc foruis .i. ata fis ftvidncch oaim dia nad locliniaircider
ini R. fochmarc forais V.
8. dr(amm) do mur Y.
The Collotjiiy of thc two Sages.
21
NLDE AXSWHRS
40. Not hard (to say) : Vcry-sm.ill ', Vcry-grciit -, Vlmt-
bright(?)S Very-hard4.
4 1 . Angriness of fire,
42. Pire of speech >,
43. Noise of knowledge,
44. Well of wealth^,
45 . Sword ot song,
46. Straiglu-artistic with bittcrness (?) ont ot hi'c7.
47. And thoLi, O my senior, what is ihy name ?
THRCHHRTXH .WSWERS
48. Not hard (to say) : Nearest in omens.
49. Explanatory champion for dcchiration, (for) interro-
gatory.
50. Inquiry of science,
5 1 . Weft of art ^,
52. Casket of poetry9,
53. Abundance from a sea'".
54. A question, O instructing lad, \.'hat art dost thou
practise ?
i péTsaind L. R. « iii pcrsoii ». .i. in aes K.
i n-colas L. « in knowledge ».
rothaitnid uaimse no reid inim cttail niad guide R.
rochotutc riécin V. air L. <f verv hard is heatcompulsion upon hini ».
loscud inna ai .i. focol co «-inidergad insin R.
6. .i. am topur û' /j-iniinud eolais L. R. « I am a wcll with abun-
dance of knowledge »>.
7. .i. co tenmnech ami// tenid L. « bitterly likc tire ».
8. .i. dluthaim eladain L. elathain R. « 1 condense science ».
9. .i. comctaim dân R. « I préserve poetry ».
10. .i. is dirini in muir-se na liecsi L. « multitudinous is this sea of
knowledge ».
2 2 Whitlcy Slokcs.
KKSPONDIT NhDI-
5). Ni tiiisii: romna' rossa,
)6. riiul- tcola,
37. lonoch ' tcilc,
58. loscnad anbli,
59. ahram creth,
60. cluith4 do thùr,
61. tochmarc fâth^,
62. cerd cach rhbel,
63. bruud n-immais^,
64. iiDScothud n-insci,
65. inisciiig bic",
66. bùar^ bi'iad,
67. sruth tail,
68. forcital n-imda9,
69. ail n'g risi rêdc.
70. Os t//.fsu, a mmo sntilh, cia dan dognisiu
RESPONDIT FHRCHERTNH
71. Ni ansa: foram cotaith '°,
1. roaiiiad R. ruamna Y.
2. rindu Y.
5. fonah ('j/VJ /?. fonach Y.
4. cloith /^. clouth Y.
5. /^ and y insert forcath cilair And /^ lias the gloss .i. (orcital inti bis
(or cloine. Xô forcital celair ar cacli n-aneolach.
6. imbais R. imbrugli nimpuis V.
7. mbicc Y.
8. buair R. buar Y.
9. forcedal nimda .i. foglaim d'eigsinibh Y.
10. foraini cothaith R. foruim couthaig Y.
Tlw CollO(]u\ c{ thc tno Sagr<:.
NEDE ANSWERS
55. Not haal to say : reddcning a countenancc '
56. picrcing flesh -,
57. tingeing bashtulness, .
58. tossing away shamelessness-,
59. tbstering poctry,
60. to searching tor fanic,
61 . wooing science,
62. art for every mouth,
6y difFusing3 knowledge,
64. stripping speech +,
65. in a little room >',
66. a sage's caitle*^,
67. a stream ol'science?
68. abundant teacliing,
69. smooth taies, the deliglu of kings.
70. And thoLi, O niy senior, what art dost iboii practise ?
• I-HRCHERT\E ANSWERS
71. hunting for support S,
1. by satire or by praisc.
2. .i. nemnari oc cungid ncich L. « having no shamc in making dc-
mands ». .i. faebur a aire hi feoil àmail rind dond iir naclia tincann R. the
edge of satire, like a point in flesh, for liini that does not respond (to my
poems).
3. Hterally « breaking up ». .i. scaiHd immad rofessa do chàch L.
« he scattcrs abundance of science to everyone ». scaehiid immaid sofis
do chach R.
4. rcnioving nodosities froni bis compositions .i. |is) séini scoithes a
indsci cona bit faidb furri. L.
). .i. biini il-lepaid immalie fri rig L. « I ani wont to be in bed along
with a king ».
6. explained as « Httle or big pocnis for whicii cows arc given to a
sage rt .i. airchethi beca ara tabraitcr bac do suid A'.
7. .i. aiste imda no immad na liecsi L. « many mètres, or the abun-
dance of science ». nô fâl gotha caich, iiô is [s|ruith i n-Inis 1-ail A'.
8. .i. do chungid seoit 7 biid I,. K. « to ask for treasure and tbod ».
2 « Whitlry Stokes.
72. costud sida,
73. srethad ' lairne,
74. fochoid - ocnôc ',
75. noiid ccrJa,
76. cossair oc rig,
77. liascad Boiniie ',
78. briamonî smethrach'\
79. |p. 187^'Jsciath Aith/nii',
80. crraiiid nais^ a sruth huais v
81 . barand '" immais,
82. aicdc mi'/nnan,
83. minairbc ccrd" ;
84. costud réiP-,
85 . rissi ruada,
S6. roLit noithe '%
87. némain i '^ fothud,
88. furiiid') tath iar natli '^\
DIXIT FERCHERTNE
89. G's/, a gillrt/ îorciuul, cid tbtlaimt/;t'rsu '7 ?
1. srctha R. L.
2. focliaid R.
3. Ibchatu occnae V.
4. riasgad mpoindi )'.
5. briamoin A'.
6. brimon snietrach Y.
7. atlieirnc R. trc sgiath aithirne }'.
S. ais R. eirand nais Y.
9. buas R. but see infra § 284. Y omits a bcforc snilh.
10. barann R. barand Y.
1 1. ccarda Y. cerd R.
12. costadh reill Y.
13. roud nouithe )'.
14. om. R. nemhaind a fothadh Y.
15. fuiriredh .i. rith foa .i. fotsrethnaigtcr sooid damh ar nio fath .i. ar
m'aisti no ar mo foglaim Y.
16. R omits iar nath.
17. cidh folaimtersa Y.
The Colloquy of the two Sages. 2 5
72. cstablishing pc.ice,
73. arranging a troop',
74. tribulation of vouiig nicn-,
75. cclcbrating art,
76. a pallct with a king>,
77. ... ing thc Boyne-<,
78. hriiuiioii siiictrach>,
79. thc shielJ of Athirne^,
80. a sharc of new wisdoiii lioiii tlic sticam ot science 7
8 1 . fury of inspiration,
82. structure of niind^,
8^. art of small pocnis,
84. clear arrangement,
85. ruddy taies "^^j
86. a celebrated road '^'
87. a pearl in setting (?) "
88. succouring sciences alter a pueni.
FERCIIHRTNE SA 10
89. « A question, O instructing lad, wliat is it that thou
undertakest ? »
1. i. e. regulating bis relinuc when seekiug hospitality.
2. i. e. with the king (Conchobar mac Ncssa), whose poct he was.
3. being a king's bedfcllow,
4. as the source of poetic inspiration, .i. inscc ind immais docing iar
riiBoind i. ro fûiscim na cnu docuridar Boann .i. cnoe ind immais R. « thc
nuts of inspiration ».
5. sce the glossary.
6. the infamous satirist, whose « shicld » was der y gldm dkcnd 7 ailgcs.
« satire and extempore lampoon and importunity ».
7. .i. is uais ind rann fil ocwm ar imbud mo dagtessa .i. ollawnas A'.
" noble is the share that I hâve, torthe abundance of my good knowledge,
i. e. the ollaveship ».
8. .i. doréir menman càich nommolaim L. nodmolrtn;î Y . c according
tothe mind of every one whom I praise ».
9. warlike stories.
10. .i. aurdarcaigim aiste iar setaib dligid R. « I glorify poetry according
to the paths of law ». So Greek art is, according to Dr Butcher (Harvard
Lectures), « triomphant art, but art in obédience to law ».
11. .i. is gilithir nemaind ani fothaigim R. « what I found is as bright as
a pearl ».
26 Whitlcy Slokcs.
[kkspondit ni';dk]
90. Ni niisci : i mmag n-aesa',
91 . i sliab n-6ited,
92. i fiadnch n-aise-,
93. il-luna thréith \
94. i n-|adbaij-* n-othrai |lcg. othnaij,
95. et/V othain 7 accnn 5
96. et/> cath 7 a t'uath ^\
97. et/V triiinu Tethrach,
98. et/V sostu siloin,
99. et/V sruthu iuil.
100. ps t//.vsu, a mmo sriiith, cid tot-laiiiu/AV' so ?
[ RESPOXDIT 1-EKCIIHRT\L |
100. i sliab rig/aid",
ICI. i commuin^ fdth,
102. i fuirhriii aesa iiâil*^,
103. i nucht n-osnai,
104. i n-inbf/' raithe'",
105. i n-ôenach tuirc thréith ",
1. immaig naessa R. a magh n-aosa Y.
2. i fidaf/; nais R. a fiodhach naise Y.
3. a luna treith Y.
4. sic R. with tlie gloss .i. i n-adbac u-uath tuinnc .i. i n-adba ure 7
cloche, quia fit huath .i. ùr 7 onn .i. cloch. inadhpa iiotno Y.
5. acenn .i. tene R. achend L. aceand Y.
6. R fo. 61^2, inserts : et/> fid 7 a foit .i. eu> fîd 7 a duilli. No et/r lîd 7
a irascothad. Nô dano et/r fid 7 tech .i. conara cttv imda 7 aridi (in marg.)
.i. et/r na gradu Hatha batar occa. So Y : i itir hdli 7 a duille .i. it/r a fith
7 a inisgothadh, no donc itir fidh 7 ateach .i. tonair idir \mi1a 7 airighi .i.
eolus fcisin.
7. na ngrad A', a sliab ngraidh Y.
S. commun K, comain Y.
9. i fuithriu asail .i. i ndagthir ind aesa luiasail R. a fiiitlirc asail .i. a
fothir in feasa uill .i. uasail .i. an aosa iuil Y.
10. an inpir raith V.
11. i noenuch tliuirc thréith L. in ocnacli tuirc treith R. an aonach tuirc
treith Y.
Tlic Colloijuy of tlir tuv Sages.
NiiDF .\ns\vi:rs
90. Not hard (to sa\) : (to go) iiuo thc plain ot âge,
91. inio thc moLintain of yoiith,
92. iiito the hunting of âge,
95. into foJlowing a king ' (death ?),
94. into an abode ot clay,
95. between candie and tire-,
96. between battle and its horror>,
97. aniong the mighty men ot Tethra-J
98. among thc stations ot...
99. among tlie streams ot knowledgc.
100. And thou, O my sage, what is it that Ihou undeiiakcst ?
FERCIIKKTNH ANSWERS
100. (to go) into the mountain oi rank ;
10 1. into the communion of sciences,
102. into the hmds of the men of knowledge,
103. into the breast of poetic revision,
104. into the in ver of bounties 5 ;
105 . into the f^iir of the king's boar^ :
1. .i. hi lenmain ind rig .i. i ng/ianan rig R.
2. eter in n-adnacul 7 in mcsrugud L. « between burial and judgment».
3. .i. sidiigud CUT lucht in chatha 1. « making peace between bellige-
rents ». 7 is hed is liuath isin chath .i. na hairm. ni bi ecla form im dân
amfl/ bis i cath R. « and this is the liorror in battle, tiie weapons. There is
no fear on me in (practising) my art as there is in battle ».
. 4. .1. ainm rig Fomore « name of a king of the Fomorians ».
5. in inber rathe .i. in inber ind ratha .i. i noliamnas R.
6. À. i n-oenach maie ind rig .i. cluim 7 cholcid 7rl. L. « into thefair of
the king's son, i. e. down and qiiilts ». See Corm. s. v. orc tn'ith, where
the articles at this fair are given as « food and precious raiment, down
and quilts, aie and fleshmeat, dranghtmen and draughtboards, horses and
chariots, greyhounds and playthings bcsides ».
28 Whiticy Stokes.
io6. i t'ocliataid ter nai',
107. i lami folcrbad fal- romiaJ.
loS. G'/s/, a o\\hii iorùiiiil, cii.i clionar dollodbu î ?
[respondit nédi;|
109. Ni ansa : l'('/' clar liiid tcssa >,
1 10. ior ul ') trcith,
111. ior iidrad n-ais^\
112. îor drumni daim inn air.
113. [p. 187-J, ft'/' soilsi" samluain^,
114. ior maethla^ matha,
115. îor driic[l-!]tu '° dea,
1 16. [or unce " n-ctha,
117. ior ath 11-uamain,
118. ior^- sliastai sadbai'5.
119. Os t/<ssu, a mmo sruitli, cisi chonar dollodsu'»?
KHSPOXDIT rERCIlIiKTNL
120. Ni ansa: Ut cchlaini Loga,
I. hi focliotuJ 1er nai .i. is fo chataid na fer nua .i. na rig nua. no na
sciath l'erna R. a fochata fcrna Y.
1. lan R. L\\ Y.
;. cisi conar doludsu R. cise conair dolouts i'.
4. R iiiserts : for colptha nuadat .i. coss fri coiss lasin rig hi tech midchuarta.
Y inserts : for clarcun nibise .i. deidhi .1. clar da les .i. in locc asa teid a
naidhe .i. in niaclog. for colpta nuadhad.
5. cûl L. ul Y. k.
6. naes R. for fidhradh nais Y.
7. sorchi R. soirci Y.
8. samlaam L. samluain R. Y.
9. moethla R. maothla V.
10. druchta Y. druchtu A'.
1 1 . unci R. uince Y.
12. fo i^. for y.
15. sliastaiph sadhpa Y.
14. dolludsu R. dolotsa Y.
The Colloquy of ihc Uro Sages. 29
106. into liie sniall respect of new nien :
107. into thc slopes of dcath (wherein is) abundance of
ovcM h on ours.
108. A question, O instructing lad, what is thc path tliou
hast come ?
\ÉDE ANSWERS
109. Not hard (to say) : on the white plain of knowledge,
iio. on a king's beard ' :
111. on a wood of âge :
112. on tlie back of the ploughing-ox- :
113. on the Hght of a summer-moon > :
1 14. on goodlv cheeses (mast and fruit) *:
II), on dews ofa goddess (corn and milk5)
116. on scarcity of corn :
117. on a ford (?) of fear*^:
1x8. on the thighs of a goodly abode.
119. And thou, O mv senior, on what path hast thon come ?
PERCHF.RTNE ."WSWERS
120. Not hard (to say) : on Lugh\s horserod (?)'
1. .i. ulchi fri ulchi frisin rig, iiô i frith cetfaid dia imdae R.
2. .i. mo dân trén R. « my vigorous art ».
3. is mt-'wic intan bis cain donviacb luan alaind ina diaid R. « often whcn
Sunday is fine a beautiful Monday is after it ».
4. né na secht n-asti R. « or the seven mctres ».
5. .i. ith 7 blicht .i. ceneili forcetail, H. 3. 18.
6. .i. for in n-âi n-âith is uamon la câch .i. iiid ecsi L. « on thc sliarp ai of
which every one is afraid, i. e. the science <>.
7. .i. is e Lug arrànic oenach 7 Hathroit 7 echl(//if L. « it is Lugh that
invented a fair and a bail and a horsewhip ». As to him see more in Rev.
Celt., XII, 127, where his three inventions are said to bc draughts, ballplay
and horsemanship.
Whiticy Stokes.
12 1. (or luani ban maeth ',
122. (or toit feda,
123. i'or ccnd ngai-,
124. (or fuan n-argit,
125. (or creitt cen tbnnad',
126. (or fonnad cen cliuH,
127. (or t;i anfessa^ M<//c ind Oc
128. CcisI, a gillrt/ f();Td'/ail, cia doaisiu mr/c ?
RESPOXDIT NEDE
129. Ni rt//w : nwcsa Dana,
30. Dân mac Osm£»ta,
31. Osmenad'' mac Imràti,
32. IMradud mac Rôtis,
35. Rotîs mac Fochmairc, ' ^^
34. Foclimorc mac Rochmairc,
35. Rochniorc mac Rotessa,
36. Refis mac Rociiuind,
37. Rochond mac Ergnai,
38. Ergna mac Ecnai,
39. Ecna m:7c na tri nOea^ liDâna^,
140. [p. 188' 10] Os ta^su, ammosruith, cia doaisiu [mac] ?
1. for luani liiban mbaeth .i. for lonloingiu ban, «d chiche ban rodiul L.
for lunu ban maeth .i. (or lônlaige ban moeth no maith rogenar, 110 cichi
ban rodiul R. for luaineban mbaoth .i. for lonUiinge»; ban nibaoth rogenair
Y. Herc R inscris : (or brosna brigi (?) .i. for feirtsi carpait no airm.
2. catha R. Y.
3. .i. eich cen charpait, nô for creit in dana L. iorcreit À. cich no sceith
in dana cen fonnad .i. cen carput R.
4. gan chil Y. gan chiol, O'Cl. s. v. fonnadh .i. carpad .i. for carput cen
chloene R. .i. for carpat cen chlàine L.
5. triun fis R. tri hainbeasaiph Y. tri hanfcsaib, H. 3. 18.
6. osmenta R. Y.
7. ndee V.
8. is aire btres Nede a genelach sunn cosin luchtsa, ar is ocu ro bui
suithi na heics[e": co comlan. A dual»y aese atbt'iVNede to;;id mac cei7;diib
seo diarale, ar is he in t-athair lais inti his i remthechtas, 7 is hc in n\ac
inti bis i tiarmôrthecht iartain R.
The Colloquy of thc Uvo Sages. 5 1
121. on thc hreasts of soft women :
122. on thc hair of a wood :
123. on the hcad of a spear :
124. on a gosvn of silver :
125. on a chariot-frame without a tyrc (?) :
126. on a tvrc without a chariot :
127. on thc tlircc ignorances ot thc Mac ind Oc'.
128. And thoLi, O instructing lad, of whoni art thou son?
\ÈDE ANSWERS
•129. Not hard (to say) : I am son of Poetry,
130. Poetry son ofScrutiny,
131. Scrutinv son of Méditation,
132. Méditation son of Lore,
133. Lore son ofEnquiry,
134. Enquiry son of Investigation,
135. Investigation son of Great-Knowledge,
136. Great-Knowledge son of Great-Sense,
137. Great-Sense son of Understanding,
138. Understanding son of Wisdom,
139. Wisdom, son of the three gods of Poetry^.
140. And thou, O my senior, whose son art thou ?
1. .i. ni fitir cuin atbelafd] 7 cia haided nombfVad 7 cia fot forsa n-enelad.
Nù fot geni 7 fô/ bais 7 (fôtl adnacuil L. « he knew not when hc would
die, and what death would carry hini ofF and on what sod hc would die.
Or sod of birth and sod of death and sod of burial. » As to the Mac ind Oc
sce more in Rev. Cclt., XII, 127 and LL. 166^22, ^245b42.
2. tri maie Brigti banfili .i. Brian 7 luchar 7 Uar, t/i maie Brcssi nifliV
Eladan, 7 Brigit baniilc, ingen in Dagdai Môir rig Hertv;;; a mmAlhair
L. « three sons of Brigit the poetess, namcly, Brian and luchar and Uar, tiircc
sons of Bres son of Elathu ; and Brigit the poetess, daughter of the Dagda
Môr, king of Ireiand, was their mother ■>.
^2 Whitley Stokes.
RESPONDIT FERCHERTNE
141. Ni arisa : macsa fir ro bùi, nad ro gcnair,
i.}2. aradnacht^ i mbrû a matliar,
143. ro basted iarna écaib,
144. arannâisc^ a chêtgnûis [cel]',
145. cctlabrad cech bi,
146. iachtad cech mairb,
147. Ailm irard^ a ainm.
14S. G'/s/, a gillai iorcitail, in hlct sccla latsu ?
[respondit néde]
149. Filet ccin. sccla mathi,
150. muir thoirthcch >,
1)1. tracht ruirtlicch,
1)2. tibit^ lîdraid,
153. techait' rtdlaind,
?■
adraJnacht R. ro h3.ôinacht Y.
arranaisc R. arnaisg Y. arnaisc L.
ccl R. cil Y.
4. alm aurard R. ailm iiraid Y
5. thourthach V.
6. tibit R. Y. tibid L.
7. tcclnait L, techait R. Y.
The Colloquy of the two Sage
FHRCHERTXE ANSWERS
141. Not harJ (ro say) : I am son of thc man who lias
been and was not born ' :
142. lie bas becn buricd in bis motber's wonib-:
143. be bas been baptized after deatb > :
144. bis first présence 4, deatb, betrotbed bini :
145. tlie first utterance of every living one5 :
146. the cry of every dead one^:
147. lofty A is bis name7.
148. A question, O instructing lad, liast tliou tidings ?
NEDE ANSWERS
149. Tbere are indeed : good tidings :
150. sea fruitful^,
151. strand ovcrrun'^,
152. woods sniile ^^,
153. wooden blades flee ",
1. .i. Adaim « of Adam ». .i. ar ni genemain ro bui do Adam, acht a
chruthath don cetharduil R. « for there was no birtli to Adam, but his for-
mation from tlie four éléments ».
2. .i. i talmain « in the earth ».
3. .i. i césad Crût « in Christ's Passion ».
4. .i. is é cétgnuisdocliuaid, i mbâs peccaid L. « tliis is the lirst présence
to which he went, into death by sin. »
5. .i. j L.
6. .i. ach [leg. â) L.
7. .i. isuasal 7 is ardaainm .i. aihii .1. Adam L. « noble and high is his
name », i. e. A. i. e. Adam.
8. im hiasc [7 im duilisg Y) L. « as to fish and dulse ».
9. .i. ro (irthach do longaib 7 barcaib. L.
10. .i. bolga in blatha L. « the buds (?) of the blossom ».
11. .i. tiagait ass na lannaco f( .i. in gentlecht L. « thc blades with poison
départ, i. e. the heathenism (magie) ». See Rcv. Celt., XII, 440, and the
Acallam na Senôrach 4928 n. Were they divining rods ? or planchettes?
Revue Cdliquc, XXVI. 3
M
Whiiley Sîokes.
54-
55-
56.
57-
58.
59-
60.
6r.
62.
63.
64.
65.
66.
67.
68.
69.
70.
71-
72.
fccliait oblaind,
asait ithgoirt,
ili bcthamain \
bith sorclii,
sid subach^,
sani sogar 3,
sluaig rathaig,
rig griandai,
gais 4 adamrai 5,
ecblraid^ cath,
cach dia chcird ",
lîr do gail^,
grés for 9 mnâ,
munbrec laith '°,
mûin[i] gafit,
laith lan,
lâii caJ;" ccrdd,
câin car/; fô '^,
fô car/;" scél.
scela mathe '5.
174. Os tussu, a mmo sruitii, in filet scela latso?
1. ilc bethamain (.i. beich) .i. is ilarda soniain isin biih R. ilc beithou-
main .i. imad maine bech etc. Y. ili bccha maini L.
2. subadh .i. (aWid Y.
3.- sogor R. sothar Y.
4. gaise R.
5. rig grianda (.i. righ soluida) gais adhamra Y.
6. cachtro Y.
7. Hère Y itiserls ceas for faillie .i. ni foigenait.
8. sic R. dfogail L.
9. fri R. for Y.
10. miiin bric laith .i. latir g?ega i iiimradaittT R. riiuinpreclait .i. hxihar
grega an imriatliuor eicli Y.
i I. cech R.
12. fou y. R omits fo hère, and begins tlie next paragraph whh J'o fo,
glossed bv is viaith, is itiaith.
13. maithi R.
Tlu- CoUoquy of the two Sages. J5
154. fruit-trccs ilourish (?)'
155. corntields grow,
156. bce swamrs are manv,
157. a radiant world,
158. happy pcace,
159. kindly summer,
160. armics with pay,
161. sunny kings,
162. wondroLis wisdom,
163. battle goes away,
164. cvery onc to his (own) art-,
165. men to valeur 5,
166. ncedlcwork for womcn,
167
168. trcasures laugh -t,
169. valour abundant,
170. evcry- art is complote,
171. fliir every good man,
172. good cvery tiding,
173. tidings good.
174. And thou, O m}- senior, hast thon tidings ?
1. .i. ablanna 7 corp Crist « consecrated Hosts and Christ's Body » L.
But in thc margin of R: [a|bla ubla: and }' glosscs oplainJ by .i. abla 7
upla « applctrecs and applcs », no fighlîth co maith na hii ada hâobda 7 ada
lainne la nech. Xo is d'ablannoiph cht'//a 10 raid .i. do corp Christ.
2. .i. (or a eladain ndhgthig L. « on his lawful craft ».
5 .i. do dcnam gaiscid « to pcrform valour ». .i. biaid galsged Y.
4. .i. gàirfit mûinc dona (\\edaib darcenn a n-aistc K. « treasures will
laugh to the poets because of thdr mètres ».
56 Wintlty Siokes.
Ri:SPOXniT FF.RCHERTNE
175. Filet ccin sccla uatha, olc amser bith-bias', i mbiat^
ilc ccniia, i mbiat- uate enig[e], arbebat 5 bi ba[n]messu4
176. biaid bûar in domain ditlioraid.
177. dichrechnaigfit 5 fir fcile.
178. friscichset midaig niornathc^.
179. biat'olcafir. biat" nati rig. |p. 188''] biat" ileanflatha.
180. bit dala^ athisi9. bit ainmecli cech duni.
181. dobebat iar cuirriuch carpait.
182. fo/zmelat nâmait Nîallmaigc.
183. ni ain'° fir febais ".
184. fessait/V'^ im chella cathasa.
185. bid furside cech dân '^
186. bid furglide cech ^4 gô.
187. Ragaid') cech oen assa richt la uaill 7 dimmwi. avia
fogcntar feb '^^ na hacs, na cnech, na hordan, na dân, na
ft'/'cital.
1 88. forbrisrtder cech trebar ■".
1. anibith bias Y.
2. i nibat K.
3. arbebat R. arbebait L. arbebliait Y.
4. banmessa R. pi banmesa }'.
5. dithrechnaigtit fir fêle .i. nâre, no bith cen enech /?.|diciethnaigh fer
fciie y.
6. nlorflathi R. mourflauthu Y.
7. bit R. pitat Y.
8. dala R.
9. pitat tresoigh ouig pit ile anllaitlie. pitit raithig rig. bid toia atiiise.
pid grescu gala Y.
10. nia»« L. ni ain R.
11. febaib L. febais R. feabais Y.
12. fechsaither Y.
13. câcb lidan R. cacli dan Y.
14. ont. R.
15. regaid R. raghaidh Y.
16. feib i".
17. câch t/ebair R. treabar Y.
i
The Colloijuy of îhc Uvo Sages. 57
riiRCIlKRTXE ANSWKRS
175. 1 havc indeed : tidings terrible: evil the tinic which
will always he : wherein chiefs will be many, wherein honours
will be few : the living will quash fair judgments '.
176. The cattle of the world will be barren.
177. Men will cast oft'modesty.
178. The champions of great lords will go.
179. Men will be bad : (lawful) kings ^n ill be tew - : usurpers
will be many.
180. Disgrâces will be crowds : every man will be blc-
mished.
181. Chariots will perish along the race-course.
182. Foes will consume Niall's plains >.
183. Truth will not safeguard wealth 4 (excellence?)
184. Sentries round churches will be fought 5.
185. Every art will be buffoonery.
186. Every falsehood will be chosen.
187. Everyone will pass out of his (proper) state through
pride and arrogance, so that ncither rank nor (old) âge, nor
honour, nor dignity, nor art^, nor instruction will be served.
188. Every skilful person will be broken/.
. I. .i. cpelait na licneclanna o na hcoaib iar firmcisscmnacht R.
2. A. iarna ndligud K.
3. .i. Ériu R. « Ircland ».
4. .i. nib hanacol do neoch a firinnc no a thathclius A'. « his riglitcous-
ness or his wcahh(?) will be no protection to anyonc ».
5. .i. fichfît/V catha ic cosnam na cell R.
6. .i. im filidccht R.
7. .1. gabail a eillc ond acs dimai'ncch L. c seizure of his cattle by the
moneyless iolk ».
58 ll7;///o' Stokcs.
189. bid paiipr/' ctrh ri '.
190. dimicnighder ccch sdcr. rc)»iitastar- cech docrî. cona
adcrthar-» dia na dune.
191. dobcbat flathi î ria n-Anûalhib la fursmalta fer ndubga[e]
192. dobaidiirher c/ctem,
193. rofuasnabthar adbarta^,
194. focichsiter solaig7,
195. docichlittT cella^,
196. ftvloscfiter ecailsi9,
197. artassaigfité^r culi cessachtaig '°,
198. ardibdaba" dochell blatha,
199. art[6]itsat'2 toraid '3 [tria] audbretha'»,
200. adbeba'5 cacli a chôi '^.
201. focichret'" for collaib coin congah, co tossnôfa '^ cach
(or a daim tria '9 duba 7 dibi 7 dothchernas^".
202. attacli-^ lidaidbri-- 7 dibi 7 dothchfrnais-3 fri diaid
in domain dedenaig.
1. cacb pauper bid ri R. pid paiper gach rig Y.
2. conhuastar R. ronutostour Y.
5. R iitserts: a'HadraibttT dea na nduine.
4. hadhrabthar Y. [ajdraibther R.
). .i. dWglhecha L. dlightocha Y.
6. rofuasnaibtt'r aparta .i. idbarta R. forfuasnaighfithear udbarta Y.
7. fociclisithear solaidh Y.
8. docichlaighter cealla Y. d. diibchlaid ccalse, Ciin Adamnàhi, éd.
K. Meyer § 43.
9. artastoightcr cagalsa Y.
10. cesachtaib R.
11. sic R. airdibada L. ardidba Y.
12. artitsat R. artidsit i'. artisat L.
15. torai«d L. toraid R. Y.
14. audubrctha R. udbreatha )'.
15. arbcba /? arbeaba i'.
16. a gcae geiniridh Y. Cf. tothôetsat LU. gît' 25.
17. focichret /^. fochichrad )'. forcichret L.
18. cotosnafa R. co tasnafe Y. codasnafa, H. 3. 18, leg. co-to-snadfe?
19. la R. Y.
20. R om. 7 dothchernas R.
21. athach R. atouch Y.
22. naidbri R. ndaibri L.
25. doithchernsa R.
Tlic Collo<]ii\ of llic tnv Sagn. 59
189. Evcry king will be a pauper.
190. Every noble will becontemned : every baseborn will be
set up, so tlîat neither God norman will be worshipped.
191. (Lawful) princes will perish before usurpers by the
oppressions ' (?) of the men of the black spears,
192. Belief will be destroyed.
193. Offerings will be distiirbed.
194. Floors will be gone undcr (by housebreakers) -.
195. Cells will be undermined.
19e. Churches will bc burnt.
197. Niggardly storerooms will be laid waste.
198. Inhospitality will destroy flo\vers5.
199. Through false judgments fruits will falH.
200. His path (in winter to his hospitaliers) will perish for
every one '.
201. Houhds will inBict conflicts on bodies, so that every
one will ... upon his following ^ through darkness and grudge
and niggardliness.
202. At the end of the final world (there will be) a refuge
to poverty and stinginess and grudging7.
1. .i. la fo/'fomailt no la liannd//Vc(/ na bhfcr og u nibi doua gati (.luba
.i. Gain. y.
2. .i. ccimnigfidir fo sailgih inna (n)ccias do gait cssi|b| K. « thcrc will
be stepping under the floors of the churches to steal ont of theni ».
3. .i. mess 7 torud L. « mast and fruit >■>.
4. .i. toetsat ass na toraid triasna gubretha R. « the fruits will fall there-
out through the false judgments ». Strachan would bring uriilsal Iront ar-
lonn^iiii, and translate « Fruits (by their decay) will bear witness to false
judgments ».
5. .i. epelaid o chach a choe gaimraid R. .i. a chuaird gemrid (or a
doercheli .i. for a doérbiatachu. ar ni biat aci biataig tria olc na hanisireZ,.
« his winter-circuit to his base-tenants, i. e. to his base-hospitaliers, for
owing to the badness of the time he will hâve no hospitaliers ».
6. .i. soifid cac/; for a daim dia marbad, R.
7. .i. rachaid cach i mu'migin a doadbuir R. À. rachaidh cach a muinighin
a doadbazV, no rachaidh cach a muinighin a ndaidb/i 7 a ndoc^nnsa a nderedh
an domhain Y.
40 Whitley Stokes.
203. dâhi ilc Oi acs ccrd '.
204. t'ocliiura- câch cainte do châniud dar a chend.
205. dob('Va cach crich 5 fiv araile.
206. cchtrannfaid fcUe-* {or car/; dind, roz/nach ain lepaid na
luge.
207. Icnfiiid 5 cach a chomaithech, co mera^ cach bratha/r
araile.
208. gcnaid cach a choimthechtaid 7 di chomol 7 comlongud,
canna bia tir na cncch na hanim ^ and.
209. imm/^Tcredfaifet duth[ch]ernai9 [ar a lin. R\.
210. imm//macrfat anflathi '° la anfeth cach dLiba[i].
21 r. doirtfitfT" g/'ada. dorromnaibter ^- clerchechta. dimic-
nigtitf/' suid.
212. sôifit ceôil co bachlachu.
213. sôifid fiannas i cella 7 i cleirchiu.
214. sôitithir^' ecna i ssdib[b]retha'4j
215. soifid dWged flatha ior t^clais ^5.
216. sôifid annach i corraib bachall.
217. soitîd cech^^ lanamnas i n-adaltras
1 . cerda Y. cerd L, K.
2. fochiurd .i. cennaigfid /?. fochiuchra Y. fociuchra, H. 3. 18.
5. crichi R. crith Y.
4. fcille y. fêle L. feilli, H. 3. 18.
5. genfaid L. lenfaid R. lenfaidh Y. sic R. genfaid R.
6. sic R. mairfid L. mairne Y.
7. choemtechtaid R. caoimtivhta V.
8. lîr n-enecli no anma R. cona biaidh fir noinigh na nanma aund Y.
9. iniHJcrefafet Y. immwjcreitfet doitcherna .i. nos craidfet dochethernai
nô drochthigernae R.
10. 0;;;. R.
11. dofoirtfitcr g/ada .i. tuisliud R. dofoirtlîdha ngradha Y.
12 doroninaibtf/' R. dorrownaibt'/t L. diromnaibttv Y.
13. soifidir R. soifiitithcr (sic) Y. saifithcr L.
14. soibrechta }'. soebbretha R.
15. doling ûnitb fo ecaL/, R. soiffidh dligf^ flatha for ccailsib .i. ratli 7
foghnam don tuaith on eclais, Y.
16. OUI. R.
The Colloqny of tlic /iro Sagrs. 41
203. Many controvcrsic's (will thcre he) with artists.
204. Evcrv onc will biiv a lampooncr to lampoon on his
behalf.
20). Rvcry onc will impose a limit on anothcr'.
206. On every hilltop treachery- will advcnturc, so that
neither bed 5 nor oath will protect,
207. Every one will hurt his neighbour : so that every bro-
ther will betray anoiher.
208. Every one will slay his companion at drinking-toge-
ther and eating-together, so that there will be neither truth nor
honour nor soûl there.
209. niggards will shrivel(?) one another fortheir nuniber.
210. usLirpers will satirise one another with storm of every
darknèss.
211. Ranks will be spilt : clericisms will be forgotten :
sages will be despised.
2T2. Music will turn unto boors.
213. Championship will turn to cells and clerics.
214. Wisdom will be turned into false judgnients t.
21). A lord's law > w^ill turn upon the Church.
216. Evil will pass into the points of croziers ^.
217. Every sexual connexion will turn into adultcry/.
1. .i. ar dochill R. « for inliospitalitv ».
2. .i. hrecâirccht (.i. tuislc) 7 deisnierecht air:
C\cirech ag hrcgâirecht blaith
do'\n{\der a ngnimnrr/ graid,
oWani ccn eolfor a du
soilid ceol co bacli|lacli]u, Y.
3. .i. fellfaid cach for i[njti bias (or a lepaid R.
4. .i. gebtliair ciall cconassR. « an improper sensé will bc takcn tliere-
out ».
5. .1. rath 7 lognam don tuaith « rent and service to the laity ».
6. .i. i n-aes graid 7 i clcrchu archena R.
7. .i. irréib aurgairthib 7 fri ninaib fer R.
4 2 Wliitley Stokcs.
2i8. soiliJ roi'uiU (.i. sechtair) [p. i88'] ocus roimtholtu ' i
uKiwccu aithcch [onis bachlach A*. Fj~
219. sôiHd rodibi 7 rodoclicll 7 rocliessaclu i côairti-, co
mku duba> a n-dana-i.
220. sôifîd rodruine i n-6nmite5 7 athchcssa^, co"sailfitcr
etaige^ cen liga [nô cen imdenma R].
221. soiftd esbretha [7 iîngala R\ ir-rigu 7 tigtrnii.
222. sôitid digaire 7 rosire9 i minr;;main ccch dune, a);zna
fogenat mogaid na '° c/zmala a comdcdii, ronna ccchlat n'g
[na tigerna itge a tiiath R] nach a cocerta, i"o;/na coistifet" ind
airchinnig f/ia manchu 7 a mmunu'ra, conn:\ todéma '- in cisaige
craie a dlig/i/ dia flaith, connu togéna in manach dia d'ûuis
[a ecclais 7 a apaid lidligthcch R], conix fodema in ben brcthir
a cétniLint/re uaste'3, conna. fogenat maie 7'-^ ingena a n-atlirc
nach a mmâthre, coiia urërsct felm<7/c a hthirhre.
223. Sôitid càch a dan i sâibfo/'cital 7 i saibintliucht do
chungid derscaigthe dia fithithir, corop niaith lasin sosar'î
bith ina suidiu '^ 7 a sinser uas, a chind. auia ba imder-
gad lasin rig ;/() lassin tigt'rna ragas^" do sainôl uô sainithe^*^
arbelaib a chele fodrigena, nô arbelaib a dâmi 7 a thascuir
1. sic R. roimtohhu L. roimtoltan .i. ar meiiôn Y.
2. côraidi L. coairte R. coairrte Y.
3. combat aurdubai R. conibtar duba L. comdar duba i'.
4. andana i'. ananai L.
5. oin. R. oinmide )'.
6. athchessa R. atchessa L. aithchcasa Y.
7. cona R. Y.
8. ctguda R. etoighc Y.
9. rosuiri R. roisirc Y.
10. mogha nait Y.
11. coitsifidh y.
12. fodcna L. fodema Y.
15. huasu R. uais Y.
14. na R.
I ). osar R. sosar Y.
16. suide R. tsuidhe Y.
17. regas R. radias Y.
18. 7 sainhithi R.
The Colloijuy of thc two Saors. 4?
218. Great pride and grcat frcc-will will turn iiito the sons
of peasants and churls.
219. Grcat niggardise and grcat inhospitality andgreat penu-
riousness will turn into landholdcrs ', so that their poems -
will bc dark.
220. Grcat skill in cmbroidery will pass to fools and
harlots, so that garments will be expected without colours.
22 1. Wrong JLidgnients will pass into kings and lords.
222. Undutitulncss and anger will pass into every one's
niind, so that neither bondslavcs nor handmaids will serve
their masters?; so that neither kings nor lords will hear the
prayers of their tribes or their judgments ; so that the ercnaghs4
will not listen to their tenants and their communities ; so that
the triburary will not endure (to pay) compensation to his lord
for his due > ; so that the ecclesiastical tenant will not serve from
his property hischurch and his lawful abbot^'; so that thc wife
will not endure hcr iirst-husband's word over her; so that sons
and daughters will not serve their fathers or their mothers ; so
that pupils will not rise up(respectfully) before their tcachers/.
223. Every one will turn his art into false teaching and
flilse intelligence, to seek to surpass his teacher; so that
the junior may like to be seated while his senior is above
his head (standing); so that it will be no shame with king or
lord who shall go to spécial eating or spécial drinking in
1. .i. i mbrugaidib ccn cluitliim ccn tid:iacul L. « into landholdcrs
witliout spending, without gifting ».
2. .i. a ndùana 7 a ndrccht[a] 7 a n-admolta R. « their songs and their
stories and their eulogies ».
5. .i. a tigern» 7 a nihanùgernii « their lords and their ladies ».
4. managers ofchurch lands.
5. .i. a biad daorraith Y.
6. .i. im dechinadaib 7 primitib « as regards tithes and firstfruits ».
7. .i. connu riaraigfet na descipuil nô na mcic (ogluiiiiiiic a magistridc nâ
a féthaithre .i. aithre lethaigthi na ai R.
44 Whitlcy Stokrs.
dodisia ', cona ha- imdergad lasin fer trebtha bith ' ic loiigud
iar n-iadad-* a thaige frisin fir ccrdda ivnas a ainech 7
a anmaiii ar ' bratt 7 ar ^ biad, consàïk^ cdch a ôil 7 fria
clicilc oc sainôl 7 oc sainithe^, collinfa9 rosant car/; nduine,
co rirfc in fer uallach a cncch 7 a anmain ar 16g ôensc/'i-
puil'o.
224. Dichrcchnaigtîther ^^ fêle, dinsémtair '- popuil. dibdab-
tair flathi'3. dinsémtair^- gradai, digradaigtider domnacli,
diromnaibter littre. dichlannaigfitiT fil/V/.
225. forbuascaigfider firinni. forosnaibuv gùbretha [la han-
flaithi Y] in domain dedenaig. fc)/loscfitf;' torthi'4 iarna tadbsiu
la tola n-echtrand 7 daescarsludg '5.
226. biaid furlucht fdr car/; briiig.
227. brogfliiUT cricha ir-roilbi '6.
228. bid romajï car/; rofid. bid rofid car/; roma^.
229. arfogëna cach lin a munt/;e.
230. ticfciit iarsein tedmand ili anchde'7, at[li]cha ^^ ellma
1. do disidhe Y. dodisia R. leg. do-d-sia? Strachan.
2. connabi R. Y omits bilh ic loii(;iid.
5. bias R.
4. R. om. iar-n.
5. ara R. ar brot et biadli )".
6. dosoife R.
7. ooil R. oil Y.
«S. sainithi R. sainighte Y .
9. dolinfa R. Y.
10. ar oenlog scipuil R. ar aonlogli sgrepaiU Y.
11. dithrechnaigfitcr A'. ditrothn«/>hth.T Y.
12. dinsibtcr R. dinsitlicr, dinsight^r Y.
15. dibdaibter tlatha R. dibuithf;r flaithe Y.
14. forloisgfithiv toradh Y.
I). doescarsluaig R. daosgursl/(fl^ Y.
16. proglifuith crich a roilbe Y.
17. ticfat iarsaiii tedmann hili ancridi R.
iS. athcha R. uathucha .i. ainbtine Y.
The Colloqiiy of the iwo Sages. 45
front of his coniradc wlio will serve him, or in front ot
his retinue and his conipany which will corne to him ; so
that there will be no shamc with a farmer who is eating
after closing his house against the artist who sells his honour
and his soûl for a cloak and for food: so that every onc at
spécial eating and spécial drinking will turn his cheek to his
comrade; so that greed will hll every human being : so that
the proLid man will sell his honour and his soûl for the price
of one scruple.
224. Modesty «will be cast otf : folks will be contemned :
lords will be destroyed : ranks will be despised : Sunday
will be degraded : letters will be forgotten " : poets will not
be produced-.
225. Righteousness will be renioved : filse judgmenls will
be manifested by the usurpers of the final world : fruits after
appearing will be burnt up' by a Hood of outlanders^ and
rabble '.
226. On every territory will be an excessive number^.
227. Districts will be extended into uplands.
228. Every forest will become a great plain : every great
plain will become a forest.
229. Every one will slave with ail his fimily 7.
230. Thereafter will corne many hurtful diseases : sudden,
1. .i. saebcliiall cssib « a falsc meaning ont ol thcm ». no cin a tathu-
gud Y.
2. coim biat fiiid ctcr, acht baird taiituni « so that therc will be 110 poets
at ail, but only rliymers ».
3. .i. teine saignein no brisfiih Y.
4. .i. Gall y.
5. .i. Goill 7 Gaoid// Y.
6. .i. roimurcad daoi«t; ag breith aima for gach baile Y « a superabun-
daiice of nien bringing herds on every homestead ».
7. Cf. Ri sàer rodosàs cogle Noe lin a maintirc, Sait. 2541-2.
46 Wliitley Stokes.
uathmard, locluiit |la R] bl[o]edmaiid ' c/and.
231. gaini diillcch -, sani dubach, fochimiinc cen messu,
crracli ccn blathu.
232. marta la iiuna.
233. tedmand (or ccthraib'. bcdcaclia ', [l\a\vl. B. 502,
fo. 62'^ 2] scamaclia, boara, conialla, milliuda, cnuicc,
crithclia.
23^1. frithi ccn torbai, foilgc ccn nioenc, niorniathi ccn
docnc.
235. CLimsunnud fiansa.
236. fiiUa for cthaib.
237. éithchecha 5.
238. cocerta co feirg.
239. tonnad tri la 7 tcora^ n-aidchc for da trian doinc.
240. trian na plag hi sein ïor mila mara 7 fidbaidc.
241. Ticfat iarsin scchi riiblia(/;^z iar ligubai/.
242. iarmibebat blatha.
243. biaid gol car/; clethi.
244. connielat echtrainn hÉiennmag.
245. arfoichlifet lir fini.
246. friscich^ comrac im Chndmchaill9,
247. coniuratar '° guit bain.
248. [fo. 62^1] conbcrat dia n-aithi-c[ib] ingcna.
1. bleadhmaidm Y. blcdmann R.
2. gaim duilcch K. gam duillcch Y.
3. cethru R.
4. Hère L ends.
>. eitseachta ce/i gallra can a imfoigse etseclitu no etcecha Y.
6. sic Y. tri R.
7. .i. iarsin gubai remonn R. '< after the aforcsaid lamentation ».
8. friscu/cli L. friscàh .i. cicliist^jr Y.
9. chnamchailli R. chnamcaill V.
10. conortutur Y. conaurartar .i. c.iin oirgfitir R.
The Colloqny of thc two Sages. 47
awful tempcsts: lightning with cries of trces (struck bv tluin-
derbolts).
231. winter IcatV, suninicr glooiii}', autunin without crops,
spring witliout floweis.
232. Mortality with famine.
233. Diseuses on cattle : Ih'di^dii.ni (staggcrs ?), scaimicha,
nuirrains, dropsies, luillitida, lumps', agues.
234. Estrays without profit-: hiding-phices without trea-
SLires: great goods without men (to consume them 5).
235. Extinction of championship ».
236. Failure on cornhelds.
237. Perjurers.
238. Judgments with angcr.
239. A death of three days and tliree nights on two thirds
of human beings.
240. A third ùf those phigues on beasts of sea and forest.
241. Then will come seven years after lamentation.
242. Flo\yers will perish.
243. In every house there will be wailing.
244. Outlanders> will consume thc plain of Erin.
245. iVIen will tend men 6.
246. A conflict will go round Cnâmchoill/.
247. Pair stammerers^ will be slain.
248. Daughters will conceive to their fathers9.
1. .i. i mbraigdib R. « in necks ».
2. .i. cen cliuit frithi doiiti fos-geib R.
3. .i. na mathii/isa mora 7 ni bia ncch dia cathim R.
4. .i. erchra for fiannas nô for fiannaib, ut fuit Find R. |cum suis].
5. .i. gaill R. « foreigners », i. e. the vikings.
6. .i. biaid cech fer i fochill araiie, R. « every man will bc attending ano-
ther ».
7. .i. firscuichfid in Roth Raniach co mbia i comrichtain frisin Cnamchaill
R. « the Rowing VVheel will proceed until it will be in contact with
Cnânicliaill. » See asto this wheel and Cnâmchoill /^(jf. Celt., XVI, 62,65.
8. the fair-haired Norsemen?
9. .i. bertait ingena clainn dia n-aithrib R. « daughters will bear chil-
dren to their fathers. »
48 Whitley Stoke^.
249. confirfet[ar] im chlotha congala.
250. conhisaigtithiT ' im arda^ Insi iathtiiaigi '.
251. mcbais trcthan dar CM'h tir la aittreib Tiri Tarrigere.
2)2. dolciclidcr hEriu .uii. liibliad^^/ ria mbrâtli.
255. brônfaid iar n-âraib.
254. Tictat iarsain airde geine Ancrisi,
235. gignitir-i in cach thuaith toraitiiair,
256. tosoifet fria sruthti sruthlinne >,
257. suifid aicde i n-ôrdathu^,
258. suifid usc^ i finblassLi,
259. suifid antrenna i n-ôglanna,
260. soifid môna hi scothsemmair,
261. forloiscfitir et/V slcbib sathemain.
262. arfuirset tuli mara on trath co arailc".
263. Ticfait iarsain .uii. [m]bliad«« dorciia.
264. docêlat lêsbaire nime ^.
265. la dibad in donuiin docichsct i mbeolu brâtlia9.
266. bid brâth, a meicc ; mora scela, scela huatha, olcc
aniser.
267. Ferchertne di.xit : Ccst, in fetarsu, a bic, môir, a nw/c
Adnai, cia fil hùasut ?
1. sic Y. otii. R.
2. darda R. ardu }'.
3. Y inscris: laithfithtr cath^j et tw;gaulii ar beloiph na n-uasi»/ oc a
mbiat na clotha.
4. gignider /,.
S- .i. impaifit a linne et^r na sruthu in aigid aicnid A'.
6. .i. dath oir l'or in cac cch R. « colour of gold on horse dung .i.
dath oir for c(ac)c na n-ech Y.
7. cen tuile. Atsoifidh neulu ind aeraibh do ciseat a saethoibh slan crech-
touib Y,
8. .i. grian 7 esca « sun and moon » R.
9. liibratha R.
The Collotjity of thc two Sages. 49
249. Contcsts will be fouglit round famous places ^
250. Tiiere will be désolation round thc heights of the Isle
of meadowy plains.
251. The sea will break over every country at inhabiting
the Land of Promise 2.
251. Ireland will be left seven years before thc Judgmcnt5.
253. It will be mournful after slaughters.
254. Thereafter will corne the signs of Antichrist's birth.
255. In every tribe monsters^ will be born.
256. Strcampools will turn against streams.
257. Horsedung (?) will turn into gold-colours.
258. Water will turn into tastes of wine.
259. Mountains will turn into perfect lands.
260. Bogs will turn into flowcry clovcr.
261. Swarms of bées will be burnt among uplands.
262. The floodtides of thc sca will dclay from one day to
another.
263. Thereafter seven dark years will come.
264. They will hide the lamps of heaven.
265. At the perishing ofthc world they will go into the
présence of the Judgmcnt.
266. It will be thejudgment, my son. Grcat tidings, awful
tidings, an evil timc !
267. Said Ferchcrtne : Knowest thou, O little (in âge),
great (in knowledge), O son of Adnae, who is above thcc ?
1. such as Emain, Tcmair Çl'ara) and Alcnn, A'.
2. .i. intan bas focus do aithrcib in tire tairngértliair doua noemaib
R. « wlien it will be ncar to inhabit the land which is promised to the
saints ».
3. That the sea will come over Ireland seven years before Doonisdav,
see the Tripartite Life, pp. 117, 331, 477.
4. .i. dachennaig R. « two-headed ones ».
Rcvut Celtique, XXVI. 4
jo Wintley Stokes.
[respondit nédf.]
268. Ni iDise. fetar nio Dia dcilcch.
26^. ici il r mo xits tfiithi,
270. ïetar mo choll creth,
271. ïclar mo Dia trcn,
272. icliir roi'ili hiith Fcrcheirdnc.
273. Slechtoig an gilla do iar/////. Lasin fochard Neidhc fri
F^/certne in tuighen filedh do chur de, 7 adrec/;/ asin suidhe
^\ed a roibe die teilg///<^/ fo chosoip Feircrrtne, co n-cilvrt
YercennQ ' : Y.
274. Fosaigtlie-, a bic, môir, meic Adnai 5...
[fo. 62'*2] Ferchertne dixit : Fosaigthi /ra, a fili moir .i.
n-eokj-, a mniz Adnai4...
275. robat mochta indôcbaithe>,
276. robac clothach cumtachta la duini ocus Dia,
277. rob comrar dâna,
278. rop doe rig,
1. For tliis paragraph R lias only : slechtaid in gilla dosiim. et dixit Fcr-
c\\ertna.
2. Fosaigthi R.
^. thirteen obscure paragraphs arc hère omitted.
4. nine paragraphs arc hère omitted.
j. innocbaigthi R.
6. seven paragraphs omitted.
The Colloijuy of tlie two Sages. 5 1
\liDE AXSWIIKS
268. Easv (to say). I know my God créative.
269. I know my wisest of propbets.
270. I know my hazel ot poetry ^
271. I know my mighty God.
272. I know that Ferchertne isagrcat poetandaprophct.
273. The lad then kneels to him. Thereat Nédc tlings to
Ferchertne the poet's robe, which he put from him, and he
rose ont of the poet's seat, wherein he was, to cast himself
under Ferchertne's feet. Thereupon Ferchertne said :
DIXIT FERCHERTNE
274. Stay-, O Httlc (in âge), grcat (in knowledgc), son of
Adnae !
DIXIT FERCHERTNE
275. Said Ferchertne: Stay then, thou poct great, to wit, in
science, O son of Adnae ! mayst thou he magnified (and)
glorified !
276. mayst thou be famous (and) adorned in the opinion
of man and God !
277. mayst thou be a casket of poetry 5 !
278. mayst thou be a kings arm4!
1. See p. 15, note 5.
2. .i. na heirg i takw ni as mo, ar bai in talam ic aslugud ar in n-anhu-
malloit dorigni dond oUam cen eirgi remi 7 in fih' inna sessam « for the
earth wasswallowing him because o( the discourtesy with which he trcated
the ollave in not rising up before him while the poet was standing » R.
3. .i. robat cometaid don dan R. « mayst thou be a keeper of poetry «.
4. .i. robbe for iaim rig R. « mayst thou be at a idng's hand ».
5 2 Wliitley Sto/ies.
279. ropo ail olloman,
280. roba orddan nEmna.
281. ropo airddiu câch,
NEDE DIXIT
282. IMnuisbé fadcin fon oen garmaim ^ crann n-ocnbona^,
bid onme moth cen clioscrad'.
283. comrar dâna,
284. airbcrtad naiss4, is etargna in aes f()/'bthe. atliair la
mac. mac la aihair.
285. tri aitliir lêgait/V ann .i. athair acssc, athair collaide,
athair forcitail.
286. nad mair mo athair collaide.
287. nad fail mo aite [leg. athair] forcitail hi frecnarcus.
288. is tLi[sa] mo athair âisse.
289. Atadomu ind imbc.
Imm//,sbe tadcin'.
FINIT. AMEN.
1. .i. corabuis fcin .i. fo inunnus in garma gaire dimsa R. « undcr the
samcncss of the title by which thou caJlest me » be buidein l'on aongar-
maim .i. co rabas fon ininn«5 na agarr)«<; ma goire [leg. na garma goirij
damsa Y.
2. .i. ii]sa[t|trén-sii sonir(t] it illdanaib ama/ c;ann n-oenbona fo a hil-
gescaib R. « thou art mightv and strong in thy many arts, Hke a tree of
one butt beneath its manv branches ».
3. bid amlaidso ccn discailiud .i. a d,în Ferchertni, R.
4. A. is airbf/tach isind liss nua A'.
5. -For § 289 Y has: addoniam (.i. no da admuim) dombe, iosaigthe.
(osaielbe. finit.
Tlic Collo<ju\ of the tno Sages. 5 3
279. mayst thou be a rock of ollaves ' !
280. mayst thou bc the glory of Eiiiaiii !
281. mavst thou be hiizher than everv one !
SAID NI- DE
21S2 . Mavst thou ihyself bc so (?) under the sanic title! a tree of
one butt : he is at thesamc time a maie (?) without destruction.
283 . a casket of poetry :
284. an expression of ncw wisdom : he is the intellect ot
the perfect folk : f-ither by son : son by tather.
285. Three fathers are read of thercin -, to wit, a father in
âge, a fleshly fiither, a flither of teaching.
286. My fleshly f;uher' remains not.
287. My father of teaching^ is not in présence.
288. 'Tis Ihflii art my father in âge k
289. I acknowledge thee as such(?)
Mayst thou thyself be it(?)
IT ENDETH. AMEN.
1. .i. ropot samaigthi i n-oliamnas anii;/ ail anscuichthi K- « mayst thou
be placed in ollaveship like an immovcable rock ».
2. i curp fo/citail.i. isin scriptûir /i^. « in the body of instruction, i. e. in
the Scripture ».
j. Adnae, who was dead.
4. Eochu Eclibél, who rcniained in Scotland.
5. in right of scnioritv.
0»
54 Wliitley Stoka.
GLOSSARY
[The bare arable numerals refer to the paragraphs of the Acallam : the roman numerah
to the paragraphs of the Irish introduction.]
accnd, c)),J}re (misspelt achend L), *ad-cend-, cogn. vvith Lat. accenJo, in-
cendo, siic-cendo, Cvmr. caiin « brightness », root (s)kait(] .
adar-n, III, our tuv.
adbarta, 195, aparta R. ojferings.
ad-beba, 200, it u'ill pcrisb.
ad-lamu / acknmckdge, atadomu, 289, for ad-dot-damu 1 acknowledge thee.
adradtiacht, 142 R. for adronacht was Intried, prçt. pass. sg. 3 of adnacini.
ad-riug I rise iip. with infixed pron. / arise, t-pret. sg. 3 adrecht (=; ad-
d-recht), 273.
aicde, 82, structure, fabric. In 2 5 7 aicde borsedung seems (if tlie gloss be right)
founded on Old Fr. haque, hack, nag.
ail olloman, 279, rock of ollaves.
ail, 69, pkasure, delight.
ailm, 147, the letter A, hère standing for Adam,
ainb (from an-fd nescius, insciens), gen. ainb, u, pi. n. ainbi (gl. nescia),
Ml. 51 = 14.
ain-ble, 74, shaiiiekssness (an- fêle), ainbhic .i. uinféilc no olcas, O'Cl.
ainmech, 180, blemished, deriv. of aniiii.
airbe, .i. ainm aisde, O'Cl. v. min-airbe.
airbertad, 284, expression ? airbertad naiss .i. is airbertach isind liss nua R.
airbheart .i. tuigsi no ciall, O'Cl.
airm, 5 (misspelt airh) place, in airb .i. in bali L. pi. armand, LU. i34l'38.
aise, II, 12, reproach. A. imdheargadh, O'Cl.
am-ukhach, viii, ix, beardiess. Côir Anmann, 245, Ir. Texte, III, 388.
ancride, 230, hurtj'iil.
Ancrist, 254, Anlichrist. aintecriost )'.
an-feth, ace. sg., 210; stonii; also anjud, aiijuth.
an-fiss igiiorauce, pi. ace. anfessa 127.
an-flaith usurper, tyraut, pi. n. anflathe, 210. anliatha, 179, dat.anflathib, 191.
an-humalloit inhuinility, discourtesy, 274 note.
znxrtnn mouutain, pi. n. antrenna, 239, ./. naslebi/^. antrend, MeyerContribb.
aparta, 193 R. v. adbarta.
ar-bebat, the\ u'illquash, 175. cf. adbeba, 200, dobebat, 181.
ar-dibdaim I deslroy. b-fut. sg. 3 ardibdaba, 198.
ar-érgim, see uréirset.
ar-fàssaigim (-iur?) / lay u-aste. b-fut. pi. 3. arfàssaigfiter, 197.
ar-foichlim / tend, fut. arfoichlifet, 243. v. fochell.
ar-fuirigim I delay, s-fut. pi. 3, arfuirset, .i. fuirgebait /^. 262.
arsan, 10, a senior: hcncc arsanta « old », Meyer, Contribb.
ar-secha, 12, thou shouldst see? glossed in L by dena ar solégad. root seq.
Goth. saihiiiin, Germ. sehen ?
Tbc Collotjuy of thr Uvo Sages. 5 ^
ar-tôitsat, 199, redupl. s-fut. pi. 5 of artuitim I Jalî. But the right reading
may be artitsat, froni artongim, whence urtoingeas, Laws V. 454.
atadomu, 289, see addamu.
ath, leg. àth/on/ ? sg. ace. ath n-uamain, 117.
athchessa, 220, batlots: aitlicheasa .i. aithcliiosaidhc .i. nicirdrcacha,
O'Cl. sg. aithchess fem. oi'iiitbtxh.
attach, 202, refuge.
aud-bretha (aith-bretha), i>^<:),fijlse jiidgnietils.
aurard, v. irard.
aur-dubae, 219 /?. obscur il y?
bân-mess, a fair judgment, ace. pi. banmcssu, 173.
barann, 81 R. fury, bara .i. fearg, O'Cl
bechamain, bethamain, 156, becs.
bedgach some kind of caille- disease, pi. bedgacha 253.
bess, gen. bise 109 Ytuoiiib, perhaps cogn. with Gr. [iaaTa.foj.
bith-biu lamalivays, près. ind. sg. 3 rel. bithbias, 175.
*blâedni a cry, ace. pi. bl[â]edmann, 250. Cognate with blaodh À. gairiii,
O'Cl. « a shout «, « a calling », O'Br. Cymr. bloedd.
bolg (bolc) bélce, iv,puffball. bolca belcheo, YBL. 316b. Rev. Celt., XXIIl,
416.
briamon smetrach, 78, a deadly opération peribrmed by poets on those who
refused their demands, see Corm. Gl. s. v. brî, Corm.Tr., p. 22. .i. bri
[.i.] briathar 7 mon clés .i. clés briatharda sin dognitis ind iWid À. cenélc
nemthiw^a insin .i. smitt a cliiasi do gabj/7 (p. 187'^ 2| inna lâim; anw/
nâ fil cnàim andsin is 3.m\aid na lîl enech iiô nert aconti ccnaiges in
fileL.
brog-, 227. V. mrôg-.
brônaim / am vwiinifiil, b-fut. sg. 5. brônfiiid, 235 : dcnom. oi brôn.
brosna brige, 121 R, fuel of inigbt ?
brûud, 63, crusbing, breaking up.
buais, 80. The glossators seem to regard it as the gen. sg. of buas « poctie
science » ; but this would be buaisse. Corm. Possibly thcre vvas a masc.
or neut. buas.
cathas zvatcb, seulincl, pi. cathasa, 184. cathais .i. faire no faircachras, O'Cl.
iar cathais na haidche LU. 69a. cotlaid acht far cathais YBL. 50^8, et
V. Meyer, Contribb., 325.
-cechlat, 222, redupl. fut. pi. 3 of rocluiniur.
cel, 144, dealb. ceal .i. bas, O'Cl. cf. O. N. Hel the death-goddess.
cél onien, propbecy, pi. dat. célaib, 48.
cenn catha, 123 R. lit. head of baille.
cét-gnuis, 144, Jirsl-sighl ?
cét-labrad, 145, firsl-ulterance.
-ciastar, m, subj. pass. sg. 3 o( céisliin « I question » ? mani chiastar ceird
is glossed in L. by menip cesli for a eJadain.
ciaso, I, 5, for cia inso? îc7x) (is) this ? Strachaii, Ériu, I, p. 8.
cilair, 61 /?, gen. sg. of *cilar uroiigdoer ?
cing mal, 15, glossed in L. by cémnig a uasail intias as dliglhechu. cing .i.
^6 Whitli-y Stokcs.
céimnigh no siubhail, O'Cl. impcrat. sg. 2 of cengim « I stcp, cognate
with Skr. khanjati, OHG. hinchan.
ci'ssaige, 222. a tribittary. deriv. oi cis, a loan from Lat. ceusiis.
clârcn bise, 109 i'. the Ulth- board of the luomb, the placenta?
clcthe roof, honse, gen. car/; clethi, 243. .i. cich tigi R.
cloth, /(/»/(', gen. sg. cliiith, 60. À. clu, O'Cl. Hencc clothach, 276.
CnJmchoill, 2\6, now Cleghile near the town of Tipperary.
cnocc liiiiip, pi. cnuicc, lumps, in or on nccksor gullcts, a cattlc-diseasc, 233.
coairt hindhohier, ace. pi. -i, 219.
cocerx jiidc^iut'iit, pi. cocerta, 222, 258.
c6i, 200, path, cài no caoi .i. slighc no conair, O'Cl.
coimthechtaid, 208, companion.
coU crcth, 270, ha:(el of poetry?
colomna aise, 32 « cohnnns of at^'e », the six stages of iiuman lifc, Corm.
comlongud, 208, eatiiig logcther.
commuin coiiiinttuion. ace. sg., loi.
commiir, 21, dat. sg.-, of combor, comnior tueetiiig-phice, confluence. A
comniur gdise is glossed in L b y (7^/// bailc atd coniinnnad ua gdise.
com-61, 208, driiiking togelher.
conirar dàna, 277, 283, caskct of poeliy.
con-berim l conceive a child , fut. pi. 3 combérat, 248. Cf. conibart, coinipert.
con-fàsaigim I désolai e. b-fut. pass. sg. 5, confasaigfither, 250.
con-ferini / combat, b-fut. pass. pi. 3. confirfetar, 249. But V hère has
confithfilher , leg. conjicbfîter, b-fut. pass. pi. 3 of confichini.
con-melim I consume, fut. pi. 3 con-mêlat, 182, 244.
con-orgim, I slay. fut. pass. pi. 3. coniuraiar, 247. Cf. fritamni-iurat. Ml. 35-^.
côrus caeniuda, 11. a chant of wailiug.
con-utangim / build up, crect, s-ftit. pass. conulastar, 190. .i. turcébthar
LL. 187b 17.
cossair, 76, bed, pallct, liltcr.
costud arrangement} costud sida, 72, costud réil, 84.
cotossnôfa, cotosnafa 201 : analysis and meaning unknown.
cothad support, gen. sg. cothaid, 71, colhadb « a support a preserving, a pro-
tection», O'Br. coth .i. biadh, cothadh .i. caomhna, O'Cl.
cret F. the body or frame of a. chariot, ace. creitt, 125.
cri^xh' poetry, gen. sg., 2, 5, 59, 270. ereath .i. âoi no ealadha, O'Cl.
crinmonn, 24, poetic art, caill crinmon Corm. cuill crinnioind, Dinds. of
Sinann, Rev. Celt., XV, 456, No. 59.
crithach ague, pi. crithcha, 233. .i. crithgalar R.
cuic, 6, myslery, secret, cuig .i. eomuirle, Corm. Tr., 48, coic .i. comairle,
H. 3. 18, p. ôéb. coic .i. rùn O'Cl. ni cuala cuie nuin, Three Ir. Gl.,
XXXIX; from *kudki, cognate with Gr. /.aJOw?
cuirreeh a lei'el plain, a racecourse, dat. cuirriuch, 181.
cul (cnM) chariot ace, 126. Corm. Tr. 39.
cumsunnud, 253, eumsannadh Y. decay} cf. Ags. si'indan, Kbg. sclncimien ?
daidbre, 202. povertv. opp. to saidbre.
dam (gen. daim) ind air, 1 12, ploughing ox.
Thr CollOijiiy of thc two Saga. 57
déccim, J, /.wv, encl. of docccini (di-cn-kes-). v. n. dcicsin (Icg. Jcicsiu)
.i.faiscin, O'CI.
del teat, diig, .i. sine b6, Corm. .xcc. pi. délai, 18, gen. sg. delà, .i. uithi,
Dinds. of Carn hûi Ncit. Cf. Lax. j claie, Gr. OrJ^aTo.
des, 4, arrangement, .i. ordugud, O'Dav., no. 759. oogn. with Oii;:.
-dibdabtair, 224, encl. fut. pass. pi. 3 o( do-bâdim.
dibe, 201, stiiiginess, dibi, YBL. 417^57, v. rodibo. dibhe .i. dcaLi, diuhadli
no doiclie.ill, O'CI.
di-chhinnaigim 1 fail tobegct, -fiter, 224.
di-chrechiiaigim / t:(i5/ off, dL'inolior-fit, 177, dichrcchnaigfilhcr, 224. cog-
nate with docrechaim molior. Ml. 47J 15, 68--" 11.
digaire, 222, undulifiihiess}
di-gradaigim I dégrade, b-fut. pass. sg. 3. -fidcr, 224.
d\-micn\g\m {-ur}) I conte mil, t-fut. pass. ■ fiter, 211. Cf. dinioccini dispicio.
dînsemim, I despise, fut. pass. pi. 3, dinsémtair, 224. verbal noun dinseniad.
LB. I22t'.
di-thoraid, 176, barren.
do-airbedim l slieiv, subj. sg. 3, do-don-airb, 2.
do-airberim, / yield to, près. ind. sg. 2, do-m-airbir, 17.
do-ai-siu, 128, 140, art thou. ai = Gr. v., Skr. dsi?
do-bJdim l destroy, extingiiish, fut. dobâidfider, 192, -dibdaibter. co iido-r-
badad Wb. 27» 21. do-r- r-bad, LU. 97a 23, v. ardibdaim.
do-bebat, 181, igi, peribunt.
do-celini I conceal, bide, fut. pi. 3. docclat, 264, .1. diclilebait A'.
do-cengini, I step, redupl. s-fut. pi. 3, docichsct, 263 .i. do ceimniglct R.
dochell inhospiiality, 198.
do-cladim I dig tip, docichlaither, 193, dochéltair.
do-don-airb2 .i. do donarbénand L.
doe rig, 278, a king's forearm.
do-Iéicim / reliiiqiiish, prêt. pass. sg. 3 dolciclidcr, 252.
do-ling, assails, attacks, 215 /^.
donairb, .i. donaspenann K. v. doairbcdid.
doromnaim I forge t, /'-fut. pi. 3 doromnaibtcr, 211. diromnaibter, 224
(leg. do-),
do-sôaim / tnrn on, b-fut. pi. 3 tosoifet, 256.
dothchcrnas, 201. niggurdise, gen. dothchernais, 202. v. Corm. and 0"C1.
dramm, 53, abiindance, dram .i. iomad, O'CI.
dron-cherdach, 46, straight (and) arlistic. dron .i. direch nodaingcn, O'Dav.
no- 735-
druimne, F. ridge, back, ace. drumni, 112. pi. n. nôi ndruinini Fél.2 158.
deriv. o( druim cogn. with Lat. dorsuiu.
druchta dea, 115, lit. deivs of agoddess, a kenning explaincd by .i. liith 7
blicht, corn and milk, Corm.
duba, 201. darkness. deriv. of dub dark.
dub-gae a black spear, pi. gen. dub-ga[c], 191.
dùicch, 268, créative.
dullcch, 231, kafy, v. ibchmainc.
5 s Whiticy Siokes.
dutlichern a niggard, a cburl, Corni. Gl . , pi. duthchernai , 209. sec dothchernas.
c'chlaim, ace. sg., 120, horserod ?
echtraim 1 go oui, près. ind. sg. 3 echtraid, 163.
cchtrann stranger, pi. n. echtrainn, 244. gen. cchtrand, 225.
echtrannaim l s;ooHt, I advenlitre, b-fut. sg. 5, cchtrannfaid, 206.
écsi'ne, a pupil iii science, pi. dat. écsinib, vu.
cithchech, pi. eithchecha, 2'^'j,perjiirets, liais, pi. dat. éithchechaib Wb. aS^é.
eol knowledge, LL. 152'' 9 .i. eolas O'Cl. (who bas also iiil .i. colas), gen.
sg. iuil,99, iûil, 102. O. Ir. èola, Strachan, Èrii(, I, 1 1. ace. col. 206 note.
Ercnn-mag, 244. Ireland.
erraind, 80, a large share.
cs-hrcth f aise jiidgiiieiil, pi. esbrctha, 221. in marg. sacbbrctha K.
1. fal romiad, 107, abuiidauce of great honoiirs, fàl .i. iomad, O'Cl.
2. fàl, gen. fail, 67, learning, science, O'R.
falla, 236, fallu .i. roba, Y. failiire ? ioundud on Lat. fallere} O'Clcry's l'alla
.i. follamhnughadh regimen is a différent word.
fin, (T slope, pi. ace. fânu, 107.
fith learning, science .i. foglaim, Corm dat. 17, gen. pi. fath, 61, 88.
feb, 187, rank ? pi. dat. febaib, 26.
febais, 183, ace. sg. excellence.
fcchait, 154, perhaps for *fegait they groiv} b-fut. fightith, i)4 1'. d. Ir.
fèr « grass «(ex *vegro), Lat. aiigeo, Goth. aiikan.
felle, 206, treacbery.
Iclmae, 3, disciple, pupil, Corm. fcalnihac .i. mac foglama, O'Cl. pi. n.
felmaic, 222.
fer eerdda, artisa;i. fer trcbtha,/(z;/«t'r, 225.
fessaitir, 184, v. fichim.
lcscrigim(gl. vesperasco), Sg. i46''7, près. ind. sg. 5, hifeiserigend, 28 note,
fetar / know, fut. (for subj.) sg. 3 rofiastar 12, := ru fiastar Ml. 1 1 1'= 3.
fcth, féth .i. Joi no ealadha, O'Cl. learning} gen. feith, 42, root vet.
fethaeh, 59, oralorical ? explanatory ? deriv. o(feth.
fiad, 17, fiadh .i. biadh « food », O'Cl. But in 17 it is probably the prcp.
Jiad « before ».
liadach, 92, aec. sg. biniling ?
fiannas, 213, cbainpionship, gen. fiansa, 235.
fichim, I figbt, fut. pass. pi. 3 fessaiter, 184.
fidlann some ma^^ical implement of tuood, pi. n. fidlaind, 135: sce Rev. Celt.,
XII, 440.
fidrad ivoods? dai. fidrad iii, pi. n. hdraid, 132.
liiet 148, 149, 175, Ibev are, a Middle-Irish formation iromfeil, fil « voici »
(Sarauw Rev. cell. XVII. 277).
(ix^-hhss iL'ine-taste, pi. ace. finblassu, 258.
fmdruine vui. perh. ivbite bron:^c.
tîo 22, gen. sg. of fiu. good, goodness.
fithithir, tiitor, dat. 223 (corruptly fithir, O'CL), pi. ace. fithithre, 222.
fitlie, 51, xveft, root c'7.
fo, 171, l-j2,good. fô .i. maith, O'Cl.
Tlw Colloijuy of thr two Sages. 59
fo-aisneis, 65. liltlc déclaration (bv a plaintitF). .i. o fiur adgair R.
fo-cengim / step iimler, s-i'm. pass. pi. 5, focichsiter, 194.
fochaid, fochoid, 74, Irihnlatioii.
fo-cerdaim, I inflic l, redupl. fut. pi. 5 focichrct 201.
fo-chatu, 74 note 5, ace. fochataid, 106, liitle respect!
fochmuine, 231, auttitnn. .i. céidgheimhreadh, O'Cl.
fochmorc, 50, courling. fochmarc .i. fiarfiiighidh, O'Cl. froni fo-com-arc :
cf. tochmarc from to-com-arc.
fo-crenim l reivard, redupl. fut. sg. 3 fo-chiura, 204. verbal noun fochric.
fogroU, 43, great )ioise, foghrall .i. foghar môr O'Cl. as if from fogur -f- oll.
folach a hiding-place (caché), pi. 11. foilge, 254.
folamiur //wiv in hainl, I undertake. With infixed pron. of sg. 2 fotlaimthcr so,
100, fo-t-laimther su, 89, thou Iakest on tbyself. In ihe Tripartite Life/o/a-
madair seiims to mean « he desires », folaniastar « lie desired » ; and in tlic
extracts from that Life in H. 3. 18, folamustar is glossed by ro sandtaigestar.
folerbad, 107, dcalh. foilearbhadh .i. bas, O'Cl.
folt feda, 122. 96 R. hair of a ivood, leaves.
fonoch, fonige, 57, washing sUghtly (cf. uTrovirtu), tingeing.
fonnad, 125, 126, maving} (fonnadh .i. foghluasacht no siubhal, O'Cl.),
the tyre of a wheel, a chariot ?
foram, ~i,pursuing? hunting ? îvomfo-rêini?, foram n-én fawling . gen. buaid
foraim, LL. 59, 1. 26.
forbthib, 22, dat. pi. of a noun cogn. wixh forbe « perfectio ».
for-buascaigim (Icg. for-fuasnaigim ?) / remove, distnrh ? kn. pass. sg. 3,
-fider, 225.
forcath, 61 R. teaching: cogn. with forcanim, forcetal.
fordath, viii. great colour.
for-fuasnaim (leg. fofuasnaim ?), I disliirh 195 Y.
for-loiscim I consinneiuith fire, fut. pass. forloiscfiter, 196, 225, 261.
for-lucht, 226, an excessive population.
forosnaim, 1 illumine, nianifest, près. ind. sg. 3 forosnâi, m, fut. pass. fo-
rosnaibter, 225.
forus htioïuledge (foras .i. firlios, O'CL), gen. foruis, 50.
foscnad, 58, lossing away, verbal noun oî foscannaini, f-a-scannat, Ml. 63'^'I7.
fossaigur / rest, imper, sg. 2. fosaigthe, 274.
fothud, 87, dat. sg. fouuding, setting ?
fris-cengim I go. s-fut. sg. 3 friscich 246, pi. 3 friscichset, 178, LU. 89-'44.
V. supra, cing mal, fo-cengim.
frisneis, freisneis, 49, interrogation (by a défendant), .i. o fiur adgairther
R. cf. frisneidith « interrogator », Laws, IV, 354, 23 ; 356, 20, wherc
it dénotes the penultimate grade of scientists.
frithi, 234, waifs, estrays, findings, Ir. Texte 111 541.
fros-brechtrad, viii. shozcer-speckling.
(umuT lend, ^d sg. funethar, 28. i funelbar gô is glossed in L by ifescrigendgù.
furgiide, 186, forglide, chosen, deriv. of forglu choice.
furiud, 88, succour (fo-riuth ?).
furside, 185, buffoonery.
6o Wlutlcy Stokcs.
fursmalt (for-ess-niah ?), meaning obscure, pi. ace. fursnialta, 191, is glos-
sed by fo/foniailt, R. Y.
fullicr liitui, dat. futhiur, 36. pi. ace. fuitliriu, 102.
gabul F. bi'ain, dal. sg. gabail, i.\.
gainiur } ain boni, redupl. fut. pi. 5. gignitir, 255.
gass sanais, iv, a sprig of sanicle ? gasana sanais, Rev. Cclt., XXIIl, |i6.
gas .i. geg, 0"C1.
gnûis ace. sg., 144, counlenatice, explained as hasard, danger by 0'13r.,
who seenis to hâve misread gûais as gnûis.
got bân a faii(haired) stainmerer, pi. n. guit bain, 247.
iachtad, 146, a cryiiig, verbal noun of iachtaim.
iarmi-bcbat, 242. Ihey ivill prrish aflenvards.
iatlimag, a iiieado-cvv plain, pi. gen. iathniaige, 250. fonenaig Herenn iath- •
maigc, Niiiine's Praj-er, Thés. pal. hib. II, ^22. iath .i. fearann, O'Cl.
im-credbaini / iiiutitally shrivel iip, b-fut. pi. 3, immus-crcdfLiifct, 209. cf.
cain in crand na credba corp YBL, \2^\
imm-àeraim 1 tniititally satiiisc, b-fut. pi. 3 inimus-aerfat, 210.
inimus science, inspiration (imb-huss). gen. immais, 65.'
inimus-bé fadéin, 282, inaysl thon thyselj he so ? .i. co rabuis féin A*, imbé
289, cf. im-tha so is, nimtha uot so is.
imscothud, 64, slripping off.
indber raithe, 104, esluary of hounties, a kenning for ollaveship.
ind-ôcbaini I glorifv, indôcbaithc, 275. verbal noun indocbal, innôgbhail,
O'Cl.
irard, 147, aurard R. very high, lofly.
ith-gon cor njicld, pi. n. hithgoirt, 155.
la, 5,glossedinLby is amlaid, « it is thus >■>, and foilowcd byan enclitic verb.
Can it be cognate with lelh, Lat. htus, one side or half reseniblingthe other?
laith, 169, isglossed h\- flalhius u. lordship « But cf. laith .i. gaisccd, LL. 377''.
lénaim I hurl, nvnnd, b-fut. sg. 3 lénfaid, 207.
lésbaire nime, 264, lights of heavcn .i. grian 7 csca R. « sun and nioon ».
If, i, splen Jour. Cvn^r. Wwv colon r.
ligim / lie, près. ind. sg. 3, -lig, i. root leg.
lig colour, gen. liga, 244.
lin a muintere 229. lit. with the coniplcnient of bis honsehold.
Ion bip, ace. pi. lunu, 121 R.
lûaehair, 23, splendor, brigbtncss, O'R. luchair, O'Br.
lùan inoon, gen. lûain, v. samluan.
luane, 121, ace. pi. of luan .i. cieh, Lee. Voe. 505 (Cclt. Areh .1. 57). a
stem in s, apparcntly.
Lug, gen. Loga, 120.
luna, 93, ace. sg. said to niean folloicing.
Mace ind Oc, 127, Son of tbe (Iwo) Youug Ones.
maccloc, 109 Y, luomb, lit. cbild-phce.
niaethla matha, ace. pi., 114, lit. « good checses », a kenning glosscd by
nicas 7 loradb « mast and fruit » O'Cl.
mairnim I beiray, fut. sg. 3, niera, 207.
The Colloqny of tlw two Sages. 6i
mal, 15, chit-f. Cymr. iiiacl, fiom "iiiaglo .
marta, 232, riiorlalilY. Hence wartaiiach « deadly », Laws, IV, 6.
mebais, 251, etc., for memais, 5d sg. rcdiipl. s-fiit. of niaidim / hrcal;.
niell, 8, déception, error.
mesrugud, 95, gloss. adjudication, the Jiidgmenl.
mess viast, acorn, pi. ace. messu, 231. Cj-mr., Corn, dicsoi.
midach champion, pi. n. midaig, 178.
midiur I measure, prcs. ind. pi. 3 midetar 26, perf. sg. i midar 26 A'.
milliud soine cattle-diseasc, pi. milliuda, 233. Corm. and O'Cl. bring mil-
liud from mi-silliiid. R glosscs milliuda by niiiilliiida .i. a Iccitnfor a seirthib.
min-airbe, 83, small poems. .i- t;ireca Y.
mi-thadbait, 16, tijoti appcarest hadly, is glossed in L by mithaidhsin, as if it
werc a noun. But tadbait is the encl. of doadbil, Sg. 15932.
mi-tharfaid, 6, tJmi hast appearcd badly (ta-r-fliid, leg. ta-r-fod, ex to-ad-ro-
bad) is glossed in L by ocus is mithasselbad 0 chianaib doralais form.
mochta, 275, inagnifwd.
môinech treasurous, gen. sg. niôinig, 18. deriv. of main, môin.
môr-flaith agréât lord, pi. ace. morflathi, 178.
môr-mathi, 234, great goods.
moth 282, vieiubriini virile, Corni. cogn. with Lat. mûto, inûtoiiiuin.
mrogaim, brogaim I extend, brogfaitir,- 227.
muad good, gen. sg. m. muaid, 18. muadh .i. maith, O'Cl.
mûini treasures, pi. ot nioin ^= Lat. niiinus, mociius, 168.
munbrcc laith, 167, meaning obscure.
nais, 80, naiss, gen. sg. is explaincd in R. as neiu, ox fresh, ivisdoiu: sec air-
bertad.
nath, 88, a hind of poem : glossed hy filidecht. Thés. pal. hib. II, 348.
néit, 5, an adj. perhaps cognate with nêit « battle », fili ncit, j. But doi
neit is glossed in R 62^, by diiine co ii-etail iiiôir.
némain, 87, a pearl? cogn. with iiéinÇd. onyx) Sg. ii3''i, pi. dat. ncman-
daib and the adj. iieinainuicb (Nith néniannach, LL. 8^).
Niall-maige, 182, NiaU-plaiiis, Irelaïul.
nin a letter, pi. ace. ninu, 8, especially the lettcr ;;, Corm. Tr. 126, O'Dav.
1286. nion .i. litir O'Cl.
née a human beiiig, in thecompd ôcnoe, 7.^. noo .i. duinc, Rev. Celt., XIII,
226.
nôidenta, vili (ms. naidonla), infatiliiie, from nôiditi ; but in vni it must
mean « boyish ».
nôithc, 86, cekbraled, part. pass. oim'iim.
nôud, 75, célébration, no-udh cearda .i. erdhcarcaighim caladha, O'Cl.
nùigim I make new, I freshen, pi. 3 près. pass. nuigter, 30.
oblaind, i')4, friiillrees} appletrees and apples, according to Y. cogn". with
uball ?
àcnsA youngling , slripling, gen. ocnait, 14.
ôcnoc a young inan, pi. gen. 74.
ollamnacht, ix, ollamnas, 11, 104 note, ollaveship.
onme 282, at tl}e same time. Fél. Octobcr 2, 12, fôn ûinme LU. 77*28.
62 Whitley Stokes.
onmite, 220, foolishness. deriv. of onmit.
ond, onn .i. clocli stone 94 note =: Lat. pondus.
onurda, 9, ix, hoiiorijic.
ooil, 6il, 223, /dU'. a ôile .i. a di leacain. H. 3. 18, p. 565».
6T-àiX\\ gold-colour, pi. ace. ôrdathu, 257.
osnicnad, sntilinv. gcn. osmenta, 130, 131. ucht n-osnae .i. uclit osmenta,
Corm.
osnae, see osmenad and ucht n-osiiae.
othain, 95, candie. O'Dav. no. 1323.
othnac, othrae? gen. 94. adba othnoe, Corm.
pauper, 189, .i. bocht, O'Cl. froni Lat. paupcr, Hencc paupcrân, Fél. Ocng.
Ep. 408.
plâg 7, plagne, gen. pi. phig, 240.
r.id, 9, a speech, is neiitcr, as the transported n in rdd n-onôrda shows.
r3.û\Ac\i having wages, pi. nom. msc. rathaig, 160: derived {xom ralh .\.
tuarastal, O'Cl. pi. gen. raithe 104.
riascad, 77, meaning obscure: seems cogn. with riascaire, Laws, IV, 344,
6; but the meaning of this is equallv obscure.
richt 187, forni: cf. téit cech duine assa richt choir, Eriu I, 218.
rind, 56, leg. rindad?
riss taie, pi. n. rissi, 85, Corm. Tr. 144.
ro-bat, 275, 276, viayst thon he.
ro-chessacht, 219, great penuriousuess.
ro-chmorc, 135 (ro-com-arc), f^;ra/ inquiry, investigation, gen. rochmairc,
134.
ro-chond, i^j, great sensé, gen. rochuind, 136.
ro-chtot (*ex ro-chatut), 40, very hard.
ro-dibe, 219, great niggardise. see di'be supra,
ro-dochell, 219, great inhospitality.
ro-druine, 220, great skill in emhroidery.
ro-tid, 228, a great wood, a forest. gen. sg. rôida, Thés. pal. hib., II, 290,
1. II. for rofeda.
ro-fili 272, a great poet.
ro-fis, 133, 1^6, great knowledge, gen. rofis, rofessa, 152, 1 3 5 . Ruad rofessa
.1. nomen in Dagda, Corm.
ro-fuasnaim (leg. fofuasnaim ?) / distnrh, b-fut. pass. rofuasnabthar, 193.
ro-grenn a great hcard, gen. sg. rogrinne, 4.
roilbe (from roslébe?), a great upland, pi. ace. roilbi. 227.
ro-immarcad, super abundance, 226 note.
ro-imtholtu, 218, great free-u'ill, wH/ulness imtlioltu, Br. da Derga 20.
ro-mag, 228, a great plain.
ro-miad, 107, gen. pi. of great honours.
romna reddening. leg. rômnad, rûamnad? romna rossa. S) : cf. ruamni ais
.i. liass 7 buidetu, Corm.
ro-sant, 223, a great longing, greed.
rosre, 41, angriness, ace. sg. roisri, Ml. 2)^q, ex rosire, 222, deriv. of rosir
Tri p. 44''65, roisir .i. feargach, O'Cl.
The Collo(juy of the tuo Sages. 6j
ro-suiri, 222 R. a niistake for ro rire?
ro-thet, 40, very bright ?
Roth ramach 246 n. ihe Rcmùiig WheeK which is to roll over Europe before
Doomsdav ; see O'Curry's L<'t7«rc.s-, and Rev. Celt., XVI, 62.
ro-ûall, 2 1 8, ^;vfl/ />;7i/<'.
rout, 86, a road .i. rosét, Corm. froni Fr. route.
ruirthech, 151 (ro-rethech), ovemiu, crouded ? vmxlhcch rian, Rcv. CcIt.,
XX, 258.
rus ^ ro-fis, 269 and O'Cl.
xuss couutenance, O'Dav. nos. 1336, 1343, gcn. rossa, )>.
sadbai, gen. (so-adbai), 118, a goodiy abode.
sCnh-brcth, faJse jiidgment, pi. ace. -a, 214.
sâib-forcital, 22^, false teaching. s.iib-intliucht, 22'^, falsc intelligence.
sâil dat. sg. 20, dat. sg. of sdl « licel ». a sail suad .i. a comaitecht suad,
L. R ; but see ihe gloss in Y.
sàilim I expect ? h-iat. pass. pi. 5 sàilfitL'r, 220.
sain-61, 223, spécial drinking.
sain-ithe, 225, spécial eating.
sâith-chiall, i},piercingsense,pe)ietration, intellect ?Orhomsdth.\. biad, Corm.
sam-luan summer-inoon, gen. samluain, 115.
sathemain, 261, meaning obscure, glossed in R bv na soetha main.
saitheanihain .i. saithc beach a sicann of bées, O'Cl.
scamach a kind of caltle-disease, pi. -a, 225, et v. O'Dav. no. 291.
scoth-semmair, ace. sg., 260, floirery clover.
seis (séis?) kn&iuledge, gen. sC-se, 43.
selai, 18, where ro selai délai, is glossed in L b\' ro denusa sini « I hâve
sucked the teat ».
sessad, VII R, pastsubj. sg. 3ofsuidim,better5t'5jY(/ : cf. nosessed. Ml. I55»i5.
siloin. sg. gen., 98, meaning obscure,
simind, iv, a rush.
sliastai sadbai, 118, ace. pi. literally « thighs of a goodiy abode » — an
obscure kenning for some part of a house.
slocreth, 45 « sword » ? sloigreadh, slaighre, O'Br.
so-fégad, seeiiig well. v. supra, s. v. arsecha.
sogar, 159, <:/;gÉ;;/«/ .'' opposite oi dogar « sad »: or /f/z/^f/j? compound of
gor « pious » and the prefix so ?
sol, pi. n. solaig, 1^4, Jloors, dat. soilgib Ml. 44': 13, cogn. with Lat. ^0///»/
trom *svoluvi and Germ. sclnuelle from *swalia-. In the nom. sg. fol .i.
bond, Lee. Voeab. 554, ace. sg. fol aig, Rev. Celt., IX, 458, the initial
sv has become/, as \n far-n, fet, fiur, etc.
solmis, solmiis, 7, ex *solam-fis ready knoïvledge}
somma, 44, weallh, soma .i. soni àoi .i. saidhbreas ealadhna, O'Cl.
sopur, 44, a well. sopar .i. tobar, sopar soma .i. tobar go n-iomad colais,
O'Cl.
sorche, 157, hright fso-riche), brighlness, for sorchi, 115 /?. sorcha .i. solas
O'Cl.
srethad, 73, act of arrangiug, verbal noun oi srethaivi.
64 Whilley Stokes.
srcthugud, 90, v. n. of srctliaigim I airançe.
srincc, srincne, 38, .i. nomen alicuius partis paruae quae sit in ore infantis
in utero inatris, cuius nomen est srinci, L, .i. pars parua quae sit in
labiis infantis in utero matris R. the umbilical chorJ (froni *streiigiiia ?).
sringne, O'Cl.
srutli lind, streanipool, pi. sruthlinne, 256.
sùg, i2,fromLat..j;7n<5:ntJi/io^isglossedin L byciasùgaisci morifogebiform.
tascor, a compaiiy, gen. tascuir, 225. O'Dav. nos. 1501, 1606, toscur
Brocc. 11. 28.
teinm, 46, hitterness?
tcn fire, dat. tein 46. Fiacc's hymn 48.
tet(tét?), meaning obscure v. ro-thet.
Tethra, name of a king of the Fomori, gen. Tethrach, 97.
tichtu écsi, vu R. tuidecht ccsi, vu L. seenis to means //jt' comiiig (or the
giiiding) of science.
tir tarngeri lit. « Latid of Promise », heaveti, gen. tire t. 251.
tonnad, 239, deatb, .i. neimh « poison », O'Cl. dat. tonnud, Fél. Oeng.
Ep. 552.
torathar a vionsler, pi. nom. toraithair, leg. toratliair, 225.
tore tréith a king's soji (lit. a king's boar), gen. tuirc thréith, 105 : this is
orc tréith in Corm. and O'Cl.
tosôifet, 256, see dosôim.
trebar, 188, a wise or skilftiJ person, treabhar .i. glic no crionna, O'Cl.
trethan, 251, sea. Corm., treathan .i. fairrge, O'Cl.
triath king, gen. tréith, 93, 105, iio, triath .i. ri, O'Cl.
trogan sunrise, gen. sg. trogain. 25. troghain .i. turgbhdil greine, O'Cl.
Irogein, Corm.
tûarad, gen. duai, occurs onlv in the title, and seems Iktc to mean sage
or poel. A shorter form, tinir, is found in the Laws, I. 18. It may be the
same word (used metaphoricallv) as tùarad, which Windisch (Ir. Texte,
III, 548). explains doubtfullv as a room undcr the roof in which trea-
sures were kept.
tugen, I. robe, Corm. tuignech, II, tuinech R.
tuidecht écsi dia écsinib, vu, the coming Q) of wisdom to his pupils.
tùr, 60, searching for. .1. sgrûdadh, O'Cl.
ûasut, 267, abave thee.
ûate, ijg, fewness. a contraction o( lia t hâte, Ascoli, Gloss. cxxxi.
uath .i. ûr cïay, 94 n.
ucht n-osnae, 103, explained by Cormac as the place wlicre a poet scruti-
nises his composition,
ul, iio, beard, compd ul-îota, ultada long-beard, Ir. Texte, III, 356. d. Skr.
piilaka, Gr. TwjX-.yy;;, Gall. Tri-ulalti, Mazpo-foYwv;;.
unche etha, 116, scarcity ofcoru, uinchi etha, Corm.
-urérset, ?.22, (for uagreirset Y) -airersct, enci. fut. pi. 3 of arérgim.
Wliitlcy Stokes.
SUR L'ÉTYMOLOGIE BRETONNE
(Suite.)
— Le V. franc, porec, porree, poiree est défini par Godefroy :
« porreau, légume en général » ; « potage aux porreaux, potage
en général, plat de légumes hachés » ; il a, entre autres exem-
ples : « De prinsault apportèrent la belle poree avec le beau
lart », et cite dans les patois actuels porée « plat de choux hachés
accommodés au beurre » (Tournaisis), etc. Cf. aussi le dicton
du xvi" siècle donné par L. Larchey, Nos vieux proverbes, Paris,
1886, p. 180:
« Femme lescheresse (frivole),
Ne fera porrée (soupe) épais'se. »
Il est possible que le mot ait été employé en ce sens par
Noël du Fail; cf. le proverbe « cela s'en est allé en brouet
d'andouille » (est venu à néant, n'a abouti à rien), Littré;
remarquons pourtant chez ce dernier l'exemple du xvi*^ siècle
« un chapon aux poireaux ». D'ailleurs le bret. pourren a pu
élargir son sens propre, à l'imitation du français. Dans le pays
de Tréguier, on cuit quelquefois une andouille dans la soupe.
Le van. glas-poure très vert l'A. exprime la même compa-
raison que le vieux franc. « vert comme un porrel » (God.,
Complément^ .
Revue Celtique, XXVI. 5
66 E. Ernauli.
XL. — SARRA, OUARELL ; KERTERI, KERNEZ,
DIGAR, OUER, KIR ; KÉR ; OUI ; -NEZ, BOU-
NEAHEIN ; OERNIDÎGUEZ, QUERAOÛEGUEZ,
OERAOÛEZ ; -EGEZ, -IGEH, -IGIAH ; -EZ ; BU-
HEDOC, BUHEZOCO, BUHÈC : -ECAT ; -AOU- ;
LICAOÛER; OERAOUÈR.
1 . La plupart des exemples du changement dVr en ar cités
plus haut, XVIII, § 5-9, sont des emprunts au français. On
peut y ajouter en mo}'. bret. : serraff et sarra fermer, Gloss.,
599, mod. serra, sarra Gr., van, cherrein, charrein, sairrein
ramasser, cueillir, fermer Châl., franc, serrer; querell et quarell
querelle, dans le Doctrinal, querell et careJJ , Gloss., 522, van.
karel ; voir plus loin, LVIII, § i.
2. Le radical celtique kar ami, parent (qui devient ker- au
plur. kcrent, etc.) a pu se mélanger avec le mot d'origine romane,
bret. moy. qiier, cher, chéri, précieux, dans les formes modernes
qiiertri cherté Châl. 7ns, van. et tréc. kerleri, ailleurs carier i
P. Maunoir, Gloss., 549; bret. moy. et mod. qiienn\ cherté;
pitié, mod. di^erne:^ cruel Trd, etc. ; dii^cr}h\ eo oc'b e and, il
est dur envers ses gens Mil. ins, léon. eiiu dcn dii^cnie:;^ oii~ e
boan un homme qui n'épargne pas sa peine, abbé Caer ;
digarne- sanguinaire, du Rusquec, Gloss., 549, 167, cf. bret.
moy. dicar cruel, écrit aujourd'hui digar.
Grég. donne même comme suranné l'adj. qar cher, aimé
tendrement. Ce renseignement, à coup inexact pour la forme
graphique, est par ailleurs peu probable. Il doit tenir à une
décomposition arbitraire de di^ar, comme le prétendu mot
« ancien » « kar, s. m. » de Troude, qui le traduit « amour,
affection », en renvoyant à digar (indiqué à tort comme spé-
cialement trécorois).
3 . La langue moderne a qêr cher, de grande valeur ; (vendre)
chèrement; cher, aimé tendrement Gr., qui donne en van. qer
dans ce dernier sens seulement. Le dict. de l'A. distingue que're
« cher, bien-aimé » de quirt' cher, de grande valeur; chère-
Sur Vf'.lymologie bretonne. 67
ment. Aujourd'luii ce dialecte n'emploie guère que /'//•, et seu-
lement au second sens.
La répartition indiquée par Cillart entre les doublets kér et
/•//• a son pendant dans l'emploi du nom /a'Vpour la ville et kir
pour la maison, à Sarzeau ; fait signalé dans ma brochure: De
l' urgence d'une exploration pJrilologiqiie en Basse-Bretagne, p. 6.
Un autre cas semblable se présente dans la conjugaison van-
netaise du verbe être. Ce dialecte a perdu la forme oa il était,
et l'a remplacée pin oé, qui, ailleurs, signitie il fut; ce dernier
sens est rendu par oé het, il avait été. Mais on trouve aussi,
dans les documents anciens de ce dialecte, oui il fut, ce qui
n'est qu'une variante de oé (cf. Rev. Celt., III, 50, etc.).
4. Une autre particularité de quer, c'est la variété des noms
abstraits qui en dérivent.
Un seul est attesté en moy. bret., c'est (/iiernc:^, qu'on a vu
§ 2. Ce suffixe est étudié, Gloss., 520, 521; j'en ai trouvé
depuis une trace en van. dans honneahein, bouncahein rassasier
jusqu'au dégoût, de *bohneah =: *boch-nac:{ satiété, voir Notes
d'éiym., n°' 84, 85.
En haute Cornouaille, comme me l'apprend M. Vallée, on
dit eur blave:^ a gerne une année de cherté. Cette forme irrégu-
liére doit venir de l'influence du mot Kernc Cornouaille; cf.
Rev. celt., XV, 352.
5. Après qerne:;^, Grég. donne pour « chereté » : qeniidigiie:;^,
qeraoiiegue~, qeraoïïe:;^, et en van. qertcry.
Qernidigue- doit son n à qerne:(^; Pel. donne la variante /yt-
nedighei, et aussi kerne^ighe:;^ ; cf. Gloss., 549, etc.
Nous avons vu, § 2, qertery, qui n'est pas spécial au van. :
on trouve en ce dialecte kerteri, kertri et keltri cherté, disette,
mais chez le P. Maunoir carteri id., en tréc. kerteri id., en petit
tréc. kertri paresse (de faire une chose), indolence, d'où kertrius
qui a de la paresse, de l'indolence (cf. plus haut, II, § 7;
Gloss., 377).
6. Qeraoileguei, chez Pel. keroiieghe^, est queraoilegnc::^ d^ns le
Nomenclator, p. 52; qeraoile:( en doit être une sorte d'abrévia-
tion, cf. galloudege^ et gallonde:^ puissance. La finale -egiie^ est
dérivée de formes en -ek, qui subsistent d'ordinaire: kiriek et
kiriegei cause d'un mal, faute Gloss., 557; moy. bret. nafnec.
68 £. Ernaiilt.
mod. naouneh affamé, )mounege^(\an. nannegel)) famine, faim,
cherté 438; tavahtek indigent, pauvre (en van. goulu, glou-
ton, avide), iavahtege:^^ pauvreté 683 ; de même pour amiou-
dege:;^ connaissance 48, ialvoiulegei valeur 675 (bret. moy. et
mod. talvoiidec utile); galloudegc:;^, van. galloudigeh puissance
251, 252, huanege:;^ colère 86, kiigere^ paresse 369, iiege^^ mé-
nage 693 ; bret. moy. et mod. goaJJcguc:;^ négligence, cf. Gloss.,
264; bnhe::egne:{^ vie Maun., bubeghe^ vie, temps et durée de la
vie, « dans un vieux Casuiste Breton Biiheieghe::^, la vie, de
quoi vivre, la subsistance » Pel. ; hnhé:;egue7^ f. vie, temps de
la vie Gr., van. bnhéguiah f. pi. eu le temps de la vie ; (chercher
sa) vie; animation, viviiication l'A., g:[\\. bucheddogaeth cours
de la vie, bret. bi{he:;ocq, biihe:;ccq vital Gr., hubêc vivant, vital,
buhxc vivifiant l'A., bco-biie:{ocq , bco-biihcsccq, van. beû-buhccq
vif, plein de vie Gr., beio-biihe^:c Pel., v. bret. Buhedoc.
Cependant la forme en -ck manque quelquefois: moy. br.
dcrcadegiic:^^ convenance, de dereal convenable, d'où aussi dcrea-
decat convenir, cf. d'autres dérivations en -ecat, Gloss., 285,
dereadègiie:;^ manière convenable, politesse, ain^ercadcgm^ impo-
litesse Gr. ; mod. léiiléguc^ timidité de lent timide Gr., moy.
br. lent; van. intanhidguiah f. veuvage de iuliDi veuf, fém.
intanouéss l'A.
Oiieraoïicgue::^ parait plus isolé par sa syllabe -non-. Cela rap-
pelle en moy. bret. auel corn-ou-ec vent d'occident, mod.
cornaouhq id., van. carnéhuein encuirasser, Gloss., 120, 98 ;
guen-OH-ec qui a une grande bouche 297, mod. guenaoi'teq Gr.,
da:^r-oii-iff, darh-oii-yff pleurer 148, mod. dacraoïiï, \.\\\. dareiïein
Gr., etc., tirés d'anciens thèmes en //, et les cas plus nombreux
comme darnouet, darnaonet mis en pièces, cf. Gloss., 145, mod.
penuaoïû g\xr\Qr, peunaouére:;^ action de glaner, du pluriel /)<7/;w//
têtes, épis, 474; mais dans tout ceci le simple est un nom.
Cependant l'adj. moy. br. lie, mod. lieq impudique, sensuel, fiiit
licaoiii « cageoUer une fille », licaouï « compter des douceurs,
des fleurettes au sexe » Gr., licaouein enjôler Ch. nis, licaoiier
cajoleur, licaouër doucereux, flatteur, qui dit des fleurettes aux
dames, licaouëre:;^ pi. on douceur, flatterie, lieaonen'~ cajolerie,
lasciveté Gr. ; ce qui peut être imité de quelque dérivé de plu-
riel, ci. ober chouraon da etir bugel faire des caresses pour amuser
Sur rùymologic bretonne. 69
un petit cntvint Trd. Nous avons dimsqernoiier p\. yen « enché-
risseur, celui qui enchérit les denrées » Gr., un indice d'un
verbe *(jerLiotii h'nc enchérir, rendre les choses chères; cf. van.
nêhuicu nouveautés (dans ime tenue) = ailleurs traou iiàkx
choses nouvelles, Gloss., 445.
XLI. —STERKAFF, SUSTARNN, GOUZER, GOUSEL,
GOUSTELLET, STEARNA ; TREDEARX ; SFER-
NEG; CARNOU, CORN, CORNAL, TREGARNI,
TREGERNI, BOÇZIGUERNI , DISKORNI , Dl-
GORXA.
1. Une seconde catégorie de mots changeant cr en ar com-
prend (XYIII, § 8, 9) des termes celtiques où la lettre suivante
est n. Je n'y ai pas compris la fomille du moy. bret. steniaff
atteler, part, slernel et slanicl (XVIII, § 10; Gloss., 651); ici
il y avait possibilité de combinaisons entre trois éléments dis-
tincts : celtique *i'/<T-«-^ cf. irl. fo-sernaini j'étends; celt. *star-n-,
cf. gall. ^ît'rt-M/'/M/ j'étends; lat. stcr-n-, d'où star-ii-, ci. moy.
br. suslanin siège (d'un juge), du lat. sitbslermrc.
Le composé celtique *vo-sl(e)r- a donné en bret. '^s^oiiser, iroii-
~cr, çoiiscl,goiiicl m. litière (sous les animaux), \r\.fosair, etc.,
Gloss., 290. Les mots tréc. gousicllet (blé) mis en meules,
gOHstelal f. grosse pelote (de laine), etc., bas Trég. gouslcl f.
meule, tas {blou:^^, de paille), i^onslelli mettre en tas, en bas
Goello koiislel f. tas que l'on fait sur le champ, ou mo3'ette
(distinct de groac'hel, le tas que Ton fait sur l'aire), housleli
mettre en tas, pelotonner, kouslelad neud pelote de fil, expli-
qués autrement, Gloss., 289, peuvent bien représenter une
variante du même mot, gou-slel-, intermédiaire entre (^oit-sel et
ster-naff; Vn du gall. gicasarn montre un autre effet de l'in-
fluence du verbe sur le nom. Cette langue a la même varia-
tion dans le simple: sarn litière, yslarn bât, selle de cheval.
Cf. en van. la double forme slevi et san palais de la bouche,
Gloss., 649, 650.
2. Le bret. mod. a stenut, slania, slearna atteler; slœni,
70 E. Ernault.
starn, steani (ar c'hesecq) « harnois, équipage de chevaux pour
tirer » Gr. Les formes avec ca proviennent du mélange des
deux autres, cf. Gloss., 358, 1. 4-8.
3. Tredcarn tiers Gr,, Pel., et peuareani Maun., pévareiirn
Gr. quart, à côté de tredeni Pel., Gloss., 712, 462, doivent
s'expliquer différemment : tredearn est une sorte de compromis
entre trcdcraun et îredern, lequel vient de hederen, cf. tréc.
oferen, ovcrn messe; mcrcn, mcni collation; bret. moy, et mod.
arciii, anii airain; pet. tréc. kerl des noix de terre, de*kerel =
kéler, Gloss., 113 ; kerl belette, haut cornou. karcl^ (van. carel,
léon. caërell, ca:;;_rell Gr., moy. br. ca:(rell\ etc., Gloss., 287.
De même pevarcarn est sans doute *pcvarern mêlé avec pcvarc-
-rann.
M. l'abbé Le Guyader, recteur de Lanvénégen, m'a signalé
une forme vannetaire en dredan le tiers, où le second r a
disparu; cette forme est aux variantes terdrann, ierdcrann dans
le même rapport que predl à perdri, perderi (II, § 7).
4. Le gaul. Sparnacum paraît voisin du bret. sperneg, van.
spernêc lieu abondant en épines, Gloss., 641 ; mais il n'est pas
sûr que la racine y soit au même degré (cf. § i).
5. L'idée de « dur, sec, comme la corne » est la seule qui
se montre dans les mots étudiés à Tart. carnou sabots (des
chevaux), Gloss., 97, 98, où Va est constant. Mais il y a un
composé qui présente l'idée de bruit, comme dans le mo\-. bret.
cornn cor, trompette, mod. corn pi. ou cor, trompette de chas-
seur, cornai, van. cornein, cornai donner du cor, sonner du cor
Gr., et où Va du gaulois -/.xp-nl trompette alterne avec e: c'est
trcgarni, tregerni v. n. faire un bruit éclatant, comme la mer
qui se brise; trci^crn f. bruit éclatant de la mer sur les rochers,
selon Troude, qui donne le verbe comme cornouaillais. Milin
a barré les mots « de la mer sur les rochers » et ajouté :
« éclat sonore, répercussion, ce mot s'applique surtout au bruit
du tonnerre et du clairon » ; « iregcrnus adj. qui fait un bruit
éclatant, comme la foudre lorsqu'elle se répercute dans les mon-
I. Ce sous-dialecte contracte ae en a : eno t savai diskrapera:^ il y eut un
sauve-qui-peut (ab. Besco); birai^ ''t'gi'et, chagrin, hirasiii plein de regret
(Meliaf).
Sur l'Etymologie bretonne. 7 1
tagnes et les vallées; comme le bruit du canon ou le son des
cloches, en trous tregcniiis a ra ar nieiiesioii tan pa :^islo>ikoiil tan,
dour ha ludii incsk <: incsk t'//~ a ^alonn an douar ». On lit dans
le poc'me Ari^ad Abervrac'l) du même auteur, Quimper, 1868 :
ken na dregern, si bien que (le bois) retentit (du bruit des cors),
p. 4 ; t regarni, résonner (il s'agit de cloches), 14 ; retentir (d'un
champ de bataille), 20; a dregartie, retentissait, 25 ; e tregarne,
29. M. du Rusq. donne tregarni, trégerni, résonner, trégern i,
bruit éclatant (en comparant t^sw). Il est possible que la con-
jugaison ait été d'abord trégerni part, tregarnet. M. Vallée
m'apprend que trégerni est courant en Léon, et compris, mais
non employé en Tréguier.
Ue se présente sans variante dans bo:;jguerni e benn da ur re
faire une bosse à la tète de quelqu'un, boç'iigucrni bossuer (la
vaisselle) Gr., bosigernet ounn bct on m'a fait une bosse à la
tête Trd, boç::{iguern pi. ou bosse à la tête, bosse à la vaisselle
Gr., cf. Gloss., 72, formation d'ailleurs peu claire; de bos -\-
*digenii écorner ? Grég. donne discorni écorner, bioc'l) discornet
vache à qui on a rompu les deux cornes; bcuclj discorn vache
qui n'a aucune corne; inean discornet pierre écornée; Troude
digorna dépasser en marchant le coin {ann ti de la maison) ;
on lit en van. disscornein écorner une bête, nieindisscornétt pierre
écornée l'A. ; petit tréc. digorniari écorner, adoucir les an-
gles, etc., cf. Gloss., 157; Etudes d'étyni. bref., XVIII, § 6.
XLII. — ENEBARZ ; PARZ, PERZ ; CAMPARS.
I. Une troisième catégorie de mots où er se change en ar
est représentée, XVIII, § 7, par le seul mot enebar^ douaire
(bret. moy. et mod.) = v. bret. cnepuuert(h) . Je doute, à pré-
sent, qu'ici la phonétique soit seule en jeu. En effet, l'échange
entre er^ et ar^ ne se montre par ailleurs que dans deux cas :
tréc. c'hoerÂin, léon. c'hoar:(in rire; mais ce dernier a pris la
voyelle de c'hoar^ann je ris, etc., Gloss., 327;
bret. moy. et mod. per^ et par:^ part; mais il y avait là à
l'origine deux mots différents, l'un latin, l'autre celtique, qui
se sont enchevêtrés dans une confusion inextricable, cf. Gloss.,
7 2 £■ Ernaiilt.
463, 464, 481, 162 : ainsi le van. dehcairh m. contingence l'A.
répond dans un autre dialecte à dibar:( choisir Gr., gall. dybar-
ihu séparer, cf. v. bret. guparlh gl. reniota. Du reste, le mot
celtique pouvait déjà présenter régulièrement cette alternance
dans des formes voisines (cf. irl. -sccrl^, comme nous l'avons
vu plus haut pour stcrnajf, gall. sarnu.
2. Il est probable que encpitiierl(b) n'est devenu t';7(V'r7/';( que
sous l'influence de par:{, part, portion, dont l'idée est très voi-
sine: Grég. donne à enebaix pi- ou, outre le sens de douaire,
celui de « champart, droit seigneurial », mot qu'il traduit aussi
campars, caiiipani, champars, champard m., en ajoutant: « en
latin, canipi pars » ; il a encore : « champarter, lever la dixième,
la treizième, ou, la quinzième gerbe dans la moisson de ses
tenanciers » chainpardi, canipardi, caniparsi ; eneba}\i \ « cham-
parteur, commis pour lever le droit, etc. » campartcr pi. 'lérxcii,
chaniparsonr pi. yen, enebarser pi. -ixéryen ; « douairière » etie-
bar:(erès pi. -resed ; « douer, assigner le douaire à une femme »
enebar^i. Il décompose enebai^en « anep-har^ soutien », tout
en renvoyant à « don, ou présent de noces, fait à la fiancée pour
sa... virginité... » e.iep-guerc'b ^\. enebou-i^iiërc'h ; autre défor-
mation de enepuuerl(h) sous l'influence de guerc'h vierge.
La forme vannetaise camparss m. « champart... ce droit est
l'onzième gerbe » l'A., montre que toutes les variantes de ce
mot viennent du français.
XLIII. — DILARCH, LERCH ; KAZERCH,
KAZARCH, ERC'H, EARCH.
I. On trouve en bret. moy. adilarch C a et adilercb G b
après, par derrière; car lerch après, rime à querch-at, B 292*.
J'ai rapproché, au Dicl. e'Iyni., la prononciation de Sarzeau
arlarh; mais celle-ci peut être une réduction de arliarh, qui
se dit à Saint-Gildas de Rhuys et qui vient de arlerh , cf. à
Sarzeau tniarb fllle = vierc'b; (ag) i hiarb (de) sa part =e
beri, etc. ReiK CeJt., III, 48, 51.
Une trace certaine de -dilarcb se montre dans un manuscrit
Sur rfUymologic hirtonnc. 7;
en vers trécorois, intitulé « )" giiirioné » que m'a communiqué
M. Vallée et qui a dû être composé pendant la Convention,
dont il est parlé p. 11. On lit à la p. 10:
Mil lira so voar an douar a trêo commun avoaldj
Na eiict quel 0 c'ijompren. CIjom a ra 0 tiiaclj
Da r'ijoud pcnos êo crouct a formel pch lui.
An natur c licus niiret ar secret évit-ti.
Ici clhmi a ra 0 tiiaclj da c'boud veut dire « il vous reste à
savoir, vous êtes incapable de savoir » ; il faut entendre ho
tiiarc'h, qui d'ailleurs est indiqué par la rime (avoaich assez,
prononcé avoaic'h et souvent en tréc. avoarc'li).
Ainsi le bret. moy. et mod. présente une forme dilarch, à
côté de dilerc'h dont le vocalisme est plus fréquent (tréc. diler-
c'hah rester en arrière, hésiter; traîner en longueur; cf. Gloss.,
V. dilerc'h, goulerchi}. Y a-t-il eu changement d'e en a ? Ce n'est
pas prouvé. Le comique a aussi dellarch en arrière en même
temps que lerch (et /v/r/;) trace (gall. Ilyry, llwriu direction,
irl. lorg trace; M. Bezzenberger a comparé le bas-allem. lurken
traîner les pieds).
2. Quaserch la grêle, mol attesté une seule fois en moy.
br., est dans le Komenclator casarch, Gloss., 523 ; Grég. donne
ca:(arc'h m. et ca:{cerc'h, où il voit « cra^-earc'h, neige cuite,
neige durcie » ; Troude ha:{arc'h et ka:(erc'h m. grêle, ka^arc'het
(champ) grêlé, abîmé par la grêle, kaxarchux_, ka::^erc'huz^ sujet
à amener de la grêle. Le comique a heser, le gall. cesair, l'irl.
cessair. Le ch a été ajouté sous l'influence du nom de la neige,
moy. br. erch, d'où erchaff neiger, Gloss., 219. Ce mot est chez
le P. Grég. earc'h, xrh, van. irh, ëérh, d'où souberc'h neige fon-
due; earc'hus, œrchus, van. eerhus {\.e\n\is) neigeux; Pel.
donne seulement erc'h, R'^' vis. erc'h, v. n. erc'hi neiger; Le
Gon. erc'h, m.,erc'ha, erc'hi neiger (inusitités selon Trd.), adj.
erc'hu^, Châl. eerh, éerh, irh; l'A. eérh, irh m., adj. eerhéc,
eerhuss; Mil. ms. porte: « labousik an erc'h, cul labou:( gri:^
d'e^han eul lost gzuenn hag hir (L de Batz) » ; « labousik an erc'h,
d'e^han er c'houioug wenn, el lost hirr gant pluennou giuenn
(L de Batz) » (le petit oiseau de la neige, oiseau gris, au
74 ^'- ErfiMilt.
COU blanc et a longue queue blanche). On dit en Trég. erc'h,
en Van. crh, earh m., à Sarzcau inrh, Rcv. Celt., III, 56 ; à
Pontivy icrh (et mierh lïlle, mais ar me Icrh après moi).
Il est possible que le second a de ka:{iuc'h soit dû à l'in-
fluence du premier; cette assimilation est fréquente, cf. Gloss.,
3 10; voir XLIX, § 2.
La forme earc'h neige, qui ne semble ni ancienne ni bien
répandue, a peut-être été inspirée par un intermédiaire *ka^earc'h,
de même nature que slearna, etc. (XLI, § 2, 3). Le comique a
iich, et, le gall. cira, eiry id. = *eri^ ; le bret. n'oblige pas à
poser, en vieux brittonique, une variante *arg qui pourrait
répondre à l'irl. nrg goutte.
XLIV. — BERBOELLIC, BARBOELLICO ; BERLOBl,
BARLOBI ; TREKOBIET.
1 . Le mot berr court donne lieu à plusieurs composés comme
moy. br. berrhoa^ly courte vie, mod. bcrrweJel myope, tréc.
berlero chaussettes (bas courts), cf. Gloss., 58, 59; un seul pré-
sente des variantes en bar-. C'est berboellic volage Maun., ber-
boHlicq Pel., barboëllicq, berboëllicq inconstant, berboeU, barbocll,
/'rt;7w7//V/Vz/t'~ inconstance, divnrboel! Çcspr'ii) solide Gr., berboell
m. inconstance, légèreté, étourderie Gon., berboellic inquiet,
Châl. iiis ; à Coadout barbolig un peu ivre (M. Y. Le Moal),
à Carnoet barbellik papillon (M. Jaffrennou). Il est clair pour-
tant que ces mots répondent au gall. byrbiuyll esprit léger,
byrbwyllig étourdi. Mais je crois qu'il y a eu influence de la
particule romane ber-, bar-, qui se trouve, entre autres, dans un
mot de sens voisin, van. berlobi, barlobi délire, rêverie, voir
Études à' et y m. bret., XXIII, § 9.
2. A ces derniers mots il faut comparer, je crois, le haut
cornouaillais trenobiet étourdi, effrayé (ab. Besco), par dissi-
milation pour *tre-lobiet. Pour la composition, cf. en ein dre-
chala se préoccuper (cité plus haut, IX, § 2) ; irelachi s'impa-
tienter, van. trelatein, terlatein affoler, Gloss., 714, 715, Kotes
d'étyin., 10, 11, 13 (\', § 9, 15), etc. Voir le suiv.
Sur rPjymologie bretonne. 75
XLV. — TRAUELLET, TRÈVELLE ; TREÛELET
TRESUELAT; TREUSVIRAN.
1. J'ai séparé à tort, au Dict. c'tym., le moy. bret. Irauell et
traueill an roncel travail à chevaux de irauell peine, tourment;
travail, soin; cf. Kœrting^, 9635, 9636.
2, Au contraire, j'aurais pu distinguer de trauell travailler
(angl. travail') et voyager (J 208, angl. travel) le verbe qui a
donné trauellet troublé, égaré N 315, tréc. ma trêvelle e :(aou-
lagat (tellement) que ses yeux étaient éblouis Gloss. jii.
Ce second sens peut être, en effet, une application figurée
du mot van, treiiekt(cc cocher nous a) versés; (notre carrosse
a) versé Châl. iiis. Ceci est expliqué, Gloss., ji^, comme répon-
dant à trehoUia verser, troc'holia chavirer = *trcchocliajf. Mais
on attendrait *trehoeki ; et il faut tenir compte de veller v. a. et
n. verser, retourner, renverser; la voiture a vcUé, Jossier, Dict.
des patois de l'Yonne (où le mot est tiré du lat. vellerc^.
Le van. tresuelat ruminer l'A., qui ne se ramène phonéti-
quement à aucun de ses synonymes bretons connus, et que
j'ai proposé de tirer de *treus-choelat {Notes d'étyni., 137-139),
peut être à treiielet comme le petit tréc. treu^^variet troublé,
épouvanté au van. treuariet é il a perdu l'esprit Ch. ms.
A côté des autres formes de ce dernier mot citées Gloss.,
717 : trevaliet, travaiiet, il y a encore ireveliet, qui se rapproche
davantage de trauellet, etc. ; mais je crois que les points de
départ sont différents. Sur la dissimilation du second /- dans
cette série, cf. Gloss., 572, etc. M. Vallée me signale en outre
en tréc. traoïiailhat tourner comme une girouette et au fig.
varier, mot recueilli par M. Even ; et warian être dans une
grande colère, à Coadout (Y. Le Moal). Ce dernier a employé
tarvoueliad c\vx'c\ci:\<:x , pari, d'un homme ivre, Kroa:{^ar Vreloned,
25 septembre 1904, p. i, col. 2.
2. Le tréc. treusviroh sortir des limites, dévier, est encore
un autre mot, dont la première partie est breionisée : cf. en
Vendée Irevirae, /rmm/culbuter, renverser, tourner et retourner
76 l''. liiihvilt.
une chose, Lalanne, tm'irer renverser, retourner, trevirc-crapatiJ
surnom donné au mauvais laboureur, Favre, etc.
XLVI. — PREDIRI, PLHDERI.
Pel. se demande « si c'est sérieusement que l'on nomme
en Léon Mantcl Prediri, manteau d'inquiétudes un grand linge
que le Prêtre met sur les Epoux, lorsqu'il fait les mariages » ;
on lit eur vanlel a plcderi, Mélusuic, VII, i86; cf. plus haut,
II, § 7. J'ai soupçonné dans cette expression, Gloss., 510, une
déformation moqueuse du radical de priciiele:(, van. priedereah
mariage.
L'hypothèse n'est pas nécessaire: cf. ce passage de M. Cha-
piseau, Le folk-lore de la Beance et du Perche, Paris, 1902, II,
124, 125 : « On appelait abrifou, ou couvre-fou, le poêle que
l'on tenait suspendu au-dessus de la tête des mariés, pendant
la consécration nuptiale. »
XLMI. — SJREVODEK ; SAVODELL, SAVADEK,
SAÙADEN, SAVADENKA.
1. Na pebe:;^ strevoden, quel pêle-mêle! se dit à Châteaulin
{Breurie^ Vreiz)- Ce mot doit être un mélange de *strei'adeii
et *streiuoden, ce dernier venant de *strewadeu par un change-
ment phonétique étudié i?^'!'. Celt., XVI, 223. La racine est
le verbe vannetais sircucni, slreaùein, slreahein éparpiller, cor-
nouaillais siréet (yeux) hagards, H. de la Villemarqué, sirci
répandre, éparpiller, Trd, etc., Gloss., 662.
2. La même transformation vocalique est admise, Métn.
Soc. ling., X, 344, pour savodell f. pi. ou botte de lin après l'ar-
rachage, Trd, r= *sau'adell de sao, sav état de ce qui est debout.
Ceci est confirmé par le léon. savadcn pi. -nnou moyette ; en
haut Léon, moyette ordinaire formée de gerbes debout; en
haute Cornouaille, moyette de blé noir, d'où savadenna mettre
en moyettes; M. l'abbé Buléon me signale aussi en van. de
Pontivy saiiaden gerbe de blé noir.
Sur Vf'Aymologie bretonne. 77
XLMII. — HORELL, OUROUL, OURLIK, HORELLA,
HORJELLA, DICHORELL, DICHORELLA ; C'HOARI
C'HROLL; PABOREL; DOTUAL.
1. On trouve en moy. bret. bord I ! en au jeu de la soûle.
Grég. donne c'hoary horcll « crossement, jeu de la crosse en
hyver pour s'échaufter » ; horelladur id., horeU pi. ()// « la balle
du crossement »; horellat pi. et crosser, jouer à la crosse,
horeller pi. -Uryen crosseur ; Troudc horcll m. pi. ou balle pour
jouer à la crosse; c'hoari aiin horell jeu de la crosse; jouer à ce
jeu, etc. On dit en van. /AVt'/jeu de la crosse, et bille servant à
ce jeu. En Léon, horell désigne la boule; on crie horell! quand
elle arrive au but (ab. Caer).
Mil. uis donne ouroul ! cri au jeu de la crosse; j'ai comparé,
Mém. Soc. ling., XI, 97, 98, ourlik, interjection que l'on associe
à l'arrivée du chariot de la Mort (Sauvé, Prov. 910), et horel
cri pour mettre son adversaire en garde ÇBar:^a:;^ Brei:{, 219).
On lit dans Le Folk-lore de la Beauce et du Perche, II, 42-46 :
« Jeu de la Got... Les joueurs se munissent d'une boule et de
chacun un bâton... Lorsque le trimeux, ou l'un des trimeux,
parvient à faire pénétrer la got... dans la grand'mère,... chacun
s'écrie: oiirli, ourli, ourli. ». M. Chapiseau suppose que cela
vient de au relais, au se prononçant ou dans le Perche. Il est
plus naturel de comparer les mots bretons.
2. Le Lexique regarde horella, vaciller comme moins bien
conservé que horjella « qui accuse la dér[ivation] irrégulière et
corrompue de rempr[untj fr. horloi^e (à cause de l'oscillation
du pendule) ». Mais le moy. bret. présente seulement horelhij],
horellat vaciller, horelladur, horrelladur « croUemeht ». La
langue moderne, à côté de or^ellus branlant (par ^ doux) Nom.
179, a en van. horgcllat, horgcllein (par ^^"^ dur) secouer, ébranler,
s'agiter, branler, trembler, et selon Grég. horiqellat ; le y paraît
venir du synonyme heja, van. hejc(l secouer, cf. Èpenihèse, 9,
10 (§ II). L'histoire du bret. moy. horoloig, mod. horolach,
n'offre aucun point de contact appréciable avec celle de horella,
voir Notes d'étym., 9, 10 (V, § 7).
y 8 /^. F.rnaiilt.
Il est probable que horellajf a la même origine que /;o/y//;
cf. tréc. </o//<i// ballotter, bouleverser, de dotu, synonyme de
horell {hai dota; c'hoari dotu). Puisque l'anglais to hiirl, au
moyen âge hiirtle, semble récent, il est possible qu'il vienne
d'un mot celtique apparenté à horell; Pel. compare, non sans
vraisemblance, le gall. cJnvareJ javelot. Cf. Etudes d'etym., 80
(XLVIII, § 1). ^
3 . Roussel DIS donne en trois articles qui se suivent : « horell.
but où les joueurs de crosse font parvenir la petite boule de
bois ou une pierre qui sert au jeu de la crosse. Lorsqu'elle y
est rendue, on cric : orell. Ce jeu se nomme choari-do-lu, jouer
à votre côté, ou grossai, jouer ;i la crosse. Dichorella se dit
lorsqu'un des joueurs fait partir la boule dun coup de crosse
le mieux appliqué quil peut dune petite élévation qu'on nomme :
an dkhorell. » « horella rendre la boule de bois ou bille au but
convenu a coup de crosse on crie souvent à ce jeu : do-tu pe
va^at, à votre côté, ou avoir un coup de bâton. » « horgella,
branler chanceler être prêt à tomber » ; et par ailleurs :
« erella v : orella, orgella, chanceler, être chancelant et prêt a
tomber » ; « orell v : horel » ; « orgellat, chanceler, hocher » ;
« dichorella » (sans traduction et hors de sa place alphabétique,
après « digocha décocher ») ; « dotu jeu des jeunes garçons que
nous appelions en français jeu de la crosse. C'hoari dotu jouer
a la crosse. Dotu est pour doh-tu d'ho-tu a votre côté. Ceux qui
jouent a ce jeu crient souvent d'ho tu, à votre coté, de votre
côté. Chaque joueur ne devant fraper le petit morceau de
bois que Ion fait aller dun bout a l'autre quil ne soit tourné
de son côté, y ayant deux bandes qui jouent lune contre l'au-
tre. »
L'explication du cri par Pel. se ressent trop de ses préoccu-
pations étymologiques : « On pose cette bille sur une petite
élévation prête à en tomber, et l'un des joueurs la fait partir
d'un coup de crosse le mieux appliqué qu'il peut, en criant tort
Horell Horell; c'est-à-dire qu'elle ne tient plus à rien, qu'elle
a été si chancelante, ou si peu stable, qu'il lui a été fort aisé
de la faire sauter. »
Dichorella se dit au figuré dans dichorella c heiin da uuan bennag
battre quelqu'un {Breurie:;^ Vrei~), littéralement lui déplacer la
Sur l'Êtymologie bretonne. 79
tête par un coup violent. Ceci doit venir de *disorcUa pour
*dis-horeUa .
Un autre composé de ce mot est, d'après Roussel cité par
Pel., tiiit-orell « tout ce qui est prêt à tomber... ces deux paroles
signifient coup "pour ébranler ». Pahorcl f. : « rei er hahorcl
donner un coup bien appliqué » Mil. ms est plutôt parent de
l'argot rochois tahorcn coup, Rcv. CcU ., XV, 359, peut-être ^wcc
mélange de pahor chardonneret.
4. La BiritriCy Firi:^ signale un autre nom du jeu de crosse :
choari c'hroll. Il peut venir de *c'boari (a)r c'hroU, cf. Études
d'étym. brd., 66, 6j {n"' XXXI, XXXI bisy, cf. v. fr. croUe
ébranlement, secousse.
On dit à Pontivy hoari kros ; sur ce mot, voir Et. d'étym.,
5 5 (XXI, §8).
XLIX. — KOLC'H, KOLO; BOLCH; TOLCHAD;
DALCHER, DALEER, DALCHAR, DALCHERIEN,
DALCHIDI ; BARR-SKUBEROU.
1. Coh'h donné comme synonyme de colo paille. Nom., 57,
est expliqué comme venant de *colf, Gloss., 113, 378, cf. Notes
d'étym., 99, 109, ri6, 122. Il convient d'ajouter que le passage
a été facilité par le mot de sens voisin bolclj cosse de lin Gloss.,
73 ; polc'hcn pi. polc'h, holc'hen pi. bolc'h cosse de lin, bolc'hcii
pi. boJcl) gousse de lin, dcmç:^il var ar bolc'h danser sur le lin
pour l'égousser, tcniia ar bolc'h égousscr du lin Gr., van. dibol-
hein éboguer, ôter l'enveloppe des châtaignes (ab. Le Guya-
der). Suivant une observation de M. l'abbé Biler, on appelle
en Goello kolcl) l'enveloppe du lin sans la graine, et bolc'h la
graine avec l'enveloppe.
Il faut noter aussi le tréc. tolc'had brins qui sortent des
oreillers de balle, lorsque cette balle est vieille (syn. de marc'ho
pell), Even; cf. van. lolgueenn î. pi. tolguatt éhogue, didolgueen-
nein éboguer l'A., à Sarzeau dolien quisten coque de châtaigne,
dolien cjueneilen coque de noix, selon Ch. ms.
2. Un changement inverse (cf. Gloss., 377, 378) paraît se
8o E. Eiihiult.
produire entre ihih'her support, notaninicnt, en basse Cor-
nouaillc (Châteauncuf du Faou), le support sur lequel on met
l'écuelle à fiiire les crêpes, et dâljèr id., mot traduit, avec un
signe de doute, « table de nuit » dans les Soniou Brci:^-I:;^cl,
II, i66 (Chanson de la soupe au lait). Ici encore, la phonétique
a pu être aidée par l'association des idées : cf. tvéc. pofer pot de
fer, marmite Gloss., 568. Sur un quiproquo entre melved et
merc'hed, voir Mélusine, V, 188.
On dit aussi dalc'har, par assimilation vocalique, cf. plus
haut, XLIII, § 2. Le suffixe est celui des noms d'agent, qui
sert en même temps pour les instruments; cf. tréc. dak'hericn
parrain et marraine (ceux qui tiennent l'enfant aux fonts bap-
tismaux), à Carnoet =^ dalchidi, delchidi, à Plounévez Moëdec
et Belle-Isle (V'allée). On peut comparer scnhcr balayeur Gloss.,
6r6, à côté de harr-shuber branche pour balayer, balai, plur.
en bas Très, harr-shuhcrou .
L. — DERCH ; DALC'H; GWERCH ; POURC'HENN,
NOAZ PIDIBOULCH ; IMBOURCH, IMBOURC'HI ;
MA lOULC'H.
1. A l'article derch, Gloss., 151, 152, il convient d'ajouter
les formes suivantes : tréc. a :ierc'h (être) à pic, perpendiculaire
(Even) ; haut corn, hoat dek'h bois dur, an delch le cœur du
chêne (ab. Perrot). VI a pu s'introduire ici par analogie avec
le verbe derc'hel, dissimilé de dek'hel : cf. pet. tréc. dclc'h hrago
et derch hrago, un peu d'embonpoint, de quoi retenir les
culottes, au lieu de dalc'h; on dit en Trég., par exemple,
n'eus kel a dalc'h en e ^ioiihar, il n'y a pas de force dans ses
jambes, elles ne peuvent se soutenir.
2. Je ne vois par ailleurs de changement d'er en el
devant c'h que dans le haut tréc. givelc'h vierge (adj.), où
il s'expliquerait également par l'analogie: cf. giuelc'hi laver,
giuclc'h lave, il lave; il ne passe pas au dérivé g-werc'he:^ une
vierge.
Sur rf'Aymologie bretonne. 8 1
J\ii entendu autrctois, dans une chanson trécoroise, l'expres-
sion yclc'h d'cur bclck, qui est soit une combinaison de yculc'h
et de serc'h, au sens de ce dernier, soit une simple variante
de yeulc'h, avec le sens de « fiancée à un clerc qui est devenu
prêtre ».
3. Nous avons vu (n*^ XXVI) que xchIc'Ij est une forme
trécoroise de yourc'h chevreuil, qui est devenu aussi wiilc'h
fille aimant la danse, etc.
Un-fait semblable se montre dans le h. tréc. iioa:^ pidiboulc'h
tout à fait nu, cf. noa^ pilh, }ioa:y-pourh, //(W~ pilh poiirc'h, noaz^
pilh-dihiiilh, id., diboiircho, dibourc'ha dépouiller, pourcha
pouiller, vêtir un habit, pourc'b m. partie d'un habit, de quoi
se couvrir Gr. Ici le phénomène est plus ancien : le moy. br.
pourchen mèche, qu'on ne saurait séparer de pourc'b, est dans
le Nomenclator poukhat, Gloss., 509. Grég. donne poule henn
pi. ou Qipourc'henn p\. pourc'had mèche de chandelle (non allu-
mée), scJœrigenu ur bourc'henn lumignon; Châl. ms ur borhcii
goleu alhimet id., etc. L'r doit être antérieur : j'avais rapproché
l'irl. cuilc roseau, cuilce toile, M. Stern compare avec plus de
vraisemblance l'irl. cuirce nœud, gaél. cuircinn coiffure {Ziscbr.
f. ce! t. PbiJoL, III, 442). Voir mon Dictionnaire breton-français
du dialecte de Vannes, v. porbcn, porrad.
4. Mil. ms donne « inibourc'b, s. m., pi. iinbourc'bou, re-
cherche, enquête, perquisition, examen, fouille » ; « imbour-
chi, v. act. et neutre, fouiller, fureter, examiner, rechercher et
de plus guérir ». Cette dernière acception ne viendrait-elle pas
d'une mauvaise lecture d'une note portant « quérir » ? Le mot
rappelle le van. imboulgein, instiguer, synonyme de soliteiu
(solliciter), Châl. nu := fr. * em- bouger ; mais ceci ferait attendre
*imboulch par cb français. Faut-il supposer une provenance
directe de *im-bull(i)care, cf. prov. bolegar ?
5. Ma ioulc'h banne pas une seule goutte, Gloss., 406, vient
de 7nar ioul par métathèsc, avec confusion des sons r et c'b,
cf. Epentbése, 15 (§ 18); aucun mot breton ne finit en //'. Deux
phénomènes du même genre ont lieu dans (ur voue:() 'oa dili
a bec'bet, Gwer^iou Brei^^I^el, I, 266, au lieu a oa deliberel (une
voix qui était délibérée, ferme), ibid., II, r68, cf. Études van-
netaises, 30.
Revue CeUicjue, XXVI. . 6
82 ^. F.rnault.
LI. — Langaj kemexèr; GOUAM ; MISOX, MISOUX ;
KACHEL; LAGAD MARH ; ME JOKDR KUR-
DE N ; GUILHEU; OLIÉR, OLIÉRIG ; ALANIG,
AEANÎK; KOLAZ ; PERODIC ; KOURAUJ); GOR-
NI:Z, GOARXÉZ.
1. M. l'abbé P. Le Golf, Tan des auteurs de la Grammaire
vannelaise et des Exercices, livres si précieux pour l'étude de ce
dialecte breton, avait bien voulu me signaler, parmi d'autres
importantes additions à foire à mon Dictionnaire vannetais-fran-
çais, l'expression langaj^ kenienér (langage de tailleur), pour dire
« argot ». Je lui exprimai, à ce propos, mon regret de n'avoir
pu obtenir le moindre spécimen de la langue mystérieuse que
les tailleurs de Bretagne parlent, dit-on, entre eux. Peu après,
mon aimable collaborateur m'indiquait quelques mots et
expressions appartenant au jargon des tailleurs vannetais, de
la région de Locminé. Puis il me faisait parvenir une liste
plus ample de mots et de phrases recueillis par M. Donerh,
vicaire de Languidic. Au mois de septembre dernier, il me
mena chez son frère, M. l'abbé Henri Le Goff; celui-ci me
donna d'autres renseignements relatifs au langaj kenienér à PIu-
méliau, renseignements qu'il a bien voulu compléter encore
dans la suite. Je ne saurais trop les remercier tous de m'avoir
si obligeamment fourni la matière des études qui suivent, sur
une langue conventionnelle intéressante, et qui est en voie
de disparition rapide.
2. Voici les expressions données par M. P. Le Gofl :
pien cidre ; piart e Tclaul vous êtes ivre ;
er hûurau hou telou le maître vous tancera, er goninielleii hou
teloii, la maîtresse vous tancera ;
graîi er siér pomme de terre ;
ttr mison gorné:;^ un joli garçon, //;■ niison kach un vilain gar-
çon, nr visoncl gorné:^ une jolie tille.
I . Je garde l'orthographe vannctaise : mi et on ont le son nasal à la fin
des mots et devant les consonnes, sauf n.
Sur l'P.tymologif bretonne. 8 ^
Il remarque que le mot niisoii garçon se dit aussi parfois dans
le langage commun : (/('// é hou iiiison g(iioh ? votre garçon est-il
venu avec vous ? et rapporte à kach vilain l'expression de Baud
koh kachcl personne bonne à rien, sans adresse ni activité.
Enfin il signale comme du langage commun, mais pouvant
provenir du langaj kenienér : lagad iiiarb (œil de cheval) = cinq
francs; me iondr kordcn (mon oncle la corde), gendarme;
Gnilhcn (Guillaume), loup ; Oliér (Olivier), coq ; KoJa:^^ (Nico-
las), renard (^AJanik^ serait plus particulier au jargon des tail-
leurs).
3. Ce qu'il y a de plus anciennement attesté dans tout ceci,
c'est er ^onmelkn la maîtresse, cf. goevi, gonimel femme, maî-
tresse de maison dans la liste de M. Donerh. Gommellen dérive,
à la façon bretonne, de gommel ^= gwammel femme mariée,
mère, femme, plur. gimmele~et, dans l'argot trécorois des chif-
fonniers et -couvreurs de La Roche-Derrien, voir Rn'. Cclt.,
VII, 44; IX, 370, 371; XIV, 271 ;XV, 339, 340; XVI, 213,
2T), 217. Goeni répond au sim^At goam, goiiain « la femme,
parlant d'une femme mariée, en termes de mépris ou de rail-
lerif » ; « la temme fera carillon. Gouain a ray trous, giïarn a
yello drcist-penn. (Hors ces expressions, et semblables, le mot
de, gouaiu, n'a plus d'usage que dans l'argot, où il signifie,
femme.) » Grég. ; le Nomcnclator a gouam neue:^ eureugcl la
nouvelle mariée, p. 12, et gouam paillarde, p. 327; Roussel
ms porte : « gwam. Se dit dune femme de ménage. Terme bas
familier dont un homme se sert parlant de sa femme » ; cet
article manque au dictionnaire de D. Le Pelletier. M. du
Rusquec tire à tort goamm, givamm femme mariée de giuo- et
mamm mère; M. d'Arbois de Jubainville a montré, Rcv. Cell.,
n, 141, que ce mot vient de *vambâ = gothique vamba « ven-
ter, utérus ». Voir Gloss., 264, 265. On attendrait plutôt,
avec l'article, er *hommellen, mais la mutation douce du g n'a
pas toujours lieu en vannetais; M. Donerh donne, du reste,
er hommel la maîtresse de maison. La prononciation koumel,
komel, attestée par M. H. Le Gofi", s'explique par cette ambi-
guïté du 0'^ qui peut être la mutation faible d'un ^; cf. aussi tréc.
goustel et koustel, XLI, § r, et Mém. Soc. ling., X, 342, 343.
4. M son garçon, d'où le fém. //;- visonel une fille, est traduit
84 ^- F-rnauU.
« cnflint » avec plur. niisoned, par M. Donerh, « petit enfant,
fils, garçon, plur. misoniiaj » par M. H. Le Golf, et a pénétré
dans le langage commun. C'est le mot de l'argot rocliois
minson mauvais; mal portant; mal; non; d'où minsoner
pingre, imbécile, ni itisonares sotte, miùsonajo mauvaises actions,
offenses, minsonel fâché, minsonardi, -tiein taire des bêtises,
ofîenser, mihsonardaj chose mauvaise, une bête en général,
niinsoiiardoi femme laide, sans soins, Rev. Ccll., VII, 46;
XIII, 353 ; XIV, 268-270, 272, 274, 276, 280, 282; XV, 340,
344, 356; XVI, 213, 215-217; de l'argot français idi iiiitiçon
d'artifaille un petit morceau de pain, cf. marseillais minçoun
un peu mince, assez mince, grêle, svelte, Mistral. Ce mot
est aussi entré dans le breton de Léon, où Milin ms signale
inisoun, mison adj. et subst. méchant, polisson, garnement,
espiègle, pari, des jeunes enfants; voir mes Notes d'étyni. brel.,
14, 15 (n" 6). M. Even a aussi recueilli en tréc. l'expression
c'hoarl mison jouer mal.
5. A kach vilain, d'où à Baud hoh kachel, personne bonne
à rien, sans adresse ni activité, se rapportent ces notes de
M. Donerh: kach mauvais, méchant; ur ^achcl une mauvaise
fille, une personne hardie; hachot mauvais garçon; kachcri f.
mauvaises gens: ur vaden niisoned kacheri une troupe d'entants
méchants. M. H. Le G. donne kach mauvais, kachaud mé-
chant, kachel méchante.
Ces mots sont, je crois, de la famille du tranç. cacher: cf.
cache adj. qui fait des cachotteries, « jamais j'n'ai vu queuqu'un
d'si cache que vous », Jaubert, Gloss. du centre de la France;
franc, cacherie (soin de se cacher, Littré), cachotterie; bret. coa-
chet (homme) caché, dissimulé Grég., van. lagad koachet regard
sournois, Gloss., 176. Le v. franc, avait aussi cachons cachottier,
sournois God.
6. Lagad marh (œil de cheval), pièce de cinq francs est une
expression analogue à lagad ijen (œil de bœuf) id. en argot
rochois, lagad ejon en petit Tréguier, lagad ejen en Léon, de
l'ancien argot français ^/7 Jt' ^«'///id., Lucien Rigaud, Diction-
naire d'argot moderne, Paris, 1881 ; cf. le fourbesque ou argot
italien occhio ou lampante di civetta (œil de chouette), écu,
ducat, Francisque-Michel, Études de philologie comparée sur Far-
Sur rËtynwlogir bretonne. 85
got, Paris, 1856, p. 430, 431 ; voir Rcv. Cclt., VII, 45 ; XIV,
273.
7. L'expression nw ioinir kordcii (mon oncle la corde), gen-
darme, se trouve deux fois au singulier dans une chanson
recueillie à Guéméné-sur-Scorff et publiée par M. Loth, Rcv.
Celt., VII: me yont karden (lisez kordeii), me yont korden, p.
193; plur. me yoiitoïc korden, p. 194. On peut comparer en
argot français: ivicle, concierge de prison, F. Michel (fém.
onclesse, L. Rigaud), marchand de lacets gendarme, F. Mich. ;
gendarme à la poursuite d'un voleur, L. ^\g.; passe- lacet s,
gendarme Aristide Bruant, Dictionnaire français-argot, Paris,
1901, etc. ; argot rochois ma ponton Jah (mon oncle Jean), le
diable, Rev. Celt., XV, 353.
8. Gnilheu, nom du loup, est déjà dans le dictionnaire fran
çais-vannetais de Cillart qui donne, p. vu, giiillcu comme du
mauvais breton usité à Ambon (district de Vannes) au lieu de
bleye loup. L'argot rochois a de même Giuilhoïk, cf. Rev. Celt.,
VII, 44. Le P. Grégoire traduit « loup » hlei':^, van. hley, puis
guilhou, giiïlhaouicq ; à « jeune loup », il ajoute que « burles-
quement, on dit : guïlhaouïcq ar blei^^ » ; à « Guillaume » on
lit : « Guillaume est le nom burlesque du loup et vieux-guil-
laume, celui du diable. Guïlhaoïi, ha guïlhaouïcq a rear eus ar
blei^, hac an diaul a chalvér guïlhou-go^ » ; à Alain : (on donne
le nom) « de Guillaume, au Loup : gïlillou ar blei^^. gHillaoiiic
ar Blei^ ». Le Gonidec dit de giuilou, giailaou m. pi. giuiXaoïied
par / mouillé : « C'est un nom que les Bretons donnent au
loup, par superstition », et il y voit avec raison le correspon-
dant du franc. Guillaume, cf. Gloss., 305. La superstition sup-
posée est sans doute celle dont parle D. Le Pelletier, v. louss,
à propos d'une autre bête, le blaireau : « on n'ose la nommer
par son nom..., de crainte que s'entendant nommer, elle ne
vienne faire du mal, comme étant appelée » ; cf. v. câe^rell.
Mais on joint souvent au sobriquet le vrai nom. Troude dit
que Gu'illaouik est « un des noms que les poètes ont donné
au loup », et cite l'expression Gunllaouik ar blei:(^. Mil. ms
porte aussi Laou ar Blci:;^. On lit en cornouaillais Guillaou- ar
Blei^ et Guillaou, Bar~a:^ Brei::^ 202. M. du Rusquec a : Giuillou
m. nom donné au loup. On dit de même en haut breton
86 E. Ernauit.
Glaiimc, et Glaumc le Leu, P. Scbillot, Traditions et supcrst. de
la Haute-Bretagne, II, 105-106. Voir Rev. Celt., XtV, 220.
9. D. Le Pt'l. donne gwillou goclan, grande mauve ; de
même Le Gonidec, qui écrit gwilou (par / mouillé). Roussel
VIS porte : « oriou, guelan, guillou oiseau de mer. grande
mauve ». Peut-être y a-t-il là un mélange des deux autres
noms, oriou et giuelan; cf. Gloss., 453.
10. Oliér coq se dit aussi en argot de la Roche : Olier, Rev.
Celt., XV, 355. Le diminutif oZ/VV/V désigne en vannetais le
rouge-gorge.
11. Al a nig comme nom du renard est bien connu hors de
Vannes. Grég. porte : « Petit Alain. Alanic. (c'est aussi le nom
qu'on donne au Renard: Alanic al loiiarn...) »; Troude :
« Alanik... s'employe en poésie pour désigner le renard » ;
M. du Rusqucc: « renard... alanik m. pi. alaniged, de lan,
nom propre AUain » ; puis dans son second livre : « alanik
sm. Nom donné par les chasseurs au renard », où il sépare à
tort le mot du nom propre Alanik, diminutif d'.^/rt» Alain, en
y voyant le v. franc, alan gros dogue. Cf. Alanic ar louarn,
de Goësbriand, Fables, 1836, p. 15; Bar:(a^ Brei:{, 120, etc.
M. Vallée m'a appris qu'en Cornouaille on dit alanik, pi.
alaniget rouge-gorge; on dit aussi Alanik jave-ru, ou Alanik
kof-ru (= le petit Alain à gorge rouge).
12. Je ne trouve point par ailleurs Kola::^ au sens de renard.
Le Catholicon donne simplement Nicholas, Nicolas Nicolas ;
Grég. a Nicolas, Colas Nicolas, dim. Nicolasicq, Colasicq,
Colaïcq; J. Moal, Supplém., 17: léon. Nikola:(, Kola:{, tréc. et
cornouaillais Kola ; dim. Kola:^ik, Kolaik ; cf. Gloss., ^{46.
M. Donerh dit qu'une seule personne a donné pour Kolas le
sens de coq.
13. Un autre sobriquet vannetais du renard est perodic, que
le dict. de l'A. donne, p. vu, comme du « mauvais breton »
usité à Pluvigner. Ce doit être le nom propre Perrodic (dérivé
breton de Perrot), Gloss., 486 ; cf. haut breton Pierre le Renard,
Sébillot, Trad. et sup., II, 116.
14. Les autres mots énumérés ci-dessus (§ 2) semblent spé-
ciaux au langaj kemenér. Peut-être gran er stér pomme de
terre est-il littéralement a grains de la rivière », avec jeu de
Sur rEtymologic bretonne. 87
mots par à peu prcs entre stcr et le franc, terre (cf. argot rochois
terk terre, Ra'. Celt., XV', 351, 361).
Er boiirau est écrit par M. H. Le Goff kouraut, koiirand,
maître de maison, mari, fém. kouranten femme, épouse; je ne
sais si c'est le même mot que coiirean, employé par l'auteur
de Guionvac'h, Paris, 1835, p. 12: « la lune tombait dans le
coureau de Croix », et expliqué par lui, p. 362 : « bras de mer
compris entre une île de forme alongée et la pleine mer ».
Gortiéy^ joli, est écrit par W. Le G. goarné::^ beau, bon ; cf.
argot roch. gourd bon, bien Rev. Celt., VII, 43 ?
Je ne vois, par ailleurs, d'origine probable que pour pieu et
piart, que nous allons étudier.
LU. — Langaj kemenér : PI, PIEN, PIART; -EN ;
BAKEN, PAUFEN, VREN, VRENNEK, BRIE,
■ TABLEN, HARTEN, LANCHEN, TARTENN-EK,
EOK ; EANDEN, EANARD, CHANARD, FAN-
EAX ; JUDENNEIN.
1. A pien cidre, piarl ivre (t*. Le Gotf) il faut ajouter:^/
m. cidre, boisson, piennek ivre, piennour ivrogne, piennouré:^
ivrognesse (H. Le GofT) ; pi cidre, piard, piardoitr ivrogne,
piardein s'enivrer (Donerh). Ces mots manquent à l'argot
rochois. Ils viennent de l'argot français, qui a: pie f. boisson,
pic fantoche cidre; piardc f. boisson, picr boire, G. Delesalle,
Dict. argol-franç. et franc. -argot, Paris, 1896; pie f. vin, pier
boire F. Michel (qui remarque que ce verbe, « donné à l'argot
par Bouchet et Oudin, faisait autrefois partie de notre langue
populaire, » et qui cite, p. 440, pio vin en argot espagnol).
A. Bruant donne comme d'ancien argot ^/V et piarde boisson.
Cf. pia boire, dans les Alpes, piaire grand buveur. Mistral;
V. franc, pie, pye f. action de boire, boisson God., etc.; on
connaît encore l'expression « humer le piot », employée
par Rabelais (Gargantua, I, 7).
2. Nous avons vu plus haut, dans gommcllen de goniniel,
femme, maîtresse de maison, la même dérivation que dans
88 £. Ernatilt.
pien de pi. En voici d'autres exemples (les mots cités désormais
sont recueillis par M. Donerh, sauf indication contraire):
hakcn tabac, bakemin fumer H. Le G., de *tabaken avec apo-
cope (cf. van. iahaquein « petuner » Ch. nis), comme dans
vrcn, vrcnnck, adj. pauvre H. Le G. de *pauvren d'où aussi
paiifcn un pauvre H. Le G. (cf. argot roch. Ide:^ crêpes du fr.
galettes, etc. Gloss., 326), voir LVIII, § i;
brif(., et brifen f. repas Don., brifein manger, brijein pi boire
du cidre K. Le G., argot rochois brif pain, pet. trécorois brif
morceau, ce qu'on mange, du v. fr. brife, resté en picard, Rcv.
Cclt., VII, 42; XIV, 278; argot franc, briffe pain Dclvau,
Delesalle, Bruant, gras-double; nourriture, L. Rigaud; briffer
manger, « depuis longtemps, ce mot est populaire », F. Mi-
chel, cf. v. franc, briffcrie gloutonnerie, briffant, brifaiil glouton
God., marseillais hrifa, bifra bâfrer, manger goulûment, brifo
f. bâfre, mangerie, Mistr., etc. ;
tahlen f. table : é ma er vrif ou cr vrijen ar en dablen, le repas
est sur la table Don., ar dablen sur la table H. Le G., argot
rochois tnblcn id., en van. tableau, image, Rcv. Cclt., XV,
359;
harten habit, cf. rochois hard hardes, vêtements, Rev. Celt.,
XVI, 232, M. H. Le G. a halbeu, habeii hardes, pour * ha l de 11,
avec mélange du fr. habit;
lanch, lanchen eau Don., lanchen eau, pluie H. Le G., de
l'argot fr. lance, ance, fourbesque len^a F. Mich., etc. (pour
l'échange des sons ç et ch, cf. planche et piencc vin, F. Mich.);
voir XLI, § I ;
liten lit, nuitcn nuit Don., H. Le G.; bcuren beurre, filen
fil, frèden le troid, krepen crêpe, nosen noce, scrvaten servante,
siièf en. so\ï, lartennek qui est en retard Qartè:^ tard), H. Le G.
3. Dans fok, fogcn feu Don.,fogen \à., Joqennek fier, orgueil
leux H. Le G., la gutturale provient peut-être d'une forme du
midi, cf. foc, fioc, ftioc, etc., Mistr.
4. Fan et fanden beurre Don., fandaut H. Le G. viennent
de l'argot iranç. fondant id. F. Mich., etc., cf. Rev. Celt., XV,
342, 343 ; la correspondance parait avoir été troublée par l'in-
fluence de quelque autre mot.
Cette syllabe se retrouve dans chelch fanard lait doux ; fanard
Sur l'Étymologie bretonne. 89
chat Don., fcnard, chanard H. Le G., qui doivent tenir à la
même tamille (chose, bête onctueuse).
Faufan veillée semble différent; cf. le normand /a»/7^^;z(T,
poitevin Janfouincr bégayer, parler peu distinctement par suite
d'un vice de conformation de la langue ou du palais (de Cham-
bure, Gloss. du Morvaii, v. faiifoiiine) ? Déliées ou non, les
langues ne restent pas inactives pendant une veillée.
F. Michel donne fanfouiner priser, fanfouineur priseur, mais
fonjé, fonfièrc tabatière; L. Rigaud fanfe et fonficre; Delesalle
fanfe, fanjîcre; ce dernier voit dans fanfouiner une onomatopée
imitant l'aspiration du tabac. M. Bruant a, entre autres tra-
ductions de « tabatière » : fanfe, fauficre, fanfouine, fauve, faujc,
fauffe, fausse, fauve, fonfe, fonfière; il donne, d'autre part, yi'/^/-
nard insinuant. Il y a donc eu échange entre les sons an et
on; ci. le rapport de fand-en à fond-ant. Quant à la variante
chanard, elle rappelle chouine tabac à priser Delesalle.
5. Le suffixe en paraît encore dans mokenein se moquer,
niokenour moqueur, fém. niokeneré:^^, de mok moquerie Don.
Çmoken moquerie, fêtein mokcn se moquer, mokenour moqueur
H. Le G.) ; jiidennein mentir, juden- nour menteur, fém. juden-
neré:(, cf. bret. juda:^i trahir, agir en traître J. Moal, argot
franc, judasser exnhtdiSSQX pour tromper F. Mich., trahir, judas-
serie trahison Bruant, etc., cf. Rev. Celt., XIV, 286 ; XV, 355.
Sur une autre expression où entre le nom de Judas, en argot
de la Roche, voir Rev. Celt., XV, 345.
LUI. — Langaj kemen'Ér: PETEN ; ROUf, ROUfEN ;
MEILHEN, MILHEN ; KLAK, KLAGEN,
STLAPEN; KOSTENOUR ; LUCHENNEREZED ;
GRAIENNEIN.
I. Voici d'autres mots où paraît la syllabe en : meilhcn,
niilhen, jeune fille; klak adj. sale, klagen personne sale; gourien
bouillie (grouien H. Le G.) ; peten femme de mauvaise vie ;
rouj, roujen honte.
Peten n'a pas le suffixe breton, mais vient du franc, -ain, car
c'est une variante du van. piiteen, gasi-piiteen, pi. putcncd Grég.,
piitcne pi. pHlâié^ett l'A., et". Kpj—âv.x, II, 312; III, 280.
2. ^om/, roujen honte Don., rou^eu id., rou~i'Jc honteux
H. Le G. viennent du franc, rouge, qui a donné à l'argot
rochois l'adjectif de même sens rouch, Rev. Celt., XIV, 271.
Le Jangaj hemenér en a tiré l'adj. composé dirouj effronté (qui
ne rougit pas) : pckn dirouj.
3. Meilhen, milhen hllc, ressemble à l'argot franc, mille
femme, fîlle. M. Bruant donne mille, femme, comme propre à
l'ancien argot. Le dictionnaire de Godefroy traduit mille « pros-
tituée », mais n'en cite que deux exemples argotiques du
xvi'^ siècle. F. Michel regarde comme certain que l'origine de
l'expression est la locution proverbiale « être l'amant des onze
mille vierges », où le dernier mot se supprimait autrefois. Si
cette étymologie est exacre, 1'/ ne devait pas être mouillé; mais
l'explication est loin de s'imposer. Je tiens aussi pour fortuite
la ressemblance du bret. mil-gast que Grég. traduit de la même
façon que gast-puteen, double p..., voir Etudes d'étym. bret., 51
(XX, 14). G. Bouchet, dans ses Serécs (III, 129, éd. Roybet)
explique ce mot mille avec d'autres expressions du « iargon »
« des mattois », comme « picr de lance », boire de l'eau. Je
crois que F. Michel a vu à tort une allusion à ce mot, dans un
autre passage (I, i r8, Roybet = f. 64 v. de l'ancienne édition,
Poitiers, 1585) où l'expression « entendant le iargon » est
appliquée à un dialogue badin sans mélange d'argot; ici mil
veut dire seulement « mille » : c'est la réponse à une équi-
voque semblable à celle du Gascon qui voulait faire croire
qu'une fille à marier avait « mille écus dans lé coffre ».
Un autre rapprochement possible avec meilhen, milhen est
celui de meilk m. pis de vache; grosse et vilaine femme,
Vendée (Lalanne, Gloss. du patois poitevin) ; L. Favre, Gloss.
du Poitou, de la Saintonge et de l'Aunis, fait ce mot féminin,
sans doute avec raison.
Il faut encore signaler l'argot rochois bilhes, vilhes, pi. bilhe::^et
fille, paysanne, sœur, femme, Rev. Celt., VII, 42; XIV, 268,
269, 272, 276; XV, 340, 345 ; XVI, 212, 216. Je l'ai tiré du
franc, fille, mais sans trouver d'autre exemple de la même
altération initiale. On peut donc regarder /'///;<'-<'/ comme tenant
Sur rÉt\moloi;it' bretonne 91
lieu de *iiiill.k\cd, pur suite d'une analogie assez fréquente, le
V étant à la fois la mutation faible de b et de ;;/ : cf. argot rochois
vach vache, car vachc::en une vache, d'où plur. hachezet, Rcv.
Celt., XIV, 276 ; XV, 344; voir aussi 348; XVI, 217; Gloss.,
429.
4. Klak sale, d'où klagen personne sale Don. doit être une
sorte d'onomatopée, comme aussi stlapen la gale H. Le G.,
cf. hret. strak bruit éclatant, en van. boue, crotte, en cor-
nouaillais adj., « se dit d'une fille ou femme à la mode » Trd,
Gloss., 656, 657; claque femme nonchalante, qui se fatigue
aisément, Dict. rouchi-français, 2^ éd., 1826, etc. Cette syllabe,
qui a donné en argot rochois klakes bouillie, a dans l'argot
français beaucoup d'applications diverses. Voir L. Rigaud,
p. 100; Notes d'étym. hret., 200-202, etc.
5. Gourioi, grouien, veut dire, dans le van. ordinaire, « ra-
cine » ; peut-être y a-t-il eu mélange de ce mot avec un *bou-
lien tiré du franc, bouillie.
M. H. Le Goffa recueilli les expressions grouien ront bouillie
de mil (grain), grouien fliiijadeii bouillie de mil (farine);
grouien sil bouillie d'avoine, grouien gornek bouillie de blé
noir; la première est composée de ronl rond; la troisième
imite le bret. youd silet ; la dernière contient l'adj. kornek cornu,
anguleux.
M. Donerh m'a signalé : gourien milioh bouillie de mil (sans
doute plaisanterie sur milioh linot l'A., dérivé de méll mil,
Gloss., 402): gourien voén bouillie d'avoine (mélange du fr.
avoine et du van. moén, voén mince ?); gourien fortu bouillie de
blé noir (d'après le fr. tortu et le van. gunehtu ?) ; gourien chelch
bouillie au lait.
6. Autres dérivés par -en- : kostenour paresseux; luchcnnerc:{cd
yeux (Juchet c luchenneréxed : é ia de biochein regardez ses yeux;
il va dormir Don., lucheré:^ed M. Le G.) ; graiennein gourman-
der, gronder.
Kostenour dérive du van. kosten côte du corps. Cela rappelle
côtes en long paresseux F. Mich., avoir les côtes en long ne pas
aimer le travail L. Rig. ; mais le rapport des idées peut être
différent. M. du Rusquec donne koste:{ennet mis de côté.
Luchenneré^ed yeux, vient de lucbein regarder, voir, qui est
92 /■'. l-'.nuuill.
le van. luchein luire l'A. ; cf. argot franc, reluil œil, dont
F. Michel cite un synonyme trivial reluismit. L'autre mot d'ar-
got louchant (Bruant) n'a rien à faire ici, mais luchcn\ed a
pu être altéré d'après le van. luchcnncin bercer. Cf. les mé-
langes de mots signalés en argot rochois, Rev. Celt., XV,
361, 362.
Graiennein vient peut-être de graillonner cracher ; écrire,
parler Delesalle ; converser à haute voix, en prison, d'une
fenêtre, d'une cour à l'autre, F. Mich,, etc.
LIV. — Laxgaj kemenér : PIOCHEISJ, PIOCHEIN ,
MEL, MELLIOCH ; REZITEN ; DITEIN ; EE-
TEIN; PEUSFETOUR; G'ER FEUS TUEL ; BE-
SAF, PESMELLEK, PES ; SITEIN, 'GONÉSET.
1 . Piochen f. sommeil est dérivé du verbe piochein dormir
Don., piorjeiu id., dihiorjein se réveiller H. Le G., et. l'argot
franc, piausser se coucher, variante de pioncer et de piauler
dormir Rig. Selon F. Mich. s. v. pioncer, « dans l'arrondisse-
ment de Bayeux on se sert de piaucé pour dire couché, et dans
la vallée d'Auge se piausser pour se iiieltre au lit ». Poiir le trai-
tement du ç, cf. lanch de lame eau (XXXIX, § 2). La syllabe
och est, d'ailleurs, assez fréquente en argot. Cf. niel et tnel-
lioch argent Don., mel H. Le G., probablement du franc, maille;
en petit Trég. monoch monnaie par plaisanterie; argot fr.
gourdoche, cinq (rancs, hredoche, broche centime Bruant ;//ork
bourse, argot esp. sacocha poche F. Michel, etc.
2. Re:(iten pi. re^it crêpe peut venir aussi d'un verbe *reii-
tein = redire. Pour le sens, cf. argot rochois esplikasion tolinier
(explication de tableaux), crêpes, par allusion aux tableaux ou
images allégoriques qu'on explique dans les églises bretonnes
pendant les retraites, Rev. Celt., III, 246-248; XVI, 226; cf.
ce passage de la brochure Monsieur l'abbé Le Gouve... et Mon-
sieur l'abbé Le Diot, par R. P. Yves de Plouharnel, Ploermel,
1895, p. 82: « Parmi les sermons de missions [en vannetais,
laissés manuscrits par M. Le Diot] il en est... qui portent le
titre général d'Explication des tableaux. Cette explication... a
Sur rP.tMiioloi^ic bretonne. ■ 93
plus de cent pages ». La plaisanterie rochoise rappelle la figure
qui fiiit, inversement, appeler tartine un « long couplet de
prose ou de vers », dans le jargon des comédiens, un « long,
filandreux et soporifique article politique » dans le jargon des
journalistes, L. Rig, etc., cf. Sarcey, Le mot et la chose, y éd.,
1890, p. 211 : « On dit à cela que ce sont des hommes d'es-
prit qui rient les premiers des tartines qu'ils livrent comme
pâture à la foule imbécile. Je n'en sais, ma foi, rien. »
*Re:;^itein serait composé de ditein, dire Don., H. Le G.,
qui dérive du participe français dit; de même fetein faire Don.,
H, Le G., de fait. Cf. van. refœdein, rcfaidein refaire la viande
sur le gril, la faire revenir l'A., argot rochois vanduin vendre,
etc., Gloss., 244, 571.
3. Pcusfetour, peusfeter fainéant, contient un dérivé comme
le van. torfeioiir malfaiteur, cf. Gloss., 699 ; Notes d'étyin.,
n° 106, § 2, etc.
La première syllabe peus- rend l'idée de -néant ; cf. g'er veus
tuel sans toile de tnel toile Çg' est une variante familière du
van. get avec); er heus ou er veus met sans argent Don., er bes
viel ou pes inel id., er bes peh sans pain, etc. H. Le G.
Ceci rappelle le van. pesluek maladroit, dont j'ai expliqué le
préfixe par le roman bes-, Rev. Celt., XXI, 143. Il a pu se
mêler à mes-, cf. moy. bret. mesfectouryen malfaiteurs, ce qui
aiderait à rendre compte de veus-. M. Berthou écrit en tréc.
meustaol mauvais coup.
D'autre part, cette forme pens- met en péril mon explication
de pes- par bes-, car un tel changement d'initiale ne se montre
qu'en vannetais, et il est tentant d'assimiler ce peus- au mot
non vannetais peus presque, assez, passablement, demi, en
terme de mépris : ^m5 niaro presque mon, peus-foll demi-fou,
pi. ed folâtre, ober e beus-Joll folâtrer, peus-follénte^, pi. ou folâ-
trerie, peus-mad passablement, peus enoret assez honoré, peus
qempen assez propre, peus evet assez bu, peus-douçx_ douceâtre,
doucereux, peus-douç^tcq doucet, doucette, peus-du noirâtre,
peus-velenn jaunâtre, peus-giienn blanchâtre, peus-dall à demi
axeuglc, peus-losqet demi-brùlé, peus-chri^tenn à demi chrétien,
peus-devod demi-dévot, peus-digentil demi-gentilhomme, peiis-
la:{et à demi tué, peus-veo demi-vif Gr. ; peû:( varô presque mort,
ç)4 l^-- ErnauU.
peû^-vad passable, assez bon Le Gon. ; a vané peiii-war-iûn (il)
restait presque à jeun, ms. Conibcau, II, 2, etc. Pestuck peut
contenir le correspondant vannetais de ce peus-, qui lui-même
s'expliquerait par le nioy. bret. peux, peu:;^ élargi ; cf. haut
cornou. dispeu:^ct défait, amaigri, les traits tirés (ab. Besco) ?
4. Des composés de /'^i-, /)t'5 donnés par M. H. Le G. sont:
/v^a/" ignorance dans henneh :;o /;^jrt/^7;7 il nesait rien encore,
pesaf ignorant, pcsajaj gens ignorants, de savein = fr. savoir;
pcjibouick qui n'a pas le bon sens, drolatique, de siboutek qui a
de l'esprit, dérivé de sibout esprit, bon sens (=: van. chiboiitt
piquette, hors de van. ober chibondoii faire des manières, etc.,
Rev. Ccll., XXI, 146, 147); pcsmellek qui se trouve sans
argent, de mellek qui a de l'argent; pesleuch aveugle, de
Juchein voir.
Pcs est aussi une négation répondant au fr. pas, ne pas,
H. Le G., cf. van. pas non ; de là encore cr besen rien H. Le G.
5. Sitcin médire, d'où sitoiir médisant, fém. siieré:;^ Don.,
n'a, je crois, rien à faire avec dilein : c'est plutôt le franc,
citer; cf. v. franc, réciter, rechetier rapporter, tréc restau, voir
Notes d'étym., 89 (n° 60). M. IL Le G. ne donne à sitein que
les sens de défaire et rater; sitein iiicl dépenser de l'argent,
jalohieii sitet gilets manques. On trouverait plus naturel de
passer de « déchirer, gâter » à « médire » ; en fait, le passage
inverse se montre dans le tréc. difam, difom abîmer (ses habits),
haut cornou. difam salir, au propre et au fig., difam eur piac'b
violer; cf. visaich... diffamet visage souillé (de crachats) Doctr.
150; de même en v. franc. (Gloss., 165), cL morvandeau
diffamer déchirer, mettre en lambeaux, etc., voir de Cham-
bure, s, v.
6. 'Gonésel ket ne connaissez-vous pas suppose un inf. *koué-
scin, tiré du radical du fr. connaissant, etc.
E. Ernault.
(A suivre).
-A TAM COMME SECOND TERME
EN VIEUX BRETON
On comprend des formes comme Riatam = Rigotamos, \
cause de la situation particulière de o précédé d'une spirante et
d'une voyelle. Le même phénomène se remarque dans Briavael,
nom complet de Sainî-Brioc, dans le pays de Galles = Brigo-
maglos. On comprend également a pour o dans des formes de
transition comme Catamani pour Catuniani {Inscr. Brit. Christ.),
à une époque plus ancienne. En revanche, a me paraît inexpli-
cable dans des noms comme Conalaiii, Uuoratam, Rumalani
(cart. de Redon; v. Chrestom. brct., p. 120), si on considère
a comme représentant de 0- final du premier thème (*Cinio-
iatiios). Il me semble sûr que ces noms sont à décomposer en :
Con-alLiiu, Uuor-alani, Rinii-atajii. A ta m est le gallois adaf,
main, mot employé surtout en gallois ancien : Aneurin,
Gododin, v. 528 :
mal brwvn yt g\vyd\"nt rac y adaf
« Comme des joncs, ils tombaient devant sa main. »
Ce mot indiquait sans doute la main déployée: v. h. ail.
faciain (Brugm., Gr., II, 164), niaiii = *patniina: la main
étendue.
Pour le premier a, cf. allanoc, ailé, adar, oiseau.
J. LOTH.
LE MYSTÈRE BRETON
DE SAINT CRÉPIN ET DE SAINT CRHPINIEN
SUITE DU TEXTE
Sent
Crcpin et Crepinian âaus leurs boutlique avec des souillier.
Les marchant entre a droit. LE PREMIER marchant /Jar/^.
Chettu marchadouryen ary choas do ' coellet
770 (e)uit prenan bottoo^. Besan o ch-eus re vroet ?
CREPINIAN douant des souillier et ditte :
Ya sur, otrone, re vras a re vian
a so labouret prop a mat da bep vnan.
LE 2C MARCHAND
Me so den libéral', a n-o chipottin quet.
Ma sroat so daouseg poent, chettu ase eur scoet.
775 Ar marchât so fasil ag eset da gompren :
eur reall da pep poent, me na rin-quet ouspen.
Contant on ves ase, a goel marchât so quen.
O peso diguene, mar cuittet o lesen,
mar bet obéissant d-ar pes a liuirin :
780 cridy en Jésus Christ, mab ar voerches Vary,
disquenet ves an effeuit on rediman
ag euit effasin pechet on tat qucntan.
Lusifer beach ail, ar chentan en elle,
drema cho-a releuuet en vhellan degré.
I. Ms. da.
LE MYSTÈRE BRETON
DE SAINT CRÉPIN ET DE SAINT CRHPINIEN
SUITE DE LA TRADUCTION
Scène.
Crêpin et Crêpinien dans leurs boutiques avec des soulier:
Les marchands entrent à droite, le premier marchand parle.
Voici des marchands arrivés encore pour vous voir,
pour acheter des souliers. En avez-vous de faits ?
CRÊPINIEN donne des souliers et dit :
Oui, certes, messieurs, de grands et de petits
qui sont proprement travaillés et bons pour tout le monde.
LE 2e MARCHAND
Je suis un homme généreux et ne vous marchanderai pas.
Ma pointure est de douze; voilà un écu.
Le marché est facile et aisé à comprendre :
un réal par point, je ne donnerai pas plus.
CRÉPIN
J'en suis content et c'est un meilleur marché même.
Vous (les) aurez de moi si vous quittez votre religion,
si vous obéissez à ce que je vous dirai :
croyez en Jésus-Christ, fils de la Vierge Marie,
descendu du ciel pour nous racheter,
et pour effacer le péché de notre premier père.
Lucifer, autrefois le premier des anges,
parce qu'il était élevé au plus haut degré,
2. botoo, probablement variante de hotoio, paires de souliers.
Revue Celtique, XXVI . 7
c)8 Victor Tourneur.
785 a gomeras quemcnt dimes a vanitte
qucn a songe desan oa egall da Doue.
An archcll glorius, ar prins Sant Michael,
en discnras buan diuoar e dron vliell
en flastras en yfern, en creis an abimo,
790 ag eur légion vras deus e gompaignono.
Breman e choel erfat penos es-omp crouct
ebars en resamblans on saluer biniguet,
pehiny so vn doue disling en try ferson,
tat, mab a speret glan, leun a berfection,
795 ag o choellet penos es-omp oll destiner
fo 14 da bosedy ar gloar piny en deus collet,
en deus bet ynuantet nompr bras a doueo,
da abusin an dut gant e faous leseno,
d-o sennan en yfern da vettan, da lisquin.
800 jMalerus och serten mar deut d-o adorin.
duittcct och-idolo a deuet anese ;
credet perfettamant ebars er guir Doue,
en deus crouet ar bet dre brouidans diuin,
vn doue éternel nen defo quet a fin.
LE 5e M.\RCHAND
805 A caeran gras eo dimp besan anaueset
ar guir doue éternel, dign da vesan caret.
N-or boa sonch na preder neinert prenan botto,
p-on neus anaueset Doue, on guir otro.
Biniguet a veso ar momet ag an n-eur
Sic ma s-och deut da Soixon da exers o micher.
Collet a voamp serten, breman e choellomp se,
en fot na anaffoamp ' lesen ar guir Doue.
CREPINIAN
Homan ar guirione^ a so dimp discleryet,
scriuet en on chalon, a n-e hancoaomp quet.
815 A mar o cli-eus amser, me o pet d-am seleou,
a me ^a^gomso dach ves eur misier pe daou.
On tat quentan Adam, o tisobeissan
d-ar gourchemen piny a voa roet desan,
a so ocasion ma rencomp oll meruel,
820 ag e voamp condamnet d-ar poannio éternel,
quen a voa don saluer, eill ferson an Dreindet,
dont d-enem yncarny er voerches viniguet.
Neuse, pa voe ganet Jésus Christ on saluer
er quer a Vettelem, en eur cbraouig dister,
I. atiaffoamp, nous connaissions. Voy. Reine CeJtique, XI, p. 465-466.
Le Mystère de saint Crcpin et de saint Crépinien. 99
en conçut tant de vanité
qu'il pensait être l'égal de Dieu.
L'archange glorieux, le prince saint Michel,
l'abattit promptement de son trône élevé,
l'écrasa dans l'enfer, au milieu des abîmes,
avec une troupe nombreuse de ses compagnons.
Maintenant il voit bien que nous sommes créés
à la ressemblance de notre Sauveur béni,
qui est un dieu distinct en trois personnes :
le père, le fils et le Saint Esprit plein de perfection,
et en voyant que nous sommes tous destinés
à posséder la gloire qu'il a perdue,
il a inventé un grand nombre de dieux,
pour tromper les gens avec ses fausses religions,
pour les attirer en enfer près de lui, pour brûler.
Vous êtes malheureux, certes, si vous les adorez.
Quittez vos idoles et brûlez-les.
Croyez sincèrement au vrai Dieu
qui a créé le monde par sa Providence divine,
un dieu éternel qui n'aura pas de fin.
LE 3e MARCHAND
Ah ! quelle belle grâce c'est pour nous d'avoir connu
le vrai dieu éternel digne d'être aimé.
Nous ne songions et n'avions souci que d'acheter des souliers,
quand nous avons connu Dieu notre vrai seigneur.
Bénis soient le moment et l'heure
que vous êtes venus à Soissons exercer votre métier.
Nous étions certainement perdus ; maintenant, nous le vovons,
faute de ne pas connaître la religion du vrai Dieu.
CRÉPINIEN
C'est là la vérité qui nous a été révélée,
écrite dans notre cœur; et nous ne l'oublierons pas.
Et, si vous avez du temps, je vous prie de m'écouter,
et je vous parlerai d'un mystère ou de deux.
Notre premier père, Adam, en désobéissant
à l'ordre qui lui avait été donné,
est cause que nous devons mourir tous,
et que nous étions condamnés aux peines éternelles,
si notre sauveur, deuxième personne de la Trinité,
n'était pas venu s'incarner dans la vierge bénie.
Alors, quand fut né Jésus-Christ notre sauveur
dans la ville de Betléem, dans une pauvre petite étabie,
?.. On attendrait virione.
100 Victor Tourneur.
82) c-tisqiicnas timat an elle mes an efi,
da ganan melody a gloar d-c vajeste.
Triscg de d-ar goude i, cur stereden brillant
enem aparisaff^ ebars en Oriant.
Try roue p-e goeljont quen caer a lugucrny,
850 a yes da Vetelem euit en adorin.
fo i^ vo Vn try bla a tregont e seo bet er bet nian
a soufr poannio garo euit on rediman.
D-an termen se enta, e oa bet comeret,
voar mené Caluary e oe bet crusifiet.
835 Pa dcsedas Yesus crusifiet er groas,
c heclipsas an eoll, an douar a grenas,
ar vein enem fraillas en lies a andret,
da discoe a oa Doue a voa crusifiet.
Da ben trv de goude, enem resusittas
840 en form a yardiner enem aparissas,
ma chômas voar ar bet daou vguent de goude,
gant e oll ebestel d-o chonfirman er 5 fe :
pignal eure en eff a vene Oliuet,
dirag e ebestel ag e vam biniguet.
845 Quement gredo desan a ymitto e boannio,
a veso euurus vn de bars er yoayo.
Ragse, me o suply, credet en guir Doue,
evurus vet gantan, vn de <e>-bars en cfF.
LE PREMIER MARCHANT
Biniguet da vo (a)n n-eur ma s-och deut d-ar vro man,
830 nin so yluminet gant o comso breman.
\ O vesan anaueset 4 breman ar guir Doue,
ny rey on badey, a heuillo ar guir fe.
Breman on neus cleuet, vue anaueset,
tromplcsono S Satan ag e lesen pecheté.
LE 2e MARCHANT
8)) Cleuet on n-eus breman ar mister glorius
an yncarnasion on redemptor Yesus.
Yesus, dre on charet, so deut voar ar bet man,
conseuet er voerches dre chras ar speret glan,
ag anduret ar maro balamor d-ar pechet.
860 Renonsomp d-an diaoul d-e lesen miliguet.
LE 5« MARCHANT
o peguen abuset eo an dut a viscoas,
1. Expression rare.
2. On attendrait aparisas, au lieu de apai isafj.
3. t'rje, ms. ar fe.
Le Mystère dr saint Crcpin et dr saint Cicpinien.
les anges descendirent prompteinent du ciel
pour chanter louange et gloire à sa majesté.
Treize jours plus tard, une étoile brillante
se montra à l'Orient.
Trois rois, en la voyant briller si belle,
allèrent à Bethléem pour l'adorer.
Pendant trente et un ans, il a été en ce monde,
souffrant des peines dures pour nous racheter.
Après ce terme donc, il fut pris,
sur le mont Calvaire, il fut crucifié.
Quand Jésus mourut crucifié en croix,
le soleil s'éclipsa, la terre trembla,
les pierres se fendirent en maint endroit,
pour montrer que c'était Dieu qui était crucifié.
Trois jours après il se ressuscita,
il se montra sous la forme d'un jardinier,
si bien qu'il resta sur la terre quarante jours après cela,
avec tous ses apôtres pour les confirmer dans la foi ;
il monta au ciel du Mont des Oliviers,
devant ses apôtres et sa mère bénie.
Quiconque croit en lui et imitera ses souflfrances,
sera un jour heureux dans les délices.
C'est pourquoi, je vous en supplie, croyez au vrai Dieu,
vous serez heureux avec lui un jour dans le ciel.
LE PREMIER MARCHAND
Bénie soit l'heure où vous êtes venus dans ce pays.
Nous sommes maintenant éclairés par vos paroles.
Avant maintenant appris à connaître le vrai dieu,
nous nous ferons baptiser et suivrons la vraie foi.
Maintenant nous avons entendu et appris à connaître
les tromperies de Satan et sa doctrine de péché.
LE 2e MARCHAND
Nous avons entendu maintenant le mystère glorieux
de l'incarnation de Jésus notre rédempteur.
Jésus, pour l'amour de nous, est venu en ce monde,
conçu dans la Vierge par la grâce du Saint Esprit,
et il a enduré la mort à cause des péchés.
Renonçons au diable et à sa religion maudite.
LE 3e MARCHAND
O combien les hommes sont trompés depuis toujours !
4. Le premier hémistiche a une syllabe de trop. Prononcez an(a)veset?
5. Iromplesono. Cf. Eni. Ernault, Glossaire du Moyen Breton, p. 634.
6. pechel, ms. pochet.
I 0 2 Victor Touinrur.
on ligne arog dimp, a ny yiie, siuoas!
Guellct pcgiien lies a doue so er bet ;
vn nombr bras a ador ar loar ag ar stcret,
fo 15 865 oU e sint abuset
nen deus nemcrt vn Doue so[cr]o(uer ar bct m|an;
en a gomant pcp tra cn(eff a voar douar),
en a gomant an eoll |ag yuc al loar).
fo 15 LE DEUXIÈME PROLOGUE
Assamble onorabl, compaignones...
870 Me a so digaset eue! ambassadeur
abeurs an actoret, cuit o suplian
da vesan atantif andurant ' an ag man.
Marche
Ma delchet ar siîans, chuy a voello breman
an tourmant ar martir dîmes an daou sant man.
875 pehini a rer de abeurs Maximian,
vn den cri, ynumen. seruiger da Satan.
* Marche
Breman, compaignones, e teuy en-o presans
Maximien, den cry carguet a violans ;
dont ra d-ober conseill buan a, diligeant,
880 balamor da Crepin a da Crepinian.
Marche
Qis a ra messager, hep ober complimant,
bette Rectiouare^, buan a diligeant,
euit ober desan o recherge 5 bars en quer,
a da ober commer pront an daou guereer.
Marche
885 Rectiouare a ra e diligeanso pront
euit o rechenchin bars er guer a Soixon.
I. andurant pourvu durant, avec eu pléonastique. Cf. Em. Ernault, Glos-
saire tttoyen breton, p. 502.
Le Mystère de saint Crcpin et de saint Crcpinicn. lo:
notre lignée jusqu'à nous, et nous aussi, hélas!
Voyez combien de dicjx il y a au monde :
beaucoup adorent la lune et les étoiles ;
tous sont trompés
Il n'y a qu'un Dieu qui est le créateur de ce monde ;
c'est lui qui commande à toute chose au ciel et sur la terre ;
c'est lui qui commande au soleil et à la lune.
LE DEUXIÈME PROLOGUE
Assemblée honorable, compagnie...
je suis envoyé comme ambassadeur
de la part des acteurs, pour vous prier
d'être attentifs pendant cet acte-ci.
Marche
Si vous gardez le silence, vous verrez maintenant,
le supplice et le martyr de ces deux saints
qu'on leur inflige de la part de Maximien,
un homme cruel, inhumain, serviteur de Satan.
Marche
Maintenant, compagnons, viendra en votre présence
Maximien, homme cruel plein de violence.
Il tient conseil promptement et diligemment
à propos de Crépin et de Crépinien.
Marche
Il envoie un messager sans faire de compliment
à Rictiovaire, en toute hâte,
pour lui faire rechercher en ville,
et faire prendre promptement les deux cordonniers.
Marche
Rictiovaire fait toute diligence
pour les rechercher dans la ville de Soissons.
2. Reclionare. cinq syllabes.
3. l'e final de recherge indique simplement que Ic^^ est doux.
I04 Victor Tourneur.
Corner ra harcheryen cuit monet gantan,
lia gonicrct Crepin, c vreur Crcpinian.
Marche
Xcuse Rectiouare pan ym bet comcrct,
890 o (Jies d-an ampcreur (c)Liit bout ynteroget.
Ania respont Crepin d-an ympalacr cruel,
Qucnt vit cuittat Jésus, ve goel gante merucl.
Marche
Maximian arach, ag a ya en coler
o voellet ynt troet gant Jésus on salver
fo 15 \° 895 ma vo con
da laquât
Marche
comand.
o filat
mes na
900 e teu o ba Doue.
Marche
Neuse comander d-e corner o chonteillo
da seuel coreo a het gant o chorfo ;
mes, euit quementse, na reont cas ar bet,
nemert rentan grasso d-on saluer biniguet.
Marche
90s N'euse e cornant choas, an den lach ag yndign,
stagan e<n>-o cherchen choas pep a vin niilin.
o strinquan er renier pinv voa meurbet don ;
ma seuont voar ar vein a donet da Soixon.
Marche
Distaget oent neuse dious ar vein milin,
910 a lacat oar an tan en mesq plom da virvin.
Canan reont neuse da Doue nielody,
ar salme Domine Deiis meus yn te sperauy.
Marche
Mes Rectiouare neuse gant e eston
nem laqua da sellet ebars er choderon ;
91 j dimes ar plom fontet e teu eur strinquaden.
ag a greuf eur lagat desan bars en e ben.
Marche
Lr Mystère ik saint Crcpin et de saint Crcpinicn. 105
Il prend des archers pour aller avec lui
s'emparer de Crépin et de son frère Crcpinien.
Marche
Alors Rictiovaire, quand ils ont été pris,
les amène à l'empereur pour être interrogés.
Ici, Crépin répond au cruel empereur,
que plutôt que de quitter Jésus, ils aimeront mieux mourir.
Marche
Maximen enrage et entre en colère
de voir qu'ils sont du parti de Jésus notre sauveur.
Marche
Marche
Alors on leur commande de prendre leurs couteaux
pour couper des courroies tout le long de leurs corps.
Mais ils n'en font aucun cas,
ils se bornent à rendre grâces à notre Sauveur béni.
Marche
Alors, l'homme lâche et indigne commande encore
de leur mettre au cou à chacun une pierre de moulin,
de les jeter dans la rivière qui était très profonde.
Mais ils montent sur les pierres et viennent à Soissons.
Marche
Ils sont détachés alors des pierres de moulin,
et mis sur le feu pour bouillir parmi le plomb.
Ils chantent alors les louanges de Dieu,
le psaume Domine Deus meus in te speravi.
Marche
Mais Rictiovaire, alors, étonné,
se met à regarder dans le chaudron ;
un jet sort du plomb fondu,
et lui crève un œil dans la tête.
Marche
lo6 Victor Tourneur.
Comandin ra ncuse o laquât da viruin
en eur choderoii ail en nicsq coiibl a rousin ;
ma voent tenet cr mes gant daou ell vcs an eff
920 bars en confusion da Rectiouarc.
Marche
Dimcs ar choderon, pan ynt bet diliurct,
Rcctiouare neuse, euel dcn essanset,
gant arach a fury, a gant confusion,
cncni doU voar e ben ebars er choderon.
Marche
925 Cas a rer messager buan a diligeant,
cuit cas ar chello d-ar pnns Maximian.
f° 16 An dirantet(a)laqua an daou sant er prison,
da chortos cat respont o chondamnasion.
Marche
Pan ynt bet laqueet neuse bars er prison,
930 e stouont d-an daoulin da ober oraison ;
donet a ra daou ell adare mes an eff,
euit o chonsolin dimes abeurs Doue.
Marche
Antîn, compaignones, mo suply ag o pet
da dont d-am vscusin gant cur galon parfct:
95s me va da finissan, ma vo represantct
dirasoch poent a poent ar pus a m-eus laret.
Senne a droit.
Maximian ; Calligo, /^r page ; Olblattin, 2* page ; Trinité, i»-'' prins ;
Abontus, 2^ prins ; Cayaset, ^^ prins ; Albauius, 4^ prins, entre
a gauche.
MAXIMIAN parle.
O Doue Jupiiter, ag Apollon yue,
ary so christennien er vro man adare ;
o choellet quement se a creuuan gant eston,
9^)0 ag o cleuet e heus er guer man a Soixon,
daou a so diguiset en res ' quereeryen,
ag a distro ma fobl bars er Icsen gristen ;
voar sin - goersan bottoo >, e hinstruont anc
1. en res, sous forme de cf. Em. Ernault, Glossaire mo\en breton, p. 567-
2. voar sin, sous prétexte de (^sin, du latin signa), cf. Hm. Ernault, Glas-
Le Mystère de saint Crcpin et Jr saint Crêpinien. 107
Il comni.mdc alors do les mettre bouillir
dans un autre chaudron, dans de l'iuiile et de la résine,
si bien qu'ils furent tirés dehors par deux anges du ciel,
à la confusion de Rictiovaire.
Marche
Quand ils ont été délivrés du chaudron,
alors, Rictiovaire, comme un fou,
de rage, de colère et de confusion,
se jette la tète la première dans le chaudron.
Marche
On envoie un messager prompt et diligent
pour porter la nouvelle au prince Maximien.
Les bourreaux mettent les deux saints en prison,
en attendant d'avoir la réponse de leur condamnation.
Marche
Quand ils ont été mis alors en prison,
ils tombent à genoux pour prier ;
deux anges viennent de nouveau du ciel,
pour les consoler de la part de Dieu.
Marche
Enfin, compagnons, je vous supplie et vous demande
de m'excuser de tout cœur.
Je finis pour que soit représenté
devant vous point par point ce que j'ai dit.
Scène à droite.
Maximien ; Calligo, i'^'^ page ; Olblaltin, 2^ page. Trinité, i" prince;
Abontus, 2e prince ; Cajaset, }<^ prince ; Albanins, 4^ prince, entrent
à gauche.
.MAXIMIEN parle.
O Dieu Jupiter, et Apollon aussi,
des chrétiens sont encore arrivés en ce pays.
En voyant cela, je crève de douleur,
et en entendant qu'il y (en) a dans cette ville de Soissons,
deux qui sont déguisés en cordonniers,
et qui détournent mon peuple vers la foi chrétienne.
Sous prétexte de vendre des souliers, ils l'instruisent
saire moyen breton, p. 62S.
5. boltoo ne peut-être ici pour boloio. Le troisième 0 est de trop.
io8 Victor Tourneur.
(Ja cuittat ma Icsen, a cridin d-o doue.
945 Discsperin a ran o chocllet quenient se,
rag ma reoiit d-ar bobl cridin en o doue.
LE PRINS TRIULTE
Penos, priiis puissant, possibl vc e-ue den
ebars en-o ch-ampir en despet dach o ren ?
Chuy ar puissantan a quement se cr bet !
950 gant Deoclctian chuy a so releuuct '.
Chuy a ell punissan dre o comandcmcnt
ncp na oboiso dach -, ar lesen ni-o po choanl.
MAXIMI.^N
Estonet on meurbet o songeall quement man :
nie eo an ympalaer hanuoet Maximian ;
955 me ? septr a ma churun a m-eus bet reseuet
digani Deocletian ampereur redouttet.
Ma puissans so bras a ma autorittc,
f° 16 \° Quement na gredo dy, a goUo o bue.
LE PRIKS .^BONTUS
Ampereur puissant, mat eo sur o propos
960 Chuy a so eur monarq a ell cat o repos.
Chuy neus cals a prinset a so meurbet vaillant,
a so en-o seruich dan n-eur m-o peso choant.
Comandet pa gueret, ma monarq redouttet,
nin a excciitto quement a ordronet.
MAXIML\X
965 Nen d-eo quct hep reson es-o-me redouttet :
vn nombr a brouinso assur ameus domptet
Ma ampir voa bian cn-e chomansamant,
me meus v ogmantet dre ma chourach vaillant.
Pa gleuet ma gueruel Hercule Maximian,
970 a crene ar Golesct gant eston a gant doan ;
pa gomansis combat, me choneas quentan
Paris, Bourdel, Toulous a castel Montoban,
Languedog a Sascon, Bourges a Rousillon.
a neuse, e campis voar ar guer a Léon.
I. chuy a so releuuct. Ce mot se rencontre dans le Doctrinal par deux fois
avec des acceptions diflférentes : p. 126, Ar inoyennou gvella evit eu an relevy
eux a pep seurt pèchet. et p. 67, An oïl christeuien... a our penos ar verc'hes
glorius Mary o've:;a bet destinel à pep éternité da ve^a Maiii da Doue ha penos er
qualité relevet-sé Doue en em servicha ane^i. De ce dernier passage, il semblerait
qu'il faille traduire ici : avec Dioclétien, vous occupez un rang élevé. Mais,
quelques vers plus loin, Maximien dit lui-même : ma septr a ma churun a
Le Mystère de saint Crcpin et de saint Crépinien. 109
à quitter ma religion et à croire à leur tiieu.
Je suis désespéré quand je vois cela,
car ils font croire le peuple à leur dieu.
LE PRINCE TRIULTE
Comment, puissant prince, serait-il possible qu'il v ait quelqu'un
dans votre empire vivant malgré vous ?
Vous, le plus puissant de ceux qui sont au monde,
avec Dioctétien, vous êtes au rang suprême.
Vous pouvez punir par vos ordres
quiconque n'obéira pas à la doctrine que vous voudrez.
Je suis bien frappé en pensant à cela.
Je suis l'empereur appelé Maximien.
J'ai reçu mon sceptre et ma couronne
de Dioclétien, un empereur redouté.
Ma puissance et mon autorité sont grandes ;
quiconque ne me croira pas perdra la vie.
LE PRINCE .^BONTUS
Puissant empereur, vos paroles sont certes justes.
Vous êtes un monarque qui peut avoir son repos.
Vous avez beaucoup de princes qui sont très vaillants
qui sont à votre service au moment où vous le désirez.
Commandez quand vous voudrez, mon roi redouté,
nous exécuterons tout ce que vous ordonnerez.
MAXIMIEN
Ce n'est pas sans raison que je suis redouté :
j'ai dompté, vraiment, un grand nombre de provinces.
Mon empire était petit dans ses commencements.
Je l'ai augmenté par mon vaillant courage.
A entendre que je m'appelle Maximien Hercule,
les Gaulois trembleraient d'émoi et de crainte.
Q.uand je commençai à combattre, je gagnai d'abord
Paris, Bordeaux, Toulouse et le château de Montauban,
Languedoc et Gascogne, Bourges et Roussillon,
et alors, je campai dans la ville de Lyon,
))i-eus bel reseitet iligant Deocletian, ampereur redouttet. Il paraît ressortir de ce
passage que releuuet pourrait avoir ici une autre acception encore : celle de
relever de quelqu'un, au sens féodal de l'expression. Le sens général semble
réclamer la première traduction proposée.
2. nep na obéir 0 dacb ar lesen iii-o pochoanl doit probablement être corrigé
en lu'p lia obeiro () syïï.) dar lesen m-opo choant.
j. .\u lieu de ma, peut-être par influence de Ve de septr.
I lo Victor Tourneur.
97) Perugor. Saintonge, Lorainc ag Anjou,
Oleron a Bayone, Piquardy a Pocttou,
an oll duclieo man a m-eus bet coiiqucret :
ma s-on breman nionarq voar an oll Goleset.
CALLIGO, \^r page.
Monarq bras, puissant, biscoas na voe hiny
980 en mesq ar Goleset quer redouttet a chuy.
Puissant och serten dre chras on douco,
da vcsan conqueret quement a ducheo.
MAXIMIAN
Jupiter, Apolon a Mercure yue,
dach e tougan respet a pep fidellitte.
985 Breman, ar Goleset a renquo o caret,
duement n-o respeto, a veso punisset.
Nep na gonsidero ar buissans, ar gloar
o cheus aquisittet dre oll voar an douar,
quement na gredo quet e s-ochu galloudus
990 dreist an oll doueo, me o rento rento confus ;
a posipl ve eur oes na deufen-quet en pen
da distrugean eur oes lesen ar gristenien.
Me a meus massacret vn nombr bras a nese.
Choas o liquin dar maro pan ariuin gante,
(o 17 993 Entre areman oll, a voa pemp anese
a oa re auurtet da gridin d-o doue :
Q.uintin a Lusian, Rufien, Valaire,
ag vn ail voa hanuet ar vaillant Eugène.
Mar caryent ma chridin, e vije cuittet
1000 an tourmancho cruel o deus bel anduret,
a ma vigent bet fur, me bije int rentet
ar re yminantan en mesq ma oll brinset.
Nombr a dignitteo em boa ofFret dese ;
o disprisan a rent, ober goab anese.
OLBLATIN, 2° page.
100) Vertuus eo o toue, ma monarq souueren,
puissant och yue, bepret e teut en pen
mes o ch-adversouryen, ma monarq redouttet,
en quement antrepris och-eus antreprenet.
A mar carvent sentin, cridin d-o toueo,
loio en defoa exantet nombr bras a dourmancho.
Le Mystère de saint Crcpin et de saint Crépinicn.
Pcrigord, Saintonge, Lorraine et Anjou,
Oléron et Bavonne, Picardie et Poitou,
tous ces duchés, je les ai conquis ;
si bien que je suis maintenant le souverain de tous les Gaulois.
CALLIGO, i" page.
Grand et puissant monarque, jamais personne ne fut
parmi les Gaulois aussi redouté que vous.
Vous êtes certainement puissant par la grâce de nos dieux
pour avoir conquis tant de duchés.
M.\XIMIEN
Jupiter, Apollon et Mercure aussi,
je vous porte respect et entière fidélité.
Maintenant, les Gaulois doivent vous respecter.
Quiconque ne vous respectera pas sera puni.
Tous ceux qui ne considèrent pas la puissance, la gloire
que vous avez acquise partout sur la terre,
tous ceux qui ne croiront pas que vous êtes puissant
par-dessus tous les dieux, je les rendrai confus.
Serait-il bien possible que je ne vienne pas à bout
de détruire une fois la religion des chrétiens ?
J'en ai massacré un grand nombre ;
J'en mettrai encore à mort quand j'arriverai sur eux.
Parmi tous ceux-ci, il y en avait cinq
qui étaient très obstinés à croire à leur dieu :
Quentin et Lucien, Rufien, Valère,
et un autre qui était appelé le vaillant Eugène.
S'ils avaient voulu me croire, on aurait évité
les supplices cruels qu'ils ont endurés
et s'ils avaient été sages, je les aurais rendus
les plus éminents de tous mes princes.
Je leur avais offert nombre de dignités ;
ils les méprisaient et s'en moquaient.
OLBLATIN, 2e pU^e.
Votre dieu est puissant, mon roi souverain,
vous êtes puissant aussi; toujours vous venez à bout
de vos adversaires, monarque redouté,
dans toute entreprise que vous avez tentée.
Et s'ils avaient voulu obéir, croire à vos dieux,
on aurait épargné un grand nombre de supplices.
Victor Tourneur.
(A suivre.)
AVERTISSEMENT
Le directeur Je la Revue Celtique, retenu au lit depuis plus de deux mois
par une indisposition, est oblige de renvoyer au numéro d'avril la chronique
et les périodiques. Il se borne aux annonces suivantes :
I
Le 50 juin dernier, en une séance publique de l'Académie royale des
sciences de Prusse, M. Zimmera été installé comme membre de cette compa-
gnie savante. Dans un intéressant discours qui forme trois pages des comptes
rendus, il a exposé l'importance des études celtiques, et il a raconté leur
histoire pendant le siècle qui vient de finir ; il a insisté avec raison sur la
valeur considérable de la Gramtimtica celtica due à C. Zeuss. Quelques per-
sonnes regrettent qu'il n'ait pas signalé en quelques lignes les améliorations
introduites dans l'œuvre de Zeuss par Ebel, quand ce savant, dont la mort
prématurée a été si regrettable, a donné la seconde édition de la Grammatka
celtica,
II
Est arrive au bureau de la Revue Celtique : Keltische Sprache von Ernst
WiNDiscu, savant mémoire extrait du tome I^""^ 2' édition de Grôber,
Grundriss, Strasbourg, Trùbner, 1904, in-S", 34 pages.
Y sont aussi parvenus les ouvrages suivants :
Hubert Thom.\s Knox, Notes ou the early History of the Diocesei 0/
Tuam, Killala and Achomy, Dublin, Hodges, Figgis and Co., in-8, 1904,
XVI-410 pages.
Salomox Rein.ach, Apollo. Histoire générale des arts plastiques, Paris,
Hachette, 1904, in-i6, 348 pages.
Salomox Rein.\ch, Cultes, mythes et religions, tome I<=% Paris, Leroux,
1905, in-8", 467 pages.
Au même bureau sont venues sans indication d'auteur les feuilles l, m
d'un dictionnaire géographique irlandais, in-4", à 2 colonnes qui paraît être
une oeuvre savante. On désirerait connaître le titre de cet ouvrage et
savoir quels en sont l'auteur et l'éditeur.
Paris, le 20 janvier iqoj.
H. d'Arbois de Jub.mn'ville.
Le Propriétaire- Gérant : Veuve E. Bouillon.
Chartres. — Imprimerie Durand, rue Fulbert
SUR L^ÉTYMOLOGIE BRETONNE
(Suite.)
LV. — Langaj kemenér : -JRD, PETARD, KOKARD ,
GIN, GINIARD; RIARDEIN ; RICHAUD, PIRAUT;
PO USA UD , TA EL A UD ; ERIK A UTEIN , PENO T-
TEU, RACHEBUS ; BREKEZ , BREKAD ; KAP ,
KAPON; JALONIEU, POKELIN.
1. Les autres dérivations du même argot ont peu d'origi-
nalité. Nous avons vu -ard d^ns fana rd chat; piard ivrogne;
il faut ajouter: gin, giniard diable; hokard œuf, pi. kokarded,
kokardigeu ; pétard tète Don., et les verbes rinrdein rire, joardein
jouer H. Le G., du fr.
Pétard est l'argot franc, pétard derrière F. Mich., Deles.,
Rig., Bruant, etc. ; le changement de sens a été facilité par
l'équivoque du bret. pen qui veut dire « tête » et « bout » ; ce
qui fait que par plaisanterie on appelle en Tréguier la tête
ar pen hoeta « le bout par où l'on mange » ; et l'autre partie
du corps lukann pen-pi^non, la lucarne du bout du pignon ;
cf. Kp--izix, VI, 43 ; VIII, 288.
2. Kokard œuf, pi. ed, igeu vient de coquard œuf, dans l'argot
des enfants, Delvau, Dict. de la langue verte, éd. Fustier ; av^r,
Duez, 1678 (Rolland, Eaime popul., VI, 10); cf. la forme plus
répandue coco, dans le midi coucoiin Mistr., etc.
3. Gin, giniard diable sont inséparables de qinard que le
P. Grégoire donne comme l'un des noms burlesques du diable,
et que J. Moal écrit kinard. J'ai comparé le v. fr. (juin, singe, etc.,
Rivue Celtique, XXV J. 8
114 E. Ernaiilt.
Méliisine, VI, 65 ; voir aussi plus haut, n°^ XXXI-XXXIII.
L'ancien argot franc. g}i)iel (et glier, i^Ik'ct F. Mich., ^iiielicl
Delcs., etc.) est différent. M. H. Le G. donne gin, kinton
diable. — Voir jaUharden, LX, § i.
4. Dans ricbaud riche, nous avons une autre terminaison,
sur laquelle on peut voir Rev. Cclt., XVI, 220-224; cf. plus
haut, LI, § 5 .
Pilant père est peut-être une déformation analogue du mot
français. Cf. aussi kouraut, LI, § 14.
Pousaud goulu H. Le G. paraît venir du fr. pourceau.
Taflaud gourmand H. Le G. est le même, sauf le suffixe,
que le van. tafleg m. gourmand, celui qui essaie de manger
vite, au risque de se brûler le palais ; mot que m'a appris
M. l'abbé Buléon.
Frikauîein frire, fricasser H. Le G. rappelle le fr. fricoter;
frelettein id. H. Le G. doit aussi dériver de frire.
Peuotteu pièces de monnaie H. Le G. rappelle la finale de
:(o:^tte argent Bruant, etc.
5. Rachebus prêtre vient de rasihus tout près, tout contre,
au ras, dans l'argot du peuple, Delv., v. {ï. faire rasihus raser
God., Couipléin.; dans le Midi heure à rasihus boire à rasades,
Mistr., argot fr. la veuve Rasihus, guillotine Deles. ; cf. rasé,
ratichon prêtre F. Mich., ra-{is Deles., rase Bruant, etc. ; argot
rochois raton, Rev. Celt., VII, 48; XVI, 215. Sur la termi-
naison latine -ihus en breton, voir Éludes d'etym., 67 (n° XXXI
bis).
6. Le rapport de breke^ poche, à brekad pochée, foit soupçon-
ner dans -^^ la terminaison -es d'un pluriel français; le mot doit
être le haut breton briques culotte, d'où le petit tréc. hrike:{en
jambe d'un pantalon; voir Noies d'étyiii., n° 105, § i, 5 ; cf.
van. de Pluméliau hrekeu culottes. Le mot hacreusc f. poche
(français populaire, qui viendrait de basse et creuse) selon Deles.
doit être différent. M. H. Le G. donne fragouseu et feké:^eu
culottes, mots qui peuvent être des déformations de *bragc:;eu.
7. La dérivation paraît encore intéressée dans le cas de kap
et kapou jeune homme; er hapon sen ::^ou ur hach ce garçon est
méchant. Mais il est probable qu'ils viennent respectivement
des mots d'argot franc, cap surveillant du bagne, et capon filou.
Sur rEtymologic bretonne. 1 1 5
Lorédan Larcliey, Dictionnaire... de l'argot parisien; dans le
Midi eapo libertin, débauché, chenapan, et capoiin fripon, polis-
son, gueux, coquin, vaurien, iMistr. ; capon membre de l'une
des catégories du compagnonnage argotique, F. Mich.; capon
écrivain Le jargon on langage de l'argot réformé, nouv. éd.,
Épinal, p. 8, d. 33 : « capons, sont les écrivains de la tripe-
rie », etc.
8. Jalonieii gilets, pokelin pochette H. Le G. semblent les
mots franc., avec changement de suffixe.
LVI. — Laxgaj kemenér: ELTIS ; GOUS, HOUS ;
KROÉZ; JI, JINS; CHALEZ, CHELCH ; HUILEIN ;
VILAJ; FRED ; BONN; CHEMIZ ; JOUR.
1. Parmi les autres mots de ce jargon qui se retrouvent à
la lois dans l'argot de la Roche et dans l'argot français, le
plus important est ellis pain Don., herté;^ H. Le G., roch.
ellris, eltri:^, ellresen, e}tre:;en, eltreso, de l'argot fr. artis, etc.,
Rev. Celt., VII, 43 ; XIV, 271, 273 ; XV, 344 ; XVI, 213. On
voit que le langaj kemenér est plus près de l'origine que le
tunodo; 1'/' a dû être ajouté par celui-ci sous l'influence de
l'autre liquide /, cf. moy. bret. goultenn, goultrenn (anon de
taureau, léon. benltrin bulletin, etc., L'épenthése des liquides en
bret., 38 (§ 47), et n'a rien à faire avec la terminaison du
fourbesque artibrio et de l'argot espagnol artifara (F. Mich.,
17, 425). Les deux argots bretons sont également archaïques,
en ce qu'ils ne présentent pas l'agglutination de 1'/ initiale,
qui a prévalu dans l'argot franc. : artie, artif, arton (et arlois,
artiffe Deles.) ont été remplacés p^r lartie, lartif, lartille, larton
(Bruant). M. Mistral ôionnt artoun, fl!;'/o?< (auvergnat, rouergat
et vivarais) pain grossier, en style familier.
2. Il faut ajouter ,j^o«^^ bous nourriture, housein se nourrir,
manger, housein gotis manger sa nourriture, argot roch. c'housa,
c'housan manger, c'housach, cusacb aliment, nourriture, ouser
mangeur, Rev. Celt., VII, 42; XIV, 268, 275; XV, 344;
XVI, 215, 218, de gousser manger, que Bouchet attribue à
M 6 E. Ernaiilt.
l'argot et F. Michel à l'ancienne langue populaire ; mot aujour-
d'hui inusité, Bruant. L'initiale régulière gou-, partiellement
gardée par le langaj kemcncr, a été remplacée en tunodo par
deux formes de sa mutation fiiible : c'1)ou- et on- (ce dernier
avec l'article ati).
3. Un mot mieux conservé aussi par l'argot vannetais est
kroc^ m. maison : seïlet peh sort krot\, voyez quelle maison ; cr
veilbeti ag er hroé:{^ e :^yu ur gachel la fille de la maison est mau-
vaise; d'ur hroé:(^ ni (il vient) chez nous Don., er hroi% er hoé^
la maison H. Le G. ; les Rochois ont généralisé la forme
c'hoiu\, pi. c'houéjo, de l'argot fr. creux, anciennement crues, cf.
van. krouis creux adj., krouisen creux (d'un arbre), retraite
(d'un chat-huant); Rev. Celt., VII, 42; XIV, 278; XV, 340,
341, 359; XVI, 213, 216, 218, argot fr. creux logis Deles.,
maison, logis quelconque, « les voyous anglais disent de
même ken, apocope de kennel » (trou, terrier) Delv. ; dans le
Midi croso, croueso (marseill.) f. creux, cavité d'arbre, trou,
terrier, repaire, grotte Mistral.
Aucun radical ne commençant en breton par c'br-, la chute
de Vr est une conséquence naturelle de la généralisation de
(ar) *chroue:{ = argot van. er /;;w':^. Notons cependant que ar
c'houe^ pourrait reproduire aussi un autre type ancien, M. Bruant
donnant comme vieil argot couès et coys maison (ces mots
manquent à F. Michel, L. Rig., etc.).
4. Les pronoms se remplacent par le substantif de sens vague
ji: g'i ji avec lui, piennek hou chi vous êtes ivre H. Le G. ; é
ma er biochen get hou chi vous avez sommeil, hou chi hui dé ket
ur bachot? n'étes-vous pas méchant; on dit aussi er ji sen :^ou
un luniour, c'est un voleur, luchet er ji sen voyez cette personne ;
plur. .<•;■;/('« sen et er jins sen ces gens-là, termes de mépris :
er jieu soi :^ou kacheri ces personnes sont méchantes; het e :;^ou
jins c farcin, il vient du monde. Nous avons là le correspondant
du rochois jes dans ma jes, me jccb moi, bon jes, cm jes, ont
je::^, oui jejo, oui jecho nous, ho ches vous, cf. argot tr. vos is,
fourbesque vosiriso vous, argot des peigneurs de chanvre du
haut Jura ton:;j toi, /;/t)»;^/ je, moi, etc., Rev. Celt., VII, 44;
XIV, 269, 270; XV, 341. L'argot vannetais a mêlé ce mot avec
le franc. gens.Jinj homme p\. jinjcd H. Le G. a pu aussi subir
Sur rPjymologie bretonne. 1 17
l'influence du mot siinrc, cf. Rev. Cclt., III, 51. Voir encore
LX, §6.
5. D'autres mots, communs aux deux argots de Bretagne,
doivent avoir une origine différente.
Chah\, chclch lait ; chclch Janard lait doux ; goiiricit chclch
bouillie au lait Don., jal, jclé:{ lait, jelichaù potage de lait caillé
(de jelé:^et fr. chaud, en van. Jch berùei) H. Le G., = roch.
jarlas, jarles du nom Charles ? Rev. Celt., XIV, 273 ; XV,
362. Il est possible que Vr du rochois ait été ajouté. La res-
semblance avec hx lait doit être trompeuse, ce mot étant en
van. le ah.
6. Huilein voler, huilour voleur Don., H. Le G., corres-
pondent à l'argot rochois c'houila, chonilah travailler, c'honiler
pi. ien travailleur, mercenaire, serviteur, c'houil travail, Rev.
Q//., VII, 42; XIV, 272; XV, 338; XVI, 213, en bret.
c'houilia fouiller; voir Notes d'étym., 87, 88 (n° 58).
7. Tiirnein voler, tuniour voleur paraissent venir de Tancien
argot fr. tuner mendier, tuncur mendiant F. Mich., Bruant,
d'où rochois tuuodi parler l'argot de la Roche, tunodo argot,
propos en argot rochois, bret. tun, espièglerie, tour d'adresse,
ruse, tuna gagner par ruse et subtilité Pel., etc., voir Rev. Celt.,
XIV, 282; XV, 338, 339, 346; XVI, 216, 218, 220, 223.
L'addition de Vr a pu se produire d'abord dans *tunour, cf.
Epenthèse, 36, § 44.
8. Vilaj ville H. Le G. vient du fr. village, cf. roch. vilach
la ville, La Roche-Derrien, Rev. Celt., VII, 50.
9. Fred froid diffère du roch. froa en ce qu'il représente le
fém. froide; cf. Rev. Celt., XIV, 271 ; XVI, 232.
10. Bonn bon Don. (à côté de bon H. Le G.) parait être
dans le même cas; le rochois n'a que bonbon ognon, en bret.
bonbon, Rev. Celt., XVI, 231. On dit en petit tréc, boiln,
comme interjection:
Alo, bonn !
Tri 'lansal, pevar 'sohn !
Allons! bon! Trois qui dansent, quatre qui font de la mu-
sique !
10. Chenii^ chemise Don. = roch. chemis, voir Rev. Cell.^
1 18 E. Ernaiilt.
XVI, 232; jour jour, Ion long H. Le G. = roch. id. Rev.
CeJt., XIV, 273; XVI, 215, 233; voir plus loin, LX, § i.
Le pet. tréc. a l'expression rein jour d'hi choef « donner du
jour à sa coiffe », l'ouvrir largement.
LVII. — Laxgaj kemenér: TRUCH, TREK, ABIN,
DAF, PAFEN, FOIGNEIN, INTERMEIN.
Parmi les mots du Jaiigaj kemenér qui manquent au
rochois, il y en a d'origine argotique. Ce sont:
trnch mendiant, pauvre, cf. bret. truchen gueuse, coureuse
Pel., argot fr. i ruche itx gueux, etc., Rev. Celt., XIV, 289;
trek pi. ed mendiant, pauvre, cf. argot fr. truc manière de
voler, pet. tréc. trui manière de s'y prendre, Rev. Celt., XV,
367 (et argot fr. triquet mouchard, Deles. ?) ;
ahin chien; homme chiche Don., albin chien H. Le G., cf.
argot fr. babi>i, h.ippin, huhin chien, happine chienne, habiner,
bappiner mordre Deles., etc. L. Larchey voit dans ce mot un
dérivé de happer; pour l'emploi figuré, cf. chien pour avare,
Deles., etc. ; sur l'addition de / dans albin, on peut voir Epen-
thése, 33, § 41;
intermein comprendre, cf. argot fr. enterver Deles., mot
suranné, remplacé par entraver (Bruant) ;
foigmin se fâcher H. Le G., cf. argot fr. fogner aller à la
selle, V. fr. fongner gronder, faire la mine, Fr. Michel 168;
daf peur, cf. argot fr. laffe m. id. « pour taffetas,... du bruit
que fait cette étoffe, sorte de frou-frou, de frisson, qui a fait
le mot frousse » Deles., taf m., tafferie, taffetas id. « d'une
expression proverbiale ainsi rapportée par Oudin: Les fesses luy
font taf taf ou le cul lui fait tif taf... il tremble de peur, »
Delv. ; tafe, tafferie, taffetas id. « de l'allemand taffen ». L.
Larchey (je ne trouve pas ce dernier dans Sachs- Villatte, qui
donne au Supplément îrAï\ç. taf-taf m. synonyme de taf); taf,
individu qui a peur de son ombre Virm. Daf vient de *en daf,
mutation de *taf féni. ; c'est le genre du mot dans le Midi :
M. Mistral donne (en le tirant de -xo:;) tafo (tiifo, tùf) f.
frayeur, dans les Alpes; avé tafo, ave la tafo, avoir peur; fifo-
Sur VÉtymologie bretonne. i 19
tafo, ///-/il/ (dauphinois) m. et f. tic-tac, Ion cor me fai tijo-tafo,
le cœur me bat; quand sa lifo-tafo loii pren, quand sa marotte
le prend. M. H. Le G. donne pafen peur, /)rt/t'w/c peureux, ce
qui doit être un autre onomatopée, cf. argot fr. pafixYc, paf-
fcr enivrer L. Rig., etc.
LVIII. — Langaj kemenér : BLAKCHEIN , FOR,
GAGNEIN , KRELLEIN , PAÙITÉ , POBITÉ ,
AOTED, KROKAND, KOUTREIN, KOUTRERÉZ,
MINK, MÉNDARD.
I. D'autres mots non employés à La Roche sont pris au
français :
blanchein ne rien faire, être au repos, blanchotir ^d]. pares-
seux H. Le G., cf. fr. blanchir (dans l'argot des journalistes,
faire des lignes très courtes Deles.); ctrc voué au blanc « se
dit, dans l'argot des faubouriens, d'un apprenti qui n'aime pas
à travailler... » Delvau, cf. rochois blaîich blanc, Rev. Celt.,
XIV, 271;
chèckein gous mendier (chercher sa nourriture, bret. klask
boed) H. Le G., sur les représentants bretons de ce mot fran-
çais, voir Rev. Celt., XII, 418; Études vannetaises, p. 49
(III, 22);
for très, après l'adj. H. Le G., du ir. fort (le van. emploie ad
même sens forh, avant l'adj.) : piennek for très ivre, pesafor très
ignorant (le rochois a /or comme adj., Rev. Celt., XVI, 232);
gagnein gagner H. Le G., cf. bret. moy. et mod. gaign
charogne; proie (des chiens), etc., Gloss., 251 ;
kourein courir H. Le G. ;
krellcin gronder H. Le G., du fr. quereller, cf. plus haut,
XL, § I ;
manier mains H. Le G., avec un «f gardé exceptionnellement,
d.gerhiéretgarhicrhaits,Ztschr. f.cell.Philol.,1, 233,234, 236;
paùité, pobité pauvreté H. Le G., cf. paufen pauvre LU, § 2;
pleurein pleurer H. Le G. ;
120 E. Ernaiilt.
portein porter H. Le G., cf. Gloss., 505 ;
er rien rien H. Le G. ;
sifet oui H. Le G., du fr. si fait ;
sou s. soûl, (son) content : ni e housoii hiir son nous mange-
rons notre content ;
tonbcin tomber H. Le G. ;
trouvein trouver H. Le G., cf. tréc. trouve enfant, surtout
enflmt naturel, du fr. trouvé, Kpj-Txo'.a, VI, 67;
vandcinvcnàxQ H. Le G., cf. roch. vahduih, Gloss., 571;
~euet des œufs H. Le G., on peut comparer ~t>// vous, de
vous autres, dans le parler nègre des Antilles (Faidherbe, Revue
Scientifique, 26 janv. 1884, p. 106).
Juan ignorant H. Le G. semble être le fr, chouan.
2. Aoted hôtes, clients H. Le G. a changé ô en ao, ces
deux sons alternent parfois dans les sous-dialectes vannetais.
Ce doit être le même mot que ijaiid homme, pi. hauted
H. Le G.
3. Krohand m. pi. ed richard, du fr. croquant, est déjà signalé
par Grég. : « dans le bas Van. ils disent... crocqant. p. crocquanted.
crocqant bras, crocqanted vras. termes qui sont injurieux ail-
leurs ». En petit Trég. krokahn se dit d'un riche paysan.
M. Vallée m'apprend que krokaîit existe aussi en Goello; c'est
une sorte de sobriquet, spécialement dans krokanted Louargat,
les riches cultivateurs de Louargat.
3. Koutrein coudre H. Le G., koutrcr Don., H. Le G. pi.
koutrerion couturier, tailleur, koutreré:{ couturière Don., koutri-
^ion tailleurs, koutrcTiXinghrt H. Le G., vient d'un v. fr. coutre,
resté dans le patois de Guernesej^ ; d'où le morvandeau coutrére
couturière; A. Darmesteter a expliqué, Rev. critique, 1880,
II, 89, coudre, cosdre, par le lat. populaire cosverc, et coutre,
*costre, par *cosere, en rappelant tordre = torkvcre à côté de
chartre = carcerem.
4. Mink faim peut venir du fr. manque; cf. petit tréc. fôt,
id., du fr. faute. Cependant M. H. Le G. donne méndard
faim, mendard de vrifein besoin de manger, qui rappelle plu-
tôt le van. mihtard, mitard froid, froidure, mot burlesque
(Grég.). En petit Trég. paourahté pauvreté veut dire aussi
froid.
Sur rÉtymologic bretonne. i 2 1
LIX. — Langajkemenér: FAREIN ÉN DAS ; BUZEN,
BARK, TAKONNEU, GROH, SKOSEIN, DOUL-
MEIX, TALPEIN.
1. Farci)! venir: tir rachebus é fa rein un prùtre vient Don.,
aller, donner, porter (j?i à boire; farciii inel payer) H. Le G.,
est, je crois, le haut hxQl.farer, qui paraît se rattacher à l'angl.
io fare.
2. Farein en das fuir; mettre en fuite H. Le G., s'en aller,
er homrnel far't en das la maîtresse de maison est partie Don.,
contient l'argot franc, dache, déformation de diable, plutôt que
le singulier d'un nom fém. *tas espace d'où le plur. un taieu
am:(ér, ou simplement nn fa:^eii il y a longtemps (à Baud),
voir Epenthèse, 12, § 15 : cf. envoyer à dache, envoyer au diable,
envoyer promener Rig., Delv., et la rime de das en ach,
LX, § 2.
3. Bii-:^en, bnjcn travail, kach vic^en mauvais travail, bujei-
gnein, bu:^eignein travailler ferme Don., rappellent le haut bret.
busotter, s'amuser h. des riens; mais l'origine doit être le fr.
besogne: M. H. Le G. donne be^oign m. travail.
4. Bark écuelle, barkad écuellée, est le bret. bark barque,
d'origine française, détourné de sa signification, cf. rochois
batimaiicho vagot ou hoal « bâtiments de bois », sabots, voir
Rev. Celt., XIV, 277; Sauvé, 864 : Boutaouer koad a ra bepret
Listri da gas tiid da gachet.
5 . Pod pot, a pris le sens de ventre, derrière ; de là charj-i-
bod (pour *karg-é-gov), gourmand, glouton qui charge, remplit
son ventre.
6. Takonneu boutons H. Le G. = van. takoneu pièces pour
racommoder.
7. Groh viande Don., H. Le G. (cf. grahin, LX, § i) est
sans doute le van. groh grotte; cf. le fr. viande creuse.
8. Skosein tuer, mourir, skosel e il est mort, er skos la mort
Don., skosein mourir H. Le G., sont inséparables de l'expres-
sion signalée par Grég. mônet a ra da scoçt^ « cet homme dépérit
122 Ë. Ernaiilt.
à vue d'oeil, sans espérance de retour... parce qu'ancienne-
ment les Bretons qui alloient en Ecosse pour aider les Ecos-
sois à se défendre contre leurs ennemis, y perissoient tous,
sans qu'il en revint aucun » ; à Saint-Mayeux et da Skos réduit
à sa plus simple expression, ou à rien, Gloss., 609. Grég.
renvoie à viciUot, qu'il traduit da::^co':{^ pi. ed et a::^co^ pi. ed,
mais l'autre étymologie ainsi suggérée est incompatible avec
la forme vannetaise skosein, ce dialecte prononçant koh, koiih
et koiioh vieux.
9. Douhnein se fâcher H. Le G. doit tenir au van. dolmet
(bois) pourri, devenu mou comme de la mie de pain.
10. Talpein vomir H. Le G. = van. talpein crever l'A.; se
dit aujourd'hui d'un abcès, ou d'une bète qui meurt. Bullet en
rapproche, peut-être avec raison, le franc-comtois taper crever
(en Saône-et-Loire faire du bruit, éclater Fertiault, en mor-
vandeau crever avec ou sans bruit, de Chambure v. tapereai, etc.,
tr. tapage). De Chambure rapporte le morvandeau talipon, talpon
tapon, tas, masse confuse à la même origine que taper, en com-
parant le normand taponner, tamponner tapoter, à Rennes tam-
ponner toucher à tout, etc. (cf. Kœrting-, 9317, 9371, 9374)-
Il a aussi le v. n. détaiipencr « se dit d'un animal à l'agonie
dont les membres, surtout les pattes, s'agitent convulsive-
ment », qu'il tire du nom de la taupe, mais qui pourrait bien
être un indice d'une variante française talp- de l'onomatopée
allemande :[appeln.
LX. — Laxgaj kemexér : CHOUR, GARDEFRÊZ,
GARIX, OURI, HUITENBOUr, KOULIÉR, LOGE-
JOUR, LOUPEIN, SELPEIK.
I. Voici d'autres mots d'origine diverse et parfois obscure.
hèten ou bJèten crêpes H . Le G .
r/;fl//;' vilain, malpropre, r/v/zr/Vw malpropreté H. Le G., cf.
pet. tréc. choulou, choulon gés femme sans soin, aux habits en
désordre {Rev. Celt., IV, 150)?
gardefrCy^ épithète ironique et injurieuse à celui qui regarde
Sur rEtymologie bretonne. i 25
un autre travailler, au risque de le gêner H. Le G., la pre-
mière partie de ce mot paraît être le franc, garde.
gcirin pi. ed poule; combinaison de iar avec le nom propre
franc. Guérin ?
gedik petits enfants H. Le G.
houri, ouri homme; cf. pet. tréc. ouristal original, drôle
d'homme ? On lit l'expression injurieuse horistal fall ! dans
Trajcdi Moy^es, 183.
huitenbout eau-de-vie; rappelle d'un côté le pet. tréc. c'houis-
tantin philtre amoureux, de l'autre le van. chiboiid piquette,
boisson de marc.
jelip soupe, jelip lanch ou jelip lanchen soupe d'eau Don.,
jalip, jelip soupe, jalibarden grahin soupe de viande, jalibarden
verlinjcn soupe de lait doux, jalibarden kalchen soupe de lait
doux coupé d'eau (van. poiitacli) H. Le G.
kojan poux, kojannek pouilleux H, Le G.
kouliér, koultier agriculteur H. Le G., cf. haut bret. couyer
paysan, mot presque injurieux, bret. kouer, etc., voir Rev. Celt.,
XIV, 283, 284?
lai if oén eau-de-y'ie H. Le G.
logejour paresseux; M. Donerh y voit un sobriquet = *long
é jour le jour est long, ce qui est confirmé par ce dicton de
tailleur qu'a recueilli M. H. Le Gofî":
Pesgroh, pesrnellek,
Lon jour ha tartennek.
(Je n'ai eu) ni viande, ni argent, (mais), longue journée et
(rentrée) tardive. Voir LVI, § 10.
loupein battre de quelques coups H. Le G., cf. cornou. lopa
frapper fort Trd, Mil. uis ajoute: « et avec bruit, frapper dur,
donner des coups, lopa gant un hor^, lopa a daoliou dourn, a
daoliou ba:^ » (frapper avec un maillet, frapper à coups de poing,
à coups de bâton) ; « lop s. m. peu usité, application d'un coup
bien envoyé » ; M. du Rusq. donne lopa frapper très fort,
lopadek m. coups fortement appliqués, loper pi. -érien frappeur
(en comparant le v. bret. lan main, qui est différent; lopadek
doit aussi être féminin) ; cela a l'air d'une onomatopée, cf.
124 ^- £'"'"' Z^-
argot fr. flaupée, floppée, passage àflaupe volée de coups Bruant,
Ûaiipcr, floppcr battre Deles.
uiatikein marier H. Le G.
tnilfré^ ou mifréx^ (mot indécent) H. Le G.
néad pL eu verre H. Le G.
pechu, pesicu petit H. Le G.
potisoiir jeune homme fier, cf. poslicheur trompeur, menteur
Deles., « quand, dans un atelier de composition, un compa-
gnon raconte une histoire à dormir debout, on lui crie: A
Chaillot le poslicheur » Virm. ?
purénad m. chopine H. Le G.
sai oui (cf. sijet ?).
selpein malmener H. Le G., cf. ^elbenn cheville, entrave pour
attacher les vaches, à Plusquellec, Rev. Celt., IV, 170 ?
2. Plus heureux que pour le tumdo de La Roche, je puis
donner du langaj kemcnér quelques textes populaires de forme
arrêtée. Voici un fragment de chanson recueilli par M. Donerh :
Kapon hach er gachcri
Za d'er fanfan d'hur hn\'::^-}ii.
Far en das, kapon, kapon;
Far en das, kapon kacb.
h ha er goutrerion d'er hroé~,
Hag er beus niel en ou breké:^.
Far en das, etc.
De mauvais gars parmi les plus mauvais
Viennent à la veillée chez nous.
Allez-vous-en, les gars, les gars;
Allez-vous-en, les mauvais gars.
Les tailleurs rentrent au logis
Sans argent dans leur poche.
Allez-vous-en, etc.
La première strophe et le refrain ont kapon et far au singu-
lier, tandis que l'autre emploie au pluriel er goutrerion.
Cela rappelle le te qui sert en petit Tréguier au tutoiement
Sur rÉtymologic bretonne. 125
collectif, signalé Gloss., 683, avec un exemple semblable de
Balzac, auquel il taut comparer ce passage de H. Monnicr, au
chapitre xvii des Mémoires de Monsieur Pniiihoiiinie (Paris, 1892,
p. 191): « Brunet représentait admirablement un type perdu
aujourd'hui, le tvpe naïf. Il était de la famille du créateur des
Cassandresau Vaudeville, de ce Chapelle qui disait à ses nièces :
— Mes enfants, viens ici. — Venez ici, voulez-vous dire. —
Du tout; si je ne vous tutoyais pas, peut-être me croiriez-vous
fâché contre vous et je suis bien trop heureux de vous voir. »
3. M. H. Le Goff m'a fourni ces couplets qui roulent en
partie sur un thème voisin de la chanson précédente :
Er visonnel ag er hroé:^^ men
Zoii bet inatiket ér jour men ;
Er jour men é ma matiket
Hag ur hapon kach hi des bel.
La fille de cette maison a été mariée aujourd'hui; aujour-
d'hui elle a été mariée, et elle a eu un méchant homme.
Étréxph hiti arli:^anted
N'droiivet ket bon grouien gornek,
Grouien gornek ha grouien rond
E vé faret d'er goutri^ion.
Vous autres, ouvriers, vous n'aimez pas la bouillie de mil;
la bouillie de mil ou d'avoine que l'on donne aux tailleurs.
Er vomel 'taré 'oé tarle^,
Hag hi hé des faret jelé:{ ;
Hag er bes peh, hag er bes pi
E ^ou bet faret de me ji.
La femme disait qu'il était tard, et elle a servi du lait; et
pas de pain, et pas de cidre on ne m'a donné.
Faret en das, kapon, kapon ;
Faret en das, kapon kach.
Er bes nul é me folcelin
E vo faret birùikin.
Allez au diable, garçon, garçon, allez au diable, garçon
méchant. Dans ma poche on ne mettra jamais d'argent.
126 /^- F-rnaiilt.
Mal vo dibiorjein ha fèlcin er he:ioign !
Touchant e vo nuilen, é vo fctct er hesen
Hag cr vomel e :;jio e vo fctet er rien.
îl est temps de se réveiller et de faire le travail ! Bientôt il
sera nuit, pas d'ouvrage ne sera fait et la femme dira qu'on
n'a fait rien.
4. Autre formule riméc, trouvée par M. Doncrh :
'Gonèset ket Mari Farel
'Des fetet chemin g'er veustuel ?
Ne connaissez-vous pas Marie Farel, qui a fait une chemise
sans toile ?
5. Phrases, en prose, communiquées par M. Donerh : Er
houirér é fa rein ag é hroé:<^ e ~// d'é vison : E men fa rein de vn:^'i-
onein? É gap e ::jt : D'er vrif honn. Le tailleur sortant de sa
maison dit à son fils : Où aller travailler ? Son garçon dit : Au
bon repas. Ici la mutation f' /î;w:;; est irrégulière (pour f ^nv';;;),
ce qui rappelle la généralisation de c'h initial en rochois.
Er fins sen housa gons honn hag er gouirerion kach gous ces
gens-là mangent de bonne nourriture et les tailleurs de mau-
vaise nourriture. Housa est conjugué sur les thèmes en a d'après
un abus assez fréquent en bas van.
6. Phrases fournies par M. H. Le Goff: Er gomel ag er hoé^
men e :^ou è fètein hcten ; pes vou faret d'hun jieu ni. La femme de
cette maison est à faire des crêpes; on ne nous en donnera pas.
Faret ^on bet néadeu pi ar dablen, mes pes groh. On a mis des
verres de cidre sur la table, mais pas de viande.
Faret d'er liten de biorjein, allez au lit dormir ; faret fètein
fogen, allez faire du feu.
En haud se ^ou kach i ji, cet homme est méchant ; fètcî nio-
ken aji er goutri^ion, moquez-vous des tailleurs; m jinj pobité
é chèchein gous, un mendiant qui cherche son pain.
Bèten freletted hag ur purcnad pi de ket kach d'er houtrér des
crêpes frites et une chopine de cidre ne sont pas mauvaises
pour le tailleur.
Sur l'Êtymologie bretonne. 1 27
Grouit'ii jal, ha jal gctûn{\ Melrand), bouillie fliitc et mangée
avec du lait.
Pes hcuren ar dahJcn, pcs mel, pes bahen éin fohcJin pas de
beurre sur la table, pas d'argent, pas de tabac dans ma poche.
Er vowel se :{ou goanié:( get habeu goarnéi cette femme est
belle avec de beaux habits ; /.'/ drouv goarné:;^ er Jatifoén elle aime
l'eau-de-vie.
7. Bloniq, l'habile argoticr rochois cité Rev. Celt., XV, 338,
m'a fait, en breton de Tréguier, un récit populaire qu'il m'a
redit ensuite dans son tunodo. Je donne ici cette dernière
rédaction, avec un simple spécimen de la première, qui est
l'original, comme le montrent, entre autres, les deux vers
intercalés. Les mots soulignés sont de l'argot rochois.
Gand pesort oa groet touer mein glaz ? Gant mallozo Doue
ha babous chas klaii...
Ar c'bouilerien paludeno a zo groet gaiîd lurono Manuel ha
babous ^/7/b»«t'/ mal ai ; hag ar jardin zo bet groet gand l'rai-
lurgner. Bos. Oa zaiit Per tremen 'buo goiirdajen, hag e tivra-
mes i giilol ; hag e tunikes da Faniiel : — « Ma 'm ijem bet
eur :^ardin, 'n ije chouilet ma c'hulot d'em jes » — « Voar ar
beo:^, 'me Manuel, ha brema-zoiïn \ou gourdajenet ». — Neuze
'aries gaiid eur bern vreoi turgner hag e roes eun daboren d'eaii
gaiid e bif, o tunikaù d'i jes :
— « Zav alèse, bern koc'h gwis,
Gafid eur vesken war da vis ! » —
Hag e savez eur :[ardiu ahane, hag eur c'hourdajen war i bao;
ha 'velse oa groet ar -ardin.
Les couvreurs ont été faits avec des jurons de Dieu et de la
bave de chiens enragés; et le tailleur a été fait avec de la fiente
de truie. Oui. Saint Pierre passait une barrière de champ ^, et
il déchira sa culotte; et il dit à Dieu : « — Si nous avions
eu un tailleur, il m'aurait arrangé ma culotte ». — « Vatou-
I. En trécorois eur c'hkud; le rochois gourdajen veut dire tout ce qu'on
veut, cf. Rev. Celt., XV, 538 ; plus loin il désigne un dé.
I2S E. Ernault.
jours', dit Dieu, bientôt elle va être raccommodée ». — Alors
il arriva près d'un tas de fiente de truie, et il lui donna un
coup avec son pied, en lui disant :
— « Lève-toi de là, tas de fiente de truie,
Avec un dé sur ton doigt ! »
Et il se leva de là un tailleur, et un dé sur son doigt ; et c'est
ainsi que fut fait le tailleur.
Il devait y avoir quelque historiette du même genre pour
expliquer l'origine attribuée aux couvreurs par le commen-
cement de ce facétieux récit des argotiers de La Roche. Ceux-
ci sont eux-mêmes couvreurs ou chiffonniers; ils ne sont pas
en rapports avec les tailleurs Morbihannais dont nous venons
d'étudier le curieux jargon.
I . Tréc. kc^ ivar râk bol» éd.
E. Ernault.
(A suivre).
LE MOT SOI-DISANT GAULOIS Aouyo,'.
Je crois avoir à peu près trouvé l'explication de Xcuyo: par
•Aopxl dans Pseudo-Plutarque, De fliiuiis, 6, 4. Serait-ce uJitcus
(italien, dialecte piémontais o/of/;) « hibou », cf. Servius,
Comm. in Fergilii Biic, 8, 55 : Vlulae aues, x-b Tcii oaoajuî'.v,
id est a fletu nominatae [quas uulgus ulucos uocant] ? Cette
interpolation n'est pas encore connue par Philargyrius ni par
Isidore, Etyin., 12, 7, 38. Mais les gloses offrent par exemple:
Gl. L. 3, 17, 55, 89, 60: '0X0 A'jvw"' 5 uluccus; 435, G6: 'OX:-
A3Y:r, ululugus ; 571, 29 : Olilicon, uluccus; cf. sanscrit ûluka.
Corbeau, il est vrai, n'est pas hibou, mais le passage d'un sens
à l'autre est expliqué par le verbe otSkSiivi « pousser des cris
aigus ».
Alfred HoLDER.
L'explication du premier terme du nom de L3'on par un
thème \zr(z- n'a été possible qu'à l'époque où la seconde
voyelle de ce nom de ville étant tombée, Aouyo'j-ooyvsv, en
caractères latins, Liigu-diuiuni, était devenu Asjv-cîjvcv, Lug-
dunum, et où l'on avait en général perdu le souvenir du second
u de ce mot, n dont, au ii*-' siècle de notre ère, Dion Cassius
constatait l'ancienne existence et la suppression récente.
H. d'A. de J.
Revue Celtique, XXVI.
THE ADVEXTUKK OP St. COLUMBA'S CLERICS
The text ot tlie following taie is taken from columns 707-
715 of thc Yellow Book of Lecan, a fourteenth-century ms. in
the librarv of Trinity Collège, Dublin. It is based on the same
event as the Foxage of Sficdgus ami Mac riagla, the prose of
which is published in the Revue Celtique, t. IX, pp. 14-24. But
it difïers in many détails, and incorporâtes an abridged version
of the Vision of Adanmâti, Ir. Te.xte, I, 169-196.
This text was edited with a German translation, by Professor
Thurnevsen,in 1904 on the occasion of the birthday of the
Rector Magnificentissimus of his Univcrsity'. Unfortunately
he had for his source only the exécrable f;icsimile of the Yellow
Book, edited by Dr Atkinson in 1896. The neccssary resuit is
that Thurnevsen's édition is deformed by several textual mis-
takes and omissions, some, but not ail, of which are corrected
in the Zcitschrijt Jïir celtische Philologie, \, 418-420.
Considering the defects of his source, Thurneysen's transla-
tion is wonderfuUy accurate and complète. He has, however,
omitted to render the abridgment of the Vision of Adamnàn —
his reason being that I had published, in 1870, an English
version of that pièce as it stands in lAwr ua huidrc-. In Celtic
matters such courteous generosity is so unusual as to deserve
1. Programm zur Feier des Geburtstags seiner kôniglichen Hoheit des
Grosslierzogs Friedrich des durchlauchtigsten Rector magnificentissimus
der Albert -Ludwigs-Univcrsitàt zu Frciburg i. Br. Halle a. S. Druck von
Ehrhardt Karras, 1904.
2. This version has been twicereprinted, once in Fraser's Maga-^iiu for
February 1871, and again in the late .Miss Margaret Stokes' Three Motiths in
the Forests oj France, London, 1895, pp. 266-279.
The Adventure of St. Coliimlhi's Clcrics. i } t
spécial acknowledgmcnt. My version has no literary merit;
but it may interest students of Celtic eschatology, and I hâve
pointed out in. the footnotes some of the coincidences of tlie
Vision with tlie Divina Cointncdia and the Koran.
Tlie ten quatrains at the end ot our taie are part of the long
poem (76 stanzas) incorporated in the Voyai^e of Snedgus and
Mac riagla, YBL. cols. 592-595. The mètre of this poem is
dechnad cuniaisc^, each line containing twelve syllables and
ending in a disyllabic rhyme. As to the date of its composition
(probably the tenth century) see Zimmer, Zeitschr.f. deiitsches
Alterlbiini, xxxiii, 211, Thurneysen, op. cit., 6, and O'Curry,
Lectures on the MS . Materials of Ancicnt Irish History, p. 361.
W. S.
I. Sec Mittçjirische Verslehrcn, Irische Texte, III, 8, 40, 74-78, 152.
l 32 Wliitley Stokes.
ECHTi^A CLERECH CUOLUIM CILL£" ANDSO SIS
(YBL. col. 707, Facsiniile 86''29.)
1. Antan tanic derid^ rigi 7 aimsiri do Domnall mac Aeda
mil Ainmireach, d' airdng Ere»», dorigni timna dia rigi 7 da
ferann her a. da mac .i. Fiachu 7 Donnchad. Ro ainmnigh
airdrigi Ercnn do Donnch^i 7 tanaisttr/;/ Ercnu 7 a saermacam-
nacht d'Fiachaig -, 7 ftTann rigdamnflf/;/a .i. Fir Rois 7
Mugd/.//ni Maigen, air ni bid rig Ereiin diles aqu sidi, ar is
ead donidis, a rig duthaich fein do marbad. Con:id airesin
d//j-radd da mac .i. d' Fiachaig^, da fogn/<m o Themraig co
hOileach.
2. O ra siar/;/ Fiach<7 do saighidh an ftvaind sin ro thinoilsead
lucbtan îcrà'md chuigi 7 ro raid riu: Tuc^/d, ar se, bar rigi 7
bar tig('/n;/j- damsa, 7 dcntar dûine, 7 tôraindtrr ratha 7 son-
daigi lib damsa 7 tigi mora 7 grianain. Dogenam sin, ar siad,
ocus ni dt'/nad sin acaind dar tig^rnaib fen in saethar sin, acht
a marbad dognimis. Dongnethr na saetiiair mora sin, 7 do-
c«;-dis cru 7 fuil a craidi tara mbclaib iar scis na hoibri.
3. Dorign(vf oirechtus accu laa n-acn ann, 7 bad^;- da righ-
damna da rigaib duitchib fen araird acu .i. Diarmuid Olmar
7 Ailill, 7 ro raidsf/ side: measa daib ém, arsiad, in ri comai-
thech' ut fuil foraib andam-ni, ar ni tardsad ar n-aithri-ne no
ar seanaithre dochraidi mar so foraib, cia ro marbsabar iad
fos.
1. Ms. deng.
2. Ms. fiachaid.
3. Ms. comaigthech.
Tlic Aih'cnîurf of St. Coliimbas Claies. i ] ]
THE ADVENTURE OF St COLUMBA'S CLERICS
HERE BELOW
1. When the end of kingship ;ind lifetime came to the
overking of Ireland, to DomnalP son of Aed, son of Ainmire,
he hequcathed his realm and his land between his two sons,
Fiacha and Donnchad. He left the overlordship of Ireland to
Donnchad, and the tanistry of Ireland and its « noble boyhood »
to Fiacha, and (also) the land of the crown-princedom, to
\vit, FirRois- and Mugdoirn Maigen3, for they had no pro-
per Irish king : for this is what those clans used to do, kill
their own proper sovran. Wherefore Domnall gave them to
his son Fiacha, to serve him from Tara even unto Ailech4,
2. When Fiacha came to that land the country-folk gathered
to him, and hc said to them: « Give up your realm and your
lordship to me, and let forts be built, and let raths be marked
out by you for me, and palisades, and great mansions, and sol-
lars. » « We will do that», they say ; « though never has such
work been done by us for our own lords, but we used to kill
them. » They wrought those great works, and aftcr the wea-
riness of the toil they would put the gore and blood of their
hearts over their lips.
3. Now one day there an assenîbly was held by them, and
présent with them were two crown-princes of their own native
lords, to wit, Diarmait Olmar and Ailill. And thèse said:
« Truly yon neighbouring lord who is over you is worsc for
you than we are. For neither our fathers nor our grandsircs
inflicted hardship like this, ahhough ye continually slew them.
1. ob. A. D. 797, mentioned in Fél. Oeng. prol. 221.
2. in the south of Airgéill (Oriel) the présent couiities ol Louth,
Armagh and Monaghan.
3. the barony of Cremorne, co. Monaghan.
4. a fort in Donegal near Lough Swilly, now called Grcenan Ely
(Grianan Ailigh).
1 ^4 Whiîley Stokes.
4. Dorignc/ar maithi na hairer/;/a comairli arsin .i. Fiaclia
[p. Syl do niarbad, 7 nirbo chian a haitlili na comairli co
torachl Fiacha isan oircr/;/, 7 adconncatar ag allaid ' secco, 7
ro Iccseadar a conu fris, 7 dachuadar fein a ndcagaid a con,
7 ro flicsad Fiachrt/^ a aenwr isan aeirer/;/, 7 ro fcllsad in lucht
sin fair, 7 ro marbsad hé, 7 dochuadar a haithli a n-cchta ar
comairgi Ronain Find 7 Maine mnic Neill, a[r] rob iad sain
ardcomairgi Ereiin intan sin.
5, Arsin tra adchualaid Dondchad mac Domnaill inni sin
.1. a brathair do marbad d' Ft'raib Roiss 7 do Mugdornaib
Maig^», 7 ro thinoil Donnchr/J morthinol mor foch^7oir, 7
dachuaid ina ndiaid do sbarLig«d a comairgi sin, 7 ro raids^/
na comairgi fris: Nachar-sâraig^, ar siad, ar dann^r-saraige ni
ni bia comairgi a n-Er/«n iarsin. As ed dob^ram-ni duid, a
n-ebera Colum cille mac VcïdVimthe fuil a n-I. Gcbad-sa sin, ar
Donnchad, 7 ro oentaigset ime-sin, 7 adnagat tcr/;/a maroen
co Hi, 7 indisit a scela o thus co d^read do. Ocus a as i breath
rue ColuDi cille annsin .i. tri fichit &r 7 tri ïiclnt bean doncoch
is fcrr cruth 7 cenel ro bad ac dcnam ind echta, cona cloind 7
cona ccfhri, do chiir ior muir 7 ïor fairgi duna tairgidis aris
docum n-En'//H co brath. Ociis aduhain in ftvann ima ndernad
mac rig Ereiiii do marbad a tiiob^/rt do Patrie dogrés co mbf/h
aca fognam.
6. Doronta longa 7 luglibarca leo, 7 dochuadar ior miiir 7
for fairgi trc comairli Coliiini cille. Ocus dochuadar da dalta do
Cohim cille leo for m///r .i. Snedg//5 7 Mac rhguih, 7 as iad
sin ro la Coluin cille isa fiadnaise anall. O ro siachtadar edh
cian a crislach mara ro imposeadar na clerig dochtim n-Erenn
aris rtmici bail a roibi Donnch^^, 7 ar loracbîCLm doib ro
indseadar a scela don righ 7 ro thimainsed celebrad dô.
1. Ms. ad allaig.
2. Ms. Nacharsaraid.
3. bctier Mac riagla « son of (monastic) rulc ».
Tlw Adrentiirc of Si. Coliimhas Clcrics. i ^s
4. Then tlie gentry of the assembly formeJ a plan to kill
Fiacha. Not long afterwards Fiacha entered the assembly, and
lîis men saw a stag passing them, and loosed their hounds
against it. They themselves wcnt aftcr the hounds, Icaving
Fiacha alone in the assembly. Then those gentry betrayed hini
and killcd him, and after the murdcr they went to the safeguard
of Ronan the Pair' and Maine son of Niall- (of the Ninc
Hostages), for those were then the chief protectors in Ireland.
5. Thereafter then Donnchad son of Domnall heard of that,
namely, that his brothcr was killcd by the Mcn of Ross and
the Mugdoirn of Maigen. So Donnchad forthwith gathered a
mighty gathering, and marched after them to violate their
safcguards. And the protectors said to him : « Do not outrage
us », they say, « for if thou do so there will be no safeguard
in Ireland thereafter. But this \ve will grant thee, what
Columkill, son of Feidlimid, who is in Hi5, will déclare ».
« I will accept that, says Donnchad. And they agreed thereon,
and together they send envoys to Hi, and tell Columkill their
tidings from beginning to end. This is the judgnïent that
Columkill then delivered : That three score men and three
score women, the best in shape and race, who had been
committing the murder, should be put, with their children
and their cattle, on the sea and on the main, so that they should
never come again to Ireland. And he said that the land for
which the king of Erin's son had been donc to death should be
granted to Patrick-* for ever, so that it might be serving him.
6. Vessels and boats were built by them, and by Columkill's
counsel they went to sea and main. And two of Columkill's
pupils went with them to sea, namely Snedgus and Mac Riagail ;
and 'tis those that Columkill had sent as witnesses. After they
had gone a long way into the lap of the sea, the clerics turned
again towards Ireland to the place where Donnchad dwelt; and
when they arrived they told the king their tidings, and bade
him farewell.
1. This saint's day is May 22.
2. ob. A. D. 440.
3. the illustrious island now callcd lona.
4. i. e. to the sec of Armagh, of which St. Patrick was the lirst bishop.
I ^6 Whitley Stokes.
7. IS annsin ro raid in ri friu : Airiscd co tisad dered erraig
7 tosach in tsamraid, 7 ergid aindsin do bar tig. Doronsad na
clerich in comairli sin, 7 ro airisedar amail adubj/rt in ri f/iu,
7 ro hindlaicid co Dairi iad, 7 tucad recles doib ann, 7 biad
on rig doib conigi sin co tanic dard crraich 7 tosarh samraid'.
8. Ro thimainsead celebrad don rig, 7 tucsat a c//rach (or
miiir 7 ïor fairgi, 7 ro impo gaeth for in seol, 7 ro timairgid o
Eriim siarthuaid- du in ro taispenad mor d' ingantaib, 7 ro
badar co ceann tri la 7 tri n-aidchi ic fascn//m in mara, to
tanic fallscad itad doib. Ocus isscad ro duisig asa coliad iad,
fuaim in c«raig risin tracht, 7 ro gabsad oilen fcrglas fonntait-
neniach 7 sruth lachtmilis leamnac/;/a tara lar, 7 atibsed dig
caciia fir de, 7 ro beannaJ;/sadar3 an t-oilen, 7 ni fuaradar
ann neach no aicilldis, 7 ro laisead a cnrach (or niuir 7 (or
fairçi.
'&*
9. Leicem as ar n-imram, ar siad, acbt in chonalr heras ar
cwrach sind cheana, 7 denam abstanaid 7 aine, 7 leicem ar
n-imram a Icth de, 7 teigeam, ar siad, dar lebartonnaib na
dileann.
10. Ocus adnaidead co ceann tri la 7 t;i a-aidche, antan
adchonncadar ailen 7 inisi uathii. Suaire em in t-ailen sin,
air is amlaid ro bai, 7 crann duilleach dosmor dathalaind and,
7 sonnach airgdidi dar a lar a medon na hindsi, 7 cora t'iresc
a certmedon na hindsi, 7 stiall ar capar d'airged 'gil a n-
imthacmaiig na corad. Ba comme/ rc colptaig mhlindnc cech
bradan [col. 709, p. 87''] taebalaind tairrgcl bacthlemnech
ballchorcra no chindf^h suas frisin coraid^ IS derh, ar siad, is
municr Dé bis annsa n-oilf» sa; 7 caithem, ar siad, ni don
iasc, 7 b^ram lind. Ocus rucsad ni don iasc leo, 7 batar dcnus
ann .i. teora la 7 teora aidchi.
1. Ms. samraig, the o- corrected to d.
2. Ms. siarthuaig.
3. leg. bennachsadar?
4. Ms. coraich.
The Adrcnture of St. Columba'f Clerics. 1 37
7. Then said thc king to them : « Stay till the end of spring
and thc bcginning ot the sommer shall corne, and go then to
your home. » The clerics acted on that counsel, and stayed
as the king told them; and they were brought to Derry % and
a cell was given tothem there, and food from the king, until
the end of spring came and the beginning of summer.
8. They bade farewell to the king, and set their curragh on
sea and on main ; and the wind turned against their course,
and they were driven from Irehind to the north-west, where
many marvels were shewn ; and to the end of three days and
three nights they were striving with the sea, till a burning of
thirst came to them. And this is what awakened them from
their sleep, the grating of the curragh against the strand. They
landed on an island with green grass and a beautiful soil, and
over the midst thercof a milk-sweet stream of new milk.
Thereof they quaffed a drink for each of them, and they
blessed the island. They found there no one with whom they
could converse, and they launched their boat on sea and main.
9. V Let us quit our voyaging », say they, « save the path
that our curragh will take us; and let us practisc abstinence and
fasting and leave our voyaging to God; and let us go », they
say, « over the long waves of the flood ».
10. And they wait till the end of three days and three nights,
when they sighted an isle and island. Pleasant indeed was that
isle, for thus it was : with a tree therein leafy, bushy, beautifully
coloured, and a silvery palisade over its plain in the middle of
the island, and in its centre a salmon-weir, with a wainscot of
bright silver encompassing the weir. As big as a year-old heifer
was every fair-sided, bright-bellied, madly-leaping, purple-
spotted salmon that used to spring up against the weir.
« Surely », say they, « it is God's household that abides in
this isle, so let us eat somewhat of the fish and take it with
us ». And they took with them somewhat of the fish, and they
were a while there, to wit, three days and three nights.
I. now Londonderry.
158 Whitley Stokes.
ir. IS annsin docuadar 'na curach. ïor muir j (or fairrgi 7
dar kbarthonnaib na dileann, co facadar a cind tri la 7 tri
n-aidchi aiicn 7 indsi uathu, 7 is amlaid ro bai in t-ailen sin,
7 daine and 7 cind chat forro 7 curpa daine accu. Ocus ro gob
ecla 7 uaman mor na clerig, 7 dochuadar re taeb na hindsi, 7
d«5rala iad an ailen aiii, 7 adchonncadar clerech ara cind isan
traig co casail ngil ime fora cind, 7 ro beannachsad do, 7 do
bennaig seam doib-seam, 7 ro fiarfaigf/ar ' de: Cuich thusa,
ar siat, 7 can do cenél. Ro frecair in cleireach iad. Do &raib
Erind dam, ar se, 7 lucht c;/raich tangamar-ni conigi seo, 7
\cth an oilcn-sa do chosnamar ar eigin risna Caitciiennaib, 7
marb uili lucht in ch«raich acht misi am aenur, 7 ticid limsa
7 fogebthai aigidhcr/;/- tri la 7 tri n-aidchi d' fin 7 do chruith-
necht 7 d' iasc. Ocus do bat^r annsin risin rc sin.
12. Cclcbraid iarsin do na clerchib, 7 tiagaid do shaighid a
c«raig, 7 adnaghad 5 a c//rach ïor muir 7 for fairgi 7 for na
lebarthonnaib na dileann, 7 a n-ucht anfoid 7 acian-tuindi4.
Co focadar iar scis n-imrama oilen uaithib, 7 is amlaid ro bai
in t-ailen, 7 oenchrann mileta mor ann, 7 cret aircid aici,
7 duilleanna ôir fair, 7 ro It'/h a barr ar an ailen uili. Ocus
is amlaid ro ba in crann sin, 7 cach lam 7 cach geg ro bai as
amach lomnân d' enaib co n-eitib airgid. Ocus c:itha\r a muUach
an craind, 7 en mor inti, 7 cend oir forsan eon sin, 7 eitida^
airgid foir, 7 is ed ro chanadh in t-en o maidin co tert, cacha
ndt'rna Dia do maith re tuistin a dul, 7 o thert co medhon lai
scela geni 7 baist^da Maie De 7 a cserghi 7 a adnacoil, 7 ro
indisead o trath nona amach scela lai bratha.
n. An uair do cluintis na heoin sin uili do chroitis a n-
1. Ms. rofiarfaid<:/ar.
2. Ms. aidighec/;/.
3. Ms. adnadhad.
4. Ms. acain tuindi.
5. Ms. eitiga.
The Adrenturc of St. Coliimba's Clerics. 1 39
1 1. Thcreaficr thcy went in rhcir boat to sea and main, and
over tlie long waves of the flood, till, at the end of tliree days
and threc nights, thcy sighted an isle and isiand. Thus was
ihat isle, with men therein having heads of cats and bodies
of human beings. And fear and great dread seized tiie clerics,
so they coasted the isiand and went to another isle, and there
beheld a cleric wcaring on his head a bright chasuble and
(coming) to meet them on the strand. They saluted him and
he saluted them, and the}- asked him : « Who art thou ? » say
they, « and whence is thy kindred ? » The cleric answered
them : « Of the men of Ireland am I, and as the crew of a
boat we came hither. Half the isiand we conquered perforée
from the Cat-heads', and ail the boat's crew is dead save only
me. But come with me and for three days and three nights ye
will get guesiing of wine and wheatand tish. » And they abode
there for that space of time.
12. Thereafter they bid farewell to the cleric, and go to
their boat, and set their boat on sea and main and on the long
waves of the flood, and in the breast of storm and ocean-
billow. And after weariness of voyaging they sighted an isle.
Thus was the isle : with a single great and stately tree therein,
having a frame of silver and golden leaves upon it, and its
summit spread over the whole isle. And thus was that tree,
with every branch and every bough that it put forth quite full
of birds with wings of silver. In the top of the tree was a
throne with a great bird thereon, and on that bird a head of
gold and wings of silver. And what the bird used to sing was,
from matins to tierce, ail the good that God wrought before
the création of His éléments, and, from tierce to midday,
tidings of the birth and baptism of the Son of God, and His
résurrection and burial, and, from none onward, tidings of
the Day of Judgment.
13. When the birds (on the branches) used to hear ail that.
I. A Cattchenn, king of the Cattchinn, is mentioned in LL. 152-14 and
in Cath Finntraga, 1. 10.
140 Whitlry Stokes.
eiteda 7 do leicdis frasa fola [as] a n-eitib i[c] cloistecht in sccl
sin. Arsin ro estidar na clerig risin ceol ro chansad na hcoin.
Do Icced iarsin duilleannoir CLictuanuas don crann, 7 10 folaig
in duilleann iad, 7 ba samalta i re croiccnn doim riata. Bciridii
lib sin, ar in t-en, 7 tabraid ar altoir Coluim cille ar rochtain
co Hi. ISsead immorro bai 'sin duillind, scel in rigthigi 7
rciunien nime, 7 in tsosaid ainglidi^ 7 ifrinn. Conad ann
dochuaid uathu. Ar n-crgi nach flicadar an inis 7 in bili nait
na heoin, 7 ro dechsad in duilleann 7 in scel ro bai indti .i.
scel m//;/tm nime 7 in righ uasail fein, 7 ri.
14. Ociis tainic anfad mor doib iarsin, 7 ro hr/arscarad a
n-anmanna rena corpaib, 7 rucad iad iarsin do dcchain nime
7 itirnd, amail ro thaisbean[ad] dona hapstalaib.
15. IS cad am ct'7-tir a rangadar .i. tir na naem .i. tir
shuthach, solwjda, airegda, ecsam^//, ingantach ann ; co casraib
lin gil umpu, co culpataib glegelaib osa cendaib. Noeim airthir
in domain a n-a'necht ior le'uh a n-airth(T tiri na naem. Naim
mnhiiir a n-iarthar^ in tiri <:^7na. Naim ihuaisc/rt in domain 7
a desc/rt 'na n-airec/;/aib tes 7 tuaid^. Cach oen fil a tir na
naem is comfog//5 do estecht na ceol 7 indithmigw^ inna
luingeî a ûlet .ix. nsirada nime.
16. An dara fecht di(/// dana nacmaib canaid ceol adam-
rai[g]thi ic molad [col. 710, p. 88^] De. in fecht aile iiiiniorro
cstid re ceol miiimcn nime, uair ni dlegaid na naeim ach
1. Ms. anairlhar.
2. Ms. tuaig.
3. Ms. indithmig^/ in luindi.
Tlie Aihcnturc of St. Cohimba's Clcrics. 141
they shook thcir wings and Ict tliereout showers of blood,
hearkcning to that story ^ Thcreafter the clerics listened to the
melody which the birds sang, and then a a leaf of gold was
given down to them from the tree, and the leaf hid them, and
it was Hke the hide ot a trained ox. « Take that with you »,
says the bird, « and after getting to Hi, put it on Columkill's
altar ». Now this is what was (inscribcd) on the leaf, the
story of the palace and the household of heaven, and of the
angelic station and of hell. Thereupon the bird left them. After
rising, they saw not the island, nor the tree, nor the birds;
but they beheld the leaf and the story that was on it, namely,
the story of the household of heaven and of the noble King
Himself, and so forth.
14. And after that there befel them a great storm, and their
soûls were severed from their bodies, and then they were
taken to behold heaven and hell, as hath been displayed to
the apostles.
1 5 . Now this is the first land to which they came, to wit,
the Land of the Saints — a land fruitful, radiant, noble, di-
verse, marvellous there, (the saints) with chasubles of bright
linen about them, with hoods pure white above their heads^.
The saints of the east of the world in an assembly apart in
the east of the Land of the Saints. The saints of the west of
the same land, The saints of the north of the world and
(those) of its south in their assemblies south and north.
Whoever is in the Land of the Saints is ni2;h unto the hcarins
of the mélodies and the contemplation of the vessel wherein
are the nine ranks of heaven >.
16. As to the saints, again, at one time they sing marvellous
music, a-praising God : at another, they listen to the music of
the household of heaven, for the saints claim nought save to
1. So when Elijah tells the soûls of the righteous (« in shapes like pure-
white birds ») of hcU and Doomsday, « they beat their wings against their
bodies, so that streams of blood corne out of them », LU. 31'' n
2. Cf. «vestietur vestimentis albis», « amicti stolis albis », Apoc. III, 5,
vii, 9.
3. Seraphim, Cherubim,Thrones : Dominions, Virtues, Povvcrs : Principa-
lities, Archangels, Angels, the celestial hierarciiy of the pseudo-Dionysiirs the
Areopagitc. Cymr. nav gradneiv, Skene, Four AucientBooksofWales, II, 14.
142 Whitley Stokes.
estecht in cheoil sin 7 indithmig/<d na sollsi diadha 7 a sas^d
don boltnug//d fil a tir na nacm.
17. Ata flaith adanira d'idu ar gnuis doib uaithib sairrdes, 7
fiai glainide etiirru. Urdam orda ris andes, 7 is t/it sin do
clîitis fuath 7 fosc[ug]ad ^ muintiri nime. Ni fuil imtnorro fiai
na temel iier muintir nime [7 inna nôemu LU. 27**], acht atait
a soillsi 7 a frecnar^^^ doib i\-\eth riu son dogrés. Circul tend-
tide-di^wfon tir sin imocuairt, 7 cach ann 7 as, 7 ni ur-
choidi^henn dona firenaib.
18. Na da apstal dec imvwrro, 7 Muiri Ogh a n-aircf/;/ for
\eth imon Comdid cumachtAch. Uasalaithraig 7 faidhi 7 desci
buil Isu i comhibcMJ' na n-abstal. Ataid d'iiJu araili naemogha
do des Muiii 7 re ciana et^rru. Naidhin 7 m^caim umpu
focuairt, 7 ceol énlaithi muimen nime ica n-airfidcd tria bithu
sir. Buidhni ana athluma d' ainglib comider/;/a na n-anmand
ac umaloid 7 ac timthirecht itir na hairer/?/aib sin i fiadnasi
in 3 rig dogr^'s. Ni tualaing nech isin bith [frecnairc-sea] tua-
r/vicbail na n-airecht sin amail ataid iar fir.
19. Na buidne 7 na hairef/;/a d'idu fuikt a tir na naem bid
isin morgloir [sin] co mordail bratha isna sostaib 7 isna liinadaib
a mbiad ac dechain gnuisi De cen fiai, cen forscdth et«rru tre
bithu sir.
20. Cidh mor innnorroj cid adbulin taitnem 7 in shoinmighi
7 in tsoillsi fil a tir na naim, is aidbli fo mili in cruth4 fil i
maig munien nemi .i. im righsuidhe^ in Coimdheadh fen. IS
amlaid inwwrro ata in rigsuide^ sin, imar chatair c/midachta
1. foscugud LU. 27''i6.
2. Ms. circhul tendtigi.
5. Ms. is iad uasin.
4. ind etrochta LU. 27t58.
5. Ms. righsuighe.
6. Ms. rigshuigi.
Tlw Advcntiire of St. Columba's Clcrics. 14^
listen to that music anJ to contemplate the divine radiance,
and to sate tiiemselves with the odour which is in the Land
of the Saints.
17. There is, moreover, a wondrous realm facing thcm on
the south-east, with a veil of crystal between them and it. To
the south thereof is a golden porch, and through that they
perceive the form and séparation of the household of heaven.
Howbeit there is neither veil nor darkness between the house-
hold of heaven and the saints, but they are always in radiance
and in the saints' présence on the side over against them. A
fiery circle, furthermore, round about that land, and andthere-
into and thereout (fares) cvcry onc, and it doth no hurt to
the righteous.
18. The twelve Apostles, however, and Mary the Virgin
in one assemblv apart around the mighty Lord. Patriarchs and
prophets and disciples of Jésus ancar to the Apostles. Other
holy virgins are on Mary's right hand, with long spaces
between them. Infints and children ail around them, and the
music of the birds of the heavenly household cnrapturing
them forever.Bright, active bands of the soûls' guardian-angels
in lowliness and tendance amoug those assemblies in the
présence of the King always. Yea, no one in this présent
world could set forth those assemblies as of a truth they are !
19. The troops and the assemblies, there, that are in the
Land of the Saints are in that great glory until the Great Meeting
of Doom, in the stations and in the places wherein they shall
abide beholding God's countenance, without veil, without
shadow between them for ever and ever.
20. But though great and though vast are the sheen and the
happiness and the radiance that are in the Land of the Saints,
vaster a thousand timcs is the shape thatis inthe plain ol the
household of heaven, around the throne of the Lord Himself.
144 Whitley Slokrs.
co ceithri colamnnib do lig logniair fai. Ccn co hclh d' airfided
do ncoch achi co'iccIaI comcubaid na CLthri colaman sin ro bo
leôr do gloir 7 do aibnis. Tri hcoin innnorro airegdha' isin
cathair a fiadhnaisi in righ [7 a mcnma ina ndulcmain tria
bithu, issc sin a ndan, LU. 28^ |. Celcbraid d'uln na hocht tratha
togaidhe ic moladli 7 ic adamra[gu]dh in Coimdcadli, co
clasch^'tal archaingil iar tiachtain doib fai. O na hcnaib 7 o na
harchainglib- tindsceadal in ceoiU, 7 frccraid muinicr nime uili
ittT naemu 7 naemogha iarsin.
21. StLiag4 d^rmair os cind in Choimdead^, ina^ chathair
rigda am^n'// chathbarr cumdachda, nâ amail mind rig, 7 da
faicdis ruisc daenda no legtaidis focMoir. Tri cressa ina mor-
tliimchell cuirru 7 in sluagh. Se mile [do milcdaib, LU. 20''i3J
co /idelbaib ech 7 en umon cathraich tendtidi^ ar lasad can
forcend can crich.
22. Aisnes lanini in Chomded9 cum^f/;/aigh fil isin righsui-
dhi '° sin ni tliig do neoch achl mine dcrnad fen, 116 mina
dernad muinter (?) nime. Ar ni indisfea neach a bruth 7 a
brig 7 a dfrgi 7 a roshoillsi 7 a ainis 7 a aibin[n]i//^, a chunn-
lar/;/ 7 a cobsaidecht 7 imad a aingel 7 a archaingel ag cantain
ciuil do, 7 timthiridi" imda chuigi 7 uadh co n-aithescaib
cwmraib do gach biiidhin ^- iar n-uair .i. a mine 7 a rochen[n]sa
ri araiiib 7 a ainmine 7 a roacairbe re lucht ele dib.
I.
Ms. aireddha.
2.
Ms. inserts ic.
5-
Ms. sceoil.
4-
Ms. sduad.
5-
Ms. choimdeag.
6.
Ms. imar.
7-
Ms. nô anifl//.
8.
Ms. tendtigi.
9-
Ms. umon {intcrliued a fil) coimdi
10.
Ms. righsLiighi.
II.
Ms. timthirigi.
12.
Ms. buighin.
The Adrentiirc of St . Coliimba's Clerics. 145
Thus, thcn, is that throne : likc a canopied chair with four
columns of precious stone bcneath it. Yea, though one should
hâve no rapture save the liariiionious singing together of those
four columns, it were cnough to him of glory and dclight.
Three noble Birds on the throne in front of the King with
their minds on their Creator for ever, tbat is their art. They
celebrate the eight choice canonical hours, praising and magni-
fying the Lord, with quiring of archangels after coming to
them thercunder. From the birds and froni the archangels is
the beginning of the music, and thereafter ail the household
of heaven, both saints and holy virgins, answer.
21. A vast arch above the Lord on His royal throne, like
an adorned (?) helmet, or like a king's diadem. It human eyes
saw it they would melt away at once. Three zones' ail around
Him between them and the host. Six thousands of thousands
with shapes of horses and birds around the fiery throne a-fla-
ming without end, without limit.
22. Then to tell of themighty Lord who is on the royal sent
cometh not unto an}'- one unless He Himself should do it, or
unless the household of heaven should do it. For none will
relate His ardour and His strcngth and His redness^, and
his exceeding radiance and His splendour and His delightful-
ness, His munificence and his firmness, and the multitude of
His angels and archangels chanting music to Him, and the
many servants coming to Him, and going from Him with
brief messages to every troop in turn : His smoothness and
great gentleness to some and His roughness and great
harshness to others of them.
1 . Cf. the tre gui di trc colon' of the Divina Comniedia, Par. xxxiii, 1 16,
which are supposcd to symbolize the three Persons of the Trinity. See
Tozer, English Coiinitentarv, p. 627.
2. symbolizing divine love, créative power, royalty.
Revue CcUiquc, XXVI. 10
146 Whitley Stokes.
23 . Da mbc/h nech tra aca sirfcgad urne anoir 7 aniar, anwes
7 atuaid ' fogebad do cach \elh a aiged airegda sôillsi na in
grian. Ni taicfed delb daena fair do chind na do chois, acbt na
dluim di'irg tcndtidi - for iasad fon mbith 7 cach (or crith 7 (or
uamain roimc. IS lomnan do soillsi neni 7 ta\am 7 ruithean
^mail retiaind rig ina morthimcill. T/i mile ceol n-cxamail
cacha henchlaisi til a claisc^'/al miiintirc ninic. Bindi na ceol in
domuin cach aencheol (oleth dibsen.
24. An cathair iarcmi a fil in rigsuidhi5 sin is amlaid4 ata,
ocus .Liii. mi'iir glainide coili n-eitib examlaib ina timchell :
airdi cach mur araile. Lebend imniorro 7 fonn ichtair na
cathrach do gloine gel.
25. [col. 711, p. SS''] Muint^rromin rocheandais can esbaid
cacha maithisa orra, 7 as iad aitrebaid in cathraig sin, naeim
7 ailithrigh duthrachtaig do Dhia. A n-ecor 7 a coïugiid is
doilig a fis cindw^ ordaighid, ar ni fuil druim m slis nech rc
chele dib, ach is amlaid ro chôraigî c//mnr/;/a in Choimdeadh,
7 gnuis re gnuis ina sreathaib comardaib morthimcill in
righsuidhi^, co n-aini».s" 7 co n-aibnis, 7 a n-aigthi7 uili fri
Dia.
26. Grand caingil do glaine ittrcach da chlais, co^ c«mdach
airgid 7 oir fair. Tri lega logmara à.\du co foghar bldith 9
bind, co mbindi ceol im cach da clais, 7 a \elhc uachwrach
inalocharnaib ar lasadh. Secht''' mile aingil a ndelbaib (prim-)
caennel ic soillsig//d na cathrach 'na timchell. Sccht rmie aile"
na timchill inacertmedon ic Iasad ^^ tria bithu sir imon cathraig
1. Ms. atuaig.
2. Ms-. tendtigi.
3. Ms. rigsuighi.
4. Ms. amlaig.
5. Ms. rochoraid.
6. Ms. righshuighi.
7. Ms. anaitlîi.
8. Ms. do.
9. Ms. blath.
10. Ms. se.
11. Ms. inserts na timchill.
12. Ms. Lisaid.
Tbe Aiirenturc of St. Coliimha's Clerics. 147
23. If anyonc wcre ahvays gazing at Him, from cast and
from west, from south and from north, he would lînd on every
side God's glorious face, more radiant than the sun. Yea, he
would not see on Him a human form of head or of foot, but
as a red Hery mass a-tlaming throughout thc world, and every
onc in trembling and terror bcfore him. AU-fuU of (His) hght
are heaven and earth, and radiance Hke a royal star ail around
him. Three thousand divers mélodies of every choir that is in
the quiring of the household of heaven. Sweeter than thc music
of the world is every single melody of them apart.
24. The City, then, wherein is that throne, thus it is : and
seven cr3'stal ramparts with their various wings " around them.
Loftier is each wall than anothcr. The platform and the base
of the lower part of the City is of bright crystal.
25. A household very meek, very gentle, lacking no good
thing upon them, and 'tis they that inhabit that City, saints
and pilgrims devotcd to God. Their array and their ranging,
it is hard to know how it happened, for there is not a back or
a side of any one of them towards another. But it is thus that
the power of the Lord has adjusted them, face to face in their
ranks equally high ail round the throne, with splendour and
delight, and their faces ail towards God.
26. A chancel-rail of crystal between every two choirs,
with a covcring of silver and gold thereon. Three precious
stones, too, with a soft melodious sound, with thc swcctncss
of music at every two choirs, and their upper halves as flam-
beaux aflame. Seven thousand angcls in the shapes of chief
flambeaux irradiating the city round about. Seven thousand
others in its very midst^ flaming forever round the royal city.
The men of (ail) the world, in one place, though they be
1. Ms. eilib, but LU. has dalhaib « colours ».
2. certmedân, Dantc's drilto ineno.
148 Whitley Stokes.
rigda. Fir domain a n-acnbaili cid ad linmara nos-foirfed do
biud ^ boltnugz/d chind ocnchoindli dona coindlib.
27. IS amlaid^ d\du attait na sluaigh-si 7 na hairer/;/a 7
aingil coniidcr/;/a ic umaloid don anim. Fiai tenfJ 7 fiai d' oigrcd
a phmdon/jT na cathrach 'na tiadnaisi, 7 as iad i[cj comthuar-
gain cind ar chind t;ia bithu sir. Fogor na fiai sin d'idu i[c]
comriachtain i[t]cluintei' ton mbith. Sil Adhaim da cluindis in
fog///" sin nos-gcbad ecla 7 crith 7 omun reme. At toirrsig 7
at buaidcrtha3 na pccaig icon fogur sin. Mad i leth immorro re
miiiinir niDic ni cluinter don garbthoraind ach hin becc4 [do-
raith, 7 binnithir cach ceôl atacomnaic LU. 28''3o].
28. [IS adbul iarom 7 is ingnad fria innisin sudigud inna
cat/;;'ach sin, ar is bec di môr ani ro innisemar dia hordaib
écsamlaib 7 dia ingantaib. IS andam trà lasin n-anmain iar
comgnais 7 comattrib na colla cona. sûan 7 cona sddaile 7 cona
saire, cona sôinmige insaigid 7 dula co rigsuide in Dûleman.
acbt mani dig le heolchu aingel, ar is docomail drém na .uii.
nime. ar ni assu nach ai araili dib. ar itàt Jtf dorais chôemtechta
arcind in chiniudadôenna corrice in richcd LU. 28*31-39] Ro
suidhigcdî d'idii cometaid 7 doirseoraig o muiulir nwic do
cornet cacha dorais dib sin. Michel archaingel 7 da oigh 'na
farrad co flescaib iarnaidib^ ina n-ochtaib do shraighlt'^^h 7
do esarcain na p^'cthach, 7 do cc/chesad na p^cthach sin.
29. Doïus immorro nime [tdnaisi] 7 Uirial archaingil ar sin,
7 da oig 'na forrud co sraiglrJ na pecthach da[ra] ngnuisib
Ro SLiidiged/ sruth tentide^ co fcvlasair fair a fiadhnaisi na
ndorw^. Da aingil ingairi in srotha sin, 7 is e in sruth sin
dearb/ij 7 nighis anmanna naem do chudrumad cinad. Ro
1. Ms. biug.
2. jMs. amlaig.
3. Ms. re med a toirrsi 7 dobuaidertha.
4. Ms. lin bec. Hère half a linc is left vacant. The passages in brackets
are from LU. 28^.
5. Ms. Rosuighided.
6. Ms. iarnaigib.
7. Ms. Rosuigideg.
8. Ms. tentigi.
The Adventurc of St. Columba's Clerics. 149
numerous, the odour of the top of one of thèse flambeaux
would sLiffice them with food.
27. Thus, then, are thèse hosts, and the assembhes and a
guardian angel attending on the soûl. A veil of fire and a veil
of ice in the chief gateway of the Cit)' before them, and they
a-clashing top agahist top for ever and ever. The noise of those
veils coming together is heard throughout the world. Adam's
race, if they heard that noise, fear and trembHng and terror
would seize them before it. Sad and troubled are the sinners
at that noise; but if it be on the side towards the household
of heaven, nought is heard of the rough thundcr save full
little onlv, and sweet as every melody that exists.
28. Great then, and it is a marvel to tell it, the position
of that City, for « little of much » is what we hâve told of its
divers orders and marvels. Rare therefore is it for the soûl,
after commune and dwelling with the body, and its sleep and
its ease, with its freedom and its happincss, to advance and go
to the Creator's throne unless she fare with the guidance ot
angels. For hard it is to climb the seven heavens', since not
easier is one of them than another. For there are six gâtes of
guardianship before the human race up to the Kingdom. A
doorward, moreover, and a guardian from heaven's household
to protect each of thèse gâtes. Michael the archangel and two
virgins by him with iron rods in their laps to scourge and to
beat the sinners; and to cause the fîrstsuffering of those sinners.
29. The gâte, in sooth, of the second heaven, Uriel- the
archangel is for that, and two virgins by him, scourging the
sinners over their faces. Before that gâte hath bccn set a fiery
river with a great flame thcreon. Two angels tending that
stream, and ibat is the strcam which tries and washes the soûls
1. so Ocngus calls Christ « the Lord of scvcn heavcns », and sec the
Koran, sura xxiii, 88.
2. an archangel mentioned in 4 Esdr. 4, 36.
I jo Whitley Stokcs.
suidhighciKlh ' d\ilii annsin tobar taitn<'wnch co mblath 7 co
mboltnugud do didhnad- anmann [innafirén LU. 29-']. Ingrin-
did inunorro 7 loiscid anmand na pecthach, 7 ni dingbann ni
dib, acht is îmWcd pêne imfuilnges.
30. Sornd itncd ar las^d a ndor//j- in très nime dog/TS. Da
;///// àéc CLibad \scd tet an lasair an-airdi. Tiagait à'xdu anmand
na fircn tresin sorn sin la prapad sûla. F/n"ighu'/- ann na p^'cc-
thaiglî 5 co ceann da hViadan dec, conàs-heir iarsin in c/<mar/;/u
cwsin cethramad ï\àorus, 7 is amlaid^ diJw ata sin, 7 srutii
tendtide 5 ann àmail in sruth romaind. Mur luaigi for lasad and,
If/hi a theni fria da m//i àcc [tomsithir LU. 29^28]. Tiagiiaid
<\\dii anmann na fircn tairis foch<?/oir, 7 fastothar anmann na
p(?ctach îr'i re da hMadan àéc i troge 7 i toidern/mi^, ronas-p^r
aingil in chaemther/;/a co àorus in cowcdh. nimc iad.
31. 0 cil s sïuxh. tentide/ (Xxdu aici sein, ad)l isccsamail^ lie
risna srothaib aile, uair ata saebchoiri a mcdon in t[s];otha sin,
7 impoit imacuairt anmann na pec[thjach 7 fostaidh co ceann
da hMadan dec, 7 soichid9 immorro na fireoin tairiss cen shae-
ihur. Antan ininiorro is mithig fuaslug^d na pecthach, bcnaid
di^« an t-aingil in sruth co flesc duir co n aicnead lecdha, 7
tocbaid na hanmanna suas do chind na flesci. Bmdh d'uiit
Michel na hanmann co dor//.f in sesed nime. Ni hairmithear '°
d]dti pian annsin. Teid dldii Michel co haingil na T/inoide co
taisbenand na himmaniia a fiadnaisi in Duileaman.
I.
Ms. Rosuighidhcadh.
2.
Ms. dighnad.
3-
Ms. pecaigh.
4-
Ms. amlaig.
)•
Ms. tendtigi.
6.
Ms. tuigern»m with of corrcctcd to d.
7-
Ms. tentigi.
.S.
Ms. ecasmail.
9-
Ms. soithid.
10.
Ms. hairmidUiear.
Thr Adventiirc of St. Columba's Clcrics. 1 5 1
of the saints from an equal wcight of guilt. Thcre, too, lias
been set a shining well, with bloom and odour, to comfort
the soûls of the righteous. But it persécutes and burns the soûls
of the sinners; and takes nothing from them, but it is an
increase of pain which it causes.
. 30. A furnace of fire, flaming continualh^ hefore the third
heaven.Twelve thousand cubits the flame reaches aloft. Then
the soûls of the righteous fare through that furnace in the
twinkling of an eye. The sinners are deiayed there till the end
of tNvelve years, and thereafter the Power takes them to the
fourth gâte. Thus, then, it is, withafiery river there like the
river aforesaid. A blazing (?) rampart a-flame there, the breadth
of its fire is measured at twelve miles. Then the soûls of the
righteous pass over it at once, but the soûls of the sinners are
detained for the space of twelve years in wretchedness and in
punishment, till the guardian angel takes them to the gâte of
the fifth heaven.
31. And there is a fiery river there also, but it is différent
from the other rivers : for there is a whirlpool in tlie midst
of that river, and it whirls the soûls of the sinners round and
round ^, and detains them to the end of twelve years. But the
righteous pass over it without labour. When afterwards it is
time to release the sinners, the angel smites the river with a
hard rod of a stony nature, and raises the soûls up at the end
of the rod. Then Michael bears the soûls to the gâte of the
sixth heaven. No pain or punishment is reckoned for the soûls
in that gâte; but they are illumined there b}^ the light and
the radiance of precious stones. Then Michael goes to the
angel of the Trinity and displays the soûls in the présence of
the Creator.
I. Cf. the Divina Commcdia, Inf., VIT, 22: Corne fa 1' onda là sovra
Cariddi, Chi si frange con quclla in cui s'intoppa, etc., and Verg. Acn.,
VI. Sjo.
I j2 Whitley Stokes,
32. As adbul tra 7 is diairmidi lailti m/////UTi nimc 7 an
[Co]imdcd fcn rc lianma;maib na fircn. Madh ' anfiréii [col.
p. 89"] iiiiinorro [ind anim LU. 29''8] fogebainmine 7 agairbe
on Choimdi[d] cumacbtach, 7 adcir re hainglib nime: Tairn-
gith- lib na hanmanna sa, a aingli n//;/e, il-laim Luitsitir a
fudomain ifrind dog;vs.
'&'
33. Scarthar annsin an ainim [thrûag-sin LU. 29^13] re
frccnarc//5 gnusi De. IS annsin lecid seon osnad mor osaird
ac tocht a n-ifrinn iar faicsin gloiri 7 aibni//5a muinterc De
nime. [Is and scarthair (ri comairge inna n-arcaingcl lasa tànic
doch//m nimi. Is andsin da)io slucit na da draic déc 'thentide
cach anmain d'éis a cèle, co curend iiadi in draic inichtarach i
ngin Diabail']. Is annsin fogeib comslaintius3 cach uilc a
n-ifrinn.
34. [O ro foillsig thra aingel in choimtechta do anmanaib
na clérech na fisi sea flatha nimi 7 cétimthûsa cecha hanma
iar techt assa curp, ros-fuc leis iat4 iarsin d'insaigid iflîrn
inichtaraig co «-immud a pian 7 a riag 7 a thod^rnam] 4.
35. [Is é iarom cétna tir coso rânic, tir ndub ndôthidc 'se
folom foUscide cen pein and etir. Glend lan di thenid fris
anall. Lassar dermàr and, co teit dar a oraib for cech leth. Dub
a khtur, dcrg a medôn 7 a uachtor. Ocht mbiastai and, a sùli
anw/ bruthu tentidi5 LU. 29'', 27-32]. Oc u s drochàd dermair
anddarinnglennipiantarna pecaigsin, 7gebidon urcoaraile, 7
isell achind 7 ard a medhon. [Tri slôig oc airimimirt tcchta thairis,
1. Ms. Magh.
2. Ms. Tiiir;/gich.
3. Ms. coni{laithi//i.
4. Tlic passage in brackcts is froni LU. 29^23, witli the substitution
of do ainuanaib na clérech for do aiiiihiin Adoiiniaii, and of ial for /;/'.
5. Cf. the Altus Prosator, Lib. Hymn., cd. Todd, p. 217: Nulli vidctur
dubium in imis cssc infcrnum, Ubi habentur tcncbrae, vernies ac dirae
bestiae.
The AdvcnUire of Si . Cohimba's Clerics. 1 5 ^
32. Vast, thcn, and sumless is the wclcome of the Hou-
sehold of lieaven and of the Lord Himself to the soûls of
the righteous. If, however, the soûl he unrighteous she get-
teth roughiiess and bitterness from the mighty Lord, and
He says to the angels of heaven : « Drag away, O heaven's
angels, thèse soûls into the hands of Lucifer, in the depth of
Hell for ever ^ ! »
33. Then that wretched soûl is severed from the présence
of God's countenance. Then too she utters aloud the groan
that is heavier than any groan at entering hell after seeing the
glory and delight ofthe household of the God of heaven. It
is there she is severed from the safekeeping of the archangels
with whom she came to heaven. Then, too, the twelve fiery
dragons swallow every soûl, each after the other, so that the
undermost dragon voids him into the Devil's mouth - . 'Tis
then she receives all-fulness of every evil in hell.
34. So when the guardian angel had shewn to the soûls
of the clerics thèse visions of-the kingdom of heaven, and the
first adventures of every soûl after coming out of her body,
thereafter he bore them with him to the lower hell with the
multitude of its pains and its tortures and its punishments.
35 . Now this is the tirst land to which he came : a land black
and burnt, bare and seared, without any torture therein. A
glen full of tire on the hither side of it, a vast flame there
which cornes over its border on every side. Black is its lower
part, red its middle and its upper part. Eight monsters there,
with their eyes like fiery gledes. And a vast bridge there is
over the glen wherein those sinners are punished. It stretches
from one brink to the other : its ends are low and its middle
1. Cf. tlie Koran, sura xliv, 47 : Seize ye him and drag him into the niid-
fire.
2. Cf. Old-Euglish Homilies, ist ser. 251 : draken... the forswolheth ham
ihal, ant speoweth ham eft ut biuoren ant bihinden. So in tlie Hgyptian
Ritual (chap. 15) the great serpent Apap devoiirs the soûls. And the Phi-
bionites « taught that each soûl when it left the world was stopped by
the archons and powers who ruled the régions to which it came. If it
possesstd the secret of knowledge it passed safely through their dominions.
If not, it was swallowed up by the great dragon, and after a time of
punishment passing through its tail was sent back again to the world »,
Dictionary of Christian Biography, s. v. Caulacau.
1 54 Whitley Stokes.
7 ni huli rosagat. Slôg dib, is Icthan dôib in drochct o thiis
co dered, co roichet ôgsldn cen uamun, cen imecla tarsin
nglcnd tcntide. Slôg aile dawo oc d insaigid, cael dôib ar thus
lie, lethan \mniorro fo deôid, co rochet iarom amlaid-sin tarsin
nglcnd cctna iar môrgabud. In slôg dedenach immorro, lethan
dôib ar ihiis in drochet, côel 7 cùmung fô deôid, co tuitet dia
medon isin nglcnd ngaibthech cétna i mbrdgtib na n-ocht
mbiast mbruthach l'it ferait a n-aittreb isin glind. LU. 2^^-^o^.]
36. [Is iat lucht diar'bo soirb in sét sain, des ôige, des atrige
1ère, des dergmartra dutf/;;-]achtaige do Dia. Is i datio fairend
diar'bo chumuc ar ihiis 7 diar'bo lethan fo deôid iarsin in sét,
drem timaircittr ar ecin do denatn thole Dé, 7 soit a n-écin
iarsin i toltanche fognoma do Dia. Is dôib immorro ro bo lethan
ar thiis in drochet 7 diar'bo chumung fo deôid, dona pectha-
caib, ftwtiiaset fri forcetol bréthre Dé 7 nd comaillet iarna
clostin LU. 30^].
37. [Atdt dam slôig dimôra i ndichumung hi traig na pêne
SLithaine risin tir n-etordorcha anall. Cachranûair trdgid in
pian dib, in n-ùair aile tic ^ thairsiu. Is iat iarom filet amlaid
sin, in lucht dianid comthrom a maith 7 a n-olc. Ocus isin lô
brdtha midfid/V etarro, 7 badfid a maith a n-olc isind lô sin,
7 bertair iarsin do phurt bethad i ïrecnircus Dé tria bithu sir.
LU. 3o\]
38. Ata drem aile ann i comfoc/<5 don lucht sin, 7 is adhbul
a pian. IS amlaidh^ immorro ataid, i cuibreach do cholamnaib
tentidi5, 7 muir iened umpu conuigi a smeacha, 7 slab/'ada
1. sic LU. The facsimilc lias do, pcrpcram.
2. Ms. amlaigh.
3. Ms. tentigi.
The Advcntiirc of Si. Columba's Clerics. 1 5 5
is higli. Thive hauts are preparing to wcnd across it, and not
ail pas.s. For a liost of them broad is the bridge from beginning
to end, so that they flire all-safc, without terror, without
dread, over the fiery gltn. For another host making towards
it, narrow it is at the beginning, but broad at tlie end, so
that afterwards they thus farc over the same glen after great
péril. But for the last host the bridge is broad at the beginning,
narrow and strait at the end, so that they fliU from the middle
thereof into the same valley perilous, into the throats of the
eight burning monsters there who make their abode in the
glen ^
36. Thèse are the people for whom that way was easy :
folk of chastity, folk of devout pénitence, folk of red mar-
tyrdom^ willingly suffered for God. Thèse then are ihe crew for
whom the way was narrow at the beginning and for whom
thereafter it w\as broad at the end : the many who are
constrained perforée to do God's will, and afterwards turn
their compulsion into willingness to serve God. But they for
whom the bridge was broad at the beginning and narrow at
the end are the sinners wdio listen to the preaching of God's
Word and after hearing fulfil it not.
37. Now there are huge hosts in weakness on the strand
of the Eternal Pain, at the hither side of the lightless land.
Every second hour the pain ebbs from them, the other hour it
cornes over them. They, there, who are in this wise are the
people whose good and whose evil are equal. And on Doomsday
it will be judged between thèse, and their good shall on that
day quench their evil, and thereafter they will be borne to the
Harbour of Life in the présence of God for ever and ever.
38. Another crowd there is in the neighbourhood of that
folk, and their pain is vast. Thus then are they : tied to fiery
pillars and sea of fire around them up to their chins : fiery
1 . This bridgehas been compared with the Chinvatô pereius of the Avesta,
the bridge over GioU across which Hermôdr rode to rescue Baldr from
Hel, the bridge in Frate Alberico's vision citcd in Longfellow's version of
the Divine Conicdy, London, 1867, p. 235. Sce too Greg. Turon., IV, 13.
2. As to red marts'rdom, white martyrdoni and green martyrdom, sce thç
Cambray homily, Thés. pal. bib., II, 247.
1 5 6 Whitley Stokes.
tentidi ima medon. 7 fo dclbaib naithrcch. Lasaid [a ngnî/^si
LU. 30"] osin pein sin, 7 as iad ata 'sa pen-sin .i. fingalaig 7 aes
aidmillti ccailsi De, 7 airchindich etrocair doniad [dona ind-
masaib LU. 30^'] sealba sainredcha seoch aidlignechaib' in
Clîoimdead.
39. Atait d'uiti sluaig mora ann ina scsam dogré's il-lathachaib
duba amuigi a cresa. Cochaill gerra aigreta umpu, 7 ni thairis^/
tria bithu acht na cresa ica \oscad ker uacht 7 tes. Sluaigh
demna ina morthimchell, 7 pluie tiientidhi- ina lamaib ica
mbualad ina ceannaib, 7 siat ac s/rthachar friii, 7 a n-aigthi
uili fo thuaidh3, 7 gaeth garb goirt ina firedan dogrés. Frosa
d^rga tentidi 4 ac fearthain orro, 7 ni cumgaid a n-imgabail,
acht a fularig> tria bithu ig cai 7 ic toirrsi.
40. Aroih dib [7 sruama tened i tollaib a ngn/Î5se. AraiU
LU. 30-''] cloithi tened triana cendaib. Asiat iar//m fuilet isin
pen-sin, gadaige 7 ethgig^ 7 aes braith 7 ecnaigh 7 slaid 7
creiche, 7 breithemain goacha 7 aes cosn?nna, mna upthar/;a
7 canti 7 dib^rgaig 7 fir leigind pntchnin eris.
41. Ata drong aiU mor ann a n-indsib i medon mara tened,
muir airgdidi^ umpu da n-ahnsanaib. [Fairend trâ sin dogniat
trocairecendichill, 7 biirardide Lf/. 3o''4,5j ilacsain7 indethi-
din a collai co crich bais, 7 no[s]cobrat a n-almsana a medon
mara tenead co brath, 7 foet/r co port mbeathad iar mbrath.
42. Ata drong aile ann, 7 casla derga tentide9 co Iar impu,
7 adcluinter a ngrith 7 a ngair fon mbith. Drong aili do dcm-
1. Ms. sealba ar scanrachalb seoch dligcheanachaib.
2. Ms. thentighi.
3. MS. thuaigh.
4. Ms. tentigi.
5. Hcrc tlic dot ovcr/ indicates cclipsis, not aspiration.
6. Ms. ctliig.
7. Ms. ptchait.
8. Ms. airgdigi.
9. Ms. tente.
Thr Adrcniiirc of St. Coliimba's Clcrics. 1 57
chains about thcir waists in shapc of serpents : their faces blaze
above that pain. They who are in tliat pain are parricides and
destroyers of God's Church, and merciless managers ofchurch-
property who make of tlie wealths possessions for themselves
rather than for the needy of the Lord.
39. Yea, great hosts are therc, standing always in black
mires as fiir as their girdles. Short icy cowls around them,
and they never rest, but the girdles are burning them both
in cold and beat. Hosts of fiends ail around them, with fiery
maces ^ in their hands, beating them - on their heads, and they
in continuai strife with the fiends. Ail their faces to the north,
and a wind rough, bittcr, right into their foreheads aKvays.
Red fiery showers pouring on them^^ and thcv cannot avoid
them, but hâve to endure them for ever in weeping and
lamenting.
40. Some of them with streams of fire in the holes of their
flices. Others with nails of fire through their heads. Now
those who arein that pain are thieves and perjurers and traitors,
and blasphemers and robbers and raiders, and fiilse judges and
wranglers and witches, and lampooners and rebels and readcrs
who preach heresy.
41. Another great multitude is there in islands amid a sea
of fire. Silvery ramparts around them of their alms. Now that
host are they who do merey without neglect, and yet abide
in laxity and lust of their bodies to the limit of death, and
their alms help them in the midst of the fire till Doom, and
after Doom they are sent to the Harbour of Life.
42. Another troop is there, with red fiery cloaks around
them to the ground^. Their trembling and their crying are
1. Cf. the meaîles istelet of the Old EngUsh Homilies, ist ser. 255 and the
« maces of iron » of the Koran, sura XXII, 21.
2. Cf. the Divina Commedia Inf., XVIII, 35 :
Vidi démon cornuti con gran ferze,
chi H battean crudclmente di rétro.
3. Cf. Ps. XI, 7, and Div. Comm. Inf. XIV, 28 :
Sopra tutto il sabbion d'un cader lento
piovean di foco dilatate falde.
4. « But for those who havedisbelieved garmcnts of tire shall be eut out »,
Koran, sura, XXII, 20.
158 Whitley Stokes.
naib' \c a fz/rmuchud 7 coin brena Icthoma ina lamaib ic a
fr/rail forro do caithem. Rotha drrga tentidear sirlasrtd - fo mbrai-
gdib, 7 bertir 5 suasiadco firmamint [cacli ra n-ùan LU. jo*", 13]
Icict/V sis i fudomain ifrind in fccht aili. As iad ata isin pcn sin
.i. aes graid [tairmideochatdra ngnida, 7 fûathcraibdig, 7 bré-
caire brécait 7 sacbait na sluagu, 7 gabait (orro ferta 7 mirbaile
nach fétat do dcnam dôib4].
43. Dream d^rmar aile ann sair siar cen tairiseam dôib ar
lecaib tenlidib?, [oc cathugud fn slûagaib na ndemna. At lir
turim thra frassa na saiget ior dérglasad dôib ona demnaib.
Tiagait] ^ 'na rith can t/frbrod, cen tairisem, co roiched
dublocha ifrind dia mbadhudh 7 do badhudli na saighf/ tend-
tide" indtib. IS truagh na gairi 7 na golghairi doniad pecthaig^
a n-uisqib [sin, aris tormach pêne ros-td dôib, LU. 3o''27,28].
As iad ata 'san pen sin .i. cerda 7 ceannaige 7 cirniaire
esinraca, 7 breith(e)main gûbrcathacha 7 righa ec/'aibtheacha
7 airchindig claenai colacha 7 mna adalt;'acha9.
44. Berair d\du iadsin la prap^d sul(a) triasin n-ordam '°
n-orda7 triasin fial[nglainide,LU. 3 i\i] cotir nanaem. Isindti
sen rucad iadson ar ndulo a corpaib. O ro gabadar iarzmi ceill
for anad 7 ar tairiseam isin tir sin adchualadar in guth ainglecda
'ga rad : Eirgid aris cusna corpaib c//na asa tangabar [col. 713
= p. 89''] 7 indisig a ndalaib 7 a n-airer/;/aib fochraici nime
7 piana if/inn. Ocus doronsad amlaid sin, 7 tuc£(d iad co a
curach, 7 tangad^r iarsin chachai;; (?) sin, 7 tegaid co hanbann
rompu, 7 ni facadar in ten/if.
I. M5. dainib. 2. Ms. firla^d. 5. Ms. berthi.
4. For the words in brackets (taken from LU.3o''i5-i7) YBL. has only
tairimtheachtana 7 fuath crabaig forro.
5. Ms. tentigib.
6. For the words in brackets (takcn from LU. 301^22-24) YBL. bas only
7 siad.
7. Ms. tcndtigi. 8. Ms. pecaig.
9. the ad- nuin. rec. The Yellow Book abridgnient has nothing corres-
ponding to LU. 30^^32-3 i-'i 5.
10. Ms. nordan.
The Adrcnturc of St. Columba's Clerics. 159
heard throiighout theworld. Another troop of démons stifling
tliem, and with stinking lialf-raw dogs in their hands com-
manding the sinners to consume (them). Red tiery wheels
flaming forever under their necks. Thèy are taken up to the
firmament every second hour : they are cast down to the depth
of hell the other hour. They who are in that pain are men
ordained who hâve transgressed their orders, and hypocrites,
and Hars who lie and befool the crow-ds, and take the crédit
of wonders and miracles which they cannot do for them.
43 . Another vast crowd there, hither and thither, without
standing still, over the fiery flagstones, fighting against the
hosts of the fiends. Many to count then are the showers of
arrows red-flaming (shot) at them from the démons. They go
running, without ceasing, without resting till they reach the
black loughs of hell to drown themselves and to quench the
fiery arrows therein. Piteous are the cries and the lamenta-
tions which the sinners make in those waters, for it is an
increase of pain that they hâve therein. Now they that are in
that pain are dishonest artisans and fullers and chapmen, false-
judging judges, impious kings, wrongful incestuous managers
of church-property, and adultérons women.
44. Then in the twinkling of eye those (the soûls of the
clerics) are borne through the golden portico and through the
crystalline veil to the Land of the Saints, into which they were
first taken after coming out of their bodies. So when they
expected to remain and abide in that land they heard the
angelic voice saying to them : « Go back to the same bodies
out of which ye hâve come, and déclare in meetings and
assemblies the rewards of heaven and punishments of hell. »
Thus they did, and they were brought to their boat, and they
came afterwards... and go forward feebly, and they saw not
the fire.
i6o Whitlry Stokes.
45. Ocus tangadar ar lebarthonnaib na dilind, 7 adchonn-
cadar inis alaind, 7 croind duillcclia dosmora dathailli inti, 7
as anilaidh' ro badar na c/'oind, 7 siad lomnan do mil, 7 loch
ïor lar na hindsi 7 se lomnan do mairgrec 7 do Iccaib logm^ï/aib,
7 a lan indti do luibib boladhmaraib 'san ailen-sa archeana.
Adchondcadar daine dimora drochcumtha inti. Ocus is amlaid
ro badar, 7 monga ech fortho, 7 cind chon ïono fos, 7 corpa
duine accu.
46. OcNS tangadar iarsin doch;/m na hindsi, 7 rus-gab ecla
7 imomon mor iad risna dainib ingantacha anaichindti adconn-
cadar. Badflr cairrgi 7 dresa dilgnecha druimnecha lan do
smeraib, 7 fidbaid alaind examail lan do mes 7 do chinel cacha
toraidh, 7 dogobadar son ar a cnuasach 7 ar a caitheam, 7
dochuadar as iarsin intan ro bo lor leo ar' thinoladar do mes
an ailein 7 na hindsi.
47. Adchonncadar iar scis n-imrama arachind isan chaen-
tracht clerech sruithgel sidamaf// co casail lind ime, 7 bean-
naighidh cach da cheli dib, 7 fiarfaighid ^ scela da chele. Ocus
fiarfaighis 5 dib : can asa tangabar, 7 do indisedar do a n-imthw^
o x.hus co deread, 7 ro indseadar coiiad a hErind tangadar 7 co
ro badar re ré ciana ar muir 7 ar morfairrgi for m^rugwd o
cach ailen alaind ingantach da chele. Anaid sund, ar se, 7
fogebthai oilithri 7 digidhef/;/4 sunn, 7 dogebthâi iasc 7 fin 7
cruithneaJ;/. Ocus dochuadar les, 7 badar tri la 7 tri haidchi
isan indsi, 7 ro timnadar celebrad iartain, 7 dochuadar da
saighid a cwraig, 7 tucsad a curach iarsin a muincind mara.
48. Ocus dorochair a codlad forro iarsin, 7 as ed ro duisig
iad, tuaim in cwraich risin tracht. Do ergedar iarsin 7 adchon-
ncad^y ailen uaithib, 7 adchonncadar na gurtu aipchi ac tuigi
an oilen, 7 adchonncadar na meithli do dainib graindi co
cendaib mue ortha, co corpaib daine, 7 adchonncadar uathu
in c//rach ac f;TscnMm dia saidiidh. Ro "absad m»/rmesoga
1. Ms. anilaigh.
2. Ms. fiarfaidhid.
5. Ms. fiarfaidhis.
4. Ms. aidighec/j/.
Tlw Adirtiture of St. Columba's Clerics. 1 6 i
45. And they came on tlie long waves of the flood, and
beheld a heautiful island, Nvhei'ein were trees leafy, bushy,
beautifully coloured; and thus were the trees, ail full of honey,
and a lake in the midst of the island, ail full of pearl and pre-
cious stones, and the rest of the island full of odorous plants.
They beheld huge, misshapen men therein, and thus they
were: with the mânes of horses upon them, and the heads
of hounds, and the bodies of human beings.
46. They afterwards landed on the island, and fear and great
terrorseized them at the wondrous unknown men whom they
beheld. There were crags and thorny bending brambles full
of blackberries, and a wood beautiful and excellent, full of
mast and of evcry kinJ of fruit. They fell to gathering nnd
eating them, and then they went away, whcn their collection
of the mast of the isle and island seemed to them sufficient.
47. After weariness of voyaging they saw on the fair strand,
coming to meet them, a cleric old, grey and peaceful, with a
white chasuble about him. Each of them saintes the other and
asks for tidings. And he asked them : « Whence hâve ye
come ? » and they told him their story from beginning to end.
They said that they hadcome out of Ireland, and that they had
been a long while wandering on the sea and the mighty main
from one beautiful, wondrous island to another. « Abide hère »,
quoth he, « and ye shall find pilgrimage and hospitality, and
ye shall get fish and wine and wheat ». So they went with
him, and for three days and three nights afterwards they were
in the island; and (then) they wentto their boat, and brought
it afterwards on the surflice of the sea.
48. After that their sleep fell upon them, and this is what
woke them, the noise of the boat against the strand. Then they
arose and beheld an island, and perceived the ripe cornfields
clothing the island, and the bands of hideous men, with the
heads ot swine upon them, and the bodies of human beings,
who beheld the boat striving to reach them. They took from
Revue CdtiqturXXVT~ 1 1
i62 Whitley Stokes.
mor.i do lar 7 ro dibraigsed uaithib in c«rach, 7 ro airigsed
lucht in cz/raich in dihrug/<d sin. Ro inipaidhsead in curach
uaitiiib do thaib thiri. Tangadar na daine grana ud anuas don
tir isan f'airrgi 7 a cind suas. A muiincr Coluini cille, ar siad,
na ticidh chucaind, doig is do shil Chaim nô Gain miscathaig
duind, ar siad, 7 ni liaitrcb aile fuile acaind acht bith isan
m?//V-sea, 7 in t-ailen-sa acaind 'ca threbad.
49. Tangadar seochu arsin na cleirig, 7 vus seolsad a cziracli
ar fairrgi 7 ar lebarthonnaib an aicen, 7 ro badar co cendtrom
toirrsseach n-uathbasach n-ocamlach, cor' caiseadar frasa der,
cor'ba fliucli blai 7 bruindi doib. Ocus ro badar ac imrad
Cohiim cille co menic, 7 ro imposed risna salmaib iarsin do
chantain 7 do gabail.
50. Nir'bo chian doib co facadar ailen 7 co cualadar in lon-
gaire 7 mna ac sianan isinn ailen, 7 do deachadar [col. 714
= p. 9^] chucu do thaib in cz/raich, 7 as ead ro chansad .i.
Sen De' donfe, Mac Maire ronfela. Canaig duind sin fos, a
mna, ar siad, uair is bind lind sin, 7 as e ceol 7 orghan 7
sianorgan ban Ercnn sin. Ro fregairsed na mna doib iarsin 7
adubradar riu : Taidsi lind anunn, ar siad, co teg in rig, 7
aicillig in ri ann.
5 1. Dochuadar ar oen chae risna mnaib iarsin conici bail a
roibi in ri, 7 ro fear in ri fiiilti friu, 7 roharfliigh- doib. Canasa
tancabar 7 can bar cenel ? Do muintir Coluim cille sind, ar
siad, 7 do ïeraih Erend duind, 7 a hErm» tangamar.
An feadabar, ar se, ca lin mac as beo do Domnall mac Aeda ?
Ni beo, ar siad, acht oenmac .i. Donnchad, 7 ro marbsad
Fir Rois an m^c aile .i. Fiacha, 7 as annsa lindi an drem ris
torchair .i. Diarmaid Olmar 7 Ailill, 7 ni fedamar an ndil o
sin, ar siad.
1. After de there seems an.
2. Ms. fiarfaidli.
The Adrcntiirc of St. Çolumba's Clerics. 165
the ground grcat sea-acorns and cast them at the curragh ; and
the crcw of the curragh obscrved that casting, and stcered
the boat along the cjast. Yon hideous mcn came down
from the land into the sea up to their heads. « O household
of Columkill », say they, « conie not to us, for \ve are of the
race of Ham ■ (or of Gain), the accursed, and we hâve no othcr
dwelUng than being in this sea, and this isle we hâve to cul-
tivate. »
49. Thereafter the clerics came past them, and steered their
boat on the sea and the long waves of the océan. And they
were heavy-headed, sad, horrible, disheartened (?) ; and they
wept showers of tears, so that their shirts and breasts became
wet. And oftcn were they thinking of Columkill, and after
that they turned to chanting and singing psalms.
50. It was not long till they saw an isle, and heard the
blackbird-song and on the isle women singing, who came
towards them beside the curragh. This is what they sang:
« May God's blessing guide us, inay the Son of Mary envelop us ^ ! »
« Sing more for us, O women ! » say the clerics, « for that we
deem melodious, and that is the music and the instrument and
the song of the women of Erin. » The women then answered
them and said : « Come over with us to the palace and there
hâve speech with the king. »
51. Then they went along with the women to the place
w'here the king was, and he made them welcome, and asked
them : « Whence hâve ye come, and what isyour kindred-. »
« Of Columkill's community are we », they reply, je and of
the men of Ireland ; and out of Ireland we hâve come ».
« Know ye », saith he, « how many sonsof Domnall mac
Aeda are alive ? »
« Only one », they answer, « is alive; and the Men of Ross
killed the other son, Fiacha; and dear to us are they by whom
he fell, even Diarmait Ôlmar and Ailill ; and we know not
their fate since then. »
1. Cam filius maledictus, videns et ridens patrem Noc, Nennius, cd.
Mommsen, § i >i.
2. see Colman's hymn, liiie i, Thés. pal. hib., II, 299.
164 Whitley Stokes.
As fir in sccl, a ckirchiu, ar in ri, 7 sindi in lucht sin ro
marb mac in righ, 7 atamaid sund cen ais ccn uvchra ft?/-aind,
7 bemaid co brath co ti Eli 7 Enoc don chath re hAinticm/ ',
7 is Ico sin rachmaid don chath, 7 is maracn riu sin fogcbam
bas, 7 is amlaid atamaid sunn, co t/illsib oir 7 airgid ftvaind.
Ocus da roisti co hEriivi aris indisig doib ataad da loch sunn
.i. loch tened 7 loch usq//i, 7 mana beth Martain 7 P^/ric
doroiscd cach loch dib dar Erinn o chianaib.
52. IS sceli hnd, ar siad, na clcrich, nach faicem Eli 7
Enoc co ro aicillmis iad.
Nocho faigbithi sin, ar in ri-, uair (atat) iat a n-araili loc
diamair co tisad do cathugud rc hAinticr/5/.
53. 'Arsin ro gobsad na cleirig lam ar imdeacht, 7 aduba(rt
in ri) riu : Airisig sund inar tarradni cor... uair ni fuaramar-ni
o thancamar ... er... gairdi ... o thancabar-si chucaind.
54. Ociis ni r'anadar na clerig it^r, 7 is amlaid ro bai in
t-ailen, 7 tibra thibruchthach 'na dor//^', 7 dochuadar na ckirich
inti da fothruc//d, 7 amail rob ail doib ittT thés 7 uacht is
amlaid ro bai doib c, 7 in braen fleochaid do f^vad ann as ed
no gabad isin tibraid.
55. Ba... iar//m 7 is ed lodadar do tegdais ind rig. Ba
noemda in tegdais 7 ba noemda botha inti. Ba hamra a hin-
dell, ar bai cet ndoriis fw/rri, 7 fer graid {or cach ndoruss oc
idbairt cuirp Cm/, 7 bai slogh mor oc dechsain na hidp//rta
do mnaib 7 feraib... clerig isin tech, 7 bendachais cach dib
dacheli, 7 dolotrtr iaram in slog mor sin do laim oc ind aifrend,
etir mnai 7 fir.
56. Dailtir fin forro iarsin, 7 atWn in ri fi-isna clerchiu:
1. More as to Elijah, Enoch and Antichrist, Fcl. Oeng. Sep. 29, Lebore
Brecc 31335, LL. 280-^3, YBL. 120^25. As to Antichrist see also Wb,
26^8 and Rev. Celt., XXVI, 48.
2. Ms. ar siad.
The Aiivcniiire of St. Columha's Clerics. 165
« Truc is thc taie, O clerics », says the king; « and wc
are thc folk that killcd the king's son ; and we are hère without
âge, without decay upon us, and we shall abide till Doom,
tillElijahand Enoch corne to the battle with Antichrist^ With
them we shall go to the battle, and together with thcm wc
shall die; andthus weare hère, with tresses, ofgold and silver
upon us. And if ye get again to Ireland, tell them that
two lakes are hcre, a lakc of lire and a lake of watcr : and if
Martin - and Patrick wcrc not, each ot thcse lakcs would long
ago hâve come over Ireland. »
52. « 'Tis a misery for us », say the clerics, « that we do
not sec Elijah and Enoch, so that we may converse with
them. »
« Ye cannot hâve that », says the king, « for they are in
a certain secret place, until they corne to fight with Anti-
christ. »
53. Thcreafter the clerics prepared to départ, Imd the king
said to them : « Tarry hère with us that... for since wc came...
plcasantcr... since ye came to us. »
54. And the clerics did not stay at ail, and thus was the
isle, with a gushing well at its entrancc ; and the clerics went
into it to bathe, and just as they liked, whether beat or cold,
thus it was for them?. And thc rain-water that poured thcre
was kept in the wcll.
55. Then was... and they went to thc house of thc king.
Hallowcd was that house, and hallowed were the booths the-
rein. Wondrous was its equipment, for there were a hundrcd
doors to it, and a pricst at every door offering Christ's Body ;
and thcre was a grcat host of men and womcn beholding thc
oblation. The clerics (entcrcd) thc house, and each of thcm
salutcd thc othcr; and thcn tliat grcat host, both mcn and
womcn, went to communion at the mass.
56. Thcreafter winc is dcalt to them, and the king said to
1. Accordin2; to the Révélation of John (Apocalypses A pocr y pbae cd. Tis-
chendorf, p. 76), Antichiist will kill tlieni at the altar (àveÀsi' ajroj; È-'i to
0-j7'.aiTrJ:'.ov) for havino shewn him ta be a liar and a deceiver.
2. i. e. St Martin oiTours.
5. see Nennius, éd. Mommsen, j 6j.
i66 Whitley Stokes.
Apraid, ar se, fria firu insi liErenn dosfil digala mora foraib.
Dosnicfot allmaraig dar muir 7 trcbait (co leth) ina hinsi, 7
gabait forbais foraib, 7 ïsed doheir doib in digail sin, a meit
dobd'rat eslis for timna nDe 7 fora forcctoi. Mi (or biiadain
ataithi for fairrgi, 7 rosesaid imslan, 7 (indisid bar scéla) co
feraib Ereiin.
[col. 717, p. 90b.]
57. Mac De decis ar[a]seta samtha tuile
cen gabad ngarg \otar in ailen ard aili.
Huasal tegdais dia ndorala uaisli trehaib,
i mbi in ri find co feraib ocus [fjeuaib.
Cet do dorsib asa tochaib tarcad solas,
altoir chain chair ocus fer graid for cech ncorHJ.
Daltir foraib fin a l('5/raib luchraib mathglond,
feraib sceo ninaib \otar do laim oc in afriund '.
Eprid fri shiag insi Erenn iar for coraib,
anso gnimaib ', dofuil digail Fiadat foraib.
Fir a longaib loechrad co ngaib, cin chuit irsi,
bid mor in plag, trebait co leth Iar a n-insi.
Eslis for timna rig nime, mesa gnimaib,
ni luath a thoir, ised dob«V doib in digail.
Mi for biiadain for for setaib, samad gnimaig -,
o nob-rahi tondgar mara medraig milaig.
Bid ferr lindc bid diar scelaib a n-adfedid
briathraib beodaib, basaib banaib, cosaib s(nédib).
Ateoch Patrie ocus Henoc ocus Heli >
cen nach toirse 5 rombe nem iar soilse snedc 4.
FINIT.
1. Ms. ofriund.
2. Ms. gnimaid.
3. Ms. toirsi.
4. Ms. snedc soilse.
The Adventure of St. Coliimlni's Clerics. 167
tlie clerics: « Say », quoth hc, « to the men of thc island of
Erinthat great punishments are impendingon them. Foreigners
will corne to them over the sea and inhabit as much as half
the island, and will lay siège to them. And this is what brings
that punishment upon them, the extent to which they neglect
the commandments of God and His teaching. A month and a
year are ye at sea, and ye will arrive safely, and tell your
tidings to the men of Ireland. ».
57. God's Son looked on their wavs : gatherings of floods :
without rough danger they entered another lofty isle.
A noble mansion if thou corne to it, noblest of dwellings,
wherein is a fair king with men and with treasures.
A hundred doors eut of its sides : bright assembly with apologies,
a fair just aliar and a priest at every door.
Wine is dealt to them out of vessels : with the lustres of good deeds,
men and women go to communion at the mass.
« Say ye to the host of Erin's island, after your circuits —
hardest of deeds ! that the Lord's vengeance is coming upon them.
« Men in ships, warriors with spears ', without any faith, —
great will the plague be — inhabit half the soil of their island.
« Neglect of the King of heaven's commands — worst of deeds — [you. »
not swift is the blâme thereof — 'tis that which inflicts punishment on
A year and a month (will ye be) on vour ways — a doer's congrega-
sincethe wave-roaroftheglad, monsterful sea came to you. ftion —
\Ve should prefer that what ye tell should be of our tidings,
with living words, with white hands, with swift feet.
I beseech Patrick and Enoch and Elijah
that I may hâve heavcn without sadness, after swiftness of light.
IT ENDETH.
I. Cf. the Colloquy of the Two Sages, § 191, Rev. Celt., XXVI, 38,
where the vikings are called « the men of the black spears » (dubga).
i68 Whiiley Stokcs.
GLOSSARIAL INDEX
(The bare nuinbers refer to the paragraphs of the text.)
abstanaid, 9, borrowed from Lat. ahstiucutia.
acian-tonn occan-wave, gen. sg. acian-tuindi, 12, see Meyer Contribb. s. v.
acian.
acli, 16, 25, 27, for acht, Ir. Texte, IV, 375.
adnaided, 10, perhaps for adnethat thcy expcct, they ivait, ad-ro-ne[th]estar
(gl. sustenuit), Wb. 4'=3 5, arroneestar, Ml. 50^8.
aicillig see indisig infra.
airiniimirt act of prcparing : So in LB. 141-^20 : Intan tra bôi Hiruat oc aru-
niimirt marbtha na macraide.
allmarach /c)/'(7^«tT, pi. nom. allmaraig 56; almurach Côir Aumann 243.
anbann (an-fann), 44,feeb}e. anbann LB. I4ia,anfann Bor. anfand LL. 207".
ar infixed pers. pron. of ist pi. nach-ar-sàraig, 5.
ard-chomairce, 4, high safegiiani.
bail place, ace. sg. 6, 50, Mer. Uilix, a sister-form of baile.
bàeth-lemnech, 10, madly-kapiug.
ball-chorcra, 10, piirple-spotled, bail « spot», hence ballda spotted, Maccongl.
braen fleochaid, 54, rain, broen aimsire (gl. imber).
câen-tracht, 47, a fair straud.
cait chenn cat-hcad, cattchend LL. 132^41, pi. dat. caitchennaib, 1 1 : cf. cind
chat, 1 1 .
canaig see indisig.
capar, from Lat. caprio, whence Cymr. ccihren « rafter », Corn, kchcr
(gl. tigiim), O. Bret. cepriou (gl. laquearibus), see stiall ar chapar.
casai = from Lat. casula, sg. dat. casail, 11, pi. dat. casraib (for caslaib),
cenn-tromm, 49, heavy-headed.
cloistecht, 13, acl ofbearing, clostin, 36.
cnûasach, 46, act of gathering, gen. cnuasaig Ann. Ult. 1498.
cret aircid, 12, cret bezeichnct wohl das ganze Gerûste von Stamm und
Asten (Thurneysen).
crislach lap, ace. sg. 6, sg. dat. 7 crisluch (gl. grcmioque) MI. 93^22, pi.
dat. i crislaigib na cath, LL. ?39-'.
crutli, 20, corresponds with the elrochta of LU. and may be cognate with
cruth c^c\\ crôda 7 cach nderg, Corm. s. v. cruthnecht. For the spiritual
significance of redness see §§ 22, 23.
The AdvciUurc of St. Coliimha's Clerics. 169
cuibreach. 58, l'or cuim-rcch, chain, fetter.
cuiiiuc, }b, for cuniung wa/;i>u', slender. Hence acmucc very-slenâer (= ad-
cumuc), O'Dav. no. 28.
dath-àlaind, 10, beaulifully colotired, pi. dathailli, 45.
dechain, 14, dat. sg. iict of hohing (gen. dcchana, Laws I, 234). But dech-
sain, 55.
di-dirmide, 52, couiitkss, suinicss.
di'l, 5 !,/(//(;: is é a ndil LL. 45*20, ni faccimse a di'l o sein imniach, Rev.
Celt., XIII, 78, diol .i. crioch, O'Cl.
doirseoraig, 28, perhaps a mistake for doirseôri doorkeepers.
dosmor, 10, hiishy, pi. dosmora, 45, deriv. of dossate cognate with Lat.
du(s)uiii5.
droch-cumtha, 45, vùssbapcii, cummaim / shape, Mac Cong. and Strachan
Sait., 6.
duillech, 45, leajy, LL. 188^".
fallscad, 9, for foiscad, a biiriiing, verbal noun of foloscaim, part. pass.
follscide.
fascnum, 8,48, for ascnam, strvviiig for, ex *ad-co-sinm.
fastothar, 50, is detaincd, fostaidh, 31, detains, for astotar, astaid, and
thèse from -astaim, encl. of adsuidim.
(thgood, pi. dat. feuaib. 57, ace. feba Fiacc's h. 24.
fellaim / act treacherously, Ibetray, prêt. pi. 3 rofellsad 4.
fér-glas, 8, green-grassed.
fi'r-iasc sahuon, lit. véritable fish, fir-esc, 10, dat. iasc, 10.
fo-cuairt, 18 = fo, corresponds with do cach and LU. facuairt LB.
fonn, 24, a hase, fonn-taitnemach. 8, haviiig a heatitiful soi] (fonn from Lat.
fiiiidus).
foscugud, 17, division? séparation?
gabaim céill I hope, I expect, prêt. pi. 3 ro gabadar céill, 44. Cf. gaibid side
céil for bâas, he expects death Wb. 9-13.
gabaim lâim ar, 53. / mahe ready, prépare.
gni'mach active, deedftil, gen. gnimaig, 57.
gôach niendacious, pi. gôacha, 40.
imar 20 (aspirating), like, for immar, sembr.
immomun, 46, exceeding fear.
indisig, 44, 51, 2d pi. imperative of indisim « I relate, I déclare « So canaig,
50, aicilUg, 50. The person-ending -ig shews that tlie copyist was a
Munstv.'rman.
hindlaicid, 7, prêt. pass. pi. 5 of indlaicim Ibring for idnaclim? Or is ro
hindlaicid for ro thindlaicit ? from tindlaicim, which may be a conta-
mination of tidnacaini and lidlacaiin, as to which see Zimmer, Kuhn's
Zeitschr., XXX, 67.
lacht-milis, 8, milk-stueet.
lâm (chrainn) the hranch, or bottgh, of a Iree.
lebar-thonn a long wave, pi. dat. lebarthonnaib, 8, 11, 49.
lon-gaire literally a blackbird's langh : cf. fom-chain 16id luin, Thés. pal.
hib., II, 290 ba bind gair coille loinche (vox sylvae mcrulosac), Corm.
170 Whitley Stokes.
luaigi, 30, leg. luaichc/dwc ? cogn. with Itix, logi. etc.
lucliraib, 59, pi. dat. of luchair brightness.
lug-barc a small barque, pi. dat. lugbarcaib, 6. Uig cogn. with I-It/J;, Skr.
h'ghii, Lat. levis, and barc froni Low Lat. barca.
mairgrec, 45, pearl, from Lat. viargarita, with change of t. to c.
math-glond, 57, a good ileed, compounded of tnath a sister-form of >Ma//A(pl.
maithi, 4), and glond .i. gniomh, O'Cl.
milcta, 12, lit. soldierly, hère stately.
mi-scathach nccursed. gen. sg. in miscathaig, 48. Dcriv. of viiscaith « a
curse », Corm. Tr., 107.
môr-fairge, 47, a great sea (the high seas?).
m6r-thin6l, 5, a great galhering.
mu\r-mQs6g sea-acorn, pi. -a 48, measôg « acorn «.
nait, nait, 13, nor are they.
ocamlach, 49, perhaps cogn. with ong, Corm. Tr., 34?
oilithre, 4, lodging given to a pilgrim, lit. pilgriwagc, but hère perhaps the
temporary support of a pilgrim.
ôlmar, 5,51, bibtilotts ? deriv. of 61, O. Ir. 60I u potus », dat. oui Ml. 94'-'i2.
6s-aird, 53, adv. aloud, osârd O'Don. Gr. 268.
pecach for peccthach, sinful, pi. n. pecaig, 27, 30, 35.
prapad sùla, 30, 44, tivinkling of an eye = brafad sûla.
riata (of an ox), trained, broken-in, gen. doim riata, 14 ^ daim ri'atai LL.
2761540.
ri'gdamnacht, i, crawn-priuccdoui.
sair-macamnacht, i, Edelknappenthum (Thurneysen). This i-. À;v., seems
a technical name for some office filled by the overking's heir.
samtlia tuile, 54, lit. coiigregalions of floods, where samlha, pi. oî samad, 57,
gen. sauitha, is a deriv. oi sain. = Gr. â'j.a, as to which see Kretschmer,
K. Z., XXXIX, 549.
scéle, 52, misery, scelle .i. truaighe, O'Cl., perhaps cogn. with c;zc').).to,
ay.eXsTOî, etc.
seolaim / sail ? I steer ?, rus-seolsad, 49.
sîanan, 50, some kind of song, deriv. of sîan .i. glôr, O'Cl. « a sweci
plaintive song » O'Currv, Lectures, 334.
smér blackberry, pi. dat. smeraib, 46. Cymr. vmyar.
snéid swift, pi. dat. snédib, 57: cf. Mail seachlainn Sionna snedhe F. M.,
860, where snedhe rhymes with Ere.
stiall ar chapar, 10, u'ainscot ; better sltall ar chapur, LU. 121*37. i/w//
« plank^> brrowed from L.u. astella, as Cymr. astell. Corn, astel, (rom astilla.
tâeb-âlaind, 10, having a beautiful side.
tairr-gei, 10, bright-bellied.
tânaistecht, i, the office of tani'st.
tibruchtach, 54, bubbling, spoutiug, gushiug.
torachtain, 6, act of arriving.
Whitley Stokes.
CHRONIQUE
SOMMAIRE : I. Mort de Lady Samuel Ferguson. — II. Chaire de celtique à l'Univer-
sité de Manchester. — III. Cathréim Conghail Clfiireinghnigh publié par Patrick M.
Mac Sweeney. — IV. Pagan Ireland, par Miss Eleanor Hull. — V. Libri sancti
Patricii, édités par Newport J. D. White. — VI. W. J. Watson, Place Names of
Ross and Cromarty. -^ VII. Salomon Reinach, Apollo. — VIII. Kuno Meyer, Cdin
Adammiin. — IX. John Rhys, origines de la versification galloise. — X. Adrien
Blanchet, Traité des monnaies gauloises. — XI. Patricks. Dineen, Foclnir Gaedhilge.
— XII. Salomon Reinach, Cultes, mythes et religions. — XIII. René Midy et
Charles Gwennou, Le vin du recteur de Coatascorn. — XIV. Hubert Thomas Knox,
Notes on the carly History of the diocèses of Tuam, Killala and Achonry. — XV.
Robert Craic Maclagan, The Perth Incident of i ^96 from a Folklore Point of View.
— XVI. Guide archéologique sur les côtes d'Irlande. — XVII. V. Callegari, Pythéas.
— XVIII. J. Rhvs, Studies in early irish History. — XIX. Antoine Thomas, Nouveaux
essais de philologie française. — XX. Ihm, Les druides dans Pauli-Wissowa, Real-
encyclopaedie. — XXI. E. Windisch, Article sur les Celtes dans Gr<)ber, Grundriss
der romanischen Philologie, t. I, 2° édition. — XXII, J. romilly Allen, Celîic Art
in pagan and Christian Times. — XXlll. William Wells Newell, William of
Malmesbury on the Antiquity of Glastonbury. — XXIV. Rhys, Early Britain. —
PosTscRiPTUM. I. Cathréim Cellachain Caisiî et On the Fomorians and Norsemen, by
Duald Mac Firbis, textes irlandais publiés par alexander Bcgge. — 11. J. Stra-
chan, Contributions îo the History of middle irish Declension.
I
Le 8 mars dernier, V Athenacum annonçait la mort de lady Sainucl Fer-
guson, décédée trois jours auparavant, dans la matinée du dimanclie 5, à
l'âge de quatre-vingt-un an. Depuis le 9 aoiit 1886, elle était veuve de sir
Samuel Ferguson qu'elle avait épousé en 1848 et qui, en 1867, était devenu
Deptity keepcr of the Public Record Office, c'est-à-dire délégué à la conservation
des archives publiques d'Irlande à Dublin. Sir Samuel Ferguson, au moment
de sa mort, était depuis quatre ans président de l'Académie royale d'Irlande,
titre qu'il devait à ses ouvrages sur l'histoire d'Irlande, comme il a été dit
dans la Rame Celtique, t. VII, p. 441, 442 ; cf. t. III, p. 482 ; t. V, p. 504.
Lady Samuel Ferguson, née Mary Catherine Guiness, appartenait au
petit groupe des femmes distinguées qui se sont occupées si brillamment d'é-
tudes celtiques au xix^ siècle et au commencement du xx^. Les lecteurs de
la Revue Celtique connaissent les noms de Margaret Stokcs, d'Eleanor Hull,
de Lady .\ugusta Gregory, d'Ella Carmichael. A Lady Samuel Ferguson
on doit un volume petit in-80 de xn-503 pages intitulé : The Slory of the Irish
hefore the Conquest, from the mythical Period ta the Invasion under Slronghoiu,
172 Chronique.
qui a paru à Londres en 1868, et dont une seconde édition a été publiée à
Dublin en 1891.
Pendant le séjour que j'ai fait à Dublin en 1881, Lady Samuel Ferguson
avait encore son mari. Leur maison est une de celles où j'ai été le plus gra-
cieusement accueilli. Elle est aujourd'hui fermée pour toujours !
II
L'Université de Manchester vient d'ajouter le celtique aux nombreux
sujets d'enseignement qu'elle met à la disposition de ses élèves. Outre la
chaire de grec, le professeur Strachan est chargé d'une conférence de celtique
et à ce titre il fera deux cours, l'un d'irlandais, l'autre de gallois, ce qui ne
l'a pas empêché, en avril 1903, de professer pendant quinze jours à Dublin
dans la School of Irish Learniiig où ses élèves lui donnent, paraît-il, grande
satisfaction.
III
Le goût du roman historique a existé dans tous les temps ; on le constate
dès l'époque reculée où furent composées l'Iliade et l'Odyssée, on le retrouve
au moyen âge, par exemple, avec le succès de la chanson de Roland, et, à
une date plus récente, il a été exploité notamment en Angleterre par Walter
Scot et en France par Alexandre Dumas. Les Irlandais ont comme les autres
peuples leurs romans historiques et ce genre très ancien chez eux a persisté
au xviiie siècle, comme l'atteste par exemple le Poème d'Ossian dans la
terre de ceux qui sont toujours jeunes, Laoidh Oisin i Tir n-an ôg, composé
par Michel Comyn vers l'an 1750 et dont le texte irlandais a eu dans le siècle
dernier trois éditions ' . M. Joyce en a donné la traduction anglaise dans les
éditions de ses Old ccltic Romances.
Un autre roman historique irlandais, inédit jusqu'ici et composé soit dans
la seconde moitié du XYi^ siècle, soit dans la première moitié du xviF, vient
d'être publié peur V Irish Texts Society, par M. Patrick M. Mac Sweeney,
fils du sympathique Assistant Lihrarian de l'Académie rovale d'Irlande et
aujourd'hui professeur de littérature moderne dans l'HoIy Cross Collège,
Clonliffe, Dublin. Le titre est Caithrèim Conghaiî CLiircinghnigh « Course
belliqueuse de Congal Clâireinghneach ». Suivant les Annales des quatre
maîtres, Congal Cljireinghneacli aurait été roi suprême d'Irlande de l'an du
monde 5017 à l'an du monde 5031, soit de l'an 185 à l'an 169 avant J.-C. -.
Son règne est mentionné dans les Fhiithiiisa Ereiid 3.
Le roman anonyme qui prétend concerner ce personnage se divise en
cinq parties : une seule, la dernière, paraît avoir pour point de départ un
récit légendaire plus ancien que l'auteur moderne, c'est la destruction de
Briiighcn Boirche. Bniighcn Boirche semble être la même localité que Calhair
ï. Douglas Hyde, A literary History of Ireland, p. 601.
2. Édition d'O'Donovan, t. I, p. 86-87.
3. Livre de Leinstor, p. 55, col. i, ligne 53.
Chronicjiie. 17^
Boirchc dont la destruction était le sujet d'une pièce aujourdliui perdue,
mais dont le titre, Urgain calhracJi Boirche, nous a été conservé par les listes
de composition épiques irlandaises dont une a été transcrite au xii^ siècle
dans le livre de Leinster '. Les quatre premières parties du roman paraissent
être en totalité l'œuvre de l'auteur anonyme qui vivait aux environs de
l'année 1600.
Cet auteur n'était pas fort au courant de la vieille littérature de l'Irlande.
D'Art oenjer qui, suivant les Q.uatre Maîtres, régna de l'an 166 à l'an 195
de notre ère -, il fait un contemporain de Congal Claireingneach dont le
règne est antérieur de plus de trois siècles. Il donne pour père à son Art
oenfer le roi breton Arthur qui fut en l'an 516 de notre ère vainqueur des
Anglo-Saxons dans le heUum Badonis 3 et qui se trouve ainsi transféré du vi>=
siècle après J.-C. au ii^ siècle avant J.-C. Citons encore Fergus mac Lcite et
Eochaid Salbuidequi, suivant Tigernach4, furent contemporains de l'em-
pereur Auguste, mort l'an 14 de notre ère et qui, d'après notre roman-
cier, auraient vécu au second siècle avant J.-C.
Son œuvre n'en est pas moins un monument très important de l'histoire
littéraire de l'Irlande. L'éditeur l'a accompagné d'une bonne traduction et
d'une importante introduction grammaticale.
IV
Pagan Ireland par Miss Eleanor Hull S est un volume intéressant, facile à
lire et qui, en général, atteste chez l'auteur une connaissance suffisante du
sujet. Voici cependant quelques critiques de détail.
Ainsi, p. 33, la division de l'Irlande en cinq provinces, si bien donnée
par Kcatingé et par Miss Eleanor Hull, p. 211, n'est pas exactement expo-
sée : Meath n'était pas une des cinq provinces. P. 70, on lit qu'à l'époque
payenne TÉcosse s'appelait Alha : Scotland then called Alba ; or, Alba,
aux temps anciens dont il s'agit, était le nom de la Grande-Bretagne tout
entière. Suivant Miss Eleanor Hull, p. 84, il n'y a pas de preuve que les
Irlandais pavens crussent à l'immortalité de l'âme : je serais curieux de
savoir ce qu'est, suivant elle, la terre des vivants où Condia, enlevé par
une fée, devait se montrer dans les assemblées de ses ancêtres entouré de
visages connus et bien chers 7.
1. Essai d'un catalogue de la lillcrature épique de l'Irlande, p. CLV, 32, 33,
176, 1.77-
2. Edition d'O'Donovan, t. I, p. 106-109; cf. Flathiusa Erend, dans le
Livre de Leinster, p. 24, col. i, 1. 15.
3. Annales Camhriae, éditées par John Williams ab Ithel, p. 4.
4. Edition donnée par Whitlcy Stokes, Revue Celtique, t. XVI, p. 404.
5. Londres, David Xutt, petit in-18, xvi-228 pages.
6. Traduction d'O'Mahony, New York, 1866, p. 84-85 ; édition Comyn,
Londres, 1901, t. I, p. 106-107.
7. Echtra Condia chez Windisch, A'ur;(^^/aii/£ irische Grammatik,'ç>. 120,
174 Chronique.
Il est enfin difficile d'admettre avec Miss Eleanor Hull, p. 227 et 228,
que le roi Niall aux neuf otages, étant à la tête d'une armée irlandaise sur
les bords de la Loire, y ait été assassiné en 405, et qu'en 428 Dathi, son
successeur, ait été tué d'un coup de tonnerre sur les Alpes au moment où
il se préparait à passer en Italie '.
Suivant le vieux traité intitulé Flathiusa 2, Niall est mort en Grande-
Bretagne sur les côtes de la Manche î. C'est aussi la doctrine des Annales
des quatre maîtres 4 ; il n'y a pas à tenir compte de la doctrine de Keating
qui met en Gaule, sur les bords de la Loire, l'assassinat de Niall i. Keating
nous mor.tre aussi Dathi faisant la conquête de la Gaule et tué d'un coup
de foudre prés des Alpes 6; il faut lire sur une montagne de Grande-Bre-
tagne?. En 405, le faible Honorius était empereur d'Occident, mais il avait
pour tuteur Stilicon; si ce dernier avait laissé une armée irlandaise pénétrer
en Gaule jusqu'aux rives de la Loire, les historiens romains en auraient
parlé. En 428, l'empereur d'Occident était Valentinien III sous la tutelle de
sa mère ; alors l'empire était fort mal gouverné, mais il est invraisemblable
qu'à cette date une armée irlandaise ait pu traverser la Gaule et atteindre
les Alpes sans que ce fait ait été signalé par les historiens continentaux.
Il ne faut pas confondre un roi irlandais mort en 428 avec le roi breton
Riotimusou Riotamus appelé en Gaule par l'empereur Anthemius, 468-472.
L'excellente édition de la confession de saint Patrice et de sa lettre à
Coroticus, donnée par M. Whitley Stokes dans le précieux recueil qu'il a
publié sous le titre de The triparlitc Life of Patrick est faite d'après deux
manuscrits : le Livre d'Armagh, ix^ siècle, qui appartient au collège de la
Trinité de Dublin, et le manuscrit Cottonien Nero Ei, du Musée britan-
nique, xii«= siècle. M. Newport J. D. White a eu la très bonne idée de col-
lationner l'édition de M. Whitley Stokes avec les manuscrits dont M. Whitley
Stokes n'a pas fait usage 8. C'est un travail pénible qui peut quelquefois
mener à d'importants résultats et qu'une revue d'érudition doit toujours
1. Ce sont les dates données pour la mort de ces rois par les Annales des
quatre maîtres, édition O'Donovan, t. I, p. 126-129.
2. Livre de Leinster, p. 24, col. i, 1. 37-58.
3. Niall Nôigialliach, XXVI, co-xoxchair la Eochaid mac Ennae Ctndselaig
ic muir Icht.
4. Edition O'Donovan, t. I, p. 126-127.
5. Traduction d'O'Mahony, New-York, 1866, p. 590.
6. Traduction d'O'Mahony, p. 596.
7. Nathi XXIll, con-erbailt ic Sieib Elpa iar na béim o-thenid saignén.
Flathiusa, Livre de Leinster, p. 24, col. i, 1. 39, 40; cf. Annales des quatre
maîtres, édition d'O'Donavan, t. I, p. 128-129.
8. Proceedings of the royal irish Academy, volume XXV, section C,
no 7. — Newport J. D. White, Libri sancti Patricii, The latin wrilings of
st. Patrick, Dublin, 1905, p. 201-526.
Chroni(]iie. 175
encourager. Les mss. que M. White a employés, outre les deux dont
M. Whitley Stokes a fait usage, sont au nombre de quatre, savoir:
10 Bibliothèque de la ville d'Arras, n» 450, xii' siècle, manuscrit dont la
leçon a été reproduite en 166S par les Bollandistes, t. II des Acta sauctorinn
martii.
2° Bibliothèque Bodléienne d'Oxford, Fcll \ xii= siècle commençant.
30 Bibliothèque Bodléienne d'Oxford, Fell 4 xi^ siècle finissant.
40 Bibliothèque de la ville de Rouen, n" 1391, xi= ou xii^ siècle.
C'est par un Bollandiste, le P. Hippolyte Delehaye, que M. White a
appris l'existence du ms. de Rouen. Il est malheureux qu'étant en relations
avec les savants religieux de Bruxelles, il n'en ait pas profité pour apprendre
d'eux qu'il y a sur le continent deux manuscrits contenant la Coiifessio, tous
deux plus anciens que les quatre étudiés par lui ; nous venons de voir l'in-
dication de ces manuscrits dans les Anahcla BoUandiaua, t. XXIV, fascicule
II, p. 295, sous la signature du P. Albert Poncelet ; ce sont le ms. 14
d'Angers, i.x^ siècle (Molinier, Catalogue général des inss. des départements,
t. XXXI, 1898, p. 195) et le ms. latin 17626 de la Bibliothèque nationale de
Paris, x« siècle (Catahgus codicum hagiographicorum latinoriim anliquiontm
saeciilo XVI, qui asservantur in bibliotheca parisiensi, t. III, 1893, p. 'joS).
M. White ferait bien d'étudier ces manuscrits qui pourraient peut-être,
surtout le nis. d'Angers, lui fournir la matière d'un utile supplément à sa
publication. Du reste, je ne me rends pas bien compte de ce que cette
publication ajoute d'important à l'édition de M. Whitley Stokes, dont elle
me semble surtout confirmer l'exactitude.
VI
M. W. J. Watson, recteur de l'Académie royale d'Inverness, vient de
publier en un volume une étude sur les noms de lieu d'une des régions
septentrionales de l'Ecosse, le comté de Ross et Cromarty '. Une double
difficulté que présentait ce travail provenait d'abord de la présence de trois
éléments linguistiques: 1° gaélique; 2° picte ; 3° Scandinave; ensuite de la
date récente des textes où les noms primitifs n'apparaissent que bien déformés.
La plupart des noms de lieu celtiques de ce comté n'offrent pas un carac-
tère d'antiquité qui caractérise un grand nombre des noms de lieu de la
Gaule: adjectif ou complément déterminatif placé dans les composés avant
le substantif déterminé.
Cependant MuUovy serait, suppose l'auteur, p. xlviii et 83, un ancien
*Molto-magos; Morvich, p. 171, nous oflfrirait la forme moderne d'un pri-
mitif Morz-wwç'O^ : de même Findon, p. 116, s'expliquerait par un celtique
Uindo-diinon, etc. Parmi les noms en acli, nous signalons, p. 132, Beaiinach,
à comparer au Lacus Benacus de la Gaule cisalpine, Culach, p. 109, « l'en-
droit situé derrière ».
I. Place-Names of Ross and Cromarty, Londres, David Nutt, in-8", 1904,
LXXXvi-302 pages.
1 76 Chroniciue.
M. Watson, p. xiii et xlv-liu, se range au nombre des érudits qui croient
que les Plctes sont des Celtes du rameau brittonique.
VII
Un des plus séduisants volumes qui aient paru en ces derniers temps est
celui de M. Salomon Reinach, APOLLO, histoire gc'iiàak des arts plastiques,
professée en 1^02-1 ç)o^ à l'Ecole du Louvre '. Grâce aux nombreuses planches
c'est un vrai musée. Malheureusement les Celtes n'y tiennent pas beaucoup
de place. L'art des cavernes à l'époque quaternaire dans les départements de
la Dordogne et des Hautes-Pyrénées, p. 3-6, les monuments mégalithiques
de France et d'Angleterre, p. 10-13, sont antérieurs à la période celtique;
les guerriers gaulois des pages 66 et 67 sont des oeuvres d'artistes grecs.
Les seuls monuments de l'art celtique que M. S. Reinach ait cru pouvoir
admettre dans son beau livre sont au nombre de trois, savoir : deux minia-
tures de manuscrits irlandais (Livre de Durrow et Livre de Kells), p. 117,
118, et ia châsse fabriquée pour servir d'abri à la cloche de Saint-Patrice,
p. 525. Les monuments égyptiens, grecs et romains, ceux du moyen âge,
de la renaissance et des temps modernes remplissent presque seuls la collec-
tion artistique que nous offre le livre de M. S. Reinach ; de l'art des Gaulois
pas mention, ces grands guerriers n'étaient donc que des barbares au point
de vue de l'esthétique. Est-ce bien la solution définitive?
VIII
M. Kuno Mever, le savant professeur de Liverpool vient de publier dans
les Anecdota oxonieiisia un texte moyen irlandais intéressant intitulé Càin
Adatnnjin, c'est-à-dire « loi d'Adaninân ». Il s'agit d'une disposition légis-
lative votée en une grande assemblée irlandaise vers la fin du vue siècle 2,
probablement en 696, sur la proposition d'Adamnân, abbé d'Iova, ou,
comme on dit vulgairement, d'Iona en Ecosse. L'objet de cette loi était de
dispenser les femmes du service de guerre, à condition probablement d'aban-
donner à leurs collatéraux la moitié de leurs biens 3.
Le texte publié par M. Kuno Meyer est probablement postérieur d'environ
deux siècles à l'événement; or, la pieuse imagination des moines aidant, le
récit s'est orné de miracles qui ne peuvent être historiques, tels que la
résurrection d'une femme décapitée ; on v voit aussi la peinture imaginaire
d'une armée irlandaise où les femmes, portant chacune leur enfant, un sac
de provisions et leurs armes, marchaient au premier rang, poussées à coups
1. Paris, Hachette, in-80, xi-336 pages, 601 figures intercalées dans le
texte.
2. En 693, Chronicon Scotorum, p. 112 ; en 696, Armais of Irelatid, Three
fraç^ments, publiés par O'Donovan, p. 96, 97; Annales d'Ulster, p. 146;
cf. Annales de Tigernach, publiées par Whitley Stokes, Revue Celtique,
t. XVII, p. 215 ; Felire Oenguso, édité par le même, p. CXLVI, cxlvii.
3. Din techlugad, dans Ancient Lan's of Ireland, t. IV, p. 40, 1. 13-17.
Chronique. 177
de bâtons par leurs maris en sûreté au second rang de la troupe. Le princi-
pal intérêt du texte consiste dans la nomenclature des principaux person-
nages présents à l'assemblée réformatrice de 696. Cette liste avait été pro-
bablement conservée dans les archives de l'abbaye d'Iova.
Une bonne traduction anglaise, des notes et des index complètent cette
édition qui fait grand honneur à M. Kuno Meyer.
IX
M. J. Loth a consacré à une étude sur la métrique galloise les tomes IX,
X et XI du Cours de littérature celtique. M. John Rhys vient de publier un
savant travail sur les origines de la versification galloise qui lui semble
dériver du dernier état de la versification latine, telle qu'on la trouve dans
les œuvres de Commodien dont le principal et le plus ancien ouvrage, le
Carmen apologelicuiii, date de l'année 249 ' où la mort de l'empereur Phi-
lippe eut pour résultat l'avènement de Déce. Les hexamètres de Conmiodien
nous transportent bien loin de ceux de Virgile et d'Ovide : ce sont des êtres
hybrides qui doivent leur existence à la fois à l'accent et à la quantité, en ce
sens qu'aux deux derniers pieds il y a toujours accord de l'ictus et de l'ac-
cent, ainsi :
Quis poterit unum proprie Deum nôsse caelôrum.
est le premier vers du Carmen apoîogeticum.
Suivant M. Rhys, il faut expliquer de même plusieurs épitaphes latines
de la Grande-Bretagne, par exemple :
Seruator fidei patriaeque sémper amùtor
Hic Paulinus iacet cultor pientissimus aéqui.
L'érudit professeur est peut-être un peu hardi dans sa prétention de
scander de pareils vers, mais l'auteur a dû les scander.
Il reproduit, p. 57 et suivantes, des épitaphes composées de deux penta-
mètres ; mais ce qui mériterait d'être signalé d'abord, ce sont les trois épi-
taphes des pages 2-4, 5-6, 31, composées chacune de deux hexamètres,
j'entends de vers hexamètres fabriqués suivant la méthode de Commodien.
Il y a là concordance avec le système du poète chrétien qui, suivant l'obser-
vation de M. Wilhelm Meyer 2, recherche le groupement par deux vers, ce
que le savant allemand appelle Paargeseti « loi de la paire « :
Errabam ignarus spatians, spe captus inani,
Dum furor aetatis primas me portabat in auras.
Plus eram quam palea levior; quasi centum inessent
In umeris capita, sic praeceps quocumque ferebar''.
1. Teu;îel-Schvabe, Geschichte der roemiscben Literatur, )£ édition, p. 971.
2. Abamlluugen der phUosophisb-hislorischen Klasse der koeniglicheii bayeris-
chen Académie der Wisseiischaften, t. XVII (\HS6), p. 281, 304. Cf. le Corpus
scriptorim ecclesiasticorum de Vienne, t. XV, par Bernhard Dombart, p. xx.
5. Corpus scriptorum ecclesiasticorum, t. XV, p. 114.
Rivut Celtique, XXVI 12
178 Chroni(]uc.
Ce n'est pas le distique classique composé de deux vers inégaux, l'un
hexamètre, l'autre pentamètre et dont Ovide a fait un si grand usage :
Arma gravi numéro violentaque bella parabam
Edere, materia conveniente modis'.
Au lieu de cela c'est un distique populaire où les deux vers ont chacun
le même nombre de pieds, soit six, nous en avons donné des exemples, soit
cinq:
Cata I inanna | rex, — Sapien | tissi | mus.
Opina I tissi | mus — Omni | um re | gum 2.
Cette prosodie vaut celle de Commodicn.
Il y a quelques points sur lesquels nous ne partageons pas la manière de
voir du savant professeur d'Oxford, par exemple sur la place de l'accent
dans certains mots. Ainsi le génitif D//w//oo-é;;;; porterait, suivant lui, l'accent
sur l'antépénultième comme Durôcasses et comme Rotôiiiagiis. Mais tandis
que Durôcasses et Rolô)iiagus, conservant la syllabe accentuée à l'époque
romaine, ont donné en français Dreux et Rouen 5, les composés dont -i;euos
était le second terme n'ont jamais gardé en gallois la syllabe antépénultième.
Ainsi, dans le Liber Laitdaveiisis, Aiiaiigen, Catgeti, Cougeu, Giienigen,
GiiicJgen ou Guedgen, Giieilhgen, Milgen, Morgeu, et dans les Annales Cam-
hriac, Urbgen (aiino 626), ont tous perdu la vovelle qui précédait immédia-
tement ^c« ^= genos, Anaugen par exemple suppose un 'Çir\m\X\{*Auauo-gcms
et non *Aitaiio-genos.
En revanche, au chapitre xi, se trouvent des observations très intéres-
santes sur les morceaux poétiques irlandais, si hérissés de difficultés qui,
dans les manuscrits, sont désignés sous le nom de Retoiic. M. Rh.ys y signale
des vers qui représentent exactement le second hémistiche du pentamètre
classique.
Ce savant travail forme le volume XVIIl du Cxnnnrodor^.
X
Le Traité des monnaies gauloises de M. Adrien Blanchet, deux volumes
in-80, v-6)0 pages avec 562 figures intercalées dans le texte, et trois planches
contenant en outre 50 autres ligures, Paris, Leroux, 1905, est, semble-t-il,
destiné à faire époque dans l'histoire de la numismatique celtique. L'auteur,
quand il s'agit d'attribuer une monnaie à un peuple déterminé, se fonde
avec raison sur la fréquence des trouvailles de cette monnaie dans le terri-
toire de ce peuple. Ainsi, p. 76, il rejette l'hypothèse que la monnaie qui
ofTre la légende AFHA doive, pour cette raison, être attribuée à Sens, Age-
1. Amores, 1. \, v. 1-2.
2. y Cymmrodor, t. XVIH, p. 47.
3. Au moyen âge Drôcas et Rodômus.
4. y Cymmrodor, The Magazine of the honourable Society of Cymmro-
dorion. London, 64, Chancery Lane, 1905, in-80, vni-185 pages.
Chronique. 1 79
«
diiiciiin. Il cvitc de s'aventurer Jans des commentaires linguistiques liazardés
comme ont fait tant d'autres numismatistes.
Son livre se divise en dix-neuf chapitres auxquels s'ajoutent trois appen-
dices. Une partie de ces vingt-deux sections traite de sujets propres certai-
nement à intéresser les numismatistes, mais qui pourront laisser les histo-
riens un peu froids, tel est le relevé du prix actuel des monnaies gauloises,
p. 618-62). Mais d'autres sections concernent des questions dont l'impor-
tance historique est considérable, tels le chapitre v qui donne la liste alpha-
bétique des légendes monétaires, le chapitre vi qui concerne les divers types
des monnaies celtiques et où est agitée la question de savoir si dans les
bustes représentés sur ces monnaies on doit reconnaître des dieux ou des
portraits de personnages vivants au moment de la frappe des monnaies.
Nous citerons aussi les chapitres vu à x où il est question des types grecs
et romains imités par les monnayeurs celtiques, les chapitres x à xvii et xix,
XX donnent le classement géographique des monnaies celtiques réparties dans
l'ordre de dix gr.mdes régions : vallée du Rhône, Sud-Ouest de la Gaule,
Ouest de la Gaule, Armorique, Nord-Ouest, Nord, Nord-Est, Est et centre
de la Gaule, Europe centrale, Ile de Bretagne. Dans chacune de ces régions
l'auteur cherche à distinguer les peuples auxquels chacune des monnaies
peut être attribuée.
Voici deux critiques :
M. Blanchet a écrit avec raison, p. 147, 165, Fetrucorii et, p. 134, Pctnt-
cori; pourquoi, p. 281, la mauvaise leçon Petrocorii par 0 et non u à la finale
du premier terme?
Il n'est pas exact de dire, p. 89, que les groupes xt et et s'équivalent :
xt = cht est la bonne leçon, et a été la prononciation des Romains qui ne
pouvaient tirer de leur gosier le ch gaulois. Il y a des Français qui prononcent
s le ih anglais; on ne doit pas en conclure que //; et s soient équivalents;
cf. d barré et son soi-disant équivalent s. Enfin je regrette l'absence d'un
index alphabétique des mots inscrits sur les monnaies ; j'aurais voulu cet
index avec renvoi à toutes les pages où ces mots sont mentionnés.
XI
Le dictionnaire irlandais anglais Foclôir gacdhilge agiis [sax-jbcarla ' du
Rev. Patrick S. Dinneen a sur celui d'O'Brien et surtout sur celui d'O'Reilly 2
une grande supériorité, c'est qu'il indique toujours le genre des substantifs
et qu'en donnant, soit quelques cas de ch.icun d'eux, soit même seulement
le génitif, il met le lecteur en état de déterminer la déclinaison à laquelle
chaque substantif appartient. Exemple, l'article eeann « tête » commence
ainsi chez le Rev. Dinneen : Ceann, g. cinn, d. cionn, pi. cinn, poet. ceanna,
m. a head, etc. Or, O'Brien donne seulement Ceann, thc head, etc., sans
1. Londres, David Nutt, petit in-8, xvi-803 pages.
2. Je cite ces livres d'après les éditions princeps, Paris, 1768, Dublin,
1818.
i8o Chroni(}iic.
parler ni du genre ni d'un seul cas ; O'Reilly, un peu moins bref, a imprimé
ceann s. m. a hcad, etc. Pour le verbe on peut multiplier les observations
analogues. Ainsi du verbe tigim « je viens » ', le Rev. Dinneen indique
l'infinitif tencht, plus le parfait thâinig dont O'Brien et O'Reilly ne parlent
que dans un article spécial qu'il faut aller chercher à son ordre alphabétique.
La commission de VIrish Te.xts Society composée de MM. Douglas Hyde,
Daniel Mescal et de Miss lileanor Hull, était beaucoup plus compétente que
moi. Elle approuve le travail du Rev. Dinneen. Je crois pouvoir, sans me
compromettre, me ranger à l'avis de cette commission.
XII
Sous le titre de Culles, mythes et religions, tome h'^^, M. Salomon Reinach
a réuni trente-cinq mémoires qui tous attestent beaucoup de science et de
talent, sont en même temps fort instructifs à mon avis, quoique je ne partage
pas toujours la manière de voir de mon très savant et plus encore aimable
confrère. Ces mémoires nous font presque tous remonter aux périodes
les plus anciennes de l'histoire. Plusieurs concernent les Gaulois. Un, par
exemple, le n" XV, concerne la théorie druidique de l'immortalité de l'âme
et le sens des mots orbis aliiis chez Lucain, Pharsak, I, 454-458. Le poète
latin, parlant des druides, dit :
Vobis auctoribus umbrae
Non tacitas Erebi sedes Ditisque profundi
Pallida régna petunt, régit idem spiritus artus
Orbe alio.
Orbis alius veut dire « une autre partie du monde », celle qu'Homère
dans rOdvssée appelle 'Hâj-jiov -ioio'j, Hésiode, dans les Œuvres et les
jours, May-â.^wv vf,ao'.. Les Irlandais payens se la figuraient là où plus tard
on a découvert l'Amérique. Nous signalerons aussi comme particulièrement
importante l'étude sur les dieux celtiques à forme d'animaux (Mémoire III),
celles qui concernent SuccUits et Xanto-svella (Mémoires XVIII et XXII),
Taruos Trigaranus (Mémoire XIX). Citons encore le mémoire XXI sur
Esumopas Cmisticiis. De ces savants travaux, je ne ferai que l'éloge.
Mais il y a quelques points sur qui je ne puis admettre la doctrine de l'érudit
et ingénieux auteur. Le mémoire XII, « L'art plastique en Gaule et le
druidisme », est de tout point contraire à mes idées. Le savant auteur pose
en principe que les monuments figurés sont très rares dans la Gaule celtique.
Que fait-il des monnaies? Il parle lui-même, p. 67, des sangliers représentés
sur les monnaies gauloises et des sangliers servant d'enseignes dans les
1. Cf. Windisch, Irische Texte, 1. 1, p. 822, au mot ticcitn ; Whitley Stokes,
Urkeltischer Spracbschati, p. 5 1 ; Ascoli, Glossario deW atitico irlaiidese, p. cm ;
cf. p. civ où est l'infinitif lecbl^=teacht qui, suivant Whitley Stokes, p. 124,
se rattache à tiagu, tiagaim.
2. Paris, Leroux, 1905, in-8", vii-468.
Chronique. i8i
armées gauloises '. D'autre part, je ne puis admettre avec lui qu'en Gaule
le druidismc ait précédé les Gaulois. A l'époque où écrivait Jules César, les
druides étaient en Gaule une importation récente, venue de Grande-Bre-
tagne : Disciplina in Brilannia rcpcrhi alqiic inâc in Galliani translata-. Les
druides raisonnaient en général sur les divinités celtiques, mais ils ne les
ont pas plus inventées que Pytliagore n"a inventé les dieux grecs. Tentâtes,
Esus et Tarants ne sont pas plus des divinités druidiques que le dieu des
chrétiens n'est une divinité jésuitique parce que les Jésuites ont enseigné
son existence.
Le texte de Lucain étudié dans le mémoire XVII ne prouve pas que
Tentâtes, Esus et Taranis étaient des divinités spéciales à la Gaule septen-
trionale. Lucain a écrit :
Et tune tonie Ligur, quondam per colla décore
Crinibus effusis toti praelate comatae.
Et quibus immitis placatur sanguine dire
Teutates, horrensque feris altaribus Esus,
Et Taranis scylhicae non mitior ara Dianae ^.
Ce texte prouve seulement que les Ligures n'adoraient ni Tentâtes, ni
Esns, ni Taranis et laisse sans solution la question de savoir dans quelle
partie de la Gaule ces dieux recevaient des Gaulois un culte.
Je ne suis pas convaincu de l'origine fabuleuse des vierges de Sena (mé-
moire XVI).
Quant aux autres mémoires de M. Reinach, sans en contester la valeur
qui est considérable, je crois qu'il exagère beaucoup l'importance de la reli-
gion chej; les peuples primitifs. Le besoin de vivre devait passer avant tout.
J'ai beaucoup entendu citer l'axiome : Non in solo pane vivit hovio, sed in
omni verbo qnod procedit de ore Dei 4, je le crois vrai ; mais il y en a un autre
vrai aussi : Oporlet vivere, deinde philosophari et theologizare. Cela n'em-
pêche pas le volume de M. Reinach ne soit plein de science et je crois
avoir eu grand profit à le lire.
XIII
Un livre beaucoup moins sérieux est celui que MM. René Midy et Charles
Gwennou ont intitulé Le vin du recteur de Coatascorn en Basse-Bretagne. La
Basse-Bretagne n'est pas un pays producteur de vin comme la Bourgogne
et le Bordelais. Cependant un curé breton avait dans le jardin de son pres-
bytère un pied de vigne dont il tirait tous les ans quelques litres de mauvais
vin, il en servit un jour un verre à son évêque qui le but en faisant une
1. Des Gaulois nous n'avons pas de sculptures sur pierre antérieures à la
domination romaine. C'est que les Gaulois, ne bâtissant qu'en bois leurs
maisons, ne savaient pas tailler la pierre.
2. De hello gallico, 1. VI, c. \j,,1 \\.
3. Pharsale, 1. I, vers 442-416.
4. Saint Mathieu, IV, 4.
i82 Chronique.
affreuse grimace. Un jour quelques bretons se trouvant à Paris dans un
grand café dont le patron prétendait pouvoir fournir du vin de tous les crus
possibles, imaginèrent de lui demander du vin de Coatascorn, il se fit
donner ce nom par écrit et leur envoya immédiatement une bouteille ainsi
étiquetée, elle contenait un vin excellent! Sur ce grave sujet, M. Midv a
écrit un poème français que M. Gwennou a traduit en vers bretons. Ce poème
occupe 46 pages. Comme texte breton il est intéressant pour les celtistes,
ainsi que la préface de M. Le Braz. Du reste du volume qui a 277 pages
nous n'avons rien à dire.
XIV
Nous arrivons à un sujet plus grave avec le livre de M. Hubert Thomas
Knox : Noies on the early Histoiy of Ihe Diocèses of 7 tiam, Kilhila and Achonry 2.
C'est une histoire de la province ecclésiastique de Tuam depuis les origines
jusqu'au.^ premières années du xviie siècle. Le dernier archevêque mentionné
est William O'Donnell, ce prélat protestant qui en 1602 publia la traduction
irlandaise du Nouveau Testament. M. H. Th. Knox commence par une
longue étude sur la vie et l'œuvre de saint Patrice, 59 pages. C'est un
recueil de dissertations très sérieusement conduites, mais d'où ne résulte
guère autre chose que le doute. Suit l'histoire de la période abbatiale sans
diocèses organisés. Vient enfin l'histoire des diocèses de Tuam, Mayo,
Amaghdown, Killala et Achonry. L'auteur parle, non seulement des arche-
vêques et des évêques, mais aussi des chapitres, des paroisses, des abbayes
et des maisons religieuses de divers ordres, enfin des églises, des puits sacrés,
des croix monumentales, etc. Le volume se termine par un index alphabé-
tique où l'on peut relever quelques noms de lieux composés dont la forme
atteste l'antiquité, tels Ael-niagh au gén'iùi Ail-niai\^e, Enech-duii plus tard
Annaghdoivn , Find-nutg, Ralh-niag plus tard Radviog.
Dans la pensée de Fauteur, son livre doit servir de complément à celui
de M. O. J. Bourke, « Historv of the catholic Archbishops of Tuam ».
XV
M. Robert Craig Maclagan, vient de faire paraître un volume intitulé:
TJk Perth Incident of i^ç)6 from a Folk-lorc Point of Vieiv ' . L'incident de
1596 consista en ceci; deux clans écossais étaient en guerre depuis long-
temps ; on convint de mettre fin à cette guerre par un combat auquel
devaient prendre part en présence du roi trente guerriers de chacun des deux
clans. La bataille eut lieu et se termina quand, sur les trente guerriers d'un
clan, vingt-neuf furent morts, un seul survivait; il restait en vie onze guer-
1. Dublin, Hodges, Figgis and Co, 1904, in-S", xvi-409 pages et une
carte.
2. Edimbourg et Londres, William Blackwood ar.d sons, in-80, viii-403
pages, 1903.
Chronique. 18?
riers de l'autre clan qui par conséquent était vainqueur. Le fameux combat
des trois Horaces et des trois Curiaces n'est qu'un dixième de ce combat
écossais, auquel en conséquence M. Maclagan a consacré un gros volume.
Il se défie de la linguistique. La vieille plaisanterie sur la médiocre valeur
étymologique des voyelles et des consonnes doit être prise au sérieux (p. 3);
la preuve en est, dit-il, qu'en irlandais, /(T « homme » est prononcé faar
etben « femme », ba)iii, comme O'Curry l'enseigne (p. 5). A la linguistique,
M. Maclagan préfère le Folklore et nous devons à cette préférence de très
jolies découvertes que n'a pas faites M. Macbain dans son Etyiiwlos;ical
Diciionary of the gaelic Langiiagc. Ainsi, p. 165, neamh « ciel », en gallois
nef = *nemos, est le même mot que le latin nauis. M. Maclagan ne peut
comprendre, p. 227, que M. Whitley Stokes considère l'irlandais orc comme
identique au latin porciis ; pourquoi les linguistes ont-ils imaginé la loi de
la chute du p initial en celtique? P. 289, il dit que le nom d'homme
^ilbe dérive d'ail « pierre ». Les linguistes qui disent que le génitif tïail
est aikch = *a]ekos n'ont qu'à se taire.
La perle se trouve p. 78. Les numismatistes connaissent la légende moné-
taire de Grande-Bretagne tasciovani cvnobelixi f. Ils considèrent F
comme l'initiale de fiUi et traduisent « monnaie de Tasciovanos, fils de
Cunobelinos ». Cette doctrine a pénétré chez J. Rhys, Celtic Britahi, 3e édi-
tion, p. 26. Elle est absurde : F est l'abréviation de l'irlandais fir, pluriel de
fer, fiar « homme » et la légende dont il s'agit veut dire « monnaie de
« Cunobeline, conducteur des hommes ». Telle est la doctrine nouvelle
qu'enseigne M. Maclagan.
11 y a de tout dans son livre. Je n'ai pu comprendre quel ordre il suit
ni quel rapport il peut y avoir entre ce combat écossais de trente contre
trente et Carausius, Columba, Patrice, Partholon, Lug et tant d'autres
personnages historiques ou légendaires dont il parle. J'ai vainement cherché
dans son livre un rapprochement entre le combat écossais des trente en
1596 et celui qui s'était livré en Bretagne quarante-cinq ans plus tôt, en
1551, entre trente anglais et trente bretons dont Jean de Beaumanoir '. La
concordance entre les chiffres des combattants n'est peut-être pas l'effet du
hasard.
XVI
La Société royale des Antiquaires d'Irlande vient de faire paraître un guide
archéologique sur les côtes Nord-Ouest et Sud de l'Irlande et sur les îles
voisines-. Cet intéressant volume, résultat de la collaboration de plusieurs
archéologues, est orné de plus de cent figures représentant des plans de
forteresses, des vues d'églises et de châteaux, la plupart en ruines, des croix
1. Sur ce combat, voir D. Morice, Histoire de Bretagne, t. I, p. 280-282 ;
Levot, Biographie bretonne, t. I, p. 69-70 ; La Borderie, Histoire de Bretagne,
t. III, p. 509-529.
2. Illustratcd guide to the northern, western, and southern Islands and
Costs of Ireland. Dublin, Hodges, Figgis and Ce, in-8", 1905, xv-172 pages.
184 Chroniijuc.
monumentales, des hcrmitages monastiques, etc. Il y a là des constructions
qui remontent à 1 origine du christianisme irlandais. Là où le bois manquait
les Irlandais de cette époque étaient obligés, contrairement à leur habitude,
de bâtir en pierre des édifices fort modestes, mais qui subsistent encore,
tandis que les grands palais de bois ont tous depuis longtemps disparu.
XVII
M. V. Callegari a réuni en une brochure de 87 pages trois articles publiés
par lui dans les tomes VII, VIII et IX de la Revista cli Storia autica sur le
célèbre vovageur Pythéas de Marseille. C'est un résumé aussi exact et aussi
complet que possible de ce qu'ont écrit sur Pythéas tous les auteurs quel-
conques tant anciens que modernes jusques et y compris l'année 1903.
Parmi les passages d'écrivains que cite M. Callegari, il y en a qu'il aurait
aussi bien fait de ne pas lire. A quoi bon par exemple nous apprendre,
p. 72, que suivant Leibniz il y a une racine sanscrite da de laquelle dérivent
les noms du Tanaïs (aujourd'hui Don), du Danube, du Dnieper, du
Dniester? Il me cite, c'est fort aimable, mais c'était bien inutile, puisque
mes doctrines sur Pythéas sont empruntées à Mùilenhoff ; p. 37, il dit que
j'admets l'opinion de Cluvier, il aurait dû dire de Mùilenhoff; je n'ai jamais,
hélas ! trouvé le temps de lire les œuvres de Cluvier, tant pis pour moi !
M. Callegari nous a donné un recueil de notes très complet qui pourra
être utile aux futurs historiens de Pythéas, mais son mémoire n'est pas
l'histoire du célèbre navigateur.
XVIII
M. J. Rhys a fait tirer à part, sous le titre de Sludies in early irish Hislory,
un savant mémoire qu'il a inséré dans le tome le"" jgs Proceeditigs ofthe British
Acadcviy. Il s'agit de la lecture et de l'interprétation d'une inscription irlan-
daise écrite mi-partie en lettres ogamiqucs et en capitales latines qui se
trouve à Killeen Cormac au comté de Kildare en Leinster. Il a été déjà
question de cette inscription dans la Revue Celtique, dont le t. III, p. 454-
457, contient un article sur ce monument par John Francis Shearman,
auteur des Loca Patricidua. A cet article, M. Gaidoz a ajouté une préface où
il exprime ses doutes sur l'authenticité de l'inscription.
M. J. Rhys, qui l'a été visiter en 1902 et qui est si compétent en fait
d'inscriptions ogamiques, ne partage pas ces doutes ; il lit la partie ogamique
Ovanos avi Jvacaltos, et la partie en capitales latines ivvere drvvides. 11
traduit le tout « [tombe) d'Ovanus, petit-fils d'Ivacatus, druide d'Irlande ».
Ovanus aurait été un homonvme de Oan, supérieur du couvent d'Eigg,
mort en 724 '. Ivacatus serait un composé de deux termes dont le premier,
iva = eva, serait identique à l'irlandais eo « if », par extension « lance »,
I. Aunals of Lis ter, t. I, p. 176.
Chronique. i8^
et dans le second desquels on devrait reconnaître l'irlandais cath « bataille ».
Ivacatus signifierait donc « celui qui combat avec une lance ». Au génitif
Ifacatûs on pourrait comparer le wac Eochada des généalogies qui se trou-
vent au Livre de Leinsier, p. 352, col. 4; p. 554, col. 2; p. 335, col. 8;
p. 359, col. I.
Dans la partie écrite en capitales latines et qu'il faudrait Ync Inveredruvides,
on reconnaîtrait deux génitifs singuliers s'accordant avec Ovanos ; on
peut corriger Iiiverae dniidis. Le doucle v de drvvides =^ druvides pour
druidis peut être mis en regard du pvveri pour ptieri d'une inscription du
pays de Galles qui date du \l^ ou du vue siècle '. On traduirait « druide
d'Irlande ». L'Irlande avait deux noms: Iiivera, d'où le grec Ispi vf^ao;,
qu'Avienus a traduit par Sacra instila, et hiverna, d'où le grec 'iHovr;. Sur
la première de ces expressions, il y a un article savant et spirituel de
M. Gaidoz dans la Revue Celtique, t. II, p. 352-361.
C'est par hiverna qu'il faudrait, croit M. Rhys, expliquer le premier
terme du nom du langage obscur dit iarn-hélra et dont M. Thurneysen s'est
savamment occupé dans la Revue Celtique, t. XIII, p. 267-274. M. Thur-
neysen traduit « langue de fer » ; M. Rhys propose « langue irlandaise
primitive ». Cette langue aurait originairement été celle des 'loûspvoi ou
'louc'pvio; 2 qui sont les Eriiai des textes historiques irlandais. Elle aurait
précédé celle des Gôidels ou Scots d'où provient l'Irlandais moderne. L'Ir-
landais ancien a été imposé par une invasion conquérante à la population
primitive, non celtique, c'est-à-dire aux luerni, hiernii.
Je suis tout disposé à admettre que Ernai représente le primitif 'louspv'.o;,
mais je ne puis comprendre que iarn soit la forme irlandaise d'un primitif
hiuerna ; le celtique primitif iounkos, en breton iaouank, est devenu en vieil
irlandais ôac avec chute des deux consonnes, ( initial et u médial 5. Les
deux voyelles initiales à'iarn ne peuvent s'expliquer, ce me semble, que par
une voyelle initiale (', ce qui est mon opinion, ou par le groupe isa.
Le mémoire de M. Rhvs est plein de science. On y voit partout percer
la préoccupation qui le suit dans la plupart de ses travaux, c'est de trouver
les traces linguistiques de la population qui a précédé les Celtes dans les Iles
Britanniques ; on peut considérer comme certain a priori que ces traces
doivent exister, comme celles du gaulois dans le dialecte latin qu'est le
français. On ne peut donc qu'applaudir à ces recherches de M. Rhys, quand
même on les croirait en certains cas infructueuses.
XIX
Les Nouveaux essais de philologie française de M. Antoine Thomas 4 con-
1. Hùbner, htsc-riptiones Britanniae christianae , n° 34, cf. p. xx ; Rhys,
Lectures on welsh Philology, seconde édition, p. 381.
2. Ptolémée, 1. II, c. 2, § 6, édition donnée chez Didot pour C. Mùller,
t. I, p. 78, 1. 6 et note.
3. Brugmann, Grundriss, 2^ édition, t. I, p. 261, 281, 327.
4. Paris, Bouillon, 1905, petit in-S», xii, 416 pages, prix 8 francs.
1 86 Chronique.
tiennent, pages 34-62, un chapitre intitulé : Notes critiques sur la toponymie
gauloise et gallo-romaine. Ce chapitre est divisé en trente-huit paragraphes
traitant chacun d'un mot, quelques-uns de deux mots. Tous sont intéres-
sants. Certains nous ont, à tort ou à raison, semblé plus que les autres
dignes de l'attention des celtistes. Tels sont Arlempde, Haute-Loire, et
Arlinde, mieux Arlende, Gard, qui seraient d'anciens *Anieinclutn ; Autoire,
Lot, et Le Toy-Viam, Corrèzc, en 1085 Altoire r^ AUodiiriim\ Bozelat,
Creuse, plus anciennement Balezat = Bazelac ;= *BuIatiacus ; Blaudeix,
Creuse, = *Blaudiscus ; DouUens, Somme, =^ Doriiiiiciim et non Donincum,
mauvaise leçon ; Gorce, nom de village qui se trouve dans seize départe-
ments de la France et qui parait tenir lieu d'un primitif fo;7/rt, dérivé d'un
celtique *gortos identique au substantif masculin irlandais gort, génitif
gtiirl « champ » et « jardin », le même mot que le latin hortus et que le
grec /ooTo; ; Indrois = Angeriscus, affluent de l'Indre, Anger ; Loudun,
Vienne, = Laticidiiiitiin; Néoux, Creuse, au moyen âge Neom, Nehom =
Novioiiiagtis.
Il y a un point sur lequel j'ai été et reste en désaccord avec mon savant
confrère. Il tire ambassade directement du gaulois amhachtos. Je ne puis
l'admettre. Ambassade est le féminin du participe passé d'un verbe bas-latin
aiiihactiarc qui contient un ï, or, cet i fait défaut dans amhachtos. Amhactiare
est la forme latinisée du verbe que Vulfîla a écrit ar.dbahtjau, mais qu'il
aurait dû noter ambahtjan et par lequel il traduit le verbe o'.x/.oveTv, c'est un
dérivé du substantif neutre abstrait andbahli-, oia/.ov-a, AE'.TO'jsyîa, mieux
orthographié dans le vieux haut allemand auibabli et ampabti « fonction » '
dont le thème est ambahtia-. Le verbe et le substantif neutre abstrait sont
dérivés d'un nom d'agent ambaht en gothique andbabts == "ambahtas, le
même mot que le substantif ambachlos des Gaulois auxquels les Germains
l'ont emprunté 2. Les Romains n'avaient pas dans leur alphabet la gutturale
spirante ch, pas plus que ne la possèdent aujourd'hui les Français ni les
Anglais. Comme ces deux peuples modernes ils ont eu deux solutions de la
difficulté : ou supprimer la lettre malencontreuse ou la remplacer par une
autre lettre ; c'est ainsi que les Français prononcent Clovis ou Louis suivant
les dates le nom propre mérovingien Chhdovechas. De même les Anglais
prononcent f, legh -^ ch de roiigh « rude », et suppriment celui du nom
propre Brougham. Voilà comment le gaulois Ambachlos a donné dans les
textes latins Aiiibatos, cf. Louis, Brougham, et Ambactos, cf. Clovis, roiigh.
Ainsi je persiste à croire qu'Ambatia « Amboise » s'explique par un gen-
tilice romain Ambaliiis d'Aiiibalus qui est lui même une détormation du
gaulois ambachlos. Le groupe cl est étranger au celtique comme au ger-
manique qui exigent cht.
1. Oskar Sjhade, Altdeulsches IFoertcrhiich, 2'-" édition, p. 15; Graff,
AlthochdcnlscbiT Sprachschat^, t. III, p. 2 5-27.
2. Voir Thurncys<in, Kello-roin.iiiischt:s, 30, cf. Paul, Grundriss der ger-
maiiischcn Philologie, t. I, p. 505, et Kluge, Etymologisck'S Wœrtcibuch, ^<^
édition, p. 12, au mot amt.
Chronique. 187
XX
Le dixième demi-volume de Pauly Wissowa, Real-Eiicyclojnwilie, contient,
col. 1730-1737, im article érudit de M. Ihm sur les Druides.
XXI
Dans la première édition du Grundriss der romanischn Philologie, t. !<:'■,
1887-1888, M. Gustav Groeber avait inséré, p. 283-312, un savant mémoire
dû à M. Ernst Windisch et qui traite de la langue celtique pour finalement
rechercher ses relations avec le latin et son influence sur les langues
romanes. Il a été rendu compte de cet article en 1887, dans le tome VIII,
p. 178-180 de la Revue Celtique. Dans la nouvelle édition du Grundriss ce
travail de M. Windisch, remanié par l'auteur, occupe quatre pages de plus,
il va de la page 572 à la page 404. La bibliographie est complétée par
l'indication des livres et des mémoires publiés depuis 1887 et il s'y trouve
diverses modifications qui en sont la conséquence. Ce résumé est excellent,
comme tout ce qu'écrit M. Windisch, il y a cependant quelques points de
détails sur lesquels je ne partage pas l'avis du savant auteur. Je vais en
donner des exemples. Le lecteur pensera sans doute que j'ai tort et que
M. Windisch a raison. Je parlerai tout de même.
Le datif singulier des thèmes en 0, qui est d en latin, w en grec, est ;/ en
gaulois, exemples: AUsanu (Holder, I, 94), Anvalomiacu (Holder, I, 164).
Donc, dans les syllabes finales, le gaulois comme l'irlandais changeait en u
long l'o long ' : donc on disait en gaulois *birU « je porte » = irlandais
-biur, la forme gauloise n'était pas *bcrô, comme le croit M. Windisch,
p. 394. L'identité du gaulois gnâtos avec le latin \g\nahts, p. 393, ne me
paraît pas démontrée ; je préférerais rapprocher gnâtos de l'irlandais gnâlh
« connu », « habitué » et du gallois gnaivd « habituel », « usuel », « habi-
tude », « coutume ». L'ô long accentué devient à long en celtique. L'irlan-
dais gnith, le gallois gnaivd sont le même mot que le grec yvojTo;, en latin
nôtus ï .
Je ne saisis pas la raison pour laquelle M. Windisch rejette sur le terme
gaulois duras (dans les textes latins -durus, -durwn), la doctrine de Zeuss
(Grammatica celiica, 2^ édition, p. 24) qui croit 1'» long quoique posttonique
cf. Bïtùriges avec un / long quoique également posttonique.
Je persiste à croire que les Gaulois, qui conservaient Vs final au nominatif
singulier, comme plusieurs exemples l'établissent et connue l'exigent les
lois de permutation de la consonne initiale dans les langues néo-celtiques,
n'ont pu perdre cette lettre au datif pluriel; par conséquent, suivant moi,
1. Cf. Brugmann, Grundriss, I, 2e édition, p. 150, et Curtius-Windisch,
Grundiuege der griechiscben Etymologie, 5e édition, p. 299.
2. Brugmann. ibidem ; cf. Curtius-Windisch, Grund-^iiege der griechischeu
Etymologie, 5»; édition, p. 178, 179.
1 88 Chronique.
jiarpp.Ço va;j.a'ji'.y.aÇo, p. 391, no pcut-ctrc gaulois et appartient au latin
vulgaire ou à un dialecte italien quelconque.
Je considère Isarno-dori, p. 391, comme une basse leçon pour Isarno-
thiri, génitif d'isarno-diirus « forteresse d'Isarnos », nom d'homme fort
répandu au Midi de la France 1 ; ferrei ostii serait un contre sens. Le breton
ancien hoiarn « fer » suppose un primitif l'iarHo- tenant lieu d'un plus ancien
*eisarno- qui explique également l'irlandais iarn et aussi le gothique cisarii,
prononcez Isarn avec \ = ei -.
C'est par distraction sans doute que le savant auteur a imprimé, page
393, que Vo de Dlvôiia était long 5. Geimhum, p. 582, 3CS3, est probablement
une faute d'impression pour Ccnabiini 4, comme Alisa, p. 585, pour Alisia J.
On me dira que j'ai bien mauvais caractère pour critiquer ainsi l'œuvre
d'un ami. Mais il a, lui, si bon caractère qu'il ne m'en voudra pas.
Encore un mot : j'ai inutilement cherché dans le mémoire de M. Win-
disch ce qu'il pense d'un article inséré en 1895 par M. Settegast, dans le
t. XIX de Groeber, Zeitschrijl fur romaiùsche Philologie, p. 266-270, où le
professeur allemand émet l'opinion, depuis reproduite par M. Mohl, que la
désinence française -o)is de la première personne du pluriel serait d'origine
celtique.
XXII
Je n'ai pas l'iionneur de connaître personnellement M. J. Romilly Allen,
auteur de plusieurs publications archéologiques que j'ai lu avec intérêt.
Il vient de publier un volume intitulé : Celtic art in pagan and Christian
Tintes^. C'est un traité de l'archéologie celtique en Grande-Bretagne et en
Irlande. Il débute par un chapitre sur les Celtes du continent et sur leur
arrivée dans les Iles Britanniques. Puis les chapitres suivants traitent de l'art
celtique dans les Iles Britanniques : 1° pendant l'âge de bronze; 2° pendant
le premier âge du fer; 3° pendant la période chrétienne.
J'ai lu et je relis ce livre avec plaisir. Je ne le critiquerai pas, je suis
incompétent pour le juger.
XXIII
M. William Wells Newell a extrait des Publications of the Modem Lan-
giiage Association of America, t. XVIII, un mémoire de sa façon intitulé
1. Holder, II, 75, 76. Je suis en contradiction avec Schrader, Reallexicon,
I, 174.
2. Sur le traitement de la diphtongue ei en celtique et en germanique,
voyez Brugmann, Gnimiriss, t. I, 2<= édition, p. 187, 189; cf. Curtius-
Windisch, Griind-iiegi' dcr griechischen Etymologie, S"^ édition, où l'on voit,
p. 237, que l'irlandais dia « dieu » = skr. dcvas.
5. Cf. Holder, I, 1275.
4. Holder, I, 978, 979.
5. Holder, I, p. 90, 91.
6. Londres, Methuen and Co., in-S", XVIU-5I) pages et nombreuses
figures.
Chronique. 189
Jfilliani of Mnhiwshurv ou thc Aiiliquilx of Glastoiihiiry. Il y établit qu'il ne
faut tenir aucun compte de la légende qui met à Glastonbury le tombeau
du fameux roi Arthur.
XXIV
M. Rhys vient de faire paraître la troisième édition de son joli volume
intitulé EiirJy Brilain, Cellic Bn'tain '. C'est une histoire des Celtes de
Grande-Bretagne depuis les temps les plus anciens jusqu'au xi^ siècle de
notre ère. Trois éditions pour un livre de sérieuse érudition concernant une
époque aussi reculée, c'est un beau succès et il est mérité, car on ne peut
traiter les questions scientifiques avec plus d'élégance et de clarté.
Voici quelques critiques de détail.
Du nom des habitants du Poitou à l'époque gallo-romaine, M. Rhys,
p. 511, ne mentionne que la forme Piclones. Mais Poitou est l'accusatif
singulier gallo-romain Pictaiiinn [pagiim], comme Poitiers est l'accusatif
pluriel Pictauos. Les Romains de l'époque impériale n'avaient plus la diph-
tongue ou et la remplaçaient, soit par au, soit par u. Fictoiii ou Pictoues
est probablement la forme celtique de ce nom de peuple.
P. 302, M. Rhys se demande pourquoi le double p d'Eppillos. Réponse,
parce qu'Eppillos est un nom hypocoristique tenant lieu d'un nom composé
de deux termes, comme Epo-uiauduos, Epo-redios, ou même de trois termes
comme Epo-redi-rix. La loi du redoublement dans les langues germaniques
a été établie par F. Stark, Die Kosenamen der Gennanen, p. 19 et suivantes
et M. Zimmer a démontré que cette loi s'applique aussi aux langues celtiques.
Je regrette que dans sa notice sur l'étymologie du nom de peuple Cassi-
uellautii, p. 289, M. Rhys n'ait rien dit du nom ancien de Châlons-sur-Marne :
Calu-uellauni, puis Catu-ellauiii, ensuite Cat-ellauni, Cat-ehuni, enfin Cala-
ïauni. Catu-ellauni, au génitif Catuellaunorum dans la Notitia Galliarum, est
la leçon des mss. de Paris, latin 12097, vi^ siècle ; de Berlin, Phillips 1745,
vii« siècle, 2^ main (la première main est Catuellanorunî) ; Catellaunorum est
la leçon des mss. de Paris 1454, x^ siècle, et 5001, XP siècle; comparez
Catelauni et Catehunos chez Ammien Marcellin, XV, 11, 10 ; XXVII, 2, 4.
Catalauni est venu ensuite. Mommscn, Chronica minora, t. I, p. 590, a mis
Catalaunorum dans le texte en rejetant en note la leçon CatmUauiwrum,
quoique ce soit celle du plus ancien manuscrit, préférée avec raison par
M. Longnon^. Mommsen est un grand homme, mais sur ce point il a erré.
Toutefois je ne puis guère blâmer M. Rhys de s'en être rapporté à lui.
Enfin, suivant moi, les épitaphes ogamiques du pays de Galles et du
Devon sont inscrites sur les monuments funèbres d'une aristocratie irlandaise
qui a opprimé les Brittons de cette région après la retraite des armées
romaines ; elles ne donnent aucune lumière sur la nationalité des populations
1. Londres, Society for promoting Christian Knowledge, 1904, in-32,
xvi-359 pages et une carte.
2. Atlas historir/ue de la France, 1888, p. 14.
190 Chronique.
opprimées. C'est peut-être moi qui me trompe, mais je ne crois pas me
tromper. Je suis fort entêté.
Paris, le 24 avril 19OJ.
H. D'ArBOIS de Jun.MNVILLE.
POST-SCRIPTUM
I
Au moment de donner le bon à tirer des dernières feuilles de cette
livraison, je reçois deux publications dues au fils du savant professeur de
l'Université de Christiania, M. SaphusBugge, associé étranger de l'Académie
des inscriptions et belles-lettres. M. Alexandre Bugge, aujourd'hui collègue
de son père, a eu l'idJe de recommencer d'une façon plus érudite et non
sanglante les invasions des Scandinaves, ses ancêtres, en Irlande.
A la différence des Wikings, il ne prend la place de personne -, il n'est
pas comme eux un pirate, il est une recrue qui ne peut qu'être bien accueillie
dans les rangs des celtistes. Il le sera avec d'autant plus de plaisir qu'il a
adopté pour ses deux publications la langue anglaise, une langue connue
de tous les celtistes, tandis que tous ne comprennent pas le norvégien.
Le principal des deux morceaux publiés par M. A. Bugge est intitulé
Cathreim Cdlachaiu Caisil « The victorious carecr of Cellachan of Cashel »
et a pour sujet les guerres soutenues par les Irlandais contre les hommes
du Nord au milieu du x^ siècle >. Il y a sur le même sujet un texte irlan-
dais depuis longtemps mis à la disposition des érudits, c'est le Cogadh
Gaedhel re Gallaib, publié dans le texte original irlandais et accompagné
d'une traduction anglaise par Todd 2. La publication de M. A. Bugge forme
un complément de celle de Todd. Le plus ancien des manuscrits qui con-
servent le texte irlandais édité par M. A. Bugge est le livre de Lismore,
écrit vers la fin du xv^ siècle, mais la rédaction primitive remonte à une
date plus ancienne, probablement à la seconde moitié du xi« siècle.
M. A. Bugge a divisé le texte irlandais en paragraphes numérotés et les
numéros sont reproduits en tête des paragraphes de la traduction, ce qui
permet de se reporter du texte aux passages correspondants de la traduc-
tion ; malheureusement cette traduction n'est pas mise en regard du texte
irlandais.
La seconde publication de M. A. Bugge est intitulée On the Fomorians
and the Norsenten 5. Elle contient le texte irlandais et la traduction d'un traité
1. Christiania, J. Chr. Gundersens, 1905, in-80, xix-171 pages.
2. Londres, Longmans and Co, 1867, in,-8°, ccvn-549 pages.
3. Christiania, J. Chr. Gundersens, 1905, in-S", viii-37 pages.
Chronique. 191
composé au xvii>-' siècle par Diuild Mac Firbis sur les Fomorc qui appar-
tiennent à la mythologie irlandaise et sur les conquérants Scandinaves qui
sont vraiment historiques et que l'imagination populaire a quelquefois con-
fondu avec les Fomoré.
Dans les deux publications le texte irlandais et la traduction sont précédés
d'une introduction et suivis de notes. Ces introductions et ces notes attestent
également la science de l'éditeur auquel sa connaissance approfondie des
langues Scandinaves donne, pour l'étude des invasions des Vikings en
Irlande, une compétence incontestable.
M. A. Bugge, avec une modestie de bon goût, parle du concours précieux
que lui ont donné plusieurs savants, notamment des hommes plus compé-
tents que lui en fait de langue irlandaise : MM. Kuno Mever, Faraday, Mac
Sweeney et, en première ligne, M. Whitley Stokes auquel il dédie la pre-
mière de ses deux publications.
II
Je profite de la place qui me reste pour annoncer une publication nou-
velle de M. J. Strachan : Contrihutious to the History ofmiddle irish Dechnsion ' ,
tirage à part des mémoires de la Société philologique, Philosophical Sociely' s
Transactions. Le savant auteur y établit par de nombreux exemples ce
qu'est devenue dans le moyen irlandais la déclinaison du vieil irlandais
qui joue un si grand rôle dans les études de grammaire comparée. On ne
peut trop admirer l'immense lecture qu'a exigé ce travail où l'on trouve
même quelques corrections aux doctrines reçues pour le vieil irlandais.
I. Stephcn Austin and sons, Hertford, 1905, in-8", 45 pages.
NOTA
L'état de ma santé m'oblige de renvoyer les périodiques à la prochaine
livraison.
H. D'A. DE J.
Le Propriétaire-Gérant : Veuve E. Bouillon.
Chanres. — Imprimerie Durand, rue Fulbert.
LES DIEUX CELTIQUES A FORiME D'ANIMAUX
Dans la Grèce classique la forme humaine est en règle
générale la forme des dieux. Mais il y a des survivances
d'une époque antérieure. Le plus connu est le Minotaure,
moitié homme et moitié taureau. Ce dieu primitif apparaît sur
les enseignes romaines où il occupe le troisième rang après
l'aigle et le loup, avant le cheval et le sanglier ^ Nous le
trouvons en Irlande : c'est le taureau de Cooley, un des per-
sonnages les plus importants de la principale épopée irlandaise,
c'est-à-dire du Tàiii bô Cûaibifii. Le Minotaure était né de l'union
de Pasiphaé, fille du soleil, avec un taureau du roi de Crète
Minos. Le taureau de Cooley était le résultat de la dernière
métamorphose de Friuch, gardien des cochons du dieu Bodb.
Friuch avait été changé d'abord en corbeau, puis en phoque ou
baleine, ensuite en guerrier, ultérieurement en fantôme; enfin
il était devenu ver et son domicile était un puits : en buvant
l'eau de ce puits, une vache avala ce ver merveilleux, et elle
donna naissance au taureau, tarb =^ *tanws de Cooley-. Le
nom de ce taureau était Donn^ qui, employé comme adjectif,
veut dire « brun », et, comme nom, « juge, noble, roi ».
La légende de ce taureau merveilleux devait être connue en
Gaule, puisque Jules César, De bello Gallico, VII, 65, 2, parle
1 . Pline, livre X, § 16, après avoir parlé de l'aigle, aqiiila, continue ainsi :
« Romanis eam legionibus C. Marius in secundo consulatu suo proprie
dicavit ; erat et antea prima cum quatuor aliis : lupi, minotauri, cqui, apri-
que singulos ordincs anteibant. » La doctrine do Pline est confirmée par un
passage de Festus : « Porci effigies inter militaria signa quintum locum
obtinebat. »
2. Stokes et Windisch, Irische Texte, y série, p. 230 et suivantes.
Revue Celtique, XXVI. 13
194 W. D'Arbois de Jubainrille.
d'un chef des HcJiiii appelé Doiuio-tannis, lisez Donno-tantos,
qui portait par conséquent le nom de ce taureau mytholo
gique ; comparez les noms propres grecs d'hommes \'.z-ijz:zz,
de A'.ivjs:;, 'AOr,vai::ç, d"i\.0r,v5, 'Xr.zh'Kwm-, d"A-;/.X(i)v,
IIs7î'.o(i')V'.2c, de II:c:e'.;(T)v, etc., et les noms de saints employés
chez nous comme prénoms.
Les noms divins et les noms de saints ont pénétré dans la
nomenclature géographique: 'A-:AAtov(a, A'.ivj-îa, Wzzv.lwnx^
sont des noms grecs de villes. L'origine de ces noms grecs est
due à peu prés au même sentiment que ceux de Saint-Denys,
Dammartin, et autres analogues si fréquents depuis le triomphe
du Christianisme. De là le nom de lieu Tarva chez Grégoire
de Tours, aujourd'hui Tarbes, en France (Hautes-Pyrénées).
On doit expliquer de même les dérivés 'Y-x^zjxny. chez Ptolémée,
Tarucnna dans l'Itinéraire d'Antonin, aujourd'hui Thérouanne
en France, département du Pas-de-Calais, et Taniisns, Trévise,
dans l'Italie du Nord. Ce sont les villes du dieu « taureau »,
en gaulois Taruos.
Il y avait au Nord de la Grande-Bretagne, suivant Ptolé-
mée, un promontoire 'V xzzjizzj\}. ; peut-être doit-on lire 'Ïxzzj'z-
ozxK't ^, c'est-à-dire promontoire de la forteresse du dieu
« Taureau « ; on peut comparer au nom de ce promontoire
celui du cap Saint-Vincent qui est situé à l'extrémité Sud ou
Est du Portugal.
Un autre animal divin qui apparaît sur les enseignes romaines
est le loup. Une louve a, dit-on, servi de nourrice au fonda-
teur de Rome. M. Salomon Reinach a publié dans la Revue
Celtique, tome XXV, plusieurs représentations du dieu loup
trouvées tant en France qu'en Angleterre et dans l'Italie sep-
tentrionale ; le dieu loup a donc été connu des Celtes comme des
Romains. En Irlande, il n'y a pas de nom commun correspon-
dant au latin lupus. Pour désigner le loup, il faut l'appeler
« chien sauvage », ci'i allaid. Une trace du culte du dieu loup
nous est conservée par le nom du héros et demi-dieu Cûchu-
lainn, fils du dieu Lugus et d'une sœur du grand roi d'Ulster
Conchobar. Cùchulainn veut dire « chien de Culann ». Mais
I. Holder, AUcdtischer Sprachschat^, t. II, col. 1741.
Lt's Dieux ù'itiijiics a forme d'iinimaiix. 19^
dans les pièces Je vers qui s'intercalent dans le récit du combat
singulier du héros contre Ferdiad, celui-ci, adressant la parole
à son adversaire, l'appelle simplement chien « ô chien ^'>,a-cljna\
avec un a final pour le besoin de la rime, et plus exactement
a-chi'i dans un autre endroit- ; ailleurs il le traite de « chien de
carnage », àr-chi'i^->.
Le quatrième rang parmi les animaux divinisés qui servirent
d'enseigne aux Romains était le cheval ; les Gaulois avaient,
comme on sait, la déesse Epona dont le nom dérive iXcpo-s
« cheval »4. Les monuments de cette déesse nous représentent
une femme et un cheval. La femme est une addition duc à
l'influence de l'art grec. Epona doit être la jument divinisée.
Au cinquième rang parmi les enseignes romaines nous trou-
vons le sanglier, oper. Son image ornait aussi les enseignes
gauloises ; dans les bas-reliefs de l'arc de triomphe d'Orange
on la voit figurer parmi les dépouilles enlevées aux Gaulois
vaincus. Alexandre Bertrand et M. Salomon Reinach ont
signalé quelques autres exemples de l'enseigne gauloise du
sanglier >.
Le premier des animaux qui figuraient sur ks enseignes
romaines était l'aigle; il n'est pas question de lui parmi les
oiseaux divinisés chez les Celtes. Mais dans les textes irlandais
on voit souvent apparaître les divinités sous forme d'oiseau.
Par exemple Badb, déesse de la guerre, ordinairement invisible,
s'offrait aux regards des guerriers sous forme de corneille ou
de corbeau^. Dans la grande épopée irlandaise dont le titre est
1. Livre de Leiiister, p. 83, col. 2, 1. 27; cf. O'Curry, On thc Mainurs
and Cusloms 0/ !be ancienl Irisb, t. III, p. 430.
2. Livre de Leinster, p. 87, col. i, 1. 41 ; cf. O'Curry, On thc Mainiers,
t. III, p. 4)0.
3. Livre de Leinster, p. 87, col. 2, 1. II; cf. O'Curry, On the Manners,
t. III, p. 452.
4. Sur Epona, voir Salomon Reinach dans la Revue archcolo^iquc, t. XXVI,
p. 163-195; 309-335.
5. Cf. .-Mexandre Bertrand, Archéologie celtique et gauloise, p. 419; —
Salomon Reinach, Antiquités nationales, Description raisonnée du Musée de
Saint-Germain, Brunies Jigurcs de la Gaule ronuiine, p. 255, 256, 257, 269;
— Répertoire de la statuaire grecque et romaine, p. 746, 747 ; Revue Cel-
tique, t. XXII, p. 1 57.
6. Hennessy, dans la Revue Celtique, t. I, p. 34 et suivantes.
196 H. D'Arbois de Jubainrille.
Tâiii hô Ci'iailnge, la déesse Môrrigan apparaît sous plusieurs
formes successives, en dernier lieu sous forme d'oiseau '. Dans
le Scrgli^^c Concnlainn, la déesse Fand amoureuse du célèbre
héros s'offre d'abord à lui sous forme d'oiseau-.
Il y a un animal dont les images n'ont pas été placées sur
les enseignes romaines et qui a été élevé au rang divin dans
le monde celtique. C'est l'ours. De cet animal il y a en irlan-
dais ancien deux noms : l'un est art, identique au grec à'px-c;
et au gallois arth z= arto-s, ours. L'autre est niaih au génitif
matho, qui supposent un thème primitif main-.
Art en vieil irlandais était arrivé à être un synonyme de
âia « dieu ». On disait d'Eochaid, prince irlandais du m" siècle
après J.-C, qu'il était beau comme art, c'est-à-dire « comme
ours «; cela signilîait qu'il était beau comme un dieu. Quand
le héros Cùchiilaiun fut tué, il n'avait pas cependant cessé de
vivre; il apparut à des amis et leur dit: « Un noble art a été
moissonné, nvncmaid art nasal. Que veut dire art dans cette
phrase ? Une glose nous l'apprend : art signifie dia, c'est-à-
dire dieu. Voilà ce qu'on lit dans le glossaire composé par
Cormac, qui mourut au commencement du x"" siècle 3.
En Gaule, on avait divinisé la femelle de l'ours, et on l'ap-
pelait dea artio, M. Salomon Reinach a étudié dans le tome XXI
de la Revue Celtique un groupe en bronze, trouvé en Suisse
près de Berne, et qui représente un ours accompagné d'une
femme; au-dessous est une inscription àcà\c:\.io\XQDeae Artioni.
La femme est un sacrifice au goût des artistes grecs. De la dea
Artio de Berne on peut rapprocher la dea And-arta de Die
(Drôme)4; And-arta .est une grande ourse élevée au rang
de divinité, tandis que de l'expression dea Artio on ne doit
rien conclure quant à la taille de l'animal sacré. Il y a lieu,
ce semble, d'expliquer par le nom Artos de l'ours divinisé
1. In deilb euin, Lelvr na hUidre, p. 64, col. 2, 1. 50-51 ; L. Winifrid
Faraday, The Catttc-raid of Cualnge, p. 40 ; H. Zimmer, dans la Zeitschrifl
de Kuhn, t. XXVIII, p. 450.
2. E. Windisch, Irisctje Texte, t. I, p. 206, 1. 10; p. 207, I. 29.
5. Whitle}- Stokcs, Three irish Glossaries, p. 2 ; Satias Chormaic, Comme' s
Glossary traustated, p. 5,4.
4. Holder, Altceltisclier Spraclischati, t. I, col. 227.
Les Dieux celtiques à forme d\xnimaux. \ c)-j
les noms de lieu Arto-hri^^a en Vindclicie, et *Aiio-diinuni,
aujourd'hui Arthun (Loire) ' ; Arto-dunuiu, « forteresse du
dieu Artos », peut servir de pendant à Liigu-duniim, « forte-
resse du dieu Lugns ».
De ces noms de lieu on peut rapproclicr le nom d'homme
gallois Arth-gen, « tils de l'ours » -, c'est-à-dire du dieu Ours.
C'est le nom d'un roi gallois mort en 8075. Ce nom a été en
gaulois ^;7c'-^n';/i)^ ou Aiii-goios ; dans la Dcscriplio mancipiorum
eccksie Massiliensis, publiée par B. Guérard à la suite du Cartu-
laire de Saint-Victor de Marseille, on voit mentionnée une
colonica in Artigcnis^ : c'est un groupe de colons établi sur des
fiindi Ariigeni, ainsi nommés à cause d'un propriétaire antique,
nommé Arii-gcnos ou Ario-genos « fils du dieu ours ». La
forme irlandaise de ce nom est Artigan : d'où le nom de famille
O'hArtigan, « petit-fils du fils de l'ours 5 ».
On trouve sous l'Empire romain des exemples du nom divin
Mercurius employé comme surnom d'homme^. Art, dans les
textes irlandais, apparaît comme nom d'homme. Il y eut en
Irlande au 11^ siècle un roi suprême nommé Art ocnfer a Art
l'unique/ », Ours unique. En 825 suivant une chronique, en
827 suivant une autre. Art, fils du roi irlandais Diarmait, fut
décapité^. De ce nom d'homme Art vient le nom de Un hAirl,
qu'on rencontre dans le Chroniam Scotorurn sous les dates 10 12,
1083, 10959; on dit aujourd'hui O'Hart, ce qui veut dire
1. Holdcr, Altceltischer Sprachschali, t. I, col. 38.
2. Artb signifie « ours » en gallois.
3. Annales Canibriae, édition donnée par Jchn Williams ab Itliel, p. 11.
Son nom est écrit Arthen dans \QBrut\ Tncysogwn, édition donnée par le
même, p. 8, et dans celle de J. Gwenogvryn Evans, p. 258.
4. Cartulaire de Saint-Victor de Marseille, t. II, p. 641.
5. Joyce, The ori(;in and history 0/ irish names of places, t. II, p.. 154.
6. C. I. L., t. XII, ncs 449, 3709, 3894.
7. Echlra Condla, chez Windisch, Irische Grammatik, p. 120. The annuls
of Tigernach, éditées par Whitlev Stokes, Revue Celtique, t. XVII, p. 9, 11.
Annals of the four Maslers, éd. Ô'Donovan, l. I, p. 106, 109.
8. Annals of Ulstcr, éditées par William M. Hennessy, t. I, p. 522 ; Chro-
nicon Scotorurn, édité par le même, p. 154; cf. Annals of the four Maslers,
édités par O'Donovan, t. I, p. 436, où cet événement est mis en 824.
9. Edition Hennessy, p. 254, 296, 504.
198 H. ffArbois de Jubaimillc.
« pctit-tîls d'ours ' ». On trouve aussi Mac Airt « lîls d'ours- »,
c'cst-à-dirc du dieu ours.
Passons au mot irlandais math ^=^ *nniliis « ours ». Ce mot,
aujourd'hui inusité, doit se rcconnaitrc dans le premier terme
de iiuilh-i^haiiihtiin « ourson » qui, dans la traduction irlandaise
de la Bible, rend l'hébreu n",, clôh « ours> ». Ganihuin, ^amhain
signifie « veau », en sorte que le sens littéral de nmlh^hamhain
est « veau d'ours ». Malus « ours » apparaît comme premier
terme dans les noms d'homme gaulois Matu-^ciws « lils d'ours »,
c'est-à-dire « du dieu ours 4 », Matu-marus « grand comme un
ours », c'est-à-dire comme le dieu ours 5. Le dieu gaulois Matii-
niis^ porte un nom dérivé du thème niatii. Malmius, forme
latinisée du celtique Maliuws, avait une variante *Matùnnos
qui a fourni le second terme du nom gallo-romain de Langres
Aude-malunnum ' . *Aiideniatuniios aurait signifié « grand ours » ;
Ande-inaiimuiini est la forteresse du grand ours divinisé. On
peut comparer Andc-camuluiu « forteresse du grand dieu Camu-
los » d'où Andccamuknscs, les habitants de Rançon (Haute-
Vienne)^. Quant àMrt///-i,''nw5 « fils du dieu ours », son second
terme est identique à celui de Caiiiulo-gciiiis « fils du dieu
Camidos », nom d'un chef des Aiilerci Eburouices que Jules
César vainquit et qui fut une des si nombreuses victimes de
la guerre impitovable oii succomba l'indépendance gauloise 9.
Il y a un nom propre irlandais qui exprime la même idée que
le gaulois Mahi-gcnos, ccsiMac-Malbghaiitbiia aujourd'hui écrit
avec orthographe anglaise Mac Mahon, nom de famille très
répandu et qui se trouve pour la première fois dans les Annales
des quatre Maîtres en 1283 '°. Ce nom veut dire « fils d'our-
1. P. \V. Joyce, Tbe origiii and history of iiish liâmes of places, t. II, p.
134-
2. Aiitiah of Tigciitach, publiées par Whitlcy Stokcs, Rci'tie Celtique,
t. XVII, p. 419.
3. Voir par exemple Samuel, 1. I, ch. xvii, verset 34.
4. Holder, Alkellischer Spiachscbali, t. II, col. 480.
5. n>!d., t. II, col. 481.
6. ]bid., t. II, col. 482.
7. Ibid., t. I, col. 144.
8. Ibid., t. I, col. 139.
9. De belle GaUico, VII, 57, 59, 62.
10. Édition d'O'Donovan, t. III, p. 438.
Les Dieux celtiijiies à forme ii\inimaii\. 199
son ». On voit apparaître des le xi*-' siècle le nom de Uû
Mathghnnibiin porté par un roi d'Ulster tué vers l'an 1068^;
on écrit aujourd'hui O'Mahony, et c'est un nom de flimille
dont les exemples sont nombreux ; il veut dire « petit-fils d'our-
son ». Naturellement en Irlande certains hommes ont reçu le
nom du dieu ourson comme d'autres aujourd'hui portent par
exemple le nom du patriarche et du saint Joseph. De l'année
974 paraît dater la mort d'un roi de Munster nommé Matbgha-
inhain-. On en peut relever des exemples postérieurs.
Nous avons donc étudié six formes animales que les Celtes
ont divinisées: de ces formes cinq se retrouvent dans les ensei-
gnes qui menaient au combat les armées romaines, taureau,
chien ou loup, jument ou cheval, sanglier, oiseau ; une sixième
est en sus des cinq signa des Romains, c'est Tours.
Les Celtes paraissent avoir aussi divinisé d'autres animaux.
La question a été savamment traitée par M. Salomon Reinach?.
Nous ne voulons pas nous fiire ici plagiaire en le copiant.
H. d'Arbois de Jubainville.
1. Annales de Tigernach, éditées par Whitley Stokes dans Reiue Ccllique,
t. XVII, p. 405 ; Annales d'Ulster, éditées par B. Mac Caithy, t. II, p. 14;
William M. Hennessy, Chronicon Scotoruvi, p. 287.
2. Annales des quatre Maîtres, édition d'O'Donovan, t. II, p. 700 ; Annales
de Tigernach, éditées par Whitley Stokes, Revue Celtique, t. XVII, p. 338;
Chronicon Scotonivi, p. 222.
3. Cultes, Mythes et Religions, t. I, p. 30-78, 217-232, 271-298.
LE MYSTÈRE BRETON
DE SAINT CRÉPIN ET DE SAINT CRÉPINIEN
SUITE DU TEXTE
CAJASET, 5': prins.
Ampereur puissant a redouttet meurbet,
mar boe biscoas hiny en mesq ar Goleset,
nin dougon an armo an n-cur ma comandet,
euit liuran battaill en lech ma tesiret.
1015 Non dcus na duq na prins cont marquis na baron,
non d-int somettet dach, o monarq a renom.
Sur, euit ma frinset, a so obéissant ;
ma barneryen menicus yue paraillamant.
Ag en<a> so hiny a guement a aile
1020 monet en diligeans bete Rectiouare ?
Hennés so den abil a meurbet gouieg ;
ar guer uras a Soixon, en deus-y mcsuret
gant ' ruselleno dour, père barise ru
gant goat ar gristenien massacret a beb tu.
1025 D-eun doue a crcdont. Sur es-int abuset
euitte da veruei : o sicour na ell quet.
Ma vije galloudus euel ma lerond-y,
e-uige ordinal o sicour pep hiny.
Euit quement a ran, ne allan nep feson
fo ly vo 1050 donet do chasseall ves ar guer a Soixon.
Goellet, laret penos e-ue daou guereer
a gourompe ma fobl — se eo particuillier —
en-eur breseg dese o doctrine méchant.
En Asy, en Alïriq, en Europ, er Ponant,
I. Ms. ar.
LE MYSTÈRE BRETON
DE SAINT CRÉPIX ET DE SAINT CRÉPINIEN
SUITE DE LA TRADUCTION
CAJASET, 5= prince.
Empereur puissant et très redouté,
s'il y en eut jamais parmi les Gaulois,
nous porterons les armes quand vous le commanderez,
pour livrer bataille où vous voudrez.
Il n'y a ni duc, ni prince, comte, marquis, ni baron,
qui ne vous soit soumis, ô monarque de renom.
MAXIMIEN
Sans doute, pour mes princes, il sont obéissants;
mes juges aussi également.
Y a-t-il quelqu'un qui pourrait
aller promptement auprès de Rictiovaire?
Celui-là est un homme habile et très savant.
La grande ville de Soissons, il l'a mesurée (sillonnée)
au moyen de ruisseaux d'eau qui paraissaient rouges
du sang des chrétiens massacrés de toutes parts.
Us croient à un seul dieu. Certainement ils s'abusent:
quoiqu'ils meurent, il ne peut les secourir.
S'il était puissant comme ils le disent,
il serait toujours à secourir chacun.
Malgré tout ce que je fais, je ne puis d'aucune manière
arriver à les chasser, de la ville de Soissons.
Voyez, dire qu'il a deux cordonniers
corrompant mon peuple — c'est une chose étrange —
en lui préchant leurs mauvaises doctrines.
En .^sie, en Afrique, en Europe, à l'Occident,
202 Victor Tourneur.
1035 o plantan o Icscii, pcmp ail a voa gante,
pcre so disirLiget gant Rectiouare.
ALBANifs, 2° prins.
Ous o clcLiet, ma frins, es-on estonct bras;
diguemen Rectiouar ; bennes a rey o chlasg.
Goas ynt <e>bars en quer (e)uit nen de ar vosen.
1040 Coll a reint oU o pobl, ma na lequel difen,
ag ouspen so, ma frins, ma na lequel remet,
deseo reoni ar bobl ganl o lesen pepret.
Talmahy entre a droit, maxi.mi.w parle.
Me gomand depechin ; ma vo groet lifero '
da gas d-am barncryen dreoll dre ma cheryo ;
1045 mar quefont christenien, ma voint comeret,
euit soufrin poannio a vo cruel meurbet ;
poan vras a m-eus gante, pa ne allan yue
o dirassinan cren dimes ma ampire ;
brassan glachar a m-eus, ag ar pes em eston,
10 )0 eo daou vechant a so er guer ma a Soixon,
tut vnfani, obstinet gant o doue neue;
troublet o deus ma fobl ; oU e credont dese.
Rag se ta, Talmahy que pront, ma messager,
da gas ar liser man da voellet d-am barner ;
1055 lar desan bout suptil ma voint comeret ;
dre o anchantery, e hallent y techel - ;
a lar desan penos eo ma brassan mignon,
pa eo ma lutananl a prouost en Soixon.
Me a ya ma monarq, ag a rev diligeans;
1060 me rey camegco bras euit en em auans.
Me so o seruiger, ma monarq redouttet,
me rev ar veag se, ha ne dalein quet.
Talmahv, ma mignon, que pront betteg ennan
groa desan o fourches, me a gomant desan;
f° 18 1065 pan d-o-me en Soixon em pales trionfant,
ma vcnd-\- comeret, em be contantamant.
I. lijero, cf. tréc. livcrio.
Le Mystîrc de saint Crépiri et de uiint Crépinicn. 20-
implantant leur religion, cinq autres étaient avec eux,
qui ont été détruits par Rictiovaire.
ALBANIUS, 2= plitice.
En vous entendant, mon prince, je suis fort affligé.
Mandez Rictiovaire ; il les fera rechercher.
Ils sont pires dans la ville que n'est la peste.
Ils perdront tout votre peuple si vous n'y mettez ordre,
et de plus, mon prince, si vous n'y portez remède,
ils trompent le peuple constamment avec leurs doctrines.
Tahnahy entre à droite, maximien parle.
J'ordonne qu'on se dépêche ; qu'on fasse des lettres
à porter à mes prévôts partout dans mes villes.
S'ils trouvent des chrétiens, qu'ils soient pris
pour souffrir des peines qui soient très cruelles.
J'ai beaucoup de peine avec eux de ne pouvoir
les déraciner totalement de mon empire.
La plus grande douleur que j'ai, et ce qui me chagrine,
ce sont deux méchants qui sont dans cette ville de Soissons,
gens infâmes, obstinés pour leur nouveau dieu.
Ils ont troublé mon peuple ; tous croient en eux.
C'est pourquoi, Talmahy, va vite, mon messager,
montrer cette lettre à mon prévôt ;
dis-lui d'être adroit pour les prendre;
par leur sorcellerie, ils pourraient fuir;
et dis lui qu'il est mon plus grand ami,
puisqu'il est mon lieutenant et prévôt à Soissons.
J'y vais, mon roi, et ferai diligence
je ferai de grands pas pour aller plus vite.
Je suis votre serviteur, mon roi redouté ;
je ferai ce voyage, et ne tarderai pas.
Talmahy, mon ami, va vite à lui ;
fais-le les poursuivre, je le lui commande ;
quand je suis à Soissons, vainqueur, dans mon palais,
s'ils sont pris, j'en aurai du plaisir.
2. tecliel à lire techet.
204 Victor Tourneur.
Senne.
Miiximian d ces prince a gauche. Tahnahy a droit. Rectiouare entre a gauche.
Tahnaljy entre a droit.
TALMAHY parle.
Salut dach ! lutanant hanuct Rectiouare.
Abeurs an ampercur, e s-on deut o petie
do digas dach liser. Dalet, a lennett-an.
1070 Groet o ch-oU diligeans, pan d-och fidcll desan.
Dauantach a m-eus choas déchu da lauaret
un daou pe vn trv guir, entresomp, en secret.
RECTIOU.ARE
Deportet, Talmahy, euit m-am bo amser
da grompreny er fat petra so er User,
1075 euit rein dach respont da gas d-an ampereur.
M-en lenno prontamant, ne dalein quet nemeur.
// regarde la lettre et dit :
Freuisan ' rari breman, a mat eo ma sujet,
ous o besan en quer, a me na ouien quet,
o suady ar bobl da gridin d-o doue.
1080 Me rein d-e hep dale disclery ar vrione.
Rectiouar escritle la lettre ; apirs yls donne la reponcc au messager an disant :
Dalet, chettu ase, Talmahy, ar respont.
Hep dale pel amser, credet o detfo spont.
Leret d-an ampereur es-on e seruiger ;
herue a ententan, eman cbars en quer;
1085 leret desan es-in brama souden vattant 2 ;
quent euit <ma> sepin, mcm bo an daou chalant.
Rectiouar a gauch. Talmahy a droit. Rectiouare. Remsouin. Agriud entre a
gauche.
REcriovAKE parle.
Estonet on en bras, pa n-em gonsideran
o cleuet so en quer daou sorser o vevan.
Ragse, ma harcheryen, m-o pet ma asistet.
1090 Ret eo hep retardin ma voint comeret.
I. freuisan donne le ms. ; il faut probablement corriger en fremisan.
Le Mystère de saint Crépin et de saint Crcpinien. 205
Scène.
Maxiiiiitu et ses princes à gauche. Tahnahy à droite. Rictiovaire entre à gauche.
Talniahy entre à droite.
TALMAHY parle.
Salut à vous, lieutenant appelé Rictiovaire,
je suis venu vous trouver de la part de l'empereur,
pour vous apporter une lettre. Tenez, et lisez la.
Faites toute diligence puisque vous lui êtes fidèle.
J"ai de plus à vous dire encore
deux ou trois mots entre nous en secret.
RICTIOVAIRE
Attendez, Talmahy, pour que j'aie le temps
de bien comprendre ce qu'il y a dans la lettre,
pour vous donner une réponse à porter à l'empereur.
Je vais lire rapidement ; je ne tarderai pas beaucoup.
// regarde la lettre et dit :
Je frémis maintenant et j'en ai bien sujet :
de ce qu'ils sont en ville — et je ne le savais pas —
à persuader au peuple de croire à leur dieu !
Je leur ferai sans retard déclarer la vérité.
Rictiovaire écrit la lettre ; puis il donne la réponse au messager en disant :
Tenez, Talmahy, voilà la réponse.
Croyez bien qu'avant peu ils auront peur.
Dites à l'empereur que je suis son serviteur.
D'après ce que j'entends, il (l'empereur) est en ville.
Dites-lui que j'irai à l'instant même ;
avant de m'arréter, j'aurai ces deux clients.
Scène.
Rictiovaire à gauche ; Talmahy à droite; Rictiovaire, Renisouin, Agriud entrent
à gauche.
RICTIOVAIRE parle.
Je suis fort affligé quand j'y pense,
d'entendre que deux sorciers vivent en ville.
C'est pourquoi, mes archers, je vous prie de m'assister.
Il faut qu'ils soient pris sans retard.
2. battant, immédiatement. Voy. Em. Urnault, Dict. étyni. du breton moyen,
p. 225.
2o6 Victor Tourneur.
Otro ar lutanant, m-o pet on yscuset :
ret co besan suptil euit o chcmeret :
fo i8 \o vil nombr bras ves a bobl a so troet gante.
Rct vo bes en ' secret euit surpren ane.
AGRIUELL
1095 Guir a lar Remsouin, a mat eo c reson :
mignonet o deus groet cr guer man a Soixon.
Me a voa, an de ail, o pourmeny drc guer,
a oar plas - ar martret, e voa daou guereer.
Eno cman o stall, er lecli ma labouront ;
loio nemcrt surprenct vent, biquen n-o chomeromp.
RECTIOUARE
Na vet quet négligeant, m-o pet ma harcheryen,
d-o garottin er fat beset sur ves och-ern ?.
Daou re youetteso da laquât voar nese,
a veso start a ferm da gonpillan yue4.
1105 Ragse ta, Agriuell, groas S te vn dro suptil.
Sell 0 stal euit goût ag y a so cnny.
Agrhtcl vat regarder la hotUtique ; après, il reuieii sur ces pas cl dilte :
Emaint eno stal, me 0 chassur er fat:
vnan so 0 taillan, ag vn ail o chrouiat.
On vat trouver les saint, rectiouare parle.
Nen d-eo quet chuy Crepin, a chuy Crepinian ?
II 10 Respondet ahanon. Nen d-eo quet a vreman,
pel so es-och en quer a me na ouien quet.
Meurbet es-och suptil. Cettu chuy surprenet !
Penos, daou sorser fal, ynumen a méchant,
herue ma meus cleuet, en eur6 gontet sauant,
II 1 5 gant o sorseroso o cheus bet deseuet
vn nombr bras da gridy d-an doue ma credet.
Respontet din o taou, a leret din breman
pesort doue o ch-eus, rag ma credet ennan.
CREPIN'
Me rcspont dit, tirant, hep donet d-as dougean :
1 . bes en secret à corriger probablement en besan secret.
2. Ms. bras, plas ar martret, la place du marché. Le P. Grégoire de Ros-
trenen donne martret, marché, en français et en breton. M. lirnault me dit
qu'à Saint-Brieuc la place du marché s'appelle encore pl.ice du martret.
5. ves 0 ch-ern =^ ves och hem.
4. Je traduis approximativement les vers 1 105 et 1 104, grâce au contexte.
Le Mystère de saint Crcpin et Je saint Crcpinien. ?.o'j
REMSOUIN
Monsieur le lieutenant, je vous prie de nous excuser :
il ùut être lin pour les prendre;
un grand nombre de gens sont de leur parti.
Il faut agir en secret pour les surprendre.
AGRIVELL
Remsouin dit vrai, et son raisonnement est bon :
ils se sont fait des amis dans cette ville de Soissons.
Je me promenais en ville l'autre jour ;
et sur la place du marché il y avait deux cordonniers.
C'est là qu'est leur boutique où ils travaillent ;
à moins qu'on ne les surprenne, jamais nous ne les prendrons.
RICTIOVAIRE
Ne soyez pas négligeants, je vous en prie, mes archers,
pour les bien garotter, soyez sûrs de vos fers :
deux paires de menottes à mettre sur eux,
qui seront résistantes et solides pour les maintenir également.
Eh bien donc, Agrivel, fais un bon tour.
Regarde leur boutique, pour savoir s'ils y sont.
Agrivel va regarder dans la boutique. Ensuite, il revient sur ses pas et dit :
Ils sont dans leur boutique, je vous l'assure bien.
L'un est en train de couper, un autre coud.
On va trouver les saints, rictiovaire parle.
N'est-ce pas vous, Crépin, et vous, Crépinien?
Répondez-moi. Ce n'est pas de maintenant,
il y a longtemps que vous êtes en ville, et je ne le savais pas.
Vous êtes très fins. Vous voilà surpris!
Comment! mauvais sorciers, inhumains et méchants,
d'après ce que j'ai appris, vous vous croyez savants,
vous avez, par vos sortilèges, trompé
un grand nombre de gens (amenés) à croire au dieu en qui vous croyez.
Répondez-moi, vous deux, et dites-moi maintenant
quelle espèce de dieu vous avez, puisque vous croN'ez en lui.
CRÉPIX
Je te réponds, bourreau, sans te craindre:
Les mots jouetteso et conpillan me sont inconnus. Le premier pourrait être
emprunté à un mot *jouettes qui serait employé ici très ironiquement. Le
second est peut-être le français compiler avec le sens de comprimer.
5. groas, contamination des synonymes o^roa et groes, semble-t-il.
6. en eur correspondant trégorrois de eu em.
2o8 Victor Tourneur.
II 20 an doue adoromp so crouer d-ar bet man.
Jupiter, Apollon e-teus euit Doue,
n-o dcus nep puissans, na no dcffo yuc.
Tut oant suget d-ar maro, a voa bousar a dall,
fo 19 sorseryen execrabl, leun ves a vise fall.
1125 Nep a gredo inné a so tud abuset,
ag a so dre auans d-an yfern condamnet.
RECTIOUARE
Ragse, ma harcheryen, beset oll diligeant,
ma voint houarnet aman prcsantamant,
ma voint conduet dirag Maximian,
II 30 a so on ympalacr souueren en guer man.
A boc pel amser so e tesir o goellet.
Pa voint dirasan, e-no rejouisset
goellet daou séducteur dirag e vajeste,
enep e doueou. Colerct eo outte;
1135 ouspen en deus désir abalamor da se,
e handurcnt ar maro, pe cuittat o doue.
Les harcher lies les saint, crupin parle.
Goas out vit eur leon nag euit tigr er bet.
Na teus esom a hern : ny a yallo guenet ;
nin a yallo hardy dirag Maximian,
1140 quent ma cuitteomp Jésus, nin souffro pep sort poan.
Senne a droit.
Maximian et sa siiilte entre a gauch ; Rectioitare, les harcher avec les saint entre
a droit.
RECTIOUARE parle.
Ampercur puissant, dign da vesan caret,
groet a meus pen da ben euel m-o poa laret :
chettu deut dirasoch, me monarq souueren,
an daou a vouluerse o pobl gant 0 lescn.
MAXIMIAN
1145 Yoa bras ameus outte, pel so em boa choant
da coellet dirason <n>daou ympostcur méchant.
Sorseryen malcrus, chuy em laqua en rach ;
na cl quet ma spcrct o souffrin dauantach.
Breman chuy a renquo laret hep fenction,
II 50 dinies a bes bro och, na pcs religion.
fo 19 V CREPIX
Nin so a galitto ganet er quer a Rom,
a quittet on mado euit dont da Soixon ;
Le Mystère de saint Crêpin et de saint Crépinien. 209
Le dieu que nous adorons est le créateur de ce monde.
Jupiter, Apollon, que tu as en guise de dieux,
n'ont aucune puissance et n'en auront pas non plus.
C'étaient des hommes sujets à la mort, qui étaient sourds et aveugles,
des sorciers exécrables, pleins de mauvais vices.
Tous ceux qui y croiront sont des gens trompés,
et sont d'avance condamnés à l'enfer.
RICTIOVAIRE
Allons, mes archers, soyez tous diligents
pour qu'ils soient enchaînés ici à l'instant,
pour être conduits devant Maximien,
qui est notre empereur souverain en cette ville.
Il y a déjà longtemps qu'il désire les voir.
lorsqu'ils seront devant lui, il se réjouira
de voir devant sa majesté deux séducteurs
hostiles à ses dieux. 11 est en colère contre eux;
en outre, il désire à cause de cela,
qu'ils endurent la mort ou quittent leur dieu.
Les archers lient les saints, crépin parle.
Tu es pire qu'un lion ou qu'aucun tigre.
Tu n'as pas besoin de fers ; nous irons avec toi.
Nous irons hardiment devant Maximien.
Plutôt que de quitter Tésus, nous souffrirons toute sorte de peines.
Scéue à droite.
Maximien et sa suite entrent à gauche. Rictiovaire, les archers avec les saints
entrent â droite.
RICTIOVAIRE parle.
Puissant empereur, digne d'être aimé,
j'ai fait entièrement comme vous aviez dit.
Voici venus devant vous, mon roi souverain,
les deux (individus) qui bouleversaient votre peuple avec leur religion.
MAXIMIEN
J'en ai grande joie. Il y a longtemps que j'avais envie
de voir devant moi les deux méchants imposteurs.
Malheureux sorciers, vous me mettez en rage,
mon esprit ne peut pas vous souffrir davantage.
Maintenant vous allez me dire sans feinte,
de quel pays vous êtes, et de quelle religion.
CRÉPIN
Nous sommes gens de qualité, nés dans la ville de Rome,
et avons quitté nos biens pour venir à Soissons ;
Revue Celtique, XXVI. 14
iiô Victor Tourneur.
antrcct omp en Fraris, cuit dirasinan
an ydolo mcchcnt, yue d-o displantan,
1155 da ober anaiiout Jésus Christ on saluer,
niab ar voerches Vary, Doue on rédempteur.
QuciTient a bosedct enn-o ch-oil anipire,
credet eo digantan o ch-cus bet anese ;
treus ahet en antier, quemcnt so cr bet man,
1160 credet, Maximian, an oll a so desan ;
en a gomant pep tra, en efF ag en douar,
comandy ra d-an eoll, d-ar steret a d-ar loar;
e etandu so bras, ne dcfo quet a fin ;
mest eo da bunissan, pe da recompansin.
1165 ragse, groa a guery, forch tourmancho cruel,
quent euit e cuittat, ve gcel guenimp meruel.
Me a ya da douet, dre ma oll doueo !
me rey d-it andurin ar brassan tourmancho ;
mar deut da derchel mat da gridin d-o toue,
II 70 me dou dre Jupiter, e collet o pue.
CREPIN
Euit quement tourmant a forches oar ar bet,
na reomp lors ane. Groct ar pes a gueret.
Na esperomp netra dimes ar grandeuryo
père a bromettes dre da digniteo.
II 75 Na desironip netra hep quen nemert ar groas,
da ymittan Jésus pehyny on prenas.
Ar gloar, ar vanitte so meurbet dangerus.
Nep a ra font voar-ne, a veso nialerus.
Cuitta da ydolo dcus a volante vat.
II 80 da adorin Yesus, a cret d-ar Icscn vat.
MAXIMIAX
Ser buan da chcno. Ar oalch e-teus laret ;
dre da sorsereso e-teus cals deseuet.
fo 20 A choas e fel dide, den fall, gant da vosen,
tromplan un ympalaer. Mes n-en tromply <bi>quen.
CREPIN I AN'
1185 Ma.ximian, den fall ag yue miserabl,
na gredes d-eun doue a so quen adorabl,
quemcnt a bosedes a so tout digantan,
a choas, den miserabl, na gredes quet cnnan.
En lech anaucout Yesus ar guir doue,
1190 e credes doueo, abusct out gante.
Le Mystère de saint Crépin et de saint Crépinien. 1 1 1
Nous sommes entres en France pour déraciner
les méchantes idoles, et pour les abattre,
pour Hiire connaître Jésus-Christ notre Sauveur,
fils de la Vierge Marie, Dieu notre Rédempteur.
Tout ce que vous possédez dans tout votre empire,
crovcz que c'est de lui que vous l'avez eu ;
En long et en large, partout ce qu'il y a en ce monde,
croyez, Maximien, que tout est à lui.
Il commande toute chose, au ciel et sur la terre,
il commande au soleil, aux étoiles et à la lune ;
sa puissance est grande, elle n'aura pas de fin.
Il est maître de punir ou de récompenser.
C'est pourquoi, fais ce que tu voudras, forge de cruels supplices,
plutôt que de le quitter, nous aimerions mieux mourir.
MAXIMIEN'
Je vais jurer par tous mes dieux !
Je te ferai endurer les plus grands tourments:
si vous voulez persévérer à croire à votre dieu,
je jure, par Jupiter, que vous perdrez votre vie.
CRI^PIN
Quelque tourment que tu puisses forger au monde,
nous n'en faisons pas de cas. Faites ce que vous voudrez.
Nous n'espérons rien des grandeurs
que tu promets par tes dignités.
Nous ne désirons rien, si ce n'est la croix,
pour imiter Jésus qui nous a rachetés.
La gloire, la vanité sont très dangereuses.
Celui qui fait fond sur elles sera malheureux.
Quitte tes idoles de bon gré,
pour adorer Jésus, et crois à la bonne religion.
Ferme promptement la bouche. Tu en as assez dit.
Par tes sortilèges tu en as trompé beaucoup.
Et tu veux encore, méchant, avec ta pestilence,
tromper un empereur. Mais tu ne le tromperas jamais.
CREPINIEN
Maximien, homme faux et aussi misérable,
qui ne crois pas à un dieu qui est si adorable,
tout ce que tu possèdes vient de lui,
et pourtant, misérable, tu n'y crois pas !
Au lieu de connaître Jésus le vrai Dieu,
tu crois à des dieux ; tu es trompé par eux.
2 1 2 Victor Tourneur.
O cridy d-ar rcse, reuoltet out serten
enep ar guir Doue, ag e scruigcrycn.
MAXIMIAN'
Aragin eo a-ran brcnian gant ma choler,
o clcuct an discour dîmes an daou sorscr.
1195 Ragsc, Rcctiouare, dcchu cn-o ' liuran.
Groct dese andurin an tourmancho brassan.
RECTIOUARE
Dr<.'(a)n n-enor a dlean dacliu ma ampereur,
me rey o funissan hep arettin nemeur.
Me bromet dach vue e souffroint tourmant
1200 ar re efïroyaplan, pa ret comandamant.
Senne.
Maxiinian et sa suit a gauche et les autre a droit. Rectiouare, le saint,
quatre tirant entre a droit.
RECTIOUARE parle.
Tostcet, deut aman, me 0 pet, daou challant !
Chuy n-em gafo tromplet. Meurbet och sufisant.
Tostet, creguet enne, me o pet, tirantet.
Amaret ynt er fat, pan eo gourchement,
1205 a groet dcsze breman donet d-en-em asten,
o daou voar bep a rod da 2 derin o esquern,
o strinquan voar o fas breman voar ar douar,
0 filât cofia, quein, a dollio baren houarn.
VAXTELiMO, i^r tirant, prit Crepin et ditte:
Deus aman, avurtet, m-esquef opiniatr
1210 gant da lesono 5 faous ; me es-treto er ùt.
fo 20 \° Deus aman, Lidias, diga<s>g[an]it querden,
-{- ma en-em sicouromp de derin... de cren.
LIDIAS, 2° tirant.
Clicttu querden aman. Amaromp an breman ;
goasq start voar ar pen-se, me voasquo voar heman.
On lies Crepin. lidias parle.
121 5 Sa breman, camarat, p-on n-eus an amaret,
executtomp breman ar pes so ordrenet.
A te yue, Mexa, garot ar chompaignon.
Choary da bersonach, me peo e ranson.
1. Sur en, voy. Revue Celtique, VIII, 44-46, 82-85.
2. da, ms. dar.
Lr M\st!rr de s.:int Crépin et de Scùnt Crêpinicn. 21 5
En croyant à ceux-là, tu es certainement révolté
contre le vrai Dieu et ses serviteurs.
MAXIM lEN
J'enr.ige vraiment maintenant de colère,
en entendant le discours des deux sorciers.
C'est pourquoi, Rictiovaire, je vous les livre.
Faites-leur endurer les pires tourments.
RICTIOVAIRE
Par l'honneur que je vous dois, mon empereur,
je les ferai punir, sans tarder guère.
Je vous promets aussi qu'ils souffriront les tourments
les plus efl'royables, puisque vous l'ordonnez.
Scène.
Maxiinien et sa suite à gauche et les antres à droite. Rictiovaire, les saints,
quatre bourreaux à droite.
RICTIOVAIRE parle.
Approchez, venez ici, mes deux clients,
Vous vous trouverez trompés. Vous êtes très suffisants.
Approchez, saisissez-les, je vous prie, bourreaux.
Liez-les bien, puisque c'est l'ordre.
Et faites-les maintenant s'étendre
tous deux chacun sur une roue pour leur briser les os;
jetez-les maintenant sur la figure par terre,
battez-les, ventre et dos, à coups de barre de fer.
V.WTEL.MO, l^"" bourreau, prend Crépin et dit :
Viens ici, obstiné, je te trouve opiniâtre,
avec ta fausse religion. Je vais te bien traiter.
Viens ici, Lidias, apporte des cordes avec toi,
pour que nous nous aidions à le briser... énergiquement.
LIDIAS, 2<= bourreau.
Voici des cordes. Lions-le maintenant.
Serre fort sur ce bout-là, je serrerai sur celui-ci.
On lie Crépin, lidias parle.
Ça maintenant, camarade, que nous l'avons lié,
exécutons à présent ce qui est ordonné.
Et toi aussi Mexa, garottc le compagnon.
Joue ton rôle, c'est moi qui paierai sa rançon.
Lesono. On attendrait lereno,
2 14 Victor Tourneur.
MEXA, 30 tirant.
Orsus, Crcpinian, nen d-och quct cstonct
1220 goellet o prcur Crcpin voar ar rod astenet?
Breman, Patisfare, cregomp ennan vue;
ret eo dimp en airen quen start ag cguile.
Patisfare tombe Crepiniaii et dépouille, patisfare parle.
Ma chamarat Mexa, chede an discaret ;
distol querden aman ma vcso amarct.
1225 Arbat eo ober goab, rct co dimp en stardan.
Amaret dre asc, a me rey dre aman.
On lie Crepiniaii. crepin parle.
Me respont dit, tirant n en don quet spontig bras:
choary da bersonach, a exers da gourach.
MEXA, 50 tirant.
Orsus don, ma sut quer, chetu ynt amaret,
1230 comeromp bareigner, ma voint brusunet.
VAN'TELMO, 1° tirant.
Me a meus comeret eur varenig houarn,
ag a so qucn poncr quen na squis ma daoarn.
en frappant Crepin.
Pemp toi so, daliettu (Crepin) meurbct och gou<rid>ig;
dalet choas vn toi ail ; a chuy sant •<en> o quig?
1255 A te yue Mexa m-es quef eur poultron fall:
goure pront da varen, ro desan quement ail.
CREPINIAN
Seo creflfan ma hilly gant aon na ves tromplet.
Sicourct a hanomp, ma saluer biniguet.
MEXA, 3° tirant.
{<^ 21 Me va da squein gant ma barcn houarn ;
1240 me oeil ne ran netra ; calet eo da esquern ;
petra eo quement man? meurbet on estonet :
ma diou vrech a ma chorf so ousimc bafouet'.
CREPIN
Comer courach, tirant, a ne n-em rebut quet.
Ma Doue, ma chrouer, reit dimp patientet.
I. bafouet, mot obscur. Est-ce le français bafoué} Mais alors le sens est
Le Mysùn- de saint Crépi n et de saint Crépinicn. 2 1 5
MF.x.\, 3= bourreau.
Orsus, Crépinien, n'êtes- vous pas effraye
de voir votre frère Crépin étendu sur la roue?
M.untenant, Patisfare, saisissons-le aussi,
11 nous faut l'attacher aussi fermement que l'autre.
Patisfare abat Crcpiuieu et le dépouille, patisfare /»flr/e.
Mon camarade Mexa, le voilà abattu.
Donne des cordes maintenant pour qu'il soit attaché.
Il ne faut pas se moquer, il nous faut le serrer.
Liez par là. et moi je le ferai par ici.
On lie Crépinien. crépin parle.
Je te réponds, bourreau, que je ne suis pas très peureux:
joue ton rôle, et exerce ton courage.
M EX A, 3 c bourreau.
Orsus, donc, mes chers amis, les voilà liés.
Prenons des barres, pour qu'ils soient réduits en miettes.
VANTELMO, i^'' bourreau.
J'ai pris une petite barre de fer
qui est pesante au point de me fatiguer les mains.
en frappant Crépin.
Voilà cinq coups. Tenez, Crépin, vous êtes très dolent,
tenez, encore un autre coup. Est-ce que vous le sentez dans votre chair?
Et toi aussi, Mexa, je te trouve un mauvais poltron.
Lève promptement ta barre, donne-lui en autant.
CRÉPINIEN
Frappe le plus fort que tu pourras, de peur d'être trompé (dans ton attente).
Secourez-nous, mon sauveur béni.
MEXA, 3"= bourreau.
Je vais frapper avec ma barre de fer ;
je vois que je ne fais rien ; durs sont tes os.
Qu'est-ce que cela? Je suis très étonné
mes bras et mon corps sont, quant à moi, raides.
CRÉPIN
Prends courage, bourreau, et ne te rebute pas.
Mon Dieu, mon Créateur, donnez nous de la patience.
difficile. On pourrait supposer que c'est une notation défectueuse de baouct,
engourdi, raide.
2i6 ^'ictor Tourneur.
PATISFARE, 40 tirant.
1245 Ro dimc da varon eiiit ma s-in es-pla^ ;
sel peiios e-scoan ves a ners ma diurach.
Son barre tombe.
Ne allai! qiien outtan, rag ma nets a vang din.
Aclui on ar vocsman, ne on petra a rin.
LIDIAS, 2° tirant.
Petra <a"> reomp ny ma na ellomp outte?
1250 Gorttcil (ma) seuin cm sao gant ma barcn yue.
Me darchoo gantan gant ma baien so du,
me saillo e esquern ves e gorf a peb tu.
Pemp toi a m-eus da rein ; petra eo quement man ?
Me a oa creffan corf a gaf(el)gct er bet man,
12)5 "^^ f>e ra ncp seblant mu (c)uit pa n-en squofen :
quesomp an daou sorser d-ar prison adare.
Na ellomp quet outte ; sur es-eint sorseryen.
Ma quesomp ar resit da Rectiouare.
On mettes les saint dans le prison. Les tirant sort a droit.
CREPix dans le prison dit te :
Ma saluer Jésus Christ, rédempteur ar bet man,
1260 d-o madeles diuin, en-em rccommandan.
Chuy eo on esperans, ma saluer biniguet,
Pliget guenach miret ne n-em relachomp quet.
Reit dimp ners a courach da soufr pep sort tourmant.
Beset bepret guenimp, Doue oll puissant.
1265 Goerchcs, Mam da Jésus, ^a^mam a garante,
ymploret euidomp dirag e vajeste.
Sicouret ahanomp en creis on tourmancho,
ma vesomp bepret ferm euit nep supliso.
Le Mystère de s.iint Crépin et de saint Crépinien. 2 1 7
PATiSFARE, 4= bourreau.
Donne-moi ta b.irrc pour que j'aille à ta place.
Vois comme je frappe de toute la force de mes bras.
Sa banc tombe.
Je ne puis plus rien contre lui, car ma orce m'abandonne.
Je suis fini cette fois, je ne sais ce que je ferai.
LIDIAS, l»-" bourreau.
Que ferons-nous, si nous ne pouvons en venir à bout?
Attendez que je me dresse tout droit, avec ma barre, moi aussi.
Je le frapperai avec ma barre qui est noire,
si bien que ses os sauteront de son corps de tous côtés.
J"ai à donner cinq coups. Qu'est-ce ceci?
J'étais le corps le plus fort qu'on pût trouver en ce monde,
et il ne sourcille pas plus que si je ne le frappais pas !
Conduisons les deux sorciers à la prison de nouveau.
Nous ne pouvons en venir à bout ; bien sûr, ils sont sorciers.
Portons la nouvelle à Rictiovaire.
On met les saints dans la prison. Les bourreaux sortent à droite.
CRÉPIM dit dans la prison :
Mon sauveur Jésus-Christ, rédempteur de ce monde,
je me recommande à votre bonté divine.
Vous êtes notre espérance, mon sauveur béni.
Qu'il vous plaise d'empêcher que nous ne faiblissions.
Donnez-nous force et courage, pour souffrir toute sorte de supplices.
Soyez toujours avec nous. Dieu tout puissant.
Vierge, mère de Jésus, mère d'amour,
priez pour nous devant sa majesté.
Secourez-nous au milieu de nos tourments,
pour que nous soyons toujours fermes, malgré tous les supplices.
Victor Tourneur.
(A suivre.)
ÉTUDES CORNIQUES
CORRECTIONS A DIVERS TEXTES CORNIQUES
I
Les Coniish Drainas de Norris.
L'édition Je Norris est une œuvre qui a rendu de très grands
services aux études comiques. L'auteur, malgré une connais-
sance insuffisante du breton et du gallois, y témoigne d'une
remarquable science du comique et y a fliit preuve de con-
science et de pénétration. Il s'y est glissé néanmoins bon
nombre de fautes de lectures et d'erreurs de traduction, ce qui
est fort excusable si on réfléchit que le Coniish Dict. de Williams
n'avait pas encore paru, que l'œuvre de Norris éditée en 1859
a précédé la 2" édition de la Grainniatica celiica et même les
éditions de M. Whitley Stokes de Pascon agan arliilh et de
Giureans an bys.
Je ne relève pas toutes les inexactitudes de Norris et je laisse
de côté certaines expressions douteuses. Norris, non plus que
Williams, n'a compris les formes du verbe improprement
appelé avoir, identique en breton et en comique; la construc-
tion existe en gallois moyen mais les deux formes à' être et du
pronom infixe n'ont, dans cette langue, jamais été fondues. Je
ne relève les erreurs nombreuses causées de ce chef que quand
elles engagent le sens. Les fiiutes de lecture l'ont été par
M. Whitley Stokes dans Archiv fiir cell. Lexie., I, 2, p. 161. Je
les mentionne quand elles ont une certaine importance.
EtUiks comiques. 219
ORIGO MUXDI
V. 29 : pup gvethen tefyns a'y saf:
Let every tree grow from ito sîciii.
Nous sommes en présence d'un idiotisme comique, qui
existe également en breton et est fort usité mais que Norris ne
connaissait pas. Williams {Corn. Dict., à saj-') a commis la
même erreur et est d'autant moins excusable qu'il traduit cor-
rectement l'expression dans les deux autres passages qu'il cite :
Tefyns a'y saf signifie : que chaque arbre pousse droit, debout.
Ce sens est parfaitement éclairci par deux passages des Cornish
D ramas :
0"\v dywluef colm ham garrow
na allan sevel ani saf (O. M. 1348).
« Lie mes mains et mes jambes
de façon que je ne puisse tenir debout. »
— ny allaf jji't'/ ani saf (^. D., 776).
« Je ne puis rester debout. »
En breton, on emploie continuellement l'expression : naUan
ket chom em sav, je ne peux tenir debout, rester sur mes pieds.
V, 46 : drethe may fether the luel : le sens exact est: de fiçon
qu'on s'en trouve mieux. Norris n'a pas bien compris ihe luel
(v. tome II, p. 203, note 46).
Y. 63 : Adam, saf yn ban yn cîor
« Adam, stand up iti glory. »
J'ai relevé cette erreur dans mes Remarques et corrections au
Lexicon de Williams : clor, variante clour est identique au breton
douar, tiède, doux, gallois ckiuar, claear.
V. 75 : war paradys my a'th as
ovcr paradise I send thee
as pour cras de (^ase = gall. gadu, dans mi a'th as signifie : je
te laisse (cf. Williams, Lex., à as^.
V. 76 : saw gura un dra a'n govys
But do thou remcmber one thing.
2 20 J. Loth.
Il faut lire a m gavys (Stokes, Collation) et traduire: pour
l'anioiir de moi, à cause de moi. Comme Williams, Norris a
pense à une parenté impossible avec le gallois cof, souvenir.
M. Whitley Stokes en a donné le vrai sens et l'a très heureu-
sement identifié avec l'irlandais /o/'///; (Archiv, I, p. 120).
V. 90 : loer (var. Jour) est traduit par enough : il a plutôt le
sens de beaucoup, complètement y ce mot est identique, comme
l'a vu Williams, au gallois llwyr.
V. 91 : pur luen est traduit ^^^^rvery great ; il faudrait traduire :
parfait (tout ce qu'il y a de plus complet) : luen = breton leun,
gall. llaïun.
w. 122'. y a thue the'th worhcmmyn
saw na bygb y war nep cor
they will come at thy command
But do not mistake them in any sort.
Dieu dit à Adam que les bêtes lui obéiront; pourvu qu'il ne
pèche en aucune fliçon. Il faut en effet lire byghy pour p}ghy
devant ua (Stokes, Collai.).
v. 127 : war ve (?) lavarow
from my words.
Il était clair, et Norris l'a senti, que ve ne pouvait repré-
senter ozv. Le ms. porte zuar ver- lava roiu, en peu de mots
(Stokes, Collation).
V. 128 : daves...
hy hanow da kemeres
« to take their names. »
Il faut traduire : que les brebis prennent leurs vrais )ioms. Norris
a supposé que da kemeres était pour âa gemeres.
v. 136 : syllyes est traduit par congers.
Le breton prouve que le mot signifie anguilles (traduit cor-
rectement par Williams d'après Lhwyd).
V. 188 : cusyl a'n tas doit être lu : cusyl an tas : an est l'article ;
le décomposer en a'n est contraire à la construction britto-
nique. Il y a bon nombre de fautes de ce genre.
V. 193 : a meys of o\v predyry
I am outside [puzzled] thinking.
Il faut lire ameys qui se trouve dans Beunans Mer iasck, v. 2158,
et que M. Whitley Stokes traduit par dismayed. II le tire du
I^tihics corniqiici. 221
vieux français cssmaic (ce qui nie paraît peu probable. Le mot
eût été es- ou aiwcys). Cependant on lit: vous et (vous estes)
dans quelques passages.
V. 203 : dus v/7 clor: corne on tbe spot (v. plus haut, v. 63).
V. 256 : ... Dev an tas
re sorras drcwyth benen
... God the Father
a soiry woman hath angered.
Il faut lire dre wyth benen, par l'œuvre d'une femme: Dieu
le père se fâcha par l'œuvre d'une femme (cf. Remarques et cor-
rections^.
V. 263 : /^myn parait icisigmûer à moins que, si ce n'est ;na tbfo.
V. 272 : hogen est traduit par evil, ce qui est arbitraire : v.
Remarques et corrections.
V. 288 : pythueth re rug ov syndie
Ever she hath held me.
Pythueth ni comme forme ni comme sens ne peut être pour
bythqueth (qui s'emploie d'ailleurs pour le passé avec une
négation).
Il est probable qu'il y a une Bute de scribe (pytcth, pitié?).
V. 302 : hep ken est traduit ici comme ailleurs par sans pitié;
il a le sens de sans motif (cf. breton hep ken, sans plus, sans
autre chose et seulement^
V. 3 19 : of: ms. ov; Norris a deviné le sens.
V. 321 : ny dal thys kavanscuse
nor )nHst thou allège.
Traduisez: // ne vaut pas la peine pour toi de l'excuser; c'est
inutile de chercher à t'excuser.
Même tournure en breton: ne dal ket til...
V. 338 : Le vers est bien traduit, mais il y manque une syl-
labe ; lisez : sur y [rt] vyllyk an prys (Norris l'a proposé, II,
p. 205, 338).
^'- 35 5 • ny ^^'on ^T'^'"' pethaf \cmyn
I know not zvhat I shall be now.
Le sens est: je ne sais pas du tout où j'irai maintenant,
Pethaf est à décomposer en pe[y]thaf. La Grammatica cellica^,
p. 580, traduit: nescio prorsus quid jiam nunc. C'est inexact,
comme le montrent les exemples de la Grammatica un peu
22 2 7. Loth.
plus loin, p. 592: /))' //;;•//;, traduit rcgulicrcnicnt par (jiio ivit ;
cf. p. )8o même: ny wothcn ... py'.bccu: iicsciiiuis ... qno
canins.
V. 356: nynibus _tnw/ guskys na cliy
Thcrc is not for me cJolhcs, shcltcr nor house.
Norris suppose gvesc pour gvisc. Le mot se retrouve vers
361 ; c'est le gallois giuest, giuesifa, logis; il a le mt-me sens,
V. 361 : Tome II, p. 205, Norris lit avec raison, goscolter
pour gostollcr.
V. 365 et 366 : o\v holen gvak dyvoilcr
rmu hy miner ha gawel bos
my heart is lueak and empiy
h\ iiiy taking and having food.
J'ai déjà corrigé le texte dans mes Remarques et corrections.
Dyvotter est l'anglais devoid avec le suffixe -ter, composé
comme pouvotter, goscolter; riiin est à corriger en rii'n et ha
gawel ou hag aivel, comme le porte d'ailleurs le manuscrit :
« mon cœur vide, dénuement le prend et besoin de nour-
riture. »
V. 373 : rag esow galsof ysel
That / may vise corn
galsof est un verbe au prétérit bien connu ; galsof ysel est
correctement traduit dans Gr. Celt., p. 575, \>\xr hiimilis facîus
suni (je suis devenu) : « à cause des blés, je suis devenu
courbé. »
v. 385 : myns a defynno. Norris a deviné le sens général: ail
that comcs. Le texte est altéré; il fiiut lire: myns a defynno, tout
ce qui poussera dedans; dcf pour tcf, gall. tyfii, breton di-dinva.
V. 392 : keniery, 393 : inusury; ces deux verbes sont traduits
par l'impératif: ce sont des futurs; il serait plus exact de tra-
duire: tu prendras, tu mesureras. Pour le sens, il est vrai, cela
revient au même.
V. 395 : ol henna gvlan, oU that ground.
Gvlan n'a jamais ce sens. Gvlan n'a qu'une syllabe, comme
le montre le vers; c'est une graphie fautive amenée par une
finisse analogie avec giclas, gzvrek, givra (fais). Glan, au sens
propre, signifie pur, mais il est arrivé aussi adverbialement,
comme en breton, au sens de très nettement, tout net, entièrement
f^tiidcs comique!;. 22^
(Remarques et ccrreclicus) : ol heiiiui ^vlaii, tout cchi ahsohmieiU.
Cf. vers 420.
V. 399 : mnr tue niov nyslei'xlh luau
If more corne, it zcill uot be cnougb
Norris n'a compris ni uxstevylh ni luan. Le sens est: s'il en
vient davantage (d'entants), ils n'auront rien. Pour man, cf.
breton nian e bel, rien du tout (L;all. man, petit). Tome II,
p. 206, Norris revient sur man et le traduit correctement.
V. 427 : li'het in al al thc kesky
still to remain waste
C'est un contresens évident : v. Remarques cl correct, à alal
et cesky.
V. 45 3:^oi'^w/: est traduit par requesl ; il signifie espérance
et est identique au gallois gof y naig et au breton f^oanac.
V. 496 : ytho prag na lenes ef
kafus y thege :
I novv, why not leeve hini
to fake bis ienth
Lenes ne se trouve nulle part ailleurs. Il me paraît certain
qu'il faut lire hues = levés. Abel répond à Caïn qui s'indigne
au sujet de la dîme réclamée par Dieu. On aurait pu songer
à l'anglais leavc (tome II, p. 206, Norris a fait la môme suppo-
sition) et traduire comme Norris, mais comme ce mot n'est
pas employé en comique, il faut recourir au verbe lavasy
(gallois llafassu), usité dans le sens d'oser. Ce serait une
3'' pers. du sg. du présent infecté (cf. levesyn; cf. Beun. Mer.,
v. III)).
V. 5)3 : mal yv genen, our will is.
L'expression mal vv genen signifie : nous avons hâle de (même
sens en breton).
V. 554: ihe derrus to our country,
Le sens de ierrus ou tcrros est frayeurs, épouvantes, comme
le contexte et la construction suffiraient à l'établir (voir
Remarques et corrections à tcrros^.
V, 562 : my a gan an conternot
ha ty dyscant ymkener.
ymkener a été compris comme un passif en -er de cane par
Norris, Williams et Ebel. J'avais déjà proposé ymkevcr.
2 24 •^- ^or/j.
M. Whitley Stokes a constaté depuis que c'est la vraie lec-
ture (v. Remarques et correct iou s).
V. 589: er ov geuw, for iny relief.
Williams a correctement traduit par: for niyzuoes (v. Lexicm
à gew et gu).
V. 616-617: (Elias vyth pan yn kyllys
Abel '. .)
Na vythqueth pen vef formys
tbeworihaf drok an perna :
That I had never been created
F r 0)11 me he bas piirchased evil.
Perna ne peut signifier : // a acquis; de plus, le ms. porte non
theworthaf, mais the wothaf.
Il £iut, de plus, voir dans perna, par-na. Adam apprenant
le meurtre d'Abel se désespère : Quel malheur et que j'aie
jamais été créé, pour souffrir le mal ainsi, tellement, de cette façon
(cf. vers 968 : an par-na, such labour).
V. 627 : Elias vyth pan ruk cole
mar hogul worth ov eskar :
Alas ! that I even listened
so readily to my enemy.
C'est le sens ; Williams traduit hogul, de même, et le fait
venir de ho- plus gui, faire, ce qui est impossible; on eût eu:
howul. Hogul (u = ou français) est identique au gallois hy-
goeU, qui croit flicilement, naïf; mar hogul signifie donc: avec
tant de crédulité, si naïvemoit.
v. 659: kues, blood. Le ms. porte knes qui peut signifier
peau (gall. cnes^ ou chair (gall. cnawd): knes peut être, en elTe:,
pour knes ou kneus.
V. 675 : an gorholeth, the agreement.
Ce mot doit être rapproché du gallois gorclmyl, travail,
œuvre.
v. 685 : uyn veys : mss. guyn veys.
V. 700 : lavar an-ncs oi' vos vy, say, I being near.
Le ms. porte annas ov bos^ et, comme AL Whitley Stokes
1. Pour la phonétique, cf. holeu, sel t-= haloiit.
2. L'erreur de v pour b est très fréquente chez Norris.
Études corniqucs. 22 5
le propose, il fliut voir dans amias, mines, plutôt unes, uiieasy :
« dis que je suis fatigué. »
V. 744 : Ha y s\l vylh, ol na gen :
and behold it ail, nor fcar.
Il a go i sigm'àe : pas autrement (c'est une cheville); nor fear
est de pure fantaisie. De plus, il faut lire sylvyth comme l'a
fait Williams qui traduit correctement : « and thou shalt behold
ail not otherwise » (Norris a proposé cette lecture, II, p. 117).
V. 763 : osa dynythys, thou art come.
C'est exact, mais Norris a traduit comme s'il y avait dyvy-
ihys, ce qui est la vraie lecture. Dynythys eût signifié engendré.
V. 772 : streyth, correctement traduit par spring, montre que
le stret du Voc. comique, ainsi que de Pascon (str. 219, ligne i)
doivent être corrigés en streth. Autrement on eût eu en moyen
comique stres.
V. 859 : then gvlan me paraît devoir être corrigé en en gvlan,
entièrement.
v. 868 : droga galar doit être lu drog a galar.
V. 884: roivetb est traduit par hounty; le sens est biens,
richesses (v. Remarques et corrections').
V. 945 : mar ur; lisez marvnr, si grand, comme l'a traduit
Norris.
V. 947: dyel, flood. C'est le même mot que dyal et le gal-
lois dial (châtiment); v. Rem. et corrections.
V. 960: daras yn, a door in. Cette construction n'est pas
comique; il faut lire darasyn, diminutif de daras.
V. 974: ty a vew ov grath nefre, thou shalt live cver in my
favour.
Il n'y a pas yn ov grath. Il faut lire : ty a beiu ov grath, tu
possèdes ma grâce à jamais (cf. v. 1037, a vryes, mal lu pour
a bryes), Norris, tome II, p. 207, a lui-même proposé a heiu.
V. 1079 : ov tegens ywe; v. Remarques et corrections.
V. 1081 : ota cowes pur ahas, see a
shower really luithout ceasing.
Williams a correctement traduit very halfiil et identifie ce
mot avec le gallois achas (= ad-cas-). Norris, tome II, p. 207,
a proposé ce rapprochement comme probable.
V. 1082 : mara peys pel, if it drops long.
Revue Cdtique, XXVI. 15
226 J. Loth.
(Il s'agit de l'ondée diluvienne.)
Le sens est : « si elle dure longtemps. » C'est une forme
infectée du même verbe que le breton padoiil (v. Rcnuuqucs
et corrections).
v. 1084: o-v ti'wrnga, thickcning. Le mot ne se trouve que
dans ce passage et n'a sûrement pas le sens que lui donne
Norris. Il semble qu'il y ait là un verbe à rapprocher du gallois
dwyre; Silv. Evans cite dwyrag, mais le sens est incertain.
V. 1085 : dre grath an nef agan tas
ny as feeth kyn fo mur fel
Through favour of heaven, our Father
will stop, it ère it be very long.
Il y a là deux contresens: agan tas doit se lire ag an tas;
feeth est le verbe identique au breton fae::^a, comme l'a vu
Williams ; enfin fel ne peut être pour pel : c'est fel, méchant,
rusé (Den/t'Z mur, P. C, 1886). Je traduis: « Par la grâce du
ciel et du Père, nous le vaincrons (le déluge), quelque méchant
qu'il soit. »
V. 1096 : thy teller kyns eus arte ;
To its former place lef it ^^0 again.
C'est le sens, mais il faut corriger eus (est) en eus (qu'il aille).
V. 1175 : lotbnow; sur ce mot et sur lodn, v. Remarques et
corrections.
Lothnow a un sens plus compréhensif que lodn, comme le
b.eton lo^n, loen.
V. 1203 : aiuhesyth, tender. J'ai prouvé que ce mot signifie
alouette et est le représentant régulier, en moyen comique, de
evidit, du Vocal, corniaue (Remarques et corr.).
V. 1232: ambos, promise. Le sens est accord, contrat; gall.
ammod.
v. 1235 : ambosow orth tryher gureys
annethe nynses laha.
Promises made by the mighty
are no law to them
Ce n'est évidemment pas le sens ; la traduction viole la con-
struction tant pour orth que pour annethe nynses. V. à ce sujet
Remarques et corrections. Le sens de tryher n'est pas certain.
v. 1384: mois, sheep : c'est un bélier.
f^tudci comiques. ii-j
V. 1429 : bys yn tyrctli a thyiiiua
leyth ha niel kc-fi-ys.
Norris a cru que a thxuiua devait être le gallois dicyn et que
thynwa était pour tkwyna ; ce serait un affreux barbarisme. C'est
le présent de doincy, gall. di)icii, breton dinaoïi, verser, répandre.
Pour la suppression de la voyelle, cf. tcucwcn, côté, et tcnivcnnoiu.
V. 1452 : serpount yv hy
cvth hy giielas :
it is a serpent
/ smu it going.
Je traduis: « c'est un serpent, horrible à voir (horrible sa
vue). Eiith et iith est identique au breton c;q.
V. 1595 : ^^^^ ,?othof, acknowledge. C'est un contresens
reposant sur un barbarisme. Got ha f est une variante de ^^roz/j^Tt'/^
souffrir, supporter: cf. breton goii~anv (rectifié par Norris, II,
p. 118).
V. 1621 : druyth, bound; le sens du mot est cher à, aimé de
(v. Remarques et corrections).
V. 1624 : then tyreth a thy'th luadow.
To the land ivhich to thy ancestors.
Il fliut lire a thylhiuadoiu et traduire : a aux terres de la pro-
messe. » Dythiuadozu est pour dythcwadozu ; cf. dythywys, promis
(Stokes, Collation^.
v. 1650: trumeth, mercy ; v. Remarques et corrections.
V. 168) : (fc fysky, striking. Norris et Williams ont supposé
une mutation impossible de guyscel. Fescx signifie faire fuir,
poursuivre (v. Remarques et corrections).
V. 175 I : reonte, care; le ms. porte reoute qui, comme le dit
M. Whitley Stokes, est le français royauté. Ici, le mot a le sens
de respect.
V. 1764: may scon thetJje deJymmy:
as soon as thou shalt touch them.
Le ms. porte mar... de! ymmy (Stokes, Colkil.). Le sens est
clair : « aussitôt que tu les auras baisés » ; ymmy, du verbe
Ofume, baiser; cf. plus bas v. 1769 : ani thethe, baise-les (donne
leur un baiser).
V. 1772 : ha sur y lyha the gref :
and he will surely assuage thy pain.
2 28 J. Loth.
Il faut plutôt faire de lyha (gallois Ueiba de Ikihaii) un
neutre: « et sûrement t;i souffrance i//?/n'/;//t';rt. »
V. 1788 : my an a fylh dyscsy,
I s ha II be bound to him.
Dysosy ne peut signifier que: à toi. De plus, a'n a fylh ne
peut avoir aucun sens. Ebel {Gr. Ccll^., p. 576) a proposé
ingénieusement anafyth (agnoscam tibi), ce qui donne un sens
satisfliisant. Norris, II, 118, a compris dysosy mais propose de
voir dans fyth, meth, dit, ce qui est impossible.
V. 1808 : rag y servonntii yn nep plas
7iys tevyth font a gyffyans :
For his servants in some place
Will bring forth a fountain of pardon.
L'ignorance de la construction du verbe dit avoir a encore
ici induit en erreur Norris. Il est clair que nystevyth signifie
n'auront pas, et dès lors font est une erreur de lecture pour
fout, comme le porte le ms. : « car ses serviteurs en aucun lieu
n'auront faute (manque) de pardon. » Tome II, p. 208, Norris
a supposé fout.
V. 1809-18 10 : The thew ploste gey ny re
na'n nyl thyn bos na dewes :
Thy God dissembles with us too much,
We hâve not one bit of méat or drink.
C'est un contresens d'un bout à l'autre. Il faut Y\rt plos tegey
(tcgey=-'g2[\. tydi) ; ny re signifient' dotine pas : «Ton sale Dieu
à toi ne donne aucune des deux choses, ni nourriture ni bois-
son. » Tome II, p. 20S, Norris pense que re peut signifier
gives.
V. 1814-1815 : ... pyth a cusyl
a reth thym orth am vresyl
a son an debel bobel :
what counsel
Givest thou to me for my judgment,
At the noise of the wicked people.
Il fluit lire orth an bresyl : « Quel conseil me donnes-tu vis-
à-vis de la guerre et du tapage de ce méchant peuple. » Bresyl,
variante de bresel, est le breton bre:^el.
V. 1868 : rag an flehysygow, because of the trifling !
Etiuirs corn'ujiics. 2:9
Flebvsvgow est un diminutif de flcghcs, enfants, et a le sens
de petits enfants. Flehysygoiu eût été en breton flccbedigoii (cf.
nwn'hi'digon). Norris a trouvé le vrai sens, tome II, p. 208.
V. 19 12: vyttetb vyn : le texte est sûrement corrompu;
vytteth peut s'expliquer dans le sens de jamais encore : bylh
H- deth ou byi-deth.
V. 2057 : Empereur na myghtern glas
na sodon kyn fo mar vras
a fyl aga remmuve.
Emperor, nor king of thc land
nor soldan, ihough he be so great
mày remove then.
Norris, en note, suppose quea fyl est une faute pour akyl ou
a v/. C'est une erreur; c'est la 3"^ pers. du sg. de fyl Ici., falloir,
manquer; c'est le sens de l'anglais /d/7 (zuill fail); cf. ty a fyl
gui thym crys}^ R. D. : tu ne réussiras pas à me fliire croire.
Ici donc le sens est : Empereur ni prince ni sultan ne réussiront
à les changer de place.
V. 2136 : ov holon ger caradow
Dezc ruth ros flour hy hynse
(David à Bethsabée) :
my dear beloved heart,
God made a rose, flower of her sex.
Norris et Williams ont supposé que hynse était pour cynsc =
kynda, ce qui est faux: kynda est un mot anglais qui n'a pas
subi l'assibilation. Ruth ne peut signifier fit. Il est probable
qu'il faut voir dans dew ruth, dew grud, deux joues (Foc. corn.,
grud), et rapprocher /;3'nje du breton hentc^: « Mon cher cœur,
aimable, deux joues de rose, fleur de ses proches (de sa
parenté). » On peut encore comprendre : Dieu t'a fait {j-u'll)
ros) .
V. 215 I : venythe ny thof o'n plen
er nan prenne an guas na
never will I come from the place
Until 1 take that fellow.
Il faut comprendre : « jamais je ne viendrai de la plaine (du
champ de bataille) jusqu'à qu'il ne l'achète (ne le paie comme
expiation), ce gaillard-Là. » C'est un idiotisme assez répandu :
250 J Lot h.
O. xM. 2653 : ciniDi piciiiiy yn fclcn, jusqu'à ce que tu le payes
(l'expie) cruellement.
M. C, 155, le (Vi prcuvytb, tu le payeras.
V. 2164 : hag a pcrfo ov nieystry:
and lo do iiiy duty.
Le sens est : et à prouver (qui prouverai) ma maîtrise (mon
talent guerrier).
V. 2294: eyf ten guyn pymclb:
drink a draught 0/ spiccd zvinc.
Il faut lire py iiicth et traduire: « bois un coup de vin ou
d'hydromel. »
V. 2356 : a pc voth Dev :
lubat is God's will.
A pc signifie si c'était : si c'était la volonté de Dieu. A répond
au gallois 0, os, ce qui explique la provection (tome II, p. 209,
le sens est rétabli).
V. 2364: tarofvan. Le ms. (Stokes, Collation) porte tarosvan,
ce qui ne permet pas d'hésiter à l'identifier avec le tantutuan,
fantôme (et non tarnutiian) du Foc. corn.
V. 2370: tby wletb, to his kingdom (Que Dieu t'amène
à son royaume); gwiclb est clairement le gallois gwlcdd,
banquet. C'est une expression chrétienne assez connue. Le
mot n'a rien à faire avec giclas, comme l'ont supposé Norris
et Williams.
V. 243 1 : my re bue
... o\v kelwel
The vysterdens thys a the
avorow
I hâve been... calling
Tbe arebitects to conic to thee
To morrow.
The zysterdens signifie tes architectes ; a tbe signifie viendront :
« J'ai été appeler tes architectes ; ils te viendront Demain (de
var. duc ; cf. breton deu, gall. dau').
v. 2434 : Ty a lefes yn tbefe:
Thou art ont of hreatb in coniing.
Norris a songé à rapprocher lefes du gallois lludded, flitigue,
ce qui est de tout point impossible. Si tbefe est un verbe, ce
F.tudes corn'Kjiin. 25 1
ne peut être que le futur secondaire de dûs, venir. Si ihefe est
sur, il Luit lire Utcsmi (de lavass, oser) et traduire : « Toi, je
l'aurais parié, tu viendrais » ; thcfc pour a thcfe. Le sens et la
construction sont un peu forcées. Aussi vaudrait-il mieux peut-
être lire : yn ihc je et traduire : tu oses, tu es audacieux, dans
ta foi.
V. 2441 : Dei' tek a hren, Hère is a fair tree.
Le sens est: « Dieu, le bel arbre! » Cette tournure {adjectif
suivi de a et du substantif) a une valeur exclamative. Elle est
connue en breton et en gallois (breton : eiir brao a baotr, eur
vrac a blac'h). Il ne faut pas joindre a à tek et en faire un super-
latif, comme le montre la mutation de pren.
V. 2477 : ny vern ira vyth assaye :
We will try any thing.
ny vern répond à l'expression bretonne ne vern ket, très usitée
encore (cela n'a pas d'importance, cela ne fait rien), avec une
légère différence de sens ici. Le contexte indique qu'il faut
traduire : « // n'y a pas de mal à essayer. » Ce sens permet
d'identifier, au point de vue de la racine, vern avec le substantif
bern, regret, chagrin. Norris, tome II, p. 210, a comparé le
comique et le breton et donné à peu près le sens.
V. 2501 : ;;///;■ a gas vye gène:
much trouble would be on yoii.
Le sens est: Je serais bien fâché, je détesterais de... La même
tournure existe en gallois. Cas est substantif et adjectif, même
en breton (la traduction est rectifiée tome II, p. 210).
V. 2517 : an combrynsy war the ben !
The exactness, on thy head.
Il faut lire ancombrynsy ; c'est l'anglais ^»r//w^;'rt;/fc, embarras.
Le sens est encore plus clair, v. 2542 (v. Remarques et corr.).
V. 2520: re got 0 ; too short it is.
0 est l'imparfait.
V. 2528 : ny yl an gyst yn y blas :
He cannot the beam to its place.
Le sens est : la poutre n'ira pas à sa place. Pour}'/, cf. gallois
el (Williams a vu juste, cette fois).
v. 2548: torn me parait être plutôt l'anglais lurn que dorn,
main.
2^>2 J. Lotit.
V. 2560: hep luhctJow, without deceit:
Plutôt: sans histoires, sans contes (gall. cbivedlait).
V. 2591 : c;ucr-îhoiir, traduit par lualer-courses, me paraît être
certainement un nom de lieu.
V. 2624: goUohas, praise. Le sens est prière (v. Rem. et
correct.^.
V. 2638: del vyth, as... was; c'est le futur: comme sera...
V. 2649 : ha ty voren myrgh hy hen :
and thou, jade girl, his bead.
Le sens est: et toi, servante, tîlle de l'autre; cf. breton e hen
(v. Gr. Celt., p. 408).
V. 2691 : crog ro'm bo er an thcwen.
Hanging be to me, by the gods.
Deiven ou dywen = gallois dwy-en, breton moy. diùu gen, les
(deux) mâchoires; proprement, les joues. Williams a traduit
correctement par giUs.
V. 2669-2670 : Kyn fy mar pront, ty an pren :
Since thou art so ready for the trec.
Le sens : quelle que fier que tu sois, tu l'achèteras, c'est-à-
dire tu le paieras ; v. plus haut.
Au lieu de pront, il faut sans doute lire proud, hautaine.
(Norris, II, 119, a corrigé ainsi et compris ty a'n prcnvyth.^
V, 2695-2696. Le vers 2695 doit être séparé du précédent
par un point et rattaché au suivant ; Hethy a le sens propre non
de stop, mais de se reposer (de hed, paix, gall. hedd^.
V, 2701 : vynytha ny efyth coiil.
Thou really never escape.
Le sens est : tu ne boiras jamais de bouillon (compris par
Williams et corrigé par Norris, II, 119*).
V. 2756: grow yn, à lire en un mot {Collation). Dans ses
notes, Norris l'avait supposé.
V. 2763 : awos henna nynsus vry.
Because that, she was not cbcdieni.
Nynsus ztj signifie : cela n'a pas d'importance. Ny zvrafvry a
le sens de je ne fais pas cas de... (P. C, 2244); cf. pan dra ny
vyn Dew gui vry ahanaf (O. M., 519); cf. gallois et breton
bri (Norris, II, p. 119*, no matter for it).
V. 2772 : Chennary. Le ms. porte Chcnanry que M. Whitley
fitiidcs corniijiics. 223
Stokes suppose être canoury en comparant cbeiiois (canons) de
Beiin. Mer., 2812.
V, 2782 : dral ha dral, draojcrinnr and dra2;2;ino;. Dans ses
notes du tome II, Norris a rectifié sa traduction. Il a vu que
dral = breton draill et que le sens était: morceau par morceau.
V. 2794 : rag ov keusel y the der:
For I am conie back to say.
Le ms. porte y ibeder; cf. 2797, niay theder'woxûx the vlamye.
Le vers 2794 signifie on est en train de causer et le vers 2797,
on est en train de te blâmer (v. Rem. et corr. au mot der^.
V. 2807 : yn dan dryys may fo pottyys.
That it may be put accross it.
Dryys est la mutation de tryys, forme plurielle bien connue
de tros, trus, pied (cf. bret. treid^ : pour qu'il soit mis sous les
pieds (Williams a compris le passage: v. à tryys; Norris a
reconnu l'erreur, II, 119*).
V. 2822 : gode tbous re'th fo, confusion be to thee.
Il faut probablement lire tlxvis : « puisses-tu avoir une bonne
danse. »
B
Cornish Dr amas. Passio Domini.
V. 23 : mcrcy yw stos the nep an pys :
mercy is extended to whoever prays for it.
Stos est assuré et expliqué par stons (cf. nions, mos^ : o\v stons
a fue crows a pren (R. D., 2579). Williams y a vu slandiJio;,
ce qui est impossible. C'est l'anglais stanch, staunch, sûr,
assuré, ferme, et comme substantif dans le dernier passage :
étançon, appui.
V. 25 : rt wor; a est le relatif: pyiadow... a luor the ves: les
prières chassent... (Norris : to put aiuay).
V. 30: yn ioy rt pys: in joy, I pray. Pys est l'anglais peace,
comme l'a reconnu Norris dans ses notes du tome II.
V. 32 : ny vy colon predyry, heart is not to conceive. Le ms.
porte y/ (gyl) qui donne un sens satisfaisant: le cœux ne peut . . .
25 4 ^- Loth.
V. 43 : icrros, arrogance; v. Corrections, à Ori^o mundi, et
Rem. et corr.
V. 47 : mara icvc<; \l dybhy: If lie
désires to be able to eat.
Xorris ne comprenait pas ieves = breton devcs, deveus, il a. yl
semble, dit Norris en note, être wl. Tome II, il suppose wul.
Il taut probablement lire mvJ, peut-être )•///, désir, breton
\oul : « s'il a le désir de manger, »
V. 62 : then cals meyn-ma, to thèse hard stones.
Norris a confondu cals avec calys = bret. etgall. caled. Cals
a le sens de las : breton cals, tas, cal^a, entasser (c'est ce mot
cals qui est arrivé, en breton, au sens de beaucoup^
V. 63 : wortlruyth, d'ailleurs bien compris, est à corriger en
■ivolhvyth.
V. 66: hcwncs: ms. be\v;/es.
V. 98 : the tros worth men py slige, thv foot against stone
or stick.
Il faut lire probablement pystige, blesser douloureusement
(breton pistik).
V. 112: terrygy, vanities; v. ir6, ^ologhaspraise;\. Rem. et
corrections.
V. 173 : eus; ms. cns (Stokes, Collât. ^
V. 205 : cnevalles, animal. C'est un pluriel, comme Norris
l'a reconnu dans ses notes du tome II.
V. 286 : hep tovl, without a douht ; le sens est: sa:is tromperie.
Toul, écrit aussi tull, tewl = gall. tuyll, bret. touell.
V. 318: hag a tevyl, and overturn ; le sens propre est: et
iettera, lancera (cf. gall. tafliî).
V. 323-324 : me a grys y kemerse
weth an uyl kyngys merwel :
I believe the vile man would take
it yet, before it dies.
Ce n'est sûrement pas le sens, mais je ne vois pas comment
corriger ce passage; peut-être zvelban vyl, arbre honteux, la
croix ?
V. 338 : pandrok vo yn a-ver-tu : what evilistheret'ni7«y5/Vf.
Le ms. porte \na vertu (Stokes, Coll., what evil there is in his
(thy) power). C'est le français w/-///; d. Remarques et corrections.
Etudes cornii^un. 2^5
V. 543 : tokcn thyugh marny ih\swe :
a token to you indecd / will shew.
Mani\ tbxszL'c signifie sûrement : si je ne montre (cf. v. 1968) ;
il semble qu'il manque quelque chose, à moins que ce ne soit
une réponse au vers 338.
V. 345 : tlien dor quyt lia safc inan:
To the ground quite, not a stoiie slauding.
Mcvi est pour yii mau, yii ban, en haut (cf. Williams).
V. 348 : V vau\ probablement à lire en un mot : cf. avaii.
V. 385 : ef ny wra lemyn bostye :
He will not boast now.
Le sens est : Il x\c fait que se vanter.
V. 388: yn /;')' dyth uyih, in three days' work.
La construction serait forcée. Le ms. porte dythivxlh qui
signifie journée (Stokes, Coll.^; cf. breton de:(vey.
V. 452 : an basadoiu, villain : ms. casadow, haïssable (Stokes,
Coll.).
V. 493 : del of yrvyrys: as I am invited.
Norris, dans ses notes du tome II, a rétabli le sens à' yrvyrys
quisigniûe considéré et aussi déterminé, ce qui est le sens exact ici.
V. 550-552: aiuayl, tragedy. Le sens est évangile. Quant à
tavelh lys, Norris, d'après ses notes du tome II, 211, a compris
qu'il fallait lire tavethlys et l'a comparé au gallois tafellu, étendre.
V. 563 : a'th dynyrgbys, has sent for thee. Williams a traduit
correctement: has greeted thee. Dynerghy est à rapprocher du
gallois annerchu.
V. 592: Py siiel, whatever. Il serait plus exact de traduire:
combien.
V. 635 : y thylle dybry, may he go.
Le sens est: il pourrait {yth ylle (gylle).
V. 654 : pour duyoïv hanilos, v. la note rectificative de Norris,
tome II, p. 120*.
V. 681-682. La traduction et la lecture sont fautives. Le
tout est heureusement corrigé, tome II, 211.
V. 692 : a vreder, speedily. Williams a vu dans vreder,
verder de border, shortness; a vreder signifie donc exactement
d'ici peu, en peu de temps.
V. 696 : avar ne parait pas compris; il signifie de bonne heure.
236 J. Loth.
V. 698: Kyns y vos tiiethen restys:
Before it be rosted sofl.
Williams traduit mctbcn par full complète en faisant de ce mot
un rapprochement impossible au point de vue du sens comme
de la forme avec le gallois amnicuthyn, dainty. Norris a évi-
demment traduit, d'après le contexte, un peu au hasard. Il
faut sans doute lire melhev et identifier ce mot avec le gallois
meddf, mild, soft, mollient. La voyelle irrationnelle de medA-,
est de règle en comique dans cette situation.
V. 737 : yskerens, adversary. C'est le pluriel à'eskar.
V. 739 : neb us gynef ow tybbry
ain cou'yth yn surely :
who is eating with me
of }n\ Company, surely.
Le ms. porte am tolvyth (Stokes, Coll.), futur de tolla (gall.
tivxllo), tromper: « Celui qui est avec moi mangeant, me
trompera sûrement. »
V. 750: re-nov-thas (indeed) est mal coupé. Il faut lire rcn
ovthas, par mon père (v. Williams, Lex.).
V. 770 : mur varthegyon, very wonderful.
Le sens est: beaucoup de choses étonnantes ; c'est le pluriel de
marthus, comme l'a vu Williams.
V. 777 : yn moghya gre, in the highest degree.
Comme l'a vu Williams, c'est le français gre (v. Remarques
et corrections).
V. 785 : myghterneth war aga tus
a fe arlythy a yus :
Dominion over their people
Has been to the lords upon ibetn.
Comme Norris, Williams a vu dans yus une forme de uch,
au-dessus de, et dans a un prénom infixe : a-yus, au-dessus
d'eux. C'est de tout point impossible; yus est l'anglais use:
Empire sur leurs gens,
Ceux qui sont seigneurs, exercent (a yus).
v. 800 : a nyn syv nep a theppro
yv sur.
He who eats docs not follow ;
surely it is...
f'.tiuks comiques. 2^7
Jésus demande qui est le plus grand, celui qui sert ou celui
qui mange. Simon répond : « ce n'est pas celui qui mange,
sûrement...
nyn syv est le breton ncn dco.
V. 854: of yrvyrys, I am worth. Le sens est : je suis déter-
miné (v. plus haut).
V. 862 : n\ii /eues elboiii golhy :
needs not to désire washing.
Ici encore Norris â pris jeves pour désir : « n'a pas besoin
d'être lavé. »
V. 863 : saw y treys na vons sethys.
Norris traduit seO}ys par placed, ce qui est évidemment faux.
Williams a lu, avec raison, seghes, séchés. Cf. 835-837, 857.
S'il n'y a pas de faute de scribe (M. Whitley Stokes n'en
signale pas), il y a ici échange de //; et ch significatif pour la
prononciation réelle des spirantes gutturales et dentales internes.
V. 883-886: sav rak Peder caradow
lyes guyth me re bysys
na dreyle y gousesow
awos ovn bones lethys :
stand forth Peter dear,
many times I hâve prayed,
That he return not bis lies
For fear of being killcd.
L'ensemble n'est pas compris ; je traduis : « mais (jav = sau>)
pour le cher Pierre j'ai prié à maintes reprises pour qu'il ne
change pas ses convictions par crainte d'être tué. »
cousesow est un pluriel de couses identique au breton caoïidel,
pensée (cf. gallois ceudod').
V. 901 : the thyflase, displease thce. Dyflase, identique au
gallois diflasu (breton divla:{a), a un sens plus précis : être lassé,
dégoûté de. V3.d]ectiîdyflas a \c sens très net de honteux, dégoûtant.
V. 933. L'impossible qammas se trouve être janimas, français
jamais (Collation) (passé en breton aussi sous la (orrric james).
Norris a vu d'après sa traduction gammas comme l'écrit
M. Whitley Stokes pour lui et traduit : may corne lo you.
V. 954: uthyk mur, very loud ; ulhyk a le sens plutôt d'ef-
frayant, horrible.
258 J. Loth.
V. 963 : gv, déserts ;^T' signifie douleur et lance (cf. gallois
giuayw, dans les deux sens).
V. 970 : na asiuonyu : wo do not know ; plus exactement : de
sotie Ljiie nous m reconnaissons pas.
V. 977 : ov âef ker, my dear captain.
Def, écrit duf\. 989, signifie évidemment gendre, hcani-fils,
gall. daw pour daiuf, breton moy. denjf {y. Rem. et corr.).
V. 985-988: keltyl yn geffo an bay,
yn cacher wythoute nay,
an fais profus :
When he finds hini hc shall kiss h'un,
catching, without déniai,
The ûilse prophet.
Norris n'a pas compris la construction, ni le sens de kyttyl,
ni de angejfo, non plus que cacher: « aussitôt qu'il (Jésus) aura
reçu le baiser, qu'on le saisisse, sans dénégation, le faux pro-
phète. »
Kyttyl = kyt + dcl (dcl = delu').
V. 992 : pan g\ffy dalhen ynno :
\vhen thou hast hands on him.
Plus exactement : « lorsque tu auras prise sur lui (Williams :
dalhen, hold).
V. 1002 : an dan dava, under silence,
tava signifie toucher (v. Rem. et corr.^.
V. 1006: mar scon thotho del y nunx:
so soon as thou touchest him.
Il faut lire del ymmy, de anime, baiser, donner un baiser:
« aussitôt que tu le baiseras. »
V. 1007: yn vryongen; in a circle. Xorris, tome II, 120*, a
corrigé lui-même: by the throai (briangen, bryansen).
V. 1009 : ma na aile pertheges, that be cannot endure it.
Williams a traduit de même. C'est une pure conjecture. Le
mot ne se retrouve plus que dans un passage de R. D., 598,
après la résurrection, les gardes se décident à aller trouver
Pilate, non sans crainte :
mar a talleth pertheges
ny a wra y wowheles,
rak pup ol a gar bewe.
Études comiques. 259
Norris n'a rien compris aux deux premiers vers: woiuhclcs
est yowï goghcl es et identique au gallois gochcl, éviter.
Ici Norris traduit le mot par lo hc angry ! En comparant les
deux passages, on arrive à donner à pcrlhcgcs le sens de s'agiter,
montrer de l'impatience.
V. 1024: gotheveiigh omma lavur,
// behores you to labour herc.
Le sens est: « snpporte:;^ici fatigue. »
V. 1026: ov kefyon ker colonow, my discreet dear liearts.
Kefyon est le pluriel de cuf, aimable, chéri (gall. cit, cnf,
breton moy. cnff^; v. 1058, oiu cufyon, mal traduit par
wise.
V. 1043 : Jhesu ov map kevariuouth, offer my son Jésus.
Williams a traduit correctement : direct thon et a identitié
kevarwoiith avec le gallois cyfanuydd, 2"^ pers. sg. impér. de
cxfanvyddo, diriger, guider.
V. 1050 : gncJla ihe cher ne dépend pas de a erghys qui porte
sur le vers 1048. C'est une exclamation fréquente : guella ov
cher, excellente notre tenue; cher = ^ngl. cheere, countenance,
behaviour, temper (York Plays, Gis.).
V. 1054 : y fas ; ms. yn fas (Collât.).
V. 1098: dygnas, in présence; Williams: to oppose. Dygiias
signifie qui a mauvaise nature, mal intentionné (v. Rem. et
corr.y
V. 1 1 1 3 : zuhythroii^h hethen worthyf adarre,
You seek this day for me presently.
Whythrough worthyf signifie regard e::;jmoi (cf. Will, Le.xi-
con).
V. II 18: nyn gevyth ineugh, \ve \\\\\ find hitn qitichly. C'est
sûrement un contresens : nyn gevyth est le futur à'avoir. Quant
à nieiigh, son sens est obscur (v. Rem. et corr.). Il se peut qu'il
ait quelque chose à faire avec nio qui, dans Bewn. Mer., 2738,
paraît signifier soir; nio ha nieten. M. Whitley Stokes le rap-
proche du gallois 7niich, gloom ; cependant le sens ne se prête
guère à ce rapprochement.
V. II 30: yn gueth a prys, in a turn of time. Le ms. porte
guetha, très mauvais {Collât.'). Norris a vu la bonne lecture
et rectifié sa traduction (II, 211).
240 J. Lolh.
V. 1132-1133 : ha gans o\v dorm an guryn
na soweiino,
and will my hands 5quee:;e him
That be thrive not.
Dans ce passage, sowenno me parait dérive de la même racine
que l'irlandais sôim, je tourne, d'un verbe vieux-celtique soviô
(cf. Stokes, IVortschat:^). Il est possible que nous avons une
autre forme de cette racine (seij-) dans la glose d'Orléans;
cmsiu, gl. abilionis.
V. 1 135 : warfor, whereforc. Le ms. a luarfor que M. W'hitley
Stokes explique avec raison par ()/i//;c;-twJ;/t);- est pouryt>;v/(/o/7/;j.
V. 1161 : desevos, raise a doubt. Dcsevos a sans doute ici le
sens de désirer; cf. gall. deisyf, breton descvoiit.
V. 1180 : na allô dyauk dreival:
That he may 7iot lift them up.
Norris a mal lu, il faut dyank; de plus, il a vu dans drewal
le verbe drehevel. Le ms. a dyank dre wall que M. Stokes traduit
avec raison par cscape thro' evil.
V. 1 197 : ma kertho ganu y cam,
Thet his legs shall go bent.
La construction s'oppose clairement à cette traduction. Le
sens est; « de telle façon qu'il marche rondement » (mot à
moi, rude, son pas).
V. 1200: an harlot re ihellos bram:
The fellow is somewhat rude,
Norris ajoute en note : The version is not littéral. En effet, le
sens est : le coquin a lâché un pet !
V. 1224 : y thesaf o\v clamderc, I am benumbed. Norris a
corrigé lui-même (tome II, 120*) : I ^.m going to Joint .
V. 1226 : lavasos. Norris a raison de traduire par l'infinitif,
contre Williams. Ces infinitifs en -os (cf. desevos, breton dese-
voiii) répondent aux infinitifs bretons en -ont.
V. 1228: ha mur tue re thu am ros: and if thou grant my
request. Norris a reconnu qu'il s'était trompé pour am ros et a
supposé avec hésitation que le sens pourrait être : By the God
li'ho made me, ce qui est certain; cf. v. 2265. Le sens est: « et
s'il vient, par Dieu qui m'a fait ... »
v. 1244 : worth an cth, to the hearth.
^^tihici coifiiijues. 2.\\
Williams a raison de traduire : to ihc blast ; cf. bret. ea:(^, at'-.
V. 1275 : nyn sw h'iiiiii\ii vyleny :
Thcrc is iiot villainy.
Le sens est : ce n'est que vilenie (de frapper ainsi, pour avoir
dit la vérité).
V. 1293 : na venta 'k.iiiinien tryle :
That thou wilt not turn thy ivay.
Camiiien a le sens de en aucune façon (any way); il a le sens
du français pas (v. Rem. et corr.y
V. 1338 : rt» gevan the lies. C'est le diable (an devan).
V. 1368 : dywen, the back, les mâchoires; v. plus haut.
v. 1378: daffole, to mock. C'est le français deffoler, meur-
trir, outrager {Rem. et corr.).
v. 14 13 : y lyv, bis form; lyv = gall. lliiu, bret. Hou et
signifie couleur.
V. 1424: anfugyk, vicked. Le sens propre est malheureux
{Rem. et corr.).
V. 1460: nyrof brani: Icare not a crumb.
Williams, qui fait assaut de pudibonderie avec Norris, tra-
duit : I will not give the liftlest value. Ils ont reculé devant
l'expression : « je ne donnerai pas un pet ! »
V. 1501 : er y an/us, for his luickedness; anfus signifie mau-
vaise fortune = gall. anffaïud (jfaïud = fatum).
V. 13 15 : me as deghes wlr an huer,
I kave it on the floor.
Williams a, contre toute vraisemblance, traduit broughts. Le
sens est : « Je les jette par terre. »
Immédiatement après le vers, on lit : hic projiciet monetam
in terram. L'infinitif est dehesy, O. M., 2703 {Rem. et corr.).
En bas vannetais, on se sert d'un verbe qui semble de même
racine dms le même sens : jete:(-les lui, dachet è getô. Il est
possible, mais peu vraisemblable à cause du comique, que ce
soit le verbe des autres dialectes, darc'haoui, frapper, quoique
par suite de la prononciation du groupe rc'h, dans ce dialecte,
les deux verbes aient pu être confondus. L'infinitif de ce verbe.
jeter violemment, est dac'hen.
v. 1^62: hag a gui; je suppose qu'il faut lire zcul pour
l'anglais zvill.
Revue Celtique, XXVI. 16
242 •/. Loth.
V. 1620: Cflul; V. plus haut, remarques h O. M., 2701.
V. 1677-1680: n}' vcnnaf pcl ym-brcysc
rag nynsyv an vaner-vas
the voy denvyth nvm gorse
kyn facyen mur renothas :
I will nor longer judge
For ihe custom is not good
To send any more men to me
Though much the flishion, by the Father.
A tout point de vue ynibreyse ne peut signifier juger; n\m
gorse ne se prête en rien à la traduction très fantaisiste de Norris ;
the voy non plus; ynibreyse paraît identique au gallois ymbrydio,
to observe season, to flist.
Dans les York Plays (éd. Touliiiiii Siiuth\ en pareille situa-
tion, Hérode se £iit apporter du vin et à manger.
Kyn facyen, comme l'a vu Norris (tome II, 120*), signifie
quoique nous prétendions ou plutôt que je prétendais; cf. v. 2065 .
Je traduis : « Je ne veux pas jeûner longtemps, car ce n'est
pas une bonne habitude; personne ne me respecterait plus,
quoique je puisse prétendre, par mon père. » Gorse est le con-
ditionnel de gorthe.
V. 1724: lyes trefetb yn clewys :
many tiines I heard him.
Cela paraît être le sens. Mais trefetb soulève des difficultés.
Si le/= V est sincère, ce ne peut être que le pluriel de tref,
habitation, ville = gallois trefydd. Mais il y a quelques diffi-
cultés de construction, car on serait obligé de traduire : « beau-
coup de villes l'ont entendu. » On attendrait an au lieu de yn,
et de plus, le prétérit 3'' pers. sg, ordinaire est cleiuas.
. D'autre part, dans un autre passage de O. M., 799, on a
treveth avec le sens manifeste de fois : tresse trcveth, une troi-
sième fois.
Il me paraît sûr qu'on est pour trefetb en présence d'une faute
de scribe occasionnée par treuetb; u de trcuclb devant avoir dans
l'original antérieur à ce manuscrit la valeur lu. Le scribe ayant
lu V aura transcrit ce son dans trefetb par /qui, interne, a
souvent la valeur v.
Il faut dans les deux exemples lire trezvelb et y voir un com-
Études œrn'ujues. 245
posé tro-weih, = *lro-weith, composé comme uniueth, une fois,
d\'lhw\'lh, un jour, breton de^ve:;^: trewcth, un tour, une fois.
V. 1778: nvn S3'v Jemyn un boba :
He i$ not noiu a booby.
Le sens est : « ce ncsi qu'un fou. »
V. 1 781- 1783 : Yn tokyn y vos goky
ha myns a geusys foly
ma lia vcath y avou'c.
In token of his being a fool,
And ail lie has said folly,
That may nol be, I avoiv.
Il est clair C[\\ avowe , qui a trois syllabes, est un infinitif
dépendant de vealh ; il est clair, en outre, que vcalh, dans le
sens d'être, ne peut rien donner ici. Feath est, non pas le verbe
substantif, mais un verbe tout différent signalé par moi en
comique pour la première fois dans mes Rem. et corrections (au
mot bcdhaf^ et identique au gallois beiddio, oser, avoir l'audace
de. Le sens est : « à tel point qu'il n'ose l'avouer. »
V. 1791 : sur dyeth, v. Rem. et corr.
V. 1793 : me an vossaiu: I will keep my promise. Norris sup-
pose anbos saw, ce qui est de tout point impossible.
Le mot apparaît dans un seul autre passage de Cr. of the
luorld : tha vose, envoyer. Williams y a vu une mutation de *mose
qu'il identifie fiussement avec le gallois niudo. La graphie tw^^m'
après an prouve clairement que le mot commence réellement
par V. C'est probablement un emprunt et sans doute une forme
parente au vease cité par Pryce : hence we hâve ow western
term to vease away; cf. 2ing\o-s:iXon f y san, f y sian, to drive
away de fûs^.
V. 18 18: wor tyzueth. Le ms. porte luo tyiueth, r étant écrasé
(écrit aussi woteweth).
V. 1845 : dalasias, requital. J'ai prouvé {Rem. et corr., à
dalasias) qu'on est en présence d'une fliute de scribe et qu'il
faut lire del afias, comme il l'a affirmé.
V. 1870 : ardak ; v. Rem. et corr.
I. Dans la région du Dcvon, Cornwall et Somerset, / initial anglais
se prononçait i'.
244 •'• ^otli.
V. 1887 : ^^iifyt y lurennyc prcst yn tyn :
Takc carc that tvc act vcry sharply.
Le sens est: « veille à Je serrer. Gzvrennye se retrouve
V. 1132 et là, Norris l'a traduit par st]iiee:^e. Williams le dit
emprunté à l'anglais sans indiquer la forme anglaise Qo
wringT). Il est possible que par suite d'une erreur de muta-
tion qui est loin d'être sans exemple, urcnnye, gwryn soient
des formes d'un verbe identique au breton groiina, vannet.
gronnein, avec le sens <X envelopper , cmpaqueler, emmaillotier (v.
Rcw. et corr.y
V. 1895 : Ke a profelb co\v}th whek.
Go, o prophet, sweet companion.
On eût eu, si le sens était exact, prafes ou profos, ou profys
(Voc. corn, profuit). Profeth doit être le fut. 2*^ pers. du verbe
provi, prouver: « va et tu prouveras que tu es un bon com-
pagnon » ; ou encore on peut fliire porter profeth sur gylwel
mercy: tu essaieras de demander merci.
V, 1918: brcsul, judgment; c'est le breton bre:{el, guerre.
V. 1967: dyspyt the vyrgh Thedaiiia: daughter Thedama. Le
ms. porte ihe dama qui signifie clairement ta mère, comme le
dit M. Whitley Stokes {Collât.). Dama est le français dame
avec le sens de tiière, comme syra, en comique moderne, du
français sire, avec également le sens de père. Le passage n'a pas
été compris par Norris : In spite of thy daughter Thedama,
indeed I will warn him very soon. Le sens est : « honte
à la fille de ta mcre (à toi) si je ne l'avertis lui tout de
suite. »
v. 2002 : Guyr a leversys certan
Thym ath ganow the honan
Py gans ken re yv dyssys.
Truly hast thou spoken certainly
To me of thy own mouth
or by other persons art thon instructed ?
Norris a lu dyskys, ce qui est vraisemblable. La traduction
du dernier vers n'est pas littérale : « ou cela est-il appris (à toi)
par d'autres ? » Si dyssys était certain, il faudrait y ^oir le
yesseys de Bewn. Mer., 2162, 2747, 4272, 4279, participe du
verbe yeys, confesser, représentant l'anglo-saxon gesed, confessé
/^///(/('^ corni(jiics. 245
(Stokcs, Glossar}'). La giMphic </v- peut avoir Li iDcinc valeur
que V-.
Pour ce passage, d. la Passion d'Arnoul Greban ; v. 2r.| |6:
Est-ce de toy que tu le dis ou d'autres te l'ont dit de nioy;
pour je, dj = cf. (/// ji'vcs, an s^'cfylh. Le sens est : « ce qui est
reconnu, confessé par d'autres. »
V. 2048 : ragas ho ///(•/// : may ciirses be to ye !
tncid = gallois tiicj], honte; cf. meule, Bcivn. Mer., 11 66;
meul est aussi écrit uicaiil.
v. 2080: the li'cl, to see; le sens est: d'anlant mieux; cf.
tbe voy.
V. 2084 : (V V ïoev, on the lips ; traduction de tout point
impossible (Williams a vu, avec raison dans ivev une mutation
de geiu et traduit: to bis grief (lutv est pour lueiii);
V. 2 104-2 105 : ty cl wor giiel breiiiinyn bras,
dyllo menough mes ath tyn.
Thou art far better fitted
To do any otber dirty luork.
Pour dyllo, v. Rem. et corr. Bremmyn est le plur. de hram,
pet; dyllo menough aib lyn : emitte fréquentes (crepitus) e
tuis natibus. tyn = gallois iin.
V. 211 1 : ny wra bom y worlene:
Blows will not quell him.
Il est probable que gorlene a été fait sur *gor-leii (htcii), entiè-
rement plein, et que le mot signifie le rassasier coinplèlement (le
remplir entièrement).
V. 2102 : the thew lagas a dre dro :
Round about thy eyes.
Si le texte est exact, dre est pour tre, y pers. sg. d'un verbe
tiré de Iro, tour; cf. gallois iry, également 3" pers. du sg. : « tes
yeux tourneront tout autour. »
V. 2124: afo, let him be. Le sens est: qui soit (the vyghtern
a vo...).
V. 2137 : cys; le ms. a eys. M. Whitley Stokes y voit is, plus
bas. Sans parler de l'orthographe, il me semble qu'on obtient
un meilleur sens en y voyant un participe comique régulier
correspondant au participe moyen breton aet, allé, auj. eat, et.
v. 2159: îben fo est compris, mais/o n'a rien à faire avec
24^ J. Lot h.
jordd, comme l'ont suppose Xoiris et \\'illiams: c'est le gallois
^0, fuite = j'tS(t-
V. 2138 : ccn, skin. Le ms. a Icu, pull (Whitlcv Stokes, Coll.).
V, 2196 : cainmcn, injustly. Ici encore le sens est pas, pas du
tout.
V. 2244: my ny ivraf vry, for this I will nol obcy. Le sens
est: je ne fais pas cas (v. plus haut); cf. 2249.
V. 2262 : arfcîh est bien traduit par ]}irc, quoi qu'en dise
Williams (v. Rem. et corr. à ce mot).
V. 2265 : me a fyn re thii am vos:
I will give thee my promise.
Norris, tome II, 120*, a proposé, ce qui est exact : « By the
God who made me. »
V. 2266 : carios, cast. Le ms. a capios que M. W'hitley Stokes
explique par prison (emprunté à l'arrêt de capias ad saîisfacicn-
duni).
V. 2282 : Kcrghy the gy mar mynnyth :
Go home //" thou wilt.
Il fiiut lire hrgh y, va les chercher; the gy = gall. tydi, toi-
même : « Va les chercher toi-même, si tu veux. » Pour kcrgh,
cf. gallois cyrchu, breton kerched.
V. 2286 : Tebel servont a lever,
mar serf ef had y vesîer
ke the honon ha gura guel:
a wicked servant says
If he is a servant, bad is his niaster;
Go thyself I and do better.
Le serviteur a envoyé promener son maître le geôlier et lui
a dit d'aller chercher lui-même les prisonniers. Le geôlier fliit
la réflexion philosophique suivante : « Un mauvais serviteur
dit quand il sert mal son maître : « va toi-même et fais mieux. »
v. 2288: Pan fy ef, If he be so. Il est plus probable que c'est
la 3^ pers. sg. d'un verbe analogue au gallois ^o/_, fuir; cf. try:
« quand il fuira. » On pourrait aussi supposer la tournure
personnelle: « quand tu l'auras, le tiendras. »
V. 2314: the worre gy thenfo:
put thee io the wall.
Norris, comme Williams, contre toute vraisemblance, ont
f'tiiiirs cornii]iirs. 247
vu d.ms /() le mot fos, talus, mur (et. pour le sens, le breton
cIctiO. C'est le gallois ^(': « te mettre en fuite. » Cf. v. 2317,
f\t', tu ire.
V. 2326: hag a wra theugh p:nnoiu coiii^h :
and will bc labour }■()///• heads.
■ Le sens est : « et je vous ferai des lêtcs rouges. » Comme l'a
vu Williams, coiigh est le gallois coch, rouge.
V. 2351 : fil, chain. Fii, écrit fitu et vu, est le français vue
(v. Rem. et correct. \
V. 2397-98: thotho y coth, by my chai,
kyn nagonse bos marow
To him is due, by my jaw,
Thouf^h he deny, to be put to deatli.
Il faut évidemment lire kyu na gouse et traduire : « Il mérite,
par ma mâchoire, quoiqu'il n'ait parlé, de mourir. »
V. 2406 : crygyans ren, hclicïwe give. C'est le présent second.
i""^ pers. sg. : « je donnerais créance. »
V. 2415-18: yma marth thym ahanas
ty a aswon an scryptor
Ty the vennas sowthanas
lemmyn yn mes a pup for:
There is to me wonder of thee;
Thou knowest the scripture,
That thou shouldst luish salan
Now out of every path.
Il est évident que soiuthanas n'a rien à faire avec Salanas.
C'est une forme du même verbe que le breton saouzani et
une variante du participe saïuthenys, qu'expliquent ici les besoins
de la rime; cf. mylyg^'j-, meylegf?.^, malig^/j. Il est probable qu'il
faut lire au lieu de vennas, vonas, être. Le sens est clair avec de
simples changements de ponctuation :
Je suis étonné de toi :
Toi qui connais l'Lcriture,
Toi devenir ainsi entraîné (par surprise)
Hors de toute voie !
v. 2434 : den nag yw cahlys: a man
Who is not Iried.
Ce n'est pas un participe passé, comme le montre l'absence
248 J. I.oth.
d'infection, mais un adjcctit identique au breton cahliis, cou-
pable, prciniil à la critique.
V. 2445 : y ye\iiivis iixnsiis o^vylhi'
na vo marow yn tor-me :
one cannot préserve his life
That he be not put to death now.
Le Docteur dit que Jésus s'est vante de rebâtir le temple en
trois jours, mais qu'il ne le fera pas et il en donne cette raison :
« Pour sa vie, il n'y a pas de salut, (il est impossible) qu'il ne
meurt pas, cette fois. »
V. 2457-59: nep an latho, dev goef,
the den vyth ny wruk trespys
myschef a goth tyn ha cref :
Who kills him, u'O coiiic to hiin !
To man he has done no trespass.
Mischief will fall sharp and strong.
Dev ne peut signifier wo corne. C'est une exclamation : Dieu !
malheur à lui! Norris a également eu tort de couper la phrase
après le vers 2457 et le vers 2458. Le sens est: « Quiconque
le tuera, Dieu ! malheur à lui ! lui qui n'a foit d'injustice à
personne, malheur serré et violent tombera sur lui (ou : //
mérite malheur \ a goth pour a woth).
V. 2500 : fl! ivel theugh, which is seen ; le sens est : devant vos
yeux (en vue à vous).
V. 25 12 : pup goth ol ha lyth, ail my
neck and hack.
Williams a bien traduit : every vein and liinb ;,goth est la forme
régulière correspondant au gallois gzcyth; cf. breton goa:iiet
(vannetais gwehiat); lyth est l'anglais lith, joint, limb.
V. 25 II : Del esofov tyene; as I luas panting.
esof signifie je suis. Williams a vu dans tyene, dyene = di -\-
ene, âme: ont ofhrealh. Il se pourrait qu'il y eût quelque chose
de vrai dans cette supposition, mais la construction avec ov
montre qu'il s'agit d'un verbe. Quant à dyene qui doit être
pour un plus ancien *di-eni, il est possible que -eni soit un
dérivé de an, racine de a)iadl = *anâ-tlâ, de encf = anà-mii
(cf. plur. bret. anaffon = *a)iâ-nion-es); dxene signifierait e'tre
essoufflé.
Étihles comiques. 249
V. 2541: iiitir tCH'u : lis nnirtisen ; cï. vannctais iiiarleicii et
tnarlrt\en .
V. 2553 : V li'ltlh est bien tr.Kluit par// /.v propcr (mieux: il
est juste, méritoire). Ce verbe n'a rien à voir, à mon avis,
avec le gallois d\Jcd, dylit et le breton dlcout. C'est une forme
impersonnelle identique au breton dcUe:;^, giûlo'is dy II ydd ; dclle:(
est l'infinitif de dcllit, mérite, mériter (sur ce verbe, voir mes
Remarques au. Dict. de Silvan Evans, Archiv, I.
V. 2562: irus pren: sad tree. Le ms. ^ontlrusprencn un seul
mot; M. Whitley Stokes a raison, je crois, de comprendre: a
transverse tiinber, a rafter.
V. 2588: /y a ynny, thou shalt go on it.
Le sens est : //( presseras. Williams a eu tort de faire deux
mots ditférents de ce terme; hep ynny ne signifie pas sans refus,
mais sans qu'on nie presse, de nioi-niénie.
V. 2593: Kueih, shames. Le sens exact est: cbiii^rin, regret
(bret. keu:(j gall. caïudd).
V. 2606: a vap, ihe giiefh mm lathas :
oh son, //;}' shame hath killed me.
Norris a traduit comme si the giielb pouvait être dy veth,
feth = meth, honte, ce qui est impossible. Gueth est le mot qui
se trouve dans yn wetb, aussi (breton eve^) ; c'est le gallois
gwedd, aspect, forme.
Le sens est (c'est Marie rencontrant son fils portant sa croix
qui parle): Hélas, ô-fils, ton aspect m'a tuée.
v. 2617 : Jelhxs, fatigued. Le sens est plus fort : abattu, vaincu
(breton fae:ia).
V. 2640 : wàiurengh drem, dit Jésus portant la croix aux filles
de Jérusalem. Le sens paraît bien être lament, comme l'a tra-
duit Norris, mais drem ni trem ne sont connus dans ce sens.
Le mot aurait-il quelque chose de commun avec le breton
terni, ahan, dans Grég. de Rostr., ter mal, ahaner. En bas van-
netais, tcrmal a le sens de se plaindre par douleur, comme quel-
qu'un qui ahane.
V. 2650: er hones ne donne aucun sens satisfiiisant.
V. 2676 : my ny allaf rum leaute
gui kenter thywy bylhyth.
Le contexte montre que bythyth, que Norris ne traduit pas,
2^0 J. Lotli.
signifie nuiiiilenunl ou jniiiais. Deux autres passages donnent
vylhelb iwcc le même sens (O. M., loir, 1612).
Il est possible qu'il faille lire bytelh = byl ou b\th -\- deth;
cf. breton vete{, aujourd'hui, ou plutôt le basvannetais beté,
arrivé au sens de longtemps.
V. 2689 : Ottensy a luel theugh :
Look at them, to be seen by yoii ail.
Je traduis: « Les voici tous sous vos yeux (à votre vue à
vous). »
v. 2716 : zchylh luar gant, vyngeance yth glas,
ny dryk gryghonen yn fok :
Bloiu alhwart, vengeance on thy maw,
There remains not a spark in the forge.
Whyth ivar gain signifie souffle avec mesure, au pas ; cf. P. C,
2735 : Gwask war gam ha compys, frappe avec mesure et droit.
Le mot vient de cam, pas, et non eam, courbe, de travers.
Le contexte, dans les deux passages, ne laisse pas le moindre
doute.
v. 2722 : gans mur a rach, with much care. Rach est le français
(et l'anglais) rage, comme suffirait à le montrer le contexte
(v. vers 2717: ny drxk...). Au veis suivant: a iiel ft;/- signifie
non pas pour le mieux, mais mieux.
V. 2765 : hag onan a nel pylb fol
guyskyns kenter scon ynny :
and one, ivilb ivhat strenglb be can,
Let him drive a nail in it at once.
Le ms. porte avel ; l'expression avel pylb fol se retrouve,
Pascon, str. 182, 2. dans les mêmes circonstances. Cela ne peut
guère signifier que comme un fou.
V. 2780: yn dyspyt ibe vap ibe vam:
In spite of thy son and thy mother.
Le sens est : « en dépit du fils de ta mère (de toi).
V. 2840 : me a wra gans bones mal :
I will u'itb good will.
Norris (notes, tome II, 213) reconnaît lui-même que sa
traduction nîérite peu de créance. Si le texte est sûr et que
bones soit l'infinitif du verbe substantif, le sens est : « Je le ferai,
car il est temps. » Cf. plus haut, er bones.
P.tiidrs corni(]ucî. 2 s i
V. 2852: gcseugh y thc thysplcvyas :
lieave tlicm to slagi^cr.
Si d\splci'\as est exact, c'est probablement uw verbe composé
de dis H- plevyas, déplumer, se déplumer (cf. gallois di-blufio) ;
le mot est ironique. Autrement, il foudrait songer à dyspleytyc,
qui ici ne donnerait pas un sens satisEiisant.
V. 2847 : leiilel pren, to throw dice. C'est tirer au sort, mot
à mot jeter bois ; v. mon article sur le sort chc::^ les Germains et
les Celtes, Revue Celt., 1895, p. 313.
V. 2853 : a bew\ 2855, aspew; on a affaire évidemment au
même verbe que le pian gallois et le piaou breton, comme
Norris a fini par le supposer (II, p. 288).
V. 2894-95 : ha saw ny gynes yn weth
nan beyn mar hager thyweth :
and save us with thee also
That thc pain nia\ not end so cruelly.
Norris n'a pas compris la construction du pseudo-verbe avoir
avec un suffixe personnel, fait que je remarque aussi sporadi-
quement en breton.
« Sauve-nous aussi avec toi,
One nous n'ayons pas si laide fin. »
V, 2911: dogba geyth, mid-day.
Williams a traduit avec raison evening,aftcrnoon. Le mot est
identique au gallois diwedydd (v. Rem. et corr.).
v. 2925-27: benen a welte the flogh
myl luyth dyghtys âges brogh
gans nep milgi.
Woman, seeest thou thy son ?
A thousand times your amis bave borne him
with tenderness.
C'est un tissu d'erreurs; brogh est le gallois et breton broch,
blaireau ; mylgy est le gallois milgi, lévrier; wyth, var. welh pour
gicyth =: gallois givaeth, breton giva:;:^ (vannet. gwec'h). Je tra-
duis: « Femme, vois-tu (voici) ton fils traité mille fois pire
qu'un blaireau par un lévrier. »
V. 2935 : map Dev a ver tu : son of God in every way. Lisez :
a vertu (Coll.), le fils du Dieu de vertu (pouvoir). Norris
avait, en note, soupçonné a vertu, of virtue.
2^2 J. Lotll.
V. 2969 : a fc uc dcii drok V ^(^uas.
Norris a traduit v ,0-//^^ par his fellow. Or, le ms. povie i^nias
(cf. dyf^iias) ; M. Wliitlc}' Stokes a traduit en conséquence
(Collai.): if lie wcre a man o( cvil habit.
V. 2975 : Ef an geve cirok zvyras:
He tinds it an evil nialler.
Comme l'a vu Williams, gwyras = gall. gwirod, boisson :
« Il a eu mauvaise boisson. »
V. 2982 : Kyns ty a wre vicystry ihyn :
Lemmyn an grous dyyskyn :
Rather should it thou do a wonder for us:
Now corne down from the cross.
Je traduis: « Auparavant tu fltisais montre de ta puissance à
nous (tu fliisais le maître); maintenant descends de la croix » ;
lure est plutôt ici l'imparfait de l'indicatif.
V. 3002: y drege, to bear it. Le ms. a ydrcge, repentir,
regrets (Stokes, Collât.).
V. 3015-17 : Longin vient de transpercer le cœur de Jésus:
Benêt sewys syre Longvs
Syns Jovyn whek re'th caro
Hemma y v pyth a ihyiiys :
Gallas lemmyn lour ganso.
A blessing follow thee, sir Longinus,
Sweet saint Jove love thee:
That is luljal I choose
Thou art now very able in it.
Norris a vu avec raison dans benêt, beneih ; cf. O. M., 19 17 :
banne! h sywes, boteler. Le troisième et le quatrième vers ne
sont pas compris : « Ceci est une chose de choix (un coup de
maître); elle est allée (la lance) complètement avec lui, c'est-
à-dire elle est entrée tout entière en lui.
En bas vannetais on dit couramment de quelqu'un qui a tout
mangé ou dévoré : oeyd e tout geid, il est allé en entier avec lui.
L'expression est devenue un idiotisme français dans certains
petits centres où on parle français et breton. On dit à Gué-
mené-sur-Scorff dans ce sens : « // est allé tout avec lui (il
a tout pris); toute la nie va avec eux (ils occupent toute la
rue). »
^.t'idfs comiques. 25 5
V. 3047: /;/(7v tys^h'ii, will wincc (v. pour ce verbe, Rem. et
corr.).
V. 3036 : ha galw\, anJ c.iU. Il taut lire : galw \, appelle-les.
V. 3059: (/ chy, from the house.
C'est le contraire : a chy ou a gy signifie dedans (dans la
maison); il taut le joindre à then darasow du vers suivant
(within the doors).
V. 3091 : du a s\v emskemunys : black
they shall be accursed.
Je traduis: « Dieu! comme ils sont maudits (ceux qui ont
ordonné de le tuer). Pour ces formes asos, assyiu, etc., v. Gr.
Celi^ 549-
V. 3 1 1 1 : iiob, noble ; ms. nov = now (Coll.).
V. 3 121 : the ati drow nans 0 marow :
I report io ihee noiv, be is dead.
nans 0 maraw signifie sûrement : déjà// était mort. Mais que
signifie the an drow ? Il est sûr que la traduction de Norris est
de la plus complète fantaisie. Il me paraît très probable, si on
réfléchit à la spirante de the, qu'on est en présence d'un sub-
stantif androîv. Ce substantif androw doit être notre breton
vannetais anderv, après-midi, qui serait andero, ailleurs. Le
comique androiu a été précédé par andreiv = anderv: -au non
accentué donne -oiv.
V. 3 182 : yssyv. Les formes de ce genre, comme assyv, assos,
ont un caractère exclamatif que Norris n'a pas compris.
V. 3183 : bos the cori ker golyys:
Thy dear body to be watched.
Golyys est le participe de golye, blesser; goly, blessure (cf.
gall. gweli, breton goiili).
V. 3237: eus pop, go ye oU; ms. ens pup, let every one go
(Stokes, Collât.).
v. 3242: cler; ms. clor (expliqué plus haut, O. M.).
c
Resurr-. Doniini.
v. 16 : gyllys of, lost I am. Norris traduit comme s'il y avait
2 54 •^- ^otli.
heUys, perdu. Gyllys est le participe d'un verbe dont on trouve
surtout le \x\rlïn gallûs, alla.
^'- 73'5 • y"^ pryson mos ny ircynyu,
a^an bew kvn kcntrc\u\u
ol agan kyc :
To go to prison ivc lormcni iwl
our lives, though we shoiild pierce
ail our flesh.
Treynyn doit être le français Iraîner.
Dans les exemples de ce verbe, le sens est: perdre du temps
à, hésiter. Kyntreynyn est dérivé de contron, vers ; William Ta
traduit par: though we may rot our flesh. Je traduis: « aller
en prison nous n'hésiterons pas, quand même nous gâterions
notre vie, toute notre chair. »
V. 79 : res bo tneavl, curses to thee ! Voir plus haut, à P. nieul
(gai. niejî^, honte.
V. 87: a iht'v aso zvhy gockx ; o you tiuo are fools. Le sens
est : « Dieu, que vous êtes bêtes ! »
V. 90 : na fo dont a treghury :
That there be no doubt of iheir staying.
Treghury est une mauvaise graphie pour trechury, treachery :
« pour qu'il n'y ait pas crainte de tricherie. » Il est évident que
treghury n'a rien à fliire avec tr\ge, demeurer, rester.
v. 109: barthesek, valiant. Barihesek =^ niarthesek, de )ndrlhus
et signifie merveilleux.
V. 112: ny dal thys, h behoves thce not ; plus exactement :
// ne te sert pas de (breton : 71e dal kel tid).
V. 128: hnuethan, fiends, doit être un nom propre,
v. 135-6: alemma bys may thello
suel a then nef:
Hence, until he enter,
going up to the heaven,
Lesensest: «jusqu'à ce que aille d'ici quiconque ira au ciel. »
V. 137: caugeon, dirty; c'est le français cochon.
y. 184: yn ur-na cafus gynef
re me a vyn.
In that hour take with me
thetn I will.
Études comiques. 25 ^
Re signifie qiichjiics-inis, un certain nombre.
V. 199: hiicus, blood ; lis. kneiis, chair.
V. 275 : agy the civhe an gtvth
yn paradys ty a set :
îuithin the ci'ening ot thc day
In paradise thou shalt stand.
Norris compare eiube avec le gallois ecbw, cchivydd.
Echw est douteux mais non cchivydd, cf. bret. cchoa:;^, bas-
vannet. àhivç.
V. 331-2: cres y^ a hos dcn a allos
y vones thvn.
midst of the \vall God has bcen able
to come to us.
Le ms. a cresys, j'ai cru (Stokes, Coll.').
Reste û hos qui est peut-être une huite de scribe: « J'ai cru
que Dieu de puissance il est pour nous ()- vos, son être, lui
être). »
V. 363 : tus l'en, trusty men. Le sens de ven = lucn est bien
établi, il signifie fort (y. Will., Lexicon).
V. 380 : nan laddro doit être rattaché au vers précédent : a de
façon qu'on ne le vole pas. »
V. 388: may ro'n niayle war an dor.
That shall wrap him to the earth.
Norris a traduit le sens assez exactement.
Mais ro est une difficulté: il faut lire probablement ma\ ra'n
\)0\xr viay iura(f)n niayle (mot à mot: pour que ]c fasse l'eni-
maillotter) ; fasse est verbe auxiliaire.
V. 392 : clor, fieree ; toujours mal traduit : v. plus haut, O.M.
V. 402 : gans dyaha, with securily.
C'est le sens d'après le contexte, mais il est impossible,
comme l'a fliit Williams, de décomposer ce mot en d\> -\- aha,
aha = gall. echiv, echwydd, repos. Le dy- est sans doute ici di-
privatif; d'autre part, régulièrement alja ne peut répondre au
gallois echivydd ; aha paraît avoir signilié crainte et repré-
senter l'anglais moyen aghe, anglo-sax. eâga, crainte {Rem. et
corr.).
V. 409: war y torn pup y thxfras y gowyth, in his turn
evcry one protecting his companion. Il faut préférer ici la leçon
2^6 J. loih.
du ms. B: a ihyffras, gall. dijfrjd, hrci. difrcd, et traduire:
« chacun à son tour protestera son compagnon. »
V. 425 : rak luen os a IjKJicldcr
hag a elles kekeffrys :
For thou art fuU of grcahicss
and of power likenesse.
Il est évident que hiinehkr doit être lu hiivcJdcr et signifie
hiimilité, douceur (voc. corn. huveJ, humilis): « car tu es plein
d'humilité et de puissance en même temps. »
V. 469 : an Jvu, the form. C'est le français vue; v. Ron. cl corr.
V. 474: nak na ly gy yn a wher.
That thou be not in sorrow.
C'est le sens, mais pour le justifier, il fluit lire rak au lieu
de nak et aiuher en un seul mot au lieu de a wher.
V. 509-10: Ty ihe vynnes thym danfon
thum confortye ihe vap ras :
That he luonld sent thee to me
To comfort me, thou son of grâce.
C'est forcer le sens. La Vierge s'adresse au Père; elle remer-
cie en s'adressant à lui : je te remercie « toi pour m'avoir
envoyé pour me réconforter ton fils de grâce ».
V. 5 15 : gans can ha mur a eleth :
with a buiidred and more of angels.
Il est clair que can signifie chant.
V, 523 : pos re iculseugh agas clun :
heavily bave ye darkened yotir sensé.
Norris n'a pas compris clun qu'il déclare un mot inconnu,
et qui est le gallois et breton clun, hanche, fesse: « vous avez
jeté (à terre) lourdement vos fesses. Norris (p. 214) a comparé
le breton clun, mais sans corriger sa traduction.
v. 539 : yn nep bos tewl : in some bush, hole. Teici signifie
sombre : dans quelque buisson sombre.
V. 592 : nagafelh nws. Ici encore, felh est pour /wf d'un verbe
identique au gallois beiddio, oser: « et qui osera aller. »
V. 599 : ywoiuheles, lie to him. Le sens est : V éviter \ wowheles
est la forme même de gogheles = gallois gochel.
V. 604: desefsan, we wished. Il fout traduire: nous aurions
désiré.
ÈtUiirs corniquci. 257
V. 615 : a tbii ii;ocf
will become misérable.
Le sens est: « ô Dieu, malheur à lui. »
V. 639: an Jarasow agaii naiu:
our nine doors.
Il faut lire : aga naiv: « les portes toutes les neuf » (breton :
0 11 ao).
V. 683 : mar a luclh ha dasserhy :
Il he coines and rises ;
C'est le passé : s'il lui est arrivé de ressusciter (cette tournure
est fréquente en breton).
V. 696 : ciitbiiia nam gas. « This sorrow does nol Icave me.
Le sens est : si bien que le regret ne me quitte pas. » Lisez :
ciu'th ma nam gas; cf. P. C, 1725 : ma na yl.
V. 710: re zvclla, see. Le sens est: « puisse (le seigneur)
améliorer. »
V. 715 : yn feu, at once. Le sens est: fortement, courageuse-
ment.
V. 725 : ny won vyth pur yn guelaf : I know not indeed if I
shall see iiim. Pur signifie quand (breton peur') : « Je ne sais
pas du tout quand je le verrai. »
V. 759: Pan prydyryf ay passon
nynsa ioy vyth ym colon :
when I think of his passion
There is not any jo}' in my heart.
La forme prydyryf est un subjonctif; nynsa signifie ne va pas,
n'ira pas (plutôt le futur ici).
V. 769: may ben nepilh aswonfas :
that something we may be knoiuing.
C'est à peu près le sens, mais Norris n'a pas sans doute com-
pris la construction de may ben, irrégulière dans le sens d'avoir
avec la flexion personnelle; cf. Gr. Celt-, p. 548 : ut habeamus
aliquid cognoscere.
V. 788 : an corf nan gefes vyth par :
The body (none is found equal to him).
nan gefes = breton nan deveus: « le corps qui n'a pas
d'égal. »
V. 850: wryth, sorrow: inexact: v. Rem. etcorr.
Revue Celdquc, XXVi. 17
25S J. Lot h.
V. 885 : han Ycthcwon gans ncrth pup ur
y ge kerhyn :
and the Jcws with violence always
arc roiiiul aboiit them.
Norris a vu dans yge le verbe subst. usy, ngy, est. C'est ici
impossible. Yge est pour y ga, cf. v. 1058: y ges colon, dans
vos cœurs. Le sens est : « et les Juifs avec violence, toujours,
autour d'eux. » Il faudrait régulièrement y ga herhyn.
v, 910: ha me an pref kyn kcscar:
and I will prove it, ibough poor.
Kescar signifie se séparer (cf. Will., Lexicoii).
V. 913-14: ha gynef y tanfonas
y te theugh pare veugh luar,
aud by me he sent
I swear to ye, as ye may be aware.
Le ms. porte paue et non pare, à corriger, sans doute, comme
l'a supposé M. Whitley Stokes, en pane, y te n'est pas compris :
« et par moi il vous a envoyé (dire) qu'il viendrait vers vous
quand vous ne serez pas sur vos gardes. » Pane est pour^^n na.
v. 925-7: ufereth fol yv nan gas
lemmyn mos the tharyvas
tra na wra les.
Foolish iâieness it is not to leave it
But to go 10 assert
a thing of no benefit.
Le sens est: « Les choses frivoles, fou est qui ne les laisse
pas mais qui au contraire va raconter une chose qui ne fait
aucun bien. »
V. 973 : py ytho fol, \vho are fools.
ytho ne peut avoir ce sens. Il faut probablement lire : py
ythos fol, ou tu es fou.
V. 990: canimen, crookedly; v. plus haut.
V. 996 : Ny a gam dip thou swearest wrougly.
Le mot est composé de cain -\- un verbe identique au gallois
tybied, présumer: me a dyp, R. D., 2508. Le sens est donc:
« ta te trompes (tu penses de travers). »
V. 1035 : kerth: lisez keth ; ibid.
gortljciuyth, will rcmain. Le sens est: enfin (v. Rem. et corr.).
^Jndcs corniqucî. 2 5 9
V. II 70: czi'lh ynncclhc, pining. Le sens est douteux, comme
l'origine. Williams rapproche yiiiwctbe du gallois ymhwedd,
to beseech earnestly. En comique, on eût eu dans ce cas, vrai-
semblablement, ymhwdd. Je le rapprochais plutôt du gallois
ytmvcitbb, fermenter, se travailler.
V. II 80: dvi^cs signifie fermé et non ouvert comme l'a cru
Norris (cf. R. D. 1534 ; v. Stokes, Glossary).
V. 1195 : by n\ ij^éiisy ken ys wyr :
Thon never sayest other than the true.
Le sens est clair : « Jamais // ;/(- disait que le vrai. » Geusy
pour cettsy est la 2" pers. du prés, second, de l'ind.
V. 1201 : Jhcsu asse yllyn ny :
Jesu, permit that \ve may.
La construction s'oppose à cette interprétation ; asse aussi
bien que yJIyn ne s'y prêtent pas. Il est possible que asse soit
l'anglais essay (trys.), Bewn. Mer. assy 3325.
Le sens serait : « Jésus ! nous pourrions essayer », mais ceci rap-
pelle la constructionj^^c /m/ du vers 1565. Le sens estprobable-
ment: « comme nous pourrions bien! ». Voir plus bas, v. 1565.
V. 1232 : tus ow cous mur a barth bras:
People speaking in great part,
bartb ou marlb signifie prodige (cf. bartbusek et maribuselî) :
« des gens parlant beaucoup d'un grand miracle. »
V. 1249: loslvan: ms. loscvan ; conjecturé par Norris qui
a correctement traduit par burning.
V. 1286: pytb yv teulys genough \vy
bos erbyn nos :
what is purposed by you
To be against night ?
Le sens est : « oii vous proposez-vous d'être vers la nuit ? »
Pyth yv est à décomposer en py tb yv. Les compagnons de
Jésus, v. 1294-96, lui répondent qu'ils se dirigent vers Emmaus.
V. 1306-8: yma thymmo cosvyth da
mur a ioy sur yn-torma
a'th tyryvas :
There is o me a good companion
much of joy merely at this timc,
He will sbevj thee.
26o J. Lotli.
a'ih lyryvas signifie clairement : de la déclaration. Je traduis :
« J'ai beaucoup de joie, bon compagnon, cette fois, de ta décla-
ration. »
V. 1327: Ese (ioiir bas ponvos bras:
There was ivater ? and great trouble.
Il est clair que cionr n'a pas le sens d'eau ici. Williams en a
fait un substantif identique au gallois -dawr (cf. nyin dticr =
nyin daiu)-) et le traduit par caie ; mais jamais, dans ce cas on
n'eût eu l'orthographe âoiir. Dans Beun. Mer., doiir a le sens
de avec ardeur (Stokes, Gloss.y
Ce serait, d'après M. Whitley Stokes, un mot iden-
•tique au gallois dewr, vaillant, ce qui paraît plausible à tout
point de vue pour les passages de Bciuu. ; phonétiquement
dour est bien comique, d'autant plus que le gallois dcwr
n'avait jamais autrefois qu'une syllabe. Ici, le sens paraît diffé-
rent : do -t- lucr, chagrin ? Cf. teiul, obscur, pour tewel. Peut-
être est-on en présence de l'anglais dialectal dour (v. Reui. et
corr.y
V. 1350 : dévoues, nurtured ; c'est le verbe ve)iir. Le sens est :
« malheur à lui, un jour viendra, d'être sorti du sein d'une
femme ! »
V. 1360: deges, open. C'est le contraire : yÎTw^'.
V. 1365 : ellas ny yl dasserghy
sur war uep ovs :
alas ! (Jésus) can not rise again
surely, on any account.
Norris a traduit comme s'il y avait nep coi'S, ce qui est arbi-
traire et invraisemblable, cous rimant justement dans cette
strophe avec ovs.
J'avais pensé d'abord qu'on était en présence d'un mot
identique au gallois aws, challenge, défiance, emprunté au
français. Mais l'anglais dialectal (Wright, Eugl. Dial. Dict.) a
un mot oiuse qui, évidemment, est ici représenté : owse, any
thing; at ail, in any luay (war nep oi's).
v. 1370: dyiuysyk, undoubting.
Williams a traduit plus justement par carnest, devout, mais
s'est trompé en comparant ce mot au gallois dyhcwydus, devout.
Le mot gallois identique est dkvyd, zélé, dévoué.
h^tiides comiques. 26 i
V. 139 1 : marth yv gMicf na tbiics iiictb, It is a wonder to
me, shainc cornes iiot.
Le sens est: « je suis étonne que //^ ii' aies pas boiiU'. » //a
//j/^'j- est à décomposer en na'lb iics (gui n'est pas à loi); cf.
breton ^7'- eus, na\ eus.
V. 141 6: gucthe, destroy. Le sens évident, comme l'a vu
Williams, est: rendre pire; cf. gûXo'is givaetbu.
V. 1427 : abas, unceasing ; c'est le gallois acbas (= ad -\-
cas-), très haïssable.
V. 1429 : tbc gesky, to jest ! Williams n'a rien compris non
plus à ce mot qu'il traduit par to jesl,lo jeer et quisignifie/);-(?wt'r
d'arguments, de demandes (y. Rem. et corr.).
V. 1497: the plussyons a luelougb wby:
the sores wbkb you saw.
Il faut lire avec AL Whitley Stokes (Coll.) avel ougb luby
et traduire : « à des gens de rebut comme vous. »
V. 15 12: ow leverel an netboiu:
Telling the news.
Il est clair que an netbow ne peut avoir ce sens. Il faut lire
en un seul mot annetboiu pour annolboiu = gall. annoetb, sot
(le contraire de doelb), sottises. On pourrait songer au gallois
anoctb, joyau, objet extraordinaire, sans les deux 11 du cor-
nique.
V. 1521 : cutbygyk, ashamed. C'est le breton keuieudic, qui a
des regrets. Il est vraiment prodigieux que Williams ait pu
comparer le comique cuetb au gallois cbwitb ! Il avait caïudd sous
la main.
V. 1525 : an er bras, the great défiance.
Il est fort possible que ce soit simplement le français air:
les grands airs.
V. 1565: a thev ysse fiief goky :
O God, I -A-as indeed a fool.
Le sens est: « ô Dieu que j'ai été sot! » Il fluidrait lire:
yssefuef; c'est une construction analogue à asscvya, conime il
serait (Beivn. Mer., 6685).
V. 1643 : guel be ny yllyth thymmo :
Tbou canst nol sheiu bim to me.
Le ms. aguelbe (Coll.) : « tu ne peux me guérir. » Cf. gallois
202 J. Lot h.
gwellhau (B a geJhee). La construction comique est iden-
tique à la construction bretonne du verbe ozccUaat : givcUaat
da : gueliaat da un /r (Grég. de Rostr. -a guérir). C'est encore la
construction usuelle. Le sens est également identique. Ici, la
réponse est métaphorique: « tu ne peux me tirer d'embarras. »
V. 1645 : rc'ii danfonas, bas sent me. Le ms. a rc'n danfonas,
nous a envoyés (Stokes, Collai.').
V. 1656: an dyallas, mocked him (v. Rcni. cl corr.).
V. 1691: dcl ylh coscaf, as I tell thee : plus exactement:
comme je t'y exhorte. C'est l'indic. prés, du verbe cesky\ v.
plus haut. Pour le sens, cf. v. irl. inchosig, significat.
v. 1725 : yv thymmo vy mur a barlh.
Is much of lahie to me.
barlh est identique à iiiarlh: « c'est fort étonnant pour moi ».
Le ms. a régulièrement : mur a varlh.
V. 175 1 : nag eus Dev. ms. nag eus (Stokes, Collai.): eus =
breton eus.
V. 1762: vengeans hageugh: vengeance over yc; traduction
certainement finisse. On ne peut songer à corriger en : ven-
geans a geugh, vengeance vous aurez, trouverez, à cause du
verbe suivant : de plus, ceugh ne se trouve guère à ma connais-
sance que chez Lhwyd qui a dû le prendre au gallois. Il faut
donc décomposer: hag eug ; eugb est sans doute un substantif,
mais quel est son sens précis ? La rime étant souvent pour
l'œil en comique, il est possible que eugb représente le gallois
aiuch, pointe, et par métaphore, en comique, douleur; cf. ^7/,
lance et douleur.
V. 1768: ulh, loud; le sens est horrible, effrayant.
v. 1790: bys omma ny an dora
worthyn ny sef.
unlil lue bring him hère
lo si and before us.
Le sens est: « Jusqu'ici nous l'amènerons: il ne pourra
tenir (résister) contre nous. »
^^- 1795 • y^"^ spit ^^^s "^-'^P Thelhanui:
In spite of ihy son Thedama :
Le sens est: « en dépit du fils de la mère »; cf. P. D.,
1967. Le ms. porte the thama.
Études comiques, 26]
V. 1797: gcncLigh why nios ny drynyaf :
To go with y ou / do not grieve.
uy ^/•v;/V(7/signitic je ne i rainerai pas, je n hésiterai pas (v. Rem.
et corr. à dreynyii).
V. 183 s : r-i nyl ihe zueyth na îhc sitl:
nor one hold ih:e nor look al ihee.
C'est un contresens complet et bizarre. Le sens est clair :
« ni un jour ouvrier ni le dimanche. » Williams lui-même a
bien compris.
V. 1855 : nyn gefes cowytb yn wlas:
/ bave not found bis fellow in the country.
nyngefcs = breton nen deveus : « Il n'a pas son pareil dans le
pays. »
V. 1876: niay butb-lbabo ow colon:
That my heart inay be exaîted.
Norris et Williams, contre toute vraisemblance, ont vu dans
huththaho, un verbe identique au gallois chiuyddo, s'enfler. Le
verbe correspondant est en çornique botbfy (cf. bret. moy.
coiie:^vyff). La forme comme le sens ne se prêtent pas à cette
comparaison. Hutbtbaho (un des deux //; est de trop ; leg. huth-
bao) est à rapprocher de bul(b)yc, tranquille, hneib (rimant avec
cueth, breton /cr//~). C'est le conjonctif d'un verbe signifiant
s'apaiser, se tranquilliser \ v. R. D., 4853 : biitbys, tranquillisé.
Cf. gallois haïudd ; c'est le degré à de la racine sed : bedd, paix,
corn, bueib = *sàd- : cf. v. irl. consadu, compono (v. Rein, et
corr. à biityk).
V. 1881 : yn agas soth, in your suite.
J'avais pensé à identifier sotb au gallois siuydd, office, juri-
diction : « dans votre service », mais ailleurs le sens de traces
est manifeste, c'est l'anglo-saxon siuae'S, même sens.
v. 1886 : yn y gever, in his affair: « envers lui. »
V. 1922: an bous-ma bep gory :
that robe, withoitt prier.
C'est la robe de Jésus : « celle robe, sans couture. » Cf. breton
groui, gri; grouiat, coudre {yanm^Vàis gouriat) griat. On a eu
probablement tort de séparer ces mots du gallois gwnïo. On a
VU dans gwn- un affaiblissement de cou-, ce qui est de tout point
impossible ; cou- eût donné cyn, gyn. Il n'y a pas d'ailleurs le
264 J. Loih.
moindre cou- lîi-dedans. givui ne compte que pour une syllabe
et remonte sûrement à un vieux celtique vu'i (ou vr'i-).
V, 1923 : why yv a thy gre
an bous
/() \our Jiking îs
The robe.
a thy grc doit se lire en un mot; iJjxgrc est pour ibxi^rcu:
gallois crc et crefde creii, crcfii, demander avec instance : « c'est
toi qui demande instamment la robe». Cf. Rcni. cl corr.h gre.
V. 1957-8 : me a vyn cawys an povs
Kyn fy mar pylb.
I will hâve the robe
Though il bc cvcr so.
kyn fy doit signifier : quoi que lu sois. De plus, mar pylh n'est
pas traduit. Il est évident que pylh est un adjectif. Pilate s'in-
génie à refuser à l'empereur la robe du Christ qui le défend
contre la mort, sous prétexte qu'elle ne vaut rien. L'empereur
répond : « Je veux avoir la robe, quoique tu sois si regardant,
si avare (ou si fin). » Pylh doit être le breton p/'-, vannetais
pich, économe avec une légère idée d'avarice.
V. 2012 : par man geffo mar a pyn :
That much pain niay calch hiin.
C'est le sens, quoique la construction ne soit pas comprise
(^si bien qu'il ail beaucoup de douleur). Ce que je veux relever,
c'est le sens particulier de par ma.
Il est plus net v. 2241 :
par ma allo oiu colon
guella ow cher.
Le second vers ne doit pas dépendre du premier. En tout
cas, ce n'est pas un optatif, comme l'a cru Norris. Cet idio-
tisme est d'un usage courant dans tout le vannetais. Ainsi, en
bas vannetais, on dit couramment : rçdcl par me (ma) hçllchet,
courez tant que vous pourrez ; par ma hcUo ou par ma hçlJey
en vannetais signifie le plus qu'il pourra.
V. 2013 : li'hxp an lyn, a smal whip.
C'est un surnom, comme le montre àXQC évidence le v. 2081 :
Frappe derrière (fouet du derrière) ; cf. Will, Lexic. : breechiuhip.
Le vers suivant doit être altéré.
Etiuirs corniijiics. 265
V. 2018: lia brak^xc, rak cf a sur ny skap.
no inasiijj surely he goes forth.
Norris a cru qu'il avait affaire dans brnkgye a une mauvaise
grapliie pour hraihky = gall. bratbi^i, niastiff, mais c'est tout
à fait impossible, comme suffit à le montrer la construction à
défaut de l'orthographe. Braki^^yc se trouve sous la forme brnggye
dans Bcuii. wcr., 3507, 3491, 1597)- H paraît avoir le sens de
l'anglais to brag, se vanter, insulter. M. Whitley Stokes le
compare à l'italien brago, v, fr. brai, slime, ce qui est impos-
sible.
Si le g était dur, véritablement guttural, ce serait le français
hraguer, passé en breton (bragal, se pavaner), mais l'ortho-
graphe avec double gg et kg- me paraît indiquer un son -dj-,
ce qui est confirmé par VEngUsh Dial. Dict. : comique : brage,
to rage, to scold violently. Wright représente justement la
prononciation par brcd~^ (français brcdj-^.
v. 2032 : ythof cuthys : I am ovenvhelmed . Norris a vu dans
Cîithys le participe caché. C'est un dérivé de cuth, ciicth (bret.
keu:(): « je suis repentant. »
v. 2053 : y me fe: mss. y mefc = y ma -|- eve; d. plemc,
plenieve (Gr. Celt.-, p. 555).
V. 2084: riiDi gucn, indecd : « par mon derrière »; gall.
gwen, anus.
v. 2094: y fyys, thou fleest. C'est la i'^ pers. du sg. du
prétérit.
V. 2097 : ynignen, move himself. C'est probablement le sens,
mais ce verbe ne se trouve pas ailleurs.
V. 2120: me a'n naboiu dyougel :
I knoiu it certainty.
Le sens est: « Je le reconnais, je le proclame avec certi-
tude. » Ce n'est sûrement pas un xcxhc aniiaboiu ^^ gall adnabu
(v. Rem. et corr. à naboiu).
V. 2128: cuth y clewas: I heard them going.
Le sens est : effrayant, horrible à les entendre (effrayants
à entendre): cuth, uth, bret. 6?//~, eu::^us (haut-vann. eah,
eahus) .
V. 213 I : toul, hole; ici le sens est plan, artifice.
V. 2146 : orth agas gortos: by you delay; plus exactement :
266 J. Loth.
« en vous attendant (breton moyen *t?//;( os gortos; brct. mod.
oc'b 0 corto:^).
V. 2149: orth un prysly: at a tavcrn.
Ly ne peut être pour le comme l'a supposé Norris. C'est
probablement ly, déjeuner: « en train de déjeuner » ; mais
comme l'a £iit remarquer Norris en note, un est peu régulier,
prisly n'étant pas un verbe.
V. 2154: agas bus, there is with 3'ou : « que vous avez »:
brct. 0 peu s = *os heu s.
V. 2224: may heu vy cres : that 1 may live peaceful. Il faut
lire may ben avec flexion personnelle irrégulière (régul. : 'ma'ni
be vy) : « pour que j'aie la paix. »
v. 2250: tbe wyth na the sul: nothing to do nor to look at:
« ni jour ouvrier ni dimanche. »
v. 2286, 2389: aperfeth: mss. aperveth; Norris: perfeclly.
Le sens est : au milieu ; cf. gall. perfedd.
v. 2302: rak devones dewolow: for devils hâve sucked him.
Je traduis: « de peur que viennent des diables. »
v. 2303 : ihein leroge; v Rem. et corr.
V. 2353 : pen pusorn : the end of a song (v. Rem. et corr.).
V. 2335 : ye re gymmy toi oiu guen : I luag my ta il at y ou.
C'est de la pure fimtaisie.
v. 2i)<): faborden, bass ; c'est le ùinçàis faux-bourdon.
v. 2383: amgiifellhavy,hi\ssi^en me: « qui m'aura vu moi. -»
v. 2395 : agan unneh, ourselves only. Le sens est: nous on:;e
(on~e par suite de la mort de Judas).
V. 2407 : luortb agan arvcth : armed against us : « en train de
nous menacer, attaquer » ; cf. gall. arfeiddio; v. Rem. et corr.
V. 2464: why dew a dew
a pregoth yn aweyl greiu :
and also you, two and two
Go far away preaching.
Je traduis : « Et vous, deux à deux, vous prêcherez V Evangile
pur (ou d'une façon pure). Grew doit être pour crew (croezv)
= gallois croeiu, frais, pur; afongroew, rivière pure avec eau
fraîche ; dnfr croeiv, eau fraîche ; liais croew, voix claire, pure.
Williams, en dépit de la construction et de l'évidence, a fait de
grew l'impératif (greugh).
Êtud'-s comiques. 267
V. 2467: hcsyihyys a vo : and is diligent « qui sera baptisé ».
V. 2470: ny yl bos am scrvygy:
cannot be iii\ servants:
plus correctement : « ne peut être de mes serviteurs. »
V. 2483 : aiveyl theiigb, flir froni you : « à votre vue, à vous. »
Il taut lire a lueyl.
V. 2485 : yth sef, I shall sit. C'est sûrement une 3^ pers. du
sg. Il doit y avoir une taute de scribe (jne sef = me a sef})
V. 2487, 2502: dezvys, régulièrement traduit par Godhead ;
mais iems. porte de-wsys, humanité, gall. dyndod (Stokes, Coll.).
V. 2492 : y bones druth, that he is hrought : « qu'il est cber^
chéri »; v. Rem. et corr.
V. 2493 : my ny won pyiue cammen:
I know not what is the way.
« Je ne sais pas dti tout qui c'est. »
V. 2508: me a dyp: for / szcear : « Je présume « ; v. plus
haut.
v. 2519: scntb, pHght. Le sens est grand dommage, ruine;
V. Renuirques et corr.
V. 2546 : devethys, ended : trad. : venu.
V. 2548: yn an cothfos: knowing it. Cothfos est sans doute
pour gothfos : « dans, à notre connaissance. »
V. 2559: dre a grogen: through the skin. Le nis. a an gro-
gen, le crâne (Stokes, Coll.).
V. 2561 : degenow, departed ; v. Rem. et corr. à tegensyiue.
V. 2)' 6: tervyns, tempest : trad. : tourments {Rem. et corr.).
v. 2382: lym ha glev: sharp and stiff. Glev est le gallois
gleiL', vaillant. Le mot a le sens de véhément et aursi poignant.
V. 2595 : zvar skiuych: on a sudden. Williams traduit luith a
jerh ?
V. 2G12: a hnhon: on high : « au-dessus de nous. »
"&'
(à suivre.)
]. LOTH.
CHRONIQUE
SOMMAIRE: I. Alexander Carmichael, Deirdire. — II. Transactions of thc honourable
Society cf Cymmrodorion. — III. Cymmrodor, t. XVII. — IV. L. Passy, Les origines
de la ville de Gisors. — V. L. Barrau-Dihigo et R. Poupardis, Cartulaire de Saint-
Vincent de Lucq. — VI. A. Holder, Altceltischer Sprachschatz, seizième livraison. —
VII. Les matronae Saluennae.
I
Deirdire est le titre d'un volume que vient do faire paraître M. Alexander
Carmichael ' . C'est un conte populaire gaélique recueilli de la bouche d'un
paysan, en 1867, dans l'île de Barra, une des Hébrides, archipel situé au
Nord-Est de l'Ecosse dont il est une dépendance. M. Carmichael avait donné
une première édition de ce texte en 1887 dans le tome XIII des Transactions
of tbe Gaelic Society of Inverness, p. 241-257. Des traductions en ont été
publiées, l'une complète en anglais, sans nom d'auteur, dans le Cellic
Maga-{ine de M. Alexander Macbain, t. XIII, 1887-1888, p. 69-85, 129-158,
une autre de la première partie seulement, en français par M. G. Dottin
dans le Cours de UHàatiire celtique, t. V, 1892, p. 236-252.
Il y a de ce document plusieurs rédactions : la plus ancienne, sensible-
ment différente de celle que nous devons à M. Carmichael, paraît remonter
à l'époque payenne ; on en a trois éditions. La première a été publiée en
1808 par Théophile O'Flanagan, sous le titre de: The aucieut historié Taie
of tbe Death of thc Children of Usnach, Loiiiges mac n- Usnig ; elle se trouve
dans la cinquième partie, p. 145-177, du volume intitulé Transactions of the
Gaelic Society of Dublin 2. Le texte irlandais est accompagné d'une traduction
anglaise.
1. Deirdire and the Lax of the children of Uisne, orally collected in the island
of Barra and literalh' translated by Alexander Carmichael, Londres, David
Nutt, in-80, 146 pages: prix 3/6. M. A. Carmichael est l'auteur des Car-
niina Gadelica, deux volumes in-40 qui ont paru à Edimbourg en 1900;
voir, Rt'i7/e CW/Z^HC, t. XXII, p. 116-1 18.
2. Ce volume est divisé en cinq parties, chacune avec pagination dis-
tincte : la première paginée en chifires romains, xxvi pages, les suivantes
paginées principalement ou même exclusivement en chiffres arabes, 2° 40
pages, 30 iv-54 pages, 4° vii-56 pages, S'= Partie 258 pages.
Chronique. 269
La seconde édition à laquelle est aussi jointe une traduction anglaise date
de 1862; elle a été insérée par E. O'Currv dans le tome III du recueil
imnulé A llatitis, p. 398-417. Le titre est Loiigas inac nVishanil ; The exil
of the ChiUii'ii of Uislc.
La troisième édition, donnée sans traduction parM. E. Windisch en 1880,
occupe les pages 67-S2 du tome I'-'' des Irische Texte, où elle porte le titre
de Longes mac ?i-Lo«/>. Cette dernière édition, faite d'après le plus ancien
manuscrit, est la meilleure des trois qui nous offrent le texte primitif.
Le principal intérêt que présente la publication de M. Carmichacl est de
nous montrer comment le peuple transforme les vieilles légendes qui con-
tinuent à l'intéresser. Nous allons en donner deux exemples, pris, l'un au
début du morceau, l'autre à sa conclusion.
Dans la rédaction primitive la femme de Fedlimid est enceinte, elle n'est
pas encore accouchée ; le druide Cathbu annonce que l'enfant qu'elle va
mettre au monde sera une fille d'une remarquable beauté, que des rois pré-
tendront à sa main et qu'à son occasion beaucoup d'hommes perdront la
vie. Ce récit date d'une époque où on ne lisait pas la Bible. Alors on ne
connaissait pas les versets 10-18 du chapitre xviii de la Genèse, où un hôte
d'Abraham prédit à ce patriarche que Sara, sa femme, malgré son âge
avancé, lui donnera un fils. Dans le texte publié par M. Carmichael la
mère de Deirdire a, comme Sara, passé l'âge où les femmes deviennent
mères, et, comme l'hôte d'Abraham, un devin prédit la future grossesse
qui se terminera par une naissance ; toutefois cette naissance ne sera pas
celle d'un fils comme Isaac, ce sera celle d'une fille, Deirdire.
La conclusion du récit primitif est que Noise, mari de l'héroïne, ayant
été tué par ordre du roi Conchobar, la malheureuse devient concubine de
ce tyran qui, l'année terminée, la donne comme concubine pour une autre
année à l'assassin de Noise. On la fait monter dans un char et le meurtrier,
y montant avec elle, l'emmène ; elle se précipite au bas du char, sa tête
porte sur une pierre, elle est morte. Le mariage annuel des concubines en
Irlande est un usage payen qui paraît avoir survécu quelque temps à saint
Patrice. Il n'est plus admis dans les Iles Britanniques. Aussi le texte de
M. A. Carmichael n'en parle pas : quand, dit ce texte, le corps de Noise
a été placé dans la fosse, son héroïque épouse s'y précipite à côté de lui, elle
meurt, la douleur l'a tuée. C'est ainsi que se termine également le plus
récent des textes publiés en 1808 par O'Flanagan '.
On trouve la même conclusion dans la pièce intitulée Oidbe Chloinne
Uisnigh, publiée en 1898 parla Sociely for the Préservation of the irish Lan-
guage et qui est la seconde et dernière partie du texte dont M. Carmichael
vient de publier une rédaction gaélique complète.
I. Transactions of the Gaelic Society, 5c partie, p. 16-135. Ce texte paraît
tiré du ms. H. i. 6 du Collège de la Trinité de Dublin qui date de 1758;
cette observation est d'O'Curry, Allantis, t. III, p. 378. La finale est à peu
près la même chez Macpherson, Fiiigal, Londres, 1762, p. 170, 171, où
Darthula meurt d'une blessure.
270 chronique.
Dans la rédaction irlandaise recueillie par M. G. Dottin, bien loin de
l'île de Barra, à Galway, Connaught, en 1891 ', l'héroïne se fait aussi
enterrer dans la même fosse que Noise son époux et ainsi elle échappe aux
odieux embrassenients du roi ; mais, au début de la pièce, la prédiction a
lieu après la naissance de l'enfant, non avant comme dans la rédaction
primitive et dans celle de M. Carmichael.
Dans le texte publié par M. Douglas Hyde en 1899 d'après un ms. de
Belfast qui paraît dater de 1800 2, la date de la prédiction est la même que
dans la rédaction recueillie par M. Dottin en 1891 ; elle est postérieure à
la naissance de l'enfant ; cela évite le recours à la Genèse et en même
temps cela choque les modernes moins que la prédiction druidique faite
avant la naissance comme dans le texte primitif.
Je n'ai pas à parler ici des mss. 55 et 56 de la Bibliothèque avocats
d'Edimbourg sur lesquels on peut consulter une savante publication de
M. Whitley Stokes 3 et les Reliquiae celtkae de Cameron 4. Le texte de ces
manuscrits est un développement de la rédaction primitive fait par un homme
de lettres à une date qui reste à déterminer. Ce texte appartient non au
folklore, comme la publication de M. Carmichael, mais à l'histoire littéraire
de rirlande, où il tient une place importante; il est en dehors de notre sujet,
comme la majeure partie du texte analogue qui occupe les pages 16-135,
dans la cinquième section des Transactions of the Gadic Society, publiées en
1808.
II
Les Transactiofis of the hononrahh Society of Cymvirodorion pour l'année
1903-1904 contiennent, p. 59-83, un important mémoire intitulé Prolego-
meiia to the Stiidy of ohi icelsh Poetry. Il est l'œuvre du professeur E. Anwyl
dont lu Revue Celtique a plusieurs fois mentionné les études sur les quatre
branches du Mabinogi i. Espérons que le savant auteur réunira un jour en
un volume ses articles épars sur la poésie galloise.
III
Dans le tome XVII du C\mmrodor, nous signalerons d'abord la suite du
mémoire de M. Wardle sur le saint Graal. Le commencement de ce mémoire
a paru dans le tome XVI du Cymmrodor et la Revue Celtique en a parlé,
1. Rei'iie Celtique, t. XVI, p. 426-449.
2. Zeitschrift fur celtische Philologie, t. II, p. 142-155 ; Douglas Hyde, A
literary History of Ireland, p. 304-510.
3. Irische Texte, seconde série, 2^ livraison, Leipzig, 1887, p. 109-184.
4. Reliquiae cdlicae left by the late Rev. Alexander Cameron, edited l'y
A. Macbain and J. Kennedy ; t. II (1894), p. 421-474.
5. Zeitschrift fur celtische Philologie, t. I, p. 277-293; t. II, p. 124-133;
t. III, p. 123-134. M. Anwyl est professeur de philologie celtique à VUni-
versity of IVales, dont le siège est à Aberystwyth, Pays de Galles.
Chronique. i-j \
t. XXV, p. 91, 92. La conclusion est que la notion du vase merveilleux
appelé saint Graal n'est pas d'origine celtique, mais que l'idée du roman de
la quête du saint Graal a été suggérée par un incident du roman gallois de
Percdur, dont la quête du saint Graal est quant à la forme une imitation.
Dans le même volume le Rev. L. Baring Gould critique l'édition de la
vie de saint Germain d'Auxerre publiée par les Boliandistes, Acla sancto-
niiii, juillet, VII. 200. 11 collationne le texte imprimé avec le nis. de la
Bibliothèque nationale de Paris, Nouvelles acquisitions, 2178, provenant
de Silos, Espagne. Cette collation couvre onze pages.
Enfin M. A. W. Wade Evans a copié les f"» 61 A-76 B du ms. 37 de
Peniarth et offre le texte imprimé de sa copie aux érudits qui voudront le
comparer avec l'édition du Gu'entiaii Code donnée par Aneurin Owen en
1 84 1 dans les Aucieiit Lazus and Inslitutes of Walcs.
Dans la livraison précédente de la Revue celtique, p. 177, 178, il a été
rendu compte du tome XVIII du Cyiiimrodor.
IV
Une brochure dont le titre est Les origines de la ville de Gisois vient d'être
publiée par M. Louis Passy. Gisors est une petite ville du département de
l'Eure. Une charte de Richard I^r, duc de Normandie, 968, l'appelle Gisorlis,
notation qu'on trouve aussi dans la première moitié du xii^ siècle chez Or-
deric Vital '. M. Passy propose un primitif G/j;o-;77h7h. Pour expliquer l'^r
final de Gisorlis et de Gisors, il faut supposer un nominatif accusatif pluriel
neutre originaire, *Giso rita, devenu suivant la loi commune un accusatif
pluriel féminin lors de la décadence latine, par conséquent *6'e5o-?77fl.r, com-
parez Vernimptas = Ver-nemeta, aujourd'hui Vernantes, Maine-et-Loire 2.
De Giso-rita le second terme, rita, aurait signifié « les gués » ; le pre-
mier terme -giso- devait être un nom d'homme dont Gizay, Eure, et Gizay,
Vienne, formes modernes d'un primitif Gisacus 3, semblent dérivés. Gisy,
Yonne, et Gizy, Aisne, paraissent tenir lieu d'un gallo-romain *GisiacusA,
dérivé d'un gentilice *Gisius qui lui-même dériverait d'un nom d'homme
gaulois *Giso-s.
V
Les débris du cartulaire de saint Vincent de Lucq, Basses-Pyrénées, publiés
par MM. L. Barrau-Dihigo et R. Poupardin, consistent en vingt-six docu-
1. Édition d'A. Le Prévost, t. IV, p. 21, 104, 307, 398, 451, 453, 474;
t. V, p. 164.
2. Longnon, Atlas historique de la France, p. 207.
3. A. Hoïder, Allceltiscîier Sprachschal:(, t. I, col. 2023. La variante G/-
siacuin donnée d'après des cartulaires par M. de Blosseville, Dictionnaire
topographique du département de l'Eure, p. 98, et par L. Redet, Dictionnaire
topographique du département de la Vienne, p. 194, sont le résultat d'une tra-
duction défectueuse et relativement récente du nom français.
4. (Xuànlin, Dictionnaire topographique du département de l'Yonne, p. 60;
Matton, Dictionnaire topographique du département de l'Aisne, p. 125.
272 Chronicjue.
mcnts, chartes ou notices, dont les plus anciennes peuvent être de la fin
du \'^ siècle, les plus récentes du commencement du xw^. On y rencontre
un nom d'homme d'origine gauloise, Ccnlitllus i, mieux CintnUus * , ce nom
fut porte par plusieurs vicomtes de Bcarn. Avitoss 5 est peut-être un primitif
Aitilosctis, liguro-romain ; on dit aujourd'hui Abidos. Camalos 4 est peut-
être un nom de lieu liguro-gaulois, tenant lieu d'un primitif Gi;mj/o5Cî/5, ces
mots seraient dérivés l'un du latin Aviliis, l'autre du gaulois Camalos '> .
VI
La seizième livraison de l'excellent Altccltischcr Sprachschali de M. Alfred
Holder a paru il y a quelques mois. Elle comprend la fin de la lettre /,
Tdorus-Tyticus ; elle termine le tome II. L'impression du tome III est com-
mencée. Après les articles concernant les mots dont la lettre initiale termine
l'alphabet, on y trouvera un supplément considérable. Puissions-nous voir
bientôt terminé cet immense recueil qui est appelé à rendre de si grands
services aux historiens et aux linguistes?
VII
M. Borrel, architecte à Moutiers (Savoie), démolissant un vieux mur, y
a trouvé une inscription qui donne le nom des iiiatroiiae Salueniiac, incon-
nues jusqu'ici des épigraphistes.
H. d'Arbois de Jub.mnville.
1. P. 8, 9, 10, II, i6, i8.
2. Cf. CinluUia, A. Holder, Allcdtischcr Sprachscbat^, t. I, col. 1023.
3. P. 12 et I).
4. P. 28.
5. Holder, AUceltischer Spiachscbali, t. I, col. 707.
PÉRIODIQUES
SOMMAIRE: I. Kriu. — II. Celtic Review. — III. Journal of the Royal Society of
Antiquaries of Ireland. — IV. Annales de Bretagne. — V. Hermine. — VI. Boletin
de la real Acadernia de la Historia. — VII. Revue des études anciennes. — VIII.
L'anthropologie. — IX. Revue des traditions populaires. — X. Bulletin de la société
nationale des antiquaires de France, — ,X1. Indo-ger^nanisclie Forschungen. —
XII. Beitraege zur Kunde der indo-germanischen Sprachen. — XIII. Zeitsclirift fur
celtische Philologie. — XIV. The irish ecclesiastical Record. — XV. Bulletin
archéologique du comité des travaux historiques. — XVI. Revue épigraphique. —
XVII. Analecta Bollandiana.
I
Ériu. The Journal of the School of Irish Learning, Dublin, edited hy Kuno
Meyer rt«(/ John Strachan. Vol. I, Part I, II.
Parmi les nombreux articles que nous offre ce périodique nouveau nous
distinguerons deux catégories : 1° les te.Ktes irlandais ; 2° les dissertations
grammaticales.
Dans la première catégorie nous signalerons d'abord l'édition par M. Kuno
Meyer de la pièce qui a pour objet la mort de Conlaoch ou Conla, tué par
Cûchulainn, son père (p. 113-121). Conlaoch ou Conla était fils d'Aife,
d'où le titre du morceau : « Mort tragique du fils unique d'Aife », Aided
Enjir Aiji. M. Kuno iMeycr a donné son édition d'après le plus ancien ms.
connu qui est le Livre jaune de Lecan, fin du xivc siècle, p. 214-215 du
fac-similé publié par M. R. Atkinson. M. Kuno Meyer fait observer que dans
la liste des niss. qui contiennent ce document d'après l'Essai d'un catalogue
de la littérature épique de l'Irlande, il manque l'indication du ms. LXII de la
bibliothèque des avocats d'Edimbourg, wiii^ siècle (Revue Celtique, t. VI,
p. 1 1 5). Il aurait pu ajouter le n" XXXVIII de la même bibliothèque, même
date, signalé par lui-rnême il y a vingt ans (Revue Celtique, t. VI, p. 191).
Enfin il n'a rien dit d'une lacune du même Essai d'un catalogue où ne sont
pas mentionnées les éditions qu'ont données des rédactions gaéliques de ce
document: 1° William F. Skene en 1862 dans The Dean of Lismore's Book,
traduction, p. 50-53 ; texte gaélique, p. 35, 36; 2° J. F. Cambell, Lcabhar
na Feinne, 1872, p. 9-15 ; 3° Alexander Macbain et John Kennedy, Reliquiae
CeUicae... Icft by the late Rev. Alexander Cameron, t. II, 1892, p. 59-62. Il
Rtmt Celtique, XXVI. 18
^■^4 Périodiques.
ne parle pas non plus du texte irlandais moderne publié avec traduction
par M. G. Dottin dans la Revue Celtique, t. XIV, p. 1 19-136, 1893. Quoi
qu"il en soit, l'édition de M. Kuno Meyer est la plus importante qui ait paru
jusqu'ici de ce texte si curieux dont une variante iranienne est bien con-
nue. Le texte irlandais est accompagné d'une traduction anglaise.
En second lieu M. Kuno Meyer a donné une autre traduction anglaise,
celle des Exploits de Find enfant, Macgiiiiiuirtba Fiuu, dont il avait publié
le texte irlandais d'après le ms. Laud 610 de la Bibliothèque Bodléienne
d'Oxford, xve siècle, dans la Revue Celtique, tome V, p. 197-204, il y a un
peu plus de vingt ans, édition dont l'errata par le même auteur a paru en
1899 dans Archiv Jiïr ccllische Lexicographie, t. I, 3^ livraison, p. 482.
Une autre publication importante de M. Kuno Meyer a pour objet deux
textes juridiques. L'un est le traité de l'organisation sociale intitulé Crith
gahlach, datant, suivant lui, du vme siècle, et la suite de ce traité, qui ont
été publiés déjà deux fois, la première en 1875 par W. K. Sullivan dans le
célèbre ouvrage d'O'Curry, On the Manuers and Customs oj the Ancient Irish,
t. III, p. 467-512 et 513-522, d'après le ms. H. 3. 18 du collège de la Tri-
nité de Dublin, la seconde en 1879 dans le t. IV, p. 298-341 et 344-369 des
Ancient Laws of Ireland, toujours d'après le même manuscrit'. La seconde
édition corrige quelques-unes des fautes de la première, ainsi, p. 298, 1. i,
eipei au lieu de enper « on dit » (eperr par deux r vaudrait mieux -). M. Kuno
Meyer a dressé pour la seconde édition quatre pages d'errata. En second
lieu le même savant a publié comme supplément un texte inédit traitant
des partages, p. 214-215.
Nous citerons ensuite une chronique irlandaise qui va de 979 à 1027 et
que M. Richard Irvine Best a donnée, p. 78-104, avec accompagnement de
notes et d'index, p. 105-112, et d'une introduction, p. 74-77. Les manuscrits
qui ont servi de base à cette édition ne datent malheureusement que du
xviiie siècle.
Nous aurions tort d'oublier 1" « Incendie de la maison de Find », Tôitedn
tighe Finn publié par M. E. J. Gwynn, p. 13-37.
C'est à M. J. Strachan que sont dues les principales dissertations gram-
maticales. Il sexait à désirer que le savant auteur dont nous avons déjà tant
d'excellents travaux sur la grammaire irlandaise nous donnât un volume où
le résultat de ses savantes études serait disposé méthodiquement avec
accompagnement d'index qui rendraient les recherches plus rapides.
■ La place me manque pour parler des autres articles, mais je me ferais un
reproche de ne pas citer les collaborateurs dont je n'ai rien dit et de ne pas
adresser des félicitations à MM. O. J. Bergin, J. G. O'Keeflfe, M. E. Byrne,
1. La seconde édition, plus complète que la première, contient de la page
554, 1. 15, à la page 369, un texte et la traduction d'un texte qui manquent
dans la première édition.
2. Priscien de Saint-Gall, 215 a 3, Whitley Stokes et John Strachan,
Thésaurus palaeobibernicus, t. II, p. 217.
Périodique^. 275
J. H. Lloyd, T. P. O'Nowhin, que i\I. Kuno Meyer et John Strachan ont
groupés autour d'eux dans leur intéressante publication.
Comme supplément à la seconde livraison MM. Kuno Meyer et J. G.
O'KeetTe ont donné, à la fin de cette livraison, les 52 premières pages
d'une édition du Tain bô Cûiuhigi d'après le Livre jaune de Lecan et le
Lebor na hUidre. Ces 32 pages se trouvent aux pages 54-64 du Lebor na
hUidre et aux pages 17-24 du Livre jaune de Lecan. La dernière ligne,
p. 32 de l'édition, correspond à la ligne 30 de la page 24 a du Livre jaune
de Lecan et à la ligne 31, p. 64 /? du Lebor na hUidre. L'édition commencée
par MM. Kuno Meyer et J. G. O'Keeffe offrira le texte irlandais dont Miss
Winifrid Faradav a donné la traduction anglaise dans le tome XVI de la
Grimm Library publié à Londres par la maison David Nutt. Il sera inté-
ressant de comparer le texte de cette édition avec celui que va donner
M. E. Windisch qui a pris pour base le Livre de Leinster et le ms. du British
Muséum, Additionnai 18748.
II
En juillet 1904, au tome XXV, p. 374 de la Revue Celtique, il a été rendu
compte de la première livraison de la Celtic Review, publiée à Edimbourg
sous la direction du professeur Mackinnon et de Miss E. C. Carmichael.
Depuis, trois nouvelles livraisons de cet excellent périodique ont paru.
M. Mackinnon y a continué la publication du ms. Glenmasan de la biblio-
thèque des avocats d'Edimbourg concernant les aventures de Fergus contem-
porain du héros Cuchulainn, du roi Conchobar et de la reine Medb.
M. Whitley Stokes y a donné un recueil d'énigmes irlandaises tirées du Livre
de Fermoy, ms. du xv« siècle. Citons encore le mémoire de M. Georges
Hcnderson sur la légende de Find. Je regrette que le défaut de place
m'empêche de parler des autres articles de cette intéressante revue.
III
Le tome XXIV et la première livraison du tome XXV du Journal of
THE ROYAL SociETY OF ANTiauARiES OF Irel.wd sont pour la plus grande
partie consacrés à des époques trop modernes pour nous. Nous signale-
rons pourtant dans le tome XXIV : 1° une notice sur le dolmen, ou, comme
on dit en anglais, le cromlech de Clont3-gora au comté d'Armagh, descrip-
tion et gravure ; 2° ce qui est dit des deux haches de pierre polie et d'un
pot de terre trouvés au comté de Monaghan, notjce accompagnée d'une
planche; 3° un compte rendu sommaire de l'excursion archéologique dont
nous avons signalé le compte rendu détaillé dans notre précédente livraison
ci-dessus, p. 183, 184; 4° le mémoire de M. Thomas J. Westropp sur les
motes irlandaises et les plus anciens châteaux normands (les châteaux nor-
mands étaient construits en pierre, tandis que les plus anciens châteaux
irlandais étaient de bois, mais un château normand a pu souvent succéder
à un château irlandais); 5° deux mémoires, l'un de M. Goddard H. Orpen,
2-] G Périodiques.
l'autre de M. Lvnn sur les inscriptions irlandaises apocr^^phes de Baginbun
et de Fethard, mauvaises reproductions de l'inscription de Carew, comté de
Pembroke ', dont M. J. Rhys lit le premier mot Margeteud (mieux Margi-
tciid); il le considère comme identique au gallois Maedudd = *Margitiud^,
écrit Maredudd dans le Brut y tytvysogion j, Maredul dans les Annales Cam-
hiacA. L'inscription de Carew est donc galloise et ses deux reproductions
en Irlande ne peuvent s'expliquer que par une maladive fantaisie archéolo-
gique; deux gravures accompagnent le mémoire de M. Goddard H. Orpen,
trois celui de M. Lynn S.
Dans la première livraison du tome XXV nous signalerons la notice de
M. Edmond T. Bewley sur un menhir (on dit en irlandais o-û//jh, en anglais
piUar stûue), qui existe à Leighlinbridge, comté de Carlow. GalLin est un
diminutif de gall, qui signifie « borne de propriété » suivant le glossaire
de Cormac et qui tirerait ce nom des Galli « Gaulois » ; ce seraient les
Gaulois qui auraient introduit en Irlande l'usage de marquer par des bornes
la limite des propriétés 6. C'est deux ou trois cents ans avant notre ère que
les Gaulois firent la conquête de la Grande-Bretagne et d'une petite partie
de l'Irlande. Il est difficile d'admettre qu'avant cette date les Irlandais n'aient
pas connu l'usage des bornes. A comparer dans le volume précédent la
notice de M. Courtenay Moore sur le Ballindangan Gallaun au comté de
Cork qui aurait été, semble-t-il, un monument funèbre (?).
IV
Des Annales de Bret.\gne, t. XX, livraisons i, 2, 3, nous citerons:
1° le mémoire de M. Le Braz sur Cognomerus et sainte Tréfine, dont la
Rn'ue Celtique a reçu le tirage à part et dont nous avons parlé, t. XXV, p.
356; 2° le texte breton, publié par M. J. Loth, d'une proclamation faite en
breton sous la première république par le général Danican. Elle commence
par ces mots :
Etii an oll roiiane discaromp ar pennou ;
Na garoinp voar ar bed nemct al h\ennoit.
« De tous les rois abattons les têtes ;
« Nous n'aimons dans le rnonde que les lois. »
30 La suite des notes d'étymologie bretonne de M. E. Ernault; il s'agit
principalement de mots d'origine française, d'abord de ceux qui en français
1. Emile Hùbner, Inscriptiones Britanniae Christianae, p. 34, n° 96.
2. Lectures on welsb Philology, 2<^ édition, p. 96, 234.
3. Édition de John Williams ab Ithel, p. 406-468.
4. Éditées par le même auteur, p. 20, 21, 23, 26 et suivantes.
5. Nous ne parlons ici que des Hvraisons i, 3,4. Nous n'avons pas reçu
la livraison 2.
6. Whitlev Stokes, Three irish Glossaries, p. 23 ; Cormac' s Glossaries,
p. 84.
Périodiques. 277
contiennent la lettre /, puis de quelques autres mots ; 4" le plus ancien
texte suivi en breton de Vannes, c'est une formule de prône imprimée
à Vannes en 1631. L'éditeur de ce document est M.J. Loth. On y observe
divers caractères du Vannetais moderne, par exemple : l'article en, er, et
non auu, ar, le pluriel en -eu et non en -oti ; la nasale conservée à l'infinitif
de certains verbes qui ailleurs l'ont perdu : raw"- pour rci « donner »
pedeiug pour pedi « prier » ; s° réfutation par M. J. Loth de la doctrine de
M. Baring Gould qui a inventé un saint Germain armoricain ; 6° la vie et
le culte de saint Armel, savante étude de AL F. Duine.
V
Dans le tome XXX do riInRMixK, M. F. Duine a publié un recueil de
textes relatifs à saint Gobrien, légendaire évéque de Vannes, sur lequel on
ne sait rien de certain. Ms^ Duchesne n'a pas trouvé son nom dans les
documents qui peuvent servira dresser la liste des évêqucs de Vannes ■. On
doit féliciter M. F. Duine des critiques dirigées par lui contre les légendes
qui encombrent l'hagiographie bretonne.
VI
Parmi les savants articles que le P. Fidel Fita a publiés à Madrid dans le
BoLETiN DE LA RE.\L Ac.^DEMIA DE LA HisTORiA, d'octobre 1904 à juin
1905, nous citerons ceux dans lesquels il a donné les inscriptions romaines
inédites oii se trouvent les noms de personnes suivants: i° A Ibahcr-
nando, province de Caceres, Caicilia Araiito dont le cognomen Aranta
devrait, ce semble, être rapproché du basque arant-a « épine » et du nom
de femme Ranto relevé dans une inscription recueillie à San-Esteban-de-
Gormaz, province de Soria 2 ; 2° Tiireimia, nom de femme, à Lebefia, pro-
vince de Santander; ce nom paraît dérivé de Tnrennus, nom d'homme dans
une inscription de Léon 3, d'où le terme géographique français Turennc,
Corrèze, plus connu comme nom d'un homme célèbre ; 3° Aibams Madiii
filins et Boulia dans des inscriptions de Coria. Bon tins et Boutia sont des
noms fréquents dans les inscriptions d'Espagne 4, mais Aibarus et Maduus
étaient jusqu'ici inconnus.
M. Edouard Jusne a publié quelques chartes inédites extraites du cartu-
laire de Santo Toribio de Liebana, province de Santander, 796-828. On y
trouve mentionnés, dans une charte de 796, un cours d'eau appelé Deva et
1. Fastes èpiscopaux de l'ancienne Ganle, t. II, p. 371-376. Lobineau, Les
Vies des saints de Bretagne, édition de 1725, p. 218, donne une vie de saint
Gobrien qui n'est pas plus digne de confiance que celle d'Albert Le Grand.
2. Corpns inscriptionuni Latinarnni, t. II, no 2825.
3. Corpns inscript ionnin latinarnni, t. II, n" 2671.
4. Corpus inscriptionnm lutinaruni, t. II, p. 1079.
278 Périodiques.
une abbaye nommée Velîenia, mieux Bdeitia. Bekiiia, dérivé du nom divin
Belenos et Dira « déesse » sont deux noms gaulois.
Dans le n° de juillet-septembre 1904 avait paru un mémoire de M. Gomes
Moreno sur l'archéologie de la région du Duero, notamment sur la forte-
resse de Yecla la Vieja.
VII
Revue des études ancieknes, octobre i904-)uin 1905. Notice de M. G.
Arnaud d'Agnel sur un bas-relief découvert à Vachères, Basses-Alpes, et
qu'il croit celtique.
Mémoire de M. G. Dottin : « La langue des anciens Celtes ». C'est
l'œuvre d'un homme compétent, peut-être un peu trop sceptique. Ainsi il
n'admet pas que dans les inscriptions gauloises iciirii soit un verbe. C'est
suivant moi une première personne du singulier du présent de l'indicatif
signifiant « je fois foire' ».
Il prétend que nous ne savons rien des cas du gaulois. Il n'y a, suivant
moi, rien à répondre à l'article d'Ebel sur l'accusatif pluriel en -as des
thèmes consonantiqucs gaulois (Revue Celtique, t. II, p. 405-404). La doc-
trine d'Ebel a été confirmée par la publication de l'inscription latine où se
trouve l'accusatif pluriel Ceutronas (C. /. L., XII, 115).
Le génitif en / et le nominatif en -os des thèmes en 0- sont établis par les
deux premiers mots Doiros Segoniari (c'est à-dire Doiros fils de Sei^oiiiaros')
d'une inscription gauloise de Couchcy, Côte-d'Or, et le datif en -u des
mêmes thèmes résulte du nom divin AUsanii de la même inscription qui se
retrouve évidemment au datif dans une inscription latine de Vésignot même
département. Les deux inscriptions ont été réunies sur la même page par
Hùbner, Excinpla scriptiirae epigraphicae, p. 525. Cette finale u pour 0 long
est d'accord avec le Froulu = Fronto de l'inscription du Vieux Poitiers 2.
La finale en / du génitif des thèmes féminins en -a résulte non seulement
de la désinence irlandaise, mais aussi du datif singulier Br,).T,aa;i.>. de l'inscri-
ption gauloise de Vaison, Vaucluse 5, datif dont la forme latine Belisamae
est donnée par une inscription de Saint-Lizier (Ariège) 4. Le nominatif sin-
gulier correspondant B^À-.îàax est offert par Ptolémée, 1. II, c. 5, § 2 S.
M. Dottin pose en principe que le celtique continental au temps de Jules
César et la langue parlée à la même époque en Grande-Bretagne étaient deux
idiomes différents. Il ne tient pas compte de la conquête faite de la Grande-
Bretagne par les Gaulois sur les Gôidels, deux ou trois cents ans avant notre
1. Ordinairement dans les inscriptions les Romains mettent le verbe à
la troisième personne. Il ne se suit pas de là que les Gaulois aient eu le
même usage, les Romanis eux-mêmes ne l'ont pas toujours suivi.
2. Corpus iiiscriptioituiii latinannii, XII, p. 162.
3. Ibidem, XIII, 1171.
4. Ibidem, XIII, 8.
5. Édition Didot, t. I, p. 85, 1. i.
Périodiques. 279
ère, il ne pense pas à ce roi des Sih'ssiones, Deiiiciacos dont le souvenir sub-
sistait encore nu milieu du i'^'^ siècle avant notre ère et dans le royaume
duquel la Grande-Bretagne était comprise'. A-t-il vu quelque part que
Commios l'Atrebate, envoyé comme ambassadeur en Grande-Bretagne par
Jules César 2, ait eu besoin d'un interprète comme il en fallait en Gaule à
Jules César et à Quintus Titurius 5 ? La comparaison de la nomenclature
géographique de la Grande-Bretagne avec celle de la Gaule est décisive,
elle établit que les Gaulois, conquérant la Grande-Bretagne sur les Gôidels,
y ont apporté leur langue.
Je passe à quelques critiques de détail.
C'est à tort qu'aujourd'hui on donne au gallois drytu le sens de druide,
ce mot est le nom d'un petit oiseau « le roitelet » 4.
Carrits « char » n'est pas venu aux langues celtiques par le latin. Ce
mot nous offre la notation celtique d'une racine krs dont Vr voyelle est
devenu régulièrement iir dans le latin cttrnis, ar dans le celtique carros, ro
dans le vieux saxon bross et dont Vs n'a pas été assimilé à l'r qui le précède
-dans le vieux saxon bross î.
Dans le vieil irlandais carpat, le p est une notation du b et veut dire que
le b ne se prononçait pas v. Le nom celtique du chariot est carhanto- d'où :
1° Carbauto-rate, forme primitive du nom de Carpentras, Vaucluse, devenu
Carpeiito-rate sous l'influence du latin 6 ; 2° Carbaiito-rigoti, nom d'une ville
de Grande-Bretagne? ; de carbanto- dérive régulièrement l'irlandais moderne
carbad^. Carbanto- = hrbanto- vient de la même racine que le latin corbis
= krbi- 9.
Je ne crois pas que dans Boâio-casses le premier 0 soit long et dérive du
celtique *boudi, *bôdi d'où l'irlandais biiaid « victoire ». Pour expliquer le
moderne Baveux et le plus ancien Baiocasses, il faut un gallo-romain *Badio-
casses, dont le premier terme est le latin badins « jaune, bai », traduction
du gaulois bodios par 0 bref, en irlandais hiide 'o.
Quoi qu'il en soit de ces critiques, le mémoire de M. Dottin atteste des
1. De bello gallico, 1. II, c. 4, § 7.
2. De bello gallico, 1. IV, c. 21, § 7 ; c. 27, § 2, 3. Dans ce dernier para-
graphe on lit les mots suivants : cum ad eos oratoris modo Cacsaris man-
data déferrât.
3. De bello gallico, 1. I, c. 19, S 3 ; 1. V, c. 36, § i.
4. Dryw, trocbihis, reguliolns, Davies, Autiqiiac liiioiiae britaiinicae... Dic-
tionarium duplex, Londres, 1632. — Silvan Evans, A Diclionary of Ibe
welsh Langimge, p. 1693.
5. Brugmann, Gritiulriss, t. I, 2^ édition, p. 454, 468.
6. Corpus inscriplioiiiDii latinariini, XII, p. 147.
7. Ptolémée, 1. II, c. 3, S 6; édition Didot, p. 91, 1. 10.
8. Carpenlnm aurait donné en irlandais carcet ou carpel suivant la date de
l'emprunt.
9. Cf. Brugmann, Grtindriss, t. I, 2c édition, p. 465, 469.
10. Cf. Whitley Stokes, Urkeltiscbcr Spracbscbat:^, p. 175, 176.
28o Pcriod'u]ucs.
connaissances étendues et mérite l'attention des savants ; il n'est pas l'œuvre
du premier venu.
Sif<nalons aussi des articles de M.Jullian sur les rapports des Gaulois avec
les religions des autres et sur l'origine de Rayonne; une note de M. A. de
Sarrau sur un débris d'inscription qui parait être l'épitaphe d'un évêque
Boio^niui] et qui a été trouvée à Andernos, Gironde, arrondissement de
Bordeaux, canton d'Audenge, au Sud-Ouest de Bordeaux, non loin de La
Teste de Buch où l'on met généralement la station romaine dite Boii K
Argenteyre, préféré par M. Longnon^, est située dans le canton d'Audenge
comme Andernos où la trouvaille a été faite. Jusqu'à la découverte de cette
inscription aucun texe connu n'avait mentionné l'évèché des Boii dont
naturellement aucun historien moderne n'a parlé.
VIII
L'Anthropologie, t. XV, n" 6, et t. XVI, nos 1-4^ nous offre : un article
de MM. E. CartailhacetH. Breuil sur les peintures et gravures murales exé-
cutées dans les cavernes pyrénéennes par une des populations préhistoriques
qui ont précédé les Celtes; une notice de M. Piette sur les écritures em-
ployées à l'âge du renne, écritures naturellement illisibles : nous ne savons
pas, on ne saura probablement jamais la langue que ces écritures expriment ;
la suite d'un mémoire de l'abbé Breuil sur l'âge de bronze dans le bassin
de Paris; le compte rendu, par M. Maurice Piroutct, de fouilles faites dans
des tumulus aux environs de Salins, Jura.
IX
La Revue des traditions popul.mres, t. XIX et XX, août 1904-avril
1905, renferme notamment des notes de M. F. Duine sur les fontaines de
saint Goven dans le Pavs de Galles et de saint Gobrien en Bretagne ; de
M. Yves Sébillot sur les fontaines du Morbihan ; de M. V. Bugiel sur des
superstitions de Basse-Bretagne dont il a recueilli l'écho à Paris ; de
M. Alfred Harou sur la croyance que dans les fondations d'un édihce il
fallait placer un animal vivant (à comparer la légende de \'ortigern, chez
Nennius, édition donnée par Mommsen, Cbronica vihwra, t. III, p. 182);
de M. V. de R. sur le dolmen de Draguignan dit Pierre de la Fée.
X
Le Bulletin de l.\ société N.vrioN.\LE des .^ntiqu.mres de Fr.\nce,
4e trimestre de 1904, contient une notice de M. Héron de Villefosse sur un
1. Bù'm, Itinéraire d'Antonin, édition Parthey et Pindcr, 456, 4, index,
p. 374 ; Kiepert, Atlas antiquiis ; cf. A. Holder, Alkcltischer Spiachschat:^,
t. I, col. 571.
2. Allas historique de la France, p. 26, cf. p. 146, 169.
Périodiques. 281
buste à trois cornes du musée de Pcrigueux. Il mentionne aussi une com-
munication de M. V.mviilé, suivant lequel l'enceinte antique de Pommiers,
à trois kilomètres et demi au Xord-Ouest de Soissons, serait le NouiocUinutii,
mentionné par Jules César, De IhUo giillico, 1. II, c. 12, § i.
XI
Dans le tome XVII des Indogermamische Forschungen nous signale-
rons l'étymologie des motsirlandais/ra/V « mur » et budcn « troupe » par M. R .
Mesinger, celle de l'irlandais fa'l par M. Brugmann qui rapproche ce mot
du sanskrit vclâ « partie du temps », « heure ». Il paraît ditîicile d'admettre
avec le même savant que l'irlandais droch u roue » aie la même racine que
~?iyt'> « courir » =*trt'i^ho, dont le / persiste dans t'cr/rflo-^i m *j;:£o--:pf>/oç,
littéralement « sur-coureur, bon coureur ».
XII
Dans le t. XIX, 2^ et 3<^ livraisons des Beitraege zur kuxde der indo-
GER.MANISCHEN SpRACHEX, jM. Whitlev Stokes a publié, sous le titre de
Cellica, un important recueil d'étvmologies gauloises, irlandaises et cor-
niques. Nous comptons en parler plus tard avec détail.
XIII
Dans la seconde livraison du tome V de la Zeitschrift fur celtische
Philologie, M. Ludwig Christ Stern a publié un poème composé par l'ir-
landais Brian Merriman. Ce poète né au milieu du xviiie siècle dans le
comté de Clare en Munster, y fut maître d'école de village, puis mourut
dans une ville voisine, à Limerick, en 1808. Le poème, en 1026 vers, est
intitulé « Tribunal de minuit » Cuirl an meadhoin oidhche. Il paraît dater de
1781 et avoir eu déjà deux éditions' dont aucun exemplaire n'est venu
entre les mains du directeur de la Revue Celtique. L'auteur aurait assisté à
une audience tenue à minuit par la reine des Fées dans le village de Feakle
où il était maître d'école. Une jeune fille jolie, élégamment vêtue, se plai-
gnait des jeunes gens qui ne la demandaient pas en mariage et des vieux
hommes qui prétendent épouser de jeunes filles. Elle reçut la réplique d'un
vieux monsieur qui, ayant été trompé par sa femme, vantait l'amour libre.
Elle lui répondit rudement et la conséquence fut un jugement de la fée qui
abandonna à la vengeance des femmes les hommes qui étant d'âge à se
marier restaient célibataires.
Le texte irlandais est précédé d'une introduction, suivi de variantes, d'ob-
servations grammaticales sur le dialecte de l'auteur, d'une traduction et
d'un glossaire.
I. Douglas Hyde, A lilerary Hislory oj Ireland, p. 601-602.
282 Périodiques.
. Cette publication fera beaucoup d'honneur à M. Stcrn, qui a seul préparé
la livraison. La mauvaise santé de M. Kuno Meyer l'a empêxhé momenta-
nément de donner sa collaboration à la Zcitschn/t.
XIV
La revue The irish ecclesiastical Record a publié dans ses livraisons
de décembre 1904 et de janvier 1905 un savant article intitulé Irish Lexi-
cograpby. L'auteur, M. P. O'Hickey, commence par une courte appréciation
des dictionnaires anglais-irlandais et irlandais-anglais publiés avant l'année
1904, date de ceux de MM. Lane et Dinneen ; puis il rend compte de ces
deux livres, traite fort sévèrement, non sans raison, le premier, et fait jus-
tement l'éloge du second ; cependant il consacre dix-neuf pages à la cri-
tique de ce dernier ouvrage.
XV
M. Cagnat a publié, dans le Bulletin archéologiq.ue du comité des
TRAVAUX historiques ET SCIENTIFIQUES, année 1904, 2<: livraison, une
inscription romaine trouvée à Ménerbes, Vaucluse. C'est une dédicace faite
deo Selvaiw par deux individus dont le premier, Sextus Iulius Bclatullus,
porte un cognoiiien gaulois. Selvaiio est le datif latinisé, pour Sehiuini, d'un
nom gaulois sehiaiios qui s'écrit aujourd'hui en irlandais scalbhan, prononcez
chalvane, et veut dire « troupeau ». Les Gaulois avant un die.i taureau,
Tartios, une déesse jument, Epoita, il est parfaitement naturel qu'ils aient
adoré un dieu troupeau ou si l'on aime mieux, un dieu des troupeaux.
Seluanos dérive de sdva, propriété, en vieil irlandais selb, prononcez selve, en
gallois heliv. De selvanos dérive un nom de peuple Sehianccli, défiguré en
Sihiiuiecti sous i'influence du latin silva ; c'est ainsi que Deua, Dévoua sont
devenus Diiia, Diiiona sous la domination romaine à cause de l'adjectif latin
diitos, diuus. Un grand nombre des dieux Siluani dont les monuments
ont été recueillis en pays celtiques, principalement les Siluaiii domestici, ont
probablement été, avant la conquête romaine, des Selvani, dieux des trou-
peaux (voir Holdor, Altcdtischer Sprachschul:(, t. II, col. 1555 et suivantes).
XVI
M. le capitaine Espérandicu a continué dans la Revue épigraphiq.ue
d'avril à décembre 1904 la publication de la suite du mémoire d'AUmer sur
les dieux de la Gaule : Siaiiua, Siaunus, Siluanus. Sianiia est probablement
le résultat d'une mauvai.se lecture; l'auteur français a dédoublé le dieu
Siaituus (Holder, AllccUischer Sprachschat^, t. II, col. 1537). Allmer men-
tionne trente-quatre monuments du dieu Sihianus, une partie est dépourvue
d'inscription et par conséquent douteuse. L'article Siluanus de M. Holder est
con^u dans un système tout autre et plus sûr. Dans celui de M. Allmer il
Périodiques. 2Sj
y a une observation intéressante, c'est que 5//m}»/«sctait dieu des troupeaux :
Siluano tama est veteres sacrasse Pelasgos,
Aruorum pecorumque deo, lucunique diemque '.
Ce fait s'accorde avec ce qui a été dit du nom celtique de ce dieu,
page 282, et avec le vers: Alagtic dctis, Sihtaiie polens, saiiclissime pastor, par
lequel débute une inscription d'Italie qui est le no 575od'Orelli-Henzen, et
qu'on trouve au Corpus inscriplioiii/m latiiianini, t. IX, no 5375.
XVII
Les An'alecta Bollaxdiaxa, t. XXIV, f-iscicule II, contiennent une
savante appréciation djs mémoires insérés par M. Burv, l'érudit professeur,
dans les Piweidings of thc royal irish Acadcmy, et qui concernent saint Patrice.
On trouve aussi dans ce fascicule un compte rendu d'un travail de M. White
dont il a été question dans notre précédente livraison, p. 174, 175. Nous
avons reproduit le reproche fait par le P. Albert Poncelet à M. White de
n'avoir pas consulté le ms. 14 (aujourd'hui 18) de la bibliothèque de la ville
d'Angers. Nous avons eu trop de confiance dans l'érudition du R. P. Jésuite,
qui est pourtant si compétent en hagiographie. Il y a deux confessions de
saint Patrice. L'une est authentique ; c'est celle qu'ont publiée en dernier
lieu M. White, antéiieurcment M. Whitley Stokes, MM. West Haddan et
Stubbs, Migne, Patrologia latiiia, t. LUI, etc. ; l'autre, apocryphe, a été
insérée par Samuel Berger en 1894 dans le tome XV de la Rez'ue Celtique.
C'est celle-ci que le ms. d'Angers nous a conservée. Voilà donc un point
sur lequel nous avons adressé à M. White une critique injustifiée. La vue
du ms. d'Angers envoyé à la bibliothèque de l'Université de Paris par M. le
ministre de l'Instruction publique nous en a donné la preuve incontestable.
Paris, le 5 juillet 1905.
H. d'Arbois de Jubaix ville.
I. Enéide, 1. VIII, v. 600-601. Prellcr, Roemischc Mythologie, p. 347, et
Scheiffele, Paiili's Rtaleiicyclopacdie, t. VI, p. 1 196, parlent du ///^iti/v/w c.vi/c-
tor, qualification de Silvanus chez Lucilius, cité par Nonius Marcellus. Mais
depuis l'édition de Nonius Marcellus donnée par Q.uicherat (p. 114) et celle
de Lucilius par Emile Bachrens, Fragmenta poctarum, p. 209, no 483, ce
texte ne peut plus être allégué.
CORRIGENDA
REVUE CELTICIUE, XXVI
13, 1. 23, o//(T honourable î«5?;/ beardiess.
17, § 21, for a confluence read an abundance.
18, § 35, for r'\g rend ng.
19, 5 26, /or they measure truth read truth is mcasured (inidelhar sic
leg.)-
note 3, jd/- falschood r^ad falsehood.
§ 35, note. She used to wear round her foroarm rings to be given
to poets.
25, § 80, for wisdom read knowledge.
26, § 92, for n-aise read naise (leg. nôise).
27ï § 92, for âge ?Yfl(/ new knowledge.
28, § III, for n-ais read nais (leg. nôis).
29, § 109, for knowledge read wisdom.
§ III, for âge read new knowledge.
3 5! § 1 56, for bee swamrs ré?a(i bee-swarms.
§ 169, afler valeur insert (béer?).
39, § 201, for Hpunds read Wolves.
note I, after mbi do>zo insert (leg. mbit).
note 7, 1. 2, for ndoccHnsa read ndocernsa.
41, § 212, for Music read Mélodies.
43, la.st line,/or spécial read separate.
4), 1. 6, for spécial read separate.
45, note 7, for maintire read muintire.
47, § 242, add afterwards.
49, note 2, for aithrcib read aittrcib.
52, note I, for 15, note 5, read 19, note 6.
53, § 284, for wisdom read knowledge.
5 289, jor it read such.
54, at an-flaith read pi. n. anflathi.
55, 1. 13, for hees read hee-sivarm.
56, s. V. commur 1. i read a conipd of the prefixrom- and viûr « abun-
dance », cognate with Gr. aupio;, aûiiot, And add mûr .i.
iomad O'Cl. et v. Fél. Oeng. Prol. 126 and p. ccxcvi.
59, 1. i, for 6) read 49.
Corrigenda. 285
60, 1. 29, aiU. or hiith (cognate with Cymr. liât. Corn, lad, Lat.
lati'x) may mcan Zv(-r.
2, for they would put, rrai/ would bc put.
8, for against thcir course ;vij<i upon the sail.
9, for wliere read whcrein.
1 5 , for one rcad an .
8, for mélodies read mélodies.
18, for it happened read they were orderit.
22, add. has been set.
23, for thèse read those.
24, /or merey read mercy.
18, for us i read us^ L. 25 (W(?2.
164, note I, for Lebore read Lebor.
167, 1. 13, if^/e with apologies.
168, s. V. capar, for tigion read ti;yuum.
166, s. V. dosmor, for dossate lead doss.
179, s. V. stiall, for brrowed read borrowed : for astella read astilla, and
for astilla read asklla.
II July 1905.
W. S.
157.
145,
147.
149.
157»
163,
CORRESPONDANCE
Dans l'article de M. Harou que la Revue des Traditions populaires a publié
et qui est mentionné plus haut, p. 280, il est question du cadavre d'un chat
trouvé par les maçons dans les fondations du château de SaintGermain-en-
Laye en démolissant un mur construit au xvi*-" siècle. Consulté par nous sur
la question de savoir quelle importance on doit attachera ce fait, M. Saiomon
Reinach, conservateur du musée de Saint-Germain, nous a adressé la lettre
.suivante :
« Cher Maître,
« En réalité, il y a eu deux découvertes de chats dans les bâtiments
récerr.ments démolis du château. Tune en 1884, l'autre après 1900. Le pre-
mier squelette a été conservé par un concierge, aujourd'hui transféré au
Louvre ; le second chat a été mis sous verre par notre architecte, M. Daumet,
et se voit à l'agence des travaux.
« Il me paraît très vraisemblable que ces chats sont tombés entre des
piles de maçonnerie et je ne crois pas que ce soit les victimes d'un Bauopfer.
Le sacrifice du chat en pareille occurrence est assurément très admissible
(liste des exemples connus, chez Sartori, Zeitschrijt fiir Ethnologie, 1898,
p. 21) ; mais il ne faut pas oublier que les chats, aventureux de leur nature,
sont plus exposés à des accidents que d'autres animaux domestiques.
« Affectueusement à vous,
« S. R. »
« château de Saint-Germain-en-Laye, le 18 juillet 190c. »
POST-SCRIPTUM
Au moment de mettre cette livraison sous presse la direction de la Revue
Celtique a reçu deux thèses do doctorat soutenues tout récemment devant la
Faculté des lettres de Paris par M. M. Roger.
L'une est intitulée ARS MALSACHANI, tkaité du vf.rbe [lalin], publié
d'après le vis. lat. IJ026 de la Bibliothèque nationale.
Le manuscrit est du ix*: siècle et a été écrit sur le continent. Mais il paraît
être la copie d'un texte irlandais. Le titre : Ars Malsachani est d'une autre
main que le corps du traité mais paraît de la même époque. M. Whitley
Stokes, notre savant collaborateur, nous écrit qu'il faut corriger Malsachani
en Maelsechlanni. Madsechlainn , ajoute-t-il, est un nom très fréquent ; voyez
The tripartite Life, pages 520, 522, 524, et l'index des noms de personnes
dans l'édition des Annales des quatre maîtres. Il signifie « serviteur de
SecJinall » (ou, par métathèse, de5(rWa-«//),d'un saint aussi appelé Secundinus
qui fut contemporain de saint Patrice; sur Sechnall, voir le Livre d'Ar-
magh, fo 18 b. Thésaurus palaeohibernicus, t. IL p. 242.
Il paraît donc n'y avoir pas à tenir compte des derniers mots du texte
dans le ms. lat. 13026: Finit con^regatio Salcani Jilii de uerbo, l'auteur de
cette addition paraît avoir transformé Mael-Sechlainn en Mac-Salcain.
L'autre thèse a pour titre : L'enseignennut des lettres classiques d'Ausone à
Alcuin. Le domaine géographique dont l'auteur s'occupe comprend la Gaule,
la Grande-Bretagne et l'Irlande. Nous reparlerons de ces thèses dans une
prochaine livraison.
H. d'Arbois de Jubainville.
Bains de Bagnoles, Orne, le 25 juillet 190J.
Le Propriélairc-Gérant : Veuve E. Bouillon.
Chartres. — Imprimerie Durand, rue Fulbert.
DES MCTIMES IMMOLÉES PAR LES CONSTRUCTEURS
POUR ASSURER LA SOLIDITÉ DES ÉDIFICES
Tous les celtistes connaissent : 1° le passage de Nennius qui montre les
druides disant à Vortigern : II faut trouver un enfant sans père, le tuer et
arroser de son sang la forteresse, autrement on ne pourra jamais la bâtir ' ;
2° le texte de la vie irlandaise de saint Columba où l'on voit le moine Odran
enterré vivant dans les fondations du célèbre monastère d'Io/a -. Cet usage /i
a été général. C'est ce qui est démontré par un mémoire de M. P. Sartori,
publié en 1898 dans la Zeitschrift fur Ethnologie, t. 30, p. 1-54, et cité par
M. Salomon Rcinach dans notre précédente livraison, p. 286. Les victimes
ont été des hommes, de jeunes garçons, de jeunes filles, puis les mœurs
s'adoucirent, les victimes humaines furent remplacées par des animaux,
chevaux, bêtes à cornes, moutons, chiens, chats, oiseaux, etc. A l'origine,
la théorie en vertu de laquelle la victime humaine était enterrée dans les
fondations de l'édifice a pu se confondre avec celle de l'acquisition de la
propriété par la sépulture des membres ou d'un membre de la famille (Fustel
de Coulanges, La cité antique, 1. Il, chap. vi). Le moine Odran était fils
spirituel du père abbé Columba; l'enfant sans père pouvait être considéré
comme fils naturel du roi Vortigern.
H. D'A. DE J.
1. Mommsen, Chronica Minora, t. III, p. 182, 1. 14-17.
2. W'hitley Stokes, Three Midclle-irish hoinilies, p. 118, 119.
Revue Celtique, XXVI. 19
LE MYSTÈRE BRETON
DE SAINT CRÉPIN ET DE SAINT CRÉPINIEN
SUITE DU TCXTK
fo 12 V° CREPINIAN
Jésus Christ, on saluer, eill ferson an Dreindet,
1270 chuy en deus anduret poannio a so meurbet ',
bette soufr ar maro voar vene Caluary,
o pet true ousimp, breman me o suply.
O pet sonch achanomp, ma Saluer beniguet j
en on tourmancho bras, n-on ambandonet quet.
Rectiouarc entre a gauche. Les tirant entre a droit.
LiDiAS, 2^ tirant, parle.
i?,7) Orsus don 2 ! on prouost, prins Rectiouare,
petra a veso groet? Na ellomp quet outte.
Dornet on n-eus voar ne, quer fatig omp rentet,
quen a voamp de ya prest da goU patiantet.
M-on dcus ynt bet casset adare d-ar prison,
1280 euit dont da gontan dirasoch ar reson.
RECTIOUARE
Estonet on meurbet o cleuet quement man.
Me songe e scringent o ch-andurin o loan.
Y oa bugale nobl a maguet dilicat ;
tromplet o-me gante, breman m-en goar er fat,
12S5 ag e lech en-em glem d-ar boan a anduront,
e se trugarcquat o doue a reont ;
ober goab a reont dimes ma oll bouer,
mes quent m-o chuittcin, nie rey dese meruel.
1. meurbet est ici adjectif. C'est un emploi archaïque très rare. Voy. Em.
Ernault, Dict. étyni. du breton niown, p. 336.
2. don, emprunt au français donc.
LE MYSTÈRE BRETON
DE SAINT CRÉPIN ET DE SAINT CRÉPINIEN
SUITE DE LA TRADUCTION
CREPINIEN
Jésus-Christ, notre sauveur, seconde personne de la Trinité,
vous qui avez enduré des peines très grandes,
jusqu'à souffrir la mort sur le mont Calvaire,
ayez pitié de nous, je vous en supplie maintenant.
Songez à nous, mon Sauveur béni,
dans nos grands tourments, ne nous abandonnez pas.
Rktiùvaire entre à gauche; les hoiirreaiix enlrciil à droite.
LIDIAS, 2e bowreau, parle.
Orsus, donc, notre prévôt, prince Rictiovaire,
que faire? Nous n'en pouvons rien obtenir.
Nous avons frappé dessus ; nous sommes si fatigués
que nous étions déjà prêts à perdre patience.
Si bien que nous les avons reconduits en prison,
pour venir vous raconter l'affaire.
RICTIOV.MRE
Je suis très étonné d'entendre cela.
Je pensais qu'ils auraient horreur d'endurer leur supplice.
C'étaient des enfants nobles et délicatement élevés ;
je me suis trompé à leur sujet, maintenant je le sais bien,
et au lieu de se lamenter des peines qu'ils enduraient,
c'est remercier leur dieu qu'ils font ;
Ils se moquent de tout mon pouvoir,
mais, plutôt que de les lâcher, je vais les faire mourir ;
2C)2 Victor Tourneur.
Rag se, ma siraiitet, ed da uitte aman.
1290 Me rey d-e andurin an tourmancho brassan.
Les tirant vat cri tes saint au prison, rectiouare parle.
Brenian, me ynuanto auelse tourmancho.
Rag se, ma sirantet, lemnict o conteillo ;
vit quemcnt o cheus groet, na rcont quet a gas?
Seuet diuoar o chorf coreo vn nonipr bras.
VANTELMO, i^^ tirant.
1295 Me a m-eus eur gontel a so reluisant,
a sauo coreo quemcnt ag o-p<Co>choant.
MEXA, 3'-" tirant.
Cliede aman vn ail ag a so couls a hy :
l"o 22 sel penos e reluis. Seo coreo ganty.
LIDIAS, 2^ tirant.
Sa sa, ma chamarat, hast...
1300 da gontel a so 1cm, mes...
VANTELMO, i" tirant, dépouille Crêpin, et ditte:
Chcde eur gorcen ag a so sauct mat.
Ma chontel a so lem, ag a droch diliquat.
A te, Patisfare, diuisq yue hennés ;
vit quement a reomp, n-as goellomp tam en-pres.
P.\TISFARE, 2e tirant, dépouille Crepinian et ditte :
1305 Me ya de diuisquan, breman te a voello,
[mar d-e] goen e grochen, hep tardan e ruyo.
Te ! te ! 1 eur goreen me m-eus en diuisquet,
me [grct], breman souden, en laqucy soueset.
MEXA, 3e tirant.
Orsus, me ya breman cuit seuel ma re.
13 10 ase ag e choelly ane.
Scocmp2 bras ema 5 chomet euit trochan e guig;
bras eo ma choreen, a hy groet manifiq.
PATISFARE, 4^ tirant.
Ya sur, ma mignon, vn nebeut ynt d-am grat :
da seuel coreo, o 4 quafan eur pot mat.
131 ) Lidias, Vantelmo, nin a so sur potret,
nin a ra on deucr, cuel ma s-eo dleet.
1. Te! interjection qui s'adresse d'ordinaire aux chiens. Voy. Revue Cel-
tique, IV, 148.
2. Scoemp ^= Scuenip (Em. Ernault, Glossaire moyen breton, p. 617). Ce
Le Mystère de saint Crcpin et de saint Crepinien. 293
C'est pourquoi, mes bourreaux, allez les quérir maintenant.
Je vais leur faire endurer les plus grands tourments.
Les hourreaiix vont quérir les saints à la prison, rictiovaire parle.
Maintenant, je vais inventer des supplices de cette sorte.
C'est pourquoi, mes bourreaux, aiguisez vos couteaux.
Ils ne font pas de cas de ce que vous avez fait .•*
Coupez sur leur corps un grand nombre de courroies.
v.\NTELMO, !<='■ bourreau.
J'ai un couteau qui est reluisant,
qui coupera des courroies autant que vous le désirerez.
MEXA, 5'-' bourreau.
En voilà un autre qui le vaut.
Vois comme il reluit. Coupe des courroies avec lui.
LiDiAS, 2^ bourreau.
Ça, ça, mon camarade, dépêche-toi...
Ton couteau est affilé, mais...
VANTELMO, i^r bourreau, dépouille Crépin et dit :
Voici une courroie qui est bien coupée.
Mon couteau est affilé, et coupe finement.
Et toi, Patisfare, dépouille également celui-là.
Pour tout ce que nous faisons, nous ne te voyons pas fort empressé.
PATISFARE, 2e bourreau, dépouille Crepinien et dit :
Je vais le dépouiller. Maintenant tu vas voir
que si sa peau est blanche, elle va rougir.
Tiens, tiens, une courroie ; je l'ai dépouillé.
Je crois que tout à l'heure cela l'étonnera.
MEXA, 3= bourreau.
Orsus! je vais maintenant couper les miennes.
là, et tu les verras
Il reste tout peureux pendant qu'on coupe sa chair.
Grande est ma courroie, et faite splendidement.
PATISFARE, 4« bourreau.
Certainement, mon ami, elles sont assez à mon gré :
pour couper des courroies, je vous trouve un solide gaillard.
Lidias, Vantelmo, nous sommes sûrement des gaillards.
Nous faisons notre devoir comme il faut.
mot signifie d'ordinaire ombrageux, un peu peureux, délicat, scabreux.
3. ema, ms. eo ma.
4. 0 ms. eo.
294 Victor Tourneur.
LIDIAS, 2* tirant.
Comeromp oll courach ma trcchomp oar ncse,
a quent ma paousomp, nin rey mu cuittc.
Chcde saiict gucne choas diuoar e diou scoa ;
1320 na rcont fors cr bct euit nep cstrenoa '.
MHXA, 3c tirant.
\"n hcman so guencmp, ne ra état cr bet
euit quemcnt poannio en deuueus anduret.
Ne lauar netra tout, nemert coms a Yesus ;
o fiout en n-enes, en-em guef evurus.
fo 22 V" CREPIN
1525 o Jésus, ma saluer, chuy eo on guir otro.
Sicouret omp guenach en creis on tourmanclio ;
drc o graso diuin, bepret on asistet,
cuel an d<a>ou buguel ebars en forn goret.
Reit dimp, me o suply, bepret o ch-assistans,
1350 euit nep tourmancho m-or bo en och fians.
CREPINIAN
Jésus Christ, mab Mary, a crouer d-an effo,
me o suply bepret, dre ma s-och on otro,
dre o misericord, on sicouret bepret,
euel goesall Joseph gant e vreudeur goerset.
1535 Bepret en sicourach, houarnet er prison,
faoussamant accuset gant groeg eur Faraon.
Nin o suplv yue, Mary, mam a goerches.
ma veset euidomp bepret auocades.
Chuy so ympalaeres an eff ag en douar ;
1540 en n-och ag en o mab, emedy on memoar.
RECTIOUARE
Sa, sa, ma sirantet, ret eo ober ouspen :
euit quement a reomp, na deuomp quet en pen ;
rag herue a oellan, sur es-int sorseryen.
fais miracle a reont, an drase so serten.
1345 Mcu<r>bet esint abil ; ragse, sentet ousin :
Ret veso o stagan ous pep a vin milin,
a ma voint casset voar ar pont a Soixon,
o strinquan er renier, dre ma s-e meurbet don :
an amser so gardis, ar renier a so yin,
1550 me gret eseint dar fons gant an daou vin milin.
Ymposipl ve dese miret na vent beuet,
gant ar boes - ar vein se a so poner meurbet.
I. estrenoa =^ estrenua. Voy. Em. Ernault, Glossaire moyen breton, p. 529.
Lr Mystàr lic saint Crcpin et </(,• saint Crcpinirn. 295
i.iniAS, 2= bourreau.
Prenons tous courage pour que nous les vainquions,
et avant de cesser, nous en ferons d'autres.
En voilà encore une de coupée par moi de ses deux épaules.
Ils ne font aucun cas d'aucune soutlVance.
MEXA, 3c bourreau.
Pour celui-ci qui est avec nous, il ne fait aucun cas
de toutes les souffrances qu'il a endurées.
11 ne dit rien du tout, si ce n'est qu'il parie à Jésus.
11 se trouve heureux d'avoir confiance en lui.
CRKPIN
O Jésus, mon sauveur, vous êtes notre vrai seigneur,
Nous sommes secourus par vous au milieu de nos souffrances ;
assistez-nous toujours de votre grâce divine,
comme les deux enfiints dans la fournaise ardente;
donnez-nous, je vous en supplie, toujours votre assistance
pour que nous ayons confiance en vous, malgré tous les tourments.
CRÉPINIEN
Jésus-Christ, fils de Marie, et créateur des cieux,
je vous en supplie toujours, puisque vous êtes notre Seigneur,
secourez-nous toujours par votre miséricorde,
comme autrefois Joseph vendu par ses frères.
Toujours vous le secouriez, enchaîné en prison,
fiiussement accusé par la femme d'un Pharaon.
Nous vous supplions aussi, Marie, mère et vierge,
d'être toujours notre avocate .
Vous qui êtes l'impératrice des cieux et de la terre,
c'est en vous, et en votre fils qu'est notre pensée.
RICTIOVAIRE
Ça, ça, mes bourreaux, il faut faire davantage.
Malgré tout ce que nous faisons, nous ne venons pas à bout,
car, d'après ce que je vois, certainement ils sont sorciers.
Ils font de faux miracles, cela est certain.
Ils sont très habiles. C'est pourquoi, obéissez-moi.
Il faudra les lier chacun à une pierre de meule ;
et qu'ils soient conduits sur le pont de Soissons,
les jeter dans la rivière là où elle est très profonde.
Le temps est rude; la rivière est froide,
je crois qu'ils iront au fond avec les deux pierres de meule.
Il leur sera impossible de s'empêcher d'être noyés
avec le poids de ces pierres qui sont très lourdes.
2. 11 faudrait poes.
296 Victor Tourneur.
PATISFARE, 4": tirant.
Rct eo dimny breman heuil avis ar barner:
demp da stagan o daou ous pep a vin poncr.
Les 5' se hue. vaxthlmo parle.
1555 Chcttu aman ' ar botret, sauet ynt cn-o sao.
Scllct, compaignones, a n-cn dint potrct vrao.
Brcnian, me lauar dach, c-teufet guenime
da gosie ar rcuicr, ma collet o pue.
MEXA, 5c tirant.
fo 23 Aha, daou sorser fall, chcttu chuy diliuret -
1360 deus ar cherden pcre ma 5 voach-oc amaret.
Breman chuy a vcso amaret adarc.
Deut guenin pas an pas 4, an eil ag eguile.
On aproche aux piers. lidias parle.
Chettu aman daou vin a so poner meurbet,
a gante, hep tardan, er reuier e s-eet.
PATISFARE, 4<^ tirant.
1565 Ya s breman, on peuoar, choariomp ny suptil,
ma voint garottet ous an daou vin milin,
a ma voint strinquet breman en fons an dour,
da chout ag en deuo o doue do sicour.
On mil les piere aux coll. vantelmo parle.
Breman nin o strinquo en dour pront a hardy ;
1370 niiliguet da veset gant on doueou nin.
MEXA, 3e tirant.
Cregomp ene breman, strinquomp int voar o fcn,
da chout ag en a deuy o doue d-o difen.
On les jette dans la reuier. Les piere demeure sur leaux. Les S^ a genoux
sur les piere qu'il reuiens au bord de la reuier.
RECTIOUARE parle.
Sellct an daou sorcer sauet voar var an dour :
me gret dre sorceres a doue o sicour.
1575 Goellet ar vein milin voar var an dour sauet,
Scan euel diou bluen ; meurbet on estonet.
Chettu ind-y ary adare gant Soixon ;
1. Chettu aman synisèze.
2. chettu chuy diliuret. Le ms. donne chettu choas livret.
5. père ma, locution curieuse paraissant provenir de la contamination de
Le Mystère de saint Crcpin et de saint Crcpinicn. 297
PATISFARE, 4« hûurveau.
Il nous laut maintenant suivre l'avis du juge.
Lions-les tous deux chacun à une lourde pierre.
Les Saillis se lèvent, vantelmo parle.
Voilà les gredins. ils sont debout.
Voyez, compagnons, si ce ne sont pas de beaux gaillards.
Maintenant, je vous dis que vous viendrez avec moi
du côté de la rivière, pour perdre la vie.
MEXA, 5e bourreau.
Aha ! mauvais sorciers, vous voilà délivrés
des cordes avec lesquelles vous avez été liés.
Maintenant, vous allez être liés de nouveau.
Venez avec moi pas à pas l'un et l'autre.
On s'approche des pierres. LIDIAS parle.
Voici deux pierres qui sont très lourdes,
et avec elles, sans tarder vous irez dans la rivière.
PATisFARE, 4= bourreau.
Oui, maintenant, nous quatre, jouons fin,
pour qu'ils soient ligottés aux deux pierres de meule,
et qu'ils soient jetés maintenant au fond de l'eau,
pour savoir si leur dieu viendra à leur secours.
On met les pierres au cou. vantelmo parle.
Maintenant nous vous jetterons promptemcnt et hardiment dans l'eau.
Soyez maudits par nos dieux.
MEXA, 5c bourreau.
Saisissons-les maintenant, jetons-les sur leur tête,
pour voir si leur dieu viendra les défendre.
On les jette dans la rivière. Les pierres demeurent sur l'eau. Les saints à genoux
sur les pierres qui reviennent au bord de la rivière.
RICTIOVAIRE parle.
Voyez les deux sorciers portés sur la surface de l'eau.
Je crois que leur dieu les secourt par sortilège.
Voyez les pierres de meule portées sur l'eau,
légères comme deux plumes. Je suis fort étonné.
Les voilà arrivés de nouveau à Soissons.
en père avec ma .
4. pas an pas, probablement pas à pas.
5. ya, exceptionnellement une seule syllabe.
298 Victor Tourneur.
o chocUet qucmcnt man, e creuuan gant cston.
Jupiter, Apoloii, chuy co ma doueo,
1 3<So m-o pet dam assistaii : clcuct ma fcdeno.
Rcit din o ch-assistans da vengin voarnesc ;
a chuv, ma doue Mars, o suplian vue :
rcit dimp ncrs a courach. Sa, sa, ma sirantet,
qucrchet ynt choas aman, ma voint punisset :
1583 me rey de andurin tourmancho a neue,
ma re<n>coint meruel, pe guittat o doue.
Me rey dese meruel dre dourmancho calet :
en eur choderon vras quarguet a plom beruet.
fo 23 v" On détache les saint ik la piere. van'TELMO parle.
Eur bet a boan on deus guenide, lar Crepin;
1390 deus er clioderon man, en mesq plom da viruin.
CREPIN a genoux ditte :
Comcr courach, tirant, a les da resonnio :
ne roan cas er bet dimes da dourmanclio.
LIDIAS, 2e tirant.
Sa, sao enta, Crepin, tra néant avurtet ;
breman e finisy ebars er plom beruet.
MEXA, 3e tirant.
1395 Tostaes-te aman, vue Crepinian ;
en mesq ar plom fontet, euo e soufFry poan.
VAXTF.LMO, l'^r tirant.
Petra a songeomp nin ? Cregomp enn-e ragtal ;
Strincomp int er chaud(e)ron euel daou aneual.
On les jette dans le chauderon. patisfare parle.
Petra Crepinian, meurbet es caffan trist ;
1400 breman eo dit gueruel da saluer Jésus Christ.
CREPINL^N
Ya te a lar guir, o tirant nialeurus ;
ma oll espcrans so em redemptor Jésus.
Corner courach bepret a les da vanteson,
a poursiou ober tan dindan(t) da chauderon.
1405 Pliget guenach breman, ma Saluer biniguet,
en creis on tourmancho, rci(t) dimp patiantet.
VANTELMO, i^f tirant.
Groeomp breman tan mat dindan(t) ar chauderon,
euit m-or beso fin dimes an daou boultron.
/.(• Mystère Je saint Crcpin et Jr saint Crcpinirn. 299
A voir cela, je crève d'émoi.
Jupiter, Apollon, vous qui êtes mes dieux,
je vous prie de m'assister ; écoutez mes prières.
Donnez-moi votre assistance pour me venger d'eu.K ;
Et vous, mon dieu Mars, je vous en supplie aussi,
Donnez-moi force et courage. Ça, ça, mes bourreaux,
amenez-les encore ici pour être punis.
Je vais leui faire endurer à nouveau des supplices,
pour qu'ils soient forcés de mourir ou de quitter leur dieu.
Je vais les Hxire mourir par de durs tourments,
dans un grand chaudron plein de plomb bouilli.
();/ di'tachc les saints de la pierre. \.\'stel\\o parle.
Nous avons bien de la peine avec toi, dis, Crépin.
Viens bouillir au milieu du plomb dans ce chaudron.
CRi'-Pix dit à genoux :
Prends courage, bourreau, et laisse là tes raisons,
je ne fais aucun cas de tes tourments.
LiDiAS, 2e bourreau.
Ça, lève-toi donc Crépin, être vil, obstiné ;
maintenant tu périras dans le plomb fondu.
iMEX.'^, 3e bourreau.
Approche ici aussi, Crépinien,
tu endureras des souffrances, là, parmi le plomb fondu.
VANTELMO, i" bourreuu.
A quoi songeons-nous? Saisissons-les sur le champ,
jetons-les dans le chaudron comme deux animaux.
On Us jette dans le chaudron, patisfare parle.
Comment, Crépinien ? Je te trouve très triste ;
c'est maintenant qu'il te faut invoquer ton sauveur Jésus-Christ.
CRÉPINIEN
Oui, tu dis vrai, malheureux bourreau :
tout mon espoir est en mon rédempteur Jésus.
Prends toujours courage, et laisse tes vanteries,
et continue à faire du feu sous ton chaudron.
Qu'il vous plaise maintenant, mon Sauveur béni,
de nous donner de la patience au milieu de nos tourments.
VANTELMO, i" bourreau.
Faisons maintenant un bon feu sous le chaudron
pour que nous venions à bout de ces deux poltrons.
JOO
Victor Tourneur.
LIDIAS, 2e tirant.
Groeomp enta depcch, <r>ag certcn me gare
14 lo a hallcmp eur veach cafet fin dioutte.
MEXA, Y tirant.
Me lar dach francliamant, anouict on gante.
Aon amcus biruiquen n-or beso fin ane.
Les saint chante vn himne dans le chauderon.
Domine Deiis niens, yn te speratii ; sahium me
sic fa'; hoininibiis pirsequenlihus me, et libéra me.
1415 Xeqiiando rapiat l't leo animant meani ;
diini non est qui redimat, neque qui sahium facial ' .
f*^ 24 RECTIOUARE regarde le chauderon et dit te :
O Doue Jupitter ! chettu me miserabl :
tennet so ves ma fen vnan am - daou lagat,
gant vn tam plom fontet dîmes ar chauderon.
1420 Maleur eo din an n-eur ma s-int deut da Soixon.
Cals 5 e cafan goellet n-eller quet o lasan.
Na allan dauantach donet da resistan.
Ne on petra o sicour ; sur cs-int sorseryen :
goellet o ch-eus creuuet eur lagat bars em pen.
1425 Me a voa lutanant dindan(t) Maximian ;
petra a lauaro pa gleuo quement man?
Me a voa e vignon, am boa digantan poes
da varn ene gueryo, a quercouls voar ar mes.
Petra a lirin me pan ariuin gant-an,
1430 pam goello miserabl, oset er feson man ?
Me a garje biscoas na vigen bet barner,
nag ous ar gristenien n-am bige nep affer.
Mes, pa dlefen meruel, creuuin gant cals a boan,
me a rev ma deuer dindant Maximian.
1435 Rag se, ma sirantet, tennet ynt a lèse,
ma rin d-e andurin, suplisso a neue.
PATiSFARE, 4e tirant.
Maleur eo dimp, barner, biscoas d-o bout goellet ;
ninue4 bras on eus gante, goellet î na veruont quet.
Nag a gristen on n-eus laqueet dar maro
1440 hep rencout preparin quement a suplisso !
Goellet nag a dourmant on neus d-e ynuantet,
ag euit quement se, na reont man 6 er bet.
1. Psaume Vil, 2 et 3.
2. am, voy. Em. Ernault, Dict. ètym. du breton moyen, p. 201, am .2.
3. cals, emploi rare, on a plutôt bras dans des expressions semblables.
4. ninue = ninv, moyen breton niff, chagrin. Voy. Em. Ernault, Dict.
Lf M\<tè'f de idint Crépin et de saint Crépinien. 501
LiDiAS, 2c bouneaii.
Dépêchons-nous donc, car vraiment je voudrais
que nous puissions une fois en venir A bout.
Mi:x.\, Y hoiirreati.
Je vous le dis franchement, que je suis ennuyé pour eux,
j'ai peur que jamais nous n'en voyions la tin.
Les saints chantcitl un bviiine datis le chaudron.
Domine De us inetis, in te speravi : salvtwi me
Jac ex omnibus persequentihus me, et libéra me.
Nequando rapiat iil leo animant nieam ;
dum non est qui redimat, neque qui salvum faciat.
RICTIOVAIRE regarde dans h chaudron et dit :
O dieu Jupiter, me voilà misérable.
Un de mes yeux est enlevé de ma tête
par un morceau de plomb fondu du chaudron.
Malheureuse pour moi l'heure où ils sont venus à Soissons.
Je trouve bien dur de voir qu'on ne peut les mettre à mort.
Je ne puis résister davantage.
Je ne sais ce qui les secourt ; certainement ce sont des sorciers.
Vous avez vu me crever un œil dans la tête ;
J'étais lieutenant sous Maximien.
Que dira-t-il quand il apprendra cela ?
J'étais son ami, j'avais de lui autorité
pour juger dans ses villes et aussi à la campagne ;
que lui dirai-je quand j'arriverai près de lui,
lorsqu'il me verra, misérable, arrangé de cette façon ?
Je voudrais n'avoir jamais été prévôt,
et n'avoir eu aucune affaire avec les chrétiens.
Mais, quand je devrais mourir, crever avec beaucoup de soufiVances,
je ferai mon devoir sous Maximien.
C'est pourquoi, mes bourreaux, tirez-les de là,
que je leur fasse endurer des supplices à nouveau.
PATISFARE, 4'= bourreau.
C'est malheureux pour nous, prévôt, de les avoir jamais vus :
Nous avons beaucoup de chagrin avec eux, vu qu'ils ne meurent pas.
Q.ue de chrétiens nous avons mis à mort,
sans devoir préparer tant de supplices !
Voyez que de tourments nous avons inventé,
et de cela ils ne font aucun cas.
étym. du breton moyen, p. 343.
5. goellel, vu que. Voy. Em. Ernault, Glossaire moyen breton, p. 296.
6. Vian. Voy. Em. Ernault, Glossaire moyen breton, p. 590.
502 Victor Tourneur.
RECTIOUARE
O lacat da viruin an coll a darc
cn-eur chauderon ail da chout ag y a varfe ;
144$ ragse me goniant d-ach hastan a depeciiin,
ag en niesq an eoU e lequeet rousin.
Ymposibl vo dese, an drase a gredan,
miret na deufent quel eur voes da finisan.
VANTELMO, I^r tilUIlt.
Nin a obeiso dach, pa o ch-eus comandet,
1450 nin o strinquo breman en mesq eol beruet.
LIDIAS, 2^ liratil.
Vit ma poaset o quiq gant eoll a rousin,
deut aman, daou sorser, er gotter da virvin.
fo 24 vo MEXA, 3e tirant.
Deut aman, choas eur voes, homan ar(voes) diucsan,
m-as tolin voar da ben, ma renquy finisan
1455 biruiquen na gretten, gant da oïl sorseres,
goude ar banquet man e-sortises er mes.
CREPIN
On diliuret, Otro, dimes ar ' tan ardant ;
chuy a ell en ober, Doue oU buissant.
Sicouret ahanomp ebars en tourmant man,
1460 en confusion vras do ch-aduersour Sattan,
a d-e oU vinistret, gênerai ag antier,
chuy ell ober pep tra, ma Jésus, ma Saluer.
CREPINIAN
O Dreindet adorabl, try ferson en vnan,
gant eur goms hep muy quen, e crouyoch ar bet man,
1465 bemde chuy den ar mat dimes a vesq an droug,
qucment a fy enoch, na el yamcs cat droug.
Chuy ^a^ den ar sclerder vcs an deualigin,
a dimes eur poeson, eur remet souucren.
Chuy gonseruas goesall ar préfet Daniel,
1470 strinquet en eur chauern d-ar leonet cruel.
Breman me voel yue, ma Saluer biniguet,
en on oll dourmancho, bepret on sicouret.
Deux lange entre par chaque bout. LE premier lange parie.
Soudardet generus, Crepin a Crepinian,
I. On attendrait an.
Le Mystère Jr <aifit Crépin it ilc iaint Crépinien. 50:
RICTIOVAIRF.
Il faut les mettre bouillir dans l'huile encore,
dans un autre chaudron, pour voir s'ils mourront;
aussi je vous commande de vous hâter et de vous dépêcher,
et dans l'huile, vous mettrez de la résine.
Il leur sera impossible, je le crois,
de s'empêcher une fois (enfin) de périr.
VANTELMo, i" boiiiieaii .
Nous vous obéirons, puisque vous l'avez commandé,
nous les jetterons maintenant dans l'huile bouillante.
LIDIAS, 2^^ bourreau.
Pour que vous cuisiez avec de l'huile et de la résine,
venez ici, sorciers que vous êtes, pour bouillir dans la chaudière.
MEXA, 3e bourreau.
Venez encore une fois ici, celle-ci la dernière,
que je te jette sur la tête pour que tu doives périr.
Jamais je ne croyais qu'avec tous tes sortilèges,
tu en sortirais, après ce banquet.
CRÉPIN
Délivrez-nous, Seigneur, du feu ardent.
Vous pouvez le faire. Dieu tout-puissant.
Secourez-nous en ces tourments,
à la grande confusion de votre adversaire Satan,
et de tous ses ministres en général.
Vous pouvez tout faire, mon Jésus, mon Sauveur.
CRÉPINIEN'
O Trinité adorable, trois personnes en une,
vous avez créé ce monde d'une seule parole.
Chaque jour vous faites sortir le bien du mal.
Quiconque se fie à vous, ne peut jamais avoir de mal.
Vous tirez la lumière des ténèbres,
et d'un poison, un remède souverain,
vous conservâtes autrefois le prophète Daniel
jeté dans une fosse aux cruels lions ;
maintenant, je vois aussi, mon Sauveur béni,
que dans tous nos tourments, toujours vous nous secourez.
Deux anges entrent par chaque bout, le premier ange parle.
Soldats généreux, Crépin et Crépinien,
^04 Victor Tourneur.
ny so gannat ' Doue so deut d-o pisittan,
1475 disquenet ves an eff, abeurs an Eternel,
euit o couragin, pan docli bepret fidcl.
Heuill a ret constamant oll gomso on Saluer,
père en deus scriuet ebars en Auicl.
LE 2= LANGE
Quement a souffr martir balamor da Yesus,
1480 a veso curunet er yoayo evurus.
Curunet ves a balm, sinal ves a victoar,
da nep a gombatto euel d-och en douar.
Sortiset ! deut er mes! Reit o taouarn aman,
nin a so digaset euit o tiliuran.
Les saint sorte du chauderoti, et yls ce mette a genoux.
CREPiN parle.
148) Ma Doue, ma chrouer, chuy en deus digaset
i"o 25 elle o parados d-on besan confortet.
Sicouret omp gante en creis on brassan poan,
a nin dichoutet cren dious treo ar bet man.
On delchet ferm bepret en o cras, ma Doue,
1490 mo meufomp 2 en efto en mesq an oll elle.
Les auge sorte, rectiouare parle.
Pebes maleur eo din, na pes confusion,
o goellet deut er mes, dimes ar chauderon !
Me songe din breman o besan reduiset,
a groet dese meruel gant an eoU beruet,
1495 ag eo ar chontel cren a so voar a voellan ;
disesperin a ran o choellet quement man.
Petra a dal dime pidin, ma doueo,
pa n-am sicouret quct em nesesitteo?
Assur, me gret er fat es-int ousin fachet ;
I )Oo en-eur feson benag, em-eus-int ofanset ;
miliguet da vo (a)n n-eur ma voellis an daou man.
Ocasion ynt din d-en-em brisipittan.
(E)uidon, na gredan quet ebars en nep manier,
en dige an tan man na vertu na pouer ;
1505 Es-an en disesper, connaryn eo a ran.
Me ya d-en-em strinquan bars er chauderon man.
Rectiouare yls se gette dans le chauderon. v.\ntelmo parle.
O heman ar maleur ag ar confusion !
Goellet on lutanant maro cr chauderon.
I. On attendrait cannai. Peut-être le te.'cte portait-il originairement ni daou
gannat. Ce daou aurait été remplacé par so.
Le Mystère de i.xint Crcpin et de saint Crépinien. 505
nous sommes un message de Dieu venu pour vous faire visite,
descendus du ciel de la part de l'Éternel
pour vous encourager, puisque vous êtes toujours fidèles.
Vous suivez constamment toutes les paroles de notre Sauveur
qu'il a écrites dans l'Evangile.
LE 2^ ANGE
duicouque souffre le martyr pour l'amour de Jésus,
sera couronné dans les joies heureuses,
couronné de palmes, emblème de victoire
pour celui qui combattra comme vous sur la terre.
Sortez, venez dehors! donnez vos mains ici,
nous sommes envoyés pour vous délivrer.
Les saints sortent du chaudron et ils se mettent à genoux.
CRÉPix parle.
Mon Dieu, mon créateur, vous avez envoyé
des anges de votre paradis pour nous réconforter.
Nous sommes secourus par eux au milieu de nos plus grandes souffrances,
et nous sommes tout à fait dégoûtés des choses de ce monde.
Maintenez-nous toujours fermement dans votre grâce, mon Dieu,
pour que nous ayons le ciel au milieu de tous les anges.
Les anges sortent. rictiov.\ire parle.
Quel malheur c'est pour moi, et quelle confusion
de les voir sortis du chaudron !
Je pensais les avoir réduits, maintenant,
et les avoir fait mourir par l'huile bouillante,
et c'est tout à fait le contraire, d'après ce que je vois.
Je suis désespéré en voyant cela.
Que me sert de prier, rqes dieux,
si vous ne me secourez pas dans mes besoins ?
Vraiment, je crois bien qu'ils sont fâchés contre moi,
de quelque manière je les ai offensés.
Maudite soit l'heure où j'ai vu ces deux-là.
Ils sont cause que je vais me précipiter.
Pour moi, je ne crois en aucune manière
que ce feu ait quelque vertu ou pouvoir.
J'entre en désespoir ; j'enrage !
Je vais me jeter dans ce chaudron.
Rictiovaire se jette dans le chaudron, van tel.mo parle.
O quel malheur et quelle confusion !
Voyez notre lieutenant mort dans le chaudron !
2. mo meufomp = mon befomp, avec influence de am eus.
Rtvui ctUiqui, y XVI
5o6 Victor Tourneur.
M EX A
Cliuy a so sorserven. Gant o ch-oresono,
1510 chuy a so ocasion da varo on otro.
LIDIAS
Crcgomp pront, on pcuoar, hep ober fenqtion,
ebars an daou sorscr, d-o rentan cr prison.
Les tirant aiiiainc les Saint au prison.
TRAMAN entre et ditte :
Petra so a neue, ma s-och quen desolct ?
VANTELMO
Ato Rectiouare so enem presipittet.
fo 25 vo TRAMAX
1515 Comeret o repos, dcut d-cn-em disquisan,
me gaso ar chello d-ar prins Maximian.
Senne à gauche.
Les Saint au prison a genoux, crepix parle.
Breman ma breurig <quer>, pan omp ny er prison,
stouomp voar on daoulin da ober oreson.
Rentomp gras da Doue d-on besan diliurct
1520 dimcs ar poannio bras a oa din preparet.
CREPINIAX
Reson eo dimp ma breur, rentan gras da Doue :
prosternomp d-an daoulin dirag e vajeste.
Ma Yesus, ma Saluer, nin o suply breman,
bette n-eur ar maro, bepret d-on assistan.
1325 Chuy neus on preseruet ous pep temptasion,
lamet ' on pechegco, a reit dimp ny pardon.
LANGE entre et dit :
Cleuet breman, Crepin, a chuy Crcpinian,
me so deut adare euit o pisittan,
ag euit larct dach abeurs Doue, on tat,
i)30 ar poannio a souffret so desan agrcabl :
beset bepret courach, a deut da resistan
bette n-eur ar maro, homan toi diuesan.
Rag se, cleuet o taou, yue ma hecouttet,
rag ar-choas ar beure, e-ueset dibennet.
I. .Ms. efaset qui a une syllabe de trop pour le vers.
L' Mystère de saint Ci épi n d Ae saint Crépi nim. :?07
MEXA
Vous êtes des sorciers ! Avec vos oraisons,
vous êtes la cause de la mort de notre ciiel".
LIDIAS
Saisissons vite nous quatre, sans hésiter,
les deux sorciers pour les remettre en prison.
Les houricaux oiiiiièiieiil les saints à la prison.
TRAMAN entre et dit :
Qu'y a-t-il de nouveau, que vous êtes si désolés?
VANTELMO
C'est Rictiovairc qui s'est précipité.
TRAMAN
Reposez-vous. Allez vous délasser,
je porterai la nouvelle au prince Maximien.
Scène à gauche.
Les Saints en prison, crépin parle.
Maintenant, mon cher petit frère, que nous sommes en prison,
tombons à genoux pour prier.
Rendons grâces à Dieu de nous avoir délivrés
des grandes souffrances qui nous étaient préparées.
CRÉPINIEN
Nous avons des motifs, mon frère, de rendre grâces à Dieu.
Prosternons-nous à genoux devant sa majesté.
Mon Jésus, mon Sauveur, nous vous supplions maintenant
de toujours nous assister jusqu'à l'heure de la mort.
Vous qui nous avez préservés de toute tentation,
effacez nos péchés, et pardonnez-nous.
l'ange entre et dit :
Écoutez maintenant, Crépin, et vous, Crépinien,
je suis venu derechef vous rendre visite
pour vous dire de la part de Dieu, notre père,
que les peines que vous souffrez lui sont agréables.
Ayez toujours du courage, et résistez
jusqu'à l'heure de la mort, celui-ci le dernier coup.
C'est pourquoi, écoutez tous deux, et entendez moi,
car demain marin vous serez décapités.
5o8 Victor Tourneur.
1535 Po peso ar maro dre boannio tremenet,
gant Doue éternel c-ueset curunct,
ag assambles, 0 taou eueset fleuriset,
er lech sclestiel, en niesq ar vartiret.
Lange sort, crepin park.
O Doue éternel, indign on d-o pidin,
1540 a dimes ar grasso o ch-eus roet dimp ny.
Nin a so daou bêcher tennet ves a néant,
ag a désir monet d-o pales trionfant ;
biniguet eo an n-eur mo chcus bet on chrouet,
pa n-omp choaset guenach, yue predestinet.
1545 Adieu dach, ma breuriq, adieu dacli a laran.
Me ya d-o ch-ambrassin d-ar veach diuesan.
fo 26 Me esper choas eur voes, gant sicour ma Saluer,
e s-eomp on daouigg, d-an eft, en ber amser.
Adieu dach, ma breuriq, chuy a n-eus ma heuillet,
1550 cbars en pcp feson, obcisant din bcprct.
CREPINIAN
Adieu enta, ma breur, adieu dach choas eur voes,
ne n-cmp vocllomp pclloch ; quen a vo cr baradoes !
Yl ce retire.
LE TROISIÈME PROLOGUE entre à droite.
Assamble enorabl, dign da vesan caret,
me ro dach ar salut, gant enor a respet,
1553 ag a deu d-o pidin da uesan oil tranquill,
euit goellet ar fin a vue sant Crepin.
Marche
Breman ar messager deuy dirag ar roue,
euit ober resit a Rectiouare.
Ma cornant ar Roue o dies en-e bresans,
1560 gant furv ag arach, da rein de o setans.
Marche
Rein a ra ordrenans neuse d-an dirantet,
comer o chleuever ma voint dibenet,
a donet d-o lesel prontamant voar ar plas,
ma voint deuoret a debret tjant ar cheas.
Lr My^tcrr dr saint Crépin et Je faint Crépinien. ^09
Après avoir subi la mort par des supplices,
vous serez couronnés par Dieu l'éternel,
et ensemble, vous deux, vous serez couverts de fleurs,
dans le lieu céleste, au milieu des martyrs.
Vange sort, crkpin pailc.
O Dieu éternel, je suis indigne de vous prier,
et des grâces que vous nous avez faites.
Nous sommes deux pécheurs tirés du néant,
qui désirent aller dans votre palais triomphant.
Bénie soit l'heure où vous nous avez créés,
puisque nous sommes choisis et prédestinés par vous.
Adieu, mon cher frère. Je vous dis adieu ;
je vais vous embrasser pour la dernière fois.
J'espère encore une fois qu'avec le secours de mon Sauveur,
nous serons nous deux sous peu au ciel.
Adieu, mon cher frère, vous qui m'avez suivi,
m'obéissant toujours de toute manière.
CRÉPIN I EX
Adieu donc, mon frère, adieu encore une fois.
Nous ne nous verrons plus désormais. Au revoir, dans le paradis !
// se retire.
LE TROISIÈME PROLOGUE entre à droite
Assemblée honorable, digne d'être aimée,
je vous salue avec honneur et respect,
et viens vous prier d'être tous tranquilles,
pour voir la fin de la vie de saint Crépin.
Marche
Maintenant le messager viendra devant le roi
pour lui dire le sort de Rictiovaire.
Alors le roi commande de les amener en sa présence,
avec colère et rage, pour prononcer leur arrêt.
Marche
Il ordonne alors aux bourreaux
de prendre leurs épées pour qu'ils soient décapités,
et de les laisser aussitôt sur place,
pour être dévorés et mangés par les chiens.
Victor Tourneur.
Marche
1)6) Pan n-a an dirantet vit o exccuttin.
c teu dimes an eflf daou cil d-o chonlortin.
Ma kser o chorfo nciise voar ar paue,
da ucsan deuorct gant an oU Iconct goe.
Marchi
Rubian ag c choar a va en qiicr csprcs,
1570 d-obcr prouision mes a varchadourcs ;
pa voant y bars en n-ent, e quefgeont ar chorl'o,
pcre res de oreur cbars n-o chalono.
Marche
Eur voes dimes an n-eff a lauaras dese :
« Quesct guenach o taou ar chorfo a lesc,
1575 euit o ynterin gant enor a respet,
dre ma voint bisittet gant an dut afliget. »
Marche
fo 26 vo Antren a ra neuse ar paour ques Bertelot,
na na el quet querset, nemcrt gant o falcho ' ;
a malarubian - desan donet en ty,
1580 ag e-uo deliurct o pidin an (daou) vartir.
Marche
An ampereur Constantin a deujou d-ar goude,
e oll brinset gantan, euit plantan ar fe,
da ober puplian ar lesen dre ar bet,
ma vo (e)n-o liberté an oll gatoliquet.
Marche
1)8) Cas a ra un herot partout dre ar cheryo,
da buplian lesen Jésus Christ on Otro,
da re so er choageo liberté (da) dont d-ar guer,
na soufroint pelloch na tourmant, na miser.
Marche
Manius an antre euit goulen remet
1590 da car buguel en deus, digant ar vartiret ;
quent vit ma ve achu e-beden voar ar be,
e s-e yach e vugucl, ma comans da vale.
I. falcho, pour /a(7;o avec métathèsc de 1'/, peut-être par influence de/j/r'/;,
faux, de même que l'on a vu à plusieurs reprises leoiied pour loened, avec
Lr Mystèrr Je saint Ciipin <7 de saint Crépinicn. 5 1 1
Marche
Quand les bourreaux vont pour les exécuter,
deux anges viennent du ciel pour les réconforter.
Alors on laisse leurs corps sur le pavé,
pour être dévorés par toutes les bétcs sauvages.
Marche
Rubien et sa sœur vont à la ville dans le dessein
de faire provision de marchandises ;
comme ils étaient en chemin, ils trouvèrent les corps
qui leur firent horreur dans leurs cœurs.
Marche
Une voix du ciel leur dit :
« Prenez Avec vous les corps de cet endroit,
pour les enterrer avec honneur et respect,
là où ils seront visités par les gens affligés. »
Marche
Le pauvre diable de Bertelot entre alors,
et il ne peut marcher qu'avec ses béquilles.
Si bien que Rubien lui dit d'entrer dans la maison,
et qu'il sera délivré en priant les deux martyrs.
Marche
L'empereur Constantin viendra ensuite
avec tous ses princes, pour planter la foi,
pour faire publier la doctrine par le monde,
pour que tous les catholiques aient leur liberté,
Marche
Il envoie un héraut partout, par les villes,
pour publier la religion de Jésus-Christ notre Seigneur,
pour ceux qui sont dans les bois, liberté de revenir chez eux,
sans souffrir plus longtemps ni tourment ni misère.
Marche
Manius entre pour demander la guérison
d'un enfant qu'il a, aux martyrs ;
avant que soit finie sa prière sur la tombe,
son enfant est guéri et commence à marcher.
influence de kon.
2. a-ma-lar-Rubian.
I 2 Victor Tourneur.
Marche
Mercenat deu neuse, priuuct mes ar goellet ;
Phelipot ous en rcn da vc ar variiret ;
1)95 voar ben ma s-c gantan c bedcn acliuct
oar vc an daou vartir, c n-cus bct ar gocllct.
Marche
Vn ambassad antre, o tonet dious Rom,
dimes abeurs ar pap, ag a ya da Soixon
cuit cas d-e liser, de gas ar relego,
1600 ma voint canonisct ebars er guer a Rom.
Marche
Abcihimor da-sc c-uo groet conscillo :
darn ane vo contant, darn ail a gontesto,
ma heont assambles cuit monet da Rom,
da gas ar relego n-cur ganan Te Deiiiii.
Marche
1605 Chettu disclervet dach, compaignones Doue,
ar sujet pen da ben, ar fin mes ar vue.
Beset oU atantiff, a chuy (a) voello breman
en petore feson cteuy da linissan.
Marche
fo 27 Anfin, compaignones, yscus a choulenan :
1610 ary eo an amser ma renquan finissan ;
adieu a laran dach, compaignones santel,
gras dimp d-en-em voellct er yoayou éternel.
Senne a droit.
Maximien, deux page, EriuUe, Abonhis, Cajaset, Oblaniits entre à gauche.
Trainan entre a droit.
TRAM AN parle.
Salut, ma ampereur, ma frins Maximian.
Me so deut o pette, diligeant a buan,
1615 gant eur chelo so trist a dcplorabl mcurbet :
chettu Rectiouare en-em brisipittet.
Comandct (0) poa desan, ympalacr(c) souuercn,
vangin voar daou vechant ag a voa daou gristen.
Me ya d-o hcnucl dach, ampereur puissant.
1620 Vnan a so Crcpin, vn ail Crepinian.
Groet en deus de soutïrin vn tourmancho cruel.
/.'• Mysthc de uùnt Crcpin et de saint Cicpinim. 51 ?
Marche
Mercenat vient alors, privé de la vue,
l'hilipot le conduisant à la tombe des martyrs.
Dès qu'il a achevé sa prière
sur la tombe des martyrs, il a obtenu la vue.
Marche
Une ambassade entre, venant de Rome
de la part du pape, et va à Soissons,
leur (aux habitants) porter une lettre pour la translation des reliques,
pour qu'ils (les saints) soient canonisés dans la ville de Rome.
Marche
Pour cela, on tiendra des conseils:
Les uns consentiront, les autres protestent ;
si bien qu'ils partent ensemble pour aller à Rome,
porter les reliques en chantant le Te Deniii.
Marche
Voilà que vous est exposé, Compagnie de Dieu,
le sujet d'un bout à l'autre, la fin de la vie.
Soyez tous attentifs, et vous verrez maintenant
de quelle manière elle va finir.
Marche
Enfin, compagnons, je vous prie de m'excuser.
Le moment est venu où je dois finir.
Je vous dis adieu, sainte compagnie,
puissions-nous avoir la grâce de nous revoir dans les joies éternelles.
Scène à droite.
Maximian, deux pages, Triiille, Aboiilns, Cajasel, Oblaiiius enlrent a gauche.
Traman entre a droit.
TRAMAN parle.
Salut, mon empereur, mon prince Maximien.
Je suis venu vous trouver promptement,
avec une nouvelle qui est triste et très déplorable.
Voilà que Rictiovaire s'est précipité.
Vous lui aviez ordonné, empereur souverain,
de sévir sur deux méchants qui étaient deux chrétiens ;
je vais vous les nommer, puissant empereur ;
l'un est Crépin, l'autre Crépinien.
Il leur a fait souffrir de cruels tourments.
^ 14 Victor Tourneur.
tremenet o deus-v, drc ma voant sorscrycn.
Da gucntan, a heure o airen gant qiicrdcn,
o astcn voar eur rot, da dcrin o esquern ;
1625 evit quement se oll, na rent état ase,
na rent nemcrt gridin, a meuli o doue;
groet seuel coreo a het a het d-o chortT,
euit quement se oll, y na rent quct a fors;
neuse e hordrenas o songeall cafct fin,
1650 e-res o garottin eus pep a vin milin.
Neuse e oent strinquet gante ebars an dour,
a bepret e pedent o doue do sicour ;
an daou vin a sauas voar an dour er renier,
quer squaon vel diou bluen, a ma haborjont quer.
1635 Ma hordrenas neuse ma vigent distaguet,
euit o chas en quer ma vigent distruget ;
neuse e oent lequet gant plom a gant rousin,
en-eur chauderon vras, assarables da viruin.
Euit ar plom fontet da viruin voar nese,
1640 ne rent nemert canan melody d-o doue,
fo 27 vo Pa voellas quementse, gant mes a gant eston,
e tostas da sellet ebars er chauderon,
a dre ma voant mecliant a sorseryen quen bras,
gant eur stinquaden blom, e lagat a greuuas.
1645 Pa voellas quement se, e hes en disesper,
o choellet na elle ober dese meruel.
Neuse e comansas da grial boes e ben :
« Petra a rin brernan, ynfamet euelen ».
Ma regrette neuse an oll faveuryo bras
1650 en defoa reseuet digucnach dre o cras ;
ma laras gant courach, o ampereur puissant,
a pa dlege meruel, eno rentge contant.
Neuse e comandas ma vigent y st<r>inquet,
oar o fen da viruin en mesq eoll beruet ;
1655 ma voent tennet neus<e>, yoaus a trionfant,
gant me ne on petra, es an eoll ardant.
Euel ma oent tennet dimes ar chauderon,
e hejont d-an daoulin da ober oreson.
Ar barner gant despet, mes a confusion,
1660 en-em strinquas neuse ebars er chauderon.
MAXIMIAN
O maleur efroyabl, o pebes mechamant ',
pa gleuan ar maro dimes ma lutanant.
An den voa quer sauant, em seruige fidel.
I. Mechamant, formé sur méchant, avec le sens ancien de malchance.
Le Mystèir tic saint Crcpin rt Jr saint Cirpinicn. 3 1 5
ils les ont supportés parce qu'ils étaient sorciers.
Pour commencer, il les fit lier avec des cordes,
étendre sur une roue pour leur briser les os ;
malgré tout cela, ils n'en faisaient pas de cas,
ils ne faisaient que prier et louer leur Dieu.
Il leur fit couper des courroies d'un bout à l'autre de leurs corps ;
de tout cela ils ne tinrent pas compte.
Alors, il ordonna, pensant en finir,
il les fit garotter chacun à une pierre de meule.
Alors ils furent jetés avec elles dans l'eau,
et toujours ils priaient leur dieu de les secourir.
Les deux pierres flottèrent sur l'eau de la rivière,
aussi légères que deux plumes, et ils abordèrent à la ville.
Alors il ordonna qu'ils fussent détachés,
pour être envoyés en ville pour être détruits.
Alors ils furent mis avec du plomb et de ia résine,
dans un grand chaudron pour bouillir ensemble.
Malgré le plomb fondu qui bouillait sur eux,
ils ne faisaient que chanter les louanges de leur dieu.
Quand il vit cela avec honte et surprise,
il s'approcha pour regarder dans le chaudron,
et, comme ils étaient méchants et de si grands sorciers,
un jet de plomb lui creva un œil.
En voyant cela, il tombe dans le désespoir,
en vovant qu'il ne pouvait les faire mourir.
Alors il se mit à crier à tue-tête :
« Que ferai-je maintenant, déshonoré ainsi ».
Alors il regrettait toutes les grandes faveurs
qu'il avait reçues de vous par votre grâce,
et il dit avec courage, puissant empereur,
que, dùt-il mourir, il vous rendrait content.
Alors il commanda qu'ils fussent jetés
la tête la première, pour bouillir dans l'huile bouillante.
Ils furent tirés alors, joyeux et triomphants,
par je ne sais quoi, de l'huile ardente.
Comme ils furent tirés du chaudron,
ils tombèrent à genoux pour prier.
Le juge, de dépit, de honte et de confusion,
se jeta alors dans le chaudron.
G malheur effroyable ! quelle douleur !
lorsque j'apprends la mort de mon lieutenant.
Cet homme était si savant, il me servait fidèlement.
5i6 Victor Tourneur.
O ! dcspcrin a ran drc e-iiaro cruel.
1665 Vn nonibr bras en defoa laqueet d-ar niaro,
ganl tourniancho cruel a oa rust a garo ;
bras eo sur ar glachar ani-cus bars em chalon,
o songeall cr spcctacl dimcs ma guir vignon.
Mes cuit qucmcntse, rcspont dime brcinan.
1670 A te tcus arcttet an uaou vagisian?
Ya sur, ma monarq, laquet ynt er prison,
a miret <gant> peuoar (tirant) ' er guer ves a Soixon.
Orsus, don, ma frinset, ma assiste! brenian,
f" 28 euit ma teuin en pen an daou vagisian :
1675 ma rin o dibernan 2 breman gant ma arach,
(a) lesel voar ar paue da debrin gant ar cheas.
Me a rcy o difen na doucho den outte,
ma voint difromet > gant an oU leonet goe.
Ma monarq redouttet, prins bras Maximian,
1680 meurbet on regrettant o cleuet quement man ;
pa songean er maro a. Rectiouare,
estonet on meurbet o songeai quement se.
Me guef mad o ch-auis ober o funissan,
pa n-int ocasion, dîmes ar maleur man.
1685 Prins bras Maximian, breman pan n-och prcsant,
groet ma teuint dirasoch aman presantamant.
Vn désir vras anveus choas eur oes d-o goellet;
o cleuet es-int bet quereeryen bepret,
rag herue a gleuan, o deus cals a gouracli,
1690 e tesiront merucl dre an tourniancho bras.
Ma frins a ma monarq, courach o deus meurbet :
groet dre o puissans ma voint exposet.
Ouspen, o toueo, o choellet quement se,
o caro ordinal, couls an nos ag en de,
1695 goellet daou n-o deuueus puissans a netra,
enep o toueo bcuet bette vreman.
I. sirant a été ajouté machinalement nprcs peuoar et gant a été passé par
le copiste.
Le Mystère de saint Crépin et de saint Crèpinun. 5 17
Oh ! je suis désespéré de sa mort cruelle.
Il en avait mis à mort un grand nombre
par de cruels supplices qui étaient rudes et âpres.
Grande est certainement la douleur que j'ai dans mon cœur,
en songeant à la .scène (de la mott) de mon véritable ami.
Mais, pour tout cela, réponds-moi maintenant :
as-tu arrêté les deux magiciens ?
Oui certainement, mon roi, ils sont mis en prison,
et quatre bourreaux les gardent en la ville de Soissons.
Orsus donc, mes princes, assistez-moi maintenant,
pour que je vienne à bout des deux magiciens.
Je vais les faire maintenant décapiter dans ma rage,
et les faire laisser sur le pavé, pour être mangés par les chiens.
Je ferai défendre qu'on v touche,
pour qu'ils soient démembrés par les bêtes sauvages.
Mon roi redouté, grand prince Maximien,
je regrette beaucoup d'entendre cela.
Lorsque je songe à la mort de Rictiovaire,
je suis très étonné en la considérant.
Je trouve bon votre avis de les foire punir,
puisqu'ils sont la cause de ce malheur.
Grand prince Maxiniien, maintenant que vous êtes présent,
faites qu'ils viennent devant vous maintenant ici.
J'ai grande envie de les voir encore une fois,
en apprenant qu'ils ont été toujours des cordonniers ;
car, d'après ce que j'entends (dire), ils ont beaucoup de courage,
et désirent mourir dans de grands tourments.
CAJ.\SET
Mon prince et mon roi, ils ont beaucoup de courage.
Faites par votre puissance qu'ils soient exposés.
En outre, vos dieux, en voyant cela
vous aimeront toujours, aussi bien la nuit que le jour,
en voyant que deux hommes qui n'ont pas plus de puissance que rien
ont vécu jusqu'à maintenant en opposition de vos dieux.
2. dibernau pour dihetiiiiiii.
3. difiomct pour dijiainet.
i Victor Tourneur.
MAXIMIAN
VA chuy brcnian, Tranio, da vittc d-nr prison :
d-o goellct voar ar plas, cni-eus affection.
Tramau sort, oblanius parle.
Monarq bras, puissant, m-o pet ag o suply,
1700 na dostet quet desc, gant aon dre 0 magy,
na deufent d(a) oflinsin o cerf pe o speret :
quirieq int do barner da vcsan finiset.
Mes, ordrenet hep quen d-an dirantet (so) gante,
fo 28 vo da drettin anese herue o polante.
Senne a gauche.
Les tirant entre a gauche et ua la porte du prison.
TRAMAN entre a droite et ditte :
17O) Creguet (e)n-e, tirantet, a groet de sortisan,
ma voint disposer d-ar veach diuesan.
VANTELMO
Nin a grogo en-e justamant pa gueret,
ag a rento timat d-ar monarq redouttet.
Les saint sort du prison auec les tirant et yl reste auprès de la porte.
Maximian et ses prins entre a gauche.
TRAMAN parle.
Groet am-eus ma beach, ampereur puissant :
17 10 cliettu deut dirasoch an daou sorser méchant.
VANTELMO
Chettu ynd-y aman. Nin so soudardet vat :
laquât on deus eues deus an daou viserabl.
MAXIMIAN
Penos, daou .sorcer fall, a choas ocli en bue?
ras vil gant o toue, tut fal a didalue :
171 5 na eller en nep guis a hanoch dont en pen ;
mes me deuy hep dale, pe e lequeet difen.
Ma Rectiouare eo a voa ma barner,
o ch-eus dre sorscres, lequet on disesper,
maruet en disenor, confus er chauderon.
1720 Chuy so desan quirieg, gant o faous oreson.
Chuy yue, ma frinset, a renquo laret din
o santimant voar se euit ma chontantin.
Le Mystère de saint Cripin et de saint Crêpinicn. t, iq
MAXIMIF.X
Allez maintenant vous, Traman, les clicrchor à la prison :
j'ai envie de les voir sur le champ.
Traman sort, oblanius parle.
Monarque grand et puissant, je vous demande et vous supplie,
n'approchez pas d'eux de crainte que par leur magie
ils ne viennent à nuire à votre corps ou à votre esprit.
Ils sont cause que votre juge a péri.
Mais, ordonnez seulement aux bourreaux qui les accompagnent
de les traiter selon votre volonté.
Schie à gauche.
Les bourreaux entrent à gauche et vont à ta porte de. la prison.
TRAMAN entre à droite et dit :
Saisissez-les, bourreaux, et faites-les sortir
pour être préparés pour le dernier voyage.
VANTELMO
Nous les saisirons à l'instant, puisque vous le voulez,
et nous les remettrons promptement au monarque redouté.
Les saints sortent de la pison avec les bourreaux, et ils restent auprès de la
porte. Maximien et ses pi-inces entrent à gauche.
TRAMAN parle.
J'ai fait mon voyage, puissant empereur.
Voilà devant vous les deux méchants sorciers.
VANTELMO
Les voilà ici. Nous sommes de bons soldats ;
nous avons veillé sur les deux misérables.
MAXIMIEN
Comment, vos deux sorciers ! vous êtes encore en vie,
race vile avec votre dieu, gens faux et coquins.
On ne peut d'aucune manière venir à bout de vous ;
mais j'y arriverai sans retard, ou vous m'en empêcherez.
Mon Rictiovaire qui était mon prévôt,
vous l'avez poussé au désespoir par sortilèges,
mort dans le déshonneur, confondu dans le chaudron ;
vous en êtes la cause avec vos fausses oraisons.
Vous aussi, mes princes, vous allez me dire
votre sentiment là-dessus pour me contenter.
(A suivre).
Victor Tourneur.
SUR L'ÉTYMOLOGIE BRETONNE
(Suite.)
LXI. — Laxgaj kemexér : TELO ; KOURAUI, UR
HROUI ; GROX ER STÉR ; KACH ; BRIFEN ;
MEILHEN;JUAK; TALPEIN; HERTÉZ, ELTIS ;
BÈTEN, BLÈTEN; PAUFEN, PAUITE ; TAF-
LAUD ; DOULMEIN ; MANIER; KOJAN ; LATI-
FOÉN; MATINE IN; VILAJ.
I. Voici, sur les précédents chapitres relatifs à l'argot des
tailleurs morbihannais, quelques rectifications et additions que
je dois à l'obligeance de M. P. Le Golî.
N° LI, § 2, lire piart c Telo vous êtes ivre, littéralement
« Mathurin est ivre ». — Les formes ordinaires de ce prénom
sont en vannetais Matelin et Malan; Telo vient d'une variante
intermédiaire *MateIan. Le P. Grég. donne (hors de Vannes)
Matiirin, Malelin et traduit « Mathurins, ou Trinitaires, Reli-
gieux de la Rédemption des Captifs » Maturined. H. de la
Villemarqué donne, à la fin du dict. fr.-bret. de Le Gon.,
Matelin; J. Moal, SitppL, i6, Matidin, Tuliii (Léon), Matelin,
Matilin (Cornouaille) Mathurin ; Matnl, et pour enflmt Tiilik
Mathurine. On X\\. Matelinn , Gwer:;jou Brei--I~el, I, 126, 127,
132, fém. Mntelina, 130, 132. Pour l'application moqueuse
de ce nom dans Telo, on peut comparer « tranchées de Saint
Mathurin, accès de folie » clroncij Sant Maturin Gr. ; v. fr. le
mal sainct Mathelin la folie, matbelineiix, inatelineux qui a le
mal saint Mathelin, fou, en démence, matelin tou, insensé
Sur rÉtymologie bretonne. 5 2 1
God. ; cf. Mi'liisinc, IV, 506, où M. Nyrop conjecture une
ctymologic populaire du nom de saint Mathurin d'après l'italien
inallo insensé ; voir aussi Chcvaldin, Les jargons de la Farce de
Pathelin, Paris, 1903, p. 2, 3, 12. Le nom fimiilicr des Tri-
nitaires leur est venu de l'église de saint Mathurin, qu'ils
occupèrent à Paris au xiii* siècle; et leur costume (une sou-
tane de serge blanche, sur laquelle ils jetaient, pour sortir, un
manteau noir) a donné lieu à l'argot français Diatburiii, maturhe
dé à jouer; mathurin plat domino, selon Francisque-Michel,
Études de philologie comparée sur l'argot. Au sens populaire de
« marin » mathurin est peut-être une déformation de ce mot,
sous Tinfluence de matelot et de saint Mathuriii.
2. N° LI, § 2, lire er houraut le maître. Ce mot n'a sans
doute rien à faire avec le français local coureau cité § 14, que
M. P. Le Goff détinit « une passe d'une certaine étendue entre
des terres ou des bas-fonds », en ajoutant: « les coureaux de
Croix sont célèbres tant par l'abondance des sardines que par
la cérémonie religieuse qui inaugure la pêche ». — Littré
l'explique « sinuosité entre des bas-fonds et des roches que
l'eau recouvre », avec un exemple du xvi'^ siècle {courau,
d'Aubigné); le Dict. général ajoute à ce sens, usité « sur les
côtes de Bretagne », celui de « bateau léger servant d'allège,
ou employé à la pêche », « au port de Bordeaux et sur la
Garonne », et le tire de courir (voir Mistral, v. courréu; Sachs-
Villatte, V. coureau; Godefroy et Complém., v. coural, corau;
Jal n'en parle pas).
Une hste de M. Donerh, dont M. P. Le Coff m'a envoyé
copie, porte ur hroni un homme ; ceci suppose un radical
*kroui, qui, d'après la variante houri (LX, i) pourrait venir
de *kouri, cf. kouraut ?
3. N° LI, § 2, gran er stér est une faute de lecture pour gron
er stér, pommes de terre, expression fournie par M. Donerh.
— L'explication donnée § 14 est donc impossible ; le sens
suggéré par le breton serait « ce qui enveloppe, entoure la
rivière » ; allusion à la situation de quelque champ ?
4. N° LI, § 2, deit é hou mison genoh veut dire « vous avez
apporté votre petit garçon » .
5. N° LI, § 5. A Pluvigner, kach s'emploie souvent pour
Revue Celtiijue, XXVI. 21
5 22 £. Email! t.
faible, bien malade : iii'er hav kach je le trouve très mal (cf.
les deux sens du hrct. fall. Éludes d'élym., VI).
6. N" LU, § 2. On dit ■^ Pluméliau Pep moiijourdcn A gav mat
hé brifeii (= Pep loiidouren A gav mad hc c'hcusteiiren « Chaque
souillon Trouve son mauvais ragoût bon » Sauvé, 238).
7. N" LUI, §3-11 est possible que vieilhcn fille soit propre-
ment « une tige de mil », les Vannetais emploient dans le
même sens hoarhen tige de chanvre, planten plant (cf. en franc.
« un joli brin de fille »).
8. N° LVIII, § I. Juan, joiian ignorant, se dit aussi dans le
langage ordinaire; ce peut être une variante du nom propre
Jean, qui prend souvent des acceptions défavorables. — Cf. Jean
(béarnais), Jouaii (Nice), Juan (Alpes) Jean ; nigaud, badaud,
imbécile, Mistr. ; espagnol buen Juan, ou Juan de buen aima
niais, bonasse; Kp—âE-.z, VI, 22, 73, etc.
9. N° LIX, § 10. On dit en franc, du pays ialper crever, ce
qui doit provenir du van. îaJpein.
10. N° LX, § 2. Vu l'état fragmentaire du texte cité, le
tutoiement au pluriel n'y est pas prouvé. — J. F. Daniel,
Récréalicvis graniinaticaks, Rennes, 1828, p. 15, signale un fait
semblable dans le refrain de a la jolie ronde de la Neige » :
« Ma Suzon, Ma Lison, Pour danser. Pour valser, Ne va pas
te presser » ; il ajoute un exemple plus clair, le même que
H. Monnier : « Chapelle, du Vaudeville..., lorsqu'il apercevait
ses deux nièces, ne manquait jamais de leur dire : « Bonjour
mes nièces, comment te portes-tu ? » Un de ses camarades lui
fit observer que les règles de la grammaire ne permettaient
pas de s'exprimer ainsi. « Hé! que me fait la grammaire,
répondit le bon Chapelle ? Prétendrait-elle m'empêcher de
tutoyer mes nièces, ces pauvres enfants, que j'ai élevées moi-
même ? Viens, mes nièces, que je /'embrasse! » J'ai entendu
des expressions semblables dans le français des Trécorois.
N° LX, § 6, lire balbeu habits.
11. Voici maintenant quelques remarques de phonétique et
d'étymologie dont je me suis avisé après coup.
N° LVI, I. L'argot français arhvi pain (sans / préfixe, comme
dans heiié^, eJtis) a été encore entendu en 1889 par M. Schwob
{Mém. Soc. ling., VII, 301).
Sur Vfltymologic bretonne. 525
12. Bclcn et hlctoi crcpe (LX, i) viennent du franc, hcttc
plante potagère aux larges feuilles {cî. XXXIX) et blette, blèle
plante différente dont le nom se mêle parfois à l'autre (Kœr-
ting, V. beta et blitiiin), cf. blette, blette-rabe betterave, Centre
de la France, Jaubert; dauphinois blet, bleit betterave et blette
des champs Mistr. L'A. donne baitc\enn f. pi. bailéss bette (cf.
Rev. Celt., XVI, 220), avec Vs français du pluriel, que le dia-
lecte de Vannes emploie moins souvent que les autres, voir
Notes d'étyni., 219, 220 (n° 105, § 3-6). VI de bleten n'est donc
pas une addition phonétique (cf. n° XIV).
L'autre liquider est supprimée d:[nscbèchei}i chercher, LVIII,
I, paufen pauvre (;\ côté de vreti), paùité, pobité pauvreté, LU,
2; LVIII, I (cf. tréc. pevicn = pevrien, peorien pauvres, Rev.
Celt., W , 46), 466; Gloss., 509); peut-être aussi dans pou saud
goulu, LV, 4 ; cf. tréc. liikann lucarne, LV, i, etc.
13. On dit dans le sous-dialecte vannetais de V A.x\ or al f and,
haljaud m. pi. ed glouton, goinfre; ce qui peut être parent de
taflaiid gourmand, LV, 4. Il 3' a des exemples d'alternances t-
et h-, cf. Gloss., 706, 707; sur la métathèse de Jl en If, on
peut voir ibid., 128, 129, 647, 648.
14. Le van. dolmet (bois) pourri, devenu mou comme de la
mie de pain, comparé à l'argot des tailleurs doiihnein se fâcher,
LIX, 9, semble inséparable d'un mot saintongeais que m'a
appris M. l'abbé Tourneur : cormer mûrir comme les cormes,
en pourrissant ; viande cormée, trop vieille, bois corme, pourri,
et par plaisanterie femme cormée, vieillie. La série *kormet, *kol-
met, *tolmet, dolmet, doulmet n'est pas phonétiquement très clas-
sique, mais la langue populaire n'y regarde pas de si près (cf.
argot fr. calotte et taloche coup, etc., Mém. Soc. ling., VII, 52;
argot van. herté-^ et eltis pain, etc.).
1 5 . Aux pluriels vannetais en ér traités comme manier mains
cités, LVIII, I, on peut ajouter brankcr branches, Livr bugalé
Mari, Rennes, 1881, p. 292; rantiér rentes, Mis Mari, Vannes,
1841, p. 221.
16. Kojan poux (LX, i) rappelle d'abord cogenn pi. ed en
bas Léon bouvillon, jeune bœuf Gr., etc., mais c'est plutôt
un parent de l'argot fr. coquillon pou, que F. Michel tire du
v. fr. sac à coquillon sac que l'on se mettait sur la tête; et. van.
^ 24 E. Ernault.
coguenan huppe, cogucnnec alouette Gr., le nom d'homme
Coceuneuc, etc., Gloss., 112. L'argot fr. }^au, got, cf. argot espa-
gnol gao^ argot ital. gualtino pour F. Mich. semble différent.
17. Lalifoén eau-de-vie (LX, i) paraît tenir à l'argot fr.
bat if neuf, balifonne neuve F. Mich. 34, hattifo^u 497, avec un
sens voisin de batif, bâte (pop.) beau, joli Deles. La substi-
tution d7 à b initial se rencontre en argot, cf. Mém. Soc. ling.,
VII, 38. La finale a pu subir l'influence du mot avoine (ration
d'eau-de-vie, dans l'argot militaire, Deles.), cf. gourien voén
bouillie d'avoine, LUI, 5.
18. Matikein marier (LX, i) est parent du tréc. c'hoant
mateik désir amoureux, cf. madeik bonbon ; Kp-j^xiota,
VI, 86.
19. Sur vilaj ville (LVI, 8), il fliut ajouter cet article du
Dictionnaire de slang et d'expressions familières anglaises par C.
Legras, nouv. éd., Paris, 1900: « Village, ou plus souvent The
village, c'est-à-dire London. Les Français disent quelquefois /<;
grand village pour désigner Paris ».
LXII. — Langaj kemenêr: GOUSEN ; DAMOÉR ;
KAILH.
1. La liste de M. Donerh, citée n° LXI, § 2, contient encore
les variantes suivantes :
foien feu (cf. LU, 3).
ur gocni une femme, gommel maîtresse de maison (cf. LI,
3); gourien cherch bouillie de froment (cï. LUI, 5); gousein se
nourrir, gouscn repas (cf. LVI, 2).
kola:;^ coq (cf. LI, 12).
peus mel gousset vide (cf. LIV, 3).
2. Elle a, de plus: danioér femme, dainoc'r klak femme sale,
à Guidel (dérivé du franc, dame, cf. lyonnais damoche femme
qui veut faire la dame, N. du Puitspelu ?) eikailh argent (du
franc, caille, cf. esp, cuajarse se coaguler; se remplir de
monde, se peupler; réussir, se tirer d'affaire?).
Sur l'Éiymologie bretonne. 525
LXIII. — Laxgaj kemen'Êr : JARDOUR ; PAPETEN ;
PUS, ER BUS; SITEN ; PLEN ; LU.
1. Un tailleur de Baud-Lii Chapelle-Neuve a aussi donné
à M. P. Le Gotî des renseignements qu'il m'a aimablement
transmis. Les uns confirment simplement ceux qui précèdent :
farein v. a. et n. ; J'enard dvài; foien,fogen feu; goanié:^^ beau,
Telo.
2. D'autres apprennent quelques variantes de forme ou
d'emploi :
gourienflij bouillie de farine de mil (van. iond fond; cf. LUI,
5)-
gourien ront gruau de mil (van. griis; cf. LUI, 5).
jardour qui ne fait rien, qui s'amuse (pour *jûardour, cf.
joardein jouer, LV, i).
kachatidet pommes de terre? (cf. hachaud méchant LI, 5).
honnc dans é honnc er bus qui ne connaît rien (cf. 'gonéset ket
ne connaissez-vous pas, LIV, 6).
long é jour le jour est long (cf. LX, i).
papeîen malpropre (cf. peten LUI, i).
pus, er bus rien; manque de: fctour er bus fainéant; er bus
luch cécité; aveugle (cf. LIV, 3,4).
siten personne qui ne plaît pas, surtout grognon (cf. sitein
médire; défaire, rater, LIV, 5).
3. Enfin il y a deux choses plus nouvelles: l'emprunt fran-
çais plefi, dans plen gojan pouilleux, litt. plein de poux, cf.
LX, I, et //( fier, qui fait des embarras, mot qui doit être
breton.
Le P. Maunoir donne : « ridicule, vu dra lu » ; Grégoire :
« ridiculité, chose ridicule », « une chose risible », un dra lu;
« ridicule » lu; D. Le Pell. lu ridicule, impertinent, malhon-
nête, indécent, honteux, qui fait honte, « les plus habiles
Bretons m'ont assuré que Lu est du jargon, qui n'entre point
dans le discours sérieux. On en fait cependant... Luet, trompé,
moqué, confus, tombé en confusion, honteux de ce qu'il
passe pour ridicule... Luat, singulier Luaden, confusion.
^20 E. Ernault.
honte, traitement honteux .. » Roussel ms porte seulement:
« lu, ridicule impertinent malhonnête indécent honteux qui
fait honte. Lu est du jargon qui neutre point dans le discours
sérieux ». Le Gonidec a lu ridicule, digne de risée, de moque-
rie; II. de la Villemarqué lua parodier, luaden f. pi. -nnou
parodie. Troude regarde lu comme suranné; Mil. }ns a luet
trompé, moqué, joué, luaden confusion, honte, ce qui peut
être emprunté à Pel. M. du Rusq. a ///, lua, luaden, avec des
rapprochements impossibles. On lit lu ridicule, Bar^ounegou,
VIII, 339.
On dit en bas Tréguier luaden, luhaden (donner à quelqu'un)
de l'ennui, mais ce ne doit pas être le même mot: c'est plutôt
une variante de luiaden id., embarras, cf. luah embrouiller,
luet oh je suis en procès, dilu, dilui, agile, leste, débrouillard;
leuiasen brouille; bas van. louiein, h. van. luicin embrouiller,
moy. bret. lu::^yajf\à.. ; gall. lluddio empêcher, etc. Le P. Maun.
écrit liiia; Grég. lu:iya, luya, van. luyein embrouiller; lu:iyadur
embrouillement; Pel. hiia mêler, brouiller, empêtrer, embar-
rasser; Roussel nis « luïa mêler », « ln:^ia luxer »; Le Gon.
luxia, luia brouiller, mêler; embarrasser (H. de la Villemarqué
ajoute: encombrer); lui^iadur, luiadur m. action de brouil-
ler, etc. (encombrement, lu::iadur, dict. fr.-bret.) ; lu:J, lui
m. état d'une chose brouillée, mêlée (et pique, brouillerie,
petite querelle, dict. fr.-bret.). Il y a aussi une variante tréco-
roise lurian embarrasser^ gêner, luriet, empoté, gêné dans ses
mouvements, dont Vr doit provenir du ;^ doux qui, comme on
vient de le voir, n'est pas très solide ici, même en Léon ; et.
Rev. Celt., V, 127; GAw., 43 ; L'Epenihèse des liquides, 48
(§ ^3)' ^^'^- L'/ peut amener l'addition du son ;', mais je n'en
vois pas d'exemple sûr dans les conditions présentées par luiah.
Si glaouiasen f. braise, charbons ardents (en Goello, M. Biler)
a les variantes glaouriasen, glaourasen : eur c'hlacuriasen vad a
dan un bon feu Çglaouiasenadadan braise ardente à Ploubazlanec,
M. Lec'hvien), c'est sans doute par l'inHuence du mot de son
voisin glaouraseni baver, Gloss., 238 (à Plu7,unet glaoïiri, à
Plounevez-Moëdec glaourenni).
La famille de lu doit être le v. bret. arlu gl. proibuit, léon.
bar lua bannir, chasser, galI. arhio arrêter, voir Gloss., 381,
Sur rEtymologic bretonne. t, 27
313, 31-^. Cf. harluer pi. yoi conducteur, qui conduit par hon-
nêteté ceux qui partent de chez lui Grég. ; harlu m. bannis-
sement, exil, harhicn\ m. action de bannir, de chasser, d'éloi-
gner, etc. Gon. Troude donne comme surannés harlu m. et
harJua, v. a., tout en citant le tréc. harluah et le cornou. harlui
bannir, exiler. M. du Rusquec a harluérc^ m. empêchement,
harlu m. exil, éloignement, entrave (sens suggéré par le v. br.
« arhip entraves» qu'il cite), harlui bannir, arrêter, et difarlui
débarrasser, qui serait pour disharhii (?).
Ltic'hach, luach traduit, dans le dict. franc. -bret. de Le
Gonidec, « baragoin, langage corrompu » ; H. de la Ville-
marqué l'a inséré à la 2" édition du dict. bret. -franc, de l'auteur,
en ajoutant: « jargon, argot, particulièrement celui des tail-
leurs ». L'origine n'est pas lu, mais luc'ha luire, voir Rev. Celt.,
XV, 363 ; XVI, 225. Roussel nis donne « Luc'hac'h jargon de
cabale, de convention dont les jeunes gens se servent entre eux » ;
ce qui manque à Pel. Selon Troude, luc'hach jargon, argot est
cornouaillais et luhech, luc'hcch trécorois. Mil. ms ajoute: « H.
Léon hic'haich pris en mauvais sens, paroles déshonnêtes
et contre la pudeur » et à luc'hach : « langage des impu-
diques ». Cf. tréc. nep a lavar hic'haich débauché en paroles
Trd, dict. fr.-bret. J'ai conjecturé, Rev. Celt., XV, 363, que
ce dernier sens venait d'une confusion avec loegach; cela est
contredit par ces autres notes de Milin : luc'ha « regarder avec
des yeux dévergondés d'impudicité, comme font surtout cer-
taines femmes mariées au cœur faux, et infidèles à tout devoir
d'honnêteté » ; « luc'haden un regard, un coup d'œil impu-
dique » ; cf. encore lus^erni oc'h cur verc'h, regarder amoureu-
sement une fille, Trd. M. du Rusq. a luc'hach m. pi. ou et
luhech, luc'hech baragouin, jargon. Je n'ai entendu cette pro-
nonciation -ech qu'à Morlaix, dans mortuech extrait mortuaire
(à Pluzunet morluach, M. Vallée), Gloss., 426 (cf. Notes d'étym.,
5, §8).
Pel. voulait tirer lu de luc'h « qui a dû signifier une lumière
brillante, subite et éblouissante » ; Le Gon. regarde lûcl) m.
comme inusité, Troude note luc'h comme suranné; M. du
Rusq. donne luc'h m. pi. ou lumière. On lit ce mot en cor-
nouaillais, B-V-a^Breii, 230. Bien que je l'aie employé aussi
^28 E. Ernaiilt.
(dans mes Giueixiou, p. 42, 55), je n'ai entendu que l'adj. luc'J)
luisant (en petit Tréguier).
A l'appui de son étymologie de lu, Pcl. remarque que « ceux
de Basse-Cornwaille disent Luc'het, d'un homme qui est dans
l'erreur, égaré, trompé, et qui agit sans connoissance certaine,
sans jugement et en étourdi, ce qui se dit d'un homme frapé
de la foudre ». Ceci rappelle le van. seahct, séhct, serhet, sehiet
étonné, de seah foudre. Cependant on attendrait plutôt *luc'he-
det, cf. van. luhédétt (blé) charbonné, Gloss., ■^'j'j.
4. Ce mot van. prouve au moins une association populaire
entre l'idée de la foudre et celle du charbon du blé. M. Dottin
signale dans le Bas-Maine foudr « maladie du blé par laquelle
les grains sont réduits en poussière noire comme du charbon » ;
fîvedr id., on confond sous ce nom « la Tilletia caries et l'Us-
tilago segetum » ; (blé) fwedrc, atteint par la carie. Selon de
Montesson, Vocab. du Bas-Maine, le mot foudre f., « ne signifie
pas du tout que cette maladie envahisse le blé avec la rapidité
de la foudre », mais vient du v. ir.faude charbon; ce qui est
manifestement erroné. En v. (v.foudrer voulait dire frapper de
la foudre, foudroyer; God. cite foudre (blé) couché à terre par
le vent et la pluie (Beaucc, Perche); le Dicî. national de Bes-
cherelle, 1856, u^àmi foudre (\Ac) « versé par couches, qui se
recouvrent les unes les autres en sens différents », cf. foudre
m. sorte de coquille « à cause des lignes en zigzag et imitant
la foudre qui sont gravés à leur surface ». Je crois que luhedet
veut dire proprement « brûlé comme par l'éclair ». Cf. « et du,
bled foudre, v : grullu » R*' ins.
5. L'histoire de cette famille de mots ne manque ni d'étran-
getés ni de complications (cf. Gloss., 377-380, Lexique, 191,
192, Rev. Celt., XV, 362, etc.), depuis le moy. bret. luhet,
luffet éclairs, jusqu'au moderne luet, luchet Nom. puis luhed,
lufud Gr., etc. On prononce à Beuzec-Cap-Sizun luyed, au
sing. hic'hédén, et léochi faire des éclairs, luire; léoc'hu^ étin-
celant (Francès, Ann. de Bret., XVII, 153). Léoc'hi rappelle
leuc'hi Gr., mais n'en est pas une variante régulière (sur
béoc'b vache, péoc'h paix qui se disent dans la même loca-
lité, voir Notes d'étym., 148, 149, 157, n° 76, § 6; 79, § 3).
Grég. donne, avec leuc'hi, luic'ha et luya luire, parlant des
Sur l'Etymologie bretonne. 5 29
corps polis ; il a Jciic'hus, luic'hus, Uiyus luisant. Luya doit
venir du fr., cf. moy. brct. Inysant lumineux (luisant), voir
ZtSihr. /". ait. PhiJol., II, 398, 399, 519. Luicha, moy. bret.
ln\cbatf reluire, van. litchcin, où j'ai vu un mélange de luya et
de luc'hcdcnu, s'expliquerait mieux par un croisement de ce
dernier avec le correspondant du gall. lleiuychu, v. gall. digiio-
louichctic révélé. C'est une forme inchoative du verbe qui se
trouve dans le moy. br. giielciiif briller, Gloss., 278, giielevi
éclater, reluire, gudevus éclatant, brillant Gr., cornouaillais
^■luclévi, giuélévu- Gon. ; sur ces formations, voir Rev. Celt.,
XXI, 145, i^G-Ztschr. f. celt. PhiloL, II, 384. Le van. klah
chercher, cité à ce dernier passage, fait ordinairement au par-
ticipe klûsket; on trouve quelquefois klahct, qui paraît analo-
gique.
LXIV. — BLECH, BLEICH, BLEICHARD,
BLEÎCHEIN; BLECC, BLENÇZ ; BLÉ ; BLOT ;
BLOUGORN.
I. Des mots bretons d'origine plus ou moins exclusivement
argotique sont signalés, Rev. Celt., VII, 50, 51; XIV, 283-
289; XV, 356, 364-367; XVI, 234-236. On peut en ajouter
quelques autres que nous allons examiner.
Blech, bleich m. un traître, bhichani adj. traître, hicichein v. n.
et a. trahir, prendre en traître, dans le van. de Guidel, etc., en
haut breton des Côtes-du-Nord blèche traître, sournois; au
Coglais, arrondissement de Fougères (Ille-et-Vilaine) blénch
qui fiiit le mal sournoisement (se dit aussi d'un fruit trop mûr,
mou, surtout des poires, A. Daguet, Annales de Bretagne, XVIII,
449), à Dol bléch, adj. et s. m. traître, bléchrî flatterie menteuse,
F. Duine, ibid., XII, 582, à Pipriac blaych adj. goguenard,
qui fait des plaisanteries un peu amères, XVI, 518; cf. argot
fr. blaische, blesche « petit mercier, colporteur, et par suite
vagabond, gueux. Ce mot... passa plus tard dans notre langue
avec le sens de trompeur, d'homme de mauvaise foi » F. Mi-
chel, qui le tire, après Huet, de « lias, blac, blacque, qui
5 ^0 E. Ernaiih.
signifiait autrefois valaqnc » ; « les Mattois, les Blesches »
BoLichet, Serces, III, 129; blaichard, bléchard, blècbe laid
Bruand ; hléchard laid, disgracié de la nature, f. blécharde, Mèche
(argot du peuple) Virmaitre; blccJkirt, bléche (hng^ge popu-
laire) laid, médiocre, mauvais, devenir bléebard devenir vieux,
dépérir, faire blècbe rater une chose, fiire coup nul (pour
blanc, pâle, allem. bleicb selon Timmermans) Delesalle; blècbe
laid, désagréable Rigaud, etc.
La 2" éd. du dictionnaire de l'Académie porte: « Blescbe.
Malin. Se dit d'une personne dont il fiut se défier. On l'em-
plo3-e aussi substant. » ; Furetière : blaiscbe mou, lâche; Littré :
blècbe adj. et s. m. faible de caractère, « à peu près inusité » ;
blêchir devenir blêche, « très peu usité »; le Dict. général:
blècbe (161 1, Cotgrave ; mot vieilli), qui est d'un caractère
mou ; par extension, qui est d'un caractère peu sûr, hypocrite;
blècbir (Acad. 1798; vieilli), devenir blèche; Larousse: blècbe
ou blaicbe qui manque de caractère, d'énergie, « n'est plus
usité que chez les ouvriers imprimeurs » ; chez les imprimeurs,
au jeu de cadratins, coup blècbe, ou subst. blècbe coup où l'on
n'amène aucun point; popul. banque blècbe banque, c'est-à-dire
paye, où l'on n'a rien à toucher; par ext. poire blècbe poire
molle, « on dit plus souvent et moins bien poire blette » ; blècbir
V. n. pop. manquer de fermeté, de décision, mollir; blescherie
fourberie, tromperie (vieux mot); Sachs-\'illatte : blècbe (peu
usité) « \veibisch(er Mensch) » =: blaicbe (vieilli); blécber
(familier, peu us.) v. n. « fuil sein, trœdehi » ; blècbeur (fam.,
p. u.) « fauler Arbeiter » ; blècbir, blècbir v. n. « weibisch
werden ». En v. franc., La Curne de Sainte-Palaye donne
blescbe fourbe, blescberie fourberie. Dans le Haut-Maine on dit
blècbe, blaicbe, biaicbe ad], sournois (traduit aussi « qui biaise »,
biécbcr biaiser), de Montesson; dans le Bas-Maine byèch
« blèche, qui biaise, qui use de finesse, qui agit en sournois;
blet », Dottin.
Ménage, dans son Dict. èl\m. de la lani^ne françoisc (Paris,
1750), tire un blaiscbe « un homme de peu de mérite » du grec
« BAà;stolidus, supinus, iners». Littré regarde cette étymologie
comme possible, à cause du bas-lat. blax stultus ; il mentionne
celle de Grandgagnage par l'allem. bleicb pâle, et compare le
Sur rf^tymologie bretonne. 55 1
norinanJ bh'ijui' blet, qui se pourrit. Diez et Larousse tiennent
pour le grec, Sachs-Vilhute pour l'allemand; le Dict. général
dit que blêche peut être Tadj. verbal d'une forme normanno-
picarde hiechicr pour blesser. Cf. Roimviia, 1880, p. 628, où
l'ièche est tiré de blechier, forme normande de bkcier ^ blesser,
dérivé de blel (G. Paris). Kœrting, Lateinisch-roman. IVœrt.,
2"" éd., 1474, rapporte blèche à blet, qui pourrait être aussi
l'origine de blesser, et regarde comme phonétiquement impos-
sible l'étymologie grecque. M. Pogatscher, Zeitschrift fi'ir
romanische Philologie, XII, 556, avait proposé de voir dans
blcche, blèque un croisement d'un germanique *blaitisôn avec la
famille du vieux haut allem. bleih.
2. Quoi qu'il en soit, le bas breton nous montre, mieux
séparés que dans les idiomes romans, divers éléments linguis-
tiques dont l'étude intéresse plus ou moins directement l'his-
toire de bléche.
Le van. blecb, bleich n'a que le sens moral de « traître »,
les mots correspondants du Coglais, du Haut-Maine, etc., ont
de plus celui de (fruit) « trop mûr, mou, blet ». Une sem-
blable association d'idées a lieu à Saint-Pol (Pas-de-Calais), où
blet, blette s'applique à (une femme) « molle, sans énergie »
(Edmont, Lexique Saiiit-Polois); dans le Midi, où M. Mistral
traduit veni blet « se faire blet, se blossir, en parlant des fruits ;
pâmer d'émotion, vieillir; » etc.
Le moy. bret. a blecc plaie, blessure, bhr~ûjf, blessa blesser,
châtier, part, blecet, blec:{et ; bler~adur action de blesser; on lit
dans le Doctrinal gant ne(p) bleç avec quelque fliute, blecet blessé
{Archiv fiir celt. Lcxikogr., I, 382, 604); en bret. mod. bleçx_
m. pi. on, van. eu blessure, plaie, à Cap Si/un blenç~ ; bleç:^a,
van. bleç:^eih blesser Gr., hless f. pi. bléssou blessure du Rusq.,
van. blesse m. pi. blesseu id., au propre et au fig., tréc. bleusah
blesser, du v. fr. bkcier, voir Rev. Celt., XI, 354; XIX, 200;
Gloss., 70.
Les patois français présentent, en dehors de la Bretagne :
morvandeau ble'ger accabler en frappant, surcharger, écraser;
blesse pâle, fade, flasque; blessi pâlir, blanchir, devenir blême
ou fade (de Chambure); centre de la France blesser « exprime
le premier degré de maturité des fruits » Jaubert ; normand
^^2 E. Ernaiih.
bloque blet Dclboulle, Gloss. de la vallée d'Yères; norm. du
Bessin blléchié blesser, blléque, blléche blet(te), blléqui, blléchi
devenir blet(te), Joret; à Montbéliard blessade, biossak i. lieu
où l'on met blettir les fruits, biossie blesser, Contejean ; dans
la Franche-Montagne (Franche-Comté) byo fém. byos blet; (es-
tu bientôt) prêt ? byosi blettir, byosi blesser, Grammont, etc.
N. du Puitspelu, à propos du lyonnais blaches plantes maré-
cageuses, mêle le v. fr. hlcche fliible, mou, à beaucoup de mots
celtiques et autres qui semblent en grande partie inconciliables
(sur le brct. M, cf. Rcv. Celt., XIV, 285). A blet (fruit) trop
mûr, il signale deux autres sens de ce mot : mouillé, humide
et (avoir le cœur) sensible. Il se prononce blc et se trouve
écrit ble.
3. Ce pourrait être l'origine du trécorois blé faible, débile
Grég., id., mou, délicat Gon. (l)le, donné à tort comme van.
par Troude) ; aujourd'hui en Trég. blc. Phonétiquement il n'y
aurait pas de difficulté, cf. Gloss., v. plei. Mais le mot peut
aussi venir de *ble~^, gall. blydd plein de sève; doux, tendre
(Gloss., 70; Henr}', Lexique, 37).
4. Le P. Maunoir donne blot tendre, bloda amollir; Grég.
blot, van. id. mou, pèr blot, van. id. poires molles, hors de
Léon ur guële blot un lit mou, van. blod mûr; bloda, blotaat,
van. blodein, blotât rendre ou devenir mou, rénta blod amolWv,
blodadur amollissement; Pel. /»/(?/, blôd tendre, délicat, mou,
bloda amollir, frapper pour amollir; Châl. blot mûr, mou,
blodein, /j/o/rt/ amollir, mûrir; Châl. dis. blot mûr, frehen blod
fruit plus que mûr; l'A. bloît mou, blotein, blotait devenir mou,
blodein, blotatt amollir, blodadur m. amollissement; Le Gon.
ajoute blôdder m. mollesse, délicatesse, tendreté, tendresse;
M. du R. blodére:{^ f. ramollissement.
Pel. rapproche blot de bleut farine; il y voit l'origine des
mots franc, bleche, blette; de même Grég. et BuUet, qui ajoute
le franc-comtois blot (fruit) « qui est mol, parce qu'il est
passé », etc. L'étymologie celtique de Pel., reprise par
MM. Thurneysen, Stokes et V. Henry (qui note à tort blot
comme moy. bret.), est peu conforme à la phonétique; on
attendrait *bleud, van. *blét (cf. Notes d'étyni., n° 76). Les com-
paraisons romanes sont au contraire très plausibles, mais c'est
Sur FEtymologic bretonne. ]^^
le breton qui a emprunté ce mot, inconnu des autres langues
celtiques (cf. GIoss., 71).
5. On trouve bloui;;orn pi. a/ jeune bœuf, bouvillon Gr.,
Gon., bloiii^orn, hlogoni, cornou. boin^oni Trd ; bloiii^oni, blo-
gorn « se dit encore au figuré d'un homme petit de taille et
trapu, sans égard à son âge; nain, nabot » Mil. nis. Grcg. y
voit un composé de blot, signifiant « aux cornes molles »,
ce qui vaut mieux que la comparaison de l'anglais bnlloch,
tentée par M. du R. Mais la voyelle ou fait difficulté; blogorn
peut bien avoir été suggéré par la réminiscence de blod.
M. Loth propose dans le Lexique de M. Henry une explica-
tion différente : *bloe(d)-gorn « dont les cornes sont de l'an-
née, d'un an ». Ne serait-ce pas plutôt un composé *bIouc'h-
gorn, de blouc'h sans barbe, glabre ?
Blougorn, quasi *blouch a gorn dont le front lisse n'a pas de
corne, désignerait bien l'animal au moment où, comme dit
Lucrèce (V, 103 1),
Cornua nata prius vitulo quam frontibus exstent,
lUis iratus petit atque infensus inurget.
Sauvé (dans la Faune populaire de M. Rolland, V, 8) cite les
formes blougorn, blogorn et boiigorn; les deux dernières peuvent
provenir d'étymologies populaires par blod et boug mou.
LXV. — BLONÇA, BLOCEIN ; BLOSSAT ;
BOSEAL, BOSSIGERN, FOULIGAHEIN ; BRONDU,
BRONZU; BRON.
I . Maun. a blonça meurtrir (mal traduit to kill dans VArchœo-
logia Britannica) ; Grég. blonç^a, van. blonceih, blocein meurtrir,
goad bloncet meurtrissure, dour-bloncet , blonçadur, van. blocerch
meurtrissure de fruits; blonç:;adur contusion, bloncet contus;
Pel. blonç meurtrissure, contusion, marque livide d'un coup
donné sur la chair; Châl. blocein un aval meurtrir une pomme ;
l'A. blocein meurtrir, bloce m. pi. eu, bloçadur m. pi. eu meur-
trissure; Le Gon. blohs, blohsadur, blouserez^ meurtrissure, blousa
meurtrir; Trd blohs, brohs meurtrissure; M. du Rusq. blonsa-
dur, blounsadur m. pi. iou, blouns, id., blousa, blounsa, bloun:{a
5 H ^- F-rnault.
meurtrir; MM. Guillcvic et Le Go^ (^Vocah., Vannes, 1904),
hlos \w. pi. eu meurtrissure, bloscin, bas van. blonsein meurtrir,
froisser. La forme hloiiUya me paraît une méprise, ainsi que
brons (i\L Francès n'atteste que Mous à Beuzcc-cap-Sizun, Auu.de
Bri'L, X\'II, 13 r). Broùs est dû sans doute à une réminiscence
du synon}me hroù:;^u ; cf. ur c'horf blouç:^et ha bron^îiet gad ou
iaulyon un corps meurtri de coups Gr., voir § 3. On lit en
cornouaillais hlous blessure, Bai\. Brei::^, 50; on dit en Tré-
guier bloîisah meurtrir.
2. Pel. compare à tort le mot pkvub; il remarque qu'on dit
en haute Bretagne blosscr pour blesser et que « l'on prononce
ailleurs Bleuser » (taute probablement pour blouser^ Bullet,
dans son article (vannetais) blossein amollir, attendrir, dont
j'ignore la source, cite le franc-comtois poire blosse « molle, à
cause qu'elle est passée » ; à bht, il dit que blosse (poire, pomme)
plus que molle était autrefois du langage parisien au lieu de
blesse à Metz, bleque en normand. Blosse est en effet attesté par
Henri Estienne. M. Fertiault, Dict. du langage populaire verduno-
cbalonuais (SaànQ-Qt-Loire^ a blo, L blosse blet, talé, trop mûr;
(personne) trop mûre, p. 460 (et aussi qui ne peut parler, qui
bégaye). M. de Chambure donne en morvandeau blos, fém.
(et quelquefois masc.) blosse blet, trop mùr; il rapproche
du fr. blossir devenir blet le mot de Franche-Comté bloussi, en
Suisse blossi pincer la peau de manière à provoquer une tache
livide, blosson tache qui résulte d'un coup ou d'une meurtris-
sure, etc. Dicz, Elyiii. Wœrterb. der rouuvi. Spracheu, 4^ éd.,
1878, p. 526, compare au berrichon blosse blette le h. allem.
blol~en écraser. M. Grammont (Méui. Soc. liug., XI, 58) voit
dans le mot /;vt) fém. byos de la Franche-Montagne l'adj. blet
:\\cc un autre suffixe. M. Henry, Lexique, 38, dit que le h.
bret. blosser « pourrait être une contamination de blesser qi de
crosser ». Je crois qu'il vaut mieux partir de l'adj. franc, blosse,
bien qu'il ne se retrouve en bret. que dans des dérivés de sens
analogue au franc-comtois bloussi, suisse blossi. Cf. cette
remarque de Bullet : « On appelle Blosse à Metz la tumeur
qui se forme au front lorsqu'on s'y est heurté, ou qu'on s'est
laissé tomber dessus ». Ce mot (comparé à tort au bret. /'Of;(
bosse) peut servir à expliquer les plaisanteries sur beloce, voir
Sur l'Êtymologic bretonne. 5 ] 5
XLVII, § I. Le wallon bhssî écraser, aplatir quelque cliose
par un grand poids, Remagie, 2" éd., paraît être un autre
témoignage du mélange des deux radicaux bleç et bloc.
3. Le van. a blossat rompre les mottes des sillons, labour
qu'on fait au mois de mars Cliàl., bloç:^al émottcr Gr., bloçalt
rompre les mottes, bloccin, bloçalt part, -ccll, indic. -ce et -ça
émotter l'A., blosaat a. et n. émotter Gon. M. du R. donne
blosaat briser les mottes, part, éat, comme si c'était un mot
léonais, ce qui n'est pas mieux autorisé que blinga cligner,
blingadd pi. ou action de cligner, etc., cf. Notes d'étym., 198,
199 (n° 98, § 3).
BuUet donne « blostat, rompre les mottes sur la terre labou-
rée », forme confirmée par l'ordre alphabétique. C'est, comme
blossein qui précède immédiatement, un article de provenance
inconnue, mais vannetaise; cf. la remarque du même compi-
lateur sur aber, où le diocèse de Vannes est mentionné (Gloss.,
14). Il compare blostat à blossein et celui-ci à « une poire
blosse ».
Je crois que blossat est à séparer de blocein meurtrir, et qu'il
a bien pu avoir une variante blostal, son origine étant le v.
fr. blostre, bloustre, bloute, bleste, blaistre, blette, bloche petite
motte de terre renversée par le soc en labourant; Godefroy
donne en outre, sans en citer d'exemples, bloste, blote, blestre
et blosse, qui répond le mieux à blossat; cf. « casser les blo-
ches » (1400); blester labourer légèrement; garnir de mottes
de gazon; blostre, bloustre tumeur, bouton. Diez, Etym. Wœrt.,
^ij, tire blostre motte du hollandais bluyster, angl. blister
tumeur, ce qui vaut mieux assurément que l'étymologie clas-
sique de Ménage : gleba, glebula, glebuletta, buletta, blette.
M. Kœrting rapporte en v. fr. blestre, et blostre, bloslc, aux
vieux mots allem. blister et bluster « Blase » (n°^ 1477, H^O-
3. Blossat a pour synonyme en petit Trég. hoseal, à Saint-
Mayeux bosein, Rev. Celt., IV, 149, qui est différent et doit se
rattacher au franc, bosse. Sur les autres dérivés de ce mot,
cf. Gloss., 72; Rev. Celt., XV, 358; XVI, 233. Mil. ins a bos
m. pi. bossou bosse, élévation ; bossigern bosse à la tête (cf. plus
haut, XLI, § )). M. du Rusq. donne bouligerna v. a. et n.
détruire, abimer « les uns disent foui igerna » et compare le
3^6 E. Eniault.
franc, bouleverser. On penserait plutôt nu fr. fouler, cf. van.
foulii^nhcin bouleverser, fouligah m. bouleversement l'A, (de
*fouliginlj, cf. Noies d'élym., 175, n" 84, § 2); foulein fouler,
presser Châl., fouV foule, presse Ch. ms, foule f. l'A. (cf. Gloss.,
243). VoirLXVI, § I.
4. Grég. donne brondua, bron^ua meurtrir, faire des con-
tusions, bron^uet contus, usé, meurtri, froissé, bron:^uadur
meurtrissure, marque livide, contusion ; Pel. brondu contusion,
meurtrissure, sing. bronduen; brondui meurtrir, faire une con-
tusion, « quelques-uns en Léon prononcent Brundu, Brun-
duen, Brundui et Brunduel, \>our: Bronduet, meurtri. Cela vient
de ce qu'on parle plus délicatement » ; Le Gon. brondu, bron;;^u
m. pi. ou meurtrissure, contusion livide, brondua, bron:^ua v. a.
meurtrir, bronduadur , broniuadur m. action de meurtrir, meur-
trissure; Trd écrit brondu pi. ou, brondu; brondua, bro)\ua ;
Mil. ms se contente d'ajouter cet exemple: gwall vronduct eo
gant ar mestaol en deu:^ paket (il est tout meurtri du mauvais
coup qu'il a attrapé), ce qui ne décide rien sur la prononcia-
tion, l'auteur omettant d'ordinaire le signe de la nasale;
M. du R. a brondu m., brondua, bronduadur m. pi. iou; brondui
(contusionner); ce qui peut aussi se lire des deux fciçons.
Grég. tire bron:;jia meurtrir, de broncha bronzer, dérivé de
bronç^ bronze.
Pel. dit que brondu « est à la lettre, mammelle ou tumeur
noire », et cite le gall. brondu 'r tiuynau pluvier {bronddu,
poitrine-noire des rivages). M. Henry interprète de va&mt bron:(u
par « mamelon noir », en le faisant à tort fém., et en com-
parant blousa, qu'il avait déjà expliqué autrement, comme
nous l'avons vu.
Bullet regarde brundu comme un pléonasme, ^ brun-noir;
il compare le bas lat. bruntus livide, brusura meurtrissure (le
premier se rattache à brun, l'autre au fr. briser^.
Le fr. bron~e, bron~er ne saurait être l'origine directe que de
brohxji, bron-iia, d'où l'on ne peut tirer brondu. Bron~e est
expliqué par l'ital. bron:^o, du lat. as Brundisium (accent sur
la i""^ syll., second i consonne), cf. le Dict. général, et Kœr-
ting, 2*^ éd., 1596, 1598. Cette explication, révoquée en
doute par M. Schrader, Reallexikon, 203, 204, ne permet pas
Sur rùynwlo^ie bretonne. J57
de rendre compte du bret. hrondii, sauf le cas d'une étymo-
logie populaire, hypothèse sans point d'appui solide. Bron:^cr :\.
un sens assez distinct de hrûn':^ua, et il est très possible que
le verbe bnmç::;a ait été formé par le P. Grégoire lui-même
pour rendre le fr. bron~tr, qu'il explique « faire en manière
de bronze ». Voir n° XLVI, i.
La comparaison de bnai n'est guère plus satisfaisante, malgré
la ressemblance du provençal ancien brunexir, aujourd'hui bru-
nesi brunir, devenir sombre, avec brun::jia.
Si le mot est breton d'origine, la phonétique indiquerait
comme forme la plus ancienne brondu, qui donnait facilement
brohdn et bruiidu. Bron:{ii a une consonance »~ antipathique
au breton si, comme il semble à première vue, son ::- vient de
dh (cf. Ztschr. f. cell. PbiloL, I, 38-46). En ce cas, l'analyse
bron-dit, biv)i-:;_u « mamelon noir » est assez naturelle; cf.
logcdciin-daU et logodeiui-:^aU (souns aveugle), chauve-souris, etc.
Cependant cette composition devait donner un mot fém.,
de là sans doute l'erreur de genre signalée plus haut. Brondu
m. serait-il proprement un nom abstrait « action de meurtrir »
tiré de brondua, dérivé lui-même d'un plus ancien *brondu f.
marque livide ?
Une autre hypothèse est à considérer: celle d'une confusion
populaire entre bron m. saignée du porc et bi-onn f. mamelle.
5. Grég. donne bron goulier, chair du cou du pourceau;
Pel. « Bron et Broon, selon M. Roussel, qui l'écrit de ces deux
manières, est la saignée d'un cochon, c'est-à-dire la partie où
le Boucher a mis le couteau pour le tuer » ; Le Gon. bron m.
id., Trd bron m., M. du R. bron, bronn m.
M. Henry regarde ce mot comme provenant « non sans une
altération inexplicable » de la même origine que le v. bret.
brehanl gorge (Rev. Celt., V, 418), gall. breuant, v. irl. bràge,
grec ^pcY/cr, etc. Il est possible que brôn, broon représente
quelque chose comme *brohon ou *brouan =■ *bràg-an-, cf. v.
gall. abalbrouannoH trachée artère (= *brâg-anl-).
Pour la forme comme pour le sens, bron du « cicatrice noire
à la gorge » n'était pas loin de bronn du, bronn ^u « mamelon
noir, tumeur noire », et les deux expressions ont pu se mêler
dans brondu, broii^u meurtrissure.
Revue Celtitjue, XXVI. 22
^ 58 E. Ernault.
LXVI. — MAÇZUET; MASTARA ; STANDILHON.
1. Une finale semblable à celle de bro)i::^uci contus se trouve
dans le syn. inaç:{uel Gr. Ceci rappelle le moy. bret. macT^u
massue; d'autre part, il pourrait être avec le v. fr. mâcher
presser (Gloss., 383) dans le rapport inverse de bosa bosseler
à bossuer. Il serait alors plus ou moins parent du fr. du Centre
machure contusion, meurtrissure; tache causée sur la peau,
sur un fruit, par un coup, par un froissement, dérivé de
viachcr meurtrir Jaubcrt. Sur une équivalence des finales -uet
et -iiret, voir Etudes d'élym., XXXIX.
2. Le fr. mâchurcr barbouiller de noir est différent; ses
formes anciennes sont mascurer et mascarer (Kœrting, 5990).
De là vient, je crois, le bret. mastari, mastara, Trég. iiiastaran
salir, gâter, souiller, tacher, mâchurer, barbouiller, viastara-
dur, inastaraich salissure Gr., mastara salir, souiller, crottcr,
en Léon, Cornouaille et Trég. Pcl., mastara souiller, salir,
crotter, mastaren « souillon, souillone. et crote », masiar R^' ms
(ce dernier, non traduit, peut être simplement le mot mastar
conjecturé par Pel. comme radical de mastara). Le Lexique
propose de voir dans mastara le v. fr. matrasser ébaucher, qui
ne correspond ni pour la forme ni pour le sens.
3 . Le changement de sk, sch en st se retrouve dans standiJhon
pi. ou échantillon, dim. standilhouicq pi. -ououïgou Gr. ; d. Dict.
et y ni., v. asqiiipct.
LXVII. — POLOS, BOLOS, POLOTÈS, POLOTRÈS,
PLORCE, PELORZ, POLOST, PELOCH, POLO-
ZEC, BELORSEC ; PO LOT ; BO VILLAS, BO VIL-
LAS TR, BOVILIIAKEN, BO VILLA ; KELKAH ;
PRVNÈNX; HIKOCH, KINOCH ; KERBISTOVL.
I. Le Dictionnaire universel françois et latin, vulgairement
appelé Dictionnaire de Trévoux, nouv. éd., Paris, 1771, a cet
Sur ri^!t\mologie bretonne. 5 ?0
article : « Bclloccs, ou bcloces, selon le Glossaire du Roman de
la Rose, s. f. pi. Ce sont des sortes de prunes. On le dit en
Champagne de toutes les prunes en général, et il n'est en usage
que parmi le peuple... On prononce bloce, que le petit peuple
emploie aussi pour dire blette ou bleque, êne poëre blocc, c'est-à-
dire nue poire blette, une poire molle par trop de maturité. »
M. de Chambure assimile de même le morvandeau blosson
« fruit sauvage en général, pommes, poires, prunes, etc. » au
V. fr. beloce prune sauvage, où il voit « un allongement de
blosse » {Gloss. du Morvan, p. xiv, 90); cf. de Monresson,
Vocab. du Haut-Maine: blosse « espèce de prune; son nom
vient de ce qu'on ne la mange que lorsqu'elle est blà'he » ;
BuUet: « On appelle... les prunes Bloces, et en Franche-Comté
Bloches, parce qu'elles doivent être molles lorsqu'on les
mange... Blosson en Franc-Comtois; Biasson en Patois d'Al-
sace, poire sauvage qu'on ne mange que lorsqu'elle est entiè-
rement molle ». Burguy exprime une opinion semblable, com-
battue avec raison par N. du Puitspelu, Dict. étyin. du patois
lyonnais, 296, 297. M. Grammont sépare aussi dans le patois de
la Franche-Montagne biossun « fruit de pommier sauvage » de
blouch prune, cf. v. fr. beloce (Méin. Soc. ling., VII, 467). Il
dit (XI, 58) que le premier « serait en fr. *blesson » ; Godefroy
donne blesson poire sauvage (1587) dans la Suisse romande id.
Le dict. de God. donne belocier, blocicr prunier sauvage; la
Belorciere, la Blossiere (terrain qui produit des beloces), au
Complément : beloce, bclorce, baloche, boidoce, blosse, pelouse, prune
sauvage; beloce au fig. coup de poing; et cite en wallon bilokî,
champenois blossier, patois lyonnais et forézien pelossier, dans
la Suisse romande belossi, bolossi belocier. N. du Puitspelu cite :
patois \\oi\n:{\?> pelossi, pelosse, ïox. pialoussa, Suisse rom. belossa,
norm. du Bassin blloche, Jura pelasse, pelousse prunelle, Berry
prune baloce sorte de grosse prune, Vosges blosse sorte de petite
prune; lyon. pelossî prunellier. Le dict. wallon-fr. de Remagie,
2^ édit., a bilok prune, biloki prunier, bilokî sâvag prunier sau-
vage (]e ne sais s'il faut ajouter ploka fruit de houblon, pryess
prune sauvage des bois) ; le Gloss. du parler de Bournois (Doubs)
de Ch. Roussey, blôch prune quelconque, mais plus spéciale-
ment le pruneau ; blôchî, arbre qui produit des blôch ; le Gloss.
340 F.. Krnault.
du Bas-Maine de G. Dottin hlos prunelles des haies, hyos pru-
nelle ou petite prune sauvage. On dit en haut breton blossc et
hlo:;c. 11 v aune locution « prends ça, et dis que c'est desblozes»
qui répond, je crois, à la vieille plaisanterie dite « en ferant » :
« Tien, vilain, tien ceste beloce Afin que le cuer ne te fliille »
(Fr. Mich., Études... sur l'argot, v. haloche; God., CompL).
M. de Chambure voit là une allusion à l'acidité du fruit; ce
doit être surtout un jeu de mots d'après hlosse tumeur au front,
blosson tache qui résulte d'un coup ou d'une meurtrissure, etc.
(voir plus haut, XLV, 2).
On trouve au t. V de la Flore populaire de M, Rolland,
p. 367, 368, 370, 371, 374, 380, 384, 395, 396, 398, 402,
403, 404, 405, une riche collection des formes romanes de
cette luxuriante famille, qui dans une même région (la Savoie)
a produit à la fois hêlochére, houlochi, palofréy r , hlossini et hclofi
prunellier (396), etc. Larousse donne en franc, de Normandie
beloce fruit du prunellier; M. Joret n'a que bloche, blossc et bloc
{Flore pop. de la Normandie, 1887, p. 59, 60). Le Dictionnaire
général porte : beloce petite prune sauvage, mot d'origine incon-
nue.
Les formes du bas-breton sont: poloscn prune sauvage, pi.
polos, polotês, polotrès; polosenn pi. ed, gu'é:;en polos pi. o'»^- polos
prunier sauvage; daulagad polos des yeux noirs et petits Gr.,
cf. // a /:;; yen kom dé blos il a les yeux brillants, byos œil, Bas-
Maine (v. fr. si œl furent noir comme fard ine, Flore pop., 405;
angl. « The sparkling Bullies of her eyes Like two eclipsed
Suns did rise », 1659, Murra}^ voir § 6); poloss, boloss prunes
communes et d'un goût fort aigre, sing. polossen, en haute
Bretagne blosscs, bclosscs Pel. ; « poloss, polotcs, prunes com-
munes et d'un goût fort aigre » R*-' ms; polos, bolos m. prune
sauvage, poloscn f. une seule, pi. polosennou ; polosck, bolosck
(mal imprimé bolo~ek dans la 2^ éd.) adj. abondant en prunes
sauvages Gon. ; bolosenn, polosenn f. pi. bolos, polos prune sau-
vage, bolosck, polosck f. lieu planté de pruniers sauvages Trd,
« polos à Plougastel le pays des \Aossts,polotrcs Léon » ; « Haut-
Léon polotrès » Mil. ms ; bolosen f. pi. -non, bolos, polotre^en,
polote:;en f. pi. polotre::^, polotés, plorsen pi. plors prune sauvage
du R. (la dernière forme est vannetaise); van. plorcénn f. pi.
Sur FEtymologie bretonne. :;4i
eu prune sauvage, phvre des prunes sauvages, plus petites que
grcaigoii; ploircnii f. pi. -céi^^ni prunier sauvage VA., pelor:(cii f.
pi. pclor::^ prune sauvage Guillevic et Le Goff", Vocab., Vannes,
1904; à Sarzeau helorsieini, Rci'. Celt., III, 55; à Pleubian
pdoch prune, Y. Kerleau (Flore pop., 371), à Trévérec polost
prunes sauvages; cf. les noms d'hommes Le Polos en 1284,
Le Polo:^cc en 1613, Gloss., 73, 503, et comme nom de lieu
(Le Grand et le Petit) Belorsec, Dict. lopooraphiqnc... du Mor-
bihan. Ce dernier doit être fém. en breton, c'est le singulier
de plorcégiii que l'A. traduit pruniers sauvages. M. de Chambure
cite un bas-bret. pelos, qu'il faut lire sans doute polos.
2. Pel. conjecture que l'origine de ce mot est bolot balle à
jouer, tout en s'objectant que « ces prunes sont de beaucoup plus
anciennes que ces balles ». Mais la terminaison diffère dans
toutes les formes bretonnes, sixiî poloiês,polotrès. Celles-ci sont
influencées par le franc, pelotes, sing. en bret. polot. Cf. Epenih.,
13, § 15 ; un autre effet de la même association se montre dans
le petit trécorois polost qui veut dire aussi grumeaux dans la
bouillie, Gloss., 503.
3. A. de Chevallet, Origine et formation de la langue fran-
çaise (V" éd., 1853), -^ ^'^•' 1858, I, 210, regarde beloce,
belloce comme d'origine celtique; il en rapproche le bas lat.
boluca dans la vie de saint Colomban écrite au viii'^ siècle par
Jonas, moine de Bobbio, chap. xix : « pomorum parvulorum
qua2 eremus illa ferebat, quœ vulgo bolucas appellant » et
ajoute : irl. biilos prune, bulislair (lire bulistair') prune sauvage,
prunelle; écossais: 1° bulas, bulos; 2° biilaistear. Cf. Brandes,
Das ethnograpbische Verhàltniss der Keltcn iind Germanen, Leip-
zig, 1857, p. 291.
Roget de Belloguet, Ethnogénie gauloise, t. I, Glossaire gau-
lois (r^ éd., 1858), 2" éd., 1872, p. 151, rapproche le bret.
bolos, polos, du gaul. bolusseron lierre noir, etc.
Pictet, Origines indo-européennes (r^ éd., 1859), ^^ ^^-^ 1S77,
I, 280, regarde comme probable l'origine celtique du fr. belosse,
il le compare au gallois bivlas, armor. bolos, irl. bulos, erse
buileas « qui signifient petite boule ».
Diefenbach, Origines europœœ, Francfort-sur-le-Mein, 1861,
p. 262, dit que bolos, gall. bu'las, gaél. bulos paraissent em-
Î42 E. Ernault.
pruntés tardivement au franc, et à l'angl., et cite le b. hu.
buluga, Mluiâ qu'il traduit « kleine Aepfelgattung ».
M. Skeat, dans son Etyvwlogical dictionary of the english lan-
guage, Oxford, 1882, tire du celtique l'angl. huUace prunelle,
dont le plur. buUiscs est chez Bacon et dont on a ancienne-
ment une variante hoïas (pepulum) ainsi que bolas ire et
bolasier (pepulus). Il cite en gaél. buJaistcar, irl. buhs, bret.
bolos, « mieux po]os » ; regarde le franc, comme pris proba-
blement au bret., et cite cet article du dictionnaire italien-
anglais de Florio : « Bu! loi, bulloes, slowne ». Le moy. anglais
bolaster vient du gaél. buJaisîcar, Ivlas-trc (bidlace-irec) est une
décomposition analogique. Le Supplément de M. Skeat,
paru en 1884, corrige dans ce qui précède l'irl. bulos en
buUsîair, buJos dans O'Reilly venant du dict. gaélique de
Shaw.
U Archaolcgia Britannica de Lhuyd, Oxford, 1707, p. 131,
donne en irl. huJôs « prunum »; hnJaishcog « prunus sylv. ».
Le dict. irlandais-anglais du Rév. P. S. Dinneen, 1904, n'a
aucune forme de ces mots.
NL J. A. H. Murray, A neiv mgUsh dictioiwry ou historical prin-
ciplcs, Oxford (18S8), donne de nombreuses variantes anglaises
de bullacc. bolys, bulas, bulles, dialectalement bulloe, bully,
plur. bolaces, bolas, boollesse, etc., écossais des basses terres
bulkes, Devonsh. bullcns. Il regarde comme douteuses la nature
du rapport de ces mots avec le fr. et leur étymologie. L'irl.
bulistair, gaél. bulaistear viendraient du moy. angl. bolaster =
bulloi-e-iree; l'ital. bulloi(p\., Florio, 161 1) pourrait être parent,
de même que le bret. polos, Mos. Sa détinition de bullace est :
prune sauvage (Prunus insiîitia), plus grande que la prunelle
(slœ) ; fruit semi-cultivé, dont il y a deux variétés, l'une foncée
ou bleu foncé (darh-blue), l'autre blanche; Cleveland donne
au mot un emploi pittoresque pour désigner (fancifully) un
œil noir (voir plus haut à propos du bret. polos et § 6); il
s'applique aussi à l'arbuste. Il faut voir aussi les articles bully
sb-« et bullesier. A ce dernier est citée une variante bullaster-îrec
(mais non bullacer-îree, que porte le Dict. de botanique àt Bâillon,
Paris, 1876, et qui doit être une erreur). La 6' éd. de Hehn,
Kulturpfldn:;cu, donnée par Schrader, Berlin, 1893, approuve,
Sur rÊtymologie bretonne. 3 4^
p. 373, le scepticisme du Nezu engl. dict. au sujet de l'origine
celtique de buJlacc.
M. Machain dans son dict. étym. du gaélique (Invcrness,
1896) explique buileasîair prunelle comme pris au moy. angl.
bolastcr, composé réellement comme huUace-ircc.
Le dict. anglais-gallois d'Evans (1852) signale comme dou-
teuse l'origine de ^/<//rtf^; son dict. gall.-angl. àov\nQbiulas, bnlas,
irl. bulos, gaél. bulaislear. Bzi.'las=^ Prunus insititia ; etrin bwlas
sont ses fruits, et aussi des prunes sauvages, et dans quelques
endroits des prunelles, fruits de l'épine noire, Prunus spinosa.
Le Lexique breton de M. Henry donne : polos m. pour bolos,
gall. bwlas, etc., dérivé d'emprunt latin bulla « boule », cf. bou-
las; boulas f. bourgeon, semble une variante de bolos =1 polos;
le lien sémantique est « (excroissance) en forme de boule ».
Il n'est question de ces mots ni chez Thurneysen, Keltoro-
manisches, 1884, ni chez Kœrting, Laîeinisch-romanisches Wœr-
terbuch, 2^ éd., 1901, etc.
4. A l'assimilation de boulas à bolos, j'ai objecté. Revue Cri-
tique, ij sept. 1900, p. 218, 219, que boulas est une fausse
lecture pour boulas par / mouillé, et comparé le languedocien
bouias, boulhas grande mare, cf. bouio, boulho renflement, bou-
tons, pustules à la tête, Mistr. ; franc, bouillon en terme de
vétérinaire. Pel. écrit boilillass bourgeon d'arbre, bouillassa
bourgeonner, qu'il rattache avec raison à boiïill-doûr, rejaillis-
sement d'eau et au franc, bouillon « parce que les bourgeons
sont comme des réjaillissemens de la sève des arbres », éty-
mologie reproduite par Bullet; Le Gon. bou\as (par / mouillé)
f. pi. ou, et bouXasa v. n. ; Trd bouillas m. pi. ou, et bouilla~a
V. n. Mil. ms ajoute en flice de bouillas: « (jeunes pousses,
branches tendres) » ; « bouillaslr pousses de branches tendres,
excroissances » (avec ex barré) « ar ::^aoud a beur ar bouillastr
les vaches paissent, mangent les jeunes bourgeons ».
M. du Rusquec donne « rejet, pousse... brouillas m. », puis
bouillas m. pi. ou bourgeon, voyez boulas; boulas f. id., plusieurs
prononcent broulas, broullas; brouillas m. pi. ou pousse, reje-
ton ; bouillasa v. a. bourgeonner, on dit aussi brouillasa ;
brouillasi v. a. pousser des rejetons; boulasa v. n. se couvrir
de bourgeons. Je crois que ceci n'atteste valablement que
544 ^- Efnault.
bouUlas et brouillas: boulas est encore une mauvaise transcrip-
tion du boulas de Le Gon. (comme l'indique la contradiction
sur le genre); broulas et broullas sont suppléés arbitrairement,
d'après le rapport de brouillas au fantastique boulas. L'alternance
de bouill- et brouill- n'a en elle-même rien de suspect, cf.
Épenlh., § 39, elle peut d'ailleurs s'appuyer ici sur des dérivés,
voisins entre eux, de bouillir et de brouiller, brcuil, voir Gloss.,
•jG, 85 ; cf. vendômois bouillcc cépée, touffe d'herbes, de bran-
ches serrées sur une souche, Martellière, à côté du limousin
broulhado f. cépée, touffe de rejetons, langued. bruiado, bru-
Ihado Mistr. ; marseillais brouio et bouio, rouergat brucio, bruclho
f. végétation, pampe ; fane, feuillage; bourgeonnement de la
peau, échauboulure ; langued. brouia, brouilha brouiller ; ger-
mer, bourgeonner Mistr., etc. Mil. ms donne bouilla v. n.
abonder, être en quantité. On dit en petit Trég. bouilhahcn
f. bourbier, avec un suffixe insolite (imité du franc, flaque,
cf. \an. Jîagen f. bas-fond, vallée?); h Ponùyy toul boiiilhe)iih'k
trou bourbeux, etc., voir mon Dicf. breion-fr. du dial. de
Vannes, 27, 28.
Il y a donc entre bol-os et bouilh-as au moins la différence
de bull-a à bulli-o. Une autre conséquence de cette distinction,
c'est quelasecondevoyellede/'oAvn'a aucune variante en breton.
Quant à la première, elle ne présente que e et 0, ou absence
de voyelle, tandis que les langues romanes ont toute la série
baloce, bëloce, bèlocha, béloch(cre), biloce, boloche, poulcce, buloke,
bloce (Flore pop., 370, 396, 403), etc.
5. Je ne sais si le b. lat. boluca cité par de Chevallet est
réellement attesté. Dans De probalis sanctorum vilis... R. P. Fr.
LavreniivsSvrivs... Primumedidit... Colonio} Agrippin:i.>, 16 18,
p. 470, on lit « pomorum paruulorum, qux eremus illa fere-
bat, quas etiam Bulgulas vulgo appellant », avec ces variantes,
en marge : « Bullugas, et Bullucas. »
Mabillon, Acta sanctorum ordinis S. Benedicli, sœculuni secun-
dum, p. 12, a: « parvulorum pomorum,... qu:\: etiam Bollucas
vulgô appellant » ; en marge: « al. Bullucas, Bulgulas ». Fr.
Michel paraît citer ce même texte, Etudes... sur l'argot, 1856,
p. 30; mais au lieu de Bulgulas, il donne bugales.
Ducange donne bulluga, où il cherche l'origine du fr. bre-
Sur rfltymologic bretonne. 545
luque (brcliujiie, hcrluquc, curiosité de peu de prix, hchujiic, pro-
bablement breloque, God.).
BuUet dit (v, hclcn ) que « dans la vie de Saint Colonihan
BuUuga, BiiUiica, Bolhica, qu'on a traduit en François par
Belue, signifie pomme sauvage, pomme de bois » ; il donne aussi
belluga, par suite sans doute d'un mélange arbitraire de hiiUuca
avec bcJuc (bel ne, bel lue bète féroce, animal sauvage God.).
Dans la masse de ses rapprochements sans valeur, relevons
le V. franc, beloco « quelque petite monnoie, ou quelque autre
chose de petite considération » ; c'est le v. fr. beloce prunelle,
que Borel avait mal interprété par conjecture, dans « Qui
pour l'amour sa femme ne donne une beloce », cf. la locu-
tion « Vos ne valez une belorce », revenant à « je ne m'en
soucy d'une prune », Flore pop., 373, et que BuUet a ensuite
estropié, par la suggestion du fr. breloque, qu'il compare immé-
diatement après.
M. Holder, dans son AU-celtischer Sprachschat^, ne cite que
bolhica, bulluca. Cette dernière forme est appuyée par le nom
de femme de l'article précédent, Bulluca (cf. bret. Le Polos);
je la crois la meilleure. Bolluca et bulluga en sont des variantes
phonétiques ; bulgula vient de bulluga par métathèse, par éty-
mologie populaire d'après bulga sac, ou par simple méprise.
6. La gutturale est restée dans quelques formes romanes
comme buloke, biloke, bioke prune (Belgique), bloc (Norman-
die), etc.
Faut-il ajouter le gall. buhug, biuhvg m. nielle (cf. Flore
pop., I, 75 ; II, 229)? La décomposition par bu vache et llwg
sombre, donnée par Evans, est loin d'être probable ; on peut
lui opposer la ressemblance de boll, buoll nielle rose des blés
(Westphalie), néerlandais bol, boldert, bolderik, id., cf. Flore
pop., II, 227, 228. Nous avons vu, § 5, plusieurs exemples
d'association entre l'idée de beloce et celle d'œil (brillant); cf.
« elle a les yeux noirs comme des prunes », 1609, Flore pop.,
V, 375 ; argot fr. pruneau œil, « aile a deux ])runiaux bian
malins » (1725); « Si elle eust... Au bec une prune sauvage,
On diroit qu'elle auroit trois yeulx. Ou bien trois prunes au
visage » Marot(F. ^WchiA) ; fer mer ses pruneaux , (\oxm\x , Delvau,
Dict. de la langue verte.
546 E. Ernjult.
La prunelle de l'œil a, du reste, été désignée ainsi comme un
objet rond et brillant à la façon d'une petite prune ; cf. pour la
forme l'angl. eye-haU, et pour la comparaison d'un fruit le
V. h. ail. apfiil, ougapful, aujourd'hui Aucrapfel, angl. apple of
the eye « la pomme de l'œil ». La nielle rose des blés s'appelle,
inversement, en Italie occhio di puppa œil de poupée, parce
que ses graines noires sont employées par les enfants à figurer
des yeux postiches (Flore pop., II, 227).
La Grammatica celtica, 2' éd., 806, parle de dérivations en
-uc-, sans mentionner buUnca (ni haJiica, balluca sable d'or,
qui paraît différent, voir Holder).
Le gaél. bulag, pnlag pierre ronde, est tiré par M. Macbain
du moy. angl. hoide, auj. hou>l, franc, houle.
7. Toutes les formes romanes et anglaises du suffixe parais-
sent venir de *-uc-ia ; hulloi doit être le pluriel italianisé de
l'angl. hulloe, qui lui-même est extrait d'une forme en -s qu'on
a regardée comme un pluriel. Les variantes néo-celtiques ont
aussi une physionomie romane.
Parmi les formations voisines, on peut citer : bouloche f. pâte
qui renferme des pommes et des poires cuites au four; petite
femme replette, ronde comme une bouloche, DelbouUe, Gloss.
de la vallée d'Yères; boulo m. pomme ou poire enveloppée de
pâte et cuite au four, Edmont, Lex. saiiil-polois ; boulots fèves
rondes, Sachs-Vill., Suppl., boulots haricots ronds, dans l'argot
des bourgeois, Delvau, argot rochois boulijer drahm pois ;
pommes de terre, Rn'. Celt., XV, 357 ; XVI, 212 ; fr. « prune
boularde, belosse » = prune sauvage, bret. polo':^, Liégard,
Flore de Bretagne, 348, etc.
8. Pour l'emploi de baloche en argot au sens de testicule
(Fr. Michel, 30, 31), on peut comparer balots pi. id. Richepin
(mot populaire, selon Delesalle et Sachs-Villatte, Suppl.) ;
couyarde, billon d'âne, etc., la prune d'œuf. Faune pop., V, 384 ;
van. kelkahen f. pi. kelkah pente prune sauvage jaune et ronde
Ç=z test, de chat). Les deux sens de baloche se rencontrent aussi
dans le van. pnincnn f. pi. eu l'A. et dans le gall. eirinen pi.
eirin ; voir Le menhir du Vieux-Poitiers par Lièvre et Ernault,
1890, p. II.
9. Le van. hinochen f. pi. hinoch, quelquefois kinoch, prune
Sur l'Étymologie bretonne. 547
sauvage noire, ronde, acide, rappelle ^^'bii;mile (Seine-Infé-
rieure), prunelle, kcijmtlte (Douhs) fruit du créquier. Faune
pop., V, 401, 386; il y aurait eu échange de suBîxe (comme
entre boulotte et bouloche, § 7; cf. à Plcuhian peloch prune).
10. Kerbisloul, écart de la commune de Saint-Gildas-de-
Rhuys, kerbislou, copie de la réformation de 1536 (C"-" de Laigle,
La noblesse bretonne aux w" et wx" siècles, I, 765), peut s'expli-
quer par bisîoul, visioul m. prunelle (Lot), Faune pop., V, 404.
Il ne manque pas, dans le Morbihan, de composés où hr- est
suivi de b intact, comme Kerbarh, Kerbernard, etc. Le sens
propre pourrait être l'autre acception de « prunelle », cf.
langued. bistou, 'dauph. visloun, visoiin, vison point visuel,
pupille, Mistr. Faut-il ajouter bistoiiilles f. contes, récits grave-
leux, Delboulle, Gloss. de la vallée d'Yères ?
LXVIII. — MISSI, MISIÛ, MESSIE, MISÉ ;
CHIVOUS, CHIOUZ ; MERDOUZ.
I. J'ai expliqué, Rev. Celt., XXI, 142, le van. niissi m. sur-
prise; bonheur par *mischi(f) = moy. hr. niechij, méchef,
malheur. L'A. donne cavein niissi brass se scandaliser, s'indi-
gner. J'ai, depuis, appris les variantes suivantes : misé, niisi,
mimi surprise, contentement (ab. Guillevic) ; missiiu, niissib é
geton c'est un charme pour lui (du Blavet à Pontivy; M. Le
Bras, recteur de Riantec) ; me gav ur messibl (ou messib^ bout
dijabet a je suis heureux, j'éprouve un bien-être à être débar-
rassé de (ab. Le Mené, vicaire à Baud).
Nous avons vu que -/ et -/// alternent assez flicilement en
van., et qu'il en est de même pour -/ et -//en ancien franc.
Ce dernier échange suppose qu'on regarde la finale comme un
suffixe. L'alternance de -iù et -ib(l) prouve la réalité de cette
analyse instinctive miss-i ; car ce sont deux formes inconci-
liables, deux terminaisons d'adjectifs = franc. -//, -ive et
-ible; cf. v. fr. lettre missive ou missible; h. bret. de Dol hoiirif
(arbre) hâtif, Ann. de Bret., XII, 589, vendômois heurible pré-
coce, (récolte) avancée, Martelliére, norm. deurible (pomme,
poire) précoce ; matinal, plus rarement heurible Delb. (et d'heure,
348 E. Ernjult.
de bon matin, // bonne hcitre de bonne heure ibid., vend, aheure
précoce, hâtif). L'/ ne devenant pas é en van., misé peut être
rattaché au second e du v. fr. meschicf, ou exphqué par une
métathèse de (^mcssi, d'où mcssibl).
MescbicJ, mescief, incchic a donné à l'argot français méchi mal-
heur (Fr. Michel, Delvau, Larchey, Delesalle). L'expression
de Dun-le-Roi missi-chacwi le premier venu, n'importe qui,
signalée par Jaubert, Gloss. du Centre de la Fr., Suppl., 105,
qui y soupçonne un dérivé du lat. mittere, à cause de son
second exemple, « mieux vaut payer un port que de confier
sa lettre à niissi-chacun », contiendrait plutôt le même mot, en
un sens voisin de « au hasard », « au petit bonheur » ; mais
ce peut être aussi une déformation moqueuse de monsieur,
m' sien, cf. messire.
2. La seconde partie de missi, misiù semble d'abord con-
servée hors de Vannes dans chivous (Quimper-Guézennec),
chiou^ (Trévérec) méchant, brutal : hénne^ :(o chiou^ 'vad, skein
war eur mab bihen, quel brutal de frapper ainsi un enfiint ! Cela
rappelle, en effet, le v. fr. meschevous nuisible, angl. mischievous
méchant, malfaisant.
Mais il £iut tenir compte du haut breton chioux, dont un
synonyme est devenu à Pleubian inerdoii-^ avare. Cl)ioux_ a pu
désigner d'abord plaisamment celui qui mange tout, qui ne
veut rien laisser aux autres. Cï. fallakr, gourmand, qui ne veut
pas partager, Rev. Celi., IV, 153, et méchant, scélérat Gon.,
Gloss., 232. Le développement d'un v en pareille situation
n'est pas chose inouïe ; cf. ioul et ivoul huile, teol et tivoul
tuile, van. éhour, ivor ancre, etc., voir Notes d'étym., 264-266
(n*^ 126, § i).
LXIX. — CHIF, CHIFFAL, CHIFFEIN, CHIFONI ;
CHIFFOUNA, CIFFOUNA; CHIFOKET ; CHO-
KET; SUFFOCOUET.
I . Chàl. donne chijfë chagrin, déboire, hini chiffein s'affliger,
chiffèt marri, fâché, chiffus pleurant, chagrinant, (chose) affli-
Sur rEtynwlogic bretonne. 549
géante; Chàl. nis chif ch:\gr\n ; l'A. rhife m. id., animosité,
f. pi. en affliction; /v//; chiffe fâcher, chifein s'animer contre,
se fâcher; chiffus fâcheux; Grég. chiff pi. ou chagrin, tristesse,
cahoiil chiff avoir du chagrin, qeiuerel chiff se chagriner, van.
chiff consternation, chiff pi. eii affliction, peine d'esprit, van.
et haut cornouaill. r/;/^f douleur, affliction ; chiffal, se chagriner,
en ein chyffaJ, van. him, hum chiffeih s'attrister, h. corn, chyffal,
van. chiffein, chyffeiù, chyffal attrister, fâcher, chagriner, causer
de la douleur, de l'affliction d'esprit à ; chyffus fâcheux, qui
donne du déplaisir, van. chiffus affligeant, van. et h. corn.
douloureux, qui cause de l'affliction; Pel. chiff pi. chiffon « et
au pays de Vannes, où il est plus usité, Chiffeu » chagrin, peine
d'esprit; cbiffa chagriner, causer de la peine; Gon. chîf m. pi.
ou chagrin, chifa et « par abus » chifal v. a. et n. chagriner,
se chagriner, chifii:;^ adj. chagrin, chagrinant, triste, mélanco-
lique; Trd cornou. chifm., chifal v. a. et n. ; chifu:^^ adj. triste,
affligé; M. du R. chifm. pi. ou; chifa, v. a.; chifu:( chagri-
nant ; MM. Guillevic et Le Gofl", Vocab., chif m. chagrin,
colère, chifein v. a. et n. ; chifus désagréable, fâcheux', M. l'ab.
Buléon emploie chifein éhréé galon son cœur s'affligeait, Hist.
sant., 31, et explique à la fin chiffein « se fâcher; avoir du
chagrin ». Ces mots ne sont guère connus à Pontivy. On
trouve dans plusieurs chansons ne chiffet guet ne vous chagrinez
pas (Marion, 7, etc.). Il y a encore en van. un dérivé chifoni
fâcherie. Voyage niisterius, 44. A Plounévez-Moëdec, chifet
signifie contrarié, il se dit, par exemple, d'un enflint qui se
met à pleurer ou à faire la moue.
2. Selon Pel., l'origine de ceci « pourroit bien être quelque
vieux mot François, d'où sont venus nos Chiffes, Chiffons, chif-
*fonner, qui se dit même au sens de Chiffa, c'est-à-dire, de
chagriner ». Il ajoute: « ce qui vient peut-être de ce que l'on
chagrine celui dont on chiffonne le linge et les habits » ; l'ad-
dition n'est guère heureuse, elle n'est point nécessaire d'ail-
leurs : chiffonner étant synonyme de « froisser » au propre, a
pu l'être aussi au sens figuré. A part ce détail, l'étymologie de
Pel. est si naturelle qu'on peut s'étonner que Le Gonidec
n'ait pas, en conséquence, noté chîf etc., de l'astérisque qui
signale les emprunts.
^ ^o E. Ernault.
A Pontivy^ chifein s'emploie pour « chiffonner » (Grég,
traduit ce mot chiffonna, ciffoima et donne encore ciffouuer pi.
yen chiffonneur; cf. argot rocii. chifonncin chercher des chiffons,
chijonncr chiffonnier, Rev. Cclt., XIV, 275 ; XV, 344). On dit
dans le Bas-Maine chifer chiffonner (Dottin), de même à Saint-
Pol, Pas-de-Calais (Edmont) ; en Anjou chiffe chiffonné (Mé-
nière, Méni. de la Soc. Acad. de Maine-et-Loire, 188 1 , p. 29 1), etc.
Delvau donne chiffonner contrarier, ennuyer, « dans l'argot des
bourgeois ». Littré le traduit (4°) chagriner, intriguer, et en
donne, d'après le Dict. comique de Le Roux, cet exemple de
Poisson : M'interrompre h. tous coups, c'est me chiffonner
l'âme, de même Larousse (qui explique par « préoccuper, tra-
casser, chagriner »). M. DelbouUe, Gloss. de la vallée d'Yères,
rend le mot « ennuyer, importuner » et dit que le vers cité
n'est pas de Poisson, mais de Boursault, Le Mercure galant.
Littré donne encore chiffonnerie « petit souci qui chiffonne l'es-
prit » ; au Snppl., il a un exemple du verbe daté de l'an VL
M. de Chambure donne en morvandeau chifouner importuner,
tourmenter, tracasser. M. Mistral a chijo, chifour m. (dialecte
des Alpes) dépit, chagrin, inquiétude; caprice, marotte, qu'il
compare au bret. chif; chijonia se dépiter, pester; chifouna chif-
fonner, chagriner, inquiéter, contrarier (et bouchonner, frois-
ser).
BuUet remarque, à propos de chiffa, chiffein : « On dit parmi
le peuple Chiffonner, pour causer du chagrin. » M. du Rusq.
admet aussi le rapprochement de Pel.
M. Henry, Lexique, 168, regarde r/;// comme probablement
emprunté; en note, il hésite entre le fr. « cela me chiffonne »
et le moy. bret. nicchif du v. fr. nieschief. Dans les Miscellanca
linguisiica in onore di G. Ascoli, Turin, 1901, p. 209, il
suppose une locution *é meschîf dans le malheur, où l'on aurait
cru trouver émesk parmi, au milieu de; de là *éniesk chîf, d'où
l'on aurait extrait chîf malheur, chagrin. Cette hypothèse, en
elle-même très invraisemblable, est, je crois, inutile.
3. On dit à Coadout chifoket contrarié (Y. Le Moal). C'est
sans doute un dérivé de chifet, avec un suffixe qui semble se
retrouver dans le norm. machoquer bossuer, gâter: « poires...
toutes machoquées », Gloss. de la vallée d'Yères, cf. mâcher.
Sur r£tymoloQ,i(' bretonne. ^ <, i
M. Dclboullc explique le mot par un compose de mur mal,
particule de dépréciation et choquer, ce qui n'est pas sans diffi-
culté phonétique. Il se peut que, dans les deux langues, le mot
choquer ait inspiré une dérivation insolite. Cf. l'expression mo-
queuse en Trég. chokcd c i i^nlile sa grandeur est froissée, il est
fâché. Le mot suffoquer, auquel on pourrait penser aussi (r/;/-
venant parfois de sic-, cf. Gloss., 636; Rcv. Celt., XXI, 147)
ne se montre en breton que dans le sens propre : moy. bret. suf-
focaff; ho bugale ^iw^el... ganto cr guelé, tiiar hent siiffocquet hep é
songea leurs enfmts tout jeunes avec eux au lit, s'ils sont
étouffés par mégarde D 100; Gloss., 66j.
LXX. — GOUSPIN, GOUSPIGN ; GOUS ;
GOUJARD, GOUCHARD.
I. Le van. gonspin, à V onxwy gouspign, pi. goiispincl mou-
tard, gamin, se retrouve en haut breton: parler du Coglais
gouspin petit garçon, gosse, gamin, A)iii. de Bref., XVIII, 475 ;
patois de Pipriac gospin, gouspin enfant, XVI, 531; en Bas-
Maine gouspin gardeur de chèvres; petit berger; galopin,
Dottin. C'est l'argot gouspin recors, dont F. Michel dit:
« Ce mot, fait pour désigner un malheureux qui ne mange,
qui ne gagne que du pain, serait mieux écvh gousse-pain. Dans
le langage du peuple, on appelle gousse ou goussepin un petit
polisson, un enfant d'humeur dissipée, qui ne fait que jouer
dans les rues. . . Nous avons eu aussi mengue-pain et gruge-pain. »
L. Larchey voit dans gouspin mauvais gamin, un « diminutif
du vieux mot o-^m^ chien ».
Delvau a gouspin voyou, jeune apprenti voleur, dans l'argot
des faubouriens; Delesalle donne comme ^o^uVxirt goussepain,
gouspin gamin, galopin ; voyou, avec un exemple de goussepain
en 3 syll. dans la Chanson des Gueux de M. Richepin ; Rigaud
a gouspin petit polisson, pauvre diable. Littré donne comme
terme populaire gouspin polisson, de gousser manger dans le
parler populaire du xvi'= siècle et pain: « un malheureux qui
ne vit que du pain. » En vendômois, M. de la Martellière écrit
^^2 E. Ernaiilt.
gousscpin jeune garçon, niais, polisson, en citant V argot goussepin
misérable, qui ne gousse que du pain, et renvoie à vioussepin ;
à la place de ce mot se trouve moussepion gamin, moutard,
polisson ; « dans l'Orléanais, on dit gousscpin et Lviissepin,
houssepion ».
Le changement de gousse- en mousse- est produit par l'argot
mousser aller à la selle F. Mich., cf. Rev. Cell., XIV, 287, 288.
Delesalle n'a pas ce verbe, mais mousse excrément, gadoue,
qu'il tire du fr. mousse, écume, avec les dérivés populaires
mousserie latrines, moussine diarrhée. Cf. l'expression familière
en Bretagne « petit bonhomme chie-pommes ^ », etc.
L'alternance gousscpin, houssepin peut être pour quelque
chose dans l'incertitude de l'initiale de l'argot vann. gous, hous
nourriture et dans la substitution de chousa à *gousa manger
en argot rochois; voir LVI, § 2, etc., cf. goussa manger avec
appétit, dans les Alpes, Mistr. F. Michel cherche l'origine de
gousser dans l'anc. prov. go^^ chien; il cite un vieux vers fran-
çais où « uns gouces filz le mastin » figure à titre d'animal
vorace.
F. Michel regarde l'argot goupiner voler comme une altéra-
tion du populaire gouspiner « vagabonder, faire le polisson,
jouer dans les rues à la manière des petits enfants et des éco-
liers ». Cela n'est pas prouvé; les deux mots restent généra-
lement très distincts pour le sens, bien qu'on puisse rapprocher
une des définitions de goupiner voler, « s'ingénier à faire le
mal » Rig., de la dernière traduction donnée par M. Dottin
pour les termes du Bas-Maine gouspiner, gouspiyer gaspiller ;
jouter, jouer des mains, jouer en se battant, surtout entre gar-
çon et fille; vagabonder, « jouer de mauvais tours ». Il 3' a là,
d'ailleurs, mélange de plusieurs éléments linguistiques : fr. gas-
piller, houspiller; centre de la France gouspiller gâter, salir, dis-
perser; houspiller, Jaub., en poitevin couper un objet en
petits morceaux, gâter un objet en le coupant, Favre, etc. Cf.
dans divers parlers du Midi oouspiba, goupilha, crouspilha, gas-
piha graveler, grappiller, taquiner, tourmenter, tracasser, gas-
I. C'est ainsi, je crois, qu'on entend généralement ce mot; on pourrait
penser aussi à un composé de chiper voler.
Sur VÊtymologie bretonne. ? ^ ?
piller, gâter Mistr. ; v. franc, gouspillcr, goiissepillcr, houspillier,
houccpignicr, hoitccpaingnicr, hoitspiguier , haccpignicr, etc. ; il y a
là encore échange des initiales g et /; et confusion de plusieurs
finales (cf. encore v, fr. gaspaillcr, Bas-Maine hoiispoiiycr piller,
marauder, etc.).
2. Ainsi, selon F. Michel, le populaire gousse gamin est
abrégé de goussepin = qui mange (seulement) du pain, du
verbe gousser tiré du vieux mot gouces chien ; Larchey rattache
directement goussepin au nom de l'animal. Un mot de forme
voisine est goussemard gamin, variante de gossonard « dans
l'argot des faubouriens », qui tient h. gosse enflmt, petit garçon
« dans l'argot du peuple » Delv., cf. gosse (terme familier)
veau mort-né; enfant; jeune femme Deles. (qui le tire d'un
« mot celtique gos petit ») ; argot fr. gosselhi veau mort-né ;
entant qui vient de naître F. Mich. M. Mistral donne gous
m. chien (haut Languedoc et Limousin); goiisso f. (Lang.)
chienne; femme sale, fille ou femme débauchée; goiissouii,
goussou (rouerg.) petit chien ; polisson, paresseux (cf. aussi
Rolland, Faune pop., IV, 2, 4). Il compare le gaul. segusiits
sorte de chien de chasse ; les formes prises par celui-ci dans
les langues romanes et germaniques sont très difi"érentes,
cf. Diefenbach, 330, 331, Kœrting, 8580, Holder, etc., le
sens est distinct aussi, cf. « petiz chiens gouz qui sont bon a
garder maison » God. v. gou. M. Schuchardt rapporte l'ital.
cuccio petit chien, prov. go:{, etc., au slave kiicîka (cf. Kœr-
ting, 5336), mot qui a eu dans d'autres directions une expan-
sion extraordinaire (voir Schrader, ReallexiJwn, 383).
Littré explique le franc, goussant ou goussaut m. : i" cheval
qui a l'encolure épaisse, les épaules fortes et qui est court de
reins; adj. cheval goussaut; 2° chien lourd et trapu; 3° oiseau
lourd et peu estimé pour la volerie; 4° se dit aussi des per-
sonnes : « sa figure devenue courte et goussaude » ; « un petit
homme goussaut » (Saint-Simon); il compare avec doute le
b. lat. gossus, prov. guos, gosso chien mâtin. Le Dict. général
dit que l'origine degonssant est une fluite d'impression, et que
goussant (cheval trapu; par analogie chien, faucon lourd; par
extension, liomme épais, adj. un petit homme goussaut) paraît
dérivé du subst. une gousse, lui-même d'origine inconnue. Cf.
Revue Cclli^ue, XXVI. 23
Î54 ^- P-rnaalt.
Ménage (nouv. éd. 1750) sur poussa iili sot, en Anjou : « C'est
comme qui diroit, un homme qui n'est jamais sorti de sa
gousse, de son nid, de sa coquille. » Il y a en van. un adv.
goiis (couper, tourner) court, qui appartient à cette famille;
cf. l'adjectif croz/j-^f obtus, émoussé, en parlant d'un instrument
tranchant, à Montbéliard, Contejean. C'est peut-être par
l'influence de ce mot que le v. fr. houssii touftu, velu, hérissé,
veut dire aussi épais, serré God., fort, trapu, Dict. de Tré-
voux.
3. Le van. goujard, gouchard moutard, enfant en bas âge,
rappelle le goussemard de Delvau ; d'autre part, il concorde
avec le van. goiijarlt goujat, étudié Epcnlh., 45 (§ 59).
LXXI. — LANTOUZÉR.
Le van. Iantou~ér lambin dérive de IcDilotii- qui rappelle
diverses expressions comme le poitevin hindou, fém. -se pares-
seux, fitinéant Lalanne Çlagiioiix paresseux, lâche, indolent,
Favre), v. fr. landreiix paresseux, languissant, etc. Mais une
autre affinité frappante est celle de l'argot rochois Innleo:^ beurre,
expliqué par une formation *h'nlou.\ onctueux, Rev. CeJl., XV,
343-
LXXIL — BEOGAL; TEOGIN, TEOGAN ;
DEAUC, DEAOC; DEGOL.
1. Le trécorois dit quelquefois beogal beugler, beogadcnno
beuglements ; beogal crier est encore un des mots de l'argot
rochois qui ont le son assez rare eo, cf. Rev. Celt., XV, 357 ;
XVI, 212, 217-220.
2. Il se retrouve dans un autre mot signalé en Tréguier à
M. Vallée : teogih, ieogah hypnotiser : eun den ieoget agers ha na
car ket pelec'h ac'h a un homme hypnotisé marche sans savoir
où il va. Ce doit être une variante de deauga dîmer, payer ou
Sur l'Rtynwlogir bretonne. ^ 5 5
recevoir la dîme Pel., dcaiii^ni prendre ou lever les dîmes Gr. ;
le lien des idées serait « exploiter, rendre serf, asservir, foire
obéir » ; cf. v. fr. du)icr, dépouiller; dans le Midi i'au dcinia si
pcssci^uc on lui a volé une partie de ses pèches Mistr. Sur le
changement de d en /, on peut voir Gloss., 680; Notes d'élyiii.,
241, n^' 117.
Le moy. bret. ^yïii dcaoc, dea iig d\mc, dciioc^i^iiic, deas^uyc petite
dîme, dt'diii^tiff, dcaogaff dlmcv ; Le Dcaugucr =^ dînieur. Le
Doctrinal écrit deoc, pi. dcogou ; Maun . deaug, verbe deauga ; Chàl.
déauc pi. deaugiicn, v. déaiigiiein; Châl. ins deaugucin, dcaucat
décimer; l'A. deaug m. pi. -gtieu, v. deanguein; déaugoiir m.
pL -guerion dîmeur ; Grég. deaug p\. -gou, van. -guëu dîme, douar
deaug terre qui doit dîme, douar diseaug terre qui ne paye pas
de dîmes, deaugui, van. -guein dîmer, deauguer p\. yen, deaugour
pL yen dîmeur, décimateur, deaugapl, deaugiis décimable ; Pel.
deaug, deoc pi. deaugou peu usité; deauga dîmer, deaugher dî-
meur; R*^' ms deoc, deaug pi. deocbou; deoci, deoca, deauga dîmer,
percevoir la dîme, deochet dîm.é, deoceur, deogher dîmeur; Gon.
déok, déog m. pi. déogoii, déogi v. n. dîmer, lever ou percevoir
la dîme, avoir droit de lever la dîme, déogcr pi. icn dîmeur;
Trd deog, deok m., dcogi v. n. percevoir la dîme, etc.; sur la
variante vannetaise diaiigle, voir XXIV, § 8.
3. Le V. bret. deciiiint glose adecimabit, mais est un pluriel :
« ils prendront la dîme ». C'est le verbe correspondant au
gall. degymu, dérivé de degwin pi. degyniau m., du lat. decmus,
cf. Z-, 821 ; Loth, Mois lat., 159. Les mots comiques degevy
payer la dîme, dege, dega dîme paraissent provenir aussi du
lat. decimus, tandis que degvas id. est celtique, car on ne retrouve
pas cette alternance dans les autres nombres ordinaux; le gaél.
deicheamh, au contraire, doit être celtique, comme seachdamh
septième, etc.
Le bret. mod. decimou dîmes D 80 vient du fr. décime.
4. M. Loth indique, éd. de Châl., 112, comme correspon-
dant au van. deauc, un gallois deog; ce mot aurait besoin d'une
référence soit écrite, soit orale; je le tiendrai, jusqu'à plus
ample informé, pour le résultat d'une méprise suggérée par le
breton (comme le prétendu gall. heor ancre, cf. Notes d'ctym.,
263, 264, n" 126, § i).
3s6 E. Ernault.
5 . Le bret. moyen et moderne deaucr n'est pas facile à con-
cilier avec le v. bret. cJecin-, gall. degium. Grég. se contente
d'affirmer que « ce mot vient de decq, dix ». Pel. dit que
dcau^ et dcoi^ « sont pour Dec'hoc, possessif de Dec, dix ».
Ceci ne donnerait pas *dec'hoc, mais *degoc, cf. Degol surnom
en rioo, Chrestom. 123, gall. degol décimal, degoli décimer;
dimer. Peut-on passer de là à deog ? Une dissimilation de ce
genre se trouve dans le van. duéguiah m. pi. en duché l'A:,
pour *dngiicgne~, de diig, pi. duguélt duc, fém. duguéss pi.
-L%éll ; cf. moy. br. dre biuidignei^ bienheureusement, pour
*l>iiiigiiidigiie:;^, etc., Gloss., Go. Voir § 5.
Le Gon. marque déoh et sa famille du signe des mots suspects
d'emprunt.
M. d'Arbois de Jubainville. Et. grauiui., I, 13, tire deog de
*demk, métathèse pour *dekm = gall. degwm, du lat. décima
prononcé decma. J'ai objecté, Gloss., 148, 149, que ceci ne
rend pas compte de la diphtongue du moy. br. deaoc, et com-
paré l'irl. deac dix, en 2 syll. ; le correspondant breton de
celui-ci devrait être en -ac'h, mais il y a des exemples d'alter-
nances finales entre -ce et -c (Gloss., 98, 99). Le v. irl.
deac et le gall. deng dix sont regardés comme obscurs, Urkelt.
Spr., 145; cf. Macbain, v. deng; Brugmann, Gnindriss, II,
487, etc. Si deng tient à deac, ce dernier a perdu une nasale,
qu'on attendrait aussi en breton. Les emplois de deng, deac et
deauc sont, du reste, bien distincts et ne coïncident jamais.
Deng est un simple équivalent de deg ; deac remplace deich dans
les noms de nombre de 11 à 19, ce qui ne nécessite pas un
mot signifiant dix: ail. ('//= v. h. a. ein-lif « un qui reste »
(de plus que la dizaine), etc. Le sens de deauc, au contraire,
réclame l'expression de dix, avec une idée accessoire rendue
par un suffixe (ce qui n'empêche pas qu'on ait « dimé » aussi
au douzième et au treizième).
M. Henry conjecture que deaoc est une métathèse pouY*dckao
d'un lat. barbare *decai'!un forgé d'après octaviiin huitième, ne
vo3'ant pas d'autre moyen d'expliquer le vocalisme breton. J'ai
signalé cette hypothèse du savant linguiste parmi ses trouvailles
très dignes d'attention, Revue critique, 17 sept. 1900, p. 221.
Cependant la métathèse de -ekao en -eaok est tellement isolée
Sur l'Etyinologie bretonne. 5^7
qu'on doit lui supposer un appui dans l'ctymologic populaire,
et celle-ci a pu, tout aussi bien, aider au changement dc*ih'gauc
en deauc.
Le mot qui se présente ici, dans les deux hypothèses, est
le moy. bret. iredecc tiersain, mod. trcdcecq, tredeocq, Ircdeocq,
iredeeuq, trydeecq, trede-ccq tierce main Gr., Gloss., jii.
6. Quant au vocalisme, il est à remarquer que, sans être
commun, le moy. bret. au venant de â n'est pas sans exem-
ples; cf. Noies d'ctyni., 144, 145, 147, 148, 151 (n°' 75, 76).
La variante unique deagityc peut être une simple méprise^ bien
qu'elle rappelle teol, teal parclle, patience Gr., moy. br. teau-
lenn morelle ; van. Icad langue, moy. br. tcaul. Au- provenant
de al- a en moy. bret. une variante ao: aotrou, autrou mon-
sieur; dans les autres cas, ao ne se présente d'ordinaire qu'un
peu plus tard : en ho raoc devant eux, caos cause, ar Saoson les
Anglais dans le Doctrinal, Gloss., 561, 10 1, 599, etc., mais il
y a des exceptions comme iaol coup ; il faut noter surtout
hcaol soleil, parce qu'un c précédent favorise cette prononcia-
tion; on dit en Trég. en 0 rôk, kô:^, ar :^o~oti, toi, mais blaol ;
de même tlaot langue, yaot herbe, cf. Ai'/« d'étyni., 148, 167,
n"'' 76, 81 ; il y a même des localités trécoroises où l'on pousse
jusqu'au bout la multiplication des sons vocaliques et semi-
vocaliques, en disant tyeawot, yeawol. Nous avons admis
plus haut (LVIII, 2) un exemple de ao pour 0 en argot van-
netais. On peut voir, Gloss., 441, d'autres indices anciens
de cette tendance bretonne à la diphtongaison, qui produit
aussi un vocalisme voisin de celui de deaoc : moy. br. hleau de
bleu cheveux, van. bleaù et bleu, etc.; cf. van. nicu et meaù
ivre, etc.
LXXIIL — MONANDOUK.
Le van. nicnandoiir, nio)iandour homme qin n'en fait qu'à sa
tête dérive de l'argot monanl , iiionanle ami, amie (Vidocq),
L. Larchey, Delvau, inonant compagnon, ami, Bruant, ami,
mot populaire, Delesalle; v. fr. monant, monnanl, mosnant,
mausnanl serf obligé de faire moudre son i^rain au moulin
^58 E. Ernaulî.
banal God. Pour la formation, cf. passandourr m. pi. -dcrion
passant l'A.
LXXIV. — LANSON, SANSON.
Le van. lanson un peu ivre se rattache à lanset id., du fr.
lancé -^ cette forme est assez voisine de l'argot rochois cnl
lansogue un homme ivre, ))iond de Lahsoi^nc s'enivrer, Rcv.
Celt., VII, 45, 250; XIV, 274; XVI, 234.
On dit à Kervignac, Riantec, etc., sauson, qui semble une
altération moqueuse de lanson (d'après le nom de Samson ?).
E. Ernault.
(A suivre.)
LES DRUIDES, NOTIONS GÉNÉRALES
Quand Jules César a fait la conquête de la Gallia coiiiata, il y avait dans ce
pavs trois catégories de prêtres: i" les giititalri, comparables aux Hamines
romains, atrachés chacun à un lieu sacré, bois ou temple, comme Chrysès
au premier chant de l'Iliade; 2° les devins, »fl/75, identiques a.u\ f a thi ou
Jilidj c'est-à-dire tteletes « voyants », d'Irlande, qui ressemblent beaucoup
aux augures romains, mais parmi lesquels il y avait des femmes, telles
que la Pythie de Delphes ; 3» les druides organisés en collège comme les
pontifes romains, ayant comme eux un chef dont parle Jules César. Ils for-
maient également un collège en Irlande, où un texte latin, écrit en Irlande
au vue siècle, appelle leur chci priinus iiiagus. Parmi les druides il n'y avait
pas de femmes, c'est par abus que Lampride et Vopiscu.s ont appelé dryades
des diseuses de bonne aventure gauloises au 111'= siècle de notre ère ; ces
diseuses de bonne aventure, en Gaule comme en Irlande, appartenaient à la
catégorie des «a/75 (Strabon), iiiv-z'.;, comme s'exprime Diodore de Sicile,
han-fiUd « femmes voyantes » pour employer l'expression irlandaise.
L'installation des druides dans la Gallia comata n'était pas un fait historique
bien ancien quand Jules César fit la conquête de cette Gaule. C'était une
institution gôidélique trouvée par les Gaulois en Grande-Bretagne, quand,
vers l'an 200 avant notre ère, ils firent sur les Gôidels la conquête de cette
île qui fut comprise dans les états de Dcviciacos, roi de Soissons, à une
date peu éloignée de l'époque où furent écrits les commentaires de bello
gallico.
Ce qui distinguait les druides des pontifes romains, était que les druides
professaient. Ils enseignaient non seulement la théologie, mais aussi l'his-
toire, la géographie, l'astronomie, les sciences naturelles. Une de leurs doc-
trines était l'immortalité de l'âme : les âmes des morts suivant eux trouvaient
un corps nouveau dans une partie du monde inaccessible aux mortels, sauf
quelques privilégiés. Ce n'est pas la métempsychose pythagoricienne avec
laquelle certains auteurs grecs ont à tort confondu l'enseignement drui-
dique.
Les druides, officiellement supprimés parles empereurs Tibère et Claude,
contraints alors de se cacher dans des cavernes et au fond des bois, comme
les pasteurs au désert après la révocation de l'édit de Nantes, furent réduits
à vivre des produits d'une médecine de charlatans à l'époque où écrivait
Pline l'Ancien, vers l'an 77 de notre ère ; ils paraissent avoir complètement
disparu de la Gaule vers la fin du ic siècle de notre ère. Les Romains les
expulsèrent de la partie méridionale de la Grande-Bretagne située au Sud
du vallum Antoniui. Mais les druides étaient encore fort puissants dans le
Nord de la Grande-Bretagne et en Irlande au vie siècle de notre ère.
H. D'A. DE J.
THREE LEGENDS
FROM THE BRUSSELS MANUSCRIPT 5100-4.
The text of the foUowing legends is copied from a papcr
ms. marked 5100-4, in the Bibhothcquc Royale, Brusscls,
which is almost whoUy in the handwriting of Michaul
O'Clery, and which has been described in the préface to the
Martyrology of Gorman, London, 1895.
Thefirst legend gives an account ofthe interviews between a
bishop in Clonmacnois named Coirpre Crom (ob. 899) and
the soûl of Maelsechlainn, son of Maelruanaid and grandscn
of Donnchad, whowas overking of Ireland from A.D. 843 to
A.D. 860, and fought valiantly against the vikings. The object
of the legend is apparently to shew the henefits of gifts to
soulfriends (spiritual directors) and to the poor, and the supe-
rior efficacy of a bishop's prayers. It is referred to in the Annals
of the Four Masters, A.D. 899 : it is freely translated into
Latin by Colgan, Acta Sanctorum Hiberniae, p. 508 ; and it is
abridged in the Martyrology of Donegal at March 6. It is
probably incomplète, for thougli the association of Maelsech-
hiinn's soûl with démons may be accounted for by his murder
ofthe gillie who helped him to bury his treasure, no clear
reason is given why the priest his soulfriend should be in
the depth of hell. It can hardly hâve been a sin for him to
accept the king's ring. Why, too, had the shirt worn by the
soûl only one sleeve ?
The second legend tells how S. Ciaràn of Clonmacnois
Tlirer Legends from thc Brussels Maniiscript ) 100-4. >6i
replaced his head (rather unskilfully) upoii a wickcd Coirpre
Crom who had Lx-eii dccapitatcd.
The object is to shew the benefits of confession and repcn-
tance, which savcd Coirpre's head from thc clutchcs of a
démon.
The third legend glorifies royal liberality to the Church, and
tells of S. Colmân mac Duach and Gûaire the Gênerons, king
of Aidne, as to whom see Lires of Saints from the Book of Lis-
rnore, pp. 304, 358. Gûaire died A.D. 662. S. Cohnàn's
obitual day is Feb. 3 ; but the year of his death is unccr-
tain. He belonged to thc third order of Irish saints gui in locis
desertis habitabant et oleribns et aqua et elecmosynis uiuebantK
Hence our legend states that he was a hermit, living (likc
the Manichean electi^^ on herbs and water. There is anothcr
version of this legend in the Yellow Book of Lecan which
has been published in Eriu, vol. I, p. 43, with a good trans-
lation by Mr J. G. O'Keeffe. But thc text in the Yellow
Book is in somc respects worse th an that now printcd. Thus :
YBL. Brussels iiis.
croccind na n-allta Croicccnn n-agh n-alta.
om. .i. en mbccc ro ghabus i ngaisste isin
caillidh.
in anmain de i n-anmaim De.
dotuca dotuccad.
A ernaithi dognfseo dolug (ruining th'ernaigthc si fodcine.
the mctre).
1. Haddan and Stubbs, Co«w;75, 11,293.
2, seej. C. ConyhtdXQ, Key of T y lilli, CXXXI.
j62 Whitley Stokes.
I
[fo. 76'*] Espct ùâsal ro bin h\ Cckuiin m^/c Nois,
Coirprc Crom atb^/'ti fris. Cend crab^7/V/ crmoir Eri'iiii. Ecmaing
ina araccal a aen//r iar n-cspartain oc ernaiglhc, conacà in
ndeilbh ina dhochum 'si cirdubh, coro sesflî/mh ina fiadhnaisi.
IS amhlaidh bai d'ulii an ricin trogh sin, ti geai ima braghait,
Icne co leth-muincille imc.
larfaiglîis an clerech : Cidh atcomhnaic-si |fo. 77^] iuV ?
ar se. Nit athgenmar dognath.
Freccraidli iarumh an delbh-sin : Anim, ol si, meisi.
Cia ros-dubrt5tair ? ol in clerech.
Imat mo pec^t^h 7 truma mo pêne.
Dirsan on, ol in clerech. IN fuarais do ccnairc do gabrt/7 no
in rabhattar caraitt cleir^di occut it biu ?
Nocha n-edh as mo h'ytacht, ol in anim, acht is mô a tur-
tacht damh mo idhnacal i cCluain m(//c Nois. Rom-bia mes-
rucc//(/h i mbrath tria impidhe Cinràin.
Ole lith, ol in clerech, na rabha cidh anmcara accut, nô
na dernais cidh maith airi.
Bai immorro, ol in ainim, anmcara occam .i. saccart Ck'iana
vnaic Nois intsainrith. Ni àn-wus cidh romaith aire, acht
dorigné;Jh émh occam tail di ôr ocus dos-ratt/'.f dô : ut dixit:
Is me mac mt'/c Donch^^a. rom-tha hi n-ifé'rn garbthana.
ni mochin' tainic hi ccri. nech oc na bi anmchara.
I. for mochen.
Tlirce Li-gt-nds froin tlic Bnisich MiUUiscript ^ 100-4. 5^î
THREE LEGENDS EROM BRUSSELS Ms. 5100-4.
I. — COIRPRH CrO.M and M.\I:LS1-CI1L.\INn's SOUL.
A high bishop there was in Clonmacnois : Coirprc thc
Bowed was hc called; and lie was the head ot dévotion of
the greater part of Ircland. Ile liappcned to be alone in bis
cell, after vespe^-s, praying, wben be saw coming towards
him a Shape, jetblack, wbicb stood in bis présence. Tbustben
was tbat wretcbed Form : witb a brigbt mantle round its neck
and wearing a shirt witb a single sleevc.
Tbe cleric asked : « Wbat art tbou at ail ? » quotb be, « for
w^e do not recognise thee always ».
Tben tbat Sbape answers : « I », it says, « am a Soûl ».
« Wbat batb blackened it ? » says tbe cleric.
« Tbe abundance of my sins and tbe beaviness of my punisb-
ment ».
« Misérable is tbat », says tbe cleric : « didst tbou tind
(anyone) tosing tby requiem, or badst tbou clérical friends in
thy life ? »
« Thaï is no belp for me », says tbe Soûl : « butmy burial in
Clonmacnois is a greater assistance to me. At tbe Judgment
modération will bc sbewn to me, tbrougb tbe intercession of
Ciarân. »
« Bad luck », says tbe cleric, « tbat tbou badst not even
a soulfriend, or tbat tbou didst notbing good for bis sake. »
« And yet », says tbe Soûl, I bad a soulfriend, a priest of
Clonmacnois, (to speak) precisely. I did notbing very good
for bim, but I bad a ring of gold made forme, and I bestowed
it on bim » : ut dixit :
I am mac Donncbada's son : I am in rougb-mean bell :
it is not welcome tbat onc wbo bas no soulfriend came into
a body.
564 Whitley Stokes.
Cidh on an f*';- occa rabhatar iondm//^a titsa intan ba ' hi
ccri, ol in clcrcch.
Truagh sin, a clerigh, ol in ainim: Meisi Maelsechlfl/««
mac [niaic] Donnch^ï^/a, ri Ere)in.
Ole Util, ol in clcircrh : cia hairm hi fail in sacan, 7 caidhe
torbha na halmsaine?
Ata, or in ri, hi (udomaiii if/Vn, 7 mo tail-si 'na circaill
teint/V/he imo braghait: ni chumaing ni danisa monuar as
annsa dô budein.
Cia ti gcal sin imot braghait ? ol in clcnvh.
Logh na iixlach, ol in ri.
Cidh d'idii fos-ruair an Icne co llLthmuincillc ? ol in clcnrh.
Atliastar dcitsiu, ol in ri. Fecht riamh tanga/^/r scol na cille
si im dochom do chuingidh bruit do mac Iciginn trogh bai
occa, IS ann asbfrtsa frissan righain, oir na n-ecmaing brat
occamsa antansin, co tardadh lenc cumdachta dom Icintihh
don trogh. IS ed tra dorala ann. Conidh si in léne co Icth-
mhuinchille atchisiu imumsa.
Maith sin tra, ol in clcrcch ; cidh rot-fucc illc ? ol se.
INtan basa isind aicor o cianaibh, ol in ri, ociis drong do
dcnihnaibh uniam occam pianadh for ccch leth, co ccualaniar
toghar do ghotha-sa oc moladh in Coimdcdh. Imccclaighter
|tb. 77''! iarumh na dcnihna an trath-sin, 7 scailit to arttaibh
ind aiéoir, 6ir ni cumhaing demhon feidhliucc/<Jh fri re
n-acnuaire i ttal;;/rt/// na ind aicor oirct ro soich foghar do
gotha-sa ic aintain h'irnaigthi.
O tarnic doibh iarumh ind imaccall(//;/h sin raidiiis in ri fo
deoigh : Uch uch, a cler/Vh, ol se, as cicccn damhsa roclitain
cusin lucht ccedna, ocits dobcrainn logh an cumhsanta so duitsi
diamadh maith lat.
Cindhi;idi {sic) sin? ol in clcnrh.
Fecht riamh, ol in ri, lottsa co hAth cliâth do thomaithem
for Galluibh, co t//ccas û'7 unga do ôr uatha ocus deich cet unga
I. ley. intan ba tùsa ?
Three Lfgeruis from tlic Brusseb Maniiscript ^ 100-4. 56^
« Who is thc man who liad trcasiircs whcn thou wast in
the body ? » says the cleric.
« Sad is that, O cleric », says thc soûl : « I am Maclsechlainn ',
grandson of Donnchad, and king of Ireland. »
« Bad luck ! » says the cleric : « in what place is the pricst,
and what is the fruit of the alms .'' »
« He is », quoth the king, « in the depth of hell, and my
ring is as a fier}- circle round his throat : he can do nothing for
me alas! 'tis hard for himsclf. »
« What is that bright niantle round th\- throat ? » says thc
cleric.
« The price of the ring », says the king.
« What then has caused the shirt with a single sleeve ? »
says the cleric.
(c It shall bcdcclarcd to thee », saystheking. « Onceformerly
the schoolboys of the church came to me to ask a cloak for
a poor student whom they had. Then, as at that time I hap-
pened to hâve no cloak by me, I told the quecn to give thc
wretch an embroidered shirt of mine. This was donc, and it
is the shirt with a single sleeve which thou seest about me. »
« That is very wcU », says the cleric; « but what brought
thee hither ? »
« When I was in the air, somc time ago », says thc king,
« with a crowd of démons on every side around me, punishing
me, we heard the sound of thy voice praising the Lord. So
then thc démons are terrified and they scatter to the airts of
the air; for no démon can remain for the space of a single
hour on the earth or in the air while the sound of thy voice
chanting thy prayers reaches him. »
Now when they had ended that coUoquy, the king at last
said : « Ah, ah, O cleric », quoth he, « I must now go to the
same folk ; and, if it so please thee, I wouldgive thee a reward
for this rest. »
« What is that ? » asks the cleric.
« Once formerly », says the king, « I went to Dublin to
threaten the Danes, and I brought away from them an hundred
I. Hc won the battle of Tara.
566 Whitley Stokes.
do arccrt't. Ro foilghi//5a sin 7 àcnqhilla dam maille frim, 7 ro
marbhus cisidcin antan-sin, 7 ni fitir nech fo/m cw^aniu, ccus
innisfit/;/;- duitsi airm hi ttà, ociis tab^//V h'aradain fcin fliir.
FcTtcillimsi, ol in cler^rh, arna rogaib grcim don ti rucc bccc
h'innm/^5a, ni mô ghebhsa a mhôr, Mcisi chcna, or se, ni
comhrisiu tria bithu frit môinibh siu.
Sceindidh ind ainim uadh iarsin, ociis ïsscdh ro raidh oiret
rochuah//V/h in clcrecli ;
Trûagh ^ sin, a Meic mo Dé bi,
na derna maith céin ba bi cri.
Assa aitblc sin tionoiltr/- in neocb do saccartaibh no atbaigbcdli
ind ecclais À. da SACcarl âéc, ociis indisidh doibh inni for-
caemiinacair ann, 7 atbnt friu : Cidh duibsi, or se, in sxccan
do lahain a bifc'rn ociis an ri do tliarraing o dlicmhnaibh. Is
and atbt'/tatrt/' : IN ri don cspor, ol siat, ocns in saccart dona
saccartaibh,
Dognithcr tra almsan ocus trcdhan- ociis crnaigthc Ico.
Doroich hi cciunn lethbl/a(/na in ri cusind epscop ocus se leth-
brec.
Cindiis sin ? ol in cler^rh.
Inàas maith, ol ind ainim 5, acht co ro Icntar don cedna.
Cidh on, cind^7jr atai in truma do phéne anosa ?ol in cleirech.
IS câ\\ ro raidh ind ainim indso :
Ind croind criiaidhluim go ngaircce
os ail gaibhtcch glas-tairrge
coui\.\\acht '^ ann cen tt'rca
ind oidhche gairbh gaothsnecthaî.
1. Ms. Truacch. .\. ist sg. t-pret. of *con-to-lon-
2. Ms. trcghan. gini?
3. Ms. intainim. 5. leg. gâctlisnechta.
Tlirre Legrihii from tlie Finisscls Mcunncrift 5100-4. 367
ounces of gold and tcii liundred ounces of silvcr. I and ;i
single lad wlio was along witli me concealcd that (trea-
sure), and thcn I killed liini ; and hitlicrto no onc lias know n
it from me; but ihc place wherein (the treasurc) is sliall be
declared to tbee ; and do thouput tbine own bridleupon it '. »
« I protess to tbcc », says tbe cleric, « since tbcre was no
benetit to bim wbo took little of tby wealtb, no more wil
I nccept mucb ot it. As tor me », quotb be, « never and nevcr
will I bave augbt to do witb ihy treasures. »
Tben tbe soûl sprang trom bim, and tbis is wbat it said so
long as tbe cleric beard :
« Sad is tbat, O Son ot m}- living God,
tbat I did no good wbile I was in tbe body. »
Tbereafter ail tbe priests tbat lookcd after tbe cburcb, to
wit, twelve priests, are gatbered togetber, and tbe cleric tells
them wbat had taken place there, and said to tbem : « Wbat is
it to you, to bring tbe priest out ot bell and to drag tbe king
from tbe démons ?» Tben tbeysaid : « Tbe king to tbe bisbop,
and tbe priest to tbe priests. »
So alms and a tbree-days-flist and prayer were given and
beld and made by tbem. At tbe end of balf a year, to tbe
bisbop came tbe king, and be (only) balf-speckled -.
« Wbat is tbis state ? quotb tbe cleric.
« A good state », says tbe soûl; « only tbat one goes on
witb the sa me (torments).
« Wbat? How is tbe beaviness of tby punisbment now ? »
asks the cleric.
Tbis is wbat tbe soûl said :
On tbe top of the bard-bare tree witb fierceness,
above tbe green sea's dangerous cliti",
I sutfered tberc witbout stint,
in tbe rougb nigbt of windy snow5.
1. i. e control it as you will.
2. to intimate that the deliverance of the King was only half effcctcd,
Todd, Mai tyrology of Donegab, p. 66, note 3.
3. Cf. the Anglosaxon dialogue between the Devil and an anchoritc,
cited by Kemble, Saloinon aiid Saliirii, p. 84.
3 68 Wh'ulry Stokrs.
Ind nnim ns lugha pian
|lo. 78^] fil ind hthaib na n-acian,
suaill na bad ïngnad dia cluinn
madh dia tiscdli a h'\(nrn.
Sccindidh uadh iarsin.
INtan bui in clcnrh and i cind blii/Jna a ocnar oc crnaigthe
isin lucc sain cctna rc/MCcai in deilbh solusta a docom. Ecmaing
d'ici i{ ba hi in ri sin.
Cindrt5 atathar occat ? ol in clcrcch.
Indas maith hmiiono, ol in ri. Atùsa sunn go glcghel occ
dol dochum nimhe.
OcLis in saccan, cind(7.v ata ?
Indas maith, ol in ri. Rag^ù/h anidrach dochum nimhe.
Cid fodcra iusa rcmhc? ol in clcnrh.
Uasli h'ernrtfij^the si ocus treissi th'ataigh ' sech na saccartaibh.
Teit in ri docum nimhe iarum hi fiadhn^/Ve in cler/Vh lasin
nguth-sin, 7 ïàcchaidh bennrtf/;/ain ocon escop naebh.
Co«id hc scél Cairpri Cruim 7 Maoil Scchlaind mie Maoil
Ruan^7/V/h .i. ri Ereiiii indsin.
FINIS.
II
Coirpre Crom mac Feradhj/"^ mie Lugdach mie DàWain mie
Brcsail mie iMaine Môir, a quo Hi'ii Maine Connarljl. Dognith
in Coirpre sin ulca imda tri câch. Dorala dosomii a haithle
dibercce dol co Doire cremhae hi crich Ua Maine co ro eodaii
I. Ms. th.Ttaicch.
Three LegenJs from tlie Brussels Manuscript ^100-4. 569
The soûl whose punishment is least,
which is in the régions of the océans :
hardly would its body ^ hâve wonder
if it shoLild hâve corne out of hell'.
Then it springs from him-.
At the end of a year the cleric was alone praying in that
same place, when he saw the radiant Form coming towards
him. Now it happened that this was the king.
« What is this state that thou hast?- says the cleric.
« Verily a good state », says the king. « Hère I am bright-
white, going to heaven. »
« And the priest, in what state is he ? »
« A good state », says the king. « Tomorrow he (too) w^ll
go to heaven. »
« What causes thee (to go thithcr) before him ? » says the
cleric.
« The nobility of thy prayer and the might of thy suppli-
cation beyond (that of) the priests. »
At that Word the king goes to heaven in the présence of
the cleric, and he leaves a blessing with the holy bishop.
So this is the story of Coirpre crom and Mael Sechlainn
son of Mael Ruanaid, to wit, the King of Ireland.
II. — CoiRPKi- Crom a\d S. Ciarax.
Coirpre Crom, son of Feradach, son of Lugaid, son of
Dalldn, son of Bresal, son of Maine the Great, a qiio the Hi'ii
Maini of Connaught. That Coirpre used to do many evils to
every one. He happened after (committing) arobbery to go to
1. cunn .i. corp, O'Clery. Or cunii may be the dat. sg. oî coiiii « mind ».
2. Colgan's version of this difficult passage is : respondit melius quidem
agi, adhuc tamen se talibus retorqueri tornientis ut in summitate cuiusvis
arboris, supra subjectae abyssi horrendum fastigium, sine quiète et inter-
missione inter ventorum flabra et algores cruciaretur ; mirumque esse quem-
piam esse inter eos, qui ad poenas in ahera vita sustinendas deputati sunt,
quantumcumque sint exiguae, qui non putct se torqueri in infcrno. Hisque
dictis disparuit.
Revue CellKjUc, XXVI. 24
570 Whitlcy Stokes.
ann. Tancc//^ cucco-somh annsin, co ro marhadh, 7 ruccndh
a cend co tochar Cluana boircnd for bru Sionda. FacaK?;' forsan
nglaslicc cloichc tîl i mcdhon in tochair in cend.
'o'
Ciaran mac in tsôir antan sin lii cCiuain mie Nois. Gar
bccc riasin trath sin dorôine Coirpre a fàisittin fri Ciâran, co
tucc a coibhsina huile dô. Otcuala/tyii Ciàraii a marbhadh
somh, docoidh co Tulaz^^ii ndroma. Tucc^Jh an corp ina
dhocom, ociis ro benait cluicc oc na cleircibh immon corp,
comdh Ard na ccloc fil forsin maighin-sm beos.
Tangatar iarsin co hairm i mbôi in cenn. Boi démo;/ i
ccomhaitecht an chind an tan-sin.
Cidh dogni annsin, a troigh ? ol Ciaran frisin démon.
Man^rh diles damh bodéin, ol dcmlian, inti isa cend so.
IS aire atû ina coïmWntecbt .
Ac tra, ol Ciarâ//, ni fir sin: [p. jS^] fer faisitte ociis aith-
righe damhsa 7 do Dia hé, ol se.
Benar uadh in cend iarsin ociis faccabar démon a âenar
forsan lice, ro;7idh- desin nach maith saltradh forsan
lice sin forsa frith an cend, ar ni déne a less anti ^ saltras an la
dogni.
Berar in corp ociis in cend co Cluain m^7/c Nôis iarsin co
tucadh in cend frisan meidhe. Tuccadh iarsin adhart Ciarain
fon cend, co ro len an cend don colainn tre breithir Ciarain,
eo ro athheoaigt^/ Coirpre o mharbhaibh. Ba crom a muinel o
sin amach, a^;;idh de ro glen Coirpre Crom de.
Ro gabh Coirpre righc H/'in Maine iarsin. Doratt Cuilf^it hi
fot fri haltoir 7 na himlecha i screpall a thodhuisci do Dia
orns do Chiardn. Ociis dorât a mallrtf/;/ain don ti dia daimi
doberadh a mhancine o Chiaran co brath. Ocns atben fos co
seertai riçje ocus airech//j frissin ti ro roisstv/h a manchine fiir.
I. leg. indi'.
Tliree Lcgcndi from the Bnissels Maniiscript ^ 100-4. ^71
Daire crenia in tlicdistrictofHiiiMaini, and tlicre hcslcpt.Tlicn
folk came to hini and killed him, and liis hcad was takcn to the
causewav of Cluain boirenn on the brink of the Shannon. The
head is left on the grey flagstone which is in the middle of
tiie cause way.
Ciarân son of the Wright was then in Clonmacnois. Sliortly
before that day Coirpre had made his shrift to Ciarân, and
given him ail his confessions. When Ciarân heard that hewas
killed he wcnt to Tulach droma. The body was brought to
him, and round the body bells were struck by the clerics ;
wherefore that place is still called Ard na clocc « the Height of
the Bells ».
Thereafter they came to the place where the head was. A
démon was then accompanying the head.
« What doest thou there, thou wretch ? » says Ciarân to tiie
démon.
Says the démon : « He whose head this is was a faithful
monk of mine. Therefore I am in his company. »
« Not so », says Ciarân : « that is untrue: he was a man
who confessed and did penance to me and to God. »
Then the head is snatched from the démon, and he is left
alone on the flagstone. Whence it is not w-ell to tread on that
flagstone upon which the head was found : for the day that
he does it is not to the profit of him who treads.
The body and the head are afterwards takento Clonmacnois,
and the head was put upon the trunk. Ciarân's pillow was then
placed under the head, and by Ciarân's blessing, the head
clave to the body, so that Coirpre w'as brought to life from
the dead. Crooked (croiii) was his neck thenceforward, so that
hence(the name) « Coirpre Crom » clave to him.
Thereafter Coirpre Crom took the kingship of Hûi Maini.
He gave to God and to Ciarân Cuilfat as an altar-sod ' and the
Imblecha as the « penny of his ravivai^ ». And he gave his
malédiction to such of his children as should ever withdraw
his service from Ciarân. And he said, moreover, that kingship
1. A sod, like a brandi, was asymbol uscdin the transfcr of land. Hcnce
an « altar-soâ » mcans land dedicated to ecclesiastical purposcs.
2. i.c. the fee for bringing him back to life.
372 W'hitley Stokes.
Fiarfa/^''his tra Ciarân de an rucctulh docluim nimbe no if/Vn
he. Niam-rucci7^h, ol se, ar ni berar anim dochum nimbe co
;2-adlniaictn- an corp. Ocus ni berar ainim docbum nimbe na
ifF/rn co cend scchl tratb leis. Ro batar tra demuiii 7 aingliu
(.f/V) oc imcosnamb ma anmu (^/V) o do scarsaitVim corp bi.
Ba treissi, tra, ol se, don faisittin ocus don aitbrigbe ocus
don iarmbéirgc inàs dona bolcaibb ro airmittis deam///// t'orm.
Co«idh maircc bis de sin cen a taisittin dogrcs.
FINIS.
III
[fo. 82**! Colman mac Duacb dia tta Cell mie Duacb.
Docoidb iavuin an Colman sin i nditreibb i mBoirinn Coiinachl
ocus den macclérech lais. INd aimsir Guaire Aidbne doluidbset.
[Aigen 7 biel leo, YBL.] Secht mbliadna doibh isin ditreibb
cen tuara bidb o duine, cen accallaimb duine n-aile. Bai trd
ccclas leosomb i ccaillidb 7 proinntecb. Croiccenn n-agb
n-allta dano is edh édach no bidh leosomb. Biror immorro ocus
uisce ocus lusr^^b na coilledb is edb no meiltis frisin re sin.
IN maiccler^'fb mwwrro ba secnap ocus ba boircinnecb ocus ba
feirtighis ocus bâ coicc isin proinntigb.
Maitb, ol Colman là n-ann .i. dia cascc iar cceilebbn/Jb
degbuird, caisg mor annso, ocus atad an t-àes uird isind ecclais
.i. mcise 7 an t-aircinnecb 7 an t-epscop 7 an saccart. Latsa
immorro na builecboimsi ^ olcbena. As coir dûinn degbuird do
denumb arar mbeluibb. IS côir duit maitb do denwmb isin
laitbe-si aniu losa Crist mie Dé bi,
[fo. 83''! Rodm-bia maitb dbe, a cleirigb, ol in mac clenrb,
I. pi. nom. of coni»ius.
Threc Ugends front tli<- Bnisscls Marimcript 5100-4. 57 ■?
and prééminence would be severcd tVom hini who should
hesitate to serve that saint.
Thcn Ciaran asked Coirpre wlicther lie had bccn takcn to
heaven or hell. « I havc not bccn takcn », hc answercd ; « for
no soûl is taken to heaven until the body is buried '. And no
soûl is taken to heaven or hell till the end of seven days with
it. For démons and angels hâve been contending for niy soûl
since they scparated it from my body. Now the might of the
shrift and the penance and the matins (vvas mighticr) than
that of the evils which the démons were counting upon me. »
Hence woe is one without his shrift continually.
III. — COLMAX MAC DUACII AXD GuAIRE.
Colmdn son of Dui, trom whom Cell maie Duach (is namcd).
Now that Colman went into a hermitage in Boircnn of Con-
naught and a single young cleric with him. In the time of
Guaire of Aidne they went. A pot and an axe they had.
For seven years they were in the hermitage without nou-
rishment of food from anyone, without converse with other
human beings. They had a church and a refectory in the
forest. The raiment they wore was the skins of deer. Gress
and water and the herbage of the forest was what they used
to consume during that time. Now the young cleric was prior
and erenagh and majordomo and cook in the refectory.
« Well », says Golmân one day there — to wit, Easter day
— after celebrating a good service, « hère is the great Easter
(Easter Sunday) and the clergy are in the church, to wit, I
and the erenagh and the bishop and the priest. Thou hast ail
the other powers. 'Tis meet for us to perform a good service
before us. 'Tis meet for thee to do good on this day of Jésus
Christ the Son of the living God. »
« He shall hâve good thereof, O cleric », says the young
I. So the Greeks bclieved tliat souIs could not enter the Elysian ficlds
until their bodics had been buried.
^74 Whitlcy Stokes.
7 dena na hurda go maith, acbt co ndcrnair hoc rcchtair romhat
dochum an prainntighc. Ata imniorro maith ann, ol in mnc-
cieirr^h, ocus ni côir a clcith ar an des graidh .i. oruibhsi, 7
ar in des cumtha .i. tainic Ion limsa don proinntigh .i. en
mbccc ro ghab/<5 i ngaissic isin caillidh, ocus berblnar limsa
ar lossr<7/(/h na cailledh c jco mba Iiinmar, 7 biaid ardochind
inn irlaime, YBL\.
Donithcr an proicept amlfl/i/h sin 7 in t-aifriond go digrai-
srfh. Ccilcbhtar (sic) x medhôn lae aca ocus tiagliar don prainn-
As mitidh a n-anmaim De techt do laim, ol in macc\t\rec\\.
As ced, oir issci/li atbcire, ar seisiumh.
Tuccadh dosomh iar//wh an sére isin p;'oinntigh 7rl.
IS i sin aims^r a ituccad a cuididh do Ghuairc mac Colmain
i nDurlas Guaire. Mue 7 agh dobtYtai ann .i. isin coire .i.
Cuach Guaire. Ceithre drolaimh ass, 7 da sabh Bi da bhreith
arabhelaibh .i. do airiuc tuile ^ do chach.
Maith tra, ol Guaire, ro badh-im-buidhech-sa do Crist
gomadh nech las [m|budh maith da cohair so do celé Dé no-
caithedh é, ar foghébaso an ernail cedna doridhisi'.
A mbat^r ann focettôir coniicMar an Cuach uadhaibh forsan
forles amach. Gabhthar \m})iorro a ghabhar do Ghuaire, na da
aingel nwiiorro 'mon cuach .i. iar Magh Aidhne siar, gur
imfossaidh in Cuach for belaibh Colmdin m/c Duach ina
prointigh.
Maith, ar in maccleinvh, ata luagh t'ainmne sunn, 7caith a
ndoridnacht Dia duit.
Nato, ol seissiumh, co fesam can asa ttuc^Jh. Ocus atbtvedh
la dechsain an Cuaich :
A Chuacain,
cidh dot-uccad tar Luaine + ?
1. cf. LL. 270» and Wind. Wtb. s. v. 2. airec.
2. Ms. do.
5. ar fogcbthu damsa an irdailsc, YBL.
4. .i. ainm na cailledh.
Threc Lcgends. from tlic Bnisseh Mamiscript ^ 100-4. 575
clcric, « and Jo thon pcrform the service properly. But as
soon as tliat is done \ve will go betore thee to the refectory.
Now tliere is (somewhat) good there », says the young cleric,
« and it were wrong to hide it froni the clergy, that is, from
you, and from the comrades. Food came with me to the refec-
tory, namely, a Uttle hird which I caught in a snare in the
wood, and it is being boiled by me on the herbs of the forest
so that it is a titbit, and it will be in readiness before thee. »
Thus the sermon is preached and the mass is performed
diligently. At midday they hâve célébration, and they go to
the refectory.
« 'Tis time in God's name to go to communion », says the
}'Oung cleric.
« Permission, for it is as tliou sayest », quoth the bishop.
Then the food was brought to him in the refectory, etc.
That was the time at which his meal was brought to Giiaire
son of Colman in Durlas Gûairi. Apigand a cow used to be put
therein to, i. e. into thecaldron(called)C/mc/;Gmr/;7 « Giuiire's
Quaigh ». Fourhooks were out of it, and two bars undcr it
to carry it before him, to wit, to supply every one's désire.
« Well then », says Gi'iaire, « I should be grateful to Christ
if there were some culdee ' who would like this to help him,
or who would consume it, for I shall get the équivalent again. »
While they were there they sawat once the Quaigh (going)
from them out on the skylight! So his horse is gotten for
Gûaire, and the two angels (went) with the Quaigh westward
alongMagh Aidne, until the Quaigh stopped in front of Colman
son of Dui in his refectory.
« Well », says the young cleric, « hère is the guerdon of
thy patience; so consume what God bas given thee. »
« Nay », says Colman, « (not) until we know whence it
has been brought. » And iookingatthe Quaigh he was saying :
« O little Quaigh,
why hast thou been brought over Luaine-?
1. a'ic Di' « serviis Dei )>.
2. i. c. the namc of the wood.
^76 Whitlry Stokes.
Dixit angckis :
{Wcrnaiglhe si fodéine
onis cslahra Guairc.
IS annsin iiiniiorro tainic Guairc g/z^in proinntigh il-lcnn^nn
a Chuaich.
Dob-rocht, a cleirigh, ol Guaire.
Bess as Dia do-roidh \ |fo. 83''1 ol Coiman.
Cia hairett atâidh sunn, acleirchiu ? ol Guaire.
.xl. aidche ocus secht mhliadm atam ann, ol iat.
As mith/^'- daoibh, ol Guaire, a ndorddadh daoibh do thomailt.
Cia don-gladathar-, ol Coiman, ind c Guaire?
As me, ol se, octis as ûaim tainicc in mbiadh, 7 as cett duibh
a thomhailt. Ocus accso mo chorp sa 7 m'anam duit 7 do Dia
7 mo siol 7 mo semcd co bratli.
Maith duh(, ol in clerech ; rod-bia a logh la Dia.
Doberar o Ghûaire iarnabharach .iii. /idnt lulgach cons.
mblightheôirib, avn mbuachaillibh, co mbattar mdor us in
proinntighe, comd isin maigin sin3 iar//;;/h ro fothaiged Cell
maie Duach. Coiiidh leis i:\ruiiih Aidhnc uilc cr/z-f Clann Guaire
mie Colmain o sin go brath, 7rl.
FINIS.
1. Ms. dotroibli. dodroid YBL.
2. atangladar YBL, leg. atanglâdathar.
5. Sic YBL. annsa madain, Brusscls ms.
Thrrr U'grUiis fi\m thr Biusscls Maniiscript 5 100-4. ^^yj
An angcl said :
« Tliine own prayer
and GiKiire's gcncrosity. »
Now 'tis thcn that Gi'uiirc came to thc refectory, foUowing
his Quaigh.
« It has rcachcd you, O clcric », says Gûaire.
« Perchance God has guided it », says Colmân.
« Hosv long arc ye hcre, O clerics ? » says Gûaire.
« Forty nights' and seven years \ve are there », say they.
« 'Tis time for you », says Gûaire, « to consume what has
been given to you. »
« Who is it that addresses us ? » says Colmân ; « is it
Gûaire ? »
« 'Tis I », he answers; « and from me the tood has come,
and 3'e hâve leave to consume it. And lo hère for thee and
for God, are my body and my soûl, and my race and my seed
for ever ! »
« Good indeed », says tlie clcric : « mayst thou hâve a
reward for it from God ! »
On the morrow there are brought from Gûaire three score
milchcows with thcir milkers, with their herdsmen, so that
they were in front of the refectory; wherefore in that place
Cell maie Duach- was founded. So that thencc for ever he
(the son of Dui) has the wholc of Aidne and the Childrcn
of Gûaire, etc.
FINIS.
1. the forty nights of Lent. As to computation by nights sec Lotli, Mcibi-
iiogion i. 250 n. and Caesar, B. G. VI. 18.
2. now Kilmacduagh in co. Galway.
Whitley Stokes.
KINARFHICHCHIT
M. Vendryes, in his récent article' on tlie old Irish \vords
in the manuscript at Laon, proposes one textual correction
which I believe to be unnecessary. The entry on folio 202,
as hc shows, appears from its position to rcfer to the twenty-
first qiiinnm, or signature, ofthe archétype, and he interpretsit
accordingly. But he holds the Irish form, hinarfhicbchit , to be
incomplète. He calls the construction a « bizarrerie », and
assumes that cétne has flillen out before hin, pcrhaps becausc
originally written in an abbreviated form. Yet the reading of
the manuscript ccrtainly finds some support in combinations
like the following : hô ar fhichit, « twenty-one cows » {Ancicnt
Laivs, V, 21, 48, 58, 92, 94); bliadhain ar fhichit, « twentv-
one years » (Tripartilc Life of Si. Pnirick, H, 530 and 538;
Todd Lecture Séries, III, 308 ; Todd's édition of the Irish
Nennius, p. 280; Halliday's Keating, pp. 326 and 342);
bliadhain ar a deic, « eleven years » (Todd Lecture Séries, III,
188); bliadhain for a deic fa dô, « twenty-one years » (Jbid.,
p. 162); and the closely similar constructions with ocus, blia-
dhain 7 sesca (BB 9% twice), and mac y fiche (Halliday's Keating,
p. 392). The idiom was noted, though without références, by
Dr. Stokes's, mBe^^enberger's Beitràgc, XI, 167, and it is said
to be common in the modem Gaelic of Scotland. (SeeGillies,
Eléments ofGaelic Grammar, p. 71). The examples I hâve givcn,
which hâve been picked up quite at random and are not the resuit
ofa systematic collection, are sufficient to establish the construc-
I. Rcv. Ceti., XXV, 377 ff.
F.-i\. Robim^on. 379
tion with cardinal mimerais; and tlie extension ofits use to tlie
numbering ot pages or signatures would not be difficult. It is
casier, in my opinion, to explain in this way the form kinar-
fhichchit than to assume the loss oî cétne or acunuid before it.
In one other respect M. Vendryes lias made somewhat too
strict a statement of the Irish usage with numerals. Following
Hogans' Ouilines of the Graininar of Old Irish, he says on page
380 that « c'est seulement pour la première unité que l'on
peut employer la préposition ar devant le chiffre de la dizaine » .
I do not know whether any cases of departure from this rule
can be found in old Irish manuscripts, but they are by no
means unexampled in Middle Irish texts, at least with cardinal
numbers. Compare the following instances: a dô ar sechtmogal
ÇAtk'msonsPassionsandHoniilies, p. 193); triarsechtnio(jat(_ibid.,
p. 85) ; iii bliadhna ar xl {Chronicks of the Picts and Scols, Rolls
Séries, p. 18, and other cases at pp. 19, 20, 21, 25); and
with for instead of ar, dà righ for chaogad (Todd's édition of
Nennius, p. 280). I bave chanced to note only one instance
with an ordinal numéral, 0 côiniiad ar déc co ûciiiiiad ar fichil
(^Passions and Honiilies, p. 139), and Dr. Atkinson would appa-
rently correct this by striking out ar. (See his glossary, under
déc). But whether the correction is necessary, and in gênerai,
what the situations were in which the construction with ar
was permitted or preferred, I hâve no collection of materials to
enable me to say. It is to be observed that several of the gram-
mars of modem Irish recognize the construction with ar m
combination with units higher than one, and in both cardinal
and ordinal use. Compare O'Donovan's grammar, p. 124;
O'Growney's Simple Lessons, § 1177; Craig's Modem Irish
Grammar, p. 44; and for Scottish Gaelic, Gillies's Eléments of
Gaelic Grammar, p. 70.
l'.-N. RoBixsox.
Cambridge, Massachusetts.
MÉLANGES
RESTE DE -n ACCUSATIF SG EN VIEUX GALLOIS
Dans le Gorchan Maelderu>, la partie la plus ancienne ortho-
graphiqucment du livre d'Aneurin, partie qui est clairement
une transcription maladroite d'un texte en vieux-gallois, on
remarque la singulière expression air mlodyat (sic)\ Le pas-
sage correspondant dans le Gododin est aer vlodyat (Skene,
F. a. B., II, p. 75, 29). Le sens est très clair; l'expression
qualifie un héros; elle signifie: qui agite, met eu tumulte la
bataille (cf. blaïudd, agitation, impétuosité, etc., actif, impé-
tueux). J'avais pensé d'abord que c'était une mauvaise graphie,
deux u pour un, mais c'est peu probable.
Le scribe était sûrement un gallois ; il eût facilement com-
pris air ulodyat. On trouve, en effet, dans le même morceau :
guor-vlodyat (Jbid., 107, 11). S'il a reproduit air mlodyat, c'est
qu'il n'a su qu'en faire, air mlodyat est pour air mblodyat ; n
est devenu m devant b- (cf. can mu, cent bêtes à corne) et a
éclipsé b : airn =^ *agro-n.
II
r NASALISÉ DEVENANT « (himii', Plouivcl ; gzuna, gwni).
Il y a dans certains dialectes irlandais, par exemple en
I. Skene, Four aiic. books, II, p. 105, 11.
Mélanges. ^8i
Munster, des exemples de r devenant « sous l'influence d'une
voyelle précédente nasalisée ' : cnumh, vers, pour cniiiiih (i^allois
pr\f, breton prcv).
En breton, nous en avons un exemple très clair dans le nom
de la commune actuelle de Plonivel, près Quimper. En 1368,
le nom de cette paroisse est Ploc-riinael (Rimael = *Rigo-
niaglos). Dès 1540, on trouve Ploenyvel. Il est sûr que ;// inter-
vocalique était prononcé v avec / précèdent nasal. Cette nasa-
lisation s'est communiquée à r qui a évolué ainsi en ;/.
Le haut-vannetais hiniw ne remonte pas à /;/~f« qui existe,
mais à hiriw. Ici, nous n'avons pas de consonne nasalisante,
mais / prononcé long a généralement une nasalisation plus ou
moins forte en breton, dans bon nombre de localités, comme
il résulte d'observations faites au laboratoire de linguistique de
l'Université de Rennes. Cette / nasale aura influencé r et amené
ainsi sa transformation en n. Il est impossible pour hiniw de
songer, comme on l'a £iit, et comme je l'ai fait moi-même, à
le comparer au vieil-irl. in diu.
En supposant que biniiu ait contenu primitivement l'article,
Vn de l'article n'eût pas été en contact immédiat avec d initial
et n'eût pas produit l'assimilation; cf. enta = ent-da, gallois
yn dda. De plus, d'après l'analogie, il ne paraît pas douteux
que /;/- représente un démonstratif se- : gallois he-ddyiu, cor-
nique moyen be-dyw; bret. moyen /;/:(/o_, hirio-.
Le gallois gwna, fais, giuri, couture, point, n'ont qu'une
syllabe, comme il résulte de l'accord général des grammaires
et des textes. Il me paraît impossible de les séparer des formes
correspondantes du comique et du breton qui, elles aussi, ne
montrent qu'une syllabe; corn, giana (i syll.), breton groa,
gra; corn, gzury (r syll.), brttongroui, griL C'est un parallèle
à l'évolution de ir-, vl- initial dans les deux groupes: giulad
1. Pour r devenant « après d et c initial, v. O'Donovan, Giammar, p.' 37.
2. Le bas-vannetais, goiirhenéû', juillet s'explique de même et dérive d'un
moyen-breton gour-heireff.
3. En bas-vannet. on dit gouriat, coudre, gour- formant syllabe; de
même, en gallois du Xord, dans givitiadiir, dé à coudre, gwn forrne syllabe ;
ce sont là des phénomènes modernes tenant aux accents secondaires.
582 Mélanges.
(i syll.), breton-moyen ,(^loat, f^lal ; giulaii, laine (i syll.),
bret. ghmn, glan.
Il semble que l'on puisse plus fiicilement passer de^n à gr-,
comme de eu- à cr-; les exemples en sont nombreux. Mais
comment expliquer un- en vieux-brittonique ? un- eût
donné d'ailleurs vraisemblablement îca;/-. Il semble donc pré-
férable de remonter à //;'-. gwim 'pour giura aura été amené par
des formes avec ni spirant comme *zuranii. Il est très probable
que a accentué a dû être nasal, comme en breton (moyen bret.
gronajf, grajf^. ^onr gwn'i, il a dû en être de même, quoiqu'au-
jourd'hui ce soit un verbe dénominatif formé sur giuni qui
a prévalu : giunlaf. Il est en effet impossible pour le gallois
gwnï de supposer un suffixe final -mu ou -nio. Après 7 long,
m spirant eût disparu en gallois sans laisser de traces, mais
en comique comme en breton, on eût eu v spirant et 7 nasal
(cf. gallois pedi, moyen bret. pedijf; cf. gallois llaio, main,
comique luef). On a identifié le gallois ^ztvn'a/ avec le vieil-irl.
conôigim, ce qui peut aller pour le sens. Mais, outre qu'il pa-
raît bien difficile de séparer le gallois du comique et du
breton, l'évolution de con-iiïg- en gunii est impossible. Cou-
non accentué ne devient jamais giuu, mais bien gn- : cynnifcr
est dans le Livre noir de Carmarthen guwcr. Il y en a d'autres
exemples tout à fait analogues. Il y a d'ailleurs d'autres impos-
sibilités.
J. LOTH.
MORTEN-, MURTEN = MORI-DUNUM
Miirtcn, en français Morat, petite ville située sur les bords
du lac de Morat, Murten-see, Murtucr-see, en Suisse dans le
canton de Fribourg, paraît être un ancien Mori-dnnon « forte-
resse de la mer », c'est-à-dire du lac^ La même origine se
constate vraisemblablement pour le nom de Mortenau, aujour-
d'hui Ortenau, près d'OfFenburg, grand-duché de Bade.
Mortenau, d'abord Mordcn-augia, 768, d'où le dérivé Morlin-
auginsis, 861, Morten-oiua, 961, etc. -. C'est le nom d'un cours
d'eau, augia, owa, qui passait près d'une localité appelée Mor-
âen, puis Morten ^^ Mori-duiion, où se trouvait par conséquent
une forteresse bâtie près d'un lac. Le Rhin, qui traverse le lac
de Constance Boden-sec, paraît avoir traversé plus bas un autre
lac près duquel à l'époque celtique a été construit un fort,
Mori-diinon. L'établissement celtique en cette région remonte
à une époque où le lac existait encore. Il y a eu des phéno-
mènes géologiques plus récents que la conquête indo-euro-
péenne ; ainsi, quand de Mosa, Meuse, a été formé le dimi-
nutif Mosella, la Moselle était encore un affluent de la Meuse
et ne se jetait pas dans le Rhin.
Quant au sens de lac donné au celtique iiiorj « mer », il n'y
a pas lieu de s'en étonner. Le département des Vosges possède
les trois lacs de Gérard-mer, Longe-mer et Retourne-mer,
l'allemand Sce signifie à la fois « mer » et « lac >^.
Ces courtes observations sont le résultat d'une conversation
avec M. Alfred Holder sur ce point disciple de Bacmeister.
H. D'A. DE J.
1. Holder, AUccltischcr S[>rachschali, t. II, col. 629. Un recueil développé
des formes de ce nom de lieu au moyen âge a été donné par Oesterley, His-
toriscbaeograpbisclies IVocrlcrbuch der deitischeii Millelallers, p. 467.
2. Fœrstcmann, AlUletitaches Namenbiich, t. II, Ortsiiajueii, 2^ édition, col.
1012, 1015.
UN FRAGMENT GREC TRANSCRIT
EN LETTRES LATINES PAR UN IRLANDAIS
AU VHP OU IX*^ SIÈCLE
Dans le ms. 444 de Laon dont une particularité a été étudiée
par M. Vendrycs, Revue Celtique, t. XXV, p. 377-381, j'ai
remarqué une note ancienne difficilement lisible dans l'ori-
ginal pour mes vieux yeux et dont je dois à mon savant con-
frère M. Châtelain une excellente photographie beaucoup plus
lisible que l'original. Mais cette photographie était pour jnoi
absolument incompréhensible. Je l'ai communiquée à mon
érudit confrère, M. Omont, conservateur du département des
manuscrits de la Bibliothèque nationale, qui y a reconnu une
copie en lettres latines des versets 9 a 12, chapitre iv,
texte grec de l'évangile de saint Jean, cette copie précédée
d'un petit thème grec annonçant le texte sacré et écrit en
caractères latins comme les versets de l'évangile qui le suivent.
Nous donnons au-dessous de chaque ligne la transcription en
caractères grecs proposée par M. Omont:
Orty acusame tu agiti euuangeliu et tu cata Joani lu
'Op6oy ày.;j7a;x£v ■::!> x^;{zj vjxyyûJ.o-j h. tzj /.x-'x luixrrç/ ts
auasnosma prosionie ta hiera et diina ' .
àvâYvw7;j.a- r,^zz\ii)\).t'i là -.spi et diuina.
I. L'auteur irlandais, ne trouvant pas dans sa mémoire le mot grec Oeîa,
s'est ici exprimé en latin : et diviiia, au lieu de ke thia - — y.a! ÔEïa.
/
Un fragment grec. 385
« Justement nous avons entendu de l'évangile selon Jean
« la lecture. Admettons les choses saintes et divines. »
Vient ensuite le tragmcnt cvangclique:
Pos [su] Udios on
par iniov peu itcis, cisrs ghiikos Saniaritidos ? y gar syncruti
7:xp ' k[j.z"j ~:tX-) yi'.~t\- :'J~T,: 'fxix'.v.h: ^xj.xzv.-.'.ooz; :j y^P "■-'Y7f'~'''~^'.
ludaus Samaritis. — [10] Pcgri... h ke ipenauti:Ei
lojoaT:'. ^x\}.xpvr.x'.;. — [lo] A-sxpîOr, '1y;s;jç -/.x'. zlr.z^t aÙT^* VA
ides tin autra... to\ Thcn hc lis est in 0 legon soi : Dos mi pcin,
r^ii'.t ~r^-i ZMZixi "\i 0£:u y.a'i v.z isT'.v c '/dyuy/ zzv Ad» \).z'. z'.siv,
sin an itisas anton, h \e]doken an si idor son. — |ii| Le^i
7J x'i r{-.r,zxz xj-.'zi, /.t. izMy.vi x) zz'. 'Jooip aov. — 1 1 1 1 i\i'[V.
auihi i i^ini : Kirrie uii allinni ekhis ke to frear estinbalhi ;
xj-.M r, \'j'rf^- Kjp'.t ;jTs xi-\r,[J.x i'/v.;, v.x'. to ^péxp ia'l 3aOJ*
pot h in on ckis t[o] iidor ta 5('|;/]? — [12] M/ si niinilui^ ei ta
TcOcv ;'jv iyy.z ts JBfop xz -un; — [12 1 M-J^ tù \).-JZm'i si ~z\i
patros imon lacohus idonke iniin to frear ke aptus
r.x'pzz •/;;j.(ov Ir/,o)3, zz s^foy.cv -/jy/v xo opixp 7.x\ xj'zz iç, ajToO ï-'.t.. .
9. « Donc la femme samaritaine lui dit: Comment vous,
« qui êtes Juif, me demandez-vous à boire, à moi qui suis
« samaritaine? Car les Juifs évitent toute relation avec les
« Samaritains. »
10. « Jésus lui répondit : Si vous connaissiez le don de
« Dieu, et qui est celui qui vous a dit: Donne-moi à boire,
« vous lui auriez demandé à boire vous-même et il vous aurait
« donné une eau vive. »
11. « La femme lui dit : Seigneur, vous n'avez point de seau
I. Lisez minniu, comparatif de );//;;/;, adjectif irlandais, qu'O'Davoren
rend par lîasal (noble) ou sut (homme savant) et qui apparaît sous la forme
luiml, dans le Livre de Leinster. Windisch, Irisclie Texte, t. L P- 68, 1. 16,
p. 692. col. I. Minniu est la traduction irlandaise de uz-X'^'', insérée ici par
distraction.
Revue Celtique, XXVI. 25
386 H.d'A.deJ.
« et le puits est profond, d'où auricz-vous de l'eau vive ? »
12. « litcs-vous plus grand que notre père Jacob qui nous
« a donné le puits et qui en a bu lui-même ? »
Le texte grec ainsi transcrit a été fort altéré par un copiste
ou par une succession de copistes inintelligents. Le premier
d'entre eux avait sous les yeux un exemplaire exécuté en
caractères grecs comme le prouve l'o) \j.v^x qu'il a conservé deux
fois par distraction : (i(>)ni lisez dMrean (verset lo) et «///(.) (ver-
set ri). Il connaissait la prononciation moderne du grec, je
veux parler de l'iotacisme :
1° / r=: e-., Saniaritidos =^ ^^[j.xpv-'.oc:, ipen = sIttev, legi ^=-
Ké'ft'., ekhis = ïyv.: ; mais souvent, par une distraction qui
atteste la présence du texte grec sous les yeux de l'auteur pri-
mitif de la transcription en caractères latins, il conserve plu-
sieurs fois la notation ci du grec: \a\iteis = xl-v.;, ci = v.,
p\{\ein = TT'.sTv, ei = zX.
2° i = r, : iiiiti = aù-:-^, idc[i]s = ti'-'^' '"' =^ 'V'j itisas =
r,-ri'7x:, gini = Y'jvr;, a\ii\ilima = av:Ar,-x, i>ii = \j:r„ imon =
r,y.(ov, imin = 'i'i\>^-^>-
3° i =1 -j: gini = vjv/^, Kirrie = KJp'.s, bathi = ^aOû, si =
al), idor = Gctop ; mais par inattention le scribe primitif a écrit
aussi ndor = Jcwp, il avait donc un texte en caractères grecs
devant lui quand il faisait sa transcription.
4° / = c : //// =r -j.;i, si = 7z:, mais plus haut soi = 7:'.,
conformément au texte grec.
y e == xi: ke =^ y.x:; mais probablement dans iteis = x\-v.q
il manque un a initial emprunté au texte grec par le scribe
primitif et négligemment omis par un copiste plus récent.
Le scribe primitif, nous fait observer M. Omont, devait
avoir sous les yeux un texte écrit en onciales. C'est ce qui
explique au verset 10 la confusion d'A avec A.
Ce document peut contribuer à nous faire connaître com-
ment les Irlandais savaient le grec au viii*^ ou au ix*" siècle. Il ne
fliut pas les rendre responsables des 'innomhra.b\çs lapsiis calami
commis par le scribe français dont la copie nous a conservé ce
document '. Il est évident qu'en Irlande à cette date on avait au
I. Exemples: orty pour orthii, aciisame pour acusaincn, et \)Our ck, Joatii
Un fragment grec. 587
moins un exemplaire du texte grec de l'évangile de saint Jean,
peiit-ctre du nouveau testament tout entier.
H. D'A. DE J.
pour foaiinin, tu pour lo, anasnosvia pour anagnosma, prostome pour prosio-
iiien, Uiiios pour loiidaios, iniov pour ciiioy, peu pour pieiti, iteis pour liteis,
fiiys pour usis, ginikos pour giinlws, v pour u, svncniti pour syiichroiilai,
Jiidaus ^o\ix Jiuîaii, pcgri pour api'kritbi, etc.
ERRATA
P. 68, 1. 6, ai! lieu de Uzigere:, lisez leziregcz.
P. 73, I. 31, — inusitités, — inusités.
P. 89, 1. 20, — luden-nour, — judennour.
P. 185, I. 8, — doucle, — double.
BIBLIOGRAPHIE
A. Parc/iwski. Poczatki chrystjanismu w Polsce i Misya
Irlandska, Les commencements du cliristianisme en Pologne et la
mission irlandaise. (Extrait de VAiiiiiiairc de la Socièlé des Sciences de
Poseii, Posen, 1902.)
Dans ce travail, M. Parczcwski s'efforce de rechercher
quelles ont été les églises étrangères qui ont contribué à
évangéliser la Pologne aux x% xi'' et xii'' siècles. Les princi-
paux centres religieux qui agissaient sur elle étaient Ratis-
bonne, Fulda, Cologne et Liège. Or, les religieux irlandais
avaient dans ces villes de nombreuses colonies.
Au xi^ siècle, un Irlandais, Jean, fut évêque de Mecklem-
bourg. Dans le diocèse de Zeit-Naumburg, M. Parczewski
signale un évéque, Cadalus, dont le nom lui paraît celtique.
Il rattache également à l'Irlande le missionnaire Astricus-
Anastasius qui, au x° siècle, visita la Pologne, un moine Aicus
qui, en 1009, périt en évangélisant les Prussiens, un Anchoras
qui fut abbé de Tyniec en 105 9- 1070, un Cadrich que l'on
trouve à Cracovie en 11 10, deux moines des monastères de
Lubin, Cocan et Machan. A date de la seconde moitié du
xii'^ siècle, les noms à physionomie irlandaise disparaissent en
Pologne.
L. Lkger.
CHRONIQUE
Il vient de paraître trois ouvrages très importants, la Revue Celtique man-
querait à une de ses obligations si elle ne les signalait pas à ses lecteurs.
Un est intitulé OU-irish Paradigms, il est dû au professeur John Strachan
un des auteurs du Thésaurus palaeo-hibernicus , c'est un traité de la déclinai-
son et de la conjugaison en vieil-irlandais ; les travaux précédents du même
auteur donnent à ses doctrines une grande autorité. Ce volume a 85 pages,
petit in-80, le prix est 2 shilling 6 pence. Il se vend à Dublin, School of
irish Learning, 28, Clare Street, et chez Hodges, Figgis and Co, 104,
Grafton Street.
Un autre ouvrage est dû à M. Bury, professeur à l'Université de Cambridge,
savant bien connu comme historien. Après avoir publié plusieurs mémoires
critiques sur les sources de la vie de saint Patrice dans VHennathetia, vol.
XII, no XXVIII, dans VEnglish historical Review, avril et octobre 1902, dans
les Proceedings of Ihe Royal irish Academy, t. XXIV, 1903, et dans les Tran-
sactions of the Royal irish Academy, t. XXXII, même année, il vient de nous
donner une vie de saint Patrice, The Life of saint Patrick and bis Place in
History, Londres, Macmillan and Co., 1905, in-8°, xv-404 pages. Ce livre
contient d'importantes corrections à un ouvrage qui a cependant grande
valeur, Todd, Saint Patrick apostle of Ireland, 1864.
Enfin M. J. Leite de VasconccUos vient de mettre au jour le tome II de
ses Religiôes da Lusitania parte que principahnente se réfère a Portugal, dont le
premier volume date de 1897. Ces deux volumes, où la mythologie portu-
gaise est étudiée par un savant compétent, et bien connu par d'autres bons
travaux, ont été imprimés à l'imprimerie nationale de Lisbonne.
Jubainville, le 4 ociobre 190).
H. d'Arbois de Jub.\inville.
TABLE
DES PRINCIPAUX MOTS ÉTUDIKS DANS LE TOME XXVI
DE LA REVUE CELTIQUE \
I. Gaulois ou vieux-celticlue,
ET OGAMIQ.UE.
(Voir pp. 186-18S, 277, 54<^-)
Agedincum, 178, 179.
Alisanu, 187, 278.
Alisia, 188.
Altodurutn, 186.
ambachtos, ambactos, serviteur, 186.
Ambatia, 186.
Andarta « orande ourse », 196.
Andecamulenses « habitants de la
forteresse du grand dieu Camu-
los », 198.
Andematunnum « forteresse du grand
ours divinisé », 198.
Angeriscus, 186.
Anvallonacu, 187.
Artigeni « du fils du dieu ours »,
197.
Artio, 196.
arto- « ours », 196, 197.
Artobriga, 197.
-as, ace. pi., 278.
AVI « du petit-fils », 184.
Baiocasses, 279.
Belatullus, 282.
Belenus, 278.
Rr,),r,7a;A!, 278.
BîA'.'îâli.a, 278.
Benacus, 175.
Bituriges, 187.
Bodiocasses, 279.
Boii, 280.
bolusseron, lierre noir, 541.
bulga, sac de cuir, 345.
Bulluca, 54^.
bulluca, bulluga, bolluca, sorte de
fruits sauvages, 541, 342, 544-
346.
Camalos, 272.
Camulogenus « fi's du dieu Camu-
los », 198.
Carbantorigon, 279.
xâpvu;, trompette, 70.
Carpentorate, 279.
carrus, char, 279.
Cassivellauni, 189.
Catalauni, 1M9.
Catamani, 95.
1. Cette table a cté faite par M. Emile Ernault.
392 Table des principjux mots étudies dans le tome XXVI.
Catu(v)ellauni, Catel(l)auni, 189.
Cenabum, 18S.
Ceutronas, 278.
Cintullia, 272.
Cintullus, 272.
Cunobelini, 18;.
Deva, 277, 278.
Diva, 282.
Divona, 1S8, 282.
Doiros, 278.
Donnotaurus, 194.
Dornincum, 186.
DRVviDES « du druide », 184, 18^,
Dumnogcni, 178.
Uurocasses, 178.
-duros, 187.
epo-, cheval, 19^.
Epomanduo-, 189.
Epona, déesse jument, 195, 282.
Eporedios, 189.
Eporedirix, 189.
Eppillos, 189.
F^sumopas Cnusticus, 180.
P-sus, 181.
Frontu, 278.
-genos « fils », I 78.
Gisacus, 271 .
-gnatos « connu, habitué », 187.
gutuatri, prêtres attachés à un lieu
sacré, 5^9.
-i, gén. sg., 278.
-i, dat. f. sg., 278.
-iacus, 186.
Miovr,. 185.
ieuru « je fais faire », 278.
Isarnodori « de la forteresse d'isar-
nos », 188.
IVACATTOS « de celui qui combat avec
une lance », 184, 185.
'lojc'iivo'. ou 'looc'pv'.o;, 18^.
ivvERE « d'Irlande », 184, 185.
luverna, 185.
Laucidunum, 186.
/.ojyo;, corbeau ? 129.
Lugudunum, Lugdunum « forteresse
du dieu Lugus », 129, 197.
Moridunum, fort du lac, 385.
Matugcnos « tils du dieu ours », 198.
Matumarus «grand comme ours», 198.
Matunus, 198.
Nantosvelta, 180.
-nemeton, 186.
Noviodunum, 281 .
Noviomagus, 186.
-os, nom. sg., 278.
ov.wos, 184, 185.
Petrucorii, 179.
Fictavi, 189.
Pictones, 189.
-ritum « gué », 27 1 .
Rotomagus, 178.
Saluennae, 272.
Segomari, 278.
segusius, sorte de chien de chasse,
-selva « propriété », 282.
Sucellus, 180.
Selvanos « dieu du troupeau, ou des
troupeaux », 282, 285.
Silvanecti, 282.
Sparnacum « lieu abondant en épi-
nes » .'' 70.
Taranis, 181.
Tarva, 194.
Ta;;ojâvva, 194.
Tapojso'rj;/, 194.
Tarvisus, 194.
tarvos « taureau », 180, 19;, 194,
282.
Tasciovani, 183.
Teutates, 181.
Triulatti, 64.
-u, dat. sg., 278.
Tabli' ils principaux mots ctiuiiis Jam le tome A'.VtV.
^^93
-uc-, 546.
ulucus, uluccus, hibou? 129.
ouaTS'.;, devins, ;59.
Vernimptas, 27 1.
vertragus, bon coureur, 281.
II. Irlandais.
(Voir pp. 6, 11. n, 17, 19, 23, 2\, 29,
5'i 55. 59. S4-641 '55, i55i '57, 156.
167-170, 284, 28c, 341-34J.)
abstanaid, abstinence, 168.
acend, feu, 54.
Aelmagh, 182.
aicde, crottin de cheval? 48, 54.
ail, pierre, 185.
Aiba, la Grande-Bretagne, 175.
ârchû, chien de carnage, 195.
arg, goutte, 74.
arsecha, tu verrais? 16, 54.
art, ours, dieu, 196.
Art, 197.
Badb, 195.
ban-filid, voyantes, 559.
barc, barque, 170.
ben, femme, 185.
bess, ventre, 28, ^ 5, 56.
-biur, je porte, 187.
bl(â)edmann, cris, 5 5.
bodio- « jaune, bai », 279.
brâge, gorge, 537.
Bruighen Boirche, 172.
bùaid, victoire, 279.
buden, troupe, 281.
buide, jaune, bai, 279.
capar, chevron, 168.
carpat, carbad, char, 279.
casai, chasuble, 168.
cath, combat, 185.
Cathair Boirche, 172, 173.
ceann, tête, 179, 180.
certmedôn, le milieu même, 146, 147.
cessair, grêle, 73.
cing, marche ! ^ 5, ^6.
cissaige, tributaire, 56.
coirce, avoine, 1 .
commur, grande quantité, 16, ^6,
284.
consàdu, j'apaise, 265.
cû, chien, cû allaid, loup, 194, 195.
Cûchulainn « chien de Culann », 194.
cuic, mystère, secret, 56.
cuilc, roseau, 81 .
cuilce, toile, 81 .
cuirce, nœud, 81 .
cumsunnud, déclin? 56.
deac, dix, j^.
deich, dix, 3 56.
del, mamelle, 57.
des. arrangement, S7-
dia, dieu, 188.
doaisiu, es-tu, 57.
donn, brun; juge; noble, roi, 193.
dosmor, touffu, 169.
droch, roue, 281 .
druimne, dos, ^7.
eiper, eperr, on dit, 274.
Enechdun, Annaghdown, 182.
eo, if, lance, J84.
Eochada, 185.
Ernai, 185.
falla, manque? 58.
fâthi, devins, 3 59.
fechait, ils poussent? 58.
feil, fil, voici, ^8.
féil, fête, 281.
fer, homme, 185.
fér, herbe, (8.
filet, ils sont, 58.
filid, voyants, devins, 359.
Eindmag, 182.
fithe, tissu, 0.
fobith, à cause de, 220.
fonn, base, 169.
'onoch, laver un peu, 59.
594 Ti^^^*^ dc^ principaux mots étudiés dans le tome XXVI.
fosair, litière, 69.
fosernaim, j'étends, 69.
fraig, mur, 281 .
gall, borne de propriété, 276.
gallàn, menhir, 276.
gamhuin, gamhain, veau, 198.
gnâth, connu, habitué, 187.
gort, champ, jardin, 186.
grad , (neuf) chœurs (du ciel, des
anges), 140, 141.
iarn, fer, 188.
iarn-béira « langue de fer », 185.
inchosig, il signifie, 262.
kinarfichchit, 578.
la, c'est ainsi (que), 60.
laith, bière, 60, 285.
leth, côté, moitié, 60.
li, splendeur, 60.
lorg, trace, 75.
luaigi, flamme? 170.
lug, petit, 170.
Mac Mathghamhna, Mac Mahon,
« fils d'ourson », 198, 199.
Maelsechiainn c serviteur de Sech-
nall », 287.
mairgrec, perle, 170.
mal, chef, 61 .
math, ours, 169, 198.
Mathghamhain « ourson », 199.
mathghamhuin, ourson, 198.
Margeteud, 276.
mess, gland, 61.
minniu, [isiÇtov, 385.
moth, membre viril, 61.
mûini, trésors, 61 .
mûr, abondance, 284.
éac. jeune, 185.
Oan, 184.
O'hArtigan « petit-fils du fils de
l'ours », 197.
ond, onn, pierre, 62.
orc, pourceau, 183.
Rathmag, Radmog, 182.
samad, réunion, 170.
scéle, misère. 170.
-scert, partie, 72.
Sechnall, Sechlann, 287.
sealbhan, troupeau, 282.
selb, propriété, 282.
smér, mûre, 170.
sogar, agréable? 63.
sôim, je tourne, 240.
sol, plancher, 63.
srince, srincne, cordon ombilical, 64.
sti'all, planche, 170, 285.
stiall ar chapur, lambris, 170.
sùg, suc, sève, 64.
tarb, taureau, 193.
techt, teacht, venir, liSo.
tiagu. tiagaim, je vais, 180.
tigim, ticcim, je viens, 180.
Ua hAirt, O'Hart, 0 petit-fils d'ours »,
.98.
Ua Mathghamhna, O'Mahony « petit-
fils d'ourson », 199.
ul, barbe, 64.
III. G.ahi.iq.l:e d'Ecosse.
(Voir pp. ?4>-545-)
Ailbe, 183.
Beannach, 1 7^.
buileastair, petite prune, prunelle,
H)-
bulag, pulag, pierre ronde, 546.
cuircinn, coiffure, 81 .
Culach « l'endroit situé derrière »,
deicheamh, dîme, 555.
deug, dix, 5 'j6.
Findon, 17^.
Morvich, 175.
Multovy, 17^.
neamh, ciel, 183.
seachdamh, septième, 3^^.
Table di-s principaux mots ctiuiics dans le tome XXVI. 59^
IV. Gallois.
(Voir p. 5n-)
abalbrouannou, trachée artère, 557.
achas, très odieux, 22^, 261.
adaf, main, 9^.
adar, oiseaux, 95.
adnabu, il reconnut, 265.
ammeuthyn, délicat, 256.
ammod, contrat, 226.
anadi, souftle, 248.
Anau^en, 1 78.
anffawd, mauvaise fortune, 241.
annerchu saluer, 235.
annoeth, sot, 261 .
anoeth, joyau, objet extraordinaire,
261.
arfeiddio, défier, 266.
arluo, arrêter, 526.
arth, ours, 196, 197.
Arthgen « fils de l'ours », 197.
astell, planche, 170, 285.
awch, pointe, 262.
aws, défi, 260.
beiddio, oser, 243, 2 ^6.
blydd, plein de sève; doux, tendre,
332-
bloed, cri, j \.
brathgi, mâtin, 265.
breuant, gorge, 3 37.
bri, dignité, 232.
Briavael, 95.
bronddu'r twynau, pluvier, 336.
bucheddogaeth, cours de la vie, 68.
bulwg, bwlwg, nielle, 345.
bwlas, prunus insititia ; eirin bwlas,
ses fruits ; prunes sauvages, pru-
nelles, 341, 343.
byrbwyll, esprit léger, 74.
byrbwyllig, étourdi, 74.
cann, éclat, 54.
cas, haine ; odieux, 231.
Catgen, 178.
cawdd, chagrin, 249, 261.
ceibren, chevron, 168.
cesair, grêle, 73.
ceudod poitrine, 237.
clauar. doux, 2 19.
clun, hanche, fesse, 2^6.
cnawd, chair, 224.
cnes, peau, 224.
coch, rouge, 247.
Congen, 1 78.
creu, crefu, demander instamment,
264.
croew, frais, pur, 266.
eu, cuf, aimable, chéri, 259.
cyfarwyddo, diriger, 239.
cyrchu, aller chercher, 14G.
chwarel, javelot, 78.
chwediau, histoires, contes, 232.
chwyddo, s'enfler, 263.
daw, il vient, viendra, 230.
daw, dawf, gendre, 238.
degol, décimal, 3 ^6.
degoli, décimer; dîmer, 3 0.
degwm, dîme, 355, i\6.
degymu, dîmer, 3^5.
deisyf, requête, 240.
deng, dix, 3 <,6.
devvr, vaillant, 260.
dial, vengeance, 22^.
diblufio, déplumer, 2^1.
diffryd, protéger, 2^-1.
didasu, être dégoûté, 237.
diguolouichetic, révélé, 329.
dineu, répandre, 227.
diwedydd, hn du jour, 251.
diwyd, zélé, dévoué, 260.
dryw, roitelet, 279.
dwyen, mâchoires, 232.
dybarthu, séparer, 72.
dylydd, il convient, 249.
dyndod, humanité, 267.
596 Tahlr des principaux mots
echwydd, soir, 2^5.
eira, eiry, neige, 74.
eirinen, prune; testicule, 5^6.
el, ira, 231.
ffawd, fortune, 241 .
ffo, fuite, 246, 247.
tfoi, fuir, 246.
gadu, laisser, 2 19.
giew, vaillant, 267.
gnawd, habituel, usuel ; habitude,
coutume, 187.
gochel, éviter, 239, 2^6.
gofynag, confiance, 225.
gorchwyl, travail, œuvre, 224.
grad, (les neuf) chœurs (du ciel),
141.
Gueithgen, 178.
Guerngen, 178.
Guidgen ou Guedgen, 178.
gwaeth, pire, 251.
gwaethu, rendre pire, 261.
gwasarnaf, j'étends, 69.
gwayw, douleur; lance, 258.
gwedd, aspect, forme, 249.
gwellhau, améliorer, 262.
gweli, blessure, 255.
gwen, derrière, 265.
gwest, gwestfa, logis, 222.
g\virod, boisson, 252.
gwledd, banquet, 250.
gwnïo, coudre, 265.
gwyth, veine, 248.
hawdd, facile, 263.
hedd, paix, 232, 265.
helw, propriété, 282.
hygoel, crédule, naïf, 224.
llafasu, oser, 223.
liât, liqueur, 28^.
llawn, plein, 220.
Ileiha, diminuera, 228.
llewychu, luire, 329.
lliw, couleur, 60, 241 .
s étudiés dans le tome XXVI.
Iludded, fatigue, 230.
lluddio, empêcher, 326.
llwyr, complètement, 220.
Ilyry, llwrw, direction, 73.
mael, chef, 6;.
man, petit, 223.
Maredudd, Maredut, 276.
meddf, doux, 236.
mefl, honte, 245, 254.
Meredudd, 276.
mesen, gland, 61.
Milgen, 178.
milgi, lévrier, 2^1.
Morgen, 178.
much, obscurité, 239.
mudo, déplacer, 245.
mwyar, mùres, 1 70.
nef, ciel, 183.
nym dawr, je ne me soucie pas, 260.
0, os, si, 250.
perfedd, milieu, 266.
piau, posséder, 2^1.
sarn, litière, 69.
sarnu, étendre, 72.
swydd, office, juridiction, 263.
tafellu, étendre, 235.
taflu, jeter, 234.
tin, derrière, 245.
tref, ville; a dref, à la maison, 2.
trefydd, habitations, villes, 242.
try, tournera, 245, 246.
twyll, tromperie, 234.
twyllo, tromper, 236.
twyn, chaud, 2.
tybied, présumer, 2^8.
tydi, toi-même, 228, 246.
tyfu, pousser, 222.
Urbgen, 178.
ymbrydio, jeûner, 242.
ymhwedd, supplier instamment, 2^9.
ymweithio, fermenter, 259.
ystarn, bât, selle de cheval, 69.
Table des principaux mots étudies dans le tome XXVI. 1597
V. CORNIQUE.
(Voir pp. 220-267.)
a : tek a bren, bel arbre, 251.
a chy. a gy, dedans, 255.
aga naw, tous les neuf; agan unnek,
nous onze, 266.
agas bus, que vous avez, 26e.
ahas, très odieux, 225, 261.
a huhon. au-dessus de nous, 267.
ambos, accord, contrat, 226.
ameys, étonné, 220, 221.
amme, baiser, 227.
ancombrynsy, embarras, 231.
androw, après-midi? 2^3.
anfugyk, malheureux, 241.
anfus, mauvaise fortune, 241.
annas, annes, incommodé, fatigué,
224, 225.
annethow, sottises, 261.
an par-na, de cette façon, 224.
a pe, si c'était, 250.
aperveth, au milieu, 266.
arveth, menacer, attaquer, 266.
assyv, qu'il est ! 255.
a thev, a thu. Dieu ! 2^4, 261 ; 257.
a uel cor, mieux, 2^0.
avar, de bonne heure, 23^.
avel pyth fol, comme un fou.? 2^0.
a vreder, d'ici peu, en peu de temps,
awayl, aweyl, évangile, 25^, 266.
a wel, a weyl theugh, à votre vue,
248, 267.
awhesyth, alouette, 226.
barth, marth, prodige, étonnement.
259, 262.
barthesek, merveilleux, 2,4.
beneth, bénédiction, 252.
bern, regret, chagrin, 231.
besythyys, baptisé, 267,
brakgye, braggye, se vanter, insul-
ter? 265.
bram, pi. brcmmyn, pet, 240, 241,
bresel, bresul, bresyl, guerre, 228,
244.
brogh, blaireau, 251.
bryongen, gorge, 238.
bythyth, vytheth, maintenant, ou ja-
mais, 249, 2^0.
cablys, coupable, prêtant à la criti-
que, 247, 248.
cacher, qu'on saisisse, 238.
cals, tas, 234.
calys, dur, 254.
cam, pas; war gam, au pas, avec
mesure, 250.
cammen, kammen,pas; pas du tout,
24: , 246, 258, 267.
capios, prison, 246.
cas, haine ; odieux, 251.
casadow, haïssable, 235.
caugeon, cochon, 254.
ceusy, il disait, 2^9.
cher, tenue, 239.
clamdere, défaillir, 240.
clor, clour, doux, 219, 255.
clun, hanche, fesse, 256.
coscaf, j'exhorte, 262.
cothfos, connaissance, 267.
cough, rouge, 247.
cousesow, convictions, 237.
cresys, j'ai cru, 25 ^ .
cueth, cuth, kueth, regret, chagrin,
249, 257, 261, 263, 265.
cuthygyk, qui a des regrets, 261.
daiïole, meurtrir, outrager, 241.
dalhen, prise, 23S.
dama, mère, 244.
darasyn, petite porte, 225.
de, due, il viendra, 230.
def, duf, gendre, 238.
598 Table des principaux mots étudiés dans le tome XXVI.
dege, dega, dîme, 555.
deges, dyges, fermé, 259, 260.
degevy, payer la dîme, 55^.
degvas, dîme, 55^.
dehesy, jeter, 241.
dellarch, en arrière, 75.
denewy, répandre. 227.
desefsan, nous aurions désiré, 256.
desevos, désirer? 240.
Dev, Du, Dieu ! 248, 255.
devethys, venu, 267.
devones, venir, 260, 266.
dewen, dywen, mâchoires, 252, 241.
dogba geyth. après midi, 2p.
dour, avec ardeur, 260.
dral, morceau, 233.
drem, plainte? 249.
druth, druyth, cher, chéri, 227, 267.
dueth, il lui arriva (de), 2^7.
dyaha, sécurité, 2^ ^.
dyank, échapper, 240.
dyel, dyal, châtiment, 225.
dyene, être essoufflé? 248.
dyfFras, protégera, 2^^, 2^6.
dyflas, honteux, dégoiàté, 237.
dyflase, être lassé, dégoûté de, 237.
dygnas, qui a mauvaise nature, mal
intentionné, 259, 252.
dyhewydus, dévot. 260.
dyled, dylu, devoir, 249.
dynyrghys, salua, 235.
dyryvas, déclaration, 260.
dysosy, à toi, 228.
dysplevyas, déplumer? 251.
dythwadow, promesse, 227.
dythwyth, journée, 235, 243.
dythywys, promis, 227.
dyvotter, dénuement, 222.
dywysyk, zélé, 260.
enef, âme, 248.
enevalles, animaux, 234.
er, air? 261 .
eth, souffle, 240.
eugh, douleur? 262.
eus, il y a, 262.
euth, uth, horreur, chose effrayante,
227, 265.
evidit, alouette, 226.
ewhe. soir, 255.
faborden, faux-bourdon, 266.
feeth, vaincra, 226.
fel, méchant, rusé, 226.
fescy. faire fuir, poursuivre, 227.
feth, osera, 2 56.
fethys, abattu, vaincu, 249.
fleghes, enfants, 229.
flehysygow, petits enfants, 228, 229.
fo, fuite, 245-247.
for, route, 240.
fos, talus, mur, 247.
fu, fuu, vu, vue, 247, 256.
fy, fuir, 247.
fyl, manquera, ne réussira pas à, 229.
fyys, j'ai fui, 265.
gallas, alla, 254.
galsof, je suis devenu, 222.
gase, laisser, 2 19.
gesky, presser d'arguments, de de-
mandes, 261 .
gevan, diable, 241 .
glan, gvlan, pur; entièrement, 222,
223, 225.
glev, véhément, poignant, 267.
gnas, habitude, 252.
goUohas, prière, 232.
goly, blessure, 253.
golyys, blessé, 253.
gorlene, rassasier complètement? 245.
gorthewyth, cntin, 258.
gory, couture, 263.
goth, veine, 248.
gothevel, souffrir, supporter, 227,
239.
govenek, espérance, 223.
Table des principaux mots cliuiii's dans le tome XXVI.
?99
govys : a'm govys, à cause de moi,
219, 220.
gre, gré, 256.
grew, pur? 266.
grogen, crâne,. 267.
grud, joue, 229.
gu, lance, douleur, 258, 262.
guelhe dy, guérir, 261 , 262.
guen, derrière, 265, 266.
gueth, aspect, 249.
guetha, très mauvais, 239.
guetiie, rendre pire, 261.
gvest, logis, 222.
gwellha, aura vu, 266.
gwleth, banquet, 250.
gwrennye, serrer, 244.
gwyras, boisson, 2^2.
gwyth, pire, 251.
gyl, yl, il peut, 255.
gyllys, allé, 2^3, 254-
haloin, sel, 224.
hep ken, sans motif, 221.
hethy, se reposer, 232.
hogul, avec crédulité, naïvement, 224.
hothfy, s'enfler, 263.
hut(h)yc. tranquille, 263.
huthys, tranquillisé, 263.
huvel, humble, 20.
huvelder, humilité, douceur. 2^6.
hy ben. l'autre, 232.
ieves, jeues, il a, 254, 257.
irch. er. neige, 74.
jammas, jamais, 237.
keber, poutre. 168.
kefyon, aimables, 239.
kentreynyn, nous gâterions, 254.
kergh, va chercher, 246.
keser, grêle, 73.
keskar, se séparer, 258.
kevarwouth, dirige, 259.
kneus, chair. 25 ^.
kythyl, aussitôt que, 258.
lavasy, oser, 225.
lemmyn. lemyn. sinon. 221. 23^,
241. 245.
lerch, lyrch, trace, 73.
loer, leur, beaucoup, complètement,
220.
loscvan, brûlure, 2^9.
luen, complet, 220.
ly, déjeuner.'' 266.
lyha, diminuera. 227, 228.
lyth, membre, 248.
lyv, couleur, 241 .
mal. hâte, 223.
man, rien, 223.
m.m. yn man. yn ban, en haut. 255.
map the vam, map the thama, le fils
de ta mère, 2^0, 262.
martesen, peut-être, 249.
marthegyon. choses étonnantes, 236.
marthusek, barthusck, merveilleux,
2S9-
may ben, que j'aie, 266; quo nous
ayons, 2 57.
men, fort, 25 ^.
meth, hydromel, 230.
meth, honte, 249.
methev, doux? 236.
meul, meavi, honte, 245, 254.
meystry, maîtrise, talent guerrier,
250.
milgi, lévrier, 251.
mo, soir? 239.
mois, bélier, 226.
mylygys, meyieges, maligas, maudit,
247.
nabow, il reconnaît, 265.
na gen, pas autrement, 225.
nan beyn, que nous n'ayons, 251.
nan gefes, qui n'a pas, 257.
na thues (na'th ues), que tu n as pas,
261.
ny dal thys, il ne vaut i)as la peine
400 Table des principaux mots étudiés dans le tome XXVI.
pour toi de, il ne te sert pas de,
221, 254.
nym duer, je ne me soucie pas, 260.
nyn gefes, il n'a, 263.
nynsa, n'ira pas, 257.
nyn syv, n'est pas, 236, 237.
nystevyth, ils n'auront, 22^, 228.
ny vern, il n'y a pas de mal à, 251.
0. était, 231, 255.
orth agas gortos, à vous attendre,
-os, infinitifs, 240.
ovs, (d'aucune) façon, 260.
par ma, tant que, 264.
pertheges, s'agiter, montrer de l'im-
patience, 238, 239.
pew, il possède, 251.
peys, il dure, 22^, 226.
pe(y)thaf, où j'irai, 221.
prenny, tu le paieras, 229, 230,
232.
provi, prouver, 244.
pur, quand, 257.
pur luen, parfait, 220.
py, où, 222, 259.
pys, paix, 233.
py suel, combien, 255.
pyth, regardant, avare ou fin, 264.
pyth a thyuys, chose de choix, coup
de maître, 252.
rach, rage, 250.
re, il donne, 228.
re, quelques-uns, un certain nombre,
2S4. 255.
ren, je donnerais, 247.
reoute, respect, 227.
roweth, biens, richesses, 225.
saf: am saf, (me tenir) debout. 219.
saw, sav, mais, 237.
scuth, grand dommage, ruine, 267.
seghes, sethys, séché, 237.
servygy, serviteurs, 267.
soth, traces, 263.
sowthanas, sowthenys, entraîné (par
surprise), 247.
stons, étançon, appui, 253.
stos, sûr, assuré, 233.
syllyes, anguilles, 220.
syra, père, 244.
taruutuan, tarosvan, fantôme, 230.
tava, toucher, 238.
tef, il poussera, 222.
tegey, the gy, toi-même, 228, 246.
teleth, il est juste, méritoire, 249.
ten, tirer, 246.
-ter, noms abstraits, 222.
terrus, terros, frayeurs, épouvantes,
223, 234.
tervyns, tourments, 267.
teulel pren, tirer au sort, 251.
tevyl, jettera, 254.
tewl, sombre, 256, 260.
the wel, mieux, d'autant mieux, 219,
24s.
thygre, il demande instamment, 264.
tip, typ, il pense, 258, 267.
tolvyth, trompera. 236.
tovl, toul, tull, tewl, tromperie, plan,
artifice, 234, 26^.
trechury, tricherie, 2^.
treveth, fois. 242, 243.
treynyn, nous traînons, hésitons, 2 54,
263.
truspren, bois transversal, chevron,
249.
tryys, pieds, 235.
tyn, derrière, 245, 264.
unweth, une fois, 243.
uth, horrible, effrayant, 262.
uthyk, horrible, 237.
veath, il ose, 243.
vertu, vertu, pouvoir, 234, 251.
vose, envoyer, 243.
vry, importance, (faire)cas, 232, 246.
Tabir d'S principaux mots ctiidici dans le tome XXVI.
401
vyth, sera, 252.
whetlow. histoires, contes, 252.
whythrough, regardez, 239.
wowheles, éviter, 2 5 S, 259, 256.
wre, faisait, 252.
ydrege, repentir, regrets, 252.
yesseys, confessé, 244.
y ges colon, dans vos cœurs, 2^8.
yl, ira, 23 1 .
ym-breyse, jeûner, 242.
ymguen, se mouvoir? 265.
ymmy, tu baiseras, 258.
yn fen, fortement, courageusement,
yn geffo, il aura, 258.
ynny. presser, 249.
yn weth, aussi, 249.
yn y gever, envers lui, 263.
yrvyrys, considéré, déterminé, 235,
237-
yskerens, ennemis, 236.
yssyv, qu'il est ! 253.
yus, il exerce, 256.
VI. Brf.tox armoricain.
• (Voir pp. 82-94 ; 1 1 5-128.)
a, de; eur brao a baotr, un beau
garçon, 231.
adilarch. adilerch, après, par derrière,
72-
aet, eat, et, allé, 24^.
aezen, souffle, 241.
Alan, Alain, 86.
Alanik, petit Alain; renard; rouge-
gorge; Alanik jave-ru, Alanik kof-
ru, rouge-gorge, 86.
alfaud, halfaud, glouton, goinfre, 323.
am, (un) de mes (yeux), 300.
amzereadéguez, impolitesse. 68.
anaffoamp, nous connaissions, 98.
anaffon, âmes, 248.
Revue CcIlKjue, XXVI .
anaoudeguez, connaissance, 68.
anderv, après-midi, 253.
andurant, durant, pendant, 102.
anhoé, méridienne, 2^5.
aotrou, autrou, monsieur, 3^7.
arem, arm, airain, 70.
arlerli, arliarh, arlarli, après, 72, 74.
arlu, il bannit, 326.
-atam « main », 9^.
atanoc, ailé, 94.
avoalc'h, avoarc'h, assez, 73.
azcoz, vieillot, i 22.
a zerc'h, à pic, perpendiculaire, 80.
baitézenn. bette, 323.
baouet. engourdi, raide, 215.
barbellik, papillon, 74.
barboell, barboellidigez, inconstance,
74-
barbolig, un peu ivre, 74.
barlobi, délire, rêverie, 74.
bark, barque, 121.
barr-skuberou, balais, 80.
Belorsec, lieu planté de pruniers sau-
vages, 341 .
beo-buhezek, b;o-buliezoc beù-
buliecq, vif, plein de vie, 68.
béoc'h, vache, 328.
beogadenno, beuglements. 5^4.
beogal, beugler, 3^4.
berboell, inconstance, légèreté, 74.
berboellic, volage, inconstant, inquiet.
74-
berlero, chaussettes, 74.
berlobi, délire, rêverie, 74.
berr, court, 74.
berrhoazly, courte vie, 74.
berrwelet, myope, 74.
beté. longtemps, 2 ^0.
beultrin, bulletin, 11^.
binidiguez, bénédiction, 3^.
blé, faible, débile, mou, délicat, 3 j 2
bleç, faute, 351.
26
40 2 Table des principaux mots étiidici dans le tome XXV!.
blecli, bleich, un traître, 329, 531.
bleçz. blefiçz. blessure, plaie, 551.
bleczadur, action de blesser, 351.
bleczaff, blessa, bleçzein, blesser, 531.
bleichard, traître, 529.
bleichein, trahir, prendre en traître,
529-
bleu, bleau, cheveux, 3^7.
bleud, farine, 532.
bleusan, blesser, 531.
bloçadur, meurtrissure, 333.
bloce. meurtrissure, ^33.
blocein, bloncein, meurtrir, 333, 355.
blocein, blossat. rompre les mottes
des sillons, 335.
blocereh, meurtrissure de fruits, 535.
blod, blot, tendre, mou, mùr, 332.
3 5 5-
bloda, blodein. amollir, 332.
blodadur, amollissement, 332.
blonç, blons, meurtrissure, contusion,
marque livide d'un coup, 335. 354.
blonça, blonsafi, meurtrir, 533. 334,
556.
blonçadur, meurtrissure, 335.
blotaat, blotàt, blotein, amollir, mû-
rir, 332.
blouc'h. sans barbe, glabre, 333.
blougorn, blogorn, jeune bœuf, bou-
villon : homme petit et trapu ; nain,
nabot, 533.
bolc'h, bolc'hen, cosse de lin, 79.
bolos, prunes sauvages, 340-344.
bolosek, abondant en prunes sauva-
ges ; lieu planté de pruniers sau-
vages, 340.
bolot, balle à jouer. 341 .
bonboii, bonbon, 1 1 7.
bonn, bon ! i 1 7
bonnealiein, bouneahein, rassasier
jusqu'au dégoût, 67.
bos, bosse. 334, 355.
bosa, bosseler. 538.
boseal. bosein, rompre les mottes des
sillons. 53 ^.
bosigern, bosse, 71 , 535.
bosigerni, bozigerni, faire une bosse,
bossuer, 71 .
botoio, paire de souliers, 97, 106.
boug, mou, 333.
bougorn, bouvillon, 333.
bouilhaken, bourbier, 344.
bouilhennek, bourbeux, 344.
bouilla, abonder, 344.
bouiilas, brouillas, bourgeon, 343,
H4-
bouillassa, bourgeonner, 343.
bouillastr, bourgeons, pousses de
branches tendres, 343.
bouill-doùr, rejaillissement d'eau,
345-
bragal, se pavaner, 265.
brankér, branches, 523.
brehant, gorge, 337.
brekeu, culottes, 1 14.
brema souden vattant, à l'instant
même, 204, 205.
brezel, guerre, 228, 244.
bri, égard, respect, 232.
brif, morceau, ce qu'on mange, 88.
brifen, nourriture, 322.
brikezen, jambe d'un pantalon, 1 14.
Brioc, 95.
broc'h, blaireau, 251.
brôn, broon, saignée du porc, gou-
lier, 337.
bronçz, bronze, 356.
bronçza. bronzer, 356, 337.
brondu, bronzu, contusion, meurtris-
sure, 334, 356, 337.
brondua, bronzua, meurtrir, 334,
356, 337, 338.
bronduadur, bronzuadur, meurtris-
sure, 336.
Table drs principaux mots ctuJics dans Ir tonir XXVI. 40;
c'hoari c'hroll, jeu de la crosse, 79.
c'hoarzann, je ris, 7 1 .
c'hoarzin, c'hoer/in, rire, 71.
choket. choqué, froissé, 551.
c'houilia, fouiller, i 17.
c'houistantin, philtre amoureux, 125.
choulou, choulou gés, f>;mme sans
soin, aux habits en désordre, 12^.
chouraou, caresses (à un enfant),
68.
ciffouner, chiffonnier, 5^0.
cleuz, fossé, talus, 247.
clouar, tiède, doux, 219.
clun, hanche, fesse, 256.
cogenn, bouvillon, jeune bœuf, 525.
coguenan, huppe, 525.
coguennec, alouette, 525.
Colaïcq, petit Nicolas, 86.
Colas, Nicolas, 86.
Colasicq, petit Nicolas, 86.
colo, paille, 79.
Conatam, 95.
corn, cor, trompette, 70.
cornai, cornein, sonner du cor, 70.
cornaouëcq, cornouec, (vent) d'occi-
dent, 68.
couezfuiff, entier, 265.
crocquant, richard, 120.
cuff, doux, 239.
dac'hen, jeter violemment, 241.
dalc'h, force de soutenir, 80.
dalc'her, dalc'har, support, 80.
dalc'herien, parrain et marraine, 80.
dàlfèr, support de l'écuelle à faire les
crêpes, 80.
darc'haoui, frapper, 241.
dareuein, pleurer, 68.
darnouet. darnacuet, mis en pièces,
68.
dazcoz, vieillot, 1 22.
dazrouiff, daëraoui, pleurer, 68.
deaoc, deaug, deoc, dîme, 3)^-3 57-
bronn, mamelle, 5 57.
brundu, meurtrissure, 556, 357.
buanegcz, colère, 68.
buhêc, vivant, vital, 68.
Buhedoc « plein de vie », 68.
buheghez, buhéguiah, vie, 68.
buhezrcq, buhezocq, vital, 68.
buhezeguez, vie, 68.
cablus, coupable, 248.
caer, ville, village, 2.
caied, dur, 234.
cals, tas : beaucoup ; (je trouve) dur,
500.
calza, entasser, 254.
campard, campars, champart, 72.
campardi, camparsi, champarter, 72.
camparter, champarteur, 72.
caos, kôz, cause, 3 57.
caoudet, pensée, 237.
carnéhuein, encuirasser, 68.
carnou, sabots (des chevaux), 70.
cas, haine; odieux, 231.
cazr, beau, 2.
cazrell, caërell, belette, 70.
cepriou, lambris, 168.
champard, champars, champart, 72.
champardi, champarter, 72.
champarsour, champarteur, 72.
cherrein, ciiarrein, fermer. 66.
chiboud, piquette, 94. 123.
chiboudou, manières, 94.
chif, chagrin ; animosité, colère, 348-
350.
chifein, affliger; s'affliger; s'animer
(contre), 348-3^0.
chifein, chiffonner, 350.
chiffal, attrister, s'attrister, 349.
chiffûuna, ciffouna, chiffonner, 350.
chifoket, contrarié, 350.
chifoni, fâcherie, 349.
chifus, triste, affligeant, 348, 349.
chiouZjChivous, méchant, brutal, 348.
404 Table des principaux mots étudiés dans le tome XXVI.
deaocguic, deauguic, petite dîme,
deaogaff, deaugaff, dîmer, 55$.
deaucat, deauguein, décimer, 555.
deauga, deaugi, dîmer. payer ou re-
cevoir la dîme, 554, 5^5.
deaugapl, deaugus, décimable, 55^.
deauguer. deaui;our, dîmeur, .5^5.
debeairh, contingence, 72.
dec, dix, ^56.
decimou, dîmes, 355.
decmint, ils prendront la dîme, 55^,
Degol, 356.
delc'h, (bois) dur ; le cœur du chêne,
80.
delc'h, derc'h brago, un peu d'em-
bonpoint. 80.
delc'hidi, parrain et marraine, 80.
deliberet, délibéré, ferme, 81.
déliez, il mérite, 249.
dellit, mérite, mériter, 249.
dereadecat. convenir, 68.
dereadeguez. convenance, 68.
dereat. convenir, 6S.
deseuout, penser, 240.
deu, il vient, 230.
deufF, gendre, 238.
deves, deveus, (il) a, 234.
dezvez, journée, 2 3>), 243.
diaugle, dîme, 355.
dibarz, choisir, 72.
dibolhein, éboguer, 79.
dibourc'ha. dibourc'ho, dépouiller,
80.
didinva. pousser, 222.
dichorell, petite élévation de terre,
au jeu de crosse, 78.
dichorella, faire partir la boule d'une
petite élévation de terre , avec un bon
coup de crosse ; dichorella e benn,
lui déplacer la tète, le battre. 78.
didolguennein, éboguer, 79.
difam, difom, salir, souiller, 94.
digar, cruel, 66.
digernez, sans pitié, qui n'épargne
pas, 66.
digorna, dépasser le coin (d'une mai-
son), 71.
digornian, écorner, adoucir les angles,
7'-
dilarc'h, ce qui reste, 73.
dilerc'han, rester en arrière, hésiter,
traîner en longueur, 73.
dilui, dilu, agile, leste, débrouillard,
326.
dinaou, répandre. 227.
dieu guen, joues, 232.
discorn, sans cornes, 71.
discorni, discornein, écorner, 71.
diseaug, (terre) qui ne paie pas de
dîmes, 355.
diskraperaz, un sauve-qui-peut. 70.
dispeuzet, défait, amaigri, les traits
tirés. 94.
divarboell, (esprit) solide, 74.
divlaza, dégoiîter, 237.
dleout, devoir, 249.
dolien, coque, 79.
dolmet, (bois) pourri, devenu tout à
fait mou, 1 22, 325.
don, donc, 290.
dotu, crosse, 78.
dotual, ballotter, bouleverser, 78.
draill, retailles, 23 3.
droucq Sant Maturin, accès de folie,
320.
du, (blé) foudre, 328.
duéguiah, duché, 3^.
dug, duc, 3 56.
duguéss. duchesse, 356.
eah, horreur, 265.
eahus. horrible, 26^.
e ben, l'autre, 232.
Table des principaux mots étihiici dans le tonte XXVI. 405
-ecat, verbes, 68.
ec'hoaz. méridienne, 255.
eerhêc, neigeux, 75.
-éhour, ivor, heor, ancre, 548, 55^-
-ek, noms et adj., 67. 68.
émesk. parmi, 550.
emsiu, ambition, 240.
en, que, 2 1 2.
«n, le, 277.
enebarser, champarteur, 72.
enebarz, douaire; champart, 71.
enebarzerès, douairière, 72.
enebarzi, douer, assigner le douaire
à ; champarter, 72.
enep-guerc'h. présent de noces, 72.
enepuuert(h), douaire, 71, 72.
en eur, se, 206, 207.
-er, agents, instruments, 80.
-ér, plur., 525.
erc'h, earc'h, neige, 75, 74.
erc'ha, erc'hi, neiger, 73.
«rc'hus, earc'hus, neigeux, 73,
erella, branler, chanceler, 78.
erh, earh, iarh, ierh, irh, neige, 73,
74-
er, le, 2, 277.
-es, -ez, plur., i 14, 325.
estrenoa, souffrance, 294.
-eu, plur., 277.
eus, il y a, 262.
euz, horreur, 227, 265.
euzus, horrible, 265.
evez, aussi, 249.
faeza, vaincre, 226, 249.
falcho, béquilles, 3 10.
fali, faible; mauvais, 322.
fallakr, méchant, scélérat; gourmand,
qui ne veut pas partager, 348.
flagen, bas-fond, vallée, 344.
forh, très, 119.
fôt, faim, 120.
foui, foule, 5 36.
Revue Celtique, XXVI.
foulein, fouler, presser, 336.
fouligah, bouleversement, 336.
fouligahein, bouleverser, 336.
gaign, charogne; proie (des chiens),
1 19.
galloudegez, galloudigeh, puissance,
67, 68. .
galloudez, puissance, 67.
gast-putén, femme de mauvaise vie,
90.
gen-, get, avec, 2.
genein, avec moi, 2.
gerhiér, garhiér, haies, 1 19.
get, g', avec. 93.
geti, avec elle, 2.
geton, geteon, getou, avec lui, 2.
glan, pur; entièrement, 222.
glaouiasen, glaouriasen, glaourasen,
braise, charbons ardents, 526.
glaouiasenad a dan, braise ardente,
326.
glaouraseni, baver, 326.
glaourenni, baver, 326.
glaouri, baver, 326.
glas-pour, très vert, 65.
goalleguez, négligence, 68.
goam, gouam, femme (mariée), 83.
goanac, espérance, 223.
goaziet, gwehiat, veines, 248.
goelan, goéland, 86.
goellet, vu que, 300, 301.
goude : d'ar goude, ensuite, 100.
goujard, gouchard, moutard, enfant
en bas âge, 3 54.
goujart, goujat, 354.
gouli, blessure, 255.
goultenn, goultrenn, fanon de tau-
reau, 1 1 5.
gous, (couper, tourner) court, 354.
gouspin, gouspign, moutard, gamin,
goustel, meule, tas (de paille), 69,85
26.
4o6 Table des principaux mots étudiés dans le tome XXVI.
goustelat, grosse pelote (de laine),
6->
goustelli, mettre en tas, 69.
gouzanv, souffrir, 227.
gouzer, gouzel, litière, 69.
groa, grès, fais, 206, 207.
groh, grotte, 121 .
gronna, gronnein, envelopper, 244.
grossat, jouer à la crosse, 78.
groui, gri, couture, 263.
grouiat, gouriat, griat, coudre, 263.
grouien, racine, 9! .
grus, gruau de mil, 521.
gueleuif, gue-levi, briller, 529.
guelevus, éclatant, brillant, 529.
guenouec, genaouek, qui a une grande
bouche, 68.
guerc'h, vierge, 72.
Guïlhaouicq, petit Guillaume ; loup,
Guilheu, Guilhou, Guillaume, loup,
83,85.
Guïihou-goz, le diable, 85.
guneh tu, blé noir, 91 .
guparth, éloigné, 72.
gwaz, gwec'h, pire, 251.
gwelc'hi, laver, 80.
gweliaat da, guérir, 262.
gwerc'h, gwelc'h, vierge, 80.
gwerc'hez, une vierge, 80.
Gwilhou, Guillaume; loup, 85.
gwilhou, goéland, grande mauve. 86.
harlu, bannissement, exil, 527.
harlua, harluan, harlui, bannir, exi-
ler, 326, 327.
harluer. conducteur, celui qui conduit
par honnêteté ceux qui partent de
chez lui, 327.
harz, soutien, 72.
heaol, hiaol, soleil, 3 57.
heja, hejal, secouer, 77.
hentez, prochain, 229.
heor, éhour, ancre, 34S. 555.
hep ken, sans pFus, seulement, 221,
hinoch, kinoch, prunes sauvages noi-
res, rondes, acides, 346.
hirasuz, plein de regret, 70.
hiraz, regret, chagrin, 70.
hoiarn, fer, 188.
horell, jeu de crosse; balle pour y
jouer; le but; cri à ce jeu, 77-79-
horella, pousser la boule au but à
coup de crosse, 78.
horella, horellat, vaciller, 77.
horelladur, jeu de la crosse, 77.
horelladur, secousse, 77.
horellat, jouer à la crosse, 77.
horeller, joueur à la crosse, 77.
horiqellat, secouer, branler, 77.
horistal fall, t. d'injure, 125.
horjella, horjeliat, horjellein, branler,
vaciller, 77, 78.
horoloig, horolach, horloge, 77.
iaouank, jeune, 185.
iar, poule, 123.
-ibl, -ib, adj., 347.
imboulgein, instiguer, 81.
imbourc'h, recherche, examen, 81.
imbourc'hi, fouiller, fureter, exami-
ner, 81.
intan, veuf, 68.
intanhuiguiah, veuvage, 68.
ioud fond, bouillie de farine de mil,
ioul, ivoul, huile, 348.
-iij, -i, adj., 347.
james, jamais, 237.
jour: rein jour d'hi c'hoef, ouvrir
largement sa coiffe, 1 18.
judazi, trahir, 89.
kach, faible, bien malade, 321, 322.
kachel : koh kachel, personne qui
n'est bonne à rien, 83, 84.
kar, ami, parent, 66.
Tablt' des prirnipaux mots étudiés dans le to:v,c XXVI.
407
karel. belette, 70.
kazarc'h, kazerc'h, fjrèle, 75, 74.
kazarc'het, (champ) grêlé, 73.
kazarc'huz, ka/.erc'liuz, sujet à ame-
ner de la grêle, 75.
kéler, kerl, noix de terre, 70.
kelkah, petites prunes sauvages jaunes
et rondes, 346.
ker, beau, 2.
kér, ville, village ; d'er gér, d'er gir,
à la maison, 2, 67.
kér, kir, cher, 66, 67.
Kerbarh, 347.
Kerbernard, 347.
Kerbistoul, Kerbistou, 347.
kerc'h, kor, avoine, i, 2.
kerc'hat, aller prendre, 246.
kerell, karel, querelle, 66.
kerent, parents, 66.
kerl, belette, 70.
Kerne, Cornouaiile, 67.
kernedighez, cherté, 67.
kernez, cherté. 67.
kernezighez, cherté, 67.
Kerstrat, 2.
kerteri. carteri, kcltri, cherté, disette,
66, 67.
kertri, cherté, disette; paresse, indo-
lence, 66, 67.
kertrius, qui a de la paresse, de l'in-
dolence, 67.
Kerùen, 2.
keuz, regret, chagrin, 249, 265,
26^.
keuzeudic, qui a du regret, 261.
kinard, le diable, 113.
kiriegez, kiriek, cause d'un mal,
faute, 67.
klah, klask, chercher ; klask boed,
mendier, 1 19, 329.
koachet, caché, dissimulé, sournois,
koarhen, tige d' c'ianvre ; jeune fille,
522.
koh, kou'i, kouoh, vieux, 122.
Kola. Nicolas, 86.
Kolaik, Kolazik, petit Nicolas, 86.
Kolaz, Nicolas; renard, 83, 86.
kolc'h, enveloppe de lin sans la
graine, 79.
kornek, cornu, anguleux, 91.
kosten, cùte du corps, 91.
kouer, paysan, 123.
koustel, tas qu'on fait sur le champ,.
moyette, 69, 85.
koustelad, pelote (de til), 69.
kousteli, mettre en tas, pelotonn3r,.
69.
krokant, krokafin, riche paysan, 120.
kros, jeu de h crosse, 79.
krouis, creux, 1 16.
krouisen, un creux, retraite (d'un
chat-huant), 1 16.
kyom, chaud, 2.
labousik an erc'h, sorte d'oiseau, 73.
lagad ejon, ejen, cinq francs, 84.
lagad marh, cinq francs, 83, 84.
Ianf:;aj kemenér, argot, 82.
lanset, lanson, un peu ivre, 358.
lantouzér, lambin, 3 54.
Laou ar bleiz, Guillaume le loup, 85.
lent, timide, 68.
léntéguez, timidité, 68.
léoc'hi, leuc'hi, faire des éclairs, luire,
328.
léoc'huz, étincelant, 328.
leuiasen, brouille, 326.
leun, plein, 220.
lez, leah, lait, 1 17.
leziregez, paresse, 68.
lie, impudique, sensuel, 68.
licaouër, doucereux, flatteur, 68.
licaouërez, flatterie, cajolerie, 68.
licaoùi, licaouein, cajoler, enjôler, 68
4o8 Table des principaux mots étudiés dans le tome XXVI.
lifero, liverio, lettres, 202.
liou, couleur, 241.
listri, bateaux, 121.
loegach, paroles impudiques, 327.
loencd, leoned, bêtes, 310.
logodenn-dall, logodenn-zall, chauve-
souris, 357.
iop, application d'un coup bien en-
voyé, 125.
lopa, frapper fort et avec bruit,
123.
louiein, embrouiller, 326.
iozn, loen, bête, 226.
lu, ridicule, 525-528.
luaden, confusion, 325, 326.
luaden, luhaden, (donner) de l'ennui,
326.
luaii, embrouiller, 3 26.
luc'h, luisant, 328.
luc'ha, luire: regarder avec des yeux
impudiques, 527.
luc'hach, paroles impudiques, 327.
luc'hach, luach, langage corrompu,
argot, jargon des tailleurs, 327.
luc'haden. regard, coup d'œil impu-
dique, 327..
luc'heden, éclair, 328, 529.
tuchein, luire, 92.
iuchennein, bercer, 92.
luc'het, égaré, trompé, qui agit sans
jugement, 528.
luc'het, luhet, luhed, luflfed, lufud,
luyed, luet, éclairs, 3 28.
luéhein, luire, 329.
luet, trompé; en procès, 325, 326.
lugerni oc'h, regarder amoureuse-
ment, 327.
luhédétt, (blé) charbonné, 328.
luiaden, embarras, ennui, 326.
luic'ha, luire, 328, 329.
iuic'hus, luisant, 329.
iuiein, embrouiller, 326.
lukafin, lucarne, 325; lukafin pen-
pignon, derrière, 113.
lurian. embarrasser, gêner, 326.
luya, luire, 329.
luysant, lumineux, 3 29.
luzia, embrouiller; luxer, 326.
luziadur, embrouillement, 326.
ma, que, 296, 297.
maçzu, massue, 3 38.
maçzuet, contus, 338.
madeik, bonbon, 324.
mal, hâte, 223.
man, (faire) cas, 500, 301.
mantel prediri, manteau qu'on met
sur les époux, 76.
marc'ho pell, brins qui sortent des
oreillers de balle, 79.
mar ioul, ma ioulc'h, pas un seul,
81.
martezen, martrczen, peut-être, 249.
martret, marché, 206.
mastaradur, salissure, 358.
mastaraich, salissure, 338.
mastaran, mastara, mastari, salir,
barbouiller, 3 58.
mastaren, souillon, crotte, 358.
Matau, Mathurin, 520.
mateik : c'hoant mateik, désir amou-
reux, 524.
Matelin, Matilin, Mathurin, 320.
Matelina, Malhurine, 320.
Matul, Mathurine, 320.
Matulin, Maturin, Mathurin, 320.
Maturined, Mathurins, Trinitaires,
320.
mechamant, malchance, 314.
mechif, malheur, 547, 350.
menandour, monandour, celui qui
n'en fait qu'à sa tête, 357.
me iondr korden, gendarme, 83, 85.
méll, mil, 91 .
merc'hedigou, petites filles, 229.
Tablr tirs principaux mots ctudics Jans. Ir tomr .V.V17. 409
merdouz, merdeux ; avare, 54S.
meren, mern, collation, 70.
mesfectouryen, malfaiteurs, 95.
messibi, messib, contentement, bien-
être, 547, 548.
mestaol, meustaoi. mauvais coup, 95,
mèu, meaù, ivre, 5 57.
meurbet, grand, 290.
mierh, fille, 74.
mil-gast, femme débauchée, 90.
milloh, linot, 91.
mintard, mitard, froid, froidure, 1 20.
mison, petit garçon , (jouer) mal, 85,
84,321.
mison, niisoun, méchant, polisson,
garnement, espiègle. 84.
missi, misi, misé, misiù, missiw, mis-
sib, surprise; contentement, char-
rie, 347, 348.
moén, mince, 91 .
mo meufomp, que nous ayons, 304,
305-
monet get, être emporté, mangé par,
2^2.
monoch, monnaie, 92.
mortuach, mortuech, extrait mor-
tuaire, 527.
moujourden, souillon, 322.
-naez, -nez, noms abstraits, 67.
naffnec, naounek, affamé, 67, 68.
nan deveus, qui n'a pas, 2^7.
0 nao, tous les neuf, 257.
naounegez, nafinegeh, famine, faim,
cherté, 68.
na'z eus, que tu n as pas, 261.
ne dal ket tit, il ne vaut pas la peine
pour toi de, 221, 254.
néhuieu. nouveautés (dans une tenue),
69.
nen deo, n'est pas, 237.
nen deveus, il n'a, 263.
ne vern ket, n'importe, 251.
Nicolas, Nicolas, 86.
Nicolasicq, petit Nicolas, 86.
ninv, ninue, chagrin, 300.
noaz pidiboulc'h, noaz pilh, noaz-
pourh, noaz pilh pourc'h, noaz
pilh dibitilh, tout nu, 8 1 .
oa, était, 67.
oar lerch, après, 72.
oc'h 0 cortoz, en vous attendant, 266.
oé, fut ; était, 67.
oferen, overn, messe, 70.
Oliér, Olivier; coq, 83, 86.
oliérig, rouge-gorge, 86.
0 peus, vous avez, 266.
orcll, orella, orgella, voir horell, etc.
orgellus, branlant, 77.
oriou, grande mauve, 86.
oui, fut, 67.
ouristal, original, dnMed'homme, 123.
ourlik, interj. à l'arrivée du chariot
de la Mort, 77.
ouroul, cri au jeu de la crosse, 77.
-out, infinitifs, 240.
pabor, chardonneret, 79.
paborel, coup bien appliqué, 79.
padout, durer, 226.
paonrafité, pauvreté; froid, 120.
par ma, tant que, 264.
parz, part, 71.
))as, non, 94 ; pas an pas, pas à pas,
296, 297.
passandourr, passant, 358.
pfdc'ing, pedi, prier, 277.
peloch, prune, 341 , 347.
pelorz, prunes sauvages, 341.
pen, tête, bout; pen boeta, tête,
bouche, 113.
pennaouérez, action de glaner, 68.
pennaouï, glaner, 68.
pennou, têtes ; épis, 68.
péoc'h, paix, 328.
410 Tdbl'- dri principaux mots ctUiiics Mins le tome XXVI.
perderi, perdri, predi, souci, 70.
pere, lesquels, 296, 297.
perodic, renard, 86.
Perrodic, petit Pierre, 86.
perz. part, 71, 72.
pestuek, maladroit, 95, 94.
peur, quand, 257.
peus, peiJz, presque, assez, passable-
ment, demi, 93, 94.
peus-douçz, douceâtre, doucereux,
93-
peus-douçzicq, doucet, doucette, 93.
peus-foll, folâtre, 93.
peus-folléntez, folàtrerie, 93.
peus-mad, peûz-vad, assez bon, pas-
sable; passablement, 93, 94.
pcus maro, peûz varô, presque mort,
93-
peus-veo, demi-vif, 93.
peu.K, peuz, élargi, 94.
peuz-war-iûn, presque à jeun, 94.
pévare-ram, pévarearn, quart, 70.
pevrien, peorien, pevien, pauvres,
323.
piaou, il possède, 2^1.
piarli, part, 72.
pistiga,blesserdouloureusement,2 34.
piz, pic'li, très économe, 264.
planten, plant; jeune fille, 322.
plorce, prunes sauvages, 341.
plorcégui, pruniers sauvages, 341.
plorcènn, prunes sauvages, 341.
pod, pot, 121.
pofer, pot de fer, marmite, 80.
polc'hen, gousse de lin, 79.
Polos (Le), 341.
polos, polosennou, prunes sauvages,
340-343. 346.
polosek, abondant en prunes sauva-
ges-; lieu planté de pruniers sau-
vages, 340.
polostjgrumcauxdans la bouillie, 341 .
polost, prunes sauvages, 341.
polot. balle à jouer, 341 .
polotès, polotrès, prunes sauvages,
340, 341.
Polozec (Le), 341.
poulc'henn, mèche, 81.
pourc'h, partie d'un habit, de quoi se
couvrir, 81 .
pourc'ha, vêtir un habit, 81.
pourc'henn, porhen, mèche, 81.
pourren, porreau, 65.
poutach, soupe de lait doux coupé
d'eau, 123.
priedelez, mariage, 76.
priedereah, mariage, 76.
prunênn, prune; testicule, 346.
putén, femme de mauvaise vie, 89,
90.
qeraouër, enchérisseur, 69.
qeraouez, cherté, 67.
qernidiguez, cherté, 67.
quaserch, grêle, 73.
quer, cher, chéri, précieux, 66.
queraoueguez, cherté, 67, 68.
quernez, cherté, 66.
rantiér, rentes, 523.
raoc, rôk (en), avant, 3 '^7.
recherge, rechercher, 102, 103.
refaedein, refaire la viande sur le gril,
la faire revenir, 93.
reign, roi, donner, 277.
relevy, relever, 108, 109.
res (en), sous forme de, 106.
restaii, rapporter, 94.
Riatam, 95.
ront, rond, 91.
Rumatam, 9^.
sanson, un peu ivre, 358.
sao, sav, état de ce qui est debout,
76,219.
Saoson, Zôzon, (les) Anglais, 3^7.
saùaden, gerbe de blé noir, 76.
Table des prirnipiUix moti ttiiiiii's dans le tome .VA' 17. 41 1
savaden, nioyette, 76.
savadenna, mettre en moyettes, 76.
savodell, botte de lin après l'arra-
chage. 70.
scoemp, scuemp, peureux, 292, 295.
Scoçz : monet da Scoçz, dépérir à
vue d'œil, et da Scoz, tout réduit,
121, I 22.
scuber, balayeur: barr-skuber, balai,
80.
seah, foudre, ;2l^.
seahet, séhet, étonné, 528.
serhet, seMet, étonné, 528.
serra, sarra, fermer, 66.
sin (voar), sous prétexte de, 106
spernéc, lieu abondant en épines, 70.
stan, san, palais de la bouche, 69.
standilhon, échantillon, 338.
stér, rivière, 86, 87, :;2 1 .
jtern, starn, stearn, harnois, 69,
70.
sterna, starna, stearna. atteler, 69,
72, 74-
strak, bruit éclatant ; boue, crotte ;
fille ou femme à la mode, 91.
strei, répandre, éparpiller, 76.
strèuein, streaùein, streahein, épar-
piller, 76.
strevoden, (quel) pêle-mêle, 76.
sufTocquet, suffoqué, étouffé, 551.
sustarnn, siège (d'un juge), 69.
tabaquein, fumer, 88.
tablen, tableau, image, 88.
tatleg, gourmand, qui veut manger
vite, I 14.
takoneu, pièces pour raccommoder,
121.
talpein, crever, 122,3 -2-
talvoudec, utile, 68.
talvoudegez, valeur. 68.
taol, tôl, coup, ? 57.
tarvoueliad, chanceler, 7^.
tavantegez, pauvreté, 68.
tavantek, indigent, pauvre ; goulu,
glouton, avide, 68.
tazeu : un tazeu, un tazeu amzér, il y
a longtemps, 121.
te, toi, 1 24, 125, 322.
te, tiens ! 292.
teaulenn, morelle, 5 ^7.
teaut, tead, tiaot, lyeawot, langue,
5S7-
teogin, tPOgafi, hypnotiser, :!^4.
teol, tivoul, tuile, 348.
tcol, teal, parelle, patience, 357.
terderann, terdrann, tiers, 70.
term, ahan, 249.
termal, ahaner ; se plaindre par
douleur, 249.
tiegez, ménage, 68.
tint-orell « tout ce qui est prêt à
tomber ». 79.
tolc'had, brins qui sortent des oreil-
lers de balle, 79.
tolgueenn, ébogue, 79.
tolinier, tableaux. 92.
tom, chaud, 2
torfetour, malfaiteur, 93.
touell, tromperie, 234.
traouailhat, tourner comme une gi-
rouette ; varier, 7^.
traucll, travail à chevaux ; peine,
tourment ; travail, soin ; travailler ;
voyager, 7^.
trauellct, troublé, égaré, 75.
tredan, tiers, 70.
tredeecq, trydeecq, tredeocq, tre-
deeuq, tierce main, 3 57.
trederann, tredercn, tredern, tre-
dearn, tiers, 70.
tregarni, tregerni, faire un bruit écla-
tant, 70, 7 I .
tregern, bruit éclatant, éclat sonore,
7c.
412 Table des principaux mois étudiés dans le tome XXVI.
tregernus, qui fait un bruit éclatant,
70-71-
trehollia, verser, 7^.
treid, pieds, 23 5.
trelaclii, s'impatienter, en ein d relâ-
cha, se préoccuper, 74.
trelatein, terlatein, affoler, 74.
trenobiet, étourdi, effrayé, 74.
tresuelat, ruminer, 75.
treuariet, qui a perdu l'esprit, 75.
treûelet, versé, 75.
treusviran, sortir des limites, dévier,
7)-
treuzvariet, troublé, épouvanté, 7^
trevaliet, travaliet, treveliet, qui a
perdu l'esprit 7^.
trêvelle, (son œil) était ébloui, 75.
troc'hoiia, chavirer, 75.
tromplesono, tromperies, 100, 101.
trouve, enfant, enfant naturel, 120.
truchcn, gueuse, coureuse, i 18.
trut, manière de s'y prendre, 1 18.
tuem, chaud, 2,5.
Tulik. petit Mathurin, 320.
Tulin, Mathurin, 520.
tun, espièglerie, tour d'adresse, r 17.
tuna, gagner par ruse et supercherie,
"7-
Uuoratam, 95.
vêtez, aujourd'hui, 250.
warjan, être dans une grande colère,
75-
ya, oui, 296, 297.
yaot, yeawot, herbe, 557.
youd silet, bouillie d'avoine, 91.
youetteso, menottes? 206, 207.
youl, désir, 2 54.
youlc'h. fiancée; fille qui aime la
danse, 8: .
yourc'h, chevreuil, 80.
Le Propriêiairc-Gérant : Veuve E. Bouillox,
Chartres. — Imprimerie Durand, rue Fulbert.
TABLE
DES
VOLUMES XIX-XXIV DE LA REVUE CELTIQUE
Par p. Le Nestour.
AVERTISSEMENT.
La présente table comprend deux parties :
1° Un index alphabétique par noms d'auteurs et par titres d'ouvrages col-
lectifs ou anonymes ;
2° Une table méthodique des différentes matières traitées dans les volumes
-T-XiX à XXIV..
Dans la première partie, les différents travaux de chaque auteur sont dis-
tingués par les sif^nes suivants, dé|à adoptés pour les tables des volumes 1 à
XVIII:
A. indique ses articles de fonds ;
C. R. ses articles critiques ;
L. les comptes rendus de ses ouvrages.
Les comptes rendus insérés dans la Chronique, et qui sont dûs à M. H. d'Ar-
bois de Jubainville, ne figurent que sous la rubrique L.
Revue Celtique, XIX-XXIV.
INDEX ALPHABÉTIQUE
Académie des inscriptions et
belles-lettres. Comptes rendus des
séances de l'année 1898, XIX, 5^7.
Albanès (abbé).
L. GaUiJ chnsùana novlssima, pu-
bliée par l'abbé Ulysse Chevalier,
XXI, 115.
Albert le Grand.
\'ûir Le Grand.
Allen (J. Ro.milly).
L. L'art chrétien primitif en Galles,
XX, 112. — Les pierres sculptées
d'Ecosse et celles d'Irlande, XX, 589.
AUmer (A.).
L. Les dieux de la Gaule celtique,
XIX, 99, 356; XX, 107 : XXI, 132,
345, 346 ; XXIV, 251, 540. —
inscription funéraire à Lyon, XIX,
556. — Épitaphe de Connius Tyti-
cus, trouvée à Briord (Ain). — No
tices sur deux dédicaces, XXIV, 251.
— Notice sur des inscriptions du
Puy-de-Dôme, XXIV, 209, 340.
— Notice sur deux épitaphes trou-
vées à Ventabren (Bouches-du-
Rhône), XXIV, 340. — Notice bio
graphique et bibliographique, XXI,
345. — Article nécrologique, XXI,
106.
American Catholic Quarterly
Review, XX, 106.
American Journal of Philo-
logy, XXI, 267-268; XXII, 362;
XXIII, 114.
Analecta Bollandiana, XIX,
352: XX, 587; XXII,259;XXIII,
1 10 ; XXI\^ 340.
Andersen (.^lan 0).
A. Tain bô Frâih, XXIV, 127. -
Pennaid Adaim « The Penance of
Adam », XXIV, 245.
Andersen (Joseph).
L. Notice sur des pierres à inscrip.
tions, XX, 389. — Inscriptions grec-
ques et latines de la province'de Ga-
latie, XX, 391.
Andler (Ch.).
L. Quid ad fabulas hero'icas Ger-
manorum Hiberni contulerint, XXI,
I 20.
Annales de Bretagne, XIX, 95,
Index alphabétique.
5^6 ; XX, I 10, 585; XXI, 128-129,
257-266 ; XXII, 145-1441 36' ;
XXIII, 1 I j, 225 ; XXIV, 223, 556.
Annales de la Faculté des Let-
tres de Bordeaux et des Univer-
sités du Midi, XX, ^,91 ; XXI,
346; XXIV, IIS, 230, 556.
Annales du Midi. XXIV, 338.
Anscombe (A).
L. Recueil alphabétique de 305
noms d'hommes gallois tirés de gé-
néalogies, XXI, 125. — La date de
l'avènement de l'empereur Marcien,
XXIII, 222.
Anthropologie. XIX, 99, 559;
XX, I 15 ; XXIII, 226, 366; XXIV,
232, 345.
Anwyl (E.).
L. Grammaire galloise, XIX, 82.
— Mémoire sur les quatre branches
du Mabinogi, XIX, 89 ; XXI, 12^.
— Sur les premiers habitants du
Brecknockshire, XXIV, 228.
Anzeiger fiir schweizische Al-
tertumskunde, XXII, 566.
Arbois de Jubainville (H.
d-).
A. L'anthropomorphisme chez les
Celtes et dans la littérature homérique,
XIX, 224. — Esus, Tarvos Trigara-
nus. La légende de Cuchulainn en
Gaule et en Grande-Bretagne, XIX,
245 ; XXI, 255. — Sur l'authenticité
du Barzaz Brdz, XXI, 258 ; XXIII,
229. — \Jm intcrvocalique en celti-
que, XXII, 237. — La déclinaison
celtique des noms, XXIII, 155. —
Conquête parles Gaulois de la région
située entre le Rhin et l'Atlantique
au Nord des Pyrénées, XXIV, 162.
— L'orif?ine de la désinence <:/«, in,
dans les noms de rivière, XXIV, 229.
— Les éditions des monuments de la
littérature épique irlandaise, XXIV,
257. — La cause probable de la pre-
mière Lautvcrsclutbung^ XXIV, 254.
— Le c.indetum gaulois, XXIV,
5I7-
L. Mosa, MoscUa, XIX, 359. —
L'infixation du substantif et du pro-
nom entre le préfixe et le verbe en
grec arcliaïque et en vieil irlandais,
XIX, 359. — La clientèle en Irlande,
XIX, 560. — Les sacrifices humains
chez les Gaulois et dans l'antiquité
classique, XIX, 360. — Cours de
littérature celtique, t. VI : la civili-
sation des Celtes et celle de l'épopée
homérique, XX, 102 ; XXI, 99 ;
XXII, 247. — Cours de littérature
celtique, t XII. Principaux auteurs
de l'antiquité à consulter sur l'his-
toire des Celtes, XXIII, 109. — Élé-
ments de la gran>maire celtique. Dé-
clinaison, conjugaison, XXIV, 219.
— Éléments de grammaire celtique,
C. R. par Kd. P^ourciez, XXIV', 337.
Archaeologia Cambrensis, XIX,
97, 35 5 ; XX, 112, 388; XXI, 129;
XXII, 365-564;XXIV, 112, 227.
Archaeologo Portugues, XXil,
366.
Archiv fur Anthropologie, XX,
390.
Index alphabétique.
S'
Archiv fur celtische Lexico-
graphie, XIX, 7b; ; XX, iuj;XXI,
125-1 27: XXIV, III, 219.
Arcy (S. A. d ).
L. Mémoire sur un crannog irlan-
dais, XIX, 95. — Exploration de
deux habitations lacustres près de
Clones, XXII, 149.
Ascoli (G.).
L. Mémoire sur les adjectifs pro-
nominaux cach, ccch ; rach, ncch,
XXII, 146. — Glossarium paiaeo-
hibernicum, XXIII, 96, 2 16; XXIV,
213.
Astley.
L. Mémoire sur le culte des arbres
en Irlande, XXIII, 372.
Athenaeum, XX. 104; XXII,
465 ; XXIII, i 14, 572.
Atkinson (Robert).
L. P^dition du Livre jaune de Le-
cjn, Lidbar buide Ltjcain, XIX,
J48. — Ancient Laws of Ireland,
XXIII, 96; XXIV, ;2S VoirStokes
(VV,). - Voir Bernard (J. H.).
Ault du Mesnil (d').
L. Superstitions du Morbihanetdu
Finistère sur les haches de pierre, les
dolmens et les menhirs, XXIV, 226.
Babelon (E.).
L. Note sur l'empereur gaulois
Domitianus, XXII, 255. — Notes
sur deux monnaies de bronze trou-
vées en F^hrygie et contenant des
noms celtiques, XXIII, 561. — Mé-
moire sur les monnaies qui offrent la
représentation de Vercingétorix,
XXIII, :;7i.
Baring-Gould (Kév. S ).
L. Les plus anciennes fortifications
du Pays de Galles, XXI, 127. —
Les Cornax'ii, les Ouidini et la Bre-
tagne armoricaine, XXII, 14J. —
Les saints celtiques, XXII, 14s. —
Calendrier des saints de Devon et de
Cornwall, XXII, 145. — Vie de
saint Kebius, XXII, 351. —Catalo-
gue des saints honorés dans la Cor-
nouaille insulaire, XXIV, 114. —
Exploration de la forteresse de Cle-
gyr-Voyn, XXIV, 227. — Vie de
saint Germain l'Armoricain, XXIV,
527. — Saint Carannoc et saint Cair-
nech, XXIV, 104.
Barthélémy (Anatole de).
A. Lettre sur la numismatique
gauloise, XIX, 241 .
Bédier (J).
L. Le roman de Tristan et Iseut,
traduit et restauré, XXII, 152.
Beilage zur Allgemeinen Zei-
tung, XXI, 1 52.
Beitraege zur alten Geschichte,
XXIII, 570; XXIV, I 14.
Beitraege zur Kunde der indo-
germanischen Sprachen, XIX,
5S« ; XX, 110, 380 ; XXII, 362;
XXIII, 116.
Beloch (Julien).
L. f)i<' Bevôlkerung Galliens zur
Zeit Caesars, XXI, 1 22.
Index alpliubcticjuc.
Bérard (Victor).
L. Les Phéniciens et l'Odyssée,
XXIII, 362.
Bernard (J. H.), etR.Atkinson,
L. Edition du Liber liymnoiuin^
XIX, 548.
Berthoud (L.) et L. Matruchet.
L. Étude historique et étymologi-
que des noms de lieux habités du dé-
partement de la Côte-d'Or, XXIil,
209.
Bertrand (Alexandre).
L. Nos origines. La religion des
Gaulois, les druides et le druidisme,
XIX, 70.
Besnier (Maurice).
L. Mémoi.re sur Jupiter Jurarius,
XIX, 552.
Best (Richard Irvine).
L. The jrish Mythological Cycle
and Celtic îviythology, XXIV, 217.
Bibliothèque de l'École des
Chartes, XX, 105; XXIII, 369.
Bibliotheca hagiographica la-
tina, XXIII, 93.
Bigger (Francis-Joseph).
L. Les antiquités d'Inis Clothrann,
XXI, 5S2.
Blanchet (Adrien).
L. Études de numismatique, t. II,
XXII, 352. — Mélanges d'archéologie
gallo-romaine, XXIII, 101. — Études
sur les figurines de terre cuite de la
Gaule romaine, supplément, XXIII,
101. — Antiquités du département
de l'Indre, XXIII, 101. — Les mon-
naies celtiques de l'Europe centrale,
XXIII, 571.
Bleuniou Breiz-izel, choix de
poésies pour l'Union régionaliste bre-
tonne à Quimperlé, XXIV, 100.
Bohn (Oscar).
L. Corpus inscriptionumiatinaru m,
t. XIII, 5-- partie, XXIII, 106.
Boletin de la Beal Academia
delà Historia, XX, 109, 589;
XXI, 129, 346; XXII, 2^6; XXIII,
227; XXIV, 2?2.
Bolletino délia Societageogra-
phica italiana, XXIV, 1 14.
Bolletino di philologia classica,
XXIV, 338.
Bolletino storico délia Zwiz-
zera italiana, XXIV, 114.
Bonner Jahrbiicher, XXIV, ni.
Borderie (A. de la).
L. Histoire de Bretagne, XXI,
118. — Histoire de Bretagne, C. R.
par J. Loth, XXII, 84. — Monu-
ments originaux de l'histoire de saint
"^'ves, XXIII, 94. — La chronologie
du Cartulaire de Redon, XIX, 9^,
96, 356, 3^7; XXIII, 108. — Ar-
ticle nécrologique, XXII, 2^0.
Bourciez (Edouard).
C. R. d'ArboisdeJubainville(H.).
Iihiix alphahctiiinr.
r
Éléments de grammaire celtique,
XXIV, 5;7.
Bréal (Michel).
L. Lettre sur le mot gaulois Bra-
toudc, XIX, 90- — Grec /.atx, bre-
ton gant, gallois C)d, cyia, latin
corn-, XXIII, J71.
Bremer(Otto).
L. L'ethnographie germanique,
dans Grundriss dcr gcrmainschen Phi-
lologie, XXL 24:.
Breuil (abbé)
L. Note sur les haches de bronze
de Saint-Étienne-de-Brillouet (Ven-
dée), XXIII, 227. — Note sur des
objets de bronze et d'or trouvés *à
Argenton, Indre. XXIV, 1 12.
Brown (Arthur C.-L.).
A. Barintus, XXII, 359. ~ Mé-
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Bruckley (J.-C).
L. Mémoire sur la croix monumen-
tale dite de saint Tola, XXII, 149.
Brugmann (Karl).
L. Irlandais ncssani, latin piopc,
proximus,X\l, 251. — Étude sur
le singulier duine et le pluriel duini,
XXIII, 22}.
Brynmôr Jones (David).
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Galles à l'époque la plus ancienne,
XXI, 127.
Buick (Rév. Georges E.).
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comté d'Antrim en Irlande, XX,
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Bulletin archéologique du co-
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scientifiques, XXII, 144, 567,462;
XXIV, 541.
Bulletins et mémoires de la
Société d'anthropologie de Paris,
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Bulletin international de nu-
mismatique,
220.
XXIII
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depuis les plus lointaines origines
jusqu'à la fin du xix^ siècle, XXI,
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Gagnât.
L. Marques de potier trouvées à
Mayence, XIX, 99, 5^7. — Inscrip-
tiones graecae ad res romanas perti-
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dédicace à Épona trouvée à Capers-
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Index alphabet ii]ur.
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L. Note sur un tondues d'or trouvé
près de Contras (Gironde), XIX, 100.
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quel sur les bords de l'Aveyron,
XXIV, 545.
Cau-Durban (D ).
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Celtia, XXII, 146, 259, 366,
462; XXIII, 114,371; XXIV, !i8,
233. 344
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L. Le Folklore de la Beauce et du
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Chatelier (Paul du).
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Marseille, XXII, 149.
Cochrane (Robert).
L. Inscription ogamique du comté
de Meath, XIX, 355. — Inscriptions
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Notice sur des objets d'or découverts
à Broighter, comté de Londonderry,
XXIV, 1,3.
Coffey (Georges).
L. L'ornementation préhistorique
en Irlande, XIX, 94. — Le tumulus
et la chambre funéraire de Knock-
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Coligny (inscription de).
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battit .\rioviste, XX, 113, 374.
Comyn (David).
Voir Keating (Geoffrey).
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royale prussienne des sciences à
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Comptes rendus de l'Académie
royale des sciences de Saxe,
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Constantius (frère).
L. Kentcliou brezounek da drei e
Index alplhïbitiijiw.
gallek, XXI, 112. — Kenteliou bre-
zounek troet e gallek, XXI, 249.
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glise chrétienne primitive
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Corot (Henri).
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not (Côte-d'Or), XXIV, 542.
l'É-
en
Mi-
Corpus inscriptionum latina-
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L. Les cuirasses celtiques de Fil-
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Craigie (W.-A ).
A. The Gaels in Iceland, XX, 5^5.
— Cairpre cindchait and theathach
tuatha. XX, 55 s-
L. The Qjels m Icehmd dans Pro-
ccidings of the Society of Anùquanes
ofScolland, XX, 102. — Étude ^sur
la ballade ossianique depuis les temps
les plus anciens jusqu'à nos jours,
XXI, 151.
Cramer (Franz).
L. Reinische Ortsnamen, XXll,
1 58. — Mémoire sur la forteresse
Aliso, son nom et sa situation, XXIV,
22}.
Cymmrodor. t. XV; XXIV, 104.
Cymmrodorion séries, n" 1 ,
0\ven"s FVmhrokc-Shire, part. 1. —
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Darlington (Thomas).
L. Sur la prononciation du gal-
lois dans le Mid-Wales, XXIII, }6i.
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xvie et au xviie siècles, XX, 386.
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L Mémoire sur le cairn et la ca-
verne sépulcrale de Gop, près Pres-
tatyn, Pays de Galles, XXIV, 112.
Dawson (Mrs.).
L. La situation géographique du
monastère de Rosnat, XIX, 97.
Day (Robert).
L. Mémoire sur des ornements
d'or trouvés dans le comté de Cork,
XXI, 128.
Déchelette (Joseph).
L. Le bélier consacré au.\ divinités
domestiques sur les chenets gaulois,
XX, 113, 114. — Inventaire des
monnaies recueillies au mont Beu-
vray, XXI, 266. — Le Hradischt
de Stradonic en Bohème et les fouil-
les de Bibracte, XXIII, 103. — La
fabrique de poterie gallo-romaine de
Saint- Rémy (Allier), XXill, ii^. -
La poterie de La Tène à décoration
géométrique incisée, XXII!, 11^. —
10'
InJrx alphiibctiijiic.
L'oppidum de Bibracte et les princi-
pales stations gauloises contempo-
raines, XXIII, 227. — Les sépultures
gauloises de Montefortino etd'Orna-
vasso, XXIII, j66. — L'archéologie
celtique en Europe, XXIV, 252. —
Voir ViLLi-RS (Henri).
Deeney (Daniel).
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land, XXI, 558.
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Deloche (Maximin).
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Deniker(J.).
L. Les races
3S9-
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Depoin (I).
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Martin de Pontoise, XIX, 79.
Devaux (Jules).
L. Histoire d'un nom de lieu cel-
tique (Pithiviers), XXIII, 104.
De Witte.
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qui ont régné dans les Gaules au
me siècle de l'ère chrétienne, XXII,
253.
Dissard.
L. Inscription de Coligny.
velle édition, XIX, 3 ^7.
Nou-
Dottin (G).
A. Études de phonétique irlan-
daise, XX, 506; XXI, ^9, !79.
— Dd bron flalhj ninic <( les deux
cliagrins du royaume du Ciel », XXI,
549. — Une version irlandaise du
Dialogue du corps cl de l'âme, attri-
bué à Robert Grosseteste, XXIII,
1 . — Le Tcanga Bithinu du manus-
crit de Rennes, XXIV, 565. —Notes
bibliographiques sur l'ancienne litté-
rature chrétienne de l'Irlande, XXI,
25^. — De quelques faits d'influence
consonantique à distance en gaélique,
XXII, 2^7. — Les mots irlandais
cités par dom Louis Le Pelletier,
XXIII, 225. — L'évolution de la dé-
clinaison irlandaise étudiée dans deux
dialectes du Connacht, XXIV, 100.
— La littérature gaélique de l'Ir-
lande, XXIV, 254- — Voir Hyde
(DouGL.\s). — Voir Le Brat. (A.)
Dubuc (P.).
L. De Suessionum civitate,XXl\^,
Duchesne (abbé).
L. Fastes épiscopaux de l'ancienne
Gaule, XXI, 245.
Dugan (C.-W).
L. Catalogue des livres imprimés
à Dublin au xviie siècle. Première
partie: 1601-1621;, XX, 92.
Duine (F.).
L. Saint Samson et sa légende,
XXII, 1 34. — Documents liturgiques
sur saint Turiaw, évèque de Dol,
XXII, 561. — Notes sur les saints
bretons. Les saints de Dol, XXIV,
102. — Légende du château de Toul-
houet (Morbihan), XXIV, 226. —
Noms de saints bretons et irlandais
contenus dans le calendrier de Rennes,
XXIV, 556.
Index alplhibcticjiu
Dùrwaechter (A.).
L. Die Csta Caroli Hhi^'ni der
Regensburger Schottenlegende, XX,
57'-
Duvau (L.)
A. Sur la prononciation du gau-
lois, XXII. 79.
C. R. Holger Pedersen, L'aspira-
tion irlandaise, XIX, 256. — E. Zu-
pitza, Le participe de nécessité en
irlandais, XiX, .:40. — Article né-
crologique, XXi\', 529.
Entre camarades, XXll, 2^6-
Ernault (K ).
A. Ktudes bretonnes, XI. Le /
dans la conjugaison et l'indéfini ou
passif, XIX, 180. — Le breton con-
coez « gourme », XIX, 319. — Sur
les mots bretons Raoulhin, Gorsu,
Ranvisken, Tahk, XIX, 561. —
Les vers bretons de J. Cadec, XX,
57. — Sur la chute de -er final en
breton, XX, 199. — Sur le Mys-
tère de saint Guénolé. XX, 213. —
Sur le credo breton du xv^ siècle,
XX, 593. — Étymologies vanne-
taises : 1° ari \ ba \ 2° berlobiein;
]°brc\ 4° Digoupein, diboukein; di-
bustjuein; pouff" ; foiii ; deouein; de-
foui; 50 hol ; 6<^ Uttat; 70 mis si ;
80 moriscleu ; 9° pestueg ; bcziii ;
\o° prantad: 1 \°sden,chilcn\ \2°bla.
ouah, blaoch, ancoeba; 13° chibout,
sibouden; 14° kalp'er, kalpiren, XXI,
136. — Sur la versification du bre-
ton moyen, XXI, 403. — Études
bretonnes, XXII, 369. — Chansons
populaires de la Basse-Bretagne,
XXIII, 121. — Notes sur Ar Fumes
ijc ar Jagnn, XXIV, 430.
L. Petite grammaire bretonne avec
des notions sur l'histoire de la langue
et sur la versification, XIX, 83. —
Les formes de l'infinitif breton, XIX,
3^0; XX, 108. — Cantiques bre-
tons publiés d'après le Doctrinal ar
christenicn (1628), XXI, 12^, 126.
— L'épenthèse des liquides en breton,
XXI, 128; XXII, 144; XXIV, 223.
— Notes détymologie bretonne, XXI,
i29:XXiI, 14?, 144, 361, 362;
XXIII, 226. — Étude sur les mots
bretons get, gant, rak, meurbct, ci,
da, douaren, XXII, 141. — Études
d'étymologie bretonne, XXIII, 371 ;
XXIV, 227. — Rapport sur les con-
cours de poésie bretonne, XXIV, 223.
- — Gwerziou, soniou a marvaillou bre-
zonek ha gallek gant toniou, poésies
bretonnes et françaises, avec un
conte en prose et airs notés, XXIV,
Esperandieu (Emile).
L. Calendrier de Coligny. Re-
constitution proposée d'après les des-
sins de M. Dissard, XX, 100. — Mu-
sée Cal vet. Inscriptions antiques, XXI,
121.
Evans (Gwenogfryn).
L. Catalogue de manuscrits gallois
publié par the hislorical Manuscripts
Commission, Xl\, 343. — Report on
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XX.V, 9S.
Evans fSilvan).
L. Dictionnaire gallois, XXI,
126.
12'
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L. L'influence irlandaise sur la
littérature la plus ancienne de I Is-
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Feiz ha Breiz,
XXil, 150.
XXI, 2^6, 544;
Fita (Père F.).
L. Inscriptions romaines inédites
d'Espagne, XXI, 346.
Fitz Gerald (lord Walter).
L. Croix monumentale de pierre à
Moone, XXI, 128.
Folklore, XIX, 96, 5^9: XXII,
2^8-2^9; XXIII, I 12; XXIV, 11$,
227, 344-
Fournier (Paul).
L. L'influence de la collection ca-
nonique irlandaise sur la formation
des autres collections de droit cano-
nique dès le ^■^I<: siècle, XX, 115.
Foville (dej.
L. Enquête sur les conditions de
l'habitation en France, XXI, i 1 2.
Foy (Willy).
L. L'5 indo-européen en celtique,
XIX, 87. — L'abrègement de la
voyelle longue initiale en néo-celtique,
XXI, 2^1. — La diphtongue au en
irlandais et en gallois, et le groupe
sliu en gallois, XXII, 141
Francès (J.)-
L. Le conte du poisson rouge. —
La chanson de Jeanne Normand, XX,
385. — Chansons bretonnes, texte et
traduction. XXII, 361 . — Transcrip-
tion phonétique des mots du dialecte
breton de Beuzec Cap-Si/un, XXIII,
115. — Chansons bretonnes, texte
et traduction, XXill, 115.
Frazer (William).
L. Les lunuhu d'or et l'origine de
l'or dans les ornements d'or d'Ir-
lande, XIX, 94, 95. — Mémoire sur
les croix dites Patnk's Crosses, XX,
386.
Friedel (Victor- H.)-
L. Les sources de la chronique de
Nennius, XXIII, 36^.
Gael (the), XXII, 145-146, 363,
463; XXIII, 113, 369; XXIV, 116,
235> 542.
Gaidoz (H.).
L. La réquisition d'amour et le
symbolisme de la pomme, XXIII,
90. — Le grand dieu gaulois chez
les Allobroges, XXIII, 363.
Gaidoz et Llywarc'h.
L. Une version galloise de rensei-
gnement par les cartes à jouer, XXI V,
1 10.
Gaodhal (the), XX!, 252-253,
429; XIXI, 145-146, 565, 463 ;
XXIV, 116, 233, 34J. Voir G.\EL
(the).
Garofalo (Francesco-P,).
A. Tracce celtiche nell' Asturia,
XXI, 2oû. — Intorno agli Helvetii,
XXI, 42:. — Sulla populazione délie
Galliae nel tempo di Cesare, XXII,
Index alphabétique.
• r
227. — Sul cennis sotto l'impero
Romano (specialmente nelle Galliae),
XXIII, 57. — Sui C.alati doll' Asia
Minore, XXIII, 71. — Questioni di
diritto celtico, XXIV, 414.
L. Mémoire sur le passage d'An-
nibal par les Alpes, XX, 109. —
Les Celtes dans la péninsule ibérique,
XX, 109. — Su gli Helvetii, XXI,
340. — Mémoire sur les tétrarchies
des Galates, XXII, 146. — Observa-
tions sur les Galates ou Celtes d'O-
rient, XXII, 149. — Note di storia
Elvetica. — Les routes de Gaule
d'après l'itinéraire d'Antonin. —
Note sur l'histoire la plus ancienne
des colonies de Vienne et de Lyon.
— Sur le nombre des cités de la
Gaule, XXIV, 114. — Le candetum
gaulois, XXIV, 558.
Gassies (G.).
L. La fabrique de Graufetengue
(Aveyron), étude sur les origines de
la poterie sigillée gallo-romaine,
XXIV, 250. — Cavalier et Angui-
pède sur un monument de Meaux,
XXIV, 230.
Gautier (Otto).
Voir Schwab (J.).
Gelzer (H), Hilgenfeld (H.) et
Cuntz (0.).
L. Patrum Nicaenorum nomina
latine, graece, coptice, syriace, ara-
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104.
Gibb (Alexandre).
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Gilla Coemain.
L. Il Kriu ard, inis na nj', XXi,
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L. Deux diplômes de l'église de
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Gohl (Edmond).
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Grancière (Aveneau de la).
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Gregory (lady Augusta).
L. Cuchulam of Muirthomne, the
'4'
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Hudson Williams (T.).
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Hugues (Harold).
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Hyde (Douglas).
L. Contes irlandais, texte et tra-
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Oottin, XIX, 96, 3^6; XX, 110;
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115. 226. — L'exil des fils d'Us-
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environs de l'an 1800, XIX, 90. —
A Litterary History of Ireland from
Earliest Times to the présent Day,
XX. 364. — Ubhia dc'n craoibh, re-
1 6* Index alpliabéti(]ue
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— Notice sur le poète Raftery, XXIV,
542.
Journal of the Royal Institu-
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XIX, 87 ; XX, i 14 : XXI, 545 :
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Rome (Deux-Sèvres), XIX. 168. —
Du patriotisme gaulois, XXIII, 367.
L. Histoire de Bordeaux, XX, 93.
— Notes gallo-romaines : la d^a
AiUerfa, XX, 391. — Notices sur
les plaques de plomb d'Eyguières
(Bouchesdu-Rhône), et de Carpen-
tras (Vaucluse), XXI, 346. — Criti-
que des textes grecs et latins relatifs
à la reddition de Vercingétorix, XXII,
362. — Vercingétorix, XXIII, 99. —
La littérature poétique des Gaulois,
XXIII, 367. — Sur la date de l'en-
ceinte gallo-romaine de Paris, XXIV,
116. — Sur un autel gallo-romain de
Melun, XXIV, 116. — Mémoire sur
la formation des cités gauloises,
XXI\^ 216. — Les relations de
Trêves avec Bordeaux au temps de
l'empire romain, XXIV, 230. — Re-
marques sur la plus ancienne religion
Index alphahéticjiie.
•7'
des Gaulois. XXIV, 2^0, 5;6. —
Le calendrier gaulois, XXIV, 356.
Jusserand (J-J).
A. Sainct Treigney ou pais de
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Kay(C. de).
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Keane (Marcus).
L. Mémoire sur la cloche de saint
Senan, XXII. 149.
Keating (G.).
L. Poèmes édites sous le titre de
Ddnia, amhiiin is caointe Sealhrûin
Céitin, XXII, 129. — Eochair sciath
an aifrionn, XXII, 129. — Tri bior-
ghaoithe an bhàis, XXII, 129. —
Forus feasa air Eirin, XXII, 129. —
Foras feasa ar Eirinn, histoire d'Ir-
lande, éditée par M. D. Comyn,
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Keifer(J.).
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pays de Luxembourg, XX, 114. —
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Knox (H. -T.).
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de lieu mentionnés dans les collec-
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Knowley (W.J.).
L. Mémoire sur un fragment de
harpe et sur d'autres objets trouvés
dans un crannog d'Irlande, XIX, 94.
— Les grattoirs de pierre trouvés en
Irlande, XX, 112. — La vie latine
de sainte Geneviève est-elle apocry-
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Krabbo (Hermann).
L. Mémoire sur le moine irlandais
Virgile, devenu évèque de Salzburg
et sur sa croyance à une population
humaine établie au.v Antipodes,
XXIV, 222.
Kretschmer (Paul).
L. Mémoire : \° sur les inscrip-
tions d'Ornanno ; 2° sur la langue
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h
Index alphabétique .
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l'église métropolitaine d'Auch, XX',
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pierre dans le lac dit Lough Cullen,
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des inscriptions latines de Portugal,
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Index alphahcùque .
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C. R. H. d'Arbois de Jubainville.
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l'épopée homérique, XXI, 99.
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xviii»; siècle, XIX, 1.
L. Les chansons bretonnes de la
collection Penguern,XIX, 5 56, 557;
XX, 110, 58^; XXI, 128, 129,258;
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Lett(H.-W.).
L. Les terrassements d'une forte-
resse à Dorsey, comté d'Armagh,
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Lewis Jones (W.).
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Lleufer Thomas (D.).
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Llewellyn (R.-W.).
L. Mémoire sur les antiquités de
Pen-y-fai, XXI, 129.
Llewel;. n Williams (W.).
L. Les Gallois catholiques établis
sur le continent depuis la Réforme,
XXIV, 542-
Lloyd(J.-H.).
L. Conte moderne de paysars ir-
landais, XIX, 90. — Le territoire
appelé Ystrad Yiv, dans le Pa\'S de
Galh-s, XXIV, 228.
Llywar'ch. \oir Gaidoz.
Longnon (A).
L. Les pouillés dans la province
de Rouen, XXI\% 210. — Docu-
ments relatifs au comté de Champagne
et de Brie, XXIV, 210.
Lot (Ferdinand).
A. L'épreuve de l'épée et le cou-
ronnement d'Arthur par Dubrice à
Kaer Judeu, XXI, 1 .
L. La spirante sonore z en breton,
XIX, 95. — Mémoire sur Hervi,
évèque de Nantes, XIX, 95. — Ori-
gine Scandinave d'un conte irlandais,
XIX, 95. — Nouvelles études sur la
provenance du cycle arthurien. Glas-
tonbury et Avalon, XX, 112, iij.
— Étude sur Merlin, XXI, 257. —
La Vilii Merlini de Gaufrai de Mon-
mouth, XXII, 143. — Le roi Hoel
de Kerahès, Ohes le viel barbé, les
chemins d'Ahès, et la ville de Car-
hai.v, XXII, 144.
Loth (J.).
A. Le nom du gui, XIX, 13. —
Brig Eygen, X'X, 211. — Une p3-
rod\t des Mabinogion, X\X, 308. —
Patereu, Padereu, XX, 76. — Un
20'
Index alphabet icjue.
subjonctif aoriste gallois, XX, 79. —
Mélanges : Dubgint, Gynt. — Affwys,
Ervoas. — Le sens de Myngw (Saint-
David' s). — Dinsol. — Le coudrier
et le saule dans les coutumes gal-
loises, XX, 202-208. — Mélanges :
Le Brittonique en Somerset, Dryw,
XX, 540. — L'orientation celtique à
l'Ile-de-Sein, XXI, 97. — Le mot
Rcgcs en gallois moyen : souvenir
de la crémation ? XXI, 97. — Talcip,
XXn, 330; XXIV, 84. — Remar-
ques sur les vieux poèmes historiques
gallois au point de vue métrique et
historique, XXI, 28. — La métrique
du Moyen-breton, XXI, 203. — Re-
marques aux Four ancicnt books oj
iy^/f5, XXI, 328.— Lesversàrime
nterne dans les langues celtiques,
XX'I, 62. — Notes étymologiques
bretonnes, XXII, 351 ; XXIII, 117;
XXIV, 408. — Corrections au point
de vue métrique au Livre noir de
Carmarthen, XXII, 458. — Études
comiques, II, textes inédits en cor-
nique moderne, XXIII, 175. III.
Remarques et corrections au Lcxicon
ror«u-/-n/j/7/j(Vuf// de Williams, XXIII,
257. I\^ Les dix commandements
de Dieu, XXIV, I. — Une correc-
tion au Livre de Taliésin, XXIII,
203. — Euied, XXIII, 204. — ."^ula
Quiriacarrr Les Guiriac, XXIII, 205.
— La version galloise des Sept
Sages de Rome, XXIII, 349. —
La principale source des poèmes des
xw-xiv^ siècles dans la Myvyrian
Archiuology of Walcs, XXIV, 13. —
Carhais, Maraes, Ossismi, Uxisama,
— Caer, car; ker, et la question du
recul de la langue bretonne de la fin
du xc siée le jusqu'à nos jours, XXIV,
288. — Les douze jours supplémen-
taires : Gourdeziou) des Bretons et
les douze jours des Germains et des
Indous, XXIV, 3 10. — La légende
de Miles Giiryddneu dans le Livre noir
de Carmarthen, XXIV, 349
C. R. Whitley Stokes, Wortschatz
der Keltischen Spracheinheit, XX,
344. — Borderie (Arthur Le Moyne
de la), Histoire de Bretagne, XXII,
84.
L. Une chanson inédite sur le
combat de Saint Cast, XIX, 95. —
Si avec le sens de saline dans les
noms de lieu du bourg de Batz, XIX,
95. — L'expression goel-aousl, goul-
aousl, gaoul-aoust dans des chartes
bretonnes, XIX, 96. — Goelaoust,
XIX, 356. — Une phrase bretonne
dans un livre d'heures du x\'« siècle,
XIX, 96. — Quatre chansons bre-
tonnes reproduites phonétiquement
et traduites, XIX, 3 56. — Le calen-
drier de Coligny, XIX, 3^7. — Re-
cherches dialectales bretonnes, XX,
MO, 385; XXI, 129, 257; XXII,
145. — Corrections au comique des
Spécimens of Cornish provincial dia-
lectj by uncle Jan Treenoodle, XXI,
125. — Gallois brodir, broder, brodo-
rion ; — bal, XXI, 126. — Addi-
tions et remarques au dictionnaire
gallois de Silvan Evans, XXI, 126.
— Notes sur les mots irlandais abor-
dai, alam, coscath, XXI, 126. — Les
Cornovii et la patrie de saint Patrice,
XXII, 144. — Métrique galloise,
t. II, XXII, 5^4. — Remarques sur
le Glossarial Index des Irische Texte,
XXIII, 225. — Notice sur une lé-
gende bretonne relative à saint Ma-
thieu, XXIV, 336.
Indix dlpliabcti(]ue.
21
Lorica de Leyde, éditée dans la
Zcitsihiijt fiir ccltischc Philologie,
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L. Studies in irish epigraphy,
XIX, 8s ; XXIV, 102. —Sludies in
Irish Epigraphy, a Collection ofrevised
Readings oj iht Ancient Inscriptions of
Ireland, C. R. par John Rhys, XIX,
557. — Inscriptions ogamiques du
comtéde Kilkenny,XIX,95. — Viede
saint Finan, d'après un manuscrit ir-
landais moderne, XX, 109. — Les
traces de cryptographie sur les
inscriptions ogamiques, XX, 386. —
Note sur les dernières lettres de l'al-
phabet ogamique, XXII, 150. • —
Deux inscriptions ogamiques inédites,
XXIII. 112.
MacbainfA.).
L. Old gaëlic System of personal
Names, XIX, 85. — Voir Skene
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Macgibbon et Thomas Ross.
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of Scotland, XIX, 85.
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L. Luinneagan Luaincach (Kan-
dom Lyrics),XIX, 86.
Mackay (John).
L. Sutherland place namcs, XIX,
8<
Maclagan (Robert-Craig).
L. L'idée de la mort et la lumière
prophétique, soins bais, dans les su-
perstitions des Highlands occiden-
tales, XIX, 96. — The Games and
Diversions of Argyleshire, XXII,
Macnamara (George- U.).
L. Les anciennes croix de pierre
de Ui Fermaic, comté de Clare,XXI,
2^2.
Maître (Léon).
L. Archivesdu prieuré de Cunauld,
Maine-et-Loire, XX, 105. — Les
paroisses poitevines et angevines
réunies au diocèse de Nantes, XX,
I 10, III.
Malcolm Mac Phail.
Contes gaéliques de fées des Hé-
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Marchant Williams (T.).
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L. Les alignements et le tumulus
22'
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bre circulaire du Nelhouet en Caudan
(Morbihan), XX, 114. — La butte
de Kernec. XX, 388.
Matruchet(L.).
\'oir Berthoud (L.).
Maynadier (G.-H ).
L. The Wife of Bath's Taie,
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Mehlis (C).
L. La question ligure, XX, 390.
Meillet (A).
A. Étymologies irlandaises, XXIV,
170.
L. Introduction à l'étude compa
rative des langues indo européennes,
XXIV, 327.
Meitzen.
L. Siedelung und Agrarwesen der
Westgermanen und Ostgermanen,
der Kelten, Romer, Finnen und Sla
ven, XXI, 112.
Mélanges d'archéologie et
d'histoire publiés par l'École
française de Rome. XIX, 3^2.
Méloises (marquis des).
L. Note sur une inscription ro-
maine contenant le nom de la déesse
Soucona, XXIV, 221.
Mélusine, XXIII, 207.
Mémoires de la Société des
Antiquaires du
22 1 .
Centre, XXIV,
Mémoires de la Société de lin-
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XXI, 130 ; XXIII, 371 ; XXIV,
227.
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des sciences de Bohême, XXII,
2)5-2^6.
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Manchester Literary Society,
^X'- 543) 544-
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Meyer (Kuno).
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ball, XX, 7.
L. Naissance de Brandub, fils
d'Echaid et d'Aedan, fils de Gabran,
texte en moyen irlandais, XIX, 89.
— Notice sur un fragment d'une
version irlandaise de l'histoire ecclé-
siastique de Bède, XIX, 350. — En-
tretien de saint Columba avec Mon-
gan mac Fiachna, publié par MM.
Kuno Meyer et Alfred Nutt, XIX,
550. — Quatre quatrains irlandais,
XIX, î^o. — La vision de Laisrén.
texte irlandais publié et traduit en
anglais. XXI. 1 18. — Orgjin DirJ
Ri'g, « la destruction de Dind Rig »,
texte irlandais, XXI, 122. — Mé-
langes irlandais, XXI, 123. —
InJix alphabétique .
Brinna Ferchertne « Vision de
Ferchcrtne », poème irlandais, XXI,
124. — Contributions to irish Lexi-
cography, XXI, 126. — Étude sur
Livcs £)/' cumbro-briùsh Saints, de
W.-J. Rees, XXI. 248. — Com-
plainte sur la mort du roi d'Irlande
Niall Nôigiallach, texte et commen-
taire, XXI, 250. — Édition du Toch-
marc Emirc Li CoinculainJ, XXII,
141. — Ta.rlred na n-Dessi, texte
irlandais, XXII, j^o. — King and
Hermit, trois poèmes irlandais relatifs
à Guaire Aidne, XXII, 355. — Mé-
langes irlandais : notice sur Ciarnat,
concubine du roi Cormac mac Airt.
— Le chant de la mer. — La mort
de Niall aux neuf otages. — Prière at-
tribuée au moine Coleu ua Duinechda,
XXIII, 21^. — Recueils d'extraits
du ms. Harleian 5280 du Musée bri-
tannique, XXIII, 221, 224. — Lia-
dain and Curithir, an irish Love'
Story of the ninth Century, XXIII,
555. — Une rédaction irlandaise de
la légende grecque du Minotaure,
XXIV, 110. — Four old irish Songs
oj Summcr and Winltr, quatre vieilles
chansons irlandaises sur l'été et
l'hiver, XXIV, 519.
Meyer(Kuno) et Nutt (Alfred).
L. The Cellic Doctrine of Rt-birth
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Meynier (J).
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Mittheillungen des Instituts
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Mohl (Georges).
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du latin vulgaire, XXI, 236. — Les
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dais, XXI, 7^, 166. — Lessurvivanccs
du Totémisme, chez les anciens
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ledonium monstrum. — II. Un dieu
au maillet imberbe, XXII, 154. —
Le mot oibis dans le latin de l'em-
pire, à propos de l'orbisiilius des
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à Lorzendorf, en Silésie, XIX, 99.
— P'squisse d'une histoire de l'ar
chéologie gauloise, XIX, 292. -■
Répertoire de la statuaire grecque
et romaine,_XIX, 34^ ; XXIII, 101.
— Catalogue du Musée de Saint-
Germain, XX, 1 02. — Encore Epoim,
XX, 114. — Zagreus, le serpent
cornu, et la mythologie celtique,
XXI, 151.— Guide illustré du Mu-
sée national de Saint-Germain, XXI,
247. — Mémoire sur les trou-
vailles de la nécropole celtique de
Montefortino, province d'Ancône,
XXIII, 366. — Les divinités éques-
tres. Catalogue des monuments rela-
tifs à Epona, suite, XXIII, 366.
— Note sur des inscriptions trouvées
à Thionville et à Ventabrcn (Bouches-
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Reinach (Th.)
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XXII, I. — ■ L'Hercule gaulois à
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Revue d'Ardenneetd'Argonne,
XXII, 1^0.
Revue bénédictine, XX, 104.
Revue bretonne, XXII, 142-
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Revue épigraphique du Midi
de la France, XIX, 99, 3^6; XX,
107, 384; XXI, 132, 34^-346;
XXII, 148, 362; XXIV, :m, 231
340.
Revue des
XXII, 362.
Revue des
XXII, 149.
études anciennes.
études grecques.
Revue historique, XIX, 3^1.
Revue historique de Provence,
XXII, 149.
Revue d'histoire et de littéra-
ture religieuse, XXI, 253-254.
Revue de numismatique, XXI,
266-267; XXIII, 37 r.
Revue de synthèse historique,
XXIV, 234.
Revue des traditions popu-
laires, XXIV, 113, 226, 344.
Rhys (John).
L. Inscriptions du comté de Fcm-
bmke, XIX, 97. — Les pierres de
Llandrudian, dans le comté de Pem-
broke, XIX, 98. — Inscriptions oga-
miques du comté de Meath, X!X,
355. — L'inscription de Richardston
Hall, XIX, 355. — Inscriptions oga-
miques de Connaught, XX, 111. —
Inscriptions du comté de Clamorgan,
XX, 388. — La langue des Pietés,
XX, 390. — Mémoire sur les ogams
de Drumioghan, XXI , 1 28. — Note
sur une inscription ogamique de
Cairan, XXI, 128. — Note sur le
Pcith)ncn, XXI, 248. — La supersti-
tion des puits miraculeux dans l'Ir-
lande moderne, XXII, 146. — Nou-
velle lecture de l'ogam de Gigha,
XXII, 2 5 5. — L'inscription ogamique
de Tullaghane, XXII, ^60. —Étude
sur les inscriptions ogamiques de
l'Académie royale d'Irlande et du
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des anciens Celtes, XXII, 365. — A
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moderne, XXIII, 224. — L'emploi
du préfixe ro en irlandais, dans Ab-
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du corps, XIX, 90. — Étude sur
lolo Gocli, barde gallois du xiv^'
siècle, XIX, 90. — Étude sur une
collection de poèmes irlandais con-
servés à la bibliothèque royale de Co-
penhague, XIX, 5so. — Fragment
d'un manuscrit juridique irlandais
conservé à la bibliothèque royale de
Copenhague, XiX, ^^o. — Mémoire
sur un poème gaélique d'Ecosse du
genre appelé Cri.i5^«jcA^, XX, 109.
— Étude sur les visions du Bardd
Cwsc, XXI, 12^. — Des degrés de
comparaison en gallois, XXI, 125.
— Ballade ossianique du xiie siècle,
texte, traduction et commentaire,
XXI, 250. — Le subjonctif en gal-
lois, XXII, 142. — Nouvelle édition
du FUd Brkr.nd d'après le Codex
Vossianus de Leyde, XXIII, 225. —
Les gloses de Berne, XXIII, 22^.
Stokes (Whitleyj.
A. The irish version of Fierabras,
XIX, 14, 118, 2^2, 364. — The
Bodleian Amra CholutmbChilk, XX,
30, 152, 248, 400; XXI, 133. —
Da Choca's Hostcl, texte et traduc-
tion anglaise, XXI, 149, 512, 388.
— The destruction of Dâ Derga's
Hostel, XXII, 9, 165, 282, 390 ;
Glossarial index, 404. — Notes on
the Martyrology of Oengus, XXIII^
-3. — The Death of some irish héros,
XXIII, 503. — The Death of Mur-
chertach mac Erca, XXIII, 39^. —
The Battle of Allen, XXIX, 41. —
The Death of Crimthan, Son of Fi-
dach, and the Adventures of the Sons
of Eochaid Muigmedon, XXIV, 172.
— The Woving of Luaineand Death
of Athirne, XXIV, 270. — On Dr.
Atkinson's Glossary to volumes I-V
of the ancient Laws of Irehind,
XXIV, 404.
L. Traduction irlandaise de Man-
deville, XIX, 350. — Hibermca :
1" nouvelle édition des gloses irlan-
daises conservées par VEiilychiiis de
Vienne et par les ms. de la Biblio-
thèque nationale de Paris, latin 1 0400
et 1 141 I ; 2° supplément étymologi-
que à VUrk.hischcr Sprachsch.iiz,
XIX, 3^3. — The high crosSiS of
Castkdermotand Durrow, XX, 97. —
Notes sur les gloses de Saint-Gall,
XX, 108. — Wortschatz der keltis-
chen Spracheinheit, XX, 344. — Hi-
berrvica, XX, 384. — Liste d'anciens
auteurs irlandais, d'après le Livre de
Ballymote, XX!, 123. — Collation
du livre de Norris, Ancient cornish
drama, XXI, 125. — Édition du
glossaire irlandais attribué à O'Mul-
conry, XXI, 126, 127. — AcalLimh
na senorach « Dialogue des vieil-
lards », nouvelle édition, XXII, 1 14.
— Nouvelle édition du Cath Cairnn
Conaill, XXII, 140. — Édition do
VAmra Scndin, XX'], 141. — The
Old-irish Glosses at Wiirzburg and
Carlsruhe, XXIII, 96. — Thésaurus
palaeohibernicus, XXIII, 216. — Éty-
mologies de seize mots irlandais,
XXIII, 222. -^ Note sur un passage
du Cath Cairn Conaill^ XXIII, 223.
Index alpliabéti(jue.
— Les textes légaux irlandais conte-
nus dans un ms. de la bibliothèque
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XIX, 62. — Old irish iarmifoich,
i< ejiinerit », XIX, 177. — Final vo-
wels in the Félire Oengiiso, XX, 191 ,
29^. — Old irish Toglenomon, XX,
44^. — Old irish tellaim, tallaiin,
XXI, 1 76. — Infixet d in conditional
Sentences in old irish, XXI, 41 2. — Ro
with the imperfect indicative in irish.
XXIIl, 201. — The Vienna fragments
of Bede, XXIII, 40.
L. Le subjonctif en irlandais, XIX,
96. — Étude sur la soi-disant forme
absolue de l'imparfait irlandais, XIX,
5^0. — The Substantive Verb in the
Old irish glosses, XX, 81. — Mé-
moire sur la date des textes irlandais
d'après leurs formes grammaticales,
XX, 108. — Le nominatif-accusatif
pluriel des thèmes en u en celtique,
XX, 114. — Étude sur quelques
gloses de Wùrzburget deSaint-Gall,
XXI, 124. — Le vieil irlandais afn-
ihissi « de rechef, de nouveau »,
XXI, I2Ç. — L'irlandais ail, XXI,
126. — Le futur sigmatique et le
subjonctif en irlandais, XXI, 347. —
No avec fonction relative en irlandais,
XXII, 141. — Mémoire sur les temps
passés en vieil et moyen irlandais,
XXII, 2^5. — Le futur subjonctif
sigmatique dans le Lebor «j h-Uidrc ;
— le futur asigmatique redoublé et
le futur en ë dans le vieil et le moyen
irlandais, XXIII, 222. — L'ortho-
graphe du ms. irlandais de Milan,
XXIII, 224.
Strachan (John).
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Stuart(John).
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L. Note sur un tétradrachme de
Cavaros, roi gaulois de Thrace. XXIV,
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Indrx alphiibctujiic
latinae,
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L. The Celtic Wonder World,
recueil d'histoires irlandaises, gal-
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Thurneysen (R).
L. Mémoire sur l'aspiration de la
sourde initiale dans le verbe composé
irlandais, XIX, 88. — Irlandais
reicc « vente » et creicc « achat »,
X X, 89. — Commentaire sur l'in-
scription romaine de Duenos, XIX,
91. — Étude sur une inscription d'un
vase découvert à Centorbi, XIX, 9 1 .
— Le calendrier de Coligny, XX,
109. — L'âge des gloses de Wiirtz-
burg, XX, 124. — Les mots irlan-
dais lith etcliss, XXI, 2^0. — Les
noms de la semaine chez les Celtes,
XXII, 147. — Mémoire sur le verbe
celtique : 1° la particule ro ; 2° le
déponent et le passif en r; 3° le pré-
térit en t, XXII, 147. — Les adverbes
irlandais en -id, -ith, XXII, 357. —
Le / final de la 5^ personne du plu-
riel en irlandais. — La préposition
irlandaise la = Ut-os, XXiI, j6i . —
Les différentes recensions du Fléd
Bricrtnn, XXIV, 109. — Le latin
pluma, l'irlandais lomm, le gallois
llwm, féminin llom, — latin trusc,
Revue Ctllique, XIX-XXIV.
irlandais trû, — l'irlandais cet, ceaJ,
latin cëJo, — l'irlandais in-made
« en vain », madqch « inutile »,
le grec axTaio; « inutile », XXIV,
224.
Tochmarc Ferbe, XIX, 77.
Tùpinard (Paul).
Cornouaille et Bretagne, XX, 115.
Tourneur (Victor).
A. Note sur le sens juridique de
fir, XXIII, 121. — Ar Furnes ac ar
Jagrin, moralité bretonne, XXIV,
2^5. — Pangur ban, XXIV, 412.
Transactions of the Devons-
hire Association for the Ad-
vancement of Science, XXII, 145.
Transaction of the Gaelic So-
ciety of Inverness, XIX, 85.
Transactions of the honorable
Society of Cymmrodorion, XX,
386; XXI, 127; XXIV, 342.
Treenoodle (uncle Jan).
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L. Pelage et le Pélagianisme dans
les églises celtiques, XXIII, 226.
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L. Kbarck Sant-Germen, chanson
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Vendryès (J.).
L. De l'imparfait du subjonctif en
H'
Index alphabétique.
moven gallois, XXI, 130. — Ré-
flexions sur les lois phonétiques,
XXIV', III. — De hibernicis voca-
bulis quae a latina lingua originem
duxerunt, XXIV, 105. — Latin ve -
vex (vervix), irlandais fcrb, XXiV,
227, 535. — Notes de phonétique
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Verneau.
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de Burren, comté de Clare, Irlande,
XXI, 128. — Mémoire sur les
restes préhistoriques observés dans
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Philologie, XXIII, 370 ; XXIV,
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Sprachf orschung auf dem Gebiete
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XIX, 9i,353;XX,584;XXI, 130;
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Bretagne et en Irlande, XIX, 360.
— La formation des verbes modernes
en irlandais, XXI, 124. — Études
celtiques, XXI, 1 30. — Sur un pas-
sage corrompu du Tdin bô Ci'unlngi,
XXII, 141. — Kdtische Kirche, dans
Realcncyclopaciiu fiir protestantische
Théologie und Kirche, XXII, 354. —
Pelagius in Irland, XXIII, 94, 226. —
Glossae hibernicae, XXIII, 96. — Mé-
moire sur les mots gallois dans The
plejs^mt Comoedie of Patient Gnsill,
XXII. 223.— The Celtic Chirch
in Britain and Ireland, translated by
A. Meyer, XXIV, 326.
Zimmermann (A.).
L. Les traces des noms propres
d'homme indogermaniques en latin,
XX, 580.
Zupitza (E.).
L. Irlandais reicc « vente » et
creicc « achat », XIX, 89. ^ Mé-
moire sur i consonne et / en celtique,
XIX, 90. — Mémoire sur les semi-
voyelles r et / en celtique, XIX, 91 .
Mémoire sur les groupes Ip, rp en
celtique. XIX, 91. — Étymologies
celtiques, XIX, 91 . — Le participe
de nécessité en irlandais. G. R. par
L. Duvau, XIX, 24c. — Mémoire
sur le groupe rn entre consonnes,
XIX, 354. — Etymologien, XX,
383. — Des consonnes doubles en ir-
?6^
Index alphabétique.
landais, XX, 584. — Les djptiton-
gues terminées en u dans les langues
celtiques, XXll, 141. — Le traite-
ment de la sourde initiale dans les
langues néo-celtiques, XXII, ?6i. —
Latin habto, irlandais gdè/m. — L'o-
rigine du datif singulier irlandais an-
mimm « au nom >', XXII, 561. —
Note sur les diphtongues eu, ou, au
dans les langues celtiques, XXIII,
223. — Kelten und Gallien- XXIII,
223.
C. R. Lexique étymologique du
breton moderne, par V. Henry, XX'II,
568.
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