.f^a:m^
d: /^'^o
REVUE CELTIQUE
Digitized by the Internet Archive
in 2010 with funding from
University of Ottawa
littp://www.archive.org/details/revueceltique33pari
\2^
i i
A
<b
^
CEL
/
/
^
û;'-
FONDÉE
PAR
H. GAIDOZ
1870-1885
CONTINUÉE PAR
H. D'ARBOIS DE JUBAINVILLE
1886-1910
DIRIGÉE PAR
J. LOTH
Professeur au Collège de France
9
G. DOTTIN
AVEC LE CONCOURS DE
E. ERNAULT
J. VENDRYES
Doyen de la Faculté des Professeur à l'Université Chargé de cours
Lettres de Rennes de Poitiers à l'Université de Paris
ET DE PLUSIEURS SAVANTS DES ILES BRITANNiaUES ET DU CONTINENT
Année 1912. — \'ol. XXXIII
Th. 8AA0GR
^; /^^^
PARIS
LIBRAIRIE Honoré CHAMPION, ÉDITEUR
5, QUAI MALAQ.UAIS (6^)
I 9 I 2
Téléphone . 828 20
581487
SUPPLEMENT A L'ESSAI D'UN CATALOGUE
DE LA
LITTÉRATURE ÉPIQUE DE L'IRLANDE
DE
H. D'ARBOIS DR JUBAINVILLE.
Le Catalogne de la Littérature épique de F Irlande, par H. d'Ar-
bois de Jubainville a rendu et rendra aux celtistes de grands
services en les renseignant sur les manuscrits et les éditions
des textes épiques irlandais. Mais, publié en 1883, aune
époque où, si l'on met à part le premier volume des Irische
Texte de E. Windisch (1880), la masse des documents en
moyen irlandais n'avait point encore fait l'objet d'éditions
scientifiques, il a besoin d'être complété pour conserver sa
valeur pratique. Je crois honorer la mémoire du maître que
nous regrettons et épargner quelque peine aux celtistes en
publiant les notes que j'avais portées sur mon exemplaire au
fur et à mesure que paraissait un texte épique ou qu'était
signalé un manuscrit. J'ai suivi le plan et je me suis enfermé
dans les limites du Catalogue. M. Paul d'Arbois de Jubain-
ville a bien voulu me communiquer l'exemplaire annoté par
son pèreetj'ai pu y relever des détails qui m'avaient échappé.
G. DOTTIN.
BIBLIOGRAPHIE
Arbois de Jubainville (H. d'), Le manuscrit irlandais de
Paris, chez H. Omont, Catalogue des manuscrits celtiques
de la Bibliothèque nationale, Revue Celtique, t. XI, p. 389-
404.
Revue Celtique, XXXIII. i
2 G. Dottin.
DoTTiN {G. ^, Le manuscrit irlandais de Rennes, Revue Celtique,
t. XV, p. 79-91.
Gaidoz (H.), Les manuscrits irlandais d'Edimbourg, Revue
Celtique, t. VI, p. 109- 114.
Book of Ballymole (The), with introduction bv R. Atkinson,
Dublin, 1887.
Book of Lecan (The Yellow), with introduction by R. Atkin-
son, Dublin, 1896.
Mackinnon, The Glenmasan Manuscript, The Celtic Review,
t. I, p. 3-10.
Mackay (G.), Ancient Gaelic médical manuscripts. Caledonian
Médical Journal, t; VI (1904).
Meyer (K.), Addenda to Mr. de Jubainvilles Catalogue, Revue
Celtique, t. VI, p. 187-191.
Meyer (K.), Celtic Magasine, t. XII (1887), p. 208. Cf.
Revue Celtique, t. VIII, p. 189-190.
Meyer (K.), The Irish ?nss. al Cheltenham, The Academy,
mai 1890.
Meyer (K.), compte rendu de The Yellow Book of Lecan,
Zeitschrift filr Celtische Philologie, t. I, p. 493-496.
Meyer (K.), Supplément à la description du Bodleian B
512, Anecdola Oxoniensia, vol. VIII, Hibernica minora,
p. 39. Voir Stokes.
Meyer (K.), The Bodleian ms. Laud éij, Eriu, t. V, p. 7-
14.
Meyer (K.), Das Buch der Hûi Maine (Stowe collection)
Archiv fur Celtische Lexikographie, t. II, p. 138; ms. 23.
P. 3, Royal Irish Academy, ibid., p. 136.
Nettlau (M.), Irish texls in Dublin and London manuscripts,
Revue Celtique, t. X, p. 456-462.
NuTT (A.), Textes contenus dans le ms. H. 6.2, d'après
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. 3
une note de T. K. Abbott, Revue Celtique, t. XII,
p. 203.
O'Grady (St. H.), Catalogue of Irish Manuscripts in the
British Muséum. Cf. Revue Celtique, t. XXV, p. 84.
Rawlinson B. J02, with an introduction an indexes, by Kuno
Meyer, London, 1909.
Stern (L. Chr.), Le manuscrit irlandais de Leyde, Rame Cel-
tique, t. XIII, p. I.
Stern (L. Chr.), Notice d'un manuscrit irlandais de la biblio-
thèque universitaire de Giessen, Revue Celtique, t. XVI, p. 8-
30.
Stern (L. Chr.), Die irische Handschrift in Stockholm, Zeitschrift
fur Celtische Philologie, t. I, p. 115-118.
Stern (L. Chr.), Ueber eine Sammlung irischer Gedichte in
Kopenhagen, Zeitschrift fiir Celtische Philologie, t. II, p. 323-
372.
Stokes (Wh.), The Irish verses, notes and glosses in Harleian
. 1802. Revue Celtique, t. VIII, p. 346-347.
Stokes (Wh.), Description du Livre de Lismore dans Lives
of saints from the Book of Lismore, Oxford, 1890, p. v.
Stokes (Wh.), Description du RawHnson B 512 dans The
tripartite life of Patrick, p. xiv-xliii. Voir K. Meyer.
Stokes (Wh.), Description du manuscrit de Bruxelles 5100-
4 dans Félire hUi Gormain, London, 1895, p. vu.
Zimmer (H.), Gôttingische Gelehrte An^eigen, mars 1887,
p. 153 et suiv. (compte rendu du Catalogué).
Zimmer (H.), Beschreibung der Handschrift F. C. (Liber
hymnorum des Franciscains de Dublin), Keltische Studien,
t. I, p. 13-16.
4 G. Dotlin.
SUPPLÉMENT
(On n'a pas tenu compte, pour l'ordre alphabétique, des
voyelles adventices de l'orthographe irlandaise ni de la
notation moderne des consonnes.)
AccALLAM. Voir Agallamh.
Agallamh Coluimchîlle 7 ind oclaig.
Manuscrits : xyi*-' s. Dublin, Trinity Collège, H. 3. 18.
Imprimés : Publié et traduit par Kuno Meyer, Zeitschrift
fiir Cehische Philologie, t. II, p. 313-320.
Agallamh Cormaic 7 Fithil.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Hibernica
Minora, p. 82-83.
Agallamh na n-oinmide. VoiriMMTECHTANA n-oinmhididhe.
Agallamh Oisin 7 Phadruig.
Manuscrits : Edimbourg, Advocates' library 62 ; —
xvn' s. Giessen 1267, f° 56 v°.
Imprimés : Cf. Cameron, Reliqniae Celticae, t. I, p. 16^.
The Dean of Lisinorcs Book, V éd., p. no, m, 143.
Agallamh na Senôrach.
Manuscrits : xv* siècle. Livre de Lismore, f° 159 a-197 '-"'
(fragments). — xx" s. Oxford, Bodleian librarv, Laud 610,
f° 123 a-146 b (fragments). — xV s. Dublin, Franciscains,
n°2 (n° 27 de Gilbert), f° 1-129 a.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 94-233; t. II, p. 101-265; publié par
Wh. Stokes, Irische Texte, t. IV, p. 1-438 avec traduction
des parties non traduites par O'Grady.
Agallam in da suad ou Immacallam in da thuarad.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XXVI, p. 4-64.
Adbar na Tàna, section du Tâin bô Cualnge.
Aed Baclam. Voir Stair etc.
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. 5
AlDED AlLELLA J CONAILL CeRNAIG.
Manuscrits : xiV^ s. Edimbourg, Advocates' library 40,
p. 3-5. — xV s. Dublin, Trinity Collège, H. 2. 17, f" 475
b-476 b.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Zeitschrift
fur Celtischc Philologie, t. I, p. 1 02-1 11.
AiDED Athairne ou Tochmarc Luaine.
Manuscrits : xv<= s, Dublin, T. C, H. 2. 17, p. 464,
col. 2.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XXIV, p. 270-287.
AiDED Ceit maic Magach.
Manuscrits : xiV^ s. Edimbourg, Advocates' library 40,
p. 7-8.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, The Death-tales
of the Ulsfer heroes, Dublin, 1906 (Todd lecture Séries,
t. XIV), p. 36-42.
AlDED CeLTCHAIR MAIC UlTHECHAIR.
Manuscrits : xiv= s. Edimbourg, Advocates' library 40,
p. 9-11.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Death Taies,
Todd Lecture Séries, t. XIV, p. 24-31.
AlDED CHLOINNE LlR.
Manuscrits : xvrii^ s. Edimbourg, Advocates' library 56.
Imprimés : Le texte d'O'Curry a été réimprimé par la
Society for the préservation of the Irish language, Dublin.
AlDED CHLOINNE TuiREND.
Manuscrits : xviii« s. Edimbourg Advocates' library 56.
Imprimés : La traduction d'O'Curry a été réimprimée
dans The Gaelic fournal, t. II, p. 131-135, 176-183, 235-
238, 260-269.
AlDED CHLOINNE UiSNIG,
Manuscrits : xvi* s. Edimbourg, Advocates' library 48.
— Fin du xV s. Edimbourg, Advocates' library, 53 (Gle-
6 G. Dottiti.
nmasan nis.). — xvllI^s. Edimbourg, Advocates' library 56
(Peter Turner n° 3). — xviir s. Edimbourg, Advocates'
library 62 (poème). — Dublin, R. I. A. StoweSéj, f" 186 a.
Imprimés : La seconde rédaction a été publiée et traduite
par Wh.Stokes,7mr/;^ Texte, t. II, p. ioi-iS/\. La première
rédaction a été traduite par Thurneysen , Sagen aus demalten
Iiiand,p. 1 1-20. Cf. Miss Hull, The Cuchullin Saga, p. 23-
53. Voir aussi Cours de littérature celtique, t, V, p. 217-236,
236-252,252-286 ; Leahy, Heroic romances of Ireland, 1905,
t. I, p. 89-109; Cameron, Reliqniae Celticae, t. Il, p. 421-
463 ; Mackinnon dans The Ccltic Revieiv, t. I, p. 12-17, 104-
131, cf. Revue Celtique, t. XXVI, p. 268-270. Une rédac-
tion moderne a été publiée par la Society for the préserva-
tion of the Irish language, OideChloinne Uisnigh, Fate of the
Chiidren of Uisneach, Dublin, 1898; cf. Revue Celtique,
t. XVI, p. 426-449; D. Hyde, Zeitschrift fiir Celtische Phi-
lologie, t. II, p. 138-155; A. Carmichael, Deirdire and the
lay of the chiidren of Uisne orally coUccted in the island ofBara
and literally Iranslated. London, 1905 {Transactions of the
Gaelic Society of hiver ness, t. XIII, p. 241-257); Celtic Maga-
:^ine, t. XIII, p. 69-85, 129-138; Leabhar na Feinne, p. 19-
29.
AlDED CONAILL CeRNAIG. Cf. AlDED AlLELLA.
Manuscrits : xiV^ s. Edimbourg, Advocates' library, 40.
AlDED CONCHOBAIR.
Manuscrits : 1300 Dublin, R. I. A., D. 4. 2. (Stowe,
992), f° 54 a 2. — xvi'^ s. Edimbourg, Advocates' library,
40, p. 1-3.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, The Death-
tales of the Ulster heroes, Todd lecture séries, t. XIV, p. 2-
22. — Traduit par H. d'Arbois de Jubainville, Cours de litté-
rature celtique, t. V, p. 366-373 ; chez Miss Hull, The Cuchul-
lin Saga, p. 267-272, et par R. Thurneysen, Sagen aus
dem ait en Irland, p. 69-72.
AlDED CONCULAINN.
Manuscrits : xV s. Edimbourg, Advocates' library, 45.
— XYii"^ s. Edimbourg, Advocates' library 38.
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. y
Imprimés : publié et traduit en partie par Wh. Stokes,
Revue Celtique, t. III, p. 175-185; traduit par H. d'Arbois
de Jubainville, Cours de liltérature celtique, t. V, p. 326-
365. Cf. Miss Hull, The Cucbullin Saga, p. 253-263.
AlDED CONLAOICH OU AlDED ÉNFHIR AlFI.
Manuscrits : xvii'^ s. Edimbourg, Advocates' library, 38.
— XVIII* s. Edimbourg, Advocates' library, 62 .
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Eriu, t. I,
p. 113-121. — Rédaction moderne publiée et traduite par
G. Dottin, Revue Celtique, t. XIV, p. 119-136. — Cf.
Cameron, Reliquiae Celticae, t. II (1892), p. 59-62; H.
d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature celtique, t. V,
p. 51-65. The dean of Lismores Book, i* éd,, 1862, p. 35,
36, 50-53; J.-F. CampheW, Leabbar na Feinne, 1872, p. 9-16.
AlDED CONROI MaIC DaIRI.
Manuscrits : xv= s., Oxford, Bodléienne, Laud 610,
f° 117 a 2-117 b. Cf. Revue Celtique, t. VI, p. 187.
Imprimés : publié et traduit par R. I. Best, Eriu, t. II,
p. 18-35.
AlDED CrIMTHAINN MAIC FiDAIG J TRI MAC EcHACH Mui-
GMEDÔIN.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XXIV, p. 172-207; et par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I. p. 330-336; t. II, p. 373-378.
AlDED DeRBFORGAILL.
Manuscrits : xii'^ s. Dublin, R. I. A., Livre de Leinster,
p. 125 a; — D. 4. 2. (Stowe 992), f° 54 b i.
Aided Diarmata meic Fergusa Cerrbeoil.
Manuscrits : 1390, Dublin, T. C, H. 2. 16, p. 171 ; —
xv^ s. Livre de Lismore, f° 94 b.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 72-82 ; t. II, p. 76-88.
Aided Echdach maic Maireda.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 233-237, t. II, p. 265-269.
8 G. Dottiu.
AiDED Hxi-iR Airi. Voir Aided Conlaoich,
AiDED Etarcomail, scction du Tàin bô Cualnge.
Aided Fergusa maic Léide ou Echtra Fergusa.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 238-252; t. II, p. 269-285. Cf. H. d'Ar-
bois de Jubainville, Zeitschrift fi'tr Celtische Philologie, t. IV,
p. 456-461.
Aided Fergusa maic Roig.
Manuscrits : xiv^ siècle, Edimbourg, Advocates' library,
40, p. 5-6.
Imprimés : K. Meyer, The Dcath-tales cj the Ulster
Herocs, Todd lecture séries, t. XIV, p. 32-35.
Aided Find. Voir Tesmholta Corbmaic.
Manuscrits : première rédaction, xv'' s. Oxford, Bod-
léienne, Ra\vlinson B. 487 (c'est un épisode du Cath
Finktraga).
Deuxième rédaction ou Tesmholta Corbmaic Ui Cuinn.
xv^ s. Londres, British Muséum, Egerton 1782, f° 24 b 2 ;
— xv= s. Oxford, Bodléienne, Laud 6io_, f° 121 b i.
Imprimés : Deux fragments de la première rédaction ont
été publiés et traduits par K. Meyer, Zeitschrift filr Cel-
tische Philologie, t. I, p. 462. La seconde rédaction a été
publiée et traduite par St. H. O'Grady, Silva Gadelica, 1. 1,
p. 89-92; t. II, p. 96-99.
Aided Fir baith, section du Tain bô Cualnge.
Aided Guill maic Carbada 7 Aided Gairb Glinde Rige.
Manuscrits : xiv'^ s. Edimbourg, Advocates' library 40,
p. 29-37.
Imprimés : Extrait publié et traduit par Zimmer, Stein-
meyer s Zeitschrift, t. XXXII, p. 208-216; en entier publié
et traduit par Wh. Stokes, Revue Celtique, t. XIV, p. 396-
449-
Aided in togmaill 7 in pheta eoin, section du Tàin bô
Cualnge.
Aided Lôich maic Mofemis, section du TAin bô Cualnge.
Catalogue de la Uttèratiire épique de l'Irlande. 9
AiDED Loch A, section du Tâin bô Cualnge.
AlDED LOEGAIRI BuADAIG.
Manuscrits : xiv^ s. Edimbourg, Advocates' library, 40,
p. 8-9.
Imprimés : Publié et traduit par K. Meyer, The Death-
tales of thc Ulster Heroes, Todd lecture séries, t. XIV,
p. 22-23.
AlDED LUGDACH J DeRBFORG AILLE.
Manuscrits : xii' s. Dublin, R. I. A., Livre de Leinster,
125 a; — 1300, Dublin, R. I. A., Stowe 992 (D. 4. 2),
f° 54 b I ;— xvi^ s. Dublin, T. C, H. 3. 18, f° 728.
Imprimés : publié et traduit par C. Marstrander, Eriu,
t. V, p. 201-218.
AlDED Maelfathartaig. Voir Fingal Ronain.
AlDED MaELODRAIN MIC DlMA ChROIN.
Manuscrits : xii' s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B.
502, f° 47 b I ; — xiv'-xV s. Rawlinson B 512, f° né a, i.
Aided Meidbe (Medba).
Manuscrits : xiV s. Edimbourg, Advocates' library, 40,
p. 6-7.
Aided Muircheartaig maic Erce.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XXIII, p. 395-438.
Aided Nathcrantail, section du Tain bô Cualnge.
Aided Nathi 7 a adnacol.
Manuscrits : xv^s. Livre de Ballymote, p. 248 a, 42.
Aided Néill maic Echach.
Manuscrits : xii^ s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B
502, f° 47 a 1-47 a 2. — xiv^-xv-" s. Oxford, Bodléienne,
Rawlinson B. 512, f M a i (fragment).
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Otia Mer-
seiana, t. II, p. 84-92 ; Archiv fur Celtische Lexikographie,
t. III, p. 323-324.
Aided na maccraide Ulad, section du TAin bô Cualnge.
lo G. Dottin.
AiDED OrlaIxM, section du Tain bo Cualnge.
AlDED NA TRI X-AeD.
Manuscrits : 1300, Dublin, R. I. A., D. 4. 2. (Stowe
992)f° 54 b I.
Imprimés : publié par K. Meyer, Anecdota ftom Irish
manuscripts, t. III, p. 47-48.
AiDED Oengussa m Aie Oenlama, scction du Tain bô
CUALNGE.
AiDED TRI MAC n-Arach, scction du TAiN BÔ Cualnge.
AlDED TRI MAC N-DiARMATA MIC CeRBAILL, OU OrGAIN
etc.
Manuscrits : xii' s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B 502,
f° 73 b-74 b. — xiv'^-xv"^ s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson
B 512, f'' 115 bi, p. 70-75.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Hibernica
Minora, p. 70-75.
Aided Ualand, section du Tain bô Cualnge.
Alexandre. Voir Scéla, etc.
AiLiLL 7 Etain. Voir Tochmarc Etaine.
Amra Chonroi.
Imprimés : publié par Wh. Stokes, Eriii, t. II, p. 1-14.
Airec Menman Uraird maic Coisse.
Imprimés: publié par M. E. Byrne, Anecdota J roui Irish
manuscripts, t. II, p. 42-76.
Airecur n-arad, section du Tain bo Cualnge.
AlREM MUINTIRE FiND.
Manuscrits : 1390, Dublin, T. C, H. 2. 16, col. 768-
770, p. 119.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
GadeJica, t. I, p. 92-96; t. II, p. 99-101. Cf. The Dean of
Lismore's Book, 1^ éd. p. i, 2, 3.
Airne Fingin.
Imprimés : publié par A. M. Scarre, Anecdota froin
Irish manuscripts, t. II, p. i-io.
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. 1 1
ASLINGE CONCHOBAIR. Voir FlS CONCHOBAIR.
AiSLINGE M Aie CONGLINNE.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, The Vision oj
Mac Conglinm, London, 1892 ; traduit par R. Thurneysen,
Sagen ans deni allen Irland, p. 1 31-147. Une version en
irlandais moderne a été publiée par P.O' Leary, An Craos
Demhan, Dublin, 1905.
AiSLINGTHI CONCHOBUIR.
(Histoire d'introduction au Tâin Bô Cualnge d'après ms.
Stowe 992, f° 49 b 2).
AiTHED Emere le Tuir n-Glesta mac rig Lochlann.
Manuscrits : Dublin, R. I. A., D. 4. 2 (Stowe 992),
f° 84 b 2.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Revtie Cel-
tique, t. VI, p. 184-185, cf. 190.
AlTHED GrAINNE RE DlARMAIT.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Zeitschrift
fur Cehische Philologie, t. I, p. 458. Cf. The Dean of
Limore's Book, r'^ éd. p. 20, 21, 30. Cameron, Reliquiae Ccl-
ticae,x..l, p. j2-jy, Leahhar na Feinne, p. 151.
Baile bic Maic De,
Manuscrits : xiv-' s. Dublin, T. C, H. 2. 16; — i$6o,
Londres, B. M., Harleian 5280, f" 41 b.
Baile Binnberlaig. Voir Scél etc.
Baile Cuinn Chetchathaig ou Baile in Scail.
Imprimés : publié par K. Meyer, Zeitschrift fiir Celtische
Philologie, t. III, p. 457-466.
Baile Findachta rig Connacht.
Manuscrits : xiv^s. Dublin, R.I. A., Livre de Ballymote,
p. 266.
Bangleo Rochada, section du Tain bô Cualnge.
Barralam. Voir Stair, etc.
Bas Fhraoich.
Imprimés: The Dean of Lisnwres Book, éà. Mac Laugh-
lan, p. 36, 54. Leahhar na Feinne, p. 32-33.
12 G. Dottin.
BAS Bhrain- 7 Dhiarmaid.
Imprimés : publié et traduit par D. Mac Donald, The
Cellic Review, t. VI, p. 131.
BAS AN MACAIM MOIR, MIC RIGH NA H-EaSPAINE.
Imprimés : publié et traduit dans An Gaodhal, t. XIX,
p. 1 39-141, 203-204.
BEDE. Historia ecclesiastica gentis Anglorum.
Manuscrits : xv^ s. Oxford, Bodléienne, Laud 610. f° 87
b 1-92 a I (fragment).
Imprimés : publié par K. Meyer, Zcitschrift fur Celtische
Philologie, t. II, p. 321-322.
BiBUis o Hamtuir (Bethadh). Bevis de Hampton.
Manuscrits : xv*' s. Dublin, T. C, H. 2. 17, p. 348 a-
363 b.
Imprimés : publié et traduit par F. N. Robinson, Zeii-
schrifi fi'ir Celtische Philologie, t. VI, p. 173.
BODACH IN CHOTA LACHTNA.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O' Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 289-296; t. II, p. 324-331.
Boroma .
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XIII, p. 32-117 et par St. H. O'Grady, Silva Gade-
lica, t. I, p. 359-390; t. II, p. 401-424.
Briatharthecosc CoNCULAiND, épisode du Serglige Concu-
LAIND.
BrISLECH MGR MAIGE MURTHEMNE, SeCtion du TÀlN BO
CUALNGE.
Imprimés : en partie traduit chez Miss Hull, The Cuchiil-
liii Saga, p. 236-249; publié dans The Gaelic Journal,
t. XI, p. 81, 145, 161, 177.
Bruiden Atha.
Manuscrits : 1300 Dublin, R. 1. A., Stowe 992, f° GG a
-— 66 a 2. — XIV' s. Dublin, T. C, H. 2 16, p. 212, col.
95ï-
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. 13
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Revue Cel-
tique, t. XIV, p. 241-249.
Bruiden bheg na h-Almaine.
Manuscrits : Londres, B. M., Additional 18.747; —
Dublin, R. I. A., Stowe 867, f° 248 a.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O' Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 336-342; t. II, p. 378-385.
Bruidhean Chaorthainn.
Manuscrits : 1603, Edimbourg, Advocates' library 34. —
xvii^ s. Edimbourg, Advocates' library, 38. — xviii^ s.
Edimbourg, Advocates' library, 58.
Imprimés : publié par P. Mac Piarais, Dublin, 1908. Cf.
Campbell, Zm/;/;ar ua Feinne, p. 86-88; West Highland taies,
t. II, p. 186. Craigie, The Scottish Revieiu, 1894, P- -75"
276, 287-295. Joyce, Old Celtic romances, p. 177-222.
Bruidhean Cheise Corain.
Manuscrits : Londres, B. M., Additional 18.747, f" 75 b.
— Edimbourg, Advocates" library 36.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O' Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 306-310, t. II, p. 343-347; cf. Irish Echo
de Boston, t. IV, n" 2 ; The Scottish Reviau, 1894, P- ^75,
277-279.
Bruiden Da Chocae. Voir Togail bruidne Da Choca.
Bruiden Da Dergae. Voir Orgain bruidne Da Dergae.
Bruidhean Eochdach Bhig Dheirg.
Manuscrits : xviii^ s. Edimbourg, Advocates' library 56.
Imprimés : O'Brien, Blaithfhleasg de Mhilseàinibh na Gaoi-
dhelge, p. 129. Cf. The Scottish Review, 1894, p. 276,
279-287.
Caladgleo Cethirn, section du Tain bô Cualnge.
Cano mac Gartnain. Voir Scéla etc.
Cairdius Aenias 7 Didaine, épisode de Imtheachta Aeniasa.
Imprimés : publié et traduit par T. H. Williams, Zeit-
schrifl fur Celtischc Philologie, t. II, p. 419-472.
Ï4 G. Dot tin.
Cath Almaine.
Manuscrits : xvii' s. Bruxelles, Bibliothèque royale, 5301-
20.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XXIV, p. 41-70.
Cath Airtig.
Manuscrits : xvr s. Dublin, T. C. H. 3, 18, p. 724.
Cath Boindi ou Ferchuitred Medba.
Manuscrits : Oxford, Bodléienne, Rawl. B 512, f° i a-2
a 2 — Lecan 35 r b-353 a. — Dublin, R. I. A., C. I. 2
(Stowe 872).
Imprimés : publié et traduit par J. O. Neill, Eriii, t. II,
p. 174-185.
Cath Cairnn Chonaill.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Zeitschrift
fur Celtische Philologie, t. III, p. 203-219.
Cath Catharda ou Cogad siuialta na Romanach (Pharsale
de Lucain).
Manuscrits : 1300 Dublin, R. I. A.,D. 4. 2 (Stowe 992)
p. 1-44. — Edimbourg, Advocates' library 46 (fragment).
— 1633. Dublin, R. I. A., C. 6. 2. (fragment). — 1698
DubHn, R. I. A., 24 P. 3. — Dublin, R.'l. A., 24 P. 17.
— Dublin R. I. A.,D. i. i.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Irische
Texte, IV, 2.
Cath Cinn-abrad.
Imprimés : publié par A. M. Scarre, Anecdota from Irish
manuscripts, II, p. 76-80.
Cath Crinna.
Manuscrits : xv*^ siècle. Livre de Lismore, f" 121 a-
123 a.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O' Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 319-326 ; t. II, 359-368.
Cath Finn Tragha.
Manuscrits : Edimbourg, Advocates' library 58 ; — Chel-
tenham, Phillips 6467.
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. 15
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Anecdota
Oxoniensia, Mediaeval and modem séries, vol. I, part IV,
1885.
CaTH FORGAIRID ACUS IlGÂIRIG.
Manuscrits : cité dans le livre de Leinster 95 a 38, 44.
51 ; 102 b, II ; 103 a 23 ; 107 a 15.
Imprimés : Cf. Revue Celtique, t. VI, p. 188.
Cath Gabhra.
Imprimés : The Dean of Lismores hook, T' éd. p. 24, 25,
32, 33, 35, 48.
Cath Gairighi, section du Tain Bô Cualnge,
Cath Maige Mucrime ou Fotha Chatha Mucrama.
Manuscrits : xvii^ s. Edimbourg, Advocates' library 38
(3= rédaction). — xV s. Oxford, Bodléienne, Laud 610, i° 94
d 17-97 ^ 26 (2' rédaction). — 171 5 Londres, British
Muséum, Egerton 106, f° i6b-25 a (3^ rédaction); — Eger-
ton 150, f° 58b-8i a (3^^ rédaction); — Additional 18.947
f° 56 b 74 b (3« rédaction); — Egerton 118, f° 38 a-48 b
(3^ rédaction); — Egerton 114, f° 46 a-53 b(3^ rédaction).
— XVIII' s. Cheltenham, Phillips 10.278; — Phillips 6467.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 310-318; t. II, p. 347-359 et par Wh.
Stokes, Revue Celtique, t. XIII, p. 426-474; t. XIV, p. 95-
96; Cf. The Gaelic Journal, Sept. 1907 — avril 1908.
Cath Muigi Rath. Cf. Fled Dùin na n Géd.
Manuscrits : Première rédaction : xiV s. Dublin, T. C,
Livre jaune de Lecan H. 2. 16 ; — Dublin, R.I. A., Stowe
23 k, 44; — Dublin, R.I. A., BIV, i ;— Dublin,R. LA.,
Reeves 24 P. 9. — Bruxelles. — Deuxième rédaction :
1390, Dublin, Livre jaune de Lecan, col. 945.
La deuxième rédaction a été publiée et traduite par
C. Marstrander, Eriu, t. V, p. 226-247.
Cath Maige Tured na Fomorach.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XII, p. 52-130, 306; traduit par H. d'Arbois de
Jubainville, Cours de littérature celtique, t. V, p. 393-448.
i6 G. boltm.
Cath na tana i-Selmain Mide.
Manuscrits : xii« s. Dublin, R. I. A. Livre de Leinster97
a 17.
Cath Ruis na Rig.
Imprimés : publié et traduit par E. Hogan (Royal Irish
Academ}', Todd lecture séries, t. IV). Cf. The Acadewy,
22 juillet 1893.
Cathreim Cellachain Caisil.
Imprimés : publié et traduit par Al. Bugge, The viclo-
rioiis career of CeUachan of Cashel, Christiania, 1905.
Cathreim Chonghail Claringhnigh.
Imprimés : publié avec introduction, traduction, notes
et glossaire par P. M. Mac Sweeney, London 1904 (Jrish
Texts Society V).
Cennach ind ruanada in Emain Mâcha (épisode final du Fled
Bricrend).
Manuscrits : xiv^ s. Edimbourg, Advocates' library 40,
p. 69-72.
Imprimés : publié par L. Chr. Stern, Revue Celtique, t.
XIII, p. 28-31 ; publié et traduit par K. Meyer, Revue Cel-
tique, l. XIV, p. 450-459 ; cf. Celtic Maga~ine, t. XII, p.
215-218.
Ces noinden (ou Noiden) Ulad.
Manuscrits : Dublin, R. I. A., Stowe 872 (CI. 2) f° 15
a 2. — Dublin, R. I. A., Stowe 869 (B. 4. 2) f° 127 b.
Imprimés : publié et traduit par Hennessy chez S. Fer-
gusson, Congal, 1872, p. 92 ; par E. Windisch, Abhandluii-
gen der Kôniglich-Sàchsischen Gesellschaft der Wissenschaften,
philologisch- historische Classe, 1884, p. 338-342; traduit par
Thurneysen, Sageii aus dem alten Irland, p. 21-24; P^''
H. d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature celtique, t. V,
p. 32Q-325. Cf. miss HuU, The Cuchullin Saga, p. 95-100.
Cinnit Ferchon, section du Tâin bô Cualnge,
Clesa Conculaind.
Manuscrits : 1390 Dublin, T. C.,H. 2. 16, p. 125.
Cnlalogiic ilf 1(1 lit Icral lire épique de V Irlande. 17
C61R Anmaxn.
Manuscrits: première rédaction: 1500 Dublin T. C, H.
3. 18. — Seconde rédaction : xiv^ s. Dublin, R. I. A.,
Livre de Ballymote, p. 249 a-255 ^- ~~ ^^^ s. Dublin, R.
LA., 23. P. 2, p. 441-447; — Edimbourg, Advocates'
library, Kilbride IIL
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Irische
Texte, t. III, p. 283-444.
COMAIRLE CONNACHT O RO GHAB MeDHB lIuDH 7 BIADH dI
(histoire d'introduction au Tain b6 Cualnge d'après ms.
Stowe 992, f° 49 b 2).
COMPERT CONCHOBAIR.
Manuscrits : 1300, Dublin, R. I. A., D. 4. 2 (Stowe
992), f° 48 a 2-48 b 2. — xvr s. Dublin, T. C, H. 4.
22, f° 42 a.
Imprimés : publié et traduit par K, Meyer, Revue Cel-
tique, t. VI, p. 173-182. Cf. miss Hull, The Ciichiillin
Saga, p. 3-6 ; traduit chez H. d'Arbois de Jubainville,
Cours de littérature celtique, t. V, p, 3-21 et par Thurney-
sen, Sagen aus dein alten Irland, p. 63-65.
COMPERT CONCULAINN. Voir FeIS TIGI BeCCFHOLTAIG.
Manuscrits : 1300, Dublin, R. I. A., D. 4. 2 (Stowe
992), f° 49 a. — Dublin, T. C, H. 4. 22, p. 41.
Imprimés : Zeitschrift fiir Celtische Philologie, t. V, p. 500-
504; traduit par R. Thurneysen, Sagen aus dem alten
Irland, p. 63-65 ; traduction critique par Duvau, Revue Cel-
tique, t. IX, p. I, et Cours de littérature celtique, t. V, p. 22-
38. Cf. Zimmer, Zeitschrift fiir vergleichende Sprachforschuug,
p. 419-426. Miss Hull, The Cuchullin Saga, p. 15-20.
COMPERT CONLAICH (épisodc du ToCHMARC EmERe).
CoMPERT CORMAIC HUI CuiND OU GeNEMAIN CoRMAIC.
Manuscrits : 1390 Dublin, T. C, H. 2. 16, p. r8o.
Imprimés : St. H. O'Grady, Silva Gadelica, t. I, p.
253-256; t. II, p. 286-289.
Revue Celtùjue, XXXIII. 2
iR G. Dot tin.
CoMPERT MoNGAiN. Voir aussi Serc DuiBE Lâcha.
Imprimés : publié et traduit par K . Meyer, The voyage,
of Bran, London, 1895, P- 4-~45 (Grimm librarv IV).
COMRAC CLAINNE CaLATIN, SCCtion du TÂIN BO CUALNGE.
COMRAC CONXULAIND RE SeNBECC HuA N-EbRICC.
Manuscrits : 1^00, Dublin, R. I. A., D. 4. 2 (Stowe
992),!° 50 b I.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Rei'tic Cel-
tique, t. VI, p. 183-184.
CoMRAC Ferguso, section du Tàin bô Cualnge.
CoMRAC Fhirdead, scction du Tàin Bô Cualnge.
Imprimés : traduit par Leahy, Heroic Romances of Ire-
land, t. I, p. 1 13-159. Cf. Nettlau, Revue Celtique, t. X,
p. 330, t. XI, p. 23, 318.
CoMRAC Lairine, section du Tàin bô Cualnge.
CoMRAC Leathain fri Coinculainn, section du Tàin bô
Cualnge.
CoMRÀD CHINDCHERCHAILLE, section du Tàim bô Cualnge.
COMRANN NA ClÔENFERTA.
Manuscrits : Oxford, Bodléienne, Rawlinson B 502, p
134 a 40.
COMTHOTH LOEGAIRI CO CRETIM 7 A AIDED,
Imprimés : publié et traduit par Ch. Plummer, Revue
Celtique, t. VI, p. 162-172.
CoNCHOBAR MAC Nessa. Voir Scéla etc.
COPHUR IN DA MUCCIDA.
Imprimés : publié et traduit par E. Windisch, Irische
Texte, t. III, i, p. 230-275.
CuRATHMiR Emna Macha, épisodc du Fled Bricrend.
Dergruathar Chonaill Cernaig. Voir Aided Conculainn.
Imprimés : publié dans The Gaelic Journal, t. XI, p. i,
I7> 33. 49> 65.
Calalogiic de la littérature épique de r Irlande. 19
DiNNSENCHAS.
Imprimés : The Dinnsenchas of Mag Slecht, edited and
translated by Kuno Meyer, chez Nutt, The Celtic doctrine
of rebirt h, London, 1897, p. 301 ; The Bodleian Dinnshenchas ,
edited and translated by Wh. Stokes, Folklore, t. III, p.
467-516; The Edlnhiirgh Dinnshenchas, edited and transla-
ted by Wh. Stokes, Folklore, t. IV, p. 471-497 ; The prose
taies in the Rennes Dindshenchas , edited and translated by
Wh. Stokes, Revue Celtique, t. XV, p. 272-336, 418-484;
t. XVI, p. 31-83, 135-167 ; 269-312 ; Poemsfrom the Dind-
shenchas, The metrical Dindshenchas, text and translation by
Ed. Gwynn, Royal Irish Academy, Todd lectures séries,
t. VII-IX).
DOLUID DiARMAIT MAC CeRBAIL FECHT N-AII.E.
Manuscrits : xir' s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B.
502, .f° 47 b 2.
Duanaire Finn
Manuscrits : 1628 Dublin, Franciscains n° 2 contient
dans sa seconde partie une collection de '69 poésies ossia-
niques, f° 1-94.
Imprimés : publié et traduit par Eoin Mac Neill, Dua-
naire Finn, the hook of the lays of Fïoiin, London, 1908
(Irish texts Society VII).
Echtra Airt Maic Cuinn 7 Tochmarc Delbchaim ixgine
MORGAIN.
Imprimés : publié et traduit par R. J. Best, Eriu, t. III,
p. 150-173.
EcHTA Brain maic Febail
Manuscrits : xiv^-xv= s. Oxford, Bodléienne, Rawlin-
sonB. 512, f"" 119 a I -120 b 2. — xvi^ s., Londres, B. M.
Harleian 5280, f° 43 a-44 b. — xvi^ s. Stockholm, biblio-
thèque royale, f° i b.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, The Voyage
of Bran, London, 1895, p. 1-42 (Grimm library IV).
EcHTRA IN CHETHARNAIG CHAOILRIABAIG NO CHETARNAIG Ul
DOMNAIL DO RÉIR DRUINGE.
20 G. Dot tin.
Imprimés : Silva Gadelica, t. I, p. 276-289 ; t. II, p. 31 1-
324; Revue celtique, t. XVI, p. 15.
ECHTRA CHLOINXE RiGH NA H-IORRUAIDHE.
Imprimés : publié et traduit par D. Hyde, London 1899:
Advent lires of the chilàren of the King of Nonuay (Jrish texts
Society, t. I).
EcHTRA ChONAILL GhULBAIX.
Manuscrits : wui" s. Cheltenham, Phillips 10841.
ECHTRA CoNNLA ChAIM OU RUAID.
Manuscrits : xiv^-xv^ s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson
B. 512, f° 120.
Imprimés : traduit par H. d'Arbois de Jubainville, Cours
de littérature celtique, t. V, p. 385-390, et par R. Thurneysen,
Sagen ans dem alten Irlaiid, p. 73-76, d. J. Jacobs, Celfic
fairy taies, p. 1-4.
EcHTRA CoRMAïc (Maic Airt) I tIr tairxgiri j Ceart Clai-
DIB CoRMAIC.
Manuscrits : xV s. Dublin, R. I. A., Livre de Fermoy
(fragment).
Imprimés: publié et traduit par Wh. Stokes, Irische
Texte, t. III, i,p. 183-229.
ECHTRA FeRGUSA MAIC LeTI OU AlDED FeRGUSA.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O' Grady, Silva
gadelica, t. I, p. 238-252, t. II, p. 269-285.
EcHTRA FiND.
Manuscrits : xvi' s. Leyde, Vossii cod. lat. 7, f° ir"-2r°.
Imprimés : publié et traduit par L. Chr. Stern, Revue Cel-
tique, t. XIII, p. 5-22. Cf. Wh. Stokes, Find and the Phan-
toms (Revue Celtique, t. VII, p. 289).
Eachtra ak ghiolla dheacair.
Manuscrits : 1765 Londres, B. M., Additionnai 34. 119.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O' Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 257-275; t. II, p. 292-311. Cf. The Gaelic
Journal, t. X, p. 464, 483, 495, 512, 538, 545, 557, 574,
588, 604.
Cdtiiloi^iie de 1(1 Uttcviiiitrc épique de Flrhiude. 21
Eachtra Ghiolla an Fhiugha.
Manuscrits : xviii'^ s. Cheltenham, Phillips 10839.
Voir aussi l'édition de l'Irish Texts Society, p. viii et xi.
Imprimés : publié et traduit par D. Hyde, The lad of the
fende {Irish texts Society, I). London, 1899.
EcHTRA Laegaire meic Chrimthainn go Mag Mell ou SiD
FlACHNA.
Manuscrits : xV s. Livre de Lismore, f. 125 a.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 256-257 ; t. II, p. 290-291.
EcHTRA MAC EcHDACH MuiGMEDOIN. Voit AlDED CtC.
Imprimés : St. H. O'Grady, Silva Gadelica, t. I, p. 32e-
330; t. II, p. 368-373. M. Joynt, Eriu, t. IV, p. 91-111,
a publié et traduit un poème sur ce sujet.
EcHTRA Mâcha ingine Aeda Ruaid (épisode du Tochmarc
Emere).
Manuscrits : xii"- s. Dublin R. I. A. Livre de Leinster 20 a
(do flathiusaibh Erend). — xV s. Oxford, Bodléienne,
Laud 610, f^ 84 a 2. — 1300 Dublin, R. I. A., D. 4. 2.
(Stowe 992), f° 81 a 2.
Echtra an mhadra mhaoil.
Manuscrits : xV^ s. Londres, B. M., Egerton 1872 (cf.
Revue Celtique, t. X, p. 179).
Imprimés : publié et traduit par R. A. Stewart-Macalis-
ter, Tiuo Arthurian romances, London 1908 (^Irish texts
Society, X).
Echtra Mhic an Iolair.
Imprimés : publié et traduit par R. A. Stewart Macalis-
ter, Two Arthurian romances, London 1900 (Jrish texls
Society, X).
Echtra Mhic na miochomairle.
Manuscrits : traduction par O'Reilly dans le ms. 24 D 15
de la Royal Irish Academy.
Echtra Nerai (ou Tain Bo Aingen).
Manuscrits: xiv' s. Dublin, T. G., H. 2. 16, col. 658-
22 G. Dot tin.
662. — xv^ s. Londres, B. M., Egerton 1782, f° 71 b-
73 b.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Revue Celtique,
t. X, p. 212-228; cf. t. XI, p. 210.
ECHTRA TaIDG MEIC CeIN.
Manuscrits : xv^ s. Livre de Lismore, f' 121 a- 123 a.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
gadelka, t. I, p. 342-359; t. II, p. 385-401.
Eachtra Thoirdhealbhaigh, mhic Stairx.
ALinuscrits : traduction par O'Reilly dans le manuscrit
24 C. 12 de la Royal Irish Academy.
Imprimés : publié dans Blaithfhlensg na Mhilséanaibh na
Gaoidheilge, p. 9-59.
Eachtra triur mac Righ xa h-Iorruaidiie. Voir Eachtra
CHLoixxE Righ xa h-Iorruaidhe.
ErCHOITMED INGINE GULIDI.
Manuscrits: xiv'^-xv^ s., Oxford,» Bodléienne, Rawlinson
B. 512, f° 114b I.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Hibernica
mmora,\). 65-69.
Esnada tige Buchat.
Manuscrits : xii'^ s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B.
502, f" 73 a 2.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XXV, p. 18-39; 225-227.
Faghail craoibhe Chormaic mhic Airt.
Manuscrits : traduction par O'Reilly dans le ms. 24 D. 3
de la Royal Irish Academy.
Fagbàil IX TAIRB, section'du Tâin bô Cualxge.
Faillsiugud Taxa Bô Cuailxgi (une des histoires d'intro-
duction au TÂix Bô Cuailnge d'après Stowe 992, f° 49
b 2). C'est aussi un chapitre de Vlmthecht na twmdaime.
Manuscrits: xV^ s. Londres, B. M., Egerton 1782, f" 87
b. — 1300 Dublin, R.I. A., D. 4. 2. (Stowe 992), f'^49 b.
Catalogue de la littérature épique de r Irlande. 23
Imprimés : Cf. Zimmer, Zcilschrift fur vergkichende Sprach-
forschiing, t. XXVIII, p. 433-435; publié par K. Meyer,
Archiv fiïr Celtischc Lcxikographic, t. III, p. 2-6.
Fercuitred Medbe.
Manuscrits : xiV-xV' s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson
B. 512, f" I a 2,
Feistigi Beccfholthaigh (histoire d'introduction au Tâin bô
CuALNGE d'après ms. Stowe 992, f"49 b 2) seconde ver-
sion du COMPERT CONCULAINN .
Imprimés : publié par K. Meyer, Zeitschrift fur Cellische
Philologie, t. V, p. 500-504.
FlANSRUTH FlAND.
Imprimés : Cf. L. Chr. Stern, Zeitschrift fiir Celtische
Philologie, t. I, p. 471.
FiND MAC CUMAILL. Voir ScEL AS-AM-BERAR CtC.
FiNGAL RONAIN OU AlDED MaELFATHARTAIG.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Revue Celtique,
t. XIII, p. 368-397; traduit par Thurneysen, Sagen ans
dem alten Irlcind, p. 10 5- 114.
Finghala Chlainne Tanntail.
Manuscrits: 1300, Dublin, R. I. A., D. 4. 2 (Stowe
992), f° 76 b 2.
Fis CoNCHOBAiR, partie du Tochmarc Feirbe.
Manuscrits: xV^ s. Londres, B. M., Egerton 1782, fol.
69 b (fragment).
Flathiusa Erend. Cf. Echtra Mâcha.
Manuscrits: xiv'^-xv'^ s., Oxford, Bodléienne, Rawlinson
B. 512, f" 88-97.
Imprimés: Cf. Revue Celtique, i. VI, p. 189.
Fled Bricrend, i*^' rédaction.
Manuscrits : Supprimer H. 4. 22. — xV-'-xvi' s.,
Leyde, Vossius lat. quart. 7, fol. 3-9.
Imprimés : publié par E. Windisch, Irische Texte, t. I,
p. 235-311 et par L. Chr. Stern, Zeitschrift fiir Celtische
24 Ç. Dofhn.
Philologie, t. IV, p. 143-177; traduit par H. d'Arbois de
Jubainville, Cours de littérature celtique, t. V, p. 81-148 et
par R. Thurneysen, Sagen ans dem alten Irland, p. 25-57.
Cf. Zimmer, Zeilschrift filr vergleichende Sprachforschung,
t. XXVIII, p. 623-661. Stern, Revue Celtique, t. XIII, p. 22-
31. Une édition avec traduction, introduction et notes a
été publiée par G. Henderson, Fled Bricrend (Irish texts
Society, II) et une étude de R. Thurneysen sur les éléments
qui ont servi à composer l'histoire a paru dans la Zeitschrift
filr Celtische Philologie, t. IV, p. 193-206.
Fled Bricrend, 2'^ rédaction ou Longes mac n-Duil Dermait.
Manuscrits: 1390 Dublin, T. C, H. 2. 16, col. 759-765.
Imprimés : publié par E. Windisch, Irische Texte, t. II,
p. 164-216; traduite par M. Grammont, Cours de littérature
celtique, t. V, p. 149-169.
Fled Dùin na n-Géd. Cf. Cath Muigi Rath.
Manuscrits: 1390 Dublin, T. C, H. 2. r6, p. 319.
Imprimés : publié par C. Marstrander, Fidenskabs-Selska-
bets Skrifter, II, 1909, n" 6, Kristiania.
FocHONN loingsi Ferghusa (histoire d'introduction au Tain
BÔ CuALNGE d'après ms. Stowe 992, f° 49 b 2).
Manuscrits : xv^ s. Edimbourg, Advocates library, 5 3 .
Imprimés : publié et traduit par Mackinnon, The Celtic
Reviezu, t. I, p. 208.
FoGLUiM Chonculainn.
Manuscrits: 1780. Cheltenham, Phillips 10840.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XXIX, p. 109-152.
F0RBAIS Etair.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. VIII, p. 47-64; cf. Thurneysen, Sagen ans dem
alten Irland, p. 66-69; Miss Hull, The Cuchullin Saga,
p. 87-100.
Fortibras (Fierabras). Voir Stair etc.
Forus feasa air Eirinn.
Manuscrits: 1656 Cheltenham, Phillips 6461. — xvii' s.
Catalogue de la littcraiurc épique de T Irlande. 25
Cheltenham, Phillips 10283. — 1761 Paris, bibliothèque
Mazarine 3075. — 1643, 1704 manuscrits appartenant à D.
Comyn. Voir t. II de l'édition de l'Irishtexts Society, p. xiii
et suiv.
Imprimés : publié et traduit par D, Comyn et P. Din-
neen, The History of Irelaud by Geoffrey Keatiiig, London
1902- 1908 (Irish Texts Society, IV, VIII, IX),
FOTHA CATHA CnUCHA OU GeNEMAIN FlND MAIC CUMAIL.
Manuscrits: 1390 Dublin, T. C, H. 2. 16, p. 175.
— xii^ s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B. 502, 70 b 2.
Imprimés : traduit par H. d'Arbois de Jubainville, Cours
de littérature celtique, t. V, p. 379-384.
Gein Branduib MIC Aedàin 7 Aedâin MIC GabrAIn.
Manuscrits: xii' s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B.
502, p. 47 a 2-47 b I. — xiv*-xv^ s. Oxford, Bodléienne,
Rawlinson B 512, f" i a i (fragment).
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Zeitschrift fi'ir
Celtischc Philologie , t. II, p. 134-137.
Genemain Aeda Slâne.
Manuscrits : xvii" s. Bruxelles 5100-4, p. 18; —
Bruxelles 2324-40, p. 74.
Imprimés: pubUé et traduit par St. H. O'Grady, 5/7i'^r
Gadelica, t. I, p. 82-84; ^- ^^■> P- 88-91. Cf. E. Windisch,
Sitiungsberichte der Koniglich-Sàchsiscljen Gesellschaft dcr
Wissenschaften, 1884, p. 194.
Genemain Cormaic Ua Cuinn ou Compert Cormaic.
Manuscrits: 1390 Dublin, T. C, H. 2. 16, p. 180.
'Imprimés: publié et traduit par St. H.O'Grady, Transac-
tions of the Ossianic society, t. III, p. 211-229; Silva Gade-
lica,i. I, p. 253-256; t. II, p. 286-289; par Wh. Stokes,
Irische Texte, t. III, i, p. 185.
Geinemain Find MIC Cumail. Voir Fotha catha Cnucha.
Manuscrits : xii'^ s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B.
502, f° 70 b 2.
GeaSA 7 ILBERTA NO BIBIS FOR CONCULAIND.
Manuscrits : xiv'' s. Edimbourg, Advocates' library 40.
26 G. Doit in.
Gleoud in chatha, section du Tain bô Cualnge.
Gui o Bharbhuic (Beathadh Sir). (Guy de Warwick).
Manuscrits : xV^ s. Dublin, T. G., H. 2, 17, p. 300-
347-
Imprimés : publié et traduit par F. N. Robinson, Zeit-
schrift fur Celtischc Philologie, t. VI, p. 24.
Immacallam in dâ thuarad. Voir agallam in dâ suad.
Immathchor Ailello 7 AiRT.
Imprimés : publié par K. Meyer, Anecdota froui Irish
mantiscripts, t. III, p. 27-29.
Immram Brain maic Febail. Voir Echtra Brain.
Immram curaig Mailduin.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. IX, p. 447-495; X, 50-95; traduit par F. Lot
dans le Cours de littérature celtique, t. V, p. 449-500. Cf.
R. I. Best, Anecdota from Irish maniiscripts, t. I, p. 50. Une
traduction en irlandais moderne a été donnée par E.
O'Growney, The Gaelic Journal, t. IV, p. 99, 119, 138,
147, 172, 190-
Immram curaig Hua Corra.
Imprimés : publié et traduit par Zimmer, Zcitschrift fur
dentsches Altcrtnm, t. XXXIV, p. 183-197 ; par Wh.
Stokes, Revue Celtique, t. XIV, p. 22-69.
Immram na lungi Argo (section du Togail Troi),
Manuscrits : Advocates' library (contient un poème sur ce
sujet).
Immram Snedhghusa 7 Meic Riaghla.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. IX, p. 14-25 ; traduit par R. Thurneysen, Sagen
aus dent alten Irland, p. 126-130. Gf. Zimmer, Zeitschrift
fiir deutsches Altertuvi, t. XXXIII, p. 211 ; R. Thurne3^sen,
Zwei Versionen der mittelirischen Légende von Snedgus und
Mac Riagla, programm, Halle 1904. Gf. Archiv fiir Cel-
tischc Lexikographie, t. V, p. 418; t. VI, p. 234. Une tra-
Catalogue de la Jifférahirr épique de l' friande. 27
duction en irlandais moderne a été donnée par E. O'Grow-
ney, The Gaelic Journal, t. IV, p. 85.
Imrol Belaig Eoin, section du Tain bô cuâlnge.
Imslige glendamnach, épisode du Tain bô Cuàlnge.
Manuscrits : xii^ s. Dublin, R. I. A. Livre de Leinster,
92 a 1-44. Cf. L. U. 73 a 17.
Imtheachta Aeniasa. Voir Cairdius.
Manuscrits : xiv^ s. Dublin, R. I. A., Livre de Bally-
mote, p. 449-485.
Imprimés : publié et traduit par George Calder, The
Irish Aeneld, London, 1907 (Irish Texts Society, VI).
Immthechta na n-oinmhididhe ou agallamh na n-oinmide.
Manuscrits : Dublin, R. I. A., Stowe. B. IV, i (frag-
ment); — Dublin, Royal Irish Academy 23 C 19 (frag-
ment).
Imprimés : Un épisode de cette histoire a été publié et
traduit par W. J. Purton, Revue Celtique, t. XXIX, p. 219-
221.
Imtheacht na tromdhaime.
Manuscrits : xv= s. Livre de Lismore, f° 144 a-151 b.
Imprimés : Cf. H. Zimmer, Zeitschrift fur vergleichetide
Sprachforschung, t. XXVIII, p. 426-439.
In carpat serda, section du Tàin bô Cualnge.
Indarba inna n-Desi. Voir Tochomlod.
Ingen cholach.
Manuscrits : xir s. R. I. A., Livre de Leinster, p. 279,
col. I.
Imprimés : publié et traduit dans la Revue Celtique, t.
VIII, p. 150, cf. 403.
Ingen rig Ghréic.
yAi" s. Dublin, R. I. A., Livre de Leinster, p. 279 a 35.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 413-415 ; t. II, p. 449-452.
28 G. Dottin.
Laoidh ciixoic a\ air.
Manuscrits : 1685. Giessen, 1267.
Imprimés : Cf. Transactions of the Ossianic Society, t. IV,
p. 80, 86-92; Flanagan, Deirdri, p. 199-205. Cameron,
Reliquiae cclticae, t. I, p. 137, 149; t. II, p. 305.
Laoidh a\ Deirg mhic Dhroithchill.
Manuscrits : xl\= s. Paris, Bibliothèque nationale, fonds
celtique, 4.
Laoidh an Mhoighre Bhoirb.
Imprimés : traduction en vers anglais, chez W. Hamilton
Drummond, Ancîent Irish niinstrelsy, Dublin, 1852, p. 35.
Leabhar \a gceart.
Manuscrits : xiv^ s. Dublin, R. I. A., Livre de Bally-
mote, p. 267.
Leabhar Breatnach.
Imprimés : publié et traduit par Todd, Dublin, Irish
Archaeological Society, 1847. Cf. Z'immer , Monunienta Germa-
niae historica, Aiictores Antiquissimi, t. III.
Leiges coise Céin meic Mailmuaid meic Briain.
Manuscrits : Londres, B. M., Egerton 1781, f" 147 a.
— Dublin, R. I. A., Stowe 867, f° 180.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 296-305 ; t. II, p. 332-342.
Longes Eithne Uathaige.
Manuscrits : Cf. Livre de Leinster, p. 124, col. 2, 1. 40.
Longes mac n-Duil Dermait. Voir Fled Bricrend .
Longes mac n-Usnig. Voir Aided chloinne Uisnig.
Mac Datho. Voir Scél mucc[ etc.
Macgnimartha Find.
Imprimés : publié par K. Meyer, Revue Celtique, t. V,
p. 197-204; cf. Archiv jiïr Celtische Lexikographie, t. I, p.
482 ; traduit par K. Meyer, Eriu, t. I, p. 180-190 ; publié
et traduit par D. Comyn, The youthjul exploits of Fionn,
Dublin, 1898.
Catalogue de la llttcralure épique de l'Irlande. 29
MaCGNIMRADA CONCULAINN, SCCtion du TÀIN BÔ CUALNGE.
Imprimés : Cf. Zimmer, Zeitschrift fur vergleichende
Sprachforschimg, t. XXVIII, p. 446-449.
Mac Lesc macLadaix aithech.
Manuscrits : xii= s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson, B.
502, f° 59 b 2.
Maelosdan. Voir Sgél ixgnadh, etc.
Mandeville (Voyages de Sir John).
Manuscrits : xv'-xvi'^ s. Rennes, n° 598, f" 52 a 2-68 b 2.
— xv'-xvi^ S.Londres, B. M., Egerton, 1781,1° 129 a- 146 b.
— Londres, B. M., Additional, 33 993, î° G a-7 a (fragment).
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Zeitschrift
fur Celtische Philologie, t. II, p. 1-63, 226-312. Cf. J. Aber-
cromby. Revue Celtique, t. VII, p.' 66.
Marco Polo (Livre de).
Manuscrits : xv*^ s. Livre de Lismore, f° 79 a 1-89 b.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Zeitschrift
fur Celtische Philologie, t. I, p. 245-273, 362-438.
Mellgleo x-Iliach, section du Tain bô CuAlnge.
Merugud Uilix MIC Leirtis.
Manuscrits : 1300, Dublin, R. I. A., Stowe 992, f"" 59
b 2-61 a 2.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, The Irish
Odyssey, London, 1886.
Mesce Ulad.
Manuscrits : xiv^ s. Edimbourg, Advocates' library, 40,
p. 49-68.
Imprimés : publié et traduit par W. M. Hennessy, Royal
Irish Academy, Todd lecture séries, t. I, p. 2-58. Cf. The Aca-
demy, 8 juillet 1893.
Minadur (Minotaure). Voir Sgél etc.
MongAn. Voir Sgél etc.
NoiNDEN Ulad. Voir Ces noinden.
50 G. Doit lu.
NUALL-GHUBHA OlLEALLA OlOIM.
Manuscrits : Cheltenham, Phillips, 10.840.
OCTAVIAN.
Manuscrits : 1671, Dublin, R. I. A., Stowe 867, f° 240 a.
OlLEMAIN CONCULAIND. Voir AlDED Co: LAICH.
Orgain bruidne Da Dergae ou Togail bruidne Da Derga.
Manuscrits : 1300, Dublin, R. I. A., D. 4. 2. (Stowe
992), f° 85 ai (trois fragments). Cf. M. Nettlau, Revm
Celtique, t. XII, p. 229, 444; t. XIII, p. 252; t. XIV,
p. 137.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XXII, p. 9-61, 165-215, 282-329, 390-437; tiré
à part, Paris, 1902. Cf. Zimmer, Zeitschrift fiir vergleichende
Sprachfoischung, t. XXVIII, p. 554-585.
Orgain Cairpri Cinn-Caitt for saer-chlannaib hErenn.
Manuscrits : xv^ s. Livre de Lismore, f° 142 a. — xiv^ s.
Dublin, R. I. A., Livre de Ballymote. f" 255. Cf. Anecdota
Oxoniensia V, p. xxxvii ; — Edimbourg, Advocates'library,
28 (Kilbride 24).
Imprimés : publié par W. A. Craigie, Revue Celtique, t.
XX, p. 335-339-
Orgain Dind Rig.
Manuscrits : xii^ s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B.
502, f° 71-72.
Imprimés : publié et traduit par Whitley Stokes, Zeit-
schrift fiir Celtische Philologie, t. U\, p. 1-14.
Orgain Neill Noigiallaig.
Manuscrits : xii" s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B.
502, p. 84 a I.
Imprimés : publié et traduit par Kuno Meyer, Otia Mer-
seiana, t. II, p. 84-92.
Orgain tri Mac Diarmata mic Cerbaill la Maelodran ou
AIDED etc.
Manuscrits : xii' s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B.
502, f'' 73 b 2, p. 134 b 34. — xiv=-xv' s. Oxford, Bod-
léienne, Rawlinson B 512, f° 115 b.
Catalogue de la littérature épique de rirlaude. 51
Imprimés : publié et traduit par Kuno Meyer, Hibemica
Minora, p. 70-75.
Orlando 7 Melora.
Manuscrits : 1697, Dublin, T. C, H. 3, 16, p. 24-71 ;
— 1717, Londres, B. M., Egerton 106, f° 143 a.
OisLiGi Amargin I Taltin, section du Tàin bô Cuàlnge.
QUESTE DU SaINT-GrAL.
Manuscrits : 1300, Dublin, R. I. A., D. 4. 2.
(Stowe 992), fragment. — xiv'^-xv^ s. Oxford, Bodléienne,
Rawlinson B 512, fragment. — xv^ s. Dublin, Franciscains
(cf. Nettlau, Rev. CeJt., t. X, p. 186) fragment.
Imprimés : publié et traduit par F. N. Robinson, Zcit-
schrift fiïr Celtische Philologie, t. IV, p. 381-393. Cf. W. J.
Purton, Revue Celtique, t. XXVII, p. 81-84.
Richard 7 Lisarda.
Manuscrits: 1742. Dublin, T. C, H. i. 10.
RiSS IN MUNDTUIRC DORINDE UlCAN DO ElSMIONE.
Manuscrits : 1300, Dublin, R. I. A., Stowe 992, f°
77 a I.
RuADRUCCE MiND, section du Tàin bô Cuâlnge.
ScÉLA Alexandir maic Pilip.
Manuscrits : Dans le Rawlinson, B 512, f° 99 a, on
trouve la correspondance d'Alexandre avec Dindimus (épi-
sode des ScÉLA Alexandir).
Imprimés : publié par Ch. Geisler, The Gaelic Journal,
t. II, p. 65, 116, 129, 184 et Irish texts from Irish manus-
cripts, Dublin, 1884; publié et traduit par K. Meyer, Eine
Irische Version der Ahxandersage (Inaugural-Dissertation),
Leipzig 1884; Irische Texte, t. II, 2, p. 1-108,
ScÉLA AiLiLL 7 Etaine. Voir Tochmarc Etaine.
SCÉL BaILI BiNNBERLAIG MIC Bu AIN.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Revue Celtique
t. XIII, p. 220-227 ' *^f- Hibemica minora, p. 84.
32 G. Dot H II.
SCÉLA CaNO MEIC GaRTNAIN 7 CrEDI INGIXE GUAIRE.
Imprimés : publié par K. Me)^er, Anecdota from Irish
inanuscripls, I, p. 1-15.
ScÉLA CONCHOBAIR MAIC NeSSA.
Manuscrits : xn= s. Dublin, R. I. A., Livre de Leinster,
p. loé, col. I, cf. Livre de Lismore, 125 b (fragment).
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Ériu, t.
IV, p. 18-38. Cf. Lives of saints from thc Book of Lismore,
p. XXXIV, XXXV et Revue Celtique, t. VI, p. 174-175.
SCÉL AS-A.M-BERAR COM-BAD HE FlND MAC CUMAILL MoXGÀN.
Manuscrits : 1390, Dublin, T. C, H. 2. 16, p. 193.
Imprimés : publié et traduit par K. Me5'er, The Voyage
of Bran, London, 1895 (Grimm library, IV), p. 45-52.
Sgél ingnadh for Mhaelosdak.
Manuscrits : 1300, Dublin, R. I. A., D. 4. 2. (Stowe
992), f° 50 b I.
Sgél in mhinaduir (Minotaure).
Manuscrits : 1300, Dublin, R. I. A., D. 4, 2. (Stowe,
992), f" 61 a 2.
Imprimés : publié par K. Meyer, Zeitschrift fiir Celtische
Philologie, t. IV, p. 238-243.
ScÉL Mongâin.
Manuscrits : xvi' s. Dublin, T. G., H. 3. 18, p. 555 b.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, The voyage
of Bran, London, 1895, P- 5^~5^-
ScÉL Mucci Mac Datho.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Hibernica
Minora, p. ^ 1-6^, {Anecdota oxoniensia,inediœval atid modem
séries, part VIII); traduit par Duvau, Cours de littérature
celtique, t. V, p. 66-80; par Thurneysen, Sagen ans dem
alten Irland, p. 2-10; et par Leahy, Heroic romances oj
Ireland, t. I, p. 37-49.
ScÉL Tuain maic Cairill do Fhinnen Maige Bile.
Manuscrits : xiv-xv^ s. Oxford, Rawlinson, B 512.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer chez A. Nutt,
The Celtic doctrine ofrebirth, London, 1897, p. 285.
Catalogue de la lillénitmr épique de P Irlande. 35
SechrAn na banimpire 7 oilemain a deise mac.
Manuscrits : Dublin, Royal Irish Academy, Stowe B IV,
I, t" 240 a-248 a.
Imprimés : publié et traduit par C. Marstrander, Eriii,
t. V, p. 161-199.
Seilg dobi ag Finn mac Cumaill ar Benn Edair, mélangé
d'éléments historiques et légendaires tirés de la vie de
Magnus le Grand, roi de Norvège.
Manuscrits : 1628, Dublin, Franciscains, n" 39, p. 129
b-i3ob.
Seilg Sleibhe na m-ban.
Manuscrits : xv' s. Londres, B. M., Egerton 1782, f°
20 b I (version en prose)
Seilg sleibhe Fuaid.
Manuscrits : xv^ s. Londres, B. M., Egerton 1782, f°
20 b I. — xix^ s. Paris, Bibliothèque nationale, celt. 4.
Seilg Sleibhe Guillinn.
Manuscrits : xix^ s. Paris, Bibliothèque nationale, celt. 4.
Serc Dublacha do Mongàn.
Manuscrits : xv^ s. Dublin, R. I. A., Livre de Fermoy,
p. 131 d.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, The Voyage of
Bran, London, 1895 (Grimm library IV), p. 58-84.
Serc ro char Mac in Oicc Chaire heabarbaithi, his-
toire d'introduction au Tain bô Cualnge d'après ms.
Stowe 992, f° 49 b 2.
Serglige Conchulainn.
Manuscrits : xv^-xvi^ s. Dublin, T. G., H. 4, 22, p. 89-
104.
Imprimés : traduit par H. d'Arbois de Jubainvillc, Cours
de littérature celtique, t. V, p. 170-216; par Thurneysen,
Sagen aus dem alten Irland, p. 81-104; par Leahy, Heroic
Romances of Ireland, t. I, p. 53-85, Gf. Zimmer, Zeit-
schrift fiir vergleichende Spmchforschung, t. XXVIII, p. 594-
623. Cf. Leabhar na Feinne, p. 1.
Revue Celtique, XXXIIl. 3
34 G. Dot tilt.
SiABUR Charpat Conculainn.
Imprimés : publié par K. Meyer, Anecdota front Irish
manuscripts, t. III, p. 48-56. Cf. Miss Hull, Jhe CuchulHn
Saga, p. 275-287.
SiDH Fiachna ou Echtra Laegaire meic Chrimthainn.
Manuscrits : xv* s. Livre de Lismore, f° 125 a.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gaddica, t. I, p. 256-257 ; t. II, p. 290-291.
Sirrobud Sualtaim, section du Tàin bo Cuàlnge.
Slanugud na Môrrigna, section du Tain bô Cualnge.
Sligi na T.\na, section du Tàin b6 Cualnge.
Stair ar Aed BaclAm.
Manuscrits : xv'' s. Livre de Lismore, f" 93 a i.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
GadeJica, t. I, p. 66-72; t. II, p. 70-76.
Stair Barralam.
Manuscrits : 1600 Londres, B. M., Egerton 136, f° 57 a.,
Stair Fortibrais (Fierabras).
Manuscrits : xv-' s. Dublin T. C, H. 2. 7. p. 435, col.
2. — xv^s. Londres, B. M., Egerton 1781, f" 2a. — xV' s.
Oxford. Bodléienne, Laud 610, f°45 a 2-56 b2.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue
Celtique, t. XIX, p. 14-57, 118-167, 252-291,364-393.
TÀIN B6 AiNGEN.- Voir Echtra Nerai.
SuiDiGUD Tellaig Temra.
Manuscrits : 1390 Dublin, T. C, H. 2. 16, col. 740-749,
p. 105-108. — xv^ s. Livre de Lismore, f" 90-92. — xiV s.
Dublin, R. I. A., Livre de Ballymote, p. 248.
Imprimés : publié et traduit par R. I. Best, Eriu, t. IV,
p. 1 21-172. Cf. Stokes, Lives of sainls from ihe Book of Lis-
more, p. xxiv.
TÀIN B6 Cualnge.
Manuscrits : 1300 Dublin, R. I. A.,D4- 2. (Stowe
Catalogue de la lillcralure épique de V Irlande, 35
992), f" 49 b2; — 1390, Dublin, T. C, H. 2. lé, col.
573-619. ^
Imprimés : publié et traduit par E. Windisch, Irische
Texte, extraband, Die altirische HeJdensage Tàin Bô Cualnge
nach dein Buch von Leinster in Text iinâ Ueberset^ung mit einer
Einleitung hemusgegeben, Leipzig, 1905 ; traduit par H. d'Ar-
bois de Jubainville, Paris, 1907; cf. Revue Celtique,
t. XXVIII, p. 17, 145, 241; XXIX, p. 153; XXX, p. 78,
156, 235; XXXI, p. 5, 273; XXXII, p. 30. Le texte du
Lebor na h-Uidre et du Livre Jaune de Lecan est publié en
supplément à Eriii, t. I et suiv. par J. Strachan et J. G.
O'Keefe; la traduction de ce texte est donnée par Miss
L. Winifred Faraday, Tbe caille raid of Cualnge {Tàin bô
Cuailnge), London, 1904. Cf. MissHull, Tbe CuchulUn Saga,
p. 111-227 ; H. Zimmer, Zeitschrift fitr vergleicbeihde Spracb-
forschung, t. XXVIII, p. 426-554; Nettlau, Revue Celtique,
t. XIV, p. 254-266; t. XV, p. 62-78.
Tain b6 Dartada (une des histoires d'introduction au Tàin
Bô Cualnge d'après ms. Stowe 992, f"* 49 b 2).
Imprimés : publié par Windisch, Irïsche Texte, t. II,
p. 185-205, traduit par ' Leahy, //dTo/r romances of Ireland,
t. II, p. 69-81.
TÀIN BÔ Flidais.
Manuscrits: 1390 Dublin, T. C, H. 2. 16, col. 345-
364. — xv^ s. Edimbourg, Advocates' Librar}- , 53.
Imprimés : publié et traduit par Windisch, Iriscbe Texte,
t. II, 2, p. 206-223 ; traduit par Leahy, Heroic romances
of Ireland, t. II, p. 101-125; résumé, publié et traduit par
Mackinnon, Tbe Celtic Reviciu, t. IV, p. 104.
Tain Bô Fraich (histoire d'introduction au Tàin bô Cualnge
d'après ms. Stowe 992, f" 49 b 2.
Manuscrits : xiV s. Edimbourg, Advocates' library, 40,
p. 37b-45 b.
Imprimés: publié par K. Meyer, Zeitscbrift jiïr Celtiscbe
Philologie, t. IV, p. 32-47; publié et traduit par A. O.
Anderson, Revue Celtique, t. XXIV, p. 127; traduit par
3 6 G. Dot tin.
Thurneysen, Sagen ans {iemalten Irland, p. 1 15-125; et par
Leahy, Heroic romances of Ireland, t. II, p. 1-67. Sur la
légende de Fraoch, voir Leabhar na Feinne, p. 29-33.
TAiN BÔ Regamna.
Imprimés : publié et traduit par Windisch, Irische Texte,
t. II, 2, p. 224-256; traduit par Leahy, Heroic Romances
oj Ireland, t. II, 83-99; 127-141 ; cf. Miss Hull, The
Ciichidlin Saga, p. 102-107.
Talland Etair. Voir Forbais Etair.
Tairired nan-Dessi. Cf. Tucait indarba na n-Déssi.
Manuscrits : \\\^ s. Oxford, Rawlinson B. 502, f°72
a 2, p. 131 b 19. — xv^ s. Oxford, Laud6io, f° 99 b 2-
102 a 2.
Imprimés : publié par K. Meyer, Anecdota from Irish
mamiscripls, t. I, p. 15-24; publié et traduit par K. Meyer,
Y Cymmrodor, t. XIII, p. 10-I-135, et dans Erin, t. III,
p. 135.
Tecosca Cormaic .
Manuscrits: Dublin, R. I. A., 23 N. 17, p. 1-6. — xv^ s.
Dublin, T. C, H. 4. 8. — xvi^ s. Edimbourg, Advocates'
library, VII, 3 ; f ° 9 a-9 b.
Imprimés : publié dans The GaeJic Journal, t. I, p.
392-394 et par K. Meyer, Royal Irish Academy. Todd lec-
ture séries, XV, Dublin, 1909.
Tesmolad Corbmaic Ui Cuinn 7 Finn meic Cumhaill. Voir
AiDED Finn, seconde rédaction.
Manuscrits: xv-^ s. Londres, B. M., Egerton 1782, f°
24 b 2. — xV^ s. Oxford, Bodléienne, Laud 610, 1° 121
b. I.
Imprimés: publié et traduit par St. H. O'Gnidy, Silva
Gadelica, t. I, p. 89-92 ; t. II, p. 96-99
Thèbes (Guerre de).
Manuscrits: xV s. Londres, B. M., Egerton 1781, f" 87
a i-i2oa I. — xv^ s. Dublin, T. C, H. 2. 7, p. 457a-46o b
(fragment); ^ Edimbourg, Advocates' library, Kilbride
(fragment).
Catalogue de la liUéraiure épique de l'Irlande. 57
TiMNA Neill Mic Echach dia Macaibm.
Manuscrits: 13 10 Dublin, R. I. A., D. 4. 2. (Stowe
992) f° 54 a T.
TocHiM ma m-buiden, section du Tàin bô Cualnge.
TOCHMARC BeCFOLA.
Manuscrits : 1390 Dublin, T. C, H. 2, 16. p. 117-
119.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, 1. 1, p. 85-87; t. II, p. 91-93.
ToCHMARC EmeRE.
Manuscrits: xiV' s. Oxford, Rawlinson B. 512, f° 117
(fragment). — 1 300 Dublin, R . I . A . , D. 4. 2 (Stowe 992)
f° 80 a 1-84 b I.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Revue Celtique,
t. XI, p. 433-457; The archœoJogical Review, t. I, p. 68-75,
150-155, 231-235, 298-307; Zeitschrift fur Celtische Philo-
logie, t. III, p. 229-263; traduit par H. d'Arbois de Jubain-
ville. Cours de littérature celtique, t. V, p. 39-50 ; Miss Hull,
The Cuchullin Saga, p. 57-83 ; cf. Zimmer, Zeitschrift fiir
Deutsches AHerthum, t. XXXII.
ToCHMARC EtÀINE,
Manuscrits : xv^ s. Londres, B. M., Egerton 1782.
Imprimés : publié et traduit par Ed. Mûller, Revue Cel-
tique, t. III, p. 350-360; traduit par R. Thurneysen, Sagen
aus dem alten Irland, ^. 77-80; par Lcâhy , Heroic romances
of Ireland, 1. 1, p. 3-32 ; t. II, p. 143-161. Cf. Zimmer, Zeit-
schrift fiir vergleichende Sprachforschung, t. XXVIII, p. 585-
594; ]>iut\:, Revue Celtique, t. XXVII, p. 325-339; L. Chr.
Stern, Das Màrchen von Etâin, Zeitschrift fur Celtische Phi-
lologie, t. V, p. 522-534.
ToCHMARC FeIRBE.
Manuscrits : xv^ s. Londres, B. M., Egerton 1872, fol.
69 b (fragment).
Imprimés : publié et traduit par E. Windisch, Irische
Texte, t. III, p. 445-548; traduit par A. H. Leahy, The
courts hip of Fer b, London, 1902.
38 G. Dottin.
TOCHMARC FeARBLAIDHE.
Manuscrits: 1630, Dublin, T. C, H. 4. 25; H. 3. 23.
— xvii^ s. Dublin R. I. A., 24 P. 12. —1784, Dublin, R.
I. A., 24P. 3i(Reeves); — 1768 Dublin, R. LA., 24 P. 6
(Reeves); — 1797 Dublin R. I. A., 23 E. 16. — xix^ s.
Dublin R. I. A., 24 P. 21 (Reeves 842). — 1700 Dublin,
R, I. A., 23 K. 7. — Franciscains 16, p. 217.
Imprimés : publié par E. O' Neachtain, Erin, t. IV,
p. 47-67.
ToCHMARC LUAIN'H J AlDEDH AlTHlRXK.
Manuscrits : xx" s. Dublin, T. C, H. 2. 17, p. 464,
col. 2.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XXIV, p. 270-287.
TocHOMLOD \A n-Desi o Themraig identique au Coecad
CoRMAïc, au Tairired nax Dessi, et au Tucait caechta
CORMAIC.
TocHOSTUL n-Ulad scctiou du TAiN Bô Cualnge.
TocHosTUL FER CoxNACHT co Cruachain Al, sectiou du TÂIN
BÔ Cualnge.
ToGAiL bruidne Da Choca.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
liquc, t. XXI, p. 150-165, 312-327; 388-402.
T0GAIL BRUIDNE DA Derga. Voir ÛRGAtx bruidne DÀ
Dergae.
ToGAiL DùiNE Geirg (épisodc du TocHMARC Feirbe).
^Manuscrits : xv^ s. Londres, B. M., Egerton 1782,!'"
69 b. Cf. Livre de Leinsterf" 254a.
ToGAiL Troi.
Manuscrits: xv'^ s. Edimbourg, Advocates' library, 15.
xiV s. Dublin, R. I. A. Livre de Ballymote, p- 411-
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Irische
Texte, t. II, p. 1-142.
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. 59
T6ITEÂN TIGHE FiNN.
Imprimés: un poème sur ce sujet a été publié et traduit
par E. J. Gwynn, Eriii, t. I, p. 13-37.
TORUIGECHT IN GILLA DECAIR 7 A CHAPAILL OU EcHTRA IN
GILLA DECAIR.
Manuscrits : 1765 Londres, B. M., Additionnai 34.
119-
Imprimés : publié et traduit par St. H. O" Grady, Silva
Gaddica, t. I, p. 257-273 ; t. II, p. 292-311.
TORUIGHEACHT SllAlDHBHE INGHINE EOGHAIN OlG.
Manuscrits : Dublin, T. C, H. i. 17, f"^ 124-15 1; — fin
du xvir siècle. Giessen, 1267, f" 29 r°-52v°.
ToRUlGHEACHT DhIARMUDA 7 GhRAINNE. Voir AlTHED
GrAINNE RE DiARMAIT.
TuAN MAC Cairill. Voir Scél etc.
TUARASCBAIL DELBA CoXCULAIND, SeCtioU du TÀlN BO CUAL-
NGE.
TUCAIT BAILE MONGAIN.
Imprimés : publié et traduit parK. Meyer, The voyage of
Bran, London, 1895, p. 56-58 (Grimm Library,, IV).
TuCAIT FAGBÀLA IN PESA DO FiNN 7 MaRBAD CuIL DuIB.
Manuscrits: 1300 Dublin, R, LA., D. 4. 2. (Sto\ve992)
t° 66 a 2. — 1390 Dublin, T. C., H. 2. 16.
Imprimés : publié et traduit par K, yityQT, Revue Celtique,
t. XIV, p. 245-248.
TucAiT 1NDARBA NA N-DÉssi, rédaction de Tairired na nDessi.
Manuscrits : xii' s. Dublin, R. I. A., Lebor na h-Uidri,
p. 53 a-54 b. — Oxford, Bodléienne, Rawlinson B. 502,
f' 72 a 2. — Dublin, T. C. H. 3. 17, col. 720 b-723 a. —
Dublin, T. C., H, 2. 15, p. 67 a-68 b ; Imprimés : publié
parK. Mever, Anecdota from Irish majiuscripts, t. I, p. 15-
24. Cf. Y Cymmrodor, t. XIV, p. loi ; Eriu, t. III, p. 135.
40 G. Doltin.
TuiGE iM Thamon, section du Tain bô Cualnge.
TuRPiN (Chronique de).
Manuscrits : xv'^ s. Livre de Lismore, f" <)G a 1-109 a i ;
Londres, B.M., Egerton 1781, f* 20 a 1-36 b i. — xv=s.
Dublin, Franciscains 16, f° 1-8 b 2. — 1453 Londres, B.
M., Egerton 92, f° 15 a 1-16 a 2, fragment. — 1475
Dublin, T. C, H. 2. 12, 3^= partie fragment.
Uath Beinne Etair, épisode du Tôruigheacht Dhiarmuda
7 Ghrainne.
Manuscrits: xv^ s. Londres, B. M., Harleian 5280,
f° 35 a 2-35 b I .
Imprimés: publié et traduit par K. ]ÂQytr, Revue Cel-
tique, t. XI, p. 125-134.
ADDITIONS
Agallamh Find 7 OiSIN.
Manuscrits : xv^ s. Londres, B. M., Harleian 5280,
f° 35 b i; — Edimbourg, Advocates' library 83, p. 251.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Fianaigecht
(Todd lecture séries XVI), p. 24-27.
Reicne Fothaid Canainne. Cf. Calalogue, p. 36.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Fianaigecht,
p. 4-17.
SCÉLA MOG AULUM J MIC CONN.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Fianaigecht,
p. 28-41.
Seilg Sleibhe na m-ban.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Fianaigecht,
p. 52-99.
THE REPROACH OF DIARMAID
I
The Aithed Grainne ingine Corbmaic la Diannait ua Duibne
(The Elopement of Grainne, daughter of Cormac with Diar-
maid, grandson of Duibne), mentioned as one of the chief
taies in the tenth century list in the Book of Leinster\ would
furnish the best context for the lays hère pubHshed, but it
is unfortunately lost. Certain allusions in tenth century
texts indicate, however, the gênerai outlines of the story.
Theaccount of the wooing of Grainne ^ relates her unwil-
lingness to become Finn's wife. She requires as the condition
of her marriage with him, a couple of every wild animal in
Ireland '. This attempt to évade Finn's suit is, however,
unsuccessful. With the help of Caoilte, Finn brings the bri-
dai gift demanded.
1. D'Arbois de Jubainville, Catalogue, p. 35.
2. Ed. K. Meyer, Z. C. P., I, 458. Prof. Meyer dates this in the ninth
or tenth century. Fianaigecbt, R. I. A., Todd Séries XVI, p. KXiii.
5. Stories of a princess who sets her wooer difficult tasks are universal
in popular Hterature. We find the particular task hère designated set by
Cormac as the price of Finn's ransom in a pocm in the Dean' s Book (Me
Lauchlan, Gaelic p. 42, 43 ; Eng. 62 ; Cameron, Rel. Celt., text, p. 72) and
in Duanaire Finn (Irish Texts Society V, éd. Mac Neill, GaeHc p. 19, Eng.
p. 116). In this also, it is Caoilte who accomplishes the task for Finn.
The épisode belongs to thecommon fund of popular tradition. Cf. Genesis,
VII, 1-17. It would serve any story-teller as a difficult task in any narra-
tive denianding one. It is hère used to illustrate Grainnè's antipathy toward
Finn. This attitude of Grainnè's is emphasized also in the i8th centurv
version, but the story of the bridai gift has been suppressed. Besides
rationalizing the story, this version has endeavored to improve its moral
tone by making Grainne elope with Diarmaid before her marriage with
Finn is consummated, cf. n. 29 infra.
42 J. H. Lloyd, O. J. Bcrgiii, G. Schoepperle.
« Then in an unlucky hour Grainne was given to Finn, for
they never lived in peace until they scparated. Finn was hate-
ful to the maiden and such was lier hatred that she sickened
of it ».
She confesses to her father her feeling toward her iiusband.
Finn, overliearing her words, déclares that itis time for them
to separate.
Connected with this occasion perhaps is an allusion in a
gloss in the Anna Coluimb Cbille of the ninth century. As
Grainne said :
« There is onc for a long look from whom I would be
thankful : for whom I would give the whole world, O Son
of Mary, though it be privation »'.
According to the Tochniair Ailbc, ingiue Cormaic hiii
Chuind la F'nid hua iiiBaisctie, an unpuhlished taie also of
the tenth century % there was strife hetween Cormac and
Finn, the cause being that Grainne had corne to hâte Finn
and had set her love on Diarmaid, son of O'Duibhne.
An allusion in the Book of Aicill, a law tract of the ninth
century \ shows that already at that time the story of the elo-
pement of Diarmaid and Grainne was traditional. It appears
further that Lughaid was présent when the elopement took
place -t. The line
1. Ed. Stokcs, /(f. C. XX. p. 134-7. Mt-'vcr, A'. C. XI, 126, prints :
* Ut dixit Grainne ingen Cormaic fri Find, citing Rawl. B. jo2, fo 56
a 2.
2. Ms. H. 3. 17, pp. 827-31. Meyer, Fianaigecbt, XXIV, places this in
the tenth century.
3. Ancient Lmusof Ireland, III, cixii n.
4. 0/>. cit., III, 533, The scène of the elopement in the eightecnth
century literary version is a feast at the house of Cormac in Tara, éd.
S. O'Grady, Transaclions o///;t' Oi5/fl«/c 5oc/>/v (Dublin, 185 5) ; reedited
for the Society for the Préservation of the Irish language (Dublin, 1895)
in two parts. We hâve cited the Oss. Soc. édition by pages, the other by
paragraphs. In oral tradition it is frequently during a feast that Grainne
sees the love spot on Diarmaid (cf. stanzas 16. 18 of Kennedv's version)
and begs him to elope with her. It is not until some time later hovvever
that she succeeds in prevailing upon him to go ; cf. J. F. Campbell,
Popular Taies of the West Highlands (cited W. H. T.), Edinburgh, 1862,
The Reproach of Diarmaid. 45
Grainne eloped with thee, O Lughaidh \
is cited to illustrate the légal responsibility of witnesses.
The Uath Bciniic E lai r (The Hiding in theHill of Howth -),
ofthetenth century ', gives a dramatic moment in the life
ofthe fugitives. They hâve taken refuge in a cave and the old
woman ■* who is serving them is ahout to betray them. They
are saved by the foster-father of Diarmaid, Aonghus of the
Brugh, one ofthe Tuatha de Danann K
Another quatrain in the Ainra Coliiimb Chille gives a further
glimpse of their life in the forest :
(c As Diarmaid said : Good is thy share, O Grainne, better
for thee than a kingdom, the dainty flesh of the woodcocks,
with a drop of smooth mead ^" ».
In the Duanaire Finn there are two lays of Diarmaid and
Grainne -, dating somewhere between the twelfth and the
fifteenth century. The one, The Sleep Song for Diaruiaid, gives
an idyllic picture of the life of the exiles and contains allu-
sions to numerous elopement storiesofMiddlelrish tradition.
III p. 39, 54, 56; J. G. Campbell, Tlie Fiaiis (citcd F), IVaiJs ami Strays
of CelticTradition V (London, 1891), p. 52, 55; J. G. Campbell,
Leabhar na Feinne (London, 1872, cited L. F), p. 153-4. In O'Gradv,
P- 55 (I> § 7) there is no mention ofthe love spot.
1. This Lughaidh, son of Daire Derg, is mentioned in the gcncalo-
gical lists ofthe Book oj Leinster, p. 311 ff., and in Rawliiisoii B. 502, i.
128 a. According to the Ag.iUaiiih {Silva Gadelica, éd. S. H. O'Gradv,
text, p. 106, trans. p, 114) the name is given to him in humorous allu-
sion to the slowness of his character. He is frequently mentioned among
the Fenian heroes. In the i8th century literary version he is also repre-
sented as one of those présent when Grainne eloped with Diarmaid. éd.
O'Gradv, p. 50(1, § 5).
2. Ed. Meyer, R. C. XI, p. 125 ff.
3. Meyer, Fianaigecht, p. xxiv.
4. An old woman appears in oral tradition as the possessor of the
mysterious boar which caused Diarmaid's death ÏV . H. T., 55, 59, 64.
She is called Mala Liée (Grey Eyebrow).
5. Aonghus has a similar rôle in the i8th century literary version.
Cf. O'Grady p. 71, 148, 150, 168 (I, § 21, 23, 26, 34).
6. Ed. Stokes, R. C, XX, 264-5.
7. Duanaire Finn, Iiish Texts Society VII, éd. Mac Neill, Gaelic 84,
45; English 197, 149.
44 /■ H. Lloyd, O. J. Brri^in, G. Schoepperle.
The Datightcr of Diarniaid gives a summary of the elopement
of Diarmaid and Grainne and of the death of Diarmaid. It
relates the revenge of Diarmaid's daughter upon Finn.
The unloverlike attitude of Diarmaid in the lays hère
published is not accounted for in what survives of tenth cen-
tury tradition unless by the mention, in the Tochmarc Ailbe
and in the Anira Colitimb Chille, that it was Grainne who set
her love on Diarmaid. We might infer thaï he was less
eager than she for the elopement. A more complète explana-
tion of Diarmaid's attitude is found in an incident which
unfortunately has corne down to us only in documents of a
later date.
II
The story of Diarmaid and Grainne survives in ballads and
taies in Ireland and Scotlandtothis day '. Wehave alsoa num-
I. For the annual Oireachtas of the Gaelic League of Ireland in 1910,
prizes were ofTered for the best version of the Diarmaid and Grainne
stor\' collected from oral tradition. The only contribution of importance
was made by Mr. Humphrcy Lynch, of Coolea, Ballyvournev, Co. Cork.
The version is too diffuse to be printed at length, but it is interesting as
testifying to the persistance in Ireland of traits of the story found in the
Scottish Highiands and not appearing in i8th century literary version,
the only Irish document in which the story seems to hâve survived. In
the following summary thèse traits are italicized. The version presented by
Mr. Lynch was put together from the narration of several ' old people
and considerably elaborated by the collecter . It runs as follows : Grainne
sees the Ime-spot on DiarDiaid when he strips to rescue the drowning
Saidhbhin Oin Oin ; Grainne tuas Fiiui's wife, ' though she was not
his first wife' ; £). refuses G. who ivishes him to elope with her. She at
last puts spells on him and he is forced to go. They flee to the forest
and at night Grainne sleeps on a bed of rushes and D. sits on a bag of
sea sand. Accordingly, when Finn chews his thumb, he learns that
G. is on the rushes and D. on the sands of the sea, and he pursues
them in vain. Episode of the splashing water. D., hozuever, resists Grainne.
He niakes her bed on one side of Glcn Dainih (Glendav, in the parish
of Clondrohid, County Cork, Glen of Friendship) and his on the other.
In the Scotch versions D.and G. rest in their flight at Carig an daimh,
L. F. 156. Their reconciliation on the occasion dcscribed in the introduc-
tion to the Rcprodch was on Sliabh Gaoil in Argyleshire, uear Cinntire
The Rfpivacb of Dianuaid. 45
berof cighteenth century Irisli nianuscriptsof a prose version
of the stor}- in florid literary style'. This version is proba-
bly based on ballads. In thèse, as in the ninth and tenth
century documents, the initiative in the tragedy is attributed
to Grainne. She has seen the love spot on Diarmaid and puts
geasa upon him to elope with her. He submits rather than
lose his honor % but he hopes that Finn will overtake them.
On their flight he makes his bed at some distance from hers
(Hill of Love). Cf. Stanza i of Kennedy's version, where G. overtakes D
and begs him to forgive her. L. F. 153, 4. Appearance of the tairy
woman, Maothaolach, who provides food for them. She says she knew
D's mother, who was mad in the woods while pregnant with D (confusion
with Ossian). Quarrel of D and G. Reconciliation througli Maothaolach.
D. follows the hunt and succeeds in killing the boar. Conan asks Finn
why he does not demand G. F déclares thaï D has accomplished a deed
of valor and that this is therefore not the moment to recall their
enmity. Conan taunts D and succeeds in getting him to measure the boar
against the bristle. D receives a poisoned wound. Maothaolach appears
and tells Finn that D may be healed by three drinks of a certain well
from Finn's hands. Finn is willing to save D. Maothaolach provides
a messenger of sufficient swiftness and the water is brought. Conan
taunts Finn with D's disloyaltv and F involuntarily drops the water.
D dies unsuccoured. M effects a reconciliation between F and G. By means
of the mantle test she proves the innocence of Grainne's relation with
Diarmaid.
I hâve also an unpublished ballad of Diarmaid's death, from a man
named Aoidhmin Mac Gregor of Bristol, furnished me by Miss Eleanor
Hull. The tradition of D and G which I found surviving among the pea-
santry of Ballingeary and Ballvvourney, Co. Cork (summer, 1910) was
confined to the foUowing points : the elopement of Diarmaid Donn
with Grainne wife of Finn Mac Cumhaill ; the love spot of Diarmaid ;
the splashing water ; Diarmaid's death bv the boar. Fiat rocks in diffé-
rent vicinities were pointed out as beds of Diarmaid and Grainne.
1. D'Arbois de Jubainville, Cfl/a/oo-»^, p. 249-50; éd. S. H. O'Grady
V. supra, note 8.
2. V. supra n. 8. In most of the oral tradition Diarmaid refuses to
elope with Grainne : ' eiiher by night or dav, clothed or unclothed,
on foot or on horseback, in companv or without company. She how-
ever went to a fairy woman and got gannents made from mountain
down. She came with this garment on, riding on a he-goat in the
dusk of the evening when it was neither light nor dark, and thus it
could not be said that she was clothed or unclothed, on foot or on horse-
back, in company or without companv, and consequently was deemed
4é /. H. Llo\â, O. J. Bergiii, G. Schoepperïe.
or puts cl stonc bctwccii thcm and he Icaves uncooked méat
behind him at cvery resting place as a sign to Finn that his
wife is untouched '. Grainne taunts him with cowardice and
uses every means to tempt him. According to most versions
he finally succumbs :
Agus do ghaibh misneach agus mire meanman î agus do
ghaibh ag siobhal re coisDhiarmada go ddsachtach gur sgeing
baoithsteangcân uisge suas tré laghar a coise gur bhuail
shuas ar a ceathramhuin go ndiibhairt go foithchiuin léfcin.
' Greada ort, a steangcain stialluidh,
Is dâna tusa féin inâ Diarmuid ! '
' Créad sin a dûbhraois, a Ghrainne', ar Diarmuid.
'Is cuma sin, ' ar Grainne.
' Maise', ar Diarmuid, 'ni fulair liom a fhios dfâghuil, 6ir si
lim go gcualadh cuid de ?
larsin a dûbhairt Grainne, go banamhuil tais leanbuighe
naireach, ' a Dhiarmuid ', ar si, ' gé môr do chrôdhacht
agus do chalmacht a ccathuibh agus a ccômhracaibh, dar Uom
fein is dana an baoithsteangcân uisge ùd inâ tu'.
'Isfiorsin, a Ghrainne', do râdh Diarmuid, ' agus ce fada
mise dam choimeud fein ortsa ar eagla Fhinn, ni fhuilngeôd
mh'imdheargadh dhuit nisa mhô, agus is direach gur deacair
taobh do thabhairt ris na mnâibh'.
free from the spell laid upon her'. IV. H. T. p. 40. Similarly L. F. 153,
154. This ingenuity on the part of a woman in accomplishing some-
thing apparent!}- impossible is fréquent in popular tradition. Cf. Kôhler,
Kleinere Schriften, III, p. )i3-4; Grimm. Kinder und Hausiiiarchen,
p. 170.
I. JV. H. T. p. 35. Diarmaid would not approach her and he uscd to
put a symbol before the door, a quarter of a slaughtered animal on a
stake, and Finn when he saw the sign, was satisfied. Similarly IV. H. T.
44. He left a spit of flesh uncooked in Doire dha Bhoth as a token to
Fionn and the Fenians that he had not sinned with Grainne, and he left
the second tirae seven salmon, uncooked, upon the bank of the Leamhain,
vvherefore it was that Finn hastened eagerlv after him. O'Grady p. 80-1
(In 1,5 23, the passage is suppressed). Sometime after this D went oft'with
G. but where hc passed tlie night he left unbroken bread to show that
he was still blameless. F. \2.
Tht' Rcproach of Dianiiaid. 47
Is annsin do rinn Diarnuiid beau do Ghniinne ar tûis agus
rug leis san bfhiodhbhaidh i agus do mhairbh fiadh alita an
oidche sin agus do chaitheadar a ccuid iarsin .i. a lordhôithin
feôla agus fîoruisge.
TRANSLATION
She took heart and began to walk by Diarmaid's side bold-
ly. A light jet of water splashed up through thc toes of her
foot till it siruck up to her thigh and she said toherself soft-
tlv and guardedly :
A plague on thee streaky splash,
Thou art bolder than Diarmaid.
* What is it that you said, O Grainne '? askcd Diarmaid.
' It isof no importance', said Grainne.
' Notso', said Diarmaid, ' I shall not rest until I know it,
for I think I heard part of it '.
Then Grainne said timidly, shyly and modestly : ' O Diar-
maid, great as is thy valorand bravery in battles and encoun-
ters, methinks this light splash of water is bolder than thou '.
' That is true, O Grainne ', said Diarmaid, ' and although
I hâve been keeping myself from thee for a long time for fear
ot Finn, I will no longer endure thy reproaches, Truly it is
hard to trust women '.
It was then that Diarmaid first made a wife of Grainne and
took her into the thicket. He killed a wild deer that night
and they ate their meal then — their fill of flesh and pure
water.
This is from one of the eighteenth century manuscripts
ot the literary version'. The popular accounts are more
I. R. I. A. Ms. 3 B. 8, f. 312. The Ossianic Society édition of O'
Grady's manuscript gives a less detailed account, p. 108. The passage is
not translated, p. 109. In the édition of the Society for tlie Préservation of
the Irish Language the passage is entirely suppressed. It is of especial
interest for its similarity to a passage which occurs in most of the ver-
sions of the Tristan story : For love of the first Isolt, Tristan refrains
from consummating his marriage witli Isolt of Brittanv. One day,
ayear after their marriage, his wife is riding with her brother; her
4^ /. H. Uoyd, 0. J. Bcroin, G Schocpperh.
bluiit '. The incident may well liave belonged to the story
from a reinote period. h sheds light on the attitude of
Diarmaid in the lays hère printed .
III
In connection with the second lay hère printed^ the fol-
lowing incident was related - :
A stranger, who seems to be a supernaturnal being, enters
the cave in which the lovers hâve taken refuge, and he and
Diarmaid engage in a game of dice. Diarmaid loses, and the
stranger demands Grainne as the stake. Diarmaid is compelled
in honor to rehnquish her, and départs. Later he comes to
the cave in the disguise of a beggar. Grainne recognizes him
when he offers her the first pièce of sahnon he has roasted,
for she knows that it is one of his Qeasa never to eat or drink in
horse steps into a pool and the vvater splashes up under her robe.
She says to herself : « 111 luck to you, water, you are bold, iiideed;
how dare you spring farther under my clothes than ever knight's hand
dared come, or ever knight's hand came ? « Her brother overhears her words
and demands an explanation. Eilhart von Oberg, Tristan, éd. F. Lich-
tenstein, Ouellen iind ForscJnnigen XIX, 6138-60. The extant Tristan texts
are rédactions ot a common French source written in the tweltth century, cf.
J. Bédier. Le roviaii de Tristan par Thomas, Société des anciens textes français,
1902, 1905, II, p. 308; W. Golther, Tristan uml Isolde in den Dicbtnng-
en des Mittelalters nnd der neiien Ze// (Leipzig, 1907), p. 71. The incident
of the splashing water appears in the Tristan romance in a context which
is almost certainly the invention of a French courtly poet of the twelfth
century, and is used to illustrate one of the favorite problems of courtly
love. In the Diarmaid and Grainne story, on the contrary, the primitive
character of the splashing water épisode corresponds to the entire story.
I am inclined to think that the épisode in Tristan is due to Irish influence.
1. JV. H. T. p. ^6 : They went away and they travelled together three
daysand three nights. They werecrossingariver, andalittle trout rose and
struck her (Grainne) and she said : Thou art bolder than Diarmaid. If thou
couldst go on shore! ... F. 55 : Grainne put her feet in a pool of water
and some of it splashed on her. She said, I am so long a time going with
the third best hcro of the Fians and he never approached so near. Then
Diarmaid left broken bread behind him.
2. L. F. 155 b, 154 ; ÏV. H. T. 41.
The Reproach of Diarmaid. 49
the présence of a woman without offering her the lîrst
morsel '.
He engages in a stmggle with the stranger, kills him, and
leaves the cave. Grainne follows him, overtakes him at dawn
on the mountain of Shabh Gaoil, and attempts to effect a
reconcilation with him. He addresses to her this lay.
It seems to be to Grainne's relations with the stranger that
stanza 7 of the first lay hère printed and stanzas 19-21 of
the following lay allude. The épisode is found in numerous
versions in popular tradition -. In some versions it exercises
an important influence on the story. In one taie, the stranger
entering attempts to embrace Grainne, and Diarmaid slays
him. In this version it is at this point that Diarmaid yields
to Grainne, for she taunts him by comparing his boldness
with that of the stranger ''.
In another version, in which Diarmaid never yields to
Grainne, shegives herselfto the stranger. Diarmaid kills him
when he discovers her dishonor, but he can now no longer
leave the sign to Finn that his wife is untouched. Diarmaid
thus remains to the end faithful to Finn. His innocence is dis-
covered afterhis death '^ and Grainne is buried alive >.
In the épisode of the stranger, popular transmission has
1. According to oral tradition, supported by the i8th century literary
version, Diarmaid's Geasa were the following : not to eat or drink in any
place where there was a woman without giving her the first morsel, not to
hear the cry of the hounds without foUwing the hunt, nottowatchagame
without helping thelosing player, notto refuse his comrades anything they
should ask of him 1. F. 153, 156, O'Grady, p. 78, 174-6, 144 (I 23, II
37, II 22). Cf. The Death of Diarmaid in the next number of the Revue
Celtique. Hère Finn asks Diarmaid to measure the veuomous boar against
the bristle and he does not refuse.
2. W. H. T. 41, 55, 61 ; F, 53, 55, 56 ; L. F. 153 p. 154.
3. F. 53, f. 55.
4. IV. H. T. 44, 55 When Diarmaid gave eut the shout of death, said
Finn to Grainne : ' Is that the hardest shriek to thy mind that thou hast
ever heard ?' ' It is not, said she, but the shrieh oî the ciiithach, when Diar-
maid killed him. ' ' Ye gods ! that Diarmaid were alive', said Finn.
P- 54, 57-
5. F. 57, 62; L. F., 162 a, stanza 26, 164 a, stanza 30, 1646, stanza
13.
Revue Celtique, XXXIII. 4
$o /. H. Lloyd, O. J. Bergin, G. Schoepperle.
perhaps corrupted the détails of an incident whose significance
the narrator did not understand'. We find something nearer
perhaps to the original form of the épisode in a type of story
of which we hâve several versions in older Celtic literature
and numerous imitations in French Arthurian romance of the
twelfth centurv' :
I. The i8th century literary version préserves a few détails which are
found, in the oral oiies, in connection with the épisode of the stranger :
the mention of Diarmaid's characteristic manner ot dividing the fish,
p. 80-1 (I, 5 25) cf. L. F. 153 b; the dwelling in the cave; Grainne asks
Diarmaid for his knife, p. 96-7 (I, 5 39) Cf. H" . H. T. 41 : ' Wouldst thou
eat bread and flesh, Diarmaid' [savs Grainne] ? ' Needful were I of it if I
had it'. 'Hère I will give it to thee. Where is a knife will eut it ? ' 'Search
the sheath in which thou didst put it last, ' said Diarmaid ." Grainne,
ashamed, takes the knife out of the side of Diarmaid. She had aided the
stranger against him. Similarlv L. F. 153 b.
The stranger is called bv the foUowing names : IV. H. T. 41, Ciofach
Mac a Ghoill; /F. H. T. 55, a ciuthach (pronounced Kexvach, described in
Long Island as uaked wild |men, living in caves. Supposed to be derived
from ciuth, long hair behind, which word is applied in Islay to a pigtail
(J. F. Campbell); F. 53: Ciuthach mac an Doill (Ceathach mag-an Doil).
The editor suggests Mist, son of Darkness ; F. 53 : a giant ; F. 56 : the
Ciuthach mor ; L.F. 153 : a giant called Ciach, meaning Fierceness ; L. F.
1)4 : a giant called Cithich Mac Daol. Mr. Lloyd suggests An Citheach
Ard, a giant in Ulster folk lore, and proposes the meaning Rage, son of
Chafer, A)i Chtidheamh Soluis, Feb. 5, 1910.
The suppression in the literary version of the épisode of the stranger is
probably to be accounted for by the writer's effort, apparent throughout,
to redeem the character of Grainne,
2. Tochmarc Ftaine, éd. Windisch, l, Scèl Mongan, éd. Meyer, Voyage
of Bran, I, 58 ff; Pivyll Pendevig Dyved, éd. Rhys and Evans, Mahiiiogiou,
Vita GiJdae, éd. San Marte, v 10: cited in Rom., X 491 n. ; éd. Mon . Gei .
XTII, p. 107 (Chrouica minora saec. IV, V, VI, VII). Ulrich von Zatziko-
ven, Lanielet, éd. K. .\. Hahn (Franckfurt a. M. 1845), 11. 4972-5360,
6710-7423 ; Heinrich von Tùrlin, Diu Crâne, éd. G. H. F. Scholl, Biblio-
thek des Ut. Ver. inStuttgart, XXVII, 11. 3356-5370, 10113-12588, Hartmann
von Aue, /îi'«n, ed . F. Bech (Leipzig, 1873), 11. 4530-4725; Christian
von Troyes, Der Karrenritter, éd. H. Foerster (Lalle, 1899); King Arthur
and King Cormuaîl, éd. J. F. Child, Englisb and Scoitish Popular Ballads,
I,p. 279; Sir Orfeo, éd. O. Zielke (Breslau, 1880). Allusions to the
abduction of Guinevere are scattered through Arthurian romance. Cf.
Durmart le Galois, éd. E. Stengel, Lit. Ver. in Stuttgard, cwi, 1. 4185-
4340, Der Pleier, Gfl;v/ von dem hJïihenden Tal,Qd.M.. Walz (Freiburg,
The Reproach of Diarmaid. 51
A stranger, prince of a mysterious realm, appears unex-
pectedly in the court. The queen recognizes him, for he has
been her betrothed, or, in some former life, lier husband. To
the others he is unknown. His haughty bearing attracts the
attention of ail. He invites to a test of skill (in the Tocbmarc
Etaine, in a game of chess), and receives from the king in
advance, the promise of whatever stake he may demand. He
wins, and claims the queen. The king hésitâtes, but accèdes
when taunted with havingcompromised his honor. The queen
shows no unwillingness to départ with the stranger. After
many difficulties the king succeeds in finding and winning
back his wife by force or ruse.
The épisode in Diarmaid and Grainne represents, it seems to
us, a degenerate form of this type of story. It has lost the
trait that the supernatural stranger was in some former life
betrothed or married to the queen. The loss of this trait,
which would explain the absence of résistance on the part of
Grainne, alters, of necessity, the interprétation of her character.
In conséquence we cannot accept the oral tradition as reprc-
senting the attitude of the ninth (?) century poet toward his
characters, or as correctly interpreting the significance of the
épisode. It is possible, however, that the incident itself con-
stituted an élément in the original story.
The first lay hère printed is contained in the Book of the
Dean of Lismore, a manuscript of the sixteenth century '. The
présent text is based on the diplomatie édition of Cameron
1892) 1. I. ff., 1. 1280 ff. Malory, Le Morte Darthure, éd. H. O. Sommer
(Loiidon, 1889), XIX, ch. i. 6, p. 772, etc. etc.
Studies on this type of story hâve beenmade, in connection with Chres-
tien de Troyes' La Charette, by Gaston Paris, Romania, XI 459 ff. ; in con-
nection with the English lay Sir Orfeo by G. L. Kittredge, American
Journal oj Philohgy VII, 176 ff; in connection with the English ballad,
King Arthur and King CorniuaU, by K. G. T. Webster, EngJische Studien,
XXXVI, p. 340 ff. ; in connection with Chaucer's Franldyns Taie, bv W,
H. Schofield, Publications of the Modem Language Association of America,
XVI, p. 405 ff.
I . The heroic poems in the Dean's Book were edited by Thos. Me
Lauchlan, The Book of the Dean of Lismore (Edmh\irgi\, 1862) with resto-
rations in modem Scotcli and English translations. The translation of the
Reproach of Diarmaid, p. 64, 20, is verv inaccurate.
52 /. H. Lloyd, O. J. Èergiii, G. Schoepperîe.
in Reliquiae Celticac 11,88. The language isearly modem Irish
with a few Scottish characteristics. Stern (Zeitschrift fïir
Celtische Philologie, 1,294-6, 310-327) is probably right in
attributing this type of poem to the end of the fifteenth century .
TEXT
1 . Do mhillis mise, a Ghrâinne ;
Thugais nàire mhic Cumhaill :
Bheith ' mar ataim san éigean =.
Is beart nach féidir a thulaing.
2 . Do thréigeas cluiche is conghâir,
Ar chompân dhamh — ni as taire '
Do thréigeas mnâ gan gille ;
Is do mhillis mise, a Ghrâinne.
3 . Do thréigeas muirn is meadhair,
Cuirm is greadhain is gâire ;
Do thréigeas cluiche fileadh,
Is do mhillis mise, a Ghrâinne.
4 . Caoilte mear is Mac Lughdhach,
Dias ar nach d'rugadh taire ;
An fioch'^nior ro-mhaith rinne;
Do mhillis mise, a Ghrâinne.
5 . Goll is Osgar is Oisin,
Aicme nach corrach pâirte
Dob' ionmhuin leo sin sinne ;
Do mhillis mise, a Ghrâinne.
6 . Fionn féin an aigne roi- mhir,
Is uaidh [do']gheihhmis fâilte,
Do thréigeas miuirn a thighe
Is do mhiUis mise, a Ghrâinne.
7 . Mar a bhios an uaimh c — 5,
Dhamh-sa ni hadhhhar gâire.
I. BhithQ).
2: Words printed in italics are doubtful.
3. gà ni as taire, — what is more shameful (?); dû ni a- taire, —
two most shameful things^.
4. a bfhioch.
5. Mr. Lloyd translates 'as I was in a cave of battle', reading
chat ha.
The Reproach aj Diartnaid.
Ag coimhcad uamha bige ;
Do mhillis mise, a Ghràinne.
8. Ag dol tar Bheannaibh Boirche '.
Is ar mhuUach Bhoirne bâine',
Ni môr nach tuirseach sinne;
Do mhillis mise, a Ghràinne.
9. Ag dol tar Eas Ruaidh ; rôinne,
Is beag nàr fhôbair mo bhâidheadh;
Fâ ro-fhuar geilte glinne ;
Do mhillis mise, a Ghràinne.
10. Tâim go fàda is go haithghearr,
Ag taisteal Eireann aine;
Is tréan do bhuaidhir sin sinne :
Do mhillis mise, a Ghràinne.
TRANSLATION
I . Thou hast ruined me, o Grainne.
thou hast brought shame on the son of Cumhall ;
to be as I am in distress,
is a load I cannot endure.
2 I left play and uproar
for a companion, which is more shamefui ;
I kft women without an attendant,
and thou hast ruined me, O Grâinne.
5 I Ifft merriment and delight,
banquet and festive group and laughter;
I left the play of poets ;
And thou hast ruined me, O Grâinne.
4 Caoilte the Swift and Mac Lughdhach,
a pair never put to shame —
iheir anger was not very good toward lis —
thou hast ruined me, O Grâinne.
5 Goll and Oscar and Oisin,
a Company not unstable in affection,
we were dearly loved by them ;
thou hast ruined me, O Grâinne.
6 From Finn himself of joyous heart —
from him we used to get welcome ;
I. Mourne Mountains, in County Down.
2» Burren, in County Clare.
3. Assaroe, the Salmon Leap at Ballyshannon, Co. Donegal.
54 /• H. Lloyd, O. J. Bergin, G. Schoepperle.
I left the delight of his house,
and thou hast ruined me, O Grdinne.
7 cave
it is no cause of laughtcr /o me :
keeping a little cave ;
thou hast ruined me, O Grâinne.
8 Going across the Mourne Mountains,
and on the top of the ïvhite Bu r yen,
we are wcU nigh weary ;
thou hast ruined me, O Grâinne.
9 Going across the falls of Assaroe,
I was almost drowned ;
very cold were the spirits of tlie glen ;
thou hast ruined me, O Grâinne.
10 By long tL'ays and short icavs,
I am traversing noble Erin.
Sorely has that troubled us ;
thou hast ruined me, O Grâinne.
The text of the second lay ' was printed by J. F. Camp-
bell in his Leabbar iia Feinne (London, 1872), p. 153 from
Kennedy 's first collection of Ossianic poems, made about
1774, a manuscript in the Advocates Library, Edinburgh%
p. roo. It is a more elaborate version of the first lay and
includes Grainne's replv to Diarmaid's reproach.
TRANSLATION
I. Grainnc : It is early the héron calls on the marsh which
is on Sliabh Gaoil ' ; O son of O'Duibhne, whom I hâve
loved, Tell me the cause of its cry.
I . Rcstorations of both thèse lavs in modem Irish were printed by
Mr. |. H. Lloyd in An Claidbea>nh Sohiis, the organ of the Gaehc League,
DubUu, igMarch, 1910.
2. CampheW, Leahhar na Feinne (cited L. F.)also prints the introduction
to the similarlay found in Kennedy's 2nd Collection, (c. 1774), p. 91, and
its variants. We hâve printed the more important variants in notes 1,4, 6,
page 56, infra.
3. Sliabh Gaoil is in Argyleshire near Kintyre.
The Reproach of Diarmaid. 55
2. Diarmaid : O daughter of Cormac of Steeds, O woman
who hast taken the wrong course, I will tell thee truly : Her
foot hath clung to the ice.
3 . O Grainne, who art more fair to see Than the smooth
green tree in blossom, Thy love is as swift to change As the
chill cloud at dawn of day.
4. 111 hast thou used thy arts; When thon hadst entirely ivon
my assent to thee', Thou didst put me in hard distress ; Thou
hast dealt grievously with me, 0 Grainne.
5 . Thou didst take me Trom a king's palace, To be in exile
ail my days. Or like the night owl, Lamenting pleasure in
every place.
6. I am like a deer or a stag, Passing my days along remote
glens. None desires to see me, Of ail v/ho were kin to me in
the house of hosts.
7. I hâve forsaken ail my people, Those who were bright-
er in nature than snow on the hillside. Their hearts were
loving and gênerons to me, Like the sun high in the
sky^
8. But now they hâve become full of hatred toward me,
like an océan that does not ebb, Since thou didst beguile
me, O Grainne. O, thy love hath been of ill omen to me !
9. Through thee I hâve lost my lands forever. And my
white-sailed fleet upon the sea. I hâve lost my jewels and
my gold. It is bitterly thou hast wronged me with thy
love .
10. I hâve lost my inheritance and my comrades. And my
men who were not feeble behind shields. I hâve lost the
kindness and love Of the men of Erin and ail the Fiann.
11. I hâve lost delight and music; I hâve lost the right to
my own honor; Erin and ail that are in it hâve forsaken me,
On account of thy love and affection alone.
12. I can never again return To the Fianns of Erin luhose
coiiipanies were great 5 ; My character is more hateful to Finn
Than the terror of a monster of sharpest bristles.
1. Mr. Lloyd reads : ' when thou didst solve mv whole task '.
2. ' and the high skies ' ?
3 . ' whose love was great ' ?
56 J. H. LJoyd, O. J. Bcrgin, G. Schoepperk.
13.0 Grainne of fairest form. No better for thyself was
thy elopement. It was thy choice to go with me like a phan-
tom Rather than to be in ease with the king of the Fiann '.
14. Grainne : O Diarmaid, brighter in face Than fresh
snow or bog-cotton of the mountain, Dearer to me was
the Sound of thy hps, Than ail the music- among the
Fiann.
15. Dearer to me was the glance of thy eyes, And thy
fresh blue eyes like the grass, Than ail the strength and ail
the gold In the great hall of the king of the Fiann.
16. The love spot on thy bright face Was dearer tome
than honey or a jet of milk; When I saw it above, It was
dearer to me than the king of Erin and his host.
17. My heart fell within me, When I saw thy image and
thy beauty; If I could not hâve brought thee to my side, I
should no longer be in the world \
r8. O dear warrior of brightest palm, Though it is I who
caused ail thy fault, Accept me again as thy wife, And Iwill
swear never to forsake thee 4.
19. Diarmaid : Why should I take thee as a wife, O woman,
although thy voice is soft, — The woman who forsook the
king of the Fiann, And forsook me afterward as surely.
20. Grainne : Even though I did leave Finn,... 5 And
although I forsook thee afterward, When I was altogether
despondent ^\
1 . 111 was thy behavior, hard the taie . Thou didst choose the fierce
one of the hills, Rather than ail that the Fiann had, Ketmedy's Second
Collection .
2. Leg. cheol with Ketmed/s Second Collection.
V Mr Lloyd reads : ' If I got thee not to my side, I should not be in
the world a single day'.
4. O dear hero of the brightest palm, Great is mv fault, and great is
the reason [for it]. Accept the daughter of Cormac of the Heroes ; I swear
by the bushes that I will not forsake thee, Kennedy s Second Collection.
5. Lest I should fall through grief and sorrow'. ? The line does not fit
the mètre or the syntax.
6. Although I did désert Finn, Since I loved thy glory (speech) more,
I did not side with the strong giant : Far dearer to^ me was thy music.
Kennedy' s Second Collection.
The Rcproach oj Diarmaid. 57
21. I will never forsake thee now, But true love to thee
forever growing, [Shall be] like iresh branches on the bough,
With gentle warmth throughout my life.
22. Diarmaid : Fulfil thy promise, O woman, [And] al-
though thou hast tormented me with sorrow, I will accept
thee as my wife, Although thou didst choose the great
giant ' .
J. H. Lloyd, O. J. Bergin, G. Schoepperle.
I. The text, translation, and textual notes from the Dean s Book, are by
J. H. Lloyd and O. J. Bergin ; the translation of Kennedy's version is by
G. Schoepperle, revised bv J. H. Lloyd and O. J. Bergin. The introduction
and literary notes are by G. Schoepperle.
This article and one ou the Death af Diarmaid to follow in the next
number of the Kez'ue Celtique will form the basis of a study of the relations
of the story o{ Diartnaid and Grainne to that of Tristan andIsoU, to appear
shortlv in a volume on the origins of the Tristan romance.
ZUR INTERPRETATION DER ECHTRA CONNLA
Anlâsslich der Vorbereitung einer kritischen Ausgabe der
« Echtra Connla » fur meinen « Primer of Old-Irish »
môchte ich an dieser Stelle einige von niir vorgeschlagene
Emendationen niiher erôrtern.
Vor allem ist es nôtig, auf das Verhàltnis der Manus-
kripte etwas nâher einzugehen. Der Text ist zwar im Gross-
en und Ganzen derselbe, doch finden sich am Antang und
Ende einige Differenzen.
Die Manuskripte zerfallen in zwei Gruppen :
A. Version I wird durch LU p. 120, und Harleian 5280
fol. 76'' I reprâsentiert. Der Text ist an einigen Stellen kor-
rupt und die erliiuternden Zusiitze weisen deutlich auf die
Hand eines Redaktors, der den ihm vorliegenden alten Text
(der in Version II seine ursprûngliche Gestalt bewahrt bat)
seinen Zeitgenossen mundgerecbter zu machen sucbte.
Das Verhàltnis von LU und Harl. ist besondêrs desv^-egen
intéressant, weil dadurch Zimmers Théorie, dass der Schreiber
von LU nicht auch der Kompilator gewesen sein kann, son-
dern sein Material von einer àlteren Kompilation, die eine
Neuredaktion verschiedener alter Sagentexte darstellte, einfach
abgeschrieben haben musste, sehr schôn bestàtigt wird.
Das aus dem 16. Jahrhumdert stammende Harl. 5280
kann nàmlich nicht von LU abgeschrieben sein, sondern muss
gemeinsam mit LU auf eine altère Vorlage (die von Zimmer
dem Flann Manistrech zugeschriebene Kompilation) zuriick-
gehen, wie aus folgenden Lesarten erhellt :
§ I LU : « in uachtor », Harl. : « indochtMr » (Eg. N.
R. : « indochtar »).
§ 3 LU : « rochûalatâr », Harl. : « rocolatfl;- » (Y' :
rocholatar »).
Zur Interprétation der Echtra Conula. 59
LU : « connach cûala », Harl. : « gonach colai ».
Dem Schreiber von Harl, konnte es unmoglich einfallen,
ein ihm leicht verstândliches vorliegendes cùaia durch côlai,
etc. zu ersetzen ; in dem letzterwiihnten Fall hat Eg. 1782 :
coala und YBLcol. 915 : coali.
Entweder stand nun im Original côle und die Manuskripte,
die ôa haben, gehen auf Abschriften zurùck, die zu einer
Zeit gemacht worden waren, als ô zu ôa geworden war, oder
(wie Prof. Thurneysen wir vorschlàgt) im Original stand
ûberall ôa (das noch nicht zu fia geworden war ; cf. ê, das
ûber èa zu la wurde) — so haben fast aile Handschriften
Bôadao {= Biiadach) cas (= lïas) — das von verstândigen
Schreibern zu ûa^ von un verstândigen zu 0 gebessert worden
war.
Das Original unserer Sage muss demgemâss, wie ich ein
anderes Mal nâher zeigen werde âlter sein, als die Wûrzbur-
ger Glossen in denen ô vor / und d schon regelmàssig als ûa
erscheint.
Dass jene gemeinsame Vorlage von LU und Harl. nicht das
Original, sondern eine Neuredaktion gewesen sein muss, wird
am Ende dieser Abhandlung gezeigt werden.
B. Version II, die die ursprûngliche Fassung des Textes
giebt, wird durch sàmmtliche ùbrigen Manuskripte vertreten,
namlich : Y. B. L. col. 399 (Y'); Y. B. L. col. 914 (Y ^ ;
Eg. 88 fol. ii''i (88) R. I. A. N. 10 (Betham 145) fol. 70
(N); Eg. 1782 fol. i9^^2 (Eg.); H. i. 13 (T. C. D.) fol. 349,
eine genaue Kopie von Eg. 1782. Schliesslich das Fragment
in Rawl. B. 512 fol. i2o''2 (R).
I. Aininsur àlaib.
Der Vers in LU : : Tathut airiinsnr âlaih
fri tôind l'eôkhaire ojadib (= ôadiF).
hat his jetzt der Ubersetzung scheinbar unùberwindliche
Schwierigkeiten bereitet. Ursachen dieser Schwierigkeiten
sind die Worte aininsur àlaib.
Die andern Manuskripte haben : Y' aninsôer aildib Y^ ainin-
sur alaibEg. : airiunnsur àlaib N : airiunnsur aliiib, 88 : airiun-
sur alaib.
éo Julius Pokornv.
Ich halte airtinsiir alaib fur ein Cheville und will daher
zuerst den iibrigen Teil des Verses iibersetzen.
Wir mûssen uns vor allem vor Augen halten, dass knappe
Diktion, die manche Worte nur erraten lasst, in der irischen
Poésie sehr hàufig vorkommt.
So ist in unserem Falle nach tâthiit wohl ein Wort, das
etwa « Widerwille » oder « Kampf » (vielleicht debuith)
bedeuten kônnte, zu ergânzen. Ebenso ist vor ôadib ein Wort
fur « Fortgehen, Forteilen « zu ergânzen, so dass wiralso die
Stelle iibersetzen kônnen :
Du strâubst dich, — aininsnr àlaib ! — gegen die Woge
deiner Sehnsucht, [die dich treibt] von ihnen (den deinen)
[fortzugehen], damit wir in meinem kr3'stallenen Schiffe zum
Sid des « Bùadach » kàmen, wenn wir es erreichten. »
Die Konstruktion : Tâthiit (dehiitli) fri... « Du streitest
mit..., hast (augenblicklich) Widerwillen gegen... », ist ganz
unbedenklich (cf. O' Maille, Verbs of Existence § 80). Ver-
gleiche Wb. 28''2 5 : ni bii debuith do f ri nech « he has nota
quarrel with any one », wo fur ni bii do... ebensogut ein infi-
giertes (resp. suffigiertes) Pronomen mit lu stehen kônnte ■
Umgekehrt kônnte fur tùthut (« dir ist » cf. Fél. Juli 24)
in unserem Falle auch ta diiit, im Falle der Negierung : ni-t-tâ
stehen.
(Auch eine andere Erklàrung wàre môglich, die bei unserer
ausserst mangelhaften Kenntnis der Syntax des archaischen
Irisch vielleicht auch in Betracht zu ziehen wâre, die ich aber
nur, um aile Môglichkeiten zu erôrtern, hier mit grôsster
Reserve anfûhre. In thâtut fri... kônnte vielleicht ein sonst
zufâllig nicht belegtes Idiom « du bist unwillig gegen... »
vorliegen . Vergleiche Wb 24'''24 is hed romboth dam « this is
why people hâve been at me » und neuirisch : céard ta ort
« what ails thee ? »)
Das Cheville air uns nr àlaib ist zweifellos nicht ganz richtig
ûberliefert. Es sind zwei Môglichkeiten zu erwâgen. In der
irischen Palâographie besteht die Eigentûmlichkeit, dass Zei-
lenschluss und Wortschluss nicht zusammenfallen mùssen, so
I. Eriu, VI, p. 65.
Ztir Interpretal'wn der Echtra Connla. 6i
dass Worte oft an beliebiger Stelle ohne jeden Bindestrich
abgebrochen werden. So kann leicht im Original (zusammen-
gehôrige Worte wurden, besonders in Chevilles, oft ohne
Worttrennung zusammengeschrieben) aininsiir \\ àlaib gestan-
den haben, indem has r, das zu ràlaib gehôrte, gerade am
Schluss der Zeile zu stehen kam. Unverstândige Schreiber fass-
ten dann airimsiir als ein Wort auf.
Das r kann aber auch auf andere Weise zu airimsii
gekommensein. Die irischen Schreiber pflegen die in der Prosa
eingestreuten Gedichte gelegentlich durch ein am Rand der
Zeile hingesetztes R (Abkiirzung fur rose oder retoric) erk-
ennbar zu machen. (So. z. B. in der LU Version unseres
Gedichtes).
Wenn nun im Original die Zeile auf der rechten Seite
eines Folioblattes mit airunsii endete und am Rand der Zeile
(dies wâre ja die erste Zeile des Gedichtes gewesen) jenes R
stand, konnte dièses leicht vom ersten Abschreiber des Ori-
ginals aus Unachtsamkeit in den Text des Gedichtes hinein-
genommen worden sein.
Fur die Interprétation ist dièse Frage ûbrigens ganz fcelang-
los, da ràlaib und ùïaib ungetahr die gleiche Bedeutung
haben.
Air(J)unsu ist der Komparativ eines Adjektivs air{i)unse
(z= ir-ansé) « sehr schwierig ». {anse aus *n-asse « nicht
leicht »). Wie sich das erste // in air{ï)unsii erklârt, ist zwei-
felhaft, denn obwohl aile Handschriften // haben, ist deswe-
gen noch nicht ausgemacht, dass es auch im Original stand ;
es konnte auch eine mittelirische Korruption sein. So schrei-
ben z. B. in § i aile Manuskripte das jûngere acailli u.
âhnl., wâhrend nur ein Manuskript (Y ') zutallig die alte
Form adglàiter, die also im Original gestanden haben muss,
bewahrt hat. Wâre dièse Handschrift zufâllig nicht erhalten,
konnte man immerhin zweifeln, ob wir das Recht hiitten,
adglàiter zu restituieren.
Daran, dass anse im modernem Sûdirischen als auns^ gespro-
chen wird, darf man wohl kaum denken. Dagegen
halte ich es fur wahrscheinlich, dass wir in der ersten Silbe
eine Kontamination der beiden Prâpositionen *(p)are (ir. air.
62 J II lins Pokorny.
altcymr. ar) und *iru, àlter *{p)erô ' (irish ir, altcymr. yr) vor
uns haben, dass airiunsii also auf irimsu (*iru-ansii) zurùck-
gelît. Fur irunsn wâre dann durch Einfluss der mit air- zusam-
mengesetzten Worte airiunsii eingetreten.
Das Fehlen der Synkope in der zweiten Silbe istganz unbe-
denklich, da das als Intensivpràfix gebrauchte /;■"- erst nach
dem Eintritt der Synkope angefûgt worden sein kann oder da
daserste // auch ein Svarabhaktivokal - (aus* ir^^nse) sein kônn-
te. Ausserdem wird die Synkope ofter durch schwere Kon-
sonantengruppen verhindert. Zahlreiche Beispiele mangelnder
Synkope findet man bei Meyer, Contributions, p. 43.
Ebenso wie in air{i~)unsu erklârt sich das // im mittelirischen
irussa « sehr leicht » (//-" -\- assci) iritd « grosse Furcht »
(aus *irn-ôlo-, zu air. Nûtli)'.
Râlaib erkliirt sich als Dativ Plur. eines Nominativs rail aus
*pro-pakli (cf. got. fagrs) ebenso wie rân « herrhch » aus ro-
àn entstanden ist, da im Irischen jedes Adjektiv durch Prafi-
gierung von ro- verstàrkt werden kann. So ist rail = ro-àil
« sehr passend, erwûnscht, Wunsch » und das nichtpalatale
/ in àlaih erkliirt sich durch das vorher geschwundene k. Das
Cheville ist somit wôrtlich zu ûbersetzen « Schwerst erfullba-
rer aller Wûnsche ! » (Wunsch, der am schwersten zu erfûl-
len ist) oder mchr sinngemâss : « Vergeblichstes Bemûhen ! »
Fur die Konstruktion cf. Félire Oengusso, Prol. 316 // dall-
chêilliit do'inib « thou art the most dull-witted of men » (Meyer
in Ériit, VI, p. iio, Anm.)
2. In g rein n-gil.
Der Vers in LU :
Fil tir n-aill,
nadbii messii do saigid
1. Wahrschcialich ein erstarrter Instrumental des Adjektivs *peros. Zur
Bildung vergleiche griech. l-tcT/sow, Brugmann, Gnoniriss, II, 2, p. 188.
2. Zur // Qualitiit der Svarabhaktivokale cf. Pedersen, Gratiiimilik, I,
p. 268, 1. 19/20.
3. Uber die Etymologie und Geschichte des a'r. asse und der Praposition
ar-, il-, werde icii demnachst in Kuhns Zeitschrift ausfuhrlich handeln.
Die genannten Composita wurden zu einer Zeit gebildet, als * erô schon zu
* irû oewordeu war.
Zur Iiiterprclalioii der Echtra Coiiiila. 63
atchÏH : tairnid in gréin n-gil ;
cid cian, ricfam rîa n-adaig.
ist offenbar korrupt. in-gréin n-giJ giebt absolut keinen Sinn,
da tairnid « senkt sich » hier intransitiv gebraucht wird und
wir demgemass einen davon abhângigen Nominativ erwarten
miissen, wahrend der Akkusativ hier keineswegs zu rechtfer-
tigen ist.
In Version II fehlt ngil; atchiu (= ad-d-chiu ans *ii"isô)
« ich sehe es » ist wohl dreisilbig zu lesen ; auch Eg. und N
haben das korrupte grêin ; 88 hat g reine, wahrend Y ' u. Y^
richtio; ëîi haben. Wie dièses ô7z aufzulôsen ist, zeigt uns die
niichste Zeile. ^n muss nâmUch mit einem Wort im Innern
o
der ietzten Zeile. reimen. LU und Harl. haben cian, wahrend
in Eg. N. und 88 das korrupte céin steht. Wieso die Korrup-
tion grêin, cèin entstand, wird uns klar, venu wir sehen, dass
Y' Y' deutlich f?;/ schreiben, demzufolge auch ô^ in gren
aufzulôsen ist.
Im Original stand also noch grèn, cên, mit erhaltenem e,
gerade so, wie ô noch nicht zu ûa geworden, sondern noch
erhalten oder erst zu ôa geworden war.
Der gleichaltrige Imram Brain hat ebenfalls è bewahrt, so
in blédne ^ 55, 58, und das Nebeneinanderliegen von (5 und
ôa ist dort âhnlich zweideutig, wie in unserer Sage. Nun ist
auch begreiflich, wie die Korruption gréin, céin entstand.
Manche Schreiber verstanden das ihnen vorliegende archaische
cén {grtUi) nicht und schrieben dafùr céin, Qréin ; tairnid kon-
nte irrtùmlich als transitiv gebraucht aufgefasst werden) wah-
rend die verstàndnisvollen Schreiber das jûngere, regulare r/'^;/
daflir einsetzten.
3. tairnid
Die Form tairnid kann nicht ini Original gestanden haben,
da erst im fruhen Mittelirischen komponierte Verba die soge-
nannten absoluten Eudungen analogisch annahmen.
Von den ûbrigen Handschriften hat Harl. tairnind, N tai-
rinde, 88 tairinnith, Y ' tainwdb, Y ' tairnid, Eg. tairindig.
64 Jiiliiis Pokoriiy.
Reguliir sollten wir do-aini{n)i erwarten, was auch in den
Vers passen wurde : atchiu, do-airn{ny ingrèn.
Es ist aber nicht ausgeschlossen, dass im Original schon
tairn{iiy (\n wclchem Fall das folgende / nicht elidiert werden
durfte) oder — mit analogischem Zwischenvokal — tairinni
gestanden iiaben Icônnte, da in Wb schon gelegentUch das
Praverb to vortonig vor Vokalen als /- statt als do- erscheint
(Thurneysen, § 844 B.) Altère Belege dièses Verbums finden
sich bei Ascoh, Gloss. Palaeohib. p. lxxxv und Transactions of
thc Phi loi. Society, 1895, p. 64.
4. niod nad mod ; 5 . rondiacht
Ein Vergleich des letzten Absatzes (§ 7 bei Windisch, Ir.
Granim.) der Version I mit Version II zeigt deuthch die Infe-
rioritât der Vorlage der LU Version.
In LU (damit bis auf einige orthographische Verschieden-
keiten ùberein stimmend Harl.) heisst es, nachdem Connhi
in das krystallene Schiff der Jungfrau gesprungen ist ;
Atconnarcatar iiàdib mod nad mod i. in fat rosiacht ind radairc
a roisc:. « Sie sahen (sie, sich) von ihnen (entfernen) « mod
nad mod » d. h. soweit der BHck ihres Auges reichte. »
Dass der Redaktor der LU Version )nod nad mod nicht vers-
tanden hat und den Ausdruck in hôchst unsinniger Weise zu
erklâren sucht, ergiebt sich, sowie wir Version II betrachten,
die ganz kkr und deuthch ist.
Ich gebe den Text von Eg. 1782; in Klammern bessere
Lesarten der andern Handschriften :
« Voceirà da»/// Connla bedg n-ùadaib, co m-boi isin (N :
issind) noi glando. (Y% 88 : glandai). Atacondchatar (Y-,
atacondarcadar ; kg. atacondarcatar) ûadaib. (Y ' hoadhib ;
kg. ôadib) Mod nad mod rondiacht a sùil imram mara (Y ^
maro) dogenset. Ni aicesa o sein (Y - sin) i-lle. Aspert (Y ^
asbert) Conn iarum oc aicsin Airt : Is a oenar (Y- oen///)
indiu do Art. Is de ata Artt oinfiur (Y ^ oenfer). Finit. »
Wir sehen sofort, dass die klare und durchsichtige Version
II dem Redaktor von I als Grundlas:e fur seine Version
Zur Interprétation dcr Echtra Connia. 65
gedient haben muss und gewiss den urspriinglicheren Text
repnisentiert. Unklar ist nur die Form rondiacht..
Y' und N haben gleichfalls rondiacht, Y' ronniacht,
88 roniacht. Eine Form rondiacht ist jedenfalls unmôglich : ihre
Entstehung ist aber ganz klar. s ist sowohl das Abkùrzungs-
zeichen tiir acht wie auch fur sed. Ein rondi's des Originals
konnte sehr leicht als rondiacht verlesen werden. Auch der
Redaktor der LU Version beging diesen Irrtum und besserte
daher das Wort zu rosiacht ; infolgedessen musste er auch den
folgenden Text àndern.
Zu lesen ist zweifellos rondîsed (ro-n-d-ised), 3. sing. Prâ-
ter. des s subj. zu ro-icc « erreicht « ; d ist das infigierte neutrale
d, das sich auf das folgende imram bezieht, obwohl inirani
masculinum ist (cf. Thurneysen § 420, 2. Absatz). Die rela-
tive Form des infigierten Pronomens steht hier, da das Ver-
bum nach mod nad niod, einem Bezugswort, das die Art und
Weise der Handlung ausdrûckt, (Thurneysen § 492) relativ
ist. Aus demselben Grunde hat auch das relative -n- hier sei-
nen Platz. inod nad mod heisst wôrtlich « (es ist) eine Art und
Weise, die (eigentlich) keine Art und Weise ist, mit welcher
(=-//-)... » also soviel, wie « kaum noch ».
Ebenso ist iiiod nad mod im Fled Bricrenn (§ 84) zu ûberset-
zen, \vo es einen neuen Satz beginnt.
Der ganze Abschnitt ist zu ûbersetzen :
« Da sprang Connia von ihnen fort in das krystallene
SchifF. Die Leute sahen sie, wie sie sich von ihnen entfern-
ten '. Kaum konnte ihnen ihr Auçe fola:en, wie sie auf dem
Meere dahinfuhren. Seitdem wurden sie bis heute nicht mehr
gesehen. Als nun Conn seinen Sohn Art erblickte, sprach
er : Jetzt ist Art ganz vereinsamt. Deswegen heisst er « Art
der Einsame. » Ende.
Wien, den 25 Januar 19 12.
JuliuS POKORNY.
I. Vor ôadil) ist ahnlicli wie oben in éûtctiaiic ôadih ein Verbum der
Bewegung zu ergànzen .
Rnme Celtique, XXXIIl. $
ALTIRISCH SEGUND, SECOND, SEGAIND
Auszugehen ist zweifellos von einem Adjektiv in der Bedeu-
tung « trefflich, geschickt ».
Der âlteste Beleg findet sich in Tâin Bô Frdich § 1 1 :
h ségond dofanic LL 75 segonnd donfamicc Eg. (leg. do-n-ânicc)
« trefflich ist es gegangen ». Als Adjektiv erscheint sègiind
aucii im Tdin Bô Ciiailnge (Strachan^ Tâin Taies, p. 23)
« a n-as ségiindo » und im Saltair na Rann 6065 « Ba segunn...
Jasin sluag ». Spàter erscheint meist nur die Form sêgaùid,
(mit Ubergang des Wortes in die adjektivische / Flexion) so
Revue Celtique, vol. XXIV, p. 44 seghaine (leg. sêghaimmî)
und F. M. 868 seghainn. Das Wort wird auch hâufigsubs-
tantivisch in der Bedeutung « champion », « Meister »
verwendet. Weitere Beispiele lindet man in Windisch's
Wôrterbuch p. 766, Eriu IV, p. 124 und V, p. 42.
Was die Herkunft des Wortes anbelangt, so haben wir es
notwendigerweise mit einer Entlehnung zu tun, da ein Kom-
positum kaum vorliegt und ein Suffix -oml, -und, im Irischen
nicht vorkommt.
Ségund ist zweifellos aus dem lateinischen secimdus in
der Bedeutung « glûcklich, geschickt » entlehnt. Vom Stand-
punkt der Bedeutung lasst sich wohl kaum ein Einwand erhe-
ben. Aber auch in formeller Hinsicht ist ailes in Ordnung,
obwohl « secundus » im Irischen vor allem *sechund ergeben
batte.
Es ist ohne weiteres klar, dass s'egund (^sego)id ist nur andere
Schreibweise) keine ursprûngliche Form darstellen kann, dass
vielmehr irgend eine analogische Umbildung vorliegen muss,
weil altes e vor niçhtpalataler Konsonanz zu la hiitte werden
mùssen .
Altirisch Sêguud, S'egond, Sêgaind. 67
Auch von einer Form segiind (mit kurzem e) konnen wir
nicht ausgehen, weil dièses e vor u farbenem g zu / gewor-
den wâre. Es bleiben somit noch zwei Môglichkeiten zu erwà-
gen : Entweder ist segund analogisch aus *sigund umgebildet
worden (durch dièse Annahme kâmen wir jedoch der Erk-
lârung unserer Form um keinen Schritt nàher ; ausserdem
wâre die analogische Umgestaltung von *signnd zu segund nïchl
gut denkbar ; es ist vielmehr wahrscheinlich, dass die urs-
prûngliche Form kurzes e batte, das dann analogisch gelângt
wurde), Oder aber segiind kônnte aus *sechund umgebildet sein,
(vor II farbenem ch wird e nicht zu f) eine Annahme, durch
die aile Schwierigkeiten beseitigt werden. Lateinisch secundns
wûrde nâmlich genau *sccbitnd ergeben haben. Dièses ent-
lehnte *sechund in der Bedeutung « trefflich, geschickt » —
daher auch « heldenhaft » — konnte leicht durch Einfluss
bedeutungsverwandter, lautlich àhnlicher Formen, wie séig
« Falke, Held » — cf. cymrisch gwalch « Falke, Held » —
Genetiv séga'LV. 16 b 33, 36, (das ê ist durch Einfluss des
Nominativs beibehalten worden) segde « stattlich, priichtig,
tapfer » — ursprûnglich « falkengleich » (^segde statt *sîagde
wohl durch Einfluss von séig; wahrscheinlich sind auch in die-
sem Wort zwei verschiedene Stàmme zusammenflossen : das
erwâhnte séig <( Falke » und ein dem in Gallischen hâufigen
sego-, deutsch « Sieg » entsprechender Stamm seg- ; dann hat
gewiss auch die Analogie des kurzvokaligen scg- zur Erhaltung
des è beigetragen.) zu sêgund, sêgond, spàter sêgaind, umgestal-
tet worden sein . Die Form sêgaind ist zum Komparativ
*sëgaindia neu gebild et worden '.
Dass man sich morphologisch unverstândliche Lehnworte
durch Angleichung an andere, einfachere Worte mundgerecht
machte, ist ja auch sonst oft genug geschehen. Ein évidentes
Beispiel ist lateinisch carbiinculus, das im Irischen als carr-
mocol (durch Angleichung an carr und niocol) erscheint.
Wien, den 6 Januar 1912. ■
JuliuS POKORNY.
I. Das oben erwâhnte ségundo ist eine Analogiehildung zum Positiv
séorund.
LE MIROUHR DE LA MORT
(Suite)
(f. 59) DE la troysiesme fin de Vhome qui est L'enfer :
breparè par la Justice de Dieu, aux
Diables, et les obstines en leur
Pechè et Malice.
CHAPITRE III
1955 AN trede poent hon LefFr, à comps crefha defri,
An Yffern» eternal, so Sal à contraly ' :
Nep â delcli lem memoar, dispar he amioary,
A tech digant pechet, oar an bet pan edy.
Pc â heny try tra, heruez an fast ma so ^,
I. J'ai traduit : « sans contredit •», Dict. étym. v. salu, contraly; mais so
serait inexplicable ; sal pour salu ne se lit qu'une fois, N 200, en dehors de
la rime; ce mot n'est jamais suivi de a ; enfin la majuscule de 5a/ indique le
nom, cf. 1966. Dans aii tanlnfi-rnal, so saldcontralx 2004, il y a une extension
admissible de cette expression ; contraly 2354, a un sens analogue (comme
contrcdy au v. précédent). Hep contraly paraît signifier « sans différence » B
310; « sans opposition »N 1357. R*^' ms. porte : « Controll, Countreur, Con-
traire Contraria contrarier, me ve^o Controll deoch je serai contre vous » ;
Yû. controll contraire, coh//-o/// s'opposer, contrarier, résister; Maun. n'a
aussi (\ut controll et controllia. Grég. donne controll, contrell, van. conti-éël
contraire, er c'hontroll-beo, ê controll-veo tout au contraire, c'hoari ar c'hon-
troll, ober ar c'hontroll ou ar c'bontrell contrarier (j'ai eu tort de mettre un
astérisque à cette expression, qui est devenue en tréc. ober cliofitel faire du
bruit, ennuyer, gêner, faire tort. Études d'etvin. bret., 66, 67, Méni. Soc.
ling., XII, 442, 445); controUya contrarier, contredire ((/r r^ père a gontroli
ou^onip ceux qui nous offensent. Le Bris, cité Chrestoni. Bret. 339), control-
l\us contrariant (adj.), controll ver pi. -éryen contredisant, controllyei pi. ou
contrariété, contradiction. Ce doit être le v. bret. conlroliaht, gl. controuer-
siam, moy. bret. *controliae\. Le mov. bret. contraria)/ \ienx du fr. contra-
rier; contraliaff du v. fr. contralier (morvandeau id. contrarier, taquiner,
de Chambure), que M. Grammont explique par un mélange du précé-
dent avec contrelier = contra-Ugare ; contrel, contrell contraire, contrariant.
Le Mirouer de la Mort. 69
De la Iroisihiic fin deVhomnw, qui est F enfer préparé pai
la justice de Dieu pour les diables et les obstinés
en leur pèche et malice.
CHAPITRE III
1955 Le troisième poiut de notre livre parle t'ortement et sérieusement
De l'enfer éternel, qui est une salle de torture ;
Celui qui garde vivement la pensée de son tourment sans égal
Évite le péché, quand il est en ce monde.
Sur lequel il y a trois choses, à ce sujet,
odieux, peut venir du 1. contrarias ou du franc . contraire (cf. grignol
et grignel grenier, Gloss., 293, etc.). M. Loth, Mots lat. 158, où contrell
est à tort qualifié de v(ieil)-arm(oricain), tient pour l'origine latine, et
explique la finale moderne -0/ par -eul non accentué. Countreur semble
une forme latine non dissimilée. Countrol et control se montrent au
commencement de la période moderne, voir G/055. 118. La finale -ol
était appuyée par counteroll pi. -olyou, conterollvou, coiitrerol pi. you con-
trôle, counterolli contrôler, critiquer, countroller, counteroller, pi. -éryen,
controllour pi. yen contrôleur, ar c'honteroller-vor le contrôleur de la
marine, counteroller pi. rt'« contrôleur, critique, censeur, pi. -éryen «copieux,
qui contrefait, et raille les autres », counterollér'es pi. -eresed contrôleuse
Gr. ; le mélange des deux familles se montre dans sa traduction de « con-
trariant » par controller pi. -éryen. Rel ms. a conterolli contrôler, conterol
contrôle. Pel. tire (OH/ro// contraire de ce mot français, qu'il décompose
aveciaison en contre-rolle . En van., l'A. montre les deux familles distinctes
pour la forme, mais non toujours pour le sens : contrell contraire, contra-
dictoire; contrèllage m. opposition, contrariété; conterolle m. pi. -/«!/ con-
trôle ; contrariété, contradictioB, contredit; conterollein conixàXer ; contra-
rier, contredire; co)iterollour m. ^\. -/e;70« contrôleur ; contrariant, contra-
dicteur, -lourr gloseur.
2. Devant ce vers et devant le titre précédent, il y a un petit fleuron
comme celui qui termine la première page, reproduite fig. i . Ce signe se
70 E. Ernault.
i960 Scier da consideraff, ha da notafFaffo :
Hac cuez anezc, goudc me ho lenno",
Eui ' m'o euitv, quent ; y daz espio*
An quentaff aneze cret se ha na refus,
Eu an diuers hanuou, an lechvou caffou;/5 s :
1965 An acil eu diraeson, affliction confus,
Compaigneunou an Sal ^, Infernal scandalus.
An trcde chcde eu, am deseu nede 7 gaou,
Diuers condition, â punissionou ** :
Enhv Impatient 9, "ha diuers tourmantou,
1970 A punis pechezrien, reuseudien en craou.
Du Feu Infernal, et ses conditions.
Quentaflfez describiff, credet diff an Yffern;?,
Drez caffafF em auis, lie bezaff vn Cistern» '° :
Carguet haznat â Tan, goa eff aya dan bern;;,
(f. 39 V.). So tcuH enh}' dia;s, en ères hep espern/z.
1975 Ahanc oar é quis, nep heny ne distre ",
Mar die bezaff damnet '^, dre é pechet chede :
Quentse en tan manet, hep remet na trete,
Vezo eff bizhuicquen, tra quen nen soutenhe.
retrouve ensuite au commencement de chaque quatrain et devant les titres
français, sauf qu'il est remplacé par une croix aux v. 2081,2143, 2191, 2267,
2283, et par une feuille, v. 2206, 2263.
1. Littéralement « je les lirai », impropriété admissible à la faveur des
rimes. L'emploi du pron. ane:^e forme une plus grande difficulté. Faut-il
lire lat ene:;^, prcnds(-y) garde, cf. v. 954?
2. Lire euil.
3 . Litt. « avant elles à t'épiera), comme gonde te do quaret, v. 373. Ceci
est bien plus fréquent avec evit, quoique je n'en aie pas trouvé d'exemple
avant le Doctrinal; il y en a un plus loin, v. 2079 : euyt y da goelaff. Aux
passages cités G/055. 227, on peut a.]o\iXtx evit-han da veian -cour lui à être,
quoiqu'il soit, Bar:^. Br. 226 ; 'wit-on da t'ra quoique je sois, Cweriioii Brei^-
IieJ, II, 74.
4. On ne connaissait que spiaff, espérer. Grég. donne spya, van. spyal,
spyein épier, qu'il tire « de spy, qui signifioit œil » ; c'est, naturellement, le
a-o'j d'Hérodote (IV, 27), que l'historien n'attribue point au celtique,
mais au scythe. £5^/0 est exactement le gall. yshïo. Le Mirouer n'a qu'un
autre infinitif de ce genre, c'est phuo (mal imprimé ^/oho) frapper, v.2069,
également à la rime. La terminaison -0 n'est, par ailleurs, représentée à
cette époque que dans les Middle-Breton Hoiirs : efuo boire 8, effiio 1 5
(rimes en 0); coiie:;;o tomber 13 (sans rime), 58 (en prose ; la variante
co//qH p. 59 doit être une faute), cf. gall. cwyddaiu, cwyddo. Il y a un indice
Le Mîrotier de la Mort. 71
i960 A considérer clairement et à remarquer vite :
Et elles aussi, ensuite je les expliquerai (?)
Pour que tu les évites, avant qu'elles te guettent.
La première d'entre elles, crois-le et ne refuse pas,
Ce sont les divers noms des lieux douloureux;
1965 La seconde est l'excessive affliction accablante
Des compagnons du séjour infernal maudit.
La troisième, c'est, voici, ce me semble, ce n'est pas mensonge,
Les diverses conditions des châtiments
Là, intolérables, et les divers tourments
1970 Qui punissent les pécheurs, misérables à l'étable.
Du feu infernal, et de ses conditions.
D'abord je décrirai, croyez-moi, l'enfer.
Comme je trouve, à mon avis que c'est une citerne
Pleine, évidemment, de feu; malheur à celui qui va au tas,
Qui s'y trouve, empilé incommodément, dans la douleur, sans pitié.
1975 De là pas un seul ne revient sur ses pas,
S'il doit être damné pour son péché, voilà ;
Mais resté dans le feu sans rémission ni grâce,
Il sera à jamais, plus rien ne le secourrait.
de caiio chanter dans le dérivé canoenn chant, à côté de canaiienn (canafenn
V. 2535, et canaffen NI 105) de canaff, cf. gall. canuan petit chant, de canti.
Le haut cornouaillais a gardé kano, comme ^oelo pleurer, gwisko vêtir, gall.
•(U'VÎaiv, -lo, gwisgaw, -go, etc. ; il a beaucoup multiplié ces infinitifs en 0
(quelquefois ou). On a plusieurs exemples en v. bret. d'une terminaison
voisine, -om (= van. -on àa.ns crenon trembler, ciihon cacher, Rev . Celt.,
XXXII, 20, gall. cuddio). Voir Ztschr.f. celt.Phil., II, 587-390, 397, 400.
Les Heures sont aussi le seul texte qui emploie (p. 8) à la sollicitation de la
rime, aneiof ào. lui, équivalent de ane:(affrcsié dans le van. anehon.
5. Écrit caffouvs N 1175 (mal transcrit au Dict. étym.), caffuous B 705.
6. Fém. comme en franc., d'après enhy, v. 1969 ; cf. sal vras, sal vihan
grande, petite salle Gr. ; sale f. pi. -leu, « très-anciennement ce mot signi-
fioit, Manoir » l'A.
7. La rime exige la variante nedeu.
8. Premier exemple de ce plur. (punicionon Gr.). Ce vers est ainsi imité,
D 160 : Lies condition à punissiounou.
9. La rime demande im patiant, \o\r v. 1953; cf. van. dibatiantt VA.,
etc.. Eludes d'étym. bret., 16, 17.
10. On voit, par le v. 1974, que ce mot était fém., comme en franc.
11. Cette forme, qui n'est pas nouvelle, doit s'ajouter à la liste donnée
au V. 115.
12. Lis. dafnet.
72 E. Enwult.
An t;in man ne aues ', nedeu da vn mocson ^,
1 980 Ez casty pep heny, gant é affliction :
Er pep diouz é pechet, en deues garredon,
Bezet bras pe bihan, heman eu an canon 5.
Nedeu euit sclerder, saluder nac esperanç,
Ho deues an tan man, nac euit contananç :
1985 DreizaflF ne guelont quet, nemet ho penetanç 4,
Han abec pe aban, ho poan so en mananç.
Guelet areont glan, dre'n tan man ho poanvou,
Maz cresq pemdez dreizafi", claft' ouz claff s ho caffou :
Hac ez guelont pepret, an fet ho pechedou,
1990 Hodcuoa comeret i^, her drez oant en bedou.
Entre Tan an bet man, han tan pc'ban canaff,
Ez eux teir diferanç 7, an re diauançaff :
Nedeux den nep henv, mar car é studiaff,
Na lesse é pechet, quent eguet decedaff.
1993 An diferanç queutaff, heruez maz cafafïse **,
Entreze dimerit, en he^ acerbite ■" :
Er an tan an bet man, hac an tan ahane,
No deues vn tomder, da nep lio prederhe.
An tan à vez peinctet ", ouz tan gruet en bet man,
2000 Nedeu da vezaff quet, comparaichet ledan :
Er an tan en moguer, nendeues tomder glan,
(f. 40). Hac eguile so tom, hep patrom en bro man.
1. Lis unes ; de même au v. 34 j6.
2. Mot nouveau, qui se retrouve v. 5473, 3551; c'est le v. fr. maison,
moeson, moinsou, mesure, capacité, dimension (du lat. nmisioiieni), resté en
fr. du Centre et du Haut-Maine moisou mesure ; en bourguignon, loyer
d'une terre pa\'é en nature, etc. God.
3. Mot masc, se lit\'ncore v. 2541. Ne s'était trouvé qu'au sens de pièce
d'artillerie.
4. On ne connaissait que pc ni tance, pénitence NI.
5. Premier exemple d'une locution comme le tréc. moan-eiii-moan de
plus en plus maigre, léon. stard-oc'h-stard de plus en plus fortement; on ne
connaissait de cette époque que miiy 0117^ ntuy de plus en plus, i^oai o^ goa:^
de pis en pis, avec des mots de sens comparatif; voir Rev. Celt., XXII,
381-384; Pedersen, Vergl. Gram. II, 122.
6. Lire cometet.
7. Ceci montre que le mot, écrit differance B 310, etc., était féminin,
comme en franc. Grég. donne diffarançi, Maun. dijfarancç; l'A. différence
m. ; au moy. bret. differancifu distinguer, Gloss. 165 (difeninces tu distin-
guerais, V. 204) répond diffaranci discerner, Maun. ; Grég. a diffaranti diffé-
rencier, discerner, cf. Gloss. 479.
8. Le ler vers de cette strophe reprend, comme rime interne, la finale
du précédent. lien est de même des v. 2003, 2007. De semblables sys-
Le Mi roue y de la Mort. 73
Ce feu et son supplice, ce n'est pas d'une seule taçon
1980 Qu'il châtie chacun avec sa douleur;
Car chacun a le prix de son péché,
Qu'il soit grand ou petit ; c'est la règle .
Ce n'est pas pour la clarté, le salut ni l'espérance
Qu'ils ont ce feu, ni pour le confort :
1985 Par lui ils ne voient rien que leur châtiment
Et la cause pour laquelle leur peine demeure.
Ils voient nettement, par ce feu, leurs peines.
Si bien que par lui s'accroissent chaque jour leurs douleurs, de plus
[en plus vives
Et ils voient toujours cet objet : leurs péchés
1990 Qu'ils avaient commis, tant qu'ils étaient au monde.
Entre le feu de ce monde et le feu dont je parle
Il y a trois différences, des plus terribles :
Il n'est homme, quel qu'il soit, s'il veut y réfléchir
Qui ne laisse son péché avant de mourir.
1995 La première différence, selon que je le trouve.
Énorme, entre eux, c'est selon sa violence :
Car le feu de ce monde et le feu de là
N'ont pas la même chaleur, pour qui les considérerait.
Le feu qui est peint, au feu allumé en ce monde
2000 N'est pas à être comparé, de loin;
Car le feu sur une muraille n'est pas réellement chaud
Et l'autre est d'une chaleur sans exemple sur cette terre.
lèmes d'enchaînement comprennent : 7 str., v. 2015-2042 ; 2 str., v. 2043 5
6, v. 2051-2074; 8, V. 2087-2118; 7, V. 2119-2146; 2, V. 2151, 2211,
2243, 2251, 2263, 2315; 3, V. 2375-2386; 2, V. 2387, 2403, 2443,2539,
2567, 2699. Sauf les 3 str. v. 359-365, ces rapports sont toujours isolés
dans les autres parties du Miroiier écrites également en alexandrins (v. 59,
479> SÏ903I, 571, 74h 803, 875, 895, 947, 979, 1131, 1147, 1295, 1385,
1467, 1547, 1611, 1703, 1727, 1799, 1935). Il n'y a aussi qu'un exemple
de 3 strophes liées parla rime finale, v. 387-398; elles le sont 2 à 2, v. 55,
179, 219, 235, 287, 347, 387, 419- 467, 503, 583, 659, 687, 723, 783 (et,
imparfaitement, 1771).
9. Lire eu.
10. Mot nouveau, du v. fr. acerbitè. Le latin porte: « Primo in acerbitate.»
11. Mot écrit de même, v. 2006. Ce radical ne s'était ttouvé à cette
époque que sous la iorme peut- : pente t rime en eut-, B 273. Maun. donne
peinta peindre, peinter peintre, peintadiire:^ et peintadur peinture; Grég.
p.'nta et peinta, v^n. peintein peindre, l'A. pênntein; du Rusq. pifitr pi.
ed etpentiirer pi. ien peintre, pintra etpenturi peindre, penturi. pi. ion pein-
ture. On peut ajouter : peinta faire des gestes avec les mains en parlant
pour mieux montrer (ab. Caer) ; peiited eveJ eur henn-here~ v attifée comme
une héritière », Proux, Bonibard Kcrnc 68, 69. Cf. Gloss. 478; Ztschr. f.
celt. Philol. II, 519.
74 E- EntatiU.
Euelbc an tan man, en bet man daniany,
Ouz an tan Infernal, so sal à contraly :
2005 Nedeu (la bezaff quet, comparaichet chetuy,
MLU'guct an tan peinctet, ouz heny gruet detry.
Yuez entreze v, ez eux diuision,
Ha differanç digraç, disoulaç ' difieçon :
So bras dre fantasy en ho duration -,
2010 Hac en lio stat padel, peur cruel ha fellon.
Er an tan an bet man, an tra man so haznat :
A guell bezaff lazet, ha steuzet > à prêt mat,
Ouz lamet credet glan, tiz ha buhan an coat,
Pe teurell enhaff dour, neguell muy labourât 4.
201 5 Hoguen tan an yfferntt, maz eux huern» 5 eternal,
1. Mot nouveau, composé de 5o«/(rcr consolation.
2. Mot nouv., du V. franc duration. Le latin a : « Secundo in duracione».
5. Voir G/055. 655, où 5toi^/rt n'est pas de Pel., mais de Le Gonidec
(v. n. fondre, disparaître, s'abîmer, se perdre; au fig. se ruiner). Troude
donne comme ancien esteu^iff décroître, baisser, et comme cornouaillais
steiiii éteindre (une lumière); il a aussi steti:{^ia disparaître comme sous
terre, s'abîmer, se ruiner. Steiiiiet se dit à Gouézec, où il n'est, d'ailleurs,
pas courant, pour « avachi, aveuli, qui ne se tient plus » (M. Gueguen).
Pel. a cet exemple : steusiet ew an- den man, « cet homme-ci est ruiné, est
perdu, ce que l'on exprime quelquefois en François, pa.r est fondu »; il y
voit un « composé d'£"5, et de Teusi, fondre, et disparoître comme un fan-
tôme, comme la fumée ». C'est encore ce qu'il y a de plus probable;
Henry Lex. 253 voit là un 5- prothétique, qui n'expliquerait pas la variante
esteuiiff. Seulement Pel. compare à tort teûs « Lutin, phantôme, spectre,
esprit folet ». Ce dernier paraît avoir :^ dur (//.' gall.), cf. Gloss. 691, Rev.
Celt. XIII, 496, 497. Le van. tè « s. m.... en quelques localités... fantôme,
spectre, et aussi... adj., fondu » Trd. doit résulter d'une interprétation,
fausse de Gon., qui renvoie de te à tcù:^ fonte, et qui assimile ce dernier à
tcûi lutin. Le i de teu^i est doux; il n'y a d'autre indice positif, pour expli-
quer ainsi celui de esteu:(i, steu^i, que le van. hicat stai apaiser, mettre la
paix Châl. ms. (qui ajoute : « quelques-uns n'entendent pas lacat stai ».
Mais il y a au moins autant de raisons pour identifier ce stai à celui de
o-o/a7-5/flï « sivadiere » l'A., = voile d'étai. £'5/t'M:jï^ se trouve aussi écrit
estu:;^iff; ce qui rappelle 5/»:^ ven, misère, esclavage?} 129, 5/ïq m., en corn,
manière, façon, état Trd., « pi. stusion, état, condition, situation, façon,
manière, sorte, c'est le même mot que stad si ce n'est que stui s'emploie à
peu près toujours en mauvaise part » Mil. ms. ; « Etat. Stad, stu~ ^y,Suppl.
aux dict. 83 (existe à Beuzec-Cap-Sizun, Ann. de Br. XVII, 163); stru'j^m.f
corn, mine, contenance, façon, on dit plus souvent 5/h:{; givall stru^iet
corn, qui a mauvaise mine Trd., « ou qui est malade » Mil. ms. Pel. dit
que selon Roussel stru:^ est le même que stroiie- (épines, ronces, buissons,
halliers, toutes sortes de mauvaises productions d'une terre inculte), et
Le Mironcr de la Mort. 75
Ainsi ce feu en ce monde, certes,
Au feu infernal, qui est un séjour de torture,
2005 N'est pas à être comparé, voilà.
Plus que le feu peint à celui allumé en réalité.
De plus entre eux il y a un écart
Et une différence fâcheuse, désolante, funeste,
Qui est grande à l'esprit, dans leur durée
2010 Et leur persistance, très cruelle et horrible.
Car le feu de ce monde, cette chose est évidente.
Peut être éteint et étouffé bientôt
En enlevant, croyez bien, vite et promptement le bois
Ou en jetant dessus de l'eau, il ne peut plus opérer.
201 5 Mais le feu de l'enfer, oià il y a une clameur éternelle.
s'emploie aussi pour « la mine, la façon, l'air et la contenance»; il n'y voit
« aucune apparence de raison, malgré l'exemple de Roussel « Un den
Droiic struiiet, un homme mal façonné, de mauvaise mine, qui a le visage
mal coloré ». Mil. ms. dit que ce mot est à l'île de Batz struj -, il dit aussi
qu'on y emploie à tort struj pour stu^ : e pe struj ema ? (en quel état est-il ?),
C'est un autre mot, en effet, qu'il définit « pousses » : « struj patates, les
pousses des pommes de terre » ; « er struj a vugale en deiis, il a beaucoup
d'enfants ». 5/nq doit être un croisement de struj et de stu::^, ce dernier est
connu dans tout le Léon, où il a un pluriel en iou : ne c'hell ket mont da
bounnen er stu:i^iou ma ' tua (il ne peut aller se promener, dans le triste état
où il est), et un dérivé en iet : stu:(iet fait qui a mauvaise mine (M. Caer).
4. Cf. tréc. labourât être en activité, marcher, n'être pas arrêté, en pari .
d'une horloge, etc.
5. Mot nouveau; se retrouve v. 2456, 3270, 5363, toujours en i svll.
Grég. donne huerni attaquer de paroles; huernus hargneux, querelleux, de
mauvaise humeur; Gon. huerni a. et n. attaquer de paroles, quereller, inju-
rier, insulter, agacer (H. de la Villemarqué a]o\Me huerna'); huernus, huer-
H«^ adj. et s. m. (pi. buernèien) celui qui attaque de paroles, querelleur,
hargneux. Troude a Imernu:^ adj.; il ne connaissait huerni que par Gon. ;
H. de la Vill. a employé le part, huernet (livre) attaqué, critiqué violem-
ment, dans une lettre bretonne qu'il m'a adressée. On lit huerni ho c'hano
mad attaquer, ternir votre réputation, Trub. 331; c'hoërg-nus de mauvaise
humeur, hargneux 200, 201, Jcarajite:^ iw deo na trenk na c'hoërgmis la cha-
rité n'est ni désagréable ni revêche, 116. Henry ûre huerni du v. fr. hergner
« hargner ». On peut penser aussi à coernie injure, honte God. Mais il fau-
drait admettre une influence de Im huée (min ray hu da chasseal blaissie je
donnerai la chasse aux loups, Jac. ms. 4; tréc. 'maii hu ar vro warne, ils
sont la risée du pays; skei an hua da donner le signal à quelqu'un par des
cris); et cela eût plutôt donné 2 svll. Huerni répond mieux au gall. chwyrnu
ronfler, s'ébrouer, qui tient, d'autre part, à clmirinnat « liannir » Maun.,
etc., Gtoss. 104.
76 E. Ernault.
Dre nep neuz bout steuzet, neguell é fet detal :
Sech na gluep â nep sort, nen groahe scort ' niortal
Na de lazaflf affet, ne cafFet nep métal,
Vn differanç arall, heny sali â galler,
2020 Entre'n daou tan > hanuet, da bout lecquet seder :
Er an tan an bet man, homan eu é manier 4,
A goast net aredec i, pan crecq '■ ha pan lecquer?.
Hema " so tra noter, ha fier hep guer gaou,
Tan an bet man haznat, â losq dre grat 9 coadou :
2025 Quement enhaff aya,eff ho lacqua dan'° glaou,
Peur rstut " ha ludu, â pep tu dre'n ruou.
Hoguen tan an poanyou, en yflfernou couen,
Goastaft' quel ne gra eff, dre nep leff eneff den :
Nan Corff dre é torfet, pan vez xt me cret plen.
2030 (f. 40 V.) Beu enhaff neraff sy, vezont y bizuicquen.
Pez eu oarse dien, da den nen em ezneu,
Ha pridiry é stat, quent lauaret i dieu :
Ha distreiffé enep, ouz nep lier drez é beu,
A guell é ren de les, he pales hep deseu ?
2055 Bizuicquen me'n ezneu, ha nedeu tra neuez,
Dan tan man daman}', nep avel en diuez :
Goude fet an bet man, en poan ha bihanez,
Ez chomo bizuicquen, hep quen à leuenez.
Ha me â men yuez, priucz ez goufez\',
2040 Nac eux plen den cnbet,qucu sciançel»- detry :
1. Gl. ms. jamais. Voir v. 1346.
2. On ne connaissait^que la forme mortel, Gloss. 426.
3. Tau est aussi masc. en bret. moderne, comme tdii en gall.
4. Manier est ici fém. ; le genre de ce mot varie, tant en bret. movcn
que dans la langue moderne, cf. Gloss. 390, 391.
5. Nous avons vu, v. 446, compret aredec concevoir du regret de ses
fautes, avoir la contrition ; cf. hep qiienipret a:(rectet sans me repentir J 99 b
(var. plus récente /;^/) queiiieret arretct) ; airec « compunction, tristeur des
péchiez» Cfl, rt^?TcCms.,N 1 50, ae:(rec NI 20J , a:(recat « auoir compunction
des péchiez » Ca, airedecat Cms. ; a^rec tristesse Maun., et non a:;^reo que
cite Pel. en disant qu'il le croit mal écrit; sans doute pour a^rec'h, qu'il
donne lui-même en traduisant « tristesse, affliction, chagrin », et ajoutant :
« C'j nom est assez commun en Cornwaille. M. Roussel ne le connoissoit
pas en son pa\-s de Léon. C'est un composé de Ai;^, et de Rec"!}, qui a
pre;;que la même signification ». Mais c'est là une refonte par « étvmologie
populaire » (ou « savante »?) du mot que Grég. donne comme suranné en
l'écrivant a;^ref(; tristesse, sans doute d'après Maun. ou plutôt le Catholicon.
Celui-ci est la source des articles aprèJc contrition (Lag.), apréka souffler,
être essoufflé, être contrit (Lag.) ajoutés par H. de la Vill. à Le Gonidec;
le correspondant intermédiaire (voir la note au v. 1 368) devait écrire très
Le Mi rouer de In Mort. 77
Son état d'aucune façon ne peut être éteiiît, certes ;
Sec ni humide, rien d'aucune manière ne le ferait mourir
Et pour le détruire tout à fait, on ne trouverait aucune matière.
Une autre différence tranchée, se pourrait
2020 Mettre, sûrement, entre les deux feux ainsi nommés ;
Car le feu de ce monde, c'est sa propriété.
Consume tout à fait douloureusement (?) quand il prend ei qu'on l'al-
[lume.
C'est chose notoire et certaine, sans mentir.
Le feu de ce monde, évidemment, brûle aisément des bois :
202 5 Tout ce qui y va, il en fait des charbons
Très chétifs et des cendres de tout côté par les rues.
Mais le feu des peines dans les enfers affreux
Il ne consume point, malgré tout gémissement, l'âme humaine.
Ni le corps pour son crime quand il (y) est allé, je le crois tout à fait.
2030 Vivants en lui, je n'en fais pas de doute, ils seront à jamais.
Qu'a donc l'homme, en vérité, qu'il ne se connaît pas
Et ne médite pas son sort, avant de dire adieu,
Et ne tourne pas sa face vers celui qui, tant qu'il est vivant.
Peut le conduire à sa cour et son palais, sans contredit ?
2035 A jamais, je le sais, et ce n'est pas chose nouvelle,
A ce feu puissant celui qui ira enfin
Après les événements de ce monde, en peine et misère
Il restera à jamais, sans joie désormais.
Et je veux aussi que tu saches intimement
2040 Qu'il n'y a point d'homme au monde si savant, certes.
mal, son :^ a été lu ^; je ne sais comment est venue l'erreur de sens. Dans
l'art, du même genre hlénen âme pi. hiénennou (La.g.), n représente 0^» pour
vu, et «me est pour cime (J'Jeyneiui au gue:(enn g. cymet 1. cyma). Le Gon.
donne asrec'h m. comme renchérissant sur rec'b f. tristesse, asreclii sur
recHii attrister, asrec'hu:( sur rec' lm:( triste ; Troude donne asrec'h et asrechi .
Ici aredec semble proprement unadj. ; pour * a^reguedec, cf. a:(redecat, comme
moy. br. hinidigue- bonheur de *biuignidigae~, van. heledigueh prêtrise, de
*haelcgiiidigae^, etc., Gloss. 68?
6. On ne connaissait que l'équivalent croc. Voir v. 113.
7. Cf. lacquaer, rime ec-, B 118.
8. Ce mot est pris au sens d'un pronom neutre, cf. v. 1267, plutôt que
d'un déterminatif de /ra, nom dont le genre était variable (cf. Rev. Celt.,
XV, 386, 387 ; Gloss. 707 ; Pedersen, Fergl. Qram. II, 67).
9. Gl. ms. prend, qui se rapporte peut-être à losq. Je n'ai pas noté
ailleurs l'expression dre grat .
10. Lire da.
1 1 . Lire astut.
12. Mot nouveau, dérivé de sciaiiç, v. 765, cf. v. fr. se ieiitié versé (dans
une science).
78 E. Ernauli.
A goufTe accitatt"', na contaff neraff sy :
Ent scaff bihauaff poau, so en tan man hary =
Eno nemet gocluan, ha poan dicontananç ',
Pénaux pennac lia cry, entre pep alianç :
204s Nedeux flam nep amour, sycour na recouranç *,
Nac esper a caffout, nep rout nemet doutanç.
An tan man hep mananç, nac excellanç lancet,
Muvguet naguell goastafF, nepso enhaff daffnet :
Ne guell yuez deze, chede an tra se cret,
2050 En nep queuer sclerhat, ho stat so en drouc atret.
De la orande perturbation des damnes : qui pro-
iiiendra premièrement, delà diuersitè des peines.
En eil description, dren ton niaz sarmonaff,
An Yffern/! hep quernez, â caffafF he bezafF :
Vn lech hep nep j-echet, pepret inquietaff>,
(f. 41). Hep repos nep costez, nos dez ditruezaff.
2055 Ha dre se pan leaflf, ez caffaflF am haual,
Trv abec tenw enhy ^, so deffrv spécial :
De bezaffen tourmant, gourmant gant pep scandai
Da pep hep nep repos, dez hâ 7 nos en ho sal.
An quentaft" am haual, formai » en teffalyou,
2060 Eo an variaeson[9, ho punissiounou :
Deze fresq quemesquet, dre fet ho pechedou :
An eil poan gani heben 'o, tom ha yen hep quen gaou
Goude en yffernou, lechiou peur dilaouen ",
Da nep re enhe y, nedeux spy bizhuicquen :
206) Repos enhe nedeux, nemert reux nac eux den '^
A galhe quet detry, é pridiry dien.
Dre'n pez ferm nep termen, nendeues den eno,
Nep span â bihanez, lastez ditruez so :
Gant an Diaoùlou.poanyou ouz ho plono'',
2070 Repos nodeues quet, goude pechet hedro.
An Diaoul ho foulo, drez gallo é ober,
1 . Lire recita ff.
2. Ce mot ne se' trouve que là. Il est douteux qu'il soit exact, la rime
ne l'appuyant pas. On attendrait damany.
5. Mot nouveau, qu'on retrouve v. 2090; d. hep contanancc S2cn% ài\M,
incontinent NI 523 ; v. fr. contenance séjour God. Ce vers et le suivant sont
ainsi imités, D 161 {Archiv . f. celt. Lexih. I, 578) :
Eno nemet goueluau, ha poan dicontananç,
Ha bemdez nemet cry entre pep alianç.
4. Mot nouveau, dérivé de recour secours, secourir, sauver.
5. Mot nouveau, superlatif de inquiet, pris au fr.
Le Mi rouer de la Mort. 79
Qui sût exposer ni conter, je n'en (ais pas de doute,
Facilement la plus petite peine qui soit dans ce feu...
Là rien que pleurs et peine continuelle
De toute façon, et cri, entre chaque groupe ;
2045 II n'}' a clairement nul amour, secours ni aide,
Ni espoir de trouver nulle part, autre chose qu'angoisse.
Ce feu sans consistance, sans qualité utile.
Plus qu'il ne peut consumer ceux qui y sont, damnés,
Ne peut aussi pour eux, voilà, crois cette chose,
2050 A aucun égard éclairer; leur sort est en mauvaise situation.
De la grande confusion des damnés qui proviendra,
premièrement, de la diversité des peines.
Le second caractère, de la façon dont je l'explique.
De l'enfer sans pitié, je trouve que c'est
Un lieu sans aucune santé, toujours très angoissant.
Sans repos d'aucun côté nuit ni jour, très impitoyable.
2055 Et c'est pourquoi, comme je le jure, je trouve, me semble-t-il.
Trois raisons graves en lui qui sont tout à fait spéciales
Pour être en tourment dévorant, avec tout opprobre
A chacun, sans aucun repos, jour et nuit dans leur séjour.
La première, ce me semble, dans les ténèbres profondes,
2060 C'est la variété de leurs punitions :
Vivement mélangée pour eux, à cause de leurs péchés,
Est une peine avec l'autre, chaud et froid, sans mentir.
Ensuite, dans les enfers, lieux tout à fait désolés.
Pour tous ceux qui y sont, il n'y a d'espoir jamais ;
2065 II n'y a pas de repos, mais une douleur qu'il n'y a personne
Qui pût, certainement, la bien imaginer;
Parce que, là, l'homme n'a pas de terme fixé.
Aucune interruption de misère, c'est un désastre impitoyable,
Avec les diables, les peines qui les déchirent,
2070 Ils n'ont pas de repos, après le péché perfide.
Le diable les écrasera, tant qu'il pourra le faire,
6. Ce mot montre que yjjernn. était fém. ; cf. 2086; be v. 1972, 2052.
La langue moderne fait toujours masc. ifern, iveni, van. ibneni, inhuern.
7. Lire ha.
8. Cf. founnal (eau) pure N 947 .
9. Mot nouveau, cf. fr. variation; sur le suffixe -^50;/, cf. Gloss. 655,
634.
10. Ceci montre que /)Ort« était fém., comme aujourd'hui.
11. On n'avait de ce mot que deux exemplesdu Doctrinal, Gloss. 157. Il
est écrit dylonen, v. 2 11 8.
12. Cf. D 161 : Repos eno nedeux nemet reux nedeux quen.
1 3 . Lire plouo, voir v . 1962.
8o Ë. Ernaull.
Goudc ho bout bc/ct, cm empligct sedcr :
Euyt é seruichaff, hep outatf tardaff guer,
Heman eo aw merit, en scruyt' drez reciter.
207 ) Ha goude se repos, dez nos en fos obscur,
Ne galhcnt ent quentrat, ho stat so dinatur :
Gant goueluan entreze, an deu se mal eur ?
Ha cry hep vnvon, malediaion sur.
Euyt y da goelaff, ha bout clafF gant cartou,
2080 Do drem nedeux remet, dre fet ho pechedou :
Quentse surincurabl, hep comps goap na fablou.
(f. 41 V.). Vezo lem dan reman, ho doan hac o poanxou.
En trede ez leaflf, maz cafaff diauanç,
Nac eux enhv fier, nep queuer Temperanç - :
2085 Quentse scot dimoder, hep guerd Reueranç.
En poanyou so enhy, da pep sort alianç.
Eno teflfaHen, so plen goude renabl ?,
Dez ha nos quen obscur, hep musur naturabl 4 :
Pe dre en ho deues, angoes so incessabl,
2090 Ha poan dicontananç, ha meschanç offansabl s.
Tomder intollerabl, dihabl, â drouc apphc;
Eno pep tro so reud *, nedeu â neubeudic 7 :
Het ha treux nedeux den, en nep termen quen die,
A exprimlie vn poan, na ve mar bihanic.
2095 Neuse da reuseudic, nedeux guic à sicour,
Ne taluezo pompât, é gloat dan Marchadour :
Neuse scrap nep â preiz, gant esfreiz na leizour^.
Ne guell yuez mezec, mar hoantec ho recour.
An quic gant é vigour, ne vezo recouret,
1. Écrit scniil dans la seconde édition de Sainte-Barbe, 560; ailleurs
scrit, scrxt.
2. Mot nouveau, du fr. tempérance ; tciupL'rauç:;^\ô., Gr., va. tainpèrance
f. l'A. ; têmperaiit tempérant, téniperi tempérer Gr. L:; latm a : « Tercio dici-
tur infernus locus intemperatissimus. Unde dicitur auernus quasi sine'
vere. i. sine temperantia ».
5. Premier exemple de ce subst., en franc, de Bretagne reiidhle compte,
xye siècle; voir GJoss. 568, 569.
4. Mot nouveau, du v. fr. natitrahle.
). Lire offançabl, cf. offaiiciahl coupable B 743, 784 (v. fr. offensable
offensif), et plus loin ojfanciel offensé, r. anç, v. 2376. Ce radical avait les
deux variantes, par s et ç, voir Arch., I, 623 (cf. Rev. Celt. XX, 240, 241).
6. Premier exemple de ce mot ; veut roide, Maun., leuât van. redt
roide, inflexible, remit maro roide mort Gr., refit roide, non pliant,
« M. Roussel ajnûtoit Rond à force d'être plein, comme un'cac..., un
homme trop gras... » Pel., renJa roidir Maun., reudi van. r:':.ii, reudein
roidir, devenir roide, reiider van. redêr roideur, violente tvn ira, reudder
Le Miroucr de la Morf. 81
Après qu'ils se sont employas, sûrement,
Pour le servir, sans lui résister d'un mot ;
Voilà la récompense, comme on le rapporte dans l'Écriture.
2075 El ensuite, reposer, jour et nuit, dans la fosse obscure,
Ils ne pourraient le faire vite, leur état est cruel,
Avec des pleurs entre eux, n'est-ce pas un malheur?
Et des cris désordonnés, malédiction assurée.
Ils ont beau pleurer et être torturés d'angoisses,
2080 II n'y a pas de remise pour leur face, du fait de leurs péchés.
Mais incurables, bien sur, sans dire de plaisanterie ni de fables.
Seront à ceux-ci leur tourment et leurs peines.
En troisième lieu, je le jure, ce que je trouve horrible,
C'est qu'il n'y a point, à aucun égard, de modération,
2085 Au contraire : mesure immense, sans aucun ménagement.
Dans les peines qui sont là, pour toute famille.
Là il y a obscurité complète, après le compte,
Jour et nuit aussi sombre, sans mesure naturelle,
Par quoi ils ont une angoisse qui est incessante,
2090 Et peine continuelle, et malheur irritant.
Une chaleur intolérable, horrible, malfaisante,
Là de tout côté est rude, ce n'est pas peu de chose :
En long et en large il n'y a personne en aucune façon si exact
Qui en exprimerait une peine, si petite soit-elle.
2095 Alors au malheureux il n'y a point de secours :
L'étalage de sa richesse ne servira pas au marchand ;
Alors ceux qui pillent avidement, de vive force ou par ruse(?)
Un médecin non plus ne peut, malgré son désir, les aider.
La chair par sa vigueur ne sera pas aidée.
roideur, inflexibilité, 'dureté, fermeté Gr.jOn dit eur pôtr veut un homme
trapu (Plomodiern) ; reudi se dresser (sur la tète, pari, des cheveux). Cf.
Gloss. 582. Reud vient de *roed, du fr. roide. Roedennaff àéia.\\\\Y, 1. fatiscere
C, roudennaff Ce avec renvoi à Ireiidiff maigrir doit être différent, et dériver
àe*roedeii filet, mod. roueden, qui se dit de plusieurs membranes, comme
la plèvre; « roueden ar galoiin s. f. péricarde » Mil. ms., van. roe'dèn voile,
taie (sur l'œil), etc. /^o^^/ez/mr/f pourrait être proprement « devenir mince
(comme une membrane légère) » .
7. Variante de neheudic petit peu Gloss. 439, 440.
8. Unique exemple de ce mot, qui semble dérivé de /t'/;^ humide; plein,
Gloss. 362, cf. nioy. br. glehour moiteur, mod. seclioiir sécheresse, cor-
nou. ^/e^o»r abri, Gloss. 259, 619, 105, 106. L'idée d'n humidité » a pu
amener à celles de « souplesse », « menée sournoise ». Le v. fr. kisoiir,
laissoiir, loisor, etc. « loisir, faculté, permission ; plaisir » a donné en moy.
bret. lisoureguei paresse (Notes d'étyin. bret. 16), dont la forme est toute dif-
férente .
Revue Celtique, XXXIII. 6
82 E.fErnault.
2100 En tan goude Luxur, ez vezo mailluret :
Ha dreizaflf an eneff, en neff ne receffet,
Quentse da poan tan flam, ez ve70 condaffnet '.
Bezcoaz ne voe croeét, oar an bet na gruct tan,
Quen lom parha-somet •=, é bout s meurbet ledan :
2105 En fornes dre esquem, na quen lem ha heman t,
Goa efF doe pan croeat, ayelo dan stat man.
Yenien goude > tan, ho goan quen auanant,
An muihaff à guell quet, bout soinget competant :
Dimoder tan ha dour, disaour ho tourmant.
(f. 42) 2 1 10 Dour erch ha dour grisill, ho pil * re peur " cillant '•
Langour quez quen gourma;n, meschant dicara?/tez
Disaçun ho punis, pep guys maz eo tristez :
Prydiry an ruyn, maz termin ho lînuez,
Pechet neudeu quet splan, nep queffran en anhez.
21 15 Dre se chetu truez, pemdez eu buhez den,
A quementayel dy, da bout en yenien :
Guez arall en tomder, dymoder9 souueren,
Goude fet pechcdou, pez poanyou dylouen ?
Hep mar en peuare adarrhe'" pan leafF,
1. Prononcé coiidamnet ; de même v. 2616, celui-ci, au contraire, est à
lire coiidapiet, v. 586; ce dernier est exact, v. 5586.
2. PiVasoDiet abattu, accablé B 519, v. fr. pa rassembler accabler, affliger
complètement.
5. Ceci paraît exiger l'ellipse d'un mot comme on- peini outre; mais il
suffit d'un simple ki et, que supplée la ponctuation : d. léon. al levr-via a
î'^^o lennet ha d'eian be~a diaes ce livre sera lu, bien qu'il soit difficile
(annonce dans le Courrier du Finistère); van. bout via é diès (= être qu'il
est).
4. Ce mot montre que tan était masc. comme aujourd'hui, cf. v. 2020.
5. Lire probablement ^ourfe'??, ce qui donne 3 svll. Qnen.
6. P/7a/ battre rime en il-,B 457 ;pilhuCms. doit être une simple variante
orthographique. Grég. donne urglao pil a ra il pleut à verse ;on dit glao a ra
a-lnl il pleut à verse; eurpilad dour une averse (h. Corn, et Trég.).Cela ne
s'accorde qu'imparfaitement avec grisill grêle =r grisilh, wan. gresilh Gr. ,
qui a / mouillé. On peut supposer que l'auteur avait pensé à pill, de pillaf)
piller, et que l'imprimeur a mis/7/7 parce que c'était l'expression habituelle.
7. Je ne vois pas d'autre exemple de cette surcharge d'intensifs, re peur-.
8. Mot inconnu par ailleurs. Il devait avoir / mouillé. C'est le v. fr. cil-
lant qui fouette, qui frappe, de ciller fouetter ; exciter : « Et de cillans verges
cillée »;« Cillante pierre... Aveit il entur son flanc » ; d.cillanre action de
fouetter, cilandem. cravache God. ; sile « ciller, cingler, frapper avec quel-
que chose de délié et de pliant », Dottin Gloss... du Bas-Maine. Cf. encore
V. fr. cillier couper à la faucille, fauciller? Cela rappelle le van. guet scilV
er glean (coup) de tranchant d'épée ; tréc. (et van. ?) ciJlartt pierre posée
Le Miroiter de la Morl. 85
2Î00 Dans le feu, après la luxure, elle sera emmaillotée
Et à cause d'elle l'âme dans le ciel ne sera pas reçue,
Mais à la peine du feu flamboyant elle sera condamnée.
Jamais ne fut créé au monde, ni fait de feu
D'une chaleur si accablante, (outre) qu'il est très vaste,
210) En (aucune) fournaise à comparer, m aussi vif que celui-ci;
Malheur, Dieu ! quand il fut créé, à celui qui ira dans cette condition.
Le froid après le feu les torture aussi bien,
Le plus qu'il est possible de penser sérieusement ;
Excessifs, le feu et l'eau cruellement les tourmentent,
21 10 Eau de neige et eau de grêle les frappent tout à fait violemment.
Une langueur très rongeante, méchante, ennemie.
Désagréablement les punit de toute façon, que c'est tristesse
De penser la ruine où s'achève leur fin ;
Le péché n'est pas brillamment, nulle part, en logement.
21 1 j Aussi, voilà, c'est pitié chaque jour que la vie de l'homme,
De quiconque ira là pour être au froid.
Une autre fois, dans la chaleur immodérée, suprême;
.\près le fait des péchés, quelles peines affligeantes !
Sans aucun doute, en quatrième lieu de nouveau quand je le jure
obliquement ou debout sur son tranchant, Rev. Cell. XI, 359. Mil. ms
donne : « Sill, s. m. pi. ou éruption lente, sortie douce de quelque liquide,
écoulement léger et fin [,] flux d'écoulement » ; aSillav. n. découler,
couler, fluer. Silla a les deux significations de sortie prompte et abondante
et de douce et lente. (Comp. di-:^iUa^.» Et il cite ailleurs ce passage de
Combeau : 0 koU e c'boad ken a -ilh perdre son sang en quantité . Cet
auteur, qui a daté de 1856 le manuscrit de ses Môjennuu Lafoiitaine,
emploie constamment (/)//; pour / mouillé, comme le P. Grégoire l'avait
fait un siècle auparavant; la création de ce signe, le seul pratique, m'est
attribuée à. tort, Breiii:(, Carhaix 1910, p. 118. Le sens de « sortie prompte
et abondante » paraît propre au radical siîh- ; l'autre doit appartenir à
sil-; 5i7a filtrer est le moy. bret. si^laff, Gloss. 629, 630. S Ilh- pourrait
provenir de sil- sous l'influence de dishilya, disilha s'égrener, Gloss. 180,
que Milin décomposait en di-iiUa ; il en donne cet exemple : « dare eo an ed,
di:(illa a ra le blé est mûr, il s'échappe de l'épi grain à grain ». Ce com-
posé a pu subir l'influence d'un radical français sill-, cf. sillée trace, traînée :
« Ce sac s'est ouvert, et a laissé une sillée de blé sur la route » (Jaubert,
Gloss. du centre de la Fr., avec comparaison de sillag-e). Mais l'explication
parle gall . /;/7 semence n'est pas re futée par l'objection que cite Henry
Lexiq . 97, et qui était elle-même contredite d'avance parla citation du van.
dihiliai il égrenait (des épis), Gloss. 180.
9. Ailleurs dinioder, v. 2083, etc.; diioder immodéré; immodération
Gr.
10. Les autres documents n'ont jamais cet /;, cf. adarre v. 2263 ; voir
Y. 2131.
84 È. Ernauit.
2120 Ez caffafiF an danuez «, da comps rez he bezaff :
Vn lech nac eux é sort, gant ord ' disconfortaff,
Priuet â pep ébat, ha mat dre'n relatafF,
Enhy hep deduiaff, goelaff ha doen caffou,
Arer fournis disneuz 5, hep diuez d dezrou :
2125 Rac no deues esper, goude hooberou,
A caffout diouz an bet, remet à nep metou.
Deze Ofterennou, pedennou golaouet,
Na reiff plus alusen, den peuryen sourprenet :
Mar dougowt treux an gruech, na bech à nep pechet,
2130 Ne tal vn aual put, mar astut reputet.
Arrhe 4 an nefF défait, no deues nep preder,
A caffout remet flam, ho blam en nep amser :
Feunten â leuenez, hac à trugarez scier,
Oute so goloet, ha serret ent seder .
2135 Na bizuicquen esper, en nep amser certen,
No deues y fier, â saluder na termen :
Faeçon â essounv ;,rnedeux muy bizhuycquen,
(f. 42 V.) Pedre ho deffe lanc, da dianc â ancquen.
Dre se ez dlehe den, er na ve sourprenet,
2140 Pridiry é diuez, ha bezaff aruezet ^ :
A myret en yffern», en cernH na ve bernet,
1. Le poète avait pensé à la variante plus ancienne daffm^ ; mod. dau'
ve\ y\.i\ix\ . , Gr., Pel., m. Gon. Trd., van. dannè m. l'A., bien, Châl.
ms., auj. danné, daoné, tréc. danve, dutlnve, danfe (et non danve, Dict. etyni.
et Pedersen Veijl. Gramm. I, 167; Henry écrit à tort datlve::;); gall.
defnydd et denfydd, corniq. defnydh, v. irl. damnae.
2. Ord est ici subst. : souillure, horreur; on ne connaissait que l'adj.
ort sale, cf. v. 2389. Grég. n'a que ordoiis malpropre, adj. et s. m. pi. ed
(moy.br. ordous, h. bret. ordoii), ordonsès femme malpropre pi. -5«C(/ ;
oiirdousded, ourdoitsder ordure, saleté .
3. Premier exemple de disueui (homme) de mauvaise façon, qui n'a pas
bonne façon; qui a mauvaise gràce_; (personne) de mauvaise mine ; frivole;
vil, bas; méprisable'Gr., qui a de mauvaises façons Trd., disneû-^ difforme
laid, défiguré, monstrueux ; frivole, vain et léger ; qui n'a nulle solidité
Gon., tréc. et cornou. diinen qui ne sait pas s'y prendre Rei'. Celt. IV, 163,
on dit aussi disneii et iian eus na stuni na nen, il n'a ni manière ni façon (M.
Even). Maun. donne la variante dineiii vain (où Pel. veut voir une erreur
pour nain, mais l'ordre alphabétique s'y oppose); Pel. din'éus etdineux «qui
est sans façon, sans mine,. . . de peu d'apparence, simple et idiot » ; Gon..
d i ne l'i l'informe, défiguré, imparfait, mal proportionné; Trd dineu:^ défiguré,
informe. Composés de moy. br. «c»:^ (v. 175), neux forme, figure; drouc
neit:{ mauvais naturel, mod. oher neus stiidia faire semblant d'étudier Maun.,
ober ncu~ da studya, van. gober ne ou neu ou en ne de studxeih Gr., goher en
né Châl., gohérr enn né feindre, ne m. semblant l'A., neu::^ façon, apparence;
Le Miroiter de la Mort. 85
2120 Je trouve la matière, pour dire nettement qu'il est
Un lieu qui n'a pas son pareil très désolé avec horreur,
Privé de tout plaisir et bien, comme je le rapporte.
Là, sans se réjouir, pleurer et souffrir des tourments,
(Voilà ce qu')on fait amplement, vilainement, sans fin depuis le
[commencement :
2125 Car ils n'ont pas d'espoir, après leurs œuvres.
De trouver de la part du monde rémission, par nul moyen.
Pour eux messes, prières solennelles.
Ni donner un surcroît d'aumône aux pauvres affligés,
S'ils portent la largeur d'un ciron ou son poids d'aucun péché,
2130 Cela ne vaut pas une pomme aigre, si peu estimée.
Du ciel encore, certes, ils n'ont aucune pensée
De trouver rémission heureuse de leur crime en aucun temps :
La fontaine de joie et de douce miséricorde
Est couverte pour eux et fermée, sûrement.
2135 Et jamais d'espoir en aucun temps, certes,
Ils n'ont, assurément, de salut ni de fin :
Nulle sorte d'excuse légale il n'y a plus jamais.
Par quoi ils auraient moyen de se délivrer de peine.
Aussi l'homme devrait, pour n'être pas surpris,
2140 Songer à sa fin et être attentif
A éviter d'être jeté en enfer dans le cercle,
mine, physionomie; neus apparence; i( neu:^ vad (homme) de bonne mine,
goall-neui mauvaise mine, a voall neui (personne) de mauvaise mine,
droucq-neiii mauvaise grâce, sans grâce, neu\ fall pi. netiiyou fall grimace;
Ik'p iieni e-bed Sans feinte; montda neu:( tomber en décadence Gr., iieiii façon,
mine, apparence, contenance, feinte, semblant, neui mat bonne façon,
bonne mine, etc. Pel. ; f. façon, etc.; décadence; neûi vad bonne
façon, bonne mine, etc. Gon. ; neui f. mine, etc., neusiou-fall grimaces
Trd; Mil. ms. change f. en « m. pi. iou grimace, façon » ; il barre le pre-
mier mot dans drouk iieu:( mauvaise mine, et ajoute : « On dit plutôt :
neus fall, doare fall en deus » (ces 2 mots remplacés ensuite par :^() zuar n
haii); « an neu:^ a ra du ve:(a kotisket, il fait semblant de dormir »; « neusia
V. a. et n. feinte» (lis. feindre), « faire semblant, affecter, avoir la forme,
la façon, lamine ». On lit droug-neii mauvaise mine, air maladif, Hist . de
Moïse, ms. de 1832, p. 196. Voir Gloss. 444. Sur la rime de eu à e, voir
V. 537. Disneu^ rime en eu^ et en ^;^, v. 2 191.
4. Cet h ne se trouve pas dans les autres documents ; cf. adarrhe v. 21 19.
5. Ecrit ailleurs essony; terme de droit (v. fr. essoine, excuse alléguée pour
ne pas se présenter en cause devant le juge, ou ne pas se rendre à un com-
bat judiciaire God.); semble être cause de la consonne dure dans œç:(ony
aisance, facilité à faire les choses, en regard de œ^ans, ea:{amand, id., «;^«-
mand, eai, œ^ aise, plaisir, commodité Gr.; cf., par exemple, lourdôny pi.
ou lourdise, de lourdt lourd Gr.
6. Ce mot ne se retrouve que dans le Doctr., écrit arveset; voir Gloss. 41.
86 E. EriwiiU.
Ha maz ahe dan knech, en Icch maz eux yechet.
Breman cz fell sellct, goude fet pechedou,
Lies punission hac afflictionou ' :
2145 A creff hac an deffoul =, ara diaoulou,
Ehaffn dan rc daffnct, aya quet do metou.
Qucntaff cz lauaraff. hac czcaffaffaffet,
El eo vn tra horribl, tcrribl hep aesibdet :
Certcn da vn eneff, ha creft" en groa greffct,
2150 Guelet an drouc .Elez, quent drez vez finiiczct.
Euel maz eu diuoe, guelet Doe an croeér,
En stat glorifiet, Illuminet net scier :
So vn voa excellant, triumphant hac antier,
Da pep eneff deuot, en muvhaff scot noter,
2155 Euelse en vffernn, dan bern?; so éternel >,
Enhv impatiant •►, en tourmant ha scandai :
Ezeu an poan muvhaff, horriblhaff dihaual.
Ha muvhaff en ho greff, corfhac enef tei'al.
Eu guelet an deffoul, an holl diaoulou,
2160 Faç en faç disacun s, deze compaigneunou :
Deze ez eu muv poan, homan eguyt tan glaou,
Na nep affliction, mar don en prisounou.
Dan propos man haznat, en buhez an tadaou,
Vn coz a lauaras, vn guer bras peur hasou :
2165 Pe dre ez dlehenip scaff, spontaff gant cals caffaou,
(f. 43) Ha clasq dre guir miret, nac ahet do metou.
Heman â lauare, ez crede ne grue fabl,
Nac oa den nep henv, à remsy ^ quen dihabl :
Quen scier quen souueren, quen certen quen renabl
2170 Quent gent quen squientus, quen yoaus quen rusabl 7
A;guelhe an droue asl, euel ma en guelont,
1. Premier exemple de ce plur. (affliction, f. pi. -neii id., affligein affliger
l'A., afligea id., fl^y/w affligeant Gr.).
2. Ce vieux radical n'est gardé que par Grég.,en matière de droit : défoula
abolir, abroger; defoulavc^, abolissement, révocation d'une loi, d'un acte,
suppression, extinction de charge, etc. : defoulapl révocable, qui se peut
annuler.
3. Lire etertial .
4. Variante nouvelle de inipacient.
5. Lire disacun.
6. Dans les autres passages en mov. bret., ce mot se rapporte à la
« durée »; ce serait ici » depuis l'espace si énorme (des siècles) ». Je crois
que le contexte est plus favorable à l'explication par « espèce » ; l'idée
intermédiaire est celle de « générations (successives) ». Pel. donne « Rems,
Durée, l'espace de tems que les choses durent et subsistent dans leur état :
et il se dit particulièrement de la vie de l'homme. On employé au même
Le Mi rouer de la Mort. 87
Pour aller en haul, là où il y a la santé.
Maintenant il faut regarder, après le fait des péchés,
Beaucoup de punitions et d'afflictions,
2145 Et le violent tourment que font les diables
Hardiment aux damnés qui vont parmi eux.
D'abord je dis et je trouve tout à fait
Que c'est une chose horrible, terrible, sans agrément.
Certes, à une âme, et qui la rend fort peinée,
2150 De voiries mauvais anges, dés qu'elle a trépassé.
Comme c'est certain que voir Dieu le créateur
Dans l'état de gloire, illuminé bien brillamment
Est une joie excellente, triomphante et complète
Pour toute âme dévote, dans le plus beau sort, évidemment ;
2155 Ainsi en enfer, dans le tas qui est éternellement
Là, impatient, en tourment et ignominie.
Il y a la peine la plus grande, la plus horrible, sans pareille ;
Et ce qui les afflige le plus, corps et âme sombre.
C'est de voir le tumulte de tous les démons
2160 Face à face, affreux, (qui sont) leurs compagnons :
Pour eux c'est une plus grande peine que le feu ardent
Et qu'aucune affliction, si profondes que soient les prisons.
A ce propos, on le sait, dans la vie des pères
Un vieillard dit un mot tout à fait important,
2165 Pour lequel nous devrions promptement trembler avec beaucoup de
(douleurs,
Et chercher, en prenant bien garde, à ne pas aller parmi eux.
Celui-ci disait, il croyait ne pas faire erreur,
Qu'il n'y avait homme d'aucune sorte de condition si extraordinaire,
Si net, si puissant, si sûr, si juste,
2170 Si aimable, si sage, si gai, si prudent.
Qui verrait le mauvais ange, comme ils le voient,
sens Remsi, verbe, qui signifie Durer, vivre, subsister, régner. Retiisi bir,
vivre, régner, durer longuement. Le P. Maunoir écrit Rempsi, durer,
régner. Cette signification de Régner est impropre, comme elle l'est souvent
en François. Ce mot n'est plus gueres en usage, que dans la bouche des
vieilles gens ». Régnier, en effet, doit avoir ici le sens du moy. br. renaff
exister, tréc. en am:(er '^o hreniaù Wén, par le temps qui court, cf. Gloss.
566. Gon. a rems, reinps m. « peu usité aujourd'hui », et remsi, rempsi
durer, subsister, vivre; Troude donne tout cela comme suranné. Remsi se
dit en Haute-Cornouaille (M. Jaffrennou); rem^iad m. pi. aou génération
en Goëlo et petit Trég. : Ar rem^iadaou ail a berrey bon labour les généra-
tions suivantes parferont notre travail (M. Even). Voir Gloss. 567, 568.
7. Dérivé nouveau, cf. riisel rusé v. 108, etc. Godefroy a un article
rusaiible pour renvoyer à rusable, qui manque.
88 E. ErnauU.
An re so claff daffnct, drc pcchet en bet hont,
BcuafT quet ne galhc, qucnt ez maruhe drc spont,
Mar horribl eu neuse, en stat se gant é gront.
2175 Pez spont yen dan eneff, pez leff, ha pez grcuanç,
Goude lesell exprès, traou raes • ha plesanç = :
Yoaius meurbet detri, hep sy dan conscianç.
Hac habitation, mansion consonanç >.
Vezo monet gant cry, dan ty han région,
2180 Maz eux dyaoulou, ha monstrou 4 en craou don :
Hep nep lînuez dezy, guelet an vision,
Han rcz aueze y, en o daffnacion '> ?
Possibl eu ez guell Doe, an roe nep ho croeas,
An neff hac an douar, heaul ha loar drez caras :
I. Proprement « ras, plain, uni », et. Aoûr mil iiiusiir rés « mille
mesures rases d'or » ; rès-rihus « rés le bord d'une mesure », Les Amourettes
du Vieillard, Pel.,voir Gloss. 571, 575. Pel. donne rés plein, garni, fourni,
bien rempli ; (épi) bien fourni de grains; Grég. re^ ras, uni, re:^ ar verenn
a vin, re:^ toiipicq rasade, plein un verre de vin, eva a re:( lotipicq
lyès taçiad lamper, boire en goinfre (cf. van. i'r hiiéren karget-rè::^ dans
la coupe pleine à déborder, VHerminc XLIV, 205), re:(^, ê re^, a re^,
reç~ed, c reç:^ed « au niveau, de plein pié », lacqdt re:( ou e re-
niveler, trêmen è re^, ê reç^ed, reç^ed raser, effleurer ; re^, reç^ed « rez, ou
rais, superficie rase », re:^ an doiïar, reç^ed an doi'iar « rez de chaussée, le
sol de la terre », an aslaicb re^ « l'étage de rez de chaussée », discarr . . .
re^ an douar, lacquaat . . . è re:( ar sol, é reç:(cd an doûar détruire (une ville
« rez pié, rez terre » ; re^, ê re:(, é reç:^ed à fleur {an douar de terre, aji dour
d'eau), rei e dal (il a de beaux yeux. . .) à fleur de tête ; Le Gon. rèi ras,
plein jusqu'au bord; rez, à fleur, au niveau; H. de la Vill. ré^ ha rê:^ au
même niveau; Troude re:{, rea^ m. niveau, re^ comble, il regarde à tort ce
dernier comme un nom masc. suranné ; D. Malgorn a réa^ au ras de, au
niveau ; réa- plein ; re^ f. rangée : ed diiu re:( épis à deux rangs de grains
(Ann. de Bret. XXV, 252, 414, 415). M. Vallée cite de Combeau (trad. de
Lachambaudie) : Dion re^ dent en e c'henou deux rangées de dents dans sa
bouche. Ce mot doit se trouver dans le tréc. en res, e res sous forme
de, Gloss. 567 (où je voyais reii droit). On dit en Goëlo lakdt an treo 'h 0
reai,ou war 0 res mettre les choses en ordre, les tirer au clair; en haute
Corn, ober eur re^ da, chapitrer (qqn); re^^o rendre uni, raser (ab. Besco)
= re:(an mettre à fleur (ab.Estienne), rai^ein « boulverser » l'A. (voir mon
Dict. breton... de Vannes, v. rc-{). On dit trenien a-re^ côtoyer (l'Afrique);
léon. be^a a resed gant être au même niveau que, lakaat daoti danim koat en
eur resed ajuster deux pièces de bois. On peut ajouter rés 'vel eur gantiel
juste comme une bobine, h. Trég. (Mél. XI, 201); koad re^ bois sans
défaut, facile à travailler, Goélo; mais ce mot a dû se mêler avec rei:( droit,
régulier ; règle, qui avait une variante rc^ (cf. pe en re:^ de quelle manière, v.
954, etc.) C'est plutôt ce dernier qui est dans tra re^ chose régulière, :;e :^o re^
Le Mirouer de la Mort. 89
Ceux qui sont douloureusement damnes pour le péché, dans l'autre
[monde,
Qiii pût vivre, avant de mourir d'épouvante ;
Tant il est horrible alors dans cet état, avec son grondement.
2175 Quelle froide épouvante à l'âme, quel pleur, et quel chagrin
Après avoir quitté tout à tait les choses commodes et le plaisir
Très joyeux, certes, sans remords à la conscience.
Et son séjour, demeure de beauté.
Ce sera, d'aller avec cris à la maison et la région
2180 Où il y des démons et des monstres, dansl'étable profonde,
Sans qu'elle ait aucune fin, de voir la^vision
Et leur aspect, dans leur damnation !
Il est possible que Dieu puisse, le roi qui les créa,
(Et) le ciel et la terre, soleil et lune ainsi qu'il voulut,
viat c'est très bien ; re:^ war e labour, war e vicher habile, propre au tra-
vail, expert dans son métier; kontcho re^ comptes bien faits, clairs, komi re^
parler bien, de fliçon intelligible, Breton re~, vrai Breton bretonnant, Iconis
/■«oc'/; parler plus facilement, o-o?</ /-«oc'/j savoir mieux, plusieurs de ces
expressions sont en van. relh, reh. Resaat devenir plus habile (Estienne)
répond au léon. reisaat rendre ou devenir tranquille.
2. Mot nouveau, du fr. plaisance; on ne connaissait que l'adj. plaesant,
plesant plaisant, agréable.
3. On n'avait également que l'adj. consonanl juste, admirable ; cf. v. fr.
consonancie accord, harmonie, concordance.
4. Premier exemple de ce plur. Grég. a mounstr monstre pi. ou, van.
»/o;«//- pi. (•'«, dim. nioiinstricq pi. -strouïgou; mor-voimstr p. niorvounstrou
monstre marin ; nwunstrus monstrueux. Maun. a « monstre, nionstr » ;
« faire monstre, cher nionstrou » ; ce dernier = « faire montre, la revue de
l'armée », ober moustr, moiistra Gr., et. moustr pi. ou montre, revue des
troupes, nionstrou bras montre générale Gr., montreu m. montre, revue
l'A. {montre par e muet, pi. eu montre portative l'A., montr pi. ou montre
de poche Gr., tréc. mont m. pi. moncho, voir v. 1816; moHc/;«r marchand
de montres, horloger). Monstre pi. ou rêve importun et incommode, rêve
fâcheux Gr. ne vient pas du fr. monstre : son e, qui se retrouve dans nions-
trci part, -eët avoir des rêves fâcheux, semble provenir de hunvre pi. ou
rêve, hiivréi rêver Gr. La variante moustr pi. ou doit être plus ancienne,
voir Gloss. 432; r« s'est introduit par imitation de nionstrou, équivalent de
moustrou montre, revue. Grég. donne aussi modestou, molestou, cf. mov.
bret. inolest contradiction. Les dérivés ne montrent que ous- : an Diaul
moustrer démon incube, ar moustrericq « cauchemar, le foulon... oppression
d'estomac... que les Simples attribuent au Démon incube », ar moustericq
incube, oppression nocturne Gr. J'ai cru à tort, Gloss. 432, que Maun.
attestait un autre verbe moustra « souiller » : le texte porte « soulier »,
qu'il faut corriger en « fouler ».
). Premier exemple de cette forme hybride, cf. Gloss. 140; daunacton,
daounacion Gr. {damnation f. pi. -neu l'A.).
90 E. Ernault.
2185 Hac ho Licquas da chom, hep patrom dre compas,
Hep muv drc é squient, cucl maz cntentas.
Dileuzrifï dan vfferriH, emesq an bcrn» ccrnct,
Aneualct rebours ', da comours hac Ourset :
Serpantet difeçon, ha Con, ha Leonet,
2190 Pe diuers locznet goez, ha diaznauezet '.
Pe croeaff â neuez, loznet disneuz euzic,
A ve deffrv dihabl, hep fabl â drouc aplic :
Humor dre'n dou orga;; î, ho diou froa», nat 4 dan quic,
(f. 43 v) De lesquifï han speret, â taulhent net cret die.
2195 Pe vn moguet flerius, ancquenus 5 dreist musur,
Pe tan ho dou lagat, en pep stat dinatur :
Hep span do huanat, na francquat ' do statur,
Na hoaz bezaff lazet, ouz ho guelet, cret sur.
Bezcoaz elguennou 7 tan, en bet man ne goanas,
2200 Qiiic den d nep henv, na muv ne castias :
Eguet visaig Sathan, en poan aban manas,
EfF he compaingnuou î^, ouz tnon 9 aban gnouas,
Rac se pep lech pechezr, quemer dif scuezr'pe dre'"
Hz miry nac y quet, do sellet en bet se :
2205 Na da bezaff ardant, sellet do hoant gante,
Er ho guelet horribl, re terribl az fiplhe ".
1. Du Ir. rebours revêche ; premier exemple de ce mot; van. rebource,
rebours ; revêche, de mauvaise humeur ; bizarre (mal imp. reboruce),
rebource bizarrement ; a rebource à rebours, rebourcein rebourser ; reboursein
vomir, rendre gorge, rebourcereah m. vomissement l'A., en ur ber rebours
(il a fait son affaire) « en un retourne main » Châl. ms.
2. On n'avait que l'inf. diainauout « decognoistre », Gloss. 162. Grég. a
diainaout, disainaout, van. dianaouein méconnaître, part, dianaveiet, dia^-
nave:{et, dia:(naoudecq, van. dianoudecq méconnaissant ; dieueff, disanajf, dia-
naff, van. dianau méconnaissable; diana§ mconnu.
3. Mot nouveau, du fr.
4. Lis. tan.
5. Voirv. 1388.
6. Mot écrit franchat affranchir, Ghss. 245 ; francaat se porter mieux
Maun., ne franka ket ivar au den clanv le malade ne va pas mieux Mil. ms.,
francaat affranchir, délivrer, dégager Pel. (qui y voit un abus pour/rrtHCOJ,
forme imaginaire) ; //-a^ri^fli!/ élargir, faire plus large Gr. , /nrw/Mfl/ rendre
ou devenir plus spacieux Gon., van. frankat élargir, mettre au large, déli-
vrer ; commencer à revenir d'une maladie.
7. Plur. d'un mot écrit eluenn, elueii, et dans ses dérivés eluenii', mod.
elvcnn, Gloss. 206; ce g n'a jamais été prononcé, c'est une fausse imitation
des cas comme celui du v. 316. Ces deux vers sont ainsi reproduits, D 161 :
Bizcoas evelennotan, er bet-man ne goanas,
Quit den à nep hini, na muv ne affligeas.
Le Mirouer de la Mort. 91
218) Elles fit demeurer, sans modèle, avec justesse,
Seulement par son intelligence, comme il l'entendit,
Envoyer en enfer, au milieu du tas encerclé,
Des animaux revèches d'humeur, et des ours,
Serpents difformes, et chiens et lions
2190 Ou diverses bêtes sauvages et inconnues;
Ou créer de nouveau des bêtes difformes, affreuses,
Qui soient, sérieusement, odieuses, sans mentir, de mauvais rapports ;
De l'humeur par leurs deux organes, leurs narines, du feu à la chair
Pour la brûler, et l'âme, ils en jetteraient fort, crois bien ;
2195 Ou une fumée puante, pénible outre mesure.
Ou du feu de leurs yeux, de toute façon monstrueux,
• Sans répit à leur soupir, ni liberté à leur taille
Et aussi sans être tués en les voyant, crois sûrement.
Jamais étincelles de feu en ce monde ne torturèrent
2200 La chair d'aucun homme, ni ne la châtièrent plus
Que le visage de Satan, depuis qu'il est resté en souffrance
Lui et ses compagnons, là-bas, dès qu'elle apparut.
Aussi en tout lieu, pécheur, prends-moi la règle par quoi
Tu éviteras d'aller les regarder en ce monde-là
2205 Et d'être ardemment regardé à leur gré par eux.
Car leur vue horrible te saisirait trop terriblement.
Evelctiiio doit être pour ez'/t'H;/o//, cf. Gloss. 225, 248. Roussel ms. donne :
« eliv. V : cufl, diueii, eufleii, étincelle de feu » ; « culien sing. eidicnncii tau,
étincelle de feu ».
8. Lis. -ngunou.
9. Lis. tnou .
10. Prononcé ^é" :(/-(;, cf. v. 643, 674, 1018, 1234, 1842, etc. Pt'ircbeiil
par quel lieu Ca, expliqué pa.r pe:(-rac-hent, Mid. Bret. Hotirs 61, est une
faute pour pe^rehent. Cb et Ce ont pc:^drebent, où il ne faut pas voir pe:( -j-
(//■(', mais pe-ire, avec un i ajouté comme dans P^i^rfro;;, etc., Glas. 486,
487. Cf. pe dre hent, etc., 467. Une mutation du même genre est notée
à'ins pe:(alech à quel lieu C, ailleurs pe da, Gloss . 467, 468.
11. Cf. fiplo torturera 2388; premiers exemples àefihla battre Maun.,
« batre à bons coups, tous portans », fblel caër eo het « il a été bàtonné qu'il
n'y manquoit rien » Gr., fibla battre à grands coups, frapper fort, ros-
ser, en Cornou. Gon., Trd, en emfibla se battre, Bari. Brei^ 336; d.fibler
pi. yen celui qui bat Gr., celui qui frappe fort, en cornou. Gon., Trd, fibhid
m. pi. on fort coup donné à qqn en le battant, en cornou. Gon., Trd,
Cf. vnn. finible, fibk m. pi. eu boucle de porc, l'A., à Sarzeau flnuienu,
Rt'v. Celt . , III, 236, fiiublein, fibleiii « boucler le groùin » l'A., d'une
forme française du lat. fibuîa, cf. fr. affubler et anciennement fubler, aff'uni-
bler.
92 E. Ernaiilt.
En eil ez lauaraff, hac cz cafaff aflfet.
An drouc .Elez puplic, reuseudic milliguci :
So cruel dan Eneff, hac eu gref en effet,
2210 Mar déliez ef bezaff, gante re claff dafnet.
Allas nendeu hep muy, deffry dre vision,
Na spont ez grueont y, hep sy affliction :
Hoguen ouz tourmantaff, deuoraff anaffon,
Ho cannaff dre affuy, ha dre dérision.
221 5 Bezcoaz ne voe Léon na con quen disounest,
Mar outraig arraget, buanecquet medest :
Pan ve lazet ho cnot ', en ho bot - me"n protest,
Pe ouz bezaff naounet ;, dre na caffet boet prest,
Eue! maz eu pemdez, hep diuez à dezrou, *
2220 A cref gant cals deffoul, an hoU diaoûlou :
Da tagaf anaffoun, so en ho prisounou »,
(f. 44) Dre an bech ho pechet, cometet en bedou.
1. Ce mot se trouve N 836 comme terme d'injure (engeance?). Il peut
être devenu crot, « petit enfant... peu en usage hors le pays de Léon »
ViA.; krot m. petit enfant, p/rtcV; krot bonne d'enfant, en cornou., Trd.
Cf. gall. cnawd chair.
2. Ce mot s'est trouvé au v. 382 ; voir Gloss. 74 « On dit rei bod donner
asile, abri, cacher, receler au sens de rei golo » Mil, ms. A rei bodenu
dci eul laer donner asile ou receler un fripon Trd, Mil. a ajouté : « On dit
plutôt rei bod ». Pel. cite d'après « le Nouv. Diction « : « Rei boden, rece-
Le Mirouer de la Moii. 93
En second (lieu) je dis et je trouve tout à lait
(Que) les mauvais anges publiquement misérables, maudits,
Sont cruels à l'âme et la torturetit, certes,
2210 Si elle mérite d'être avec eux douloureusement damnée.
Hélas ! ce n'est pas seulement, sérieusement, par la vue
Et l'épouvante qu'ils font, sans doute, de la peine.
Mais en tourmentant, dévorant les âmes.
Les battant par envie et par dérision.
2215 Jamais il n'v eut lion ni chiens si furieux,
Si outrageusement enragés, irrités, je l'atteste,
Quand on a tué leur progéniture dans leur antre, je l'affirme.
Ou en étant affamés, parce qu'ils ne trouvent pas de nourriture prête,
Que le sont chaque jour, sans fin depuis le commencement,
2220 Fortement avec beaucoup de tumulte, tous les démons,
A étrangler les âmes qui sont dans leurs prisons
Par la charge de leur péché commis dans le monde.
E. Ernault.
(^ suivre.)
1er, c'est-à-dire, donner retraite, en sous-entendant au voleur ». Rei hoil est
en h. Corn, soutenir, encourager, surtout pour le mal(ab. Besco) ; en Trég.
donner abri, asile (en bonne part aussi).
3. Premier exemple de cette forme, cf. Ghss. 438.
4. Cf. V. 1718.
MISCELLANEA
I. Éremôn,
In Mr Goddard H. Orpen's remarks on early Ireland accom-
panving the map of Ireland in the I2th century in Poole's
Historical Atlas "(Clarendon Press) we read as follows :
« Emer, or as the name is often written Eber ', represents the
primitive, Ivernian or pre-Aryan inhabitant (the'Isjspvto; of
Ptolemy), while Erimon (= the ploughman) represents
the Aryan farmer who introduced agriculture', 'i his positive
statement is a mère fanciful expansion of a much more cau-
tious remark made by sir John Rhys in his ' Studies in early
Irish History' p. 17 (Proceedings of the British Academ)'',
vol. I) : 'The name of Eron or Airem (genitive Erimon^ Ere-
môn, or Airemon) seems to hâve meant a ploughman'. Zim-
mer also has followed Rhys, for I see that in his translation
of a wellknown passage in Fiacc's hym i: hrenders ))ieicc
Erimon by 'die Sôhne Airem's' (Sitzungsber . der Kgl. preuss,
Akad. i90(S, p. 1119)-
The truth is that the form Airem, gen. Airemon % never occurs
for the name of the son of Mil at ail. The only form in ail
Irish Mss., old or young, is Eremôn or Erimon, gen. Eremôin.
There can be nodoubt as to the quantity both oféand ô, though
the marks of length are often omitted by the scribes. In
LL 143 b 52 Erimon rhymes (in dehide) with ô^, LL 4 a 41
1. The correct form is Eber, gen. Ehir. Énier is a late spelling.
2. The word airetn ' ploughman ' occurs with the diminutive ending -on
as the epithet of a fabulous king of Ireland Echaid Airemon (LU 99 a 14).
This may hâve misled Rhjs.
Miscellanea. 95
with slôg, and in an old poem quoted by the ^our Masters.A.
D. 940 the whole name rhymes whhglé-dedôl ' bright twilight',
There were genuine old-Irish names ending in a diminu-
tive -d;/, Ogam -ognos, as I hâve shown in Eriu IV, p. 68.
But hreniôn is not one of thèse. It never was a hving
name '. It must rank together with Bith, Bile, Beothach. Fénius,
Mil, Ir, etc. as a mère learned figment of the eighth century.
It isevidently based upon Eriu, while togive it a genuine look
the archaic suffix was added, as it figures in Partholôn, Semiôn.
If thèse were genuine old^ names they would make their
genitives in -ûin, not 'in -ôin.
So the Aryan ploughman vanishes. It is high time that spé-
culations such as thèse should cease altogether until philo-
logy has better prepared the ground. It is a sign of the
continued neglect of Celtic studies to find so many fallacious
or highly doubtful statements on early Ireland — and indeed
on Irish history generally '\ — making their appearance in
text-books for schools and universities, statements which
however plausible they may seem to their authors and the
gênerai reader, betoken a sad ignorance of Irish philology and
literature.
2 . Mâcha.
The Word inacba which figures in Windisch's Wôrterbuch,
in the glossary to Stokes' édition of the Tripartite Life and in
the Urkeltischer Sprachschatz p. 196 with the meaning 'field'
is deduced from a single passage in a poem ascribed to Patrick
thus printed and translated by Stokes (Trip. p. 480, 22) :
cêin bess mâcha fo thor[th]aib
' So long as field shall bide under crops' .
I. In the Annals of Ulster A. D. 885 Eiremhon occurs as the name ot
a king of Ulster. But, as Hennessy has pointed out in a note, this is a mis-
take for Aurowun, as the king is called in LL 41 c. Indeed the AU them-
selves Write the name correctly (Eruwan) under A. D. 913.
96 k. Meyer.
Therc is however no occasion for any emendation. The
line makes sensé as it stands :
cêin hess Mâcha fo thoraib
'So long as Arniagh sliall be under princes'.
Mâcha is hère used, as often, for Ard Mâcha, literally
'Macha's ' Height'. It is latinized Machia in Trip. 330, 20 and
elsewhere. As to tor, it means originally 'tower' and meta-
phorically 'a chief, or hero'.
3. Eritn.
In my paper on the early relations between Gael and Bryth-
on I suggested on p. 73 that the namc Erim which occurs in
Kulhwch and Olwen (Rhys-Evans, p. 108, 11 ff.) as that of
a father whose sons are ail remarkable for their swiftness is the
Irish érimm 'course'. This suggestion receives further support
from the fact that in the Agallamh na Senôrach (ed . Stokes,
l. 268) Erim is the name ota horse.
4. remâin, crâin.
In the Glossary to his second édition of the Félire Stokes
basa Word /'^mamof doubtful meaning. As the word occurs in
rhyme with Eiiàir 'January' (Jan. i, 31, Sept. 19, Epil. 6)
and with the proper name Senàin (March 3), he ought to bave
written remâin. This I take to be originally the verbal noun
of " remi-agii)i 'I drive before, in front '. It would dénote the
'front-drive' (Germ. Vorderireibeii) in a hunt, a race, or of a
troop on the march. But in ail passages which Stokes bas col-
lected^ we find the word used adverbially, no doubt in the
dative (locative) case, in the sensé of ' in the foremost rank
or front'. Thus // éside nohitis remâin resi\n^ sJôg LU 57 b
15 means ' it is they who would march in iront before the
host'. Similary, téit ind ingen remâ[i]n reniib Met the girl go
1. The name Mâcha is either mascuhne (e. g. Rawl. 502, 120 a 6) or
féminine. Therc is a diminutive Machacân, Dinds. § 21.
2. See also Windisch, Tâin Bô Cuahige, s. v. riam.
Miscellanea. 97
first before them ' LU 72 b 2 ; luid Càchnlainn rîam reniâin
rempli ' C went forward in front before them', LL 68 a 26;
îarra-su nech n-aill riam remà[i]n rempo ' do thou seek some
one else to go in front before them', ib.
In the FéUre the word is always used in connexion with the
leading or most prominent saints whom the poet sélects for
mention out of the vast number of saints (cf. loimm de romuir
'a sip from the océan', Epil. 42). Thus feil di rétglainn
remàin (March 3) might be freely rendered ' there are two
stars above ail' ; ainm remàin (Jan. 31) ' a name among the
first'; biiiden cecha laithi dosruimdemar remàin (Epil. 6) 'a
troop for each day, we hâve measured out (= selected
them after careful weighing) as leaders' — not 'heretofore'
as Stokes renders ; for the word is never used of time. Ràith...
co Crist. . . co slôg rig ràn remàin^ ' he ran to Christ in the
fore-front of a host of noble kings'. In the same way tôided
in Ri remàin (Jan. i) must be taken in the sensé ' let the king
lead in front', tôided being used without an object as in Prol.
340 (jôided re sil dôine^.
A second compound of àin has also caused difficulties to
Stokes. This is er-àin or aiir-âin, as he prints Epil. 7. The
original meaning would be ' a driving beyond ' (Germ. ûber
etwas hinaus), the préposition air being hère employed in
the same sensé which it has in ôin ar fichit 'one beyond
twenty' etc. Again it is used adverbially, as is well seen in
the following passage (CZ VIII, p. 309, 29) : inta7i doJuith
Art ô Theiniiir dochum in chatha, dodeochaid tri\li\ côicdaib ôclacb
riasna slùagaib anràin 'when Art came from Tara to the battle,
he came with i$o men in advance of the host (as a van-
guard)' ; or in a poem preserved in LB 242 b :
A Dé mâir !
coragbainn- mo di eràil (./. itge) :
tn'animm la haingliu erâin,
nlmthair dninebad gelàin !
1. This is the readingof the best Mss, not cona slôg rig reindiii, as Stokes
prints.
2. co/magbaind Fcs.
Revue Celtique, XXXIII. 7
98 K. Meyer.
'O great God! may I obtain my two requests! My soûl
with angels in ihe van ! may death by lightning not corne to
me ! '
Therefore the passage in Féi. Epil. 7, co n-ecmaingsem ' eràin
should not be rendered witii Stokes 'we eut off the excess',
but 'so that \ve hâve reached (hit upon) the vanguard (i. e.
Christ)'. We probably hâve the same word in a difficult pas-
sage in Fianaigecht, p. 24 : berte in n-urâin n-ellaig, perhaps,
' who carry (= lead) the vanguard of the combat'.
From the original meaning of ' a driving beyond ' we easily
arrive at the meaning 'an exceeding, excess', which the word
has commonly in the Laws. See Atkinson's Glossary s. v.
airain and tirâin.
5. On some passages in Tigernach's Annals.
In his édition of thèse Annals Stokes was constantly puzz-
led by the idiomatic use of the adverb and in such passages
as the following : Findgaim mac Con cen màihair ri Muman
ann (A. D. 677). Hère and in ail other similar passages hc
suggests at first doubtfully, and then positively, the reading
nioritnr instead. If he had consulted the other Annals as to the
dates of the varions personages mentioned in thèse entries he
would hâve seen that not their death but their accession to
the throne is denoted. In the passage quoted the context shows
at once that this must be so ; for the immediately preceding
entry mentions the death of the king of Munster Qnors Col-
gan niaic Failhe Flaiud rig Muman). So we should translate :
Fingaine son of Cù cen mdthair begins to reign as king of
Munster'. And so in ail other cases (^Bran mac ConaiU ri Lai-
gen ann 679, Dûnchaâ Miiirsce mac Maeldnih ri Connacht ann
681, Cellach Cnaland mac Gerihide ri Laigen ann 689, Muire-
dach Mnillelhan ri Connacht ann 695 &c.
I. In the Glossary p. 296, Stokes puts -ecmaingsem under ad-comamgim,
where, as Thurneysen, Handb. p. 470 has shown, ad- has taken the place
oieth. For the verbal noun is ecmavg ; see Betha Colmâin p. 124.
Miscellanea. 99
Under the year 697 we hâve Flafid mac Màile tuile ri
Ceneôil Eogain nepos Cnindinael, where Stokes wrongly adds
[moritur]. Flann began to reign in that year, succeeding his
uncle Ànrothân who, the same entry tells us, had been expell-
ed to Britain.
Berlin.
K. Meyer.
TWO GLOSSES IN VALENCIENNES MS. 413
My attention had been called by Mr Jenkinson to two glosse
occurring in the Commentaire Anonyme sur Prudence d'après
le manuscrit 413 de Valenciennes, published by Prof. John
M. Burnam (Paris, 19 10). It is stated in the préface that the
Ms. was copied by a Low German or Dutch scribe from an
insular archétype in half-uncial hand. Unfortunately the
glosses in question are very obscure. They may very well be
Welsh, but this could not be definitely established without
further palaeographical évidence.
P. 69. Eseforium est parva tunica quae vulgo ^uursehak
dicitur.
P. 70. ScutuHs id est vestibQS scutulatis id est orbiculatis
quae rustice glilinnc dicuntur. With regard to glitinne it should
be observed that Ducange (cited by Burnam p. 243) s. v, clin-
tinna quotes a similar passage from a S, Germain Ms. of Pru-
dentius : Scutulatam vestem appellat orbiculatam, quam rus-
tici Clintinnarn vocant.
E.-C. QUIGGIN,
A PROPOS DE L'INSCRIPTION D'ALISE
L'explication que j'ai donnée en 1908 de l'inscription gau-
loise d'Alise a été discutée dans la Revm Celtique, tome XXXI,
p. 119, par M. Vendryes qui a rappelé à ce propos l'explica-
tion donnée par M. Thurneysen dans une note publiée égale-
ment en 1908.
M. Vendryes a fait remarquer que, si les deux explications
donnaient à peu près le même sens général, celle de M. Thur-
neysen était grammaticalement plus correcte, et je suis
entièrement d'accord avec lui sur ce point.
Je voudrais seulement revenir sur mon interprétation du
mot gobedbi dont M. Vendryes n'a rien dit, et qui reste le
seul point sur lequel je diffère d'avis avec M. Thurneysen.
J'ai traduit ce mot par « forgerons », en m'appuyant sur
les deux arguments suivants.
En premier lieu, j'ai cru reconnaître dans gobedbi le radical
celtique gob- de irl. goba, gall. gof. Il est vrai que goba fait
gobann au génitif, et que cette dernière forme entre dans la
composition de certains noms gaulois. Mais je crois que le
radical gob- a pu former plusieurs dérivés, et j'ai rappelé à ce
sujet qu'un conte populaire irlandais parle d'un forgeron
appelé Gavida ' dont le non serait comparable igobed.
D'autre part la mention des forgerons dans l'inscription
est justifiée par l'importance historique de l'industrie des
métaux à Alésia. Cette cité avait la spécialité du travail des
armes et Pline nous dit qu'on y avait inventé le placage des
armes et des harnachements. Les ouvriers en métaux devaient
y former une de ces puissantes corporations comme on en
I. O'Doiiovan, Annales des Quatre Maîtres, t. I, p. 18-21.
I02 G. Poisson.
connaît de nombreux exemples dans la Gaule romaine, et
c'est pour leur usage que Marti alis aurait dédié un édifice au
dieu Ucuetis, considéré comme leur patron.
Bien que M. Thurneysen ait déclaré qu'on ne pouvait son-
ger à rattacher gohcdhi au radical de goba, je maintiens mon
interprétation, en ajoutant aux considérations précédentes le
fait suivant qui vient les appuyer.
Dans le Livre des Quatre Maîtres, on lit le passage suivant à
propos des progrès de la civilisation irlandaise sous le règne
de Tighernmas ', après l'arrivée de la race de Milet :
As la Tigernmus bheos ro berbhadh or ar tus i nErinn i
Foithribh AirthirLifFe. Uchadan cerddFeroibh Cualann rodus
berbh. As lais ro cumhdaighit cuirn ocus brethnassa dor ocus
dargat in nErinn ar tùs. As lais tugadh ruamnad for edoi-
ghiblî, corcair, gorm ocus uaine.
Traduction :
« It was by Tis^hearmas also that gold was first smelted in
Ireland, in Foithre-Airthir-Liffe -. It was Uchadan. an arti-
ficer of the Feara-Cualann, that smelted it. It was by him
that goblets and brooches were first covered with gold and
silver in Ireland. It was by him that clothes were dyed purple,
blue and green. »
Dans les Annales de Clonmacnois, on lit un passage ana-
logue', au sujet du règne de Tighernmas :
« He was the first who caused standing cuppes to be make,
the refining of gold and silver, and procured his goldsmith
(named Ugden) that dwelt the Liffie, to make gold and silver
pinns to put in men's and women's garments about their
1. D'après les Quatre Maîtres, Tigherninas serait mort Tan 5200 du
monde, 1544 ans avant Jésus-Christ.
2. C'est sur la rive orientale de la Liffey que Tighernmas aurait eu ses
forges, c'est-à-dire dans le comté actuel de Wicklow, où il y a eu en effet
de tout temps des forges. D'autre part, la forge de Goibniu, le forgeron
des Tuatha de Danann, est localisée dans la forêt de Glenn Treithim, près
de la colline de Mullach Maisten (comté actuel de Kildare) ; or le Glenn
Treithim s'étend à l'est dans la direction de la Liffey, à cheval sur les deux
comtés de Wicklow et Kildare (Voir O'Currv, Manncis and Ciistoms of
Ancient Irish, II, 246).
3. Cité en note des Annales des Quatre Maîtres, p. 42.
A propos de r inscription d' Alise. 105
necks; and also he was the first that ever found the dyeing
of coloured clothes in Ireland ».
Le personnage auquel ces vieilles traditions attribuent d'im-
portantes découvertes métallurgiques, et notamment le pla-
cage en or et en argent porte un nom qui, sous ses deux
variantes, Uchadan et Ugden, peut être rapproché de celui
d'Ucuetis.
Certes je ne puis établir un lien philologique certain entre
ces diverses formes, mais il me semble qu'il y a là autre chose
qu'une simple coïncidence fortuite, et qu'il n'est pas indiffé-
rent de retrouver dans les traditions irlandaises un person-
nage ayant un nom voisin de celui d'Ucuetis, avec des attri-
butions analogues à celles que j'avais prêtées à ce dieu pour
d'autres motifs.
Je crois donc utile de signaler ce rapprochement hypothé-
tique, avec toutes les réserves qu'il comporte, et j'y vois une
probabilité de plus en faveur de l'interprétation que j'ai don-
née du mot gobedbi.
G. Poisson
BIBLIOGRAPHIE
SOMMAIRE. — I. F. Hertlein, Die Juppilergigunteusâuleu . — II. W.
DiM.'XK, Moiiuiiienta Historien Celtica, tome premier. — III. W. H.wers,
Uiikrsuchiingen ;^///' Kiisussyntax der indogermanischen Sprachen. — IV.
O. ScHRADER, Die Indogermanen . — V. Martin Gemoll, Die Iinloger-
viaiien im alleu Orient. — YI. Dr HôFLER, Folksiiiedi'inischc Botaiiik der
Kelteii. — VII. E. Ern.\ult, V Ancien vers breton. — VIII. Kuno Meyer,
Hail Brigit. — IX. W. Lewis ]okes, King Arthur in History and Legend.
— X. D. J. Saer, The Story of Cardiganshire. — XI. George Coffey,
New Grange. — XII. P. S. Dixxeen et Tadgh O'Doxoghue, The. Poenis
of Egan XJRalnUy. — XIII. R. Latouche, Mélanges d'histoire de Cor-
noiuùlle. — XI\'. R. Edens, Erec-Geraint.
I
F. Hertlein. — Die JuppiicrgigantensUnlen. — Stuttgart, E.
Schweigersbart, 1910, viii-ié8 p. in-80.
C'est toute une théorie, complète et cohérente de ces curieux
monuments que nous apporte M. Hertlein. Ils se composent d'un
groupe, formé d'un cavalier (ou d'un « charioteer ») barbu qui
écrase du poids de son cheval (ou de ses chevaux) une figure
anguipède, un géant ; d'une colonne, au fût le plus souvent couvert
d'imbrications; d'un chapiteau dont les feuilles abritent quelquefois
des têtes divines ; d'une base composite, formée d'un tambour à
sept ou huit faces, portant les figures des dieux des jours ; et d'un
dé dont deux, trois ou quatre faces portent les figures de diverses
divinités. Les dédicaces prouvent que ces monuments sont de nature
religieuse. Mais quel en est le dieu? De quel culte et de quelle reli-
gion? Est-ce le Jupiter Optimus Maximus, que mentionnent leurs
inscriptions ? Est-ce l'empereur divinisé, en costume de triomphe ?
Est-ce un dieu indigène? Est-ce un dieu oriental? C'est un dieu
germanique, dit M. Hertlein, et germanique est, selon lui, l'en-
Bibliographie. 105
semble du monument qui le porte. J'en suis moins sûr et je le crois
celtique, au moins également. Témoins des mélanges et des syn-
thèses du germanisme et du celtisme à leurs confins, les colonnes
au cavalier portent en outre témoignage, à mon avis, de cette reli-
gion complexe qui s'est élaborée dans les provinces à la fin de
l'empire romain, vivifiant de science astrologique et de cosmogo-
nie orientale les vieux restes mal ajustés des panthéismes indigènes
et gréco-latins.
Certes, la couronne de dieux des jours, dieux planétaires, sym-
boles du temps et du monde, qui encercle la base des colonnes
montre qu'elles ont un sens cosmologique comme l'a fort bien éta-
bli M. Maass dans ses Tagesg'ôtler. M. Maass voulait qu'ils fussent
également des monuments triomphaux ; mais c'est un triomphe
cosmologique qu'ils célèbrent, si triomphe il y a, celui du ciel sur
la terre, et non pas un triomphe impérial. Ce ne sont pas des
monuments de victoires, de victoires sur les nations germaines,
que l'on a cru reconnaître sous les traits des monstres. Car, là où
ils abondent, ce sont, dans la plupart des cas, des particuliers qui
les ont élevés à leur guise, petits ou grands, plus souvent petits,
aussi nombreux que nos croix de carrefours, dans leurs villas, dans
leurs fermes, en tout cas sur leur propre sol (p. 68 sq). Monu-
ments religieux et monuments privés. Le cavalier, qui parfois porte
un costume indigène (Ehrang, cercle de Trêves, monument I) doit
être, au surplus, un dieu du pays.
Le pays est germanique ou confine à la Germanie. C'est la
moyenne vallée du Rhin, celle du Main, le pays des Suèves, qui
possèdent la plupart de ces colonnes ; vers l'est, on les trouve jusqu'en
Rétie; vers l'ouest, elles sont communes chez les Trévires, et ceux-
ci, M. Hertlein nous le rappelle, avaient des affinités germaniques.
La démonstration est poussée dans le détail : limites des Rauraques
et des Triboques, colonisation celtique des champs Décumates,
cantonnements de corps auxiliaires germaniques (cf. p. 56);
M. Hertlein n'oublie rien qu'une carte. Toute étude de répartition
dont les résultats ne sont pas effectivement reportés sur une carte
est incomplète.
Le monument est germanique. Voilà le principe de la thèse. Il
fallait s'attendre à trouver en Germanie des colonnes cosmologiques.
Universalis colutuua trâduix Iniri^isal dans un passage d'une Trausla-
tio S. Alexandri (c. 3, M. G. H. II, p. 676) écrite entre 863 et
865 ; la traduction est des plus vraisemblables. D'ailleurs n'est-ce
pas chez les Herminones, Suèves, Hermundures, Cherusques et
Chattes, adorateurs de l'Irminsul, que se trouvent en pays germain
io6 Bibliographie.
les colonnes au cavalier. L'Irminsul n'était pas, pense notre auteur,
une colonne toute simple ; elle était surmontée d'une idole (p. 76).
Or, le groupe que portent nos colonnes est remarquablement con-
forme à l'un des thèmes essentiels de la mythologie germanique :
l'opposition des esprits de la terre à ceux du ciel ; ceux de la terre
sont tout justement des géants et des dragons, moitié hommes,
moitié serpents. Tantôt le cavalier écrase les anguipèdes, tantôt
ceux-ci le supportent; c'est précisément la relation variable des
géants et des dieux dans la mythologie. Quel est le dieu ? C'est évi-
demment le dieu céleste, c'est-à-dire Ziii. qui a été déguisé soit en
Jupiter, soit en Mars, mais, quant au nom, identifié à Mars.
L'attribution du nom de Mars au dieu de l'Irminsul, est fondée
sur un curieux passage de Widukin de Corvey qui est fait pour ins-
pirer confiance : « ... quia Hirmin, vel Hermis, graece Mars dici-
tur. . . » (I, 12) Hirmin-Mars est donc Ziii.
La thèse est spécieuse et bien démontrée, mais elle n'est pas aussi
bien établie. Le peu de monuments que M. Hertlein aurait pu
ajouter à la liste des cavaliers trouvés en France n'en modifie cer-
tainement pas sensiblement les données. Je les cite seulement pour
mémoire : Un, et peut-être deux monuments à Entrains (Espé-
randieu III, 2293, 2298); un monument, très mal définissable, à
Alise (Espérandieu III, 2971); un monument à Auxerre (id. IV,
2886); un autre à Melun (id. IV, 2355); un monument auvergnat
de provenance indéterminée (S. Reinach, Répertoire, II, 334,2);
un monument à Chàteau-Bellant (Oise), aujourd'hui au musée de
Saint-Germain. Ils allongent la liste sans en changer les propor-
tions. La mention de quelques colonnes qui ont pu porter des dieux
cavaliers ne les altérerait pas davantage.
Si je voulais conclure de la présence des dieux cavaliers en
France que le dieu est gaulois, M. Hertlein m'a répondu d'avance
en rappelant les colonies germaniques établies en Gaule à
partir du [ir*^ siècle, reste à faire la preuve que les monuments en
question aient coïncidé avec elles. Mais ce n'est pas tout.
L'une des attributions du dieu cavalier est la roue, roue de for-
tune ou roue solaire. Or, l'inventaire archéologique de la Gaule
romanisée compte un certain nombre de monuments représentant
également un dieu porteur de roue. Il est à pied sans doute. Mais
il se présente aussi vêtu du costume militaire et, pour préciser ses
attributions, flanqué d'un aigle et de serpents. Le plus remarquable
exemplaire de ce Jupiter gaulois, comme on l'appelle, a été trouvé
à \'aison. Enfin, Nimes a fourni toute une série dej'petits autels
ornés d'une roue et d'un foudre qui ne laissent aucun doute sur
Bibliographie. 1 07
leur attribution. Si l'on fait abstraction de la roue, qui est bien du
pays, on peut songera voir dans les serpents, enroulés aux pieds du
dieu, la preuve qu'il s'agit d'un Jupiter vainqueur des Titans. Maison
a également pensé que le groupe du cavalier àl'anguipède procédait
du type classique de Jupiter-vainqueur. Bref, cavalier et piéton sont,
à mon avis, le même dieu. D'ailleurs, au cœur même de l'aire
d'extension des dieux cavaliers, la colonne la plus importante, celle
de Mayence, portait un Jupiter debout, dieu celtique bien certaine-
ment, hésitant entre Jupiter et Mars. On démontrera avec peu de
peine que le Mars des Gallo-romains a eu des attributions aussi
larges que celles du Ziu . Que l'idole gallo-romaine ait habillé
dans les pays rhénans des divinités germaniques, je suis loin de
le nier ; qu'elle leur ait même prêté forme et nature, je le crois très
volontiers. Je ne suis même pas non plus tout à fait sûr que le
vainqueur céleste, cuirassé en chef d'armée, n'ait jamais symbolisé
des victoires impériales et quasi nationales.
Le livre de M. Hertlein a une deuxième partie aussi importante
que la première, oià il traite des figures qui décorent la base des
colonnes. Ces dés de base, souvent isolés, ont été, à tort, pris
pour des autels, qu'on connaît sous le nom d'autels à quatre
faces. Si le groupe du haut et la couronne des dieux des jours ont
un sens cosmologique, la base et ses figures ne sont pas dénuées de
sens. M. Hertlein suppose qu'elles représentent le cours de l'année.
La statistique de ces monuments révèle la constance de leur com-
position. Ce sont, en règle générale, les mêmes divinités qui y
figurent, et dans le même ordre. Les exceptions, pour la plupart,
confirment la règle. Ces divinités sont : Junon, Mercure, Hercule
et Minerve. Leur ordre se déroule suivant les monuments vers la
droite ou vers la gauche. Le nombre des faces se réduit à trois ou
à deux ; d'autres divinités. Mars, Apollon et Vulcain, s'introduisent
dans la série, à la place ou à côté de Mercure ou d'Hercule ; Minerve
et Junon se confondent ou se laissent remplacer par une Victoire
ou une Fortune. Mais comme tous ces changements ne se font pas
simultanément le style conserve sa constance apparente.
Divinités des saisons, dit M. Hertlein. L'alternance de quatre,
trois et deux figures sur les monuments correspond à la concur-
rence de trois systèmes de divisions de l'année, en pays germa-
niques, en deux, trois et quatre saisons. La Junon de la face fron-
tale, qui fait pendant au Jupiter-Mars-Ziu, du sommet, a la pre-
mière place et ouvre l'année. Aussi bien est-elle munie d'une
torche symbolique. L'année germanique commence avec le prin-
temps. Junon allume le printemps et sa torche est celle du jour
io8 Bibliographie.
des Brandons. Minerve, au contraire, est le dieu de l'hiver. Si nous
en croyons les vieux auteurs qui nous ont conservé le souvenir
des restes du paganisme au début du moyen âge, c'est une Minerve
qui présidait aux veillées d'hiver et aux travaux qui s'y faisaient.
Mercure et Hercule président respectivement à Tété et à l'au-
tomne.
Dans cette partie du travail, l'argumentation n'est pas aussi com-
plète que dans la précédente. Il reste quelque chose à faire pour
préciser les affinités saisonnières des dieux, même si on les tient
pour germaniques.
Or, le fait est partiellement contestable. Il est certain que les
bases à quatre figures sont tout particulièrement fréquentes dans la
vallée du Rhin et le pays des Trévires. La publication du Recueil des
reliefs par le commandant Espérandieu permet de constater facile-
ment qu'elles ne manquent pas en Gaule et que l'on peut étendre
à la Gaule les constatations que M. Hertlein a faites pour la Ger-
manie. D'autre part, si les figures représentent bien un système
de quatre saisons il faut recomii^itre que la division de l'année en
quatre saisons est, en pays germanique, chose d'emprunt. Les
Germains peuvent l'avoir empruntée aux Romains. Us pourraient
également l'avoir empruntée aux Celtes, dont l'année se divisait
régulièrement en quatre saisons. C'est plutôt à la division celtique
de l'année, qu'à la division romaine que correspondraient, à mon
avis, les représentations saisonnières de ces monuments. Mais je ne
me dissimule pas que la preuve de cette proposition est à faire.
H. Hubert.
II
W. DiXAX. Monumenia Historien Celtica. Notices of the Celts in the
writings of the Greek and Latin authors from the tenth C-en-
tury B. C. to the fifth Century A. D., arranged chronologic-
ally, with translations, commentary, indices and a glossary
of the Celtic names and words occuring in thèse authors.
Vol. I. London, D. Nutt, 191 1. xij-3)5 p. 8°. 15 sh.
Les textes des auteurs anciens relatifs aux Celtes ont été pour la
première fois réunis par Dom Bouquet dans le premier volume de
ses Rerum Gallicarum et Franciscarum scriptores, publié en 1738.
Un siècle plus tard, ces mêmes textes étaient publiés à nou'.eau par
Henry Pétrie et Thomas Hardv au début de leurs Monumcnta
Hislorica Britannica (1848), p. i-cv. Enfin, plus près de nous.
Bibliographie. 109
sous le titre FaXX'.xtov cuyYpacj/ciç £ÀÀY|Vt>tùî (Paris, 1878-1892),
Edmond Cougny a pour la troisième fois réédité la même collec-
tion, limitée toutefois aux auteurs grecs.
Ces trois recueils ont ceci de commun qu'ils sont divisés en trois
parties, respectivement consacrées aux géographes, aux historiens
et aux auteurs divers qui ne sont ni historiens, ni géographes.
C'est une disposition singulière ; elle était encore aggravée par des
erreurs de méthode à l'intérieur de chaque division. Ni Dom Bou-
quet, ni Pétrie, ni même, ce qui est moins excusable, Edmond
Cougny n'ont adopté, pour classer les textes, un ordre chronolo-
gique exact ; ils ont méconnu la nécessité de mettre à leur date
les fragments d'auteurs anciens conservés par des écrivains plus
récents ; et, faute d'un triage des sources, ils ont donné la môme
valeur au témoignage d'écrivains aussi différents par la date
qu'Etienne de Byzance et Hécatée de Milet, Pausanias et Jérôme de
Cardie, Diodore de Sicile ou Strabon et Pythéas !
En se proposant d'entreprendre à son tour le recueil des textes
anciens relatifs aux Celtes, M. Dinan s'est bien gardé de tomber
dans les mêmes fautes. Sa classification est rigoureusement chro-
nologique et s'applique indifféremment à tous les écrivains, grecs
ou latins, prosateurs ou poètes, qu'ils soient philosophes, orateurs,
géographes ou historiens. C'est ainsi qu'il débute par Homère et
Hécatée de Milet, pour continuer par Festus Avienus Rufus, dont
le poème, écritau iv siècle de notre ère, n'est qu'une rédaction latine
du Périple accompli par Himilcon vers l'an 500 avant J.-C.
Viennent ensuite, entre autres écrivains, Hellanicus, Hérodote, le
pseudo-Scylax, Pythéas, Jérôme de Cardie, Polybe et Posidonius.
Le volume s'arrête à ce dernier ; mais il sera suivi de deux autres,
et l'ouvrage se terminera par un index alphabétique et un glossaire
étymologique des mots celtiques cités.
M. Dinan paraît fort satisfait de la disposition qu'il a choisie ; il
a raison. C'est l'arrangement des matériaux qui doit faire la valeur
de ce livre, annonce-t-il dans la préface ; et pour arranger les maté-
riaux dans un ordre chronologique, il ne s'est, dit-il, épargné nulle
peine, même considérable : « considérable pains hâve been taken
to arrange the materials of thèse volumes in chronological order »
(p. viij). Il n'ajoute pas que cette disposition, qui lui a coûté tant
d'eftorts, est exactement celle d'un livre excellent, qui a déjà dix
ans de date : Principaux auteurs de Vantiquité à consulter sur l'his-
toire des Celtes depuis les temps les plus anciens jusqii'au règne de Théo-
dose I", Essai chronologique, par H. d'Arbois de Jubainville (Cours de
littérature celtique, tome XII ; Paris, Fontemoing, 1902, xvj-344
ilo Bibliographie.
p. 8"). Cet ouvrage, il est vrai, n'est pas un recueil de textes (et
cela explique sans doute que M. Dinan ne le cite même pas), mais
il est à la fois plus et mieux que cela. C'est un exposé par ordre
chronologique de ce que les Anciens ont dit des Celtes. On y
voit les progrès réalisés peu à peu dans la connaissance des choses
celtiques. On y apprend la valeur des sources, le rapport des écri-
vains entre eux. Bref, c'est un livre substantiel, où tous les pro-
blèmes sont examinés, discutés, élégamment résolus. Venant après
un recueil comme celui de M, Dinan, le livre de d'Arbois conser-
verait tous ses mérites. Venant après le livre de d'Arbois, le recueil
de M. Dinan n'offre plus guère que l'intérêt de pièces justificatives.
Encore ceux qui l'utiliseront devront-ils s'armer de critique et
n'accepter que sous réserves aussi bien le texte que la traduction
ou les notes. Quelques exemples suffiront à justifier cette
défiance.
Pythéas est, comme on sait, le premier auteur qui nous parle
des Iles Britanniques. Toutefois, il est établi depuis longtemps que,
dans les extraits de son livre conser\'és par Diodore de Sicile ou
par Strabon, les îles en question étaient appelées FIpsTavtxa; et non
Bpsxavixa; OU BpeTxavrxa'' (v. d'Arbois de Jubainville, op. cit., p. 69
et Rev. Celt., XIII, p. 398). Cela n'empêche pas M. Dinan d'im-
primer bravement -y^ Bps-Tav./.?, à la page 62 sous le nom de Pythéas
et d'adopter partout la même graphie dans les extraits de Diodore
ou de Strabon qu'il retire à Pythéas pour les attribuer à Posido-
nius (p. 304 et suiv.). Sous cette graphie uniforme, il dissimule
un problème historique de grande importance, qu'un lecteur non
prévenu ne soupçonnerait pas.
Voici un cas en revanche où il ajoute au texte d'une façon
fâcheuse. Aux pages 334 et 335 se trouvent face à face le texte
d'Athénée et la traduction anglaise qui suivent :
Kai ol ixàv xoùç O-jceoùç ôttaooo- Behind them stand their ar-
poijvTeç Ix Twv rj-KÎGM TTapscTX'j'.v, mouT-bearers holdingtheir large
ol oÈ ooouz,6oo'. xaxà tt,v àvx-.xpù oblong shields, which are cal-
xaÔYjUisvot xûxXw, xaO-y.-£p oî oeg- led O-joHoi, Their spear-men sit
TrÔTat, ffuvEucoyouvTai. Tb oà TtoTÔv down opposite in a circle, and
ot oiaxovo-jvTsç ivàYYEt'oiçTrcpiïï-É- feast in the samemanner as their
poufftv loixôat ;j.àv ày.ji!xoiç y, x£- masters. Their cup-bearerscarry
paaÉo'.ç Y, àpYupoîç. round the wine in jars like ordi-
nary casks in shape, and made
of either earthenware or silver,
and wich they call ày.Çixo?.
Bibliographie. 1 1 1
Un lecteur qui se bornerait à lire la traduction croirait que Ouoeôç
et à;j-P'.xoç sont des mots celtiques, et que l'écrivain grec les
donne comme tels ; d'autant plus qu'à la page 320 les phrases
XÔY/aç aç ÈxEivot Xayxiaç xaXoùciv et ■KO\.y\-:cà [xsXwv ouç [iapoouç ovo-
iji.âi^ou'Ttv sont régulièrement traduites par « pikes which they call
huices » et « poets whom they call bards ».
Enfui il convient de mettre le lecteur en garde contre certaines
assertions formulées dans les notes ou dans les remarques préli-
minaires au texte de chaque auteur. Elles sont parfois erronées.
Ainsi M. Dinan écrit p. 54 : The visit of Pytheas to the Cimbri is
of interest as affording some grounds for believing that the Cim-
bri spoke a Celtic tongue. Il est regrettable qu'il n'ait pas indiqué
plus clairement ces raisons, car rien dans les textes qui suivent ne
vient naturellement appuyer une pareille doctrine; sur les Cimbres
V. d'Arbois de Jubainville, op. cit., p. 212-213 et Revue Celtique,
XXIX, 215.
J. Vendryes.
111
Wilhelm Havers, privat-docent de linguistique indo-européenne à
l'Université de Strasbourg. Utitersuchungen \ur Kasussyntax der
indo-germanischen Sprachen, Strasbourg, Trûbner, 191 1, xix-335
p. 8°. II M.
Dans ce gros livre sur la syntaxe des cas dans les langues indo-
européennes, l'auteur, que connaissent déjà les lecteurs de la Revue
Celtique (v. t. XXXII, p. 129), ne traite à vrai dire que d'un seul
cas, le datif, et même que d'un emploi particulier du datif, celui
qu'il appelle le « dativus sympatheticus », nommé par d'autres
avant lui « dativus ethicus ^). Ce datif est très voisin de sens d'un
génitif, mais il indique l'intérêt particulier que le sujet porte à
l'objet de l'action. Il y a ainsi une nuance entre IxacoitTiv ètt'o'j-
ata TTÏTiv vXv.'^cf. ((x i/j) et sTut 0' ouax' àXsHat éTa''pojv x-^pbv
Sï'J/v'jCa; ([j. 47) ou entre « die Kugel durchbohrte dem Feinde das
Herz » et « die Kugel durchbohrte das Herz des Feindes » ou encore,
car le datif du pronom personnel s'oppose à l'adjectif possessif,
entre « der Knabe zerriss sich beim Fallen den Rock » et « da
zerriss der Hohepriester seinen Rock ». M. Havers distingue six
catégories du « dativus sympatheticus ». Il fournit pour cha-
cune d'elles des exemples abondants, qu'il emprunte à toutes les
langues indo-européennes, considérées aux diverses époques de
leur histoire.
112 Bibliographie.
Un des chapitres du livre est consacré au celtique (p. 240-256) ;
on y trouve des exemples irlandais et gallois des six catégories du
« dativus sympatlieticus ;>, exprimé naturellement au moyen de la
préposition do en irlandais, y en gallois : maie ni dosoin « nous
sommes ses enfants » (Wb. 19 d 8), achwaeruaeth itt wyf ynneu
« je suis ta sœur de lait » (R. B. I, 204, 4). Toutefois, le génitif
(ou l'adjectif possessif) s'emploie en celtique plus souvent qu'ail-
leurs au lieu du datif : co tn-herl do suil as do chind « de sorte qu'il
t'enleva l'œil de la tête » (L. L. 113 a 22), arganuot yr adanc a
wnaeih...a llad y henn « il aperçut l'addanc... et lui coupa la tête »
(R. B. 1, 226, b). D'autre part, plusieurs prépositions se substi-
tuent souvent à do (y), transformant ainsi le caractère du « dativus
sympatheticus » ; après les verbes qui signifient « enlever » par
exemple on emploie en irlandais la préposition ar (cf. Rev. Celt.
XXXI, 405), et les prépositions/?-/, /or, la ou or après divers autres
verbes.
Il résulte de l'enquête de M. Havers 'que de toutes les langues
indo-européennes le celtique est celle où le dativus sympatheticus
est le moins bien conservé. Et M. Havers de conclure : « Il semble
hors de doute qu'ici comme sur tant d'autres points nous avons
affaire à une particularité linguistique de la population non indo-
européenne qui a précédé les Celtes dans les Iles Britanniques »
(p. 255). Cette conclusion est un peu hasardée. Il est assurément
exagéré d'interpréter par l'indo-européen tous les détails des langues
celtiques, mais il ne faut pas non plus invoquer sans bonne raison
l'influence étrangère. Comme nous ne savons rien des langues qui
ont précédé le celtique dans les Iles Britanniques, recourir à ces
langues pour interpréter un fait du celtique équivaut pour le lin-
guiste à un aveu d'impuissance. On ne doit se résigner à une
pareille conclusion négative que lorsqu'on a épuisé toutes les pos-
sibilités d'éclaircissements positifs.
L'influence étrangère a été forte sur le vocabulaire celtique, parce
que le vocabulaire est dans une large mesure l'image ou le
reflet de la civilisation, et que la civilisation des Celtes contient un
bon nombre d'élémentsétrangers.Il existe donc en celtique un voca-
bulaire spécial, que connaissent d'ailleurs plus ou moins leslangues
immédiatement voisines, et qui n'est pas indo-européen. Mais n'ou-
blions pas que le grec a subi presque aussi fortement l'influence
d'un vocabulaire, qui ne l'est pas davantage.
En ce qui concerne la grammaire, l'influence étrangère est plus
douteuse. Les preuves qu'en donne M. Havers d'après Zimmer ne
valent rien (v. Rev. Cclt., XXXII, 235); et il est vraisemblable
Bibliographie. 1 1 3
qu'à mesure qu'on examinera le détail de la syntaxe celtique, on y
reconnaîtra le développement normal de tours qui existaient en
germe en indo-européen. La place du verbe en tête de la phrase,
particularité frappante du celtique, peut bien être caractéristique
aussi du berbère ou de l'égyptien ; elle ne s'en laisse pas moins
expliquer en celtique par deux tendances bien connues de l'indo-
européen (y. Mém. Soc. Ling.,XVU, 337). Et dans la question
présente, la disparition du datif en tant que cas isolé en celtique
ne suffit-elle pas à expliquer que la langue ait dû, suivant les types de
phrases, afïecter diverses prépositions à l'expression de ce qui était
d'abord un dativus sympatheticus ? Tout se ramène donc à une
question particulière de la syntaxe des cas, et on sait combien
l'emploi des cas présente de divergences d'une langue à l'autre.
Quel que soit l'intérêt des collections de faits celtiques qu'a
réunies M. Havers, il convient de faire certaines réserves sur ses
conclusions.
J, Vendryes.
IV
O. ScHRADER, Professeur à l'Université de Breslau. Die Indogernuinen .
Leipzig, Quelle und Meyer, 1911, 165 p. 8". iM.(cart. i M. 25).
Ce livre forme le numéro 77 de la collection « Wissenschaft und
Bildung » que dirige M. Paul Herre.
Ceux qui ont suivi les travaux de M. O. Schrader et qui con-
naissent notamment son livre Spmchvergleichung und Urgeschichtc
(2« éd. lena, 1890) ou qui pratiquent son précieux ReaUexikoii der
indogermaniscben Altertumskitnde (Strasbourg, 1901) ne devront pas
s'attendre à trouver beaucoup de nouveau dans cet exposé som-
maire des origines indo-européennes. Pourtant c'est,croyons-nous,
le premier livre de vulgarisation où soit utilisé le tokharien (v.
notamment p. 10, p. 76, p. 160); et ce détail suffit à montrer
jusqu'à quel point M. Schrader tient son information au cou-
rant.
Toutefois, ce n'est pas dans la nouveauté du fond que réside le
mérite de ce petit livre ; c'est dans la clarté et l'élégance de la
forme. La lecture en est fort agréable. L'auteur sait rendre aisés
les développements les plus techniques. Il connaît l'art de piquer
et de soutenir l'attention par des remarques, des anecdotes, des
citations appropriées. Bien qu'il ait destiné son livre à des lecteurs
allemands et qu'il donne par suite à la civilisation germanique une
Revue Celtique, XXXIII. 8
114 Bibliographie.
importance prépondérante dans ses comparaisons, il peut intéresser
un étranger ; il a fait aux choses slaves une assez large place, et
même çà et là recourt au témoignage du celtique. Sans doute un
celtiste pourrait lui reprocher quelques lacunes ; il ne dit rien par
exemple du calendrier de Coligny dans le chapitre du temps, où
le celtique n'est pas utilisé autant qu'il conviendrait. En revanche,
il faut savoir gré à l'auteur d'abandonner définitivement (p. 90)
pour le mot cétmiiiuter « épouse légitime » l'étymologie singulière
à laquelle quelques celtistes, à la suite de Zimmer, restent obstiné-
ment attachés (v. d'Arbois de Jubainville, Rev. Celt., XXI, 109).
Les douze chapitres du livre sont respectivement intitulés : I,
Das indogermanische Urvolk und die indogermanischen Einzelvôl-
ker ; II. Die Erschliessung der indogermanischen Kulturzustànde ;
III. Die Wirtschaftsform ; IV. Siedelung; \'. Der Rauschtrank ;
VI, Handel und Gewerbe ; VII. Zeitteilung ; VIII. Die Famille ;
IX. Stamm und Volk ; X. Blutrache ; XI. Die Religion ; XII. Die
Frage der Urheimat.'Ce sont douze études détachées, indépendantes,
quelques-unes plus poussées que d'autres ; le chapitre de la famille
par exemple est de beaucoup le plus riche de faits. Mais toutes sont
d'excellentes mises au point de questions délicates, qui ressortissent
à diverses disciplines et exigeaient à la fois la compétence d'un his-
torien, d'un archéologue et d'un linguiste. Sur certains points
la linguistique de M. Schrader prête bien à quelques critiques ;
elle manque parfois de fermeté dans la doctrine et de précision dans
les faits. Mais quel autre archéologue pouvait à moins de risques
entreprendre la même tâche et se diriger plus sûrement dans le
dédale de l'indo-européen ? C'est le mérite de M. Schrader de con-
naître la linguistique comme pas un archéologue, et l'archéologie
aussi comme pas un linguiste.
J. Vendryes.
Martin Ge.moll. Die Inàogcrmnncn in niten Orient, Mythologisch-
historische Funde und Fragen. Leipzig, Hinrich, 191 1, viij-124
p. 8°. 3 M, 60.
M. Martin Gemoll est un hébraisant. Nous ignorons quelle opi-
nion peuvent avoir de lui ses confrères en philologie sémitique.
A en juger par cet ouvrage, il est à craindre qu'il n'obtienne pas
grand crédit auprès des indogermanistes.
La thèse qu'il défend ofFre à tout le moins le mérite de l'imprévu
Bibliographie. 1 1 5
et de l'originalité. Il est convaincu que la mythologie hébraïque
est d'origine étrangère ; que les Israélites ont reçu leur religion
d'un peuple conquérant installé dans la terre de Chanaan, et que
ce peuple était de race indo-européenne.
Pour lui, Abraham et Aharon sont des personnifications d'Ahura-
[Mazda] ; et il identifie Jahvé avec Yama. Ces premiers rapproche-
ments une fois établis, il n'y a plus qu'à en chercher d'autres, qui
les fortifient et qui les complètent. Et c'est alors que les Celtes
entrent en scène. La forme sous laquelle la mythologie indo-euro-
péenne a pénétré chez les Hébreux est en effet, suivant M. Gemoll,
celle de la mythologie celtique, et particulièrement britto-
nique.
Le roi Arthur est tout simplement le prototype à la fois d'Ahura,
d'Abraham et d' Aharon ; et la famille d'Arthur est à peu de chose
près celle que l'ancien testament donne à Abraham. Les mêmes
noms s'y retrouvent : Lot, Urien, Arawn.
La comparaison se poursuit ainsi pendant plus de cent pages, et
la conclusion en est exprimée chemin faisant, comme un refrain,
avec une conviction touchante. 11 paraît à l'auteur évident, frap-
pant, indubitable, incontestable, que la Palestine a été habitée par
les Celtes ; Galaad d'ailleurs a conservé le nom des Galates, et les
Amorites ont le même nom que les Armoricains. Les Celtes ont
laissé des traces chez tous les peuples d'Asie Mineure : Eremon
équivaut à Aryaman, et Erin à Iran. Les Chaldéens aussi sont des
Celtes, car Kaldu (ou Kardu- ou Kardunias) c'est le pays des Celtes,
le même nom que Celyddon, la Calédonie. Medrawd le neveu
d'Arthur n'est autre chose que [le Mithra des Iraniens et Gwalch-
mei, c'est Gilgames ; etc., etc.
Nous pensons en avoir dit assez pour édifier nos lecteurs sur la
valeur du travail.
J. Vendryes.
VI
D''. HôFLER. VolksmediTJuische Botanik der Kelten.
M, le D"" Hôfler, dont nous avons signalé précédemment une étude
sur l'usage des bains chez les Gaulois (v. Revue Celtique, t. XXXII,
p. 368) vient de publier une nouvelle étude qui n'est pas moins
instructive. Elle est intitulée VolksmediTJnische Botanik der Kelten et
a paru dans VArchiv fur Geschichte der Medi-Ju publié à Leipzig
sous la direction de M. Karl Sudhoff chez l'éditeur J.-A. Barth
lié Bibliographie. .
(t. V, pp. 1-35 et 241-279). Elle contient une énumération des
plantes utilisées par les Celtes avec l'indication de l'usage qu'ils en
faisaient. Les listes de M. Hofler reposent avant tout sur le témoi-
gnage des auteurs anciens, qui nous ont transmis, avec quelques
noms celtiques de plantes, de nombreux renseignements sur les
vertus médicinales que la croyance populaire leur attribuait.
M. Hofler a tiré parti aussi du vocabulaire des dialectes celtiques
modernes et a fait appel à l'étymologie pour reconstituer la forme
ancienne des mots employés aujourd'hui par ces dialectes. Il ne
fait guère que reproduire la doctrine des principaux maîtres de la
philologie celtique ; mais son érudition est abondante et généra-
lement de bon aloi. Son répertoire de botanique médicale celtique
sera utile ; il le serait plus encore s'il était accompagné d'un index
alphabétique des noms de toutes les plantes mentionnées.
L'ouvrage fait une large place aux superstitions populaires, au
folk-lore. Toutefois le folk-lo''e des Celtes insulaires (Irlandais ou
Gallois) n'y apparaît pour ainsi dire pas. C'est à la flore populaire
française, telle que l'ont constituée les travaux d'Alfred Maury,
d'Eugène Rolland, de M. Paul Sébillot, que M. Hofler emprunte
ses exemples. Mais il a le tort de substituer trop souvent « cel-
tique » à « français » (p. 25 : « im keltischen département
Vienne « !) : il faut se garder d'attribuer aux Celtes toutes les
superstitions populaires de la France. Pour établir et préciser les
croyances celtiques relatives aux plantes, il rappelle aussi celles
qui sont aujourd'hui encore en vigueur dans le sud de l'Allemagne,
notamment en Bavière. En faisant ainsi porter son étude sur la
France et l'Allemagne, à l'exclusion de la Grande-Bretagne et de
l'Irlande, M. Hofler nous paraît déplacer un peu trop l'axe du
monde celtique.
Au point de vue linguistique, il y aurait aussi quelques critiques
à lui adresser. Bien qu'il ait eu parfois recours à la compétence de
M. J. Pokorny, et qu'il se soit en général documenté avec soin,
on sent qu'il n'est en linguistique celtique qu'un novice et un
amateur. Ses restitutions de mots celtiques sont le plus souvent
empruntées à VUrkcItischer Sprachschati de Whitley Stokes, qu'il
cite p. 7 sous une forme bien singulière (iounkos « jung » Bezzen-
BERGER, 224) ; mais ce livre, d'ailleurs indispensable, ne doit être
utilisé qu'avec une certaine critique. Et il convient d'avoir plus de
prudence encore en citant Roget de Belloguet ou Bacmeister, qui
sont des autorités un peu surannées aujourd'hui. P. 2, M. Hofler
semble croire que le breton armoricain est un reste du gaulois.
P. 259, sa traduction du nom des Matres Udra-vari-nehae paraît
Bibliographie. iij
purement fantaisiste. P. 276, il rapproche les mots grecs 'Jttvoç et
iKoTza (sic) ! Ses références manquent parfois d'exactitude : p.
247, la traduction française attribuée à Whitley Stokes est en
réalité du D'' Ricochon (v. Rev. CelL, XXIII, 107) et p. 16,
la phrase latine donnée comme de Lucain appartient simplement,
comme nous l'apprend le Sprachschafi de M. Holder (t. I, col.
1526), à un commentateur. Quant au mot driadae, cité à ce même
endroit, c'est un mot masculin, comme le gallo-latin drnidae^
et par suite la question des druidesses pouvait être laissée de
côté.
M. le Di" Hôfler nous jugera peut-être trop sévère ; il aurait
bien plus sujet d'exercer contre nous sa sévérité, si nous écrivions
médecine ou botanique.
J. Vendryes
VII
E. Ernault. Vnncien vers breloii, Paris, Champion, 1912, 79 p. 8°
2 fr. 50.
Notre collaborateur M. Em. Ernault avait déjà étudié l'ancienne
versification bretonne dans la préface à sa réédition du Mirouer
de la Mort ÇRev. Celt. , XXXI, p. 71-91), où l'on trouvera mention-
nés les plus importants travaux antérieurs sur la question.
Dans la brochure annoncée ici, il reprend le même sujet, mais
en se bornant à l'exposé des faits principaux, sous une forme
simple et commode. L'exposé comprend quatre parties : 1° Elé-
ments du vers breton : mesure, césure, rime (finale et intérieure) ;
2° séparation des vers ; 3° vers sans césure fixe ; 4° vers à césure
fixe. L'exposé est illustré de nombreux exemples empruntés au
Grand mystère de Jésus (éd. la Villemarqué, Paris, i86é), au Mystère
de sainte Barbe (éd. Ernault, Nantes, 1887), aux Heures (éd. Wh.
Stokes, Middle Breton Hoiirs, Calcutta, 187e), aux Cantiques du
Doctrinal (éd. Ernault, Arch. f. Celt. Lexic, I, 213, 360 et 55e),
surtout aux anciens N oels édlxés dans la Revue Celtique, tomes X à
XIII.
Toutefois ces exemples ne suffisaient pas à montrer l'opposition de
la versification ancienne et de la versification moderne. Pour rendre
le contraste saisissant, il fallait présenter un même poème sous les
les deux formes. Grave difficulté qui n'était pas pour arrêter notre col-
laborateur. II n'a eu qu'a se dédoubler. En lui, le philologue a fait
appel au poète, et Barz ar Gouet a répondu à l'appel d'Emile Ernault ;
ii8 Bibliographie.
c'est de leur collaboration qu'est sortie la seconde partie du volume.
Le lecteur y goûtera d'abord hChanson des Chênes de M. A. Le Braz
dans une triple traduction, en breton ancien et en breton moderne,
de Léon et de Vannes ; ensuite VElegy luritten in a counlry church-
yard de Thomas Grey, traduite également en breton ancien et en
breton moderne ; enfin, pour terminer le volume, une pièce de
facture et d'inspiration personnelle, en breton moderne, sur la
mort de Marc'harit Phulup, la vieille chanteuse de Pluzunet.
J. Vexdryes.
VIII
Kuno Meyer. Hail Brigit, an Old-Irish poem on the hill of Alenn.
Halle, Niemcyer et Dublin, Hodges, Figgis and C°, 1912, 24 p.
Cette jolie plaquette est un cadeau de Noël, offert par l'auteur à
M. et M™^ Best, en souvenir de son séjour à Dublin, et notam-
ment d'une excursion qu'il fit en leur compagnie à Knockawlin,
anciennement Cnoc Ailinne, « la Colline d'Alenn ».
Le choix du sujet double le prix de l'hommage. Le poème vieil-
irlandais publié et traduit ici pour la première fois se rapporte en
effet à la colline d'Alenn. Sur cette colline s'élevait une forteresse
qui, après plusieurs siècles de splendeur, fut détruite au cours du
viii"^ siècle et ne -se releva pas de ses ruines :
Borg Ailinne ùallach
atbalh lia slôg inhâgach
« L'orgueilleuse forteresse d'Alenn
a péri avec ses guerriers »
lit-on dans le Félire d'Oengus, Prologue, v. 189.
L'auteur inconnu du poème a tiré un fort beau parti du contraste
entre la désolation d'Alenn, l'ancienne citadelle du paganisme
irlandais, et la prospérité de sa voisine, Kildare, brillant foyer de
christianisme. Il oppose le succès éphémère des rois d'Alenn, dont
la puissance s'est évanouie, à la gloire toujours triomphante de
Brigitte, patronne de Kildare : slàu seiss a Brigit co mbiiaid l La
gloire de Brigitte, c'est tout le sujet du poème.
M. Kuno Meyer a fait précéder le texte d'une introduction, où
il discute les données historiques et géographiques du poème. Sur
le nom d'Alenn, sur la personne des princes qui s'y rattachent, sur
les- batailles qui s'y livrèrent, il donne, suivant son habitude,
maint détail exact et précis, qu'il emprunte à des sources générale-
ment inédites.
Bibliographie. 119
Il n'y a du poème qu'un seul manuscrit, le Book of Leinster
(p. 49 b), lequel est du milieu du xiF siècle. Mais le texte porte
la marque d'une composition bien antérieure à cette date. M. Kuno
Meyer l'attribue à la période du vieil-irlandais, et probablement au
début du ix'= siècle. La langue conserve en effet plusieurs formes
anciennes, qui sont énumérées p. 10 et suiv. ; quelques autres, un
peu plus modernes, indiquent en tout cas sûrement le ix'^ siècle.
Le texte est accompagné d'une traduction anglaise et suivi de
notes explicatives, surtout lexicographiques et grammaticales, qui
aident à interpréter les passages difficiles ; il y en a quelques-uns.
On notera trois passages, dans lesquels le substantif est précédé
de son régime : lir co hor (str. i), lir co tràig (str. 16), rein eu hor
(str. 18); et aussi un passage où la préposition est placée entre le
substantif et l'épithéte : féin co ngairg (str. 13). Il y a un exemple
de la construction ro chathu clôi « qui a livré des combats » (str.
21), que l'on doit comparer à cia ro chathu clôi « though he won
battles », dans la Tripartite Life, p. 214, 7 {ro catha clôi dans le
ms. Rawlinson B $12). A signaler encore l'emploi de /î» « digne
de » avec un régime à l'accusatif (str. 14; cf. p. 20-21), un
exemple du datif d'accompagnement (huidnih sliïaig, str. i)et deux
du tour mjôu epert (str. 2), môfoscnad (str. 7). Le mot tundsem
« fait de fouler aux pieds » (str. 5), infinitif de *to-nessaim, est donné
p. 20 comme masculin, à cause sans doute de la forme d'accusatif
s'mguïitr tundsem. Mais les infinitifs en -em, quand ils ne sont pas
thèmes en -u-, sont toujours féminins (voir Thurneysen Hdb., I,
p. 414): airegem « plainte » g. xreignie Ml. 90 c 12 ; caithem « con-
sommation » dat. cathim L. U. 52 a 17: dïnsem « mépris », dat.
dïnsim Hib. Min. 327; égem « cri » ace. pi. eigmea Ml. 113 b 7;
fethem « attente » ace. sg. fethim Fél. Ep. 266 ; indithem « attention »
g. indithmeMl. 85 d r ; etc. Toutefois on lit au datif sg. moidem
Wb. 14 d 37 et accaldam Wb. 3 c 4; tundsem est sans doute une
exception du même genre.
J. Vendryes.
IX
W. Lewis Jones. King Arthur in History and Legend. Cambridge
University Press, 191 1, 145 pp.
The above volume, written by Professor Lewis Jones of the
University Collège of North Wales, Bangor, forms one of a séries
I20 Bibliographie.
of iiKiuuals oi science and literature published by the Cambridge
University Press. It bas been very rightly said of this séries, « For
those who bave neither the time nor tbe preliminary training to
study great subjects on a grand scale thèse excellent handbooks
seem specially designed ». This is particularly true of the présent
volume, as itssuccess will prove : published last year it bas already
reached a second édition, although the first was of 5.000. In a
private communication Prof. Jones states thatit is a popular manual
rather than a work for « the elect » ; no one however, learned
though he be, will regret the time given to reading it. Prof. Jones
bas been able to give in a hundred pages or so a very concise
account of king Arthur as he appears in history and legend from
the earliest times up to the présent dav.
The first of the five chapters of which the book is composed
deals with the earliest Arthurian records. According to Prof. Jones
little historical significance is to be gathered from the form ot
Arthur's name which in the Latin chronicles appears as Arturus,
probably of Roman origin derived from the form Artorius, a name
common in Rome. Prof. Jones is not inclined to agrée with Sir
John Rhys who suggests that it was a Celtic name given in the
first instance to a o-od Arthur. The oldest historical document in
. . . • . .
wliich Arthur is mentioned by name is the famous Historia Brilto-
miin ascribed to Nennius who lived about 800 A. D. He speaks of
Arthur's military exploits and says he fought with the kings as a
kind of commander in chief, scd ipse dux erat bellonnii, a military
office as suggested by Rhys similar to one of those established in
the island during the later years of the Roman administration
and corresponding to that of the Welsh gwlédig. It is noticeable
that in Welsh literature Arthur is always known as the Emperor,
never king, this was probably the title given to the highest officer
in the island after the departure of the Romans.
The twelve battles mentioned by Nennius as having been fought
and won by Arthur are also found in the De Excidio et Conquestii
Britanniae compiled by Gildas, but Arthur's name does not occur.
Prof. Jones suggests that this is due to the fact that Gildas' work is
not so much a history as a homily. In the mirahilia attached to
Nennius' History Arthur is pre-eminently the warrior and the
marvels show that bis name was connected with the topogra-
phy of Wales even in the viiith century : they are also valuable
as affording the Connecting link between the earliest Latin docu-
ments in which Arthur's name is found and one of the very oldest
of the Welsh Arthurian taies, KiiJbwch and Ohueu.
Bihliooraphie. I2I
Slrangely enough Artliur's name does not occur again in the
Pre-Norman chronicle literature. Bede makes no mention of him,
nor is his name found in the Saxon Chronicle. But if history has
little to say of Arthur, this is not true of the romance Uterature of
the xiith and xiiith centuries. As Prof. Jones says, the contrast is
so startling as to suggest at once that the coming of the Normans
to Britain had much to do with what may be called the aggrandi-
sation of Arthur. Among those who contributed to this ago^randisa-
tion the first place must be given to GeofFrey of Monmouth although
ail the évidence seems to point to the period extending from the
xth to the xiith centuries as that of the popular growth of an
Arthurian legend on a large scale among the « Celtic fringe ». By
the beginning of the xiith century Arthurian stories were circula-
ting Ireely in Brittany, Cornwall and Wales. Others who wrote of
Arthur were William of Malmesbury, in his History of the kings of
Englaiid, the first version of which was completed in 1125, and
Henry of Huntingdon in a letter addressed to a friend named
Warinus.
The second chapter of the book is devoted to « Arthur in Welsh
Legend and Literature » [and Prof. Jones concludes that there is
enough in old Welsh poems and prose stories to indicate that a
legend of Arthur existed in Wales from a very early period, long
before Geoffrey of Monmouth. He takes his évidence from Welsh
poetry, the Black Book of Carmarthen, the Book of Aneirin, etc.,
from Welsh prose romances such as Kulhwch and Olwen, and
from the Triads.
In the third chapter devoted almost entirely to Geoffrey of
Monmouth, the remainder being given to the chroniclers who fol-
lowed Geoffrey, Prof. Jones shows that his great book, Historia
Regum Britaiiiiiae, isto be taken as a romance rather than as authen-
tic history, not that it is suggested that he invented ail or even the
greater part of his matter, he did as others had done before him,
he borrowed largely from his predecessors, Nennius, Bede and
others, though, of course, a great deal is due to his own imagina-
tion. The popularity of GeoffVey's history was so great that not
only was it copied abundantly (there exist at présent 5 1 manu-
script copies), but it was also translated. Geoffrey Gaimar was the
first to translate it into Anglo-Norman verse, and he was soon
followed by Wace in 1 1 5 5. In the next century Layamon wrote his
English Brut in which he made many interesting additions to
Geoffrey and Wace's narrative.
In the fourth chapter entitled « Romance » Prof. Jones speaks
I.-22 Bibliographie.
of thc metrical chronicles of Wace, of the romances in verse ofthe
great poet Chrétien de Troves, and of the prose romances of those
who foUowed him, among the most renowned being Walter Map
and Malorv. It was Malory's work, Moiie Darthur, which gave
new life to the Arthurian legends and to him is due the fascination
which Arthurian stories hâve had for so many modem English
poets, Spenser in the Faerie Qiieene, William Warner's Alhious
England, Drayton's Polvolbion, and last but by no mcans least Ten-
nyson's Idylls of Ihe Kiug.
Time and space do ndt permit of an exhaustive survey ot the
last chapters but it is hoped that enough has been said to make
everyone interested in Arthurian literature wishtoread this volume.
It should certainly be the first book read by those who intend
taking up the study of the Arthurian legend.
Mary Williams.
X
D. J. Saer, The Slory of Cardigaiisbirc, Welsh County Séries, The
Educational Publishing Company, Cardiff, 191 1.
This little book as M'' Saer himself savs in the préface has been
written for the children of Cardiganshire with the object of making
them acquainted with the story of their beautiful and historié
countv. It has already been adopted by the Cardiganshire Education
Committee for use in the schools under its control : this is not
surprising seeing that everything which is to be told of Cardigan-
shire is found in this volume as a perusal of the Contents will
show. They include chapters on Situation and Climate, Extent and
Elévation, the River Teifî, The River Valleys, the Sea Coast, the
Story of the Roads and Railways, of the Fairy Taies of Cardigan-
shire, Dewi Sant, the Story of the People, the Caer, War, the
Homes, Farming, Lead Mines, Schools, Collèges, Ancient Games,
of Dafydd ab Gwilym, the great poet, the Dante of Wales, of the
Abbev of Strata Florida, of the Towns, \'illages and Hamlets, and ot
the Notable Cardiganshire Men. One willalsofind a Bibliography,
a list of important dates and a glossary of Welsh words occurring
in the place names, verv helpful to those unacquainted with the
Welsh language.
The whole story has been written in simple language suitable
for children of ail âges, but in language so interesting that evervone
will read it with pleasure. To add to the value of the book, in
Bibliographie. 123
addition to a map of Cardiganshire, it has been profusely illustra-
ted with sketches, reproductions ol photographs, etc., of ail that
is most intcrestingin thc; County.
Mary Williams.
XI
George Coffey. Neiu Grange (^Brugb na Boinne ' and olher incised
tiimuli in Ireland. Thc influence of Celt and the Aegean in the
extrême West of Europe in early times. Dublin. Hodges, Figgis
and C°. London, Williams and Norgate. 191 2.
Il y a deux parties dans ce travail : l'une descriptive qui mérite
tous les éloges et telle qu'on devait l'attendre du célèbre archéo-
logue irlandais ; l'autre, hypothétique, soulevant des questions de
la plus haute importance, maintes fois agitées et diversement réso-
lues.
Le groupe de beaucoup le plus important des tumuli préhisto-
riques d'Irlande est celui qui a été désigné du nom du plus considé-
rable d'entre eux, celui de New Grange. Il y a là un véritable
cimetière. Il est situé à cinq milles à l'ouest de Drogheda et ses
ruines s'étendent sur environ trois milles le long de la rive nord de
la Boyne vers Slane.
Les trois tumuli les plus intéressants sont ceux de Doiuth, New
Grange et Knoiuth, en vue l'un de l'autre, séparés par un mille de
distance. Celui de New Grange est le plus connu et le plus consi-
dérable. Une carte, qui est une réduction de celle de six pouces à
un mille de l'Ordnance Survev, montre la situation des tumuli
existant, des pierres debout et dtsratbs^ de ce groupe. Ce cimetière
a été identifié avec le Brugh na Boinne des inss., plus particulière-
ment du Senchas na Relec, ou Histoire des cimetières, conservé dans le
Leabhar na h-Uidbri, et du Dindshenchus du Livre de Ballymote.
1. BrugJj a pris le sens de demeure, palais ; il a eu aussi le sens plus large
de région, district; cf. vieil-irl. iiiruig, briiig, gallois et bret. hro. Macbain,
dans son Gaelic Dict., lui attribue aussi le sens de tumulus, sens évidem-
ment venu de ce que certains tumuli portent ce nom. BrugJj na Boinne,
le tumulus (demeure) de ta Boyne.
2. Le sens ancien de rdtl} a été celui de fort circutaire e)i terre, demeure
seigneuriale entourée d'un rempart en terre. C'est l'équivalent de lias (Jess,
liss). Ràth est commun dans Test de l'Irlande, Uos dans l'ouest (cf. gallois
Ltys, breton Les).
1 24 Bibliographie.
Ces trois ttiniuli sont décrits avec une grande précision par
M. Coffey. Celui de New Grange est un énorme tumulus enceint
d'un cercle de pierres placées de champ (pierres de 8 à lo pieds de
long) se touchant (même disposition à Dowth et Loughcrew Hills).
Ce tumulus est circulaire et couvre une aire d'un acre et même
deux, si on prend toute la superficie inscrite dans le cercle de
pierre.
Le plus grand diamètre est de 280 pieds. Sa hauteur actuelle est
de 44 pieds '. L'intérieur du tumulus se compose d'une allée cou-
verte de 60 pieds de long, composée de pierres placées de champ
de 5 à 8 pieds de haut, recouverte de larges pierres plates, et d'une
grande chambre présentant la forme d'un hexagone irrégulier.
Elle s'élève en forme de dôme : c'est ce qu'on appelle souvent une
fausse voûte ; le dôme est formé de pierres en encorbellement, pla-
cées horizontalement et avançant l'une sur l'autre graduellement,
si bien qu'au sommet l'ouverture est fermée par une simple pierre.
La chambre a 19 pieds 6 pouces de long; 18 pieds depuis la fin du
passage jusqu'à la paroi nord et 21 de l'est à l'ouest. Autour des
parois, il y a des pierres dressées qui par endroit supportent la
voûte, mais la construction du dôme en est en réalité indépendante :
c'est le contraire à Dowth. L'allée couverte n'a guère que
3 pieds de large en moyenne ; à 14 pieds de l'entrée, les pierres
de côté se rapprochent jusqu'à se toucher par le sommet, de façon
qu'on est obligé de ramper sur une étendue de 6 pieds. A par-
tir de ce point, le passage ne présente pas de difficulté : à l'en-
trée, il a 4 pieds 9 pouces de haut ; ensuite, il s'élève graduellement
jusqu'à 9 pieds sur une distance de 26 pieds. Des plans et photogra-
phies accompagnent la description.
Ce monument a été fouillé évidemment dès l'antiquité. L'entrée
n'en est pas cachée ; elle est clairement indiquée par la direction
des pierres du cercle vers l'intérieur.
Les tiimuli étaient groupés en cimetières, ce qui est, suivant la
juste remarque de l'auteur, l'indice d'une société plus ou moins
régulièrement organisée. Il semble qu'ils aient été respectés jusqu'à
l'arrivée des Danois, qui, comme on le sait, ont été les plus redou-
tables des archéologues : ils ont fouillé systématiquement les tombes
de l'Irlande pour y trouver des* objets précieux. Il n'est que juste
de dire qu'ils n'ont pas été seuls à se livrer à cet utile passe-temps.
Il y a un curieux souvenir de ces fouilles à la fin du Mahimigi de
I . Le tumulus de Tumiac en Arzon (Morbihan) est élevé de 20 mètres
au-dessus du sol.
Ëlblio^raphlc. 12$
Branwen, fille de Llyr. Après l'expédition de Bran, il ne restait
plus en Irlande que cinq femmes enceintes. Arrivés à l'âge d'homme,
les cinq fils dont elles accouchent prennent pour femmes chacun la
mère de l'autre. Ils peuplent l'Irlande et se la partagent, d'où les
cinq parties de l'Irlande. Ils se mirent ensuite à inspecter le pays,
là où il V avait eu des batailles, et ils y trouvèrent de l'or et de
l'argent, si bien qu'ils devinrent riches. Les Gallois semblent
avoir eu d'ailleurs les mêmes goûts que les Danois. Dans le poème
des lombes^ dans le Livre Noir de Carmarthen, on trouve ce vers à
propos de la tombe de Tavlogeu fils de Lludd :
ae clathei caffei but
« qui les creuserait trouverait butin. »
M. CofFey s'est reporté judicieusement, le monument ayant beau-
coup souffert, aux descriptions qui en ont été faites précédemment.
La première se trouve dans une lettre du célèbre Edward Llwvd
(lettre de 1699), -alors conservateur de l'Ashmolean Muséum, à
Oxford. Il signale notamment sur le sommet du tumulus un
menhir qui a disparu. Un chapitre fort intéressant est consacré aux
traditions écrites de l'ancienne Irlande qui associent le grand tumu-
lus de New Grange à Brugh na Boiniie. La partie qui traite des
cimetières dans le Leabhar na h-Uidhri (fin du XF ou commence-
ment du xiF siècle) est particulièrement intéressante ; on y lit que
les nobles des Tuatha Dé Danann avaient l'habitude d'inhumer à
Brugh.
La description des autres tumuîi ainsi que des cainis de Lough-
creiv HiU, Knockmany et Seskilgreen (Tyrone), Clover Hill (Sligo)
est tout aussi précise. L'auteur les a minut ieusement étudiés
tous.
Ce qu'il y a de plus caractéristique et de plus important dans ces
fumuli, surtout dans celui de New Grange, ce sont les signes gra-
vés sur les pierres de ces monuments. A New Grange, on en trouve :
dans la chambre, sur des pierres des parois, sur des pierres de
voûtes (^East recess), sur des pierres de l'allée couverte, de l'entrée.
Il y en a même deux du cercle extérieur qui sont gravées.
De nombrenses photographies permettent d'étudier les signes
gravés. Ces signes gravés consistent en losanges, chevrons, feuilles
de fougères, triangles, cupules, cercles, demi-cercles concentriques, spi-
rales simples ou doubles. A- Dowth, on remarque en outre des soleils
(cercles avec rayons à l'extérieur du cercle, il y en a avec un autre
cercle extérieur), des cercles concentriques, des roues, des signes res-
semblant à ceux de Scandinavie qui représentent des bateaux, etc.
1 26 Bibliographie.
Ce qu'il v a de plus caractéristique, ce sont les spirales. Arthur
Evans était d'avis que la spirale était venue de la région Egéenne
en Irlande par l'Espagne, la France et l'Angleterre. Les gravures
de New Grange offrent les plus frappantes analogies avec celles de
Gavrinis dans le Morbihan'. M. Coffey croit que la spirale, qu'il
fait venir aussi de la Crète et des Iles Egéennes, a pris la voie de
terre (^Butinir en Bosnie, Lengyel en Hongrie marquent des étapes
importantes), suivi les grands fîeuves, la Moldau et l'Elbe, atteint la
Baltique. Elle serait passé de là en Scandinavie, d'où elle serait
venue en Ecosse et de là en Irlande. D'après la carte montrant la
distribution des spirales dans les Iles Britanniques (p. 113), les spi-
rales gravées ne se montrent pas dans le sud de l'Angleterre. On en
trouve un exemplaire dans le nord du Pays de Galles, près de
Liverpool, dans le nord de l'Angleterre, quelques-unes en Ecosse.
En Irlande, on ne les trouve que sur la côte nord-est ; deux sont
indiquées sur la côte nord-ouest. Dans l'état actuel de nos connais-
sances archéologiques, il est certain qu'il est difficile de faire venir
la spirale de l'Armorique en Irlande, d'autant plus que, même à
Gavrinis, il n'y a guère que trois spirales proprement dites. On y
trouve défausses spirales, des cercles et demi-cercles concentriques,
lignes ondulées, losanges, etc. M. Déchelette a fait à la théorie de
M. Coffey une objection des plus sérieuses-. Si la spirale en Irlande
vient de Scandinavie, comme elle apparaît dans ce pays pendant le
deuxième âge du bronze Scandinave, il faudrait admettre que New
Grange et Gavrinis appartiennent à la môme époque, ce qui est
impossible. New Grange paraît bien appartenir à la première
époque du métal, à ce qui est en Europe occidentale, la période de
transition du néolithique au bronze : le marteau perforé en pierre
de Seskilgreen (p. 109) appartient à cette période. Les ossements
incinérés de New Grange, la forme de la voûte indiquent égale-
ment la première époque du métal. Mais Gavrinis, qui ne peut être
séparé de New Grange 5, est de la fin du néolithique. Il ne peut y
avoir de doute à ce sujet, et M. Coffey eût été de cet avis s'il avait
étudié les poteries provenant de dolmens et allées couvertes du
Morbihan dans l'ouvrage de M. du Chàtelier (/.a poterie à l'époque
préhistorique et gauloise en Armorique). On trouve sur ces poteries
1 . Pour d'autres comparaisons avec d'autres tumuli de Bretagne, notam-
ment Locmariaquer, v. p. 30, p. 59.
2. Déchelette, Maimel I, p. 615, 616.
3. Il n'y a pas que les spirales à considérer. Les autres signes sont éga-
lement d'une frappante identité.
Hihliogr aphte. 127
non seulement des chevrons et losanges, ce qui est commun, mais
des cercles, des demi-cercles, des lignes ondulées, identiques aux
dessins de Gavrinis. Je signalerai surtout les poteries provenant
du dolmen de Mané-Hui, à Kerléarec en Carnac ; du dolmen de
Mané-Ronguellec, en Plouharnel ; de Conguel en Qiiiberon ; de
Beg-er-Lann en Plœmeur; àe Lann-Blaeii en Guidel ; d'un dol-
men ruiné de Baden '. A signaler aussi les dessins d'une plaque de
schiste ardoisier dans le dolmen de Kervadel en Plobannalec (Finis-
tère).
Il est donc, en tout cas, parfaitement sûr que la spirale n'est
venue en Armorique, ni de la Scandinavie, ni de l'Irlande. Pour
l'Irlande, ce serait le contraire qui serait probable. D'un autre côté,
les étapes pour faire venir la spirale de la mer Egée en Armorique
manquent absolument. Il n'est donc pas impossible que les trois spi-
rales de Gavrinis soient dues à un développement indigène. D'après
Montelius et Coffey, là où on trouve à la fois cercles concen-
triq.ues et spirales, ces dernières sont des dégénérescences des pre-
miers (Déchelette, Manuel, I, p. 616). J'incline d'autant plus à
croire à une création isolée de la spirale à Gavrinis, qu'on la trouve
à une époque où assurément on ne peut songer à les faire venir
de Crète, à Pépoque paléolithique : il y a des spirales gravées sur
ivoire par des chasseurs de renne, trouvées dans les grottes d'Arudy
et de Lourdes (Déchelette, Manuel, p. 613).
On fait venir aussi généralement la fausse voûte de la région
égéenne. On a comparé New Grange au fameux tumulus de
Mvcène, connu sous le nom de Trésor d'Atrée. Quoi qu'il en soit
de la question d'origine, nous avons, en tout cas, en Armorique,
des tumulik fausse voûte qui sont de la fin du néolithique, comme
par exemple, celui de Crubelz^. Il a livré des pointes de flèche à
ailerons et pédoncules caractéristiques de cette période.
De plus, il y a des dolmens, dans la région, appartenant à la
pleine époque néolithique, qui montrent les débuts de la fausse
voûte .
J. LOTH.
XII
Dânta Aodhagâin Ut Rathailk, The poems of Egan O'Rahilly, with
introduction, translation, notes and indexes together with ori-
1. Planche 7, f. 12, 15, 14; pi. 6, fig. 2, 4, 5, 6, 7 ; pi. 5, fig. 6, 7,
8, etc.
2. Société pol. du Morbihan, 1864, p. 6.
128 Bibliographie.
ginal illustrative documents, edited by Rev. Patrick S. Dinxeen
and Tadhg 0'Do\oghue, second édition revised and enlarged.
London, 191 1 (Irish texts Society vol. III) in-8° Lxii-360 p.
Cette édition diffère de la première édition (1900) en ce que les
poèmes d'écrivains contemporains ont été remplacés par une com-
position satirique en prose d'Egan O'Rahilly intitulée i:^?c/;/rrt Thaidhg
Dhuihh Ui Chrôiîiinei divers poèmes du même auteur, que quelques
pièces apocryphes ont fait place à des pièces authentiques et que
de nombreux documents d'archives, qui éclairent à la fois l'œuvre
du poète et l'histoire de son temps, ont été ajoutés en appendice.
Le glossaire qui terminait la première édition a été supprimé ; mais
la seconde édition comporte trois index : un index des premiers
vers, un index des noms de lieux et un index des noms de per-
sonnes.
O'Rahilly, né vers 1670 et mort après 1726, vécut au temps des
confiscations et des ventes des terres possédées par les catholiques ;
il vit vendre le domaine de Kenmare, ruiner les habitants des dis-
tricts de O'Keeffe et de O'Callaghan et conçut contre les auteurs
ou les agents de ces exactions une haine violente qu'il exprima dans
une langue vigoureuse. Il poursuit particulièrement de ses invec-
tives les Irlandais qui, pour s'enrichir, passèrent au parti des
vainqueurs. La vie d'O'Rahilly fut difficile, à une époque où les
anciens nobles d'Irlande, hospitaliers et généreux pour les ollamh,
étaient remplacés par des hommes nouveaux qui ne s'intéressaient
guère à la littérature nationale. Ses dernières années semblent
s'être écoulées dans la misère et l'abandon.
Ses œuvres sont variées de sujet et de ton. Instruit dans les écoles
irlandaises du genre de celle qui pouvait encore subsister alors sous
la protection du château de Killala et des O'Donoghue, pénétré des
anciennes traditions de sa race, connaissant les généalogies aussi
bien que les légendes merveilleuses du haut moyen-âge irlandais,
suffisamment versé dans les lettres classiques et possédant quelque
connaissance de l'anglais, O'Rahilly nous apparaît comme VoUaiiib
le plus instruit de son temps. La plupart de ses pièces sont des
élégies, marhhna, sur la mort de personnes de distinction. Ce genre
cultivé surtout aux xvi*" et xviF siècles, mais dont un exemple est
déjà cité dans le Glossaire de Cormac au mot gamh, n'avait pas
tardé à devenir quelque peu artificiel. Une élégie comporte un cer-
tain nombre de thèmes banals que le talent du poète ne suffit pas
toujours à renouveler : les héros de l'épopée irlandaise sont représen-
tés comme des parents du défunt ; les dieux de l'Olympe païen inter-
Bibliographie. 1 29
viennent comme des fées bienfaisantes à sa naissance pour le parer de
tous les dons de l'esprit et du cœur; plus originale est l'intervention
des })uiâ sidhe (banshees) qui se lamentent à la mort des membres
des anciennes familles milcsiennes et dont les palais sont d'ordi-
naire situés sur les côtes, au milieu de rochers dont les cavernes
font entendre dans les tempêtes des mugissements funèbres. Le
poète rappelle encore les amis et la famille du mort, le deuil de la
maison déserte où le pauvre attend en vain qu'on lui donne le mor-
ceau de pain habituel. Parmi les poésies lyriques de O'Rahilly, la
plus saisissante est Mac an cheannuidhe (p. 12-16), allégorie où
quelques allusions historiques sont obscures, mais dont la forme
et la composition sont d'un art raffiné. Les satires sont précieuses
pour étudier l'histoire locale; dépourvues d'imagination et de pas-
sion mais singulièrement âpres dans leurs attaques contre les par-
venus qui s'enrichissent aux dépens des anciennes familles irlan-
daises, elles témoignent du souvenir religieux que le poète gar-
dait au glorieux passé de son pays et de sa foi, parmi les tristesses
présentes, à un avenir meilleur.
La métrique de O'Rahilly est rarement inspirée des modèles clas-
siques; l'allitération y est peu employée. L'harmonie des voyelles
toniques y est recherchée au point que dans les élégies, la dernière
voyelle tonique de chaque vers est identique d'un bout à l'autre
de la pièce et que, dans les poèmes lyriques, les vers de chaque
strophes offrent les mêmes voyelles toniques.
G. DOTTIN.
XIII
Robert Latouche. Mélanges d'histoire de Cornouaille (^F^-XI^ siècles).
125 pp. Paris, Champion, 191 1, in-8° (Bibl. de l'Éc. des Hautes-
Études, 192° fasc).
M. Latouche auquel on doit déjà une excellente histoire du comté
du Maine pendant le x^ et le xi^ siècles nous donne maintenant un
ensemble de trois importants mémoires relatifs à l'histoire de Cor-
nouaille et en particulier à l'abbaye de Landevenec : il étudie
successivement la vie de Saint Guénolé, fondateur de l'Abbaye,
puis celle de Saint Idunet, enfin le cartulaire de l'abbaye. On retrou-
vera dans ces dissertations, issues en partie des conférences de
M. Ferdinand Lot à l'École des Hautes-Études, la clarté, l'élégance
et la solidité qui sont la marque ordinaire des travaux de
M. Latouche. Son travail a amené l'auteur à refuser toute valeur
Revue Celtique, XXXIU 9
150 Bibliographie.
historique aux deux biographies de Saint Guénolé, compo-
sées l'une par un moine de Landevenec, Clément, après 857,
l'autre par l'abbé Gourdisten entre 857 et 884. Ni l'un ni
l'autre n'ont eu sous les yeux de texte ancien. Clément a uti-
lisé Gildas, développé des thèmes hagiographiques, et inventé
des noms de personnages à l'aide de noms de lieux. Gourdisten a
ajouté quelques renseignements légendaires sur Grallon, roi de
Cornouaille, et quelques réflexions édifiantes ; il mentionne de
plus un privilège accordé en 818 à Landevenec par Louis le
Débonnaire. La vie de Saint Idunet ne renferme rien d'historique.
Le cartulaire de Landevenec est composé de 48 pièces dont 36
sont fausses. Il n'y a rien à en tirer pour l'histoire de Cornou-
aille qu'il faut nous résigner à ignorer à peu près pour cette
période.
On pourra peut-être relever dans le travail de M. Latouche
quelques petites lacunes : l'auteur ne nous semble pas avoir suffi-
samment creusé le sens juridique du mot notice : il confond sous
ce nom la notice qui contient le nom des témoins et a une valeur
juridique, et la notice proprement historique. Peut-être aussi la pré-
sence d'une double date (charte n° XXIV du cartulaire) n'est-elle
pas nécessairement une preuve de fausseté : la première date étant
celle de la réalisation de la donation, la deuxième celle de la
confection de l'instrument. Enfin le mot indolis (quidam vir
indolis, charte n° XL), dont M. Latouche n'a pas vu le sens,
figure dans du Cange avec le sens d'adolescent. Mais ce sont là de
petits détails qui ne diminuent en rien le mérite du travail de
M. Latouche.
Jean Marx.
XIV
R. Edexs. Erec-Geraint . Der Chrétien'sche Versroman und das
wàlsche Mabinogi. Inaugural-Diss. Rostock, 19 10.
On peut adresser tout d'abord à M. Edens quelques critiques
concernant la base de son étude. Jusqu'à présent tous ceux qui ont
étudié les rapports des trois romans de Chrétien de Troyes et des
récits gallois correspondants se sont limités à l'un des trois. M. E.
s'est malheureusement conformé à l'usage de ses devanciers. Orune
étude de ce genre ne peut aboutir que si elle porte sur l'ensemble
des trois. Car on rapporte de l'étude de chacun d'eux certaines
considérations d'ordre méthodologique qui sont de grand profit
Bibliographie. 1 3 1
pour l'étude des autres. On les oublie vite en se bornant à un
récit, et tout est à recommencer.
Ensuite, M. E., qui ne sait pas ie gallois, a dû se servir de la
traduction, et pour des recherches aussi délicates il n'est rien de tel
que de se référer à l'original'. Nous en verrons plus loin un
exemple, p. 133.
Enfin, M. E. n'a tenu compte que d'un seul MS. gallois, le Red
Book; il ne mentionne même pas les MSS. Peniarth 4 et 6,
publiés par M. J. G. Evans sous le titre While Book Mahinogion (cf.
Rev. Celt, XXXI, loé). Or, Miss Mary Williams a montré le parti
qu'on pouvait tirer de ces manuscrits (Essai sur la composition du
ronum gallois de Perediir, Paris, 1910). Voici un exemple du fait pour
Gereint. Dans le MS. Peu. 6 (W. B. M., p. 208), ce n'est pas «le
fils du duc de Bourgogne » qui donne à Gereint un conseil banal
concernant son gouvernement, mais « le fils du duc » tout court.
De plus son nom n'est pas Oudyaia (K. B., 265, 267), mais Ondra
(Pen. 6; W. B. M., p. 208) ou Ondryaw (Pen. 4; W. B. M.,
p. 2oé). Je ne prétends pas que cette leçon soit préférable; en
tout cas, il y avait lieu de discuter les variantes.
La thèse de M. E. est que le récit gallois (que nous désignerons
ici en abrégé par M) est absolument indépendant du roman de
Chrétien (en abrégé. G) et que les deux remontent à une source
commune. Ses arguments sont loin d'être convaincants, et
presque à chaque page on trouve des fautes de méthode.
Avant d'exposer ses arguments, M. E. soumet, dans un long
chapitre, à une juste critique l'étude de M. Othmer (Dus Verhàli-
nis von Chrétiens Erec und Enide Tji dem Mabinogi des roteu Bûches
von Hergest « Geraint ab Erbiii » Diss. Bonn. 1889), suivant lequel
M ne serait qu'un remaniement de G. Sa tâche était d'autant plus
facile que M. Wilmotte, tout en approuvant les conclusions de
M. Othmer, avait ruiné la plus grande partie de ses arguments.
En se fondant sur des impressions arbitraires et souvent fausses.
I . Q.uelle que soit l'excellence de la traduction il est souvent indispen-
sable de consulter l'original en ce qui concerne la forme des mots même.
Ainsi, dans le Peredur gallois M. J. Loth traduit par « seigneur de la clai-
rière » (Mabinogion, II, 5 1) le syherw y llanerch, qui correspond à !'« Orgueil-
leux de la Lande » du roman de Chrétien. Syberw est emprunté au latin
superbus ; ttanerch est très proche comme sens et comme son du mot « lande ;
on voit donc que les deux expressions sont beaucoup plus voisines que la
traduction ne permet d'en juger.
1^2 Bibliographie.
M. Othmer s'efforçait d'établir que la version de C est « plus
belle » et « plus logique » que celle de M. Il en concluait que M
provient de C. Mais M.. E. commet la même erreur de méthode
que son devancier, en soutenant qu'en de nombreux passages M
est plus clair et plus logique, et, par conséquent, reproduit mieux
la source commune que C.
La plus grande partie de ses remarques portent sur le fait que
tel ou tel épisode est fort bien motivé dans M, tandis qu'il ne
Test pas du tout dans C et y devient par là même incompréhen-
sible. Mais, en règle générale, la version non motivée n'est-elle
pas comparable à la leclio difficilior, qu'il serait trop facile de rejeter ?
Il n'est pas d'aussi médiocre et gauche remanieur (ce qui n'est pas
de beaucoup le cas de l'auteur de M !), qui ne saurait rendre son
modèle dans quelques endroits « plus clair » et « mieux motivé ».
Si l'on admet que M remonte à C, on comprend aisément la rai-
son pour laquelle le narrateur gallois a « motivé » tant d'épisodes
qui ne l'étaient pas dans Chrétien. Pour Chrétien le sujet n'était
qu'une pure féerie, dont il se proposait de tirer tout autre chose
qu'un roman historique. Par contre, le narrateur gallois a dû y voir
quelque chose d'authentique, tiré de l'histoire nationale. Il était
donc important pour lui de communiquer au récit une allure natu-
relle et vraisemblable. Il ne . saurait plus être question d'un
remaniement décousu (« planlos », selon M. Othmer) de la part
de l'auteur gallois. Ce serait méconnaître le vrai mérite de son art.
D'ailleurs, dans bien des cas où M, E. prétend que C. aurait
omis les « motifs » qui se trouvaient dans sa source, il n'a pas
compris le poème français. Ainsi, lorsqu'Erec, tout brisé et cou-
vert de blessures, se refuse, dans C, à se rendre, sur les instances
de Gauvain, auprès d'Arthur, M. E. trouve que son refus est incom-
préhensible, tandis que dans M nous en avons la raison : c'est
que les vêtements d'Erec sont en très mauvais état. De même,
lorsque Gauvain, qui, dans C, n'a pas reconnu Erec, annonce à
Arthur qu'il a rencontré « le meilleur chevalier », cela est incom-
préhensible, tandis que dans M, où Gwalchmei a reconnu Geraint
sur le coup, tout est à sa place. Il faut méconnaître complètement
les idées sur la chevalerie dans la poésie française, pour ne pas
voir combien la version de C est claire et logique. C'est la « des-
mesure » d'Erec qui le pousse à refuser tout secours et à vouloir
poursuivre son expédition à lui seul. C'est le fait d'avoir renversé
Keu, mais surtout l'état d'Erec et son attitude, qui produisent une
impression si profonde sur Gauvain. L'explication qu'on trouve
dans M est au moins superflue et a l'air d'être ajoutée après coup.
Bibliographie. 153
Il y a autre chose aussi. Lorsque Gauvain demande à Arthur d'a-
journer l'adjudication du prix qu'aura celui qui a tué le c^ cerf
blanc » jusqu'au retour d'Erec, cela n'aurait, selon M. E., aucun
sens dans C, puisque le vainqueur y a le droit d'embrasser la plus
belle dame, et rien ne fait prévoir qu'Erec reviendra avec une
belle ; d'autre part, la version de M serait logique, puisque là le
vainqueur a le droit d'offrir la tête du cerf « à sa maîtresse ou à son
compagnon » : ce dernier, donc, pourrait être Geraint lui-même,
encore qu'il revienne seul. Malheureusement cette remarque ne
repose que sur une omission fortuite de deux mots dans la traduction
française : c'est « à sa maîtresse ou à celle de son compa-
gnon », qu'on lit dans le texte gallois (R. B. I, p. 24e, 8).
Pour prouver que C a mal interprété sa source (qui était pour-
tant française !) M. E. n'hésite pas à lui prêter non pas de légères
inconséquences, mais les incohérences les plus énormes. S'il avait
raison, ce n'est plus la « génialité » de Chrétien qui serait com-
promise, mais son bon sens élémentaire. Combien est absurde, dit
M. E., de désigner la chasse au cerf blanc comme une « coutume »,
comme si un cerf blanc se présentait toutes les fois qu'on en a
besoin ! Mais ce n'est pas du tout en cela que consiste la coutume :
elle consiste en ce que celui qui aura la chance de tuer un cerf
blanc à la chasse pourra réclamer le baiser de la plus belle dame.
Autre exemple. Quelle était la raison de toute l'expédition
d'Erec, où il emmène Enide avec lui ? Selon M. E., dans la source
de C c'était la jalousie. C l'aurait reproduite (dans une bonne leçon
qui est perdue pour nous '), mais n'aurait pas compris son carac-
I. C'est une application des plus maladroites du principe indique par
M. Fôrster (v. la préface de son édition de Lancelot, 1899, p. cxxxiv s.
et celle de la petite éd. d'Erec, 1909, p. xxv). Il a constaté que la version
de Hartmann von Aue (H) et celle de Saga (S), qui remontent sûrement
à C, sont plusieurs fois d'accord contre la version de C telle qu'elle nous
est conservée. On l'expliquera facilement en supposant que ces divergences,
qui peuvent se résumer en peu de lignes, proviennent d'un texte de C
quelque peu différent du nôtre qui fut à la base de H et de S. Il en serait
de même pour les cas où M. et H. sont d'accord contre C. M. E. l'admet
et s'engage à ne pas insister sur les divergences, où M -|- H ou H + S
coïncident contre C. Cela ne l'empêche pas de conclure à une autre source
que C dans un cas (à savoir, qu'Erec dédaigne de se venger sur le nain qui
lui porta injure, cela étant indigne d'un chevalier^ — pensée qui ne se
retrouve pas dans C), où M coïncide avec le roman français en prose (P).
Il se contente de constater que « merkwùrdigerweise » P coïncide avec M
(p. 274, n. i), et l'idée ne lui vient pas que le principe indiqué par
1 34 Bibliographie.
tère « prépondérant », de sorte qu'il a pu dire en plusieurs endroits
(Érec, V. 3504, 3767 ss., 3812) qu'Erec n'était nullement jaloux.
C'est le copiste du MS. ayant servi de base à tous ceux qui nous
sont parvenus qui s'est aperçu de la contradiction et qui prit soin,
pour la faire disparaître, de biffer le passage sur la jalousie. Heu-
reusement il s'est trouvé un scribe plus intelligent que Chrétien !
Ce n'est pas en traitant ainsi le poète français que M. E. pourra
nous convaincre. Il est vrai qu'il essaye d'atténuer en quelque sorte
la faute de Chrétien : plusieurs contre-sens se seraient déjà trouvés
dans la source directe de C, par l'intermédiaire de laquelle il
remonte à la source première. Mais cette supposition, qui ne peut
pas disculper C des absurdités citées, ne fait qu'augmenter l'in-
vraisemblable du système de M. E., comme on va le voir plus
loin.
M. E. insiste beaucoup sur les divergences entre C et M. Il n'y
a, dit-il, que 4 °/o de l'œuvre qui soient textuellement identiques
dans M et C (statistique étrange et fantaisiste, mais admettons-la,
puisque M. E. le veut). N'est-ce pas déjà beaucoup, si on y ajoute
l'étroite correspondance de toute la trame du récit ? Cependant,
M. E. a oublié une chose : si M et C remontent à une source com-
mune, il faut qu'ils aient reproduit textuellement chacun les 20 %
de cette dernière pour aboutir à avoir 4 °/c de commun entre
eux deux (puisque les coïncidences portent sur des endroits diffé-
rents et sur des détails tout à fait secondaires). Et, s'ils n'y
remontent pas directement, mais par l'intermédiaire des autres
formes, ces 20 % deviennent 50 °'o ou même davantage. Ce n'est
plus le « génie » de Chrétien, c'est le talent de l'auteur gallois
qui est en jeu. Conteur intelligent et fin qu'il est, on admettra plus
M. Fôrster pour les cas de M + H ou H + S porte aussi bien, sinon
mieux, sur le cas de M -}- P, puisque personne jusqu'à présent, ni M. E«
lui-même, ne s'est encore hasardé à supposer que P remonte à une autre
source que C. De même, M. E. ne croit pas possible que M. ait eu pour
base un MS. de C légèrement divergent des nôtres, sans que ces diver-
gences soient forcément attestées par une autre version quelconque. Tout
cela n'est dit, d'ailleurs, que pour prouver combien tout ce qui touche à la
méthode est faible dans le travail de M. E. Ce qui est plus important — et
M. Fôrster l'a dit le premier — c'est qu'il ne faut pas abuser de ce prin-
cipe. En effet, la coïncidence des traits insignifiants dans les différentes
versions d'un même récit peut et doit se produire quelquefois de façon for-
tuite. (C'est ainsi, je crois, que dans l'exemple cité P et M ont introduit un
trait nouveau commun indépendamment l'un de l'autre.) II faudra toujours
en tenir compte dans les études de ce genre.
Bibliographie. r 3 5
volontiers qu'il ait copié les 4 % de C que les 50 % d'un roman
anglo-normand ou latin.
La seule partie importante du travail de M. Othmer est d'avoir
établi les coïncidences textuelles, et c'est précisément cela qui lui
a valu l'adhésion (partielle) de G. Paris. Comment les expliquer ?
M. E. invoque le fait (et il s'appuie sur l'autorité de Miss J. Wes-
ton, dont il cite un long passage : « The Legend of Sir Lancelot », p.
61) que les conteurs professionnels récitaient des histoires apprises
par cœur, en s'y défendant de changer un seul mot. Le fait est
connu ; pourtant il ne se produit que dans des conditions détermi-
nées : il faut que le récit ait quelque chose de profondément tradi-
tionnel, qu'il soit quelque chose de sacré. C'était bien le cas des
« Quatre branches du Mabinogi », peut-être aussi de Kiilhwch et
Olwen, mais non pas de nos trois contes arthuriens (v. p. ck. la
distinction établie par M. J. Loth, Rev. Cclt., XXXII, p. 422). En
plus, ce qui irait très bien pour les conteurs gallois n'est guère
admissible pour les conteurs anglo-normands ou français. D'autre
part, après les études si instructives de M. Bédier sur les diffé-
rentes versions du roman de Tristan et surtout sur les chansons
de geste, on sait combien il serait hasardeux de vouloir rechercher
une source précise ou un modèle pour chaque trait particulier,
et de refuser toute création individuelle à un remanieur doué de
sens artistique. Et il ressort de plus en plus clairement que l'auteur
gallois a été un véritable artiste.
Pour être complet, il faut dire deux mots sur quelques passages
où M. E. croit que M reproduit mieux que C quelques données
mythologiques traditionnelles. Il n'y a rien à en tirer. En ce qui
concerne Morgue : Morgan tut ( Morgant tut une fois dans Pen. é),
on aura de la peine à admettre l'explication de certum per incertum
et Morgan tut, qu'elle qu'en soit Tint erprétation, reste jusqu'à
présent un incertum pour nous. Quant à quelques traits de l'épi-
sode de la Joie de la cour, qui seraient plus authentiques dans M,
rien n'est moms sûr. Je passe toute la discussion de M. E. sur les
noms propres et la géographie de notre récit, 11 ne fait que citer
des travaux bien connus sans apporter une seule remarque nouvelle.
On sait que les recherches ingénieuses de MM. F. Lot, J. Loth,
Zimmer et Brugger n'ont pas abouti à des conclusions absolument
convaincantes, et on n'apprend rien du relevé qu'en fait M. E.
Toujours est-il à remarquer, que du fait que la géographie est
mieux coordonnée dans M il ne s'en suit nullement que sa version
soit plus primitive.
Pour M. E. il est hors de doute que la source de C u'était pas
136 Bibliographie.
dans les recils séparés, comme celui de l'épervier ou de la « Joie
de la cour «, mais dans un récit suivi comprenant tout l'ensemble
du roman. Il en voit la confirmation dans le passage du début
d'Erec, où le poète se plaint des conteurs professionnels qui « depe-
cier et corrompre suelent » (v. 21) le beau conte qu'il va traiter :
il aurait donc existé un récit d'ensemble, que les conteurs se plai-
saient à dépecer, pour en tirer les épisodes séparés. Sans insister
sur la valeur (bien médiocre) de ces lieux communs du début, et
sans recourir à l'hypothèse plus ingénieuse que vraisemblable
de M. Cohn qui voit dans ce passage une interpolation \ il suffi-
rait d'observer que le v. fr. depecier — et M. E semble l'ignorer —
peut avoir tout simplement le sens de « gâter, gâcher ». D'autre
part, si l'on voulait insister, d'accord avec M. E., sur le sens essen-
tiellement moderne du mot, n'en ressortirait-il pas plutôt que le
poète n'a connu que des récits épisodiques, qu'il aurait refondus
dans un récit d'ensemble pour constituer son roman ?
Tout à la fin de son étude M. E. expose sa doctrine sur la généa-
loc'ie de notre récit ; elle est aussi embrouillée qu'invraisemblable.
La source commune et première serait un X (xM. E. ne nous dit
pas si c'était un poème ou autre chose), en tout cas d'origine insu-
laire, qui aurait été composé dans l'une des quatre langues sui-
vantes : anglonormand, français, anglais ou latin (probablement
en cette dernière, si J'ai bien compris), et qui aurait contenu
quelques épisodes d'origine celtique. On voit que la thèse de la
« celticité » du récit y perd plutôt qu'elle n'y gagne ! Cet X serait
parvenu, après avoir revêtu plusieurs formes intermédiaires, à M
sous la forme d'un conte oral, à C sous une forme écrite, un con-
teur ayant transcrit son conte pour le mieux retenir. M. E. ne
semble pas s'apercevoir qu'il arrive par-là à n'admettre rien de
moins que l'existence de romans arthuriens en prose française au
beau milieu du xiF s. ! On pourrait diiîicilement imaginer quelque
chose de plus confus et de plus invraisemblable.
La lecture du travail de M. E. est très instructive. Elle suggère
plus d'une observation d'ordre général sur la méthode à suivre dans
cet ordre de recherches. L'enseignement qu'on en rapporte pourrait
être appliqué avec profit à bien^d'autres cas. D'autre part il en res-
sort clairement, combien serait utile une étude sur l'ensemble des
trois récits gallois en question, où l'on tâcherait de rechercher si
I. Zeitschrift f. frani. Spr. 11. Lit., XXXVIII (191 1), 1/3- Selon M. Cohn
c'est contre les remanieurs du roman même de Chrétien que l'interpolateur
proteste.
Bibliographie. 137
les trois récits remontent à des auteurs différents, et, en ce cas,
quels sont les procédés de composition et l'art personnel de cha-
cun d'eux, et si l'un d'eux n'a connu l'œuvre de l'autre et n'a subi
son influence. Ce serait la meilleure façon de rendre justice à l'ori-
ginalité artistique des récits gallois.
A. Smirnov.
CHRONIQUE
Sommaire. — I. Élection de M. P. Fournicr à l'Académie des Inscrip-
tions. — II. Élection de M. Déchelette comme correspondant de l'Insti-
tut. — III. Acquisition de la bibliothèque de Stern par l'Univer-
sité de Berlin. — IV. Un cours de celtique à l'Université de Chi-
cago. — V. Découverte de gloses irlandaises. — VI. Altceltischer
Sprachschatz, 20^ livraison. — VII. Les Deae Maires dans l'Encyclopae-
dia of Religion and Ethics. — VIII. Suite de la collection des Vies de
saints bretons. — IX. Un manuel du moyen-irlandais par M. Dottin. —
X. Un nouveau périodique consacré à l'irlandais moderne.
I
Dans sa séance du 10 novembre 191 1, rAcadémie des Inscrip-
tions et Belles-Lettres a élu membre libre M. Paul Fournier, doyen
de la faculté de Droit de l'Université de Grenoble. Dans ses études
sur les recueils canoniques, M. P. Fournier a touché au droit
irlandais et il a notamment donné à la Revue Celtigiie (t. XXX,
p. 221 et suiv.) un intéressant article sur le Liber ex lege Moysi, où
il fait ressortir les tendances bibliques des canonistes irlandais.
II
Dans sa séance du 22 décembre 191 1, l'Académie des Inscrip-
tions et Belles-Lettres a élu correspondant national M. Joseph
Déchelette, conservateur du musée de Roanne, auquel nous devons
les deux volumes du Manuel d'archéologie préhistorique, celtique
gallo-romaine (v. ci-dessus, tome XXXII, p. 543).
et
III
On nous annonce que la bibliothèque celtique du regretté Lud-
wig-Christian Stern vient d'être pour la plus grande part acquise
Chronique. 139
par rindogermanisches Scminar de l'Université de Berlin, où elle
servira aux élèves de notre savant collaborateur, le Professeur Kuno
Meyer.
IV
Nous apprenons que l'Université de Chicago organise, pour le
trimestre d'été de 191 2, un cours de langues et littératures cel-
tiques. C'est M. Edward G. Cox qui est chargé de ce cours. La
Revue Celtique a signalé l'an dernier les débuts comme celtiste de
M. Edward G. Cox (v. t. XXXII, p. 222).
V
Dans son numéro du 28 février 1912, le journal The Irish Times
publie une lettre de M. Mario Esposito, où le jeune érudit annonce
une intéressante nouvelle. En étudiant le manuscrit C. 1.8 de la
Bibliothèque de Trinity Collège de Dublin, manuscrit copié au
xiii= siècle, il y a découvert, cousu sur le dernier feuillet, un frag-
ment de parchemin contenant un texte latin avec des gloses mar-
ginales et interlinéaires. Parmi les gloses, quelques-unes lui
semblent écrites en irlandais. Comme l'écriture du parchemin
remonte au moins au ix*^ siècle, ce serait une nouvelle addition à la
littérature du vieil-irlandais. Le manuscrit C. i. 8 a certainement
passé en des mains irlandaises ; on y lit une phrase en irlandais à
la marge inférieure du folio 39.
Nous espérons que l'un des celtistes de Dublin nous renseignera
bientôt sur la valeur de cette découverte.
VI
La 20<^ livraison de V Aitceliischer Spmcbschati de M. Holder
comprend les colonnes 760-1024 du tome III, qui est, comme l'on
sait, un supplément aux deux premiers. Elle va du mot Avedo au
mot Cahillonensis. Nous y relevons les remarques suivantes.
Col. 780, sous le mot auotis, il fallait citer, outre Whitley Stokes
(K. Z., XL, 244 anm. 2), d'Arbois de Jubainville (^Recueil de
Mémoires publié par la Société des A)itiqiiaires de France, Paris, 1903),
d'après lequel avotis serait un nom d'agent, « celui qui fait faire ».
— Col. 820, sur *becos, voir Meillet, Mcm. Soc. Lingu., XIV,
476. — Col. 833, la forme belion « feuille » du Pseudo-Apulée,
fournit le prototype du gaélique d'Ecosse bile (v. Macbain, A)i
140 Chronique.
Étyni . Dici., 2«éd., p. 36, et Wh. Stokes, Urk. Sprachch.,p. 174).
— Col. 852, le nom de la montagne Berigieina en Ligurie est
ingénieusement interprété comme « porte-neige ». Ce serait l'équi-
valent pour le sens de skr. himâlayah « séjour de la neige», et cela
déjà peut faire naître des doutes, car les montagnes de Ligurie ne
sont pas caractérisées par des neiges éternelles. Mais il y a une
autre difficulté à cette étymologie. Le composé Beri-giema serait un
exemplaire unique en celtique du type skr. trasâdasyuh « qui fait
trembler l'ennemi », gr. éXétio/'.ç %c/i7.xA.(j:, ou 3ax£Ôu(jioç, lat.
Verticordia ou poscinummius (cf. Pedersen, Vg}. Gr., II, 3). N'est-
il pas plus simple de voir dans ce mot, comme le faisait jadis
M. Holder lui-même (t. I, col. 403), une forme altérée de Berg-
{Berga, Bergimus, Bergomoii, Bcrgusia) ?
VII;
Le quatrième volume de \'E)icvclopaedia of Religion and Elhics,
edited by James Hastings, vient de paraître (Edinburgh, T. and
T. Clark, 191 1); il va du mot confirmation ^n mot Drania.
On y trouve p. 406-41 1 un substantiel article de M. F.-N. Robin-
son, consacré aux Deae Maires. Le savant professeur expose suc-
cinctement, et avec sa clarté habituelle, l'essentiel des questions
qui se rapportent au nom de ces déesses (^Maires, Matrae, Mahv-
nae, Matrônaé), à l'extension géographique, l'origine et les survi-
vances de leur culte, à leurs fonctions et leurs attributs, à leur
groupement en triades. Le texte est accompagné d'abondantes réfé-
rences données en notes au bas des pages.
P. 410, en mentionnant le culte des « Trois Maries », qui semble
avoir succédé en plusieurs endroits au culte des « Matres », l'auteur
ne dit rien des « Trois Maries » de Provence, les « Saintes^
Maries », qui sont aujourd'hui encore l'objet d'un pèlerinage. —
P. 409, il n'est pas exact de parler d'une racine celtique siil dans
l'irlandais sûil « œil » ; ce mot passe avec raison pour le nom
ancien du « soleil » (Wh. Stokes, Urh. Spr., 292), qui aurait rem-
placé en irlandais l'ancien nom de !'« œil » tombé en interdit (v.
Meillet, Quelques hypothèses sur des interdictions de vocabulaire dans
les langues indo-européennes, Paris, 1906, p. 16).
VIII
L'Honourable Society of Cymmrodorion (New Stone Buildings,
64 Chancery Lane, London) vient de publier à la fin de 19 11 le
Chronique. 14 1
volume III de The Lives of Ihe Bril'ish Saints de MM. S. Baring-
Gould et John Fisher. Ce volume, qui a 509 pages 8°, comprend
les vies des saints, par ordre alphabétique, de saint Faustus à saint
Mynno inclus.
Les deux premiers volumes, datés de 1907 et 1908, traitaient
respectivement de saint Aaron à saint Byrnach, et de saint Cadell
à saint Ewryd. L'ouvrage sera complet en quatre volumes.
IX
La librairie Champion annonce la publication prochaine d'un
manuel de l'irlandais moyen, comprenant une grammaire et un
choix de textes, dû à notre collaborateur, M. G. Dottin. La gram-
maire est déjà, nous dit-on, en grande partie imprimée.
X
Nous recevons l'annonce d'un nouveau périodique : Gadelica,
A Journal of Moderu-lrish studies, publié à Dublin chez Hodges,
Figgis and C°, sous la direction de M. Thomas F. O'Rahilly. Ce
journal paraîtra en cahiers trimestriels au prix annuel de 6 s. éd.;
le premier numéro en est annoncé pour le mois de mars 1912. En
ce qui concerne l'objet qu'il se propose, nous ne pouvons mieux
faire que de reproduire les termes mêmes du prospectus :
« The need ofa scholarly journal, devoted exclusively to studies
and researches in the field of Modem Irish, has been keenly felt
for many years. The aim of Gadelica will be to do for Modem
Irish what has been, and is being, done so successfully for the
older forms of the language by such periodicals as Eriu, the Zeif-
schrift fur Cdtiscbe Philolooic, and the Revue Celtique. Hitherto,
owing to the want ofa suitable publishing médium, there has been
no encouragement for students of Irish to pursue much-needed
investigations into the lang-uage and literature of modem times.
« The cxtant literary output of Modem Irish (say, from léooto
1850) is immense, and exceeds many times over that of Middle
and Old Irish. But only a mère fraction of it has as yet seen the
light, and the greater portion is still buried in MSS., unknown to
ail, save to a very few students, and only partially known even to
thèse. In the Royal Irish Academy alone there are considerably
more than i.ooo Modem Irish manuscripts; while in Maynooth
Collège, Trinity Collège, and the British Muséum there are other
Î42 Chronique.
large and important collections. It will thus be seen howvast isthe
field from which Gadelica will glean. Not until years of patient
labour bave been devoted to gathering this harvest, will it be pos-
sible to Write the history of Modem Irish literature. Furthermore,
for the proper cultivation of the living Irish speech of to-day the
publication and study of our modem MS. literature is indispen-
sable, inasmuch as it will not only show how far the language has
already adapted itself to modem requirements, but it will also
make clear, as nothingelse can, its innaie tendencies and potentia-
lities, and thus guide us as to the lines on which its future deve-
lopment should proceed. Finally thèse MS. remains will throw a
new and valuable light on modem Irish history, and particularly
on that of the eighteenth century ; for it is in this buried literature,
and not in English State Papers or parliamentary reports, that the
mind ofthe historic Irish nation is mirrored, and their hopes and
feelings and aspirations faithfully recorded. In short, Gadelica
will, by concentrating its efforts on exploring the hitherto neglec-
ted MSS. ofthe last three centuries, make spécial appeal to that
numerous class who, not unnaturally, fell a more lively and sym-
pathetic interest in the language and literature of their own or
récent times, than they would in those of a too remote and unfa-
miliar past.
« In addition to publishing ((/) Modem Irish Texts. both prose
and verse, from MSS., accompanied by introductions, notes and
(when suchis considered necessary) English translations, Gadelica
will publish :
(Jy) Original contributions dealing with the Modem Irish Lan-
guage, or with its Literature, including such subjects as dia-
lects, grammar, idiom, etvmology, metrics, biography, biblio-
graphv, and topography .
(f) Folk-Songs, Folk-tales, and such like matter, taken down
from oral narration; and studies upon thèse.
(rf) Reviews and Notices of books and periodicals in, or concer-
ned with, Modem Irish.
« It is also hoped to publish from time to time Catalogues of
small collections of modem MSS., whether in public or semi-
public libraries, or in private hands ».
Nous souhaitons bonne chance à M. O'Rahilly pour la réalisa-
tion de ce beau programme.
J. Vendryes.
PÉRIODIQUES
Sommaire. — I. Proceedings of the Prehistoric Society of East Anglia. —
II. Journal of the RoyalSociety of Antiquariesof Ireland. — III. Mannus.
— IV. Praehistorische Zeitschrift. — V. Bulletin de la Société archéolo-
gique du Finistère. — VI. Revue Numismatique. — VII. Revue des Etudes
anciennes. — VIII. Annales de Bretagne. — IX. Hermathena. — X.
The Journal of the Welsh Bibliographical Society. — XI. Journal of the
Folk-Song Society. — XII. Mémoires delà Société de Linguistique. —
XIII. Indogermanische Forschungen. — XIV. Remania. — XV. Revue
des traditions populaires. — XVI. Folk-lore. — XVII. Analecta Bollan-
diana.
I
Une nouvelle société préhistorique s'est fondée en Angleterre
et commence la publication d'un nouveau périodique, les Procee-
DiNGS OF THE Prehistoric Society ofEast Anglia (I, 191 1, année
1908-9611909-10). Le premier fascicule débute par une allocu-
tion du président, le D'' W. Allen Sturge, qui trace à grands traits
un tableau des études préhistoriques et déplore, non sans apparence
de raison, le peu de progrès qu'elles ont fait en Angleterre. Nous
souhaitons à la nouvelle société d'y remédier efficacement. Sans
doute elle a des préoccupations qui ne sont pas les nôtres. Néan-
moins nous ne doutons pas qu'un jour le progrés de ses recherches
ne l'amène à s'occuper des Celtes. Salut donc et bon succès aux
préhistoriens de Norwich.
Commençant à l'origine de l'homme, ils se sont d'abord occupés
d'éolithes. M.J.Reid Moir, sous le titre de Flint Implements of the
Sub-crag man, p. 17, traite d'éolithes ou de pré-paléolithes (le mot
ne fait rien à l'affaire), trouvés près d'Ipswich, qu'une commission
a, après lui, examinés de fort près. Le D"" W. Allen Sturge apporte
une intéressante contribution à \zChro)iology of the Stoneage, 43 sqq.
Il signale à l'attention de ses lecteurs les stries qui raient la
surface d'une notable quantité d'outils néolithiques. Ces stries sont
t44 Périodiques.
des stries glaciaires pour l'auteur. Les outils néolithiques ont donc
été recouverts par les glaces. De quand datent-ils donc ? Q.ue le
début du néolithique ait été contemporain des dernières oscillations
stadiaires des grands glaciers, c'est une idée qui nous est déjà très
familière. Que celles-ci datent de 200000 ans, à d'autres de le con-
firmer. Les géologues nous diront quelque jour leur dernier mot sur
les dernières conquêtes des glaciers. 11 taudra l'attendre pour juger
de l'explication proposéepar M. Sturge. — Lt. colonel W. Under-
wood, Animistic f omis in certain flints, showiug huniaii luork, p. loé :
ceci sort tout à fait de notre compétence.
II
Le Journal of the royal Society of Antiquaries of Ireland,
juin et septembre 191 1, nous apporte d'intéressantes discussions
sur la date, l'origine, la nature des buttes et des remparts de terre
de tormes diverses qui parsèment l'Irlande. M. H. T. Knox
traite de ceux qui portent le nom de Croghans dans le mémoire
intitulé : The croghaus and some Connacht raths and motes. Les crog-
hans sont essentiellement des buttes et leur nom, sous les diffé-
rentes formes qu'il affecte en Irlandais désigne bien des buttes
de terre, mais a-t-il un sens plus spécial ? Ces buttes plus ou moins
fortifiées, quelque nom qu'elles portent, l'opinion générale les attri-
buait aux Celtes. Depuis peu d'années une thèse différente a été
soutenue par Mrs ArmitageetM. GoddardH. Orpen. LesNormands,
d'après eux, auraient été les premiers à construire dans les îles Britan-
niques des châteaux sur des buttes artificielles ; les petits châteaux
forts, les châteaux privés correspondraient à l'état social que désigne
le nom de féodalité. Tel n'était pas celui de l'Irlande avant que les
Normands y eussent pris pied. Le clan et la tribu y étaient les formes
essentielles du groupement des hommes. On s'attend à ce que les
enceintes fortifiées d'une pareille société soient d'assez vastes enclos
de taille à contenir une importante population et ses troupeaux.
On en connaît de tels en Irlande et en Angleterre. Il ne me
semble pas que M. Knox prenne une position fort nette à
l'égard de cette thèse. M. G. H. Orpen ne prétend pas que toutes
les buttes paraissant fortifiées datent de l'arrivée des Normands. Il
en est, selon lui, de préhistoriques et entre autres celles qui
portent le nom de croghans. Mais ce n'étaient pas des châteaux,
c'étaient des lieux sacrés, des lieux d'inauguration, de consécration,
des places de fête et d'assemblée; des pierres levées s'y dressaient,
des arbres sacrés ; mais il va de soi, et l'histoire nous l'atteste.
Périodiques. 145
qu'au cours des luttes tribales beaucoup de ces sanctuaires aient été
profanés et défigurés. Pour de pareils sanctuaires les grands tumulus
funéraires étaient désignés d'avance et M. Orpen suppose que le
principal des croghans, celui d'Ai, le Rathcroghan, renferme une
chambre funéraire semblable à celle de New-Grange. Qu'on le
fouille donc une bonne fois! M. H, T. Knox discute longuement
la question et conclut contre lui ; retenons néanmoins cette affir-
mation, p . 207, qu'il n'y a jamais plus d'un croghan par territoire tri-
bal et que chaque fois qu'un croghan porte un -nom distinctif,
c'est un nom de territoire ou de tribu. Le fait est d'importance. —
M. Orpen répond à M. Knox dans les Miscellanea (Croghans and
Norman Mates, p. 267-sqq.); par bonne fortune son article est
remarquablement clair et démonstratif. Un certain nombre de
rois ont été consacrés en des lieux nommés Cruachan ; quant au
Rath croghan, il n'est pas douteux, selon M. Orpen, qu'il ne soit
analogue au Rath Mhedba, ou la reine Medb accomplissait les
rites de pronostication du jour de Samhain. — M. Knox traite des
Rat bs diins un second article, p. 206 sqq. — M. Th. Johnson Wes-
tropp décrit le Cahermurphy Castle and its earthiuorks, with certains
forts near Milltoivn-Malhay, co. Clare, p. 117 sqq. — M. G. H.
Orpen nous fait connaître le Ratbgall, co. Wicklow, p. 198, l'une
de ces forteresses préhistoriques qu'il distingue des châteaux nor-
mands. Ce serait, selon lui, la forteresse des rois d'Okinselagh, les
plus puissants de Leinster ; il y voit le Bolg luatha ou Dûn-Bolg
des Annales.
H. S. Crawford, Early slahs at Lenianachan, King's Couiity, p.
151 sqq. ; spécimen de l'entrelac irlandais.
E. M. F. G. Boyle, Records of the toiun of Liniaiiadv, 1 609-1804,
p. 157 sqq.
G. Coffey. Prehistoric grave at Scskilgreen, co. Tyronc, p. 175.
C'est le reste d'une chambre funéraire mégalithique dont deux
piliers sont couverts de gravures, cupules, étoiles, cercles concen-
triques ; un hache marteau de pierre y a été trouvée.
Lt. col. W. O Cavenagh, Castietown Carne and ifs owners, p.
246 sqq.
Rev. J. L. Robinson, Christ Cburch Cathedra}, Dublin, Proctors
accounts, i68ç)-(^o, p. 259 sqq.
Dans les Miscellanea, M. P. W. Joyce a inséré une Note on a
Passage in Siokes Cormacs Glossary, p. 180, passage ou le forgeron
Goibniu est représenté construisant son fourneau de forge. O'Do-
novan a traduit par ^0/^, bâton, le mot crand ou ness qui désigne
l'objet qu'il tient à la main. C'est une forme de bois sur laquelle
Revue Celtique, XXXIII. 10
146 Périodiques.
était moulée l'argile réfractaire du fourneau. O'Donovan traduit
à tort par « les deux soufflets » les mots di holg qui désignent les
deux chambres du soufflet dont se servaient les forgerons irlan-
dais. Le soufflet est désigné concurremment par dibolg duel, et par
le pluriel huilgg.
M. G. Orpen, public une Carved Stone near Holyivood, co. IVick-
low, p. 783 ; représente-t-elle une croix ? C'est son opinion. Mais
n'est-ce pas une dalle gravée de monument mégalithique ?
G. W. Forsayeth, Holy well near Modeligo, co. Walcrford, p. i8é.
Sir John Rhy's, p. 190, convient, avec M. G. H. Orpen, que
dans le calendrier de Coligny, le mois Equos, correspondant à
février, ayant bien 30 jours et non pas 29 comme ill'avait pensé, il
n'y a plus lieu d'y voir un adaptation du calendrier julien.
Journal ofthe Royal Society of antiquariesof Ireland, déc. 191 1.
— M. H. T. Knox décrit Some Connacht raths audmotes, p. 301
sqq ; hauts et bas, de plan circulaire ou quadrangulaire, ils nous
sont soigneusement présentés en plan et élévation. — M. Th.-J.
Westropp nous arrête dans lecomté de Clareet continue l'énuméra-
tion descriptive des Prehisioric remains Çforis and dolmens^ in the
Burren,^. 343 sqq. ; il s'agit toujours de longs murs en pierre sèche,
à parements, percés de couloirs et de niches, couverts de larges
dalles, ou voûtés en encorbellement. — Monsignor Fahy parle du
S^Cohnans oratorv, in Burren, co. Ciare, p. 368. — Sous le titre de
Some archaelogical finds in Ulster, M. Seaton F. Milligan décrit un
certain nombre de moules datant de la 2« période de l'âge du
bronze. Parmi eux, je note deux moules de faucilles qui ont un
intérêt tout particulier. Ce sont des moules de faucilles sans douille.
On sait combien les faucilles de cette sorte sont rares dans les
Iles-Britanniques. Celles qui ont été coulées dans ces moules se
distinguent des faucilles continentales par une côte centrale très
forte ; dépourvues d'ailleurs de languettes et de boutons latéraux,
elles sont fort originales.
Dans Miscellanea, p. 386, M. E.-C.-R. Armstrong signale une
de ces figures rudimentaires dites Sheela-na-gig, découvertes par le
major Trevelyan dans l'ile de Lustvmore, à douze milles d'Ennis-
Killen. — M. Michael Beavy donne une note sur une fontaine
sacrée, à Madeligo.
m
Le 2^ Ergdn^iingshand de Manxus donne le compte-rendu de la
deuxième assemblée générale de la Société préhistorique allemande.
Périodiques. t47
qui s'est tenue à Erfurtdu 51 juillet au 3 août 1910, sous la prési-
dence de MM. Kossinna et Bezzenberger. Une communication,
celle du D"" Gôtze, a pour nous un intérêt tout particulier. 11 y
étudie une série d'enceintes fortifiées du Rhôn, Die vorgeschichtli-
chen Burgeu der Rhôn und die Steinsburg aufdem kleinen Gleichherge
hei Rômhild. Ces enceintes, où l'on n'a trouvé que des objets datant
de l'époque de La Téne, paraissent constituer un système de
défense dont le réduit est à la Steinsburg. Celle-ci, par son impor-
tance, par la masse et l'étendue de sa fortification, se présente
comme l'œuvre collective d'une société d'assez grande taille. C'est
un travail national. Pourquoi les sommets du Rhôn portent-ils ces
retranchements et non pas ceux du Harz. Ces forts de sommets,
nous dit M. Gôtze, sont celtiques. Les Celtes les ont élevés par-
tout où ils se sont sentis sous la menace d'un ennemi trop puis-
sant. C'est ainsi qu'ils ont dressé, sur des hauteurs, les oppida de
la Gaule, contre l'invasion des Cimbres. Ils ont fortifié le Rhôn
contre les Germains. Après avoir abandonné la Thuringe, ils se
sont retranchés en arrière.
M. O. Fleischer a tait appel aux trésors de la toponomastique
pour nous renseigner sur la situation des Indo-Germains en Asie-
Mineure vers 1500 avant J.-C. : Die Stellung der Indo-Germanen
in iiiner. Kleinasien uni das lahr 1000 v. Chr (1500-700), p. 4)Sqq.
Les noms en -cnc se sont égrenés de l'Asie-Mineure vers l'Inde.
Toute une famille de noms géographiques a essaimé du Caucase
vers l'Halys, puis vers la Perse et la Caramanie. Les Perses sont
des Artéens c'est-à-dire des hommes du pays de Van (Urartu).
Enfin M. Fleischer nous assure que, la légende de Persée, éponyme
des Perses, ayant quelque chose d'historique, les Grecs ont voi-
siné en Asie-Mineure, vers le 16^ ou le 17^ siècle avant J.-C. avec
les Indo-Iraniens. Tout beau! C'est aller vite en besogne. Il y a
quelques gens dont il faudrait parler: Arméniens, Phrygiens, d'autres
peut-être aussi M. Bezzenberger a fait remarquer avec bon sens
que les noms géographiques n'apprennent peut-être pas tant de
choses et sans doute il a dit qu'il fallait les interroger avec cir-
conspection.
Ces Messieurs d'ailleurs ont chanté de compagnie les chansons
préhistoriques du Geheimrat Zchiescke et se sont sans doute fort
bien amusés.
La 3^ année de Mannus commence par un article de M. Gunther
sur la Besiedlungsgeschichte des Neiiiuieder Beckens, p. i sqq. C'est la
2^ partie du mémoire de M. Gunther. Il y traite de l'Age du
bronze, des deux âges du fer, des établissements des Romains et
M^ Périodiques.
des temps mérovingiens. Dès la fin de l'âge du bronze, les deux
rives du Rhin, autour de Coblenz, ont été occupées par les Celtes.
Mais c'est là que s'est fixée pendant longtemps leur frontière sep-
tentrionale, tombeaux, fortifications, traces de culture (Hochàcker)
attestent leur établissement. A la fin de l'époque de La Tène les
Celtes se sont repliés sur la rive gauche. Ceux dont on y trouve
les tombeaux pratiquent les mêmes rites funéraires que leurs voi-
sins germains : ils incinèrent leurs morts. — Le distingué conser-
vateur du musée de Bergen, M. Schetelig, expose sous le titre de
Vorgeschichte Norwegens les résultats des recherches archéologiques
de ces dix dernières années, p. 29 sqq. — Faut-il attirer l'attention
sur un article de M. K. Schirmeisen, de Brùnn, intitulé Buchsta-
benschrift, Lautivamiel, Goltcrsage und Zeitrechnung, p. 97 sqq. ?
Il est d'une hardiesse, dont M. Kossinna éprouve le besoin de
s'excuser. Rapprocher l'histoire de l'alphabet du développement
phonétique, c'est une tentative méritoire; mais il faudrait n'ignorer
pas que l'alphabet gréco-phénicien n'est pas sans parenté avec les
syllabaires égéens. S'il est exact que les runes ont été des signes
magico-religieux, s'il est spécieux de colorer de religion les ori-
gines de l'alphabet, on ne saurait choisir les exemples avec trop
de discernement. Les connaissances de M. Schirmeisen en archéo-
logie préhistorique ont besoin de compléments ; il devra trier ses
connaissances mythologiques et s'entendre avec les linguistes sur
la classification généalogique des langues indo-européennes.
IV
Le nouveau volume de la Pràhistorische Zeitschrift, III,
1911, nous fait connaître d'intéressantes incinérations néoli-
thiques des environs d'Hanau (G. Wolff, Neolithische Brandgràher
in der Umgebuug von Hanau, p. i sqq.). M. G. F. L. Sarauw, de
Copenhague, y publie les résultats de ses fouilles de Maglemose,
qui ont si largement étendu notre connaissance des temps obscurs
qui séparent la paléolithique (p. 105-195) du néolithique. — M. Max
Ebert publie et étudie un curieux anneau d'or trouvé en 1799 à
Strobjehnen, dans la Prusse orientale, et que possède depuis lors
le musée de Berlin. Il en établit la parenté avec quelques œuvres
de cet art celto-scandinave, dont les entrelacs compliqués souvent
étouffent et absorbent pour ainsi dire tant de restes de formes
vivantes. Mais les guerriers et les chasseurs qui galopent ou tirent
de l'arc sur la crête de l'anneau, les chiens, cerfs, serpents à
oreilles, le principal de la décoration, rappellent l'art scythique
Périodiques. 149
représenté déjà en Prusse par les pièces d'orfèvrerie bien plus
ancienne, du trésor de Wettersfeld (p. 105 sqq.).
M. Carthaus rend compte des fouilles pratiquées prés de Vel-
mede, dans la haute vallée de la Ruhr, dans la Veledahôhle. Les
trouvailles datent de l'époque de la Tène. Elles sont peut-être cel-
tiques. Dans la couche archéologique sont disposés sans ordre des
ossements humains. Qu'était-ce? (p. 132 sqq.). — M. E. C. R.
Armstrong relate les principales découvertes archéologiques faites
en Irlande dans les années 1909-1910 (p. 184 sqq.) : 11 s'agit sur-
tout de cistes sous tumulus de l'âge du bronze. De l'époque de la
Tène datent deux cornes de casque trouvées à Cork en 1909.
V
Le commandant A. Martin a publié dans le Bulletin de la
Société archéologique du Finistère, t. XXXVIII, 1911, une
intéressante notice sur le tumulus à dolmen de Kermaric en Lan-
guidic (Morbihan). La chambre du tumulus était circulaire. Le
commandant Martin nous donne à ce propos une énumération
complète et descriptive, accompagnée de plans, des monuments
mégalithiques à chambre circulaire de la Bretagne; ils sont assez
étroitement localisés dans le Morbihan, à part un monument ruiné
qui se trouve dans les Côtes-du-Nord, à Kerbors. Le Men-Brec'h
Kermaric présente une particularité nouvelle en Bretagne. Des
deux côtés du couloir se détachent les restes d'un mur en pierres
sèches qui entourait à l'origine la base entière du tumulus. L'auteur
pense à ce propos aux cercles et enceintes concentriques de pierres
alignées que présentent les monuments des Orcades et du Caith-
ness, dont MM. Keller et Le Rouzic ont récemment trouvé l'équi-
valent au monument du Noterio en Carnac. Mais la ressemblance
n'est pas complète. Les monuments de la péninsule ibérique lui
auraient fourni de plus exactes comparaisons. — On a supposé que
les constructions des monuments mégalithiques de Bretagne
avaient une unité de mesure, à savoir un pied d'environ o m. 90.
Les mesures prises par le commandant Martin dans ses dernières
explorations lui ont fourni des longueurs qui, à peu de chose près,
multiplient cette unité.
VI
Le n" I delà Revue Numismatique, 191 1, p. 1-59, a publié un
important article de M. Déchelette sur les origines de la drachme
150 Périodiques.
et de l'obole qui nous explique Tusage et la valeur de certaines
tiges et faisceaux de tiges de fer trouvées dans les fouilles qui ont
livré des objets gaulois. C'est une des formes de la monnaie de
fer dont César (B. G., V, 12, 4) signale encore l'usage chez les
Gaulois. M. Déchelette la suit de Gaule en Thrace et d'Etrurie en
Grèce. Monnaie d'origine technique, l'obole est une broche à rôtir;
la drachme est une poignée de broches, et les chenets, tant gaulois
qu'étrusques, sont établis pour être garnis par le jeu de broches
qui constitue la drachme. M. Déchelette pense que l'obole de
Charon a été une broche garnie de viandes placée près de la bouche
du mort. Cette amusante hypothèse a besoin d'un peu plus d'exa-
men (v. Rev. des Et. Gr., t. XXIV, p. 344).
VII
Dans la Revue des Études anciennes, 191 i, octobre-décembre,
p. 455 sqq., M. Déchelette traite du Javelot o/.ouior,ozç des Ibères.
On a été tenté de l'attribuer aux Celtes, dont le gaisum est qualifié
par Pollux et par Hésychius de oipu oAS(j'!o-/;pov. On a trouvé dans
les pays occupés de longue date par les Celtes, Suisse, Carniole,
et d'où sont venus en Italie les Gésates, des javelots qui sont mon-
tés sur une longue tige de fer analogue au piluiii des Romains ;
mais ils ont tous été munis d'une hampe de bois. Par contre, des
javelots tout en fer et, qui plus est, pourvus de petits crochets,
comme l'ont été, suivant les auteurs, les javelots ibériques, figurent
dans le mobilier funéraire des tumulus d'Avezac-Prat. Les morts
d'Avezac-Prat étaient-ils des Ibères ou des Celtes ? Disons que ce
furent des Celtibères, M. Déchelette croit que les javelots sont
ibériques. Peut-être. Mais je ne puis m'empêcher de les rapprocher
des javelots de l'Europe centrale.
H. Hubert.
VIII
Annales de Bretagne, tome XXVII, n° 2 (janvier 1912).
M. J. Loth publie p. 199 une chanson recueillie par lui au
Croesty, canton de Guémené-sur-Scorft' (Morbihan) ; il l'intitule
le Comte et la fée, et en donne en regard du texte breton une tra-
duction française.
M. G. Esnault continue (p. 264-279) son étude sur le poète
breton Le Laé, et poursuit l'histoire critique de sa réputation.
Périodiques. 151
P. 292 et suiv., se trouve une étude de M. H. Qiiilgars sur la
langue bretonne dans le pays de Guérande ; elle comprend surtout,
outre quelques indications de toponomastique, un lexique de mots
bretons empruntés à la collection des aveux de la sénéchaussée de
Guérande (qui va de 1380 à 1791). M. J. Loth a fait suivre cet
article d'une série de remarques critiques, en partie rectificatives
(p. 309-314)-
Une exploration linguistique de ce coin de Bretagne est urgente
et devrait être accomplie avant quelques années. Ce serait vrai-
semblablement la dernière. Nous connaissons quelqu'un qui, pas-
sant au Bourg de Batz dans l'été de 19 10, a eu la curiosité de se ren-
seigner auprès de diverses personnes, et notamment de l'instituteur
du pays, sur les limites actuelles du breton dans la presqu'île. Ces
limites sont bien restreintes. On ne parle plus breton que dans quatre
hameaux de la commune de Batz, Kervalé, Kermoisan, Trégaté et
Roffia, habités principalement par des paludiers. Encore le breton
n'est-il plus employé que par les vieillards. Nul individu ayant
moins de cinquante ans ne parle ni n'entend le breton. On pourrait
presque fixer d'avance la date où le breton disparaîtra définitivement
de ce coin de terre. Les noms de personne sont généralement bre-
tons dans la commune de Batz : le plus répandu est Le Huédé ; on
rencontre aussi beaucoup de Le Berre et de Le Gars ; viennent
ensuite Le Breton, Pichon et Picot.
IX
Dans le tome XVI de I'Hermathexa, nous relevons deux articles
de M. Mario Esposito : p. 264-287, The pilgrimage of an Irisb Fran-
ciscan in A. D. 1^22 ; p. 325-333, Some ftiriher notes on Mediaeval
Hiberno-Latin and Hiherno-French literature.
Le second n'est qu'un supplément à l'article du même auteur que
nous avons résumé précédemment (tome XXXII, p. 229). Quant au
premier, il est relatif à un curieux récit de voyage, V Itinerarium
Symonis Simeonis, conservé dans un manuscrit de la fin du
xiv^ siècle, le n° 407 de la Bibliothèque de Corpus Christi Collège,
à Cambridge (f° 1-33). Symon Simeonis, frère mineur de Saint-
François, appartenait sans doute au monastère de Clane (Co. Kil-
dare en Irlande) ; le 16 mars 1322, il quitta l'Irlande avec un com-
pagnon, Hugo Illuminator, pour faire un voyage en Terre Sainte.
Ses principales étapes furent Chester, Litchfield, Londres, Canter-
bury, Amiens, Beauvais, Paris, dont il fait une longue et magni-
fique description, Lyon, Valence, Arles, Marseille, Gênes, Bobbio,
1 5 2 Périodiques.
Mantoue, Vérone, Padoue, Venise, Pola, Zara, Durazzo, Candie,
Alexandrie, le Caire, où il perdit son compagnon, victime de la
fièvre, et enfin Jérusalem, où il arriva au milieu de décembre de la
même année. Ce qu'il paraît y avoir de plus important et de plus
neuf dans son récit de voyage, c'est la description qu'il fait de
l'ngypte. M. Esposito indique en terminant quelques points de
comparaison avec le traité de géographie que le moine irlandais
Dicuil rédigea vers 825, cinq siècles plus tôt. Tandis que Dicuil,
malgré son intelligence, se fie aveuglément aux récits merveilleux
d'un Pline, d'un Solin ou d'un Isidore, Symon se montre un obser-
vateur perspicace et curieux, dont le témoignage personnel a une
réelle valeur.
X
Le numéro 5 de The Journal of the Welsh Bibliographical
Society est daté de décembre 191 1. Il débute par un article de
M. E. A. Lewis, a Bibliographical Note on the sources of the Mediaeval
Historx of the Wehh Boronghs (p. 65-75) 5 l'auteur y donne une liste
d'ouvrages spéciaux ou généraux à consulter pour l'étude de l'his-
toire communale en Galles, et notamment dans le Nord de Galles;
rien de complet ni de définitif, simples indications comme peut en
recueillir chez nous tout étudiant qui dresse la « bibliographie »
d'un sujet. — P. 76-83, se trouve un article anonvme sur The
Hengiurt Lihrary of printed books, relevé des imprimés les
plus rares et les plus précieux de la célèbre collection. — - Enfin, p.
83-89, M. T. C. Evans étudie John Walters and the first printing
press in Clamorganshire ; John Walters, recteur de Llandough prés
Cowbridge, vécut de 1721 à 1797 ; il est connu comme l'auteur de
l'English-Welsh Dictionary, dont l'impression commença en 1770
à Cowbridge chez les imprimeurs Rees et Dan Thomas, mais ne fut
terminée qu'en 1794 à Londres.
XI
Il existe à Londres depuis 1898 une Folksong Society, dont l'ob-
jet est de recueillir et de publier des chants populaires, besogne
dont s'acquittent également en Irlande \Irish Folksong Society et en
Galles la Welsh Folksong Society. Le secrétaire de la Folk-song
Society est M. Frederick Keel, 19 Berners street, London W.; les
membres paient une cotisation annuelle de 10 s. 6 d.
Périodiques. 153
Cette société publie un journal. Le fascicule 16 (3'= du tome IV)
du Journal of the Folk-song society est entièrement consacré
à une étude de miss Frances Tolmie, A new collection of Gaelic
Soiigs (décembre 191 1 ; p. i-xjv et 143-278).
Miss Frances Tolmie, nous dit la préface, est une Ecossaise des
Iles Hébrides, qui depuis son jeune âge — elle a aujourd'hui
70 ans passés — s'intéresse au folk-lore gaélique. Elle s'est parti-
culièrement occupée de recueillir des chansons populaires. Le
recueil qu'elle publie est des plus importants : il se compose de 105
morceaux, qu'elle a tirés soit de ses propres souvenirs, soit des
souvenirs de deux amis, natifs comme elle des Iles Hébrides, mais
qui tous proviennent de chanteurs du pays. Ce caractère tout local
du recueil n'en n'est pas le moindre intérêt. Les différents chants
sont groupés sous cinq chefs : i. Songs of Rest and Récréation, 2.
Songs of Labour (Waulking, Reaping, Rowing, Milking), 3.
Ancient heroic Lays (relatifs notamment à la légende de Finn), 4,
Songs. to chiefs and others, 5. Laments and Love Lyrics. Le folk-
lore occupe naturellement dans ces chansons une place importante.
Les folk-loristes pourront glaner dans le recueil une riche quantité
de faits variés. Les musiciens aussi apprécieront le charme de ces
mélodies vraiment populaires, qui se ramènent toujours à la gamme
pentatonique (ou pentaphone), simple ou renversée, parfois accrue
d'une sixième note supplémentaire. Il y a en tout quinze modes
dans la musique des chansons de miss Frances Tolmie ; c'est égale-
ment le nombre des modes de la musique bretonne, telle que l'a
définie M. Duhamel (v. Annales de Bretagne, t. XXVI, p. 73e). Une
intéressante comparaison s'impose entre les deux pays ; bornons-
nous à recommander le sujet aux musicologues.
XII
Le tome XVII des Mémoires de la Société de Linguistique
contient dans son premier fascicule (p. 60 et suiv.) un article de
M. Meillet sur les Formes verbales de T indo-européen *melg-
« traire ». Il s'agit d'une tentative fort originale de restitution d'un
prototype indo-européen pour le verbe qui est en grec ày.£XYoj, en
vieux-haut-allemand niilclm,en irlandais bligini,en latin mulgeô, en
vieux-slave mliiq, en lituanien méliu. En mettant à part les forma-
tions qui se dénoncent ou se laissent interpréter comme récentes,
M. Meillet établit qu'il faut poser pour l'indo-européen un présent
athématique comportant l'alternance *mêlg-, *nilg-. Il utilise pour
r )4 Périodiques.
sa démonstration les formes parallèles *nicrg- *///; ^-(védique màr-
jmi mrjànti), qu'il interprète comme des doublets dus à la dissi-
milation et issus de formations redoublées du o-enre des intensifs
sanskrits màrmrj- et marmrjyà-. Et cela le conduit à déterminer
le sens ancien de la racine, qui était « faire sortir » ; de là le sens
de « traire » spécialisé dans le type *me}g- (cf. tous les présents
cités plus haut), tandis que le type luerg- prenait le sens de « es-
suyer » (skr. màrjmi, gr. ojjLÔpyvujxt) ou de « cueillir, extraire o
(gr. àaÉpyc)). Le sens ancien se retrouve pour le type *melg- en
italo-celtiquc. 11 est impossible en effet de séparer des mots précé-
dents le htm promu Igâre et l'irlandais durimnailc gl. promulgauit
Ml 51 d 3, dont Vinfimnï tiiitnlegun gl. promulgatione Ml. 71 c
18 a la même forme que hlegon « traite » (jnhJeguin dans les Annales
d'Ulster, à l'année 732) ; et le subjonctif vieil-irlandais coduinmail
traduit le latin « ut eliceat » (Ml. 50 b i). L'évolution sémantique
a été ici « faire sortir, mettre en évidence ». Ce n'est pas la
première fois qu'on constate en italo-celtique de précieux archaïsmes
de vocabulaire.
Dans le cinquième fascicule du même tomeXMI, p. 337 etsuiv.,
figure un article, signé J. Vendryes, sur /« Place du verbe en celtique.
L'usage de placer le verbe en tête de la phrase attesté en irlandais
et en gallois (mais non en gaulois) serait sorti des phrases où le verbe
comportait un préverbe et un pronom infixe. En effet, en indo-euro-
péen on plaçait les particules ef les formes enclitiques des pro-
noms après le premier mot de la phrase. Or le celtique a conservé
l'usage des pronoms régimes enclitiques. D'autre part le groupe
préverbe + verbe tendait en celtique à devenir inséparable. Ainsi
se trouvait pour ainsi dire stéréotypé le début de toute phrase dans
laquelle le verbe était composé et avait pour régime un pronom ;
une pareille phrase devait nécessairement commencer par préverbe
-|- pronom régime + verbe ; ensuite se rangeaient naturellement
le sujet et les autres régimes. La langue aurait généralisé l'usage
de placer le verbe avant sujet et régimes, c'est-à-dire en tête de la
phrase.
XIII
Vient de paraître le premier cahier du tome XXX des Indoger-
MANiscHE FoRSCHUNGEN. Aucun article n'y est particulièrement
consacré au celtique. Toutefois, M. H. Gûntert, dans un travail
Zur BiJdiwg der altiudischen DesideralivaÇp. 80-137), utilise quelques
rapprochements avec l'irlandais. Il signale notamment p. 108 que
Périodiques. 1 5 3
l'irlandais (^'•^?t' o- javelot », gaulois g'^aVu- répond au mot sanskrit
bésas- qu'il traduit par « arme de trait » dans un passage du Rg-
Veda, X, 89, 12. De plus, p. 109, il explique d'après M. Thurney-
sen le verbe sanskrit hnclaii « il joue » (de *kriid-) en le ratta
chant à l'irlandais r/^^i' « tour d'adresse ». Enfin, p. 133, étudiant
l'origine des désidératifs sanskrits, il passe en revue les formations
analogues des autres langues et consacre un développement au
futur sigmatique de l'irlandais. Son information est précise et juste.
J. Vekdkyes.
XIV
La RoMANiA (t. XL, n° 1 57) contient une note de miss G. Schœp-
perle sur un vers de la Folie Tristan de Berne. Dans le n° 158 un
article de M. Huet sur le Château tournant dans la suite du Merlin :
on sait que parmi les aventures merveilleuses du cycle arthurien il
est question d'un château qui tourne avec une grande rapidité, dans
lequel un chevalier doit pénétrer. Or précisément un château sem-
blable est décrit dans la navigation de Maelduin (d'Arbois, Lépo-
pée celtique en Irlande, I, 295). Dans les n°^ 159 et 160, M. Cos-
quin, un des meilleurs folkloristes français, étudie avec beaucoup
de sagacité le conte du chat et de la chandelle dans l'Europe du
Moyen Age et en Orient.
XV
Les lecteurs de la Revue Celtique trouveront comme toujours à
glaner des faits curieux appartenant au folklore celtique dans la
Revue des Traditions populaires : citons en particulier dans le
n° II du tome XXVI des contes bas-bretons recueillis par M. Fri-
son, dans le n° 12 des contes de Haute-Bretagne rassemblés par
M. Paul Sébillot, dans le n" i du tome XXVII des chansons popu-
laires du Bas-Vannetais publiées par M. Frison, etc.
XVI
Dans le n° 2 du volume XXII de Folklore, M. Th. Westropp
poursuit sa très utile description du folklore du comté de Clare en
Irlande : il examine les croyances relatives à la chance, aux pré-
sages, aux rêves, à la divination. On notera la persistance d'une
curieuse coutume le jour de la Saint-Etienne : un cygne est mis à
mort, et son corps promené sur des branches arrangées en croix.
156 Périodiques.
M. Westropp croit reconnaître là un reste des superstitions rela-
tives aux druides, le cygne étant l'oiseau druidique, donc maudit
en pays chrétien. N'y aurait-il pas là plutôt la survivance d'un
rite de sacrifice agraire, peut-être de sacrifice du dieu. On n'en
sait plus d'ailleurs la raison, et on cherche à l'expliquer : si un
cygne est mis à mort, dit-on, c'est que jadis précisément un cygne
trahit la cachette de saint Etienne.
Les traditions relatives aux sources sont particulièrement abon-
dantes dans les vies de Saints, échos de légendes topologiques :
de plus le Saint hérite des attributs du héros découvreur de sources.
Dans le n° 3 on noiera la description d'un certain nombre de
fêtes et cérémonies traditionnelles, notamment celle qui eut lieu
jusqu'à une époque récente à Iniscatha (Scathery Island sur le
Shannon) et qui commémorait la victoire de saint Senan sur un
monstre.
Dans le n° 4 on trouvera une série de superstitions relatives aux
animaux et aux plantes.
XVII
Dans le tome XXX des Analecta Bollandiaxa nous trouvons
au fascicule 2 un article nécrologique consacré au regretté P. Ch.
de Smedt : la Revue Celtique a déjà eu l'occasion de dire tous les ser-
vices qu'il a rendus à l'hagiographie et à l'hagiographie celtique en
particulier (t. XXXII, p. 243). Depuis, un nouveau deuil est venu
frapper les Bollandistes avec la mort du regretté P. Poucelet. Mais
leur œuvre ne s'en poursuit pas moins; les articles originaux
restent des modèles de critique, les textes sont édités de façon
excellente, et le bulletin des publications hagiographiques est un
instrument bibliographique de premier ordre.
J. Marx.
Le Propriétaire-Gérant, H. CHAMPION.
MAÇON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS.
THE DEATH OF DIARMAID
In a preceding article, The Reproach of Diarniaid, p. 41
above^ we hâve attempted to form an idea of the contents of
the lost Aithed Grainne iiigine Corbniaic la Diariiiait na
Duibne (The Elopement of Grainne, daughter of Cormac,
with Diarmaid grandson of Duibne), mentioned in the
tenth century Hst of taies in the Book of Leinster.
Of the death of Diarmaid we hâve no mention previous to
that contained in a lay in the Diianairc F'nin, dating some-
where between the twelfth and the fifteenth century'. In this
we are told that Finn makes peace with Diarmaid and
Grainne after sevén years unsuccessful pursuit. He forms
the treacherous design of sending Diarmaid to hunt a magie
boar which he knows the hero is destined not to survive.
Diarmaid dies in overcoming the beast. A similar account is
preserved in the eighteenth century literary version ^
L. G. Stern, in iha Zeitschrift fur celtische Philologie, V, 564,
gives an account of the published versions of the ballad of
Diarmaid's death, and an estimate of their relative values.
They ail give substantially the same narrative. The variants
will be mentioned in the notes to the présent article. Some
versions not noted by Stern hâve been included in our study.
In thèse Diarmaid is represented as coming from the struggle
unharmed. Finn disputes his measurement of the boar, and
1. Ditaiiaire Finn, éd. J. MacNeill, Irisb Texts Society, VIII (Londou,
1908), p. 45, 149.
2. Toruigheacht Dhiannuda agus Ghrainne, éd. S. H. O'Grady, Ossianic
Society Publications, III (Dublin, 1857) ^ited by pages ; reprinted for the
Society of the Préservation of the Irish Language, in two parts, cited by
paragraphs.
Revue Celtique, XXXIII. ii
158 J. H. Lloyd, O. J. Berghi, G. Schoepperïe.
asks him to measure it against the bristle. In doing so, the
hero is fatally wounded by the poisonous spike. The three
lays hère printed give this version. The first is from a six-
teenth century manuscript, the Book oj the Dean of Lismore.
The second is a better version of the same lay ; the third is
from Kennedy 's second collection of Ossianic ballads, made
about 1774 (v. infra).
The third lay gives an account of how Finn learned the
whereabouts of Diarmaid, and enticed him to take part in
the hunt. A prose introduction to the lay and an account
current in Scotland ' gives a si'milar version :
They went up the side of a burn that was there and took
their dwelling there, and they had beds apart. Diarmaid was
makin^ dishes, and the shavino^s which he was makina: were
going down the burn to the strand. The Fianna were hunting
along the toot of the strand, and they were on the track of
a venomous boar that was discomfiting them. Finn took
notice of the shavings at the foot of the burn. 'Thèse', said
he, 'are the shavings of Diarmaid '. ' They are not; he is not
aUve', said they. ' Indeed ', said Finn, 'they are'. ' We will
shout Foghaid, a hunting cry, and in any place in which he
may be, he is sworn to it that he must answer.
The introduction to the lay which we translate from Ken-
nedy's collection, gives a description of the shavings :
The speal curled around nine times, and it was S. . . quar-
ters long; there was none in Ireland that could do the
like^
We hnd the folio wing instances of a similar identification
by whittlings in Middle Irish. In the Rennes Dindsenchas ' :
Slechtaire discovered an underground cave wherein they
dwelt for a long time. Every night they used to go forth
from it a-raiding, and one day they found, on Luachair Aine,
Find's son Ossian alone. They make a prize (?) of him and
1. J. F. Campbell, Popidar Taies of the West H ighlands (Edmhxxrgh.,
1862), cited W. H. T.
2. J. F. Campbell, Leahhar iia Feinne (London, 1872), 158 b, cited I.f.
3. Rei: Celt., XV, 447.
Tbc Dca! h of Dianiiaid. 159
carry him ofl' to their dwclling, There Ossian eut a chip
from a spearshaft (which Crimthann had givcn him to trim)
and cast it into the stream from the well, so that it got to
Ath na Féile « the Ford of the Féale », where Finn was
dwelhng. Then Find took the chip in his hand and said,
' Ossian made this' and Find's men ascended the stream to
its source and saw the earth cave.
This story is versified in the Bool- of Leinstcr, where it is
said that Ossian cast into the stream a bail made of the chips
from the spear shaft.
Another middle Irish story which contains this trait is the
following ' :
Finn went on the track of Ferchess to avenge Mac Con...,
until he slew him at the end of seven years at the Pool of
Ferchess on the Bann, when he found the chips carried down
the river which Ferchess had set free.
A similar incident occurs in the French romances of Tris-
tan and Isolt. Hère the due for identification seems to the
poet so hazardous that he adds others. The oldest form of
the incident is the following^ :
The king lias dismissed Tristan from the court. Separated^
the lovers languish. Isolt sends Brangien to tell Tristan that
he must find means of seeing her. He promises that he will
meet her that very night in her orchard. Moreover, when-
ever, night or day, she sees a branch in the stream that flows
through her chamber, she is to wait and see if a bit of bark
toUows it, on which is carved a five pointed cross. Whenever
she finds this in the stream, she may know that Tristan is
under the linden near its bank. The device is repeatedly suc-
cessful.
The Norse translation of the lost version of Tristan by the
Anglo Norman poet Thomas further describes the shavings
made by Tristan ' :
1. Fianaigecht, éd. Meyer, R. I. A., Todd Séries, XVI, p.xxiii, 38, 9.
2. EiJhdit von Oherge, éd. Franz Lichtenstein (Strassburg, 1876), Qiiel-
ïen uiul Forschuiigen, XIX, 1. 3278-3355, cf. 3490-3494.
5. Die nordische und die engliscbe version der Tristansage, éd. E. Kôlbing,
Heilbronu, 1878, 1882, I, p. 167 1. 19 ff.
i6o /. H. Lloyd, O. J. Bergiii, G. Schoepperle.
He took a branch and whittled fair shavings so skilfuUy
that no one had ever seen their like ; for when they were
cast into the wacer, they were not damaged and floated
like foam on the water and no carrent could destroy
them.
This identification by whittlings carried on the stream is
unique in French romance and is probably a survival in
Tristan as in thèse late versions of Diarmaid and Grainne, of
older Cekic tradition'.
When Finn knows that Diarmaid is in the vicinity, he looses
the dogs and stations the hunt about Ben Gulbain. According
to the oral versions - it is one of Diarmaid's geasa always to
follow the barking of the dogs of the chase. This trait seems
to be understood in two ot the lays hère printed : Diarmaid
insists upon following the hounds although Grainne does her
best to dissuade him, and both seem to be aware that to do
so is to fall certainly into the hands of Finn (K, stanza ii).
Finn's stationing the hunt about Ben Gulbain in order that
Diarmaid might hear the baying of the hounds (K, stanza 9)
is alluded to by the poet in the Dean's Book as treachery
(stanza 4; cf. K. stanza 16). According to the oral versions ',
another of Diarmaid's geasa was never to refuse a request
made by one of the Fenians. This is alluded to in Kennedy's
version (stanza 25) to explain his compliance when Finn asks
him to measure the boar.
It is noteworthy that neither the version of the Death of
Diarmaid in the Dean's Book nor that in Kennedy's collection,
contains the stanza, common to almost ail the others ■♦,
recounting the death of Grainne :
Dh' adhlaic sinn air an aon tulaich,
An dm suidheachadh na muice fiadhaich,
1. Cf. Romania, XXXVIII, p. 196-218.
2. L. F. 153, 156, 158, 160; W. H. T. 43; O'Grady, 172-4,11,
1137.
3. Cf. The Reproach of Diarmaid, R. C, XXXIII, p. 49, n. i.
4. J. G. Campbell, Tlje Fians, Waifs ami Strays of Celtic Tradition, V
(London, 1891), cited F, p. 60, 62 ; cf. IV. H. T. 45, 72, F. 57, 68, 62,
L. F. 163, 164 a, 164 b.
Tbc Dcalh of Diannaid. léi
Grainne nie Chormaic a Chuillinn,
Da chuilean, agus Diarmaid.
We buried in the same hillock, when settling the wild pig,
Grainne, daughter of Cormac of Ulster, the two whelps and
Diarmaid.
According to some versions, Grainne was buried alive,
because Finn discovered Diarmaid's innocence and her trea-
chery with the stranger of the cave '. According to the
manuscript of the eighteenth century Hterary version edited
by O'Grady, Finn persuades her to become his wife ^.
The extant fragments of the tenth century tradition of
Diarmaid and Grainne do not extend to the death of Diar-
maid. They also fail to furnish any light on the attitude of
Diarmaid toward Grainne beyond the fact of her initiative,
their elopement, and their Hfe together in the forest. The oral
tradition may, it seems to us, préserve faithfully the outhnes
of the rest of the story : Diarmaid's loyalty to Finn and his
résistance to Grainne, the épisode of the stranger in the cave
and the rash boon, the discover}^ of Diarmaid by Finn by
means of the chips on the stream, his luring Diarmaid to the
himt by taking advantage of one of his geasa, the death of
Diarmaid by the boar, and the death of Grainne. We cannot
however trust the interprétations in the oral versions of the
characters or of the signifiance of the épisode of the stranger
in the cave.
The most important ballad of Diarmaid's death is the one
in the Book of the Dean of Lismore, a manuscript of the
1. F. 57.
2. I hâve examined ail the mauuscripts of the loniigheacht Dhiarviuda
agus Ghrahine, Catalogue, p. 249-50, and the others in the Royal h'ish
Academy and in Trinity Collège, Dublin ; also those in the British Muséum.
They vary greatly in the amount of episodic material contained, and in
the point at which they conclude. None of ihem contain as much as that
edited by O'Grady. l'hey usually end with Grainne's appeal to her sons
for vengeance (O'Grady, p. 204; II, § 55) or with Aonghus's lament for
Diarmaid (p. 199-201, II § 52. Hence they do not contain the account of
Grainne's marriage with Finn. In MS. 25. P. Q. R. I. A, it is said that
Grainne grieved for Diarmaid until her death.
i62 /. H. Lloyd, O. J. Bergiii, G. Schoeppcrie.
sixteenth century, containing Ossianic poetry written in Ear-
ly Modem Irish with Scotch peculiarities. The poem proba-
bly dates toward the end of the fifteenth century. This text
of the Death of Diannaid was edited with an EngHsh transla-
tion by Thos. Me. Lauchlan, The Booh of the Dean of Lismore
(Edinburgh, 1862), p. 64, 20. The Reliqiiiae Celticae of Came-
ron, I, 36, contains a diplomatie text, with a restoration in
modem Scotch Gaelic. Mr. J. H. Lloyd published a restora-
tion in Modem Irish in An Claidheamh Soluis, the organ of
the Gaelic League, Dublin, in Julv, 1910. The language of
the Dean's Book being a cross between Irish and Scotch Gae-
lic, restoration into either of thèse dialects is inevitably unsa-
tisfactory. The following transcription of the phonetic spel-
ling of the original, attempts to represent as accurately as
possible the peculiar dialect in which the lay is written.
Besides the difficulties offered by the orthography, there are
many which are no doubt due to errors in the Dean's texts
(cf. Stern, ZCP, I, 296). The présent text is based on Came-
ron's diplomatie édition.
A HUGHDAR SO AILIN MAC RUAIDHRÎ
1 . Gleann Sidhe an gleann so rem thaoibh,
i mbionn (?) faoidh éan agus Ion ;
meinic [a] rithdis an Fhiann
ar an tsrath so in diadh a gcon.
2. An gleann so fa Bheinn Gulbain ghuirm,
is aille tulcha fa ghréin,
nior bh'annamh a shrotha go dearg
in diadh shealg ô Fhionn na bhFiann.
3 . Eistidh beag madh ail libh laoidh,
a chuideachta chaomh so, uaim,
ar Bheinn Gulbain is ar Fhionn fiai,
is ar Mhac Ui Dhuibhne, sgcal truagh .
4 le Fionn fa truagh an scealg ',
ar Mhac Ui Dhuibhne is dearg li
I . au cheal^
The Denih of Dionnaid. 165
dhul do Bheinn Ghulbain do shealg
an tuirc nach féadann ami [do] dhitli
Le Mac Ui Dluiibhne an airni àigh
do gon dtorchair an tore
Finn
is é rinn do locht '.
a dhàil,
Mac Uf Dhuibhnc, gràdh nan sgol,
ag so an sgéal fan tuirseach mnân
gabhar leis do lâimh an tore .
[A] dhiongbhdil do na bhFiann,
dâ gcuirthi (?) é as an gcnoc,
an sean-torc sidhe ba garbh
8 . Suidhigh[is] Fionn is dearg dreach
fa Bheinn Ghulbain ghlais an tsealg,
leis an tore,
mor an t-olc a rinn an scealg.
9. Re cloisteacht comhghdir na bhFiann,
anoir 's aniar [ag] teaeht fa a ceann,
éirghis an uath-bhéist ô' suan,
is gluaisis uadh ar an gleann.
10. Corruighis (?) re faieinn nan laoeh,
in sean-torc sidhe ar fraoch borb,
ba géire nà gdinne sleagh,
ba tréine feagh (?) nâ an ga bolg - .
1 1 . Mac Ui Dhuibhne na n-arm géar,
freagrar leis an uath-bhéist uilc ;
'na taobh. . . . trom nimhneach gâidh
cuiris sleagh in dàilan tuire.
12. Brisear an crann leis fa thri,
's a cheann farior ar an muic,
an tsleagh ô' bhais bharrdheirg bhlâith,
. . .noehar shâidh 'na corp.
1. is é flj 7)10 rinn do locht, that ivas the greatest faiilt he comniitted ?
2. feag, tooth. O'Reilly? fedh, Rcl. Celt., I, 166, Stern's reading saic;h,
Z. C. P., I, 323, does not rhyme well with sleagh.
164 /. H. Lloyd, O. J. Berghi, G. Schoepperle.
1 3 . Tairngis an tsean-lann ô' truaill,
do chosain môr buaidh i n-dr
marbhais Mac Ui Dhuibhne an phéist,
do thâinig féin dâ héis slân .
14. Tuitis sprocht ar Fhionn na bhFiann,
is suidhis se [siar] sa gcnoc ;
Mac Ui Dhuibhne nâr dhiùlt dâimh,
olc leis a theacht slân on tore.
15. Ar bheith dhô fada 'na thost,
adubhairt, gér bh'olc re râdh,
' Tombais a Dhiarmaid ô' shoc
gâ mhéid troigh san tore so atâ.'
16. Char dhiûlt é athchuinghe Finn,
olc linn gan a theacht dâ thoigh,
toimhsidh [an] tore ar a dhruim,
Mac Ui Dhuibhne nach trom troigh.
17. Tomais 'na aghaidh aris,
a Dhinrmaid, go min an tore,
budh leatsa do (?) rogha dhâ chionn,
a ghioUa na n-arm rionn goirt.
18. lompoidhis, ba thurus gâidh,
agus toimhsidh dhàibh an tore,
goinidh an friodh nimhe garbh,
bonn an laoieh ba gharg in dtroid.
19. Tuitidh ann sin ar an raon,
Mac Ui Dhuibhne nâr fhaomh feall,
'na laighe do thaobh an tuire,
ag sin [a] oidheadh dhuit go dearbh.
20 . Atâ se ann soin fa chriaidh,
Mac Ui Dhuibhne, ciabh na gcleacht,
aon-mhaeaomh fuileach na bhFiann,
san tulaigh so 'chiam, fafheart.
21 . Seabhac sûlghorm Easa Ruaidh,
fear le [mjbeirthi buaidh gach âir,
in diaidh a thorchairt le tore,
fa thulchain an chnuic so atâ.
22 . Diarmaid Mac Ui Dhuibhne fhéil,
[aj thuitim tre éad mo nuar,
The Deaih of Diarmaid. 165
ba ghile a bhrâgha nà grian,
ba deirge a bhéal nà blâth cn[uas] .
25 . Fa buidhe a fhionnfadh's a fholt,
fada [aj rose barrghlan fa fhleasg, •
guirme is glaise 'na shiiil,
maise is caise i gcûil na gcleacht.
24. Binneas is grinneas 'na ghlôr,
gile 'na dhôid bliarrdheirg bhlaith,
méid agus aobhdhacht (?) san laoch,
seinge is saoire 'na chneas bàn.
25. Cumhaclitach (?) is mealltôir ban,
Mac Ui Dhuibhne ba mhear (?) buaidh,
an tsuirghe char thôg a siiil,
ô cuireadli l'iir ar a ghruaidh.
28. Imeartach(?) éididh is each,
fear i n-éigean creach nâr chearr,
giolla a b'fhearr gaisgeadh is saoi (?),
ach, truagh mar ataoi (?) sa ghleann.
TRANSLATION
The author of this is AiHn mac Ruaidhri.
1 . Thisvalley beside me is Gleann Sîdhe ;
in which arc (?) the cries of birds and elks;
often would the Fenians rush
up this Valley after their hounds.
2 . This Valley under Beann Gulbain ' the blue,
whose hills are the fairest beneath the sun,
not seldom were its streams red,
after chases by Fionn of the Fenians.
3 . Listen a little if vou wish for a lay,
O dear company, froni me,
of Beann Gulbain, of generous Fionn,
and of Mac Uî Dhuibhne, a sad taie.
4 Fionn, sad wastheguile
upon Mac Uf Dhuibhne, of ruddy hue,
I. The original mountain is Benbulbin in Barnarobin towniand, barony
of Carbury, Co. Sligo.Thc Scottish Gaels transferred the name to a moun-
tain in Perthshire. Hence Ben Gulbain and Glen Sidhe beside it.
ié6 /. H. Lloyd, O. J. Bergin, G. Schoepperle.
to go to Beann Gulbain to chase
the boar that no weapon can destroy ' .
)
6.
/
' ) •
Bv Mac Uî Dhuihhne of the triumphant weapon
that the boar fell,
* Fionn .
Mac Ui Dhuibhne, the darling of the schools,
this is the taie that makes women sorrowtul, -
he undertakes [to nieet] the boar.
His match. . . . of the Fenians,
if he were put (?) out of the hill,
the old fierce maçic boar
Fionn of ruddy countenance set,
the chase about Beann Gulbain the gre}^,
by the boar,
great %vas the harm wrought bv the deceit.
Hearing the clamor of the Fenians,
coming towards it from the east and trom the west,
the monster arose from sleep,
and moved along the valle\'.
At the sight of the warriors
the old magie boar started (?) in fierce rage,
(the boar) which was keener than spear points,
with lusk (?) stronger than the ga holg.
Mac Ui Dhuibhne of the keen weapons
answers the raging monster,
in its side . . . heavy, venomous, dangerous,
he cast a spear against the boar.
His spear-shaft breaks in three,
its head, alas, in the boar,
the spear from his red-tipped smooth hand
. . he did not thrust into its body.
He drew from its sheath the old blade,
which had won manv a victory in battle ;
Mac Ui Dhuibhne killed the beast,
he himself came back safe '.
1. For the magie character of this boar see O'Grady's édition, 176-82
II, § 38-41. The association of the life of a hero with that of a certain
animal is a fréquent trait in popular tradition.
2. Contrast O'Grady 182-4, II § 41.
The Death of Diarmaid. 167
14. Anger seized Fionn of the Fenians,
and he sat back on thc hill,
it grieved him that Mac Uî Dhuibhne (who never refused
poets)
should hâve come safe from the boar.
I ) . Whon he had been long silent,
He said, though it was an ill saying :
' Measure, O Diarmaid, from its suoiit,
how many feet there are in this boar ? '
16. He did not refuse Finn's request ; .
we grieve that he did not come home.
He measured the boar on its back,
the son of O'Duibhne, of tread not hcavy.
17. ' Measure again, backward,
O Diarmaid, carefully, the boar ;
thou shalthave thy (?) choice in reward for it,
O youth of the sharp-pointed weapons.
18. He turned — it was a dangerous movement —
and measured the boar for them ;
the venomous rough bristle
wounded the sole of the warrior fierce in fight '.
19. Then he fell on the path,
the son of O'Duibhne, who consented not totreachery,
on the ground beside the boar —
there is his fate for you truly.
20. He is there under the clay,
The son of O'Duibhne with curly hair,
the most warlike youth of the Fenians,
on this hill which we see, in a grave.
21 . The blue eyed hawk of Assaroe,
by whom victory was won in every slaughter,
since his fall by the boar,
is under the summit of this hill.
22. Diarmaid, son ofgenerous O'Duibhne,
alas, that he should liavefallen through jealousy !
I. Diarmaid is represented in the versions coUected from oral tradition
as vulnérable only in his right heel, JF. H. T. 44; F 54, 65 ; L. F. 158 b,
161 a.
ié8 /. H. Llovd, O. J. Bergin, G. Schoepperle.
His neck vvas brighter than the sun ;
his lip was ruddier than the hlossom of clusters.
23 . Yellow vvas his hair ;
long his fair topped eye under a curl ;
blueness and grayness in his eye ;
beauty and curliness in his curly hair.
24 . Sweetness and merriment (?) in his voice ;
whiteness in his smooth, red-tipped palm;
size and charm (?) in the warrior,
Grâce and nobiHty in his white skin.
25. Master(?) and charmer ofwomen,
Son of O'Duibhne of swift victories,
wooing has not Hfted her eye
since the clay was placed on his cheek.
26. One who was busy (?) about armour and steeds,
and was not crooked in hardship of forays,
the man who was best in war, and the sage (?),
ah, it is sad how thou art(?) in the glen!
The best version of the ballad of Diarmaid's Dcath is the
fragmentary one found in the Edinburgh GaeHc manuscript
XLVIII (v. Reliquiae Celticae, I, xiii). The texi is printed in
Reliqidae Celticae, I, i6é, and we pubUsh a translation hère.
It is infortunate that the manuscript breaks off at this point ;
for its readings, as shown by the mètre, are often better than
those of the version in the Dean's Book .
I . This glen beside me is Glenn Sîodh,
wherein is the crv of birds and elks,
frequently would the Fenians run
(along) this strath in the west after their hounds.
2 . Beinn Ghlashha (?) and Beinn Ghulbann the blue,
whose hillocks = are the loveliest under the sun,
often were its streams red
after chases by Finn with his Fenians.
1 . Diarmaid is the hero of numerous love stories in Ossianic literature.
2. tnilm rhymes with glmirm, and hence is better than the rcading in
the Dean's Book, tulach.
I
The Dealh of Diarmaid. 169
3 . Listcn a little, if you would havc a lay,
abuut this dear company that is gone,
about Ben Gulbain, about generous Finn,
and about the grandson of Duibhne, my sad taie !
4. It was allotted by Finn (sad was the treachery),
upon the grandson of Duibhne of ruddy hue,
to go to Ben Gulbain to hunt
the boar that no weapon could subdue.
5 . The beast awoke from its sleep,
• and looked ' away over the glen,
and it saw the foragan ' of the Fenians
from east and west coming against it.
6. Is roused (?), at the sight of the warriors,
the old boar of the elf mounds >,
longer was its tusk than a spear ;
sharper its fedh than the ga bolg.
7 . Diarmaid, son of generous O'Duibhne,
cast a spear at the boar ;
the shaft was broken in three,
but it went (if the taie be true) into the boar.
8. The spear from his smooth white-tipped hand,
he puUed ivhat was in its body.
9 . He drew the old blade from its sheath,
which had won many victories in battle :
the beast fell by Diarmaid,
and he came back safe thereafter.
10. When Finn had long been silent,
he spoke, and it was ill to say :
' Measure, O Diarmaid, from its snout
how man}' feet there are in the boar'.
11. 'I will not refuse thy request, O Finn,
I am sorry that I did not come against her (?) ♦.
1. d'amharc seems to be a better reading than ghiaisis oftheDean's
Book.
2. forgan, (a) keenness, anger; (b) noise, chime, Highland Society Dic-
tionary.
3. uttder heather (anger) oftbe hills. But henn does not rhyme.
4. 'lux haghaidh, against her, ie. the boar (mue) or beast (beist). But
the text is corrupt. 'na thaigh, to his house, would rhyme with traigh
(sic leg.).
lyo /. H. Lloyd, O. J. Bergin, G. Schocppeiie.
He measured the boar on its back,
the grandson of Duibhne, the light-footed.
1 2 . Seventeen feet of true measure
there were . . . that pig
'That is not its true measure but —
1
The following fragment in late hand (seventeenth or eigh-
teenth century?) and bad spelling occurs on p. 39 ofMSH.
4.22 (T. C. D.). It is of interest as offering an Irish représen-
tative of the ballad of Diarmaid's deathsopopular in Scotland.
A Diarmaid eisd/; nac/; g/jad/;aJr
na freag/w/r an fiad/;ac/; breige
decaîV taeb/; ré Mac Cuaill
is cui?;/aiH heith gan ceile.
Fiadac/; breig/;e an iiadacb so
ataid a cobi ar slabr«îd
ac/;d fiad/;ac/; na peisteso
achuDi tusa do marbad/;.
Na ahair si/; a Grane
na tohhair naire dod ceile
■ cha (?) treg/;find ma sealg/;a
ar agla na Feine.
Trug si» a Mie hi Dui«»bne
is cui»mig mar
Traiishition.
O Diarmaid, heed not the hounds, answer not the shani hunt. It ishard
to trust the Son of Cumhall : (he) remembers that he is without a wife.
This hunt is a sham hunt ; his hounds are chained ; but the hunt of this
beast isin order to i^ill thee.
Say not so, O Grâinne; put not tliy husband to shame. I would not aban-
don my hunt for fear of the Pian.
Alas ! thou Son of O Duibhne, consider how...
We append a translation of a version of ihc Deatb of Diar-
maid collected by Kennedy, about 1774 and printed in J. F.
The Dcaih of Dianiuiid. 171
CampheH's Lcabbar na Fei une (London, 1872), p. 158 b. The
more important variants of tlie version in Kennedy's second
collection, noted in Leabbar na Feiiine p. 161 b, are mention-
ed.
1 . Ossian : This glen beside us is Glen Shee, In which
was wont to be the sound of deer and elk, Often the
Fenians used to run In the valley westward after the
hounds.
2. Listen a while if you want a lay Concerning this dear
Company that is gone, About Ben Gulhain and the prince
of the Fianna, And the son of O Duibhne of the sad taies.
3. Patrick : Why should \ve not listen to thy lay, Belov-
ed ' Ossian, sweeter in voice than the birds of the shore
lamenting, Or the birds of the wood at the coming of
day?
4. Ossian : One day my gênerons king And his Fenians
whowerenot timorous-, Were hunting along dark glens. We
went down to the strand.
5. Then my king saw, In front of the true man ot
strength of Ireland \ A chip in the white, pure whirlpool,
Folded nine times, coming to the sea .
6. He caught it in his white hand. And he gazed sharp-
ly and keenly. He measured it with his comely [foot, And
its length was five feet and a span.
7. Then he spoke fiercely : It is Diarmaid who made this,
in ail truth, And none of the men of Cormac, or the swords-
men of the Fianna .
8. My king refused absolutely to take food or drink, until
the face of the champion should be found, If he were alive
in Erin in a cave.
9. We set loose our hounds on the mountain. And
through the very dark and lovely woodland, After the
wild cat of the cairns, So that he might hear their bay-
ing.
1. Generous K. 2.
2. Who were strong in battle. K. 2.
3. Whose knowledge was greatest aniong the men of Fdl. K. 2.
172 /. H. Lloyd, O. J. Bergiii, G. Schoepperle.
10. The warrior who was not weak in battle Heard a
shout on the side of the mountain, And he said to his
wife : I wiUfollow the hounds.
11. 'O Diarmaid, do not answer the hounds ', Sinceit is
but a false hunt; it is hard to trust Finn; He is grieved ^ at
being without a wife'.
12. Yet I will answer the hounds; I will visit every hunt
of the mountain. It were shame for me to désert my lawful
hunt. On account of the enmity of the king of the
Fenians.
13. Diarmaid came to the glen, Toward the famous
Fenians oflnisfail, And it was a pleasing sight to Finn, To
see him coming toward them into their power.
14. We went to Ben Gulbain the blue, the fairest hil-
lock under the sun, On whose red streams had many a time
been the hunt of Finn of the Fianna.
15. Ben Gulbain was the lair of the boar; It was often
trodden by the deer. Through the good son of O Duihhne
Grainne lost her mind and her reason.
16. Finn of ruddy cheek stationed About green Ben Gul-
bain the hunt. 'O Diarmaid, watch the boar'. Great the
harm that treachery caused.
17. Listening to the clamor of the Fenians From east and
west coming towards us, The evil beast rose from his sleep.
And started away from us up the glen.
18. The venomous old boar of violent rages, became exci-
ted at the sight of the heroes; his bristle was stronger than
the wood, and his sting was sharper than the ga bolg.
19. A mysterious old boar is yonder, FuU of fierce blood
and slaughter. O Diarmaid, princely son of O Duibhne, fol-
low the evil beast.
20. The hero whose hand was stout foUowed The evil
beast that was of highest bristle ; It moved toward him to
meet him, like the sound of a wave in the high torrent.
1. The warning of the hero by his wife on tlie day of his death or of a
great misfortune is an epic technicalitv.
2. Leg. cuinha} cf. IV. H. T. iii, 65.
The Deafh of Diarniaid. 173
21. The spear from the bright-topped white palm, He cast
toward it to destroy it. He broke the shaft in three upon it,
And left the head of it down in the body.
22. He drew the old blade from its sheath With which
used to be won victory in every contest. The beast feii by O
Duibhne, And Diarmaid came away safe.
23. Déjection fell upon the Fenians, When he sat down
baclvward on the hill ; He thought it no triumph for him,
That Diarmaid should corne corne safe from the boar.
24. After he had been a while silent, He said, and ill was
the speech : 'O Diarmaid, measure the boar, How many feet
from its snout to its heel?'
25. He never refused anything to the Fenians, Which
they had put before himall his life. He measured the boar on
the back, And he came away safe.
26. 'Measure it backward again, O Diarmaid, and if it
hurts thee, Make what request thou wilt therefor, Lad ot
the keen, sharp-pointed weapons.
27. He measured it for them and great was his fear;
The son of O Duibhne measured the boar. The bristle, sharp-
edged and heavy, Wounded the sole of the warrior fierce in
fight.
28. Then lie fell on the moor, The son of O Duibhne, the
curly-haired. The peerless ' hero of the Fenian company. On
.the hillock westward from the house.
29. His blood was running from his beautiful body, Like
a small stream from a high well ; It was sad to see his suffer-
ing, In forment without guilt or falsehood.
30. Although more ruddy his cheeks than the berry, In
the grass on the brow of the hill, They grew darkly cloud-
ily blue. As \\ hen a chilly cloud comes over the brightness
ofthe sun.
3 1 . 'One drink from thy cup % O Finn, O man ot sweet
1. Lit. oiie bloody warrior.
2. Similarly inF. 59, L. F. 158 b. In O'Grady's version, 184, II, § 42,
cf. The Reproachof Diarmaid, R. C. XXXIII, 45.— IV. H. T. 44, 71, F 44,
54, 56, the drink must be from Finn's palms. L. F. i6\ a is indefinite.
Revue Celtique, XXXIIl. 12
174 /• H. Llovd, O. J. Bergin, G. Schoepperle.
and pleasant words, Since I hâve shed much of my blood
Bring me a drink from the well.'
32. 'I will not give thee a drink of it, to check thy anguish
or thy thirst, For thou hast never done anything for me
for my good, Which thou hast not done in the end for my
harm. '
33. 'I hâve never injured thee, Yonder or hère, from east
or from west. But (it was) Grainne who carried me off cap-
tive ', When she caused me to break my word'.
34 = 31
35 =32
36. 'If thou didst remember the day of Suibhne -, there is
no need to be recalhng it ; I killed eight hundred and three
men for thee >,
37 = 31
38= 32
39. In Bruidhen Caorthainn thou wast prisoner, O Finn,
I was good to thee, When the White-toothed one was wound-
ing thee And thou wast in distress and in combat .
40= 31
41 =32
42. Another day I was of service to thee, In Tara when
thou wast in distress, I was victor in the house, Protecting
thee from every combat.
43 = 31
44 = 32 ^
45. Three king's sons of Inis Tire-fo-thuinn, I killed
them ail in spite of their résistance; And I washed thee
in their blood, Though thou hast overcome me with
cruelty.
46. One drink now from thy cup, O Finn, O manof the
1. Cf. R. C. vol. XXXIII, p. 41 sqq. ; Mr. Lloyd translates : went with
me into captivit\- (outlawry?), etc.
2. Cf. O'Grady 184-92, II, § 42-5 for Diarmaid's enumeration of his
services 10 Finn. Also P. Joyce, Old Celtic Romances, XIV, 177 ff; W. H.
T. 70, stanza 21-3.
5. Great was my service with my sharp sword. K. 2,
,Thc Dc'tilh flf Dianmtid. 175
sweet words and help ', Since I hâve lost my strcngth and
my bloom, a drink from the well ^...
47= 32
48. If thoudidst but remember the day of Conall. [When]
Cairbre and his people were before thee, Thyself and thy
Fenians in thy train, O sad is my face toward Ben Gulbain !
49. If the women of Oighe ' but knew that I had been
broughtinto this trap, Their husbands would be weary "*. O
sad is my face toward Ben Gulbain,
50. I am Diarmaid ofthe yew tree 5, Of Connaught and
Dursey and Berehaven. I am the foster-son of Aonghus ot
the Brugh '', One of choice beauty.
51. I am the foster-son of Aonghus of the Brugh, Every
shot of mine was excellent; I excelled every man in hunting ',
O sad is my face toward Ben Gulbain !
52. I am the blue-eyed hawk of Eas Ruadh, By me was
won the victory in every battle. O sad is my death from
the boar, Under the peak of this hill ^.
1. Leg. cabbair} Mr. Lloyd translates « syllables », but the reading is
certainly corrupt.
2. Wilt thou not give ?
3. Lit. of youth ; cf. JV. H. T. ni, 75, mnatlian na Finne, Oighe, cor-
ruption of a place name?
4. Mr. Lloyd reads ' sorrowful...'.
5. One of the best known incidents in the story of Diarmaid and
Grainne is the chess play between Fionn and Oisin under the tree in
which the fugitives hâve taken refuge. D. sends down a berry to show
Oisin how to move. His présence is thus discovered to Finn and he es-
capes with difficultv. Cf. O'Grady's version, 142 ff., II, § 20 ff. ; Mr Lloyd
lias edited a composite text made up of the version in R. I. A. MS. 23
L. 27, O'Grady's version and the Scotûsh \ersions in An Claidcainh Sohiis,
March, 19, 1910 and ff. ; L. F. 155 prints the versions collected by Ken-
nedy. The incident is alluded to in almost ail the stories of D. and G. cf.
L. F. 156 q, 161 a etc.
6. Cf. the loth century Uath Beinne Etair, R. C. XI. 124 ff. in which
Aonghus, mentioned as the foster father of Diarmaid, appears and saves
him in a moment of great péril. His rôle is similar in O'Grady's version
pp. 71, 148, 150, 168, 198; I §21, 23, 16, 34, 35, 52.
7. Or Icg.foighid, patience, endurance.
8. R. I. A. MS. 3 b. 8, fo. 321 represents Conan as taunting Finn
when he is bringing the water to Diarmaid : is minic thug an beal sin pog
ijé H. Lloyd, 0. J. Bcrgiii, G. Schoepperle.
53. We buried at last, With mourning, sorrow, and shed-
ding of tears, The suprême warlike youth of the Fenians On
the hillock westward under a stone.
54. When the \vicked Grainne saw That he was put under
the ground, She lost consciousness and color, And fell in a
trance on the ground.
55. When she arose out of her stupor, She sang, with
tornient and sorro\v, The praises of Diarmaid of brightest
color, Lying ghastly on the moor.
56. 'There is a bed for two in the rock ' ; Finn was seeking
it for a year, fhere is a stream above it to the sea, And it
never wet thy love Diarmaid.
57. This is the bed where — ^ was, Who used to rouse
the attack m hunting, The man who did not think of fear, At
the cry of the hounds on yonder mountain.
58. Alas, that was the time of torment, How bitter and
sharp is my sorrow for thee, That thy blue eye should
be without sight, O man of delightful mouth and words.
59. Thou wast the sister's son of the high king, Thou
wast loving, fortunate, and bountiful; O, it is a pity that
he put thee to death, without any reason, O love Diarmaid.
60. Thou wast the suprême hero ofthe men of Pal, In
winning triumph in battle_, Thou wast the best of them
ail in every sport, And didst cause them gladness and solace.
61. Thy skin was brighter than the cotton down, On fresh
snow in narrow glens; Thy form surpassed those of ail
therest, O man of ruddier cheeks than the quicken berry.
62. Thy eye was bluer than the berry, On the edge of
wild high peaks, And the flash of thy eye was gentler Than
the sigh ofthe wind which bends the grass on every ridge '.
do bheal Ghrainne. Il is often that mouth gave a kiss to Grainne. Siiui-
larly, the version collected from oral tradition in Ballyvournev, v. The
Reproach of Diarmaid, R. C, vol. XXXIII, p. 44, n. In O'Grady's version,
192-4, II, § 45-48 and in the other manuscripts ofthe i8th century literarv
version, as in the versions collected in Scotland, Finn is alone responsihle.
1. Cromlechs, caves, etc., are frequently knowu in Ireland as the bcds
of Diarmaid and Grainne.
2. Lendan, long hair, or proper name ?
?. The gentle sigh on the grass of the ridge. K. 2.
The Deaih of Diarmaid. 177
63. Thy tooth was brighter than the henbane ', That
quivered ail the day, And the sound of thy dear mouth was
sweeter than woodbirds' music on every plain.
64. Thy hair is like the brightness of the sun, Bright,
yellow, curly, and dear ; thy skin is as smooth as the foam
O thou who wast helpful in every place.
65. I am mournful without consoling mirth, But [with]
weariness and sorrow ever lamenting; The musical harp of
sweetest frolic Will never awaken my heart to joy.
GG. My spirit has fallen into a billowy sea, Crying heed-
lessly without rest, Ever recollecting thy ways. Ah, my afflic-
tion, and I without joy !
67. I shall no more hear thy speech, That was more
delightful than the music of the fiddle, Or the thrush in the
wild glens ; It has left my heart dark forever.
68. No more shall I see thy face % Or the brightness of
thy gentle blue eye ', Alas, I am under overwhelming dis-
tress ; I shall never arise to light ■^.
69. Dark is thy dwelling under the sod, Narrow thy bare
bed prepared for thee ; Never till doomsday will break the
morning That will awaken thee from thy slumber, O hero \
70. But hidden ever in the ground, Is thy head, O thou
desired of every eye. Farewell to thee and thy beauty, Now
and forever, O Diarmaid.'
71. Every poet got ready his harp, To sing to us praise
of the great hero, Mournfully, and very sorrowfully, Music
at which ever\" eye was weak and tearful.
72. Maj^'st thou be happy, O Diarmaid, Man best in
speech and fight Of ail the Fenians in Ireland, To-day our
cry is mournful.
73. Thy strength was as a torrent of water, descending to
1. Gagan, a cluster, or bunch. Hii^hland Society Dict.
2. Be seen. K. 2.
5. Beaming bright in Tir Conall K. 2.
4. Whcn, O love, shall light corne upon thee? K. 2.
5. Awaken mv love the hero K. 2.
ijS /. H. Lloyd, O. T. Bergin, G. Schoepperle.
vanquish îhv foes; in speed as the eagle of the skies, or as
tlie race of a fishskimming through the sea '.
74. O chieftain of Bearra of more beautiful hair - Than
an}' vouth among the Fenians, Undisturbed be thy golden
locks, Beneath tlie weight of the level sod ' !
75. Never again shalt thou be seen on the sea. On which
the high waves rise, Nor in the wood hunting the deer,
Nor in battle against a hundred, hewing bones.
76. Never more shall be heard the shout of th}' mouth,
which was sweeter than the call of birds, In the house of
Tara forever, O man most excellent in love and appear-
ance.
77. Dark to-day is every eye, Bright was th}- palm, bright-
er thy face; Strong and serviceable wast thou, O hero Plen-
tiful in beauty and courtesy and curls.
78. A thousand curses on the day That Grainne fell in
love with thy face; It was this that angered Finn +. And put
thee in thy might beneath the ground.
79. Although there was many a one > of strength, Around
thee, O curl of beauties, Thou wert the best hand in fence
and fîght, Alas, of ail that were in the glen .
80. But thy beauty was wont to beguile every woman, O
son of O Duibhne, swift in victory ''.
81. There h as not taken sword in hand, Of the best satin
cloaks of the Fenians, Anyone who could take thee from us.
In spite of the hosts of Fianna.
82. Nor has any taken shield or sword, That was determi-
1. Sic. Highlaud Soc. Dict. s. v. steud, quoted from Sinith's Collection
of Ancieut Gaelic Poenis (Sean Dàiia), p. 114.
2. More beautiful in brilliance. K. 2.
3. S. V. samhach, Highland Soc. Dict.
4. From his sensés. K. 2.
5. A hero of great strength K. 2.
6. Cf. W. H. T. iii, 75; F. 62. Highland Soc. Dict. s. v. suire, sui-
readh. An t-suireadh cha do thog a sùil, O chaidh an ùir do ghruaidh.
Gill. 287. The maiden raised not an eye, since thy cheek was laid in the
dust (sic). Mr. Lloyd translates : thy wooing has not raised thy eye, until
the mould went over thv cheek. But the reading is corrupt, as the Dean of
Lismore's version (stanza, 25, 11. 5, 4) shows; see translation thereof.
The Dcalh of Dianiiaid. 179
ned to approach thee, O son of O Duibhne yonder who art
dead, When thou wast in the armor of heroes.
83. But from the timc thon didst go away with Grainne,
Along every place ' Uke a phantom of death, Everyone of
us took aversion to thee, Especially Fionn — it is a sad
story.
84. No wonder that I am without heart for food. Dark
and gloomy without sokice, Seeing how many strong and
valiant warriors of oursFell every time in combat.
85. They hâve ail fallen but me alone, Like a tree rotten,
without foliage ; Every man -, youth \ and stripling,
Although very numerous were they to recount.
86. Although I am to-day without strength or protection,
Great was my violence and my vigor; without lack of men
oran^'thing. This has left me.. *.
J. H. Lloyd, o. J. Bergin, G. Schoepperle 5.
1. Along the hills K. 2.
2. Lit. oak.
3. Lit. twig.
4. Lit. an alternate life.
5. The text, translation, and grammatical notes from the Dean's Book
are by J. H. Lloyd and O. J. Bergin; the translation of Kennedy's version
is by G. Shoepperle, revised by J. H. Lloyd and O. J. Bergin. The intro-
duction and literary notes are by G. Schoepperle. This article and the pre-
ceding one on The Reproach of Dianuaid (y. p. 41 above) will form the
basis of a study of the relation of the story of Diarmaid and Grainue to
that of Tristan and Isnlt, to appear shortly in a volume on the origins of
the Tristan romance by G. Schoepperle.
BLEDHERICUS, BLEDDRI, BRÉRI
Giraldus Cambrensis, writing of the Welsh coracles, tells
the following anecdote, which is important enough, as we
shall see later, to be quoted in fuU :
" Thefishermen, according to the custom of the country,
carry thèse coracles on their shoulders to and fro from the
river : commenting, therefore, onthis circumstance, the famous
cyvarwydd, Bledhercus, who lived a little before our
time, used to deliver himself of this enigma : " There are
people among us who, when they go out to hunt, place their
horses on their shoulders, and carry them as far as the
hunt : to catch their prey, they jump on their horses, and
after catching it, they cast their horses again on their shoul-
ders and carry them ail the way home ' ".
Now Bledhercus, or, according to other manuscripts, Bkd-
fenV//^ is Gerald's Latin for the rather uncommon name Blcdd-
ri, and the late M. Gaston Paris, with whom Sir John Rhys
agrées^, has identified him with another faljiilator, called in
French Bréri, whose name occurs in the work of a certain
Thomas who, according to G. Paris, wrote in England about
the 3'ear 1 170. " According to what I hâve heard ", says Tho-
mas, (speaking of the writers of the Tristan taies), "they do
not tell it according to Breri, who knows (?) the gestes and
1 . Naviculas istas piscatores patriae ritu eundo et redeundo humeris por-
tant, unde et famosus ille fabulator Bledhercus, qui tempera nostra paulo
praevenit, super hoc casu sic aenigmatice proloqui consueverat : Sunt apud
nos gentes quae cum ad praedandum deproperent, equos humeris imposi-
tos usque ad praedam ipsam portant, ad praedam vero capiendam equis
insiliunt, atque capta statim equos humeris iterum injectes, domum redeundo
reportant. — Desciiptio Kaiiihriae, I. Chap. 17 (PoweH's édition, 1804,
p. 212).
2. Arthuiian Legend, p. 373.
BJcdhericus, Bh'ddri, Bréri. i8i
the taies of ail the kings, of ail the counts that hâve been in
Britain '. " The inference is that the French writcr considered
Bréri to be the original authority, and that the rest were inac-
curate because they did not follow him.
Since G. Paris made this discovery, otheraccounts of Bledd-
ri hâve been found. Wauchier de Denain, the continuator of
Chrétien de Troyes's Perceval, attributes the original of the
Perceval collection to one Bleheris, " who was born and bred
in Wales... and who related it to the Count of Poitiers, who
loved the history ^ " The name Bleheris is again mentioned
further in the story', and another of this séries of talcs is
attributed to one Maistrc Blihis-^.
Proceeding on the assumption that ail thèse names — Bled-
hericus, Bleddri, Bréri, Bleheris, and Blihis — represent only
çne person, is it not possible to ascertain anything about the
history of this great Welsh fount of continental Romance ?
Miss Weston is inclined to see in him the Bleddri who was
consecrated Bishop of Llandaf in 983, and who died in 1022.
According to the Myvyrian Ârcbaeology'', he was a great scho-
lar and lover of literature, and it is to be noted that he was
acontemporary of Guillaume le Grand, Count of Poitou (990-
1029)^. Against this identification is Gerald's statement that
" he lived a little before our time ". Gerald was born in
1147', so that his birth was separated from Bishop Bleddri's
death by 125 years, and, therefore, it seems quite impossible
that he could refer to him. Further, it seems to us certain
that Gerald, who knew the ecclesiastical history of Wales to
1 . Mes sulum ço que j'ai oï
Nel dient pas sulum Breri,
Ky soit les gestes e les cuntes
De toz les reis, de toz les cuntes
Ky orent esté en Bretaingne.
2. See Miss Weston's Lcgend of Sir Perceval, p. 288.
5. Ibid.,^. 2SS.
4. Ibid., p. 276.
5 . This is lolo Morgannwg's version of Brut \ Tywysogion, and like ail his
documents, is open to grave suspicion.
6. Miss Weston's Pcrci^i'a/, p. 293.
7. Dr Owen's Gerald the Wehhiiaii, p. 2.
i82 IV. J. Gruffydd.
pertection, would never hâve referred to a well-known bishop
merely as afabiiJafor.
The only other Bleddri known to Welsh historians was
Bleddri ab Kedivor who, in 1116, had charge of a Norman
Castle '. This same Bleddri, as shown by the attestations,
gave between 1129 and 1134^ a pièce of land at Eghvys
NewyddbyCaermarthen to theprior^^ofSt John in thattown >.
He and his daughter are mentioned in 1131, and in the
same year he is one of the Knights of the " honour " of Caer-
marthen '^, and is mentioned as Bleberic the Welshman. His
son Gruffudd, according to a prior entr}»- in the Cartular)'^ ',
makes a grant of the land which his father had already given,
so that the King's confirmation of the grant already noticed
was not made when Bleddri gave it, but when the heir
Gruffuddgave it; so that Bleddri must hâve died before 11 34.
We hâve seen that he was alive in 1131, and therefore the
date ofhis death lies between 1131 and 1134, that is to say,
about fifteen years before the birth of Gerald.
Now, we think it certain that this Bledhericus of Caermar-
then was the fabulator referred to by Gerald, and the Bréri or
Breheris of the French writers, and thèse are some reasons for
thinking so. First of ail, his date fits exactly with Gerald's
remark" that he lived a little before our time", and
it is not likely that there were two ïâmous jabiilatores of the
same name living at the same time. Secondly, there is the
riddle concerning the coracles, — which makes it necessary
that û\& fabula tor who uttered it should hâve lived somewhere
where such coracles were common sights, and of ail places in
Wales, Caermarthen is the most likely spot. To this day, it is
the head-quarters of this method of fishing, and Gerald's co-
racles, as he describes them, correspond in every détail to
those still used by the Tywi fishermen at Caermarthen. Hère
" Bleheris the Welshman " admirably fits the requirements
1. Brut y Tywysogion, p. 126. Llovd's History of Wales, p. 428.
2. Do. p. 428.
5. Cartularium S. Johannis Bapt. de Caermarthen, p. 10.
4. Lloyd's Hisl. of Wales, p. 248.
Bh'dhericiis, Bhulii, Brérl. ' 183
of the case, — his home was at Caermarthen, and most of
his life wasprobably spent within viev/ ot the fisheries of the
Tywi. Thirdly, (and this is the most important point), he is
called in the cartuhiry Blcdcriciis Latinicni, which further on,
is written Latiiiieri. Now the final / is not the genitive ter-
mination, and cannot be explained as part of a Latin word;
latimeri, therefore, is a half-hearted attempt to Latinise the
Welsh IJadiiierydd, the final / representing ydd, as it does to
thisday in the speech of South Wales. Now Lladnierydd (from
an English Latimcr, from O. French Latinier) means " inter-
préter ", and Prof. Lloyd thinks that this epithet means that
" it was his spécial duty to convey the royal commands to his
fellowcountrymen ", which may very well hâve been the case.
It may, however, hâve a much wider significance, that he inter-
preted the " matter of Britain " to the Normans', exactly as
Bréri or Breheris is represented as doing by the French wri-
ters. Apart from his significant title, he seems to hâve been, by
virtue of his rank as Norman Knight and Welsh land-owner,
in the very position which would enable him to make the Nor-
mans acquainted with the taies of Wales. Lastly, there is the
date of II 70 which G. Paris assigns to the author who men-
tions him, that is about 38 years after the death ofBledericus,
of whom, therefore, he may well hâve been a contemporary.
To us, the évidence seems as certain as such évidence can, from
the nature of the case, be. At least, the search-light of future
scholarship may very profitably be turned in the direction
of Bleheric the Welshman, and if further confirmation of our
theory be torth-coming, the last nail will hâve been driven
into the coffin of Prof. Foerster's arrogant théories.
Cardiff. W, J. Gruffydd.
I. Sur ce point, comme sur plusieurs autres traités dans cet article, voir
la lettre de M. Edward Owen, qu'a publiée la Revue Celtique, t. XXXIL
p. 5 et suiv. [N. d. 1. R.].
LLYMA VABINOGI lESSU GRIST
Such is the title of a fragmentary manuscript included in
the volume known as Peniarth 14, Pari II (== Hengwrt ij),
formerly in M' W. R. M. W5mne's collection at Peniarth,
but now with many others in the National Library of
Wales, Aberystwyth.
This manuscript which deals with incidents in theearlylife
of Christ is incomplète; the first folios, and also two others in
themiddleof the text, are missins; and the MS bénins with the
flight into Egypt. Fortunately we possess two other Welsh
versions of the vtûbinogi, also in Peniarth MSS at Aberys-
twyth, one in the White Booh of Rhydderch or Peniarth j" and
the other in Peniarth 14, Part I (= Hcngiurt 2^). The three
MSS contain independent translations ot a Latin text relating
to the Virgin Mary and the child Jésus. According to the
introduction to Peniarth j fol. xiv, Matthew the evangelist
wrote an account of Christ's doings in Hebrew ; this was
translated into Latin by S' Jérôme at the instigation of Chro-
matius and Eliodorus.
In order to compare the Welsh translations with the Latin
original use has been made of the édition of the Aprocryphal
Gospels brought out by Tischendorf^. In the introduction to
the Gospel of S' Matthew (Pseudo Matthaei Evangelinm sive
Liber de ortu beatae Mariae et Infantia Sahiatoris), Tischendorf
mentions four Latin MSS : i) in the Vatican, which he has
I. Edited in 1892 with an English translation by the Rev. Robert
Williams, Sélections froni the Hengurt MSS, vol. II, pp. 212-237, under the
title Biiched Meir Wyry (translated pp. 582-599).
2. Fr. Const. Tischendorf, Evangelia Apocrypha, Lipsiae, Avenarius et
Mendelssohn, 1853.
LIviiia Valnnogi lessu Grist. 185
principally utiliseJ for his édition, 2) Laurentian Lihrary, 3)
and 4) at theBibliolhêqne Nationale, Paris, theone dating frorn
the XIV''' and the other from the xv''' century. The dates of
i) and 2) are not given.
Without a very thorough investigation it is not easy to say
of which Latin MSS the Welsh are translations, nor is this
necessary for our purpose.
There is not sufiicient internai évidence to show where the
Welsh translations were made, but it is less difficult to tix
their respectives dates. According to D"' Gwenogvryn Evans *
the folios of the IVhite Book containing the translation belong
to the firstquarter of the xiv^'^ century : the foHos oî Peniarlh
14, containing Llynia Valnnogi Icssu Grist date from the second
quarter of the same century % while those containing the
third MS. are earlier in date than either of the other two,
having been written about the middle of the preceding cen-
tury. The language of this MS may well be compared with
that of the Book of Aneirin which also dates from the early
part of the XIII''' century.
It has beendecided to re-editthe version found in Peniarth J.
The late Rev. Robert Williams, probably to make his text
appear less difficult, modernized the spelling generally;
in a few cases, however, he has given older forms of the
words than those actually occurring in the MS, e.g. he has
taken no notice of the spelling dd for d, although several
instances occur of its use. In this way a great many forms
which are of interest to the philologist hâve been lost : thèse
hâve everywhere been restored, and errors in the reading ot
the manuscript hâve also been corrected. A list of those words
in the Sélections which differ from the MS (followed in the text
by an asterisk) will be found immediately after the text itself,
p. 234. Corrections of the texts hâve been suggested in the notes,
and a very literary translation has been given of the first MS,
mainly tor those who are not familar with mediaeval Welsh.
It is my pleasant duty to thank those friends who helped
J. Report on MSS in tljc Wctsh Language, vol. I, Part II, Peniarth, p. 305.
2. Ih. p. 352.
i86 Mary IVUVmms.
in the copying of one of the MSS at a time when it was inacces-
sible to me, as well as Sir Edward Anwyl for his kindness in
reading tlirough the texts and in giving manv valuable hints.
I hâve been able to consult ail the manuscripts personally at
Abei-ystwyth where I received every attention from the
Librarian, M"" Richard Ellis.
I
LLYMA VABINOGI lESSU GRIST '
(P. II 6) - I. ' Kymer y map ae uam heb yr angel wrth
iosep a dos y fford y diffeith yr eifft A losep ynteu a aeth mal
y gorchymynnawd yr angel A gwedy dyuot onadunt hyt yn
emyl gogof a mynnu goriFowys y disgynnawd y wynuydedic
wyry y ar y march yr llawr ac eisted a oruc a daly y map
yessu ar y harffet Ac yd oed y gyt a Iosep tri gweis A chyt a
meir llawuorwyn uechan yn kerdet a llyma yn disymwth
Uawer o dreigieu yn dyuot allan or ogof Sef a oruc y gweision
pan y gwelsant dodi gweidi rac ouyn. Sef a oruc yessu dis-
gynnu yr llawr y ar arffet y uam a seuyll ar y draet e hun ger
bron y dreicieu ac adoli a oruc y dreigieu ydaw Ac odyna
mynetymeith y wrthunt. Yna y kyflenwit yr hynn a dyuawt
dauyd broffwy t ch wchwi y dreigieu or daear molwch yr arglwyd
A cherdet a oruc y mabyn bychan yessu rac eu bron a gorch-
ymyn udunt na wnelynt godyant nac argywed yundyn Meir a
Iosep hagen a oedynt ac ouyn arnadunt rac gwneithur or
dreigieu arg}^wed ydaw Ac yna y dyuawt lessu wrthunt Na
uit arnawch chwi ouyn amdanaf i yr uy mot yn uabyn
bychan perffeith wyf i yr hynny a reit yw y hoU aniueili-
(p. 117) eit y koedyd bot 3^n dof ger uy bron yn unffunut a
chyt bydynt dof a hynny heuyt y Ueot ar lleoperteit yn adoli
ac yn kytgerdet ac wynt yn y diffeith. Pa fford bynnac yd ei
ueir a Iosep y kerdynt wynteu yn eu blaen hwy y dangos ford
1. According to Peniarth 14, Part. II (= Heiigwrt ij), pp. 1 16-135.
2. Thèse numbers refer to the pages of the manuscript.
3. Refer to the paragraphs of the manuscript.
Llynid J'ahinogi Icssii Grist. 187
udunt ac y adoli lessu A flan weles yr arglwydes ueir. gyntaf y
Ucot a llawer o amryw genetlocd o uwystuiloed yn dyuot yn eu
kylch ouynhau a oruc A thaii chwerthin y dyuot y map lessu
wrthi Na uit arnat ouyn uy mani nyt yr sarliaet yt uy mam
nyt yr sarhaet y maent yth ganhymdeith namyn yth wassa-
naethu y maent yn dyuot Ac or ymadrodyon hynny y tyn-
nawd ef ouyn oc eu kalonneu hwy Ar lleot a oedyn yn ker-
det ygyt a wynt ac ygyt ar essyn ac ar ychen ac ar pynuairch
a arwedynt eu hagenreidieu Ac ny wneint argywed y dim
namyn kerdet yn hynaws war ym plith y deueit ar aniueilieit
ereill a dugessynt ganthunt o ludea. ym plith y bleidieu y
kerdynt ac nyt ouynheynt dim ac ny wneit argywed y nep
yna y kyflenwit yr hyn a dyuot y proffwyt y bleidieu a bor-
thir ymplith yr wyn ar llewpart gyt ar myn Deu ychen ynteu
a oedynt yn tynu ben ac eu bwylhvr yndi Ac odyna y pen
y trydyd dyd gwedy eu kerdet oc eu gwlat blinaw a wnaeth
yr arglwydes ueir (p . 118) yn y diffeith o ormod gwres yr
heul Ac arganuot prenn a oruc hi a dywedut wrth losep mi
a orffwyssaf ychydic ynghysgawt y pren hwnn A bryssyaw a
oruc losep parth ac attei ae dwyn y tu ar pren palym ae her-
byn y ar y march yr llawr Ac gwedy eisted or arglwydes
edrych a oruc ymric y prenn a hi a welei y prenn yn gyflawn
o aualeu Ac yna y dyuawt hi wrth losep da oed gennyf beth
or aualeu rackw pei gellit yw caffel A iosep a dyuawt wrthi
Ryued gennyf dywedut o honot hynny a thi yn gwelet uchet
ybalmitwyden honn Medylyawydwytti am uwyta ffrwyth y
palym A goualu ydwyf inheu rac eissieu dwuyr y syd yn
treiaw yr awr hon yn an barileu ac nyt oes yn ford y an date-
bru Ac yna sef a oruc yesu yn uabyn bychan ar arfiet y uam
dan chwerthin dywedut ual hynn Gostwng brenn dy uric a
fForth ni oth ffrwyeu ' Ac ar yr ymadraw ^ hwnnw y gostyng-
hawd y pren y ulaen adan draet yr arglwydes ueir A chyn-
nullaw a orugant y frwytheu a bwyta a orugant a uu da gan-
thunt or ffrwytheu hynny Ac gwedy daruot kynuUaw yr holl
aualeu y pren a drigawd yn grwm ar y llawr y aros erchi
1. L. jfrwytbeii.
2. L. ymadrau'd.
i88 Mary Williams.
idaw gyuodi or gwr a archassei ydaw ystwng A'c yna y
dvuawt yessu wrth y pren. ymdyrcha balmitwyden ac ymga-
darnhaa (p. 119) a byd gedymdeith ym gsvyd ineu y syd ym
paradwys uyn tat i. Ac egor oth wreidieu g^vytheu o dwuyr
y syd yn kud yn y daear megis y llithro dyfred onadunt y an
gwalonacau ni Ac yn y lie ymdyrchauel a oruc y pren yn y
seuyll Ac yna ymoUwng ffynnawn or dwuyr gloewaf ac oeraf
a dechreu redec y adan wreid y pren A ffan welssant hwy y
dwuyr ar fynnawn llawenhau a orugant o lewenyd mawr a
chymryt digawn ac wynt ac eu haniueilicit or dwuyr ae
diolwch yr unduw.
2. A thrannoeth ac wynt yn kychwyn odyno ymchwelut
a oruc yesu at y balmitwyden a dywedut ual hynn Mi a
orchymynnaf y ti balmitwyden yny dycko uy engylyon ibeth
oth wreid di odyma or blaen ' y baradwys uyn tat i Ami ath
uendlgaf megis y caffo pawb or ath arwedo gorffen dan ar ba
weithret da bynnac a dechreuo ae uot yn uudygyawl ym pob
peth Ac ual y dyweit ef hynny Uyma y gwelynt wynteu angel
yr arglwyd yn seuyll ar y pren palym ac yn dwyn un oe
cheingkev ac yn ehedec yr nef ar geing yn y law. A ffan wel-
sant hwy hynny eryneigiaw a orugant megis pei bydynt
meirw A dywedut a oruc yessu wrthunt. Paham y byd ouy -
arnawchwi pany wdawch chwi y mynnaf (p. 120) vi dwyn
y balmitwyden a wneuthum uuhun y baradwys uyn tat i ac
y byd yno yn digriuwch ym seint i megis y paratoet yn y lie
diffeith hwnn.
3. Ac odyna gwedy kerdet onadunt. y dyuot losep Arglw-
yd hep ef gormod gwres ysyd yn argywedu yn yn uawr
Arglwyd os da gennyt ti ni a ganlynwn y ford gan yr aruor-
dir mal y gallomgaftel dinassod ' yn amyl gan lan y mor y
orffowys : le heb yr yessu wrth losep. Na uit arnat ouyn mi
a diuyrraf y wch megis y galloch gerdet yn un dyd ymdeith
dec niwyrnawt arugeint ysyd odyma hyt yno Ac val y bydynt
yn ymdidann am hynny llyma y gwelynt mynyded yr eifft ae
1. L. oe hlanu, cf. p. 224, I. 6 and the LâX'm et planietur.
2. L. ouyn, the mark above y, denoting n, has been omitted.
3. L. (Umusoed, and cf. p. 224, 1. 19.
Lhnia Vahinogi lessii Grist. 189
dinassoed yn ymdangos udunt A llawen uu ganthunt hynny
a chyrchu dinas a orugant ac nyt oed nep a etnepynt yno
wrth geissiaw llety '. Pobyl y dinas hwnnw ynteu agyrchess-
ynt y datleu. Ac yno yd oedynt effeirieit y dinas Irvnnw yn
dysgu y bawp aberthu yr dwyweu yn wahanredawl hcrwyd
anryded eu dwywolder Ac yd oedynt o eu dwyweu yna yn y
dinas hwnnw gwedy ryossot pynip ar ugeint a thrychant.
4, Ac yna y damweinniawd pan gyrchawd yr arglwydes
ueir yr demyl digwydaw yr holl eu dwyweu yr llawr yn uriw
yssic mal na dywedynt dim ac na (p. 121) ellynt dywedut
dim rac llaw o liynny allan. Ac yna y kyflenwit y geir a
dyuot Isaias broffwyt. Efadaw yr arglwyd ar wybren ysgawn
Ac ef a gyrch yr eifFt Ac ef a gyffryoir holl eu dwyweu gwyr
yr eifft o weithretllaw Ac yna pan gannatawyt hynny y affro-
dis tywysawc y dinas hwnnw. Ef a doeth yr demyl ef ae
holl lu y geissiaw gwelet pwy rybarassei yr dwyweu digwyd-
aw, A chyrchu yr demyl a oruc ef ac gwedy gwelet yr holl
eu dwyweu gwedy rydigwydaw yn gorwed ar y llawr. nessau
a oruc ef ar y wynuydedic ueir a ytoed yn kynnal y harglwyd
ar y harffet Ac adoli a oruc ydaw ac odyna dywedut wrth yr
holl lu ae holl gedymeithyon Ony bei uot hwnn yn duw ny
syrthyassei an dwyweu ni yn wysc eu hwynepeu ac ny orwe-
dynt yn angwyd ni. Ac y maent yn ardystu eu harglwyd pan
ytynt yn tewi. Ac ony wnawn ninheu yn ehegyr yr hynn a
welwn an dwyweu yn y wneithur ef a allei yn gaffel y anuod
a mynet yn gw^byl ym perygyl megis y damweiniawd gynt y
ffarao urenhin yr eifft am na chredawd gynt yr sawl wyrth-
yeu ef a uodes yn y mor ac ef ae holl lu Ac yna y credawd
holl bobyl y dinas yr arglwyd yesu grist.
5. Ac odyna gw^dy mynet lessu ymeith orre(p. I22)ifftac
efyna yn trigaw yngalilea ac yn dechreu mynet yn y bymhet
uulwydyn oe oet ac yd oed diwsadyrngweith ef a meibion
bychein yn gware ar lan eurdonen. Ac wedy eisted o lessu
gwneithur a oruc or llwch seith lyn bychein agwneuthurryg-
neu bychein y dwyn y dwuyr o bop un onadunt yw gilyd ac
or Uynneu elchwyl yr auon wrth y arglwydiaeth ef Sef a oruc un
I. V. p. 224, n. 3.
Revut Celtique, XXX lll. 15
190 Mary Williams.
ormeibion hynnymapo uedwl kynghoruynus gwarche ykwn-
dit a oed yn gwasanaethu dwuyr yr llynneu a throssi y
gwarche rywnadoed yesu Ac yna y dyuawt lessu wrthaw yn
wir map angheu map kythreul. paham y gwasgarut y gweithyeu
a wneuthum i Ac yn y lie y bu uarw y map a wnathoed
hynny Ac yna ogynhyruus lef kyriaw ' a oruc y - ryeni y mab
manv yn erbyn losep a meir a dywedut awch map chwi a
ymgeiniawd ac an map ni yny uu uarw. A phan gigleu losep
a meir hynny dyuot a orugant ar yessu o achaws kynnwryf
ryeini 5 y map marw a thraplud yr Ideon Ac yna y dyuot
losep wrth ueir yn kyfrinach Ny lauassaf vi dywedut wrthaw
ef dysc di euo a dywet wrthaw ual hynn Paham y kyfroeisti
di y bobyl y an atkassau ni megis ydym yn godef blinder y
bobyl Ac yna pan doeth y uam ataw^....
6. (p. 123'') a dyuot wrthaw ynteu Pwy a allei kynnal y
map hwnn ae dysgu Ac os gelly di dise ef a chynnal a ffan
gigleu lesuyr hynn a dywedassei Zachias atep a oruc efa dywe-
dut wrthaw Tydi athro y dedyf y bychvdic a dy wedeist di reit
y w y dyn kyffelyp a thydi y gadw Estronawl wyf i y wrth dy
ossodeu di ac }^vrth awch dedyf chwi kanyt oes dat knawdawl
ym a thydi a darlle y ded3'f ac yddwyt yn dysgedic yndi A
minheu a ytoedwn kyn bot y dedyf Ac yd wyt ti yn tebigu
nat oes dy gytfelyp di o doethinep. Myui ath dysgaf di ac nyt
oes nep a allô uyn dvsgu i eithyr y nep a henweist di Euo
hagen ae dichawn kanys teilwng yw A phann ym dyrchauer
inheu or daear mi a baraf beydyaw a chymwyll boned y gene-
dyl honn Ac ny wdosti pa bryt yth anet a myui uuhun a wn
pa bryt 3'wch ganet chwi a pha hyt y bydwch uvw ar y daear
honn Ac yna pan gigleu bawp y geirieu hynnv aiyneic mawr
ac ouyn a aeth arnunt a chriaw a orugant a dywedut O. O.
O. Ilyma beth mawr anryued. Ny chlywyt eirioet kyfryw a
hynn na chan ramadegwr na chan naturwr nvni a wdom pa
le y ganet hwnn Ac abreid y w bot hwnn (p. 124) yn bumlw-
yd etwa a ffa delw y dyweit ef y ryw eirieu hynny Ac atep
1. L. kria-cu, cf. 1. 30.
2. This is not a Welsh construction. Cf. p. 212, 1. 17, and Strachan,
Introdiictioti to Earlv IVelsb, p. 21, § 24 b.
3. L. ryeni.
4. Four pages of ihe manuscript are missing.
Llynia Fabiiiooi Icssii Crisl. 191
a oruc or Ideon Ni warandawassam ni eirioet y ryw eirieu
hynn gan y gyfryw uebyt Ac atep a oruc yessu wrthunt
llyued yw gennwch cliwi dywedut o uap kyfryw a myui Ac
am hynny ny chredwcii cliwi yr hynn a dywedeis i ywchwi
A mi a dywedeis ywch y gwydywn ichwchwi a ffa bryt ywcli
ganet Mi a dywedaf ywch beth y syd uuwy a ryuedach gen-
nwch Efream y gwr a dywedwch y uot yn dat ywch mi ae
gweleis ac ynteu am gweles inheu a mi a ymdideneis ac ef A
phann ghxwssan hynny sythu a orugant ac ny lauassei nep
dywedut dim Ac yessu a dyuot wrthunt Mi a uum yn awch
phth chwi ac nyt atnabuawxh chwi vyui Mi a dywedeis
wrthuwch megis pet uydewch prud ac ny dyaliassawch uy
llef i kanys llei oedewch a bychan oed awxh ffyd
7. Ac eilweith yr athro Zachias dysg3^awdyr y dedyf a
dyuawt wrth losep. rodwch ataf i y map a minheu ae rodaf
ef yr athro leui a liwnnw a dysc ydaw lythyr Ac yna drwy
ymanhed ac ef y duc meir a losep yesu yr ysgol oe disgu at y
meistyr leui A phan doeth y mewn tewi a oruc Ar athro leui
a dyuot wrth lessu gan dechreu y a(p. i25)gwydor dywet
hep ef alpha Tewd a oruc yessu hep atep ar dim Ac yna llidiaw
a oruc yr athro leui ae ysgyfleit a gwialen ae daraw ' ar y
benn Ac lessu a dyuot wrth yr athro leui Paham y treweist
di vyui yn y wirioned Gw^ybyd di y nep a drewir a dysc y
nep y syd yn y daraw yn uwy no hwnnw euo Myui a allaf
dysgu y ti yr hynn a dywetych du hun. A deillion yw pawb
o hynn or ysyd yn dywedut ac yn gwarandaw. megis euyd
yn seiniaw neu gloch yn datsein yr rei ny synnya ac ny
dyallan eu sein eu hun. Ac odyna y dyùawt lessu wrth Zachias
pob Uythyren o alpha hyt yn thau a ossodir yn llunyethus -
wrth hynny dywet ti y mi beth yw thàu a minheu a dywedaf
y ti beth yw alpha Ac eilweith y dyuot yessu wrthunt Ar
ny wypo beth yw thaw pa delw y dichawn ef dywedut Chw-
chwi eu grefdyfwyr ^ dywedwchwi yn gyntaf beth yw alpha
a minheu a dywedaf y chwi beth yw beta. Ac yna y dechreu-
1. L. ae ysgyfleit ac daraw a gwiaJen ar y henn. Cf. theforms_)'iT/)yj'^//and
ysglyuyeit, R. B., II, pp. 54, 17 and 55,6.
2. L. llunycithus.
5. For the form of the word see Strachan, Introduction to Early M ehb,
p. 27S, 1. 10, and IVelsh dictionary (D>' Silvaii Evans) under crefyddivr.
192 Mary Williams.
aud yessu gouyn udunthen\vpobll3'thyren a dywedut Dywet
ti y mi Athro y dedyf paham y mae y llythyren gyntaf yn deir-
konglawc gronawii blaenllym kymhedrawl dygedic tynnedic
kyrymyoïi A phan gigleu yr athro leui hynny dechrvnu a
oruc ef o achaws ansawd y llythyren Ac yna y dechreuawd
leui a phawb yn y glyw (p. I26)etkria\v a dywedut Ny dyly
lîwnn y\'w ar y daear honn namyn teihvng y\v idaw y dibyn-
n3'aw 3^ 3' groc Ef a dicha\vn difodi 3' tan a guneuthur hut
ar betheu ereill A mi a deb3'gaf y mae kyn diliw 3'- ganet
hwnn Pa groth a arwedod hwnn neu pa uam ae hymduc ef
neu pa uron ae magawd ef Mi a foaf racdaw ef kany allaf
diodef un geir oe eneu Am kallon ysyd yn dechr^mu ynof yn
gwarandaw y ryw eirieu h3mn Ac n}' teb3^gaf vi nep a allô
daly ar 3' eir ef on3' b3^d duw g3^t ac ef A megis dirieit 3T
3midroeis i v hwnn 3'm kellweiriaw Pan d3'gasswn ' gaffel
disgybyl o hwnn 3' keueis inheu athro beth a d3'wedaf vi Ny
allaf ui diodef geirieu 3^ mabyn hwnn Mi a ffoaf or lie honn.
kan3' allaf 3^st3^r3'aw hynn Ac neu rs'deriw yr mab3'in ^
hwnn oruot arnaf ui yn hen wr kan3' allaf gaffel na dechreu
na diwed ar 3T hynn a gadaranhao ef . kan3''s anawd yw kaff-
el dechreu 3^ dad3'l lie na chaffer 3^ diwed Mi a d3'wedaf ywch
yn wir ac ny d3'wedaf gelwyd na heniw hwnn o dyn nae
weithret nae 3^madrawd nae 3'nni. E mae 3^ neill a bot hwnn
yn dewin ae 3^ uot 3m duw ae 3mteu angel 3' (p. 127) duw
yn d3^wedut 3'ndaw Ac n3' wnn i o ba le 3^d heniw ef neu o
baie y doeth na pha ryw wr uyd Ac yna gowenu a oruc
lessu Ac 3'n llawen arglwydieid a holl ueibion 3'r Israël 3'n
seu3dl ac yn gwarandaw dywedut ual hynn ffrw3'thlonokaent
y rei diffrwyth ac edr3'chent 3' rei deillion a cherdent 3' rei cru-
pleit A bit gyfoethawc yr rei tlodyon Ac atuywhaent 3^ meirw
Ac ymchwelent yn eu kyuan ansawd Ac 3^mchwelet bawp a
ffresswylyent gyt ar nep y syd wreidin b3^wyt a melysder tra-
gwyd 5. Ac 3"n 3^ lie pan d3'U0t y mab 3'essu h3'nn3^ pawb or
a syrthyassei yng kleu3't a heint a gawsant waret yn d3^annot
1. L.debygasswii.
2. L. mahyn as in 1. 17 and p. 186, 1. 22.
3. L. IragwyJiiw] and cf. p. 230, 1. 20, and note.
Lh'wn Vdhitioai îessu Grisf. 195
Ac ny lauassad nep dvwedut wrthaw mwy na gwarandaw dim
y ganthaw
8. Ac wedy hynny yd aeth odyno meir a losep y gyt a
yssu ' hyt vn dinas nazareth ac yno yd oed gyt ae ryeni Ac
ual yd oed Iessu diwsadwrn dreilgweith yn gware ef a meib-
ion ereill ar Uofft ef a damweiniawd digwydaw un or meib-
ion gan y uwrw o un arall or llofft yr llawr yny uu uarw
A phan weles ryeni y map marw hynny lleuein a orugant a
dywedut yn erbyn losep. awchmapchwi a ymgeiniawd ac an
mab ni or llofft yny uu (p. 128) varw A thewi a oruc yessu
hep atep udunt ar dim Acyna y bryssyawd meir a losep ar
yessu A gouyn oe uam ydaw vy arghvyd i ae tydi a uuryawd
hwnn yr llawr Sef a oruc yessu galw 'y map erbyn y hen\v ^
Zeno hep ef llyma vi hep ef Ae myui ath uuwryawd di
or llofft yr llawr Na thi arglwyd hep ynteu A ryuedu hynny
a oruc pawb. ac anrydedu yessu am y gwyrth hwnnw
9. Ac odyna yd aeth losep a meir hyt yn lerico ac yssu ^
a oed chweblwyd yna ae uam ae hanuones dydgweith y gyr-
chu dwuyr ac ysten ganthaw yr ffynnawn y gyrchu dwuyr
gyt a meibion ereill Ac yna gwedy gwehynnu y dwuyr oho-
naw y gwthyawd un or meibion ef yny dyrr yr ysten Sef a
wnaeth yessu lledu y uantell a chymryt yndi or dwuyr kymint
ac a oed yn y llestyr ae dwyn y uelly oe uam Ac edrych a
oruc hi ar hynny a ryuedu yn uawr a medylyaw a chadw
hynny yn y challonn Ac eilweith dydgweith yd aeth ef yr
tir a dwyn ganthaw ychydic o wenith o ysgubawr y uam a
heu y gwenith a oruc ef athyuu a wnaeth y gwenith ac amyl-
hau yn uawr a phan uu aduet dyuot a oruc oe uedi ac y
g^mnullaw y ffrwyth Sef y kauas kangrennoc a rodi hynny y
dynnyon a oedynt yn keisiaw da
10. Fford ysyd a a o lerico y gyrchu auon eurdonen(p.i29)
y fford y kerdawd meibion yr israel gynt Ar lie y dywedir eis-
ted orarch ystauen Ac yd oed Iessu yn wyth mlwyd yna Ac ef
a aeth o lerico y tu ac eurdonen ac yd oed yn emyl y ford gogof
1. L. v«5?/, but cf. 1. i7,andthe Irish forms, L\s»(Thes. Pal. II, p. 385),
Isu.
2. L. enw and cf. p. 196, 1. 16.
5. Cf. n. I ,
194 Marv lï illianis.
yn agos y lann eurdonen Ac yno yd oed llewes yn meithrin
y chanauon Ac ny allei nep yn dibiyder kerdet y ford honno
Sef a wnaeth lessu dyuot o lerico parth ar lie honno A gwybot
uot y llewes yn meithrin y chanauon yn y lie honno A mynet
y mewn a wnaeth lessu A phan weles y lleot yessu yn dyuot
y mewn. kyuodi a orugant yn y erbyn ac adoli ydaw ac eis-
ted a oruc lessu yn yr ogof a chanauon y lleot yn redec yn
kylch traet yessu ac yn llywenychu wrthaw ac yn gware ac
ef Ar lleot ynteu yn gostwn eu penneu ac yn seuyll o bell ac
yn adoli ydaw ac yn llywenychu ac eu llosgvrneu wrthaw.
Ac yna yd oed y bobyl 3^1 seuyll o bell Ar am na welynt
lessu dywedut a orugant. Pei na wnadoed hwnn bechodeu
diruawr nyt ymrodei hwnn oe uod yr lleot Ac ual yd oedynt
yn medylyaw acyndaly tristwch yndunt ehun (p. 130) llyma
lessu yn gwyd y bobyl yn dyuot allan or ogof Ar lleot yn
kerdet oe ulaen ac yn gware yngkylch y draet Ae reeni ynteu
ar bobyl yn gostwng eu penneu ac yn seuyll o bell rac y lleot
hep lauasu dyuot nés no hynny racdunt Ac yna y dechreuawd
yessu dywedut wrth y bobyl. llawer y mae gwell yr aniueil-
ieit yn atnabot eu harglwyd yn y glotuori no chwchwi yn
dynyon gwedy rywneithur ar delw duw hep wybot dim y
bwystuiloed am atwen i ac a uydant war y dynyon hagen
nym atwaenant i. Ac gwedy hynny y kyrchawd lessu ef ar
lleot eurdonen a phawb yn edrych ar h3'nny Ar dwuyr a
wahanawd oc eu blaen hwy ar deheu ac assw Ac yna y
■ dyuawtef wrth y lleot mal y klywei bawp Ewch yn tangneued
ac na wnewch argywed y nep na nep y chwitheu yny ym-
chweloch yr lie y doethawch ohonaw A llawenhau a orugant
o lef canys gellynt o gorff a mynet ymeith y eu lie e hun Ac
ymchwelut a oruc lessu ar y uam
II. A saer prenn oed losep ac ny wnei amgen weith noc
ereid (p. 131) yr a gwelyeu prenn Ac yn hynny y damwein-
iawd gorchym3'n o nebun was ieuang idaw gwneuthur
gwel3' prenn ydaw o chwe chuuyd yn y hyt ac erchi a oruc
3'nteu oe was torri prenneu herwyd y messur a adawsei ef ar
gwas n3^ chetwis y mod teruynedic namyn gwneuthur un
onadunt yn uyrrach nor Hall Ac 3'na gwelet o lessu ef 3^n
irofualu ac vn medvivaw ae uedvant vnteu a druanhaei wrth
Llyma Vabiiiogi lessii Grist. 195
oawp a dvwedut wrth losep o ymadrawd didan Dyret a chyn-
halvwn henneu y prenneu a chyhydwn benneu y prenneu 3'^
gyt a thynnwn hwynt atam kanys gallwn kyhydu y preneu
Ac uuydhau a oruc losep ydaw kanys gwydyat ygallei wneu-
thur vr hynn a uynnei a dodi penneu y gwyd y gyt a oruc
wrth y paret ac lessu a dynnawd y penn arall yr prenn bryrr '
yny oed gyhyt ar hwyaf. Ac yna y dyuawt wrth losep dos
bellach a gwna dy weith a losep a wnaeth y gwely megys y
hadawssei.
12. Ac odyna eihveithyd erchis y bobyl y ueir a losep péri
dysgu Ilythyr yr mab yn ys (p. 132) gol Ac ynteu a dywed-
assant nat eynt yn erbyn hynny A herwyd gossodeu 3^r hyneif
wynt a dugant ef ar athro y dysgu dynyawl wybod ydaw.
Ar athro a dechreuawd dywedut wrthaw yn arw ac erchi idaw
dywedut alpha Dywet hep yr lessu yn gyntaf beth yw beta
Sef a oruc vr athro yna IHdiaw a tharaw yessu ac yn y lie
marw yr athro ac ymchwelu lessu adref ar y uam Ac ouyn-
hau a oruc losep a galw ataw veir a dywedut wrthi Gwybyd
di uy mot i yn drist o achaws y map hwnn rac ouyn y daraw
o ryw dyn yny uo marw. Ac atep a oruc meir a dywedut Na
chret ti wr da sant gallu hynny. namyn gwybyd di y nep ae
hanuones ef y w eni ym plith y dynyon. hwnnw ae keidw ef
rac pawb a rybucho drwc ydaw a rac pob drwc yn y enw ef
13. Odyna y dryded weith yd erchis yr ideon y ueir a losep
dwyn y map ar yr athro oe dysgu drwy ymanheed A meir a
losep a oed arnadunt ouyn y bobyl Ac aflonydwch yr effeirit^
a bygwth y tywyssogyon ac (p. 133) wynt a dugant lessu
yr eilweith yr ysgol. ac W3'nt a wydynt na aallei ef dysgu
dim y gan dyn y gwr a oed eidaw berffeith wybot 3" gan duw.
A phan doeth lessu yv 3"sgol 3^ mewn ar 3'sbr3' t glan 3"n 3'
dwyn. kymr3't 3" IH'uyr a oruc o law 3T athro a oed 3'n
dysgu y dedyf a dechreu darllein ar holl bobyl 3^n edr3'ch ac yn
gwarandaw. Ac nyt o ysgriuen y Ilythyr 3' dywedei namyn
or ysbryt glan megis frwt o dwuyr yn kerdet o ffynnawn
uyw, Ac yna 3'n gyflawn o nerthoed a rat 3' d3^sgei ef uawr-
1. L. hyrr.
2. L. effeirieit.
196 Mary TFillîams.
ydicnvyd duwyr hobyl. Ar athro ynteu yn digwydaw ae wy-
nep wrth y llawr ae adoli ar bobyl yn eisted ac yn gwaran-
daw ar hynny ac a dechryn mawr arnadunt. A phan gigleu
losep hynny ouyn uu ganthaw rac marw yr athro a redec
ataw A phan weles yr athro hynny y dyuawt ef wrth losep
Nyt disgybyl a rodeist ti ataf i namyn athro, a phwy a allei
diodef y eirieu ef Ac yna y kyflenwit yr hynn a dyuot dauyd
broffw}^t Auo ' duw a gyflenwit o dyfyed^.
14. (p. 134) Ac gwedy hynny yd aeth losep a meir a lessu
odynoac y doethant hyt yn aruordir capharnawm racdrwc dy-
nyon a oed yn eu herbyn Ac gwedy trigaw o honunt yng kaffar-
nawm yd oed yn y dinas g\xr a ehvit losep a chvuoethawc oed
a chleuychu a wnaeth a marw A phan gigleu lessu dvnvon v
dinas yn kwynaw ac yn udaw ac vn wylawuch benn v marw
ef a dyuot wrth losep paham na nerthey di v gwr a oed un
henw ' a thi. pa uedyant neu pa aallu ysyd y mi heb v losep
y hynny. Kymer hep yessu y Uiein ysyd am dy benn a dotef
ar wynep y marw. A dywet wrthaw lessu ath iachao ac ef a
gyuyt yn y lie yn yach. A losep mal yd erchis lessu aeth ^
yr ty ac a dodes y lliein a oed am y benn ar W3mep y marw
Ac ynteu a gyfuodes y uynyd ac a ouynawd pwy 3T lessu
15. Odyna yd aethant o gaffarnawm hyt y bethlem ac
yd oed losep a meir yn y ty ac lesu a oed g\i ac wynt A
losep dydgweith a elwis ataw lacob y uap yr hynaf. ac erchi
ydaw uynet yr ard y g}mullaw kawl y wneuthur plwmant ac
lesu a aeth yn ol lacob y urawt yr ard ac n}' wydyat losep na
(p. 135) meir y uynet ef ac ual y byd lacob yn tynu y kawl y
neidiawd neidyr o bwll ydaw ae urathu yn y law deheu. a gweidi
a oruc ef rac dolur ac ochein a dywedut y urathu o neidvr ef
)m y law deheu. Ac yessu a oed yn seuyll g}'fuerbyn ac ef ac
a redawd wrth y arym ac ymauel a oruc ae law a chwvthu
arnei ac agori y law ae wneuthur yn hollvach a marw v
neidyr ac ny wydyat ueir a losep vkyfrang A redec a wnaeth-
ant allan wrth y llef o arch lessu ac y kawssant y sarph
yn yr ard yn varw a lacob yn hollyach
1. L. Aîioii.
2. L. dxfred, and cf. p. 233, 1. 32, and p. 248, 1. 6.
3. L. eiiw, and cf. p. 193, 1. 13.
4. L. a aeth.
Llviiia Vahitiooi h'ssu Grisl. 197
1 6. A phan elynt hwy y wahawd y doi losep ae ucibion . lacob
a loseph a ludas a simeon ae dwy chwiored aedwy ucrchctar
arglwydes ueir ac lessua meir cleoffas y chwaer hitheu arodass-
ei duw oe that ac y anna y mam hi am rodi onadunnt
hwy ueir uam le'ssu yn offrwm yr arglwyd a honnoa dodetar
henwmeirarallyr duhudyantyrieni. A phandelyntygytlessu
ac eu bendigeu ac a dechreuei uwyta. ac yuet. Ac ny lauasei
nep uwyta nac yuet nac eisted ar uwrd na thori bara hynny
bendigei ef yn gyntaf ac ony bei ef yn y lie ef a aroit yn y
delei. A phan vynnei ef uwta ' meir a losep ae urodyr ae
ueibion a uydynt yn y gylch. y urodyr ynteu a getwynt y
uched ^ efger bron eu llygeitmegis llugorn ac ae houynheint
ef. A phan gysgei lessu nac y nos nac yn dyd eglurder duw
a dywynnei arnaw. yr hwnn a uuchedokaa ac a wledycha y
gyt ar tat ar ysbryt glan heb drangc heb orffen yn oes oesoed
Amen.
THis is THE mahinogi of jesus christ.
I. Take the child and his mother, said the angel to Joseph,
and take the road to the désert of Egypt. And Joseph went
as the angel commanded. When they had corne near a cave
and wished to rest, the Blessed Virgin came down from her
horse and sat holding the child Jesus in her lap. And there
were walking with Joseph three servant men and with Mary a
little maid. And suddenly a number of dragons came out of
the cave. When the menservants saw them they uttered
cries of fear, but Jesus came down from his mother's lap
and stood hefore the dragons, and the dragons worshipped
him and then left them. Then was fulfilled that which the
prophet David said : « Ye dragons of the earth, praise the
Lord ». And the child Jesus walked before them and com-
manded them that they should do neither harm nor injury
to any man. But Mary and Joseph feared lest the dragons
should harm him. Then Jesus said to them : " Fear not for
1. A. dialectal (?) form of uwyta.
2. L. nuched.
198 Marv Willmms.
me, although I am a little ' child I ani perfect and ail the
beasts of the wood must needs be tame in my présence just
as though they were tame ». The lions also and the léo-
pards worshipped them and walked with them in the wilder-
ness : whichever road Mary and Joseph took thev walked
before them to show them the way and to worship Jésus.
When first the Lady Mary saw the lions and varions kinds of
wild beasts around them she feared, and laughing the child
Jésus said to hér : « Fear not, my mother, it is not to hurt
thee that they accompany thee but to serve thee. » And by
those words he removed ail fear from their hearts. And
the lions walked with them and with the asses and
the oxen and the sumpter horses which supplied their
need. They did no harm to anyone but walked, gentle and
tame, among the sheep and the other animais which they
had brought with them from Judea. Among the wolves did
they walk and they feared not and no one was hurt. Thus
was fulfilled that which the prophet said : « The wolves shall
be fed among the lambs and the léopard with the young
goats ». Two oxen drew a waggon with their provisions in
it.
At the end of the third day of their journey from their
country the Lady Mary became weary in the désert from the
excessive beat of the sun. And she beheld a tree and said to
Joseph: h I will rest awhilein the shade of this tree ». Joseph
hastened towards her and leading her towards the palm-tree
took her down from her horse. When the Lady had sat
down she looked among the branches of the tree and saw that
the tree was full of apples, and then she said to Joseph :
« I would willingly hâve some of those apples, were they to
behad. » He replied : «I wonder to hear thee say that when '
thou seest the height of the palm-tree. Thou thinkest of
eating the fruit of the palm, whereas I am anxious lest we be
in want of water which is now decreasing in our barrels,
and there is no way of reviving us. And then Jésus, a little
child on his mother's lap, laughing spoke thus : « O tree, let
down thy branch and feed us with thy fruit. » And at those
words the tree bent down its tips under the Lady Mar\''s feet.
Ll\ma J'ahinoi^u lessii (îrisl. 199
And they gathered the fruit and ate as much of the
fruit as seemed good to them. When they had finished
gathering ail the apples the tree remained bent on
the ground waiting to be told to erect itself by him who
had bidden it bend down. Then Jésus said to the tree :
« Arise, palm, and grow strong and be the companion
of my trees which are in my Father's Paradise. And
out of thy roots open veins of water which is hidden in
the earth, so that water may flow from them to quench our
thirst ». And at once a spring of the purest and coldest water
was let loose and began to flow from under the roots of
the tree. When they saw the spring and the water they
rejoiced exceedingly and tookenough ofthe water for them-
selves and for their cattle and gave thanks to the one
God.
2. The next day, as they were starting thence, Jésus
returned to the palm tree and spake thus : « I command
thee, O palm-tree, that my angels take some of thy roots
and plant them in my Father's Paradise. And I will bless
thee that whosoever shall bear thee shall accomplish whatever
good deed he may begin, and he shall be successful in every
thing. » And as he spoke thus they beheld an angel of the
Lord standing on the palm-tree andtakingone of its branches
and flying to heaven with the branch in his hand. And when
they saw that they were struck with terror as though they
were dead. And Jésus said to them: « Why should ye fear,
do ye not know that I will take the palm I myself made to
my Father's Paradise, and there it shall be a delight to my
saints as it was prepared in this wilderness ! »
3. When thev hadjourneyed Joseph said: «Lord, said he,
we are greatly oppressed by too much beat. Lord, if it be
thy will, we will foUow the road along the shore so that we
may frequently find cities near the coast where we may
rest. » Jésus spoke to Joseph : « Fear not, I will shorten the
way for you so that in one day ye may make the journey
of thirty days which there is from hère to that place. » And as
they were speaking of this they saw the mountains of Egypt
and its cities appear before then. And they rejoiced thereat
200 Mary JVilliatus.
and went into one of the cities, and no one recognised them
as they sought a lodging. The people of that city had met
to dispute, and the priests of that city \vere engagedin teach-
ing everyone to sacrifice separately to the gods because of
the honour due to their deity ; and three hundred and
twenty five false gods had been set up in that city.
4. And then it happened when the Lady Mary' went into
the temple that ail the false gods fell down and were broken
so that they said nothing nor could they sa}^ anything from
that time forth. Then was fulfiUed the word which the pro-
phet Isaiah spoke : « The Lord will come on a light cloud
and He will go to Egypt, and He will disturb ail the false
gods of the men of Egypt, made with hands. » And when that
was made known to Affrodis, the prince of that citv, he came
to the temple with ail his host in order to see who had caused
the gods tofall. And he went to the temple and after seeing ail
the false gods fallen and lying on the ground he approached
the Blessed Mary who was holding her Lord on her lap and
he worshipped him and then said to ail his host and his com-
panions : « Were this one not a God our gods would not
hâve fallen on their faces and they would not hâve lain before
us : and they bear witness to their Lord by their silence.
If we do not do immediatelv as we see done bv our
gods we may incur His displeasureand run intogreatdanger as
formerly befell Pharaoh King of Egypt : because he did
not believe in the many miracles he was drowned in the sea
with his entire host. » And then ail the people of the city
believed in the Lord Jésus Christ.
5. When Jésus had left Egvpt and was living in Galilée and
beginning thesixth yearofhis âge, on a Saturday he went with
littlebo5's to play on the banks ofthe Jordan. When Jésus had
sat down, out ofthe dusthemade sevensmall ponds and small
channels to take the water from one pond to the other and
from the ponds again to the river as he directed. But one of
those boys, a child of envious mind, closed up the conduit
which served the water of the ponds and broke down the
dam which Christ had made. Whereupon Jésus said to him :
« Verily, child of death, son of the evil one, why didst thou
Llynia Fahinogi Jcssii Grisf. 201
disperse my work ». And the boy who had donc so a: once
died. With turbulent cry the parents of the dead boy com-
plained against Joseph and Mary, saying: « Your son quarrell-
ed with ours so that he died. » When Joseph and Mary heard
that they came to Jésus because of the tumult raised by the
dead boy's parents and the turmoil of the Jews. Then Joseph
said secretly to Mary : « I dare not say anything to him, do
thou teach him and speak to him thus : « Why hast thou
roused the people to disHke us so that we suffer the people's
anger ? » And when his mother came to him
Four pli i; es arc missiiig in the inaiiitscript.
6. and said to him : « Who can keep this boy and teacli
him? if thou canst, teach and keep him. » When Jésus heard
what Zachias had said he answered and said to him : « Thou,
teacherof the Law, the Uttle that thou hast said, a man such
as thou art must observe. I am a stranger to thy ordinances
and to your law for I hâve no earthly father. Thou readest
the Law and art learnèd in it, I was before the Law. Thou
thinkest thou hast not thy equal in wisdom. Iwill teach thee.
There is no one who can teach me except the one thou hast
named, but He may, for He is worthy. When I am exalted
from the earth I will cause the life of this race to cease to be
spoken of. Thou knowest not when thou wast born nor
how long thou shalt live on this earth. » When every one
heard thèse words great terror and fear came upon them and
they cried and said : « O, O, O, hère is a great and very
wonderful thing ! We hâve never heard such as this, from
either a grammarian or a naturalist. We know where this one
was born, and he is hardly five years old and how can he
speak such words ». And the Jews answered : « We hâve
never listened to such words from a child. » Jésus replied to
them : « Ye deem it strange to hear a child like me speak
and so ye will not believe that which I hâve said to you.
I hâve told you I knew you and when ye were born. I will
tell you what seems greater and more wonderful to you.
Abraham whom ye call your father, I hâve seen him and he
has seen me, and I hâve spoken with him ». When they
202 Mary Williams.
heard that they stood erect and no m an dared say anything.
And Jésus said to them : « I hâve been amongst you and
ye did net recognize me, I hâve spoken to you as though ye
were wise and ye hâve not understood my cry for ye were
less and your faith was small. »
7. And againthe rabbi Zachias, expounderofthe Law, spake
to Joseph : « Give me the boy and I will give him to th'e
master Levi, and he will teach him letters. And then by per-
suasion (?) Mary and Joseph took him to school to be taught
by the master Levi. When he came in he was silent. And
the teacher Levi said to Jésus, beginning his lesson : « Say
Alpha », said he. Jésus was silent and answered not. Then
the teacher Levi became angrs' and seizing him struck him
witha whip on the head. Jésus said to Levi: Why didst thou
strike me ? Verily know ye that whoever is struck teaches
the one who strikes him more than he is taught. I can teach
thee that wliich thou sayest thyself. AU those who speak and
listen are blind, like a sounding copper or a tinkling bell
which hâve no idea of, and do not understand, their own
Sound ». And then Jésus said to Zachias : « Every letter
from Alpha to Thau is ranged in order : tell me therefore
what Thau is and I will tell thee what Alpha is ». And again
Jésus said to them : « He who knows not what Thau is how
can he say [what Alpha is] ? Ye false believers, tell me first
what Alpha is, and I will tell you what Beta is ». Then
Jésus began asking them the name of each letter saying :
« Tell me, teacher of the Law, why the first letter is triangu-
lar, rounded, pointed, symmetrical, drawn out, curved ? ».
When the teacher Levi heard that he feared because of the
nature of the letter and then in the hearing of ail he began to
cry and say : « This one ought not to live on this earth, he
is worthy of being hanged on ihe cross. He is capable ot
putting out the fire and of laying a charm on other things.
I think he was born before the flood. What womb has
borne this one, what mother bore him, what breast nourish-
edhim? I will flee before him for I cannot bear a wordfrom
his lips. My heart fears within me listening to such words.
It does not seem to me that any one can hold upon his
LJynia J'aVnnwi lessii Orisl. 203
words unless God be with him, and as tliough by misfor-
tune havf I turncd to this one to be mocked. When I had
thought of having a pupil in this one I found a master.
What shall I say ? I cannot bcai- this child's words. I will flee
from this place for I cannot understand this. And now this
child has overcome me, an old man,' for I can find neither
beginning nor end in what he maintains, for it is difficult to
find the beginning of a subject when one cannot findthe end.
I will tell you truthfuUy, I will not lie to you, this one
cornes of noman, nor his works, his words nor his energy: he
is either asorcerer, God, orelse an angel of Godspeaks within
him. I know not whence he originates or whence he has
come or what kind of man he will be. » Then Jésus smiled
and fuU of majesty, ail the sons of Israël standing and listen-
ing, he spake thus : « Let the barren bring forth fruit, the
blind see, the lame walk : let the poor be rich and the dead
live again and résume their perfect nature : let ail return and
dwell with Him who is the root of life and the eternal sweet-
ness. » Thereupon when the boy Jésus spake thus ail who
had fallen sick and into âge were at oncehealed. And no one
dared speak to him nor listen to any thing he said.
8. Thereafter Mary and Joseph went with Jésus from that
place to the city of Nazareth, and there he remained with
his parents. And as Jésus was playing one Saturday with
other children in a loft, one of them, struck by another, fell
from the loft to the ground so that he died. When ihe dead
child's parents saw this they cried and spake against Joseph :
« Your son quarrelled with ours in the loft so that he died. »
Jésus was silent and answered them not : and then Mary and
Joseph hastened to Jésus, and his mother asked him : » My
Lord, was it thou who didst strike this one to the ground ? »
Jésus then called the boy by his name : « Zeno », said he ;
« Hère am I », said he. « Was it I who struck thee from the
loft to the ground ? » — « No, Lord, » said he. And ail
were astonished and honoured Jésus for that miracle.
9. From there Joseph and Mary wentto Jéricho and Jésus
was then six years old. His mother sent him one day to fetch
water in a pitcher to the fountain with other boys. And when
204 Mary IVUliams.
he had drawn the water one of the boys pushed him so that
the pitcher broke. Jésus then spread his mantle and gathered
in it as much of the water as the pitcher held and brought it
thus to his niother. And she beheld that and was greatly sur-
prised and kept that in her heart.
And another day he went on the land and took with him
a httle wheat from his mother's barn, and he sowed the wheat
and it grew and multiplied greatly. When it was ripe he
came to reap it and to gather the fruit, and he had a hun-
dred large vessels fuU which he gave to those who sought
to do good.
. 10. A roadgoesfrom Jéricho to the river Jordan, the road
along which the children of Israël formerly went and where
the ark of the covenant is said to hâve rested. Jésus was then
eight years old, and he went from Jéricho towards the Jor-
dan. There was a cave on the road-side near to the shore of
the Jordan, and there a lioness was rearing her cubs : no one
could go fearlessly along that road. Jésus came from Jéricho
towards that place knowing that the lioness was there rearing
her cubs, and he went in. When the lions saw Jésus corne
in they arose to meet him and worshipped him, and Jésus
sat in the cave and the lions' cubs running around his feet
rejoicing and playing with him. And the lions bent their head
and stood afar otf, worshipping him and rejoicing with their
tails. The people stood afar off and as they did not see Jésus
they said : « Had this one not sinned greatly he would not
voluntarily give himself up to the lions. » As they were medi-
tating and feeling sad within themselves, behold Jésus in the
sight of air came out of the cave, the lions walking beiore
him and playing around his feet. His parents and the people
bowed their heads and stood afar otf for fear of the lions, with-
out daring to corne nearer. And then Jésus began to say to
the people : « The animais know their Lord and praise him
much better than ye men, made in the image of God. Know-
ing nothing the beasts recognize me and are gentle, but
men know me not. » Then Jésus went with the lions to the
Jordan, every one watching them. And the waters divided
before them to the right and to the left. Then he spoke to the
Ll\ma Vahiiiooi Icssii GrisL 203
lions that ail might hear : « Go in peace and do harm to no
one, and be not hurt until ye return to the place whence ye
came. » And they rejoiced with a shout for they could not
with their bodies and went to their own place. Jésus return-
ed to his mother.
11. Joseph was a carpenter : he made nothing except
ploughs and wooden beds. And it happened that a young man
commanded him to make him a wooden bed six cubits long.
And he bade his servant eut the wood according to the mea-
surement left him. But the servant did not keep to the
appointed measure, so that one oi the pièces of wood was
shorter than the other. And then Jésus saw him anxious and
lost in thought for his possessions, he who had pity upon
every one, and he spoke to Joseph comforting words : « Come,
let us hold the ends of the pièces of wood, and let us put
the ends together : let us pull them towards us for we can
make them of the same length. » And Joseph obeyed him for
he knew he could do what he wished. The ends of the wood
were put together against the wall and Jésus pulled the other
end of the pièce of wood until it was of the same length as
the longest. And then he said to Joseph : « Go now and do
thy work ». And Joseph made the bed as he had promised.
12. Again the people bade Mary and Joseph let the boy
be taught letters in school : they said they would not go
against that, and because of the ordinances of the elders they
took him to a teacher to be taught human knowlede;e.
The teacher begau to speak harshly to him and told him to
say Alpha. « Tell me first », said Jésus, « what Beta is ». The
teacher then became angry and struck Jésus, and he at once
died. Jésus went home to his mother. And Joseph feared
and called to him Mary and said to her : « Know that I am
sad on account of this boy lest any man strike him so that he
die. » And Mary answered and said : « Believe not, O good
and saintly man, that this may be. Know that whoever sent
him to be born amongst men will guard him from ail who
raeditate wrong to him, and from ail evil through His
name,
13. A third time the Jews bade Mary and Joseph take their
Revue Celtique, XXXIIl. 14
2oé Mary IVUUams.
son to a teacher to be taught b}^ persuasion (?). And Mary
and Joseph fearing the people, the unrest of the priests and
the threats of the rulers, took him again to school : they
knew he could be taught nothing bv man, he who had per-
fect knowledge from God. When Jésus came to the school,
led by the Holy Spirit he took the book out of the hand of the
master who was expounding the Law, and began to read,
ail the people looking on and listening. He did not read
what was written in the Scriptures but from the Holy Spirit,
flowing like a stream of water from a living fountain. And
then full of power and grâce he taught the people the great-
ness of God. The teacher fell on his face on the ground and
worshipped him, the people sitting listening and fearing
greatly. When Joseph heard that he was afraid lest the mas-
ter die and he ran to him. When the teacher saw that he
said to Joseph : « Thou didst not give me a pupil but rather
a teacher and who could bear his words ? » Then was fulfiU-
ed that which was spoken by the prophet David : « The river
of God shall be filled with water. »
14. Then Joseph, Mary and Jésus went thence and came
to the shore of Capernaum for fear of the people who oppos-
ed them. After they had dwelt in Capernaum a man in the
town named Joseph, a rich man, fell ill and died, When
Jésus heard the people of the city moaning and crying and
weeping for the dead he said to Joseph : « Why dost thou
not succour the man who bore tlie same name as thou ? »
« What power or what might hâve I, said Joseph, for that ? »
« Take, said Jésus, the cloth which is around thy head, and
put it upon the face of the dead, and say to him : « Jésus
heals thee », and he will at once arise well. » And Joseph,
as Jésus had commanded, went to the house and put the
cloth which was around his head on the dead man's face. And
he arose and asked who Jésus was.
15. Then they went from Capernaum to Bethlehem, and
Joseph and Mary were in the house and Jésus with them. One
day Joseph called to him his eldest son, Jacob, and bade him
go to the garden to fetch some cabbage to make broth. And
Jésus followed his brother Jacob to the garden and neither
Llyiiia J'iibiiiflgi lessii (h-'isl . 207
Joseph nor Mary knewthat lie had gone. As Jacob was pull-
ing the cabbage a snake leapt from a hole and bit his right
hand, and he screamed with pain, and cried and said he had
been bitten bv a snake in his right hand. Jésus was standing
opposite him and he ran at his crv; taking hold of his hand,
he blew upon it, opened the hand and healed it, and the
snake died. Maryand Joseph did not know what had happen-
ed, and they ran ont at the crv at Jesus'hidding and found the
serpent dead in the garden and Jacob perfectly well.
16. And when they were invited Joseph and his sons went,
Jacob, Joseph, Judas and Simeon and their two sisters and
their two daughters and the Lady Mary and Jésus and Mary
Cleophas her sister whom God had given to her father and
to Anna her mother because they had given Mary, Jésus'
mother, as an offering to the Lord, and to her was given the
name of the other Mary as a consolation to her parents.
And when they came together Jésus blessed tiiem and began
to eat and drink. And no one dared eat or drink or sit down
to table or break bread until he had first blessed it : if he
were not présent every one waited until he came. And when
he wished to eat Mary and Joseph and his. brothers were
around him. His own brothers kept his way of life before
their eyes as a lamp and feared him. And whenever Jésus
slept, at night or by day, the brightness of God shone upon
him who lives and reigns with the Father continually with-
out end for ever and ever. Amen.
II
BUCHED MEIR WYRY.
Fol. XIV'"'. Llyma mal y treithir o vuched Meir wyry.
ac o vabolyaeth an Hargluyd ny lessu Grist. her-
6yd mal y yscriuen6ys Alatheu euangelystor yn
Eurey. a sein Jeronym o lyuyr Matheu ac troes o
I. Refers to folios of Peniarth j.
2o8 Mary JFilliams.
yeith Eurey yn Lladin. tr6y adol6yn y gan Chroma-
tius ac Elyodorus.
I ' Y mae Chromatius ac Elyodorus esgyb* yn anvon annerch
a cliaryat ynyr argluyd. oc eu karediccaf vraut. \vy* y Gero-
nym ofFeirat. Nyny a gaussam ganedigaeth Meir wyr}'. a
mabolyaeth an hargluyd ny lessu Grist. y myén* gev lyureu.
yn yr rei y guelsam la6er o betheu gurth6yneb yn ifyd ny.
Ar petheu gurthodedic oll a gudyassom rac rodi o honam ny
yr ancrist le6enyd druy blyc ar Grist. A guedv edrych hynny
o honam y managassant deu 6r. nyt ^ Armenius a lunius yni.
caffel O' santeiruyd dy lyuyr yn Eurey a ysgriuynassei *
Vathev^ euangelystor ae la6 ehun. yn yr h6nn yd oed bu
(fol. XIV'')ched* Meir wyry. a mabolyaeth yn prynna6dyr*
ny. Ac érth hynny ny a éediun dy garyat dy yn 3T argluyd
lessu Grist. hyt pan wnelych*dy tynnv y llyuyr h6nn6
yn Lladin o Eurey y g}^mryt o hona6 arderchogruyd Grist.
Ac y vur6 ymeith ystry6 geugreuyd6yr. yrreia ymgyssgant-^
eu keluyd gyt ar anedigaeth anrydedus y geissa6 kymryt gan-
tunt 6y dysc drue. Val y kelynt ch6eruder agheu druy
velyster* buched. trugared garedic y 6 y titheu yn guarandav
ny esgyb. a brodyr yth wedia6 o dylyet caryat. Ac a 6elych
titheu* y vot yn yiaun* g6nna *. lechit ytt y gan Due. a
guedia drossa6m.
Eronymbellach dracheuenyn anvon pob gleindit ac annerch
y Chromatius ac Elyodorus esgyb. Canys ydy6ch * chéitheu
yn chôennychu guelet hynny. nyt kud3"a6 dysc a dylyir
namyn y dangos yn amluc. Matheu a vynna6d dangos y
llyuyr h6nn6 yn gyhoedauc. y llyuyr h6nn6 truy nerth
du6 mynnev ae tynnaf vn Lladin y ch6i. Canys caryat Crist
yévuufydhav* y wedieu seint valch6i. val y galloch dyuot ar
vabolyaeth Crist truydofi.
IL Yn y dydyeu hynny yd oed gur yn yr Israël. loachym
1 . Refers to paragraphs in Sdections froiii the Heugivrt MSS. (S.).
2. L.'nytamgen.
3. MS. has^.
4. L. ymgymyssgant. S. lias ymgymysgant.
* V. p. 234 et sqq.
t>
Llyma Vahl)wgi lessu Grist. 209
y eno* o luyth luda. A luiné* bugeil deueit oed. ag* ouynn
Due arna6 ynny vulder*. yr h6nn nyt oed amgen bryder
arna6 namyn cad6 y deueit. or rei y porthei efyr rei a ofuen-
neyn * Du6. Ac yn rodi deu ry6 rodyon yn ovyn Due. y rei
a lauuryeint yn y dysc. ac y rei a wassannaethei * vdunt . oe
wyn a mynnev. a g61an. ae holl da bydaul. teir rann pob
bluydyn. Vn a rodei yr meibon ymdiueit. ar guraged guedu.
ar pererinyon. ar aghennogyon. ar eil rann a rodey y rei a
diwyllynt Du6. ac ortryded rann yntev ae dyléyth a ymbor-
they arney. yn pymtheg nil6yd y dechreuod y vuched velly.
ac yn yr vgeinvet vl6ydyn y kymerih wreic Anna y heno*
verch Ysachar o lin Dauid. ac vgein mlyned* y buant y gyt
heb catîel* plant.
Dydgueith guyl y doeth loachim y g\'t a niver a oed yn
gueuthur ' aberth y Du6. A phan yttoed loachim yn arluya6*
y anrygyon* yntev y Du6. y doeth atta6 vn o hynauyeit y
temyl. Ruben y eno*. Ac y dy6ot vrthaé. nyt cannyat y ty
seuyll yn y temyl y aberth y due. Cany* vendigaudDu6 dydi
y rodi plant yt yn yr Ysrael. Ke6ilyd a fu arna6 yg guyd y
bobyl. ef a gilyaud or temel* ac a 6ylaud. ac nyt ymchéoel-
aud* y ty. namyn ar y ysgrybyl. a d6yn y gyt ac ef bugelyd
yr y myned* y eithauoed val na chly6ei y 6reic dim y 6rtha6.
Tra yttoed hitheu yn 6ylyaé yn y guedy. y dya6t^ val hynn.
Argluyd cany rodeisti y mi veibon. paham y dugost vy g6r y
gennyf. llyma pymhis na weleis * vy g6r. ac na en pa du y bu
varo*. val y kaffun péri y gladu. A hi yn y wyla6 yn y herber.
ac yn y g6edia6. dyrchauel y Uygeit ar yr argluyd a 6naeth hi
a 6elei ederjm yn y llawrwyden. hitheu a vyryod ebéch ar yr
argluyd. ac a dy6ot. Argluyd Du6 hollgyuoethauc ty a rodeist
y pob creadur etyued. yr annyueileit. yr pryuet yr pyscaut.
acyradar. alleéenyd*vdunty6 eu plant. Mivi vy hunadieith-
reist or rod h6nné. titheu a adnabuost o drechreu ' vym
priodas.i. pe rodut ym blant. ae mab. ae merch. mi ae rodun
yth wassanaeth.
1. L. giineuthur, MS should hâve gûeuthur. Cf. pp. 215, n. i, 226, n. 2.
S has gwneuthur.
2. L. dyôaôt, but cf. pp. 212, 1. i, 214, 1. 6. S. has c^vicaivl .
3. L. tkchreu as in S. cf. p. 216, 1. 20.
2IO Mary Williams.
III. A thra yttoed yn diéedut * hynny gar y bron hy y
ymdangosses idi agel. yn d3'6edut. Anna, nac ofnaha. Can3's
yg kygor* Du6 y mae dy blant ty. ac a aner o honat ty. a v^'d
ryuedaôt yr hoU oessoed* hyt y dy6ed. A guedy dy6edut or
agel hynny a énaeth ' y 6rthi. Hi a ergrynnaôd pan welsei yr
agel yn dv6edut yr ymadraud. Ac yna hi aeth y chudygyl, ac
a yntredaud yr guely. a megys marw. yn hyt y nos ar dyd y
trig}'aud yn y guedy*. Guedy hynny hi a el6is y moréyn attei
ac a dyéot vrthi. A wely dy vy gueddaut ^. i. am gouut. ac
ny wnneisty dyuot attaf .i. Ac yna y hattebaud y mor6yn hy
dan trablud. A o chayod Du6 dy groth dy. ac a duc D6y dy
wry * gennyt. beth a 6naf i y ty 6rth hynny. Anna pan giglev
y vor6yn yn dyvedut hynny. a éylod eiléeith. Yn yr amsser
henné yd ymdangosses guas jeuag y rug y myn3'ded y lie
yd yttoed loachym 6rth y ysgrybyl. ac a dy6ot 6rtha6.
Paham heb ef nat ymchéely di att dy wreic atref. loachym a
dyéot. ys vgein mlyned ydym y g^'t. ac am nat oed yn blant
my a gilyeis* or temyl yn waraduys > geéilydyus. Beth a
ymhoelaf attei pan y m b6rr\'er vnweith y 6rthi. yma y trig-
yaf .i. gyt am deueit y tra vynno Due vy my6. dr6y déylaé
vy meibon. i.y rodaf y aghenog\"on. a géraged géedé. a meib-
on ymdiueit. ar rei (Fol. XV ■^) a diwylléynt* Du6. y rann
om da. Ac ydaé ynteu yd attebaud y guas jeuang. Agel y Du6
wyf i a ymdangosseis hedié yth 6reic ty. yn \vyla6 ac yn gued-
ia6. a my ae dideneis hi. Yr onn-* a 6yppechdy y keiff veich-
ogi o honnat*. a honno temel* y Du6 vyd. ar yspryt glan
a orfféys* yndi. a hi a vyd gôynuydedic ar yr holl wraged.
yn gymeint ac na dyôetto bot y cheffelyp* kynno hy na guedy.
Dysgynn* or m3'nyd ar dy wreic. A thitheu ae keffy hy eneit >
yn y chroth. yr argluyd Du6 agyffroes bat yndi. acae gônaeth
3'n vam 3'r trag3^6ydaul vendith. A loachym ae guediaud ac a
d3'6ot vrtha6. O cheueis .i. rat gar d3" vron d3'. eisted ychy-
1. L. mynet a énaeth, as in S.
2. Note the spelling and cf. p. 222,1. 13. V.also Mary Williams, Essai
sur la composition du roman gallois de Peredur, p. 29. S. has vyguedawt.
3. L. waradivydus as in S.
4. L. honn as in S.
5. L. rt eneit.
Llynia Viibiiiogi Jessu Grist. 21 [
dyc yn temyl i. a bendicca dy was dy. Yr argel ' a dy6oi
ida6. Na dyéet dy dy was. namyn dy gytwas. y vn argluyd
ydym weisson. nyt amgen y du6. Canys vy myéyt .i. am
diaôt ^*. anweledic y6. yr dynyon. ac 6rth hynny nyt myvy
a dylyy ty. y wedia6 vynet yth temel * ty. namyn yr h6nn
a rodut y my. Gwna aberth y Du6 o honaô. Yna y kymertli
Joachym oen ac y dyéot 6rch yr agel. Ny veidun .i. wneuth-
ur aberth y Du6. pei na bei didi ae harchei. a rodet gannyat
ymi y aberthu. Yna y dyéot yr agel. Nyt annog6n .i. didi y
aberthu pei nat adnebydassaon* e6yllys Du6 ymdanat. Ac
ef yn g6neuthur yr aberth. y gyt ar m6c or aberth yd aeth yr
agel y nef.
IV. Yna y dyguydaud loachym yn dadoluch. or h6echet
a6r or dyd hyt bryt gosper. Meibon. a chyneéit6yr a doeth-
ant atta6. cany6ydynt paham y 'dyg6ydassei. a debegyssynt
y vot e hun yn y lad. breid y drychauassant. A phan dy6at
ef vdunt 6y yr hynn a 6elsei o ryveduch ac ovyn. wynteu a
annogassant yda6 g6neuthur yr hynn a archassei yr agel heb
ohir. ac ymchuelut* ar* y wreic yn diannot. Guedy treiglaô
o loachym yn y vedul beth a ônelei ae ymchuelut ae peid-
ya6. y dyg6yda6d kyscu arna6. Ar agel a ymdangossassei
ida6 y dyd h6nné. ac ef heb gyscu. a ymdangosses truy y
hénn 5. ac a dyéot érthaé. Myvy yé yr agel a rodes Due yn
geitéat ytti. dysgyn yn diogelac ymchuel ar dy wreic. y da a
énnaethost* di* ty ath wreic. y mae yn amluc ger bron yr
hollgyuoethauc a ryé hat a rodet y t. y kyuryé ny bu eiroet.
ac nyscauasy prophuydi eiroet ykyffelyb. ac nys caffantvyth.
A phan deffroes loachym y geléis attaé y veibon. ac y megis -^
vdunty vreudéyt. ac wynteu. a wediassant Due. ac a dyéedass-
ant. Mogel bellach rac tremygu agel Due. kyuot*a cherdun.
ac yn arafgadun dan gerdet yr yscrybyPy bori. Wynt a uuant
dec niaéarnnaét^ ar hugeint yn dyuot. Ynayd* ymdangosses
1. L. augel. cf. p. 219, 1. 14. S. has angel.
2. L. ui6yt. . . dia6t (MS has dta6t), cf. Latin text : « Seil et cibiis . . . et
potiis meus a nuUo mortali potest videri. » (Tischendorfs Edition, c. III).
3. L. him as in S.
4. L. menegis as in S.
). L. fiiqwarunaivt. S. lias )iiicart!iKi't.
2 12 Mary Williams.
yr agel }- Anna a hi yn guedia6. ac y dya6t ' idi. Dos yr
porth a el6ir y porth eur. a thi a gyuarvydy ath 6r yno.
canvs hedi6 y da6 attat. A hitheu a vryssyod hy ae moryn-
nyon. ac yn y porth 3' seuls ac y guediod. a guedi hir aros pan
dyrcheuis y Hygeit y gueles loachym yn dyuot ae yysgrybyl ^
gar y vronn. A hy a aeth duylaé mynwgyl ydaé. a hy a
dalaud dioluch y Du6. ac a dyuot. Guedu oedun ac nyt wyf
bellach. diffrwyth eodun > a beichauc 6yf yr haur ^ honn.
A lle6enyd maur vu gan ba6p oe chefnessafyeit ac eu ketem-
deithon hynny.
V. Na6 mis guedy hynny y ganet merch y Anna, a Meir
vu y heno *. Guedy meithrin y verch teir blyned. yr aeth
loachym ac Anna y temel *Du6. i wnneuthur* aberth yda6.
o* rody Meir yn lla6or6yn > ida6. ac ygketemdeithas y g6er-
ydon. Yr honnydydac yt^ nos a trigaéd *yguassanaeth Du6.
A guedy gossot gar bron y temyl. hy a esgynnaéd pymthec
or gradeu y temyl ". hyt nat etrychei * Veir ar y reenl mal
y gnotaei maban jeuegtit. Am hynny y ryuedaud paub o
hyneif yr egluys. Yna Anna yn gyulaun or ysbryt glan. hy
a dyéot ygkyfedrychedigaeth paub. Du6 argluyd y lluoed.
cof yt) ganta6 ef *y geir a dy6ot. ef a ov6yha Du6 y bobyl o
lau tram6y yny drossei ef y kenedloed. a challonnev y rei
vfyd. Ac ef a agorres* y glusteu ef ar yn gwedieu ny. ac
a bellaod y 6rthym ny kyrcheu yn gelynyon. diffrwyth oed
y vam. a hi a vagaud goruchelder yn yr Israël, a lle6enyd.
Yr a6r honn y gallaf i rody offr6m y Du6. ac * ny allant* vy
gelynyon .i. vy gwahard. Du6 a drosses y rei hynny y
vrthyf i. ac a rodes ym le6enyd tragyéydaul. Yttoed Meir yn
ryuedaét yr bopyl. yr honn pan oed teir bluyd a gerdey o
gam da(?)^. ac yn berffeithaf y dyôedei. Ac velly 3'd ytto-
1. Cf. p. 209, n. 2.
2. L. ysgryhyl as in S.
3. L. oedun, cf. S. oedwn.
4. L. aur, cf. S. awr.
5. L. llaôuorSyn as in S.
6. L. hyi as in S.
7. This is not a Welsh construction : cf. p. 190, 1. 6, and Strachan,
Introduction to Early Welsh, p. 21, § 24 b.
8. MS very indistinct : cf. Latin text « tam viaturo o-rcssu amhulahat ».
S. has a gerdei oganeii. Cf. p. 240, 20.
Llxma Vahinooi Icssu Grisf. 213
(Fol. XV ^') ed yn ystudyaé y my6n molyannev du6. ac a
oleuhaei. hyt na thebygit y bot yn verch namyn yn vaur y
hoet. Kanys kynn brudet y ymrodei y wedieu a chynn bei
deg ml6yd ar hugein. ae hwyneb ac oleuhaei yn gyn egluret
a breid y gallei neb kyuedrym' yn y héyneb. Ymrodi a 6naei
yn y du. ac y wnneuthur *g6eitheu ny allei wraged yn yr
oes yn - eu géneuthur. A hi a gynnhalaud *y reol honn yn
oet tynner heb y thorri.
VI. Or bore beunyd hyt traean dyd y guediei. or na6uet
eiKveith yd aei y \vedia6. yny ymdangossei yr agel idi
yr hén a rodei v6yt idi. A gwellell 5 o hynny allann*y
dygronoes* yn ovyn a charyat Du6. Ac yn y di6ed guedy
kymryt dysc o honei y gan werydon oed hyn a méy no
hi. yn dirua6r garyat daeoni 3^ llauuryod *yn y vei gyntaf
hi yn y géyluaeu. a dyscedigaeth yn doethineb kyureith.
Ufuydach yn vfuydaut. ad6ynnach *yn y cantygleu. karuei-
dach yngkaryat *Du6. glanach ym pob* gleindit. perffeithach
yn y nerthoed. Cadarn oed ac agkyffroedic yn y ffyd. A
pheunyd gwellwell y kerdei yn y gleindit. nys guelsei
dyn eiroet hi yn llittyaô. nac yn dyôedut geir drue eiroet,
pobymadravd or a *dy6ettei oed gyulaun o rat. yny ettéeinit
bot Du6 yn y thauot hi. Y guedi a chyssynededigaeth
kyureith Du6 y trigei. A goualus ygkylch *y chetemeithes-
seu oed.rac pechu or vn yny hamadraud *rac* dyéedut
or vn geir vchel. na ch6erthin. a rac daly syberuyt heuyt.
neu dyéedut drue érth neb. Du6 a volei heb deéi. ympob*
amadraud* diolch a talei y Du6. yn y di6ed genti kyntaf y
dysg6yt. pan ressa6 dyn dyn arall. atteb. Due a ro da * ytt.
Peunyd yd oed yn y phorthi hiyr hénn a gymerei o la6 yr agel.
ar hynn a delei ydi y gan wyr y temyl. y agkennogyon* y
rannei. Yn vynych y gelynt ^ egylyon yn ymdidan a hi. Ac
yn ymadraud yn garedicaf. P6y bynnac hagen or rei cleiuyon
y rodei hi y la6 > arna6. iach vydei.
1 . L. kyuedrych as in S.
2. L. hyii.
3. L. girelhcell as in S.
4. L. gSelynt as in S.
5. L. Uaw as in S.
214 Marx JJ^iUiams.
VII. Yna kn5'gyaud Abysachar offeireit* y rodyon amj^ly
esgyh Y temel * yr y rodi yn wreic oe vab ef, Meir a dy6ot
yna. Ny dichaun* hynny na chymrvt o honaf i. wr. nac o
wr vynnev. Yna y dy6at y gur pennaf. Dii6 a dihéyllir yn
y meibon. ac yn yr etiuedyon a anrvdedir. vab ' y bu eiroet
vm pobyl yr Israël. Ac yna y dyaét ^ Meir vrthunt. Yn
diôeirdep gyntaf y molir due. ac y anrydedir. kanys kyn
Abel ny bu wyryon neb. y offrém ef a ragaud bod y Du6.
yr h6nn ny ragaud bod y Du6 ae lladadaéd '. Du6 v goron
hagen a gauas Abel. coron weryndaut. a choron tros v aberth.
Cany adaud llygredigaeth yn y gnaét. Ac velly y cauas
Hely* canys ket6is y gna6t yn WNTy. Hynny a dysgeis*.i. yn
y temyl o mabolyaeth. a hynny a vedylyeis ym callon na
chymerwn vyth 6r. Pan doeth y betuar vl6yd ar dec. y
dv6edyssant g6vr y temyl o deua6t gureigaul na allei hi
wedia6 yn y temyl. Ac yna y calîat * ygkygor. péri yr hoU
dinessyd. a 116ytheu yr Israël, y trj^dydyd bop -^ pa6b tréy
dyvyn yn y temyl. Guedy dyuot yr hoU boploed. y kyuodes
Ysachar hj't y gradeu vchaf. val y gallei paub v welet. ae
glybot. a gostec a rodet idaé. Meibon yr Israël heb ef.
guerendeuch vy geireu .i. yn da. Yr pan adeila6d Selyf y
temyl honn. y buant merchet y brenhined ar prophuydi.
ar offeireit yn guedia6 yndi. A phan doethant y oet* dedua61
wvnt a gymerassant wyr. a her6yd y rei kyn nog éynt * bod-
laun vu Due vdunt. Y mae Meir e hun yn géneuthur creuyd
ne6yd yr honn yssyd yn ymrodi y Du6 yn wyry y tra vo
by6. Ef a welit y ni* bot yn ia6n studya6 o honam y gyt
truy nerth Due y geissau atteb y gantha6. ar b6y y* rodit
Meir oe guarchad6.
VIII. Ar ymadraud h6nn6 a ragaud ' y baup. a b6ré
coelbrenn ar holl 16yth vr Israël. Ac erchi y baup or a uei
heb wreic ida6 dvuot trannoeth yr temyl. a guialen yn lla6
1. L. val, S has vab.
2. Cf. p. 209, n. 2.
3. L. îladaivd asm S.
4. L. bot as in S.
5. L. ragaud hoi) as in S.
1
LlyiiKi J'ithlnooi lessii Grist. 215
bop*' vn. Velly y guaethpôyt '. A losep oed hynnaf 01
temyl y r6g yr rei heb wraged vdunt. A guedy rodi y
gueelin* yn lla6 yr hynaf or temyl. ynteu a rodes y guyeil
yn a;berth y Du6. ac a erchis yr Argléyd gyghor. Yna y
cauas atteb y gan Du6. Dyro heb y Du6 y guyeil oll
yn y cor. a gat yno hyt avory, a doent avory y
gyrchu eu guyeil. ac o vlaen vn or guyeil yd ehetta colomen
yr nef. ac ar berchen y wialen honno roder Meir oc chadu.
Velly y g6na (Fol. XVF) ethpuyt*. Yn voreaul trannoeth y
doeth paub yr temyl, a guedy gwneuthur offrymeu. yr
aeth yr esgob yr cor. ac ef a rodes y wialen yn Uaw baup.
ac nyt aeth colomen or vn. Ac yna y guisgaud Abys-
achar escop6isc ymdana6. ac yd aethant y gyt ac et hyneif
y temyl. ac y dyvynnaéd yr aberth. ac yr aeth y guedy.
Ac yna yd ymdangosses agel or nef ida6. ac y dy6at. Y mae
yma wialen verrai" heb gyurif o honat. ac nys dugost y gyt
ar lleill. honno pan y rodych yn lla6 y neb pieu honno a
dengys yr aruyd itt. Yna yd oed. guialen losep kan oed hen
guedy yr vur6 y ymdeith. ac ynteu nys gouynaéd. A phan
yttoed losep yn di6ethaf oll. Ysachar esgob a el6is arnaé yn
vchel. Dabre. a chymer dy 6ialen kanys tydy ydym yny aros.
losep a dynessaud yn ofnauc am al6 or esgop yn vchel arnaé.
IX. Yr a6r y rodes y laé ar y wialen. yd ehedaud colo-
men 6ynnach y 1116 nor eiry. a gwedy ehedec rynnawd o
honnei* y nenn y temyl yd aeth yr nef. Yr holl bopyl a hofFes
hynt yr henn *. G6ynvydedic wyt ti heb 6ynt yth eneint.
Kanys Du6 athangosses - yn aduyn y gymryt Meir. Pan
dy6ot yr ofîeireit 6rthav. kymer Veir. kanys Dli6 ath etholes
or holl bopyl. ac or holl Iwyth, losep yna ac eu guediaud.
ac a dy6at yn geôilyduys*. Hen y 6yfi a meibon yssyd ym.
paham y roduch y verch vechan honn ymi. o oet a allei
vot yn wyr ym. a Uei y 6 noc vn om héyron. Abysa-
char escop vchaf a dy6at yna. Pony da6 cof itt vegys
y tremygaud* Dathan ac Abyron e6yllys Du6. ar daear ac
1. Cf. pp. 209, n. I, 226, n. 2.
2. h. ath dangosses. Cf. Strachan, Iiitroâiictioiito Early ÏFehh, p. 165,1.28
athriidannaeth for ath dnidanuaeth.
21 6 Marv IViJliniiis.
eu llygkaud. ac attoed ysderuyd y titheu y kyuryé os trem-
ygu a 6ne* yr hynn a vynn Du6 ytt y 6neuthur. loseph ae
hattebaud. Ny thremygaf i e6yllys Du6. Mi a vvdaf geittuat
idi y tra vynho Du6 hollgyuoethauc. Roder rei or guerydon
y chetemdeithesseLi*oe chanlyn. Abvsachar ae hattebaud. Hy
a geiff rei a honunt yn didanuch idi vnv del y dyd y kymer-
ych di hy. losep a gymerth Meir a phvmp or guerydon
y g}'t a hy. ac a doethant y ty losep. Y enweu y guerydon
hynny oedynt. Rebecca. Serora. leramia*. Abvgena. Zael. Yna
y rodes yr escop vdunt svndal. a sidan. a saftr6m. a jacin-
tus. a llin. a ffyrffor. Yna v burvassan brennev y edrych beth
a, 6neiei pob vn. ac velly y g6naethpuyt. ac y Veir y doeth
gweith or pyrffor yn temyl yr Argluyd. A phan y kymerth y
dy6edassant y guerydon. Kanys ieuhaf 6yt ac vfydaP ti a*
hedeist g}'nnal y pvrffor. Ac wynt val ar watwar y gal6
yn vrenhines y guerydon. Atthra yttoedynt yn hynny yd
ymdangosses agel yrygthunt, ac y dy6at. Na phaeiduch* ae
gal6 velly kyt as guneloch her6yd gogan. ch6i a dyéedassauch
g6ir prophuydolyaeth. Y guerydon a ergrynysssan yg guyd yr
agel. ac yn y eirev. Ac wynt a drechreussant ^ 6ediaé iMeir.
am vadeueint. a guedia6 drostunt,
X. Dydgéeith arall yd oed Meir yr llen6i llestyr yno o
dôfyr. yd ymdangosses yr agel ydi. ac y diéat* érthi.
G6ynv3'dedic 6vt Veir. canys vcheyryeist pres6ylua y du6
yth uedul. Llyma y da6*goleuat or nef y bress6ylya6. ynot.
a thrévdoti y goleuhaa yr holl vyt. Y trydydyd a hy yn
g6neuthur gueith or pyrifor. y doeth guas jeuang attei. y
deguch ny ellity dattcann. Pan yg6elesMeir kryn6 - o ofuyn*
a 6naeth. Ynteu a dv6at. Meir nac ofuynhaa*. ti a geueist rat
gan Due. ti a geueist veichogi. ac a vyd mab ytt. yr h6nn a vyd
brenhin nef a daear. ac a 6ledycha yn oes oessoed. Y tra
yttoed yn hynny yd oed losep yn lie pell yn llauuryaé. ac
yno yd oed gof prenn. a na6 mis y trigyaud el yno. A phan
doeth tracheuen ydoed Veir* yn veichauc. ac o diruaur ovyn
a gouit y geluis ar yr Argluyd. Argluyd heb ef kymer vy
1. Cf. p. 209, n. 3.
2. L. Kryjiu as in S.
Llynia Fabiuogi Icssii Grist. 217
ysprit .i. canys guell y 6 vy mar6 nom byé. Yna y dy6at y
guervdon oed ygyt a Meir. Nyny a * 6ydam bot yn gyua y
gucryndaut* ac yn anllygredic. yd ymgetuis. Canys g6astat yé
yn guediaé Du6. peunydyd ymdidan yr agel a hi. ac y d6c*
ef y Veir y hymborth. pa del6 y dichaun bot neb ry6 bechaut
yndi. ac o myny* dy dyôedut yn tyb ny. ny wnaeth neb hy
yn veichauc hy onyt yr agel. losep a dyéat Beth a
dôylluch o honaf i. val y crett6yf i y beichogi or agel.
gallei vot* y th6yllau o arall yn rith agel. Ac 6yla6 a énaeth
a dyéedut. Pa del6 y beidyaf i vynet yr temyl. neu y yméelet
ag offeireit Du6. beth a énaf i. ac y medylyaud (Fol. XVP)
ymgudyav ac ada6 Meir.
XL À gwedy llunyeithyauo honaf ' ef kyuodi oe 6ely hyt
y nos a ftb. nachaf yr agel druy y hun yn ymdangos ^ ef
y nos honno. ac yn dy6edut. losep vab Dauid. *nac aet
ovyn arnat yr kymryt Meir yn briaut ytt. kanys yr hynn
yssyd yn y chroth. or yspryt glan y mae. hy a esgyr ar
vab a el6ir lessu Grist. h6nn6 a 6na yn iach oc eu pechod-
eu. losep a gyuodes oe hun. ac a dalaud diolch y Du6. ac
a dyéat vrth Veir. ar guerydon a oed y gyt a hy. ac a
dattkanna6d y 6eledigaeth. A didanôch a gymerth am Veir. Mi
a becheis heb ef. canvs bu typ gennyf vrth Veir. Odyna
yd aeth* y chôedylydaeth vot Meir yu vechoc K Ag6assan-
aeth6yr y temyl ae delis hi a losep. ac ae dugant aryrhyneify
temyl ^. Ar esgob a ymli6od* ac ef yn serth. Neut 6yt tuyll-
edic am wyr}^ mal honn. yr honn a vagaéd yr agel yn y temyl
vegys colomen. yr honn ny vynnod guelet g6r eiroet. yr
honn a gauas y dysc goreu ygkyureith Due. pei na wnaeth-
oeduti treis arnei hy a vedyei* w^^r}^ hedié. losep a tygaud
nachyhyrdasseia hi eiroet. Abysachara dy6at Due yssyd vy6.
ef a vyd reit ytt yuet d6fyr kyury6 ac a leuaéd an Hargluyd ny.
ath bechaut a ymdengys yn diannot. Yna yd oed kynulleitua*
yr honnny eUit y rifa6. adéyna 6naethpuyt Meir yr temyl yr
1 . L. lioiiaô as in S .
2. L. idaôeL
3. L. veichoc as in S.
4. V. p. 212, n. 7.
2i8 Mary Williams.
Argluyd ', Ac yna \vyla6 a 6naeth yr offeireit. a reeni Meir.
aechyfnesseiueit. ac ydy6edassantvrthi. Kyffesa* Meiryr offei-
reit dy bechaut. vegys colomen y porthes yr agel dydy yn
temyl Du6. Ac yna y gel6it losep vrth* yr allaur. ar dufyr a
rodet idaé. Yr a6r y lleuaéd. v damg^4chvnnaud ef }' d6fvr
seith 6eith. ny rodes Du6 aruyd yn y byt arnaé . Ef a vu
diogel canyt ymdangosses aruyd neb rv6 bechaut vnda6.
XII. Yna y g6naeth yr offeireit ar g6assanaethuyr arbopylef
yn iach. Bendigedic* 6yt*canyt oes g6l ynot. A gal6 Meir a
6naethpuyt. a gouyn ydi pa esgus oed genthi. neu pa aruyd
a ymdeng}-s yn wuy* nogvt yr h6nn *a deng^-s beichogy dy
groth. Vn peth a ovvnun *vt. canvs glan losep. adef yn p6y
ath téyllaud. guell y6 ytti adefdy hun. nogyt rodi o var Due
aruyd yth \\yneb y damlleôychu ygkymperued y bopyl. Yna
y dy6at Meir yn diergrynedic. Ossit neb ry6 lygredigaeth
neu bechaut jmofi. Du6 ae hardangosso arnaf i yggéyd yr
hollboploed. yn}' aller vy rodi i. yn agkyffret y baup. A hi a
doeth y ymyl yr allaér. ac a g3'merth y d6fyr. ac ae lleuas.
ac a troes yn y chylch seith \yeith. ac ny chat na aruyd nac
arll6yb3T neb ry6 bechaut yndi. A ryuedu a 6naeth yr hoU
bobyl y guelet yn veichauc ac ymod6rd y lygthunt 3'n amr}^-
ual. Vn a dy6edei o santeidr6yd. arall o drycvedul. Yna y
guelas Meir typ rei or bobyl na buassei dog}'n ydyménaeth-
oed 5'n 6ir}'on. A phaub yn guaranda6 hy a dy6at yn
vchel. By6 y 6 Argluyd paub. ac ygguyd h6nn6 y dyéedaf i
na bu 6r ym eiroet. namyn o dechreu vy oes yn teruynedic y
rodeis y gouunet h6nné y Due y mabolyaeth 5my drych6yf i
3'n g}'ua yn eno*y g6r am crea6d, yndaé y mae vy ymdiret
ym by6yt y wassanaeth ef ehun. ac yda6 ef ehun trig}'a6 heb
lygredigaeth tra vuyf vy6. Yna yd aeth paub ar tal eu glinyeu
y gussanu y thraet. ac y erchi madeueint ydi am eu dr}Xtyp.
Ac yr hoU bobyl. ar offeireit ar guerydon druy diruaur
leuenyd ae hebrygassant hy adref. ac o lef vchel yn dy6edut.
Bendigedic vo eno * yr argluyd. kanys damlle6ycha6d y sant-
eidruyd y holl bopyl yr Israël.
I. V. p. 212, n. 7.
Lh'itiit rahiiiosri Icssii Grhl. 219
XIII. Gwedy* chydic o amser guedy hynny y g6naethp6yt
kyurcith ygkyuoeth César, ac yn gyntaf ygkyuoeth ty6yss-
auc* Syria. na thriccyei neb ny hanffei or 6lat yndy namyn
mynet paub oe 61at. Yna y bu reit y Veir a losep mynct*
tu a Beethlem. ac y dyéot Meir vrth* losep. My a éelaf duy
bobyl o yni blaen. y neill yn wyla6. ar llall yn chéerthin.
Ta6 heb y losep. eiste ar yr anyueil. ac na dyéet* geircu
goruac. Yna yd ymdangosses mab tec vdunt guisgedic* o 6isc
echtyôynedic. losep heb ef paham y dy6edeisti vot yn
\vor6ac* y geireu am y d6y bobyl. g6ir a dy6at Meir. pobyl
yr Ydeon oed yn wyla6. ar bopyl arall yn chéerthin. yr h6nn
yssyd agos y Du6. mal y hedeéis* yn tateu ny. nyt amgen.
Abraham. Ysaac. a lacob. yr amser a doeth. yny del o hn
Euream. rat a bendith yr hoU bopyl. Aphan dy6ot yr argel '*
hynny. yd erchis yr assen seuyll. Canys amsser y Veir* a doeth
y escor. (Fol. XVIP) Ac yd erchis y Veir disgyn yr llaur yr -
ar yr assen. A dos yr ogof yssyd* adan y daear. yn yr honn ny
bu oleuat. namyn tyéylluch eiroet. Canys goleuat Du6 ny
allei dyuot idi. Yr aur yd aeth y myun. y dechreuod yr holl ogof
oleuhau. mal pei hanner dyd. Yna ydaeth ydyôaul oleuréyd
y my6n yn ardechauc 5. hyt na diffodei goleuat yndi nac yn
nos. nac yn dyd.
XIV. Ac yna yd esgores y wynvededic* wyry. pennadur
yr eneiteu. Lleg o egylyon a doeth yg kylch y mab yr aur
y ganet. yr h6nn adolyssant truy dy6edut yn vchel.
Gogonyant yn y goruchelder y Due. a thagneued yr dynyon
ar y daear. Yna y doeth ganedigaeth yr Argluyd. yd aeth
losep y geissa6 g6raged at Veir. a phan y cauas yr ogof y
doeth tracheuen. Yna y cauas y mab guedy yr eeni* ac y
dyéat loseph O wynvydedic Veir Mi a dugum duy wraged
attat. a gerlla6 drus yr ogof odieithyr y maent yn seuyll. ac
rac diruaur oleuréyd dyuot yn hylithyr nys llauassant. Meir
dan owenu a guerendeôis. loseph a erchis idi teuy ae ch6er-
thin. Byd gall heb ef yny delont y myén rac bot yn reit itt
6rth vedycynyaeth. Hitheu a erchis vdunt yntredu attei. Zelo-
1. L. iiiigel, cf. p. 21 1, 1. I.
2. L. v as in S.
3 . L. anïerchiiuc as in S.
220 Mary Williams.
my a doeth. a Salorae nyt yntredod. Zelomy a dyuat 6rth
Veir wynvydedic gat ti ymi gyhurd a thi. Pan gyhyrdod. o
lef uchel hy ae dy6ot. Argluyd. Argluyd maur tmgarha
6rthyf. ny chly6yt. ac ny welet bronneu yn lla6n o laeth. a
geni mab ae mam yn wyry yn ymdangos. ac nat oes lygred-
igaeth guaet nae arll6ybyr yr ganedic. na dolur ar y neb ae
hesgores. gwyry kynn escor a guyry yn trigyau guedy escor
val y mae* aml6c. Yr hynn a glyôaf yny prouy nys credat
heb Salome odieithyr yny guel6yd. acar y wynvydedic Veir y
doeth. ac yd erchis idi gat ti y mi dy balualv ual y cretuyP y
Zelomior hynn a gly6af. Yna y kanhadaud Meir idi yphrouy.
Hy a estynnaéd y lla6. ac a diffruythod y llau yn diannot. ac
o diruaér dolur wylau a oruc yn ryulaenllym dan leuein a
dy6edut. Ti a adnabuost Argluyd. ofynhau ohonafi dydy yn
wastat. ar tlodyon a nertheisa my heb dal. aguragedguêdu.a
meibon ymdiueit mi ae canhorth6yeis. ac eissyéedic* iaun nyt
aeth y érthyf yn amnat or a archei. ac yr aur honn y dyguyd-
eis o achaus vy agkreteduyaeth ' yn trueny yr * edrych dy Veir
^vyr>^
XV. Aphan dyéat hy hynny. yd ymdangosses guas jeuang
tec achtywynedic* yn eglurder ger y lla6. ac a dy6ot vrthi.
Dynessa ar y mab. ac adolaf - ef. a dyro dy la6 arna6. ef
ath iacha yn diannot. ef yssyd iechyt yr rei gobeithaul. ac
euo yssyd brynnaédur yr holl ossoed '. Yr aur y dinessaud
ac y rodes y lla6 ar odre y llenn a oed ygkylch y mab. y cauas
flfruyth y llau. A chan dyéedut yn vchel gôyrtheu mab Du6
yd aeth allan dieithyr dr6s yr ogof. ac a uengys + a 6elsei. ac
val y kaôssodyat iechyt oe lla6. Ac ar y ffregeth hy llauer a
gredassant. canys bugelyd a oed yny chylch hynny. a getern-
heynt ryéelet o honunt egylyon beryued* y nos yn disgynu*
or nef gan ganu ymnev. a chy6ydolaeth yn moli Due. ac yn
y vendigau. ac yn dyéedut. Hedi6 y ganet yiachéaél* paub.
5T h6nn yssyd Grist argluyd. yn yr h6nn y telir iechyt pobyl
1. This form of thc word is uot noticcd in D"" Silvan Evans' IVelsb
Dictionary . S. has agkredinyaeth.
2. L. adola as in S.
3. L. oessoed as in S.
4. L. tiencffys as in S.
Lhma Vahitwc;! lessii Grist. 221
yr Israël, aseren o osper hyt y bore a ymdangosses vch benn
yr ogof. diruaur y meint ae goleuny. yr honn ny welsit yr
dechreu byt y chyffelyp. Ar prophuydi a oedynt yg Kaerusa-
lem. a dy6edassant* pany6 honno a dangossei ganedigaeth
Crist. yr h6nn a gadarnhei y adaéedigaeth yn yr Israël, ac yn
yr holl genedyloed.
XVI. Y trydydyd o anedygaeth an Hargluyd ny lessu Grist.
Meir a aeth or ogof. ac a gyrchaud ystabyl. ac a ossodes y
mab y meun y presep. ar ych ar assen a guediod. yna yd
efleénit ' yr hynn a dyôat Ysayas prophuyt. Yrycli a adnabu
y berchennauc. ar assen gorchymyn y hargluyd. yr anyueileit
nyt amgen. yr ychen. ar assen yn seuyll yn y perued yn y
wediaé. Yna yd eflenôit* yr hynn a dy6ot Abacuc prophuyt.
Ymperued deu anyueil yth adnabydir. Yno e * trigyaud* Meir
a losep. ar mab tridieu. Yhéechetyd y doeth y Vethlem. ac
yno y cuplaaud y seithuet dyd. yna y duc losep y mab y
temyl yr Argluyd. ac y ducpuyt kyulvyn. a deubarogolomen-
ot. Yn y temyl yd oed g6r perfFeith a guirion Symeon y eno*.
yd oed deudecmlyned arhugeina chant. (Fol. XVIP) gan Du6
y caussoedat na bei var6 yny welei Grist vab Du6 yn y gnaut
yn y vy6. A phan welas* y mab y dyéot yn vchel iaun. Neur
ou6yaud Du6 y bluydf*. ac neureflen6isy edeéit. ac ar vr^^s
y doeth y adoli y mab. A guedy hynny y kymerth y mab yn
y vantell dan wedia6. ac y cussannaud guadneu y traet. ac
y dyôot Yr aur honn y gedy ty dy was y tagneued .
XVII. Yna ydoed yn y temyl Anna verch Samuel o 16yd*
Asser. a honno a vuchedoccassei gyt ae gur oe g6yrdaut yr yn
seith ml6yd. ac yna ydyttoed wedu druy yspeit pedeir blyned a
phetuar ugeint. ac yn y temyl yn wastat yn kynnal wympryt*
a guedy. Ac y wediau y mab y doeth. ac y dyéot. Yn hénn
y mae prouedigaeth y bopyl. Guedy yspeit duy vlyned y doeth-
ant y deéinyon or duyrein y Gaerusalem. ac anreccyon maur
ganthun. Ac ar hynt y gouynyssant yr Ydeon mae y brenhin
a anet y ni. ny a 6elsam* y seren ef yn y duyrein. a nynheu a
doetham y wedia6. Y chéedylyaeth a aeth ar Erot vrenhin. ac
yna y kynnullaud Herot hyneif y Ffarisewydon a dyscéyr y
I. Cf. 1. 13.
Revue Celtique, XXXIII. 15
222 Mary Williams.
bobyl. A gouyn vdunt. Pony prophuyduys y prophuydi
ganedigaeth Grist. Wynteu a dyéedassant vot yn 6ir hynny.
ym Bethléem*. Ynay geléis Herot ydeéinyon.acygouynnaud
pa bryt yd ymdangosses y seren udynt. Odyna yd anuones y
rei hynny y Vethlem. Euch hebef tu a Bethlem a*gouynuchy
mab. Guelet a 6naeth ef vot y de6ynyon a aethoed y geissaé
y mab heb di6at. ac yn y d6yllau. Yna y kvffroes ar yrlloned
druy ennynedigaeth diruaur Ht. ac yd anuones gennadeu oe
keisiaô ' yn y eu herbyn y bop fford. Ac erchi ev dala ac ev llad.
XVIII. Guedyna alléyt cael y dewinyon y anvonnes* ken-
nadeu y Vethlem. ae holl teruyneu y erchi llad hoU veibon*
bychein a geffit. Dydgueith kynn dyuot y kynnadev* ar dal y
lie yddoedynt*. nachafagel o* nef yn dyuot truy y hunarlosep.
ac yn dyôedut 6rtha6. Dos ymdeith ti a Meir ar mab genuch
ar hyt dydryf a fford diffeith hyt yr Eifft. losep à énaeth her-
uyd gorchymyn yr agel. Eu hynt ^ a gymerssant. ac a gyrass-
ant tu ar ogot y vj^nné ' gorffuys yndi. yna y disg}'nnaud
Meir y ar yr assen. ac a -^ eisted a wnaeth Meir ar mab ar y
harffet. Nachaf yn deisyuyt llauer o seirff yn dyuot 'or ogof.
Ac ofynhau a 6naeth Meir pan y guelsant >'. Yna y 'doeth y
mab o arffet yvam yr llaur ac y kerdod. ac y seuys ar y nadred.
wynteu adol3'ssant lessu. ac a gilyassant y vrthunt. Yna yd
eflenôit yr hynn a dy6ot* Ysayas prophuyt. Y seirff or daear
adadoluch ^ vr Argluvd. Y mab agerdod oc eublaen. ac a orchy-
mynnaôd vdunt. nat argyéedyn y neb ry6 dyn. Meir a losep a
ofuynnaud* rac gueuthur " ohonunt godyantyr mab. Alessu a
dy6ot vrthunt. Na deluch ofuyn* amdanaf i. yr vy mot. i.* yn
vab. perffeith éyf i. ac agkenreit*y6 y holl wuystuileit * guyllt
or koedyd bot yn dof ger vy mronn y. ac yn hynnaus. Y lleot*.
ar pardyeit. ar anyueileitcreulaun a oed yn eu guedia6. ac yn
kytgerdet ac wynt. ac yn eu* ketymdeithoccav *yn y diffeith.
I.
The word lias been altered from kcissaiu (as iu S.) to keisiaw
2.
t written above the word in rcd ink.
3-
L. rvnini as in S.
4.
Omit as in S.
5-
L. guelas.
6.
L. adoluch. S. lias adeidoluxh .
7-
Cf. p. 209, n. I .
8.
L. muvsluileit as in S.
Llviiiii Vahwoc^i Icssu Grist. 223
A plia du bynnac y kerdynt. yr anyueileit kynny a oed oc eu
blaen yn mencgi fford vdunt ac yn guediaé y mab.
XIX. A phan welas Mcir liynny ac amraualyon genedylocd
bvystuileit yn eu herbyn. y delis ouyn . O la6en oluc y mab a
edrychod arnei. ac a dy6ot. Vy mam y nac ofuynhaa*. nyt yr
sarhaet ytt y deuant. namyn yr dy 6assanaethu y dybryssyant. ac
yn y bydynt dywededigyonus* pethev ef a tynnaôd y mab ofuyn*
oe callonnev. Yna y kerdod y lleéot gyt ar essyn ar ychen oed
yn aréein y hagenreiteu. ac nyt argy6edynt y neb. yr y press-
6yluaeu y gyt namyn hyna6s oedynt ym plith y deueit. ar
meherin a dugassant gantunt o ludea. ac a oed y gyt ac wynt.
y gyt ar bleideu y kerdynt. ac nyt ergrynynt dim. ac nyt
argyéedei yr vn oe* gilyd. Yna yd eflen6it geireu y prophuyt.
Y bleyd ar oen a besgit y gyt. y lleé ar artli a borant beisséyn
y gyt. Yna yd oed deu ychen yn déyn kerbyt ac eu haghen-
reiteu ynda6. Yna yd oed Veir guedy blina6 gan tra gures yr
heul yn y ditrj^f. a phren palym a gyherdod ac wynt. a Meir
a dy6at 6rth losep. Mi a orffyéysaf ychydic dan wasgaut y
prenn. losep a tynna6d Meir y ar yr assen yr lla6r. A phan
eistedaud Meir wynvydedic. edr^'ch a 6naeth ar vric y prenn.
a hi a 6elas y prenn yn lla6n o aualeii. ac y dyéot 6rth losep.
Mi a h6enychun peth o ffruyth y prenn. pettei a allei eu cafl-
el. losep a dy6otvrthi. Ryved yé gennyf y dyéedyt ohonnoti
hynny rac vchet bric y prenn. a medylya6 o honat cael peth
or ffruyth o le kyuuch ac y mae. m6y yssiéet yé gennyf am
dôfyr. Kanyt ocs dim yn y costreleu. ac nat oes le y ymgyg-
hori y geissa6 d6fyr. Yna y dyôot y mab ac yn eisted (Fol.
XVIIP) ar arffet y vam. ac edrych ar y prenn. Gostug prenn dy
vric val y gallom cael peth oth ffruyth. Ac yna y prenn a
ostygaud y vric hyt y llaur ger emyl* traet yr argluydes Veir.
Ac yna y kaussant dogyn or ar ' aualeu .
XX. Guedy daruot vdunt gynullaô* yr holl aualeu trigyaé a
wnaeth y pren ae vric ar y llaur yny gaffei* gannyat y mab y
gyuodi. Yna y dy6ot lessu Dyrchaf dy vric ac ymgadarnhaa a
b^'d getymdeitheis yr g6yd ereill yssyd ym paraduys. vyn tat i.
Yna yd ymdyrchauaud y vyny. ac o wreid y prenn yd ymdan-
I . Omit as in S.
224 Marv IViUiams.
goses ffynna6n loe6af ac oeraf a melyssaf . Pan leéyssant déiyr y
ffynnaun y kymerassan le6enyd diruaur. ac ymlen6assant or
défyr ac wynt. ae hyscrybyl. Yna y talassant diolch y Du6.
Dydgueith arall yd oedynt yn kerdet odyno yd ymchéelod lessu
y oluc ar y prenn palym. ac y dy6ot. Mi a orchymynai yt prenn
palym. mynet vn oth geigeu gan vy egs'lyon.i. ae blanv* ym
paraduys vyn tat i. Y vendith honn yma a rodaf ytti hyt p6y
bynnac a orch}^^ygwyttt ' yn amrysson da amdanwynt y
dy6edir. Neur doethauch ar balym budugolyaeth. Ac euo yn
dyéedut hynny. nachaf agel o nef yn seuyll ar y prenn. ac yn
d66vn* vn or keigeu ac yn hedec yr nef. Pan welas paub hynny
syrthu - a wnaethant megys meiré. lessu a dy6ot. Paham yd
ergr^'na ych callonneu* ch6i. pony 6dauch ch6i y prenn
h6nn a 6neuthym* ac a vynnaf y d6yn y baraduys. ac yno y
byd yn teguch y hoU seinnyeu nef. megys y mae paraut yn
y lie y goual hénn g6edyr* hynt honn.
XXI. Ac yna y dy6ot lossep*. Y mae gormod* gères yn yn
lloscy. o reig* bod ytt kerdun gan ystlys y mor. Val y caffom
gorfFwys yn y dinessyd* yssyd* ar yr arvordir. lessu ae hatte-
baud. losep nac ofuynna*. my a vyrrhaaf* ytt y fford. Val y
teruynnych hedi6 e hun. yr hynn a oed ar yn bryt 5' gerdet yn
yspeit dec nv6arna6t arhugein. Acyr aur y dy6ot hynny nachat
yn diannot y gôelynt myn5'ded yr Eifft. ae dinessyd. A dechreu
lly6enhau a 6naethant. ac y dinas a eléit Sotraent y doethant
heb ohir. yn y lie nyt oed gyfuadnabot* vdunt 6rth lettya6 '.
G6yr yr Eifft yn y dinas henné a doethant y le vchel y dyd
h6nn6. ar offeireit y gyt ac wynt. ac yno beunyd y doent y
wneuthur aberth y Du6 heréyd anryded dy6older. Pan aeth Meir
wynvydedic yr tem3'l. yr hoU eu del6eu a dygôydassant gar y
bronn val yn vri6edic megys kyn bythynt dim. Yna yd eflen6it
yr hynn a dy6at Ysaias prophuyt. Llyma yr argluyd yn
dyuot. ac yn ercheuynv yr Eifft. gar y vronn ef y dygôydant
holl wéithredoed geu d6yeu* g6yr yr Eifft. Yna y menegit
1. L. orchyvygwyt as in S.
2. L. sythu,d. pp. 239, 1. 11, 240, 1. 8.
3 . Latin text reads (c . XXII) : « Et in quandam civitatem Egypti quae
Sotinen dicitur ingressi sunt ; et quia in ea nuUus erat notos aquo petissent
hospitium templum ingressi sunt. »
Llyma Vahinoiii lessu Grist. 225
hynny y Affrondosius ty6yssauc y dinas hénnô . Yna y doeth
ef a llu ma6r y gyt ac ef y tebygu géneuthur dial ar yr rei y
dyguyassei ' eu d6y6eu* oe hacha6s. Yr temyl y m6yn ^ y
doeth. Ac yna y gueles yr hoU eu dôyéeu* guedy dyg6yda6
yn eu gorôed gar eu bronn. Yna y dynessaaud* ar y vynved-
edic* wyry. yr honn a oed. ar mab yn y harffet* ac yn guedia6.
Ef a dyéot érth y llu oU ae getymdeithon ef. Pa nebei Du6
hénn ny dyg6ydassei yn dyéy6eu* ny gar y vronn. ac ny orde-
dynt ' yn vri6edic rac y ofyn, yr y rei yssyd yn arestug oe
vot yn du6 vdunt. Peth a 6elun ny yn d6y6eu* ny ny yn
wneuthur. Ony wna6n ny yn gallach perigyl y6 y ny oll
haedu y anvod. an dyuot oll ar balledigaeth tragy6ydaul.
megys y darvu y Pharaon, ac y lu yr Eifft yr hun* ny chred-
a6d. ef ae lu yn nerthoed h6nn6 a vodes yn y mor. Yna
holl bobyl y dynas h6nn6 a gredaud ida6 ef yn diannot.
XXII. Gwedy kerdet o* lessu yr Eifft pan y ttoed yn* Galilea
yn dechreu y bymet vl6ydyn* oe oet. dy6 sad6rn. yd oed yn
guare gyt a meibon ar lan Eurdonen ac y trosses y d6fyr or
auon yn seithrann y seithlyn. ac ef a 6naeth g6ndit guahanred-
aul y bop vn druy y rei 3' kerdynt orhaeadyr val y har-
chei. ac eil6eith dracheuen. Yna vn or meibon mab y gyth-
reul o gyghoruynus vryt. a gaeod hytth^nt* y d6fyr a oed
yn kerdet yr llynnev druy y k6ndit. ac a droses* y gueith a
lauuryassei* lessu. Yna y dy6at lessu 6rthav. Yn wir mab
agheu 6yt ti.a mab y gytthreul*. y llauur a wnathoedun .i.
paham y guesgery ty. Ar mab a wnaeth hynny a fu var6.
Yna o lef aflonyd y lleuassant reeni y mab mar6. yn erbyn.
a Meir a lessu ac a dy6edassant Ych mab ch6i aemelltigaud*
yn mab ny an mab ny a* vu* var6.
XXIII. Pan gygleu* Meir a losep hynny. wynt a doethant
ar lessu rac g6neuthur (fol. XVIII ^) eu brat or reeni y
mab mar6. ac* rac ovyn lleuein yr Ydeon. Yna y di6at*
losep yn g6ydauc. Ny beidaf i dyéedut vrthav. Meir dysc ti
euo. Hitheu a dy6ot Paham y .pereisti y ni kas y bobyl
1. L. dvguydassei zs in S.
2. L. myôn. S. hiiSnieivii.
3. L. orwedynt. MS has ordcéiirnt : S has ordciccthut.
226 Mary Williams.
honn. a ni a gaffun molest gan y niver h6nn. Vy argluyd.i.
beth a wnaeth y mab h6nn varé. Ynteu a dy6ot. Teilug
oed o agheu. Kanys ef a guascaraudy gueith a lauuryassun.i.
vy ' vam a guediod yna. Vy argluyd i. na wna di velly.
canys paub a g}'uodant yn yn herbyn, Ynteu a adnabu bot
y vam yn trista6*. ac ae troet deheu ef ae treôis y mab
mar6 ar y duy ffroen. ac a dyéot 6rtha6. Kyuot vab enwired.
nyt wyt teilug ty yvynet}^ teyrnas vyn tat i. Canys guesger-
eist vy gueith .i. Yna y kyuodes y mab yn vy6. A lessu a
aeth. ac a duc 3^d6fyry hyttynt dracheuen yr aur y herchis.
XXIV. Yna yg g6yd paub y kymyrth* lessu y dom or Uynnev
a wnaethoed. ac or rei hynny y g6nnaeth* deudec ederyn.
dy6 sat6rnn oed hynny pan v^'naeth lessu y petheu hynn.
a meibon llauer y gyt ac ef. Pan welas vn or Ydeon euo y
gvt ar meibon yn g6neuthur hynny. y dy6ot 6rth losep.
losep heb ef . pany wely di y mab lessu yn gueuthur - g6eith
dy6 satôrnn. ef a 6naeth yr adar or lluch. losep pan gygleu*
hynny ae hagreithaud. ac a dyéat 6rtha6 Paham dyé sat6rn*
y g6ne* dy y r}^6 petheu hynn. yrhynn nyt r}'d y ni eugéneu-
thur. Y iessu pan gigieu hynny a treéis y lla6 yn y Hall .
ac a dy6ot vrth* vr adar Eheduch. Yr aur y herchis ef. wvnteu
a hedassant. A phaub yn y welet. ac yn y \varandav*j y dy6at
Heducharhytyr holl vyt. a budchedocceôch '. Pan welas paub
yr aruydon hynn. vd eflenéitpaub o ovyn. a moli Du6 a wnaeth-
ant gan ryuedu. ereill oed yn guatuar ymdana6. Ac yna yd
aeth y rei ar tyéyssogj^on yv ofteireit a menegi vdunt wneuth-
rur o lessu vab* losep*. llauer o betheu ryued ygg6yd popyl
yr Israël, ac yna y menegit hynny y deudec Uuyth yr Israël.
XXV. Yna eilôeith mab Anna offeirat y temyl yr
h6nn a doeth y g}'t a loseph a guialen yn y la6. A phaub
or bobyl yn edrych yn llit}'auc. a agores hyttynt a warch-
aeassei lessu. Ac ef ae goUygaud y redec or raeadyr Pan
walas ^ lessu hynny. ef a dyéot vrth* y mab a 6asgarassei y
1. L. Tas in S.
2. Cf. pp. 209, n. I, 215, n. I .
3. L. hidchedocceôch as in S.
4. L. welas 3.S in S.
LJvma Vahiuoi^i Jessu Crisf. 227
llynnev. O waethaf hat en6ired. O vab agheu. O weithret
kythreul yn wir fFriiyth dy hat bit heb rym. Atli wreid hcb
wylybur*. Ath geigeu yn wy6 heb déyn ffruyth. Ag géyd '
paub gogév6a6* a wnaeth y mab. a heb ohir* mar6. Odyna
y kymcrth losep lessu ac yd aeth ac ef atref. ae vam y gyt
ac ef. A llyma yn deissyuyt 3m wrth6yneb mab a llauuryvr
enéred ^ dan redec. ac yn tara6 y ysguyd vrth ysguyd lessu
yr* mynnv* argy6edu ida6 Y iessu a dyuot nyt ymch6ely
di or fford yd wyt yn y cherdet. Ac yn diannot y dyg6ydod
yn var6. Yna y guaedassant reeni y mab mar6. yn edrych
ar hynny. ac yn dy6edut. Pa du yganet y mab hénn. aml6c
v6 pob peth or* a dy6etto. ac a vynno yd eflen6ir. Yna y
dynessaéd reeni ar losep ac y dyéedassant. losep dos ymdeith
a lessu. ny dichaun ef pressuylla6* yn yn pUth ny. neu dysc
titheu euo y vendigau yn meibon ny heb ymelltigaô. losep
a dynessaod* atta6. ac a dysgaud. Paham y g6ne* dy y
ry6 betheuhynn. ymaellaueryn doluryaôyth erbyn.othachaus
dy y maent yn yn cassau nynnev. ac yd yttym yndiodef mo-
lest y bopyl* oth achaus lessu a attebaud losep. nytoes vn mab
kymen. onyt meg3^s y dengys eu tat heruyd keluydyt 3T
amserhônn, Am tat ynheu nvt emellticca neb onyt a 6nel
y dr6c. Yna yd ymgynullaud paub yn erbyn lessu. 3m y
gudhudaô ' vrth* losep. Pan welas losep h3'nn3\ diruaur
ovyn rac pobyl yr Israël a gymerth. Yn yr aur honno
ykymerth lessu y mab mar6. ac erb3'n 3- glust y dercheuis y
6rth y llaur yg g6yd paub. A phan welssant* 6y lessu 3m
3'mdidan ar mab meg3^s ae vab e hun. 3'spryt a 3^mchuelod
3'ny mab. ac yn vy6 y kyuodes. A r3^uedu a wnaeth yr holl
bobyl h3'nny.
XXVI. Neb vn athro Zachias y eno* a gigleu lessu yn d3'-
6edut k3'ury6 eireu a bot ynda6 anorch3'vygeedic* doethineb a
nerth. a doluryaud. ac a dechreuod yn anysgybleid dyéedut
3'n erbyn losep. losep heb ef paham na rody ty dy vab y
dyscu dysc dynyaél. ac vrth* hynny diogel bot yn wellgenéch
1. L. Ac yg gtL'yd as in S.
2. L. emuired as in S.
3. L. o-U(Jhutia6as in S.
228 Mary Williams.
ot g6n dyscu och mab. nogyt arhos bredycheu hyneif y
bobyl reit y6 y ch6i anr}^dedu offeireit holl egluysseu yr Ysrael.
a chymryt ech6yn gansât y n^gthun. ac velly y disgit* y ryg-
tunt dysc caredic. losep a attebaud ida6. P6y a aîlei attal y mab
h6nn rac dyscv. pei tydi a allei disgu* ida6 ef dynyaul geluyd-
it. nys guahardem ny. Iessu*a dy6ot* (Fol. XIX^) pan gigleu
Zachias yr atteb h6nn ida6. gorchymynna6dur* kyureith*. y
petheu a dyéedeisti oll ac anéeisti ' reit v6 v dyn tebic y ti
eu cad6. estronna6l hagen 6yfi y 6rth ossodeu dynadon.
a phell y6 vy anssaud. i. y 6rth ych emynogev ch6i, nyt
knaédaul ren y6 yr mev. i. y gyureith hagen a dysgeisti yndi y
trigye. kynn honno yd oedun. i. kyt tebyccych ty nat oes
dysc kyffelyb* yth tev dy. dysc ty y gennyf i. mynnev nyt
oes neb a allô vy nyscu onyt y g6ryd 6yf yn y ené. h6nn6
ae dichaun. kannys* teilugy6. Aphan wyf 5mheu d3Tchaued-
ic or daear. my a baraf gorfïuys medul. ac aruer y kenedl-
oed. pan ych ganet ch6i nys g6thost. m}^' ae g6n vy hun.
a pha amkan y vuchedoccaa paub ar y daear.
XXA'II. Ynayd ergr}'nnassan yn ov3"nna6c pan y cly6yssant
yn dyéedut hynny. A than leuein y lleuassant. O ! O ! O ! llyma
beth maur. anryued* iaun. anrj^ued. n}' chlywyssam ny hynn
eiroet nys kly6ir gan arall na chan yr offeireit nar prophvydy*.
nar gramadec6yr. n3'ny a dodam ^ o pa du y ganet lessu. ac
etto nyt pymluyd. a pha del6 y dichaun dyéedut y ry6 eireu
hynn. Paham na chreduch chéi y mi heb ef yn y pethev a
dy6edeis. a chan dyéedeis. i. y chéi ygén.i. pa bryt 3^ch ganet
yd yéch oll yn ryuedu. Euream ygur a dyéeduchéy y vot yn
tat y chéy oll. my ae gueleis. ac ynteu am guelas* ynheu. a
my a ymdideneis ac ef. Pan glyéyssant 6y euo yn dyéedut
hynny. ny veidod neb dyéedut dym*. A lessu a dyéot vdunt.
My afvum* yn 3xh plith chéi g3't ach meibon. ac nyt
adnabuochéy vyvy. mi a 3'mdideis ' a chéi. meg3's a géyr
prud. ac nvm deaall3^ssauch 4. kan3^s llei no myvy 3'échéi. a
bychan yé ych fiyd.
1 . h, ac a emceisti as in S.
2. L. tucJam as in S. MS has doadam.
3. L. yvnlideneis asm S. MS has ymdi».c.;deis.
4. L. (ieallvssaivcb as in S.
Llynin Vahlnooi lessu Grist. 229
XXVIII. Eil6eith Zachias dysgur kyureith. a dybot 6rth
losep a Meir. Roduchéy y my y mab. a mynnev ae rodaf eP
y athro hegar. a dysgo* ida6 lythyr. ac. a. agano*. Yna losep
a Meir yn glaear a dyéedassan 6rth lessu Ny a6n a thy yr
3'scol. yr aethan ac ef yr yscol y dyscu llythyr ar 6r henn*.
Pan doeth yr yscol y my6n. yr athro a dechreuod or llyther-
en* g}'ntaf. Alpha a ovynna6d ida6. lessu a deéis. ac ny
dyôotdym*. Gorchymynnér* ar athro am nad yttyoed* yn
llev a gymerth géialen yn y la6 ac ae treéis ar y lau. lessu a
ovynna6d Pahamy trewi ty vyvy. ac yn lie gwir gwybyd dy.
y neb ydys yn y tara6 m6y y g6yr ef dyscu y neb ae terev
noc y dysger y gantha6. Mivy a dysgeis yt ty y petheu a
dywedydy. namyn yrrei hynn oU deillonynty reia dy6edant.
ac a waranda6ant. kanys yttynt meg5^s euyd yn seinaé. neu
gloch yn canu. yn y rei nyt oes synnwyr na deaall ' méy
noc yn datsein yr euyd. Ac y gyt a hynny y dy6ot lessu
érth Zachias. Pob llyureu o Alpha hyt yn Tha6 a wehen-
ir heréyd amgen anssaéd. Ac érth hynny dy6et ty y mi yn
g}'ntaf beth y6 Ta6. a mynnev a dy6edaf y tithev beth y6
Alpha. Ac eiléeith y dy6at lessu. Ar* ny wdant Alpha pa
delo* y gallantdy6edutg6ybot Tha6. geugrefuydéyr*dysguch
5'n g}^ntaf beth y6 Alpha, a minheu yôchi pan dy6etoch. B. A
lessu a dechreuod dy6edut enweu 3'r holl llythyr. ac amovyn.
Dywet ty y mi dysgéry kyureith y llytheren*gyntaf o Alpha,
paham y mae idi figer* teir coglauc. ereill mein. ereill blaen-
llym y waeret. ereill cr6nn. ereill cam. ereill dyrchauedic.
ereill troedauc.
XXIX. Pan gigleu y dysgôir ^ hynny. aryneigaw a wnaeth
g6ybot o lessu enéi yr holl lythyr. ac eu hanssaud . ac y
dy6ot yn vchel val y kly6ei paub. Ny dyly h6nn buched-
occaé 5 ar y daear. namyn teilug y6 y dyrchauel ar y groc
vchel. ny dyly ef diffodi y tan a dyly6 poeneu ereill.
my a tebygaf y eni ef or blaen. pa groth ae har6edaud h6nn.
neu pa vam ae magaud. nev pa vronnev* ae llaethaud. Mi a
1. L. deall as in S.
2. L. dysgwr as in S.
3. L. hiichedoccau as in S.
2^0
Mary Williams.
ftoaf y érthaé. ny aallaf i dyodef y geireu a dyéeit. namyii
V3^g kallon vssyd vn ergrynaé guarandaô yn'6 eireu a dy6eit.
nyt ytt6yf i yn tebygu gallel o neb dilit y barabyl ony bei
Du6 y g^'t ac ef. Mynneu gan oed6n dirieit a ymrodeis ym
guatuar gar y vroonn '. Pan dvbyeis gael dysgybyl. sef y keueis*
yn athro. nyt reit y my dyéedut ymi dyôedut. namyn on)^ a
allaf yr }' mab ovn geir. or kyule hénn cany allaf y diodef.
hen w^f i ar mab am gorchy\n'gaud. kany allaf gaffel na dech-
reu na dy6ed ar a dy6et. Ana6d y6 caffel na g6ybot y dedyf
gvntaf, yndiheuydyéedaf iy ch6i heb gel6yd her6yd y gallaf.
y dirnabot g6eithret y mab h6nn. a synn6yr y amadraud*. a
sentens di6ed y barabyl ny welir y gytt6edu* y dynyon ny
hanffont o dym* daeraul. ny 6n. i. beth y6 ef. (Fol. XIX '') ae
hudaul ae Du6. ae agel v Due yn dy6edut ynda6. o ba du
yd henyô. neu pa du pan doeth. nev beth vyd rac lla6. Yna
lessu dan owené ^ a dyéot vrtha6 ygguyd paub. Pan archéyt
i meibon anffruythlaun a dyborthant ffruyth y deillon a
6ellant* crupleit a gerdant. agkynnog\''on* a vydant oludauc.
yny cof ganthunt triga6 o baup o honunt yn anssaud g}'ua
dr6y yr h6nn vssvd wreid melysder trag}'6daul '. A phan d)'6at
lessu hynny. yn diannot y talp6yt y baup iechyt oe holl
heinnev. ac nv veidaud neb dyéedut vrthau. nae waranda6.
XXX. Odyna yd aeth Meir a losep gyt a lessu hyt yn
dinas Nazareth, ac y bu yna gyt a reeni. Ac yd oedynt yno
dyésatyrngueith yd aeth lessu y ware gyt a meibon ereill ar
lofft, Damweinaud hagen gythyau o vn or meibon y llallyr-*
ar y llofft yr Uaur yny vu var6. A phan welsant reni 5 y mab
mar6 hynny. y dyéedassant yn erbyn Meir a losep 3'n llittyauc.
Ych mab ch6i. a ythyod yn mab ny or llofft yr llaur yny vu
var6. lessu a de6is. ac ny dyéat dim. Yna y doethant losep.
a Meir ar \rys ar lessu. ae vam a dy6ot vrthau. vy argluyd i
dy6et y mi os tydi a uyryod y mab yr llaur. Ac lessu yn
1. L. vronuâs in S.
2. L. cnuenti as in S.
3. L. trag6\daul, or iragywydazL'l as in S. Cf. p. 192, n. 3.
4. L. y as in S.
5. L. reeni as in S.
iJyiiKi Vithhiooi Icssii Grisl. 231
diannot a disgannaud * or Uofft ac a eléis y mab ervyn ' y
en6. Zcno. ar mab a attebaud ida6. yn da. Icssu a dy6ot vrthau.
Ae myvy ath vyrryod di yr llaur. Ynteu a dy6ot Nac
efargluyd. A ryuedu a énnaeth * reeni y mab mar6. A
moli Du6 a 6nnaethant* am y g6yrtheu hynny yn vrdass-
eid.
XXXI. Ac odyno yd aeth losep a Meir hyt yn lericho
ac yna wythmluyd oed lessu. Ac yd anvones* Meir lessu
a llestyr prid ganthaé gyt a meibon ereill y gyrchu d6fyr
yr ffynna6n. damweinaéd guedy llen6i o lessu y llestyr or
d6fyr. dyuot vn or meibyon ae ythya6 y llestyir ^ ae torri.
lessu ena * a erbynnya6d y défyr or llestyr yn y vantell oed
ymdanaé ac ae duc y d6fyr heb golli dym* be vam. Hitheu
pan y guelas. a ryuedaud. ac a adeilaud hynny yn y challon
yn gatéedic.
Dyd arall damweinnaud* vynet o lessu yr tir yd oedit yn
medi ynda6. Ac ef* a duc ychydic or guenith oe vam. ac et*
ae* heod ychydic. Ac ar hynt y tyua6d yn amyl. ac a aedued-
aud*. heb olud ef* ae medaud. ac o hynny y cafîlit cant lles-
treit o wenith. ac ef* ae rodes y baup ynn* hehalaeth* K
XXXII. Fford oed o lericho y vynet y Eurdonen. yr lie yd
aethant meibon yr Israël, yny lie y dyéedit bot arch ystauen 4.
ac wythmlôyd oed lessu yna. ac ynteu a aeth or dinas* tu at
Eurdonen. Ac ar emyl y fFord ar lann Eurdonen yd oed y
ry6 le yd oed llewes yn meithrin y channaôon. Ac ny veidei
neb kerdet y fford honno. lessu a doeth yno ac ef a adnabu
bot y lleées yno ym meithrin y chana6on. Ac val y guelei
paub ef a aeth y myén. Pan welas y lleot lessu yn y erbyn y
doethant y adoli ida6. A lessu a eistedod yn yr ogof* kan-
naon * y lleot a redassant yg kylch y traet. ac a hwareyssant
ac ef. y lleot o bell y 6rtha6 a sauassant . ac ae guediassant.
1. L. erhyii as in S.
2. L. llestyr as in S.
3. L. ehalaeth as in S.
4. According to Sir Edward Anwyl from arcba testanienti which became
arch y tyslaueu and later arch vstaiim. Dr Richard Davies wrote arch
Esefn.
252 Mary Williams.
a llywenychu* 6rtha6 a wnaethant. Yna yd oed y bob^-l o
bell yn seuyll heb welet lessu yn dyuot. a dywedassant. Pan
na wnnaethoed * h6nn neu y .reeni pechodeu gorthr6m nyc
ymrodei oe vod yr lleot. A phan vedlyassant* hynny nachaf
lessu yn dyuot dracheuen ar lleot yn y raculaenv. ar cannaon*
yg k3dch y traet yn ch6are. ac eu reeni yn gostug eu pennev
ida6 tru.y vvydaut. Ar bobyl oed o bellyn seuyll heb veidyaô
dynessaé ' atunt. rac y lleot. Y iessu adyéat yna vrth y niver
val hynn. Maur y mae guell y buystuileit no ch6y. y rei
yssyd yn adnabot. ac yn moli eu crea6dyr. ac eu hargluyd.
Hwchwithev dynyon a \vnnaethp6yt* ar fFuryf du6 e hun. ac
ar y werthuaôr dr}'ch. nys etwenéch. ar anyueileit am hatt-
6en i. ac arafant ger vym ^ dynyon am guelant. am pellaf yn
y byt y6 vdunt vy adnabot.
XXXIII. Pan yttoed losep. gof prenn oed. ac ny wnay
weith eithyr g6yd eithyr. a guelyeu prenn. dam6einaud
dyuot guas jeuang atta6 y erchi ida6 guely prenn o hwech
cufyt*. losep a erchis y vab torri y prenn a hesglif heruyd y
messur. Ac ny chetuis hagen mod iaun ar y prenn. vn a
wnaeth yn vyrrach nor Hall. loseph a vedylya6d ynda6 gan
ovuttya6 beth a wnelei. Pan welas lessu euo yn 3'mo(Fol.
XX^)'uudya6 am h5'nBy. Iessu ady6otyrthau yn ymdidangar.
Dabre heb ef. a chyssylltun y prenneu a gogyhydun. Ioseph*a
wnnaeth* val y herchis. canys géydat y gallei Iessu wneu-
thur yr hynn a vynnei. Ac wynt a kyssylldassant* y guyd eu
penneu y gyi. a Iessu a tynna6d attaé y prenn byrraf. ac ae
g6nnaeth* yn gyhyt ar h6yaf. ac ' dy6at vrth loseph*.
Gwnna* dy \veith. Ac velly y gwnaeth loseph mal y harch-
aud.
XXXIV. Eihveith yd erchis y bobyl y Y tir. a loseph*.
anvon Iessu yr yscol y dysgu * Uythyr. a herwyd gorchymyn
hynatyeit*. yna y dugant Iessu ar yr athro y dysgu* ganthau
dyn5'a61 geluydyt. ar athro h6nn6 a dechreuod yn anhegar
y dysgu*. a dy6edut vrthaé Dy6et.A. Iessu a dy6ot vrthau
1. L. dynessauas in S.
2. L. vym 7)iron as in S.
3. Insert y as in S.
Lhma Vahinogi lessu Grist. 233
Dywet ti y mi yn gyntaf beth y 6 .B. a minhev a dywedaf y
titheu beth y 6 .A. Odyna yr athro yn llittyauc a treéis
lessu. ac yn y lie yr hénn ae tre6is a fu varo *. Y iessu a
ymchuoelaud * atref. ar y vam. loseph dr6y ovynn * a eléis
atta6 Meir vam lessu. ac a dyéot vrthi. Yn wir g6ybyd ty
trist y6 vy eneit .i. hyt agheu. o 'achaus y mab. ef ' allei
dyuot vn tr6y y lit a tharav y mab yn y vo mare. Meir ae
hattebaud ac a dy6ot vrthau. A 6r na chret ti a allel* o hynn
vot. namyn ti a ellv credu yn diogel. p6y bynnac ae hanvon-
nes * efy eni ym plith dynyon. ef ae keid6 rac dynyon dr3^c-
ysbrydaul. ac yn y eno* ef. ef ae hamdiffynn * rac pob
dréc.
XXXV. Eihveith yr Ydeon a archassant y loseph. a Meir
d6yn y mab ar athro ae dysgei druy hegaruch. Meir a losep
rac ovyn creulonder bobyl a gogyuydaw* eu tywyssogyon
ofFeireit ^ ae dugant yr yscol. ac yn gwybot na allei
neb dyn rodi ida6 dim dysc. yr hénn yd oed ganta6 o per-
ffeithruyd keluydyt. a chôbled or g6ybot y gan Du6 e hun.
Pan doeth lessu yr yscol ef a gyfFroes or ysbryt glan. ac a
gymerth y Uyuyr o la6 y g6r a dysgei y kyureith* paub yn
edrych. ac yn guarandaô. ef a dechreod* darllein nyt petheu
ysgrivenedigyon yneu llyureu \vy. namyn yn yspr}^t Due by6.
megys y kerda raeadyr or ifynnaun. ar fFynnaunyn trigyau yn
gyfulaun *. Ac velly yd oed yn dyscu yr bobyl rinwedeu Du6
byé.anerthoedyr hollgyuoethauc. yny dygéydod yr athro yr
llaur gar y vronn. ae* adoli. callonnev y niver a oed yn guar-
anda6 arna6* yn diwedut* a arneygyod. Pan gygleu* losep*
hynny dan redec ef a doeth ar lessu rac ovyn mar6 yr athro.
Pan welas yr athro ef. y dy6at vrtha6. Nyt dysgybyl a rodeisti
y mi namyn athro. p6y a dichaun kynnal y eireu. Yna yd
eflenwit a dy6etp6yt yn y sall6yr. Avon Du6 a efuleéit > or
dyfred*.
XXXVI. Gwedy hynny. y doethant Meir a losep a lessu h3't
yn dinas a el6it Capharnaôn dréy arvordiret rac dryctet* y
bobyl a wyrthéynnepynt* vdunt. Guedy press63'la6* o lessu
1 . Insert a after ef.
2. L. eu tywyssogyon ar offeireit, cf. p. 247, 1. 31.
3 . L. efulenôit as in S .
234
Mary Jï^illiams.
yno yn y dinas. yd oed neb vn 6r a el6it. losep. aberthauc
oed. A h6nn6 a oed niver vch y ben. ac ef yn var6. yn
6da6 ' ac yngueidi. lessu a dyot ^ yna 6rth losep y tatmaeth.
Paham na rody di allu dy rat yr gér a fu varé. ac a oed vn
en6 a thi. losep ae hattbeaud K Py allu yssyd y mi. neu pa
veddyant* y rodi benfEc rat y neb. Yna y dy6ot lessu. Tynn
y lliein yssyd am d}»- ben di. a gossot ar wyneb y g6r mar6. a
dy6ot lessu ath ellug. Ac yn diannot y kyuyt yn yhch * oe
wely. losep yn y lie a énaeth mal y gorychymyna6d* lessu.
Y ty y gér mar6 y doeth. Ar suder* oed am y ben a ossodes
am ben y gér mare, ac yn y lie y kyuodes y gér mare oe glaf-
wely. ac a ovynnaud péy oed lessu.
XXXVII. Odinas Capharnaum wynt a doethant hyt yn dinas
Bethléem. Ac yna y doeth Meir a losep a lessu hyt yn ty losep
aoedyn y dinashénné. Ae bresséylua. Acyr y ty ydoethant. A
dydgueith y geléislosep attaéy mab hynaf . Yago* a* oed henné,
ac yd erchis idaé vynet yr ard y gynnullaé caul y wneuthur
bressych. A lessu a doeth y gyt ac ef heb wybot * y Veir ac y
losep. Atthra yttoed lago yn kynullaé * y caul. neidyr ae
brathod yn y laé deheu. ac rac diruaér dolur. ef a leuaéd. Ac
ac ef yn diffygyaé dréy wheruder ymadraud. a dyéot. Guae
vy géae vi. y neidyr waethaf * am brathaud ym llaé. lessu oed
yn seuyll ar y llaé arall pan giglea ef lago yn lleuein. y red-
aéd* tu ac attaé. ac y kymerth y laé yn y laé yntev. Ac ny
wnaeth dim eithyr hwythu ar y laé. Ac yn diannot y
iachaaéd y laé. ac y bu varé y sarff. A Meir a losep ny wy-
dynt pa daroed. eithyr klybot Uef lago. yny* menegis lessu
vdunt.
FoRMS FOUXD IX SelcctioHs fiwn the Hengiurt Manuscripts.
P. 208, 1.
3 esgyh omitted
4 ivy omitted
6 mewn
11 yscriuennassei
12 vuched
1 3 pryimyau'dyr
1 5 wnelyd
20 vehister, for spelling of
word V. Y Beirniad,
vol. I, p. 207.
1 . L. udaô as in S.
2. L. dyicot as in S., but cf. p. 209, n. 2.
3. L. hattebau'd as in S.
Llyiiia J'iibi)iOi^i lessii Grisl.
235
P. 208, 1. 22 ditheu
yaiL'u gu'iia
25 ydych
30 iifudhau
P. 209, 1. I CHW, cf. 11. II, 17,
p. 212, 1. 12, 218,
ll.>8, 34, 221,1. 18,
227, 1. 30, 233, l.ii.
Inunnw
ac
2 y II y
3 ofiiennyn, evidently a
colloquiallorm.
5 ■wasannaethei
12 nihuyd
13 gaffel
1 5 anluyazv
16 aiiregyoïi
18 canyt
20 teniyl, ci. pp. 210, 1. 26,
211, 1. 5.
ymcboelawd
22 mynet
25 W«/fl5
26 varzu
5 1 Ihnuetiyd
P. 210, 1. I dytvedut
3 }'^^/;}:o-or
8 ^u'^/v
12 y omitted
18 gylieis
22 dkuyllynt
26 /jonrti
27 orffo-ivys
28 chyffelyp
29 rf/5o^)';i;7,cf. p.2ii,l. 23.
P. 211, 1. 4 diwau't
10 flrfwfl hydassaïun
19 ynichweJyt at
25 wnaetbost, di omitted
30 ^j«od
31 ysrgyhyl
P. 212,1. 15 /^^^y, cf. p. 214,1. 2
wneutbur
14 rt
15 trigyawd
17 edrychei
21 e/ omitted
23 agores
26 i!/' «j» fi//fl«
P. 21 3, 1. 6 'wneuthiir
7 gynhalawd
1 1 a//a«
12 dygrones
14 llauuryawd
16 adiuyn
17 ygharyat
ymhoh
21 a omitted
23 yghylch
24 ymadraud
rac. . . heuyt omitted
26 ymhob
27 ymadraud
28 rorfrt
30 aghennogyoïi
P. 214,1. I offeirat
3 dichou
12 Wjy
16 co^é^
23 0^(f
24 kyniiog luvnt
27 w/
28 j omitted
P. 215, 1. I /'oZ'
3 gividyn
9 S inserts rtc
25 /;oH^ï
26 te«
30 geivilydyus
34 treviygod
p. 216, 1, 2 «'«ey
5 chcteindeithestu
9 Jamia. MS lias J'ainia.
14 ufydhaf. a omitted
Mary Williams.
P. 220, 1.
23e
P. 216, 1. 17 pbaedwch
23 dyimt
25 duiL'
28 ofyn P. 221, 1.
29 ofynhaa
34 jHc/r
P. 217, 1. 2 il omitted
3 gueryndaïud
4 <i«c
6 tnynny
9 foï omitted
15 di
23 y daeth P. 222, 1.
25 ymJnuod
29 zuedyei
32 kynnulleidua
P. 218, 1. 2 yfcv^mfl
4 iviih,d. pp. 226, 11. 21,
33,227,1. 23, 34,etc.
9 bendigedic wyt omitted
11 inuy
honn
12 oiiynnivn
P. 219, 1. I Wedy
3 t\%iyssauc omitted
4 t^yne/
7 dywat
8 gwiscedic P . 2 2 3 , 1 1 .
10 orwac
1 2 j)'i edeiiis
14 ao-eZ
15 weir
17 }'55jé/ omitted
23 wynvydedic
29 jr e?«'
P. 220, 1, 8 yn inserted P-224, 1.
10 y cretwyf ual. MS has :
halualu " jy cretwyf
liai "
16 eissydedic
18 jyn
21 echtywynedic
30 berued
disgynn
32 !• iacJm'au'l, but cf.
p. 234, 1. 8 and
p. 238, 1.33.
4 dyuedasant
13 rrf efleiunit
14 _)' trigawd
16 seilhued
21 îi'«/t'5
22 ftZw^/
26 /îVV//j
29 ympryt
34 luelsein
3 helhlem
5 a omitted
10 anuones
1 1 iiieihon
12 kennadeu
1 3 }'£? oedynt
or
23 dVît'ai, cf. p. 225,1. 32.
26 ofymunvd
27 0/j7J
/ omitted
28 aghenreit
29 //eît'O/
31 ew omitted
cetyindeithoccau
5, 7 ofynhaa, ofyti
7 dyiuededigyon y. MS
has dywededigyoHi
pethev
13 y
30 jywy/
32 gynnullaw
33 '^#'^'
6 blaintu
II rfît'j?î
13 caloneu
14 ivnaethym
1 6 gwedy yr
ij iosep
gormot
18 7-^/?ï^
19 dinesvd ai- yr arvordir
Llymn Vahuwol Icssu Grist. 237
yssyi. MS lias : di- P.
nessyd " a. y. a.
yssyd".
P. 224, 1. 20 ofynna
vyrrhaf
25 gyfadnahot
33 dyuyeu, cf. p. 225, 1. 3
4,' 8, 10.
P. 225, 1. 5 dynessaivd
wynvydedic
6 ûirjf^/
13 hivnn p
16 or... _y
17 bluydyn
22 hyttynt
23 drosses
24 lauryassei
25 gythreul
28 a einelldigaïud
29 5^«
30 gigleii, cf. pp. 226,
1. 17, 233, 27.
31 fl p
P. 226, 1. 6 tristau, a différent verb ;
cf. Strachan, Intro-
duction to Early
Wehh, p. 275.
1 1 kymertb
1 2 gwnaeth '■ ■
18 satwrnn
19 gwney, cf. p. 227, 1. 16.
22 gwarandaw
26 y daeth
27 viïè /o5£'/) omittcd
P. 227, 1. 3 wlyhi'r
4 gogwywaiv... a heh hir
0 hir
8 jyr mivyn
12 or omitted
14 presswylavj
16 dynessaïud
19 io^y P.
26 luelsant
31 anorchyvygedic 5 cannavon
Revue Celtique, XXXIII l6
228, 1. 3, 5 ^/VJ-O-/^
6 /t'5i?/ a Jytw^ omittcd
7 gorcliymynnaivd lessu
13 Aj/^/;';)
15 ^a«^5
21 (( rytied
22 prophiuydi.
28 g'iueles
30 ^;V«, cf. pp. 229, 1. 8 ;
230, 1. 1 3, etc.
3 1 a viim
229, 1. 2 t/ omitted
5 É^yico ...i!C. fl. a gano
5 /:)««
7 llythyren, cf. 1. 24.
8 gorchymynivr
yttoed
20 ^c
21 rfg/ît'
gciigrefydivyr
25 _^^îc'r
34 bronneu
230, 1. 5 ^c/<?/5
1 1 yniadnnvd
11 gytuedu
18 tuelant
aglnnnogvon
231,1. I disgynnaivd
4, 5 lunaeth, cf. p. 232,
11. 3, II, 24, 27, 28.
8 ydanuones
12 yna
1 6 damweinau'd
17 É/e, cf. 11. 19, 20.
18 a
19 adiiedawd
2(j jy« ehalaeth
23 d';yMfl5
29 fl^o/
30 kennau'on
232, 1. I llawenyclm
4 vedylyassant
238
P. 232, 1. 18 cufyd
23 Josep, cf. 11. 27, 30,
p. 233,1. 27.
25 kyssylltassant
31 dyscii, cf. 11. 52, 34.
32 hynafeit
P. 233, 1. 3 vanu
4 ymchwelau'd
ofynn
8 a//eî
10 hanvones
1 1 hamdiffyn
1 5 gogytiydaweu offeireit ly-
zuyssogyon ; MS has
g. eu " o. t. ". Cf.
MS 3. which has t.
ar effeiryeit
20 kyfreith
21 dechreiwd
24 gyflmvn
Mary TVilliams.
26 flC
27 7« dyivedut artiaw. MS.
has : gwaraiidaiL' " jy
i. arnaw ".
32 dyfroed
34 drycvet
3 5 luyrtlnuyneppynt
presiuylaiu
P. 234, 1. 6 vedyant
8 /ac/;
9 gorchyniynnavL'd
10 52iJ. MS has : i//^'.
16 /a^o. i7 omitted
18 u'ybot idaw. MS has
idaw barred in red
ink.
19 kyiinuUaw
22 îi.m'//;ir/ omitted
24 ixdod
27 77/fl ^
III
HWX YU PROL YR ESGYP ' .
Y en caredicaf vraut y leron effeiryat chromatius ac eliodo-
rus esgyb en anvon annerch en er argluyd. Boned meir wyry
ae ganedigaeth gyt a henné a mabolaeth yessu grist a gaussam
ni en Uyvreu kyuanvydyt ene rei yd edrychassam ni llawer
o betheu gurthwynep y an fyd ac a g}'nullassam ninheu in
gubel rac rodi Uewenyd yr antycrist o gysgaut crist. Ac val
yd oedem ninheu en edrech v petheu henné y dyvvanvs deu
wr atam armenius a uernius- a dvwedut yn ry dywanu oth
santolyaeth di ar lyuyr evrei en 3'sgrivenedic o law e gwyn-
uydedicaf vatheu euengyhvr en er hvn e mae en 3'sgrivenedic
buched e wyry vam a mabolaeth an yachwydaul argluyd ni
Ac urth henné ninheu a adolygun gan ymdiryet yth garyat
ti yrn an argluyd ni yessu grest eny rodvch di e ll5'uyr eurai
1. According to Peniarth 14, Pt I (= Hengwrt 25), pp. 58-78.
2. Unless it be iieriiiiis. The MS. is difficult to read.
Ijytiui J^dbiiiogi Icssii Grist. 239
hwnw en lladin yn warandav o honam nyt mwy yr gwan
(p. 59) a dywedut urth yr angel Ny lauassvn i hep ef
offrymu aberth y duw onyt dy afch di a rodei ym teilygdaut
y aberthu. Ac y dywaut yr angel urthav. Ac nyt anogvn
inheu y ty aberthu onyt atnapvn ewyllys duw. A thra ytoed
ef en aberthu gan arogleu er aberth vegys gan uwc y kerdws
yr angel y nef. Ac ena e digwydvs ioachim ae wynep urth y
llawr o avr hanner dyd hyt osper. Ac ena y doeth y weissyon
a hep wybot pa daroed idaw ae arganvot a thebygu mynnv o
honav y dihenyd e hun ae gyuodi o vreid. A guede datcann
o honau udunt ry welsei ae warandav o nadunt mal sythu a
wnaethant o ryvedaut ac annoc idav en diannot gwneithur
kyngor yr angel ae arch a chyrchu ar y wreic en diannot. Ac
val yd oed ioachim en medylyav en e vryt beth a ^wnelei am
emchwelut ar y wreic y digwydus hun arnav. Nachaf atav yr
angel a emdangosassei idav dieithyr y hun ac en dywedut.
Myvy hep hef yu yr angel a rodes duw y ti en geitwat. dis-
gin en dibryder or menyd ac emchwel ar anna. Pob peth or a
wnaethost a thi ath wreic datcanedic ynt rac bron y
go(p. 6o)ruchvelaf a chyvryu etiued a rodet yt ac na bu e
gyfryu er dechreu e byt ac ny bu yr proffwydi eryoet y gyffel-
ip ac ny byd byth. A phan deffroes ioachym galw attav e
weissyon a mynegi e vreudwyt udunt. Ac wynteu a adolass-
ant e duw ac a dywedassant Edrech na thremyckych bellach
angel duw namen kyuot a cherdun a dan bori oc an ysgrybel
y chweric . A gwedy eu kerdet dec diwyrnaut ar ugeint yd
emdangosses angel er argluyd y anna a dywedut urthi. Dos
yr porth eureit en erbyn dy wr canys hediu e daw attat. Ac
ar vrys y kerdws hitheu ae morynnyon hyt e porth hvnnv ac
eno arhos e gur a gwediav. A gwede blinav o honei en arhos
pan dycheif y hwynep nachaf e gwyl ioachim en dyuot ae
ysgrybyl a chyrchu en y erbyn dwy law mvnvgyl idav a diol-
uch y duw a dywedut. Gwedw oedwn ac nyt wyfweitheon.
Diffrwyth oedvn a mi a veichyogeis neu a geniereis ^ . A 11e-
wenyd mavr a vu gan eu carant ac eu kyvathrach. Ac odena
ym peu e nav mis y ganet merch y anna ac e dodes Meir en
I. Glossed concept by a later hand.
240 Mary Williams.
enw arnei. A phan ydoed en dynu y dryded vhvyden yd
aethant y gyt ioachini ac anna y wre(p.6i)ic y demyl duw ac
offr^'mu eno offrymv yno eu merch Maria y enw y greuydd
gweryddon. a hitheu dyd a nos en parhau y m molyaneu
duw. A phan ossodet e uerch er llavr ger bron drws y demyl
yd esg}mnvs ar y redec pymtheg grad e drws y demyl hep
edrech nac ar vam nac ar dat val e mae deuaut e vab amouyn
amdanunt. A sythu a oruc paub. o welet e gweithret hvnnv
hyt en oet esg}'p y demyl. Ac ena e dywaut anna en g}'flavn
or yspryt glan yg gwyd paub. Arglwyd duw e lluoed hep hi
cof vu ganthau y eir a duw a ouwyaud e bobyl oe gys3^gredic
ouwyedigaeth ef y emchwelut e giwdaut a oed ene erbyn
oc eu calion ac an emchwelut ninheu en vuydyon idav ac a
agores e glustyeuar an gwedieu ac a urthladus gurthw^nep an'
gelynyon y urthym . Gureic anvab a wnaethpwyt en vam ac
a enis llewenyd a gogonyant en er Israël, lleman e gallaf ui
offrymu rodyon yr argluyd ac ny eill vyg gelynyon y ludyas
ym. canys yr argluyd ae trosses y urthym ac a rodes ym
llewenyd tragywyd. Ac anrswedaut yr deneon oed veir pan
oed deir blwyd kerdet en frwythlavn a dywedut (p, 62) en
brud ac emdangos y lavuryau ym molyanheu duw mal na
chyffelibit y uerch namen y vorwyn vaur neu val ket bel deg
mlwyd arugeint hep orfowys o wediaw a chyn echtywynedik-
et oed y hwynep ac yd oed vreid y nep edrech arnei. Hi
hagen a lavuryei y nydu gwlan ar hyn ny allei wraged oed-
yauc y wneithur hi ae cuplaei en er yeuenctit hvnnv. Hon
oed y ryol a osodassei arnei e hun. or bore hyt echwyd e
bydei en y gvedieu. O navn eilweith y bydei en e gwedi eny
emdangosei idi yrangel y kymerei uwyt oe law ac val henné
wellwell y raglydei y g\vasanaeth duw ac en y ouyn. Ac en
e diwed pan dysget eilweith y gan werydon a vei uwy no hi
o dirvaur eidiged dayoni y kymerei val y caffet hi en dyuot
en gentaf yr gwyluaeu ac en doethinap y dedA^f en hydysgaf.
ac yn vuyddaut en vuydaf. yg kywydolaetheu en ordetholaf.
en rodi cardaut en hygarnf. yg gleindit en buraf. em pob
kyfryu nerth en berfeithyaf. Canys gwastat disymut dianwa-
dal oed a gwell well beunyd y kerdei. Nys gweles den eryoet
en llidyau. nys kigleu den en
LIvma ï^ahiiioi^i Jcsui Grisl. 241
(p. 63) en temyl duw mcgys colomen ac ny mynei edrech
ar wr ac a oed genthi y dysc goreu yn dedyf duw a phei na
threissut titheu hy hy hi a uydei wyry etwa. Ac enteu a
emdiheurvs na dodassei law arnei erj^oet. Byw yu duw hep er
abyathar esgop mi a rodaf yt yr aur hon dwuyr. yd sechi o o
diaut yr argluyd ac en diannot yd ymdengys dy bechaut.
Henné oed yr hyn dyenafen e dedyf. Ac enae kynullwt niver
nyt oed haud eu rif nac eu dodi en rivedi a dwyn meir e
demyl yr argluyd ar effeiryeit ae ryeni ae charant ae chyfnes-
eiuyeit en wylav am veir ac en dywedut urthi. Kyfessa dy
bechaut yr effeiryeit val colomen wyt yn temyl duw ac ny
chymerut uwyt namen o law angel. Ac ena y gelwit ioseph
uch ben er allaur uchaf ac ena e rodet idaw e dwuyr bendig-
eit yu yvet. Ac yr y yvet o hanav a gogylchynu yr allaur
seith weith ny dangosses duw vn arwyd arnav o bechaut. Ac
ena y bendigus yr effeiryeit ar gwassanaethwyr ar bobyl a
bendigedic wyt heb wynt (p. 64) can wyt dibechaut. Ac ena
galw meir atun a gouyn idi pa esgus a allei neu pà àrwyd uwy
a allei vot noc beichyogi yth groth hep wynt. vn peth a
ouynnvn yt canys yach ioseph o honaut adef yn pwy àth
dwyllus. canys gwell yt tu hun adef dy bechaut no dangos o
duw y arwyd arnat trwy y var ac y perved e bobyl y danlle-
wychu arnat. Ac en wastat dianwadal y dyw^aut meir. O sit
enof vi hep hi nep ryw halogrvyd pechaut neu o bu enof e
chwant yr arglwyd duw hep hi ae datoto arnaf yg gwyd yr
holl bobloed val e bwyf diarhep yr bobyl. Ac ena dyuot yr
allaur a chemryt e dwuyr o diaut er argluyd ay yvet a gogylch-
ynu yr allaur seith weith ac ny chàffat arnei nac àrwyd
pechaut nàe arllwybyr. Ac àr henné sythu e bobyl ac ual dar-
vot ac en gwelet e beichyogi en e chroth dechreu y rygthun
amrysson gorwac. vn a dywedei pan yu o gleindit. arall a
dywedei pan yu o gytwybot drwc y kuhudit. Pan weles meir
ena ymodurd e bobyl ac eu typ or nat oed dogyn yd emdi-
lieurassei val e klywei baup o hyt y
(p. 65) uwystuilet y koedyd arafhau rac vym bronn i. y
eirth a Ueot a lleopardyeit a adolynt idau ac ae cànymdeynt
en e diffeith y dangos ford y ueir a ioseph pà du bennàc v
kerdynt ac y racvleynynt y dangos eu ford a phan wehenynt
242 Marv JViUîains.
yd àdolynt idau. Pan weles meirgentaf e Ueot ac amrauaelyon
genedloed bwystuileten dyuot o bop tu udunt ouyn a vu arnei.
Ac edrech henné a oruc yessu e mab ac erchi idi na bei ouyn
arnei. nyt yr afles yt hep ef e maent en dyuot namen yr dy
wassanaethu e maen en bryssyau. Ac o henné allan ny bu
arnunt vn ouyn. Ar lleot a gerdynt y gyt ac eu hessyn ac eu
hychen ac eu sumereu y dwyn udun eu reidyeu ac nyt argy-
wedynt udun dim ket bedynt y gyt. namen bot en dof eni
plith e deueit ar meherin ry dugessynt oc eu gwlat ganthunt.
Em pHth y bleidyeu y kerdynt en diaryneic ac en digodyant e
bop peth. Ena e cuplaut a dywaut e profuyt. y bleidar oen a
gytv3'dànt yn eu portlivant ar Uew ar ycha gytuwytaant. Ena
yd oed deu ychen a benn arnunt ac eu reidyeu endunt ac en
henné bhnav y wynuydedic veir en e diffeith gan dra gwres
er heul ac ârganvot pahuitwy (p. 66^ den o honei a dywedut
urth ioseph y mynnei orfowys ychydic yg gwascaut e pren
Ac ar vrys y duc ioseph hi parth ar pren ae herbyn y ar y
mul. ac wedy eisdet ychydic o honei a dan e prenn edrech ar
e bric ae harganuot en llavn o aualeu a dywedut urth ioseph
e damunei hi heth o frwyth e pren ac y kymerei o gelht e
gaffael. Ryued yu dywedut henné o honaut hep e ioseph
medylyau o honaut catfael dim o frwyth e pren hvn a gvelet
y huchet. Mwy yu arnam ni er aur hon eissyeu duvyr ac ar
an tylwyth ac ny allwn na ni nac wynt emwaret. Ena y
dywaut yessu o arfet y vam en eisted Gostung bren hep ef
dy frwyth yn. ac en diannot ar er emadraud hvnnv gystung
y holl vric adan draet y wynuydedic veir ac oe frwyth kem-
ryt digavn. A guede kemryt e frvyth onadunt ymarhos en y
archei ef idi hi gyuodi dracheuen val e gystyngassei ar y arch
Ac ena yd erchis yessu idi emdvrchavael ac emgadarnhau a
byd gyt a gwyd vyn tat inheu em paradwys. Ac en diannot
3^mderchauael oe lie nachaf y adan y gwreid e fynhaun
eglurhaf ac oerhaf a melyssaf. A phan welsant e
(p. 67) enteu a doeth er demyl ac a weles yr holl geu
delweu aceu hwyneb urth e daear en eu gorwed. A dynesau
ar y wynuydedic veir a oruc yd oed e mab en e harfet ac
adoli e mab. Ac emchwelut ar y lu ae gedemdeitheon ae weis-
syon a dywedut urthunt pei na bei duw ema hep ef ny dig-
iJyiiia rahiufli^l lessu Grist. 243
wydei an dwyweu ni rac c vron ef ac ny orwedynt val hun. e
maent en dawedauc en tystu pan yu eu duw yu. ac urth
henné pa wnavn ni y an dwyeu. ac ony bydun gall ni allwn
haedu y var ac an llad en gubel. val e damweinnyus gynt y
pharao vrenhin y reifFt cany chredus y nerthoed duw y bodet
ef ae holl lu e mor rud. Ac ena e credvv^s holl lu e dinas
hvnnv yr arglwyd duw trwy yessu grist .
A gwedy mynet yessu or reifft pan ytoed yg galilea en
dechreu y bymhet ulwydyn oe oet sadyrngweith yd oed en
gware y gyt a meibeon arganaul eurdonen. Ac yd oed yessu
wedy ry wneithur seith lynn a gwneithur kvndit y arwein e
duwyr o berved e canaul urth y arch ef. yr llynnyeu ac yn
aruein odeno dracheuen e gwarchayus vn or mei(p. 68) beon
e ford a wassanaethei yr llynnyeu a diwreidyau er hyn ry
lavur}'asei yessu. Ae tidi vab angheu mab y diauwl hep yr
yessu a wasgar er hyn ry lavuryeis i ac en diannot e digwy-
dav ' en varw e den a wnathoed henné. Ac ena val ket bei o
vrat lleuein reeni e mab marw en erbyn meir a ioseph a
dywedut udunt. Auch mab chwia emelldigus an mab ni enevu
uarw. Pan gigleu ioseph a meir henné dyuot ar yessu racovyn
llevein y reeni trwy vrat. Ny lavassaf vi hep e ioseph en issel
urth veir dywedut urthau ef. dysc di evo a gouyn idau pa rac
y peir ef yn ni digassed e bobel a molest deneon. A phan
doeth e uam atav e gouynnvs idav pa beth ry wnathoed e
mab a vuassei varw . Ef a haedus hep ef e varw am wasgaru
y gweith a lavuryassvn. Argluyd uab hep hi na wna henné rac
kyuodi e bobyl en an erbyn. Ac adnabot tristau e vam a tha-
rau e mab ae droet deheu ar y dwy froen a dywedut urthau
kyuot uab yr enwired nyt teilung y ti dyuot y deyrnas vyn
tat (p. 69) i am wascaru vy llavur i. Ena e kyuodes e mab
marw y emdeith ac o arch yessu o dena y kerdus e duvyr yr
llunnyeu yu ford mal kynt. Ac o dena diwyrnaut val e gweles
paub e kemyrth yessu prid or llynnyeu ac y gwnaeth o honau
deudec ederyn. a sadwrn oed pan wnaeth yessu henné a
meibeon llawer gyt ac ef. Ac val y gweles vn or ideon a oed
y gyt ar meibeon henné y dywaut urth ioseph. Pony wely di
I. L. digu'xdavcl.
244 Mary Williams.
ioseph yessu dy vab en llavuryav e sadurn. er hyn nyt cannyat
ef a wnaeth or Ihvch deudec ederyn. Pan gigleu ioseph henné
y angreffyau a oruc a gouyn idau pa ham e llavuryei e sadurn
y peth nyt cannyat yn ni hep ef. Pan gigleu yessu henné e
gan ioseph tarav y law ar y llaw arall ac erchi yu adar ehe-
dec. Ac ehedec onadunt wynteu ar y arch ef. ac yg gwyd paub
or a oed eno en edrech ac en gwarandau e dywaut urthunt
Euch ac eheduch trwy er hoU vyt a byduch uyw. Pan weles
e nep a oed eno y ryw arwydyon henné sythu a wneynt ae
voli ae anryvedu. ac ereill ae kellweiryei ac ae gwaradwydei.
A rei onadunt a aethant ar dyw3'ssog}'on (p. 70) yr effeir}'eit
ar athraon i genatau udunt bot 3'essu vab ioseph yg gwyd
pobyl yr holl israel en gwneithur anryuedodeu a gallu mawr
a henné a gennatunty holl Kvytheu yr israel. Acena eilweith
e doeth mab anna effeiryat y demyl a dothoed gyt a ioseph a
gwyalen en y law a phaub or bobyl en edrech arnav a chan
g)^ndared llesteir\^au e gweith a wnathoed yessu ar y llynnyeu
a gelKvng e dwuyr onadunt a dugessit udunt or avon. canys
cayudygyat e dwuyr trwy er hvn e kerdei yr llynnyeu ac o
dena yd emchwelvyt. A phan weles yessu henné y dywaut
urth e mab hvnnv O waethai etiued enwired. O vab angheu.
O vs^eithredoed e diauwl. Ny byd grym o frwytheu dy etiued.
ath wreid a uyd heb dim ir endav ath gangeu a uyd krin. ac
yg gwyd paub e ditnvythvs e mab ac e bu varw. Ac ena e
deliis ioseph yessu ac y duc yu dy ae va m y gyt ac ef. ac ar
henné nachaf mab en dyuot en eu herbyn gv^eithretwr enwir-
ed a neidyau ar ysgwyd yessu y vynnv. argywedu idau os
gallei. Nyt ey di yth ford dracheuynyr ford honno adigwydav
e mab en varw. a Uevein reeni e (p. 71) mab marv a welsynt
ry daroed a dywedut amluc yu pob peth or a dyweto hvn y
guplau o weithret a gweithyeu kyn y dywedut o hanau e cup-
pleit. Nessau a orugant ena ar ioseph a dywedut urthau.- Diot
yr yessu hvn oc an plith cany eill bresswylyav y g}^t a ni en
kemr}'t dim neu enteu dysc ef y dywedut da ac na dyweto
drwc. Ac ena e dywaut ioseph urth yessu. Paham y gwney di
y ryu betheu henné mae llawer o deneon llidyauc urthyt a
thrwy dy bennyd ym ninheu en atkas acdiodef molest llawer
o deneon . Nyt oes vn mab kymen hep yr yessu urth iosep
LJvnin Vcihiiwi^i Icssii Grhf. 245
ar ny dysco y reeni idau kymendaut e byt hvn ac nyt
argyweda emelldith onyt yr nep aehaedo. Ena yd emgynull-
us paub en erbyn yessu ae guhudau urtli ioseph, Ac o henné
e bu ar ioseph ouyn pobyl yr Israël, ac ena y deHis yessu e
mab marv erbyn e glust ae dyrchauael y vynyd yg gwyd
paub ac y gyi ac yd emdidanws yessu ar mab marw y doeth
endav y eneit ac y ryuedus paub henny.
Pan gigleu athro zachias y enw yessu en dywedut y ryw
betheu henné ny allei nep e orchy(p. 72)uygu oe doethinap
ae nerth a doluryau o honav am henné a dywedut en disgyfrit
en erbyn ioseph. Paham na rody di dy uab yu dysgu o dysc e
bo arnau ouyn deneon ac arwyd yu bot en well gennych ti a
meir auch ewyllys chwi hun no gossodeu auch reeni ac auch
hyneif. Reitiaf oed y chwi en gentaf anrydedu effeiryeit er
israel ac odena caru auch meibeon ac eu dyscu o dysc. Pwy
hep e ioseph a eill atal e mab hvn ae dysgu. ac os ti di a eill
y atal ef ae dyscu nyt ni ni ae Uud y ty yu dyscu ef or dysc a
dyskir e deneon. Pan gigleu yessu emadrodyon zachias atep
idau val hyn a oruc. Gorchymynnvr y dedyf y bychydic o y
emadraud a dyvs^edeist a phob peth or a dysgeit reit uyd yt y
gadw ac y den val ti. ny hanwyf ui o ossodeu y deneon ac o
dieithyr knaut deneon pan hanwyf om dedyf a thitheu a bress-
wyly trwy dysc y dedyf minheu a oedvn kyn no dedyf. A
chet tebykych na bo en doethinab dy gyffelip ti a dysgy e
gennyf ui cany eill nep dysgu namen y nep a enweist di
canysef y syd deilungy dyscu. A minheu pan ym dyrchauer
y ar e daear
(p. 73) reth ac val yd oed eno diwyrnaut sadyrngweith a
yessu en gware y gyt a meibeon e mevn llofft y ryv dy a
damweinnyus grynnyau o vn or meibeon vn arall trosy llofft
ac or kwymp e varw. A phan weles y ryeni eu mab en varw
Ueuein ar veir a ioseph a dywedut. auch mab chwi hep wynt
a uwryvs an mab ni y dorri y uwnvgyl a yessu en tewi hep
ateb. Ac ar henné y doeth meir a ioseph ar yessu a gouyn
idav ae evo a vyryassei e mab er llavr. Ac ena y disgynnvs
yessu or llofft a galw e mab erbyn y enw zeno. Argluyd hep
e zeno. Ae mivi hep yr yessu ath vyryvs di. Na thi argluyd
heb e zeno. ac anryved vu henné gan ryeni e mab a vuassei
varv ac anrydedu duw am e gwyrth hvnnv.
24fc» Marx IVilIiams.
Ac odena yd aeth ioseph a meir hyt en iericho ac ena yd
oed yessu en chwe blvyd ac yd anvonet a llestyr ganthav y
wehynnv duvyr o fynnavn y gyt a meibyon ereill ac y dam-
weinnyus wedy gwehynu e duvyr y uthyau ef o vn or meib-
eon ar y llestyr yd oed endav e dwuyr a thorri y llestyr a
thanu o honaw enteu y vantell a oed amdanav a chemryt e
(p. 74) dwuyr endi kubel or a oed en e llestyr ae dwyn yu
vam. a phan weles henné ryuedu a oruc ae vedylyau a chadu
pob peth o henné en y medul. Ac o dena diwyrnaut yd aeth
yr tir ac y duc ganthau ychydic o gravn o ysgubaur y vam
ae heu en e tir a thyvu a oruc en amvl o dena pan doeth
amser yu vedi e kynullut can pyn o hanau ac y rodes yu
wasssaneth denyon.
Ford a oed a gerdei o iericho y avon eurdonen e ford y
kerdessynt gynt meibeon vr Israël en e lie e dywedir bot yr
arch ystauen en gorfowys. Ac ena yd oed yessu en wyth
mlwyd ac yd oed en mynet o iericho y eurdonen. ac ar e
ford yd oed gogof ger glan eurdonen ac en honno yd oed
llewes a chanavon genthi ac nyt oed nep a vei diogel ganthau
gerdet y ford honno. A phan doeth yessu o iericho ac adna-
bot bot y llewes vlith ac chanavon en er ogof yg gwyd paub
yd aeth y mevn. A phan weles y lleot yessu y doethant en y
erbyn y adoli idau ac eisted yessu en er ogof ar canavon en
llewynychu yg kylch y draet ac en gware y gyt ac ef. ar lleot
mavr en seuyll o bell a g3^stung eu penn ae adoli a llewyny-
chu eu (p. 75) llosgurn rac e vron. ar bobel ena en seuyll o
bell ac yn absent yessu e dywedynt. pei nar wnelei hvn
diruaur bechaut neu y ryeni nyt emrodei oe vod yr lleot.
Ac val yd oedynt en medylyau ac en tristau amdanau nachaf
ef en dyuot or ogof. ar lleot en y vlaen ar canavon en gware
yg kylch y draet. a ioseph a meir ar bobyl en seuyll o bell
rac ouyn y lleot hep lauassu nessau atav. Ac ena e dywaut
yessu urthunt Gwell yu synnwyr yr aniueillyeit ar bwystuilet
en adnabot eu hargluyd ac en y adoli noc vn e deneon a chwi-
theu wedy auch gwneithur ar lun duw ae delw hep y adna-
bot. e bwystuilet am atwen i ac a vydant dof rac vym bronn
ar delleon ' ym gwelet hep vy adnabot.
I. L. deilhon.
IJyiiia Vabiii(\^i h'ssii Crisl. 247
Ac val yd oedioseph en saer pren ac ny wnaei dim namen
gwyd ereidyr ac ycu a charvaneu y welyeu dyrchauat e dam-
weinnyus erchi o wryanc idav gwneithur gwely idav o chwe
thi'oetved ac erchi o ioseph y was idav rorri e carvaneu a
hesglif haearn ar e messur y hadawsei ac ny chetwis e gwas e
messur namen gwneithur e neill yn vyrrach nor Hall a medwl
die a gemyrth ioseph endau am hen(p. 76)ne a dywedut a
oruc yessu urthau. kymer hep ef pen y prenneu achyssyllun '
wynt y gyt, a gogyhydvn wynt. a thynnvn wynt en o gyhyt.
Ac urth y orchemyn enteu yd ymatuerthus ioseph canys
gwydyat e gallei wneithur a vynnei. Ac ena yd ymeueilis
ioseph a phen e prenneu ac y kyssyllus e tu- atau e hun ac e
kemyrth yessu y pen arall ac y tynnvs e byrr en o gyhyt ar
hir. Ac o dena yd erchis y iosep gorfen y weith racdav.
Ac o dena eilweith yd erchit y ioseph a meir y gan e
hobyl dysgu llethyr y yessu yn yscol. a herwyd gorchymyn
henuryeit e dugant yessu ar athro y dyscu dysc deneon idav.
ar athro hvnnv en gyueilyornus a dechreuws y dysgu.
Dywet alpha hep ef. Dywet ti y mi en gentaf hep yr yessu
beth yu beta a minheu a dywedaf y ty beth yu alpha. Ac
am henné llidyau yr athro a tharau yessu ae varw enteu
en diannot. ac emchwelut yessu yr ty ar e vam. Ac ouyn
a vu ar ioseph a dywedut urth veir. Gwybyd di hep ef vy
mot i en gyn dristet am angheu am e mab hvn . canys ef a
dichavn y darau ef o drycden en y vo marv. A wr duw
hep hitheu na chret henné namen cret gallu or neb ae
(p. 77) hanuones yu eni em plith denyon y amdiffyn en dio-
gelrac drycdenyon. ac y keidu rac drwc en y env. Eilweith o
dena yd erchis yr ideon y ioseph a meir ymanhyed ar mab ae
dwyn ar athro arall yu dyscu. A rac ouyn e bobyl a byguth
ty wyssogyon ar effeiryeit y dugant meir a ioseph ef y ysgol ac
en gwybot nat oed vn den a allei y dyscu er hvnn a oed ber-
feith y wybot y gan duw e hun. Ac eissyoes wedy dyuot
yessu yr ysgol o bleit yr yspryt glan kemryt en y law Uyuyr
yr athro a dysgei y dedyf a dechreu canu arnav a phaub en e
1. L. r/.'v,«r///îc';;, but cf. 1. 12.
2. Insert ac.
248 Man JViUiûDis.
welet ac en y warandau. Nyt e peth hagen a oed yn y llyuyr
a gant ef namen o yspryt duw byw y dywedei. valket kerdei
frwt o fynhavn ar fynhavn yn llavn ual kynt. Ac val henné
yn rymus y dysgei enteu maurweithredoed duw byw. ac ena
digwydau yr athro yr llawr ae adoli enteu. Gallon e bobyl
hagen a oed en eisted ac en e warandau enteu en dvwedut a
dywedei a emchwelus yn sythder. Pan gigleu ioseph henné
bryssyau ar yessu a oruc rac yr varw yr athro. A phan y
gweles yr athro en dyuot y dywaut urthau nyt dis(p. 78)gibel
a rodeist di ym mi hep ef namen athro ac nyt oes a allô kyn-
•nal y dysc. Ac ena e cuplaut a dywetpuyt trwy y profwyt.
Avon duw a lenwit o dwuyr. Ac o dena y dissymythus
ioseph gyt a meir a yessu ac a doethant ' capharnaum tn^vy
arvordired rac digassog}^on . A phan doeth yessu eno yd oed
eno gur kyuoethauc en glaf wan ioseph y enw a niueroed en
y gwynav ac en drycyruerthu amdanau. Paham hep yv yessu
urth ioseph na rody di waret y hwn ac ef en vn enw a thi.
Pâ allu e syd y m mi y waret idau ef hep e ioseph. Kymer y
lliein y syd yg kylch dy benn hep yr yessu a dos yu dodi ar
wynep y marw a dywet yr yessu ath ellung ac en e lie ef a
uyd yach ac a gyuyt e marw oe wely. Ac ar e geir hvnnv
e kerdus ioseph hyt en ty e marw a dodi am ben y marw y
wisc a vuassei am y benn e hun ac ar henné kyuodi y marw
oe wely a gouyn pa le yd oed yessu. Ac o dena yd aethant
hyt ym bethlem ac yd oed ioseph en y dy y gyt a meir a
yessu. A diwyrnaut y gelwis ioseph attav yago y mab hynat
idau ae anvon yr ard y g}'nnull cawl y wneithur bressych ac
Mary Williams.
I. Notice the construction and cf. Strachan, IntrodiicHon toEarly Wehh,
S 26, p. 23.
CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE
DES
ROMANS DE LA TABLE RONDE
{Suite)
V
MORGAN TUT
Miss Lucy Allen Paton a consacré dans ses Studics on the
mythologv of Arthuriau Romances un consciencieux et judicieux
Excursiis à l'énigmatique Morgan Tut'.
Ce personnage n'apparaît que dans le roman gallois de
Geraint et Enid ^ Edeyrn blessé est soigné par lui sur l'ordre
d'Arthur : c'est le chef des médecins. Une autre fois, c'est
Gereint blessé qui reçoit ses soins. Dans la scène de l'Erec de
Chrétien de Troyes où Yder (Edeyrn) blessé arrive à la cour
d'Arthur, il n'est question ni de ses blessures ni de médecin ';
Erec, en revanche, dans le passage qui répond à la seconde
apparition de Morgan Tut est guéri par un onguent magique
donné à Arthur, par sa sœur Morgue '^.
Miss Paton énumère et discute les interprétations diverses
qui ont été données de ce nom.
John Rhys > a proposé ingénieusement de lire Morganthud:
1. RadcliffColleqe Monography, n" 13. Boston, 1903, pp. 259-274.
2. Mabinogion du Livre Rouge, éd. John Rhys-Gwenogvryn Evans,
p. 261, 286-287 ; t^f- J- Loth, Mahinocr., II, p. 152, 163.
3. Foerster, Erec uni Enide,v. 1089-1243.
4. Ilu'd., 4218-4230.
5. Arthuriau Legend, p. 391. John Rhvs avait renoncé à l'interprétation
2 50 /. Lolh.
hud signifie illusion, enchantement, mais il est possible, dit
Rhys, que hud ait désigné quelqu'un pratiquant la magie,
magicien.
H. Zimmer lui a consacré une de ses plus fâcheuses élucu-
brations. Je la traduis dans ses parties essentielles de peur
qu'on ne m'accuse d'avoir mal interprété sa pensée. Elle a été
insérée tout au long par Foerster, dans son Introduction à
son édition d'Erec (XXVTI-XXXI). Zimmer part de l'idée
que l'auteur gallois de Geraint a fait un contre-sens sur le
nom de Morgan la fée. Morgain serait un personnage entière-
ment inconnu dans la légende galloise ; le conteur gallois aurait
pris ce nom d'une fée pour celui de Morgan (vieux-gallois Mor-
cant) très répandu en Galles. Reste à expliquer Tut. Ce mot
ne signifie en gallois que région, pays. Morgan Tut, c'est-
à-dire Morgan le pays, est en apparence, inexplicable. Zimmer
résout l'énigme, saisi dans une heure de déseuvrement, d'une
subite inspiration. « Morgan est un nom d'homme, connu et
fréquemment usité en gallois ; la forme, en ancien gallois,
serait ' Morcant. Au fait que Morgan est en gallois un nom
d'homme, si on ajoute qu'aux yeux d'un conteur gallois de
cette époque l'existence d'un médecin attitré à la cour d'Ar-
thur était chose qui allait de soi, on s'explique comment un
remanieur gallois en vint tout naturellement à faire de
Morgain la fée ou la sage, qui lui était inconnue, Morgan penn
meâygon (Morgan le chef des médecins) à la cour d'Arthur.
Mais que voulut-il dire, en ajoutant le mot Tut ? Tut, en
gallois, est un mot tout à fait courant : comique tus, breton
tud, irl. ti'iath (vieux-celtique *toutà = gothique ihiudà).
Dans tous les dialectes celtiques, le mot est féminin ; en irl.,
il signifie, peuple (populus) ; en comique et en breton, nation,
peuple, et le plus souvent sert à exprimer le pluriel de den
(homo). En gallois, depuis le commencement de la littéra-
ture, il n'a que le sens de région, district... Comme la signi-
fication galloise de tut est plus ancienne que le roman de
beaucoup moins vraisemblable qu'il avait proposée dans ses Lectures on Ihe
Cettic Heatljeiidoni , p. i6o, note.
I. etail Morcant serait plus juste. C'est une forme que l'on trouve fré-
quemment même dans le Booli of Ltandav, ainsi qu'en vieux-breton.
Romans de la Tahlc ronde. 251
Geraint, elle est l'unique point de départ possible pour inter-
préter Tuf dans Morgan Tut, et alors l'épithète n'a pas de sens...
Or, si le nom de Morgan Tut ne s'explique ni directement par
la source, ni d'après la signification connue et sûre de tut, une
troisième hypothèse seule est possible : c'est qu'une erreur a été
commise dans l' interprétation de J' original... Morgan Tut est, au
point de vue de l'intelligence qu'avait le Gallois de son original
français, une traduction soit de Morgan la fée, soit de Morgan
la sage. Je crois à la première. Morgan Tut donne en français
Morgan le pays. Le Gallois considéra Morgan la fée comme un
nom propre et l'interpréta ainsi : Morgan Tut (Morgan le pays)
... C'est un phénomène général que dans les langues où existe
la différence de genre, le sentiment de la langue prête au
mot étranger le genre du mot indigène correspondant... Or,
tud est en gallois, comme dans tout le celtique, un féminin;
par suite, un Gallois qui n'était pas très fort en français
devait penser naturellement à un la pays équivalent de tud. »
« Une autre chose s'y ajoute. En gallois, comme dans toutes
les langues celtiques, la phonétique syntactique est développée
à l'extrême, si bien que d'après les mutations qu'une initiale
consonnantique subit aujourd'hui dans la phrase, on peut
retrouver sûrement la finale du mot précédent. En vertu de
cette phonétique, un mot commençant par / peut apparaître
avec un d ou th (spirant) ; une initiale c peut devenir g ou ch
(■/) et une initiale p devenir b ou ph (prononcé et écrit aussi
dans les mss./.) : ainsi /)ot/2 (tête) peut, d'après sa place, appa-
raître sous la forme benn ou fenn i^phemï). »
« Si donc notre Gallois ne comprenait pas le qualificatif la
fée dans Morgain la fée qu'il avait sous les yeux — et nous
devons l'admettre comme certain ; autrement, il ne pouvait
pas transformer un être féminin en un médecin Morgan — si
donc, dans Morgan la fée, il ne comprenait pas la fée, il devait
naturellement y voir un qualificatif ajouté au nom et se creu-
ser la tête pour traduire ce qualificatif avec ses connaissances
défectueuses. Pourquoi notre Gallois n'aurait-il pas entendu
Morgan la fée dans le sens de Morgan la pays ? On eût ainsi
Morgan tut. »
« Le vocalisme ne ftit aucune difficulté, puisque pour fée
252 /. Loth.
Çfata), en anglo-normand on trouve feie, comme le montre
aussi le moyen-anglais Morgue la faye {Behrms Beiîr., p. 8i,
83). On peut objecter que 5 de ^fl^'i était encore prononcé à
cette époque. Cette difficulté disparaît ainsi. Le gallois moderne
a un subst. tém. sing. pau, plur. peuoedd, région, contrée, et
aussi peues, contrée. Dans la prononciation u et i gallois se
valent... ; comme en gallois actuel ai, au en monosyllabe
viennent de ei, eu moyen-gallois, nous avons pour le
moyen-gallois un subst. fém. peu et peues (prononcé pe-i et
pe-i-es), contrée... '. Il est naturel de penser que peu et peues
sont empruntés au français pays, peu sans s s'expliquant
comme l'anglais cherry. »
« Quoi qu'il en soit, ces points demeurent établis :
i" le moyen-gallois a un mot étranger peu et peues qui
doit son genre féminin au mot indigène fud ; de même que
l'allemand das douceur est fait d'après Trinkgeld ;
2° le mot étranger devait rappeler à tout Gallois connais-
sant le français, le pays, mot dont il vient peut-être ;
3° en gallois, d'après les lois de la phonétique syntactique,
peu et peues deviennent heu, heues aussi bien que feu, feues. »
« Le qualificatif la pie dans Morgaini la feie étant obscur
pour notre Gallois, il n'y a rien d'extraordinaire à ce que, rap-
prochant la feie de son mot féminin feu (feues) et arrivant
ainsi à pays, il ait traduit, d'après la façon dont il comprenait
sa source, Morgaint la fée par Morgan Tut. »
On reste confondu devant un pareil tissu d'invraisem-
blances, pour employer un terme poli, et on est vraiment peiné
de les voir exposer avec tant de complaisance par un homme
comme H. Zimmer.
Il a eu un premier tort, c'est de poser en principe que
l'erreur vient de l'auteur gallois : c'est une mauvaise prépara-
tion pour une discussion impartiale. Il en a eu un second, c'est
de supposer que tut ne peut signifier que pays : nous allons en
I. Zimmer dit d'abord qu'on peut admettre que peu vient de pagiis. Il
aurait dû s'en tenir à cette idée. Peu a son pendant en comique : poiv. Enfin,
en Bretagne, il y a des paon qui représentent des pagi de l'époque gallo-
romaine, ex. : Poher, vieux breton Pou Caer, traduisant Pagus Castri
(Carhaix et sa région).
1
Romnus de la Table ronde. 253
avoir la preuve. Quant à son argumentation, l'exposer, c'est
la réfuter. Que dire d'abord Je ce Gallois qui traduit ou
adapte un roman français et en fait plus ou moins fidèlement
un roman gallois, et qui ignore le sens d'un des mots les plus
connus en français du moyen âge :fée ? Ce Gallois ne paraît pas
mieux connaître sa langue maternelle. Il est bien vrai que peu
peut se présenter sous la forme heu cl feu ; mais ces formes ne
se trouvent que dans des cas bien précis. Ainsi pan supposé
féminin, avec ï article gallois, ne peut devenir que/'t'/^ :ybeii,\Q
pays. C'est le cas de se demander : qui troiiipe-t-on ici? Assuré-
ment pas les Celtistcs. Le Gallois de Zimmer, tout idiot qu'il
le suppose, devait, s'il ignorait le sens de /t%, connaître au
moins l'article le, la. Inutile d'insister.
Il n'est pas sans intérêt toutefois de faire observer avec miss
Paton, que le passage d'Erec que l'auteur gallois traduirait
d'une façon si absurde d'après Foerster et Zimmer, ne con-
tient pas du tout les n\oX.s Morgue la fée (vers 4217).
un antret
Que Morgue sa suer avait fet
Il est vrai que dans Yvain (vers 2955) le baume magique
qui devait le guérir avait été donné par Morgue, mais par
Morgue la sage. Dans Erec même (vers 1957) Morgain la fée
apparaît comme amante de Guingomar, mais et passage ne se
trouve pas dans Geraint.
Enfin, contrairement à ce qu'afiirmait Zimmer avec tant
d'assurance, Morgan pouvait très bien être un nom de femme
et qui plus est de fée. Les fées des eaux des parages d'Oues-
sant sont connues sous le nom typique de Mari-Morgant ; une
fée s'appelle, avec la terminaison féminine ajoutée à la forme
ancienne sans suffixe, une Morganes.
J'avais proposé (Revue celt., XIII (1892), 496, 497) une
autre explication qu'ava'it adoptée F. Lot {Romania, XXVIII
(1899), P- 322). Je faisais remarquer d'abord que les fées
femmes devaient être plus familières à l'auteur français que les
fées mâles et que sûrement, s'il y avait une erreur, elle devait
venir de l'auteur français. Il avait dû trouver dans sa source
anglo-normande Morgaiji le Fé ou Le Fed et avait lu tout
Revue Celtique, XXXin. 17
2 54 /• Loth.
naturellement la Fcde ou la Fée (y. Godefroy, Dict.anc. franc.
au mot/é'r; Littré, au mot/cV remarque que yi' est niascuHn en
Normand). Tel devait être, à mon avis, le sens de l'épithète
tut dans le récit gallois. J'en trouvais la preuve dans l'armori-
cain/m:^, esprit follet, lutin, vieux-breton /////;, démon, écrit
tuîhe dans une vie de Saint-Maudez, que M. de la Borderie
croyait composée vers la fin du xi^ siècle. Dans ce cas natu-
rellement, le gallois tut représentait une graphie tulh ou tnd,
graphie qui n'a rien d'impossible en vieux-gallois. Néanmoins,
mon interprétation de tut supposait une erreur de scribe; de
plus, comme miss Paton le fait remarquer, le sens de dé}non
ne paraît pas approprié au rôle de Morgan Tut dans Geraint.
J'étais cependant très près de la vérité, comme on va le voir.
A son tour, miss Paton propose une solution sur laquelle
il me paraît inutile d'insister. Elle est d'ailleurs parfaitement
invraisemblable. Morgan Tut serait pour Margetiud, forme
vieille-galloise de Mareduâ, nom gallois bien connu.
Persuadé que Tut devait avoir un correspondant irlandais
capable de nous éclairer sur le vrai sens de ce mot, je l'ai
cherché dans la littérature de l'ancienne Irlande. Mes re-
cherches ont abouti : tut a pour équivalent exact ti'iath. Tûath
a non seulement le sens de à gauche, nord, mais encore celui
de magique, magicien : Revue Celtique, XII, p. 1 13 (The second
baltle of Moytura) : ban-ti'tath^ 18, sorcière, magicienne (cf.
Index, p. 300) ; ibid., 30, tûathach, magicienne. Rennes Dinshen-
chas (Revue Celt., 1895) 10 -.tûathach; Rex'ue Cell., 1894,
p. 310 : 18 : Bé cuille 0 na ban-ti'iaithib (faisant partie des
magiciennes); ibid., p. 332 : 30, /rt 'Nàir tuailhig, avec Ndr le
magicien.
J'y ajoute ces formes données par Kuno Meyer dans ses
Contributions to Irish Lexicographie : ban-ti'ialhach (Revue Celt.
XIII, cité par moi plus haut); ban-ti'iathaib BB ^ ; 264 a 7.
SG 5. 332, 9 ; ban-ti'iathach LL +. 9 b 27 ; 39 ; 1 37 a 19 ; 11 a
1 . Bail femme, sert à donner au composé la valeur féminine.
2. Le Livre de Bail y mot e.
3. O'Gradv, Silva Gadelica.
4. Le Livre de Lcinstcr.
Romans de la Tiihlc ronde. 255
}i (à divers cas et nombres). Les vies des saints dn Livre de Lis-
more (Whitley Stokes, The Lives of the saints) nous donnent
le terme très intéressant de tûdith-cherd, l'art magique (p. 402,
2975 ; cf. ti'iaith-chleas P. O. C).
Il est donc sûr que Morgaji Tut signifie Morgan le magicien,
LE FÉ, et même vraisemblablement, comme on va voir, ce qui
est dans son rôle, le bon magicien.
Le sens étant assuré, je me suis demandé comment li'tath, à
gauche, nord ', pourrait avoir le sens de magicien. Whitley
Stokes (Lm'^ 0/ the saints..., p. -102) fait remarquer que ti'iath
dans les composés a le sens de sinistrous, awkiuard. Cela est
vrai pour certains passages et certains composés, comme
tiiaith-chieas, cités plus haut Çan aiuhuard prank or trick) ;
mais il semble bien avoir un sens plus large et il y a des cas
où sûrement il n'a nullement le sens péjoratif. Mon collègue
M. Vendryès, le savant et dévoué secrétaire de la Revue
Celtique, se trouvait tout justement, dans un de ses cours
de la Sorbonne, avoir étudié le rapprochement de ii'iath avec
le gothique ^w^, bon ; ti'iath et '^iw^, comme l'avait déjà signalé
Strachan, Indogerm. Forschg., II, 370, remontent clairement
tous les deux à un indo-européen *teuto-. Ce qui restait à
expliquer, c'est l'opposition apparente de sens entre l'irlan-
dais et le gotique. Il en a trouvé une explication aussi
ingénieuse que solide. Je donne ici la note qu'il a bien voulu
me communiquer à ce sujet.
« L'irlandais ti'iath « gauche » a été depuis longtemps rap-
proché du gotique ^///^ n. à-(y.()bv (jinfiw^ '/.ayiv, ^iii^eins
oi^(céiiù<yùrq etc.), v. isl. ^y^r « tendre, amical » (^<f>yâa « amitié»
etc.), V. angl. ge-fiede « bon, vertueux ». C'est le sens de
« bon »qui doit être ancien.
« Un grand nombre de langues ont en effet désigné la
gauche par des mots de bon augure, éveillant une idée favo-
rable :
sanskrit vamah, de vâmàh « aimable, cher » avec une oppo-
sition d'accent caractéristique;
I. Les Celtes s'orientant la face au soleil, le nord était à gauche : cf. gal-
lois gogledd, à gauche, nord.
2)6 /. Loih.
sanskrit savyâh, zend haoya, v. slave suju, cf. sanskrit si't
« bien »;
zend vâiryastara-, c(. skr. vârîyas- « meilleur » ;
grec àp'.ïTîpiç, cf. apia-ir « le meilleur » ;
grec cjcôvuy.iç, « (bien nommé), de bon augure »;
latin sinister, cf. skr. sàniyas- « plus profitable » ;
V. h. a. luinistar, v. isl. vins tri, cf. v. h. a. wini « ami ».
« Cela ne veut pas dire que la gauche soit le côté favorable;
cela veut même dire le contraire. Il est manifeste qu'en grec
le nom de la gauche^ £jwvj[xc?, doit son origine à une anti-
phrase, comme le nom des Euménides ou du Pont-Euxin. Le
vocabulaire des langues indo-européennes présente une diffé-
rence frappante entre les mots pour « droit » et pour
« gauche ». Tandis que pour la droite on possède un mot
indo-européen bien attesté, maintenu sans changement ou avec
simple alternance de suffixes (*deks-io-, *deks-ivo-,*deks-itero-)
dans toutes les langues de la famille, il n'y a pas au contraire
de mot indo-européen pour « gauche ». L'idée de « gauche»
est exprimée par des mots variés, qui s'étendent rarement à
plus de deux ou trois langues, qui souvent se dénoncent
comme des mots récents et qui sont même parfois exposés à
être éliminés au profit de nouveaux mots. Cela justifie l'hypo-
thèse que la gauche était le côté qu'il ne fallait pas nommer;
on a dû pour la désigner recourir à des synonymes, à des
équivalents, ou plus souvent encore, afin d'écarter tout mau-
vais présage, à des antiphrases (cf. Meillet, Quelques hypothèses
sur des interdictions de vocabulaire, p. i8).
« En grec, où le côté gauche est de mauvais augure, les deux
mots anciens cry.ai3; et Xaiiç ne sont maintenus qu'en poésie ;
ils ont été remplacés dans le langage courant par àpi^-rspi; et
£ij(i')vuiJ.oç, dont la valeur antiphrastique est évidente. En latin,
deux traditions se juxtaposent : la tradition indo-européenne,
où la gauche est « sinistre » (cf. cliuium [auspicium], irl. clé,
gall. cleddet gogledd), et la tradition étrusque, qui considérait
la gauche comme de bon augure (cf. Pottier, Mélanges Bois-
sier, p. 405). Rien ne vient justifier l'idée que la gauche serait
favorable en celtique. Le « tour à droite » {dessel) est en
Romans de la Table ronde. 257
irlandais un moyen d'éviter les mauvais présages (v. L. U. 55
a 34); lorsque CuchuUin en fureur tourne son char du côté
gauche, l'auteur du récit fait remarquer que c'était violer une
interdiction {gesSyh. U. 63 a 25); pour adorer leurs dieux,
les Gaulois se tournaient à droite (Athénée, IV, 151).
« On peut donc croire à l'existence d'un celtique *leulo-
« bon », équivalent au gothique ^iii^ (de *teuto-}i), qui aurait
été utilisé par antiphrase pour désigner la gauche. C'est ce
*teuto- qui figure dans l'irlandais tûathach « sorcier » et dans le
gallois Tut. »
Ce sens de tut ne se trouve plus nulle part en gallois avec
certitude '. Il est donc probable qu'au xii^ siècle, il n'était
plus guère usité. En tout cas, dans Morgan tut, son sens précis
ne saurait être mis en doute.
Il s'ensuit avec évidence que la faute est à la charge de
l'auteur français et que mon expHcation de l'origine de cette
légère erreur de genre est la bonne : « Chrétien aura trouvé
dans « sa source angh-nonnaîide Morgain le Fe ou le Fed et
aura tout naturellement lu Morgain la Fée ou la Fede : fée, dit
Littré, (/é)) est masculin en normand. »
Je crois inutile de souligner la grande importance de ce
fait : il est évident que Chrétien avait sous les yeux une œuvre
française insulaire qu'il a remaniée et à laquelle a également
puisé l'auteur gallois. Cette source française pour le fond
remontait elle-même à une source galloise.
Le sens de bon magicien, médecin même pour Tut dans Mor-
gan Tut, est assuré d'une façon vraiment saisissante par une
épithète donné dans deux inscriptions latines à V Apollon gau-
lois qui, d'après César (de Bello Gall. VI, 17, 2) était le dieu
I. Livre noir Je Ciiniiarlben (F. a. B. II, p. 55,3) Pûn gagiiueircli tud : il
s'agit de Kei et on ne peut qu'être frappé que dans le même poème il est dit
avoir tué «e«/5omm'5 (52, 325) ; dans ce passage même il va combattre
le Cath Paluc (Chat Palu). — Livre de Taliessiii 1 52, 9 : gogyfarcfj veird tut :
tut peut signifier ici pays, mais le sens est banal et peu satisfaisant. — Dans
le Livre Noir, 8, 3, on aurait peut-être un sens approchant de magique, si
l'on lisait tud au lieu de dud : y hvry teint tud : en quittant les harpes
magiques (y=^di).
258 . /. Loth.
médecin (ApoJIinoii niorbos depelkre) : CIL, XII, 2525 : ApoJ-
l(Jni) Viroluti T. Rutil(ius) Buricus — CIL, XIII, 3185 :
[ApoIQini) \Vir]otuti... (apud Holder,. AU. celt. spr.). La
seconde inscription a été trouvée à Jublains, Ma3'enne (et
non Maine-et-Loire, comme le dit Holder) ; la première, à
Lès Fins d'Annecy, dép. de la Haute-Savoie, et tout justement
près d'une source à vertu curative. Viro tuti (datif) doit être pour
viro-touti; cf. le nom de femme Viro-tautae ÇCIL, XII, 3802).
Si viro- représente viro-s, homme, viro-tuti a le sens de celui
qui guérit les hommes ; peut-être, ici vira- est-il viro-, vrai : le
vrai médecin. Tuti- est sûrement à rapprocher de notre touto-,
tut. Le rapprochement de tûath, fiu'^ avec le latin ti'itus,
tûtari, tueor est aujourd'hui admis (Walde, Lat. étym, Wort.,
2^ édition, p. 797)'.
VI
LE CORN WALL ET LE ROMAN DE TRISTAN.
Après des années de patientes investigations sur la matière
de Brctagjic, dans lesquelles d'éminents critiques ont fait
preuve d'autant d'imagination, parfois même de passion que
de science, le seul point sur lequel on soit à peu près d'acord,
c'est que les romans arthuriens et les lais dits bretons,
sont, pour le fond, d'origine celtique. On est divisé sur tout
le reste. Quelle part ont prise les écrivains de langue fran-
çaise à l'élaboration de le matière de Bretagne ; où et par
qui l'ont-ils connue : est-ce par des rapports directs avec les
Celtes ou par l'intermédiaire des Anglo-saxons ; quelle est la
part, dans ces rapports, des Gallois, des Bretons du Cornwall et
ceux d'Armorique ? autant de questions qui ont reçu les
les solutions les plus diverses.
Je ne m'occupe ici que du seul roman de Tristan et Iseut tel
que nous Font fait connaître Béroul et Thomas au XIP siècle.
Il importe d'ailleurs de distinguer entre les genres et les
sujets ; la solution du problème peut être différente suivant
I. John Rliv's a traduit z'/ri)-/////(i) par iiian-healiin; or man-protecting.
Romans de la Table ronde. 259
qu'il s'agit de lais ou de romans ; d'Yvain, de Perceval ou
(i'Erec et Enide. Il est non moins essentiel de préciser quel
stade de la légende on a en vue; c'est particulièrement impor-
tant pour Tristan .
Un point capital parait à peu près acquis dés maintenant :
c'est qu'il faut renoncer à voir dans Tristan un tissu de Jais
indépendants dont des écrivains français seraient arrivés à
faire une composition ayant pour centre et unité l'amour
invincible de Tristan et Iseut.
Le Tristan de Béroul, celui de Thomas, tels que nous les
connaissons par les fragments qui nous en restentet les œuvres
de leurs imitateurs, Eilhart d'Oberg, Gottfried de Strasbourg,
l'auteur de sir Tristrem, et celui de la Folie Tristan, ont été
précédés par un ou plusieurs Tristan plus primitifs, Tristan
dont tous les traits ne nous sont pas connus et qu'ils ont plus
ou moins fidèlement suivis. M. Bédier croit à un archétype
unique et a soutenu cette thèse avec autant de science que de
talent. Longtemps rebelle à l'idée d'un archétype, Gaston
Paris, à la fin de sa vie, avait fini par l'adopter. Commissaire
responsable des éditions de Béroul et de Thomas qu'avaient
entreprises MM. Muret et Bédier, il avait repris l'examen du
problème dans des conditions nouvelles, avec une conscience
et une ardeur dont témoignent les nombreuses notes dont il
avait couvert le manuscrit de l'édition qu'à publiée M. Bédier '.
L'éditeur du Tristan de Béroul, M. Muret, a voulu recon-
naître tout ce que son œuvre doit à Gaston Paris, qui en avait
collationné les épreuves sur le manuscrit, en la dédiant à sa
mémoire.
L'archétype^, sur lequel reposeraient tous les poèmes fran-
çais sur Tristan, d'après Gaston Paris (Journal des Savants,
juin 1902), serait un poème anglais perdu, peut-être incom-
plet (//'. nov. 1901, p. 702). Les raisons sur lesquelles il
s'appuyait ont été discutées par M. Bédier, dans son édition
1. Le Roman de Tristan, II, pp. 314-315.
2. Je ne crois pas à un archétype unique d'où découleraient les romans
connus en question, mais, ce qui est sûr, et sur ce point M. Bédier a plei-
nement raison, il faut renoncer à la théorie des lais indépendants réunis et
fondus en un roman par les Français.
26o /. Loih.
de Tristan (II, p. 314-317). M. Bédier qui a consacré la plus
grande partie du tome II de son édition à établir l'existence
d'un archétype et à en retrouver le canevas, ne se prononce pas,
en terminant, sur le point de savoir si le poème primitif était
anglais, anglo-normand ' ou français. Il a été plus affirmatif
quelques pages plus haut (p. 128-129). D'après lui, ce serait
le contact des jongleurs armoricains avec leurs congénères gal-
lois après la conquête de l'Angleterre, qui nous aurait donné la
légende de Tristan, mais pour le roman, le drame moral qui
en fait l'essence et l'unité ne pouvait être l'œuvre des Celtes.
Je crois avoir suffisamment réfuté cette théorie pour n'avoir
pas à y revenir^. Quant au rôle des Armoricains, j'aurai occa-
sion d'en dire quelques mots plus bas.
Béroul (je ne distingue pas ici entre lui et son continua-
teur) semblerait avoir vu par lui-même certains paysages
du Cornwall; mais je crois comme M. Muret que ce qui
indiquerait chez lui quelque familiarité avec les choses et les
hommes d'Outre-Manche, est dû à ses sources. Dans ses
1. II, p. 315-517-
2. Les Sit:^iingsherichte der Koii. preiiss. Akademie der Wiss. (191 1, p. 174-
227), contiennent un article posthume de H. Zimmer, revu par Kuno Meyer :
Der KulturgeschichtUchc Hiiitei-griiiid der altcn irischen Heldensage. C'est,
en somme, un développement de son article {Zeitschrifl der Savigny-Sttf-
tiing, XV, 209) : Das Miitterrecht der Pikteii und seine Bedeutung fur die
irische Altertumsiuissenschaft. Le dévergondage des femmes d'Irlande pro-
viendrait de ce que les Celtes, en Irlande, ont succédé à des populations qui
pratiquaient le Miitterrecht. Il en avait conclu aussi que les Pietés n'étaient
pas de souche indo-européenne. Whitley Stokes, fort versé dans les ques-
tions de droit historique, voyait dans ces conclusions une preuve d'igno-
rance de Thistoire du droit (sur les noms matronymiques en irlandais, v.
Whitley Stokes, Erin, IV, p. 18; cf. pour d'autres pays, Ridgeway, Pro-
ceedings of the hritish Academy, III, pp. 16-30. Il y a des restes de mtitterrecht
chez la plupart des peuples indo-européens, notamment chez les Grecs.
Le Mutterrecht (filiation par la mère) n'est pas du tout ce que pense Zim-
mer. II est parfaitement compatible d'un côté avec la puissance paternelle,
de l'autre avec une remarquable pureté de moeurs chez la femme (sur
l'origine et les effets du miitterrecht, voir l'excellent livre de von Dargun,
Mutterrecht und Vaterrecht, notamment p. 42, 44 et suiv.). Il est clair que
Zimmer ne connaît pas la question. Quant aux faits de dévergondage qu'il
cite, ils ne prouvent pas plus contre les mœurs des Celtes que la con-
duite des personnages de l'Olympe contre les mœurs des anciens Grecs.
Romans de la Table ronde. 261
sources il y a des traits précis de la géographie du Cornwall;
en revanche, les bévues qu'il commet démontrent qu'il n'a
lui-même que de fort vagues idées sur ce pays.
Sa source principale est évidemment insulaire. Gaston Paris
était prés de la vérité en plaçant entre les légendes des Bre-
tons insulaires et les romans français un archétype anglais.
M. Bédier, de même, quand il a montré que le roman de
Tristan, tel qu'il nous est parvenu, supposait la connaissance
de trois langues, le celtique (le brittonique), l'anglais et le fran-
çais. Il a eu le tort, égaré par un guide des moins sûrs,
H. Zimmer, de faire honneur de ce trilinguisme dans l'élabo-
ration du roman, aux jongleurs armoricains. Ils y ont eu un
rôle, mais non celui qu'il leur attribue.
Il est impossible de chercher au roman de Tristan une
autre patrie que l'Angleterre. En l'étudiant, on a en effet
nettement l'impression que Celtes, Anglais et Français y ont
collaboré, à tel point que son berceau idéal serait un pays
trilingue, où celtique, anglais, français, fussent couramment
parlés. Ce pays existe : c'est le Cornwall.
On a longuement discuté sur le rôle des Gallois et des
Armoricains dans la transmission des légendes celtiques ; il
n'est jamais question que d'eux ; ce serait à croire que les Bre-
tons du Cornwall n'ont pas existé. C'est d'autant plus
étrange, que le Cornwall joue un rôle important, prépondé-
rant presque, dans la légende d'Arthur, chez Gaufrei de Mon-
mouth lui-même. Gorlois est un Cornouaillais. La forteresse
où il enferme Igern pour la défendre contre les entreprises
d'Uter Pendragon, Tintagel, est bien connue : Tintagel est
une paroisse actuelle du Cornwall. Le Castellum de Dimelioc
où se réfugie Gorlois lui-même, porte encore ce nom. Je
le retrouve en Saint-Dennis dans la hundreâ de Poudre;
c'est un manoir figurant dans le Domesday Book . Le bras
droit d'Uter Pendragon est Ulfin de Richaradoc. Or, Ricara-
doc pour Rit-Caradoc, le gué de Caradoc, figure également
comme manoir, dans le Domesday Book : c'est sûrement
Rescraddeck actuellement en Saint-Cleer '. Son ami de Tintagel
I. En 1201-2202, Rica ra Joe ; 11^4 Riscaradoc ; 1786-87 Rescaradoc.
(Assize Rolls 109). La forme Roscroiioc, qu'on trouve parfois actuellement
202 /. Loth.
s'appelle Jordan. Ce nom est également connu en Cornwall
au XII'' siècle : Jordan figure avec Hoel parmi les propriétaires
du pays vers 1155-1166 '. Le nom du neveu d'Arthur, le traître
Modret, ne peut être gallois : il est comique de forme.
C'était un nom répandu au xii*" siècle en Cornwall : un Robert
Modret figure dans un document de la fin du xii^ siècle (/. D.
Hardy, Rotiili çhartarwu, i, part. 1838, p. 83). Ce nom entre
dans la composition de plusieurs noms de lieu : Tre-Moderet ^,
Rosmodres 5 pour Modret).
Une des demeures favorites d'Arthur, d'après divers textes
gallois, était Kelliwic en Cernyw (Cornwall). C'est à peu
près sûrement Giveek ivood, en S' Martin's dans la péninsule
de Meneage ou du cap Lizard : luood est la traduction exacte
du gallois comique et breton Kelli, bois. Sur le haut de Gweek
u'ood (Kelli-wic) il y a encore des traces d'un ancien établis-
sement ; à un mille et demi, est The Gear, la forteresse appe-
lée aussi Caer bridge, une des enceintes fortifiées les plus con-
sidérables du Cornwall. Il y en a une autre moins importante
dans le voisinage à Carvallack : les trois forts sont en vue
l'un de l'autre ■*.
Le fatale Castrum de la prophétie de Merlin d'après Jean
de Cornwall > qui écrivait au xiV siècle, s'appelle, dit-il, en
anglais Ashbiri, en breton, Kair helli et suivant d'autres Castel
uchel coed (le château du bois élevé). J'ai fini par retrouver
Ashbiri dans Ashbury en Weeck-S^'-Mary, paroissse du nord-
est fautive et refaite d'après l'analogie : Res, Ros . Les prétoniques sont très
atteintes en comique. Pour /■// donnant res, il faut savoir que / etJ à la fin
d'un mot sont toujours assibilés en comique.
1. Journal oî t}}e Roy. Iint. of Cornwall 1890-1861, p. 165 : Principal
Landowners en Cornwalt.
2. En Dutoe, Roctie.
3. En Buryan(Crt/rtZ. of anc. deeds i. a 232).
4. A Complète parochial history of Cornwall, Lakes, Turo 1867 (4 vol.) :
voir à 5t Martin's in Meneage, tome III, p. 274. Il est possible que wood
ne soit pas très ancien. Le camp est en effet situé dans un bois aujourd'hui
encore. Dans ce cas, l'identification serait douteuse. Il y a beaucoup de
gweek en Cornwall, notamment, IVeek S^^ Marx, paroisse non loin de
Timtagel (v. plus bas Ashbiri).
5. Whitley Stokes, Cornica (Revue Celtique, III, p. 84).
Romans de la Table ronde. 265
ouest du Cornwal : le nom comique a disparu au profit de
l'anglais comme bien d'autres. Il existe h Ashbury un des plus
grands british camps ou ouvrages en terre du Cornwall '.
Chaque fois qu'on rencontre dans nos romans français
Carlion, ou Cnrloon, on pense à Caer-Uion sur W3^sc dans le
pays de Galles. Or il existe plusieurs Carlyon en Cornwall. Il
y en a un dans la paroisse de Kea, où nous allons retrouver un
autre nom d'un intérêt capital pour la légende de Tristan. On
trouve Carlyon sous la forme Caer-leghion, en 1286-87 (Will,
le Daungers, junior de Cacvleghion'). Il y a un autre Carlion
en Saint-Minver.
On a vainement cherché le nom de Loholt, ce fils d'Arthur
qui apparaît dans Perlesvaux et est traîtreusement occis par
Keu : c'est le nom d'un tenancier de terres en Cornwall au
xii^ siècle ^
Pour comprendre le rôle du Cornwall, il faut bien con-
naître sa situation au xii'' siècle. Elle est très différente de
celle du pays de Galles et de l'Armorique. En Galles, le con-
tact avec les Français (j'emploie ce terme plutôt que celui de
Normands, parce que c'est le seul connu des Gallois, et aussi, en
somme, le plus exact) a commencé dès la fin du xii*^ siècle. Les
Lord-niarchers établis sur les confins du pays y commencèrent
de bonne heure des établissements, notamment en Glamorgan.
En Pembroke il faut compter avec les Flamands et les Anglais.
Néanmoins, au xii'^ siècle, le pays de Galles a une existence,
une langue et une littérature nationales. Les mariages sont
fréquents entre l'aristocratie indigène et l'aristocratie étrangère;
les deux peuples sont sur un pied d'égalité. On ne peut pas
dire que le français ait été parlé couramment à cette époque en
Galles. Il y avait, en Powys,sur la frontière, avant la conquête,
des gens de langue saxonne, combattant même sous les éten-
dards des chefs du pays. Mais en somme, à l'époque de la con-
1. A Complète parochial history of Cormvall, IV, p. 308.
2. Principal Laiidoiuners in Cornwallm 1165-66 — Coniish LandhoUers in
Cornwall cxxcà 1200 (Journal of the Royal Inst. of Cornwall 1 890-1 891), Le
nom de Bleri dont Thomas invoque l'autorité se retrouve dans Trc-Bleri en
Davidstow non loin de Tintagel. — Il ne faut pas perdre de vue que holt
signifie bois en anglo-saxon.
264 /. Lof h.
quête normande, l'anglais était en Galles une langue étrangère.
Il ne saurait naturellement être question d'anglais en Armo-
rique. Les Bretons jouissent d'une autonomie complète. Le
français n'avait jamais cessé d'être la langue des pa3^s rennais
et nantais de l'intérieur ; les deux langues bretonne et romane
avaient continué à être parlées dans une large zone, dans
l'est du territoire occupé par les Bretons. Pour des raisons que
j'ai données ailleurs, dans cette zone, le français tendait
à dominer. Au xii^ siècle, le français était la langue des souve-
rains et d'une bonne partie de l'aristocratie. La culture fran-
çaise prenait le dessus. Le français était sans doute connu de la
plupart des chefs bretons qui passèrent en Angleterre avec
Guillaume le Conquérant, et aussi de leurs soldats. Un bon
nombre étaient de la zone de langue française.
Il faut être vraiment bien peu au courant des choses de
Bretagne et ignorer les points fondamentaux de son histoire
pour aller chercher, comme l'a fait Zimmer, une explication
de ce fait dans une prétendue conquête des Normands de
Neustrie amenant la francisation d'une partie des Bretons :
le français était aussi bien chez lui, dans une partie notable de
la Bretagne, qu'en Normandie'. Quant aux jongleurs bretons,
ils suivirent sans doute leurs maîtres outre-Manche. Nul
doute ausssi qu'ils n'aient fréquenté les châteaux d'autres pro-
vinces françaises, Normandie, Anjou, Champagne.
Tout autre est l'état des choses en Cornwall.
Le Cornwall ne formait qu'un tout avec le Devon, jusqu'au
commencement du viii^ siècle. Dans les premières années
de ce siècle, le Devon fut occupé par les rois de Wessex. Les
progrès de la langue anglaise paraissent y avoir été rapides.
Dans une charte de 739 concernant un don en terres du roi
Aethehvard à l'évêque Fortcherne, en Devon, les noms de
terres et de champs sont saxons (de Gray Birch, Chart.
saxon., IV, n° 133 1). Au ix'^ siècle l'élément saxon y joue
un rôle prépondérant. Cependant, dans une charte de 938
I. Sur les deux langues bretonne et française en Armorique je ne peux
que renvoyer à mon étude : Les langues romane et hretotine en Armorique
(Revue Celtique XXVIIl, 374).
1
I
I
Romans de la Table ronde. 265
(ibicl., n" 724) parmi les noms de terres autour de Culmstock
enDevon, deux sont encore incontestablement bretons. Il résul-
rait même du testament d'Alfred le Grand (880-885) que
les quatre comtés du sud-ouest, Dorset, Somerset, Devon et
Cornwall, étaient encore considérés comme étant de Weal-
cyn, c'est-à-dire faisant partie de la famille bretonne (Earle,
Handbook to Land-charters, p. 144). Quoi qu'il en soit, le
Cornwall se trouve isolé au viii= siècle. Il est entamé au ix%
car Alfred le Grand possède des terres en Cornwall, notam-
ment dans le pays qu'il appelle Triconscire qui a formé la hun-
dred de Trigg (pour Triger^ et comprenait sans doute aussi
celle de Stratton, La conquête est complète et définitive
au x'^ siècle sous Aethelstan (Aethelstan est ci Exeter en 926).
Les propriétaires de terres sont évincés ou saxonisés . Rien
ne marque mieux les progrès de l'élément saxon qu'une charte
de 938 en faveur de Saint-Petroc de Bodmin : les noms de
terres de Nywanton (Newton en Cornwall) sont anglais. Les
vassaux d'origine bretonne des rois de Wessex, soumis au
nouvel ordre de choses, prennent des noms saxons. Le béné-
ficiaire d'un don de terres du roi Eadgar en 967 (de Gray-
Birch, Chart., n° 1197) s'appelle Wulfnoâ Riumincant (pour
Rumanton ?) : Wulfnod seul est saxon. Un autre fidèle du
même roi, auquel il octroie des terres en Cornwall, en 969
(Jbid., n° 123 i), porte le nom de AeJfbeah Gèrent Qt sa femme
celui de Moriiiirei : rien de plus comique que Gèrent etMoruu-
rei, et de plus saxon qu'Aelfheah. Des esclaves, en revanche,
portent des noms saxons aux x^ et xi*" siècles '. L'état des per-
sonnes et des terres, à la fin du xi'= siècle, est mis en pleine
lumière par le Domesday Book. Tous les propriétaires de
terres avant la conquête, moins trois, Caduualant, Blethu,
et Griffin, sont des Saxons. Beaucoup de manors ont des
noms anglais :
Aissetone, Alvevacote, Aïwaretone, Beiuintone, Bichetone, Belîes-
donCy Bennarton, Betneecote, Beveshoc, Boietone, B recelés beorge,
I. Charte de Byrhtric en 970 (de Gray-Birch, C/;ar/., 11° 1250) : il libère
Rihrost (comique) et Hwile (saxon). De même pour quelques-uns des
\[hC:ré'i des Mauiiinissions on the Bodmin Gospel (Revue Celt.,I, p. 332).
266 /. Loth.
Brodehoc, Calwetom, Carnetone, Cbilchetanc, Clismcstone, Coiiar-
ditone, Croflededor, Dimbevet, Faiointone, Forchetcstone, Glustoiie,
Ctidiford, Hehtone, Henlistone, Hiltone, Horniecote, Langui-
telone, Lanscaveton, Lisnestocb, Macretone, Maronecirche,
Mideltoiie, Mortune, Neotestov, Niwetone, Nortone, Orcert,
Otreham, Pautone, Pedeleford, Pigerdone, Piletone, Pochehelle,
Pondeslocb, Rieltone, RisJeston, Stratton, Tavesloch, Tedintone,
Telbrig, Tremeton, UUaveston, Ulnodcston, Wadefeste, WaJes-
braii, Wescote, Widewot, Wilaurde, Witemot, Witestan. Il y
en a environ soixante. Quelques-uns de ces manoirs se
trouvent à l'extrémité même du Cornwall. Au moment de la
conquête, quoique le peuple continuât à parler comique,
l'anglais était répandu un peu partout. C'était de plus la
langue officielle '.
La conquête normande introduisit en Devon et en Corn-
wall, comme ailleurs, un bon nombre de Français, seigneurs,
vassaux . et soldats. Ce qui est particulièrement important
pour notre sujet, c'est que parmi eux on compte une fraction
importante de Bretons. Les Bretons avaient pris une part très
active à la conquête et en avaient recueilli aussi les fruits.
Raoul de Gaël (ou Wadcï) avait reçu à lui seul le royaume
d'Est-Anglie. Brient et Alain le Roux, fils d'Eudon de
Penthièvre, de la maison ducale de Bretagne, obtiennent des
terres considérables : Alain le Roux devient comte de Riche-
mont ; Brient qui commandait les troupes dans la bataille
contre les fils de Harold, devait être, avec le comte de Mortain,
le personnage le plus important du Cornwall. Son neveu,
Alain le Noir-, qui avait épousé Berthe, fille du duc Conan III
1. La conquête définitive du Cornwall paraît avoir amené rapidement
la décadence du bardisme. Dans le Vocabulaire comique du commencement
du xnie siècle qui copie un manuscrit du xii^, barth {harâ) est glosé par
luimus vel scurra. Chez les Gallois indépendants à cette époque le bardisme
était très honoré ; les bardes occupaient un rang officiel et appartenaient à
l'aristocratie.
2. Alain le Noir était le deuxième fils d'Etienne le"", comte de Penthièvre
et héritier légitime du comté de Richemont, fondé par Alain le Roux, fils
d'Eudon le Vieux de la maison de Penthièvre, branche de la famille ducale
de Bretagne. Alain le Roux avait eu un commandement important dans l'ar-
Romans de la Table ronde. 267
et devait, s'il avait vécu, devenir duc de Bretagne, dans une
charte de 1145, fait donation de terres qu'il dit tenir de son
oncle Brient et se donne le titre de contes Brilanuiae, Cornubiac
et Richcnwulis (Oliver, Monasticon, p. 32), D'autres Bretons
sont propriétaires en Cornwall ; par exemple, Jovinus, Wi-
hiiniar, Blohin- (mal lu Blohln), Juthael de Totems. La famille
de Dinan ne figure pas dans le Domesday-Book pour le Corn-
wall, quoique des Dinan aient pris part à la conquête'. Au
xir' siècle les Car-dinan sont des personnages considérables
dans le pays. Suivant Oliver (Monasticoii), p. 339, le prieuré de
Tywardreath aurait été fondé par un membre de cette famille,
qui, il est vrai, devait être Normand. Il semble que les Dinan
descendants de la famille bretonne de ce nom ne soient entrés
en possession de Cardinan et des biens de cette famille que
par alliance et un peu plus tard. En Devon, on relève les
noms de Raoul de Fougères, Alvred le Breton, Wihuenec ^,
Hervé de Helion', Ruald, grand propriétaire, et surtout Inthael
de Totenes, le plus riche propriétaire du Devon. Ce n'est
pas sans doute par un pur hasard que Marie de France fait
aborder le héros armoricain Eliduc qui va chercher aventure
en Angleterre, à Totenes même : il va de là se mettre au
service du roi d'Excestre (Exeter). Dans des chartes de la
niée de Guillaume à Hastings. Il est continuellement confondu par les his-
toriens anglais, même par Freeman, qui paraît médiocrement au courant
des choses de Bretagne, avec Alain Fergent, duc de Bretagne, qui fit la
guerre à Guillaume le Conquérant en personne, après la conquête, le força
à lever précipitamment le siège de Dol, tt ensuite épousa une de ses filles.
1. Geoffroy de Dinan, en 11 22, donne deux manoirs, Nothoella et Hel-
pefort, en Devon, à Marmoutier (Calendars oj Documents, France I, p. 427).
La même année, Alain fils de Flaald, donne des terres en Angleterre, à
Saint-Florent (ibid., p. 414). En 1080-1108, Guillaume fils de Rivallon de
Dol a des démêlés au sujet de terres sises en Angleterre (ihid., p. 405).
En II 50 un accord est signalé entre Geoffroy, archevêque de Dol, et Alan
fils de Jordan, qui doit être le propriétaire du Devon, vir strenuus et illnstris
{ilnd.,'^. 440).
2. Je ne sais si ce JFibe)iucc est le même que IVihenoc dit de Moneniuda
(Monmouth) qui, à l'époque de la conquête (vers 1086) fait don de terres
en Angleterre, et aussi dans la région de Dol, à Lahot~ac (La Boussac)
dons approuvés parGuillaume le Conquérant (Calendars ofDocum. France
I, p. 40.1, 406, 408).
268 /. Loth.
seconde moitié du xii^ siècle apparaissent Alan fils de Bloihiou
un Gralant (en ii6é), un Graciant (121 1), de la même
famille, un Hoel, lui aussi descendant de Bretons.
Les Bretons de l'époque de la conquête étaient, en partie,
Bretons de langue et n'avaient aucune peine à comprendre les
Cornouaillais et à se faire entendre d'eux. Les rapports depuis
l'émigration ont toujours été fréquents entre l'Armorique et
le Cornwall. 11 y en a des preuves au vi'' siècle. Il y en a au
xvi^ : au début de ce siècle, le 6^ de la population mâle de la
hundred de Penvv'ith, susceptible de payer l'impôt, était com-
posée de Bretons nés en Armorique. Il n'est guère douteux,
que les Bretons de marque établis après la conquête en Corn-
wall et en Devon, à plus forte raison leurs descendants, n'aient
su le français '.
Il y eut bientôt des Bretons dans le Clergé du Cornwall. En
1 177 un chanoine de Bodmin, un Breton du nom de Mar-
tin, vole le corps du saint le plus vénéré du pays, saint Petroc,
et l'emporte en Bretagne au monastère de Saint-Meven de
Gaël. Roland de Dinan, sur l'ordre de Henri II, oblige les
moines de Gaël à le rendre à l'abbé de Bodmin (d'après Roger
de Hoveden, Compl. par. Hist . of Cornwall, I, p. 93).
Le français devient naturellement en Cornwall la langue
officielle. Mais l'anglais ne cesse d'être parlé et même, d'après
nombre de documents du moyen âge, de continuer à faire des
progrès-. En prenant possession du pays, les Français se
trouvent en présence de Celtes dominés par une aristocratie
anglaise et non comme en Galles, en face de Celtes restés
indépendants, tandis que les Saxons étaient placés sous le joug.
Les propriétaires anglais du Cornwall ne sont qu'en partie
dépossédés.
1 . Les Bretons et les Cornishmen à l'époque de la conquête et pendant
le moyen âge se comprenaient facilement. C'est constaté par Giraldus Cam-
brensis. L'évêque Grandisson (Episcopal Registers of Exeter, III, p. xx)
constate que le peuple du Cornwall parle une langue inintelligible aux
Anglais et connue des seuls Bretons. Cf. Les Bretons en Cornivall au xvie s.
{Revue Celt., 191 1, 2^ fasc),
2. En 1297-98, il y a une contestation à propos des terres de Xanscul: en
lUogan. Les jurés déclarèrent que la propriété est appelée en anglais Lancuk
et en comique Nanscuk : Nansaik est, en effet, la forme sincère (Assise
Rolls, Edw., I).
Romans de ht Tiihlc ronde. 269
Plusieurs (au moins une quinzaine) voient leurs terres
prises, mais en reçoivent d'autres qu'ils tiennent à titre de
vassaux de Français. Le Cornwall devient un pays trilingue
où les gens de marque parlent français ou anglais, probable-
ment les deux, et le peuple, comique. Cette situation a dû se
prolonger au moins jusqu'au xv^ siècle. Elle peut se constater
de la façon la plus précise au xiv*^ siècle.
Des documents intéressants nous renseignent sur la situa-
tion linguistique du Cornwall à cette époque. L'évêque
d'Exeter va en personne, en 1336, recevoir la soumission des
habitants de Saint-Buryan près Land's End, révoltés contre
son autorité. Les notables (majores parochianf) h font iti lingua
anglica et gallica ; ceux qui ne connaissent que le comique, la
font en comique; le recteur de Saint-Just leur sert d'inter-
prète auprès de l'évêque. Les noms d'une partie (pro parte) des
notables (treize) sont donnés : tous portent après leur nom
de baptême un nom de terre, suivant l'usage comique, moins
deux : Vyvyan et Le Brun. On a aussi les noms de cinq capel-
lani : deux sont à relever : Petriis Vicount et Thomas Perys.
Perys, qu'on trouve ailleurs sous la forme Pères est le nom
breton Pères (cf. Jakes de Jacques) dont on a fait un nom espa-
gnol '.
En 1355-56, l'excommunication est prononcée contre un
hérétique avéré, Raoul de Treniur : il est signalé comme
d'autant plus dangereux qu'il est plus instruit : il parle cou-
ramment les quatre langues : latin, français, anglais et cor-
nique {lingua quadruplici, latina, gallica, anglica et cormihicaqiie
et brilannica garriilus et âisertus ^). A cette époque même, les
progrès de l'anglais sont très sensibles. Dès 1303, dans la
hundred de Lysnetvyth, au nord, à l'intérieur, beaucoup de
noms et de termes communs pour la désignation des terres
sont anglais. En Stratton, en 1428, l'anglais paraît dominer.
Dans la Hundred de l'Est {Estweveleshire), qui touche la
1. Episcopal registen oj Exeler : Grandissson Reg. i, Rcg. éd. Hingeston
Randolph : II, p. 820.
2. Ibid., p. 1579-1580.
Revue Celticjiu; XXXIII 18
270 /. Lof h.
Tamar, au nord-est, dès 1303, l'élément anglais est très con-
sidérable ' .
On le voit : si le roman de Tristan est du à la collabora-
tion des Celtes, des Anglais et des Français ; si, comme cela
paraît sûr, le roman primitif a été composé en Angleterre,
il ne peut avoir eu d'autre berceau, a priori, que le Cornwall.
En a-t-il été réellement ainsi ?
Nous ne pouvons l'établir, en dehors de tout renseignement
direct, que par l'étude des noms d'hommes et de lieux, par
la géographie surtout du roman.
La clef de cette géographie c'est le lieu de résidence du roi
Marc : c'est le premier point et le plus important à établir.
Aussi le nom de cette résidence chez Béroul, a-t-il, avec rai-
son, grandement préoccupé tous les critiques qui se sont occu-
pés de Tristan : Lancien, en trois syllabes -. On ne le trouve
que chez Béroul et dans le conte de Tristan ménestrel K
Il a ce mérite d'être isolé, de n'avoir pu être inventé ou pris
dans la matière courante de Bretagne. Tintagel était devenu
banal, comme l'a fait remarquer M. Bédier; on ne concevait
pas d'autre demeure pour un roi de Cornwal. On a vainement
cherché Lancien jusqu'ici. Or, Lancien, qui n'est aujourd'hui
qu'un village sur la rivière de Fowey, a été le chef-lieu d'un
très important manor qui paraît dans le Doniesâay Book sous la
forme Lantien et LflfH//;/^». 'Aujourd'hui, on écrit Lantien ou
Lantya)!, et on prononce, dans le pays, Lant'in (à la française
Lantine^ comme on prononce Lanin pour Lanyon, Mara:^în
pour Mara^ion. Les formes du moyen-âge attestent, au con-
traire, une prononciation Lantsien : en 1283-84 Lan^ian
ÇAssi:;e Rolls 121 : 12 Edw. I); dans le même document
Naiincyan (hameau de) ; plus loin, à la même époque Laui-
yan ^, etc. Cet important nianor a été divisé en deux de bonne
1. Fi'udal aiiis, I, aux années 1503, 1506, 1346, 1428.
2. Le roman de Bérout (éd. Muret) : Lancien, aux vers 1155, 2557,2436,
145 1, 2392 : vers .2390 il est dit que les noces d'Iseut ont eu lieu à Lan-
cien .
3. Dans le Perceval de Gerbert ; le passage a été signalé à M. Bédier par
miss Jessie Weston qui a depuis publié ce conte.
4. Feudal Aids I, p. 198 : Lantien; parva Lanlyen : 1346 Nauntyane;
p. 225 Nantwint ■. p. 216, 1401-2 Lantien; ibid. tome III, p. 265 Joh. de
Roiiilins de la Table roinJe. 271
heure ; Lanùen est déjà dans le Domesday Book possédé par
deux propriétaires différents. Au moyen âge, on distingue
entre tant iei! et Parva Laiilieii. D'après une communication
que je reçois du savant Vicar de Saint-Just, en Penwith, le
Rev. Taylor, l'homme qui connaît le mieux l'histoire des
manors du Cornwall, la Parva Lantien Ç1262, Nanaican, sic;
n32 Nantean Parva; Naiityan 1522), comme situation,
répond à Nantelïan, dans la paroisse de Creed, entre Gram-
pound et Tregony, sur la rive gauche de la rivière Noir Fal.
Le Rév. Taylor, qui me donne ces détails, ajoute une remarque
dont on comprendra l'intérêt quand on lira les lignes que
je consacre au Saut de la Chapelle, c'est que le manoir de Parva
Lantyeii fut possédé sans interruption par la famille de
Bodrugan, jusqu'à la fuite de Henri de Bodrigan, qui renou-
vela vers 1485, le saut de Tristan.
Il n'y a pas à s'étonner de la variation Lan- Nan-; elle est
continuelle dans les noms du Cornwall'. Par dissimilation,
naiit-, vallon, vallon arrosé par un ruisseau, ruisseau, devenait
Lan, qui a un tout autre sens et signifie, monastère, lien con-
sacre^. Devant certains mots à initiale consonnantique, ils
sont souvent difficiles à distinguer. Si le Lancien était com-
posé de nant et d'un second terme à initiale vocalique, t
final étant assibiié, on eût régulièrement prononcé en cor-
nique, au xii^ siècle Nantsien ou Lantsien (ou Nandjien') : cf.
aujourd'hui Nanjiiel pour Nant-I^el. Il est fort possible que
la prononciation actuelle Lantin se soit modelée sur la forme
écrite, comme cela s'est produit en nombre de cas; si, au con-
traire, elle est exacte, on a affaire dans Lancien à une pronon-
ciation française ou anglaise. C'est le cas pour Tintagel; en
gallois le g est dur ; au contraire, les formes écrites prouvent
que la prononciation actuelle est très ancienne : on prononce
TintadjH.
Ndiilian (sous Edw. m) — Extenta iiianorum 1345 Nantyan : j'ai trouvé
ce ms . inédit au Duchy of Coniiuall Office à Londres.
I II y en a un frappant exemple en Galles, dans Lancarvan ancienne-
ment 'Kantcamm : il en est de même de Lantivy en Bretagne (Naiit-Divy).
2. Les Anglais l'ont confondu avec Land et les Français parfois avec
Lande.
272 /. Loth.
L'église où le roi Marc et Iseut vont faire leurs dévotions,
s'appelle, dans Béroul (vers 2977), l'église Saint-Sanson. Iseut
fait don à l'église de son garnement que l'on ne sortait qu'aux
grandes fêtes (vers 2998) :
Encore est eh à Saint-Sanson,
Ce dient cil qui Vont veiie.
Or, la paroisse où se trouve Lantien s'appelle communé-
ment Saint-Sampson's. Le nom de Golant qu'on lui donne
aussi, s'applique plus particulièrement au hameau qui est plus
bas que l'église actuelle.
Saint-Sampson n'a pas toujours été paroisse '.Jusqu'en 1507,
c'était une chapellenie dépendant du prieuré de Tywardreath,
qui est dans le voisinage, fondé peu de temps après la con-
quête. Mais le culte du saint doit y être très ancien. D'après
la vie la plus ancienne de Saint-Sampson, le saint, en passant
de Galles en Cornwall, séjourne d'abord dans le pagus Tricurius
qui est le Trigershire, aujourd'hui Trigg minor et major, au
nord-ouest (peut-être englobait-il la hundred actuelle de Strat-
ton). Il a dû s'embarquer pour l'Armorique sur la côte est,
sur la rive peut-être même de Saint-Sampson, à Lantien,
ou plus bas à Fowey : d'après William de Worcester, qui
écrivait à la fin du xv^ siècle et Leland, au xvi^ siècle (il est
mort en 1552), c'est de Fowey au passage du Four (le
Foorne) qu'était la traversée la plus courte du Cornwall en
Bretagne \ Dans le voisinage même de Saint-Sampson, deux
paroisses portent le nom de deux des amis de Sampson qui,
comme lui, passèrent de Galles en Cornwall, puis de Cornwall
en Armorique où ils sont également honorés : saint Mewen
{Meîua7i) et saint Aiisiol {saint Aiistcl).
La géographie du Cornwall dans la principale source de
Béroul était, comme nous allons le voir, précise.
Il l'a parfois gâtée. Visiblement il ne connait pas la situa-
1. Une charte de 1281 provenant de Tywardreath mentionne : Eccle-
sia heati Andreae de Tyivardreatb cnm capella sancti Sampsoiiis (Compt. par.
hist. of Connvaîl, II, p. 22).
2. Complète parochial history of Cornivall, tome I\', p. 106, p. 78.
Romans de la Table ronde. 273
tion de Lancien qu'il confond parfois avec Tintagel. C'est ainsi
encore qu'il met dans la bouche du roi Marc (vers 3136), ce
sermeiTt :
Par Saint André que l'on vel qiierre
Outre la mer jusqu'en Escoce.
Béroul à songé à Saint-André d'Ecosse (Saint-Andrews), parce
qu'il n'en connaissait pas en Cornwall. Or, le grand prieuré
de Tyivardreaih dont dépendait ecclésiastiquement Saint-Sampson
et par conséquent Lancien était sous le vocable de Saint André. Je
ferai remarquer, en passant, que pour aller de Cornwall
en Ecosse, on prenait sans doute la voie de mer. Je ne crois
pas qu'il y ait rien à tirer de ce passage en faveur de l'origine
continentale de Béroul, que je ne mets d'ailleurs pas en doute.
Au vers 3074, Marc jure par Saint Estienne le Martyr. Or,
il y a au moins trois paroisses de Saint-Etienne en Cornwall,
dont une touche Nantellan, c'est-à-dire Parva Lantien \
Il y a tout près de Saint-Sampson, en Tywardreath,un nom
de lieu d'une grande importance, lorsqu'on lui restitue sa
véritable physionomie ; c'est Kil-marth : Kilmarth est sans le
moindre doute ~ à corriger en Kil-march, la retraite, le lieu de
retraite de March. De même, Karn-Marth, en Gwenap, au
sud-est est pour Karn-March ; d'ailleurs, la forme Karn-
Margh se trouve. Il n'est pas sans intérêt à ce propos de
remarquer qu'à Karn-Margh {tertre Rocheux, cairn de Marc!))
est un grand tunriilus qui fut fouillé en 1789 ; deux urnes
de l'époque celtique y furent découvertes ÇCoinpl. par. hist. oj
Corn., p. 142).
1. Iseut, en faisant son serment à la Blanche Lande, jure ^nx Saint Ytaire.
Or, le mont Saint-Michel de Cornwall dépend de la paroisse de Saint-Hi-
lary.
2. Th et cil après r, de bonne heure, se changèrent en /; et disparurent.
Dès le xvie siècle, sinon plus tôt, ils s'écrivent l'un pour l'autre. C'est
ainsi que le village de Saint-Just en Penwith qui s'écrit et se prononce
aujourd'hui Canivortlj était au xive siècle Carn-yorch,\e tertre du chevreuil.
Kil-Diarcli, pourrait s'interpréter la nuque du cheval, mais le voisinage immé-
diat de Lancien rend ce sens terre à terre peu probable, ou plutôt, il peut y
avoir eu comme dans l'épisode des oreilles un jeu de mot. — ch final dispa-
raît également et a été remplacé dans l'écriture par //; : Rospctl? pour Rospegh,
Trembath pour Tretnbegh.
2 74 /• Loi h.
Resterait à trouver dans le voisinage de Lancien, l'île où
eut lieu le fameux combat entre Tristan et le Morholt. Il eut lieu
en effet, non loin de la résidence royale. Tristan se rendit en
barque dans l'île ; elle était assez près du rivage pour que la
foule angoissée pût suivre les péripéties de la lutte. Il n'y a
pas d'île, près de Lantien, dans le bras de mer de Fowey, ni
à l'embouchure. Sur la foi de l'itinéraire de William de Wor-
cester, j'avais pensé d'abord à l'îlot appelé Greef : il le met à
trois milles à l'ouest de la ville de Fowey'. Leland en parle
aussi, mais il le place beaucoup plus au sud entre Dudeman's
Head et Falmouth -. Et c'est lui qui a raison d'après la carte
de rOrânance Survey. En revanche, il }'■ a, à 8 milles à vol
d'oiseau de Lantien, une île qui répond à peu près aux don-
nées du roman : cest Looe Island ou Saint-George s Islande ou
Saint-NichoJns ou Saint MichaeTs Island. Avec l'îlot de Greef,
c'est la seule île qui existe sur la côte est du Cornwall avant
les îles de Scillv. Du côté de Tintagel il n'y en a pas du tout.
L'île est un peu au sud de l'embouchure de la rivière Looe, à
un tiers de mille ou un demi-mille de la terre ferme. Du
rivage on pouvait facilement suivre la lutte. L'île a un demi-
mille de circonférence et une superficie de 14 acres. Tristan
pouvait s'y rendre en barque de Lancien même. Le nom de
Ile Sani-Sanson paraît dans le roman en prose, la Folie Tristan,
ms. de Berne, et dans VErec de Chrétien de Troxes '. Ailleurs,
l'île n'a pas de nom. Il n'y a rien à arguer de ce chef contre
Looe Island par conséquent. De plus, outre la chapelle
actuelle, il en a existé une autre dans l'île, qui a pu être
sous le vocable de Saint Samson.
Il n'est pas inutile de remarquer que le bras de mer sur
lequel se trouve Lancien est large, que la rivière charrie
beaucoup d'alluvions. Peut-être, très anciennement, y a-t-il
existé quelque îlot sablonneux que les flots auront rongé, et
peu à peu fait disparaître.
Le Saut de la chapelle ou Saut Tristan me paraît pouvoir
être fixé, avec grande vraisemblance, à Chapel Point en
1. A cothplete par . Hist. of Connuatl, IV, Appeiid., p. 106.
2. Ihid., p. 78, 88.
3. Bédier, Le roman de Tristan, II. p. 201.
Romans de la Table ronde. 275
Goran, à quelques lieues au sud de Lancien. C'est le seul
endroit où le fameux saut ait pu avoir lieu. Tristan condamné
au feu, passant près d'une chapelle, obtient de ses gardiens
d'y entrer. Il ouvre une fenêtre et se précipite dehors '. Le
sable ainorlil sa rhiile (Muret, Tristan, vers 956).
Tristan saut sus : l'araine erl molle;
Toi ^ gcno:^ chiet en la glise.
Ce saut fut renouvelé peu après 1485, par Henri de Bodru-
gan ^. Ce seigneur était un chaud partisan de Richard III.
Après la bataille de Bosworth où il avait combattu pour
lui, poursuivi sur les ordres de Henry VII, il alla se cacher
dans son manoir de Bodrugan, en Goran. Il y dépista les pour-
suites pendant quelques mois, mais il avait dans le pays des
ennemis d'autant plus acharnés à sa perte qu'ils avaient été
persécutés par lui comme partisans de Henry Tudor. Surpris
un jour dans sa demeure, il s'enfuit par une porte dérobée ;
serré de près dans sa fuite, il se précipita du haut de la falaise
dans la nier, cf une hauteur de cent pieds, et tomba sans se faire de
mal, sur une petite île herbeuse qui est au pied. Un canot
qui l'y attendait le transporta à un navire avec lequel il gagna
la France. L'endroit s'appelle encore Bodrigans Leap ou juinp (le
saut de Bodrigan~). Il y avait autrefois une vieille chapelle sur
le domaine même de Bodrugan; le promontoire qui y attient
est encore appelé Cbapel Point. Cet endroit, d'après Leland,
est dans le parc de Bodrugan ; la demeure de Henry de
Bodrugan y était aussi. Ily a à côté, sur le bord de la falaise,
un retranchement renfermant trois tumuli; le plus grand
s'appelle Bodrigans castle. A une petite distance du tnmulus est
le Bodrigans Leap '.
Le fait qu'un canot attendait Bodrugan au pied de la falaise,
près de l'ilot herbeux, semble prouverque dans un cas désespé-
1 . D'après Béroul sur une large pierre au milieu du rocher ; mais les
vers que je cite semblent indiquer qu'il bondit de la chapelle sur une roche
dominant la falaise et de là en bas sur le sable.
2. Ou Bodrigan. La forme ancienne est BodrKgaii, mais 11- devient / en
comique ; Bodrigan est la forme moderne .
3. Coii/pt. par. Hist. of Coni., p. 99, 106-107.
276 /. Loth.
ré, les issues considérées comme possibles lui étant fermées, il était
décidé à ce saut périlleux. Il semble bien en résulteraussi qu'il en
connaissait les possibilités et qu'une tradition existait à ce sujet.
Le Saut de Bodrigan aura vraisemblablement remplacé le Saut
Tristan. Il est très frappant que Parva Lancien était une pos-
session de la famille de Bodrugan. On peut sans trop d'imagi-
nation supposer que le Caste! de Bodrugan était une résidence
du roi Marc. Parva Lantien et Goran où se trouve Chapel
Point sont fréquemment associés dans les chartes du moyen-
âge ■ .
On n'a pas réussi jusqu'ici à trouver le Mal Pas ou Mau-
vais Passage ni la Blanche Lande où eut lieu pour Iseut,
l'épreuve du jugement par le fer rouge, suivant certaines ver-
sions, l'épreuve simplement du serment sur les reliques sui-
vant Béroul ou son continuateur. On a sans doute suppobé
que ces noms étaient dûs à l'imagination de nos conteurs.
Les Mal Pas et les Blanche Lande ne manquent pas ; il y en
a en France et en Angleterre. Dans la Loire-Inférieure, il y a un
Maiipas en Château-Thiebaud (canton de Vertou), la Limou-
zinière (canton de Saint-Philibert-de-Grandlieu), en Saint-
Philibert-de-Gràndlieu. Il y a une Blanche Lande en Oudon,
près d'Ancenis. Il y en a une autre dans le Calvados. La plus
importante paraît avoir été Blanche Lande, mieux Blanqiie
Lande, en Varanguebec, canton de la Haye-Dupuis (Manche) ;
un monastère fort important y fut fondé en 1154^ (dans le
lieu appelé Blanca Landa). Ce monastère, dont dépendaient
les chanoines de Blanche Lande en Guernesey 5, reçut d'im-
portantes donations de terres en Angleterre, notamment dans
la région de Lincoln 4. Il n'avait rien en Cornwall. En Angle-
terre, il y avait un manoir de Malpas, dans le comté de Ches-
ter 5 . Dans les archives de l'abbaye de Saint-Marie de Glou-
1. Feuâal Aiâs, I, p. 225, (1401-2) saint Goran t\. parva Lantien, ibid.
p. 205 (1306) saint Goran et Petite Lanyon (à corriger en Lantyen).
2. Cart. de BlanclK Lande, Bihl. nat., ms. 10065, p. 91 .
3. Catendar of Charter Rotls. III, p. 428 (BlaunclKtaiind) .
4. Catendar of Paient Rotts, XI, p. 558, (en 1361) — Catendar ofCJmrter
2?o//x II, p. 134 (1257-1300); ni, p. 362(1517).
5. Catendar of Patent Rolts, temp. Edward III, (1340-43), Catendar of
Romans de la Table ronde. 277
ccster ', il est question d'une BlankeJand in Rogeditcb. Il y avait
un important monastère de Blanchlond en Northumberland\
Le comté actuel de Carmarthen possédait aussi une abbaye
appelée tantôt Alba Landa, Alba Domits, Whiteland et aussi
BJatichJandK Le nom le plus ancien, Alba Domus, n'est que
la traduction du gallois Ty Gwynn ar Dav, la maison blanche
sur la Tav, résidence de chasse de Howel Dda, au x^ siècle.
. Nulle part, en revanche, on n'avait signalé de Mal Pas
qu'il fallût traverser pour arriver à une Blanche Lande. Aucun
de ces noms même n'avait été découvert en Cornwall où
avait lieu la scène du jugement.
Or le Mal Pas existe encore : il n'y a qu'un changement,
c'est qu'on l'écrit en un seul mot Malpas qu'on prononce à
l'anglaise Môpôs. Il se trouve sur la rivière de Truro, à un
mille et demi environ de cette ville. La rivière est navigable
à marée haute jusqu'à Truro +. Malpas est mis par certains
géographes sur la rive gauche^ par d'autres sur la rive droite :
pour ceux-ci le passage a lieu de Saint-Nicholas de Penke-
vil à Kea, tandis que pour les premiers, il a lieu de la rive
de Saint-Clements, rive gauche, à la rive droite. En réalité, le
passage sur les deux rives devait porter ce nom . Le Mal-
pas apparaît chez Béroul dans bon nombre de vers (3299,
3351. 3693, 3701. _ 3711. 3790, 3888, le Pas 3618,
3873). Tristan, déguisé en lépreux, attend Iseut au bout des
planches; il l'emporte dans ses bras et en abordant, elle se
laisse choir et lui sur elle, ce qui lui permet de prononcer
sur les reliques son audacieux serment :
v. 4207 : Q entre mes cuises n'entra home
Fors le ladre qiiifist que sonie.
Fine Rolls, I, p. 485 (1303) — Cf. Bâtes, The part, descr. of the coinity oj
Sotnerset, 19 10, p. 96.
1. Rotalia et Cnstoniaria abbatix heatx Mariae Gtastoniae (Somerset
Records V, p. 1 36.
2. Calendar of papal Registers, I, p. 13 (1203), II, p. 569 (1355).
3. Catalogues of anc. Deeds B 727 (1209) — Dugdale, Monaslicon Angl.,
p. 884.2-885.1.
4. A certains jours, elle ne l'est pas. Le cours de la rivière a d'ailleurs
été rectifié pour les besoins d'un commerce local important, surtout celui
de l'étain.
278 /. Loth.
Avant son arrivée, les barons de Cornouaille, sur de fausses
indications de Tristan, s'étaient embourbés dans la rivière.
Aujourd'hui même, à marée basse, on ne peut traverser à
cheval. L'atterrissage sur la rive de Kea est encore une opéra-
tion difficile en raison des vases qui s'y accumulent. A ne
prendre que Béroul, il semblerait qu'il y ait eu une sorte de
pont en planches sur lequel les piétons pouvaient à la rigueur
traverser'. D'après la version de Gottfried de Strasbourg et
par conséquent, suivant toute vraisemblance, celle de Tho-
mas, on faisait une partie du trajet en barque. Il est pro-
bable qu'il y avait sur les deux rives, une sorte d'apponte-
ment permettant aux bacs faisant le passage de prendre les
voyageurs et de les débarquer. Iseut connaissait d'avance les
difficultés du passage, car en faisant avertir Tristan de se trou-
ver au Mal Pas, elle fait la remarque ;
G'/ soJlai ja un poi mes aras.
La BJûfîche Lande ^ est le nom d'un important manoir qui
s'étendait sur une partie notable de la paroisse actuelle de
Kea 5 et même un peu sur Kenwyn. Kea est sur la rive droite
de la rivière de Truro, en face Malpas. La situation de Blan-
chelande est précisée dans VExtenta manoruni de 1345 ■*, entre
les manoirs de Landege (^Laundege^, aujourd'hui Old Kea, et de
Tregavethan, en Kenwyn. On s'accorde à fixer à Nansavel-
lan en Kea le siège du manoir et la principale demeure de la
famille des Alha Landa qui s'éteignit dans le cours du
1. Il est possible que suivant la voie de la côte pour venir de Lancien,
il avait d'abord traversé sur un pont, la rivière de Tresilian, pour arriver à
Moresc, auj. Saint-Clement's, où se trouve le Mal Pas.
2. La première mention que j'aie trouvée de ce manoir est de 1306
(Feudal Aids I, p. 204) : Blaunchélound in Rostuget, cf. CjJemlar of Inqnis.
VII, Edward IV, p. 276.
5. C'est notre Saint-Quay; avec le préfixe to-, on a eu Lan-dege ; en
Devon, Land-key {Lan-ke); en Somerset : Lan-to-cai en 725 (J. Loth, Les
noms des saints bretons, p. 20).
4. Dans un manuscrit inédit du Duchy of Cornivall office, à Londres.
Romans de la Table roiidr. 279
xiv'^ siècle '. En venant de Lancien qui est à 7 ou 8 lieues de
la rivière de Truro, le long de la côte, ce qui paraît d'après
certains itinéraires peu précis, il est vrai, du moyen âge, avoir
été la voie peut-être la plus suivie % il fallait traverser le
Mal Pas, soit de la rive de Saint-Nicholas de Penkevil, soit de
celle de Saint-Clément's, pour arriver à la Blanche Lande qui
était à peu de distance du point d'atterrissage '.
Il y a d'autres noms de lieux français non loin de là : à
quelques lieues au nord-est de Truro, on remarque la paroisse
de Grûjnpoiifid, un peu plus au nord, celle de Roche '*.
Blanche Lande est vraisemblablement la traduction d'un
nom comique, comme c'est le cas, nous venons de le voir,
pour la Blanchland du Carmarthenshire, comme c'est le cas pour
Grampound, dont le nom comique était encore au moyen âge,
Pons niiir (Pont grand') >. Lan, lieu consacré, monastère,
église, a été souvent confondu par les Anglais avec leur land,
et par les Français avec lande. De même qu'il existait, en
Cornwall, un Lan -du (le monastère ou l'église noire), il a pu
exister un Lan-iuen ou Giuen-lan (monastère ou église
blanche), qui aura été interprété Blanche Lande. Quant au
choix de la Blanche Lande pour être le lieu du jugement
d'Iseut, j'avais pensé d'abord qu'il avait pu être déterminé par
la présence, à côté, en Kea, de Caer-kghion (Carlyon, actuel-
lement) : ce Caer-Ieghion avait pu être une des résidences des
rois de Cornwall ; le souvenir d'Arthur y était peut-être atta-
ché. C'était en tout cas, semble-t-il, un endroit fréquenté par
1. Coiiipl. par. hist. ofCorniuall, d'après Hais et Toiikxn, II, p. 315, 316,
317-
2. C'était la voie obligée si le cortège venait de certains points du domaine
de Lancien, comme Bodrugan.
3. Dans le Tristan de Thomas, éd. Bédier, I, vers 2177, la Blanche
Lande est mise en Petite-Bretagne. C'est une erreur évidente. La géogra-
phie de Thomas est des plus confuses pour les pays du sud-ouest de l'An-
gleterre .
4. La principale foire de Bodmin, au xiii^ siècle, s'appelait la Loi!g[u]e
Fcvre. J'ai cité plus haut Noir Fail . Il y a aujourd'hui encore près du
Cap Cornwall (au moyen âge, le Cape ConnuaJl) les Brisons (The Bri-
sons').
5. Complète par. Hist. of Cornivall, U. p. 112.
28o /. Loth.
le chet du pays du temps de Marc, car, comme nous l'avons
vu plus haut, Iseut connaissait les difficultés du Mal Pas. Or,
Blanche Lande, au moyen âge (15 15 et antérieurement)
dépendait du manoir de Restronguet que nous savons avoir
été un fief du comte de Mortain ', c'est-à-dire, à l'époque de
la conquête, un fief du domaine royal. Il me paraît possible
que Rostuget dans une charte concernant Blanchelande {Blan-
cheland in Rostuget : v. p. 278, note 2) soit à corriger en Ros-
tronget. En tout cas, il semble certain que Blanchelande a été
une des résidences des anciens rois de Dumnonia, c'est-à-dire
de Devon et Cornwall.
La forêt de Morrois, où se réfugièrent Tristan et Iseut après
la découverte de leurs amours, avait été non sans apparence
de raison, identifiée, quant au nom, avec le pays de Moray,
en Ecosse ^ Il faut la restituer au Cornwall. Morrois me
paraît être Moresc ou Saint-Clement's, prèsTruro, où se trouve
le Mal Pas. Morrois se présente presque toujours avec deux r;
Morèsc paraît bien primitivement les avoir eus aussi. En
1205, c'est Morres ' ; vers 13 19, on trouve encore Morres '^,
Aussi ne faut-il pas hésiter à corriger le Moireis du Domesday
Book, qui incontestablement, de l'aveu de tout le monde, est
le Moresc actuel, en Morreis. Morreis indique une prononciation
anglo-saxonne régulière Morrci du corniqtie Morresc, en suppo-
sant les formes actuelles sincères ; sur cette prononciation de se
après une voyelle palatale, je renvoie à l'excellent Livre de Bùl-
hrïng Altenglisches Elément arhuch^^ 506-5 12. Quant à lagraphie
s pour se {sJ}), elle n'est pas rare. Page dans sa Victoria History
of Devonshire., p. 38, en fait la remarque. Dans le fac-siinile
1. Je dois ces détails sur ces manoirs au Rév. Taylor. Le manoir de
Restronguet est en Mylor, à peu de distance de Kea.
2. F. Lot, Études sur la provenance du cycle arthurien, pp. 14 et suiv. —
Cf. J. Loth, le roi Loth des romans delà Table ronde (Rev. Celt., XVI, p. 84).
3. Calendar of Fine Rolls. I, p. 279, Henry, évêque d'Exeter, donne à
Saint-Michel de Cornwall diverses terres en Devon et Cornwall, notam-
ment Morres et Saint-Hilary .
4. Calendar of Inqu., XI, p. 123. Il s'agit d'une contestation au sujet de
l'âge de Ralph fils d'Alan Bloyou, seigneur de Cornwall. Parmi les signa-
tures figure Morres ; le nom de baptême est effacé.
Romans de la Table ronde. 281
en photozinco-gravure du Domesday Book pour Somerset (X,
2), je relève Brentemerse (inerse représente marsh actuel). Une
forme plus frappante encore est Brentemareis. On trouve aussi
Moreis en 1205 '. C'est la forme que donne le Tristan en
prose ^. La forme Moresk se montre en 1303 > et n'est pas
rare depuis. Ce manoir fort important était pourvu d'un châ-
teau-fort existant encore du temps de William de Worcester
(1478 : Castellum de Morysk).
C'est la forme anglo-saxonne, qu'ont certainement connue
les conteurs français.
Il n'y a pas de raison impérieuse de douter de la sincérité
de la forme Moresk; ce serait la forme comique. Le Moresck cor-
nique peut être pour une forme plus ancienne Morresc pour
mor-hesc, roseau de mer, irlandais moderne miiir-seisc (prononcer
besc, avec se palatal), gallois inor-hesg '^, même sens. Mais je suis
porté à croire que Moresc pour Morresc remonte plutôt à une
forme vieille comique mor-roîsc, absolument identique à l'ir-
landais, nmir-riasg, vieux celtique mori-reisco- : Dinneen (Jrish-
Engl-Dict.), le traduit par sea-jiiarsh, ce qui va parfaitement à la
situation de Moresk (S' Clement's). Seul, en irlandais, riasg a un
sens analogue : Dioor, j'en. En gaélique d'Ecosse, il en est de
même>. Suivant les lois de la phonétique comique, les diph-
tongues se réduisent à une voyelle simple. La composition du
mot n'étant pas sentie (joisc a disparu du comique comme du
gallois), l'accent a été de bonne heure sur mor : dans ce cas la
diphtongue, étant posttonique, fait place à une voyelle brève :
moyen-cornique compes=coinpois, gallois cymhzuys, haut-vanne-
tais caijiponis, mais ailleurs en breton, comme en comique,
1. Caîendar of documents , France, I, a. 280. Mathilde de Meulan donne
au mont Saint-Michel-de-Cornwall une villa de Moreis, près de la fontaine
de Sanit-Ch'meiit . En 1294, c'est encore Mores.
2. Bédier, Le roman de Tristan, II, app., p. 362.
3. Caîendar of Fine RoUs, p. 483.
4. Hesc, en breton, désigne plus spécialement la lèche, herbe très cou-
pante ( — *sec-scà). En comique, dans le Vocahul. du commencement du
xiiie siècle, hersh-en traduit par canna vel arundo.
5. Macbain, Gaelic Dict. lui donne les sens de nioor ivith sedge, land
covered with sedo^e or dirk-erass.
282 /. Loth.
compes, du latin compcsas (compensus) ; au contraire, le subs-
tantif composter subit bien une réduction de la seconde
voyelle de la diphtongue au profit de la première, mais
garde cette dernière parce que la diphtongue est accentuée.
Il y a un pendant à Moresc^=- Morroisc; c'sst le nom d'Exeter
en comique, donné par Edw. Lhwyd et d'autres: Car-esk pour
Cair-oisc : cf. gallois u'\sc de Eisca qui nous est donné par des
écrivains grecs et latins sous les formes Isca (Isca Silurum,
Isca DHinnonioriiiii). Quant aux deux rr, réduits à un seul r,
c'est un fait conforme à le phonétique du moyen-cornique.
Il ne fait aucune différence entre deux r ou deux / dans l'inté-
rieur du mot entre voyelles : on trouve deux liquides là où
étymologiquement il n'y en a qu'une seule et inversement.
Par suite de la réduction de la diphtongue, il y a eu vrai-
semblablement aussi confusion avec un mot de sens ana-
logue cité plus haut : moresc pour mor-hesc, roseau de mer.
Par suite de la présence du / dans mor-roisc, se a dû se pro-
noncer palatal, à peu près s. En comique la sifflante même, si
elle provient de t au d, précédée d'une diphtongue avec /
comme deuxième élément, est palatalisée; toj', bois, ancienne-
ment coit, s'est prononcé de bonne heure cols; il s'écrivait
souvent coys. Il est vraisemblable que, même en vieux-cor-
nique, mor-roisc se prononçait à peu près Dior-rois.
Le mmior de Moresc était encore fort boisé à la fin du xi^
siècle : le Domesday Book lui donne 200 acres de bois contre
100 ares de pâture. On ne peut néanmoins établir d'après le
Domesday Book l'existence d'une grande forêt autour de ce
manoir. Nulle part, en Cornwall, ce document ne mentionne
de vaste étendue sous bois, quoiqu'il indique en général la
contenance en bois de chaque manoir. Mais il n'y a
aucune conclusion à en tirer. En effet, dans le Domes-
day Book, comme dans beaucoup de documents du xii^ et
du xiii^ siècle, le terme de forêt, au point de vue doma-
nial, indique que l'étendue de bois ainsi désignée est réservée
aux plaisirs du roi ou du grand propriétaire, et que le paysan
n'a pas le droit de la cultiver. Tout le Cornwal fut sous la
loi dite forestière jusqu'au règne de Jean-sans-terre '.
I. Pearson, Historlcalmaps ofEngland, p. 49.
Roiiunis de la Table ronde. 283
11 y a cependant un sérieux indice qu'il y a eu une grande
zone de bois entrecoupée de rivières, bras de mer, marais,
landes et bruyères, depuis Morcsk (peut-être de plus haut,
depuis Lancien), jusqu'à Constantine sur le bras de mer de
Helford d'un côté et jusqu'au mont Saint Michel de Cornwall
de l'autre. Le Rev. Taylor à qui j'ai dû plus haut mes connais-
sances sur Parva Lantien, et qui ne doute pas que je n'aie
raison dans mon identification de Morrois, appelle mon atten-
tion sur un fait important : c'est que le iiianor qui englobait la
paroisse actuelle de Constantine s'appelait Trccnt, écrit aussi
Tricoi\t\, Titcoiuit, mais aujourd'hui Trecoyes, ce qui signifie
clairement, la demeure du bois ou dans h bois '. Or, Treeoit,
comme Morrcis, avait pour seigneur le comte de Cornwall et,
ce qui est également digne de remarque, Trecoit était en réa-
lité, la propriété du Breton Wibumarc : la suzeraineté du
comte de Cornwall n'était probablement que nominale. Ces
faits éclairent d'un jour éclatant un passage de Béroul qui n'a
pas été compris, et ce passage à son tour, bien interprété,
confirme mon hypothèse sur l'étendue de la forêt de Morrois.
L'ermite Ogrin, chez Béroul, conversant avec Tristan dans
la forêt de Morrois, en plein Cornwall, lui rappelle le fameux
saut de la chapelle (v. 2384) :
Tel saut feistes quil 11 a home,
se il le vit n'en ait hisdor
De Costantin entres qu'a Rome.
M. Muret — ce en quoi, il était fort excusable— en a
conclut que Béroul est du Cotentin normand.
Comparer un pays à une ville a déjà quelque chose d'anor-
mal. Il est également invraisemblable que Béroul mettant la
scène en Cornwall ait eu une pareille idée. En tout cas, il
I . La forme actuelle suffirait à établir qu'il faut préférer Trecoit ou Trecut
Le comique de bonne heure réduit la diphtongue 0/ ni à la première voyelle,
la dentale finale est assibilée et se prononce palatale à cause de Vi précédent :
au lieu de Tre-coit on a prononcé Trecos ou mieux Trecots ou Trecuts
L' Exon Domesday aussi donne un iiiaitor de Ticoit {TicoitJi') M. 247 b. Il
est probable qu'on prononce Trr-godj ; autrement, si c'est TrccodJ, il faudrait
284 /. Loth.
est évident que l'auteur primitif n'a pu prendre comme point
de comparaison un pays étranger situé au loin sur le con-
tinent. La source de Béroul devait porter Costentin, mais un
Costentin deCornwall. Or, il y en a un, écrit aujourd'hui Cons-
tantine, paroisse qui atteint le bras de mer de Helford, au sud-
est de Moresk, à cinq ou six milles de Falmouth. Ce nom est
écrit au x*^ siècle Custentin '•> --== Côstmitinns, vieux breton Ciis-
tentin. Il a été écrit sûrement de bonne heure Costentin : dans
les Manuinissions on the Bodmin Gospel qui sont du xi'' siècle,
avant la conquête de Guillaume, on trouve parmi les témoins
Custentin; le nom est également écrit Coslentin; on a prononcé
de bonne heure Costentin, comme en fait foi le nom de lieu
Tre-gesteyntyii en 1386 et aussi Tre-gostentin, la demeure de
Kôstentin. On trouve encore Constantinus dans le Domesday
Book (Constantine actuelle) comme propriétaire de terres. On
a vu plus haut que le nianor qui englobait Costentin était
Trecoit, la demeure du bois, et que son seigneur était en
même temps maître de Morreis. Il est tout naturel qu'Ogrin
ait pris comme terme de comparaison l'extrémité même de
la forêt où il vit. Peut-être aussi le conteur primitif vivait-il
à l'ombre du manoir de Trecoit et voulait-il faire sa cour au
maître de ce lieu et de Morreis; peut-être encore était-il con-
teur attitré de Wihumarc ou d'un de ses descendants \
Si Ogrin a voulu prendre comme terme de comparaison un
des points les plus reculés du Cornwall par rapport à Rome,
il y a un autre Consfantine qui conviendrait encore mieux : c'est
Saint-Constantine en Merryn, à peu de distance de la rive
gauche de la rivière Camel, à l'est de Cornwall, à quelques
lieues au sud de Tintagel. La baie qui touche s'appelle
Constantine Bay. L'église envahie par les sables a été aban-
donnée ÇCompl. par. hist. III, p. 318).
Quand le roi Marc accepte de reprendre Iseut et que les
amants vont quitter la forêt, Ogrin va faire des achats pale-
froi, étoffes) pour la reine, au Mont (v. 2735)
supposer Treg-(Trig-)-coit; trig pour Ireg QSl un terme fréquent dans les
noms de lieu et signifie séjour, lieu de séjour. La graphie Tricoit me ferait
pencher pour cette hypothèse.
I. Tre-gostentin étant en Lanlivery, à un mille et demi, au nord-
ouest de Lancien, mérite d'être signalé.
Romans de ht Table ronde . 285
Il est certain qu'il s'agit du Mont Saint-Michel de Corn-
wall, dans la paroisse actuelle d'Hilary, sur la baie de Pen-
zance.
Le mont n'est pas loin de Constantine et n'est pas à une
grande distance non plus de Moresk. Le nom comique du
mont est : Karrek lu:^ en Ku:{, écrit aussi d'après une ortho-
graphe plus usuelle Carrée low:;e en Coius ; il est exactement
traduit par l'auteur anonyme de la grande Parochial History
of Cornwall (II, p. 210) : The hoary rock in the luood, le rocher
grisâtre dans le bois ' . Ce terme curieux semble bien indi-
quer qu'il était à l'extrémité d'une grande forêt dont il n'était
pas séparé à marée basse. Près de là, à Helston, le Domes-
day Book signale un bois d'une lieue de long ^.
D'après Pearson ">, il serait certain, à la suite des travaux
des géologues, que le mont, à l'époque historique, était
bordé de bois. Le mont Saint-Michel de Cornwall avait été
donné par Robert, comte de Mortain, en 1105, ^^ mont
Saint-Michel de Normandie. Saint-Michel de Cornwall fut
l'objet de nombreuses faveurs et donations. Robert de Mortain
lui avait attribué des terres assez importantes en Cornwall et
l'autorisation de tenir un marché tous les jeudis + ; Richard 1"
autorisa les moines cà tenir en plus trois foires annuelles 5.
Henry, évêque d'Exeter, en 1205'', leur fait don de diverses
églises en Devon et Cornwall, notamment de Morres et de
Saint-Hilary dans ce dernier pays, pour l'entretien des pèle-
rins et des hôtes. On comprend facilement qu'Ogrin pour faire
ses achats se soit rendu à un centre de foires et de com-
merce si connu, le seul probablement dans un rayon étendu,
dans ce pays de landes et de bruyères qu'est le Cornwall.
1. On a dit que ce terme se serait appliqué d'abord au mont Saint-Mi-
chel de Normandie et plus tard par erreur à celui de Cornwall ; ce n'est pas
vraisemblable. Max Mùller a écrit un Essay sur Tlie Iiisulation of Saint-Mi-
clkiels moiuit. Il est probable que les auteurs de l'hypothèse que je viens de
citer ont entendu parler de lu fabuleuse forêt du mont Saint-Michel.
2. La Icuca, à cette époque, paraît valoir un mille et demi de long.
3. Historical niaps, p. i, col. 2.
4. Calendar of Doc, France, p. 256, 265.
5. D'après Complète par. hist. of Corniuall , II, p. 206.
6. Calend. oj Doc, France, I, p. 279.
Revue Celtique, XXXIII. tg
286 /. Loth.
Sur les pays d'origine de Tristan, on est en présence de
versions contradictoires. Eilliart d'Obcrg (probablement
Béroul) et le Roman en prose font du père de Tristan, Riva-
len,un roi de Leonois ou Loenois. Gottfried de Strasbourg, s'ap-
puyant sur Thomas, le fait roi d'Ermenie : « plusieurs pré-
tendent qu'il était de la terre de Loonnois et roi sur ce pays :
mais croyez-en Thomas, qui l'a lu dans Vestoire, il était roi
d'Ermenie. La leçon Parmenie de Gottfried est évidemment à
corriger en Hannenie. » La saga fait de Rivalen un seigneur
de Bretagne, mais fait d'Efimnia une ville de Bretagne ayant
appartenu à Rivalen. Sir Tristrem donne Ennonie. Le frag-
ment en bas-allemand publié par Titz (Zeitscbrift f. deulsches
Alt. XXV, p. 250, 125) donne Annonie ou Arinenye \
Loonois ou Ennenie, le pays de Tristan, est situé en Grande-
Bretagne, d'après Eilhart d'Oberg et Thomas. D'après Tho-
mas, Marc règne même non seulement sur la Cornouaille,
mais encore sur toute l'Angleterre. Quant à Rivalen, tout
en étant roi d'Ermenie, il tiendrait le Loonois, à titre de
fief, et son suzerain serait Morgan, duc de Bretagne. Le
Roman en prose ajoute que le Loonois niarchisoit à la lerre de
Cornouaille ^ .
En résumé, c'est en Grande-Bretagne qu'il faut chercher la
patrie de Tristan, et même, semble-t-il, non loin du Corn-
wall. Le Loonois a été identifié par F. Lot, avec le Lothian,
en Ecosse 5. Il n'est pas impossible non plus que ce pays ait
désigné la région de Caerlleon sur Wysc dont la situation
conviendrait mieux. D'après Gottfried, Rivalen traverse la
mer pour aller voir Marc. Cette région n'est pas loin du Corn-
wall. On peut même dire qu'à l'époque où le pays de Somer-
set était encore indépendant des Anglo-saxons, le royaume
de Dumnonia comprenant le Devon et le Cornwall était limi-
trophe du Sud-Galles. Au début du viii^ siècle. Gèrent
1. Pour ces formes et sources, v. Bédier, Tristan, I, p. 2, 3 ; II, p.
194.
2. Bédier, Tristan, II, p. 194, 195.
3. Roinania, XXV, 16; XXVII, 608; cf. J. Loth, Revue Celt., 1895, p.
86.
Romain: de la Table ronde. 287
(Gcruntiiis) était roi de Dumnonia et est salué comme tel
par l'évcquc Adlielm '. Le pays de Somerset ne semble pas
avoir été occupé par les Saxons avant le vu" siècle ; vers la
fin de ce siècle, on y parlait les deux langues brittonique et
saxonne ^.
Le nom d'Ermenie me paraît beaucoup plus important que
celui de Loonois ', lequel est plus connu et prête à confusion à
cause de sa ressemblance avec le Léon de Bretagne. Comme
d'autres j'ai cherché l'Ermenie fort loin. Peut-être, et c'est plus
conforme à la tradition telle que nous l'avons constatée plus
haut, faut-il encore ici se rabattre sur le Cornwall et ses
confins. Il y a en tout cas un nom qui le rappelle singu-
lièrement, sur les confins de Devon et Cornwall, sur la
rive droite de la grande rivière Tamar : c'est Harmony en
Tamerton (sur la rive opposée, en Devon, il y aussi un
Tamerton). La forme Pannenie de Gottfried ne peut guère
s'expliquer que par une forme Hannenic. On est donc en
présence de deux formes : Hcnnenie et Eniieiiie, [H]eniioine,
Eiinonie, ou même Armonie. Le Rév. Taylor, sans se laisser
guider par d'autres considérations que l'ordre même de distri-
bution des manoirs dans le Domesday Book et des arguments
d'ordre topographique, est d'avis que le manoir dénommé
Ermenheu dans YExchtquer DoDiesday, et plus exactement Hir-
memii dans VExon Domesday, est représenté aujourd'hui par le
village de Harmony.
Malheureusement les formes intermédiaires manquent. Ce
qui rend cette identification fort séduisante, c'est que Er- ou
Her-meneii serait sans doute en vieux comique : Hir-monin.
Le Mynyib ou Saint David' s des Gallois était au ix^-x^ siècle :
Moniu : Moniu signifie buisson : Hen-moniu est traduit par veUis
Ruhus. Il est identique à l'irlandais muine. Ce nom à'Er- ou
Hir-monin a bien pu rester sous la forme Harmony {Hermony)
dans la région nord-ouest où le comique a disparu de très
1. Pahol. ifl/.,LXXXIX, 87-82.
2. J. Loth, Le Brittonique eu Somerset à h fin du Vll^etau comuwuceiueut
du VIII^ siècle (Revue Celt., XX, 340).
3. Il faut remarquer qu'on a non seulement Carleo)! et Carlyou mais
aussi Carloon.
288 /. Loth.
bonne heure. En pays resté de langue comique, à l'époque
moderne, la terminaison -Izu non accentuée, fût demeurée
-oîu ' : on eût eu, dans la prononciation, mais non probable-
ment, dans l'écriture « Er » ou Her-menoiu . La forme du
roman en prose, la Grant Hermenie, confirme curieusement la
forme Her-ineiieu, le Long Buisson, le Long meniu. L'évolution
de Hir en Her, en composition, peut se comparer à celle de
Trig, donnant Treg. Tir, terre, en premier terme, est écrit
Ter- dans Terradenec (terre à fougère), à la fin du xiii'' siècle
(^Catalogue of ancient Deeds, I, A. 226). La situation de Her-
menie^ est tellement imprécise dans les versions où ce nom
apparaît qu'il n'y a rien à en tirer contre mon identification \
Une hypothèse est encore possible, c'est que Hernionie soit
une méprise pour Hen-monin, lu Her-moniu, et qu'il s'agisse
de la région de Saint-David's. Dans le roman de Béroul (éd.
Muret, vers 2762), le roi Marc demande à Tristan déguisé en
lépreux d'où il est, Tristan répond :
De Carloon fil^ d'un Galois.
Marie de France donne également le Sud-Galles (Siitb-
wales^, comme la patrie de Tristan.
La géographie du roman s'explique assez bien dans cette
hypothèse.
Parmi les noms propres, il y en a un qui mérite l'attention :
c'est le nom du fameux sénéchal de Marc, Dinas de Lidan. Je
suis sur ce point de l'avis de F. Lot+ : on a pris le Pirée
pour un homme. Il est de toute impossibilité que Dinas seul
soit un nom d'homme. C'est un des noms de lieux les plus
répandus du Cornwall K Dinas en comique comme en gallois
1. Cf. Kernoiv, le Cornwall, pour Keriiew, Kernlw.
2. Il nie paraît sûr que la source de Gottfried devait avoir Hermenie ou
Harmonie.
3. Cf. Bédier, Le roiihiii de Tristan, I, pp. 255-256, note.
4. Remania, XXIV, 539.
5 . Les Dinas et Pen-dinas (écrit aussi Pendennis) sont nombreux. Un mérite
surtout l'attention. William de Worcester, dans sou Itinéraire (1478);
Compl. par. hist., IV, app. p. 94) à propos du Castelan Dynas en Saint-Co-
lumb Major, dit : Ca<tcÛinii Dynas super altum niontem dirutum, fons in
Romans de la Table ronde. 289
s\2,\-\\^Q forteresse, citéforle. En pays brittonique, Galles, Corn-
wall, Bretagne armoricaine, quand on voulait indiquer la
résidence de quelqu'un, on faisait suivre son nom du nom de
lieu sans préposition. Ici, le nom du personnage me paraît
être Dinan. C'est le nom de la puissante famille dont la prin-
cipale résidence était Car-Dinan (^Cncr-Dînan) aujourd'hui
Cardinhain, près Bodmin. Dinan est également donné comme
une possession de Dinas de Lydan'. Si ce personnage était
originaire de Dinas que la source distinguait en l'appelant
lidan, large, ample, ou y résidait, on devait dire couramment
Dinan Dinas Lidan - (cf. plus loin Rivalen Kanelangres^. Le
nom de Dinan est assez curieusement associé à celui de Dinas-
le ou de Pen-dinas en Saint-Ives (dont le vrai nom est Porih-
le, écrit Proth-Ia), dans une légende rapportée par Lelant :
un Dinan, grand seigneur en Cornwall, aurait bâti une église
à Pen-Di?ias en Saint-Ives, à la requête de Saint-Ia ou Iva,(\\i\,
avec Elwine, avait abordé, venant d'Irlande, à Pen-dinas :
c'est écrit, dit Lelant, dans la légende d'Iva'.
Mais le Dinas qui mérite le plus d'attention, c'est Dinas
en Saint-Ant-hony in Kerrier, au sud-est du Cornwall. Il y a
là deux retranchements appelés Great and Little Dînas (écrit
aussi Dennis). D'après Tonkin, le promontoire est appelé Little
par suite de sa ressemblance avec Pen-dinas (Pendennis) en
Budock-Falmouth '^. Dinas ÇDennis) était compris dans le
manoir de Porthia Prior et dépendait donc, comme ce manoir,
de Tywardreath dont j'ai relevé l'importance ^ à propos de
Lancien. Il est regrettable que les termes comiques ^omï grand
et petit ne nous aient pas été conservés. Pour Little Dinas nous
medio castri iihi Tador (Jeg. Cador) dux Conmhiae, niaritus matris Arturi
fuit occisus, juxta villam S'i Columbae. Il y a un autre castlc an Dyiias en
Ludgvan, etc.
1. Muret, Le roman de Tristan, vers 1085, 11 35, 2851 (et glossaire, à
Dinan).
2. Il y a dans une charte anglo-saxonne de 969 (de Gray-Birch, Clhv-
tîiî. saxon., no 123 1) un Caer Lydan, en Cornwall, mais dont la situation
n'est pas certaine ; peut-être Car-lidden en S^-Austel.
3. A compl. par. hisi. of CorntvaU, II, p. 266.
4. Complète par. htst. ofCornw., I, p. 63.
5. Ibid., p. 35.
290 /. Lofh.
aurions eu sans doute Dinas vyan : et peut-être pour Great
Dinas, Dinas Lydan. Il importe de remarquer qu'il n'existe
pas de Dinas en Armorique. Bien plus : la graphie Dynas^
du Roman en prose est vraisemblablement comique. Uî long
s'écrit régulièrement en comique y, comme en moyen-
anglais. — Les Gallois qui, comme les Cornouaillais, ont
emprunté y aux Anglo-saxons, ne l'emploient que pour
/ bref. Dans Dinas, i est long.
Le nom de Tristan a été porté par une famille qui paraît
avoir été assez nombreuse et importante en Cornwall, les
Trestan (écrit à l'anglaise Trestane), mais je ne sais à quelle
date il apparaît pour la première fois, ni quelle est la forme
primitive du nom.
L'étude des noms propres d'hommes dans le roman de
Tristan ne fait que confirmer les données fournies par les noms
de lieux : ils se retrouvent à peu près tous, français, anglais
ou brittoniques, en Cornwall ou dans le voisinage.
Parmis les noms propres français, il n'y en a que deux qui
soient rares : EstuJl l'orgueilleux, et Peticni, nom du chien de
Tristan. Estult est vraisemblablement le même nom que
EsturI, nom d'un vassal du comte de Mortain -, en Somerset-
shire.
Peticru est un nom très répandu dans le sud-ouest de l'An-
gleterre, notamment en Cornwall. Joh. Peticru est l'objet
des faveurs du prieur de Saint-Peter de Bath, en 1265 '. En
Cornwall, dans un acte de 1302, paraît un Thomas P^//f/'« ; le
même personnage est juré à Lostwithiel en 1303. Il y a eu
un manoir de ce nom en Gerrans, sur la Manche, à l'est du
Cornwall^, connu sous la forme de Pcttigrew +. C'est un nom
encore répandu aujourd'hui sous cette forme en Angleterre.
1. Bédier, Le Roman de Tristan, II, appendice I, p. 371. A remarquer la
tournure : a ung chastel qui est cy près, qui est Dynas, ce qui prête à une
double interprétation.
2 . Le comte de Mortain était aussi comte de Cornwall. Esttirt est
mentionné dans le Domesdav Book pour Somerset (Fac-similé en photo-
^incogravure, 1862, XIII).
3. Hunt, Two chart. of the Priorv of St. Peter at Bath, 1895 : 2^ Chart.,
P- 173-
4. Complète par. hist. of Cornu'., II, p. 76.
Romans de la Table ronde. 291
L'influence des Anglo-saxons se manifeste surtout dans le
nom du philtre d'amour che/Béroul : LoiicVeiidris Ql Lovendraiil
pour Lovendrinc et Lovcndraiic '. Ce terme avait été sans doute
adopté par les Cornouaillais de langue brittonique eux-mêmes.
11 ya déjcà d'importants emprunts anglo-saxons dans le Voca-
hniariiiin cornicuvi dont le manuscrit est du commencement
du xiii= siècle, mais qui est vraisemblablement une copie
d'un manuscrit du xii"" siècle. Il est, en revanche, fort pos-
sible que le terme anglo-saxon ait supplanté un mot cor-
nique du même sens. On connaissait en Cornvs'all, limbe
d'amour : dans le Voc. corn., c'est les-serchoc (herbe amoureuse
qui donne l'amour), glosant Jappa. Actuellement encore, en
Basse-Bretagne, on croit à la vertu en quelque sorte amoureuse,
de breuvages où entrent certaines herbes, et on en a même
usé à ma connaissance, dans mon propre pays, vis-à-vis de
jeunes filles, dans une intention des plus blâmables.
L'arc de Tristan, VArc-qui-ne faut, dont parle Béroul, leur
appartient, comme l'a fait remarquer M. Muret (^Le roman de.
Tristan, Préface, ix). Une tradition recueillie par Geffrei Gai-
mar, dans son Estoire des Englcs (écrite entre 11 47 et 115 1)
attribuait l'assassinat du roi Eadmund (en 1016) à VArc-qui-
ne-faut, dressé parle traître Eadric.
C'est par les Anglais, vraisemblablement, que les Français
ont connu Lantienet. T/^/^o't'/ avec les prononciations Lanlsien,
et Tintadj9l\ La graphie Morreis et Morrois leur paraît due
également. C'est à eux qu'il faut restituer soit Andret, soit
Audred. Andret ou Andred est un nom de lieu répandu en An-
gleterre, inconnu en Galles et en Armorique ' : Andredes-ceaster,
Andredes leage-^, Andredes iiuda '>, en Kent; Andredes-ye^" (île)
I .• Il y a un prieur de Landewednack au xiv<^ siècle du nom de Joli.
Lmvedrem qu'on serait tenté àtWrtLovedrenc (Grainlissoit Reg, II, p. 556,
d3ins Episcop. Reg. oftlie Jioc. ofExetef).
2. E Q\. 0 dans Tintagel, tiiilajoJ, représentent un son intermédiaire entre
ô et 0, V. plus haut.
3. Ethelwearcii Chron. I, apud Pétrie, Mon. hi'st. hrit., p. 503.
4. Chroniqtieanglo-sa.x., année 476, ibid.,p. 500.
5 . Ethehuenli chr. 1 1 1 , ibid . , p . 518.
6. Hunt, Tivû Chart.; 2^ Clart., p. 358(1273).
292 /. Loih.
près Glastonbury. On trouve Andréa seul '. Ce nom a été
déjà confondu en anglo-saxon, avec celui d'Aldred : c'est ainsi
que dans la chronique d'Ethelwerd (composée entre 975 et
ion), au lieu à'Andredes-lege, on a. Aldredes-lcdge\ Il est
donc fort possible que la forme du nom du traître qui
varie entre Andred et Andret ait été d'abord Andret. En tout
cas, Audret,si la forme n'est pas évoluée à! Andred, représente
le nom anglo-saxon très connu Aldred, avec la vocalisation
française de /. Deux évêques de Saint-German's en Corn\vall
ont porté ce nom avant la conquête. Il apparaît fréquem-
ment dans YExon Domesday (IV, i, 6, 11, 12, 16, 18,
70, 398, 144 etc), Audret, contrairement à l'opinion reçue,
ne peut être breton. Ce nom n'a rien à faire avec le breton
Antret, malgré les apparences. Suivant une loi bien connue,
en breton / se vocalise dans l'unique cas où elle est suivie
immédiatemment de / ou d, mais alors le résultat est voyelle
-\- I, jamais d, même si ^ est étymologique : c'est ainsiquem/-
dâria, chaudron: après avoir été c^'/^or, devient et est aujour-
d'hui encore caoter, dialectalement coter : le ^ de caldâria est
traité comme le / de altâre qui passant par allor .est arrivé à
aotcr. Le nom breton Autret remonte au vieux-breton Alt-
rit, Alt-ret. Quant à la vocalisation de / devant / ou ^ en
breton, elle ne paraît pas antérieure à la fin du xii^ ou au
commencement du XIII^ Elle est inconnue en comique, et
en gallois. La forme Audret pour Aldred est due aux Français.
De même Alter-ncn (autel de Nonn, mère de saint Dewi,
nom d'une paroisse du Cornwall), est encore aujourd'hui Alter-
nun, mais, au moyen-âge, à diverses reprises, ce nom apparaît
sous la forme française Autrenon '.
Gondoine est d'origine germanique et a pu venir du conti-
nent, mais il est fort possible que ce soit une forme altérée de
Godwin : ce nom anglo-saxon se trouve sous la forme Gode-
wîne chez Geffrei Geimar, Esioirè des Engles, vers 4801, 4814
1 . Chron. atiglo-sax., année 755, 891 .
2. Lib. I, ap. Pétrie, Mon., p. 503.
3. Catalogue of anc Deeds, III, A. 6004 (54 année d'Edward h^) —
\J Autret breton a dû exister en Cornwall ; on le trouve, en effet, sous la
forme 0/re^ (de Saint Newlyn), en 1^01-2 {Assise Roîls, 118).
il
Romans de lu Table ronde 293
(cf. Pétrie, Mon., p. 822, col i et 2), En tout cas, Gundnuin
et Gundiiiuus existent dans l'Exon Domesday '. Un Rie. Gund-
ewine paraît également dans une charte du xiii"^ siècle, con-
cernant le Glamorgan ^
Enfin c'est sous une forme anglo-saxonne que le nom du
Cornwall 5 est parvenu au français, avec une modification
savante : Cormualia est évolué de l'anglo-saxon Corn-wealas.
Pour les rapports des Anglo-saxons avec \esBrittons, v. J.Loth,
Des nouvelles théories sur l'origine des romans arthiiriens {Revue
celt., XIII, p. 485-188), cf. plus haut, Conlr., I, p. 13; III,
p. 28.
Restent les noms celtiques ou plus exactement hrittoniques.
Nous avons vu quEsell est comique, comme Essyllt est
gallois. Il n'apparaît nulle part en Armorique '^ autrement que
sous la forme Iseut, évidemment d'importation française.
Pour Tristan, j'ai été beaucoup tropaffirmatif(Co«/n/'. 1 1 1),
en soutenant que le nom du héros, sous cette forme, ne pou-
vait être qu'une forme écrite galloise. En gallois du x^ et même
du commencement du xi'' siècle, c'est bien Tristan qui repré-
sente la prononciation Trostàn avec ô bref. Mais en Cornwall,
ont eût eu, l'orthographe étant anglo-saxonne, dès le x^ siècle,
Trysian, avec y anglo-saxon, si Vo de Drostan, Trostan se
prononçait ô : or, il n'y a guère de doute à avoir à ce sujet. Si,
en effet, 0 (ji devient dès le x^ siècle 0 en comique) a moins de
tendance à s'affaiblir qu'en gallois, il y en a cependant des
exemples, et, en tout cas, 0 (et //) suivi de 5-{-row^OT7w^, s'aff"aî-
blissait sûrement, L'« long brittonique lui-même est atteint
dans cette situationv; dans les Manumissions on the Bodmin Gos-
pel ', document du x-xi^ siècle, datant d'avant la conquête, le
1. Tome IV de l'éd. in-folio de 1 816, p. 3,8, 14, 415.
2. Clarke, Cartae et atia munimenta quae ad doviiniiini de Glamorgan per-
tinent, 1885, tome IV, p. 439.
5. Le gallois Cernytu, comique Kernou' (plus anc. Kcruiïv), breton
Kernco, représentent le vieux brittonique Cornovia .
4. Jean de Dol, en mourant (1162), confie sa fille Iseut à Raoul de Fou-
gères .
5 . Whitley Stokes, Revue celt., I, p. 332 et suiv.
294 /• Loth.
nom Custentin = Cû(ji)stantïnus est écrit Ciistenti n et Costen-
tin, ce qui indique une prononciation Côstentin, qu'on retrouve
au xiii^ siècle dans Tre-geslentyn (la demeure de Costentiii) '
A plus forte raison, o bref dans le nom de Trostan devait
arriver à un son que les écrivains du Cornwall devaient trans-
crire au x-xi^ siècle par y anglo-saxon -. Les écrivains fran-
çais ne connaissant pas la valeur de cette graphie lui ont donné
la valeur d'un / et auront transcrit Trystan par Tristan. Une
forme Trytan avec un y ne peut guère être galloise, avant
le xi-xii^ siècle 5.
Parmi les autres noms brittoniques, il n'y en a qu'un qui
paraisse nettement breton-armoricain, et encore unique-
ment par la raison qu'on ne le trouve ni en Galles, ni en Corn-
wall. C'est ^cifl/i, le Foitenant, nom du père nourricier de Tris-
tan. Pour le Cornwall, son absence n'a rien de démonstratif.
De bonne heure, sûrement dès l'époque de la conquête nor-
mande, les noms propres d'homme d'origine brittonique
y sont rares; ils sont remplacés par des noms de lieux pré-
cédés d'un nom qui est généralement un nom de baptême.
En Galles même où l'onomastique brittonique jusqu'à l'avè-
nement des Tudors est copieuse, il n'est pas rare que
certains noms d'origine ancienne, courants en Bretagne, ne
soient pas représentés et réciproquement. H. Zimmer a sou-
tenu que Rodait était un emprunt germanique, et qu'il
remontait à Hruodiuald. Or, c'est à tout point de vue impos-
sible. Hruodwald eût donné au ix^ et au x'^ siècle, en breton,
Rot-iuald ou Rod-walt ;pour t ou d, cf. Rot-bert'^, au xii^ siècle
Rot-berth^, devenu au moyen cage Ropeix'et Ropaix. Pour le
1 . Cf. Gilbert de Costantin in Costanlinestun, en Glamorgan (Clark,
CartqelY,-p. 107, année 1262).
2. Cf. dans les Mamiui . Cyngelt (pour Congelt probablement), Myr-
men(Mornnn, Mermin), Gydiccael (bret. ludiciiel), Oiigynalel {Oii-cem'dl),aa
x^ siècle cacr Lydan.
3. Le Rennes Dindshenchas (Revue Celt., 1894, p. 427, 39, fait mention
d'un Trostan drai Cruithnech, Trostan druide Picte (des Pietés d'Irlande).
4. Ce nom germanique n'apparaît que sur la fin du xie siècle ; la forme
Rotbert Qst encore fréquente à cette époque dans le cart. de Redon, à côté
de Robert, forme plus française .
5. Cart. de OuiinperJê, éd. Maître et Berthou, p. 218, 1107-1112.
Romans de la Table ronde. 295
sort du second terme tuald, il eût été le même que celui de wal
et -wûlt brittonique. Les noms brittoniques avec -ival, -lualt,
pour second terme, sont nombreux et conservent -lual et -wall
intacts, après une consonne comme après une voyelle, jus-
qu'au xii-xiii^ siècle, en zone bretonnante. Au x^ on a assez
fréquemment -giial ' : exemples, au ix"' siècle : Clul-uiial,
Drùl-itiial, Et-mtal, lud-waU Tut-iual, Uuoet-unal, Reth-iiualt,
Rit-nuahi, Ritiiitalt, Uiioet-uualt ^ Il en est de même en Galles
et en Cornwall. Les noms en -ivallon, -zualloe, -ivant, -tuas,
-lueith, -uiiere, -wetben, -winn, -walatr etc., etc., montrent le
même traitement de -w après consonne ou voyelle.
Inutile d'insister. Je me bornerai à ajouter que Rodait ' ne
iigure pas dans les chartes en territoire roman où les signa-
taires portent, en général, des noms germaniques. Je ne l'ai
trouvé qu'une fois, en compagnie d'une majorité de ces noms
En zone bretonnante Rodait (et RiidaJt) évoluent régulière-
ment : Rodait au ix^ siècle (834, 878); au xi" (1046, etc.) —
xii-xiii^ siècle, Rodait (Rudalt) et Rodaiid : au xiv% Ro~aud
et Roii:;^aiid'^- En zone française de Bretagne, par la chute
du d intervocalique ', on eut Roald dès 11 12, Roall en 1144^,
Roâut en 1144-1148". Un nom vieux-breton Ro-alt était
possible (^d. Ro-hoiarn, Ro-mael, Ro-niin, Rii-niantoii); mais,
comme on ne trouve pas Roalt avant lexii'' siècle, et que dans
un cas Roaiit^ remonte sûrement \ Rodait, il est clair que i?(w/f,
Ruait (ou Roald, Ruald), est une forme française de Rodait,
1 . Tut-gual en 924 (J. Loth, Cljrest. hret., p. 170).
2. IbicL, p. 171, 172 .
3 . Voici les passages du Cart. de Redon où il paraît . J'ai vérifié les
références de M. de Coursonet rectifié quelques erreurs : Rotait, Rotdalt,
p. 255,346, 293, 288 (le même personnage est Rodait en 1108): Rotdalt
indique une tentative pour exprimer la spirante d — Rudalt p. 223, 225,
320, 316, 304, 283, 281, 234, 231, 315 390, 384 — Roalt, p. 348, 161.
4. J. Loth, Cljrest. bret., p. 161, 228. Dans le Cart. de Quimperlé on
trouve Rodaud dès 1191 (Maître et Berthou, Car/. Ouiiiip., p. 141).
5. Ibid., p. 228.
6. Cart. de Redon, p. 390.
7. J. Loth, Chrest., p. 161.
8. Cart. de Redon, p. 287, 345. Roaiit (p. 187, en 1 144), est fils de Kara-
doc de Mova (Mouais, Loire-Inférieure); or Karadoc était fils de Rodaldiis
de McM (p. 304, an 1104).
296
/. Loth.
Rodait. La forme Rudalt avec u bref (ou français) étant
assurée, d'abord par l'échange avec Rodait, en second lieu par
des graphies du moyen âge comme Roii^aud, il n'y a pas
heu de douter de sa valeur ni de la séparer de Rodait. Il est
probable que Rodait est plus ancien, Rudalt ne se montrant
pas avant 913 '. Si la celticité de ce nom est assurée, son sens
n'est pas certain \ Ruald devenu, dans le Morbihan breton
Ruant, avec // français est un nom tout différent '.
Le nom de Ruald, Roald est porté en Angleterre par des
Bretons ou descendants de Bretons. Dans le Doiiiesday Book,
Rualdus Adoubed figure parmi les grands propriétaires du pays ■*.
Parmi les signataires d'une charte de Wihenoc de Monemuda
(Monmouth), concernant des dons de terres en Angleterre et
en France à Saint-Florent de Saumur, donation confirmée par
Guillaume le Conquérant en 1086, un des signataires s'appelle
Rudalt*. En 11 37-1 146 dans une charte d'Alan le Noir, qui
se qualifie cornes Angliae et indigena en même temps que comte
de CormvaU, Roald signe comme connétable du prince''. Un
Will. filius Roaldi apparaît dans une charte faite à York,
concernant des donations de terres de Conan,duc de Bretagne,
qui paraît être Conan IV" (1146-1171). J'ajouterai qu'on ne
trouve pas du tout Rudalt ni Rodait dans les documents
français où les noms germaniques sont les plus abondants,
comme le polyptique d'Irminon.
1 . Cart. de Redon, p. 121, 115 .
2. Il semble devoir se décomposer en rod-alt, l'homme au don élevé,
mais comme Ro-derch devient Ro:iercl) au moyen âge, il est possible qu'il se
compose de ro- particule intensive etdalt, cf. irl. datte datta, disciple. Le
sort de rodans Rodercli montre que ro peut se conserver dans cette situation.
Pour Rud-att cf. Ru-manton, clairement pour Ro-7iiaiitoii.
3 . Ruatt qu'on ne trouve que très tardivement est pour Ri-ualt , cf.
Ruatten pour Riwalton [y . plus bas); s'il remontait à Rûd-att, le pre-
mier terme serait ru:(, rouge.
4. Fac-similé en photo:{incogravitre, Devon, 1865 : I, Ruatdus adohcd.
5 . Calendar of doc . , France, I,p. 406, 407-408.
6. Il>id., p. 20.
7. Dugdale, Mon. angt.,p. 391. Unebulle d'Urbain III (1186) confirme
à Saint-Florent de Saumur les donations de l'église de Saiut-Roald en Gla-
morgan. C'est une forme altérée du gallois Ràdol, Cart. de Llandav
Ridol : c"estL/rt«-;o//.'i7Z aujourd'hui.
Romans de In TahJe ronde. 297
Les noms Morgan, Rivalcii, Donoakii, Hoel, Perinis, Cadio,
Cariado, Mariadoc, Urgan, sout aussi comiques que bretons.
Hoel, sûrement Rivalen, et Donoakn, peut-être, ont subi dans
leur transcription l'influence française. Hoel ' est un nom porté
au xii'^ siècle, en Cornwall, par un propriétaire descendant des
Bretons installés dans le pays par la conquête. C'est en vieux
breton Ho-iuel, nom commun sûrement à tous lesBrittons.il
apparaît dès 1062, sous la forme Hoel dans le Cart. de
Redon ^
Mûrgan est resté à peu près intact : la forme du ix-x*" siècle
est M(;r-raw/. Il appartient à toute la famille brittonique 5. Il
apparaît en Cornwall, au x'= siècle {Manumissions on the Bod.
Gosp.) sous la forme ancienne Morcant.
Rivalen ou Rivalin ne peut en aucune façonremonterài?/^o-
helinos (et non Rigo-bilinos) : cf. Conobelinus. Dès 868 ■^, dans
le Cartulaire de Redon, ce nom de Rivelin est présenté sous la
forme Rivilin. Le breton a changé de bonne heure un e en /
sous l'influence d'un / long ; c'est un fait qui lui est propre.
Le comique et le gallois ne pratiquent pas en général ce genre
d'assimilation. Quant à la graphie Rivalin ou Rivalen, elle est
française par le changement de w de Riwallon en v, et la
forme de la terminaison. Aujourd'hui encore dans le Morbihan
bretonnant, ce nom est écrit Rivalan, ce qui correspond à
la prononciation vannetaise qui, sincère, serait Riwalan avec
a nasal ; plus fréquemment Rivalain (prononcez en français
Rivalin, qui se trouve d'ailleurs). Rivalin et Rivalen sont des
graphies françaises ^ : en 1275, dans le cart. de Prières, on trouve
1. J'ai déjà signalé plus haut Hoel parmi les propriétaires du Cornwall.
Hoel apparaît aussi dans le Winton Domesday (éd. in-fol., 1816, IV,
P- 547)-
2. J. Loth, Chrcst., p. 140.
3. Il existe encore en Cornwall dans Tre-vorgant (Tre-Morgant) en
Buryan. On sait que Morgant a donné son nom au Glaiiiorgaii (en gallois
Morganiiiic pour Moixantuc; Glaiiiorgan pour Giulad Morgant, mieux Gulad
Vorgaiit).
4. J. Loth, Chrest., p. 159,110.
5. Les RiveJen du Cart. de Quimperlé remontent à Ri-melcn d'aprèa
le Cart. lui-même.
298 /. Lolh.
après Riuallonus, la mention : gaUice RiaUeii '. Pour la termi-
naison -en, -on, dans Rivalen pour RiwaJon (Eilhart : Riwalhi),
le seul des trois groupes brittoniques au xi-xii'' siècle, qui puisse
la présenter régulièrement est le comique. L'accent comique
est un accent énergique, heurté (c'est ce que les Allemands ont
caractérisé par gestossen') et très destructeur des vo^'elles postto-
niques. Pour-o« nous en avonsunexemple clair dans fimtcn de
fontâna dans le Voc. comique écrit au commencement du
xiir' siècle, mais sûrement copié d'un manuscrit antérieur. En
Armorique, au xi^ siècle, c'est encore //^//^o;;-. On peut citer
dans le Domesday Booh pour le Cornwall, par conséquent dès
la lin du x\^ siècle ' : Tre -ivallen (pour Tre -walhvi), Cadwallen
(Cad-ivaIlon\ Egles pour Eglos, Egloes^ église, dans Egles-ros;
Pen-fontcnio Çfontmio pluriel de fimten, fônten^ ; Modrcd
(^Modrcdes) dans les Maniiiiiissions en the Bodmin Gospel, (\n\ sont
du x-xi'^ siècle, si on le compare au gallois Medraiid et à l'armo-
ricain Modrot, nom d'homme du Cart. de Redon, montre déjàcet
affaiblissement de la terminaison, qui, même dès le xi'^ siècle,
atteint les diphtongues posttoniques : par exemple Tal-gollo
pour Tal-golaw (cf. Penfontenio'). Rivalen pour Rkualcn serait
donc une forme comique régulière \ si on fait abstraction du
changement deiu en v. L'affaiblissement de -on en -en est, en
somme, tardif en armoricain; à part RoaUen (p. 295 en
1080)-^ et GraaJend, p. 750 en, 1 124-1 125, je n'en vois guère
d'exemple avant le xiv^ siècle. Dans le Cart. de Redon,
comme dans celui de Quimperlé, on a RiuiiaJiou, DouunaUon
ou Rkvûlhin, Donivallun, Duniualliin (var. Rignalkvi, Ditn-
giiallojï).
S'il devait rester le moindre doute sur Rivaleu=RkuaJlon,\a
forme Roulnnd qui apparaît plusieurs fois dans sir Tristrem >
1. J. Loth, Chrest., p. 228. Cf. Cadoiialahi en 1233, P- 195- La forme
Ruvalen est sur le chemin qui la mènera kKiialeii que l'on trouve en 131 5
dans Ker-rualen.
2. J. Loth, C/;;r5/., p. 205 135. En gallois c'est /«««;<«.
3. En 1350 Rosoinualh'ti \ 1403 Ros-ivallen (Histm-y of Trigg miiior,!!,
p. 130 ; III, p. 84).
4. A cette date, RoaUen pourrait bien être une faute de lecture pour
Roallon : cf. p. 283 (1072) Roalloii. Il n'est pas sûr.
5. Bédier, Tristan, I.p. 2, note 2.
Romans de Ut Table ronde. 299
le lèverait. Rouland remonte clairement à une forme (Vr//6' insu-
laire RiiaJand pour Riiallan : d. Cadoalani dans le Domesday
Book pour le Cornwall. Le groupe Riiv est arrivé à Ru (J't fran-
çais) et dans RiiaU pour Riwàlt et dans Riiûllon pour Riiual Ion.
La terminaison -an Çet-ant) pour le vieux-breton, vieux-cor-
niqueet vieux-gallois on (gall, -aun) et vieux-celt. âno-, ne paraît
pas en Armorique avant le xV^ siècle et n'est guère usité qu'en
vannetais; elle est proprement insulaire. J'ai cité dans le Domes-
day Book, CadoaJant. Dans une charte de l'abbaye de Margam
en Galles, c'est encore Cadiinallan en 1129 '. Dans Layamon
Riivallon est transcrit par Riiuaddlan.De plus, land pour Jan est
également fréquent dans le Domesday Book : Hen-land pour
Hen-lan, auj. HelJan en Probus; PorttaJant, auj. Portalla en
Talan (écrit à tort Taland) ; Treland, auj . Trelan en S*-Keverne .
La forme qui explique Rouland se trouve dans une charte de
11^^ : Rnallan, variantes Riiiuathlan, Rwatlan^ {The Bruis
(à l'année 1062 : Ruallawn). Une forme Rualand, avec /
simple et terminaison J, serait plutôt comique, le comique ne
connaissant pas / sourd et ayant indifféremment une ou deux
liquides en situation intervocalique, mais avec transcription
anglo-saxonne. Eilhart aura lu le u de sa source écrite û
(ou français) au lieu de ii\ Il est possible que pour Rouland
il y ait eu confusion avec un autre nom. Après avoir envoyé
ce travail à l'impression, j'ai relevé, en Devon, le nom de
Rouland dans le nom de Rouland-es ton (Feiidal Aids, I, p. 314 :
an 1284-1286).
Le nom de Donoalen , Dcnoalen , n'est pas exclusivement bre-
ton comme l'a avancé M. Bédier. On ne le trouve pas d'ail-
leurs sous ces formes ni dans le Cart. de Redon ni dans celui de
Quimperlé. On ne trouve que les formes avec finale -on, -un ;
aucun desnomscitéspar M. Bédier ne la montre. Je ne vois de
forme armoricaine -t'« pour ce nom qu'en i434(Donguallen) •*.
1. De Gray-Birch, History of Margam Abhey, p. 9.
2. Clarke, Cartae et alla munimenta qiiae ad dominium de Glaiiiorgan
pertinent, 1885, p. 74, 92. La graphie -f/;/ n'est pas rare ; c'est une tentative
pour rendre / sourd gallois.
5. Ed. Rliys Evans, p. 268.
4. Cart. Redon, p. 74, 86, 129, 261, 243, 355. — Cart. de Quim-
500 /. Loth.
Il n'est pas rare en gallois : x^-xi'^ siècle dans le Livre de Lan-
dav ' Diii nnguallaun (prononcé Dâv-gwallaun ' avec voyelle de
résonnance entre v et «) ; Diii-guallaun, Diin-guaJJaiin (pron.
Dôn-giuallauni, ou Ddn-ivallaivn). En Cornwall Diïvn-iuallon
devenait régulièrement Dônwallon, Donwallen (e = ô bref),
H bref étant devenu o de très bonne heure, dès l'époque du
vieux comique.
Ce nom paraît un peu plus commun en Armorique, mais
on ne peut rien en arguer, car pour des raisons données plus
haut, l'onomastique comique pour les noms propres d'hommes
dès la fin du xi^ siècle est fort pauvre : on n'en trouve guère
que dans quelques rares chartes anglo-saxonnes et les Mdniimis-
sions on the Bodmin Gospel. A propos des formes de noms britto-
niques apparaissant dans les lais et romans arthuriens, il me
semble utile dédire un mot de Gracient qui a grandement servi
et n'est pas encore hors d'usage pour étayer la thèse armori-
cainede Zimmer et C'^-Grûif/t'/z/a donné son nom à un lai célèbre.
La forme vieille-armoricaine (ce serait aussi la forme vieille-
cornique) est Gradlon, gallois Grat-laun. En zone bretonnante,
il a évolué enGra^lon et Grallon. En zone bretonne française
1124-1175, c'est Graelend (terra Graalendi presbyteri) '.
Actuellement la forme courante venue de la Bretagne française
est Gra/rt;?, souvent écrit Gralland. On en a conclu que Grac-
ient ne pouvait être que d'origine armoricaine. Or, c'est un nom
très connu en Cornwall : on trouve en 1166 Gralan, en 1212
Grealant ^, a corriger en Graciant; au xiii^ siècle Gra:^elen >.
Ce sont deus descendants de Bretons: le Gralan de 11 66 est
de la famille des Blohion (mal écrit Blohin pour Blohiii dans le
Domcsday Book).
perlé, éd. Maître-Berthou (Donuuallonus, Donguallonus, Dunguallon,
Dunguallonus, Dunguallun); cf. J. Loih, Chiest., p. 127, 202.
1. The Book of Llandav, éd. Evans, 223, p. 200-251 .
2. Cf. Dibrguyr (ihid., p. 12^) Duviiguyr pour Dâvr-gwyr, p. 128. Cf. la
forme moyenne-galloise Dyvyr-Diuy, vieux-gallois Dubr-Diiiu.
5. J.Loth, Ctirest., p. 13 Grat entre en composition dans d'autres noms :
cf. en Cornwall, dans les Manum. Gratcant. Parmi les hommes de l'ab-
baye de Beaugency, figure à côté de Heiveus, Graalan^ dans un document
de la fin du xie au début du xii^ (Longnon, Polyptiqiie iVInninon, II, v. 98).
4. Journal of the Roy. Iiist. of Cormuall, 1890- 1891.
5. History of Trigg ininor, I, p. 113, note 3.
Romans de la Table ronde. 501
C«^w, qui apparaît dans IcTristan en prose (cf. pour la termi-
naison, plus haut, Penfmtenio, Talgiillo) est le nom d'un pro-
priétaire du Devon.
Pour Permis, qui joue un rôle médiocre, dans le roman,
sa celticité est douteuse. Aussi ne l'ai-je pas mentionné dans
ma Chrestomathie. Il est remarquable que Perçues (Pere-
nesius), est un nom de moine, d'abbé, ou de personnage
ecclésiastique dans le Cartulaire de Redon. Le plus souvent,
il en est de même dans le Cartulaire de Quimperlé. Mais à
côté de Perenesius, dans la Cart. de Redon, apparaissent des
témoins, au ix^siècle, du nom de Pirinis, Perinis (p. 42, 104,
183); Perinis devient régulièrement Perenes, au xi-xii'' siècle;
il désigne aussi des laïcs dans le Cart. de Quimperlé '. Le nom
Pirinis, Perinis, puis Perenes, paraît devoir se décomposer en
Pir-ÇPer-)inis, l'île de Pir (vieux-celt. Porius : cf. Porius dans
les Inscr . Br. Chr . vieux-gallois P/r) -. Je ne l'ai trouvé, en
Angleterre, qu'en Galles, sous la forme analytique Ynys Pyr,
nom ancien de Caldey Island rattaché à la paroisse de Penaly
en Pembrokeshire : c'est l'équivalent de Pir-inis \
Gor-venal est probablement pour Gor-ivenwal. Il peut appar-
tenir aux trois groupes.
Il en est de même de Goron ou Gïiron. Néanmoins, si
Guirun est la forme sincère +, Goron est plus proprement
comique. C'est, en effet, la seule des langues brittoniques qui
réduise une diphtongue sous l'accent à une seule voyelle \
Mériadoc est commun au trois groupes. Meriadoc est un
nom de district en Galles. On sait que Saint Meriasek, forme
régulière de moyen comique pour Meriadoc,'^ été le sujet d'un
drame comique. Ce saint est armoricain; on trouve en Galles,
en 1 139, le nom d'homme Meriadoc^. Branguain ou Bren-
1. Ed. Maître-Berthou, p. 245, 248, 155.
2. Cf. John W\àys, Lecture on Welsh Philology, p. 376; cf. Mainaur Pir
{Bookoj Llandav,p. 124), en Pembrokeshire ; moyen-gall.-Pj/- (breton Per).
3. Lewis, A topogr. Dict. of IVales, I, à Caldey Island, v. aussi II,
Manorheer.
4. '&éà.\tY , Le roman de Tristan, I, vers 855, 839.
5. Seul, en Galles, à l'époque moderne, le dialecte de Glaniorgan, fait
cette réduction.
6. De Gray-Birch, History of Margaui Ahhcv, p. 96.
Revue Cellique, XXXIH. 20
302 /. Loih.
gain n'est pas connu en Armorique. C'est sûrement le vieux-
gallois Braii-iuen, nom de la sœur de Bran, dans le mabinogi
qui porte son nom. Brangvain représente Bran-gwen, forme
caractéristique du x^ siècle et qu'on peut trouver même
au XI*".
Nous avons vu plus haut queDynas était comique. On peut
en dire, autant de Cariado, de Caerdin et probablement de
KaneJangres.
Cariado semble un dérivé de cariad, qui signifie, en gallois,
amant ou amante, objet aimé, mais ce peut être, ce qui est plus
probable, une forme comique signifiant aimable (Thomas^
vers 956 : del bian Cariados se dote). La forme courante en
comique moyen est caradoiv, aimable. Ces mots en-adoiu
sont propres en comique et conformes à sa phonétique ; en
gallois, c'est caradiuy ; en breton, au xii'' siècle, c'eût été
cavadoiie '. En Cornwall, au contraire, cette réduction se
montre dès le x*" siècle : -wy se réduit même à 0 : Morhaytho,
Morhacffo, Mor-hacâo ~ ; dans le Cart. de Redon : larn-haitboni K
Kaherdin est composé de Caer et de din citadelle (vieux-celt
dûnos). Din est fréquent comme second terme en Cornwall :
Pendin écrit auj. Pen-deen en Saint-Just en Penwith. Il
y a même en Crowan un Kerthen que Leiant donne sous la
forme Cairdine +. Din n'apparaît en breton que dans le dimi-
nutif ou dérivé Dinan. Le nom propre Kaherdin, Caerdin
est donc sûrement comique.
CanoeJ, résidence du père de Tristan, a été rapproché de
Canuel près Guérande, qui paraît dans une charte du ix^ siècle
du Cartulaire de Redon '. M. Quilgars qui a composé un
Dictionnaire toponomastique de la Loire-Inférieure et est guéran-
dois, l'identifie avec le nom actuel, CanveJ, en Piriac. Je
1. Dialectatevient, plus tard, on a le nom propre de femme Caradou.
2. Mail, on Ihe Boilniin Gospel (Revue Celt., I, p. 432).
3. On a, il est vrai, à côté de larn-haithoni, larn-Jiaitoii, mais il semble
qu'on ait confondu deux terminaisons différentes ; baitboiii et haithoeu'. Il
n')' a aucun exemple d'affaiblissement de -oui -oue, en Bretagne, avant le
xiiie-xive siècle.
4. Coiiipl. Par. Hist. of Cornwall, I, p. 268.
3. Cart. Redon, p. 21.
Romans de Ut Table ronde. 303
ne sais sur quoi il se fonde, car la charte le donne comme
situé en Guérande (/^F(J;//wî). S'il a raison, Canucl doit être lu
Camel. Ceh n'a guère d'importance, d'ailleurs; Canoel était
incontestablement situé en Angleterre. Quoi qu'il en soit,
Rivalen tirait son surnon de Kaiielangres, de son manoir de
Canoel. Or la seule langue brittonique qui puisse réduire
Canoel en Canol ou Canel au xi'^ siècle est le comique (cf. plus
haut Egles pour Eglos = Egloes, Eglois ; cf. Voc. corn, bios,
aculeus, pour brot = bruit).
Canol est connu dans la toponomastique comique : Canal-
Idy en 1287-88, en 1302, Caiialesy ' aujourd'hui Canel-igey
ou Canal-igey : c'est un nom de lieu en Saint-Issey, ancienne-
ment s"^-Ide de Eglos-cnic. Il est possible qu'il faille couper
Kaiielangres en Kanelan grès : Canelan serait un dérivé de Canoel
et grès pour cres indiquerait la situation de la résidence de
Rivalen. Bon nombre de propriétés aujourd'hui encore, en
Cornwall, sont divisés suivant leur situation : la partie du
haut sera caractérisée par luartha (la plus haute), gallois
warthàv ; la plus basse par luoles Çgolas pour goelet, breton
gouelet, gallois gzuaelod) et celle du milieu par cres, breton
crei:;^ : cres dans ce cas est toujours changé en grès: en 1283-
84 ^, Porthilly-gres ou Porthilly du milieu, à côté de Porthilly
Egles ou Porthilly de l'Eglise (du quartier de l'église). De
même goles et gwartha (gallois giuarthav) deviennent luoles
et luartha : en 1283-84 Trewynt woyles et Treivynt luartha.
Canoel a pu prendre la ïorme Caonoelan et, régulièrement,
en comique, CanolanQi Canelan ' : le dérivé (parfois diminutif)
-ail se trouve pour des noms de propriétés : la villa de Uueîen-
uttoion, c'est-à-dire vraisemblablement d'un [////o/o;/, s'appelle
dans le Cartulaire de Redon : Ra.n(;villa, part) Uuoion-an
(p. 9 année 833 834) -. Il est fort possible aussi que Kana-
1. Maclean, Historyof Trigg Minor, II, p. 26, 29.
2. Assiie Roll, III (12 Edward I, 20 novembre).
3. Le nom de lieu Ca«o/iï, notamment Cartes Cir«o/« apparaît plusieurs
fois dans VExonDomesday (éd. in-fol., tome III, p. 320). Canota peut être
anglo-saxon pour Canol an : cf. Caedwala pour Cadwalhn. Mallicureuse-
ment l'origine et le sens de Canola sont douteux.
304 /. Lot h
langrêssoit composéde Canel pour Canoelei d'un nom d'homme
Angrès. M. Bédier a signalé Angrès dans Cligîês. Il apparaît
aussi dans un document anglais du temps d'Edward III : le
sherifF des îles Anglo-normandes (Jersey, Guernesey, Sierk,
Aurigny) est invité à donner une indemnité à John Angrees
dont le fils a été tué dans ces îles, en combattant contre les
Français '.
Le nom du chien Hndoit, variantes Hodain, Hudeny paraît
bien composé de ha -, bon, bien (vieux-celtique m-')
et de dmt, pluriel de dant, dent : qui a de bonnes dents.
La forme galloise correspondante eût été Hu-deint qui eût
été, au xi^ siècle, écrite Hi-deint ou Hy-deint. Hiidcnt peut
être aussi bien cornîque qu'armoricain. La graphie Husdent
me paraît une tentative maladroite pour exprimer le son du d
intervocaliquequî est spirant.
En somme, les noms propres d'homme du roman (même
ceux des deux chiens), qu'ils soient français, anglais, breton-
armoricains, se trouvent presque tous en Cornwall ou dans les
régions voisines ; plusieurs apparaissent avec une forme plu-
tôt comique ou tout au moins celtique-insulaire.
On le voit, l'étude de ces noms ne fait que corroborer les
résultats acquis par celle des noms de lieux.
La légende de Tristan et Iseut était certainement courante
chez tous les peuples de langue brittonique de l'Ile de Bre-
tagne, du nord au sud. Elle se montre dans les traditions de
ceux qui, à l'époque de sa diffusion chez les Français, parlaient
encore la langue de leurs ancêtres. Pour le pays de Galles, la
preuve n'en est plus à faire ^, mais la version dont se sont
surtout inspirés nos poètes est sûrement celle qui a été loca-
lisée et élaborée en Cornwall. Elle était fixée dans ses traits
essentiels avant la conquête de Guillaume ; on en a des
témoins et les plus impartiaux de tous, dans les noms de lieux :
Lancien (sans parler de lintagel'), Morreis, {Morroisc, Morresc),
1. Cateiidars of Close Rotts, Edw. III, p. 204.
2. Y.Coittribiilionsà F étude des romans delà Table Ronde, VI. Cf. J. Loth,
Mahinogion, I, p. 92, note i, 311 ; II, p. 205, note 8, 231, 258, 247, 248,
260, 267.
Romans de la Table Ronde 305
qui figurent dans le Doinesday Book, le gué d'Eseli (967),
l'église Saint-Samsou, Costentin avec T reçoit {Doinesday Book).
Le philtre d'amour qui symbolise tout le drame moral ou
immoral de la légende et en atteste l'existence, porte, chez
Béroul, un nom anglo-saxon : Loucvendris, pour Lovcndrinc, ou
Lovcndrant pour Lovendranc. Cette légende de fond celtique
(brittonique), courante chez les Anglo-Celtes du Cornwall et
sans doute du Devon, les Français y ont aussi collaboré; les
noms du Saul Tristan, Mal Pas, Blanche Lande sont signifi-
catifs, quoiqu'ils soient vraisemblablement traduits de noms
comiques. La civilisation française a sans doute aussi influé
sur les moeurs et la physionomie du roman, plus ou moins,
suivant les époques et le tempérament des poètes : Thomas,
en ce sens, a plus innové que Béroul. Les Français ont puisé
à deux sources : une source écrite, et une source orale ■: la
prononciation que trahissent Lancien (Lantien), Tinta jol (Tin-
tageï), Morrois, Morreis ÇMorroisc, Morres) est anglo-saxonne
et ne répond pas à la forme celtique écrite. Dinas de Lidan,
pour Dinas Lidan, indique également une source orale mal
interprétée ; une source écrite eût donné Dinas Lidan ; au
contraire, Rivakn Kanelaiigrcs pour Rivalen de Kanelangrcs est
parfaitement correct et comique. Tristan {Trystan) suppose
une forme écrite.
Resterait à établir, sommairement, la part des Bretons- Armo-
ricains. Elle serait à peu près nulle, s'il s'agissait des Bretons
vivant en Armorique. On ne peut guère signaler à leur actif
que saint Tresmor de Carabes et encore Tresmor est-il une forme
purement littéraire. La forme sincère est Trechuior qui figure
dans la vie de saint Gildas de Rhuys. Mais il y avait, nous
l'avons vu, des Bretons de marque établis en Devon et Corn-
wall, grands propriétaires entourés sans doute de soldats et
de serviteurs de leur pays, à la suite de la conquête française.
S'il n'y avait à leur attribuer que les noms de Roald et peut-
être de Perinis, leur rôle serait bien effacé. Il est cependant, a
priori, invraisemblable que ces Bretons parlant la même langue
que les Cornouaillais, ayant les mêmes goûts pour la poésie, '
les récits romanesques, ne se soient pas intéressés à une légende
aussi captivante, et ne l'aient pas plu^ ou moins modifiée, au
3o6 /. Loth
profit de celle que leurs ancêtres insulaires leur avaient léguée
et qu'ils apportaient aussi d'Armorique. L'Ile Trestan (insula
Trestannï) aujourd'hui Ile Tristan dans la baie de Douarnenez,
ne peut avoir une origine savante : on eût eu Tristan. C'est
en vain qu'on ferait remarquer que le nom le plus ancienne-
ment connu est l'île de Saint-Tiituarn. Il arrive fréquemment
(il y en a notamment en Cornwall de nombreux exemples)
qu'un lieu ait deux noms : un nom religieux et un nom
laïque. Tutiiarn était le nom du prieuré; Trestan, sans doute,
le nom de l'île entière. Nulle part la légende de March aux
oreilles de march (cheval), n'est aussi répandue que dans notre
Finistère', et particulièrement dans le voisinage de \Th Tres-
tan. Cambry^ l'avait déjà recueillie en 1794, près de Douar-
nenez, au fond de la baie : « vous serez étonné de rencontrer
ici une fable à peu près pareille à celle du roi Midas ; eUe
existe dans toutes les télés, dans les plus anciennes chansons. Le
roi de Por~niarch' faisait mourir tous ses barbiers, de peur
qu'ils racontassent au public qu'il avait des oreilles de cheval.
L'intime ami du roi venait de le raser; il avait juré de ne pas
dire ce qu'il savait, mais ne pouvant résister à la rage de
raconter ce fait, par le conseil d'un sage, il fut le dire aux
sables du rivage. Trois roseaux naissent dans le lieu; lesbardes
en firent des anches de hautbois qui répétaient : Portiniarc'h,
le roi Port:^niarc'b a des oreilles de cheval. » M. Luzel m'a
affirmé avoir recueilli la même légende au même endroit .
Plusieurs autres versions ont été recueillies : une à Lost-
niarclj, en Crozon +, une seconde à Prat-an-Rons, en Penhars,
près Quimper, une troisième à Portsall par Sébillot.
Elle existait aussi à Pont-l'abbé. M. de la Borderie ^ signale
dans l'île Chevalier, dans la rivière de Pont-L'abbé, un Cas-
tel roe Marc' h (château du roi Marc'h). Le nom exact de ce
château qui appartenait aux barons de Pont-L'abbé, est en
1. Il 3^ a dans le Morbihan des Poiilinarcb, mais il n'y a rien à conclure
de pareils noms, quand la légende n'y est pas jointe.
2. Voyage de Canihiy dans le Finistère en 1794, éd. Souvestre, 1836,
p. 179.
3. Auj. Plomarc'h, en Ploaré.
4. Bulletin de la Soc. arch. du Finistère, XIX, XX\', XXVI.
5. Géographie féodale de la Bretagne, p. 154.
Roiiuuis de la Table Ronde 307
1425 ' le château du roi Gnimarc'h. C'est également le nom
que porte le roi March dans la légende de Prat-an-Rous en
Penhars, racontée par son confrère, M. Allain à Paul Sébillot %
ai après le récit breton de son père. Cette version a un caractère
visiblement populaire (par la réflexion concernant le roi
d'Yvetot). Comme elle est moins connue, je la donne in-
exlenso : « Autrefois, il y avait à Prat-an-Rous, un roi appelé
Gu'ivarc' h ', qui avait des oreilles de cheval, et, pour les cacher,
il était toujours coiffé d'un bonnet qui les recouvrait exacte-
ment. Il n'y avait que son barbier qui fût dans le secret,
parce qu'il était obligé de se découvrir pour se faire tondre et
raser. Or, il lui avait fait jurer, sous peine de mort, de ne
jamais livrer son secret à âme qui vive. Comme tout secret
pèse, il alla un jour faire sa confidence à une touffe de sureau
qui croiss-iit au coin d'un talus. L'été suivant, il y avait aire
neuve dans un village voisin, et l'on devait y mener grande
danse. Le joueur de biniou, passant près du buisson de sureau,
en coupa une branche pour refaire l'anche de son instrument.
Quand la danse fut en train, dès qu'il se mit à souffler, le
biniou, au lieu de donner ses sons et ses airs habituels, disait
et répétait :
ar roué Gwivarch •^
En den~ diou scoiiarn marc h.
au grand ébahissement des danseurs.
Le roi Gwivarc'h vint lui-même de Prat-an-Rous pour
assister aux ébats, et ne fut pas peu surpris d'entendre le
biniou faire à tout le monde cette révélation indiscrète. Plein
de colère, il apostropha vivement le sonneur ; mais celui-ci
lui dit qu'il n'en pouvait mais, et que, malgré toute sa bonne
1. Inventaire des Archives de la Loire-Inférieure, série B 2028. Ce docu-
ment m'a été signalé par M. Bourde de la Rogerie, archiviste d'Ille-et-Vil-
laine,
2. Revue des trad. populaires, VII (1897), p. 356 et suiv.
3. Ce nom très intéressant remonte à un vieux-celtique, * Visu-marco-s
(l'isu, gall. giviw, ir\. Jiu, digue); vieux-breton, -iviu- Giviu-march, est dif-
férent de IViudio-viarch qui a donné Guiyonvarch.
4. Le roi Gwivarc'h a des oreilles de nuvr'h (cheval).
3o8 /. Lot h
volonté, il ne pouvait pas faire [dire] autre chose à son ins-
trument. « Voyez plutôt vous-même »_, dit-il, en passant le
biniou à Gwivarc'h. Celui-ci, tout aussi peu fier que le roi
d'Yvetot, se mit à souffler dans le sac à biniou, qui se remit
à sonner et à répéter :
ar roue Gwivarc'h
En deu:(dioii scouarnmarch.
« — Eh bien, dit le roi, puisque ce biniou endiablé vous a
dit mon secret, jugez-en par vous-même » ; et il retira son
bonnet, et tous les assistants purent contempler ses oreilles
de cheval. » M. Allain, dans la séance du 28 avril (de la Soc.
Arch. du Fin.), a ajouté à cette légende un détail intéres-
sant : « un de ses barbiers, pour son indiscrétion, fut mis à
mort, ttsnr sa tombe, il poussa un sureau. Le sonneur en cassa
une branche pour réparer son instrument \ «
C'est, à mon avis, de la juxtaposition en Cornwall, des
deux légendes, comique et armoricaine, et d'un compromis
entre les deux, que vient la création des deux Iseut ^ Il est
remarquable que la géographie de l'Armorique, quand elle
devient la scène du roman, y est des plus vagues. On y sent
que ce sont des souvenirs déjà confus : c'est le fait de Bretons
nés en Cornwall. Le roman en prose, auquel je n'attache pas
grande importance au point de vue du roman primitif, même
1 . La légende recueillie par Sébillot ne donne d'autre nom au roi que celui
de Karn, nom d'une île près Portsall. Il est clair qu'il manque un nom :
du seigneur de Karn, on aurait fait le seigneur Karn (cf. Dinas de Lidan).
Il devait s'appeler Marc'h Karn, Marc'h de Karn. Peut-être l'île s'est-elle
appelée Karn-march. Sur une tête sculptée de March ou prétendue telle
V. Revue des Tr.pop., VII, p. 357-358.
2. J'avais envoyé ce travail à l'impression, quand j'ai pu prendre con-
naissance du très intéressant compte rendu qu'a consacré, récemment,
M. E. Muret, à l'ouvrage de Golther (Tristan uni Isotde in den DicJjtungen
des Mittetalters und der neuen ^eit ; Leipzig, 1907), dans la Zeitscljri/t fiir
fran:{. Spr. und Letter. (Sonderabdrùck). L'auteur me l'avait adressé, il y a
déjà quelque temps. Je suis heureux de me rencoutrer avec lui sur la ques-
tion d'origine des deux Iseut, comme sur d'autres points. Il renvoie, à ce
propos, à un ouvrage que je n'ai pas lu : Deutschbein, Studien :{jur sagenges-
cJiiclite Engtatids (Gotha, 1906).
Roiiiiiiis de la Tahlc Ronde 309
dans ses parties dites anciennes, a été remanié évidemment
sur certains points par des Armoricains ou sous leur influence.
Je n'en veux pour ..preuves que les scènes à Nantes, Gaudri
le fèvre, le comte Urvoy (mal écrit JJrnoy), le port de Pen-
marck ' ». Le remanieur paraît, en revanche, fort mal con-
naître le Cornwall : Tintagel même, sous sa plume, devient
Tinthanel.
Outre les apports armoricains, il est clair que la version
comique conserve comme l'écho de traditions quelque peu
différentes, venues peut-être de Galles ou même de Cumbrie.
La géographie même, par exemple pour le pays de Tristan,
pour ses voyages, en est un indice \ Mais dans l'ensemble,
c'est bien cette version qu'ont popularisée nos poètes, surtout
Béroul, et leurs imitateurs. Il y a eu sûrement des rédactions
intermédiaires entre eux et une version plus ancienne et plus
sincère, circulant en Cornwall avec d'importantes variations
qu'explique facilement la source en grande partie orale d'abord
des récits. Dans cette version primitive ou plus ancienne, on
retrouve aussi sûrement la collaboration des Brittons du
Cornwall auxquels est due aussi sûrement la trame du roman
et des épisodes capitaux, celle des Anglo-Saxons, mêlés aux
habitants du pays, en partie Cornouaillais saxonisés, puis des
Franco-Armoricains établis dans le pays. Ce sont ces derniers
venus qui y ont mis la dernière main. C'est même peut-
être chez Wihumar\ch\ ou un de ses descendants, sous les
ombrages de Trecoit, que le roman a pris sa dernière forme,
franco-armoricain e .
Le terrain de la discussion se trouve ainsi sensiblement
déblayé, quoique tout ne soit pas éclairci. Il faut renoncer à
Tristan Picte, à Iseut, fille de Viking etc. Pour la première
fois le heu d'origine d'un romande la Table Ronde et du plus
important de tous, est fixé avec précision. C'est la ruine de
1 . Il y a un Penmarl; eu Cornwall, en Wendron et un autre en Galles
(Glamorgan).
2. On a, je crois, vainement cherché le Hjatlaud où, d'après la saga,
aborde Roald le Foitenant lancé à la poursuite des ravisseurs de Tristan;
c'est sans aucun doute les Shetlands : c'est, en effet, la forme normale du
nom de cette île (Jespersen, J moileni English Gravivmr, p. 53, no 2, 742).
3IO /. Loth
la théorie uon-celtique, je serais presque tenté dédire anti-cel-
tique, de l'origine de la matière de Bretagne. Jointe à mon tra-
vail sur Morgan Tut, cette étude sur Tristan la rendra désor-
mais, pour tout esprit de bonne foi, insoutenable. Ainsi, se
trouve confirmée, dans sa donnée essentielle, la théorie sou-
tenue à diverses reprises, avec quelques variations et fluctua-
tions, par Gaston Paris ; il a approché de la vérité en faisant
remonter le Tristan français à un original anglais, et en dési-
gnant comme intermédiaires entre les Celtes de l'Ile et le con-
tinent, les Français ou Anglo-Normands de l'Angleterre. Cette
théorie, avec d'importantes modifications, a été soutenue en
France, avec autant de science que de talent, surtout par
F. Lot. L'auteur de ces lignes s'est jeté aussi de temps en
temps dans k mêlée ; il est heureux d'achever la déroute
d'adversaires redoutables et tenaces, mais auxquels manquait
l'arme essentielle dans cette lutte : la connaissance approfon-
die de l'histoire des peuples et des langues brittoniques.
{A suivre.') J. Loth.
A^. B. — La carte ci-jointe est une carte moderne assez défec-
tueuse. Elle m'a paru encore préférable à la carte de Bartholomew,
réduction des cartes de l'Ordnance Survey (Collection des Oiiarter-
inchs to mile maps). Les noms qui intéressent directement ou indi-
rectement le roman de Tristan sont en caractères saillants ; les
autres servent de points de repère.
BETHA lUILIANA
Sainte Julienne de Xicomédie, martyrisée dans sa ville
natale au temps de l'empereur Maximien, était connue en
Irlande. Le Félirc d'Oengus lui consacre un quatrain à la date
du lé février (éd. Wh. Stokes, 1905, p. 61), et son aventure
avec le démon est rappelée dans les notes du même poème
empruntées à trois manuscrits (p. 74 et 75).
On trouvera deux vies latines de sainte Julienne dans le
répertoire des Bollandistes, Acta Sanctonim, février, t. II, p.
868 et suiv. C'est de la première de ces deux vies (p. 873 et
suiv.)j ou en tout cas d'une source identique, que dérive visi-
blement le texte irlandais qui suit.
Ce texte est tiré du manuscrit de Paris (fonds celtique
n° I, f° 43, v° i) et publié ici pour la première fois ; on y a
joint une traduction française.
312 /. Veudrxes.
TEXTE IRLANDAIS
Betha Uiliana ann so.
I. [R]obôi aroili urraigi ' darbacomainm eleseus aca[th]ir-
nicomedia inaimser mhaiximianus imp/V 7 rohairnaidmeth
mgeu sociniulff/; donurraigi sin .i. iuliana in^-^;? afracain 7
rothaithigeth intempuU 7 robûid oc[g]uidi incoimde[d] 7 rocur
inturraighi techtu diasoig^i diamda riafeis ' lais fein 7 rodiult
sisi sin. Et roinnis eleseus diahath/;- 7 ath^Tt antath/V m/na
oentaigheth dia déoin condigneth diahainneoin 7 dochuaid
mar aroibi 7 itbert frie : Cid imanobai eleseus, 7 itbert
uiliâna diacindethsom intrinôid notbeif^d lais 7 m/nac[i]ndeth
nicoimregdais dogr/s. Luigimsea nadei, arintatha/V, cotiubria
dophiastaib thû d/anradi + na briat[li]ra sin. Atb^rt iuiliana cid
iteintï/ «ocurthae conadins-n^d air.
2. Robôi ahathrt/r aris ogawda frie feis leisin urraigi. Atbtrt
si friahathrt'/;' isisi cach pian nofuilengad ardia riasabeth ocfer.
Bentar ahedach di gahath^/Zr ocus tuairgter ôflescaib î occaura-
lam > uirri adrad nandei. Atbert iuilw//a nach aideorad nadei
balba bodhrai, acht ro (f° 43 v° 2) ziàtorad issu crist. Dorât
intathflî/r diapiannad do eleseus hi. Otconnaicsim hi rathai-
tin ^ adealb fris 7 robôi acar^dai fria adrad nandei 7 feis lais
fein. Dian^drasu domdiasa' ariul/fl';2a daghensa oentu frit
mmaderna nichoimregum dogrg'ss. Diandernuind romuirfed
antimp/V mé. Mata eclai inimp/r ort, orsi, nabi damsa, arni-
fétfa mosaeb^d ocredim natrinôide ; acht déna mo piannad
m^ddil leat.
1. Le mot est écrit urraigi au début du récit, mais plus loin iirraig, § 10,
airrig, § 12 ; c'est le mot errig dts Poss. and Hom., p. 687.
2. Ms. akrt/V.
3. Pour l'emploi de n'', marquant le but et l'intemion, voir Tbree Shajts,
p. 422, col. I.
4. Ou d/jiwJt'rai (?). Le manuscrit porte dnri.
Bclhd Iiiilidiia 313
TRADUCTION
Fie de Julienne.
1, Il y avait un préfet de la ville de Nicomédie, au temps
de l'empereur Maximien, qui portait le nom d'Elisée. A
ce préfet était fiancée une fille de bonne naissance, Julienne,
fille d'Africanus ; elle fit visite au temple et y resta à prier le
Seigneur. Le préfet envoya des messagers à sa recherche pour
lui parler, pour qu'elle couche avec lui, et elle refusa. Eli-
sée en fit part au père, et le père dit que si elle ne consen-
tait pas de plein gré, il le ferait en dépit d'elle ; il alla la trou-
ver, et lui dit : « Pourquoi repousses-tu Elisée ? », et Julienne
dit que si la Trinité le permettait elle coucherait avec lui,
mais que si la Trinité ne le permettait pas, ils n'auraient
jamais commerce. « Je jure les dieux, dit le père, que je te
donnerai aux bêtes si tu dis ces paroles-là «. Julienne répon-
dit que quand bien même elle serait jetée au feu, elle ne le
ferait pas pour lui.
2. Son père lui dit une seconde fois de coucher avec le pré-
fet. Elle répondit à son père qu'elle supporterait toute peine
pour Dieu avant d'être à un homme. Elle est dépouillée de
ses vêtements par son père et battue de verges, tandis qu'il
lui ordonne d'adorer les dieux. Julienne répondit qu'elle n'a-
dorait pas les dieux sourds et muets, mais qu'elle adorait
Jésus-Christ. Le père la donna à Elisée pour qu'elle soit punie.
Dès qu'il la vit, sa beauté le frappa, et il se mit à lui dire
d'adorer les dieux et de coucher avec lui. « Si tu adores mon
Dieu, dit Julienne, je m'unirai à toi; si tu ne le fais pas,
nous n'aurons jamais commerce. — Si je le faisais, l'empe-
reur me mettrait à mort. — Si tu as la crainte de l'empereur
5. Cf. fiirâileamh, Three Shafts, p. 380.
6. Pour rothaitiii, prétérit du verbe taitnim « j'apparais » et je « plais »
cf. Pass. and Hom., 1. 7238.
7. Domdiasa répété deux fois dans le manuscrit. Pour le verbe adraim
suivi de la préposition do, d. P. H., 1. 1546 : co riièdntr dot dceh siii.
314 /• Vendryes.
3. Rocur inturraighi se mîli diamuiniitcr diasoigid 7 rotuair-
csit ofleasgaib 7 rocureth î 7 afolt icuibrech. Klnhcn inturraigi
fria : D[i]amrtdâil leat gandopiannad ni ismô, dénai edb///'t
donadeib .i. doapuill 7 dodeân. Atbcrt iwWani nadingn^d tre-
bithu. hxhen acur nocht acoiri fiuchach h'm do linn luaigi 7
dorônrtd d.m\aiâ sin 7 nidernai irchrad di.
4. Rocureth icarcuir i iarsin 7 robôi \c\rnigdh\ innti 7 \sed
rorâid : Adé uilicumachtaig, orsi, aath/r na nuili, athidnaicid
gflc[h]a comairli, namcoimét isnapiannaib amail racomé-
tuis daniel icuitig nâle6m[a]n, 7 âmail rosaôrais teclai ontei-
ned 7 namrtcaim ontsurn tein^d, 7 amail tncaiss mie ïsrael
cocossaih tirmaib tremur ruaid 7 a.mail rabâidis nahéigiptig 7
forann fârô ; cofuasluigea dimsa a.m\aîd sin 7 cot?/ca don
urraighi coropiannt^r 6 gallm/b 7 corochnaiea ocrumaib, 7
curab treab do iffrenn.
5. Tan/c deama;? innsin indeilb aingil cohiuiliàna 7 itb^rt
frie : Dena edbuirt donadeib, olsé, ardaig naropianntar ni
ismô. Cia thû ', oriuihVz«a? Aingil dé misi, orsé, 7 is aire
romcuircd chugadsa diarada frit édbuirt dodén^rm - donadeib
ardais; naroeible. Adé ni me 7 talm^/?, onu'ûiâna, calmais: mé
idcrab«/û?, 7 foilU/V dam cid fil oc[u]macalla/«. Atb^n inguth
frie : 'wyXiàm, dena calmai, olsé ; itûsai mailla frit ; 7 glac lat
inti fil ocutagall^;», cofeasae cuich é. Atracht iuiliana 7 roglac
diaba/ tresighnuim nacroice, 7 itb^n fris : ciatû, olsi, 7 canas
tangais. Romléic as, ordiabn/, 7 atber frit. Abair ortûs, oriui-
l/a«a, 7 leicfet iartain.
I. Ms. ciaht/;ù.
Bcll.Hi lui lia 11(1. 315
dit-elle, ne sois pas à moi; car je ne pourrai me laisser
détourner de croire à la Trinité ; mais fais-moi supplicier si
cela te plaît. »
3. Le préfet envoya six mille de ses gens vers elle, et ils la
battirent de verges, et elle fut enlevée et pendue par les che-
veux. Le préfet lui dit : c S'il t'est agréable de ne plus être
suppliciée davantage, fais un sacrifice aux dieux, c'est-à-dire à
Apollon et à Diane. » Julienne répondit qu'elle ne le ferait de
sa vie. Il ordonna de la jeter nue dans un chaudron bouil-
lant plein de plomb fondu ; cela fut fait ainsi, et elle n'en
éprouva aucun mal.
4. Elle fut jetée ensuite en prison, et là elle se mit à prier
et voici ce qu'elle dit : « O Dieu tout-puissant, dit-elle, ô
père de toutes choses, ô dispensateur de tout conseil, con-
serve-moi dans les supplices, comme tu as conservé Daniel
dans la fosse aux lions ; comme tu as sauvé Thècle du feu
et les enfants de la fournaise ; et comme tu as envoyé les
enfants d'Israël à pied sec à travers la mer Rouge, et comme tu
as noyé les Egyptiens ainsi que le Pharaon. Ecarte [cela] de
moi de la même façon et reporte-le au préfet; qu'il soit tour-
menté par les maladies, qu'il soit rongé des vers et que
l'enfer soit son séjour! »
5. Le démon arriva là auprès de Julienne sous forme d'un
ange, et lui dit : « Fais un sacrifice aux dieux, dit-il, afin
que tu ne sois pas suppliciée plus longtemps. — Qui es-tu ? »,
dit Julienne. — « Je suis un ange de Dieu, dit-il, et j'ai été
envoyé vers toi pour te dire de faire un sacrifice aux dieux
afin que tu ne meures pas. — O Dieu du ciel et de la Terre,
dit Julienne, fortifie-moi dans ta foi et indique-moi qui est-ce
qui me parle. » Une voix lui répondit : « Julienne, aie cou-
rage ; je suis avec toi ; saisis-toi de celui qui te parle, afin de
savoir qui il est. » Julienne se leva, saisit le diable par le signe
de la croix, et lui dit : « Qui es-tu, et d'où viens-tu ?» —
« Laisse-moi aller d'ici, dit le diable, et je te le dirai. » —
« Parle d'abord, dit Julienne et je te lâcherai après. »
2. Ms. dodéiii/m dodenam.
3i6 /. Vend nés.
6. Ismé itirnaig, oisé. Ismé doW;- forguin ' manfer 7 tingala.
Ismé cathaithigi ^ sarthoile. Isme thaithmigz/j- insîdh 7 dob^r
naca[th]a 3 foferc ; ismé àorai foréva 7 foradam imarbhus digé-
v\am ; ismé derat forcaidin abél dimarbmV ; ismé dimarb crod
ioîp 7 imuinntir 7 achlann 7 roaimsig é imabalk/^; isme dimt
îor n\ac israthel isindithreib inloeg ordai da adradh 7 iosafa
fdid dothescad oiiinsc; ismé (f° 4/1 r° i) dorat "* fornabgodon-
sôr natrigilli dicur isinsorn ten^d ; isme domt forimaith inmrt-
cxad domarbt/J ; ismé domt foriudâs crist dobrath ; isme
domt ïonnmWed crist doguin ; ismé darat forirh > eoin baisti
didîc[h]t7/^ad ; isme [dojm*: arsimôn*^ arad curab druig^ petar7
p61; ismé tor[at] fonear petar dicroch^^ 7 uile imdai ele.
7. Cia rodfâid ille, oriuil/Vb/a. Mathrt/r fe[i]n, olsé. Caide
aainmsiu, oriuil/rt;/a. Belsebub, ar deman. Caide agnimsidein
ariuilmwa. ^'xansa ; aircid cech uilc, arsé. Cid dulc fodamtai îor
înnarbai onacm/aig/b, oriuiliâna. Ismoide arnanoir, ardemon,
beth icathugM^ frisna ÏQrknaih. Arnihâil le lucifer arfa/csin
m[ijna chlaidim infiren, 7 m[i]nadernum nagnima c[u]macur-
thar sinn, pidntar sinn ; conid aire sin iséciii dùin umaloit
didénum dos[o]m ama// donet nech diaath/r. Indis duin ^
oriui]/n//a cindus siltâi bar nuilc. Inneos/<7t '- d///tsiu on, or
diab///.
8. Tigmid gus innduine 7 é urlum ôgnim dé 7 dobt'ram
imraiti eili dulc fo/'amt'nman, 7 saobumaid onadeidgnimaib 7
1. Cf. sans doute forgan « anger » O'R., bien que ce dernier mot soit
donné comme masculin. Mais le singulier 'manfer « autour de l'homme »
est embarrassant.
2. De cothaigim « je nourris » (K. Meyer, CoiUr., p. 500).
3. Ms. naka ; cf. ci-dessus, p. 312, n. 2.
4. Ms.dorflt dirat.
Bel ha IiiiliiVia. 317
6. « Je suis un être infernal, dit-il ; c'est moi qui cause le
courroux des hommes et les meurtres ; c'est moi qui nourris
les mauvais désirs ; c'est moi qui dissouds la paix et qui cause
les luttes de colère. C'est moi qui ai fait commettre le péché
à Eve et à Adam ; c'est moi qui ai f;Tit tuer Abel par Caïn ;
qui ait fait périr le bétail de Job, sa famille et ses enfants, et
qui l'ai tenté dans ses membres ; c'est moi qui ai fait adorer
le veau d'or aux enfants d'Israël dans le désert et qui leur ai
fait découper à la scie le prophète Isaïe ; c'est moi qui ai fait
jeter par Nabuchodonosor les trois garçons dans la fournaise;
c'est moi qui ai fait tuer les enfants par Hérode ; c'est moi
qui ai fait trahir le Christ par Judas ; c'est moi qui ai fait per-
cer le Christ par le soldat ; c'est moi qui ai fait décapiter Jean-
Baptiste par Hérode ; c'est moi qui ai fait dire par Simon que
Pierre et Paul étaient des druides ; c'est moi qui ai fait cruci-
fier par Néron Pierre et tous les nombreux autres. »
7. « Qui t'a envoyé ici ? » dit Julienne. — « Mon père
lui-même », dit-il. — « Quel est son nom Pwdit Julienne. —
« Belzébub », dit le démon. — « A quoi s'occupe-t-il ? » dit
Julienne. — « C'est bien aisé; il est, » dit-il, « l'inventeur de
tout mal ». — « Quel mal souffrez-vous pour l'expulsion [du
corps] des chrétiens ? », dit Julienne. — « Notre honneur en
est plus grand », dit le démon, « de combattre contre les justes;
car Lucifer n'aime pas nous voir si nous ne terrassons pas le
juste ; et si nous ne faisons pas l'action pour laquelle on nous
envoie, on nous punit ; aussi nous est-il nécessaire de lui
obéir comme chacun fait à son père. » — Dis-nous », dit
Julienne, « comment vous répandez vos maux. » — « Je vais
te le dire », dit le diable,
8. « Nous allons trouver l'homme, quand il est distrait de
l'action de Dieu et nous inspirons à son esprit d'autres pen-
<,. Lire irmth « Hérode ».
6. Ms. arsimôn arsimô;/ .
7. Ici, dmi signifie « magicien » ; cf. Simon dn'd = Simo magus, T. B.
C, 2530 et V. Rev. Celt., XXX, 83 et n.
8. Sic. Lire sans doute dam « à moi ».
9. Ms. inueos. Cf. imlisfetsa P. H. 926.
Revue Celtique, XXKIll. 21
3i8 /. Vcuâryes.
onahirnaithchib hé 7 dobt'raimni fochuide fo;'ame[n]mfl'n
conidiat arnaslaichi gab^d cuccu; gach ôen doni ïxmgthi 7
scrutan nascribture diadœ, innarbfi(;w sin sinne uadhaib. Cin-
nus lamthaisi amus forna cristaigih, onu'ûiâna. Amail rofé-
thaisi infasdogsa triathairismi d/«t icrist, ardemon, isamlaid
sin lamuimsea triaforconçra satanais aimsiutin nafirén.
'&'
9. Isann sin rochengail miliând. indeman 7 rochuir forldr é
7 rosbuail .i. oen dinacuibrigib bûi furri fein. hxcrist crochda
frit, arsé, léic immach. Abair frim, oriuiliana, cid gné uilc
rocuris isnadainib. Drem dib didalW, aroili dib acossa dobri-
s^d. Cid tra acht cach ernail uilc fil isin domzm ismisi dogni ;
gurroaimsigus tra na heaspail 7 na mairtircr/; 7 na fliide. Nir-
cengail nech dib me, acht tusa 7 roratus aimsiug^'d armac nde
darugus isliab isin dit[h]rib 7 nircho/dig dam. Tusa immorro
romhspailis ophiânaib mora.
10. Atb^rt inturraig iuilianai dotabrt/;t chugi. Tain/c iui-
l/rt«a 7 t//c le andemon 7 robôi indeman ' ig etarguide iui-
Wanz imaleagan immach conid ann sin rolâid si uaithî é illog
salach. Tan/c iuil/V?;za isin teach inturraig 7 i fâilig oghnûis.
Klhen intarnr/V ce rofuasiaicc thii odmôrphiân^/Z' aiuil/^;/a.
Incoimdiu c/imachtach sin rofâid aihgil domfurtachtsa. Tusa
mMuorro truag aineolach 7 fogeba tene suthain 7 cruma non-
marbai 7 dorchatu marthan^îch. Déna ait[h]rigi. Istrôcar (f°
44 r° 2) dligthach incoimdiu 7 dobt'ra s\ani\ d///t.
11. Isann sin t//cad r[o]tha iarni^^ gusinrig 7 cloidmi géra
as 7 tene fai 7 milig oga luth ^ 7 rocureth iuilirt/za ann ; acht
nirothesgsat na cloidmi 7 roloisc intene. Tain/c iarsin aingil
7 robâid inteine 7 rothaithmig na cuibrighi bûi uirri, B6i iui-
\ian-x ocait[h]rigi. Adé uilicwmachtaig, orsi, aslfl/z/i n^marb-
I. Ms.7 robôi indenia// 7 robôi indeman.
Bcllui Tiiiliaiiii. 319
sées de mal; nous le détournons de ses bonnes actions, de ses
prières et nous tourmentons son esprit jusqu'à ce que nos
séductions l'aient saisi. Quiconque se livre à la prière, à
l'étude des saintes écritures, nous l'en détournons. » —
« Comment », dit Julienne, « osez-vous tenter les chrétiens ? »
— « De même que tu as pu te saisir de moi par ta fermeté
dans le Christ », dit le démon, « de même j'ose, par l'ordre de
Satan, tenter les justes. »
9. Alors Julienne saisit le démon et le jeta sur le sol et le
frappa, en se servant d'un des liens qui se trouvaient sur elle-
même. « Parle Christ crucifié ! » dit-il, « laisse-moi aller ». —
« Dis-moi », dit Julienne, <f quel genre de maux tu as fait aux
hommes ». — « A certains d'entre eux l'aveuglement, à
d'autres le brisement des pieds. Bref, tous les genres de maux
qu'il y a dans le monde, j'en suis l'auteur ; j'ai tenté les
apôtres, les martyrs, les prophètes. Aucun d'eux n'a pu se sai-
sir de moi ; il n'y a que toi. J'ai donné tentation au fils de
Dieu quand je l'ai mené sur la montagne dans le désert, et il
ne m'a fait aucun mal. Mais toi, tu m'as frappé de grands
maux. »
10. Le préfet se fit amener Julienne. Elle arriva, traînant
avec elle le démon, qui la suppliait de le laisser aller, si bien
qu'elle le rejeta loin d'elle dans un lieu immonde. Julienne
entra dans la demeure du préfet, le visage rayonnant. Le pré-
fet dit : « Qui donc t'a délivrée de tes grands maux, ô
Julienne ?» — « C'est le Seigneur tout-puissant qui a envoyé
un ange à mon secours. Mais toi, malheureux ignorant, tu
trouveras le feu éternel et les vers impérissables et les ténèbres
perpétuelles. Fais pénitence. Le Seigneur est miséricordieux
et indulgent, et il te donnera le salut. »
11. Alors on apporta au roi une roue de fer, d'où partaient
des glaives acérés et sous laquelle il y avait du feu ; des sol-
dats la fliisaient mouvoir; on y plaça Julienne. Mais les
glaives ne la coupèrent pas, le feu ne la brûla pas. Ensuite
vint un ange qui noya le feu et détacha les liens qu'elle avait
2. Cf. sans doute luth « uis, impetus, impulsus » (Ascoli, Gloss., p.
CLXXXij) et V. Windisch, T. B. C. 1. 1709, p. 216, n. 3.
320 /. Vcnârxes.
dae, atidnaicid in betha, istù doiridina parrthais ' ; istù
sdiuraigi incinid dàna ; istù robentach iacob 7 rosaer ioséph
arformat abraithrech ; istù roforchan mayssi immthuaith dé
dotaba//'t aheigpht 7 tri muir ruaid cosa/b tirmaib co rangan-
tar tir tarrngaire ; istû romarb goilias tre àiiaià. ; istû romo-
lad onahaingl//' 7 onadruith[ib] ; istù rothodhuisc marbu 7
rothogh apstal ; istù rotidnaic/d oiudas 7 rocésad oiudrt/b 7
rohadnaic/d 7 roeirig om2.û)aib isintreslô 7 rofreasgab
doc[h]zmi neniQ ; istù - inoentarrfigaire, adé dognî nahuili sin
7 rofurtachtaig dimsa gustrasta, saer mé inchuradsa ' ; 7
curab comaitrebh dosom ré diabn/ inif[e]r« chaidche.
12. AtbtTtatar basairetha na cat[h]rach nicomedia : Isé
intoendia uilic/zmachtaig atcheas mûiânz 7 nîdia aile acht se
7 dorinsit uili aithrigi 7 rocomthog[ar]sat uili dia ; 7 roindis
intairrig sin donimp^'r 7 adubairt antimpir amarbd!^ tre cre-
dim do dîa ; conid tricad 7 cet rodîc[h]entad dib.
13. Rocureth iuilm/za iteint'^/ ac on mraig ; dorinni si
aitrige iarsin 7 dochuaid aingil diafoir/7/;in 7 rocur intene
uaithi. Bôi si ocmolmi incoimdeth 7 mrc\\cid\g intene di.
AtbtTt inturrâj/^ arnafi?rguga^ .i. linn luaigi docur isuacht + 7
afiuchû!^ 7 iuilmna dicur ann >. Dorindeth aml^/W. Rolig/d
fiuclw^ intsuachtai tairis imhach gurmarb .v.er ar .lxxx.
do miiifunir merraig 7 nirmô inaid fothruicthi doiu-
liflwa e.
14. Otconnairc mlunaig sin, rodluid a étach 7 bôi oce-
1. Faut-il couper doiri dina parrthais ou doiridi na parrthais} Dans les
deux cas le texte serait à corriger. Lire peut-être doirindi « qui as fait « et
supposer un mot tombé dont dépendrait le génitif ^a/'//;az5 ; dîna génitif du
mot diii .( protection » ne paraît fournir aucun sens.
2. Ms. istû. istii.
3. Lire sans doute onihiiradsa . Pour le sens de ce mot, cf. corad, Thrce
Belhn IiiiJiaiia. 321
sur elle. Julienne se mil à faire pénitence : « O Dieu tout-puis-
sant », dit-elle, c ô salut immortel, ô dispensateur de la vie,
c'est toi qui as fait... du paradis, c'est toi qui a guidé la race
humaine ; c'est toi qui as béni Jacob et qui as sauvé Joseph
de la jalousie de ses frères ; c'est toi qui as enseigné ci Moïse
à faire sortir d'Egypte le peuple de Dieu et à traverser la mer
Rouge à pied sec pour atteindre la terre promise ; c'est toi
qui as fait périr Goliath par David ; c'est toi qui as été célé-
bré par les anges et les druides, toi qui as ressuscité les morts
et qui as choisi les apôtres ; c'est toi qui as été livré par
Judas et suppUcié par les Juifs, qui as été enseveli et qui es
ressuscité d'entre les morts le troisième jour et qui t'es élevé
au ciel ; c'est toi l'unique promesse ; ô Dieu, qui as fait
toutes ces choses et qui m'a protégée jusqu'à ce moment,
délivre-moi de ce scélérat ; qu'il partage désormais le séjour
du diable en enfer ! »
12. Les bourreaux de la ville de Nicomédie déclarèrent :
« Le seul Dieu tout-puissant est celui que voit Julienne ; il
n'y a pas d'autre Dieu que lui », et ils firent tous pénitence et
tous invoquèrent Dieu. Le préfet raconta cela à l'empereur,
et l'empereur ordonna de les mettre à mort pour avoir cru en
Dieu ; cent trente d'entre eux furent décapités.
13. Julienne fut placée dans le feu parle préfet; elle y fit
pénitence et un ange vint à son secours, qui écarta d'elle le
feu. Elle se mit à louer le Seigneur et le feu ne l'incommoda
point. Le préfet, s'étant mis en colère, ordonna qu'on apporte
du plomb fondu dans une cuve, qu'on la fasse bouillir et
qu'on y jette Julienne. Ainsi fut fait. Le liquide bouillant
s'échappa en dehors de la cuve, si bien que périrent quatre-
vingt-cinq personnes de la maison du préfet ; pour Julienne
cela ne lui fît pas plus d'effet qu'un bain.
14. Quand le préfet vit cela, il déchira ses vêtements et se
VI. Ir. Hoiii. p. 42, 23 Ql côraidb .i. drochdhuine O'R. Il y a eu confusion
de côradQX. de curad.
4. Le mot suacht, gén. suachtai désigne évidenmient une espèce de réci-
pient ; mais je ne l'ai rencontré nulle part.
5. Ms. ann ann.
322 /. Veiidn'cs.
gnach na ndei, uair narfétsat bas dotab^î/rt di. Atb^rt anter-
raig iarsin abreth dia dic[h]^/z^ad. Bafdil/J im[morro] mûiana
imcrich abethad ditecht. Orwcad culog indic[h]enda.da, tain/c
indemo;/ rocheangail reime 7 itb^rt frisnabasairib : Nacoi-
gligi ', orse ; (f" 44 v° i) isisin rochairigbar ndei 7 isi dorone
ulco inidai frimsai 7 isi dorât frimsai aindisin di gach ni
rifiarfe/d dim. Rothôgaib iuliana arosc inairdi cofeas^d ciaro-
labair, 7 roteith indeman annsin.
15. Bôi iuil/fl!;/a ocinntôd câich 7 ocfurail credim forru 7
conhadradais nadei bodrai balbai, acht isu cm/ 7 rofaid asp/-
rat iarsin cum nime 7 rohadnrtceth a corp anicom^^ia. Tan/c
bannscal onicomMa do saigid naroma ^ 7 dor^t taisi mûiana
le 7 roadnaic gairt onmûr icomfocraib naroma.
16. Tamc à'idiii miurraig eleseus iluing inaroili la 7 robai-
ded inlong 7 triar artricad imesim 7 iduatar eathaiti alita
acorp arnacur dintuind itir tre briat[h]raib nahoigi iuiliaana.
Finit. Amai.
1. Cf. coi'chm « je ménage, j'épargne » (K. Meyer, Contr., 413).
2. Pour l'emploi de l'article devant le nom de la ville de Rome, voir
P. F., p. 765.
Brllui IiiiliaiKt. 323
mit à insulter les dieux, parce qu'ils n'avaient pas pu la mettre
à mort. Puis il donna l'ordre qu'on l'emmène pour la déca-
piter. Julienne se réjouit d'être arrivée au terme de sa vie.
Comme on la conduisait au lieu du supplice, arriva le démon
qu'elle avait saisi précédemment ; et il dit aux bourreaux :
« Ne la ménagez pas », dit-il, « elle a repoussé vos "dieux; elle
m'a causé des maux nombreux ; elle m'a forcé à lui raconter
tout ce qu'elle me demandait. » Julienne leva les yeux en
l'air pour savoir qui parlait, et le démon partit aussitôt.
15. Julienne se mit à convertir chaque assistant, à les pres-
ser de croire et de ne plus adorer des dieux sourds et muets,
mais Jésus-Christ. Puis son âme s'en alla au ciel et son corps
fut enterré à Nicomédie. Une femme alla de Nicomédie à
Rome, emportant avec elle les restes de Julienne, et elle les
enterra près du mur dans le voisinage de Rome.
16. Quant au préfet Elisée, il partit un jour sur un vais-
seau, et le vaisseau fit naufrage avec les trente-trois personnes
qui le montaient; et les oiseaux sauvages mangèrent leur
corps, après que les flots les eurent rejetés sur la terre, con-
formément aux paroles de la sainte Julienne. Finit. Amen.
J. Vendryes,
ÛBER DEN GEBRAUCH DES FUT. II. IM IRISCHEN
UND
ÛBER DIE BILDUNG DES AIR. FUTURS.
LiTERATUR : I. Thurncysen, KZ. XXXI. S. 68 f,
Strachan, Subjunctive Mood in Irish, Transactions of the
Philological Society. London 1895-8, S. 225 ff.
Pedersen, Vergleichende Grammatik der keltischen
Sprachen IL I. 312 ff.
II. Vgl. auch Vendr}^es, Mémoires de la Société de Lin-
guistique de Paris, XI, 258 ff.
Stern, CZ. IL 383 ff.
Thurneysen, KZ. XXXI. S. 77 f.
Vendryes, Mél. Havet, S. 587 ff.
Kieckers, IF. XXVII. S. 325 ff. '
ABKÛRZUNGEN : SR. i Saltair na Rann, herausgegeben von
Stokes.
TBC. : Tâin Bô Cûalnge, herausg. von E. Windisch.
Cath Rûis : Cath Rûis na Rig for Bôinn, herausg. von E.
Hogan.
PH. : The Passions and the Homihes from LBr. herausg.
von R. Atkinson.
I
Das Prâteritum Futuri steht nach Thurneysen (Hb. d. Air.
S. 311) « sowohl in Hauptsâtzen als in indikativischen Neben-
sàtzen:Es vergleicht sich mit demromanischen Kondizional. »
Seine Funkzion ist die des Pràteritums Futuri (lat. die-
Dits Fui u nui! lin Irhchcii. 325
timis eram), die des Potcnzials oder des Irreals. Dièse letzte
Bedcutung ist besonders liiiufig in der Apodosis der hypothe-
tischen Périoden. AUein die Potenzialbedeutung hat auch das
modale Imperfektum (Iinperfektum des Subjunktivs) und zwar
in den Subjunktivsatzen. Da aber der Potenzial schon an und
fur sich eine subejektiveBedeutungsnuance hat, eine Nuance,
die im Irischen durch den Subjunktiv zum Ausdruck kommt,
so musz man annehmen, dasz der irische Subj. II. (Subj. Impf.)
*mit dem Fut. II. teihveise konkurriert, was auch Vendryes
(Gram. § 470) annimmt, er sagt nâmlich : « Mais le principal
rôle de l'imparfait du futur, c'est d'exprimer le potentiel du pré-
sent ou du passé (irréel) en proposition principale. Il partage cet
emploi avec l'imparfait de l'indicatif et l'imparfait du subjonc-
tif. . . , sans qu'on puisse établir d'ailleurs une différence de
sens entre les trois. » Fur die Apodosis der hypothetischen
Périoden kônnte man das zwar nicht behaupten (vgl. Strachan
Subjunçtive Mood §340), jedoch gilt das z. B. fur die Fra-
gesiltze (Strachan a. a. 0. § 29 ff.). Es ist auch weiter zu
beachten, dasz im Mittelir. in gewissen Fâllen anstatt des air.
Subjunktivs Imperfekti ein Prâteritum Futuri stehen kann
(vgl. Strachan a. a. o. « Thus, in the Saltair na Rann, 1.
5776, is found ni frith dih oenfer folilsad , ' there was not found
one man of them who could endure '. Hère, according to the
Old Irish usage, we should hâve had, not the secondary future
folilsad, but the past subjunçtive folôsad. >>) Es wird also nicht
ùberfliissig sein den Gebrauch des Prâteritums Futuri nâher
zu betrachten ; wenn auch schon Strachan manches konstan-
tiert hat, geschah dies nur mit Rûcksicht auf den Subjunktiv.
§ I. Das Priiteritum Futuri wird also i) als Ausdruck fur
eine in der Vergangenheit bevorstehende Handlunggebraucht :
Ml. 43b 9, diem tribulationis uocat tempus quo cinctura
erat Assiriorum obsidio ciuitatem. gl. bon iinthinichellfad.
Sg. 209b 27, qui se sciret non deserturum gl. naich
ndeiserd
Ml. 48a 5, huic [Ezechiae] qua oratione infirmitatis su£e
tempore sit Ezechias ussurus, profetatur hoc carminé, gl.
honerberad biuth.
Ml. é8a I,.. qui tune futuri sunt... gl. indainiser dnndicfiiis
assair.. (die Zeit, wo die A. kommen soUten.)
320 Joscf BaudH.
(Ml. looc 7, carpit futura discid'ia gl.duadbatsomindiiichlidîd
inna debthi nohctis la israheldit iartain.^
Vgl. weiter : Wb. 5a 20, Non repulit Deus plebem suam,
quam praesciuit gl . i. inli nochreitfed diih « den von ihnen,
der glauben wird » (Zeuss ^ 461. qui crediturus esset. — Ich
glaube, daszhier die potenziale Auffassung nicht nôtig ist. Es
handelt sich hier um eine Prâteritalisierung der Aussage :
Gott verstôszt nicht denjenigen, der glauben wird).
Vgl. Ml. 59a 22, air et nomheinn isnaib hnnedaih.
Sg. 138 b I. Cum igitur masculinum sit ' nutritor ' et ex
eo secundum analogiam nascebatur nutritrix. gl. nogigne(d),
Zeuss' 433 : nasceretur, nasci debebat. Das Zweite isi das
Richtige : « es sollte gebildcd werden », fur die indikativische
Auffassung spricht ùbrigens auch der Indikativ des lateinis-
chen : nascebatur.
IT. I. S. 213 : ocus atchilhe dô i n-asUngi innas ind fir nô rig-
faide ( das Aussehen des Mannes, der zum Kônig
gemacht werden sollte. Vgl. auch Tog. Br. Dâ Derga § 11 :
no ibead a enbruithi, 7 no chanta or firindi fair ina ligiii. Fer
atchicheàd inh chotlad is e bad riS). So auch PH. 4893 ff. : is
aire ro-damair Isu do diabiil a aimsiugud ar tus, co uûmd fhollas
a chumachtu iar fholad a deachta ; 7 din do thaidbÇsiti) na
mbuada 7 in choscair no-beradde iar tain.
Vgl. neuir. : Gcallais an ri dhi gan an mac do niharbhadh,
dâ ndéarnadh ri'in àr an ni do-chijeadh (Sgéalaigheacht Chéitinn
I, 15). Der Kônig versprach ihr, dasz er ihren Sohn nicht
tôten lassen wird, wenn dieser verhehlen wird, was er sehen
wird.
Die Vergangenheit ergibt sich aus dem Zuzammenhang in
SR. 3389 : Ni gcbed loscph nachfiach
Anm. Die Bedeutung « ich wollte » liegt im folgendem
neuirischen Beispiel vor : agus ars ' a ' madadh : « Fuaidh
beirt dearbhràithreacha duil-se tbart, agus ni thabharfadh
siad dadaih damh-sa... » (Cruach Chonaill, S. 5), und der
Hund sagte : « Deine zwei Brûder sind vorbeigegangen
und woUten mir nichts geben » (nihil mihi daturi erant;
— der kondizionale Sinn ist da deshalb ausgeschlossen,
da der Hund tatsâchlich um ein Stûck Brot gebeten
hatte).
D//.V Fiiliinnii iiii Irischni. 327
Eine bcvorstehende Handlung liegt auch im folgenden
Beispiel vor : Cath Finntrâga Z. 489 : ni drudôchàli doronsat
amhail as gnath do comrac <ignr 0 thicfedh aghaidh ( als die
Nacht (heran)kommen solltc).
Die Bedeutung ' ich soUte tun ', mihi facieuduvi erat, facere
habebam liegt in PH. 5102. vor: co nihad aiiilaid domdtis hé.
Atkinson : that they should eat it thus.
§ 2. So sind auch die Inhaltssiitze aufzufassen, die eine
indirekte Rede enthalten. Solche Sâtze sind entwederSubjekt-
sâtze^ oder Attributivsâtze, oder endlich Objektsatze : ■
§ 3, i) Subjektsâtze : MI. 46a 19, nadmrsoikfilis nadoirsea 7
nad ticfed inri nach in popiil asindoiri ishe inmachdad insin robôi
forsnaib doirsib 7 ised rodaucai dorad innam briathar sa. \. qui s
est iste ri, ' (der Umstand), dasz die Tùr nicht geôffnet wer-
den sollte (im Prâs. : nicht geôffnet wird, w. soll) und dasz
weder der Kônig noch sein Volk aus der Knechtschaft (ent)-
kommen sollte (im Prâs: entkommen wird), das wunderte
die Tûr (wôrtl. : das war die Verwunderung, die auf der Tûr
war) und dies war, was sie zu diesen Worten veranlaszte :
qiiis est
PH, 6975, ^^^ '^^^S l^combad 0 Hiruath no-genfed in t-i batar
iarraid.
ebend. 2044, Dar h hludaidib imorro connicfitis a jhastad
0 bas.
(futural oder potenzial aufzufassen).
ebend. 3224-25, âr ba dôig le-(/)sium co mbertha a animm a
hiffern.
Cath Fintr. 393. uair ba dearbh ko nach ticfaidis tara n-
ais aris.
(I T. I. 2ji,Ba samalta co rachdd long forlan seolach dar
a chrœs gin oslnicthe : laszt auch die potenziale Auffassung
zu. vgl.
otibedsom amangfhàitbiud gaire foraird inipu condigsed freshcss
oanirt nonhair darginchrœs dô (bei Zimmer ZfdA. XXXII. S.
208 ;RC. XIV, 404) also... dasz ein Schiff hindurchkommen
kônnte )
§ 4. 2) Attributivsâtze.
Ml. 108a 5, robôi dam dodia domberad fortachtain dam g\.
zu prouidentiîe.
328 Josef Bmidis.
Vgl. auçh Ml. 33b 13, abhàngig von einem Modalsatz
MI. III d 4.).
Ml. 97d 10, oamairis nandatiberad dia doit 7 nach coimna-
Cîiir « dasz Gott es ihnen nicht geben wird » (gedacht in
Vergangenheit !) Vgl. noch Wb. 16 b 19, was man auch zu
§ 5b rechnen kann.
Cath. Finntr. Z. 88. Do bhi imoro a fis ag Finn 7 ag fia-
naibh Eirennco fief ad in tromdhamh sin d'innsciigbi Eirenn.
PH. 610-1. 0 atchuala imorro Marcelliniiis na briathra-sin
7 na cindte, na berdais breith fair (Prilteritalisierung des direk-
ten : ni berum breith fort-su etir, ebend. Z. 608). — Vgl. noch
1026.
§5.3) Objektsatze :
a) Ml. 34c. 8, credebant eos impetu primo se esse capturos :
nundagebtis.
Ml. 131 c ^, in tain iarum rocretset nondasoirfed dia... als sie
geglaubt hatten, dasz sie Gott befreien wird.
Ml. 4éa 14, is ed rochreti càch diiibsi nachaibersoilcfiihe etir
7 nachahticfed for ri nach far tuad atoiri Zeuss ^ 743 :
id est hoc credidit unusquisque de vobis, vos apertum non
iri omnino nec vobis venturum esse regem vestrum nec
populum vestrum e captivitate .
Ml. 127a 6, qui d Deo quod iniuste posceret credidit
impetrandum : noloichfed (môglich wiire hier auch der kon-
dizionale Sinn : cr luiirde erlangen).
Ml. 124b 6, air adraigsetar nondabértais hernm in captiuita-
tem, « sie haben gefûrchtet, dasz sie sie item m in capiiuitateni
bringen werden ».
Ml, 123c I, rocretset dimgenad diaani dnrairngert, « sie haben
geglaubt, dasz Gott tun wird, was er versprochen hatte ».
Wb 21 a 3, Ut simus in laudem gloriae eius nos, qui
ante sperauimus in Christo. i. per profetas donicfad cucunn
(Zeuss ^ 46 1 : eum venturum esse ad nos) ' .
PH. 4436 ff. Tri-a'remfhis din y tria fhoUsiugîid in spiruta
noib ro-thuc in slaniccid su Ico faigebtha assan and, 7 co n-id i
cuibrech fogebtha, 7 co mbiad ôc ech imallefria, . ..
I. Sieh noch MI. 126 c 10 (abhàngig von einem Modalsatz).
Bas Fuliinim Un Irischcn. 329
Eine Bestimmung des Verbalnomens liegt ebend. Z. 2012
vor : a chindcd di i n-a memnain, na findfad ocnlaid fherscàil,
(Atkinson : in resolving in her heart that she would not
know )
b) Ml. 53d 6, asberad som nainhiitrcssa dia hirusalem imbôi
dia cecha cathrach olcheua 7 nachasoirbed dia laniaib som « ...dasz
er sie aus ihren Handen nicht befreien wird »
Ml. 25 a, hac autem uoce, quam magnitude admirationis
elicuit, spicialiter indicaturquoniam omnem terram praedicatio
euangelii completura sit, darauf bezieht sich Gl. 11, no linjed
und Gl. 8, nolinjed preceupt asoscelai innule cuaird in talman
(dasz erfïillen wird).
Ml. 1 6c 10, dorimther hl libiir essaice àscelso A. asbert side
contra ezechiam atbelad d:::ch side ( dieser sagte ,
dasz er sterben wird).
Wb. 7a 2 isdiiiiisa tairrchet adcichitis gcnii per mé.Zeuss ^
454 : de me praedictum est vissuras esse gentes per me.
Vgl. weiter Wb. 6d 8, doarrchet dichéin nombiad adrad dx
lagenti.
Ml. io8b 5, pradicens ea qu^ erant... mansura .i, rofeidlig-
fitis.
Glosse zu Hy. v. 19 : nothercanad Brigit do Chôemgen chaith,
ai/dire conidluaithfed giéth tre snechta.
TBC. 1456-7 Andsain bàgais Cnchitlaind, port i faicjed
Meidb dobérad chloich fiirri. (Windisch ûbersetzt : ... wo er
Medb sehen wùrde, wûrde er den Stein nach ihr werfen » ;
ich glaube, dasz es sich um eine Aussage handelt, die direkt
lauten wûrde : « Wo ich Mêv sehen werde, werde ich einen
Stein nach ihr werfen » ).
Arm. i8b. i, Asbert fiacc frisinaingel nandrigad contised
pairicc.
IT. I. S. 8i,Dorarngert si nach facfed a da céili for talmain
in oenfecht « sie hatte gelobt, nie werde sie ihre zwei Mânner
zugleich auf Erden sehen (Thurneysen : nie wolle sie...).
Ibid. 260, l'iair iss ed atritbairt Bricriu fri cach x tinichell
araile, issi ro bad banrigan in chôicid iili inti dib cétna ragad
issa tech (direkt mûszte das heiszen: « die wird Kônigin der
ganzen Provinz sein, die von euch als die erste in das Haus
kommen wird. »).
350 Joscf Baudis.
Ibid. 5. 75 : ar ishertatar maie Uisnig nach isiais hiad i n-
hErinn acht biad Conchohair i tossnch.
TBC. Z. 1073 f., atbert Cathbad, mac bec con gebad gasced bad
an 7 ra bad irdairc.
PH. Z. 3921-2 di-a nd- ebert... co ngébad ard-rigi...
Ibid. 1785 ff., AdHbartus-(/)a frit-su co fhctar in ni roimrâid
Simon .i. co tibred ain^liu condai i m'agaid-si...
Vgl. 1946, 2365 ff., 2720, 2724.
Ibid. 906. atbert, is tusca no-berad in i-crrandiis bud nio di-a
rige « (Herodes) sagte, er werde (od. wurde) lieber den grô-
szeren Teil seines Kônigreiches hingeben » (hier ist also auch
die potenziale Auffassung môglich).
Vgl. noch SR. 2806-7, 3846, 6774f, 7524, 3385-7.
PH, 7009, iiair is s-cd ro-gell sccbtair, co n-aidérad in coim-
did.
Ibid. 6543, Ro-chind imorro infcr-sai n-amenmain, na din-
gned na hi na-ptar dilmain dô do denum..
ibid. ^i^6,Ro-mâid infer-sa ro-Iaifcd tar ceiid tcmpuîl
Dé, 7 dogcnad a athciimtach...
Cath Ruis. §20, Dàig nir-cheil Concbobor riam bar a namait
bail i ngebad sosad.
Vgl. noch PH. 3056 : ar ni-s-fitirsinm )ia couiaillfed d gellad
fri Dia cen a dinltad.
c) Weiter kommt das Prâteritum Futuri in Satzen vor, die
in der direkten Rede als Nebensatze fungieren mûszten :
PH. 332, atber friu iili aine innte amàl connictifis.
ibid. 972, àlbert cech oen no-gébad ainm C> ist fair, a marbàd
focetoir. So auch 474. f.
Anm. SR. 5795-6, rogcU aingin cenmeth friôcnfcr dafingge-
bad ist zwar eine Pràteritallisierung der Futuralaussage,
kann aber auch zu I. gerechnet werden, so auch 5817-20.
Vgl. auch neuir. Dubhairt an niadadh leis gach nile fhear a
chasfadh air ô shoin go tigh an riogh a thabhairt leis (Sgéalaidhe
Ôirghiall S. 61).
§ 6. Das Prâteritum Futuri lindet man in indirekten Frage-
sâtzen :
a) im Hauptsatz steht ein historisches Tempus.
à
Das Fil lu ru III iiii Iriscbcii. 531
M. 43d 20, bacmndnharl in clasle fanaic dubium erat utruiii
obtlnerctur an non (vgl. Ascoli Gloss. lxxii).
Ml. 102 d 4, lasinrubu chmntabarl indabiad torbac fanaic
domolad dà.
SR. 2924, nifitir cid dogenad, ibid 3189. ff. Roscnitai... cin-
nas doberad baegoî.
IT. I. 285, Dobretba rogu doib, cid biad no ragad dia n-e-
chaib.
PH. 499 f. ni jhetar cia leth do-rechaind... (gehen soU).
Ibid. 2976, ni feiatar cid corinali dogénlais iaruin.
Ibid. 8150, làr-sin trâ Icit in àninini cns-in mbél, di-a fins in
fhctfad dul trit iniàch.
Ibid. 1028, boi oc guide De ini a fhoillsiugud cid dogenad
imme-sin.
Ibid. 262, Ro-jhàs trâ iùr-sin ceist cid dodénad friss-in
lestar ût..
Ibid. 1203 (atbert...) Georgi trà do thabairt hi carcair,co ro-s-
imrâided indns-no-malartfad he (wie er ihn vernichten sollte).
Cath Rùis § 19, El raconiarleiced accu ciâ doragad risin tec-
tàirecht sain.
PH. 3138, cofesed in orcain Isu 7 à bas no-chindfed in sacart.
Nach dûs in SR. 6152, 2567, 2583 (nach Priis. histor.)
5563, 5567 (Pi'^s. hist.).
IT. I. S. 256. Ro iinrâid iaroin Bricriu inna memnain, dus
cinnas doragad ar imchossàit Ulad. (vgl. auch. ibid. §§ 16,
17). ,
Ibid. S. 105, corailcet eturro, dûs cia dib dongegadh (H.).
(L. hat nothogad.)
PH. 1. 634of, Ro-fôidset ira techla uadib... dus cid dogentais
ini chûisecrad na heclaisi.
Ibid. 7221-2, dochôtar catharda in baile hi comairle, dûs cid
dogcndâis fria. In allen diesen Besipielen ist ebensogut die
temporale wie die potenziale AufFassung môglich — so auch:
Ml. 90c 19, nifetar in damsoirfad dia fanacc « ich weisz
nicht, ob mich Gott befreien wird (wûrde) oder nicht. »
Bei Jetar kônnte man zweifeln, ob es sich nicht um ein
urspr. histor. Tempus handelt, jedoch man hat Bispiele, dasz
das Futur II. auch nach einem Priisens vorkommt : MI. 99b 10,
332 Josef Baudis.
amnl nadfinnatar sidi cia Joe sainriud diarcgtais. Stokes : « as
the\' do not discover to what particular place they would go.
(besser : wohin sie gehen sollten). So auch nach Imperat. :
SR. 15 61/4, ciiiri ciiaird. . . dûs infogebtha frifeis/dobiud di'in
nidomehnais, Vgl. auch. IT. I. S. 1^0, Maire bias oe estceht fri
gnba ocus golgairi ina n-anmand ie trogi oeiis oe nemcli frisin
coimdid im thorachtain ehiieeu lathi bràtha co luatb, dûs in fui-
gebtis nâeh n-etarfuanid isin fiiigell (bei der Beschreibung der
Vision, wo also das Fut. des Hauptsatzes als « das wird ( — das
ist wohl — ) traurig sein » aufzufassen ist.)
Die potenziale Bedeutung ist in allen diesen Beispielen
schon deshalb môglich, weil auch in der direkten Frage oft
das Prâteritum Futuri im Sinne des hiemischen eonj iinctivus
deliberativus (oder potentialis) steht. Aber diesem dehberati-
ven Konjunktiv nâhert sich manchmal das Futur. Dièse
Erscheinung kann man ûbrigens auch in anderen Sprachen
beobachten, so z. B. in der âlteren Latinitât quid vira nieo res-
pondebo misera Ter. Hec. 516. Im Irischen findet man eine
àhnHche Bedeutungsnuance des Fut. I. : Wb. 9d 4, Tollens
ergo membra Christi, faciam membra meretricis?. i. ingét
abiilhi arerist etindigén biiUii inertrioe diib absit. « Soll ich
Christus seine GUeder nehmen und soll ich aus ihnen Glie-
der der Hure machen ? absit ! » Man kônnte also einige Prâ-
terita Futuri in indirekter Frage als Prilterita eines solchen
Futurs auftassen (selbstverstandlich nur, wenn im Hauptsatze
ein histor. Tempos steht.) jedoch ist das nicht notwending,
da, wie gesagt, das Fut. II. auch in der direkten Frage ste-
hen kann.
§ 7 . In direkten Fragesàtzen musz man zwei Môglich-
keiten unterscheiden :
a) entweder entspricht das Prât. Fut. dem lat. Delibera-
tivkonjuntiv,
b) oder es entspricht dem Potenzial.
a) Tog. Bruid. Dd Derga § 70, Cia no ragad. . . aeht niad
messi « Wer (anderer) soUte gehen als ich ?
Cath Ruis. § 8, « Cia doragad and... aeht niad Findchad... «
Ibid. § 8, Cia doragad risin tectaireet sin ? « Wer soUte gehen
mit dieser Sendung? » (cfr. auch §§ 18, 27.)
[Vgl. IT. I. 262, Z. 25 f ,
Das Fiiliinnii iiii Irlschcn. 333
Cîd nabb sin Lendabair-sc li si'ila câich
cichsed ria cach ninai hi lech rig.
Warum [wiire das nicht] Lendabair (ich), Augenglanz jedes
(Mannes) [die] vor allen Frauen den Palast betreten sollte ?
(Warum sollte L. . . den Palast nicht betreten?)]
IT, IV, S. I, maith, a aiiiiiii, a Oisin, câ conair no rachmais
rià ndeôidh laoi d'iarraidh âighedcchfa na hoidhchi so? « Gut,
mcin lieber Ossian, welchen Weges soUen wir gehen, um
eine Herberge fur dièse Nacht zu suchen ? »
b)Wb. loa 10, aut unde scis, uir, si mullierem saluam
faciès ? .i. âfir can rofestasn ' iccfe intnnâi ciatasode lat arcc'm.
« Woher kônntest du das wissen, o Mann, dasz du das Weib
retten (wirst) wûrdest, wenn du auch sie durch Gewalt bei
dir festhalten wûrdest » .
So sind auch Ml. 17b 26, 35a 17 zu beurtheilen. Vgl.
auch :
Ml. 14a 6, aircia sahnscribdid oicfed son. « Welcher Psal-
mist hâtte das tun kônnen ? »
IT. I. S 104, « Eirg on mnicc din! » or Conall . « Cid
dana dot bérad-sn chiicci ? » ar Ceit . « Geh weg von dem
Schwein 1 » sagte Conall. « Was kônnte dich zu ihm fûh-
ren ? » (Thurneysen : Was sollte dich zu ihm fùhren?) so
auch S. 102 (§ 12), 103 (§ 13).
Einen Ubergang zwischen einer unabhâgingen Frage und
einem abhangigen Inhaltssatz findet man in
TBC. Z. 812, Is machtad 7 iss ingantus Uni, ria ticfad
aicaind co hor crichi 7 no bîfed in cethrur biii remaiiid in traiti
se. Windisch : Staunen und Verwunderung erfûllt mich, wer
zu uns an die Grenze des Landes gekommen und in dieser
Schnelligkeit die vier Mann, die vor uns her waren, getôtet
haben kônnte.
Anm. Eine deliberative Frage ist PH. 1776 : Ma do-
rigne na niora, cid ar na dingned na becca ? « Wenn er
(Simon) grosze (Wunder) gemacht hat, weshalb sollte
er nicht kleine (Wunder) tun ? » Der Nebensatz, der
von dem Fragesatz abhiingig ist, ist mit der Protatis.
Revue Celtique, XXXIII. 2z
3 34 Josef BauâiL
der Kondizionalperioden {= mit einem kondizionalen
Nebensatz) identisch .
In den direkten Fragesâtzen entspricht also das irische Prà-
teritum Futuri entweder dem lateinischen deliberativen oder
dem potenzialen Konjunktiv. In den indirekten Fragesâtzen
kann er teihveise aus diesem Potenzial (deliberativ) oder aus
einem einfachen Futurum, das in der direkten Frage stehen
mûszte, erkUirt werden .
Anm. : Mit « wollen » kann man IT.I. 223 ûbersetzen :
« Ccsc ira . . . cid ar iia leicfideà dam-sa ino demis i n-dàil
mnà ?
§ 8. Nach Strachan (Subj. § 5 b) kann das Prateritmii
Futuri « in a conditional sensé by itself, or in the apodosis of
a conditional sentence » vorkommen . In § 44 . behauptet er
weiter, dasz .« An apodosis of this form (nâml. der hypothet.
Perioden, die in der Protasis Prât. Subj., in der Apodosis
Fut. II. haben) may stand without a protasis. » Die dann
von Strachan angefûhrten air. Beispiele sind aber vielmehr
als « conditional sensé by itself » oder ûberhaupt anders
zu erklâren. i)SoSg. 137b 5,Sciendumautem, quaedamuerba
inueniri difectiua. . . et hoc. . . uel naturae necesitate fieri
uel furtunae casu fadidnied aicned acht dondecmaing anisiu.
2) Ml. 55a 10, diiucthar triarosc anî nolabraifitis musz man
gerade durch « was sie sagen môchten » ûbersetzen (vgl.
das bei den Fragesâtzen zitierte Cesc . . . cid ar na leicfideà
dam-sa mo denus i n-dàil mnà} IT. I. 223).
3)\Vb. la 3 las spâter Strachan (CZ; III. S. 55) cretfid.
4) LU. 73b 2, hid t/'i dogénad « it will be you that would
do it » (richtiger : du wirst es sein, der dies tun solliè) ent-
spricht dem deliberativen Fut. II. der Fragesâtze (sieh oben)
und ich glaube, dasz solche Phrasen im Anschlusz an « Cid
dogénad » und âhnl. entstanden sind.
Als c( apodosis without protasis » kônnte man noch am
ehesten Ml. 14b 4, Sg. 130 b 2, SR. 1505-6 betrachten.
Ml. 14b, 4, Huic ergo qui templum Dei spoliauit.... quod
profeta Dauid beatitudinis apicem contulisset ni digned
Diiid innuaisletaid..
Das Fiihinini iin Ivischcn. 335
Sg. 130b 2, quod in heroico stare métro non possit nisi in
e terminans corum ablatiuus .i. dojôichred iraig néanaUt
and « es wùrde einen unge\vôhnliclien(Vers)fusz herbeifûh-
ren ».
SR. 1505-6. Ninloiscfed tene ninbaidfed (iisce^ (uns
wùrde nicht das Feuer brennen, etc.).
Ebenso wie Sg. 173b 5 sind auch Wb. 17a 10, TBC. 108
zu beurteilen : Wb. 17a 10, Et in prumptu habentes ulcisci
omnem inobedientiam, .i. oicfimmis adigal, wo das Ir. das
participiale in prumptu habentes glossiert, was gerade einèn kon-
zessiven Sinn hat.
TBC. 1081 : Ntt meràd-su sain « Dieser (Cathbad) wûrde
dich nicht verraten »'.
Àhnlich wie Ml. 55a 10 ist auch IT. I. 72 (§ 9) aufzu-
fassen :
No thogfaind-se druib far n-dis ociis no gebaind tarbin ôc
amal tiissu « Ich môchte zwischen euch zwei wahlen. Dann
nâhm. ich mir ein junges Stierchen, wie du eins bist » (Thur-
neysen),
Manchmal kann man gerade durch « kônnte » ûbersetzen,
so :
IT. I. S. 176, Ar ni indisfed nech aile a bruth, L. Br. (LU.
Ar ni inisfeaÇl)).
TBr. DdDerga § 128, Atcondairc imdae as nesam do Conaire :
tri primiàich inti... Tri cJaidib duba dimôra léo No didlastâis
finnae for usciu.
((Dièse Schwerter) kônnten ein Haar (das) im Wasser
(schwimmt,) spalten.) so auch § 137, PH. 2106.
Wb. 15a 20 sieh unten.
§ 9. Das Prât. Futuri kommt massenhaft in der Apodosis
der hypothetischen potenzialen und irrealen Perioden vor.
I. Vgl. auch IT. I.S. 124, Ociis a ingin... ro biid urina deit ;«' ic-sa do
detiatii dom ghalar, ocus iss dôich not i cf a ithea, hier kann man das Fut. II.
aïs einen Potenzialis der llnhaltssàtze oder auch wie Apodosis der hypot.
Période auffassen ; ich glaube jedoch, dasz es sich auch hier uni keine wir-
kliche Apodosis handelt, sondern, dasz auch hier der « conditioual sensé
hv itself » vorhea:t
336 Josef Baudis.
Beispiele bei Strachen Subj. § 41. und dann § 5b (Wb. 9c
8, Ml. 42c 32).
Weitere air. Beispieie :
a) das Air. glossiert die lat. Apodosis :
Wb. 4d 9, sicut Sodoma facti essemus .i. abtchiiis et )iitai-
dirsed nech huann (Zeuss- 453, 923, 1007), Ml. 15c 8, lucriti-
carent À. no indbadaigfitis .
Sg. 6a 6, si enim esset semiuocalis, necessario terminalis
nominum inueniretur /(;;rmz?ï///5 anmmaun inte (Zeuss ^ 417,
46ra).
b) Das Air. bildet Apodosis. Wb. 8a i^.fagebtis si credidi-
sent (Zeuss'' 332, 454, 874).
c) Wb. 13b 3, mad aill duih cid accaldani neich diih dari-
^ente. Zeuss^ 453.
Wb. i9d 24, ciachondesin farsûli dosmbérthe doiii. (Zeuss ^
367, 332. 914)-
Ml. 40c 17, air dominuinfide bed nîsel intî dia inatis hc indfer-
sai grandi insin na>iii)ia dnmhcrad duaid.
Ml. 15c 7, nitibertais piaiia foraib niani esersitis.
So auch Wb. 2c 17, 9d i, 23, Ml. 32d 25, 134b 3, Sg.
207b 2, 209b 6 ; 90b 2.
Das Imperfktum Fut. ist hier ebenso zu erklaren wie in
anderen selbststândigen Sâtzen. Meistenteils handelt es sich
hier um einen Potenzialis. oder um eine Prateritalisierung
des Futurs, (so z. B.' : LU. 52a 32, asbert Miigain frisin
m-bancainti dobérad a breth féin di dia m-berad a mind ôir do
chind na rigna, bei Strachan § 42). Der Potenzialis hat jedoch
auch hier die Nebenbedeutung der Sukzession, also eine
Temporalbedeutung. Dasz ich hier recht habe, beweist der
Umstand, dasz dem Typus : Protasis : Subj. IL — Apodosis :
Fut. II. der Typus Protasis : Subj. Pràs. — Apod. : Futunim
gegenûbersteht, und dasz durch Prateritalisierung des letzte-
ren der erstere Typus entstehen musz (vgl. oben). Es handelt
sich also auch hier um eine ursprùnglich temporale Auf-
fassuns; der bedingten Handlung.
I. So auch PH. 6621 ff., atheyt in rlg, 7 ro-tliestaig 0 Ingci, co tibn
aiioir 7 càlaig iignidai 7 iiiiiiniitenis do dia n-adrad na tjidtu.
Das Futuruiii 'nu Inschcii. 337
§ 10. Ein potenzialer Nebensatz licgt
a) in SR, 5811-12 vor :
coalog dobeir no ciarath
inri dondfiiir nombifad?
« Welchen Lohn oder Vorteil gewâhrt der Kônig demjeni-
gen, der mich erschlagen wùrde? » (vgl. auch 1563 :
dûs infogcbtha frifeis
dobiud dûn ni domelmais.
« was wir verzehren kônnteii »).
b) mit « sollte » musz Sg. 30a r ûbersetzt werden : Quasi
ad aliquid dictum est, quod, quamuis habeat aliquid contra-
rium et quasi semper adhaerens, tamen non ab ipso nomine
significat etiam illud .i. aiii biianaiti Dinichjîde (Zeuss- 481 : id
e quo nominaretur) « das, wornach es benannt werden
sollte ».
PH. 8357ff : co na ro-thaâbntis gné nibroin in tan doden-
dais aine (wenn sie fasten sollen) \
Zwischen a) und b) steht PH. 6067 : nair is molad Dé ro-
pud choir doib do chuinchid, 7 ni a molad fén ar a ndeg-gnîm
dogcndais. Vgl. weiter ibid. 8370 : /;/ tan chaithiiis nech for-
craid rempi no iarum, no in tan taisces a chuid budéin in ni no-
chaithfed i n-amsir a aine. « Wenn jemand das Ubermasz (d.
h. das, was er wahrend der Fastzeit nicht gegessen) zuvor
oder nachher verzehrt, oder wenn er seine Porzion auf-
bewahrt, das, was er wahrend der Fastzeit (bei normalen
Verhâltnissen, wenn er nicht fasten wûrde) verzehren wûrde
(sollte) » ; man mûszte es durch ein lat. quod ei consiuncnditm
erat (esset^ wiedergeben, oder man kônnte es durch das
spâtlat. qnod consnmere habebat ausdrucken. Die in unserem
Satze enthaltene Aussage ist also als etwas in Vergangenheit
eintreten Sollendes, also Bevorstehendes, gedacht. Das Ver-
zehren der gewôhnlichen Porzion ist fûrdieZeit, als man die
I. In TBC. Z. II 64 kônnte man das Fut. II. aïs eine Pràteritalisierung
des Fut. auffassen, da aber der Satz ricfad a less ein integrierender Teil der
Bedingung Da iii-had cJmuiiiaiigi ist, so stelle ich dièse Stelie zu § 12.
338 Josef Baiidis.
Porzion aufbewahrte, etwas Vergangenes, fûrdieZeit, wo dièses
Verzehren stattfînden sollte, wzx das etwas Bevorstehendes. Es
werden hier also zwei verschiedene Tempusrelazionen ausge-
drùckt : eine (nahmlich die der Zeit, fur die Porzion bestimmt
war) findet in dem Futuralstamm, die andere(die der Zeit, wo
die nichtverzehrte Porzion autbewahrt wird) in den Pràterita-
lendungen (Endungen der Tempora Secundaria) iliren Aus-
druck. Man hatalso auch hier ein temporales Priiteritum Futuri,
es hat jedoch hier den Sinn, den man in der Apodosis der
hypothet. Perioden wiederfindet; man kônnte ja hier ergiin-
zen : was man verzehrt hàtte, wenn man nicht gefastet hàtte.
Dennoch wird man es auch ohne dièse Ergânzung verstehen,
und ich glaube, dasz man die Apodosis der hypothetischen
Perioden aus solchen, jedoch selbstàndigen Satzen erklàren
musz (sieh oben). Hiemit ist auch der Weg gezeigt, wie das
Futurum II. den irrealen Sinn bekommen konnte, und wie es
dazu kam, dasz es den IrreaHs der Hauptsâtze ausdrùckt : es
wurde uberall gebraucht,wo es sich um eine in Vergagenheit
bevorstehende, oder in Vergangenheit eintreten sollende
Handlung handelte ; es drûckt also eine Handlung aus, die
ûberhaupt oder unter gewissen Umstânden stattfinden sollte
oder muszte.
(Àhnlich ist auch das « Futurum der direkten Fragesâtze »
zu beurteilen, das « sollen » wird auch hier durch den Futu-
ralstamm ausgedriickt, es wird jedoch durch die Sekundiir-
endungen anstatt der Vergangenheit die Ungewiszheit oder
der Zweifel angedeutet, die Pràteritalbedeutung tritt hier also
in den Hintergrund.
Die Pràteritalbedeutung kann sich in eine allgemein poten-
ziale umwandeln (vgl. auch des Fut. II. in den Fragesiitzen),
so z. B. SR. 2761
IN ri nadrdic doib sain
rostairmcsc tria hilberlaib,
conatncad nech cogle
cid notharged diaraile.
wo cid (was auch) einen Inhaltsatz einleitet.
Das Fnhinini iin Iri.srhcu. 339
Vgl. weiter den Temporalsatz :
PH. 2346 f. ÇRo-po cuhaid ) 7 0 dogénla adrad infhîr Dia,
co soitea do menmain 0 na deeib. (Es ware passend)^ dasz du
deinen Sinn von den Gôttern abwendest, wenn (scit, bis) du
den wahren Gott verehren sollst (wo also das Priiteritum die
Ungewiszheit ausdrûckt).
Objektsâtze : PH. 7747, Mas ead, in ni do-lboigébad fcrg
Dé is cin gan a toirmesc, « Wenn dem so ist, so ist es eine
Siinde, das, was (ûberhaupt) Gotteszorn erwecken sollte
(kônnte), nicht zu verhindern ».
Ebend. 7526, hi sessed gné do'n duine-iiiarhad A. spreid le
ndingned nech a bethugud a hein de.
Atributivsatz : ebend. 2418 : Iii-dar lim-sa, ol se, is i
comairle dogcnta-su, anad do molad Crisf, 7 idpurta do dénani
do na deeib, fo-dâig na digthea hi croich (was du tun solltest).
Vgl. ebend. 6128 : is c lin nibocht niarbait in fhairend-sin
cech lâi, in lin do hochtaib conicfalis do shassad.
§ 1 1. Das Prateritum Futuri kommt weiter in gewissen kon-
sekutiven, mit co" eingeleiteten Siitzen vor, es sind Siitze wie,
« er streckte sich, das^ ein monatliches Kind :(zuischen je :;iuei
seiner Rippen Ranni haben kônnte ». Es handelt sich hier also
wieder um einen Vorgang, der unter Umstilnden (ûberhaupt)
zustande kommen mûszte oder sollte ' .
IT. I. S. 265-6, Ro riastrad inimi iaroni iar sudi, co rabi
banna fola im bun cacha finna dô ocus ro gab imbri brô,ocns rô
sini iar sudi , co ta il If ed fertraig feroclaig eter cach da asna do,
er geriet darauf in eine Wutverzerrung, dasz ein Blutstropfen
an der Wurzel jedes einzelnen Haares ihm war und es
erfaszte ihn « das Kreisen des Mûhlsteins » und er streckte
sich darauf, dasz ein Mannesfusz eines Kriegers zwischen je
zwei seiner Rippen Platz gehabt hàtte (Zimmer CZ. I. 75-6).
So auch. Cath. Finntrâga i. 642, tue sinedh ar a cholainn co
toillfedb mac mis edir gach da asna do
(Dazu vergl. IT. I. S. 271 : Ba samalta co rachad long for -
lûn seoJach dar a chrœs gin osliiicthe. § 3.)
I. Cfr. air. Ml. 98c 8, coiuiahuxd dlio^cd nerchissechta lad ia (auch bei Str.
S. 297).
340 Josef Baiidis.
Mit diesen Stellen hângen die oben zitierten Hauptsiitze
aus Tog. Br. Dd Derga §§ 128, 137 aùfs engste zusammen
ÇNo didlastâis finnae for usciu); der ganze Unierschied besteht
darin, dasz in den unabhângigen Sâtzen anstatt der Pràterital-
bedeutung die allgemeine (Potenzial)bedeutung hervortritt ;
der Potenzialis in den erwâhnten Hauptsâtzen entsteht also
dadurch, dasz die Prateritalbedeutung(nâmlich die prâteritale
Relazion, die im Fut. II, mitausgedriickt ist) zur allgemeinen
(zeitlosen) Bedeutung wird, wobei aber die Futuralbedeutung
(eigentlich die zweite Relazion, die man durch « kônnen,
sollen, mûszen, werden » ûbersetzt) ganz deutlich zu spiiren
ist'. Daneben musz man auch solche Sâtze berûcksichtigen
wie Wb. 15a 20, ita ut non possent intendere filii Israël in
faciem Moysi .i. nifotlsitis^ deicsin agm'tsa , wo man gerade
durch « sie konnten (kônnten)nicht ertragen » ûbersetzen
kann.
Strachan Subj. Mood § 62 S. 297 meint, dasz z. B. co taiUfed
« is used just as in conditional sentences ». Ich môchte das
prâcisieren : in Konsekutivsatzen musz man zwei Typen
unterscheiden und zwar : a) er streckte isich, dasz zwischen je
zwei seiner Rippen ein Kind Platz haben konnte (kônnte),
wo es sich also um einen Verbalausdruck handelt, der in
Vergangenheit eintreten konnte, sollte, und dann b) einen
T3'pus, wo es sich um einen Vorgang handelt, der allgemein
unter gewissen Umstanden eintreten kônnte oder sollte fsieh
die in Anm. zitierte Stelle aus IT. I. S. 191, 17). Der Typus
b) steht dem Potenzialis « in conditional sentence « nâher,
jedoch ist auch dieser Potenzialis auf Grund des rein tempo-
ralen Gebrauches entstanden, man hat also mit « conditional
sensé b}^ itself » zu tun.
Man sieht also, dasz man das Prateritum Futuri manchmal
durch « sollte, konnte » ûbersetzen musz; das erinnert an das
nachklassische habebam dicere (ich hatte zu sagen, ich konnte,
1. Den selben Kondizional findet man auch im konsekutiven Nebensatz
IT. I. 191, 17, fo lu-hàidfed ocus co loiscfed fini in tahuan uU neitii cech oen
clùi dihside (L Br. viz auch ebend. 191 Zeile 9).
2. WS.fûistis.
Da<: Futur mil iin IriscbcH. 341
ich soUtc sagen) dièse Verglcichung triflft mehr zu als die
mit « dictiirits eram,fiii ».
Anm. I) Ich glaube, dasz dicere habebam eine Uberfùhrung
des passiven mihi dicendum est in einen persônlichen Ver-
balausdmck darstellt (vgl. passiv. unpersôhnlich : niihi
est pater — persônlich subjektiv habeo patye}}i). Das roma-
nische Futurum und der rom. Kondizionalis fuszt also in
erster Reihe auf dem klassischen : mihi dicendum est, erat
und dann erst auf dem dictiinis siiiii, eram .
Anm. 2) Man sieht, dasz ein Vorgang, der in Vergangen-
heit oder ûberhaupt (zeitlos) eintreten sollte (Jionnte,
kdnnte) als Irrealis aufgefaszt werden kann. Das findetman
auch im Aind. (w^as schon Strachana. a. O. vergleicht)
und dann auch im Lat. : dort wird z. B. zu einem Fut.
* fiisèti (psk.fiist) ein ^''-Prateritum * fusêt > foret gebildet,
das dann als Irrealis oder Potenzialis fungiert (Konj.
Impf. ■).
§ 12 Das Prâteritum Futuri kommt auch in Nebensatzen
vor, die von einem Modalzatz abhiingig sind.
a) PH. 1914, batar secht mis for bliadain is-in inad-sin, co
tàirsed cïimtach na n-inad, i siiidigfitis na ciiirp fa-deoid.
h) ebend. 4512, ... daig co mbad erlaimite tomus in argait
do'n foirind iio-chennaigfitis na hedparta. (die die Opfer kaufen
wollten).
c) ebend. 3074, ar na biid ed no-airigflîs fair... Atkinson :
« that they might not notice^ ».
û?) ebend. 4007 ff. Dùthracur-sa, a Dc,comptis dirge ma
1. Der ganze Unterschied zwischen der Entwickelung des Lateinischen
und dem irischen Priiteritum Futuri besteht darin, dasz das lat. Imperf.
Fut. (Konj. Imperf.) an das Prâsenssystem angegliedet wurde und infol-
gedessen die temporale Bedeutung ganz verloren hatte und somit zu einem
rein modalen Ausdruck wurde ; im Irischen blieb dagegen das Pràt. Fut.
bei dem Futuralsystem.
2. Vgl. auch TBC. Z. 1 164 : Da m-bad clmmmairgi ricfad a Icss înti iicfad
sund « Wenn es eine Bùrgschaft wàre, die der brauchte, der hierher kàme »
(_Windisch). Hier hat der Potenzial eine temporale Nebendeutung ; ohne
die potenziale Fàrbung kônnte man diesen Gedanken durch Fut. I. Wie-
dergeben. Vgl. weiter IT. I. 122, ocus dia fessmais iiidni not fôirfed, und
noch PH. 6940'! : Cuhaid eut, ce mad is-in catliraig rigdai no-genfed mac
in ris:.
342 Josef Bail dis.
shéta do chomalliud do thimna-su trias-a techtfaind noinie y fireti-
chi. Atkinson : « I désire, O God, that my ways should be
straight in the fulfilment of Thy commandment, by which I
may obtain holiness and righteousness » . Ob der Typus b-d
auch air. ûblich war, ist schwer zu sagen; namentlich bei c)
wûrde man ini Air. den Subj. IL erwarten, da doch das
bad nur dazu dient, ein anderes Satzglied als das Verbum an
die Spitze des Satzes zu bringen ; in Strachans Sammlungen
(Subj. Mood) finde ich : Ml. 95 c 2, coiiibad ellam nocomal-
laitis ani asrochoihet (Strachan § 70), Wb. 14 c 23, comhad
sain anasberin (Strachan, § 72, S. 312). Vgl. auch. Ml. 125a
4, ebend).
Anm. Jedoch ist m. E. beim T3'pus b) und c) das Fut. IL
furs Air. nicht ausgeschlossen ; die angefûhrten Beispiele
haben doch eine futurale Bedeutungsnuance, und dièse
Nuance liegt keinesfalls in den konjunktivischen Sâtzen
vor (Ml. 9)a 2, Wb. 14a 25); es ist aiso die Frage, ob
fur das altirische Sprachgefùhl in solchen Sâtzen die
Futuralbedeutung existierte, d. h. ob die mittelirischen
Typen im Altirischen ebenso wie im Mittelir. (also futu-
ral — Fut. IL) oder eher subjunktivisch aufgefaszt
wurden .
§ 13, Anstatt des Subj. IL steht das mittelir. Fut. IL in
PH, 1. 4520 ; hier steht das Fut. IL in einem Satz, der von
der Protasis der hypot. Période abhângig ist und den Kern
der in der Protasis auszudrûckenden Aussage bildet. (vgl.
§ 12. — Sieh auch Strachan § 72). PH. 4519 '• indoig lib cia
haitloe doberad forru, dia iiibad oc debaid no ic essaentaid, ic ecnach
110 if adchossan, no ic nach anoirches ar-chena, fogcbad or a chind
is-in tempiiJ... (Vgl. lat. Quid ergo fratres putatis faceret
Dominus, si rixis dissidentes fabulis uacantes, si risu dissolu-
tos, uel quolibet alio scelere reperiret irretitos. . .).
Anm. : Strachan (Verbalsystem in SR.) hielt auch dobertha
im V. 6033 {Cia dobertha dam frimthôir , \ aben, cet n-unga
ndergôir, \ argais gaJais no gart ngk, \ nianais mac n-Iesse.}
fiir ein Fut. II ; falls man wirklich ein dobertha anneh-
men soll und wenn es nicht vielmehr dobertha (Suh]. IL)
zu lesen ist, so batte man ein mittelirisches Beispiel fur
Das Fiiliiniiii iiii Iriscbcii. 343
das Vorkommen des Fut. II. in der konzessiven Protasis'.
§ 14. Strachan (Subj. Mood. S. 297, Anm.) bemerkt :
« In LU 74a 15. it seems to corne nearer to purpose : ni rnha
é nachanijacha-sa cen hràthir, ar is airi doberar som chiicutsu ar
daig co forgéniiiais ar n-dis dehuid, Slay him not, that thou
leave me not without a brother : for it is for that that he is
brought to you, that \ve two should corne to strife. But the
sensé of purpose cornes from the context rather than from
the form. » Solchen finalen Sinn findet man auch SR. 3131-
2 : cocrait 'naiiibratbrcib abrath \ dial-lathrcib conaragad.
Anm. Atkinson hait die Formem na ro-epled sib (PH.
2832) na ro-cph'tis Ç^o}^) fur Futura IL (PH. 2831-2...
acht mi-ne gitided Moysi mac Anira dar bar cend, na ro-epled
sib nli i n-oen fhecht ; 3035-6 : acht is ed ro-toirmisc nnipn,
cotlud aimsire 7 lUinaille menman, — na ro-epletis i n-aprisce
pecctha) aber dies ist keinesfalls nôtig, es sind vielmehr
Subjunktive II. Also epled {ebM) * ek(s)belad, epletis
(eblddis) * ék{s')be}adis.
§ 15. Im MitteHrischen kommtdasFut. II. in Relativsât-
zen vor, die von einem negativen Satz abhiingig sind . Im Air.
war in solchen Siitzen der Subjunktiv (Priis., Prat.) ublich
(sieh Strachan § 73).
rt) Der Negativzatz ist in einem historischen Tempus :
SR. 6435-40, //^ât/r adùn ndonn iarnacrod cenduine mbeo
fonim nél lù'nnisfed dôib nachn-oenscél.
Ebend. 5776 : nifrith dlb oenfer... folihad \..
Vgl. auch neuir. Ine kath-iiair chà rabh an oiread agus
dhéanfadh slat marcaigheachta ar thalainh an rîogh un tharraiiig
Fear na uAdharc (Sgéalaidhe Ôirghiali S. 64).
/') Der Negativsatz ist prasentisch :
TBC. 817, Ni fil ni nad gellfad dar ceiid a enig.
Strachan (Subj. S. 226)zitiert die Stelle aus SR. 5776 und
betrachtet es als « neologismus ». Soviel musz man zuse-
^t>*'
1. Mir scheint jedoch wahrscheinlicher zu sein, dasz es sich uni einen
Subj. II. handelt. Auch Strachan, Subj. § 47, hait dohertha fur eine Sub-
junktivform.
2. Vgl. auch Cath Ruis ^ 36, Dàior ha don in Jco iii fil inad i faicfilhè
giu'iis Choiiaill ar a teicbjitl.ie and.
344 7"-^'/ Bauâis.
tehen, dasz wir hier nach dem, was wir von dem Air. wis-
sen, einen Subj. IL erwarten mûszten (vgl. ad a) Ml. looc 23,
125b 7, Soc 9, Wb. 33d ro; ad b) Ml. 107b 8, Wb. 28b);
darauf môchte ich jedoch hinweisen, dasz dièse Sâtze sol-
chen, wie air. nifoi(J)sitis deicsin agnùsa (Wb. 15a 20) fehr
nahe stehen, dasz also das Futurum II. auch hier « conditio-
nal sensé by itself » hat. Damit wiil ich aber nicht sagen, dasz
dieser Typus bei den in Rede stehenden Sàtzen schon altirisch
vorkommen muzte '.
§ lé. Man kann also den Gebrauch des ir. Fut. IL folgen-
derweise definieren : es bezeichnet eine in der Vergangenheit
geschehen sollende Handlung, dann eine Handlung, die
ùberhaupt unter Umstanden eintreten soUie, honnte oder
kônnte. Daraus entwickelt sich sein Gebrauch in den direkten
Fragesâtzen (Potenzial, Deliberativ) und der Potenzial ùber-
haupt als Ausdruck einer Handlung, die eintreten sollte und
dessen Verwirklichung durch gewisse Umstànde (objektiv,
nicht subjektiv) bedingt war. Endlich konkuriert es im Mittel-
ir. mit dem air. Subj. II, d. h. es wird in gewissen Neben-
satzen zum Ausdruck einer subjektiv als môglich gedachten
Handlung-. Ursprûnglich drûckte jedoch das Priiteritum
Futuri zwei Tempusrelazionen aus; die éventuelle Potenzia-
litàt hat in den meisten Fâllen dièse relative Fârbung und
man muszte sie durch das lat. mihi faciendum esset, fuisset
wiedergeben. Dagegen ist der irische Subjunktiv ein subjek-
tiver Verbalausdruck (cfr. Thurneysen Hb. d. Air. § 511);
der Unterschied zwischen dem Gebrauch der beiden Forma-
zionen besteht also darin, dasz der Subjunktiv die Subjektiv-
anschauung, das Fut. II die Temporalauffassung zum Aus-
druck brins;t.
T. In einem Fall hat gewisz Strachan unrecht, wenn er nilmlich LU.
68 b 28 zu dem Typus der negativen Siitze stellt {nifetar ni ardotiàigthe
« ich weisz keinen Grund, weshalb du fûrchten solltest. »). Dieser Satz
gehôrt vielmehr zu der Kategorie solcher Inhaltsàtze, die den Objekt eines
Verbum appercipiendi bilden, odernoch besser zu den indirekten Fragesât-
zen (unser § 6.); in solchen Sàtzen war aber schon air. nicht nur Subj.,
sondern auch Fut. II. môgUch. Strachans Beispiel LU 68 b 28 ist also eher
ein Beispiel des Subj. in indirekter Rede, oder in indir. Fragesâtzen.
Dus Fiiluruii! iiii Irischcn. 345
Daraus erkUirt sich auch, wie die Typen der hypoth. (kon-
zess.) Perioden : Protasis a) Konj. b) Konj. II. — Apodosis
a) Futurum b) Futurum II. zustande kamen. Die in der Pro-
tasis enthaltene Aussage ist ein Ausdruck der subjektiven An-
schauung, die Apodosis dagegen ist die notwendige Folge des
in der Protasis ausgesprochenen Vorgangs ; die Protasis
drûckt also einen Umstand aus, unter dem die in der Apodo-
sis ausgesprochene Handlung zustande kommen musz oder
soll, und nur dieser Umstand (Bedingung) ist von dem Spre-
chenden als subjektiv môglich gedacht ', die Folge dieser
Bedingung ist schon objektiv notwendig.
Dasz manchmal die temporale Auffasung in eine subjektive
(modale) umschlagen kann und umgekehrt, ist bekannt : man
vergleiche z. B. die verschiedenen Futuralformazionen der
idg. Sprachen, die meistenteils aus « Aoristkonjunktiven »
entstanden sind, oder die « italokeltischen » à- konjunktive
die auf Grund von Aoristen der zweisilbigen Wurzeln gebil-
det wurden. So wird man auch begreifen, wie spàter das Prâ-
teritum Futuri mit dem air. Subj. IL in gewissen Nebensàtzen
konkuriert. Das spiitere Irisch bevorzugt die temporale Auffas-
sung und làszt die modale Fârbung manchmal unbezeichnet.
Dasz das Irische immer eine Neigung zur temporalem Aus-
druckweise hatte, geht auch aus der irischen « consecutio
temporum » hervor. Sie besteht darin, dasz der Verbalaus-
druckdemganzen Aussageniveau angepasst wird, wasderselbe
Vorgang ist, dem auch das Pràt. Fut. seine Entstehung ver-
dankt.
Bedenkt man weiter, dasz schon das Mittelir. den Subjunk-
tivgebrauch beschrânkt, so musz man daraus erschlieszen,
dasz die subjektive Auffasung nach und nach verschwand. Dies
offenbart sich im Air. darin, dasz bei komponierten Verben
der Unterschied zwischen dem s-Subj. und s-Fut. verschwin-
det. Man wird dagegen wohl einwenden, dasz dieser Zusam-
menfall eine notwendige Folge der vorhistorischen Akzent-
wirkungen ist; dasz ist es wohl auch, aber der Umstand, dasz
I . Dasz auch die Bedingung objektiv aufgefaszt werden kann beweist
PH. 1776, Ma do-rigiie lia niora, cid ar na dingnedna hecca} \vo aber di
Apodosis als deliberativ aufgefaszt werden kann (Sieh § 7).
34^ Josef Bandis.
eine Sprache zwei einmal geschiedene Ausdrucksweisen zusam-
menfallen lâszt, ohne es nôtig zuhaben, sie durch einanderes
Mittel auseinander zuhalten, beweist, dasz die Sprache dieser
Scheidung nicht bedarf. Damit will ich jedoch nicht behaup-
ten, dasz das Ir, die modale Auffassung nicht kennt, ich sage
blosz, dasz die temporale Auffassung im spàteren Irisch domi-
nierend ist. Der inhaltlichen Seite nach existiert auch im
Neuir. ein Subj., nur dasz er selten formel! ausgedrûckt wird.
II
Das air. Futurum der starken Verba unterscheidet sich
meistenteils von dem Subjunktiv (Konjunktiv) durch die i-
Reduplikazion ; wenn es sich nun wirklich um einen alten
Zusammenhang zwischen dem Konjunktiv (Subjunktiv) und
dem Futurum handelt, so hat man hierin einen Beweis, dasz
schon in einer vorhistor. Zeit im Goidelischen das Bestreben
herrschte, die Temporalformen recht deutlich zum Ausdruck
zu bringen.
In den brittonischen Sprachen wurde dagegen das Futurum
entvv^eder durch das Prâsens (so im Neu- und Mittelkymr.)
oder durch den Konjunktiv (so im Bret. und Mittelk3'mr.)
ausgedrûckt ; der formale Konjunktiv hatte also im Brit. zwei
Funkzionen : i) die modale, 2) die temporale. Das Goide-
lische unterscheidet sich also von dem Britannischen dadurch,
dasz es die temporalen Formen von den modalen scheidet,
jedoch darf man nicht vergessen, dasz auch im Air. bei
gewissen Verben kein wirkliches redupl. Futurum gebildet
wird; hier fungieren die Subjunktivformen als Futura. So
wird z. B. bei den Wurzeln : ret, tek, reg, ang, lag, sad
das Fut. und der Subjunktiv durch dieselben j-Bildungen
ausgedrûckt (Thurneysen Hdb. § 661). Das weist auf einen
alteren Zustand hin, wo im Goidelischen noch ahnliche
Verhâltnisse herrschten wie im Britannischen, d. h. die Kon-
junktivform hatte damais zwei Funkzionen : i) die temporale,
2) die modale.
Dus FiiInniDi iiii Irischca. 347
Dièse Erscheinung ist iibrigens nichts Ungewôhnliches, auf
dem Gebiete der idg. Sprachcn kommt sie ôfters vor : so
fungiert auch im Ved. der Konjunktiv im Sinne des Futurums,
die lateinischen Futura sind teilweise alte Konjunktive. Es
bestehen aber auch Beziehungen zwischen Konjunktiv (Futu-
rum) und dem Aorist, eventuell auch Prasens : so sind z. B.
die hueinischen Konjunktive und die mit ihnen verwandten
Futura aus dem Aoristtypus der zweisilbigen Wurzeln entstan-
den, so z. B. lat.. -gruat^=\k. griùvo (Verf. IF. XXIII. 147).
Das Altindische und das Griechische unterschied bei dem
langvokahschen Aorist den Konjunktiv und den Indikativ gar
nicht. Angesichts dieser Tatsachen musz man erschiieszen,
dasz das Idg. gewisse Formen bald modal (konjunktivisch),
bald temporal (aoristich, futural) gebrauchen konnte.Diesgilt
auch von den j--Bildungen . So bediente sich das Italische
solcher thematischen 5-Formazionen zur Bildung des Futu-
rums ; ein g'-Prilteritum zu solchen 5-Futuris liegt im lat.
Irrealis vor.
An den lateinischen Konj. Imperfekti erinnert nun der
brittonische /;-Konjunktiv :
mky. carJnuyf carhom
cerhych carhoch
carho carhont.
Das Konjunktivszeichen ist hier -Inuy-j-ho-, das auf ein
altères -se- /-sa zurûckgehen musz. Der Ubergang des s >>/; war
selbstverstiindlich nur bei den vokalisch auslautenden Verbal-
stâmmen lautgesetzlich, von diesen Stâmmen wurde das -/;-
auch auf die konsonantischen Verbalstamme ûbertragen.
Der Wechsel -ê/â- erinnert an den lateinischen è/â Ablaut z.
B. feràm : ferês, ferët. Der walisische /;-Konjunktiv steht tor-
mell dem lateinischen Konj. Imperfekti sehr nahe.
Syntaktisch aber sind die beiden Bildungen grundverschie-
den. Die lateinische Bildung ist ein 6'-Prâteritum ' zu einem
I. Delbrûck (Vgl. Syntax II. S. 404 und nach ihm Sommer Hb. d. lat.
Spr. S. 57of) erklfirt den lat. Konj. Imperf. als einem ?-Konj. des ^-Aorist,
mir scheint aber die oben ausgesprochene Deutung (Brugmann, K. vgl. Gr.,
S. 541) wahrscheinlicher zu sein und zwar aus folgenden Grùnden : i)
348 JoseJ Baiidis.
5-Futumm, der brit. /;-Konjunktiv ist eine Kontaminazion
von zwei verschiedenen Konjunktivbildungen, die entweder
futural oder konjunktivischfungierenkonnten.
Die alte 5-Bildung liegt im mky. gwares (* vo-ret-sei), vgl.
ir.fiimré (*vo-ret-s-t) vor, und dann auch im Imperfektum des
/j-Konjunktivs ky. carhwn, die anderen Personen des Konj.
Impf. gelien auf einen -j-^-Stamm zurùck, dem man auch im
Irischen und Italischen begegnet (vgl. lat./ûî.v//).
Die primàren Bildungen kann man also folgender Weise
veranschaulichen ;
i). -â-Bildungen ir. -cara, -bia. lat, feram, tidam, ky.
caro.
2). -s- Bildungen lat. faxo, osk, fust, ir té *tèkst (Wz.
stcigh).
Von diesen Bildungen wurden in den kelt. Sprachen
Sekundârprâterita gebildet : ir. gesshiQï) (bei kons. Stàmmen)
ky. carhivn (urspr, bei den vok. Stâmmen).
a) Im Lateinischen wird von dem /-Fut. ein t'-Pràteritum
gebildet : lat, forem, foret, *fusêm, *fusêti.
b) Im Brittonischen werden kontaminierten 5(7/^ê-Konjunk-
tive gebildet : carhwyf * karasêin, III. sg. carbo, *karsasât.
Fur das Keltische musz man also s- und â-Bildungen
annehmen; sie hatten zwei Funkzionen, eine modale und eine
temporale. Als Modalformen drûckten sie eine gewûnschte,
gewollte ' oder gedachte - Handlung aus, sie entsprachen
also sowohl dem gr. Konjunktiv als auch dem Optativ. Als
Temporalformen fungierten dièse Bildungen futurisch. Reste
von solchen Verhâltnissen haben sich auch im Air. erhal-
ten, dort haben namlich noch einige unreduplizierten Bil-
dugen die futurische Funkzion bewahrt : die j-Bildungen
ein ê-konj. des i-Aorists ist sonst nirgendsbelegt (die kymr. si- Konjunktive
sind keine Konjunktive des i-Aorists, sondern es sind Kontarainazionen
von 5-Konj. (Aoristen) und â-l-ë- Konjunktiven), 2) fur die Richtigkeit der
von uns vertretenen Deutung sprechen analoge Bildungen des Altindischen
und des Altirischen.
1. In Absichtssâtzen, Konzessiv- und Bedingunssiitzen.
2. In Temporal- und Vergleichssiitzen und Nebensatzen, die von einem
NeMtivsatz abhiingig sind.
Dus Fiiliiniiii iiii Irisihcii. 349
haben wir sclion erwahnt, von den rt-Bildungen sinJ es rega
und dann Bildungen wie bia, u. ahnl. : rega ist ebenso zu beur-
teilen wie lat. regat, bia ist eine Wur/elform, der die â-
Konjunktive ihren Ursprung verdanken (Wz. *bheia : *bhiia),
also eine Form, die man gewôhnlich als Injunktiv bezeichnet.
Es fragt sich jetzt, wie das Air. dazu kam, von diesen alter-
erbten Bildungen die reduplizierten Futura zu bilden. In den
europaischen Sprachen kamen solche Bildungen wie gr.
■/,vr/,pi\}.i vor; bei diesen Bildungen muszte ursprûnglich der
Indikativ und der Konjunktiv gleich sein. Solche Forma-
zionen sind durch Redukzion der ersten Wurzelsilbe charak-
terisiert; was entspricht ihnen im Altirischen? Von einer Wz.
pera/prd muszte eine solche Bildung *piprâ-'^ *pibrâ-^ '^ibrà-
ir. *ebrâ- huien und dièse Bildung existiert auch tatsiichlichim
Ir. ebarthi zu Fut. * ebraid (ebafp-i, *ebr"id). So sind auch For-
men wie -gênât, -iba zu beurteilen; -génat ist deni gr. Y'-vvwaxw
verwandt, (im Ir. ist das *gignô analogisch nach den à-
Konjunktiven zu * giguà- umgestaltet worden); mit den Fut.
iha ist der Stamm des faliskischen pipafo zu vergleichen.
(Bei manchen solchen Bildungen ist die erste Stammsilbe
restituiert worden, so z. B. in gignithir anstatt des zu erwar-
tenden *génithir = lat. gignàtiu-). Dièse Bildungen hatten
wohl ursprûnglich die beiden Funkzioi-renjSowohl die modale
als auch die temporale (futurale).
Neben diesen Bildungen existierten wahrscheinlich auch
Bildungen, die Zimmer (KZ. XXX. S. 128) mit den aind.
Desiderativis vQro\Qic\\i, Das indische Desiderativum bezeich-
net eine Handlung als eine gewûnschte oder beabsichtigte,
manchmal bezeichnet es eine bevorstehende Handlung, z. B,
pipatisati phalam « die Frucht wird bald fallen », mumûrsati
moriturus est.Speyer (Ved.und Skr. Synt. S. 46) bezeichnet
es als « eine seiner Bedeutung nach dem Futurum und Kon-
junktiv verwandte Bildung ». Ursprûnglich lag die desidera-
tive Bedeutung dieser Formazionen nicht in der Reduplika-
zion, das beweist der Umstand, dasz es auch Desiderativa
ohne Reduplikazion wie z. B. lat. visa, capessô gibt. Ich bin
geneigt, die Desiderative fur eine reduplizierte konjunktivar-
tige Bildung zu erklaren.
Revue Celtique, XXXIII. 2}
3 50 7'w/ Bail dis.
Im Irischen existierten also reduplizierte â-Bildungen, die
die Futuralbedeutung haben konnten^ und dann auch redu-
plizierte 5-Bildungen, die auch dièse Funkzion hatten; so lag
es nahe, dièse Reduplikazion fur die Bildung der « primaren »
Verba ûberhaupt zu verwenden.
Wie war es nun bei den schwachen Verhis?
Da nimmt man an, dasz der Verbalstamm mit dem Futu-
rum der Wz. * bheua/bhijà zusammengesetzt wurde. Auf
Unmôglichkeit einer solchen Erkliirung hat mit vollem Recht
Thurneysen (Hb. d. Air. S. 372) hingewiesen. Das Charakte-
ristikon des air. schwachen Futurums sei ein / und nur
verhaltnismaszig selten kommt daneben das b vor. Weiter
hebt Thurneysen namentlich hervor, dasz das/-Futurum schon
deswegen auf kein -bh- Futurum zuriickgehen kann, da im
Air. Formen wie alrefea vorkommen, die unmôgHch auf
ein iilteres -treb-\-fa zuriickgehen kônnen. Deswegen hiilt
Thurneysen das -/- des Futurums fur ein ursprûngUches
/und will es zuerst aus einemidg. su, oder sp erklàren;
spater jedoch denkt er, dasz das air. / aus einem b-\-h ent-
siehen kônnte (Seite 527 zur S. }j })\ Dasz atrefea auf ein
-treb-fea (einem îret-siiâ oder treb-spâ) zuriickgehen kônnte,
ist schon deswegen ausgeschlossen, weil man sonst annehmen
musz, dasz t-\-f >> / ^ wird, dies widerspricht aber dem
bekannten Homorganitâtsgesetz, und dann ist uns kein -sn-
(od. -5/)-) Suffix bekannt. Somit bleibt der einzige Weg
olFen : das / in atrcfea kann nur aus einem b-h entstanden
sein. Dasz b-h zu/wird,ist aus dem Sandhi geniigend bezeugt;
im altirischen Sandhi wird ein stimmhafter Laut + ^^ zu dem
entsprechenden stimmlosen. Dieser Lautwandel wiederholt
sich im Wortinnern im Neuir. und kommt auch im Britanni-
schen vor : vgl. neuir. [îf^/r] aus [liehlir] deithbhir, [shhjd] <
\jkhbha\\ mky. : dyjjo « veniat » *dyvho; rotho \ro^o\, « det »aus
*rodho, cretto « credat » (*kredho). Gilt dies auch fiir den air.
Inhiut, so mussen wir atrcfea aus einem iilteren *adtreb-ha
1. Voir toutefois Revue Celtique, XXXII, 367 (N. d. 1. R.).
2. Dies tut man auch tatsàchlich, da jedoch die sàmtlichen Beispiele fur
dièse vermeintliche Ausnahme des Homorganitàtsgesetzes eben die f-
Futura sind, so ist dièse Meinuug kaum aufrecht zu halten.
Das Fiiliiniin ini Irischcii. 351
*ad-lieha-sâl erkliiren. Die so gewonnene Grundform (vgl.
aucli Thurncysen Hb. d. Air. S. 527. zu S. 372) ist mit den
britannischen /;-Konjunktiven identisch, sie wâre also ebenso
zu erkliiren wie kymr. carho * karasat, cretto, roj>o. Man kann
aber einwenden, dasz dièse Wirkung des s >> /; im Irischen
nur im Sandhi bezeugt ist. Da will ich auf die indisclien
Sandhiformen wie mànôbhih, iiiânahsu hinweisen ; hier begeg-
nen wir auch im Inlaut einem Lautwandel, den wir sonst nur
im Sandhi kennen. Etwas ahnliches musz man auch fiirs
Irische voraussetzen : *ad-trehasàt wurde lautgesetzHch zu
-trebahât > -irethàî ; nun solke dièses /;- schwinden, aber es
bheb erhaken, wohl deswegen, weil das Suffix -ha fur die Futur-
(Konjunktiv)rormazion zu cliarakteritisch war, d. \\. atreh-ha
wurde ahnlich aufgefaszt wie *i}iib-su (Jmpîî). Als nun das /;
mit dem benachbarten Konsonanten zusammenflosz, muszte
bh ganz lautgesetzlich zu/ werden, undes entstand ein atrefea.
Der Unterschied der Sandhiformen und des Inlauts besteht
wohl nur darin, dasz s >> /; im Inlaut friiher schw^and; das
Konjunktiv-Futursuffix widerstand aber aus obenerwahnten
Grûnden den destruktiven Inlautswirkungen. So stand neben
*carha (ky. carho) ein atrefea und ahnliches; es lag nun sehr
nahe, das *carha nach dem Muster von atrefea u. âhnl. umzu-
bilden ; und so bildete man ein carfa und âhnl., d. h. das /
verdrâniîte das altère -/;- und wurde zu dem Futurzeichen '
der schwachen Verba .
Somit kommen wir zu folgendem Résultat : das Keltische
kannte drei « Konjunktivbildungen » :
a) die primaren -â- und -s- Bildungen
/>) und die kontaminierten (jsê-) -à- Bildungen.
Dièse Bildungen hatten sowohl die futurische, als auch die
konjunktivische Funkzion. Das Air. adaptierte sich gewisse
Primârbildungen fiir das Futurum der starken Verba (redupl.
s- und â- Futura) ; die kontaminieten Bildungen waren im Ir.
aïs Futura produktiv, wobei das h im Inlaute zuerst erhaken
blieb und dann auf dem Wege der Analogie durch ein/
(■< Wj) ersezt wurde.
Josef Baudis.
I. Formel! wie noihjea habeu die Stammkonsonanz anaiogiscli restituirt.
BRETON-MOYEN GLOEDIC, GALLOIS GWLEDIC
Ce terme, jusqu'ici inconnu, se trouve dans un aveu de la
seigneurie de Quimerch en Bannalec (Finistère), de 1539.
Il m'a été signalé par le savant et obligeant archiviste d'Ille-
et- Vilaine, M. Bourde de la Rogerie, que ce mot intriguait.
Il ne se trouve pas dans le résumé de l'aveu mentionné dans
V Inventaire sommaire des Archives de la Loire-Inférieure antérieures
à ij^o, B. M. Bourde de la Rogerie l'a découvert dans les
papiers de P. Hévin, savant jurisconsulte breton du xviii'^ siècle,
conservés aux Archives d'Ile-et-Vilaine, sous ce titre : Fonds
P . Hévin, cote (jiotes diverses pour le glossaire). Le mot appa-
raît dans une redevance appelée Boedgloedic et traduit par viande
au Comte. Je donne l'extrait d'Hévin in-extenso : « Boet gloedic\
c'est-à-dire viande au Comte. C'est une chef rente due en
quelquesparoisses du domaine de Quemperlé au Roy, quoyque
les seigneurs prétendent avoir la proche mouvance ; laquelle
rente se paye au seigneur de la Roche Moisan pour la mettre
en la main du receveur du domaine; et les anciens adveusdu
seigneur de Kimerch, l'un des seigneurs féodés de Quemperlé
disent que c'est pour emploier a la deffense de la foi, c'est-à-
dire in subsidium terrae sanctae. Geste imposition fut faite vray-
scmblablement lorsque les ducs de Bretaigne se croisèrent. »
Hévin renvoie à son résumé de l'aveu de 1539. Il est évident
que boet gloedic traduit exactement viande au Comte, c'est-à-
dire au comte de Cornouailles. Le premier duc qui se croisa,
fut Alain Fergent en 1096; il était fils de Hoel comte de
Cornouailles et duc de Bretagne. Gloedic est au gallois gîuledig.
comme le breton moyen gloat, royaume, au gallois gwlad :
I. Citant l'aveu, il écrit ailleurs Boïi Glocdig.
Breton-moyen Gloedic, frallois Gwcldic. 353
le mot est pan-celtique'. Giulad a le sens de pays, royaume..
Cf. comique ^luat, patrie. D'après le sens de gzvkdig, chef
suprême, imperator, gloedic devait se rapporter non pas spéciale-
ment au comte de Cornouaille mais au duc de Bretagne, Siu chef
suprême du pays au ix'^ siècle; dans la seconde moitié de ce
siècle, à l'apogée de la puissance bretonne, les chefs suprêmes
de la Bretagne se qualifiaient indifféremment derex ou de diix^.
Le terme de roe a été appliqué à Alexis le Grand. Les princes ou
grands seigneurs soumis à l'autorité suprême étaient des Mach-
ticrn (représentants, cautions du tierti). Comme en Galles, de
terme breton exact pour dux, imperator, a dû être gloedic (=
*7jlatîco-s').
J. LOTH.
1. La Giioletec de Cart. de Redon est à écarter.
2. Iit\â.BoràtnQ, Histoire de Bretagne, tome second, p. 339.
UNE ANECDOTE SUR SAINT COLOMBA
La courte anecdote qui suit est tirée du manuscrit de Paris
(fonds celt., n° i, f° 56 v°, coL 2), où elle fait suite à une
vie de saint Colomba, qui commence au f° 53 v°, col. i
(v. Revue Celtique, XI, 398). Elle présente un résumé fort
sec d'un récit qui figure sous une forme plus développée dans
la vie de saint Colomba du manuscrit d'Oxford, publiée par
M. Richard Henebry aux tomes III, IV et V de la Zeilschrift
fiir celtische Philologie. On trouvera le récit en question au
tome V, p. 82.
La même anecdote nous a été conservée par le manuscrit
Rawlinson B 512, f° 141 a i. Le texte en a été publié par
M. Kuno Meyer dans the Gaelic Journal, lY (déc. 1892), p. 162.
Il diffère très peu de celui du manuscrit de Paris, sauf pour le
second vers du quatrain. Mais il est plus complet et contient,
après le quatrain, un paragraphe supplémentaire où sont
donnés quelques renseignements sur le personnage dont la
tombe fait l'objet du récit.
TEXTE IRLANDAIS
Laa n-ann tainic Colum Cille a-timceald Airne, cwz-accaid
ind-adlaccrt^ n-arrsaig 7 an cloch n^;;/gluaisti fair ; corro fiar-
faid : cia hadlacad fon lie ucut. Ni tet[a]mar, ol-sruithi an-
baile, 7 ni-chualamar romaind. Rofoildsic Dia dosam sin
tria rath fessa co»-dubairt sa rann-so dïdiu :
A Baîthin, anam co)i-\icc ' ;
is Canan an-gaeth salmglicc ;
I. Au lieu de cou-licc, le ms. Rawlinson B 5 12 a colUic « awliile » ; et de
même le manuscrit d'Oxford colcic.
Une anecdote sur Saint Coliiniha. 355
7 bim co-madain ann
as-abaid ' larusailim ^
TRADUCTION
Un jour Colum Cille vint visiter Aran; il vit une vieille
tombe dont la pierre n'avait pas été remuée, et il demanda :
«Qui est enterré sous cette pierre-là? — Nous ne savons pas»,
dirent les vieillards de l'endroit, « et nous ne l'avons jamais
entendu dire jusqu'ici ». Dieu le lui révéla par la grâce de la
science, et alors il dit cette strophe :
O Baithin, restons près de la pierre.
C'est Canan, le sage, versé dans les psaumes.
Trouvons-nous là jusqu'au matin.
Auprès de l'abbé de Jérusalem.
Le second vers du quatrain est ainsi conçu dans le ms.
d'Oxford :
fa dd san Talgaeth sailmglicc
et dans le manuscrit Rawlinson B 512 :
ga tas in Talgaeth salgair,
que M. Kuno Meyer propose (dans une communication écrite)
de corriger en :
ga taisi in Talgaeth salmglain
ou quelque chose d'approchant. Le personnage porterait donc
le nom de Talgaeth, et c'est ce même nom qui revient en effet
dans le paragraphe supplémentaire du ms. Rawlinson. Il s'agit
d'un abbé de Jérusalem qui était venu en pèlerinage, lit-on
dans ce paragraphe, de Jérusalem à Aran, au temps d'Enna
1. Ms. agabail.
2. Le texte se termine par Finit don hetJja siii Oiîiaint. Oillann, c'est
William mac an Legha, dont le nom revient ailleurs dans le manuscrit de
Paris (v. Rev. Cclt, XI, 391, 395, 401); il écrivait en 1473. M. Paul Walsh
(de Mullingar) nous signale la signature de William Mac an Leagha dans
le Ms. Egerton 91 du British Muséum et dans deux manuscrits de Dublin
(v. Silva Gadetica, II, p. vij).
356 /. Vend ry es.
(sans doute Enna mac Neill, grand-père de Scandai compagnon
de Colum Cille), et qui était mort à Aran. Le nom de Canan,
que fournit le manuscrit de Paris, se retrouve dans le Book of
Leinster 213 b lé (K. Meyer, Contrih., p. 313). Quanta
Baithin, c'est le saint bien connu, né en 536, cousin et com-
pagnon fidèle de Colum Cille, auquel il succéda comme abbé
de Hi de 597 à 600, date de sa mort.
J. Vendryes.
I
BIBLIOGRAPHIE
Sommaire. — I. Kuno Meyer, Betba Colmdin maie Lûachdin . — II. G. W.
HoEY, An Irish HomiJy on the Passion. — III. W. Meredith Morris,^
Glossary of the Denietian dialect of North PenihroJceshire . — IV. D. Mac-
KiNNON, A descriptive catalogue of Gaelic Manuscripts in Scothind. — V.
Ph. Kropp, La Tèneieitliche Funde an der heltisch-gernuDiischen Vôlker-
gren:ie :^ivischen Saaîe und Weisser Elster. — VI. Sir John 'Rn\s,The Celtîc
Inscriptions of Gaul, additions and corrections. — VII. The National
Library of Wales, Bihliotheca Celtica for i^op and i^io.
I
Kuno Meyer. Betha Colmàin maie LùachAiii, Life of Colmân son of
Lûachan. (Royal Irish Acadeniy, Todd Lecture Séries, voL
XVII), Dublin, Hodges, Figgis and Co, 1911. xviij-i3é p. 8°.
2 s. 6 d.
Cette vie de saint Colman est une des plus longues que nous ait
laissées l'hagiographie irlandaise ; une des plus copieuses aussi, et
des plus fournies de matière. Il n'y a guère que Patrice et Colum
Cille qui aient été honorés d'une biographie aussi développée. Mais
ces deux grands hommes avaient des titres sérieux à cet hommage.
L'humble Colman, au contraire, n'y était, semble-t-il, désigné par
rien. Le peu qu'on puisse affirmer de précis et de véridique sur sa
vie est banal et terne. Il était né à la fin du vf siècle dans le comté
actuel de West-Meath non loin de la ville de Mullingar. Il avait
trois frères et quatre sœurs, qui tous entrèrent dans les ordres.
Dans son enfance, il semble qu'il ait gardé les vaches. Vers la
trentaine il alla étudier à Lismore sous la direction de Mochuta ; ce
dernier lui confia la charge de distribuer la nourriture à une colo-
nie de lépreux, d'où son surnom de Lâmglan « main pure ».
Ordonné prêtre, il fonda plusieurs monastères, parmi lesquels celui
de Lann, où il mourut un 17 juillet dans la seconde moitié du
358 Bibliographie.
VIF siècle et où il fut enterré. Ces traits ne donnent pas à Colman
une physionomie bien saillante. Mais par son insignifiance même,
sa vie prêtait aisément à tous les embellissements que la fantaisie
pouvait imaginer. Plus heureux que le peuple irlandais, Colman
n'avait pas d'histoire ; son biographe s'est chargé de lui en faire
une.
Ce biographe écrivait selon toute apparence dans la première
moitié du xiF siècle et à Lann même, comme plusieurs détails
l'indiquent. C'était sans doute un membre du monastère. Il a voulu
célébrer la gloire du fondateur et du patron, l'exalter au-dessus de
tous les autres saints et surtout répandre les vertus de ses reliques,
talisman précieux pour la maison. Il a fait de Colman une sorte de
parangon du merveilleux et de sa biographie un manuel du parfait
thaumaturge, un répertoire de miracles. Quels miracles ! Il y en a
de qualités très diverses. Certains sont pleins de fraîcheur et de
poésie, vraiment dignes de la Légende dorée ; d'autres sont d'une
puérilité niaise, qui rappelle les almanachs bien pensants. On en
trouve de touchants, de cruels, de ridicules, de scabreux. Mais
le naïf biographe ne se préoccupait guère des contradictions et des
disparates; il a ramassé sans étude et sans choix tout ce qui lui
tombait sous la main, le bon, le médiocre et le pire. Et ainsi cette
biographie est un excellent spécimen, grossi à souhait, de ces créa-
tions artificielles de légendes pieuses, comme le moyen âge, sur-
tout en Irlande, en a tant connues.
Le procédé est des plus simples, et à la portée de tous. Il con-
siste d'abord à constituer au personnage une généalogie illustre :
ainsi Colman descendrait par son père du roi Conall Cremthainne,
et compterait parmi ses ancêtres directs Niall Nôigiallach, Echaid
Mugmedon, Cairpre Lifechair et Conn Cétchathach ; c"est une race
princière. Ensuite, il faut confondre habilement le saint avec des
homonymes plus célèbres que lui, tels Colman Elo ou Colman
Comraire, quitte à multiplier les anachronismes, et le mettre en
relations avec le plus grand nombre possible de personnages haut
placés, quitte à prolonger sa vie au delà des limites humaines ;
ainsi Colman aurait connu successivement cinq rois de West-
Meath, depuis Conall Guthbinn (m. en 635) jusqu'à Domnall mac
Murchada (m. en 763), et il aurait reçu d'eux maint honneur et
maint privilège. Enfin, il faut en faire un thaumaturge de premier
ordre, supérieur à tous ceux du pays, tel que Dieu lui-même n'en
connaisse pas de plus fort (folliis tra asna scéhuh-so... nàch fil clé-
rech is amru ac Dia oldàs-som, § 103). Ainsi Colman accomplit les
même miracles que Patrice, Brigitte ou Colum Cille ; bien plus, il
I
Bibliographie. 359
reproduit ceux de Moïse, en faisant traverser un lac à pied sec
(§ 64), ceux de l'apôtre Paul, en restant vingt-quatre heures sous
l'eau (§ 13), ceux du Christ lui-même. Et le biographe ne manque
pas de signaler ces coïncidences, qui sont toutes à la gloire de son
héros. On voit sans peine à quoi tend le récit : à constituer au
monastère des titres inattaquables. Cette littérature hagiographique
n'a pas un but d'édification ; c'est une littérature utilitaire (cf. Rev.
Celt., XXXII, p. 105).
La Vie de saint Colman nous a été conservée dans un seul manu-
scrit, conservé à Rennes, et qui est du xiv« ou xv^ siècle. La vie
elle-même, comme on l'a dit plus haut, peut avoir été composée
au début du xii= siècle, si l'on s'en rapporte à l'état général de la
langue. Mais- le biographe a dû se servir de documents plus
anciens, dont la trace apparaît çà et là dans des formes ou des gra-
phies archaïques, qui indiquent le x^ ou le ix'^ siècle. Parmi les
pièces de vers, assez nombreuses, que renferme le texte, l'une
même, la première de toutes (§ 1 1), semble remonter à la période
du vieil-irlandais ; telle autre, comme celle du § 19, ne peut être
antérieure à la deuxième moitié du x^ siècle ; plusieurs enfin sont
de date beaucoup plus basse.
M. Kuno Meyera édité le texte, comme il fait toujours, avec une
science impeccable. Il y a joint une traduction anglaise et l'a fait
précéder d'une substantielle introduction, à laquelle nous avons
emprunté tous les détails qui précèdent. L'ouvrage se termine par
des notes abondantes, un glossaire des mots rares et un double
index des noms propres de personnes et de lieux.
J. Vendryes.
II
Rev. George W. Hoey, S. S. An Irish Homily onthe Passion, Text
and Translation. Baltimore, J. H. Furst Company, 1911. 21 p.
8" (reprinted from The Caiholic Universiiy Bulletin, vol. XVII,
n°s 5 and 6).
Le texte de cette homélie sur la passion nous a été conservé par
deux manuscrits, l'un de la bibliothèque de Rennes, l'autre du
British Muséum (Egerton, 178 1). Elle porte comme titre Passio
Chrisii secuncium Bernardiun et se compose d'une suite de réflexions
sur la passion, précédées généralement de la formule adeir Bernard
« Bernard dit ». Aussi M. Dottin, dans son étude sur le manuscrit
360 Bibliographie.
de Rennes, supposa-t-il que l'homélie irlandaise était inspirée du
Liber de passione Chri-ii de saint Bernard, publié dans la Patrologia
latina de Migne, t. 182, col. 11 33-1 142 (v. Rev. Celt., XW, 83,
n. 2). Mais une comparaison des deux textes prouve qu'ils n'ont
rien de commun. Rien dans les œuvres de saint Bernard ne rappelle
même l'homélie qui lui serait attribuée ici. Et M. Hoey est amené
à croire qu'il s'agirait plutôt d'un homonyme du grand saint, peut-
être Bernard de Cluny, dit aussi de Morlaix, auteur d'un traité de
contemptu mundi. Toutefois il indique en même temps une autre
hypothèse : c'est que nous aurions affaire à une collection de notes
pieuses, réunie par un inconnu et attribuée après coup à saint
Bernard. Cette dernière hypothèse n'est pas la moins vraisem-
blable, si l'on considère surtout la valeur littéraire de l'homélie,
qui est des plus basses, « below the average ofirish works of this
kind », comme le confesse M. Hoey. Et ce n'est pas peu dire.
Il était cependant très bon de la publier. On n'aura jamais trop
de textes pour édifier la grammaire du moyen-irlandais, et toutes
les publications, quelle que soit la valeur littéraire du texte, sont
les bienvenues. M. Hoey a reproduit tel quel le manuscrit de
Rennes et donné en notes les plus importantes variantes du manu-
scrit Egerton . P. 4, 1. 20, est-il bien sûr d'avoir lu algeii ? Il faut
alors certainement corriger en aigeit « vinaigre » (cf. aigéte, p. lé,
1. 15). P. 6, dern. ligne, do leigeii a-riiin riut est traduit par « to
place his affection before thee » ; est-ce que ri'in n'a pas ici son
sens habituel « secret, mystère »? P. 10, 1. 23, il n'est pas juste de
couper an-mesarda ; c'est un mot un, comprenant un préfixe.
P. 16, 1, 3, il faut corriger tndo marbadar, ou bien alors traduire do
marhahar par une seconde personne du pluriel.
J. Vendryes.
III
Rev. W. Meredith Morris, Vicar of Clydach Vale. J Glossary oj
the Deivelian dialect of North Pcmbrokeshire. Tonypandy, Evans
and Short, 1910. 341 p. 8° (issued to subscribers only).
Il convient d'attirer sur ce livre l'attention des celtistes. C'est un
livre de dialectologie ; et l'on sait combien la dialectologie galloise
a été négligée jusqu'ici, combien sont limités et imparfaits les
mo3'ens d'information dont on dispose à cet égard. Il arrive sans
doute périodiquement qu'aux eisteddfodau annuelles soient insti-
tués des concours et décernés des prix pour des descriptions de
I
Bibliographie. 361
prononciation ou des recueils de vocabulaire. Mais les travaux pré-
sentés, même ceux qui obtiennent des récompenses, restent géné-
ralement manuscrits. Depuis quelques années, l'Université de
Galles encourage particulièrement les enquêtes dialectologiques ;
sa Giiild of Graduâtes comprend une Dialeds section, et les Transac-
tions de la Guild ont déjà publié quelques collections utiles, notam-
ment en 1902 une liste de pluriels du district de Llein (Carnarvon-
shire) et en 1904 des répertoires de mots dialectaux de l'East-
Denbighshire (p. 40 et suiv.), du Carmarthenshire(p. 49 et suiv.),
du Breconshire (p. 54 et suiv.) et même du Pembrokeshire (p.
58 et suiv.). Ce dernier, dû à Miss Phoebe Griffiths, est directe-
ment comparable au livre de M. Meredith Morris. Mais tous ces
•travaux ne sont que des ébauches, des essais fort courts et qui ne
prétendent pas à être complets ; l'aire géographique en est de plus
mal définie, et généralement trop vaste.
M. Morris a au contraire soigneusement délimité le champ de son
enquête. 11 s'est restreint à la Gwaun Valley, qui s'étend de la
Foel Ery à Fishguard, dans le nord du Pembrokeshire. C'est une
partie du pays de Dyfed, l'antique Demetia, si connu par les
Pedair Caingc, et notamment par le Mabinogi de Pwyll. Du parler
de cette région, M. Morris a relevé tous les termes qui diffèrent
du gallois littéraire, y compris ceux qui sont en voie de disparition
ou même ont aujourd'hui complètement disparu. Et cela fait un
gros volume, où il y a surtout beaucoup de termes techniques de
culture et d'élevage, des noms d'objets usuels, de plantes et d'ani-
maux, de maladies, mais aussi des termes de jeux populaires
(p. 55, p. 109), des proverbes, des dictons, des formules de com-
paraisons. L'auteur a pris soin de définir exactement les mots qu'il
enregistre, recourant au besoin au dessin pour rendre ses défini-
tions plus saisissables (p. 55, 73, 81, 109, 230); c'est ainsi qu'il
donne, p. 304, le plan d'une ferme du pays avec le nom des diffé-
rentes parties qui la composent. Le livre intéressera donc parmi
les linguistes ceux qui, à l'école de M. Meringer, ont appris à ne
pas séparer les mots des choses, et aussi les folkloristes, curieux
de trouver dans le langage l'expression des traditions popu-
laires.
M. Morris est avant tout un lexicographe. Bien qu'il offre aux
étymologistes une matière abondante et riche, il ne fait pas lui-
même d'étymologie. Il ne fait pas non plus de phonétique. Il se
borne à quelques brèves et vagues indications sur la prononciation,
p. 10 et II. Mais en principe il exclut de son livre les mots qui ne
diffèrent du gallois littéraire que par la prononciation, de même
302 Bibliographie.
qu'il en exclut les mots anglais, à moins qu'ils ne se soient incor-
porés au langage gallois et que l'emprunt en soit pour ainsi dire
devenu méconnaissable au sujet parlant. Il y avait là une réparti-
tion assez malaisée à faire, et dont M. Morris s'est tiré avec succès.
Malgré ces restrictions volontaires, le livre fournit aux phonéticiens
quelques données intéressantes. Ainsi le dialecte de la Gwaun \'al-
ley paraît avoir perdu dans les mots de plus d'une syllabe les spi-
rantes sonores finales/ et ^^; il à\X diudha, gatre, geua, Indre, oga
pour diiueddaf, gartref, gauaf, hidref, ogof, et de même adle, neiuy,
slau'cr-dv pour adladd, iiewydd, erys Uaïuer dydd. Les diphtongues y
sont en grande partie réduites, notamment ac qui est devenu â sous
l'accent dans les monosyllabes et e dans les polysyllabes après l'ac-
cent : sâth, trâih, giuâd, arelh, arfeth, ciumdogeth, etc. La même
réduction est commune aux dialectes du sud de Galles et caracté-
rise, comme on sait, éminemment le comique. Il y aurait lieu de
systématiser les renseignements fragmentaires que nous fournit
M, Morris et de constituer une phonétique du parler de la Gwaun
Valley. Nul n'est mieux placé que lui pour entreprendre cette
œuvre. Qu'il s'y mette sans retard; il nous la doit.
J. \"exdryes.
IV
D. Mackinxox. a descriptive calalogiie of Gaclic Maiiiiscripls in ihe
Advocaies' Lihrary Edinhurgh and elseiuhere in Scotlaiid. Edinburgh,
William Brown, 1912. xij-348 p. 8°. (compiled at the instance
of John, fourth Marquess ofBute, through whose liberality it is
published).
\'oici encore un ouvrage qui rendra de très grands services et
dont le besoin se faisait depuis longtemps sentir. C'est un catalogue
méthodique et descriptif de tous les manuscrits en gaélique con-
servés dans les bibliothèques d'Ecosse. Il faut remercier le marquis
of Bute d'avoir généreusement encouragé l'entreprise, et féliciter le
Professeur Mackinnon de l'avoir si heureusement exécutée. Ce
dernier, à qui la philologie celtique doit déjà tant d'utiles travaux,
continue dignement la tradition des O'Curry et des O'Donovan.
Son catalogue des manuscrits conservés en Ecosse prendra place à
côté du Catalogue de d'Arbois de Jubainville pour la littérature
épique de l'Irlande et, pour le gallois, des précieux Reports de
M. J. G\venogfr}'n Evans.
C'est à ï Advocaies' Lihrarv d'Edimbourg qu'est consacrée la plus
Bibliographie. 363
grande partie du volume. Cette célèbre bibliothèque présente en
effet, au point de vue des manuscrits en gaélique, un intérêt pré-
pondérant. Dans le tome VI de la Revue Celtique, p. 109 et suiv.,
M. Gaidoz lui a consacré un article, où il énumère rapidement les
principales richesses qu'elle renferme. Mais il s'est surtout servi
pour cela du catalogue manuscrit qu'avait dressé W.-F. Skene vers
1860. Depuis, le fonds celtique des manuscrits de la bibliothèque
s'est considérablement accru, et aux 65 manuscrits enregistrés
par Skene (moins deux, aujourd'hui perdus), s'en ajoutent aujour-
d'hui 38 autres que M. Mackinnon étudie dans un premier
appendice. Ce sont néanmoins les 63 manuscrits de l'ancien fonds
qui sont les plus importants. Quelques-uns, sur papier, ne
remontent pas plus haut que le xix'-' ou wiii^ siècle ; mais il y en a
de beaucoup plus anciens, et notamment le n° V, du xiv^ siècle,
dont le contenu est religieux, et le précieux n° XL, qui débute par
une série de « morts violentes » {aideda), et qui a été décrit en
1887 par M. Kuno Meyer dans le Celiic Magaiine, t. XII,
p. 208.
M. Mackinnon a disposé son catalogue par ordre de matières et
divisé' sa description en neuf chapitres, respectivement consacrés
aux traités de médecine (p. 5-71), aux textes religieux et ecclésias-
tiques (p. 72-105), historiques et généalogiques (p. ioé-128), aux
récits légendaires et mythologiques (p. 129-176), aux traités de
droit et de grammaire (p. 177-182), aux maximes, triades et pro-
verbes (p. 183-193), aux traductions d'épopées classiques (p. 194-
202), enfin à des sujets variés (p. 203-216). Un dernier chapitre
(p. 217-246) est consacré aux deux manuscrits aujourd'hui perdus
qui portaient les numéros XXXII et XXXV et à un manuscrit d'im-
portance toute spéciale, le fameux Dean of Lismore's Book, copié
sur papier entre 1512 et 1329 et rédigé, comme on sait, en
gaélique d'Ecosse. Il porte le numéro XXXVII dans la collec-
tion.
La plupart de ces manuscrits sont de contenu varié et par suite
reviennent deux ou plusieurs fois dans les différents chapitres du
répertoire. Il eût été bon de dresser un tableau d'ensemble de tous
les manuscrits par ordre de numéros, avec l'indication des pages
du catalogue où ils figurent. M. Mackinnon a bien fait quelques
renvois d'un chapitre à l'autre, mais en nombre insuffisant. Ainsi
le début du ms. n° XXVIII est étudié p. 113 sous la rubrique
« history and genealogy », mais rien n'indique que ce ms. doive
revenir plus loin, p. 138, sous la rubrique « legend and lore ».
Comme on l'a vu dans le résumé précédent, c'est la médecine
364 Bibliographie.
qui est le mieux représentée dans les manuscrits de l'Advocates'
Library. Il n'y a pas moins de 21 manuscrits qui en traitent. Il faut
entendre ici la médecine au sens le plus large, en y comprenant
toutes les sciences naturelles, et même l'astronomie et la métaphy-
sique. L'an dernier, nous parlions dans la i^rt'wc C^//z(^wg (t. XXXII,
p. 355) d'un traité de médecine en gaélique d'Ecosse conservé
dans un manuscrit du British Muséum et édité par M. Cameron
Gillies ; ce traité provenait d'une famille de médecins écossais, les
Mac Beath. C'est au zèle et à l'activité des Mac Beath que M. Mac-
kinnon attribue aussi les richesses médicales de l'Advocates'
Librar}-. Souhaitons à M. Cameron Gillies de poursuivre l'œuvre
qu'il a commencée en s'attaquant maintenant aux textes médicaux
d'Edimbourg; ils sont tous inédits.
Les textes religieux et historiques n'ont pas non plus été jus-
qu'ici utilisés autant qu'ils le méritent, bien que quelques-uns aient
été çà et là partiellement publiés. Ce sont les récits épiques qui
ont, comme toujours, attiré le plus les éditeurs. On retrouvera en
feuilletant le catalogue de M. Mackinnon quelques vieilles con-
naissances ; rappelons notamment aux lecteurs de la Revue Celtique
que le Cennach ind Rùaiiado publié par M. Kuno Meyer (tome' XIV,
p. 450) et le Cairpre Cindchait (\\i ii^uhWé. M.W.-A. Craigie (t. XX,
p. 335) étaient tirés des manuscrits XL et XXMII de l'Advocates'
Librar}\
Dans les appendices II et III, M. Mackinnon passe en revue les
manuscrits gaéliques conservés dans les autres bibliothèques
publiquesd'Edimbourg et de Glasgow et dans quelquesbibliothèques
privées de TÉcosse ; un quatrième appendice traite des manuscrits
égarés ou perdus. Enfin, l'ouvrage se termine par quatre index,
des auteurs mentionnés, des sujets traites, des autres manuscrits et
des livres ou périodiques cités.
J. Vendryes.
V
Ph. Kropp. La Tène\citUche Funde an dcr kellisch-germanischen Vôl-
kergrenie iwischeu Saale inid Weisser Elstcr (Mannus-Bibliothek,
no 5). — Wurzburg, C. Kabitzsch, 1911, iv-132 pp. in-8°.
Sur la frontière où se rencontraient les Celtes et les Germains,
quatre cents ans avant Jésus-Christ, c'est à la façon dont leurs
morts y sont traités que l'on distingue les cimetières qui leur sont
respectivement attribues. Les inhumations sont celtiques; les inci-
Bibliographie. 365
nérations sont germaniques. Quelque temps auparavant et trois
siècles plus tard, les Celtes, à vrai dire, brûlaient leurs morts ;
plus tard encore, une partie des Germains ont inhumé les leurs.
Il semble néanmoins que, à l'époque en question, on n'ait pas tort
d'interpréter comme il vient d'être dit la différence des rites funé-
raires dans la zone contestée. La preuve se fait dans chaque cas
par le concours des vraisemblances qui ressortent de tous les restes
ethnographiques constatés.
M. Kropp relate des fouilles et des découvertes qui ne sont pas
les siennes, mais en majeure partie celles de la Société des Anti-
quaires de Voigtland (Hohenleuben, Reuss). Il s'agit de cime-
tières à inhumation datant de la phase ancienne de l'époque
de La Tène. La région considérée s'étend du grand coude méridio-
nal delà Saale à l'Elster blanc, entre Saalfeld et Géra. Le plus
important de ces cimetières est celui de Ranis. Si ces cimetières
sont celtiques, il en résulte que les Celtes occupaient alors la partie
des collines, coupées par la Saale, qui longent, au Nord, le Thurin-
ger Wald. A la fin de l'âge du bronze, selon M. Kossinna dont
M. Kropp adopte l'opinion, ils étaient au Harz ; à l'époque de
Hallstatt, ils tenaient sur la ligne Q.uedlinburg,Aschersleben, Merse-
burg, Halle. Ils étaient en recul et déjà les Germains empiétaient
sur eux. Quelques tombes à incinération sont attribuées à ceux-ci
par l'auteur, qui contiennent à peu près les mêmes objets que les
tombes à inhumation. Les Germains ont emprunté à leurs voisins
celtiques. Au surplus, M. Kropp se plaît à nous signaler les mé-
langes (p. 73).
De la date des tombes celtiques, quelques indices doivent être
pris en considération. On y trouve encore des tombes circulaires,
des squelettes recroquevillés et couchés sur le flanc et, dans le
mobilier funéraire, des fibules à timbale. Le pays fut abandonné par
les inhumants bien avant le temps où les fibules de la Tène I
(f^ époque de la Tène) furent hors d'usage. Par contre, les tombes
à inhumation ont fourni des fibules de La Tène III. Il est à noter
toutefois que dans le tumulus de Dobian, qui contenait beaucoup
de choses diverses, ont été trouvées des monnaies d'or ; la seule qui
soit conservée est une copie celtique de monnaie grecque portant
une Athéna casquée et une victoire. Elle peut dater d'environ deux
cents ans avant J.-C. Les autres tombes sont probablement plus
anciennes. Cette monnaie, si elle vient d'une tombe celtique,
marque l'extrême limite du stationnement des Celtes. Il n'est resté
d'eux qu'un peu de leur civilisation.
La Steinsburg du Gluchbergprès de Rômhild, à l'extrémité méri-
Reviie Celtique, XXXIII. 24
366 Bibliographie.
dionale des monts de Thuringe, paraît avoir été le réduit de leurs
établissements. J'ai signalé dans cette revue que les traces d'un
boulevard, plus fort et plus récent, sont conservées dans le Rhôn en
Bavière.
Il est à noter que les Celtes de Ranis pratiquaient le rite de plier
l'épée du mort. Il faut donc allonger vers le Nord l'aire d'extension
de cette coutume. Une tombe paraît contenir un mort sacrifié ; une
autre (p. 32), une femme qui a suivi son mari dans la tombe.
H. Hubert.
VI
Sir JohxRhys. The Celtic inscriptions of Gauî : additions and corrections.
London(Proceedingsof the British Academ)^, V, 1911).
Ce nouveau mémoire traite principalement d'un groupe d'ins-
criptions récemment découvertes, qui n'ont pas encore été étudiées
au point de vue philologique, et se termine par de nouvelles con-
tributions au déchiffrement et à l'interprétation du calendrier de
Coligny. Après avoir lu ce travail, cependant si consciencieux et si
nourri, on est pleinement d'accord avec l'auteur, quand il dit en
commençant (j/<^ les inscriptions celtiques sont si rares et siénigmatiques
qu'il n'y a guère d'espoir de leur arracher leur signification qu'en s'y
attaquant sans cesse. Il est même plus probable qu'on n'y arrivera pas
malgré tous les efforts, si de nouvelles découvertes analogues à
celle du calendrier de Coligny ne viennent pas apporter aux cel-
tistes de nouveaux éléments d'information et de nouvelles lumières.
En tout cas, on ne peut que souscrire au jugement de l'auteur sur
son œuvre lorsqu'il se flatte, trop modestement, d'avoir fait faire
quelques progrés à ces recherches difficiles entre toutes.
Pour suivre pas à pas l'auteur et discuter les hypothèses fatale-
ment nombreuses auxquelles il est entraîné, il faudrait un volume
aussi considérable que le sien; je mécontenterai de relever les ins-
criptions les plus intéressantes avec l'interprétation proposée.
I. Les cinq inscriptions trouvées près de Cavaillon publiées par
M. Mazauric dans la Revue du Midi, octobre, 1909.
I. Elouissa.
Maaourai.
o
Giaoïia.
D'après l'interprétation préférée par l'auteur, Giaoua serait un
nom commun : Elvissa serait la siciva de Mao-ureos. Ce serait un
Bibliographie . 367
terme de parenté : gall. gieii nerfs, sing. geiuyn (pour gijiu-yn') ; pour
le sens, cï. ail. scbiiur, belle-tille, et lien, lat. niiriis (snimis). Les
noms propres Diigia, Dugiavus, Dugiava, en sont rapprochés. Un
parallèle est offert par le composé celtique Com-iog-ia (près Saluzo,
Fiémont). Com-iog-ia aurait le sens de conjugalis.
Dans la note 2, pp. 4 et 5, l'auteur traite du groupe og- dans les
langues brittoniques. Il deviendrait en brittonique oiu susceptible
d'évoluer en gallois en eu\ eu, au. Outre que cette diversité d'évolu-
tion en eiu eu {ou), qui ne sont pas confondus en gallois, est peu
vraisemblable, cette évolution ne semble se produire que devant
-U-. On a, dans ce cas, vraisemblablement oiu et azu, à en juger parle
comique wrtU', breton ;;/rto (cf. iiaiu, neut^^^ *;/o//rt//). Le gallois nuni
dans iueU'dw\ s'explique autrement (cf. J. Loxh, Reiiiarqiws etadd. à
riutrod. ta earlv Welsh de Straelnui, p. 15). Il en est de même de
eg devant -u-: tegu-s épais a donné te-wùs,teiu. Il en a été de même,
je pense, pourle groupe -iïg-u-. Le gallois Llyivarch comme Llywe-
l\>n doit avoir pour premier terme Lugu-. Lugu- a passé par liauû-
hnuù- d'où Louiiiairb dans Nénnius ; lowi'i- à donné régulière-
ment lyzu : Llywarch remonte à Lugii-iuareo-s et Llywelyn à Lugu-
helino-s, cf. Lyzvelyd (Caer) de Luguhaliuui . Leu àins go-leu, leu-ver ne
me paraît pas pouvoir s'expliquer par lugu- qu'a proposé Pedersen
ÇFergl. Gr. i, p. 98). La racine estloiji- : on la trouve au début du
iv>^ siècle, dans le nom breton Lovocatus.
2 Balaudoui Makkarioui .
Makkarivos est justement rapproché des noms Maccarus, Maccius
Macco, Macconus et du gallois inach, caution.
5 Kabiros Ouiudiacos.
Cabiros se trouve au génitif dans une inscription de Cologne (C.
I. L. XIII, 8342).
L'auteur rapproche Cabiros du grec Kaêipoi. Les divinités auraient
été confondues avec lesDioscures. On trouve lesDioscures, PoUuxet
Castor, associés sur l'autel de Notre-Dame à Cerniinnos et SinertuUa.
Cette hypothèse me paraît invraisemblable, d'autant plus qu'à
côté de Cabiri on peut citer Cabrus à York, à Castel près Mayencc
et ailleurs.
4 Mitiesi inifis. Magonii OunaKoui.
-Koui, -qui, serait l'équivalent celtique du latin -que et Onna un
génitif pour un plus ancien onnàs (cf. irl. mna).
Le génitif owwù me paraît peu vraisemblable, moins toutefois que
-koui = -que. L'auteur voit en revanche dans sapsutaipe de l'inscrip-
tion d'Ornavasso sur la Toce près du Lac Majeur, pe gaulois
^= que.
368 Bib liograph le .
5 Missoiikos Siloukuos.
Silus, Silu sont connus. Missiikos serait à rapprocher de Missillus,
Medsiîlus, Meâdilhis.
Dans une note, au sujet des graphies c?^, dd, l'auteur traite du cor-
nique coscor, gallois cosgord, breton coscor ; cfl5co/v/remonterait à cansa-
coi [0 identique au germ. hanse, angl. sax. hôs, société, troupe. L'éty-
mologie est séduisante. L'auteur toutefois n'aurait pas dû donner tw-
goord comme comique. J'ai démontré que les gloses de VO.x. post.
étaient galloises (Revue Celtique, XIV, p. 70). Il eût dû aussi distin-
guer entre cascord et goscord ongosgord. La forme vieille-galloise de
gosgord est guoscord (cf. J. Loth, Revue Ce] t., XXIX, p. 68) ; gosgord
n'est donc pas une forme moderne corrompue comme il l'avance;
gosgord (luoscord) est largement représenté à toute époque dans la
littérature galloise.
En terminant l'exposé des inscriptions du\'aucluse(p. 16) Fauteur
revise l'inscription XI de ses Celtic inscriptions. Il propose : ...soui
KUrniious Lanaknos (ou Manaknos) iade. lade rappellerait bratoude.
Inscriptions de Nîmes (p. 17), Quelques-unes avaient été \aies
par l'auteur, quoiqu'il ne les ait pas décrites. D'autres sont entrées
au musée après qu'il eut écrit en 1905 et publié en 1906 son tra-
vail sur les Celtic Inscriptions of France and Italy.
I Inscription du quartier 5""^ Baudile de Nîmes (Mazauric, Musée
arch.de Nîmes : Recherches et acquis. ]>l\mes, 1908, p. 16). Il y a
sur la même pierre ces deux inscriptions :
Adgenoui dede br Adgenouid. Mazauric lit dans les deux
cas : adgennoui. L'auteur compare Con-genno, plus bas, p. 29.
2. Sur un fragment d'autel gallo-romain de Montmirat (Gard) ;
bratout. ..
3. Sur une pierre, dans une tranchée de St-CésaireàNîmes : ritou.
L'auteur compare le noms de potier Ritus, Ritu-mara, Ritukalos.
6. L'inscription de Collias (Celtic Inscr. p. 39-41). Ecinnos Riou-
niaiios andoounnaleo dede bratoude Kanten.
L'auteur proposeunenouvellesolutionde /'rrt/o»(/c. Il rappelle la
construction de l'article défini avec le nom, au datit, dans le sens
adverbial/;/ biucc, gallois yn fach '. Il y ajoute des formes en-id,-ilh
avec l'article : ind ôindid gl. seniel,ind airmith, sommation. L'auteur
suppose qu'à un ancien datif est venu se joindre un élément de ; airmid
serait le datif vieux-celtique rtr/-;'/wf (ad-rinil?) plus de. Bratou, dans
ce cas, serait un datif. Il est certain que les formes irl. en id
I . Sur cette construction et l'identité avec la construction galloise et bre-
tonne (}'«(Wi(, oila), cf. J. Loih, Revue Cet lique, XV, p. 105.
Bibliographie. 369
sont difficiles à expliquer. Pedersen les suppose empruntées aux
formes brittoniques tn-iâ ce qui est passablement hasardé. L'expli-
cation de John Rhys est, en tout cas, des plus ingénieuses. Pour lui,
brafou serait un datif et signifierait avec plaisir, /;/7?/«-5 équivaudrait
à grâius.
Dans la note à la page 25 je lis que dans t'/r//"(irl. airem, aircamh
de ad-rlmà) le premier i est pour d comme dans cadeir de cathedra.
Cadeir n'est pas facile à expliquer en face du breton cadoer . Pour
eirif, il faut compter avec une forme antérieure eirriv *edrinui ou
edrimi-. Pedersen soutient la même doctrine que John Rhys; pour
lui -dra serait traité comme -gr-. \\ cita giuyr, ir\. fitir; creir ir\.
cretair. Tous ces exemples sont discutables. Il est en tout cas
indispensable de distinguer les cas où dr est précédé d'une voyelle
non palatale : cadr beau, fort (cf. Belatu-cadrus) remonte à cadro-s
L'accent peut aussi avoir une influence en pareil cas. Que dr spi-
rant dans -dr- puisse donner un i, c'est ce que montre le breton
moyen cae^i-, le breton d'Ouessant laedroiiii, voleurs.
Page 27. L'auteur appelle l'attention sur deux inscriptions latines
découvertes vers 1906. L'une vient d'un oppidum delà Baume prés
Belvezet (Gard).
Tertius Tincorigis f. Segomannae V. S. L L.
Rapprochant Tincorius de Tincommius fils de Commius bien connu
parles monnaies bretonnes, l'auteur pense que Tincommius est
pour Tin-cocommius. La seconde a été trouvée à Nîmes en 1906,
D.M.
Messinae Messini
filiae
Tasgia Tilulla
posuit.
Tasgia (cf. Tasgitis') avec son g suppose s doux ; ce serait un
dérivé de Ta^go- à rapprocher de l'irlandais Taidgg, Taidc, plus tard
Tadhg.
L'auteur revient sur les fameuses inscriptions Martialis Daiinotali
etc.
Diigiiontiio serait pour dug(iywniuo-s de DugiontiïO'U et signifie-
rait mariage. Voici sa traduction :
Martial, DamwtaTs son, iiiade Ucueti this toiver and may the mariage
rejoice Ucuetis in Alisia. Cette interprétation est beaucoup plus aven-
tureuse et moinssatisfaisanteque celle quia été donnéedansla Revue
Celtique XXXU, 119. L'auteur l'attribue à M. Vendryes. Celui-ci,
comme il leditlui-méme,ne fait que reproduire l'interprétation de
37° Bibliographie.
Thurneysen (Zeifschrift fur celt. Philologie, 1908). Thurneysen voit
dans o^o/'cJ/'/ un datif pluriel et dans (liigiio)iiiio h forme de la 3™^
pers. du plur. relative (irl. herte àt*bcroiiiio).
A la même époque, M. G. Poisson, sans avoir pu connaître l'ar-
ticle de Thurneysen, dans une note, faisait aussi degohedhi un datif
pluriel comme l'avait fait Pictet déjà, mais avait le tort de supposer
dans diigiiontiio un participe. L'explication de Thurneysen pour
Diigiiontiio est définitive. Ce sens, comme le dit Vendryes, serait à
peu prés : « Martialis fils de Dannotalos a fait pour Ucuetis cet édi-
fice et pour les prêtres qui servent Ucuetis à Alise ». L'auteur (note 2,
page 36) n'a connu ces interprétations qu'après avoir rédigé son
travail. Il semble cependant tenir à son explication de dugiioutiio
(P- 35-36).
En passant, p. 32, il parle d'une légende de monnaie ainsi conçue:
Lahrodiios. Ce serait pour lui une forme abrégée pour Lâmâ-rodiiji
main généreuse. Il l'identifie (p. 32-34 et notes) avec le gallois
Llawfroded .
Il faut pour ce sens supposer que rodcd est pour roded. Or, rot-
existe dans des noms propres comme Rot-ri. Laïufroded devrait
être, si c'est un composé ancien, Lof-roded : cf. lof-riid. Il peut
avoir été refait, il est vrai, sur l'analogie de llaw. Le rapproche-
ment est au moins douteux. De plus, le mot gaulois pourrait être
coupé en Lahro-diios.
Parmi les inscriptions trouvées au Mont-Auxois, il y a une ins-
cription découverte en 1908 :
Dca Ucueti et Bergusia Remus Primi fil. donavit. VSL M.
Elle nous fixe sur le sens d'Ucuetis. Bergusia rappelle bergo-
montagne, allemand berg. L'auteur rappelle avec raison le gallois
bera, tas de blé ou de foin (Davies : acervus segetis) : bera est pour
berg- comme boly, bola pour bolgo ; givala pour iialg etc. Il ne faut
pas oublier que bera indique plus précisément un tas de blé ou de
foin de forme pyramidale (comme le breton beru).
P. 38-39, on trouvera une intéressante digression sur avot,
avotis.
P. 40. Inscription sur un mur dans un champ appelé Lapipc-Scnè
au Mont-Auxois (publiée par Espérandieu dans Pro Aîcsia, 1906,
P- 43-5)-_
L'inscription est sur quelques fragments, sans compter quelques
menus morceaux. Le déchiffrement en est naturellement fort diffi-
cile et l'interprétation des plus conjecturales.
Voici la lecture à laquelle s'arrête l'auteur :
Samotalos aiuàliknos. scsia Klamahi Garma. Birakotôu Tisabannô
Kobritoulôu bartib. : atnodô.
Bibliographie. 371
Samotalos son of Awôtis (and) sesia Garma daughtcr of Clama-
cios, tcarfully (set up) this monument, to their children Biraco-
tus, Tisabannos (and) Cobritulus.
Ce serait haptihÇos) qui aurait le sens de enfants : il serait au
datif (de la racine her- porter). Le iearfully serait expliqué par
adnodô pour ate-nodô ou ate-snodd, gall. nod, jus d'une plante, sève
d'un arbre. L'auteur suppose avec raison que le snddach d'O'Reilly,
sap or jiiice doit avoir 0 bref : C'est en effet la forme avec 0 bref
qui a persisté en gaélique d'Ecosse. Le sens serait, on le voit,
fortement métaphorique.
Pour les noms propres, tout ou partie, on les trouve ailleurs.
P. 52. Deux inscriptions latines récemment découvertes dans les
fouilles du Mont-Auxois associent le nom de Moritasgos à Apollon :
aitg sac
Dec Apolliui
Moritasgo
Catianiis
Oxlai
Apollon étant le dieu qui écarte les maladies, l'auteur identifie
wor/'-avec le mor- de Morrigain ., reine des esprits : Apollo moritasgus
serait Apollon qui écarte les mauvais esprits '.
P. 59 : Quelques notes et corrections relatives aux inscriptions
du musée de Cluny et des musées de Saint-Germain avec référence
aux pages du travail précédent.
Pour l'inscription qui se trouve à Saint-Germain sur les épaules
du Mercure gaulois, l'auteur avait proposé sosin pour sosi : il a
retrouvé trace de n : voici sa lecture : Aproniosieuru sosin {G')eso-m-
aro. Geso-maro serait d'après C. Jullian pour Gaiso-mâro, datif :
l'homme à la grande lance. L'auteur paraît plus disposé à y voir le
nom à'Esus : grand comme Esiis, ou, avec Esus.
L'auteur, p. 61, revient sur une inscription latine bien connue ' :
Esiimopas Cniisticiis
V S L M
Cnusticus seraità rapprocher de l'irlandaisn/z/^j-, collection, trésor.
Mopas pour mopat-s est sans doute de la même origme que mapos-
fils. Suit une dissertation de l'auteur sur mog, génitif mogaid et
mug, gén. mogo etc.
1. Cf. J. Loth, Contrih. à V étude des romans de la' Table Ronde : Morgan-
Tiit (ci-dessus, p. 249 et suiv.).
2. Publiée par S. Reinacli dans la Revue Cel/., XV, 413-17.
372 Bibliographie.
De la page 63 à la page 79, l'auteur étudie des noms qui se
trouvent sur des vases de la Gaule (Corpus Lise. Lat., XIII, part
108). Une des inscriptions est assez intéressante : elle se trouve sur
un vase de Banassac, Lozère (C. I. L. XIII, p. 480, no 10.016-
13) :
Neddamon Delgu Liiiot
Delgu serait un verbe au prétérit comme ieiiru, à rapprocher de
l'irl. mod. coindealghimn, I advice, gall. cyiilnûiaf. En note, il est
question d'un gallois c/cV, moucheron, et aussi nicncstrd ; ce clèr
serait l'irl. char. La voyelle irlandaise serait expliquée par le sing.
cleheren. Je ne suppose pas que l'auteur tienne beaucoup à ce
rapprochement de tout point impossible. Il est évident que clèr
est une contraction récente. L'auteur semble aussi avoir oublié la
glose bretonne de Berne : clehurin. gl. miisca. Le cliar irl. a
pour équivalent, en gallois moyen, chvyr : L. noir (F. a. B. II,
Kelvit id gan cliiir vir aedan
cf. ibid, 48-7; L. Tal. 154. 11, Myv. arch. 726. i. Le mot
est écrit cher dans addit. Ms. 15.003, fol. 150 r° :
a Uef cJoer, gwedi cyrn
clwyr, cloer, parfois semble désigner le clergé (breton cher, irl.
cliar). Neddanioii à côté duquel on peut supposer Nessaniwn serait
expliqué par l'irl . moderne neas, the wheel or machine by vhich
an earthen vessel is turned in a potter3^ Le sens préférable serait :
« The iiess slick nuis held by Liiioi ». Le mot neta que l'auteur lit
netta sur un autre vase, l'amène à une longue digression sur l'irlan-
dais net, net, nia, seul ou en composition.
De la page 79 à la fin, l'auteur revient sur certaines lectures du
calendrier de Coligny. Il y aura lieu d'en tenir compte pour une
édition définitive du calendrier. Occasionnellement il cite d'assez
copieux extraits du travail et du compte rendu de M. Goddard H.
Orpen, de ses Notes on Coligny calendar dans The Journal of the
royal socicty of antiquaries of Irchvid 1910, p. 367-74.
P. 88 il donne in-exteiiso deux lettres de Vasitonome Foiheringham
touchant certaines théories de M. Orpen. La deuxième est parti-
liérement intéressante. Après avoir soutenu dans la première que
le calendrier de Coligny était un calendrier qui avait faussé compa-
gnie à la lune, le D"" Fotheringham (p. 98) est nettement d'avis
que le calendrier est véritablement lunaire. Le cycle de cinq ans
est pour lui un cycle de fêtes qui se répète sans tenir compte des
Bib liographie . 373
cycles astronomiques. Pour mettre d'accord le comput lunaire et
solaire, il eût fallu des intercalations en 19 ans et 35 en 95 ans.
Or, le calendrier présente 7 intercalations en 5 ans, ce qui en
donne 38 en 95 ans ; il eût donc été nécessaire d'omettre un des
mois intercalaires 3 fois en 95 ans. De même, le calendrier nous
donne 37 mois de 30 jours en 62 mois, tandis que la vraie propor-
tion eût été 33 ; de sorte qu'il devenait nécessaire, quatre fois en
chaque période de 5 ans, de supprimer le dernier jour d'un des
mois de 30. Le D"" Fotheringham est aussi d'avis, ce que j'avais
affirmé dans mon travail sur L'inscription latine de Géîignieux et le
prétendu ligure ou celtican du calendrier de Coligny ', que le mois
Equos n'avait normalement que 29 jours, mais que parfois une
fois dans chaque période de 5 ans (ce n'était pas toujours la même
année), il était nécessaire de lui donner 30 jours, pour mettre
d'accord le calendrier avec la marche de la lune ; son caractère de
mois néfaste n'avait pas été affecté par cette exigence du calen-
drier.
Le D"" Fotheringham discute aussi la question des trous qui se
trouvent devant les chiffres des jours du calendrier. Son attention
avait été appelée par son collègue le D"" W. H. Forbes, du collège
de Balliol, sur la ressemblance entre ces trous et des trous sem-
blables dans les fragments de parapegmata ou calendriers solaires
découverts pendant l'hiver de 1902-3, à Milet, et discutés par Diels
et Rehm (Parapiginasfragnienten ans Milet) dzns les Sitiiingshcr. d. K.
Preuss. ahad. d. Wissensch. (1904) I, pp. 92-111 ; par Dessau, Zn
den Milesischen Kalendarefragmcnten, ibid.pp. 266-8 ; par Rehm, Wei-
teres xu den Milesischen Parapegmen, ibid. pp. 752-9. Ces fragments
datent d'environ 100 ans av. J.-C. Un point est certain, c'est que
les chevilles qui étaient placées dans ces trous avaient pour objet
d'indiquer des dates mobiles, qui n'avaient pas de place fixe dans
le calendrier, par exemple le commencement de l'année officielle par
rapport à l'année astronomique, ou le commencement du mois
lunaire (les calendriers de Milet étaient astronomiques et même
météorologiques). Si les chevilles dans un calendrier solaire
comme ceux de Milet étaient destinées à indiquer des dates lunaires,
il est probable que dans le calendrier lunaire de Coligny elles
devaient indiquer des dates solaires, vraisemblablement les dates
du calendrier Julien.
John Rhys termine par le récit de son pèlerinage à Coligny
(Ain), à l'endroit où eut lieu la découverte du calendrier. Il se
I. Académie des hisc. et Belles-Lettres, 1909.
374 Bibliographie.
demande s'il ne serait pas possible de retrouver l'emplacement du
temple où était placé le calendrier et peut-être quelques ruines de
l'édifice. M. Orpen croit que le Brig Rivros que l'on remarque
au 4"^ jour de Riuros dans la 2<^ année et les années suivantes,
indique un tumulus ou tertre sur l'emplacement du temple ou
auprès; se fondant sur les usages de l'Irlande préhistorique, il
croit, en effet, qu'on doit s'attendre à trouver près de ce temple,
un tertre artificiel, sépulcral à l'origine ou un tertre à forme de
tumulus, peut-être avec un pilier de pierre et une pierre plate à
côté. La civilisation de l'Irlande préhistorique, même celtique, et
celle de la Gaule romaine sont mêlées d'éléments si différents, que
c'est s'exposer aux plus graves mécomptes que de conclure de
l'une à l'autre. Il ne me paraît cependant pas impossible que
des recherches bien conduites puissent amener la découverte de
quelques ruines du temple de Coligny. Il est à remarquer qu'une
voie romaine passe au flanc de la colline voisine du champ où eut
lieu la découverte.
J. LOTH.
VII
The national Library of Wales, Bibliotheca celtica (a
register of publications relating to Wales and the celtic peoplcs
land language fort the year 1909). Aberystwyth 1910.
La préface annonce qu'il s'agit d'une publication annuelle :
ce sera la revue de toutes les publications concernant le pays de
Galles et les peuples et langues celtiques.
Cette publication ne peut qu'être accueillie favorablement. Il
est à souhaiter qu'elle soit aussi complète et aussi détaillée que
possible pour le pays de Galles. Il y a, je crois, peu de chose à
désirer à ce point de vue dans la présente publication. Il n'en est
pas de même pour d'autres pays celtiques comme la Bretagne. Les
auteurs ignorent l'existence d'importantes revues archéologiques,
comme la Revue arch. d'Jh-el-Villaiiic ; Revue arch. de la Loire-Iuf. ;
Revue arch. du Finistère; Bulletin de la Société polym. du Morbihan ;
Bulletin et mcni. de la Société d'Eniul. des Côtes-du-Nord ; Mémoires
de l'Association bretonne.
Le grand défaut de cette revue bibliographique, c'est que tout y
est par ordre alphabétique, en principe mais non en réalité :
par exemple, vous trouverez : Baptists, Burnett, Bible, Borodine; sous
Baptisis, vous avez : Radnorshire and Montgomery association à Dôw-
Bibliographie. 375
lais, Caersalem, etc. Prenez maintenant Radtwrshire (p. loo-ioi),
vous chercherez vainement Rachior sbire and Moiilgoniery association.
L'économie de ces BihJiotheca est entièrement à bouleverser. Il faut
un catalogue par ordre de matière, un sommaire avec les noms d\tu-
leiirs.
The national Library of Wales, 1910. Aberystwyth, 1912.
La disposition est la même. On trouve, en plus, à la fin du
volume, une liste des journaux et revues, intéressant les études
celtiques. Le titre seul est donné. Il eiJt été beaucoup plus utile de
donner une analyse des principales revues étrangères consacrées à
ces études. Un sommaire des articles parus dans la Revue Celtique,
dans la Zeitschrift fi'ir Celiische Philologie, les Annales de Bretagne
eût été d'un vrai profit pour les lecteurs gallois trop souvent peu
initiés aux travaux parus hors d'Angleterre. Ce qui est vrai pour
les revues qu'on peut appeler celtiques, l'est encore bien davantage
pour les revues qui ne traitent des choses celtiques qu'incidemment ;
à quoi bon, par exemple, citer la Zeitschrift fur vergl. Sprachfor-
schung, les Indogermanische Forschungen, si on n'indique pas ce qui,
dans ces revues, touche aux études celtiques ?
Pour la Bretagne, il y a à peu prés les mêmes lacunes que dans
le tome précédent; à corriger : Le pays de breton en Le pays breton.
Parmi les revues françaises pouvant intéresser les lecteurs s'oc-
pant de celtique, je signalerai à l'auteur, la Revue des études
aiu'iennes dirigée par Camille Jullian. Les lecteurs trouveront aussi
souvent des articles intéressants au point de vue archéologique
et historique, dans La revue archéologique. L'anthropologie, etc.
J. LOTH.
CHROXiaUE
Sommaire. — I. Festschrift V. Thomsen. — - II. Mots celtiques empruntés
par le Scandinave. — III. Une nouvelle édition de V Introduction de
M. A. Meillet. — IV. M. Pokorny et Torigine du druidisme. — V. Un
cours de vieil-irlandais à l'Université d'Urbana. — VI. Programme de
l'University Collège de Gahvay. — VII. School of Irish Learning.
— VIII. "\Velsh Language Society. — IX. Nomination de Miss Mary
Williams à l'Université de Manchester. — X. Ouvrage reçu.
I
Dans la Festschrift offerte à l'illustre savant danois \'. Thomsen,
à l'occasion du 70^ anniversaire de sa naissance (parue à Leipzig,
1912, chez Harrassowitz), figure, p. 70 et suiv., un article où
M. H. Kern rapproche les formes du vieil-irlandais telles que tes-
haiiat « ils manquent » (à côté de testât), -ccithani « tu concordes »,
du verbe pâli -bhuiiâti « il existe ». Il s'agirait d'une forme en -iiâ-
de la racine *hhnu3- (lat. ////, etc.). Cette explication paraît préfé-
rable à celles que l'on a proposées jusqu'ici pour les formes en
question. Nous rappellerons les trois principales : celle d'Ascoli
(acceptée par Zimmer, Kiihn''s Zeitschrift, XXVII, 474), suivant
laquelle l'élément -hau- contiendrait la racine de gr. ^at'vo), lat.
iieniù (Archivio Gîottol. Ital., X, 57 et ss.) ; celle d'Osthoff qui rat-
tachait -ban- à la racine du grec cpaîvco, soit *hha-nâ-mi (Zur Ge-
schichte des PcrfeJcts, p. 519) ; et enfin celle de M. Thurneysen, qui
voyait dans -hanat, -hani un développement analogique issu des
composés du verbe henaim « je frappe » (Kuhus Zeitschrift, XXXI,
92 et Haiidhuch, I, 333, 431). L'explication de M. Kern ofire cet
intérêt, qu'elle établit un nouveau point de contact entre le voca-
bulaire celtique et le vocabulaire de l'Inde. On peut d'ailleurs l'ad-
mettre sans rejeter complètement l'idée de M. Thurneysen. L'ir-
landais a bien pu confondre avec les composés de henaim « je
Chronique. 377
frappe » les composés de la racine *Wj^ît'^- développée en *hhu-ini-.
Dans la même Festschrift V. Thomsen, p. 202 et suiv., M. F. de
Saussure a publié un article sur les adjectifs indo-européens du type
caecus, où l'irlandais câich « borgne » trouve naturellement sa place.
Il ne semble pas à l'illustre linguiste que le celtique ait développé,
comme le grec et le latin, ce type ancien d'adjectifs à vocalisme
radical a (lat. daiidiis, halbiis, etc. gr. patTiôç, ffxa[xriôç, etc.) dési-
gnant des infirmités. On pourrait cependant joindre à la liste les
adjectifs irlandais baeth « fou, insensé » (de *haito- ; Wb. 12 d 16)
et dall « aveugle » (de *dvahw-, cf. got. diuah |j.(opôç).
II
La collection « Palaestra » (Untersuchungen und Texte ans der
deutschen und englischen Philologie, Berlin, Mayer und Mùller) a
publié en 1909 sous le numéro 85 une étude de M. Frank Fischer
intitulée Die Lehiiwôrfer des Altiiordischen (vij-233 p. 8° ; 6 M. 50).
Ce travail a échappé à la chronique de la Revue Celtique ; mais il
est encore temps de l'indiquer à nos lecteurs. Il contient, p. 12 et
p. 18, deux listes de mots Scandinaves empruntés au celtique.
La première ne comprend que quelques mots, qui remontent au
germanique commun et dont l'emprunt date, par suite, d'une
époque fort reculée ; ils se rencontrent naturellement dans les autres
langues germaniques. Ce sont les mots vieil-islandais : amhôtt f.
« servante », emhœtti n. « service, fonction », emhœtta « servir »
(gallo-latin amhactus) ; hrôk « culotte » (gallo-latin brâca ; l'em-
prunt pourrait être du celtique au germanique); rïkr « puissant »,
rilii « puissance » (gaulois -rix, rlgo-) : valr « autour, oiseau de
proie », identique à Valir « Celtes (Français) », et qui remonte-
rait au nom de peuple gaulois Volcae.
La deuxième liste, sensiblement plus longue, se compose de
mots empruntés à l'irlandais ; quelques-uns avaient été signalés
déjà par M. W. A. Craigie dans la Zeitschrift fur cellische Philologie,
I, 439.
bagallm. « bâton recourbé » (irl. hachai):
hiannak « bénédiction » (irl. hennacht) ;
dâlkr m. « épingle » (irl. delg « broche ») ;
des f. « meule de foin » (irl. daiss) ;
diar pi. « prêtres » (irl. dia « dieu ») ;
ergiii n. « hutte » (irl. airge « pâturage, pacage ») ;
gaflak « épieu » (irl. gahhlach « fourchu »);
378 Chronique.
at gialti « fou » (irl. geilt « fou », proprement « volage », cf.
Wh. Stokes, B. B., XVIII, 63) ;
iani, éani « fer » (irl. iarti') ;
kapall m. « cheval » (irl. cahall) ;
karir m. « voiture » (irl. cret);
kesia f . « épieu » (irl . ceis) ;
kross m. « croix » (irl. cross) ;
minpak n. « sorte de mets » (irl. mcnadach et non minn, cf.
Pedersen, Vgl. Gi\, I, iio et Mon. of Tallaght, p. 173) ;
papar pi. « moines » (irl. papa « ecclésiastique ») ;
tri'ipr m. « charlatan » (irl. dnilh « joyeux, bouffon »);
pùst, sùst f. « fléau abattre le blé » (irl. sùist « bâton »).
On remarquera dans cette liste des mots irlandais d'origine
latine, hachai, hennacht, cross, papa, sùist, ce dernier modifié par
une dissimilation intéressante. Quelques autres semblent venus
de l'irlandais au Scandinave par l'intermédiaire de l'anglais : ainsi
dalkr (y. angl. dàlc) et kartr (v. angl. cart, crœt).
La liste doit être augmentée de quatre mots mentionnés par
l'auteur p. 189 et 197 : biop f. « pays » (irl. hith, hiuth « monde ») ;
liiid f. « flot » (irl. lind « élément liquide ») ; lung n. « vaisseau »
(irl. long de lat. longa nauis); tarfr m. « taureau » (irl. tarb).
En revanche, il faur rayer de la liste trois mots que l'auteur v a
rangés à tort : laustik, leystik « rossignol » qu'il fait venir du breton
eostik avec prothèse due à l'article français et qui n'a par suite en
tout cas rien à faire avec l'irlandais ; poki m., poka f. « poche », qui
est donné par une erreur singulière comme emprunté à l'irlandais
poca « id. » alors que c'est ce dernier qui en est emprunté (cf.
K. Meyer, Rev. Celf., XII, 461); enfin ôrkn-selr, m. « sorte de
baleine » qui viendrait, dit l'auteur, de l'irlandais orc, comme le v.
anglais orc et le latin orca (Pline). Un mot de Pline emprunté de
l'irlandais, voilà qui serait extraordinaire. Il va sans dire que le
latin orca suppose une tout autre origine. L'irlandais orc, entre plu-
sieurs sens fort variés, désigne en effet la baleine ; dans quel rap-
port est-il avec le vieil-anglais et le Scandinave, c'est ce qu'il est
malaisé de décider.
III
La librairie Hachette vient de mettre en vente (février 1912)
une troisième édition de V Introduction à l'étude comparative des
langues indo-européennes de M. Antoine Meillet. Il n'v a plus à faire
Chronique. 379
connaître cet excellent livre, ni à en détailler les mérites. La faveur
qu'il a obtenue en France et à l'étranger, tant dans les éditions
françaises que dans les traductions allemande et russe, en dit le
meilleur éloge. C'est le livre de chevet des linguistes, l'exposé le
plus clair de la grammaire de l'indo-européen, soutenu d'enseigne-
ments profonds sur le développement du langage. Chacun peut
y puiser à la fois des faits précis et des idées générales. On ne le
relira jamais sans profit.
Cette troisième édition a été revue complètement, corrigée,
remaniée et augmentée. Les celtistes pourront apprécier la docu-
mentation si soignée de l'auteur en constatant qu'il n'est pas une
question de leur domaine qu'il ait négligée et dont il n'ait tiré
parti en homme compétent.
IV
La Smithsonian Institution de Washington publie dans son Report
for 1910, p. 583-597, une traduction anglaise du travail de
M. Julius Pokorny sur l'origine du druidisme. Der Ursprung des
Druidcutunis avait paru en 1908 dans le tome XXXVIII des Mit-
teilungcn der Anthropologischen Gesellschaft in IVien (p. 34-45) et en
même temps dans le n" 17 de The Celtic Review (15 juillet 1908).
On en trouvera une critique dans la Revue Celtique, t. XXX,
p. 106.
V
L'enseignement du celtique se développe aux Etats-Unis. Notre
collaboratrice, Miss Gertrude Schoepperle, nous écrit qu'elle a été
chargée pendant le semestre d'hiver 1911-1912 d'un cours de
vieil-irlandais cà l'Université d'Urbana (Illinois), et que pour ses
débuts, elle a réuni autour de sa chaire une demi-douzaine d'étu-
diants zélés, qui lui ont donné toute satisfaction. Nous applaudis-
sons à ce succès.
VI
M. T. O' Maille, professeur à l'University Collège de Galway,
nous adresse le prospectus suivant, qui doit intéresser tous les
jeunes celtistes :
UNIVERSITY COLLEGE, GALWAY
COURSES IN CELTIC.
380 Chronique.
Students of this Collège may obtain the following Degrees :
B. A., M. A., M. LiTT. Celt., ot the National University of Ire-
land. For Students not wishing to proceed to a Degree spécial
courses will be arranged.
B.A.
Students may obtain this Degree by presenting Irish and one
other language, Modem or Classical, and a subsidiary subject.
LECTURES
The Lectures on the B.A. Course in Irish include the follo-
wing :
1. Spoken Irish and Phoxetics.
2. Composition in Irish.
3. Irish Literature : The Cuchulainn or Red Branch Saga ;
the Finn or Ossianic Saga ; varions periods of Ancient or
Modem Irish Literature ; and the Interprétation of Texts.
4. Comparative Grammar of Old Irish,
5. Irish Historv.
M. A. AND M. LITT. CELT.
Thèse Degrees mav be obtained bv Graduâtes on attending a
Course of Lectures in the Collège and presenting a satisfactory dis-
sertation on some subject treated of in the Courses.
Courses are arranged in :
Dialects of Modern Irish.
Old and Middle Irish Texts.
MiDDLE Welsh Texts.
Celtic Philology.
Spécial Provision is made for Graduâtes of other Universities
who may obtain one of the higher Degrees by attending a Course
of Lectures for two sessions and by carrying out research unde
the direction of the Professor.
The Degree of D. Litt. Celt. is obtainable five vears after the
primary Degree B.A. on original published work.
The Celtic Faculty of the Collège comprises the following ;
Professor O'Maille, M.A. (Manchester), Ph.D. (Freiburg iBr.) ;
Professor Trench, M. A. (Dublin); Dr. MacEnri, M.A., M.D,
(Dubhn).
The Collège is situated in an Irish-speaking area and Irish is
the language of the market place. Galway is the centre of a very
picturesque district.
Chronique. 381
For further information and détails of the Courses of Lectures
apply to
PROFESSOR O'MAILLE, M. A., PH.D.,
Professer of Irish and Dean ot the Faculty of Celtic, Univer-
sity Collège, Galway; or
PROFESSOR PYE. M.D., D.SC,
Registrar, University Collège, Galway, Ireland.
VII
SCHOOL OF IRISH LEARNING
122 St. Stephen's Green, Dublin.
Director :
Professor Kuno Meyer, Ph. D.
Course on
Old-and Middle-Irish Poetry axd Metrics
September ié-27, 1912
Monda3's, Tuesdays, Thursdays, and Fridays.
Professor Kuno Meyer will give on the above dates a Course of
Lectures introductory to the Study of Old and Middie-Irish Poe-
try and Metrics. The text-books used will be ihe lecturer's Primer
of Irish Metrics and Sélections from Early Irish Poetry (School of
Irish Learning).
The lectures will take place in the afternoon from 5 to 6.30
o'clock.
Fées : 10 s. the Course, payable in advance to J. G. O'Keefie,
Hon. Treasurer.
Intending students should communicate beforehand with
R. I. Best
Hon. Secrttary.
vni
La dixième session de 1' « École d'été » (Ysgol Hat) de la Wclsh
Language Society (Cymdeithas yr iaith Gymraeg) se tiendra cette
année à Aberystwyth du 29 juillet au 10 août, comprenant, comme
les précédentes, des cours élémentaires, moyens et supérieurs. Le
droit d'accès aux cours est de 15 shillings (8 pour une seule
semaine).
Revue Celtique, XXXIII. 25
382 Chronique.
Dans la liste du personnel enseignant, nous retrouvons les noms
de sir Edward Anwyl, du Prof. J, E. Lloyd, du Rev. H. Elvet
Lewis, de MM. S. J. Evans, Howell T. Evans et W. J. Griffiths,
qui traiteront, comme précédemment, de grammaire, de littérature
et d'histoire. A ces noms se joignent cette année ceux de sir Mer-
chant Williams, président de la Welsh Language Societ}', du Prof.
T. Powell, de Cardiff, de M. D. Samuel, principal de la County
School d'Aberyst^^•}'th, de M. Morgan Watkin, fellow de l'Univer-
té de Galles.
Le secrétaire de la Société est toujours M. D. James (Defynnog)
à Treherbert, auquel il faut s'adresser pour tout renseignement.
IX
Miss Mary \\'illiams, qui possède, comme on sait, le doctorat
de l'Université de Paris, a été nommée le 20 juin 19 12 assistant
lecturer in French à Victoria University, Manchester. Nous félici-
tons notre collaboratrice de ce succès et nous espérons qu'en un
centre gallois comme « Manceinion » elle trouvera le loisir de
travailler encore à nos études.
X
Nous avons reçu l'ouvrage suivant dont il sera prochainement
rendu compte ;
Cûirt ail Mheadhou Oidhche, Bryak Mérrymax cet. Riséard
O'Foghludha .i. Fiachra Éilgeach dochuir in eagar (Le Tribunal
de Minuit, composé par Brian Merriman, édité par Richard
O'Foghludha, dit Fiachra Eilgeach). Dublin, Hodges, Figgis and
Go. 1912. X-185 p. 8°. 10 s. 6 d.
J. Vexdryes.
_t:
PÉRIODiaUES
Sommaire. — I. Journal des Savants. — II. Abhaudlungen der kôn. preuss.
Akademie der Wissenschaften. — ■ III. Sitzungsberichte der kôn. preuss.
Akademie der Wissenschaften. — IV. Zeitschrift fur vergleichende Spracli-
forschung. — V. Indogermanische Forschuugen. — VI. Proceedings of
the Royal Irish Academy. — VII. Archiv fur slavische Philologie. —
VIII. The Celtic Review. — IX. Gadelica. — X. Mannus. — XL Zeit-
schrift fur Ethnologie. — XII. Revue Préhistorique de l'Est de la France.
— XIII. Pro Alesia. — • XIV. Korrespondenzblatt der deutschen Gesell-
schaft fur Anthropologie. — - XV. Boletin de la Real Academia de la
Historia. — XVI. Transactions of the Honourable Society of Cymm-
rodorion.
I
M. J. Loth a dotiné au Journal des Savants (septembre 191 1,
p. 403-414) un article sur/e Sort et récriture che\ les anciens Celtes.
Il montre d'abord le rôle important qu'a joué le bois dans l'un
comme dans l'autre. Les Celtes consultaient le sort avec des mor-
ceaux de bois ; leur langue a conservé plusieurs traces de cette
ancienne pratique. Ainsi crann-chur « lancement du bois >■> désigne
le sort en irlandais, et de même en gallois coel-hren, m. à m.
« bois à pronostic » ; blaen-hren « e.xcellent bois » désigne la chance
dans un passage du songe de Rhonabwy ÇRed Book, I, 145, 22), et
cocrann traduit consors dans le manuscrit de Milan, 37 b 13. D'autre
part, c'est également sur bois que les Celtes gravèrent les premiers
signes d'écriture, signes conventionnels et mystérieux, à la façon
des runes germaniques. L'ogham dut être une écriture sur bois
avant de s'allonger au flanc des pierres. De nombreux mots rap-
pellent cette origine. Le nom indigène de la « lettre » est en irlan-
dais fid qui signifie « bois » ; la ligne centrale de l'écriture ogha-
mique porte le nom de flesc « tige, baguette » ; l'ogham écrit s'ap-
pelle oghani craobh « ogham en branche » ; toeb omna « côté du
384 Périodiques.
chêne » désigne la « consonne », et nin « la lettre » (particulière-
ment la lettre n) signifie proprement « frêne ». On peut ajouter
que dans le glossaire d'O'Davoren (Arch. f. Celt. Lex., II, 424) la
même lettre nin est qualifiée de fren oghuiiii, qu'il faut vraisembla-
blement corriger en frein oghuim «. racine dogham ».
L'écriture chez les Celtes consista donc d'abord en traits et
entailles sur bois ; mais ces traits et ces entailles avaient aussi une
valeur magique, servaient à la divination, au sort, aux incanta-
tions. Cette double valeur est probablement fort ancienne. M. Loth
est tenté d'en faire remonter l'origine à une époque extrêmement
reculée, à l'époque paléolithique. Il y a certaine ressemblance
entre l'écriture oghamique et les signes gravés sur des objets en os
de l'époque magdalénienne. On observe des caractères qui rap-
pellent l'ogham sur une ardoise trouvée dans un monument méga-
lithique de l'ile de Groix, sur la paroi intérieure du premier dol-
men de Mané-Kérioned, etc.
Cela n'empêche pas, bien entendu, que les philologues sont
dans le vrai, qui voient dans l'alphabet dit oghamique, comme
dans l'alphabet runique d'ailleurs, un calque de l'alphabet latin .
M. Loth rappelle au cours de son article (p. 411) le nom du jeu
d'échecs en celtique (jr\. fid-cheU, gM. giuydd-bwyll soit « intelli-
gence du bois ») et l'épisode des pions animés dans le roman gal-
lois de Peredur (R. B~, I, 240,7). P. 407, il propose une heureuse
étymologie du mot gallois cyiuydd « mesure » qui sortirait de *com-
luidii- (ii'idu- « bois ») et serait par suite l'exact équivalent de l'ir-
landais ciihaid « harmonie » (Thurneysen, Hdh., I, p. 211, 457).
II
Les Abhakdlungen der kôxigl. preuss. Akademie der Wis-
SENSCHAFTEN de l'année 19 12 contiennent un nouvel article pos-
thume de Heinrich Zimmer, édité comme les précédents par les
soins de M. Kuno Meyer. Il est intitulé : Aiif welchem Wegekamen
die Goidelen vom Kontinent nach Irland? et devait faire partie, nous
dit une note de l'éditeur, d'un grand ouvrage que projetait le
regretté savant sous le titre : Ans der Celtic Fringe, Forschungen \ur
Geschichte der Inselkeltcn im Altertum, Miitelalter iind Neii\eit. Les
longs articles de Zimmer publiés précédemment par l'Académie de
Berlin se rapportaient, comme on sait, au même projet.
Dans celui-ci, Zimmer combat une doctrine et corrige une carte.
L a carte est de sir John Rhys et figure dans les diverses éditions
Périodiques. 385
de son livre bien connu, The Celtic Brilairi . C'est la carte de la
Grande-Bretagne à l'époque de l'occupation romaine.. Elle est
en trois couleurs, qui représentent respectivement le domaine
des Pietés (aborij,^éncs préceltiques suivant l'auteur), des Goidels
et des Bretons. Le domaine picte est au Nord, au-dessus d'une
ligne qui relierait le Firth of Clyde au Firth of Forth, mais
avec des prolongements jusqu'à Carlisle et Newcastle. Le domaine
goidélique comprend quatre régions : le Sud-Ouest de l'Ecosse à
g. d'une ligne qui relierait GlasgoM^ à Lancaster; les pointes
Nord-Ouest et Sud-Ouest du Pays de Galles, enfin le Cornwall,
avec les comtés actuels de Devon, de Somerset et de Dorset. Le
domaine britonnique comprend le reste. C'est-à-dire qu'à l'époque
de l'occupation romaine la position respective des Goidels et des
Bretons aurait été à peu près la même que celle des Anglo-Saxons
et des Bretons cinq ou six siècles plus tard, après les batailles de
Deorham (578) et de Chester (616) ; il y aurait eu transposition :
les Bretons auraient pris la place des Goidels et les Anglo-Saxons
des Bretons. Cette hypothèse est favorable à la doctrine, enseignée
notamment par sir John Rhys et par d'Arbois de Jubainville, sui-
vant laquelle les Goidels après avoir quitté le continent et avant
d'aller conquérir l'Irlande, auraient occupé la Grande-Bretagne. La
carte s'accorde ainsi avec la doctrine, mais remarquons bien qu'elle
n'en est pas l'expression nécessaire. La position respective des Goi-
dels et des Bretons au premier siècle de notre ère ne dépend pas
nécessairement du chemin qu'ont pris les Goidels pour gagner l'Ir-
lande. Ce sont là deux questions différentes et indépendantes ; au
point de vue de la saine méthode, on pourrait reprocher à Zimmer
de les confondre.
La carte elle-même ne peut se défendre. Zimmer la critique avec
âpreté et la bouleverse du haut en bas. Il a le tort de donner à sa
réfutation une allure de triomphe; le triomphe est trop facile, et
un peu bruyant, à notre goût. Il est certain qu'au premier siècle de
notre ère, lors de l'occupation romaine, les parties de la Bretagne
que sir John Rhys attribue aux Goidels étaient occupées par des
Bretons. Nous connaissons les noms de ces Bretons : c'étaient les
Dumnonii et les Cornovii (que l'on retrouve plus tard dans la Bre-
tagne trançaise) ; c'étaient les Silures, les Demetae, les Ordovices ;
c'étaient, dans le Cantire actuel, les Epidii ('EttîSiov axoov chez
Ptolémée), dont le nom seul atteste le caractère brittonique, même
s'il n'est pas, comme le \ eut Zimmer, l'équivalent de l'irlandais
Eochaid. Tous ces peuples étaient des Bretons : le témoignage des
historiens, et notamment celui de Tacite, que Zimmer invoque.
386 Périodiques,
est là pour le prouver. L'île de Man même aurait été bretonne à
cette époque. Zimmer rapproche de son nom gallois Manaiu
(Manau chez Nennius) le Manaii Guoiodiii des Bretons du Nord, le
Moniu, plus tard Miuiii (auj. Myuxii' en Saint-Davids) dans l'an-
cienne Demetia, et enfin le nom du Monmouth actuel (gall.
Mynwy') dans l'ancien pays des Silures'. La présence des Menapii
en Irlande au témoignage de Ptolémée (Mavx-r/ ttôXiç) prouve
même que les Bretons s'étaient étendus à l'Ouest au-delà du Canal
Saint-Georges et suppose par conséquent qu'ils détenaient les deux
pointes occidentales du pays de Galles. C'est d'une logique pres-
sante et irréfutable.
D'autre part, nous connaissons par Nennius les rapports des Goi-
dels, des Pietés et des Bretons antérieurement au vii<= siècle. Les
deux premiers se mirent souvent d'accord pour combattre les troi-
sièmes. C'est que les Goidels avaient fait en Bretagne les mêmes
incursions que les Bretons en Irlande; ils s'y étaient même établis.
Les fils d'un Goidel nommé Lethan occupèrent pendant un temps
la région de Demetia qui s'appelait Guir Cetgueli (auj. Giuyr et
Kediueli sur les confins des comtés de Carmarthen et de Glamor-
gan) ; ils en furent expulsés par un Breton de Manau Guotodin, le
célèbre Cunedda. La presqu'île du Carnarvonshire porte aujour-
d'hui encore le nom de Lleyn ; ce mot est l'équivalent de l'irlan-
dais Laigin « les habitants de Leinster », et rappelle certainement
des établissements de Goidels au Nord-Ouest du pays de Galles
actuel ; mais ces établissements sont bien postérieurs aux début de
l'occupation romaine. C'est par eux qu'il faut expliquer la présence
en Cornwall et en Galles d'inscriptions en écriture oghamique ; ces
inscriptions ne remontent guère plus haut que le vi^ siècle. De
cette époque date sans doute aussi l'occupation définitive de l'île
de Man par des populations goidéliques. Les Goidels, à partir du
v^ siècle, vinrent fréquemment en Grande-Bretagne, se mêlèrent à
la population brittonique et même entrèrent comme mercenaires
au service de l'empire. Avec les armées romaines, ils passèrent
parfois en Gaule où, sous le nom de Scotti et de Atecotti, les écri-
vains latins les mentionnent, généralement pour flétrir leurs atro-
cités. Il y a trace de ces expéditions dans les textes irlandais ;
témoin le curieux récit du Lebor na h-Uidre (f° 38a), que cite
Zimmer, où il est question d'une expédition de Dathi, fils de
Fiachra (et neveu de Niall aux Neuf Otages) jusqu'aux Alpes ^ .
1. Sur les noms de l'île de Man, voir J. Loth, Mcni. Soc. Lino-., VI, jo.
2. Par une correction toute simple, mais fort heureuse, Zimmer
PérioiJiqnes. 387
D'après la chronologie irlandaise, celle-ci aurait eu lieu entre
375 et 425 et coïncide justement avec le soulèvement des
usurpateurs bretons Maxime (tué en 388) et Constantin (tué en
412) en Gaule. Peu après commencèrent les exodes de religieux
irlandais sur le continent, dans les forêts des Vosges, dans les val-
lées solitaires des Alpes, où les poussait un besoin d'ascétisme. Le
plus célèbre d'entre eux, saint Colomban, fournit à Zimmer une
conclusion à son article en le ramenant à la question que pose !e
titre.
Lorsqu'à l'instigation de sa grand'mére Brunehaut, Thierry II,
roi de Bourgogne, chassa Colomban de Luxeuil pour le renvoyer en
Irlande, le moine irlandais traversa la France de l'Est à l'Ouest pour
aller s'embarquer à Nantes, et de là gagner l'Irlande directement
sans passer parla Grande-Bretagne. Telle aurait été suivant Zimmer
la voie ordinaire de tout temps suivie par ceux qui voulaient aller
du continent en Irlande. C'est cette voie que les Goidels auraient
jadis prise aussi, lorsqu'ils firent la conquête de l'Irlande antérieu-
rement à l'ère chrétienne. Les Celtes auraient ainsi pris les Iles
Britanniques comme dans un étau, dont les Goidels formeraient la
branche de gauche et les Bretons celle de droite. Il est possible.
Mais, comme d'Arbois de Jubainville l'a fait remarquer (Rev. Celt.,
XXX, 212), rien n'empêche de croire que les deux routes d'Ir-
lande — celle par l'Angleterre et la route directe par mer en par-
tant d'un port continental sur l'Océan — aient été de tout temps
connues et suivies. Quelle que soit la justesse des critiques adres-
sées par Zimmer à la carte de sir John Rhys, il ne nous paraît pas
apporter les arguments décisifs pour détruire la doctrine tradi-
tionnelle. Le seul fait sûr est qu'à l'époque de l'arrivée des
Romains, les Bretons occupaient toute l'Angleterre actuelle, y
compris le Pays de Galles. A cette même époque les Goidels occu-
paient l'Irlande. Par quelle voie y étaient-ils venus ? Ni l'histoire
ni la linguistique ne permettent, croyons-nous, de le décider sûre-
ment. C'est à l'archéologie qu'appartient ici le dernier mot. Mais
Zimmer ne le lui a pas demandé.
III
M. Kuno Meyera donné aux Sitzukgsberichte der kon. preus-
SISCHEN AkADEMIE DER WlSSEXSCHAFTEX (t. XXV, p. 436-443)
retrouve dans ce récit le nom de Pharamond roi de France (p. 43, n. i) ;
le texte irlandais porte Foniienns ri Tracta.
388 Périodiques.
une jolie étude sur un poème moyen-irlandais relatif à saint Bren-
dan. Parmi les saints d'Irlande, saint Brendan occupe une place à
part ; c'est un voyageur, mieux encore un navigateur, dont les
aventures sur mer font pendant à celles de Bran, le héros païen
(voir notamment Gust. Schirmer, Zui- Breiidanusïegende, diss.,
Leipzig, 1888 et Zimmtr, Brendan' s Meerjahrt, Z. f.deuîsches Alter-
ium, XXXIII [1889], cahiers 2, 3 et 4). On pensait jusqu'ici que le
plus ancien texte en langue vulgaire relatif à saint Brendan était un
poème anglo-normand composé vers l'an 11 20, lequel a pour base,
comme l'a montré M. Plummer (Z. /. Celt. PhiL, V, 124 et
suiv.), une vie latine du saint. Il faut abandonner cette opinion.
Le poème irlandais que publie M. Kuno Meyer est tiré du Book
ofLeinster (f°s 36e et 369), manuscrit copié vers iiéo, mais repré-
sente un état linguistique de cent ans environ plus ancien. C'est
au xi^ siècle qu'a dû être composé ce poème, qui faisait vraisem-
blablement partie d'une vie, aujourd'hui perdue. Il comprend neuf
quatrains du mètre dit raiiiiaigecht chetharchuhaid recomarcach. La
donnée en est fort simple : c'est une bienvenue adressée au saint
par un inconnu, soit dans une rencontre au cours d'un voyage
soit au retour du saint dans sa patrie. Les principales étapes de
Brendan y sont mentionnées, même les plus légendaires : la Bre-
tagne armoricaine, avec Gildas, Tours, à cause de saint Martin,
Rome, la Grèce, la Palestine, et jusqu'à l'Inde. Le texte mentionne
en effet, l'île de Taprofane, à laquelle l'arbre du soleil sert de
pilier (dianid âge crand gréne); cette île estCeylan.
Le texte du poème présente quelques difficultés, qui tiennent
pour une part à l'état du manuscrit, illisible à certains endroits.
M. K. Meyer a dû çà et là laisser des blancs dans sa transcription.
De l'ensemble, il fournit, comme toujours, une interprétation à la
fois élégante et solide. De savantes notes justifient et complètent
la traduction. A signaler, le nom. plur. iraigthe « les pieds » au
lieu du V. irlandais traigid; la 2^ pers. sg. du prétérit dochùadais à
côté de dochnad « tu es allé a, c'est-à-dire côte à côte la forme
nouvelle (de prétérit sigmatique) et la forme ancienne (de prétérit
radical); la 2*= pers. sg. ropsat « tu as été » du prétérit du verbe
copule, qui est également caractéristique du moyen-irlandais (cf.
P. H., 1. 3099), bien qu'elle figure déjà dans le SaJtair un Ranii,
1318 {jiàrhsat'), 3574(ro[p].fa/) ; cf. nirsat, L. L. 54a 11.
Périodiques. 389
IV
Dans le tome XLV de la Zeitschrift fur vergleichende
Sprachforschung (i'-'' cahier, p. 72 et suiv.), notre collaborateur,
M. J. Pokorny, a publié trois articles :
1° gallois cinvr, irlandais cÇa)ur. car. En face du gallois caïur
« géant » (cf. gaulois Kauapoç, Cavarillus), l'irlandais possède deux
mots différents : car (de * côar\ gén. côrad « héros » (Fél. Prol.,
65, 167), qui est régulièrement issu d'un primitif * a/îc/^ro- et doit
sa flexion à l'analogie des thèmes à dentale eirr, cing, mil, niae; et
d'autre part caur, cur, qui est un emprunt au brittonique. L'em-
prunt caiir a passé à cur, comme Caiilaiin à Culann (de Calimos),
maug- à miig (ogam Magu), laubair à liibair (empr. lat. lahor), etc.
M. Pokorny explique de même le mot lau, lu «. petit » comme un
emprunt au brittonique (v. Rev. Celt., XXXII, 202 et 213).
2° tûare « nourriture » (formes plus anciennes tore et toure)
sortirait de *to-griyâ- ; cf. skr. giràti « il avale », garàlna boisson »,
gr. popà, lat. iiorâre, lit. giria ce boisson », etc.
Enfin, 3°, continuant ses Beitrâge \ur irischen Grammatik,
M. Pokorny étudie, p. 77-82, iiV Verschiedeufarbigkeit von Konsouaii-
tengruppcu innerhalh des einheitUchen Wortes. Il s'agit du groupe
cht, dont on enseigne d'ordinaire qu'il est rebelle à la palatalisation
(v. Pedersen, Vgl . Gr., I, 349; Thurneysen, Hdh., I, 99), et cela
aussi bien à l'intérieur qu'à la finale. Dans ce dernier cas, quand
une ancienne terminaison palatale était tombée à la fin du mot,
M. Pokorny soutient que le / du groupe cht conservait la position
palatale. Il en voit la preuve dans quelques faits de graphie du
vieil-irlandais : hoicht Ml. 31 c i (et 27 d 7, avec Vi au-dessus delà
ligne), nochit Wb. iic 18 avec 1'/ au-dessous de 1'/.; (les éditeurs
du Thésaurus lisent à tort nochtchtnvî). La prononciation moderne
justifie, paraît-il, l'intéressante hypothèse de M. Pokorny.
V
Dans les Indogermanische Forschungen, t. XXX (3*^ 0.14^ ca-
hiers), nous relevons, p. 225 et suiv., un travail de M. H. Hessen
sur die konsonantische Flexion in den Mailànder Glosscu. C'est un
répertoire de tous les mots à thème consonantique attestés dans le
manuscrit vieil-irlandais de Milan. L'auteur les a classés d'après la
consonne finale du thème ; cette classification est empruntée au
390 Périodiques.
Handhucb de M. Thurneysen, p. 192 et suiv. Comme collection
lexicographique, le répertoire sera utile. A trois endroits seule-
ment, M. Hessen a dégagé de ses statistiques une conclusion ;
c'est à propos du datif-accusatif singulier des mots en -tu (gén.
-tad), en -tiu (gén. -ten) et du datif singulier des neutres en -m
(gén. -e). En ce qui concerne les premiers, il établit, p. 230,
qu'au datif, la forme en -tu est régulière dans Wb., tandis que
dans Ml. la forme en -/a/d est deux fois plus fréquente et le devient
davantage encore dans Sg. ; à l'accusatif, c'est la forme en -taid
qui est la plus fréquente dans Wb. et dans Ml., la seule même
attestée dans Sg. Pour les mots en -tiu (p. 236), l'accusatif est
généralement en -in dans les trois manuscrits ; le datif est dans
Wb. plus souvent en -e qu'en -iu ou en -in, dans Ml. plus sou-
vent en -iu qu'en -in et en -in qu'en -e, dans Sg. plus souvent en
-in qu'en -e, une seule fois en -///.Enfin, les trois manuscrits s'ac-
cordent en ce qui concerne le datif singulier des neutres en -/;/
(p. 241), qui présente partout la forme longue {rnadmaini^ beau-
coup plus souvent que la forme courte (^inaidni).
Dans le même périodique, p. 145 et suiv., M. Kieckers étudie
die Stellung der Verha des Sagens in Schaltesâtxen im Griechiscben
und in den venuandten Sprachen. Quelques alinéas sont consacrés à
l'irlandais (p. 180 et s.), ce qui est beaucoup, puisque le verbe
« dire », qu'il ait la forme ol, ai', or, for ou hnr, se place toujours,
comme tous les autres verbe!', avant son sujet. Il y avait peut-être
lieu de signaler que l'irlandais olsé « dit-il »joue exactement le rôle
de la particule iti en sanskrit ou des guillemets dans nos langues
modernes, en ce qu'il s'introduit dans les phrases du style direct,
même quand celles-ci sont précédées d'un verbe déclaratif; type :
isand ashert : Ni thô, ohe « c'est alors qu'il dit : Non, dit-il ». Ce
tour est constant en moyen-irlandais.
VI
Les Proceedixgs of the Royal Irish Academy, vol. XXX, sec-
tion C, n° I, publient p. i-ii,la deuxième partie de l'enquête
poursuivie par M. Mario Esposito sur les Hiherno-latin manuscripts
iu the lihraries of Siuitierland (v. Revue Celtique, t. XXXII, p.
118).
Les bibliothèques dont il est question cette fois sont les biblio-
thèques municipales de Zurich et de Berne. A la bibliothèque muni-
cipale de Zurich, M. Esposito a trouvé seulement trois manuscrits
Périodiques. 391
hiberno-latins (C 68, C 78 et C 99), qui remontent tous trois au
ix"-" siècle. La bibliothèque de Berne, une des plus riches de Suisse
en manuscrits, lui en a fourni onze (n°^ 19, 123, 167, 172, 212,
258, 265, 563, 510, 517, 582), parmi lesquels ilfaut mettre à part
le n" 363, bien connu des celtistcs par les gloses en vieil-irlandais
qu'il contient.
Vil
Dans I'Archiv fur slavische Philologie, t. XXXIII, p. 51-99,
M. A. Schachmatov reprend en allemand une partie des théories
qu'il a développées en russe dans l'article des Mémoires de l'Aca-
démie de Saint-Pétersbourg dont la Revue Celtique a parlé, t. XXXII,
p. 504. Mais cette fois il laisse de côté les Finnois, pour ne s'occuper
que des « plus anciens rapports entre les Slaves et les Celtes ».
Il rappelle d'abord l'extension des populations celtiques dans le
centre et le Sud-Est de l'Europe, le nom de la Bohême, Boiohaemum
et celui des BziTrAayoa dans la Bessarabie actuelle, avec la ville
d"AX'.oript;, les noms de villes Nouioduuum , auj. Isaccea sur le
Danube, dans la Dobrogea, et Carrodunumzu]. à la foisKrappitz sur
l'Oder en Silésie, Karnbergprès Wasserburg, en Bavière, et Pitomaca
en Slavonie. Tous ces faits sont bien connus. Il y a joint les suivants
qui sont nouveaux et qui n'offrent pas les mêmes garanties : l'Oder
aurait un nom celtique (irl. odhar « gris brun ») ; de même la
Wiede, affluent de l'Oder, et la Wied, affluent du Rhin, l'Osobloga,
affluent de l'Oder (cf. irl. boîg « sac » proprement « gonflé » ?),
laLatorica dans le bassin de laTheiss(cf. Latara, nom de lieu en
Gaule), la Bodva, affluent de la Theiss (cf. irl. Bodb, déesse de la
guerre). Voilà des rapprochements bien problématiques et qui dès
le début mettent le lecteur en défiance.
La suite n'est pas moins inquiétante. Passons sur Lidentification
du nom des Vendes de la Baltique et des Vénétes de la Bretagne
armoricaine, dont nous avons déjà parlé. M. Schachmatov sait
même la place qu'occupait le ton indo-européen dans le nom des
Veueti ; c'était l'initiale, et par là s'expliquent les formes du nom des
Vendes, v. h. a. Wiuidà, v. isl. Vindir, d'un prégerm. *Vinidôi. Il
énumère ensuite une série de noms géographiques du bassin de la
Vistule,quilui paraissent d'origine celtique, à commencer par le notn
du fleuve lui-même, F/V/rt, formé d'une racine ^veis-K couler » et du
suffixe d'instrument -tlo-; soit un celtique Vîsilâ, devenu Vlslâ chez
les Germains et chez les Slaves. Cette doctrine est déjà consignée
àzns \e Sprachschaii de M. Holder. Puis, remontant vers le Nord,
392 Périodiques.
M. Schachmatov essaie de prouver que les Celtes ont occupé les
provinces baltiques ; il utilise le témoignage de Tacite, qui dit des
Estes (^Aestii, cf. le nom des Aedui),qnibus . . .lingua Briiannicae pro-
pior (Germ . , 4 5) ;et il dresse pour les bassins de la Duna et du Memel
le même tableau de correspondances celto-slaves que pour le bassin
de la \'istule (p. 76 et suiv.). Le nom que les Slaves donnent aux
Germains, Ncmûci, représenterait celui d'un peuple celtique, les
Nemetes, installés dans le bassin du Memel (p. 84) ; le nom de la
Lituanie serait de même un nom celtique, donné à la côte orientale
delà mer Baltique par les Vénètes (cf. Lefauia « l'Armorique ») ;
et la ville de Riga tirerait son nom du gaulois rlgo- de Rigodu-
iium ou Rigoiiuigus, etc. etc. L'établissement des Celtes dans ces
régions aurait même laissé des traces dans le vocabulaire com-
mun des langues slaves. M. Schachmatov termine son article en
donnant une liste demots du slave commun, empruntés du cel-
tique :
russe bojarinù « chef » ; cf. irl. hô-aire « maître du bétail, proprié-
taire ».
hraga « malt » ; irl. hrach, gall, hrag. «id ».
hykù(.< bœuf», v. gall. huch « vache ».
russe ohà'kr\{iti « tailler tout autour » ; irl. cocrich « frontière ».
cçtû dans cetûchuli « TrocoTocTîaOâp'.oç » ; irl. cet-, gall. cynt.
cigotii « TTraOàp'.oç » ; gall. cig « viande », cigydd ' « bou-
cher ».
russe droga « brancard, timon » ; irl. droch « roue ».
jakn « fort » ; gall. iach « bien portant» .
jahîûko « pomme » ; irl . ahall.
Tusst klasti « couper, châtrer », irl. claidiin « je creuse ».
klèti « maison » ; irl. cliath « treillis ».
kobî « charme » ; irl . cob « victoire » .
russe kosira « ivraie » ; irl. cass « crépu ».
koiia « hutte » ; irl. coit « id. ».
kotora « combat » ; irl. cotarsna « contraire ».
I. M. Schachmatov nous apprend qu'il tire ce mot de Bullet, Mévtoires
sur la langue Celtique, 1759, tome II. Singulière référence, et qui étonnera
bien des celtistes ! Heureusement, le mot est mieux attesté : il figure dans
tous les dictionnaires gallois. Mais pourquoi M. S. le fait-il précéder de
l'abréviation ival . ? C'est sans doute aussi un emprunt à Bullet. — Signa-
lons çàetlà quelques erreurs géographiques : p. 61, M. S. parle du dépar-
tement des « Bouches de Loire », et p. 80 il place en Allemagne (heute im
Westdeutschland) la ville belge d'Alost, située en pleine Flandre entre Bru-
xelles et Gand!
Périodiques. 393
russe korgil « poupe » ; gall. cwrwg, irl . curach « sortede bateau».
kosulja « chemise » ; irl. cassai «sorte de vêtement ».
russe ludà « étain » ; irl. luaide a plomb ».
ledina « terre inculte » ; irl. laiin, bret. lann.
Iclo « année » ; irl. /i//; « fête ».
* leska (tchèque lisha^ « noisetier » ; irl . flesc « baguette » .
mosti <f pouvoir » ; irl . -magim « j 'accrois » .
oticï « père » ; irl. aithech « maître de maison ».
sluga « serviteur» ; irl. sliiag « troupe ».
skocifi « sauter » ; irl. -scaigim « je passe ».
snadi « légèrement, un peu » ;irl. -snaidum « je coupe ».
stitù « bouclier »; irl . sciath « id. ».
tati « voleur » ; irl. tàid « id. ».
tèsto « pâte » ;irl. tais, gall. loes « id. »,
tlukiï « traducteur » ; irl. -iluchur «je parle ».
valii « fossé » ;irl./(i/ « mur».
vlatïi (S. géànX n ; irl. flàith « seigneur».
Ces correspondances de vocabulaire, d'ailleurs rarement limitées
au celtique et au slave, ont été pour la plupart depuis longtemps
signalées ; maison a toujours considéré jusqu'ici qu'elles remon-
taient à l'indo-européen et témoignaient par suite seulement d'une
parenté dialectale. M. Schachmatov est le premier qui les inter-
prète par l'hypothèse d'un emprunt. Cette hypothèse ne nous
convainc pas.
VIII
Le numéro de juillet 191 1 de The Celtic Review (vol. VII,
n° 26) contient le commencement d'une édition de la Gaelic Version
ofihe Thehaid of Statius parle professeur Mackinnon (p. ioé-122).
Cette édition s'ajoute utilement à celles qui ont été données jus-
qu'ici d'œuvres irlandaises inspirées ou traduites des littératures
classiques (voir Revue Celtique, t. XXXI, p. 393).
La version gaélique de laThébaïde était inédite. Il y en a une
copie complète dans le manuscrit EgertonijSi du British Muséum,
p. 173-253 (daté de 1487), et une autre dans le manuscrit VIII.
Kilbride, n° IV, de l'Advocates'Library d'Edimbourg (commen-
cement du xv^ siècle). Enfin, un fragment du même texte est con-
servé dans le manuscrit H. 37. (auj. 1298) de la bibliothèque de
Trinity Collège, à Dublin, p. 457 3-460 b (daté de 1479). Le
manuscrit Egerton et le manuscrit d'Edimbourg sont la reproduc-
tion presque identique d'un même original ; ils offrent jusque dans
394 Périodiques.
l'écriture les mêmes particularités. M. Mackinnon a pris comme
base le manuscrit d'Edimbourg ; il donne en note les variantes de
l'autre manuscrit.
Le récit gaélique est sensiblement diftérent de la Thébaïde de
Stace, qu'il suit d'assez loin seulement; il est également différent
de la version du même poèmefaite en moyen-français. M. Mackin-
non n'en donne encore que le début, correspondant à peine à la
moitié du premier livre de l'œuvre de Stace . C'est une entreprise
de longue haleine qui sera continuée dans les numéros suivants de
la Revue. Nous espérons qu'à la fin M. Mackinnon fera suivre son
édition d'un glossaire des principaux mots du texte.
Dans le même numéro, M.James Fergusson termine une étude sur
The Pidish Race and Kingdom (p. 122-138) ; et Miss E.-J. Lloyd en
commence une sur The Mabijiogion asLitcrature(p. 164-174). C'est
une fort jolie étude que celle de miss Lloyd. Elle définit fort bien
l'originalité des Mabinogion et le caractère propre de ces récits,
« spiritual in their nature and Imaginative in their form, whether
in the world of fact or inthe world of fiction ». Et elle analyse très
finement les éléments variés qui y ont été combinés. Les Mabino-
gion forment une collection disparate de récits qui représentent
des civilisations et des époques différentes. Nos lecteurs ont été
depuis longtemps édifiés à cet égard par les travaux de M. J. Loth
publiés dans cette Revue, ou par les notes qu'il a jointes à sa traduc-
tion française du texte gallois. Ils connaissent aussi les préfaces de
M. J. Gwenogfrvn Evans et, en ce qui concerne les Pedair Kaingc,
le bel article de Sir Edward Anwyl dans la Zeitschnft fur celtische
Philologie (t. I, p. 277; II, p. 124 ; III, p. 123). Miss Lloyd tire un
heureux parti des savantes études de ses devanciers; elle y joint des
remarques personnelles qui ne sont pas sans mérite.
L'étude de Miss Llovd se termine dans le numéro 27 (octobre
191 1) de la même Revue, p. 220-248. Ce même numéro 27 con-
tient la suite de l'édition de la Thebaid, par le professeur Mackin-
non, p. 204-219.
IX
Le premier numéro de Gadelica, le nouveau périodique dont
nous avons annoncé plus haut la création (v. p. 141), contient, p.
35 et suiv., le début d'une édition du Pairlement Chloinne Tomàispar
M. Bergin. Le regretté L. Chr. Stern a signalé naguère, dans la. Zeit-
schrift fur celtische Philologie, t. V, p. 541, l'intérêt de ce curieux
texte, si caractéristique de l'humour irlandais, et où les mœurs
Périodiques. 395
des paysans sont décrites avec un sens vigoureux du comique. Le
« Parlement des enfants Thooias » est une satire anonyme com-
posée vers le milieu du xvii^ siècle. Elle comprend deux parties
séparées, M. Bergin n'en publie encore, d'après un manuscrit en
sa possession, que le commencement de la première partie. Le
morceau se termine sur l'ardente bataille que se livrent les préten-
dants à la main de Siligean, fille de Cairpre Crom O' Céirin. Il a
en tout 550 lignes.
J. Vendryes.
X
Mannus, 191 1, 3-4, p. 313, nous apporte un acte d'une polémique
qui s'est engagée entre son directeur, M. Kossinna, de Berlin, et M.
Schliz, de Heilbronn au sujet du peuplement de l'Allemagne à l'âge
du bronze. Les premiers établissements des Celtes différenciés sont
en question. Des lacunes dans la série des faits archéologiques attes-
tent des vides partiels, pour certaines époques, en certaines con-
trées, tant à l'Ouest qu'à l'Est; des signes d'abondance y succèdent,
correspondant à la détente probable de peuples dont l'origine est
précisément le sujet du débat. M. Kossinna a vigoureusement
appelé l'attention sur cette sorte de faits, qui signifieraient évi-
demment beaucoup, s'ils pouvaient être établis d'une façon qui ne
laisse place à aucun doute et, tout justem.ent, ces messieurs nous en
suggèrent plus d'un. M Schliz voit les choses de l'Ouest et il est féru
d'anthropologie ; M. Kossinna les voit de l'Est, de Berlin et peut-être
d'un peu plus haut. — M. Schliz constate que la population du
S.O. de l'Allemagne a changé de caractères physiques depuis le
temps où cette région nous apparaît assez bien peuplée, au milieu de
l'âge du bronze (période II) de gens qui enterrent leurs morts, inciné-
rés ou non, sous des tumulus, s'étant établis dans un pays apparemment
presque désert. Au début du i^'âge du fer (époque de Hallstatt), on
y trouve des hommes de petite taille, dolichocéphales, d'apparence
méditerranéenne, venus du S.-O. semble-t-il ; au fort du i«'' âge de
fer ce sont des hommes de grande taille, également dolichocéphales,
venus du nord des Balkans ; à l'époque de la Tène des brachycé-
phales de belle taille, qui sont les Gaulois. M. Schliz doute fort que
les populations précédentes aient eu rien de commun avec ceux-ci
et qu'elles aient parlé celtique. 11 ne serait donc pas sûr, au regard d'un
anthropologue que le S.-O. de l'Allemagne eût été occupé par des
Celtes avant 500 ou 400 avant J. C. Les Bavarois du milieu de l'âge
du bronze, ceux des tumulus, auraient à peu près abandonné le
396 Périodiques.
pays pour gagner le Nord-Est, presque désert (période II de l'âge
du bronze) ; ils y auraient porté une céramique caractéristique,
décorée de bossages (céramique du type dit deLusace) dont l'origine
serait italienne. Or, ce sont ceux-ci que M. Kossinna considère
comme les premiers Celtes. Il pourrait demander à M. Schliz sur
combien d'exemplaires reposent ses définitions des races. Il se con-
tente de lui répondre en substance, que les caractères physiques des
groupes humains, formés d'éléments anthropologiques différents, se
modifient pourainsi dire automatiquement, sans admixtion d'éléments
nouveaux et que, dans le cas présent, les indications fournies parles
restes de la civilisation ont plus de valeur que les renseignements
anthropologiques. Or, que doit-on conclure de ceux-ci ? Que les
mouvements de peuples qui nous intéressent se sont produits non pas
du S.-O. vers le Nord, à Tâge du bronze, mais de l'Est vers l'Ouest et
le Sud-Ouest. Les urnes à bossage de l'Allemagne du Sud ne sont pas
les ancêtres; mais les descendants de celles de Lusace; elles ne provien-
nent pas de celles d'Italie, mais celles-ci procèdent de celles-là, par
une autre voie. Les unes et les autres sont les signes de la descente vers
le Sud des peuples celtiques et italiotes. Mais le mouvement était com-
mencé avant l'existence des urnes à bossages. — Le cimetière bohé-
mien d'Aunjetitz, qui date delà première période de l'âge du bronze
et de ses débuts, a donné son nom à une civilisation définie par ses
objets usuels, sa céramique en particulier, et ses rites funéraires :
les morts y sont inhumés recroquevillés. Là où elle s'est développée,
en Bohême, la population était dense. Son habitat s'est agrandi vers
l'Ouest et vers le Sud. Tombeaux et objets apparaissent un peu plus
tard dans la Basse Autriche d'une part, dans l'Allemagne occiden-
tale de l'autre. De part et d'autre, la propagation s'est étendue. L'Italie
a été atteinte et Tlllyrie remplie. C'est là, selon M. Kossinna, qu'est le
tronc de trois branches septentrionales des Indo-Européens, Celtes,
Italiotes et il ajoute Illyriens. Il ne dit rien des Germains, mais il
en traite dans un volume de sa bibliothèque dont je dirai un mot
quelque jour. Tableau un peu sommaire, mais, je crois, bien cons-
truit, de la série de faits ethniques dont dépend la différenciation
et la fixation des premiers Celtes'. A cette descente vers le Sud des
Nordindogermaiien correspondrait la montée vers le Nord des Sudin-
dogennanen que M. Kossinna désigne sous le nom commode de Car-
podaces. C'est à ceux-ci qu'il attribue la civilisation du type de
Lusace.
Périodiques. 597
XI
La Zeitschrift fur Ethnologie public, dans son fascicule \' de
191 1, p. 664-817, le y rapporl de la commission pour l'établisse-
ment des cartes préhistoriques, constituée par la Société d'Anthro-
pologie de Berlin. Les précédents rapports sont de feu Lissauer, le
promoteur de l'entreprise, et portent sur l'âge du bronze. Celui-ci
est de M. Robert Beltz et a pour objet les fibules de La Tène
ÇFïiufter Bericht ûher die Taligkeit dcr von dcu d. aiithropologischen
Gesellschaft geiuahltoi Konnnissicii fi'ir prchistonsche Typenharteu^.
Le rapport se compose d'un court aperçu sur la classification des
types, leur répartition, lesconclusionsgénérales qui s'en dégagent et
de longs tableaux statistiques. Le fascicule VI, p. 930 sqq., donne
des tableaux supplémentaires et la carte. La carte comprend l'Alle-
magne, la Bohème, une partie de la Suisse et de l'Autriche. Son
aspect est très instructif. Les fibules dites de La Tène sont un des
produits significatifs de la civilisation celtique. L'extension de celles
qui appartiennent à la f^ période de la civilisation de La Tène
est assez exactement limitée aux pays occupés par les Celtes. Les
plus anciennes ne sont nombreuses que là où la civilisation cel-
tique a été, dès le début, le plus vivace, dans la moyenne vallée
du Rhin, en Bavière ; il y en a aussi en Bohême. Les fibules de la
f* période manquent totalement en Westphalie. L'influence de la
civilisation celtique sur celle des Germains se maniteste par la diffu-
sion des fibules de la IL" et de la IIL période de La Tène au-delà
de l'Elbe. Il s'y développe des variétés inconnues aux pays cel-
tiques. A l'avancée des Germains, en deçà de l'Elbe, correspondent
sur la carte des lignes de points ; ce sont les cimetières germaniques
à incinération où ont été trouvées, dans l'Allemagne occidentale,
les plus récentes fibules de la série. \'oilà de bons documents pour
l'étude des Grci!ihi\ichmigen celto-germaniques.
XII
La Revue préhistorique de l'Est de la France reprend avec
l'année 191 2. Souhaitons-lui de longues années de vie. Elle com-
mence par un article de M. Perrault-Dabot sur les menhirs percés
de la Haute-Saône, qui ne paraissent pas avoir rien de commun
avec les cloisons perforées des chambres funéraires mégalithiques,
telles que celles de Conflans-Sainte-Honorine, auxquelles l'auteur
Revue Celtique, XXXIII. 26
59^ Périodiques.
les compare. — M. Pierre Bouillerot traite (p. 14 sqq.)avec beau-
coup de minutie d'une Cacheiie de la fin de l'âge de Ironie, décou-
verte près de Gray (Haute-Saône). L'article contient toute une dis-
sertation sur les symboles religieux préhistoriques, qui est peut-
être hors de saison, à propos d'une croix de Saint-André figurée sur
la base d'une faucille.
XIll
Nous avons beaucoup négligé Pro Alesia. C'est dommage, car
la lecture en est instructive. On v trouve sans doute des vers et
beaucoup de discours, de M. Chaussemiche, du D"" Simon, de
M. Ferrero, de M. Toutain, etc. La Société de Semur, ou M. Matru-
chot, bien qu'ils affichent une indépendance farouche, font appel aux
gloires et aux compétences étrangères. MM. Hirschfeld et Bohn
publient chez eux \ Instrumenlum domesticum d'Alise (46-47, 19 10,
p. 665), où se trouvent, en bonne place, les graffites du vase d'ar-
gent ; il semble qu'on veuille y lire une marque de fabrique. —
M. Toutain (53-54, 1910, p. 766) fait un Mercure chevauchant sur
un bélier d'une figure dont il ne reste que le tronc de l'animal et
les jambes du cavalier. M. Déchelette lui donne la réplique dans le
fascicule suivant. — On a confié les vases de bronze trouvés en
1909 à M. M. Besnier, professeur à l'Université de Caen ; l'étude
est minutieuse, mais, ô vanité des raisons ! M. Besnier en trouve
pour dater d'avant l'occupation romaine des vases de bronze, fort
usuels, du iv>^ siècle après notre ère, ainsi qu'un plat gravé au s)'m-
bole chrétien du poisson. Et que de bibliographie, hélas! Mais
bibliographie n'est pas connaissance ; notre jeune université s'y
trompe. — Le lieutenant-colonel Frocard invoque la stratégie pour
bien montrer qu'Alise était Alésia (53-54, 1910, p. 753). — AL Bou-
tron décrit les hypocaustes (49-50, 1910, p. 710) ; M. Van Gennep,
les clefs (46-47, 1910, p. 675). — M. Henry Barbe, sous le titre de
la Civilisation de Hallstatt au Mont Auxois (55-56, 57-58, 191 1,
p. 777 sqq., 817 sqq.) nous en apprend peu sur Alise même, mais
montre qu'il pratique les meilleurs des archéologues allemands. —
M. Berthoud continue la publication des textes anciens concernant
Alésia. — M. L. Matruchot décrit une voie gauloise (57-58, 1911,
p. 809) et défend la Société de Semur contre l'accusation calom-
nieuse d'avoir déposé dans un musée national quelques produits
de ses fouilles ; elle a mieux mérité de l'Auxois. Certes, par les
subventions qu'elle reçoit du ministère, elle exerce sur l'Etat une
Périodiques. • 399
reprise au profit de l'arrondisscnient. Souhaitons que cet esprit,
j'allais dire de clocher, soit favorable à la science, en tout cas à
la bonne conduite des fouilles. Le pavs a d'excellentes traditions:
Pro Ak'sia en donne la meilleure preuve par la publication de ses
notes rétrospectives sur les découvertes faites au mont Auxois ;
on y trouve, avec de la modestie, de l'observation, de la préci-
sion, du sens critique et les marques d'une culture qui n'a pas fai»-
de progrès.
XIV
Le KORRESPONDEVZBLATT DER DEUTSCHEN GeSELLSCHAFT FUR
Anthropologie, 19 12, il 2, p. 9, rend compte de la réunion du
Verbaiid hayerischer Geschicht-uud Urgeschicijtsvereiiie, fédération des
sociétés bavaroises d'histoire et de préhistoire. M. Reinecke y a
parlé de la ville « gallo-romaine » de Cambodunum (près de
Kempten). — Le D'^' Hock a traité des rapports que présentent les
phases anciennes de la civilisation dite de Villanova, en Italie, avec
les phases anciennes de la civilisation halstattienne.
XV
Le R. P. Fidel Fita publie dans le Boletix de la Real Acade-
MIA DE LA HiSTORiA, t. LVIII, juin 1911, p. 5 12 sqq., trois inscrip-
tions romaines de Mosteiro da Riveira. La première, inédite, est un
ex-voto <à une déesse Rêva (Rêve).
Le même auteur, Ibid., LIX, sept.-oct. 1911, p. 27e sqq., publie
une série de documents et pièces anciennes relatives à La Gran
Caverna del Pico Sacco dos léguas al oriente de Compostela , préface à
l'étude archéologique de la caverne. Qjaelque culte préhistorique a
peut-être fait, avant celui de saint Jacques le Majeur, de la mon-
tagne un pic sacré.
Le fascicule suivant, novembre 191 1, p. 398, nous apporte sous
la même signature de Niievas lapidas romanas de Noya, Caiido, Cereio
y JunciUa, Noya 3. Diane veiiatrici Arpo Uref... etc.; 4 (funéraire) :
Maso...; 5, stèle funéraire avec une figure très grossière qui ne
représente certainement pas le mort. — Cerezo : D^eo) Ae(iiw'). Un
appendice publie des notes inédites du P. Sarmiento sur La marnula
celto-romane y épigràfica de Bretal, en Galice, tumulus à incinération,
sépulture d'indigènes, Celtes peut-être, où a été trouvée une inscri-
ption latine, — p. 482. Nuevos dôJiiiciies de Navarra : aux douze déjà
mentionnés, le R. P. Fidel Fita en ajoute quatre, avec trois photo-
graphies.
400 Périodiques.
M. Juan Sanguino y Michel publie, dans le fascicule de décembre,
p. 439 sqq. des Aiitigiwdadcs de las Torrillas {Alcuescar'), sorte de
catalogue d'objets, de fragments de marbre, de monnaies, le tout
romain.
Le R. P. Fidel Fita, p. 467, traite du Castro Roiiiaiio de Câceres el
Vicjo et donne de nouvelles inscriptions. Il établit qu'une statue
antique, aujourd'hui placée sur une tour de l'église S. Mateo était
une statue de la Pax Augusta. — P. 529, il signale une inscription
inédite trouvée à 20 kilomètres de Burgos, à Reville del Campo :
L. Reiiiiios, Réuni f. — Le nom de Rennius apparut pour la pre-
mière fois en Espagne. Le savant épigraphiste n'est pas assez bon
celtisant pour donner crédit au rapprochement qu'il suggère entre
ce mot et le brenn celtique.
LX, 1912, janvier, p. 37 sqq. R. P. Fidel Fita. El trijiiiio romane
de Villenueva de Cordoha : Limite commune des Sacilietises, Epo-
renses, Salienses, fixée sous Hadrien. — Dans les nouvelles, p. 98,
on lit une inscription inédite de \'inuesa : Abicus, Casariciis, Cari-
cucolla, Saicliis, noms celtibériques.
Février, p. 158, du R. P. Fidel Fita, Niievalàpidaromana del Escii-
rial {Trujillo) : Aetiira, Alugiiis.
Mars, p. 233. Autre inscription de Santa Ainalia (R. P. Fidel
Fita).
XVI
Les Traxsactioxs of the Hoxol'rable Society of Cymmro-
DORION (1908-9) ont récemment publié (1910) un important
mémoire de M. F. Haverfield sur les établissements militaires
romains dans le pays de Galles ( Military aspects of Roman JVales).
L'auteur y passe en revue les camps et les postes romains dont il
reste trace, dans l'ordre d'un itinéraire rationnel, correspondant à
peu près à celui des routes qui reliaient les postes entre eux. Il
figure le plan des ruines et des retranchements qui n'ont pas disparu,
relate les découvertes et les publications ; il y ajoute de l'inédit,
quand il y a lieu, par exemple, deux fragments en l'honneur de
Trajan trouvés à Gellygaer ; en tout cas, il a colligé la copie de la
plupart des inscriptions qu'il mentionne.
M. Haverfield nous montre ainsi le pays de Galles très fortement
occupé par les troupes romaines. De l'armée de Bretagne il distrait
deux légions, la XX^et la IL Augusta, cantonnées dans deux grands
camps légionnaires: celui de la XX'^ légion à Deva (Chester), celui
de la IL^ Augusta à Isca Sihinim (Caerleon), l'un au Nord, l'autre
Périodiques. 401
au Sud. M. Haverfield les laisse de côte-. Entre les deux et jusqu'à
la côte orientale s'échelonnent 17 camps à'auxUia, au passage
de rivières, commandant des vallées et gardant par les hautes val-
lées les massifs montagneux. Ce sont des camps du type usuel, car-
rés, avec leur habituelle disposition intérieure, leurs bourgs de cawrt-
hae à l'extérieur. Les constructions intérieures ont été faites en
maçonnerie; des parements de maçonnerie ont renforcé les rem-
parts de terre; quelques tours dominaient les plus récents. De ces
constructions, il n'y a de restes un peu considérables qu'à Caersws,
Penydarren, Gellygaer et Cardiff. M. Haverfield ne cite qu'un
seul poste de moindre importance et de plan irrégulier, celui de
Cumbrwyn, à l'extrémité sud-ouest, qui pouvait être occupé par un
petit détachement de cavalerie destiné à surveiller la côte. Celui-ci
était un poste de garde ; les autres étaient des cantonnements, can-
tonnements fortifiés et non pas forteresses. Il n'y a pas à signaler,
en dehors des camps légionnaires un seul camp de plus d'une
cohorte ou d'une aile auxiliaire, comme l'était Newstead sur la
Tweed et comme les Romains en ont établi sur plus d'un point
pour consolider l'extrémité d'une ligne de défense. Carnarvon, en
face d'Anglesey, était un simple camp de cohorte. C'est qu'il n'y
avait pas ici de ligne de défense, ni contre les indigènes du pays
de Galles, ni contre les insulaires irlandais. Tacite témoigne que
ceux-ci ne donnaient aucune préoccupation (^Agricola, 25); ceux-là
n'étaient pas cantonnés dans une réserve. Les cantonnements du
pays de Galles n'étaient pas des cantonnements frontières, mais des
cantonnements d'occupation.
Sont-ils tous contemporains ? L'étude archéologique des castella
gallois retrace-t-elle les étapes de la conquête ? Il y en eut plusieurs.
M. Haverfield ne fait qu'une brève allusion aux travaux d'ap-
proche de la XIV<^ légion qui, pour un temps, fut cantonnée dans
la haute vallée de la Severn.
La plupart des camps sont postérieurs aux Flaviens, à partir de
l'avènement desquels l'occupation se poursuivit méthodiquement.
Il y en eut qui d'ailleurs ne furent occupés que pour une assez
courte durée. Tels sont ceux de Pendarren et de Gellygaer, fondés
sous Trajan et abandonnés peu après. Il serait intéressant de retrou-
ver les camps d'Ostorius Scapula, qui commença en 47 l'avancée
méthodique et eut à lutter contre le fameux Caractacus.
La poterie rouge sigillée trouvée dans les camps peut, à la rigueur,
servir d'indice chronologique. Des vases de la fabrique gauloise de
la Graufesenque, signés Methillus et Vitalis, ont été trouvés au
Gaer, près de Brecon. Ce sont les plus anciens des vases datables
402 Périodiques.
qui, jusqu'à présent, aient été signalés. Les vases importés des
fabriques de Lezoux sont infiniment plus nombreux. M. Haverfield
signale les marques de Cinnamus, Divixtus, Paternus.
Sur la garnison des camps, on n'a que peu de renseignements.
Une inscription nous apprend, par exemple, que la première
cohorte des Ncrviens a été cantonnée à Caergai. Mais nous n'avons
pas la liste complète des corps de troupes auxiliaires établis
dans le pays. Le réseau des routes de communication est fort
incomplètement retracé et M. Haverfield nous annonce que le
relevé des camps n'est problablement pas complet.
H. Hubert.
Le Propriétaire-Gérant, H. CHAMPION.
MACOX, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS,
PRINCIPAUX OUVRAGES DE M. J. LOTH
PROFESSEUR AU COLLÈGE DE FRANCE
En vente à la librairie H. Champion.
Vocabulaire vieux-breton iw^c commentaire, contenant toutes les gloses
en vieux breton, gallois, comique, armoricain connues. Précédé d'une
introduction snr la phonétique du vieux breton et sur Tàge et la prove-
nance des gloses. 1884, gr. in-8 10 fr. »
Remarques et corrections au lexicum cornu-britannicuni de Williams.
1 902, in-8 2 fr. »
L'année celtique d'après les textes irlandais, gallois, bretons et le calen-
drier de CoHgnv . 1 904, in-8 3 fr. »
Contributions à la lexicographie et l'étymologie celtique. 1906,
in-8 2 fr. »
Les noms des saints bretons. 19 10, in-8 3 fr. »
Origines, étymologics, histoirt' et archéologie des prénoms bretons.
La langue romane et bretonne en Armorique. 1908, in-8, 30 p. 2 fr. »
Questions de grammaire et de linguistique brittonique. Fasc. i. La
particule verbale Ro dans les langues brittoniques. 191 1, in-8,
1 64 p 6 fr. ))
Remarques et additions à l'Introduction to Early Welsh de Stra-
chan. 1912, in-8, 1 1 3 p , 5 fr. ;>
Vient de paraître :
TROISIÈME ÉDITION REFONDUE ET AUGMENTÉE
LA
LÉGENDE DE LA MORT
CHEZ LES BRETONS ARMORICAINS
PAR
ANATOLE LE BRAZ
Avec des notes sur les croyances analogues chez les autres peuples celtiques,
par Georges DOTTIN, Professeur à l'université de Rennes, 2 vol.,
in-8 10 fr. »
Georges DOTTIN
PROFESSEUR A l'uNIVERSITÉ DE RENNES
Louis Eunius ou le purgatoire de Saint-Patrice, mystère breton en
deux journées, publié avec introduction, traduction et note«. 1910. Fort
vol. in-8, 500 p 10 fr. »
En préparation :
MANUEL
POUR SERVIR A
L'ETUDE DE L'ANTIQUITE CELTIQUE
NOUVELLE ÉDPriON REVUE ET CORRIGÉE
1912. In-i2 5 fr. »
Sous presse :
MANUEL
DE
L'IRLANDAIS MOYEN
1° GRAMMAIRE
In- 12 5 fr. Environ.
La Vision de Tondale (Tnudgal), textes français, anglo -normand et
irlandais publiés pour la première fois, par V. H. Frielel et Kuno
Meyer . 1907, in-8 7 fr. 50
Ce livre peut être considéré comnis la Descente aux enfen d'un Dante breton.
CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDH
DES
ROMANS DE LA TABLE RONDE
{Suite)
VII
FRAGMENT d'uN POÈME SUR TRISTAN
DANS LE LIVRE NOIR DE CARMARTHEN
Il y a une dizaine d'années, javaissignalé à Gaston Paris l'exis-
tence de ce poème. Je lui avais exposé les raisons qui permettaient
de le rapporter au roman de Tristan. Le sens de ce poème, évi-
demment fragmenté, avait totalement échappé aux critiques. Il
m'avait engagé à l'étudier à fond et à en donner une traduction.
D'autres travaux m'en détournèrent. Si la valeur de ce fragment
de 22 vers ' a été méconnue, cela tient à sa réelle obscurité et
aussi à ce que le nom de Tristan y apparaît sous une tonne
difficilement reconnaissable, Diristan. La quantité indique
Drislan, forme excellente de ce nom : / = )' moyen-gallois
(o bref) : / a encore souvent cette valeur au xii^ siècle. Quant à
l'apparition d'une voyelle irrationnelle entre d et /■ dans dr
initiale, ce n'est pas rare dans les textes du xii-xiii'' siècle, en
particulier dans le plus ancien des manuscrits des Lois de
Gwynedd.
Skene n'y a rien compris. Dans la note au poème de la page
I. Skene, Four une. Books of IVales, II, 55-56. Gwenogfryn Evans The
Black book of Carmarthen, PwUheli 1906, p. loo-ioi . — Du même : Fac-
siviile of the Black book of C. 50 verso 51 r».
Rnue Celtique, XXXIII. 27
404 /. Loi h.
332 (tome II). il déclare que c'est le plus confus du tous les
poèmes du Livre Noir et qu'il est pour lui inintelligible. Sa
traduction (tome I, p. 325) en fait foi. Silvan Evans (même
note) écrit qu'il s'agit de Mechyd, fils de Lh- warch Hen : Il
transforme fechid (qui est un verbe) en mechyd .
Dans son édition du Bhrk Book , p. 138, note à la page 100
V. 6j GwenogfrynEvans à proposde Fcr/'/J _D/m/a//, dit : « Le
prof. J. M. J. {Jones Morris Jones) pense que nous avons ici
vraisemblablement affaire à un nom composé : Fechid Diris-
tan. Mais p. 160 {Additional «oto), l'auteur s'est ravisé : Jechid
serait un verbe 3™^ pers. sing. prés. ind. ; le sens suggère mi
nyth ervyll, ce qui n'explique pas, dit-il, la bévue lui djod. Puis
viennent ces lignes qui auraient gagné à être plus explicites :
The ihird Une conirasls favorably the réception given lo the subject
oj the poem by the bard with that by Tristan.
Le manuscrit du Livre Noir est de la fin du xW siècle ou du
commencement du xiii^ siècle; à part les vers de la fin des
Englynion y bedeu (Fac-simik, p. 35 recto depuis y beddcu jus-
qu'au bas de la page), manifestement plus récents, le manuscrit
peut être considéré comme de la même main ou tout au moins
de la même époque d'après de bons juges '.
D'après la métrique, pour des raisons que j'ai indiquées dans
ma Métrique galloise (tome I. i''' partie, p. 330), le poème est
au plus tard delà première moitié du wi" siècle ^
Le poème est composé de deux fragments d'un mètre et
d'une structure différents. Le premier se compose de trois
strophes, deux de six vers ayant la même rime ', une troi-
sième de quatre vers : il me paraît fort probable que deux vers
manquent.
Le deuxième fragment se compose de six vers tormant deux
tercets. Les vers du premier fragment sont de 9 s3dlabes, ceux
1. C'est l'opinion de M. Omont ; les différences tiennent à des diffé-
rences de calante, et à une plus ou naoins grande rapidité dans l'écriture.
2. Je songeais, au moment ou j'ai publié ma Métrique, à étudier de plus
près ce poème dont j'avais déjà découvert le sens général.
3 . On serait tenté de supposer danslei«'' vers de la ire strophe une asso-
nance entre nior et le mot final du 2™'^ vers camhwr, mais c'est improbable
et inutile (v. J. Loth, Métrique galloise, II, Repartie, p. 161-162).
Romans de hi Tahlc Ro'ulr. 405
du second de 7. Le dernier vers en compterait 9, mais elles
peuvent être réduites à 7.
Les deux fragments se rapportent aux mêmes personnages,
mais ils ont trait à des époques ditîérentes de la légende.
Il est évident que ces morceaux poétiques devaient être accom-
pagnés chez les conteurs gallois de récits ou commentaires en
prose, comme chez les Irlandais. Ces récits, malheureusement,
ne nous sont point parvenus. Aussi l'interprétation de ce genre
de poèmes est-elle laborieuse ; les dialogues lyriques des
poèmes XXXIII, XXX\', XXXI, le poème XXII, si impor-
tants pour les traditions galloises, seraient d'un intérêt capital
s'ils étaient accompagnés d'un smiple récit explicatif en prose.
Les deux fragments ont été évidement juxtaposés : il
manque un chaînon intermédiaire. Le premier est clairement
incomplet; aussi, est-ce un essai de traduction et d'interpréta-
tion que je propose.
Je donne hiQxitd'aprèslcfac-sitnilé, en séparant les strophes,
avec une ponctuation qui est de moi. La traduction suit
avec un commentaire lexicographique sommaire. Puis vient
une tentative d'interprétation au point de vue de la légende
de Tristan.
Kyd karwiv (e) morva, cassaav ' (e) mor,
Pyr toei wanec carrée camhur
Glev, diwal, hygar, hael, huyscur,
Yscinvaen beirt bit, butic clydur.
Goruc clôt heilin bentfic awirtul - :
Hid braut parahaud y ertiwul
Kyd karhuiw (e) morva casaav (e) ton :
Digones ton treis oer cleis y ron;
Ew kuynhiw (i)ny wuiw in hervit hon ;
Gweith heinyw golchiw ar winvy wron ;
Kid y lleinu'keudaud nis beirv calon,
Ac yn lluru kyheic kimod yron ;
1. Skcne avait donne cassaii : le fac-simile donne cassaav qui se trouve
d'ailleurs au le"" vers de la strophe 2.
2. au'irliil : / est irrationnel.
4oé /. Loth.
Yssim edivar oe negesseu ;
Ban wrissuis pebrur pell y agheu
Glev diwal k3'weithit (yd)vuam in dev
Menicitarwet duwir dalenneu
Deuxième fragment.
Fechid Diristan othiwod ',
Nu nyth ervill hn ch..od';
O'm parth guertheiss(e) March irod.
Dial Kyheic am oet blis
Am y kywreu y melis :
Och, corr, dy sorr(de) (ymi) bu ewnis.
Premier fragment.
« Quoique j'aime le rivage, je hais la mer, depuis que j'ai vu
la vague couvrir le rocher du champion, lui le vaillant, actif,
aimable, généreux, prêt à l'attaque; lui, le perron des bardes du
monde et leur profitable abri. Il a fait, l'échanson de la gloire,
un emprunt bien triste : jusqu'au jour du jugement durera
sa folie.
« Quoique j'aime le rivage de la mer, je hais la vague : elle
a usé de violence, la vague, froide est sa meurtrissure. Je me
lamenterai, tant que je serai près d'elle. Je laverai (cette tache)
avec allégresse sur mon sein. Si l'estomac est rempli, le cœur
n'y est pour rien. Kyheic, faisons un accord.
« J'ai du regret à la suite de ses messages, depuis que le beau
guerrier s'est hâté au loin vers la mort. Nous avons été tous
les deux de vaillants collaborateurs là où l'eau entraîne les
feuilles. »
1. ?o\ir oth âyvod (^Métrique galloise, H^ partie, p. 9).
2. Après im on peut hésiter, mais il me semble certain qu'il y a ch\
pour ch, cf. au vers précédent, le ch de fechid.
Rniiiiiiis lie la Table roude. 407
Deuxième fragment
« Drystan gronde de fureur à la pensée de ta venue; il ne te
recevra pas dans.... Pour moi, de mon côté, j'ai vendu March
pour toi ; je voulais me venger deKyheic à cause de ses paroles
si douces. Hélas, nain, que ta colère m'a été funeste. »
Strophe i, vers 2 -.pyr toei : pyr signifie : depuis que, et aussi
parce que, et toei semble indiquer une action répétée: sur pyr,
sa construction et son sens, voir J. Loth : Questions de gram-
maire et de linguistique brittonique, i, p. 107; Rev. Celt.
t. XXXI, p. 27.
Vers 3 : D'après l'orthographe du Livre Noir, dizual doit
représenter le dyfal actuel (cf. L. Noir, 34, 15 et plus bas,
strophe 3, vers 3.). Il y a un autre mot, actuellement dywal,
qui a le sens de cruel (Myv. Arch. 163.).
huyscur au sens propre, paraît signifier au trait (javelot,
pique) hardi: pour yscivr, cf. (L. Rouge, F. a B., II, 219, 18.) :
Neu'm gwant ysgwrr 0 gwrr dy got.
Mais il a pris un sens métaphorique (Myv. Arch. 231-2 ;
146, 2 ; 150, I ; il est dit d'un aigle: eryr huyscur.^
Vers 4 : yscinvaen, mot à mot, inontoir de pierre (pierre
pour monter). Le mot est employé métaphoriquement (cf.
Myv. Arch. 13) :
Nyth orseif esgar esgynvaen mawr vro.
« Il ne peut t'arrèter, l'ennemi, toi le grand perron du pays. »
Beirt bit, les bardes du monde : bit est souvent ajouté ainsi
pour donner une idée d'ampleur. Clydur, abri confortable,
au sens métaphorique, est resté en usage. Dafydd ab Gwi-
lym dit d'Ifor Hael : (17).
Harddenaid heirdd a'u clydwr
« âme aimable des bardes et leur abri ».
Vers 3 : awirtiil =- afrddivl actuel. J'ai identifié ce mot avec
l'irlandais abardall et donné son étymologie (Arcbiv f. Celt,
Lexic. I, p. 397).
4o8 /. Loth.
Vers. 6 : ertiwnl ne se trouve nulle part ailleurs; ce serait,
je crois, actuellement erddyfiul. J'ai supposé /o//>, passion folle,
en pensant à l'irlandais actuel builc folie, désespoir (Dinneen,
Ir. Engl. Dict.) ; c'est une hypothèse bien séduisante. Faut-il
lire erwitnl (er-fydzvl }}. Le mot ne se trouve pas.
Strophe 2, vers 2 : treis a bien un sens de violence, mais
surtout exprime un acte d.'enlêvemcnl. de rapt fait avec violence.
Ce sens est précisé dans les Ancien t Laïus I, 254; cf. 424 ; II,
232; cf. lolo Goch, id, p. 161).
— : y roi! : ron paraît employé ici métaphoriquement ; il
a le sens propre de lance (Myv. Arch. 278. 2 : Gruffyd
rud ron); de même giuayiu plus employé dans ce sens.
Yron du vers 6 à un sens tout différent. Ron, dans l'expres-
sion pei ron a le sens de gnaini iiienie, même s'il était possible
(Sélections froni Heng. mss. 5' Greal, p. 26. p. 5.) Ron a peut-
être ici ce sens, ou un sens approchant.
Vers 3 : Pour eiu, v. J. Loûi, Remarques et Add. à l'Introduc-
tion de Strachan, p. 62 ; Rev. Celt. t. XXXI, p. 321.
Pour le sens de Imiiu, on peut hésiter et traduire : je me
lamenterai, tant que j'existerai, à cause d'elle (la vague).
C. Myv. Arch. 243. i :
Tra y bwyf, y bo dy ganmawl
Bard fyddaf y Dduw, tra fiuyf ddyn.
Henuid a le plus souvent, en prose, le sens de suivant,
selon, mais le sens que je lui donne ou un sens approchant
n'est pas rare. Herwydd Duiu traduit apud Deum dans Dafydd
Hiraddug. {Myv. Arch. 369. i); yn herwyt calan, en ce qui
concerne les étrennes (Myv. Arch. 21 r. i). En comique,
herwyth a le sens de au pouvoir de, en compagnie de. On pour-
rait d'ailleurs, dans notre passage, traduire : à cause d'elle.
C'est la vague qui est visée, car treis et cleis sont mascu-
lins.
Vers 4 : heinyf est traduit par vîf, allègre, et aussi dans les
dictionnaires modernes, comme celui de Walter, par luxu-
riant, en parlant de la terre (Walters,£"//o'/. WelshDict. : végète).
On ne voit pas bien à quoi se rapporte exactement ool-
Roiutiiis de ht 'l'ithlc rtniilc. 409
chizu. Dans un passage de Cynddelw (Myv. Arch. 161. i),
golchi a le sens du français laver un outrûgc dans le sang :
Golchynt eu ileurnl ilezur tueissyoïi :
« Ils lavaient leurs joues, ces vaillants jeunes gens en sor-
tant du combat. »
Le visage (les deux joues aussi) est synonyme d'honneur.
Vers 5 : Keitdawd a le sens primitif d'estomac (il vient du
latin cavifateni) et de pensée : c'est le sens qu'il a en breton.
Il semble qu'il s'agisse ici d'un acte lucratif, avantageux, mais
que le cœur n'a pas inspiré. Benvi, bouillir, est souvent
employé métaphoriquement, par exemple en parlant de la
trahison : Myv. Arch. 249. nyverwynt vrad (id. L. Rouge,
258. 5. 6 : berwyt bryt brat).
Vers 6 : Ihvnu (irl. lorg) signifie proprement trace, sentier,
mais il est plus souvent employé au sens métaphorique :
Ikunv, en ce que, du moment que, en ce qui concerne, en fait de.
Il apparaît aussi dans des idiotismes comme yn Ihvrw y benn,
la tète la première. Son sens primitif est encore très net dans
certains passages : sur la trace, sur le sentier, à la poursuite de
(L. Aneurin, 104. i ; Myv. Arch. 159. 2, ar Ihuriu camaïun :
« sur la piste (le sentier) de guerre ».) Il est possible que dans
notre passage, il faille traduire : à la poursuite de.
Kyheic, d'après le vers du deuxième fragment est manifes-
tement un nom propre.
yron : il y a des exemples de suffixes de la première per-
sonne du pronom avec préposition en -n (J. Loth, Remarques
et additions, p. 66); Rev. Celt. t. XXXI, p. 325.
Strophe 3, vers i : yssini edivar . mot à mot, est repentir à
moi.
Peut-être y a-t-il un vers disparu entre le premier et le
second. Ban pour pan a le sens propre de quand ; je l'ai tra-
duit à cause du sens, par depuis que : or pan est ernployé dans
ce sens. Ce vers paraît expliquer edivar.
Vers 2 : pell y agheu pourrait signifier : celui dont la mort est
connue au loin, ou encore, qui répand la mort au loin. Ces
deux sens seraient faciles à justifier par des exemples; mais le
verbe vrysswys a évidemment un objet qui ne peut être que
410 /. Loth.
agheu. Pcbntr se trouve sous la forme décomposée pebir giir
(p. 54, vers 15).
Vers 3 : viiam ne compte que pour une syllabe; de mêitie
pour buost (L. Noir, p. 48, vers 3_|).
\"ers 4 : vieiiic. On aurait pu songer à corriger en iny-
nych\ mais nienic existe; c'est un dérivé de mcn : nien, niyn,
vannetais men, où : Gwalchmai, Myv. Arch. 149. i :
Dyfr}'ded vonhed fennic yd uyt (là où tu es);
cf. thc Book of Llandav, p. 120 : r pop mynnic yd voy, partout
où ce pourra è re; ibid. y pop mynnic ar tir Telian.
Dakuneu : dalen peut indiquer un feuillet de livre, une
feuille d'or {dalen ew"). Silvans Evans lui donne même, non
sans raison, le sens général de lamina .
Deuxième partie.
Vers I : Fechid est très clairement la 3^ pers. du sg. ind. prés,
d'nn mot rare dont le sens est précisé par le passage suivant des
Sélections from Heng. ms. II, p. 125 : il s'agit d'un sanglier :
Acygy^t ac y gwyl, trwynjfychein, ac agori y safyn etc. « et
dès qu'il l'aperçut, il se mit à gronder (par les naseaux), et à
ouvrir sa gueule ». Cf. Myv. Arch. 228. i : Ef keif kerenhyd
oe iyi fechyn tf il obtiendra pardon pour sa foi ardente ».
Truynffychein signifierait donc, gronder en jetant une baleine
enflammée par les naseaux.
Diristan, d'après la mesure, doit être corrigé en Dristan :
sur l'apparition d'une voyelle de résonnance entre d initial et
r, V. J. Loth, Remarques et add., p. 17 ; Rev. Celt. t. XXXI,
p. 145.
Vers. 2 : Le sens parait exiger nu.
Vers 4 : Kywreu : pour le sens de paroles, ci. L. noir, 8.
17; 13, 12; L. Tal. 121. 11; 151. 25, 109. 227. Il a aussi le
sens de chant (John Rhys, Revue Celt. II, 120, a rapproché
cyfreii du v. gall. cobrouol, gl. verbialia.) Il y a un autre
cyfreu, d'orfgine différente, signifiant joyau, ornement, et qui
se retrouve dans le terme juridique ar-gyvrau, breton argou-
rcu, vannetais argouvreu.
I. Dans ce cas, le sens serait : souvent Tonde emporte tes feuilles. Le sens,
même en lui donnant une allure de proverbe, ne serait guère satisfaisant.
RoiiiiDis de 1(1 Tiihir ronde. 411
Vers 6 : aunis (moderne efnys); le sens de hostile, enneiin,
est assuré par bon nombre de passages (L. noir, 32. 20 ; L. Tal.
214. 6; Myv. Arch. 164. i : Rys rnthyr cfnys; 184. i vnuydyr
efnys : 200. 20, chwant Eva, efnys haivl.) Il a le plus souvent
le sens d'un adjectif, mais dans le passage suivant d'un poème
du xv*^ siècle (Gorchestion beirdd Gymru; Huan ab H. S.
Swrdwal), il a le sens à^tinoiii : ni //;roed ei gefyn ar efnys
(( il ne tourna jamais le dos à l'ennemi ». Il a pris le sens
d'un substantif pluriel qu'il ne semble pas avoir eu d'abord
(y Cyiiiniroiior, IX, p. 232; Ohi words glossed : efnys = gely-
nyon).
Dans l'état du texte, tel que je viens de le donner et d'en
faire un commentaire lexicographique, toute interprétation
d'ensemble ne peut être que des plus hasardeuses.
Le personnage principal que l'on trouve dans les deux frag-
ments est Kyheic. Au vers 6 de la strophe 2 du premier frag-
ment, la personne qui parle propose un accord qui le vise.
Dans le deuxième fragment, cet accord a eu des résultats
funestes : Drislan', c'est-à-dire Tristan gronde de fureur à la
pensée de l'arrivée du partenaire de la personne qui parle,
une femme certainement dans ce fragment. Son partenaire est
un nain; il est appelé ainsi au dernier vers. Cette femme
s'accuse, de son côté, d'avoir trahi (vendu) Marc (March),
pour le nain. Elle s'écrie en finissant que la colère du nain lui
a été funeste. Le motif de la trahison, de l'accord avec le nain,
elle nous le donne expressément au vers 4 du 2™= fragment :
elle avait nu ardent désir de se venger de Kyheic à cause de ses
paroles si douces {douces comme le miel). Ce Kyheic me paraît
être en substance le Kehenis d'Eilhart d'Oberg. Kyheic a deux
syllabes. Le nom a pu être écrit Keheic, Keheuc^ : à cette
époque eu, dans cette situation, se prononce comme ei; le
cribe aura lu Kehenic. Il est fort possible que le scribe
1. Prononcez Drôstan, avec d bref a^'ant la valeur de e muet français,
par exemple, dans petit, dans l'article le. Au xn^ siècle, ainsi qu'en vieux
gallois, au lieu de y qui représente déjà ce son à la fin du xi^ siècle, on a
encore i ou e.
2. Prononcez Koheïc. (Kô-heyc) avec 6 bref ; voir page précédente la
remarque au nom de Dristan.
412 /. Loih.
ait cru voir un signe d'abréviation sur e : Kehèic. Ce nom
propre paraît dans le Book of Llandav sous deux formes Coheic
et Cclkic (p. 207, 212, 227) : Coheic est plus ancien. Le
Keheiiis d'Eilhart qui répond à peu près au Kahcrdin de
Thomas, est le frère, dans les romans français, d'Iseut l'Armo-
ricaine. Passé en Cornwall avec Tristan, il obtient les faveurs
de Brangvein', la célèbre suivante et compagne d'Iseut :
Brangwein se donne à lui. Trompée ensuite par de faux
rapports, elle croît qu'elle a sacrifié son honneur à un lâche;
elle en est tellement irritée qu'elle songe même à dénoncer
Iseut et Tristan à Marc. Kehenis revenu en Armorique devient
l'amant de la femme d'un seigneur qui est un nain. Le nain
le surprend dans son château en compagnie de Tristan.
Kehenis est tué^ et Tristan mortellement blessé ^
Les versions que nous possédons sont sûrement loin de la
légende originale. Le motif du ressentiment de Brangvein
contre Kehenis a dû être plus sérieux qu'un faux rapport
sur la fuite du héros. Dans notre poème, la femme qui paraît
être Brangvein, a été trompée par les douces paroles de Kyheic.
Elle aura appris les amours de Kyheic avec la femme du nain,
ce qui explique à la fois la colère du nain et son propre
désir de vengeance. Elle aura aidé le nain dans ses projets, et
peut-être amené ainsi la mort de Kyheic, ce qui explique
aussi la haine de Tristan. Ces scènes, suivant toute vraisem-
blance, se passaient non en Armorique mais en Corinuall.Le nain
est connu de Tristan et de Marc. Il semble vouloir revenir à
la cour.
La personne qui parle dans le premier fragment, une
femme, est-elle la même que l'amoureuse de Kyheic, et s'a-
dresse-t-elle aussi (strophe 3) au nain? La collaboration
qu'elle a eue avec son interlocuteur là où l'ean entraîne les
feuilles, est une claire allusion au fameux épisode où Tristan
jette des branches ou copeaux dans un ruisseau qui les emporte
à travers la chambre d'Iseut, l'avertissant ainsi de sa présence.
1. Cf. Bédier, le Rovtan de Tristan, II, p. 271 et suiv.
2. Il semble l'avoir trompée plutôt qu'il n'en a été amoureux. Dasn
Thomas, Kaerdin qui est le même personnage est amoureux de Brangvein
(Bringvain, Brangien).
Romans de la Table ronde. 415
L'expression galloise, inden, nous deux, où deii est masculin,
au lieu de /'// dii\ (duy féminin), semble prouver qu'un des deux
partenaires au moins est un homme. Mais le nain dans les
poèmes français et leurs imitateurs, dans cet épisode, est le
traître. Aurait-il, au moins pendant cette période, favorisé les
amours de Tristan et d'Iseut, dans la légende galloise? D'un
autre côté, l'éloge du début paraît bien viser Tristan. L'emprunt
fiincslc, dont le effets se prolongeront jusqu'au jour du juge-
ment, semble être le philtre d'amour, qui ne lui était pas des-
tiné'. Il est difficile aussi de dire à quoi il est fait allusion à
propos du flot qui couvre le rocher du champion ou guerrier
{le Saut Tristan ?). La personne qui parle a quelque chose à -se
reprocher vis-à-vis de son interlocuteur et lui propose un
accord visant Kyheic. En quoi consiste le différend ? Nous ne
le savons pas davantage. L'éloge de Tristan, les regrets de son
départ seraient mieux dans la bouche d'Iseut; elle avait eu de
grands torts vis-à-vis de Brang\'ein et devait désirer une recon-
ciliation. Néanmoins, il semble bien que ce soit le même
personnage qui parle dans les deux fragments et que le per-
sonnage auquel elle s'adresse soit bien le nain. L'objet prin-
cipal de leurs préoccupations, dans les deux fragments, est
aussi Kyheic. On peut donc conclure que le rôle du nain y a
été tout autre que celui du nain de nos poèmes français. Il
est fort possible qu'après ayoir été l'allié de Tristan et Iseut,
le complice de Brangvein, il ait fait volte-face après avoir appris
les amours de sa femme avec Kyheic, amours favorisées par
Tristan, et qu'après une brouille passagère, il ait fait accord
avec l'amante irritée.
On ne peut que déplorer qu'un poème dont l'intérêt
seraitcapital, nous soit parvenu dans un pareil état de mutila-
tion. La métrique, la structure des strophes, la rime et l'alli-
tération présentent des caractères tels, que je n'hésite pas à
atfirmer que ce poème ne peut être postérieur au milieu du
xir' siècle. Intact, il aurait pu nous donner une version sincère
de la légende de Tristan en gallois.
I. L'expression échanson de la gloire dans le vers même où il est question
de l'emprunt funeste, quand on connaît les procédés de la rhétorique bar-
dique, n'est pas sans signification. Si mon interprétation était sûre, la perpé-
tuité des effets du philtre aurait une grande importance.
ADDITIONS ET CORRECTIONS
CONTRIBUTIONS A L ETUDE DES ROMANS DE LA TABLE RONDE
Rev. Celt., t. XXX:
Page 273 : au lieu de Siitinucr, lire Suviuer.
Rev. d'il., t. XXXII :
Page 298, note 5 : au lieu de IViudish, lire IVimiisch.
— 407, 1. 21 : au lieu de «/, lire eût.
— 408, 1. 6 : au lieu de le Ciriisiiis, lire lu Cirusius.
— 410,1. 24 : au lieu de àliyo-s, Wre dl-vo-s.
— 411, 1. 6 : au lieu de Des, lire Les;
— 418, 1. 12 : mettre un astérisque devant e.x-caras ;
l'bid., 1. 16 : au lieu de au, lire en.
— 420, 1. 15 : au lieu de e bref, lire i bref;
— 420, 1. 12 : après sont, ajouter /« ;
— 431, 1. 3 : supprimez la virgule après la version.
Rev. Celt., t. XXXIII :
Page 261,1. 29, on prononce D/»/c//cir^% dans le peuple, Z>/';»(7:;-n/,(Dimelzack):
avec 0 très bref; pour un phénomène analogue, cf. Tregiffion en Saint-
Just-in-Penwith, qui se prononce Tiei^ijsôîi {ô ou mieux <?). Il y a un
autre Dimeliock.
— 265, 1. 4, à propos du Carlyon de Kea, M. Henry Jenner me cite une
hypothèse curieuse de Henry Mac Lauchlan dans un travail publié par
The Royal Institution of Cormuall en 184/, et intitulé A'b/w on the casiles
and Earth-zvorks in Cornwall. Il émet l'hypothèse que ce Carlyon a été la
résidence de Sir Tristram et cite, à ce sujet, deux strophes du Sir Tris-
tram de Walter Scott. Le port de Falmouth qui est dans le voisinage
serait le port d'où Sir Tristram serait parti pour faire ses voyages.
additions et corredîoni. 41^
Page 270, ligne 25. Dans un voyage à Lantyait, j'ai pu constater que la pro-
nonciation anglaise l'a emporté : on prononce Lanlaï-yn ; l'accent est
sur V, c'est-à-dire à sa place régulière en comique.
— 270-272 : Lancien. Dans un récent voyage, j'ai pu constater que Golant
est le nom d'un village sur le bord de la rivière de Fowe}'. L'église
paroissiale de Saint-Sampson en est à un kilomètre environ, dans une
situation abrupte, dominant la rivière. Lancien (Lantyan) n'est plus
qu'une ferme à deux ou trois kil. de l'église. J"ai tenu à me rendre
compte de sa situation. Lancien est au fond d'un vallon étroit, resserré
entre deux collines. Un ruisseau descendant de la hauteur, serpente entre
les collines et passe à travers la ferme et des dépendances. J'ai pensé
tout de suite au ruisseau qui passait à travers les chambres royales et où
Tristan jetait des copeaux pour avertir Iseut de sa présence. Des hauteurs
avoisinantes, en se rapprochant de Saint-Sampson's, on aperçoit la mer
dans la direction de Tyrwardreath.
— 274. C'est au Rév. Tavlor que je dois l'indication de Looe hland.
— 275-276. Ily a aussi un Tristram's Jump ou saut Tri stiiii kTimagel, mais
c'est une invention de littérateurs.
— 277. Il y à un autre Malpas prononcé et écrit Mopes près de S^ Michael's
Mount, entre les rochers et la côte : sur les cartes il apparaît sous le nom
de Moutit-mopes.
— 279. Dans le roman de Béroul (vers 4010-401 1), il est dit que Tris-
tan et Gouvernai qui sont sur la rive droite, c'est-à-dire sur la rive oppo-
sée à Mal Pas :
Par .1. vert pré, entre .ii. luiiis,
Sordeiit sus en la Blanche Lande.
Nunsavallen (Blanche Lande) est, en effet, à peu près au sommet d'une
coUine assez élevée qu'on aperçoit d'auprès du Mal Pas, à une iaible dis-
tance de la rivière. En y allant, en partant d'une crique formée par la
rivière, presque en face de Malpas, on passe entre deux vans.
Le nom de la crique vaseuse en face la pointe de Malpas m'avait
échappé. Il est d'une grande importance : Lainh Creek, tout auprès,
Land? wood.Lainbcst, suivant toutevraisemblance, le comique laintn, corn,
mod. labni, qui, comme en breton, a le sens de iaut, et aussi de chute.
C'est un souvenir de la chute voulue de Tristan sur Iseut.
Quant au nom de Blanche Lande, il paraît dû à l'aspect même des
terres du nianor. M. Henr\' Jenner me fait part d'une communication du
Rév. D. G. Whitley, vicar de Baldhu, paroisse ecclésiastique formée
d'une partie de Kea et deKenwyn. Il en résulte que le manor de Blanch-
land s'étendait dans sa paroisse et que la partie non cultivée est pour une
bonne part parsemée de pierres de quartz blanc. Le Rév. Whitley pense
qu'une grande partie de la zone actuellement cultivée a été enclose à une
époque assez récente et qu'une bonne partie du nianor était littéralement
une IVhite-land .
Me fondant sur l'analogie de T\ Givvnn en Carmarthenshire devenu
Alba Donnis, Alba Laiula et ll'hiteland, j'avais supposé qut Blanche Lande
4i6 Addilioiis cl corredimii.
devait être une traduction du comique. Ce qui n'était qu'une supposition
devient une réalité. La veille d'un pèlerinage que j'ai eu le plaisir de faire
au Mal Pas et à Blanche Lande, le 25 juillet dernier, en compagnie de
M. atM^ne Jenner, et du Rév. Taylor, j'avais fait part à mes amis de mon
hypothèse. Le Rév. Taylor se rappela qu'il connaissait une famille de
Chygiuinne (maison Blanche^ habitant Kea, c'est-à-dire, la paroisse où se
trouve la Blanche Lande. M. Henry Jenner, étudiant la topographie de la
paroisse, au point de vue de notre voyage, le lendemain matin, décou-
vrait, en effet, un lieu-dit Chy-givynne, à peu de distance de Nansavallan .
Le Rév. Taylor a fait depuis des recherches pour savoir si Chygivinne,
appelé aussi Chy-ivine, faisait partie du manor de Blanche Lande. Ses
recherches n'ont abouti qu'à un résultat, c'est qu'à l'époque où le pro-
priétaire actuel a acheté Chywine et une autre propriété appelée aussi
Chezueen, ces terres étaient indépendantes de tout manor. La graphie
Cheween, Chywine me paraît inexacte. M. Henry Jenner en consultant les
Coiintv niaps (carte de 6 pouces à un Statute mile de 1908) a constaté
l'existence de deux maisons en Kea : Chegwyne et Chirgwin. Je suis
pleinement de son avis: Chir-gwin est pour Tir-gwynn, terre blanche, et
Chegtuvnne signifie maison Blanche. Un trait du comique, c'est de trans-
former un t initial suivi d'une palatale, dans certains termes, en ts : ty
est devenu Chy (tsi).
Il est très possible qu'à une époque ancienne, la demeure de Ty-guynn
ou de Tir-givynn ait été transportée à Nansavallan. Tir-guynn est natu-
rellement devenu White-land pour les Anglais et Blanche-lande pour les
Français. Ty-g-wynn devait désigner la demeure, et Tir-guynn, tout le
manor.
Page 281, 1. 17. Il existe, en Irlande, au moins un lieu du nom de muirresc.
Il est dans le comté de Sligo et mentionné dans les Annales of Ulster
(603,707, 735, 758) : bellum itn Muiruisc (tome I, 603).
— 284, dernière ligne. Aujourd'hui encore on n'appelle guère le Mont
Saint-Michel que le Mont (The mouni).
— 288. Il est important de remarquer que sous le nom de IVealas, les
Anglo-Saxons comprenaient les habitants du Cornwall aussi bien que
ceux de Galles. Suth-wealas a très bien pu désigner le Cornwall. Il a pu
y avoir, de ce fait, confusion, chez les auteurs français, entre le pays de
Galles et le Cornwall .
— 293, ligne troisième avant la fin, au lieu de » long brittonique,lire ïi long
vieux-comique.
— 296, 1. I : au lieu de Rodait, lire Rudalt.
— 297, 1. I ) : au lieu de Conohelinus, lire Cunohelinus ;
ibid., 1. 19 : dialectaleinent, d'après le Voc. comique, l'assimilation de
e en / sous l'influence d'un / suivant, paraît avoir eu Heu.
— 304, note 2 : au lieu de VI, lire VIL
— 310, N. B. La carte est celle de Kelly.
uccxȃpcu:iiuiax nii'uni rnotrtinH^.pa^^f
f(^ai):mV.Siâ cothututd sps axvii ï'
CUimusTnW'CJcuTtticL^niJicc mtxiini .^^^^
'pieuanoif^^^içus TïftL.poutœ citiujpçusïàiiur, j
OonnuiO'feïcaumQisii«ptxr^tnHrpfiiTi6v t
^OTittiS'^p'enii ciu?fV|vTnaJrKKc pctiirti^a^^
Fac-similé du ms. d'Orléaxs 302 (255), i\)f,c 21.
GLOSES BRETONNES
INÉDITES DU IX-^^ SIÈCLE
Il y a un peu plus d'un mois, le professeur W. M. Lindsay,
de l'Université de saint-Andrews (Ecosse)^ m'informait qu'il
avait découvert trois gloses bretonnes dans un manuscrit de
Sedulius, du ix^ siècle, suivant le catalogue de la bibliothèque
qui le possède, la bibliothèque d'Orléans : cote 302 (255). Il
ajoutait qu'il pouvait y en avoir d'autres mais que le temps lui
avait manqué pour s'en assurer. Je fis venir ce manuscrit aux
Archives départementales de Rennes, afin de pouvoir l'étudier
à loisir. Des trois gloses que me signalait le Prof. Lindsay,
deux sont bretonnes {pcuberthou, lor) ; Ion, de la page 25, ligne
5, glosant clin doit être lu longo ou hvignni. Il y a sur 0 et
atteignant ;/ un trait horizontal lôn, et n est suivi d'une vir-
gule; d'après les habitudes du scribe, c'est un mot commencé;
il y a, à la même page, au-dessus de ncris : inOr, c'est-à-dire
morlis. J'ai découvert sept autres gloses bretonnes, ce qui tait,
en tout, neuf. C'est peu, mais la qualité rachète la quantité ;
cinq nous donnent des mots qui étaient jusqu'ici inconnus en
breton; quatre ne sont pas représentés en gallois. Il y en a
quatre également qui, à ma connaissance, manquent au voca-
bulaire irlandais. Les celtistes ne peuvent qu'être reconnais-
sants au Prof. Lindsay de sa perspicacité.
Voici ce que donne au sujet de ce manuscrit le Catalogue de
la bibliothèque d'Orléans ' :
P. 150 .• 302 (255) : ouvrages de Sedulius et de Bède.
Page I : Hoc opns SeduJii inter car tas .... presque effacé ^
1. Catalogue général des mss. des hibl. publiques de France. XII. Orléans.
2. Cf. Patrol. ht., tome XIX, p. 486. 2 et suiv.
4i8 /. Lolh.
Page 2 : « Incipit apologeticus prologus Sedulii rhetorîs.
Domino mec sancto ac beatissimo patri Macedoiiio prcsbytero Sedu-
liits in Christo saliiteiii' quia pascha nostrum immolatus
est Christus
Page 9. [Opus paschale Sedulii]
Paschales qiiicumqiic daper conviva requins ^
Portantes nostros, Christo veniente, maniplos '.
Page 24. (( Incipit liber i"' novi testamenti ^. »
Expulerat priniogenituni sœvissinius angiiis >
siifficeret densos per tanta volumina libros ^
Finit. Amen. Deo gratias ago
Page 82. « Incipiiint versus Sedulii de Christo »
Cantetnus, socii, Domino, cantcmus honorem 7
Dnm cessant plage, perfide cœde péris ^
La seconde partie, qui est du xi^ siècle, contient FArs
metrica de Bède, et à partir de la page 151, un ouvrage de
Sedulius, le même qu'au début.
Le manuscrit paraît incomplet; le poème {Elegia de Christo)
s'arrête au 25' vers; entier, il en compterait iio {Patr. lut.,
XIX, p. 762), mais on en retrouve la suite plus haut p. 23.
Le Carmen paschale reprend deux pages plus loin. Sur Tauteur
Cœlius Sedulius, voir Patrol. lut. tome XIX, Prolegom., p.
435 et suiv.
1. Patrol lat., XIX, p. 534.
2. Ibid., p. 550. La note opus paschale Sedulii tiexisie pas dans le ms.
3. Ibid.,^. 559 : fin du Livre premier.
4. Ibid., p. 594. Le ms. porte : Incipit liber /';/w?m novi testamenti.
5. Patr. lat., XIX, p. 594.
6. C'est la fin du Livre F (Patrol., p. 753).
7. Patrol., p. 754 (en tête: Cœlii Sedulii Elegia).
8. Dans le manuscrit, il y a au lieu de caede, corde avec un r engagé
dans 0 et ressemblant à e incomplet. Ce n'est pas le dernier vers du ms. Il
y a un vers suivant, final :
agnus ab boste sacer reduxit sanguine
Le dernier mot patres manque (Patrol., p. 755, col. i, vers 25.
Ghsc's hreloiiiH's inédiles du iX^ siècle. 419
Le manuscrit est donné comme étant du ix* siècle. Un
manuscrit de Sédulius figure, en effet, parmi les mss. de ce
siècle portés au catalogue manuscrit de l'abbaye de Fleury ou
Saint-Benoît-sur-Loire conservé aujourd'hui à la bibliothèque
de Berne ', sous la cote 3. L'écriture du ms., sorte de demi-
onciale, est du type anglo-saxon. Les caractères rappellent de
très près ceux d'un ms. du viii' siècle, de ce type, auquel
M. Léopold Delisle a consacré une notice dans son Catalogue
des inamiscrits des fonds Libri et Barrois, p. 7, fac-simile, pi. VI,
n° I. M. Prou en a reproduit cinq lignes aux pages 40-41 de son
Manuel de Paléographie. Il y a traces cependant dans notre
manuscrit de l'influence continentale et le scribe fait preuve
d'un certain éclectisme : il y a deux r, l'un identique à celui du
ms. du VIII'' siècle que je viens de citer, et se confondant facile-
ment avec ;/ ; l'autre du type continental ; on peut en dire
autant de j; n est parfois un peu plus arrondi par le haut. Il
en est de même pour les signes abréviatifs : p. 8, ligne 3, ligne
6, on a l'abréviation irlandaise ou anglo-saxonne de per (/) ;
au contraire, p. 1 1, 1. 4; p. 21, 1. 15 et 23, j'ai relevé l'abré-
viation ordinaire Çp). L'écriture du glossateur ne diffère pas de
celle du manuscrit. Ce manuscrit a dû être écrit en Bfeiagne,
et a émigré comme beaucoup d'autres, en France et ailleurs,
lors des grandes invasions Scandinaves de la fin du ix^ siècle.
Il n'y a pas à s'étonner de trouver un pareil type d'écriture
dans un manuscrit breton. Le fragment de Leyde, qui est du
ix^ siècle, contient un ms. de botanologie médicale ; plus de
cinquante mots bretons font partie intégrante du texte. Le
scribe, à en juger par le nom du gui (isœl-harr^ qui n'existe
qu'en haut-vannetais, était probablement du Bro-weroc ou van-
netais- breton. Or, M. Whitley Stokes, qui a publié ces mots,
nous dit que le ms. est en caractères nettement irlandais.
Lems. 193 d'Orléans qui a donné de 200 à 300 gloses bre-
tonnes et qui est de la fin du ix^ ou du commencement
du x'' siècle, présente encore des traits insulaires, comme
I. Catalogue des niss. d'Orléans, p. m. Les deux catalogues ms. des
ouvrages du xe et du xi^ siècle ont été publiés par Hagen dans les Jahrbùcher
fiir Classische Philologie de Fleck^'isen, 1869, p. 510.
Revue Celtique, XXXIII. a8
420 /. Loi h.
caractères et abréviations, notamment les abréviations de
per et d'enim. Le ms. 1616 (^Nouvelles acqu.) provenant
de Fleury, ms. du ix^ siècle, et contenant des gloses bre-
tonnes présente, dit M. Léopold Delisle, le type hiberno-
saxon '. Les caractères des inscriptions funéraires chrétiennes
sur cippes ou menhirs du viii'^ au x^ siècle, sont à peu près les
mêmes que ceux des inscriptions de la même époque en Galles.
Il me paraît probable que le type d'écriture insulaire était
encore courant en Bretagne, au moins dans la zone bretonnante
pendant la plus grande partie du ix'^ siècle. L'écriture, comme
les mœurs, a dû se modifier sous l'influence française qui
devint de plus en plus active après la conquête des pays de
langue française de la péninsule au milieu du ix'' siècle et l'ex-
tension de la domination ou de la suprématie bretonne sur le
Cotentin, une bonne partie du Maine et de l'Anjou ^
La lecture du ms. et surtout des gloses n'est pas sans difii-
culté. M. Teulié, conservateur de la Bibliothèque universitaire
de Rennes et chargé d'un cours de bibliographie et paléogra-
phie à la Faculté des Lettres, a bien voulu me prêter le secours
de son expérience : je lui dois plus d'une indication utile. Une
seule glose dont la celticité n'est pas assurée, a résisté à ses
eflorts et aux miens. Elle est au-dessus de silu (^consomption,
d'après le contexte). Le mot semble commencer par s l, et
encore peut-on hésiter entre self; il paraît se terminer par
-con, mais ce n'est pas sûr. Le signe entre / et c n'est pas lisible.
Au haut de la page 3 on lit ces deux mots d'une main diffé-
rente de celle du scribe et du glossateur : ciimsaiilis siiis. Les
caractères sont nettement irlandais, et les deux mots le sont
aussi. Ils ne paraissent avoir aucun rapport avec les lignes qui
suivent {cJementius fabricam sui juris aspexit et stultos in memnn-
danae sapientiae diiitius hahere sensus indoJuit^. Cnmsantis est une
y pers. du plur. de l'imparfait de l'ind. de cumsanad, subst.
verbal bien connu dans le sens de repos. Si us paraît dans
1. Catalogue des nus. des fonds Libri et Bar rois, p. 76 (planche 6, 11° 2).
2. Les moines bretons fréquentaient volontiers Fabbaye de Fleury Sur
cette abbaye, v. abbé Rocher, Histoire de Vabhaye royale de Sainl-Benoît-sur-
Loire, Orléans, 1865. — -Cuissard, L'Ecole de Fleiiry-sur-Loire à la fin du
IX^ siècle. Orléans, 1876.
Gloses hreloiiiu'S uiédilcs du IX" sicclc. 421
l'hymne 7 ' (isius) et est traduit par M. Whitley Stokes par
in lenglh. L'expression signifierait. « Ils se reposaient longue-
ment (tout leur saoul). » Ciiiiisantis est une forme jointe, ce
qui constitue une difficulté, mais des formes analogiques de
ce genre ne sont pas sans exemple. De plus, il est possible
que la glose soit du moyen-irlandais. Or, c'est la forme jointe
qui domine à cette époque; sins pour / sîhs s'explique assez
facilement après cmnsanlis.
La présence de mots irlandais dans un manuscrit bre ton ou
gallois n'a rien que d'ordinaire. Le ms. lat. 12021 de laBibl. nat.
écrit par le Breton Arbedoc avec l'autorisation de l'abbé
Haelhucar, contient trois phrases irlandaises. Le ms. de Berne
(167), au milieu de gloses bretonnes, présente une glose irlan-
daise. A côté de 8 gloses bretonnes, le ms. latin 114111 delà
Bibl. nat. a 20 globes irlandaises. De même, il y a environ 10
gloses irlandaises au milieu d'.issez nombieuses g oses galloises
dans le ms. de Juvcncus de Cambridge du ix*" siècle ^. En
revanche, le ms. de la Bibl. Bodleienne, connu sous le nom
d'Oxoniensis prior, qui est pour le texte un ms. gallois, a donné
environ 50 gloses bretonnes, à côté d'un nombre beaucoup
plus considérables de gloses galloises \ Il ressort d'un savant
et intéressant travail du Prof. W. M. Lindsay {Breton scrip-
toria. Their Latin ahbreviation-symboh^ récemment paru dans
Zentralblalt filr Biblinthekswesen, que les scribes bretons, même
dans les inss. à caractères continentaux, ont conservé, dans
leur svstème d'abréviations, en très grande partie, jusqu'au
xi^ siècle, les habitudes des scribes insulaires.
GLOSES BRETONNES :
I. Page 3, ligne 17 : i tornouidocion ^\.et egros(et egros
mihi anhelitus separatio commovebat) 4. Après tornouidocion
1. Thésaurus, II, "p. 357; Thurneysen, Haudbuch, p. 565, suppose que
sins est une forme jointe du subj. en s, f^ pers. du sg., de saidul. Le con-
texte ne me paraît pas être en faveur de cette hypotnèbe.
2. Sur ces gloses irl., cf. Whitley Stokes et Strachan, Thésaurus palaeo-
hiberuicus, II, p. 42, 44.
5. Parmi les gloses bretonnes, il y en a une qui est sûrement galloise :
c'est laur, gl. solum.
4. Patrol., XIX, p. 536 : iHa mihi ratio.
422 /. Lolh.
qui est au-dessus d'egros, séparé par un point, sur la même
ligne : cgraninw egrotus cor porc.
2. Page 4, 1. 3 : ROGOTETicgl. creditam (nefas esse pensabam,
muti tenacitate silentii cum nullo partir! ne unius valenti
creditam quantitatem dum nitor cautius custodire, culpa défas-
se pecunice non carerem).
3. Page II, 1. 15 : GUûED GUiNiiN gl. labrnscam
(Labruscam placidis quid adhuc pra;ponitis uvis?)
4. Page 17, 1. 17 : adnou gl. depositnm (en parlant de Jonas
dans le ventre de la baleine) :
. . . Tutiisque in ventre ferino
Depositnm, non praeda fuit.
5 et 6. Page 21, I. 5 et 6 : Milinion ' gl.fuJvis;
PENBERTHOU gl. tboUs
( . . . . radians ubi regia fulvis
Emicat aula tholis)
7. Page 26, 1. 23 : lor gl. sol uni
(jerraruni non onme solnni)
8. Page 4, 1. 23 : lath gl. stipite
{Repperit esuriens lustrato stipite pomuni)
9. Page 62, 1. /] : dodicouant gl. extorsit
(jinaninmni panent sic ille petebat amicum
Qui foribus clausis per opaca silentia noctis
Obnixeqne diu, conji dent er que neganti
Vocibus assiduis precibusque extorsit ûnhelis).
Quelques gloses, qui n'ont rien de celtique, m'ont paru
valoir la peine d'être relevées. A la page 3, à la dernière ligne,
on trouve une glose fort énigmatique, pour moi tout au moins;
on lit au-dessus de parvifoiniiis -.fomes est ««J^^cv (t'j"/ en abrégé)
./. ignis alintentuni : contexte : et id ipsuni parvi fomitis nutri-
nientuni quod in nie polnit doni cœlestis oleo permanere on
ne peut lire, je crois que : anomesos ou anonesos.
Page 33, 1. 10, il y en a une autre également singulière, au-
dessus de ce vers :
En lapis irriguus, satiare, incrédule, fonte,
I. M. Teulié me fait remarquer que le scribe semble avoir voulu d'abord
écrire m final; s'apercevant de son erreur, il a laissé le 5^ trait inachevé, à
peine ébauché.
Gloses hrelontics inédites du IX" siècle. 425
vers suivant :
Qui Christ II m reprobûs, en lapis irriguus.
On lit au-dessus à partir de lapis : a quo mananere agtie in
descrto. italdriguiis. Ce mot se trouve au-dessus de /«crai^/e;
il est suivi de popiilc qui doit gloser incrédule. Le glossateur
entend-il par là : valde irriguus ? Egrauinw pour egro animo
après tornouidocion, à la page 3, pourrait le foire supposer.
Plus étrange paraît encore une glose de la page 6, 1. 9 : au-
dessus de tirocinio, on lit militia vel pifritia (Ursiiiuiii, qui
duiii ' ab aeîalis suae primaevae tirocinio régis aeterni castra non
deseren s...). Militia est au-dessus de tirocinio.
Page 58, 1. II, au-dessus de urna (yidiiaverat urna), on lit
tarba (ou torba) et au-dessous se reliant à l'autre glose : torna.
M. A. Thomas, que j'avais consulté au sujet de ces étranges
gloses, m'écrit que torna rappelle le provençal dorna pour
urna % dont le d est à expliquer; ce d se trouve encore dans
dorga (prob. arca^, dans douire (prob. uter). Je ne crois pas
impossible qu'il s'agisse ici du dorna provençal. Notre scribe
a des hésitations, précisément, au sujet du / et du ^ (v. plus
bas matudina et Daviticis^.
Les mots suivants m'ont paru dignes d'être relevés, à des
points de vue divers :
p. 17, 1. II : sur régi : Etsechiae (E:(echias) ;
p. 23, 1. II : crocis sur signuni (p. '72, 1. 21 : crox sur por-
tavit);
p. 73, 1. 5 : TONiCA (sur sacra vestis) : (dans les Gloses à
Amalarius, ms. latin 1202 1 de la Bibl. nat., p. 124 : taxant.
est glosé par tonicarn) ;
p. 77, 1. 18 : in MATUDINA Paschaegl. hoc luminis ortn;
p. 81, 1. 3 : nouua g\. recens.
P. 10, 1. 18, cette fois dans le texte, on lit Daviticis au
lieu de David ici s (cur ego daviticis assuetus cantibus). Ce flotte-
ment dans la graphie de l'occlusive sourde ou sonore intervo-
calique, au ix^ siècle, est digne de remarque. Dans les gloses
brittoniques (galloises, comiques ou armoricaines), l'occlusive
1. Le texte de\a. Pair, lai. n'a pas <///»/; il existe dans quelques mss.
2. M. Teulié avait aussi pensé à dorna.
424 /. Loth.
sourde intervocalique paraît intacte ; mais elle était sans doute
en voie d'évolution ; au xii= siècle, régulièrement elle évolue
en sonore, quoi qu'il y ait encore d'assez nombreuses excep-
tions. De récentes expériences au laboratoire de phonétique
du Collège de France ont établi qu'en Galles, ces occlusives,
aujourd'hui sonores dans l'écriture, ne le sont qu'en partie
dans la réalité ; dans le Glamorgan, elles sont encore nette-
ment et indubitablement sourdes, chaque fois qu'elles suivent
immédiatement la voyelle accentuée. Il me paraît certain que
si on écrivait encore au ix* siècle p t c entre voyelles et non
b cJ g, ce n'est pas par suite d'un simple retard de l'écriture
sur la pronociation et en vertu d'une tradition littéraire : l'é-
volution n'était que commencée et, à l'oreille, le plus sou-
vent, on avait encore l'impression plutôt d'une sourde.
Il esta remarquer aussi que le gallois rrow, comique croies,
breton vannetais croes (ailleurs, aujourd'hui croas), supposent
crox et non crux. L'irlandais croch (croix, gibet) vient aussi de
croccm; de même crocbaiin, je crucifie, je pends; gallois crogi,
pendre.
Tunica devait, en brittonique, évoluer régulièrement en
*toneca et eût donné, en gallois et en breton *tonec; on a eu,
en vieil-irlandais, tonach.
REMARQUES AUX GLOSES
Les gloses brittoniques ne sont sûrement pas galloises : lor
gl. solum suffirait à le prouver ; à cette époque déjà on eût eu
la forme diphtonguée lanr ; dodicouant eût été vraisemblable-
ment, si la glose était galloise, écrit didicouant '. Au lieu de
milinion qui montre e de melin, jaune, blond, transformé en /
surtout sous l'influence de la terminaison -ion, on eût eu
aussi : nielinmi. En revanche, ces formes pourraient être cor-
niques. Un mot semble cependant écarter l'hypothèse cor-
nique : c'est guoed guiniin glosant labruscam (moi à mot : sau-
vage vigne). Le mot ne se trouve qu'en moyen breton; il est
vrai qu'il a pu disparaître du comique ^; en tout cas, gîwed,
1 . di pour do est équivalent à dô.
2. Dans le Voc. corn., vinea est traduit par guin-breii.
Gloses hrcloimes iiîàlilcs ilii IX'^ siècle. 425
sauvage, moyen-breton i^oc~, ne paraît pas comique, pour cette
époque; on le trouve, en effet, dans le Foc. corn, dont le ms.
est du XIII'' siècle, mais qui a été écrit au xii% sous la forme
^^uit (pour gtiid) dans guit-Jil, fera; à ne prendre que le cor-
nique moyen, milinion, serait plutôt armoricain. Mais il semble
bien qu'au xii^ siècle, dans une partie du Cornwall, dans une
variété dialectale du Nord qui aura disparu, / se montre au
lieu de c, peut-être sous l'influence d'un / bref suivant ' : v.
corn, midil, messor; viiUn, flavus ; comique moyen melyn. En
marge, on a écrit melyn, qui est, en effet, la forme correcte du
comique moyen des textes.
I. TORNOUiDOCiON gl. cgros : le sens est précisé par la glose
marginale qui suit ce mot : egranimo egrotus corpore, c'est-à-
dire, comme on dit en français : malade de corps et d'esprit.
C'est un adjectif au pluriel, composé du préfixe intensif tor-,
d'un double sufiixe (-id-oc-), et d'une racine représentée en
gallois moyen par diverses formes : neu-af (r^ pers. du sg.
du prés, de l'ind.); neii-ed, substantif; af-neued, adjectif. Le
sens de ces mots à d'autant plus besoin d'être précisé qu'ils
ont disparu de l'usage et qu'il n'ont pas toujours été compris.
nen-af a clairement le sens d'être dans un état d'abatte-
ment, de perplexité, de regret. .
Myv. arch., p. 168. I :
Eryr gly w glewaf, neuaf na daiv
« Aigle, chef le plus vaillant, je suis aux regrets qu'il ne
vienne pas ».
Ihid., 164. 2 :
Cyn ei far arnaf, neuaf nam lias,
n Avant que sa colère ne fût sur moi, je regrette qu'on ne
m'ait pas tué. »
Ibid., 160. I :
o'r pan lias llyw ked, neud ncued nés.
I. Contrairement au breton, i bref conservé en cornique influence la
voyelle précédente, comme je l'ai déjà montré (heligen, saule; breton,
halegen), mais e paraissait échapper à cette assimilation,
42é /. Loth.
« Depuis qu'a été tué le maître des présents, voici que
l'affliction approche. »
af-neued n'a pas été compris par Silvan Evans : c'est un
composé par suffixe privatif av- (cf. af-lavar, muet) et de
neued :
L. Amiirin (Skene, F. a. B. II, 87, 25) :
ys deupo eu heneit wy wedy trinet
kynnwys ygwlat nef a.de{ a vnenct
« Puisse leur âme après le combat avoir bon accueil dans
le pays du ciel, demeure sans chagrin où on ne refuse rien. »
Cf. Myv. Arch. 164. i :
Lias Rys, ruthyr efnys, afneued y dawn.
« Rhys a été tué, Rhys à l'élan furieux, au talent fécond. »
Phonétiquement, il paraît difficile de séparer ces mots de
owrth-neu , refuser; de ad-neu, dépôt : (^Anc. Lazvs, I, 332) :
tystonn a ellir eu gwrth-nm
« Des témoins qu'on peut récuser. »
Livre Blanc de Rhydderch, p. 172 :
ny wrth-neuaf i hynny
« Je ne refuserai pas cela. »
Le sens de adneu est des plus connus, et dans les Lois et
ailleurs : il a le sens de dépôt (voir plus bas : adnou).
Dans ce sens, on peut comparer l'irlandais moyen at-nuii,
je promets (Kuno Meyer, Contrib.y, at-noi, il le confie (Peder-
sen, Vergl. Gramm. ', p. 440, 441, §§ 306). Peut-on concilier
ce sens avec le premier? L'évolution de sens du latin *nuo,
faire signe (dans un sens ou l'autre), à celui de nuto, osciller,
hésiter, présente quelque chose d'analogue. L'irlandais no,
gallois neu, ou (w/), dans lequel Pedersen voit un impératif
figé (^ibid. : *newé), semblent indiquer déjà, dans la racine, une
évolution de sens, un pas vers V hésitation. De ce sens à celui
de neu-af, neu-ed, il semble qu'il n'y ait pas loin. Ad-neu,
gwrth-neu, représentent pour le sens anniio, ahnuo.
Gloses hreloiiiies inédites du IX" siècle. 427
Af-neued, dans le sens d^ahondânt est expliqué par cet
exemple de neiied en moyen-gallois, donné par le Dictionnaire
d'Owen Piighe :
yn ymae yfed beh neiied
« Là où on peut boire sans regret », c'est-à-dire sans marque
de refus, sans compter, abondamment : heb neiied équivaut exacte-
ment à af-neued. Neii-af, nen-ed, af-neued, sont des composés
faits sur neu ; il y en a d'autre formés directement sur *noH-:
er-nyiv, er-nyiued ; ils ont le même sens :
Myv. Arch. 147. 2 :
A hwyaf arnaf ernyived
« et le chagrin le plus long que j'aie. . . »
Ibid. 183. 2 :
Hwn am ernyiu er na daw
« Je suis perplexe (affligé) que celui-ci ne vienne pas. »
Ibid, 152. 2 : . . .edlid. . .
ys ernyiu, ys arnat yd g^vyd ' .
« Le reproche vraiment me tourmente, c'est sur moi qu'il
tombe. »
Le préfixe tor- dans tor-nouidocion est le même que dans
tor-leberieli , gl. phitonistarum (Coll. Can. I), tor-uisioUon gl.
Mis (Gl. de Lux). l'our le sens ior-l^berieti équivaut à dar-leber
(pour dar-leber[iat]), gl. phitonicus (Gloses d'Orléans).
Tor- est le même suffixe que dor-, dans dorguid gl. pithoni-
cus (ibid.) : dorgiiïd = *do-ro-uiâ-, qui sait d'avance (gall*
moy. derivyâ^. Tor- a pu être accentué dans certains compo-
sés ; il représente, en tout cas, une forme plus ancienne que
dor-; tor est vraisemblablement pour to-ro-. Il n'est cependant
I. Cf. Livre Rouge (Skene, F. a. B. II, p. 286, v. 10) :
nyt angheu Ffreuer a erniiuaf
Heno
« Ce n'est pas la mort de Ffreuer que je déplorerai ce soir. »
428 /. Loth.
pas impossible que tor- soit équivalent à l'irlandais tôr-=^ to-\-
for-. Nous avons, en gallois, un préfixe do- représentant do-
ivo- : dovot = do-u'ovot (Ane. Laïus I, 94 : do-ovot^; do-lef
(ibid. I, 210 : do-olef); de même dodwf Çdo-odwf); dodrefn
(lio-odrevn) , etc. L'absence d'allongement de 0 dans lor- s'ex-
plique aisément par le fait que ce suffixe, de très bonne heure,
sans doute, ne fut pas accentué; d'ailleurs do pour do-wo-
présente un cas identique.
Il a existé, sans doute, un substantif tor-noivid : -noiuid z=z
*nouijo-n ou no-uijâ avec à bref.
2. ROGOTETic gl. credilam. Le contexte précise le sens :
confié. Le mot est composé du préfixe ro- qui me paraît ici
avoir le sens de pro, avant, et d'une racine inconnue, je crois,
sous cette forme, got, avec le suflSxe bien connu -etic, gallois
moyen et moderne -edic, -edig, qui paraît avoir été fort usité
aussi en vieux-breton {dehlonetic, edemnelic, anfumetic, darcen-
neti[cîon], dieteguctic, haniertoetic, ntgurlhconeiic).
C'est un suffixe en pleine activité dans le sens passif en gal-
lois, mais mort et figé en breton (Jeskidic, guiridir, ki\idic,
etc.).
Le seul mot qui, phonétiquement, en gallois rappelle la
racine got- est ry-odic, mais le sens est difficile à préciser : le
sens ordinaire paraît être généreux, fier, peut-être prodigue.
Myv. Arch. 195. i :
Rys mawr. Mon wledic, reodic rec
« Le grand Rys, seigneur de Mon (au don généreux) » : reo-
dic est une graphie qui n'a rien de surprenant, au xii"-' siècle,
pour ry-odic.
L. Tal. (F. a. B. II, p. 154. 227):
Elphin pendefic ryhodigion
« Elphin, le cher des généreux ? »
Ibid. 192. 15 :
Glew ' ryhazut glewaf un yw Uryen.
« Vaillant, généreux, le plus vaillant de tous est Uryen. »
I. Gkw doit être lu vraisemblablement ^/j^'w, chef.
Gloses bretonnes inédites du IX'' siècle. 429
La forme ry-haïut, suppose gàt. Le sens parait trop éloigné
pour conclure à une parenté entre les deux mots. Cette racine,
pour le moment, parait isolée. On pourrait, tout au plus, son-
ger à une forme, à un degré vocalique différent, de gat- : gad-
u, laisser, concéder : gl. vieille-galloise : di-r-gatisse gl. con-
cesserat : ro-got-etic, laissé, concédé avant ' ?
3. GUOED GuiNiiN, g\. labruscain. Le mot breton correspon-
dant est le moyen breton goe^ guinyenn, vigne sauvage;
lech a goei guiny, lieu à vignes sauvages (Ernault, Glossaire
moy.-bret., p. 277, 306) : gwed, sauvage, guiniin, vigne. Ci.
v\ç.\\-\û. feadinm gl. labruscain, ponr fead-Jînne{Asco\\, Gloss.
palaeo-hib. Thésaurus palaeoh. II, p. 361). La seule chose
embarrassante est la terminaison -in : le mot étant évidem-
ment féminin, on attendrait -eu. Il est possible qu'on ait
affaire à -în avec / long, suffixe assez commun, en gallois,
dans la formation de substantifs et adjectifs. Ce suffixe -ïn
pourrait être pour un vieux-celtique -îjijâ, Guinion, dans les
gl. d'Orléans n'est pas à corriger en guinionou : il est fait
sur guini.
4. ADNOU, gl. depositum. Cf. gallois adneu, même sens. Son
sens est précisé dans les Lois; métaphoriquement, il a le sens
de dépôt en terre, inhumation :
L. Tal. 198,. 7 : cynoer adneu.
L. Noir. 37. 30 : guydi gaur garu atnen.
L. Rouge, ^2^j. 18 : gnawt atneu yn llann.
Voir plus haut, tornouidocion .
5. MiLiNiON gl. fulvis. Cf. Gloses de Lux. mtlinon, gl. Hbo-
sas : plur. de melin, jaune, blond; milinion pour melinion, sous
l'influence de la terminaison -ion. Le Voc. corn, donne aussi
milin,fulvus vel flaviis.
Pour les Brittons, fulvus est l'équivalent de flavus. Ainsi
s'explique l'interprétation par Gildas dans son Epistola, du
nom du chef breton, Cuno-glaso-s . Il l'interprète : Cuneglase,
romana lingua Lanio fulve. On en a tiré la conclusion que Gil-
I . Si dodii'y est pour do-odwy (do -\- godwy), on aurait là la racine got ;
mais dodi qui ne peut en être facilement séparé, semble avoir eu 0 long : la
racine serait donc dàt.
430 /. Loth.
das parlait latin et ne savait guère le breton. Or, fuîve repré-
sente parfaitement glase (fauve, roussâtre, à reflets fauves^ et
prouve, au contraire, une connaissance exacte du sens de g la-
ssos. En effet, en vieil-irl., glas glose croceo, rossei coloris '. Le
sens de glas est précisé par ce passage du nis. de Peniarth 21,
1. 21 (xiii^ siècle), dont je dois communication à un de mes
auditeurs, M. Diverrès : glas traduit le latin refulgens (Venus
refidgens : il s'agit de l'étoile brillante). Quant à lanio, il inter-
prète cime dans lequel Gildas a vu sans doute chien (épithète
honorable, chez les anciens Celtes) et qu'il traite métaphori-
quement. Lanio, en latin du moyen âge signifiait : celui qui
déchire : ms. de Sedulius du xi^ siècle de la Bibliothèque d'Or-
léans, p. 24 : omnis qui laniat et lacérât lanio vel lanista potest
dici.
6. PENBERTHOU gl. thoHs. Le mot est composé de /)<';/, tête,
et de berth = *indo-europ. *bhérsto- ou bhersti-, pointe, faite :
Skr. bhrsti-s; sous sa forme réduite, cette racine est largement
représentée dans les langues indo-europ. (cf. Walde, Lat.-
Etyin. IVôrt., hfasiigium ; Kluge, Etyin. Wôrt. àBorste, Biirste.)
Le norrois hursi a un sens très voisin du nôtre {Dachspit^ ain
Hausgiebel, d'après Kluge). Pen-berlh est identique à l'irlandais
moyen cend-bcrt que Kuno Meyer (Contrib. sous cend-adart)
traduit par casque.
7. LOR gl. terrarum solmn. Le mot est pan-celtique et n'a
pas besoin de commentaire (irl. lâr, gall. llawr, corn, hier,
bret . leur (/t'/).
8. LATH gl. stipite = vieux-celt. * slattà; v. irl. slalt,
virga, pertica; gall. llath, même sens; breton moyen la^-arair,
manche ou queue de la charrue ; vannetais lah (Cillart de
Kérampoul, à charrue : gaule de la charrue.
9. DODicouANT gl. extorsit. C'est sûrement une 3' pers. du
sg. d'un prétérit en -/.
La racine est uan : cf. gall. moxcn givan-t ÇL. Noir, ap.
Skene, F. (7. 5. II, 34. 9 ; 5 1 . 58 ; L. Tal. 139. 26 ; 188.
26 ; L. Rouge, 279 . 20 ; L. Aueurin, 105 .21). Givanu, percer,
a aussi le sens de pénétrer, se faufiler à travers ÇMab. du Livre
I. Tliesaurus palaeohih. II, p. 361, IV, 44; addenda, p. 418, 47, 9.
Oloscs brcloinics iiicdilcsdii IX"" siècle. 45!
Rougi', p. 28, 1. 29: gwau y dan y ineirch, se glisser sous les che-
vaux). La double particule ^/o-J/- est sans doute pour beaucoup
dans la modification de sens de la racine. Elle apparaît dans la
glose bretonne de Lux, dodipril, dont le sens n'est pas sûr ; cf.
vieil-irl. do-di-hel gl. deerraveral (Whitley Stokes, Old.-ir.
Glosses on the Biicolics, Revue Celt. XIV, p. 2^2, 41). Wiin a
eu, sans doute aussi, un autre sens que frapper, percer; il a dû
avoir le sens de vana-, en sanskrit, que Fick traduit pzr gewin-
nen, siegcn, schlagm {Etyni. Wôrl., 4^ éd., I, p. 312). Dodi-
couan-i {couanl pour *com-uant) a, en somme, un sens très
voisin de l'allemand ge-iuinnen, acquérir quelque chose par
effort, avec peine; vieux-haut-all. winna, Streit (Kluge, Et.
Wôrl.). Il me semble que le rapprochement qu'a fait M. Meil-
let de venari avec le skr. vânati, et l'ail, gewinnen (Méin. Soc.
ling. IX, 55) aide à comprendre ces différents sens et en parti-
culier notre dodicouant, extorsit. En comique (gicane, frap-
per, percer), comme en gallois, givan est écrit avec un n ; Va
est prononcé long en gallois dans giuan. Cet allongement est
néo-celtique, mais il suppose, en vieux-brittonique uàn-, avec
voyelle brève, et un seule n.
Pour l'expliquer, si on veut établir un raccord avec les
autres formes de cette famille, il faudrait supposer *unno-, ce
qui donne uan et non uann-.
J. LOTH.
THE PRETENDED EXHUMATION OF ARTHUR AND
GUINEVERE-
AN UNPUBLISHED WELSH ACCOUNT BASED ON GIRALDUS
CAMBRENSIS
Whilst preparing my édition of the OM French prose
romance, Mort Ariu (Halle, 1910), I learned trom Prof.
F. N. Robinson of Harvard University ofthe existence of Car-
difFMS. 36, containing the item, De sepuUnra Arthuri Régis.
On further inquiry I discovered that this was merely a cop)'
of Ms. Llanstephan 4 (with some use of Llansteplian 2),
now in the National Library of Wales. Mr. Timothy Lewis of
University Collège, Aberystwyth, wasso good as totranscribe
and translate for me the text of Llanstephan 4. It was a
I. For accounts of this affair in the mediaeval chronicles see R. H.
Fletcher, The Arthurian Material in the CJ:ronicles : Harvard Studies and
Notes in Philology and Literature, vol. X, pp. 189 fF. (Boston, 1906). The
idea that Arthur had two wives doçs not appear in the romances, but
seems to hâve been a part of Welsh tradition. See Fletcher, p. 190, note 2.
It is a debated question whether Arthur's name was ever connected with
Glastonbury bcfore this aftair of the pretended exhumation. For the
literature ofthe subject see W. W. Newell's article, « The antiquity of
Glastonbury », Publications of the viodern language association of America,
XVIII, 4)9, note i. As Xewell, p. 508, remarks, Giraldus is wrong in
Connecting Henry II with the exhumation (1191), for this king died in
1189. The author ofthe Mort Artu, pp. 250 ft'., combines awkwardly the
old Celtic tradition of Arthur's translation 10 Avalon with this new idea
that he was buried at Glastonbury. So too Malory in Morte Darthur Book
XXI, ch. 5-6. His account is, of course, based on a modified version of
the Mort Artu.
The pretended exhumation of Arthur and Giiinevere. 435
disappointment to me to lind that this text offered nothing
original, but Wclsh material relating to King Arthur is so
scanty that even a secondary narrative Hke the présent one
seemed worthy of publication.
At the beginning of his account the Welsh author himself
indicatesclearlythe Spéculum Ecclesiaeeï Giraldus Cambrensis .
as his source. In the hrst part of the text, however, as I
soon observed, he also uses the De Principis Inslructione of
the same writer. His account is based entirely on thèse two
books and I hâve given the necessary indications of source in
the Notes. In some cases where the unique Ms. of the
Spéculum is defective, the Welsh préserves in translation the
original text.
I haveused the édition of Giraldus Cambrensis in the Rolls
Séries : Spéculum Ecclesiae edited by J. S. Brewer in vol. 4
(1873). The passage which concerns us will be found,
pp. 47-51 (Distinctio II, ch. 8-10). For the De Principis
Inslructione, edited by G. F, Warner, see vol. 8 of the same
séries (i89[) — especially, pp. 126-9, Distinctio I. The
Spéculum dates from shortly after 12 17, Distinctio I of the
De P. I. probably from the last décade of the 12''' centur}-,
(cf. Warner, pp. xvi-xvin). Each of thèse works exists in
only one MS. — the Spéculum in Cotton MS. Tiberius, B.
XIII (early 13''' century), De P. L, in Cotton MS. Julius
B. XIII (middle of 14''' century), both in the British Muséum.
Brewer says, p. vu, that only one MS. of the Spéculum has
ever existed, and again, p. x, that this unique MS. came
« beyond ail doubt » from the hands of Giraldus himself. If
thisistrue and if we could ascertain the provenance of Tiberius
B. XIII, before it passed into the Cottonian collection, we
should hâve the means of tixing the place where the présent
text was composed ; but, as far as I can discover, the earlv his-
tory of this MS. is not known.
It is sufficientto say that Mr. Lewis is responsible for the
description of MSS., text and translation in the following
article, as I am for the notes. — J. D. B.
454 Timoihy Leiuis et J. Doiifflas Bruce.
I. Description of MSS.
The followingtext, containing the storyoftheburialof king
Arthur, is taken from Llanstephan MS. 4 now at the Natio-
nal Library of Wales, Aberystwyth.
The first four MSS. in the Llanstephan collection bear the
title « Didrefn Gasgliad »,and true to their title they contain
a miscellaneous collection ol" Bruts, Lives of Saints, Theologi-
cal Tracts etc.
Llanstephan Ms. 4, comprising folios 505-57 of this
« Didrefn Gasgliad », is avellumMS. of 53 folios each measu-
ring 6 3/8x3 5/8 inches with26lines to a page. It contains,
in addition to the tract on the burial of Arthur, a collection
of Aesop's Fables, The Lives of SS. David and Beuno, The
Vision of St. Paul and The Purgatory of St. Patrick.
The MS. begins with a fragment on the Coronation of
king Arthur, but it is impossible to say whether this is a
continuation ol folio 504 of vol. III of the « Didrefn Gasgliad »,
because the last folio is illegible and the numbering of the
folios is in a much later hand.
The textofthe story of the Burial of Arthur begins on f. 505
a 1. 21 and was written acccording to D' Gwenogvryn Evans
circa 1400 (See Report on MSS. in the Welsh Language. Vol.
II, p. 424. Historical Manuscripts Commission),
There is another text in Llanstephan MS. 2, tf. 206 sqq.
This forms a part of the same « Didrefn Gasgliad », but it is
considerably later than the text of MS. 4 and according to
the Assistant Commissioner it belongs to the second half ot
the XV*'' century.
The text at the beginning, corresponding to Llanstephan
MS. 4, ff. 505-506 a. 1. 3, is wanting, but whatremains fol-
lows the text of MS. 4 almost word tor word. There is still
another text of the Burial of Arthur in CardiffMS. 26, pp. 365
sqq. which bears the title « Gladdedigaeth Arthur Frenin out
of the Didrefnyn P. 434 ». This however belongs to the
beginning of the xviir'' century according to the Assistant
Commissioner (See. Report. Vol. II, p. 221).
The pretended exhutnation oj Arthur ainl Guinevere. 45 $
In Cardiff MS. 36 there is also a transcript based upon
the u Didrefnyn » wich begins with the foUowing
note : —
« De sepultura Arthuri Régis
Historiola imperfecta ex duobus
Fragmentis in Codice Didrefnyn
Saepius memorato descriptis et
inter se collatis conflata. »
This MS. according to Mr. Farr, Chief Librarian of the
Central Library in Cardift « is an earlv 18''' century transcript
made hy W. T(homas?) about 17 17-8 and seems to follow
the original as regards spelling etc. »
Revue Celtique, XXXIIÎ. i^
436 Timothy Lciuis ci J. Douglas Bruce.
2. Text
Fol. soj a 21 Llyma hyspysré^c? y ll)/;'m ac e
glurach noc a[dyjwe[itjy brut y
23 érth diwed arthur vrenhin at adna
bot géirioned am chôedleu a dychym-
25 ygyon geuaôc adnabydet y darllea-
6dyr bot yma deu gabid61 gwedy eu
Fol. ;oj- b I hyspyssu on llytyr ni yr h6nn a elwir drych
yr egl6ys. Bit diheu y ba6p pany6 ym
mynnwent manachla6c glastynbri gée-
dy g6eli agheua6l ar auon gamlan y
5 cladéyt Artli''. yr6ng d6y groes o vaen
géneuthuredic o gywreinréyd saeroni-
aetli. Ac eudrychafel yn eu seuyHyn
uchel. a llythyr yndunt géedy ry ysgri-
uennu y venegi bot yno bed arthur.
10 Ac weithon y mae y llythyr h6nn6 g6edy
rydreula6 oheneint. Bit honneit ha-
gen y ba6p nat maen marmor oed ved
Arth"" na bed ar arthur nyt oed namyn
y ossot ymy6n derwen géedy rygeu-
15 a6 ae gladu vn droetued arbymthec o
dyfynder yny daear. Déy rann ohyt 3'
I . This and the next two sentences hâve nothing corresponding in the
Spccuhiiii Ecdesûie. Tliey are based on the foUowing sentences of the De
Principis Instriictione : (p. 127) et ossa ipsius [i. e. Arthur's second wife]
cuni ossibus viri simul inventa, sic distincta tamen, ut duae partes sepul-
chri, versus caput scihcet, ossibus viri continendis deputatae fuissent, tertia
vero versus pedesossa muHebria seorsum contineret. — pp. 128 f. sciendum
etiam quod ossa reperta corporis Arthuri tam grandia fuerunt ut et illud
poetae completum in his videri posset :
« Grandiaque effossis mirabiturossa sepulchris ».
Os enim tibiae ipsius appositum [tibiae] longissimi viri loci, quem et
nobis abbas ostendit, et juxta pedem illius terrae affixum, large tribus digi-
tis trans genu ipsius se porrexit. Os etiam capitis tanquam ad prodigium
The pirlriidcd exhuiuatîoii of Arthur aiid Giiiiicveie. 437
3. Translation
Fol. jo) a Ttiis is the inlormation of the books
which is clearer than that which the brut says
conccrning the end of king Arthur for the
purpose of recognishig the truth concerning
taies and false imaginings. Let the reader
recognise that there are hère two chapters
Fol so^ h rendered from our book whicli is called the
[Mirror
of the Churcl]. Be it certain to ail that it is
in the Gravevard of the monastery of Glaston-
[bury
after a mortal wound on Camlan river, that
Arthur was buried between two crosses ot
[stone
fashioned with cunning workmanship. Thèse
had been set standing high with letters writ-
[ten therein
to make known that Arthur's grave w^as there.
And at this time those letters hâve been
worn by (old âge) time. Be it known however
to ail that Arthur's grave was not of marble
And that Arthur had no grave, but he
was placed in an oak after it had been
hollowed out and he was buried at a
depth of sixteen feet in the earth. Two' thirds
[of the
length of the grave, for about the upper two
[thirds was
vcl ostentum capax erat et grossum, adeo ut interciliuni et inter oculos
spatium palmalem amplitudinem large contineret. Apparebant autem in
hoc vulnera decem aut plura, quae cuncta praeter unum majus caeteris,
quod hiatum grandem fecerat, quodque solum létale fuisse videbatur, iu
solidam convenerant cicatricem.
43^ Timothv Lewis et J. Douglas Bruce.
bed megvsam y deu draean uchaf a
oed wahanedic y6rth v trvdvd ac nie-
gys teruyn yrygthunt ar dryded raïï
20 yn wahanedic y6rthunt 6vnteu
6rth g^'flehau esgyrn arthur a oedynt
va6r a phraff. yn asg6rn v benn yr
oed vn weli arbymthec. a phob un
o hynny géedy rv gaeu a ry gadarn-
25 hau namyn vn. ar'vn honno a oed
agoret a phraff megys yd oed diheu
Fol. ;of) a I pany6 ohonno v buassei agheuaél ef.
yn y dryded rann or bed megys or deu-
parth y waeret || ' yd oed esg3Tn g6enh6-
3'uary wreic ual y gellit eu hadna-
5 bot yn vanolach ac yn wreigeid. Ac
ym plith y rei hynny y kaffat pleth
o waHt melyn. tec oed edr)'ch arnaé.
ac ar y bleth honno y dodes manach or
vanachlaéc y ol6c ar}'dathoedy gyx.
10 ar niuer 6rth agori y bed. ac yd argan-
uu ymblaen pa6b. A bryssya6 a oruc
ac ysglyfyeit y bleth. Ac val y kymerth
yny la6 ae dangos a pha6p yn edrych
ac yn ryuedu y thecket yn deissyfyt
15 yggéyd pa6p y difflannaéd oe laé. Ac
nyt heb wyrtheu y damchweinyaôd hy-
ny. ac y dangosset yn honneit y baep
I. Llanst. MS. 2. begins hère.
The prclc'iicied cxhiniuitioii of Aiibiir aiid Guiiievere. .159
separated trom thc third and a division, as it
[were, between
thcm and the third part separated from them
to place Arthur's bones which were big and
f'thick.
In the bone of his head thcre were sixteen
[wounds and each
of those had closed and healed firmly
except one and that one was
open and it was an extensive wound so
that is was undoubted that it was
Fol. J06 il from that one that he had died.
In the third division of the grave from aboiit
the twothirds downwards || '■ were the bones of
Gwenhwyvar his wife, more deHcate and like
[those of a
woman,so that they could^.berecognised.
And among those (bones) was found a plait
of yellow hair, fair to look upon
And a monk from the monastery who
had corne together with the crowd at the
opening of the grave, saw the plait
before anyone else and he fixed his gaze upon
it and he rushed and snatched away the plait
of hair. And as he took it in his hand an while
[showing
it, and ail the people looking on and wonde-
[ring
at the beauty ofit; suddenly m the présence of
ail it vanished from his hand. And this ' did not
happen without miracles. And it was made
[wellknown
2. Llanstephan MS. 2 f. 206 begins hère.
3. Thc MS. of the Spéculum for the passage correspoudiug to « And
this — flowcrs of spring » (p. 48, 11. 3-8) is defective.
440 Timothy Lnvis et J. Douglas Bruce.
ac yn bennaf yr creuydwyr a dathoed
yno. Y rei lleiaf a berthyn udunt nac
20 edrych na theimlaé bruger géreic. a
bot pop peth bydaôl yn damodedic ac
yn sathredic ac yn bennaf oii y petheu
teckaf o ednxh arnunt. meg}'s y tystir
tr6y vraét ac a6durda6t y doeth. yr
25 h6nn a dj^weit. Teg6ch a gosged dynaél
brvt cribdeiledic v6 a buan. a chvnt
Fol. ;o6 h I y ffy ac y difflanna noc anwadal6ch
blodeu g6anh6yn Dyeithyr hynn
y brenhin Arth'' a vu bennaf seilaédyr
manachla6cglastynbri. kanys kynn
5 dyuot sat'sson yr ynys y rodassei ef tir
a daear a da arall yr vanachla6c hon-
no a daroed y chyssegru yn enrj'ded yr
^vynuydedic veir wyry. yr honn a garei
yn v6y noc 5'ssyd o sant a santés ac
10 nyt heb acha6s. Ac érth hynny y
par3'ssei ynteu dodi y del6 hi yn d6y
3'sg6yd y daryan ef or tu atta6. Ac
megys y dyweit ym pob bréydyr ac
ymlad or a vei arna6 o wir uvydda6t
15 a charyat arnei hitheu y cussanei ef
y thraet. A chanys gnottaei dywedut
1. Down to the end of this passage about the Virgin Mary our author
follows not the Specnhim, whieh lias uothing corresponding, but the De
Principis Instrudione pp. 126 f : Arthuri quoque Britonum régis inclyti
memoria est non supprimenda, quem monasterii Glastoniensis egregii,
cujus et ipse patronus suis diebus fuerat praecipuus et largitor et sublevator
magnificus, historiae multum extollunt. Prae cunctis enim ecclesiis regni
sui sanctae Dei genetricis Mariae Glastoniensem ecclesiam plus dilexit et
prae caeteris longe majori devotione promovit. Unde cum vir bellator
exstiterit. in anteriori parti clipei sui Beatae Virgicis imaginem interius, ut
eam in conflictu praeocuUs seinper haberet, depingi fecerat, cujus et pedes,
The pirlciidrd exbiiiiKilioii of Arthur aud Guiiievere. 441
to ail, but particularly to the religions that liad
corne there — those to whom it least belongs
either to look on or to handle a woman's hair
that ail earthly things are perishable and
[to be
trod under foot, and above ail the things
fairest to look upon,as it is witnessed through
the judgment and the authorîty of the wise,
who says — Beauty and the comeliness of the
[human
form are snatched away and are swift
FoJ. ;o6 b and they flee and vanish quicker than
the changeableness of the flowers of spring.
[Besides' this
King Arthur was the chief founder of the
[monastery
of Glastonbury, for before the coming of the
[Saxons to the island
he had given land and other goods to that
monastery which he had consecrated in honour
of the blessed Virgin Mary whom he loved
[above
ail the other saints, and this \vas not without
reason Therefore he had caused her image to
be set in the two shoulders of his shield in the
side next tohim. And as he says, in every
battle and fight where he was engaged he used
[to kiss
her feet ont of true humilitv and love towards
[her
And as it was customary to say many doubtful
things concerning the end of Arthur, And
particularv the British storytellers contend
[and
quoties positus in congressionis articulo fuerat, deosculari cum plurima
devotione consueverat.
From this point on the writer uses only the Spcculum.
442 Timothy Lewis et J. Douglas Bruce.
Uawer o betheu petrus am diwed arth^
Ac yn enwedic chôedylydyon y bryta-
nveita ymryssonant ac a gadarnha-
20 ant etto y vot ef yn vy6 yny v6ynt
wrthladedica diffodedic a difflanedic
y ch6edleu geu hynny. a cherdet y wi-
rioned racdi am hynny yn aml6c
o hynn aHan y paryssam ni dodi
25 yma petheu prouedic or wirioned di-
amheu. Gwedy y vr6vdyr ar avon gam-
Fol. S07 a 1 lan vgkerny6. a Ifad medra6t enwiraf
vradér. g6edv kyuodi ohona6 yn erbyn
Arth"" y ewTthyr vra6t y va m o geidw-
adaeth a- deyrnas. a brathu arthur yn
5 agheuaél. y duc hen wreicda a mar-
gan oed v hen 6 y gorff hyt yn ynys
avaliach. y He a elwir yr a6rhonn
glastynbri. A thrannoeth g6edy y
varé y péris y wreicda honno ygladu
10 yny vynwent g}'ssegredic val y dy-
wetp6yt uchot. Sef y gnotaei beird
ynys prydein ae chôedylydyon dech-
ymygu panyé margan dwvwes o
annwfyn ae ry gudyassei ef yn vnys
15 auattach yr lachau oe weUoed. a phan
veynt iach yd ymchoelei drachefyn
att y brytanyeit oe hamdiftvn me-
gys y gnotaei. Ac am hynny etto
y maent mai yn}^ adol6yn ef ac yn
1. This sentence is onlv partially prescrved in xhtSpccuhim (p. 48).
2. Spéculum (p. 48), a nobili matrona quadam ejusque cognata et Morgani
vocata est delatum.
De Princ. Inst. (p. 128), Morganis, nobilis matrona et partium illarum
dominatrix atque patrona, necnon et Arthuro régi sanguine propinqua .
3. Spéculum i;^. 48), in insulam Avaloniam.
The pretended exhumation of Arthur and Guinevere. 413
affirm that he is still living. Until those untriie
taies are abandoned and cease to be and havc
disappeard and the truth concerning
it become manifest henceforth, \ve hâve
caused to be set down hère things \vitness(d
to by Linquestionable truth. After the battle
Fol. J07 a on river Camlan in Cornwall', and after
Medrawt, that basest of traitors was slain after
he had made an insurrection against his unclc
Arthur — his mother's brother — for the po:; •
[session of
the kingdom^ and after Arthur was mortallv
[wounded,
an old dame^of thename of Margan bore his bodv
as far as the Isle of Avallach' the place which is
[no\.'
called Glastonbury. On the following day '
[after h;.-
had died that dame caused him to be buried in
the sacred burialground as has been said above.
The bards of the Isle of Britain and its story--
[teller.
used to imagine that itwas Margan — agoddes:;
the netherworld > — that had hidden him in
[the Isle of
Avallach to heal him of his wounds; and that
[when
they became whole, he would return again to
the Britons to défend them as was his wont, and
therefore they still as it were beseech him and
[await
his future coming as the Jews do concerning
[Christ
except that the Jews are deceived to a greater
[extent
4. Merelyw postea » in Spéculum (p. 48).
5. Spéculum Qp. 49), dea quaedam phantastica.
444 Timoihy Lnuis et J. Douglas Bruce .
20 arosy dyuodvat rac llaé megys)^
Idewon am grist onyt bot vn v6y
yd ydys yn t6}4ia6 yr Idewon o yn-
vydr6yd ac anfydlonder ac andedwy-
dyt. Bit honneit y ba6p ac aml6c
25 pany6 glastynbri y gelwir kanj^s
f[ry]dyeu ac auonyd o eigyaén mor
Fol. S07 h I hafren yssyd ynygylch. kyt bei prio-
dolach y gal6 keffinyd auonyd o ach-
a6s y bot ygkymherued auonvd. ac
yn ia6nach gal6 ynyssed. tir ymperued
5 y weilgi. Pa acha6s y gelwir ynteu a-
valiacli. namyn oe vot yn He amyl
auaiigyrn. neu ynteu o vot yn argl6-
yd ar y lie h6nn6 g6r gynt a elwit a
e*lwi t aualiach. Efa notteit heuyt
10 gal6 y lie h6nn6 ynys wydrin o achats
auon a oed yny damgylchynu a Hi6
glas g6ydra61 ar y d6fyr ac 6rth hyn-
ny y gelwis v saesson hi g6edy y go-
resgy-n glastynbri. kan^-s glas yn sa-
15 esnec y6 g6ydyr ygkymraec. honneit
y 6 w-eithon paham y gehvir y He henné
ynys wydrin. paham auaiiach a
phaham glastynbri a honeit y6 heuyt
pa dylyet a oed y ch6edylydyon gai 6 y
20 wreic honno margan yn déywes o anné-
fyn a bit honneit hynn heuyt kyt
kaffo y dywededic abat uchot gyuaré-
ydyt y 6rth gorf Arth"" o hen lyfreu ac
ystoryaeu. a pheth heuyt or hythyr a
25 oed g6edy eu hysgriuennu yny cr6ys
a g6edy eu rydileu haeach oheneynt
I. This passage in the Spéculum (p. 49, 11. 10 fF.) is defective. Our text,
no doubt, préserves the sensé accurately.
The pretendcd cxhimation of Arthur aiiâ Guinevere. 445
through foolishness and faithlessness and mis-
[fortune
Be' it known and manifest to ail that it is
called Glastonbury for streams and rivers flow
about it from the trreat Severn sea
Fol. ^oy h though it would be more fitting to call it
the confines of rivers, insomuch as it is in the
middle of rivers and it is more fitting to
call islands land in the middleof the océan.
Why is it then called avallach ? because it
is a place abounding in appletrees or because
one who was formerly lord of that place was
called Avallach ^ That place used to be called
also the isle of glass because of a river that
flowed around it whose waters had a blue
glassy hue and hence the Saxons called it
Glastonburv after they had conquered it, for
[glas
in Saxon is gwydyr in Welsh.
It is well known now then, why that place is
called Isle of Glass, why Avallach and why
Glastonbury; and it is w^ell known also w^hy
the storytellers were bound to call that woman
Margan a goddess from the netherworld. Let '
[this
also be known though the above mentioned
abbot should find a story concerningthe body
of Arthur in old books and historiés and some
also from the inscription that was inscribed
in the crosses which had become illegible
in course of time, he had the greatest
2. Spéculum (p. 49), vel a Valloiie quodam territorii illius quondamdomir
natore.
5. Speculinn MS. (p. 49, 11. 26 ft'.) defective hère, Our text makes the
meaning clear.
44^ Timothy Lewis et J. Douglas Bruce.
Fol. joS a I méyaf eissyoes o gyuaréydyt a hyspys-
r6yd a gafas ef y gan henri vrenhin
kanys ef a dywedassei y brenhin 6rth-
a6 lawer géeith megys y clywssei yn-
5 teu gan hen dynyon a beird a chy-
uaréydeit y datcanu o weithredoed
y brytanyeit pany6 y réng y d6y
groes a oedyn y vynwent ygglastynb[ri]
yn eu goréed. Ac odyna ydrychaf6yt
10 yn eu sefyii y cladyssit arthur yn
défyn rac ofyn y saesson a 6rthladys-
sei ef yn vynych ac a deholassei or y-
n5^s. ac a dugassei vedra6t y nei yn-
teu y géas direitaf yny erbyn y ge-
15 issa6 amdiffyn y ennwired. y rei aores-
gynassant eihveith yr ynys o g6byl
g6edy y agheu ynteu. Ac rac yr vn
ofyn hénn6 yn datkladu ybed me-
gys am seith troetued yny daear
20 o dyfynder y kaffat anysgogedic
uaen prafFa chroes bl6m gôedy ry-
ansodi ynda6 or tu ass6 ida6 ar Hy-
thyr h6nn vman yny groes blém.
yman y mae yr ardercha6c vrenhin
25 Arthur yn gorwed g6edv y gkidu yn
V hed h6nn. ac v gyt ac ef vr eil nyt amgen.
Fol. joS h I g6enh6yuar y wreic. Ac yn is no
hynny eihveith na6 troetued y kaf-
fat bed arthur. y groes honno g6edy
y thynnu or maen a weles Hawer. ar
5 abat yny dangos y henri vrenhin.
ac a darheassant y iiythyr. Ac megys
I. This sentence corresponds to the defective passage, Spéculum, p. 50,
11. 6 ff.
J
The preleiided exhiiniatwii of Arthur atnl Guincvere. 44^
Fol. Î08 a part of his story and infonnation trom king
Henri. For the king had often told him, as he
himselfhad heard from old men and bards
and storytellers recounting the[deeds ol the
Britons, that it was between the two crosses
that lav on the ground in the burialground oi
Glastonbury — the crosses were afterwards rai-
[sed and
set on end — it was hère that Arthur was buried
deepin the earth trom tear ofthe Saxons whom
he had often repelled and whom he had
[banished from the
island — those whom that most wicked youth
Medrawd, his nephew, had brought against him
in his effort to défend his wickedness, those
who the second timecompletely conquered the
island after his death. And ' for the very
same fear, while they were re-opening the
grave, at the depth of about seven feet in the
earth, there was found a huge immovable
stone with a cross of lead set in the left
side of it with this inscription in the
cross of lead — Hère lies the exalted king
[Arthur having
been buried in this grave and tgoether with
him a second - to wit Gwenhwyvar his wife.
Fol. soS h And nine feet still deeper Arthur's grave was
[found
and many people saw that cross after it had
been taken out of the stone and many saw
the abbot showing it to king Henri, and read
the inscription. And as the cross had been
fixed in and hidden under the stone, so in like
2. Llaûstephan MS. 2, has : « the second Gwenhwyvar his wlfe ».
44^ Timoihy Lavis et J. Douglas Bruce.
yd oed y groes wedy y ry ansodi ae chu-
dya6 ydan y maen. veity 3^d oed y gro-
es eilch6yl wedi ry vmchoelut tu v Hv-
10 thyr idi 6rth y maen o anryued ystry6
a chywreinr6yd adoethineb y dynvon
a oed yna yn medru ac yn mynnu
cudya6 a dirgelu g6r kvmeinty an-
ryded a h6nn6. ac eu hargléyd 6ynteu
15 a seilya6dyr pennaduraf y He hénn6.
Ac vn bennaf oH o acha6s kynnôryf y
ryuel a oedarnunt.Eissyoes g6edy
hedvchei ar y iie h6nn6 eihveith. ual
V keffit manac ar ved arth^ y gdsso-
20 dassant 6y y groes ar Hythyr yndi
val hynny. ac yn g6byl megvs y dy6-
edassei y brenhin y caffat corf arthur
Nyt ymyén marmor raegys y g6ed-
ei y vrenhin kymeint 3^ anryded a
25 henné, nyt ymy6n ysgrin o vaen nad
na maen glas, namyn ymv6n drvH
dar géedy ry geuaé a hvnny o vn
Fol. joç il I droetued arbymthec neu a vei véy o
dyfynder yn y daear. o acha6s eu biys 6y
yn v6y noc o achaôs anryded cladu g6r k)^f-
urd a h6nn6. Ac nyt oed ryued hynny yn
5 y kymheilei g}'nn6ryf ryuel éynt a gouit.
Ac odyna y dywededic abat h6nn6 o arch
a dysc henri vrenhin a beris gôneuthur
3'sgrin arderchaéc o vaen marmor y es-
gyrn arth' megys y g6edei ac y dylyii 3''
10 seilya6dvr penaduraf 3' lie h6nn6. Ac
ynteu [a garei] vr egl6vs honno vn v6v noc
Ïegl6-
3'sseu yr hoH de3Tnas. ac ef ae génathoed
The prclcndi'd iwhiiiiitilioii of Arthur aiul Giiiiievere. 449
manner had the cross again turned the inscri-
[bed side
towards the stonc through tlic
wonderful artifice and cunning and wisdom
ot the men who were able,and who desired to
hideand to secrète a man so honoured as he
who was their lord and the principal Ibunder
ol' that place. And above ah [it was donej
[owing to
disturbance and war among them.
Howewer aiter peace had been restored in tliat
place they set the cross with the inscription up
[in that way
to indicate thegrave of Arthur. And '
Arthur's body wasfoundexactly as theking had
said not in marble as it became a king
so exalted as he, nor yet in a coffin of
polished stone or marmor but in the trunk oi
[an oak
which had been hollowed out.
Fol. joç n and that at a depth of sixteen feet or more
in the earth, more on account of their haste
than [lack of] honour in burying a king so
exalted as he; and that was no wonder when
they were harassed by the tumult and the dis-
[tress
of war So the above mentioned abbot, follow-
[ing
the command and adviceof king Henri
caused a splendid cofhn of marble to be
made to contain the bones of Arthur
in a becoming manner, and as was due
to the principal founder ofthat place. And
he loved that church above the churches of
1. Spéculum MS. (p. 50, beginning of ch. 10) is defective hère. Our text
makes it clear that the subject of praedixerat 'vas Henry.
4jO Timothy Leiuis et J. Douglas Bruce.
yugyuoetha6co dir a daear yn amyl ac
yn ehelaeth. Ac nyt heb v obryn ohonaé
15 ynteu. namyn o g)'fya6n vra6t due
y g6r a dal p6yth pob da yn ehalaeth heb
petruster. nyt yny nef ehun. namyn ar
y daear heuyt ac yn vv6 ac vn var6
A g6edy bo mar6. ynv vuched dragyéyd.
10 Ac yny diwed yny vanachla6c hvnaf
ac a6durdodaf or hoit deyrnas y cladéyt
arth'. yn anrydedus. megys y g6edei kyf-
lehau g6r kymeint y glot ae anryded a
h6nn6. Ac velly y teruyna cladedi-
10 gaeth Arthur vrenhin
'I be pirleiided exhumation of Arlhur itiid Guinevere. 45!
the whole kingdom and he made it rich
with many and extensive pièces of land. And
this he did not, without reward, but
of the just judgment of God, the one who
rewards bountifully and without any doubt,
every good that is donc; and that not only
in heaven itself butaiso on earth, both ' the
hving and thedead, and after death in the
hfe eternah And in the end Arthur was
buried in the oldest and most powerful
monastery in the whole kingdom as it was
becoming to bury a man so famous and
honourable as he. And thus ends the Burial
of king Arthur.
Timothy Lewis,
University Colk-ge of Wales, Aberystwyth.
J. Douglas Bruce,
University of Tennessee.
I. From hère to the end is defective in the Spéculum (p. 51).
kn-ue Celtique, XXXllî. jo
MABON AB MODRON
Mabon appears to play a much more important part in the
French romances than in the taies which hâve been preserved
in the Welsh language. Under other names, however, as we
shall attempt to show, he is as well Ivnown in Wales as on the
continent.
His most important appearance in France is in Chrétien de
Troyes's hrec. In this épisode, the hero enters the castle of
Brandigan, which belongs to King lîvrain, who conducts him
to a wonderful orchard, full of the most luscious fruit, but
which is, as man)^ writers hâve pointed out, nothing more
than a magie prison. In the orchard stands a row of stakes, ail
except one bearing a human head, and the empty one has a
horn attached to it. Penetrating further into thisland of magie,
Hrec sees a silver couch, and on it is reclin ing a most beauti-
ful maid. He approaches her, but as he does so, he is confront-
ed by a giant with whom, after many bitter words and
reproaches, he tights. Erec conquers his adversary^ who tells
him that he is called Maboiingrain; at least, that is how he is
known in that country, but he does not know his real name,
— a most important détail preserved by Chrétien, in view
of the history of the Welsh Mabon. He is kept imprisoned in
the orchard by a beautiful maiden, who has bv her magie wiles
forced him to remain there as her lover, and fight every new-
comer until he is defeated by one ot them. Then and not till
then will he be released. « Sound the horn » says he to Erec,
«as a sign, of my deliverance ». After many days of rejoicing,
Erec départs with Énideinto the court of king Arthur.
Mahon ah Modron. 45 5
The points to which we wish to call spécial attention in the
above narrative are the following :
i) T\\tn2imt Mahonagrain.
2) Mabonagrain is a prisoner.
3) He can only be delivered hy fighting.
4) He has a name, but no one knows his real one.
5) His deliverance is signaHsed by the sounding of a horn.
In the Welsh version of Gemini ac Enid, this incident
differs in many important détails from the corresponding part
of the Érec. Some of thèse différences are immaterial to our
thème.
r) The magie prison is covered with mist.
2) The horn is suspended from an apple-tree.
3) « Lord » said the conquered warrior « I pray for quar-
ter, and thon shàlt hâve what thou wilt ». « I will naught »
said Geraint « save that there never be hère any more this
chware ( = /Vw) nor the hedge of mist, nor the magie, nor
the enchantment which has been >- . « Thou shalt hâve that
willingly, lord. And cause thou the mist to leave the place.
Sound thou that horn, and the moment that thou soundest it,
the mist will départ. And untilthe knight that should conquer
me should sound it, the mist might never départ hence. . .
Then Geraint came and sounded the horn, and the moment
that he gave one blast on it, the mist departed «. Hère it is to
be noticed that the Welsh version, with far greater probabi-
lity, makes the blast of the horn the cause of the breaking of
the enchantment that bound the strange Knight, and not the
signal of his deliverance.
{IPhite Book Mabinogion, folio 283.)
Let us for the moment leave the story of Mabonagrain, and
dévote our attention to the Mabon of the Welsh taies. In
Kiilhwch ac Olwen, we note the following facts, among others
concerning him.
i) His name is Mabon, son of Modron.
2) He was stolen from between his mother and the wall
when he was three nights old.
3) No one knows what has become of him till he is found
a prisoner in a stone fortress at Gloucester, which can only
be approached by water.
4U ^V. f. Gruffydd.
4) He is the oldest of ail men or beasts then living on the
earth.
5) He is delivered from his prison by Arthur and his
men.
(Red Book of Hergesi, folios 834-837).
Novv it is strange that no student of the Arthurian legend
has realized that the story of the stealing of Mabon from his
mother is given in great détail in the Mabinogi of Piuyll,
whereRhiannon'sson, whose name is not mentioned, isstolen
from her bed soon after'his birth. The Mabinogi does not
actually statethat he was ' three nights old ', as in the case ot
Mabon, but he could not be much older, as the midwives
were still watching by Rhiannon's bed. This is the incident
upon which the whole of the latter part of the P-wyll is hin-
ged.
We see, then, that the son of both Rhiannon and Modron
was, according to Welsh tradition, snatched from his mother's
bed soon after birth. If we can prove that Rhiannon and
Modron are one and the same person, then we know the story
of the râpe of Mabon.
Modron, as is well known, implies an earlier Mâtrôna,
the name of a goddess which is of fréquent occurrence in
Celtic inscriptions (Anwyl, CeJtic Religion, pp. 41-3. Rhys,
Hibbert Lectures, pp. 278-9), and w^hich gave in French the
proper name Marne. The termination -ôna is common in the
names of Celtic goddesses such as Epona, Sirona etc., and its
masculine form -ônos (in Roman inscriptions -dniis) is found
in Mapônus, the name of a well known Gaulish god, which
gave in Welsh Mabon. Mabon vab Modron, then, may be
translated as «the Great Son, the son of the Great Mother « '.
We return to Rhiannon. The original form of her name
also shows the termination -ôna ; it would be Rigantôna,
that is 'the great queen'. But the root * rig may mean in
I. It would be interesting to trace how far this deitv has intiuenced what
may be called the « mj'thology » of Christ, as contrasted with his history
given in the Gospels. Christ is certainlv called in Welsh Mahon and Mab
Mawr, — which makes us think at once of the italian bambino. I throw
out this suggestion to scholars compétent to investigate the matter.
Mahoi! ah Modroii, 455
Welsh not only 'king' or ' queen ' but ''parent'. Rhieni, for
instance, the plural of a word * rigan — means in Welsh both
i) « parents » and 2) « ladies ». In modem Welsh, it has the
former meaning, while in Médiéval Welsh it meant the latter.
Branwen, (^Mah. of Brainueii, Red Book ofHergest, folio 728)
is called tryded prif rieni yn yr ynys hon, « one of the three
greatest ladies of this island », or « one of the three greatest
queens ».
It must be noticed that the modem Welsh singular rhiant
(implying a plural rhienni, with two n's) is a fabrication,
probably due to Dr. Pughe. I cannot find the word in any dic-
tionary before his.
William Evans's English-Wehh Dictionary (1771) gives siib
« Parent » : ' rhieni, tad neu fani', as if rhieni were a singular
noun '.
The transition from « queens » to « parents » is, of course,
easy and obvious enough. Even in thèse- days, far removed as
they are from patriarchal times, the word ' governor' in ple-
beian English has the three distinct meanings of i) gouver-
neur, 2) père and 3) monsieur, just as in Welsh rhieni means
i) queens, 2) paren Is a.nd 3) ladies. Therefore, Rhiannon, con-
taining the root *rig, may mean 'queen' 'lady ' or ' mother',
and in the third sensé of « mother », or rather « great
mother » has exactly the same significanceas MoJ/t);/. So that
the story of the râpe of Rhiannon's son is the story of the
râpe of Mabon.
Who then was the fiither of Rhiannon's son? According to
the Mabinogi, it was Pwyll chief of Annwvn, but it is extre-
melv signiiicant that when he was saved from the magie
claw, he was adopted by Teyrnon who persuaded his sub-
jects, with the connivance of his wife, that his wife had been
pregnantand had given birth to the child. In other words, the
subjects of Teyrnon thought that he was the father of the
child, but as the Mabinogi had already said that the father
was Pwyll, it was necessary to invent some such stor}'' for the
I . On trouvera toutefois uue autre interprétation du gallois rhieni dans
la Rcime Celtique, t. XXXII, p. 235 (N. d. 1. r.).
43 1' IV. J. Grufiyââ.
sake of consistency. Now Te^-rnon, as Sir Edward Anwyl has
already pointed out {Zeitschrift fiir celtische Philologie, vol. I,
p. 288) makes with Rhiannon a perfect pair, his name, sup-
posing an old form Tigernonos, meaning « great king ;>. We
may then, without much hésitation, write down the pedigree
of Mabon as follows :
( Matrona
Tigernonos m l or
I f Rigantona
I
Maponos
And now cornes a moststriking confirmation ofthis theory.
Teyrnon, when he had decided to adopt the child, caused
him « to be baptized with the baptism wliich was at that
time practised. And the name given him was Gwri Wallt
Euryn. What hair was on his head was as yellow as gold »
(Red Book of Hergest, fol. 724.) — but this remark only
explains the epithet Euryn, and not the more important name
Givri, to which we shall return later. Now, it is not surpri-
sing, in view of what we hâve said, that Mabon and Gwri
are named together in Ktilhwch ac Ohuen, — « After that,
Arthur went to Llydaw with Mabon son of Mellt and Gware
Gwalit Euryn » (Red Book, foho 837 d.). M. E. PhiU-
pot, in an extremely clever and careful article', has already
explained the curions name Mabonagrain which, as we hâve
seen, was the name borne by the prisoner in Erec. « Il est la
synthèse de deux noms que nous trouvons appliqués à deux
personnages différents, dans le groupe du Bel Inconnu et dans
Erec lui-même. On sait que l'enchantement de la « Gaste
Cité », qui a totalement disparu du récit d'£"nr, bien que,
comme le montre Cardnino, il fît très anciennement partie
essentielle du cycle, est l'œuvre de deux personnages maudits :
l'un, nommé Mabon, est de beaucoup le plus important, « li
plus sires » (v. 3321) Eurain n'est guère qu'un com-
parse, un fantôme dont la seule utilité est, semble-t-il, de
I. Romania, 1896, p. 25^.
Mabon ah Modroii. 457
parfaire un couple traditionnel. Dans LD ', le premier s'ap-
pelle Maboun, ou Mabounis, le second s'appelle Irayn. Le
même couple se retrouve dans Hrec, où à côté de Mabona-
grain, nous voyons le roi Eurain - Mais alors, quelle pour-
rait être l'origine de ce personnage vague, de ce « second »
de Mabon ? Il est possible qu'il ait été au début une simple
épithète homérique, l'adjectif gallois Ê"//;-)'» Nous donnons
évidemment cette conjecture sous toutes réserves ».
Without knowing it, M. Philipot bas struck on the very
explanation wliich throws light on the history of Mabon.
One comment we would like to make on his article, — his
explanation does not dispose of the g of Mabonagrain, or of
the a. I suggest that Mahonagrain is not simply Mabon-Euryn,
as M. Philipot suggests, but Mabon a Giuri Eiiryn, i. e.
« Mabon and Gwri (Wallt) Euryn ».
Now it is time to consider whether we hâve any traces
of such a captivity as that of Mabon or of Mabonagrain in
that hero's history when he goes under the name of Gwri
Wallt Euryn ?
When Gwri was restored to Rhiannon, the 'author' of the
Mabinogi oï Pivyll was confronted with a further ditïiculty.
The name of Pwyll's son was not Gwri Wallt Euryn, but
Pryderi, as Welsh tradition, indepently of the Mabinogion,
amply testifies '. So, in a very lame and unconvincing fashi-
on, she insists that his name be changed to Pryderi, and hence
forward in the Four Branches, we hâve to seek for Gwri under
this new name, though in Kulhivcb ac Olwen , as we hâve
seen, he is still found unc^.er the earlier appellation. Therefore,
though the Pryderi of Math vab Mathoniuy is partly Pryderi
and partly Gwri, the Pryderi of Manawyddan vab Llyr, is cer-
tainlv Gwri under another name. In this mabinogi, the
widow Rhiannon is given in marriage to Manawyddan, and
1. I. e. Lv Beaus Desconnus,
2. In the Welsh Geraint, « Yvvein. » Opposed as we are to the German
theory of the Arthurian legend, we must admit hère that the Welsh is
foUowing a French written taie, ■ — which neither M. Loth nor M. F. Lot
nor M , Philipot evcr denied.
5. See under Pryderi in the Index to Skene's Four Ancient Bocks.
458 JV. J. Gniffvdd.
the three — Rhiannon, her husband and her son — together
with her son's wife, are described as celebrating the mar-
riage when suddenlv « there was a noise, and in the midst
of jthe great noise, a sho\ver of mist came, so that not one
of them could see the other. And after the mist, every place
became Hght, and when they looked where they had seen
the flocks and the herds and the houses before, they could
see no manner of thing, — neither house, rior beast, nor
smoke, nor fîre, nor man, nor dwelling, except the palace of
the court, which was empty and desolate and deserted,
without man or beast. » {Red Book, folio 741.). After many
adventures, which we need not describe, they came one dav
to a caer, which Pryderi entered. « When he came into the
caer, nor man nor beast nor boar nor hounds nor house nor
habitation could he see in the caer. There was, as it were in
the middle of the floor, a well, enclosed with marble ail
around. And on thebrink ot the well, a golden goblet above
a slab of marble, and chains going upwards to the sky, and
he could see no end to them And he came to the goblet,
and grasped it. And as he grasped the goblet, his hands became
fast to the goblet, and his feet to the slab on which the
goblet stood « Alas, my lord » said Rhiannon « what
dost thou hère ? And she grasped the goblet with him, and as
she grasped it, her hand became fast to the goblet. and her
two feet to the slab As soon as night fell, a noise came
upon them and a shower of mist, and with that the caer
disappeared, and away they were taken with it. » After some
further adventures of Manawyddan and Kicva, Pryderi's wàfe,
who were thus left alone, Manawyddan finds a means of deli-
vering his wife and her son — « Then Manawyddan arose,
and when he looked, he could see the whole country with
its houses and inhabitants, with ail its flocks and habitations
in their place » (Rai Book, folio 745-751).
Thèse quotations carr}' their own taie, and require no
explanation of ours. We will only notice one or two points.
i) It is évident that the interval between the first mist and
the second is due to the stor}^-teller. The captivity was proba-
bly a continuous one.
Mal'oii ah Xfodroii. 459
2) The essential factor is the mist, as in thc taie of
Géra in t.
3) Thc mist suddcnly disappears as in Gerainl.
4) It required a dehverer hère — in thiscase, Manawyddan,
— just as Arthur deUvered Mabon, and Gcraint dehvered the
Knight of the Mist-Hedge.
Now it is important to notice that ihc cyvanuyddyd, or spoken
taie, from which this Mabinogi was made up, was called the
(c Mabinogi of Mvnnweir a Mvnordd » if \ve are to take the
verv lame and impossible explanations of the names given by
the 'autlior' {Kcd Book, fol. 75 1), but more probably \ve should
read them as « Mvnnweir a Mvnord. » It should be noted
,too, that their sojourn in the mist is distinctly called a car-
char = « prison ». A word about thèse names.
There is little doubt that Manaïuyddan' is a later addition
to the storv as the référence to its older name proves, and
that Mynuu'cir and Myiiord were the original protagonists.
Modron is also written Mydron, as in the following from the
Black Book of Caermarthen (Dr. Evans's édition p. 94).
Mabon am undroii
Guas uthir pen dragon.
It seems to us likelv that Mynord hère represents an original
Mydron, through a séries of scribal errors, because it is clear
from the storv that the scribes did not understand what the
names meant. Mvdron written as Mydrô could easily develop
into Mynord, for we know that copyists are capable ot much
greater things than this. As to Mynweir, we suspect that we
hâve hère an instance of the influence of one word of a pair
on its fellow, which is so common in Médiéval Welsh. Just
as Sodoni and Gomorr ah a^pear in Llyfr yr Ancr Çi^46^âs Souir
ac Ovir CE l iicid ariu m, editedbyKhy s and Jones, p. 157), and
just as we hâve Se ac Asse, Sach a Saîacb, Lotor a Fotor in
Kidhwch ac Ohuen (^White Book Mabinogion, folio 285), so
Gweir a Mynord became Myyiweir a Mynord in this case. Whe-
j. He is, of course, onç ofthe Irish characters of ihe 'Four Branches'.
4éo JJ\ J. GniJJydd.
ther this be right or not, there is little doubt that Mynweir
conceals, under some addition, the name Gweir.
Xow, who was Gweir ? It will not surprise us to find that
he \vas one of the « three famous prisoners » of Welsh
legend, and the most complète account of him is found in the
Book of Taliessin :
Bu kyweir Karchar gweir ygtcaer sidi.
Truy ebostol pwyll a phrvderi.
Neh kyn noc ef nyt aeth idi
Yr gadw^n tromlas kvwirwas ae ketwl
Tri lloneit prytwen yd aetham ni idi
Nam seith ny dvrreith o gaer sidi.
« Complète was the prison of Gweir in Gaer Sidi, on the
quest (?) ot Pwyll and Prvderi. Before him no one entered
into it, — into the heavy dark chain which held him, faithful
wight. Three times the freight of Prydwen were we when
we went into it ; save seven, no one returned from Gaer
Sidi. »
Further on, the poem describes Arthur as leading the
expédition against the fort of Sidi. From the above, thèse
facts are to be noted :
i) Gweir is rescued trom his prison by Arthur just as
Mabon was.
2) His prison was over the water, just as Mabon's
was.
3) He is in the poem associated with Pr^'deri.
4) Just as Mabon was the oldest of ail living créatures, so
Gweir was the first to go to it; — whether it means the chain
or Gaer Sidi it does not matter ; he is the oldest prisoner.
And now, let us see what Sir John Rhys says of the name
Giveir. In the Hibbert Lectures, p. 282 (3'''^ édition) he writes
asfollows :
« But we seem to be again led back to the latter by the
name Gweir,.... for it probably meant « manly » : at any
rate, that is the natural inference from the fact that it is a
Mdhoii ah Moilroii. 461
derivative from an earlier from of ^îur, the Welsh équivalent
in sensé and etymology of the old Irish fer and thc Latin vir.
Anothcrof his names of tiiis origin is probably to be detected
in Gîvroii, which means a great nian or hero ». He might hâve
added « and in the name Gwri. »
In xht Arlhiirian Le^oul , pp. 365-366, the sanie author esta-
blishes a connection between Pryderi and Gloucester, the
legendary prison of Mabon.
There is httle doubt in my mind that Mabon, Gwri, Gweir,
and Myniveir ail represent the name of the same person, —
the original of the Mabona^rain of Erec, and the famous pri-
soner of Welsh mythology. If thèse équations are accepted,
manv mysteries in the development of the Arthurian legend
will be cleared up. Another time, we hope to show the bea-
ring of thèse identifications on the origins of the Arthurian
taies.
Cardiff. W.-J. Gruffydd.
AN CAOCH O CLUAIX
In the Book of the Dean of Lismore a well-known poem
on the deathofFraoch (Skene-M'Lauchlan, p.54; Cameron,!,
p. 62) is attributed toln Keich 0 Cloan (^=An Caoch 0 CJuain
or Clumhaiii), who is stated by Skene and by Mackinnon in
his recently published Catalogue of Gadic MSS. in Scotland (p.
232) lobe otherwise unknown. The attributions in Macgre-
gor's collection are not such as to inspire great confidence,
with the resuit that one is apt to grow sceptical as to the exis-
tence of certain of the poets whose names he places at the
head of poems. It is therefore not without interest to find a
Caech Ceise O Clumhain appearing in the Magauran Book in
the possession of the O'Conor Don, as the author of a poem
of 'i)(> stanzas in praise of Niall Magauran who died according
totheAnnals of Ulster and the FourMasters in 1362. For what
is known of the bardic family of O'Clumhain see O'Grady
Catalogue ^^. 343 and 366-7.
E.-C. QUIGGIN.
L'ETYMOLOGIE DU GAULOIS DU MI AS.
Dninias, surnom du Mercure Arverne honoré au sommet
du Puy-de-Dôme, est vraisemblablement un nom local.
M. Rhys, suivi par M. Holder, Altcelt. Sprachsch., l, 1369, le
tire d'un mot *duniio- qui signifierait « colline « et qu'il rap-
proche de l'irlandais diima. Ce rapprochement, que l'on trouve
utilisé dans l'excellent travail de M. Hessen analysé plus loin,
p. 470, est certainement possible phonétiquement, mais il
importe de savoir à quelles conditions sémantiques.
Le sens de l'irlandais dimia demande avant tout à être pré-
cisé. Dans la langue des gloses, on n'en trouve que les dérivés
dumaigim., dumugud, dnmaiglhe :
Ml. 55 d 3 exaggerauit .i. ro dmnaigestar.
Ml. 44 d 4 exaggerationis .i. indumichtho.
Ml. 35 d 17 cumulatius .i. 7 nibi indinnaichthiu À. nibi chon-
diuiiu{giid) do degnimaib « ce n'est pas d'une façon plus exagé-
rée ; il n'y a pas exagération de bonnes actions » (le sens du
mot condiimiignd n'est pas sûr, v. le Thésaurus, et l'aspiration
en est irréguhère, v. Pedersen, K. Z., XXXV, 322),
Ml. 77 d 2 exaggerenter .i. indumaigthid .i. diidumugud
innanimned «■ d'une façon exagérée ; pour exagérer les souf-
frances ».
Pour qui connaît les principes de traduction servile habi-
tuels aux glossateurs irlandais, il est évident que le mot duma
a le sens du latin agger. Et c'est en effet avec cette valeur que
le mot apparaît dans la littérature postérieure; il désigne une
levée de terre, un mur, un rempart. Au lieu de tanic renie assa
aithle for lice na ngiall in-Emain Mâcha « il s'avança ensuite
sur la pierre des otages à Emain Mâcha » (Book of Leinster,
464 /. Vendryes.
93 b 24), le Book ot Lecan porte /ar dioiia na figiall « sur le
mur des otages » (44 a 7).
Dans les Passions and Homilies, p. 675, le sens de rempart
est bien net : rosuidiged in diana « the mound was raised »
(1. 1576) ; fiiarus duma cloch « I found a mound of stones »
(1. 1571); rochlaidset in duma « thev cxcavated the mound »
Mais l'idée première est celle d'un ouvrage par accumula-
tion de matériaux : ni chumdaigein adnocJa na duma for iiiarbu
« nous n'élevons pas de tombes ni de tertres au-dessus des
morts », lit-on dans l'Alexandre, 1. 902 {Irische Texte, II, 2,
78). Et le passage suivant du Togail T)ôi (\. 1180) précise
encore cette idée : rolàset a n-ctaige diib 7 doiwisat dumai dih
aranihélaih « ils enlevèrent leurs vêtements et en firent un
rempart devant eux (Jrische Texte, II, i, 38). Disons plutôt
« un tas » dans cette phrase, et nous comprendrons alors que
le mot dmna ait pu être employé pour désigner simplement
une grande quantité, comme synonyme de imat « beaucoup »
(O'Davoren, n" 751, dans VArchiv. f. Celt. Lex., II, 320).
C'est le cas du français familier « un tas d'objets, des tas de
gens », et aussi du lituanien ti'ilas qui du sens d'« aggloméra-
tion, masse » en est venu à désigner « un grand nombre ».
Un mot très voisin de duma est en irlandais même dua
« rempart » : dar dua ind liss (L. L. 274 a 51) « par-dessus
le rempart de la cour » ; cf. duae dans le Glossaire des Lois.
Il a une forme plus ancienne dans le mot dôe (disyllabique),
attesté à deux reprises dans le Félire d'Oengus (2 mars et 27
août). Et le glossaire d'O'Clery enregistre dae no dua .i.
cloidhe ard no mûr ard « a high rampart or high wall » (Rev.
a//., IV, 395).
Il est regrettable que M. Hessen, dans le travail cité au
début de cette note, n'ait pas étudié le cas de dôe. D'un proto-
type *dou-yo- on attendrait, d'après la règle qu'il a posée p. 27
et suiv., ou bien Vô/ monosyllabique ou bien *due {duaè)
disyllabique. La règle serait-elle en défaut ? Le mot d'k du
Félire résulterait-il d'une contamination ? Faudrait-il séparer
dua de dôe, et voir dans ce dernier un suffixe plus complexe
que le suffixe -yo- ? La question vaudrait d'être discutée. Il ne
VElymoloç^ic du (nuiioh Ditniias. 4(35
paraît pas douteux en tout cas que churia et doe (diid) ne
dérivent tous deux avec un suffixe différent d'un radical *don-,
*du- en alternance vocalique, dont le sens se rapporte à un
ouvrage de protection en terre amoncelée.
On peut préciser davantage le sens ancien de ces mots, en
y rattachant le gaulois dnros (dàron) « ville ^). Dans l'article
où il a fort justement défendu la quantité brève de 1'?/ de
dûros, M. Philipon a proposé de l'expliquer par le nom indo-
européen de la porte, grec 6Jpa, etc. (R. Celt., XXX, 73) ; ce
qui ne va pas sans difficulté. Il est plus simple d'expliquer
*du-ro- comme un dérivé de la même racine que duma et dôe.
Le sens premier en serait « enceinte fortifiée, formée d'une
levée de terre », d'où plus tard tout simplement « ville ».
On observe une évolution de sens analogue dans l'histoire
d'un mot qui a plus d'un rapport avec les précédents. C'est
le gaulois dûnom, qui désigne une ville forte, une forteresse.
Plusieurs écrivains des bas temps, et en particulier l'auteur ano-
nyme du Glossaire dit d'Endlicher, nous disent qu'il signi-
fiait « montagne » (v. les références chez Holder, I, 1375).
C'est une interprétation, due au tait que les forteresses étaient
généralement placées sur les hauteurs. Mais il y en avait ail-
leurs, par exemple dans des îles commandant le cours d'un
fleuve : tel Metlodunum, aujourd'hui Melun. Et d'ailleurs l'é-
tymologie n'est pas favorable à l'interprétation proposée. Le
gaulois dûnoin, comme l'irlandais ditn{g. di'me, thème en -es-)
signifiait simplement « enceinte » à l'origine. Le verbe dérivé
dûnaim traduit en irlandais, l'idée d'enfermer. On désignait
donc par dûnom une ville fermée. Le mot, passé en germa-
nique, a conservé le sens de « ville » en anglais {town), mais
ne signifie plus que « haie » en allemand (Zaun) comme en Scan-
dinave (v. dan. luii). Sur l'emploi des haies pour enceindre et
fermer les villes, voir O. Schrader, Reallexikon , sous le mot
Wall et Fr. K\\xgQ,Etyni. IVtb. der deiitschenSprache, 7^ éd., sous
les mots Etter, Hag, Garten et Zaun. M. Kluge suppose que le
sens ancien de dûnom était celui de « haie », d'où « enceinte ».
C'est possible. On pourrait aussi bien cependant imaginer le
processus inverse ; et il y aurait alors peut-être un moyen de
rattacher le mot dunom, malgré la différence de quantité, aux
466 /. Vendrycs.
mots dûros (dûron), duma et dôe. Mais ce serait reculer trop
loin les bornes de l'hypothèse ' ; contentons-nous dindiquer
ici que ces trois derniers mots forment un groupe étymolo-
gique dont les rapports paraissent des mieux établis. Il s'agit
de termes techniques, de mots de civilisation proprement
celtiques.
Nous voilà bien loin du gaulois Diimias. Le simple *du)iiio-
sur lequel se fondait l'étymologie de M. Rhys existe peut-être
dans un nom de lieu d'Espagne (DumiiDii, d'après Holder, I,
1368): la traduction « colline » ne repose en tout cas sur
rien et est certainement aussi en l'air que la traduction « mon-
tagne » donnée à diliioin par le glossaire d'Endlicher. S'il a
existé un gaulois *dumio-, il ne pouvait signifier que « levée
de terre, rempart, enceinte fortifiée ». C'est aux archéologues
à nous dire si l'on a pu tirer de ce mot le nom d'une divinité,
si cettetraduction convient à la topographie du Puy-de-Dôme,
au caractère du sanctuaire, au culte du dieu. Tant qu'ils n'au-
ront pas répondu à ces questions, il sera plus prudent de s'abs-
tenir de tout essai d'étymologie du nom propre Diimias.
J. Vendryes.
I. On pourrait êtie tenté aussi de rapprocher des mots celtiques en ques-
tion le grec Syaea qu'Hésychius donne comme cypriote et qu'il traduit par
Toj Toi/oj Tx -ip'.^ Mais ce mot est isolé en grec même. M. Hoffmann
(Gr. DlaL, I, m, 112) a probablement tort de le rattacher aux mots Ô£'.v
CTTpÉcê'.v, È-'.Oî'jcja'.- l-tcjTpri/at, £;:'.Ô3(j)crov i-iaTosiov, également donnés par
Hésychius comme cypriotes. On a dans ces mots la racine bien connue
*deu3- u s'éloigner, se détourner » (sanskrit dûràh, dàvlydn, etc.).
BIBLIOGRAPHIE
Sommaire. — I- J- Pokorny, Der Gral in Idand und die mythischen
Gruudlagen der Gralsage. — II. J. Hessen, Zu den Unifàrhuigen der
Vokale im altirischen . — III. D^ M. HôFLER, Organotherapie hei Gallo-
Kelten und Genininen. — IV. L. Gougaud, Etude sur les lo-icae cel-
tiques. — V. W. M. LiNDSAY, Early Welsh Script. — VI. Sailni
Dhaihhidh. — VII. A. Perceval Graves, IVelsh Poitry Old and Netv.
I
J. Pokorny. Der Gral in Irland und die mythischen Gruudlagen der
Gralsage. Wien, Verlag der anthropologischen Gesellschaft,
1912. 15 p. 4°, I K.
Notre savant collaborateur, M.Julius Pokorny, est un esprit fer-
tile et plein d'imagination. Il a déjà émis, en mythologie celtique,
quelques hypothèses hardies, sur la formation de la légende d'Ar-
thur, par exemple, ou sur l'origine du druidisme. Il s'attaque main-
tenant à la légende du Graal, dont il croit avoir découvert le fin
mot.
C'est à la Société anthropologique de Vienne qu'il a révélé sa
découverte, dans la séance du 14 février dernier ; et il vient de la
publier dans les Mitteilungen de ladite société, t. XLII, sous le
titre : Der Gral in Irland und die mythischen Gruudlagen der Gral-
sage.
La légende du Graal nous est connue par les romans dits arthu-
riens et se trouve, par suite, naturellement localisée dans les tradi-
tions brittoniques; les deux héros de la légende sont Perceval
(Peredur) et Gauvain (Gwalchmei), celui-ci probablement plus
ancien que celui-là, comme l'a prouvé miss Weston. Mais, diffé-
rents érudits l'on déjà remarqué, Perceval et surtout Gauvain pré-
sentent certains traits de ressemblance avec CuchuUin ; si bien que
Kn^n^ Celliciuf. XXXIH. 31
468 ÈihUograpbie.
M. Pokorny croit pouvoir soutenir que nous avons dans les trois
personnages trois exemplaires d'un seul et même héros précel-
tique, qui serait le héros par excellence du Graal. du'est-ce que le
Graal lui-même ? Sous sa forme ancienne, débarrassée des élé-
ments que le mysticisme chrétien a pu y ajouter, c'est un vase,
de forme ronde, qui contient un aliment inépuisable ; et c'est un
dispensateur de fécondité (« Fruchtbarkeitsspender ») ; il est gardé
dans un endroit difficile d'accès, où le héros ne l'obtient qu'après
plusieurs tentatives et au prix des plus grands efforts. Or, dans la
légende de CuchuUin (v. Siaburcharpat, in Anecd. from Ir. Mss.,
III, 54), il est question d'un chaudron magique où trente vaches
épandent leur lait, et dont CuchuUin réussit à s'emparer. Nous
retrouverions là, suivant M. Pokorny, le Graal sous une forme plus
ancienne et plus rapprochée de ses origines. On peut aller plus
loin encore : le chaudron, les vaches et le lait, cela fait tout de
suite penser à l'Inde. Déjà M. L. v. Schroeder a trouvé dans le
Rig-Veda le pendant du chaudron de CuchuUin ; et voilà M. Po-
korny, à la suite de M. v. Schroeder, voguant sur l'océan de la
mythologie védique. C'est un océan fécond en naufrages, où plus
d'un exégète a déjà sombré. Malgré d'illustres exemples, dont celui
de Max Mùller lui-même, M. Pokorny ne craint pas de s'y aven-
turer. Il est vrai qu'il ne suit pas exactement le même chemin que
Max Mùller. Il a une boussole bien à lui. Ce n'est pas sur le soleil
qu'il la règle, c'est sur la lune. Toute la légende du Graal, telle
qu'on peut la reconstituer d'après les données galloises ou irlan-
daises, ne serait qu'un mythe lunaire, abondamment développé. Le
Graal, c'est la lune qu'un héros cherche à conquérir ; mais Perce-
val aussi, c'est la lune, et Gauvain, et CuchuUin. Les fameux tours
d'adresse par lesquels CuchuUin se distingue, les contorsions extra-
vagantes qu'il exécute ne seraient que des représentations mythiques
des phases de la lune. Les nombres fatidiques, qui jouent un
rôle dans la destinée de CuchuUin, se laisseraient ramener aux
divisions du mois lunaire. Bref, le héros du Graal, en Irlande
comme en Galles, serait à la fois le conquérant de la lune, repré-
sentée par un chaudron, et l'astre lui-même.
M. Pokorny développe sa théorie avec verve et adresse, sous
une forme nette et décisive, qui a dû faire sur son auditoire une
forte impression. Nous ne croyons pas cependant qu'elle résiste à
un examen attentif. Sans doute, tous les détails qu'il a réunis s'ac-
cordent le mieux du monde, concourent logiquement à la démons- \
tration, constituent en un mot une excellente argumentation. Mais \^
d'autres exégètes avant lui, par des arguments non moms convain-
èlhh'ûgraphie. 4(59
cants, avaient prétendu prouver que Cuchullin était le soleil ; et
leur interprétation solaire de l'épopée irlandaise n'a pas prévalu.
Il est à craindre que l'interprétation lunaire n'ait le même sort.
L'objection fondamentale que l'on doit faire aux auteurs des théo-
ries de ce genre, c'est qu'ils ne tiennent jamais compte que d'une
partie restreinte des faits; ils ont une vue partielle et unilatérale,
ils ramassent sur l'immense étendue des traditions et des littératures
tout ce qui peut servir à construire leur thèse, et négligent le reste.
M. Pokorny n'est pas exempt de ce défaut. Faut-il prouver l'iden-
tité de Cuchullin et de Gauvain ? Il rappelle un certain nombre de
correspondances entre les légendes, par exemple, le combat singu-
lier que livre chacun des héros à son fils; comme si ce trait était
particulier à Gauvain et à Cuchullin ! comme si le combat du père
et du fils n'était pas un thème général de folk-lore, répandu dans
une foule de littératures! Faut-il prouver la nature lunaire de
Cuchullin ? Le chiffre 3 entre en ligne de compte, avec ses mul-
tiples 9 et 27, comme si Cuchullin était le seul personnage de
légende qui soit soumis à l'influence du chiffre 5 ! Remarquons bien
d'ailleurs que dans la légende irlandaise le chaudron dont s'empare
Cuchullin est alimenté par trente vaches, et que malheureusement
ni le chiftVe 30, ni les chiffres 3, 9 et 27 ne correspondent aux
divisions du mois lunaire. Mais M. Pokorny ne paraît pas s'embar-
rasser de la difficulté. Pas plus qu'il ne s'embarrasse de quelques
autres. Le héros du Graal devant être chaste, il faut que Cuchul-
lin le soit aussi ; et M. Pokorny. fermant les yeux sur les exploits
amoureux du héros, s'ingénie à découvrir en lui un « rudiment de
chasteté ». C'est ce qu'on est tenté d'appeler du parti pris. Et il
y a bien du parti pris aussi dans la façon dont il utilise le témoi-
gnage du Rig-\'eda. Il dit que le mot carù, dont le thème répond
exactement à celui de l'irlandais coire (ce qui n'est qu'à moitié vrai)
désigne dans le Rig-\'eda « das Mondgefàss ». Nous ne savons pas
trop comment traduire en français « Mondgefàss » ; mais ce qui
est sûr c'est que le mot carù ne signifie que « Gefâss » tout court.
Nous avons eu la curiosité de parcourir tous les passages où il
figure dans le Rig-Veda (I, 7, 6 ; 162, 13 ; VII, 104, 2 ; IX, 52,
5 ; X, 86, 18 ; 167, 4}. Nous n'y avons rien vu qui fasse penser à
la lune, sauf dans un seul, IX, 52, 3, où il s'agit d'une comparai-
son toute naturelle : can'ir iiâ yàsiàni n'ikbayéfido iiâ dâuam liikhaya
« toi qui es comme un plat, ô lune, fais-nous le tomber, fais-nous
tomber le don ». Il faut avoir de bons yeux pour découvrir là le
prototype du Graal.
Ce n'est pas à dire, bien entendu, que nous proscrivions toute
470 Bibliographie.
comparaison entre l'Inde et les pays celtiques. Il y a entre le cel-
tique et l'indo-iranien d'étroites affinités linguistiques, qui sup-
posent des traits communs entre les deux civilisations, notamment
au point de vue religieux. Mais c'est l'esprit même et la méthode
de la mythologie comparée que nous blâmons ; il n'est rien au
monde de plus décevant. Devant les théories mythologiques les
plus solides, où la raison ne trouve rien que de convaincant, on
doit rester sceptique d'instinct. C'est qu'ici on n'a pas, comme en
linguistique, le contrôle d'un élément concret et permanent, indé-
pendant de la volonté humaine. De plus, l'essence du langage est
d'aller vers la clarté ; l'essence de la mythologie est au contraire de
tout obscurcir et de tout embrouiller. Pourquoi un mythe ne con-
tiendrait-il pas pêle-mêle la légende du soleil, celle de la lune,
celle de l'éclair, celle du feu de l'autel et de la cuiller du sacrifice,
celle qu'on a bâtie sur un jeu de mots mal compris, celle qu'on a
imaginée d'après la vue d'une peinture ou d'un bas-relief, et par
dessus le marché l'histoire orale d'un héros conquérant ? Car
l'évhémérisme contient probablement aussi une part de vérité. Et
puis comment distinguer ce qui appartient à la tradition nationale,
localisée dans l'épopée irlandaise ou dans le Rig-Veda, de ce qui
appartient à la tradition humaine, qui semble la même chez tous
les peuples ? Il est bien malaisé d'analyser les éléments hétéroclites
que renferme un mythe et d'en démêler la formation. Comment
choisir entre tant de possibilités contradictoires ? C'est d'avoir fait
un choix arbitraire, et d'avoir prétendu le justifier rationnellement,
que nous critiquons M. Pokorny.
J. Vendryes.
II
Johannes Hessen. Zii deii Uinjdrhungen der Vokale iin altirischen.
Halle, 1912. 88 p. 8° (Sonderabdruck aus der « Zeitschrift fur
celtische Philologie », Band IX).
Le nom de M. Hans Hessen a déjà été mentionné ci-dessus, p.
389, comme celui d'un collaborateur des Indogermanische Forschun-
gen, auquel on doit un relevé des substantifs à thème consonan-
tique du manuscrit de Milan. Le nouveau travail signé du même
nom, mais du prénom Johannes, est une dissertation inaugurale,
présentée en vue du doctorat en philosophie à l'Université de Fri-
bourg en Brisgau. Cette Université est depuis longtemps déjà un
Bibliographie. 471
centre actif d'études celtiques, sous la direction de M. Thurney-
sen.
Le phénomène que M. Hessen appelle « Umfarbung » a été jus-
qu'ici désigné de différents noms. L'auteur de ce compte rendu a
lui-même, dans un article dés Mémoires de la Société de Linguistique
(t. XI\' [1909], p. }93-4ii), proposé celui de « métaphonie »
qu'il a continué à employer depuis. D'autres disent « Umlaut ; ;
d'autres « Hebung ». Mais « Umfarbung » a pour lui l'autorité de
M. Thurneysen, qui l'a adopté dans son HandbiichÇ^ji) . Il s'agit de
l'altération de timbre qu'éprouvent certaines voyelles brèves sous
l'influence de la voyelle suivante. Un e (ou un 0) devient /(ou u)
quand la syllabe suivante contient un / ou un 11, voyelles fermées;
un / (ou un //) devient e (ou 0) quand la syllabe suivante contient
un a ou un 0, voyelles ouvertes. Telle est, grosso modo, la règle
posée dans l'article précité des Mémoires de la Société de Linguistique,
où d'ailleurs le but de l'auteur était avant tout de définir les rap-
ports chronologiques de la métaphonie et de l'infection. La règle
a été précisée par M. Thurneysen qui enseigne dans son Handhuch,
I, § 71, p. 44, que l'altération de e (ou 0) en ;' (ou ti) sous l'in-
fluence d'une voyelle fermée suivante se produit seulement si la
consonne qui sépare les deux voyelles est une sonore aspirée (« le-
niert »). M. Pedersen est revenu à plusieurs reprises sur la question
dans divers paragraphes de sa Vergleichendc Grammatik ; il en a
tiré, comme toujours, mainte observation originale et féconde.
Néanmoins on n'avait jamais soumis à une étude d'ensemble les
conditions très variées du phénomène ; il restait à réunir tous les
exemples, à les interpréter étymologiquement, à les classer. C'est
la tâche que s'est proposée M. Hessen, en limitant toutefois son'
étude au cas où la voyelle exposée à la métaphonie est un ancien
0. De ce cas il a rassemblé tous les exemples que fournissent les textes
de gloses du vieil irlandais, et il les a répartis en deux groupes
suivant que la voyelle de la syllabe suivante est un ancien i ou un
ancien u ; il y a joint un troisième groupe, comprenant les mots
où la voyelle de la syllabe suivante était un ancien e, mais sans en
fournir des listes « exhaustives ». De là les trois divisions de son
travail (pp. 3-45, 45-57, 57-69). Dans chaque division il a pris
comme principe de classement l'élément consonantique intermé-
diaire (occlusives, spirantes, géminées, groupes de consonnes).
Le principal résultat de son enquête est de déterminer quelles
sont les consonnes qui favorisent la métaphonie et au contraire
celles qui l'entravent. Nous trouvons la règle formulée à la page 69 :
la métaphonie de 0 en n se produit sous l'influence d'un / (r) ou
472 Bibliographie.
d'un u, lorsque les deux voyelles sont en hiatus ou qu'elles sont
séparées par un des éléments consonantiques suivants (en dési-
gnant par des lettres grecques les consonnes « aspirées ») : r, l, ;//,
M, b, d, g; ç. A, a, V, p, 0, Y ; ce ; aç,, ixÀ ; /;//, (//', gl, nd, mb. La
métaphonie n'a pas lieu devant un ancien e. Toutefois, M. Hessen
met à part, p. 72, la position en hiatus et le cas où la consonne
intermédiaire est une labiale ; il v aurait alors métaphonie devant <',
mais une métaphonie un peu spéciale et de date postérieure à la
précédente. Je serais tenté de séparer plus complètement qu'il ne le
fait les deux phénomènes et de rayer radicalement des exemples de
métaphonie CMwa;/ ou Unis. Dans l'hiatus, il s'agit d'un fait tout diffé-
rent ; et dans le cas de cuman, l'action de la consonne labiale est
prépondérante et suffit à expliquer l'altération du timbre. Mais
M. Hessen enregistre même parmi les cas de métaphonie critim de
*qrini- (p. 15) et cnilh, de *c]rtu- (p. 32), où il s'agit d'une évolu-
tion particulière de ri en ru, sous l'influence des consonnes voi-
sines. C'est donner à la métaphonie une extension injustifiée, que
contredit même la définition si précise où M. Hessen a pris soin,
dès le début, de s'enfermer.
On pourrait plutôt lui reprocher en général d'avoir adopté un
cadre trop étroit. 11 a restreint son étude au changement de 0 en
Il devant voyelle fermée ; il a laissé de côté le changement inverse,
de u en 0 devant voyelle ouverte. Il y avait pourtant là un parallé-
lisme intéressant à établir, et sans doute aussi dans le détail
quelques différences instructives à relever. Quand il suppose un
ancien u, p. 54 au m.ot borp « fou » et p. 52 au mot nwlh « stu-
por », on se demande si la métaphonie qui a changé *burpo- en
*borpo- et *inufo- en *moto- n'aurait pas dû être entravée par la
consonne; mais il ne pose pas la question. De toute façon l'étude
de la métaphonie de u en 0 méritait d'être traitée d'ensemble et
complétait naturellement celle de la métaphonie de 0 tn u.
La règle posée par M. Hessen souffre pas mal d'exceptions. Ce
sont en grande majorité des exceptions dues à l'analogie. Suivant
les diverses catégories morphologiques, l'alternance vocalique qui
résultait de la métaphonie a tantôt été supprimée, parce qu'elle
dérangeait les paradigmes, tantôt été étendue, parce qu'on lui attri-
buait une valeur significative. L'examen de ces divers cas fait l'ob-
jet des pages 73 et suivantes.
M. Hessen termine sa dissertation en montrant l'indépendance
chronologique de la métaphonie et de l'infection.
Comme on le voit, ses conclusions ne sont pas complètement
nouvelles ; mais elles offrent l'intérêt d'apporter à des doctrines
Bibliographie. 473
qui n'étaient qu'à moitié fixées ou même seulement soupçonnées,
pleine et entière confirmation. En outre, s'il est un peu maigre de
résultats généraux, le travail fournit dans le détail nombre de ren-
seignements utiles. En classant tous les exemples, M. Hessen en a
dû discuter quelques-uns, qui ne rentraient pas directement dans
sa régie ou même faisaient franchement exception. Dans cette dis-
cussion, où il fait preuve d'une sérieuse connaissance du vieil-ir-
landais et d'une solide préparation linguistique, il corrige parfois
l'opinion courante, ou bien, fort de sa règle, il décide entre
diverses interprétations, sur lesquelles on hésitait jusqu'ici. Nous
réunissons dans ce qui suit quelques remarques de détail.
P. 5-6, observation intéressante — il est vrai qu'elle vient de
M . Thurnevsen — sur le vocalisme radical de plusieurs subjonctifs
de verbes en -vc o- qui ne présentent pas la métaphonie. Cela
serait dû à l'influence analogique des verbes en -ye/o- dont le sub-
jonctif se formait directement de la racine (type *gab-a-, *gar-a-^
*dnm-a- ; cf. le latin adiieiiat, eiieiiat, peruenat).
P. 6. Le nom de la caille, murial, est rattaché au mot miiir
« mer » ; mais M. Hessen met un point d'interrogation et n'a pas
l'air de croire lui-même à cette étymologie, au premier abord
inquiétante. Peut-être, cependant, le point d'interrogation est-il de
trop. Suivant Pellicot, Remarques eoiicernant les migrations des
oiseaux sur les cotes de Provence (ap. Rolland, Faune populaire, t. II,
p. 543), « les marins croient que la caille fatiguée se pose sur la
mer et se laisse pousser par le vent avec une aile relevée en guise
de voile ».
P. 9. Des deux mots foil, « gîte » et « bracelet », le second est
interprété comme ayant un a ancien ; mais le premier aussi a cer-
tainement un a ancien ; cf. le gallois giual « gîte, tanière ». Il s'a-
git donc ici de l'altération de a en 0 devant consonne palatale,
signalée dans le Handhuch de M. Thurnevsen, p. 47 et dans ma
Grammaire, p. 49. La cause de l'altération est la présence devant la
voyelle d'une consonne labiale ou labio-vélaire (cf. Thurneysen, /.
cit. et Pedersen, Vgl. Gr., I, p. 360). Les principaux exemples en
sont coire « chaudron » (Hessen, p. 7), hoill « les membres »,
proind « dîner », hroitêne « mantelet », etc. Il taut sans doute
joindre à la liste /o/m/ « foule, troupe » Wb. 24 a 24, foire mi gl.
factio Ml. 33 a 8, v.-gall. giierin gl. factio, gall. giuerin « foule »
(Hessen, p. 6), qui sort de *wariii-, à rapprocher peut-être du
latin uarius « agité, mobile »? Pour le suffixe à nasale, cf. irl. hui-
den « troupe », gall. hxddin.
p. 13, l'irlandais doni « maison » (ace. doim') est peut-être un
474 Bibliographie.
emprunt latin (Thurneysen, ap.Walde, f/j'OT. JVtb., 2<= éd. p. 241);
la forme dam, également attestée (cf. Kuno Meyer, Contr., p.
585), serait due au composé air-dam. On pourrait toutefois faire
l'hypothèse inverse : admettre avec Whitley Stokes (Urk. Spr, p.
141) l'antériorité de la forme dam, qui serait indigène, et expli-
quer la forme dont par l'influence du latin. Dans les deux cas, l'ab-
sence de métaphonie est aisément explicable.
P. 21. En interprétant l'irlandais c////, M. Hessen a négligé de
dire ce qu'il fait du brittonique, gall. corn, pelh, bret. pe:^.
P. 30. Les mots lossach et toissecb sont nettement séparés; c'est
la confirmation d'une opinion de M. Thurneysen, Hdb., p. 473.
P. 36. M. Hessen sépare étymologiquement les adjectifs elc et
oïc, qui signifient tous deux « mauvais » ; c'est bien peu vraisem-
blable. Les formes à métaphonie (uilcc, idc, ulciî) peuvent être
analogiques ; quant au rapprochement de olc et de Ulcaguus, il est
évidemment problématique, comme tout ce qui s'appuie sur le sens
des noms propres.
P. 39. L'explication proposée pour cuiiig « joug » qui sortirait
de '*iiing avec un c- analogique (?) est d'une hardiesse troublante.
P. 41. A propos du mot cuimliucht « utilité », M. Hessen
apporte une confirmation intéressante à T'hypothèse de M. Meillet
sur le sens primitif de la racine *melg- (v. ci-dessus, p. 153). •
P. 48, s. u. ger-chrub, fallait-il cher fochrôib « at hand » Sg. 151
b 2, dont l'o est étrange ?
P. 51. Fort heureuse interprétation, suggérée par M. Thurney-
sen, du mot l'outh dans / routh gl. in stadio Wb. 11 a 3 ; ce serait
le datif d'un substantif */-o/-o-- différent de *roi-o- « roue », bien que
dérivé comme lui de la racine du verbe rcthim « je cours ». Nous
avons ici évidemment un exemple — bien rare en celtique — de
l'opposition du nom d'action et du nom d'agent, qui se marquait
en indo-européen par une diff'érence dans la place du ton (Meillet,
Introduction., y éd., p. 238). A côté du verbe tcé/o) « je cours »,
le grec possède de même too/ôç (nom d'agent) « roue » et tç6/o;
« course, carrière pour la course ».
P. 69, signalons une étymologie très plausible proposée pour
fuirsire « parasitus » ; et enfin, p. 75, notons que le génitif robuir
Ml. 96 c I, pour lequel est donné un prototype *rubrî de *rubros,
est tout simplement un emprunt latin : moro robuir « maris
rubri ».
J. Vendryes.
Bibliographie . 475
III
D'' M. HoFLER. Organotberapic hci Gallo-Kellen iind Germanen. Leyde,
E. J. Brill, 1912, 58 p. 8", (tirage à part de la Revue « Janus »).
Poursuivant ses études de philologie médicinale, M. le Docteur
Hôfler vient de donner à la revue Janus, de Leyde (xviF année
[1912], pp. 3-19,77-92, 192-216), un travail \x\X\\u\é Organoihera-
pie hci Gallo-KcUeu iiud Gcrmancu. C'est un sujet qu'il connaît bien
et qu'il a déjà traité d'un point de vue général dans son ouvrage
Dievolksmediiinischc Orgmwthcrapie utid ihr Verhàltniss \um Kullopfcr
(1908). Ce qu'il appelle l'organothérapie est une manière d'opéra-
tion magique, qui consiste à s'incorporer pour guérir un organe
malade l'organe correspondant d'un individu sain. Ce procédé tient
du totémisme, puisqu'il suppose qu'on attribue certaines vertus
sacrées au corps ou à une partie du corps d'un être vivant. Aussi
M. Salomon Reinach a-t-il pu dire en parlant des survivances du
totémisme chez les anciens Celtes ÇRevue Celtique, t. XXI, p. 304),
que pour « faire valoir tous les indices qui autorisent à reconnaître
une phase totémique dans le développement des religions de la
Gaule,... il faudrait notamment tirer parti des données de la méde-
cine populaire. » C'est à ce vœu que M. Hôller a voulu répotidre.
Il fait avec raison remonter le procédé thérapeutique en question
à l'observance primitive d'un rite. C'est le rite bien connu suivant
lequel à certaines époques fixes les hommes sacrifiaient leur totem
et s'en partageaient la chair pour se sanctifier; en temps ordinaire,
l'animal était tabou, on ne devait ni le manger, ni le tuer. Cette
communion avec le totem, destinée à procurer à l'homme les qua-
lités de l'animal, devient naturellement un moyen curatif lorsqu'il
s'agit de guérir un malade. De là l'intérêt qu'offre la médecine
populaire pour l'histoire du totémisme, et réciproquement. Chez
les Celtes, il est aisé de retrouver la trace de nombreux animaux
totems. M. Hôfler en dresse la liste ; il énumère quelques textes
qui en définissent le caractère, il réunit les superstitions dont ils
étaient l'objet, et marque le rôle qu'ils ont joué dans les traditions
médicinales. La liste est longue et comprend les animaux suivants :
le corbeau, l'ours, le chien, le loup, le renard, l'élan, le cerf, le
castor, le taureau, le bœuf, la vache, le veau, l'auroch, le sanglier,
le lièvre, le coq, l'oie, le canard, le cheval, l'âne, le serpent, la
grue, le cygne, le blaireau, la belette, la taupe, le hérisson, la sou-
ris, le rat, le cerf, le mouton, le chat, le lynx, différents oiseaux.
47^ Bibliographie.
l'alouette, le moineau, le hibou, le coq de bruyère, l'hirondelle,
le pigeon : des poissons comme le brochet, le saumon, la truite,
l'anguille ; le lézard, la grenouille, le crapaud, le ver de terre, la
fourmi, l'abeille, la guêpe, la mouche. Dix figures, empruntées sur-
tout au recueil de M. Espérandieu, illustrent l'ouvrage.
Le vocabulaire des langues celtiques fournit naturellement à
M. Hôfler d'importantes données. Quelques détails appellent la
critique. Ainsi le même mot Matugenos est traduit p. 7 par « Biiren-
kind », ce qui paraît exact, et p. 21 par « Sohn des Schweins »,
ce qui est faux : le radical main- semble bien en celtique n'avoir
désigné que l'ours. L'opinion que Lugudunum signifierait « ville
du corbeau » a été, comme on sait, contestée par d'Arbois de Jubain-
ville à plusieurs reprises (v. notamment Rev. Celt., VIII, 169, IX,
267, X, 238). M. Hofler a tiré, comme d'habitude, toutes ses con-
naissances en lexicographie et étymologie celtiques de VUrkeltischer
Sprachschal\, àt Whitley Stokes. Malgré cela ce qu'il dit est parfois
inexact, et souvent incomplet. Il enseigne par exemple que le nom
celtique du cerveau est une traduction tardive du grec, ou qu'il
n'existe pas de nom celtique ancien pour le foie (p. 58) ; mais d'une
part l'irlandais inchimi et le gallois ynimcnydd ont bien l'air d'authen-
tiques composés celtiques, et d'autre part l'irlandaisôa (flf) « foie »,
gallois afu « id. » supposent un prototype ancien. A côté de cela,
il oublie de mentionner nombre de mots, attestés dans les dialectes
celtiques modernes, et qui lui eussent fourni d'utiles enseignements.
Ainsi, il était bon d'indiquer que certains animaux, comme l'ours
ou le saumon, sont pourvus en irlandais d'un nombre de noms
vraiment considérable. Cela eût conduit M. Hofler à tirer parti pour
sa thèse d'un argument important, qu'on sétonne de ne pas même
le voir mentionner : je veux parler du rôle qu'ont joué les inter-
dictions de vocabulaire. Quand le nom ancien d'un animal a dis-
paru et se trouve remplacé par plusieurs synonymes variés, c'est
la meilleure preuve, M. Meillet l'a montré, que l'animal était tabou
(v. Quelques hypothèses sur des interdit tio)is de vocabulaire, Paris, 1906).
C'est toujours naturellement le côté linguistique qui est le moins
fort dans les travaux de M. Hofler. La connaissance des littératures
celtiques lui fait aussi malheureusement défaut. S'il avait pu inter-
roger les textes, et surtout les recueils de folk-lore, il aurait trouvé
un nombre considérable de faits utiles qui eussent avantageuse-
ment accru ses listes et nourri ses développements.
J. ^'ENDRTES.
Bibliographie. 477
IV
L. GouGAUD. Étude sur les Loricae celtiques et sur les prières qui s'en
rapprochent (extrait du Bulletin d'ancienne littérature et d'archéo-
logie chrétiennes, t. I [191 1], p. 265-281 ; t. Il 1 1912], p. 33-41,
101-127).
On sait ce qu'il faut entendre par le mot lorica dans les traditions
celtiques. C'est « une prière de forme litanique, généralement pro-
lixe, écrite soit en latin, soit en langue celtique, dans laquelle on
réclame en termes pressants la protection des trois personnes
divines, àcs anges et des saints, contre les maux et les dangers spi-
rituels ou matériels, surtout contre ces derniers ». Telle est la défi-
nition que donne en tête de son étude M. L. Gougaud. Autrement
dit, la lorica « cuirasse » est une formule de protection, que l'on
adresse à Dieu et aux saints en cas de danger. La littérature irlan-
daise nous en a conservé un certain nombre, onze en tout, au
compte de M. Gougaud, parmi lesquelles la fameuse lorica de
saint Patrice ; il y en a deux en gallois ancien, et deux également
en latin, la lorica de Brendan et celle de Gildas. M. Gougaud donne
de chacune une bibliographie complète ; il joint à la liste quatre
anciennes prières, en latin, qui sans être de vraies loricae, four-
nissent avec les précédentes plusieurs points de comparaison. La
/or/cfl-type est pour l'auteur la lorica de saint Patrice (Thés. Pal., II,
354-358); aussi l'analvse-t-il minutieusement pour définir la struc-
ture de ce genre de prière. On y doit distinguer huit parties : 1°
une invocation à la Trinité et au Créateur du monde ; 2° une adju-
ration où interviennent les événements de la vie du Christ; 3° un
appel aux mérites des saints ; 4° une énumération des forces et des
beautés de la nature; 5° un appel direct à la protection divine; 6°
une énumération des dangers physiques et moraux ; 7° une litanie
adressée au Christ ; 8° une invocation finale à la Trinité. Cette com-
position, qui ne brille pas par l'ordre ni par la logique, est plus
ou moins bien respectée dans les autres loricae. En tout cas, la
plupart d'entre elles contiennent généralement une invocation à la
Trinité, un appel à la protection des saints et surtout une énumé-
ration des dangers que l'on redoute. L'énumération est même
la partie essentielle de la lorica, dont elle définit l'objet. Par là, on
peut aisément rattacher la lorica celtique à un type de formules
magiques et rituelles, comme on en trouve dans le folk-lore de la
47" Bibliographie.
plupart des peuples. M. Gougaud, préoccupé de faire ressortir les
éléments celtiques de la lorica, ne met pas suffisamment en lumière
ce qu'il v a en elle d'humain, au sens général. Ainsi, p. 28, il
semble admettre que rénumération minutieuse des parties du corps
qu'on veut protéger est particulièrement celtique. Qu'il ouvre donc
le recueil de M. Audollent; il trouvera en abondance dans les liefi-
xionum tahellae des énumérations non moins longues, non moins
précises, et qui vont parfois, comme dans les loricae, « jusqu'à
l'indécence ». C'est qu'il est indispensable, quand on conjure les
puissances divines d'attaquer le corps d'un ennemi ou, ce qui
revient au même, de protéger le sien propre, de définir aussi exac-
tement que possible l'objet de la conjuration. « C'est comme un
contrat d'assurance oia rien n'est oublié » ; le mot est de M. Gaidoz.
Mais M. Gougaud se montre enclin à faire trop bon marché des
éléments païens de la lorica. Il voudrait n'y voir qu'une prière
chrétienne ; il écarte l'idée que la lorica ait « pour prototvpe l'in-
cantation magique », que ce soit une « incantation démarquée ».
Nous lui accorderons sans peine que l'élément chrétien y domine ;
mais que le fond soit païen, il nous paraît difficile de le nier. La
lorica rejoint directement la conjuration desatharvans. Saint Patrice
a bien pu combattre les druides, et brûler leurs livres ; il n'a pas
détruit leur magie, ni anéanti leurs pratiques. La lorica est-elle donc
le seul exemple, surtout en Irlande, de traditions païennes colorées
d'esprit chrétien ? Et d'une façon générale, n'y a-t-il pas, depuis
l'origine, un vieux fond de paganisme, que les religions, même
les plus nobles, se sont incorporé, qu'elles se transmettent pieu-
sement d'âge en âge, et souvent même renouvellent ? Nous
posons la question à notre savant collaborateur, si bien informé à
la fois des choses religieuses et des choses celtiques.
J. Vendryes.
V
W. M. LiXDSAY. Early Wehh Script (Saint-Andrews University
Publications, n°X). Oxford, James Parker, 1912, 64 p. 8" (with
seventeen plates). 5 sh.
Grâce à M. J. Gwenogvryn Evans, il est aisé de se renseigner sur
l'écriture des manuscrits en langue galloise : ses reproductions en
fac-similé du Black Book of Carmarthen ou du Book of Aneirin four-
nissent aux paléographes un instrument d'étude de premier ordre,
Bîhlio^riiphic. 4/9
Mais les manuscrits en langue galloise ne remontent pas plus haut
que le xiF siècle. Pour la période antérieure, où les scribes gallois
écrivaient en latin, tout moyen d'information faisait jusqu'ici défaut.
M.W. M. Lindsaya voulu combler cette lacune. Il consacre aujour-
d'hui à l'ancienne écriture galloise une monographie détaillée, qui
fait pendant à l'étude de l'ancienne écriture irlandaise, dont la
Revue Celtique a parlé t. XXXI, p. 392. C'est la même disposition
des matières, c'est la même méthode. Pas d'exposé systématique,
mais une énumération simple de neuf manuscrits typiques, choisis
avec soin, dont toutes les particularités sont minutieusement ana-
lysées. Ces manuscrits sont les suivants : 1° VÈvaiigéliaire de Lich-
field, appelé aussi Évangéliaire de Saint- Chad, du nom de saint
Chadou Ceadda, patron de la cathédrale de Lichfield. C'est sans doute
le plus ancien manuscrit connu qu'ait tracé une main galloise ; mais
la date n'en est pas établie avec certitude. — 2° Un manuscrit d'Ox-
ford (Bibl. Bodl., Auct. F 4. 32), provenant de l'abbaye de Glas-
tonbury ; recueil composite, formé de quatre parties distinctes, dont
seules les deux dernières sont d'une main galloise : à savoir, le
Liher Coiuiiioiiei, copié pour un certain Commoneus en 817, et
un texte d'Ovide antérieur au x^ siècle. — 3° V Évangéliaire de Berne
(N° 671), qui date de la fin du ix« siècle et semble provenir du
Cornwall. — 4° Le manuscrit de Juvencus de la Bibliothèque de
Cambridge, bien connu par les gloses galloises qu'il renferme. Il
est dû à un scribe du nom de Nuadu, ce qui ferait croire à une
provenance irlandaise, et en effet parmi les gloses galloises se sont
glissés, comme on sait, quelques mots irlandais (cf. Thurneysen,
Rev. Celt., XI, 91). Mais, en général, l'écriture est galloise; on y
peut d'ailleurs distinguer plusieurs mains. — 5° Le fragment de
Comptit de la Bibliothèque de Cambridge, qui contient un texte
vieux-gallois, édité l'an dernier, par M. Quiggin {Zeitsch. f. Celt.
Philol. VIII, 407; cf. Rev. Celt. XXXII, 509). — 6° Le Martianus
Capella de Cambridge (Corpus Christi Collège, n° 153), dû à un
grand nombre de mains et contenant une série de gloses galloises ;
il n'est pas antérieur, dans ses parties les plus anciennes, à la fin du
ïx^ siècle. — 7° Les fragments de Leyde et de Berne, deux feuilles
détachées provenant d'un même original, de contenu apparemment
philosophique. Le fragment de Leyde comprend la « lorica » édi-
tée par M. Friedel dans la Zeitsch. f. Celt. Phil., II, 64; M. Lindsay
y compare les tablettes d'exécration sur plomb, mais oublie (p. 23,
n. i) de renvoyer à l'ouvrage fondamental de M. AudoUent. —
8° Le manuscrit d'Oxford (Bodl. 572), connu depuis Zeuss sous
le nom d'Oxoniensis Posterior. La première moitié seule, jusqu'au
480 Bibliographie.
f° 50 inclusivePxîent, est de main galloise ; e41e comprend d'ailleurs
quatre parties, de difterentes écritures, mais qui semblent toutes
remonter au x« siècle. L'Oxoniensis Posterior renferme un cenain
nombre de gloses, dont M. J. Loth a démontré l'origine galloise
{Rev. Celt., XIV, 70). — 9° Les manuscrits de Rhygyfarch, au nombre
de trois, conservés à Cambridge (Corp. Coll. 199), à Dublin (Trin.
Coll. A. IV. 20) et à Londres (Br. Mus. ; Cotton Faustina C. i).
Ils doivent leur nom à Ricemarch, fils de Sulien, évêque de Saint-
Davids de 1072 à 1085, et sont par suite de la fin du xi'^ siècle.
De tout ces manuscrits, M. Lindsa}- fait une étude minutieuse,
précisée et complétée par l'addition de dix-sept planches fort bien
venues. La conclusion de cette étude est formulée à la page 40.
C'est qu'il y a, non pas un seul, mais plusieurs types d'écriture gal-
loise, dont deux au moins s'opposent pleinement : un type d'écri-
ture ronde ( « round » ), particulièrement net dans le texte d'Ovide
d'Oxford ou dans les fragments de Leyde et de Berne, et un tvpe
d'écriture aplatie (« flat-topped »), qui caractérise les manuscrits
de Rhygyfarch.
J. X'endryes.
VI
S.\iLM Dhaibhidh, d'réir lâimhscribhinne bunaidhe liam Bheidil,
easbog, ar n-a gcur in eagar do Shéan Og Mac Murchadha
Caomhânach, le réamh-râdh ô E. R. Mac G. Diocs(Les psaumes
de David d'après le manuscrit original de l'évêque Bedell, édités par
M. John Mac Morrough Kavanagh, avec un préface de M. E. R.
Mac G. Dix). Dublin, Hanna andNeale, 191 2. xv-203 p. 2 s. 6 d.
Depuis que l'évêque protestant William Bedell, aidé de trois col-
laborateurs, traduisit en irlandais le texte de l'Ancien testament, de
nombreuses éditions de son œuvre ont été imprimées. La première,
faite aux frais de Robert Boyle, date de i6si ; il paraît qu'elle diffé-
rait déjà sur quelques points du manuscrit original. Les différences
se sont accrues avec le temps dans les rééditions successives, si bien
qu'une publication exacte du travail de l'évoque Bedell ne serait
pas sans utilité. M. Kavanagh se borne aujourd'hui à en publier
un fragment, les Psaumes de David, pensant avec raison que cette
partie des Ecritures, étant la plus lue et la mieux connue de ses
compatriotes, leur fournirait des comparaisons plus variées et plus
instructives. C'est une heureuse inspiration, dont profiteront tous
HibluMiapliic. 48 j
les amis de la langue irlandaise. Le manuscrit de l'évéque Bedell,
conservé à la Marsh's Library de Dublin, est du second quart du
XVII'-' siècle ; la traduction des psaumes notamment était achevée en
1637. Nous avons dans ce document daté un essai de langue com-
mune, destinée à être entendue également dans toute l'Irlande ; et
c'est avec le Forus Feasa de Geoffrey Keating, mort en 1644, deux
ans après l'évèque Bedell, un monument important de l'irlandais
moderne. Il est donc inutile d'en souligner davantage l'intérêt.
J. Vendryes.
Vil
A. Perceval Graves. Welsh Poetry Old and Neiu, in english verse.
London, Longnians Grecn and C° 19 12. xlij-170 p. 8°. 2 s. 6d.
C'est l'amour des chants populaires qni nous vaut ce petit livre.
L'auteur, qui n'est ni gallois, ni « galloisant » de naissance, est un
fervent du folksong. Il a été séduit par les mélodies populaires,
dont le Pays de Galles oftVe, comme on sait, une abondante variété;
mais il a déploré que les paroles anglaises, adaptées à ces mélo-
dies par d'obscurs traducteurs, fussent en général si plates, si
ternes, si peu celtiques. Et il se mit lui-même à esquisser quelques
traductions, qui parurent dans divers périodiques et obtinrent le
suffrage des connaisseurs. Encouragé par ce succès, il se mit à l'é-
tude de la littérature poétique du Pays de Galles, et en tira un
recueil de morceaux choisis, qui embrasse tous les âges, depuis
l'époque héroïque d'Aneurin, de Taliessin et de Llywarch Hen
jusqu'à nos jours. Cynddelw, Dafydd ab Gwilym y figurent digne-
ment; Ceiriog y occupe une place d'honneur; on y trouve jus-
qu'à Eifion Wynn, jusqu'à M. W. J. Grutfydd, notre collaborateur,
sans parler des bardes d'Anglesey, Goronwy Owen au xviii^ siècle ,
et aujourd'hui, le professeur J. Morris Jones. Il nous est malaisé
de porter un jugement sur les vers anglais de M. Perceval Graves.
Ils s'écartent assez, par endroits, des originaux gallois. Mais ils
paraissent avoir un joli tour poétique ; leur rythme est raffiné, leur
langue abondante et riche. Pour tout dire d'un mot, M. Perceval
Graves nous semble encore meilleur poète que traducteur. Et c'est
là sans doute, pour le public auquel il s'adresse, un mérite prépon-
dérant.
J. Vendryes.
CHRONiCitJE
Sommaire. — I. Mélanges oflFerts à M. Kuno M'cyer. — II. Election de
M. Kuno Meyer à l'Académie de Berlin. — III. Etat de la langue irlan-
daise en Irlande. — IV. L'Irlande et le Home Rule, d'après Mrs. A.
Stopford Green. — V. Répertoire des publications relatives à la langue
et à la littérature irlandaises. — VI. H. Harrisson, Surnames of United
Kingdom. — VII. Le sens du latin aigutus, d'après M. Ehrlich. —
VIII. Etymologies de M. Evald Lidén. — IX. L'œuvre d'Eugène Rol-
land. — X. Découverte de manuscrits bretons. — XI. Un nouveau
périodique breton, Brittia. — XII. Une collection de proverbes en
breton de Vannes. — XIII. Troisième édition de la Légende de la Mort
de M. A. Le Braz. — XIV. La renaissance du théâtre breton. — XV.
Examens bretons de la Faculté des Lettres de Rennes. — XVI. Ouvrages
reçus.
I
La nomination de M. Kuno Meyer à l'Université de Berlin, dont
nous avons déjà entretenu nos lecteurs, est un événement impor-
tant dans l'histoire des études celtiques. MM. Osborn Bergin et
Cari Marstrander ont eu l'iieureuse pensée de le célébrer. Ils ont
pris l'initiative d'un volume de Mélanges auquel ils ont convié les
celtistes de tout pays à collaborer. Plus de trente ont répondu à
leur appel. Le volume vient de paraître à Halle, chez l'éditeur
Niemeyer.
Nous en rendrons compte prochainement. Mais nous voulons dès
aujourd'hui adresser nos cordiales félicitations au donataire. Aucun
nom ne pouvait plus sûrement que le sien unir les sympathies et
rallier les bonnes volontés ; car c'est celui d'un chef d'école, dans
tous les sens du terme. Par l'exemple de sa féconde activité, il a
suscité aux études irlandaises de fervents adeptes ; il a dispensé à
tous sans compter les trésors de son érudition ; il a encouragé les
efforts de chacun avec une inlassable bienveillance. Et en même
temps, par la droiture de son caractère et le charme de son com-
Chronique. 483
mei-cc, il a contribue plus que tout autre à maintenir entre les tra-
vailleurs cette bonne entente, cette confiance mutuelle, qui sont si
favorables aux intérêts de la science. N'est-ce pas un spectacle
touchant, à l'heure présente, de voir la petite phalange des cel-
tistes, sans distinction de nationalité, donner l'exemple d'une ému-
lation toute amicale et pacifique ?
II
Appelé à occuper le fauteuil de Zimmer à l'Académie de Ber-
lin, M. Kuno Mever y a pris séance le 4 juillet 1912. Le discours
qu'il a prononcé à cette occasion, et celui par lequel M. Roethe,
secrétaire de la section philologique et historique, lui a répondu,
ont paru dans les Silrjjtigsbericbie der koii. preussischen Akademic der
îFisseiiscbafteii, t. XXXI\' (1912), p. 589-593. On y trouve
exprimé l'espoir que dans le pays de Zeuss les études celtiques
ne périclitent pas. Cette éventualité n'est pas à craindre. Chacun
peut avoir confiance dans le maître éminent appelé par l'Académie
à occuper la place d'honneur que la mort de Zimmer laissait
vide.
III
Le numéro du 10 août 1912 du journal Siiiii Fciu, « Nous-
mêmes », de Dublin, contient une bien intéressante statis-
tique. C'est la statistique du parler irlandais en Irlande, telle
qu'elle résulte du recensement de 191 1 comparé au recensement
de 1901. Il y manque toutefois les chifi^res pour les villes de Bel-
fast et de Dublin, ce qui empêche de faire entrer en ligne de
compte les trois comtés d'Antrim, de Down et de Dublin. Pour
les vingt-neuf autres, les chiffres sont les suivants :
MUKSTER
1901 19 II
Comté de Cork 105 .716 83 .898
» Kerry 71.669 éo.719
» Clare 43.486 36.704
» Waterford 31. 600 2 3 . 820
» Tipperary 9-735 10.020
» Limerick 14. 060 13-533
Total 276.266 228.694
en moins : 47. 572.
Reviu Celtique, XXXIII. 52
484 Chronique.
CONN'ACHT
1901 1911
Comté de Galway 108.870 98. 523
» Mayo 99.764 88.601
» Sligo 17.310 15 .927
» Roscommon 1 5 . 572 10 . 1 1 3
» Leitrim 4 . 004 3-923
245.520 217.087
en moins : 28 .433 .
Ulster
1901 1911
Comté de Armagh 4-487 2 . 792
» Cavan 5 . 424 2 . 968
» Derry 3 . 47e 4 . 029
» Fermanagh i .005 1-565
» Monaghan 5 . 324 5 .430
» Tyrone 6.454 7-586
» Donegal 60.677 59-313
Total 86 . 847 83.689
en moins : 3.158 (manquent les comtés d'Antrim et Down,
c'est-à-dire la ville de Belfast).
Leixster
1901 1911
Comté de Carlow 222 i .008
» Kildare i . 198 i . 677
» Kilkenny . 3.568 3-264
» King's County 522 1-933
» dueen's Countv 405 i .427
» Longford 340 9 1 5
ji Louth 3 . 204 3 . 760
» Meath 1-357 2. 447
» Wexford i . 300 2 . 90 1
') Westmeath 691 2 .096
» Wicklow 631 1054
Total : 13 .438 22.482
en plus : 9.044 (manque le comté de Dublin, c'est-à-dire la
ville de Dublin),
ChrfliiiqiK. 48 5
Total général pour les 29 comtés : 551.374 individus parlant
irlandais en 191 1 contre 622. 132 en 1901, soit une diminution de
70.758, Si l'on tenait compte des trois comtés mis à part, la dimi-
nution serait sans doute un peu moindre. Belfast comptait, en
1901, 3.5H7 individus parlant irlandais, et Dublin 9.453 ; ces
nombres ont dû augmenter.
Cette statistique comparative est complétée par celle de la popu-
lation qui ne parle qu'irlandais. La répartition en est la suivante :
1901 1911
Munster. Cork i . 067 5 5 8
Kerry 2 . 495 i . 89 1
Clare 326 166
Waterford 477 152
Tipperary 15 3
Limerick 7 i
CoxNACHT Galway 9-442 7 . 81 1
Mayo 2.529 1.5 18
Sligo 77 24
Roscommon 55 14
Ulster Armagh 2 o
Derry 4 o
Donegal 4-448 4.733
Leixsthr Qiieen's County i o
Westmeath 5 o
Total 20.950 16.841
L'examen de ces tableaux est évidemment affligeant. Il convient
toutefois d'en atténuer un peu l'impression mauvaise, en faisant
remarquer que, la population globale de l'Irlande ayant considéra-
blement diminué, le nombre des individus parlant irlandais a moins
diminué que le nombre de ceux qui ne parlent qu'anglais. Malheureu-
sement l'article du Siiiii Féiii ne fournit pas les chiffres de la popu-
lation globale, mais il indique pour chaque comté le pourcentage
de la population qui parle irlandais. Or, on constate que ce pour-
centage s'est légèrement élevé dans deux comtés, celui de Leitrim
et celui de Donegal, où cependant le chifïre total des individus
parlant irlandais a diminué. Ce qui revient à dire que l'Irlande a
perdu en ces dix dernières années un peu plus de sujets parlant
anglais que de sujets parlant les deux langues.
Un autre résultat intéressant des statistiques précédentes est d'in-
48e Chronique.
diquer sur quels terrains l'irlandais recule ; on constate que c'est
surtout dans les régions occidentales du Munster et du Connacht,
qui ont été de tout temps des régions gaéliques ; là l'anglais
pénétre de plus en plus, entame et réduit les réserves de la langue
celtique. En revanche, l'irlandais s'étend au Nord et à l'Est ; le
comté de Donegal offre même ce fait curieux, que le chiffre des
individus ne parlant qu'irlandais y a augmenté. Evidemment, cela
indique un mouvement de population de l'Ouest au Nord et à
l'Est ; il y a émigration à l'intérieur, dans les limites mêmes de
l'île.
Cette émigration parait dangereuse pour le celtique. Car en
pénétrant dans des régions où l'anglais depuis longtemps domine,
les Irlandais unilingues sont exposés à devenir plus rapidement
bilingues, et les bilingues à sacrifier plus volontiers leur propre
langue à l'anglais. Toutefois, elle offre aussi un avantage, c'est
d'effacer les différences dialectales et de contribuer à la créa-
tion d'une langue commune par le mélange des individus. C'est
aux directeurs de l'instruction populaire à tirer parti de cet avan-
tage, aux chefs de la Gaelic Leagtie, aux maîtres de la School oj
Irish Leaniing. Peut-être le Home Rule viendra-t-il bientôt leur
apporter un nouvel et précieux appui.
IV
Sur « l'Irlande et le Home Rule » la Revue de Paris a publié,
dans sa livraison du 15 septembre 1912, p. 423-448, un remar-
quable article, signé Alice Stopford Green. Nous y avons retrouvé
les qualités de pensée et de style, justement appréciées l'année
dernière dans \ Irish Nationality du même auteur (v. Rev . CelL,
t. XXXII, p. 484). Mrs. Green possède un réel talent d'histo-
rien : elle voit les faits d'un coup d'œil large et précis à la fois,
elle saisit avec justesse l'enchaînement des causes, elle s'exprime
en une langue claire, ferme, entraînante. La lecture de son article
est un plaisir pour l'esprit.
Un plaisir à tous égards. Car en analysant les éléments du pro-
blème, un démêlant les intérêts, les sentiments en présence, l'au-
teur laisse entrevoir le succès du Home Rule, ou d'un compromis
qui y ressemble, comme la solution fatale de la crise actuelle. Et
ce sera pour l'Irlande le commencement d'une ère nouvelle, oia la
vieille race celtique reprendra conscience d'elle-même dans l'indé-
pendance et la dignité. On pourra citer parmi les grandes dates
de l'histoire nationale celle du 11 avril 191 2, où le cabinet anglais
a soumis aux Communes le nouveau Home Rule Bill.
Chronique. 487
Il faut dire que si le projet de M. Asquith a de sérieuses chances
de succès, il le doit pour une large part à son auteur. Ce projet
témoigne d'un véritable progrès sur les Jcis de i88é et de 1893 ;
il est plus courageux, plus avancé d'esprit, et en même temps plus
ingénieux, plus subtil dans ses dispositions, plus souple. M. As-
quith a i'ort bien vu l'intérêt qu'il y avait du point de vue anglais,
à améliorer le gouvernement de l'Irlande et, partant, le sort de la
« nation irlandaise ». 11 y a pour l'Angleterre, à l'adoption du
Home Rule Bill, des nécessités à la fois constitutionnelles et finan-
cières : il s'agit d'une part de soulager l'activité du Parlement du
Royaume-Uni, de le délivrer du fardeau intolérable des préoccupa-
tions secondaires de la politique irlandaise ; et d'autre part il faut
adapter les finances irlandaises aux besoins irlandais pour obliger
le pays à être plus économe et ne pas contraindre l'Angleterre à
combler, comme elle fait depuis quelques années, le déficit irlan-
dais. Ces nécessités sont reconnues et senties de plus en plus.
Mrs. Green nous montre le fossé qui séparait jusqu'ici Unionistes
et Libéraux en train de s'aplanir et les deux partis également dési-
reux de résoudre définitivement le problème irlandais.
C'est d'Irlande même que viendraient plutôt les diflicultés. On
sait que si les catholiques, qui s'élèvent au nombre de 3.238.656,
sont tous nationalistes et favorables au Home Rule, les protestants
n'v sont pas moins ardemment unionistes et hostiles au projet.
Or, il y a 1. 136. 000 protestants en Irlande, dont 575.487 angli-
cans (épiscopaliens) et le reste presbytérien. Et l'une des quatre
provinces d'Irlande, celle du Nord-Est, l'UIster, compte 886.000
protestants contre 690.000 catholiques. L'UIster esthostile au Home
Rule, hostile à la langue irlandaise, hostile à toute mesure qui
favoriserait les catholiques irlandais ; les protestants d'Ulster se con-
sidèrent comme formant une nation à part, différente du reste du
pays, comme une colonie britannique en Irlande, comme des
« Anglais résidants ». Belfast est la citadelle où s'organise la résis-
tance. Mrs. Green ne croit pas cependant que cette résistance soit
effective, et surtout durable. Sans doute l'intérêt des commerçants
de Belfast serait plutôt dans le statu quo ; et les protestants d'Uls-
ter se résigneront difficilement à perdre les bénéfices d'une situa-
tion privilégiée qui dure depuis plusieurs siècles. Mais le statu
quo est devenu impossible ; et Mrs. Green espère que, différences
confessionnelles à part et grâce à quelques concessions accordées
par les privilégiés, tous les partis s'entendront au profit d'une
Irlande nouvelle, forte, prospère et unifiée. Il faut lire les raisons
qu'elle donne. Il faut lire tout son article ; c'est l'exposé complet
488 Chronique.
et impartial du problème le plus attachant de l'histoire moderne
des Celtes.
La National Librarx of Irclauâ est sur le point d'éditer un réper-
toire général des publications relatives à la langue et la littérature
irlandaises, jusqu'à la fin du xix"^ siècle. C'est un colossal travail
bibliographique qui comprendra plus de 300 pages et qui rendra
de bien grands services aux celtistes. lia été confié à M. R. I.
Best; ce nom seul est une garantie d'exactitude et de probité. Nous
avons reçu une épreuve spécimen, qui fait bien augurer de l'ou-
vrage ; il sera, espère-t-on, prêt à paraître à la Noël de cette
année.
VI
Il y a beaucoup de mots d'origine celtique dans le dictionnaire
étymologique de noms propres anglais que publie M. Henry Har-
risson sous le titre Siirnames of the United Kiiigdoni, a concise etymo-
logical dictionary (London^ The Eaton Press, 191 2). A en juger par
le spécimen qui nous en a été adressé, le travail est sérieu-
sement fait et mérite d'être recommandé à nos lecteurs.
VII
Dans un livre excellent, plein d'ingéniosité et de science, inti-
tulé Untersuchutigen iiher die Natur der griechischcn Betonung (Ber-
lin, Weidmann, 19 12), M. Hugo Ehrlich traite en passant de l'éty-
mologie du mot argûlus. Ce serait, suivant lui, un parent du
védique yoo'UT'e « parler haut, proclamer », du vieux slave govon
« bruit », du grec Y''^(f)^; « gémissement », de l'ombrien kutef
« murmurant »; il aurait dû ajouter : de Tirlandais guth « voix »,
L'adjectif fl/'o^ /'///« de *ari-gfito- signifierait proprement « à la voix
forte, bavard, beau parleur ». C'est le seul sens qu'il ait en effet à
l'époque archaïque, où il ne se dit que des êtres animés ; plus tard
à partir de Cicéron, on l'emploie pour traduire l'idée d'« éclatant,
intelligent, spirituel ».
Cela permet de mieux interpréter la fameuse phrase de Caton
sur les Gaulois ; argiite loqui n'implique pas le talent de l'éloquence
ni l'esprit : Caton ne veut pas dire que nos ancêtres fussent de bril-
lants orateurs, mais que c'étaient des bavards. Ainsi en décide
M. Ehrlich, d'après le sens du mot en latin archaïque, conforme à
l'étymologie.
Chronique. 489
VIII
M. Hvald Lidén, professeur a l'Ecole supérieure de Gôteborg
(Suède), est à l'heure actuelle sur le domaine de la linguistique indo-
européenne un des étymologistes les plus habiles et les mieux infor-
més. Il vient de publier dans le Monde Oriental, t. V (191 1), p.
195-205, des Ballisch-Slavische IVorterklâriingen, dont quelques
détails intéressent le celtique.
Ainsi, il repousse, p. 201, tout rapport entrele vieux-prussien Inla-
« soir » et le moyen-irlandais bé « nuit » (K. Meyer, Conirib., p.
18S). Ce rapprochement avait été proposé par M. Zupitza. Gerni.
Gult., 82. Pour M. Lidén, bita- serait un composé de la racine *^/-
« aller » et désignerait le coucher du soleil, comme le latin obitiis,
avec un préfixe *bhi qui serait à abhi ce que po est à apo.
P. 195, il parle du lituanien kis^kà « muscle du mollet »; il l'ex-
plique par *qisqa- et y rattache le hollandais hij\c « muscle », de
*qeis-â-. Nous croyons qu'il ne faut pas serrer de trop près la for-
mation de mots de ce genre et qu'il convient surtout de ne pas cher-
cher à les rattacher à une racine verbale. Ils font partie des mots
expressifs; kisl'à notamment doit appartenir à une série de mots,
caractérisés par la répétition d'une gutturale et désignant en géné-
ral une partie charnue du corps; cf. lat. (UV(?, irl. coss, skr. kâksa-,
kiiksi-, irl. cicb « sein », coche « clunis », caichtnc i< poitrine », etc.
IX
Nous avons reçu de M. Henri Gaidoz une brochure de 46 pages
intitulée « Eugène Rolland et son œuvre littéraire » (Paris, 1912 ;
extr.iit du tome XI de Méliisine). Eugène Rolland, mort le 24 juil-
let 1909 à l'âge de 65 ans, fut tout simplement le rénovateur des
études de folk-lore en France. Son nom mérite de rester attaché
à celui de la revue Méhisine qu'il fonda et dirigea de concert avec
M. Gaidoz, et où il y a tant de renseignements précieux pour les
celtistes. Mais son œuvre principale est une œuvre lexicographique,
relative à la Faune et à la Flore populaires, vaste répertoire qu'il
n'eut malheureusement pas la joie de voir terminé. Dans la bro-
chure que lui consacre M. Gaidoz, on trouvera sur son activité
scientifique, sur sa vie et celle de quelques autres, maint détail
instructif et piquant. Rolland était un érudit laborieux et modeste,
de caractère indépendant, ennemi des intrigues et des chicanes. Il
490 Chronique.
vécut à l'écart des savants officiels, méconnu des académies. Mais
il eut des amitiés. Celle de M. Gaidoz, qui ne se démentit jamais
durant sa vie, lui reste, par delà le tombeau, jalousement fidèle.
Pour défendre sa mémoire, s'il en était besoin, cet homme simple
et doux n'aurait pu rêver champion plus passionné, plus impi-
toyable.
X
M. L. Le Guennec, dans le tome XXXIX du Bulletin de la Société
archéologique du Finistère, signale la découverte qu'il a faite au châ-
teau de Lesquiffiou en Plej'ber-Christ, Finistère, d'une collection
de 26 mvstères, tragédies et manuscrits bretons acquise sans doute
par feu le marquis de Lescoet décédé en 1871, père du propriétaire
actuel de Lesquiffiou et. de son vivant, bibliophile distingué. Voici
les titres de ces pièces : Chedoni et Rosalha (25), Création du
Monde (i), Saint Garan (14), Saint Guénolé (15), Saint Guigner
(16), Sainte Hélène (20), Jacob et ses fils (2), Saint Jean-Baptiste
(11), Destruction de Jérusalem (9), Jérusalem délivrée (23) poème
adapté du Tasse, Le jugement dernier et l'Antéchrist (10), Saint
Julien (6), Louis Eunius (18, 19), Saint Malargé (26), Moïse (3),
La Passion (4, 5, 6), Saint Patrice, avec Louis Eunius (17), Saint
Pierre (12), La Résurrection (7, 7 bis), Robert le Diable (22),
Ruffo chef-brigand (24), Trépassement de la Vierge (8), Sainte
Tryphine et le roi Arthur (15), Saint Yves (21), biographie versi-
fiée par Jean Conan. C'est la plus riche collection particulière qu'on
ait découverte jusqu'ici.
M. Le Guennec fait connaître ce que ces pièces contiennent d'in-
téressant pour l'histoire du théâtre breton : prologues, épilogues,
scènes comiques, annotations de copistes, en particulier de Jean
Conan ; il v ajoute l'indication de représentations données sur une
autorisation du bureau municipal de Morlaix du 20 février 1792;
l'acte de décès de Tanguy Guégen (20 juillet 1632); un extrait du
Livre de comptes du sieur de la Haye mentionnant en termes vagues
le 3 juin 1576 une représentation de mystère à Lampaul (sans
doute Lampaul Guimiliau).
XI
On nous adresse le premier numéro (septembre 1912) d'un nou-
veau périodique breton, brittia, bulletin mensuel d'études et d'action
nationale bretonnes (Port-Louis, 13, rue de la Marine; 4 fr. par an).
Chronique. 491
Le fondateur-directeur en est M. Yves Le Diberdcr, qui indique
dans la préface le but qu'il se propose. C'est de « refaire de la Bre-
tagne une nation, et une nation celtique»; c'est de « reprendre
avec méthode la vieille lutte qui se poursuit depuis dix siècles
entre l'esprit roman et l'esprit celtique », afin que « ce soit l'esprit
celtique qui domine sans conteste ». M. Le Diberder est jeune;
il n'a que vingt-cinq ans, nous apprend-il p. 23. Ht il est bien de
son temps. Son initiative est une manifestation nouvelle de ce
réveil des nationalités, qui caractérise jusqu'ici le vingtième siècle.
La Revue Celtique, dont les préoccupations sont purement philo-
logiques et qui s'abstient de prendre parti dans les polémiques d'ac-
tualité, ne mentionnerait pas l'existence de Britiia, si M. Le Diber-
der ne faisait porter son effort de militant sur le terrain linguistique.
C'est en encourageant la pratique de la langue bretonne qu'il pré-
tend travailler au relèvement national de sa province. Prétention
très légitime, car la langue est la condition même et la sauvegarde
de la nationalité. Comme le dit un des rédacteurs de Brittia, M. J.
Calloc'h (Bleimor), « avec notre foi, notre langue est désormais
la seule barrière que nous puissions opposer à l'envahissement des
idées françaises, idées mortelles aujourd'hui, et qui ont tôt fait d'em-
poisonner l'air dans lequel on les laisse en paix flotter » (p. 9).
Brittia sera donc accueillante aux articles en langue bretonne, et
de fait sur les 24 pages que comprend le premier numéro, 6 sont
rédigées en breton. Signalons notamment (p. 10-14) le début d'une
traduction bretonne du célèbre récit irlandais Longes mac n-Usnig
« Exil des Fils d'Usnech » (Irische Texte, I, p. 67). Mais pourquoi
cette traduction a-t-elle été faite en vannetais ? Parce que M. le
Diberder habite Lorient? Ce n'est pas une raison suffisante. Et les
partisans de la campagne qu'entame Brittia regretteront sans doute
que leur « organe » ne puisse commodément se faire entendre des
Bretons du Finistère et des Côtes-du-Nord.
XII
M. l'abbé P. Le Gofi, un des auteurs de la Grammaire bretonne
du dialecte de Vannes, a réuni depuis quelques années dans la Revue
Morbihannaise une collection de proverbes de son pays. La collec-
tion est terminée et vient de paraître en volume, sous le titre Pro-
verbes bretons du Haut-Vannetais (J^annes, Auray, Baud, Pontiv)').
Vannes, Lafolye, 1912, 151 p. 8°. Le texte breton est accompag-né
d'une traduction française. Nous avions déjà une collection de pro-
492 Chronique.
verbes et dictons de la Basse-Bretagne, réunie par L. F. Sauvé et
publiée par lui dans les premiers volumes de la Revue Celtique (t.
I, p. 243, 400 ; t. II, p. 78, 218, 361 ; t. m, p. 60, 192) ; ces pro-
verbes provenaient exclusivement du pays de Léon. Pour le Tré-
corois, une collection moins riche, mais fort estimable encore, due
à l'abbé J. Hingant, a paru en 1899 (Krenii-lavariou Bro-Drcger,
dastumet gant an aotrou Hingant, belek ; Saint-Brieuc, Fr. Guyon ;
ext. des Mémoires de la Société d'Emulation des Côtes-du-Nord). Enfin
chacun connaît le recueil public par Brizeux sous le titre Furnci
Breii « sagesse de Bretagne ».
La collection de l'abbé Le Goft" est la plus considérable, après
celle de L. F. Sauvé, dont elle suit l'ordre et reproduit les divi-
sions. C'est une précieuse contribution à la « parémiologie » bre-
tonne, comme disait Sauvé, et d'une façon générale, au folk-lore.
L'esprit breton s'y montre sous tous ses aspects, lyrique et badin,
sentimental et moqueur, parfois délicat, souvent grossier, toujours
original.
XIII
La Légende de la Mort chéries Bretons armoricains de M. Le Braz,
dont la seconde édition remonte à peine à dix ans, vient de paraître
en troisième édition (2 vol., Paris, Champion, 1912). Beau succès,
pleinement justifié. Entre toutes les bretonneries, dont s'est parée
depuis une trentaine d'années la littérature française, celle-ci est la
plus sincère et la mieux réussie. M. Le Braz n'y a pas déployé seu-
lement les richesses de son grand talent d'écrivain, le charme péné-
trant de sa prose fluide et chantante; il a voulu faire œuvre docu-
mentaire et a plié son imagination à travailler sur nature. Il s'est
penché sur le cœur de la vieille Bretagne pour en saisir les moindres
battements; il a recueilli sur de pauvres lèvres le souffle de la voix
du passé. Pendant prés de quinze ans, il a parcouru le pays en tout
sens, notant les superstitions, les usages, transcrivant les com-
plaintes, suscitant parmi les artisans, les paysans, les marins, les
mendiants, de précieux collaborateurs. En livrant leurs noms au
public, il les associe à son succès, ces humbles qui lui ont livré
leur trésor. C'est Pierre Le Goft d'Argol, Fantic Omnès de Bégard,
et tant d'autres, parmi lesquels deux noms reviennent avec insis-
tance, ceux de Marie-Cinthe Toulouzan et de la vieille Lise Bellec,
couturière au Port-Blanc, à laquelle on inaugurait un monument
le 10 août dernier dans le cimetière communal.
La Bretagne est la terre par excellence de la légende de la mort,
Chronique. 493
car l;i conscience populaire y est naturellement orientée vers les
choses de l'au-delà. Les vivants sont mêlés aux morts, au peuple
immense des âmes en peine, qu'on appelle Vanaoïi. Et la mort
elle-même, personnifiée dans VAnkou, circule sans cesse parmi les
vivants, grave et familière. On rencontre l'Ankou à chaque détour
de la route, où il observe et guette les passants ; on le retrouve à
chaque coin de la maison. Sa voix est triste et douce à la fois : cest
vraiment le fantôme dont parle le poète,
Qui caresse notre Ame et cependant l'effraie.
M. Le Braz a trouvé les mots qu'il fallait pour exprimer la
mélancolie et le mystère des conceptions bretonnes de l'au delà. Il
y a beaucoup d'art dans la forme simple de ses courts récits ;
beaucoup aussi dans la disposition même du livre. Ces répétitions,
ces redites, ce caractère fragmentaire 'augmentent encore la forte
impression qu'il produit. On éprouve à le lire un frisson tout parti-
culier qui n'est pas sans charme ; on se sent gagné soi-même à
croire à ces belles légendes, d'une grandeur si tragique, et si pro-
fondément humaines. M. Dottin a prêté à M. Le Braz le concours
de son érudition ; il a joint au texte d'abondantes notes, où l'on
trouvera de savantes comparaisons avec les autres littératures cel-
tiques.
XIV
L'Ankou joue son rôle, et un rôle important, dans la littérature
dramatique de la Bretagne. Même quand il ne figure pas dans la
liste des personnages, il est sur la scène, invisible et présent, comme
dans la vie. Si nombreux et cruels que soient ses coups, il est
cependa.nt quelqu'un qui lui échappe, qui persiste à vivre malgré
tout et se porte même de mieux en mieux, c'est le théâtre breton
lui-même.
Singulière fortune que celle du théâtre breton. Dès la fin du
Moyen-Age, il y a en Bretagne un foyer dramatique. Le plus ancien
monument de la littérature bretonne est un drame, la Vie de Sainte-
Nonne, du xv^ siècle (éd. Ernault, Rev. Celt., VIII, p. 230), bien-
tôt suivi de deux autres : la Passion (1530) et la Fie de Saiiile-Barbe
(1557), le premier édité par H. de la Villemarqué sous le titre pom-
peux de « Grand Mystère de Jésus » (Paris, 1S66), le second par
M. Emile Ernault (Nantes, 1885). Ensuite \ient une abondante
collection de pièces, en grande partie encore manuscrites, parmi
lesquelles brille d'un éclat particulier ^awig Tryphine elle Roi Arthur,
494 Chronique.
de la seconde moitié du wii^ siècle, chef d'œuvre édité par Luzel à
Quimperlé en 1863. La plupart de ces oeuvres, il est vrai, sont ins-
pirées, parfois même traduites du français. Elles n'en sont pas moins
devenues bretonnes par tout ce que les interprètes v ont mis de
personnel et de local, et surtout par le succès qu'elles ont obtenu
et gardé auprès des spectateurs. A la fin du \vii= siècle, le théâtre
breton restait florissant ; les auteurs, les acteurs, les organisateurs
de spectacles rivalisaient de zèle et d'entrain. On trouvera dans
r Histoire du fhéàtrc celtique de M. Le Braz la description pittoresque
des représentations populaires qui se donnaient à Morlaix ou à
Ploumiliau en plein xix^ siècle.
La tradition parut un moment s'évanouir. Elle sommeillait seu-
lement, car elle se réveille de nos jours, plus vivace que jamais,
comme, nous l'apprend M. Gustave Cohen dans une agréable étude
sur la Renaissance du théâtre breton (extraite du Mercure de France,
1912; 43 p.). Ainsi qu'il arrive toujours dans l'histoire littéraire,
cette renaissance est une œuvre individuelle ; elle a pour principal
promoteur l'abbé Joseph Le Bayon.
M. Le Bayon, né en 1876 à Pluvigner (Morbihan), est un \'anne-
tais. Passionné des choses du théâtre non moins que des traditions
bretonnes, il s'essaya dès le collège à composer des sônes et des
pièces dramatiques dans son dialecte natal. En 1902 il publiait les
Sonnenneu hur bro-ni (Vannes, Lafolye) et faisait représenter son
premier drame EnEutni Kérioîet. La troupe qu'il avait organisée,
qu'il dirigeait et soutenait de son zèle, devint bientôt célèbre dans
toute la Bretagne; les « Gars de Pluvigner » /'«////f^ Sant-Guigner,
dépassaient ce qu'avaient fait de mieux les troupes, pourtant illustres,
de Morlaix et de Ploujean. Depuis, le théâtre de Sainte-Anne
d'Auray s'est affirmé comme l'Oberammergau breton. M. Le Bayon
y a fait représenter d'autres drames encore de sa composition,
Nikolaiic, par exemple et cette année même, au mois de septembre
dernier, Boeh er Goéd « la voix du sang », qui a pour sujet la para-
bole de l'enfant prodigue, et dont on dit le plus grand bien.
XV
La Faculté des Lettres de l'Université de Rennes a institué
depuis peu des examens, conférant des diplômes d'études celtiques.
Nous avons demandé à notre ami M. Dottin, i'éminent doyen de
la Faculté, de nous en faire connaître les conditions. Nous repro-
duisons ci-dessous le programme qu'il nous a envové.
(chronique. 495
FACULTÉ DES LETTRES DE L'UNIVERSITÉ DE RENNES
DIPLOMES D ETUDES CELTIQUES
Article i. Il est institué près de la Faculté des Lettres de Rennes
un diplôme d'études celtiques, et un diplôme supérieur d'études
celtiques.
Article 2. Les examens de ces diplômes comprennent des épreuves
écrites et des épreuves orales.
Diplôme d'éludés celtiques
a. Epreuves écrites : i" Version bretonne.
2" Thème breton.
b. Épreuves orales : 1° Lecture et explication d'un texte bre-
ton.
2° Interrogation sur les littératures et les
peuples celtiques.
Diplôme supérieur d'études celtiques
a. Épreuves écrites : 1° Thème breton (ou traduction de gal-
lois ou d'irlandais en breton).
2° Version irlandaise ou galloise (langue
moderne).
b. Epreuves orales : 1° Explication d'un texte ancien et d'un
texte moderne dans une des langues
celtiques indiquées par le candidat.
2° Interrogation sur les littératures et les
peuples celtiques.
5° Interrogation sur un cours professé à
la Faculté et intéressant le celtique
(par ex. l'histoire, l'art, la grammaire
comparée, etc).
Article ^. La liste des textes sur lesquels portent les interrogations
sera publiée chaque année.
Article 4. Nul ne sera admis à subir l'examen s'il n'a été régu-
lièrement immatriculé à la Faculté des Lettres pendant un an.
Article 5. Le Jury se compose de trois membres.
Article 6. Le diplôme, délivré par le président du Conseil de l'Uni-
49^ Chronique.
versité, sera revêtu de la signature du Doyen et de celles des pro-
fesseurs membres du Jury.
Les droits à percevoir pour ces diplômes sont de :
30 fr. 25 pour le diplôme d'études celtiques,
60 fr. 25 pour le diplôme supérieur d'études celtiques.
Rappelons en outre que la Faculté des Lettres de l'Université de
Rennes délivre des diplômes de doctorat d'Université, aux conditions
suivantes :
FACULTÉ DES LETTRES DE L'UNIVERSITÉ DE RENNES
DOCTORAT DE l'uNIVERSITH DE REWES
Tout candidat désirant obtenir le Doctorat de l'Université de
Rennes devra avoir suivi les cours pendant six semestres (soit trois
années scolaires) dans une Université ou Ecole supérieure, française
ou étrangère; deux de ces semestres devront être passés à l'Univer-
sité de Rennes avec présence effective '. Des dispenses d'assiduité
peuvent être accordées.
L'examen écrit comporte une thèse entièrement inédite sur une
des matières suivantes : philosophie, philologie, linguistique, litté-
rature, histoire, géographie, littérature étrangère. Éa thèse pourra
être rédigée en français, latin, anglais, allemand ou breton.
L'examen oral comporte la soutenance en français de cette thèse
et la réponse à trois interrogations sur une ou plusieurs des matières
spéciales enseignées à l'Université et choisies par le candidat.
Le sujet et le plan de la thèse devront être soumis à l'approba-
tion de la Faculté. Le manuscrit de la thèse sera remis au doyen.
Celui-ci désignera un ou plusieurs professeurs de la Faculté qui
examineront le manuscrit et décideront si le travail mérite d'être
imprimé et présenté à la soutenance publique. Si leur avis est favo-
rable, le doyen accordera le permis d'imprimer. La thèse sera alors
imprimée et 130 exemplaires en seront déposés au Secrétariat de la
Faculté des Lettres.
Droits d'examen.
Doctorat 200 fr. 25
1 . Les droits d'immatriculation pour le doctorat de l'Université sont de
90 francs 75 centimes. Cette somme pourra être payée en trois fois si le
candidat suit les cours pendant trois ans, ou en une seule fois, si le candi-
dat ne passe qu'une seule année à l'Université de Rennes.
chronique. 497
XVI
Ouvrages reçus, dont il sera rendu compte ultérieurement :
R. Thurneysen. Zu irischeu Handschrijteii uud LifteratiirdcuknuUeni.
Berlin, Weidmann, 19 12, 97 p. 4°.
Hubert Pierquin. Le poniie anglo-saxon de Beoiuulf. Paris. Picard,
19 12. iv-846 p. 8".
MisceUany preaented to Kuxo Meyer by some of his friends and
pupils on the occasion of his appointaient to the chair of Celtic
philology in the University of Berlin, edited by Osborn Bergin
and Cari Marstrander. Halle, Niemeyer, 1912. v-487 p. 8°. lé M.
Georg WiLKE, Siidwesteuropàisehe Megalithkultur iind ihre BcTJe-
hungen iiini Orient, Wùrzburg, C. Kabitzsch, 191 2. iv-i8r p. 8°.
7 M, 50.
J. \'endryes.
PÉRIODiaUES
Sommaire. — 1. Zcitschrift iïir celtische Philologie. —II. Sitzungsheridne
der kôn. pr. Akademie der Wissenschafteu. — III Proceedings of thc
Royal IrishAcademy. — IV. Gadelica. — V. Zeitschrift fur vergleichendc;
Sprachforschung. — VI. American Journal ofPhilology. — VII. Fureteur
breton. — VIII. Annales de Bretagne. — IX. Romania. — X. Analecta
Bollandiana. — XI. Folk-lore. — XII. Revue des Traditions populaires. —
XIII. L'Anthropologie. — XIV. Praehistorische Zeitschrift. — XV.
Mannus. — XVI. Beitràge zur Anthropologie und Urgeschichte Bayerns.
— XVII. Revue Préhistorique de l'Est.
I
Le troisième cahier du tome VIII de la Zeitschrift fur celtische
Philologie est orné d'un beau portrait de Ludwig-Christian Stern ;
et M. Kuno Meyery retrace, p. 583-587, la biographie de son regretté
collaborateur.
Le cahier débute par deux longs articles de \L R. L. Ramsay,
Théodore of Mopsuestia and Saint Columban on the Psahns (p. 421-
451) et Théodore of Mopsuestia in England and Ireland (p. 452-497).
Théodore, évêque de Mo'|oj 'Ecrta en Syrie, vivait entre 350 et
428 ; il est connu pour avoir écrit à la fin du iv^ siècle un commen-
tairesurles psaumes, conservé fragmentairement, dont on retrouve
l'inspiration dans la traduction des 50 premiers psaumes en west-
saxon. attribuée à Alfred le Grand. L'esprit qui anime cette traduc-
tion révèle en effet une liberté d'allure, une fantaisie d'interpréta-
tion, qui contraste par exemple avec l'orthodoxie scrupuleuse et
aveugle de la traduction allemande de Notker. Et dans les courtes
notices, dont chaque psaume est précédé dans la traduction saxonne
se reconnaît, plus manifeste encore, l'esprit d'indépendance de l'é-
véque syrien, exégèle hardi, précurseur du Nestorianisme, et qui
finit par être condamné au concile œcuménique de 553. Toutefois
Périûdiqtics. 499
il est certain que le traducteur saxon ne puisa pas directement à la
source originale et fut hérétique sans le savoir. Il y eut des inter-
médiaires, parmi lesquels le commentaire intitulé In Psahnorum
lihnim exegcsis, attribué àBède(Migne,Prt//'. Lut., XCIII). L'ouvrage
de Théodore eut un succès considérable ; on en fit des versions et
des adaptations en plusieurs langues, notamment en syriaque et en
latin. M. Ramsay est d'avis que les commentaires sur les psaumes
en vieil-irlandais, dont nous avons deux exemplaires, l'un, fragmen-
taire, en prose (K. Meyer, Hiberii. Minora, 1894), l'autre, abrégé, en
vers (id. dans la Z. /. Celt. Phil. I, 497 et III, 20), et qui se rat-
tachent tous les deux au monastère de Bobbio, dérivaient aussi de
l'œuvre de Théodore et ont pu servir de source au travail du tra-
ducteur saxon. Les deux articles qu'il publie ont pour objet de
démontrer cette opinion. Il commence par établir la doctrine de
Théodore, telle qu'on peut la reconstituer d'après les fragments
conservés ; puis il en précise l'influence sur les textes syriaques et
en poursuit l'extension à l'église occidentale dans l'école fondée à
Bobbio par Saint Colomban en 608. Trois manuscrits provenant
de Bobbio, conservés aujourd'hui à Milan et à Turin, présentent
quatre séries d'extraits du commentaire de Théodore. Le manuscrit
de Milan est celui qui renferme les précieuses gloses en vieil-irlan-
dais ; peut-être le commentaire latin qu'il contient est-il l'œuvre
de Saint Colomban lui-même. En tout cas l'influence de Théodore
y est manifeste. C'est donc par Bobbio que passa la doctrine de
Théodore pour gagner l'Europe occidentale. Une minutieuse ana-
lyse de 1'/// Psahnorum lihrum exegesis, des commentaires en vieil-
irlandais cités plus haut et enfin de la traduction en west-saxon
permet à M. Ramsay d'en établir avec certitude la transmission et
l'itinéraire : d'abord l'Irlande, et ensuite la Grande-Bretagne, où
on en retrouve encore des traces au XP siècle, plus de éoo ans
après la mort du grand exégète syrien.
L'article suivant dans la Zeitschrift est consacré au Tochmarc Emire
(p. 498-524); il a été préparé dans les conférences de M. Thurney-
sen, à Fribourg en Brisgau, par MM. H. Hessen et G. O' Nolan,
et il est signé des trois noms. Le Tochmarc Emire « Demande en
mariage d'Emer », nous a été conservé dans plusieurs manuscrits,
dont on trouvera l'énumération dans le Catalogue de d'Arbois de
Jubainville et ci-dessus, p. 37; il a été publié par M. Kuno Meyer
dans la Revue Celtique, t. XI, p. 433 avec une traduction anglaise,
d'après le texte du Ms. Rawlinson B 512, et, d'après le texte plus
développé du Ms. Harleian, dans la Zeitschrift fur celtische Philologie,
t. III, p. 229. Il présente cette particularité qu'on y trouve un
Revue Celtique, XXXIII. 3 3
500 Périodiques.
certain nombre de morceaux qui figurent, sous une forme plus ou
moins identique, dans d'autres récits épiques du nioyen-àge irlan-
dais. Une question de priorité se pose donc : est-ce le Tochmarc
Emire qui a servi de modèle ou qui s'est inspiré des autres ? Cette
seconde hypothèse est la vraie. Ainsi la description du palais de
Conchobar dans le Tochmarc Emire (L. U. 121a) combme deux
descriptions qui font partie de la Fled Bricrcnd, celle du palais de
Bricriu (L. U. 99 b) et celle du palais d'Ailill et Medb (L. U. 107
a). La description des chevaux et du char de CuchuUin dans ic
Tochmarc Emire (L. U. 122 aj est de même une combinaison cie
divers traits empruntés à la Fled Bricreud et au Siahurcharpat ; eniin
ce que dit le Tochmarc Emire de l'éducation de CuchuUin est
emprunté au Comperl Conculaind. Quelques autres détails, relatits
aux noms d'Emain Mâcha, de Boand et d'inber n-Ailbine, confir-
ment la même vue, que le Tochmarc Emire est en grande partie une
compilation.
M. Thurneysen publie, p. 525-554, la version de la Tàin hô Ciiail-
ghni conservée dans le manuscrit H. 2. i7(Trinity Collège, Dublin).
Cette version, signalée par Nettlau (Rev. CelL, XI\', 255), a été
utilisée par M. Windisch pour sa grande édition de la Tài^i, mais
en partie seulement, si bien qu'une publication intégrale s'imposait.
M. Thurneysen y a joint une introduction, où il fixe la chronolo-
gie et le rapport des manuscrits contenant les diftérentes versions
du text€.
A mentionner enfin dans le même cahier :
Une note de M. Paul Walsh on a Passage in Serglige Conculaind
(p. 555); il s'agit des mots airbi roir (L. U. 47 b 15 ; Irische Texte,
1, 216-217) qui avaient été mal compris jusqu'ici et qui représentent
tout simplement un nom propre de lieu, Airbe Rofir, en Conaille
Murthemne (i?. CelL, XVI, p. 47);
Du même M. Paul Walsh un savant article sur The topography oj
Betha Colmàin (p. 568-582); la vie de Saint Colman a été, comme
on sait, récemment publiée par M. Kuno Meyer (v. ci-dessus, p.
357);
De M. Kuno Meyer, une liste de mots appartenant au Bcrla
nafik'd (p. 557-558); c'est une précieuse addition à la liste publiée
par le même auteur dans la Zeitschrift fiir celtische Philologie, t. \',
P- 490;
Du même, la continuation des MUieilungen ans irischen Handschrif-
ten(p. 559-565);
Enfin une note, signée Robin Flower, intitulée Irish Commenta-
ries on Martianus Capella.
Périodique.';. )0i
Sous le titre Ziir kcltischcii irortlnnidc, M. Kuno Meyer publie
dans les Sitzungsberichte deiî laix. preussischen Akademie deu
W'issi-xscHAFTEN, t. XXXMII, 1912, p. 790-803, Une série de notes
à la fois lexicographiques et étymologiques dont voici l'énuméra-
tion : I. Composés du type dvandva en irlandais (rectification et
addition à Pedersen, Vgl. Gr.,^ 356). — 2. ailt « héros » (T. B.
C, 3270), emprunté au vieil-anglais hâkp. — 3. aiih-hi'n « Unweib »
L. L. 197 a 6r. — 4. ampoill Laad 610, 14 a i, emprunté au latin
(ïiiipullii. — 5. aiifiia « tempétueux « sort de aiifétb, forme refaite
de l'ancien tuijiid. — 6. ccrae « ennemi », composé ancien de *eks-
(7/Î7/ a un e bref ; la forme «rara est récente, bien qu'attestée déjà
dans Sff., 12 b 7. — 7. -ffuad dans bét-giiad « folie », omun-gnath
« crainte » sort de *guùto-n << [état] habituel » et répond au gallois
-nod dans heiiit-iiod, m., « pestilence ». — 8. liiiita « nom d'une
partie de la rame » (Rawl. B 512, f^ 76 a 2) parait emprunté au
Scandinave. — 9. miss- est attesté au lieu de mi- devant initiale
vocalique dans miss-imhert k foui play » R. dit., X.I, 446, 2. — 10.
niab « excitation, vigueur » sort de *)ieilw-c\. a comaie correspon-
dant le gallois nwyf; en sont dérivés le verbe niabaim < j'excite »
(gall. Hwyfo) et 1 adjectif 77/(7^//7<(f/;. — 11. dermar (k énorme » est
la forme ancienne, comme le prouve l'usage des poètes; deimàr est
postérieur (oien que déjà dansW'b. 17 b 11); plus tard on a eu
deniiair et par dissimilation dei iiuiil (mais cuimail de cuvuair ?) ~-
12. Liste de noms d'oiseaux rares. — 15. Liste de noms a'objcis et
instruments agricoles. — 14. glegar, glegrach a bruyant ». — 15.
L'ogamique Maila-giiro est un génitit de nom propre comprenant
Mailit génitif de thème en-J-, et giiro génitif du mot gor « pieux »
(thème en-//-). — 16. cclt n. « enveloppe, vêtement » est l'élément
qui hgure dans les noms propres Ccitch.ir, Môelhchclt, Celtar, etc.
— • 17. dergiiat « puce » est un diminutif de derg x rouge » ; on dit
aussi dergtiii, a quoi il faut coni|)arer sengàii c tourmi » de seiig
<( mince ». — 18. ////'/ « loup » est un ancien thème en-//- passé
plus tard à la flexion des thèmes à dentale. — 19. tcii « arbre, buis-
son » figure dans càir-theii « sorbier » (dont le gall. cerdin, bret.
kcriin serait emprunté), fintan u uinetum », rôslaii « rosetum »,
etc. — 20. iiieiimarc « passion » est formé de meiime -j- serc. — 21.
acrad (de *ad -\-grâd) « noble » etgràtae « id. » sont tous deux for-
més du mol oràd « rang ». — 22. uirgc n'est pas un emprunt au
latin « iiirga », car il ne désigne que le testicule. [Ce ne serait pas une
502 Pciiodiqucs.
raison pércmptoire, car les noms des différentes parties honteuses
sont sujets à s'échanger]. — 23. A côté de -hion Çxû.-he) dans iiidii-
hion (ïrl. fidbae), le gaulois possédait un nom d'agent masculin -bios
dans Betu-uius([û. Belhbe), Lato-bi 11 s (ïrl. Laithbe), Fciw-bius ;cf. irl.
Artbe, Coiibae, Fâilbe, Lugba. — 24. Noms de personne gaulois
tirés du orrammairien Virgile.
III
Aux Proceedikgs of the Royal Irish Academy (vol. XXX, sec-
tion C, n° 9, p. 261-282, août 1912), M. T. P.O'Nolan a donné
l'édition d'un intéressant texte épique qu'il intitule Môr of Miiiisler
aiid the tragic fate of Cuann son of Cailchin. Ce texte est conservé
dans trois manuscrits, le Book of Leinster, 1° 274 a-275 b, le Book
of Fermoy, f° 17 a, tous deux de la Royal Irish Academy et le
manuscrit H. 2. 15, de Trinity Collège, p. 69. lia été mentionné
par d'Arbois de Jubainville à la page 20 de son Catalogue (y. aussi
P- 37)-
Môr de Munster (Môr Muman) était fille d'Aed Bennan, roi d'ir
Luachair; victime d'une malédiction, elle quitte la maison pater-
nelle, erre à travers l'Irlande pendant deux ans et à la suite d'une
romanesque aventure devient la femme de Fingen, roi de Cashel.
Après la mort de Fingen, elle se réfugie auprès de Cathal, roi de
Glendomuin; là elle retrouve une sœur à elle, Ruithchern, qu'elle
fait épouser à Lonân, fils de Findech, vassal de Cathal. Cuanu fils
de Cailchin ayant attaqué Loncàn et ayant enlevé Ruithchern, Lonân
poursuivit le ravisseur avec son armée, le vainquit et lui coupa
la tète. C'est tout le sujet du récit; on voit qu'il manque d'unité.
En outre, bien que les héros qu'il met en scène soient historiques
et cités dans les Annales, qui les rapportent au vif siècle, plusieurs
détails font allusion à des événements ou à des personnages que
nous connaissons mal. La langue y est en outre peu nette; surtout
dans les parties en vers, les difficultés n'y manquent pas. On y
trouve, comme cela arrive fréquemment dans les récits épiques, un
curieux mélange de formes récentes et d'archaïsmes ; quelques rare-
tés aussi, notamment, §§ 2 et 9, l'impératif /ôi, le subjonctif-/ofl
(2« sg.) et les futurs -faifem et fïbtbair (impers, pass.) du verbe
foaiin V je dors » (Thurneysen, Hdb., I, 402). A signaler encore :
avec le ro de possibilité, iii-f-r-icfam « nous ne pourrons te guérir »
(^ 10) ; les formes fothe « sous elle » et iiastu « au-dessus d'eux »
(§ i), dont la dentale appartient à l'irlandais moyen (et. R. CelL,
XXXI, p. 103, 1. 42); les mots michair a aimable », slabra « bétail »
Périodiques. 505
(ci'. L. U. 61 a 6, 62 b 52, 85 1133), trel! « espace de temps, moment,
occasion ». M. O' Nolan a joint au texte irlandais une traduction
anglaise, des notes historiques et un index des principaux mots.
Sur quelques points, il ne nous paraît pas avoir trouvé la vérité.
Nous lui soumettrons notamment les observations suivantes :
'^ 2, hi ccrlih 7 loihruih est traduit par « in rags and marshes ».
Le Book of Fermov porte hi ccrdchih lolbrai. On peut combiner les
deux textes et lire /.'/ ccrdchih 7 Jolhruih ; le dat'iï cenlchil) (ou cerichih)
appartient au mot crrddcha « a forge, smithv, work-shop » (K.
Mever, (AVilr. p. 349), et lolhniib vient de lolhiir, lolhor qui désigne
un endroit où on lave (cf. Wd., JFIh. 669-670). 11 est fait allusion
ici aux occupations serviles auxquelles iMôr était contrainte de se
livrer.
j 2, hiditecen « il te sera nécessaire, tu seras forcé » est interprété,
p. 279, covcivaç-hid-ld^^it-ecen. Mais dans les tours de ce genre, c'est
le pronom infixe de la première classe qui est d'usage aux deux pre-
mières personnes, et celui de la seconde classe seulement à la troi-
sième personne (v. Thurnevsen, p. 257, § 426) : cf. is-im écen L.
U. 57 a 39, is-iiu cgeii L. U. 73 b 15, is-cim cceiiL. L. 71 b 50, mad-
it écen L. L. 85 b 41. Si on Ihiii-dal inebair-siii « as-tu souvenir? »
L.U. 84 a 46, c'est qu'après l'interrogatif la proposition est géné-
ralement relative, car la réponse est is-aiii mchair. Il suffisait donc
ici de couper hid-it-éccii.
'l 5 . M. O' Nolan a été embarrassé par le mot ciammatâi (cid imatai
F.); il en fournit dans son lexique (p. 278 et p. 279) deux interpré-
tations diftérefites, qui ne satisfont ni l'une ni l'autre. Si la bonne
leçon est cid immatai, nous devons avoir affaire ici à la préposition
inim- suivie du pronom relatif et de la 2^ pers. sg. du verbe subs-
tantif. Comparer incest immaiiï « the queston wich I am » (R. CelL,
XIV, 451, 1. 20 = Fled Bricrend, § 93). Cid immatai a Ruithchenid
signifie tout simplement « à quoi t'occupes-tu ?, où va ta pensée,
ô Ruithchern ? »
511. Dans olc séii iiarc ar dothi, il faut sans doute considérer uare
comme la conjonction, et dés lors ardotbi doit être écrit en un seul
mot, comme une forme du verbe arhciiim. On attendrait arothi sans
d ; mais ar-dot-bi pourrait être analogique des cas où le préverbe
admet la deuxième classe des pronoms infixes, et provenir en même
temps d'une confusion avec le verbe dohenim. Pour le sens de olcsén,
d. olc îith, Rcv. Celt., XXXI, 303, n. 8.
P. 268, nochar èr jilid fa crada who did not refuse a poet as con-
cerns a reward » ; c'est le mot crod « bétail, richesse, trésor » (K.
Meyer, Contr., p. 525), qui a pris le sens de « salaire », exactement
comme l'anglais /ee (cf. ail. Vich).
504 Périodiques.
Dans les mêmes Proceedixgs (vol. XXX, section C, n" n, p-
307-526, septembre 1912), M. Mario Esposito traite de The carliest
Latin Jife of St. Brigid of Kihiare. Cette vie, dite vie de Cogitosus
(cf. Hermathcua, W, p. 353 ; XVI, p. 62 et 329), n'a pas été réédi-
tée depuis les Bollandistes (1658). Elle ne le sera probablement pas
de sitôt. Celui qui entreprendra le travail devra en eft'et collationner
un nombre considérable de manuscrits, 56 au compte de M. Espo-
sito, qui n'est pas sur de les connaître tous. Et ces manuscrits sont
dispersés à travers l'Angleterre et le continent; il y en a 18 à Paris
(dont 14 à la Bibliothèque Nationale) et 9 à Rome, mais on en
trouve aussi dans plusieurs villes de France, à Angers, Auxerre,
Cambrai, Douai, Orléans, Reims, Rouen, \'alenciennes, en Bel-
gique, en Allemagne, et jusqu'en Basse-Autriche (Heiligenkreuz,
Lilienfeld, Melk, Zwettl) et en Styrie (Admont). M. Esposito donne
de ces manuscrits une courte description ; il y joint quelques notes
sur le texte même de la Vie et sur l'auteur, Cogitosus, dont le nom
est sans doute une simple traductio:. de l'irlandais et qui est vrai-
semblablement identique au Cogitosus père de ce Muirchu, qui
écrivit la Vie de saint Patrice vers 699 (Wh. Stokes, Trip. Life, II,
p. 269). Tous ces renseignements seront fort utiles à celui qui réé-
ditera la Vie de sainte Brigitte ; mais c'est une tâche ingrate et
pénible, devant laquelle iM. Esposito lui-même, effravé. recule.
IV
Le deuxième numéro de Gadelica (tome I") débute par un
article de grammaire. M. O. J. Bergin y étudie « the Imperative
2 plural in -igl » (p. 73-78). Telle est la désinence régulière de
l'irlandais moderne. Successivement, M. Cx^\g(Grammar [1900]
p. 78), M. Quiggin (^A Dialect of Doiiegaî, p. 140), L. Chr. Siern
(Z. /. ceît. Phil., V, 277) et M. O'Maille (Eriu, V, 45) ont essayé
de l'interpréter. M. Bergin prouve sans peine que leurs hypothèses
ne tiennent pas, et il porte la question sur son vrai terrain, qui est
le terrain dialectal. Il montre d'abord que, dialectalement, la dési-
nence; -igl n'est pas la seule et que dans plusieurs régions d'autres
désinences sont encore ou ont été employées à sa place ; elle a donc
bénéficié d'une extension analogique. Remontant plus haut dans
l'histoire, il montre qu'elle est partie du verbe substantif, pour
lequel « blgl, written bigidh, highidh or bighidh, was the prevailing
form in the Midlands as early as the latter half of the sixteenth
century » . Et là, dans le verbe substantif, elle est le résultat d'une
contamination de bithi {bihi), 2"= pers. pi. du subjonctif, et de bidh
{blg), 2^ pers. pi. de l'impératif.
Périodiques. 505
Le même M. Bergin continue p. 127-131 son édition du Pairle-
mevt Chhinue Totnais.
M. J. H. Llovd, le collaborateur de M. Berg[in et de Miss
Schoepperle dans les articles que la Revue Celliqne a publiés
ci-dessus, étudie p 83-100 « Diarmuid and Graitiiie as a folk-
tale ». 11 part du fait qu'aujourd'hui encore, dans les parties
de l'Irlande où l'on parle irlandais, les mots kaba Dhiarmuda
agus Gbrâiiiiie « lit de D. et G. » désignent communément un
cromlech, pour montrer à quel point la légende est devenue popu-
laire. Mais l'objet propre de son article est de publier une version
de cette légende, recueillie à Coolea, près Ballyvourney, G" Cork,
delà bouche d'un « excellent shanachie », Humphrey Lynch, à la
requête de Miss Schoepperle.
M. Douglas Hyde établit, p. 79-82, une liste de substantifs ter-
minés en -rtî5/^ -isfc. Ce sont tous des mots empruntés, soit ancien-
nement au franco-normand, soit plus tard au moyen-anglais. Le
plus commun est pais fe « a child » du français « page »; mais on
a aussi hagàiste « bagage », corâiste « courage », sâiste « sauge »,
damàistc « dommage », cahhâiste angl. « cabbage », huiitâisfe « avan-
tage v, pasâis le « passage », locàiste « a réduction ot rent », angl.
dial. « lackage », coJàistc « collège », urlàiste, « horloge »,
paràisie « paroisse », orâistc « 'orange », pâiste angl. « a patch »,
niistc angl. « wretch »; sgraiste angl. « scratch », laisie angl.
<' latch », lôisie angl. « slouch y,, prôiste « a process », coiste angl.
« quest », smisfe angl. r^a smytch, chit, impudent boy », cisie angl.
« keech », hrisie angl. « breeches » ; M. Douglas Hvde a joint à
cette liste : ciste emprunté du latin (^cista) ou du Scandinave (kisf),
siiiste, V. irl. siiist, du latin fiistis, et, je ne sais pourquoi, gaiste, v.
irl. gais le (Ml. 24 b 10) « piège », qui paraît bien indigène.
A signaler enfin : an tJthair Eôghau O'Caoimh, a hheatha agiis a
sbaothar (le père E. O'Caoimh, sa vie et ses œuvres), par Tôrna
(suite) ; A Soiig by Richard Barret, par T. F. O'Rahilly ; une
note de M. Paul Walsh ou soiiie Irish adverbs (p. 132) et une autre
(p. 134) de M. P. S. Dinneen, sur le mot alfraiis « a scold,
abarge, a rough fellow », presque « a rogue, au upright man ».
V
On trouvera dans le tome XLV de la Zeitschrift fur ver-
GLEiCHENDE Sprachforschuxg (2^^ Cahier, p. 1 38-146) un article
intitulé c< Altirisch ass{a)e und die Pràposition cr
5oé Périodiques.
Julius Pokorny. L'adjectif rti5(rt)e « facile, aisé » n'a pas encore reçu
d'explication étymologique satisfaisante, malgré deux suggestions
de Whitley Stokes (v. Ktihns Zeitschrift, XXXVIU, p. 4^9). M.
Pokorny propose un primitif *ad-sta-yo-, de la racine *sthâ-; soit
quelque chose comme « adponendus », au sens de « mis sous la
main, facile à atteindre ». Et cela le conduit à rechercher l'origine
du vocalisme singulier des composés irussa, aurussa, urussa. Un
viendrait, suivant lui, de la préposition. Déjà M. Thurneysen avait
supposé ÇHdb., I,p. 455) qu'il y avait eu en irlandais confusion de
deux prépositions différentes : air- de *[p]are- et ir- de *[p]erô-.
M. Pokorny reprend cette hypothèse à son compte; il la précise, la
développe eten poursuit toutes lesconséquences. Pour lui, les formes
er, fret îvrque revêt la préposition sont dues aux traitements différents
de l'ô long, suivant qu'il était final ou intérieur, et aussi suivant la
date des composés. Tout cela est plausible; mais les constructions
de M. Pokorny sont toujours un peu laborieuses et sentent l'arti-
fice. Il raisonne par exemple comme si l'alternance ai : e n'était
attestée que dans la préposition air ; il y en a quelques autres
exemples, sur lesquels on aimerait à avoir son avis. Que iruth
« grande terreur » doive son u à la préposition, est une hypothèse
bien hardie ; il est une explication plus simple, c'est que le mot
ôth, ùath est vraisemblablement un ancien thème en -in-.
VI
Il est çà et là question du celtique dans l'article de M. Prokosch,
Phonetic tendencies in the indo-european coiisouaiit svsteni, que publie
I'American Journal of Philology, t. XXXIII, n° 2, avril-juin
1912, p. 195-202, M. Prokosch a fait une grande découverte :
c'est que l'évolution du système phonétique est dominée par cer-
taines tendances qui varient suivant les langues, et que, en grou-
pant les langues indo-européennes d'après les tendances qu'elles
manifestent, on peut établir certaines répartitions dialectales inté-
ressantes. Évidemment, M. Prokosch ignore les linguistes français,
qui depuis de longues années enseignent comme vérité courante
la découverte dont il se pique ; il n'a pas lu le livre que M. Meillet
a écrit sur les Dialectes indo-européens où il aurait trouvé un déve-
loppement lumineux de l'idée qui vient de surgiren lui. Ne soyons
pas sévères pour cettecandide ignorance; ce n'est pas son moindre
défaut. Suivant lui, les linguistes n'ont été préoccupés jusqu'ici
que d'établir des faits ; il leur reste à les coordonner pour en déga-
Périodiques. 507
ger des lois générales, faute de quoi, ils encourront le reproche de
Méphistophelès à Faust :
Dana hat er die Teile in seiuer Hand,
Fehlt leidernur der geistige Band.
Ce lien, il est dans la constitution d'une phonétique générale, qui
utiliserait les données des diverses langues et déterminerait les ten-
dances de chacune; on reconnaîtrait alors que depuis l'époque
indo-européenne, l'évolution de chaque langue est remarquable-
ment régulière et manifeste l'action continue de certaines tendances
identiques. Si l'évolution parait brisée, si une tendance se substitue
à une autre, c'estqu'une langue nouvelle se développe sur le fonds
ancien d'une autre langue. Ainsi dans les parties de l'Allemagne
du Sud, anciennement habitées par les Celtes, l'allemand mani-
festerait des tendances qui ne sont pasgermaniques, mais celtiques.
Nous ne discuterons pas aujourd'hui ces théories, d'ailleurs en
partie parfaitement justes. M. Prokosch ne nous présente encore
qu'un programme général, assez succinct. Mais il se réfère à deux
articles, qu'il a en préparation et dont les titres sont pleins de pro-
messes. Attendons-le aux réalisations.
VII
Le Fureteur Breton poursuit avec succès ses enquêtes et ses
recherches. Dans le numéro 43, t. VII, p. 209-213 (août-septembre
191 2), M. Le Braz publie un joli article sur la conteuse Lise Rel-
iée (v. ci-dessus, p. 492).
VIII
Dans les Awales de Bretagne (t. XXVII, n" 3, avril 1912),
M. Yves Le Diberder publie une série de notes Pour servir à l'é-
tude de « La Légende de la Mort » (p. 415-446). Ce sont d'utiles
documents, qui s'ajoutent au livre de M. Le Braz. M, Le Diberder
les a recueillis dans le Pays de Vannes et il a soin d'en donner,
s'il y lieu, ce que M. Le Braz n'a pas fait, les originaux bretons,
bretons vannetais naturellement. A recommander aux folkloristes
et aux philologues.
Dans le même périodique, M. G. Esnault poursuit son enquête
sur la vie du poète Le Laé (p. 449-466): l'enfance et les années de
collège.
Le cahier n° 4 (juillet 1912) du tome XXVII du même pério-
dique contient du même Le Laé un conte en vers français, en
)08 Périodiques.
style de Marot, « Les trois Bretons », édité par M. G. Esnault
(p. 645-655). Notre savant collaborateur, M. Louis Gougand,
V donne un substantiel article sur la Soiile en Bretagne et les
jeux similaires du Cornwall et du Pays de Galles (p. 571-604), et
M. Daniel Bernard v publie deux Écrits de propagande en langue bre-
tonne, datés de janvier 1789, une « Circulaire aux Bas-Bretons
des environs de duimper sur les demandes à soumettre dans l'in-
térêt du peuple » et la traduction de la « Déclaration de l'ordre de
la noblesse » (p. 605-613); M. P. Le Roux a joint à cette publica-
tion une note sur la langue.
J. Vkkdryes.
IX
Dans la Roman'ia, t. XLI, n" 162, on lira avec intérêt une étude
de M. H. Hauvette sur la 39»^ Nouvelle du Décaméron et la légende
du cœur mangé. On trouvera posée là une fois de plus la question
de l'origine des contes de notre Moyen-Age occidental et de leurs
rapports avec les contes de l'Inde.
X
Dans les Axalecta Bou.a-xdiaxa, t. XXXI, fasc. I, p. 88,
signalons un court mais intéressant compte rendu de l'ouvrage de
M. Max von Wulf, Ueher Heilige und Heiligeiiverehrung in den
ersten christlichen Jahrhunderlen. L'auteur du compte rendu, le R.
P. Delehaye, insiste sur cette idée que le culte des saints est sorti
du culte des martyrs. Dans les fasc. 2-3 un juste et émouvant
hommage est rendu au très regretté P. Poncelet, dont la perte,
déjà annoncée par la Revue Celtique a privé l'hagiographie d'un de
ses plus éminents représentants.
XI
Dansles numéros i et 2 du tome XXlIIdu Folklore M. Westropp
achève son utile et précise description du folklore du comté de Clare.
Les restes de forts que l'on retrouve dans ce pays, débris de
murailles, levées de terre, fossés, ont appartenu autrefois à d'an-
ciennes résidenees ou quelquefois à d'anciennes sépultures. Ces
ruines forment le sujet d'un grand nombre de traditions et de
contes : Croaghateeaun près de Ballinalacken a appartenu aux
Tuatha De Danann, tandis qu'Oisin passe pour avoir vécu à Caliç-
Périodiques. $09
russhct'n, et que la rOsidcnce dos Fenians est placée par la légende
au grand fort de pierre de Turlough Hill. D'autres forts ont une
origine plus récente : certains sont attribués au roi Brian Boru
(vers Tan 1000), d'autres au ni Conor na Suidaine. L'église de
Clonlea a changé de place pour venir occuper son actuel empla-
cement. Le roi Conor na Suidaine a fait périr des ouvriers qui
avaient bâti l'abbaye de Corcomroe, de crainte de voir construire
ailleurs un aussi bel édifice. Au.k tours, aux croix, aux souterrains
sont attachés des récits et des interdictions. Dans tous ces lieux
sont fréquemment cachés des trésors. On notera, p. 21 3, un curieux
tabou du mariage : les jeunes mariés ne doivent pas aller à la
messe le premier dimanche qui suit la célébration du mariage. Au
terme de cette très consciencieuse étude tous les folkloristes
remercieront M. Thos. J. Westropp et souhaiteront avec lui que
son exemple suscite beaucoup d'études analogues.
XII
La Revue des Traditioxs Populaires contient comme toujours
des notes intéressantes pour nos études. On trouvera en particulier
dans le n° 8 du tome XXVII un petit conte recueilli par M. Henri
Genêt et intitulé : Le fils du roi de Brest. Dans ce même numéro
M. Cosquin commence une série importante d'articles sur les
Mongols et leur prétendu rôle dans la transmission des contes
indiens vers l'Occident européen.
Jean Marx.
XIII
M. J. Déchelette nous donne dans LAxthropologie, 1912, n° i,
p. 29 sqq., Une nouvelle iiiterprélafion des gravures de Neiu Grange
et de Gavr'inis. Elle diffère considérablement de celle qu'a propo-
sée AL Coffey, dans le livre dont la Revue Celtique a rendu compte
(v. ci-dessus, p. 123-127). Les spirales accouplées de New Grange,
les arcs concentriques de New Grange et de Gavr'inis sont pour
M. Déchelette des paires d'yeux. Ces yeux, stylisés, répétés à l'in-
fini, sont ceux d'une idole, dont la figure n'est pas toujours aussi
décomposée. On la rencontre sur les parois des chambres funé-
raires de la vallée du Petit-Morin et de quelques mégalithes. Les
figures du dolmen des Pierres-Plates à Locmariaquer servent d'in-
termédiaires. Le cylindre en calcaire de Folkton-\\'old, oi^i l'image
est fort lisible, tait penser à quelques cylindres et plaquettes gravées
5 lo Périodiques.
ibériques et celles-ci sont les proches parentes des idoles égéennes
en forme de violon. L'idole était, semble-t-il, tatouée. Le tatouage
s est développé suivant un rythme qu'explique l'auteur, en lignes
de chevrons, de triangles et de losanges, dont il reste quelque trace
à New Grange. A Gavr'inis on voit autre chose : c'est la hache,
dont les Grottes du Petit-Morin présentent des images bien plus
nettes.
j'accepte sans aucune réserve l'interprétation de M. Déchelettc,
ayant d'ailleurs enseigné, il y a dix ans. à l'Hcole des Hautes
Etudes, que les écussons des mégalithes bretons sont des tigures
humaines déformées. J'aime moins les considérations générales,
par lesquelles il termine, sur la spécialisation du sexe de l'idole
primitive et la parenté proche qui unirait les dieux asiatiques qui
portent la double hache aux frappeurs celto-germaniques; le mail-
let de Sucelhis n'est ni une hache, ni une double hache et les for-
gerons celtiques, ses frères, ne sont pas des dieux de la foudre.
Gavr'inis diffère par ses gravures des autres monuments bretons et
rappelle New Grange. M. Déchelette y voit l'effet d'un retour d'ac-
tion britannique ou irlandaise vers l'Armorique, dont les débuts de
l'âge du bronze offrent plus d'un témoignage. Mais ce que cette
étude met une fois de plus dans une excellente lumière, c'est la
parenté de tous ces monuments, irlandais, britanniques et armori-
cains, avec quelques pièces caractéristiques de la civilisation ibé-
rique du même temps ou d'avant, civilisation dont les affinités
méditerranéennes ne sont pas plus contestables. Nouvelle preuve
des relations que les pays occupés par les Celtes à l'extrême Occi-
dent de l'Europe ont eues avec l'Espagne et le Sud, mais cela cer-
tainement avant l'établissement des Celtes.
XIV
M. A. Schliz fait part à la Praehistorische Zeitschrift de ses
études anthropologico-ethnologiques ÇBeilrâgc fiir prdhistorische
Ethnologie, 1912, p. 36 sqq.). 11 traite cette fois-ci des Italiotes
énéolithiques de Remedello et de leurs contemporains rhénans et
bavarois, de l'Adlerberg (près de Worms) et de Straubing. Parmi
les premiers, il reconnaît des dolichocéphales alpins, issus d'an-
ciennes populations de l'Europe centrale ; parmi les autres, des
brachvcéphales occidentaux, qui seraient venus combler le vide
laissé au sud-ouest de l'Allemagne par des tribus émigrées. Là-des-
sus il construit. Il reporte à la fin des temps néolithiques et aux
premiers débuts de l'âge du bronze l'immigration des peuples indo-
Périodiques. )lt
européens occidentaux, Celles et Italiotes, en France et en Italie
ainsi quela diftérenciation de leurs langues. iM. Schliz ne paraît pas
encore aussi familier avec les aspects de l'archéologie italienne
qu'avec ceux de l'allemande ; quant à la France, il semble encore
se contenter de ses hypothèses. Ses conclusions sont à mon avis
sujettes à caution. Mais il présente des faits qu'il groupe avec
méthode et qu'il impose à la réflexion. Il faudra que les anthropo-
logues l'écoutent et lui répondent, si l'image qu'il nous donne des
groupes sur lesquels porte son étude est incomplète. Nous autres
archéologues et linguistes, nous lui répondrons que la carte des
t3'pes humains et celles des langues, des civilisations et des peuples
ne coïncident pas nécessairement, que leurs variations ne sont pas
nécessairement homologues. Sur les mouvements préhistoriques
des peuples indo-européens les anthropologues ne nous donneront
jamais que des lumières imprécises.
M. Reginald A. Smith signale dans un article sur le Progress of
Prehistory in England i^iolii (p. 170), la découverte de tombeaux
belges à Welwyn, Hertfordshire, à 30 km. de Londres, contenant
des urnes funéraires du type balustre, deux sortes de chenets com-
posites, des amphores italiques, des gobelets d'argent de forme
classique et des bronzes capouans. Ces objets vont être publiés dans
V Archaelogia.
Plus loin (p. 227), M. Scliliz, continuant la polémique, que j'ai
résumée dans un récent compte rendu de Maniius (t. III, p. 31e
sqq.), réplique à M. Kossinna. Il maintient sur toute la ligne ses
affirmations et nie, entre autres choses, que les Bohémiens de la
civilisation d'Aunjetitz soient la souche commune des Celtes, Ita-
liotes et Illyriens. L'article dont je viens d'indiquer le sujet cons-
titue une affirmation plus topique et plus précise des thèses de
M. SchHz.
XV
Le D'' Hahne traite dans Maxxus, 1912, p. 70 (Dritfe Haiiptver-
saiiimlinig der deutschen Gcsellscbafl fi'ir Vorgeschichlc) d'un croissant
d'or trouvé à Schulenburg, cercle de Marienborg. C'est le premier
de ces croissants, qui sont des hausse-cols ou des diadèmes, qu'ait
iourni l'Allemagne. 11 se joint à la courte liste des croissants d'or
continentaux, témoignage de l'importation britannique d'objets
de civilisation qui se produisit au début de l'âge du bronze, avant
le temps où les peuples et la civilisation du continent se mirent à
rejaillir vers les Iles Britanniques. — M. G. Schwantes (p. 149), à
5i2 * Périodiques.
propos d'une dispute de priorité, résume et explique le système
des étages chronologiques, qu'il distingue dans la civilisation du
X.-O. de l'Allemagne après l'âge du bronze, et publie une intéres-
sante correspondance qu'il eut à ce sujet avec J. Mestorf.
M. G. Kossinna, en malmenant ce pauvre M. Schliz, ajoute
quelques mots à son tableau ethnographique de l'Europe à l'âge du
hromo. {Zur dlieren Bron\e\eit Mitteleiiropns, II, p. 173). Il y répète
que les Celtes sont une aile occidentale détachée par les peuples
du vocable d'Aunjetitz. L'aile orientale est illvrienne. M. Kossinna
s'occupe entre autres choses de certaines cruches qui caractérisent
les restes de l'une et de l'autre. Les celtiques se reconnaissent à un
décor de coches et d'entailles que ne présentent pas les illyriennes.
Préoccupé des Celtes et des Illvriens, M. Kossinna ne voit qu'eux
en ce moment et désigne comme « Urkelten » les premiers habi-
tants des terramares d'Italie, qu'il suppose d'ailleurs Italiotes. Que
diront les linguistes de cette façon de concevoir la parenté des
Celtes et des Ombro-Latins ? M. Kossinna en a-t-il consulté ?
XVI
M. H. -A. Ried décrit dans les Beitrage fur Anthropologie
UXD Urgeschichte Bayerxs, t. XMII, 1911, p- 114 sqq., deux
tumulus de l'âge du bronze, fouillés près d'Unterraenzig (Bez.
Mûnchen, I). Ces tumulus sont de ceux dont on dispuie en ce
moment s'ils contiennent ou ne contiLunent pas les restes les plus
anciens de peuples vraiment celtiques. Les objets qu'on y a trou-
vés sont de la deuxième phase de Tàge du bronze.
XVII
M. R. Bouillerot continue, dans la Revue préhistorique de
l'Est, 2" fascicule, 1912, p. 40 sqq., l'étude de la Cachette de la fin
de rage du bronie découverte près de Gray (Haute-Saône). Il en est
aux menus débris, qu'il identifie avec un zèle scrupuleux et une
érudition servie par une très abondante bibliographie. Il y trouve
les restes minimes des roues d'un petit char sacré, des fragments
d'armilles ou de fibules à spires, de plaques de ceinture en fuseau.
L'amour de la comparaison le conduit jusqu'au lointain Orient. Il
serait sage de s'arrêter en Hongrie. Mais l'étape la plus intéres-
sante de la civilisation qui, de là, aboutit à notre France orientale,
c'est la Bavière; or je ne vois pas que l'auteur s'y arrête. Cette métal-
lurgie des pliases tardives, III, W et V, de l'âge du bronze, que
nous connaissons par les tumulus et les cachettes de la France
Périodiques, 5 1 ]
orientale, signale, pour une bonne part, l'avancée des peuples cel-
tiques qui, pendant longtemps encore, auront là leur quartier géné-
ral. Commerce sans doute et de lointaine portée, à considérer les
affinités complexes de ces objets, mais, somme toute, modeste, et la
bronzaille, que colportaient nos fondeurs, ne venait pas pour la
plupart de bien loin.
M. C. Jolv établit, p. 33 sqq., que Les Mules du Cl.uir de Faisou
sont cljiuissées de la Solea ferrea, forme première de l'hipposandalc .
Le n° 4 publie sous la double signature de l'abbé Breuil et de
M. R. Bouillerot des notes sur La Cacljelle de Choitssy (^Loir-el-
Cber). L'inventaire de cette cacbette rappelle très notablement
celui du Petit-\'illatte; elle appartient aux tout derniers temps de
notre âge du bronze. Qu'il me suffise d'appeler l'attention sur deux
poignards à douille (n"'' 5 et 13), dont les équivalents se trouvent
dans des dépôts contemporains à TOuest de la France et dans les
Iles-Britanniques, attestant des rapports de civilisation entre les
peuples établis, à l'Occident de l'Europe des deux côtés de la
Manche. Etaient-ce les premiers Celtes? Etaient-ce les Goidels? —
La. RevueÇ^p. 114), traite, apvciV Homme prébistorique (191 1, p. 399),
des Puits de la Nécropole barbare de Noiron-sous-Gevrey (Côte -d'Or),
respectés par la disposition des sépultures et peut-être en relations
avec elles. La poterie qui s'v trouve est sans doute peu instructive,
mais quoi de plus difficile a dater que la poterie commune ? Rien
de gallo-romain en tout cas; pas de traces de restes humains inci-
nérés; mais des ossements d'animaux étages. Au fond du puits qui
est décrit se trouvaient deux tètes de chevaux. Sacrifices funéraires ?
Peut-être. Mais attendons encore d'autres découvertes. — - M""^ Made-
leine Bouillerot (Le signe solaire au Xll^ siècle en Grèce, p. 119) fournit
des arguments à la symbolique solaire de M. Déchelette. Je crains
que le « C3'gnes hyperboréens » de la p. 122 ne soient des canards.
H. Hubert.
NÉCROLOGIE
ALEXANDER CARMICHAEL
C'est une des figures les plus nobles de l'Ecosse gaélique qui
disparaît avec Alexander Carmichael. Sa longue vie fut tout entière
consacrée à l'amour de sa langue et de son peuple, à l'honneur de
son pays. Il était né le i"^"" décembre 1832 dans l'ile de Lismore et
appartenait à une ancienne famille, dont les traditions sont mêlées
à l'histoire même du christianisme dans l'île. C'est un de ses
ancêtres, l'évêque Carmichael, surnommé (7// t-Eashitig Raii, qui
bâtit la cathédrale de Lismore. Destiné d'abord à l'état militaire,
Alexander Carmichael, par suite de la mort prématurée de son
père, dut se tourner vers une autre voie. Il entra dans le Civil
Service, et y fît toute sa carrière, dont les principales étapes sont
Greenock, Dublin, Islay, Skye, Uist, Oban et enfin Edimbourg, où
il passa les dernières années de sa vie. C'est là qu'il mourut le
6 juin dernier.
Dès sa jeunesse, il montra pour les traditions et le folk-lore de
l'Ecosse un intérêt passionné, qui s'éveilla surtout au contact de
la vie intime des populations insulaires de Skye et d'Uist. L'archéo-
logie aussi l'attira ; on lui doit la découverte de plusieurs pièces
qui sont aujourd'hui au Musée d'Edimbourg. Il tournit d'abon-
dants renseignements à ses amis, le D"" Skene, pour son Celtic Scot-
land, et John Gregorson Campbell pour ses Clan Traditions and
Popular Taies et ses Stories, Poems and Traditions of Fionn and bis
■warrior hand, deux volumes des IVaifs and Strays of Celtic Tradi-
tion, dont la Revne Celtique a parlé t. XI, p. 242, t. XII, p. 481 et
t. X\'I, p. 247. Ses productions personnelles sont dispersées dans
divers périodiques, notamment dans les Transactions of the R. Society
of Antiquaries of Scotland, dans les Transactions of the Gaelic Society
of hivernes s et dans la Celtic Revieiu, que dirigent, comme on sait,
Mr. D. Mackinnon et Mrs. W. J. Watson, née Caimichael. En
1900, il fit paraître ses Carmina Gadelica, recueil en deux volumes
de poèmes gaéliques qu'il avait recueillis lui-même et auxquels il
Nécrologie. 5 1 >
joignit une traduction anglaise; d'Arbois de Jubainville leur a con-
sacré un compte rendu dans la Revue Celtique, t. XXII, p. né.
J. Vendryes.
GEORGE HENDERSON
Après le vieillard, l'homme dans la force de l'âge : Mors indivi-
dua est.
George Henderson, mort à Glasgow au mois d'août dernier à
l'âge de 47 ans, était de ce petit groupe d'Écossais, qui unissent à
une connaissance intime de leur langue maternelle une solide cul-
ture philologique. Sa mort interrompt brutalement une œuvre qui
avait bien commencé et qui devait être féconde.
Il était né dans le comté d'Inverness. Après avoir fait ses pre-
mières études à Edimbourg, où il obtint le grade de Master of Arts,
il alla travailler à Vienne, où il se fit recevoir Docteur en Philo-
sophie, et à Oxford, où il fut Scholar of Jésus Collège. De retour
dans son pays, il exerça quehiue temps le ministère religieux dans
le Sutherlandshire, à Eddrachillis. Mais les travaux d'érudition
l'attiraient ; il fut nommé en 1906 chargé de cours de celtique
à l'Université de Glasgow, fonction qu'il occupa jusqu'à sa mort.
Il s'était tait connaître au public des celtistes dès l'année 1893
par une édition des œuvres du poète John Morison : Daiii lain
Gobha, The Pocnis of John Morison, vol. I, Oxford; vol II, Glasgow
(1896). En [897, il publiait à Edimbourg le Leabhar nan Gleann,
The Book of the Glens {'^oj p. 12°); c'était un recueil composite,
qui débutait par une traduction anglaise du travail de Zimmer, das
Mutterrecht hei den Pikten, et qui comprenait également une traduc-
tion anglaise de la « Neuvaine des Ulates >), Noinden Ulad, mais
où il y avait surtout un important recueil de poésies gaéliques
modernes. En 1899. George Henderson donnait à l'Irish Texts
Society une édition delà Fled Bricrend avec une traduction anglaise,
une introduction et de copieuses notes (v. Rev. Celt., XXI, 108-
iio). Enfin, tout dernièrement et coup sur coup, il publiait deux
ouvrages qui reçurent bon accueil du public savant :
The Norse influence on Celiic Scotland, 1910 (v. Rev. Ccli., XXXI,
401) et Survival in helief among the Celts, 191 1 (v. ibid., XXXII,
494 et suiv.).
On lui doit enfin deux séries d'articles, qui atteignent chacune
les dimensions d'un gros volume : l'une, publiée dans The Celtic
Revue Celtique, XXXIII. }4
5 lé Nécrologie.
Revieiu (t. I, 193-207, 352-366; t. II, 1-19, 133-153, 255-272,
351-359; t. III, 56-61), avait pour objet la Légende de Finn ;
l'autre, consacrée à une étude des dialectes gaéliques d'Ecosse, a
paru dans la Zeitschrift fiir Celiische Philologie, t. IV, p. 87-103,
244-275, 493-524 ; t. V, p. 88-102, 455-481.
La mort de George Henderson est pour la philologie celtique une
perte des plus sensibles.
J. \'exdryes.
I
ERRATUM
Ci-dessus, p. 353, ligne 8, il faut lire Alain le Grand zu. lieu
d'Alexis le Grand.
P. 462, lire le titre de l'article : An Caoch O Chinihain et 1. 3-4,
dans la parenthèse, lire simplement = An Caoch O Clumhain.
TABLE DES MATIERES
CONTENUES DANS LE TOME XXXIII
ARTICLES DE FOND
Pages
Supplément à VEssai d'un ùitulooiu' de la JUlèrature épique de F Ir-
lande de d'Arbois de Jubainville, par G. Dottin i
The Reproach of Diarmaid, par J.-H. Lloyd, O.-J. Bergin et
G. SCHOEPPERLE 4I
Zur Interprétation der Echtra Connla, par J. Pokornv 58
Altirisch sc<^iind, séjroud, sêgaind, par J. Pokorny. . 66
Le Mirouer de la Mort (suite), par É. Ernault 68
Miscellanea, par Kuno Meyer. 94
Two glosses in Valenciennes MS. 413, par E. G. Quiggin. 100
A propos de Tinscription d'Alise, par G. Poisson loi
The Death of Diarmaid, par J.-H. Lloyd, O.-J. Bergin et
G. SCHOEPPERLE . I 5 7
Bledhericus, Bledri, Bréri, par W.-J. Gruffydd i8o
Llyma Vabinogi Jesu Grist, par Mary Williams 184
Contributions à l'étude des romans de la Table Ronde (suite), par
J. LoTH 249, 403
Betha luiliana, par J. Vendryes 311
Ueber den Gebrauch des Futurums II im Irischen und ùber die
Bildung des altirischen Futurums, par Josef Baudis 524
Breton-moyen ^/cW/r, gallois givledic, par J. Loth 352
Une anecdote sur saint Colomba, par J. Vendryes . 354
Gloses bretonnes inédites du i.\e siècle, par J. Loth 417
The pretended exhumation of Arthur and Guinevere, parTimothy
Lewis et J. Douglas-Bruce 432
Mabon ab Modron, par W.-J. Gruffydd 452
An Caoch O Cluain, par E. C. Quiggin 462
L'étymologie du gaulois Diunias, par J. Vendryes 463
NÉCROLOGIE
A. Carmichael (J. Vendryes) 514
G. Henderson (J. Vendryes) 315
5i8 Table des matières.
BIBLIOGRAPHIE
Bibliotheca Celtica of the National Library ot Wales for 1909 and
1910 (J. Loth). ^74
G. CoFFEY, New Grange (J. Loth). 125
W. DiNAX, Monumenta Historica Celtica, I (J. Vendryes) 108
P. -S. DiNXEEN et T. 0"DoNOGHUE, Thepoemsof Egan O'Rahillv,
2c édition (G. Dottin) 127
R. Edens, Erec-Geraint (A. Smirnov) 130
E. Ernault, L'ancien vers breton (J. Vendryes). 117
M. Ge.moll, Die Indogermanen im alten Orient (J. Vendryes). . 114
L. Gougaud, Etude sur les loricae celtiques (J. Vendryes) 477
W. Havers, Untersuchungen zur Kasussyntax der indogerrna-
nischen Sprachen (J. Vendryes) 1 1 1
J. Hessen, Zu den Umfarbungen der Vokale im altirischen (J. Ven-
drves) 470
M. HôFLER, Organotherapie bei Gallo-Kelten und Germanen
(J. Vendryes) ^ 475
M. HôFLER, Volksmedizinische Botanik der Kelten (J. Vendryes). 1 1 5
G.-W. HoEY, An Irish Homily on the Passion (J. Vendryes).. . 559
Ph. Kropp, La Tènezeitliche Funde an der Keltisch-germanischen
Vôlkergrenze (H. Hubert) 564
R. Latouche, Mélanges d'histoire de Cornouaille (J. Marx)... 129
W. Lewis Jones, King Arthur in History and Legend (Mary
Williams) 119
W. M. Lindsay, Early Welsh Script (J. Vendryes) 478
D. Mackinnon, a descriptive Catalogue of Gaelic Manuscripts
(J. Vendryes) 362
W. Meredith Morris, A Glossarv of the Demetian dialect of
North-Pembrokeshire (J. Vendrves) 360
Kuno Meyer, Betha Colmdin maie Lùachâin (J. Vendryes) 357
Kuno Meyer, Hail Brigit (J. Vendryes) 118
A. Perceval Graves, Welsh Poetrv Old and New (J. Ven-
dryes) : 48 1
J. PoKORNY, Der Gral in Irland und die mythischen Grundlagen
der Gralsage (J. Vendryes). 467
Sir John Rhys, The Celtic Inscriptions of Gaul, additions and
corrections (J. Loth) 366
D. J. Saer, The Story of Cardiganshire (Mary Williams) 122
Sailm Dhaibhidh (J . Vendryes) 480
O. ScHRADER, Die Indogermanen (J. Vendryes). 113
CHRONiaUE
Collection des vies de saints bretons (suite de la) 140
DÉCHELETTE (J.) ; son élection comme correspondant de l'Insti-
tut 138
Table des matières. 519
DoTTiN (G.) ; son manuel de moyen-irlandais 141
Ehrlich (H.); son interprétation du latin argutus . . 488
Festschrift Y. Thomsen ■ 376
Fischer (F.), Mots celtiques passés en Scandinave. 377
FouRNiER (P.) ; son élection à l'Institut 138
Gloses irlandaises (découverte de) 159
Harrison ; Surnames of the United Kingdom 488
HoLDER (A.), Altceltischer Sprachschatz, 20^ livraison 159
L'Irlande et le Home Rule, d'après Mrs Stopvord Green 486
L'irlandais en Irlande (statistique de). 485
Le Braz (A.), La légende de la Mort, 3e édition 492
LiDÉN (E.), Etymologies. 489
Manuscrits bretons (découverte de) .^90
Meillet (A.), Introduction à l'étude comparative des langues
indo-européennes, 5e édition 578
Meyer (Kuno) ; son élection à l'Académie de Berlin 483
Miscellany presented to Kuno Meyer 482
Ouvrages reçus , 582, 497
Périodiques nouveaux : Brittia 490
Gadelica 141
PoKORW (J.), L'origine du druidisme ... 379
Proverbes en breton de Vannes (collection de), par l'abbé Le Goff. 491
Publications relatives à l'Irlande (répertoire des), par M. R. Best. 488
RoBiNSON (F.-N.), Les deae matres 140
Rolland (E.) et son œuvre littéraire 489
School of Irish learning 381
Stern (L. Chr.) ; acquisition de sa bibliothèque par l'Université de
Dublin 138
Théâtre breton (la renaissance du), d'après M. Gustave Cohen 493
University Collège de Galwav ; programme des cours 379
Université de Chicago (cours de celtique à 1') 139
Université de Rennes ; programme des examens bretons 494
Université d'Urbana (cours de celtique à 1') 579
Welsh Language Society (The) 381
"WiLLL\MS (Mary) ; sa nomination à Manchester. 382
PÉRIODIQUES
Abhandlungen der kôn. preussischen Akademie der Wissenschaf-
ten 384
American Journal of Philology (The). ... 506
Analecta BoUandiana 157, 508
Annales de Bretagne 150, 507
Anthropologie (L') 509
Archiv fur slavische Philologie 391
Beitràge zur Anthropologie und Urgeschichte Bayerns 312
520 Table des matières.
Boletin de la Real Academia de la Historia 599
Bulletin de la Société archéologique du Finistère . 149
Celtic Review (The) ^95
Folk-lore (The) 1 5 5 , 508
Fureteur breton (Le) 507
Gadelica. ^94, 504
Hermathena 151
Indogermanische Forschungen . . . . ..... 154. 589
Journal des Savants 385
Journal of the Folk-Song Societv 152
Journal of the R. Societv of Antiquaries of Ireland 144
Journal of the Welsh bibliographical Societv 152
Korrespoudenzblatt der deutsch. Gesellsch. f. Anthropologie 399
Mannus - 145, 395, 5 1 1
Mémoires de la Société de Linguistique 155
Praehistorische Zeitschrift 148, 510
Pro Alesia 398
Proceedings of the Prehist. Soc. of East-Anglia 143
Proceedings of the R. Irish Academy 390, 502
Revue des Études anciennes 150
Revue des Traditions populaires 155, 509
Revue numismatique 149
Revue préhistorique de l'Est 512
Remania 155, 508
Sitzungsberichte der kôn. preuss. Ak. der Wissenschaften 387, 501
Transactions of the Hon. Soc. of Cymmrodorion 400
Zeitschrift fur Celtische Philologie 498
Zeitschrift fur Ethnologie. 397
Zeitschrift fur vergleichende Sprachforschung 389, 506
Le PrupriéUiire-Géruut, H. CHAMPION.
MAÇON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS.
LIBRAIRIE ANCIENNF, H. CHAMPION, liDlTRUR
5, QUAI MALAQUAIS
H. D'ARBOIS DE JUBAINVILLE
La famille celtique. Etude de droit comparé. 1905, in-8 carré. . . i fr.
Comment était composée la famille, responsabilité pour crimes, légis-
lation des successions. — Le mariage, les épouses légitimes, les concu-
bines, les prostituées. — Les Celtes étaient-ils pédérastes ?
— Les Druides et les dieux à forme d'animaux. 1906, in-12.. . 4fr.
Les Druides comparés aux (iuliialri et aux Ualis. — Les Druides ont
été à Forigine une institution goidelique. — Différence entre les Goidels
etles Gaulois. — Conquête de la Grande-Bretagne par les Gaulois etintro-
duction du druidismeen Gaule : preuves linguistiques. — Les Druides dans
la Gaule indépendante et pendant la guerre faite par Jules César. — Les
Druides sous l'Empire Romain. ^ Les Druides en Grande-Bretagne et
quand l'Empire Romain eut pris fin. — Les Druides en Irlande. — L'im-
mortalité de l'âme. ^ La métempsychose en Irlande.
II. Les dieux prenant forme d'animaux dans la littérature épique de
l'Irlande. Enlèvement des vaches de Regamain : génération des deux por-
chers. Appendice : Jules César et la géographie.
J. LOTH
PROFESSEUR AU COLLÈGE DE FRANCE
Vocabulaire vieux-breton avec commentaire, contenant toutes les gloses
en vieux breton, gallois, comique, armoricain connues. Précédé d'une
introduction sur la phonétique du vieux breton et sur l'âge et la prove-
nance des gloses 1S84, gr. in-8 10 fr.
— Chrestomathie bretonne. 1890, gr. in-8. Ket 10 fr.
— Remarques et corrections au lexicum cornu-britannicum de Wil-
liams. 1902, in-8 2 fr.
— L'année celtique d'après les textes irlandais, gallois, bretons et le calen-
drier de Coligny. 1904, in-8. . 3 fr.
— Contribution à la lexicographie et l'étymologie celtique. 1906,
in-8. 2 fr.
— Les noms des saints bretons. 1910, in-8 3fr.
Origines, étymologics, histoire et archéologie des prénoms bretons.
— La langue romane et bretonne en Armorique. 1908, in-8, 30p. 2 fr.
— Questions de grammaire et de linguistique brittonique. Fasc. i .
La particule verbale A'o dans les langues brittoniques. iQii, in-8, 164
p 6 fr.
— Contribution à l'étude des romans de la Table Ronde. 1912, in-8
avec une carte 3 fr.
- Remarques et additions à llntroduction to Early Welsh de Stra-
chan. 191 1, in-8 5 fr.
LIBRAIRIE ANCIENNE H. CHAMPION, ÉDITEUR, s, QUAI MALAQÙAIS
LA
BRETAGNE ET LES PAYS CELTIQUES
Volumes in-12.
— I. Ch. Le Goffic. L'Ame bretonne, re série, 5e édit. Illustré 3 IV. 50
— II. A. Le Rraz. Vieilles histoires du pays breton 3 fr. 50
— m. L. TiERCELiK. Bretons de lettres. 3 fr. 50
— IV. G. DoTTiN. Manuel pour servir à l'étude de 1 antiquité celtique.
Epuise. En réimpression.
— V. Ch. Le Goffic. Lame bretonne, 2e série. 4^ édition. Illustré. ... 3 fr. 50
— VI. À. Le Br.\z. Au pays d'exil de Chateaubriand 3 fr. 50
— VIL L. DuBREuiL. La Révolution dans les Côtes-du-Nord 3 fr. 50
— VIII. Ch. Le Goffic. L'Ame bretonne. 5*= série, 3^ édition 3 fr. 50
— IX. E. Ern.\ult. L'ancien vers breton Cavec exemples). 2 fr.
Vient de paraître :
— X. Ch. Gexi.\ux. La Bretagne vivante 3 fr. 50
Sommaire. — La Bretagne pauvre. — LeCommunisme rural au pays Gallot. — La \"\c
bretonne. — Les Rebouteurs. — .Magiciens et Sorciers. — Le Culte de la Mort. — Les
Artisans bretons. — Le Mobilier breton. — Les pécheurs sardiniers. — Le Retour des
Islandais. — Les Sauveteurs bretons. — L'Enfant breton. — Proclamation de la Révolu-
tion dans un village morbihannais. — Chez les Bigoudens. — Le Pardon de Saint-Jean-du-
Doigt. — Ploërmel et Josselin. — Le Golfe du Morbihan. — Au Pays des Chupens blancs,
etc.
Ile série. Beaux volumes in-8 raisin.
I. F. -G. LeL.4.y. Histoire de la ville et communauté de Pontivy au XVIIP siècle
(Essai sur l'organisation municipale en Bretagne). 191 1, in-8, 396 pages. 7 fr. 50
IL Louis Eunius ou le purgatoire de saint Patrice, mystère breton en deux
journées, publié avec introduction, traduclion et notes, par Georges Dottin,
1911, in-8, 408 pages et planche 7 fr. 50
III. F. QuEssETTE. L'administration financière des Etats de Bretagne de 1689
à 1715. 19 II, in-8, 25 1 pages 6 fr.
IV. Léon DuBREUiL. Lavente des biens nationaux dans le .département des
Côtes-du-Nord (1790-1830). 1912, gr. in-8, de xviii-707 pages 15 fr.
V. Léon Dlbreuil. Le régime révolutionnaire dans le district de Dinan
(25 nivôse an II-30 floréal an III). 1912, in-8, cxxiii-186 pages 5 fr.
V^I. S. Caxal. Les origines de l'intendance de Bretagne. Essai sur les rela- i
tiens de la Bretagne avec le pouvoir central. In-8, 244 pages 5 fr.
Vient de paraître (/i/î'/W 1912):
TROISIÈME ÉDITION REFONDUE ET AUGMENTÉE
LA
LÉGENDE DE LA MORT
CHEZ LES BRETONS ARMORICAINS
PAR
Anatole LE BRAZ
AVEC DES NOTES
SUR LES CROYANCES ANALOGUES CHEZ LES AUTRES PEUPLES CELTIQUES
Par Georges DOTTIN
PROFESSEUR A l'uXIVERSITÉ DE RENNES
2 forts volumes petit in-8, ensemble 10 fr.
TABLE
DES PRINCIPAUX MOTS ÉTUDIÉS
AU TOME XXXIII
DE LA REVUE CELTIQUE'
I. Gaulois ou vieux celtique et ogamique
(Voir pp. III, 115, 116, 369, 391, 392, 401, 402.)
Abicus, 400.
Adgenoui, 368.
Aedui, 392.
Aestii, 392.
Aetura, 400.
'AXiopptE, 391.
Alugius, 400.
ambactus, serviteur, 377.
andoounaleo, 368.
Apronios, 371.
ataodô, avec larmes ? 370, 371.
awôtilvDOS, 370.
avotis, celui qui fait faire? 139, 370.
Balaudoni, 367.
bartib., aux enfants? 370, 371.
Belatucadrus, 369.
belion, feuille, 139.
Berga, 140.
Bergimus, 140.
Bergomon, 140.
Bergusia, 140, 370.
Betuuius, 502.
-bion, ce qui coupe, 502.
-bios, celui qui coupe, qui tue, 502.
Birakotôu, 370.
Boiohaemum, 391.
brâca, culottes, 377.
bratoude, avec plaisir? 368, 369.
bratout, 368.
Brig Rivros, 374.
BptroXayat, 391.
Kabiros, 367.
Cabrus, 367.
-cadros, beau, fort, 369.
kanten, 368.
Caricucotta, 400.
Carrodunum, 391.
Casaricus, 400.
Catianus, 371.
Cavarillus, 389.
Kauapoç, 389.
Cernunnos, 367.
Klamaki, 370.
Klirnitous, 368.
Cnusticus, 371.
Kobritoulôu, 370.
Comiogia, « conjugalis »? 367.
Congenno, 368.
Cornovia, 293.
koui, et? 367.
Cuneglase, « lanio fulve », 429,
430.
I. Cette table a été faite par M. Ernault.
Rn'uc Celtique, XXXIII. — Table.
Table des principaux mots éliidiês
Cunobelinus, 297, 416.
-de, 368.
dede, 368.
delgu, il tint? 372.
druidae, druides, 117.
Dugia, 367.
Dugiava, 367.
Dugiavus, 367.
dugiiontiio, mariage? qui servent?
369, 370.
Dumias, 463, 466.
dunum. ville forte, forteresse, 465,
466.'
duros, durou, ville, 465, 466.
Ecinnos, 368.
Hlouissa, 366.
'E~îoiov (azcov), 385.
Epona, 454.
Equos, 146.
Esomaro ? 371.
Esumopas, 371.
Esus, 371.
lance, javelot, 150, 155,
gaiso-
571-
Garma, 370.
giaoua, parente? 366.
gobedbi, aux forgerons ? aux prê-
tres ? 101-103, 570.
iade, 368.
ieuru, 371, 372.
Isca, 282.
'loulpv'.oç, 94.
Labrodiios, main généreuse ? 370.
Lanaknos? 368.
Latara, 391.
Latobius, 502.
Letauia, 392.
Lovocatus, 367.
Lugu-, 367.
Lugubalium, 367.
Lugudunum, 476.
Makkarioui, 367.
Maccarus, 367.
Maccius, 367.
Macco, 367.
Macconus, 367.
Magonti", 367.
MAGU, serviteur, 389.
Magourai, 566.
MAILAGURO, 5OI.
Mava-ta (nôÀt;), 386.
Maponus, 454, 456.
-maros, grand, 371.
Matrona, 454, 456.
Matugenos, fils de l'ours, 476.
Medsillus, Meddillus, 368.
Metlodunum, 465.
Missillus, 368.
Missoukos, 368.
Mitiesi, 367.
mitis, 367.
-mopas, fils? 371.
Moritasgos, qui écarte les mauvais
esprits? 371.
neddamon, 372.
Nemetes, 392.
neta, netta, 372.
Nouiodunum, 391.
-OGXOS, 95.
-ona, 454.
Onna, 367.
-onos, 454, 456,
Oxtai, 371.
-pe, et? 367.
Porius, 301.
npîTTaviza;', IIO.
Rennios, 400.
Rêva, 399.
rîgo-', 377, 392.
Rigodunum, 392.
Rigomagus, 392.
Rioumanos, 368.
ritou, 368.
Ritukalos, 368.
Ritumara, 368.
Ritus, 368.
-rix, 377.
Saiclus, 400.
Samotalos, 370.
sapsutaipe, 367.
sego-, 67.
sesia, 370.
Silouknos, 368.
au tome XXXIII.
III
Sirona, 454.
SmertuUa, 367.
sosin, 371.
. . . soui, 368.
su-, bien, 304.
Tasgia, 369.
Tasgius, 369.
Tincommius, 369.
Tincorigis, 369.
Tisabannô, 370.
-u, prétérit, 3e pers. sing., 37:
Ucuclis, 103, 370.
Ulcagnus, 474.
Veneti, 391.
Venobius, 502.
vidubion, hache, 502.
Ouindiacos, 367.
Virotautae, 258.
Virotuti, à celui qui guérit les hom-
mes ? au vrai médecin ? 258.
Vistla, 391.
visu-, digne, 307.
Volcae, 377.
II. Irlandais,
(Voir pp. 52-56, 58-65,65, 112, 119, 162,163,168, 169,172, 174, 179,
287, 312-318, 320-522, 325-345, 348-351, 354, 355, 357, 558, 360,
371,372, 389, 390, 473, 503-)
aball, pomme, 392.
abardall, très sombre, 407.
acrad, noble, 501.
adraim do, j'adore, 312, 313.
ailt, héros, 501.
air, ar, sur, au delà de ; (enlever) à,
61, 62, 97, 112.
air-, devant, pour, 506.
airbi roir, Airbe Rofir, 500.
airdam, « prodomus », 474.
airegem, plainte, 119.
airem, laboureur, 94.
airem, aireamh, compte, 369.
Airemôn, petit laboureur, 94.
airge, pâturage, pacage, 377.
air(i)unsu, plus difficile, 61, 62.
-àiste, -iste, 505.
aithben, mauvaise femme, 501.
aithech, maître de maison, 593.
Alenn, 118.
alfraits, rustre, 505.
ampoill, vase, 501.
and, ann, alors (régna...), 98, 99.
anféta, tempétueux, 501.
anféth, tempête, 501.
anfud, tempête, 501.
anse, difficile, 61.
Ard Mâcha, 96.
Artbe, 502.
ass(a)e, facile, aisé, 61, 62, 505,
506.
atchiu, je vois cela, 63.
atnoi, il le confie, 426.
atnuu, je promets, 426.
Auromun, Eruman, 95.
bâchai, bâton, 377.
baeth, fou, insensé, 377.
bagâiste, bagage, 505.
ban-tùath, sorcière, magicienne,
254.
bé, nuit, 489.
-be, celui qui coupe, qui tue, 502.
Beann Gulbain, 165.
beuaim, je frappe, 376.
bennacht, bénédiction, 577.
Beothach, 95.
berte, qui portent, 370.
bétgnad, foHe, 501.
Bethbe, 502.
biditecen, il te sera nécessaire, 503.
bîg, soyez, 504.
bîgi, soyez, 504.
bîhi, que vous soyez, 504.
Bile, 94.
bith, biuth, monde, 378.
Bith, 95.
bligim, je trais, 153.
Table des principaux mots étudiés
bôaire, maître du bétail, proprié-
taire, 392.
Bodb, déesse de la guerre, 391.
boicht, pauvre, 389.
boill, les membres, 475.
bolg, sac; chambre de soufflet, 146,
391.
borp, fou, 472.
brach, malt, 392.
briste, culottes, 505.
broiténe, mamelet, 473.
brugh, demeure, palais, 123, 125.
buiden, troupe, 473.
buile, folie, désespoir, 408.
buntâiste, avantage, 505.
caball, cheval, 378.
cabbdiste, chou, 505.
cdich, borgne, 377.
caichme, poitrine, 489.
càirthen, sorbier, 501.
caithem, consommation, 119.
Canan, 354-356.
carrmocol, escarboucle, 67 .
cass, crépu, 392.
cassai, sorte de vêtement, 393.
Caulann, Culann, 389.
caur, cur, géant, 389.
ceis, épieu, 378.
-céitbani, tu concordes, 376.
celt, enveloppe, vêlement, 501.
Celtar, 501.
Celtchar, 501.
cén, Ci'an, éloigné, 63 .
cendbert, casque, 430.
cerddcha, forge, 503.
cet-, premier, 592.
cétmuinter, épouse légitime, 114.
ciamair, ciamail, triste, 501.
cich, sein, 489.
Ciofach, Ciuthach, 50.
ciste, masse, 505.
ciste, caisse, 505.
ciuth, cheveux longs par derrière,
50.
ciuthach, homme sauvage, 49, 50.
claidim, je creuse, 392.
clé, gauche, 256.
cless, tour d'adresse, 155.
cliar, ménestrel, 372.
cliath, treillis, 392.
Cnoc AiHnne, 118.
cnuas, collection, trésor, 371.
cob, victoire, 392.
coche « clunis », 489.
cocraun, gl. consors, 383.
cocrich, frontière, 392.
coduinmail, gl. ut eliceat, 154.
coiclim, je ménage, j'épargne, 322.
coindealghaim, j'avise, 372.
coire, chaudron, 469, 473.
coiste, quête 505.
coit, hutte, 392.
colâiste, collège, 505.
Conbae, 502.
côr, gén. corad, héros, 389.
côrad, scélérat, 320, 321.
corâiste, courage, 505.
coss, pied, 489.
cotarsna, contraire, 392.
cothaigim, je nourris, 316.
crand, forme de bois, 145.
crannchur, « lancement de bois »,
sort, 383.
cret, voiture, 378.
cretair, relique, 369.
crob, main, 474.
croch, croix, gibet, 424.
crochaim, je crucifie, je pends, 424.
crod, bétail, richesse; salaire, 503.
croghan, butte déterre, 144, 145.
cross, croix, 378.
cruim, ver, 472.
cruth, forme, 472.
cubaid, harmonie, 384.
cuimliucht, utilité, 474.
cuing, joug, 474.
cuit, part, 474.
cumsanad, repos, 420.
cumsantis, ils se reposaient, 420,
421.
curach, sorte de bateau, 393.
daiss, meule de foin, 377.
dall, aveugle, 377.
dalte, dalta, disciple, 296.
damâiste, dommage, 505.
damnae, matière, 84.
derg, rouge, 501.
dergdn, puce, 501.
dergnat, puce, 501.
dermar, dermâr, dermair, dermail,
énorme, 501.
dessel, tour à droite, 256.
au loine XXXIII.
di'a, dieu, 377.
dinscni, mépris, 119.
do, à, 112.
docliûad, tu es allé, 388.
dochùadais, tu es allé, 388.
dodihel, gl. deerraverat, 431.
dôe, rempart, 464, 465.
dom, dam, maison, 473, 474.
droch, roue, 392.
drui, magicien, 316, 317.
drùth, joyeux, bouffon, 378.
dua, duae, rempart, 464-466.
duma, levée de terre, mur, rempart ;
tas, grande quantité, 463-466.
dumaigim, j'exagère, 463.
dùn, forteresse, 465.
dùnaim, j'enferme, 465.
durinmailc, gl. promulgauit, 154.
Eber, Émer, 94.
égem, cri, 119.
eirr, guerrier sur un char, 389.
elc, mauvais, 474.
-em, infinitifs, 119.
Eochaid, 385.
er-, ir-, très, 62, 505, 506.
erâin, aurâin, en avant-garde; excès,
97, 98.
Erem, Airem, 94.
Éremôn, Erimôn, 94, 95.
Erini, 96.
érimm, course, 96.
Eriu, 95.
escara, ennemi, 501.
escrae, ennemi, 501.
fâil. loup, 501.
Fâilbe, 502.
fâl, mur, 393.
feadinne, vigne sauvage, 429.
Fénius, 95.
fer, homme, 461 .
fethem, attente, 119.
fid, bois ; lettre, 383.
fidbae, serpe, 502.
fidchell, « intelligence du bois »,jeu
d'échecs, 384.
Find, Finn, 41-49, 55, 56, 157-160,
174, 516.
fintan, vignoble, 501.
fitir, il sait, 369.
fiu, digne, 119, 307.
flàith, seigneur, 393.
flesc, tige, baguette ; ligne centrale
de l'écriture ogamique, 383, 393.
foaim, je dors, 502.
foil, gîte, 473.
foil, bracelet, 473.
foirin, foule, gens, 473.
forgan, colère, 3 16.
Formenus, 387.
fothe, sous elle, 502.
frem oghuim ? « racine d'ogani »,
la lettre >i, 384.
fuirsire, parasite, 474.
gabhiach, fourchu, 377.
gae, javelot, 155.
Gavida, lOi.
geilt, volage, fou, 378.
glas.gl. croceo, rossei coloris, 430.
glegar, glegrach, bruyant, 501.
-gnad, état, 501.
goba, forgeron, ici, 102.
Goibniu, 102, 145.
goiste, gaiste, piège, 505.
gor, pieux, 501.
grâd, rang, 501.
gràtae, noble, 501.
grén, soleil, 62, 63.
guth, voix, 488.
iarn, fer, 378.
-igï, impér., 2^ pers. pi., 504.
immatai, à quoi tu es, 503.
in biucc, un peu, 368.
inchinn, cerveau, 476.
ind dirmith, gl. summatim, 368.
indithem, attention, 119.
ind ôindid, une fois, 368.
Ir, 95.
Iruath, Hérode, 316, 317.
irussa, aurussa, urussa, très facile,
62, 506.
iruth, irud, grande terreur, 62, 506.
issu, ïsu, Jésus, 193.
Laigin, les habitants de Leinster,
386.
laiste, loquet, 505.
Laithbe, 502.
lann, terre, 393.
lâr, sol, 430.
lau, lu, petit, 389.
Table des principaux mots étudiés
laubair, lubair, travail, 589.
leaba Dhiarmuda agus Ghràinne,
lit de Diarmuid et Grainne, crom-
lech, 505.
lind, élément liquide, 378.
lios, un fort, 123.
lîth, fête, 393.
locdiste, réduction de loyer, 505.
lôiste, « slouch », 505.
long, vaisseau, 378.
lorg, trace, 409
lothar, lothor, endroit où on lave,
503.
luaide, plomb, 393.
Lugba, 502.
lunta, nom d'une partie de la rame,
501.
luth, force, élan, 319.
Mâcha, Armagh, 95, 96.
Machacân, 96.
-magim, j'accrois, 393
maug-, mug, serviteur, 389.
mbleguîn, blegon, traite, 154.
menadach, sorte de mets, 578.
menmarc, passion, 501.
menme, pensée, 501.
mi-, mauvais, 501.
michair, aimable, 502.
Mil, 95.
missimbert, méchant jeu, 501.
mnd, de la femme, 367.
mod nad mod, « manière qui n'est
pas la manière » ; à peine, 64,
65.
Môethchelt, 501.
mog, gén. mogaid, serviteur, 371 .
Morrigain, reine des esprits, 371.
moth, « stupor », 472.
mruig, bruig, région, district, 123.
mug, gén. mogo, serviteur, 371.
muir, mer, 473.
muirriasg, marais de mer, 281.
muirsheisc, roseau de mer, 281.
Muiruisc, 416.
murial, caille, 473.
neas, instrument pour tourner un
vase de terre, 372.
ness, forme de bois, 145.
niab, excitation, vigueur, 501.
niabaim, j'excite, 501.
niabthach, vigoureux? 501.
niu, frêne ; lettre ; la lettre n, 384.
nitricfam, nous ne pourrons te gué-
rir, 502.
no, ou, 426.
uochit, nu, 589.
ôa, ae, foie, 476.
odhar, gris brun, 391.
oghamcraobh, «ogamen branche »,
ogam écrit, 383.
Oillaun, 355.
olc, mauvais, 474.
olsé, dit-il, 390.
omungnath, crainte, 501.
-on, diminutif, 94, 95.
orâiste, orage, 505 .
orc, baleine, 378.
ôth, ùath, terreur, 62, 506.
pâiste, pièce, 505.
pâiste, enfant, 505.
papa, ecclésiastique, 378.
pardiste, paroisse, 505.
Partholôn, 95.
pasdiste, passage, 505.
poca, poche, 378.
proind, dîner, 473.
prôiste, procès, 505.
râiste, misérable, 505,
râlaib, aux désirs, 62.
rân, superbe, 62.
rdth, fort circulaire en terre, demeu-
re seigneuriale entourée d'un
rempart en terre, 123, 145, 146.
ré, pour, 312.
remâin, au premier rang, 96, 97.
rethim, je cours, 474.
riasg, marais, 281.
ro-, 62, 502.
robuir, (du) rouge, 474.
ro chathu clôi, qui a livré des com-
bats, 1 19.
roicc, il atteint, 65.
rondiacht ? 64, 65.
ropsat, tu as été, 388.
rôstan, roseraie, 501.
routh, à la course, 474.
sdiste, sauge, 505.
-scaigim, je passe, 393.
i
au tome XXXIII.
VII
sciath, bouclier, 593.
ségdo, vaillant, 67.
ségond, ségund, ségaind, excellent ;
adroit ; champion, maître, 66, 67.
séig, faucon ; héros, 67.
Semirtn, 95.
seng, mince, 501.
sengân, fourmi, 501.
serc, amour, 501.
sgraiste, égratignure, 505.
sheela-na-gig, 146.
sius, longuement, 420, 421 .
slabra, bétail, 502.
slatt, perche, 430.
sluag, troupe, 393.
smiste, garçon insolent, 503.
-snaidim, je coupe, 393.
suacht, cuve? 320, 321.
sûil, œil, 140.
sùist, sùiste, bâton, 378, 505.
tdid, voleur, 393.
Taidgg, Taidc, Tadhg, 369.
tairnid, il s'enfonce, 63.
tais, pâte, 393.
taitnim, j'apparais ; je plais, 313.
Talgaeth, 355.
tarb, taureau, 378.
tâthut, est à toi, 60.
ten, arbre, buisson, 501.
tesbanat, ils manquent, 376.
testât, ils manquent, 376.
tiumlegun, gl. promulgatione, 154.
-tluchur, je parle, 393.
to-, t-, do-, 64.
toeb omna, « côté du chêne », con-
sonne, 383.
tôided, qu'il conduise, 97.
toissech, chef, 474.
tonach, tunique, 424.
tor, tour; chef, héros, 95, 96.
tôr-, 428.
tossach, commencement, 474.
traigthe, les pieds, 388.
trell, espace de temps, moment,
occasion, 503.
ti'iaithcherd, art magique, 255.
tùaithchleas, tour maladroit, 255.
tùare, nourriture, 389.
tùath, peuple, 250.
tùath, à gauche; nord; magique,
magicien, 254, 255, 258.
tùathach, magicienne, 254, 257.
tundsem, fait de fouler aux pieds,
119.
uastu, au-dessus d'eux, 502.
Uchadan, Ugden, 102, 103.
uirge, testicule, 501.
ur-, 506.
urlâiste, horloge, 505.
urraigi, urraig, airrig, errig, préfet,
312.
III. Gaélique d'Ecosse
bile, feuille, 139.
brugh, tumulus, 123.
forgan, colère ; bruit, i(
gagan, grappe, 177.
Lothian, 286.
riasg, marais, 281.
snodhach, sève d'un arbre, 371.
IV. PiCTE.
Trostan, 294, 309.
VIII
Table des principaux mois étudiés
V. Gallois.
(Voir pp. 187, 188, 190-193, 195-197, 208-217, 219, 220, 222, 224-239,
243, 246, 247, 347, 348, 350, 351, 362, 404-407.)
adneu, dépôt ; dépôt en terre, inhu-
mation, 426, 429.
aflafar, muet, 426.
afneued, sans chagrin, sans regret;
abondant, fécond, 426, 427.
afu, foie, 476.
ar, sur, 62.
arch ystauen, arche d'alliance, 231.
argyvrau, dot, 410.
Arthur, 115, 119-122, 432, 435,
436, 460.
awirtul, afrddwl, bien triste, 405,
407.
ban, quand ; depuis que, 406.. 409 .
bera, tas de blé, de foin, 370.
berwi, bouillir, 405, 409.
bit, monde, 405, 407.
blaenbren, « excellent bois », chan-
BleddrVi8o-i83.
boly, bola, ventre, 370.
brag, malt, 392.
Branwen, Brangwen, 302.
bro, région, district, 123.
buch, vache, 392.
buiw, (tant que) je serai, 405, 408.
buost, tu fus, 410.
byddin, troupe, 473.
cadeir, siège, 369.
cadr, beau, fort, 369.
Caduuallan, 299.
Caerlleon, 286.
Caerllion, 263.
canu, chanter, 71 .
canuan, petit chant, 71.
caradwy, aimable, 302.
carchar, prison, 459, 460.
cariad, amant, amante, objet aimé,
302.
casgoord, suite, satellites, 368.
cawr, géant, 389.
Kedweli, 386.
kelli, bois, 262.
cerdin, sorbier, 501.
Cemvw, Cormvall, 293.
keudawd, estomac; pensée, 405,
409.
chware, jeu, 453.
chwyrnu, ronfler, s'ébrouer, 75.
cig, viande, 392.
cigydd, boucher, 392.
cledd, gauche, 256.
cleheren, moucheron, 372.
clêr, moucheron, 372.
clwyr, cloer, clergé, 372.
clydur, abri confortable, 405, 407.
cnawd, chair, 92.
coelbren,« bois à pronostic », chan-
ce, 383.
Coheic, Ceheic, 412.
crefyddwr, croyant, 191.
creir, relique, 369.
croes, croix, 424.
crogi, pendre, 424.
cuddio, cacher, 71.
cwrwg, sorte de bateau, 393.
cwyddaw, cwyddo, tomber, 70.
cyfreu, joyau, ornement, 410.
Kyheic, 405, 406, 409, 411-413.
cymhwys, de même poids, conve-
nable, 281.
cvnhaliaf, j'avise, 372.
cynt-, premier, 392.
kywreu, paroles; chant, 406,410.
cywydd, mesure, 384.
dalen, feuille, 406, 410.
defnydd, denfydd, matière, 84.
derwvdd, druide, 427.
Dibrguyr, 300.
Diuunguallaun, Dinguallaun, Dun-
guallaun, 300.
dirgatisse, gl. concesserat, 429.
Diristan, Dristan, 403, 404, 406,
410, 411.
di\val, dyfal, actif, 405, 407.
au tome XXXIII.
IX
do-, 428.
dodi, mettre, 429.
dodwy, déposer, 429.
Dubr-Duiu, Dyvyr-Dwy, 300.
dywal, cruel, 407.
-edic, -edig, 428.
eirif, compte, 369.
Erim, 96.
erniwaf, je déplorerai, 427.
ernyw, chagrin, 427.
ernywed, chagrin, 427.
ertiwul, folie, passion folle? 405,
408.
Essyllt, 293.
Euryn, doré, 456, 457.
ew, il; particule verbale, 405, 408.
ewnis, efnys, hostile, funeste ; en-
nemi, ennemis, 406, 411.
fechid, il gronde de fureur, 404,
406, 410.
fechvn, (foi) ardente, 410.
finnaun, fontaine, 298.
gadu, laisser, concéder, 429.
gieu, nerf, 367.
glas, fauve, roussâtre, brillant, 430.
glitinne? « scutulis, vestibus scutu-
latis, orbiculatis », 100.
gof, forgeron, loi.
gogledd, à gauche; nord, 255, 256.
golchi, laver, 405, 409.
gosgordd, troupe, clan, famille, 368.
Gratlaun, 300.
Guir Cetgueli, 386.
guursebalt ? « eseforium, parva tu-
nica », 100.
gwaelod, le bas, 303.
gwal, gîte, tanière, 473.
gwala, plénitude, 370.
gwalch, faucon ; héros, 67.
gwant, il perça, 430.
gwanu, percer, pénétrer ; se glisser,
se faufiler à travers, 430, 431.
gv^-ayw, lance, 408.
Gweir, viril, 459-461.
gvverin, foule, 473.
gwisgaw, gwisgo, vêtir, 71.
g\viw, digne, 307.
gwlad, pays, royaume, 297, 353.
gwledig, chef suprême, 352.
gwr, homme, 461.
G\Ari, viril, 456, 457, 461.
Gwron, grand homme, 461.
gwrthneu, refuser, récuser, 426.
gwyddbwyll, « intelligence du
bois », jeu d'échecs, 384.
gwylaw, gwylo, pleurer, 71.
gwyr, il sait, 369.
Gwyr, 386.
heintnod, pestilence, 501.
heinyf, vif, allègre ; (terre) luxu-
riante, 405, 408.
herwid, herwydd, suivant, selon ; à
cause de, 405, 408.
hil, semence, 83.
hud, illusion, encharitement, 249,
250.
huyscur, au trait (javelot, pique)
hardi; prêt à l'attaque, 405, 407.
iach, bien portant, 392.
in deu, nous deux, 406, 413.
Lancarvan, 271.
laur, llawr, sol, 421, 424, 430.
lladmervdd, interprète, 183.
Uanerch, clairière, 151.
Llanrothal, 296.
llath, perche, 430.
Uaw, main, 370.
Llawfrodedd, 370.
Lleyn, 386.
llwrw, trace, sentier ; piste, pour-
suite ; en ce que, du moment
que, en ce qui concerne, en fait
de, 405, 409.
Llys, 123.
Llvwarch, 367.
Llywelydd, 367.
Llywelyn, 367.
Lotor a Fotor, 459.
Loumarch, 367.
Mab Mawr, grand fils, 454.
Mabon, grand fils, 452-461.
mach, caution, 367.
Manau Guotodin, 386.
Manaw, Manau, 386.
Manawyddan, 459.
March, 406, 411 .
Maredud, 254.
Table des principaux mots étudiés
Mechyd, 404.
Medraud, 298.
men, myn, où, 410.
menic, mynnic, lieu, où, 406, 410.
menic, mynych, souvent, 410.
Meriadoc, 301.
meu-, serviteur, 367.
Modron, grande mère, 454.
moniu, buisson, 287.
Moniu, Miniu, Mynvw, 287, 386.
Morcant, Morgan, 250.
Morgan Tut, 135, 249-258, 371.
Morgannuc, 297.
morhesg, roseau de mer, 281.
Mvdron, Modron, 459.
Mynweir, 459-461.
Mynweir a Mynord, 459.
-n, nous, 409.
Nantcarvan, 271.
neu, ou, 426.
neuaf, je suis abattu, perplexe, je
regrette, 425-427.
neued, affliction, regret, 425-427.
-nod, 501.
nodd, jus d'une plante, sève d'un
arbre, 371.
nwyf, vigueur, 501.
nwyfo, exciter, 501.
Ondryaw ? 1 3 1 .
pau, peu, région, contrée, 252,253.
pebrur, pebir gur, le beau guerrier,
406, 410.
peth, morceau, 474.
peues, contrée, 252.
Pir, Pyr, 301.
Pryderi, 457, 460.
pyr, depuis que, parce que, 405,
407.
Rhiannon, grande mère, 454-456.
rhieni, reines ; dames ; parents, 455.
Ridol, 296.
ron, lance, 405, 408.
ron, quand même, même s'il était
possible, 405, 408.
Rotri, 370.
ryhawt, généreux, 428, 429.
ryodic, reodic, généreux, fier ; pro-
digue ? 428.
Sach a Salach, 459.
Se ac Asse, 459.
Souir ac Ovir, Sodome et Gomor-
rhe, 459.
syberw, orgueilleux, 131.
tân, feu, 76.
Teyrnon, grand roi, 455, 456.
toes, pâte, 393.
treis, violence ; enlèvement, rapt
fait avec violence, 405, 408.
Tristan, 293.
trwvnfFychein, gronder en jetant
une haleine enflammée par les
naseaux, 410.
tud, nation, 250, 251, 257.
Ty Gwvnn, 415.
vuam, nous fûmes, 406, 410.
warthav, la plus haute, 303.
Wysc, 282.
y, à, 112.
Yessu, Yssu, Jésus, 193.
ymmenydd, cerveau, 476.
yndda, bien, 568.
Ynys Pyr, 301.
vr, sur, 62.
vsbïo, épier, 70.
yscinvaen, montoir de pierre, per-
ron, 405, 407.
yscwr, trait, javelot, pique, 407.
VI. CORNIdUE.
(Voir p. 291.)
-adow, adj. 302. Angrès ? 304.
Alternon, Alternun, autel de Nonn, Austol, 272.
292.
au lame XXXIII.
XI
barth, bouffon, 266.
Bleri, 263.'
Blcthu, 265.
Bodrugan, Bodrigan, 271, 275, 276.
bros, aiguillon, 303.
Cadio, 297, 301.
Cadoalant, 299.
Cador, 289.
Caduualant, 265.
Cadwallen, 298.
Caerleghion, Carlyon, 263, 279,
414.
Caer Lvdan, 289, 294.
Kaherdiu, Caerdin, Cairdine, 302.
Kair belli, 262.
Canal-Idy, Canalesy, Caneligey,
Canaligey, 303.
Kanelangres, 302-305.
Canoel, Kanel-, 303, 304.
caradow, aimable, 302.
Cardinan, Cardinham, 267, 289.
Caresk, 282.
Cariado, 297, 302.
Carlidden, 289.
Karn, 308.
Carnyorch, Carnyorth, le tertre du
chevreuil, 273.
Karn-Margh, tertre rocheux, cairn
de March, 273.
Karrek luz eu kuz, le rocher gri-
sâtre dans le bois, 285.
Çastel uchel coed, le château du
bois élevé, 262.
Kea, 278.
kelli, bois, 262.
Kelliwic, 262.
Kemew, Kernow, Cornwall, 288,
293.
Chirg\vin, terre blanche, 416.
Chygwinne, Chegwyne, Chywine,
maison blanche, 416.
kilmarth, la retraite, le lieu de
retraite de March, 273.
compes, égal, droit, 281.
composter, ordre, réglementation,
282.
cos, coys, bois, 282.
cres, grès, (partie) du milieu, 303.
crows, croix, 424.
Custentin,Costentin, 284, 294, 305.
Cyngelt, 294.
dcfnydh, matière, 84.
Dimelioc, 261, 414.
-din, citadelle, 302.
Dinan, 289.
dinas, forteresse, cité forte, 288,
289.
Dinas, Dynas, Dennis, 288-290,
302, 305, 308.
Dinas-Ie, 289.
Donoalen, Denoalen, 297, 299, 300.
egles, eglos, église, 298, 303.
Eglesros, 298.
Eselt, 293, 305.
Esturt, 290.
funten, pi. fontenio, fontaine, 298.
Gèrent, 265, 286.
gluat, patrie, 353.
Golant, 415.
golas, woles, (partie) la plus haute,
303.
Goran, 276.
Goron, 301.
Gorvenal? 301.
Gralan, Grealant, Grazelen, 300.
Gratcant, 300.
Griffin, 265.
guinbren, vigne, 424.
guitfil, bête sauvage, 425.
gwane, frapper, percer, 431.
Gydiccael, 294.
Harmony, 287.
heligen, saule, 425.
hen, vieux, 287, 288.
Henlan, Hellan, 299.
herwyth, au pouvoir, en compagnie
de, 408.
heschen, roseau, 281.
hir, her-, long, 288.
Hirmeneu, Ermenheu, 287, 288.
Hoel, 297.
Hudent, qui a de bonnes dents, 304.
la, Iva, 289.
Jordan, 262.
Lamb, 415.
lamm, labm, saut, chute, 415.
XII
Table des principaux mois étudiés
lan, lieu consacré, monastère, 271,
279.
Landege, 278.
Landu, le monastère ou l'église
noire, 279.
Lantien, Lanthien, Lantvan, Lan-
tyen, Lantïn, Lanzian, Lancien,
270, 271, 273, 276, 291, 304,
305,415.
Lanyon, Lanm, 270.
lesserchoc, « l'herbe d'amour »,
291.
lidan, large, ample, 289.
Lidan, 305, 308.
Loholt, 263.
luer, sol, 430.
Malpas, 276-278.
Marazion, Marazîn, 270.
Mariadoc, 297.
maw, serviteur, 367.
Meriadoc, Meriasek, 501.
Mewen, 272.
midil, moissonneur, 425.
milin, melvn, jaune, 425, 429.
Modret, Modred, 262, 298.
Mopes, 415.
Morcant, Morgan, 297.
Morhaytho, 502.
Morres, Moresc, Moreis, 280-285,
304, 305.
Moruurei, 265 .
Myrmen, 294.
Nanjîzel, 271 .
Nanscuk, 268.
nant, vallon, vallon arrosé par un
ruisseau, ruisseau, 271.
Nantellan, 271.
Nauntvane, Nauncyan, Nantian,
Nantyan, Nantyant, Nauteau,
270, 271.
naw, neuf, 367.
Newton, 265.
Nunsavallan, 415, 416.
Ongynedel, 294.
Otret, 292.
Pendîn, 302.
Pendinas, Pendennis, 288.
Penfontenio, 298, 501.
Penmark, 309.
Perinis, 297.
Per3's, 269.
Peticru, 290.
Pons mur, grand pont, 279.
Porth-Ie, Proth-Ia, 289.
Porthilly-Egles, 303.
Ponhillv-gres, 303.
povv, région, 252.
Restronguet, 280.
Ribrost, 265.
Riscaradoc, Ricaradoc, Rescraddck,
le gué de Caradoc, 261.
Rivalen, Rivalin, 297.
Rivalen Kanelangrès, 305.
Rosonwallen, 298.
Rospeth, 275.
Roswallen, 298.
Rouland, 298, 299.
Ruallou, 299.
Ruait, 299.
Rumuncant ? 265.
Sampson, Samson, 272, 305.
Talan, 299.
Talgollo, 298, 301.
Terradenec, terre à fougère, 288.
tew, épais, 367.
Tintagel, 261, 263, 270, 271, 273,
291, 304, 305, 309.
tir, chir, ter-, terre, 288, 416.
Tre-Bleri, 263.
Tregestentyn, Tregesteyntyn, Tre-
gostentin, la demeure de Costen-
tin, 284, 294.
Tregiffion, /I14.
Trelan, 299.
Trembath, 273.
Trestan, Tristan, 290, 305, 415.
Trevorgant, 297.
Trewallen, 298.
Trewvnt wartha, 303.
Trewvnt woyles, 303.
Tricoit, Trecoit, Trecut, Trecoyes,
la demeure du bois, ou dans le
bois, 283, 284, 305.
Triconscire, 265.
trig, treg-, séjour, lieu de séjour,
284, 288.
Trigg, 265, 272.
tus, peuple, 250.
t)', cliy, maison, 416.
au tome XXXIII. xiii
Urgan, 297.
wartha, (partie) la plus haute, 303.
VII. Breton armoricain.
(Voir pp. 266-268, 272,297, 509,420.)
a-bil, à verse, 82.
acerbite, violence, 72, 73.
adarre, adarrhe, de nouveau, 82, 83,
85.
adnou, dépôt, 422, 426, 429.
asçzony, aisance, facilité à faire les
choses, 85.
aez, eaz, aise, plaisir, commodité,
84.
aezamand, eazamand, aise, plaisir,
commodité, 85.
œzans, aise, plaisir, commodité, 85.
affliction, pi. ou, affliction, 86.
afligea, afBigein, affliger, 86.
aflijus, affligeant, 86.
Altrit, Altret, Autret, 292.
AIvred, 267.
-an, diminutif; nom de propriété,
303.
anaon, les âmes, 493.
anehoii, de lui, 71.
ânes, gène, suppHce, 72.
aneze, d'eux, 70.
anezoflf, de lui, 71.
Ankou, la Mort, 493.
aredec, regret, contrition ; doulou-
reusement ? 76.
a-rez, (passer) au ras, 88.
argourou, argouvreu, dot, 410.
arre, arrhe, de nouveau, 84, 85.
aruezet, arveset, attentif, 84, 85.
az-, as-, 76, 77.
azrec, aezrec, componction, contri-
tion, 76, 77.
azrecat, azredecat, avoir componc-
tion des péchés, 76, 77.
azrectet, arretet, regret, contrition,
76.
beledigueh, prêtrise, 77.
bern, tas, 370.
-berth-, faîte, 430.
binidiguez, bonheur, 77.
bleynenn, cime, 77.
Blohiu, 267, 300.
bodenn, asile, recel (d'un voleur),
92.
boet gloedic, viande au Comte,
352.
bot, bod, antre; asile, abri ; encou-
ragement, 92, 93.
bout ma é, quoiqu'il soit, 82.
bro, pays, 123.
cadoer, siège, 369.
Cadoualain, 298.
caezr, beau, 369.
cafïouus, caffouvs, caffuous, doulou-
reux, 70, 71.
campouis, égal en poids, 281.
canaff, chanter, 71.
canauenn, canafenn, canaffen, chant,
71-
canoenn, chant, 71.
canon, canon; règle, 72.
Canuel, 302, 303.
caoter, coter, chaudron, 292.
Caradou, aimable, 302.
Castel roe Marc'h, château du roi
Marc'h, 306.
c'hoari ar c'hontroll, contrarier, 68.
c'hoërgnus, de mauvaise humeur,
hargneux, revéche, 75.
c"huirinnat, hennir, 75.
cillant, (frapper) violemment, 82.
cillartt, pierre posée obliquement ou
debout sur son tranchant, 82.
cisternn, citerne, 71.
claff ouz claff, de plus en plus dou-
loureux, 72.
clehurin, mouche, 372.
cloer, clergé, 372.
Clutuual, 295.
cnot, petit d'un animal, 92.
XIV
Table des prùicipaux mots étudiés
cobrouol, gl. verbialia, 410.
compes, uni, égal, 282.
condaffnet, condamner, condamné,
82.
consonanç, beauté, 88, 89.
consonant, juste, admirable, 89.
contanancc, délai, 78.
conterol, contrôle ; contrariété, con-
tradiction, contredit, 69.
conterollein, contrôler ; contrarier,
contredire, 69.
conteroller-vor, contrôleur de la
marine, 69.
conterolli, contrôler, 69.
conterollour, contrôleur ; contra-
riant, contradicteur, 69.
contraliafF, contrarier, 68.
contraly, (sans) différence, opposi-
tion ; (salle de) torture, 68.
contrariaff, contrarier, 68.
contrel, contrell, contraire, contra-
dictoire ; contrariant, odieux, 68,
69.
contrêllage, opposition, contrariété,
69.
controliaht, gl. controuersiam, 68.
controll, contrell, contrcël, con-
traire, 68, 69.
controller, contrariant, 69.
controlli, s'opposer, contrarier, ré-
sister, 68.
controllia, contrarier, contredire, 68.
controllyer, contredisant, 68.
controllyez, contrariété, contradic-
tion, "68.
controUyus, contrariant, 68.
coscor, gens, famille, 368.
couezo, tomber, 70.
counteroll, contrerol, contrôle, 69.
counteroller, countroller, control-
lour, contrôleur, critique, censeur,
69.
counteroUérès, contrôleuse, 69.
counterolli, contrôler, critiquer, 69.
countreur, countrol, control, con-
traire, 69.
crecq, (le feu) prend, 76, 77.
crenon, trembler, 71.
croes, croas, croix, 424.
crot, petit enfant, 92.
cuhon, cacher, 71.
Custantin, 284.
daffnacion, daunacion, daounacion,
damnation, 88, 89.
daffnez, danuez, danvez, danve,
dannve,danfe, daiîné, daoné, ma-
tière, bien, 84.
damnation, damnation, 89.
damnet, daffnet, damné, 70, 71.
darleber, gl. phitonicus, 427.
deffoul, tourment, 86.
défoula, abolir, abroger, 86.
defoulançz, abolissement, révocation
d'une loi, d'un acte, suppression,
extinction décharge, etc., 86.
defoulapl, révocable, qui peut s'an-
nuler, 86.
dianaff, inconnu, 90.
dianaff, dianaû, disanaff, méconnais-
sable, 90.
diaznaoudecq, dianoudecq, mécon-
naissant, 90.
diaznauezet, dianavezet, inconnu,
90.
diaznauout, diaznaout, disaznaout,
dianaoueifi, méconnaître, 90.
dibatiantt, impatient, 71.
dicontananç, continuel, 78.
dieneft, méconnaissable, 90.
difïaranti, différencier, discerner, 72.
differance, diferanç, diffarançz, dif-
farancç, différence, 72.
differancifu, diffaranci, distinguer,
discerner, 72.
dihiliai, il égrenait (des épis), 83.
dilaouen, dvlouen, désolé, 78, 79.
dimoder, dvmoder, immodéré, 82,
83.
Dinan, petite forteresse, 302.
dineuz, vain, qui est sans façon,
sans mine, de peu d'apparence,
simple, informe, défiguré, mal
proportionné, 84.
disaçun, disacun, affreux, 86.
dishilya, disilha, dizilla, s'égrener,
s'échapper grain à grain, 83.
disneuz, de mauvaise façon, qui a
mauvaise grâce ; frivole, vil, bas,
méprisable, difforme, laid, défi-
guré, 84, 85.
disoulaç, désolant, 74.
distre, il revient, 70,71.
divoder, immodéré ; immodération,
8v
au tome XXXIII.
XV
dizneu, disneu, qui ne sait pas s'y
prendre, 84.
dodicouant, gl. extorsit, 422, 424,
450, 431.
dodiprit, 431.
Donuuallon-, Donguallon-, Dun-
guallon, Dunguallun, Dongual-
len, 299, 300.
dor-, tor-, 427, 428.
dorguid, gl. pithonicus, 427.
Driduual, 295.
droucq-neuz, droug-neu, mauvaise
grâce, mauvaise mine, 85.
duration, durée, 74.
efuo, effuo, boire, 70.
Eliduc, 267.
eluenn, eluen, elvenn, ehven, ehv,
pi. elguennou, étincelle, 90, 91.
enta, donc, 368.
eostik, rossignol, 378.
er c'hontroU-beo, ê controll-veo,
tout au contraire, 68.
-eson, 79.
espio, guetter, 70.
essony, essouny, essoine, excuse lé-
gale, 84, 85.
esteuziff, estuziff, éteindre, 74.
éternel, eternal, éternel, 86.
-etic, -idic, 428.
Etuual, 295.
eufi, euflen, pi. evelenno, étincelle,
90,91.
eulien, euliennen, etmcelle, 91.
evez, garde, 70.
evit, 'wit... da, quoique, 70.
fibla, battre, frapper fort, 91.
fîblad, fort coup donné en battant,
fibler, celui qui bat, qui frappe fort,
91.
fimble, fîble, boucle de porc, 91.
fimblein, fiblein, boucler le grouin,
91.
fiplhe, frapperait ; fiplo, torturera,
90,91.
flëmienn, boucle de porc, 91.
formai, fourmal, (ténèbres) profon-
des; (eau) pure, 78, 79.
francquat, franchat, francaat, fraii-
kaat, élargir, affranchir ; devenir
libre, aller mieux, 90.
funton, fontaine, 298.
glebour, moiteur, 81.
gloat, royaume, 352.
gloedic, chef suprême, comte, 352,
553-
goaz oz goaz, de pis en pis, 72.
goelo, pleurer, 71.
goude, après, 70.
gouelet, fond, 303.
Graalend, 298.
Gradlon, Grazlon, Grallon, 300.
Gralant, Graciant, 268.
giat : dre grat, aisément, 76, 77.
grignol, grignel, grenier, 69.
grisill, grisilh, gresilh, grêle, 82.
Gueithnoc, 314.
Guimarc'h, Gwivarc'h, 307, 308.
guinion, gl. uinalas, 429.
guoed, goez, sauvage, 424, 425,
429.
guoed guiniin,goezguinyenn, vigne
sauvage, 422, 424, 429.
Guoletec, 353.
gwisko, vêtir, 71.
ha d'ezaiî beza, quoiqu'il soit, 82.
halegen, saule, 425.
hary ? 78.
Helion, 267.
henia, ceci, 76, 77. "
hesc, lèche, 281.
hisslbarr, gui, 419.
Howel, Hoel, 268, 297.
hu, huée ; risée ; skei an huo da,
donner le signal à, par des cris,
75-
huernek, querelleur ; celui qui at-
taque de paroles, 75.
huerni, huerna, attaquer de paroles,
quereller, injurier, insulter, aga-
cer, 75.
huernn, clameur, 74, 75.
huernus, hargneux, querelleur, de
mauvaise humeur, 75.
hunvré, rêve, 89.
hunvréi, rêver, 89.
lamhaithoui, 302.
larnhaitou, 302.
XVI
Table des principaux mots éludiés
ifern, ivern, ihuern, inhuern, m.,
yffernn, f. enfer, 78, 79.
impacient, impatient, impatiant,
impatient, 70, 71, 86.
-in, 429.
inquietaff, très angoissant, 78.
Iseut, 295.
ludicael, 294.
ludwal, 295.
Jakes, Jacques, 268.
Jovinus, 267.
Juthael, 267.
kano, chanter, 71.
karget-rèz, (coupe) pleine à débor-
der, 88.
kelli, bois, 262.
kledour, abri, 81.
Kerneo, Cornouaille, 293.
Kerrualen, 298.
kerzin, sorbier, 501.
labourât, travailler ; opérer, être en
activité, 74, 75.
laedroun. voleurs, 369.
lah, gaule de la charrue, 430.
lamm, saut, chute, 415.
lann, terre inculte, 393.
Lantivy, 271.
lath, verge, perche, 422, 430.
laz-arazr, manche ou queue de la
charrue, 430.
lecquer, lacquaer, on met, 76, 77.
leiz, humide; plein, 81.
leizour, ruse? 80, 81.
lenno, lira ; expliquera ? 70.
Léon, 287.
Les, 123.
leskidic, brûlant, 428.
lisoureguez, paresse, 81.
lor, leur, soi, 417, 422, 424, 430.
Lostmarc'h, 506.
lourdonv, lourdise, 85.
lourdt, lourd, 85.
machtiern, représentant, caution du
tiern, grand seigneur soumis à
l'autorité suprême, 353.
manier, m. et f. manière, 76.
mao, gai, 367.
marc'h, cheval, 306, 307.
March, 306, 307.
Mari-Morgant, fée des eaux, 253.
men, où, 410.
milinion, jaunes, blonds, 422, 424,
42 s, 429.
milinon, jaunes, blonds, 429.
moan-euz-moan, de plus en plus
maigre, 72.
modestou, rêves fâcheux, 89.
Modrot, 298.
moeson, façon, mesure, 72.
molest, contradiction, 89.
molestou, rêves fâcheux, 89.
moucher, marchand de montres,
horloger, 89.
monstr, mounstr, monstre, 88, 89.
monstre, rêve importun et incom-
mode, 89.
monstrei, avoir des rêves fâcheux,
89.
monstrou, moustrou, montreu,
montre, revue, 89.
moiîtr, moiît, pi. moiîtrou, moiî-
treu, nioncho, montre de poche,
89.
Morcant, 250.
Morganes, fée, 253.
mortel, mortal, mortel, yS.
mor-vounstr, monstre de mer, 89.
mounstricq, petit monstre, 89.
mounstrus, monstrueux, 89.
moustr, rêve fâcheux, 89.
moustr, montre, revue, 89.
moustra, passer la revue, 89.
moustra, fouler, 89.
moustrer, (démon) incube, 89.
moustrericq, moustericq, cauche-
mar, oppression nocturne, 89.
muy ouz muv, de plus en plus, 72.
naounet, affamé, 92, 93.
naturabl, naturel, 80.
nebeudic, neubeudic, petit peu, 80,
81.
nedeu, nede, il n'est pas, 70, 71.
neusia, feindre, 85.
neuz, neu, né, forme, façon, figure,
apparence, semblant, physiono-
mie ; feinte ; décadence, 84, 85.
-o, infinitif, 70, 71 .
ober ar c'hontroll, ar c'hontrell,
au tome XXXIII.
XVII
contrarier ; ober c'hontel, faire du
bruit, ennuyer, gêner, faire tort,
68.
offanczet, offensé, 80.
offansabl, offlinczabl, irritant ; cou-
pable, 80.
-om, infinitif, 71.
-on, infinitif, 71.
-ony, 85.
ord, souillure, horreur, 84.
ordous, malpropre ; homme mal-
propre, 84.
ordousès, femme malpropre, 84.
organ, organe, 90.
ort, sale, 84.
-ou, infinitif, 71.
ourdousded, ordure, saleté, 84.
ourdousder, ordure, saleté, 84.
ouz, oz, euz, oc'h, contre ; (de
pins) en (plus), 72.
paou, région, 252.
parha-somet, accablant (de chaleur),
82.
pe dre, par quoi, par quel, 90, 91.
pe dre hent, pezrehent, pezdrehent,
par quel chemin, 91.
peinta, peinta, penta, peindre, 73.
peinta, faire des gestes avec les
mains en parlant pour mieux mon-
trer, 73.
peintadur, peinture, 73.
peintadurez, peinture, 73.
peintein, pènntein, peindre, 73.
peinter, peintre, 73.
pen, tête, 430.
penberthou, faîtes, 417, 422.
penitance, penetanç, pénitence, 72.
pented, attifée, 73.
pentet, peinctet, peint, 72, 73.
pentur, peinture, 73.
penturer, peintre, 73.
penturi, peindre, 73.
Per, 301.
Pères, Pierre, 269.
pez, morceau, 474.
pezalech, à quel lieu, 91.
Pezdron, 91.
pil, (pluie) à verse, 82.
pilad dour, averse, 82.
pilât, pillât, frapper, 82.
pillaff, piller, 82.
pmtr, peintre, 73.
pintra, peindre, 73.
Pirinis, Perinis, Perenes, l'île de
Pir, 301, 305.
plaesant, plesant, plaisant, agréable,
89.
plesanç, plaisir, 88, 89.
Plomarc'h, 306.
plouo, frapper, 70, 78, 79.
poan, f. peine, 78, 79.
Porzmarc'h, 306.
Pou Caer, Poher, 252.
Poulmarch, 306.
punissionou, punitions, 70, 71.
quent y daz espio, avant qu'elles te
guettent, 70.
raes, (chose) commode, 88.
raizein, bouleverser, 88.
Ran Uuoionan, la villa de Uuete-
nuuoion, 303.
reaz, res : war o — , (mettre les
choses) en ordre, (les tirer) au
clair, 88.
rebource, rebours, revêche, bizarre,
90.
rebourcein, reboursein, rebourser,
vomir, 90.
rebourcereah, vomissement, 90.
rebours : en ur ber — , « en un re-
tourne main », 90.
rec'h, tristesse, affliction, chagrin,
76, 77-
rec'hi, attrister, 77.
.rec'huz, triste, 77.
recour, recours ; secourir, sauver,
78.
recouranç, aide, 78.
reçzed, resed, rez, superficie rase,
niveau ; reçzed ê reçzed, au ni-
veau, de plain-pied, 88.
reisaat, rendre ou devenir tranquille,
.89-
reiz, rez, reih, reh, droit, régulier ;
habile ; clair, facile, bien ; règle,
88, 89.
rems, remps, durée ; espace (de la
vie), 86, 87.
remsi, rempsi, durer, subsister, 87.
remsy, espèce, 86, 87.
remziad, pi. aou, génération, 87.
XVIII
Table des principaux mots étudiés
rén, renaff, exister, 87.
renabl, compte, 80.
re peur-, tout à fait, 82.
res (e, en — ), (sous) forme de, 88.
rés, juste, 88.
rês, rez, ras, plain, uni ; plein, gar-
ni, fourni, bien rempli, 88.
resaat, devenir plus habile, 89.
rês-ribus, « rés le bord d'une me-
sure », 88.
Rethuualt, 295 .
reud, reudt, reut, redt, rude, roide,
inflexible; rond à force d'être
plein ; trapu, 80, 81.
reuda, reudi, redein, reudeiii, roi-
dir, se roidir, 80, 81.
reudder, reuder, redér, roideur, du-
reté, 80, 81.
rez, (bois) sans défaut, facile à tra-
vailler, 88.
rez : ober eur — da, chapitrer, 88.
rez, f. rangée, 88.
réz, réaz, niveau; ras, comble, plein
jusqu'aux bords ; rez, à fleur, au
niveau; ê rez, a rez, a réaz, au
niveau, au ras, de plain-pied, 88.
rezah, mettre à fleur, 88.
rez ar verenn, rasade, 88.
réz ha réz, au même niveau, 88.
rezo, rendre uni, raser, 88.
rez toupicq, rasade, 88.
Rimelen, Rivelen, 297.
Rituuald, 295.
Rituualt, 295.
Rivilin, 297.
Riwallon, Riuuallun, Riguallon,
Riwalan, Ruallen, 296-298.
ro-, 296, 428.
Roald, Ruald, 267, 294, 296, 305.
Roallen, Roallon, 298.
Rodait, Rudalt, Rodaud, Rozaud,
Rouzaud, l'homme au don élevé?
295, 296.
Roderch, Rozerch, 296.
roe, roi, 353.
roedennatï, défaillir, 81.
rogotetic, confié, 422, 428, 429.
Rohoiarn, 295.
Romael, 295.
Romin, 295.
Rotbert, Rotberth, Roperz, Roparz,
294.
roueden, roédèn, filet, membrane,
voile, taie, 81.
Rumanton, 295, 296.
rusabl, prudent, 86, 87.
ruset, rusé, 87.
Ruvalen, 298.
ruz, rouge, 296.
sal, salle ; séjour, 68, 70, 71 .
salu, sal, sauf, 68.
scianç, science, 77.
sciançet, savant, 76, 77.
sciir, (coup de) tranchant (d'épée),
82.
scrit, scryt, scruit, scruyt, écriture,
80.
sec'hour, sécheresse, 81.
sill, éruption lente, écoulement lé-
ger et fin, 83.
silla, découler, couler, fluer, 83.
sizlaff', sila, filtrer, 83.
spiaff, espérer, 70.
spya, spyal, spyeiii, épier, 70.
stai : lacat — , apaiser, mettre la
paix, 74.
stai : gouil , civadiére, 74.
stard-oc'h-stard, de plus en plus for-
tement, 72.
steuzi, éteindre, 74.
steûzia, fondre, disparaître, s'abîmer,
se perdre ; se ruiner, 74.
steuziet, avachi, aveuli, qui ne se
tient plus, 74.
stoùez, épines, ronces, buissons,
halliers, 74.
struj, état, 74, 75.
struj, pousses (de pommes de ter-
re), 74, 75-
struz, mine, contenance, façon, 74,
75-
struziet, (mal) façonné, qui a (mau-
vaise) mine, 74, 75.
stuz, manière, façon, état, 74, 75.
stuziet fall, qui a mauvaise mine,
75-
stuziou, stusiou, (tristes) états, ma-
nières d'être, 74, 75.
-t, prétérit, 3^ pers. sing., 430.
tan, m. feu, 76, 82.
té, fondu, 74.
au iomc XXXIIl.
XIX
temperanç, tfuipcrançz, tampcran-
cc, tempérance, modération, 80.
tempérant, tempérant, 80.
témperi, tempérer, 80.
teCiz, teùs, lutin, 74.
teûz, fonte, 74.
teuzi, fondre, 74.
tor-, 427, 428.
torleberieti, gl. phitonistarum, 427.
tornouidocion, malades (de corps et
d'esprit), 421, 425, 427, 429.
toruisolion, gl.fidis, 427.
tra, m. et f. chose, 77.
Trechmor, 505.
Trestan, Tristan, 306.
lud, peuple, gens, 250.
tutlie, teuz, esprit follet, lutin, 254.
Tutuarn, 306.
Tutwal, 295.
varia;son, variété, 78, 79.
-wal, -gual, 295.
-walt, 295.
Wihenucc, 267.
Wihumarc(h), 267, 285, 284, 309.
wiu-, digne, 307.
Wiuhomarch, Guyonvarc'h, 307.
Uuoetuual, 295.
Uuoetuualt, 295.
Universifyof Toronto
Library
Acme Library Gard Pocket
LOWE-MARTEM CO. limite»