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Full text of "Revue celtique"

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REVUE  CELTIQUE 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


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FONDÉE 

PAR 

H.    GAIDOZ 

1870-1885 

CONTINUÉE   PAR 

H.     D'ARBOIS     DE    JUBAINVILLE 
1886-1910 

DIRIGÉE       PAR 

J.    LOTH 

Professeur    au    Collège     de    France 


9 


G.  DOTTIN 


AVEC   LE    CONCOURS   DE 

E.  ERNAULT 


J.  VENDRYES 

Doyen  de  la  Faculté  des       Professeur  à  l'Université  Chargé  de  cours 

Lettres  de  Rennes  de  Poitiers  à  l'Université  de  Paris 

ET   DE   PLUSIEURS   SAVANTS   DES    ILES   BRITANNiaUES  ET   DU    CONTINENT 


Année    1912.   —  \'ol.   XXXIII 


Th.  8AA0GR 


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PARIS 

LIBRAIRIE   Honoré   CHAMPION,    ÉDITEUR 

5,   QUAI    MALAQ.UAIS   (6^) 

I  9  I  2 

Téléphone  .    828  20 


581487 


SUPPLEMENT  A  L'ESSAI  D'UN  CATALOGUE 

DE   LA 

LITTÉRATURE  ÉPIQUE  DE  L'IRLANDE 

DE 

H.  D'ARBOIS  DR  JUBAINVILLE. 


Le  Catalogne  de  la  Littérature  épique  de  F  Irlande,  par  H.  d'Ar- 
bois  de  Jubainville  a  rendu  et  rendra  aux  celtistes  de  grands 
services  en  les  renseignant  sur  les  manuscrits  et  les  éditions 
des  textes  épiques  irlandais.  Mais,  publié  en  1883,  aune 
époque  où,  si  l'on  met  à  part  le  premier  volume  des  Irische 
Texte  de  E.  Windisch  (1880),  la  masse  des  documents  en 
moyen  irlandais  n'avait  point  encore  fait  l'objet  d'éditions 
scientifiques,  il  a  besoin  d'être  complété  pour  conserver  sa 
valeur  pratique.  Je  crois  honorer  la  mémoire  du  maître  que 
nous  regrettons  et  épargner  quelque  peine  aux  celtistes  en 
publiant  les  notes  que  j'avais  portées  sur  mon  exemplaire  au 
fur  et  à  mesure  que  paraissait  un  texte  épique  ou  qu'était 
signalé  un  manuscrit.  J'ai  suivi  le  plan  et  je  me  suis  enfermé 
dans  les  limites  du  Catalogue.  M.  Paul  d'Arbois  de  Jubain- 
ville a  bien  voulu  me  communiquer  l'exemplaire  annoté  par 
son  pèreetj'ai  pu  y  relever  des  détails  qui  m'avaient  échappé. 

G.    DOTTIN. 


BIBLIOGRAPHIE 

Arbois  de  Jubainville  (H.  d'),  Le  manuscrit  irlandais  de 
Paris,  chez  H.  Omont,  Catalogue  des  manuscrits  celtiques 
de  la  Bibliothèque  nationale,  Revue  Celtique,  t.  XI,  p.  389- 
404. 

Revue  Celtique,  XXXIII.  i 


2  G.  Dottin. 

DoTTiN  {G. ^, Le  manuscrit  irlandais  de  Rennes,  Revue  Celtique, 
t.  XV,  p.  79-91. 

Gaidoz  (H.),  Les  manuscrits  irlandais  d'Edimbourg,  Revue 
Celtique,  t.  VI,  p.  109- 114. 

Book  of  Ballymole  (The),  with  introduction  bv  R.  Atkinson, 
Dublin,  1887. 

Book  of  Lecan  (The  Yellow),  with  introduction  by  R.  Atkin- 
son, Dublin,  1896. 

Mackinnon,  The  Glenmasan  Manuscript,  The  Celtic  Review, 
t.  I,  p.  3-10. 

Mackay  (G.),  Ancient  Gaelic  médical  manuscripts.  Caledonian 
Médical  Journal,  t;  VI  (1904). 

Meyer  (K.),  Addenda  to  Mr.  de  Jubainvilles  Catalogue,  Revue 
Celtique,  t.  VI,  p.  187-191. 

Meyer  (K.),  Celtic  Magasine,  t.  XII  (1887),  p.  208.  Cf. 
Revue   Celtique,  t.  VIII,  p.    189-190. 

Meyer  (K.),  The  Irish  ?nss.  al  Cheltenham,  The  Academy, 
mai  1890. 

Meyer  (K.),  compte  rendu  de  The  Yellow  Book  of  Lecan, 
Zeitschrift  filr  Celtische  Philologie,  t.  I,  p.  493-496. 

Meyer  (K.),  Supplément  à  la  description  du  Bodleian  B 
512,  Anecdola  Oxoniensia,  vol.  VIII,  Hibernica  minora, 
p.  39.  Voir  Stokes. 

Meyer  (K.),  The  Bodleian  ms.  Laud  éij,  Eriu,  t.  V,  p.  7- 
14. 

Meyer  (K.),  Das  Buch  der  Hûi  Maine  (Stowe  collection) 
Archiv  fur  Celtische  Lexikographie,  t.  II,  p.  138;  ms.  23. 
P.  3,  Royal  Irish  Academy,  ibid.,  p.  136. 

Nettlau  (M.),  Irish  texls  in  Dublin  and  London  manuscripts, 
Revue  Celtique,  t.  X,  p.  456-462. 

NuTT   (A.),   Textes  contenus  dans  le  ms.  H.    6.2,   d'après 


Catalogue  de  la  littérature  épique  de  l'Irlande.  3 

une  note    de   T.    K.    Abbott,    Revue   Celtique,     t.    XII, 
p.  203. 

O'Grady  (St.  H.),  Catalogue  of  Irish  Manuscripts  in  the 
British  Muséum.  Cf.  Revue  Celtique,  t.  XXV,  p.  84. 

Rawlinson  B.  J02,  with  an  introduction  an  indexes,  by  Kuno 
Meyer,  London,  1909. 

Stern  (L.  Chr.),  Le  manuscrit  irlandais  de  Leyde,  Rame  Cel- 
tique, t.  XIII,  p.  I. 

Stern  (L.  Chr.),  Notice  d'un  manuscrit  irlandais  de  la  biblio- 
thèque universitaire  de  Giessen,  Revue  Celtique,  t.  XVI,  p.  8- 
30. 

Stern  (L.  Chr.),  Die  irische  Handschrift  in  Stockholm,  Zeitschrift 
fur  Celtische  Philologie,  t.  I,  p.  115-118. 

Stern  (L.  Chr.),  Ueber  eine  Sammlung  irischer  Gedichte  in 
Kopenhagen,  Zeitschrift  fiir  Celtische  Philologie,  t.  II,  p.  323- 
372. 

Stokes  (Wh.),  The  Irish  verses,  notes  and  glosses  in   Harleian 
.    1802.  Revue  Celtique,  t.  VIII,  p.  346-347. 

Stokes  (Wh.),  Description  du  Livre  de  Lismore  dans  Lives 
of  saints  from  the  Book  of  Lismore,  Oxford,  1890,  p.  v. 

Stokes  (Wh.),  Description  du  RawHnson  B  512  dans  The 
tripartite  life  of  Patrick,  p.  xiv-xliii.  Voir  K.  Meyer. 

Stokes  (Wh.),  Description  du  manuscrit  de  Bruxelles  5100- 
4  dans  Félire  hUi  Gormain,  London,  1895,  p.  vu. 

Zimmer  (H.),  Gôttingische  Gelehrte  An^eigen,  mars  1887, 
p.  153  et  suiv.  (compte  rendu  du  Catalogué). 

Zimmer  (H.),  Beschreibung  der  Handschrift  F.  C.  (Liber 
hymnorum  des  Franciscains  de  Dublin),  Keltische  Studien, 
t.  I,  p.  13-16. 


4  G.  Dotlin. 

SUPPLÉMENT 

(On  n'a  pas  tenu  compte,  pour  l'ordre  alphabétique,  des 
voyelles  adventices  de  l'orthographe  irlandaise  ni  de  la 
notation  moderne  des  consonnes.) 

AccALLAM.  Voir  Agallamh. 

Agallamh  Coluimchîlle  7  ind  oclaig. 

Manuscrits  :  xyi*-'  s.  Dublin,  Trinity  Collège,  H.  3.   18. 
Imprimés  :  Publié  et  traduit  par  Kuno  Meyer,  Zeitschrift 
fiir  Cehische  Philologie,  t.  II,  p.  313-320. 

Agallamh  Cormaic  7  Fithil. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Hibernica 
Minora,  p.  82-83. 

Agallamh  na  n-oinmide.  VoiriMMTECHTANA  n-oinmhididhe. 

Agallamh  Oisin  7  Phadruig. 

Manuscrits  :  Edimbourg,  Advocates'  library  62  ;  — 
xvn'  s.  Giessen  1267,  f°  56  v°. 

Imprimés  :  Cf.  Cameron,  Reliqniae  Celticae,  t.  I,  p.  16^. 
The  Dean  of  Lisinorcs  Book,  V  éd.,  p.  no,  m,  143. 

Agallamh  na  Senôrach. 

Manuscrits  :  xv*  siècle.  Livre  de  Lismore,  f°  159  a-197  '-"' 
(fragments).  — xx"  s.  Oxford,  Bodleian  librarv,  Laud  610, 
f°  123  a-146  b  (fragments).  — xV  s.  Dublin,  Franciscains, 
n°2  (n°  27  de  Gilbert),  f°  1-129  a. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.  H.  O'Grady,  Silva 
Gadelica,  t.  I,  p.  94-233;  t.  II,  p.  101-265;  publié  par 
Wh.  Stokes,  Irische  Texte,  t.  IV,  p.  1-438  avec  traduction 
des  parties  non  traduites  par  O'Grady. 

Agallam  in  da  suad  ou  Immacallam  in  da  thuarad. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Revue  Cel- 
tique, t.  XXVI,  p.  4-64. 

Adbar  na  Tàna,  section  du  Tâin  bô  Cualnge. 

Aed  Baclam.  Voir  Stair  etc. 


Catalogue  de  la  littérature  épique  de  l'Irlande.  5 

AlDED    AlLELLA    J    CONAILL  CeRNAIG. 

Manuscrits  :  xiV^  s.  Edimbourg,  Advocates'  library  40, 
p.  3-5.  —  xV  s.  Dublin,  Trinity  Collège,  H.  2.  17,  f"  475 
b-476  b. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Zeitschrift 
fur  Celtischc  Philologie,  t.  I,  p.  1 02-1 11. 

AiDED  Athairne  ou  Tochmarc  Luaine. 

Manuscrits  :  xv<=  s,  Dublin,  T.  C,  H.  2.  17,  p.  464, 
col.  2. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Revue  Cel- 
tique, t.  XXIV,  p.  270-287. 

AiDED  Ceit  maic  Magach. 

Manuscrits  :  xiV^  s.  Edimbourg,  Advocates'  library  40, 
p.  7-8. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  The  Death-tales 
of  the  Ulsfer  heroes,  Dublin,  1906  (Todd  lecture  Séries, 
t.  XIV),  p.  36-42. 

AlDED    CeLTCHAIR    MAIC    UlTHECHAIR. 

Manuscrits  :  xiv=  s.  Edimbourg,  Advocates'  library  40, 
p.  9-11. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Death  Taies, 
Todd  Lecture  Séries,  t.  XIV,  p.  24-31. 

AlDED    CHLOINNE    LlR. 

Manuscrits  :  xvrii^  s.  Edimbourg,  Advocates'  library  56. 
Imprimés  :   Le  texte  d'O'Curry  a  été  réimprimé  par  la 
Society  for  the  préservation  of  the  Irish  language,  Dublin. 

AlDED    CHLOINNE   TuiREND. 

Manuscrits  :  xviii«  s.  Edimbourg  Advocates'  library  56. 

Imprimés  :  La  traduction  d'O'Curry  a  été  réimprimée 
dans  The  Gaelic  fournal,  t.  II,  p.  131-135,  176-183,  235- 
238,  260-269. 

AlDED    CHLOINNE    UiSNIG, 

Manuscrits  :  xvi*  s.  Edimbourg,  Advocates'  library  48. 
—  Fin  du  xV  s.  Edimbourg,  Advocates'  library,  53  (Gle- 


6  G.  Dottiti. 

nmasan  nis.).  — xvllI^s.  Edimbourg,  Advocates'  library  56 
(Peter  Turner  n°  3).  —  xviir  s.  Edimbourg,  Advocates' 
library  62 (poème). —  Dublin,  R.  I.  A.  StoweSéj,  f"  186 a. 
Imprimés  :  La  seconde  rédaction  a  été  publiée  et  traduite 
par  Wh.Stokes,7mr/;^  Texte,  t.  II,  p.  ioi-iS/\.  La  première 
rédaction  a  été  traduite  par  Thurneysen ,  Sagen  aus  demalten 
Iiiand,p.  1 1-20.  Cf.  Miss  Hull,  The  Cuchullin  Saga,  p.  23- 
53.  Voir  aussi  Cours  de  littérature  celtique,  t,  V,  p.  217-236, 
236-252,252-286  ;  Leahy,  Heroic  romances of  Ireland,  1905, 
t.  I,  p.  89-109;  Cameron,  Reliqniae  Celticae,  t.  Il,  p.  421- 
463  ;  Mackinnon  dans  The  Ccltic  Revieiv,  t.  I,  p.  12-17,  104- 
131,  cf.  Revue  Celtique,  t.  XXVI,  p.  268-270.  Une  rédac- 
tion moderne  a  été  publiée  par  la  Society  for  the  préserva- 
tion of  the  Irish  language,  OideChloinne  Uisnigh,  Fate  of  the 
Chiidren  of  Uisneach,  Dublin,  1898;  cf.  Revue  Celtique, 
t.  XVI,  p.  426-449;  D.  Hyde,  Zeitschrift  fiir  Celtische  Phi- 
lologie, t.  II,  p.  138-155;  A.  Carmichael,  Deirdire  and  the 
lay  of  the  chiidren  of  Uisne  orally  coUccted  in  the  island  ofBara 
and  literally  Iranslated.  London,  1905  {Transactions  of  the 
Gaelic  Society  of  hiver  ness,  t.  XIII,  p.  241-257);  Celtic  Maga- 
:^ine,  t.  XIII, p.  69-85,  129-138;  Leabhar  na  Feinne,  p.  19- 
29. 

AlDED    CONAILL    CeRNAIG.   Cf.   AlDED  AlLELLA. 

Manuscrits  :  xiV^  s.  Edimbourg,  Advocates'  library,  40. 

AlDED    CONCHOBAIR. 

Manuscrits  :  1300  Dublin,  R.  I.  A.,  D.  4.  2.  (Stowe, 
992),  f°  54  a  2.  —  xvi'^  s.  Edimbourg,  Advocates'  library, 
40,  p.  1-3. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  The  Death- 
tales  of  the  Ulster  heroes,  Todd  lecture  séries,  t.  XIV,  p.  2- 
22.  —  Traduit  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours  de  litté- 
rature celtique,  t.  V,  p.  366-373  ;  chez  Miss  Hull,  The  Cuchul- 
lin Saga,  p.  267-272,  et  par  R.  Thurneysen,  Sagen  aus 
dem  ait  en  Irland,  p.  69-72. 

AlDED    CONCULAINN. 

Manuscrits  :  xV  s.  Edimbourg,  Advocates'  library,  45. 
—  XYii"^  s.  Edimbourg,  Advocates'  library  38. 


Catalogue  de  la  littérature  épique  de  l'Irlande.  y 

Imprimés  :  publié  et  traduit  en  partie  par  Wh.  Stokes, 
Revue  Celtique,  t.  III,  p.  175-185;  traduit  par  H.  d'Arbois 
de  Jubainville,  Cours  de  liltérature  celtique,  t.  V,  p.  326- 
365.  Cf.  Miss  Hull,  The  Cucbullin  Saga,  p.  253-263. 

AlDED    CONLAOICH    OU    AlDED    ÉNFHIR    AlFI. 

Manuscrits  :  xvii'^  s.  Edimbourg,  Advocates'  library,  38. 
—  XVIII*  s.  Edimbourg,  Advocates'  library,  62 . 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Eriu,  t.  I, 
p.  113-121.  —  Rédaction  moderne  publiée  et  traduite  par 
G.  Dottin,  Revue  Celtique,  t.  XIV,  p.  119-136.  — Cf. 
Cameron,  Reliquiae  Celticae,  t.  II  (1892),  p.  59-62;  H. 
d'Arbois  de  Jubainville,  Cours  de  littérature  celtique,  t.  V, 
p.  51-65.  The  dean  of  Lismores  Book,  i*  éd,,  1862,  p.  35, 
36,  50-53;  J.-F.  CampheW, Leabbar  na  Feinne,  1872, p. 9-16. 

AlDED    CONROI    MaIC    DaIRI. 

Manuscrits  :  xv=  s.,  Oxford,  Bodléienne,  Laud  610, 
f°  117  a  2-117  b.  Cf.  Revue  Celtique,  t.  VI,  p.  187. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  R.  I.  Best,  Eriu,  t.  II, 
p.  18-35. 

AlDED     CrIMTHAINN    MAIC   FiDAIG    J    TRI    MAC     EcHACH     Mui- 
GMEDÔIN. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Revue  Cel- 
tique, t.  XXIV,  p.  172-207;  et  par  St.  H.  O'Grady,  Silva 
Gadelica,  t.  I.  p.  330-336;  t.  II,  p.  373-378. 

AlDED    DeRBFORGAILL. 

Manuscrits  :  xii'^  s.  Dublin,  R.  I.  A.,  Livre  de  Leinster, 
p.   125  a; —  D.  4.   2.  (Stowe  992),  f°  54  b  i. 

Aided  Diarmata  meic  Fergusa  Cerrbeoil. 

Manuscrits  :  1390,  Dublin,  T.  C,  H.  2.  16,  p.  171  ;  — 
xv^  s.  Livre  de  Lismore,  f°  94  b. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.  H.  O'Grady,  Silva 
Gadelica,  t.  I,  p.  72-82  ;  t.  II,  p.  76-88. 

Aided  Echdach  maic  Maireda. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.  H.  O'Grady,  Silva 
Gadelica,  t.  I,  p.  233-237,  t.  II,  p.  265-269. 


8  G.  Dottiu. 

AiDED  Hxi-iR  Airi.  Voir  Aided  Conlaoich, 

AiDED  Etarcomail,  scction  du  Tàin  bô  Cualnge. 

Aided  Fergusa  maic  Léide  ou  Echtra  Fergusa. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.  H.  O'Grady,  Silva 
Gadelica,  t.  I,  p.  238-252;  t.  II,  p.  269-285.  Cf.  H.  d'Ar- 
bois  de  Jubainville,  Zeitschrift  fi'tr  Celtische  Philologie,  t.  IV, 
p.  456-461. 

Aided  Fergusa  maic  Roig. 

Manuscrits  :  xiv^  siècle,  Edimbourg,  Advocates'  library, 
40,  p.  5-6. 

Imprimés  :  K.  Meyer,  The  Dcath-tales  cj  the  Ulster 
Herocs,  Todd  lecture  séries,  t.  XIV,  p.  32-35. 

Aided  Find.  Voir  Tesmholta  Corbmaic. 

Manuscrits  :  première  rédaction,  xv''  s.  Oxford,  Bod- 
léienne,  Ra\vlinson  B.  487  (c'est  un  épisode  du  Cath 
Finktraga). 

Deuxième  rédaction  ou  Tesmholta  Corbmaic  Ui  Cuinn. 
xv^  s.  Londres,  British  Muséum,  Egerton  1782,  f°  24  b  2  ; 
—  xv=  s.  Oxford,  Bodléienne,  Laud  6io_,  f°  121  b  i. 

Imprimés  :  Deux  fragments  de  la  première  rédaction  ont 
été  publiés  et  traduits  par  K.  Meyer,  Zeitschrift  filr  Cel- 
tische Philologie,  t.  I,  p.  462.  La  seconde  rédaction  a  été 
publiée  et  traduite  par  St.  H.  O'Grady,  Silva  Gadelica,  1. 1, 
p.  89-92;  t.  II,  p.  96-99. 

Aided  Fir  baith,  section  du  Tain  bô  Cualnge. 

Aided  Guill  maic  Carbada  7  Aided  Gairb  Glinde  Rige. 
Manuscrits  :  xiv'^  s.  Edimbourg,  Advocates'  library  40, 
p.  29-37. 

Imprimés  :  Extrait  publié  et  traduit  par  Zimmer,  Stein- 
meyer  s  Zeitschrift,  t.  XXXII,  p.  208-216;  en  entier  publié 
et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Revue  Celtique,  t.  XIV,  p.  396- 
449- 
Aided  in  togmaill  7  in  pheta  eoin,  section  du  Tàin  bô 
Cualnge. 

Aided  Lôich  maic  Mofemis,  section  du  TAin  bô  Cualnge. 


Catalogue  de  la  Uttèratiire  épique  de  l'Irlande.  9 

AiDED  Loch  A,  section  du  Tâin  bô  Cualnge. 

AlDED  LOEGAIRI    BuADAIG. 

Manuscrits  :  xiv^  s.  Edimbourg,  Advocates'  library,  40, 
p.  8-9. 

Imprimés  :  Publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  The  Death- 
tales  of  thc  Ulster  Heroes,  Todd  lecture  séries,  t.  XIV, 
p.  22-23. 

AlDED    LUGDACH   J  DeRBFORG AILLE. 

Manuscrits  :  xii'  s.  Dublin,  R.  I.  A.,  Livre  de  Leinster, 
125  a;  —  1300,  Dublin,  R.  I.  A.,  Stowe  992  (D.  4.  2), 
f°  54  b  I  ;—  xvi^  s.  Dublin,  T.  C,  H.  3.  18,  f°  728. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  C.  Marstrander,  Eriu, 
t.  V,  p.  201-218. 

AlDED  Maelfathartaig.  Voir  Fingal  Ronain. 

AlDED  MaELODRAIN   MIC    DlMA    ChROIN. 

Manuscrits  :  xii'  s.  Oxford,  Bodléienne,  Rawlinson  B. 
502,  f°  47  b  I  ;  —  xiv'-xV  s.  Rawlinson  B  512,  f°  né  a,  i. 

Aided  Meidbe  (Medba). 

Manuscrits  :  xiV  s.  Edimbourg,  Advocates'  library,  40, 
p.  6-7. 

Aided  Muircheartaig  maic  Erce. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Revue  Cel- 
tique, t.  XXIII,  p.  395-438. 

Aided  Nathcrantail,  section  du  Tain  bô  Cualnge. 

Aided  Nathi  7  a  adnacol. 

Manuscrits  :  xv^s.  Livre  de  Ballymote,  p.  248  a,  42. 

Aided  Néill  maic  Echach. 

Manuscrits  :  xii^  s.  Oxford,  Bodléienne,  Rawlinson  B 
502,  f°  47  a  1-47  a  2.  —  xiv^-xv-"  s.  Oxford,  Bodléienne, 
Rawlinson  B.  512,  f M  a  i  (fragment). 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Otia  Mer- 
seiana,  t.  II,  p.  84-92  ;  Archiv  fur  Celtische  Lexikographie, 
t.  III,  p.  323-324. 

Aided  na  maccraide  Ulad,  section  du  TAin  bô  Cualnge. 


lo  G.  Dottin. 

AiDED  OrlaIxM,  section  du  Tain  bo  Cualnge. 

AlDED    NA   TRI   X-AeD. 

Manuscrits  :  1300,  Dublin,  R.  I.  A.,  D.  4.  2.  (Stowe 
992)f°  54  b  I. 

Imprimés  :  publié  par  K.  Meyer,  Anecdota  ftom  Irish 
manuscripts,  t.  III,  p.  47-48. 

AiDED    Oengussa    m  Aie    Oenlama,    scction    du    Tain    bô 

CUALNGE. 

AiDED  TRI  MAC  n-Arach,  scction  du  TAiN  BÔ  Cualnge. 

AlDED     TRI      MAC     N-DiARMATA     MIC     CeRBAILL,     OU     OrGAIN 

etc. 

Manuscrits  :  xii'  s.  Oxford,  Bodléienne,  Rawlinson  B  502, 
f°  73  b-74  b.  —  xiv'^-xv"^  s.  Oxford,  Bodléienne,  Rawlinson 
B  512,  f''  115  bi,  p.  70-75. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Hibernica 
Minora,  p.  70-75. 

Aided  Ualand,  section  du  Tain  bô  Cualnge. 

Alexandre.  Voir  Scéla,  etc. 

AiLiLL  7  Etain.  Voir  Tochmarc  Etaine. 

Amra  Chonroi. 

Imprimés  :  publié  par  Wh.  Stokes,  Eriii,  t.  II,  p.   1-14. 

Airec  Menman  Uraird  maic  Coisse. 

Imprimés:  publié  par  M.  E.  Byrne,  Anecdota  J  roui  Irish 
manuscripts,  t.  II,  p.  42-76. 

Airecur  n-arad,  section  du  Tain   bo  Cualnge. 

AlREM   MUINTIRE    FiND. 

Manuscrits  :  1390,  Dublin,  T.  C,  H.  2.  16,  col.  768- 
770,  p.  119. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.  H.  O'Grady,  Silva 
GadeJica,  t.  I,  p.  92-96;  t.  II,  p.  99-101.  Cf.  The  Dean  of 
Lismore's  Book,  1^  éd.  p.  i,  2,  3. 

Airne  Fingin. 

Imprimés  :  publié  par  A.  M.  Scarre,  Anecdota  froin 
Irish  manuscripts,  t.  II,  p.  i-io. 


Catalogue  de  la  littérature  épique  de  l'Irlande.  1 1 

ASLINGE   CONCHOBAIR.    Voir  FlS    CONCHOBAIR. 
AiSLINGE  M  Aie  CONGLINNE. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  The  Vision  oj 
Mac  Conglinm,  London,  1892  ;  traduit  par  R.  Thurneysen, 
Sagen  ans  deni  allen  Irland,  p.  1 31-147.  Une  version  en 
irlandais  moderne  a  été  publiée  par  P.O'  Leary,  An  Craos 
Demhan,  Dublin,  1905. 

AiSLINGTHI    CONCHOBUIR. 

(Histoire  d'introduction  au  Tâin  Bô  Cualnge  d'après  ms. 
Stowe  992,  f°  49  b  2). 

AiTHED  Emere  le  Tuir  n-Glesta  mac  rig  Lochlann. 

Manuscrits  :  Dublin,  R.  I.  A.,  D.  4.  2  (Stowe  992), 
f°  84  b  2. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Revtie  Cel- 
tique, t.  VI,  p.  184-185,  cf.   190. 

AlTHED    GrAINNE    RE    DlARMAIT. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Zeitschrift 
fur  Cehische  Philologie,  t.  I,  p.  458.  Cf.  The  Dean  of 
Limore's  Book,  r'^  éd.  p.  20,  21,  30.  Cameron,  Reliquiae  Ccl- 
ticae,x..l,  p.  j2-jy,  Leahhar  na  Feinne,  p.  151. 

Baile  bic  Maic  De, 

Manuscrits  :  xiv-'  s.  Dublin,  T.  C,  H.  2.  16;  —  i$6o, 
Londres,  B.  M.,  Harleian  5280,  f"  41  b. 

Baile  Binnberlaig.  Voir  Scél  etc. 

Baile  Cuinn  Chetchathaig  ou  Baile  in  Scail. 

Imprimés  :  publié  par  K.  Meyer,  Zeitschrift  fiir  Celtische 
Philologie,  t.  III,  p.  457-466. 

Baile  Findachta  rig  Connacht. 

Manuscrits  :  xiv^s.  Dublin,  R.I.  A.,  Livre  de  Ballymote, 
p.  266. 

Bangleo  Rochada,  section  du  Tain  bô  Cualnge. 

Barralam.  Voir  Stair,  etc. 

Bas  Fhraoich. 

Imprimés:  The  Dean  of  Lisnwres  Book,  éà.  Mac  Laugh- 
lan,  p.  36,  54.  Leahhar  na  Feinne,  p.  32-33. 


12  G.  Dottin. 

BAS  Bhrain-  7  Dhiarmaid. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  D.  Mac  Donald,  The 
Cellic  Review,  t.  VI,  p.  131. 

BAS    AN    MACAIM    MOIR,    MIC   RIGH    NA    H-EaSPAINE. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  dans  An  Gaodhal,  t.  XIX, 
p.  1 39-141,  203-204. 

BEDE.  Historia  ecclesiastica  gentis  Anglorum. 

Manuscrits  :  xv^  s.  Oxford,  Bodléienne,  Laud  610.  f°  87 
b  1-92  a  I  (fragment). 

Imprimés  :  publié  par  K.  Meyer,  Zcitschrift  fur  Celtische 
Philologie,  t.  II,  p.  321-322. 

BiBUis  o  Hamtuir  (Bethadh).  Bevis  de  Hampton. 

Manuscrits  :  xv*'  s.  Dublin,  T.  C,  H.  2.  17,  p.  348  a- 
363  b. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  F.  N.  Robinson,  Zeii- 
schrifi  fi'ir  Celtische  Philologie,  t.  VI,  p.  173. 

BODACH    IN    CHOTA    LACHTNA. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.  H.  O'  Grady,  Silva 
Gadelica,  t.  I,  p.  289-296;  t.  II,  p.  324-331. 

Boroma  . 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Revue  Cel- 
tique, t.  XIII,  p.  32-117  et  par  St.  H.  O'Grady,  Silva  Gade- 
lica, t.  I,  p.  359-390;  t.  II,  p.  401-424. 

Briatharthecosc  CoNCULAiND,  épisode  du  Serglige  Concu- 

LAIND. 

BrISLECH     MGR     MAIGE     MURTHEMNE,     SeCtion      du       TÀlN      BO 
CUALNGE. 

Imprimés  :  en  partie  traduit  chez  Miss  Hull,  The  Cuchiil- 
liii  Saga,  p.  236-249;  publié  dans  The  Gaelic  Journal, 
t.  XI,  p.  81,  145,  161,  177. 

Bruiden  Atha. 

Manuscrits  :  1300  Dublin,  R.  1.  A.,  Stowe  992,  f°  GG  a 
-—  66  a  2.  —  XIV'  s.  Dublin,  T.  C,  H.  2  16,  p.  212,  col. 

95ï- 


Catalogue  de  la  littérature  épique  de  l'Irlande.  13 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Revue  Cel- 
tique, t.  XIV,  p.  241-249. 

Bruiden  bheg  na  h-Almaine. 

Manuscrits  :  Londres,  B.  M.,  Additional  18.747;  — 
Dublin,  R.  I.  A.,  Stowe  867,  f°  248  a. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.  H.  O'  Grady,  Silva 
Gadelica,  t.  I,  p.  336-342;  t.  II,  p.  378-385. 

Bruidhean  Chaorthainn. 

Manuscrits  :  1603,  Edimbourg,  Advocates'  library  34.  — 
xvii^  s.  Edimbourg,  Advocates'  library,  38.  —  xviii^  s. 
Edimbourg,  Advocates'  library,  58. 

Imprimés  :  publié  par  P.  Mac  Piarais,  Dublin,  1908.  Cf. 
Campbell,  Zm/;/;ar  ua  Feinne,  p.  86-88;  West  Highland  taies, 
t.  II,  p.  186.  Craigie,  The  Scottish  Revieiu,  1894,  P-  -75" 
276,  287-295.  Joyce,  Old  Celtic  romances,  p.  177-222. 

Bruidhean  Cheise  Corain. 

Manuscrits  :  Londres,  B.  M.,  Additional  18.747, f"  75  b. 
—  Edimbourg,  Advocates"  library  36. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.  H.  O'  Grady,  Silva 
Gadelica,  t.  I,  p.  306-310,  t.  II,  p.  343-347;  cf.  Irish  Echo 
de  Boston,  t.  IV,  n"  2  ;  The  Scottish  Reviau,  1894,  P-  ^75, 
277-279. 

Bruiden  Da  Chocae.  Voir  Togail  bruidne  Da  Choca. 

Bruiden  Da  Dergae.  Voir  Orgain  bruidne  Da  Dergae. 

Bruidhean  Eochdach  Bhig  Dheirg. 

Manuscrits  :  xviii^  s.   Edimbourg,  Advocates'  library  56. 
Imprimés  :  O'Brien,  Blaithfhleasg  de  Mhilseàinibh  na  Gaoi- 
dhelge,  p.    129.    Cf.   The    Scottish   Review,    1894,  p.    276, 
279-287. 

Caladgleo  Cethirn,  section  du  Tain  bô  Cualnge. 

Cano  mac  Gartnain.  Voir  Scéla  etc. 

Cairdius  Aenias  7  Didaine,  épisode  de  Imtheachta  Aeniasa. 
Imprimés  :  publié  et  traduit  par  T.  H.  Williams,   Zeit- 
schrifl  fur  Celtischc  Philologie,  t.  II,  p.  419-472. 


Ï4  G.  Dot  tin. 

Cath  Almaine. 

Manuscrits  :  xvii' s.  Bruxelles,  Bibliothèque  royale,  5301- 
20. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Revue  Cel- 
tique, t.  XXIV,  p.  41-70. 

Cath  Airtig. 

Manuscrits  :  xvr  s.  Dublin,  T.  C.  H.  3,  18,  p.  724. 

Cath  Boindi  ou  Ferchuitred  Medba. 

Manuscrits  :  Oxford,  Bodléienne,  Rawl.  B  512,  f°  i  a-2 
a  2  —  Lecan  35  r  b-353  a.  —  Dublin,  R.  I.  A.,  C.  I.  2 
(Stowe  872). 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  J.  O.  Neill,  Eriii,  t.  II, 
p.  174-185. 

Cath  Cairnn  Chonaill. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Zeitschrift 
fur  Celtische  Philologie,  t.  III,  p.  203-219. 

Cath  Catharda  ou  Cogad  siuialta  na  Romanach  (Pharsale 
de  Lucain). 

Manuscrits  :  1300  Dublin,  R.  I.  A.,D.  4.  2  (Stowe  992) 
p.    1-44.  —  Edimbourg,  Advocates'  library  46  (fragment). 

—  1633.  Dublin,  R.  I.  A.,  C.    6.    2.   (fragment). —  1698 
DubHn,  R.  I.  A.,  24  P.  3.  —  Dublin,  R.'l.  A.,  24  P.  17. 

—  Dublin  R.  I.  A.,D.  i.  i. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Irische 
Texte,  IV,  2. 

Cath  Cinn-abrad. 

Imprimés  :  publié  par  A.  M.  Scarre,  Anecdota  from  Irish 
manuscripts,  II,  p.  76-80. 

Cath  Crinna. 

Manuscrits  :  xv*^  siècle.  Livre  de  Lismore,  f"  121  a- 
123  a. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.  H.  O'  Grady,  Silva 
Gadelica,  t.  I,  p.  319-326  ;  t.  II,  359-368. 

Cath  Finn  Tragha. 

Manuscrits  :  Edimbourg,  Advocates'  library  58  ;  —  Chel- 
tenham,  Phillips  6467. 


Catalogue  de  la  littérature  épique  de  l'Irlande.  15 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Anecdota 
Oxoniensia,  Mediaeval  and  modem  séries,  vol.  I,  part  IV, 
1885. 

CaTH   FORGAIRID  ACUS  IlGÂIRIG. 

Manuscrits  :  cité  dans  le  livre  de  Leinster  95  a  38,  44. 
51  ;  102  b,  II  ;  103  a  23  ;  107  a  15. 

Imprimés  :  Cf.  Revue  Celtique,  t.  VI,  p.  188. 

Cath  Gabhra. 

Imprimés  :  The  Dean  of  Lismores  hook,  T'  éd.  p.  24,  25, 
32,  33,  35,  48. 

Cath  Gairighi,  section  du  Tain  Bô  Cualnge, 

Cath  Maige  Mucrime  ou  Fotha  Chatha  Mucrama. 

Manuscrits  :  xvii^  s.  Edimbourg,  Advocates'  library  38 
(3=  rédaction).  —  xV  s.  Oxford,  Bodléienne,  Laud  610,  i°  94 
d  17-97  ^  26  (2'  rédaction).  —  171 5  Londres,  British 
Muséum,  Egerton  106,  f°  i6b-25  a  (3^  rédaction);  — Eger- 
ton  150,  f°  58b-8i  a  (3^^  rédaction);  —  Additional  18.947 
f°  56  b  74  b  (3«  rédaction);  —  Egerton  118,  f°  38  a-48  b 
(3^  rédaction);  —  Egerton  114,  f°  46  a-53  b(3^  rédaction). 
—  XVIII'  s.  Cheltenham,  Phillips  10.278;  —  Phillips  6467. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.  H.  O'Grady,  Silva 
Gadelica,  t.  I,  p.  310-318;  t.  II,  p.  347-359  et  par  Wh. 
Stokes,  Revue  Celtique,  t.  XIII,  p.  426-474;  t.  XIV,  p.  95- 
96;  Cf.  The  Gaelic  Journal,  Sept.  1907  —  avril  1908. 

Cath  Muigi  Rath.  Cf.  Fled  Dùin  na  n  Géd. 

Manuscrits  :  Première  rédaction  :  xiV  s.  Dublin,  T.  C, 
Livre  jaune  de  Lecan  H.  2.  16  ;  —  Dublin,  R.I.  A.,  Stowe 
23  k,  44;  —  Dublin,  R.I.  A.,  BIV,  i  ;—  Dublin,R.  LA., 
Reeves  24  P.  9.  —  Bruxelles.  —  Deuxième  rédaction  : 
1390,  Dublin,  Livre  jaune  de  Lecan,  col.  945. 

La  deuxième  rédaction  a  été  publiée  et  traduite  par 
C.  Marstrander,  Eriu,  t.  V,  p.  226-247. 

Cath  Maige  Tured  na  Fomorach. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Revue  Cel- 
tique, t.  XII,  p.  52-130,  306;  traduit  par  H.  d'Arbois  de 
Jubainville,  Cours  de  littérature  celtique,  t.  V,  p.  393-448. 


i6  G.  boltm. 

Cath  na  tana  i-Selmain  Mide. 

Manuscrits  :  xii«  s.  Dublin,  R.  I.  A.  Livre  de  Leinster97 
a  17. 

Cath  Ruis  na  Rig. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  E.  Hogan  (Royal  Irish 
Academ}',  Todd  lecture  séries,  t.  IV).  Cf.  The  Acadewy, 
22  juillet  1893. 

Cathreim  Cellachain  Caisil. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Al.  Bugge,  The  viclo- 
rioiis  career  of  CeUachan  of  Cashel,  Christiania,  1905. 

Cathreim  Chonghail  Claringhnigh. 

Imprimés  :  publié  avec  introduction,  traduction,  notes 
et  glossaire  par  P.  M.  Mac  Sweeney,  London  1904  (Jrish 
Texts  Society  V). 

Cennach  ind  ruanada  in  Emain  Mâcha  (épisode  final  du  Fled 
Bricrend). 

Manuscrits  :  xiv^  s.  Edimbourg,  Advocates'  library  40, 
p.  69-72. 

Imprimés  :  publié  par  L.  Chr.  Stern,  Revue  Celtique,  t. 
XIII,  p.  28-31  ;  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Revue  Cel- 
tique, l.  XIV,  p.  450-459  ;  cf.  Celtic  Maga~ine,  t.  XII,  p. 
215-218. 

Ces  noinden  (ou  Noiden)  Ulad. 

Manuscrits  :  Dublin,  R.  I.  A.,  Stowe  872  (CI.  2)  f°  15 
a  2. —  Dublin,  R.  I.  A.,  Stowe  869  (B.  4.  2)  f°  127  b. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Hennessy  chez  S.  Fer- 
gusson,  Congal,  1872,  p.  92  ;  par  E.  Windisch,  Abhandluii- 
gen  der  Kôniglich-Sàchsischen  Gesellschaft  der  Wissenschaften, 
philologisch-  historische  Classe,  1884,  p.  338-342;  traduit  par 
Thurneysen,  Sageii  aus  dem  alten  Irland,  p.  21-24;  P^'' 
H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours  de  littérature  celtique,  t.  V, 
p.  32Q-325.  Cf.  miss  HuU,  The  Cuchullin  Saga,  p.  95-100. 

Cinnit  Ferchon,  section  du  Tâin  bô  Cualnge, 

Clesa  Conculaind. 

Manuscrits  :  1390  Dublin,  T.  C.,H.  2.  16,  p.    125. 


Cnlalogiic  ilf  1(1  lit Icral lire  épique  de  V Irlande.  17 

C61R  Anmaxn. 

Manuscrits:  première  rédaction:  1500  Dublin  T.  C,  H. 

3.  18.  —  Seconde  rédaction  :  xiv^  s.  Dublin,    R.  I.  A., 

Livre  de  Ballymote,  p.  249  a-255  ^-  ~~  ^^^  s.  Dublin,  R. 

LA.,    23.   P.  2,  p.    441-447; —  Edimbourg,  Advocates' 

library,  Kilbride  IIL 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Irische 
Texte,  t.  III,  p.   283-444. 

COMAIRLE    CONNACHT     O    RO    GHAB    MeDHB    lIuDH    7  BIADH    dI 

(histoire  d'introduction  au  Tain  b6  Cualnge  d'après  ms. 
Stowe  992,  f°  49  b  2). 

COMPERT  CONCHOBAIR. 

Manuscrits  :  1300,  Dublin,  R.  I.  A.,  D.  4.  2  (Stowe 
992),  f°  48  a  2-48  b  2.  —  xvr  s.  Dublin,  T.  C,  H.  4. 
22,  f°  42  a. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K,  Meyer,  Revue  Cel- 
tique, t.  VI,  p.  173-182.  Cf.  miss  Hull,  The  Ciichiillin 
Saga,  p.  3-6  ;  traduit  chez  H.  d'Arbois  de  Jubainville, 
Cours  de  littérature  celtique,  t.  V,  p,  3-21  et  par  Thurney- 
sen,  Sagen  aus  dein  alten  Irland,  p.  63-65. 

COMPERT    CONCULAINN.  Voir  FeIS  TIGI  BeCCFHOLTAIG. 

Manuscrits  :  1300,  Dublin,  R.  I.  A.,  D.  4.  2  (Stowe 
992),  f°  49  a.  —  Dublin,  T.  C,  H.  4.  22,  p.  41. 

Imprimés  :  Zeitschrift  fiir  Celtische  Philologie,  t.  V,  p.  500- 
504;  traduit  par  R.  Thurneysen,  Sagen  aus  dem  alten 
Irland,  p.  63-65  ;  traduction  critique  par  Duvau,  Revue  Cel- 
tique, t.  IX,  p.  I,  et  Cours  de  littérature  celtique,  t.  V,  p.  22- 
38.  Cf.  Zimmer,  Zeitschrift  fiir  vergleichende  Sprachforschuug, 
p.  419-426.  Miss  Hull,  The  Cuchullin  Saga,  p.  15-20. 

COMPERT  CONLAICH   (épisodc   du  ToCHMARC    EmERe). 
CoMPERT   CORMAIC    HUI    CuiND    OU    GeNEMAIN    CoRMAIC. 

Manuscrits  :  1390  Dublin,  T.  C,  H.  2.  16,  p.  r8o. 
Imprimés  :  St.  H.    O'Grady,    Silva    Gadelica,   t.    I,  p. 
253-256;  t.  II,  p.  286-289. 

Revue  Celtùjue,  XXXIII.  2 


iR  G.   Dot  tin. 

CoMPERT  MoNGAiN.  Voir  aussi  Serc  DuiBE  Lâcha. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K .  Meyer,  The  voyage, 
of  Bran,  London,  1895,  P-  4-~45  (Grimm  librarv  IV). 

COMRAC    CLAINNE    CaLATIN,  SCCtion   du    TÂIN    BO    CUALNGE. 
COMRAC    CONXULAIND    RE    SeNBECC    HuA    N-EbRICC. 

Manuscrits  :  1^00,  Dublin,  R.  I.  A.,  D.  4.  2  (Stowe 
992),!°  50  b  I. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Rei'tic  Cel- 
tique, t.  VI,  p.  183-184. 

CoMRAC  Ferguso,  section  du  Tàin  bô  Cualnge. 

CoMRAC  Fhirdead,  scction  du  Tàin  Bô  Cualnge. 

Imprimés  :  traduit  par  Leahy,  Heroic  Romances  of  Ire- 
land,  t.  I,  p.  1 13-159.  Cf.  Nettlau,  Revue  Celtique,  t.  X, 
p.  330,  t.  XI,  p.  23,  318. 

CoMRAC  Lairine,  section  du  Tàin  bô  Cualnge. 

CoMRAC  Leathain   fri    Coinculainn,    section    du    Tàin  bô 
Cualnge. 

CoMRÀD  CHINDCHERCHAILLE,  section  du  Tàim  bô  Cualnge. 

COMRANN    NA    ClÔENFERTA. 

Manuscrits  :  Oxford,  Bodléienne,  Rawlinson  B  502,  p 
134  a  40. 

COMTHOTH    LOEGAIRI    CO    CRETIM    7    A    AIDED, 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Ch.  Plummer,  Revue 
Celtique,  t.  VI,  p.  162-172. 

CoNCHOBAR  MAC  Nessa.  Voir  Scéla  etc. 

COPHUR   IN    DA    MUCCIDA. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  E.  Windisch,  Irische 
Texte,  t.  III,  i,  p.  230-275. 

CuRATHMiR  Emna  Macha,  épisodc  du  Fled  Bricrend. 

Dergruathar  Chonaill  Cernaig.  Voir  Aided  Conculainn. 
Imprimés  :  publié  dans  The  Gaelic  Journal,  t.  XI,  p.  i, 
I7>  33.  49>  65. 


Calalogiic  de  la  littérature  épique  de  r Irlande.  19 

DiNNSENCHAS. 

Imprimés  :  The  Dinnsenchas  of  Mag  Slecht,  edited  and 
translated  by  Kuno  Meyer,  chez  Nutt,  The  Celtic  doctrine 
of  rebirt h,  London,  1897,  p.  301  ;  The  Bodleian  Dinnshenchas , 
edited  and  translated  by  Wh.  Stokes,  Folklore,  t.  III,  p. 
467-516;  The  Edlnhiirgh  Dinnshenchas,  edited  and  transla- 
ted by  Wh.  Stokes,  Folklore,  t.  IV,  p.  471-497  ;  The  prose 
taies  in  the  Rennes  Dindshenchas ,  edited  and  translated  by 
Wh.  Stokes,  Revue  Celtique,  t.  XV,  p.  272-336,  418-484; 
t.  XVI,  p.  31-83,  135-167  ;  269-312  ;  Poemsfrom  the  Dind- 
shenchas, The  metrical  Dindshenchas,  text  and  translation  by 
Ed.  Gwynn,  Royal  Irish  Academy,  Todd  lectures  séries, 
t.  VII-IX). 

DOLUID    DiARMAIT    MAC    CeRBAIL    FECHT    N-AII.E. 

Manuscrits  :  xir'  s.  Oxford,  Bodléienne,  Rawlinson  B. 
502, .f°  47  b  2. 

Duanaire  Finn 

Manuscrits  :  1628  Dublin,  Franciscains  n°  2  contient 
dans  sa  seconde  partie  une  collection  de  '69  poésies  ossia- 
niques,  f°  1-94. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Eoin  Mac  Neill,  Dua- 
naire Finn,  the  hook  of  the  lays  of  Fïoiin,  London,  1908 
(Irish  texts  Society  VII). 

Echtra  Airt  Maic  Cuinn  7  Tochmarc  Delbchaim    ixgine 

MORGAIN. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  R.  J.  Best,  Eriu,  t.  III, 
p.  150-173. 

EcHTA  Brain  maic  Febail 

Manuscrits  :  xiv^-xv=  s.  Oxford,  Bodléienne,  Rawlin- 
sonB.  512,  f""  119  a  I -120  b  2. —  xvi^  s.,  Londres,  B.  M. 
Harleian  5280,  f°  43  a-44  b.  —  xvi^  s.  Stockholm,  biblio- 
thèque royale,  f°  i  b. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  The  Voyage 
of  Bran,  London,  1895,  p.    1-42  (Grimm  library  IV). 

EcHTRA    IN    CHETHARNAIG     CHAOILRIABAIG    NO    CHETARNAIG   Ul 
DOMNAIL  DO  RÉIR  DRUINGE. 


20  G.   Dot  tin. 

Imprimés  :  Silva  Gadelica,  t.  I,  p.  276-289  ;  t.  II,  p.  31 1- 
324;  Revue  celtique,  t.  XVI,  p.  15. 

ECHTRA  CHLOINXE  RiGH  NA   H-IORRUAIDHE. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  D.  Hyde,  London  1899: 
Advent lires  of  the  chilàren  of  the  King  of  Nonuay  (Jrish  texts 
Society,  t.  I). 

EcHTRA  ChONAILL   GhULBAIX. 

Manuscrits  :    wui"   s.   Cheltenham,   Phillips  10841. 

ECHTRA  CoNNLA  ChAIM  OU  RUAID. 

Manuscrits  :  xiv^-xv^  s.  Oxford,  Bodléienne,  Rawlinson 
B.  512,  f°  120. 

Imprimés  :  traduit  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours 
de  littérature  celtique,  t.  V,  p.  385-390,  et  par  R.  Thurneysen, 
Sagen  ans  dem  alten  Irlaiid,  p.  73-76,  d.  J.  Jacobs,  Celfic 
fairy  taies,  p.  1-4. 

EcHTRA  CoRMAïc  (Maic  Airt)  I  tIr  tairxgiri  j  Ceart  Clai- 

DIB  CoRMAIC. 

Manuscrits  :  xV  s.  Dublin,  R.  I.  A.,  Livre  de  Fermoy 
(fragment). 

Imprimés:  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Irische 
Texte,  t.  III,  i,p.  183-229. 

ECHTRA  FeRGUSA   MAIC  LeTI   OU  AlDED  FeRGUSA. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.  H.  O'  Grady,  Silva 
gadelica,  t.  I,  p.  238-252,  t.  II,  p.  269-285. 

EcHTRA  FiND. 

Manuscrits  :  xvi'  s.  Leyde,  Vossii  cod.  lat.  7,  f°  ir"-2r°. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  L.  Chr.  Stern,  Revue  Cel- 
tique, t.  XIII,  p.  5-22.  Cf.  Wh.  Stokes,  Find  and  the  Phan- 
toms  (Revue  Celtique,  t.  VII,  p.  289). 

Eachtra  ak  ghiolla  dheacair. 

Manuscrits  :  1765  Londres,  B.  M.,  Additionnai  34.  119. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.  H.  O'  Grady,  Silva 

Gadelica,  t.  I,  p.  257-275;  t.  II,  p.  292-311.  Cf.  The  Gaelic 

Journal,  t.  X,  p.  464,  483,    495,  512,  538,  545,  557,  574, 

588,  604. 


Cdtiiloi^iie  de  1(1  Uttcviiiitrc  épique  de  Flrhiude.  21 

Eachtra  Ghiolla  an  Fhiugha. 

Manuscrits  :  xviii'^  s.  Cheltenham,  Phillips  10839. 
Voir  aussi  l'édition  de  l'Irish  Texts  Society,  p.  viii  et  xi. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  D.  Hyde,  The  lad  of  the 
fende  {Irish  texts  Society,  I).  London,    1899. 

EcHTRA  Laegaire  meic  Chrimthainn  go    Mag   Mell  ou  SiD 

FlACHNA. 

Manuscrits  :  xV  s.  Livre  de  Lismore,  f.  125  a. 
Imprimés  :    publié  et  traduit  par   St.  H.  O'Grady,  Silva 
Gadelica,  t.  I,  p.  256-257  ;  t.  II,  p.  290-291. 

EcHTRA  MAC  EcHDACH   MuiGMEDOIN.    Voit  AlDED  CtC. 

Imprimés  :  St.  H.  O'Grady,  Silva  Gadelica,  t.  I,  p.  32e- 
330;  t.  II,  p.  368-373.  M.  Joynt,  Eriu,  t.  IV,  p.  91-111, 
a  publié  et  traduit  un  poème  sur  ce   sujet. 

EcHTRA  Mâcha  ingine  Aeda  Ruaid  (épisode  du  Tochmarc 
Emere). 

Manuscrits  :  xii"-  s.  Dublin  R.  I.  A.  Livre  de  Leinster  20  a 
(do  flathiusaibh  Erend).  —  xV  s.  Oxford,  Bodléienne, 
Laud  610,  f^  84  a  2.  —  1300  Dublin,  R.  I.  A.,  D.  4.  2. 
(Stowe  992),  f°  81  a  2. 

Echtra  an  mhadra  mhaoil. 

Manuscrits  :  xV^  s.  Londres,  B.  M.,  Egerton  1872  (cf. 
Revue  Celtique,  t.  X,  p.  179). 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  R.   A.  Stewart-Macalis- 
ter,    Tiuo    Arthurian   romances,  London    1908    (^Irish  texts 
Society,  X). 

Echtra  Mhic  an  Iolair. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  R.  A.  Stewart  Macalis- 
ter,  Two  Arthurian  romances,  London  1900  (Jrish  texls 
Society,  X). 

Echtra  Mhic  na  miochomairle. 

Manuscrits  :  traduction  par  O'Reilly  dans  le  ms.  24  D  15 
de  la  Royal  Irish  Academy. 

Echtra  Nerai  (ou  Tain  Bo  Aingen). 

Manuscrits:  xiv'  s.  Dublin,  T.  G.,  H.  2.    16,  col.  658- 


22  G.  Dot  tin. 

662.  —  xv^  s.    Londres,  B.  M.,  Egerton    1782,  f°  71    b- 

73  b. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Revue  Celtique, 
t.  X,  p.  212-228;  cf.  t.  XI,  p.  210. 

ECHTRA  TaIDG  MEIC  CeIN. 

Manuscrits  :  xv^  s.  Livre  de  Lismore,  f'  121  a- 123  a. 
Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.   H.    O'Grady,  Silva 
gadelka,  t.  I,  p.  342-359;  t.  II,  p.  385-401. 

Eachtra  Thoirdhealbhaigh,  mhic  Stairx. 

ALinuscrits  :  traduction  par  O'Reilly  dans  le  manuscrit 
24  C.  12  de  la  Royal  Irish  Academy. 

Imprimés  :  publié  dans  Blaithfhlensg  na  Mhilséanaibh  na 
Gaoidheilge,  p.  9-59. 

Eachtra  triur  mac  Righ  xa  h-Iorruaidiie.  Voir  Eachtra 
CHLoixxE  Righ  xa  h-Iorruaidhe. 

ErCHOITMED  INGINE  GULIDI. 

Manuscrits:  xiv'^-xv^  s.,  Oxford,» Bodléienne,  Rawlinson 
B.  512,  f°  114b  I. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Hibernica 
mmora,\).  65-69. 

Esnada  tige  Buchat. 

Manuscrits  :  xii'^  s.  Oxford,  Bodléienne,  Rawlinson  B. 
502,  f"  73  a  2. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Revue  Cel- 
tique, t.  XXV,  p.  18-39;  225-227. 

Faghail  craoibhe  Chormaic  mhic  Airt. 

Manuscrits  :  traduction  par  O'Reilly  dans  le  ms.  24  D.  3 
de  la  Royal  Irish  Academy. 

Fagbàil  IX  TAIRB,  section'du  Tâin  bô  Cualxge. 

Faillsiugud  Taxa  Bô  Cuailxgi  (une  des  histoires  d'intro- 
duction au  TÂix  Bô  Cuailnge  d'après  Stowe  992,  f°  49 
b  2).  C'est  aussi  un  chapitre  de  Vlmthecht  na  twmdaime. 

Manuscrits:  xV^  s.  Londres,  B.  M.,  Egerton  1782,  f"  87 
b.  —  1300  Dublin,  R.I.  A.,  D.  4.  2.  (Stowe  992),  f'^49  b. 


Catalogue  de  la  littérature  épique  de  r Irlande.  23 

Imprimés  :  Cf.  Zimmer,  Zcilschrift  fur  vergkichende  Sprach- 
forschiing,  t.  XXVIII,  p.  433-435;  publié  par  K.  Meyer, 
Archiv  fiïr  Celtischc  Lcxikographic,  t.   III,  p.  2-6. 

Fercuitred  Medbe. 

Manuscrits  :  xiV-xV'  s.  Oxford,  Bodléienne,  Rawlinson 
B.  512,  f"  I  a  2, 

Feistigi  Beccfholthaigh  (histoire  d'introduction  au  Tâin  bô 
CuALNGE  d'après  ms.  Stowe  992,  f"49  b  2)  seconde  ver- 
sion du  COMPERT  CONCULAINN  . 

Imprimés  :  publié  par  K.  Meyer,  Zeitschrift  fur  Cellische 
Philologie,  t.  V,  p.  500-504. 

FlANSRUTH  FlAND. 

Imprimés  :  Cf.  L.  Chr.  Stern,  Zeitschrift  fiir  Celtische 
Philologie,  t.  I,  p.  471. 

FiND  MAC  CUMAILL.   Voir  ScEL   AS-AM-BERAR   CtC. 
FiNGAL   RONAIN  OU  AlDED  MaELFATHARTAIG. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Revue  Celtique, 
t.  XIII,  p.  368-397;  traduit  par  Thurneysen,  Sagen  ans 
dem  alten  Irlcind,  p.  10 5- 114. 

Finghala  Chlainne  Tanntail. 

Manuscrits:  1300,  Dublin,  R.  I.  A.,  D.  4.  2  (Stowe 
992),  f°  76  b  2. 

Fis  CoNCHOBAiR,  partie  du  Tochmarc  Feirbe. 

Manuscrits:  xV^  s.  Londres,  B.  M.,  Egerton  1782,  fol. 
69  b  (fragment). 

Flathiusa  Erend.  Cf.  Echtra  Mâcha. 

Manuscrits:  xiv'^-xv'^  s.,  Oxford,  Bodléienne,  Rawlinson 
B.  512,  f"  88-97. 

Imprimés:  Cf.  Revue  Celtique,  i.  VI,  p.    189. 

Fled  Bricrend,  i*^'  rédaction. 

Manuscrits  :  Supprimer  H.  4.  22.  —  xV-'-xvi'  s., 
Leyde,  Vossius  lat.  quart.  7,  fol.  3-9. 

Imprimés  :  publié  par  E.  Windisch,  Irische  Texte,  t.  I, 
p.   235-311    et  par  L.  Chr.  Stern,  Zeitschrift  fiir  Celtische 


24  Ç.  Dofhn. 

Philologie,  t.  IV,  p.  143-177;  traduit  par  H.  d'Arbois  de 
Jubainville,  Cours  de  littérature  celtique,  t.  V,  p.  81-148  et 
par  R.  Thurneysen,  Sagen  ans  dem  alten  Irland,  p.  25-57. 
Cf.  Zimmer,  Zeilschrift  filr  vergleichende  Sprachforschung, 
t.  XXVIII,  p.  623-661.  Stern,  Revue  Celtique,  t.  XIII,  p.  22- 
31.  Une  édition  avec  traduction,  introduction  et  notes  a 
été  publiée  par  G.  Henderson,  Fled  Bricrend  (Irish  texts 
Society,  II)  et  une  étude  de  R.  Thurneysen  sur  les  éléments 
qui  ont  servi  à  composer  l'histoire  a  paru  dans  la  Zeitschrift 
filr  Celtische  Philologie,  t.  IV,  p.  193-206. 

Fled  Bricrend,  2'^  rédaction  ou  Longes  mac  n-Duil  Dermait. 

Manuscrits:  1390  Dublin,  T.  C,  H.  2.  16,  col.  759-765. 

Imprimés  :  publié  par  E.  Windisch,  Irische  Texte,  t.  II, 
p.  164-216;  traduite  par  M.  Grammont,  Cours  de  littérature 
celtique,  t.  V,  p.  149-169. 

Fled  Dùin  na  n-Géd.  Cf.  Cath  Muigi  Rath. 

Manuscrits:  1390    Dublin,   T.    C,  H.   2.  r6,  p.    319. 
Imprimés  :  publié  par  C.  Marstrander,  Fidenskabs-Selska- 
bets  Skrifter,  II,  1909,  n"  6,  Kristiania. 

FocHONN  loingsi  Ferghusa  (histoire  d'introduction  au  Tain 
BÔ  CuALNGE  d'après  ms.   Stowe  992,  f°  49  b  2). 

Manuscrits  :  xv^  s.  Edimbourg,  Advocates  library,  5  3 . 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Mackinnon,  The  Celtic 
Reviezu,  t.  I,  p.  208. 

FoGLUiM  Chonculainn. 

Manuscrits:  1780.  Cheltenham,  Phillips  10840. 
Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,   Revue  Cel- 
tique, t.  XXIX,  p.  109-152. 

F0RBAIS  Etair. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Revue  Cel- 
tique, t.  VIII,  p.  47-64;  cf.  Thurneysen,  Sagen  ans  dem 
alten  Irland,  p.  66-69;  Miss  Hull,  The  Cuchullin  Saga, 
p.  87-100. 

Fortibras  (Fierabras).  Voir  Stair  etc. 

Forus  feasa  air  Eirinn. 

Manuscrits:  1656 Cheltenham,  Phillips  6461.  —  xvii'  s. 


Catalogue  de  la  littcraiurc  épique  de  T Irlande.  25 

Cheltenham,  Phillips  10283. —  1761  Paris,  bibliothèque 
Mazarine  3075.  —  1643,  1704  manuscrits  appartenant  à  D. 
Comyn.  Voir  t.  II  de  l'édition  de  l'Irishtexts  Society,  p.  xiii 
et  suiv. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  D,  Comyn  et  P.  Din- 
neen,  The  History  of  Irelaud  by  Geoffrey  Keatiiig,  London 
1902- 1908  (Irish  Texts  Society,  IV,  VIII,  IX), 

FOTHA  CATHA  CnUCHA  OU   GeNEMAIN  FlND  MAIC   CUMAIL. 

Manuscrits:  1390  Dublin,  T.  C,  H.  2.  16,  p.  175. 
—  xii^  s.  Oxford,    Bodléienne,  Rawlinson  B.    502,  70  b  2. 

Imprimés  :  traduit  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours 
de  littérature  celtique,  t.  V,  p.  379-384. 

Gein  Branduib  MIC  Aedàin  7  Aedâin  MIC  GabrAIn. 

Manuscrits:  xii'  s.  Oxford,  Bodléienne,  Rawlinson  B. 
502,  p.  47  a  2-47  b  I.  —  xiv*-xv^  s.  Oxford,  Bodléienne, 
Rawlinson  B  512,  f"  i  a  i  (fragment). 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Zeitschrift  fi'ir 
Celtischc  Philologie ,  t.  II,  p.  134-137. 

Genemain  Aeda  Slâne. 

Manuscrits  :  xvii"  s.  Bruxelles  5100-4,  p.  18;  — 
Bruxelles  2324-40,  p.  74. 

Imprimés:  pubUé  et  traduit  par  St.  H.  O'Grady,  5/7i'^r 
Gadelica,  t.  I,  p.  82-84;  ^-  ^^■>  P-  88-91.  Cf.  E.  Windisch, 
Sitiungsberichte  der  Koniglich-Sàchsiscljen  Gesellschaft  dcr 
Wissenschaften,  1884,  p.   194. 

Genemain  Cormaic  Ua  Cuinn  ou  Compert  Cormaic. 
Manuscrits:  1390  Dublin,  T.  C,  H.  2.  16,  p.   180. 
'Imprimés:  publié  et  traduit  par  St.  H.O'Grady,  Transac- 
tions of  the  Ossianic  society,  t.   III,  p.  211-229;  Silva  Gade- 
lica,i.  I,  p.   253-256;  t.  II,  p.  286-289;   par  Wh.  Stokes, 
Irische  Texte,  t.  III,  i,  p.  185. 

Geinemain  Find  MIC  Cumail.  Voir  Fotha  catha  Cnucha. 
Manuscrits  :    xii'^   s.  Oxford,  Bodléienne,  Rawlinson  B. 
502,  f°  70  b  2. 

GeaSA  7  ILBERTA  NO  BIBIS  FOR   CONCULAIND. 

Manuscrits  :  xiv''  s.   Edimbourg,  Advocates'  library  40. 


26  G.  Doit  in. 

Gleoud  in  chatha,  section  du  Tain  bô  Cualnge. 

Gui  o  Bharbhuic  (Beathadh  Sir).  (Guy  de  Warwick). 
Manuscrits  :  xV^  s.  Dublin,  T.  G.,  H.  2,    17,   p.  300- 

347- 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  F.  N.  Robinson,  Zeit- 
schrift  fur  Celtischc  Philologie,  t.  VI,  p.  24. 

Immacallam  in  dâ  thuarad.  Voir  agallam  in  dâ  suad. 

Immathchor  Ailello  7  AiRT. 

Imprimés  :  publié  par  K.  Meyer,  Anecdota  froui  Irish 
mantiscripts,  t.  III,  p.  27-29. 

Immram  Brain  maic  Febail.  Voir  Echtra  Brain. 

Immram  curaig  Mailduin. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Revue  Cel- 
tique, t.  IX,  p.  447-495;  X,  50-95;  traduit  par  F.  Lot 
dans  le  Cours  de  littérature  celtique,  t.  V,  p.  449-500.  Cf. 
R.  I.  Best,  Anecdota  from  Irish  maniiscripts,  t.  I,  p.  50.  Une 
traduction  en  irlandais  moderne  a  été  donnée  par  E. 
O'Growney,  The  Gaelic  Journal,  t.  IV,  p.  99,  119,  138, 
147,  172,  190- 

Immram  curaig  Hua  Corra. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Zimmer,  Zcitschrift  fur 
dentsches  Altcrtnm,  t.  XXXIV,  p.  183-197  ;  par  Wh. 
Stokes,  Revue  Celtique,  t.  XIV,  p.   22-69. 

Immram  na  lungi  Argo  (section  du  Togail  Troi), 

Manuscrits  :  Advocates'  library  (contient  un  poème  sur  ce 
sujet). 

Immram  Snedhghusa  7  Meic  Riaghla. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Revue  Cel- 
tique, t.  IX,  p.  14-25  ;  traduit  par  R.  Thurneysen,  Sagen 
aus  dent  alten  Irland,  p.  126-130.  Gf.  Zimmer,  Zeitschrift 
fiir  deutsches  Altertuvi,  t.  XXXIII,  p.  211  ;  R.  Thurne3^sen, 
Zwei  Versionen  der  mittelirischen  Légende  von  Snedgus  und 
Mac  Riagla,  programm,  Halle  1904.  Gf.  Archiv  fiir  Cel- 
tischc Lexikographie,  t.  V,  p.  418;   t.  VI,  p.  234.    Une  tra- 


Catalogue  de  la  Jifférahirr  épique  de  l' friande.  27 

duction  en  irlandais  moderne  a  été  donnée  par  E.  O'Grow- 
ney,  The  Gaelic  Journal,  t.  IV,  p.  85. 

Imrol  Belaig  Eoin,  section  du  Tain  bô  cuâlnge. 

Imslige  glendamnach,  épisode  du  Tain  bô  Cuàlnge. 

Manuscrits  :  xii^  s.  Dublin,  R.  I.  A.  Livre  de  Leinster, 
92  a  1-44.  Cf.  L.  U.  73  a  17. 

Imtheachta  Aeniasa.  Voir  Cairdius. 

Manuscrits  :  xiv^  s.  Dublin,  R.  I.  A.,  Livre  de  Bally- 
mote,  p.  449-485. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  George  Calder,  The 
Irish  Aeneld,  London,  1907  (Irish  Texts  Society,  VI). 

Immthechta  na  n-oinmhididhe  ou  agallamh  na  n-oinmide. 

Manuscrits  :  Dublin,  R.  I.  A.,  Stowe.  B.  IV,  i  (frag- 
ment); —  Dublin,  Royal  Irish  Academy  23  C  19  (frag- 
ment). 

Imprimés  :  Un  épisode  de  cette  histoire  a  été  publié  et 
traduit  par  W.  J.  Purton,  Revue  Celtique,  t.  XXIX,  p.  219- 
221. 

Imtheacht  na  tromdhaime. 

Manuscrits  :  xv=  s.  Livre  de  Lismore,  f°  144  a-151  b. 
Imprimés  :  Cf.  H.  Zimmer,   Zeitschrift  fur  vergleichetide 
Sprachforschung,  t.  XXVIII,  p.  426-439. 

In  carpat  serda,  section  du  Tàin  bô  Cualnge. 

Indarba  inna  n-Desi.  Voir  Tochomlod. 

Ingen  cholach. 

Manuscrits  :  xir  s.  R.  I.  A.,  Livre  de  Leinster,  p.  279, 
col.  I. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  dans  la  Revue  Celtique,  t. 
VIII,  p.  150,  cf.  403. 

Ingen  rig  Ghréic. 

yAi"  s.   Dublin,  R.  I.  A.,  Livre  de  Leinster,  p.  279  a  35. 
Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.   H.  O'Grady,  Silva 
Gadelica,  t.  I,  p.  413-415  ;  t.  II,  p.  449-452. 


28  G.   Dottin. 

Laoidh  ciixoic  a\  air. 

Manuscrits  :  1685.  Giessen,  1267. 

Imprimés  :  Cf.  Transactions  of  the  Ossianic  Society,  t.  IV, 
p.  80,  86-92;  Flanagan,  Deirdri,  p.  199-205.  Cameron, 
Reliquiae  cclticae,  t.  I,  p.  137,  149;  t.  II,  p.  305. 

Laoidh  a\  Deirg  mhic  Dhroithchill. 

Manuscrits  :  xl\=  s.  Paris,  Bibliothèque  nationale,  fonds 
celtique,  4. 

Laoidh  an  Mhoighre  Bhoirb. 

Imprimés  :  traduction  en  vers  anglais,  chez  W.  Hamilton 
Drummond,  Ancîent  Irish  niinstrelsy,  Dublin,  1852,  p.  35. 

Leabhar  \a  gceart. 

Manuscrits  :  xiv^  s.  Dublin,  R.  I.  A.,  Livre  de  Bally- 
mote,  p.  267. 

Leabhar  Breatnach. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Todd,  Dublin,  Irish 
Archaeological  Society,  1847.  Cf.  Z'immer ,  Monunienta  Germa- 
niae  historica,  Aiictores  Antiquissimi,  t.  III. 

Leiges  coise  Céin  meic  Mailmuaid  meic  Briain. 

Manuscrits  :  Londres,  B.  M.,  Egerton  1781,  f"  147  a. 
—  Dublin,  R.  I.  A.,  Stowe  867,  f°  180. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.  H.  O'Grady,  Silva 
Gadelica,  t.  I,  p.  296-305  ;  t.  II,  p.  332-342. 

Longes  Eithne  Uathaige. 

Manuscrits  :  Cf.  Livre  de  Leinster,  p.  124,  col.  2,  1.  40. 

Longes  mac  n-Duil  Dermait.  Voir  Fled  Bricrend  . 

Longes  mac  n-Usnig.  Voir  Aided  chloinne  Uisnig. 

Mac  Datho.  Voir  Scél  mucc[  etc. 

Macgnimartha  Find. 

Imprimés  :  publié  par  K.  Meyer,  Revue  Celtique,  t.  V, 
p.  197-204;  cf.  Archiv  jiïr  Celtische  Lexikographie,  t.  I,  p. 
482  ;  traduit  par  K.  Meyer,  Eriu,  t.  I,  p.  180-190  ;  publié 
et  traduit  par  D.  Comyn,  The  youthjul  exploits  of  Fionn, 
Dublin,  1898. 


Catalogue  de  la  llttcralure  épique  de  l'Irlande.  29 

MaCGNIMRADA   CONCULAINN,  SCCtion  du  TÀIN  BÔ   CUALNGE. 

Imprimés  :  Cf.  Zimmer,  Zeitschrift  fur  vergleichende 
Sprachforschimg,  t.  XXVIII,  p.  446-449. 

Mac  Lesc  macLadaix  aithech. 

Manuscrits  :  xii=  s.  Oxford,  Bodléienne,  Rawlinson,  B. 
502,  f°  59  b  2. 

Maelosdan.  Voir  Sgél  ixgnadh,  etc. 

Mandeville  (Voyages  de  Sir  John). 

Manuscrits  :  xv'-xvi'^  s.  Rennes,  n°  598,  f"  52  a  2-68  b  2. 

—  xv'-xvi^  S.Londres,  B.  M.,  Egerton,  1781,1°  129  a- 146  b. 

—  Londres, B.  M.,  Additional,  33  993,  î° G  a-7  a  (fragment). 
Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Zeitschrift 

fur  Celtische  Philologie,  t.  II,  p.  1-63,  226-312.  Cf.  J.  Aber- 
cromby.  Revue  Celtique,  t.  VII,  p.' 66. 

Marco  Polo  (Livre  de). 

Manuscrits  :  xv*^  s.  Livre  de  Lismore,  f°    79    a    1-89  b. 
Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Zeitschrift 
fur  Celtische  Philologie,  t.  I,  p.  245-273,  362-438. 

Mellgleo  x-Iliach,  section  du  Tain  bô  CuAlnge. 

Merugud  Uilix  MIC  Leirtis. 

Manuscrits  :  1300,  Dublin,  R.  I.  A.,  Stowe  992,  f""  59 
b  2-61  a  2. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  The  Irish 
Odyssey,  London,  1886. 

Mesce  Ulad. 

Manuscrits  :  xiv^  s.  Edimbourg,  Advocates'  library,  40, 
p.  49-68. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  W.  M.  Hennessy,  Royal 
Irish  Academy,  Todd  lecture  séries,  t.  I,  p.  2-58.  Cf.  The  Aca- 
demy,  8  juillet  1893. 

Minadur  (Minotaure).  Voir  Sgél  etc. 

MongAn.  Voir  Sgél  etc. 

NoiNDEN  Ulad.  Voir  Ces  noinden. 


50  G.  Doit  lu. 

NUALL-GHUBHA   OlLEALLA  OlOIM. 

Manuscrits  :  Cheltenham,  Phillips,  10.840. 

OCTAVIAN. 

Manuscrits  :  1671,  Dublin,  R.  I.   A.,  Stowe  867,  f°  240  a. 

OlLEMAIN  CONCULAIND.  Voir  AlDED  Co:  LAICH. 

Orgain  bruidne  Da  Dergae  ou  Togail  bruidne  Da  Derga. 

Manuscrits  :   1300,  Dublin,  R.  I.  A.,  D.  4.  2.   (Stowe 

992),  f°  85  ai  (trois   fragments).  Cf.  M.  Nettlau,  Revm 

Celtique,  t.    XII,  p.  229,  444;  t.  XIII,   p.    252;   t.  XIV, 

p.  137. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Revue  Cel- 
tique, t.  XXII,  p.  9-61,  165-215,  282-329,  390-437;  tiré 
à  part,  Paris,  1902.  Cf.  Zimmer,  Zeitschrift  fiir  vergleichende 
Sprachfoischung,  t.  XXVIII,  p.  554-585. 

Orgain  Cairpri  Cinn-Caitt  for  saer-chlannaib  hErenn. 

Manuscrits  :  xv^  s.  Livre  de  Lismore,  f°  142  a.  —  xiv^  s. 
Dublin,  R.  I.  A.,  Livre  de  Ballymote.  f"  255.  Cf.  Anecdota 
Oxoniensia  V,  p.  xxxvii  ;  —  Edimbourg,  Advocates'library, 
28  (Kilbride  24). 

Imprimés  :  publié  par  W.  A.  Craigie,  Revue  Celtique,  t. 
XX,  p.  335-339- 
Orgain  Dind  Rig. 

Manuscrits  :  xii^  s.  Oxford,  Bodléienne,  Rawlinson  B. 
502,  f°  71-72. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Whitley  Stokes,  Zeit- 
schrift fiir  Celtische  Philologie,  t.  U\,  p.  1-14. 

Orgain  Neill  Noigiallaig. 

Manuscrits  :  xii"  s.  Oxford,  Bodléienne,  Rawlinson  B. 
502,  p.  84  a  I. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Kuno  Meyer,  Otia  Mer- 
seiana,  t.  II,  p.  84-92. 

Orgain  tri  Mac  Diarmata  mic  Cerbaill  la  Maelodran  ou 
AIDED  etc. 

Manuscrits  :  xii'  s.  Oxford,  Bodléienne,  Rawlinson  B. 
502,  f''  73  b  2,  p.  134  b  34.  —  xiv=-xv'  s.  Oxford,  Bod- 
léienne, Rawlinson  B  512,  f°  115  b. 


Catalogue  de  la  littérature  épique  de  rirlaude.  51 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Kuno  Meyer,  Hibemica 
Minora,  p.  70-75. 

Orlando  7  Melora. 

Manuscrits  :  1697,  Dublin,  T.  C,  H.  3,  16,  p.  24-71  ; 
—  1717,  Londres,  B.  M.,  Egerton  106,  f°  143  a. 

OisLiGi  Amargin  I  Taltin,  section  du  Tàin  bô  Cuàlnge. 

QUESTE  DU  SaINT-GrAL. 

Manuscrits  :  1300,  Dublin,   R.    I.  A.,  D.    4.   2. 
(Stowe  992),  fragment.  —  xiv'^-xv^  s.  Oxford,  Bodléienne, 
Rawlinson  B  512,  fragment.  — xv^  s.  Dublin,  Franciscains 
(cf.  Nettlau,  Rev.  CeJt.,  t.  X,  p.  186)  fragment. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  F.  N.  Robinson,  Zcit- 
schrift  fiïr  Celtische  Philologie,  t.  IV,  p.  381-393.  Cf.  W.  J. 
Purton,  Revue  Celtique,  t.  XXVII,  p.  81-84. 

Richard  7  Lisarda. 

Manuscrits:  1742.  Dublin,  T.  C,  H.  i.  10. 

RiSS  IN  MUNDTUIRC   DORINDE   UlCAN   DO  ElSMIONE. 

Manuscrits  :  1300,  Dublin,  R.  I.  A.,  Stowe  992,  f° 
77  a  I. 

RuADRUCCE  MiND,  section  du  Tàin  bô  Cuâlnge. 

ScÉLA  Alexandir  maic  Pilip. 

Manuscrits  :  Dans  le  Rawlinson,  B  512,  f°  99  a,  on 
trouve  la  correspondance  d'Alexandre  avec  Dindimus  (épi- 
sode des  ScÉLA  Alexandir). 

Imprimés  :  publié  par  Ch.  Geisler,  The  Gaelic  Journal, 
t.  II,  p.  65,  116,  129,  184  et  Irish  texts  from  Irish  manus- 
cripts,  Dublin,  1884;  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Eine 
Irische  Version  der  Ahxandersage  (Inaugural-Dissertation), 
Leipzig  1884;  Irische  Texte,  t.  II,  2,  p.  1-108, 

ScÉLA  AiLiLL  7  Etaine.  Voir  Tochmarc  Etaine. 

SCÉL    BaILI   BiNNBERLAIG    MIC  Bu  AIN. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Revue  Celtique 
t.  XIII,  p.  220-227  '  *^f-  Hibemica  minora,  p.  84. 


32  G.  Dot  H  II. 

SCÉLA   CaNO  MEIC  GaRTNAIN    7  CrEDI   INGIXE  GUAIRE. 

Imprimés  :  publié  par  K.  Me)^er,  Anecdota  from  Irish 
inanuscripls,  I,  p.  1-15. 

ScÉLA  CONCHOBAIR  MAIC  NeSSA. 

Manuscrits  :  xn=  s.  Dublin,  R.  I.  A.,  Livre  de  Leinster, 
p.  loé,  col.  I,  cf.  Livre  de  Lismore,  125  b  (fragment). 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Ériu,  t. 
IV,  p.  18-38.  Cf.  Lives  of  saints  from  thc  Book  of  Lismore, 
p.  XXXIV,  XXXV  et  Revue  Celtique,  t.  VI,  p.  174-175. 

SCÉL  AS-A.M-BERAR  COM-BAD  HE  FlND  MAC   CUMAILL  MoXGÀN. 

Manuscrits  :  1390,  Dublin,  T.  C,  H.  2.  16,  p.  193. 
Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Me5'er,  The  Voyage 
of  Bran,  London,  1895  (Grimm  library,  IV),  p.  45-52. 

Sgél  ingnadh  for  Mhaelosdak. 

Manuscrits  :  1300,  Dublin,  R.  I.  A.,  D.  4.  2.  (Stowe 
992),  f°  50  b  I. 

Sgél  in  mhinaduir  (Minotaure). 

Manuscrits  :  1300,  Dublin,  R.  I.  A.,  D.  4,  2.  (Stowe, 
992),  f"  61  a  2. 

Imprimés  :  publié  par  K.  Meyer,  Zeitschrift  fiir  Celtische 
Philologie,  t.  IV,  p.  238-243. 

ScÉL  Mongâin. 

Manuscrits  :  xvi' s.  Dublin,  T.  G.,  H.  3.  18,  p.  555  b. 
Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,   The  voyage 
of  Bran,  London,  1895,  P-  5^~5^- 

ScÉL  Mucci  Mac  Datho. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Hibernica 
Minora,  p.  ^  1-6^,  {Anecdota  oxoniensia,inediœval  atid  modem 
séries,  part  VIII);  traduit  par  Duvau,  Cours  de  littérature 
celtique,  t.  V,  p.  66-80;  par  Thurneysen,  Sagen  ans  dem 
alten  Irland,  p.  2-10;  et  par  Leahy,  Heroic  romances  oj 
Ireland,  t.  I,  p.  37-49. 

ScÉL  Tuain  maic  Cairill  do  Fhinnen  Maige  Bile. 

Manuscrits  :  xiv-xv^  s.  Oxford,  Rawlinson,  B  512. 
Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer  chez  A.  Nutt, 
The  Celtic  doctrine  ofrebirth,  London,  1897,  p.  285. 


Catalogue  de  la  lillénitmr  épique  de  P Irlande.  35 

SechrAn  na  banimpire  7  oilemain  a  deise  mac. 

Manuscrits  :  Dublin,  Royal  Irish  Academy,  Stowe  B  IV, 
I,  t"  240  a-248  a. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  C.  Marstrander,  Eriii, 
t.  V,  p.   161-199. 

Seilg  dobi  ag  Finn  mac  Cumaill  ar  Benn  Edair,  mélangé 
d'éléments  historiques  et  légendaires  tirés  de  la  vie  de 
Magnus  le  Grand,  roi  de  Norvège. 

Manuscrits  :  1628,  Dublin,  Franciscains,  n"  39,  p.  129 
b-i3ob. 

Seilg  Sleibhe  na  m-ban. 

Manuscrits  :  xv'  s.  Londres,  B.  M.,  Egerton  1782,  f° 
20  b  I  (version  en  prose) 

Seilg  sleibhe  Fuaid. 

Manuscrits  :  xv^  s.  Londres,  B.  M.,  Egerton  1782,  f° 
20  b  I.  —  xix^  s.  Paris,  Bibliothèque  nationale,  celt.  4. 

Seilg  Sleibhe  Guillinn. 

Manuscrits  :  xix^  s.  Paris,  Bibliothèque  nationale,  celt.  4. 

Serc  Dublacha  do  Mongàn. 

Manuscrits  :  xv^  s.  Dublin,  R.  I.  A.,  Livre  de  Fermoy, 
p.  131  d. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  The  Voyage  of 
Bran,  London,   1895  (Grimm  library  IV),  p.  58-84. 

Serc  ro  char  Mac  in  Oicc  Chaire  heabarbaithi,  his- 
toire d'introduction  au  Tain  bô  Cualnge  d'après  ms. 
Stowe  992,  f°  49  b  2. 

Serglige  Conchulainn. 

Manuscrits  :  xv^-xvi^  s.  Dublin,  T.  G.,  H.  4,  22,  p.  89- 
104. 

Imprimés  :  traduit  par  H.  d'Arbois  de  Jubainvillc,  Cours 
de  littérature  celtique,  t.  V,  p.  170-216;  par  Thurneysen, 
Sagen  aus  dem  alten  Irland,  p.  81-104;  par  Leahy,  Heroic 
Romances  of  Ireland,  t.  I,  p.  53-85,  Gf.  Zimmer,  Zeit- 
schrift  fiir  vergleichende  Spmchforschung,  t.  XXVIII,  p.  594- 
623.  Cf.  Leabhar  na  Feinne,  p.  1. 

Revue  Celtique,  XXXIIl.  3 


34  G.  Dot  tilt. 

SiABUR  Charpat  Conculainn. 

Imprimés  :  publié  par  K.  Meyer,  Anecdota  front  Irish 
manuscripts,  t.  III,  p.  48-56.  Cf.  Miss  Hull,  Jhe  CuchulHn 
Saga,  p.  275-287. 

SiDH  Fiachna  ou  Echtra  Laegaire  meic  Chrimthainn. 
Manuscrits  :  xv*  s.  Livre  de  Lismore,  f°  125  a. 
Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.   H.  O'Grady,  Silva 
Gaddica,  t.  I,  p.  256-257  ;  t.  II,  p.  290-291. 

Sirrobud  Sualtaim,  section  du  Tàin  bo  Cuàlnge. 

Slanugud  na  Môrrigna,  section  du  Tain  bô  Cualnge. 

Sligi  na  T.\na,  section  du  Tàin  b6  Cualnge. 

Stair  ar  Aed  BaclAm. 

Manuscrits  :  xv''  s.  Livre  de  Lismore,  f"  93  a  i. 
Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.  H.  O'Grady,  Silva 
GadeJica,  t.  I,  p.  66-72;  t.  II,  p.  70-76. 

Stair  Barralam. 

Manuscrits  :  1600  Londres,  B.  M.,  Egerton  136,  f°  57  a., 

Stair    Fortibrais  (Fierabras). 

Manuscrits  :  xv-'  s.  Dublin  T.  C,  H.  2.  7.  p.  435,  col. 
2.  — xv^s.  Londres,  B.  M.,  Egerton  1781,  f"  2a.  —  xV'  s. 
Oxford.  Bodléienne,  Laud  610,  f°45  a  2-56  b2. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Revue 
Celtique,  t.   XIX,  p.  14-57,  118-167,  252-291,364-393. 

TÀIN  B6  AiNGEN.-  Voir  Echtra  Nerai. 

SuiDiGUD  Tellaig  Temra. 

Manuscrits  :  1390  Dublin,  T.  C,  H.  2.  16,  col.  740-749, 
p.  105-108.  —  xv^  s.  Livre  de  Lismore,  f"  90-92.  —  xiV  s. 
Dublin,  R.  I.  A.,  Livre  de  Ballymote,  p.  248. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  R.  I.  Best,  Eriu,  t.  IV, 
p.  1 21-172.  Cf.  Stokes,  Lives  of  sainls  from  ihe  Book  of  Lis- 
more, p.  xxiv. 

TÀIN  B6  Cualnge. 

Manuscrits  :  1300  Dublin,    R.    I.   A.,D4-    2.   (Stowe 


Catalogue  de  la  lillcralure  épique  de  V Irlande,  35 

992),  f"  49  b2;  —  1390,  Dublin,    T.   C,   H.   2.  lé,  col. 
573-619.   ^ 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  E.  Windisch,  Irische 
Texte,  extraband,  Die  altirische  HeJdensage  Tàin  Bô  Cualnge 
nach  dein  Buch  von  Leinster  in  Text  iinâ  Ueberset^ung  mit  einer 
Einleitung  hemusgegeben,  Leipzig,  1905  ;  traduit  par  H.  d'Ar- 
bois  de  Jubainville,  Paris,  1907;  cf.  Revue  Celtique, 
t.  XXVIII,  p.  17,  145,  241;  XXIX,  p.  153;  XXX,  p.  78, 
156,  235;  XXXI,  p.  5,  273;  XXXII,  p.  30.  Le  texte  du 
Lebor  na  h-Uidre  et  du  Livre  Jaune  de  Lecan  est  publié  en 
supplément  à  Eriii,  t.  I  et  suiv.  par  J.  Strachan  et  J.  G. 
O'Keefe;  la  traduction  de  ce  texte  est  donnée  par  Miss 
L.  Winifred  Faraday,  Tbe  caille  raid  of  Cualnge  {Tàin  bô 
Cuailnge),  London,  1904.  Cf.  MissHull,  Tbe  CuchulUn  Saga, 
p.  111-227  ;  H.  Zimmer,  Zeitschrift  fitr  vergleicbeihde  Spracb- 
forschung,  t.  XXVIII,  p.  426-554;  Nettlau,  Revue  Celtique, 
t.  XIV,  p.  254-266;  t.  XV,  p.  62-78. 

Tain  b6  Dartada  (une  des  histoires  d'introduction  au  Tàin 
Bô   Cualnge  d'après  ms.  Stowe  992,  f"*  49  b  2). 

Imprimés  :  publié  par  Windisch,  Irïsche  Texte,  t.  II, 
p.  185-205,  traduit  par  ' Leahy, //dTo/r  romances  of  Ireland, 
t.  II,  p.  69-81. 

TÀIN  BÔ  Flidais. 

Manuscrits:  1390  Dublin,  T.  C,  H.  2.  16,  col.  345- 
364. — xv^  s.    Edimbourg,  Advocates' Librar}- ,  53. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Windisch,  Iriscbe  Texte, 
t.  II,  2,  p.  206-223  ;  traduit  par  Leahy,  Heroic  romances 
of  Ireland,  t.  II,  p.  101-125;  résumé,  publié  et  traduit  par 
Mackinnon,  Tbe  Celtic  Reviciu,  t.  IV,  p.  104. 

Tain  Bô  Fraich  (histoire  d'introduction  au  Tàin  bô  Cualnge 
d'après  ms.  Stowe  992,  f"  49  b  2. 

Manuscrits  :  xiV  s.  Edimbourg,  Advocates'  library,  40, 
p.  37b-45  b. 

Imprimés:  publié  par  K.  Meyer,  Zeitscbrift  jiïr  Celtiscbe 
Philologie,  t.  IV,  p.  32-47;  publié  et  traduit  par  A.  O. 
Anderson,    Revue  Celtique,    t.   XXIV,  p.  127;  traduit  par 


3  6  G.  Dot  tin. 

Thurneysen,  Sagen ans  {iemalten  Irland,  p.  1 15-125;  et  par 
Leahy,  Heroic  romances  of  Ireland,  t.  II,  p.  1-67.  Sur  la 
légende  de  Fraoch,  voir  Leabhar  na  Feinne,  p.  29-33. 

TAiN  BÔ  Regamna. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Windisch,  Irische  Texte, 
t.  II,  2,  p.  224-256;  traduit  par  Leahy,  Heroic  Romances 
oj  Ireland,  t.  II,  83-99;  127-141  ;  cf.  Miss  Hull,  The 
Ciichidlin  Saga,  p.    102-107. 

Talland  Etair.  Voir  Forbais  Etair. 

Tairired  nan-Dessi.  Cf.  Tucait  indarba  na  n-Déssi. 

Manuscrits  :  \\\^  s.  Oxford,  Rawlinson  B.  502,  f°72 
a  2,  p.  131  b  19.  —  xv^  s.  Oxford,  Laud6io,  f°  99  b  2- 
102  a  2. 

Imprimés  :  publié  par  K.  Meyer,  Anecdota  from  Irish 
mamiscripls,  t.  I,  p.  15-24;  publié  et  traduit  par  K.  Meyer, 
Y  Cymmrodor,  t.  XIII,  p.  10-I-135,  et  dans  Erin,  t.  III, 
p.    135. 

Tecosca  Cormaic  . 

Manuscrits:  Dublin,  R.  I.  A.,  23  N.  17,  p.  1-6. —  xv^  s. 
Dublin,  T.  C,  H.  4.  8.  —  xvi^  s.  Edimbourg,  Advocates' 
library,  VII,  3  ;  f °  9  a-9  b. 

Imprimés  :  publié  dans  The  GaeJic  Journal,  t.  I,  p. 
392-394  et  par  K.  Meyer,  Royal  Irish  Academy.  Todd  lec- 
ture séries,  XV,  Dublin,  1909. 

Tesmolad  Corbmaic  Ui  Cuinn  7  Finn  meic  Cumhaill.  Voir 
AiDED  Finn,  seconde  rédaction. 

Manuscrits:  xv-^  s.  Londres,  B.  M.,  Egerton  1782,  f° 
24  b  2.  —  xV^  s.  Oxford,  Bodléienne,  Laud  610,  1°  121 
b.    I. 

Imprimés:  publié  et  traduit  par  St.  H.  O'Gnidy,  Silva 
Gadelica,  t.  I,  p.  89-92  ;  t.  II,   p.  96-99 

Thèbes  (Guerre  de). 

Manuscrits:  xV  s.  Londres,  B.  M.,  Egerton  1781,  f"  87 
a  i-i2oa  I.  — xv^  s.  Dublin,  T.  C,  H.  2.  7,  p.  457a-46o  b 
(fragment);  ^  Edimbourg,  Advocates'  library,  Kilbride 
(fragment). 


Catalogue  de  la  liUéraiure  épique  de  l'Irlande.  57 

TiMNA  Neill  Mic  Echach  dia  Macaibm. 

Manuscrits:  13 10  Dublin,  R.  I.  A.,  D.  4.  2.  (Stowe 
992)  f°  54  a  T. 

TocHiM  ma  m-buiden,  section  du  Tàin  bô  Cualnge. 

TOCHMARC    BeCFOLA. 

Manuscrits  :  1390  Dublin,  T.  C,  H.  2,  16.  p.  117- 
119. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.  H.  O'Grady,  Silva 
Gadelica,  1. 1,  p.  85-87;  t.  II,  p.  91-93. 

ToCHMARC  EmeRE. 

Manuscrits:  xiV'  s.  Oxford,  Rawlinson  B.  512,  f°  117 
(fragment).  —  1 300  Dublin,  R .  I .  A . ,  D.  4.  2  (Stowe  992) 
f°  80  a  1-84  b  I. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Revue  Celtique, 
t.  XI,  p.  433-457;  The  archœoJogical Review,  t.  I,  p.  68-75, 
150-155,  231-235,  298-307;  Zeitschrift  fur  Celtische  Philo- 
logie, t.  III,  p.  229-263;  traduit  par  H.  d'Arbois  de  Jubain- 
ville.  Cours  de  littérature  celtique,  t.  V,  p.  39-50  ;  Miss  Hull, 
The  Cuchullin  Saga,  p.  57-83  ;  cf.  Zimmer,  Zeitschrift  fiir 
Deutsches  AHerthum,  t.  XXXII. 

ToCHMARC  EtÀINE, 

Manuscrits  :  xv^  s.  Londres,  B.  M.,  Egerton  1782. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Ed.  Mûller,  Revue  Cel- 
tique, t.  III,  p.  350-360;  traduit  par  R.  Thurneysen,  Sagen 
aus  dem  alten  Irland,  ^.  77-80;  par  Lcâhy ,  Heroic  romances 
of  Ireland,  1. 1,  p.  3-32  ;  t.  II,  p.  143-161.  Cf.  Zimmer,  Zeit- 
schrift fiir  vergleichende  Sprachforschung,  t.  XXVIII,  p.  585- 
594;  ]>iut\:,  Revue  Celtique,  t.  XXVII,  p.  325-339;  L.  Chr. 
Stern,  Das  Màrchen  von  Etâin,  Zeitschrift  fur  Celtische  Phi- 
lologie, t.  V,   p.  522-534. 

ToCHMARC  FeIRBE. 

Manuscrits  :  xv^  s.  Londres,  B.  M.,  Egerton  1872,  fol. 
69  b  (fragment). 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  E.  Windisch,  Irische 
Texte,  t.  III,  p.  445-548;  traduit  par  A.  H.  Leahy,  The 
courts  hip  of  Fer  b,  London,  1902. 


38  G.  Dottin. 

TOCHMARC   FeARBLAIDHE. 

Manuscrits:  1630,  Dublin,  T.  C,  H.  4.  25;  H.  3.  23. 
—  xvii^  s.  Dublin  R.  I.  A.,  24  P.  12.  —1784,  Dublin,  R. 
I.  A.,  24P.  3i(Reeves);  —  1768  Dublin,  R.  LA.,  24  P.  6 
(Reeves);  —  1797  Dublin  R.  I.  A.,  23  E.  16.  —  xix^  s. 
Dublin  R.  I.  A.,  24  P.  21  (Reeves  842).  —  1700  Dublin, 
R,  I.  A.,  23  K.  7.  —  Franciscains  16,  p.  217. 

Imprimés  :  publié  par  E.  O'  Neachtain,  Erin,  t.  IV, 
p.  47-67. 

ToCHMARC   LUAIN'H    J  AlDEDH    AlTHlRXK. 

Manuscrits  :  xx"  s.  Dublin,  T.  C,  H.  2.  17,  p.  464, 
col.  2. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Revue  Cel- 
tique, t.  XXIV,  p.  270-287. 

TocHOMLOD    \A    n-Desi  o  Themraig  identique  au  Coecad 
CoRMAïc,  au  Tairired  nax  Dessi,  et  au  Tucait  caechta 

CORMAIC. 

TocHOSTUL  n-Ulad  scctiou  du  TAiN  Bô  Cualnge. 

TocHosTUL  FER  CoxNACHT  co  Cruachain  Al,  sectiou  du  TÂIN 
BÔ  Cualnge. 

ToGAiL  bruidne  Da  Choca. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Revue  Cel- 
liquc,  t.  XXI,  p.  150-165,  312-327;  388-402. 

T0GAIL    BRUIDNE    DA    Derga.  Voir    ÛRGAtx    bruidne    DÀ 
Dergae. 

ToGAiL  DùiNE  Geirg  (épisodc  du  TocHMARC  Feirbe). 

^Manuscrits  :   xv^  s.    Londres,    B.    M.,  Egerton  1782,!'" 
69  b.  Cf.  Livre  de  Leinsterf"  254a. 

ToGAiL  Troi. 

Manuscrits:  xv'^  s.  Edimbourg,  Advocates'  library,  15. 
xiV  s.  Dublin,  R.  I.  A.  Livre  de  Ballymote,  p-  411- 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  Wh.  Stokes,  Irische 
Texte,  t.  II,  p.  1-142. 


Catalogue  de  la  littérature  épique  de  l'Irlande.  59 

T6ITEÂN  TIGHE  FiNN. 

Imprimés:  un  poème  sur  ce  sujet  a  été  publié  et  traduit 
par  E.  J.  Gwynn,  Eriii,  t.  I,  p.  13-37. 

TORUIGECHT     IN     GILLA    DECAIR    7    A     CHAPAILL  OU   EcHTRA    IN 
GILLA    DECAIR. 

Manuscrits  :    1765     Londres,    B.    M.,    Additionnai  34. 

119- 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  St.  H.  O"  Grady,  Silva 
Gaddica,  t.   I,  p.  257-273  ;   t.  II,  p.  292-311. 

TORUIGHEACHT  SllAlDHBHE   INGHINE  EOGHAIN  OlG. 

Manuscrits  :  Dublin,  T.  C,  H.  i.  17,  f"^  124-15 1; — fin 
du  xvir  siècle.  Giessen,  1267,  f"  29  r°-52v°. 

ToRUlGHEACHT      DhIARMUDA       7       GhRAINNE.      Voir      AlTHED 
GrAINNE  RE  DiARMAIT. 

TuAN  MAC  Cairill.  Voir  Scél  etc. 

TUARASCBAIL     DELBA  CoXCULAIND,  SeCtioU   du   TÀlN    BO  CUAL- 
NGE. 

TUCAIT  BAILE  MONGAIN. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  parK.  Meyer,  The  voyage  of 
Bran,  London,  1895,  p.  56-58  (Grimm  Library,,  IV). 

TuCAIT  FAGBÀLA  IN  PESA   DO  FiNN   7  MaRBAD  CuIL  DuIB. 

Manuscrits:  1300  Dublin,  R,  LA.,  D.  4.  2.  (Sto\ve992) 
t°  66  a  2.  —  1390  Dublin,  T.  C.,  H.  2.  16. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K,  yityQT,  Revue  Celtique, 
t.  XIV,  p.  245-248. 

TucAiT  1NDARBA  NA  N-DÉssi,  rédaction  de  Tairired  na  nDessi. 
Manuscrits  :  xii'  s.  Dublin,  R.  I.  A.,  Lebor  na  h-Uidri, 
p.  53  a-54  b.  —  Oxford,  Bodléienne,  Rawlinson  B.  502, 
f'  72  a 2. —  Dublin,  T.  C.  H.  3.  17,  col.  720  b-723  a.  — 
Dublin,  T.  C.,  H,  2.  15,  p.  67  a-68  b  ;  Imprimés  :  publié 
parK.  Mever,  Anecdota  from  Irish  majiuscripts,  t.  I,  p.  15- 
24.  Cf.  Y  Cymmrodor,  t.  XIV,  p.  loi  ;  Eriu,  t.  III,  p.  135. 


40  G.  Doltin. 

TuiGE  iM  Thamon,  section  du  Tain  bô  Cualnge. 

TuRPiN  (Chronique  de). 

Manuscrits  :  xv'^  s.  Livre  de  Lismore,  f"  <)G  a  1-109  a  i  ; 
Londres,  B.M.,  Egerton  1781,  f*  20  a  1-36  b  i.  — xv=s. 
Dublin,  Franciscains  16,  f°  1-8  b  2. — 1453  Londres,  B. 
M.,  Egerton  92,  f°  15  a  1-16  a  2,  fragment. —  1475 
Dublin, T.    C,  H.    2.    12,  3^=  partie  fragment. 

Uath  Beinne  Etair,  épisode  du  Tôruigheacht  Dhiarmuda 
7  Ghrainne. 

Manuscrits:  xv^  s.  Londres,  B.  M.,  Harleian  5280, 
f°  35  a  2-35   b   I . 

Imprimés:  publié  et  traduit  par  K.  ]ÂQytr,  Revue  Cel- 
tique, t.  XI,  p.    125-134. 


ADDITIONS 


Agallamh  Find  7  OiSIN. 

Manuscrits  :  xv^  s.  Londres,  B.  M.,  Harleian  5280, 
f°  35  b  i;   —  Edimbourg,  Advocates'  library  83,   p.  251. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Fianaigecht 
(Todd  lecture  séries  XVI),  p.  24-27. 

Reicne  Fothaid  Canainne.  Cf.  Calalogue,  p.  36. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Fianaigecht, 
p.  4-17. 

SCÉLA    MOG    AULUM    J    MIC    CONN. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Fianaigecht, 
p.  28-41. 

Seilg  Sleibhe  na  m-ban. 

Imprimés  :  publié  et  traduit  par  K.  Meyer,  Fianaigecht, 
p.  52-99. 


THE  REPROACH  OF  DIARMAID 


I 

The  Aithed  Grainne  ingine  Corbmaic  la  Diannait  ua  Duibne 
(The  Elopement  of  Grainne,  daughter  of  Cormac  with  Diar- 
maid,  grandson  of  Duibne),  mentioned  as  one  of  the  chief 
taies  in  the  tenth  century  list  in  the  Book  of  Leinster\  would 
furnish  the  best  context  for  the  lays  hère  pubHshed,  but  it 
is  unfortunately  lost.  Certain  allusions  in  tenth  century 
texts    indicate,  however,  the  gênerai  outlines  of  the  story. 

Theaccount  of  the  wooing  of  Grainne  ^  relates  her  unwil- 
lingness  to  become  Finn's  wife.  She  requires  as  the  condition 
of  her  marriage  with  him,  a  couple  of  every  wild  animal  in 
Ireland  '.  This  attempt  to  évade  Finn's  suit  is,  however, 
unsuccessful.  With  the  help  of  Caoilte,  Finn  brings  the  bri- 
dai gift  demanded. 

1.  D'Arbois  de  Jubainville,  Catalogue,  p.  35. 

2.  Ed.  K.  Meyer,  Z.  C.  P.,  I,  458.  Prof.  Meyer  dates  this  in  the  ninth 
or  tenth  century.  Fianaigecbt,  R.  I.  A.,  Todd  Séries  XVI,  p.  KXiii. 

5.  Stories  of  a  princess  who  sets  her  wooer  difficult  tasks  are  universal 
in  popular  Hterature.  We  find  the  particular  task  hère  designated  set  by 
Cormac  as  the  price  of  Finn's  ransom  in  a  pocm  in  the  Dean' s  Book  (Me 
Lauchlan,  Gaelic  p.  42,  43  ;  Eng.  62  ;  Cameron,  Rel.  Celt.,  text,  p.  72)  and 
in  Duanaire  Finn  (Irish  Texts  Society  V,  éd.  Mac  Neill,  GaeHc  p.  19,  Eng. 
p.  116).  In  this  also,  it  is  Caoilte  who  accomplishes  the  task  for  Finn. 
The  épisode  belongs  to  thecommon  fund  of  popular  tradition.  Cf.  Genesis, 
VII,  1-17.  It  would  serve  any  story-teller  as  a  difficult  task  in  any  narra- 
tive denianding  one.  It  is  hère  used  to  illustrate  Grainnè's  antipathy  toward 
Finn.  This  attitude  of  Grainnè's  is  emphasized  also  in  the  i8th  centurv 
version,  but  the  story  of  the  bridai  gift  has  been  suppressed.  Besides 
rationalizing  the  story,  this  version  has  endeavored  to  improve  its  moral 
tone  by  making  Grainne  elope  with  Diarmaid  before  her  marriage  with 
Finn  is  consummated,  cf.  n.  29  infra. 


42  J.  H.  Lloyd,  O.  J.  Bcrgiii,  G.  Schoepperle. 

«  Then  in  an  unlucky  hour  Grainne  was  given  to  Finn,  for 
they  never  lived  in  peace  until  they  scparated.  Finn  was  hate- 
ful  to  the  maiden  and  such  was  lier  hatred  that  she  sickened 
of  it  ». 

She  confesses  to  her  father  her  feeling  toward  her  iiusband. 
Finn,  overliearing  her  words,  déclares  that  itis  time  for  them 
to  separate. 

Connected  with  this  occasion  perhaps  is  an  allusion  in  a 
gloss  in  the  Anna  Coluimb  Cbille  of  the  ninth  century.  As 
Grainne  said  : 

«  There  is  onc  for  a  long  look  from  whom  I  would  be 
thankful  :  for  whom  I  would  give  the  whole  world,  O  Son 
of  Mary,  though  it  be  privation  »'. 

According  to  the  Tochniair  Ailbc,  ingiue  Cormaic  hiii 
Chuind  la  F'nid  hua  iiiBaisctie,  an  unpuhlished  taie  also  of 
the  tenth  century  %  there  was  strife  hetween  Cormac  and 
Finn,  the  cause  being  that  Grainne  had  corne  to  hâte  Finn 
and  had  set  her  love  on  Diarmaid,  son  of  O'Duibhne. 

An  allusion  in  the  Book  of  Aicill,  a  law  tract  of  the  ninth 
century  \  shows  that  already  at  that  time  the  story  of  the  elo- 
pement  of  Diarmaid  and  Grainne  was  traditional.  It  appears 
further  that  Lughaid  was  présent  when  the  elopement  took 
place  -t.   The  line 


1.  Ed.  Stokcs, /(f.  C.  XX.  p.  134-7.  Mt-'vcr,  A'.  C.  XI,  126,  prints  : 
*  Ut  dixit  Grainne  ingen  Cormaic  fri  Find,  citing  Rawl.  B.  jo2,  fo  56 
a  2. 

2.  Ms.  H.  3.  17,  pp.  827-31.  Meyer,  Fianaigecbt,  XXIV,  places  this  in 
the  tenth  century. 

3.  Ancient  Lmusof  Ireland,  III,  cixii  n. 

4.  0/>.  cit.,  III,  533,  The  scène  of  the  elopement  in  the  eightecnth 
century  literary  version  is  a  feast  at  the  house  of  Cormac  in  Tara,  éd. 
S.  O'Grady,  Transaclions  o///;t' Oi5/fl«/c  5oc/>/v  (Dublin,  185  5)  ;  reedited 
for  the  Society  for  the  Préservation  of  the  Irish  language  (Dublin,  1895) 
in  two  parts.  We  hâve  cited  the  Oss.  Soc.  édition  by  pages,  the  other  by 
paragraphs.  In  oral  tradition  it  is  frequently  during  a  feast  that  Grainne 
sees  the  love  spot  on  Diarmaid  (cf.  stanzas  16.  18  of  Kennedv's  version) 
and  begs  him  to  elope  with  her.  It  is  not  until  some  time  later  hovvever 
that  she  succeeds  in  prevailing  upon  him  to  go  ;  cf.  J.  F.  Campbell, 
Popular  Taies  of  the  West  Highlands  (cited  W.  H.  T.),    Edinburgh,  1862, 


The  Reproach  of  Diarmaid.  45 

Grainne  eloped  with  thee,  O  Lughaidh  \ 

is  cited  to  illustrate  the  légal  responsibility  of  witnesses. 

The  Uath  Bciniic  E lai r  (The  Hiding  in  theHill  of  Howth  -), 
ofthetenth  century ',  gives  a  dramatic  moment  in  the  life 
ofthe  fugitives.  They  hâve  taken  refuge  in  a  cave  and  the  old 
woman  ■*  who  is  serving  them  is  ahout  to  betray  them.  They 
are  saved  by  the  foster-father  of  Diarmaid,  Aonghus  of  the 
Brugh,  one  ofthe  Tuatha  de  Danann  K 

Another  quatrain  in  the  Ainra  Coliiimb  Chille  gives  a  further 
glimpse  of  their  life  in  the  forest  : 

(c  As  Diarmaid  said  :  Good  is  thy  share,  O  Grainne,  better 
for  thee  than  a  kingdom,  the  dainty  flesh  of  the  woodcocks, 
with  a  drop  of  smooth  mead  ^"  ». 

In  the  Duanaire  Finn  there  are  two  lays  of  Diarmaid  and 
Grainne  -,  dating  somewhere  between  the  twelfth  and  the 
fifteenth  century.  The  one,  The  Sleep  Song  for  Diaruiaid,  gives 
an  idyllic  picture  of  the  life  of  the  exiles  and  contains  allu- 
sions to  numerous  elopement  storiesofMiddlelrish  tradition. 


III  p.  39,  54,  56;  J.  G.  Campbell,  Tlie  Fiaiis  (citcd  F),  IVaiJs  ami  Strays 
of  CelticTradition  V  (London,  1891),  p.  52,  55;  J.  G.  Campbell, 
Leabhar  na  Feinne  (London,  1872,  cited  L.  F),  p.  153-4.  In  O'Gradv, 
P-  55  (I>   §  7)  there  is  no  mention  ofthe  love  spot. 

1.  This  Lughaidh,  son  of  Daire  Derg,  is  mentioned  in  the  gcncalo- 
gical  lists  ofthe  Book  oj  Leinster,  p.  311  ff.,  and  in  Rawliiisoii  B.  502,  i. 
128  a.  According  to  the  Ag.iUaiiih  {Silva  Gadelica,  éd.  S.  H.  O'Gradv, 
text,  p.  106,  trans.  p,  114)  the  name  is  given  to  him  in  humorous  allu- 
sion to  the  slowness  of  his  character.  He  is  frequently  mentioned  among 
the  Fenian  heroes.  In  the  i8th  century  literary  version  he  is  also  repre- 
sented  as  one  of  those  présent  when  Grainne  eloped  with  Diarmaid.  éd. 
O'Gradv,  p.  50(1,  §  5). 

2.  Ed.  Meyer,  R.  C.  XI,  p.  125  ff. 

3.  Meyer,  Fianaigecht,  p.  xxiv. 

4.  An  old  woman  appears  in  oral  tradition  as  the  possessor  of  the 
mysterious  boar  which  caused  Diarmaid's  death  ÏV .  H.  T.,  55,  59,  64. 
She  is  called  Mala  Liée  (Grey  Eyebrow). 

5.  Aonghus  has  a  similar  rôle  in  the  i8th  century  literary  version. 
Cf.  O'Grady  p.  71,  148,  150,  168  (I,  §  21,  23,  26,  34). 

6.  Ed.  Stokes,  R.  C,  XX,  264-5. 

7.  Duanaire  Finn,  Iiish  Texts  Society  VII,  éd.  Mac  Neill,  Gaelic  84, 
45;  English  197,  149. 


44  /■  H.   Lloyd,  O.  J.  Brri^in,  G.  Schoepperle. 

The  Datightcr  of  Diarniaid  gives  a  summary  of  the  elopement 
of  Diarmaid  and  Grainne  and  of  the  death  of  Diarmaid.  It 
relates  the  revenge  of  Diarmaid's  daughter  upon  Finn. 

The  unloverlike  attitude  of  Diarmaid  in  the  lays  hère 
published  is  not  accounted  for  in  what  survives  of  tenth  cen- 
tury  tradition  unless  by  the  mention,  in  the  Tochmarc  Ailbe 
and  in  the  Anira  Colitimb  Chille,  that  it  was  Grainne  who  set 
her  love  on  Diarmaid.  We  might  infer  thaï  he  was  less 
eager  than  she  for  the  elopement.  A  more  complète  explana- 
tion  of  Diarmaid's  attitude  is  found  in  an  incident  which 
unfortunately  has  corne  down  to  us  only  in  documents  of  a 
later  date. 

II 

The  story  of  Diarmaid  and  Grainne  survives  in  ballads  and 
taies  in  Ireland  and  Scotlandtothis  day  '.  Wehave  alsoa  num- 


I.  For  the  annual  Oireachtas  of  the  Gaelic  League  of  Ireland  in  1910, 
prizes  were  ofTered  for  the  best  version  of  the  Diarmaid  and  Grainne 
stor\'  collected  from  oral  tradition.  The  only  contribution  of  importance 
was  made  by  Mr.  Humphrcy  Lynch,  of  Coolea,  Ballyvournev,  Co.  Cork. 
The  version  is  too  diffuse  to  be  printed  at  length,  but  it  is  interesting  as 
testifying  to  the  persistance  in  Ireland  of  traits  of  the  story  found  in  the 
Scottish  Highiands  and  not  appearing  in  i8th  century  literary  version, 
the  only  Irish  document  in  which  the  story  seems  to  hâve  survived.  In 
the  following  summary  thèse  traits  are  italicized.  The  version  presented  by 
Mr.  Lynch  was  put  together  from  the  narration  of  several  '  old  people 
and  considerably  elaborated  by  the  collecter .  It  runs  as  follows  :  Grainne 
sees  the  Ime-spot  on  DiarDiaid  when  he  strips  to  rescue  the  drowning 
Saidhbhin  Oin  Oin  ;  Grainne  tuas  Fiiui's  wife,  '  though  she  was  not 
his  first  wife' ;  £).  refuses  G.  who  ivishes  him  to  elope  with  her.  She  at 
last  puts  spells  on  him  and  he  is  forced  to  go.  They  flee  to  the  forest 
and  at  night  Grainne  sleeps  on  a  bed  of  rushes  and  D.  sits  on  a  bag  of 
sea  sand.  Accordingly,  when  Finn  chews  his  thumb,  he  learns  that 
G.  is  on  the  rushes  and  D.  on  the  sands  of  the  sea,  and  he  pursues 
them  in  vain.  Episode  of  the  splashing  water.  D.,  hozuever,  resists  Grainne. 
He  niakes  her  bed  on  one  side  of  Glcn  Dainih  (Glendav,  in  the  parish 
of  Clondrohid,  County  Cork,  Glen  of  Friendship)  and  his  on  the  other. 
In  the  Scotch  versions  D.and  G.  rest  in  their  flight  at  Carig  an  daimh, 
L.  F.  156.  Their  reconciliation  on  the  occasion  dcscribed  in  the  introduc- 
tion to  the  Rcprodch   was   on  Sliabh  Gaoil  in  Argyleshire,   uear  Cinntire 


The   Rfpivacb   of  Dianuaid.  45 

berof  cighteenth  century  Irisli  nianuscriptsof  a  prose  version 
of  the  stor}-  in  florid  literary  style'.  This  version  is  proba- 
bly  based  on  ballads.  In  thèse,  as  in  the  ninth  and  tenth 
century  documents,  the  initiative  in  the  tragedy  is  attributed 
to  Grainne.  She  has  seen  the  love  spot  on  Diarmaid  and  puts 
geasa  upon  him  to  elope  with  her.  He  submits  rather  than 
lose  his  honor  %  but  he  hopes  that  Finn  will  overtake  them. 
On  their  flight  he  makes  his  bed  at  some  distance  from  hers 


(Hill  of  Love).  Cf.  Stanza  i  of  Kennedy's  version,  where  G.  overtakes  D 
and  begs  him  to  forgive  her.  L.  F.  153,  4.  Appearance  of  the  tairy 
woman,  Maothaolach,  who  provides  food  for  them.  She  says  she  knew 
D's  mother,  who  was  mad  in  the  woods  while  pregnant  with  D  (confusion 
with  Ossian).  Quarrel  of  D  and  G.  Reconciliation  througli  Maothaolach. 
D.  follows  the  hunt  and  succeeds  in  killing  the  boar.  Conan  asks  Finn 
why  he  does  not  demand  G.  F  déclares  thaï  D  has  accomplished  a  deed 
of  valor  and  that  this  is  therefore  not  the  moment  to  recall  their 
enmity.  Conan  taunts  D  and  succeeds  in  getting  him  to  measure  the  boar 
against  the  bristle.  D  receives  a  poisoned  wound.  Maothaolach  appears 
and  tells  Finn  that  D  may  be  healed  by  three  drinks  of  a  certain  well 
from  Finn's  hands.  Finn  is  willing  to  save  D.  Maothaolach  provides 
a  messenger  of  sufficient  swiftness  and  the  water  is  brought.  Conan 
taunts  Finn  with  D's  disloyaltv  and  F  involuntarily  drops  the  water. 
D  dies  unsuccoured.  M  effects  a  reconciliation  between  F  and  G.  By  means 
of  the  mantle  test  she  proves  the  innocence  of  Grainne's  relation  with 
Diarmaid. 

I  hâve  also  an  unpublished  ballad  of  Diarmaid's  death,  from  a  man 
named  Aoidhmin  Mac  Gregor  of  Bristol,  furnished  me  by  Miss  Eleanor 
Hull.  The  tradition  of  D  and  G  which  I  found  surviving  among  the  pea- 
santry  of  Ballingeary  and  Ballvvourney,  Co.  Cork  (summer,  1910)  was 
confined  to  the  foUowing  points  :  the  elopement  of  Diarmaid  Donn 
with  Grainne  wife  of  Finn  Mac  Cumhaill  ;  the  love  spot  of  Diarmaid  ; 
the  splashing  water  ;  Diarmaid's  death  bv  the  boar.  Fiat  rocks  in  diffé- 
rent   vicinities    were    pointed    out  as     beds   of  Diarmaid  and   Grainne. 

1.  D'Arbois  de  Jubainville,  Cfl/a/oo-»^,  p.  249-50;  éd.  S.  H.  O'Grady 
V.  supra,  note  8. 

2.  V.  supra  n.  8.  In  most  of  the  oral  tradition  Diarmaid  refuses  to 
elope  with  Grainne  :  '  eiiher  by  night  or  dav,  clothed  or  unclothed, 
on  foot  or  on  horseback,  in  companv  or  without  company.  She  how- 
ever  went  to  a  fairy  woman  and  got  gannents  made  from  mountain 
down.  She  came  with  this  garment  on,  riding  on  a  he-goat  in  the 
dusk  of  the  evening  when  it  was  neither  light  nor  dark,  and  thus  it 
could  not  be  said  that  she  was  clothed  or  unclothed,  on  foot  or  on  horse- 
back, in  company  or   without   companv,    and  consequently  was   deemed 


4é  /.  H.    Llo\â,  O.  J.  Bergiii,  G.  Schoepperïe. 

or  puts  cl  stonc  bctwccii  thcm  and  he  Icaves  uncooked  méat 
behind  him  at  cvery  resting  place  as  a  sign  to  Finn  that  his 
wife  is  untouched  '.  Grainne  taunts  him  with  cowardice  and 
uses  every  means  to  tempt  him.  According  to  most  versions 
he  finally  succumbs  : 

Agus  do  ghaibh  misneach  agus  mire  meanman  î  agus  do 
ghaibh  ag  siobhal  re  coisDhiarmada  go  ddsachtach  gur  sgeing 
baoithsteangcân  uisge  suas  tré  laghar  a  coise  gur  bhuail 
shuas  ar  a  ceathramhuin  go  ndiibhairt  go  foithchiuin  léfcin. 

'  Greada  ort,  a  steangcain  stialluidh, 
Is  dâna  tusa  féin  inâ  Diarmuid  !  ' 

'  Créad  sin  a  dûbhraois,  a  Ghrainne',  ar  Diarmuid. 

'Is  cuma  sin,  '  ar  Grainne. 

'  Maise',  ar  Diarmuid,  'ni  fulair  liom  a  fhios  dfâghuil,  6ir  si 
lim  go  gcualadh  cuid  de  ? 

larsin  a  dûbhairt  Grainne,  go  banamhuil  tais  leanbuighe 
naireach,  '  a  Dhiarmuid  ',  ar  si,  '  gé  môr  do  chrôdhacht 
agus  do  chalmacht  a  ccathuibh  agus  a  ccômhracaibh,  dar  Uom 
fein  is  dana  an  baoithsteangcân  uisge  ùd  inâ  tu'. 

'Isfiorsin,  a  Ghrainne',  do  râdh  Diarmuid,  '  agus  ce  fada 
mise  dam  choimeud  fein  ortsa  ar  eagla  Fhinn,  ni  fhuilngeôd 
mh'imdheargadh  dhuit  nisa  mhô,  agus  is  direach  gur  deacair 
taobh  do  thabhairt  ris  na  mnâibh'. 

free  from  the  spell  laid  upon  her'.  IV.  H.  T.  p.  40.  Similarly  L.  F.  153, 
154.  This  ingenuity  on  the  part  of  a  woman  in  accomplishing  some- 
thing  apparent!}-  impossible  is  fréquent  in  popular  tradition.  Cf.  Kôhler, 
Kleinere  Schriften,  III,  p.  )i3-4;  Grimm.  Kinder  und  Hausiiiarchen, 
p.  170. 

I.  JV.  H.  T.  p.  35.  Diarmaid  would  not  approach  her  and  he  uscd  to 
put  a  symbol  before  the  door,  a  quarter  of  a  slaughtered  animal  on  a 
stake,  and  Finn  when  he  saw  the  sign,  was  satisfied.  Similarly  IV.  H.  T. 
44.  He  left  a  spit  of  flesh  uncooked  in  Doire  dha  Bhoth  as  a  token  to 
Fionn  and  the  Fenians  that  he  had  not  sinned  with  Grainne,  and  he  left 
the  second  tirae  seven  salmon,  uncooked,  upon  the  bank  of  the  Leamhain, 
vvherefore  it  was  that  Finn  hastened  eagerlv  after  him.  O'Grady  p.  80-1 
(In  1,5  23,  the  passage  is  suppressed).  Sometime  after  this  D  went  oft'with 
G.  but  where  hc  passed  tlie  night  he  left  unbroken  bread  to  show  that 
he  was  still  blameless.  F.  \2. 


Tht'    Rcproach  of  Dianiiaid.  47 

Is  annsin  do  rinn  Diarnuiid  beau  do  Ghniinne  ar  tûis  agus 
rug  leis  san  bfhiodhbhaidh  i  agus  do  mhairbh  fiadh  alita  an 
oidche  sin  agus  do  chaitheadar  a  ccuid  iarsin  .i.  a  lordhôithin 
feôla  agus  fîoruisge. 

TRANSLATION 

She  took  heart  and  began  to  walk  by  Diarmaid's  side  bold- 
ly.  A  light  jet  of  water  splashed  up  through  thc  toes  of  her 
foot  till  it  siruck  up  to  her  thigh  and  she  said  toherself  soft- 
tlv  and  guardedly  : 

A  plague  on  thee  streaky  splash, 
Thou  art  bolder  than  Diarmaid. 

*  What  is  it  that  you  said,  O  Grainne  '?  askcd  Diarmaid. 

'  It  isof  no  importance',  said  Grainne. 

'  Notso',  said  Diarmaid,  '  I  shall  not  rest  until  I  know  it, 
for  I  think  I  heard  part  of  it  '. 

Then  Grainne  said  timidly,  shyly  and  modestly  :  '  O  Diar- 
maid, great  as  is  thy  valorand  bravery  in  battles  and  encoun- 
ters,  methinks  this  light  splash  of  water  is  bolder  than  thou  '. 

'  That  is  true,  O  Grainne  ',  said  Diarmaid,  '  and  although 
I  hâve  been  keeping  myself  from  thee  for  a  long  time  for  fear 
ot  Finn,  I  will  no  longer  endure  thy  reproaches,  Truly  it  is 
hard  to  trust  women  '. 

It  was  then  that  Diarmaid  first  made  a  wife  of  Grainne  and 
took  her  into  the  thicket.  He  killed  a  wild  deer  that  night 
and  they  ate  their  meal  then  —  their  fill  of  flesh  and  pure 
water. 

This  is  from  one  of  the  eighteenth  century  manuscripts 
ot  the    literary    version'.  The    popular    accounts   are  more 

I.  R.  I.  A.  Ms.  3  B.  8,  f.  312.  The  Ossianic  Society  édition  of  O' 
Grady's  manuscript  gives  a  less  detailed  account,  p.  108.  The  passage  is 
not  translated,  p.  109.  In  the  édition  of  the  Society  for  tlie  Préservation  of 
the  Irish  Language  the  passage  is  entirely  suppressed.  It  is  of  especial 
interest  for  its  similarity  to  a  passage  which  occurs  in  most  of  the  ver- 
sions of  the  Tristan  story  :  For  love  of  the  first  Isolt,  Tristan  refrains 
from  consummating  his  marriage  witli  Isolt  of  Brittanv.  One  day, 
ayear   after  their  marriage,     his  wife    is  riding  with  her    brother;    her 


4^  /.  H.  Uoyd,  0.   J.  Bcroin,  G  Schocpperh. 

bluiit  '.  The  incident  may  well  liave  belonged  to  the  story 
from  a  reinote  period.  h  sheds  light  on  the  attitude  of 
Diarmaid  in  the  lays  hère  printed . 


III 


In  connection  with  the  second  lay  hère  printed^  the  fol- 
lowing  incident  was  related  -  : 

A  stranger,  who  seems  to  be  a  supernaturnal  being,  enters 
the  cave  in  which  the  lovers  hâve  taken  refuge,  and  he  and 
Diarmaid  engage  in  a  game  of  dice.  Diarmaid  loses,  and  the 
stranger  demands  Grainne  as  the  stake.  Diarmaid  is  compelled 
in  honor  to  rehnquish  her,  and  départs.  Later  he  comes  to 
the  cave  in  the  disguise  of  a  beggar.  Grainne  recognizes  him 
when  he  offers  her  the  first  pièce  of  sahnon  he  has  roasted, 
for  she  knows  that  it  is  one  of  his  Qeasa  never  to  eat  or  drink  in 


horse  steps  into  a  pool  and  the  vvater  splashes  up  under  her  robe. 
She  says  to  herself  :  «  111  luck  to  you,  water,  you  are  bold,  iiideed; 
how  dare  you  spring  farther  under  my  clothes  than  ever  knight's  hand 
dared  come,  or  ever  knight's  hand  came  ?  «  Her  brother  overhears  her  words 
and  demands  an  explanation.  Eilhart  von  Oberg,  Tristan,  éd.  F.  Lich- 
tenstein,  Ouellen  iind  ForscJnnigen  XIX,  6138-60.  The  extant  Tristan  texts 
are  rédactions  ot  a  common  French  source  written  in  the  tweltth  century,  cf. 
J.  Bédier.  Le  roviaii  de  Tristan  par  Thomas,  Société  des  anciens  textes  français, 
1902,  1905,  II,  p.  308;  W.  Golther,  Tristan  uml  Isolde  in  den  Dicbtnng- 
en  des  Mittelalters  nnd  der  neiien  Ze// (Leipzig,  1907),  p.  71.  The  incident 
of  the  splashing  water  appears  in  the  Tristan  romance  in  a  context  which 
is  almost  certainly  the  invention  of  a  French  courtly  poet  of  the  twelfth 
century,  and  is  used  to  illustrate  one  of  the  favorite  problems  of  courtly 
love.  In  the  Diarmaid  and  Grainne  story,  on  the  contrary,  the  primitive 
character  of  the  splashing  water  épisode  corresponds  to  the  entire  story. 
I  am  inclined  to  think  that  the  épisode  in  Tristan  is  due  to  Irish  influence. 

1.  JV.  H.  T.  p.  ^6  :  They  went  away  and  they  travelled  together  three 
daysand  three  nights.  They  werecrossingariver,  andalittle  trout  rose  and 
struck  her  (Grainne)  and  she  said  :  Thou  art  bolder  than  Diarmaid.  If  thou 
couldst  go  on  shore! ...  F.  55  :  Grainne  put  her  feet  in  a  pool  of  water 
and  some  of  it  splashed  on  her.  She  said,  I  am  so  long  a  time  going  with 
the  third  best  hcro  of  the  Fians  and  he  never  approached  so  near.  Then 
Diarmaid  left  broken  bread  behind  him. 

2.  L.  F.  155  b,  154  ;  ÏV.  H.  T.  41. 


The  Reproach   of  Diarmaid.  49 

the  présence    of  a   woman   without    offering   her  the    lîrst 
morsel  '. 

He  engages  in  a  stmggle  with  the  stranger,  kills  him,  and 
leaves  the  cave.  Grainne  follows  him,  overtakes  him  at  dawn 
on  the  mountain  of  Shabh  Gaoil,  and  attempts  to  effect  a 
reconcilation  with  him.  He  addresses  to  her  this  lay. 

It  seems  to  be  to  Grainne's  relations  with  the  stranger  that 
stanza  7  of  the  first  lay  hère  printed  and  stanzas  19-21  of 
the  following  lay  allude.  The  épisode  is  found  in  numerous 
versions  in  popular  tradition  -.  In  some  versions  it  exercises 
an  important  influence  on  the  story.  In  one  taie,  the  stranger 
entering  attempts  to  embrace  Grainne,  and  Diarmaid  slays 
him.  In  this  version  it  is  at  this  point  that  Diarmaid  yields 
to  Grainne,  for  she  taunts  him  by  comparing  his  boldness 
with  that  of  the  stranger  ''. 

In  another  version,  in  which  Diarmaid  never  yields  to 
Grainne,  shegives  herselfto  the  stranger.  Diarmaid  kills  him 
when  he  discovers  her  dishonor,  but  he  can  now  no  longer 
leave  the  sign  to  Finn  that  his  wife  is  untouched.  Diarmaid 
thus  remains  to  the  end  faithful  to  Finn.  His  innocence  is  dis- 
covered  afterhis  death '^  and  Grainne  is  buried  alive  >. 

In  the  épisode  of  the  stranger,  popular  transmission   has 


1.  According  to  oral  tradition,  supported  by  the  i8th  century  literary 
version,  Diarmaid's  Geasa  were  the  following  :  not  to  eat  or  drink  in  any 
place  where  there  was  a  woman  without  giving  her  the  first  morsel,  not  to 
hear  the  cry  of  the  hounds  without  foUwing  the  hunt,  nottowatchagame 
without  helping  thelosing  player,  notto  refuse  his  comrades  anything  they 
should  ask  of  him  1.  F.  153,  156,  O'Grady,  p.  78,  174-6,  144  (I  23,  II 
37,  II  22).  Cf.  The  Death  of  Diarmaid  in  the  next  number  of  the  Revue 
Celtique.  Hère  Finn  asks  Diarmaid  to  measure  the  veuomous  boar  against 
the  bristle  and    he    does  not  refuse. 

2.  W.  H.  T.  41,  55,  61  ;  F,  53,   55,  56  ;  L.  F.  153  p.  154. 

3.  F.  53,  f.  55. 

4.  IV.  H.  T.  44,  55  When  Diarmaid  gave  eut  the  shout  of  death,  said 
Finn  to  Grainne  :  '  Is  that  the  hardest  shriek  to  thy  mind  that  thou  hast 
ever  heard  ?'  '  It  is  not,  said  she,  but  the  shrieh  oî  the  ciiithach,  when  Diar- 
maid killed  him.  '  '  Ye  gods  !  that  Diarmaid  were  alive',  said  Finn. 
P-  54,  57- 

5.  F.  57,  62;  L.  F.,  162  a,  stanza  26,  164  a,  stanza  30,  1646,  stanza 
13. 

Revue  Celtique,  XXXIII.  4 


$o  /.  H.  Lloyd,  O.  J.  Bergin,  G.  Schoepperle. 

perhaps  corrupted  the  détails  of  an  incident  whose  significance 
the  narrator  did  not  understand'.  We  find  something  nearer 
perhaps  to  the  original  form  of  the  épisode  in  a  type  of  story 
of  which  we  hâve  several  versions  in  older  Celtic  literature 
and  numerous  imitations  in  French  Arthurian  romance  of  the 
twelfth  centurv'  : 


I.  The  i8th  century  literary  version  préserves  a  few  détails  which  are 
found,  in  the  oral  oiies,  in  connection  with  the  épisode  of  the  stranger  : 
the  mention  of  Diarmaid's  characteristic  manner  ot  dividing  the  fish, 
p.  80-1  (I,  5  25)  cf.  L.  F.  153  b;  the  dwelling  in  the  cave;  Grainne  asks 
Diarmaid  for  his  knife,  p.  96-7  (I,  5  39)  Cf.  H" .  H.  T.  41  :  '  Wouldst  thou 
eat  bread  and  flesh,  Diarmaid'  [savs  Grainne]  ?  '  Needful  were  I  of  it  if  I 
had  it'.  'Hère  I  will  give  it  to  thee.  Where  is  a  knife  will  eut  it  ?  '  'Search 
the  sheath  in  which  thou  didst  put  it  last,  '  said  Diarmaid  ."  Grainne, 
ashamed,  takes  the  knife  out  of  the  side  of  Diarmaid.  She  had  aided  the 
stranger  against  him.  Similarlv  L.  F.  153  b. 

The  stranger  is  called  bv  the  foUowing  names  :  IV.  H.  T.  41,  Ciofach 
Mac  a  Ghoill;  /F.  H.  T.  55,  a  ciuthach  (pronounced  Kexvach,  described  in 
Long  Island  as  uaked  wild  |men,  living  in  caves.  Supposed  to  be  derived 
from  ciuth,  long  hair  behind,  which  word  is  applied  in  Islay  to  a  pigtail 
(J.  F.  Campbell);  F.  53:  Ciuthach  mac  an  Doill (Ceathach  mag-an  Doil). 
The  editor  suggests  Mist,  son  of  Darkness  ;  F.  53  :  a  giant  ;  F.  56  :  the 
Ciuthach  mor  ;  L.F.  153  :  a  giant  called  Ciach,  meaning  Fierceness  ;  L.  F. 
1)4  :  a  giant  called  Cithich  Mac  Daol.  Mr.  Lloyd  suggests  An  Citheach 
Ard,  a  giant  in  Ulster  folk  lore,  and  proposes  the  meaning  Rage,  son  of 
Chafer,  A)i  Chtidheamh  Soluis,  Feb.  5,  1910. 

The  suppression  in  the  literary  version  of  the  épisode  of  the  stranger  is 
probably  to  be  accounted  for  by  the  writer's  effort,  apparent  throughout, 
to  redeem  the  character  of  Grainne, 

2.  Tochmarc  Ftaine,  éd.  Windisch,  l,  Scèl  Mongan,  éd.  Meyer,  Voyage 
of  Bran,  I,  58  ff;  Pivyll  Pendevig  Dyved,  éd.  Rhys  and  Evans,  Mahiiiogiou, 
Vita  GiJdae,  éd.  San  Marte,  v  10:  cited  in  Rom.,  X  491  n.  ;  éd.  Mon .  Gei . 
XTII,  p.  107  (Chrouica  minora  saec.  IV,  V,  VI,  VII).  Ulrich  von  Zatziko- 
ven,  Lanielet,  éd.  K.  .\.  Hahn  (Franckfurt  a.  M.  1845), 11.  4972-5360, 
6710-7423  ;  Heinrich  von  Tùrlin,  Diu  Crâne,  éd.  G.  H.  F.  Scholl,  Biblio- 
thek  des  Ut.  Ver.  inStuttgart,  XXVII,  11.  3356-5370,  10113-12588,  Hartmann 
von  Aue, /îi'«n,  ed .  F.  Bech  (Leipzig,  1873),  11.  4530-4725;  Christian 
von  Troyes,  Der  Karrenritter,  éd.  H.  Foerster  (Lalle,  1899);  King  Arthur 
and  King  Cormuaîl,  éd.  J.  F.  Child,  Englisb  and  Scoitish  Popular  Ballads, 
I,p.  279;  Sir  Orfeo,  éd.  O.  Zielke  (Breslau,  1880).  Allusions  to  the 
abduction  of  Guinevere  are  scattered  through  Arthurian  romance.  Cf. 
Durmart  le  Galois,  éd.  E.  Stengel,  Lit.  Ver.  in  Stuttgard,  cwi,  1.  4185- 
4340,  Der  Pleier,  Gfl;v/    von    dem    hJïihenden    Tal,Qd.M..  Walz  (Freiburg, 


The  Reproach  of  Diarmaid.  51 

A  stranger,  prince  of  a  mysterious  realm,  appears  unex- 
pectedly  in  the  court.  The  queen  recognizes  him,  for  he  has 
been  her  betrothed,  or,  in  some  former  life,  lier  husband.  To 
the  others  he  is  unknown.  His  haughty  bearing  attracts  the 
attention  of  ail.  He  invites  to  a  test  of  skill  (in  the  Tocbmarc 
Etaine,  in  a  game  of  chess),  and  receives  from  the  king  in 
advance,  the  promise  of  whatever  stake  he  may  demand.  He 
wins,  and  claims  the  queen.  The  king  hésitâtes,  but  accèdes 
when  taunted  with  havingcompromised  his  honor.  The  queen 
shows  no  unwillingness  to  départ  with  the  stranger.  After 
many  difficulties  the  king  succeeds  in  finding  and  winning 
back  his  wife  by  force  or  ruse. 

The  épisode  in  Diarmaid  and  Grainne  represents,  it  seems  to 
us,  a  degenerate  form  of  this  type  of  story.  It  has  lost  the 
trait  that  the  supernatural  stranger  was  in  some  former  life 
betrothed  or  married  to  the  queen.  The  loss  of  this  trait, 
which  would  explain  the  absence  of  résistance  on  the  part  of 
Grainne,  alters,  of  necessity,  the  interprétation  of  her  character. 
In  conséquence  we  cannot  accept  the  oral  tradition  as  reprc- 
senting  the  attitude  of  the  ninth  (?)  century  poet  toward  his 
characters,  or  as  correctly  interpreting  the  significance  of  the 
épisode.  It  is  possible,  however,  that  the  incident  itself  con- 
stituted  an  élément  in  the  original  story. 

The  first  lay  hère  printed  is  contained  in  the  Book  of  the 
Dean  of  Lismore,  a  manuscript  of  the  sixteenth  century  '.  The 
présent  text   is  based   on  the  diplomatie  édition  of  Cameron 

1892)  1.  I.  ff.,  1.  1280  ff.  Malory,  Le  Morte  Darthure,  éd.  H.  O.  Sommer 
(Loiidon,  1889),  XIX,  ch.  i.  6,  p.  772,  etc.  etc. 

Studies  on  this  type  of  story  hâve  beenmade,  in  connection  with  Chres- 
tien  de  Troyes'  La  Charette,  by  Gaston  Paris,  Romania,  XI  459  ff.  ;  in  con- 
nection with  the  English  lay  Sir  Orfeo  by  G.  L.  Kittredge,  American 
Journal  oj  Philohgy  VII,  176  ff;  in  connection  with  the  English  ballad, 
King  Arthur  and  King  CorniuaU,  by  K.  G.  T.  Webster,  EngJische  Studien, 
XXXVI,  p.  340  ff.  ;  in  connection  with  Chaucer's  Franldyns  Taie,  bv  W, 
H.  Schofield,  Publications  of  the  Modem  Language  Association  of  America, 
XVI,  p.  405  ff. 

I .  The  heroic  poems  in  the  Dean's  Book  were  edited  by  Thos.  Me 
Lauchlan,  The  Book  of  the  Dean  of  Lismore  (Edmh\irgi\,  1862)  with  resto- 
rations  in  modem  Scotcli  and  English  translations.  The  translation  of  the 
Reproach  of  Diarmaid,  p.  64,  20,  is  verv  inaccurate. 


52  /.  H.  Lloyd,  O.  J.  Èergiii,  G.  Schoepperîe. 

in  Reliquiae  Celticac  11,88.  The  language  isearly  modem  Irish 
with  a  few  Scottish  characteristics.  Stern  (Zeitschrift  fïir 
Celtische  Philologie,  1,294-6,  310-327)  is  probably  right  in 
attributing  this  type  of  poem  to  the  end  of  the  fifteenth  century . 


TEXT 

1 .  Do  mhillis  mise,  a  Ghrâinne  ; 
Thugais  nàire  mhic  Cumhaill  : 
Bheith  '  mar  ataim  san  éigean  =. 
Is  beart  nach  féidir  a  thulaing. 

2 .  Do  thréigeas  cluiche  is  conghâir, 
Ar  chompân  dhamh  —  ni  as  taire  ' 
Do  thréigeas  mnâ  gan  gille  ; 

Is  do  mhillis  mise,  a  Ghrâinne. 

3 .  Do  thréigeas  muirn  is  meadhair, 
Cuirm  is  greadhain  is  gâire  ; 
Do  thréigeas  cluiche  fileadh, 

Is  do  mhillis  mise,  a  Ghrâinne. 

4 .  Caoilte  mear  is  Mac  Lughdhach, 
Dias  ar  nach  d'rugadh  taire  ; 
An  fioch'^nior  ro-mhaith  rinne; 
Do  mhillis  mise,  a  Ghrâinne. 

5 .  Goll  is  Osgar  is  Oisin, 
Aicme  nach  corrach  pâirte 
Dob'  ionmhuin  leo  sin  sinne  ; 
Do  mhillis  mise,  a  Ghrâinne. 

6 .  Fionn  féin  an  aigne  roi-  mhir, 
Is  uaidh  [do']gheihhmis  fâilte, 
Do  thréigeas  miuirn  a  thighe 

Is  do  mhiUis  mise,  a  Ghrâinne. 

7 .  Mar  a  bhios  an  uaimh  c —  5, 
Dhamh-sa  ni  hadhhhar  gâire. 


I.  BhithQ). 

2:  Words  printed  in  italics  are  doubtful. 

3.  gà  ni   as    taire,  —  what  is  more   shameful  (?);  dû    ni    a-    taire,  — 
two  most  shameful  things^. 

4.  a  bfhioch. 

5.  Mr.    Lloyd    translates   'as    I    was    in    a    cave    of    battle',    reading 
chat ha. 


The  Reproach  aj  Diartnaid. 

Ag  coimhcad  uamha  bige  ; 
Do  mhillis  mise,  a  Ghràinne. 

8.  Ag  dol  tar  Bheannaibh  Boirche  '. 
Is  ar  mhuUach  Bhoirne  bâine', 
Ni  môr  nach  tuirseach  sinne; 
Do  mhillis  mise,  a  Ghràinne. 

9.  Ag  dol  tar  Eas  Ruaidh  ;  rôinne, 

Is  beag  nàr  fhôbair  mo  bhâidheadh; 
Fâ  ro-fhuar  geilte  glinne  ; 
Do  mhillis  mise,  a  Ghràinne. 

10.      Tâim  go  fàda  is  go  haithghearr, 
Ag  taisteal  Eireann  aine; 
Is  tréan  do  bhuaidhir  sin  sinne  : 
Do  mhillis  mise,  a  Ghràinne. 

TRANSLATION 

I .     Thou  hast  ruined  me,  o  Grainne. 

thou  hast  brought  shame  on  the  son  of  Cumhall  ; 
to  be  as  I  am  in  distress, 
is  a  load  I  cannot  endure. 

2     I  left  play  and  uproar 

for  a  companion,  which  is  more  shamefui  ; 
I  kft  women  without  an  attendant, 
and  thou  hast   ruined  me,  O  Grâinne. 

5     I  Ifft  merriment  and  delight, 

banquet  and  festive  group  and  laughter; 

I  left  the  play  of  poets  ; 

And  thou  hast  ruined  me,  O  Grâinne. 

4  Caoilte  the  Swift  and  Mac  Lughdhach, 

a  pair  never  put  to  shame  — 

iheir  anger  was  not  very  good  toward  lis  — 

thou  hast  ruined  me,  O  Grâinne. 

5  Goll  and  Oscar  and  Oisin, 

a  Company  not  unstable  in  affection, 
we  were  dearly  loved  by  them  ; 
thou  hast  ruined  me,  O  Grâinne. 

6  From  Finn  himself  of  joyous  heart  — 

from  him  we  used  to  get  welcome  ; 

I.  Mourne  Mountains,  in  County  Down. 

2»  Burren,  in  County  Clare. 

3.  Assaroe,  the  Salmon  Leap  at    Ballyshannon,  Co.  Donegal. 


54  /•  H.  Lloyd,   O.  J.  Bergin,  G.  Schoepperle. 

I  left  the  delight  of  his  house, 

and  thou  hast  ruined  me,  O  Grdinne. 


7     cave 

it  is  no  cause  of  laughtcr  /o  me  : 

keeping  a  little  cave  ; 

thou  hast  ruined  me,  O  Grâinne. 

8  Going  across  the  Mourne  Mountains, 

and  on  the  top  of  the  ïvhite  Bu r yen, 

we  are  wcU  nigh  weary  ; 

thou  hast  ruined  me,  O  Grâinne. 

9  Going  across  the  falls  of  Assaroe, 

I  was  almost  drowned  ; 

very  cold  were  the  spirits  of  tlie  glen  ; 

thou   hast  ruined  me,  O  Grâinne. 

10     By  long  tL'ays  and  short  icavs, 
I  am  traversing  noble  Erin. 
Sorely  has  that  troubled  us  ; 
thou  hast  ruined  me,  O  Grâinne. 

The  text  of  the  second  lay  '  was  printed  by  J.  F.  Camp- 
bell in  his  Leabbar  iia  Feinne  (London,  1872),  p.  153  from 
Kennedy 's  first  collection  of  Ossianic  poems,  made  about 
1774,  a  manuscript  in  the  Advocates  Library,  Edinburgh% 
p.  roo.  It  is  a  more  elaborate  version  of  the  first  lay  and 
includes  Grainne's  replv  to  Diarmaid's  reproach. 

TRANSLATION 


I.  Grainnc  :  It  is  early  the  héron  calls  on  the  marsh  which 
is  on  Sliabh  Gaoil  '  ;  O  son  of  O'Duibhne,  whom  I  hâve 
loved,  Tell  me  the  cause  of  its  cry. 


I  .  Rcstorations  of  both  thèse  lavs  in  modem  Irish  were  printed  by 
Mr.  |.  H.  Lloyd  in  An  Claidbea>nh  Sohiis,  the  organ  of  the  Gaehc  League, 
DubUu,  igMarch,  1910. 

2.  CampheW,  Leahhar  na  Feinne  (cited  L.  F.)also  prints  the  introduction 
to  the  similarlay  found  in  Kennedy's  2nd  Collection,  (c.  1774),  p.  91,  and 
its  variants.  We  hâve  printed  the  more  important  variants  in  notes  1,4,  6, 
page  56,  infra. 

3.  Sliabh  Gaoil  is  in  Argyleshire  near  Kintyre. 


The   Reproach   of  Diarmaid.  55 

2.  Diarmaid  :  O  daughter  of  Cormac  of  Steeds,  O  woman 
who  hast  taken  the  wrong  course,  I  will  tell  thee  truly  :  Her 
foot  hath  clung  to  the  ice. 

3 .  O  Grainne,  who  art  more  fair  to  see  Than  the  smooth 
green  tree  in  blossom,  Thy  love  is  as  swift  to  change  As  the 
chill  cloud  at  dawn  of  day. 

4.  111  hast  thou  used  thy  arts;  When  thon  hadst  entirely  ivon 
my  assent  to  thee',  Thou  didst  put  me  in  hard  distress  ;  Thou 
hast  dealt  grievously  with  me,  0  Grainne. 

5 .  Thou  didst  take  me  Trom  a  king's  palace,  To  be  in  exile 
ail  my  days.  Or  like  the  night  owl,  Lamenting  pleasure  in 
every  place. 

6.  I  am  like  a  deer  or  a  stag,  Passing  my  days  along  remote 
glens.  None  desires  to  see  me,  Of  ail  v/ho  were  kin  to  me  in 
the  house  of  hosts. 

7.  I  hâve  forsaken  ail  my  people,  Those  who  were  bright- 
er  in  nature  than  snow  on  the  hillside.  Their  hearts  were 
loving  and  gênerons  to  me,  Like  the  sun  high  in  the 
sky^ 

8.  But  now  they  hâve  become  full  of  hatred  toward  me, 
like  an  océan  that  does  not  ebb,  Since  thou  didst  beguile 
me,  O  Grainne.  O,  thy   love  hath  been   of  ill  omen  to  me  ! 

9.  Through  thee  I  hâve  lost  my  lands  forever.  And  my 
white-sailed  fleet  upon  the  sea.  I  hâve  lost  my  jewels  and 
my  gold.  It  is  bitterly  thou  hast  wronged  me  with  thy 
love . 

10.  I  hâve  lost  my  inheritance  and  my  comrades.  And  my 
men  who  were  not  feeble  behind  shields.  I  hâve  lost  the 
kindness  and  love  Of  the  men  of  Erin  and  ail  the  Fiann. 

11.  I  hâve  lost  delight  and  music;  I  hâve  lost  the  right  to 
my  own  honor;  Erin  and  ail  that  are  in  it  hâve  forsaken  me, 
On  account  of  thy  love  and  affection  alone. 

12.  I  can  never  again  return  To  the  Fianns  of  Erin  luhose 
coiiipanies  were  great  5  ;  My  character  is  more  hateful  to  Finn 
Than  the  terror  of  a  monster  of  sharpest  bristles. 

1.  Mr.  Lloyd  reads  :  '  when  thou  didst  solve  mv  whole  task  '. 

2.  '  and  the  high  skies  '  ? 

3 .  '  whose  love  was  great  '  ? 


56  J.  H.   LJoyd,  O.  J.  Bcrgin,  G.  Schoepperk. 

13.0  Grainne  of  fairest  form.  No  better  for  thyself  was 
thy  elopement.  It  was  thy  choice  to  go  with  me  like  a  phan- 
tom  Rather  than  to  be  in  ease  with  the  king  of  the  Fiann  '. 

14.  Grainne  :  O  Diarmaid,  brighter  in  face  Than  fresh 
snow  or  bog-cotton  of  the  mountain,  Dearer  to  me  was 
the  Sound  of  thy  hps,  Than  ail  the  music-  among  the 
Fiann. 

15.  Dearer  to  me  was  the  glance  of  thy  eyes,  And  thy 
fresh  blue  eyes  like  the  grass,  Than  ail  the  strength  and  ail 
the  gold  In  the  great  hall  of  the  king  of  the  Fiann. 

16.  The  love  spot  on  thy  bright  face  Was  dearer  tome 
than  honey  or  a  jet  of  milk;  When  I  saw  it  above,  It  was 
dearer  to  me  than  the  king  of  Erin  and  his  host. 

17.  My  heart  fell  within  me,  When  I  saw  thy  image  and 
thy  beauty;  If  I  could  not  hâve  brought  thee  to  my  side,  I 
should  no  longer  be  in  the  world  \ 

r8.  O  dear  warrior  of  brightest  palm,  Though  it  is  I  who 
caused  ail  thy  fault,  Accept  me  again  as  thy  wife,  And  Iwill 
swear  never  to  forsake  thee  4. 

19.  Diarmaid  :  Why  should  I  take  thee  as  a  wife,  O  woman, 
although  thy  voice  is  soft,  —  The  woman  who  forsook  the 
king  of  the  Fiann,  And  forsook  me  afterward  as  surely. 

20.  Grainne  :  Even  though  I  did  leave  Finn,...  5  And 
although  I  forsook  thee  afterward,  When  I  was  altogether 
despondent  ^\ 

1 .  111  was  thy  behavior,  hard  the  taie .  Thou  didst  choose  the  fierce 
one  of  the  hills,  Rather  than  ail  that  the  Fiann  had,  Ketmedy's  Second 
Collection . 

2.  Leg.  cheol  with  Ketmed/s  Second  Collection. 

V  Mr  Lloyd  reads  :  '  If  I  got  thee  not  to  my  side,  I  should  not  be  in 
the  world  a  single  day'. 

4.  O  dear  hero  of  the  brightest  palm,  Great  is  mv  fault,  and  great  is 
the  reason  [for  it].  Accept  the  daughter  of  Cormac  of  the  Heroes  ;  I  swear 
by  the  bushes  that  I  will  not  forsake  thee,  Kennedy  s  Second  Collection. 

5.  Lest  I  should  fall  through  grief  and  sorrow'.  ?  The  line  does  not  fit 
the  mètre  or  the  syntax. 

6.  Although  I  did  désert  Finn,  Since  I  loved  thy  glory  (speech)  more, 
I  did  not  side  with  the  strong  giant  :  Far  dearer  to^  me  was  thy  music. 
Kennedy' s  Second  Collection. 


The  Rcproach   oj  Diarmaid.  57 

21.  I  will  never  forsake  thee  now,  But  true  love  to  thee 
forever  growing,  [Shall  be]  like  iresh  branches  on  the  bough, 
With  gentle  warmth  throughout  my  life. 

22.  Diarmaid  :  Fulfil  thy  promise,  O  woman,  [And]  al- 
though  thou  hast  tormented  me  with  sorrow,  I  will  accept 
thee  as  my  wife,  Although  thou  didst  choose  the  great 
giant  ' . 

J.  H.  Lloyd,  O.  J.  Bergin,  G.  Schoepperle. 


I.  The  text,  translation,  and  textual  notes  from  the  Dean  s  Book,  are  by 
J.  H.  Lloyd  and  O.  J.  Bergin  ;  the  translation  of  Kennedy's  version  is  by 
G.  Schoepperle,  revised  bv  J.  H.  Lloyd  and  O.  J.  Bergin.  The  introduction 
and  literary  notes  are  by  G.  Schoepperle. 

This  article  and  one  ou  the  Death  af  Diarmaid  to  follow  in  the  next 
number  of  the  Kez'ue  Celtique  will  form  the  basis  of  a  study  of  the  relations 
of  the  story  o{  Diartnaid  and  Grainne  to  that  of  Tristan  andIsoU,  to  appear 
shortlv  in  a  volume  on  the  origins  of  the  Tristan  romance. 


ZUR  INTERPRETATION  DER  ECHTRA  CONNLA 


Anlâsslich  der  Vorbereitung  einer  kritischen  Ausgabe  der 
«  Echtra  Connla  »  fur  meinen  «  Primer  of  Old-Irish  » 
môchte  ich  an  dieser  Stelle  einige  von  niir  vorgeschlagene 
Emendationen  niiher  erôrtern. 

Vor  allem  ist  es  nôtig,  auf  das  Verhàltnis  der  Manus- 
kripte  etwas  nâher  einzugehen.  Der  Text  ist  zwar  im  Gross- 
en  und  Ganzen  derselbe,  doch  finden  sich  am  Antang  und 
Ende  einige  Differenzen. 

Die  Manuskripte  zerfallen  in  zwei  Gruppen  : 

A.  Version  I  wird  durch  LU  p.  120,  und  Harleian  5280 
fol.  76''  I  reprâsentiert.  Der  Text  ist  an  einigen  Stellen  kor- 
rupt  und  die  erliiuternden  Zusiitze  weisen  deutlich  auf  die 
Hand  eines  Redaktors,  der  den  ihm  vorliegenden  alten  Text 
(der  in  Version  II  seine  ursprûngliche  Gestalt  bewahrt  bat) 
seinen  Zeitgenossen  mundgerecbter  zu  machen  sucbte. 

Das  Verhàltnis  von  LU  und  Harl.  ist  besondêrs  desv^-egen 
intéressant,  weil  dadurch  Zimmers  Théorie,  dass  der  Schreiber 
von  LU  nicht  auch  der  Kompilator  gewesen  sein  kann,  son- 
dern  sein  Material  von  einer  àlteren  Kompilation,  die  eine 
Neuredaktion  verschiedener  alter  Sagentexte  darstellte,  einfach 
abgeschrieben  haben  musste,  sehr  schôn  bestàtigt  wird. 

Das  aus  dem  16.  Jahrhumdert  stammende  Harl.  5280 
kann  nàmlich  nicht  von  LU  abgeschrieben  sein,  sondern  muss 
gemeinsam  mit  LU  auf  eine  altère  Vorlage  (die  von  Zimmer 
dem  Flann  Manistrech  zugeschriebene  Kompilation)  zuriick- 
gehen,  wie  aus  folgenden  Lesarten  erhellt  : 

§  I  LU  :  «  in  uachtor  »,  Harl.  :  «  indochtMr  »  (Eg.  N. 
R.  :  «  indochtar  »). 

§  3  LU  :  «  rochûalatâr  »,  Harl.  :  «  rocolatfl;-  »  (Y'  : 
rocholatar  »). 


Zur  Interprétation   der  Echtra  Conula.  59 

LU  :  «  connach  cûala  »,  Harl.  :  «  gonach  colai  ». 

Dem  Schreiber  von  Harl,  konnte  es  unmoglich  einfallen, 
ein  ihm  leicht  verstândliches  vorliegendes  cùaia  durch  côlai, 
etc.  zu  ersetzen  ;  in  dem  letzterwiihnten  Fall  hat  Eg.  1782  : 
coala  und  YBLcol.  915  :  coali. 

Entweder  stand  nun  im  Original  côle  und  die  Manuskripte, 
die  ôa  haben,  gehen  auf  Abschriften  zurùck,  die  zu  einer 
Zeit  gemacht  worden  waren,  als  ô  zu  ôa  geworden  war,  oder 
(wie  Prof.  Thurneysen  wir  vorschlàgt)  im  Original  stand 
ûberall  ôa  (das  noch  nicht  zu  fia  geworden  war  ;  cf.  ê,  das 
ûber  èa  zu  la  wurde)  —  so  haben  fast  aile  Handschriften 
Bôadao  {=  Biiadach)  cas  (=  lïas)  —  das  von  verstândigen 
Schreibern  zu  ûa^  von  un  verstândigen  zu  0  gebessert  worden 
war. 

Das  Original  unserer  Sage  muss  demgemâss,  wie  ich  ein 
anderes  Mal  nâher  zeigen  werde  âlter  sein,  als  die  Wûrzbur- 
ger  Glossen  in  denen  ô  vor  /  und  d  schon  regelmàssig  als  ûa 
erscheint. 

Dass  jene  gemeinsame  Vorlage  von  LU  und  Harl.  nicht  das 
Original,  sondern  eine  Neuredaktion  gewesen  sein  muss,  wird 
am  Ende  dieser  Abhandlung  gezeigt  werden. 

B.  Version  II,  die  die  ursprûngliche  Fassung  des  Textes 
giebt,  wird  durch  sàmmtliche  ùbrigen  Manuskripte  vertreten, 
namlich  :  Y.  B.  L.  col.  399  (Y');  Y.  B.  L.  col.  914  (Y  ^  ; 
Eg.  88  fol.  ii''i  (88)  R.  I.  A.  N.  10  (Betham  145)  fol.  70 
(N);  Eg.  1782  fol.  i9^^2  (Eg.);  H.  i.  13  (T.  C.  D.)  fol.  349, 
eine  genaue  Kopie  von  Eg.  1782.  Schliesslich  das  Fragment 
in  Rawl.  B.  512  fol.  i2o''2  (R). 

I.  Aininsur  àlaib. 

Der  Vers  in  LU  :   :  Tathut  airiinsnr  âlaih 

fri  tôind  l'eôkhaire  ojadib  (=  ôadiF). 
hat    his   jetzt    der    Ubersetzung   scheinbar   unùberwindliche 
Schwierigkeiten     bereitet.    Ursachen    dieser  Schwierigkeiten 
sind  die  Worte  aininsur  àlaib. 

Die  andern  Manuskripte  haben  :  Y'  aninsôer  aildib  Y^  ainin- 
sur alaibEg.  :  airiunnsur  àlaib  N  :  airiunnsur  aliiib,  88  :  airiun- 
sur  alaib. 


éo  Julius  Pokornv. 

Ich  halte  airtinsiir  alaib  fur  ein  Cheville  und  will  daher 
zuerst  den  iibrigen  Teil  des  Verses  iibersetzen. 

Wir  mûssen  uns  vor  allem  vor  Augen  halten,  dass  knappe 
Diktion,  die  manche  Worte  nur  erraten  lasst,  in  der  irischen 
Poésie  sehr  hàufig  vorkommt. 

So  ist  in  unserem  Falle  nach  tâthiit  wohl  ein  Wort,  das 
etwa  «  Widerwille  »  oder  «  Kampf  »  (vielleicht  debuith) 
bedeuten  kônnte,  zu  ergânzen.  Ebenso  ist  vor  ôadib  ein  Wort 
fur  «  Fortgehen,  Forteilen  «  zu  ergânzen,  so  dass  wiralso  die 
Stelle  iibersetzen  kônnen  : 

Du  strâubst  dich,  —  aininsnr  àlaib  !  —  gegen  die  Woge 
deiner  Sehnsucht,  [die  dich  treibt]  von  ihnen  (den  deinen) 
[fortzugehen],  damit  wir  in  meinem  kr3'stallenen  Schiffe  zum 
Sid  des  «  Bùadach  »  kàmen,  wenn  wir  es  erreichten.  » 

Die  Konstruktion  :  Tâthiit  (dehiitli)  fri...  «  Du  streitest 
mit...,  hast  (augenblicklich)  Widerwillen  gegen...  »,  ist  ganz 
unbedenklich  (cf.  O'  Maille,  Verbs  of  Existence  §  80).  Ver- 
gleiche  Wb.  28''2  5  :  ni  bii  debuith  do f ri  nech  «  he  has  nota 
quarrel  with  any  one  »,  wo  fur  ni  bii  do...  ebensogut  ein  infi- 
giertes  (resp.  suffigiertes)  Pronomen  mit  lu  stehen  kônnte  ■ 
Umgekehrt  kônnte  fur  tùthut  («  dir  ist  »  cf.  Fél.  Juli  24) 
in  unserem  Falle  auch  ta  diiit,  im  Falle  der  Negierung  :  ni-t-tâ 
stehen. 

(Auch  eine  andere  Erklàrung  wàre  môglich,  die  bei  unserer 
ausserst  mangelhaften  Kenntnis  der  Syntax  des  archaischen 
Irisch  vielleicht  auch  in  Betracht  zu  ziehen  wâre,  die  ich  aber 
nur,  um  aile  Môglichkeiten  zu  erôrtern,  hier  mit  grôsster 
Reserve  anfûhre.  In  thâtut  fri...  kônnte  vielleicht  ein  sonst 
zufâllig  nicht  belegtes  Idiom  «  du  bist  unwillig  gegen...  » 
vorliegen .  Vergleiche  Wb  24'''24  is  hed  romboth  dam  «  this  is 
why  people  hâve  been  at  me  »  und  neuirisch  :  céard  ta  ort 
«  what  ails  thee  ?  ») 

Das  Cheville  air  uns  nr  àlaib  ist  zweifellos  nicht  ganz  richtig 
ûberliefert.  Es  sind  zwei  Môglichkeiten  zu  erwâgen.  In  der 
irischen  Palâographie  besteht  die  Eigentûmlichkeit,  dass  Zei- 
lenschluss  und  Wortschluss  nicht  zusammenfallen  mùssen,  so 

I.  Eriu,  VI,  p.  65. 


Ztir  Interpretal'wn  der  Echtra  Connla.  6i 

dass  Worte  oft  an  beliebiger  Stelle  ohne  jeden  Bindestrich 
abgebrochen  werden.  So  kann  leicht  im  Original  (zusammen- 
gehôrige  Worte  wurden,  besonders  in  Chevilles,  oft  ohne 
Worttrennung  zusammengeschrieben)  aininsiir  \\  àlaib  gestan- 
den  haben,  indem  has  r,  das  zu  ràlaib  gehôrte,  gerade  am 
Schluss  der  Zeile  zu  stehen  kam.  Unverstândige  Schreiber  fass- 
ten  dann  airimsiir  als  ein  Wort  auf. 

Das  r  kann  aber  auch  auf  andere  Weise  zu  airimsii 
gekommensein.  Die  irischen  Schreiber  pflegen  die  in  der  Prosa 
eingestreuten  Gedichte  gelegentlich  durch  ein  am  Rand  der 
Zeile  hingesetztes  R  (Abkiirzung  fur  rose  oder  retoric)  erk- 
ennbar  zu  machen.  (So.  z.  B.  in  der  LU  Version  unseres 
Gedichtes). 

Wenn  nun  im  Original  die  Zeile  auf  der  rechten  Seite 
eines  Folioblattes  mit  airunsii  endete  und  am  Rand  der  Zeile 
(dies  wâre  ja  die  erste  Zeile  des  Gedichtes  gewesen)  jenes  R 
stand,  konnte  dièses  leicht  vom  ersten  Abschreiber  des  Ori- 
ginals  aus  Unachtsamkeit  in  den  Text  des  Gedichtes  hinein- 
genommen  worden  sein. 

Fur  die  Interprétation  ist  dièse  Frage  ûbrigens  ganz  fcelang- 
los,  da  ràlaib  und  ùïaib  ungetahr  die  gleiche  Bedeutung 
haben. 

Air(J)unsu  ist  der  Komparativ  eines  Adjektivs  air{i)unse 
(z=  ir-ansé)  «  sehr  schwierig  ».  {anse  aus  *n-asse  «  nicht 
leicht  »).  Wie  sich  das  erste  //  in  air{ï)unsii  erklârt,  ist  zwei- 
felhaft,  denn  obwohl  aile  Handschriften  //  haben,  ist  deswe- 
gen  noch  nicht  ausgemacht,  dass  es  auch  im  Original  stand  ; 
es  konnte  auch  eine  mittelirische  Korruption  sein.  So  schrei- 
ben  z.  B.  in  §  i  aile  Manuskripte  das  jûngere  acailli  u. 
âhnl.,  wâhrend  nur  ein  Manuskript  (Y  ')  zutallig  die  alte 
Form  adglàiter,  die  also  im  Original  gestanden  haben  muss, 
bewahrt  hat.  Wâre  dièse  Handschrift  zufâllig  nicht  erhalten, 
konnte  man  immerhin  zweifeln,  ob  wir  das  Recht  hiitten, 
adglàiter  zu  restituieren. 

Daran,  dass  anse  im  modernem  Sûdirischen  als  auns^  gespro- 
chen  wird,  darf  man  wohl  kaum  denken.  Dagegen 
halte  ich  es  fur  wahrscheinlich,  dass  wir  in  der  ersten  Silbe 
eine  Kontamination  der  beiden  Prâpositionen  *(p)are  (ir.  air. 


62  J  II  lins  Pokorny. 

altcymr.  ar)  und  *iru,  àlter  *{p)erô  '  (irish  ir,  altcymr.  yr)  vor 
uns  haben,  dass  airiunsii  also  auf  irimsu  (*iru-ansii)  zurùck- 
gelît.  Fur  irunsn  wâre  dann  durch  Einfluss  der  mit  air-  zusam- 
mengesetzten  Worte  airiunsii  eingetreten. 

Das  Fehlen  der  Synkope  in  der  zweiten  Silbe  istganz  unbe- 
denklich,  da  das  als  Intensivpràfix  gebrauchte  /;■"-  erst  nach 
dem  Eintritt  der  Synkope  angefûgt  worden  sein  kann  oder  da 
daserste  // auch  ein  Svarabhaktivokal  -  (aus*  ir^^nse)  sein  kônn- 
te.  Ausserdem  wird  die  Synkope  ofter  durch  schwere  Kon- 
sonantengruppen  verhindert.  Zahlreiche  Beispiele  mangelnder 
Synkope  findet  man  bei  Meyer,  Contributions,  p.  43. 

Ebenso  wie  in  air{i~)unsu  erklârt  sich  das  //  im  mittelirischen 
irussa  «  sehr  leicht  »  (//-"  -\-  assci)  iritd  «  grosse  Furcht  » 
(aus  *irn-ôlo-,  zu  air.  Nûtli)'. 

Râlaib  erkliirt  sich  als  Dativ  Plur.  eines  Nominativs  rail  aus 
*pro-pakli  (cf.  got.  fagrs)  ebenso  wie  rân  «  herrhch  »  aus  ro- 
àn  entstanden  ist,  da  im  Irischen  jedes  Adjektiv  durch  Prafi- 
gierung  von  ro-  verstàrkt  werden  kann.  So  ist  rail  =  ro-àil 
«  sehr  passend,  erwûnscht,  Wunsch  »  und  das  nichtpalatale 
/  in  àlaih  erkliirt  sich  durch  das  vorher  geschwundene  k.  Das 
Cheville  ist  somit  wôrtlich  zu  ûbersetzen  «  Schwerst  erfullba- 
rer  aller  Wûnsche  !  »  (Wunsch,  der  am  schwersten  zu  erfûl- 
len  ist)  oder  mchr  sinngemâss  :  «  Vergeblichstes  Bemûhen  !  » 
Fur  die  Konstruktion  cf.  Félire  Oengusso,  Prol.  316  //  dall- 
chêilliit  do'inib  «  thou  art  the  most  dull-witted  of  men  »  (Meyer 
in  Ériit,  VI,  p.  iio,  Anm.) 

2.  In  g  rein  n-gil. 
Der  Vers  in  LU  : 

Fil  tir  n-aill, 

nadbii  messii  do  saigid 

1.  Wahrschcialich  ein  erstarrter  Instrumental  des  Adjektivs  *peros.  Zur 
Bildung  vergleiche  griech.  l-tcT/sow,  Brugmann,  Gnoniriss,  II,   2,  p.  188. 

2.  Zur  //  Qualitiit  der  Svarabhaktivokale  cf.  Pedersen,  Gratiiimilik,  I, 
p.  268,  1.  19/20. 

3.  Uber  die  Etymologie  und  Geschichte  des  a'r.  asse  und  der  Praposition 
ar-,  il-,  werde  icii  demnachst  in  Kuhns  Zeitschrift  ausfuhrlich  handeln. 
Die  genannten  Composita  wurden  zu  einer  Zeit  gebildet,  als  *  erô  schon  zu 
*  irû  oewordeu  war. 


Zur  Iiiterprclalioii   der  Echtra  Coiiiila.  63 

atchÏH  :  tairnid  in  gréin  n-gil  ; 
cid  cian,  ricfam  rîa  n-adaig. 

ist  offenbar  korrupt.  in-gréin  n-giJ  giebt  absolut  keinen  Sinn, 
da  tairnid  «  senkt  sich  »  hier  intransitiv  gebraucht  wird  und 
wir  demgemass  einen  davon  abhângigen  Nominativ  erwarten 
miissen,  wahrend  der  Akkusativ  hier  keineswegs  zu  rechtfer- 
tigen  ist. 

In  Version  II  fehlt  ngil;  atchiu  (=  ad-d-chiu  ans  *ii"isô) 
«  ich  sehe  es  »  ist  wohl  dreisilbig  zu  lesen  ;  auch  Eg.  und  N 
haben  das  korrupte  grêin  ;  88  hat  g  reine,  wahrend  Y  '  u.  Y^ 
richtio;  ëîi  haben.  Wie  dièses  ô7z  aufzulôsen  ist,  zeigt  uns  die 
niichste  Zeile.  ^n  muss  nâmUch  mit  einem  Wort   im   Innern 

o 

der  ietzten  Zeile.  reimen.  LU  und  Harl.  haben  cian,  wahrend 
in  Eg.  N.  und  88  das  korrupte  céin  steht.  Wieso  die  Korrup- 
tion  grêin,  cèin  entstand,  wird  uns  klar,  venu  wir  sehen,  dass 
Y'  Y'  deutlich  f?;/  schreiben,  demzufolge  auch  ô^  in  gren 
aufzulôsen  ist. 

Im  Original  stand  also  noch  grèn,  cên,  mit  erhaltenem  e, 
gerade  so,  wie  ô  noch  nicht  zu  ûa  geworden,  sondern  noch 
erhalten  oder  erst  zu  ôa  geworden  war. 

Der  gleichaltrige  Imram  Brain  hat  ebenfalls  è  bewahrt,  so 
in  blédne  ^  55,  58,  und  das  Nebeneinanderliegen  von  (5  und 
ôa  ist  dort  âhnlich  zweideutig,  wie  in  unserer  Sage.  Nun  ist 
auch  begreiflich,  wie  die  Korruption  gréin,  céin  entstand. 
Manche  Schreiber  verstanden  das  ihnen  vorliegende  archaische 
cén  {grtUi)  nicht  und  schrieben  dafùr  céin,  Qréin  ;  tairnid  kon- 
nte  irrtùmlich  als  transitiv  gebraucht  aufgefasst  werden)  wah- 
rend die  verstàndnisvollen  Schreiber  das  jûngere,  regulare  r/'^;/ 
daflir  einsetzten. 

3.  tairnid 

Die  Form  tairnid  kann  nicht  ini  Original  gestanden  haben, 
da  erst  im  fruhen  Mittelirischen  komponierte  Verba  die  soge- 
nannten  absoluten  Eudungen  analogisch  annahmen. 

Von  den  ûbrigen  Handschriften  hat  Harl.  tairnind,  N  tai- 
rinde,  88  tairinnith,  Y  '  tainwdb,  Y  '  tairnid,  Eg.  tairindig. 


64  Jiiliiis  Pokoriiy. 

Reguliir  sollten  wir  do-aini{n)i  erwarten,  was  auch  in  den 
Vers  passen  wurde  :  atchiu,  do-airn{ny  ingrèn. 

Es  ist  aber  nicht  ausgeschlossen,  dass  im  Original  schon 
tairn{iiy  (\n  wclchem  Fall  das  folgende  /  nicht  elidiert  werden 
durfte)  oder  —  mit  analogischem  Zwischenvokal  —  tairinni 
gestanden  iiaben  Icônnte,  da  in  Wb  schon  gelegentUch  das 
Praverb  to  vortonig  vor  Vokalen  als  /-  statt  als  do-  erscheint 
(Thurneysen,  §  844  B.)  Altère  Belege  dièses  Verbums  finden 
sich  bei  Ascoh,  Gloss.  Palaeohib.  p.  lxxxv  und  Transactions  of 
thc  Phi  loi.  Society,  1895,  p.  64. 

4.  niod  nad  mod  ;   5 .  rondiacht 

Ein  Vergleich  des  letzten  Absatzes  (§  7  bei  Windisch,  Ir. 
Granim.)  der  Version  I  mit  Version  II  zeigt  deuthch  die  Infe- 
rioritât  der  Vorlage  der  LU  Version. 

In  LU  (damit  bis  auf  einige  orthographische  Verschieden- 
keiten  ùberein  stimmend  Harl.)  heisst  es,  nachdem  Connhi 
in  das  krystallene  Schiff  der  Jungfrau  gesprungen  ist  ; 

Atconnarcatar  iiàdib  mod  nad  mod  i.  in  fat  rosiacht  ind  radairc 
a  roisc:.  «  Sie  sahen  (sie,  sich)  von  ihnen  (entfernen)  «  mod 
nad  mod  »  d.  h.  soweit  der  BHck  ihres  Auges  reichte.  » 

Dass  der  Redaktor  der  LU  Version  )nod  nad  mod  nicht  vers- 
tanden  hat  und  den  Ausdruck  in  hôchst  unsinniger  Weise  zu 
erklâren  sucht,  ergiebt  sich,  sowie  wir  Version  II  betrachten, 
die  ganz  kkr  und  deuthch  ist. 

Ich  gebe  den  Text  von  Eg.  1782;  in  Klammern  bessere 
Lesarten  der  andern  Handschriften  : 

«  Voceirà  da»///  Connla  bedg  n-ùadaib,  co  m-boi  isin  (N  : 
issind)  noi  glando.  (Y%  88  :  glandai).  Atacondchatar  (Y-, 
atacondarcadar  ;  kg.  atacondarcatar)  ûadaib.  (Y  '  hoadhib  ; 
kg.  ôadib)  Mod  nad  mod  rondiacht  a  sùil  imram  mara  (Y  ^ 
maro)  dogenset.  Ni  aicesa  o  sein  (Y  -  sin)  i-lle.  Aspert  (Y  ^ 
asbert)  Conn  iarum  oc  aicsin  Airt  :  Is  a  oenar  (Y-  oen///) 
indiu  do  Art.  Is  de  ata  Artt  oinfiur  (Y  ^  oenfer).  Finit.  » 

Wir  sehen  sofort,  dass  die  klare  und  durchsichtige  Version 
II  dem    Redaktor   von   I    als    Grundlas:e   fur    seine    Version 


Zur  Interprétation  dcr  Echtra  Connia.  65 

gedient  haben  muss  und  gewiss  den  urspriinglicheren  Text 
repnisentiert.  Unklar  ist  nur  die  Form  rondiacht.. 

Y'  und  N  haben  gleichfalls  rondiacht,  Y'  ronniacht, 
88  roniacht.  Eine  Form  rondiacht  ist  jedenfalls  unmôglich  :  ihre 
Entstehung  ist  aber  ganz  klar.  s  ist  sowohl  das  Abkùrzungs- 
zeichen  tiir  acht  wie  auch  fur  sed.  Ein  rondi's  des  Originals 
konnte  sehr  leicht  als  rondiacht  verlesen  werden.  Auch  der 
Redaktor  der  LU  Version  beging  diesen  Irrtum  und  besserte 
daher  das  Wort  zu  rosiacht  ;  infolgedessen  musste  er  auch  den 
folgenden  Text  àndern. 

Zu  lesen  ist  zweifellos  rondîsed  (ro-n-d-ised),  3.  sing.  Prâ- 
ter.  des  s  subj.  zu  ro-icc  «  erreicht  «  ;  d  ist  das  infigierte  neutrale 
d,  das  sich  auf  das  folgende  imram  bezieht,  obwohl  inirani 
masculinum  ist  (cf.  Thurneysen  §  420,  2.  Absatz).  Die  rela- 
tive Form  des  infigierten  Pronomens  steht  hier,  da  das  Ver- 
bum  nach  mod  nad  niod,  einem  Bezugswort,  das  die  Art  und 
Weise  der  Handlung  ausdrûckt,  (Thurneysen  §  492)  relativ 
ist.  Aus  demselben  Grunde  hat  auch  das  relative  -n-  hier  sei- 
nen  Platz.  inod  nad  mod  heisst  wôrtlich  «  (es  ist)  eine  Art  und 
Weise,  die  (eigentlich)  keine  Art  und  Weise  ist,  mit  welcher 
(=-//-)...  »  also  soviel,  wie  «  kaum  noch  ». 

Ebenso  ist  iiiod  nad  mod  im  Fled  Bricrenn  (§  84)  zu  ûberset- 
zen,  \vo  es  einen  neuen  Satz  beginnt. 

Der  ganze  Abschnitt  ist  zu  ûbersetzen  : 

«  Da  sprang  Connia  von  ihnen  fort  in  das  krystallene 
SchifF.  Die  Leute  sahen  sie,  wie  sie  sich  von  ihnen  entfern- 
ten  '.  Kaum  konnte  ihnen  ihr  Auçe  fola:en,  wie  sie  auf  dem 
Meere  dahinfuhren.  Seitdem  wurden  sie  bis  heute  nicht  mehr 
gesehen.  Als  nun  Conn  seinen  Sohn  Art  erblickte,  sprach 
er  :  Jetzt  ist  Art  ganz  vereinsamt.  Deswegen  heisst  er  «  Art 
der  Einsame.  »  Ende. 

Wien,  den  25  Januar  19 12. 

JuliuS    POKORNY. 

I.  Vor  ôadil)  ist  ahnlicli  wie  oben  in  éûtctiaiic  ôadih  ein  Verbum  der 
Bewegung  zu  ergànzen . 

Rnme  Celtique,  XXXIIl.  $ 


ALTIRISCH   SEGUND,    SECOND,   SEGAIND 


Auszugehen  ist  zweifellos  von  einem  Adjektiv  in  der  Bedeu- 
tung  «  trefflich,  geschickt  ». 

Der  âlteste  Beleg  findet  sich  in  Tâin  Bô  Frdich  §  1 1  : 
h  ségond  dofanic  LL  75  segonnd  donfamicc  Eg.  (leg.  do-n-ânicc) 
«  trefflich  ist  es  gegangen  ».  Als  Adjektiv  erscheint  sègiind 
aucii  im  Tdin  Bô  Ciiailnge  (Strachan^  Tâin  Taies,  p.  23) 
«  a  n-as  ségiindo  »  und  im  Saltair  na  Rann  6065  «  Ba  segunn... 
Jasin  sluag  ».  Spàter  erscheint  meist  nur  die  Form  sêgaùid, 
(mit  Ubergang  des  Wortes  in  die  adjektivische  /  Flexion)  so 
Revue  Celtique,  vol.  XXIV,  p.  44  seghaine  (leg.  sêghaimmî) 
und  F.  M.  868  seghainn.  Das  Wort  wird  auch  hâufigsubs- 
tantivisch  in  der  Bedeutung  «  champion  »,  «  Meister  » 
verwendet.  Weitere  Beispiele  lindet  man  in  Windisch's 
Wôrterbuch  p.  766,  Eriu  IV,  p.  124  und  V,  p.  42. 

Was  die  Herkunft  des  Wortes  anbelangt,  so  haben  wir  es 
notwendigerweise  mit  einer  Entlehnung  zu  tun,  da  ein  Kom- 
positum  kaum  vorliegt  und  ein  Suffix  -oml,  -und,  im  Irischen 
nicht  vorkommt. 

Ségund  ist  zweifellos  aus  dem  lateinischen  secimdus  in 
der  Bedeutung  «  glûcklich,  geschickt  »  entlehnt.  Vom  Stand- 
punkt  der  Bedeutung  lasst  sich  wohl  kaum  ein  Einwand  erhe- 
ben.  Aber  auch  in  formeller  Hinsicht  ist  ailes  in  Ordnung, 
obwohl  «  secundus  »  im  Irischen  vor  allem  *sechund  ergeben 
batte. 

Es  ist  ohne  weiteres  klar,  dass  s'egund  (^sego)id  ist  nur  andere 
Schreibweise)  keine  ursprûngliche  Form  darstellen  kann,  dass 
vielmehr  irgend  eine  analogische  Umbildung  vorliegen  muss, 
weil  altes  e  vor  niçhtpalataler  Konsonanz  zu  la  hiitte  werden 
mùssen . 


Altirisch  Sêguud,  S'egond,  Sêgaind.  67 

Auch  von  einer  Form  segiind  (mit  kurzem  e)  konnen  wir 
nicht  ausgehen,  weil  dièses  e  vor  u  farbenem  g  zu  /  gewor- 
den  wâre.  Es  bleiben  somit  noch  zwei  Môglichkeiten  zu  erwà- 
gen  :  Entweder  ist  segund  analogisch  aus  *sigund  umgebildet 
worden  (durch  dièse  Annahme  kâmen  wir  jedoch  der  Erk- 
lârung  unserer  Form  um  keinen  Schritt  nàher  ;  ausserdem 
wâre  die  analogische  Umgestaltung  von  *signnd  zu  segund  nïchl 
gut  denkbar  ;  es  ist  vielmehr  wahrscheinlich,  dass  die  urs- 
prûngliche  Form  kurzes  e  batte,  das  dann  analogisch  gelângt 
wurde),  Oder  aber  segiind  kônnte  aus  *sechund  umgebildet  sein, 
(vor  II  farbenem  ch  wird  e  nicht  zu  f)  eine  Annahme,  durch 
die  aile  Schwierigkeiten  beseitigt  werden.  Lateinisch  secundns 
wûrde  nâmlich  genau  *sccbitnd  ergeben  haben.  Dièses  ent- 
lehnte  *sechund  in  der  Bedeutung  «  trefflich,  geschickt  »  — 
daher  auch  «  heldenhaft  »  —  konnte  leicht  durch  Einfluss 
bedeutungsverwandter,  lautlich  àhnlicher  Formen,  wie  séig 
«  Falke,  Held  »  —  cf.  cymrisch  gwalch  «  Falke,  Held  »  — 
Genetiv  séga'LV.  16  b  33,  36,  (das  ê  ist  durch  Einfluss  des 
Nominativs  beibehalten  worden)  segde  «  stattlich,  priichtig, 
tapfer  »  —  ursprûnglich  «  falkengleich  »  (^segde  statt  *sîagde 
wohl  durch  Einfluss  von  séig;  wahrscheinlich  sind  auch  in  die- 
sem  Wort  zwei  verschiedene  Stàmme  zusammenflossen  :  das 
erwâhnte  séig  <(  Falke  »  und  ein  dem  in  Gallischen  hâufigen 
sego-,  deutsch  «  Sieg  »  entsprechender  Stamm  seg-  ;  dann  hat 
gewiss  auch  die  Analogie  des  kurzvokaligen  scg-  zur  Erhaltung 
des  è  beigetragen.)  zu  sêgund,  sêgond,  spàter  sêgaind,  umgestal- 
tet  worden  sein .  Die  Form  sêgaind  ist  zum  Komparativ 
*sëgaindia  neu  gebild et  worden  '. 

Dass  man  sich  morphologisch  unverstândliche  Lehnworte 
durch  Angleichung  an  andere,  einfachere  Worte  mundgerecht 
machte,  ist  ja  auch  sonst  oft  genug  geschehen.  Ein  évidentes 
Beispiel  ist  lateinisch  carbiinculus,  das  im  Irischen  als  carr- 
mocol  (durch  Angleichung  an  carr  und  niocol)  erscheint. 

Wien,  den  6  Januar  1912.       ■ 

JuliuS    POKORNY. 

I.  Das  oben  erwâhnte  ségundo  ist  eine  Analogiehildung  zum  Positiv 
séorund. 


LE    MIROUHR     DE    LA    MORT 

(Suite) 


(f.  59)  DE  la  troysiesme  fin  de  Vhome  qui  est  L'enfer  : 

breparè  par  la  Justice  de  Dieu,  aux 
Diables,  et  les  obstines  en  leur 
Pechè  et  Malice. 

CHAPITRE  III 

1955     AN  trede  poent  hon  LefFr,  à  comps  crefha  defri, 
An  Yffern»  eternal,  so  Sal  à  contraly  '  : 
Nep  â  delcli  lem  memoar,  dispar  he  amioary, 
A  tech  digant  pechet,  oar  an  bet  pan  edy. 
Pc  â  heny  try  tra,  heruez  an  fast  ma  so  ^, 

I.  J'ai  traduit  :  «  sans  contredit  •»,  Dict.  étym.  v.  salu,  contraly;  mais  so 
serait  inexplicable  ;  sal  pour  salu  ne  se  lit  qu'une  fois,  N  200,  en  dehors  de 
la  rime;  ce  mot  n'est  jamais  suivi  de  a  ;  enfin  la  majuscule  de  5a/ indique  le 
nom,  cf.  1966.  Dans  aii  tanlnfi-rnal,  so  saldcontralx  2004,  il  y  a  une  extension 
admissible  de  cette  expression  ;  contraly  2354,  a  un  sens  analogue  (comme 
contrcdy  au  v.  précédent).  Hep  contraly  paraît  signifier  «  sans  différence  »  B 
310;  «  sans  opposition  »N  1357.  R*^'  ms.  porte  :  «  Controll,  Countreur,  Con- 
traire Contraria  contrarier,  me  ve^o  Controll  deoch  je  serai  contre  vous  »  ; 
Yû.  controll  contraire,  coh//-o/// s'opposer,  contrarier,  résister;  Maun.  n'a 
aussi  (\ut  controll  et  controllia.  Grég.  donne  controll,  contrell,  van.  conti-éël 
contraire,  er  c'hontroll-beo,  ê  controll-veo  tout  au  contraire,  c'hoari  ar  c'hon- 
troll,  ober  ar  c'hontroll  ou  ar  c'bontrell  contrarier  (j'ai  eu  tort  de  mettre  un 
astérisque  à  cette  expression,  qui  est  devenue  en  tréc.  ober  cliofitel  faire  du 
bruit,  ennuyer,  gêner,  faire  tort.  Études  d'etvin.  bret.,  66,  67,  Méni.  Soc. 
ling.,  XII,  442,  445);  controUya  contrarier,  contredire  ((/r  r^  père  a  gontroli 
ou^onip  ceux  qui  nous  offensent.  Le  Bris,  cité  Chrestoni.  Bret.  339),  control- 
l\us  contrariant  (adj.),  controll  ver  pi.  -éryen  contredisant,  controllyei  pi.  ou 
contrariété,  contradiction.  Ce  doit  être  le  v.  bret.  conlroliaht,  gl.  controuer- 
siam,  moy.  bret.  *controliae\.  Le  mov.  bret.  contraria)/  \ienx  du  fr.  contra- 
rier; contraliaff  du  v.  fr.  contralier  (morvandeau  id.  contrarier,  taquiner, 
de  Chambure),  que  M.  Grammont  explique  par  un  mélange  du  précé- 
dent avec  contrelier  =  contra-Ugare  ;  contrel,  contrell  contraire,  contrariant. 


Le  Mirouer  de  la  Mort.  69 


De  la  Iroisihiic  fin  deVhomnw,  qui  est  F  enfer  préparé  pai 
la  justice  de  Dieu  pour  les  diables  et  les  obstinés 
en  leur  pèche  et  malice. 


CHAPITRE  III 

1955  Le  troisième  poiut  de  notre  livre  parle  t'ortement  et  sérieusement 
De  l'enfer  éternel,  qui  est  une  salle  de  torture  ; 
Celui  qui  garde  vivement  la  pensée  de  son  tourment  sans  égal 
Évite  le  péché,  quand  il  est  en  ce  monde. 
Sur  lequel  il  y  a  trois  choses,  à  ce  sujet, 

odieux,  peut  venir  du  1.  contrarias  ou  du  franc .  contraire  (cf.  grignol 
et  grignel  grenier,  Gloss.,  293,  etc.).  M.  Loth,  Mots  lat.  158,  où  contrell 
est  à  tort  qualifié  de  v(ieil)-arm(oricain),  tient  pour  l'origine  latine,  et 
explique  la  finale  moderne  -0/  par  -eul  non  accentué.  Countreur  semble 
une  forme  latine  non  dissimilée.  Countrol  et  control  se  montrent  au 
commencement  de  la  période  moderne,  voir  G/055.  118.  La  finale  -ol 
était  appuyée  par  counteroll  pi.  -olyou,  conterollvou,  coiitrerol  pi.  you  con- 
trôle, counterolli  contrôler,  critiquer,  countroller,  counteroller,  pi.  -éryen, 
controllour  pi.  yen  contrôleur,  ar  c'honteroller-vor  le  contrôleur  de  la 
marine,  counteroller  pi.  rt'«  contrôleur,  critique,  censeur,  pi.  -éryen  «copieux, 
qui  contrefait,  et  raille  les  autres  »,  counterollér'es  pi.  -eresed  contrôleuse 
Gr.  ;  le  mélange  des  deux  familles  se  montre  dans  sa  traduction  de  «  con- 
trariant »  par  controller  pi.  -éryen.  Rel  ms.  a  conterolli  contrôler,  conterol 
contrôle.  Pel.  tire  (OH/ro// contraire  de  ce  mot  français,  qu'il  décompose 
aveciaison  en  contre-rolle .  En  van.,  l'A.  montre  les  deux  familles  distinctes 
pour  la  forme,  mais  non  toujours  pour  le  sens  :  contrell  contraire,  contra- 
dictoire; contrèllage  m.  opposition,  contrariété;  conterolle  m.  pi.  -/«!/ con- 
trôle ;  contrariété,  contradictioB,  contredit;  conterollein  conixàXer ;  contra- 
rier, contredire;  co)iterollour  m.  ^\.  -/e;70«  contrôleur  ;  contrariant,  contra- 
dicteur, -lourr  gloseur. 

2.  Devant  ce  vers  et  devant  le  titre  précédent,  il  y  a  un    petit    fleuron 
comme  celui  qui  termine  la  première  page,  reproduite  fig.  i .  Ce  signe  se 


70  E.  Ernault. 

i960     Scier  da  consideraff,  ha  da  notafFaffo  : 
Hac  cuez  anezc,  goudc  me  ho  lenno", 
Eui  '  m'o  euitv,  quent  ;  y  daz  espio* 

An  quentaff  aneze  cret  se  ha  na  refus, 
Eu  an  diuers  hanuou,  an  lechvou  caffou;/5  s  : 

1965     An  acil  eu  diraeson,  affliction  confus, 

Compaigneunou  an  Sal  ^,  Infernal  scandalus. 
An  trcde  chcde  eu,  am  deseu  nede  7  gaou, 
Diuers  condition,  â  punissionou  **  : 
Enhv  Impatient  9,  "ha  diuers  tourmantou, 

1970     A  punis  pechezrien,  reuseudien  en  craou. 

Du  Feu  Infernal,  et  ses  conditions. 

Quentaflfez  describiff,  credet  diff  an  Yffern;?, 
Drez  caffafF  em  auis,  lie  bezaff  vn  Cistern»  '°  : 
Carguet  haznat  â  Tan,  goa  eff  aya  dan  bern;;, 

(f.  39  V.).     So  tcuH  enh}'  dia;s,  en  ères  hep  espern/z. 

1975         Ahanc  oar  é  quis,  nep  heny  ne  distre  ", 

Mar  die  bezaff  damnet  '^,  dre  é  pechet  chede  : 
Quentse  en  tan  manet,  hep  remet  na  trete, 
Vezo  eff  bizhuicquen,  tra  quen  nen  soutenhe. 


retrouve  ensuite  au  commencement  de  chaque  quatrain  et  devant  les  titres 
français,  sauf  qu'il  est  remplacé  par  une  croix  aux  v.  2081,2143,  2191,  2267, 
2283,  et  par  une  feuille,  v.  2206,  2263. 

1.  Littéralement  «  je  les  lirai  »,  impropriété  admissible  à  la  faveur  des 
rimes.  L'emploi  du  pron.  ane:^e  forme  une  plus  grande  difficulté.  Faut-il 
lire  lat  ene:;^,  prcnds(-y)  garde,  cf.  v.  954? 

2.  Lire  euil. 

3  .  Litt.  «  avant  elles  à  t'épiera),  comme  gonde  te  do  quaret,  v.  373.  Ceci 
est  bien  plus  fréquent  avec  evit,  quoique  je  n'en  aie  pas  trouvé  d'exemple 
avant  le  Doctrinal;  il  y  en  a  un  plus  loin,  v.  2079  :  euyt  y  da  goelaff.  Aux 
passages  cités  G/055.  227,  on  peut  a.]o\iXtx  evit-han  da  veian -cour  lui  à  être, 
quoiqu'il  soit,  Bar:^.  Br.  226  ;  'wit-on  da  t'ra  quoique  je  sois,  Cweriioii  Brei^- 
IieJ,  II,  74. 

4.  On  ne  connaissait  que  spiaff,  espérer.  Grég.  donne  spya,  van.  spyal, 
spyein  épier,  qu'il  tire  «  de  spy,  qui  signifioit  œil  »  ;  c'est,  naturellement,  le 
a-o'j  d'Hérodote  (IV,  27),  que  l'historien  n'attribue  point  au  celtique, 
mais  au  scythe.  £5^/0  est  exactement  le  gall.  yshïo.  Le  Mirouer  n'a  qu'un 
autre  infinitif  de  ce  genre,  c'est  phuo  (mal  imprimé  ^/oho)  frapper,  v.2069, 
également  à  la  rime.  La  terminaison  -0  n'est,  par  ailleurs,  représentée  à 
cette  époque  que  dans  les  Middle-Breton  Hoiirs  :  efuo  boire  8,  effiio  1 5 
(rimes  en  0);  coiie:;;o  tomber  13  (sans  rime),  58  (en  prose  ;  la  variante 
co//qH  p.  59  doit  être  une  faute),  cf.  gall.  cwyddaiu,  cwyddo.  Il  y  a  un  indice 


Le  Mîrotier  de  la  Mort.  71 

i960  A  considérer  clairement  et  à  remarquer  vite  : 

Et  elles  aussi,  ensuite  je  les  expliquerai  (?) 

Pour  que  tu  les  évites,  avant  qu'elles  te  guettent. 
La  première  d'entre  elles,  crois-le  et  ne  refuse  pas, 

Ce  sont  les  divers  noms  des  lieux  douloureux; 
1965  La  seconde  est  l'excessive  affliction  accablante 

Des  compagnons  du  séjour  infernal  maudit. 

La  troisième,  c'est,  voici,  ce  me  semble,  ce  n'est  pas  mensonge, 

Les  diverses  conditions  des  châtiments 

Là,  intolérables,  et  les  divers  tourments 
1970  Qui  punissent  les  pécheurs,  misérables  à  l'étable. 

Du  feu  infernal,  et  de  ses  conditions. 

D'abord  je  décrirai,  croyez-moi,  l'enfer. 
Comme  je  trouve,  à  mon  avis  que  c'est  une  citerne 
Pleine,  évidemment,  de  feu;  malheur  à  celui  qui  va  au  tas, 
Qui  s'y  trouve,  empilé  incommodément,  dans  la  douleur,  sans  pitié. 
1975       De  là  pas  un  seul  ne  revient  sur  ses  pas, 
S'il  doit  être  damné  pour  son  péché,  voilà  ; 
Mais  resté  dans  le  feu  sans  rémission  ni  grâce, 
Il  sera  à  jamais,  plus  rien  ne  le  secourrait. 


de  caiio  chanter  dans  le  dérivé  canoenn  chant,  à  côté  de  canaiienn  (canafenn 
V.  2535,  et  canaffen  NI  105)  de  canaff,  cf.  gall.  canuan  petit  chant,  de  canti. 
Le  haut  cornouaillais  a  gardé  kano,  comme  ^oelo  pleurer,  gwisko  vêtir,  gall. 
•(U'VÎaiv,  -lo,  gwisgaw,  -go,  etc.  ;  il  a  beaucoup  multiplié  ces  infinitifs  en  0 
(quelquefois  ou).  On  a  plusieurs  exemples  en  v.  bret.  d'une  terminaison 
voisine,  -om  (=  van.  -on  àa.ns  crenon  trembler,  ciihon  cacher,  Rev .  Celt., 
XXXII,  20,  gall.  cuddio).  Voir  Ztschr.f.  celt.Phil.,  II,  587-390,  397,  400. 
Les  Heures  sont  aussi  le  seul  texte  qui  emploie  (p.  8)  à  la  sollicitation  de  la 
rime,  aneiof  ào.  lui,  équivalent  de  ane:(affrcsié  dans  le  van.  anehon. 

5.  Écrit  caffouvs  N  1175  (mal  transcrit  au  Dict.  étym.),  caffuous  B  705. 

6.  Fém.  comme  en  franc.,  d'après  enhy,  v.  1969  ;  cf.  sal  vras,  sal  vihan 
grande,  petite  salle  Gr.  ;  sale  f.  pi.  -leu,  «  très-anciennement  ce  mot  signi- 
fioit,  Manoir  »  l'A. 

7.  La  rime  exige  la  variante  nedeu. 

8.  Premier  exemple  de  ce  plur.  (punicionon  Gr.).  Ce  vers  est  ainsi  imité, 
D  160  :  Lies  condition  à  punissiounou. 

9.  La  rime  demande  im patiant,  \o\r  v.  1953;  cf.  van.  dibatiantt  VA., 
etc..  Eludes  d'étym.  bret.,  16,  17. 

10.  On  voit,  par  le  v.  1974,  que  ce  mot  était  fém.,  comme  en  franc. 

11.  Cette  forme,  qui  n'est  pas  nouvelle,  doit  s'ajouter  à  la  liste  donnée 
au  V.  115. 

12.  Lis.  dafnet. 


72  E.  Enwult. 

An  t;in  man  ne  aues  ',  nedeu  da  vn  mocson  ^, 
1 980     Ez  casty  pep  heny,  gant  é  affliction  : 

Er  pep  diouz  é  pechet,  en  deues  garredon, 
Bezet  bras  pe  bihan,  heman  eu  an  canon  5. 

Nedeu  euit  sclerder,  saluder  nac  esperanç, 
Ho  deues  an  tan  man,  nac  euit  contananç  : 
1985     DreizaflF  ne  guelont  quet,  nemet  ho  penetanç  4, 
Han  abec  pe  aban,  ho  poan  so  en  mananç. 

Guelet  areont  glan,  dre'n  tan  man  ho  poanvou, 
Maz  cresq  pemdez  dreizafi",  claft'  ouz  claff  s  ho  caffou  : 
Hac  ez  guelont  pepret,  an  fet  ho  pechedou, 
1990     Hodcuoa  comeret  i^,  her  drez  oant  en  bedou. 

Entre  Tan  an  bet  man,  han  tan  pc'ban  canaff, 
Ez  eux  teir  diferanç  7,  an  re  diauançaff  : 
Nedeux  den  nep  henv,  mar  car  é  studiaff, 
Na  lesse  é  pechet,  quent  eguet  decedaff. 
1993  An  diferanç  queutaff,  heruez  maz  cafafïse  **, 

Entreze  dimerit,  en  he^  acerbite  ■"  : 
Er  an  tan  an  bet  man,  hac  an  tan  ahane, 
No  deues  vn  tomder,  da  nep  lio  prederhe. 

An  tan  à  vez  peinctet  ",  ouz  tan  gruet  en  bet  man, 
2000     Nedeu  da  vezaff  quet,  comparaichet  ledan  : 
Er  an  tan  en  moguer,  nendeues  tomder  glan, 
(f.  40).     Hac  eguile  so  tom,  hep  patrom  en  bro  man. 

1.  Lis   unes  ;   de  même  au  v.  34 j6. 

2.  Mot  nouveau,  qui  se  retrouve  v.  5473,  3551;  c'est  le  v.  fr.  maison, 
moeson,  moinsou,  mesure,  capacité,  dimension  (du  lat.  nmisioiieni),  resté  en 
fr.  du  Centre  et  du  Haut-Maine  moisou  mesure  ;  en  bourguignon,  loyer 
d'une  terre  pa\'é  en  nature,  etc.  God. 

3.  Mot  masc,  se  lit\'ncore  v.  2541.  Ne  s'était  trouvé  qu'au  sens  de  pièce 
d'artillerie. 

4.  On  ne  connaissait  que  pc  ni  tance,  pénitence  NI. 

5.  Premier  exemple  d'une  locution  comme  le  tréc.  moan-eiii-moan  de 
plus  en  plus  maigre,  léon.  stard-oc'h-stard  de  plus  en  plus  fortement;  on  ne 
connaissait  de  cette  époque  que  miiy  0117^  ntuy  de  plus  en  plus,  i^oai  o^  goa:^ 
de  pis  en  pis,  avec  des  mots  de  sens  comparatif;  voir  Rev.  Celt.,  XXII, 
381-384;  Pedersen,  Vergl.  Gram.  II,  122. 

6.  Lire  cometet. 

7.  Ceci  montre  que  le  mot,  écrit  differance  B  310,  etc.,  était  féminin, 
comme  en  franc.  Grég.  donne  diffarançi,  Maun.  dijfarancç;  l'A.  différence 
m.  ;  au  moy.  bret.  differancifu  distinguer,  Gloss.  165  (difeninces  tu  distin- 
guerais, V.  204)  répond  diffaranci  discerner,  Maun.  ;  Grég.  a  diffaranti  diffé- 
rencier, discerner,  cf.  Gloss.  479. 

8.  Le  ler  vers  de  cette  strophe  reprend,  comme  rime  interne,  la  finale 
du  précédent.  lien  est  de  même  des  v.   2003,   2007.  De  semblables  sys- 


Le  Mi  roue  y  de  la  Mort.  73 

Ce  feu  et  son  supplice,  ce  n'est  pas  d'une  seule  taçon 
1980  Qu'il  châtie  chacun  avec  sa  douleur; 
Car  chacun  a  le  prix  de  son  péché, 
Qu'il  soit  grand  ou  petit  ;  c'est  la  règle . 

Ce  n'est  pas  pour  la  clarté,  le  salut  ni  l'espérance 
Qu'ils  ont  ce  feu,  ni  pour  le  confort  : 
1985  Par  lui  ils  ne  voient  rien  que  leur  châtiment 
Et  la  cause  pour  laquelle  leur  peine  demeure. 

Ils  voient  nettement,  par  ce  feu,  leurs  peines. 
Si  bien  que  par  lui  s'accroissent  chaque  jour  leurs  douleurs,  de  plus 

[en  plus  vives 
Et  ils  voient  toujours  cet  objet  :  leurs  péchés 
1990  Qu'ils  avaient  commis,  tant  qu'ils  étaient  au  monde. 
Entre  le  feu  de  ce  monde  et  le  feu  dont  je  parle 
Il  y  a  trois  différences,  des  plus  terribles  : 
Il  n'est  homme,  quel  qu'il  soit,  s'il  veut  y  réfléchir 
Qui  ne  laisse  son  péché  avant  de  mourir. 
1995       La  première  différence,  selon  que  je  le  trouve. 
Énorme,  entre  eux,  c'est  selon  sa  violence  : 
Car  le  feu  de  ce  monde  et  le  feu  de  là 
N'ont  pas  la  même  chaleur,  pour  qui  les  considérerait. 
Le  feu  qui  est  peint,  au  feu  allumé  en  ce  monde 
2000  N'est  pas  à  être  comparé,  de  loin; 

Car  le  feu  sur  une  muraille  n'est  pas  réellement  chaud 
Et  l'autre  est  d'une  chaleur  sans  exemple  sur  cette  terre. 

lèmes  d'enchaînement  comprennent  :  7  str.,  v.  2015-2042  ;  2  str.,  v.  2043  5 
6,  v.  2051-2074;  8,  V.  2087-2118;  7,  V.  2119-2146;  2,  V.  2151,  2211, 
2243,  2251,  2263,  2315;  3,  V.  2375-2386; 2,  V.  2387,  2403,  2443,2539, 
2567,  2699.  Sauf  les  3  str.  v.  359-365,  ces  rapports  sont  toujours  isolés 
dans  les  autres  parties  du  Miroiier  écrites  également  en  alexandrins  (v.  59, 
479>  SÏ903I,  571,  74h  803,  875,  895,  947,  979,  1131,  1147,  1295,  1385, 
1467,  1547,  1611,  1703,  1727,  1799,  1935).  Il  n'y  a  aussi  qu'un  exemple 
de  3  strophes  liées  parla  rime  finale,  v.  387-398;  elles  le  sont  2  à  2,  v.  55, 
179,  219,  235,  287,  347,  387,  419-  467,  503,  583,  659,  687,  723,  783  (et, 
imparfaitement,  1771). 

9.  Lire  eu. 

10.  Mot  nouveau, du  v.  fr.  acerbitè.  Le  latin  porte:  «  Primo  in  acerbitate.» 

11.  Mot  écrit  de  même,  v.  2006.  Ce  radical  ne  s'était  ttouvé  à  cette 
époque  que  sous  la  iorme  peut-  :  pente t  rime  en  eut-,  B  273.  Maun.  donne 
peinta  peindre,  peinter  peintre,  peintadiire:^  et  peintadur  peinture;  Grég. 
p.'nta  et  peinta,  v^n.  peintein  peindre,  l'A.  pênntein;  du  Rusq.  pifitr  pi. 
ed  etpentiirer  pi.  ien  peintre, pintra  etpenturi  peindre,  penturi.  pi.  ion  pein- 
ture. On  peut  ajouter  :  peinta  faire  des  gestes  avec  les  mains  en  parlant 
pour  mieux  montrer  (ab.  Caer)  ;  peiited  eveJ  eur  henn-here~  v  attifée  comme 
une  héritière  »,  Proux,  Bonibard  Kcrnc  68,  69.  Cf.  Gloss.  478;  Ztschr.  f. 
celt.  Philol.  II,  519. 


74  E-  EntatiU. 

Euelbc  an  tan  man,  en  bet  man  daniany, 
Ouz  an  tan  Infernal,  so  sal  à  contraly  : 
2005     Nedeu  (la  bezaff  quet,  comparaichet  chetuy, 

MLU'guct  an  tan  peinctet,  ouz  heny  gruet  detry. 

Yuez  entreze  v,  ez  eux  diuision, 
Ha  differanç  digraç,  disoulaç  '  difieçon  : 
So  bras  dre  fantasy  en  ho  duration  -, 
2010     Hac  en  lio  stat  padel,  peur  cruel  ha  fellon. 

Er  an  tan  an  bet  man,  an  tra  man  so  haznat  : 
A  guell  bezaff  lazet,  ha  steuzet  >  à  prêt  mat, 
Ouz  lamet  credet  glan,  tiz  ha  buhan  an  coat, 
Pe  teurell  enhaff  dour,  neguell  muy  labourât  4. 
201 5         Hoguen  tan  an  yfferntt,  maz  eux  huern»  5  eternal, 


1.  Mot  nouveau,  composé  de  5o«/(rcr  consolation. 

2.  Mot  nouv.,  du  V.  franc  duration.  Le  latin  a  :  «  Secundo  in  duracione». 
5.  Voir  G/055.  655,  où  5toi^/rt  n'est  pas  de  Pel.,  mais   de  Le  Gonidec 

(v.  n.  fondre,  disparaître,  s'abîmer,  se  perdre;  au  fig.  se  ruiner).  Troude 
donne  comme  ancien  esteu^iff  décroître,  baisser,  et  comme  cornouaillais 
steiiii  éteindre  (une  lumière);  il  a  aussi  steti:{^ia  disparaître  comme  sous 
terre,  s'abîmer,  se  ruiner.  Steiiiiet  se  dit  à  Gouézec,  où  il  n'est,  d'ailleurs, 
pas  courant,  pour  «  avachi,  aveuli,  qui  ne  se  tient  plus  »  (M.  Gueguen). 
Pel.  a  cet  exemple  :  steusiet  ew  an-  den  man,  «  cet  homme-ci  est  ruiné,  est 
perdu,  ce  que  l'on  exprime  quelquefois  en  François,  pa.r  est  fondu  »;  il  y 
voit  un  «  composé  d'£"5,  et  de  Teusi,  fondre,  et  disparoître  comme  un  fan- 
tôme, comme  la  fumée  ».  C'est  encore  ce  qu'il  y  a  de  plus  probable; 
Henry  Lex.  253  voit  là  un  5-  prothétique,  qui  n'expliquerait  pas  la  variante 
esteuiiff.  Seulement  Pel.  compare  à  tort  teûs  «  Lutin,  phantôme,  spectre, 
esprit  folet  ».  Ce  dernier  paraît  avoir  :^  dur  (//.'  gall.),  cf.  Gloss.  691,  Rev. 
Celt.  XIII,  496,  497.  Le  van.  tè  «  s.  m....  en  quelques  localités...  fantôme, 
spectre,  et  aussi...  adj.,  fondu  »  Trd.  doit  résulter  d'une  interprétation, 
fausse  de  Gon.,  qui  renvoie  de  te  à  tcù:^  fonte,  et  qui  assimile  ce  dernier  à 
tcûi  lutin.  Le  i  de  teu^i  est  doux;  il  n'y  a  d'autre  indice  positif,  pour  expli- 
quer ainsi  celui  de  esteu:(i,  steu^i,  que  le  van.  hicat  stai  apaiser,  mettre  la 
paix  Châl.  ms.  (qui  ajoute  :  «  quelques-uns  n'entendent  pas  lacat  stai  ». 
Mais  il  y  a  au  moins  autant  de  raisons  pour  identifier  ce  stai  à  celui  de 
o-o/a7-5/flï  «  sivadiere  »  l'A.,  =  voile  d'étai.  £'5/t'M:jï^  se  trouve  aussi  écrit 
estu:;^iff;  ce  qui  rappelle  5/»:^  ven,  misère,  esclavage?}  129,  5/ïq  m.,  en  corn, 
manière,  façon,  état  Trd.,  «  pi.  stusion,  état,  condition,  situation,  façon, 
manière,  sorte,  c'est  le  même  mot  que  stad  si  ce  n'est  que  stui  s'emploie  à 
peu  près  toujours  en  mauvaise  part  »  Mil.  ms.  ;  «  Etat.  Stad,  stu~  ^y,Suppl. 
aux  dict.  83  (existe  à  Beuzec-Cap-Sizun,  Ann.  de  Br.  XVII,  163);  stru'j^m.f 
corn,  mine,  contenance,  façon,  on  dit  plus  souvent  5/h:{;  givall  stru^iet 
corn,  qui  a  mauvaise  mine  Trd.,  «  ou  qui  est  malade  »  Mil.  ms.  Pel.  dit 
que  selon  Roussel  stru:^  est  le  même  que  stroiie-  (épines,  ronces,  buissons, 
halliers,  toutes  sortes  de  mauvaises  productions   d'une   terre  inculte),  et 


Le  Mironcr  de  la  Mort.  75 

Ainsi  ce  feu  en  ce  monde,  certes, 
Au  feu  infernal,  qui  est  un  séjour  de  torture, 
2005  N'est  pas  à  être  comparé,  voilà. 

Plus  que  le  feu  peint  à  celui  allumé  en  réalité. 

De  plus  entre  eux  il  y  a  un  écart 
Et  une  différence  fâcheuse,  désolante,  funeste, 
Qui  est  grande  à  l'esprit,  dans  leur  durée 
2010  Et  leur  persistance,  très  cruelle  et  horrible. 

Car  le  feu  de  ce  monde,  cette  chose  est  évidente. 
Peut  être  éteint  et  étouffé  bientôt 
En  enlevant,  croyez  bien,  vite  et  promptement  le  bois 
Ou  en  jetant  dessus  de  l'eau,  il  ne  peut  plus  opérer. 
201 5       Mais  le  feu  de  l'enfer,  oià  il  y  a  une  clameur  éternelle. 


s'emploie  aussi  pour  «  la  mine,  la  façon,  l'air  et  la  contenance»;  il  n'y  voit 
«  aucune  apparence  de  raison,  malgré  l'exemple  de  Roussel  «  Un  den 
Droiic  struiiet,  un  homme  mal  façonné,  de  mauvaise  mine,  qui  a  le  visage 
mal  coloré  ».  Mil.  ms.  dit  que  ce  mot  est  à  l'île  de  Batz  struj -,  il  dit  aussi 
qu'on  y  emploie  à  tort  struj  pour  stu^  :  e  pe  struj  ema  ?  (en  quel  état  est-il  ?), 
C'est  un  autre  mot,  en  effet,  qu'il  définit  «  pousses  »  :  «  struj  patates,  les 
pousses  des  pommes  de  terre  »  ;  «  er  struj  a  vugale  en  deiis,  il  a  beaucoup 
d'enfants  ».  5/nq  doit  être  un  croisement  de  struj  et  de  stu::^,  ce  dernier  est 
connu  dans  tout  le  Léon,  où  il  a  un  pluriel  en  iou  :  ne  c'hell  ket  mont  da 
bounnen  er  stu:i^iou  ma  '  tua  (il  ne  peut  aller  se  promener,  dans  le  triste  état 
où  il  est),  et  un  dérivé  en  iet  :  stu:(iet  fait  qui  a  mauvaise  mine  (M.   Caer). 

4.  Cf.  tréc.  labourât  être  en  activité,  marcher,  n'être  pas  arrêté,  en  pari . 
d'une  horloge,  etc. 

5.  Mot  nouveau;  se  retrouve  v.  2456,  3270,  5363,  toujours  en  i  svll. 
Grég.  donne  huerni  attaquer  de  paroles;  huernus  hargneux,  querelleux,  de 
mauvaise  humeur;  Gon.  huerni  a.  et  n.  attaquer  de  paroles,  quereller,  inju- 
rier, insulter,  agacer  (H.  de  la  Villemarqué  a]o\Me  huerna');  huernus,  huer- 
H«^  adj.  et  s.  m.  (pi.  buernèien)  celui  qui  attaque  de  paroles,  querelleur, 
hargneux.  Troude  a  Imernu:^  adj.;  il  ne  connaissait  huerni  que  par  Gon.  ; 
H.  de  la  Vill.  a  employé  le  part,  huernet  (livre)  attaqué,  critiqué  violem- 
ment, dans  une  lettre  bretonne  qu'il  m'a  adressée.  On  lit  huerni  ho  c'hano 
mad  attaquer,  ternir  votre  réputation,  Trub.  331;  c'hoërg-nus  de  mauvaise 
humeur,  hargneux  200,  201,  Jcarajite:^  iw  deo  na  trenk  na  c'hoërgmis  la  cha- 
rité n'est  ni  désagréable  ni  revêche,  116.  Henry  ûre  huerni  du  v.  fr.  hergner 
«  hargner  ».  On  peut  penser  aussi  à  coernie  injure,  honte  God.  Mais  il  fau- 
drait admettre  une  influence  de  Im  huée  (min  ray  hu  da  chasseal  blaissie  je 
donnerai  la  chasse  aux  loups,  Jac.  ms.  4;  tréc.  'maii  hu  ar  vro  warne,  ils 
sont  la  risée  du  pays;  skei  an  hua  da  donner  le  signal  à  quelqu'un  par  des 
cris);  et  cela  eût  plutôt  donné  2  svll.  Huerni  répond  mieux  au  gall.  chwyrnu 
ronfler,  s'ébrouer,  qui  tient,  d'autre  part,  à  clmirinnat  «  liannir  »  Maun., 
etc.,  Gtoss.  104. 


76  E.  Ernault. 

Dre  nep  neuz  bout  steuzet,  neguell  é  fet  detal  : 
Sech  na  gluep  â  nep  sort,  nen  groahe  scort  '  niortal 
Na  de  lazaflf  affet,  ne  cafFet  nep  métal, 
Vn  differanç  arall,  heny  sali  â  galler, 

2020     Entre'n  daou  tan  >  hanuet,  da  bout  lecquet  seder  : 
Er  an  tan  an  bet  man,  homan  eu  é  manier  4, 
A  goast  net  aredec  i,  pan  crecq  '■  ha  pan  lecquer?. 

Hema  "  so  tra  noter,  ha  fier  hep  guer  gaou, 
Tan  an  bet  man  haznat,  â  losq  dre  grat  9  coadou  : 

2025     Quement  enhaff  aya,eff  ho  lacqua  dan'°  glaou, 
Peur  rstut  "  ha  ludu,  â  pep  tu  dre'n  ruou. 

Hoguen  tan  an  poanyou,  en  yflfernou  couen, 
Goastaft'  quel  ne  gra  eff,  dre  nep  leff  eneff  den  : 
Nan  Corff  dre  é  torfet,  pan  vez  xt  me  cret  plen. 

2030     (f.  40  V.)  Beu  enhaff  neraff  sy,  vezont  y  bizuicquen. 
Pez  eu  oarse  dien,  da  den  nen  em  ezneu, 
Ha  pridiry  é  stat,  quent  lauaret  i  dieu  : 
Ha  distreiffé  enep,  ouz  nep  lier  drez  é  beu, 
A  guell  é  ren  de  les,  he  pales  hep  deseu  ? 

2055         Bizuicquen  me'n  ezneu,  ha  nedeu  tra  neuez, 
Dan  tan  man  daman}',  nep  avel  en  diuez  : 
Goude  fet  an  bet  man,  en  poan  ha  bihanez, 
Ez  chomo  bizuicquen,  hep  quen  à  leuenez. 
Ha  me  â  men  yuez,  priucz  ez  goufez\', 

2040     Nac  eux  plen  den  cnbet,qucu  sciançel»-  detry  : 


1.  Gl.  ms.  jamais.  Voir  v.  1346. 

2.  On  ne  connaissait^que  la  forme  mortel,  Gloss.  426. 

3.  Tau  est  aussi  masc.  en  bret.  moderne,  comme  tdii  en  gall. 

4.  Manier  est  ici  fém.  ;  le  genre  de  ce  mot  varie,  tant  en  bret.  movcn 
que  dans  la  langue  moderne,  cf.  Gloss.  390,  391. 

5.  Nous  avons  vu,  v.  446,  compret  aredec  concevoir  du  regret  de  ses 
fautes,  avoir  la  contrition  ;  cf.  hep  qiienipret  a:(rectet  sans  me  repentir  J  99  b 
(var.  plus  récente /;^/)  queiiieret  arretct)  ;  airec  «  compunction,  tristeur  des 
péchiez»  Cfl,  rt^?TcCms.,N  1 50, ae:(rec  NI  20J ,  a:(recat  «  auoir  compunction 
des  péchiez  »  Ca,  airedecat  Cms.  ;  a^rec  tristesse  Maun.,  et  non  a:;^reo  que 
cite  Pel.  en  disant  qu'il  le  croit  mal  écrit;  sans  doute  pour  a^rec'h,  qu'il 
donne  lui-même  en  traduisant  «  tristesse,  affliction,  chagrin  »,  et  ajoutant  : 
«  C'j  nom  est  assez  commun  en  Cornwaille.  M.  Roussel  ne  le  connoissoit 
pas  en  son  pa\-s  de  Léon.  C'est  un  composé  de  Ai;^,  et  de  Rec"!},  qui  a 
pre;;que  la  même  signification  ».  Mais  c'est  là  une  refonte  par  «  étvmologie 
populaire  »  (ou  «  savante  »?)  du  mot  que  Grég.  donne  comme  suranné  en 
l'écrivant  a;^ref(;  tristesse,  sans  doute  d'après  Maun.  ou  plutôt  le  Catholicon. 
Celui-ci  est  la  source  des  articles  aprèJc  contrition  (Lag.),  apréka  souffler, 
être  essoufflé,  être  contrit  (Lag.)  ajoutés  par  H.  de  la  Vill.  à  Le  Gonidec; 
le  correspondant  intermédiaire  (voir  la  note  au   v.  1 368)  devait  écrire  très 


Le  Mi  rouer  de  In  Mort.  77 

Son  état  d'aucune  façon  ne  peut  être  éteiiît,  certes  ; 
Sec  ni  humide,  rien  d'aucune  manière  ne  le  ferait  mourir 
Et  pour  le  détruire  tout  à  fait,  on  ne  trouverait  aucune  matière. 
Une  autre  différence  tranchée,  se  pourrait 
2020  Mettre,  sûrement,  entre  les  deux  feux  ainsi  nommés  ; 
Car  le  feu  de  ce  monde,  c'est  sa  propriété. 

Consume  tout  à  fait  douloureusement  (?)  quand  il  prend  ei  qu'on  l'al- 

[lume. 
C'est  chose  notoire  et  certaine,  sans  mentir. 
Le  feu  de  ce  monde,  évidemment,  brûle  aisément  des  bois  : 
202  5  Tout  ce  qui  y  va,  il  en  fait  des  charbons 

Très  chétifs  et  des  cendres  de  tout  côté  par  les  rues. 

Mais  le  feu  des  peines  dans  les  enfers  affreux 
Il  ne  consume  point,  malgré  tout  gémissement,  l'âme  humaine. 
Ni  le  corps  pour  son  crime  quand  il  (y)  est  allé,  je  le  crois  tout  à  fait. 
2030  Vivants  en  lui,  je  n'en  fais  pas  de  doute,  ils  seront  à  jamais. 
Qu'a  donc  l'homme,  en  vérité,  qu'il  ne  se  connaît  pas 
Et  ne  médite  pas  son  sort,  avant  de  dire  adieu, 
Et  ne  tourne  pas  sa  face  vers  celui  qui,  tant  qu'il  est  vivant. 
Peut  le  conduire  à  sa  cour  et  son  palais,  sans  contredit  ? 
2035       A  jamais,  je  le  sais,  et  ce  n'est  pas  chose  nouvelle, 
A  ce  feu  puissant  celui  qui  ira  enfin 
Après  les  événements  de  ce  monde,  en  peine  et  misère 
Il  restera  à  jamais,  sans  joie  désormais. 
Et  je  veux  aussi  que  tu  saches  intimement 
2040  Qu'il  n'y  a  point  d'homme  au  monde  si  savant,  certes. 


mal,  son  :^  a  été  lu  ^;  je  ne  sais  comment  est  venue  l'erreur  de  sens.  Dans 
l'art,  du  même  genre  hlénen  âme  pi.  hiénennou  (La.g.),  n  représente  0^»  pour 
vu,  et  «me  est  pour  cime  (J'Jeyneiui  au  gue:(enn  g.  cymet  1.  cyma).  Le  Gon. 
donne  asrec'h  m.  comme  renchérissant  sur  rec'b  f.  tristesse,  asreclii  sur 
recHii  attrister,  asrec'hu:(  sur  rec' lm:(  triste  ;  Troude  donne  asrec'h  et  asrechi . 
Ici  aredec  semble  proprement  unadj.  ;  pour  *  a^reguedec,  cf.  a:(redecat,  comme 
moy.  br.  hinidigue-  bonheur  de  *biuignidigae~,  van.  heledigueh  prêtrise,  de 
*haelcgiiidigae^,  etc.,  Gloss.  68? 

6.  On  ne  connaissait  que  l'équivalent  croc.  Voir  v.  113. 

7.  Cf.  lacquaer,  rime  ec-,  B  118. 

8.  Ce  mot  est  pris  au  sens  d'un  pronom  neutre,  cf.  v.  1267,  plutôt  que 
d'un  déterminatif  de /ra,  nom  dont  le  genre  était  variable  (cf.  Rev.  Celt., 
XV,  386,  387  ;  Gloss.  707  ;  Pedersen,  Fergl.  Qram.  II,  67). 

9.  Gl.  ms.  prend,  qui  se  rapporte  peut-être  à  losq.  Je  n'ai  pas  noté 
ailleurs  l'expression  dre  grat . 

10.  Lire  da. 

1 1 .  Lire  astut. 

12.  Mot  nouveau,  dérivé  de  sciaiiç,  v.  765,  cf.  v.  fr.  se ieiitié  versé  (dans 
une  science). 


78  E.  Ernauli. 

A  goufTe  accitatt"',  na  contaff  neraff  sy  : 

Ent  scaff  bihauaff  poau,  so  en  tan  man  hary  = 

Eno  nemet  gocluan,  ha  poan  dicontananç  ', 
Pénaux  pennac  lia  cry,  entre  pep  alianç  : 
204s     Nedeux  flam  nep  amour,  sycour  na  recouranç  *, 
Nac  esper  a  caffout,  nep  rout  nemet  doutanç. 

An  tan  man  hep  mananç,  nac  excellanç  lancet, 
Muvguet  naguell  goastafF,  nepso  enhaff  daffnet  : 
Ne  guell  yuez  deze,  chede  an  tra  se  cret, 
2050     En  nep  queuer  sclerhat,  ho  stat  so  en  drouc  atret. 

De  la  orande  perturbation  des  damnes  :  qui pro- 
iiiendra  premièrement,  delà diuersitè des  peines. 

En  eil  description,  dren  ton  niaz  sarmonaff, 
An  Yffern/!  hep  quernez,  â  caffafF  he  bezafF  : 
Vn  lech  hep  nep  j-echet,  pepret  inquietaff>, 
(f.  41).     Hep  repos  nep  costez,  nos  dez  ditruezaff. 
2055  Ha  dre  se  pan  leaflf,  ez  caffaflF  am  haual, 

Trv  abec  tenw  enhy  ^,  so  deffrv  spécial  : 
De  bezaffen  tourmant,  gourmant  gant  pep  scandai 
Da  pep  hep  nep  repos,  dez  hâ  7  nos  en  ho  sal. 
An  quentaft"  am  haual,  formai  »  en  teffalyou, 
2060     Eo  an  variaeson[9,  ho  punissiounou  : 

Deze  fresq  quemesquet,  dre  fet  ho  pechedou  : 

An  eil  poan  gani  heben  'o,  tom  ha  yen  hep  quen  gaou 

Goude  en  yffernou,  lechiou  peur  dilaouen  ", 
Da  nep  re  enhe  y,  nedeux  spy  bizhuicquen  : 
206)     Repos  enhe  nedeux,  nemert  reux  nac  eux  den  '^ 
A  galhe  quet  detry,  é  pridiry  dien. 

Dre'n  pez  ferm  nep  termen,  nendeues  den  eno, 
Nep  span  â  bihanez,  lastez  ditruez  so  : 
Gant  an  Diaoùlou.poanyou  ouz  ho  plono'', 
2070     Repos  nodeues  quet,  goude  pechet  hedro. 
An  Diaoul  ho  foulo,  drez  gallo  é  ober, 

1 .  Lire  recita ff. 

2.  Ce  mot  ne  se' trouve  que  là.  Il  est  douteux  qu'il  soit  exact,  la  rime 
ne  l'appuyant  pas.  On  attendrait  damany. 

5.  Mot  nouveau,  qu'on  retrouve  v.  2090;  d.  hep  contanancc  S2cn%  ài\M, 
incontinent  NI  523  ;  v.  fr.  contenance  séjour  God.  Ce  vers  et  le  suivant  sont 
ainsi  imités,  D  161  {Archiv .  f.  celt.  Lexih.  I,  578)  : 

Eno  nemet  goueluau,  ha  poan  dicontananç, 
Ha  bemdez  nemet  cry  entre  pep  alianç. 

4.  Mot  nouveau,  dérivé  de  recour  secours,  secourir,  sauver. 

5.  Mot  nouveau,  superlatif  de  inquiet,  pris  au  fr. 


Le  Mi  rouer  de  la  Mort.  79 

Qui  sût  exposer  ni  conter,  je  n'en  (ais  pas  de  doute, 

Facilement  la  plus  petite  peine  qui  soit  dans  ce  feu... 
Là  rien  que  pleurs  et  peine  continuelle 

De  toute  façon,  et  cri,  entre  chaque  groupe  ; 
2045  II  n'}'  a  clairement  nul  amour,  secours  ni  aide, 

Ni  espoir  de  trouver  nulle  part,  autre  chose  qu'angoisse. 
Ce  feu  sans  consistance,  sans  qualité  utile. 

Plus  qu'il  ne  peut  consumer  ceux  qui  y  sont,  damnés, 

Ne  peut  aussi  pour  eux,  voilà,  crois  cette  chose, 
2050  A  aucun  égard  éclairer;  leur  sort  est  en  mauvaise  situation. 

De  la  grande  confusion  des  damnés  qui  proviendra, 
premièrement,  de  la  diversité  des  peines. 

Le  second  caractère,  de  la  façon  dont  je  l'explique. 
De  l'enfer  sans  pitié,  je  trouve  que  c'est 
Un  lieu  sans  aucune  santé,  toujours  très  angoissant. 
Sans  repos  d'aucun  côté  nuit  ni  jour,  très  impitoyable. 
2055       Et  c'est  pourquoi,  comme  je  le  jure,  je  trouve,  me  semble-t-il. 
Trois  raisons  graves  en  lui  qui  sont  tout  à  fait  spéciales 
Pour  être  en  tourment  dévorant,  avec  tout  opprobre 
A  chacun,  sans  aucun  repos,  jour  et  nuit  dans  leur  séjour. 

La  première,  ce  me  semble,  dans  les  ténèbres  profondes, 
2060  C'est  la  variété  de  leurs  punitions  : 

Vivement  mélangée  pour  eux,  à  cause  de  leurs  péchés, 
Est  une  peine  avec  l'autre,  chaud  et  froid,  sans  mentir. 

Ensuite,  dans  les  enfers,  lieux  tout  à  fait  désolés. 
Pour  tous  ceux  qui  y  sont,  il  n'y  a  d'espoir  jamais  ; 
2065  II  n'y  a  pas  de  repos,  mais  une  douleur  qu'il  n'y  a  personne 
Qui  pût,  certainement,  la  bien  imaginer; 

Parce  que,  là,  l'homme  n'a  pas  de  terme  fixé. 
Aucune  interruption  de  misère,  c'est  un  désastre  impitoyable, 
Avec  les  diables,  les  peines  qui  les  déchirent, 
2070  Ils  n'ont  pas  de  repos,  après  le  péché  perfide. 

Le  diable  les  écrasera,  tant  qu'il  pourra  le  faire, 

6.  Ce  mot  montre  que  yjjernn.  était  fém.  ;  cf.  2086;  be  v.  1972,  2052. 
La  langue   moderne  fait  toujours  masc.  ifern,  iveni,  van.  ibneni,  inhuern. 

7.  Lire  ha. 

8.  Cf.  founnal  (eau)  pure  N  947 . 

9.  Mot  nouveau,  cf.  fr.   variation;   sur  le  suffixe -^50;/,  cf.  Gloss.  655, 
634. 

10.  Ceci  montre  que /)Ort«  était  fém.,  comme  aujourd'hui. 

11.  On  n'avait  de  ce  mot  que  deux  exemplesdu  Doctrinal,  Gloss.  157.  Il 
est  écrit  dylonen,  v.  2 11 8. 

12.  Cf.  D  161  :  Repos  eno  nedeux  nemet  reux  nedeux  quen. 

1 3 .  Lire  plouo,  voir  v .  1962. 


8o  Ë.  Ernaull. 

Goudc  ho  bout  bc/ct,  cm  empligct  sedcr  : 
Euyt  é  seruichaff,  hep  outatf  tardaff  guer, 
Heman  eo  aw  merit,  en  scruyt'  drez  reciter. 
207  )         Ha  goude  se  repos,  dez  nos  en  fos  obscur, 
Ne  galhcnt  ent  quentrat,  ho  stat  so  dinatur  : 
Gant  goueluan  entreze,  an  deu  se  mal  eur  ? 
Ha  cry  hep  vnvon,  malediaion  sur. 

Euyt  y  da  goelaff,  ha  bout  clafF  gant  cartou, 
2080     Do  drem  nedeux  remet,  dre  fet  ho  pechedou  : 

Quentse  surincurabl,  hep  comps  goap  na  fablou. 
(f.  41  V.).  Vezo  lem  dan  reman,  ho  doan  hac  o  poanxou. 
En  trede  ez  leaflf,  maz  cafaff  diauanç, 
Nac  eux  enhv  fier,  nep  queuer  Temperanç  -  : 
2085     Quentse  scot  dimoder,  hep  guerd  Reueranç. 
En  poanyou  so  enhy,  da  pep  sort  alianç. 

Eno  teflfaHen,  so  plen  goude  renabl  ?, 
Dez  ha  nos  quen  obscur,  hep  musur  naturabl  4  : 
Pe  dre  en  ho  deues,  angoes  so  incessabl, 
2090    Ha  poan  dicontananç,  ha  meschanç  offansabl  s. 
Tomder  intollerabl,  dihabl,  â  drouc  apphc; 
Eno  pep  tro  so  reud  *,  nedeu  â  neubeudic  7  : 
Het  ha  treux  nedeux  den,  en  nep  termen  quen  die, 
A  exprimlie  vn  poan,  na  ve  mar  bihanic. 
2095         Neuse  da  reuseudic,  nedeux  guic  à  sicour, 

Ne  taluezo  pompât,  é  gloat  dan  Marchadour  : 
Neuse  scrap  nep  â  preiz,  gant  esfreiz  na  leizour^. 
Ne  guell  yuez  mezec,  mar  hoantec  ho  recour. 
An  quic  gant  é  vigour,  ne  vezo  recouret, 


1.  Écrit  scniil  dans  la  seconde  édition  de  Sainte-Barbe,  560;  ailleurs 
scrit,  scrxt. 

2.  Mot  nouveau,  du   fr.  tempérance  ;  tciupL'rauç:;^\ô.,  Gr.,  va.  tainpèrance 
f.  l'A.  ;  têmperaiit  tempérant,  téniperi  tempérer  Gr.  L:;  latm  a  :  «  Tercio  dici- 
tur  infernus  locus   intemperatissimus.  Unde    dicitur   auernus   quasi    sine' 
vere.  i.  sine  temperantia  ». 

5.  Premier  exemple  de  ce  subst.,  en  franc,  de  Bretagne  reiidhle  compte, 
xye  siècle;  voir  GJoss.  568,  569. 

4.  Mot  nouveau,  du  v.  fr.    natitrahle. 

).  Lire  offançabl,  cf.  offaiiciahl  coupable  B  743,  784  (v.  fr.  offensable 
offensif),  et  plus  loin  ojfanciel  offensé,  r.  anç,  v.  2376.  Ce  radical  avait  les 
deux  variantes,  par  s  et  ç,  voir  Arch.,  I,  623  (cf.   Rev.  Celt.  XX,  240,  241). 

6.  Premier  exemple  de  ce  mot  ;  veut  roide,  Maun.,  leuât  van.  redt 
roide,  inflexible,  remit  maro  roide  mort  Gr.,  refit  roide,  non  pliant, 
«  M.  Roussel  ajnûtoit  Rond  à  force  d'être  plein,  comme  un'cac...,  un 
homme  trop  gras...  »  Pel.,  renJa  roidir  Maun.,  reudi  van.  r:':.ii,  reudein 
roidir,  devenir  roide,  reiider  van.   redêr  roideur,    violente   tvn  ira,  reudder 


Le  Miroucr  de  la  Morf.  81 

Après  qu'ils  se  sont  employas,  sûrement, 

Pour  le  servir,  sans  lui  résister  d'un  mot  ; 

Voilà  la  récompense,  comme  on  le  rapporte  dans  l'Écriture. 
2075       El  ensuite,  reposer,  jour  et  nuit,  dans  la  fosse  obscure, 

Ils  ne  pourraient  le  faire  vite,  leur  état  est  cruel, 

Avec  des  pleurs  entre  eux,  n'est-ce  pas  un  malheur? 

Et  des  cris  désordonnés,  malédiction  assurée. 
Ils  ont  beau  pleurer  et  être  torturés  d'angoisses, 
2080  II  n'y  a  pas  de  remise  pour  leur  face,  du  fait  de  leurs  péchés. 

Mais  incurables,  bien  sur,  sans  dire  de  plaisanterie  ni  de  fables. 

Seront  à  ceux-ci  leur  tourment  et  leurs  peines. 

En  troisième  lieu,  je  le  jure,  ce  que  je  trouve  horrible, 

C'est  qu'il  n'y  a  point,  à  aucun  égard,  de  modération, 
2085  Au  contraire  :  mesure  immense,  sans  aucun  ménagement. 

Dans  les  peines  qui  sont  là,  pour  toute  famille. 
Là  il  y  a  obscurité  complète,  après  le  compte, 

Jour  et  nuit  aussi  sombre,  sans  mesure  naturelle, 

Par  quoi  ils  ont  une  angoisse  qui  est  incessante, 
2090  Et  peine  continuelle,  et  malheur  irritant. 

Une  chaleur  intolérable,  horrible,  malfaisante, 

Là  de  tout  côté  est  rude,  ce  n'est  pas  peu  de  chose  : 

En  long  et  en  large  il  n'y  a  personne  en  aucune  façon  si  exact 

Qui   en    exprimerait  une  peine,  si  petite  soit-elle. 
2095       Alors  au  malheureux  il  n'y  a  point  de  secours  : 

L'étalage  de  sa  richesse  ne  servira  pas  au  marchand  ; 

Alors  ceux  qui  pillent  avidement,  de  vive  force  ou  par  ruse(?) 

Un  médecin  non  plus  ne  peut,  malgré  son  désir,  les  aider. 
La  chair  par  sa  vigueur  ne  sera  pas  aidée. 


roideur,  inflexibilité,  'dureté,  fermeté  Gr.jOn  dit  eur  pôtr  veut  un  homme 
trapu  (Plomodiern)  ;  reudi  se  dresser  (sur  la  tète,  pari,  des  cheveux).  Cf. 
Gloss.  582.  Reud  vient  de  *roed,  du  fr.  roide.  Roedennaff  àéia.\\\\Y,  1.  fatiscere 
C,  roudennaff  Ce  avec  renvoi  à  Ireiidiff  maigrir  doit  être  différent,  et  dériver 
àe*roedeii  filet,  mod.  roueden,  qui  se  dit  de  plusieurs  membranes,  comme 
la  plèvre;  «  roueden  ar galoiin  s.  f.  péricarde  »  Mil.  ms.,  van.  roe'dèn  voile, 
taie  (sur  l'œil),  etc.  /^o^^/ez/mr/f  pourrait  être  proprement  «  devenir  mince 
(comme  une  membrane  légère)  » . 

7.  Variante  de  neheudic  petit  peu  Gloss.  439,  440. 

8.  Unique  exemple  de  ce  mot,  qui  semble  dérivé  de /t'/;^  humide;  plein, 
Gloss.  362,  cf.  nioy.  br.  glehour  moiteur,  mod.  seclioiir  sécheresse,  cor- 
nou.  ^/e^o»r  abri,  Gloss.  259,  619,  105,  106.  L'idée  d'n  humidité  »  a  pu 
amener  à  celles  de  «  souplesse  »,  «  menée  sournoise  ».  Le  v.  fr.  kisoiir, 
laissoiir,  loisor,  etc.  «  loisir,  faculté,  permission  ;  plaisir  »  a  donné  en  moy. 
bret.  lisoureguei  paresse  (Notes  d'étyin.  bret.  16),  dont  la  forme  est  toute  dif- 
férente . 

Revue  Celtique,  XXXIII.  6 


82  E.fErnault. 

2100     En  tan  goude  Luxur,  ez  vezo  mailluret  : 
Ha  dreizaflf  an  eneff,  en  neff  ne  receffet, 
Quentse  da  poan  tan  flam,  ez  ve70  condaffnet  '. 

Bezcoaz  ne  voe  croeét,  oar  an  bet  na  gruct  tan, 
Quen  lom  parha-somet  •=,  é  bout  s  meurbet  ledan  : 
2105     En  fornes  dre  esquem,  na  quen  lem  ha  heman  t, 
Goa  efF  doe  pan  croeat,  ayelo  dan  stat  man. 

Yenien  goude  >  tan,  ho  goan  quen  auanant, 
An  muihaff  à  guell  quet,  bout  soinget  competant  : 
Dimoder  tan  ha  dour,  disaour  ho  tourmant. 
(f.  42)    2 1 10     Dour  erch  ha  dour  grisill,  ho  pil  *  re  peur  "  cillant  '• 

Langour  quez  quen  gourma;n,  meschant  dicara?/tez 
Disaçun  ho  punis,  pep  guys  maz  eo  tristez  : 
Prydiry  an  ruyn,  maz  termin  ho  lînuez, 
Pechet  neudeu  quet  splan,  nep  queffran  en  anhez. 
21 15         Dre  se  chetu  truez,  pemdez  eu  buhez  den, 
A  quementayel  dy,  da  bout  en  yenien  : 
Guez  arall  en  tomder,  dymoder9  souueren, 
Goude  fet  pechcdou,  pez  poanyou  dylouen  ? 

Hep  mar  en  peuare  adarrhe'"  pan  leafF, 


1.  Prononcé  coiidamnet  ;  de  même  v.  2616,  celui-ci,  au  contraire,  est  à 
lire  coiidapiet,  v.  586;  ce  dernier  est  exact,  v.  5586. 

2.  PiVasoDiet  abattu,  accablé  B  519,  v.  fr.  pa rassembler  accabler,  affliger 
complètement. 

5.  Ceci  paraît  exiger  l'ellipse  d'un  mot  comme  on- peini  outre;  mais  il 
suffit  d'un  simple  ki  et,  que  supplée  la  ponctuation  :  d.  léon.  al  levr-via  a 
î'^^o  lennet  ha  d'eian  be~a  diaes  ce  livre  sera  lu,  bien  qu'il  soit  difficile 
(annonce  dans  le  Courrier  du  Finistère);  van.  bout  via  é  diès  (=  être  qu'il 
est). 

4.  Ce  mot  montre  que  tan  était  masc.  comme  aujourd'hui,  cf.  v.  2020. 

5.  Lire  probablement ^ourfe'??,  ce  qui  donne  3  svll.  Qnen. 

6.  P/7a/ battre  rime  en  il-,B  457  ;pilhuCms.  doit  être  une  simple  variante 
orthographique.  Grég.  donne  urglao  pil  a  ra  il  pleut  à  verse  ;on  dit  glao  a  ra 
a-lnl  il  pleut  à  verse;  eurpilad  dour  une  averse  (h.  Corn,  et  Trég.).Cela  ne 
s'accorde  qu'imparfaitement  avec  grisill  grêle  =r  grisilh,  wan.  gresilh  Gr. , 
qui  a  /  mouillé.  On  peut  supposer  que  l'auteur  avait  pensé  à  pill,  de  pillaf) 
piller,  et  que  l'imprimeur  a  mis/7/7  parce  que  c'était  l'expression  habituelle. 

7.  Je  ne  vois  pas  d'autre  exemple  de  cette  surcharge  d'intensifs,  re  peur-. 

8.  Mot  inconnu  par  ailleurs.  Il  devait  avoir  /  mouillé.  C'est  le  v.  fr.  cil- 
lant qui  fouette,  qui  frappe,  de  ciller  fouetter  ;  exciter  :  «  Et  de  cillans  verges 
cillée  »;«  Cillante  pierre...  Aveit  il  entur  son  flanc  »  ;  d.cillanre  action  de 
fouetter,  cilandem.  cravache  God.  ;  sile  «  ciller,  cingler,  frapper  avec  quel- 
que chose  de  délié  et  de  pliant  »,  Dottin  Gloss...  du  Bas-Maine.  Cf.  encore 
V.  fr.  cillier  couper  à  la  faucille,  fauciller?  Cela  rappelle  le  van.  guet  scilV 
er  glean  (coup)  de  tranchant  d'épée  ;   tréc.  (et  van.  ?)  ciJlartt  pierre  posée 


Le  Miroiter  de  la  Morl.  85 

2Î00  Dans  le  feu,  après  la  luxure,  elle  sera  emmaillotée 

Et  à  cause  d'elle  l'âme  dans  le  ciel  ne  sera  pas  reçue, 

Mais  à  la  peine  du  feu  flamboyant  elle  sera  condamnée. 
Jamais  ne  fut  créé  au  monde,  ni  fait  de  feu 

D'une  chaleur  si  accablante,  (outre)  qu'il  est  très  vaste, 
210)  En  (aucune)  fournaise  à  comparer,  m  aussi  vif  que  celui-ci; 

Malheur,  Dieu  !  quand  il  fut  créé,  à  celui  qui  ira  dans  cette  condition. 
Le  froid  après  le  feu  les  torture  aussi  bien, 

Le  plus  qu'il  est  possible  de  penser  sérieusement  ; 

Excessifs,  le  feu  et  l'eau  cruellement  les  tourmentent, 
21 10  Eau  de  neige  et  eau  de  grêle  les  frappent  tout  à  fait  violemment. 
Une  langueur  très  rongeante,  méchante,  ennemie. 

Désagréablement  les  punit  de  toute  façon,  que  c'est  tristesse 

De  penser  la  ruine  où  s'achève  leur  fin  ; 

Le  péché  n'est  pas  brillamment,  nulle  part,  en  logement. 
21 1  j       Aussi,  voilà,  c'est  pitié  chaque  jour  que  la  vie  de  l'homme, 

De  quiconque  ira  là  pour  être  au  froid. 

Une  autre  fois,  dans  la  chaleur  immodérée,  suprême; 

.\près  le  fait  des  péchés,  quelles  peines  affligeantes  ! 

Sans  aucun  doute,  en  quatrième  lieu  de  nouveau  quand  je  le  jure 


obliquement  ou  debout  sur  son  tranchant,  Rev.  Cell.  XI,  359.  Mil.  ms 
donne  :  «  Sill,  s.  m.  pi.  ou  éruption  lente,  sortie  douce  de  quelque  liquide, 
écoulement  léger  et  fin  [,]  flux  d'écoulement  »  ;  aSillav.  n.  découler, 
couler,  fluer.  Silla  a  les  deux  significations  de  sortie  prompte  et  abondante 
et  de  douce  et  lente.  (Comp.  di-:^iUa^.»  Et  il  cite  ailleurs  ce  passage  de 
Combeau  :  0  koU  e  c'boad  ken  a  -ilh  perdre  son  sang  en  quantité .  Cet 
auteur,  qui  a  daté  de  1856  le  manuscrit  de  ses  Môjennuu  Lafoiitaine, 
emploie  constamment  (/)//;  pour  /  mouillé,  comme  le  P.  Grégoire  l'avait 
fait  un  siècle  auparavant;  la  création  de  ce  signe,  le  seul  pratique,  m'est 
attribuée  à.  tort, Breiii:(,  Carhaix  1910,  p.  118.  Le  sens  de  «  sortie  prompte 
et  abondante  »  paraît  propre  au  radical  siîh-  ;  l'autre  doit  appartenir  à 
sil-;  5i7a  filtrer  est  le  moy.  bret.  si^laff,  Gloss.  629,  630.  S  Ilh-  pourrait 
provenir  de  sil-  sous  l'influence  de  dishilya,  disilha  s'égrener,  Gloss.  180, 
que  Milin  décomposait  en  di-iiUa  ;  il  en  donne  cet  exemple  :  «  dare  eo  an  ed, 
di:(illa  a  ra  le  blé  est  mûr,  il  s'échappe  de  l'épi  grain  à  grain  ».  Ce  com- 
posé a  pu  subir  l'influence  d'un  radical  français  sill-,  cf.  sillée  trace,  traînée  : 
«  Ce  sac  s'est  ouvert,  et  a  laissé  une  sillée  de  blé  sur  la  route  »  (Jaubert, 
Gloss.  du  centre  de  la  Fr.,  avec  comparaison  de  sillag-e).  Mais  l'explication 
parle  gall . /;/7  semence  n'est  pas  re  futée  par  l'objection  que  cite  Henry 
Lexiq .  97,  et  qui  était  elle-même  contredite  d'avance  parla  citation  du  van. 
dihiliai  il  égrenait  (des  épis),  Gloss.  180. 

9.  Ailleurs  dinioder,   v.    2083,  etc.;  diioder  immodéré;   immodération 
Gr. 

10.  Les  autres  documents  n'ont  jamais  cet  /;,  cf.   adarre  v.  2263  ;  voir 

Y.   2131. 


84  È.  Ernauit. 

2120    Ez  caffafiF  an  danuez  «,  da  comps  rez  he  bezaff  : 
Vn  lech  nac  eux  é  sort,  gant  ord  '  disconfortaff, 
Priuet  â  pep  ébat,  ha  mat  dre'n  relatafF, 

Enhy  hep  deduiaff,  goelaff  ha  doen  caffou, 
Arer  fournis  disneuz  5,  hep  diuez  d  dezrou  : 
2125     Rac  no  deues  esper,  goude  hooberou, 

A  caffout  diouz  an  bet,  remet  à  nep  metou. 

Deze  Ofterennou,  pedennou  golaouet, 
Na  reiff  plus  alusen,  den  peuryen  sourprenet  : 
Mar  dougowt  treux  an  gruech,  na  bech  à  nep  pechet, 
2130     Ne  tal  vn  aual  put,  mar  astut  reputet. 

Arrhe  4  an  nefF  défait,  no  deues  nep  preder, 
A  caffout  remet  flam,  ho  blam  en  nep  amser  : 
Feunten  â  leuenez,  hac  à  trugarez  scier, 
Oute  so  goloet,  ha  serret  ent  seder . 
2135         Na  bizuicquen  esper,  en  nep  amser  certen, 
No  deues  y  fier,  â  saluder  na  termen  : 
Faeçon  â  essounv  ;,rnedeux  muy  bizhuycquen, 
(f.  42  V.)     Pedre  ho  deffe  lanc,  da  dianc  â  ancquen. 
Dre  se  ez  dlehe  den,  er  na  ve  sourprenet, 
2140     Pridiry  é  diuez,  ha  bezaff  aruezet  ^  : 

A  myret  en  yffern»,  en  cernH  na  ve  bernet, 


1.  Le  poète  avait  pensé  à  la  variante  plus  ancienne  daffm^  ;  mod.  dau' 
ve\  y\.i\ix\ . ,  Gr.,  Pel.,  m.  Gon.  Trd.,  van.  dannè  m.  l'A.,  bien,  Châl. 
ms.,  auj.  danné,  daoné,  tréc.  danve,  dutlnve,  danfe  (et  non  danve,  Dict.  etyni. 
et  Pedersen  Veijl.  Gramm.  I,  167;  Henry  écrit  à  tort  datlve::;);  gall. 
defnydd  et  denfydd,  corniq.  defnydh,  v.  irl.  damnae. 

2.  Ord  est  ici  subst.  :  souillure,  horreur;  on  ne  connaissait  que  l'adj. 
ort  sale,  cf.  v.  2389.  Grég.  n'a  que  ordoiis  malpropre,  adj.  et  s.  m.  pi.  ed 
(moy.br.  ordous,  h.  bret.  ordoii),  ordonsès  femme  malpropre  pi. -5«C(/ ; 
oiirdousded,  ourdoitsder  ordure,  saleté . 

3.  Premier  exemple  de  disueui  (homme)  de  mauvaise  façon,  qui  n'a  pas 
bonne  façon;  qui  a  mauvaise  gràce_;  (personne)  de  mauvaise  mine  ;  frivole; 
vil,  bas;  méprisable'Gr.,  qui  a  de  mauvaises  façons  Trd.,  disneû-^  difforme 
laid,  défiguré,  monstrueux  ;  frivole,  vain  et  léger  ;  qui  n'a  nulle  solidité 
Gon.,  tréc.  et  cornou.  diinen  qui  ne  sait  pas  s'y  prendre  Rei'.  Celt.  IV,  163, 
on  dit  aussi  disneii  et  iian  eus  na  stuni  na  nen,  il  n'a  ni  manière  ni  façon  (M. 
Even).  Maun.  donne  la  variante  dineiii  vain  (où Pel.  veut  voir  une  erreur 
pour  nain,  mais  l'ordre  alphabétique  s'y  oppose);  Pel.  din'éus  etdineux  «qui 
est  sans  façon,  sans  mine,.  .  .  de  peu  d'apparence,  simple  et  idiot  »  ;  Gon.. 
d i ne l'i l'informe,  défiguré,  imparfait,  mal  proportionné;  Trd  dineu:^  défiguré, 
informe.  Composés  de  moy.  br.  «c»:^  (v.  175),  neux  forme,  figure;  drouc 
neit:{  mauvais  naturel,  mod.  oher  neus  stiidia  faire  semblant  d'étudier  Maun., 
ober  ncu~  da  studya,  van.  gober  ne  ou  neu  ou  en  ne  de  studxeih  Gr.,  goher  en 
né  Châl.,  gohérr  enn  né  feindre,  ne  m.  semblant  l'A.,  neu::^  façon,  apparence; 


Le  Miroiter  de  la  Mort.  85 

2120  Je  trouve  la  matière,  pour  dire  nettement  qu'il  est 

Un  lieu  qui  n'a  pas  son  pareil  très  désolé  avec  horreur, 
Privé  de  tout  plaisir  et  bien,  comme  je  le  rapporte. 

Là,  sans  se  réjouir,  pleurer  et  souffrir  des  tourments, 
(Voilà  ce  qu')on  fait  amplement,  vilainement,  sans  fin    depuis    le 

[commencement  : 
2125  Car  ils  n'ont  pas  d'espoir,  après  leurs  œuvres. 

De  trouver  de  la  part  du  monde  rémission,  par  nul  moyen. 

Pour  eux  messes,  prières  solennelles. 
Ni  donner  un  surcroît  d'aumône  aux  pauvres  affligés, 
S'ils  portent  la  largeur  d'un  ciron  ou  son  poids  d'aucun  péché, 
2130  Cela  ne  vaut  pas  une  pomme  aigre,  si  peu  estimée. 
Du  ciel  encore,  certes,  ils  n'ont  aucune  pensée 
De  trouver  rémission  heureuse  de  leur  crime  en  aucun  temps  : 
La  fontaine  de  joie  et  de  douce  miséricorde 
Est  couverte  pour  eux  et  fermée,  sûrement. 
2135       Et  jamais  d'espoir  en  aucun  temps,  certes, 
Ils  n'ont,  assurément,  de  salut  ni  de  fin  : 
Nulle  sorte  d'excuse  légale  il  n'y  a  plus  jamais. 
Par  quoi  ils  auraient  moyen  de  se  délivrer  de  peine. 
Aussi  l'homme  devrait,  pour  n'être  pas  surpris, 
2140  Songer  à  sa  fin  et  être  attentif 

A  éviter  d'être  jeté  en  enfer  dans  le  cercle, 

mine,  physionomie;  neus  apparence;  i(  neu:^  vad  (homme)  de  bonne  mine, 
goall-neui  mauvaise  mine,  a  voall  neui  (personne)  de  mauvaise  mine, 
droucq-neiii  mauvaise  grâce,  sans  grâce,  neu\  fall  pi.  netiiyou  fall  grimace; 
Ik'p iieni  e-bed Sans  feinte;  montda  neu:(  tomber  en  décadence  Gr.,  iieiii  façon, 
mine,  apparence,  contenance,  feinte,  semblant,  neui  mat  bonne  façon, 
bonne  mine,  etc.  Pel.  ;  f.  façon,  etc.;  décadence;  neûi  vad  bonne 
façon,  bonne  mine,  etc.  Gon.  ;  neui  f.  mine,  etc.,  neusiou-fall  grimaces 
Trd;  Mil.  ms.  change  f.  en  «  m.  pi.  iou  grimace,  façon  »  ;  il  barre  le  pre- 
mier mot  dans  drouk  iieu:(  mauvaise  mine,  et  ajoute  :  «  On  dit  plutôt  : 
neus  fall,  doare  fall  en  deus  »  (ces  2  mots  remplacés  ensuite  par  :^()  zuar  n 
haii);  «  an  neu:^  a  ra  du  ve:(a  kotisket,  il  fait  semblant  de  dormir  »;  «  neusia 
V.  a.  et  n.  feinte»  (lis.  feindre),  «  faire  semblant,  affecter,  avoir  la  forme, 
la  façon,  lamine  ».  On  lit  droug-neii  mauvaise  mine,  air  maladif,  Hist .  de 
Moïse,  ms.  de  1832,  p.  196.  Voir  Gloss.  444.  Sur  la  rime  de  eu  à  e,  voir 
V.  537.  Disneu^  rime  en  eu^  et  en  ^;^,  v.  2 191. 

4.  Cet  h  ne  se  trouve  pas  dans  les  autres  documents  ;  cf.  adarrhe  v.  21 19. 

5.  Ecrit  ailleurs  essony;  terme  de  droit  (v.  fr.  essoine,  excuse  alléguée  pour 
ne  pas  se  présenter  en  cause  devant  le  juge,  ou  ne  pas  se  rendre  à  un  com- 
bat judiciaire  God.);  semble  être  cause  de  la  consonne  dure  dans  œç:(ony 
aisance,  facilité  à  faire  les  choses,  en  regard  de  œ^ans,  ea:{amand,  id.,  «;^«- 
mand,  eai,  œ^  aise,  plaisir,  commodité  Gr.;  cf.,  par  exemple,  lourdôny  pi. 
ou  lourdise,  de  lourdt  lourd  Gr. 

6.  Ce  mot  ne  se  retrouve  que  dans  le  Doctr.,  écrit  arveset;  voir  Gloss.  41. 


86  E.  EriwiiU. 

Ha  maz  ahe  dan  knech,  en  Icch  maz  eux  yechet. 

Breman  cz  fell  sellct,  goude  fet  pechedou, 
Lies  punission  hac  afflictionou  '  : 
2145     A  creff  hac  an  deffoul  =,  ara  diaoulou, 

Ehaffn  dan  rc  daffnct,  aya  quet  do  metou. 
Qucntaff  cz  lauaraff.  hac  czcaffaffaffet, 
El  eo  vn  tra  horribl,  tcrribl  hep  aesibdet  : 
Certcn  da  vn  eneff,  ha  creft"  en  groa  greffct, 
2150     Guelet  an  drouc  .Elez,  quent  drez  vez  finiiczct. 
Euel  maz  eu  diuoe,  guelet  Doe  an  croeér, 
En  stat  glorifiet,  Illuminet  net  scier  : 
So  vn  voa  excellant,  triumphant  hac  antier, 
Da  pep  eneff  deuot,  en  muvhaff  scot  noter, 
2155         Euelse  en  vffernn,  dan  bern?;  so  éternel  >, 
Enhv  impatiant  •►,  en  tourmant  ha  scandai  : 
Ezeu  an  poan  muvhaff,  horriblhaff  dihaual. 
Ha  muvhaff  en  ho  greff,  corfhac  enef  tei'al. 
Eu  guelet  an  deffoul,  an  holl  diaoulou, 
2160     Faç  en  faç  disacun  s,  deze  compaigneunou  : 

Deze  ez  eu  muv  poan,  homan  eguyt  tan  glaou, 
Na  nep  affliction,  mar  don  en  prisounou. 

Dan  propos  man  haznat,  en  buhez  an  tadaou, 
Vn  coz  a  lauaras,  vn  guer  bras  peur  hasou  : 
2165     Pe  dre  ez  dlehenip  scaff,  spontaff  gant  cals  caffaou, 
(f.  43)      Ha  clasq  dre  guir  miret,  nac  ahet  do  metou. 
Heman  â  lauare,  ez  crede  ne  grue  fabl, 
Nac  oa  den  nep  henv,  à  remsy  ^  quen  dihabl  : 
Quen  scier  quen  souueren,  quen  certen  quen  renabl 
2170     Quent  gent  quen  squientus,  quen  yoaus  quen  rusabl  7 
A;guelhe  an  droue  asl,  euel  ma  en  guelont, 


1.  Premier  exemple  de  ce  plur.  (affliction,  f.  pi.  -neii  id.,  affligein  affliger 
l'A.,  afligea  id.,  fl^y/w  affligeant  Gr.). 

2.  Ce  vieux  radical  n'est  gardé  que  par  Grég.,en  matière  de  droit  :  défoula 
abolir,  abroger;  defoulavc^,  abolissement,  révocation  d'une  loi,  d'un  acte, 
suppression,  extinction  de  charge,  etc.  :  defoulapl  révocable,  qui  se  peut 
annuler. 

3.  Lire  etertial . 

4.  Variante  nouvelle  de  inipacient. 

5.  Lire  disacun. 

6.  Dans  les  autres  passages  en  mov.  bret.,  ce  mot  se  rapporte  à  la 
«  durée  »;  ce  serait  ici  »  depuis  l'espace  si  énorme  (des  siècles)  ».  Je  crois 
que  le  contexte  est  plus  favorable  à  l'explication  par  «  espèce  »  ;  l'idée 
intermédiaire  est  celle  de  «  générations  (successives)  ».  Pel.  donne  «  Rems, 
Durée,  l'espace  de  tems  que  les  choses  durent  et  subsistent  dans  leur  état  : 
et  il  se  dit  particulièrement  de  la  vie  de  l'homme.  On  employé  au    même 


Le  Mi  rouer  de  la  Mort.  87 

Pour  aller  en  haul,  là  où  il  y  a  la  santé. 

Maintenant  il  faut  regarder,  après  le  fait  des  péchés, 
Beaucoup  de  punitions  et  d'afflictions, 
2145  Et  le  violent  tourment  que  font  les  diables 
Hardiment  aux  damnés  qui  vont  parmi  eux. 

D'abord  je  dis  et  je  trouve  tout  à  fait 
Que  c'est  une  chose  horrible,  terrible,  sans  agrément. 
Certes,  à  une  âme,  et  qui  la  rend  fort  peinée, 
2150  De  voiries  mauvais  anges,  dés  qu'elle  a  trépassé. 
Comme  c'est  certain  que  voir  Dieu  le  créateur 
Dans  l'état  de  gloire,  illuminé  bien  brillamment 
Est  une  joie  excellente,  triomphante  et  complète 
Pour  toute  âme  dévote,  dans  le  plus  beau  sort,  évidemment  ; 
2155       Ainsi  en  enfer,  dans  le  tas  qui  est  éternellement 
Là,  impatient,  en  tourment  et  ignominie. 
Il  y  a  la  peine  la  plus  grande,  la  plus  horrible,  sans  pareille  ; 
Et  ce  qui  les  afflige  le  plus,  corps  et  âme  sombre. 
C'est  de  voir  le  tumulte  de  tous  les  démons 
2160  Face  à  face,  affreux,  (qui  sont)  leurs  compagnons  : 

Pour  eux  c'est  une  plus  grande  peine  que  le  feu  ardent 
Et  qu'aucune  affliction,  si  profondes  que  soient  les  prisons. 

A  ce  propos,  on  le  sait,  dans  la  vie  des  pères 
Un  vieillard  dit  un  mot  tout  à  fait  important, 
2165  Pour  lequel  nous  devrions  promptement  trembler  avec  beaucoup  de 

(douleurs, 
Et  chercher,  en  prenant  bien  garde,  à  ne  pas  aller  parmi  eux. 

Celui-ci  disait,  il  croyait  ne  pas  faire  erreur, 
Qu'il  n'y  avait  homme  d'aucune  sorte  de  condition  si  extraordinaire, 
Si  net,  si  puissant,  si  sûr,  si  juste, 
2170  Si  aimable,  si  sage,  si  gai,  si  prudent. 

Qui  verrait  le  mauvais  ange,  comme  ils  le  voient, 

sens  Remsi,  verbe,  qui  signifie  Durer,  vivre,  subsister,  régner.  Retiisi  bir, 
vivre,  régner,  durer  longuement.  Le  P.  Maunoir  écrit  Rempsi,  durer, 
régner.  Cette  signification  de  Régner  est  impropre,  comme  elle  l'est  souvent 
en  François.  Ce  mot  n'est  plus  gueres  en  usage,  que  dans  la  bouche  des 
vieilles  gens  ».  Régnier,  en  effet,  doit  avoir  ici  le  sens  du  moy.  br.  renaff 
exister,  tréc.  en  am:(er  '^o  hreniaù  Wén,  par  le  temps  qui  court,  cf.  Gloss. 
566.  Gon.  a  rems,  reinps  m.  «  peu  usité  aujourd'hui  »,  et  remsi,  rempsi 
durer,  subsister,  vivre;  Troude  donne  tout  cela  comme  suranné.  Remsi  se 
dit  en  Haute-Cornouaille  (M.  Jaffrennou);  rem^iad  m.  pi.  aou  génération 
en  Goëlo  et  petit  Trég.  :  Ar  rem^iadaou  ail  a  berrey  bon  labour  les  généra- 
tions suivantes  parferont  notre  travail  (M.  Even).  Voir  Gloss.  567,  568. 

7.  Dérivé  nouveau,  cf.    riisel   rusé   v.  108,  etc.  Godefroy   a    un   article 
rusaiible  pour  renvoyer  à  rusable,  qui  manque. 


88  E.  ErnauU. 

An  re  so  claff  daffnct,  drc  pcchet  en  bet  hont, 
BcuafT  quet  ne  galhc,  qucnt  ez  maruhe  drc  spont, 
Mar  horribl  eu  neuse,  en  stat  se  gant  é  gront. 

2175         Pez  spont  yen  dan  eneff,  pez  leff,  ha  pez  grcuanç, 
Goude  lesell  exprès,  traou  raes  •  ha  plesanç  =  : 
Yoaius  meurbet  detri,  hep  sy  dan  conscianç. 
Hac  habitation,  mansion  consonanç  >. 

Vezo  monet  gant  cry,  dan  ty  han  région, 

2180     Maz  eux  dyaoulou,  ha  monstrou  4  en  craou  don  : 
Hep  nep  lînuez  dezy,  guelet  an  vision, 
Han  rcz  aueze  y,  en  o  daffnacion  '>  ? 

Possibl  eu  ez  guell  Doe,  an  roe  nep  ho  croeas, 
An  neff  hac  an  douar,  heaul  ha  loar  drez  caras  : 


I.  Proprement  «  ras,  plain,  uni  »,  et.  Aoûr  mil  iiiusiir  rés  «  mille 
mesures  rases  d'or  »  ;  rès-rihus  «  rés  le  bord  d'une  mesure  »,  Les  Amourettes 
du  Vieillard,  Pel.,voir  Gloss.  571,  575.  Pel.  donne  rés  plein,  garni,  fourni, 
bien  rempli  ;  (épi)  bien  fourni  de  grains;  Grég.  re^  ras,  uni,  re:^  ar  verenn 
a  vin,  re:^  toiipicq  rasade,  plein  un  verre  de  vin,  eva  a  re:(  lotipicq 
lyès  taçiad  lamper,  boire  en  goinfre  (cf.  van.  i'r  hiiéren  karget-rè::^  dans 
la  coupe  pleine  à  déborder,  VHerminc  XLIV,  205),  re:(^,  ê  re^,  a  re^, 
reç~ed,  c  reç:^ed  «  au  niveau,  de  plein  pié  »,  lacqdt  re:(  ou  e  re- 
niveler,  trêmen  è  re^,  ê  reç^ed,  reç^ed  raser,  effleurer  ;  re^,  reç^ed  «  rez,  ou 
rais,  superficie  rase  »,  re:^  an  doiïar,  reç^ed  an  doi'iar  «  rez  de  chaussée,  le 
sol  de  la  terre  »,  an  aslaicb  re^  «  l'étage  de  rez  de  chaussée  »,  discarr . . . 
re^  an  douar,  lacquaat .  .  .  è  re:(  ar  sol,  é  reç:(cd  an  doûar  détruire  (une  ville 
«  rez  pié,  rez  terre  »  ;  re^,  ê  re:(,  é  reç:^ed  à  fleur  {an  douar  de  terre,  aji  dour 
d'eau),  rei  e  dal  (il  a  de  beaux  yeux.  .  .)  à  fleur  de  tête  ;  Le  Gon.  rèi  ras, 
plein  jusqu'au  bord;  rez,  à  fleur,  au  niveau;  H.  de  la  Vill.  ré^  ha  rê:^  au 
même  niveau;  Troude  re:{,  rea^  m.  niveau,  re^  comble,  il  regarde  à  tort  ce 
dernier  comme  un  nom  masc.  suranné  ;  D.  Malgorn  a  réa^  au  ras  de,  au 
niveau  ;  réa-  plein  ;  re^  f.  rangée  :  ed  diiu  re:(  épis  à  deux  rangs  de  grains 
(Ann.  de  Bret.  XXV,  252,  414,  415).  M.  Vallée  cite  de  Combeau  (trad.  de 
Lachambaudie)  :  Dion  re^  dent  en  e  c'henou  deux  rangées  de  dents  dans  sa 
bouche.  Ce  mot  doit  se  trouver  dans  le  tréc.  en  res,  e  res  sous  forme 
de,  Gloss.  567  (où  je  voyais  reii  droit).  On  dit  en  Goëlo  lakdt  an  treo  'h  0 
reai,ou  war  0  res  mettre  les  choses  en  ordre,  les  tirer  au  clair;  en  haute 
Corn,  ober  eur  re^  da,  chapitrer  (qqn);  re^^o  rendre  uni,  raser  (ab.  Besco) 
=  re:(an  mettre  à  fleur  (ab.Estienne),  rai^ein  «  boulverser  »  l'A. (voir  mon 
Dict.  breton...  de  Vannes,  v.  rc-{).  On  dit  trenien  a-re^  côtoyer  (l'Afrique); 
léon.  be^a  a  resed  gant  être  au  même  niveau  que,  lakaat  daoti  danim  koat  en 
eur  resed  ajuster  deux  pièces  de  bois.  On  peut  ajouter  rés  'vel  eur  gantiel 
juste  comme  une  bobine,  h.  Trég.  (Mél.  XI,  201);  koad  re^  bois  sans 
défaut,  facile  à  travailler,  Goélo;  mais  ce  mot  a  dû  se  mêler  avec  rei:(  droit, 
régulier  ;  règle,  qui  avait  une  variante  rc^  (cf.  pe  en  re:^  de  quelle  manière,  v. 
954,  etc.)  C'est  plutôt  ce  dernier  qui  est  dans  tra  re^  chose  régulière,  :;e  :^o  re^ 


Le  Mirouer  de  la  Mort.  89 

Ceux  qui  sont  douloureusement  damnes  pour  le  péché,  dans  l'autre 

[monde, 
Qiii  pût  vivre,  avant  de  mourir  d'épouvante  ; 
Tant  il  est  horrible  alors  dans  cet  état,  avec  son  grondement. 
2175       Quelle  froide  épouvante  à  l'âme,  quel  pleur,  et  quel  chagrin 
Après  avoir  quitté  tout  à  tait  les  choses  commodes  et  le  plaisir 
Très  joyeux,  certes,  sans  remords  à  la  conscience. 
Et  son  séjour,  demeure  de  beauté. 

Ce  sera,  d'aller  avec  cris  à  la  maison  et  la  région 
2180  Où  il  y  des  démons  et  des  monstres,  dansl'étable  profonde, 
Sans  qu'elle  ait  aucune  fin,  de  voir  la^vision 
Et  leur  aspect,  dans  leur  damnation  ! 

Il  est  possible  que  Dieu  puisse,  le  roi  qui  les  créa, 
(Et)  le  ciel  et  la  terre,  soleil  et  lune  ainsi  qu'il  voulut, 

viat  c'est  très  bien  ;  re:^  war  e  labour,  war  e  vicher  habile,  propre  au  tra- 
vail, expert  dans  son  métier;  kontcho  re^  comptes  bien  faits,  clairs,  komi  re^ 
parler  bien,  de  fliçon  intelligible,  Breton  re~,  vrai  Breton  bretonnant,  Iconis 
/■«oc'/;  parler  plus  facilement,  o-o?</ /-«oc'/j  savoir  mieux,  plusieurs  de  ces 
expressions  sont  en  van.  relh,  reh.  Resaat  devenir  plus  habile  (Estienne) 
répond  au  léon.  reisaat  rendre  ou   devenir  tranquille. 

2.  Mot  nouveau,  du  fr.  plaisance;  on  ne  connaissait  que  l'adj.  plaesant, 
plesant  plaisant,  agréable. 

3.  On  n'avait  également  que  l'adj.  consonanl  juste,  admirable  ;  cf.  v.  fr. 
consonancie  accord,  harmonie,  concordance. 

4.  Premier  exemple  de  ce  plur.  Grég.  a  mounstr  monstre  pi.  ou,  van. 
»/o;«//- pi.  (•'«,  dim.  nioiinstricq  pi.  -strouïgou;  mor-voimstr  p.  niorvounstrou 
monstre  marin  ;  nwunstrus  monstrueux.  Maun.  a  «  monstre,  nionstr  »  ; 
«  faire  monstre,  cher  nionstrou  »  ;  ce  dernier  =  «  faire  montre,  la  revue  de 
l'armée  »,  ober  moustr,  moiistra  Gr.,  et.  moustr  pi.  ou  montre,  revue  des 
troupes,  nionstrou  bras  montre  générale  Gr.,  montreu  m.  montre,  revue 
l'A.  {montre  par  e  muet,  pi.  eu  montre  portative  l'A.,  montr  pi.  ou  montre 
de  poche  Gr.,  tréc.  mont  m.  pi.  moncho,  voir  v.  1816;  moHc/;«r  marchand 
de  montres,  horloger).  Monstre  pi.  ou  rêve  importun  et  incommode,  rêve 
fâcheux  Gr.  ne  vient  pas  du  fr.  monstre  :  son  e,  qui  se  retrouve  dans  nions- 
trci  part,  -eët  avoir  des  rêves  fâcheux,  semble  provenir  de  hunvre  pi.  ou 
rêve,  hiivréi  rêver  Gr.  La  variante  moustr  pi.  ou  doit  être  plus  ancienne, 
voir  Gloss.  432;  r«  s'est  introduit  par  imitation  de  nionstrou,  équivalent  de 
moustrou  montre,  revue.  Grég.  donne  aussi  modestou,  molestou,  cf.  mov. 
bret.  inolest  contradiction.  Les  dérivés  ne  montrent  que  ous-  :  an  Diaul 
moustrer  démon  incube,  ar  moustrericq  «  cauchemar,  le  foulon...  oppression 
d'estomac...  que  les  Simples  attribuent  au  Démon  incube  »,  ar  moustericq 
incube,  oppression  nocturne  Gr.  J'ai  cru  à  tort,  Gloss.  432,  que  Maun. 
attestait  un  autre  verbe  moustra  «  souiller  »  :  le  texte  porte  «  soulier  », 
qu'il  faut  corriger  en  «  fouler  ». 

).  Premier  exemple  de  cette  forme  hybride,  cf.  Gloss.  140;  daunacton, 
daounacion  Gr.  {damnation  f.  pi.  -neu  l'A.). 


90  E.  Ernault. 

2185     Hac  ho  Licquas  da  chom,  hep  patrom  dre  compas, 
Hep  muv  drc  é  squient,  cucl  maz  cntentas. 

Dileuzrifï  dan  vfferriH,  emesq  an  bcrn»  ccrnct, 
Aneualct  rebours  ',  da  comours  hac  Ourset  : 
Serpantet  difeçon,  ha  Con,  ha  Leonet, 
2190     Pe  diuers  locznet  goez,  ha  diaznauezet  '. 
Pe  croeaff  â  neuez,  loznet  disneuz  euzic, 
A  ve  deffrv  dihabl,  hep  fabl  â  drouc  aplic  : 
Humor  dre'n  dou  orga;;  î,  ho  diou  froa»,  nat  4  dan  quic, 
(f.  43  v)  De  lesquifï  han  speret,  â  taulhent  net  cret  die. 
2195         Pe  vn  moguet  flerius,  ancquenus  5  dreist  musur, 
Pe  tan  ho  dou  lagat,  en  pep  stat  dinatur  : 
Hep  span  do  huanat,  na  francquat  '  do  statur, 
Na  hoaz  bezaff  lazet,  ouz  ho  guelet,  cret  sur. 
Bezcoaz  elguennou  7  tan,  en  bet  man  ne  goanas, 
2200     Qiiic  den  d  nep  henv,  na  muv  ne  castias  : 
Eguet  visaig  Sathan,  en  poan  aban  manas, 
EfF  he  compaingnuou  î^,  ouz  tnon  9  aban  gnouas, 

Rac  se  pep  lech  pechezr,  quemer  dif  scuezr'pe  dre'" 
Hz  miry  nac  y  quet,  do  sellet  en  bet  se  : 
2205     Na  da  bezaff  ardant,  sellet  do  hoant  gante, 
Er  ho  guelet  horribl,  re  terribl  az  fiplhe  ". 

1.  Du  Ir.  rebours  revêche  ;  premier  exemple  de  ce  mot;  van.  rebource, 
rebours  ;  revêche,  de  mauvaise  humeur  ;  bizarre  (mal  imp.  reboruce), 
rebource  bizarrement  ;  a  rebource  à  rebours,  rebourcein  rebourser  ;  reboursein 
vomir,  rendre  gorge,  rebourcereah  m.  vomissement  l'A.,  en  ur  ber  rebours 
(il  a  fait  son  affaire)  «  en  un  retourne  main  »  Châl.  ms. 

2.  On  n'avait  que  l'inf.  diainauout  «  decognoistre  »,  Gloss.  162.  Grég.  a 
diainaout,  disainaout,  van.  dianaouein  méconnaître,  part,  dianaveiet,  dia^- 
nave:{et,  dia:(naoudecq,  van.  dianoudecq  méconnaissant  ;  dieueff,  disanajf,  dia- 
naff,  van.  dianau  méconnaissable;  diana§  mconnu. 

3.  Mot  nouveau,  du  fr. 

4.  Lis.  tan. 

5.  Voirv.  1388. 

6.  Mot  écrit  franchat  affranchir,  Ghss.  245  ;  francaat  se  porter  mieux 
Maun.,  ne  franka  ket  ivar  au  den  clanv  le  malade  ne  va  pas  mieux  Mil.  ms., 
francaat  affranchir,  délivrer,  dégager  Pel.  (qui  y  voit  un  abus  pour/rrtHCOJ, 
forme  imaginaire) ; //-a^ri^fli!/  élargir,  faire  plus  large  Gr. , /nrw/Mfl/ rendre 
ou  devenir  plus  spacieux  Gon.,  van.  frankat  élargir,  mettre  au  large,  déli- 
vrer ;  commencer  à  revenir  d'une  maladie. 

7.  Plur.  d'un  mot  écrit  eluenn,  elueii,  et  dans  ses  dérivés  eluenii',  mod. 
elvcnn,  Gloss.  206;  ce  g  n'a  jamais  été  prononcé,  c'est  une  fausse  imitation 
des  cas  comme  celui  du  v.  316.  Ces  deux  vers  sont  ainsi  reproduits,  D  161  : 

Bizcoas  evelennotan,  er  bet-man  ne  goanas, 
Quit  den  à  nep  hini,  na  muv  ne  affligeas. 


Le  Mirouer  de  la  Mort.  91 

218)  Elles  fit  demeurer,  sans  modèle,  avec  justesse, 

Seulement  par  son  intelligence,  comme  il  l'entendit, 

Envoyer  en  enfer,  au  milieu  du  tas  encerclé, 
Des  animaux  revèches  d'humeur,  et  des  ours, 
Serpents  difformes,  et  chiens  et  lions 
2190  Ou  diverses  bêtes  sauvages  et  inconnues; 

Ou  créer  de  nouveau  des  bêtes  difformes,  affreuses, 
Qui  soient,  sérieusement,  odieuses,  sans  mentir,  de  mauvais  rapports  ; 
De  l'humeur  par  leurs  deux  organes,  leurs  narines,  du  feu  à  la  chair 
Pour  la  brûler,  et  l'âme,  ils  en  jetteraient  fort,  crois  bien  ; 
2195       Ou  une  fumée  puante,  pénible  outre  mesure. 

Ou  du  feu  de  leurs  yeux,  de  toute  façon  monstrueux, 
•       Sans  répit  à  leur  soupir,  ni  liberté  à  leur  taille 

Et  aussi  sans  être  tués  en  les  voyant,  crois  sûrement. 
Jamais  étincelles  de  feu  en  ce  monde  ne  torturèrent 
2200  La  chair  d'aucun  homme,  ni  ne  la  châtièrent  plus 

Que  le  visage  de  Satan,  depuis  qu'il  est  resté  en  souffrance 
Lui  et  ses  compagnons,  là-bas,  dès  qu'elle  apparut. 

Aussi  en  tout  lieu,  pécheur,  prends-moi  la  règle  par  quoi 
Tu  éviteras  d'aller  les  regarder  en  ce  monde-là 
2205  Et  d'être  ardemment  regardé  à  leur  gré  par  eux. 
Car  leur  vue  horrible  te  saisirait  trop  terriblement. 


Evelctiiio  doit  être  pour  ez'/t'H;/o//,  cf.  Gloss.  225,  248.  Roussel  ms.  donne  : 
«  eliv.  V  :  cufl,  diueii,  eufleii,  étincelle  de  feu  »  ;  «  culien  sing.  eidicnncii  tau, 
étincelle  de  feu  ». 

8.  Lis.  -ngunou. 

9.  Lis.  tnou . 

10.  Prononcé  ^é"  :(/-(;,  cf.  v.  643,  674,  1018,  1234,  1842,  etc.  Pt'ircbeiil 
par  quel  lieu  Ca,  expliqué  pa.r  pe:(-rac-hent,  Mid.  Bret.  Hotirs  61,  est  une 
faute  pour  pe^rehent.  Cb  et  Ce  ont  pc:^drebent,  où  il  ne  faut  pas  voir  pe:(  -j- 
(//■(',  mais  pe-ire,  avec  un  i  ajouté  comme  dans  P^i^rfro;;,  etc.,  Glas.  486, 
487.  Cf.  pe  dre  hent,  etc.,  467.  Une  mutation  du  même  genre  est  notée 
à'ins  pe:(alech  à  quel  lieu  C,  ailleurs  pe  da,  Gloss .  467,  468. 

11.  Cf.  fiplo  torturera  2388;  premiers  exemples  àefihla  battre  Maun., 
«  batre  à  bons  coups,  tous  portans  »,  fblel  caër  eo  het  «  il  a  été  bàtonné  qu'il 
n'y  manquoit  rien  »  Gr.,  fibla  battre  à  grands  coups,  frapper  fort,  ros- 
ser, en  Cornou.  Gon.,  Trd,  en  emfibla  se  battre,  Bari.  Brei^  336;  d.fibler 
pi.  yen  celui  qui  bat  Gr.,  celui  qui  frappe  fort,  en  cornou.  Gon.,  Trd,  fibhid 
m.  pi.  on  fort  coup  donné  à  qqn  en  le  battant,  en  cornou.  Gon.,  Trd, 
Cf.  vnn.  finible,  fibk  m.  pi.  eu  boucle  de  porc,  l'A.,  à  Sarzeau  flnuienu, 
Rt'v.  Celt . ,  III,  236,  fiiublein,  fibleiii  «  boucler  le  groùin  »  l'A.,  d'une 
forme  française  du  lat.  fibuîa,  cf.  fr.  affubler  et  anciennement  fubler,  aff'uni- 
bler. 


92  E.  Ernaiilt. 

En  eil  ez  lauaraff,  hac  cz  cafaff  aflfet. 
An  drouc  .Elez  puplic,  reuseudic  milliguci  : 
So  cruel  dan  Eneff,  hac  eu  gref  en  effet, 
2210     Mar  déliez  ef  bezaff,  gante  re  claff  dafnet. 

Allas  nendeu  hep  muy,  deffry  dre  vision, 
Na  spont  ez  grueont  y,  hep  sy  affliction  : 
Hoguen  ouz  tourmantaff,  deuoraff  anaffon, 
Ho  cannaff  dre  affuy,  ha  dre  dérision. 
221 5         Bezcoaz  ne  voe  Léon  na  con  quen  disounest, 
Mar  outraig  arraget,  buanecquet  medest  : 
Pan  ve  lazet  ho  cnot  ',  en  ho  bot  -  me"n  protest, 
Pe  ouz  bezaff  naounet  ;,  dre  na  caffet  boet  prest, 

Eue!  maz  eu  pemdez,  hep  diuez  à  dezrou,  * 

2220    A  cref  gant  cals  deffoul,  an  hoU  diaoûlou  : 
Da  tagaf  anaffoun,  so  en  ho  prisounou  », 
(f.  44)     Dre  an  bech  ho  pechet,  cometet  en  bedou. 

1.  Ce  mot  se  trouve  N  836  comme  terme  d'injure  (engeance?).  Il  peut 
être  devenu  crot,  «  petit  enfant...  peu  en  usage  hors  le  pays  de  Léon  » 
ViA.;  krot  m.  petit  enfant,  p/rtcV;  krot  bonne  d'enfant,  en  cornou.,  Trd. 
Cf.  gall.  cnawd  chair. 

2.  Ce  mot  s'est  trouvé  au  v.  382  ;  voir  Gloss.  74  «  On  dit  rei  bod  donner 
asile,  abri,  cacher,  receler  au  sens  de  rei  golo  »  Mil,  ms.  A  rei  bodenu 
dci  eul  laer  donner  asile  ou  receler  un  fripon  Trd,  Mil.  a  ajouté  :  «  On  dit 
plutôt  rei  bod  ».  Pel.  cite  d'après  «  le  Nouv.  Diction    «  :  «  Rei  boden,  rece- 


Le  Mirouer  de  la  Moii.  93 

En  second  (lieu)  je  dis  et  je  trouve  tout  à  lait 
(Que)  les  mauvais  anges  publiquement  misérables,  maudits, 
Sont  cruels  à  l'âme  et  la  torturetit,  certes, 

2210  Si  elle  mérite  d'être  avec  eux  douloureusement  damnée. 
Hélas  !  ce  n'est  pas  seulement,  sérieusement,  par  la  vue 
Et  l'épouvante  qu'ils  font,  sans  doute,  de  la  peine. 
Mais  en  tourmentant,  dévorant  les  âmes. 
Les  battant  par  envie  et  par  dérision. 

2215       Jamais  il  n'v  eut  lion  ni  chiens  si  furieux, 
Si  outrageusement  enragés,  irrités,  je  l'atteste, 
Quand  on  a  tué  leur  progéniture  dans  leur  antre,  je  l'affirme. 
Ou  en  étant  affamés,  parce  qu'ils  ne  trouvent  pas  de  nourriture  prête, 
Que  le  sont  chaque  jour,  sans  fin  depuis  le  commencement, 

2220  Fortement  avec  beaucoup  de  tumulte,  tous  les  démons, 
A  étrangler  les  âmes  qui  sont  dans  leurs  prisons 
Par  la  charge  de  leur  péché  commis  dans  le  monde. 

E.  Ernault. 
(^  suivre.) 


1er,  c'est-à-dire,  donner  retraite,  en  sous-entendant  au  voleur  ».  Rei  hoil  est 
en  h.  Corn,  soutenir,  encourager,  surtout  pour  le  mal(ab.  Besco)  ;  en  Trég. 
donner  abri,  asile  (en  bonne  part  aussi). 

3.  Premier  exemple  de  cette  forme,  cf.  Ghss.  438. 

4.  Cf.  V.  1718. 


MISCELLANEA 


I.  Éremôn, 

In  Mr  Goddard  H.  Orpen's  remarks  on  early  Ireland  accom- 
panving  the  map  of  Ireland  in  the  I2th  century  in  Poole's 
Historical  Atlas  "(Clarendon  Press)  we  read  as  follows  : 
«  Emer,  or  as  the  name  is  often  written  Eber  ',  represents  the 
primitive,  Ivernian  or  pre-Aryan  inhabitant  (the'Isjspvto;  of 
Ptolemy),  while  Erimon  (=  the  ploughman)  represents 
the  Aryan  farmer  who  introduced  agriculture',  'i  his  positive 
statement  is  a  mère  fanciful  expansion  of  a  much  more  cau- 
tious  remark  made  by  sir  John  Rhys  in  his  '  Studies  in  early 
Irish  History'  p.  17  (Proceedings  of  the  British  Academ)'', 
vol.  I)  :  'The  name  of  Eron  or  Airem  (genitive  Erimon^  Ere- 
môn, or  Airemon)  seems  to  hâve  meant  a  ploughman'.  Zim- 
mer  also  has  followed  Rhys,  for  I  see  that  in  his  translation 
of  a  wellknown  passage  in  Fiacc's  hym  i:  hrenders  ))ieicc 
Erimon  by  'die  Sôhne  Airem's'  (Sitzungsber .  der  Kgl.  preuss, 
Akad.  i90(S,  p.  1119)- 

The  truth  is  that  the  form  Airem,  gen.  Airemon  %  never  occurs 
for  the  name  of  the  son  of  Mil  at  ail.  The  only  form  in  ail 
Irish  Mss.,  old  or  young,  is  Eremôn  or  Erimon,  gen.  Eremôin. 
There  can  be  nodoubt  as  to  the  quantity  both  oféand  ô,  though 
the  marks  of  length  are  often  omitted  by  the  scribes.  In 
LL  143  b  52  Erimon  rhymes  (in  dehide)  with  ô^,  LL  4  a  41 

1.  The  correct  form  is  Eber,  gen.  Ehir.  Énier  is  a  late  spelling. 

2.  The  word  airetn  '  ploughman  '  occurs  with  the  diminutive  ending  -on 
as  the  epithet  of  a  fabulous  king  of  Ireland  Echaid  Airemon  (LU  99  a  14). 
This  may  hâve  misled  Rhjs. 


Miscellanea.  95 

with  slôg,  and  in  an  old  poem  quoted  by  the  ^our  Masters.A. 
D.  940  the  whole  name  rhymes  whhglé-dedôl  '  bright  twilight', 

There  were  genuine  old-Irish  names  ending  in  a  diminu- 
tive -d;/,  Ogam  -ognos,  as  I  hâve  shown  in  Eriu  IV,  p.  68. 
But  hreniôn  is  not  one  of  thèse.  It  never  was  a  hving 
name  '.  It  must  rank  together  with  Bith,  Bile,  Beothach.  Fénius, 
Mil,  Ir,  etc.  as  a  mère  learned  figment  of  the  eighth  century. 
It  isevidently  based  upon  Eriu,  while  togive  it  a  genuine  look 
the  archaic  suffix  was  added,  as  it  figures  in  Partholôn,  Semiôn. 
If  thèse  were  genuine  old^  names  they  would  make  their 
genitives  in  -ûin,  not 'in  -ôin. 

So  the  Aryan  ploughman  vanishes.  It  is  high  time  that  spé- 
culations such  as  thèse  should  cease  altogether  until  philo- 
logy  has  better  prepared  the  ground.  It  is  a  sign  of  the 
continued  neglect  of  Celtic  studies  to  find  so  many  fallacious 
or  highly  doubtful  statements  on  early  Ireland  —  and  indeed 
on  Irish  history  generally  '\ —  making  their  appearance  in 
text-books  for  schools  and  universities,  statements  which 
however  plausible  they  may  seem  to  their  authors  and  the 
gênerai  reader,  betoken  a  sad  ignorance  of  Irish  philology  and 
literature. 

2 .   Mâcha. 

The  Word  inacba  which  figures  in  Windisch's  Wôrterbuch, 
in  the  glossary  to  Stokes'  édition  of  the  Tripartite  Life  and  in 
the  Urkeltischer  Sprachschatz  p.  196  with  the  meaning  'field' 
is  deduced  from  a  single  passage  in  a  poem  ascribed  to  Patrick 
thus  printed  and  translated  by  Stokes  (Trip.  p.  480,  22)  : 

cêin  bess  mâcha  fo  thor[th]aib 
'  So  long  as  field  shall  bide  under  crops' . 

I.  In  the  Annals  of  Ulster  A.  D.  885  Eiremhon  occurs  as  the  name  ot 
a  king  of  Ulster.  But,  as  Hennessy  has  pointed  out  in  a  note,  this  is  a  mis- 
take  for  Aurowun,  as  the  king  is  called  in  LL  41  c.  Indeed  the  AU  them- 
selves  Write  the  name  correctly  (Eruwan)  under  A.  D.  913. 


96  k.  Meyer. 

Therc  is  however  no  occasion  for  any  emendation.  The 
line  makes  sensé  as  it  stands  : 

cêin  hess  Mâcha  fo  thoraib 

'So  long  as  Arniagh  sliall  be  under  princes'. 

Mâcha  is  hère  used,  as  often,  for  Ard  Mâcha,  literally 
'Macha's  '  Height'.  It  is  latinized  Machia  in  Trip.  330,  20  and 
elsewhere.  As  to  tor,  it  means  originally  'tower'  and  meta- 
phorically  'a  chief,  or  hero'. 

3.  Eritn. 

In  my  paper  on  the  early  relations  between  Gael  and  Bryth- 
on  I  suggested  on  p.  73  that  the  namc  Erim  which  occurs  in 
Kulhwch  and  Olwen  (Rhys-Evans,  p.  108,  11  ff.)  as  that  of 
a  father  whose  sons  are  ail  remarkable  for  their  swiftness  is  the 
Irish  érimm  'course'.  This  suggestion  receives  further  support 
from  the  fact  that  in  the  Agallamh  na  Senôrach  (ed .  Stokes, 
l.  268)  Erim  is  the  name  ota  horse. 

4.   remâin,  crâin. 

In  the  Glossary  to  his  second  édition  of  the  Félire  Stokes 
basa  Word  /'^mamof  doubtful  meaning.  As  the  word  occurs  in 
rhyme  with  Eiiàir  'January'  (Jan.  i,  31,  Sept.  19,  Epil.  6) 
and  with  the  proper  name  Senàin  (March  3),  he  ought  to  bave 
written  remâin.  This  I  take  to  be  originally  the  verbal  noun 
of  "  remi-agii)i  'I  drive  before,  in  front  '.  It  would  dénote  the 
'front-drive'  (Germ.  Vorderireibeii)  in  a  hunt,  a  race,  or  of  a 
troop  on  the  march.  But  in  ail  passages  which  Stokes  bas  col- 
lected^  we  find  the  word  used  adverbially,  no  doubt  in  the 
dative  (locative)  case,  in  the  sensé  of  '  in  the  foremost  rank 
or  front'.  Thus  //  éside  nohitis  remâin  resi\n^  sJôg  LU  57  b 
15  means  '  it  is  they  who  would  march  in  iront  before  the 
host'.  Similary,  téit  ind  ingen  remâ[i]n  reniib  Met  the  girl  go 

1.  The  name  Mâcha  is  either  mascuhne  (e.  g.  Rawl.  502,  120  a  6)  or 
féminine.  Therc  is  a  diminutive  Machacân,  Dinds.  §  21. 

2.  See  also  Windisch,  Tâin  Bô  Cuahige,  s.  v.  riam. 


Miscellanea.  97 

first  before  them  '  LU  72  b  2  ;  luid  Càchnlainn  rîam  reniâin 
rempli  ' C  went  forward  in  front  before  them',  LL  68  a  26; 
îarra-su  nech  n-aill  riam  remà[i]n  rempo  '  do  thou  seek  some 
one  else  to  go  in  front  before  them',  ib. 

In  the  FéUre  the  word  is  always  used  in  connexion  with  the 
leading  or  most  prominent  saints  whom  the  poet  sélects  for 
mention  out  of  the  vast  number  of  saints  (cf.  loimm  de  romuir 
'a  sip  from  the  océan',  Epil.  42).  Thus  feil  di  rétglainn 
remàin  (March  3)  might  be  freely  rendered  '  there  are  two 
stars  above  ail'  ;  ainm  remàin  (Jan.  31)  '  a  name  among  the 
first';  biiiden  cecha  laithi  dosruimdemar  remàin  (Epil.  6)  'a 
troop  for  each  day,  we  hâve  measured  out  (=  selected 
them  after  careful  weighing)  as  leaders'  —  not  'heretofore' 
as  Stokes  renders  ;  for  the  word  is  never  used  of  time.  Ràith... 
co  Crist.  .  .  co  slôg  rig  ràn  remàin^  '  he  ran  to  Christ  in  the 
fore-front  of  a  host  of  noble  kings'.  In  the  same  way  tôided 
in  Ri  remàin  (Jan.  i)  must  be  taken  in  the  sensé  '  let  the  king 
lead  in  front',  tôided  being  used  without  an  object  as  in  Prol. 
340  (jôided  re  sil  dôine^. 

A  second  compound  of  àin  has  also  caused  difficulties  to 
Stokes.  This  is  er-àin  or  aiir-âin,  as  he  prints  Epil.  7.  The 
original  meaning  would  be  '  a  driving  beyond  '  (Germ.  ûber 
etwas  hinaus),  the  préposition  air  being  hère  employed  in 
the  same  sensé  which  it  has  in  ôin  ar  fichit  'one  beyond 
twenty'  etc.  Again  it  is  used  adverbially,  as  is  well  seen  in 
the  following  passage  (CZ  VIII,  p.  309,  29)  :  inta7i  doJuith 
Art  ô  Theiniiir  dochum  in  chatha,  dodeochaid  tri\li\  côicdaib  ôclacb 
riasna  slùagaib  anràin  'when  Art  came  from  Tara  to  the  battle, 
he  came  with  i$o  men  in  advance  of  the  host  (as  a  van- 
guard)'  ;  or  in  a  poem  preserved  in  LB  242  b  : 

A  Dé  mâir  ! 
coragbainn-  mo  di  eràil  (./.  itge)  : 
tn'animm  la  haingliu  erâin, 
nlmthair  dninebad  gelàin  ! 

1.  This  is  the  readingof  the  best  Mss,  not  cona  slôg  rig  reindiii,  as  Stokes 
prints. 

2.  co/magbaind  Fcs. 

Revue  Celtique,  XXXIII.  7 


98  K.  Meyer. 

'O  great  God!  may  I  obtain  my  two  requests!  My  soûl 
with  angels  in  ihe  van  !  may  death  by  lightning  not  corne  to 
me  !  ' 

Therefore  the  passage  in  Féi.  Epil.  7,  co  n-ecmaingsem  '  eràin 
should  not  be  rendered  witii  Stokes  'we  eut  off  the  excess', 
but  'so  that  \ve  hâve  reached  (hit  upon)  the  vanguard  (i.  e. 
Christ)'.  We  probably  hâve  the  same  word  in  a  difficult  pas- 
sage in  Fianaigecht,  p.  24  :  berte  in  n-urâin  n-ellaig,  perhaps, 
'  who  carry  (=  lead)  the  vanguard  of  the  combat'. 

From  the  original  meaning  of  '  a  driving  beyond  '  we  easily 
arrive  at  the  meaning  'an  exceeding,  excess',  which  the  word 
has  commonly  in  the  Laws.  See  Atkinson's  Glossary  s.  v. 
airain  and  tirâin. 

5.  On  some  passages  in  Tigernach's  Annals. 

In  his  édition  of  thèse  Annals  Stokes  was  constantly  puzz- 
led  by  the  idiomatic  use  of  the  adverb  and  in  such  passages 
as  the  following  :  Findgaim  mac  Con  cen  màihair  ri  Muman 
ann  (A.  D.  677).  Hère  and  in  ail  other  similar  passages  hc 
suggests  at  first  doubtfully,  and  then  positively,  the  reading 
nioritnr  instead.  If  he  had  consulted  the  other  Annals  as  to  the 
dates  of  the  varions  personages  mentioned  in  thèse  entries  he 
would  hâve  seen  that  not  their  death  but  their  accession  to 
the  throne  is  denoted.  In  the  passage  quoted  the  context  shows 
at  once  that  this  must  be  so  ;  for  the  immediately  preceding 
entry  mentions  the  death  of  the  king  of  Munster  Qnors  Col- 
gan  niaic  Failhe  Flaiud  rig  Muman).  So  we  should  translate  : 
Fingaine  son  of  Cù  cen  mdthair  begins  to  reign  as  king  of 
Munster'.  And  so  in  ail  other  cases  (^Bran  mac  ConaiU  ri  Lai- 
gen  ann  679,  Dûnchaâ  Miiirsce  mac  Maeldnih  ri  Connacht  ann 
681,  Cellach  Cnaland  mac  Gerihide  ri  Laigen  ann  689,  Muire- 
dach  Mnillelhan  ri  Connacht  ann  695  &c. 


I.  In  the  Glossary  p.  296,  Stokes  puts  -ecmaingsem  under  ad-comamgim, 
where,  as  Thurneysen,  Handb.  p.  470  has  shown,  ad-  has  taken  the  place 
oieth.  For  the  verbal  noun  is  ecmavg  ;  see  Betha  Colmâin  p.  124. 


Miscellanea.  99 

Under  the  year  697  we  hâve  Flafid  mac  Màile  tuile  ri 
Ceneôil  Eogain  nepos  Cnindinael,  where  Stokes  wrongly  adds 
[moritur].  Flann  began  to  reign  in  that  year,  succeeding  his 
uncle  Ànrothân  who,  the  same  entry  tells  us,  had  been  expell- 
ed  to  Britain. 

Berlin. 

K.  Meyer. 


TWO  GLOSSES  IN  VALENCIENNES  MS.  413 


My  attention  had  been  called  by  Mr  Jenkinson  to  two  glosse 
occurring  in  the  Commentaire  Anonyme  sur  Prudence  d'après 
le  manuscrit  413  de  Valenciennes,  published  by  Prof.  John 
M.  Burnam  (Paris,  19 10).  It  is  stated  in  the  préface  that  the 
Ms.  was  copied  by  a  Low  German  or  Dutch  scribe  from  an 
insular  archétype  in  half-uncial  hand.  Unfortunately  the 
glosses  in  question  are  very  obscure.  They  may  very  well  be 
Welsh,  but  this  could  not  be  definitely  established  without 
further  palaeographical  évidence. 

P.  69.  Eseforium  est  parva  tunica  quae  vulgo  ^uursehak 
dicitur. 

P.  70.  ScutuHs  id  est  vestibQS  scutulatis  id  est  orbiculatis 
quae  rustice  glilinnc  dicuntur.  With  regard  to  glitinne  it  should 
be  observed  that  Ducange  (cited  by  Burnam  p.  243)  s.  v,  clin- 
tinna  quotes  a  similar  passage  from  a  S,  Germain  Ms.  of  Pru- 
dentius  :  Scutulatam  vestem  appellat  orbiculatam,  quam  rus- 
tici  Clintinnarn  vocant. 

E.-C.    QUIGGIN, 


A  PROPOS  DE  L'INSCRIPTION  D'ALISE 


L'explication  que  j'ai  donnée  en  1908  de  l'inscription  gau- 
loise d'Alise  a  été  discutée  dans  la  Revm  Celtique,  tome  XXXI, 
p.  119,  par  M.  Vendryes  qui  a  rappelé  à  ce  propos  l'explica- 
tion donnée  par  M.  Thurneysen  dans  une  note  publiée  égale- 
ment en  1908. 

M.  Vendryes  a  fait  remarquer  que,  si  les  deux  explications 
donnaient  à  peu  près  le  même  sens  général,  celle  de  M.  Thur- 
neysen était  grammaticalement  plus  correcte,  et  je  suis 
entièrement  d'accord  avec  lui  sur  ce  point. 

Je  voudrais  seulement  revenir  sur  mon  interprétation  du 
mot  gobedbi  dont  M.  Vendryes  n'a  rien  dit,  et  qui  reste  le 
seul  point  sur  lequel  je  diffère  d'avis  avec  M.  Thurneysen. 

J'ai  traduit  ce  mot  par  «  forgerons  »,  en  m'appuyant  sur 
les  deux  arguments  suivants. 

En  premier  lieu,  j'ai  cru  reconnaître  dans  gobedbi  le  radical 
celtique  gob-  de  irl.  goba,  gall.  gof.  Il  est  vrai  que  goba  fait 
gobann  au  génitif,  et  que  cette  dernière  forme  entre  dans  la 
composition  de  certains  noms  gaulois.  Mais  je  crois  que  le 
radical  gob-  a  pu  former  plusieurs  dérivés,  et  j'ai  rappelé  à  ce 
sujet  qu'un  conte  populaire  irlandais  parle  d'un  forgeron 
appelé  Gavida  '  dont  le  non  serait  comparable  igobed. 

D'autre  part  la  mention  des  forgerons  dans  l'inscription 
est  justifiée  par  l'importance  historique  de  l'industrie  des 
métaux  à  Alésia.  Cette  cité  avait  la  spécialité  du  travail  des 
armes  et  Pline  nous  dit  qu'on  y  avait  inventé  le  placage  des 
armes  et  des  harnachements.  Les  ouvriers  en  métaux  devaient 
y  former  une  de  ces   puissantes  corporations  comme  on  en 

I.  O'Doiiovan,  Annales  des  Quatre  Maîtres,  t.  I,  p.  18-21. 


I02  G.  Poisson. 

connaît  de  nombreux  exemples  dans  la  Gaule  romaine,  et 
c'est  pour  leur  usage  que  Marti  alis  aurait  dédié  un  édifice  au 
dieu  Ucuetis,  considéré  comme  leur  patron. 

Bien  que  M.  Thurneysen  ait  déclaré  qu'on  ne  pouvait  son- 
ger à  rattacher  gohcdhi  au  radical  de  goba,  je  maintiens  mon 
interprétation,  en  ajoutant  aux  considérations  précédentes  le 
fait  suivant  qui  vient  les  appuyer. 

Dans  le  Livre  des  Quatre  Maîtres,  on  lit  le  passage  suivant  à 
propos  des  progrès  de  la  civilisation  irlandaise  sous  le  règne 
de  Tighernmas  ',  après  l'arrivée  de  la  race  de  Milet  : 

As  la  Tigernmus  bheos  ro  berbhadh  or  ar  tus  i  nErinn  i 
Foithribh  AirthirLifFe.  Uchadan  cerddFeroibh  Cualann  rodus 
berbh.  As  lais  ro  cumhdaighit  cuirn  ocus  brethnassa  dor  ocus 
dargat  in  nErinn  ar  tùs.  As  lais  tugadh  ruamnad  for  edoi- 
ghiblî,  corcair,  gorm  ocus  uaine. 

Traduction  : 

«  It  was  by  Tis^hearmas  also  that  gold  was  first  smelted  in 
Ireland,  in  Foithre-Airthir-Liffe -.  It  was  Uchadan.  an  arti- 
ficer  of  the  Feara-Cualann,  that  smelted  it.  It  was  by  him 
that  goblets  and  brooches  were  first  covered  with  gold  and 
silver  in  Ireland.  It  was  by  him  that  clothes  were  dyed  purple, 
blue  and  green.  » 

Dans  les  Annales  de  Clonmacnois,  on  lit  un  passage  ana- 
logue', au  sujet  du  règne  de  Tighernmas  : 

«  He  was  the  first  who  caused  standing  cuppes  to  be  make, 
the  refining  of  gold  and  silver,  and  procured  his  goldsmith 
(named  Ugden)  that  dwelt  the  Liffie,  to  make  gold  and  silver 
pinns  to  put  in  men's  and    women's    garments  about   their 

1.  D'après  les  Quatre  Maîtres,  Tigherninas  serait  mort  Tan  5200  du 
monde,  1544  ans  avant  Jésus-Christ. 

2.  C'est  sur  la  rive  orientale  de  la  Liffey  que  Tighernmas  aurait  eu  ses 
forges,  c'est-à-dire  dans  le  comté  actuel  de  Wicklow,  où  il  y  a  eu  en  effet 
de  tout  temps  des  forges.  D'autre  part,  la  forge  de  Goibniu,  le  forgeron 
des  Tuatha  de  Danann,  est  localisée  dans  la  forêt  de  Glenn  Treithim,  près 
de  la  colline  de  Mullach  Maisten  (comté  actuel  de  Kildare)  ;  or  le  Glenn 
Treithim  s'étend  à  l'est  dans  la  direction  de  la  Liffey,  à  cheval  sur  les  deux 
comtés  de  Wicklow  et  Kildare  (Voir  O'Currv,  Manncis  and  Ciistoms  of 
Ancient  Irish,  II,  246). 

3.  Cité  en  note  des  Annales  des  Quatre  Maîtres,  p.  42. 


A  propos  de  r inscription  d'  Alise.  105 

necks;  and  also  he  was  the  first  that  ever  found  the  dyeing 
of  coloured  clothes  in  Ireland  ». 

Le  personnage  auquel  ces  vieilles  traditions  attribuent  d'im- 
portantes découvertes  métallurgiques,  et  notamment  le  pla- 
cage en  or  et  en  argent  porte  un  nom  qui,  sous  ses  deux 
variantes,  Uchadan  et  Ugden,  peut  être  rapproché  de  celui 
d'Ucuetis. 

Certes  je  ne  puis  établir  un  lien  philologique  certain  entre 
ces  diverses  formes,  mais  il  me  semble  qu'il  y  a  là  autre  chose 
qu'une  simple  coïncidence  fortuite,  et  qu'il  n'est  pas  indiffé- 
rent de  retrouver  dans  les  traditions  irlandaises  un  person- 
nage ayant  un  nom  voisin  de  celui  d'Ucuetis,  avec  des  attri- 
butions analogues  à  celles  que  j'avais  prêtées  à  ce  dieu  pour 
d'autres  motifs. 

Je  crois  donc  utile  de  signaler  ce  rapprochement  hypothé- 
tique, avec  toutes  les  réserves  qu'il  comporte,  et  j'y  vois  une 
probabilité  de  plus  en  faveur  de  l'interprétation  que  j'ai  don- 
née du  mot  gobedbi. 

G.  Poisson 


BIBLIOGRAPHIE 


SOMMAIRE.  —  I.  F.  Hertlein,  Die  Juppilergigunteusâuleu .  —  II.  W. 
DiM.'XK,  Moiiuiiienta  Historien  Celtica,  tome  premier.  —  III.  W.  H.wers, 
Uiikrsuchiingen  ;^///'  Kiisussyntax  der  indogermanischen  Sprachen.  —  IV. 
O.  ScHRADER,  Die  Indogermanen .  —  V.  Martin  Gemoll,  Die  Iinloger- 
viaiien  im  alleu  Orient.  —  YI.  Dr  HôFLER,  Folksiiiedi'inischc  Botaiiik  der 
Kelteii.  —  VII.  E.  Ern.\ult,  V Ancien  vers  breton.  —  VIII.  Kuno  Meyer, 
Hail  Brigit.  — IX.  W.  Lewis  ]okes,  King  Arthur  in  History  and  Legend. 
—  X.  D.  J.  Saer,  The  Story  of  Cardiganshire.  —  XI.  George  Coffey, 
New  Grange.  —  XII.  P.  S.  Dixxeen  et  Tadgh  O'Doxoghue,  The.  Poenis 
of  Egan  XJRalnUy.  —  XIII.  R.  Latouche,  Mélanges  d'histoire  de  Cor- 
noiuùlle.  —  XI\'.  R.  Edens,  Erec-Geraint. 

I 

F.  Hertlein.  —  Die  JuppiicrgigantensUnlen.  —  Stuttgart,  E. 
Schweigersbart,  1910,  viii-ié8  p.  in-80. 

C'est  toute  une  théorie,  complète  et  cohérente  de  ces  curieux 
monuments  que  nous  apporte  M.  Hertlein.  Ils  se  composent  d'un 
groupe,  formé  d'un  cavalier  (ou  d'un  «  charioteer  »)  barbu  qui 
écrase  du  poids  de  son  cheval  (ou  de  ses  chevaux)  une  figure 
anguipède,  un  géant  ;  d'une  colonne,  au  fût  le  plus  souvent  couvert 
d'imbrications;  d'un  chapiteau  dont  les  feuilles  abritent  quelquefois 
des  têtes  divines  ;  d'une  base  composite,  formée  d'un  tambour  à 
sept  ou  huit  faces,  portant  les  figures  des  dieux  des  jours  ;  et  d'un 
dé  dont  deux,  trois  ou  quatre  faces  portent  les  figures  de  diverses 
divinités.  Les  dédicaces  prouvent  que  ces  monuments  sont  de  nature 
religieuse.  Mais  quel  en  est  le  dieu?  De  quel  culte  et  de  quelle  reli- 
gion? Est-ce  le  Jupiter  Optimus  Maximus,  que  mentionnent  leurs 
inscriptions  ?  Est-ce  l'empereur  divinisé,  en  costume  de  triomphe  ? 
Est-ce  un  dieu  indigène?  Est-ce  un  dieu  oriental?  C'est  un  dieu 
germanique,  dit  M.  Hertlein,    et  germanique  est,  selon  lui,  l'en- 


Bibliographie.  105 

semble  du  monument  qui  le  porte.  J'en  suis  moins  sûr  et  je  le  crois 
celtique,  au  moins  également.  Témoins  des  mélanges  et  des  syn- 
thèses du  germanisme  et  du  celtisme  à  leurs  confins,  les  colonnes 
au  cavalier  portent  en  outre  témoignage,  à  mon  avis,  de  cette  reli- 
gion complexe  qui  s'est  élaborée  dans  les  provinces  à  la  fin  de 
l'empire  romain,  vivifiant  de  science  astrologique  et  de  cosmogo- 
nie orientale  les  vieux  restes  mal  ajustés  des  panthéismes  indigènes 
et  gréco-latins. 

Certes,  la  couronne  de  dieux  des  jours,  dieux  planétaires,  sym- 
boles du  temps  et  du  monde,  qui  encercle  la  base  des  colonnes 
montre  qu'elles  ont  un  sens  cosmologique  comme  l'a  fort  bien  éta- 
bli M.  Maass  dans  ses  Tagesg'ôtler.  M.  Maass  voulait  qu'ils  fussent 
également  des  monuments  triomphaux  ;  mais  c'est  un  triomphe 
cosmologique  qu'ils  célèbrent,  si  triomphe  il  y  a,  celui  du  ciel  sur 
la  terre,  et  non  pas  un  triomphe  impérial.  Ce  ne  sont  pas  des 
monuments  de  victoires,  de  victoires  sur  les  nations  germaines, 
que  l'on  a  cru  reconnaître  sous  les  traits  des  monstres.  Car,  là  où 
ils  abondent,  ce  sont,  dans  la  plupart  des  cas,  des  particuliers  qui 
les  ont  élevés  à  leur  guise,  petits  ou  grands,  plus  souvent  petits, 
aussi  nombreux  que  nos  croix  de  carrefours,  dans  leurs  villas,  dans 
leurs  fermes,  en  tout  cas  sur  leur  propre  sol  (p.  68  sq).  Monu- 
ments religieux  et  monuments  privés.  Le  cavalier,  qui  parfois  porte 
un  costume  indigène  (Ehrang,  cercle  de  Trêves,  monument  I)  doit 
être,  au  surplus,  un  dieu  du  pays. 

Le  pays  est  germanique  ou  confine  à  la  Germanie.  C'est  la 
moyenne  vallée  du  Rhin,  celle  du  Main,  le  pays  des  Suèves,  qui 
possèdent  la  plupart  de  ces  colonnes  ;  vers  l'est,  on  les  trouve  jusqu'en 
Rétie;  vers  l'ouest,  elles  sont  communes  chez  les  Trévires,  et  ceux- 
ci,  M.  Hertlein  nous  le  rappelle,  avaient  des  affinités  germaniques. 
La  démonstration  est  poussée  dans  le  détail  :  limites  des  Rauraques 
et  des  Triboques,  colonisation  celtique  des  champs  Décumates, 
cantonnements  de  corps  auxiliaires  germaniques  (cf.  p.  56); 
M.  Hertlein  n'oublie  rien  qu'une  carte.  Toute  étude  de  répartition 
dont  les  résultats  ne  sont  pas  effectivement  reportés  sur  une  carte 
est  incomplète. 

Le  monument  est  germanique.  Voilà  le  principe  de  la  thèse.  Il 
fallait  s'attendre  à  trouver  en  Germanie  des  colonnes  cosmologiques. 
Universalis  colutuua  trâduix  Iniri^isal  dans  un  passage  d'une  Trausla- 
tio  S.  Alexandri  (c.  3,  M.  G.  H.  II,  p.  676)  écrite  entre  863  et 
865  ;  la  traduction  est  des  plus  vraisemblables.  D'ailleurs  n'est-ce 
pas  chez  les  Herminones,  Suèves,  Hermundures,  Cherusques  et 
Chattes,  adorateurs  de  l'Irminsul,  que  se  trouvent  en  pays  germain 


io6  Bibliographie. 

les  colonnes  au  cavalier.  L'Irminsul  n'était  pas,  pense  notre  auteur, 
une  colonne  toute  simple  ;  elle  était  surmontée  d'une  idole  (p.  76). 
Or,  le  groupe  que  portent  nos  colonnes  est  remarquablement  con- 
forme à  l'un  des  thèmes  essentiels  de  la  mythologie  germanique  : 
l'opposition  des  esprits  de  la  terre  à  ceux  du  ciel  ;  ceux  de  la  terre 
sont  tout  justement  des  géants  et  des  dragons,  moitié  hommes, 
moitié  serpents.  Tantôt  le  cavalier  écrase  les  anguipèdes,  tantôt 
ceux-ci  le  supportent;  c'est  précisément  la  relation  variable  des 
géants  et  des  dieux  dans  la  mythologie.  Quel  est  le  dieu  ?  C'est  évi- 
demment le  dieu  céleste,  c'est-à-dire  Ziii.  qui  a  été  déguisé  soit  en 
Jupiter,  soit  en  Mars,  mais,  quant  au  nom,  identifié  à  Mars. 

L'attribution  du  nom  de  Mars  au  dieu  de  l'Irminsul,  est  fondée 
sur  un  curieux  passage  de  Widukin  de  Corvey  qui  est  fait  pour  ins- 
pirer confiance  :  «  ...  quia  Hirmin,  vel  Hermis,  graece  Mars  dici- 
tur.  .  .  »  (I,  12)  Hirmin-Mars  est  donc  Ziii. 

La  thèse  est  spécieuse  et  bien  démontrée,  mais  elle  n'est  pas  aussi 
bien  établie.  Le  peu  de  monuments  que  M.  Hertlein  aurait  pu 
ajouter  à  la  liste  des  cavaliers  trouvés  en  France  n'en  modifie  cer- 
tainement pas  sensiblement  les  données.  Je  les  cite  seulement  pour 
mémoire  :  Un,  et  peut-être  deux  monuments  à  Entrains  (Espé- 
randieu  III,  2293,  2298);  un  monument,  très  mal  définissable,  à 
Alise  (Espérandieu  III,  2971);  un  monument  à  Auxerre  (id.  IV, 
2886);  un  autre  à  Melun  (id.  IV,  2355);  un  monument  auvergnat 
de  provenance  indéterminée  (S.  Reinach,  Répertoire,  II,  334,2); 
un  monument  à  Chàteau-Bellant  (Oise),  aujourd'hui  au  musée  de 
Saint-Germain.  Ils  allongent  la  liste  sans  en  changer  les  propor- 
tions. La  mention  de  quelques  colonnes  qui  ont  pu  porter  des  dieux 
cavaliers  ne  les  altérerait  pas  davantage. 

Si  je  voulais  conclure  de  la  présence  des  dieux  cavaliers  en 
France  que  le  dieu  est  gaulois,  M.  Hertlein  m'a  répondu  d'avance 
en  rappelant  les  colonies  germaniques  établies  en  Gaule  à 
partir  du  [ir*^  siècle,  reste  à  faire  la  preuve  que  les  monuments  en 
question  aient  coïncidé  avec  elles.  Mais  ce  n'est  pas  tout. 

L'une  des  attributions  du  dieu  cavalier  est  la  roue,  roue  de  for- 
tune ou  roue  solaire.  Or,  l'inventaire  archéologique  de  la  Gaule 
romanisée  compte  un  certain  nombre  de  monuments  représentant 
également  un  dieu  porteur  de  roue.  Il  est  à  pied  sans  doute.  Mais 
il  se  présente  aussi  vêtu  du  costume  militaire  et,  pour  préciser  ses 
attributions,  flanqué  d'un  aigle  et  de  serpents.  Le  plus  remarquable 
exemplaire  de  ce  Jupiter  gaulois,  comme  on  l'appelle,  a  été  trouvé 
à  \'aison.  Enfin,  Nimes  a  fourni  toute  une  série  dej'petits  autels 
ornés  d'une  roue  et  d'un  foudre  qui  ne  laissent  aucun  doute  sur 


Bibliographie.  1 07 

leur  attribution.  Si  l'on  fait  abstraction  de  la  roue,  qui  est  bien  du 
pays,  on  peut  songera  voir  dans  les  serpents,  enroulés  aux  pieds  du 
dieu,  la  preuve  qu'il  s'agit  d'un  Jupiter  vainqueur  des  Titans.  Maison 
a  également  pensé  que  le  groupe  du  cavalier  àl'anguipède  procédait 
du  type  classique  de  Jupiter-vainqueur.  Bref,  cavalier  et  piéton  sont, 
à  mon  avis,  le  même  dieu.  D'ailleurs,  au  cœur  même  de  l'aire 
d'extension  des  dieux  cavaliers,  la  colonne  la  plus  importante,  celle 
de  Mayence,  portait  un  Jupiter  debout,  dieu  celtique  bien  certaine- 
ment, hésitant  entre  Jupiter  et  Mars.  On  démontrera  avec  peu  de 
peine  que  le  Mars  des  Gallo-romains  a  eu  des  attributions  aussi 
larges  que  celles  du  Ziu .  Que  l'idole  gallo-romaine  ait  habillé 
dans  les  pays  rhénans  des  divinités  germaniques,  je  suis  loin  de 
le  nier  ;  qu'elle  leur  ait  même  prêté  forme  et  nature,  je  le  crois  très 
volontiers.  Je  ne  suis  même  pas  non  plus  tout  à  fait  sûr  que  le 
vainqueur  céleste,  cuirassé  en  chef  d'armée,  n'ait  jamais  symbolisé 
des  victoires  impériales  et  quasi  nationales. 

Le  livre  de  M.  Hertlein  a  une  deuxième  partie  aussi  importante 
que  la  première,  oià  il  traite  des  figures  qui  décorent  la  base  des 
colonnes.  Ces  dés  de  base,  souvent  isolés,  ont  été,  à  tort,  pris 
pour  des  autels,  qu'on  connaît  sous  le  nom  d'autels  à  quatre 
faces.  Si  le  groupe  du  haut  et  la  couronne  des  dieux  des  jours  ont 
un  sens  cosmologique,  la  base  et  ses  figures  ne  sont  pas  dénuées  de 
sens.  M.  Hertlein  suppose  qu'elles  représentent  le  cours  de  l'année. 
La  statistique  de  ces  monuments  révèle  la  constance  de  leur  com- 
position. Ce  sont,  en  règle  générale,  les  mêmes  divinités  qui  y 
figurent,  et  dans  le  même  ordre.  Les  exceptions,  pour  la  plupart, 
confirment  la  règle.  Ces  divinités  sont  :  Junon,  Mercure,  Hercule 
et  Minerve.  Leur  ordre  se  déroule  suivant  les  monuments  vers  la 
droite  ou  vers  la  gauche.  Le  nombre  des  faces  se  réduit  à  trois  ou 
à  deux  ;  d'autres  divinités.  Mars,  Apollon  et  Vulcain,  s'introduisent 
dans  la  série,  à  la  place  ou  à  côté  de  Mercure  ou  d'Hercule  ;  Minerve 
et  Junon  se  confondent  ou  se  laissent  remplacer  par  une  Victoire 
ou  une  Fortune.  Mais  comme  tous  ces  changements  ne  se  font  pas 
simultanément  le  style  conserve  sa  constance  apparente. 

Divinités  des  saisons,  dit  M.  Hertlein.  L'alternance  de  quatre, 
trois  et  deux  figures  sur  les  monuments  correspond  à  la  concur- 
rence de  trois  systèmes  de  divisions  de  l'année,  en  pays  germa- 
niques, en  deux,  trois  et  quatre  saisons.  La  Junon  de  la  face  fron- 
tale, qui  fait  pendant  au  Jupiter-Mars-Ziu,  du  sommet,  a  la  pre- 
mière place  et  ouvre  l'année.  Aussi  bien  est-elle  munie  d'une 
torche  symbolique.  L'année  germanique  commence  avec  le  prin- 
temps. Junon  allume  le  printemps  et  sa  torche  est  celle  du  jour 


io8  Bibliographie. 

des  Brandons.  Minerve,  au  contraire,  est  le  dieu  de  l'hiver.  Si  nous 
en  croyons  les  vieux  auteurs  qui  nous  ont  conservé  le  souvenir 
des  restes  du  paganisme  au  début  du  moyen  âge,  c'est  une  Minerve 
qui  présidait  aux  veillées  d'hiver  et  aux  travaux  qui  s'y  faisaient. 
Mercure  et  Hercule  président  respectivement  à  Tété  et  à  l'au- 
tomne. 

Dans  cette  partie  du  travail,  l'argumentation  n'est  pas  aussi  com- 
plète que  dans  la  précédente.  Il  reste  quelque  chose  à  faire  pour 
préciser  les  affinités  saisonnières  des  dieux,  même  si  on  les  tient 
pour  germaniques. 

Or,  le  fait  est  partiellement  contestable.  Il  est  certain  que  les 
bases  à  quatre  figures  sont  tout  particulièrement  fréquentes  dans  la 
vallée  du  Rhin  et  le  pays  des  Trévires.  La  publication  du  Recueil  des 
reliefs  par  le  commandant  Espérandieu  permet  de  constater  facile- 
ment qu'elles  ne  manquent  pas  en  Gaule  et  que  l'on  peut  étendre 
à  la  Gaule  les  constatations  que  M.  Hertlein  a  faites  pour  la  Ger- 
manie. D'autre  part,  si  les  figures  représentent  bien  un  système 
de  quatre  saisons  il  faut  recomii^itre  que  la  division  de  l'année  en 
quatre  saisons  est,  en  pays  germanique,  chose  d'emprunt.  Les 
Germains  peuvent  l'avoir  empruntée  aux  Romains.  Us  pourraient 
également  l'avoir  empruntée  aux  Celtes,  dont  l'année  se  divisait 
régulièrement  en  quatre  saisons.  C'est  plutôt  à  la  division  celtique 
de  l'année,  qu'à  la  division  romaine  que  correspondraient,  à  mon 
avis,  les  représentations  saisonnières  de  ces  monuments.  Mais  je  ne 
me  dissimule  pas  que  la  preuve  de  cette  proposition  est  à  faire. 

H.   Hubert. 

II 

W.  DiXAX.  Monumenia  Historien  Celtica.  Notices  of  the  Celts  in  the 
writings  of  the  Greek  and  Latin  authors  from  the  tenth  C-en- 
tury  B.  C.  to  the  fifth  Century  A.  D.,  arranged  chronologic- 
ally,  with  translations,  commentary,  indices  and  a  glossary 
of  the  Celtic  names  and  words  occuring  in  thèse  authors. 
Vol.  I.  London,  D.  Nutt,  191 1.  xij-3)5   p.  8°.  15  sh. 

Les  textes  des  auteurs  anciens  relatifs  aux  Celtes  ont  été  pour  la 
première  fois  réunis  par  Dom  Bouquet  dans  le  premier  volume  de 
ses  Rerum  Gallicarum  et  Franciscarum  scriptores,  publié  en  1738. 
Un  siècle  plus  tard,  ces  mêmes  textes  étaient  publiés  à  nou'.eau  par 
Henry  Pétrie  et  Thomas  Hardv  au  début  de  leurs  Monumcnta 
Hislorica  Britannica   (1848),   p.    i-cv.    Enfin,   plus  près  de   nous. 


Bibliographie.  109 

sous  le  titre  FaXX'.xtov  cuyYpacj/ciç  £ÀÀY|Vt>tùî  (Paris,  1878-1892), 
Edmond  Cougny  a  pour  la  troisième  fois  réédité  la  même  collec- 
tion, limitée  toutefois  aux  auteurs  grecs. 

Ces  trois  recueils  ont  ceci  de  commun  qu'ils  sont  divisés  en  trois 
parties,  respectivement  consacrées  aux  géographes,  aux  historiens 
et  aux  auteurs  divers  qui  ne  sont  ni  historiens,  ni  géographes. 
C'est  une  disposition  singulière  ;  elle  était  encore  aggravée  par  des 
erreurs  de  méthode  à  l'intérieur  de  chaque  division.  Ni  Dom  Bou- 
quet, ni  Pétrie,  ni  même,  ce  qui  est  moins  excusable,  Edmond 
Cougny  n'ont  adopté,  pour  classer  les  textes,  un  ordre  chronolo- 
gique exact  ;  ils  ont  méconnu  la  nécessité  de  mettre  à  leur  date 
les  fragments  d'auteurs  anciens  conservés  par  des  écrivains  plus 
récents  ;  et,  faute  d'un  triage  des  sources,  ils  ont  donné  la  môme 
valeur  au  témoignage  d'écrivains  aussi  différents  par  la  date 
qu'Etienne  de  Byzance  et  Hécatée  de  Milet,  Pausanias  et  Jérôme  de 
Cardie,  Diodore  de  Sicile  ou  Strabon  et  Pythéas  ! 

En  se  proposant  d'entreprendre  à  son  tour  le  recueil  des  textes 
anciens  relatifs  aux  Celtes,  M.  Dinan  s'est  bien  gardé  de  tomber 
dans  les  mêmes  fautes.  Sa  classification  est  rigoureusement  chro- 
nologique et  s'applique  indifféremment  à  tous  les  écrivains,  grecs 
ou  latins,  prosateurs  ou  poètes,  qu'ils  soient  philosophes,  orateurs, 
géographes  ou  historiens.  C'est  ainsi  qu'il  débute  par  Homère  et 
Hécatée  de  Milet,  pour  continuer  par  Festus  Avienus  Rufus,  dont 
le  poème,  écritau  iv  siècle  de  notre  ère,  n'est  qu'une  rédaction  latine 
du  Périple  accompli  par  Himilcon  vers  l'an  500  avant  J.-C. 
Viennent  ensuite,  entre  autres  écrivains,  Hellanicus,  Hérodote,  le 
pseudo-Scylax,  Pythéas,  Jérôme  de  Cardie,  Polybe  et  Posidonius. 
Le  volume  s'arrête  à  ce  dernier  ;  mais  il  sera  suivi  de  deux  autres, 
et  l'ouvrage  se  terminera  par  un  index  alphabétique  et  un  glossaire 
étymologique  des  mots  celtiques  cités. 

M.  Dinan  paraît  fort  satisfait  de  la  disposition  qu'il  a  choisie  ;  il 
a  raison.  C'est  l'arrangement  des  matériaux  qui  doit  faire  la  valeur 
de  ce  livre,  annonce-t-il  dans  la  préface  ;  et  pour  arranger  les  maté- 
riaux dans  un  ordre  chronologique,  il  ne  s'est,  dit-il,  épargné  nulle 
peine,  même  considérable  :  «  considérable  pains  hâve  been  taken 
to  arrange  the  materials  of  thèse  volumes  in  chronological  order  » 
(p.  viij).  Il  n'ajoute  pas  que  cette  disposition,  qui  lui  a  coûté  tant 
d'eftorts,  est  exactement  celle  d'un  livre  excellent,  qui  a  déjà  dix 
ans  de  date  :  Principaux  auteurs  de  Vantiquité  à  consulter  sur  l'his- 
toire des  Celtes  depuis  les  temps  les  plus  anciens  jusqii'au  règne  de  Théo- 
dose I",  Essai  chronologique,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville  (Cours  de 
littérature  celtique,  tome  XII  ;  Paris,    Fontemoing,    1902,  xvj-344 


ilo  Bibliographie. 

p.  8").  Cet  ouvrage,  il  est  vrai,  n'est  pas  un  recueil  de  textes  (et 
cela  explique  sans  doute  que  M.  Dinan  ne  le  cite  même  pas),  mais 
il  est  à  la  fois  plus  et  mieux  que  cela.  C'est  un  exposé  par  ordre 
chronologique  de  ce  que  les  Anciens  ont  dit  des  Celtes.  On  y 
voit  les  progrès  réalisés  peu  à  peu  dans  la  connaissance  des  choses 
celtiques.  On  y  apprend  la  valeur  des  sources,  le  rapport  des  écri- 
vains entre  eux.  Bref,  c'est  un  livre  substantiel,  où  tous  les  pro- 
blèmes sont  examinés,  discutés,  élégamment  résolus.  Venant  après 
un  recueil  comme  celui  de  M,  Dinan,  le  livre  de  d'Arbois  conser- 
verait tous  ses  mérites.  Venant  après  le  livre  de  d'Arbois,  le  recueil 
de  M.  Dinan  n'offre  plus  guère  que  l'intérêt  de  pièces  justificatives. 

Encore  ceux  qui  l'utiliseront  devront-ils  s'armer  de  critique  et 
n'accepter  que  sous  réserves  aussi  bien  le  texte  que  la  traduction 
ou  les  notes.  Quelques  exemples  suffiront  à  justifier  cette 
défiance. 

Pythéas  est,  comme  on  sait,  le  premier  auteur  qui  nous  parle 
des  Iles  Britanniques.  Toutefois,  il  est  établi  depuis  longtemps  que, 
dans  les  extraits  de  son  livre  conser\'és  par  Diodore  de  Sicile  ou 
par  Strabon,  les  îles  en  question  étaient  appelées  FIpsTavtxa;  et  non 
Bpsxavixa;  OU  BpeTxavrxa'' (v.  d'Arbois  de  Jubainville,  op.  cit.,  p.  69 
et  Rev.  Celt.,  XIII,  p.  398).  Cela  n'empêche  pas  M.  Dinan  d'im- 
primer bravement  -y^  Bps-Tav./.?,  à  la  page  62  sous  le  nom  de  Pythéas 
et  d'adopter  partout  la  même  graphie  dans  les  extraits  de  Diodore 
ou  de  Strabon  qu'il  retire  à  Pythéas  pour  les  attribuer  à  Posido- 
nius  (p.  304  et  suiv.).  Sous  cette  graphie  uniforme,  il  dissimule 
un  problème  historique  de  grande  importance,  qu'un  lecteur  non 
prévenu  ne  soupçonnerait  pas. 

Voici  un  cas  en  revanche  où  il  ajoute  au  texte  d'une  façon 
fâcheuse.  Aux  pages  334  et  335  se  trouvent  face  à  face  le  texte 
d'Athénée  et  la  traduction  anglaise  qui  suivent  : 

Kai  ol  ixàv  xoùç  O-jceoùç  ôttaooo-  Behind  them  stand  their   ar- 

poijvTeç  Ix  Twv  rj-KÎGM  TTapscTX'j'.v,  mouT-bearers  holdingtheir  large 
ol  oÈ  ooouz,6oo'.  xaxà  tt,v  àvx-.xpù  oblong  shields,  which  are  cal- 
xaÔYjUisvot  xûxXw,  xaO-y.-£p  oî  oeg-  led  O-joHoi,  Their  spear-men  sit 
TrÔTat,  ffuvEucoyouvTai.  Tb  oà  TtoTÔv  down  opposite  in  a  circle,  and 
ot  oiaxovo-jvTsç  ivàYYEt'oiçTrcpiïï-É-  feast  in  the  samemanner  as  their 
poufftv  loixôat  ;j.àv  ày.ji!xoiç  y,  x£-  masters.  Their  cup-bearerscarry 
paaÉo'.ç  Y,  àpYupoîç.  round  the  wine  in  jars  like  ordi- 

nary  casks  in  shape,  and  made 
of  either  earthenware  or  silver, 
and  wich  they  call  ày.Çixo?. 


Bibliographie.  1 1 1 

Un  lecteur  qui  se  bornerait  à  lire  la  traduction  croirait  que  Ouoeôç 
et  à;j-P'.xoç  sont  des  mots  celtiques,  et  que  l'écrivain  grec  les 
donne  comme  tels  ;  d'autant  plus  qu'à  la  page  320  les  phrases 
XÔY/aç  aç  ÈxEivot  Xayxiaç  xaXoùciv  et  ■KO\.y\-:cà  [xsXwv  ouç  [iapoouç  ovo- 
iji.âi^ou'Ttv  sont  régulièrement  traduites  par  «  pikes  which  they  call 
huices  »  et  «  poets  whom  they  call  bards  ». 

Enfui  il  convient  de  mettre  le  lecteur  en  garde  contre  certaines 
assertions  formulées  dans  les  notes  ou  dans  les  remarques  préli- 
minaires au  texte  de  chaque  auteur.  Elles  sont  parfois  erronées. 
Ainsi  M.  Dinan  écrit  p.  54  :  The  visit  of  Pytheas  to  the  Cimbri  is 
of  interest  as  affording  some  grounds  for  believing  that  the  Cim- 
bri spoke  a  Celtic  tongue.  Il  est  regrettable  qu'il  n'ait  pas  indiqué 
plus  clairement  ces  raisons,  car  rien  dans  les  textes  qui  suivent  ne 
vient  naturellement  appuyer  une  pareille  doctrine;  sur  les  Cimbres 
V.  d'Arbois  de  Jubainville,  op.  cit.,  p.  212-213  et  Revue  Celtique, 
XXIX,  215. 

J.  Vendryes. 

111 

Wilhelm  Havers,  privat-docent  de  linguistique  indo-européenne  à 
l'Université  de  Strasbourg.  Utitersuchungen  \ur  Kasussyntax  der 
indo-germanischen  Sprachen,  Strasbourg,  Trûbner,  191 1,  xix-335 
p.  8°.  II  M. 

Dans  ce  gros  livre  sur  la  syntaxe  des  cas  dans  les  langues  indo- 
européennes, l'auteur,  que  connaissent  déjà  les  lecteurs  de  la  Revue 
Celtique  (v.  t.  XXXII,  p.  129),  ne  traite  à  vrai  dire  que  d'un  seul 
cas,  le  datif,  et  même  que  d'un  emploi  particulier  du  datif,  celui 
qu'il  appelle  le  «  dativus  sympatheticus  »,  nommé  par  d'autres 
avant  lui  «  dativus  ethicus  ^).  Ce  datif  est  très  voisin  de  sens  d'un 
génitif,  mais  il  indique  l'intérêt  particulier  que  le  sujet  porte  à 
l'objet  de  l'action.  Il  y  a  ainsi  une  nuance  entre  IxacoitTiv  ètt'o'j- 
ata  TTÏTiv  vXv.'^cf.  ((x  i/j)  et  sTut  0'  ouax'  àXsHat  éTa''pojv  x-^pbv 
Sï'J/v'jCa;  ([j.  47)  ou  entre  «  die  Kugel  durchbohrte  dem  Feinde  das 
Herz  »  et  «  die  Kugel  durchbohrte  das  Herz  des  Feindes  »  ou  encore, 
car  le  datif  du  pronom  personnel  s'oppose  à  l'adjectif  possessif, 
entre  «  der  Knabe  zerriss  sich  beim  Fallen  den  Rock  »  et  «  da 
zerriss  der  Hohepriester  seinen  Rock  ».  M.  Havers  distingue  six 
catégories  du  «  dativus  sympatheticus  ».  Il  fournit  pour  cha- 
cune d'elles  des  exemples  abondants,  qu'il  emprunte  à  toutes  les 
langues  indo-européennes,  considérées  aux  diverses  époques  de 
leur  histoire. 


112  Bibliographie. 

Un  des  chapitres  du  livre  est  consacré  au  celtique  (p.  240-256)  ; 
on  y  trouve  des  exemples  irlandais  et  gallois  des  six  catégories  du 
«  dativus  sympatlieticus  ;>,  exprimé  naturellement  au  moyen  de  la 
préposition  do  en  irlandais,  y  en  gallois  :  maie  ni  dosoin  «  nous 
sommes  ses  enfants  »  (Wb.  19  d  8),  achwaeruaeth  itt  wyf  ynneu 
«  je  suis  ta  sœur  de  lait  »  (R.  B.  I,  204,  4).  Toutefois,  le  génitif 
(ou  l'adjectif  possessif)  s'emploie  en  celtique  plus  souvent  qu'ail- 
leurs au  lieu  du  datif  :  co  tn-herl  do  suil  as  do  chind  «  de  sorte  qu'il 
t'enleva  l'œil  de  la  tête  »  (L.  L.  113  a  22),  arganuot  yr  adanc  a 
wnaeih...a  llad  y  henn  «  il  aperçut  l'addanc...  et  lui  coupa  la  tête  » 
(R.  B.  1,  226,  b).  D'autre  part,  plusieurs  prépositions  se  substi- 
tuent souvent  à  do  (y),  transformant  ainsi  le  caractère  du  «  dativus 
sympatheticus  »  ;  après  les  verbes  qui  signifient  «  enlever  »  par 
exemple  on  emploie  en  irlandais  la  préposition  ar  (cf.  Rev.  Celt. 
XXXI,  405),  et  les  prépositions/?-/, /or,  la  ou  or  après  divers  autres 
verbes. 

Il  résulte  de  l'enquête  de  M.  Havers  'que  de  toutes  les  langues 
indo-européennes  le  celtique  est  celle  où  le  dativus  sympatheticus 
est  le  moins  bien  conservé.  Et  M.  Havers  de  conclure  :  «  Il  semble 
hors  de  doute  qu'ici  comme  sur  tant  d'autres  points  nous  avons 
affaire  à  une  particularité  linguistique  de  la  population  non  indo- 
européenne qui  a  précédé  les  Celtes  dans  les  Iles  Britanniques  » 
(p.  255).  Cette  conclusion  est  un  peu  hasardée.  Il  est  assurément 
exagéré  d'interpréter  par  l'indo-européen  tous  les  détails  des  langues 
celtiques,  mais  il  ne  faut  pas  non  plus  invoquer  sans  bonne  raison 
l'influence  étrangère.  Comme  nous  ne  savons  rien  des  langues  qui 
ont  précédé  le  celtique  dans  les  Iles  Britanniques,  recourir  à  ces 
langues  pour  interpréter  un  fait  du  celtique  équivaut  pour  le  lin- 
guiste à  un  aveu  d'impuissance.  On  ne  doit  se  résigner  à  une 
pareille  conclusion  négative  que  lorsqu'on  a  épuisé  toutes  les  pos- 
sibilités d'éclaircissements  positifs. 

L'influence  étrangère  a  été  forte  sur  le  vocabulaire  celtique,  parce 
que  le  vocabulaire  est  dans  une  large  mesure  l'image  ou  le 
reflet  de  la  civilisation,  et  que  la  civilisation  des  Celtes  contient  un 
bon  nombre  d'élémentsétrangers.Il  existe  donc  en  celtique  un  voca- 
bulaire spécial,  que  connaissent  d'ailleurs  plus  ou  moins leslangues 
immédiatement  voisines,  et  qui  n'est  pas  indo-européen.  Mais  n'ou- 
blions pas  que  le  grec  a  subi  presque  aussi  fortement  l'influence 
d'un  vocabulaire,   qui  ne  l'est  pas  davantage. 

En  ce  qui  concerne  la  grammaire,  l'influence  étrangère  est  plus 
douteuse.  Les  preuves  qu'en  donne  M.  Havers  d'après  Zimmer  ne 
valent  rien  (v.  Rev.  Cclt.,   XXXII,  235);  et   il  est  vraisemblable 


Bibliographie.  1 1 3 

qu'à  mesure  qu'on  examinera  le  détail  de  la  syntaxe  celtique,  on  y 
reconnaîtra  le  développement  normal  de  tours  qui  existaient  en 
germe  en  indo-européen.  La  place  du  verbe  en  tête  de  la  phrase, 
particularité  frappante  du  celtique,  peut  bien  être  caractéristique 
aussi  du  berbère  ou  de  l'égyptien  ;  elle  ne  s'en  laisse  pas  moins 
expliquer  en  celtique  par  deux  tendances  bien  connues  de  l'indo- 
européen  (y.  Mém.  Soc.  Ling.,XVU,  337).  Et  dans  la  question 
présente,  la  disparition  du  datif  en  tant  que  cas  isolé  en  celtique 
ne  suffit-elle  pas  à  expliquer  que  la  langue  ait  dû,  suivant  les  types  de 
phrases,  afïecter  diverses  prépositions  à  l'expression  de  ce  qui  était 
d'abord  un  dativus  sympatheticus  ?  Tout  se  ramène  donc  à  une 
question  particulière  de  la  syntaxe  des  cas,  et  on  sait  combien 
l'emploi  des  cas  présente  de  divergences  d'une  langue  à  l'autre. 

Quel  que  soit  l'intérêt  des  collections  de  faits  celtiques  qu'a 
réunies  M.  Havers,  il  convient  de  faire  certaines  réserves  sur  ses 
conclusions. 


J,  Vendryes. 


IV 


O.  ScHRADER,  Professeur  à  l'Université  de  Breslau.  Die  Indogernuinen . 
Leipzig,  Quelle  und  Meyer,  1911,  165  p.  8".  iM.(cart.  i  M.  25). 

Ce  livre  forme  le  numéro  77  de  la  collection  «  Wissenschaft  und 
Bildung  »  que  dirige  M.  Paul  Herre. 

Ceux  qui  ont  suivi  les  travaux  de  M.  O.  Schrader  et  qui  con- 
naissent notamment  son  livre  Spmchvergleichung  und  Urgeschichtc 
(2«  éd.  lena,  1890)  ou  qui  pratiquent  son  précieux  ReaUexikoii  der 
indogermaniscben  Altertumskitnde  (Strasbourg,  1901)  ne  devront  pas 
s'attendre  à  trouver  beaucoup  de  nouveau  dans  cet  exposé  som- 
maire des  origines  indo-européennes.  Pourtant  c'est,croyons-nous, 
le  premier  livre  de  vulgarisation  où  soit  utilisé  le  tokharien  (v. 
notamment  p.  10,  p.  76,  p.  160);  et  ce  détail  suffit  à  montrer 
jusqu'à  quel  point  M.  Schrader  tient  son  information  au  cou- 
rant. 

Toutefois,  ce  n'est  pas  dans  la  nouveauté  du  fond  que  réside  le 
mérite  de  ce  petit  livre  ;  c'est  dans  la  clarté  et  l'élégance  de  la 
forme.  La  lecture  en  est  fort  agréable.  L'auteur  sait  rendre  aisés 
les  développements  les  plus  techniques.  Il  connaît  l'art  de  piquer 
et  de  soutenir  l'attention  par  des  remarques,  des  anecdotes,  des 
citations  appropriées.  Bien  qu'il  ait  destiné  son  livre  à  des  lecteurs 
allemands  et  qu'il  donne  par  suite  à  la   civilisation  germanique  une 

Revue  Celtique,  XXXIII.  8 


114  Bibliographie. 

importance  prépondérante  dans  ses  comparaisons,  il  peut  intéresser 
un  étranger  ;  il  a  fait  aux  choses  slaves  une  assez  large  place,  et 
même  çà  et  là  recourt  au  témoignage  du  celtique.  Sans  doute  un 
celtiste  pourrait  lui  reprocher  quelques  lacunes  ;  il  ne  dit  rien  par 
exemple  du  calendrier  de  Coligny  dans  le  chapitre  du  temps,  où 
le  celtique  n'est  pas  utilisé  autant  qu'il  conviendrait.  En  revanche, 
il  faut  savoir  gré  à  l'auteur  d'abandonner  définitivement  (p.  90) 
pour  le  mot  cétmiiiuter  «  épouse  légitime  »  l'étymologie  singulière 
à  laquelle  quelques  celtistes,  à  la  suite  de  Zimmer,  restent  obstiné- 
ment attachés  (v.  d'Arbois  de  Jubainville,  Rev.  Celt.,  XXI,  109). 

Les  douze  chapitres  du  livre  sont  respectivement  intitulés  :  I, 
Das  indogermanische  Urvolk  und  die  indogermanischen  Einzelvôl- 
ker  ;  II.  Die  Erschliessung  der  indogermanischen  Kulturzustànde  ; 
III.  Die  Wirtschaftsform  ;  IV.  Siedelung;  \'.  Der  Rauschtrank  ; 
VI,  Handel  und  Gewerbe  ;  VII.  Zeitteilung  ;  VIII.  Die  Famille  ; 
IX.  Stamm  und  Volk  ;  X.  Blutrache  ;  XI.  Die  Religion  ;  XII.  Die 
Frage  der  Urheimat.'Ce  sont  douze  études  détachées,  indépendantes, 
quelques-unes  plus  poussées  que  d'autres  ;  le  chapitre  de  la  famille 
par  exemple  est  de  beaucoup  le  plus  riche  de  faits.  Mais  toutes  sont 
d'excellentes  mises  au  point  de  questions  délicates,  qui  ressortissent 
à  diverses  disciplines  et  exigeaient  à  la  fois  la  compétence  d'un  his- 
torien, d'un  archéologue  et  d'un  linguiste.  Sur  certains  points 
la  linguistique  de  M.  Schrader  prête  bien  à  quelques  critiques  ; 
elle  manque  parfois  de  fermeté  dans  la  doctrine  et  de  précision  dans 
les  faits.  Mais  quel  autre  archéologue  pouvait  à  moins  de  risques 
entreprendre  la  même  tâche  et  se  diriger  plus  sûrement  dans  le 
dédale  de  l'indo-européen  ?  C'est  le  mérite  de  M.  Schrader  de  con- 
naître la  linguistique  comme  pas  un  archéologue,  et  l'archéologie 
aussi  comme  pas  un  linguiste. 

J.  Vendryes. 


Martin  Ge.moll.  Die  Inàogcrmnncn  in  niten  Orient,  Mythologisch- 
historische  Funde  und  Fragen.  Leipzig,  Hinrich,  191 1,  viij-124 
p.  8°.  3  M,   60. 

M.  Martin  Gemoll  est  un  hébraisant.  Nous  ignorons  quelle  opi- 
nion peuvent  avoir  de  lui  ses  confrères  en  philologie  sémitique. 
A  en  juger  par  cet  ouvrage,  il  est  à  craindre  qu'il  n'obtienne  pas 
grand  crédit  auprès  des  indogermanistes. 

La  thèse  qu'il  défend  ofFre  à  tout  le  moins  le  mérite  de  l'imprévu 


Bibliographie.  1 1 5 

et  de  l'originalité.  Il  est  convaincu  que  la  mythologie  hébraïque 
est  d'origine  étrangère  ;  que  les  Israélites  ont  reçu  leur  religion 
d'un  peuple  conquérant  installé  dans  la  terre  de  Chanaan,  et  que 
ce  peuple  était  de  race  indo-européenne. 

Pour  lui,  Abraham  et  Aharon  sont  des  personnifications  d'Ahura- 
[Mazda]  ;  et  il  identifie  Jahvé  avec  Yama.  Ces  premiers  rapproche- 
ments une  fois  établis,  il  n'y  a  plus  qu'à  en  chercher  d'autres,  qui 
les  fortifient  et  qui  les  complètent.  Et  c'est  alors  que  les  Celtes 
entrent  en  scène.  La  forme  sous  laquelle  la  mythologie  indo-euro- 
péenne a  pénétré  chez  les  Hébreux  est  en  effet,  suivant  M.  Gemoll, 
celle  de  la  mythologie  celtique,  et  particulièrement  britto- 
nique. 

Le  roi  Arthur  est  tout  simplement  le  prototype  à  la  fois  d'Ahura, 
d'Abraham  et  d' Aharon  ;  et  la  famille  d'Arthur  est  à  peu  de  chose 
près  celle  que  l'ancien  testament  donne  à  Abraham.  Les  mêmes 
noms  s'y  retrouvent  :  Lot,  Urien,  Arawn. 

La  comparaison  se  poursuit  ainsi  pendant  plus  de  cent  pages,  et 
la  conclusion  en  est  exprimée  chemin  faisant,  comme  un  refrain, 
avec  une  conviction  touchante.  11  paraît  à  l'auteur  évident,  frap- 
pant, indubitable,  incontestable,  que  la  Palestine  a  été  habitée  par 
les  Celtes  ;  Galaad  d'ailleurs  a  conservé  le  nom  des  Galates,  et  les 
Amorites  ont  le  même  nom  que  les  Armoricains.  Les  Celtes  ont 
laissé  des  traces  chez  tous  les  peuples  d'Asie  Mineure  :  Eremon 
équivaut  à  Aryaman,  et  Erin  à  Iran.  Les  Chaldéens  aussi  sont  des 
Celtes,  car  Kaldu  (ou  Kardu-  ou  Kardunias)  c'est  le  pays  des  Celtes, 
le  même  nom  que  Celyddon,  la  Calédonie.  Medrawd  le  neveu 
d'Arthur  n'est  autre  chose  que  [le  Mithra  des  Iraniens  et  Gwalch- 
mei,  c'est  Gilgames  ;  etc.,  etc. 

Nous  pensons  en  avoir  dit  assez  pour  édifier  nos  lecteurs  sur  la 
valeur  du  travail. 

J.  Vendryes. 

VI 
D''.  HôFLER.  VolksmediTJuische  Botanik  der  Kelten. 

M,  le  D""  Hôfler,  dont  nous  avons  signalé  précédemment  une  étude 
sur  l'usage  des  bains  chez  les  Gaulois  (v.  Revue  Celtique,  t.  XXXII, 
p.  368)  vient  de  publier  une  nouvelle  étude  qui  n'est  pas  moins 
instructive.  Elle  est  intitulée  VolksmediTJnische  Botanik  der  Kelten  et 
a  paru  dans  VArchiv  fur  Geschichte  der  Medi-Ju  publié  à  Leipzig 
sous  la  direction  de  M.    Karl   Sudhoff  chez  l'éditeur  J.-A.    Barth 


lié  Bibliographie.    . 

(t.  V,  pp.  1-35  et  241-279).  Elle  contient  une  énumération  des 
plantes  utilisées  par  les  Celtes  avec  l'indication  de  l'usage  qu'ils  en 
faisaient.  Les  listes  de  M.  Hofler  reposent  avant  tout  sur  le  témoi- 
gnage des  auteurs  anciens,  qui  nous  ont  transmis,  avec  quelques 
noms  celtiques  de  plantes,  de  nombreux  renseignements  sur  les 
vertus  médicinales  que  la  croyance  populaire  leur  attribuait. 
M.  Hofler  a  tiré  parti  aussi  du  vocabulaire  des  dialectes  celtiques 
modernes  et  a  fait  appel  à  l'étymologie  pour  reconstituer  la  forme 
ancienne  des  mots  employés  aujourd'hui  par  ces  dialectes.  Il  ne 
fait  guère  que  reproduire  la  doctrine  des  principaux  maîtres  de  la 
philologie  celtique  ;  mais  son  érudition  est  abondante  et  généra- 
lement de  bon  aloi.  Son  répertoire  de  botanique  médicale  celtique 
sera  utile  ;  il  le  serait  plus  encore  s'il  était  accompagné  d'un  index 
alphabétique  des  noms  de  toutes  les  plantes  mentionnées. 

L'ouvrage  fait  une  large  place  aux  superstitions  populaires,  au 
folk-lore.  Toutefois  le  folk-lo''e  des  Celtes  insulaires  (Irlandais  ou 
Gallois)  n'y  apparaît  pour  ainsi  dire  pas.  C'est  à  la  flore  populaire 
française,  telle  que  l'ont  constituée  les  travaux  d'Alfred  Maury, 
d'Eugène  Rolland,  de  M.  Paul  Sébillot,  que  M.  Hofler  emprunte 
ses  exemples.  Mais  il  a  le  tort  de  substituer  trop  souvent  «  cel- 
tique »  à  «  français  »  (p.  25  :  «  im  keltischen  département 
Vienne  «  !)  :  il  faut  se  garder  d'attribuer  aux  Celtes  toutes  les 
superstitions  populaires  de  la  France.  Pour  établir  et  préciser  les 
croyances  celtiques  relatives  aux  plantes,  il  rappelle  aussi  celles 
qui  sont  aujourd'hui  encore  en  vigueur  dans  le  sud  de  l'Allemagne, 
notamment  en  Bavière.  En  faisant  ainsi  porter  son  étude  sur  la 
France  et  l'Allemagne,  à  l'exclusion  de  la  Grande-Bretagne  et  de 
l'Irlande,  M.  Hofler  nous  paraît  déplacer  un  peu  trop  l'axe  du 
monde  celtique. 

Au  point  de  vue  linguistique,  il  y  aurait  aussi  quelques  critiques 
à  lui  adresser.  Bien  qu'il  ait  eu  parfois  recours  à  la  compétence  de 
M.  J.  Pokorny,  et  qu'il  se  soit  en  général  documenté  avec  soin, 
on  sent  qu'il  n'est  en  linguistique  celtique  qu'un  novice  et  un 
amateur.  Ses  restitutions  de  mots  celtiques  sont  le  plus  souvent 
empruntées  à  VUrkcItischer  Sprachschati  de  Whitley  Stokes,  qu'il 
cite  p.  7  sous  une  forme  bien  singulière  (iounkos  «  jung  »  Bezzen- 
BERGER,  224)  ;  mais  ce  livre,  d'ailleurs  indispensable,  ne  doit  être 
utilisé  qu'avec  une  certaine  critique.  Et  il  convient  d'avoir  plus  de 
prudence  encore  en  citant  Roget  de  Belloguet  ou  Bacmeister,  qui 
sont  des  autorités  un  peu  surannées  aujourd'hui.  P.  2,  M.  Hofler 
semble  croire  que  le  breton  armoricain  est  un  reste  du  gaulois. 
P.    259,   sa  traduction  du  nom  des  Matres  Udra-vari-nehae  paraît 


Bibliographie.  iij 

purement  fantaisiste.  P.  276,  il  rapproche  les  mots  grecs  'Jttvoç  et 
iKoTza  (sic)  !  Ses  références  manquent  parfois  d'exactitude  :  p. 
247,  la  traduction  française  attribuée  à  Whitley  Stokes  est  en 
réalité  du  D''  Ricochon  (v.  Rev.  CelL,  XXIII,  107)  et  p.  16, 
la  phrase  latine  donnée  comme  de  Lucain  appartient  simplement, 
comme  nous  l'apprend  le  Sprachschafi  de  M.  Holder  (t.  I,  col. 
1526),  à  un  commentateur.  Quant  au  mot  driadae,  cité  à  ce  même 
endroit,  c'est  un  mot  masculin,  comme  le  gallo-latin  drnidae^ 
et  par  suite  la  question  des  druidesses  pouvait  être  laissée  de 
côté. 

M.  le  Di"  Hôfler  nous  jugera  peut-être  trop  sévère  ;  il  aurait 
bien  plus  sujet  d'exercer  contre  nous  sa  sévérité,  si  nous  écrivions 
médecine  ou  botanique. 

J.  Vendryes 

VII 

E.  Ernault.  Vnncien  vers  breloii,  Paris,  Champion,  1912,  79    p.  8° 
2  fr.   50. 

Notre  collaborateur  M.  Em.  Ernault  avait  déjà  étudié  l'ancienne 
versification  bretonne  dans  la  préface  à  sa  réédition  du  Mirouer 
de  la  Mort  ÇRev.  Celt. ,  XXXI,  p.  71-91),  où  l'on  trouvera  mention- 
nés les  plus  importants  travaux  antérieurs  sur  la  question. 

Dans  la  brochure  annoncée  ici,  il  reprend  le  même  sujet,  mais 
en  se  bornant  à  l'exposé  des  faits  principaux,  sous  une  forme 
simple  et  commode.  L'exposé  comprend  quatre  parties  :  1°  Elé- 
ments du  vers  breton  :  mesure,  césure,  rime  (finale  et  intérieure)  ; 
2°  séparation  des  vers  ;  3°  vers  sans  césure  fixe  ;  4°  vers  à  césure 
fixe.  L'exposé  est  illustré  de  nombreux  exemples  empruntés  au 
Grand  mystère  de  Jésus  (éd.  la  Villemarqué,  Paris,  i86é),  au  Mystère 
de  sainte  Barbe  (éd.  Ernault,  Nantes,  1887),  aux  Heures  (éd.  Wh. 
Stokes,  Middle  Breton  Hoiirs,  Calcutta,  187e),  aux  Cantiques  du 
Doctrinal  (éd.  Ernault,  Arch.  f.  Celt.  Lexic,  I,  213,  360  et  55e), 
surtout  aux  anciens  N oels  édlxés  dans  la  Revue  Celtique,  tomes  X  à 
XIII. 

Toutefois  ces  exemples  ne  suffisaient  pas  à  montrer  l'opposition  de 
la  versification  ancienne  et  de  la  versification  moderne.  Pour  rendre 
le  contraste  saisissant,  il  fallait  présenter  un  même  poème  sous  les 
les  deux  formes.  Grave  difficulté  qui  n'était  pas  pour  arrêter  notre  col- 
laborateur. II  n'a  eu  qu'a  se  dédoubler.  En  lui,  le  philologue  a  fait 
appel  au  poète,  et  Barz  ar  Gouet  a  répondu  à  l'appel  d'Emile  Ernault  ; 


ii8  Bibliographie. 

c'est  de  leur  collaboration  qu'est  sortie  la  seconde  partie  du  volume. 
Le  lecteur  y  goûtera  d'abord  hChanson  des  Chênes  de  M.  A.  Le  Braz 
dans  une  triple  traduction,  en  breton  ancien  et  en  breton  moderne, 
de  Léon  et  de  Vannes  ;  ensuite  VElegy  luritten  in  a  counlry  church- 
yard  de  Thomas  Grey,  traduite  également  en  breton  ancien  et  en 
breton  moderne  ;  enfin,  pour  terminer  le  volume,  une  pièce  de 
facture  et  d'inspiration  personnelle,  en  breton  moderne,  sur  la 
mort  de  Marc'harit  Phulup,  la  vieille  chanteuse  de  Pluzunet. 

J.  Vexdryes. 

VIII 

Kuno  Meyer.  Hail  Brigit,  an  Old-Irish  poem  on  the  hill  of  Alenn. 
Halle,  Niemcyer  et  Dublin,  Hodges,  Figgis  and  C°,  1912,  24  p. 

Cette  jolie  plaquette  est  un  cadeau  de  Noël,  offert  par  l'auteur  à 
M.  et  M™^  Best,  en  souvenir  de  son  séjour  à  Dublin,  et  notam- 
ment d'une  excursion  qu'il  fit  en  leur  compagnie  à  Knockawlin, 
anciennement  Cnoc  Ailinne,  «  la  Colline  d'Alenn  ». 

Le  choix  du  sujet  double  le  prix  de  l'hommage.  Le  poème  vieil- 
irlandais  publié  et  traduit  ici  pour  la  première  fois  se  rapporte  en 
effet  à  la  colline  d'Alenn.  Sur  cette  colline  s'élevait  une  forteresse 
qui,  après  plusieurs  siècles  de  splendeur,  fut  détruite  au  cours  du 
viii"^  siècle  et  ne  -se  releva  pas  de  ses  ruines  : 

Borg  Ailinne  ùallach 

atbalh  lia  slôg  inhâgach 

«  L'orgueilleuse  forteresse  d'Alenn 

a  péri  avec  ses  guerriers  » 

lit-on  dans  le  Félire  d'Oengus,  Prologue,  v.  189. 

L'auteur  inconnu  du  poème  a  tiré  un  fort  beau  parti  du  contraste 
entre  la  désolation  d'Alenn,  l'ancienne  citadelle  du  paganisme 
irlandais,  et  la  prospérité  de  sa  voisine,  Kildare,  brillant  foyer  de 
christianisme.  Il  oppose  le  succès  éphémère  des  rois  d'Alenn,  dont 
la  puissance  s'est  évanouie,  à  la  gloire  toujours  triomphante  de 
Brigitte,  patronne  de  Kildare  :  slàu  seiss  a  Brigit  co  mbiiaid  l  La 
gloire  de  Brigitte,  c'est  tout  le  sujet  du  poème. 

M.  Kuno  Meyer  a  fait  précéder  le  texte  d'une  introduction,  où 
il  discute  les  données  historiques  et  géographiques  du  poème.  Sur 
le  nom  d'Alenn,  sur  la  personne  des  princes  qui  s'y  rattachent,  sur 
les-  batailles  qui  s'y  livrèrent,  il  donne,  suivant  son  habitude, 
maint  détail  exact  et  précis,  qu'il  emprunte  à  des  sources  générale- 
ment   inédites. 


Bibliographie.  119 

Il  n'y  a  du  poème  qu'un  seul  manuscrit,  le  Book  of  Leinster 
(p.  49  b),  lequel  est  du  milieu  du  xiF  siècle.  Mais  le  texte  porte 
la  marque  d'une  composition  bien  antérieure  à  cette  date.  M.  Kuno 
Meyer  l'attribue  à  la  période  du  vieil-irlandais,  et  probablement  au 
début  du  ix'=  siècle.  La  langue  conserve  en  effet  plusieurs  formes 
anciennes,  qui  sont  énumérées  p.  10  et  suiv.  ;  quelques  autres,  un 
peu  plus  modernes,  indiquent  en  tout  cas  sûrement  le  ix'^  siècle. 

Le  texte  est  accompagné  d'une  traduction  anglaise  et  suivi  de 
notes  explicatives,  surtout  lexicographiques  et  grammaticales,  qui 
aident  à  interpréter  les  passages  difficiles  ;  il  y  en  a  quelques-uns. 
On  notera  trois  passages,  dans  lesquels  le  substantif  est  précédé 
de  son  régime  :  lir  co  hor  (str.  i),  lir  co  tràig  (str.  16),  rein  eu  hor 
(str.  18);  et  aussi  un  passage  où  la  préposition  est  placée  entre  le 
substantif  et  l'épithéte  :  féin  co  ngairg  (str.  13).  Il  y  a  un  exemple 
de  la  construction  ro  chathu  clôi  «  qui  a  livré  des  combats  »  (str. 
21),  que  l'on  doit  comparer  à  cia  ro  chathu  clôi  «  though  he  won 
battles  »,  dans  la  Tripartite  Life,  p.  214,  7  {ro  catha  clôi  dans  le 
ms.  Rawlinson  B  $12).  A  signaler  encore  l'emploi  de /î»  «  digne 
de  »  avec  un  régime  à  l'accusatif  (str.  14;  cf.  p.  20-21),  un 
exemple  du  datif  d'accompagnement  (huidnih  sliïaig,  str.  i)et  deux 
du  tour  mjôu  epert  (str.  2),  môfoscnad  (str.  7).  Le  mot  tundsem 
«  fait  de  fouler  aux  pieds  »  (str.  5),  infinitif  de  *to-nessaim,  est  donné 
p.  20  comme  masculin,  à  cause  sans  doute  de  la  forme  d'accusatif 
s'mguïitr  tundsem.  Mais  les  infinitifs  en  -em,  quand  ils  ne  sont  pas 
thèmes  en  -u-,  sont  toujours  féminins  (voir  Thurneysen  Hdb.,  I, 
p.  414):  airegem  «  plainte  »  g.  xreignie  Ml.  90  c  12  ;  caithem  «  con- 
sommation »  dat.  cathim  L.  U.  52  a  17:  dïnsem  «  mépris  »,  dat. 
dïnsim  Hib.  Min.  327;  égem  «  cri  »  ace.  pi.  eigmea  Ml.  113  b  7; 
fethem  «  attente  »  ace.  sg.  fethim  Fél.  Ep.  266  ;  indithem  «  attention  » 
g.  indithmeMl.  85  d  r  ;  etc.  Toutefois  on  lit  au  datif  sg.  moidem 
Wb.  14  d  37  et  accaldam  Wb.  3  c  4;  tundsem  est  sans  doute  une 
exception  du  même  genre. 

J.  Vendryes. 

IX 

W.  Lewis  Jones.  King  Arthur  in   History  and  Legend.  Cambridge 
University  Press,  191 1,  145  pp. 

The  above  volume,  written  by  Professor  Lewis  Jones  of  the 
University  Collège  of  North  Wales,  Bangor,  forms  one  of  a  séries 


I20  Bibliographie. 

of  iiKiuuals  oi  science  and  literature  published  by  the  Cambridge 

University  Press.  It  bas  been  very  rightly  said  of  this  séries,  «  For 

those  who  bave  neither  the  time  nor  tbe  preliminary  training  to 

study  great  subjects  on   a  grand   scale  thèse  excellent  handbooks 

seem  specially  designed  ».  This  is  particularly  true  of  the  présent 

volume,  as  itssuccess  will  prove  :  published  last  year  it  bas  already 

reached  a  second  édition,  although  the  first  was  of  5.000.   In  a 

private  communication  Prof.  Jones  states  thatit  is  a  popular  manual 

rather   than  a  work  for  «  the  elect  »  ;   no  one  however,  learned 

though  he  be,  will  regret  the  time  given  to  reading  it.  Prof.  Jones 

bas  been   able   to  give  in   a  hundred  pages  or  so  a  very  concise 

account  of  king  Arthur  as  he  appears  in  history  and  legend  from 

the  earliest  times  up  to  the  présent  dav. 

The  first  of  the  five  chapters  of  which  the  book   is  composed 

deals  with  the  earliest  Arthurian  records.  According  to  Prof.  Jones 

little  historical   significance  is  to  be  gathered   from  the  form  ot 

Arthur's  name  which  in  the  Latin  chronicles  appears  as  Arturus, 

probably  of  Roman  origin  derived  from  the  form  Artorius,  a  name 

common  in  Rome.  Prof.  Jones  is  not  inclined  to  agrée  with   Sir 

John   Rhys  who  suggests  that  it  was  a  Celtic  name  given  in  the 

first  instance  to  a  o-od  Arthur.  The  oldest  historical  document  in 

.  .  .  •    .        . 

wliich  Arthur  is  mentioned  by  name  is  the  famous  Historia  Brilto- 

miin  ascribed  to  Nennius  who  lived  about  800  A.  D.  He  speaks  of 
Arthur's  military  exploits  and  says  he  fought  with  the  kings  as  a 
kind  of  commander  in  chief,  scd  ipse  dux  erat  bellonnii,  a  military 
office  as  suggested  by  Rhys  similar  to  one  of  those  established  in 
the  island  during  the  later  years  of  the  Roman  administration 
and  corresponding  to  that  of  the  Welsh  gwlédig.  It  is  noticeable 
that  in  Welsh  literature  Arthur  is  always  known  as  the  Emperor, 
never  king,  this  was  probably  the  title  given  to  the  highest  officer 
in  the  island  after  the  departure  of  the  Romans. 

The  twelve  battles  mentioned  by  Nennius  as  having  been  fought 
and  won  by  Arthur  are  also  found  in  the  De  Excidio  et  Conquestii 
Britanniae  compiled  by  Gildas,  but  Arthur's  name  does  not  occur. 
Prof.  Jones  suggests  that  this  is  due  to  the  fact  that  Gildas'  work  is 
not  so  much  a  history  as  a  homily.  In  the  mirahilia  attached  to 
Nennius'  History  Arthur  is  pre-eminently  the  warrior  and  the 
marvels  show  that  bis  name  was  connected  with  the  topogra- 
phy  of  Wales  even  in  the  viiith  century  :  they  are  also  valuable 
as  affording  the  Connecting  link  between  the  earliest  Latin  docu- 
ments in  which  Arthur's  name  is  found  and  one  of  the  very  oldest 
of  the  Welsh  Arthurian  taies,  KiiJbwch  and  Ohueu. 


Bihliooraphie.  I2I 

Slrangely  enough  Artliur's  name  does  not  occur  again  in  the 
Pre-Norman  chronicle  literature.  Bede  makes  no  mention  of  him, 
nor  is  his  name  found  in  the  Saxon  Chronicle.  But  if  history  has 
little  to  say  of  Arthur,  this  is  not  true  of  the  romance  Uterature  of 
the  xiith  and  xiiith  centuries.  As  Prof.  Jones  says,  the  contrast  is 
so  startling  as  to  suggest  at  once  that  the  coming  of  the  Normans 
to  Britain  had  much  to  do  with  what  may  be  called  the  aggrandi- 
sation  of  Arthur.  Among  those  who  contributed  to  this  ago^randisa- 
tion  the  first  place  must  be  given  to  GeofFrey  of  Monmouth  although 
ail  the  évidence  seems  to  point  to  the  period  extending  from  the 
xth  to  the  xiith  centuries  as  that  of  the  popular  growth  of  an 
Arthurian  legend  on  a  large  scale  among  the  «  Celtic  fringe  ».  By 
the  beginning  of  the  xiith  century  Arthurian  stories  were  circula- 
ting  Ireely  in  Brittany,  Cornwall  and  Wales.  Others  who  wrote  of 
Arthur  were  William  of  Malmesbury,  in  his  History  of  the  kings  of 
Englaiid,  the  first  version  of  which  was  completed  in  1125,  and 
Henry  of  Huntingdon  in  a  letter  addressed  to  a  friend  named 
Warinus. 

The  second  chapter  of  the  book  is  devoted  to  «  Arthur  in  Welsh 
Legend  and  Literature  »  [and  Prof.  Jones  concludes  that  there  is 
enough  in  old  Welsh  poems  and  prose  stories  to  indicate  that  a 
legend  of  Arthur  existed  in  Wales  from  a  very  early  period,  long 
before  Geoffrey  of  Monmouth.  He  takes  his  évidence  from  Welsh 
poetry,  the  Black  Book  of  Carmarthen,  the  Book  of  Aneirin,  etc., 
from  Welsh  prose  romances  such  as  Kulhwch  and  Olwen,  and 
from  the  Triads. 

In  the  third  chapter  devoted  almost  entirely  to  Geoffrey  of 
Monmouth,  the  remainder  being  given  to  the  chroniclers  who  fol- 
lowed  Geoffrey,  Prof.  Jones  shows  that  his  great  book,  Historia 
Regum  Britaiiiiiae,  isto  be  taken  as  a  romance  rather  than  as  authen- 
tic  history,  not  that  it  is  suggested  that  he  invented  ail  or  even  the 
greater  part  of  his  matter,  he  did  as  others  had  done  before  him, 
he  borrowed  largely  from  his  predecessors,  Nennius,  Bede  and 
others,  though,  of  course,  a  great  deal  is  due  to  his  own  imagina- 
tion. The  popularity  of  GeoffVey's  history  was  so  great  that  not 
only  was  it  copied  abundantly  (there  exist  at  présent  5 1  manu- 
script  copies),  but  it  was  also  translated.  Geoffrey  Gaimar  was  the 
first  to  translate  it  into  Anglo-Norman  verse,  and  he  was  soon 
followed  by  Wace  in  1 1 5  5.  In  the  next  century  Layamon  wrote  his 
English  Brut  in  which  he  made  many  interesting  additions  to 
Geoffrey  and  Wace's  narrative. 

In  the  fourth  chapter  entitled  «  Romance  »   Prof.  Jones  speaks 


I.-22  Bibliographie. 

of  thc  metrical  chronicles  of  Wace,  of  the  romances  in  verse  ofthe 
great  poet  Chrétien  de  Troves,  and  of  the  prose  romances  of  those 
who  foUowed  him,  among  the  most  renowned  being  Walter  Map 
and  Malorv.  It  was  Malory's  work,  Moiie  Darthur,  which  gave 
new  life  to  the  Arthurian  legends  and  to  him  is  due  the  fascination 
which  Arthurian  stories  hâve  had  for  so  many  modem  English 
poets,  Spenser  in  the  Faerie  Qiieene,  William  Warner's  Alhious 
England,  Drayton's  Polvolbion,  and  last  but  by  no  mcans  least  Ten- 
nyson's  Idylls  of  Ihe  Kiug. 

Time  and  space  do  ndt  permit  of  an  exhaustive  survey  ot  the 
last  chapters  but  it  is  hoped  that  enough  has  been  said  to  make 
everyone  interested  in  Arthurian  literature  wishtoread  this  volume. 
It  should  certainly  be  the  first  book  read  by  those  who  intend 
taking  up  the  study  of  the  Arthurian  legend. 

Mary  Williams. 

X 

D.  J.  Saer,  The  Slory  of  Cardigaiisbirc,  Welsh  County  Séries,  The 
Educational  Publishing  Company,  Cardiff,  191 1. 

This  little  book  as  M''  Saer  himself  savs  in  the  préface  has  been 
written  for  the  children  of  Cardiganshire  with  the  object  of  making 
them  acquainted  with  the  story  of  their  beautiful  and  historié 
countv.  It  has  already  been  adopted  by  the  Cardiganshire  Education 
Committee  for  use  in  the  schools  under  its  control  :  this  is  not 
surprising  seeing  that  everything  which  is  to  be  told  of  Cardigan- 
shire is  found  in  this  volume  as  a  perusal  of  the  Contents  will 
show.  They  include  chapters  on  Situation  and  Climate,  Extent  and 
Elévation,  the  River  Teifî,  The  River  Valleys,  the  Sea  Coast,  the 
Story  of  the  Roads  and  Railways,  of  the  Fairy  Taies  of  Cardigan- 
shire, Dewi  Sant,  the  Story  of  the  People,  the  Caer,  War,  the 
Homes,  Farming,  Lead  Mines,  Schools,  Collèges,  Ancient  Games, 
of  Dafydd  ab  Gwilym,  the  great  poet,  the  Dante  of  Wales,  of  the 
Abbev  of  Strata  Florida,  of  the  Towns,  \'illages  and  Hamlets,  and  ot 
the  Notable  Cardiganshire  Men.  One  willalsofind  a  Bibliography, 
a  list  of  important  dates  and  a  glossary  of  Welsh  words  occurring 
in  the  place  names,  verv  helpful  to  those  unacquainted  with  the 
Welsh  language. 

The  whole  story  has  been  written  in  simple  language  suitable 
for  children  of  ail  âges,  but  in  language  so  interesting  that  evervone 
will    read   it  with   pleasure.  To  add  to  the  value  of  the  book,  in 


Bibliographie.  123 

addition  to  a  map  of  Cardiganshire,  it  has  been  profusely  illustra- 
ted  with  sketches,  reproductions  ol  photographs,  etc.,  of  ail  that 
is  most  intcrestingin  thc;  County. 

Mary  Williams. 

XI 

George  Coffey.  Neiu  Grange  (^Brugb  na  Boinne  '  and  olher  incised 
tiimuli  in  Ireland.  Thc  influence  of  Celt  and  the  Aegean  in  the 
extrême  West  of  Europe  in  early  times.  Dublin.  Hodges,  Figgis 
and  C°.  London,  Williams  and  Norgate.  191 2. 

Il  y  a  deux  parties  dans  ce  travail  :  l'une  descriptive  qui  mérite 
tous  les  éloges  et  telle  qu'on  devait  l'attendre  du  célèbre  archéo- 
logue irlandais  ;  l'autre,  hypothétique,  soulevant  des  questions  de 
la  plus  haute  importance,  maintes  fois  agitées  et  diversement  réso- 
lues. 

Le  groupe  de  beaucoup  le  plus  important  des  tumuli  préhisto- 
riques d'Irlande  est  celui  qui  a  été  désigné  du  nom  du  plus  considé- 
rable d'entre  eux,  celui  de  New  Grange.  Il  y  a  là  un  véritable 
cimetière.  Il  est  situé  à  cinq  milles  à  l'ouest  de  Drogheda  et  ses 
ruines  s'étendent  sur  environ  trois  milles  le  long  de  la  rive  nord  de 
la  Boyne  vers  Slane. 

Les  trois  tumuli  les  plus  intéressants  sont  ceux  de  Doiuth,  New 
Grange  et  Knoiuth,  en  vue  l'un  de  l'autre,  séparés  par  un  mille  de 
distance.  Celui  de  New  Grange  est  le  plus  connu  et  le  plus  consi- 
dérable. Une  carte,  qui  est  une  réduction  de  celle  de  six  pouces  à 
un  mille  de  l'Ordnance  Survev,  montre  la  situation  des  tumuli 
existant,  des  pierres  debout  et  dtsratbs^  de  ce  groupe.  Ce  cimetière 
a  été  identifié  avec  le  Brugh  na  Boinne  des  inss.,  plus  particulière- 
ment du  Senchas  na  Relec,  ou  Histoire  des  cimetières,  conservé  dans  le 
Leabhar  na  h-Uidbri,  et  du  Dindshenchus  du  Livre  de  Ballymote. 


1.  BrugJj  a  pris  le  sens  de  demeure,  palais  ;  il  a  eu  aussi  le  sens  plus  large 
de  région,  district;  cf.  vieil-irl.  iiiruig,  briiig,  gallois  et  bret.  hro.  Macbain, 
dans  son  Gaelic  Dict.,  lui  attribue  aussi  le  sens  de  tumulus,  sens  évidem- 
ment venu  de  ce  que  certains  tumuli  portent  ce  nom.  BrugJj  na  Boinne, 
le  tumulus  (demeure)  de  ta  Boyne. 

2.  Le  sens  ancien  de  rdtl}  a  été  celui  de  fort  circutaire  e)i  terre,  demeure 
seigneuriale  entourée  d'un  rempart  en  terre.  C'est  l'équivalent  de  lias  (Jess, 
liss).  Ràth  est  commun  dans  Test  de  l'Irlande,  Uos  dans  l'ouest  (cf.  gallois 
Ltys,  breton  Les). 


1 24  Bibliographie. 

Ces  trois  ttiniuli  sont  décrits  avec  une  grande  précision  par 
M.  Coffey.  Celui  de  New  Grange  est  un  énorme  tumulus  enceint 
d'un  cercle  de  pierres  placées  de  champ  (pierres  de  8  à  lo  pieds  de 
long)  se  touchant  (même  disposition  à  Dowth  et  Loughcrew  Hills). 
Ce  tumulus  est  circulaire  et  couvre  une  aire  d'un  acre  et  même 
deux,  si  on  prend  toute  la  superficie  inscrite  dans  le  cercle  de 
pierre. 

Le  plus  grand  diamètre  est  de  280  pieds.  Sa  hauteur  actuelle  est 
de  44  pieds  '.  L'intérieur  du  tumulus  se  compose  d'une  allée  cou- 
verte de  60  pieds  de  long,  composée  de  pierres  placées  de  champ 
de  5  à  8  pieds  de  haut,  recouverte  de  larges  pierres  plates,  et  d'une 
grande  chambre  présentant  la  forme  d'un  hexagone  irrégulier. 
Elle  s'élève  en  forme  de  dôme  :  c'est  ce  qu'on  appelle  souvent  une 
fausse  voûte  ;  le  dôme  est  formé  de  pierres  en  encorbellement,  pla- 
cées horizontalement  et  avançant  l'une  sur  l'autre  graduellement, 
si  bien  qu'au  sommet  l'ouverture  est  fermée  par  une  simple  pierre. 
La  chambre  a  19  pieds  6  pouces  de  long;  18  pieds  depuis  la  fin  du 
passage  jusqu'à  la  paroi  nord  et  21  de  l'est  à  l'ouest.  Autour  des 
parois,  il  y  a  des  pierres  dressées  qui  par  endroit  supportent  la 
voûte,  mais  la  construction  du  dôme  en  est  en  réalité  indépendante  : 
c'est  le  contraire  à  Dowth.  L'allée  couverte  n'a  guère  que 
3  pieds  de  large  en  moyenne  ;  à  14  pieds  de  l'entrée,  les  pierres 
de  côté  se  rapprochent  jusqu'à  se  toucher  par  le  sommet,  de  façon 
qu'on  est  obligé  de  ramper  sur  une  étendue  de  6  pieds.  A  par- 
tir de  ce  point,  le  passage  ne  présente  pas  de  difficulté  :  à  l'en- 
trée, il  a  4  pieds  9  pouces  de  haut  ;  ensuite,  il  s'élève  graduellement 
jusqu'à  9  pieds  sur  une  distance  de  26  pieds.  Des  plans  et  photogra- 
phies accompagnent  la  description. 

Ce  monument  a  été  fouillé  évidemment  dès  l'antiquité.  L'entrée 
n'en  est  pas  cachée  ;  elle  est  clairement  indiquée  par  la  direction 
des  pierres  du  cercle  vers  l'intérieur. 

Les  tiimuli  étaient  groupés  en  cimetières,  ce  qui  est,  suivant  la 
juste  remarque  de  l'auteur,  l'indice  d'une  société  plus  ou  moins 
régulièrement  organisée.  Il  semble  qu'ils  aient  été  respectés  jusqu'à 
l'arrivée  des  Danois,  qui,  comme  on  le  sait,  ont  été  les  plus  redou- 
tables des  archéologues  :  ils  ont  fouillé  systématiquement  les  tombes 
de  l'Irlande  pour  y  trouver  des*  objets  précieux.  Il  n'est  que  juste 
de  dire  qu'ils  n'ont  pas  été  seuls  à  se  livrer  à  cet  utile  passe-temps. 
Il  y  a  un  curieux  souvenir  de  ces  fouilles  à  la  fin  du  Mahimigi  de 

I .  Le  tumulus  de  Tumiac  en  Arzon  (Morbihan)  est  élevé  de  20  mètres 
au-dessus  du  sol. 


Ëlblio^raphlc.  12$ 

Branwen,  fille  de  Llyr.  Après  l'expédition  de  Bran,  il  ne  restait 
plus  en  Irlande  que  cinq  femmes  enceintes.  Arrivés  à  l'âge  d'homme, 
les  cinq  fils  dont  elles  accouchent  prennent  pour  femmes  chacun  la 
mère  de  l'autre.  Ils  peuplent  l'Irlande  et  se  la  partagent,  d'où  les 
cinq  parties  de  l'Irlande.  Ils  se  mirent  ensuite  à  inspecter  le  pays, 
là  où  il  V  avait  eu  des  batailles,  et  ils  y  trouvèrent  de  l'or  et  de 
l'argent,  si  bien  qu'ils  devinrent  riches.  Les  Gallois  semblent 
avoir  eu  d'ailleurs  les  mêmes  goûts  que  les  Danois.  Dans  le  poème 
des  lombes^  dans  le  Livre  Noir  de  Carmarthen,  on  trouve  ce  vers  à 
propos  de  la  tombe  de  Tavlogeu  fils  de  Lludd  : 

ae  clathei  caffei  but 

«  qui  les  creuserait  trouverait  butin.  » 

M.  CofFey  s'est  reporté  judicieusement,  le  monument  ayant  beau- 
coup souffert,  aux  descriptions  qui  en  ont  été  faites  précédemment. 
La  première  se  trouve  dans  une  lettre  du  célèbre  Edward  Llwvd 
(lettre  de  1699),  -alors  conservateur  de  l'Ashmolean  Muséum,  à 
Oxford.  Il  signale  notamment  sur  le  sommet  du  tumulus  un 
menhir  qui  a  disparu.  Un  chapitre  fort  intéressant  est  consacré  aux 
traditions  écrites  de  l'ancienne  Irlande  qui  associent  le  grand  tumu- 
lus de  New  Grange  à  Brugh  na  Boiniie.  La  partie  qui  traite  des 
cimetières  dans  le  Leabhar  na  h-Uidhri  (fin  du  XF  ou  commence- 
ment du  xiF  siècle)  est  particulièrement  intéressante  ;  on  y  lit  que 
les  nobles  des  Tuatha  Dé  Danann  avaient  l'habitude  d'inhumer  à 
Brugh. 

La  description  des  autres  tumuîi  ainsi  que  des  cainis  de  Lough- 
creiv  HiU,  Knockmany  et  Seskilgreen  (Tyrone),  Clover  Hill  (Sligo) 
est  tout  aussi  précise.  L'auteur  les  a  minut  ieusement  étudiés 
tous. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  caractéristique  et  de  plus  important  dans  ces 
fumuli,  surtout  dans  celui  de  New  Grange,  ce  sont  les  signes  gra- 
vés sur  les  pierres  de  ces  monuments.  A  New  Grange,  on  en  trouve  : 
dans  la  chambre,  sur  des  pierres  des  parois,  sur  des  pierres  de 
voûtes  (^East  recess),  sur  des  pierres  de  l'allée  couverte,  de  l'entrée. 
Il  y  en  a  même  deux  du  cercle  extérieur  qui  sont  gravées. 

De  nombrenses  photographies  permettent  d'étudier  les  signes 
gravés.  Ces  signes  gravés  consistent  en  losanges,  chevrons,  feuilles 
de  fougères,  triangles,  cupules,  cercles,  demi-cercles  concentriques,  spi- 
rales simples  ou  doubles.  A-  Dowth,  on  remarque  en  outre  des  soleils 
(cercles  avec  rayons  à  l'extérieur  du  cercle,  il  y  en  a  avec  un  autre 
cercle  extérieur),  des  cercles  concentriques,  des  roues,  des  signes  res- 
semblant à  ceux  de  Scandinavie  qui  représentent  des  bateaux,  etc. 


1 26  Bibliographie. 

Ce  qu'il  v  a  de  plus  caractéristique,  ce  sont  les  spirales.  Arthur 
Evans  était  d'avis  que  la  spirale  était  venue  de  la  région  Egéenne 
en  Irlande  par  l'Espagne,  la  France  et  l'Angleterre.  Les  gravures 
de  New  Grange  offrent  les  plus  frappantes  analogies  avec  celles  de 
Gavrinis  dans  le  Morbihan'.  M.  Coffey  croit  que  la  spirale,  qu'il 
fait  venir  aussi  de  la  Crète  et  des  Iles  Egéennes,  a  pris  la  voie  de 
terre  (^Butinir  en  Bosnie,  Lengyel  en  Hongrie  marquent  des  étapes 
importantes),  suivi  les  grands  fîeuves,  la  Moldau  et  l'Elbe,  atteint  la 
Baltique.  Elle  serait  passé  de  là  en  Scandinavie,  d'où  elle  serait 
venue  en  Ecosse  et  de  là  en  Irlande.  D'après  la  carte  montrant  la 
distribution  des  spirales  dans  les  Iles  Britanniques  (p.  113),  les  spi- 
rales gravées  ne  se  montrent  pas  dans  le  sud  de  l'Angleterre.  On  en 
trouve  un  exemplaire  dans  le  nord  du  Pays  de  Galles,  près  de 
Liverpool,  dans  le  nord  de  l'Angleterre,  quelques-unes  en  Ecosse. 
En  Irlande,  on  ne  les  trouve  que  sur  la  côte  nord-est  ;  deux  sont 
indiquées  sur  la  côte  nord-ouest.  Dans  l'état  actuel  de  nos  connais- 
sances archéologiques,  il  est  certain  qu'il  est  difficile  de  faire  venir 
la  spirale  de  l'Armorique  en  Irlande,  d'autant  plus  que,  même  à 
Gavrinis,  il  n'y  a  guère  que  trois  spirales  proprement  dites.  On  y 
trouve  défausses  spirales,  des  cercles  et  demi-cercles  concentriques, 
lignes  ondulées,  losanges,  etc.  M.  Déchelette  a  fait  à  la  théorie  de 
M.  Coffey  une  objection  des  plus  sérieuses-.  Si  la  spirale  en  Irlande 
vient  de  Scandinavie,  comme  elle  apparaît  dans  ce  pays  pendant  le 
deuxième  âge  du  bronze  Scandinave,  il  faudrait  admettre  que  New 
Grange  et  Gavrinis  appartiennent  à  la  môme  époque,  ce  qui  est 
impossible.  New  Grange  paraît  bien  appartenir  à  la  première 
époque  du  métal,  à  ce  qui  est  en  Europe  occidentale,  la  période  de 
transition  du  néolithique  au  bronze  :  le  marteau  perforé  en  pierre 
de  Seskilgreen  (p.  109)  appartient  à  cette  période.  Les  ossements 
incinérés  de  New  Grange,  la  forme  de  la  voûte  indiquent  égale- 
ment la  première  époque  du  métal.  Mais  Gavrinis,  qui  ne  peut  être 
séparé  de  New  Grange  5,  est  de  la  fin  du  néolithique.  Il  ne  peut  y 
avoir  de  doute  à  ce  sujet,  et  M.  Coffey  eût  été  de  cet  avis  s'il  avait 
étudié  les  poteries  provenant  de  dolmens  et  allées  couvertes  du 
Morbihan  dans  l'ouvrage  de  M.  du  Chàtelier  (/.a  poterie  à  l'époque 
préhistorique  et  gauloise  en  Armorique).  On  trouve  sur  ces  poteries 

1 .  Pour  d'autres  comparaisons  avec  d'autres  tumuli  de  Bretagne,  notam- 
ment Locmariaquer,  v.  p.  30,  p.  59. 

2.  Déchelette,  Maimel  I,  p.  615,  616. 

3.  Il  n'y  a  pas  que  les  spirales  à  considérer.  Les  autres  signes  sont  éga- 
lement d'une  frappante  identité. 


Hihliogr  aphte.  127 

non  seulement  des  chevrons  et  losanges,  ce  qui  est  commun,  mais 
des  cercles,  des  demi-cercles,  des  lignes  ondulées,  identiques  aux 
dessins  de  Gavrinis.  Je  signalerai  surtout  les  poteries  provenant 
du  dolmen  de  Mané-Hui,  à  Kerléarec  en  Carnac  ;  du  dolmen  de 
Mané-Ronguellec,  en  Plouharnel  ;  de  Conguel  en  Qiiiberon  ;  de 
Beg-er-Lann  en  Plœmeur;  àe  Lann-Blaeii  en  Guidel  ;  d'un  dol- 
men ruiné  de  Baden  '.  A  signaler  aussi  les  dessins  d'une  plaque  de 
schiste  ardoisier  dans  le  dolmen  de  Kervadel  en  Plobannalec  (Finis- 
tère). 

Il  est  donc,  en  tout  cas,  parfaitement  sûr  que  la  spirale  n'est 
venue  en  Armorique,  ni  de  la  Scandinavie,  ni  de  l'Irlande.  Pour 
l'Irlande,  ce  serait  le  contraire  qui  serait  probable.  D'un  autre  côté, 
les  étapes  pour  faire  venir  la  spirale  de  la  mer  Egée  en  Armorique 
manquent  absolument.  Il  n'est  donc  pas  impossible  que  les  trois  spi- 
rales de  Gavrinis  soient  dues  à  un  développement  indigène.  D'après 
Montelius  et  Coffey,  là  où  on  trouve  à  la  fois  cercles  concen- 
triq.ues  et  spirales,  ces  dernières  sont  des  dégénérescences  des  pre- 
miers (Déchelette,  Manuel,  I,  p.  616).  J'incline  d'autant  plus  à 
croire  à  une  création  isolée  de  la  spirale  à  Gavrinis,  qu'on  la  trouve 
à  une  époque  où  assurément  on  ne  peut  songer  à  les  faire  venir 
de  Crète,  à  Pépoque  paléolithique  :  il  y  a  des  spirales  gravées  sur 
ivoire  par  des  chasseurs  de  renne,  trouvées  dans  les  grottes  d'Arudy 
et  de  Lourdes  (Déchelette,  Manuel,  p.  613). 

On  fait  venir  aussi  généralement  la  fausse  voûte  de  la  région 
égéenne.  On  a  comparé  New  Grange  au  fameux  tumulus  de 
Mvcène,  connu  sous  le  nom  de  Trésor  d'Atrée.  Quoi  qu'il  en  soit 
de  la  question  d'origine,  nous  avons,  en  tout  cas,  en  Armorique, 
des  tumulik  fausse  voûte  qui  sont  de  la  fin  du  néolithique,  comme 
par  exemple,  celui  de  Crubelz^.  Il  a  livré  des  pointes  de  flèche  à 
ailerons  et  pédoncules  caractéristiques  de  cette  période. 

De  plus,  il  y  a  des  dolmens,  dans  la  région,  appartenant  à  la 
pleine  époque  néolithique,  qui  montrent  les  débuts  de  la  fausse 
voûte . 

J.   LOTH. 

XII 

Dânta  Aodhagâin    Ut  Rathailk,  The  poems  of  Egan  O'Rahilly,    with 
introduction,   translation,  notes  and    indexes  together  with  ori- 

1.  Planche  7,  f.  12,  15,  14;  pi.  6,  fig.  2,  4,  5,  6,  7  ;  pi.  5,  fig.  6,  7, 
8,  etc. 

2.  Société  pol.  du  Morbihan,  1864,  p.  6. 


128  Bibliographie. 

ginal  illustrative  documents,  edited  by  Rev.  Patrick  S.  Dinxeen 
and  Tadhg  0'Do\oghue,  second  édition  revised  and  enlarged. 
London,  191 1  (Irish  texts  Society  vol.  III)  in-8°  Lxii-360  p. 

Cette  édition  diffère  de  la  première  édition  (1900)  en  ce  que  les 
poèmes  d'écrivains  contemporains  ont  été  remplacés  par  une  com- 
position satirique  en  prose  d'Egan  O'Rahilly  intitulée i:^?c/;/rrt  Thaidhg 
Dhuihh  Ui  Chrôiîiinei  divers  poèmes  du  même  auteur,  que  quelques 
pièces  apocryphes  ont  fait  place  à  des  pièces  authentiques  et  que 
de  nombreux  documents  d'archives,  qui  éclairent  à  la  fois  l'œuvre 
du  poète  et  l'histoire  de  son  temps,  ont  été  ajoutés  en  appendice. 
Le  glossaire  qui  terminait  la  première  édition  a  été  supprimé  ;  mais 
la  seconde  édition  comporte  trois  index  :  un  index  des  premiers 
vers,  un  index  des  noms  de  lieux  et  un  index  des  noms  de  per- 
sonnes. 

O'Rahilly,  né  vers  1670  et  mort  après  1726,  vécut  au  temps  des 
confiscations  et  des  ventes  des  terres  possédées  par  les  catholiques  ; 
il  vit  vendre  le  domaine  de  Kenmare,  ruiner  les  habitants  des  dis- 
tricts de  O'Keeffe  et  de  O'Callaghan  et  conçut  contre  les  auteurs 
ou  les  agents  de  ces  exactions  une  haine  violente  qu'il  exprima  dans 
une  langue  vigoureuse.  Il  poursuit  particulièrement  de  ses  invec- 
tives les  Irlandais  qui,  pour  s'enrichir,  passèrent  au  parti  des 
vainqueurs.  La  vie  d'O'Rahilly  fut  difficile,  à  une  époque  où  les 
anciens  nobles  d'Irlande,  hospitaliers  et  généreux  pour  les  ollamh, 
étaient  remplacés  par  des  hommes  nouveaux  qui  ne  s'intéressaient 
guère  à  la  littérature  nationale.  Ses  dernières  années  semblent 
s'être  écoulées  dans  la  misère  et  l'abandon. 

Ses  œuvres  sont  variées  de  sujet  et  de  ton.  Instruit  dans  les  écoles 
irlandaises  du  genre  de  celle  qui  pouvait  encore  subsister  alors  sous 
la  protection  du  château  de  Killala  et  des  O'Donoghue,  pénétré  des 
anciennes  traditions  de  sa  race,  connaissant  les  généalogies  aussi 
bien  que  les  légendes  merveilleuses  du  haut  moyen-âge  irlandais, 
suffisamment  versé  dans  les  lettres  classiques  et  possédant  quelque 
connaissance  de  l'anglais,  O'Rahilly  nous  apparaît  comme  VoUaiiib 
le  plus  instruit  de  son  temps.  La  plupart  de  ses  pièces  sont  des 
élégies,  marhhna,  sur  la  mort  de  personnes  de  distinction.  Ce  genre 
cultivé  surtout  aux  xvi*"  et  xviF  siècles,  mais  dont  un  exemple  est 
déjà  cité  dans  le  Glossaire  de  Cormac  au  mot  gamh,  n'avait  pas 
tardé  à  devenir  quelque  peu  artificiel.  Une  élégie  comporte  un  cer- 
tain nombre  de  thèmes  banals  que  le  talent  du  poète  ne  suffit  pas 
toujours  à  renouveler  :  les  héros  de  l'épopée  irlandaise  sont  représen- 
tés comme  des  parents  du  défunt  ;  les  dieux  de  l'Olympe  païen  inter- 


Bibliographie.  1 29 

viennent  comme  des  fées  bienfaisantes  à  sa  naissance  pour  le  parer  de 
tous  les  dons  de  l'esprit  et  du  cœur;  plus  originale  est  l'intervention 
des  })uiâ  sidhe  (banshees)  qui  se  lamentent  à  la  mort  des  membres 
des  anciennes  familles  milcsiennes  et  dont  les  palais  sont  d'ordi- 
naire situés  sur  les  côtes,  au  milieu  de  rochers  dont  les  cavernes 
font  entendre  dans  les  tempêtes  des  mugissements  funèbres.  Le 
poète  rappelle  encore  les  amis  et  la  famille  du  mort,  le  deuil  de  la 
maison  déserte  où  le  pauvre  attend  en  vain  qu'on  lui  donne  le  mor- 
ceau de  pain  habituel.  Parmi  les  poésies  lyriques  de  O'Rahilly,  la 
plus  saisissante  est  Mac  an  cheannuidhe  (p.  12-16),  allégorie  où 
quelques  allusions  historiques  sont  obscures,  mais  dont  la  forme 
et  la  composition  sont  d'un  art  raffiné.  Les  satires  sont  précieuses 
pour  étudier  l'histoire  locale;  dépourvues  d'imagination  et  de  pas- 
sion mais  singulièrement  âpres  dans  leurs  attaques  contre  les  par- 
venus qui  s'enrichissent  aux  dépens  des  anciennes  familles  irlan- 
daises, elles  témoignent  du  souvenir  religieux  que  le  poète  gar- 
dait au  glorieux  passé  de  son  pays  et  de  sa  foi,  parmi  les  tristesses 
présentes,  à  un  avenir  meilleur. 

La  métrique  de  O'Rahilly  est  rarement  inspirée  des  modèles  clas- 
siques; l'allitération  y  est  peu  employée.  L'harmonie  des  voyelles 
toniques  y  est  recherchée  au  point  que  dans  les  élégies,  la  dernière 
voyelle  tonique  de  chaque  vers  est  identique  d'un  bout  à  l'autre 
de  la  pièce  et  que,  dans  les  poèmes  lyriques,  les  vers  de  chaque 
strophes  offrent  les  mêmes  voyelles  toniques. 

G.  DOTTIN. 

XIII 

Robert  Latouche.  Mélanges  d'histoire  de  Cornouaille  (^F^-XI^ siècles). 
125  pp.  Paris,  Champion,  191 1,  in-8°  (Bibl.  de  l'Éc.  des  Hautes- 
Études,  192°  fasc). 

M.  Latouche  auquel  on  doit  déjà  une  excellente  histoire  du  comté 
du  Maine  pendant  le  x^  et  le  xi^  siècles  nous  donne  maintenant  un 
ensemble  de  trois  importants  mémoires  relatifs  à  l'histoire  de  Cor- 
nouaille et  en  particulier  à  l'abbaye  de  Landevenec  :  il  étudie 
successivement  la  vie  de  Saint  Guénolé,  fondateur  de  l'Abbaye, 
puis  celle  de  Saint  Idunet,  enfin  le  cartulaire  de  l'abbaye.  On  retrou- 
vera dans  ces  dissertations,  issues  en  partie  des  conférences  de 
M.  Ferdinand  Lot  à  l'École  des  Hautes-Études,  la  clarté,  l'élégance 
et  la  solidité  qui  sont  la  marque  ordinaire  des  travaux  de 
M.  Latouche.  Son  travail    a  amené  l'auteur  à  refuser  toute  valeur 

Revue  Celtique,  XXXIU  9 


150  Bibliographie. 

historique  aux  deux  biographies  de  Saint  Guénolé,  compo- 
sées l'une  par  un  moine  de  Landevenec,  Clément,  après  857, 
l'autre  par  l'abbé  Gourdisten  entre  857  et  884.  Ni  l'un  ni 
l'autre  n'ont  eu  sous  les  yeux  de  texte  ancien.  Clément  a  uti- 
lisé Gildas,  développé  des  thèmes  hagiographiques,  et  inventé 
des  noms  de  personnages  à  l'aide  de  noms  de  lieux.  Gourdisten  a 
ajouté  quelques  renseignements  légendaires  sur  Grallon,  roi  de 
Cornouaille,  et  quelques  réflexions  édifiantes  ;  il  mentionne  de 
plus  un  privilège  accordé  en  818  à  Landevenec  par  Louis  le 
Débonnaire.  La  vie  de  Saint  Idunet  ne  renferme  rien  d'historique. 

Le  cartulaire  de  Landevenec  est  composé  de  48  pièces  dont  36 
sont  fausses.  Il  n'y  a  rien  à  en  tirer  pour  l'histoire  de  Cornou- 
aille qu'il  faut  nous  résigner  à  ignorer  à  peu  près  pour  cette 
période. 

On  pourra  peut-être  relever  dans  le  travail  de  M.  Latouche 
quelques  petites  lacunes  :  l'auteur  ne  nous  semble  pas  avoir  suffi- 
samment creusé  le  sens  juridique  du  mot  notice  :  il  confond  sous 
ce  nom  la  notice  qui  contient  le  nom  des  témoins  et  a  une  valeur 
juridique,  et  la  notice  proprement  historique.  Peut-être  aussi  la  pré- 
sence d'une  double  date  (charte  n°  XXIV  du  cartulaire)  n'est-elle 
pas  nécessairement  une  preuve  de  fausseté  :  la  première  date  étant 
celle  de  la  réalisation  de  la  donation,  la  deuxième  celle  de  la 
confection  de  l'instrument.  Enfin  le  mot  indolis  (quidam  vir 
indolis,  charte  n°  XL),  dont  M.  Latouche  n'a  pas  vu  le  sens, 
figure  dans  du  Cange  avec  le  sens  d'adolescent.  Mais  ce  sont  là  de 
petits  détails  qui  ne  diminuent  en  rien  le  mérite  du  travail  de 
M.  Latouche. 

Jean  Marx. 

XIV 

R.  Edexs.   Erec-Geraint .   Der    Chrétien'sche   Versroman    und   das 
wàlsche  Mabinogi.  Inaugural-Diss.  Rostock,  19 10. 

On  peut  adresser  tout  d'abord  à  M.  Edens  quelques  critiques 
concernant  la  base  de  son  étude.  Jusqu'à  présent  tous  ceux  qui  ont 
étudié  les  rapports  des  trois  romans  de  Chrétien  de  Troyes  et  des 
récits  gallois  correspondants  se  sont  limités  à  l'un  des  trois.  M.  E. 
s'est  malheureusement  conformé  à  l'usage  de  ses  devanciers.  Orune 
étude  de  ce  genre  ne  peut  aboutir  que  si  elle  porte  sur  l'ensemble 
des  trois.  Car  on  rapporte  de  l'étude  de  chacun  d'eux  certaines 
considérations   d'ordre  méthodologique  qui  sont  de  grand  profit 


Bibliographie.  1 3 1 

pour  l'étude  des  autres.  On  les  oublie  vite  en  se  bornant  à  un 
récit,  et  tout  est  à  recommencer. 

Ensuite,  M.  E.,  qui  ne  sait  pas  ie  gallois,  a  dû  se  servir  de  la 
traduction,  et  pour  des  recherches  aussi  délicates  il  n'est  rien  de  tel 
que  de  se  référer  à  l'original'.  Nous  en  verrons  plus  loin  un 
exemple,  p.  133. 

Enfin,  M.  E.  n'a  tenu  compte  que  d'un  seul  MS.  gallois,  le  Red 
Book;  il  ne  mentionne  même  pas  les  MSS.  Peniarth  4  et  6, 
publiés  par  M.  J.  G.  Evans  sous  le  titre  While  Book  Mahinogion  (cf. 
Rev.  Celt,  XXXI,  loé).  Or,  Miss  Mary  Williams  a  montré  le  parti 
qu'on  pouvait  tirer  de  ces  manuscrits  (Essai  sur  la  composition  du 
ronum gallois  de  Perediir,  Paris,  1910).  Voici  un  exemple  du  fait  pour 
Gereint.  Dans  le  MS.  Peu.  6  (W.  B.  M.,  p.  208),  ce  n'est  pas  «le 
fils  du  duc  de  Bourgogne  »  qui  donne  à  Gereint  un  conseil  banal 
concernant  son  gouvernement,  mais  «  le  fils  du  duc  »  tout  court. 
De  plus  son  nom  n'est  pas  Oudyaia  (K.  B.,  265,  267),  mais  Ondra 
(Pen.  6;  W.  B.  M.,  p.  208)  ou  Ondryaw  (Pen.  4;  W.  B.  M., 
p.  2oé).  Je  ne  prétends  pas  que  cette  leçon  soit  préférable;  en 
tout  cas,  il  y  avait  lieu  de  discuter  les  variantes. 

La  thèse  de  M.  E.  est  que  le  récit  gallois  (que  nous  désignerons 
ici  en  abrégé  par  M)  est  absolument  indépendant  du  roman  de 
Chrétien  (en  abrégé.  G)  et  que  les  deux  remontent  à  une  source 
commune.  Ses  arguments  sont  loin  d'être  convaincants,  et 
presque  à  chaque  page  on  trouve  des  fautes  de  méthode. 

Avant  d'exposer  ses  arguments,  M.  E.  soumet,  dans  un  long 
chapitre,  à  une  juste  critique  l'étude  de  M.  Othmer  (Dus  Verhàli- 
nis  von  Chrétiens  Erec  und  Enide  Tji  dem  Mabinogi  des  roteu  Bûches 
von  Hergest  «  Geraint  ab  Erbiii  »  Diss.  Bonn.  1889),  suivant  lequel 
M  ne  serait  qu'un  remaniement  de  G.  Sa  tâche  était  d'autant  plus 
facile  que  M.  Wilmotte,  tout  en  approuvant  les  conclusions  de 
M.  Othmer,  avait  ruiné  la  plus  grande  partie  de  ses  arguments. 
En  se  fondant  sur   des  impressions    arbitraires  et  souvent  fausses. 


I .  Q.uelle  que  soit  l'excellence  de  la  traduction  il  est  souvent  indispen- 
sable de  consulter  l'original  en  ce  qui  concerne  la  forme  des  mots  même. 
Ainsi,  dans  le  Peredur  gallois  M.  J.  Loth  traduit  par  «  seigneur  de  la  clai- 
rière »  (Mabinogion,  II,  5 1)  le  syherw y  llanerch,  qui  correspond  à  !'«  Orgueil- 
leux de  la  Lande  »  du  roman  de  Chrétien.  Syberw  est  emprunté  au  latin 
superbus  ;  ttanerch  est  très  proche  comme  sens  et  comme  son  du  mot  «  lande  ; 
on  voit  donc  que  les  deux  expressions  sont  beaucoup  plus  voisines  que  la 
traduction  ne  permet  d'en  juger. 


1^2  Bibliographie. 

M.  Othmer  s'efforçait  d'établir  que  la  version  de  C  est  «  plus 
belle  »  et  «  plus  logique  »  que  celle  de  M.  Il  en  concluait  que  M 
provient  de  C.  Mais  M..  E.  commet  la  même  erreur  de  méthode 
que  son  devancier,  en  soutenant  qu'en  de  nombreux  passages  M 
est  plus  clair  et  plus  logique,  et,  par  conséquent,  reproduit  mieux 
la  source  commune  que  C. 

La  plus  grande  partie  de  ses  remarques  portent  sur  le  fait  que 
tel  ou  tel  épisode  est  fort  bien  motivé  dans  M,  tandis  qu'il  ne 
Test  pas  du  tout  dans  C  et  y  devient  par  là  même  incompréhen- 
sible. Mais,  en  règle  générale,  la  version  non  motivée  n'est-elle 
pas  comparable  à  la  leclio  difficilior,  qu'il  serait  trop  facile  de  rejeter  ? 
Il  n'est  pas  d'aussi  médiocre  et  gauche  remanieur  (ce  qui  n'est  pas 
de  beaucoup  le  cas  de  l'auteur  de  M  !),  qui  ne  saurait  rendre  son 
modèle  dans  quelques  endroits  «  plus  clair  »  et  «  mieux  motivé  ». 
Si  l'on  admet  que  M  remonte  à  C,  on  comprend  aisément  la  rai- 
son pour  laquelle  le  narrateur  gallois  a  «  motivé  »  tant  d'épisodes 
qui  ne  l'étaient  pas  dans  Chrétien.  Pour  Chrétien  le  sujet  n'était 
qu'une  pure  féerie,  dont  il  se  proposait  de  tirer  tout  autre  chose 
qu'un  roman  historique.  Par  contre,  le  narrateur  gallois  a  dû  y  voir 
quelque  chose  d'authentique,  tiré  de  l'histoire  nationale.  Il  était 
donc  important  pour  lui  de  communiquer  au  récit  une  allure  natu- 
relle et  vraisemblable.  Il  ne  .  saurait  plus  être  question  d'un 
remaniement  décousu  («  planlos  »,  selon  M.  Othmer)  de  la  part 
de  l'auteur  gallois.  Ce  serait  méconnaître  le  vrai  mérite  de  son  art. 

D'ailleurs,  dans  bien  des  cas  où  M,  E.  prétend  que  C.  aurait 
omis  les  «  motifs  »  qui  se  trouvaient  dans  sa  source,  il  n'a  pas 
compris  le  poème  français.  Ainsi,  lorsqu'Erec,  tout  brisé  et  cou- 
vert de  blessures,  se  refuse,  dans  C,  à  se  rendre,  sur  les  instances 
de  Gauvain,  auprès  d'Arthur,  M.  E.  trouve  que  son  refus  est  incom- 
préhensible, tandis  que  dans  M  nous  en  avons  la  raison  :  c'est 
que  les  vêtements  d'Erec  sont  en  très  mauvais  état.  De  même, 
lorsque  Gauvain,  qui,  dans  C,  n'a  pas  reconnu  Erec,  annonce  à 
Arthur  qu'il  a  rencontré  «  le  meilleur  chevalier  »,  cela  est  incom- 
préhensible, tandis  que  dans  M,  où  Gwalchmei  a  reconnu  Geraint 
sur  le  coup,  tout  est  à  sa  place.  Il  faut  méconnaître  complètement 
les  idées  sur  la  chevalerie  dans  la  poésie  française,  pour  ne  pas 
voir  combien  la  version  de  C  est  claire  et  logique.  C'est  la  «  des- 
mesure »  d'Erec  qui  le  pousse  à  refuser  tout  secours  et  à  vouloir 
poursuivre  son  expédition  à  lui  seul.  C'est  le  fait  d'avoir  renversé 
Keu,  mais  surtout  l'état  d'Erec  et  son  attitude,  qui  produisent  une 
impression  si  profonde  sur  Gauvain.  L'explication  qu'on  trouve 
dans  M  est  au  moins  superflue  et  a  l'air  d'être  ajoutée  après  coup. 


Bibliographie.  153 

Il  y  a  autre  chose  aussi.  Lorsque  Gauvain  demande  à  Arthur  d'a- 
journer l'adjudication  du  prix  qu'aura  celui  qui  a  tué  le  c^  cerf 
blanc  »  jusqu'au  retour  d'Erec,  cela  n'aurait,  selon  M.  E.,  aucun 
sens  dans  C,  puisque  le  vainqueur  y  a  le  droit  d'embrasser  la  plus 
belle  dame,  et  rien  ne  fait  prévoir  qu'Erec  reviendra  avec  une 
belle  ;  d'autre  part,  la  version  de  M  serait  logique,  puisque  là  le 
vainqueur  a  le  droit  d'offrir  la  tête  du  cerf  «  à  sa  maîtresse  ou  à  son 
compagnon  »  :  ce  dernier,  donc,  pourrait  être  Geraint  lui-même, 
encore  qu'il  revienne  seul.  Malheureusement  cette  remarque  ne 
repose  que  sur  une  omission  fortuite  de  deux  mots  dans  la  traduction 
française  :  c'est  «  à  sa  maîtresse  ou  à  celle  de  son  compa- 
gnon »,  qu'on  lit  dans  le  texte  gallois  (R.  B.  I,  p.  24e,  8). 

Pour  prouver  que  C  a  mal  interprété  sa  source  (qui  était  pour- 
tant française  !)  M.  E.  n'hésite  pas  à  lui  prêter  non  pas  de  légères 
inconséquences,  mais  les  incohérences  les  plus  énormes.  S'il  avait 
raison,  ce  n'est  plus  la  «  génialité  »  de  Chrétien  qui  serait  com- 
promise, mais  son  bon  sens  élémentaire.  Combien  est  absurde,  dit 
M.  E.,  de  désigner  la  chasse  au  cerf  blanc  comme  une  «  coutume  », 
comme  si  un  cerf  blanc  se  présentait  toutes  les  fois  qu'on  en  a 
besoin  !  Mais  ce  n'est  pas  du  tout  en  cela  que  consiste  la  coutume  : 
elle  consiste  en  ce  que  celui  qui  aura  la  chance  de  tuer  un  cerf 
blanc  à  la  chasse  pourra  réclamer  le  baiser  de  la  plus  belle  dame. 

Autre  exemple.  Quelle  était  la  raison  de  toute  l'expédition 
d'Erec,  où  il  emmène  Enide  avec  lui  ?  Selon  M.  E.,  dans  la  source 
de  C  c'était  la  jalousie.  C  l'aurait  reproduite  (dans  une  bonne  leçon 
qui  est  perdue  pour  nous  '),  mais  n'aurait  pas  compris  son  carac- 


I.  C'est  une  application  des  plus  maladroites  du  principe  indique  par 
M.  Fôrster  (v.  la  préface  de  son  édition  de  Lancelot,  1899,  p.  cxxxiv  s. 
et  celle  de  la  petite  éd.  d'Erec,  1909,  p.  xxv).  Il  a  constaté  que  la  version 
de  Hartmann  von  Aue  (H)  et  celle  de  Saga  (S),  qui  remontent  sûrement 
à  C,  sont  plusieurs  fois  d'accord  contre  la  version  de  C  telle  qu'elle  nous 
est  conservée.  On  l'expliquera  facilement  en  supposant  que  ces  divergences, 
qui  peuvent  se  résumer  en  peu  de  lignes,  proviennent  d'un  texte  de  C 
quelque  peu  différent  du  nôtre  qui  fut  à  la  base  de  H  et  de  S.  Il  en  serait 
de  même  pour  les  cas  où  M.  et  H.  sont  d'accord  contre  C.  M.  E.  l'admet 
et  s'engage  à  ne  pas  insister  sur  les  divergences,  où  M  -|-  H  ou  H  +  S 
coïncident  contre  C.  Cela  ne  l'empêche  pas  de  conclure  à  une  autre  source 
que  C  dans  un  cas  (à  savoir,  qu'Erec  dédaigne  de  se  venger  sur  le  nain  qui 
lui  porta  injure,  cela  étant  indigne  d'un  chevalier^  —  pensée  qui  ne  se 
retrouve  pas  dans  C),  où  M  coïncide  avec  le  roman  français  en  prose  (P). 
Il  se  contente  de  constater  que  «  merkwùrdigerweise  »  P  coïncide  avec  M 
(p.    274,    n.    i),    et   l'idée  ne  lui  vient  pas  que  le  principe    indiqué    par 


1 34  Bibliographie. 

tère  «  prépondérant  »,  de  sorte  qu'il  a  pu  dire  en  plusieurs  endroits 
(Érec,  V.  3504,  3767  ss.,  3812)  qu'Erec  n'était  nullement  jaloux. 
C'est  le  copiste  du  MS.  ayant  servi  de  base  à  tous  ceux  qui  nous 
sont  parvenus  qui  s'est  aperçu  de  la  contradiction  et  qui  prit  soin, 
pour  la  faire  disparaître,  de  biffer  le  passage  sur  la  jalousie.  Heu- 
reusement il  s'est  trouvé  un  scribe  plus  intelligent  que  Chrétien  ! 
Ce  n'est  pas  en  traitant  ainsi  le  poète  français  que  M.  E.  pourra 
nous  convaincre.  Il  est  vrai  qu'il  essaye  d'atténuer  en  quelque  sorte 
la  faute  de  Chrétien  :  plusieurs  contre-sens  se  seraient  déjà  trouvés 
dans  la  source  directe  de  C,  par  l'intermédiaire  de  laquelle  il 
remonte  à  la  source  première.  Mais  cette  supposition,  qui  ne  peut 
pas  disculper  C  des  absurdités  citées,  ne  fait  qu'augmenter  l'in- 
vraisemblable du  système  de  M.  E.,  comme  on  va  le  voir  plus 
loin. 

M.  E.  insiste  beaucoup  sur  les  divergences  entre  C  et  M.  Il  n'y 
a,  dit-il,  que  4  °/o  de  l'œuvre  qui  soient  textuellement  identiques 
dans  M  et  C  (statistique  étrange  et  fantaisiste,  mais  admettons-la, 
puisque  M.  E.  le  veut).  N'est-ce  pas  déjà  beaucoup,  si  on  y  ajoute 
l'étroite  correspondance  de  toute  la  trame  du  récit  ?  Cependant, 
M.  E.  a  oublié  une  chose  :  si  M  et  C  remontent  à  une  source  com- 
mune, il  faut  qu'ils  aient  reproduit  textuellement  chacun  les  20  % 
de  cette  dernière  pour  aboutir  à  avoir  4  °/c  de  commun  entre 
eux  deux  (puisque  les  coïncidences  portent  sur  des  endroits  diffé- 
rents et  sur  des  détails  tout  à  fait  secondaires).  Et,  s'ils  n'y 
remontent  pas  directement,  mais  par  l'intermédiaire  des  autres 
formes,  ces  20  %  deviennent  50  °'o  ou  même  davantage.  Ce  n'est 
plus  le  «  génie  »  de  Chrétien,  c'est  le  talent  de  l'auteur  gallois 
qui  est  en  jeu.  Conteur  intelligent  et  fin  qu'il  est,  on  admettra  plus 

M.  Fôrster  pour  les  cas  de  M  +  H  ou  H  +  S  porte  aussi  bien,  sinon 
mieux,  sur  le  cas  de  M  -}-  P,  puisque  personne  jusqu'à  présent,  ni  M.  E« 
lui-même,  ne  s'est  encore  hasardé  à  supposer  que  P  remonte  à  une  autre 
source  que  C.  De  même,  M.  E.  ne  croit  pas  possible  que  M.  ait  eu  pour 
base  un  MS.  de  C  légèrement  divergent  des  nôtres,  sans  que  ces  diver- 
gences soient  forcément  attestées  par  une  autre  version  quelconque.  Tout 
cela  n'est  dit,  d'ailleurs,  que  pour  prouver  combien  tout  ce  qui  touche  à  la 
méthode  est  faible  dans  le  travail  de  M.  E.  Ce  qui  est  plus  important  —  et 
M.  Fôrster  l'a  dit  le  premier  —  c'est  qu'il  ne  faut  pas  abuser  de  ce  prin- 
cipe. En  effet,  la  coïncidence  des  traits  insignifiants  dans  les  différentes 
versions  d'un  même  récit  peut  et  doit  se  produire  quelquefois  de  façon  for- 
tuite. (C'est  ainsi,  je  crois,  que  dans  l'exemple  cité  P  et  M  ont  introduit  un 
trait  nouveau  commun  indépendamment  l'un  de  l'autre.)  II  faudra  toujours 
en  tenir  compte  dans  les  études  de  ce  genre. 


Bibliographie.  r  3  5 

volontiers  qu'il  ait   copié  les  4  %  de  C  que  les  50  %  d'un  roman 
anglo-normand  ou  latin. 

La  seule  partie  importante  du  travail  de  M.  Othmer  est  d'avoir 
établi  les  coïncidences  textuelles,  et  c'est  précisément  cela  qui  lui 
a  valu  l'adhésion  (partielle)  de  G.  Paris.  Comment  les  expliquer  ? 
M.  E.  invoque  le  fait  (et  il  s'appuie  sur  l'autorité  de  Miss  J.  Wes- 
ton,  dont  il  cite  un  long  passage  :  «  The  Legend  of  Sir  Lancelot  »,  p. 
61)  que  les  conteurs  professionnels  récitaient  des  histoires  apprises 
par  cœur,  en  s'y  défendant  de  changer  un  seul  mot.  Le  fait  est 
connu  ;  pourtant  il  ne  se  produit  que  dans  des  conditions  détermi- 
nées :  il  faut  que  le  récit  ait  quelque  chose  de  profondément  tradi- 
tionnel, qu'il  soit  quelque  chose  de  sacré.  C'était  bien  le  cas  des 
«  Quatre  branches  du  Mabinogi  »,  peut-être  aussi  de  Kiilhwch  et 
Olwen,  mais  non  pas  de  nos  trois  contes  arthuriens  (v.  p.  ck.  la 
distinction  établie  par  M.  J.  Loth,  Rev.  Cclt.,  XXXII,  p.  422).  En 
plus,  ce  qui  irait  très  bien  pour  les  conteurs  gallois  n'est  guère 
admissible  pour  les  conteurs  anglo-normands  ou  français.  D'autre 
part,  après  les  études  si  instructives  de  M.  Bédier  sur  les  diffé- 
rentes versions  du  roman  de  Tristan  et  surtout  sur  les  chansons 
de  geste,  on  sait  combien  il  serait  hasardeux  de  vouloir  rechercher 
une  source  précise  ou  un  modèle  pour  chaque  trait  particulier, 
et  de  refuser  toute  création  individuelle  à  un  remanieur  doué  de 
sens  artistique.  Et  il  ressort  de  plus  en  plus  clairement  que  l'auteur 
gallois  a  été  un  véritable  artiste. 

Pour  être  complet,  il  faut  dire  deux  mots  sur  quelques  passages 
où  M.  E.  croit  que  M  reproduit  mieux  que  C  quelques  données 
mythologiques  traditionnelles.  Il  n'y  a  rien  à  en  tirer.  En  ce  qui 
concerne  Morgue  :  Morgan  tut  (  Morgant  tut  une  fois  dans  Pen.  é), 
on  aura  de  la  peine  à  admettre  l'explication  de  certum  per  incertum 
et  Morgan  tut,  qu'elle  qu'en  soit  Tint  erprétation,  reste  jusqu'à 
présent  un  incertum  pour  nous.  Quant  à  quelques  traits  de  l'épi- 
sode de  la  Joie  de  la  cour,  qui  seraient  plus  authentiques  dans  M, 
rien  n'est  moms  sûr.  Je  passe  toute  la  discussion  de  M.  E.  sur  les 
noms  propres  et  la  géographie  de  notre  récit,  11  ne  fait  que  citer 
des  travaux  bien  connus  sans  apporter  une  seule  remarque  nouvelle. 
On  sait  que  les  recherches  ingénieuses  de  MM.  F.  Lot,  J.  Loth, 
Zimmer  et  Brugger  n'ont  pas  abouti  à  des  conclusions  absolument 
convaincantes,  et  on  n'apprend  rien  du  relevé  qu'en  fait  M.  E. 
Toujours  est-il  à  remarquer,  que  du  fait  que  la  géographie  est 
mieux  coordonnée  dans  M  il  ne  s'en  suit  nullement  que  sa  version 
soit  plus  primitive. 

Pour  M.  E.  il  est  hors  de  doute  que  la  source  de  C  u'était  pas 


136  Bibliographie. 

dans  les  recils  séparés,  comme  celui  de  l'épervier  ou  de  la  «  Joie 
de  la  cour  «,  mais  dans  un  récit  suivi  comprenant  tout  l'ensemble 
du  roman.  Il  en  voit  la  confirmation  dans  le  passage  du  début 
d'Erec,  où  le  poète  se  plaint  des  conteurs  professionnels  qui  «  depe- 
cier  et  corrompre  suelent  »  (v.  21)  le  beau  conte  qu'il  va  traiter  : 
il  aurait  donc  existé  un  récit  d'ensemble,  que  les  conteurs  se  plai- 
saient à  dépecer,  pour  en  tirer  les  épisodes  séparés.  Sans  insister 
sur  la  valeur  (bien  médiocre)  de  ces  lieux  communs  du  début,  et 
sans  recourir  à  l'hypothèse  plus  ingénieuse  que  vraisemblable 
de  M.  Cohn  qui  voit  dans  ce  passage  une  interpolation  \  il  suffi- 
rait d'observer  que  le  v.  fr.  depecier  —  et  M.  E  semble  l'ignorer  — 
peut  avoir  tout  simplement  le  sens  de  «  gâter,  gâcher  ».  D'autre 
part,  si  l'on  voulait  insister,  d'accord  avec  M.  E.,  sur  le  sens  essen- 
tiellement moderne  du  mot,  n'en  ressortirait-il  pas  plutôt  que  le 
poète  n'a  connu  que  des  récits  épisodiques,  qu'il  aurait  refondus 
dans  un  récit  d'ensemble  pour  constituer  son  roman  ? 

Tout  à  la  fin  de  son  étude  M.  E.  expose  sa  doctrine  sur  la  généa- 
loc'ie  de  notre  récit  ;  elle  est  aussi  embrouillée  qu'invraisemblable. 
La  source  commune  et  première  serait  un  X  (xM.  E.  ne  nous  dit 
pas  si  c'était  un  poème  ou  autre  chose),  en  tout  cas  d'origine  insu- 
laire, qui  aurait  été  composé  dans  l'une  des  quatre  langues  sui- 
vantes :  anglonormand,  français,  anglais  ou  latin  (probablement 
en  cette  dernière,  si  J'ai  bien  compris),  et  qui  aurait  contenu 
quelques  épisodes  d'origine  celtique.  On  voit  que  la  thèse  de  la 
«  celticité  »  du  récit  y  perd  plutôt  qu'elle  n'y  gagne  !  Cet  X  serait 
parvenu,  après  avoir  revêtu  plusieurs  formes  intermédiaires,  à  M 
sous  la  forme  d'un  conte  oral,  à  C  sous  une  forme  écrite,  un  con- 
teur ayant  transcrit  son  conte  pour  le  mieux  retenir.  M.  E.  ne 
semble  pas  s'apercevoir  qu'il  arrive  par-là  à  n'admettre  rien  de 
moins  que  l'existence  de  romans  arthuriens  en  prose  française  au 
beau  milieu  du  xiF  s.  !  On  pourrait  diiîicilement  imaginer  quelque 
chose  de  plus  confus  et  de  plus  invraisemblable. 

La  lecture  du  travail  de  M.  E.  est  très  instructive.  Elle  suggère 
plus  d'une  observation  d'ordre  général  sur  la  méthode  à  suivre  dans 
cet  ordre  de  recherches.  L'enseignement  qu'on  en  rapporte  pourrait 
être  appliqué  avec  profit  à  bien^d'autres  cas.  D'autre  part  il  en  res- 
sort clairement,  combien  serait  utile  une  étude  sur  l'ensemble  des 
trois  récits  gallois  en  question,  où  l'on  tâcherait  de  rechercher  si 

I.  Zeitschrift  f.  frani.  Spr.  11.  Lit.,  XXXVIII  (191 1),  1/3-  Selon  M.  Cohn 
c'est  contre  les  remanieurs  du  roman  même  de  Chrétien  que  l'interpolateur 
proteste. 


Bibliographie.  137 

les  trois  récits  remontent  à  des  auteurs  différents,  et,  en  ce  cas, 
quels  sont  les  procédés  de  composition  et  l'art  personnel  de  cha- 
cun d'eux,  et  si  l'un  d'eux  n'a  connu  l'œuvre  de  l'autre  et  n'a  subi 
son  influence.  Ce  serait  la  meilleure  façon  de  rendre  justice  à  l'ori- 
ginalité artistique  des  récits  gallois. 

A.  Smirnov. 


CHRONIQUE 


Sommaire.  —  I.  Élection  de  M.  P.  Fournicr  à  l'Académie  des  Inscrip- 
tions. —  II.  Élection  de  M.  Déchelette  comme  correspondant  de  l'Insti- 
tut. —  III.  Acquisition  de  la  bibliothèque  de  Stern  par  l'Univer- 
sité de  Berlin.  —  IV.  Un  cours  de  celtique  à  l'Université  de  Chi- 
cago. —  V.  Découverte  de  gloses  irlandaises.  —  VI.  Altceltischer 
Sprachschatz,  20^  livraison.  —  VII.  Les  Deae  Maires  dans  l'Encyclopae- 
dia  of  Religion  and  Ethics.  —  VIII.  Suite  de  la  collection  des  Vies  de 
saints  bretons.  —  IX.  Un  manuel  du  moyen-irlandais  par  M.  Dottin.  — 
X.  Un  nouveau  périodique  consacré  à  l'irlandais  moderne. 

I 

Dans  sa  séance  du  10  novembre  191 1,  rAcadémie  des  Inscrip- 
tions et  Belles-Lettres  a  élu  membre  libre  M.  Paul  Fournier,  doyen 
de  la  faculté  de  Droit  de  l'Université  de  Grenoble.  Dans  ses  études 
sur  les  recueils  canoniques,  M.  P.  Fournier  a  touché  au  droit 
irlandais  et  il  a  notamment  donné  à  la  Revue  Celtigiie  (t.  XXX, 
p.  221  et  suiv.)  un  intéressant  article  sur  le  Liber  ex  lege  Moysi,  où 
il  fait  ressortir  les  tendances  bibliques  des  canonistes  irlandais. 

II 

Dans  sa  séance  du  22  décembre  191 1,  l'Académie  des  Inscrip- 
tions et  Belles-Lettres  a  élu  correspondant  national  M.  Joseph 
Déchelette,  conservateur  du  musée  de  Roanne,  auquel  nous  devons 
les  deux  volumes  du   Manuel  d'archéologie  préhistorique,  celtique 

gallo-romaine  (v.  ci-dessus,  tome  XXXII,  p.  543). 


et 


III 

On  nous  annonce  que  la  bibliothèque  celtique  du  regretté  Lud- 
wig-Christian  Stern  vient  d'être  pour   la  plus  grande  part  acquise 


Chronique.  139 

par  rindogermanisches  Scminar  de  l'Université  de  Berlin,  où  elle 
servira  aux  élèves  de  notre  savant  collaborateur,  le  Professeur  Kuno 
Meyer. 

IV 

Nous  apprenons  que  l'Université  de  Chicago  organise,  pour  le 
trimestre  d'été  de  191 2,  un  cours  de  langues  et  littératures  cel- 
tiques. C'est  M.  Edward  G.  Cox  qui  est  chargé  de  ce  cours.  La 
Revue  Celtique  a  signalé  l'an  dernier  les  débuts  comme  celtiste  de 
M.  Edward  G.  Cox  (v.  t.  XXXII,  p.  222). 

V 

Dans  son  numéro  du  28  février  1912,  le  journal  The  Irish  Times 
publie  une  lettre  de  M.  Mario  Esposito,  où  le  jeune  érudit  annonce 
une  intéressante  nouvelle.  En  étudiant  le  manuscrit  C.  1.8  de  la 
Bibliothèque  de  Trinity  Collège  de  Dublin,  manuscrit  copié  au 
xiii=  siècle,  il  y  a  découvert,  cousu  sur  le  dernier  feuillet,  un  frag- 
ment de  parchemin  contenant  un  texte  latin  avec  des  gloses  mar- 
ginales et  interlinéaires.  Parmi  les  gloses,  quelques-unes  lui 
semblent  écrites  en  irlandais.  Comme  l'écriture  du  parchemin 
remonte  au  moins  au  ix*^  siècle,  ce  serait  une  nouvelle  addition  à  la 
littérature  du  vieil-irlandais.  Le  manuscrit  C.  i.  8  a  certainement 
passé  en  des  mains  irlandaises  ;  on  y  lit  une  phrase  en  irlandais  à 
la  marge  inférieure  du  folio  39. 

Nous  espérons  que  l'un  des  celtistes  de  Dublin  nous  renseignera 
bientôt  sur  la  valeur  de  cette  découverte. 

VI 

La  20<^  livraison  de  V Aitceliischer  Spmcbschati  de  M.  Holder 
comprend  les  colonnes  760-1024  du  tome  III,  qui  est,  comme  l'on 
sait,  un  supplément  aux  deux  premiers.  Elle  va  du  mot  Avedo  au 
mot  Cahillonensis.  Nous  y  relevons  les  remarques  suivantes. 

Col.  780,  sous  le  mot  auotis,  il  fallait  citer,  outre  Whitley  Stokes 
(K.  Z.,  XL,  244  anm.  2),  d'Arbois  de  Jubainville  (^Recueil  de 
Mémoires  publié  par  la  Société  des  A)itiqiiaires  de  France,  Paris,  1903), 
d'après  lequel  avotis  serait  un  nom  d'agent,  «  celui  qui  fait  faire  ». 
—  Col.  820,  sur  *becos,  voir  Meillet,  Mcm.  Soc.  Lingu.,  XIV, 
476.  —  Col.  833,  la  forme  belion  «  feuille  »  du  Pseudo-Apulée, 
fournit  le  prototype  du  gaélique  d'Ecosse  bile   (v.    Macbain,  A)i 


140  Chronique. 

Étyni .  Dici.,  2«éd.,  p.  36,  et  Wh.  Stokes,  Urk.  Sprachch.,p.  174). 
—  Col.  852,  le  nom  de  la  montagne  Berigieina  en  Ligurie  est 
ingénieusement  interprété  comme  «  porte-neige  ».  Ce  serait  l'équi- 
valent pour  le  sens  de  skr.  himâlayah  «  séjour  de  la  neige»,  et  cela 
déjà  peut  faire  naître  des  doutes,  car  les  montagnes  de  Ligurie  ne 
sont  pas  caractérisées  par  des  neiges  éternelles.  Mais  il  y  a  une 
autre  difficulté  à  cette  étymologie.  Le  composé  Beri-giema  serait  un 
exemplaire  unique  en  celtique  du  type  skr.  trasâdasyuh  «  qui  fait 
trembler  l'ennemi  »,  gr.  éXétio/'.ç  %c/i7.xA.(j:,  ou  3ax£Ôu(jioç,  lat. 
Verticordia  ou  poscinummius  (cf.  Pedersen,  Vg}.  Gr.,  II,  3).  N'est- 
il  pas  plus  simple  de  voir  dans  ce  mot,  comme  le  faisait  jadis 
M.  Holder  lui-même  (t.  I,  col.  403),  une  forme  altérée  de  Berg- 
{Berga,  Bergimus,  Bergomoii,  Bcrgusia)  ? 

VII; 

Le  quatrième  volume  de  \'E)icvclopaedia  of  Religion  and  Elhics, 
edited  by  James  Hastings,  vient  de  paraître  (Edinburgh,  T.  and 
T.  Clark,  191 1);  il  va  du  mot  confirmation  ^n  mot  Drania. 

On  y  trouve  p.  406-41 1  un  substantiel  article  de  M.  F.-N.  Robin- 
son,  consacré  aux  Deae  Maires.  Le  savant  professeur  expose  suc- 
cinctement, et  avec  sa  clarté  habituelle,  l'essentiel  des  questions 
qui  se  rapportent  au  nom  de  ces  déesses  (^Maires,  Matrae,  Mahv- 
nae,  Matrônaé),  à  l'extension  géographique,  l'origine  et  les  survi- 
vances de  leur  culte,  à  leurs  fonctions  et  leurs  attributs,  à  leur 
groupement  en  triades.  Le  texte  est  accompagné  d'abondantes  réfé- 
rences données  en  notes  au  bas  des  pages. 

P.  410,  en  mentionnant  le  culte  des  «  Trois  Maries  »,  qui  semble 
avoir  succédé  en  plusieurs  endroits  au  culte  des  «  Matres  »,  l'auteur 
ne  dit  rien  des  «  Trois  Maries  »  de  Provence,  les  «  Saintes^ 
Maries  »,  qui  sont  aujourd'hui  encore  l'objet  d'un  pèlerinage.  — 
P.  409,  il  n'est  pas  exact  de  parler  d'une  racine  celtique  siil  dans 
l'irlandais  sûil  «  œil  »  ;  ce  mot  passe  avec  raison  pour  le  nom 
ancien  du  «  soleil  »  (Wh.  Stokes,  Urh.  Spr.,  292),  qui  aurait  rem- 
placé en  irlandais  l'ancien  nom  de  !'«  œil  »  tombé  en  interdit  (v. 
Meillet,  Quelques  hypothèses  sur  des  interdictions  de  vocabulaire  dans 
les  langues  indo-européennes,  Paris,  1906,  p.  16). 

VIII 

L'Honourable  Society  of  Cymmrodorion  (New  Stone  Buildings, 
64  Chancery  Lane,    London)  vient  de  publier  à  la  fin  de  19 11   le 


Chronique.  14 1 

volume  III  de  The  Lives  of  Ihe  Bril'ish  Saints  de  MM.  S.  Baring- 
Gould  et  John  Fisher.  Ce  volume,  qui  a  509  pages  8°,  comprend 
les  vies  des  saints,  par  ordre  alphabétique,  de  saint  Faustus  à  saint 
Mynno  inclus. 

Les  deux  premiers  volumes,  datés  de  1907  et  1908,  traitaient 
respectivement  de  saint  Aaron  à  saint  Byrnach,  et  de  saint  Cadell 
à  saint  Ewryd.  L'ouvrage  sera  complet  en  quatre  volumes. 

IX 

La  librairie  Champion  annonce  la  publication  prochaine  d'un 
manuel  de  l'irlandais  moyen,  comprenant  une  grammaire  et  un 
choix  de  textes,  dû  à  notre  collaborateur,  M.  G.  Dottin.  La  gram- 
maire est  déjà,  nous  dit-on,  en  grande  partie  imprimée. 

X 

Nous  recevons  l'annonce  d'un  nouveau  périodique  :  Gadelica, 
A  Journal  of  Moderu-lrish  studies,  publié  à  Dublin  chez  Hodges, 
Figgis  and  C°,  sous  la  direction  de  M.  Thomas  F.  O'Rahilly.  Ce 
journal  paraîtra  en  cahiers  trimestriels  au  prix  annuel  de  6  s.  éd.; 
le  premier  numéro  en  est  annoncé  pour  le  mois  de  mars  1912.  En 
ce  qui  concerne  l'objet  qu'il  se  propose,  nous  ne  pouvons  mieux 
faire  que  de  reproduire  les  termes  mêmes  du  prospectus  : 

«  The  need  ofa  scholarly  journal,  devoted  exclusively  to  studies 
and  researches  in  the  field  of  Modem  Irish,  has  been  keenly  felt 
for  many  years.  The  aim  of  Gadelica  will  be  to  do  for  Modem 
Irish  what  has  been,  and  is  being,  done  so  successfully  for  the 
older  forms  of  the  language  by  such  periodicals  as  Eriu,  the  Zeif- 
schrift  fur  Cdtiscbe  Philolooic,  and  the  Revue  Celtique.  Hitherto, 
owing  to  the  want  ofa  suitable  publishing  médium,  there  has  been 
no  encouragement  for  students  of  Irish  to  pursue  much-needed 
investigations  into  the  lang-uage  and  literature  of  modem  times. 

«  The  cxtant  literary  output  of  Modem  Irish  (say,  from  léooto 
1850)  is  immense,  and  exceeds  many  times  over  that  of  Middle 
and  Old  Irish.  But  only  a  mère  fraction  of  it  has  as  yet  seen  the 
light,  and  the  greater  portion  is  still  buried  in  MSS.,  unknown  to 
ail,  save  to  a  very  few  students,  and  only  partially  known  even  to 
thèse.  In  the  Royal  Irish  Academy  alone  there  are  considerably 
more  than  i.ooo  Modem  Irish  manuscripts;  while  in  Maynooth 
Collège,  Trinity  Collège,  and  the  British  Muséum  there  are  other 


Î42  Chronique. 

large  and  important  collections.  It  will  thus  be  seen  howvast  isthe 
field  from  which  Gadelica  will  glean.  Not  until  years  of  patient 
labour  bave  been  devoted  to  gathering  this  harvest,  will  it  be  pos- 
sible to  Write  the  history  of  Modem  Irish  literature.  Furthermore, 
for  the  proper  cultivation  of  the  living  Irish  speech  of  to-day  the 
publication  and  study  of  our  modem  MS.  literature  is  indispen- 
sable, inasmuch  as  it  will  not  only  show  how  far  the  language  has 
already  adapted  itself  to  modem  requirements,  but  it  will  also 
make  clear,  as  nothingelse  can,  its  innaie  tendencies  and  potentia- 
lities,  and  thus  guide  us  as  to  the  lines  on  which  its  future  deve- 
lopment  should  proceed.  Finally  thèse  MS.  remains  will  throw  a 
new  and  valuable  light  on  modem  Irish  history,  and  particularly 
on  that  of  the  eighteenth  century  ;  for  it  is  in  this  buried  literature, 
and  not  in  English  State  Papers  or  parliamentary  reports,  that  the 
mind  ofthe  historic  Irish  nation  is  mirrored,  and  their  hopes  and 
feelings  and  aspirations  faithfully  recorded.  In  short,  Gadelica 
will,  by  concentrating  its  efforts  on  exploring  the  hitherto  neglec- 
ted  MSS.  ofthe  last  three  centuries,  make  spécial  appeal  to  that 
numerous  class  who,  not  unnaturally,  fell  a  more  lively  and  sym- 
pathetic  interest  in  the  language  and  literature  of  their  own  or 
récent  times,  than  they  would  in  those  of  a  too  remote  and  unfa- 
miliar  past. 

«  In  addition  to  publishing  ((/)  Modem  Irish  Texts.  both  prose 
and  verse,  from  MSS.,  accompanied  by  introductions,  notes  and 
(when  suchis  considered  necessary)  English  translations,  Gadelica 
will  publish  : 

(Jy)  Original  contributions  dealing  with  the  Modem  Irish  Lan- 
guage, or  with  its  Literature,  including  such  subjects  as  dia- 
lects,  grammar,  idiom,  etvmology,  metrics,  biography,  biblio- 
graphv,  and  topography . 

(f)  Folk-Songs,  Folk-tales,  and  such  like  matter,  taken  down 
from  oral  narration;  and  studies  upon  thèse. 

(rf)  Reviews  and  Notices  of  books  and  periodicals  in,  or  concer- 
ned  with,  Modem  Irish. 

«  It  is  also  hoped  to  publish  from  time  to  time  Catalogues  of 
small  collections  of  modem  MSS.,  whether  in  public  or  semi- 
public  libraries,  or  in  private  hands  ». 

Nous  souhaitons  bonne  chance  à  M.  O'Rahilly  pour  la  réalisa- 
tion de  ce  beau  programme. 

J.  Vendryes. 


PÉRIODIQUES 


Sommaire.  —  I.  Proceedings  of  the  Prehistoric  Society  of  East  Anglia.  — 
II.  Journal  of  the  RoyalSociety  of  Antiquariesof  Ireland.  — III.  Mannus. 
—  IV.  Praehistorische  Zeitschrift.  —  V.  Bulletin  de  la  Société  archéolo- 
gique du  Finistère.  — VI.  Revue  Numismatique.  —  VII.  Revue  des  Etudes 
anciennes.  —  VIII.  Annales  de  Bretagne.  —  IX.  Hermathena.  —  X. 
The  Journal  of  the  Welsh  Bibliographical  Society.  —  XI.  Journal  of  the 
Folk-Song  Society.  —  XII.  Mémoires  delà  Société  de  Linguistique.  — 
XIII.  Indogermanische  Forschungen.  —  XIV.  Remania.  —  XV.  Revue 
des  traditions  populaires.  —  XVI.  Folk-lore.  —  XVII.  Analecta  Bollan- 
diana. 

I 

Une  nouvelle  société  préhistorique  s'est  fondée  en  Angleterre 
et  commence  la  publication  d'un  nouveau  périodique,  les  Procee- 
DiNGS  OF  THE  Prehistoric  Society  ofEast  Anglia  (I,  191 1,  année 
1908-9611909-10).  Le  premier  fascicule  débute  par  une  allocu- 
tion du  président,  le  D''  W.  Allen  Sturge,  qui  trace  à  grands  traits 
un  tableau  des  études  préhistoriques  et  déplore,  non  sans  apparence 
de  raison,  le  peu  de  progrès  qu'elles  ont  fait  en  Angleterre.  Nous 
souhaitons  à  la  nouvelle  société  d'y  remédier  efficacement.  Sans 
doute  elle  a  des  préoccupations  qui  ne  sont  pas  les  nôtres.  Néan- 
moins nous  ne  doutons  pas  qu'un  jour  le  progrés  de  ses  recherches 
ne  l'amène  à  s'occuper  des  Celtes.  Salut  donc  et  bon  succès  aux 
préhistoriens  de  Norwich. 

Commençant  à  l'origine  de  l'homme,  ils  se  sont  d'abord  occupés 
d'éolithes.  M.J.Reid  Moir,  sous  le  titre  de  Flint  Implements  of  the 
Sub-crag  man,  p.  17,  traite  d'éolithes  ou  de  pré-paléolithes  (le  mot 
ne  fait  rien  à  l'affaire),  trouvés  près  d'Ipswich,  qu'une  commission 
a,  après  lui,  examinés  de  fort  près.  Le  D""  W.  Allen  Sturge  apporte 
une  intéressante  contribution  à  \zChro)iology  of  the  Stoneage,  43  sqq. 
Il  signale  à  l'attention  de  ses  lecteurs  les  stries  qui  raient  la 
surface  d'une  notable  quantité  d'outils  néolithiques.  Ces  stries  sont 


t44  Périodiques. 

des  stries  glaciaires  pour  l'auteur.  Les  outils  néolithiques  ont  donc 
été  recouverts  par  les  glaces.  De  quand  datent-ils  donc  ?  Q.ue  le 
début  du  néolithique  ait  été  contemporain  des  dernières  oscillations 
stadiaires  des  grands  glaciers,  c'est  une  idée  qui  nous  est  déjà  très 
familière.  Que  celles-ci  datent  de  200000  ans,  à  d'autres  de  le  con- 
firmer. Les  géologues  nous  diront  quelque  jour  leur  dernier  mot  sur 
les  dernières  conquêtes  des  glaciers.  11  taudra  l'attendre  pour  juger 
de  l'explication  proposéepar  M.  Sturge.  —  Lt.  colonel  W.  Under- 
wood,  Animistic f omis  in  certain  flints,  showiug  huniaii  luork,  p.  loé  : 
ceci  sort  tout  à  fait  de  notre  compétence. 

II 

Le  Journal  of  the  royal  Society  of  Antiquaries  of  Ireland, 
juin  et  septembre  191 1,  nous  apporte  d'intéressantes  discussions 
sur  la  date,  l'origine,  la  nature  des  buttes  et  des  remparts  de  terre 
de  tormes  diverses  qui  parsèment  l'Irlande.  M.  H.  T.  Knox 
traite  de  ceux  qui  portent  le  nom  de  Croghans  dans  le  mémoire 
intitulé  :  The  croghaus  and  some  Connacht  raths  and  motes.  Les  crog- 
hans  sont  essentiellement  des  buttes  et  leur  nom,  sous  les  diffé- 
rentes formes  qu'il  affecte  en  Irlandais  désigne  bien  des  buttes 
de  terre,  mais  a-t-il  un  sens  plus  spécial  ?  Ces  buttes  plus  ou  moins 
fortifiées,  quelque  nom  qu'elles  portent,  l'opinion  générale  les  attri- 
buait aux  Celtes.  Depuis  peu  d'années  une  thèse  différente  a  été 
soutenue  par  Mrs  ArmitageetM.  GoddardH.  Orpen.  LesNormands, 
d'après  eux,  auraient  été  les  premiers  à  construire  dans  les  îles  Britan- 
niques des  châteaux  sur  des  buttes  artificielles  ;  les  petits  châteaux 
forts,  les  châteaux  privés  correspondraient  à  l'état  social  que  désigne 
le  nom  de  féodalité.  Tel  n'était  pas  celui  de  l'Irlande  avant  que  les 
Normands  y  eussent  pris  pied.  Le  clan  et  la  tribu  y  étaient  les  formes 
essentielles  du  groupement  des  hommes.  On  s'attend  à  ce  que  les 
enceintes  fortifiées  d'une  pareille  société  soient  d'assez  vastes  enclos 
de  taille  à  contenir  une  importante  population  et  ses  troupeaux. 
On  en  connaît  de  tels  en  Irlande  et  en  Angleterre.  Il  ne  me 
semble  pas  que  M.  Knox  prenne  une  position  fort  nette  à 
l'égard  de  cette  thèse.  M.  G.  H.  Orpen  ne  prétend  pas  que  toutes 
les  buttes  paraissant  fortifiées  datent  de  l'arrivée  des  Normands.  Il 
en  est,  selon  lui,  de  préhistoriques  et  entre  autres  celles  qui 
portent  le  nom  de  croghans.  Mais  ce  n'étaient  pas  des  châteaux, 
c'étaient  des  lieux  sacrés,  des  lieux  d'inauguration,  de  consécration, 
des  places  de  fête  et  d'assemblée;  des  pierres  levées  s'y  dressaient, 
des  arbres  sacrés  ;   mais  il    va   de   soi,  et  l'histoire  nous  l'atteste. 


Périodiques.  145 

qu'au  cours  des  luttes  tribales  beaucoup  de  ces  sanctuaires  aient  été 
profanés  et  défigurés.  Pour  de  pareils  sanctuaires  les  grands  tumulus 
funéraires  étaient  désignés  d'avance  et  M.  Orpen  suppose  que  le 
principal  des  croghans,  celui  d'Ai,  le  Rathcroghan,  renferme  une 
chambre  funéraire  semblable  à  celle  de  New-Grange.  Qu'on  le 
fouille  donc  une  bonne  fois!  M.  H,  T.  Knox  discute  longuement 
la  question  et  conclut  contre  lui  ;  retenons  néanmoins  cette  affir- 
mation, p .  207,  qu'il  n'y  a  jamais  plus  d'un  croghan  par  territoire  tri- 
bal et  que  chaque  fois  qu'un  croghan  porte  un  -nom  distinctif, 
c'est  un  nom  de  territoire  ou  de  tribu.  Le  fait  est  d'importance.  — 
M.  Orpen  répond  à  M.  Knox  dans  les  Miscellanea  (Croghans  and 
Norman  Mates,  p.  267-sqq.);  par  bonne  fortune  son  article  est 
remarquablement  clair  et  démonstratif.  Un  certain  nombre  de 
rois  ont  été  consacrés  en  des  lieux  nommés  Cruachan  ;  quant  au 
Rath  croghan,  il  n'est  pas  douteux,  selon  M.  Orpen,  qu'il  ne  soit 
analogue  au  Rath  Mhedba,  ou  la  reine  Medb  accomplissait  les 
rites  de  pronostication  du  jour  de  Samhain.  —  M.  Knox  traite  des 
Rat bs  diins  un  second  article,  p.  206  sqq.  —  M.  Th.  Johnson  Wes- 
tropp  décrit  le  Cahermurphy  Castle  and  its  earthiuorks,  with  certains 
forts  near  Milltoivn-Malhay,  co.  Clare,  p.  117  sqq.  —  M.  G.  H. 
Orpen  nous  fait  connaître  le  Ratbgall,  co.  Wicklow,  p.  198,  l'une 
de  ces  forteresses  préhistoriques  qu'il  distingue  des  châteaux  nor- 
mands. Ce  serait,  selon  lui,  la  forteresse  des  rois  d'Okinselagh,  les 
plus  puissants  de  Leinster  ;  il  y  voit  le  Bolg  luatha  ou  Dûn-Bolg 
des  Annales. 

H.  S.  Crawford,  Early  slahs  at  Lenianachan,  King's  Couiity,  p. 
151  sqq.  ;  spécimen  de  l'entrelac  irlandais. 

E.  M.  F.  G.  Boyle,  Records  of  the  toiun  of  Liniaiiadv,  1 609-1804, 
p.  157  sqq. 

G.  Coffey.  Prehistoric  grave  at  Scskilgreen,  co.  Tyronc,  p.  175. 
C'est  le  reste  d'une  chambre  funéraire  mégalithique  dont  deux 
piliers  sont  couverts  de  gravures,  cupules,  étoiles,  cercles  concen- 
triques ;  un  hache  marteau  de  pierre  y  a  été  trouvée. 

Lt.  col.  W.  O  Cavenagh,  Castietown  Carne  and  ifs  owners,  p. 
246  sqq. 

Rev.  J.  L.  Robinson,  Christ  Cburch  Cathedra},  Dublin,  Proctors 
accounts,  i68ç)-(^o,  p.  259  sqq. 

Dans  les  Miscellanea,  M.  P.  W.  Joyce  a  inséré  une  Note  on  a 
Passage  in  Siokes  Cormacs  Glossary,  p.  180,  passage  ou  le  forgeron 
Goibniu  est  représenté  construisant  son  fourneau  de  forge.  O'Do- 
novan  a  traduit  par  ^0/^,  bâton,  le  mot  crand  ou  ness  qui  désigne 
l'objet  qu'il  tient  à  la  main.  C'est  une  forme  de  bois    sur    laquelle 

Revue  Celtique,  XXXIII.  10 


146  Périodiques. 

était  moulée  l'argile  réfractaire  du  fourneau.  O'Donovan  traduit 
à  tort  par  «  les  deux  soufflets  »  les  mots  di  holg  qui  désignent  les 
deux  chambres  du  soufflet  dont  se  servaient  les  forgerons  irlan- 
dais. Le  soufflet  est  désigné  concurremment  par  dibolg  duel,  et  par 
le  pluriel  huilgg. 

M.  G.  Orpen,  public  une  Carved  Stone  near  Holyivood,  co.  IVick- 
low,  p.  783  ;  représente-t-elle  une  croix  ?  C'est  son  opinion.  Mais 
n'est-ce  pas  une    dalle    gravée  de  monument   mégalithique  ? 

G.  W.  Forsayeth,  Holy  well  near  Modeligo,  co.  Walcrford,  p.  i8é. 

Sir  John  Rhy's,  p.  190,  convient,  avec  M.  G.  H.  Orpen,  que 
dans  le  calendrier  de  Coligny,  le  mois  Equos,  correspondant  à 
février,  ayant  bien  30  jours  et  non  pas  29  comme  ill'avait  pensé,  il 
n'y  a  plus  lieu  d'y  voir  un  adaptation  du  calendrier  julien. 

Journal  ofthe  Royal  Society  of  antiquariesof  Ireland,  déc.  191 1. 
—  M.  H.  T.  Knox  décrit  Some  Connacht  raths  audmotes,  p.  301 
sqq  ;  hauts  et  bas,  de  plan  circulaire  ou  quadrangulaire,  ils  nous 
sont  soigneusement  présentés  en  plan  et  élévation.  —  M.  Th.-J. 
Westropp  nous  arrête  dans  lecomté  de  Clareet  continue  l'énuméra- 
tion  descriptive  des  Prehisioric  remains  Çforis  and  dolmens^  in  the 
Burren,^.  343  sqq.  ;  il  s'agit  toujours  de  longs  murs  en  pierre  sèche, 
à  parements,  percés  de  couloirs  et  de  niches,  couverts  de  larges 
dalles,  ou  voûtés  en  encorbellement.  —  Monsignor  Fahy  parle  du 
S^Cohnans  oratorv,  in  Burren,  co.  Ciare,  p.  368.  — Sous  le  titre  de 
Some  archaelogical  finds  in  Ulster,  M.  Seaton  F.  Milligan  décrit  un 
certain  nombre  de  moules  datant  de  la  2«  période  de  l'âge  du 
bronze.  Parmi  eux,  je  note  deux  moules  de  faucilles  qui  ont  un 
intérêt  tout  particulier.  Ce  sont  des  moules  de  faucilles  sans  douille. 
On  sait  combien  les  faucilles  de  cette  sorte  sont  rares  dans  les 
Iles-Britanniques.  Celles  qui  ont  été  coulées  dans  ces  moules  se 
distinguent  des  faucilles  continentales  par  une  côte  centrale  très 
forte  ;  dépourvues  d'ailleurs  de  languettes  et  de  boutons  latéraux, 
elles  sont  fort  originales. 

Dans  Miscellanea,  p.  386,  M.  E.-C.-R.  Armstrong  signale  une 
de  ces  figures  rudimentaires  dites  Sheela-na-gig,  découvertes  par  le 
major  Trevelyan  dans  l'ile  de  Lustvmore,  à  douze  milles  d'Ennis- 
Killen.  —  M.  Michael  Beavy  donne  une  note  sur  une  fontaine 
sacrée,  à  Madeligo. 

m 

Le  2^  Ergdn^iingshand  de  Manxus  donne  le  compte-rendu  de  la 
deuxième  assemblée  générale  de  la  Société  préhistorique  allemande. 


Périodiques.  t47 

qui  s'est  tenue  à  Erfurtdu  51  juillet  au  3  août  1910,  sous  la  prési- 
dence de  MM.  Kossinna  et  Bezzenberger.  Une  communication, 
celle  du  D""  Gôtze,  a  pour  nous  un  intérêt  tout  particulier.  11  y 
étudie  une  série  d'enceintes  fortifiées  du  Rhôn,  Die  vorgeschichtli- 
chen  Burgeu  der  Rhôn  und  die  Steinsburg  aufdem  kleinen  Gleichherge 
hei  Rômhild.  Ces  enceintes,  où  l'on  n'a  trouvé  que  des  objets  datant 
de  l'époque  de  La  Téne,  paraissent  constituer  un  système  de 
défense  dont  le  réduit  est  à  la  Steinsburg.  Celle-ci,  par  son  impor- 
tance, par  la  masse  et  l'étendue  de  sa  fortification,  se  présente 
comme  l'œuvre  collective  d'une  société  d'assez  grande  taille.  C'est 
un  travail  national.  Pourquoi  les  sommets  du  Rhôn  portent-ils  ces 
retranchements  et  non  pas  ceux  du  Harz.  Ces  forts  de  sommets, 
nous  dit  M.  Gôtze,  sont  celtiques.  Les  Celtes  les  ont  élevés  par- 
tout où  ils  se  sont  sentis  sous  la  menace  d'un  ennemi  trop  puis- 
sant. C'est  ainsi  qu'ils  ont  dressé,  sur  des  hauteurs,  les  oppida  de 
la  Gaule,  contre  l'invasion  des  Cimbres.  Ils  ont  fortifié  le  Rhôn 
contre  les  Germains.  Après  avoir  abandonné  la  Thuringe,  ils  se 
sont  retranchés  en  arrière. 

M.  O.  Fleischer  a  tait  appel  aux  trésors  de  la  toponomastique 
pour  nous  renseigner  sur  la  situation  des  Indo-Germains  en  Asie- 
Mineure  vers  1500  avant  J.-C.  :  Die  Stellung  der  Indo-Germanen 
in  iiiner.  Kleinasien  uni  das  lahr  1000  v.  Chr  (1500-700),  p.  4)Sqq. 
Les  noms  en  -cnc  se  sont  égrenés  de  l'Asie-Mineure  vers  l'Inde. 
Toute  une  famille  de  noms  géographiques  a  essaimé  du  Caucase 
vers  l'Halys,  puis  vers  la  Perse  et  la  Caramanie.  Les  Perses  sont 
des  Artéens  c'est-à-dire  des  hommes  du  pays  de  Van  (Urartu). 
Enfin  M.  Fleischer  nous  assure  que,  la  légende  de  Persée,  éponyme 
des  Perses,  ayant  quelque  chose  d'historique,  les  Grecs  ont  voi- 
siné en  Asie-Mineure,  vers  le  16^  ou  le  17^  siècle  avant  J.-C.  avec 
les  Indo-Iraniens.  Tout  beau!  C'est  aller  vite  en  besogne.  Il  y  a 
quelques  gens  dont  il  faudrait  parler:  Arméniens,  Phrygiens,  d'autres 
peut-être  aussi  M.  Bezzenberger  a  fait  remarquer  avec  bon  sens 
que  les  noms  géographiques  n'apprennent  peut-être  pas  tant  de 
choses  et  sans  doute  il  a  dit  qu'il  fallait  les  interroger  avec  cir- 
conspection. 

Ces  Messieurs  d'ailleurs  ont  chanté  de  compagnie  les  chansons 
préhistoriques  du  Geheimrat  Zchiescke  et  se  sont  sans  doute  fort 
bien  amusés. 

La  3^  année  de  Mannus  commence  par  un  article  de  M.  Gunther 
sur  la  Besiedlungsgeschichte  des  Neiiiuieder  Beckens,  p.  i  sqq.  C'est  la 
2^  partie  du  mémoire  de  M.  Gunther.  Il  y  traite  de  l'Age  du 
bronze,  des  deux  âges  du   fer,  des   établissements  des  Romains  et 


M^  Périodiques. 

des  temps  mérovingiens.  Dès  la  fin  de  l'âge  du  bronze,   les  deux 
rives  du  Rhin,  autour  de  Coblenz,  ont  été  occupées  par  les  Celtes. 
Mais  c'est  là  que  s'est  fixée  pendant  longtemps  leur  frontière  sep- 
tentrionale, tombeaux,  fortifications,  traces  de  culture  (Hochàcker) 
attestent  leur  établissement.  A  la  fin  de  l'époque   de  La  Tène  les 
Celtes  se  sont  repliés  sur   la  rive  gauche.  Ceux  dont  on  y  trouve 
les  tombeaux  pratiquent  les  mêmes  rites  funéraires  que  leurs  voi- 
sins germains  :  ils  incinèrent  leurs  morts.  —  Le  distingué  conser- 
vateur du  musée  de  Bergen,  M.  Schetelig,  expose  sous  le  titre  de 
Vorgeschichte  Norwegens  les  résultats  des  recherches  archéologiques 
de  ces  dix  dernières  années,  p. 29  sqq.  —  Faut-il  attirer  l'attention 
sur  un  article  de   M.  K.   Schirmeisen,  de  Brùnn,  intitulé  Buchsta- 
benschrift,  Lautivamiel,    Goltcrsage  und  Zeitrechnung,  p.   97  sqq.  ? 
Il  est  d'une  hardiesse,  dont   M.  Kossinna   éprouve  le  besoin   de 
s'excuser.  Rapprocher  l'histoire   de    l'alphabet  du  développement 
phonétique,  c'est  une  tentative  méritoire;  mais  il  faudrait  n'ignorer 
pas  que  l'alphabet  gréco-phénicien  n'est  pas  sans  parenté  avec  les 
syllabaires  égéens.  S'il  est  exact  que  les  runes  ont  été  des  signes 
magico-religieux,  s'il  est  spécieux  de  colorer  de   religion  les   ori- 
gines de   l'alphabet,  on  ne  saurait  choisir  les  exemples  avec  trop 
de  discernement.  Les  connaissances  de  M.  Schirmeisen  en  archéo- 
logie préhistorique  ont  besoin  de  compléments  ;  il  devra  trier  ses 
connaissances   mythologiques  et  s'entendre  avec  les  linguistes  sur 
la  classification  généalogique  des  langues  indo-européennes. 

IV 

Le  nouveau  volume  de  la  Pràhistorische  Zeitschrift,  III, 
1911,  nous  fait  connaître  d'intéressantes  incinérations  néoli- 
thiques des  environs  d'Hanau  (G.  Wolff,  Neolithische  Brandgràher 
in  der  Umgebuug  von  Hanau,  p.  i  sqq.).  M.  G.  F.  L.  Sarauw,  de 
Copenhague,  y  publie  les  résultats  de  ses  fouilles  de  Maglemose, 
qui  ont  si  largement  étendu  notre  connaissance  des  temps  obscurs 
qui  séparent  la  paléolithique  (p.  105-195)  du  néolithique. —  M.  Max 
Ebert  publie  et  étudie  un  curieux  anneau  d'or  trouvé  en  1799  à 
Strobjehnen,  dans  la  Prusse  orientale,  et  que  possède  depuis  lors 
le  musée  de  Berlin.  Il  en  établit  la  parenté  avec  quelques  œuvres 
de  cet  art  celto-scandinave,  dont  les  entrelacs  compliqués  souvent 
étouffent  et  absorbent  pour  ainsi  dire  tant  de  restes  de  formes 
vivantes.  Mais  les  guerriers  et  les  chasseurs  qui  galopent  ou  tirent 
de  l'arc  sur  la  crête  de  l'anneau,  les  chiens,  cerfs,  serpents  à 
oreilles,  le   principal  de   la  décoration,  rappellent  l'art  scythique 


Périodiques.  149 

représenté  déjà    en   Prusse  par   les  pièces    d'orfèvrerie  bien   plus 
ancienne,  du  trésor  de  Wettersfeld  (p.  105  sqq.). 

M.  Carthaus  rend  compte  des  fouilles  pratiquées  prés  de  Vel- 
mede,  dans  la  haute  vallée  de  la  Ruhr,  dans  la  Veledahôhle.  Les 
trouvailles  datent  de  l'époque  de  la  Tène.  Elles  sont  peut-être  cel- 
tiques. Dans  la  couche  archéologique  sont  disposés  sans  ordre  des 
ossements  humains.  Qu'était-ce?  (p.  132  sqq.).  —  M.  E.  C.  R. 
Armstrong  relate  les  principales  découvertes  archéologiques  faites 
en  Irlande  dans  les  années  1909-1910  (p.  184  sqq.)  :  11  s'agit  sur- 
tout de  cistes  sous  tumulus  de  l'âge  du  bronze.  De  l'époque  de  la 
Tène  datent  deux  cornes  de  casque  trouvées  à  Cork  en  1909. 

V 

Le  commandant  A.  Martin  a  publié  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  archéologique  du  Finistère,  t.  XXXVIII,  1911,  une 
intéressante  notice  sur  le  tumulus  à  dolmen  de  Kermaric  en  Lan- 
guidic  (Morbihan).  La  chambre  du  tumulus  était  circulaire.  Le 
commandant  Martin  nous  donne  à  ce  propos  une  énumération 
complète  et  descriptive,  accompagnée  de  plans,  des  monuments 
mégalithiques  à  chambre  circulaire  de  la  Bretagne;  ils  sont  assez 
étroitement  localisés  dans  le  Morbihan,  à  part  un  monument  ruiné 
qui  se  trouve  dans  les  Côtes-du-Nord,  à  Kerbors.  Le  Men-Brec'h 
Kermaric  présente  une  particularité  nouvelle  en  Bretagne.  Des 
deux  côtés  du  couloir  se  détachent  les  restes  d'un  mur  en  pierres 
sèches  qui  entourait  à  l'origine  la  base  entière  du  tumulus.  L'auteur 
pense  à  ce  propos  aux  cercles  et  enceintes  concentriques  de  pierres 
alignées  que  présentent  les  monuments  des  Orcades  et  du  Caith- 
ness,  dont  MM.  Keller  et  Le  Rouzic  ont  récemment  trouvé  l'équi- 
valent au  monument  du  Noterio  en  Carnac.  Mais  la  ressemblance 
n'est  pas  complète.  Les  monuments  de  la  péninsule  ibérique  lui 
auraient  fourni  de  plus  exactes  comparaisons. —  On  a  supposé  que 
les  constructions  des  monuments  mégalithiques  de  Bretagne 
avaient  une  unité  de  mesure,  à  savoir  un  pied  d'environ  o  m.  90. 
Les  mesures  prises  par  le  commandant  Martin  dans  ses  dernières 
explorations  lui  ont  fourni  des  longueurs  qui,  à  peu  de  chose  près, 
multiplient  cette  unité. 

VI 

Le  n"  I  delà  Revue  Numismatique,  191 1,  p.  1-59,  a  publié  un 
important  article  de  M.  Déchelette  sur  les  origines  de  la  drachme 


150  Périodiques. 

et  de  l'obole  qui  nous  explique  Tusage  et  la  valeur  de  certaines 
tiges  et  faisceaux  de  tiges  de  fer  trouvées  dans  les  fouilles  qui  ont 
livré  des  objets  gaulois.  C'est  une  des  formes  de  la  monnaie  de 
fer  dont  César  (B.  G.,  V,  12,  4)  signale  encore  l'usage  chez  les 
Gaulois.  M.  Déchelette  la  suit  de  Gaule  en  Thrace  et  d'Etrurie  en 
Grèce.  Monnaie  d'origine  technique,  l'obole  est  une  broche  à  rôtir; 
la  drachme  est  une  poignée  de  broches,  et  les  chenets,  tant  gaulois 
qu'étrusques,  sont  établis  pour  être  garnis  par  le  jeu  de  broches 
qui  constitue  la  drachme.  M.  Déchelette  pense  que  l'obole  de 
Charon  a  été  une  broche  garnie  de  viandes  placée  près  de  la  bouche 
du  mort.  Cette  amusante  hypothèse  a  besoin  d'un  peu  plus  d'exa- 
men (v.  Rev.  des  Et.  Gr.,  t.  XXIV,  p.  344). 

VII 

Dans  la  Revue  des  Études  anciennes,  191  i, octobre-décembre, 
p.  455  sqq.,  M.  Déchelette  traite  du  Javelot  o/.ouior,ozç  des  Ibères. 
On  a  été  tenté  de  l'attribuer  aux  Celtes,  dont  le  gaisum  est  qualifié 
par  Pollux  et  par  Hésychius  de  oipu  oAS(j'!o-/;pov.  On  a  trouvé  dans 
les  pays  occupés  de  longue  date  par  les  Celtes,  Suisse,  Carniole, 
et  d'où  sont  venus  en  Italie  les  Gésates,  des  javelots  qui  sont  mon- 
tés sur  une  longue  tige  de  fer  analogue  au  piluiii  des  Romains  ; 
mais  ils  ont  tous  été  munis  d'une  hampe  de  bois.  Par  contre,  des 
javelots  tout  en  fer  et,  qui  plus  est,  pourvus  de  petits  crochets, 
comme  l'ont  été,  suivant  les  auteurs,  les  javelots  ibériques,  figurent 
dans  le  mobilier  funéraire  des  tumulus  d'Avezac-Prat.  Les  morts 
d'Avezac-Prat  étaient-ils  des  Ibères  ou  des  Celtes  ?  Disons  que  ce 
furent  des  Celtibères,  M.  Déchelette  croit  que  les  javelots  sont 
ibériques.  Peut-être.  Mais  je  ne  puis  m'empêcher  de  les  rapprocher 
des  javelots  de  l'Europe  centrale. 

H.  Hubert. 

VIII 

Annales  de  Bretagne,  tome  XXVII,  n°  2  (janvier  1912). 

M.  J.  Loth  publie  p.  199  une  chanson  recueillie  par  lui  au 
Croesty,  canton  de  Guémené-sur-Scorft'  (Morbihan)  ;  il  l'intitule 
le  Comte  et  la  fée,  et  en  donne  en  regard  du  texte  breton  une  tra- 
duction française. 

M.  G.  Esnault  continue  (p.  264-279)  son  étude  sur  le  poète 
breton  Le  Laé,  et  poursuit  l'histoire  critique  de  sa  réputation. 


Périodiques.  151 

P.  292  et  suiv.,  se  trouve  une  étude  de  M.  H.  Qiiilgars  sur  la 
langue  bretonne  dans  le  pays  de  Guérande  ;  elle  comprend  surtout, 
outre  quelques  indications  de  toponomastique,  un  lexique  de  mots 
bretons  empruntés  à  la  collection  des  aveux  de  la  sénéchaussée  de 
Guérande  (qui  va  de  1380  à  1791).  M.  J.  Loth  a  fait  suivre  cet 
article  d'une  série  de  remarques  critiques,  en  partie  rectificatives 
(p.  309-314)- 

Une  exploration  linguistique  de  ce  coin  de  Bretagne  est  urgente 
et  devrait  être  accomplie  avant  quelques  années.  Ce  serait  vrai- 
semblablement la  dernière.  Nous  connaissons  quelqu'un  qui,  pas- 
sant au  Bourg  de  Batz  dans  l'été  de  19 10,  a  eu  la  curiosité  de  se  ren- 
seigner auprès  de  diverses  personnes,  et  notamment  de  l'instituteur 
du  pays,  sur  les  limites  actuelles  du  breton  dans  la  presqu'île.  Ces 
limites  sont  bien  restreintes.  On  ne  parle  plus  breton  que  dans  quatre 
hameaux  de  la  commune  de  Batz,  Kervalé,  Kermoisan,  Trégaté  et 
Roffia,  habités  principalement  par  des  paludiers.  Encore  le  breton 
n'est-il  plus  employé  que  par  les  vieillards.  Nul  individu  ayant 
moins  de  cinquante  ans  ne  parle  ni  n'entend  le  breton.  On  pourrait 
presque  fixer  d'avance  la  date  où  le  breton  disparaîtra  définitivement 
de  ce  coin  de  terre.  Les  noms  de  personne  sont  généralement  bre- 
tons dans  la  commune  de  Batz  :  le  plus  répandu  est  Le  Huédé  ;  on 
rencontre  aussi  beaucoup  de  Le  Berre  et  de  Le  Gars  ;  viennent 
ensuite  Le  Breton,  Pichon  et  Picot. 

IX 

Dans  le  tome  XVI  de  I'Hermathexa,  nous  relevons  deux  articles 
de  M.  Mario  Esposito  :  p.  264-287,  The  pilgrimage  of  an  Irisb  Fran- 
ciscan  in  A.  D.  1^22  ;  p.  325-333,  Some  ftiriher  notes  on  Mediaeval 
Hiberno-Latin  and  Hiherno-French  literature. 

Le  second  n'est  qu'un  supplément  à  l'article  du  même  auteur  que 
nous  avons  résumé  précédemment  (tome  XXXII,  p.  229).  Quant  au 
premier,  il  est  relatif  à  un  curieux  récit  de  voyage,  V Itinerarium 
Symonis  Simeonis,  conservé  dans  un  manuscrit  de  la  fin  du 
xiv^  siècle,  le  n°  407  de  la  Bibliothèque  de  Corpus  Christi  Collège, 
à  Cambridge  (f°  1-33).  Symon  Simeonis,  frère  mineur  de  Saint- 
François,  appartenait  sans  doute  au  monastère  de  Clane  (Co.  Kil- 
dare  en  Irlande)  ;  le  16  mars  1322,  il  quitta  l'Irlande  avec  un  com- 
pagnon, Hugo  Illuminator,  pour  faire  un  voyage  en  Terre  Sainte. 
Ses  principales  étapes  furent  Chester,  Litchfield,  Londres,  Canter- 
bury,  Amiens,  Beauvais,  Paris,  dont  il  fait  une  longue  et  magni- 
fique description,  Lyon,  Valence,  Arles,  Marseille,  Gênes,  Bobbio, 


1 5  2  Périodiques. 

Mantoue,  Vérone,  Padoue,  Venise,  Pola,  Zara,  Durazzo,  Candie, 
Alexandrie,  le  Caire,  où  il  perdit  son  compagnon,  victime  de  la 
fièvre,  et  enfin  Jérusalem,  où  il  arriva  au  milieu  de  décembre  de  la 
même  année.  Ce  qu'il  paraît  y  avoir  de  plus  important  et  de  plus 
neuf  dans  son  récit  de  voyage,  c'est  la  description  qu'il  fait  de 
l'ngypte.  M.  Esposito  indique  en  terminant  quelques  points  de 
comparaison  avec  le  traité  de  géographie  que  le  moine  irlandais 
Dicuil  rédigea  vers  825,  cinq  siècles  plus  tôt.  Tandis  que  Dicuil, 
malgré  son  intelligence,  se  fie  aveuglément  aux  récits  merveilleux 
d'un  Pline,  d'un  Solin  ou  d'un  Isidore,  Symon  se  montre  un  obser- 
vateur perspicace  et  curieux,  dont  le  témoignage  personnel  a  une 
réelle  valeur. 

X 

Le  numéro  5  de  The  Journal  of  the  Welsh  Bibliographical 
Society  est  daté  de  décembre  191 1.  Il  débute  par  un  article  de 
M.  E.  A.  Lewis,  a  Bibliographical  Note  on  the  sources  of  the  Mediaeval 
Historx  of  the  Wehh  Boronghs  (p.  65-75)  5  l'auteur  y  donne  une  liste 
d'ouvrages  spéciaux  ou  généraux  à  consulter  pour  l'étude  de  l'his- 
toire communale  en  Galles,  et  notamment  dans  le  Nord  de  Galles; 
rien  de  complet  ni  de  définitif,  simples  indications  comme  peut  en 
recueillir  chez  nous  tout  étudiant  qui  dresse  la  «  bibliographie  » 
d'un  sujet.  —  P.  76-83,  se  trouve  un  article  anonvme  sur  The 
Hengiurt  Lihrary  of  printed  books,  relevé  des  imprimés  les 
plus  rares  et  les  plus  précieux  de  la  célèbre  collection.  — -  Enfin,  p. 
83-89,  M.  T.  C.  Evans  étudie  John  Walters  and  the  first  printing 
press  in  Clamorganshire  ;  John  Walters,  recteur  de  Llandough  prés 
Cowbridge,  vécut  de  1721  à  1797  ;  il  est  connu  comme  l'auteur  de 
l'English-Welsh  Dictionary,  dont  l'impression  commença  en  1770 
à  Cowbridge  chez  les  imprimeurs  Rees  et  Dan  Thomas,  mais  ne  fut 
terminée  qu'en  1794  à  Londres. 

XI 

Il  existe  à  Londres  depuis  1898  une  Folksong  Society,  dont  l'ob- 
jet est  de  recueillir  et  de  publier  des  chants  populaires,  besogne 
dont  s'acquittent  également  en  Irlande  \Irish  Folksong  Society  et  en 
Galles  la  Welsh  Folksong  Society.  Le  secrétaire  de  la  Folk-song 
Society  est  M.  Frederick  Keel,  19  Berners  street,  London  W.;  les 
membres  paient  une  cotisation  annuelle  de  10  s.  6  d. 


Périodiques.  153 

Cette  société  publie  un  journal.  Le  fascicule  16  (3'=  du  tome  IV) 
du  Journal  of  the  Folk-song  society  est  entièrement  consacré 
à  une  étude  de  miss  Frances  Tolmie,  A  new  collection  of  Gaelic 
Soiigs  (décembre  191 1  ;  p.  i-xjv  et  143-278). 

Miss  Frances  Tolmie,  nous  dit  la  préface,  est  une  Ecossaise  des 
Iles  Hébrides,  qui  depuis  son  jeune  âge  —  elle  a  aujourd'hui 
70  ans  passés  —  s'intéresse  au  folk-lore  gaélique.  Elle  s'est  parti- 
culièrement occupée  de  recueillir  des  chansons  populaires.  Le 
recueil  qu'elle  publie  est  des  plus  importants  :  il  se  compose  de  105 
morceaux,  qu'elle  a  tirés  soit  de  ses  propres  souvenirs,  soit  des 
souvenirs  de  deux  amis,  natifs  comme  elle  des  Iles  Hébrides,  mais 
qui  tous  proviennent  de  chanteurs  du  pays.  Ce  caractère  tout  local 
du  recueil  n'en  n'est  pas  le  moindre  intérêt.  Les  différents  chants 
sont  groupés  sous  cinq  chefs  :  i.  Songs  of  Rest  and  Récréation,  2. 
Songs  of  Labour  (Waulking,  Reaping,  Rowing,  Milking),  3. 
Ancient  heroic  Lays  (relatifs  notamment  à  la  légende  de  Finn),  4, 
Songs.  to  chiefs  and  others,  5.  Laments  and  Love  Lyrics.  Le  folk- 
lore occupe  naturellement  dans  ces  chansons  une  place  importante. 
Les  folk-loristes  pourront  glaner  dans  le  recueil  une  riche  quantité 
de  faits  variés.  Les  musiciens  aussi  apprécieront  le  charme  de  ces 
mélodies  vraiment  populaires,  qui  se  ramènent  toujours  à  la  gamme 
pentatonique  (ou  pentaphone),  simple  ou  renversée,  parfois  accrue 
d'une  sixième  note  supplémentaire.  Il  y  a  en  tout  quinze  modes 
dans  la  musique  des  chansons  de  miss  Frances  Tolmie  ;  c'est  égale- 
ment le  nombre  des  modes  de  la  musique  bretonne,  telle  que  l'a 
définie  M.  Duhamel  (v.  Annales  de  Bretagne,  t.  XXVI,  p.  73e).  Une 
intéressante  comparaison  s'impose  entre  les  deux  pays  ;  bornons- 
nous  à  recommander  le  sujet  aux  musicologues. 


XII 


Le  tome  XVII  des  Mémoires  de  la  Société  de  Linguistique 
contient  dans  son  premier  fascicule  (p.  60  et  suiv.)  un  article  de 
M.  Meillet  sur  les  Formes  verbales  de  T indo-européen  *melg- 
«  traire  ».  Il  s'agit  d'une  tentative  fort  originale  de  restitution  d'un 
prototype  indo-européen  pour  le  verbe  qui  est  en  grec  ày.£XYoj,  en 
vieux-haut-allemand  niilclm,en  irlandais  bligini,en  latin  mulgeô,  en 
vieux-slave  mliiq,  en  lituanien  méliu.  En  mettant  à  part  les  forma- 
tions qui  se  dénoncent  ou  se  laissent  interpréter  comme  récentes, 
M.  Meillet  établit  qu'il  faut  poser  pour  l'indo-européen  un  présent 
athématique  comportant  l'alternance  *mêlg-,  *nilg-.  Il   utilise  pour 


r  )4  Périodiques. 

sa  démonstration  les  formes  parallèles  *nicrg-  *///;  ^-(védique  màr- 
jmi  mrjànti),  qu'il  interprète  comme  des  doublets  dus  à  la  dissi- 
milation  et  issus  de  formations  redoublées  du  o-enre  des  intensifs 
sanskrits  màrmrj-  et  marmrjyà-.  Et  cela  le  conduit  à  déterminer 
le  sens  ancien  de  la  racine,  qui  était  «  faire  sortir  »  ;  de  là  le  sens 
de  «  traire  »  spécialisé  dans  le  type  *me}g-  (cf.  tous  les  présents 
cités  plus  haut),  tandis  que  le  type  luerg-  prenait  le  sens  de  «  es- 
suyer »  (skr.  màrjmi,  gr.  ojjLÔpyvujxt)  ou  de  «  cueillir,  extraire  o 
(gr.  àaÉpyc)).  Le  sens  ancien  se  retrouve  pour  le  type  *melg-  en 
italo-celtiquc.  11  est  impossible  en  effet  de  séparer  des  mots  précé- 
dents le  htm  promu Igâre  et  l'irlandais  durimnailc  gl.  promulgauit 
Ml  51  d  3,  dont  Vinfimnï  tiiitnlegun  gl.  promulgatione  Ml.  71  c 
18  a  la  même  forme  que  hlegon  «  traite  »  (jnhJeguin  dans  les  Annales 
d'Ulster,  à  l'année  732)  ;  et  le  subjonctif  vieil-irlandais  coduinmail 
traduit  le  latin  «  ut  eliceat  »  (Ml.  50  b  i).  L'évolution  sémantique 
a  été  ici  «  faire  sortir,  mettre  en  évidence  ».  Ce  n'est  pas  la 
première  fois  qu'on  constate  en  italo-celtique  de  précieux  archaïsmes 
de  vocabulaire. 

Dans  le  cinquième  fascicule  du  même  tomeXMI,  p.  337  etsuiv., 
figure  un  article,  signé  J.  Vendryes,  sur /«  Place  du  verbe  en  celtique. 
L'usage  de  placer  le  verbe  en  tête  de  la  phrase  attesté  en  irlandais 
et  en  gallois  (mais  non  en  gaulois)  serait  sorti  des  phrases  où  le  verbe 
comportait  un  préverbe  et  un  pronom  infixe.  En  effet,  en  indo-euro- 
péen on  plaçait  les  particules  ef  les  formes  enclitiques  des  pro- 
noms après  le  premier  mot  de  la  phrase.  Or  le  celtique  a  conservé 
l'usage  des  pronoms  régimes  enclitiques.  D'autre  part  le  groupe 
préverbe  +  verbe  tendait  en  celtique  à  devenir  inséparable.  Ainsi 
se  trouvait  pour  ainsi  dire  stéréotypé  le  début  de  toute  phrase  dans 
laquelle  le  verbe  était  composé  et  avait  pour  régime  un  pronom  ; 
une  pareille  phrase  devait  nécessairement  commencer  par  préverbe 
-|-  pronom  régime  +  verbe  ;  ensuite  se  rangeaient  naturellement 
le  sujet  et  les  autres  régimes.  La  langue  aurait  généralisé  l'usage 
de  placer  le  verbe  avant  sujet  et  régimes,  c'est-à-dire  en  tête  de  la 
phrase. 

XIII 

Vient  de  paraître  le  premier  cahier  du  tome  XXX  des  Indoger- 
MANiscHE  FoRSCHUNGEN.  Aucun  article  n'y  est  particulièrement 
consacré  au  celtique.  Toutefois,  M.  H.  Gûntert,  dans  un  travail 
Zur  BiJdiwg  der  altiudischen  DesideralivaÇp.  80-137),  utilise  quelques 
rapprochements  avec  l'irlandais.  Il  signale  notamment  p.    108  que 


Périodiques.  1 5  3 

l'irlandais  (^'•^?t'  o- javelot  »,  gaulois  g'^aVu-  répond  au  mot  sanskrit 
bésas-  qu'il  traduit  par  «  arme  de  trait  »  dans  un  passage  du  Rg- 
Veda,  X,  89,  12.  De  plus,  p.  109,  il  explique  d'après  M.  Thurney- 
sen  le  verbe  sanskrit  hnclaii  «  il  joue  »  (de  *kriid-)  en  le  ratta 
chant  à  l'irlandais  r/^^i'  «  tour  d'adresse  ».  Enfin,  p.  133,  étudiant 
l'origine  des  désidératifs  sanskrits,  il  passe  en  revue  les  formations 
analogues  des  autres  langues  et  consacre  un  développement  au 
futur  sigmatique  de  l'irlandais.  Son  information  est  précise  et  juste. 

J.  Vekdkyes. 

XIV 

La  RoMANiA  (t.  XL,  n°  1 57)  contient  une  note  de  miss  G.  Schœp- 
perle  sur  un  vers  de  la  Folie  Tristan  de  Berne.  Dans  le  n°  158  un 
article  de  M.  Huet  sur  le  Château  tournant  dans  la  suite  du  Merlin  : 
on  sait  que  parmi  les  aventures  merveilleuses  du  cycle  arthurien  il 
est  question  d'un  château  qui  tourne  avec  une  grande  rapidité,  dans 
lequel  un  chevalier  doit  pénétrer.  Or  précisément  un  château  sem- 
blable est  décrit  dans  la  navigation  de  Maelduin  (d'Arbois,  Lépo- 
pée  celtique  en  Irlande,  I,  295).  Dans  les  n°^  159  et  160,  M.  Cos- 
quin,  un  des  meilleurs  folkloristes  français,  étudie  avec  beaucoup 
de  sagacité  le  conte  du  chat  et  de  la  chandelle  dans  l'Europe  du 
Moyen  Age  et  en  Orient. 

XV 

Les  lecteurs  de  la  Revue  Celtique  trouveront  comme  toujours  à 
glaner  des  faits  curieux  appartenant  au  folklore  celtique  dans  la 
Revue  des  Traditions  populaires  :  citons  en  particulier  dans  le 
n°  II  du  tome  XXVI  des  contes  bas-bretons  recueillis  par  M.  Fri- 
son, dans  le  n°  12  des  contes  de  Haute-Bretagne  rassemblés  par 
M.  Paul  Sébillot,  dans  le  n"  i  du  tome  XXVII  des  chansons  popu- 
laires du  Bas-Vannetais  publiées  par  M.  Frison,  etc. 

XVI 

Dans  le  n°  2  du  volume  XXII  de  Folklore,  M.  Th.  Westropp 
poursuit  sa  très  utile  description  du  folklore  du  comté  de  Clare  en 
Irlande  :  il  examine  les  croyances  relatives  à  la  chance,  aux  pré- 
sages, aux  rêves,  à  la  divination.  On  notera  la  persistance  d'une 
curieuse  coutume  le  jour  de  la  Saint-Etienne  :  un  cygne  est  mis  à 
mort,  et  son  corps  promené  sur  des  branches  arrangées    en   croix. 


156  Périodiques. 

M.  Westropp  croit  reconnaître  là  un  reste  des  superstitions  rela- 
tives aux  druides,  le  cygne  étant  l'oiseau  druidique,  donc  maudit 
en  pays  chrétien.  N'y  aurait-il  pas  là  plutôt  la  survivance  d'un 
rite  de  sacrifice  agraire,  peut-être  de  sacrifice  du  dieu.  On  n'en 
sait  plus  d'ailleurs  la  raison,  et  on  cherche  à  l'expliquer  :  si  un 
cygne  est  mis  à  mort,  dit-on,  c'est  que  jadis  précisément  un  cygne 
trahit  la  cachette  de  saint  Etienne. 

Les  traditions  relatives  aux  sources  sont  particulièrement  abon- 
dantes dans  les  vies  de  Saints,  échos  de  légendes  topologiques  : 
de  plus  le  Saint  hérite  des  attributs  du  héros  découvreur  de  sources. 

Dans  le  n°  3  on  noiera  la  description  d'un  certain  nombre  de 
fêtes  et  cérémonies  traditionnelles,  notamment  celle  qui  eut  lieu 
jusqu'à  une  époque  récente  à  Iniscatha  (Scathery  Island  sur  le 
Shannon)  et  qui  commémorait  la  victoire  de  saint  Senan  sur  un 
monstre. 

Dans  le  n°  4  on  trouvera  une  série  de  superstitions  relatives  aux 
animaux  et  aux  plantes. 

XVII 

Dans  le  tome  XXX  des  Analecta  Bollandiaxa  nous  trouvons 
au  fascicule  2  un  article  nécrologique  consacré  au  regretté  P.  Ch. 
de  Smedt  :  la  Revue  Celtique  a  déjà  eu  l'occasion  de  dire  tous  les  ser- 
vices qu'il  a  rendus  à  l'hagiographie  et  à  l'hagiographie  celtique  en 
particulier  (t.  XXXII,  p.  243).  Depuis,  un  nouveau  deuil  est  venu 
frapper  les  Bollandistes  avec  la  mort  du  regretté  P.  Poucelet.  Mais 
leur  œuvre  ne  s'en  poursuit  pas  moins;  les  articles  originaux 
restent  des  modèles  de  critique,  les  textes  sont  édités  de  façon 
excellente,  et  le  bulletin  des  publications  hagiographiques  est  un 
instrument  bibliographique  de  premier  ordre. 

J.  Marx. 


Le  Propriétaire-Gérant,    H.   CHAMPION. 


MAÇON,    PROTAT   FRERES,    IMPRIMEURS. 


THE  DEATH  OF  DIARMAID 


In  a  preceding  article,  The  Reproach  of  Diarniaid,  p.  41 
above^  we  hâve  attempted  to  form  an  idea  of  the  contents  of 
the  lost  Aithed  Grainne  iiigine  Corbniaic  la  Diariiiait  na 
Duibne  (The  Elopement  of  Grainne,  daughter  of  Cormac, 
with  Diarmaid  grandson  of  Duibne),  mentioned  in  the 
tenth  century  Hst  of  taies  in  the  Book  of  Leinster. 

Of  the  death  of  Diarmaid  we  hâve  no  mention  previous  to 
that  contained  in  a  lay  in  the  Diianairc  F'nin,  dating  some- 
where  between  the  twelfth  and  the  fifteenth  century'.  In  this 
we  are  told  that  Finn  makes  peace  with  Diarmaid  and 
Grainne  after  sevén  years  unsuccessful  pursuit.  He  forms 
the  treacherous  design  of  sending  Diarmaid  to  hunt  a  magie 
boar  which  he  knows  the  hero  is  destined  not  to  survive. 
Diarmaid  dies  in  overcoming  the  beast.  A  similar  account  is 
preserved  in  the  eighteenth  century  literary  version  ^ 

L.  G.  Stern,  in  iha  Zeitschrift  fur  celtische  Philologie,  V,  564, 
gives  an  account  of  the  published  versions  of  the  ballad  of 
Diarmaid's  death,  and  an  estimate  of  their  relative  values. 
They  ail  give  substantially  the  same  narrative.  The  variants 
will  be  mentioned  in  the  notes  to  the  présent  article.  Some 
versions  not  noted  by  Stern  hâve  been  included  in  our  study. 
In  thèse  Diarmaid  is  represented  as  coming  from  the  struggle 
unharmed.  Finn  disputes  his  measurement  of  the  boar,  and 

1.  Ditaiiaire  Finn,  éd.  J.  MacNeill,  Irisb  Texts  Society,  VIII  (Londou, 
1908),  p.  45,  149. 

2.  Toruigheacht  Dhiannuda  agus  Ghrainne,  éd.  S.  H.  O'Grady,  Ossianic 
Society  Publications,  III  (Dublin,  1857)  ^ited  by  pages  ;  reprinted  for  the 
Society  of  the  Préservation  of  the  Irish  Language,  in  two  parts,  cited  by 
paragraphs. 

Revue  Celtique,  XXXIII.  ii 


158  J.  H.  Lloyd,  O.  J.  Berghi,  G.  Schoepperïe. 

asks  him  to  measure  it  against  the  bristle.  In  doing  so,  the 
hero  is  fatally  wounded  by  the  poisonous  spike.  The  three 
lays  hère  printed  give  this  version.  The  first  is  from  a  six- 
teenth  century  manuscript,  the  Book  oj  the  Dean  of  Lismore. 
The  second  is  a  better  version  of  the  same  lay  ;  the  third  is 
from  Kennedy 's  second  collection  of  Ossianic  ballads,  made 
about  1774  (v.  infra). 

The  third  lay  gives  an  account  of  how  Finn  learned  the 
whereabouts  of  Diarmaid,  and  enticed  him  to  take  part  in 
the  hunt.  A  prose  introduction  to  the  lay  and  an  account 
current  in  Scotland  '  gives  a  si'milar  version  : 

They  went  up  the  side  of  a  burn  that  was  there  and  took 
their  dwelling  there,  and  they  had  beds  apart.  Diarmaid  was 
makin^  dishes,  and  the  shavino^s  which  he  was  makina:  were 
going  down  the  burn  to  the  strand.  The  Fianna  were  hunting 
along  the  toot  of  the  strand,  and  they  were  on  the  track  of 
a  venomous  boar  that  was  discomfiting  them.  Finn  took 
notice  of  the  shavings  at  the  foot  of  the  burn.  'Thèse',  said 
he,  'are  the  shavings  of  Diarmaid  '.  '  They  are  not;  he  is  not 
aUve',  said  they.  '  Indeed ',  said  Finn,  'they  are'.  '  We  will 
shout  Foghaid,  a  hunting  cry,  and  in  any  place  in  which  he 
may  be,  he  is  sworn  to  it  that  he  must  answer. 

The  introduction  to  the  lay  which  we  translate  from  Ken- 
nedy's  collection,  gives  a  description  of  the  shavings  : 

The  speal  curled  around  nine  times,  and  it  was  S.  .  .  quar- 
ters  long;  there  was  none  in  Ireland  that  could  do  the 
like^ 

We  hnd  the  folio wing  instances  of  a  similar  identification 
by  whittlings  in  Middle  Irish.  In  the  Rennes  Dindsenchas  '  : 

Slechtaire  discovered  an  underground  cave  wherein  they 
dwelt  for  a  long  time.  Every  night  they  used  to  go  forth 
from  it  a-raiding,  and  one  day  they  found,  on  Luachair  Aine, 
Find's  son  Ossian  alone.  They  make  a  prize  (?)  of  him  and 


1.  J.  F.    Campbell,    Popidar   Taies  of  the   West  H ighlands  (Edmhxxrgh., 
1862),  cited  W.  H.  T. 

2.  J.  F.  Campbell,  Leahhar  iia  Feinne  (London,  1872),  158  b,  cited  I.f. 

3.  Rei:  Celt.,  XV,  447. 


Tbc  Dca! h  of  Dianiiaid.  159 

carry  him  ofl'  to  their  dwclling,  There  Ossian  eut  a  chip 
from  a  spearshaft  (which  Crimthann  had  givcn  him  to  trim) 
and  cast  it  into  the  stream  from  the  well,  so  that  it  got  to 
Ath  na  Féile  «  the  Ford  of  the  Féale  »,  where  Finn  was 
dwelhng.  Then  Find  took  the  chip  in  his  hand  and  said, 
'  Ossian  made  this'  and  Find's  men  ascended  the  stream  to 
its  source  and  saw  the  earth  cave. 

This  story  is  versified  in  the  Bool-  of  Leinstcr,  where  it  is 
said  that  Ossian  cast  into  the  stream  a  bail  made  of  the  chips 
from  the  spear  shaft. 

Another  middle  Irish  story  which  contains  this  trait  is  the 
following  '  : 

Finn  went  on  the  track  of  Ferchess  to  avenge  Mac  Con..., 
until  he  slew  him  at  the  end  of  seven  years  at  the  Pool  of 
Ferchess  on  the  Bann,  when  he  found  the  chips  carried  down 
the  river  which  Ferchess  had  set  free. 

A  similar  incident  occurs  in  the  French  romances  of  Tris- 
tan and  Isolt.  Hère  the  due  for  identification  seems  to  the 
poet  so  hazardous  that  he  adds  others.  The  oldest  form  of 
the  incident  is  the  following^  : 

The  king  lias  dismissed  Tristan  from  the  court.  Separated^ 
the  lovers  languish.  Isolt  sends  Brangien  to  tell  Tristan  that 
he  must  find  means  of  seeing  her.  He  promises  that  he  will 
meet  her  that  very  night  in  her  orchard.  Moreover,  when- 
ever,  night  or  day,  she  sees  a  branch  in  the  stream  that  flows 
through  her  chamber,  she  is  to  wait  and  see  if  a  bit  of  bark 
toUows  it,  on  which  is  carved  a  five  pointed  cross.  Whenever 
she  finds  this  in  the  stream,  she  may  know  that  Tristan  is 
under  the  linden  near  its  bank.  The  device  is  repeatedly  suc- 
cessful. 

The  Norse  translation  of  the  lost  version  of  Tristan  by  the 
Anglo  Norman  poet  Thomas  further  describes  the  shavings 
made  by  Tristan  '  : 

1.  Fianaigecht,  éd.  Meyer,  R.  I.  A.,  Todd  Séries, XVI,  p.xxiii,  38,  9. 

2.  EiJhdit  von  Oherge,  éd.  Franz  Lichtenstein  (Strassburg,  1876),  Qiiel- 
ïen  uiul  Forschuiigen,  XIX,  1.  3278-3355,  cf.  3490-3494. 

5.  Die  nordische  und  die  engliscbe  version  der  Tristansage,  éd.  E.  Kôlbing, 
Heilbronu,  1878,  1882,  I,  p.  167  1.  19  ff. 


i6o  /.  H.  Lloyd,  O.  J.  Bergiii,  G.  Schoepperle. 

He  took  a  branch  and  whittled  fair  shavings  so  skilfuUy 
that  no  one  had  ever  seen  their  like  ;  for  when  they  were 
cast  into  the  wacer,  they  were  not  damaged  and  floated 
like  foam  on  the  water  and  no  carrent  could  destroy 
them. 

This  identification  by  whittlings  carried  on  the  stream  is 
unique  in  French  romance  and  is  probably  a  survival  in 
Tristan  as  in  thèse  late  versions  of  Diarmaid  and  Grainne,  of 
older  Cekic  tradition'. 

When  Finn  knows  that  Diarmaid  is  in  the  vicinity,  he  looses 
the  dogs  and  stations  the  hunt  about  Ben  Gulbain.  According 
to  the  oral  versions  -  it  is  one  of  Diarmaid's  geasa  always  to 
follow  the  barking  of  the  dogs  of  the  chase.  This  trait  seems 
to  be  understood  in  two  ot  the  lays  hère  printed  :  Diarmaid 
insists  upon  following  the  hounds  although  Grainne  does  her 
best  to  dissuade  him,  and  both  seem  to  be  aware  that  to  do 
so  is  to  fall  certainly  into  the  hands  of  Finn  (K,  stanza  ii). 
Finn's  stationing  the  hunt  about  Ben  Gulbain  in  order  that 
Diarmaid  might  hear  the  baying  of  the  hounds  (K,  stanza  9) 
is  alluded  to  by  the  poet  in  the  Dean's  Book  as  treachery 
(stanza  4;  cf.  K.  stanza  16).  According  to  the  oral  versions  ', 
another  of  Diarmaid's  geasa  was  never  to  refuse  a  request 
made  by  one  of  the  Fenians.  This  is  alluded  to  in  Kennedy's 
version  (stanza  25)  to  explain  his  compliance  when  Finn  asks 
him  to  measure  the  boar. 

It  is  noteworthy  that  neither  the  version  of  the  Death  of 
Diarmaid  in  the  Dean's  Book  nor  that  in  Kennedy's  collection, 
contains  the  stanza,  common  to  almost  ail  the  others  ■♦, 
recounting  the  death  of  Grainne  : 

Dh'  adhlaic  sinn  air  an  aon  tulaich, 

An  dm  suidheachadh  na  muice  fiadhaich, 

1.  Cf.  Romania,  XXXVIII,  p.  196-218. 

2.  L.  F.  153,  156,  158,  160;  W.  H.  T.  43;  O'Grady,  172-4,11, 
1137. 

3.  Cf.  The  Reproach  of  Diarmaid,  R.  C,  XXXIII,  p.  49,  n.  i. 

4.  J.  G.  Campbell,  Tlje  Fians,  Waifs  ami  Strays  of  Celtic  Tradition,  V 
(London,  1891),  cited  F,  p.  60,  62  ;  cf.  IV.  H.  T.  45,  72,  F.  57,  68,  62, 
L.  F.  163,  164  a,  164  b. 


Tbc  Dcalh  of  Diannaid.  léi 

Grainne  nie  Chormaic  a  Chuillinn, 
Da  chuilean,  agus  Diarmaid. 

We  buried  in  the  same  hillock,  when  settling  the  wild  pig, 
Grainne,  daughter  of  Cormac  of  Ulster,  the  two  whelps  and 
Diarmaid. 

According  to  some  versions,  Grainne  was  buried  alive, 
because  Finn  discovered  Diarmaid's  innocence  and  her  trea- 
chery  with  the  stranger  of  the  cave  '.  According  to  the 
manuscript  of  the  eighteenth  century  Hterary  version  edited 
by  O'Grady,  Finn  persuades  her  to  become  his  wife  ^. 

The  extant  fragments  of  the  tenth  century  tradition  of 
Diarmaid  and  Grainne  do  not  extend  to  the  death  of  Diar- 
maid. They  also  fail  to  furnish  any  light  on  the  attitude  of 
Diarmaid  toward  Grainne  beyond  the  fact  of  her  initiative, 
their  elopement,  and  their  Hfe  together  in  the  forest.  The  oral 
tradition  may,  it  seems  to  us,  préserve  faithfully  the  outhnes 
of  the  rest  of  the  story  :  Diarmaid's  loyalty  to  Finn  and  his 
résistance  to  Grainne,  the  épisode  of  the  stranger  in  the  cave 
and  the  rash  boon,  the  discover}^  of  Diarmaid  by  Finn  by 
means  of  the  chips  on  the  stream,  his  luring  Diarmaid  to  the 
himt  by  taking  advantage  of  one  of  his  geasa,  the  death  of 
Diarmaid  by  the  boar,  and  the  death  of  Grainne.  We  cannot 
however  trust  the  interprétations  in  the  oral  versions  of  the 
characters  or  of  the  signifiance  of  the  épisode  of  the  stranger 
in  the  cave. 

The  most  important  ballad  of  Diarmaid's  death  is  the  one 
in  the  Book  of  the  Dean  of  Lismore,  a  manuscript  of  the 

1.  F.  57. 

2.  I  hâve  examined  ail  the  mauuscripts  of  the  loniigheacht  Dhiarviuda 
agus  Ghrahine,  Catalogue,  p.  249-50,  and  the  others  in  the  Royal  h'ish 
Academy  and  in  Trinity  Collège, Dublin  ;  also  those  in  the  British  Muséum. 
They  vary  greatly  in  the  amount  of  episodic  material  contained,  and  in 
the  point  at  which  they  conclude.  None  of  ihem  contain  as  much  as  that 
edited  by  O'Grady.  l'hey  usually  end  with  Grainne's  appeal  to  her  sons 
for  vengeance  (O'Grady,  p.  204;  II,  §  55)  or  with  Aonghus's  lament  for 
Diarmaid  (p.  199-201,  II  §  52.  Hence  they  do  not  contain  the  account  of 
Grainne's  marriage  with  Finn.  In  MS.  25.  P.  Q.  R.  I.  A,  it  is  said  that 
Grainne  grieved  for  Diarmaid  until  her  death. 


i62  /.  H.  Lloyd,  O.  J.  Bergiii,  G.  Schoeppcrie. 

sixteenth  century,  containing  Ossianic  poetry  written  in  Ear- 
ly  Modem  Irish  with  Scotch  peculiarities.  The  poem  proba- 
bly  dates  toward  the  end  of  the  fifteenth  century.  This  text 
of  the  Death  of  Diannaid  was  edited  with  an  EngHsh  transla- 
tion by  Thos.  Me.  Lauchlan,  The  Booh  of  the  Dean  of  Lismore 
(Edinburgh,  1862),  p.  64,  20.  The  Reliqiiiae  Celticae  of  Came- 
ron,  I,  36,  contains  a  diplomatie  text,  with  a  restoration  in 
modem  Scotch  Gaelic.  Mr.  J.  H.  Lloyd  published  a  restora- 
tion in  Modem  Irish  in  An  Claidheamh  Soluis,  the  organ  of 
the  Gaelic  League,  Dublin,  in  Julv,  1910.  The  language  of 
the  Dean's  Book  being  a  cross  between  Irish  and  Scotch  Gae- 
lic, restoration  into  either  of  thèse  dialects  is  inevitably  unsa- 
tisfactory.  The  following  transcription  of  the  phonetic  spel- 
ling  of  the  original,  attempts  to  represent  as  accurately  as 
possible  the  peculiar  dialect  in  which  the  lay  is  written. 
Besides  the  difficulties  offered  by  the  orthography,  there  are 
many  which  are  no  doubt  due  to  errors  in  the  Dean's  texts 
(cf.  Stern,  ZCP,  I,  296).  The  présent  text  is  based  on  Came- 
ron's  diplomatie  édition. 

A    HUGHDAR    SO    AILIN    MAC    RUAIDHRÎ 

1 .  Gleann  Sidhe  an  gleann  so  rem  thaoibh, 

i  mbionn  (?)  faoidh  éan  agus  Ion  ; 
meinic  [a]  rithdis  an  Fhiann 
ar  an  tsrath  so  in  diadh  a  gcon. 

2.  An  gleann  so  fa  Bheinn  Gulbain  ghuirm, 

is  aille  tulcha  fa  ghréin, 
nior  bh'annamh  a  shrotha  go  dearg 
in  diadh  shealg  ô  Fhionn  na  bhFiann. 

3  .     Eistidh  beag  madh  ail  libh  laoidh, 
a  chuideachta  chaomh  so,  uaim, 
ar  Bheinn  Gulbain  is  ar  Fhionn  fiai, 
is  ar  Mhac  Ui  Dhuibhne,  sgcal  truagh . 

4 le  Fionn  fa  truagh  an  scealg  ', 

ar  Mhac  Ui  Dhuibhne  is  dearg  li 


I .  au  cheal^ 


The  Denih  of  Dionnaid.  165 

dhul  do  Bheinn  Ghulbain  do  shealg 
an  tuirc  nach  féadann  ami  [do]  dhitli 

Le  Mac  Ui  Dluiibhne  an  airni  àigh 

do gon  dtorchair  an  tore 

Finn 

is  é rinn  do  locht  '. 

a  dhàil, 

Mac  Uf  Dhuibhnc,  gràdh  nan  sgol, 
ag  so  an  sgéal  fan  tuirseach  mnân 

gabhar  leis  do  lâimh  an  tore . 

[A]  dhiongbhdil  do na  bhFiann, 

dâ  gcuirthi  (?)  é  as  an  gcnoc, 
an  sean-torc  sidhe  ba  garbh 


8 .  Suidhigh[is]  Fionn  is  dearg  dreach 

fa  Bheinn  Ghulbain  ghlais  an  tsealg, 

leis  an  tore, 

mor  an  t-olc  a  rinn  an  scealg. 

9.  Re  cloisteacht  comhghdir  na  bhFiann, 

anoir  's  aniar  [ag]  teaeht  fa  a  ceann, 
éirghis  an  uath-bhéist  ô'  suan, 
is  gluaisis  uadh  ar  an  gleann. 

10.  Corruighis  (?)  re  faieinn  nan  laoeh, 

in  sean-torc  sidhe  ar  fraoch  borb, 
ba  géire  nà  gdinne  sleagh, 

ba  tréine  feagh  (?)  nâ  an  ga  bolg  - . 

1 1 .  Mac  Ui  Dhuibhne  na  n-arm  géar, 

freagrar  leis  an  uath-bhéist  uilc  ; 
'na  taobh.  .  . .  trom  nimhneach  gâidh 
cuiris  sleagh  in  dàilan  tuire. 

12.  Brisear  an  crann  leis  fa  thri, 

's  a  cheann  farior  ar  an  muic, 
an  tsleagh  ô'  bhais  bharrdheirg  bhlâith, 
. .  .noehar  shâidh  'na  corp. 


1.  is  é  flj  7)10  rinn  do  locht,  that  ivas  the  greatest  faiilt  he  comniitted  ? 

2.  feag,  tooth.  O'Reilly?  fedh,  Rcl.  Celt.,  I,   166,  Stern's  reading  saic;h, 
Z.  C.  P.,  I,  323,  does  not  rhyme  well  with  sleagh. 


164  /.  H.  Lloyd,  O.  J.  Berghi,  G.  Schoepperle. 

1 3 .  Tairngis  an  tsean-lann  ô'  truaill, 

do  chosain  môr  buaidh  i  n-dr 
marbhais  Mac  Ui  Dhuibhne  an  phéist, 
do  thâinig  féin  dâ  héis  slân . 

14.  Tuitis  sprocht  ar  Fhionn  na  bhFiann, 

is  suidhis  se  [siar]  sa  gcnoc  ; 
Mac  Ui  Dhuibhne  nâr  dhiùlt  dâimh, 
olc  leis  a  theacht  slân  on  tore. 

15.  Ar  bheith  dhô  fada  'na  thost, 

adubhairt,  gér  bh'olc  re  râdh, 
'  Tombais  a  Dhiarmaid  ô'  shoc 
gâ  mhéid  troigh  san  tore  so  atâ.' 

16.  Char  dhiûlt  é  athchuinghe  Finn, 

olc  linn  gan  a  theacht  dâ  thoigh, 
toimhsidh  [an]  tore  ar  a  dhruim, 
Mac  Ui  Dhuibhne  nach  trom  troigh. 

17.  Tomais  'na  aghaidh  aris, 

a  Dhinrmaid,  go  min  an  tore, 
budh  leatsa  do  (?)  rogha  dhâ  chionn, 
a  ghioUa  na  n-arm  rionn  goirt. 

18.  lompoidhis,  ba  thurus  gâidh, 

agus  toimhsidh  dhàibh  an  tore, 
goinidh  an  friodh  nimhe  garbh, 
bonn  an  laoieh  ba  gharg  in  dtroid. 

19.  Tuitidh  ann  sin  ar  an  raon, 

Mac  Ui  Dhuibhne  nâr  fhaomh  feall, 
'na  laighe  do  thaobh  an  tuire, 
ag  sin  [a]  oidheadh  dhuit  go  dearbh. 

20 .  Atâ  se  ann  soin  fa  chriaidh, 

Mac  Ui  Dhuibhne,  ciabh  na  gcleacht, 
aon-mhaeaomh  fuileach  na  bhFiann, 
san  tulaigh  so  'chiam,  fafheart. 

21 .  Seabhac  sûlghorm  Easa  Ruaidh, 

fear  le  [mjbeirthi  buaidh  gach  âir, 
in  diaidh  a  thorchairt  le  tore, 
fa  thulchain  an  chnuic  so  atâ. 

22 .  Diarmaid  Mac  Ui  Dhuibhne  fhéil, 

[aj  thuitim  tre  éad  mo  nuar, 


The  Deaih  of  Diarmaid.  165 

ba  ghile  a  bhrâgha  nà  grian, 
ba  deirge  a  bhéal  nà  blâth  cn[uas] . 

25 .      Fa  buidhe  a  fhionnfadh's  a  fholt, 

fada  [aj  rose  barrghlan  fa  fhleasg,  • 

guirme  is  glaise  'na  shiiil, 

maise  is  caise  i  gcûil  na  gcleacht. 

24.  Binneas  is  grinneas  'na  ghlôr, 

gile  'na  dhôid  bliarrdheirg  bhlaith, 
méid  agus  aobhdhacht  (?)  san  laoch, 
seinge  is  saoire  'na  chneas  bàn. 

25.  Cumhaclitach  (?)  is  mealltôir  ban, 

Mac  Ui  Dhuibhne  ba  mhear  (?)  buaidh, 
an  tsuirghe  char  thôg  a  siiil, 
ô  cuireadli  l'iir  ar  a  ghruaidh. 

28.     Imeartach(?)  éididh  is  each, 

fear  i  n-éigean  creach  nâr  chearr, 
giolla  a  b'fhearr  gaisgeadh  is  saoi  (?), 
ach,  truagh  mar  ataoi  (?)  sa  ghleann. 

TRANSLATION 

The  author  of  this  is  AiHn  mac  Ruaidhri. 

1 .  Thisvalley  beside  me  is  Gleann  Sîdhe  ; 

in  which  arc  (?)  the  cries  of  birds  and  elks; 
often  would  the  Fenians  rush 
up  this  Valley  after  their  hounds. 

2 .  This  Valley  under  Beann  Gulbain  '  the  blue, 

whose  hills  are  the  fairest  beneath  the  sun, 
not  seldom  were  its  streams  red, 
after  chases  by  Fionn  of  the  Fenians. 

3 .  Listen  a  little  if  vou  wish  for  a  lay, 

O  dear  company,  froni  me, 

of  Beann  Gulbain,  of  generous  Fionn, 

and  of  Mac  Uî  Dhuibhne,  a  sad  taie. 


4 Fionn,  sad  wastheguile 

upon  Mac  Uf  Dhuibhne,  of  ruddy  hue, 

I.  The  original  mountain  is  Benbulbin  in  Barnarobin  towniand,  barony 
of  Carbury,  Co.  Sligo.Thc  Scottish  Gaels  transferred  the  name  to  a  moun- 
tain in  Perthshire.  Hence  Ben  Gulbain  and  Glen  Sidhe  beside  it. 


ié6  /.  H.  Lloyd,  O.  J.  Bergin,  G.  Schoepperle. 

to  go  to  Beann  Gulbain  to  chase 

the  boar  that  no  weapon  can  destroy  ' . 


) 


6. 


/ 


'  )  • 


Bv  Mac  Uî  Dhuihhne  of  the  triumphant  weapon 

that  the  boar  fell, 

* Fionn . 


Mac  Ui  Dhuibhne,  the  darling  of  the  schools, 
this  is  the  taie  that  makes  women  sorrowtul,  - 
he  undertakes  [to  nieet]  the  boar. 

His  match.  .  .  .  of  the  Fenians, 
if  he  were  put  (?)  out  of  the  hill, 
the  old  fierce  maçic  boar 


Fionn  of  ruddy  countenance  set, 

the  chase  about  Beann  Gulbain  the  gre}^, 

by  the  boar, 

great  %vas  the  harm  wrought  bv  the  deceit. 

Hearing  the  clamor  of  the  Fenians, 
coming  towards  it  from  the  east  and  trom  the  west, 
the  monster  arose  from  sleep, 
and  moved  along  the  valle\'. 

At  the  sight  of  the  warriors 

the  old  magie  boar  started  (?)  in  fierce  rage, 
(the  boar)  which  was  keener  than  spear  points, 
with  lusk  (?)  stronger  than  the  ga  holg. 

Mac  Ui  Dhuibhne  of  the  keen  weapons 
answers  the  raging  monster, 
in  its  side .  .  .  heavy,  venomous,  dangerous, 
he  cast  a  spear  against  the  boar. 

His  spear-shaft  breaks  in  three, 
its  head,  alas,  in  the  boar, 
the  spear  from  his  red-tipped  smooth  hand 

.  .   he  did  not  thrust  into  its  body. 

He  drew  from  its  sheath  the  old  blade, 
which  had  won  manv  a  victory  in  battle  ; 
Mac  Ui  Dhuibhne  killed  the  beast, 
he  himself  came  back  safe  '. 

1.  For  the  magie  character  of  this  boar  see  O'Grady's  édition,  176-82 
II,  §  38-41.  The  association  of  the  life  of  a  hero  with  that  of  a  certain 
animal  is  a  fréquent  trait  in  popular  tradition. 

2.  Contrast  O'Grady  182-4,  II  §  41. 


The  Death  of  Diarmaid.  167 

14.     Anger  seized  Fionn  of  the  Fenians, 
and  he  sat  back  on  thc  hill, 

it  grieved  him  that  Mac  Uî  Dhuibhne  (who  never  refused 

poets) 
should  hâve  come  safe  from  the  boar. 

I  ) .     Whon  he  had  been  long  silent, 

He  said,  though  it  was  an  ill  saying  : 
'  Measure,  O  Diarmaid,  from  its  suoiit, 
how  many  feet  there  are  in  this  boar  ?  ' 

16.  He  did  not  refuse  Finn's  request  ;  . 

we  grieve  that  he  did  not  come  home. 

He  measured  the  boar  on  its  back, 

the  son  of  O'Duibhne,  of  tread  not  hcavy. 

17.  '  Measure  again,  backward, 

O  Diarmaid,  carefully,  the  boar  ; 

thou  shalthave  thy  (?)  choice  in  reward  for  it, 

O  youth  of  the  sharp-pointed  weapons. 

18.  He  turned  —  it  was  a  dangerous  movement  — 

and  measured  the  boar  for  them  ; 

the  venomous  rough  bristle 

wounded  the  sole  of  the  warrior  fierce  in  fight  '. 

19.  Then  he  fell  on  the  path, 

the  son  of  O'Duibhne,  who  consented  not  totreachery, 
on  the  ground  beside  the  boar  — 
there  is  his  fate  for  you  truly. 

20.  He  is  there  under  the  clay, 

The  son  of  O'Duibhne  with  curly  hair, 
the  most  warlike  youth  of  the  Fenians, 
on  this  hill  which  we  see,  in  a  grave. 

21 .  The  blue  eyed  hawk  of  Assaroe, 

by  whom  victory  was  won  in  every  slaughter, 

since  his  fall  by  the  boar, 

is  under  the  summit  of  this  hill. 

22.  Diarmaid,  son  ofgenerous  O'Duibhne, 

alas,  that  he  should  liavefallen  through  jealousy  ! 

I.  Diarmaid  is  represented  in  the  versions  coUected  from  oral  tradition 
as  vulnérable  only  in  his  right  heel,  JF.  H.  T.  44;  F  54,  65  ;  L.  F.  158  b, 
161  a. 


ié8  /.  H.  Llovd,  O.  J.  Bergin,  G.  Schoepperle. 

His  neck  vvas  brighter  than  the  sun  ; 

his  lip  was  ruddier  than  the  hlossom  of  clusters. 

23 .  Yellow  vvas  his  hair  ; 

long  his  fair  topped  eye  under  a  curl  ; 
blueness  and  grayness  in  his  eye  ; 
beauty  and  curliness  in  his  curly  hair. 

24 .  Sweetness  and  merriment  (?)  in  his  voice  ; 

whiteness  in  his  smooth,  red-tipped  palm; 
size  and  charm  (?)  in  the  warrior, 
Grâce  and  nobiHty  in  his  white  skin. 

25.  Master(?)  and  charmer  ofwomen, 

Son  of  O'Duibhne  of  swift  victories, 

wooing  has  not  Hfted  her  eye 

since  the  clay  was  placed  on  his  cheek. 

26.  One  who  was  busy  (?)  about  armour  and  steeds, 

and  was  not  crooked  in  hardship  of  forays, 

the  man  who  was  best  in  war,  and  the  sage  (?), 

ah,  it  is  sad  how  thou  art(?)  in  the  glen! 

The  best  version  of  the  ballad  of  Diarmaid's  Dcath  is  the 
fragmentary  one  found  in  the  Edinburgh  GaeHc  manuscript 
XLVIII  (v.  Reliquiae  Celticae,  I,  xiii).  The  texi  is  printed  in 
Reliqidae  Celticae,  I,  i6é,  and  we  pubUsh  a  translation  hère. 
It  is  infortunate  that  the  manuscript  breaks  off  at  this  point  ; 
for  its  readings,  as  shown  by  the  mètre,  are  often  better  than 
those  of  the  version  in  the  Dean's  Book . 

I .     This  glen  beside  me  is  Glenn  Sîodh, 
wherein  is  the  crv  of  birds  and  elks, 
frequently  would  the  Fenians  run 
(along)  this  strath  in  the  west  after  their  hounds. 

2  .     Beinn  Ghlashha  (?)  and  Beinn  Ghulbann  the  blue, 
whose  hillocks  =  are  the  loveliest  under  the  sun, 
often  were  its  streams  red 
after  chases  by  Finn  with  his  Fenians. 


1 .  Diarmaid  is  the  hero  of  numerous  love  stories  in  Ossianic  literature. 

2.  tnilm  rhymes  with  glmirm,  and  hence  is  better  than  the  rcading  in 
the  Dean's  Book,  tulach. 


I 


The  Dealh  of  Diarmaid.  169 

3 .  Listcn  a  little,  if  you  would  havc  a  lay, 

abuut  this  dear  company  that  is  gone, 

about  Ben  Gulbain,  about  generous  Finn, 

and  about  the  grandson  of  Duibhne,  my  sad  taie  ! 

4.  It  was  allotted  by  Finn  (sad  was  the  treachery), 

upon  the  grandson  of  Duibhne  of  ruddy  hue, 

to  go  to  Ben  Gulbain  to  hunt 

the  boar  that  no  weapon  could  subdue. 

5 .  The  beast  awoke  from  its  sleep, 

•  and  looked  '  away  over  the  glen, 
and  it  saw  the  foragan  '  of  the  Fenians 
from  east  and  west  coming  against  it. 

6.  Is  roused  (?),  at  the  sight  of  the  warriors, 

the  old  boar  of  the  elf  mounds  >, 
longer  was  its  tusk  than  a  spear  ; 
sharper  its  fedh  than  the  ga  bolg. 

7 .  Diarmaid,  son  of  generous  O'Duibhne, 

cast  a  spear  at  the  boar  ; 

the  shaft  was  broken  in  three, 

but  it  went  (if  the  taie  be  true)  into  the  boar. 

8.  The  spear  from  his  smooth  white-tipped  hand, 

he  puUed  ivhat  was  in  its  body. 

9 .  He  drew  the  old  blade  from  its  sheath, 

which  had  won  many  victories  in  battle  : 

the  beast  fell  by  Diarmaid, 

and  he  came  back  safe  thereafter. 

10.  When  Finn  had  long  been  silent, 

he  spoke,  and  it  was  ill  to  say  : 

'  Measure,  O  Diarmaid,  from  its  snout 

how  man}'  feet  there  are  in  the  boar'. 

11.  'I  will  not  refuse  thy  request,  O  Finn, 

I  am  sorry  that  I  did  not  come  against  her  (?)  ♦. 

1.  d'amharc  seems  to  be  a  better  reading  than  ghiaisis  oftheDean's 
Book. 

2.  forgan,  (a)  keenness,  anger;  (b)  noise,  chime,  Highland  Society  Dic- 
tionary. 

3.  uttder  heather  (anger)  oftbe  hills.  But  henn  does  not  rhyme. 

4.  'lux  haghaidh,  against  her,  ie.  the  boar  (mue)  or  beast  (beist).  But 
the  text  is  corrupt.  'na  thaigh,  to  his  house,  would  rhyme  with  traigh 
(sic  leg.). 


lyo  /.  H.  Lloyd,  O.  J.  Bergin,  G.  Schocppeiie. 

He  measured  the  boar  on  its  back, 

the  grandson  of  Duibhne,  the  light-footed. 

1 2 .     Seventeen  feet  of  true  measure 
there  were . .  .  that  pig 
'That  is  not  its  true  measure  but  — 


1 


The  following  fragment  in  late  hand  (seventeenth  or  eigh- 
teenth  century?)  and  bad  spelling  occurs  on  p.  39  ofMSH. 
4.22  (T.  C.  D.).  It  is  of  interest  as  offering  an  Irish  représen- 
tative of  the  ballad  of  Diarmaid's  deathsopopular  in  Scotland. 

A  Diarmaid  eisd/;  nac/;  g/jad/;aJr 

na  freag/w/r  an  fiad/;ac/;  breige 
decaîV  taeb/;  ré  Mac  Cuaill 

is  cui?;/aiH  heith  gan  ceile. 

Fiadac/;  breig/;e  an  iiadacb  so 

ataid  a  cobi  ar  slabr«îd 
ac/;d  fiad/;ac/;  na  peisteso 

achuDi  tusa  do  marbad/;. 

Na  ahair  si/;  a  Grane 

na  tohhair  naire  dod  ceile 
■  cha  (?)  treg/;find  ma  sealg/;a 
ar  agla  na  Feine. 

Trug  si»  a  Mie  hi  Dui«»bne 
is  cui»mig  mar 

Traiishition. 

O  Diarmaid,  heed  not  the  hounds,  answer  not  the  shani  hunt.  It  ishard 
to  trust  the  Son  of  Cumhall  :  (he)  remembers  that  he  is  without  a  wife. 

This  hunt  is  a  sham  hunt  ;  his  hounds  are  chained  ;  but  the  hunt  of  this 
beast  isin  order  to  i^ill  thee. 

Say  not  so,  O  Grâinne;  put  not  tliy  husband  to  shame.  I  would  not  aban- 
don my  hunt  for  fear  of  the  Pian. 

Alas  !  thou  Son  of  O  Duibhne,  consider  how... 


We  append  a  translation    of  a  version  of  ihc  Deatb  of  Diar- 
maid collected  by  Kennedy,  about  1774  and  printed  in  J.  F. 


The  Dcaih  of  Dianiuiid.  171 

CampheH's  Lcabbar  na  Fei une  (London,  1872),  p.  158  b.  The 
more  important  variants  of  tlie  version  in  Kennedy's  second 
collection,  noted  in  Leabbar  na  Feiiine  p.  161  b,  are  mention- 
ed. 

1 .  Ossian  :  This  glen  beside  us  is  Glen  Shee,  In  which 
was  wont  to  be  the  sound  of  deer  and  elk,  Often  the 
Fenians  used  to  run  In  the  valley  westward  after  the 
hounds. 

2.  Listen  a  while  if  you  want  a  lay  Concerning  this  dear 
Company  that  is  gone,  About  Ben  Gulhain  and  the  prince 
of  the  Fianna,  And  the  son  of  O  Duibhne  of  the  sad  taies. 

3.  Patrick  :  Why  should  \ve  not  listen  to  thy  lay,  Belov- 
ed  '  Ossian,  sweeter  in  voice  than  the  birds  of  the  shore 
lamenting,  Or  the  birds  of  the  wood  at  the  coming  of 
day? 

4.  Ossian  :  One  day  my  gênerons  king  And  his  Fenians 
whowerenot  timorous-,  Were  hunting  along  dark  glens.  We 
went  down  to  the  strand. 

5.  Then  my  king  saw,  In  front  of  the  true  man  ot 
strength  of  Ireland  \  A  chip  in  the  white,  pure  whirlpool, 
Folded  nine  times,  coming  to  the  sea . 

6.  He  caught  it  in  his  white  hand.  And  he  gazed  sharp- 
ly  and  keenly.  He  measured  it  with  his  comely  [foot,  And 
its  length  was  five  feet  and  a  span. 

7.  Then  he  spoke  fiercely  :  It  is  Diarmaid  who  made  this, 
in  ail  truth,  And  none  of  the  men  of  Cormac,  or  the  swords- 
men  of  the  Fianna . 

8.  My  king  refused  absolutely  to  take  food  or  drink,  until 
the  face  of  the  champion  should  be  found,  If  he  were  alive 
in  Erin  in  a  cave. 

9.  We  set  loose  our  hounds  on  the  mountain.  And 
through  the  very  dark  and  lovely  woodland,  After  the 
wild  cat  of  the  cairns,  So  that  he  might  hear  their  bay- 
ing. 

1.  Generous  K.  2. 

2.  Who  were  strong  in  battle.  K.  2. 

3.  Whose  knowledge  was  greatest  aniong  the  men  of  Fdl.  K.  2. 


172  /.  H.  Lloyd,  O.  J.  Bergiii,  G.  Schoepperle. 

10.  The  warrior  who  was  not  weak  in  battle  Heard  a 
shout  on  the  side  of  the  mountain,  And  he  said  to  his 
wife  :  I  wiUfollow  the  hounds. 

11.  'O  Diarmaid,  do  not  answer  the  hounds  ',  Sinceit  is 
but  a  false  hunt;  it  is  hard  to  trust  Finn;  He  is  grieved  ^  at 
being  without  a  wife'. 

12.  Yet  I  will  answer  the  hounds;  I  will  visit  every  hunt 
of  the  mountain.  It  were  shame  for  me  to  désert  my  lawful 
hunt.  On  account  of  the  enmity  of  the  king  of  the 
Fenians. 

13.  Diarmaid  came  to  the  glen,  Toward  the  famous 
Fenians  oflnisfail,  And  it  was  a  pleasing  sight  to  Finn,  To 
see  him  coming  toward  them  into  their  power. 

14.  We  went  to  Ben  Gulbain  the  blue,  the  fairest  hil- 
lock  under  the  sun,  On  whose  red  streams  had  many  a  time 
been  the  hunt  of  Finn  of  the  Fianna. 

15.  Ben  Gulbain  was  the  lair  of  the  boar;  It  was  often 
trodden  by  the  deer.  Through  the  good  son  of  O  Duihhne 
Grainne  lost  her  mind  and  her  reason. 

16.  Finn  of  ruddy  cheek  stationed  About  green  Ben  Gul- 
bain the  hunt.  'O  Diarmaid,  watch  the  boar'.  Great  the 
harm  that  treachery  caused. 

17.  Listening  to  the  clamor  of  the  Fenians  From  east  and 
west  coming  towards  us,  The  evil  beast  rose  from  his  sleep. 
And  started  away  from  us  up  the  glen. 

18.  The  venomous  old  boar  of  violent  rages,  became  exci- 
ted  at  the  sight  of  the  heroes;  his  bristle  was  stronger  than 
the  wood,  and  his  sting  was  sharper  than  the  ga  bolg. 

19.  A  mysterious  old  boar  is  yonder,  FuU  of  fierce  blood 
and  slaughter.  O  Diarmaid,  princely  son  of  O  Duibhne,  fol- 
low  the  evil  beast. 

20.  The  hero  whose  hand  was  stout  foUowed  The  evil 
beast  that  was  of  highest  bristle  ;  It  moved  toward  him  to 
meet  him,  like  the  sound  of  a  wave  in  the  high  torrent. 


1.  The  warning  of  the  hero  by  his  wife  on  tlie  day  of  his  death  or  of  a 
great  misfortune  is  an  epic  technicalitv. 

2.  Leg.  cuinha}  cf.    IV.  H.  T.  iii,  65. 


The  Deafh  of  Diarniaid.  173 

21.  The  spear  from  the  bright-topped  white  palm,  He  cast 
toward  it  to  destroy  it.  He  broke  the  shaft  in  three  upon  it, 
And  left  the  head  of  it  down  in  the  body. 

22.  He  drew  the  old  blade  from  its  sheath  With  which 
used  to  be  won  victory  in  every  contest.  The  beast  feii  by  O 
Duibhne,  And  Diarmaid  came  away  safe. 

23.  Déjection  fell  upon  the  Fenians,  When  he  sat  down 
baclvward  on  the  hill  ;  He  thought  it  no  triumph  for  him, 
That  Diarmaid  should  corne  corne  safe  from  the  boar. 

24.  After  he  had  been  a  while  silent,  He  said,  and  ill  was 
the  speech  :  'O  Diarmaid,  measure  the  boar,  How  many  feet 
from  its  snout  to  its  heel?' 

25.  He  never  refused  anything  to  the  Fenians,  Which 
they  had  put  before  himall  his  life.  He  measured  the  boar  on 
the  back,  And  he  came  away  safe. 

26.  'Measure  it  backward  again,  O  Diarmaid,  and  if  it 
hurts  thee,  Make  what  request  thou  wilt  therefor,  Lad  ot 
the  keen,  sharp-pointed  weapons. 

27.  He  measured  it  for  them  and  great  was  his  fear; 
The  son  of  O  Duibhne  measured  the  boar.  The  bristle,  sharp- 
edged  and  heavy,  Wounded  the  sole  of  the  warrior  fierce  in 
fight. 

28.  Then  lie  fell  on  the  moor,  The  son  of  O  Duibhne,  the 
curly-haired.  The  peerless  '  hero  of  the  Fenian  company.  On 

.the  hillock  westward  from  the  house. 

29.  His  blood  was  running  from  his  beautiful  body,  Like 
a  small  stream  from  a  high  well  ;  It  was  sad  to  see  his  suffer- 
ing,  In  forment  without  guilt  or  falsehood. 

30.  Although  more  ruddy  his  cheeks  than  the  berry,  In 
the  grass  on  the  brow  of  the  hill,  They  grew  darkly  cloud- 
ily  blue.  As  \\  hen  a  chilly  cloud  comes  over  the  brightness 
ofthe  sun. 

3 1 .  'One  drink  from  thy  cup  %  O  Finn,  O  man  ot  sweet 

1.  Lit.  oiie  bloody  warrior. 

2.  Similarly  inF.  59,  L.  F.  158  b.  In  O'Grady's  version,  184,  II,  §  42, 
cf.  The  Reproachof  Diarmaid,  R.  C.  XXXIII,  45.—  IV.  H.  T.  44,  71,  F 44, 
54,  56,  the  drink  must  be  from  Finn's  palms.  L.  F.  i6\   a  is  indefinite. 

Revue  Celtique,   XXXIIl.  12 


174  /•   H.  Llovd,  O.  J.  Bergin,  G.  Schoepperle. 

and  pleasant  words,  Since   I    hâve  shed  much   of  my  blood 
Bring  me  a  drink  from  the  well.' 

32.  'I  will  not  give  thee  a  drink  of  it,  to  check  thy  anguish 
or  thy  thirst,  For  thou  hast  never  done  anything  for  me 
for  my  good,  Which  thou  hast  not  done  in  the  end  for  my 
harm.  ' 

33.  'I  hâve  never  injured  thee,  Yonder  or  hère,  from  east 
or  from  west.  But  (it  was)  Grainne  who  carried  me  off  cap- 
tive ',  When  she  caused  me  to  break  my  word'. 

34  =  31 

35  =32 

36.  'If  thou  didst  remember  the  day  of  Suibhne  -,  there  is 
no  need  to  be  recalhng  it  ;  I  killed  eight  hundred  and  three 
men  for  thee  >, 

37  =  31 
38=  32 

39.  In  Bruidhen  Caorthainn  thou  wast  prisoner,  O  Finn, 
I  was  good  to  thee,  When  the  White-toothed  one  was  wound- 
ing  thee  And  thou  wast  in  distress  and  in  combat . 

40=  31 

41  =32 

42.  Another  day  I  was  of  service  to  thee,  In  Tara  when 
thou  wast  in  distress,  I  was  victor  in  the  house,  Protecting 
thee  from  every  combat. 

43  =  31 

44  =  32  ^ 

45.  Three  king's  sons  of  Inis  Tire-fo-thuinn,  I  killed 
them  ail  in  spite  of  their  résistance;  And  I  washed  thee 
in  their  blood,  Though  thou  hast  overcome  me  with 
cruelty. 

46.  One  drink  now  from  thy  cup,  O  Finn,  O  manof  the 

1.  Cf.  R.  C.  vol.  XXXIII,  p.  41  sqq.  ;  Mr.  Lloyd  translates  :  went  with 
me  into  captivit\-  (outlawry?),  etc. 

2.  Cf.  O'Grady  184-92,  II,  §  42-5  for  Diarmaid's  enumeration  of  his 
services  10  Finn.  Also  P.  Joyce,  Old  Celtic  Romances,  XIV,  177  ff;  W.  H. 
T.  70,  stanza  21-3. 

5.  Great  was  my  service  with  my  sharp  sword.  K.  2, 


,Thc  Dc'tilh  flf  Dianmtid.  175 

sweet  words   and  help  ',  Since  I  hâve  lost   my  strcngth  and 
my  bloom,  a  drink  from  the  well  ^... 

47=  32 

48.  If  thoudidst  but  remember  the  day  of  Conall.  [When] 
Cairbre  and  his  people  were  before  thee,  Thyself  and  thy 
Fenians  in  thy  train,  O  sad  is  my  face  toward  Ben  Gulbain  ! 

49.  If  the  women  of  Oighe  '  but  knew  that  I  had  been 
broughtinto  this  trap,  Their  husbands  would  be  weary  "*.  O 
sad  is  my  face  toward  Ben  Gulbain, 

50.  I  am  Diarmaid  ofthe  yew  tree  5,  Of  Connaught  and 
Dursey  and  Berehaven.  I  am  the  foster-son  of  Aonghus  ot 
the  Brugh  '',  One  of  choice  beauty. 

51.  I  am  the  foster-son  of  Aonghus  of  the  Brugh,  Every 
shot  of  mine  was  excellent;  I  excelled  every  man  in  hunting  ', 
O  sad  is  my  face  toward  Ben  Gulbain  ! 

52.  I  am  the  blue-eyed  hawk  of  Eas  Ruadh,  By  me  was 
won  the  victory  in  every  battle.  O  sad  is  my  death  from 
the  boar,  Under  the  peak  of  this  hill  ^. 


1.  Leg.  cabbair}  Mr.  Lloyd  translates  «  syllables  »,  but  the  reading  is 
certainly  corrupt. 

2.  Wilt  thou  not  give  ? 

3.  Lit.  of  youth  ;  cf.  JV.  H.  T.  ni,  75,  mnatlian  na  Finne,  Oighe,  cor- 
ruption of  a  place  name? 

4.  Mr.  Lloyd  reads  '  sorrowful...'. 

5.  One  of  the  best  known  incidents  in  the  story  of  Diarmaid  and 
Grainne  is  the  chess  play  between  Fionn  and  Oisin  under  the  tree  in 
which  the  fugitives  hâve  taken  refuge.  D.  sends  down  a  berry  to  show 
Oisin  how  to  move.  His  présence  is  thus  discovered  to  Finn  and  he  es- 
capes  with  difficultv.  Cf.  O'Grady's  version,  142  ff.,  II,  §  20  ff.  ;  Mr  Lloyd 
lias  edited  a  composite  text  made  up  of  the  version  in  R.  I.  A.  MS.  23 
L.  27,  O'Grady's  version  and  the  Scotûsh  \ersions  in  An  Claidcainh  Sohiis, 
March,  19,  1910  and  ff.  ;  L.  F.  155  prints  the  versions  collected  by  Ken- 
nedy. The  incident  is  alluded  to  in  almost  ail  the  stories  of  D.  and  G.  cf. 
L.  F.  156  q,  161  a  etc. 

6.  Cf.  the  loth  century  Uath  Beinne  Etair,  R.  C.  XI.  124  ff.  in  which 
Aonghus,  mentioned  as  the  foster  father  of  Diarmaid,  appears  and  saves 
him  in  a  moment  of  great  péril.  His  rôle  is  similar  in  O'Grady's  version 
pp.  71,  148,  150,  168,  198;  I    §21,  23,  16,  34,  35,  52. 

7.  Or  Icg.foighid,  patience,  endurance. 

8.  R.  I.  A.  MS.  3  b.  8,  fo.  321  represents  Conan  as  taunting  Finn 
when  he  is  bringing  the  water  to  Diarmaid  :  is  minic  thug  an  beal  sin  pog 


ijé  H.  Lloyd,  0.  J.  Bcrgiii,  G.  Schoepperle. 

53.  We  buried  at  last,  With  mourning,  sorrow,  and  shed- 
ding  of  tears,  The  suprême  warlike  youth  of  the  Fenians  On 
the  hillock  westward  under  a  stone. 

54.  When  the  \vicked  Grainne  saw  That  he  was  put  under 
the  ground,  She  lost  consciousness  and  color,  And  fell  in  a 
trance  on  the  ground. 

55.  When  she  arose  out  of  her  stupor,  She  sang,  with 
tornient  and  sorro\v,  The  praises  of  Diarmaid  of  brightest 
color,  Lying  ghastly  on  the  moor. 

56.  'There  is  a  bed  for  two  in  the  rock  '  ;  Finn  was  seeking 
it  for  a  year,  fhere  is  a  stream  above  it  to  the  sea,  And  it 
never  wet  thy  love  Diarmaid. 

57.  This  is  the  bed  where  —  ^  was,  Who  used  to  rouse 
the  attack  m  hunting,  The  man  who  did  not  think  of  fear,  At 
the  cry  of  the  hounds  on  yonder  mountain. 

58.  Alas,  that  was  the  time  of  torment,  How  bitter  and 
sharp  is  my  sorrow  for  thee,  That  thy  blue  eye  should 
be  without  sight,  O  man  of  delightful  mouth  and  words. 

59.  Thou  wast  the  sister's  son  of  the  high  king,  Thou 
wast  loving,  fortunate,  and  bountiful;  O,  it  is  a  pity  that 
he  put  thee  to  death,  without  any  reason,  O  love  Diarmaid. 

60.  Thou  wast  the  suprême  hero  ofthe  men  of  Pal,  In 
winning  triumph  in  battle_,  Thou  wast  the  best  of  them 
ail  in  every  sport,  And  didst  cause  them  gladness  and  solace. 

61.  Thy  skin  was  brighter  than  the  cotton  down,  On  fresh 
snow  in  narrow  glens;  Thy  form  surpassed  those  of  ail 
therest,  O  man    of  ruddier  cheeks  than  the  quicken  berry. 

62.  Thy  eye  was  bluer  than  the  berry,  On  the  edge  of 
wild  high  peaks,  And  the  flash  of  thy  eye  was  gentler  Than 
the  sigh  ofthe  wind  which  bends  the  grass  on  every  ridge  '. 

do  bheal  Ghrainne.  Il  is  often  that  mouth  gave  a  kiss  to  Grainne.  Siiui- 
larly,  the  version  collected  from  oral  tradition  in  Ballyvournev,  v.  The 
Reproach  of  Diarmaid,  R.  C,  vol.  XXXIII,  p.  44,  n.  In  O'Grady's  version, 
192-4,  II,  §  45-48  and  in  the  other  manuscripts ofthe  i8th  century  literarv 
version,  as  in  the  versions  collected  in  Scotland,  Finn  is  alone  responsihle. 

1.  Cromlechs,  caves,  etc.,  are  frequently  knowu  in  Ireland  as  the  bcds 
of  Diarmaid  and  Grainne. 

2.  Lendan,  long  hair,  or  proper  name  ? 

?.  The  gentle  sigh  on  the  grass  of  the  ridge.  K.  2. 


The  Deaih  of  Diarmaid.  177 

63.  Thy  tooth  was  brighter  than  the  henbane  ',  That 
quivered  ail  the  day,  And  the  sound  of  thy  dear  mouth  was 
sweeter  than  woodbirds'  music  on  every  plain. 

64.  Thy  hair  is  like  the  brightness  of  the  sun,  Bright, 
yellow,  curly,  and  dear  ;  thy  skin  is  as  smooth  as  the  foam 
O  thou  who  wast  helpful  in  every  place. 

65.  I  am  mournful  without  consoling  mirth,  But  [with] 
weariness  and  sorrow  ever  lamenting;  The  musical  harp  of 
sweetest  frolic  Will  never  awaken  my  heart  to  joy. 

GG.  My  spirit  has  fallen  into  a  billowy  sea,  Crying  heed- 
lessly  without  rest,  Ever  recollecting  thy  ways.  Ah,  my  afflic- 
tion, and  I  without  joy  ! 

67.  I  shall  no  more  hear  thy  speech,  That  was  more 
delightful  than  the  music  of  the  fiddle,  Or  the  thrush  in  the 
wild  glens  ;  It  has  left  my  heart  dark  forever. 

68.  No  more  shall  I  see  thy  face  %  Or  the  brightness  of 
thy  gentle  blue  eye  ',  Alas,  I  am  under  overwhelming  dis- 
tress  ;  I  shall  never  arise  to  light  ■^. 

69.  Dark  is  thy  dwelling  under  the  sod,  Narrow  thy  bare 
bed  prepared  for  thee  ;  Never  till  doomsday  will  break  the 
morning  That  will  awaken  thee  from  thy  slumber,  O  hero  \ 

70.  But  hidden  ever  in  the  ground,  Is  thy  head,  O  thou 
desired  of  every  eye.  Farewell  to  thee  and  thy  beauty,  Now 
and  forever,  O  Diarmaid.' 

71.  Every  poet  got  ready  his  harp,  To  sing  to  us  praise 
of  the  great  hero,  Mournfully,  and  very  sorrowfully,  Music 
at  which  ever\"  eye  was  weak  and  tearful. 

72.  Maj^'st  thou  be  happy,  O  Diarmaid,  Man  best  in 
speech  and  fight  Of  ail  the  Fenians  in  Ireland,  To-day  our 
cry  is  mournful. 

73.  Thy  strength  was  as  a  torrent  of  water,  descending  to 


1.  Gagan,  a  cluster,  or  bunch.  Hii^hland  Society  Dict. 

2.  Be  seen.  K.  2. 

5.  Beaming  bright  in  Tir  Conall  K.  2. 

4.  Whcn,  O  love,  shall  light  corne  upon  thee?  K.  2. 

5.  Awaken  mv  love  the  hero  K.  2. 


ijS  /.  H.  Lloyd,  O.   T.  Bergin,  G.  Schoepperle. 

vanquish  îhv  foes;  in  speed  as  the  eagle  of  the  skies,  or  as 
tlie  race  of  a  fishskimming  through  the  sea  '. 

74.  O  chieftain  of  Bearra  of  more  beautiful  hair  -  Than 
an}'  vouth  among  the  Fenians,  Undisturbed  be  thy  golden 
locks,  Beneath  tlie  weight  of  the  level  sod  '  ! 

75.  Never  again  shalt  thou  be  seen  on  the  sea.  On  which 
the  high  waves  rise,  Nor  in  the  wood  hunting  the  deer, 
Nor  in  battle  against  a  hundred,  hewing  bones. 

76.  Never  more  shall  be  heard  the  shout  of  th}'  mouth, 
which  was  sweeter  than  the  call  of  birds,  In  the  house  of 
Tara  forever,  O  man  most  excellent  in  love  and  appear- 
ance. 

77.  Dark  to-day  is  every  eye,  Bright  was  th}-  palm,  bright- 
er  thy  face;  Strong  and  serviceable  wast  thou,  O  hero  Plen- 
tiful  in  beauty  and  courtesy  and  curls. 

78.  A  thousand  curses  on  the  day  That  Grainne  fell  in 
love  with  thy  face;  It  was  this  that  angered  Finn  +.  And  put 
thee  in  thy  might  beneath  the  ground. 

79.  Although  there  was  many  a  one  >  of  strength,  Around 
thee,  O  curl  of  beauties,  Thou  wert  the  best  hand  in  fence 
and  fîght,  Alas,  of  ail  that  were  in  the  glen . 

80.  But  thy  beauty  was  wont  to  beguile  every  woman,  O 
son  of  O  Duibhne,  swift  in  victory  ''. 

81.  There  h  as  not  taken  sword  in  hand,  Of  the  best  satin 
cloaks  of  the  Fenians,  Anyone  who  could  take  thee  from  us. 
In  spite  of  the  hosts  of  Fianna. 

82.  Nor  has  any  taken  shield  or  sword,  That  was  determi- 

1.  Sic.  Highlaud  Soc.  Dict.  s.  v.  steud,  quoted  from  Sinith's  Collection 
of  Ancieut  Gaelic  Poenis  (Sean  Dàiia),  p.  114. 

2.  More  beautiful  in  brilliance.  K.  2. 

3.  S.  V.  samhach,  Highland  Soc.  Dict. 

4.  From  his  sensés.  K.  2. 

5.  A  hero  of  great  strength  K.  2. 

6.  Cf.  W.  H.  T.  iii,  75;  F.  62.  Highland  Soc.  Dict.  s.  v.  suire,  sui- 
readh.  An  t-suireadh  cha  do  thog  a  sùil,  O  chaidh  an  ùir  do  ghruaidh. 
Gill.  287.  The  maiden  raised  not  an  eye,  since  thy  cheek  was  laid  in  the 
dust  (sic).  Mr.  Lloyd  translates  :  thy  wooing  has  not  raised  thy  eye,  until 
the  mould  went  over  thv  cheek.  But  the  reading  is  corrupt,  as  the  Dean  of 
Lismore's  version  (stanza,  25,  11.  5,  4)  shows;  see  translation  thereof. 


The  Dcalh  of  Dianiiaid.  179 

ned  to  approach   thee,  O  son  of  O  Duibhne  yonder  who  art 
dead,  When  thou  wast  in  the  armor  of  heroes. 

83.  But  from  the  timc  thon  didst  go  away  with  Grainne, 
Along  every  place  '  Uke  a  phantom  of  death,  Everyone  of 
us  took  aversion  to  thee,  Especially  Fionn  —  it  is  a  sad 
story. 

84.  No  wonder  that  I  am  without  heart  for  food.  Dark 
and  gloomy  without  sokice,  Seeing  how  many  strong  and 
valiant  warriors  of  oursFell  every  time  in  combat. 

85.  They  hâve  ail  fallen  but  me  alone,  Like  a  tree  rotten, 
without  foliage  ;  Every  man  -,  youth  \  and  stripling, 
Although  very  numerous  were  they  to  recount. 

86.  Although  I  am  to-day  without  strength  or  protection, 
Great  was  my  violence  and  my  vigor;  without  lack  of  men 
oran^'thing.  This  has  left  me..  *. 

J.  H.  Lloyd,  o.  J.  Bergin,  G.  Schoepperle  5. 


1.  Along  the  hills  K.  2. 

2.  Lit.  oak. 

3.  Lit.  twig. 

4.  Lit.  an  alternate  life. 

5.  The  text,  translation,  and  grammatical  notes  from  the  Dean's  Book 
are  by  J.  H.  Lloyd  and  O.  J.  Bergin;  the  translation  of  Kennedy's  version 
is  by  G.  Shoepperle,  revised  by  J.  H.  Lloyd  and  O.  J.  Bergin.  The  intro- 
duction and  literary  notes  are  by  G.  Schoepperle.  This  article  and  the  pre- 
ceding  one  on  The  Reproach  of  Dianuaid  (y.  p.  41  above)  will  form  the 
basis  of  a  study  of  the  relation  of  the  story  of  Diarmaid  and  Grainue  to 
that  of  Tristan  and  Isnlt,  to  appear  shortly  in  a  volume  on  the  origins  of 
the  Tristan  romance  by  G.  Schoepperle. 


BLEDHERICUS,  BLEDDRI,  BRÉRI 


Giraldus  Cambrensis,  writing  of  the  Welsh  coracles,  tells 
the  following  anecdote,  which  is  important  enough,  as  we 
shall  see  later,  to  be  quoted  in  fuU  : 

"  Thefishermen,  according  to  the  custom  of  the  country, 
carry  thèse  coracles  on  their  shoulders  to  and  fro  from  the 
river  :  commenting,  therefore,  onthis  circumstance,  the  famous 
cyvarwydd,  Bledhercus,  who  lived  a  little  before  our 
time,  used  to  deliver  himself  of  this  enigma  :  "  There  are 
people  among  us  who,  when  they  go  out  to  hunt,  place  their 
horses  on  their  shoulders,  and  carry  them  as  far  as  the 
hunt  :  to  catch  their  prey,  they  jump  on  their  horses,  and 
after  catching  it,  they  cast  their  horses  again  on  their  shoul- 
ders and  carry  them  ail  the  way  home  '  ". 

Now  Bledhercus,  or,  according  to  other  manuscripts,  Bkd- 
fenV//^  is  Gerald's  Latin  for  the  rather  uncommon  name  Blcdd- 
ri,  and  the  late  M.  Gaston  Paris,  with  whom  Sir  John  Rhys 
agrées^,  has  identified  him  with  another  faljiilator,  called  in 
French  Bréri,  whose  name  occurs  in  the  work  of  a  certain 
Thomas  who,  according  to  G.  Paris,  wrote  in  England  about 
the  3'ear  1 170.  "  According  to  what  I  hâve  heard  ",  says  Tho- 
mas, (speaking  of  the  writers  of  the  Tristan  taies),  "they  do 
not  tell  it  according  to  Breri,  who  knows  (?)  the  gestes  and 

1 .  Naviculas  istas  piscatores  patriae  ritu  eundo  et  redeundo  humeris  por- 
tant, unde  et  famosus  ille  fabulator  Bledhercus,  qui  tempera  nostra  paulo 
praevenit,  super  hoc  casu  sic  aenigmatice  proloqui  consueverat  :  Sunt  apud 
nos  gentes  quae  cum  ad  praedandum  deproperent,  equos  humeris  imposi- 
tos  usque  ad  praedam  ipsam  portant,  ad  praedam  vero  capiendam  equis 
insiliunt,  atque  capta  statim  equos  humeris  iterum  injectes,  domum  redeundo 
reportant.  —  Desciiptio  Kaiiihriae,  I.  Chap.  17  (PoweH's  édition,  1804, 
p.  212). 

2.  Arthuiian  Legend,  p.  373. 


BJcdhericus,  Bh'ddri,  Bréri.  i8i 

the  taies  of  ail  the  kings,  of  ail  the  counts  that  hâve  been  in 
Britain  '.  "  The  inference  is  that  the  French  writcr  considered 
Bréri  to  be  the  original  authority,  and  that  the  rest  were  inac- 
curate  because  they  did  not  follow  him. 

Since  G.  Paris  made  this  discovery,  otheraccounts  of  Bledd- 
ri  hâve  been  found.  Wauchier  de  Denain,  the  continuator  of 
Chrétien  de  Troyes's  Perceval,  attributes  the  original  of  the 
Perceval  collection  to  one  Bleheris,  "  who  was  born  and  bred 
in  Wales...  and  who  related  it  to  the  Count  of  Poitiers,  who 
loved  the  history  ^  "  The  name  Bleheris  is  again  mentioned 
further  in  the  story',  and  another  of  this  séries  of  talcs  is 
attributed  to  one  Maistrc  Blihis-^. 

Proceeding  on  the  assumption  that  ail  thèse  names  — Bled- 
hericus,  Bleddri,  Bréri,  Bleheris,  and  Blihis  —  represent  only 
çne  person,  is  it  not  possible  to  ascertain  anything  about  the 
history  of  this  great  Welsh  fount  of  continental  Romance  ? 
Miss  Weston  is  inclined  to  see  in  him  the  Bleddri  who  was 
consecrated  Bishop  of  Llandaf  in  983,  and  who  died  in  1022. 
According  to  the  Myvyrian  Ârcbaeology'',  he  was  a  great  scho- 
lar  and  lover  of  literature,  and  it  is  to  be  noted  that  he  was 
acontemporary  of  Guillaume  le  Grand,  Count  of  Poitou  (990- 
1029)^.  Against  this  identification  is  Gerald's  statement  that 
"  he  lived  a  little  before  our  time  ".  Gerald  was  born  in 
1147',  so  that  his  birth  was  separated  from  Bishop  Bleddri's 
death  by  125  years,  and,  therefore,  it  seems  quite  impossible 
that  he  could  refer  to  him.  Further,  it  seems  to  us  certain 
that  Gerald,  who  knew  the  ecclesiastical  history  of  Wales  to 

1 .  Mes  sulum  ço  que  j'ai  oï 
Nel  dient  pas  sulum  Breri, 
Ky  soit  les  gestes  e  les  cuntes 
De  toz  les  reis,  de  toz  les  cuntes 
Ky  orent  esté  en  Bretaingne. 

2.  See  Miss  Weston's  Lcgend  of  Sir  Perceval,  p.  288. 
5.  Ibid.,^. 2SS. 

4.  Ibid.,  p.  276. 

5 .  This  is  lolo  Morgannwg's  version  of  Brut  \  Tywysogion,  and  like  ail  his 
documents,  is  open  to  grave  suspicion. 

6.  Miss  Weston's Pcrci^i'a/,  p.  293. 

7.  Dr  Owen's  Gerald  the  Wehhiiaii,  p.  2. 


i82  IV.  J.  Gruffydd. 

pertection,  would  never  hâve  referred  to  a  well-known  bishop 
merely  as  afabiiJafor. 

The  only  other  Bleddri  known  to  Welsh  historians  was 
Bleddri  ab  Kedivor  who,  in  1116,  had  charge  of  a  Norman 
Castle  '.  This  same  Bleddri,  as  shown  by  the  attestations, 
gave  between  1129  and  1134^  a  pièce  of  land  at  Eghvys 
NewyddbyCaermarthen  to  theprior^^ofSt  John  in  thattown  >. 
He  and  his  daughter  are  mentioned  in  1131,  and  in  the 
same  year  he  is  one  of  the  Knights  of  the  "  honour  "  of  Caer- 
marthen  '^,  and  is  mentioned  as  Bleberic  the  Welshman.  His 
son  Gruffudd,  according  to  a  prior  entr}»-  in  the  Cartular)'^ ', 
makes  a  grant  of  the  land  which  his  father  had  already  given, 
so  that  the  King's  confirmation  of  the  grant  already  noticed 
was  not  made  when  Bleddri  gave  it,  but  when  the  heir 
Gruffuddgave  it;  so  that  Bleddri  must  hâve  died  before  11 34. 
We  hâve  seen  that  he  was  alive  in  1131,  and  therefore  the 
date  ofhis  death  lies  between  1131  and  1134,  that  is  to  say, 
about  fifteen  years  before  the  birth  of  Gerald. 

Now,  we  think  it  certain  that  this  Bledhericus  of  Caermar- 
then  was  the  fabulator  referred  to  by  Gerald,  and  the  Bréri  or 
Breheris  of  the  French  writers,  and  thèse  are  some  reasons  for 
thinking  so.  First  of  ail,  his  date  fits  exactly  with  Gerald's 
remark"  that  he  lived  a  little  before  our  time",  and 
it  is  not  likely  that  there  were  two  ïâmous  jabiilatores  of  the 
same  name  living  at  the  same  time.  Secondly,  there  is  the 
riddle  concerning  the  coracles,  —  which  makes  it  necessary 
that  û\&  fabula tor  who  uttered  it  should  hâve  lived  somewhere 
where  such  coracles  were  common  sights,  and  of  ail  places  in 
Wales,  Caermarthen  is  the  most  likely  spot.  To  this  day,  it  is 
the  head-quarters  of  this  method  of  fishing,  and  Gerald's  co- 
racles, as  he  describes  them,  correspond  in  every  détail  to 
those  still  used  by  the  Tywi  fishermen  at  Caermarthen.  Hère 
"  Bleheris  the  Welshman  "  admirably  fits  the  requirements 


1.  Brut  y  Tywysogion,  p.  126.  Llovd's  History  of  Wales,  p.  428. 

2.  Do.  p.  428. 

5.  Cartularium  S.  Johannis  Bapt.  de  Caermarthen,  p.  10. 
4.  Lloyd's  Hisl.  of  Wales,  p.  248. 


Bh'dhericiis,  Bhulii,  Brérl.  '       183 

of  the  case,  —  his  home  was  at  Caermarthen,  and  most  of 
his  life  wasprobably  spent  within  viev/  ot  the  fisheries  of  the 
Tywi.  Thirdly,  (and  this  is  the  most  important  point),  he  is 
called  in  the  cartuhiry  Blcdcriciis  Latinicni,  which  further  on, 
is  written  Latiiiieri.  Now  the  final  /  is  not  the  genitive  ter- 
mination,  and  cannot  be  explained  as  part  of  a  Latin  word; 
latimeri,  therefore,  is  a  half-hearted  attempt  to  Latinise  the 
Welsh  IJadiiierydd,  the  final  /  representing  ydd,  as  it  does  to 
thisday  in  the  speech  of  South  Wales.  Now Lladnierydd  (from 
an  English  Latimcr,  from  O.  French  Latinier)  means  "  inter- 
préter ",  and  Prof.  Lloyd  thinks  that  this  epithet  means  that 
"  it  was  his  spécial  duty  to  convey  the  royal  commands  to  his 
fellowcountrymen  ",  which  may  very  well  hâve  been  the  case. 
It  may,  however,  hâve  a  much  wider  significance,  that  he  inter- 
preted  the  "  matter  of  Britain  "  to  the  Normans',  exactly  as 
Bréri  or  Breheris  is  represented  as  doing  by  the  French  wri- 
ters.  Apart  from  his  significant  title,  he  seems  to  hâve  been,  by 
virtue  of  his  rank  as  Norman  Knight  and  Welsh  land-owner, 
in  the  very  position  which  would  enable  him  to  make  the  Nor- 
mans  acquainted  with  the  taies  of  Wales.  Lastly,  there  is  the 
date  of  II 70  which  G.  Paris  assigns  to  the  author  who  men- 
tions him,  that  is  about  38  years  after  the  death  ofBledericus, 
of  whom,  therefore,  he  may  well  hâve  been  a  contemporary. 
To  us,  the  évidence  seems  as  certain  as  such  évidence  can,  from 
the  nature  of  the  case,  be.  At  least,  the  search-light  of  future 
scholarship  may  very  profitably  be  turned  in  the  direction 
of  Bleheric  the  Welshman,  and  if  further  confirmation  of  our 
theory  be  torth-coming,  the  last  nail  will  hâve  been  driven 
into  the  coffin  of  Prof.  Foerster's  arrogant  théories. 

Cardiff.  W,  J.  Gruffydd. 


I.  Sur  ce  point,  comme  sur  plusieurs  autres  traités  dans  cet  article,  voir 
la  lettre  de  M.  Edward  Owen,  qu'a  publiée  la  Revue  Celtique,  t.  XXXIL 
p.  5  et  suiv.  [N.  d.  1.  R.]. 


LLYMA    VABINOGI   lESSU    GRIST 


Such  is  the  title  of  a  fragmentary  manuscript  included  in 
the  volume  known  as  Peniarth  14,  Pari  II  (==  Hengwrt  ij), 
formerly  in  M'  W.  R.  M.  W5mne's  collection  at  Peniarth, 
but  now  with  many  others  in  the  National  Library  of 
Wales,  Aberystwyth. 

This  manuscript  which  deals  with  incidents  in  theearlylife 
of  Christ  is  incomplète;  the  first  folios,  and  also  two  others  in 
themiddleof  the  text,  are  missins;  and  the  MS  bénins  with  the 
flight  into  Egypt.  Fortunately  we  possess  two  other  Welsh 
versions  of  the  vtûbinogi,  also  in  Peniarth  MSS  at  Aberys- 
twyth, one  in  the  White  Booh  of  Rhydderch  or  Peniarth  j"  and 
the  other  in  Peniarth  14,  Part  I  (=  Hcngiurt  2^).  The  three 
MSS  contain  independent  translations  ot  a  Latin  text  relating 
to  the  Virgin  Mary  and  the  child  Jésus.  According  to  the 
introduction  to  Peniarth  j  fol.  xiv,  Matthew  the  evangelist 
wrote  an  account  of  Christ's  doings  in  Hebrew  ;  this  was 
translated  into  Latin  by  S'  Jérôme  at  the  instigation  of  Chro- 
matius  and  Eliodorus. 

In  order  to  compare  the  Welsh  translations  with  the  Latin 
original  use  has  been  made  of  the  édition  of  the  Aprocryphal 
Gospels  brought  out  by  Tischendorf^.  In  the  introduction  to 
the  Gospel  of  S'  Matthew  (Pseudo  Matthaei  Evangelinm  sive 
Liber  de  ortu  beatae  Mariae  et  Infantia  Sahiatoris),  Tischendorf 
mentions  four  Latin  MSS  :  i)  in  the  Vatican,  which  he  has 


I.  Edited  in  1892  with  an  English  translation  by  the  Rev.  Robert 
Williams,  Sélections  froni  the  Hengurt  MSS,  vol.  II,  pp.  212-237,  under  the 
title  Biiched  Meir  Wyry  (translated  pp.  582-599). 

2.  Fr.  Const.  Tischendorf,  Evangelia  Apocrypha,  Lipsiae,  Avenarius  et 
Mendelssohn,   1853. 


LIviiia  Valnnogi  lessu  Grist.  185 

principally  utiliseJ  for  his  édition,  2)  Laurentian  Lihrary,  3) 
and  4)  at  theBibliolhêqne  Nationale,  Paris,  theone  dating  frorn 
the  XIV'''  and  the  other  from  the  xv'''  century.  The  dates  of 
i)  and  2)  are  not  given. 

Without  a  very  thorough  investigation  it  is  not  easy  to  say 
of  which  Latin  MSS  the  Welsh  are  translations,  nor  is  this 
necessary  for  our  purpose. 

There  is  not  sufiicient  internai  évidence  to  show  where  the 
Welsh  translations  were  made,  but  it  is  less  difficult  to  tix 
their  respectives  dates.  According  to  D"'  Gwenogvryn  Evans  * 
the  folios  of  the  IVhite  Book  containing  the  translation  belong 
to  the  firstquarter  of  the  xiv^'^  century  :  the  foHos  oî  Peniarlh 
14,  containing  Llynia  Valnnogi  Icssu  Grist  date  from  the  second 
quarter  of  the  same  century  %  while  those  containing  the 
third  MS.  are  earlier  in  date  than  either  of  the  other  two, 
having  been  written  about  the  middle  of  the  preceding  cen- 
tury. The  language  of  this  MS  may  well  be  compared  with 
that  of  the  Book  of  Aneirin  which  also  dates  from  the  early 
part  of  the  XIII'''  century. 

It  has  beendecided  to  re-editthe  version  found  in  Peniarth  J. 
The  late  Rev.  Robert  Williams,  probably  to  make  his  text 
appear  less  difficult,  modernized  the  spelling  generally; 
in  a  few  cases,  however,  he  has  given  older  forms  of  the 
words  than  those  actually  occurring  in  the  MS,  e.g.  he  has 
taken  no  notice  of  the  spelling  dd  for  d,  although  several 
instances  occur  of  its  use.  In  this  way  a  great  many  forms 
which  are  of  interest  to  the  philologist  hâve  been  lost  :  thèse 
hâve  everywhere  been  restored,  and  errors  in  the  reading  ot 
the  manuscript  hâve  also  been  corrected.  A  list  of  those  words 
in  the  Sélections  which  differ  from  the  MS  (followed  in  the  text 
by  an  asterisk)  will  be  found  immediately  after  the  text  itself, 
p.  234.  Corrections  of  the  texts  hâve  been  suggested  in  the  notes, 
and  a  very  literary  translation  has  been  given  of  the  first  MS, 
mainly  tor  those  who  are  not  familar  with  mediaeval  Welsh. 

It  is  my  pleasant   duty  to  thank  those  friends  who  helped 


J.  Report  on  MSS  in  tljc  Wctsh  Language,  vol.  I,  Part  II,  Peniarth,  p.  305. 
2.  Ih.  p.  352. 


i86  Mary  IVUVmms. 

in  the  copying  of  one  of  the  MSS  at  a  time  when  it  was  inacces- 
sible to  me,  as  well  as  Sir  Edward  Anwyl  for  his  kindness  in 
reading  tlirough  the  texts  and  in  giving  manv  valuable  hints. 
I  hâve  been  able  to  consult  ail  the  manuscripts  personally  at 
Abei-ystwyth  where  I  received  every  attention  from  the 
Librarian,  M""  Richard  Ellis. 


I 

LLYMA    VABINOGI    lESSU    GRIST  ' 

(P.  II 6)  -  I.  '  Kymer  y  map  ae  uam  heb  yr  angel  wrth 
iosep  a  dos  y  fford  y  diffeith  yr  eifft  A  losep  ynteu  a  aeth  mal 
y  gorchymynnawd  yr  angel  A  gwedy  dyuot  onadunt  hyt  yn 
emyl  gogof  a  mynnu  goriFowys  y  disgynnawd  y  wynuydedic 
wyry  y  ar  y  march  yr  llawr  ac  eisted  a  oruc  a  daly  y  map 
yessu  ar  y  harffet  Ac  yd  oed  y  gyt  a  Iosep  tri  gweis  A  chyt  a 
meir  llawuorwyn  uechan  yn  kerdet  a  llyma  yn  disymwth 
Uawer  o  dreigieu  yn  dyuot  allan  or  ogof  Sef  a  oruc  y  gweision 
pan  y  gwelsant  dodi  gweidi  rac  ouyn.  Sef  a  oruc  yessu  dis- 
gynnu  yr  llawr  y  ar  arffet  y  uam  a  seuyll  ar  y  draet  e  hun  ger 
bron  y  dreicieu  ac  adoli  a  oruc  y  dreigieu  ydaw  Ac  odyna 
mynetymeith  y  wrthunt.  Yna  y  kyflenwit  yr  hynn  a  dyuawt 
dauyd  broffwy t  ch wchwi  y  dreigieu  or  daear  molwch  yr  arglwyd 
A  cherdet  a  oruc  y  mabyn  bychan  yessu  rac  eu  bron  a  gorch- 
ymyn  udunt  na  wnelynt  godyant  nac  argywed  yundyn  Meir  a 
Iosep  hagen  a  oedynt  ac  ouyn  arnadunt  rac  gwneithur  or 
dreigieu  arg}^wed  ydaw  Ac  yna  y  dyuawt  lessu  wrthunt  Na 
uit  arnawch  chwi  ouyn  amdanaf  i  yr  uy  mot  yn  uabyn 
bychan  perffeith  wyf  i  yr  hynny  a  reit  yw  y  hoU  aniueili- 
(p.  117)  eit  y  koedyd  bot  3^n  dof  ger  uy  bron  yn  unffunut  a 
chyt  bydynt  dof  a  hynny  heuyt  y  Ueot  ar  lleoperteit  yn  adoli 
ac  yn  kytgerdet  ac  wynt  yn  y  diffeith.  Pa  fford  bynnac  yd  ei 
ueir  a  Iosep  y  kerdynt  wynteu  yn  eu  blaen  hwy  y  dangos  ford 

1.  According  to  Peniarth  14,  Part.  II  (=  Heiigwrt  ij),  pp.   1 16-135. 

2.  Thèse  numbers  refer  to  the  pages  of  the  manuscript. 

3.  Refer  to  the  paragraphs  of  the  manuscript. 


Llynid   J'ahinogi  Icssii  Grist.  187 

udunt  ac  y  adoli  lessu  A  flan  weles  yr  arglwydes  ueir.  gyntaf  y 
Ucot  a  llawer  o  amryw  genetlocd  o  uwystuiloed  yn  dyuot  yn  eu 
kylch  ouynhau  a  oruc  A  thaii  chwerthin  y  dyuot  y  map  lessu 
wrthi  Na  uit  arnat  ouyn  uy  mani  nyt  yr  sarliaet  yt  uy  mam 
nyt  yr  sarhaet  y  maent  yth  ganhymdeith  namyn  yth  wassa- 
naethu  y  maent  yn   dyuot  Ac  or  ymadrodyon  hynny  y  tyn- 
nawd  ef  ouyn  oc  eu  kalonneu  hwy  Ar  lleot  a  oedyn  yn  ker- 
det  ygyt  a  wynt  ac  ygyt  ar  essyn  ac  ar  ychen  ac  ar  pynuairch 
a  arwedynt  eu  hagenreidieu  Ac  ny  wneint  argywed  y   dim 
namyn  kerdet  yn  hynaws  war  ym  plith  y  deueit  ar  aniueilieit 
ereill  a  dugessynt  ganthunt  o  ludea.  ym  plith  y  bleidieu  y 
kerdynt  ac  nyt  ouynheynt  dim  ac  ny  wneit  argywed  y  nep 
yna  y  kyflenwit  yr  hyn  a  dyuot  y  proffwyt  y  bleidieu  a  bor- 
thir  ymplith  yr  wyn  ar  llewpart  gyt  ar  myn  Deu  ychen  ynteu 
a  oedynt  yn  tynu  ben  ac  eu  bwylhvr    yndi  Ac  odyna  y  pen 
y  trydyd  dyd  gwedy  eu  kerdet  oc  eu  gwlat  blinaw  a  wnaeth 
yr  arglwydes  ueir  (p .    118)  yn  y  diffeith  o  ormod  gwres  yr 
heul  Ac  arganuot  prenn  a  oruc  hi  a  dywedut  wrth  losep  mi 
a  orffwyssaf  ychydic  ynghysgawt  y  pren  hwnn  A  bryssyaw  a 
oruc  losep  parth  ac  attei  ae  dwyn  y  tu  ar  pren  palym  ae  her- 
byn  y  ar  y  march   yr  llawr  Ac  gwedy  eisted   or  arglwydes 
edrych  a  oruc  ymric  y  prenn  a  hi  a  welei  y  prenn  yn  gyflawn 
o  aualeu  Ac  yna  y  dyuawt  hi  wrth  losep  da  oed  gennyf  beth 
or  aualeu  rackw  pei  gellit  yw  caffel  A  iosep  a  dyuawt  wrthi 
Ryued  gennyf  dywedut  o  honot  hynny  a  thi  yn  gwelet  uchet 
ybalmitwyden  honn  Medylyawydwytti  am  uwyta  ffrwyth  y 
palym  A  goualu  ydwyf  inheu  rac  eissieu  dwuyr  y  syd  yn 
treiaw  yr  awr  hon  yn  an  barileu  ac  nyt  oes  yn  ford  y  an  date- 
bru  Ac  yna  sef  a  oruc  yesu  yn  uabyn  bychan  ar  arfiet  y  uam 
dan  chwerthin  dywedut  ual  hynn  Gostwng  brenn  dy  uric  a 
fForth  ni  oth  ffrwyeu  '  Ac  ar  yr  ymadraw  ^  hwnnw  y  gostyng- 
hawd  y  pren  y  ulaen  adan  draet  yr  arglwydes  ueir  A  chyn- 
nullaw  a  orugant  y  frwytheu  a  bwyta  a  orugant  a  uu  da  gan- 
thunt or  ffrwytheu  hynny  Ac  gwedy  daruot  kynuUaw  yr  holl 
aualeu  y  pren  a  drigawd  yn  grwm  ar  y  llawr  y  aros  erchi 


1.  L.  jfrwytbeii. 

2.  L.  ymadrau'd. 


i88  Mary  Williams. 

idaw  gyuodi  or  gwr  a  archassei  ydaw  ystwng  A'c  yna  y 
dvuawt  yessu  wrth  y  pren.  ymdyrcha  balmitwyden  ac  ymga- 
darnhaa  (p.  119)  a  byd  gedymdeith  ym  gsvyd  ineu  y  syd  ym 
paradwys  uyn  tat  i.  Ac  egor  oth  wreidieu  g^vytheu  o  dwuyr 
y  syd  yn  kud  yn  y  daear  megis  y  llithro  dyfred  onadunt  y  an 
gwalonacau  ni  Ac  yn  y  lie  ymdyrchauel  a  oruc  y  pren  yn  y 
seuyll  Ac  yna  ymoUwng  ffynnawn  or  dwuyr  gloewaf  ac  oeraf 
a  dechreu  redec  y  adan  wreid  y  pren  A  ffan  welssant  hwy  y 
dwuyr  ar  fynnawn  llawenhau  a  orugant  o  lewenyd  mawr  a 
chymryt  digawn  ac  wynt  ac  eu  haniueilicit  or  dwuyr  ae 
diolwch  yr  unduw. 

2.  A  thrannoeth  ac  wynt  yn  kychwyn  odyno  ymchwelut 
a  oruc  yesu  at  y  balmitwyden  a  dywedut  ual  hynn  Mi  a 
orchymynnaf  y  ti  balmitwyden  yny  dycko  uy  engylyon  ibeth 
oth  wreid  di  odyma  or  blaen  '  y  baradwys  uyn  tat  i  Ami  ath 
uendlgaf  megis  y  caffo  pawb  or  ath  arwedo  gorffen  dan  ar  ba 
weithret  da  bynnac  a  dechreuo  ae  uot  yn  uudygyawl  ym  pob 
peth  Ac  ual  y  dyweit  ef  hynny  Uyma  y  gwelynt  wynteu  angel 
yr  arglwyd  yn  seuyll  ar  y  pren  palym  ac  yn  dwyn  un  oe 
cheingkev  ac  yn  ehedec  yr  nef  ar  geing  yn  y  law.  A  ffan  wel- 
sant  hwy  hynny  eryneigiaw  a  orugant  megis  pei  bydynt 
meirw  A  dywedut  a  oruc  yessu  wrthunt.  Paham  y  byd  ouy  - 
arnawchwi  pany  wdawch  chwi  y  mynnaf  (p.  120)  vi  dwyn 
y  balmitwyden  a  wneuthum  uuhun  y  baradwys  uyn  tat  i  ac 
y  byd  yno  yn  digriuwch  ym  seint  i  megis  y  paratoet  yn  y  lie 
diffeith  hwnn. 

3.  Ac  odyna  gwedy  kerdet  onadunt. y  dyuot  losep  Arglw- 
yd hep  ef  gormod  gwres  ysyd  yn  argywedu  yn  yn  uawr 
Arglwyd  os  da  gennyt  ti  ni  a  ganlynwn  y  ford  gan  yr  aruor- 
dir  mal  y  gallomgaftel  dinassod  '  yn  amyl  gan  lan  y  mor  y 
orffowys  :  le  heb  yr  yessu  wrth  losep.  Na  uit  arnat  ouyn  mi 
a  diuyrraf  y wch  megis  y  galloch  gerdet  yn  un  dyd  ymdeith 
dec  niwyrnawt  arugeint  ysyd  odyma  hyt  yno  Ac  val  y  bydynt 
yn  ymdidann  am  hynny  llyma  y  gwelynt  mynyded  yr  eifft  ae 


1.  L.  oe  hlanu,  cf.  p.  224,  I.  6  and  the  LâX'm  et  planietur. 

2.  L.  ouyn,  the  mark  above  y,  denoting  n,  has  been  omitted. 

3.  L.  (Umusoed,  and  cf.  p.  224,  1.  19. 


Lhnia   Vahinogi  lessii  Grist.  189 

dinassoed  yn  ymdangos  udunt  A  llawen  uu  ganthunt  hynny 
a  chyrchu  dinas  a  orugant  ac  nyt  oed  nep  a  etnepynt  yno 
wrth  geissiaw  llety  '.  Pobyl  y  dinas  hwnnw  ynteu  agyrchess- 
ynt  y  datleu.  Ac  yno  yd  oedynt  effeirieit  y  dinas  Irvnnw  yn 
dysgu  y  bawp  aberthu  yr  dwyweu  yn  wahanredawl  hcrwyd 
anryded  eu  dwywolder  Ac  yd  oedynt  o  eu  dwyweu  yna  yn  y 
dinas  hwnnw  gwedy  ryossot  pynip  ar  ugeint  a  thrychant. 

4,  Ac  yna  y  damweinniawd  pan  gyrchawd  yr  arglwydes 
ueir  yr  demyl  digwydaw  yr  holl  eu  dwyweu  yr  llawr  yn  uriw 
yssic  mal  na  dywedynt  dim  ac  na  (p.  121)  ellynt  dywedut 
dim  rac  llaw  o  liynny  allan.  Ac  yna  y  kyflenwit  y  geir  a 
dyuot  Isaias  broffwyt.  Efadaw  yr  arglwyd  ar  wybren  ysgawn 
Ac  ef  a  gyrch  yr  eifFt  Ac  ef  a  gyffryoir  holl  eu  dwyweu  gwyr 
yr  eifft  o  weithretllaw  Ac  yna  pan  gannatawyt  hynny  y  affro- 
dis  tywysawc  y  dinas  hwnnw.  Ef  a  doeth  yr  demyl  ef  ae 
holl  lu  y  geissiaw  gwelet  pwy  rybarassei  yr  dwyweu  digwyd- 
aw, A  chyrchu  yr  demyl  a  oruc  ef  ac  gwedy  gwelet  yr  holl 
eu  dwyweu  gwedy  rydigwydaw  yn  gorwed  ar  y  llawr.  nessau 
a  oruc  ef  ar  y  wynuydedic  ueir  a  ytoed  yn  kynnal  y  harglwyd 
ar  y  harffet  Ac  adoli  a  oruc  ydaw  ac  odyna  dywedut  wrth  yr 
holl  lu  ae  holl  gedymeithyon  Ony  bei  uot  hwnn  yn  duw  ny 
syrthyassei  an  dwyweu  ni  yn  wysc  eu  hwynepeu  ac  ny  orwe- 
dynt  yn  angwyd  ni.  Ac  y  maent  yn  ardystu  eu  harglwyd  pan 
ytynt  yn  tewi.  Ac  ony  wnawn  ninheu  yn  ehegyr  yr  hynn  a 
welwn  an  dwyweu  yn  y  wneithur  ef  a  allei  yn  gaffel  y  anuod 
a  mynet  yn  gw^byl  ym  perygyl  megis  y  damweiniawd  gynt  y 
ffarao  urenhin  yr  eifft  am  na  chredawd  gynt  yr  sawl  wyrth- 
yeu  ef  a  uodes  yn  y  mor  ac  ef  ae  holl  lu  Ac  yna  y  credawd 
holl  bobyl  y  dinas  yr  arglwyd  yesu  grist. 

5.  Ac  odyna  gw^dy  mynet  lessu  ymeith  orre(p.  I22)ifftac 
efyna  yn  trigaw  yngalilea  ac  yn  dechreu  mynet  yn  y  bymhet 
uulwydyn  oe  oet  ac  yd  oed  diwsadyrngweith  ef  a  meibion 
bychein  yn  gware  ar  lan  eurdonen.  Ac  wedy  eisted  o  lessu 
gwneithur  a  oruc  or  llwch  seith  lyn  bychein  agwneuthurryg- 
neu  bychein  y  dwyn  y  dwuyr  o  bop  un  onadunt  yw  gilyd  ac 
or  Uynneu  elchwyl  yr  auon  wrth  y  arglwydiaeth  ef  Sef  a  oruc  un 

I.  V.  p.  224,  n.  3. 

Revut  Celtique,  XXX  lll.  15 


190  Mary  Williams. 

ormeibion  hynnymapo  uedwl  kynghoruynus  gwarche  ykwn- 
dit  a  oed  yn  gwasanaethu  dwuyr  yr  llynneu  a  throssi  y 
gwarche  rywnadoed  yesu  Ac  yna  y  dyuawt  lessu  wrthaw  yn 
wir  map  angheu  map  kythreul.  paham  y  gwasgarut  y  gweithyeu 
a  wneuthum  i  Ac  yn  y  lie  y  bu  uarw  y  map  a  wnathoed 
hynny  Ac  yna  ogynhyruus  lef  kyriaw  '  a  oruc  y  -  ryeni  y  mab 
manv  yn  erbyn  losep  a  meir  a  dywedut  awch  map  chwi  a 
ymgeiniawd  ac  an  map  ni  yny  uu  uarw.  A  phan  gigleu  losep 
a  meir  hynny  dyuot  a  orugant  ar  yessu  o  achaws  kynnwryf 
ryeini  5  y  map  marw  a  thraplud  yr  Ideon  Ac  yna  y  dyuot 
losep  wrth  ueir  yn  kyfrinach  Ny  lauassaf  vi  dywedut  wrthaw 
ef  dysc  di  euo  a  dywet  wrthaw  ual  hynn  Paham  y  kyfroeisti 
di  y  bobyl  y  an  atkassau  ni  megis  ydym  yn  godef  blinder  y 
bobyl  Ac  yna  pan  doeth  y  uam  ataw^.... 

6.  (p.  123'')  a  dyuot  wrthaw  ynteu  Pwy  a  allei  kynnal  y 
map  hwnn  ae  dysgu  Ac  os  gelly  di  dise  ef  a  chynnal  a  ffan 
gigleu  lesuyr  hynn  a  dywedassei  Zachias  atep  a  oruc  efa  dywe- 
dut wrthaw  Tydi  athro  y  dedyf  y  bychvdic  a  dy wedeist  di  reit 
y w  y  dyn  kyffelyp  a  thydi  y  gadw  Estronawl  wyf  i  y wrth  dy 
ossodeu  di  ac  }^vrth  awch  dedyf  chwi  kanyt  oes  dat  knawdawl 
ym  a  thydi  a  darlle  y  ded3'f  ac  yddwyt  yn  dysgedic  yndi  A 
minheu  a  ytoedwn  kyn  bot  y  dedyf  Ac  yd  wyt  ti  yn  tebigu 
nat  oes  dy  gytfelyp  di  o  doethinep.  Myui  ath  dysgaf  di  ac  nyt 
oes  nep  a  allô  uyn  dvsgu  i  eithyr  y  nep  a  henweist  di  Euo 
hagen  ae  dichawn  kanys  teilwng  yw  A  phann  ym  dyrchauer 
inheu  or  daear  mi  a  baraf  beydyaw  a  chymwyll  boned  y  gene- 
dyl  honn  Ac  ny  wdosti  pa  bryt  yth  anet  a  myui  uuhun  a  wn 
pa  bryt  3'wch  ganet  chwi  a  pha  hyt  y  bydwch  uvw  ar  y  daear 
honn  Ac  yna  pan  gigleu  bawp  y  geirieu  hynnv  aiyneic  mawr 
ac  ouyn  a  aeth  arnunt  a  chriaw  a  orugant  a  dywedut  O.  O. 
O.  Ilyma  beth  mawr  anryued.  Ny  chlywyt  eirioet  kyfryw  a 
hynn  na  chan  ramadegwr  na  chan  naturwr  nvni  a  wdom  pa 
le  y  ganet  hwnn  Ac  abreid  y  w  bot  hwnn  (p.  124)  yn  bumlw- 
yd  etwa  a  ffa  delw  y  dyweit  ef  y  ryw  eirieu  hynny  Ac  atep 

1.  L.  kria-cu,  cf.  1.  30. 

2.  This  is    not  a  Welsh    construction.  Cf.  p.  212,  1.  17,  and  Strachan, 
Introdiictioti  to  Earlv  IVelsb,  p.  21,  §  24  b. 

3.  L.  ryeni. 

4.  Four  pages  of  ihe  manuscript  are  missing. 


Llynia  Fabiiiooi  Icssii  Crisl.  191 

a  oruc  or  Ideon  Ni  warandawassam  ni  eirioet  y  ryw  eirieu 
hynn  gan  y  gyfryw  uebyt  Ac  atep  a  oruc  yessu  wrthunt 
llyued  yw  gennwch  cliwi  dywedut  o  uap  kyfryw  a  myui  Ac 
am  hynny  ny  chredwcii  cliwi  yr  hynn  a  dywedeis  i  ywchwi 
A  mi  a  dywedeis  ywch  y  gwydywn  ichwchwi  a  ffa  bryt  ywcli 
ganet  Mi  a  dywedaf  ywch  beth  y  syd  uuwy  a  ryuedach  gen- 
nwch Efream  y  gwr  a  dywedwch  y  uot  yn  dat  ywch  mi  ae 
gweleis  ac  ynteu  am  gweles  inheu  a  mi  a  ymdideneis  ac  ef  A 
phann  ghxwssan  hynny  sythu  a  orugant  ac  ny  lauassei  nep 
dywedut  dim  Ac  yessu  a  dyuot  wrthunt  Mi  a  uum  yn  awch 
phth  chwi  ac  nyt  atnabuawxh  chwi  vyui  Mi  a  dywedeis 
wrthuwch  megis  pet  uydewch  prud  ac  ny  dyaliassawch  uy 
llef  i  kanys  llei  oedewch  a  bychan  oed  awxh  ffyd 

7.  Ac  eilweith  yr  athro  Zachias  dysg3^awdyr  y  dedyf  a 
dyuawt  wrth  losep.  rodwch  ataf  i  y  map  a  minheu  ae  rodaf 
ef  yr  athro  leui  a  liwnnw  a  dysc  ydaw  lythyr  Ac  yna  drwy 
ymanhed  ac  ef  y  duc  meir  a  losep  yesu  yr  ysgol  oe  disgu  at  y 
meistyr  leui  A  phan  doeth  y  mewn  tewi  a  oruc  Ar  athro  leui 
a  dyuot  wrth  lessu  gan  dechreu  y  a(p.  i25)gwydor  dywet 
hep  ef  alpha  Tewd  a  oruc  yessu  hep  atep  ar  dim  Ac  yna  llidiaw 
a  oruc  yr  athro  leui  ae  ysgyfleit  a  gwialen  ae  daraw  '  ar  y 
benn  Ac  lessu  a  dyuot  wrth  yr  athro  leui  Paham  y  treweist 
di  vyui  yn  y  wirioned  Gw^ybyd  di  y  nep  a  drewir  a  dysc  y 
nep  y  syd  yn  y  daraw  yn  uwy  no  hwnnw  euo  Myui  a  allaf 
dysgu  y  ti  yr  hynn  a  dywetych  du  hun.  A  deillion  yw  pawb 
o  hynn  or  ysyd  yn  dywedut  ac  yn  gwarandaw.  megis  euyd 
yn  seiniaw  neu  gloch  yn  datsein  yr  rei  ny  synnya  ac  ny 
dyallan  eu  sein  eu  hun.  Ac  odyna  y  dyùawt  lessu  wrth  Zachias 
pob  Uythyren  o  alpha  hyt  yn  thau  a  ossodir  yn  llunyethus  - 
wrth  hynny  dywet  ti  y  mi  beth  yw  thàu  a  minheu  a  dywedaf 
y  ti  beth  yw  alpha  Ac  eilweith  y  dyuot  yessu  wrthunt  Ar 
ny  wypo  beth  yw  thaw  pa  delw  y  dichawn  ef  dywedut  Chw- 
chwi  eu  grefdyfwyr  ^  dywedwchwi  yn  gyntaf  beth  yw  alpha 
a  minheu  a  dywedaf  y  chwi  beth  yw  beta.  Ac  yna  y  dechreu- 

1.  L.  ae  ysgyfleit  ac  daraw  a  gwiaJen  ar  y  henn.  Cf.  theforms_)'iT/)yj'^//and 
ysglyuyeit,  R.  B.,  II,  pp.  54,  17  and  55,6. 

2.  L.  llunycithus. 

5.  For  the  form  of  the  word  see  Strachan,  Introduction  to  Early  M  ehb, 
p.  27S,  1.  10,  and  IVelsh  dictionary  (D>'  Silvaii  Evans)  under  crefyddivr. 


192  Mary  Williams. 

aud  yessu  gouyn  udunthen\vpobll3'thyren  a  dywedut  Dywet 
ti  y  mi  Athro  y  dedyf  paham  y  mae  y  llythyren  gyntaf  yn  deir- 
konglawc  gronawii  blaenllym  kymhedrawl  dygedic  tynnedic 
kyrymyoïi    A  phan  gigleu  yr  athro    leui  hynny   dechrvnu  a 
oruc  ef  o  achaws  ansawd  y  llythyren  Ac  yna  y  dechreuawd 
leui  a  phawb  yn  y  glyw  (p.  I26)etkria\v  a  dywedut  Ny  dyly 
lîwnn  y\'w  ar  y  daear  honn  namyn  teihvng  y\v  idaw  y  dibyn- 
n3'aw  3^  3'  groc  Ef  a  dicha\vn   difodi  3'  tan  a  guneuthur  hut 
ar  betheu  ereill  A  mi  a  deb3'gaf  y  mae  kyn  diliw  3'-  ganet 
hwnn  Pa  groth  a  arwedod  hwnn  neu  pa  uam  ae  hymduc  ef 
neu  pa  uron  ae  magawd  ef  Mi  a  foaf  racdaw  ef  kany  allaf 
diodef  un  geir  oe  eneu  Am  kallon  ysyd  yn  dechr^mu  ynof  yn 
gwarandaw  y  ryw  eirieu  h3mn  Ac  n}'  teb3^gaf  vi  nep  a  allô 
daly  ar  3'  eir  ef  on3'  b3^d  duw  g3^t  ac  ef  A  megis   dirieit  3T 
3midroeis  i  v  hwnn  3'm   kellweiriaw   Pan  d3'gasswn  '  gaffel 
disgybyl  o  hwnn  3'  keueis  inheu  athro  beth  a  d3'wedaf  vi  Ny 
allaf  ui  diodef  geirieu  3^  mabyn  hwnn  Mi  a  ffoaf  or  lie  honn. 
kan3'   allaf  3^st3^r3'aw    hynn    Ac    neu  rs'deriw   yr    mab3'in  ^ 
hwnn  oruot  arnaf  ui  yn  hen  wr  kan3'  allaf  gaffel  na  dechreu 
na  diwed  ar  3T  hynn  a  gadaranhao  ef .  kan3''s  anawd  yw  kaff- 
el  dechreu  3^  dad3'l  lie  na  chaffer  3^  diwed  Mi  a  d3'wedaf  ywch 
yn   wir  ac  ny   d3'wedaf  gelwyd  na  heniw  hwnn  o  dyn  nae 
weithret  nae  3^madrawd  nae  3'nni.  E  mae  3^  neill  a  bot  hwnn 
yn  dewin  ae  3^  uot  3m  duw  ae  3mteu  angel  3'  (p.  127)  duw 
yn  d3^wedut  3'ndaw  Ac  n3'  wnn  i  o  ba  le  3^d  heniw  ef  neu  o 
baie  y  doeth  na  pha  ryw  wr  uyd  Ac   yna  gowenu  a  oruc 
lessu  Ac  3'n  llawen   arglwydieid  a  holl  ueibion  3'r  Israël  3'n 
seu3dl  ac  yn  gwarandaw  dywedut  ual  hynn  ffrw3'thlonokaent 
y  rei  diffrwyth  ac  edr3'chent  3'  rei  deillion  a  cherdent  3'  rei  cru- 
pleit  A  bit  gyfoethawc  yr  rei  tlodyon  Ac  atuywhaent  3^  meirw 
Ac  ymchwelent   yn  eu  kyuan  ansawd  Ac  3^mchwelet  bawp  a 
ffresswylyent  gyt  ar  nep  y  syd  wreidin  b3^wyt  a  melysder  tra- 
gwyd  5.  Ac  3"n  3^  lie  pan  d3'U0t  y  mab  3'essu  h3'nn3^  pawb  or 
a  syrthyassei  yng  kleu3't  a  heint  a  gawsant  waret  yn  d3^annot 


1.  L.debygasswii. 

2.  L.  mahyn  as  in  1.  17  and  p.  186,  1.  22. 

3.  L.  IragwyJiiw]  and  cf.  p.  230,  1.  20,  and  note. 


Lh'wn  Vdhitioai  îessu  Grisf.  195 

Ac  ny  lauassad  nep  dvwedut  wrthaw  mwy  na  gwarandaw  dim 
y  ganthaw 

8.  Ac  wedy  hynny  yd  aeth  odyno  meir  a  losep  y  gyt  a 
yssu  '  hyt  vn  dinas  nazareth  ac  yno  yd  oed  gyt  ae  ryeni  Ac 
ual  yd  oed  Iessu  diwsadwrn  dreilgweith  yn  gware  ef  a  meib- 
ion  ereill  ar  Uofft  ef  a  damweiniawd  digwydaw  un  or  meib- 
ion  gan  y  uwrw  o  un  arall  or  llofft  yr  llawr  yny  uu  uarw 
A  phan  weles  ryeni  y  map  marw  hynny  lleuein  a  orugant  a 
dywedut  yn  erbyn  losep.  awchmapchwi  a  ymgeiniawd  ac  an 
mab  ni  or  llofft  yny  uu  (p.  128)  varw  A  thewi  a  oruc  yessu 
hep  atep  udunt  ar  dim  Acyna  y  bryssyawd  meir  a  losep  ar 
yessu  A  gouyn  oe  uam  ydaw  vy  arghvyd  i  ae  tydi  a  uuryawd 
hwnn  yr  llawr  Sef  a  oruc  yessu  galw  'y  map  erbyn  y  hen\v  ^ 
Zeno  hep  ef  llyma  vi  hep  ef  Ae  myui  ath  uuwryawd  di 
or  llofft  yr  llawr  Na  thi  arglwyd  hep  ynteu  A  ryuedu  hynny 
a  oruc  pawb.  ac  anrydedu  yessu  am  y  gwyrth  hwnnw 

9.  Ac  odyna  yd  aeth  losep  a  meir  hyt  yn  lerico  ac  yssu  ^ 
a  oed  chweblwyd  yna  ae  uam  ae  hanuones  dydgweith  y  gyr- 
chu  dwuyr  ac  ysten  ganthaw  yr  ffynnawn  y  gyrchu  dwuyr 
gyt  a  meibion  ereill  Ac  yna  gwedy  gwehynnu  y  dwuyr  oho- 
naw  y  gwthyawd  un  or  meibion  ef  yny  dyrr  yr  ysten  Sef  a 
wnaeth  yessu  lledu  y  uantell  a  chymryt  yndi  or  dwuyr  kymint 
ac  a  oed  yn  y  llestyr  ae  dwyn  y  uelly  oe  uam  Ac  edrych  a 
oruc  hi  ar  hynny  a  ryuedu  yn  uawr  a  medylyaw  a  chadw 
hynny  yn  y  challonn  Ac  eilweith  dydgweith  yd  aeth  ef  yr 
tir  a  dwyn  ganthaw  ychydic  o  wenith  o  ysgubawr  y  uam  a 
heu  y  gwenith  a  oruc  ef  athyuu  a  wnaeth  y  gwenith  ac  amyl- 
hau  yn  uawr  a  phan  uu  aduet  dyuot  a  oruc  oe  uedi  ac  y 
g^mnullaw  y  ffrwyth  Sef  y  kauas  kangrennoc  a  rodi  hynny  y 
dynnyon  a  oedynt  yn  keisiaw  da 

10.  Fford  ysyd  a  a  o  lerico  y  gyrchu  auon  eurdonen(p.i29) 
y  fford  y  kerdawd  meibion  yr  israel  gynt  Ar  lie  y  dywedir  eis- 
ted  orarch  ystauen  Ac  yd  oed  Iessu  yn  wyth  mlwyd  yna  Ac  ef 
a  aeth  o  lerico  y  tu  ac  eurdonen  ac  yd  oed  yn  emyl  y  ford  gogof 

1.  L.  v«5?/,  but  cf.  1.  i7,andthe  Irish  forms,  L\s»(Thes.  Pal.  II,  p.  385), 
Isu. 

2.  L.  enw and  cf.  p.  196,  1.  16. 
5.  Cf.   n.  I , 


194  Marv  lï  illianis. 

yn  agos  y  lann  eurdonen  Ac  yno  yd  oed  llewes  yn  meithrin 
y  chanauon  Ac  ny  allei  nep  yn  dibiyder  kerdet  y  ford  honno 
Sef  a  wnaeth  lessu  dyuot  o  lerico  parth  ar  lie  honno  A  gwybot 
uot  y  llewes  yn  meithrin  y  chanauon  yn  y  lie  honno  A  mynet 
y  mewn  a  wnaeth  lessu  A  phan  weles  y  lleot  yessu  yn  dyuot 
y  mewn.  kyuodi  a  orugant  yn  y  erbyn  ac  adoli  ydaw  ac  eis- 
ted  a  oruc  lessu  yn  yr  ogof  a  chanauon  y  lleot  yn  redec  yn 
kylch  traet  yessu  ac  yn  llywenychu  wrthaw  ac  yn  gware  ac 
ef  Ar  lleot  ynteu  yn  gostwn  eu  penneu  ac  yn  seuyll  o  bell  ac 
yn  adoli  ydaw  ac  yn  llywenychu  ac  eu  llosgvrneu  wrthaw. 
Ac  yna  yd  oed  y  bobyl  3^1  seuyll  o  bell  Ar  am  na  welynt 
lessu  dywedut  a  orugant.  Pei  na  wnadoed  hwnn  bechodeu 
diruawr  nyt  ymrodei  hwnn  oe  uod  yr  lleot  Ac  ual  yd  oedynt 
yn  medylyaw  acyndaly  tristwch  yndunt  ehun  (p.  130)  llyma 
lessu  yn  gwyd  y  bobyl  yn  dyuot  allan  or  ogof  Ar  lleot  yn 
kerdet  oe  ulaen  ac  yn  gware  yngkylch  y  draet  Ae  reeni  ynteu 
ar  bobyl  yn  gostwng  eu  penneu  ac  yn  seuyll  o  bell  rac  y  lleot 
hep  lauasu  dyuot  nés  no  hynny  racdunt  Ac  yna  y  dechreuawd 
yessu  dywedut  wrth  y  bobyl.  llawer  y  mae  gwell  yr  aniueil- 
ieit  yn  atnabot  eu  harglwyd  yn  y  glotuori  no  chwchwi  yn 
dynyon  gwedy  rywneithur  ar  delw  duw  hep  wybot  dim  y 
bwystuiloed  am  atwen  i  ac  a  uydant  war  y  dynyon  hagen 
nym  atwaenant  i.  Ac  gwedy  hynny  y  kyrchawd  lessu  ef  ar 
lleot  eurdonen  a  phawb  yn  edrych  ar  h3'nny  Ar  dwuyr  a 
wahanawd  oc  eu  blaen  hwy  ar  deheu  ac  assw  Ac  yna  y 
■  dyuawtef  wrth  y  lleot  mal  y  klywei  bawp  Ewch  yn  tangneued 
ac  na  wnewch  argywed  y  nep  na  nep  y  chwitheu  yny  ym- 
chweloch  yr  lie  y  doethawch  ohonaw  A  llawenhau  a  orugant 
o  lef  canys  gellynt  o  gorff  a  mynet  ymeith  y  eu  lie  e  hun  Ac 
ymchwelut  a  oruc  lessu  ar  y  uam 

II.  A  saer  prenn  oed  losep  ac  ny  wnei  amgen  weith  noc 
ereid  (p.  131)  yr  a  gwelyeu  prenn  Ac  yn  hynny  y  damwein- 
iawd  gorchym3'n  o  nebun  was  ieuang  idaw  gwneuthur 
gwel3'  prenn  ydaw  o  chwe  chuuyd  yn  y  hyt  ac  erchi  a  oruc 
3'nteu  oe  was  torri  prenneu  herwyd  y  messur  a  adawsei  ef  ar 
gwas  n3^  chetwis  y  mod  teruynedic  namyn  gwneuthur  un 
onadunt  yn  uyrrach  nor  Hall  Ac  3'na  gwelet  o  lessu  ef  3^n 
irofualu  ac  vn  medvivaw  ae  uedvant  vnteu  a  druanhaei  wrth 


Llyma  Vabiiiogi  lessii  Grist.  195 

oawp  a  dvwedut  wrth  losep  o  ymadrawd  didan  Dyret  a  chyn- 
halvwn  henneu  y  prenneu  a  chyhydwn  benneu  y  prenneu  3'^ 
gyt  a  thynnwn  hwynt  atam  kanys  gallwn  kyhydu  y  preneu 
Ac  uuydhau  a  oruc  losep  ydaw  kanys  gwydyat  ygallei  wneu- 
thur  vr  hynn  a  uynnei  a  dodi  penneu  y  gwyd  y  gyt  a  oruc 
wrth  y  paret  ac  lessu  a  dynnawd  y  penn  arall  yr  prenn  bryrr  ' 
yny  oed  gyhyt  ar  hwyaf.  Ac  yna  y  dyuawt  wrth  losep  dos 
bellach  a  gwna  dy  weith  a  losep  a  wnaeth  y  gwely  megys  y 
hadawssei. 

12.  Ac  odyna  eihveithyd  erchis  y  bobyl  y  ueir  a  losep  péri 
dysgu  Ilythyr  yr  mab  yn  ys  (p.  132)  gol  Ac  ynteu  a  dywed- 
assant  nat  eynt  yn  erbyn  hynny  A  herwyd  gossodeu  3^r  hyneif 
wynt  a  dugant  ef  ar  athro  y  dysgu  dynyawl  wybod  ydaw. 
Ar  athro  a  dechreuawd  dywedut  wrthaw  yn  arw  ac  erchi  idaw 
dywedut  alpha  Dywet  hep  yr  lessu  yn  gyntaf  beth  yw  beta 
Sef  a  oruc  vr  athro  yna  IHdiaw  a  tharaw  yessu  ac  yn  y  lie 
marw  yr  athro  ac  ymchwelu  lessu  adref  ar  y  uam  Ac  ouyn- 
hau  a  oruc  losep  a  galw  ataw  veir  a  dywedut  wrthi  Gwybyd 
di  uy  mot  i  yn  drist  o  achaws  y  map  hwnn  rac  ouyn  y  daraw 
o  ryw  dyn  yny  uo  marw.  Ac  atep  a  oruc  meir  a  dywedut  Na 
chret  ti  wr  da  sant  gallu  hynny.  namyn  gwybyd  di  y  nep  ae 
hanuones  ef  y w  eni  ym  plith  y  dynyon.  hwnnw  ae  keidw  ef 
rac  pawb  a  rybucho  drwc  ydaw  a  rac  pob  drwc  yn  y  enw   ef 

13.  Odyna  y  dryded  weith  yd  erchis  yr  ideon  y  ueir  a  losep 
dwyn  y  map  ar  yr  athro  oe  dysgu  drwy  ymanheed  A  meir  a 
losep  a  oed  arnadunt  ouyn  y  bobyl  Ac  aflonydwch  yr  effeirit^ 
a  bygwth  y  tywyssogyon  ac  (p.  133)  wynt  a  dugant  lessu 
yr  eilweith  yr  ysgol.  ac  W3'nt  a  wydynt  na  aallei  ef  dysgu 
dim  y  gan  dyn  y  gwr  a  oed  eidaw  berffeith  wybot  3"  gan  duw. 
A  phan  doeth  lessu  yv  3"sgol  3^  mewn  ar  3'sbr3' t  glan  3"n  3' 
dwyn.  kymr3't  3"  IH'uyr  a  oruc  o  law  3T  athro  a  oed  3'n 
dysgu  y  dedyf  a  dechreu  darllein  ar  holl  bobyl  3^n  edr3'ch  ac  yn 
gwarandaw.  Ac  nyt  o  ysgriuen  y  Ilythyr  3'  dywedei  namyn 
or  ysbryt  glan  megis  frwt  o  dwuyr  yn  kerdet  o  ffynnawn 
uyw,  Ac  yna  3'n  gyflawn  o  nerthoed  a  rat  3'  d3^sgei  ef  uawr- 

1.  L.  hyrr. 

2.  L.  effeirieit. 


196  Mary  TFillîams. 

ydicnvyd  duwyr  hobyl.  Ar  athro  ynteu  yn  digwydaw  ae  wy- 
nep  wrth  y  llawr  ae  adoli  ar  bobyl  yn  eisted  ac  yn  gwaran- 
daw  ar  hynny  ac  a  dechryn  mawr  arnadunt.  A  phan  gigleu 
losep  hynny  ouyn  uu  ganthaw  rac  marw  yr  athro  a  redec 
ataw  A  phan  weles  yr  athro  hynny  y  dyuawt  ef  wrth  losep 
Nyt  disgybyl  a  rodeist  ti  ataf  i  namyn  athro,  a  phwy  a  allei 
diodef  y  eirieu  ef  Ac  yna  y  kyflenwit  yr  hynn  a  dyuot  dauyd 
broffw}^t  Auo  '  duw  a  gyflenwit  o  dyfyed^. 

14.  (p.  134)  Ac  gwedy  hynny  yd  aeth  losep  a  meir  a  lessu 
odynoac  y  doethant  hyt  yn  aruordir  capharnawm  racdrwc  dy- 
nyon  a  oed  yn  eu  herbyn  Ac  gwedy  trigaw  o  honunt  yng  kaffar- 
nawm  yd  oed  yn  y  dinas  g\xr  a  ehvit  losep  a  chvuoethawc  oed 
a  chleuychu  a  wnaeth  a  marw  A  phan  gigleu  lessu  dvnvon  v 
dinas  yn  kwynaw  ac  yn  udaw  ac  vn  wylawuch  benn  v  marw 
ef  a  dyuot  wrth  losep  paham  na  nerthey  di  v  gwr  a  oed  un 
henw  '  a  thi.  pa  uedyant  neu  pa  aallu  ysyd  y  mi  heb  v  losep 
y  hynny.  Kymer  hep  yessu  y  Uiein  ysyd  am  dy  benn  a  dotef 
ar  wynep  y  marw.  A  dywet  wrthaw  lessu  ath  iachao  ac  ef  a 
gyuyt  yn  y  lie  yn  yach.  A  losep  mal  yd  erchis  lessu  aeth  ^ 
yr  ty  ac  a  dodes  y  lliein  a  oed  am  y  benn  ar  W3mep  y  marw 
Ac  ynteu  a  gyfuodes  y  uynyd  ac  a  ouynawd  pwy  3T  lessu 

15.  Odyna  yd  aethant  o  gaffarnawm  hyt  y  bethlem  ac 
yd  oed  losep  a  meir  yn  y  ty  ac  lesu  a  oed  g\i  ac  wynt  A 
losep  dydgweith  a  elwis  ataw  lacob  y  uap  yr  hynaf.  ac  erchi 
ydaw  uynet  yr  ard  y  g}mullaw  kawl  y  wneuthur  plwmant  ac 
lesu  a  aeth  yn  ol  lacob  y  urawt  yr  ard  ac  n}'  wydyat  losep  na 
(p.  135)  meir  y  uynet  ef  ac  ual  y  byd  lacob  yn  tynu  y  kawl  y 
neidiawd  neidyr  o  bwll  ydaw  ae  urathu  yn  y  law  deheu.  a  gweidi 
a  oruc  ef  rac  dolur  ac  ochein  a  dywedut  y  urathu  o  neidvr  ef 
)m  y  law  deheu.  Ac  yessu  a  oed  yn  seuyll  g}'fuerbyn  ac  ef  ac 
a  redawd  wrth  y  arym  ac  ymauel  a  oruc  ae  law  a  chwvthu 
arnei  ac  agori  y  law  ae  wneuthur  yn  hollvach  a  marw  v 
neidyr  ac  ny  wydyat  ueir  a  losep  vkyfrang  A  redec  a  wnaeth- 
ant  allan  wrth  y  llef  o  arch  lessu  ac  y  kawssant  y  sarph 
yn  yr  ard  yn  varw  a  lacob  yn  hollyach 

1.  L.  Aîioii. 

2.  L.  dxfred,  and  cf.  p.  233,  1.  32,  and  p.  248,  1.  6. 

3.  L.  eiiw,  and  cf.  p.  193,  1.  13. 

4.  L.  a  aeth. 


Llviiia  Vahitiooi  h'ssu  Grisl.  197 

1 6.  A  phan  elynt  hwy  y  wahawd  y  doi  losep  ae ucibion .  lacob 
a  loseph  a  ludas  a  simeon  ae  dwy  chwiored  aedwy  ucrchctar 
arglwydes  ueir  ac  lessua  meir  cleoffas  y  chwaer  hitheu  arodass- 
ei  duw  oe  that  ac  y  anna  y  mam  hi  am  rodi  onadunnt 
hwy  ueir  uam  le'ssu  yn  offrwm  yr  arglwyd  a  honnoa  dodetar 
henwmeirarallyr  duhudyantyrieni.  A  phandelyntygytlessu 
ac  eu  bendigeu  ac  a  dechreuei  uwyta.  ac  yuet.  Ac  ny  lauasei 
nep  uwyta  nac  yuet  nac  eisted  ar  uwrd  na  thori  bara  hynny 
bendigei  ef  yn  gyntaf  ac  ony  bei  ef  yn  y  lie  ef  a  aroit  yn  y 
delei.  A  phan  vynnei  ef  uwta  '  meir  a  losep  ae  urodyr  ae 
ueibion  a  uydynt  yn  y  gylch.  y  urodyr  ynteu  a  getwynt  y 
uched  ^  efger  bron  eu  llygeitmegis  llugorn  ac  ae  houynheint 
ef.  A  phan  gysgei  lessu  nac  y  nos  nac  yn  dyd  eglurder  duw 
a  dywynnei  arnaw.  yr  hwnn  a  uuchedokaa  ac  a  wledycha  y 
gyt  ar  tat  ar  ysbryt  glan  heb  drangc  heb  orffen  yn  oes  oesoed 
Amen. 

THis  is  THE  mahinogi  of  jesus  christ. 

I.  Take  the  child  and  his  mother,  said  the  angel  to  Joseph, 
and  take  the  road  to  the  désert  of  Egypt.  And  Joseph  went 
as  the  angel  commanded.  When  they  had  corne  near  a  cave 
and  wished  to  rest,  the  Blessed  Virgin  came  down  from  her 
horse  and  sat  holding  the  child  Jesus  in  her  lap.  And  there 
were  walking  with  Joseph  three  servant  men  and  with  Mary  a 
little  maid.  And  suddenly  a  number  of  dragons  came  out  of 
the  cave.  When  the  menservants  saw  them  they  uttered 
cries  of  fear,  but  Jesus  came  down  from  his  mother's  lap 
and  stood  hefore  the  dragons,  and  the  dragons  worshipped 
him  and  then  left  them.  Then  was  fulfilled  that  which  the 
prophet  David  said  :  «  Ye  dragons  of  the  earth,  praise  the 
Lord  ».  And  the  child  Jesus  walked  before  them  and  com- 
manded them  that  they  should  do  neither  harm  nor  injury 
to  any  man.  But  Mary  and  Joseph  feared  lest  the  dragons 
should  harm  him.  Then  Jesus  said  to  them  :  "  Fear  not  for 


1.  A.  dialectal  (?)  form  of  uwyta. 

2.  L.  nuched. 


198  Marv  Willmms. 

me,  although  I  am  a  little  '  child  I  ani  perfect  and  ail  the 
beasts  of  the  wood  must  needs  be  tame  in  my  présence  just 
as  though  they  were  tame  ».  The  lions  also  and  the  léo- 
pards worshipped  them  and  walked  with  them  in  the  wilder- 
ness  :  whichever  road  Mary  and  Joseph  took  thev  walked 
before  them  to  show  them  the  way  and  to  worship  Jésus. 
When  first  the  Lady  Mary  saw  the  lions  and  varions  kinds  of 
wild  beasts  around  them  she  feared,  and  laughing  the  child 
Jésus  said  to  hér  :  «  Fear  not,  my  mother,  it  is  not  to  hurt 
thee  that  they  accompany  thee  but  to  serve  thee.  »  And  by 
those  words  he  removed  ail  fear  from  their  hearts.  And 
the  lions  walked  with  them  and  with  the  asses  and 
the  oxen  and  the  sumpter  horses  which  supplied  their 
need.  They  did  no  harm  to  anyone  but  walked,  gentle  and 
tame,  among  the  sheep  and  the  other  animais  which  they 
had  brought  with  them  from  Judea.  Among  the  wolves  did 
they  walk  and  they  feared  not  and  no  one  was  hurt.  Thus 
was  fulfilled  that  which  the  prophet  said  :  «  The  wolves  shall 
be  fed  among  the  lambs  and  the  léopard  with  the  young 
goats  ».  Two  oxen  drew  a  waggon  with  their  provisions  in 
it. 

At  the  end  of  the  third  day  of  their  journey  from  their 
country  the  Lady  Mary  became  weary  in  the  désert  from  the 
excessive  beat  of  the  sun.  And  she  beheld  a  tree  and  said  to 
Joseph:  h  I  will  rest  awhilein  the  shade  of  this  tree  ».  Joseph 
hastened  towards  her  and  leading  her  towards  the  palm-tree 
took  her  down  from  her  horse.  When  the  Lady  had  sat 
down  she  looked  among  the  branches  of  the  tree  and  saw  that 
the  tree  was  full  of  apples,  and  then  she  said  to  Joseph  : 
«  I  would  willingly  hâve  some  of  those  apples,  were  they  to 
behad.  »  He  replied  :  «I  wonder  to  hear  thee  say  that  when  ' 
thou  seest  the  height  of  the  palm-tree.  Thou  thinkest  of 
eating  the  fruit  of  the  palm,  whereas  I  am  anxious  lest  we  be 
in  want  of  water  which  is  now  decreasing  in  our  barrels, 
and  there  is  no  way  of  reviving  us.  And  then  Jésus,  a  little 
child  on  his  mother's  lap,  laughing  spoke  thus  :  «  O  tree,  let 
down  thy  branch  and  feed  us  with  thy  fruit.  »  And  at  those 
words  the  tree  bent  down  its  tips  under  the  Lady  Mar\''s  feet. 


Ll\ma   J'ahinoi^u   lessii  (îrisl.  199 

And  they  gathered  the  fruit  and  ate  as  much  of  the 
fruit  as  seemed  good  to  them.  When  they  had  finished 
gathering  ail  the  apples  the  tree  remained  bent  on 
the  ground  waiting  to  be  told  to  erect  itself  by  him  who 
had  bidden  it  bend  down.  Then  Jésus  said  to  the  tree  : 
«  Arise,  palm,  and  grow  strong  and  be  the  companion 
of  my  trees  which  are  in  my  Father's  Paradise.  And 
out  of  thy  roots  open  veins  of  water  which  is  hidden  in 
the  earth,  so  that  water  may  flow  from  them  to  quench  our 
thirst  ».  And  at  once  a  spring  of  the  purest  and  coldest  water 
was  let  loose  and  began  to  flow  from  under  the  roots  of 
the  tree.  When  they  saw  the  spring  and  the  water  they 
rejoiced  exceedingly  and  tookenough  ofthe  water  for  them- 
selves  and  for  their  cattle  and  gave  thanks  to  the  one 
God. 

2.  The  next  day,  as  they  were  starting  thence,  Jésus 
returned  to  the  palm  tree  and  spake  thus  :  «  I  command 
thee,  O  palm-tree,  that  my  angels  take  some  of  thy  roots 
and  plant  them  in  my  Father's  Paradise.  And  I  will  bless 
thee  that  whosoever  shall  bear  thee  shall  accomplish  whatever 
good  deed  he  may  begin,  and  he  shall  be  successful  in  every 
thing.  »  And  as  he  spoke  thus  they  beheld  an  angel  of  the 
Lord  standing  on  the  palm-tree  andtakingone  of  its  branches 
and  flying  to  heaven  with  the  branch  in  his  hand.  And  when 
they  saw  that  they  were  struck  with  terror  as  though  they 
were  dead.  And  Jésus  said  to  them:  «  Why  should  ye  fear, 
do  ye  not  know  that  I  will  take  the  palm  I  myself  made  to 
my  Father's  Paradise,  and  there  it  shall  be  a  delight  to  my 
saints  as  it  was  prepared  in  this  wilderness  !  » 

3.  When  thev  hadjourneyed  Joseph  said:  «Lord,  said  he, 
we  are  greatly  oppressed  by  too  much  beat.  Lord,  if  it  be 
thy  will,  we  will  foUow  the  road  along  the  shore  so  that  we 
may  frequently  find  cities  near  the  coast  where  we  may 
rest.  »  Jésus  spoke  to  Joseph  :  «  Fear  not,  I  will  shorten  the 
way  for  you  so  that  in  one  day  ye  may  make  the  journey 
of  thirty  days  which  there  is  from  hère  to  that  place.  »  And  as 
they  were  speaking  of  this  they  saw  the  mountains  of  Egypt 
and   its  cities  appear  before  then.  And  they    rejoiced  thereat 


200  Mary   JVilliatus. 

and  went  into  one  of  the  cities,  and  no  one  recognised  them 
as  they  sought  a  lodging.  The  people  of  that  city  had  met 
to  dispute,  and  the  priests  of  that  city  \vere  engagedin  teach- 
ing  everyone  to  sacrifice  separately  to  the  gods  because  of 
the  honour  due  to  their  deity  ;  and  three  hundred  and 
twenty  five  false  gods  had  been  set  up  in  that  city. 

4.  And  then  it  happened  when  the  Lady  Mary'  went  into 
the  temple  that  ail  the  false  gods  fell  down  and  were  broken 
so  that  they  said  nothing  nor  could  they  sa}^  anything  from 
that  time  forth.  Then  was  fulfiUed  the  word  which  the  pro- 
phet  Isaiah  spoke  :  «  The  Lord  will  come  on  a  light  cloud 
and  He  will  go  to  Egypt,  and  He  will  disturb  ail  the  false 
gods  of  the  men  of  Egypt,  made  with  hands.  »  And  when  that 
was  made  known  to  Affrodis,  the  prince  of  that  citv,  he  came 
to  the  temple  with  ail  his  host  in  order  to  see  who  had  caused 
the  gods  tofall.  And  he  went  to  the  temple  and  after  seeing  ail 
the  false  gods  fallen  and  lying  on  the  ground  he  approached 
the  Blessed  Mary  who  was  holding  her  Lord  on  her  lap  and 
he  worshipped  him  and  then  said  to  ail  his  host  and  his  com- 
panions  :  «  Were  this  one  not  a  God  our  gods  would  not 
hâve  fallen  on  their  faces  and  they  would  not  hâve  lain  before 
us  :  and  they  bear  witness  to  their  Lord  by  their  silence. 
If  we  do  not  do  immediatelv  as  we  see  done  bv  our 
gods  we  may  incur  His  displeasureand  run  intogreatdanger  as 
formerly  befell  Pharaoh  King  of  Egypt  :  because  he  did 
not  believe  in  the  many  miracles  he  was  drowned  in  the  sea 
with  his  entire  host.  »  And  then  ail  the  people  of  the  city 
believed  in  the  Lord  Jésus  Christ. 

5.  When  Jésus  had  left  Egvpt  and  was  living  in  Galilée  and 
beginning  thesixth  yearofhis  âge,  on  a  Saturday  he  went  with 
littlebo5's  to  play  on  the  banks  ofthe  Jordan.  When  Jésus  had 
sat  down,  out  ofthe  dusthemade  sevensmall  ponds  and  small 
channels  to  take  the  water  from  one  pond  to  the  other  and 
from  the  ponds  again  to  the  river  as  he  directed.  But  one  of 
those  boys,  a  child  of  envious  mind,  closed  up  the  conduit 
which  served  the  water  of  the  ponds  and  broke  down  the 
dam  which  Christ  had  made.  Whereupon  Jésus  said  to  him  : 
«  Verily,  child  of  death,  son  of  the  evil  one,   why  didst  thou 


Llynia   Fahinogi  Jcssii  Grisf.  201 

disperse  my  work  ».  And  the  boy  who  had  donc  so  a:  once 
died.  With  turbulent  cry  the  parents  of  the  dead  boy  com- 
plained  against  Joseph  and  Mary,  saying:  «  Your  son  quarrell- 
ed  with  ours  so  that  he  died.  »  When  Joseph  and  Mary  heard 
that  they  came  to  Jésus  because  of  the  tumult  raised  by  the 
dead  boy's  parents  and  the  turmoil  of  the  Jews.  Then  Joseph 
said  secretly  to  Mary  :  «  I  dare  not  say  anything  to  him,  do 
thou  teach  him  and  speak  to  him  thus  :  «  Why  hast  thou 
roused  the  people  to  disHke  us  so  that  we  suffer  the  people's 
anger  ?  »  And  when  his  mother  came  to  him 

Four  pli i; es  arc  missiiig  in  the  inaiiitscript. 

6.  and  said  to  him  :  «  Who  can  keep  this  boy  and  teacli 
him?  if  thou  canst,  teach  and  keep  him.  »  When  Jésus  heard 
what  Zachias  had  said  he  answered  and  said  to  him  :  «  Thou, 
teacherof  the  Law,  the  Uttle  that  thou  hast  said,  a  man  such 
as  thou  art  must  observe.  I  am  a  stranger  to  thy  ordinances 
and  to  your  law  for  I  hâve  no  earthly  father.  Thou  readest 
the  Law  and  art  learnèd  in  it,  I  was  before  the  Law.  Thou 
thinkest  thou  hast  not  thy  equal  in  wisdom.  Iwill  teach  thee. 
There  is  no  one  who  can  teach  me  except  the  one  thou  hast 
named,  but  He  may,  for  He  is  worthy.  When  I  am  exalted 
from  the  earth  I  will  cause  the  life  of  this  race  to  cease  to  be 
spoken  of.  Thou  knowest  not  when  thou  wast  born  nor 
how  long  thou  shalt  live  on  this  earth.  »  When  every  one 
heard  thèse  words  great  terror  and  fear  came  upon  them  and 
they  cried  and  said  :  «  O,  O,  O,  hère  is  a  great  and  very 
wonderful  thing  !  We  hâve  never  heard  such  as  this,  from 
either  a  grammarian  or  a  naturalist.  We  know  where  this  one 
was  born,  and  he  is  hardly  five  years  old  and  how  can  he 
speak  such  words  ».  And  the  Jews  answered  :  «  We  hâve 
never  listened  to  such  words  from  a  child.  »  Jésus  replied  to 
them  :  «  Ye  deem  it  strange  to  hear  a  child  like  me  speak 
and  so  ye  will  not  believe  that  which  I  hâve  said  to  you. 
I  hâve  told  you  I  knew  you  and  when  ye  were  born.  I  will 
tell  you  what  seems  greater  and  more  wonderful  to  you. 
Abraham  whom  ye  call  your  father,  I  hâve  seen  him  and  he 
has  seen  me,  and   I  hâve  spoken  with   him   ».  When  they 


202  Mary  Williams. 

heard  that  they  stood  erect  and  no  m  an  dared  say  anything. 
And  Jésus  said  to  them  :  «  I  hâve  been  amongst  you  and 
ye  did  net  recognize  me,  I  hâve  spoken  to  you  as  though  ye 
were  wise  and  ye  hâve  not  understood  my  cry  for  ye  were 
less  and  your  faith  was  small.  » 

7.  And  againthe  rabbi  Zachias,  expounderofthe  Law,  spake 
to  Joseph  :  «  Give  me  the  boy  and  I  will  give  him  to  th'e 
master  Levi,  and  he  will  teach  him  letters.  And  then  by  per- 
suasion (?)  Mary  and  Joseph  took  him  to  school  to  be  taught 
by  the  master  Levi.  When  he  came  in  he  was  silent.  And 
the  teacher  Levi  said  to  Jésus,  beginning  his  lesson  :  «  Say 
Alpha  »,  said  he.  Jésus  was  silent  and  answered  not.  Then 
the  teacher  Levi  became  angrs'  and  seizing  him  struck  him 
witha  whip  on  the  head.  Jésus  said  to  Levi:  Why  didst  thou 
strike  me  ?  Verily  know  ye  that  whoever  is  struck  teaches 
the  one  who  strikes  him  more  than  he  is  taught.  I  can  teach 
thee  that  wliich  thou  sayest  thyself.  AU  those  who  speak  and 
listen  are  blind,  like  a  sounding  copper  or  a  tinkling  bell 
which  hâve  no  idea  of,  and  do  not  understand,  their  own 
Sound  ».  And  then  Jésus  said  to  Zachias  :  «  Every  letter 
from  Alpha  to  Thau  is  ranged  in  order  :  tell  me  therefore 
what  Thau  is  and  I  will  tell  thee  what  Alpha  is  ».  And  again 
Jésus  said  to  them  :  «  He  who  knows  not  what  Thau  is  how 
can  he  say  [what  Alpha  is]  ?  Ye  false  believers,  tell  me  first 
what  Alpha  is,  and  I  will  tell  you  what  Beta  is  ».  Then 
Jésus  began  asking  them  the  name  of  each  letter  saying  : 
«  Tell  me,  teacher  of  the  Law,  why  the  first  letter  is  triangu- 
lar,  rounded,  pointed,  symmetrical,  drawn  out,  curved  ?  ». 
When  the  teacher  Levi  heard  that  he  feared  because  of  the 
nature  of  the  letter  and  then  in  the  hearing  of  ail  he  began  to 
cry  and  say  :  «  This  one  ought  not  to  live  on  this  earth,  he 
is  worthy  of  being  hanged  on  ihe  cross.  He  is  capable  ot 
putting  out  the  fire  and  of  laying  a  charm  on  other  things. 
I  think  he  was  born  before  the  flood.  What  womb  has 
borne  this  one,  what  mother  bore  him,  what  breast  nourish- 
edhim?  I  will  flee  before  him  for  I  cannot  bear  a  wordfrom 
his  lips.  My  heart  fears  within  me  listening  to  such  words. 
It  does  not  seem  to   me  that  any   one    can   hold    upon   his 


LJynia  J'aVnnwi  lessii  Orisl.  203 

words  unless  God  be  with  him,  and  as  tliough  by  misfor- 
tune  havf  I  turncd  to  this  one  to  be  mocked.  When  I  had 
thought  of  having  a  pupil  in  this  one  I  found  a  master. 
What  shall  I  say  ?  I  cannot  bcai-  this  child's  words.  I  will  flee 
from  this  place  for  I  cannot  understand  this.  And  now  this 
child  has  overcome  me,  an  old  man,'  for  I  can  find  neither 
beginning  nor  end  in  what  he  maintains,  for  it  is  difficult  to 
find  the  beginning  of  a  subject  when  one  cannot  findthe  end. 
I  will  tell  you  truthfuUy,  I  will  not  lie  to  you,  this  one 
cornes  of  noman,  nor  his  works,  his  words  nor  his  energy:  he 
is  either  asorcerer,  God,  orelse  an  angel  of  Godspeaks  within 
him.  I  know  not  whence  he  originates  or  whence  he  has 
come  or  what  kind  of  man  he  will  be.  »  Then  Jésus  smiled 
and  fuU  of  majesty,  ail  the  sons  of  Israël  standing  and  listen- 
ing,  he  spake  thus  :  «  Let  the  barren  bring  forth  fruit,  the 
blind  see,  the  lame  walk  :  let  the  poor  be  rich  and  the  dead 
live  again  and  résume  their  perfect  nature  :  let  ail  return  and 
dwell  with  Him  who  is  the  root  of  life  and  the  eternal  sweet- 
ness.  »  Thereupon  when  the  boy  Jésus  spake  thus  ail  who 
had  fallen  sick  and  into  âge  were  at  oncehealed.  And  no  one 
dared  speak  to  him  nor  listen  to  any  thing  he  said. 

8.  Thereafter  Mary  and  Joseph  went  with  Jésus  from  that 
place  to  the  city  of  Nazareth,  and  there  he  remained  with 
his  parents.  And  as  Jésus  was  playing  one  Saturday  with 
other  children  in  a  loft,  one  of  them,  struck  by  another,  fell 
from  the  loft  to  the  ground  so  that  he  died.  When  ihe  dead 
child's  parents  saw  this  they  cried  and  spake  against  Joseph  : 
«  Your  son  quarrelled  with  ours  in  the  loft  so  that  he  died.  » 
Jésus  was  silent  and  answered  them  not  :  and  then  Mary  and 
Joseph  hastened  to  Jésus,  and  his  mother  asked  him  :  »  My 
Lord,  was  it  thou  who  didst  strike  this  one  to  the  ground  ?  » 
Jésus  then  called  the  boy  by  his  name  :  «  Zeno  »,  said  he  ; 
«  Hère  am  I  »,  said  he.  «  Was  it  I  who  struck  thee  from  the 
loft  to  the  ground  ?  »  —  «  No,  Lord,  »  said  he.  And  ail 
were  astonished  and  honoured  Jésus  for  that  miracle. 

9.  From  there  Joseph  and  Mary  wentto  Jéricho  and  Jésus 
was  then  six  years  old.  His  mother  sent  him  one  day  to  fetch 
water  in  a  pitcher  to  the  fountain  with  other  boys.  And  when 


204  Mary  IVUliams. 

he  had  drawn  the  water  one  of  the  boys  pushed  him  so  that 
the  pitcher  broke.  Jésus  then  spread  his  mantle  and  gathered 
in  it  as  much  of  the  water  as  the  pitcher  held  and  brought  it 
thus  to  his  niother.  And  she  beheld  that  and  was  greatly  sur- 
prised  and  kept  that  in  her  heart. 

And  another  day  he  went  on  the  land  and  took  with  him 
a  httle  wheat  from  his  mother's  barn,  and  he  sowed  the  wheat 
and  it  grew  and  multiplied  greatly.  When  it  was  ripe  he 
came  to  reap  it  and  to  gather  the  fruit,  and  he  had  a  hun- 
dred  large  vessels  fuU  which  he  gave  to  those  who  sought 
to  do  good. 

.  10.  A  roadgoesfrom  Jéricho  to  the  river  Jordan,  the  road 
along  which  the  children  of  Israël  formerly  went  and  where 
the  ark  of  the  covenant  is  said  to  hâve  rested.  Jésus  was  then 
eight  years  old,  and  he  went  from  Jéricho  towards  the  Jor- 
dan. There  was  a  cave  on  the  road-side  near  to  the  shore  of 
the  Jordan,  and  there  a  lioness  was  rearing  her  cubs  :  no  one 
could  go  fearlessly  along  that  road.  Jésus  came  from  Jéricho 
towards  that  place  knowing  that  the  lioness  was  there  rearing 
her  cubs,  and  he  went  in.  When  the  lions  saw  Jésus  corne 
in  they  arose  to  meet  him  and  worshipped  him,  and  Jésus 
sat  in  the  cave  and  the  lions'  cubs  running  around  his  feet 
rejoicing  and  playing  with  him.  And  the  lions  bent  their  head 
and  stood  afar  otf,  worshipping  him  and  rejoicing  with  their 
tails.  The  people  stood  afar  off  and  as  they  did  not  see  Jésus 
they  said  :  «  Had  this  one  not  sinned  greatly  he  would  not 
voluntarily  give  himself  up  to  the  lions.  »  As  they  were  medi- 
tating  and  feeling  sad  within  themselves,  behold  Jésus  in  the 
sight  of  air  came  out  of  the  cave,  the  lions  walking  beiore 
him  and  playing  around  his  feet.  His  parents  and  the  people 
bowed  their  heads  and  stood  afar  otf  for  fear  of  the  lions,  with- 
out  daring  to  corne  nearer.  And  then  Jésus  began  to  say  to 
the  people  :  «  The  animais  know  their  Lord  and  praise  him 
much  better  than  ye  men,  made  in  the  image  of  God.  Know- 
ing nothing  the  beasts  recognize  me  and  are  gentle,  but 
men  know  me  not.  »  Then  Jésus  went  with  the  lions  to  the 
Jordan,  every  one  watching  them.  And  the  waters  divided 
before  them  to  the  right  and  to  the  left.  Then  he  spoke  to  the 


Ll\ma   Vahiiiooi  Icssii  GrisL  203 

lions  that  ail  might  hear  :  «  Go  in  peace  and  do  harm  to  no 
one,  and  be  not  hurt  until  ye  return  to  the  place  whence  ye 
came.  »  And  they  rejoiced  with  a  shout  for  they  could  not 
with  their  bodies  and  went  to  their  own  place.  Jésus  return- 
ed  to  his  mother. 

11.  Joseph  was  a  carpenter  :  he  made  nothing  except 
ploughs  and  wooden  beds.  And  it  happened  that  a  young  man 
commanded  him  to  make  him  a  wooden  bed  six  cubits  long. 
And  he  bade  his  servant  eut  the  wood  according  to  the  mea- 
surement  left  him.  But  the  servant  did  not  keep  to  the 
appointed  measure,  so  that  one  oi  the  pièces  of  wood  was 
shorter  than  the  other.  And  then  Jésus  saw  him  anxious  and 
lost  in  thought  for  his  possessions,  he  who  had  pity  upon 
every  one,  and  he  spoke  to  Joseph  comforting  words  :  «  Come, 
let  us  hold  the  ends  of  the  pièces  of  wood,  and  let  us  put 
the  ends  together  :  let  us  pull  them  towards  us  for  we  can 
make  them  of  the  same  length.  »  And  Joseph  obeyed  him  for 
he  knew  he  could  do  what  he  wished.  The  ends  of  the  wood 
were  put  together  against  the  wall  and  Jésus  pulled  the  other 
end  of  the  pièce  of  wood  until  it  was  of  the  same  length  as 
the  longest.  And  then  he  said  to  Joseph  :  «  Go  now  and  do 
thy  work  ».  And  Joseph  made  the  bed  as  he  had  promised. 

12.  Again  the  people  bade  Mary  and  Joseph  let  the  boy 
be  taught  letters  in  school  :  they  said  they  would  not  go 
against  that,  and  because  of  the  ordinances  of  the  elders  they 
took  him  to  a  teacher  to  be  taught  human  knowlede;e. 
The  teacher  begau  to  speak  harshly  to  him  and  told  him  to 
say  Alpha.  «  Tell  me  first  »,  said  Jésus,  «  what  Beta  is  ».  The 
teacher  then  became  angry  and  struck  Jésus,  and  he  at  once 
died.  Jésus  went  home  to  his  mother.  And  Joseph  feared 
and  called  to  him  Mary  and  said  to  her  :  «  Know  that  I  am 
sad  on  account  of  this  boy  lest  any  man  strike  him  so  that  he 
die.  »  And  Mary  answered  and  said  :  «  Believe  not,  O  good 
and  saintly  man,  that  this  may  be.  Know  that  whoever  sent 
him  to  be  born  amongst  men  will  guard  him  from  ail  who 
raeditate  wrong  to  him,  and  from  ail  evil  through  His 
name, 

13.  A  third  time  the  Jews  bade  Mary  and  Joseph  take  their 

Revue  Celtique,  XXXIIl.  14 


2oé  Mary  IVUUams. 

son  to  a  teacher  to  be  taught  b}^  persuasion  (?).  And  Mary 
and  Joseph  fearing  the  people,  the  unrest  of  the  priests  and 
the  threats  of  the  rulers,  took  him  again  to  school  :  they 
knew  he  could  be  taught  nothing  bv  man,  he  who  had  per- 
fect  knowledge  from  God.  When  Jésus  came  to  the  school, 
led  by  the  Holy  Spirit  he  took  the  book  out  of  the  hand  of  the 
master  who  was  expounding  the  Law,  and  began  to  read, 
ail  the  people  looking  on  and  listening.  He  did  not  read 
what  was  written  in  the  Scriptures  but  from  the  Holy  Spirit, 
flowing  like  a  stream  of  water  from  a  living  fountain.  And 
then  full  of  power  and  grâce  he  taught  the  people  the  great- 
ness  of  God.  The  teacher  fell  on  his  face  on  the  ground  and 
worshipped  him,  the  people  sitting  listening  and  fearing 
greatly.  When  Joseph  heard  that  he  was  afraid  lest  the  mas- 
ter die  and  he  ran  to  him.  When  the  teacher  saw  that  he 
said  to  Joseph  :  «  Thou  didst  not  give  me  a  pupil  but  rather 
a  teacher  and  who  could  bear  his  words  ?  »  Then  was  fulfiU- 
ed  that  which  was  spoken  by  the  prophet  David  :  «  The  river 
of  God  shall  be  filled  with  water.  » 

14.  Then  Joseph,  Mary  and  Jésus  went  thence  and  came 
to  the  shore  of  Capernaum  for  fear  of  the  people  who  oppos- 
ed  them.  After  they  had  dwelt  in  Capernaum  a  man  in  the 
town  named  Joseph,  a  rich  man,  fell  ill  and  died,  When 
Jésus  heard  the  people  of  the  city  moaning  and  crying  and 
weeping  for  the  dead  he  said  to  Joseph  :  «  Why  dost  thou 
not  succour  the  man  who  bore  tlie  same  name  as  thou  ?  » 
«  What  power  or  what  might  hâve  I,  said  Joseph,  for  that  ?  » 
«  Take,  said  Jésus,  the  cloth  which  is  around  thy  head,  and 
put  it  upon  the  face  of  the  dead,  and  say  to  him  :  «  Jésus 
heals  thee  »,  and  he  will  at  once  arise  well.  »  And  Joseph, 
as  Jésus  had  commanded,  went  to  the  house  and  put  the 
cloth  which  was  around  his  head  on  the  dead  man's  face.  And 
he  arose  and  asked  who  Jésus  was. 

15.  Then  they  went  from  Capernaum  to  Bethlehem,  and 
Joseph  and  Mary  were  in  the  house  and  Jésus  with  them.  One 
day  Joseph  called  to  him  his  eldest  son,  Jacob,  and  bade  him 
go  to  the  garden  to  fetch  some  cabbage  to  make  broth.  And 
Jésus  followed  his  brother  Jacob    to  the  garden   and  neither 


Llyiiia   J'iibiiiflgi  lessii  (h-'isl .  207 

Joseph  nor  Mary  knewthat  lie  had  gone.  As  Jacob  was  pull- 
ing  the  cabbage  a  snake  leapt  from  a  hole  and  bit  his  right 
hand,  and  he  screamed  with  pain,  and  cried  and  said  he  had 
been  bitten  bv  a  snake  in  his  right  hand.  Jésus  was  standing 
opposite  him  and  he  ran  at  his  crv;  taking  hold  of  his  hand, 
he  blew  upon  it,  opened  the  hand  and  healed  it,  and  the 
snake  died.  Maryand  Joseph  did  not  know  what  had  happen- 
ed,  and  they  ran  ont  at  the  crv  at  Jesus'hidding  and  found  the 
serpent   dead  in  the  garden  and  Jacob  perfectly  well. 

16.  And  when  they  were  invited  Joseph  and  his  sons  went, 
Jacob,  Joseph,  Judas  and  Simeon  and  their  two  sisters  and 
their  two  daughters  and  the  Lady  Mary  and  Jésus  and  Mary 
Cleophas  her  sister  whom  God  had  given  to  her  father  and 
to  Anna  her  mother  because  they  had  given  Mary,  Jésus' 
mother,  as  an  offering  to  the  Lord,  and  to  her  was  given  the 
name  of  the  other  Mary  as  a  consolation  to  her  parents. 
And  when  they  came  together  Jésus  blessed  tiiem  and  began 
to  eat  and  drink.  And  no  one  dared  eat  or  drink  or  sit  down 
to  table  or  break  bread  until  he  had  first  blessed  it  :  if  he 
were  not  présent  every  one  waited  until  he  came.  And  when 
he  wished  to  eat  Mary  and  Joseph  and  his.  brothers  were 
around  him.  His  own  brothers  kept  his  way  of  life  before 
their  eyes  as  a  lamp  and  feared  him.  And  whenever  Jésus 
slept,  at  night  or  by  day,  the  brightness  of  God  shone  upon 
him  who  lives  and  reigns  with  the  Father  continually  with- 
out  end  for  ever  and  ever.  Amen. 


II 


BUCHED    MEIR    WYRY. 

Fol.  XIV'"'.  Llyma  mal  y  treithir  o  vuched  Meir  wyry. 
ac  o  vabolyaeth  an  Hargluyd  ny  lessu  Grist.  her- 
6yd  mal  y  yscriuen6ys  Alatheu  euangelystor  yn 
Eurey.    a   sein  Jeronym  o  lyuyr  Matheu  ac  troes  o 

I.  Refers  to  folios  of  Peniarth  j. 


2o8  Mary  JFilliams. 

yeith  Eurey  yn  Lladin.  tr6y  adol6yn  y  gan  Chroma- 
tius  ac  Elyodorus. 

I  '  Y  mae  Chromatius  ac  Elyodorus  esgyb*  yn  anvon  annerch 
a  cliaryat  ynyr  argluyd.  oc  eu  karediccaf  vraut.  \vy*  y  Gero- 
nym  ofFeirat.  Nyny  a  gaussam  ganedigaeth  Meir  wyr}'.  a 
mabolyaeth  an  hargluyd  ny  lessu  Grist.  y  myén*  gev  lyureu. 
yn  yr  rei  y  guelsam  la6er  o  betheu  gurth6yneb  yn  ifyd  ny. 
Ar  petheu  gurthodedic  oll  a  gudyassom  rac  rodi  o  honam  ny 
yr  ancrist  le6enyd  druy  blyc  ar  Grist.  A  guedv  edrych  hynny 
o  honam  y  managassant  deu  6r.  nyt  ^  Armenius  a  lunius  yni. 
caffel  O'  santeiruyd  dy  lyuyr  yn  Eurey  a  ysgriuynassei * 
Vathev^  euangelystor  ae  la6  ehun.  yn  yr  h6nn  yd  oed  bu 
(fol.  XIV'')ched*  Meir  wyry.  a  mabolyaeth  yn  prynna6dyr* 
ny.  Ac  érth  hynny  ny  a  éediun  dy  garyat  dy  yn  3T  argluyd 
lessu  Grist.  hyt  pan  wnelych*dy  tynnv  y  llyuyr  h6nn6 
yn  Lladin  o  Eurey  y  g}^mryt  o  hona6  arderchogruyd  Grist. 
Ac  y  vur6  ymeith  ystry6  geugreuyd6yr.  yrreia  ymgyssgant-^ 
eu  keluyd  gyt  ar  anedigaeth  anrydedus  y  geissa6  kymryt  gan- 
tunt  6y  dysc  drue.  Val  y  kelynt  ch6eruder  agheu  druy 
velyster*  buched.  trugared  garedic  y 6  y  titheu  yn  guarandav 
ny  esgyb.  a  brodyr  yth  wedia6  o  dylyet  caryat.  Ac  a  6elych 
titheu*  y  vot  yn  yiaun*  g6nna  *.  lechit  ytt  y  gan  Due.  a 
guedia  drossa6m. 

Eronymbellach  dracheuenyn  anvon  pob  gleindit  ac  annerch 
y  Chromatius  ac  Elyodorus  esgyb.  Canys  ydy6ch  *  chéitheu 
yn  chôennychu  guelet  hynny.  nyt  kud3"a6  dysc  a  dylyir 
namyn  y  dangos  yn  amluc.  Matheu  a  vynna6d  dangos  y 
llyuyr  h6nn6  yn  gyhoedauc.  y  llyuyr  h6nn6  truy  nerth 
du6  mynnev  ae  tynnaf  vn  Lladin  y  ch6i.  Canys  caryat  Crist 
yévuufydhav*  y  wedieu  seint  valch6i.  val  y  galloch  dyuot  ar 
vabolyaeth  Crist  truydofi. 

IL  Yn  y  dydyeu  hynny  yd  oed  gur  yn  yr  Israël.  loachym 

1 .  Refers  to  paragraphs  in  Sdections  froiii  the  Heugivrt  MSS.  (S.). 

2.  L.'nytamgen. 

3.  MS.  has^. 

4.  L.  ymgymyssgant.  S.  lias  ymgymysgant. 
*  V.  p.  234  et  sqq. 


t> 


Llyma  Vahl)wgi  lessu  Grist.  209 

y  eno*  o  luyth  luda.  A  luiné*  bugeil  deueit  oed.  ag*  ouynn 
Due  arna6  ynny  vulder*.  yr  h6nn  nyt  oed  amgen  bryder 
arna6  namyn  cad6  y  deueit.  or  rei  y  porthei  efyr  rei  a  ofuen- 
neyn  *  Du6.  Ac  yn  rodi  deu  ry6  rodyon  yn  ovyn  Due.  y  rei 
a  lauuryeint  yn  y  dysc.  ac  y  rei  a  wassannaethei  *  vdunt .  oe 
wyn  a  mynnev.  a  g61an.  ae  holl  da  bydaul.  teir  rann  pob 
bluydyn.  Vn  a  rodei  yr  meibon  ymdiueit.  ar  guraged  guedu. 
ar  pererinyon.  ar  aghennogyon.  ar  eil  rann  a  rodey  y  rei  a 
diwyllynt  Du6.  ac  ortryded  rann  yntev  ae  dyléyth  a  ymbor- 
they  arney.  yn  pymtheg  nil6yd  y  dechreuod  y  vuched  velly. 
ac  yn  yr  vgeinvet  vl6ydyn  y  kymerih  wreic  Anna  y  heno* 
verch  Ysachar  o  lin  Dauid.  ac  vgein  mlyned*  y  buant  y  gyt 
heb  catîel*  plant. 

Dydgueith  guyl  y  doeth  loachim  y  g\'t  a  niver  a  oed  yn 
gueuthur  '  aberth  y  Du6.  A  phan  yttoed  loachim  yn  arluya6* 
y  anrygyon*  yntev  y  Du6.  y  doeth  atta6  vn  o  hynauyeit  y 
temyl.  Ruben  y  eno*.  Ac  y  dy6ot  vrthaé.  nyt  cannyat  y  ty 
seuyll  yn  y  temyl  y  aberth  y  due.  Cany*  vendigaudDu6  dydi 
y  rodi  plant  yt  yn  yr  Ysrael.  Ke6ilyd  a  fu  arna6  yg  guyd  y 
bobyl.  ef  a  gilyaud  or  temel*  ac  a  6ylaud.  ac  nyt  ymchéoel- 
aud*  y  ty.  namyn  ar  y  ysgrybyl.  a  d6yn  y  gyt  ac  ef  bugelyd 
yr  y  myned*  y  eithauoed  val  na  chly6ei  y  6reic  dim  y  6rtha6. 
Tra  yttoed  hitheu  yn  6ylyaé  yn  y  guedy.  y  dya6t^  val  hynn. 
Argluyd  cany  rodeisti  y  mi  veibon.  paham  y  dugost  vy  g6r  y 
gennyf.  llyma  pymhis  na  weleis  *  vy  g6r.  ac  na  en  pa  du  y  bu 
varo*.  val  y  kaffun  péri  y  gladu.  A  hi  yn  y  wyla6  yn  y  herber. 
ac  yn  y  g6edia6.  dyrchauel  y  Uygeit  ar  yr  argluyd  a  6naeth  hi 
a  6elei  ederjm  yn  y  llawrwyden.  hitheu  a  vyryod  ebéch  ar  yr 
argluyd.  ac  a  dy6ot.  Argluyd  Du6  hollgyuoethauc  ty  a  rodeist 
y  pob  creadur  etyued.  yr  annyueileit.  yr  pryuet  yr  pyscaut. 
acyradar.  alleéenyd*vdunty6  eu  plant.  Mivi  vy  hunadieith- 
reist  or  rod  h6nné.  titheu  a  adnabuost  o  drechreu  '  vym 
priodas.i.  pe  rodut  ym  blant.  ae  mab.  ae  merch.  mi  ae  rodun 
yth  wassanaeth. 


1.  L.  giineuthur,  MS  should  hâve  gûeuthur.  Cf.  pp.  215,  n.  i,  226,  n.  2. 
S  has  gwneuthur. 

2.  L.  dyôaôt,  but  cf.  pp.  212,  1.  i,  214,  1.  6.  S.  has  c^vicaivl . 

3.  L.  tkchreu  as  in  S.  cf. p.  216,  1.  20. 


2IO  Mary  Williams. 

III.  A  thra  yttoed  yn  diéedut  *  hynny  gar  y  bron  hy  y 
ymdangosses  idi  agel.  yn  d3'6edut.  Anna,  nac  ofnaha.  Can3's 
yg  kygor*  Du6  y  mae  dy  blant  ty.  ac  a  aner  o  honat  ty.  a  v^'d 
ryuedaôt  yr  hoU  oessoed*  hyt  y  dy6ed.  A  guedy  dy6edut  or 
agel  hynny  a  énaeth  '  y  6rthi.  Hi  a  ergrynnaôd  pan  welsei  yr 
agel  yn  dv6edut  yr  ymadraud.  Ac  yna  hi  aeth  y  chudygyl,  ac 
a  yntredaud  yr  guely.  a  megys  marw.  yn  hyt  y  nos  ar  dyd  y 
trig}'aud  yn  y  guedy*.  Guedy  hynny  hi  a  el6is  y  moréyn  attei 
ac  a  dyéot  vrthi.  A  wely  dy  vy  gueddaut  ^.  i.  am  gouut.  ac 
ny  wnneisty  dyuot  attaf  .i.  Ac  yna  y  hattebaud  y  mor6yn  hy 
dan  trablud.  A  o  chayod  Du6  dy  groth  dy.  ac  a  duc  D6y  dy 
wry  *  gennyt.  beth  a  6naf  i  y  ty  6rth  hynny.  Anna  pan  giglev 
y  vor6yn  yn  dyvedut  hynny.  a  éylod  eiléeith.  Yn  yr  amsser 
henné  yd  ymdangosses  guas  jeuag  y  rug  y  myn3'ded  y  lie 
yd  yttoed  loachym  6rth  y  ysgrybyl.  ac  a  dy6ot  6rtha6. 
Paham  heb  ef  nat  ymchéely  di  att  dy  wreic  atref.  loachym  a 
dyéot.  ys  vgein  mlyned  ydym  y  g^'t.  ac  am  nat  oed  yn  blant 
my  a  gilyeis*  or  temyl  yn  waraduys  >  geéilydyus.  Beth  a 
ymhoelaf  attei  pan  y  m  b6rr\'er  vnweith  y  6rthi.  yma  y  trig- 
yaf  .i.  gyt  am  deueit  y  tra  vynno  Due  vy  my6.  dr6y  déylaé 
vy  meibon.  i.y  rodaf  y  aghenog\"on.  a  géraged  géedé.  a  meib- 
on  ymdiueit.  ar  rei  (Fol.  XV  ■^)  a  diwylléynt*  Du6.  y  rann 
om  da.  Ac  ydaé  ynteu  yd  attebaud  y  guas  jeuang.  Agel  y  Du6 
wyf  i  a  ymdangosseis  hedié  yth  6reic  ty.  yn  \vyla6  ac  yn  gued- 
ia6.  a  my  ae  dideneis  hi.  Yr  onn-*  a  6yppechdy  y  keiff  veich- 
ogi  o  honnat*.  a  honno  temel*  y  Du6  vyd.  ar  yspryt  glan 
a  orfféys*  yndi.  a  hi  a  vyd  gôynuydedic  ar  yr  holl  wraged. 
yn  gymeint  ac  na  dyôetto  bot  y  cheffelyp*  kynno  hy  na  guedy. 
Dysgynn*  or  m3'nyd  ar  dy  wreic.  A  thitheu  ae  keffy  hy  eneit  > 
yn  y  chroth.  yr  argluyd  Du6  agyffroes  bat  yndi.  acae  gônaeth 
3'n  vam  3'r  trag3^6ydaul  vendith.  A  loachym  ae  guediaud  ac  a 
d3'6ot  vrtha6.  O  cheueis  .i.  rat  gar  d3"  vron  d3'.   eisted  ychy- 

1.  L.  mynet  a  énaeth,  as  in  S. 

2.  Note  the  spelling  and  cf.  p.  222,1.  13.  V.also  Mary  Williams,  Essai 
sur  la  composition  du  roman  gallois  de  Peredur,  p.  29.  S.  has  vyguedawt. 

3.  L.  waradivydus  as  in  S. 

4.  L.  honn  as  in  S. 

5.  L.  rt  eneit. 


Llynia   Viibiiiogi  Jessu  Grist.  21  [ 

dyc  yn  temyl  i.  a  bendicca  dy  was  dy.  Yr  argel  '  a  dy6oi 
ida6.  Na  dyéet  dy  dy  was.  namyn  dy  gytwas.  y  vn  argluyd 
ydym  weisson.  nyt  amgen  y  du6.  Canys  vy  myéyt  .i.  am 
diaôt  ^*.  anweledic  y6.  yr  dynyon.  ac  6rth  hynny  nyt  myvy 
a  dylyy  ty.  y  wedia6  vynet  yth  temel  *  ty.  namyn  yr  h6nn 
a  rodut  y  my.  Gwna  aberth  y  Du6  o  honaô.  Yna  y  kymertli 
Joachym  oen  ac  y  dyéot  6rch  yr  agel.  Ny  veidun  .i.  wneuth- 
ur  aberth  y  Du6.  pei  na  bei  didi  ae  harchei.  a  rodet  gannyat 
ymi  y  aberthu.  Yna  y  dyéot  yr  agel.  Nyt  annog6n  .i.  didi  y 
aberthu  pei  nat  adnebydassaon*  e6yllys  Du6  ymdanat.  Ac 
ef  yn  g6neuthur  yr  aberth.  y  gyt  ar  m6c  or  aberth  yd  aeth  yr 
agel  y  nef. 

IV.  Yna  y  dyguydaud  loachym  yn  dadoluch.  or  h6echet 
a6r  or  dyd  hyt  bryt  gosper.  Meibon.  a  chyneéit6yr  a  doeth- 
ant  atta6.  cany6ydynt  paham  y 'dyg6ydassei.  a  debegyssynt 
y  vot  e  hun  yn  y  lad.  breid  y  drychauassant.  A  phan  dy6at 
ef  vdunt  6y  yr  hynn  a  6elsei  o  ryveduch  ac  ovyn.  wynteu  a 
annogassant  yda6  g6neuthur  yr  hynn  a  archassei  yr  agel  heb 
ohir.  ac  ymchuelut*  ar*  y  wreic  yn  diannot.  Guedy  treiglaô 
o  loachym  yn  y  vedul  beth  a  ônelei  ae  ymchuelut  ae  peid- 
ya6.  y  dyg6yda6d  kyscu  arna6.  Ar  agel  a  ymdangossassei 
ida6  y  dyd  h6nné.  ac  ef  heb  gyscu.  a  ymdangosses  truy  y 
hénn  5.  ac  a  dyéot  érthaé.  Myvy  yé  yr  agel  a  rodes  Due  yn 
geitéat  ytti.  dysgyn  yn  diogelac  ymchuel  ar  dy  wreic.  y  da  a 
énnaethost*  di*  ty  ath  wreic.  y  mae  yn  amluc  ger  bron  yr 
hollgyuoethauc  a  ryé  hat  a  rodet  y  t.  y  kyuryé  ny  bu  eiroet. 
ac  nyscauasy  prophuydi  eiroet  ykyffelyb.  ac  nys  caffantvyth. 
A  phan  deffroes  loachym  y  geléis  attaé  y  veibon.  ac  y  megis  -^ 
vdunty  vreudéyt.  ac  wynteu.  a  wediassant  Due.  ac  a  dyéedass- 
ant.  Mogel  bellach  rac  tremygu  agel  Due.  kyuot*a  cherdun. 
ac  yn  arafgadun  dan  gerdet  yr  yscrybyPy  bori.  Wynt  a  uuant 
dec  niaéarnnaét^  ar  hugeint  yn  dyuot.  Ynayd*  ymdangosses 

1.  L.  augel.  cf.  p.  219,  1.  14.  S.  has  angel. 

2.  L.  ui6yt. .  .  dia6t  (MS  has  dta6t),  cf.  Latin  text  :  «  Seil  et  cibiis .  .  .  et 
potiis   meus  a    nuUo  mortali  potest  videri.  »  (Tischendorfs  Edition,  c.  III). 

3.  L.  him  as  in  S. 

4.  L.  menegis  as  in  S. 

).  L.  fiiqwarunaivt.  S.  lias  )iiicart!iKi't. 


2  12  Mary  Williams. 

yr  agel  }-  Anna  a  hi  yn  guedia6.  ac  y  dya6t  '  idi.  Dos  yr 
porth  a  el6ir  y  porth  eur.  a  thi  a  gyuarvydy  ath  6r  yno. 
canvs  hedi6  y  da6  attat.  A  hitheu  a  vryssyod  hy  ae  moryn- 
nyon.  ac  yn  y  porth  3'  seuls  ac  y  guediod.  a  guedi  hir  aros  pan 
dyrcheuis  y  Hygeit  y  gueles  loachym  yn  dyuot  ae  yysgrybyl  ^ 
gar  y  vronn.  A  hy  a  aeth  duylaé  mynwgyl  ydaé.  a  hy  a 
dalaud  dioluch  y  Du6.  ac  a  dyuot.  Guedu  oedun  ac  nyt  wyf 
bellach.  diffrwyth  eodun  >  a  beichauc  6yf  yr  haur  ^  honn. 
A  lle6enyd  maur  vu  gan  ba6p  oe  chefnessafyeit  ac  eu  ketem- 
deithon  hynny. 

V.  Na6  mis  guedy  hynny  y  ganet  merch  y  Anna,  a  Meir 
vu  y  heno  *.  Guedy  meithrin  y  verch  teir  blyned.  yr  aeth 
loachym  ac  Anna  y  temel  *Du6.  i  wnneuthur*  aberth  yda6. 
o*  rody  Meir  yn  lla6or6yn  >  ida6.  ac  ygketemdeithas  y  g6er- 
ydon.  Yr  honnydydac  yt^  nos  a  trigaéd  *yguassanaeth  Du6. 
A  guedy  gossot  gar  bron  y  temyl.  hy  a  esgynnaéd  pymthec 
or  gradeu  y  temyl  ".  hyt  nat  etrychei  *  Veir  ar  y  reenl  mal 
y  gnotaei  maban  jeuegtit.  Am  hynny  y  ryuedaud  paub  o 
hyneif  yr  egluys.  Yna  Anna  yn  gyulaun  or  ysbryt  glan.  hy 
a  dyéot  ygkyfedrychedigaeth  paub.  Du6  argluyd  y  lluoed. 
cof  yt)  ganta6  ef  *y  geir  a  dy6ot.  ef  a  ov6yha  Du6  y  bobyl  o 
lau  tram6y  yny  drossei  ef  y  kenedloed.  a  challonnev  y  rei 
vfyd.  Ac  ef  a  agorres*  y  glusteu  ef  ar  yn  gwedieu  ny.  ac 
a  bellaod  y  6rthym  ny  kyrcheu  yn  gelynyon.  diffrwyth  oed 
y  vam.  a  hi  a  vagaud  goruchelder  yn  yr  Israël,  a  lle6enyd. 
Yr  a6r  honn  y  gallaf  i  rody  offr6m  y  Du6.  ac  *  ny  allant*  vy 
gelynyon  .i.  vy  gwahard.  Du6  a  drosses  y  rei  hynny  y 
vrthyf  i.  ac  a  rodes  ym  le6enyd  tragyéydaul.  Yttoed  Meir  yn 
ryuedaét  yr  bopyl.  yr  honn  pan  oed  teir  bluyd  a  gerdey  o 
gam  da(?)^.  ac  yn   berffeithaf  y  dyôedei.  Ac  velly  3'd  ytto- 

1.  Cf.  p.  209,  n.  2. 

2.  L.  ysgryhyl  as  in  S. 

3.  L.  oedun,  cf.  S.  oedwn. 

4.  L.  aur,  cf.  S.  awr. 

5.  L.  llaôuorSyn  as  in  S. 

6.  L.  hyi  as  in  S. 

7.  This  is  not  a  Welsh  construction  :  cf.  p.  190,  1.  6,  and  Strachan, 
Introduction  to    Early  Welsh,   p.  21,  §  24  b. 

8.  MS  very  indistinct  :  cf.  Latin  text  «  tam  viaturo  o-rcssu  amhulahat  ». 
S.  has  a  gerdei  oganeii.  Cf.  p.  240,  20. 


Llxma   Vahinooi  Icssu  Grisf.  213 

(Fol.  XV  ^')  ed  yn  ystudyaé  y  my6n  molyannev  du6.  ac  a 
oleuhaei.  hyt  na  thebygit  y  bot  yn  verch  namyn  yn  vaur  y 
hoet.  Kanys  kynn  brudet  y  ymrodei  y  wedieu  a  chynn  bei 
deg  ml6yd  ar  hugein.  ae  hwyneb  ac  oleuhaei  yn  gyn  egluret 
a  breid  y  gallei  neb  kyuedrym'  yn  y  héyneb.  Ymrodi  a  6naei 
yn  y  du.  ac  y  wnneuthur  *g6eitheu  ny  allei  wraged  yn  yr 
oes  yn  -  eu  géneuthur.  A  hi  a  gynnhalaud  *y  reol  honn  yn 
oet  tynner  heb  y  thorri. 

VI.  Or  bore  beunyd  hyt  traean  dyd  y  guediei.  or  na6uet 
eiKveith  yd  aei  y  \vedia6.  yny  ymdangossei  yr  agel  idi 
yr  hén  a  rodei  v6yt  idi.  A  gwellell  5  o  hynny  allann*y 
dygronoes*  yn  ovyn  a  charyat  Du6.  Ac  yn  y  di6ed  guedy 
kymryt  dysc  o  honei  y  gan  werydon  oed  hyn  a  méy  no 
hi.  yn  dirua6r  garyat  daeoni  3^  llauuryod  *yn  y  vei  gyntaf 
hi  yn  y  géyluaeu.  a  dyscedigaeth  yn  doethineb  kyureith. 
Ufuydach  yn  vfuydaut.  ad6ynnach  *yn  y  cantygleu.  karuei- 
dach  yngkaryat  *Du6.  glanach  ym  pob*  gleindit.  perffeithach 
yn  y  nerthoed.  Cadarn  oed  ac  agkyffroedic  yn  y  ffyd.  A 
pheunyd  gwellwell  y  kerdei  yn  y  gleindit.  nys  guelsei 
dyn  eiroet  hi  yn  llittyaô.  nac  yn  dyôedut  geir  drue  eiroet, 
pobymadravd  or  a  *dy6ettei  oed  gyulaun  o  rat.  yny  ettéeinit 
bot  Du6  yn  y  thauot  hi.  Y  guedi  a  chyssynededigaeth 
kyureith  Du6  y  trigei.  A  goualus  ygkylch  *y  chetemeithes- 
seu  oed.rac  pechu  or  vn  yny  hamadraud  *rac*  dyéedut 
or  vn  geir  vchel.  na  ch6erthin.  a  rac  daly  syberuyt  heuyt. 
neu  dyéedut  drue  érth  neb.  Du6  a  volei  heb  deéi.  ympob* 
amadraud*  diolch  a  talei  y  Du6.  yn  y  di6ed  genti  kyntaf  y 
dysg6yt.  pan  ressa6  dyn  dyn  arall.  atteb.  Due  a  ro  da  *  ytt. 
Peunyd  yd  oed  yn  y  phorthi  hiyr  hénn  a  gymerei  o  la6  yr  agel. 
ar  hynn  a  delei  ydi  y  gan  wyr  y  temyl.  y  agkennogyon*  y 
rannei.  Yn  vynych  y  gelynt  ^  egylyon  yn  ymdidan  a  hi.  Ac 
yn  ymadraud  yn  garedicaf.  P6y  bynnac  hagen  or  rei  cleiuyon 
y  rodei  hi  y  la6  >  arna6.  iach  vydei. 

1 .  L.  kyuedrych  as  in  S. 

2.  L.  hyii. 

3.  L.  girelhcell  as  in  S. 

4.  L.  gSelynt  as  in  S. 

5.  L.  Uaw  as  in  S. 


214  Marx  JJ^iUiams. 

VII.  Yna  kn5'gyaud  Abysachar  offeireit*  y  rodyon  amj^ly 
esgyh  Y  temel  *  yr  y  rodi  yn  wreic  oe  vab  ef,  Meir  a  dy6ot 
yna.  Ny  dichaun*  hynny  na  chymrvt  o  honaf  i.  wr.  nac  o 
wr  vynnev.  Yna  y  dy6at  y  gur  pennaf.  Dii6  a  dihéyllir  yn 
y  meibon.  ac  yn  yr  etiuedyon  a  anrvdedir.  vab  '  y  bu  eiroet 
vm  pobyl  yr  Israël.  Ac  yna  y  dyaét  ^  Meir  vrthunt.  Yn 
diôeirdep  gyntaf  y  molir  due.  ac  y  anrydedir.  kanys  kyn 
Abel  ny  bu  wyryon  neb.  y  offrém  ef  a  ragaud  bod  y  Du6. 
yr  h6nn  ny  ragaud  bod  y  Du6  ae  lladadaéd  '.  Du6  v  goron 
hagen  a  gauas  Abel.  coron  weryndaut.  a  choron  tros  v  aberth. 
Cany  adaud  llygredigaeth  yn  y  gnaét.  Ac  velly  y  cauas 
Hely*  canys  ket6is  y  gna6t  yn  WNTy.  Hynny  a  dysgeis*.i.  yn 
y  temyl  o  mabolyaeth.  a  hynny  a  vedylyeis  ym  callon  na 
chymerwn  vyth  6r.  Pan  doeth  y  betuar  vl6yd  ar  dec.  y 
dv6edyssant  g6vr  y  temyl  o  deua6t  gureigaul  na  allei  hi 
wedia6  yn  y  temyl.  Ac  yna  y  calîat  *  ygkygor.  péri  yr  hoU 
dinessyd.  a  116ytheu  yr  Israël,  y  trj^dydyd  bop  -^  pa6b  tréy 
dyvyn  yn  y  temyl.  Guedy  dyuot  yr  hoU  boploed.  y  kyuodes 
Ysachar  hj't  y  gradeu  vchaf.  val  y  gallei  paub  v  welet.  ae 
glybot.  a  gostec  a  rodet  idaé.  Meibon  yr  Israël  heb  ef. 
guerendeuch  vy  geireu  .i.  yn  da.  Yr  pan  adeila6d  Selyf  y 
temyl  honn.  y  buant  merchet  y  brenhined  ar  prophuydi. 
ar  offeireit  yn  guedia6  yndi.  A  phan  doethant  y  oet*  dedua61 
wvnt  a  gymerassant  wyr.  a  her6yd  y  rei  kyn  nog  éynt  *  bod- 
laun  vu  Due  vdunt.  Y  mae  Meir  e  hun  yn  géneuthur  creuyd 
ne6yd  yr  honn  yssyd  yn  ymrodi  y  Du6  yn  wyry  y  tra  vo 
by6.  Ef  a  welit  y  ni*  bot  yn  ia6n  studya6  o  honam  y  gyt 
truy  nerth  Due  y  geissau  atteb  y  gantha6.  ar  b6y  y*  rodit 
Meir  oe  guarchad6. 

VIII.  Ar  ymadraud  h6nn6  a  ragaud  '  y  baup.  a  b6ré 
coelbrenn  ar  holl  16yth  vr  Israël.  Ac  erchi  y  baup  or  a  uei 
heb  wreic  ida6  dvuot  trannoeth  yr  temyl.  a  guialen  yn  lla6 


1.  L.  val,  S  has  vab. 

2.  Cf.  p.  209,  n.  2. 

3.  L.  îladaivd asm  S. 

4.  L.  bot  as  in  S. 

5.  L.  ragaud  hoi)  as  in  S. 


1 


LlyiiKi   J'ithlnooi  lessii  Grist.  215 

bop*'  vn.  Velly  y  guaethpôyt  '.  A  losep  oed  hynnaf  01 
temyl  y  r6g  yr  rei  heb  wraged  vdunt.  A  guedy  rodi  y 
gueelin*  yn  lla6  yr  hynaf  or  temyl.  ynteu  a  rodes  y  guyeil 
yn  a;berth  y  Du6.  ac  a  erchis  yr  Argléyd  gyghor.  Yna  y 
cauas  atteb  y  gan  Du6.  Dyro  heb  y  Du6  y  guyeil  oll 
yn  y  cor.  a  gat  yno  hyt  avory,  a  doent  avory  y 
gyrchu  eu  guyeil.  ac  o  vlaen  vn  or  guyeil  yd  ehetta  colomen 
yr  nef.  ac  ar  berchen  y  wialen  honno  roder  Meir  oc  chadu. 
Velly  y  g6na  (Fol.  XVF)  ethpuyt*.  Yn  voreaul  trannoeth  y 
doeth  paub  yr  temyl,  a  guedy  gwneuthur  offrymeu.  yr 
aeth  yr  esgob  yr  cor.  ac  ef  a  rodes  y  wialen  yn  Uaw  baup. 
ac  nyt  aeth  colomen  or  vn.  Ac  yna  y  guisgaud  Abys- 
achar  escop6isc  ymdana6.  ac  yd  aethant  y  gyt  ac  et  hyneif 
y  temyl.  ac  y  dyvynnaéd  yr  aberth.  ac  yr  aeth  y  guedy. 
Ac  yna  yd  ymdangosses  agel  or  nef  ida6.  ac  y  dy6at.  Y  mae 
yma  wialen  verrai"  heb  gyurif  o  honat.  ac  nys  dugost  y  gyt 
ar  lleill.  honno  pan  y  rodych  yn  lla6  y  neb  pieu  honno  a 
dengys  yr  aruyd  itt.  Yna  yd  oed.  guialen  losep  kan  oed  hen 
guedy  yr  vur6  y  ymdeith.  ac  ynteu  nys  gouynaéd.  A  phan 
yttoed  losep  yn  di6ethaf  oll.  Ysachar  esgob  a  el6is  arnaé  yn 
vchel.  Dabre.  a  chymer  dy  6ialen  kanys  tydy  ydym  yny  aros. 
losep  a  dynessaud  yn  ofnauc  am  al6  or  esgop  yn  vchel  arnaé. 
IX.  Yr  a6r  y  rodes  y  laé  ar  y  wialen.  yd  ehedaud  colo- 
men 6ynnach  y  1116  nor  eiry.  a  gwedy  ehedec  rynnawd  o 
honnei*  y  nenn  y  temyl  yd  aeth  yr  nef.  Yr  holl  bopyl  a  hofFes 
hynt  yr  henn  *.  G6ynvydedic  wyt  ti  heb  6ynt  yth  eneint. 
Kanys  Du6  athangosses  -  yn  aduyn  y  gymryt  Meir.  Pan 
dy6ot  yr  ofîeireit  6rthav.  kymer  Veir.  kanys  Dli6  ath  etholes 
or  holl  bopyl.  ac  or  holl  Iwyth,  losep  yna  ac  eu  guediaud. 
ac  a  dy6at  yn  geôilyduys*.  Hen  y  6yfi  a  meibon  yssyd  ym. 
paham  y  roduch  y  verch  vechan  honn  ymi.  o  oet  a  allei 
vot  yn  wyr  ym.  a  Uei  y 6  noc  vn  om  héyron.  Abysa- 
char  escop  vchaf  a  dy6at  yna.  Pony  da6  cof  itt  vegys 
y  tremygaud*  Dathan    ac  Abyron  e6yllys  Du6.  ar  daear  ac 


1.  Cf.  pp.  209,  n.  I,  226,  n.  2. 

2.  h.  ath  dangosses.  Cf.  Strachan,  Iiitroâiictioiito  Early  ÏFehh,  p.  165,1.28 
athriidannaeth  for  ath  dnidanuaeth. 


21 6  Marv  IViJliniiis. 

eu  llygkaud.  ac  attoed  ysderuyd  y  titheu  y  kyuryé  os  trem- 
ygu  a  6ne*  yr  hynn  a  vynn  Du6  ytt  y  6neuthur.  loseph  ae 
hattebaud.  Ny  thremygaf  i  e6yllys  Du6.  Mi  a  vvdaf  geittuat 
idi  y  tra  vynho  Du6  hollgyuoethauc.  Roder  rei  or  guerydon 
y  chetemdeithesseLi*oe  chanlyn.  Abvsachar  ae  hattebaud.  Hy 
a  geiff  rei  a  honunt  yn  didanuch  idi  vnv  del  y  dyd  y  kymer- 
ych  di  hy.  losep  a  gymerth  Meir  a  phvmp  or  guerydon 
y  g}'t  a  hy.  ac  a  doethant  y  ty  losep.  Y  enweu  y  guerydon 
hynny  oedynt.  Rebecca.  Serora.  leramia*.  Abvgena.  Zael.  Yna 
y  rodes  yr  escop  vdunt  svndal.  a  sidan.  a  saftr6m.  a  jacin- 
tus.  a  llin.  a  ffyrffor.  Yna  v  burvassan  brennev  y  edrych  beth 
a,  6neiei  pob  vn.  ac  velly  y  g6naethpuyt.  ac  y  Veir  y  doeth 
gweith  or  pyrffor  yn  temyl  yr  Argluyd.  A  phan  y  kymerth  y 
dy6edassant  y  guerydon.  Kanys  ieuhaf  6yt  ac  vfydaP  ti  a* 
hedeist  g}'nnal  y  pvrffor.  Ac  wynt  val  ar  watwar  y  gal6 
yn  vrenhines  y  guerydon.  Atthra  yttoedynt  yn  hynny  yd 
ymdangosses  agel  yrygthunt,  ac  y  dy6at.  Na  phaeiduch*  ae 
gal6  velly  kyt  as  guneloch  her6yd  gogan.  ch6i  a  dyéedassauch 
g6ir  prophuydolyaeth.  Y  guerydon  a  ergrynysssan  yg  guyd  yr 
agel.  ac  yn  y  eirev.  Ac  wynt  a  drechreussant  ^  6ediaé  iMeir. 
am  vadeueint.  a  guedia6  drostunt, 

X.  Dydgéeith  arall  yd  oed  Meir  yr  llen6i  llestyr  yno  o 
dôfyr.  yd  ymdangosses  yr  agel  ydi.  ac  y  diéat*  érthi. 
G6ynv3'dedic  6vt  Veir.  canys  vcheyryeist  pres6ylua  y  du6 
yth  uedul.  Llyma  y  da6*goleuat  or  nef  y  bress6ylya6.  ynot. 
a  thrévdoti  y  goleuhaa  yr  holl  vyt.  Y  trydydyd  a  hy  yn 
g6neuthur  gueith  or  pyrifor.  y  doeth  guas  jeuang  attei.  y 
deguch  ny  ellity  dattcann.  Pan  yg6elesMeir  kryn6  -  o  ofuyn* 
a  6naeth.  Ynteu  a  dv6at.  Meir  nac  ofuynhaa*.  ti  a  geueist  rat 
gan  Due.  ti  a  geueist  veichogi.  ac  a  vyd  mab  ytt.  yr  h6nn  a  vyd 
brenhin  nef  a  daear.  ac  a  6ledycha  yn  oes  oessoed.  Y  tra 
yttoed  yn  hynny  yd  oed  losep  yn  lie  pell  yn  llauuryaé.  ac 
yno  yd  oed  gof  prenn.  a  na6  mis  y  trigyaud  el  yno.  A  phan 
doeth  tracheuen  ydoed  Veir*  yn  veichauc.  ac  o  diruaur  ovyn 
a  gouit   y    geluis  ar  yr  Argluyd.  Argluyd  heb  ef  kymer  vy 


1.  Cf.  p.  209,  n.  3. 

2.  L.  Kryjiu  as  in  S. 


Llynia  Fabiuogi  Icssii  Grist.  217 

ysprit  .i.  canys  guell  y 6  vy  mar6  nom  byé.  Yna  y  dy6at  y 
guervdon  oed  ygyt  a  Meir.  Nyny  a  *  6ydam  bot  yn  gyua  y 
gucryndaut*  ac  yn  anllygredic.  yd  ymgetuis.  Canys  g6astat  yé 
yn  guediaé  Du6.  peunydyd  ymdidan  yr  agel  a  hi.  ac  y  d6c* 
ef  y  Veir  y  hymborth.  pa  del6  y  dichaun  bot  neb  ry6  bechaut 
yndi.  ac  o  myny*  dy  dyôedut  yn  tyb  ny.  ny  wnaeth  neb  hy 
yn  veichauc  hy  onyt  yr  agel.  losep  a  dyéat  Beth  a 
dôylluch  o  honaf  i.  val  y  crett6yf  i  y  beichogi  or  agel. 
gallei  vot*  y  th6yllau  o  arall  yn  rith  agel.  Ac  6yla6  a  énaeth 
a  dyéedut.  Pa  del6  y  beidyaf  i  vynet  yr  temyl.  neu  y  yméelet 
ag  offeireit  Du6.  beth  a  énaf  i.  ac  y  medylyaud  (Fol.  XVP) 
ymgudyav  ac  ada6  Meir. 

XL  À  gwedy  llunyeithyauo  honaf  '  ef  kyuodi  oe  6ely  hyt 
y  nos  a  ftb.  nachaf  yr  agel  druy  y  hun  yn  ymdangos  ^  ef 
y  nos  honno.  ac  yn  dy6edut.  losep  vab  Dauid.  *nac  aet 
ovyn  arnat  yr  kymryt  Meir  yn  briaut  ytt.  kanys  yr  hynn 
yssyd  yn  y  chroth.  or  yspryt  glan  y  mae.  hy  a  esgyr  ar 
vab  a  el6ir  lessu  Grist.  h6nn6  a  6na  yn  iach  oc  eu  pechod- 
eu.  losep  a  gyuodes  oe  hun.  ac  a  dalaud  diolch  y  Du6.  ac 
a  dyéat  vrth  Veir.  ar  guerydon  a  oed  y  gyt  a  hy.  ac  a 
dattkanna6d  y  6eledigaeth.  A  didanôch  a  gymerth  am  Veir.  Mi 
a  becheis  heb  ef.  canvs  bu  typ  gennyf  vrth  Veir.  Odyna 
yd  aeth*  y  chôedylydaeth  vot  Meir  yu  vechoc  K  Ag6assan- 
aeth6yr  y  temyl  ae  delis  hi  a  losep.  ac  ae  dugant  aryrhyneify 
temyl  ^.  Ar  esgob  a  ymli6od*  ac  ef  yn  serth.  Neut  6yt  tuyll- 
edic  am  wyr}^  mal  honn.  yr  honn  a  vagaéd  yr  agel  yn  y  temyl 
vegys  colomen.  yr  honn  ny  vynnod  guelet  g6r  eiroet.  yr 
honn  a  gauas  y  dysc  goreu  ygkyureith  Due.  pei  na  wnaeth- 
oeduti  treis  arnei  hy  a  vedyei*  w^^r}^  hedié.  losep  a  tygaud 
nachyhyrdasseia  hi  eiroet.  Abysachara  dy6at  Due  yssyd  vy6. 
ef  a  vyd  reit  ytt  yuet  d6fyr  kyury6  ac  a  leuaéd  an  Hargluyd  ny. 
ath  bechaut  a  ymdengys  yn  diannot.  Yna  yd  oed  kynulleitua* 
yr  honnny  eUit  y  rifa6.  adéyna  6naethpuyt  Meir  yr  temyl  yr 


1 .  L.  lioiiaô  as  in  S . 

2.  L.  idaôeL 

3.  L.  veichoc  as  in  S. 

4.  V.  p.  212,  n.  7. 


2i8  Mary  Williams. 

Argluyd  ',  Ac  yna  \vyla6  a  6naeth  yr  offeireit.  a  reeni  Meir. 
aechyfnesseiueit.  ac  ydy6edassantvrthi.  Kyffesa*  Meiryr  offei- 
reit dy  bechaut.  vegys  colomen  y  porthes  yr  agel  dydy  yn 
temyl  Du6.  Ac  yna  y  gel6it  losep  vrth*  yr  allaur.  ar  dufyr  a 
rodet  idaé.  Yr  a6r  y  lleuaéd.  v  damg^4chvnnaud  ef  }'  d6fvr 
seith  6eith.  ny  rodes  Du6  aruyd  yn  y  byt  arnaé .  Ef  a  vu 
diogel  canyt  ymdangosses  aruyd  neb  rv6  bechaut  vnda6. 
XII.  Yna  y  g6naeth  yr  offeireit  ar  g6assanaethuyr  arbopylef 
yn  iach.  Bendigedic*  6yt*canyt  oes  g6l  ynot.  A  gal6  Meir  a 
6naethpuyt.  a  gouyn  ydi  pa  esgus  oed  genthi.  neu  pa  aruyd 
a  ymdeng}-s  yn  wuy*  nogvt  yr  h6nn  *a  deng^-s  beichogy  dy 
groth.  Vn  peth  a  ovvnun  *vt.  canvs  glan  losep.  adef  yn  p6y 
ath  téyllaud.  guell  y6  ytti  adefdy  hun.  nogyt  rodi  o  var  Due 
aruyd  yth  \\yneb  y  damlleôychu  ygkymperued  y  bopyl.  Yna 
y  dy6at  Meir  yn  diergrynedic.  Ossit  neb  ry6  lygredigaeth 
neu  bechaut  jmofi.  Du6  ae  hardangosso  arnaf  i  yggéyd  yr 
hollboploed.  yn}'  aller  vy  rodi  i.  yn  agkyffret  y  baup.  A  hi  a 
doeth  y  ymyl  yr  allaér.  ac  a  g3'merth  y  d6fyr.  ac  ae  lleuas. 
ac  a  troes  yn  y  chylch  seith  \yeith.  ac  ny  chat  na  aruyd  nac 
arll6yb3T  neb  ry6  bechaut  yndi.  A  ryuedu  a  6naeth  yr  hoU 
bobyl  y  guelet  yn  veichauc  ac  ymod6rd  y  lygthunt  3'n  amr}^- 
ual.  Vn  a  dy6edei  o  santeidr6yd.  arall  o  drycvedul.  Yna  y 
guelas  Meir  typ  rei  or  bobyl  na  buassei  dog}'n  ydyménaeth- 
oed  5'n  6ir}'on.  A  phaub  yn  guaranda6  hy  a  dy6at  yn 
vchel.  By6  y 6  Argluyd  paub.  ac  ygguyd  h6nn6  y  dyéedaf  i 
na  bu  6r  ym  eiroet.  namyn  o  dechreu  vy  oes  yn  teruynedic  y 
rodeis  y  gouunet  h6nné  y  Due  y  mabolyaeth  5my  drych6yf  i 
3'n  g}'ua  yn  eno*y  g6r  am  crea6d,  yndaé  y  mae  vy  ymdiret 
ym  by6yt  y  wassanaeth  ef  ehun.  ac  yda6  ef  ehun  trig}'a6  heb 
lygredigaeth  tra  vuyf  vy6.  Yna  yd  aeth  paub  ar  tal  eu  glinyeu 
y  gussanu  y  thraet.  ac  y  erchi  madeueint  ydi  am  eu  dr}Xtyp. 
Ac  yr  hoU  bobyl.  ar  offeireit  ar  guerydon  druy  diruaur 
leuenyd  ae  hebrygassant  hy  adref.  ac  o  lef  vchel  yn  dy6edut. 
Bendigedic  vo  eno  *  yr  argluyd.  kanys  damlle6ycha6d  y  sant- 
eidruyd  y  holl  bopyl  yr  Israël. 


I.  V.  p.  212,  n.   7. 


Lh'itiit   rahiiiosri  Icssii  Grhl.  219 

XIII.  Gwedy*  chydic  o  amser  guedy  hynny  y  g6naethp6yt 
kyurcith  ygkyuoeth  César,  ac  yn  gyntaf  ygkyuoeth  ty6yss- 
auc*  Syria.  na  thriccyei  neb  ny  hanffei  or  6lat  yndy  namyn 
mynet  paub  oe  61at.  Yna  y  bu  reit  y  Veir  a  losep  mynct* 
tu  a  Beethlem.  ac  y  dyéot  Meir  vrth*  losep.  My  a  éelaf  duy 
bobyl  o  yni  blaen.  y  neill  yn  wyla6.  ar  llall  yn  chéerthin. 
Ta6  heb  y  losep.  eiste  ar  yr  anyueil.  ac  na  dyéet*  geircu 
goruac.  Yna  yd  ymdangosses  mab  tec  vdunt  guisgedic*  o  6isc 
echtyôynedic.  losep  heb  ef  paham  y  dy6edeisti  vot  yn 
\vor6ac*  y  geireu  am  y  d6y  bobyl.  g6ir  a  dy6at  Meir.  pobyl 
yr  Ydeon  oed  yn  wyla6.  ar  bopyl  arall  yn  chéerthin.  yr  h6nn 
yssyd  agos  y  Du6.  mal  y  hedeéis*  yn  tateu  ny.  nyt  amgen. 
Abraham.  Ysaac.  a  lacob.  yr  amser  a  doeth.  yny  del  o  hn 
Euream.  rat  a  bendith  yr  hoU  bopyl.  Aphan  dy6ot  yr  argel  '* 
hynny.  yd  erchis  yr  assen  seuyll.  Canys  amsser  y  Veir*  a  doeth 
y  escor.  (Fol.  XVIP)  Ac  yd  erchis  y  Veir  disgyn  yr  llaur  yr  - 
ar  yr  assen.  A  dos  yr  ogof  yssyd*  adan  y  daear.  yn  yr  honn  ny 
bu  oleuat.  namyn  tyéylluch  eiroet.  Canys  goleuat  Du6  ny 
allei  dyuot  idi.  Yr  aur  yd  aeth  y  myun.  y  dechreuod  yr  holl  ogof 
oleuhau.  mal  pei  hanner  dyd.  Yna  ydaeth  ydyôaul  oleuréyd 
y  my6n  yn  ardechauc  5.  hyt  na  diffodei  goleuat  yndi  nac  yn 
nos.  nac  yn  dyd. 

XIV.  Ac  yna  yd  esgores  y  wynvededic*  wyry.  pennadur 
yr  eneiteu.  Lleg  o  egylyon  a  doeth  yg  kylch  y  mab  yr  aur 
y  ganet.  yr  h6nn  adolyssant  truy  dy6edut  yn  vchel. 
Gogonyant  yn  y  goruchelder  y  Due.  a  thagneued  yr  dynyon 
ar  y  daear.  Yna  y  doeth  ganedigaeth  yr  Argluyd.  yd  aeth 
losep  y  geissa6  g6raged  at  Veir.  a  phan  y  cauas  yr  ogof  y 
doeth  tracheuen.  Yna  y  cauas  y  mab  guedy  yr  eeni*  ac  y 
dyéat  loseph  O  wynvydedic  Veir  Mi  a  dugum  duy  wraged 
attat.  a  gerlla6  drus  yr  ogof  odieithyr  y  maent  yn  seuyll.  ac 
rac  diruaur  oleuréyd  dyuot  yn  hylithyr  nys  llauassant.  Meir 
dan  owenu  a  guerendeôis.  loseph  a  erchis  idi  teuy  ae  ch6er- 
thin.  Byd  gall  heb  ef  yny  delont  y  myén  rac  bot  yn  reit  itt 
6rth  vedycynyaeth.  Hitheu  a  erchis  vdunt  yntredu  attei.  Zelo- 

1.  L.  iiiigel,  cf.  p.  21 1,  1.  I. 

2.  L.  v  as  in  S. 

3 .  L.  anïerchiiuc  as  in  S. 


220  Mary  Williams. 

my  a  doeth.  a  Salorae  nyt  yntredod.  Zelomy  a  dyuat  6rth 
Veir  wynvydedic  gat  ti  ymi  gyhurd  a  thi.  Pan  gyhyrdod.  o 
lef  uchel  hy  ae  dy6ot.  Argluyd.  Argluyd  maur  tmgarha 
6rthyf.  ny  chly6yt.  ac  ny  welet  bronneu  yn  lla6n  o  laeth.  a 
geni  mab  ae  mam  yn  wyry  yn  ymdangos.  ac  nat  oes  lygred- 
igaeth  guaet  nae  arll6ybyr  yr  ganedic.  na  dolur  ar  y  neb  ae 
hesgores.  gwyry  kynn  escor  a  guyry  yn  trigyau  guedy  escor 
val  y  mae*  aml6c.  Yr  hynn  a  glyôaf  yny  prouy  nys  credat 
heb  Salome  odieithyr  yny  guel6yd.  acar  y  wynvydedic  Veir  y 
doeth.  ac  yd  erchis  idi  gat  ti  y  mi  dy  balualv  ual  y  cretuyP  y 
Zelomior  hynn  a  gly6af.  Yna  y  kanhadaud  Meir  idi  yphrouy. 
Hy  a  estynnaéd  y  lla6.  ac  a  diffruythod  y  llau  yn  diannot.  ac 
o  diruaér  dolur  wylau  a  oruc  yn  ryulaenllym  dan  leuein  a 
dy6edut.  Ti  a  adnabuost  Argluyd.  ofynhau  ohonafi  dydy  yn 
wastat.  ar  tlodyon  a  nertheisa  my  heb  dal.  aguragedguêdu.a 
meibon  ymdiueit  mi  ae  canhorth6yeis.  ac  eissyéedic*  iaun  nyt 
aeth  y  érthyf  yn  amnat  or  a  archei.  ac  yr  aur  honn  y  dyguyd- 
eis  o  achaus  vy  agkreteduyaeth  '  yn  trueny  yr  *  edrych  dy  Veir 
^vyr>^ 

XV.  Aphan  dyéat  hy  hynny.  yd  ymdangosses  guas  jeuang 
tec  achtywynedic*  yn  eglurder  ger  y  lla6.  ac  a  dy6ot  vrthi. 
Dynessa  ar  y  mab.  ac  adolaf  -  ef.  a  dyro  dy  la6  arna6.  ef 
ath  iacha  yn  diannot.  ef  yssyd  iechyt  yr  rei  gobeithaul.  ac 
euo  yssyd  brynnaédur  yr  holl  ossoed  '.  Yr  aur  y  dinessaud 
ac  y  rodes  y  lla6  ar  odre  y  llenn  a  oed  ygkylch  y  mab.  y  cauas 
flfruyth  y  llau.  A  chan  dyéedut  yn  vchel  gôyrtheu  mab  Du6 
yd  aeth  allan  dieithyr  dr6s  yr  ogof.  ac  a  uengys  +  a  6elsei.  ac 
val  y  kaôssodyat  iechyt  oe  lla6.  Ac  ar  y  ffregeth  hy  llauer  a 
gredassant.  canys  bugelyd  a  oed  yny  chylch  hynny.  a  getern- 
heynt  ryéelet  o  honunt  egylyon  beryued*  y  nos  yn  disgynu* 
or  nef  gan  ganu  ymnev.  a  chy6ydolaeth  yn  moli  Due.  ac  yn 
y  vendigau.  ac  yn  dyéedut.  Hedi6  y  ganet  yiachéaél*  paub. 
5T  h6nn  yssyd  Grist  argluyd.  yn  yr  h6nn  y  telir  iechyt  pobyl 

1.  This  form  of  thc  word  is  uot  noticcd  in  D""  Silvan  Evans'  IVelsb 
Dictionary .  S.  has  agkredinyaeth. 

2.  L.  adola  as  in  S. 

3.  L.  oessoed  as  in  S. 

4.  L.  tiencffys  as  in  S. 


Lhma  Vahitwc;!  lessii  Grist.  221 

yr  Israël,  aseren  o  osper  hyt  y  bore  a  ymdangosses  vch  benn 
yr  ogof.  diruaur  y  meint  ae  goleuny.  yr  honn  ny  welsit  yr 
dechreu  byt  y  chyffelyp.  Ar  prophuydi  a  oedynt  yg  Kaerusa- 
lem.  a  dy6edassant*  pany6  honno  a  dangossei  ganedigaeth 
Crist.  yr  h6nn  a  gadarnhei  y  adaéedigaeth  yn  yr  Israël,  ac  yn 
yr  holl  genedyloed. 

XVI.  Y  trydydyd  o  anedygaeth  an  Hargluyd  ny  lessu  Grist. 
Meir  a  aeth  or  ogof.  ac  a  gyrchaud  ystabyl.  ac  a  ossodes  y 
mab  y  meun  y  presep.  ar  ych  ar  assen  a  guediod.  yna  yd 
efleénit  '  yr  hynn  a  dyôat  Ysayas  prophuyt.  Yrycli  a  adnabu 
y  berchennauc.  ar  assen  gorchymyn  y  hargluyd.  yr  anyueileit 
nyt  amgen.  yr  ychen.  ar  assen  yn  seuyll  yn  y  perued  yn  y 
wediaé.  Yna  yd  eflenôit*  yr  hynn  a  dy6ot  Abacuc  prophuyt. 
Ymperued  deu  anyueil  yth  adnabydir.  Yno  e  *  trigyaud*  Meir 
a  losep.  ar  mab  tridieu.  Yhéechetyd  y  doeth  y  Vethlem.  ac 
yno  y  cuplaaud  y  seithuet  dyd.  yna  y  duc  losep  y  mab  y 
temyl  yr  Argluyd.  ac  y  ducpuyt  kyulvyn.  a  deubarogolomen- 
ot.  Yn  y  temyl  yd  oed  g6r  perfFeith  a  guirion  Symeon  y  eno*. 
yd  oed  deudecmlyned  arhugeina  chant.  (Fol.  XVIP)  gan  Du6 
y  caussoedat  na  bei  var6  yny  welei  Grist  vab  Du6  yn  y  gnaut 
yn  y  vy6.  A  phan  welas*  y  mab  y  dyéot  yn  vchel  iaun.  Neur 
ou6yaud  Du6  y  bluydf*.  ac  neureflen6isy  edeéit.  ac  ar  vr^^s 
y  doeth  y  adoli  y  mab.  A  guedy  hynny  y  kymerth  y  mab  yn 
y  vantell  dan  wedia6.  ac  y  cussannaud  guadneu  y  traet.  ac 
y  dyôot   Yr  aur  honn  y  gedy  ty  dy  was  y    tagneued . 

XVII.  Yna  ydoed  yn  y  temyl  Anna  verch  Samuel  o  16yd* 
Asser.  a  honno  a  vuchedoccassei  gyt  ae  gur  oe  g6yrdaut  yr  yn 
seith  ml6yd.  ac  yna  ydyttoed  wedu  druy  yspeit  pedeir  blyned  a 
phetuar  ugeint.  ac  yn  y  temyl  yn  wastat  yn  kynnal  wympryt* 
a  guedy.  Ac  y  wediau  y  mab  y  doeth.  ac  y  dyéot.  Yn  hénn 
y  mae  prouedigaeth  y  bopyl.  Guedy  yspeit  duy  vlyned  y  doeth- 
ant  y  deéinyon  or  duyrein  y  Gaerusalem.  ac  anreccyon  maur 
ganthun.  Ac  ar  hynt  y  gouynyssant  yr  Ydeon  mae  y  brenhin 
a  anet  y  ni.  ny  a  6elsam*  y  seren  ef  yn  y  duyrein.  a  nynheu  a 
doetham  y  wedia6.  Y  chéedylyaeth  a  aeth  ar  Erot  vrenhin.  ac 
yna  y  kynnullaud  Herot  hyneif  y    Ffarisewydon  a  dyscéyr  y 

I.  Cf.  1.  13. 

Revue  Celtique,  XXXIII.  15 


222  Mary  Williams. 

bobyl.  A  gouyn  vdunt.  Pony  prophuyduys  y  prophuydi 
ganedigaeth  Grist.  Wynteu  a  dyéedassant  vot  yn  6ir  hynny. 
ym  Bethléem*.  Ynay  geléis  Herot  ydeéinyon.acygouynnaud 
pa  bryt  yd  ymdangosses  y  seren  udynt.  Odyna  yd  anuones  y 
rei  hynny  y  Vethlem.  Euch  hebef  tu  a  Bethlem  a*gouynuchy 
mab.  Guelet  a  6naeth  ef  vot  y  de6ynyon  a  aethoed  y  geissaé 
y  mab  heb  di6at.  ac  yn  y  d6yllau.  Yna  y  kvffroes  ar  yrlloned 
druy  ennynedigaeth  diruaur  Ht.  ac  yd  anuones  gennadeu  oe 
keisiaô  '  yn  y  eu  herbyn  y  bop  fford.  Ac  erchi  ev  dala  ac  ev  llad. 
XVIII.  Guedyna  alléyt  cael  y  dewinyon  y  anvonnes*  ken- 
nadeu  y  Vethlem.  ae  holl  teruyneu  y  erchi  llad  hoU  veibon* 
bychein  a  geffit.  Dydgueith  kynn  dyuot  y  kynnadev*  ar  dal  y 
lie  yddoedynt*.  nachafagel  o*  nef  yn  dyuot  truy  y  hunarlosep. 
ac  yn  dyôedut  6rtha6.  Dos  ymdeith  ti  a  Meir  ar  mab  genuch 
ar  hyt  dydryf  a  fford  diffeith  hyt  yr  Eifft.  losep  à  énaeth  her- 
uyd  gorchymyn  yr  agel.  Eu  hynt  ^  a  gymerssant.  ac  a  gyrass- 
ant  tu  ar  ogot  y  vj^nné  '  gorffuys  yndi.  yna  y  disg}'nnaud 
Meir  y  ar  yr  assen.  ac  a  -^  eisted  a  wnaeth  Meir  ar  mab  ar  y 
harffet.  Nachaf  yn  deisyuyt  llauer  o  seirff  yn  dyuot  'or  ogof. 
Ac  ofynhau  a  6naeth  Meir  pan  y  guelsant  >'.  Yna  y  'doeth  y 
mab  o  arffet  yvam  yr  llaur  ac  y  kerdod.  ac  y  seuys  ar  y  nadred. 
wynteu  adol3'ssant  lessu.  ac  a  gilyassant  y  vrthunt.  Yna  yd 
eflenôit  yr  hynn  a  dy6ot*  Ysayas  prophuyt.  Y  seirff  or  daear 
adadoluch  ^  vr  Argluvd.  Y  mab  agerdod  oc  eublaen.  ac  a  orchy- 
mynnaôd  vdunt.  nat  argyéedyn  y  neb  ry6  dyn.  Meir  a  losep  a 
ofuynnaud*  rac  gueuthur  "  ohonunt  godyantyr  mab.  Alessu  a 
dy6ot  vrthunt.  Na  deluch  ofuyn*  amdanaf  i.  yr  vy  mot.  i.*  yn 
vab.  perffeith  éyf  i.  ac  agkenreit*y6  y  holl  wuystuileit  *  guyllt 
or  koedyd  bot  yn  dof  ger  vy  mronn  y.  ac  yn  hynnaus.  Y  lleot*. 
ar  pardyeit.  ar  anyueileitcreulaun  a  oed  yn  eu  guedia6.  ac  yn 
kytgerdet  ac  wynt.  ac  yn  eu*  ketymdeithoccav  *yn  y  diffeith. 


I. 

The  word  lias  been  altered  from  kcissaiu  (as  iu  S.)  to  keisiaw 

2. 

t  written  above  the  word  in  rcd  ink. 

3- 

L.  rvnini  as  in  S. 

4. 

Omit  as  in  S. 

5- 

L.  guelas. 

6. 

L.  adoluch.  S.  lias  adeidoluxh . 

7- 

Cf.  p.  209,  n.  I . 

8. 

L.  muvsluileit  as  in  S. 

Llviiiii   Vahwoc^i  Icssu  Grist.  223 

A  plia  du  bynnac  y  kerdynt.  yr  anyueileit  kynny  a  oed  oc  eu 
blaen  yn  mencgi   fford  vdunt   ac  yn   guediaé  y  mab. 

XIX.  A  phan  welas  Mcir  liynny  ac  amraualyon  genedylocd 
bvystuileit  yn  eu  herbyn.  y  delis  ouyn .  O  la6en  oluc  y  mab  a 
edrychod  arnei.  ac  a  dy6ot.  Vy  mam  y  nac  ofuynhaa*.  nyt  yr 
sarhaet  ytt  y  deuant.  namyn  yr  dy  6assanaethu  y  dybryssyant.  ac 
yn  y  bydynt  dywededigyonus*  pethev  ef  a  tynnaôd  y  mab  ofuyn* 
oe  callonnev.  Yna  y  kerdod  y  lleéot  gyt  ar  essyn  ar  ychen  oed 
yn  aréein  y  hagenreiteu.  ac  nyt  argy6edynt  y  neb.  yr  y  press- 
6yluaeu  y  gyt  namyn  hyna6s  oedynt  ym  plith  y  deueit.  ar 
meherin  a  dugassant  gantunt  o  ludea.  ac  a  oed  y  gyt  ac  wynt. 
y  gyt  ar  bleideu  y  kerdynt.  ac  nyt  ergrynynt  dim.  ac  nyt 
argyéedei  yr  vn  oe*  gilyd.  Yna  yd  eflen6it  geireu  y  prophuyt. 
Y  bleyd  ar  oen  a  besgit  y  gyt.  y  lleé  ar  artli  a  borant  beisséyn 
y  gyt.  Yna  yd  oed  deu  ychen  yn  déyn  kerbyt  ac  eu  haghen- 
reiteu  ynda6.  Yna  yd  oed  Veir  guedy  blina6  gan  tra  gures  yr 
heul  yn  y  ditrj^f.  a  phren  palym  a  gyherdod  ac  wynt.  a  Meir 
a  dy6at  6rth  losep.  Mi  a  orffyéysaf  ychydic  dan  wasgaut  y 
prenn.  losep  a  tynna6d  Meir  y  ar  yr  assen  yr  lla6r.  A  phan 
eistedaud  Meir  wynvydedic.  edr^'ch  a  6naeth  ar  vric  y  prenn. 
a  hi  a  6elas  y  prenn  yn  lla6n  o  aualeii.  ac  y  dyéot  6rth  losep. 
Mi  a  h6enychun  peth  o  ffruyth  y  prenn.  pettei  a  allei  eu  cafl- 
el.  losep  a  dy6otvrthi.  Ryved  yé  gennyf  y  dyéedyt  ohonnoti 
hynny  rac  vchet  bric  y  prenn.  a  medylya6  o  honat  cael  peth 
or  ffruyth  o  le  kyuuch  ac  y  mae.  m6y  yssiéet  yé  gennyf  am 
dôfyr.  Kanyt  ocs  dim  yn  y  costreleu.  ac  nat  oes  le  y  ymgyg- 
hori  y  geissa6  d6fyr.  Yna  y  dyôot  y  mab  ac  yn  eisted  (Fol. 
XVIIP)  ar  arffet  y  vam.  ac  edrych  ar  y  prenn.  Gostug  prenn  dy 
vric  val  y  gallom  cael  peth  oth  ffruyth.  Ac  yna  y  prenn  a 
ostygaud  y  vric  hyt  y  llaur  ger  emyl*  traet  yr  argluydes  Veir. 
Ac  yna  y  kaussant  dogyn  or  ar  '  aualeu . 

XX.  Guedy  daruot  vdunt  gynullaô*  yr  holl  aualeu  trigyaé  a 
wnaeth  y  pren  ae  vric  ar  y  llaur  yny  gaffei*  gannyat  y  mab  y 
gyuodi.  Yna  y  dy6ot  lessu  Dyrchaf  dy  vric  ac  ymgadarnhaa  a 
b^'d  getymdeitheis  yr  g6yd  ereill  yssyd  ym  paraduys.  vyn  tat  i. 
Yna  yd  ymdyrchauaud  y  vyny.  ac  o  wreid  y  prenn  yd  ymdan- 

I .  Omit  as  in  S. 


224  Marv   IViUiams. 

goses  ffynna6n  loe6af  ac  oeraf  a  melyssaf .  Pan  leéyssant  déiyr  y 
ffynnaun  y  kymerassan  le6enyd  diruaur.  ac  ymlen6assant  or 
défyr  ac  wynt.  ae  hyscrybyl.  Yna  y  talassant  diolch  y  Du6. 
Dydgueith  arall  yd  oedynt  yn  kerdet  odyno  yd  ymchéelod  lessu 
y  oluc  ar  y  prenn  palym.  ac  y  dy6ot.  Mi  a  orchymynai  yt  prenn 
palym.  mynet  vn  oth  geigeu  gan  vy  egs'lyon.i.  ae  blanv*  ym 
paraduys  vyn  tat  i.  Y  vendith  honn  yma  a  rodaf  ytti  hyt  p6y 
bynnac  a  orch}^^ygwyttt  '  yn  amrysson  da  amdanwynt  y 
dy6edir.  Neur  doethauch  ar  balym  budugolyaeth.  Ac  euo  yn 
dyéedut  hynny.  nachaf  agel  o  nef  yn  seuyll  ar  y  prenn.  ac  yn 
d66vn*  vn  or  keigeu  ac  yn  hedec  yr  nef.  Pan  welas  paub  hynny 
syrthu  -  a  wnaethant  megys  meiré.  lessu  a  dy6ot.  Paham  yd 
ergr^'na  ych  callonneu*  ch6i.  pony  6dauch  ch6i  y  prenn 
h6nn  a  6neuthym*  ac  a  vynnaf  y  d6yn  y  baraduys.  ac  yno  y 
byd  yn  teguch  y  hoU  seinnyeu  nef.  megys  y  mae  paraut  yn 
y  lie  y  goual  hénn  g6edyr*  hynt  honn. 

XXI.  Ac  yna  y  dy6ot  lossep*.  Y  mae  gormod*  gères  yn  yn 
lloscy.  o  reig*  bod  ytt  kerdun  gan  ystlys  y  mor.  Val  y  caffom 
gorfFwys  yn  y  dinessyd*  yssyd*  ar  yr  arvordir.  lessu  ae  hatte- 
baud.  losep  nac  ofuynna*.  my  a  vyrrhaaf*  ytt  y  fford.  Val  y 
teruynnych  hedi6  e  hun.  yr  hynn  a  oed  ar  yn  bryt  5'  gerdet  yn 
yspeit  dec  nv6arna6t  arhugein.  Acyr  aur  y  dy6ot  hynny  nachat 
yn  diannot  y  gôelynt  myn5'ded  yr  Eifft.  ae  dinessyd.  A  dechreu 
lly6enhau  a  6naethant.  ac  y  dinas  a  eléit  Sotraent  y  doethant 
heb  ohir.  yn  y  lie  nyt  oed  gyfuadnabot*  vdunt  6rth  lettya6  '. 
G6yr  yr  Eifft  yn  y  dinas  henné  a  doethant  y  le  vchel  y  dyd 
h6nn6.  ar  offeireit  y  gyt  ac  wynt.  ac  yno  beunyd  y  doent  y 
wneuthur  aberth  y  Du6  heréyd  anryded  dy6older.  Pan  aeth  Meir 
wynvydedic  yr  tem3'l.  yr  hoU  eu  del6eu  a  dygôydassant  gar  y 
bronn  val  yn  vri6edic  megys kyn  bythynt  dim.  Yna  yd  eflen6it 
yr  hynn  a  dy6at  Ysaias  prophuyt.  Llyma  yr  argluyd  yn 
dyuot.  ac  yn  ercheuynv  yr  Eifft.  gar  y  vronn  ef  y  dygôydant 
holl   wéithredoed  geu   d6yeu*  g6yr  yr  Eifft.  Yna  y  menegit 

1.  L.  orchyvygwyt  as  in  S. 

2.  L.  sythu,d.  pp.  239, 1.  11,  240, 1.  8. 

3 .  Latin  text  reads  (c .  XXII)  :  «  Et  in  quandam  civitatem  Egypti  quae 
Sotinen  dicitur  ingressi  sunt  ;  et  quia  in  ea  nuUus  erat  notos  aquo  petissent 
hospitium  templum  ingressi  sunt.   » 


Llyma  Vahinoiii  lessu  Grist.  225 

hynny  y  Affrondosius  ty6yssauc  y  dinas  hénnô .  Yna  y  doeth 
ef  a  llu  ma6r  y  gyt  ac  ef  y  tebygu  géneuthur  dial  ar  yr  rei  y 
dyguyassei  '  eu  d6y6eu*  oe  hacha6s.  Yr  temyl  y  m6yn  ^  y 
doeth.  Ac  yna  y  gueles  yr  hoU  eu  dôyéeu*  guedy  dyg6yda6 
yn  eu  gorôed  gar  eu  bronn.  Yna  y  dynessaaud*  ar  y  vynved- 
edic*  wyry.  yr  honn  a  oed.  ar  mab  yn  y  harffet*  ac  yn  guedia6. 
Ef  a  dyéot  érth  y  llu  oU  ae  getymdeithon  ef.  Pa  nebei  Du6 
hénn  ny  dyg6ydassei  yn  dyéy6eu*  ny  gar  y  vronn.  ac  ny  orde- 
dynt  '  yn  vri6edic  rac  y  ofyn,  yr  y  rei  yssyd  yn  arestug  oe 
vot  yn  du6  vdunt.  Peth  a  6elun  ny  yn  d6y6eu*  ny  ny  yn 
wneuthur.  Ony  wna6n  ny  yn  gallach  perigyl  y6  y  ny  oll 
haedu  y  anvod.  an  dyuot  oll  ar  balledigaeth  tragy6ydaul. 
megys  y  darvu  y  Pharaon,  ac  y  lu  yr  Eifft  yr  hun*  ny  chred- 
a6d.  ef  ae  lu  yn  nerthoed  h6nn6  a  vodes  yn  y  mor.  Yna 
holl  bobyl  y  dynas  h6nn6  a  gredaud  ida6  ef  yn  diannot. 

XXII.  Gwedy  kerdet  o*  lessu  yr  Eifft  pan  y ttoed  yn*  Galilea 
yn  dechreu  y  bymet  vl6ydyn*  oe  oet.  dy6  sad6rn.  yd  oed  yn 
guare  gyt  a  meibon  ar  lan  Eurdonen  ac  y  trosses  y  d6fyr  or 
auon  yn  seithrann  y  seithlyn.  ac  ef  a  6naeth  g6ndit  guahanred- 
aul  y  bop  vn  druy  y  rei  3'  kerdynt  orhaeadyr  val  y  har- 
chei.  ac  eil6eith  dracheuen.  Yna  vn  or  meibon  mab  y  gyth- 
reul  o  gyghoruynus  vryt.  a  gaeod  hytth^nt*  y  d6fyr  a  oed 
yn  kerdet  yr  llynnev  druy  y  k6ndit.  ac  a  droses*  y  gueith  a 
lauuryassei*  lessu.  Yna  y  dy6at  lessu  6rthav.  Yn  wir  mab 
agheu  6yt  ti.a  mab  y  gytthreul*.  y  llauur  a  wnathoedun  .i. 
paham  y  guesgery  ty.  Ar  mab  a  wnaeth  hynny  a  fu  var6. 
Yna  o  lef  aflonyd  y  lleuassant  reeni  y  mab  mar6.  yn  erbyn. 
a  Meir  a  lessu  ac  a  dy6edassant  Ych  mab  ch6i  aemelltigaud* 
yn  mab  ny  an  mab  ny  a*  vu*  var6. 

XXIII.  Pan  gygleu*  Meir  a  losep  hynny.  wynt  a  doethant 
ar  lessu  rac  g6neuthur  (fol.  XVIII  ^)  eu  brat  or  reeni  y 
mab  mar6.  ac*  rac  ovyn  lleuein  yr  Ydeon.  Yna  y  di6at* 
losep  yn  g6ydauc.  Ny  beidaf  i  dyéedut  vrthav.  Meir  dysc  ti 
euo.    Hitheu  a  dy6ot  Paham   y  .pereisti   y    ni  kas  y   bobyl 


1.  L.  dvguydassei  zs  in  S. 

2.  L.  myôn.  S.  hiiSnieivii. 

3.  L.  orwedynt.  MS  has  ordcéiirnt  :  S  has  ordciccthut. 


226  Mary  Williams. 

honn.  a  ni  a  gaffun  molest  gan  y  niver  h6nn.  Vy  argluyd.i. 
beth  a  wnaeth  y  mab  h6nn  varé.  Ynteu  a  dy6ot.  Teilug 
oed  o  agheu.  Kanys  ef  a  guascaraudy  gueith  a  lauuryassun.i. 
vy  '  vam  a  guediod  yna.  Vy  argluyd  i.  na  wna  di  velly. 
canys  paub  a  g}'uodant  yn  yn  herbyn,  Ynteu  a  adnabu  bot 
y  vam  yn  trista6*.  ac  ae  troet  deheu  ef  ae  treôis  y  mab 
mar6  ar  y  duy  ffroen.  ac  a  dyéot  6rtha6.  Kyuot  vab  enwired. 
nyt  wyt  teilug  ty  yvynet}^  teyrnas  vyn  tat  i.  Canys  guesger- 
eist  vy  gueith  .i.  Yna  y  kyuodes  y  mab  yn  vy6.  A  lessu  a 
aeth.  ac  a  duc  3^d6fyry  hyttynt  dracheuen  yr  aur  y  herchis. 

XXIV.  Yna  yg  g6yd  paub  y  kymyrth*  lessu  y  dom  or  Uynnev 
a  wnaethoed.  ac  or  rei  hynny  y  g6nnaeth*  deudec  ederyn. 
dy6  sat6rnn  oed  hynny  pan  v^'naeth  lessu  y  petheu  hynn. 
a  meibon  llauer  y  gyt  ac  ef.  Pan  welas  vn  or  Ydeon  euo  y 
gvt  ar  meibon  yn  g6neuthur  hynny.  y  dy6ot  6rth  losep. 
losep  heb  ef .  pany  wely  di  y  mab  lessu  yn  gueuthur  -  g6eith 
dy6  satôrnn.  ef  a  6naeth  yr  adar  or  lluch.  losep  pan  gygleu* 
hynny  ae  hagreithaud.  ac  a  dyéat  6rtha6  Paham  dyé  sat6rn* 
y  g6ne*  dy  y  r}^6  petheu  hynn.  yrhynn  nyt  r}'d  y  ni  eugéneu- 
thur.  Y  iessu  pan  gigieu  hynny  a  treéis  y  lla6  yn  y  Hall . 
ac  a  dy6ot  vrth*  vr  adar  Eheduch.  Yr  aur  y  herchis  ef.  wvnteu 
a  hedassant.  A  phaub  yn  y  welet.  ac  yn  y  \varandav*j  y  dy6at 
Heducharhytyr  holl  vyt.  a  budchedocceôch  '.  Pan  welas  paub 
yr  aruydon  hynn.  vd  eflenéitpaub  o  ovyn.  a  moli  Du6  a  wnaeth- 
ant  gan  ryuedu.  ereill  oed  yn  guatuar  ymdana6.  Ac  yna  yd 
aeth  y  rei  ar  tyéyssogj^on  yv  ofteireit  a  menegi  vdunt  wneuth- 
rur  o  lessu  vab*  losep*.  llauer  o  betheu  ryued  ygg6yd  popyl 
yr  Israël,  ac  yna  y  menegit  hynny  y  deudec  Uuyth  yr  Israël. 

XXV.  Yna  eilôeith  mab  Anna  offeirat  y  temyl  yr 
h6nn  a  doeth  y  g}'t  a  loseph  a  guialen  yn  y  la6.  A  phaub 
or  bobyl  yn  edrych  yn  llit}'auc.  a  agores  hyttynt  a  warch- 
aeassei  lessu.  Ac  ef  ae  goUygaud  y  redec  or  raeadyr  Pan 
walas  ^   lessu  hynny.  ef  a  dyéot  vrth*  y  mab  a  6asgarassei  y 


1.  L.  Tas  in  S. 

2.  Cf.  pp.  209,  n.  I,  215,  n.  I . 

3.  L.  hidchedocceôch  as  in  S. 

4.  L.  welas  3.S  in  S. 


LJvma  Vahiuoi^i  Jessu  Crisf.  227 

llynnev.  O  waethaf  hat  en6ired.  O  vab  agheu.  O  weithret 
kythreul  yn  wir  fFriiyth  dy  hat  bit  heb  rym.  Atli  wreid  hcb 
wylybur*.  Ath  geigeu  yn  wy6  heb  déyn  ffruyth.  Ag  géyd  ' 
paub  gogév6a6*  a  wnaeth  y  mab.  a  heb  ohir*  mar6.  Odyna 
y  kymcrth  losep  lessu  ac  yd  aeth  ac  ef  atref.  ae  vam  y  gyt 
ac  ef.  A  llyma  yn  deissyuyt  3m  wrth6yneb  mab  a  llauuryvr 
enéred  ^  dan  redec.  ac  yn  tara6  y  ysguyd  vrth  ysguyd  lessu 
yr*  mynnv*  argy6edu  ida6  Y  iessu  a  dyuot  nyt  ymch6ely 
di  or  fford  yd  wyt  yn  y  cherdet.  Ac  yn  diannot  y  dyg6ydod 
yn  var6.  Yna  y  guaedassant  reeni  y  mab  mar6.  yn  edrych 
ar  hynny.  ac  yn  dy6edut.  Pa  du  yganet  y  mab  hénn.  aml6c 
v6  pob  peth  or*  a  dy6etto.  ac  a  vynno  yd  eflen6ir.  Yna  y 
dynessaéd  reeni  ar  losep  ac  y  dyéedassant.  losep  dos  ymdeith 
a  lessu.  ny  dichaun  ef  pressuylla6*  yn  yn  pUth  ny.  neu  dysc 
titheu  euo  y  vendigau  yn  meibon  ny  heb  ymelltigaô.  losep 
a  dynessaod*  atta6.  ac  a  dysgaud.  Paham  y  g6ne*  dy  y 
ry6  betheuhynn.  ymaellaueryn  doluryaôyth  erbyn.othachaus 
dy  y  maent  yn  yn  cassau  nynnev.  ac  yd  yttym  yndiodef  mo- 
lest  y  bopyl*  oth  achaus  lessu  a  attebaud  losep.  nytoes  vn  mab 
kymen.  onyt  meg3^s  y  dengys  eu  tat  heruyd  keluydyt  3T 
amserhônn,  Am  tat  ynheu  nvt  emellticca  neb  onyt  a  6nel 
y  dr6c.  Yna  yd  ymgynullaud  paub  yn  erbyn  lessu.  3m  y 
gudhudaô  '  vrth*  losep.  Pan  welas  losep  h3'nn3\  diruaur 
ovyn  rac  pobyl  yr  Israël  a  gymerth.  Yn  yr  aur  honno 
ykymerth  lessu  y  mab  mar6.  ac  erb3'n  3-  glust  y  dercheuis  y 
6rth  y  llaur  yg  g6yd  paub.  A  phan  welssant*  6y  lessu  3m 
3'mdidan  ar  mab  meg3^s  ae  vab  e  hun.  3'spryt  a  3^mchuelod 
3'ny  mab.  ac  yn  vy6  y  kyuodes.  A  r3^uedu  a  wnaeth  yr  holl 
bobyl  h3'nny. 

XXVI.  Neb  vn  athro  Zachias  y  eno*  a  gigleu  lessu  yn  d3'- 
6edut  k3'ury6  eireu  a  bot  ynda6  anorch3'vygeedic*  doethineb  a 
nerth.  a  doluryaud.  ac  a  dechreuod  yn  anysgybleid  dyéedut 
3'n  erbyn  losep.  losep  heb  ef  paham  na  rody  ty  dy  vab  y 
dyscu  dysc  dynyaél.  ac  vrth*  hynny  diogel  bot  yn  wellgenéch 


1.  L.  Ac  yg  gtL'yd  as  in  S. 

2.  L.  emuired  as  in  S. 

3.  L.  o-U(Jhutia6as  in  S. 


228  Mary  Williams. 

ot  g6n  dyscu  och  mab.  nogyt  arhos  bredycheu  hyneif  y 
bobyl  reit  y6  y  ch6i  anr}^dedu  offeireit  holl  egluysseu  yr  Ysrael. 
a  chymryt  ech6yn  gansât  y  n^gthun.  ac  velly  y  disgit*  y  ryg- 
tunt  dysc  caredic.  losep  a  attebaud  ida6.  P6y  a  aîlei  attal  y  mab 
h6nn  rac  dyscv.  pei  tydi  a  allei  disgu*  ida6  ef  dynyaul  geluyd- 
it.  nys  guahardem  ny.  Iessu*a  dy6ot*  (Fol.  XIX^)  pan  gigleu 
Zachias  yr  atteb  h6nn  ida6.  gorchymynna6dur*  kyureith*.  y 
petheu  a  dyéedeisti  oll  ac  anéeisti  '  reit  v6  v  dyn  tebic  y  ti 
eu  cad6.  estronna6l  hagen  6yfi  y  6rth  ossodeu  dynadon. 
a  phell  y6  vy  anssaud.  i.  y  6rth  ych  emynogev  ch6i,  nyt 
knaédaul  ren  y6  yr  mev.  i.  y  gyureith  hagen  a  dysgeisti  yndi  y 
trigye.  kynn  honno  yd  oedun.  i.  kyt  tebyccych  ty  nat  oes 
dysc  kyffelyb*  yth  tev  dy.  dysc  ty  y  gennyf  i.  mynnev  nyt 
oes  neb  a  allô  vy  nyscu  onyt  y  g6ryd  6yf  yn  y  ené.  h6nn6 
ae  dichaun.  kannys*  teilugy6.  Aphan  wyf  5mheu  d3Tchaued- 
ic  or  daear.  my  a  baraf  gorfïuys  medul.  ac  aruer  y  kenedl- 
oed.  pan  ych  ganet  ch6i  nys  g6thost.  m}^'  ae  g6n  vy  hun. 
a  pha  amkan  y  vuchedoccaa  paub  ar  y  daear. 

XXA'II.  Ynayd  ergr}'nnassan  yn  ov3"nna6c  pan  y  cly6yssant 
yn  dyéedut  hynny.  A  than  leuein  y  lleuassant.  O  !  O  !  O  !  llyma 
beth  maur.  anryued*  iaun.  anrj^ued.  n}'  chlywyssam  ny  hynn 
eiroet  nys  kly6ir  gan  arall  na  chan  yr  offeireit  nar  prophvydy*. 
nar  gramadec6yr.  n3'ny  a  dodam  ^  o  pa  du  y  ganet  lessu.  ac 
etto  nyt  pymluyd.  a  pha  del6  y  dichaun  dyéedut  y  ry6  eireu 
hynn.  Paham  na  chreduch  chéi  y  mi  heb  ef  yn  y  pethev  a 
dy6edeis.  a  chan  dyéedeis.  i.  y  chéi  ygén.i.  pa  bryt  3^ch  ganet 
yd  yéch  oll  yn  ryuedu.  Euream  ygur  a  dyéeduchéy  y  vot  yn 
tat  y  chéy  oll.  my  ae  gueleis.  ac  ynteu  am  guelas*  ynheu.  a 
my  a  ymdideneis  ac  ef.  Pan  glyéyssant  6y  euo  yn  dyéedut 
hynny.  ny  veidod  neb  dyéedut  dym*.  A  lessu  a  dyéot  vdunt. 
My  afvum*  yn  3xh  plith  chéi  g3't  ach  meibon.  ac  nyt 
adnabuochéy  vyvy.  mi  a  3'mdideis  '  a  chéi.  meg3's  a  géyr 
prud.  ac  nvm  deaall3^ssauch  4.  kan3^s  llei  no  myvy  3'échéi.  a 
bychan  yé  ych   fiyd. 

1 .  h,  ac  a  emceisti  as  in  S. 

2.  L.  tucJam  as  in  S.  MS  has  doadam. 

3.  L.  yvnlideneis  asm  S.  MS  has  ymdi».c.;deis. 

4.  L.  (ieallvssaivcb  as  in  S. 


Llynin  Vahlnooi  lessu  Grist.  229 

XXVIII.  Eil6eith  Zachias  dysgur  kyureith.  a  dybot  6rth 
losep  a  Meir.  Roduchéy  y  my  y  mab.  a  mynnev  ae  rodaf  eP 
y  athro  hegar.  a  dysgo*  ida6  lythyr.  ac.  a.  agano*.  Yna  losep 
a  Meir  yn  glaear  a  dyéedassan  6rth  lessu  Ny  a6n  a  thy  yr 
3'scol.  yr  aethan  ac  ef  yr  yscol  y  dyscu  llythyr  ar  6r  henn*. 
Pan  doeth  yr  yscol  y  my6n.  yr  athro  a  dechreuod  or  llyther- 
en*  g}'ntaf.  Alpha  a  ovynna6d  ida6.  lessu  a  deéis.  ac  ny 
dyôotdym*.  Gorchymynnér*  ar  athro  am  nad  yttyoed*  yn 
llev  a  gymerth  géialen  yn  y  la6  ac  ae  treéis  ar  y  lau.  lessu  a 
ovynna6d  Pahamy  trewi  ty  vyvy.  ac  yn  lie  gwir  gwybyd  dy. 
y  neb  ydys  yn  y  tara6  m6y  y  g6yr  ef  dyscu  y  neb  ae  terev 
noc  y  dysger  y  gantha6.  Mivy  a  dysgeis  yt  ty  y  petheu  a 
dywedydy.  namyn  yrrei  hynn  oU  deillonynty  reia  dy6edant. 
ac  a  waranda6ant.  kanys  yttynt  meg5^s  euyd  yn  seinaé.  neu 
gloch  yn  canu.  yn  y  rei  nyt  oes  synnwyr  na  deaall  '  méy 
noc  yn  datsein  yr  euyd.  Ac  y  gyt  a  hynny  y  dy6ot  lessu 
érth  Zachias.  Pob  llyureu  o  Alpha  hyt  yn  Tha6  a  wehen- 
ir  heréyd  amgen  anssaéd.  Ac  érth  hynny  dy6et  ty  y  mi  yn 
g}'ntaf  beth  y6  Ta6.  a  mynnev  a  dy6edaf  y  tithev  beth  y6 
Alpha.  Ac  eiléeith  y  dy6at  lessu.  Ar*  ny  wdant  Alpha  pa 
delo*  y  gallantdy6edutg6ybot  Tha6.  geugrefuydéyr*dysguch 
5'n  g}^ntaf  beth  y6  Alpha,  a  minheu  yôchi  pan  dy6etoch.  B.  A 
lessu  a  dechreuod  dy6edut  enweu  3'r  holl  llythyr.  ac  amovyn. 
Dywet  ty  y  mi  dysgéry  kyureith  y  llytheren*gyntaf  o  Alpha, 
paham  y  mae  idi  figer*  teir  coglauc.  ereill  mein.  ereill  blaen- 
llym  y  waeret.  ereill  cr6nn.  ereill  cam.  ereill  dyrchauedic. 
ereill  troedauc. 

XXIX.  Pan  gigleu  y  dysgôir  ^  hynny.  aryneigaw  a  wnaeth 
g6ybot  o  lessu  enéi  yr  holl  lythyr.  ac  eu  hanssaud .  ac  y 
dy6ot  yn  vchel  val  y  kly6ei  paub.  Ny  dyly  h6nn  buched- 
occaé  5  ar  y  daear.  namyn  teilug  y6  y  dyrchauel  ar  y  groc 
vchel.  ny  dyly  ef  diffodi  y  tan  a  dyly6  poeneu  ereill. 
my  a  tebygaf  y  eni  ef  or  blaen.  pa  groth  ae  har6edaud  h6nn. 
neu  pa  vam  ae  magaud.  nev  pa  vronnev*  ae  llaethaud.  Mi  a 


1.  L.  deall  as  in  S. 

2.  L.  dysgwr  as  in  S. 

3.  L.  hiichedoccau  as  in  S. 


2^0 


Mary  Williams. 


ftoaf  y  érthaé.  ny  aallaf  i  dyodef  y  geireu  a  dyéeit.  namyii 
V3^g  kallon  vssyd  vn  ergrynaé  guarandaô  yn'6  eireu  a  dy6eit. 
nyt  ytt6yf  i  yn  tebygu  gallel  o  neb  dilit  y  barabyl  ony  bei 
Du6  y  g^'t  ac  ef.  Mynneu  gan  oed6n  dirieit  a  ymrodeis  ym 
guatuar  gar  y  vroonn  '.  Pan  dvbyeis  gael  dysgybyl.  sef  y  keueis* 
yn  athro.  nyt  reit  y  my  dyéedut  ymi  dyôedut.  namyn  on)^  a 
allaf  yr  }'  mab  ovn  geir.  or  kyule  hénn  cany  allaf  y  diodef. 
hen  w^f  i  ar  mab  am  gorchy\n'gaud.  kany  allaf  gaffel  na  dech- 
reu  na  dy6ed  ar  a  dy6et.  Ana6d  y6  caffel  na  g6ybot  y  dedyf 
gvntaf,  yndiheuydyéedaf  iy  ch6i  heb  gel6yd  her6yd  y  gallaf. 
y  dirnabot  g6eithret  y  mab  h6nn.  a  synn6yr  y  amadraud*.  a 
sentens  di6ed  y  barabyl  ny  welir  y  gytt6edu*  y  dynyon  ny 
hanffont  o  dym*  daeraul.  ny  6n.  i.  beth  y6  ef.  (Fol.  XIX  '')  ae 
hudaul  ae  Du6.  ae  agel  v  Due  yn  dy6edut  ynda6.  o  ba  du 
yd  henyô.  neu  pa  du  pan  doeth.  nev  beth  vyd  rac  lla6.  Yna 
lessu  dan  owené  ^  a  dyéot  vrtha6  ygguyd  paub.  Pan  archéyt 
i  meibon  anffruythlaun  a  dyborthant  ffruyth  y  deillon  a 
6ellant*  crupleit  a  gerdant.  agkynnog\''on*  a  vydant  oludauc. 
yny  cof  ganthunt  triga6  o  baup  o  honunt  yn  anssaud  g}'ua 
dr6y  yr  h6nn  vssvd  wreid  melysder  trag}'6daul  '.  A  phan  d)'6at 
lessu  hynny.  yn  diannot  y  talp6yt  y  baup  iechyt  oe  holl 
heinnev.  ac  nv  veidaud  neb  dyéedut  vrthau.  nae  waranda6. 
XXX.  Odyna  yd  aeth  Meir  a  losep  gyt  a  lessu  hyt  yn 
dinas  Nazareth,  ac  y  bu  yna  gyt  a  reeni.  Ac  yd  oedynt  yno 
dyésatyrngueith  yd  aeth  lessu  y  ware  gyt  a  meibon  ereill  ar 
lofft,  Damweinaud  hagen  gythyau  o  vn  or  meibon  y  llallyr-* 
ar  y  llofft  yr  Uaur  yny  vu  var6.  A  phan  welsant  reni  5  y  mab 
mar6  hynny.  y  dyéedassant  yn  erbyn  Meir  a  losep  3'n  llittyauc. 
Ych  mab  ch6i.  a  ythyod  yn  mab  ny  or  llofft  yr  llaur  yny  vu 
var6.  lessu  a  de6is.  ac  ny  dyéat  dim.  Yna  y  doethant  losep. 
a  Meir  ar  \rys  ar  lessu.  ae  vam  a  dy6ot  vrthau.  vy  argluyd  i 
dy6et  y  mi  os  tydi   a  uyryod  y  mab  yr  llaur.  Ac    lessu  yn 


1.  L.  vronuâs  in  S. 

2.  L.  cnuenti  as  in  S. 

3.  L.  trag6\daul,  or  iragywydazL'l  as  in  S.  Cf.  p.  192,  n.  3. 

4.  L.  y  as  in  S. 

5.  L.  reeni  as  in  S. 


iJyiiKi   Vithhiooi  Icssii  Grisl.  231 

diannot  a  disgannaud  *  or  Uofft  ac  a  eléis  y  mab  ervyn  '  y 
en6.  Zcno.  ar  mab  a  attebaud  ida6.  yn  da.  Icssu  a  dy6ot  vrthau. 
Ae  myvy  ath  vyrryod  di  yr  llaur.  Ynteu  a  dy6ot  Nac 
efargluyd.  A  ryuedu  a  énnaeth  *  reeni  y  mab  mar6.  A 
moli  Du6  a  6nnaethant*  am  y  g6yrtheu  hynny  yn  vrdass- 
eid. 

XXXI.  Ac  odyno  yd  aeth  losep  a  Meir  hyt  yn  lericho 
ac  yna  wythmluyd  oed  lessu.  Ac  yd  anvones*  Meir  lessu 
a  llestyr  prid  ganthaé  gyt  a  meibon  ereill  y  gyrchu  d6fyr 
yr  ffynna6n.  damweinaéd  guedy  llen6i  o  lessu  y  llestyr  or 
d6fyr.  dyuot  vn  or  meibyon  ae  ythya6  y  llestyir  ^  ae  torri. 
lessu  ena  *  a  erbynnya6d  y  défyr  or  llestyr  yn  y  vantell  oed 
ymdanaé  ac  ae  duc  y  d6fyr  heb  golli  dym*  be  vam.  Hitheu 
pan  y  guelas.  a  ryuedaud.  ac  a  adeilaud  hynny  yn  y  challon 
yn  gatéedic. 

Dyd  arall  damweinnaud*  vynet  o  lessu  yr  tir  yd  oedit  yn 
medi  ynda6.  Ac  ef*  a  duc  ychydic  or  guenith  oe  vam.  ac  et* 
ae*  heod  ychydic.  Ac  ar  hynt  y  tyua6d  yn  amyl.  ac  a  aedued- 
aud*.  heb  olud  ef*  ae  medaud.  ac  o  hynny  y  cafîlit  cant  lles- 
treit  o  wenith.  ac  ef*  ae  rodes  y  baup  ynn*  hehalaeth*  K 

XXXII.  Fford  oed  o  lericho  y  vynet  y  Eurdonen.  yr  lie  yd 
aethant  meibon  yr  Israël,  yny  lie  y  dyéedit  bot  arch  ystauen  4. 
ac  wythmlôyd  oed  lessu  yna.  ac  ynteu  a  aeth  or  dinas*  tu  at 
Eurdonen.  Ac  ar  emyl  y  fFord  ar  lann  Eurdonen  yd  oed  y 
ry6  le  yd  oed  llewes  yn  meithrin  y  channaôon.  Ac  ny  veidei 
neb  kerdet  y  fford  honno.  lessu  a  doeth  yno  ac  ef  a  adnabu 
bot  y  lleées  yno  ym  meithrin  y  chana6on.  Ac  val  y  guelei 
paub  ef  a  aeth  y  myén.  Pan  welas  y  lleot  lessu  yn  y  erbyn  y 
doethant  y  adoli  ida6.  A  lessu  a  eistedod  yn  yr  ogof*  kan- 
naon  *  y  lleot  a  redassant  yg  kylch  y  traet.  ac  a  hwareyssant 
ac  ef.  y  lleot  o  bell  y  6rtha6  a  sauassant .  ac  ae  guediassant. 


1.  L.  erhyii  as  in  S. 

2.  L.  llestyr  as  in  S. 

3.  L.  ehalaeth  as  in  S. 

4.  According  to  Sir  Edward  Anwyl  from  arcba  testanienti  which  became 
arch  y  tyslaueu  and  later  arch  vstaiim.  Dr  Richard  Davies  wrote  arch 
Esefn. 


252  Mary  Williams. 

a  llywenychu*  6rtha6  a  wnaethant.  Yna  yd  oed  y  bob^-l  o 
bell  yn  seuyll  heb  welet  lessu  yn  dyuot.  a  dywedassant.  Pan 
na  wnnaethoed  *  h6nn  neu  y  .reeni  pechodeu  gorthr6m  nyc 
ymrodei  oe  vod  yr  lleot.  A  phan  vedlyassant*  hynny  nachaf 
lessu  yn  dyuot  dracheuen  ar  lleot  yn  y  raculaenv.  ar  cannaon* 
yg  k3dch  y  traet  yn  ch6are.  ac  eu  reeni  yn  gostug  eu  pennev 
ida6  tru.y  vvydaut.  Ar  bobyl  oed  o  bellyn  seuyll  heb  veidyaô 
dynessaé  '  atunt.  rac  y  lleot.  Y  iessu  adyéat  yna  vrth  y  niver 
val  hynn.  Maur  y  mae  guell  y  buystuileit  no  ch6y.  y  rei 
yssyd  yn  adnabot.  ac  yn  moli  eu  crea6dyr.  ac  eu  hargluyd. 
Hwchwithev  dynyon  a  \vnnaethp6yt*  ar  fFuryf  du6  e  hun.  ac 
ar  y  werthuaôr  dr}'ch.  nys  etwenéch.  ar  anyueileit  am  hatt- 
6en  i.  ac  arafant  ger  vym  ^  dynyon  am  guelant.  am  pellaf  yn 
y  byt  y6  vdunt  vy  adnabot. 

XXXIII.  Pan  yttoed  losep.  gof  prenn  oed.  ac  ny  wnay 
weith  eithyr  g6yd  eithyr.  a  guelyeu  prenn.  dam6einaud 
dyuot  guas  jeuang  atta6  y  erchi  ida6  guely  prenn  o  hwech 
cufyt*.  losep  a  erchis  y  vab  torri  y  prenn  a  hesglif  heruyd  y 
messur.  Ac  ny  chetuis  hagen  mod  iaun  ar  y  prenn.  vn  a 
wnaeth  yn  vyrrach  nor  Hall.  loseph  a  vedylya6d  ynda6  gan 
ovuttya6  beth  a  wnelei.  Pan  welas  lessu  euo  yn  3'mo(Fol. 
XX^)'uudya6  am  h5'nBy.  Iessu  ady6otyrthau  yn  ymdidangar. 
Dabre  heb  ef.  a  chyssylltun  y  prenneu  a  gogyhydun.  Ioseph*a 
wnnaeth*  val  y  herchis.  canys  géydat  y  gallei  Iessu  wneu- 
thur  yr  hynn  a  vynnei.  Ac  wynt  a  kyssylldassant*  y  guyd  eu 
penneu  y  gyi.  a  Iessu  a  tynna6d  attaé  y  prenn  byrraf.  ac  ae 
g6nnaeth*  yn  gyhyt  ar  h6yaf.  ac  '  dy6at  vrth  loseph*. 
Gwnna*  dy  \veith.  Ac  velly  y  gwnaeth  loseph  mal  y  harch- 
aud. 

XXXIV.  Eihveith  yd  erchis  y  bobyl  y  Y  tir.  a  loseph*. 
anvon  Iessu  yr  yscol  y  dysgu  *  Uythyr.  a  herwyd  gorchymyn 
hynatyeit*.  yna  y  dugant  Iessu  ar  yr  athro  y  dysgu*  ganthau 
dyn5'a61  geluydyt.  ar  athro  h6nn6  a  dechreuod  yn  anhegar 
y  dysgu*.   a  dy6edut  vrthaé   Dy6et.A.  Iessu  a  dy6ot  vrthau 


1.  L.  dynessauas  in  S. 

2.  L.  vym  7)iron  as  in  S. 

3.  Insert  y  as  in  S. 


Lhma  Vahinogi  lessu  Grist.  233 

Dywet  ti  y  mi  yn  gyntaf  beth  y 6  .B.  a  minhev  a  dywedaf  y 
titheu  beth  y 6  .A.  Odyna  yr  athro  yn  llittyauc  a  treéis 
lessu.  ac  yn  y  lie  yr  hénn  ae  tre6is  a  fu  varo  *.  Y  iessu  a 
ymchuoelaud  *  atref.  ar  y  vam.  loseph  dr6y  ovynn  *  a  eléis 
atta6  Meir  vam  lessu.  ac  a  dyéot  vrthi.  Yn  wir  g6ybyd  ty 
trist  y6  vy  eneit  .i.  hyt  agheu.  o  'achaus  y  mab.  ef  '  allei 
dyuot  vn  tr6y  y  lit  a  tharav  y  mab  yn  y  vo  mare.  Meir  ae 
hattebaud  ac  a  dy6ot  vrthau.  A  6r  na  chret  ti  a  allel*  o  hynn 
vot.  namyn  ti  a  ellv  credu  yn  diogel.  p6y  bynnac  ae  hanvon- 
nes  *  efy  eni  ym  plith  dynyon.  ef  ae  keid6  rac  dynyon  dr3^c- 
ysbrydaul.  ac  yn  y  eno*  ef.  ef  ae  hamdiffynn  *  rac  pob 
dréc. 

XXXV.  Eihveith  yr  Ydeon  a  archassant  y  loseph.  a  Meir 
d6yn  y  mab  ar  athro  ae  dysgei  druy  hegaruch.  Meir  a  losep 
rac  ovyn  creulonder  bobyl  a  gogyuydaw*  eu  tywyssogyon 
ofFeireit  ^  ae  dugant  yr  yscol.  ac  yn  gwybot  na  allei 
neb  dyn  rodi  ida6  dim  dysc.  yr  hénn  yd  oed  ganta6  o  per- 
ffeithruyd  keluydyt.  a  chôbled  or  g6ybot  y  gan  Du6  e  hun. 
Pan  doeth  lessu  yr  yscol  ef  a  gyfFroes  or  ysbryt  glan.  ac  a 
gymerth  y  Uyuyr  o  la6  y  g6r  a  dysgei  y  kyureith*  paub  yn 
edrych.  ac  yn  guarandaô.  ef  a  dechreod*  darllein  nyt  petheu 
ysgrivenedigyon  yneu  llyureu  \vy.  namyn  yn  yspr}^t  Due  by6. 
megys  y  kerda  raeadyr  or  ifynnaun.  ar  fFynnaunyn  trigyau  yn 
gyfulaun  *.  Ac  velly  yd  oed  yn  dyscu  yr  bobyl  rinwedeu  Du6 
byé.anerthoedyr  hollgyuoethauc.  yny  dygéydod  yr  athro  yr 
llaur  gar  y  vronn.  ae*  adoli.  callonnev  y  niver  a  oed  yn  guar- 
anda6  arna6*  yn  diwedut*  a  arneygyod.  Pan  gygleu*  losep* 
hynny  dan  redec  ef  a  doeth  ar  lessu  rac  ovyn  mar6  yr  athro. 
Pan  welas  yr  athro  ef.  y  dy6at  vrtha6.  Nyt  dysgybyl  a  rodeisti 
y  mi  namyn  athro.  p6y  a  dichaun  kynnal  y  eireu.  Yna  yd 
eflenwit  a  dy6etp6yt  yn  y  sall6yr.  Avon  Du6  a  efuleéit  >  or 
dyfred*. 

XXXVI.  Gwedy  hynny. y  doethant  Meir  a  losep  a  lessu  h3't 
yn  dinas  a  el6it  Capharnaôn  dréy  arvordiret  rac  dryctet*  y 
bobyl  a  wyrthéynnepynt*  vdunt.  Guedy  press63'la6*  o  lessu 

1 .  Insert  a  after  ef. 

2.  L.  eu  tywyssogyon  ar  offeireit,  cf.  p.  247,  1.  31. 

3 .  L.  efulenôit  as  in  S . 


234 


Mary  Jï^illiams. 


yno  yn  y  dinas.  yd  oed  neb  vn  6r  a  el6it.  losep.  aberthauc 
oed.  A  h6nn6  a  oed  niver  vch  y  ben.  ac  ef  yn  var6.  yn 
6da6  '  ac  yngueidi.  lessu  a  dyot  ^  yna  6rth  losep  y  tatmaeth. 
Paham  na  rody  di  allu  dy  rat  yr  gér  a  fu  varé.  ac  a  oed  vn 
en6  a  thi.  losep  ae  hattbeaud  K  Py  allu  yssyd  y  mi.  neu  pa 
veddyant*  y  rodi  benfEc  rat  y  neb.  Yna  y  dy6ot  lessu.  Tynn 
y  lliein  yssyd  am  d}»-  ben  di.  a  gossot  ar  wyneb  y  g6r  mar6.  a 
dy6ot  lessu  ath  ellug.  Ac  yn  diannot  y  kyuyt  yn  yhch  *  oe 
wely.  losep  yn  y  lie  a  énaeth  mal  y  gorychymyna6d*  lessu. 
Y  ty  y  gér  mar6  y  doeth.  Ar  suder*  oed  am  y  ben  a  ossodes 
am  ben  y  gér  mare,  ac  yn  y  lie  y  kyuodes  y  gér  mare  oe  glaf- 
wely.  ac  a  ovynnaud  péy  oed  lessu. 

XXXVII.  Odinas  Capharnaum  wynt  a  doethant  hyt  yn  dinas 
Bethléem.  Ac  yna  y  doeth  Meir  a  losep  a  lessu  hyt  yn  ty  losep 
aoedyn  y  dinashénné.  Ae  bresséylua.  Acyr  y  ty  ydoethant.  A 
dydgueith  y  geléislosep  attaéy  mab  hynaf .  Yago* a* oed  henné, 
ac  yd  erchis  idaé  vynet  yr  ard  y  gynnullaé  caul  y  wneuthur 
bressych.  A  lessu  a  doeth  y  gyt  ac  ef  heb  wybot  *  y  Veir  ac  y 
losep.  Atthra  yttoed  lago  yn  kynullaé  *  y  caul.  neidyr  ae 
brathod  yn  y  laé  deheu.  ac  rac  diruaér  dolur.  ef  a  leuaéd.  Ac 
ac  ef  yn  diffygyaé  dréy  wheruder  ymadraud.  a  dyéot.  Guae 
vy  géae  vi.  y  neidyr  waethaf  *  am  brathaud  ym  llaé.  lessu  oed 
yn  seuyll  ar  y  llaé  arall  pan  giglea  ef  lago  yn  lleuein.  y  red- 
aéd*  tu  ac  attaé.  ac  y  kymerth  y  laé  yn  y  laé  yntev.  Ac  ny 
wnaeth  dim  eithyr  hwythu  ar  y  laé.  Ac  yn  diannot  y 
iachaaéd  y  laé.  ac  y  bu  varé  y  sarff.  A  Meir  a  losep  ny  wy- 
dynt  pa  daroed.  eithyr  klybot  Uef  lago.  yny*  menegis  lessu 
vdunt. 

FoRMS  FOUXD  IX  SelcctioHs  fiwn  the  Hengiurt  Manuscripts. 


P.  208,  1. 


3  esgyh  omitted 

4  ivy  omitted 
6  mewn 

11  yscriuennassei 

12  vuched 


1 3  pryimyau'dyr 

1 5  wnelyd 

20  vehister,  for  spelling  of 

word  V.   Y  Beirniad, 

vol.  I,  p.  207. 


1 .  L.  udaô  as  in  S. 

2.  L.  dyicot  as  in  S.,  but  cf.  p.  209,  n.  2. 

3.  L.  hattebau'd  as  in  S. 


Llyiiia   J'iibi)iOi^i  lessii  Grisl. 


235 


P.  208, 1.  22  ditheu 

yaiL'u  gu'iia 
25  ydych 
30  iifudhau 
P.  209,  1.     I  CHW,    cf.    11.    II,    17, 
p.  212,    1.    12,   218, 
ll.>8,  34,  221,1.  18, 
227,  1.  30,  233,  l.ii. 
Inunnw 
ac 

2  y  II  y 

3  ofiiennyn,    evidently    a 

colloquiallorm. 
5  ■wasannaethei 

12  nihuyd 

13  gaffel 

1 5  anluyazv 

16  aiiregyoïi 
18  canyt 

20  teniyl,  ci.  pp.  210,  1.  26, 
211,  1.  5. 
ymcboelawd 
22  mynet 

25  W«/fl5 

26  varzu 

5 1    Ihnuetiyd 
P.  210, 1.     I  dytvedut 
3  }'^^/;}:o-or 

8  ^u'^/v 
12  y  omitted 

18  gylieis 
22  dkuyllynt 

26  /jonrti 

27  orffo-ivys 

28  chyffelyp 

29  rf/5o^)';i;7,cf. p.2ii,l.  23. 
P.  211,  1.    4  diwau't 

10  flrfwfl hydassaïun 

19  ynichweJyt  at 

25  wnaetbost,  di  omitted 

30  ^j«od 

31  ysrgyhyl 


P.  212,1.  15    /^^^y,  cf.  p.    214,1.  2 

wneutbur 

14  rt 

15  trigyawd 
17  edrychei 
21  e/ omitted 
23  agores 

26  i!/'  «j»  fi//fl« 
P.  21 3, 1.    6  'wneuthiir 
7  gynhalawd 

1 1  a//a« 

12  dygrones 
14  llauuryawd 

16  adiuyn 

17  ygharyat 
ymhoh 

21  a  omitted 

23  yghylch 

24  ymadraud 

rac. . .  heuyt  omitted 

26  ymhob 

27  ymadraud 

28  rorfrt 

30  aghennogyoïi 
P.  214,1.    I  offeirat 
3  dichou 
12  Wjy 

16  co^é^ 

23  0^(f 

24  kyniiog  luvnt 

27  w/ 

28  j  omitted 
P.  215, 1.    I  /'oZ' 

3  gividyn 
9  S  inserts  rtc 

25  /;oH^ï 

26  te« 

30  geivilydyus 

34  treviygod 
p.  216,  1,    2  «'«ey 

5  chcteindeithestu 

9  Jamia.  MS  lias  J'ainia. 

14  ufydhaf.  a  omitted 


Mary  Williams. 

P.  220,   1. 


23e 

P.  216, 1.  17  pbaedwch 
23  dyimt 
25  duiL' 

28  ofyn  P.  221,  1. 

29  ofynhaa 
34  jHc/r 

P.  217,  1.    2  il  omitted 

3  gueryndaïud 

4  <i«c 

6  tnynny 

9  foï  omitted 
15  di 

23  y  daeth  P.  222, 1. 

25  ymJnuod 
29  zuedyei 
32  kynnulleidua 
P.  218, 1.    2  yfcv^mfl 

4  iviih,d.  pp.  226, 11.  21, 
33,227,1.  23,  34,etc. 

9  bendigedic  wyt  omitted 

11  inuy 
honn 

12  oiiynnivn 
P.  219,  1.    I    Wedy 

3  t\%iyssauc  omitted 

4  t^yne/ 

7  dywat 

8  gwiscedic  P .  2  2  3 , 1 1 . 
10  orwac 

1 2  j)'i  edeiiis 

14  ao-eZ 

15  weir 

17  }'55jé/  omitted 
23  wynvydedic 

29  jr  e?«' 

P.  220, 1,    8  yn  inserted  P-224,  1. 

10  y  cretwyf  ual.  MS  has  : 
halualu  "  jy  cretwyf 
liai  " 

16  eissydedic 

18  jyn 

21  echtywynedic 

30  berued 
disgynn 


32  !•  iacJm'au'l,  but  cf. 
p.  234,  1.  8  and 
p.  238,  1.33. 

4  dyuedasant 

13  rrf  efleiunit 

14  _)'  trigawd 
16  seilhued 

21  îi'«/t'5 

22  ftZw^/ 
26   /îVV//j 

29  ympryt 

34  luelsein 

3  helhlem 

5  a  omitted 

10  anuones 

1 1  iiieihon 

12  kennadeu 

1 3  }'£?  oedynt 
or 

23  dVît'ai,  cf.  p.  225,1.  32. 

26  ofymunvd 

27  0/j7J 

/  omitted 

28  aghenreit 

29  //eît'O/ 

31  ew  omitted 
cetyindeithoccau 

5,  7  ofynhaa,  ofyti 
7  dyiuededigyon    y.     MS 
has      dywededigyoHi 
pethev 
13   y 

30  jywy/ 

32  gynnullaw 

33  '^#'^' 

6  blaintu 
II  rfît'j?î 

13  caloneu 

14  ivnaethym 
1 6  gwedy  yr 
ij  iosep 

gormot 

18  7-^/?ï^ 

19  dinesvd  ai-  yr  arvordir 


Llymn  Vahuwol  Icssu  Grist.  237 

yssyi.  MS   lias  :  di-      P. 
nessyd    "  a.    y.    a. 
yssyd". 
P.  224,  1.  20  ofynna 
vyrrhaf 
25  gyfadnahot 
33  dyuyeu,  cf.  p.  225,  1.  3 
4,' 8,  10. 
P.  225, 1.    5  dynessaivd 
wynvydedic 
6  ûirjf^/ 

13  hivnn  p 

16  or...  _y 

17  bluydyn 

22  hyttynt 

23  drosses 

24  lauryassei 

25  gythreul 

28  a  einelldigaïud 

29  5^« 

30  gigleii,     cf.     pp.     226, 

1.  17,  233,  27. 

31  fl  p 
P.  226, 1.    6  tristau,  a  différent  verb  ; 

cf.  Strachan,  Intro- 
duction to  Early 
Wehh,  p.  275. 

1 1  kymertb 

1 2  gwnaeth  '■  ■ 

18  satwrnn 

19  gwney,  cf.  p.  227,  1.  16. 
22  gwarandaw 

26  y  daeth 

27  viïè  /o5£'/)  omittcd 
P.  227,  1.    3  wlyhi'r 

4  gogwywaiv...    a  heh  hir 

0  hir 
8  jyr  mivyn 
12  or  omitted 

14  presswylavj 
16  dynessaïud 

19  io^y  P. 

26  luelsant 
31  anorchyvygedic  5  cannavon 

Revue  Celtique,  XXXIII  l6 


228,  1.  3,  5    ^/VJ-O-/^ 

6  /t'5i?/  a  Jytw^  omittcd 

7  gorcliymynnaivd  lessu 
13  Aj/^/;';) 

15  ^a«^5 

21  ((  rytied 

22  prophiuydi. 

28  g'iueles 

30  ^;V«,  cf.  pp.  229,  1.  8  ; 

230,  1.  1 3,  etc. 

3 1  a  viim 

229,  1.      2  t/ omitted 

5  É^yico  ...i!C.  fl.  a gano 
5  /:)«« 

7  llythyren,  cf.  1.  24. 

8  gorchymynivr 
yttoed 

20  ^c 

21  rfg/ît' 
gciigrefydivyr 

25  _^^îc'r 
34  bronneu 

230,  1.      5  ^c/<?/5 

1 1  yniadnnvd 

11  gytuedu 
18  tuelant 

aglnnnogvon 
231,1.      I  disgynnaivd 

4,  5  lunaeth,    cf.    p.    232, 
11.  3,  II,  24,  27,  28. 
8  ydanuones 

12  yna 

1 6  damweinau'd 

17  É/e,  cf.  11.  19,  20. 

18  a 

19  adiiedawd 
2(j  jy«  ehalaeth 

23  d';yMfl5 

29  fl^o/ 

30  kennau'on 
232, 1.      I  llawenyclm 

4  vedylyassant 


238 


P.  232,  1.  18  cufyd 

23  Josep,    cf.  11.    27,    30, 

p.  233,1.  27. 
25  kyssylltassant 

31  dyscii,  cf.  11.  52,  34. 

32  hynafeit 
P.  233,  1.    3  vanu 

4  ymchwelau'd 

ofynn 
8  a//eî 

10  hanvones 

1 1  hamdiffyn 

1 5  gogytiydaweu  offeireit  ly- 
zuyssogyon  ;  MS  has 
g.  eu  "  o.  t.  ".  Cf. 
MS  3.  which  has  t. 
ar  effeiryeit 

20  kyfreith 

21  dechreiwd 

24  gyflmvn 


Mary  TVilliams. 


26  flC 

27  7«  dyivedut  artiaw.  MS. 

has  :  gwaraiidaiL'  "  jy 
i.  arnaw  ". 
32  dyfroed 
34  drycvet 
3  5  luyrtlnuyneppynt 
presiuylaiu 
P.  234, 1.    6  vedyant 

8  /ac/; 

9  gorchyniynnavL'd 

10  52iJ.  MS  has  :  i//^'. 
16  /a^o.  i7  omitted 

18  u'ybot   idaw.   MS  has 

idaw  barred  in  red 
ink. 

19  kyiinuUaw 

22  îi.m'//;ir/ omitted 

24  ixdod 

27  77/fl  ^ 


III 


HWX    YU    PROL    YR    ESGYP  '  . 


Y  en  caredicaf  vraut  y  leron  effeiryat  chromatius  ac  eliodo- 
rus  esgyb  en  anvon  annerch  en  er  argluyd.  Boned  meir  wyry 
ae  ganedigaeth  gyt  a  henné  a  mabolaeth  yessu  grist  a  gaussam 
ni  en  Uyvreu  kyuanvydyt  ene  rei  yd  edrychassam  ni  llawer 
o  betheu  gurthwynep  y  an  fyd  ac  a  g}'nullassam  ninheu  in 
gubel  rac  rodi  Uewenyd  yr  antycrist  o  gysgaut  crist.  Ac  val 
yd  oedem  ninheu  en  edrech  v  petheu  henné  y  dyvvanvs  deu 
wr  atam  armenius  a  uernius-  a  dvwedut  yn  ry  dywanu  oth 
santolyaeth  di  ar  lyuyr  evrei  en  3'sgrivenedic  o  law  e  gwyn- 
uydedicaf  vatheu  euengyhvr  en  er  hvn  e  mae  en  3'sgrivenedic 
buched  e  wyry  vam  a  mabolaeth  an  yachwydaul  argluyd  ni 
Ac  urth  henné  ninheu  a  adolygun  gan  ymdiryet  yth  garyat 
ti  yrn  an  argluyd  ni  yessu  grest  eny  rodvch  di  e  ll5'uyr  eurai 


1.  According  to  Peniarth  14,  Pt  I  (=  Hengwrt  25),  pp.  58-78. 

2.  Unless  it  be  iieriiiiis.  The  MS.  is  difficult  to  read. 


Ijytiui   J^dbiiiogi  Icssii  Grist.  239 

hwnw  en  lladin  yn  warandav  o  honam  nyt  mwy  yr  gwan 
(p.  59)  a  dywedut  urth  yr  angel  Ny  lauassvn  i  hep  ef 
offrymu  aberth  y  duw  onyt  dy  afch  di  a  rodei  ym  teilygdaut 
y  aberthu.  Ac  y  dywaut  yr  angel  urthav.  Ac  nyt  anogvn 
inheu  y  ty  aberthu  onyt  atnapvn  ewyllys  duw.  A  thra  ytoed 
ef  en  aberthu  gan  arogleu  er  aberth  vegys  gan  uwc  y  kerdws 
yr  angel  y  nef.  Ac  ena  e  digwydvs  ioachim  ae  wynep  urth  y 
llawr  o  avr  hanner  dyd  hyt  osper.  Ac  ena  y  doeth  y  weissyon 
a  hep  wybot  pa  daroed  idaw  ae  arganvot  a  thebygu  mynnv  o 
honav  y  dihenyd  e  hun  ae  gyuodi  o  vreid.  A  guede  datcann 
o  honau  udunt  ry  welsei  ae  warandav  o  nadunt  mal  sythu  a 
wnaethant  o  ryvedaut  ac  annoc  idav  en  diannot  gwneithur 
kyngor  yr  angel  ae  arch  a  chyrchu  ar  y  wreic  en  diannot.  Ac 
val  yd  oed  ioachim  en  medylyav  en  e  vryt  beth  a  ^wnelei  am 
emchwelut  ar  y  wreic  y  digwydus  hun  arnav.  Nachaf  atav  yr 
angel  a  emdangosassei  idav  dieithyr  y  hun  ac  en  dywedut. 
Myvy  hep  hef  yu  yr  angel  a  rodes  duw  y  ti  en  geitwat.  dis- 
gin  en  dibryder  or  menyd  ac  emchwel  ar  anna.  Pob  peth  or  a 
wnaethost  a  thi  ath  wreic  datcanedic  ynt  rac  bron  y 
go(p.  6o)ruchvelaf  a  chyvryu  etiued  a  rodet  yt  ac  na  bu  e 
gyfryu  er  dechreu  e  byt  ac  ny  bu  yr  proffwydi  eryoet  y  gyffel- 
ip  ac  ny  byd  byth.  A  phan  deffroes  ioachym  galw  attav  e 
weissyon  a  mynegi  e  vreudwyt  udunt.  Ac  wynteu  a  adolass- 
ant  e  duw  ac  a  dywedassant  Edrech  na  thremyckych  bellach 
angel  duw  namen  kyuot  a  cherdun  a  dan  bori  oc  an  ysgrybel 
y  chweric .  A  gwedy  eu  kerdet  dec  diwyrnaut  ar  ugeint  yd 
emdangosses  angel  er  argluyd  y  anna  a  dywedut  urthi.  Dos 
yr  porth  eureit  en  erbyn  dy  wr  canys  hediu  e  daw  attat.  Ac 
ar  vrys  y  kerdws  hitheu  ae  morynnyon  hyt  e  porth  hvnnv  ac 
eno  arhos  e  gur  a  gwediav.  A  gwede  blinav  o  honei  en  arhos 
pan  dycheif  y  hwynep  nachaf  e  gwyl  ioachim  en  dyuot  ae 
ysgrybyl  a  chyrchu  en  y  erbyn  dwy  law  mvnvgyl  idav  a  diol- 
uch  y  duw  a  dywedut.  Gwedw  oedwn  ac  nyt  wyfweitheon. 
Diffrwyth  oedvn  a  mi  a  veichyogeis  neu  a  geniereis  ^ .  A  11e- 
wenyd  mavr  a  vu  gan  eu  carant  ac  eu  kyvathrach.  Ac  odena 
ym  peu  e  nav  mis  y  ganet  merch  y  anna  ac  e  dodes  Meir  en 

I.  Glossed  concept   by  a  later  hand. 


240  Mary  Williams. 

enw  arnei.  A  phan  ydoed  en  dynu  y  dryded  vhvyden  yd 
aethant  y  gyt  ioachini  ac  anna  y  wre(p.6i)ic  y  demyl  duw  ac 
offr^'mu  eno  offrymv  yno  eu  merch  Maria  y  enw  y  greuydd 
gweryddon.  a  hitheu  dyd  a  nos  en  parhau  y  m  molyaneu 
duw.  A  phan  ossodet  e  uerch  er  llavr  ger  bron  drws  y  demyl 
yd  esg}mnvs  ar  y  redec  pymtheg  grad  e  drws  y  demyl  hep 
edrech  nac  ar  vam  nac  ar  dat  val  e  mae  deuaut  e  vab  amouyn 
amdanunt.  A  sythu  a  oruc  paub.  o  welet  e  gweithret  hvnnv 
hyt  en  oet  esg}'p  y  demyl.  Ac  ena  e  dywaut  anna  en  g}'flavn 
or  yspryt  glan  yg  gwyd  paub.  Arglwyd  duw  e  lluoed  hep  hi 
cof  vu  ganthau  y  eir  a  duw  a  ouwyaud  e  bobyl  oe  gys3^gredic 
ouwyedigaeth  ef  y  emchwelut  e  giwdaut  a  oed  ene  erbyn 
oc  eu  calion  ac  an  emchwelut  ninheu  en  vuydyon  idav  ac  a 
agores  e  glustyeuar  an  gwedieu  ac  a  urthladus  gurthw^nep  an' 
gelynyon  y  urthym .  Gureic  anvab  a  wnaethpwyt  en  vam  ac 
a  enis  llewenyd  a  gogonyant  en  er  Israël,  lleman  e  gallaf  ui 
offrymu  rodyon  yr  argluyd  ac  ny  eill  vyg  gelynyon  y  ludyas 
ym.  canys  yr  argluyd  ae  trosses  y  urthym  ac  a  rodes  ym 
llewenyd  tragywyd.  Ac  anrswedaut  yr  deneon  oed  veir  pan 
oed  deir  blwyd  kerdet  en  frwythlavn  a  dywedut  (p,  62)  en 
brud  ac  emdangos  y  lavuryau  ym  molyanheu  duw  mal  na 
chyffelibit  y  uerch  namen  y  vorwyn  vaur  neu  val  ket  bel  deg 
mlwyd  arugeint  hep  orfowys  o  wediaw  a  chyn  echtywynedik- 
et  oed  y  hwynep  ac  yd  oed  vreid  y  nep  edrech  arnei.  Hi 
hagen  a  lavuryei  y  nydu  gwlan  ar  hyn  ny  allei  wraged  oed- 
yauc  y  wneithur  hi  ae  cuplaei  en  er  yeuenctit  hvnnv.  Hon 
oed  y  ryol  a  osodassei  arnei  e  hun.  or  bore  hyt  echwyd  e 
bydei  en  y  gvedieu.  O  navn  eilweith  y  bydei  en  e  gwedi  eny 
emdangosei  idi  yrangel  y  kymerei  uwyt  oe  law  ac  val  henné 
wellwell  y  raglydei  y  g\vasanaeth  duw  ac  en  y  ouyn.  Ac  en 
e  diwed  pan  dysget  eilweith  y  gan  werydon  a  vei  uwy  no  hi 
o  dirvaur  eidiged  dayoni  y  kymerei  val  y  caffet  hi  en  dyuot 
en  gentaf  yr  gwyluaeu  ac  en  doethinap  y  dedA^f  en  hydysgaf. 
ac  yn  vuyddaut  en  vuydaf.  yg  kywydolaetheu  en  ordetholaf. 
en  rodi  cardaut  en  hygarnf.  yg  gleindit  en  buraf.  em  pob 
kyfryu  nerth  en  berfeithyaf.  Canys  gwastat  disymut  dianwa- 
dal  oed  a  gwell  well  beunyd  y  kerdei.  Nys  gweles  den  eryoet 
en  llidyau.  nys  kigleu  den  en 


LIvma   ï^ahiiioi^i  Jcsui  Grisl.  241 

(p.  63)  en  temyl  duw  mcgys  colomen  ac  ny  mynei  edrech 
ar  wr  ac  a  oed  genthi  y  dysc  goreu  yn  dedyf  duw  a  phei  na 
threissut  titheu  hy  hy  hi  a  uydei  wyry  etwa.  Ac  enteu  a 
emdiheurvs  na  dodassei  law  arnei  erj^oet.  Byw  yu  duw  hep  er 
abyathar  esgop  mi  a  rodaf  yt  yr  aur  hon  dwuyr.  yd  sechi  o  o 
diaut  yr  argluyd  ac  en  diannot  yd  ymdengys  dy  bechaut. 
Henné  oed  yr  hyn  dyenafen  e  dedyf.  Ac  enae  kynullwt  niver 
nyt  oed  haud  eu  rif  nac  eu  dodi  en  rivedi  a  dwyn  meir  e 
demyl  yr  argluyd  ar  effeiryeit  ae  ryeni  ae  charant  ae  chyfnes- 
eiuyeit  en  wylav  am  veir  ac  en  dywedut  urthi.  Kyfessa  dy 
bechaut  yr  effeiryeit  val  colomen  wyt  yn  temyl  duw  ac  ny 
chymerut  uwyt  namen  o  law  angel.  Ac  ena  y  gelwit  ioseph 
uch  ben  er  allaur  uchaf  ac  ena  e  rodet  idaw  e  dwuyr  bendig- 
eit  yu  yvet.  Ac  yr  y  yvet  o  hanav  a  gogylchynu  yr  allaur 
seith  weith  ny  dangosses  duw  vn  arwyd  arnav  o  bechaut.  Ac 
ena  y  bendigus  yr  effeiryeit  ar  gwassanaethwyr  ar  bobyl  a 
bendigedic  wyt  heb  wynt  (p.  64)  can  wyt  dibechaut.  Ac  ena 
galw  meir  atun  a  gouyn  idi  pa  esgus  a  allei  neu  pà  àrwyd  uwy 
a  allei  vot  noc  beichyogi  yth  groth  hep  wynt.  vn  peth  a 
ouynnvn  yt  canys  yach  ioseph  o  honaut  adef  yn  pwy  àth 
dwyllus.  canys  gwell  yt  tu  hun  adef  dy  bechaut  no  dangos  o 
duw  y  arwyd  arnat  trwy  y  var  ac  y  perved  e  bobyl  y  danlle- 
wychu  arnat.  Ac  en  wastat  dianwadal  y  dyw^aut  meir.  O  sit 
enof  vi  hep  hi  nep  ryw  halogrvyd  pechaut  neu  o  bu  enof  e 
chwant  yr  arglwyd  duw  hep  hi  ae  datoto  arnaf  yg  gwyd  yr 
holl  bobloed  val  e  bwyf  diarhep  yr  bobyl.  Ac  ena  dyuot  yr 
allaur  a  chemryt  e  dwuyr  o  diaut  er  argluyd  ay  yvet  a  gogylch- 
ynu yr  allaur  seith  weith  ac  ny  chàffat  arnei  nac  àrwyd 
pechaut  nàe  arllwybyr.  Ac  àr  henné  sythu  e  bobyl  ac  ual  dar- 
vot  ac  en  gwelet  e  beichyogi  en  e  chroth  dechreu  y  rygthun 
amrysson  gorwac.  vn  a  dywedei  pan  yu  o  gleindit.  arall  a 
dywedei  pan  yu  o  gytwybot  drwc  y  kuhudit.  Pan  weles  meir 
ena  ymodurd  e  bobyl  ac  eu  typ  or  nat  oed  dogyn  yd  emdi- 
lieurassei  val  e  klywei  baup  o  hyt  y 

(p.  65)  uwystuilet  y  koedyd  arafhau  rac  vym  bronn  i.  y 
eirth  a  Ueot  a  lleopardyeit  a  adolynt  idau  ac  ae  cànymdeynt 
en  e  diffeith  y  dangos  ford  y  ueir  a  ioseph  pà  du  bennàc  v 
kerdynt  ac  y  racvleynynt  y  dangos  eu  ford  a  phan   wehenynt 


242  Marv  JViUîains. 

yd  àdolynt  idau.  Pan  weles  meirgentaf  e  Ueot  ac  amrauaelyon 
genedloed  bwystuileten  dyuot  o  bop  tu  udunt  ouyn  a  vu  arnei. 
Ac  edrech  henné  a  oruc  yessu  e  mab  ac  erchi  idi  na  bei  ouyn 
arnei.  nyt  yr  afles  yt  hep  ef  e  maent  en  dyuot  namen  yr  dy 
wassanaethu  e  maen  en  bryssyau.  Ac  o  henné  allan  ny  bu 
arnunt  vn  ouyn.  Ar  lleot  a  gerdynt  y  gyt  ac  eu  hessyn  ac  eu 
hychen  ac  eu  sumereu  y  dwyn  udun  eu  reidyeu  ac  nyt  argy- 
wedynt  udun  dim  ket  bedynt  y  gyt.  namen  bot  en  dof  eni 
plith  e  deueit  ar  meherin  ry  dugessynt  oc  eu  gwlat  ganthunt. 
Em  pHth  y  bleidyeu  y  kerdynt  en  diaryneic  ac  en  digodyant  e 
bop  peth.  Ena  e  cuplaut  a  dywaut  e  profuyt.  y  bleidar  oen  a 
gytv3'dànt  yn  eu  portlivant  ar  Uew  ar  ycha  gytuwytaant.  Ena 
yd  oed  deu  ychen  a  benn  arnunt  ac  eu  reidyeu  endunt  ac  en 
henné  bhnav  y  wynuydedic  veir  en  e  diffeith  gan  dra  gwres 
er  heul  ac  ârganvot  pahuitwy  (p.  66^  den  o  honei  a  dywedut 
urth  ioseph  y  mynnei  orfowys  ychydic  yg  gwascaut  e  pren 
Ac  ar  vrys  y  duc  ioseph  hi  parth  ar  pren  ae  herbyn  y  ar  y 
mul.  ac  wedy  eisdet  ychydic  o  honei  a  dan  e  prenn  edrech  ar 
e  bric  ae  harganuot  en  llavn  o  aualeu  a  dywedut  urth  ioseph 
e  damunei  hi  heth  o  frwyth  e  pren  ac  y  kymerei  o  gelht  e 
gaffael.  Ryued  yu  dywedut  henné  o  honaut  hep  e  ioseph 
medylyau  o  honaut  catfael  dim  o  frwyth  e  pren  hvn  a  gvelet 
y  huchet.  Mwy  yu  arnam  ni  er  aur  hon  eissyeu  duvyr  ac  ar 
an  tylwyth  ac  ny  allwn  na  ni  nac  wynt  emwaret.  Ena  y 
dywaut  yessu  o  arfet  y  vam  en  eisted  Gostung  bren  hep  ef 
dy  frwyth  yn.  ac  en  diannot  ar  er  emadraud  hvnnv  gystung 
y  holl  vric  adan  draet  y  wynuydedic  veir  ac  oe  frwyth  kem- 
ryt  digavn.  A  guede  kemryt  e  frvyth  onadunt  ymarhos  en  y 
archei  ef  idi  hi  gyuodi  dracheuen  val  e  gystyngassei  ar  y  arch 
Ac  ena  yd  erchis  yessu  idi  emdvrchavael  ac  emgadarnhau  a 
byd  gyt  a  gwyd  vyn  tat  inheu  em  paradwys.  Ac  en  diannot 
3^mderchauael  oe  lie  nachaf  y  adan  y  gwreid  e  fynhaun 
eglurhaf  ac  oerhaf  a  melyssaf.  A  phan  welsant  e 

(p.  67)  enteu  a  doeth  er  demyl  ac  a  weles  yr  holl  geu 
delweu  aceu  hwyneb  urth  e  daear  en  eu  gorwed.  A  dynesau 
ar  y  wynuydedic  veir  a  oruc  yd  oed  e  mab  en  e  harfet  ac 
adoli  e  mab.  Ac  emchwelut  ar  y  lu  ae  gedemdeitheon  ae  weis- 
syon  a  dywedut  urthunt  pei   na  bei  duw  ema  hep  ef  ny  dig- 


iJyiiia   rahiufli^l  lessu  Grist.  243 

wydei  an  dwyweu  ni  rac  c  vron  ef  ac  ny  orwedynt  val  hun.  e 
maent  en  dawedauc  en  tystu  pan  yu  eu  duw  yu.  ac  urth 
henné  pa  wnavn  ni  y  an  dwyeu.  ac  ony  bydun  gall  ni  allwn 
haedu  y  var  ac  an  llad  en  gubel.  val  e  damweinnyus  gynt  y 
pharao  vrenhin  y  reifFt  cany  chredus  y  nerthoed  duw  y  bodet 
ef  ae  holl  lu  e  mor  rud.  Ac  ena  e  credvv^s  holl  lu  e  dinas 
hvnnv  yr  arglwyd  duw  trwy  yessu  grist . 

A  gwedy  mynet  yessu  or  reifft  pan  ytoed  yg  galilea  en 
dechreu  y  bymhet  ulwydyn  oe  oet  sadyrngweith  yd  oed  en 
gware  y  gyt  a  meibeon  arganaul  eurdonen.  Ac  yd  oed  yessu 
wedy  ry  wneithur  seith  lynn  a  gwneithur  kvndit  y  arwein  e 
duwyr  o  berved  e  canaul  urth  y  arch  ef.  yr  llynnyeu  ac  yn 
aruein  odeno  dracheuen  e  gwarchayus  vn  or  mei(p.  68)  beon 
e  ford  a  wassanaethei  yr  llynnyeu  a  diwreidyau  er  hyn  ry 
lavur}'asei  yessu.  Ae  tidi  vab  angheu  mab  y  diauwl  hep  yr 
yessu  a  wasgar  er  hyn  ry  lavuryeis  i  ac  en  diannot  e  digwy- 
dav  '  en  varw  e  den  a  wnathoed  henné.  Ac  ena  val  ket  bei  o 
vrat  lleuein  reeni  e  mab  marw  en  erbyn  meir  a  ioseph  a 
dywedut  udunt.  Auch  mab  chwia  emelldigus  an  mab  ni  enevu 
uarw.  Pan  gigleu  ioseph  a  meir  henné  dyuot  ar  yessu  racovyn 
llevein  y  reeni  trwy  vrat.  Ny  lavassaf  vi  hep  e  ioseph  en  issel 
urth  veir  dywedut  urthau  ef.  dysc  di  evo  a  gouyn  idau  pa  rac 
y  peir  ef  yn  ni  digassed  e  bobel  a  molest  deneon.  A  phan 
doeth  e  uam  atav  e  gouynnvs  idav  pa  beth  ry  wnathoed  e 
mab  a  vuassei  varw .  Ef  a  haedus  hep  ef  e  varw  am  wasgaru 
y  gweith  a  lavuryassvn.  Argluyd  uab  hep  hi  na  wna  henné  rac 
kyuodi  e  bobyl  en  an  erbyn.  Ac  adnabot  tristau  e  vam  a  tha- 
rau  e  mab  ae  droet  deheu  ar  y  dwy  froen  a  dywedut  urthau 
kyuot  uab  yr  enwired  nyt  teilung  y  ti  dyuot  y  deyrnas  vyn 
tat  (p.  69)  i  am  wascaru  vy  llavur  i.  Ena  e  kyuodes  e  mab 
marw  y  emdeith  ac  o  arch  yessu  o  dena  y  kerdus  e  duvyr  yr 
llunnyeu  yu  ford  mal  kynt.  Ac  o  dena  diwyrnaut  val  e  gweles 
paub  e  kemyrth  yessu  prid  or  llynnyeu  ac  y  gwnaeth  o  honau 
deudec  ederyn.  a  sadwrn  oed  pan  wnaeth  yessu  henné  a 
meibeon  llawer  gyt  ac  ef.  Ac  val  y  gweles  vn  or  ideon  a  oed 
y  gyt  ar  meibeon  henné  y  dywaut  urth  ioseph.  Pony  wely  di 

I.  L.  digu'xdavcl. 


244  Mary  Williams. 

ioseph  yessu  dy  vab  en  llavuryav  e  sadurn.  er  hyn  nyt  cannyat 
ef  a  wnaeth  or  Ihvch  deudec  ederyn.  Pan  gigleu  ioseph  henné 
y  angreffyau  a  oruc  a  gouyn  idau  pa  ham  e  llavuryei  e  sadurn 
y  peth  nyt  cannyat  yn  ni  hep  ef.  Pan  gigleu  yessu  henné  e 
gan  ioseph  tarav  y  law  ar  y  llaw  arall  ac  erchi  yu  adar  ehe- 
dec.  Ac  ehedec  onadunt  wynteu  ar  y  arch  ef.  ac  yg  gwyd  paub 
or  a  oed  eno  en  edrech  ac  en  gwarandau  e  dywaut  urthunt 
Euch  ac  eheduch  trwy  er  hoU  vyt  a  byduch  uyw.  Pan  weles 
e  nep  a  oed  eno  y  ryw  arwydyon  henné  sythu  a  wneynt  ae 
voli  ae  anryvedu.  ac  ereill  ae  kellweiryei  ac  ae  gwaradwydei. 
A  rei  onadunt  a  aethant  ar  dyw3'ssog}'on  (p.  70)  yr  effeir}'eit 
ar  athraon  i  genatau  udunt  bot  3'essu  vab  ioseph  yg  gwyd 
pobyl  yr  holl  israel  en  gwneithur  anryuedodeu  a  gallu  mawr 
a  henné  a  gennatunty  holl  Kvytheu  yr  israel.  Acena  eilweith 
e  doeth  mab  anna  effeiryat  y  demyl  a  dothoed  gyt  a  ioseph  a 
gwyalen  en  y  law  a  phaub  or  bobyl  en  edrech  arnav  a  chan 
g)^ndared  llesteir\^au  e  gweith  a  wnathoed  yessu  ar  y  llynnyeu 
a  gelKvng  e  dwuyr  onadunt  a  dugessit  udunt  or  avon.  canys 
cayudygyat  e  dwuyr  trwy  er  hvn  e  kerdei  yr  llynnyeu  ac  o 
dena  yd  emchwelvyt.  A  phan  weles  yessu  henné  y  dywaut 
urth  e  mab  hvnnv  O  waethai  etiued  enwired.  O  vab  angheu. 
O  vs^eithredoed  e  diauwl.  Ny  byd  grym  o  frwytheu  dy  etiued. 
ath  wreid  a  uyd  heb  dim  ir  endav  ath  gangeu  a  uyd  krin.  ac 
yg  gwyd  paub  e  ditnvythvs  e  mab  ac  e  bu  varw.  Ac  ena  e 
deliis  ioseph  yessu  ac  y  duc  yu  dy  ae  va  m  y  gyt  ac  ef.  ac  ar 
henné  nachaf  mab  en  dyuot  en  eu  herbyn  gv^eithretwr  enwir- 
ed a  neidyau  ar  ysgwyd  yessu  y  vynnv.  argywedu  idau  os 
gallei.  Nyt  ey  di  yth  ford  dracheuynyr  ford  honno  adigwydav 
e  mab  en  varw.  a  Uevein  reeni  e  (p.  71)  mab  marv  a  welsynt 
ry  daroed  a  dywedut  amluc  yu  pob  peth  or  a  dyweto  hvn  y 
guplau  o  weithret  a  gweithyeu  kyn  y  dywedut  o  hanau  e  cup- 
pleit.  Nessau  a  orugant  ena  ar  ioseph  a  dywedut  urthau.-  Diot 
yr  yessu  hvn  oc  an  plith  cany  eill  bresswylyav  y  g}^t  a  ni  en 
kemr}'t  dim  neu  enteu  dysc  ef  y  dywedut  da  ac  na  dyweto 
drwc.  Ac  ena  e  dywaut  ioseph  urth  yessu.  Paham  y  gwney  di 
y  ryu  betheu  henné  mae  llawer  o  deneon  llidyauc  urthyt  a 
thrwy  dy  bennyd  ym  ninheu  en  atkas  acdiodef  molest  llawer 
o  deneon .  Nyt  oes  vn  mab  kymen  hep  yr  yessu  urth  iosep 


LJvnin   Vcihiiwi^i  Icssii  Grhf.  245 

ar  ny  dysco  y  reeni  idau  kymendaut  e  byt  hvn  ac  nyt 
argyweda  emelldith  onyt  yr  nep  aehaedo.  Ena  yd  emgynull- 
us  paub  en  erbyn  yessu  ae  guhudau  urtli  ioseph,  Ac  o  henné 
e  bu  ar  ioseph  ouyn  pobyl  yr  Israël,  ac  ena  y  deHis  yessu  e 
mab  marv  erbyn  e  glust  ae  dyrchauael  y  vynyd  yg  gwyd 
paub  ac  y  gyi  ac  yd  emdidanws  yessu  ar  mab  marw  y  doeth 
endav  y  eneit  ac  y  ryuedus  paub  henny. 

Pan  gigleu  athro  zachias  y  enw  yessu  en  dywedut  y  ryw 
betheu  henné  ny  allei  nep  e  orchy(p.  72)uygu  oe  doethinap 
ae  nerth  a  doluryau  o  honav  am  henné  a  dywedut  en  disgyfrit 
en  erbyn  ioseph.  Paham  na  rody  di  dy  uab  yu  dysgu  o  dysc  e 
bo  arnau  ouyn  deneon  ac  arwyd  yu  bot  en  well  gennych  ti  a 
meir  auch  ewyllys  chwi  hun  no  gossodeu  auch  reeni  ac  auch 
hyneif.  Reitiaf  oed  y  chwi  en  gentaf  anrydedu  effeiryeit  er 
israel  ac  odena  caru  auch  meibeon  ac  eu  dyscu  o  dysc.  Pwy 
hep  e  ioseph  a  eill  atal  e  mab  hvn  ae  dysgu.  ac  os  ti  di  a  eill 
y  atal  ef  ae  dyscu  nyt  ni  ni  ae  Uud  y  ty  yu  dyscu  ef  or  dysc  a 
dyskir  e  deneon.  Pan  gigleu  yessu  emadrodyon  zachias  atep 
idau  val  hyn  a  oruc.  Gorchymynnvr  y  dedyf  y  bychydic  o  y 
emadraud  a  dyvs^edeist  a  phob  peth  or  a  dysgeit  reit  uyd  yt  y 
gadw  ac  y  den  val  ti.  ny  hanwyf  ui  o  ossodeu  y  deneon  ac  o 
dieithyr  knaut  deneon  pan  hanwyf  om  dedyf  a  thitheu  a  bress- 
wyly  trwy  dysc  y  dedyf  minheu  a  oedvn  kyn  no  dedyf.  A 
chet  tebykych  na  bo  en  doethinab  dy  gyffelip  ti  a  dysgy  e 
gennyf  ui  cany  eill  nep  dysgu  namen  y  nep  a  enweist  di 
canysef  y  syd  deilungy  dyscu.  A  minheu  pan  ym  dyrchauer 
y  ar  e  daear 

(p.  73)  reth  ac  val  yd  oed  eno  diwyrnaut  sadyrngweith  a 
yessu  en  gware  y  gyt  a  meibeon  e  mevn  llofft  y  ryv  dy  a 
damweinnyus  grynnyau  o  vn  or  meibeon  vn  arall  trosy  llofft 
ac  or  kwymp  e  varw.  A  phan  weles  y  ryeni  eu  mab  en  varw 
Ueuein  ar  veir  a  ioseph  a  dywedut.  auch  mab  chwi  hep  wynt 
a  uwryvs  an  mab  ni  y  dorri  y  uwnvgyl  a  yessu  en  tewi  hep 
ateb.  Ac  ar  henné  y  doeth  meir  a  ioseph  ar  yessu  a  gouyn 
idav  ae  evo  a  vyryassei  e  mab  er  llavr.  Ac  ena  y  disgynnvs 
yessu  or  llofft  a  galw  e  mab  erbyn  y  enw  zeno.  Argluyd  hep 
e  zeno.  Ae  mivi  hep  yr  yessu  ath  vyryvs  di.  Na  thi  argluyd 
heb  e  zeno.  ac  anryved  vu  henné  gan  ryeni  e  mab  a  vuassei 
varv  ac  anrydedu  duw  am  e  gwyrth  hvnnv. 


24fc»  Marx  IVilIiams. 

Ac  odena  yd  aeth  ioseph  a  meir  hyt  en  iericho  ac  ena  yd 
oed  yessu  en  chwe  blvyd  ac  yd  anvonet  a  llestyr  ganthav  y 
wehynnv  duvyr  o  fynnavn  y  gyt  a  meibyon  ereill  ac  y  dam- 
weinnyus  wedy  gwehynu  e  duvyr  y  uthyau  ef  o  vn  or  meib- 
eon  ar  y  llestyr  yd  oed  endav  e  dwuyr  a  thorri  y  llestyr  a 
thanu  o  honaw  enteu  y  vantell  a  oed  amdanav  a  chemryt  e 
(p.  74)  dwuyr  endi  kubel  or  a  oed  en  e  llestyr  ae  dwyn  yu 
vam.  a  phan  weles  henné  ryuedu  a  oruc  ae  vedylyau  a  chadu 
pob  peth  o  henné  en  y  medul.  Ac  o  dena  diwyrnaut  yd  aeth 
yr  tir  ac  y  duc  ganthau  ychydic  o  gravn  o  ysgubaur  y  vam 
ae  heu  en  e  tir  a  thyvu  a  oruc  en  amvl  o  dena  pan  doeth 
amser  yu  vedi  e  kynullut  can  pyn  o  hanau  ac  y  rodes  yu 
wasssaneth  denyon. 

Ford  a  oed  a  gerdei  o  iericho  y  avon  eurdonen  e  ford  y 
kerdessynt  gynt  meibeon  vr  Israël  en  e  lie  e  dywedir  bot  yr 
arch  ystauen  en  gorfowys.  Ac  ena  yd  oed  yessu  en  wyth 
mlwyd  ac  yd  oed  en  mynet  o  iericho  y  eurdonen.  ac  ar  e 
ford  yd  oed  gogof  ger  glan  eurdonen  ac  en  honno  yd  oed 
llewes  a  chanavon  genthi  ac  nyt  oed  nep  a  vei  diogel  ganthau 
gerdet  y  ford  honno.  A  phan  doeth  yessu  o  iericho  ac  adna- 
bot  bot  y  llewes  vlith  ac  chanavon  en  er  ogof  yg  gwyd  paub 
yd  aeth  y  mevn.  A  phan  weles  y  lleot  yessu  y  doethant  en  y 
erbyn  y  adoli  idau  ac  eisted  yessu  en  er  ogof  ar  canavon  en 
llewynychu  yg  kylch  y  draet  ac  en  gware  y  gyt  ac  ef.  ar  lleot 
mavr  en  seuyll  o  bell  a  g3^stung  eu  penn  ae  adoli  a  llewyny- 
chu eu  (p.  75)  llosgurn  rac  e  vron.  ar  bobel  ena  en  seuyll  o 
bell  ac  yn  absent  yessu  e  dywedynt.  pei  nar  wnelei  hvn 
diruaur  bechaut  neu  y  ryeni  nyt  emrodei  oe  vod  yr  lleot. 
Ac  val  yd  oedynt  en  medylyau  ac  en  tristau  amdanau  nachaf 
ef  en  dyuot  or  ogof.  ar  lleot  en  y  vlaen  ar  canavon  en  gware 
yg  kylch  y  draet.  a  ioseph  a  meir  ar  bobyl  en  seuyll  o  bell 
rac  ouyn  y  lleot  hep  lauassu  nessau  atav.  Ac  ena  e  dywaut 
yessu  urthunt  Gwell  yu  synnwyr  yr  aniueillyeit  ar  bwystuilet 
en  adnabot  eu  hargluyd  ac  en  y  adoli  noc  vn  e  deneon  a  chwi- 
theu  wedy  auch  gwneithur  ar  lun  duw  ae  delw  hep  y  adna- 
bot. e  bwystuilet  am  atwen  i  ac  a  vydant  dof  rac  vym  bronn 
ar  delleon  '  ym  gwelet  hep  vy  adnabot. 

I.  L.  deilhon. 


IJyiiia  Vabiii(\^i  h'ssii  Crisl.  247 

Ac  val  yd  oedioseph  en  saer  pren  ac  ny  wnaei  dim  namen 
gwyd  ereidyr  ac  ycu  a  charvaneu  y  welyeu  dyrchauat  e  dam- 
weinnyus  erchi  o  wryanc  idav  gwneithur  gwely  idav  o  chwe 
thi'oetved  ac  erchi  o  ioseph  y  was  idav  rorri  e  carvaneu  a 
hesglif  haearn  ar  e  messur  y  hadawsei  ac  ny  chetwis  e  gwas  e 
messur  namen  gwneithur  e  neill  yn  vyrrach  nor  Hall  a  medwl 
die  a  gemyrth  ioseph  endau  am  hen(p.  76)ne  a  dywedut  a 
oruc  yessu  urthau.  kymer  hep  ef  pen  y  prenneu  achyssyllun  ' 
wynt  y  gyt,  a  gogyhydvn  wynt.  a  thynnvn  wynt  en  o  gyhyt. 
Ac  urth  y  orchemyn  enteu  yd  ymatuerthus  ioseph  canys 
gwydyat  e  gallei  wneithur  a  vynnei.  Ac  ena  yd  ymeueilis 
ioseph  a  phen  e  prenneu  ac  y  kyssyllus  e  tu-  atau  e  hun  ac  e 
kemyrth  yessu  y  pen  arall  ac  y  tynnvs  e  byrr  en  o  gyhyt  ar 
hir.  Ac  o  dena  yd  erchis  y  iosep  gorfen  y  weith  racdav. 

Ac  o  dena  eilweith  yd  erchit  y  ioseph  a  meir  y  gan  e 
hobyl  dysgu  llethyr  y  yessu  yn  yscol.  a  herwyd  gorchymyn 
henuryeit  e  dugant  yessu  ar  athro  y  dyscu  dysc  deneon  idav. 
ar  athro  hvnnv  en  gyueilyornus  a  dechreuws  y  dysgu. 
Dywet  alpha  hep  ef.  Dywet  ti  y  mi  en  gentaf  hep  yr  yessu 
beth  yu  beta  a  minheu  a  dywedaf  y  ty  beth  yu  alpha.  Ac 
am  henné  llidyau  yr  athro  a  tharau  yessu  ae  varw  enteu 
en  diannot.  ac  emchwelut  yessu  yr  ty  ar  e  vam.  Ac  ouyn 
a  vu  ar  ioseph  a  dywedut  urth  veir.  Gwybyd  di  hep  ef  vy 
mot  i  en  gyn  dristet  am  angheu  am  e  mab  hvn .  canys  ef  a 
dichavn  y  darau  ef  o  drycden  en  y  vo  marv.  A  wr  duw 
hep  hitheu  na  chret  henné  namen  cret  gallu  or  neb  ae 
(p.  77)  hanuones  yu  eni  em  plith  denyon  y  amdiffyn  en  dio- 
gelrac  drycdenyon.  ac  y  keidu  rac  drwc  en  y  env.  Eilweith  o 
dena  yd  erchis  yr  ideon  y  ioseph  a  meir  ymanhyed  ar  mab  ae 
dwyn  ar  athro  arall  yu  dyscu.  A  rac  ouyn  e  bobyl  a  byguth 
ty  wyssogyon  ar  effeiryeit  y  dugant  meir  a  ioseph  ef  y  ysgol  ac 
en  gwybot  nat  oed  vn  den  a  allei  y  dyscu  er  hvnn  a  oed  ber- 
feith  y  wybot  y  gan  duw  e  hun.  Ac  eissyoes  wedy  dyuot 
yessu  yr  ysgol  o  bleit  yr  yspryt  glan  kemryt  en  y  law  Uyuyr 
yr  athro  a  dysgei  y  dedyf  a  dechreu  canu  arnav  a  phaub  en  e 


1.  L.  r/.'v,«r///îc';;,  but  cf.  1.  12. 

2.  Insert  ac. 


248  Man  JViUiûDis. 

welet  ac  en  y  warandau.  Nyt  e  peth  hagen  a  oed  yn  y  llyuyr 
a  gant  ef  namen  o  yspryt  duw  byw  y  dywedei.  valket  kerdei 
frwt  o  fynhavn  ar  fynhavn  yn  llavn  ual  kynt.  Ac  val  henné 
yn  rymus  y  dysgei  enteu  maurweithredoed  duw  byw.  ac  ena 
digwydau  yr  athro  yr  llawr  ae  adoli  enteu.  Gallon  e  bobyl 
hagen  a  oed  en  eisted  ac  en  e  warandau  enteu  en  dvwedut  a 
dywedei  a  emchwelus  yn  sythder.  Pan  gigleu  ioseph  henné 
bryssyau  ar  yessu  a  oruc  rac  yr  varw  yr  athro.  A  phan  y 
gweles  yr  athro  en  dyuot  y  dywaut  urthau  nyt  dis(p.  78)gibel 
a  rodeist  di  ym  mi  hep  ef  namen  athro  ac  nyt  oes  a  allô  kyn- 
•nal  y  dysc.  Ac  ena  e  cuplaut  a  dywetpuyt  trwy  y  profwyt. 
Avon  duw  a  lenwit  o  dwuyr.  Ac  o  dena  y  dissymythus 
ioseph  gyt  a  meir  a  yessu  ac  a  doethant  '  capharnaum  tn^vy 
arvordired  rac  digassog}^on .  A  phan  doeth  yessu  eno  yd  oed 
eno  gur  kyuoethauc  en  glaf  wan  ioseph  y  enw  a  niueroed  en 
y  gwynav  ac  en  drycyruerthu  amdanau.  Paham  hep  yv  yessu 
urth  ioseph  na  rody  di  waret  y  hwn  ac  ef  en  vn  enw  a  thi. 
Pâ  allu  e  syd  y  m  mi  y  waret  idau  ef  hep  e  ioseph.  Kymer  y 
lliein  y  syd  yg  kylch  dy  benn  hep  yr  yessu  a  dos  yu  dodi  ar 
wynep  y  marw  a  dywet  yr  yessu  ath  ellung  ac  en  e  lie  ef  a 
uyd  yach  ac  a  gyuyt  e  marw  oe  wely.  Ac  ar  e  geir  hvnnv 
e  kerdus  ioseph  hyt  en  ty  e  marw  a  dodi  am  ben  y  marw  y 
wisc  a  vuassei  am  y  benn  e  hun  ac  ar  henné  kyuodi  y  marw 
oe  wely  a  gouyn  pa  le  yd  oed  yessu.  Ac  o  dena  yd  aethant 
hyt  ym  bethlem  ac  yd  oed  ioseph  en  y  dy  y  gyt  a  meir  a 
yessu.  A  diwyrnaut  y  gelwis  ioseph  attav  yago  y  mab  hynat 
idau  ae  anvon  yr  ard  y  g}'nnull  cawl  y  wneithur  bressych  ac 

Mary  Williams. 


I.  Notice  the  construction  and  cf.  Strachan,  IntrodiicHon  toEarly  Wehh, 
S  26,  p.  23. 


CONTRIBUTIONS  A  L'ÉTUDE 


DES 


ROMANS   DE   LA  TABLE  RONDE 

{Suite) 


V 


MORGAN    TUT 


Miss  Lucy  Allen  Paton  a  consacré  dans  ses  Studics  on  the 
mythologv  of  Arthuriau  Romances  un  consciencieux  et  judicieux 
Excursiis  à  l'énigmatique  Morgan  Tut'. 

Ce  personnage  n'apparaît  que  dans  le  roman  gallois  de 
Geraint  et  Enid  ^  Edeyrn  blessé  est  soigné  par  lui  sur  l'ordre 
d'Arthur  :  c'est  le  chef  des  médecins.  Une  autre  fois,  c'est 
Gereint  blessé  qui  reçoit  ses  soins.  Dans  la  scène  de  l'Erec  de 
Chrétien  de  Troyes  où  Yder  (Edeyrn)  blessé  arrive  à  la  cour 
d'Arthur,  il  n'est  question  ni  de  ses  blessures  ni  de  médecin  '; 
Erec,  en  revanche,  dans  le  passage  qui  répond  à  la  seconde 
apparition  de  Morgan  Tut  est  guéri  par  un  onguent  magique 
donné  à  Arthur,  par  sa  sœur  Morgue  '^. 

Miss  Paton  énumère  et  discute  les  interprétations  diverses 
qui  ont  été  données  de  ce  nom. 

John  Rhys  >  a  proposé  ingénieusement  de  lire  Morganthud: 


1.  RadcliffColleqe  Monography,  n"  13.  Boston,  1903,  pp.  259-274. 

2.  Mabinogion   du  Livre  Rouge,  éd.   John    Rhys-Gwenogvryn  Evans, 
p.  261,  286-287  ;  t^f-  J-  Loth,  Mahinocr.,  II,  p.  152,  163. 

3.  Foerster,  Erec  uni  Enide,v.  1089-1243. 

4.  Ilu'd.,  4218-4230. 

5.  Arthuriau  Legend,  p.  391.  John  Rhvs  avait  renoncé  à  l'interprétation 


2  50  /.  Lolh. 

hud  signifie  illusion,  enchantement,  mais  il  est  possible,  dit 
Rhys,  que  hud  ait  désigné  quelqu'un  pratiquant  la  magie, 
magicien. 

H.  Zimmer  lui  a  consacré  une  de  ses  plus  fâcheuses  élucu- 
brations.  Je  la  traduis  dans  ses  parties  essentielles  de  peur 
qu'on  ne  m'accuse  d'avoir  mal  interprété  sa  pensée.  Elle  a  été 
insérée  tout  au  long  par  Foerster,  dans  son  Introduction  à 
son  édition  d'Erec  (XXVTI-XXXI).  Zimmer  part  de  l'idée 
que  l'auteur  gallois  de  Geraint  a  fait  un  contre-sens  sur  le 
nom  de  Morgan  la  fée.  Morgain  serait  un  personnage  entière- 
ment inconnu  dans  la  légende  galloise  ;  le  conteur  gallois  aurait 
pris  ce  nom  d'une  fée  pour  celui  de  Morgan  (vieux-gallois  Mor- 
cant)  très  répandu  en  Galles.  Reste  à  expliquer  Tut.  Ce  mot 
ne  signifie  en  gallois  que  région,  pays.  Morgan  Tut,  c'est- 
à-dire  Morgan  le  pays,  est  en  apparence,  inexplicable.  Zimmer 
résout  l'énigme,  saisi  dans  une  heure  de  déseuvrement,  d'une 
subite  inspiration.  «  Morgan  est  un  nom  d'homme,  connu  et 
fréquemment  usité  en  gallois  ;  la  forme,  en  ancien  gallois, 
serait  '  Morcant.  Au  fait  que  Morgan  est  en  gallois  un  nom 
d'homme,  si  on  ajoute  qu'aux  yeux  d'un  conteur  gallois  de 
cette  époque  l'existence  d'un  médecin  attitré  à  la  cour  d'Ar- 
thur était  chose  qui  allait  de  soi,  on  s'explique  comment  un 
remanieur  gallois  en  vint  tout  naturellement  à  faire  de 
Morgain  la  fée  ou  la  sage,  qui  lui  était  inconnue,  Morgan  penn 
meâygon  (Morgan  le  chef  des  médecins)  à  la  cour  d'Arthur. 
Mais  que  voulut-il  dire,  en  ajoutant  le  mot  Tut  ?  Tut,  en 
gallois,  est  un  mot  tout  à  fait  courant  :  comique  tus,  breton 
tud,  irl.  ti'iath  (vieux-celtique  *toutà  =  gothique  ihiudà). 
Dans  tous  les  dialectes  celtiques,  le  mot  est  féminin  ;  en  irl., 
il  signifie,  peuple  (populus)  ;  en  comique  et  en  breton,  nation, 
peuple,  et  le  plus  souvent  sert  à  exprimer  le  pluriel  de  den 
(homo).  En  gallois,  depuis  le  commencement  de  la  littéra- 
ture, il  n'a  que  le  sens  de  région,  district...  Comme  la  signi- 
fication galloise  de  tut   est   plus  ancienne   que  le  roman  de 

beaucoup  moins  vraisemblable  qu'il  avait  proposée  dans  ses  Lectures  on  Ihe 
Cettic  Heatljeiidoni ,  p.  i6o,  note. 

I.  etail  Morcant  serait  plus  juste.  C'est  une  forme  que  l'on  trouve  fré- 
quemment même  dans  le  Booli  of  Ltandav,  ainsi  qu'en  vieux-breton. 


Romans  de  la   Tahlc  ronde.  251 

Geraint,  elle  est  l'unique  point  de  départ  possible  pour  inter- 
préter Tuf  dans  Morgan  Tut,  et  alors  l'épithète  n'a  pas  de  sens... 
Or,  si  le  nom  de  Morgan  Tut  ne  s'explique  ni  directement  par 
la  source,  ni  d'après  la  signification  connue  et  sûre  de  tut,  une 
troisième  hypothèse  seule  est  possible  :  c'est  qu'une  erreur  a  été 
commise  dans  l' interprétation  de  J' original...  Morgan  Tut  est,  au 
point  de  vue  de  l'intelligence  qu'avait  le  Gallois  de  son  original 
français,  une  traduction  soit  de  Morgan  la  fée,  soit  de  Morgan 
la  sage.  Je  crois  à  la  première.  Morgan  Tut  donne  en  français 
Morgan  le  pays.  Le  Gallois  considéra  Morgan  la  fée  comme  un 
nom  propre  et  l'interpréta  ainsi  :  Morgan  Tut  (Morgan  le  pays) 
...  C'est  un  phénomène  général  que  dans  les  langues  où  existe 
la  différence  de  genre,  le  sentiment  de  la  langue  prête  au 
mot  étranger  le  genre  du  mot  indigène  correspondant...  Or, 
tud  est  en  gallois,  comme  dans  tout  le  celtique,  un  féminin; 
par  suite,  un  Gallois  qui  n'était  pas  très  fort  en  français 
devait  penser  naturellement  à  un  la  pays  équivalent  de  tud.   » 

«  Une  autre  chose  s'y  ajoute.  En  gallois,  comme  dans  toutes 
les  langues  celtiques,  la  phonétique  syntactique  est  développée 
à  l'extrême,  si  bien  que  d'après  les  mutations  qu'une  initiale 
consonnantique  subit  aujourd'hui  dans  la  phrase,  on  peut 
retrouver  sûrement  la  finale  du  mot  précédent.  En  vertu  de 
cette  phonétique,  un  mot  commençant  par  /  peut  apparaître 
avec  un  d  ou  th  (spirant)  ;  une  initiale  c  peut  devenir  g  ou  ch 
(■/)  et  une  initiale  p  devenir  b  ou  ph  (prononcé  et  écrit  aussi 
dans  les  mss./.)  :  ainsi /)ot/2  (tête)  peut,  d'après  sa  place,  appa- 
raître sous  la  forme  benn  ou  fenn  i^phemï).   » 

«  Si  donc  notre  Gallois  ne  comprenait  pas  le  qualificatif  la 
fée  dans  Morgain  la  fée  qu'il  avait  sous  les  yeux  —  et  nous 
devons  l'admettre  comme  certain  ;  autrement,  il  ne  pouvait 
pas  transformer  un  être  féminin  en  un  médecin  Morgan  —  si 
donc,  dans  Morgan  la  fée,  il  ne  comprenait  pas  la  fée,  il  devait 
naturellement  y  voir  un  qualificatif  ajouté  au  nom  et  se  creu- 
ser la  tête  pour  traduire  ce  qualificatif  avec  ses  connaissances 
défectueuses.  Pourquoi  notre  Gallois  n'aurait-il  pas  entendu 
Morgan  la  fée  dans  le  sens  de  Morgan  la  pays  ?  On  eût  ainsi 
Morgan  tut.  » 

«  Le  vocalisme  ne   ftit   aucune  difficulté,  puisque   pour  fée 


252  /.  Loth. 

Çfata),  en  anglo-normand  on  trouve  feie,  comme  le  montre 
aussi  le  moyen-anglais  Morgue  la  faye  {Behrms  Beiîr.,  p.  8i, 
83).  On  peut  objecter  que  5  de  ^fl^'i  était  encore  prononcé  à 
cette  époque.  Cette  difficulté  disparaît  ainsi.  Le  gallois  moderne 
a  un  subst.  tém.  sing.  pau,  plur.  peuoedd,  région,  contrée,  et 
aussi  peues,  contrée.  Dans  la  prononciation  u  et  i  gallois  se 
valent...  ;  comme  en  gallois  actuel  ai,  au  en  monosyllabe 
viennent  de  ei,  eu  moyen-gallois,  nous  avons  pour  le 
moyen-gallois  un  subst.  fém.  peu  et  peues  (prononcé  pe-i  et 
pe-i-es),  contrée...  '.  Il  est  naturel  de  penser  que  peu  et  peues 
sont  empruntés  au  français  pays,  peu  sans  s  s'expliquant 
comme  l'anglais  cherry.  » 

«  Quoi  qu'il  en  soit,  ces  points  demeurent  établis  : 

i"  le  moyen-gallois  a  un  mot  étranger  peu  et  peues  qui 
doit  son  genre  féminin  au  mot  indigène  fud  ;  de  même  que 
l'allemand  das  douceur  est  fait  d'après  Trinkgeld  ; 

2°  le  mot  étranger  devait  rappeler  à  tout  Gallois  connais- 
sant le  français,  le  pays,  mot  dont  il  vient  peut-être  ; 

3°  en  gallois,  d'après  les  lois  de  la  phonétique  syntactique, 
peu  et  peues  deviennent  heu,  heues  aussi  bien  que  feu,  feues.  » 

«  Le  qualificatif  la  pie  dans  Morgaini  la  feie  étant  obscur 
pour  notre  Gallois,  il  n'y  a  rien  d'extraordinaire  à  ce  que,  rap- 
prochant la  feie  de  son  mot  féminin  feu  (feues)  et  arrivant 
ainsi  à  pays,  il  ait  traduit,  d'après  la  façon  dont  il  comprenait 
sa  source,  Morgaint  la  fée  par  Morgan  Tut.  » 

On  reste  confondu  devant  un  pareil  tissu  d'invraisem- 
blances, pour  employer  un  terme  poli,  et  on  est  vraiment  peiné 
de  les  voir  exposer  avec  tant  de  complaisance  par  un  homme 
comme  H.  Zimmer. 

Il  a  eu  un  premier  tort,  c'est  de  poser  en  principe  que 
l'erreur  vient  de  l'auteur  gallois  :  c'est  une  mauvaise  prépara- 
tion pour  une  discussion  impartiale.  Il  en  a  eu  un  second,  c'est 
de  supposer  que  tut  ne  peut  signifier  que  pays  :  nous  allons  en 

I.  Zimmer  dit  d'abord  qu'on  peut  admettre  que  peu  vient  de  pagiis.  Il 
aurait  dû  s'en  tenir  à  cette  idée.  Peu  a  son  pendant  en  comique  :  poiv.  Enfin, 
en  Bretagne,  il  y  a  des  paon  qui  représentent  des  pagi  de  l'époque  gallo- 
romaine,  ex.  :  Poher,  vieux  breton  Pou  Caer,  traduisant  Pagus  Castri 
(Carhaix  et  sa  région). 


1 


Romnus  de  la   Table  ronde.  253 

avoir  la  preuve.  Quant  à  son  argumentation,  l'exposer,  c'est 
la  réfuter.  Que  dire  d'abord  Je  ce  Gallois  qui  traduit  ou 
adapte  un  roman  français  et  en  fait  plus  ou  moins  fidèlement 
un  roman  gallois,  et  qui  ignore  le  sens  d'un  des  mots  les  plus 
connus  en  français  du  moyen  âge  :fée  ?  Ce  Gallois  ne  paraît  pas 
mieux  connaître  sa  langue  maternelle.  Il  est  bien  vrai  que  peu 
peut  se  présenter  sous  la  forme  heu  cl  feu  ;  mais  ces  formes  ne 
se  trouvent  que  dans  des  cas  bien  précis.  Ainsi  pan  supposé 
féminin,  avec  ï  article  gallois,  ne  peut  devenir  que/'t'/^  :ybeii,\Q 
pays.  C'est  le  cas  de  se  demander  :  qui  troiiipe-t-on  ici?  Assuré- 
ment pas  les  Celtistcs.  Le  Gallois  de  Zimmer,  tout  idiot  qu'il 
le  suppose,  devait,  s'il  ignorait  le  sens  de  /t%,  connaître  au 
moins  l'article  le,  la.  Inutile  d'insister. 

Il  n'est  pas  sans  intérêt  toutefois  de  faire  observer  avec  miss 
Paton,  que  le  passage  d'Erec  que  l'auteur  gallois  traduirait 
d'une  façon  si  absurde  d'après  Foerster  et  Zimmer,  ne  con- 
tient pas  du  tout  les  n\oX.s  Morgue  la  fée  (vers  4217). 

un  antret 

Que  Morgue  sa  suer  avait  fet 

Il  est  vrai  que  dans  Yvain  (vers  2955)  le  baume  magique 
qui  devait  le  guérir  avait  été  donné  par  Morgue,  mais  par 
Morgue  la  sage.  Dans  Erec  même  (vers  1957)  Morgain  la  fée 
apparaît  comme  amante  de  Guingomar,  mais  et  passage  ne  se 
trouve  pas  dans  Geraint. 

Enfin,  contrairement  à  ce  qu'afiirmait  Zimmer  avec  tant 
d'assurance,  Morgan  pouvait  très  bien  être  un  nom  de  femme 
et  qui  plus  est  de  fée.  Les  fées  des  eaux  des  parages  d'Oues- 
sant  sont  connues  sous  le  nom  typique  de  Mari-Morgant  ;  une 
fée  s'appelle,  avec  la  terminaison  féminine  ajoutée  à  la  forme 
ancienne  sans  suffixe,  une  Morganes. 

J'avais  proposé  (Revue  celt.,  XIII  (1892),  496,  497)  une 
autre  explication  qu'ava'it  adoptée  F.  Lot  {Romania,  XXVIII 
(1899),  P-  322).  Je  faisais  remarquer  d'abord  que  les  fées 
femmes  devaient  être  plus  familières  à  l'auteur  français  que  les 
fées  mâles  et  que  sûrement,  s'il  y  avait  une  erreur,  elle  devait 
venir  de  l'auteur  français.  Il  avait  dû  trouver  dans  sa  source 
anglo-normande  Morgaiji  le  Fé  ou  Le  Fed   et    avait  lu  tout 

Revue  Celtique,  XXXin.  17 


2  54  /•  Loth. 

naturellement  la  Fcde  ou  la  Fée  (y.  Godefroy,  Dict.anc.  franc. 
au  mot/é'r;  Littré,  au  mot/cV  remarque  que  yi'  est  niascuHn  en 
Normand).  Tel  devait  être,  à  mon  avis,  le  sens  de  l'épithète 
tut  dans  le  récit  gallois.  J'en  trouvais  la  preuve  dans  l'armori- 
cain/m:^,  esprit  follet,  lutin,  vieux-breton  /////;,  démon,  écrit 
tuîhe  dans  une  vie  de  Saint-Maudez,  que  M.  de  la  Borderie 
croyait  composée  vers  la  fin  du  xi^  siècle.  Dans  ce  cas  natu- 
rellement, le  gallois  tut  représentait  une  graphie  tulh  ou  tnd, 
graphie  qui  n'a  rien  d'impossible  en  vieux-gallois.  Néanmoins, 
mon  interprétation  de  tut  supposait  une  erreur  de  scribe;  de 
plus,  comme  miss  Paton  le  fait  remarquer,  le  sens  de  dé}non 
ne  paraît  pas  approprié  au  rôle  de  Morgan  Tut  dans  Geraint. 
J'étais  cependant  très  près  de  la  vérité,  comme  on  va  le  voir. 

A  son  tour,  miss  Paton  propose  une  solution  sur  laquelle 
il  me  paraît  inutile  d'insister.  Elle  est  d'ailleurs  parfaitement 
invraisemblable.  Morgan  Tut  serait  pour  Margetiud,  forme 
vieille-galloise  de  Mareduâ,  nom  gallois  bien  connu. 

Persuadé  que  Tut  devait  avoir  un  correspondant  irlandais 
capable  de  nous  éclairer  sur  le  vrai  sens  de  ce  mot,  je  l'ai 
cherché  dans  la  littérature  de  l'ancienne  Irlande.  Mes  re- 
cherches ont  abouti  :  tut  a  pour  équivalent  exact  ti'iath.  Tûath 
a  non  seulement  le  sens  de  à  gauche,  nord,  mais  encore  celui 
de  magique,  magicien  :  Revue  Celtique,  XII,  p.  1 13  (The  second 
baltle  of  Moytura)  :  ban-ti'tath^  18,  sorcière,  magicienne  (cf. 
Index,  p.  300)  ;  ibid.,  30,  tûathach,  magicienne.  Rennes  Dinshen- 
chas  (Revue  Celt.,  1895)  10  -.tûathach;  Rex'ue  Cell.,  1894, 
p.  310  :  18  :  Bé  cuille  0  na  ban-ti'iaithib  (faisant  partie  des 
magiciennes);  ibid.,  p.  332  :  30, /rt  'Nàir  tuailhig,  avec  Ndr  le 
magicien. 

J'y  ajoute  ces  formes  données  par  Kuno  Meyer  dans  ses 
Contributions  to  Irish  Lexicographie  :  ban-ti'ialhach  (Revue  Celt. 
XIII,  cité  par  moi  plus  haut);  ban-ti'iathaib  BB  ^  ;  264  a  7. 
SG  5.  332,  9  ;  ban-ti'iathach  LL  +.  9  b  27  ;  39  ;  1 37  a  19  ;  11  a 


1 .  Bail  femme,  sert  à  donner  au  composé  la  valeur  féminine. 

2.  Le  Livre  de  Bail  y  mot  e. 

3.  O'Gradv,  Silva  Gadelica. 

4.  Le  Livre  de  Lcinstcr. 


Romans  de  la   Tiihlc  ronde.  255 

}i  (à  divers  cas  et  nombres).  Les  vies  des  saints  dn  Livre  de  Lis- 
more  (Whitley  Stokes,  The  Lives  of  the  saints)  nous  donnent 
le  terme  très  intéressant  de  tûdith-cherd,  l'art  magique  (p.  402, 
2975  ;   cf.  ti'iaith-chleas  P.  O.  C). 

Il  est  donc  sûr  que  Morgaji  Tut  signifie  Morgan  le  magicien, 
LE  FÉ,  et  même  vraisemblablement,  comme  on  va  voir,  ce  qui 
est  dans  son  rôle,  le  bon  magicien. 

Le  sens  étant  assuré,  je  me  suis  demandé  comment  li'tath,  à 
gauche,  nord  ',  pourrait  avoir  le  sens  de  magicien.  Whitley 
Stokes  (Lm'^  0/  the  saints...,  p.  -102)  fait  remarquer  que  ti'iath 
dans  les  composés  a  le  sens  de  sinistrous,  awkiuard.  Cela  est 
vrai  pour  certains  passages  et  certains  composés,  comme 
tiiaith-chieas,  cités  plus  haut  Çan  aiuhuard  prank  or  trick)  ; 
mais  il  semble  bien  avoir  un  sens  plus  large  et  il  y  a  des  cas 
où  sûrement  il  n'a  nullement  le  sens  péjoratif.  Mon  collègue 
M.  Vendryès,  le  savant  et  dévoué  secrétaire  de  la  Revue 
Celtique,  se  trouvait  tout  justement,  dans  un  de  ses  cours 
de  la  Sorbonne,  avoir  étudié  le  rapprochement  de  ii'iath  avec 
le  gothique  ^w^,  bon  ;  ti'iath  et  '^iw^,  comme  l'avait  déjà  signalé 
Strachan,  Indogerm.  Forschg.,  II,  370,  remontent  clairement 
tous  les  deux  à  un  indo-européen  *teuto-.  Ce  qui  restait  à 
expliquer,  c'est  l'opposition  apparente  de  sens  entre  l'irlan- 
dais et  le  gotique.  Il  en  a  trouvé  une  explication  aussi 
ingénieuse  que  solide.  Je  donne  ici  la  note  qu'il  a  bien  voulu 
me  communiquer  à  ce  sujet. 

«  L'irlandais  ti'iath  «  gauche  »  a  été  depuis  longtemps  rap- 
proché du  gotique  ^///^  n.  à-(y.()bv  (jinfiw^  '/.ayiv,  ^iii^eins 
oi^(céiiù<yùrq  etc.),  v.  isl.  ^y^r  «  tendre,  amical  »  (^<f>yâa  «  amitié» 
etc.),  V.  angl.  ge-fiede  «  bon,  vertueux  ».  C'est  le  sens  de 
«  bon  »qui  doit  être  ancien. 

«  Un  grand  nombre  de  langues  ont  en  effet  désigné  la 
gauche  par  des  mots  de  bon  augure,  éveillant  une  idée  favo- 
rable : 

sanskrit  vamah,  de  vâmàh  «  aimable,  cher  »  avec  une  oppo- 
sition d'accent  caractéristique; 

I.  Les  Celtes  s'orientant  la  face  au  soleil,  le  nord  était  à  gauche  :  cf.  gal- 
lois gogledd,  à  gauche,  nord. 


2)6  /.  Loih. 

sanskrit  savyâh,  zend  haoya,  v.  slave  suju,  cf.  sanskrit  si't 
«  bien  »; 

zend  vâiryastara-,  c(.  skr.  vârîyas-  «  meilleur  »  ; 

grec  àp'.ïTîpiç,  cf.  apia-ir  «  le  meilleur  »  ; 

grec  cjcôvuy.iç,  «  (bien  nommé),  de  bon  augure  »; 

latin  sinister,  cf.  skr.  sàniyas-  «  plus  profitable  »  ; 

V.  h.  a.  luinistar,  v.  isl.  vins  tri,  cf.  v.  h.  a.  wini  «  ami  ». 

«  Cela  ne  veut  pas  dire  que  la  gauche  soit  le  côté  favorable; 
cela  veut  même  dire  le  contraire.  Il  est  manifeste  qu'en  grec 
le  nom  de  la  gauche^  £jwvj[xc?,  doit  son  origine  à  une  anti- 
phrase, comme  le  nom  des  Euménides  ou  du  Pont-Euxin.  Le 
vocabulaire  des  langues  indo-européennes  présente  une  diffé- 
rence frappante  entre  les  mots  pour  «  droit  »  et  pour 
«  gauche  ».  Tandis  que  pour  la  droite  on  possède  un  mot 
indo-européen  bien  attesté,  maintenu  sans  changement  ou  avec 
simple  alternance  de  suffixes  (*deks-io-,  *deks-ivo-,*deks-itero-) 
dans  toutes  les  langues  de  la  famille,  il  n'y  a  pas  au  contraire 
de  mot  indo-européen  pour  «  gauche  ».  L'idée  de  «  gauche» 
est  exprimée  par  des  mots  variés,  qui  s'étendent  rarement  à 
plus  de  deux  ou  trois  langues,  qui  souvent  se  dénoncent 
comme  des  mots  récents  et  qui  sont  même  parfois  exposés  à 
être  éliminés  au  profit  de  nouveaux  mots.  Cela  justifie  l'hypo- 
thèse que  la  gauche  était  le  côté  qu'il  ne  fallait  pas  nommer; 
on  a  dû  pour  la  désigner  recourir  à  des  synonymes,  à  des 
équivalents,  ou  plus  souvent  encore,  afin  d'écarter  tout  mau- 
vais présage,  à  des  antiphrases  (cf.  Meillet,  Quelques  hypothèses 
sur  des  interdictions  de  vocabulaire,  p.   i8). 

«  En  grec,  où  le  côté  gauche  est  de  mauvais  augure,  les  deux 
mots  anciens  cry.ai3;  et  Xaiiç  ne  sont  maintenus  qu'en  poésie  ; 
ils  ont  été  remplacés  dans  le  langage  courant  par  àpi^-rspi;  et 
£ij(i')vuiJ.oç,  dont  la  valeur  antiphrastique  est  évidente.  En  latin, 
deux  traditions  se  juxtaposent  :  la  tradition  indo-européenne, 
où  la  gauche  est  «  sinistre  »  (cf.  cliuium  [auspicium],  irl.  clé, 
gall.  cleddet  gogledd),  et  la  tradition  étrusque,  qui  considérait 
la  gauche  comme  de  bon  augure  (cf.  Pottier,  Mélanges  Bois- 
sier,  p.  405).  Rien  ne  vient  justifier  l'idée  que  la  gauche  serait 
favorable  en   celtique.  Le  «  tour  à   droite   »  {dessel)   est   en 


Romans  de  la   Table  ronde.  257 

irlandais  un  moyen  d'éviter  les  mauvais  présages  (v.  L.  U.  55 
a  34);  lorsque  CuchuUin  en  fureur  tourne  son  char  du  côté 
gauche,  l'auteur  du  récit  fait  remarquer  que  c'était  violer  une 
interdiction  {gesSyh.  U.  63  a  25);  pour  adorer  leurs  dieux, 
les  Gaulois  se  tournaient  à  droite  (Athénée,  IV,   151). 

«  On  peut  donc  croire  à  l'existence  d'un  celtique  *leulo- 
«  bon  »,  équivalent  au  gothique  ^iii^  (de  *teuto-}i),  qui  aurait 
été  utilisé  par  antiphrase  pour  désigner  la  gauche.  C'est  ce 
*teuto-  qui  figure  dans  l'irlandais  tûathach  «  sorcier  »  et  dans  le 
gallois  Tut.  » 

Ce  sens  de  tut  ne  se  trouve  plus  nulle  part  en  gallois  avec 
certitude  '.  Il  est  donc  probable  qu'au  xii^  siècle,  il  n'était 
plus  guère  usité.  En  tout  cas,  dans  Morgan  tut,  son  sens  précis 
ne  saurait  être  mis  en  doute. 

Il  s'ensuit  avec  évidence  que  la  faute  est  à  la  charge  de 
l'auteur  français  et  que  mon  expHcation  de  l'origine  de  cette 
légère  erreur  de  genre  est  la  bonne  :  «  Chrétien  aura  trouvé 
dans  «  sa  source  angh-nonnaîide  Morgain  le  Fe  ou  le  Fed  et 
aura  tout  naturellement  lu  Morgain  la  Fée  ou  la  Fede  :  fée,  dit 
Littré,  (/é))  est  masculin  en  normand.  » 

Je  crois  inutile  de  souligner  la  grande  importance  de  ce 
fait  :  il  est  évident  que  Chrétien  avait  sous  les  yeux  une  œuvre 
française  insulaire  qu'il  a  remaniée  et  à  laquelle  a  également 
puisé  l'auteur  gallois.  Cette  source  française  pour  le  fond 
remontait  elle-même  à  une  source   galloise. 

Le  sens  de  bon  magicien,  médecin  même  pour  Tut  dans  Mor- 
gan Tut,  est  assuré  d'une  façon  vraiment  saisissante  par  une 
épithète  donné  dans  deux  inscriptions  latines  à  V Apollon  gau- 
lois qui,  d'après  César  (de  Bello  Gall.  VI,  17,  2)  était  le  dieu 

I.  Livre  noir  Je  Ciiniiarlben  (F.  a.  B.  II,  p.  55,3)  Pûn  gagiiueircli  tud  :  il 
s'agit  de  Kei  et  on  ne  peut  qu'être  frappé  que  dans  le  même  poème  il  est  dit 
avoir  tué  «e«/5omm'5  (52,  325)  ;  dans  ce  passage  même  il  va  combattre 
le  Cath  Paluc  (Chat  Palu). —  Livre  de  Taliessiii  1 52,  9  :  gogyfarcfj  veird  tut  : 
tut  peut  signifier  ici  pays,  mais  le  sens  est  banal  et  peu  satisfaisant.  —  Dans 
le  Livre  Noir,  8,  3,  on  aurait  peut-être  un  sens  approchant  de  magique,  si 
l'on  lisait  tud  au  lieu  de  dud  :  y  hvry  teint  tud  :  en  quittant  les  harpes 
magiques  (y=^di). 


258  .  /.  Loth. 

médecin  (ApoJIinoii  niorbos  depelkre)  :  CIL,  XII,  2525  :  ApoJ- 
l(Jni)  Viroluti  T.  Rutil(ius)  Buricus  —  CIL,  XIII,  3185  : 
[ApoIQini)  \Vir]otuti...  (apud  Holder,.  AU.  celt.  spr.).  La 
seconde  inscription  a  été  trouvée  à  Jublains,  Ma3'enne  (et 
non  Maine-et-Loire,  comme  le  dit  Holder)  ;  la  première,  à 
Lès  Fins  d'Annecy,  dép.  de  la  Haute-Savoie,  et  tout  justement 
près  d'une  source  à  vertu  curative.  Viro  tuti  (datif)  doit  être  pour 
viro-touti;  cf.  le  nom  de  femme  Viro-tautae  ÇCIL,  XII,  3802). 
Si  viro-  représente  viro-s,  homme,  viro-tuti  a  le  sens  de  celui 
qui  guérit  les  hommes  ;  peut-être,  ici  vira-  est-il  viro-,  vrai  :  le 
vrai  médecin.  Tuti- est  sûrement  à  rapprocher  de  notre  touto-, 
tut.  Le  rapprochement  de  tûath,  fiu'^  avec  le  latin  ti'itus, 
tûtari,  tueor  est  aujourd'hui  admis  (Walde,  Lat.  étym,  Wort., 
2^  édition,  p.  797)'. 


VI 


LE  CORN  WALL    ET  LE  ROMAN  DE  TRISTAN. 

Après  des  années  de  patientes  investigations  sur  la  matière 
de  Brctagjic,  dans  lesquelles  d'éminents  critiques  ont  fait 
preuve  d'autant  d'imagination,  parfois  même  de  passion  que 
de  science,  le  seul  point  sur  lequel  on  soit  à  peu  près  d'acord, 
c'est  que  les  romans  arthuriens  et  les  lais  dits  bretons, 
sont,  pour  le  fond,  d'origine  celtique.  On  est  divisé  sur  tout 
le  reste.  Quelle  part  ont  prise  les  écrivains  de  langue  fran- 
çaise à  l'élaboration  de  le  matière  de  Bretagne  ;  où  et  par 
qui  l'ont-ils  connue  :  est-ce  par  des  rapports  directs  avec  les 
Celtes  ou  par  l'intermédiaire  des  Anglo-saxons  ;  quelle  est  la 
part,  dans  ces  rapports,  des  Gallois,  des  Bretons  du  Cornwall  et 
ceux  d'Armorique  ?  autant  de  questions  qui  ont  reçu  les 
les  solutions  les  plus  diverses. 

Je  ne  m'occupe  ici  que  du  seul  roman  de  Tristan  et  Iseut  tel 
que  nous  Font  fait  connaître  Béroul  et  Thomas  au  XIP  siècle. 
Il  importe  d'ailleurs  de  distinguer  entre  les  genres  et  les 
sujets  ;  la  solution  du  problème  peut    être  différente    suivant 

I.   John  Rliv's  a  traduit  z'/ri)-/////(i)  par  iiian-healiin;  or  man-protecting. 


Romans  de  la   Table  ronde.  259 

qu'il  s'agit  de  lais  ou  de  romans  ;  d'Yvain,  de  Perceval  ou 
(i'Erec  et  Enide.  Il  est  non  moins  essentiel  de  préciser  quel 
stade  de  la  légende  on  a  en  vue;  c'est  particulièrement  impor- 
tant pour  Tristan . 

Un  point  capital  parait  à  peu  près  acquis  dés  maintenant  : 
c'est  qu'il  faut  renoncer  à  voir  dans  Tristan  un  tissu  de  Jais 
indépendants  dont  des  écrivains  français  seraient  arrivés  à 
faire  une  composition  ayant  pour  centre  et  unité  l'amour 
invincible  de  Tristan  et  Iseut. 

Le  Tristan  de  Béroul,  celui  de  Thomas,  tels  que  nous  les 
connaissons  par  les  fragments  qui  nous  en  restentet  les  œuvres 
de  leurs  imitateurs,  Eilhart  d'Oberg,  Gottfried  de  Strasbourg, 
l'auteur  de  sir  Tristrem,  et  celui  de  la  Folie  Tristan,  ont  été 
précédés  par  un  ou  plusieurs  Tristan  plus  primitifs,  Tristan 
dont  tous  les  traits  ne  nous  sont  pas  connus  et  qu'ils  ont  plus 
ou  moins  fidèlement  suivis.  M.  Bédier  croit  à  un  archétype 
unique  et  a  soutenu  cette  thèse  avec  autant  de  science  que  de 
talent.  Longtemps  rebelle  à  l'idée  d'un  archétype,  Gaston 
Paris,  à  la  fin  de  sa  vie,  avait  fini  par  l'adopter.  Commissaire 
responsable  des  éditions  de  Béroul  et  de  Thomas  qu'avaient 
entreprises  MM.  Muret  et  Bédier,  il  avait  repris  l'examen  du 
problème  dans  des  conditions  nouvelles,  avec  une  conscience 
et  une  ardeur  dont  témoignent  les  nombreuses  notes  dont  il 
avait  couvert  le  manuscrit  de  l'édition  qu'à  publiée  M.  Bédier  '. 

L'éditeur  du  Tristan  de  Béroul,  M.  Muret,  a  voulu  recon- 
naître tout  ce  que  son  œuvre  doit  à  Gaston  Paris,  qui  en  avait 
collationné  les  épreuves  sur  le  manuscrit,  en  la  dédiant  à  sa 
mémoire. 

L'archétype^,  sur  lequel  reposeraient  tous  les  poèmes  fran- 
çais sur  Tristan,  d'après  Gaston  Paris  (Journal  des  Savants, 
juin  1902),  serait  un  poème  anglais  perdu,  peut-être  incom- 
plet (//'.  nov.  1901,  p.  702).  Les  raisons  sur  lesquelles  il 
s'appuyait  ont  été  discutées  par  M.  Bédier,  dans  son  édition 

1.  Le  Roman  de  Tristan,  II,  pp.  314-315. 

2.  Je  ne  crois  pas  à  un  archétype  unique  d'où  découleraient  les  romans 
connus  en  question,  mais,  ce  qui  est  sûr,  et  sur  ce  point  M.  Bédier  a  plei- 
nement raison,  il  faut  renoncer  à  la  théorie  des  lais  indépendants  réunis  et 
fondus  en  un  roman  par  les  Français. 


26o  /.  Loih. 

de  Tristan  (II,  p.  314-317).  M.  Bédier  qui  a  consacré  la  plus 
grande  partie  du  tome  II  de  son  édition  à  établir  l'existence 
d'un  archétype  et  à  en  retrouver  le  canevas,  ne  se  prononce  pas, 
en  terminant,  sur  le  point  de  savoir  si  le  poème  primitif  était 
anglais,  anglo-normand  '  ou  français.  Il  a  été  plus  affirmatif 
quelques  pages  plus  haut  (p.  128-129).  D'après  lui,  ce  serait 
le  contact  des  jongleurs  armoricains  avec  leurs  congénères  gal- 
lois après  la  conquête  de  l'Angleterre,  qui  nous  aurait  donné  la 
légende  de  Tristan,  mais  pour  le  roman,  le  drame  moral  qui 
en  fait  l'essence  et  l'unité  ne  pouvait  être  l'œuvre  des  Celtes. 
Je  crois  avoir  suffisamment  réfuté  cette  théorie  pour  n'avoir 
pas  à  y  revenir^.  Quant  au  rôle  des  Armoricains,  j'aurai  occa- 
sion d'en  dire  quelques  mots  plus  bas. 

Béroul  (je  ne  distingue  pas  ici  entre  lui  et  son  continua- 
teur) semblerait  avoir  vu  par  lui-même  certains  paysages 
du  Cornwall;  mais  je  crois  comme  M.  Muret  que  ce  qui 
indiquerait  chez  lui  quelque  familiarité  avec  les  choses  et  les 
hommes    d'Outre-Manche,  est  dû   à  ses    sources.  Dans   ses 


1.  II,  p.  315-517- 

2.  Les  Sit:^iingsherichte  der  Koii.  preiiss.  Akademie  der  Wiss.  (191 1,  p.  174- 
227),  contiennent  un  article  posthume  de  H.  Zimmer,  revu  par  Kuno  Meyer  : 
Der  KulturgeschichtUchc  Hiiitei-griiiid  der  altcn  irischen  Heldensage.  C'est, 
en  somme,  un  développement  de  son  article  {Zeitschrifl  der  Savigny-Sttf- 
tiing,  XV,  209)  :  Das  Miitterrecht  der  Pikteii  und  seine  Bedeutung  fur  die 
irische  Altertumsiuissenschaft.  Le  dévergondage  des  femmes  d'Irlande  pro- 
viendrait de  ce  que  les  Celtes,  en  Irlande,  ont  succédé  à  des  populations  qui 
pratiquaient  le  Miitterrecht.  Il  en  avait  conclu  aussi  que  les  Pietés  n'étaient 
pas  de  souche  indo-européenne.  Whitley  Stokes,  fort  versé  dans  les  ques- 
tions de  droit  historique,  voyait  dans  ces  conclusions  une  preuve  d'igno- 
rance de  Thistoire  du  droit  (sur  les  noms  matronymiques  en  irlandais,  v. 
Whitley  Stokes,  Erin,  IV,  p.  18;  cf.  pour  d'autres  pays,  Ridgeway,  Pro- 
ceedings  of  the  hritish  Academy,  III,  pp.  16-30.  Il  y  a  des  restes  de  mtitterrecht 
chez  la  plupart  des  peuples  indo-européens,  notamment  chez  les  Grecs. 
Le  Mutterrecht  (filiation  par  la  mère)  n'est  pas  du  tout  ce  que  pense  Zim- 
mer. II  est  parfaitement  compatible  d'un  côté  avec  la  puissance  paternelle, 
de  l'autre  avec  une  remarquable  pureté  de  moeurs  chez  la  femme  (sur 
l'origine  et  les  effets  du  miitterrecht,  voir  l'excellent  livre  de  von  Dargun, 
Mutterrecht  und  Vaterrecht,  notamment  p.  42,  44  et  suiv.).  Il  est  clair  que 
Zimmer  ne  connaît  pas  la  question.  Quant  aux  faits  de  dévergondage  qu'il 
cite,  ils  ne  prouvent  pas  plus  contre  les  mœurs  des  Celtes  que  la  con- 
duite des  personnages  de  l'Olympe   contre  les  mœurs  des  anciens  Grecs. 


Romans  de  la   Table  ronde.  261 

sources  il  y  a  des  traits  précis  de  la  géographie  du  Cornwall; 
en  revanche,  les  bévues  qu'il  commet  démontrent  qu'il  n'a 
lui-même  que  de  fort  vagues  idées  sur  ce  pays. 

Sa  source  principale  est  évidemment  insulaire.  Gaston  Paris 
était  prés  de  la  vérité  en  plaçant  entre  les  légendes  des  Bre- 
tons insulaires  et  les  romans  français  un  archétype  anglais. 
M.  Bédier,  de  même,  quand  il  a  montré  que  le  roman  de 
Tristan,  tel  qu'il  nous  est  parvenu,  supposait  la  connaissance 
de  trois  langues,  le  celtique  (le  brittonique),  l'anglais  et  le  fran- 
çais. Il  a  eu  le  tort,  égaré  par  un  guide  des  moins  sûrs, 
H.  Zimmer,  de  faire  honneur  de  ce  trilinguisme  dans  l'élabo- 
ration du  roman,  aux  jongleurs  armoricains.  Ils  y  ont  eu  un 
rôle,  mais  non  celui  qu'il  leur  attribue. 

Il  est  impossible  de  chercher  au  roman  de  Tristan  une 
autre  patrie  que  l'Angleterre.  En  l'étudiant,  on  a  en  effet 
nettement  l'impression  que  Celtes,  Anglais  et  Français  y  ont 
collaboré,  à  tel  point  que  son  berceau  idéal  serait  un  pays 
trilingue,  où  celtique,  anglais,  français,  fussent  couramment 
parlés.  Ce  pays  existe  :  c'est  le  Cornwall. 

On  a  longuement  discuté  sur  le  rôle  des  Gallois  et  des 
Armoricains  dans  la  transmission  des  légendes  celtiques  ;  il 
n'est  jamais  question  que  d'eux  ;  ce  serait  à  croire  que  les  Bre- 
tons du  Cornwall  n'ont  pas  existé.  C'est  d'autant  plus 
étrange,  que  le  Cornwall  joue  un  rôle  important,  prépondé- 
rant presque,  dans  la  légende  d'Arthur,  chez  Gaufrei  de  Mon- 
mouth  lui-même.  Gorlois  est  un  Cornouaillais.  La  forteresse 
où  il  enferme  Igern  pour  la  défendre  contre  les  entreprises 
d'Uter  Pendragon,  Tintagel,  est  bien  connue  :  Tintagel  est 
une  paroisse  actuelle  du  Cornwall.  Le  Castellum  de  Dimelioc 
où  se  réfugie  Gorlois  lui-même,  porte  encore  ce  nom.  Je 
le  retrouve  en  Saint-Dennis  dans  la  hundreâ  de  Poudre; 
c'est  un  manoir  figurant  dans  le  Domesday  Book .  Le  bras 
droit  d'Uter  Pendragon  est  Ulfin  de  Richaradoc.  Or,  Ricara- 
doc  pour  Rit-Caradoc,  le  gué  de  Caradoc,  figure  également 
comme  manoir,  dans  le  Domesday  Book  :  c'est  sûrement 
Rescraddeck  actuellement  en  Saint-Cleer  '.  Son  ami  de  Tintagel 


I.    En     1201-2202,     Rica ra Joe  ;    11^4  Riscaradoc  ;   1786-87    Rescaradoc. 
(Assize  Rolls  109).  La  forme  Roscroiioc,  qu'on  trouve  parfois  actuellement 


202  /.  Loth. 

s'appelle  Jordan.  Ce  nom  est  également  connu  en  Cornwall 
au  XII''  siècle  :  Jordan  figure  avec  Hoel  parmi  les  propriétaires 
du  pays  vers  1155-1166  '.  Le  nom  du  neveu  d'Arthur,  le  traître 
Modret,  ne  peut  être  gallois  :  il  est  comique  de  forme. 
C'était  un  nom  répandu  au  xii*"  siècle  en  Cornwall  :  un  Robert 
Modret  figure  dans  un  document  de  la  fin  du  xii^  siècle  (/.  D. 
Hardy,  Rotiili  çhartarwu,  i,  part.  1838,  p.  83).  Ce  nom  entre 
dans  la  composition  de  plusieurs  noms  de  lieu  :  Tre-Moderet  ^, 
Rosmodres  5  pour  Modret). 

Une  des  demeures  favorites  d'Arthur,  d'après  divers  textes 
gallois,  était  Kelliwic  en  Cernyw  (Cornwall).  C'est  à  peu 
près  sûrement  Giveek  ivood,  en  S'  Martin's  dans  la  péninsule 
de  Meneage  ou  du  cap  Lizard  :  luood  est  la  traduction  exacte 
du  gallois  comique  et  breton  Kelli,  bois.  Sur  le  haut  de  Gweek 
u'ood  (Kelli-wic)  il  y  a  encore  des  traces  d'un  ancien  établis- 
sement ;  à  un  mille  et  demi,  est  The  Gear,  la  forteresse  appe- 
lée aussi  Caer  bridge,  une  des  enceintes  fortifiées  les  plus  con- 
sidérables du  Cornwall.  Il  y  en  a  une  autre  moins  importante 
dans  le  voisinage  à  Carvallack  :  les  trois  forts  sont  en  vue 
l'un  de  l'autre  ■*. 

Le  fatale  Castrum  de  la  prophétie  de  Merlin  d'après  Jean 
de  Cornwall  >  qui  écrivait  au  xiV  siècle,  s'appelle,  dit-il,  en 
anglais  Ashbiri,  en  breton,  Kair  helli  et  suivant  d'autres  Castel 
uchel  coed  (le  château  du  bois  élevé).  J'ai  fini  par  retrouver 
Ashbiri  dans  Ashbury  en  Weeck-S^'-Mary,  paroissse  du  nord- 


est  fautive  et  refaite  d'après  l'analogie  :  Res,  Ros .  Les  prétoniques  sont  très 
atteintes  en  comique.  Pour  /■//  donnant  res,  il  faut  savoir  que  /  etJ  à  la  fin 
d'un  mot  sont  toujours  assibilés  en  comique. 

1.  Journal  oî  t}}e  Roy.  Iint.  of  Cornwall  1890-1861,  p.  165  :  Principal 
Landowners  en  Cornwalt. 

2.  En  Dutoe,  Roctie. 

3.  En  Buryan(Crt/rtZ.  of  anc.  deeds  i.  a  232). 

4.  A  Complète  parochial  history  of  Cornwall,  Lakes,  Turo  1867  (4  vol.)  : 
voir  à  5t  Martin's  in  Meneage,  tome  III,  p.  274.  Il  est  possible  que  wood 
ne  soit  pas  très  ancien.  Le  camp  est  en  effet  situé  dans  un  bois  aujourd'hui 
encore.  Dans  ce  cas,  l'identification  serait  douteuse.  Il  y  a  beaucoup  de 
gweek  en  Cornwall,  notamment,  IVeek  S^^  Marx,  paroisse  non  loin  de 
Timtagel  (v.  plus  bas  Ashbiri). 

5.  Whitley  Stokes,  Cornica  (Revue  Celtique,  III,  p.  84). 


Romans  de  la  Table  ronde.  265 

ouest  du  Cornwal  :  le  nom  comique  a  disparu  au  profit  de 
l'anglais  comme  bien  d'autres.  Il  existe  h  Ashbury  un  des  plus 
grands  british  camps  ou  ouvrages  en  terre  du  Cornwall  '. 

Chaque  fois  qu'on  rencontre  dans  nos  romans  français 
Carlion,  ou  Cnrloon,  on  pense  à  Caer-Uion  sur  W3^sc  dans  le 
pays  de  Galles.  Or  il  existe  plusieurs  Carlyon  en  Cornwall.  Il 
y  en  a  un  dans  la  paroisse  de  Kea,  où  nous  allons  retrouver  un 
autre  nom  d'un  intérêt  capital  pour  la  légende  de  Tristan.  On 
trouve  Carlyon  sous  la  forme  Caer-leghion,  en  1286-87  (Will, 
le  Daungers,  junior  de  Cacvleghion').  Il  y  a  un  autre  Carlion 
en  Saint-Minver. 

On  a  vainement  cherché  le  nom  de  Loholt,  ce  fils  d'Arthur 
qui  apparaît  dans  Perlesvaux  et  est  traîtreusement  occis  par 
Keu  :  c'est  le  nom  d'un  tenancier  de  terres  en  Cornwall  au 
xii^  siècle  ^ 

Pour  comprendre  le  rôle  du  Cornwall,  il  faut  bien  con- 
naître sa  situation  au  xii''  siècle.  Elle  est  très  différente  de 
celle  du  pays  de  Galles  et  de  l'Armorique.  En  Galles,  le  con- 
tact avec  les  Français  (j'emploie  ce  terme  plutôt  que  celui  de 
Normands,  parce  que  c'est  le  seul  connu  des  Gallois,  et  aussi,  en 
somme,  le  plus  exact)  a  commencé  dès  la  fin  du  xii*^  siècle.  Les 
Lord-niarchers  établis  sur  les  confins  du  pays  y  commencèrent 
de  bonne  heure  des  établissements,  notamment  en  Glamorgan. 
En  Pembroke  il  faut  compter  avec  les  Flamands  et  les  Anglais. 
Néanmoins,  au  xii'^  siècle,  le  pays  de  Galles  a  une  existence, 
une  langue  et  une  littérature  nationales.  Les  mariages  sont 
fréquents  entre  l'aristocratie  indigène  et  l'aristocratie  étrangère; 
les  deux  peuples  sont  sur  un  pied  d'égalité.  On  ne  peut  pas 
dire  que  le  français  ait  été  parlé  couramment  à  cette  époque  en 
Galles.  Il  y  avait,  en  Powys,sur  la  frontière,  avant  la  conquête, 
des  gens  de  langue  saxonne,  combattant  même  sous  les  éten- 
dards des  chefs  du  pays.  Mais  en  somme,  à  l'époque  de  la  con- 

1.  A  Complète  parochial  history  of  Cormvall,  IV,  p.  308. 

2.  Principal  Laiidoiuners  in Cornwallm  1165-66  — Coniish  LandhoUers in 
Cornwall  cxxcà  1200  (Journal  of  the  Royal  Inst.  of  Cornwall  1 890-1 891),  Le 
nom  de  Bleri  dont  Thomas  invoque  l'autorité  se  retrouve  dans  Trc-Bleri  en 
Davidstow  non  loin  de  Tintagel.  —  Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  holt 
signifie  bois  en  anglo-saxon. 


264  /.  Lof  h. 

quête  normande,  l'anglais  était  en  Galles  une  langue  étrangère. 

Il  ne  saurait  naturellement  être  question  d'anglais  en  Armo- 
rique.  Les  Bretons  jouissent  d'une  autonomie  complète.  Le 
français  n'avait  jamais  cessé  d'être  la  langue  des  pa3^s  rennais 
et  nantais  de  l'intérieur  ;  les  deux  langues  bretonne  et  romane 
avaient  continué  à  être  parlées  dans  une  large  zone,  dans 
l'est  du  territoire  occupé  par  les  Bretons.  Pour  des  raisons  que 
j'ai  données  ailleurs,  dans  cette  zone,  le  français  tendait 
à  dominer.  Au  xii^  siècle,  le  français  était  la  langue  des  souve- 
rains et  d'une  bonne  partie  de  l'aristocratie.  La  culture  fran- 
çaise prenait  le  dessus.  Le  français  était  sans  doute  connu  de  la 
plupart  des  chefs  bretons  qui  passèrent  en  Angleterre  avec 
Guillaume  le  Conquérant,  et  aussi  de  leurs  soldats.  Un  bon 
nombre  étaient  de  la  zone  de  langue  française. 

Il  faut  être  vraiment  bien  peu  au  courant  des  choses  de 
Bretagne  et  ignorer  les  points  fondamentaux  de  son  histoire 
pour  aller  chercher,  comme  l'a  fait  Zimmer,  une  explication 
de  ce  fait  dans  une  prétendue  conquête  des  Normands  de 
Neustrie  amenant  la  francisation  d'une  partie  des  Bretons  : 
le  français  était  aussi  bien  chez  lui,  dans  une  partie  notable  de 
la  Bretagne,  qu'en  Normandie'.  Quant  aux  jongleurs  bretons, 
ils  suivirent  sans  doute  leurs  maîtres  outre-Manche.  Nul 
doute  ausssi  qu'ils  n'aient  fréquenté  les  châteaux  d'autres  pro- 
vinces françaises,  Normandie,  Anjou,  Champagne. 

Tout  autre  est  l'état  des  choses  en  Cornwall. 

Le  Cornwall  ne  formait  qu'un  tout  avec  le  Devon,  jusqu'au 
commencement  du  viii^  siècle.  Dans  les  premières  années 
de  ce  siècle,  le  Devon  fut  occupé  par  les  rois  de  Wessex.  Les 
progrès  de  la  langue  anglaise  paraissent  y  avoir  été  rapides. 
Dans  une  charte  de  739  concernant  un  don  en  terres  du  roi 
Aethehvard  à  l'évêque  Fortcherne,  en  Devon,  les  noms  de 
terres  et  de  champs  sont  saxons  (de  Gray  Birch,  Chart. 
saxon.,  IV,  n°  133 1).  Au  ix'^  siècle  l'élément  saxon  y  joue 
un  rôle  prépondérant.  Cependant,   dans  une  charte  de  938 


I.  Sur  les  deux  langues  bretonne  et  française  en  Armorique  je  ne  peux 
que  renvoyer  à  mon  étude  :  Les  langues  romane  et  hretotine  en  Armorique 
(Revue  Celtique  XXVIIl,  374). 


1 


I 
I 


Romans  de  la  Table  ronde.  265 

(ibicl.,  n"  724)  parmi  les  noms  de  terres  autour  de  Culmstock 
enDevon,  deux  sont  encore  incontestablement  bretons.  Il  résul- 
rait  même  du  testament  d'Alfred  le  Grand  (880-885)  que 
les  quatre  comtés  du  sud-ouest,  Dorset,  Somerset,  Devon  et 
Cornwall,  étaient  encore  considérés  comme  étant  de  Weal- 
cyn,  c'est-à-dire  faisant  partie  de  la  famille  bretonne  (Earle, 
Handbook  to  Land-charters,  p.  144).  Quoi  qu'il  en  soit,  le 
Cornwall  se  trouve  isolé  au  viii=  siècle.  Il  est  entamé  au  ix% 
car  Alfred  le  Grand  possède  des  terres  en  Cornwall,  notam- 
ment dans  le  pays  qu'il  appelle  Triconscire  qui  a  formé  la  hun- 
dred  de  Trigg  (pour  Triger^  et  comprenait  sans  doute  aussi 
celle  de  Stratton,  La  conquête  est  complète  et  définitive 
au  x'^  siècle  sous  Aethelstan  (Aethelstan  est  ci  Exeter  en  926). 
Les  propriétaires  de  terres  sont  évincés  ou  saxonisés .  Rien 
ne  marque  mieux  les  progrès  de  l'élément  saxon  qu'une  charte 
de  938  en  faveur  de  Saint-Petroc  de  Bodmin  :  les  noms  de 
terres  de  Nywanton  (Newton  en  Cornwall)  sont  anglais.  Les 
vassaux  d'origine  bretonne  des  rois  de  Wessex,  soumis  au 
nouvel  ordre  de  choses,  prennent  des  noms  saxons.  Le  béné- 
ficiaire d'un  don  de  terres  du  roi  Eadgar  en  967  (de  Gray- 
Birch,  Chart.,  n°  1197)  s'appelle  Wulfnoâ  Riumincant  (pour 
Rumanton  ?)  :  Wulfnod  seul  est  saxon.  Un  autre  fidèle  du 
même  roi,  auquel  il  octroie  des  terres  en  Cornwall,  en  969 
(Jbid.,  n°  123  i),  porte  le  nom  de  AeJfbeah  Gèrent  Qt  sa  femme 
celui  de  Moriiiirei  :  rien  de  plus  comique  que  Gèrent  etMoruu- 
rei,  et  de  plus  saxon  qu'Aelfheah.  Des  esclaves,  en  revanche, 
portent  des  noms  saxons  aux  x^  et  xi*"  siècles  '.  L'état  des  per- 
sonnes et  des  terres,  à  la  fin  du  xi'=  siècle,  est  mis  en  pleine 
lumière  par  le  Domesday  Book.  Tous  les  propriétaires  de 
terres  avant  la  conquête,  moins  trois,  Caduualant,  Blethu, 
et  Griffin,  sont  des  Saxons.  Beaucoup  de  manors  ont  des 
noms  anglais  : 

Aissetone,  Alvevacote,  Aïwaretone,  Beiuintone,  Bichetone,  Belîes- 
donCy  Bennarton,  Betneecote,  Beveshoc,    Boietone,    B recelés beorge, 

I.  Charte  de  Byrhtric  en  970  (de  Gray-Birch,  C/;ar/.,  11°  1250)  :  il  libère 
Rihrost  (comique)  et  Hwile  (saxon).  De  même  pour  quelques-uns  des 
\[hC:ré'i  des  Mauiiinissions  on  the  Bodmin  Gospel  (Revue  Celt.,I,  p.  332). 


266  /.  Loth. 

Brodehoc,  Calwetom,  Carnetone,  Cbilchetanc,  Clismcstone,  Coiiar- 
ditone,  Croflededor,  Dimbevet,  Faiointone,  Forchetcstone,  Glustoiie, 
Ctidiford,  Hehtone,  Henlistone,  Hiltone,  Horniecote,  Langui- 
telone,  Lanscaveton,  Lisnestocb,  Macretone,  Maronecirche, 
Mideltoiie,  Mortune,  Neotestov,  Niwetone,  Nortone,  Orcert, 
Otreham,  Pautone,  Pedeleford,  Pigerdone,  Piletone,  Pochehelle, 
Pondeslocb,  Rieltone,  RisJeston,  Stratton,  Tavesloch,  Tedintone, 
Telbrig,  Tremeton,  UUaveston,  Ulnodcston,  Wadefeste,  WaJes- 
braii,  Wescote,  Widewot,  Wilaurde,  Witemot,  Witestan.  Il  y 
en  a  environ  soixante.  Quelques-uns  de  ces  manoirs  se 
trouvent  à  l'extrémité  même  du  Cornwall.  Au  moment  de  la 
conquête,  quoique  le  peuple  continuât  à  parler  comique, 
l'anglais  était  répandu  un  peu  partout.  C'était  de  plus  la 
langue  officielle  '. 

La  conquête  normande  introduisit  en  Devon  et  en  Corn- 
wall, comme  ailleurs,  un  bon  nombre  de  Français,  seigneurs, 
vassaux .  et  soldats.  Ce  qui  est  particulièrement  important 
pour  notre  sujet,  c'est  que  parmi  eux  on  compte  une  fraction 
importante  de  Bretons.  Les  Bretons  avaient  pris  une  part  très 
active  à  la  conquête  et  en  avaient  recueilli  aussi  les  fruits. 
Raoul  de  Gaël  (ou  Wadcï)  avait  reçu  à  lui  seul  le  royaume 
d'Est-Anglie.  Brient  et  Alain  le  Roux,  fils  d'Eudon  de 
Penthièvre,  de  la  maison  ducale  de  Bretagne,  obtiennent  des 
terres  considérables  :  Alain  le  Roux  devient  comte  de  Riche- 
mont  ;  Brient  qui  commandait  les  troupes  dans  la  bataille 
contre  les  fils  de  Harold,  devait  être,  avec  le  comte  de  Mortain, 
le  personnage  le  plus  important  du  Cornwall.  Son  neveu, 
Alain  le  Noir-,  qui  avait  épousé  Berthe,  fille  du  duc  Conan  III 


1.  La  conquête  définitive  du  Cornwall  paraît  avoir  amené  rapidement 
la  décadence  du  bardisme.  Dans  le  Vocabulaire  comique  du  commencement 
du  xnie  siècle  qui  copie  un  manuscrit  du  xii^,  barth  {harâ)  est  glosé  par 
luimus  vel  scurra.  Chez  les  Gallois  indépendants  à  cette  époque  le  bardisme 
était  très  honoré  ;  les  bardes  occupaient  un  rang  officiel  et  appartenaient  à 
l'aristocratie. 

2.  Alain  le  Noir  était  le  deuxième  fils  d'Etienne  le"",  comte  de  Penthièvre 
et  héritier  légitime  du  comté  de  Richemont,  fondé  par  Alain  le  Roux,  fils 
d'Eudon  le  Vieux  de  la  maison  de  Penthièvre,  branche  de  la  famille  ducale 
de  Bretagne.  Alain  le  Roux  avait  eu  un  commandement  important  dans  l'ar- 


Romans  de  la  Table  ronde.  267 

et  devait,  s'il  avait  vécu,  devenir  duc  de  Bretagne,  dans  une 
charte  de  1145,  fait  donation  de  terres  qu'il  dit  tenir  de  son 
oncle  Brient  et  se  donne  le  titre  de  contes  Brilanuiae,  Cornubiac 
et  Richcnwulis  (Oliver,  Monasticon,  p.  32),  D'autres  Bretons 
sont  propriétaires  en  Cornwall  ;  par  exemple,  Jovinus,  Wi- 
hiiniar,  Blohin-  (mal  lu  Blohln),  Juthael  de  Totems.  La  famille 
de  Dinan  ne  figure  pas  dans  le  Domesday-Book  pour  le  Corn- 
wall, quoique  des  Dinan  aient  pris  part  à  la  conquête'.  Au 
xir'  siècle  les  Car-dinan  sont  des  personnages  considérables 
dans  le  pays.  Suivant  Oliver  (Monasticoii),  p.  339,  le  prieuré  de 
Tywardreath  aurait  été  fondé  par  un  membre  de  cette  famille, 
qui,  il  est  vrai,  devait  être  Normand.  Il  semble  que  les  Dinan 
descendants  de  la  famille  bretonne  de  ce  nom  ne  soient  entrés 
en  possession  de  Cardinan  et  des  biens  de  cette  famille  que 
par  alliance  et  un  peu  plus  tard.  En  Devon,  on  relève  les 
noms  de  Raoul  de  Fougères,  Alvred  le  Breton,  Wihuenec  ^, 
Hervé  de  Helion',  Ruald,  grand  propriétaire,  et  surtout  Inthael 
de  Totenes,  le  plus  riche  propriétaire  du  Devon.  Ce  n'est 
pas  sans  doute  par  un  pur  hasard  que  Marie  de  France  fait 
aborder  le  héros  armoricain  Eliduc  qui  va  chercher  aventure 
en  Angleterre,  à  Totenes  même  :  il  va  de  là  se  mettre  au 
service  du  roi  d'Excestre  (Exeter).    Dans  des  chartes    de  la 


niée  de  Guillaume  à  Hastings.  Il  est  continuellement  confondu  par  les  his- 
toriens anglais,  même  par  Freeman,  qui  paraît  médiocrement  au  courant 
des  choses  de  Bretagne,  avec  Alain  Fergent,  duc  de  Bretagne,  qui  fit  la 
guerre  à  Guillaume  le  Conquérant  en  personne,  après  la  conquête,  le  força 
à  lever  précipitamment  le  siège  de  Dol,  tt  ensuite  épousa  une  de  ses  filles. 

1.  Geoffroy  de  Dinan,  en  11 22,  donne  deux  manoirs,  Nothoella  et  Hel- 
pefort,  en  Devon,  à  Marmoutier  (Calendars  oj  Documents,  France  I,  p.  427). 
La  même  année,  Alain  fils  de  Flaald,  donne  des  terres  en  Angleterre,  à 
Saint-Florent  (ibid.,  p.  414).  En  1080-1108,  Guillaume  fils  de  Rivallon  de 
Dol  a  des  démêlés  au  sujet  de  terres  sises  en  Angleterre  (ihid.,  p.  405). 
En  II 50  un  accord  est  signalé  entre  Geoffroy,  archevêque  de  Dol,  et  Alan 
fils  de  Jordan,  qui  doit  être  le  propriétaire  du  Devon,  vir  strenuus  et  illnstris 
{ilnd.,'^.  440). 

2.  Je  ne  sais  si  ce  JFibe)iucc  est  le  même  que  IVihenoc  dit  de  Moneniuda 
(Monmouth)  qui,  à  l'époque  de  la  conquête  (vers  1086)  fait  don  de  terres 
en  Angleterre,  et  aussi  dans  la  région  de  Dol,  à  Lahot~ac  (La  Boussac) 
dons  approuvés  parGuillaume  le  Conquérant  (Calendars  ofDocum.  France 
I,  p.  40.1,  406,  408). 


268  /.  Loth. 

seconde  moitié  du  xii^  siècle  apparaissent  Alan  fils  de  Bloihiou 
un  Gralant  (en  ii6é),  un  Graciant  (121 1),  de  la  même 
famille,  un  Hoel,  lui  aussi  descendant  de  Bretons. 

Les  Bretons  de  l'époque  de  la  conquête  étaient,  en  partie, 
Bretons  de  langue  et  n'avaient  aucune  peine  à  comprendre  les 
Cornouaillais  et  à  se  faire  entendre  d'eux.  Les  rapports  depuis 
l'émigration  ont  toujours  été  fréquents  entre  l'Armorique  et 
le  Cornwall.  11  y  en  a  des  preuves  au  vi''  siècle.  Il  y  en  a  au 
xvi^  :  au  début  de  ce  siècle,  le  6^  de  la  population  mâle  de  la 
hundred  de  Penvv'ith,  susceptible  de  payer  l'impôt,  était  com- 
posée de  Bretons  nés  en  Armorique.  Il  n'est  guère  douteux, 
que  les  Bretons  de  marque  établis  après  la  conquête  en  Corn- 
wall  et  en  Devon,  à  plus  forte  raison  leurs  descendants,  n'aient 
su  le  français  '. 

Il  y  eut  bientôt  des  Bretons  dans  le  Clergé  du  Cornwall.  En 
1 177  un  chanoine  de  Bodmin,  un  Breton  du  nom  de  Mar- 
tin, vole  le  corps  du  saint  le  plus  vénéré  du  pays,  saint  Petroc, 
et  l'emporte  en  Bretagne  au  monastère  de  Saint-Meven  de 
Gaël.  Roland  de  Dinan,  sur  l'ordre  de  Henri  II,  oblige  les 
moines  de  Gaël  à  le  rendre  à  l'abbé  de  Bodmin  (d'après  Roger 
de  Hoveden,  Compl.  par.  Hist .  of  Cornwall,  I,  p.  93). 

Le  français  devient  naturellement  en  Cornwall  la  langue 
officielle.  Mais  l'anglais  ne  cesse  d'être  parlé  et  même,  d'après 
nombre  de  documents  du  moyen  âge,  de  continuer  à  faire  des 
progrès-.  En  prenant  possession  du  pays,  les  Français  se 
trouvent  en  présence  de  Celtes  dominés  par  une  aristocratie 
anglaise  et  non  comme  en  Galles,  en  face  de  Celtes  restés 
indépendants,  tandis  que  les  Saxons  étaient  placés  sous  le  joug. 
Les  propriétaires  anglais  du  Cornwall  ne  sont  qu'en  partie 
dépossédés. 

1 .  Les  Bretons  et  les  Cornishmen  à  l'époque  de  la  conquête  et  pendant 
le  moyen  âge  se  comprenaient  facilement.  C'est  constaté  par  Giraldus  Cam- 
brensis.  L'évêque  Grandisson  (Episcopal  Registers  of  Exeter,  III,  p.  xx) 
constate  que  le  peuple  du  Cornwall  parle  une  langue  inintelligible  aux 
Anglais  et  connue  des  seuls  Bretons.  Cf.  Les  Bretons  en  Cornivall  au  xvie  s. 
{Revue  Celt.,  191 1,  2^  fasc), 

2.  En  1297-98,  il  y  a  une  contestation  à  propos  des  terres  de  Xanscul:  en 
lUogan.  Les  jurés  déclarèrent  que  la  propriété  est  appelée  en  anglais  Lancuk 
et  en  comique  Nanscuk  :  Nansaik  est,  en  effet,  la  forme  sincère  (Assise 
Rolls,  Edw.,  I). 


Romans  de  ht   Tiihlc  ronde.  269 

Plusieurs  (au  moins  une  quinzaine)  voient  leurs  terres 
prises,  mais  en  reçoivent  d'autres  qu'ils  tiennent  à  titre  de 
vassaux  de  Français.  Le  Cornwall  devient  un  pays  trilingue 
où  les  gens  de  marque  parlent  français  ou  anglais,  probable- 
ment les  deux,  et  le  peuple,  comique.  Cette  situation  a  dû  se 
prolonger  au  moins  jusqu'au  xv^  siècle.  Elle  peut  se  constater 
de  la  façon  la  plus  précise  au  xiv*^  siècle. 

Des  documents  intéressants  nous  renseignent  sur  la  situa- 
tion linguistique  du  Cornwall  à  cette  époque.  L'évêque 
d'Exeter  va  en  personne,  en  1336,  recevoir  la  soumission  des 
habitants  de  Saint-Buryan  près  Land's  End,  révoltés  contre 
son  autorité.  Les  notables  (majores  parochianf)  h  font  iti  lingua 
anglica  et  gallica  ;  ceux  qui  ne  connaissent  que  le  comique,  la 
font  en  comique;  le  recteur  de  Saint-Just  leur  sert  d'inter- 
prète auprès  de  l'évêque.  Les  noms  d'une  partie  (pro  parte)  des 
notables  (treize)  sont  donnés  :  tous  portent  après  leur  nom 
de  baptême  un  nom  de  terre,  suivant  l'usage  comique,  moins 
deux  :  Vyvyan  et  Le  Brun.  On  a  aussi  les  noms  de  cinq  capel- 
lani  :  deux  sont  à  relever  :  Petriis  Vicount  et  Thomas  Perys. 
Perys,  qu'on  trouve  ailleurs  sous  la  forme  Pères  est  le  nom 
breton  Pères  (cf.  Jakes  de  Jacques)  dont  on  a  fait  un  nom  espa- 
gnol '. 

En  1355-56,  l'excommunication  est  prononcée  contre  un 
hérétique  avéré,  Raoul  de  Treniur  :  il  est  signalé  comme 
d'autant  plus  dangereux  qu'il  est  plus  instruit  :  il  parle  cou- 
ramment les  quatre  langues  :  latin,  français,  anglais  et  cor- 
nique  {lingua  quadruplici,  latina,  gallica,  anglica  et  cormihicaqiie 
et  brilannica  garriilus  et  âisertus  ^).  A  cette  époque  même,  les 
progrès  de  l'anglais  sont  très  sensibles.  Dès  1303,  dans  la 
hundred  de  Lysnetvyth,  au  nord,  à  l'intérieur,  beaucoup  de 
noms  et  de  termes  communs  pour  la  désignation  des  terres 
sont  anglais.  En  Stratton,  en  1428,  l'anglais  paraît  dominer. 
Dans   la  Hundred    de   l'Est  {Estweveleshire),    qui  touche   la 


1.  Episcopal  registen  oj  Exeler  :  Grandissson  Reg.  i,  Rcg.  éd.  Hingeston 
Randolph  :  II,  p.  820. 

2.  Ibid.,  p.  1579-1580. 

Revue  Celticjiu;  XXXIII  18 


270  /.  Lof  h. 

Tamar,  au  nord-est,  dès  1303,  l'élément  anglais  est  très  con- 
sidérable ' . 

On  le  voit  :  si  le  roman  de  Tristan  est  du  à  la  collabora- 
tion des  Celtes,  des  Anglais  et  des  Français  ;  si,  comme  cela 
paraît  sûr,  le  roman  primitif  a  été  composé  en  Angleterre, 
il  ne  peut  avoir  eu  d'autre  berceau,  a  priori,  que  le  Cornwall. 
En  a-t-il  été  réellement  ainsi  ? 

Nous  ne  pouvons  l'établir,  en  dehors  de  tout  renseignement 
direct,  que  par  l'étude  des  noms  d'hommes  et  de  lieux,  par 
la  géographie  surtout  du  roman. 

La  clef  de  cette  géographie  c'est  le  lieu  de  résidence  du  roi 
Marc  :  c'est  le  premier  point  et  le  plus  important  à  établir. 
Aussi  le  nom  de  cette  résidence  chez  Béroul,  a-t-il,  avec  rai- 
son, grandement  préoccupé  tous  les  critiques  qui  se  sont  occu- 
pés de  Tristan  :  Lancien,  en  trois  syllabes  -.  On  ne  le  trouve 
que  chez  Béroul  et  dans  le  conte  de  Tristan  ménestrel  K 

Il  a  ce  mérite  d'être  isolé,  de  n'avoir  pu  être  inventé  ou  pris 
dans  la  matière  courante  de  Bretagne.  Tintagel  était  devenu 
banal,  comme  l'a  fait  remarquer  M.  Bédier;  on  ne  concevait 
pas  d'autre  demeure  pour  un  roi  de  Cornwal.  On  a  vainement 
cherché  Lancien  jusqu'ici.  Or,  Lancien,  qui  n'est  aujourd'hui 
qu'un  village  sur  la  rivière  de  Fowey,  a  été  le  chef-lieu  d'un 
très  important  manor  qui  paraît  dans  le  Doniesâay  Book  sous  la 
forme  Lantien  et  LflfH//;/^». 'Aujourd'hui,  on  écrit  Lantien  ou 
Lantya)!,  et  on  prononce,  dans  le  pays,  Lant'in  (à  la  française 
Lantine^  comme  on  prononce  Lanin  pour  Lanyon,  Mara:^în 
pour  Mara^ion.  Les  formes  du  moyen-âge  attestent,  au  con- 
traire, une  prononciation  Lantsien  :  en  1283-84  Lan^ian 
ÇAssi:;e  Rolls  121  :  12  Edw.  I);  dans  le  même  document 
Naiincyan  (hameau  de)  ;  plus  loin,  à  la  même  époque  Laui- 
yan  ^,  etc.  Cet  important  nianor  a  été  divisé  en  deux  de  bonne 

1.  Fi'udal  aiiis,  I,  aux  années  1503,   1506,  1346,  1428. 

2.  Le  roman  de  Bérout  (éd.  Muret)  :  Lancien,  aux  vers  1155,  2557,2436, 
145 1,  2392  :  vers .2390  il  est  dit  que  les  noces  d'Iseut  ont  eu  lieu  à  Lan- 
cien . 

3.  Dans  le  Perceval  de  Gerbert  ;  le  passage  a  été  signalé  à  M.  Bédier  par 
miss  Jessie  Weston  qui  a  depuis  publié  ce  conte. 

4.  Feudal  Aids  I,  p.  198  :  Lantien;  parva  Lanlyen  :  1346  Nauntyane; 
p.  225   Nantwint  ■.  p.  216,  1401-2  Lantien;  ibid.  tome  III,  p.    265   Joh.   de 


Roiiilins  de  la   Table  roinJe.  271 

heure  ;  Lanùen  est  déjà  dans  le  Domesday  Book  possédé  par 
deux  propriétaires  différents.  Au  moyen  âge,  on  distingue 
entre  tant iei!  et  Parva  Laiilieii.  D'après  une  communication 
que  je  reçois  du  savant  Vicar  de  Saint-Just,  en  Penwith,  le 
Rev.  Taylor,  l'homme  qui  connaît  le  mieux  l'histoire  des 
manors  du  Cornwall,  la  Parva  Lantien  Ç1262,  Nanaican,  sic; 
n32  Nantean  Parva;  Naiityan  1522),  comme  situation, 
répond  à  Nantelïan,  dans  la  paroisse  de  Creed,  entre  Gram- 
pound  et  Tregony,  sur  la  rive  gauche  de  la  rivière  Noir  Fal. 
Le  Rév.  Taylor,  qui  me  donne  ces  détails,  ajoute  une  remarque 
dont  on  comprendra  l'intérêt  quand  on  lira  les  lignes  que 
je  consacre  au  Saut  de  la  Chapelle,  c'est  que  le  manoir  de  Parva 
Lantyeii  fut  possédé  sans  interruption  par  la  famille  de 
Bodrugan,  jusqu'à  la  fuite  de  Henri  de  Bodrigan,  qui  renou- 
vela vers  1485,  le  saut  de  Tristan. 

Il  n'y  a  pas  à  s'étonner  de  la  variation  Lan-  Nan-;  elle  est 
continuelle  dans  les  noms  du  Cornwall'.  Par  dissimilation, 
naiit-,  vallon,  vallon  arrosé  par  un  ruisseau,  ruisseau,  devenait 
Lan,  qui  a  un  tout  autre  sens  et  signifie,  monastère,  lien  con- 
sacre^. Devant  certains  mots  à  initiale  consonnantique,  ils 
sont  souvent  difficiles  à  distinguer.  Si  le  Lancien  était  com- 
posé de  nant  et  d'un  second  terme  à  initiale  vocalique,  t 
final  étant  assibiié,  on  eût  régulièrement  prononcé  en  cor- 
nique,  au  xii^  siècle  Nantsien  ou  Lantsien  (ou  Nandjien')  :  cf. 
aujourd'hui  Nanjiiel  pour  Nant-I^el.  Il  est  fort  possible  que 
la  prononciation  actuelle  Lantin  se  soit  modelée  sur  la  forme 
écrite,  comme  cela  s'est  produit  en  nombre  de  cas;  si,  au  con- 
traire, elle  est  exacte,  on  a  affaire  dans  Lancien  à  une  pronon- 
ciation française  ou  anglaise.  C'est  le  cas  pour  Tintagel;  en 
gallois  le  g  est  dur  ;  au  contraire,  les  formes  écrites  prouvent 
que  la  prononciation  actuelle  est  très  ancienne  :  on  prononce 
TintadjH. 


Ndiilian  (sous  Edw.  m)  —  Extenta  iiianorum  1345  Nantyan  :  j'ai  trouvé 
ce  ms .  inédit  au  Duchy  of  Coniiuall  Office  à  Londres. 

I  II  y  en  a  un  frappant  exemple  en  Galles,  dans  Lancarvan  ancienne- 
ment 'Kantcamm  :  il  en  est  de  même  de  Lantivy  en  Bretagne  (Naiit-Divy). 

2.  Les  Anglais  l'ont  confondu  avec  Land  et  les  Français  parfois  avec 
Lande. 


272  /.  Loth. 

L'église  où  le  roi  Marc  et  Iseut  vont  faire  leurs  dévotions, 
s'appelle,  dans  Béroul  (vers  2977),  l'église  Saint-Sanson.  Iseut 
fait  don  à  l'église  de  son  garnement  que  l'on  ne  sortait  qu'aux 
grandes  fêtes  (vers  2998)  : 

Encore  est  eh  à  Saint-Sanson, 
Ce  dient  cil  qui  Vont  veiie. 

Or,  la  paroisse  où  se  trouve  Lantien  s'appelle  communé- 
ment Saint-Sampson's.  Le  nom  de  Golant  qu'on  lui  donne 
aussi,  s'applique  plus  particulièrement  au  hameau  qui  est  plus 
bas  que  l'église  actuelle. 

Saint-Sampson  n'a  pas  toujours  été  paroisse  '.Jusqu'en  1507, 
c'était  une  chapellenie  dépendant  du  prieuré  de  Tywardreath, 
qui  est  dans  le  voisinage,  fondé  peu  de  temps  après  la  con- 
quête. Mais  le  culte  du  saint  doit  y  être  très  ancien.  D'après 
la  vie  la  plus  ancienne  de  Saint-Sampson,  le  saint,  en  passant 
de  Galles  en  Cornwall,  séjourne  d'abord  dans  le  pagus  Tricurius 
qui  est  le  Trigershire,  aujourd'hui  Trigg  minor  et  major,  au 
nord-ouest  (peut-être  englobait-il  la  hundred  actuelle  de  Strat- 
ton).  Il  a  dû  s'embarquer  pour  l'Armorique  sur  la  côte  est, 
sur  la  rive  peut-être  même  de  Saint-Sampson,  à  Lantien, 
ou  plus  bas  à  Fowey  :  d'après  William  de  Worcester,  qui 
écrivait  à  la  fin  du  xv^  siècle  et  Leland,  au  xvi^  siècle  (il  est 
mort  en  1552),  c'est  de  Fowey  au  passage  du  Four  (le 
Foorne)  qu'était  la  traversée  la  plus  courte  du  Cornwall  en 
Bretagne  \  Dans  le  voisinage  même  de  Saint-Sampson,  deux 
paroisses  portent  le  nom  de  deux  des  amis  de  Sampson  qui, 
comme  lui,  passèrent  de  Galles  en  Cornwall,  puis  de  Cornwall 
en  Armorique  où  ils  sont  également  honorés  :  saint  Mewen 
{Meîua7i)  et  saint  Aiisiol  {saint  Aiistcl). 

La  géographie  du  Cornwall  dans  la  principale  source  de 
Béroul  était,  comme  nous  allons  le  voir,  précise. 

Il  l'a  parfois  gâtée.  Visiblement  il  ne  connait  pas  la  situa- 


1.  Une  charte  de  1281  provenant  de  Tywardreath  mentionne  :  Eccle- 
sia  heati  Andreae  de  Tyivardreatb  cnm  capella  sancti  Sampsoiiis  (Compt.  par. 
hist.  of  Connvaîl,  II,  p.  22). 

2.  Complète  parochial  history  of  Cornivall,    tome  I\',  p.  106,  p.  78. 


Romans  de  la  Table  ronde.  273 

tion  de  Lancien  qu'il  confond  parfois  avec  Tintagel.  C'est  ainsi 
encore  qu'il  met  dans  la  bouche  du  roi  Marc  (vers  3136),  ce 
sermeiTt  : 

Par  Saint  André  que  l'on  vel  qiierre 
Outre  la  mer  jusqu'en  Escoce. 

Béroul  à  songé  à  Saint-André  d'Ecosse  (Saint-Andrews),  parce 
qu'il  n'en  connaissait  pas  en  Cornwall.  Or,  le  grand  prieuré 
de  Tyivardreaih  dont  dépendait  ecclésiastiquement  Saint-Sampson 
et  par  conséquent  Lancien  était  sous  le  vocable  de  Saint  André.  Je 
ferai  remarquer,  en  passant,  que  pour  aller  de  Cornwall 
en  Ecosse,  on  prenait  sans  doute  la  voie  de  mer.  Je  ne  crois 
pas  qu'il  y  ait  rien  à  tirer  de  ce  passage  en  faveur  de  l'origine 
continentale  de  Béroul,  que  je  ne  mets  d'ailleurs  pas  en  doute. 

Au  vers  3074,  Marc  jure  par  Saint  Estienne  le  Martyr.  Or, 
il  y  a  au  moins  trois  paroisses  de  Saint-Etienne  en  Cornwall, 
dont  une  touche  Nantellan,  c'est-à-dire  Parva  Lantien  \ 

Il  y  a  tout  près  de  Saint-Sampson,  en  Tywardreath,un  nom 
de  lieu  d'une  grande  importance,  lorsqu'on  lui  restitue  sa 
véritable  physionomie  ;  c'est  Kil-marth  :  Kilmarth  est  sans  le 
moindre  doute  ~  à  corriger  en  Kil-march,  la  retraite,  le  lieu  de 
retraite  de  March.  De  même,  Karn-Marth,  en  Gwenap,  au 
sud-est  est  pour  Karn-March  ;  d'ailleurs,  la  forme  Karn- 
Margh  se  trouve.  Il  n'est  pas  sans  intérêt  à  ce  propos  de 
remarquer  qu'à  Karn-Margh  {tertre  Rocheux,  cairn  de  Marc!)) 
est  un  grand  tunriilus  qui  fut  fouillé  en  1789  ;  deux  urnes 
de  l'époque  celtique  y  furent  découvertes  ÇCoinpl.  par.  hist.  oj 
Corn.,  p.  142). 

1.  Iseut,  en  faisant  son  serment  à  la  Blanche  Lande,  jure  ^nx  Saint  Ytaire. 
Or,  le  mont  Saint-Michel  de  Cornwall  dépend  de  la  paroisse  de  Saint-Hi- 
lary. 

2.  Th  et  cil  après  r,  de  bonne  heure,  se  changèrent  en  /;  et  disparurent. 
Dès  le  xvie  siècle,  sinon  plus  tôt,  ils  s'écrivent  l'un  pour  l'autre.  C'est 
ainsi  que  le  village  de  Saint-Just  en  Penwith  qui  s'écrit  et  se  prononce 
aujourd'hui  Canivortlj  était  au  xive  siècle  Carn-yorch,\e  tertre  du  chevreuil. 
Kil-Diarcli,  pourrait  s'interpréter  la  nuque  du  cheval,  mais  le  voisinage  immé- 
diat de  Lancien  rend  ce  sens  terre  à  terre  peu  probable,  ou  plutôt,  il  peut  y 
avoir  eu  comme  dans  l'épisode  des  oreilles  un  jeu  de  mot.  —  ch  final  dispa- 
raît également  et  a  été  remplacé  dans  l'écriture  par  //;  :  Rospctl?  pour  Rospegh, 
Trembath  pour  Tretnbegh. 


2  74  /•  Loi  h. 

Resterait  à  trouver  dans  le  voisinage  de  Lancien,  l'île  où 
eut  lieu  le  fameux  combat  entre  Tristan  et  le  Morholt.  Il  eut  lieu 
en  effet,  non  loin  de  la  résidence  royale.  Tristan  se  rendit  en 
barque  dans  l'île  ;  elle  était  assez  près  du  rivage  pour  que  la 
foule  angoissée  pût  suivre  les  péripéties  de  la  lutte.  Il  n'y  a 
pas  d'île,  près  de  Lantien,  dans  le  bras  de  mer  de  Fowey,  ni 
à  l'embouchure.  Sur  la  foi  de  l'itinéraire  de  William  de  Wor- 
cester,  j'avais  pensé  d'abord  à  l'îlot  appelé  Greef  :  il  le  met  à 
trois  milles  à  l'ouest  de  la  ville  de  Fowey'.  Leland  en  parle 
aussi,  mais  il  le  place  beaucoup  plus  au  sud  entre  Dudeman's 
Head  et  Falmouth  -.  Et  c'est  lui  qui  a  raison  d'après  la  carte 
de  rOrânance  Survey.  En  revanche,  il  }'■  a,  à  8  milles  à  vol 
d'oiseau  de  Lantien,  une  île  qui  répond  à  peu  près  aux  don- 
nées du  roman  :  cest  Looe  Island  ou  Saint-George  s  Islande  ou 
Saint-NichoJns  ou  Saint  MichaeTs  Island.  Avec  l'îlot  de  Greef, 
c'est  la  seule  île  qui  existe  sur  la  côte  est  du  Cornwall  avant 
les  îles  de  Scillv.  Du  côté  de  Tintagel  il  n'y  en  a  pas  du  tout. 
L'île  est  un  peu  au  sud  de  l'embouchure  de  la  rivière  Looe,  à 
un  tiers  de  mille  ou  un  demi-mille  de  la  terre  ferme.  Du 
rivage  on  pouvait  facilement  suivre  la  lutte.  L'île  a  un  demi- 
mille  de  circonférence  et  une  superficie  de  14  acres.  Tristan 
pouvait  s'y  rendre  en  barque  de  Lancien  même.  Le  nom  de 
Ile  Sani-Sanson  paraît  dans  le  roman  en  prose,  la  Folie  Tristan, 
ms.  de  Berne,  et  dans  VErec  de  Chrétien  de  Troxes  '.  Ailleurs, 
l'île  n'a  pas  de  nom.  Il  n'y  a  rien  à  arguer  de  ce  chef  contre 
Looe  Island  par  conséquent.  De  plus,  outre  la  chapelle 
actuelle,  il  en  a  existé  une  autre  dans  l'île,  qui  a  pu  être 
sous  le  vocable  de  Saint  Samson. 

Il  n'est  pas  inutile  de  remarquer  que  le  bras  de  mer  sur 
lequel  se  trouve  Lancien  est  large,  que  la  rivière  charrie 
beaucoup  d'alluvions.  Peut-être,  très  anciennement,  y  a-t-il 
existé  quelque  îlot  sablonneux  que  les  flots  auront  rongé,  et 
peu  à  peu  fait  disparaître. 

Le  Saut  de  la  chapelle  ou  Saut  Tristan  me  paraît  pouvoir 
être  fixé,  avec    grande    vraisemblance,    à    Chapel    Point   en 

1.  A  cothplete par .  Hist.  of  Connuatl,  IV,  Appeiid.,  p.  106. 

2.  Ihid.,  p.  78,  88. 

3.  Bédier,  Le  roman  de  Tristan,  II.  p.  201. 


Romans  de  la   Table  ronde.  275 

Goran,  à  quelques  lieues  au  sud  de  Lancien.  C'est  le  seul 
endroit  où  le  fameux  saut  ait  pu  avoir  lieu.  Tristan  condamné 
au  feu,  passant  près  d'une  chapelle,  obtient  de  ses  gardiens 
d'y  entrer.  Il  ouvre  une  fenêtre  et  se  précipite  dehors  '.  Le 
sable  ainorlil  sa  rhiile  (Muret,  Tristan,  vers  956). 

Tristan  saut  sus  :  l'araine  erl  molle; 
Toi  ^  gcno:^  chiet  en  la  glise. 

Ce  saut  fut  renouvelé  peu  après  1485,  par  Henri  de  Bodru- 
gan  ^.  Ce  seigneur  était  un  chaud  partisan  de  Richard  III. 
Après  la  bataille  de  Bosworth  où  il  avait  combattu  pour 
lui,  poursuivi  sur  les  ordres  de  Henry  VII,  il  alla  se  cacher 
dans  son  manoir  de  Bodrugan,  en  Goran.  Il  y  dépista  les  pour- 
suites pendant  quelques  mois,  mais  il  avait  dans  le  pays  des 
ennemis  d'autant  plus  acharnés  à  sa  perte  qu'ils  avaient  été 
persécutés  par  lui  comme  partisans  de  Henry  Tudor.  Surpris 
un  jour  dans  sa  demeure,  il  s'enfuit  par  une  porte  dérobée  ; 
serré  de  près  dans  sa  fuite,  il  se  précipita  du  haut  de  la  falaise 
dans  la  nier,  cf  une  hauteur  de  cent  pieds,  et  tomba  sans  se  faire  de 
mal,  sur  une  petite  île  herbeuse  qui  est  au  pied.  Un  canot 
qui  l'y  attendait  le  transporta  à  un  navire  avec  lequel  il  gagna 
la  France.  L'endroit  s'appelle  encore  Bodrigans  Leap  ou  juinp  (le 
saut  de  Bodrigan~).  Il  y  avait  autrefois  une  vieille  chapelle  sur 
le  domaine  même  de  Bodrugan;  le  promontoire  qui  y  attient 
est  encore  appelé  Cbapel  Point.  Cet  endroit,  d'après  Leland, 
est  dans  le  parc  de  Bodrugan  ;  la  demeure  de  Henry  de 
Bodrugan  y  était  aussi.  Ily  a  à  côté,  sur  le  bord  de  la  falaise, 
un  retranchement  renfermant  trois  tumuli;  le  plus  grand 
s'appelle  Bodrigans  castle.  A  une  petite  distance  du  tnmulus  est 
le  Bodrigans  Leap  '. 

Le  fait  qu'un  canot  attendait  Bodrugan  au  pied  de  la  falaise, 
près  de  l'ilot  herbeux,  semble  prouverque  dans  un  cas  désespé- 

1 .  D'après  Béroul  sur  une  large  pierre  au  milieu  du  rocher  ;  mais  les 
vers  que  je  cite  semblent  indiquer  qu'il  bondit  de  la  chapelle  sur  une  roche 
dominant  la  falaise  et  de  là  en  bas  sur  le  sable. 

2.  Ou  Bodrigan.  La  forme  ancienne  est  BodrKgaii,  mais  11-  devient  /  en 
comique  ;  Bodrigan  est  la  forme  moderne . 

3.  Coii/pt.  par.  Hist.  of  Coni.,  p.  99,  106-107. 


276  /.  Loth. 

ré,  les  issues  considérées  comme  possibles  lui  étant  fermées,  il  était 
décidé  à  ce  saut  périlleux.  Il  semble  bien  en  résulteraussi  qu'il  en 
connaissait  les  possibilités  et  qu'une  tradition  existait  à  ce  sujet. 
Le  Saut  de  Bodrigan  aura  vraisemblablement  remplacé  le  Saut 
Tristan.  Il  est  très  frappant  que  Parva  Lancien  était  une  pos- 
session de  la  famille  de  Bodrugan.  On  peut  sans  trop  d'imagi- 
nation supposer  que  le  Caste!  de  Bodrugan  était  une  résidence 
du  roi  Marc.  Parva  Lantien  et  Goran  où  se  trouve  Chapel 
Point  sont  fréquemment  associés  dans  les  chartes  du  moyen- 
âge  ■ . 

On  n'a  pas  réussi  jusqu'ici  à  trouver  le  Mal  Pas  ou  Mau- 
vais Passage  ni  la  Blanche  Lande  où  eut  lieu  pour  Iseut, 
l'épreuve  du  jugement  par  le  fer  rouge,  suivant  certaines  ver- 
sions, l'épreuve  simplement  du  serment  sur  les  reliques  sui- 
vant Béroul  ou  son  continuateur.  On  a  sans  doute  suppobé 
que  ces  noms  étaient  dûs  à  l'imagination  de  nos  conteurs. 

Les  Mal  Pas  et  les  Blanche  Lande  ne  manquent  pas  ;  il  y  en 
a  en  France  et  en  Angleterre.  Dans  la  Loire-Inférieure,  il  y  a  un 
Maiipas  en  Château-Thiebaud  (canton  de  Vertou),  la  Limou- 
zinière  (canton  de  Saint-Philibert-de-Grandlieu),  en  Saint- 
Philibert-de-Gràndlieu.  Il  y  a  une  Blanche  Lande  en  Oudon, 
près  d'Ancenis.  Il  y  en  a  une  autre  dans  le  Calvados.  La  plus 
importante  paraît  avoir  été  Blanche  Lande,  mieux  Blanqiie 
Lande,  en  Varanguebec,  canton  de  la  Haye-Dupuis  (Manche)  ; 
un  monastère  fort  important  y  fut  fondé  en  1154^  (dans  le 
lieu  appelé  Blanca  Landa).  Ce  monastère,  dont  dépendaient 
les  chanoines  de  Blanche  Lande  en  Guernesey  5,  reçut  d'im- 
portantes donations  de  terres  en  Angleterre,  notamment  dans 
la  région  de  Lincoln  4.  Il  n'avait  rien  en  Cornwall.  En  Angle- 
terre, il  y  avait  un  manoir  de  Malpas,  dans  le  comté  de  Ches- 
ter  5 .   Dans  les  archives  de  l'abbaye  de  Saint-Marie  de  Glou- 

1.  Feuâal  Aiâs,  I,  p.  225,  (1401-2)  saint  Goran  t\.  parva  Lantien,  ibid. 
p.  205  (1306)  saint  Goran  et  Petite  Lanyon  (à  corriger  en  Lantyen). 

2.  Cart.  de  BlanclK  Lande,  Bihl.  nat.,  ms.  10065,  p.  91 . 

3.  Catendar  of  Charter  Rotls.  III,  p.  428  (BlaunclKtaiind) . 

4.  Catendar  of  Paient  Rotts,  XI,  p.  558,  (en  1361)  —  Catendar  ofCJmrter 
2?o//x  II,  p.  134  (1257-1300);  ni,  p.  362(1517). 

5.  Catendar  of  Patent    Rolts,  temp.  Edward  III,  (1340-43),  Catendar  of 


Romans  de  la   Table  ronde.  277 

ccster  ',  il  est  question  d'une  BlankeJand  in  Rogeditcb.  Il  y  avait 
un  important  monastère  de  Blanchlond  en  Northumberland\ 
Le  comté  actuel  de  Carmarthen  possédait  aussi  une  abbaye 
appelée  tantôt  Alba  Landa,  Alba  Domits,  Whiteland  et  aussi 
BJatichJandK  Le  nom  le  plus  ancien,  Alba  Domus,  n'est  que 
la  traduction  du  gallois  Ty  Gwynn  ar  Dav,  la  maison  blanche 
sur  la  Tav,  résidence  de  chasse  de  Howel  Dda,  au  x^  siècle. 
.  Nulle  part,  en  revanche,  on  n'avait  signalé  de  Mal  Pas 
qu'il  fallût  traverser  pour  arriver  à  une  Blanche  Lande.  Aucun 
de  ces  noms  même  n'avait  été  découvert  en  Cornwall  où 
avait  lieu  la  scène  du  jugement. 

Or  le  Mal  Pas  existe  encore  :  il  n'y  a  qu'un  changement, 
c'est  qu'on  l'écrit  en  un  seul  mot  Malpas  qu'on  prononce  à 
l'anglaise  Môpôs.  Il  se  trouve  sur  la  rivière  de  Truro,  à  un 
mille  et  demi  environ  de  cette  ville.  La  rivière  est  navigable 
à  marée  haute  jusqu'à  Truro +.  Malpas  est  mis  par  certains 
géographes  sur  la  rive  gauche^  par  d'autres  sur  la  rive  droite  : 
pour  ceux-ci  le  passage  a  lieu  de  Saint-Nicholas  de  Penke- 
vil  à  Kea,  tandis  que  pour  les  premiers,  il  a  lieu  de  la  rive 
de  Saint-Clements,  rive  gauche,  à  la  rive  droite.  En  réalité,  le 
passage  sur  les  deux  rives  devait  porter  ce  nom .  Le  Mal- 
pas  apparaît  chez  Béroul  dans  bon  nombre  de  vers  (3299, 
3351.  3693,  3701.  _  3711.  3790,  3888,  le  Pas  3618, 
3873).  Tristan,  déguisé  en  lépreux,  attend  Iseut  au  bout  des 
planches;  il  l'emporte  dans  ses  bras  et  en  abordant,  elle  se 
laisse  choir  et  lui  sur  elle,  ce  qui  lui  permet  de  prononcer 
sur  les  reliques  son  audacieux  serment  : 

v.  4207  :     Q entre  mes  cuises  n'entra  home 
Fors  le  ladre  qiiifist  que  sonie. 

Fine   Rolls,  I,  p.  485  (1303)  —  Cf.  Bâtes,  The  part,  descr.  of  the  coinity  oj 
Sotnerset,  19 10,  p.  96. 

1.  Rotalia  et  Cnstoniaria  abbatix  heatx  Mariae  Gtastoniae  (Somerset 
Records  V,  p.   1 36. 

2.  Calendar  of  papal  Registers,  I,  p.   13  (1203),  II,  p.  569  (1355). 

3.  Catalogues  of  anc.  Deeds  B  727  (1209)  —  Dugdale,  Monaslicon  Angl., 
p.  884.2-885.1. 

4.  A  certains  jours,  elle  ne  l'est  pas.  Le  cours  de  la  rivière  a  d'ailleurs 
été  rectifié  pour  les  besoins  d'un  commerce  local  important,  surtout  celui 
de  l'étain. 


278  /.  Loth. 

Avant  son  arrivée,  les  barons  de  Cornouaille,  sur  de  fausses 
indications  de  Tristan,  s'étaient  embourbés  dans  la  rivière. 
Aujourd'hui  même,  à  marée  basse,  on  ne  peut  traverser  à 
cheval.  L'atterrissage  sur  la  rive  de  Kea  est  encore  une  opéra- 
tion difficile  en  raison  des  vases  qui  s'y  accumulent.  A  ne 
prendre  que  Béroul,  il  semblerait  qu'il  y  ait  eu  une  sorte  de 
pont  en  planches  sur  lequel  les  piétons  pouvaient  à  la  rigueur 
traverser'.  D'après  la  version  de  Gottfried  de  Strasbourg  et 
par  conséquent,  suivant  toute  vraisemblance,  celle  de  Tho- 
mas, on  faisait  une  partie  du  trajet  en  barque.  Il  est  pro- 
bable qu'il  y  avait  sur  les  deux  rives,  une  sorte  d'apponte- 
ment  permettant  aux  bacs  faisant  le  passage  de  prendre  les 
voyageurs  et  de  les  débarquer.  Iseut  connaissait  d'avance  les 
difficultés  du  passage,  car  en  faisant  avertir  Tristan  de  se  trou- 
ver au  Mal  Pas,  elle  fait  la  remarque  ; 

G'/  soJlai  ja  un  poi  mes  aras. 

La  BJûfîche  Lande  ^  est  le  nom  d'un  important  manoir  qui 
s'étendait  sur  une  partie  notable  de  la  paroisse  actuelle  de 
Kea  5  et  même  un  peu  sur  Kenwyn.  Kea  est  sur  la  rive  droite 
de  la  rivière  de  Truro,  en  face  Malpas.  La  situation  de  Blan- 
chelande  est  précisée  dans  VExtenta  manoruni  de  1345  ■*,  entre 
les  manoirs  de  Landege  (^Laundege^,  aujourd'hui  Old  Kea,  et  de 
Tregavethan,  en  Kenwyn.  On  s'accorde  à  fixer  à  Nansavel- 
lan  en  Kea  le  siège  du  manoir  et  la  principale  demeure  de  la 
famille    des    Alha   Landa    qui    s'éteignit   dans   le    cours    du 


1.  Il  est  possible  que  suivant  la  voie  de  la  côte  pour  venir  de  Lancien, 
il  avait  d'abord  traversé  sur  un  pont,  la  rivière  de  Tresilian,  pour  arriver  à 
Moresc,  auj.  Saint-Clement's,  où  se  trouve  le  Mal  Pas. 

2.  La  première  mention  que  j'aie  trouvée  de  ce  manoir  est  de  1306 
(Feudal  Aids  I,  p.  204)  :  Blaunchélound  in  Rostuget,  cf.  CjJemlar  of  Inqnis. 
VII,  Edward  IV,  p.  276. 

5.  C'est  notre  Saint-Quay;  avec  le  préfixe  to-,  on  a  eu  Lan-dege  ;  en 
Devon,  Land-key  {Lan-ke);  en  Somerset  :  Lan-to-cai  en  725  (J.  Loth,  Les 
noms  des  saints  bretons,  p.  20). 

4.  Dans  un  manuscrit  inédit  du  Duchy  of  Cornivall  office,  à  Londres. 


Romans  de  la  Table  roiidr.  279 

xiv'^  siècle  '.  En  venant  de  Lancien  qui  est  à  7  ou  8  lieues  de 
la  rivière  de  Truro,  le  long  de  la  côte,  ce  qui  paraît  d'après 
certains  itinéraires  peu  précis,  il  est  vrai,  du  moyen  âge,  avoir 
été  la  voie  peut-être  la  plus  suivie  %  il  fallait  traverser  le 
Mal  Pas,  soit  de  la  rive  de  Saint-Nicholas  de  Penkevil,  soit  de 
celle  de  Saint-Clément's,  pour  arriver  à  la  Blanche  Lande  qui 
était  à  peu  de  distance  du  point  d'atterrissage  '. 

Il  y  a  d'autres  noms  de  lieux  français  non  loin  de  là  :  à 
quelques  lieues  au  nord-est  de  Truro,  on  remarque  la  paroisse 
de  Grûjnpoiifid,  un  peu  plus  au  nord,  celle  de  Roche  '*. 

Blanche  Lande  est  vraisemblablement  la  traduction  d'un 
nom  comique,  comme  c'est  le  cas,  nous  venons  de  le  voir, 
pour  la  Blanchland  du  Carmarthenshire,  comme  c'est  le  cas  pour 
Grampound,  dont  le  nom  comique  était  encore  au  moyen  âge, 
Pons  niiir  (Pont  grand')  >.  Lan,  lieu  consacré,  monastère, 
église,  a  été  souvent  confondu  par  les  Anglais  avec  leur  land, 
et  par  les  Français  avec  lande.  De  même  qu'il  existait,  en 
Cornwall,  un  Lan -du  (le  monastère  ou  l'église  noire),  il  a  pu 
exister  un  Lan-iuen  ou  Giuen-lan  (monastère  ou  église 
blanche),  qui  aura  été  interprété  Blanche  Lande.  Quant  au 
choix  de  la  Blanche  Lande  pour  être  le  lieu  du  jugement 
d'Iseut,  j'avais  pensé  d'abord  qu'il  avait  pu  être  déterminé  par 
la  présence,  à  côté,  en  Kea,  de  Caer-kghion  (Carlyon,  actuel- 
lement) :  ce  Caer-Ieghion  avait  pu  être  une  des  résidences  des 
rois  de  Cornwall  ;  le  souvenir  d'Arthur  y  était  peut-être  atta- 
ché. C'était  en  tout  cas,  semble-t-il,  un  endroit  fréquenté  par 


1.  Coiiipl.  par.  hist.  ofCorniuall,  d'après  Hais  et  Toiikxn,  II,  p.  315,  316, 

317- 

2.  C'était  la  voie  obligée  si  le  cortège  venait  de  certains  points  du  domaine 
de  Lancien,  comme  Bodrugan. 

3.  Dans  le  Tristan  de  Thomas,  éd.  Bédier,  I,  vers  2177,  la  Blanche 
Lande  est  mise  en  Petite-Bretagne.  C'est  une  erreur  évidente.  La  géogra- 
phie de  Thomas  est  des  plus  confuses  pour  les  pays  du  sud-ouest  de  l'An- 
gleterre . 

4.  La  principale  foire  de  Bodmin,  au  xiii^  siècle,  s'appelait  la  Loi!g[u]e 
Fcvre.  J'ai  cité  plus  haut  Noir  Fail .  Il  y  a  aujourd'hui  encore  près  du 
Cap  Cornwall  (au  moyen  âge,  le  Cape  ConnuaJl)  les  Brisons  (The  Bri- 
sons'). 

5.  Complète  par.  Hist.  of  Cornivall,  U.  p.    112. 


28o  /.  Loth. 

le  chet  du  pays  du  temps  de  Marc,  car,  comme  nous  l'avons 
vu  plus  haut,  Iseut  connaissait  les  difficultés  du  Mal  Pas.  Or, 
Blanche  Lande,  au  moyen  âge  (15 15  et  antérieurement) 
dépendait  du  manoir  de  Restronguet  que  nous  savons  avoir 
été  un  fief  du  comte  de  Mortain  ',  c'est-à-dire,  à  l'époque  de 
la  conquête,  un  fief  du  domaine  royal.  Il  me  paraît  possible 
que  Rostuget  dans  une  charte  concernant  Blanchelande  {Blan- 
cheland  in  Rostuget  :  v.  p.  278,  note  2)  soit  à  corriger  en  Ros- 
tronget.  En  tout  cas,  il  semble  certain  que  Blanchelande  a  été 
une  des  résidences  des  anciens  rois  de  Dumnonia,  c'est-à-dire 
de  Devon  et  Cornwall. 

La  forêt  de  Morrois,  où  se  réfugièrent  Tristan  et  Iseut  après 
la  découverte  de  leurs  amours,  avait  été  non  sans  apparence 
de  raison,  identifiée,  quant  au  nom,  avec  le  pays  de  Moray, 
en  Ecosse  ^  Il  faut  la  restituer  au  Cornwall.  Morrois  me 
paraît  être  Moresc  ou  Saint-Clement's,  prèsTruro,  où  se  trouve 
le  Mal  Pas.  Morrois  se  présente  presque  toujours  avec  deux  r; 
Morèsc  paraît  bien  primitivement  les  avoir  eus  aussi.  En 
1205,  c'est  Morres  '  ;  vers  13 19,  on  trouve  encore  Morres '^, 
Aussi  ne  faut-il  pas  hésiter  à  corriger  le  Moireis  du  Domesday 
Book,  qui  incontestablement,  de  l'aveu  de  tout  le  monde,  est 
le  Moresc  actuel,  en  Morreis.  Morreis  indique  une  prononciation 
anglo-saxonne  régulière  Morrci  du  corniqtie  Morresc,  en  suppo- 
sant les  formes  actuelles  sincères  ;  sur  cette  prononciation  de  se 
après  une  voyelle  palatale,  je  renvoie  à  l'excellent  Livre  de  Bùl- 
hrïng  Altenglisches  Elément arhuch^^  506-5 12.  Quant  à  lagraphie 
s  pour  se  {sJ}),  elle  n'est  pas  rare.  Page  dans  sa  Victoria  History 
of  Devonshire.,  p.  38,  en  fait  la   remarque.  Dans  le  fac-siinile 


1.  Je  dois  ces  détails  sur  ces  manoirs  au  Rév.  Taylor.  Le  manoir  de 
Restronguet  est  en  Mylor,  à  peu  de  distance  de  Kea. 

2.  F.  Lot,  Études  sur  la  provenance  du  cycle  arthurien,  pp.  14  et  suiv.  — 
Cf.  J.  Loth,  le  roi  Loth  des  romans  delà  Table  ronde  (Rev.  Celt.,  XVI,  p.  84). 

3.  Calendar  of  Fine  Rolls.  I,  p.  279,  Henry,  évêque  d'Exeter,  donne  à 
Saint-Michel  de  Cornwall  diverses  terres  en  Devon  et  Cornwall,  notam- 
ment Morres  et  Saint-Hilary . 

4.  Calendar  of  Inqu.,  XI,  p.  123.  Il  s'agit  d'une  contestation  au  sujet  de 
l'âge  de  Ralph  fils  d'Alan  Bloyou,  seigneur  de  Cornwall.  Parmi  les  signa- 
tures figure  Morres  ;  le  nom  de  baptême  est  effacé. 


Romans  de  la   Table  ronde.  281 

en  photozinco-gravure  du  Domesday  Book  pour  Somerset  (X, 
2),  je  relève  Brentemerse  (inerse  représente  marsh  actuel).  Une 
forme  plus  frappante  encore  est  Brentemareis.  On  trouve  aussi 
Moreis  en  1205  '.  C'est  la  forme  que  donne  le  Tristan  en 
prose  ^.  La  forme  Moresk  se  montre  en  1303  >  et  n'est  pas 
rare  depuis.  Ce  manoir  fort  important  était  pourvu  d'un  châ- 
teau-fort existant  encore  du  temps  de  William  de  Worcester 
(1478  :  Castellum  de  Morysk). 

C'est  la  forme  anglo-saxonne,  qu'ont  certainement  connue 
les  conteurs  français. 

Il  n'y  a  pas  de  raison  impérieuse  de  douter  de  la  sincérité 
de  la  forme  Moresk;  ce  serait  la  forme  comique.  Le  Moresck  cor- 
nique  peut  être  pour  une  forme  plus  ancienne  Morresc  pour 
mor-hesc,  roseau  de  mer,  irlandais  moderne  miiir-seisc  (prononcer 
besc,  avec  se  palatal),  gallois  inor-hesg  '^,  même  sens.  Mais  je  suis 
porté  à  croire  que  Moresc  pour  Morresc  remonte  plutôt  à  une 
forme  vieille  comique  mor-roîsc,  absolument  identique  à  l'ir- 
landais, nmir-riasg,  vieux  celtique  mori-reisco-  :  Dinneen  (Jrish- 
Engl-Dict.),  le  traduit  par  sea-jiiarsh,  ce  qui  va  parfaitement  à  la 
situation  de  Moresk  (S' Clement's).  Seul,  en  irlandais,  riasg  a  un 
sens  analogue  :  Dioor,  j'en.  En  gaélique  d'Ecosse,  il  en  est  de 
même>.  Suivant  les  lois  de  la  phonétique  comique,  les  diph- 
tongues se  réduisent  à  une  voyelle  simple.  La  composition  du 
mot  n'étant  pas  sentie  (joisc  a  disparu  du  comique  comme  du 
gallois),  l'accent  a  été  de  bonne  heure  sur  mor  :  dans  ce  cas  la 
diphtongue,  étant  posttonique,  fait  place  à  une  voyelle  brève  : 
moyen-cornique  compes=coinpois,  gallois  cymhzuys,  haut-vanne- 
tais  caijiponis,  mais  ailleurs  en  breton,  comme    en  comique, 


1.  Caîendar  of  documents ,  France,  I,  a.  280.  Mathilde  de  Meulan  donne 
au  mont  Saint-Michel-de-Cornwall  une  villa  de  Moreis,  près  de  la  fontaine 
de  Sanit-Ch'meiit .  En  1294,  c'est  encore  Mores. 

2.  Bédier,  Le  roman  de  Tristan,  II,  app.,  p.  362. 

3.  Caîendar  of  Fine  RoUs,  p.  483. 

4.  Hesc,  en  breton,  désigne  plus  spécialement  la  lèche,  herbe  très  cou- 
pante ( —  *sec-scà).  En  comique,  dans  le  Vocahul.  du  commencement  du 
xiiie  siècle,  hersh-en  traduit  par  canna  vel  arundo. 

5.  Macbain,  Gaelic  Dict.  lui  donne  les  sens  de  nioor  ivith  sedge,  land 
covered  with  sedo^e  or  dirk-erass. 


282  /.  Loth. 

compes,  du  latin  compcsas  (compensus)  ;  au  contraire,  le  subs- 
tantif composter  subit  bien  une  réduction  de  la  seconde 
voyelle  de  la  diphtongue  au  profit  de  la  première,  mais 
garde  cette  dernière  parce  que  la  diphtongue  est  accentuée. 

Il  y  a  un  pendant  à  Moresc^=-  Morroisc;  c'sst  le  nom  d'Exeter 
en  comique,  donné  par  Edw.  Lhwyd  et  d'autres:  Car-esk  pour 
Cair-oisc  :  cf.  gallois  u'\sc  de  Eisca  qui  nous  est  donné  par  des 
écrivains  grecs  et  latins  sous  les  formes  Isca  (Isca  Silurum, 
Isca  DHinnonioriiiii).  Quant  aux  deux  rr,  réduits  à  un  seul  r, 
c'est  un  fait  conforme  à  le  phonétique  du  moyen-cornique. 
Il  ne  fait  aucune  différence  entre  deux  r  ou  deux  /  dans  l'inté- 
rieur du  mot  entre  voyelles  :  on  trouve  deux  liquides  là  où 
étymologiquement   il  n'y  en  a  qu'une  seule  et  inversement. 

Par  suite  de  la  réduction  de  la  diphtongue,  il  y  a  eu  vrai- 
semblablement aussi  confusion  avec  un  mot  de  sens  ana- 
logue cité  plus  haut  :  moresc  pour  mor-hesc,  roseau  de  mer. 
Par  suite  de  la  présence  du  /  dans  mor-roisc,  se  a  dû  se  pro- 
noncer palatal,  à  peu  près  s.  En  comique  la  sifflante  même,  si 
elle  provient  de  t  au  d,  précédée  d'une  diphtongue  avec  / 
comme  deuxième  élément,  est  palatalisée;  toj',  bois,  ancienne- 
ment coit,  s'est  prononcé  de  bonne  heure  cols;  il  s'écrivait 
souvent  coys.  Il  est  vraisemblable  que,  même  en  vieux-cor- 
nique,  mor-roisc  se  prononçait  à  peu  près  Dior-rois. 

Le  mmior  de  Moresc  était  encore  fort  boisé  à  la  fin  du  xi^ 
siècle  :  le  Domesday  Book  lui  donne  200  acres  de  bois  contre 
100  ares  de  pâture.  On  ne  peut  néanmoins  établir  d'après  le 
Domesday  Book  l'existence  d'une  grande  forêt  autour  de  ce 
manoir.  Nulle  part,  en  Cornwall,  ce  document  ne  mentionne 
de  vaste  étendue  sous  bois,  quoiqu'il  indique  en  général  la 
contenance  en  bois  de  chaque  manoir.  Mais  il  n'y  a 
aucune  conclusion  à  en  tirer.  En  effet,  dans  le  Domes- 
day Book,  comme  dans  beaucoup  de  documents  du  xii^  et 
du  xiii^  siècle,  le  terme  de  forêt,  au  point  de  vue  doma- 
nial, indique  que  l'étendue  de  bois  ainsi  désignée  est  réservée 
aux  plaisirs  du  roi  ou  du  grand  propriétaire,  et  que  le  paysan 
n'a  pas  le  droit  de  la  cultiver.  Tout  le  Cornwal  fut  sous  la 
loi  dite  forestière  jusqu'au  règne  de  Jean-sans-terre  '. 

I.  Pearson,  Historlcalmaps  ofEngland,  p.   49. 


Roiiunis  de  la   Table  ronde.  283 

11  y  a  cependant  un  sérieux  indice  qu'il  y  a  eu  une  grande 
zone  de  bois  entrecoupée  de  rivières,  bras  de  mer,  marais, 
landes  et  bruyères,  depuis  Morcsk  (peut-être  de  plus  haut, 
depuis  Lancien),  jusqu'à  Constantine  sur  le  bras  de  mer  de 
Helford  d'un  côté  et  jusqu'au  mont  Saint  Michel  de  Cornwall 
de  l'autre.  Le  Rev.  Taylor  à  qui  j'ai  dû  plus  haut  mes  connais- 
sances sur  Parva  Lantien,  et  qui  ne  doute  pas  que  je  n'aie 
raison  dans  mon  identification  de  Morrois,  appelle  mon  atten- 
tion sur  un  fait  important  :  c'est  que  le  iiianor  qui  englobait  la 
paroisse  actuelle  de  Constantine  s'appelait  Trccnt,  écrit  aussi 
Tricoi\t\,  Titcoiuit,  mais  aujourd'hui  Trecoyes,  ce  qui  signifie 
clairement,  la  demeure  du  bois  ou  dans  h  bois  '.  Or,  Treeoit, 
comme  Morrcis,  avait  pour  seigneur  le  comte  de  Cornwall  et, 
ce  qui  est  également  digne  de  remarque,  Trecoit  était  en  réa- 
lité, la  propriété  du  Breton  Wibumarc  :  la  suzeraineté  du 
comte  de  Cornwall  n'était  probablement  que  nominale.  Ces 
faits  éclairent  d'un  jour  éclatant  un  passage  de  Béroul  qui  n'a 
pas  été  compris,  et  ce  passage  à  son  tour,  bien  interprété, 
confirme  mon  hypothèse  sur  l'étendue  de  la  forêt  de  Morrois. 

L'ermite  Ogrin,  chez  Béroul,  conversant  avec  Tristan  dans 
la  forêt  de  Morrois,  en  plein  Cornwall,  lui  rappelle  le  fameux 
saut  de  la  chapelle  (v.  2384)  : 

Tel  saut  feistes  quil  11  a  home, 

se  il  le  vit  n'en  ait  hisdor 

De  Costantin  entres  qu'a  Rome. 

M.  Muret —  ce  en  quoi,  il  était  fort  excusable— en  a 
conclut  que  Béroul  est  du  Cotentin  normand. 

Comparer  un  pays  à  une  ville  a  déjà  quelque  chose  d'anor- 
mal. Il  est  également  invraisemblable  que  Béroul  mettant  la 
scène  en  Cornwall   ait  eu  une  pareille   idée.  En   tout  cas,  il 

I .  La  forme  actuelle  suffirait  à  établir  qu'il  faut  préférer  Trecoit  ou  Trecut 
Le  comique  de  bonne  heure  réduit  la  diphtongue  0/  ni  à  la  première  voyelle, 
la  dentale  finale  est  assibilée  et  se  prononce  palatale  à  cause  de  Vi  précédent  : 
au  lieu  de  Tre-coit  on  a  prononcé  Trecos  ou  mieux  Trecots  ou  Trecuts 
L' Exon  Domesday  aussi  donne  un  iiiaitor  de  Ticoit  {TicoitJi')  M.  247  b.  Il 
est  probable  qu'on  prononce  Trr-godj  ;  autrement,  si  c'est  TrccodJ,  il  faudrait 


284  /.  Loth. 

est  évident  que  l'auteur  primitif  n'a  pu  prendre  comme  point 
de  comparaison  un  pays  étranger  situé  au  loin  sur  le  con- 
tinent. La  source  de  Béroul  devait  porter  Costentin,  mais  un 
Costentin  deCornwall.  Or,  il  y  en  a  un,  écrit  aujourd'hui  Cons- 
tantine,  paroisse  qui  atteint  le  bras  de  mer  de  Helford,  au  sud- 
est  de  Moresk,  à  cinq  ou  six  milles  de  Falmouth.  Ce  nom  est 
écrit  au  x*^  siècle  Custentin  '•>  --==  Côstmitinns,  vieux  breton  Ciis- 
tentin.  Il  a  été  écrit  sûrement  de  bonne  heure  Costentin  :  dans 
les  Manuinissions  on  the  Bodmin  Gospel  qui  sont  du  xi''  siècle, 
avant  la  conquête  de  Guillaume,  on  trouve  parmi  les  témoins 
Custentin;  le  nom  est  également  écrit  Coslentin;  on  a  prononcé 
de  bonne  heure  Costentin,  comme  en  fait  foi  le  nom  de  lieu 
Tre-gesteyntyii  en  1386  et  aussi  Tre-gostentin,  la  demeure  de 
Kôstentin.  On  trouve  encore  Constantinus  dans  le  Domesday 
Book  (Constantine  actuelle)  comme  propriétaire  de  terres.  On 
a  vu  plus  haut  que  le  nianor  qui  englobait  Costentin  était 
Trecoit,  la  demeure  du  bois,  et  que  son  seigneur  était  en 
même  temps  maître  de  Morreis.  Il  est  tout  naturel  qu'Ogrin 
ait  pris  comme  terme  de  comparaison  l'extrémité  même  de 
la  forêt  où  il  vit.  Peut-être  aussi  le  conteur  primitif  vivait-il 
à  l'ombre  du  manoir  de  Trecoit  et  voulait-il  faire  sa  cour  au 
maître  de  ce  lieu  et  de  Morreis;  peut-être  encore  était-il  con- 
teur attitré  de  Wihumarc  ou  d'un  de  ses  descendants  \ 

Si  Ogrin  a  voulu  prendre  comme  terme  de  comparaison  un 
des  points  les  plus  reculés  du  Cornwall  par  rapport  à  Rome, 
il  y  a  un  autre  Consfantine  qui  conviendrait  encore  mieux  :  c'est 
Saint-Constantine  en  Merryn,  à  peu  de  distance  de  la  rive 
gauche  de  la  rivière  Camel,  à  l'est  de  Cornwall,  à  quelques 
lieues  au  sud  de  Tintagel.  La  baie  qui  touche  s'appelle 
Constantine  Bay.  L'église  envahie  par  les  sables  a  été  aban- 
donnée ÇCompl.  par.  hist.  III,  p.  318). 

Quand  le  roi  Marc  accepte  de  reprendre  Iseut  et  que  les 
amants  vont  quitter  la  forêt,  Ogrin  va  faire  des  achats  pale- 
froi, étoffes)  pour  la  reine,  au  Mont  (v.  2735) 

supposer  Treg-(Trig-)-coit;  trig  pour  Ireg  QSl  un  terme  fréquent  dans  les 
noms  de  lieu  et  signifie  séjour,  lieu  de  séjour.  La  graphie  Tricoit  me  ferait 
pencher  pour  cette  hypothèse. 

I.  Tre-gostentin  étant  en  Lanlivery,  à  un  mille  et  demi,  au  nord- 
ouest    de    Lancien,   mérite  d'être  signalé. 


Romans  de  ht   Table  ronde .  285 

Il  est  certain  qu'il  s'agit  du  Mont  Saint-Michel  de  Corn- 
wall,  dans  la  paroisse  actuelle  d'Hilary,  sur  la  baie  de  Pen- 
zance. 

Le  mont  n'est  pas  loin  de  Constantine  et  n'est  pas  à  une 
grande  distance  non  plus  de  Moresk.  Le  nom  comique  du 
mont  est  :  Karrek  lu:^  en  Ku:{,  écrit  aussi  d'après  une  ortho- 
graphe plus  usuelle  Carrée  low:;e  en  Coius  ;  il  est  exactement 
traduit  par  l'auteur  anonyme  de  la  grande  Parochial  History 
of  Cornwall  (II,  p.  210)  :  The  hoary  rock  in  the  luood,  le  rocher 
grisâtre  dans  le  bois  ' .  Ce  terme  curieux  semble  bien  indi- 
quer qu'il  était  à  l'extrémité  d'une  grande  forêt  dont  il  n'était 
pas  séparé  à  marée  basse.  Près  de  là,  à  Helston,  le  Domes- 
day  Book  signale  un  bois  d'une  lieue  de  long  ^. 

D'après  Pearson  ">,  il  serait  certain,  à  la  suite  des  travaux 
des  géologues,  que  le  mont,  à  l'époque  historique,  était 
bordé  de  bois.  Le  mont  Saint-Michel  de  Cornwall  avait  été 
donné  par  Robert,  comte  de  Mortain,  en  1105,  ^^  mont 
Saint-Michel  de  Normandie.  Saint-Michel  de  Cornwall  fut 
l'objet  de  nombreuses  faveurs  et  donations.  Robert  de  Mortain 
lui  avait  attribué  des  terres  assez  importantes  en  Cornwall  et 
l'autorisation  de  tenir  un  marché  tous  les  jeudis  +  ;  Richard  1" 
autorisa  les  moines  cà  tenir  en  plus  trois  foires  annuelles  5. 
Henry,  évêque  d'Exeter,  en  1205'',  leur  fait  don  de  diverses 
églises  en  Devon  et  Cornwall,  notamment  de  Morres  et  de 
Saint-Hilary  dans  ce  dernier  pays,  pour  l'entretien  des  pèle- 
rins et  des  hôtes.  On  comprend  facilement  qu'Ogrin  pour  faire 
ses  achats  se  soit  rendu  à  un  centre  de  foires  et  de  com- 
merce si  connu,  le  seul  probablement  dans  un  rayon  étendu, 
dans  ce  pays  de  landes  et  de  bruyères  qu'est  le  Cornwall. 

1.  On  a  dit  que  ce  terme  se  serait  appliqué  d'abord  au  mont  Saint-Mi- 
chel de  Normandie  et  plus  tard  par  erreur  à  celui  de  Cornwall  ;  ce  n'est  pas 
vraisemblable.  Max  Mùller  a  écrit  un  Essay  sur  Tlie  Iiisulation  of  Saint-Mi- 
clkiels  moiuit.  Il  est  probable  que  les  auteurs  de  l'hypothèse  que  je  viens  de 
citer  ont  entendu  parler  de  lu  fabuleuse  forêt  du  mont  Saint-Michel. 

2.  La  Icuca,  à  cette  époque,  paraît  valoir  un  mille  et  demi  de  long. 

3.  Historical  niaps,  p.  i,  col.  2. 

4.  Calendar  of  Doc,  France,  p.  256,  265. 

5.  D'après  Complète  par.  hist.  of  Corniuall ,  II,  p.  206. 

6.  Calend.  oj  Doc,  France,  I,  p.  279. 

Revue  Celtique,  XXXIII.  tg 


286  /.  Loth. 

Sur  les  pays  d'origine  de  Tristan,  on  est  en  présence  de 
versions  contradictoires.  Eilliart  d'Obcrg  (probablement 
Béroul)  et  le  Roman  en  prose  font  du  père  de  Tristan,  Riva- 
len,un  roi  de  Leonois  ou  Loenois.  Gottfried  de  Strasbourg,  s'ap- 
puyant  sur  Thomas,  le  fait  roi  d'Ermenie  :  «  plusieurs  pré- 
tendent qu'il  était  de  la  terre  de  Loonnois  et  roi  sur  ce  pays  : 
mais  croyez-en  Thomas,  qui  l'a  lu  dans  Vestoire,  il  était  roi 
d'Ermenie.  La  leçon  Parmenie  de  Gottfried  est  évidemment  à 
corriger  en  Hannenie.  »  La  saga  fait  de  Rivalen  un  seigneur 
de  Bretagne,  mais  fait  d'Efimnia  une  ville  de  Bretagne  ayant 
appartenu  à  Rivalen.  Sir  Tristrem  donne  Ennonie.  Le  frag- 
ment en  bas-allemand  publié  par  Titz  (Zeitscbrift  f.  deulsches 
Alt.  XXV,  p.  250,  125)  donne  Annonie  ou  Arinenye  \ 

Loonois  ou  Ennenie,  le  pays  de  Tristan,  est  situé  en  Grande- 
Bretagne,  d'après  Eilhart  d'Oberg  et  Thomas.  D'après  Tho- 
mas, Marc  règne  même  non  seulement  sur  la  Cornouaille, 
mais  encore  sur  toute  l'Angleterre.  Quant  à  Rivalen,  tout 
en  étant  roi  d'Ermenie,  il  tiendrait  le  Loonois,  à  titre  de 
fief,  et  son  suzerain  serait  Morgan,  duc  de  Bretagne.  Le 
Roman  en  prose  ajoute  que  le  Loonois  niarchisoit  à  la  lerre  de 
Cornouaille  ^ . 

En  résumé,  c'est  en  Grande-Bretagne  qu'il  faut  chercher  la 
patrie  de  Tristan,  et  même,  semble-t-il,  non  loin  du  Corn- 
wall.  Le  Loonois  a  été  identifié  par  F.  Lot,  avec  le  Lothian, 
en  Ecosse  5.  Il  n'est  pas  impossible  non  plus  que  ce  pays  ait 
désigné  la  région  de  Caerlleon  sur  Wysc  dont  la  situation 
conviendrait  mieux.  D'après  Gottfried,  Rivalen  traverse  la 
mer  pour  aller  voir  Marc.  Cette  région  n'est  pas  loin  du  Corn- 
wall.  On  peut  même  dire  qu'à  l'époque  où  le  pays  de  Somer- 
set était  encore  indépendant  des  Anglo-saxons,  le  royaume 
de  Dumnonia  comprenant  le  Devon  et  le  Cornwall  était  limi- 
trophe  du    Sud-Galles.   Au  début    du  viii^    siècle.    Gèrent 


1.  Pour   ces  formes  et   sources,  v.  Bédier,    Tristan,  I,  p.  2,  3  ;  II,  p. 
194. 

2.  Bédier,  Tristan,  II,  p.  194,  195. 

3.  Roinania,  XXV,   16;  XXVII,  608;  cf.  J.  Loth,  Revue  Celt.,  1895,  p. 
86. 


Romain:  de  la   Table  ronde.  287 

(Gcruntiiis)  était  roi  de  Dumnonia  et  est  salué  comme  tel 
par  l'évcquc  Adlielm  '.  Le  pays  de  Somerset  ne  semble  pas 
avoir  été  occupé  par  les  Saxons  avant  le  vu"  siècle  ;  vers  la 
fin  de  ce  siècle,  on  y  parlait  les  deux  langues  brittonique  et 
saxonne  ^. 

Le  nom  d'Ermenie  me  paraît  beaucoup  plus  important  que 
celui  de  Loonois  ',  lequel  est  plus  connu  et  prête  à  confusion  à 
cause  de  sa  ressemblance  avec  le  Léon  de  Bretagne.  Comme 
d'autres  j'ai  cherché  l'Ermenie  fort  loin.  Peut-être,  et  c'est  plus 
conforme  à  la  tradition  telle  que  nous  l'avons  constatée  plus 
haut,  faut-il  encore  ici  se  rabattre  sur  le  Cornwall  et  ses 
confins.  Il  y  a  en  tout  cas  un  nom  qui  le  rappelle  singu- 
lièrement, sur  les  confins  de  Devon  et  Cornwall,  sur  la 
rive  droite  de  la  grande  rivière  Tamar  :  c'est  Harmony  en 
Tamerton  (sur  la  rive  opposée,  en  Devon,  il  y  aussi  un 
Tamerton).  La  forme  Pannenie  de  Gottfried  ne  peut  guère 
s'expliquer  que  par  une  forme  Hannenic.  On  est  donc  en 
présence  de  deux  formes  :  Hcnnenie  et  Eniieiiie,  [H]eniioine, 
Eiinonie,  ou  même  Armonie.  Le  Rév.  Taylor,  sans  se  laisser 
guider  par  d'autres  considérations  que  l'ordre  même  de  distri- 
bution des  manoirs  dans  le  Domesday  Book  et  des  arguments 
d'ordre  topographique,  est  d'avis  que  le  manoir  dénommé 
Ermenheu  dans  YExchtquer  DoDiesday,  et  plus  exactement  Hir- 
memii  dans  VExon  Domesday,  est  représenté  aujourd'hui  par  le 
village  de  Harmony. 

Malheureusement  les  formes  intermédiaires  manquent.  Ce 
qui  rend  cette  identification  fort  séduisante,  c'est  que  Er-  ou 
Her-meneii  serait  sans  doute  en  vieux  comique  :  Hir-monin. 
Le  Mynyib  ou  Saint  David' s  des  Gallois  était  au  ix^-x^  siècle  : 
Moniu  :  Moniu  signifie  buisson  :  Hen-moniu  est  traduit  par  veUis 
Ruhus.  Il  est  identique  à  l'irlandais  muine.  Ce  nom  à'Er-  ou 
Hir-monin  a  bien  pu  rester  sous  la  forme  Harmony  {Hermony) 
dans  la  région  nord-ouest  où  le  comique  a  disparu   de  très 

1.  Pahol.  ifl/.,LXXXIX,  87-82. 

2.  J.  Loth,  Le  Brittonique  eu  Somerset  à  h  fin  du  Vll^etau  comuwuceiueut 
du  VIII^  siècle  (Revue  Celt.,  XX,  340). 

3.  Il  faut  remarquer  qu'on  a  non  seulement  Carleo)!  et  Carlyou  mais 
aussi  Carloon. 


288  /.  Loth. 

bonne  heure.  En  pays  resté  de  langue  comique,  à  l'époque 
moderne,  la  terminaison  -Izu  non  accentuée,  fût  demeurée 
-oîu  '  :  on  eût  eu,  dans  la  prononciation,  mais  non  probable- 
ment, dans  l'écriture  «  Er  »  ou  Her-menoiu .  La  forme  du 
roman  en  prose,  la  Grant  Hermenie,  confirme  curieusement  la 
forme  Her-ineiieu,  le  Long  Buisson,  le  Long  meniu.  L'évolution 
de  Hir  en  Her,  en  composition,  peut  se  comparer  à  celle  de 
Trig,  donnant  Treg.  Tir,  terre,  en  premier  terme,  est  écrit 
Ter-  dans  Terradenec  (terre  à  fougère),  à  la  fin  du  xiii''  siècle 
(^Catalogue  of  ancient  Deeds,  I,  A.  226).  La  situation  de  Her- 
menie^ est  tellement  imprécise  dans  les  versions  où  ce  nom 
apparaît  qu'il  n'y  a  rien  à  en  tirer  contre  mon  identification  \ 
Une  hypothèse  est  encore  possible,  c'est  que  Hernionie  soit 
une  méprise  pour  Hen-monin,  lu  Her-moniu,  et  qu'il  s'agisse 
de  la  région  de  Saint-David's.  Dans  le  roman  de  Béroul  (éd. 
Muret,  vers  2762),  le  roi  Marc  demande  à  Tristan  déguisé  en 
lépreux  d'où  il  est,  Tristan  répond  : 

De  Carloon  fil^  d'un  Galois. 

Marie  de  France  donne  également  le  Sud-Galles  (Siitb- 
wales^,  comme  la   patrie  de  Tristan. 

La  géographie  du  roman  s'explique  assez  bien  dans  cette 
hypothèse. 

Parmi  les  noms  propres,  il  y  en  a  un  qui  mérite  l'attention  : 
c'est  le  nom  du  fameux  sénéchal  de  Marc,  Dinas  de  Lidan.  Je 
suis  sur  ce  point  de  l'avis  de  F.  Lot+  :  on  a  pris  le  Pirée 
pour  un  homme.  Il  est  de  toute  impossibilité  que  Dinas  seul 
soit  un  nom  d'homme.  C'est  un  des  noms  de  lieux  les  plus 
répandus  du  Cornwall  K  Dinas  en  comique  comme  en  gallois 


1.  Cf.  Kernoiv,  le  Cornwall,  pour  Keriiew,  Kernlw. 

2.  Il  nie  paraît  sûr  que  la  source  de  Gottfried  devait  avoir  Hermenie  ou 
Harmonie. 

3.  Cf.  Bédier,  Le  roiihiii  de  Tristan,  I,  pp.  255-256,  note. 

4.  Remania,  XXIV,  539. 

5 .  Les  Dinas  et  Pen-dinas  (écrit  aussi  Pendennis)  sont  nombreux.  Un  mérite 
surtout  l'attention.  William  de  Worcester,  dans  sou  Itinéraire  (1478); 
Compl.  par.  hist.,  IV,  app.  p.  94)  à  propos  du  Castelan  Dynas  en  Saint-Co- 
lumb  Major,  dit  :  Ca<tcÛinii  Dynas  super  altum    niontem  dirutum,  fons  in 


Romans  de  la   Table  ronde.  289 

s\2,\-\\^Q  forteresse,  citéforle.  En  pays  brittonique,  Galles,  Corn- 
wall,  Bretagne  armoricaine,  quand  on  voulait  indiquer  la 
résidence  de  quelqu'un,  on  faisait  suivre  son  nom  du  nom  de 
lieu  sans  préposition.  Ici,  le  nom  du  personnage  me  paraît 
être  Dinan.  C'est  le  nom  de  la  puissante  famille  dont  la  prin- 
cipale résidence  était  Car-Dinan  (^Cncr-Dînan)  aujourd'hui 
Cardinhain,  près  Bodmin.  Dinan  est  également  donné  comme 
une  possession  de  Dinas  de  Lydan'.  Si  ce  personnage  était 
originaire  de  Dinas  que  la  source  distinguait  en  l'appelant 
lidan,  large,  ample,  ou  y  résidait,  on  devait  dire  couramment 
Dinan  Dinas  Lidan  -  (cf.  plus  loin  Rivalen  Kanelangres^.  Le 
nom  de  Dinan  est  assez  curieusement  associé  à  celui  de  Dinas- 
le  ou  de  Pen-dinas  en  Saint-Ives  (dont  le  vrai  nom  est  Porih- 
le,  écrit  Proth-Ia),  dans  une  légende  rapportée  par  Lelant  : 
un  Dinan,  grand  seigneur  en  Cornwall,  aurait  bâti  une  église 
à  Pen-Di?ias  en  Saint-Ives,  à  la  requête  de  Saint-Ia  ou  Iva,(\\i\, 
avec  Elwine,  avait  abordé,  venant  d'Irlande,  à  Pen-dinas  : 
c'est  écrit,  dit  Lelant,  dans  la  légende  d'Iva'. 

Mais  le  Dinas  qui  mérite  le  plus  d'attention,  c'est  Dinas 
en  Saint-Ant-hony  in  Kerrier,  au  sud-est  du  Cornwall.  Il  y  a 
là  deux  retranchements  appelés  Great  and  Little  Dînas  (écrit 
aussi  Dennis).  D'après  Tonkin,  le  promontoire  est  appelé  Little 
par  suite  de  sa  ressemblance  avec  Pen-dinas  (Pendennis)  en 
Budock-Falmouth  '^.  Dinas  ÇDennis)  était  compris  dans  le 
manoir  de  Porthia  Prior  et  dépendait  donc,  comme  ce  manoir, 
de  Tywardreath  dont  j'ai  relevé  l'importance  ^  à  propos  de 
Lancien.  Il  est  regrettable  que  les  termes  comiques  ^omï  grand 
et  petit  ne  nous  aient  pas  été  conservés.  Pour  Little  Dinas  nous 

medio  castri  iihi  Tador  (Jeg.  Cador)  dux  Conmhiae,  niaritus  matris  Arturi 
fuit  occisus,  juxta  villam  S'i  Columbae.  Il  y  a  un  autre  castlc  an  Dyiias  en 
Ludgvan,  etc. 

1.  Muret,  Le  roman  de  Tristan,  vers  1085,  11 35,  2851  (et  glossaire,  à 
Dinan). 

2.  Il  y  a  dans  une  charte  anglo-saxonne  de  969  (de  Gray-Birch,  Clhv- 
tîiî.  saxon.,  no  123 1)  un  Caer  Lydan,  en  Cornwall,  mais  dont  la  situation 
n'est  pas  certaine  ;  peut-être  Car-lidden  en  S^-Austel. 

3.  A  compl.  par.  hisi.  of  CorntvaU,  II,  p.  266. 

4.  Complète  par.  htst.  ofCornw.,  I,  p.  63. 

5.  Ibid.,  p.  35. 


290  /.  Lofh. 

aurions  eu  sans  doute  Dinas  vyan  :  et  peut-être  pour  Great 
Dinas,  Dinas  Lydan.  Il  importe  de  remarquer  qu'il  n'existe 
pas  de  Dinas  en  Armorique.  Bien  plus  :  la  graphie  Dynas^ 
du  Roman  en  prose  est  vraisemblablement  comique.  Uî  long 
s'écrit  régulièrement  en  comique  y,  comme  en  moyen- 
anglais.  —  Les  Gallois  qui,  comme  les  Cornouaillais,  ont 
emprunté  y  aux  Anglo-saxons,  ne  l'emploient  que  pour 
/  bref.  Dans  Dinas,  i  est  long. 

Le  nom  de  Tristan  a  été  porté  par  une  famille  qui  paraît 
avoir  été  assez  nombreuse  et  importante  en  Cornwall,  les 
Trestan  (écrit  à  l'anglaise  Trestane),  mais  je  ne  sais  à  quelle 
date  il  apparaît  pour  la  première  fois,  ni  quelle  est  la  forme 
primitive  du  nom. 

L'étude  des  noms  propres  d'hommes  dans  le  roman  de 
Tristan  ne  fait  que  confirmer  les  données  fournies  par  les  noms 
de  lieux  :  ils  se  retrouvent  à  peu  près  tous,  français,  anglais 
ou    brittoniques,  en  Cornwall    ou   dans  le  voisinage. 

Parmis  les  noms  propres  français,  il  n'y  en  a  que  deux  qui 
soient  rares  :  EstuJl  l'orgueilleux,  et  Peticni,  nom  du  chien  de 
Tristan.  Estult  est  vraisemblablement  le  même  nom  que 
EsturI,  nom  d'un  vassal  du  comte  de  Mortain  -,  en  Somerset- 
shire. 

Peticru  est  un  nom  très  répandu  dans  le  sud-ouest  de  l'An- 
gleterre, notamment  en  Cornwall.  Joh.  Peticru  est  l'objet 
des  faveurs  du  prieur  de  Saint-Peter  de  Bath,  en  1265  '.  En 
Cornwall,  dans  un  acte  de  1302,  paraît  un  Thomas  P^//f/'«  ;  le 
même  personnage  est  juré  à  Lostwithiel  en  1303.  Il  y  a  eu 
un  manoir  de  ce  nom  en  Gerrans,  sur  la  Manche,  à  l'est  du 
Cornwall^,  connu  sous  la  forme  de  Pcttigrew  +.  C'est  un  nom 
encore  répandu  aujourd'hui  sous  cette  forme  en  Angleterre. 

1.  Bédier,  Le  Roman  de  Tristan,  II,  appendice  I,  p.  371.  A  remarquer  la 
tournure  :  a  ung  chastel  qui  est  cy  près,  qui  est  Dynas,  ce  qui  prête  à  une 
double  interprétation. 

2 .  Le  comte  de  Mortain  était  aussi  comte  de  Cornwall.  Esttirt  est 
mentionné  dans  le  Domesdav  Book  pour  Somerset  (Fac-similé  en  photo- 
^incogravure,  1862,  XIII). 

3.  Hunt,  Two  chart.  of  the  Priorv  of  St.  Peter  at  Bath,  1895  :   2^  Chart., 

P-    173- 

4.  Complète  par.  hist.  of  Cornu'.,  II,  p.   76. 


Romans  de  la  Table  ronde.  291 

L'influence  des  Anglo-saxons  se  manifeste  surtout  dans  le 
nom  du  philtre  d'amour  che/Béroul  :  LoiicVeiidris  Ql  Lovendraiil 
pour  Lovendrinc  et  Lovcndraiic  '.  Ce  terme  avait  été  sans  doute 
adopté  par  les  Cornouaillais  de  langue  brittonique  eux-mêmes. 
11  ya  déjcà  d'importants  emprunts  anglo-saxons  dans  le  Voca- 
hniariiiin  cornicuvi  dont  le  manuscrit  est  du  commencement 
du  xiii=  siècle,  mais  qui  est  vraisemblablement  une  copie 
d'un  manuscrit  du  xii""  siècle.  Il  est,  en  revanche,  fort  pos- 
sible que  le  terme  anglo-saxon  ait  supplanté  un  mot  cor- 
nique  du  même  sens.  On  connaissait  en  Cornvs'all,  limbe 
d'amour  :  dans  le  Voc.  corn.,  c'est  les-serchoc  (herbe  amoureuse 
qui  donne  l'amour),  glosant  Jappa.  Actuellement  encore,  en 
Basse-Bretagne,  on  croit  à  la  vertu  en  quelque  sorte  amoureuse, 
de  breuvages  où  entrent  certaines  herbes,  et  on  en  a  même 
usé  à  ma  connaissance,  dans  mon  propre  pays,  vis-à-vis  de 
jeunes  filles,  dans  une  intention  des  plus  blâmables. 

L'arc  de  Tristan,  VArc-qui-ne  faut,  dont  parle  Béroul,  leur 
appartient,  comme  l'a  fait  remarquer  M.  Muret  (^Le  roman  de. 
Tristan,  Préface,  ix).  Une  tradition  recueillie  par  Geffrei  Gai- 
mar,  dans  son  Estoire  des  Englcs  (écrite  entre  11 47  et  115 1) 
attribuait  l'assassinat  du  roi  Eadmund  (en  1016)  à  VArc-qui- 
ne-faut,  dressé  parle  traître  Eadric. 

C'est  par  les  Anglais,  vraisemblablement,  que  les  Français 
ont  connu  Lantienet.  T/^/^o't'/ avec  les  prononciations  Lanlsien, 
et  Tintadj9l\  La  graphie  Morreis  et  Morrois  leur  paraît  due 
également.  C'est  à  eux  qu'il  faut  restituer  soit  Andret,  soit 
Audred.  Andret  ou  Andred  est  un  nom  de  lieu  répandu  en  An- 
gleterre, inconnu  en  Galles  et  en  Armorique  '  :  Andredes-ceaster, 
Andredes  leage-^,  Andredes  iiuda  '>,  en  Kent;   Andredes-ye^"  (île) 


I  .•  Il  y  a  un  prieur  de  Landewednack  au  xiv<^  siècle  du  nom  de  Joli. 
Lmvedrem  qu'on  serait  tenté  àtWrtLovedrenc  (Grainlissoit  Reg,  II,  p.  556, 
d3ins  Episcop.  Reg.  oftlie  Jioc.  ofExetef). 

2.  E  Q\.  0  dans  Tintagel,  tiiilajoJ,  représentent  un  son  intermédiaire  entre 
ô  et  0,  V.  plus  haut. 

3.  Ethelwearcii  Chron.  I,  apud  Pétrie,  Mon.  hi'st.  hrit.,  p.  503. 

4.  Chroniqtieanglo-sa.x.,  année  476,  ibid.,p.  500. 
5  .  Ethehuenli  chr.  1 1 1 ,  ibid . ,  p .  518. 

6.  Hunt,   Tivû  Chart.;  2^  Clart.,  p.    358(1273). 


292  /.  Loih. 

près  Glastonbury.  On  trouve  Andréa  seul  '.  Ce  nom  a  été 
déjà  confondu  en  anglo-saxon,  avec  celui  d'Aldred  :  c'est  ainsi 
que  dans  la  chronique  d'Ethelwerd  (composée  entre  975  et 
ion),  au  lieu  à'Andredes-lege,  on  a.  Aldredes-lcdge\  Il  est 
donc  fort  possible  que  la  forme  du  nom  du  traître  qui 
varie  entre  Andred  et  Andret  ait  été  d'abord  Andret.  En  tout 
cas,  Audret,si  la  forme  n'est  pas  évoluée  à! Andred,  représente 
le  nom  anglo-saxon  très  connu  Aldred,  avec  la  vocalisation 
française  de  /.  Deux  évêques  de  Saint-German's  en  Corn\vall 
ont  porté  ce  nom  avant  la  conquête.  Il  apparaît  fréquem- 
ment dans  YExon  Domesday  (IV,  i,  6,  11,  12,  16,  18, 
70,  398,  144  etc),  Audret,  contrairement  à  l'opinion  reçue, 
ne  peut  être  breton.  Ce  nom  n'a  rien  à  faire  avec  le  breton 
Antret,  malgré  les  apparences.  Suivant  une  loi  bien  connue, 
en  breton  /  se  vocalise  dans  l'unique  cas  où  elle  est  suivie 
immédiatemment  de  /  ou  d,  mais  alors  le  résultat  est  voyelle 
-\-  I,  jamais  d,  même  si  ^  est  étymologique  :  c'est  ainsiquem/- 
dâria,  chaudron:  après  avoir  été  c^'/^or,  devient  et  est  aujour- 
d'hui encore  caoter,  dialectalement  coter  :  le  ^  de  caldâria  est 
traité  comme  le  /  de  altâre  qui  passant  par  allor  .est  arrivé  à 
aotcr.  Le  nom  breton  Autret  remonte  au  vieux-breton  Alt- 
rit,  Alt-ret.  Quant  à  la  vocalisation  de  /  devant  /  ou  ^  en 
breton,  elle  ne  paraît  pas  antérieure  à  la  fin  du  xii^  ou  au 
commencement  du  XIII^  Elle  est  inconnue  en  comique,  et 
en  gallois.  La  forme  Audret  pour  Aldred  est  due  aux  Français. 
De  même  Alter-ncn  (autel  de  Nonn,  mère  de  saint  Dewi, 
nom  d'une  paroisse  du  Cornwall),  est  encore  aujourd'hui  Alter- 
nun,  mais,  au  moyen-âge,  à  diverses  reprises,  ce  nom  apparaît 
sous  la  forme  française  Autrenon  '. 

Gondoine  est  d'origine  germanique  et  a  pu  venir  du  conti- 
nent, mais  il  est  fort  possible  que  ce  soit  une  forme  altérée  de 
Godwin  :  ce  nom  anglo-saxon  se  trouve  sous  la  forme  Gode- 
wîne  chez  Geffrei  Geimar,  Esioirè  des  Engles,  vers  4801,  4814 

1 .  Chron.  atiglo-sax.,  année  755,  891 . 

2.  Lib.  I,  ap.  Pétrie,  Mon.,  p.   503. 

3.  Catalogue  of  anc  Deeds,  III,  A.  6004  (54  année  d'Edward  h^)  — 
\J Autret  breton  a  dû  exister  en  Cornwall  ;  on  le  trouve,  en  effet,  sous  la 
forme  0/re^  (de  Saint  Newlyn),  en  1^01-2  {Assise  Roîls,  118). 


il 


Romans  de  lu  Table  ronde  293 

(cf.  Pétrie,  Mon.,  p.  822,  col  i  et  2),  En  tout  cas,  Gundnuin 
et  Gundiiiuus  existent  dans  l'Exon  Domesday  '.  Un  Rie.  Gund- 
ewine  paraît  également  dans  une  charte  du  xiii"^  siècle,  con- 
cernant le   Glamorgan  ^ 

Enfin  c'est  sous  une  forme  anglo-saxonne  que  le  nom  du 
Cornwall  5  est  parvenu  au  français,  avec  une  modification 
savante  :  Cormualia  est  évolué  de  l'anglo-saxon  Corn-wealas. 
Pour  les  rapports  des  Anglo-saxons  avec  \esBrittons,  v.  J.Loth, 
Des  nouvelles  théories  sur  l'origine  des  romans  arthiiriens  {Revue 
celt.,  XIII,  p.  485-188),  cf.  plus  haut,  Conlr.,  I,  p.  13;  III, 
p.  28. 

Restent  les  noms  celtiques  ou  plus  exactement  hrittoniques. 

Nous  avons  vu  quEsell  est  comique,  comme  Essyllt  est 
gallois.  Il  n'apparaît  nulle  part  en  Armorique  '^  autrement  que 
sous  la  forme  Iseut,   évidemment  d'importation  française. 

Pour  Tristan,  j'ai  été  beaucoup  tropaffirmatif(Co«/n/'.  1 1 1), 
en  soutenant  que  le  nom  du  héros,  sous  cette  forme,  ne  pou- 
vait être  qu'une  forme  écrite  galloise.  En  gallois  du  x^  et  même 
du  commencement  du  xi''  siècle,  c'est  bien  Tristan  qui  repré- 
sente la  prononciation  Trostàn  avec  ô  bref.  Mais  en  Cornwall, 
ont  eût  eu,  l'orthographe  étant  anglo-saxonne,  dès  le  x^  siècle, 
Trysian,  avec  y  anglo-saxon,  si  Vo  de  Drostan,  Trostan  se 
prononçait  ô  :  or,  il  n'y  a  guère  de  doute  à  avoir  à  ce  sujet.  Si, 
en  effet,  0  (ji  devient  dès  le  x^  siècle  0  en  comique)  a  moins  de 
tendance  à  s'affaiblir  qu'en  gallois,  il  y  en  a  cependant  des 
exemples,  et,  en  tout  cas,  0  (et  //)  suivi  de  5-{-row^OT7w^,  s'aff"aî- 
blissait  sûrement,  L'«  long  brittonique  lui-même  est  atteint 
dans  cette  situationv;  dans  les  Manumissions  on  the  Bodmin  Gos- 
pel ',  document  du  x-xi^  siècle,  datant  d'avant  la  conquête,  le 


1.  Tome  IV  de  l'éd.  in-folio  de  1 816,  p.  3,8,  14,  415. 

2.  Clarke,  Cartae  et  atia  munimenta  quae  ad  doviiniiini  de  Glamorgan  per- 
tinent, 1885,  tome  IV,  p.  439. 

5.  Le   gallois  Cernytu,  comique  Kernou'  (plus    anc.    Kcruiïv),  breton 
Kernco,  représentent  le  vieux  brittonique  Cornovia . 

4.  Jean  de  Dol,  en  mourant  (1162),  confie  sa  fille  Iseut  à  Raoul  de  Fou- 
gères . 

5 .  Whitley  Stokes,  Revue  celt.,  I,  p.  332  et  suiv. 


294  /•  Loth. 

nom  Custentin  =  Cû(ji)stantïnus  est  écrit  Ciistenti  n  et  Costen- 
tin,  ce  qui  indique  une  prononciation  Côstentin,  qu'on  retrouve 
au  xiii^  siècle  dans  Tre-geslentyn  (la  demeure  de  Costentiii)  ' 
A  plus  forte  raison,  o  bref  dans  le  nom  de  Trostan  devait 
arriver  à  un  son  que  les  écrivains  du  Cornwall  devaient  trans- 
crire au  x-xi^  siècle  par  y  anglo-saxon  -.  Les  écrivains  fran- 
çais ne  connaissant  pas  la  valeur  de  cette  graphie  lui  ont  donné 
la  valeur  d'un  /  et  auront  transcrit  Trystan  par  Tristan.  Une 
forme  Trytan  avec  un  y  ne  peut  guère  être  galloise,  avant 
le  xi-xii^  siècle  5. 

Parmi  les  autres  noms  brittoniques,  il  n'y  en  a  qu'un  qui 
paraisse  nettement  breton-armoricain,  et  encore  unique- 
ment par  la  raison  qu'on  ne  le  trouve  ni  en  Galles,  ni  en  Corn- 
wall. C'est  ^cifl/i,  le  Foitenant,  nom  du  père  nourricier  de  Tris- 
tan. Pour  le  Cornwall,  son  absence  n'a  rien  de  démonstratif. 
De  bonne  heure,  sûrement  dès  l'époque  de  la  conquête  nor- 
mande, les  noms  propres  d'homme  d'origine  brittonique 
y  sont  rares;  ils  sont  remplacés  par  des  noms  de  lieux  pré- 
cédés d'un  nom  qui  est  généralement  un  nom  de  baptême. 
En  Galles  même  où  l'onomastique  brittonique  jusqu'à  l'avè- 
nement des  Tudors  est  copieuse,  il  n'est  pas  rare  que 
certains  noms  d'origine  ancienne,  courants  en  Bretagne,  ne 
soient  pas  représentés  et  réciproquement.  H.  Zimmer  a  sou- 
tenu que  Rodait  était  un  emprunt  germanique,  et  qu'il 
remontait  à  Hruodiuald.  Or,  c'est  à  tout  point  de  vue  impos- 
sible. Hruodwald  eût  donné  au  ix^  et  au  x'^  siècle,  en  breton, 
Rot-iuald  ou  Rod-walt  ;pour  t  ou  d,  cf.  Rot-bert'^,  au  xii^  siècle 
Rot-berth^,  devenu  au  moyen  cage   Ropeix'et  Ropaix.   Pour  le 

1 .  Cf.  Gilbert  de  Costantin  in  Costanlinestun,  en  Glamorgan  (Clark, 
CartqelY,-p.   107,  année  1262). 

2.  Cf.  dans  les  Mamiui .  Cyngelt  (pour  Congelt  probablement),  Myr- 
men(Mornnn,  Mermin),  Gydiccael  (bret.  ludiciiel),  Oiigynalel  {Oii-cem'dl),aa 
x^  siècle  cacr  Lydan. 

3.  Le  Rennes  Dindshenchas  (Revue  Celt.,  1894,  p.  427,  39,  fait  mention 
d'un  Trostan  drai  Cruithnech,  Trostan  druide  Picte  (des  Pietés  d'Irlande). 

4.  Ce  nom  germanique  n'apparaît  que  sur  la  fin  du  xie  siècle  ;  la  forme 
Rotbert  Qst  encore  fréquente  à  cette  époque  dans  le  cart.  de  Redon,  à  côté 
de  Robert,  forme  plus  française . 

5.  Cart.  de  OuiinperJê,  éd.  Maître  et  Berthou,  p.   218,  1107-1112. 


Romans  de  la  Table  ronde.  295 

sort  du  second  terme  tuald,  il  eût  été  le  même  que  celui  de  wal 
et  -wûlt  brittonique.  Les  noms  brittoniques  avec  -ival,  -lualt, 
pour  second  terme,  sont  nombreux  et  conservent  -lual  et  -wall 
intacts,  après  une  consonne  comme  après  une  voyelle,  jus- 
qu'au xii-xiii^  siècle,  en  zone  bretonnante.  Au  x^  on  a  assez 
fréquemment  -giial  '  :  exemples,  au  ix"'  siècle  :  Clul-uiial, 
Drùl-itiial,  Et-mtal,  lud-waU  Tut-iual,  Uuoet-unal,  Reth-iiualt, 
Rit-nuahi,  Ritiiitalt,  Uiioet-uualt  ^  Il  en  est  de  même  en  Galles 
et  en  Cornwall.  Les  noms  en  -ivallon,  -zualloe,  -ivant,  -tuas, 
-lueith,  -uiiere,  -wetben,  -winn,  -walatr  etc.,  etc.,  montrent  le 
même  traitement  de  -w  après  consonne  ou  voyelle. 

Inutile  d'insister.  Je  me  bornerai  à  ajouter  que  Rodait  '  ne 
iigure  pas  dans  les  chartes  en  territoire  roman  où  les  signa- 
taires portent,  en  général,  des  noms  germaniques.  Je  ne  l'ai 
trouvé  qu'une  fois,  en  compagnie  d'une  majorité  de  ces  noms 
En  zone  bretonnante  Rodait  (et  RiidaJt)  évoluent  régulière- 
ment :  Rodait  au  ix^  siècle  (834,  878);  au  xi"  (1046,  etc.)  — 
xii-xiii^  siècle,  Rodait  (Rudalt)  et  Rodaiid  :  au  xiv%  Ro~aud 
et  Roii:;^aiid'^-  En  zone  française  de  Bretagne,  par  la  chute 
du  d  intervocalique  ',  on  eut  Roald  dès  11 12,  Roall  en  1144^, 
Roâut  en  1144-1148".  Un  nom  vieux-breton  Ro-alt  était 
possible  (^d.  Ro-hoiarn,  Ro-mael,  Ro-niin,  Rii-niantoii);  mais, 
comme  on  ne  trouve  pas  Roalt  avant  lexii''  siècle,  et  que  dans 
un  cas  Roaiit^  remonte  sûrement  \  Rodait,  il  est  clair  que  i?(w/f, 
Ruait   (ou  Roald,  Ruald),  est  une  forme  française  de  Rodait, 

1 .  Tut-gual  en  924  (J.  Loth,  Cljrest.  hret.,  p.  170). 

2.  IbicL,  p.   171,  172 . 

3 .  Voici  les  passages  du  Cart.  de  Redon  où  il  paraît .  J'ai  vérifié  les 
références  de  M.  de  Coursonet  rectifié  quelques  erreurs  :  Rotait,  Rotdalt, 
p.  255,346,  293,  288  (le  même  personnage  est  Rodait  en  1108):  Rotdalt 
indique  une  tentative  pour  exprimer  la  spirante  d  —  Rudalt  p.  223,  225, 
320,  316,  304,  283,  281,  234,  231,    315   390,  384  — Roalt,  p.  348,    161. 

4.  J.  Loth,  Cljrest.  bret.,  p.  161,  228.  Dans  le  Cart.  de  Quimperlé  on 
trouve  Rodaud  dès  1191  (Maître  et  Berthou,  Car/.  Ouiiiip.,  p.  141). 

5.  Ibid.,  p.  228. 

6.  Cart.  de  Redon,  p.  390. 

7.  J.  Loth,  Chrest.,  p.  161. 

8.  Cart.  de  Redon, p.  287,  345.  Roaiit  (p.  187,  en  1 144),  est  fils  de  Kara- 
doc  de  Mova  (Mouais,  Loire-Inférieure);  or  Karadoc  était  fils  de  Rodaldiis 
de  McM  (p.  304,  an  1104). 


296 


/.  Loth. 


Rodait.  La  forme  Rudalt  avec  u  bref  (ou  français)  étant 
assurée,  d'abord  par  l'échange  avec  Rodait,  en  second  lieu  par 
des  graphies  du  moyen  âge  comme  Roii^aud,  il  n'y  a  pas 
heu  de  douter  de  sa  valeur  ni  de  la  séparer  de  Rodait.  Il  est 
probable  que  Rodait  est  plus  ancien,  Rudalt  ne  se  montrant 
pas  avant  913  '.  Si  la  celticité  de  ce  nom  est  assurée,  son  sens 
n'est  pas  certain  \  Ruald  devenu,  dans  le  Morbihan  breton 
Ruant,  avec  //  français  est  un  nom  tout  différent  '. 

Le  nom  de  Ruald,  Roald  est  porté  en  Angleterre  par  des 
Bretons  ou  descendants  de  Bretons.  Dans  le  Doiiiesday  Book, 
Rualdus  Adoubed  figure  parmi  les  grands  propriétaires  du  pays  ■*. 
Parmi  les  signataires  d'une  charte  de  Wihenoc  de  Monemuda 
(Monmouth),  concernant  des  dons  de  terres  en  Angleterre  et 
en  France  à  Saint-Florent  de  Saumur,  donation  confirmée  par 
Guillaume  le  Conquérant  en  1086,  un  des  signataires  s'appelle 
Rudalt*.  En  11 37-1 146  dans  une  charte  d'Alan  le  Noir,  qui 
se  qualifie  cornes  Angliae  et  indigena  en  même  temps  que  comte 
de  CormvaU,  Roald  signe  comme  connétable  du  prince''.  Un 
Will.  filius  Roaldi  apparaît  dans  une  charte  faite  à  York, 
concernant  des  donations  de  terres  de  Conan,duc  de  Bretagne, 
qui  paraît  être  Conan  IV"  (1146-1171).  J'ajouterai  qu'on  ne 
trouve  pas  du  tout  Rudalt  ni  Rodait  dans  les  documents 
français  où  les  noms  germaniques  sont  les  plus  abondants, 
comme  le  polyptique  d'Irminon. 


1 .  Cart.  de  Redon,  p.  121,  115 . 

2.  Il  semble  devoir  se  décomposer  en  rod-alt,  l'homme  au  don  élevé, 
mais  comme  Ro-derch  devient  Ro:iercl)  au  moyen  âge,  il  est  possible  qu'il  se 
compose  de  ro-  particule  intensive  etdalt,  cf.  irl.  datte  datta,  disciple.  Le 
sort  de  rodans  Rodercli  montre  que  ro  peut  se  conserver  dans  cette  situation. 
Pour  Rud-att  cf.  Ru-manton,  clairement  pour Ro-7iiaiitoii. 

3 .  Ruatt  qu'on  ne  trouve  que  très  tardivement  est  pour  Ri-ualt  ,  cf. 
Ruatten  pour  Riwalton  [y .  plus  bas);  s'il  remontait  à  Rûd-att,  le  pre- 
mier terme  serait  ru:(,  rouge. 

4.  Fac-similé  en    photo:{incogravitre,    Devon,    1865    :  I,  Ruatdus  adohcd. 

5 .  Calendar  of  doc . ,  France,  I,p.  406,  407-408. 

6.  Il>id.,  p.  20. 

7.  Dugdale,  Mon.  angt.,p.  391.  Unebulle  d'Urbain  III  (1186)  confirme 
à  Saint-Florent  de  Saumur  les  donations  de  l'église  de  Saiut-Roald  en  Gla- 
morgan.  C'est  une  forme  altérée  du  gallois  Ràdol,  Cart.  de  Llandav 
Ridol  :  c"estL/rt«-;o//.'i7Z  aujourd'hui. 


Romans  de  In  TahJe  ronde.  297 

Les  noms  Morgan,  Rivalcii,  Donoakii,  Hoel,  Perinis,  Cadio, 
Cariado,  Mariadoc,  Urgan,  sout  aussi  comiques  que  bretons. 
Hoel,  sûrement  Rivalen,  et  Donoakn,  peut-être,  ont  subi  dans 
leur  transcription  l'influence  française.  Hoel  '  est  un  nom  porté 
au  xii'^  siècle,  en  Cornwall,  par  un  propriétaire  descendant  des 
Bretons  installés  dans  le  pays  par  la  conquête.  C'est  en  vieux 
breton  Ho-iuel,  nom  commun  sûrement  à  tous  lesBrittons.il 
apparaît  dès  1062,  sous  la  forme  Hoel  dans  le  Cart.  de 
Redon  ^ 

Mûrgan  est  resté  à  peu  près  intact  :  la  forme  du  ix-x*"  siècle 
est  M(;r-raw/.  Il  appartient  à  toute  la  famille  brittonique  5.  Il 
apparaît  en  Cornwall,  au  x'=  siècle  {Manumissions  on  the  Bod. 
Gosp.)  sous  la  forme  ancienne  Morcant. 

Rivalen  ou  Rivalin  ne  peut  en  aucune  façonremonterài?/^o- 
helinos  (et  non  Rigo-bilinos)  :  cf.  Conobelinus.  Dès  868  ■^,  dans 
le  Cartulaire  de  Redon,  ce  nom  de  Rivelin  est  présenté  sous  la 
forme  Rivilin.  Le  breton  a  changé  de  bonne  heure  un  e  en  / 
sous  l'influence  d'un  /  long  ;  c'est  un  fait  qui  lui  est  propre. 
Le  comique  et  le  gallois  ne  pratiquent  pas  en  général  ce  genre 
d'assimilation.  Quant  à  la  graphie  Rivalin  ou  Rivalen,  elle  est 
française  par  le  changement  de  w  de  Riwallon  en  v,  et  la 
forme  de  la  terminaison.  Aujourd'hui  encore  dans  le  Morbihan 
bretonnant,  ce  nom  est  écrit  Rivalan,  ce  qui  correspond  à 
la  prononciation  vannetaise  qui,  sincère,  serait  Riwalan  avec 
a  nasal  ;  plus  fréquemment  Rivalain  (prononcez  en  français 
Rivalin,  qui  se  trouve  d'ailleurs).  Rivalin  et  Rivalen  sont  des 
graphies  françaises  ^  :  en  1275,  dans  le  cart.  de  Prières,  on  trouve 


1.  J'ai  déjà  signalé  plus  haut  Hoel  parmi  les  propriétaires  du  Cornwall. 
Hoel   apparaît   aussi   dans  le  Winton    Domesday  (éd.  in-fol.,  1816,    IV, 

P-   547)- 

2.  J.  Loth,  Chrcst.,  p.  140. 

3.  Il  existe  encore  en  Cornwall  dans  Tre-vorgant  (Tre-Morgant)  en 
Buryan.  On  sait  que  Morgant  a  donné  son  nom  au  Glaiiiorgaii  (en  gallois 
Morganiiiic  pour  Moixantuc;  Glaiiiorgan  pour  Giulad  Morgant,  mieux  Gulad 
Vorgaiit). 

4.  J.  Loth,  Chrest.,  p.  159,110. 

5.  Les  RiveJen  du  Cart.  de  Quimperlé  remontent  à  Ri-melcn  d'aprèa 
le  Cart.  lui-même. 


298  /.  Lolh. 

après  Riuallonus,  la  mention  :  gaUice  RiaUeii  '.  Pour  la  termi- 
naison -en,  -on,  dans  Rivalen  pour  RiwaJon  (Eilhart  :  Riwalhi), 
le  seul  des  trois  groupes  brittoniques  au  xi-xii''  siècle,  qui  puisse 
la  présenter  régulièrement  est  le  comique.  L'accent  comique 
est  un  accent  énergique,  heurté  (c'est  ce  que  les  Allemands  ont 
caractérisé  par  gestossen')  et  très  destructeur  des  vo^'elles  postto- 
niques. Pour-o«  nous  en  avonsunexemple clair  dans  fimtcn  de 
fontâna  dans  le  Voc.  comique  écrit  au  commencement  du 
xiir' siècle,  mais  sûrement  copié  d'un  manuscrit  antérieur.  En 
Armorique,  au  xi^  siècle,  c'est  encore //^//^o;;-.  On  peut  citer 
dans  le  Domesday  Booh  pour  le  Cornwall,  par  conséquent  dès 
la  lin  du  x\^  siècle  '  :  Tre  -ivallen  (pour  Tre  -walhvi),  Cadwallen 
(Cad-ivaIlon\  Egles  pour  Eglos,  Egloes^  église,  dans  Egles-ros; 
Pen-fontcnio  Çfontmio  pluriel  de  fimten,  fônten^  ;  Modrcd 
(^Modrcdes) dans  les  Maniiiiiissions  en  the  Bodmin  Gospel,  (\n\  sont 
du  x-xi'^  siècle,  si  on  le  compare  au  gallois  Medraiid  et  à  l'armo- 
ricain Modrot,  nom  d'homme  du  Cart.  de  Redon,  montre  déjàcet 
affaiblissement  de  la  terminaison,  qui,  même  dès  le  xi'^  siècle, 
atteint  les  diphtongues  posttoniques  :  par  exemple  Tal-gollo 
pour  Tal-golaw  (cf.  Penfontenio').  Rivalen  pour  Rkualcn  serait 
donc  une  forme  comique  régulière  \  si  on  fait  abstraction  du 
changement  deiu  en  v.  L'affaiblissement  de -on  en  -en  est,  en 
somme,  tardif  en  armoricain;  à  part  RoaUen  (p.  295  en 
1080)-^  et  GraaJend,  p.  750  en,  1 124-1 125,  je  n'en  vois  guère 
d'exemple  avant  le  xiv^  siècle.  Dans  le  Cart.  de  Redon, 
comme  dans  celui  de  Quimperlé,  on  a  RiuiiaJiou,  DouunaUon 
ou  Rkvûlhin,  Donivallun,  Duniualliin  (var.  Rignalkvi,  Ditn- 
giiallojï). 

S'il  devait  rester  le  moindre  doute  sur  Rivaleu=RkuaJlon,\a 
forme  Roulnnd  qui  apparaît  plusieurs  fois  dans  sir  Tristrem  > 

1.  J.  Loth,  Chrest.,  p.  228.  Cf.  Cadoiialahi  en  1233,  P-  195-  La  forme 
Ruvalen  est  sur  le  chemin  qui  la  mènera  kKiialeii  que  l'on  trouve  en  131 5 
dans  Ker-rualen. 

2.  J.  Loth,  C/;;r5/.,  p.  205    135.  En    gallois  c'est /«««;<«. 

3.  En  1350  Rosoinualh'ti  \  1403  Ros-ivallen  (Histm-y  of  Trigg  miiior,!!, 
p.  130  ;    III,  p.  84). 

4.  A  cette  date,  RoaUen  pourrait  bien  être  une  faute  de  lecture  pour 
Roallon  :  cf.  p.  283  (1072)  Roalloii.  Il  n'est  pas  sûr. 

5.  Bédier,  Tristan,  I.p.  2,  note  2. 


Romans  de  Ut  Table  ronde.  299 

le  lèverait.  Rouland  remonte  clairement  à  une  forme  (Vr//6'  insu- 
laire RiiaJand  pour  Riiallan  :  d.  Cadoalani  dans  le  Domesday 
Book  pour  le  Cornwall.  Le  groupe  Riiv  est  arrivé  à  Ru  (J't  fran- 
çais) et  dans  RiiaU  pour  Riwàlt  et  dans  Riiûllon  pour Riiual Ion. 
La  terminaison  -an  Çet-ant)  pour  le  vieux-breton,  vieux-cor- 
niqueet  vieux-gallois  on  (gall,  -aun)  et  vieux-celt.  âno-,  ne  paraît 
pas  en  Armorique  avant  le  xV^  siècle  et  n'est  guère  usité  qu'en 
vannetais;  elle  est  proprement  insulaire.  J'ai  cité  dans  le  Domes- 
day Book,  CadoaJant.  Dans  une  charte  de  l'abbaye  de  Margam 
en  Galles,  c'est  encore  Cadiinallan  en  1129  '.  Dans  Layamon 
Riivallon  est  transcrit  par  Riiuaddlan.De  plus,  land  pour  Jan  est 
également  fréquent  dans  le  Domesday  Book  :  Hen-land  pour 
Hen-lan,  auj.  HelJan  en  Probus;  PorttaJant,  auj.  Portalla  en 
Talan  (écrit  à  tort  Taland)  ;  Treland,  auj .  Trelan  en  S*-Keverne . 
La  forme  qui  explique  Rouland  se  trouve  dans  une  charte  de 
11^^  :  Rnallan,  variantes  Riiiuathlan,  Rwatlan^  {The  Bruis 
(à  l'année  1062  :  Ruallawn).  Une  forme  Rualand,  avec  / 
simple  et  terminaison  J,  serait  plutôt  comique,  le  comique  ne 
connaissant  pas  /  sourd  et  ayant  indifféremment  une  ou  deux 
liquides  en  situation  intervocalique,  mais  avec  transcription 
anglo-saxonne.  Eilhart  aura  lu  le  u  de  sa  source  écrite  û 
(ou  français)  au  lieu  de  ii\  Il  est  possible  que  pour  Rouland 
il  y  ait  eu  confusion  avec  un  autre  nom.  Après  avoir  envoyé 
ce  travail  à  l'impression,  j'ai  relevé,  en  Devon,  le  nom  de 
Rouland  dans  le  nom  de  Rouland-es  ton  (Feiidal  Aids,  I,  p.  314  : 
an  1284-1286). 

Le  nom  de  Donoalen ,  Dcnoalen ,  n'est  pas  exclusivement  bre- 
ton comme  l'a  avancé  M.  Bédier.  On  ne  le  trouve  pas  d'ail- 
leurs sous  ces  formes  ni  dans  le  Cart.  de  Redon  ni  dans  celui  de 
Quimperlé.  On  ne  trouve  que  les  formes  avec  finale  -on,  -un  ; 
aucun  desnomscitéspar  M.  Bédier  ne  la  montre.  Je  ne  vois  de 
forme  armoricaine -t'«  pour  ce  nom  qu'en  i434(Donguallen)  •*. 

1.  De  Gray-Birch,  History  of  Margam  Abhey,  p.  9. 

2.  Clarke,  Cartae  et  alla  munimenta  qiiae  ad  dominium  de  Glaiiiorgan 
pertinent,  1885,  p.  74,  92.  La  graphie -f/;/  n'est  pas  rare  ;  c'est  une  tentative 
pour  rendre  /  sourd  gallois. 

5.  Ed.  Rliys  Evans,  p.  268. 

4.  Cart.    Redon,  p.    74,  86,  129,   261,  243,  355.    —  Cart.   de    Quim- 


500  /.  Loth. 

Il  n'est  pas  rare  en  gallois  :  x^-xi'^  siècle  dans  le  Livre  de  Lan- 
dav  '  Diii nnguallaun  (prononcé  Dâv-gwallaun  '  avec  voyelle  de 
résonnance  entre  v  et  «)  ;  Diii-guallaun,  Diin-guaJJaiin  (pron. 
Dôn-giuallauni,  ou  Ddn-ivallaivn).  En  Cornwall  Diïvn-iuallon 
devenait  régulièrement  Dônwallon,  Donwallen  (e  =  ô  bref), 
H  bref  étant  devenu  o  de  très  bonne  heure,  dès  l'époque  du 
vieux  comique. 

Ce  nom  paraît  un  peu  plus  commun  en  Armorique,  mais 
on  ne  peut  rien  en  arguer,  car  pour  des  raisons  données  plus 
haut,  l'onomastique  comique  pour  les  noms  propres  d'hommes 
dès  la  fin  du  xi^  siècle  est  fort  pauvre  :  on  n'en  trouve  guère 
que  dans  quelques  rares  chartes  anglo-saxonnes  et  les  Mdniimis- 
sions  on  the  Bodmin  Gospel.  A  propos  des  formes  de  noms  britto- 
niques  apparaissant  dans  les  lais  et  romans  arthuriens,  il  me 
semble  utile  dédire  un  mot  de  Gracient  qui  a  grandement  servi 
et  n'est  pas  encore  hors  d'usage  pour  étayer  la  thèse  armori- 
cainede  Zimmer  et  C'^-Grûif/t'/z/a  donné  son  nom  à  un  lai  célèbre. 
La  forme  vieille-armoricaine  (ce  serait  aussi  la  forme  vieille- 
cornique)  est  Gradlon,  gallois  Grat-laun.  En  zone  bretonnante, 
il  a  évolué  enGra^lon  et  Grallon.  En  zone  bretonne  française 
1124-1175,  c'est  Graelend  (terra  Graalendi  presbyteri) '. 
Actuellement  la  forme  courante  venue  de  la  Bretagne  française 
est  Gra/rt;?,  souvent  écrit  Gralland.  On  en  a  conclu  que  Grac- 
ient ne  pouvait  être  que  d'origine  armoricaine.  Or,  c'est  un  nom 
très  connu  en  Cornwall  :  on  trouve  en  1166  Gralan,  en  1212 
Grealant  ^,  a  corriger  en  Graciant;  au  xiii^  siècle  Gra:^elen  >. 
Ce  sont  deus  descendants  de  Bretons:  le  Gralan  de  11 66  est 
de  la  famille  des  Blohion  (mal  écrit  Blohin  pour  Blohiii  dans  le 
Domcsday  Book). 

perlé,  éd.  Maître-Berthou  (Donuuallonus,  Donguallonus,  Dunguallon, 
Dunguallonus,  Dunguallun);    cf.  J.  Loih,  Chiest.,  p.  127,  202. 

1.  The  Book  of  Llandav,  éd.  Evans,  223,  p.  200-251 . 

2.  Cf.  Dibrguyr  (ihid.,  p.  12^)  Duviiguyr  pour  Dâvr-gwyr,  p.  128.  Cf.  la 
forme  moyenne-galloise  Dyvyr-Diuy,   vieux-gallois  Dubr-Diiiu. 

5.  J.Loth,  Ctirest.,  p.  13  Grat  entre  en  composition  dans  d'autres  noms  : 
cf.  en  Cornwall,  dans  les  Manum.  Gratcant.  Parmi  les  hommes  de  l'ab- 
baye de  Beaugency,  figure  à  côté  de  Heiveus,  Graalan^  dans  un  document 
de  la  fin  du  xie  au  début  du  xii^  (Longnon,  Polyptiqiie  iVInninon,  II,  v.  98). 

4.  Journal  of  the  Roy.  Iiist.  of  Cormuall,  1890- 1891. 

5.  History  of  Trigg  ininor,  I,  p.  113,  note  3. 


Romans  de  la  Table  ronde.  501 

C«^w,  qui  apparaît  dans  IcTristan  en  prose  (cf.  pour  la  termi- 
naison, plus  haut,  Penfmtenio,  Talgiillo)  est  le  nom  d'un  pro- 
priétaire du  Devon. 

Pour  Permis,  qui  joue  un  rôle  médiocre,  dans  le  roman, 
sa  celticité  est  douteuse.  Aussi  ne  l'ai-je  pas  mentionné  dans 
ma  Chrestomathie.  Il  est  remarquable  que  Perçues  (Pere- 
nesius),  est  un  nom  de  moine,  d'abbé,  ou  de  personnage 
ecclésiastique  dans  le  Cartulaire  de  Redon.  Le  plus  souvent, 
il  en  est  de  même  dans  le  Cartulaire  de  Quimperlé.  Mais  à 
côté  de  Perenesius,  dans  la  Cart.  de  Redon,  apparaissent  des 
témoins,  au  ix^siècle,  du  nom  de  Pirinis,  Perinis  (p.  42,  104, 
183);  Perinis  devient  régulièrement  Perenes,  au  xi-xii''  siècle; 
il  désigne  aussi  des  laïcs  dans  le  Cart.  de  Quimperlé  '.  Le  nom 
Pirinis,  Perinis,  puis  Perenes,  paraît  devoir  se  décomposer  en 
Pir-ÇPer-)inis,  l'île  de  Pir  (vieux-celt.  Porius  :  cf.  Porius  dans 
les  Inscr .  Br.  Chr .  vieux-gallois  P/r)  -.  Je  ne  l'ai  trouvé,  en 
Angleterre,  qu'en  Galles,  sous  la  forme  analytique  Ynys  Pyr, 
nom  ancien  de  Caldey  Island  rattaché  à  la  paroisse  de  Penaly 
en  Pembrokeshire  :  c'est  l'équivalent  de  Pir-inis  \ 

Gor-venal  est  probablement  pour  Gor-ivenwal.  Il  peut  appar- 
tenir aux  trois  groupes. 

Il  en  est  de  même  de  Goron  ou  Gïiron.  Néanmoins,  si 
Guirun  est  la  forme  sincère  +,  Goron  est  plus  proprement 
comique.  C'est,  en  effet,  la  seule  des  langues  brittoniques  qui 
réduise  une  diphtongue  sous  l'accent  à  une  seule  voyelle  \ 

Mériadoc  est  commun  au  trois  groupes.  Meriadoc  est  un 
nom  de  district  en  Galles.  On  sait  que  Saint  Meriasek,  forme 
régulière  de  moyen  comique  pour  Meriadoc,'^  été  le  sujet  d'un 
drame  comique.  Ce  saint  est  armoricain;  on  trouve  en  Galles, 
en  1 139,  le  nom  d'homme  Meriadoc^.  Branguain  ou  Bren- 

1.  Ed.  Maître-Berthou,  p.  245,  248,  155. 

2.  Cf.  John  W\àys,  Lecture  on  Welsh  Philology,  p.  376;  cf.  Mainaur  Pir 
{Bookoj  Llandav,p.  124),  en  Pembrokeshire  ;  moyen-gall.-Pj/-  (breton  Per). 

3.  Lewis,  A  topogr.  Dict.  of  IVales,  I,  à  Caldey  Island,  v.  aussi  II, 
Manorheer. 

4.  '&éà.\tY ,  Le  roman  de  Tristan,  I,  vers  855,  839. 

5.  Seul,  en  Galles,  à  l'époque  moderne,  le  dialecte  de  Glaniorgan,  fait 
cette  réduction. 

6.  De  Gray-Birch,  History  of  Margaui  Ahhcv,  p.  96. 

Revue  Cellique,  XXXIH.  20 


302  /.  Loih. 

gain  n'est  pas  connu  en  Armorique.  C'est  sûrement  le  vieux- 
gallois  Braii-iuen,  nom  de  la  sœur  de  Bran,  dans  le  mabinogi 
qui  porte  son  nom.  Brangvain  représente  Bran-gwen,  forme 
caractéristique  du  x^  siècle  et  qu'on  peut  trouver  même 
au  XI*". 

Nous  avons  vu  plus  haut  queDynas  était  comique.  On  peut 
en  dire,  autant  de  Cariado,  de  Caerdin  et  probablement  de 
KaneJangres. 

Cariado  semble  un  dérivé  de  cariad,  qui  signifie,  en  gallois, 
amant  ou  amante,  objet  aimé,  mais  ce  peut  être,  ce  qui  est  plus 
probable,  une  forme  comique  signifiant  aimable  (Thomas^ 
vers  956  :  del  bian  Cariados  se  dote).  La  forme  courante  en 
comique  moyen  est  caradoiv,  aimable.  Ces  mots  en-adoiu 
sont  propres  en  comique  et  conformes  à  sa  phonétique  ;  en 
gallois,  c'est  caradiuy  ;  en  breton,  au  xii''  siècle,  c'eût  été 
cavadoiie  '.  En  Cornwall,  au  contraire,  cette  réduction  se 
montre  dès  le  x*"  siècle  :  -wy  se  réduit  même  à  0  :  Morhaytho, 
Morhacffo,  Mor-hacâo  ~  ;  dans  le  Cart.  de  Redon  :  larn-haitboni  K 

Kaherdin  est  composé  de  Caer  et  de  din  citadelle  (vieux-celt 
dûnos).  Din  est  fréquent  comme  second  terme  en  Cornwall  : 
Pendin  écrit  auj.  Pen-deen  en  Saint-Just  en  Penwith.  Il 
y  a  même  en  Crowan  un  Kerthen  que  Leiant  donne  sous  la 
forme  Cairdine  +.  Din  n'apparaît  en  breton  que  dans  le  dimi- 
nutif ou  dérivé  Dinan.  Le  nom  propre  Kaherdin,  Caerdin 
est  donc  sûrement  comique. 

CanoeJ,  résidence  du  père  de  Tristan,  a  été  rapproché  de 
Canuel  près  Guérande,  qui  paraît  dans  une  charte  du  ix^  siècle 
du  Cartulaire  de  Redon  '.  M.  Quilgars  qui  a  composé  un 
Dictionnaire  toponomastique  de  la  Loire-Inférieure  et  est  guéran- 
dois,   l'identifie  avec  le  nom   actuel,  CanveJ,  en    Piriac.   Je 


1.  Dialectatevient,  plus  tard,    on  a  le  nom    propre    de   femme   Caradou. 

2.  Mail,  on  Ihe  Boilniin  Gospel  (Revue  Celt.,  I,  p.  432). 

3.  On  a,  il  est  vrai,  à  côté  de  larn-haithoni,  larn-Jiaitoii,  mais  il  semble 
qu'on  ait  confondu  deux  terminaisons  différentes  ;  baitboiii  et  haithoeu'.  Il 
n')'  a  aucun  exemple  d'affaiblissement  de  -oui  -oue,  en  Bretagne,  avant  le 
xiiie-xive  siècle. 

4.  Coiiipl.  Par.  Hist.  of  Cornwall,  I,  p.  268. 
3.  Cart.  Redon,  p.  21. 


Romans  de  Ut  Table  ronde.  303 

ne  sais  sur  quoi  il  se  fonde,  car  la  charte  le  donne  comme 
situé  en  Guérande  (/^F(J;//wî).  S'il  a  raison,  Canucl  doit  être  lu 
Camel.  Ceh  n'a  guère  d'importance,  d'ailleurs;  Canoel  était 
incontestablement  situé  en  Angleterre.  Quoi  qu'il  en  soit, 
Rivalen  tirait  son  surnon  de  Kaiielangres,  de  son  manoir  de 
Canoel.  Or  la  seule  langue  brittonique  qui  puisse  réduire 
Canoel  en  Canol  ou  Canel  au  xi'^  siècle  est  le  comique  (cf.  plus 
haut  Egles  pour  Eglos  =  Egloes,  Eglois  ;  cf.  Voc.  corn,  bios, 
aculeus,  pour  brot  =  bruit). 

Canol  est  connu  dans  la  toponomastique  comique  :  Canal- 
Idy  en  1287-88,  en  1302,  Caiialesy  '  aujourd'hui  Canel-igey 
ou  Canal-igey  :  c'est  un  nom  de  lieu  en  Saint-Issey,  ancienne- 
ment s"^-Ide  de  Eglos-cnic.  Il  est  possible  qu'il  faille  couper 
Kaiielangres  en  Kanelan  grès  :  Canelan  serait  un  dérivé  de  Canoel 
et  grès  pour  cres  indiquerait  la  situation  de  la  résidence  de 
Rivalen.  Bon  nombre  de  propriétés  aujourd'hui  encore,  en 
Cornwall,  sont  divisés  suivant  leur  situation  :  la  partie  du 
haut  sera  caractérisée  par  luartha  (la  plus  haute),  gallois 
warthàv  ;  la  plus  basse  par  luoles  Çgolas  pour  goelet,  breton 
gouelet,  gallois  gzuaelod)  et  celle  du  milieu  par  cres,  breton 
crei:;^  :  cres  dans  ce  cas  est  toujours  changé  en  grès:  en  1283- 
84  ^,  Porthilly-gres  ou  Porthilly  du  milieu,  à  côté  de  Porthilly 
Egles  ou  Porthilly  de  l'Eglise  (du  quartier  de  l'église).  De 
même  goles  et  gwartha  (gallois  giuarthav)  deviennent  luoles 
et  luartha  :  en  1283-84  Trewynt  woyles  et  Treivynt  luartha. 

Canoel  a  pu  prendre  la  ïorme  Caonoelan  et,  régulièrement, 
en  comique,  CanolanQi  Canelan  '  :  le  dérivé  (parfois  diminutif) 
-ail  se  trouve  pour  des  noms  de  propriétés  :  la  villa  de  Uueîen- 
uttoion,  c'est-à-dire  vraisemblablement  d'un  [////o/o;/,  s'appelle 
dans  le  Cartulaire  de  Redon  :  Ra.n(;villa,  part)  Uuoion-an 
(p.  9  année  833  834)  -.  Il  est  fort  possible  aussi  que  Kana- 


1.  Maclean,  Historyof  Trigg  Minor,  II,  p.  26,  29. 

2.  Assiie  Roll,  III  (12  Edward  I,  20  novembre). 

3.  Le  nom  de  lieu  Ca«o/iï,  notamment  Cartes  Cir«o/«  apparaît  plusieurs 
fois  dans  VExonDomesday  (éd.  in-fol.,  tome  III,  p.  320).  Canota  peut  être 
anglo-saxon  pour  Canol  an  :  cf.  Caedwala  pour  Cadwalhn.  Mallicureuse- 
ment  l'origine  et  le  sens  de  Canola  sont  douteux. 


304  /.  Lot  h 

langrêssoit  composéde  Canel  pour  Canoelei  d'un  nom  d'homme 
Angrès.  M.  Bédier  a  signalé  Angrès  dans  Cligîês.  Il  apparaît 
aussi  dans  un  document  anglais  du  temps  d'Edward  III  :  le 
sherifF  des  îles  Anglo-normandes  (Jersey,  Guernesey,  Sierk, 
Aurigny)  est  invité  à  donner  une  indemnité  à  John  Angrees 
dont  le  fils  a  été  tué  dans  ces  îles,  en  combattant  contre  les 
Français  '. 

Le  nom  du  chien  Hndoit,  variantes  Hodain,  Hudeny  paraît 
bien  composé  de  ha  -,  bon,  bien  (vieux-celtique  m-') 
et  de  dmt,  pluriel  de  dant,  dent  :  qui  a  de  bonnes  dents. 
La  forme  galloise  correspondante  eût  été  Hu-deint  qui  eût 
été,  au  xi^  siècle,  écrite  Hi-deint  ou  Hy-deint.  Hiidcnt  peut 
être  aussi  bien  cornîque  qu'armoricain.  La  graphie  Husdent 
me  paraît  une  tentative  maladroite  pour  exprimer  le  son  du  d 
intervocaliquequî  est  spirant. 

En  somme,  les  noms  propres  d'homme  du  roman  (même 
ceux  des  deux  chiens),  qu'ils  soient  français,  anglais,  breton- 
armoricains,  se  trouvent  presque  tous  en  Cornwall  ou  dans  les 
régions  voisines  ;  plusieurs  apparaissent  avec  une  forme  plu- 
tôt comique  ou  tout  au  moins  celtique-insulaire. 

On  le  voit,  l'étude  de  ces  noms  ne  fait  que  corroborer  les 
résultats  acquis  par  celle  des  noms  de  lieux. 

La  légende  de  Tristan  et  Iseut  était  certainement  courante 
chez  tous  les  peuples  de  langue  brittonique  de  l'Ile  de  Bre- 
tagne, du  nord  au  sud.  Elle  se  montre  dans  les  traditions  de 
ceux  qui,  à  l'époque  de  sa  diffusion  chez  les  Français,  parlaient 
encore  la  langue  de  leurs  ancêtres.  Pour  le  pays  de  Galles,  la 
preuve  n'en  est  plus  à  faire  ^,  mais  la  version  dont  se  sont 
surtout  inspirés  nos  poètes  est  sûrement  celle  qui  a  été  loca- 
lisée et  élaborée  en  Cornwall.  Elle  était  fixée  dans  ses  traits 
essentiels  avant  la  conquête  de  Guillaume  ;  on  en  a  des 
témoins  et  les  plus  impartiaux  de  tous,  dans  les  noms  de  lieux  : 
Lancien  (sans  parler  de  lintagel'),  Morreis,  {Morroisc,  Morresc), 


1.  Cateiidars  of  Close  Rotts,  Edw.  III,  p.  204. 

2.  Y.Coittribiilionsà  F  étude  des  romans  delà  Table  Ronde,  VI.  Cf.  J.  Loth, 
Mahinogion,  I,  p.  92,  note  i,  311  ;  II,  p.  205,  note  8,  231,  258,  247,  248, 
260, 267. 


Romans  de  la  Table  Ronde  305 

qui  figurent  dans  le  Doinesday  Book,  le  gué  d'Eseli  (967), 
l'église  Saint-Samsou,  Costentin  avec  T reçoit  {Doinesday  Book). 
Le  philtre  d'amour  qui  symbolise  tout  le  drame  moral  ou 
immoral  de  la  légende  et  en  atteste  l'existence,  porte,  chez 
Béroul,  un  nom  anglo-saxon  :  Loucvendris,  pour  Lovcndrinc,  ou 
Lovcndrant  pour  Lovendranc.  Cette  légende  de  fond  celtique 
(brittonique),  courante  chez  les  Anglo-Celtes  du  Cornwall  et 
sans  doute  du  Devon,  les  Français  y  ont  aussi  collaboré;  les 
noms  du  Saul  Tristan,  Mal  Pas,  Blanche  Lande  sont  signifi- 
catifs, quoiqu'ils  soient  vraisemblablement  traduits  de  noms 
comiques.  La  civilisation  française  a  sans  doute  aussi  influé 
sur  les  moeurs  et  la  physionomie  du  roman,  plus  ou  moins, 
suivant  les  époques  et  le  tempérament  des  poètes  :  Thomas, 
en  ce  sens,  a  plus  innové  que  Béroul.  Les  Français  ont  puisé 
à  deux  sources  :  une  source  écrite,  et  une  source  orale  ■:  la 
prononciation  que  trahissent  Lancien  (Lantien),  Tinta jol  (Tin- 
tageï),  Morrois,  Morreis  ÇMorroisc,  Morres)  est  anglo-saxonne 
et  ne  répond  pas  à  la  forme  celtique  écrite.  Dinas  de  Lidan, 
pour  Dinas  Lidan,  indique  également  une  source  orale  mal 
interprétée  ;  une  source  écrite  eût  donné  Dinas  Lidan  ;  au 
contraire,  Rivakn  Kanelaiigrcs  pour  Rivalen  de  Kanelangrcs  est 
parfaitement  correct  et  comique.  Tristan  {Trystan)  suppose 
une  forme  écrite. 

Resterait  à  établir,  sommairement,  la  part  des  Bretons- Armo- 
ricains. Elle  serait  à  peu  près  nulle,  s'il  s'agissait  des  Bretons 
vivant  en  Armorique.  On  ne  peut  guère  signaler  à  leur  actif 
que  saint  Tresmor  de  Carabes  et  encore  Tresmor  est-il  une  forme 
purement  littéraire.  La  forme  sincère  est  Trechuior  qui  figure 
dans  la  vie  de  saint  Gildas  de  Rhuys.  Mais  il  y  avait,  nous 
l'avons  vu,  des  Bretons  de  marque  établis  en  Devon  et  Corn- 
wall, grands  propriétaires  entourés  sans  doute  de  soldats  et 
de  serviteurs  de  leur  pays,  à  la  suite  de  la  conquête  française. 
S'il  n'y  avait  à  leur  attribuer  que  les  noms  de  Roald  et  peut- 
être  de  Perinis,  leur  rôle  serait  bien  effacé.  Il  est  cependant,  a 
priori,  invraisemblable  que  ces  Bretons  parlant  la  même  langue 
que  les  Cornouaillais,  ayant  les  mêmes  goûts  pour  la  poésie,  ' 
les  récits  romanesques,  ne  se  soient  pas  intéressés  à  une  légende 
aussi  captivante,  et  ne  l'aient  pas  plu^  ou  moins  modifiée,  au 


3o6  /.  Loth 

profit  de  celle  que  leurs  ancêtres  insulaires  leur  avaient  léguée 
et  qu'ils  apportaient  aussi  d'Armorique.  L'Ile  Trestan  (insula 
Trestannï)  aujourd'hui  Ile  Tristan  dans  la  baie  de  Douarnenez, 
ne  peut  avoir  une  origine  savante  :  on  eût  eu  Tristan.  C'est 
en  vain  qu'on  ferait  remarquer  que  le  nom  le  plus  ancienne- 
ment connu  est  l'île  de  Saint-Tiituarn.  Il  arrive  fréquemment 
(il  y  en  a  notamment  en  Cornwall  de  nombreux  exemples) 
qu'un  lieu  ait  deux  noms  :  un  nom  religieux  et  un  nom 
laïque.  Tutiiarn  était  le  nom  du  prieuré;  Trestan,  sans  doute, 
le  nom  de  l'île  entière.  Nulle  part  la  légende  de  March  aux 
oreilles  de  march  (cheval),  n'est  aussi  répandue  que  dans  notre 
Finistère',  et  particulièrement  dans  le  voisinage  de  \Th  Tres- 
tan. Cambry^  l'avait  déjà  recueillie  en  1794,  près  de  Douar- 
nenez, au  fond  de  la  baie  :  «  vous  serez  étonné  de  rencontrer 
ici  une  fable  à  peu  près  pareille  à  celle  du  roi  Midas  ;  eUe 
existe  dans  toutes  les  télés,  dans  les  plus  anciennes  chansons.  Le 
roi  de  Por~niarch'  faisait  mourir  tous  ses  barbiers,  de  peur 
qu'ils  racontassent  au  public  qu'il  avait  des  oreilles  de  cheval. 
L'intime  ami  du  roi  venait  de  le  raser;  il  avait  juré  de  ne  pas 
dire  ce  qu'il  savait,  mais  ne  pouvant  résister  à  la  rage  de 
raconter  ce  fait,  par  le  conseil  d'un  sage,  il  fut  le  dire  aux 
sables  du  rivage.  Trois  roseaux  naissent  dans  le  lieu;  lesbardes 
en  firent  des  anches  de  hautbois  qui  répétaient  :  Portiniarc'h, 
le  roi  Port:^niarc'b  a  des  oreilles  de  cheval.  »  M.  Luzel  m'a 
affirmé  avoir  recueilli  la  même  légende  au  même  endroit . 
Plusieurs  autres  versions  ont  été  recueillies  :  une  à  Lost- 
niarclj,  en  Crozon  +,  une  seconde  à  Prat-an-Rons,  en  Penhars, 
près  Quimper,  une  troisième  à  Portsall  par  Sébillot. 

Elle  existait  aussi  à  Pont-l'abbé.  M.  de  la  Borderie  ^  signale 
dans  l'île  Chevalier,  dans  la  rivière  de  Pont-L'abbé,  un  Cas- 
tel  roe  Marc' h  (château  du  roi  Marc'h).  Le  nom  exact  de  ce 
château   qui   appartenait  aux   barons  de  Pont-L'abbé,  est  en 

1.  Il  3^  a  dans  le  Morbihan  des  Poiilinarcb,  mais  il  n'y  a  rien  à  conclure 
de  pareils  noms,  quand  la  légende  n'y  est  pas  jointe. 

2.  Voyage  de  Canihiy  dans  le  Finistère  en  1794,  éd.  Souvestre,  1836, 
p.  179. 

3.  Auj.  Plomarc'h,  en  Ploaré. 

4.  Bulletin  de  la  Soc.  arch.  du  Finistère,  XIX,  XX\',  XXVI. 

5.  Géographie  féodale  de  la  Bretagne,  p.   154. 


Roiiuuis  de  la  Table  Ronde  307 

1425  '  le  château  du  roi  Gnimarc'h.  C'est  également  le  nom 
que  porte  le  roi  March  dans  la  légende  de  Prat-an-Rous  en 
Penhars,  racontée  par  son  confrère,  M.  Allain  à  Paul  Sébillot  % 
ai  après  le  récit  breton  de  son  père.  Cette  version  a  un  caractère 
visiblement  populaire  (par  la  réflexion  concernant  le  roi 
d'Yvetot).  Comme  elle  est  moins  connue,  je  la  donne  in- 
exlenso  :  «  Autrefois,  il  y  avait  à  Prat-an-Rous,  un  roi  appelé 
Gu'ivarc' h ',  qui  avait  des  oreilles  de  cheval,  et,  pour  les  cacher, 
il  était  toujours  coiffé  d'un  bonnet  qui  les  recouvrait  exacte- 
ment. Il  n'y  avait  que  son  barbier  qui  fût  dans  le  secret, 
parce  qu'il  était  obligé  de  se  découvrir  pour  se  faire  tondre  et 
raser.  Or,  il  lui  avait  fait  jurer,  sous  peine  de  mort,  de  ne 
jamais  livrer  son  secret  à  âme  qui  vive.  Comme  tout  secret 
pèse,  il  alla  un  jour  faire  sa  confidence  à  une  touffe  de  sureau 
qui  croiss-iit  au  coin  d'un  talus.  L'été  suivant,  il  y  avait  aire 
neuve  dans  un  village  voisin,  et  l'on  devait  y  mener  grande 
danse.  Le  joueur  de  biniou,  passant  près  du  buisson  de  sureau, 
en  coupa  une  branche  pour  refaire  l'anche  de  son  instrument. 
Quand  la  danse  fut  en  train,  dès  qu'il  se  mit  à  souffler,  le 
biniou,  au  lieu  de  donner  ses  sons  et  ses  airs  habituels,  disait 
et  répétait  : 

ar  roué  Gwivarch  •^ 
En  den~  diou  scoiiarn  marc  h. 

au  grand  ébahissement  des  danseurs. 

Le  roi  Gwivarc'h  vint  lui-même  de  Prat-an-Rous  pour 
assister  aux  ébats,  et  ne  fut  pas  peu  surpris  d'entendre  le 
biniou  faire  à  tout  le  monde  cette  révélation  indiscrète.  Plein 
de  colère,  il  apostropha  vivement  le  sonneur  ;  mais  celui-ci 
lui  dit  qu'il  n'en  pouvait  mais,  et  que,  malgré  toute  sa  bonne 

1.  Inventaire  des  Archives  de  la  Loire-Inférieure,  série  B  2028.  Ce  docu- 
ment m'a  été  signalé  par  M.  Bourde  de  la  Rogerie,  archiviste  d'Ille-et-Vil- 
laine, 

2.  Revue  des  trad.  populaires,  VII  (1897),  p.  356  et  suiv. 

3.  Ce  nom  très  intéressant  remonte  à  un  vieux-celtique,  *  Visu-marco-s 
(l'isu,  gall.  giviw,  ir\. Jiu,  digue);  vieux-breton,  -iviu-  Giviu-march,  est  dif- 
férent de  IViudio-viarch  qui  a  donné  Guiyonvarch. 

4.  Le  roi  Gwivarc'h  a  des  oreilles  de  nuvr'h  (cheval). 


3o8  /.  Lot  h 

volonté,  il  ne  pouvait  pas  faire  [dire]  autre  chose  à  son  ins- 
trument. «  Voyez  plutôt  vous-même  »_,  dit-il,  en  passant  le 
biniou  à  Gwivarc'h.  Celui-ci,  tout  aussi  peu  fier  que  le  roi 
d'Yvetot,  se  mit  à  souffler  dans  le  sac  à  biniou,  qui  se  remit 
à  sonner  et  à  répéter  : 

ar  roue  Gwivarc'h 
En  deu:(dioii  scouarnmarch. 

«  —  Eh  bien,  dit  le  roi,  puisque  ce  biniou  endiablé  vous  a 
dit  mon  secret,  jugez-en  par  vous-même  »  ;  et  il  retira  son 
bonnet,  et  tous  les  assistants  purent  contempler  ses  oreilles 
de  cheval.  »  M.  Allain,  dans  la  séance  du  28  avril  (de  la  Soc. 
Arch.  du  Fin.),  a  ajouté  à  cette  légende  un  détail  intéres- 
sant :  «  un  de  ses  barbiers,  pour  son  indiscrétion,  fut  mis  à 
mort,  ttsnr  sa  tombe,  il  poussa  un  sureau.  Le  sonneur  en  cassa 
une  branche  pour  réparer  son  instrument  \  « 

C'est,  à  mon  avis,  de  la  juxtaposition  en  Cornwall,  des 
deux  légendes,  comique  et  armoricaine,  et  d'un  compromis 
entre  les  deux,  que  vient  la  création  des  deux  Iseut  ^  Il  est 
remarquable  que  la  géographie  de  l'Armorique,  quand  elle 
devient  la  scène  du  roman,  y  est  des  plus  vagues.  On  y  sent 
que  ce  sont  des  souvenirs  déjà  confus  :  c'est  le  fait  de  Bretons 
nés  en  Cornwall.  Le  roman  en  prose,  auquel  je  n'attache  pas 
grande  importance  au  point  de  vue  du  roman  primitif,  même 


1 .  La  légende  recueillie  par  Sébillot  ne  donne  d'autre  nom  au  roi  que  celui 
de  Karn,  nom  d'une  île  près  Portsall.  Il  est  clair  qu'il  manque  un  nom  : 
du  seigneur  de  Karn,  on  aurait  fait  le  seigneur  Karn  (cf.  Dinas  de  Lidan). 
Il  devait  s'appeler  Marc'h  Karn,  Marc'h  de  Karn.  Peut-être  l'île  s'est-elle 
appelée  Karn-march.  Sur  une  tête  sculptée  de  March  ou  prétendue  telle 
V.  Revue  des  Tr.pop.,  VII,  p.  357-358. 

2.  J'avais  envoyé  ce  travail  à  l'impression,  quand  j'ai  pu  prendre  con- 
naissance du  très  intéressant  compte  rendu  qu'a  consacré,  récemment, 
M.  E.  Muret,  à  l'ouvrage  de  Golther  (Tristan  uni  Isotde  in  den  DicJjtungen 
des  Mittetalters  und  der  neuen  ^eit  ;  Leipzig,  1907),  dans  la  Zeitscljri/t  fiir 
fran:{.  Spr.  und  Letter.  (Sonderabdrùck).  L'auteur  me  l'avait  adressé,  il  y  a 
déjà  quelque  temps.  Je  suis  heureux  de  me  rencoutrer  avec  lui  sur  la  ques- 
tion d'origine  des  deux  Iseut,  comme  sur  d'autres  points.  Il  renvoie,  à  ce 
propos,  à  un  ouvrage  que  je  n'ai  pas  lu  :  Deutschbein,  Studien  :{jur  sagenges- 
cJiiclite  Engtatids  (Gotha,  1906). 


Roiiiiiiis  de  la  Tahlc  Ronde  309 

dans  ses  parties  dites  anciennes,  a  été  remanié  évidemment 
sur  certains  points  par  des  Armoricains  ou  sous  leur  influence. 
Je  n'en  veux  pour  ..preuves  que  les  scènes  à  Nantes,  Gaudri 
le  fèvre,  le  comte  Urvoy  (mal  écrit  JJrnoy),  le  port  de  Pen- 
marck  '  ».  Le  remanieur  paraît,  en  revanche,  fort  mal  con- 
naître le  Cornwall  :  Tintagel  même,  sous  sa  plume,  devient 
Tinthanel. 

Outre  les  apports  armoricains,  il  est  clair  que  la  version 
comique  conserve  comme  l'écho  de  traditions  quelque  peu 
différentes,  venues  peut-être  de  Galles  ou  même  de  Cumbrie. 
La  géographie  même,  par  exemple  pour  le  pays  de  Tristan, 
pour  ses  voyages,  en  est  un  indice  \  Mais  dans  l'ensemble, 
c'est  bien  cette  version  qu'ont  popularisée  nos  poètes,  surtout 
Béroul,  et  leurs  imitateurs.  Il  y  a  eu  sûrement  des  rédactions 
intermédiaires  entre  eux  et  une  version  plus  ancienne  et  plus 
sincère,  circulant  en  Cornwall  avec  d'importantes  variations 
qu'explique  facilement  la  source  en  grande  partie  orale  d'abord 
des  récits.  Dans  cette  version  primitive  ou  plus  ancienne,  on 
retrouve  aussi  sûrement  la  collaboration  des  Brittons  du 
Cornwall  auxquels  est  due  aussi  sûrement  la  trame  du  roman 
et  des  épisodes  capitaux,  celle  des  Anglo-Saxons,  mêlés  aux 
habitants  du  pays,  en  partie  Cornouaillais  saxonisés,  puis  des 
Franco-Armoricains  établis  dans  le  pays.  Ce  sont  ces  derniers 
venus  qui  y  ont  mis  la  dernière  main.  C'est  même  peut- 
être  chez  Wihumar\ch\  ou  un  de  ses  descendants,  sous  les 
ombrages  de  Trecoit,  que  le  roman  a  pris  sa  dernière  forme, 
franco-armoricain  e . 

Le  terrain  de  la  discussion  se  trouve  ainsi  sensiblement 
déblayé,  quoique  tout  ne  soit  pas  éclairci.  Il  faut  renoncer  à 
Tristan  Picte,  à  Iseut,  fille  de  Viking  etc.  Pour  la  première 
fois  le  heu  d'origine  d'un  romande  la  Table  Ronde  et  du  plus 
important  de  tous,    est  fixé   avec  précision.  C'est  la  ruine  de 

1 .  Il  y  a  un  Penmarl;  eu  Cornwall,  en  Wendron  et  un  autre  en  Galles 
(Glamorgan). 

2.  On  a,  je  crois,  vainement  cherché  le  Hjatlaud  où,  d'après  la  saga, 
aborde  Roald  le  Foitenant  lancé  à  la  poursuite  des  ravisseurs  de  Tristan; 
c'est  sans  aucun  doute  les  Shetlands  :  c'est,  en  effet,  la  forme  normale  du 
nom  de  cette  île  (Jespersen,  J  moileni  English  Gravivmr,  p.  53,  no  2,  742). 


3IO  /.  Loth 

la  théorie  uon-celtique,  je  serais  presque  tenté  dédire  anti-cel- 
tique, de  l'origine  de  la  matière  de  Bretagne.  Jointe  à  mon  tra- 
vail sur  Morgan  Tut,  cette  étude  sur  Tristan  la  rendra  désor- 
mais, pour  tout  esprit  de  bonne  foi,  insoutenable.  Ainsi,  se 
trouve  confirmée,  dans  sa  donnée  essentielle,  la  théorie  sou- 
tenue à  diverses  reprises,  avec  quelques  variations  et  fluctua- 
tions, par  Gaston  Paris  ;  il  a  approché  de  la  vérité  en  faisant 
remonter  le  Tristan  français  à  un  original  anglais,  et  en  dési- 
gnant comme  intermédiaires  entre  les  Celtes  de  l'Ile  et  le  con- 
tinent, les  Français  ou  Anglo-Normands  de  l'Angleterre.  Cette 
théorie,  avec  d'importantes  modifications,  a  été  soutenue  en 
France,  avec  autant  de  science  que  de  talent,  surtout  par 
F.  Lot.  L'auteur  de  ces  lignes  s'est  jeté  aussi  de  temps  en 
temps  dans  k  mêlée  ;  il  est  heureux  d'achever  la  déroute 
d'adversaires  redoutables  et  tenaces,  mais  auxquels  manquait 
l'arme  essentielle  dans  cette  lutte  :  la  connaissance  approfon- 
die de  l'histoire  des  peuples  et  des  langues  brittoniques. 

{A  suivre.')  J.  Loth. 

A^.  B.  —  La  carte  ci-jointe  est  une  carte  moderne  assez  défec- 
tueuse. Elle  m'a  paru  encore  préférable  à  la  carte  de  Bartholomew, 
réduction  des  cartes  de  l'Ordnance  Survey  (Collection  des  Oiiarter- 
inchs  to  mile  maps).  Les  noms  qui  intéressent  directement  ou  indi- 
rectement le  roman  de  Tristan  sont  en  caractères  saillants  ;  les 
autres  servent  de  points  de  repère. 


BETHA  lUILIANA 


Sainte  Julienne  de  Xicomédie,  martyrisée  dans  sa  ville 
natale  au  temps  de  l'empereur  Maximien,  était  connue  en 
Irlande.  Le  Félirc  d'Oengus  lui  consacre  un  quatrain  à  la  date 
du  lé  février  (éd.  Wh.  Stokes,  1905,  p.  61),  et  son  aventure 
avec  le  démon  est  rappelée  dans  les  notes  du  même  poème 
empruntées  à  trois  manuscrits  (p.  74  et  75). 

On  trouvera  deux  vies  latines  de  sainte  Julienne  dans  le 
répertoire  des  Bollandistes,  Acta  Sanctonim,  février,  t.  II,  p. 
868  et  suiv.  C'est  de  la  première  de  ces  deux  vies  (p.  873  et 
suiv.)j  ou  en  tout  cas  d'une  source  identique,  que  dérive  visi- 
blement le  texte  irlandais  qui  suit. 

Ce  texte  est  tiré  du  manuscrit  de  Paris  (fonds  celtique 
n°  I,  f°  43,  v°  i)  et  publié  ici  pour  la  première  fois  ;  on  y  a 
joint  une  traduction  française. 


312  /.   Veudrxes. 

TEXTE  IRLANDAIS 
Betha  Uiliana  ann  so. 

I.  [R]obôi  aroili  urraigi  '  darbacomainm  eleseus  aca[th]ir- 
nicomedia  inaimser  mhaiximianus  imp/V  7  rohairnaidmeth 
mgeu  sociniulff/;  donurraigi  sin  .i.  iuliana  in^-^;?  afracain  7 
rothaithigeth  intempuU  7  robûid  oc[g]uidi  incoimde[d]  7  rocur 
inturraighi  techtu  diasoig^i  diamda  riafeis  '  lais  fein  7  rodiult 
sisi  sin.  Et  roinnis  eleseus  diahath/;-  7  ath^Tt  antath/V  m/na 
oentaigheth  dia  déoin  condigneth  diahainneoin  7  dochuaid 
mar  aroibi  7  itbert  frie  :  Cid  imanobai  eleseus,  7  itbert 
uiliâna  diacindethsom  intrinôid  notbeif^d  lais  7  m/nac[i]ndeth 
nicoimregdais  dogr/s.  Luigimsea  nadei,  arintatha/V,  cotiubria 
dophiastaib  thû  d/anradi  +  na  briat[li]ra  sin.  Atb^rt  iuiliana  cid 
iteintï/  «ocurthae  conadins-n^d  air. 


2.  Robôi  ahathrt/r  aris  ogawda  frie  feis  leisin  urraigi.  Atbtrt 
si  friahathrt'/;'  isisi  cach  pian  nofuilengad  ardia  riasabeth  ocfer. 
Bentar  ahedach  di  gahath^/Zr  ocus  tuairgter  ôflescaib  î  occaura- 
lam  >  uirri  adrad  nandei.  Atbert  iuilw//a  nach  aideorad  nadei 
balba  bodhrai,  acht  ro  (f°  43  v°  2)  ziàtorad  issu  crist.  Dorât 
intathflî/r  diapiannad  do  eleseus  hi.  Otconnaicsim  hi  rathai- 
tin  ^  adealb  fris  7  robôi  acar^dai  fria  adrad  nandei  7  feis  lais 
fein.  Dian^drasu  domdiasa'  ariul/fl';2a  daghensa  oentu  frit 
mmaderna  nichoimregum  dogrg'ss.  Diandernuind  romuirfed 
antimp/V  mé.  Mata  eclai  inimp/r  ort,  orsi,  nabi  damsa,  arni- 
fétfa  mosaeb^d  ocredim  natrinôide  ;  acht  déna  mo  piannad 
m^ddil  leat. 

1.  Le  mot  est  écrit  urraigi  au  début  du  récit,  mais  plus  loin  iirraig,  §  10, 
airrig,  §  12  ;  c'est  le  mot  errig dts  Poss.  and  Hom.,  p.  687. 

2.  Ms.  akrt/V. 

3.  Pour  l'emploi  de  n'',  marquant  le  but  et  l'intemion,  voir  Tbree  Shajts, 
p.  422,  col.  I. 

4.  Ou  d/jiwJt'rai  (?).  Le  manuscrit  porte    dnri. 


Bclhd  Iiiilidiia  313 

TRADUCTION 

Fie  de  Julienne. 

1,  Il  y  avait  un  préfet  de  la  ville  de  Nicomédie,  au  temps 
de  l'empereur  Maximien,  qui  portait  le  nom  d'Elisée.  A 
ce  préfet  était  fiancée  une  fille  de  bonne  naissance,  Julienne, 
fille  d'Africanus  ;  elle  fit  visite  au  temple  et  y  resta  à  prier  le 
Seigneur.  Le  préfet  envoya  des  messagers  à  sa  recherche  pour 
lui  parler,  pour  qu'elle  couche  avec  lui,  et  elle  refusa.  Eli- 
sée en  fit  part  au  père,  et  le  père  dit  que  si  elle  ne  consen- 
tait pas  de  plein  gré,  il  le  ferait  en  dépit  d'elle  ;  il  alla  la  trou- 
ver, et  lui  dit  :  «  Pourquoi  repousses-tu  Elisée  ?  »,  et  Julienne 
dit  que  si  la  Trinité  le  permettait  elle  coucherait  avec  lui, 
mais  que  si  la  Trinité  ne  le  permettait  pas,  ils  n'auraient 
jamais  commerce.  «  Je  jure  les  dieux,  dit  le  père,  que  je  te 
donnerai  aux  bêtes  si  tu  dis  ces  paroles-là  «.  Julienne  répon- 
dit que  quand  bien  même  elle  serait  jetée  au  feu,  elle  ne  le 
ferait  pas  pour  lui. 

2.  Son  père  lui  dit  une  seconde  fois  de  coucher  avec  le  pré- 
fet. Elle  répondit  à  son  père  qu'elle  supporterait  toute  peine 
pour  Dieu  avant  d'être  à  un  homme.  Elle  est  dépouillée  de 
ses  vêtements  par  son  père  et  battue  de  verges,  tandis  qu'il 
lui  ordonne  d'adorer  les  dieux.  Julienne  répondit  qu'elle  n'a- 
dorait pas  les  dieux  sourds  et  muets,  mais  qu'elle  adorait 
Jésus-Christ.  Le  père  la  donna  à  Elisée  pour  qu'elle  soit  punie. 
Dès  qu'il  la  vit,  sa  beauté  le  frappa,  et  il  se  mit  à  lui  dire 
d'adorer  les  dieux  et  de  coucher  avec  lui.  «  Si  tu  adores  mon 
Dieu,  dit  Julienne,  je  m'unirai  à  toi;  si  tu  ne  le  fais  pas, 
nous  n'aurons  jamais  commerce.  —  Si  je  le  faisais,  l'empe- 
reur me  mettrait  à  mort.  —  Si  tu  as  la  crainte  de  l'empereur 


5.  Cf.  fiirâileamh,  Three  Shafts,  p.  380. 

6.  Pour  rothaitiii,  prétérit  du  verbe  taitnim  «  j'apparais  »  et  je  «  plais  » 
cf.  Pass.  and  Hom.,  1.  7238. 

7.  Domdiasa  répété  deux  fois  dans    le  manuscrit.    Pour  le  verbe  adraim 
suivi  de  la  préposition  do,  d.  P.  H.,  1.  1546  :  co  riièdntr  dot  dceh  siii. 


314  /•   Vendryes. 


3.  Rocur  inturraighi  se  mîli  diamuiniitcr  diasoigid  7  rotuair- 
csit  ofleasgaib  7  rocureth  î  7  afolt  icuibrech.  Klnhcn  inturraigi 
fria  :  D[i]amrtdâil  leat  gandopiannad  ni  ismô,  dénai  edb///'t 
donadeib  .i.  doapuill  7  dodeân.  Atbcrt  iwWani  nadingn^d  tre- 
bithu.  hxhen  acur  nocht  acoiri  fiuchach  h'm  do  linn  luaigi  7 
dorônrtd  d.m\aiâ  sin  7  nidernai  irchrad  di. 


4.  Rocureth  icarcuir  i  iarsin  7  robôi  \c\rnigdh\  innti  7  \sed 
rorâid  :  Adé  uilicumachtaig,  orsi,  aath/r  na  nuili,  athidnaicid 
gflc[h]a  comairli,  namcoimét  isnapiannaib  amail  racomé- 
tuis  daniel  icuitig  nâle6m[a]n,  7  âmail  rosaôrais  teclai  ontei- 
ned  7  namrtcaim  ontsurn  tein^d,  7  amail  tncaiss  mie  ïsrael 
cocossaih  tirmaib  tremur  ruaid  7  a.mail  rabâidis  nahéigiptig  7 
forann  fârô  ;  cofuasluigea  dimsa  a.m\aîd  sin  7  cot?/ca  don 
urraighi  coropiannt^r  6  gallm/b  7  corochnaiea  ocrumaib,  7 
curab  treab  do  iffrenn. 


5.  Tan/c  deama;?  innsin  indeilb  aingil  cohiuiliàna  7  itb^rt 
frie  :  Dena  edbuirt  donadeib,  olsé,  ardaig  naropianntar  ni 
ismô.  Cia  thû ',  oriuihVz«a?  Aingil  dé  misi,  orsé,  7  is  aire 
romcuircd  chugadsa  diarada  frit  édbuirt  dodén^rm  -  donadeib 
ardais;  naroeible.  Adé  ni  me  7  talm^/?,  onu'ûiâna,  calmais:  mé 
idcrab«/û?,  7  foilU/V  dam  cid  fil  oc[u]macalla/«.  Atb^n  inguth 
frie  :  'wyXiàm,  dena  calmai,  olsé  ;  itûsai  mailla  frit  ;  7  glac  lat 
inti  fil  ocutagall^;»,  cofeasae  cuich  é.  Atracht  iuiliana  7  roglac 
diaba/  tresighnuim  nacroice,  7  itb^n  fris  :  ciatû,  olsi,  7  canas 
tangais.  Romléic  as,  ordiabn/,  7  atber  frit.  Abair  ortûs,  oriui- 
l/a«a,  7  leicfet  iartain. 


I.  Ms.  ciaht/;ù. 


Bcll.Hi  lui  lia  11(1.  315 

dit-elle,  ne  sois  pas  à  moi;  car  je  ne  pourrai  me  laisser 
détourner  de  croire  à  la  Trinité  ;  mais  fais-moi  supplicier  si 
cela  te  plaît.  » 

3.  Le  préfet  envoya  six  mille  de  ses  gens  vers  elle,  et  ils  la 
battirent  de  verges,  et  elle  fut  enlevée  et  pendue  par  les  che- 
veux. Le  préfet  lui  dit  :  c  S'il  t'est  agréable  de  ne  plus  être 
suppliciée  davantage,  fais  un  sacrifice  aux  dieux,  c'est-à-dire  à 
Apollon  et  à  Diane.  »  Julienne  répondit  qu'elle  ne  le  ferait  de 
sa  vie.  Il  ordonna  de  la  jeter  nue  dans  un  chaudron  bouil- 
lant plein  de  plomb  fondu  ;  cela  fut  fait  ainsi,  et  elle  n'en 
éprouva  aucun  mal. 

4.  Elle  fut  jetée  ensuite  en  prison,  et  là  elle  se  mit  à  prier 
et  voici  ce  qu'elle  dit  :  «  O  Dieu  tout-puissant,  dit-elle,  ô 
père  de  toutes  choses,  ô  dispensateur  de  tout  conseil,  con- 
serve-moi dans  les  supplices,  comme  tu  as  conservé  Daniel 
dans  la  fosse  aux  lions  ;  comme  tu  as  sauvé  Thècle  du  feu 
et  les  enfants  de  la  fournaise  ;  et  comme  tu  as  envoyé  les 
enfants  d'Israël  à  pied  sec  à  travers  la  mer  Rouge,  et  comme  tu 
as  noyé  les  Egyptiens  ainsi  que  le  Pharaon.  Ecarte  [cela]  de 
moi  de  la  même  façon  et  reporte-le  au  préfet;  qu'il  soit  tour- 
menté par  les  maladies,  qu'il  soit  rongé  des  vers  et  que 
l'enfer  soit  son  séjour!  » 

5.  Le  démon  arriva  là  auprès  de  Julienne  sous  forme  d'un 
ange,  et  lui  dit  :  «  Fais  un  sacrifice  aux  dieux,  dit-il,  afin 
que  tu  ne  sois  pas  suppliciée  plus  longtemps.  —  Qui  es-tu  ?  », 
dit  Julienne.  —  «  Je  suis  un  ange  de  Dieu,  dit-il,  et  j'ai  été 
envoyé  vers  toi  pour  te  dire  de  faire  un  sacrifice  aux  dieux 
afin  que  tu  ne  meures  pas.  —  O  Dieu  du  ciel  et  de  la  Terre, 
dit  Julienne,  fortifie-moi  dans  ta  foi  et  indique-moi  qui  est-ce 
qui  me  parle.  »  Une  voix  lui  répondit  :  «  Julienne,  aie  cou- 
rage ;  je  suis  avec  toi  ;  saisis-toi  de  celui  qui  te  parle,  afin  de 
savoir  qui  il  est.  »  Julienne  se  leva,  saisit  le  diable  par  le  signe 
de  la  croix,  et  lui  dit  :  «  Qui  es-tu,  et  d'où  viens-tu  ?»  — 
«  Laisse-moi  aller  d'ici,  dit  le  diable,  et  je  te  le  dirai.  »  — 
«  Parle  d'abord,  dit  Julienne  et  je  te  lâcherai  après.  » 


2.   Ms.  dodéiii/m  dodenam. 


3i6  /.   Vend  nés. 

6.  Ismé  itirnaig,  oisé.  Ismé  doW;- forguin  '  manfer  7  tingala. 
Ismé  cathaithigi  ^  sarthoile.  Isme  thaithmigz/j-  insîdh  7  dob^r 
naca[th]a  3  foferc  ;  ismé  àorai  foréva  7  foradam  imarbhus  digé- 
v\am  ;  ismé  derat  forcaidin  abél  dimarbmV  ;  ismé  dimarb  crod 
ioîp  7  imuinntir  7  achlann  7  roaimsig  é  imabalk/^;  isme  dimt 
îor  n\ac  israthel  isindithreib  inloeg  ordai  da  adradh  7  iosafa 
fdid  dothescad  oiiinsc;  ismé  (f°  4/1  r°  i)  dorat  "*  fornabgodon- 
sôr  natrigilli  dicur  isinsorn  ten^d  ;  isme  domt  forimaith  inmrt- 
cxad  domarbt/J  ;  ismé  domt  foriudâs  crist  dobrath  ;  isme 
domt  ïonnmWed  crist  doguin  ;  ismé  darat  forirh  >  eoin  baisti 
didîc[h]t7/^ad  ;  isme  [dojm*:  arsimôn*^  arad  curab  druig^  petar7 
p61;  ismé  tor[at]  fonear  petar  dicroch^^  7  uile  imdai  ele. 


7.  Cia  rodfâid  ille,  oriuil/Vb/a.  Mathrt/r  fe[i]n,  olsé.  Caide 
aainmsiu,  oriuil/rt;/a.  Belsebub,  ar  deman.  Caide  agnimsidein 
ariuilmwa.  ^'xansa  ;  aircid  cech  uilc,  arsé.  Cid  dulc  fodamtai  îor 
înnarbai  onacm/aig/b,  oriuiliâna.  Ismoide  arnanoir,  ardemon, 
beth  icathugM^  frisna  ÏQrknaih.  Arnihâil  le  lucifer  arfa/csin 
m[ijna  chlaidim  infiren,  7  m[i]nadernum  nagnima  c[u]macur- 
thar  sinn,  pidntar  sinn  ;  conid  aire  sin  iséciii  dùin  umaloit 
didénum  dos[o]m  ama//  donet  nech  diaath/r.  Indis  duin  ^ 
oriui]/n//a  cindus  siltâi  bar  nuilc.  Inneos/<7t  '-  d///tsiu  on,  or 
diab///. 


8.  Tigmid  gus  innduine  7  é  urlum  ôgnim  dé  7    dobt'ram 
imraiti  eili  dulc  fo/'amt'nman,  7  saobumaid  onadeidgnimaib  7 


1.  Cf.  sans  doute  forgan  «  anger  »  O'R.,  bien  que  ce  dernier  mot  soit 
donné  comme  masculin.  Mais  le  singulier  'manfer  «  autour  de  l'homme  » 
est  embarrassant. 

2.  De  cothaigim  «  je  nourris  »  (K.  Meyer,  CoiUr.,  p.  500). 

3.  Ms.  naka  ;  cf.  ci-dessus,  p.  312,  n.  2. 

4.  Ms.dorflt  dirat. 


Bel  ha  IiiiliiVia.  317 

6.  «  Je  suis  un  être  infernal,  dit-il  ;  c'est  moi  qui  cause  le 
courroux  des  hommes  et  les  meurtres  ;  c'est  moi  qui  nourris 
les  mauvais  désirs  ;  c'est  moi  qui  dissouds  la  paix  et  qui  cause 
les  luttes  de  colère.  C'est  moi  qui  ai  fait  commettre  le  péché 
à  Eve  et  à  Adam  ;  c'est  moi  qui  ai  f;Tit  tuer  Abel  par  Caïn  ; 
qui  ait  fait  périr  le  bétail  de  Job,  sa  famille  et  ses  enfants,  et 
qui  l'ai  tenté  dans  ses  membres  ;  c'est  moi  qui  ai  fait  adorer 
le  veau  d'or  aux  enfants  d'Israël  dans  le  désert  et  qui  leur  ai 
fait  découper  à  la  scie  le  prophète  Isaïe  ;  c'est  moi  qui  ai  fait 
jeter  par  Nabuchodonosor  les  trois  garçons  dans  la  fournaise; 
c'est  moi  qui  ai  fait  tuer  les  enfants  par  Hérode  ;  c'est  moi 
qui  ai  fait  trahir  le  Christ  par  Judas  ;  c'est  moi  qui  ai  fait  per- 
cer le  Christ  par  le  soldat  ;  c'est  moi  qui  ai  fait  décapiter  Jean- 
Baptiste  par  Hérode  ;  c'est  moi  qui  ai  fait  dire  par  Simon  que 
Pierre  et  Paul  étaient  des  druides  ;  c'est  moi  qui  ai  fait  cruci- 
fier par  Néron  Pierre  et  tous  les  nombreux  autres.    » 

7.  «  Qui  t'a  envoyé  ici  ?  »  dit  Julienne.  —  «  Mon  père 
lui-même  »,  dit-il.  —  «  Quel  est  son  nom  Pwdit  Julienne. — 
«  Belzébub  »,  dit  le  démon.  —  «  A  quoi  s'occupe-t-il  ?  »  dit 
Julienne.  —  «  C'est  bien  aisé;  il  est,  »  dit-il,  «  l'inventeur  de 
tout  mal  ».  —  «  Quel  mal  souffrez-vous  pour  l'expulsion  [du 
corps]  des  chrétiens  ?  »,  dit  Julienne.  —  «  Notre  honneur  en 
est  plus  grand  »,  dit  le  démon,  «  de  combattre  contre  les  justes; 
car  Lucifer  n'aime  pas  nous  voir  si  nous  ne  terrassons  pas  le 
juste  ;  et  si  nous  ne  faisons  pas  l'action  pour  laquelle  on  nous 
envoie,  on  nous  punit  ;  aussi  nous  est-il  nécessaire  de  lui 
obéir  comme  chacun  fait  à  son  père.  »  —  Dis-nous  »,  dit 
Julienne,  «  comment  vous  répandez  vos  maux.  »  —  «  Je  vais 
te  le  dire  »,  dit  le  diable, 

8.  «  Nous  allons  trouver  l'homme,  quand  il  est  distrait  de 
l'action  de  Dieu  et  nous  inspirons  à  son  esprit  d'autres  pen- 

<,.  Lire  irmth  «  Hérode  ». 

6.  Ms.  arsimôn  arsimô;/ . 

7.  Ici,  dmi  signifie  «  magicien  »  ;  cf.  Simon  dn'd  =  Simo  magus,  T.  B. 
C,  2530  et  V.  Rev.  Celt.,  XXX,  83  et  n. 

8.  Sic.  Lire  sans  doute  dam  «  à  moi  ». 

9.  Ms.  inueos.  Cf.  imlisfetsa  P.  H.  926. 

Revue  Celtique,  XXKIll.  21 


3i8  /.   Vcuâryes. 

onahirnaithchib  hé  7  dobt'raimni  fochuide  fo;'ame[n]mfl'n 
conidiat  arnaslaichi  gab^d  cuccu;  gach  ôen  doni  ïxmgthi  7 
scrutan  nascribture  diadœ,  innarbfi(;w  sin  sinne  uadhaib.  Cin- 
nus  lamthaisi  amus  forna  cristaigih,  onu'ûiâna.  Amail  rofé- 
thaisi  infasdogsa  triathairismi  d/«t  icrist,  ardemon,  isamlaid 
sin  lamuimsea  triaforconçra  satanais  aimsiutin  nafirén. 


'&' 


9.  Isann  sin  rochengail  miliând.  indeman  7  rochuir  forldr  é 
7  rosbuail  .i.  oen  dinacuibrigib  bûi  furri  fein.  hxcrist  crochda 
frit,  arsé,  léic  immach.  Abair  frim,  oriuiliana,  cid  gné  uilc 
rocuris  isnadainib.  Drem  dib  didalW,  aroili  dib  acossa  dobri- 
s^d.  Cid  tra  acht  cach  ernail  uilc  fil  isin  domzm  ismisi  dogni  ; 
gurroaimsigus  tra  na  heaspail  7  na  mairtircr/;  7  na  fliide.  Nir- 
cengail  nech  dib  me,  acht  tusa  7  roratus  aimsiug^'d  armac  nde 
darugus  isliab  isin  dit[h]rib  7  nircho/dig  dam.  Tusa  immorro 
romhspailis  ophiânaib  mora. 


10.  Atb^rt  inturraig  iuilianai  dotabrt/;t  chugi.  Tain/c  iui- 
l/rt«a  7  t//c  le  andemon  7  robôi  indeman  '  ig  etarguide  iui- 
Wanz  imaleagan  immach  conid  ann  sin  rolâid  si  uaithî  é  illog 
salach.  Tan/c  iuil/V?;za  isin  teach  inturraig  7  i  fâilig  oghnûis. 
Klhen  intarnr/V  ce  rofuasiaicc  thii  odmôrphiân^/Z'  aiuil/^;/a. 
Incoimdiu  c/imachtach  sin  rofâid  aihgil  domfurtachtsa.  Tusa 
mMuorro  truag  aineolach  7  fogeba  tene  suthain  7  cruma  non- 
marbai  7  dorchatu  marthan^îch.  Déna  ait[h]rigi.  Istrôcar  (f° 
44  r°  2)  dligthach  incoimdiu  7  dobt'ra  s\ani\  d///t. 

11.  Isann  sin  t//cad  r[o]tha  iarni^^  gusinrig  7  cloidmi  géra 
as  7  tene  fai  7  milig  oga  luth  ^  7  rocureth  iuilirt/za  ann  ;  acht 
nirothesgsat  na  cloidmi  7  roloisc  intene.  Tain/c  iarsin  aingil 
7  robâid  inteine  7  rothaithmig  na  cuibrighi  bûi  uirri,  B6i  iui- 
\ian-x  ocait[h]rigi.  Adé  uilicwmachtaig,  orsi,    aslfl/z/i    n^marb- 


I.   Ms.7  robôi  indenia//  7  robôi  indeman. 


Bcllui  Tiiiliaiiii.  319 

sées  de  mal;  nous  le  détournons  de  ses  bonnes  actions,  de  ses 
prières  et  nous  tourmentons  son  esprit  jusqu'à  ce  que  nos 
séductions  l'aient  saisi.  Quiconque  se  livre  à  la  prière,  à 
l'étude  des  saintes  écritures,  nous  l'en  détournons.  »  — 
«  Comment  »,  dit  Julienne,  «  osez-vous  tenter  les  chrétiens  ?  » 
—  «  De  même  que  tu  as  pu  te  saisir  de  moi  par  ta  fermeté 
dans  le  Christ  »,  dit  le  démon,  «  de  même  j'ose,  par  l'ordre  de 
Satan,  tenter  les  justes.  » 

9.  Alors  Julienne  saisit  le  démon  et  le  jeta  sur  le  sol  et  le 
frappa,  en  se  servant  d'un  des  liens  qui  se  trouvaient  sur  elle- 
même.  «  Parle  Christ  crucifié  !  »  dit-il,  «  laisse-moi  aller  ».  — 
«  Dis-moi  »,  dit  Julienne,  <f  quel  genre  de  maux  tu  as  fait  aux 
hommes  ».  —  «  A  certains  d'entre  eux  l'aveuglement,  à 
d'autres  le  brisement  des  pieds.  Bref,  tous  les  genres  de  maux 
qu'il  y  a  dans  le  monde,  j'en  suis  l'auteur  ;  j'ai  tenté  les 
apôtres,  les  martyrs,  les  prophètes.  Aucun  d'eux  n'a  pu  se  sai- 
sir de  moi  ;  il  n'y  a  que  toi.  J'ai  donné  tentation  au  fils  de 
Dieu  quand  je  l'ai  mené  sur  la  montagne  dans  le  désert,  et  il 
ne  m'a  fait  aucun  mal.  Mais  toi,  tu  m'as  frappé  de  grands 
maux.  » 

10.  Le  préfet  se  fit  amener  Julienne.  Elle  arriva,  traînant 
avec  elle  le  démon,  qui  la  suppliait  de  le  laisser  aller,  si  bien 
qu'elle  le  rejeta  loin  d'elle  dans  un  lieu  immonde.  Julienne 
entra  dans  la  demeure  du  préfet,  le  visage  rayonnant.  Le  pré- 
fet dit  :  «  Qui  donc  t'a  délivrée  de  tes  grands  maux,  ô 
Julienne  ?»  —  «  C'est  le  Seigneur  tout-puissant  qui  a  envoyé 
un  ange  à  mon  secours.  Mais  toi,  malheureux  ignorant,  tu 
trouveras  le  feu  éternel  et  les  vers  impérissables  et  les  ténèbres 
perpétuelles.  Fais  pénitence.  Le  Seigneur  est  miséricordieux 
et  indulgent,  et  il  te  donnera  le  salut.  » 

11.  Alors  on  apporta  au  roi  une  roue  de  fer,  d'où  partaient 
des  glaives  acérés  et  sous  laquelle  il  y  avait  du  feu  ;  des  sol- 
dats la  fliisaient  mouvoir;  on  y  plaça  Julienne.  Mais  les 
glaives  ne  la  coupèrent  pas,  le  feu  ne  la  brûla  pas.  Ensuite 
vint  un  ange  qui  noya  le  feu  et  détacha  les  liens  qu'elle  avait 

2.  Cf.  sans  doute  luth  «  uis,  impetus,  impulsus  »  (Ascoli,  Gloss.,  p. 
CLXXXij)  et  V.  Windisch,  T.  B.  C.  1.  1709,  p.  216,  n.  3. 


320  /.   Vcnârxes. 

dae,  atidnaicid  in  betha,  istù  doiridina  parrthais  '  ;  istù 
sdiuraigi  incinid  dàna  ;  istù  robentach  iacob  7  rosaer  ioséph 
arformat  abraithrech  ;  istù  roforchan  mayssi  immthuaith  dé 
dotaba//'t  aheigpht  7  tri  muir  ruaid  cosa/b  tirmaib  co  rangan- 
tar  tir  tarrngaire  ;  istû  romarb  goilias  tre  àiiaià.  ;  istû  romo- 
lad  onahaingl//'  7  onadruith[ib]  ;  istù  rothodhuisc  marbu  7 
rothogh  apstal  ;  istù  rotidnaic/d  oiudas  7  rocésad  oiudrt/b  7 
rohadnaic/d  7  roeirig  om2.û)aib  isintreslô  7  rofreasgab 
doc[h]zmi  neniQ  ;  istù  -  inoentarrfigaire,  adé  dognî  nahuili  sin 
7  rofurtachtaig  dimsa  gustrasta,  saer  mé  inchuradsa  '  ;  7 
curab  comaitrebh  dosom  ré  diabn/  inif[e]r«  chaidche. 


12.  AtbtTtatar  basairetha  na  cat[h]rach  nicomedia  :  Isé 
intoendia  uilic/zmachtaig  atcheas  mûiânz  7  nîdia  aile  acht  se 
7  dorinsit  uili  aithrigi  7  rocomthog[ar]sat  uili  dia  ;  7  roindis 
intairrig  sin  donimp^'r  7  adubairt  antimpir  amarbd!^  tre  cre- 
dim  do  dîa  ;  conid  tricad  7  cet  rodîc[h]entad  dib. 

13.  Rocureth  iuilm/za  iteint'^/  ac  on  mraig  ;  dorinni  si 
aitrige  iarsin  7  dochuaid  aingil  diafoir/7/;in  7  rocur  intene 
uaithi.  Bôi  si  ocmolmi  incoimdeth  7  mrc\\cid\g  intene  di. 
AtbtTt  inturrâj/^  arnafi?rguga^  .i.  linn  luaigi  docur  isuacht  +  7 
afiuchû!^  7  iuilmna  dicur  ann  >.  Dorindeth  aml^/W.  Rolig/d 
fiuclw^  intsuachtai  tairis  imhach  gurmarb  .v.er  ar  .lxxx. 
do  miiifunir  merraig  7  nirmô  inaid  fothruicthi  doiu- 
liflwa  e. 

14.  Otconnairc  mlunaig  sin,   rodluid  a  étach  7  bôi   oce- 

1.  Faut-il  couper  doiri  dina  parrthais  ou  doiridi  na  parrthais}  Dans  les 
deux  cas  le  texte  serait  à  corriger.  Lire  peut-être  doirindi  «  qui  as  fait  «  et 
supposer  un  mot  tombé  dont  dépendrait  le  génitif ^a/'//;az5  ;  dîna  génitif  du 
mot  diii  .(  protection  »  ne  paraît  fournir  aucun  sens. 

2.  Ms.  istû.  istii. 

3.  Lire  sans  doute  onihiiradsa .  Pour  le  sens  de  ce  mot,  cf.  corad,  Thrce 


Belhn  IiiiJiaiia.  321 

sur  elle.  Julienne  se  mil  à  faire  pénitence  :  «  O  Dieu  tout-puis- 
sant »,  dit-elle,  c  ô  salut  immortel,  ô  dispensateur  de  la  vie, 
c'est  toi  qui  as  fait...  du  paradis,  c'est  toi  qui  a  guidé  la  race 
humaine  ;  c'est  toi  qui  as  béni  Jacob  et  qui  as  sauvé  Joseph 
de  la  jalousie  de  ses  frères  ;  c'est  toi  qui  as  enseigné  ci  Moïse 
à  faire  sortir  d'Egypte  le  peuple  de  Dieu  et  à  traverser  la  mer 
Rouge  à  pied  sec  pour  atteindre  la  terre  promise  ;  c'est  toi 
qui  as  fait  périr  Goliath  par  David  ;  c'est  toi  qui  as  été  célé- 
bré par  les  anges  et  les  druides,  toi  qui  as  ressuscité  les  morts 
et  qui  as  choisi  les  apôtres  ;  c'est  toi  qui  as  été  livré  par 
Judas  et  suppUcié  par  les  Juifs,  qui  as  été  enseveli  et  qui  es 
ressuscité  d'entre  les  morts  le  troisième  jour  et  qui  t'es  élevé 
au  ciel  ;  c'est  toi  l'unique  promesse  ;  ô  Dieu,  qui  as  fait 
toutes  ces  choses  et  qui  m'a  protégée  jusqu'à  ce  moment, 
délivre-moi  de  ce  scélérat  ;  qu'il  partage  désormais  le  séjour 
du  diable  en  enfer  !  » 

12.  Les  bourreaux  de  la  ville  de  Nicomédie  déclarèrent  : 
«  Le  seul  Dieu  tout-puissant  est  celui  que  voit  Julienne  ;  il 
n'y  a  pas  d'autre  Dieu  que  lui  »,  et  ils  firent  tous  pénitence  et 
tous  invoquèrent  Dieu.  Le  préfet  raconta  cela  à  l'empereur, 
et  l'empereur  ordonna  de  les  mettre  à  mort  pour  avoir  cru  en 
Dieu  ;  cent  trente  d'entre  eux  furent  décapités. 

13.  Julienne  fut  placée  dans  le  feu  parle  préfet;  elle  y  fit 
pénitence  et  un  ange  vint  à  son  secours,  qui  écarta  d'elle  le 
feu.  Elle  se  mit  à  louer  le  Seigneur  et  le  feu  ne  l'incommoda 
point.  Le  préfet,  s'étant  mis  en  colère,  ordonna  qu'on  apporte 
du  plomb  fondu  dans  une  cuve,  qu'on  la  fasse  bouillir  et 
qu'on  y  jette  Julienne.  Ainsi  fut  fait.  Le  liquide  bouillant 
s'échappa  en  dehors  de  la  cuve,  si  bien  que  périrent  quatre- 
vingt-cinq  personnes  de  la  maison  du  préfet  ;  pour  Julienne 
cela  ne  lui  fît  pas  plus  d'effet  qu'un  bain. 

14.  Quand  le  préfet  vit  cela,  il  déchira  ses  vêtements  et  se 


VI.  Ir.  Hoiii.  p.  42,  23  Ql  côraidb  .i.  drochdhuine  O'R.   Il  y  a  eu  confusion 
de  côradQX.  de  curad. 

4.  Le  mot  suacht,  gén.  suachtai  désigne  évidenmient  une  espèce  de  réci- 
pient ;  mais  je  ne  l'ai  rencontré  nulle  part. 

5.  Ms.  ann  ann. 


322  /.    Veiidn'cs. 

gnach  na  ndei,  uair  narfétsat  bas  dotab^î/rt  di.  Atb^rt  anter- 
raig  iarsin  abreth  dia  dic[h]^/z^ad.  Bafdil/J  im[morro]  mûiana 
imcrich  abethad  ditecht.  Orwcad  culog  indic[h]enda.da,  tain/c 
indemo;/  rocheangail  reime  7  itb^rt  frisnabasairib  :  Nacoi- 
gligi  ',  orse  ;  (f"  44  v°  i)  isisin  rochairigbar  ndei  7  isi  dorone 
ulco  inidai  frimsai  7  isi  dorât  frimsai  aindisin  di  gach  ni 
rifiarfe/d  dim.  Rothôgaib  iuliana  arosc  inairdi  cofeas^d  ciaro- 
labair,  7  roteith  indeman  annsin. 


15.  Bôi  iuil/fl!;/a  ocinntôd  câich  7  ocfurail  credim  forru  7 
conhadradais  nadei  bodrai  balbai,  acht  isu  cm/  7  rofaid  asp/- 
rat  iarsin  cum  nime  7  rohadnrtceth  a  corp  anicom^^ia.  Tan/c 
bannscal  onicomMa  do  saigid  naroma  ^  7  dor^t  taisi  mûiana 
le  7  roadnaic  gairt  onmûr  icomfocraib  naroma. 

16.  Tamc  à'idiii  miurraig  eleseus  iluing  inaroili  la  7  robai- 
ded  inlong  7  triar  artricad  imesim  7  iduatar  eathaiti  alita 
acorp  arnacur  dintuind  itir  tre  briat[h]raib  nahoigi  iuiliaana. 
Finit.  Amai. 


1.  Cf.  coi'chm  «  je  ménage,  j'épargne  »  (K.  Meyer,  Contr.,  413). 

2.  Pour  l'emploi  de  l'article  devant  le  nom   de  la  ville  de  Rome,  voir 
P.  F.,  p.  765. 


Brllui  IiiiliaiKt.  323 

mit  à  insulter  les  dieux,  parce  qu'ils  n'avaient  pas  pu  la  mettre 
à  mort.  Puis  il  donna  l'ordre  qu'on  l'emmène  pour  la  déca- 
piter. Julienne  se  réjouit  d'être  arrivée  au  terme  de  sa  vie. 
Comme  on  la  conduisait  au  lieu  du  supplice,  arriva  le  démon 
qu'elle  avait  saisi  précédemment  ;  et  il  dit  aux  bourreaux  : 
«  Ne  la  ménagez  pas  »,  dit-il,  «  elle  a  repoussé  vos  "dieux;  elle 
m'a  causé  des  maux  nombreux  ;  elle  m'a  forcé  à  lui  raconter 
tout  ce  qu'elle  me  demandait.  »  Julienne  leva  les  yeux  en 
l'air  pour  savoir  qui   parlait,  et  le  démon  partit  aussitôt. 

15.  Julienne  se  mit  à  convertir  chaque  assistant,  à  les  pres- 
ser de  croire  et  de  ne  plus  adorer  des  dieux  sourds  et  muets, 
mais  Jésus-Christ.  Puis  son  âme  s'en  alla  au  ciel  et  son  corps 
fut  enterré  à  Nicomédie.  Une  femme  alla  de  Nicomédie  à 
Rome,  emportant  avec  elle  les  restes  de  Julienne,  et  elle  les 
enterra  près  du  mur  dans  le  voisinage  de  Rome. 

16.  Quant  au  préfet  Elisée,  il  partit  un  jour  sur  un  vais- 
seau, et  le  vaisseau  fit  naufrage  avec  les  trente-trois  personnes 
qui  le  montaient;  et  les  oiseaux  sauvages  mangèrent  leur 
corps,  après  que  les  flots  les  eurent  rejetés  sur  la  terre,  con- 
formément aux  paroles  de  la  sainte  Julienne.    Finit.  Amen. 

J.  Vendryes, 


ÛBER  DEN  GEBRAUCH  DES  FUT.    II.   IM  IRISCHEN 

UND 
ÛBER  DIE   BILDUNG   DES  AIR.   FUTURS. 


LiTERATUR  :  I.  Thurncysen,  KZ.  XXXI.  S.  68  f, 

Strachan,  Subjunctive  Mood  in  Irish,  Transactions  of  the 
Philological  Society.  London  1895-8,  S.  225  ff. 

Pedersen,     Vergleichende     Grammatik    der    keltischen 
Sprachen  IL  I.  312  ff. 

II.  Vgl.  auch  Vendr}^es,  Mémoires  de  la  Société  de  Lin- 
guistique de  Paris,  XI,  258  ff. 

Stern,  CZ.  IL  383  ff. 

Thurneysen,  KZ.  XXXI.  S.  77  f. 

Vendryes,  Mél.  Havet,  S.  587  ff. 

Kieckers,  IF.  XXVII.  S.  325  ff.  ' 
ABKÛRZUNGEN  :  SR.  i    Saltair  na    Rann,    herausgegeben  von 
Stokes. 

TBC.  :  Tâin  Bô  Cûalnge,  herausg.  von  E.  Windisch. 

Cath  Rûis  :  Cath  Rûis  na  Rig  for  Bôinn,  herausg.  von  E. 
Hogan. 

PH.  :  The  Passions  and  the  Homihes  from  LBr.  herausg. 
von  R.  Atkinson. 

I 

Das  Prâteritum  Futuri  steht  nach  Thurneysen  (Hb.  d.  Air. 
S.  311)  «  sowohl  in  Hauptsâtzen  als  in  indikativischen  Neben- 
sàtzen:Es  vergleicht  sich  mit  demromanischen  Kondizional.  » 
Seine    Funkzion   ist   die   des    Pràteritums   Futuri  (lat.   die- 


Dits  Fui u nui!  lin  Irhchcii.  325 

timis  eram),  die  des  Potcnzials  oder  des  Irreals.  Dièse  letzte 
Bedcutung  ist  besonders  liiiufig  in  der  Apodosis  der  hypothe- 
tischen  Périoden.  AUein  die  Potenzialbedeutung  hat  auch  das 
modale  Imperfektum  (Iinperfektum  des  Subjunktivs)  und  zwar 
in  den  Subjunktivsatzen.  Da  aber  der  Potenzial  schon  an  und 
fur  sich  eine  subejektiveBedeutungsnuance  hat,  eine Nuance, 
die  im  Irischen  durch  den  Subjunktiv  zum  Ausdruck  kommt, 
so  musz  man  annehmen,  dasz  der  irische  Subj.  II.  (Subj.  Impf.) 
*mit  dem  Fut.  II.  teihveise  konkurriert,  was  auch  Vendryes 
(Gram.  §  470)  annimmt,  er  sagt  nâmlich  :  «  Mais  le  principal 
rôle  de  l'imparfait  du  futur,  c'est  d'exprimer  le  potentiel  du  pré- 
sent ou  du  passé  (irréel)  en  proposition  principale.  Il  partage  cet 
emploi  avec  l'imparfait  de  l'indicatif  et  l'imparfait  du  subjonc- 
tif. .  . ,  sans  qu'on  puisse  établir  d'ailleurs  une  différence  de 
sens  entre  les  trois.  »  Fur  die  Apodosis  der  hypothetischen 
Périoden  kônnte  man  das  zwar  nicht  behaupten  (vgl.  Strachan 
Subjunçtive  Mood  §340),  jedoch  gilt  das  z.  B.  fur  die  Fra- 
gesiltze  (Strachan  a.  a.  0.  §  29  ff.).  Es  ist  auch  weiter  zu 
beachten,  dasz  im  Mittelir.  in  gewissen  Fâllen  anstatt  des  air. 
Subjunktivs  Imperfekti  ein  Prâteritum  Futuri  stehen  kann 
(vgl.  Strachan  a.  a.  o.  «  Thus,  in  the  Saltair  na  Rann,  1. 
5776,  is  found  ni  frith  dih  oenfer  folilsad ,  '  there  was  not  found 
one  man  of  them  who  could  endure  '.  Hère,  according  to  the 
Old  Irish  usage,  we  should  hâve  had,  not  the  secondary  future 
folilsad,  but  the  past  subjunçtive  folôsad.  >>)  Es  wird  also  nicht 
ùberfliissig  sein  den  Gebrauch  des  Prâteritums  Futuri  nâher 
zu  betrachten  ;  wenn  auch  schon  Strachan  manches  konstan- 
tiert  hat,  geschah  dies  nur  mit  Rûcksicht  auf  den  Subjunktiv. 

§  I.  Das  Priiteritum  Futuri  wird  also  i)  als  Ausdruck  fur 
eine  in  der  Vergangenheit  bevorstehende  Handlunggebraucht  : 

Ml.  43b  9,  diem  tribulationis  uocat  tempus  quo  cinctura 
erat  Assiriorum  obsidio  ciuitatem.  gl.  bon  iinthinichellfad. 

Sg.  209b  27,  qui  se  sciret  non  deserturum  gl.  naich 
ndeiserd 

Ml.  48a  5,  huic  [Ezechiae]  qua  oratione  infirmitatis  su£e 
tempore  sit  Ezechias  ussurus,  profetatur  hoc  carminé,  gl. 
honerberad  biuth. 

Ml.  é8a  I,..  qui  tune  futuri  sunt...  gl.  indainiser  dnndicfiiis 
assair..  (die  Zeit,  wo  die  A.  kommen  soUten.) 


320  Joscf  BaudH. 

(Ml.  looc  7,  carpit  futura  discid'ia gl.duadbatsomindiiichlidîd 
inna  debthi  nohctis  la  israheldit  iartain.^ 

Vgl.  weiter  :  Wb.  5a  20,  Non  repulit  Deus  plebem  suam, 
quam  praesciuit  gl .  i.  inli  nochreitfed  diih  «  den  von  ihnen, 
der  glauben  wird  »  (Zeuss  ^  461.  qui  crediturus  esset.  —  Ich 
glaube,  daszhier  die  potenziale  Auffassung  nicht  nôtig  ist.  Es 
handelt  sich  hier  um  eine  Prâteritalisierung  der  Aussage  : 
Gott  verstôszt  nicht  denjenigen,  der  glauben  wird). 
Vgl.  Ml.  59a  22,  air  et  nomheinn  isnaib  hnnedaih. 
Sg.  138  b  I.  Cum  igitur  masculinum  sit  '  nutritor  '  et  ex 
eo  secundum  analogiam  nascebatur  nutritrix.  gl.  nogigne(d), 
Zeuss'  433  :  nasceretur,  nasci  debebat.  Das  Zweite  isi  das 
Richtige  :  «  es  sollte  gebildcd  werden  »,  fur  die  indikativische 
Auffassung  spricht  ùbrigens  auch  der  Indikativ  des  lateinis- 
chen  :  nascebatur. 

IT.  I.  S.  213  :  ocus  atchilhe  dô  i  n-asUngi  innas  ind  fir  nô  rig- 

faide   ( das  Aussehen   des  Mannes,  der  zum    Kônig 

gemacht  werden  sollte.  Vgl.  auch  Tog.  Br.  Dâ  Derga  §  11  : 
no  ibead  a  enbruithi,  7  no  chanta  or  firindi  fair  ina  ligiii.  Fer 
atchicheàd  inh  chotlad  is  e  bad  riS).  So  auch  PH.  4893  ff.  :  is 
aire  ro-damair  Isu  do  diabiil  a  aimsiugud  ar  tus,  co  uûmd  fhollas 
a  chumachtu  iar  fholad  a  deachta  ;  7  din  do  thaidbÇsiti)  na 
mbuada  7  in  choscair  no-beradde  iar  tain. 

Vgl.  neuir.  :  Gcallais  an  ri  dhi  gan  an  mac  do  niharbhadh, 
dâ  ndéarnadh  ri'in  àr  an  ni  do-chijeadh  (Sgéalaigheacht  Chéitinn 
I,  15).  Der  Kônig  versprach  ihr,  dasz  er  ihren  Sohn  nicht 
tôten  lassen  wird,  wenn  dieser  verhehlen  wird,  was  er  sehen 
wird. 

Die  Vergangenheit  ergibt  sich  aus  dem  Zuzammenhang  in 

SR.  3389  :  Ni  gcbed  loscph  nachfiach 

Anm.  Die  Bedeutung  «  ich  wollte  »  liegt  im  folgendem 
neuirischen  Beispiel  vor  :  agus  ars  '  a  '  madadh  :  «  Fuaidh 
beirt  dearbhràithreacha  duil-se  tbart,  agus  ni  thabharfadh 
siad  dadaih  damh-sa...  »  (Cruach  Chonaill,  S. 5),  und  der 
Hund  sagte  :  «  Deine  zwei  Brûder  sind  vorbeigegangen 
und  woUten  mir  nichts  geben  »  (nihil  mihi  daturi  erant; 
—  der  kondizionale  Sinn  ist  da  deshalb  ausgeschlossen, 
da  der  Hund  tatsâchlich  um  ein  Stûck  Brot  gebeten 
hatte). 


D//.V  Fiiliinnii  iiii  Irischni.  327 

Eine  bcvorstehende  Handlung  liegt  auch  im  folgenden 
Beispiel  vor  :  Cath  Finntrâga  Z.  489  :  ni  drudôchàli  doronsat 

amhail  as  gnath  do  comrac  <ignr  0  thicfedh  aghaidh  ( als  die 

Nacht  (heran)kommen  solltc). 

Die  Bedeutung  '  ich  soUte  tun  ',  mihi  facieuduvi  erat,  facere 
habebam  liegt  in  PH.  5102.  vor:  co  nihad  aiiilaid  domdtis  hé. 
Atkinson  :  that  they  should  eat  it  thus. 

§  2.  So  sind  auch  die  Inhaltssiitze  aufzufassen,  die  eine 
indirekte  Rede  enthalten.  Solche  Sâtze  sind  entwederSubjekt- 
sâtze^  oder  Attributivsâtze,  oder  endlich  Objektsatze  :    ■ 

§  3,  i)  Subjektsâtze  :  MI.  46a  19,  nadmrsoikfilis  nadoirsea  7 
nad  ticfed  inri  nach  in  popiil  asindoiri  ishe  inmachdad  insin  robôi 
forsnaib  doirsib  7  ised  rodaucai  dorad  innam  briathar  sa.  \.  qui  s 
est  iste  ri,  '  (der  Umstand),  dasz  die  Tùr  nicht  geôffnet  wer- 
den  sollte  (im  Prâs.  :  nicht  geôffnet  wird,  w.  soll)  und  dasz 
weder  der  Kônig  noch  sein  Volk  aus  der  Knechtschaft  (ent)- 
kommen  sollte  (im  Prâs:  entkommen  wird),  das  wunderte 
die  Tûr  (wôrtl.  :  das  war  die  Verwunderung,  die  auf  der  Tûr 
war)  und  dies  war,  was  sie  zu  diesen  Worten  veranlaszte  : 
qiiis  est 

PH,  6975,  ^^^  '^^^S  l^combad  0  Hiruath  no-genfed  in  t-i  batar 
iarraid. 

ebend.  2044,  Dar  h  hludaidib  imorro  connicfitis  a  jhastad 
0  bas. 

(futural  oder  potenzial  aufzufassen). 

ebend.  3224-25,  âr  ba  dôig  le-(/)sium  co  mbertha  a  animm  a 
hiffern. 

Cath  Fintr.  393.  uair  ba  dearbh  ko  nach  ticfaidis  tara  n- 
ais  aris. 

(I  T.  I.  2ji,Ba  samalta  co  rachdd  long  forlan  seolach  dar 
a  chrœs  gin  oslnicthe  :  laszt  auch  die  potenziale  Auffassung 
zu.  vgl. 

otibedsom  amangfhàitbiud  gaire  foraird  inipu  condigsed  freshcss 
oanirt  nonhair  darginchrœs  dô  (bei  Zimmer  ZfdA.  XXXII.  S. 
208 ;RC.  XIV,  404)  also...  dasz  ein  Schiff  hindurchkommen 
kônnte ) 

§  4.  2)  Attributivsâtze. 

Ml.  108a  5,  robôi  dam  dodia  domberad  fortachtain  dam  g\. 
zu  prouidentiîe. 


328  Josef  Bmidis. 

Vgl.  auçh  Ml.  33b  13,  abhàngig  von  einem  Modalsatz 
MI.  III  d  4.). 

Ml.  97d  10,  oamairis  nandatiberad  dia  doit  7  nach  coimna- 

Cîiir «  dasz  Gott  es  ihnen  nicht  geben  wird  »  (gedacht  in 

Vergangenheit  !)  Vgl.  noch  Wb.  16  b  19,  was  man  auch  zu 
§  5b  rechnen  kann. 

Cath.  Finntr.  Z.  88.  Do  bhi  imoro  a  fis  ag  Finn  7  ag  fia- 
naibh  Eirennco  fief  ad  in  tromdhamh  sin  d'innsciigbi  Eirenn. 

PH.  610-1.  0  atchuala  imorro  Marcelliniiis  na  briathra-sin 
7  na  cindte,  na  berdais  breith  fair  (Prilteritalisierung  des  direk- 
ten  :  ni  berum  breith  fort-su  etir,  ebend.  Z.  608).  —  Vgl.  noch 
1026. 

§5.3)  Objektsatze  : 

a)  Ml.  34c.  8,  credebant  eos  impetu  primo  se  esse  capturos  : 
nundagebtis. 

Ml.  131  c  ^,  in  tain  iarum  rocretset  nondasoirfed  dia...  als  sie 
geglaubt  hatten,  dasz  sie  Gott  befreien  wird. 

Ml.  4éa  14,  is  ed   rochreti  càch  diiibsi   nachaibersoilcfiihe  etir 

7   nachahticfed  for  ri  nach  far  tuad  atoiri Zeuss  ^  743  : 

id  est  hoc  credidit  unusquisque  de  vobis,  vos  apertum  non 
iri  omnino  nec  vobis  venturum  esse  regem  vestrum  nec 
populum  vestrum  e  captivitate . 

Ml.  127a  6,  qui  d  Deo  quod  iniuste  posceret  credidit 
impetrandum  :  noloichfed  (môglich  wiire  hier  auch  der  kon- 
dizionale  Sinn  :  cr  luiirde  erlangen). 

Ml.  124b  6,  air  adraigsetar  nondabértais  hernm  in  captiuita- 
tem,  «  sie  haben  gefûrchtet,  dasz  sie  sie  item  m  in  capiiuitateni 
bringen  werden  ». 

Ml,  123c  I,  rocretset  dimgenad  diaani  dnrairngert,  «  sie  haben 
geglaubt,  dasz  Gott  tun  wird,  was  er  versprochen  hatte  ». 

Wb  21  a  3,  Ut  simus  in  laudem  gloriae  eius  nos,  qui 
ante  sperauimus  in  Christo.  i.  per  profetas  donicfad  cucunn 
(Zeuss  ^  46 1  :  eum  venturum  esse  ad  nos)  ' . 

PH.  4436  ff.  Tri-a'remfhis  din  y  tria  fhoUsiugîid  in  spiruta 
noib  ro-thuc  in  slaniccid  su  Ico  faigebtha  assan  and,  7  co  n-id  i 
cuibrech  fogebtha,  7  co  mbiad  ôc  ech  imallefria, . .. 

I.  Sieh  noch  MI.  126  c  10  (abhàngig  von  einem  Modalsatz). 


Bas  Fuliinim  Un  Irischcn.  329 

Eine  Bestimmung  des  Verbalnomens  liegt  ebend.  Z.  2012 
vor  :  a  chindcd  di  i  n-a  memnain,  na  findfad  ocnlaid  fherscàil, 
(Atkinson  :  in  resolving  in  her  heart  that  she  would  not 
know ) 

b)  Ml.  53d  6,  asberad  som  nainhiitrcssa  dia  hirusalem  imbôi 
dia  cecha  cathrach  olcheua  7  nachasoirbed  dia  laniaib  som  «  ...dasz 
er  sie  aus  ihren  Handen  nicht  befreien  wird  » 

Ml.  25  a,  hac  autem  uoce,  quam  magnitude  admirationis 
elicuit,  spicialiter  indicaturquoniam  omnem  terram  praedicatio 
euangelii  completura  sit,  darauf  bezieht  sich  Gl.  11,  no  linjed 
und  Gl.  8,  nolinjed  preceupt  asoscelai  innule  cuaird  in  talman 
(dasz erfïillen  wird). 

Ml.  1 6c    10,  dorimther  hl  libiir  essaice  àscelso  A.  asbert  side 

contra  ezechiam  atbelad  d:::ch  side  ( dieser  sagte , 

dasz  er  sterben  wird). 

Wb.  7a  2  isdiiiiisa  tairrchet  adcichitis  gcnii  per  mé.Zeuss  ^ 
454  :  de  me  praedictum   est  vissuras  esse  gentes  per  me. 

Vgl.  weiter  Wb.  6d  8,  doarrchet  dichéin  nombiad  adrad  dx 
lagenti. 

Ml.  io8b  5,  pradicens  ea  qu^  erant...  mansura  .i,  rofeidlig- 
fitis. 

Glosse  zu  Hy.  v.  19  :  nothercanad  Brigit  do  Chôemgen  chaith, 
ai/dire  conidluaithfed  giéth  tre  snechta. 

TBC.  1456-7  Andsain  bàgais  Cnchitlaind,  port  i  faicjed 
Meidb  dobérad  chloich  fiirri.  (Windisch  ûbersetzt  :  ...  wo  er 
Medb  sehen  wùrde,  wûrde  er  den  Stein  nach  ihr  werfen  »  ; 
ich  glaube,  dasz  es  sich  um  eine  Aussage  handelt,  die  direkt 
lauten  wûrde  :  «  Wo  ich  Mêv  sehen  werde,  werde  ich  einen 
Stein  nach  ihr  werfen  »  ). 

Arm.  i8b.  i,  Asbert  fiacc  frisinaingel  nandrigad  contised 
pairicc. 

IT.  I.  S.  8i,Dorarngert  si  nach  facfed  a  da  céili  for  talmain 
in  oenfecht  «  sie  hatte  gelobt,  nie  werde  sie  ihre  zwei  Mânner 
zugleich  auf  Erden  sehen  (Thurneysen  :  nie  wolle  sie...). 

Ibid.  260,  l'iair  iss  ed  atritbairt  Bricriu  fri  cach  x  tinichell 
araile,  issi  ro  bad  banrigan  in  chôicid  iili  inti  dib  cétna  ragad 
issa  tech  (direkt  mûszte  das  heiszen:  «  die  wird  Kônigin  der 
ganzen  Provinz  sein,  die  von  euch  als  die  erste  in  das  Haus 
kommen  wird.  »). 


350  Joscf  Baudis. 

Ibid.  5.  75  :  ar  ishertatar  maie  Uisnig  nach  isiais  hiad  i  n- 
hErinn  acht  biad  Conchohair  i  tossnch. 

TBC.  Z.  1073  f.,  atbert  Cathbad,  mac  bec  con  gebad  gasced  bad 
an  7  ra  bad  irdairc. 

PH.  Z.  3921-2  di-a  nd-  ebert...  co  ngébad  ard-rigi... 

Ibid.  1785  ff.,  AdHbartus-(/)a  frit-su  co  fhctar  in  ni  roimrâid 
Simon  .i.  co  tibred  ain^liu  condai  i  m'agaid-si... 

Vgl.  1946,  2365  ff.,  2720,  2724. 

Ibid.  906.  atbert,  is  tusca  no-berad  in  i-crrandiis  bud  nio  di-a 
rige  «  (Herodes)  sagte,  er  werde  (od.  wurde)  lieber  den  grô- 
szeren  Teil  seines  Kônigreiches  hingeben  »  (hier  ist  also  auch 
die  potenziale  Auffassung  môglich). 

Vgl.  noch  SR.  2806-7,  3846,  6774f,  7524,  3385-7. 

PH,  7009,  iiair  is  s-cd  ro-gell  sccbtair,  co  n-aidérad  in  coim- 
did. 

Ibid.  6543,  Ro-chind  imorro  infcr-sai  n-amenmain,  na  din- 
gned  na  hi  na-ptar  dilmain  dô  do  denum.. 

ibid.  ^i^6,Ro-mâid  infer-sa ro-Iaifcd  tar  ceiid  tcmpuîl 

Dé,  7  dogcnad  a  athciimtach... 

Cath  Ruis.  §20,  Dàig  nir-cheil  Concbobor  riam  bar  a  namait 
bail  i  ngebad  sosad. 

Vgl.  noch  PH.  3056  :  ar  ni-s-fitirsinm  )ia  couiaillfed  d  gellad 
fri  Dia  cen  a  dinltad. 

c)  Weiter  kommt  das  Prâteritum  Futuri  in  Satzen  vor,  die 
in  der  direkten  Rede  als  Nebensatze  fungieren  mûszten  : 

PH.  332,  atber  friu  iili  aine  innte  amàl  connictifis. 

ibid.  972,  àlbert  cech  oen  no-gébad  ainm  C>  ist  fair,  a  marbàd 
focetoir.  So  auch  474.  f. 

Anm.  SR.  5795-6,  rogcU  aingin  cenmeth  friôcnfcr  dafingge- 
bad  ist  zwar  eine  Pràteritallisierung  der  Futuralaussage, 
kann  aber  auch  zu  I.  gerechnet  werden,  so  auch  5817-20. 

Vgl.  auch  neuir.  Dubhairt  an  niadadh  leis  gach  nile  fhear  a 
chasfadh  air  ô  shoin  go  tigh  an  riogh  a  thabhairt  leis  (Sgéalaidhe 
Ôirghiall  S.  61). 

§  6.  Das  Prâteritum  Futuri  lindet  man  in  indirekten  Frage- 
sâtzen  : 

a)  im  Hauptsatz  steht  ein  historisches  Tempus. 


à 


Das  Fil  lu  ru  III  iiii  Iriscbcii.  531 

M.  43d  20,  bacmndnharl  in  clasle  fanaic  dubium  erat  utruiii 
obtlnerctur  an  non  (vgl.  Ascoli  Gloss.  lxxii). 

Ml.  102  d  4,  lasinrubu  chmntabarl  indabiad  torbac  fanaic 
domolad  dà. 

SR.  2924,  nifitir  cid  dogenad,  ibid  3189.  ff.  Roscnitai...  cin- 
nas  doberad  baegoî. 

IT.  I.  285,  Dobretba  rogu  doib,  cid  biad  no  ragad  dia  n-e- 
chaib. 

PH.  499  f.  ni  jhetar  cia  leth  do-rechaind...  (gehen  soU). 

Ibid.  2976,  ni  feiatar  cid  corinali  dogénlais  iaruin. 

Ibid.  8150,  làr-sin  trâ  Icit  in  àninini  cns-in  mbél,  di-a  fins  in 
fhctfad  dul  trit  iniàch. 

Ibid.  1028,  boi  oc  guide  De  ini  a  fhoillsiugud  cid  dogenad 
imme-sin. 

Ibid.  262,     Ro-jhàs  trâ  iùr-sin  ceist cid   dodénad  friss-in 

lestar  ût.. 

Ibid.  1203  (atbert...)  Georgi  trà  do  thabairt  hi  carcair,co  ro-s- 
imrâided  indns-no-malartfad  he  (wie  er  ihn  vernichten  sollte). 

Cath  Rùis  §  19,  El  raconiarleiced  accu  ciâ  doragad  risin  tec- 
tàirecht  sain. 

PH.  3138,  cofesed  in  orcain  Isu  7  à  bas  no-chindfed  in  sacart. 

Nach  dûs  in  SR.  6152,  2567,  2583  (nach  Priis.  histor.) 
5563,  5567  (Pi'^s.  hist.). 

IT.  I.  S.  256.  Ro  iinrâid  iaroin  Bricriu  inna  memnain,  dus 
cinnas  doragad  ar  imchossàit    Ulad.   (vgl.  auch.    ibid.  §§    16, 

17).  , 

Ibid.  S.  105,  corailcet  eturro,  dûs  cia  dib  dongegadh  (H.). 

(L.  hat  nothogad.) 

PH.  1.  634of,  Ro-fôidset  ira  techla  uadib...  dus  cid  dogentais 
ini  chûisecrad  na  heclaisi. 

Ibid.  7221-2,  dochôtar  catharda  in  baile  hi  comairle,  dûs  cid 
dogcndâis  fria.  In  allen  diesen  Besipielen  ist  ebensogut  die 
temporale  wie  die  potenziale  AufFassung  môglich  —  so  auch: 

Ml.  90c  19,  nifetar  in  damsoirfad  dia  fanacc  «  ich  weisz 
nicht,  ob  mich  Gott  befreien  wird  (wûrde)  oder  nicht.  » 

Bei  Jetar  kônnte  man  zweifeln,  ob  es  sich  nicht  um  ein 
urspr.  histor.  Tempus  handelt,  jedoch  man  hat  Bispiele,  dasz 
das  Futur  II.  auch  nach  einem  Priisens  vorkommt  :  MI.  99b  10, 


332  Josef  Baudis. 

amnl  nadfinnatar  sidi  cia  Joe  sainriud  diarcgtais.  Stokes  :  «  as 
the\'  do  not  discover  to  what  particular  place  they  would  go. 
(besser  :  wohin  sie  gehen  sollten).  So  auch  nach  Imperat.  : 

SR.  15  61/4,  ciiiri  ciiaird.  .  .  dûs  infogebtha  frifeis/dobiud  di'in 
nidomehnais,  Vgl.  auch.  IT.  I.  S.  1^0,  Maire  bias  oe  estceht  fri 
gnba  ocus  golgairi  ina  n-anmand  ie  trogi  oeiis  oe  nemcli  frisin 
coimdid  im  thorachtain  ehiieeu  lathi  bràtha  co  luatb,  dûs  in  fui- 
gebtis  nâeh  n-etarfuanid  isin  fiiigell  (bei  der  Beschreibung  der 
Vision,  wo  also  das  Fut.  des  Hauptsatzes  als  «  das  wird  ( —  das 
ist  wohl  — )  traurig  sein  »  aufzufassen  ist.) 

Die  potenziale  Bedeutung  ist  in  allen  diesen  Beispielen 
schon  deshalb  môglich,  weil  auch  in  der  direkten  Frage  oft 
das  Prâteritum  Futuri  im  Sinne  des  hiemischen  eonj  iinctivus 
deliberativus  (oder  potentialis)  steht.  Aber  diesem  dehberati- 
ven  Konjunktiv  nâhert  sich  manchmal  das  Futur.  Dièse 
Erscheinung  kann  man  ûbrigens  auch  in  anderen  Sprachen 
beobachten,  so  z.  B.  in  der  âlteren  Latinitât  quid  vira  nieo  res- 
pondebo  misera  Ter.  Hec.  516.  Im  Irischen  findet  man  eine 
àhnHche  Bedeutungsnuance  des  Fut.  I.  :  Wb.  9d  4,  Tollens 
ergo  membra  Christi,  faciam  membra  meretricis?.  i.  ingét 
abiilhi  arerist  etindigén  biiUii  inertrioe  diib  absit.  «  Soll  ich 
Christus  seine  GUeder  nehmen  und  soll  ich  aus  ihnen  Glie- 
der  der  Hure  machen  ?  absit  !  »  Man  kônnte  also  einige  Prâ- 
terita  Futuri  in  indirekter  Frage  als  Prilterita  eines  solchen 
Futurs  auftassen  (selbstverstandlich  nur,  wenn  im  Hauptsatze 
ein  histor.  Tempos  steht.)  jedoch  ist  das  nicht  notwending, 
da,  wie  gesagt,  das  Fut.  II.  auch  in  der  direkten  Frage  ste- 
hen  kann. 

§  7 .  In  direkten  Fragesàtzen  musz  man  zwei  Môglich- 
keiten  unterscheiden  : 

a)  entweder  entspricht  das  Prât.  Fut.  dem  lat.  Delibera- 
tivkonjuntiv, 

b)  oder  es  entspricht  dem  Potenzial. 

a)  Tog.  Bruid.  Dd  Derga  §  70,  Cia  no  ragad.  .  .  aeht  niad 
messi  «  Wer  (anderer)  soUte  gehen  als  ich  ? 

Cath  Ruis.  §  8,  «  Cia  doragad  and...  aeht  niad  Findchad...  « 

Ibid.  §  8,  Cia  doragad  risin  tectaireet  sin  ?  «  Wer  soUte  gehen 
mit  dieser  Sendung?  »  (cfr.  auch  §§  18,  27.) 

[Vgl.  IT.  I.  262,  Z.  25  f  , 


Das  Fiiliinnii  iiii  Irlschcn.  333 

Cîd  nabb  sin  Lendabair-sc  li  si'ila  câich 
cichsed  ria  cach  ninai  hi  lech  rig. 

Warum  [wiire  das  nicht]  Lendabair  (ich),  Augenglanz  jedes 
(Mannes)  [die]  vor  allen  Frauen  den  Palast  betreten  sollte  ? 
(Warum  sollte  L.  .  .  den  Palast  nicht  betreten?)] 

IT,  IV,  S.  I,  maith,  a  aiiiiiii,  a  Oisin,  câ  conair  no  rachmais 
rià  ndeôidh  laoi  d'iarraidh  âighedcchfa  na  hoidhchi  so?  «  Gut, 
mcin  lieber  Ossian,  welchen  Weges  soUen  wir  gehen,  um 
eine  Herberge  fur  dièse  Nacht  zu  suchen  ?  » 

b)Wb.  loa  10,  aut  unde  scis,  uir,  si  mullierem  saluam 
faciès  ?  .i.  âfir  can  rofestasn  '  iccfe  intnnâi  ciatasode  lat  arcc'm. 
«  Woher  kônntest  du  das  wissen,  o  Mann,  dasz  du  das  Weib 
retten  (wirst)  wûrdest,  wenn  du  auch  sie  durch  Gewalt  bei 
dir  festhalten  wûrdest  »  . 

So  sind  auch  Ml.  17b  26,  35a  17  zu  beurtheilen.  Vgl. 
auch  : 

Ml.  14a  6,  aircia  sahnscribdid  oicfed  son.  «  Welcher  Psal- 
mist  hâtte  das  tun  kônnen  ?  » 

IT.  I.  S  104,  «  Eirg  on  mnicc  din!  »  or  Conall .  «  Cid 
dana  dot  bérad-sn  chiicci  ?  »  ar  Ceit .  «  Geh  weg  von  dem 
Schwein  1  »  sagte  Conall.  «  Was  kônnte  dich  zu  ihm  fûh- 
ren  ?  »  (Thurneysen  :  Was  sollte  dich  zu  ihm  fùhren?)  so 
auch  S.  102  (§  12),  103  (§  13). 

Einen  Ubergang  zwischen  einer  unabhâgingen  Frage  und 
einem  abhangigen  Inhaltssatz  findet  man  in 

TBC.  Z.  812,  Is  machtad  7  iss  ingantus  Uni,  ria  ticfad 
aicaind  co  hor  crichi  7  no  bîfed  in  cethrur  biii  remaiiid  in  traiti 
se.  Windisch  :  Staunen  und  Verwunderung  erfûllt  mich,  wer 
zu  uns  an  die  Grenze  des  Landes  gekommen  und  in  dieser 
Schnelligkeit  die  vier  Mann,  die  vor  uns  her  waren,  getôtet 
haben  kônnte. 

Anm.  Eine  deliberative  Frage  ist  PH.  1776  :  Ma  do- 
rigne  na  niora,  cid  ar  na  dingned  na  becca  ?  «  Wenn  er 
(Simon)  grosze  (Wunder)  gemacht  hat,  weshalb  sollte 
er  nicht  kleine  (Wunder)  tun  ?  »  Der  Nebensatz,  der 
von    dem  Fragesatz  abhiingig  ist,    ist  mit   der   Protatis. 

Revue  Celtique,  XXXIII.  2z 


3  34  Josef  BauâiL 

der  Kondizionalperioden   {=  mit  einem  kondizionalen 
Nebensatz)  identisch . 

In  den  direkten  Fragesâtzen  entspricht  also  das  irische  Prà- 
teritum  Futuri  entweder  dem  lateinischen  deliberativen  oder 
dem  potenzialen  Konjunktiv.  In  den  indirekten  Fragesâtzen 
kann  er  teihveise  aus  diesem  Potenzial  (deliberativ)  oder  aus 
einem  einfachen  Futurum,  das  in  der  direkten  Frage  stehen 
mûszte,  erkUirt  werden . 

Anm.  :  Mit  «  wollen  »  kann  man  IT.I.  223  ûbersetzen  : 

«  Ccsc  ira .  .  .  cid  ar  iia  leicfideà  dam-sa  ino  demis  i  n-dàil 
mnà  ? 

§  8.  Nach  Strachan  (Subj.  §  5  b)  kann  das  Prateritmii 
Futuri  «  in  a  conditional  sensé  by  itself,  or  in  the  apodosis  of 
a  conditional  sentence  »  vorkommen .  In  §  44 .  behauptet  er 
weiter,  dasz .«  An  apodosis  of  this  form  (nâml.  der  hypothet. 
Perioden,  die  in  der  Protasis  Prât.  Subj.,  in  der  Apodosis 
Fut.  II.  haben)  may  stand  without  a  protasis.  »  Die  dann 
von  Strachan  angefûhrten  air.  Beispiele  sind  aber  vielmehr 
als  «  conditional  sensé  by  itself  »  oder  ûberhaupt  anders 
zu  erklâren.  i)SoSg.  137b  5,Sciendumautem,  quaedamuerba 
inueniri  difectiua.  .  .  et  hoc.  .  .  uel  naturae  necesitate  fieri 
uel  furtunae  casu  fadidnied  aicned  acht  dondecmaing  anisiu. 

2)  Ml.  55a  10,  diiucthar  triarosc  anî  nolabraifitis  musz  man 
gerade  durch  «  was  sie  sagen  môchten  »  ûbersetzen  (vgl. 
das  bei  den  Fragesâtzen  zitierte  Cesc .  .  .  cid  ar  na  leicfideà 
dam-sa  mo  denus  i  n-dàil  mnà}  IT.  I.  223). 

3)\Vb.  la  3  las  spâter  Strachan  (CZ;  III.  S.  55)  cretfid. 

4)  LU.  73b  2,  hid  t/'i  dogénad  «  it  will  be  you  that  would 
do  it  »  (richtiger  :  du  wirst  es  sein,  der  dies  tun  solliè)  ent- 
spricht dem  deliberativen  Fut.  II.  der  Fragesâtze  (sieh  oben) 
und  ich  glaube,  dasz  solche  Phrasen  im  Anschlusz  an  «  Cid 
dogénad  »  und  âhnl.  entstanden  sind. 

Als  c(  apodosis  without  protasis  »  kônnte  man  noch  am 
ehesten  Ml.  14b  4,  Sg.  130  b  2,  SR.  1505-6  betrachten. 

Ml.  14b,  4,  Huic  ergo  qui  templum  Dei  spoliauit....  quod 

profeta  Dauid  beatitudinis   apicem   contulisset ni  digned 

Diiid  innuaisletaid.. 


Das  Fiihinini  iin  Ivischcn.  335 

Sg.  130b  2,  quod  in  heroico  stare  métro  non  possit  nisi  in 

e  terminans  corum ablatiuus   .i.  dojôichred  iraig   néanaUt 

and  «  es  wùrde  einen  unge\vôhnliclien(Vers)fusz  herbeifûh- 
ren  ». 

SR.    1505-6.    Ninloiscfed    tene ninbaidfed   (iisce^   (uns 

wùrde  nicht  das  Feuer  brennen,  etc.). 

Ebenso  wie  Sg.  173b  5  sind  auch  Wb.  17a  10,  TBC.  108 
zu  beurteilen  :  Wb.  17a  10,  Et  in  prumptu  habentes  ulcisci 
omnem  inobedientiam,  .i.  oicfimmis  adigal,  wo  das  Ir.  das 
participiale  in  prumptu  habentes  glossiert,  was  gerade  einèn  kon- 
zessiven  Sinn  hat. 

TBC.  1081  :  Ntt  meràd-su  sain  «  Dieser  (Cathbad)  wûrde 
dich  nicht  verraten  »'. 

Àhnlich  wie  Ml.  55a  10  ist  auch  IT.  I.  72  (§  9)  aufzu- 
fassen  : 

No  thogfaind-se  druib  far  n-dis ociis  no  gebaind  tarbin  ôc 

amal  tiissu  «  Ich  môchte  zwischen  euch  zwei  wahlen.  Dann 
nâhm.  ich  mir  ein  junges  Stierchen,  wie  du  eins  bist  »  (Thur- 
neysen), 

Manchmal  kann  man  gerade  durch  «  kônnte  »  ûbersetzen, 
so  : 

IT.  I.  S.  176,  Ar  ni  indisfed  nech  aile  a  bruth,  L.  Br.  (LU. 
Ar  ni  inisfeaÇl)). 

TBr.  DdDerga  §  128,  Atcondairc  imdae  as  nesam  do  Conaire  : 

tri  primiàich  inti...  Tri  cJaidib  duba  dimôra  léo No  didlastâis 

finnae  for  usciu. 

((Dièse  Schwerter)  kônnten  ein  Haar  (das)  im  Wasser 
(schwimmt,)  spalten.)  so  auch  §  137,  PH.  2106. 

Wb.  15a  20  sieh  unten. 

§  9.  Das  Prât.  Futuri  kommt  massenhaft  in  der  Apodosis 
der  hypothetischen  potenzialen  und  irrealen  Perioden  vor. 


I.  Vgl.  auch  IT.  I.S.  124,  Ociis  a  ingin...  ro  biid  urina  deit  ;«'  ic-sa  do 
detiatii  dom  ghalar,  ocus  iss  dôich  not  i cf a ithea,  hier  kann  man  das  Fut.  II. 
aïs  einen  Potenzialis  der  llnhaltssàtze  oder  auch  wie  Apodosis  der  hypot. 
Période  auffassen  ;  ich  glaube  jedoch,  dasz  es  sich  auch  hier  uni  keine  wir- 
kliche  Apodosis  handelt,  sondern,  dasz  auch  hier  der  «  conditioual  sensé 
hv  itself  »  vorhea:t 


336  Josef  Baudis. 

Beispiele  bei  Strachen  Subj.  §  41.  und  dann  §  5b  (Wb.  9c 
8,  Ml.  42c  32). 

Weitere  air.  Beispieie  : 

a)  das  Air.  glossiert  die  lat.  Apodosis  : 

Wb.  4d  9,  sicut  Sodoma  facti  essemus  .i.  abtchiiis  et  )iitai- 
dirsed  nech  huann  (Zeuss-  453,  923,  1007),  Ml.  15c  8,  lucriti- 
carent  À.  no  indbadaigfitis . 

Sg.  6a  6,  si  enim  esset  semiuocalis,  necessario  terminalis 
nominum  inueniretur /(;;rmz?ï///5  anmmaun  inte  (Zeuss  ^  417, 
46ra). 

b)  Das  Air.  bildet  Apodosis.  Wb.  8a  i^.fagebtis  si  credidi- 
sent  (Zeuss''  332,  454,  874). 

c)  Wb.  13b  3,  mad  aill  duih  cid  accaldani  neich  diih  dari- 
^ente.  Zeuss^  453. 

Wb.    i9d  24,  ciachondesin  farsûli  dosmbérthe   doiii.   (Zeuss ^ 

367,  332.  914)- 

Ml.  40c  17,  air  dominuinfide  bed  nîsel  intî  dia  inatis  hc  indfer- 
sai  grandi  insin  na>iii)ia  dnmhcrad  duaid. 

Ml.  15c  7,  nitibertais piaiia  foraib  niani  esersitis. 

So  auch  Wb.  2c  17,  9d  i,  23,  Ml.  32d  25,  134b  3,  Sg. 
207b  2,  209b  6  ;  90b  2. 

Das  Imperfktum  Fut.  ist  hier  ebenso  zu  erklaren  wie  in 
anderen  selbststândigen  Sâtzen.  Meistenteils  handelt  es  sich 
hier  um  einen  Potenzialis.  oder  um  eine  Prateritalisierung 
des  Futurs,  (so  z.  B.'  :  LU.  52a  32,  asbert  Miigain  frisin 
m-bancainti  dobérad  a  breth  féin  di  dia  m-berad  a  mind  ôir  do 
chind  na  rigna,  bei  Strachan  §  42).  Der  Potenzialis  hat  jedoch 
auch  hier  die  Nebenbedeutung  der  Sukzession,  also  eine 
Temporalbedeutung.  Dasz  ich  hier  recht  habe,  beweist  der 
Umstand,  dasz  dem  Typus  :  Protasis  :  Subj.  IL  —  Apodosis  : 
Fut.  II.  der  Typus  Protasis  :  Subj.  Pràs.  —  Apod.  :  Futunim 
gegenûbersteht,  und  dasz  durch  Prateritalisierung  des  letzte- 
ren  der  erstere  Typus  entstehen  musz  (vgl.  oben).  Es  handelt 
sich  also  auch  hier  um  eine  ursprùnglich  temporale  Auf- 
fassuns;  der  bedingten  Handlung. 


I.  So  auch  PH.  6621   ff.,   atheyt  in  rlg,   7   ro-tliestaig  0  Ingci,  co  tibn 
aiioir  7  càlaig  iignidai  7  iiiiiiniitenis  do  dia  n-adrad  na  tjidtu. 


Das  Futuruiii  'nu  Inschcii.  337 

§  10.  Ein  potenzialer  Nebensatz  licgt 

a)  in  SR,  5811-12  vor  : 

coalog  dobeir  no  ciarath 
inri  dondfiiir  nombifad? 

«  Welchen  Lohn  oder  Vorteil  gewâhrt  der  Kônig  demjeni- 
gen,  der  mich  erschlagen  wùrde?  »  (vgl.  auch  1563  : 

dûs  infogcbtha  frifeis 
dobiud  dûn  ni  domelmais. 

«  was  wir  verzehren  kônnteii  »). 

b)  mit  «  sollte  »  musz  Sg.  30a  r  ûbersetzt  werden  :  Quasi 
ad  aliquid  dictum  est,  quod,  quamuis  habeat  aliquid  contra- 
rium  et  quasi  semper  adhaerens,  tamen  non  ab  ipso  nomine 
significat  etiam  illud  .i.  aiii  biianaiti Dinichjîde  (Zeuss-  481  :  id 
e  quo  nominaretur)  «  das,  wornach  es  benannt  werden 
sollte  ». 

PH.  8357ff  :  co  na  ro-thaâbntis  gné  nibroin in  tan  doden- 

dais  aine  (wenn  sie  fasten  sollen)  \ 

Zwischen  a)  und  b)  steht  PH.  6067  :  nair  is  molad  Dé  ro- 
pud  choir  doib  do  chuinchid,  7  ni  a  molad  fén  ar  a  ndeg-gnîm 
dogcndais.  Vgl.  weiter  ibid.  8370  :  /;/  tan  chaithiiis  nech  for- 
craid  rempi  no  iarum,  no  in  tan  taisces  a  chuid  budéin  in  ni  no- 
chaithfed  i  n-amsir  a  aine.  «  Wenn  jemand  das  Ubermasz  (d. 
h.  das,  was  er  wahrend  der  Fastzeit  nicht  gegessen)  zuvor 
oder  nachher  verzehrt,  oder  wenn  er  seine  Porzion  auf- 
bewahrt,  das,  was  er  wahrend  der  Fastzeit  (bei  normalen 
Verhâltnissen,  wenn  er  nicht  fasten  wûrde)  verzehren  wûrde 
(sollte)  »  ;  man  mûszte  es  durch  ein  lat.  quod  ei  consiuncnditm 
erat  (esset^  wiedergeben,  oder  man  kônnte  es  durch  das 
spâtlat.  qnod  consnmere  habebat  ausdrucken.  Die  in  unserem 
Satze  enthaltene  Aussage  ist  also  als  etwas  in  Vergangenheit 
eintreten  Sollendes,  also  Bevorstehendes,  gedacht.  Das  Ver- 
zehren der  gewôhnlichen  Porzion  ist  fûrdieZeit,  als  man  die 


I.  In  TBC.  Z.  II 64  kônnte  man  das  Fut.  II.  aïs  eine  Pràteritalisierung 
des  Fut.  auffassen,  da  aber  der  Satz  ricfad  a  less  ein  integrierender  Teil  der 
Bedingung  Da  iii-had  cJmuiiiaiigi  ist,  so  stelle  ich  dièse  Stelie  zu  §  12. 


338  Josef  Baiidis. 

Porzion  aufbewahrte,  etwas  Vergangenes,  fûrdieZeit,  wo  dièses 
Verzehren  stattfînden  sollte,  wzx  das  etwas  Bevorstehendes.  Es 
werden  hier  also  zwei  verschiedene  Tempusrelazionen  ausge- 
drùckt  :  eine  (nahmlich  die  der  Zeit,  fur  die  Porzion  bestimmt 
war)  findet  in  dem  Futuralstamm,  die  andere(die  der  Zeit,  wo 
die  nichtverzehrte  Porzion  autbewahrt  wird)  in  den  Pràterita- 
lendungen  (Endungen  der  Tempora  Secundaria)  iliren  Aus- 
druck.  Man  hatalso  auch  hier  ein  temporales  Priiteritum  Futuri, 
es  hat  jedoch  hier  den  Sinn,  den  man  in  der  Apodosis  der 
hypothet.  Perioden  wiederfindet;  man  kônnte  ja  hier  ergiin- 
zen  :  was  man  verzehrt  hàtte,  wenn  man  nicht  gefastet  hàtte. 
Dennoch  wird  man  es  auch  ohne  dièse  Ergânzung  verstehen, 
und  ich  glaube,  dasz  man  die  Apodosis  der  hypothetischen 
Perioden  aus  solchen,  jedoch  selbstàndigen  Satzen  erklàren 
musz  (sieh  oben).  Hiemit  ist  auch  der  Weg  gezeigt,  wie  das 
Futurum  II.  den  irrealen  Sinn  bekommen  konnte,  und  wie  es 
dazu  kam,  dasz  es  den  IrreaHs  der  Hauptsâtze  ausdrùckt  :  es 
wurde  uberall  gebraucht,wo  es  sich  um  eine  in  Vergagenheit 
bevorstehende,  oder  in  Vergangenheit  eintreten  sollende 
Handlung  handelte  ;  es  drûckt  also  eine  Handlung  aus,  die 
ûberhaupt  oder  unter  gewissen  Umstânden  stattfinden  sollte 
oder  muszte. 

(Àhnlich  ist  auch  das  «  Futurum  der  direkten  Fragesâtze  » 
zu  beurteilen,  das  «  sollen  »  wird  auch  hier  durch  den  Futu- 
ralstamm ausgedriickt,  es  wird  jedoch  durch  die  Sekundiir- 
endungen  anstatt  der  Vergangenheit  die  Ungewiszheit  oder 
der  Zweifel  angedeutet,  die  Pràteritalbedeutung  tritt  hier  also 
in  den  Hintergrund. 

Die  Pràteritalbedeutung  kann  sich  in  eine  allgemein  poten- 
ziale  umwandeln  (vgl.  auch  des  Fut.  II.  in  den  Fragesiitzen), 
so  z.  B.  SR.  2761 

IN  ri  nadrdic  doib  sain 
rostairmcsc  tria  hilberlaib, 
conatncad  nech  cogle 
cid  notharged  diaraile. 

wo  cid  (was  auch)  einen  Inhaltsatz  einleitet. 


Das  Fnhinini  iin  Iri.srhcu.  339 

Vgl.  weiter  den  Temporalsatz  : 

PH.  2346  f.  ÇRo-po  cuhaid )  7  0  dogénla  adrad  infhîr  Dia, 

co  soitea  do  menmain  0  na  deeib.  (Es  ware  passend)^  dasz  du 
deinen  Sinn  von  den  Gôttern  abwendest,  wenn  (scit,  bis)  du 
den  wahren  Gott  verehren  sollst  (wo  also  das  Priiteritum  die 
Ungewiszheit  ausdrûckt). 

Objektsâtze  :  PH.  7747,  Mas  ead,  in  ni  do-lboigébad  fcrg 

Dé is  cin  gan  a  toirmesc,  «  Wenn  dem  so  ist,  so  ist  es  eine 

Siinde,  das,  was  (ûberhaupt)  Gotteszorn  erwecken  sollte 
(kônnte),  nicht  zu  verhindern  ». 

Ebend.  7526,  hi  sessed  gné  do'n  duine-iiiarhad  A.  spreid  le 
ndingned  nech  a  bethugud  a  hein  de. 

Atributivsatz  :  ebend.  2418  :  Iii-dar  lim-sa,  ol  se,  is  i 
comairle  dogcnta-su,  anad  do  molad  Crisf,  7  idpurta  do  dénani 
do  na  deeib,  fo-dâig  na  digthea  hi  croich  (was  du  tun  solltest). 

Vgl.  ebend.  6128  :  is  c  lin  nibocht  niarbait  in  fhairend-sin 
cech  lâi,  in  lin  do  hochtaib  conicfalis  do  shassad. 

§  1 1.  Das  Prateritum  Futuri  kommt  weiter  in  gewissen  kon- 
sekutiven,  mit  co"  eingeleiteten  Siitzen  vor,  es  sind  Siitze  wie, 
«  er  streckte  sich,  das^  ein  monatliches  Kind  :(zuischen  je  :;iuei 
seiner  Rippen  Ranni  haben  kônnte  ».  Es  handelt  sich  hier  also 
wieder  um  einen  Vorgang,  der  unter  Umstilnden  (ûberhaupt) 
zustande  kommen  mûszte  oder  sollte  ' . 

IT.  I.  S.  265-6,  Ro  riastrad  inimi  iaroni  iar  sudi,  co  rabi 

banna  fola  im  bun  cacha  finna  dô ocus  ro  gab  imbri  brô,ocns  rô 

sini  iar  sudi ,  co  ta  il  If ed  fertraig  feroclaig  eter  cach  da  asna  do, 
er  geriet  darauf  in  eine  Wutverzerrung,  dasz  ein  Blutstropfen 

an  der  Wurzel   jedes  einzelnen  Haares  ihm  war und  es 

erfaszte  ihn  «  das  Kreisen  des  Mûhlsteins  »  und  er  streckte 
sich  darauf,  dasz  ein  Mannesfusz  eines  Kriegers  zwischen  je 
zwei  seiner  Rippen  Platz  gehabt  hàtte  (Zimmer  CZ.  I.  75-6). 

So  auch.  Cath.  Finntrâga  i.  642,  tue  sinedh  ar  a  cholainn  co 
toillfedb  mac  mis  edir  gach  da  asna  do 

(Dazu  vergl.  IT.  I.  S.  271  :  Ba  samalta  co  rachad  long  for - 
lûn  seoJach  dar  a  chrœs  gin  osliiicthe.  §  3.) 


I.  Cfr.  air.  Ml.  98c  8,  coiuiahuxd  dlio^cd  nerchissechta  lad ia  (auch  bei  Str. 
S.  297). 


340  Josef  Baiidis. 

Mit  diesen  Stellen  hângen  die  oben  zitierten  Hauptsiitze 
aus  Tog.  Br.  Dd  Derga  §§  128,  137  aùfs  engste  zusammen 
ÇNo  didlastâis  finnae  for  usciu);  der  ganze  Unierschied  besteht 
darin,  dasz  in  den  unabhângigen  Sâtzen  anstatt  der  Pràterital- 
bedeutung  die  allgemeine  (Potenzial)bedeutung  hervortritt  ; 
der  Potenzialis  in  den  erwâhnten  Hauptsâtzen  entsteht  also 
dadurch,  dasz  die  Prateritalbedeutung(nâmlich  die  prâteritale 
Relazion,  die  im  Fut.  II,  mitausgedriickt  ist)  zur  allgemeinen 
(zeitlosen)  Bedeutung  wird,  wobei  aber  die  Futuralbedeutung 
(eigentlich  die  zweite  Relazion,  die  man  durch  «  kônnen, 
sollen,  mûszen,  werden  »  ûbersetzt)  ganz  deutlich  zu  spiiren 
ist'.  Daneben  musz  man  auch  solche  Sâtze  berûcksichtigen 
wie  Wb.    15a  20,  ita  ut  non  possent  intendere  filii  Israël  in 

faciem  Moysi  .i.  nifotlsitis^  deicsin  agm'tsa ,  wo  man  gerade 

durch  «  sie  konnten  (kônnten)nicht  ertragen »  ûbersetzen 

kann. 

Strachan  Subj.  Mood  §  62  S.  297  meint,  dasz  z.  B.  co  taiUfed 
«  is  used  just  as  in  conditional  sentences  ».  Ich  môchte  das 
prâcisieren  :  in  Konsekutivsatzen  musz  man  zwei  Typen 
unterscheiden  und  zwar  :  a)  er  streckte  isich,  dasz  zwischen  je 
zwei  seiner  Rippen  ein  Kind  Platz  haben  konnte  (kônnte), 
wo  es  sich  also  um  einen  Verbalausdruck  handelt,  der  in 
Vergangenheit  eintreten  konnte,  sollte,  und  dann  b)  einen 
T3'pus,  wo  es  sich  um  einen  Vorgang  handelt,  der  allgemein 
unter  gewissen  Umstanden  eintreten  kônnte  oder  sollte  fsieh 
die  in  Anm.  zitierte  Stelle  aus  IT.  I.  S.  191,  17).  Der  Typus 
b)  steht  dem  Potenzialis  «  in  conditional  sentence  «  nâher, 
jedoch  ist  auch  dieser  Potenzialis  auf  Grund  des  rein  tempo- 
ralen  Gebrauches  entstanden,  man  hat  also  mit  «  conditional 
sensé  b}^  itself  »  zu  tun. 

Man  sieht  also,  dasz  man  das  Prateritum  Futuri  manchmal 
durch  «  sollte,  konnte  »  ûbersetzen  musz;  das  erinnert  an  das 
nachklassische  habebam  dicere  (ich  hatte  zu  sagen,  ich  konnte, 


1.  Den  selben  Kondizional  findet  man  auch  im  konsekutiven  Nebensatz 
IT.  I.  191,  17,  fo  lu-hàidfed  ocus  co  loiscfed  fini  in  tahuan  uU  neitii  cech  oen 
clùi  dihside  (L  Br.  viz  auch  ebend.  191  Zeile  9). 

2.  WS.fûistis. 


Da<:  Futur  mil  iin  IriscbcH.  341 

ich    soUtc  sagen)  dièse  Verglcichung  triflft  mehr  zu  als   die 
mit  «  dictiirits  eram,fiii  ». 

Anm.  I)  Ich  glaube,  dasz  dicere  habebam  eine  Uberfùhrung 
des  passiven  mihi  dicendum  est  in  einen  persônlichen  Ver- 
balausdmck  darstellt  (vgl.  passiv.  unpersôhnlich  :  niihi 
est  pater  —  persônlich  subjektiv  habeo  patye}}i).  Das  roma- 
nische  Futurum  und  der  rom.  Kondizionalis  fuszt  also  in 
erster  Reihe  auf  dem  klassischen  :  mihi  dicendum  est,  erat 
und  dann  erst  auf  dem  dictiinis  siiiii,  eram . 
Anm.  2)  Man  sieht,  dasz  ein  Vorgang,  der  in  Vergangen- 
heit  oder  ûberhaupt  (zeitlos)  eintreten  sollte  (Jionnte, 
kdnnte)  als  Irrealis  aufgefaszt  werden  kann.  Das  findetman 
auch  im  Aind.  (w^as  schon  Strachana.  a.  O.  vergleicht) 
und  dann  auch  im  Lat.  :  dort  wird  z.  B.  zu  einem  Fut. 
*  fiisèti  (psk.fiist)  ein  ^''-Prateritum  *  fusêt  >  foret  gebildet, 
das  dann  als  Irrealis  oder  Potenzialis  fungiert  (Konj. 
Impf.  ■). 
§  12  Das  Prâteritum  Futuri  kommt  auch  in  Nebensatzen 

vor,  die  von  einem  Modalzatz  abhiingig  sind. 
a)  PH.  1914,  batar  secht  mis  for  bliadain  is-in  inad-sin,  co 
tàirsed  cïimtach  na  n-inad,  i  siiidigfitis  na  ciiirp  fa-deoid. 

h)  ebend.  4512,  ...  daig  co  mbad  erlaimite  tomus  in  argait 
do'n  foirind  iio-chennaigfitis  na  hedparta.  (die  die  Opfer  kaufen 
wollten). 

c)  ebend.  3074,  ar  na  biid  ed  no-airigflîs fair...  Atkinson  : 
«  that  they  might  not  notice^  ». 
û?)  ebend.    4007   ff.   Dùthracur-sa,  a  Dc,comptis  dirge   ma 

1.  Der  ganze  Unterschied  zwischen  der  Entwickelung  des  Lateinischen 
und  dem  irischen  Priiteritum  Futuri  besteht  darin,  dasz  das  lat.  Imperf. 
Fut.  (Konj.  Imperf.)  an  das  Prâsenssystem  angegliedet  wurde  und  infol- 
gedessen  die  temporale  Bedeutung  ganz  verloren  hatte  und  somit  zu  einem 
rein  modalen  Ausdruck  wurde  ;  im  Irischen  blieb  dagegen  das  Pràt.  Fut. 
bei  dem  Futuralsystem. 

2.  Vgl.  auch  TBC.  Z.  1 164  :  Da  m-bad  clmmmairgi  ricfad  a  Icss  înti  iicfad 
sund  «  Wenn  es  eine  Bùrgschaft  wàre,  die  der  brauchte,  der  hierher  kàme  » 
(_Windisch).  Hier  hat  der  Potenzial  eine  temporale  Nebendeutung  ;  ohne 
die  potenziale  Fàrbung  kônnte  man  diesen  Gedanken  durch  Fut.  I.  Wie- 
dergeben.  Vgl.  weiter  IT.  I.  122,  ocus  dia  fessmais  iiidni  not  fôirfed,  und 
noch  PH.  6940'!  :  Cuhaid  eut,  ce  mad  is-in  catliraig  rigdai  no-genfed  mac 
in  ris:. 


342  Josef  Bail  dis. 

shéta  do  chomalliud  do  thimna-su  trias-a  techtfaind  noinie  y  fireti- 
chi.  Atkinson  :  «  I  désire,  O  God,  that  my  ways  should  be 
straight  in  the  fulfilment  of  Thy  commandment,  by  which  I 
may  obtain  holiness  and  righteousness  » .  Ob  der  Typus  b-d 
auch  air.  ûblich  war,  ist  schwer  zu  sagen;  namentlich  bei  c) 
wûrde  man  ini  Air.  den  Subj.  IL  erwarten,  da  doch  das 
bad  nur  dazu  dient,  ein  anderes  Satzglied  als  das  Verbum  an 
die  Spitze  des  Satzes  zu  bringen  ;  in  Strachans  Sammlungen 
(Subj.  Mood)  finde  ich  :  Ml.  95  c  2,  coiiibad  ellam  nocomal- 
laitis  ani  asrochoihet  (Strachan  §  70),  Wb.  14  c  23,  comhad 
sain  anasberin  (Strachan,  §  72,  S.  312).  Vgl.  auch.  Ml.  125a 
4,  ebend). 

Anm.  Jedoch  ist  m.  E.  beim  T3'pus  b)  und  c)  das  Fut.  IL 

furs  Air.  nicht  ausgeschlossen  ;  die  angefûhrten  Beispiele 

haben  doch  eine  futurale   Bedeutungsnuance,  und  dièse 

Nuance  liegt  keinesfalls  in  den  konjunktivischen  Sâtzen 

vor  (Ml.  9)a  2,  Wb.  14a  25);  es  ist  aiso  die  Frage,  ob 

fur  das  altirische   Sprachgefùhl  in    solchen    Sâtzen   die 

Futuralbedeutung  existierte,  d.  h.  ob    die  mittelirischen 

Typen  im  Altirischen  ebenso  wie  im  Mittelir.  (also  futu- 

ral   —  Fut.    IL)  oder    eher    subjunktivisch    aufgefaszt 

wurden . 

§  13,  Anstatt  des  Subj.  IL  steht  das  mittelir.  Fut.  IL  in 

PH,  1.  4520  ;  hier  steht  das  Fut.  IL  in  einem  Satz,  der  von 

der  Protasis  der  hypot.    Période  abhângig  ist   und  den  Kern 

der   in  der    Protasis  auszudrûckenden  Aussage  bildet.  (vgl. 

§  12.  —  Sieh  auch  Strachan  §  72).  PH.  4519  '•  indoig  lib  cia 

haitloe  doberad  forru,  dia  iiibad  oc  debaid  no  ic  essaentaid,  ic  ecnach 

110  if  adchossan,  no  ic  nach  anoirches  ar-chena,  fogcbad  or  a  chind 

is-in    tempiiJ...    (Vgl.    lat.    Quid    ergo  fratres  putatis  faceret 

Dominus,  si  rixis  dissidentes  fabulis  uacantes,  si  risu  dissolu- 

tos,  uel  quolibet  alio  scelere  reperiret  irretitos. . .). 

Anm.  :  Strachan  (Verbalsystem  in  SR.)  hielt  auch  dobertha 
im  V.  6033  {Cia  dobertha  dam  frimthôir ,  \  aben,  cet  n-unga 
ndergôir,  \  argais gaJais  no  gart  ngk,  \  nianais  mac  n-Iesse.} 
fiir  ein  Fut.  II  ;  falls  man  wirklich  ein  dobertha  anneh- 
men  soll  und  wenn  es  nicht  vielmehr  dobertha  (Suh].  IL) 
zu  lesen  ist,  so  batte  man  ein  mittelirisches  Beispiel  fur 


Das  Fiiliiniiii  iiii  Iriscbcii.  343 

das  Vorkommen  des  Fut.  II.  in  der  konzessiven  Protasis'. 

§  14.  Strachan  (Subj.    Mood.    S.  297,  Anm.)   bemerkt  : 

«  In  LU  74a  15.  it  seems  to  corne  nearer  to  purpose  :  ni  rnha 

é  nachanijacha-sa  cen  hràthir,  ar  is  airi  doberar  som  chiicutsu  ar 

daig  co  forgéniiiais  ar  n-dis  dehuid,  Slay  him    not,  that  thou 

leave  me  not  without  a  brother  :  for  it  is  for  that  that  he  is 

brought  to  you,  that  \ve  two  should  corne  to  strife.  But  the 

sensé  of  purpose  cornes  from  the  context  rather  than  from 

the  form.   »  Solchen  finalen  Sinn  findet  man  auch  SR.  3131- 

2  :  cocrait  'naiiibratbrcib  abrath  \  dial-lathrcib  conaragad. 

Anm.    Atkinson    hait    die    Formem   na  ro-epled  sib   (PH. 

2832)  na  ro-cph'tis  Ç^o}^)  fur  Futura  IL  (PH.  2831-2... 

acht  mi-ne  gitided  Moysi  mac  Anira  dar  bar  cend,  na  ro-epled 

sib  nli  i  n-oen  fhecht  ;  3035-6  :  acht  is  ed  ro-toirmisc  nnipn, 

cotlud  aimsire  7  lUinaille  menman,  —  na  ro-epletis  i  n-aprisce 

pecctha)  aber  dies  ist  keinesfalls  nôtig,  es  sind  vielmehr 

Subjunktive    II.    Also  epled    {ebM)    *  ek(s)belad,  epletis 

(eblddis)  *  ék{s')be}adis. 

§  15.  Im  MitteHrischen  kommtdasFut.    II.  in  Relativsât- 

zen  vor,  die  von  einem  negativen  Satz  abhiingig  sind .  Im  Air. 

war  in  solchen  Siitzen  der  Subjunktiv  (Priis.,  Prat.)  ublich 

(sieh  Strachan  §  73). 

rt)  Der  Negativzatz  ist  in  einem  historischen  Tempus  : 

SR.  6435-40, //^ât/r  adùn  ndonn  iarnacrod cenduine  mbeo 

fonim  nél  lù'nnisfed  dôib  nachn-oenscél. 

Ebend.   5776  :  nifrith  dlb  oenfer...  folihad  \.. 
Vgl.  auch  neuir.    Ine  kath-iiair  chà  rabh  an   oiread  agus 
dhéanfadh  slat  marcaigheachta  ar  thalainh  an  rîogh  un  tharraiiig 
Fear  na  uAdharc  (Sgéalaidhe  Ôirghiali  S.  64). 
/')  Der  Negativsatz  ist  prasentisch  : 
TBC.  817,  Ni  fil  ni  nad  gellfad  dar  ceiid  a  enig. 
Strachan  (Subj.  S.  226)zitiert  die  Stelle  aus  SR.  5776  und 
betrachtet  es  als  «   neologismus  ».   Soviel  musz  man  zuse- 


^t>*' 


1.  Mir  scheint  jedoch  wahrscheinlicher  zu  sein,  dasz  es  sich  uni  einen 
Subj.  II.  handelt.  Auch  Strachan,  Subj.  §  47,  hait  dohertha  fur  eine  Sub- 
junktivform. 

2.  Vgl.  auch  Cath  Ruis  ^  36,  Dàior  ha  don  in  Jco  iii  fil  inad  i  faicfilhè 
giu'iis  Choiiaill  ar  a  teicbjitl.ie  and. 


344  7"-^'/  Bauâis. 

tehen,  dasz  wir  hier  nach  dem,  was  wir  von  dem  Air.  wis- 
sen,  einen  Subj.  IL  erwarten  mûszten  (vgl.  ad  a)  Ml.  looc  23, 
125b  7,  Soc  9,  Wb.  33d  ro;  ad  b)  Ml.  107b  8,  Wb.  28b); 
darauf  môchte  ich  jedoch  hinweisen,  dasz  dièse  Sâtze  sol- 
chen,  wie  air.  nifoi(J)sitis  deicsin  agnùsa  (Wb.  15a  20)  fehr 
nahe  stehen,  dasz  also  das  Futurum  II.  auch  hier  «  conditio- 
nal  sensé  by  itself  »  hat.  Damit  wiil  ich  aber  nicht  sagen,  dasz 
dieser  Typus  bei  den  in  Rede  stehenden  Sàtzen  schon  altirisch 
vorkommen  muzte  '. 

§  lé.  Man  kann  also  den  Gebrauch  des  ir.  Fut.  IL  folgen- 
derweise  definieren  :  es  bezeichnet  eine  in  der  Vergangenheit 
geschehen  sollende  Handlung,  dann  eine  Handlung,  die 
ùberhaupt  unter  Umstanden  eintreten  soUie,  honnte  oder 
kônnte.  Daraus  entwickelt  sich  sein  Gebrauch  in  den  direkten 
Fragesâtzen  (Potenzial,  Deliberativ)  und  der  Potenzial  ùber- 
haupt als  Ausdruck  einer  Handlung,  die  eintreten  sollte  und 
dessen  Verwirklichung  durch  gewisse  Umstànde  (objektiv, 
nicht  subjektiv)  bedingt  war.  Endlich  konkuriert  es  im  Mittel- 
ir.  mit  dem  air.  Subj.  II,  d.  h.  es  wird  in  gewissen  Neben- 
satzen  zum  Ausdruck  einer  subjektiv  als  môglich  gedachten 
Handlung-.  Ursprûnglich  drûckte  jedoch  das  Priiteritum 
Futuri  zwei  Tempusrelazionen  aus;  die  éventuelle  Potenzia- 
litàt  hat  in  den  meisten  Fâllen  dièse  relative  Fârbung  und 
man  muszte  sie  durch  das  lat.  mihi  faciendum  esset,  fuisset 
wiedergeben.  Dagegen  ist  der  irische  Subjunktiv  ein  subjek- 
tiver  Verbalausdruck  (cfr.  Thurneysen  Hb.  d.  Air.  §  511); 
der  Unterschied  zwischen  dem  Gebrauch  der  beiden  Forma- 
zionen  besteht  also  darin,  dasz  der  Subjunktiv  die  Subjektiv- 
anschauung,  das  Fut.  II  die  Temporalauffassung  zum  Aus- 
druck brins;t. 


T.  In  einem  Fall  hat  gewisz  Strachan  unrecht,  wenn  er  nilmlich  LU. 
68  b  28  zu  dem  Typus  der  negativen  Siitze  stellt  {nifetar  ni  ardotiàigthe 
«  ich  weisz  keinen  Grund,  weshalb  du  fûrchten  solltest.  »).  Dieser  Satz 
gehôrt  vielmehr  zu  der  Kategorie  solcher  Inhaltsàtze,  die  den  Objekt  eines 
Verbum  appercipiendi  bilden,  odernoch  besser  zu  den  indirekten  Fragesât- 
zen (unser  §  6.);  in  solchen  Sàtzen  war  aber  schon  air.  nicht  nur  Subj., 
sondern  auch  Fut.  II.  môgUch.  Strachans  Beispiel  LU  68  b  28  ist  also  eher 
ein  Beispiel  des  Subj.  in  indirekter  Rede,  oder  in  indir.  Fragesâtzen. 


Dus  Fiiluruii!  iiii  Irischcn.  345 

Daraus  erkUirt  sich  auch,  wie  die  Typen  der  hypoth.  (kon- 
zess.)  Perioden  :  Protasis  a)  Konj.  b)  Konj.  II.  —  Apodosis 
a)  Futurum  b)  Futurum  II.  zustande  kamen.  Die  in  der  Pro- 
tasis enthaltene  Aussage  ist  ein  Ausdruck  der  subjektiven  An- 
schauung,  die  Apodosis  dagegen  ist  die  notwendige  Folge  des 
in  der  Protasis  ausgesprochenen  Vorgangs  ;  die  Protasis 
drûckt  also  einen  Umstand  aus,  unter  dem  die  in  der  Apodo- 
sis ausgesprochene  Handlung  zustande  kommen  musz  oder 
soll,  und  nur  dieser  Umstand  (Bedingung)  ist  von  dem  Spre- 
chenden  als  subjektiv  môglich  gedacht  ',  die  Folge  dieser 
Bedingung  ist  schon  objektiv  notwendig. 

Dasz  manchmal  die  temporale  Auffasung  in  eine  subjektive 
(modale)  umschlagen  kann  und  umgekehrt,  ist  bekannt  :  man 
vergleiche  z.  B.  die  verschiedenen  Futuralformazionen  der 
idg.  Sprachen,  die  meistenteils  aus  «  Aoristkonjunktiven  » 
entstanden  sind,  oder  die  «  italokeltischen  »  à-  konjunktive 
die  auf  Grund  von  Aoristen  der  zweisilbigen  Wurzeln  gebil- 
det  wurden.  So  wird  man  auch  begreifen,  wie  spàter  das  Prâ- 
teritum  Futuri  mit  dem  air.  Subj.  IL  in  gewissen  Nebensàtzen 
konkuriert.  Das  spiitere  Irisch  bevorzugt  die  temporale  Auffas- 
sung  und  làszt  die  modale  Fârbung  manchmal  unbezeichnet. 
Dasz  das  Irische  immer  eine  Neigung  zur  temporalem  Aus- 
druckweise  hatte,  geht  auch  aus  der  irischen  «  consecutio 
temporum  »  hervor.  Sie  besteht  darin,  dasz  der  Verbalaus- 
druckdemganzen  Aussageniveau  angepasst  wird,  wasderselbe 
Vorgang  ist,  dem  auch  das  Pràt.  Fut.  seine  Entstehung  ver- 
dankt. 

Bedenkt  man  weiter,  dasz  schon  das  Mittelir.  den  Subjunk- 
tivgebrauch  beschrânkt,  so  musz  man  daraus  erschlieszen, 
dasz  die  subjektive  Auffasung  nach  und  nach  verschwand.  Dies 
offenbart  sich  im  Air.  darin,  dasz  bei  komponierten  Verben 
der  Unterschied  zwischen  dem  s-Subj.  und  s-Fut.  verschwin- 
det.  Man  wird  dagegen  wohl  einwenden,  dasz  dieser  Zusam- 
menfall  eine  notwendige  Folge  der  vorhistorischen  Akzent- 
wirkungen  ist;  dasz  ist  es  wohl  auch,  aber  der  Umstand,  dasz 


I .  Dasz  auch  die  Bedingung  objektiv  aufgefaszt  werden  kann  beweist 
PH.  1776,  Ma  do-rigiie  lia  niora,  cid  ar  na  dingnedna  hecca}  \vo  aber  di 
Apodosis  als  deliberativ  aufgefaszt  werden  kann  (Sieh  §  7). 


34^  Josef  Bandis. 

eine  Sprache  zwei  einmal  geschiedene  Ausdrucksweisen  zusam- 
menfallen  lâszt,  ohne  es  nôtig  zuhaben,  sie  durch  einanderes 
Mittel  auseinander  zuhalten,  beweist,  dasz  die  Sprache  dieser 
Scheidung  nicht  bedarf.  Damit  will  ich  jedoch  nicht  behaup- 
ten,  dasz  das  Ir,  die  modale  Auffassung  nicht  kennt,  ich  sage 
blosz,  dasz  die  temporale  Auffassung  im  spàteren  Irisch  domi- 
nierend  ist.  Der  inhaltlichen  Seite  nach  existiert  auch  im 
Neuir.  ein  Subj.,  nur  dasz  er  selten  formel!  ausgedrûckt  wird. 


II 


Das  air.  Futurum  der  starken  Verba  unterscheidet  sich 
meistenteils  von  dem  Subjunktiv  (Konjunktiv)  durch  die  i- 
Reduplikazion  ;  wenn  es  sich  nun  wirklich  um  einen  alten 
Zusammenhang  zwischen  dem  Konjunktiv  (Subjunktiv)  und 
dem  Futurum  handelt,  so  hat  man  hierin  einen  Beweis,  dasz 
schon  in  einer  vorhistor.  Zeit  im  Goidelischen  das  Bestreben 
herrschte,  die  Temporalformen  recht  deutlich  zum  Ausdruck 
zu  bringen. 

In  den  brittonischen  Sprachen  wurde  dagegen  das  Futurum 
entvv^eder  durch  das  Prâsens  (so  im  Neu-  und  Mittelkymr.) 
oder  durch  den  Konjunktiv  (so  im  Bret.  und  Mittelk3'mr.) 
ausgedrûckt  ;  der  formale  Konjunktiv  hatte  also  im  Brit.  zwei 
Funkzionen  :  i)  die  modale,  2)  die  temporale.  Das  Goide- 
lische  unterscheidet  sich  also  von  dem  Britannischen  dadurch, 
dasz  es  die  temporalen  Formen  von  den  modalen  scheidet, 
jedoch  darf  man  nicht  vergessen,  dasz  auch  im  Air.  bei 
gewissen  Verben  kein  wirkliches  redupl.  Futurum  gebildet 
wird;  hier  fungieren  die  Subjunktivformen  als  Futura.  So 
wird  z.  B.  bei  den  Wurzeln  :  ret,  tek,  reg,  ang,  lag,  sad 
das  Fut.  und  der  Subjunktiv  durch  dieselben  j-Bildungen 
ausgedrûckt  (Thurneysen  Hdb.  §  661).  Das  weist  auf  einen 
alteren  Zustand  hin,  wo  im  Goidelischen  noch  ahnliche 
Verhâltnisse  herrschten  wie  im  Britannischen,  d.  h.  die  Kon- 
junktivform  hatte  damais  zwei  Funkzionen  :  i)  die  temporale, 
2)  die  modale. 


Dus  FiiInniDi  iiii  Irischca.  347 

Dièse  Erscheinung  ist  iibrigens  nichts  Ungewôhnliches,  auf 
dem  Gebiete  der  idg.  Sprachcn  kommt  sie  ôfters  vor  :  so 
fungiert  auch  im  Ved.  der  Konjunktiv  im  Sinne  des  Futurums, 
die  lateinischen  Futura  sind  teilweise  alte  Konjunktive.  Es 
bestehen  aber  auch  Beziehungen  zwischen  Konjunktiv  (Futu- 
rum)  und  dem  Aorist,  eventuell  auch  Prasens  :  so  sind  z.  B. 
die  hueinischen  Konjunktive  und  die  mit  ihnen  verwandten 
Futura  aus  dem  Aoristtypus  der  zweisilbigen  Wurzeln  entstan- 
den,  so  z.  B.  lat..  -gruat^=\k.  griùvo  (Verf.  IF.  XXIII.  147). 
Das  Altindische  und  das  Griechische  unterschied  bei  dem 
langvokahschen  Aorist  den  Konjunktiv  und  den  Indikativ  gar 
nicht.  Angesichts  dieser  Tatsachen  musz  man  erschiieszen, 
dasz  das  Idg.  gewisse  Formen  bald  modal  (konjunktivisch), 
bald  temporal  (aoristich,  futural)  gebrauchen  konnte.Diesgilt 
auch  von  den  j--Bildungen .  So  bediente  sich  das  Italische 
solcher  thematischen  5-Formazionen  zur  Bildung  des  Futu- 
rums ;  ein  g'-Prilteritum  zu  solchen  5-Futuris  liegt  im  lat. 
Irrealis  vor. 

An  den  lateinischen  Konj.  Imperfekti  erinnert  nun  der 
brittonische  /;-Konjunktiv  : 

mky.  carJnuyf  carhom 

cerhych  carhoch 

carho  carhont. 

Das  Konjunktivszeichen  ist  hier  -Inuy-j-ho-,  das  auf  ein 
altères  -se- /-sa  zurûckgehen  musz.  Der  Ubergang  des  s  >>/;  war 
selbstverstiindlich  nur  bei  den  vokalisch  auslautenden  Verbal- 
stâmmen  lautgesetzlich,  von  diesen  Stâmmen  wurde  das  -/;- 
auch  auf  die  konsonantischen  Verbalstamme  ûbertragen. 
Der  Wechsel  -ê/â-  erinnert  an  den  lateinischen  è/â  Ablaut  z. 
B.  feràm  :  ferês,  ferët.  Der  walisische  /;-Konjunktiv  steht  tor- 
mell  dem  lateinischen  Konj.  Imperfekti  sehr  nahe. 

Syntaktisch  aber  sind  die  beiden  Bildungen  grundverschie- 
den.  Die  lateinische  Bildung  ist  ein  6'-Prâteritum  '  zu  einem 

I.  Delbrûck  (Vgl.  Syntax  II.  S.  404  und  nach  ihm  Sommer  Hb.  d.  lat. 
Spr.  S.  57of)  erklfirt  den  lat.  Konj.  Imperf.  als  einem  ?-Konj.  des  ^-Aorist, 
mir  scheint  aber  die  oben  ausgesprochene  Deutung  (Brugmann,  K.  vgl.  Gr., 
S.  541)  wahrscheinlicher  zu  sein  und  zwar  aus  folgenden   Grùnden   :    i) 


348  JoseJ  Baiidis. 

5-Futumm,  der  brit.  /;-Konjunktiv  ist  eine  Kontaminazion 
von  zwei  verschiedenen  Konjunktivbildungen,  die  entweder 
futural  oder  konjunktivischfungierenkonnten. 

Die  alte  5-Bildung  liegt  im  mky.  gwares  (*  vo-ret-sei),  vgl. 
ir.fiimré  (*vo-ret-s-t)  vor,  und  dann  auch  im  Imperfektum  des 
/j-Konjunktivs  ky.  carhwn,  die  anderen  Personen  des  Konj. 
Impf.  gelien  auf  einen  -j-^-Stamm  zurùck,  dem  man  auch  im 
Irischen  und  Italischen  begegnet  (vgl.  lat./ûî.v//). 

Die  primàren  Bildungen  kann  man  also  folgender  Weise 
veranschaulichen  ; 

i).  -â-Bildungen  ir.  -cara,  -bia.  lat,  feram,  tidam,  ky. 
caro. 

2).  -s-  Bildungen  lat.  faxo,  osk,  fust,  ir  té  *tèkst  (Wz. 
stcigh). 

Von  diesen  Bildungen  wurden  in  den  kelt.  Sprachen 
Sekundârprâterita  gebildet  :  ir.  gesshiQï)  (bei  kons.  Stàmmen) 
ky.  carhivn  (urspr,  bei  den  vok.  Stâmmen). 

a)  Im  Lateinischen  wird  von  dem  /-Fut.  ein  t'-Pràteritum 
gebildet  :  lat,  forem,  foret,  *fusêm,  *fusêti. 

b)  Im  Brittonischen  werden  kontaminierten  5(7/^ê-Konjunk- 
tive  gebildet  :  carhwyf  *  karasêin,  III.  sg.  carbo,  *karsasât. 

Fur  das  Keltische  musz  man  also  s-  und  â-Bildungen 
annehmen;  sie  hatten  zwei  Funkzionen,  eine  modale  und  eine 
temporale.  Als  Modalformen  drûckten  sie  eine  gewûnschte, 
gewollte  '  oder  gedachte  -  Handlung  aus,  sie  entsprachen 
also  sowohl  dem  gr.  Konjunktiv  als  auch  dem  Optativ.  Als 
Temporalformen  fungierten  dièse  Bildungen  futurisch.  Reste 
von  solchen  Verhâltnissen  haben  sich  auch  im  Air.  erhal- 
ten,  dort  haben  namlich  noch  einige  unreduplizierten  Bil- 
dugen   die    futurische  Funkzion   bewahrt  :   die  j-Bildungen 


ein  ê-konj.  des  i-Aorists  ist  sonst  nirgendsbelegt  (die  kymr.  si-  Konjunktive 
sind  keine  Konjunktive  des  i-Aorists,  sondern  es  sind  Kontarainazionen 
von  5-Konj.  (Aoristen)  und  â-l-ë-  Konjunktiven),  2)  fur  die  Richtigkeit  der 
von  uns  vertretenen  Deutung  sprechen  analoge  Bildungen  des  Altindischen 
und  des  Altirischen. 

1.  In  Absichtssâtzen,  Konzessiv-  und  Bedingunssiitzen. 

2.  In  Temporal- und  Vergleichssiitzen  und  Nebensatzen,  die  von  einem 
NeMtivsatz  abhiingig  sind. 


Dus  Fiiliiniiii  iiii  Irisihcii.  349 

haben  wir  sclion  erwahnt,  von  den  rt-Bildungen  sinJ  es  rega 
und  dann  Bildungen  wie  bia,  u.  ahnl.  :  rega  ist  ebenso  zu  beur- 
teilen  wie  lat.  regat,  bia  ist  eine  Wur/elform,  der  die  â- 
Konjunktive  ihren  Ursprung  verdanken  (Wz.  *bheia  :  *bhiia), 
also  eine  Form,  die  man  gewôhnlich  als  Injunktiv  bezeichnet. 

Es  fragt  sich  jetzt,  wie  das  Air.  dazu  kam,  von  diesen  alter- 
erbten  Bildungen  die  reduplizierten  Futura  zu  bilden.  In  den 
europaischen  Sprachen  kamen  solche  Bildungen  wie  gr. 
■/,vr/,pi\}.i  vor;  bei  diesen  Bildungen  muszte  ursprûnglich  der 
Indikativ  und  der  Konjunktiv  gleich  sein.  Solche  Forma- 
zionen  sind  durch  Redukzion  der  ersten  Wurzelsilbe  charak- 
terisiert;  was  entspricht  ihnen  im  Altirischen?  Von  einer  Wz. 
pera/prd  muszte  eine  solche  Bildung  *piprâ-'^  *pibrâ-^  '^ibrà- 
ir.  *ebrâ- huien  und  dièse  Bildung  existiert  auch  tatsiichlichim 
Ir.  ebarthi  zu  Fut.  *  ebraid  (ebafp-i,  *ebr"id).  So  sind  auch  For- 
men  wie  -gênât,  -iba  zu  beurteilen;  -génat  ist  deni  gr.  Y'-vvwaxw 
verwandt,  (im  Ir.  ist  das  *gignô  analogisch  nach  den  à- 
Konjunktiven  zu  * giguà-  umgestaltet  worden);  mit  den  Fut. 
iha  ist  der  Stamm  des  faliskischen  pipafo  zu  vergleichen. 
(Bei  manchen  solchen  Bildungen  ist  die  erste  Stammsilbe 
restituiert  worden,  so  z.  B.  in  gignithir  anstatt  des  zu  erwar- 
tenden  *génithir  =  lat.  gignàtiu-).  Dièse  Bildungen  hatten 
wohl  ursprûnglich  die  beiden  Funkzioi-renjSowohl  die  modale 
als  auch  die  temporale  (futurale). 

Neben  diesen  Bildungen  existierten  wahrscheinlich  auch 
Bildungen,  die  Zimmer  (KZ.  XXX.  S.  128)  mit  den  aind. 
Desiderativis  vQro\Qic\\i,  Das  indische  Desiderativum  bezeich- 
net eine  Handlung  als  eine  gewûnschte  oder  beabsichtigte, 
manchmal  bezeichnet  es  eine  bevorstehende  Handlung,  z.  B, 
pipatisati  phalam  «  die  Frucht  wird  bald  fallen  »,  mumûrsati 
moriturus  est.Speyer  (Ved.und  Skr.  Synt.  S.  46)  bezeichnet 
es  als  «  eine  seiner  Bedeutung  nach  dem  Futurum  und  Kon- 
junktiv verwandte  Bildung  ».  Ursprûnglich  lag  die  desidera- 
tive  Bedeutung  dieser  Formazionen  nicht  in  der  Reduplika- 
zion,  das  beweist  der  Umstand,  dasz  es  auch  Desiderativa 
ohne  Reduplikazion  wie  z.  B.  lat.  visa,  capessô  gibt.  Ich  bin 
geneigt,  die  Desiderative  fur  eine  reduplizierte  konjunktivar- 
tige  Bildung  zu  erklaren. 

Revue  Celtique,  XXXIII.  2} 


3  50  7'w/  Bail  dis. 

Im  Irischen  existierten  also  reduplizierte  â-Bildungen,  die 
die  Futuralbedeutung  haben  konnten^  und  dann  auch  redu- 
plizierte 5-Bildungen,  die  auch  dièse  Funkzion  hatten;  so  lag 
es  nahe,  dièse  Reduplikazion  fur  die  Bildung  der  «  primaren  » 
Verba  ûberhaupt  zu  verwenden. 

Wie  war  es  nun  bei  den  schwachen  Verhis? 

Da  nimmt  man  an,  dasz  der  Verbalstamm  mit  dem  Futu- 
rum  der  Wz.  *  bheua/bhijà  zusammengesetzt  wurde.  Auf 
Unmôglichkeit  einer  solchen  Erkliirung  hat  mit  vollem  Recht 
Thurneysen  (Hb.  d.  Air.  S.  372)  hingewiesen.  Das  Charakte- 
ristikon  des  air.  schwachen  Futurums  sei  ein  /  und  nur 
verhaltnismaszig  selten  kommt  daneben  das  b  vor.  Weiter 
hebt  Thurneysen  namentlich  hervor,  dasz  das/-Futurum  schon 
deswegen  auf  kein  -bh-  Futurum  zuriickgehen  kann,  da  im 
Air.  Formen  wie  alrefea  vorkommen,  die  unmôgHch  auf 
ein  iilteres  -treb-\-fa  zuriickgehen  kônnen.  Deswegen  hiilt 
Thurneysen  das  -/-  des  Futurums  fur  ein  ursprûngUches 
/und  will  es  zuerst  aus  einemidg.  su,  oder  sp  erklàren; 
spater  jedoch  denkt  er,  dasz  das  air.  /  aus  einem  b-\-h  ent- 
siehen  kônnte  (Seite  527  zur  S.  }j })\  Dasz  atrefea  auf  ein 
-treb-fea  (einem  îret-siiâ  oder  treb-spâ)  zuriickgehen  kônnte, 
ist  schon  deswegen  ausgeschlossen,  weil  man  sonst  annehmen 
musz,  dasz  t-\-f  >>  /  ^  wird,  dies  widerspricht  aber  dem 
bekannten  Homorganitâtsgesetz,  und  dann  ist  uns  kein  -sn- 
(od.  -5/)-)  Suffix  bekannt.  Somit  bleibt  der  einzige  Weg 
olFen  :  das  /  in  atrcfea  kann  nur  aus  einem  b-h  entstanden 
sein.  Dasz  b-h  zu/wird,ist  aus  dem  Sandhi  geniigend  bezeugt; 
im  altirischen  Sandhi  wird  ein  stimmhafter  Laut  +  ^^  zu  dem 
entsprechenden  stimmlosen.  Dieser  Lautwandel  wiederholt 
sich  im  Wortinnern  im  Neuir.  und  kommt  auch  im  Britanni- 
schen  vor  :  vgl.  neuir. [îf^/r]  aus  [liehlir]  deithbhir,  [shhjd]  < 
\jkhbha\\  mky.  :  dyjjo  «  veniat  »  *dyvho;  rotho  \ro^o\,  «  det  »aus 
*rodho,  cretto  «  credat  »  (*kredho).  Gilt  dies  auch  fiir  den  air. 
Inhiut,  so    mussen  wir  atrcfea  aus    einem    iilteren  *adtreb-ha 

1.  Voir  toutefois  Revue  Celtique,  XXXII,  367  (N.  d.  1.  R.). 

2.  Dies  tut  man  auch  tatsàchlich,  da  jedoch  die  sàmtlichen  Beispiele  fur 
dièse  vermeintliche  Ausnahme  des  Homorganitàtsgesetzes  eben  die  f- 
Futura  sind,  so  ist  dièse  Meinuug  kaum  aufrecht  zu  halten. 


Das  Fiiliiniin  ini  Irischcii.  351 

*ad-lieha-sâl  erkliiren.  Die  so  gewonnene  Grundform  (vgl. 
aucli  Thurncysen  Hb.  d.  Air.  S.  527.  zu  S.  372)  ist  mit  den 
britannischen  /;-Konjunktiven  identisch,  sie  wâre  also  ebenso 
zu  erkliiren  wie  kymr.  carho  *  karasat,  cretto,  roj>o.  Man  kann 
aber  einwenden,  dasz  dièse  Wirkung  des  s  >>  /;  im  Irischen 
nur  im  Sandhi  bezeugt  ist.  Da  will  ich  auf  die  indisclien 
Sandhiformen  wie  mànôbhih,  iiiânahsu  hinweisen  ;  hier  begeg- 
nen  wir  auch  im  Inlaut  einem  Lautwandel,  den  wir  sonst  nur 
im  Sandhi  kennen.  Etwas  ahnliches  musz  man  auch  fiirs 
Irische  voraussetzen  :  *ad-trehasàt  wurde  lautgesetzHch  zu 
-trebahât  >  -irethàî  ;  nun  solke  dièses  /;-  schwinden,  aber  es 
bheb  erhaken,  wohl  deswegen,  weil  das  Suffix  -ha  fur  die  Futur- 
(Konjunktiv)rormazion  zu  cliarakteritisch  war,  d.  \\.  atreh-ha 
wurde  ahnlich  aufgefaszt  wie  *i}iib-su  (Jmpîî).  Als  nun  das  /; 
mit  dem  benachbarten  Konsonanten  zusammenflosz,  muszte 
bh  ganz  lautgesetzlich  zu/  werden,  undes  entstand  ein  atrefea. 
Der  Unterschied  der  Sandhiformen  und  des  Inlauts  besteht 
wohl  nur  darin,  dasz  s  >>  /;  im  Inlaut  friiher  schw^and;  das 
Konjunktiv-Futursuffix  widerstand  aber  aus  obenerwahnten 
Grûnden  den  destruktiven  Inlautswirkungen.  So  stand  neben 
*carha  (ky.  carho)  ein  atrefea  und  ahnliches;  es  lag  nun  sehr 
nahe,  das  *carha  nach  dem  Muster  von  atrefea  u.  âhnl.  umzu- 
bilden  ;  und  so  bildete  man  ein  carfa  und  âhnl.,  d.  h.  das  / 
verdrâniîte  das  altère  -/;-  und  wurde  zu  dem  Futurzeichen  ' 
der  schwachen  Verba . 

Somit  kommen  wir  zu  folgendem  Résultat  :  das  Keltische 
kannte  drei  «  Konjunktivbildungen  »  : 

a)  die  primaren  -â-  und  -s-  Bildungen 

/>)  und  die  kontaminierten  (jsê-)  -à-  Bildungen. 

Dièse  Bildungen  hatten  sowohl  die  futurische,  als  auch  die 
konjunktivische  Funkzion.  Das  Air.  adaptierte  sich  gewisse 
Primârbildungen  fiir  das  Futurum  der  starken  Verba  (redupl. 
s-  und  â-  Futura)  ;  die  kontaminieten  Bildungen  waren  im  Ir. 
aïs  Futura  produktiv,  wobei  das  h  im  Inlaute  zuerst  erhaken 
blieb  und  dann  auf  dem  Wege  der  Analogie  durch  ein/ 
(■<  Wj)  ersezt  wurde. 

Josef  Baudis. 

I.  Formel!  wie  noihjea  habeu  die  Stammkonsonanz  anaiogiscli  restituirt. 


BRETON-MOYEN  GLOEDIC,  GALLOIS  GWLEDIC 


Ce  terme,  jusqu'ici  inconnu,  se  trouve  dans  un  aveu  de  la 
seigneurie  de  Quimerch  en  Bannalec  (Finistère),  de  1539. 
Il  m'a  été  signalé  par  le  savant  et  obligeant  archiviste  d'Ille- 
et- Vilaine,  M.  Bourde  de  la  Rogerie,  que  ce  mot  intriguait. 
Il  ne  se  trouve  pas  dans  le  résumé  de  l'aveu  mentionné  dans 
V Inventaire  sommaire  des  Archives  de  la  Loire-Inférieure  antérieures 
à  ij^o,  B.  M.  Bourde  de  la  Rogerie  l'a  découvert  dans  les 
papiers  de  P.  Hévin,  savant  jurisconsulte  breton  du  xviii'^  siècle, 
conservés  aux  Archives  d'Ile-et-Vilaine,  sous  ce  titre  :  Fonds 
P .  Hévin,  cote  (jiotes  diverses  pour  le  glossaire).  Le  mot  appa- 
raît dans  une  redevance  appelée  Boedgloedic  et  traduit  par  viande 
au  Comte.  Je  donne  l'extrait  d'Hévin  in-extenso  :  «  Boet  gloedic\ 
c'est-à-dire  viande  au  Comte.  C'est  une  chef  rente  due  en 
quelquesparoisses  du  domaine  de  Quemperlé  au  Roy,  quoyque 
les  seigneurs  prétendent  avoir  la  proche  mouvance  ;  laquelle 
rente  se  paye  au  seigneur  de  la  Roche  Moisan  pour  la  mettre 
en  la  main  du  receveur  du  domaine;  et  les  anciens  adveusdu 
seigneur  de  Kimerch,  l'un  des  seigneurs  féodés  de  Quemperlé 
disent  que  c'est  pour  emploier  a  la  deffense  de  la  foi,  c'est-à- 
dire  in  subsidium  terrae  sanctae.  Geste  imposition  fut  faite  vray- 
scmblablement  lorsque  les  ducs  de  Bretaigne  se  croisèrent.  » 
Hévin  renvoie  à  son  résumé  de  l'aveu  de  1539.  Il  est  évident 
que  boet  gloedic  traduit  exactement  viande  au  Comte,  c'est-à- 
dire  au  comte  de  Cornouailles.  Le  premier  duc  qui  se  croisa, 
fut  Alain  Fergent  en  1096;  il  était  fils  de  Hoel  comte  de 
Cornouailles  et  duc  de  Bretagne.  Gloedic  est  au  gallois  gîuledig. 
comme  le  breton  moyen  gloat,    royaume,  au  gallois  gwlad  : 

I.  Citant  l'aveu,  il  écrit  ailleurs  Boïi  Glocdig. 


Breton-moyen  Gloedic,  frallois  Gwcldic.  353 

le  mot  est  pan-celtique'.  Giulad  a  le  sens  de  pays,  royaume.. 
Cf.  comique  ^luat,  patrie.  D'après  le  sens  de  gzvkdig,  chef 
suprême,  imperator,  gloedic  devait  se  rapporter  non  pas  spéciale- 
ment au  comte  de  Cornouaille  mais  au  duc  de  Bretagne,  Siu  chef 
suprême  du  pays  au  ix'^  siècle;  dans  la  seconde  moitié  de  ce 
siècle,  à  l'apogée  de  la  puissance  bretonne,  les  chefs  suprêmes 
de  la  Bretagne  se  qualifiaient  indifféremment  derex  ou  de diix^. 
Le  terme  de  roe  a  été  appliqué  à  Alexis  le  Grand.  Les  princes  ou 
grands  seigneurs  soumis  à  l'autorité  suprême  étaient  des  Mach- 
ticrn  (représentants,  cautions  du  tierti).  Comme  en  Galles,  de 
terme  breton  exact  pour  dux,  imperator,  a  dû  être  gloedic  (= 
*7jlatîco-s'). 

J.    LOTH. 


1.  La  Giioletec  de  Cart.  de  Redon  est  à  écarter. 

2.  Iit\â.BoràtnQ,  Histoire  de  Bretagne,  tome  second,  p.  339. 


UNE  ANECDOTE  SUR  SAINT  COLOMBA 


La  courte  anecdote  qui  suit  est  tirée  du  manuscrit  de  Paris 
(fonds  celt.,  n°  i,  f°  56  v°,  coL  2),  où  elle  fait  suite  à  une 
vie  de  saint  Colomba,  qui  commence  au  f°  53  v°,  col.  i 
(v.  Revue  Celtique,  XI,  398).  Elle  présente  un  résumé  fort 
sec  d'un  récit  qui  figure  sous  une  forme  plus  développée  dans 
la  vie  de  saint  Colomba  du  manuscrit  d'Oxford,  publiée  par 
M.  Richard  Henebry  aux  tomes  III,  IV  et  V  de  la  Zeilschrift 
fiir  celtische  Philologie.  On  trouvera  le  récit  en  question  au 
tome  V,  p.  82. 

La  même  anecdote  nous  a  été  conservée  par  le  manuscrit 
Rawlinson  B  512,  f°  141  a  i.  Le  texte  en  a  été  publié  par 
M.  Kuno  Meyer  dans  the  Gaelic  Journal,  lY  (déc.  1892),  p.  162. 
Il  diffère  très  peu  de  celui  du  manuscrit  de  Paris,  sauf  pour  le 
second  vers  du  quatrain.  Mais  il  est  plus  complet  et  contient, 
après  le  quatrain,  un  paragraphe  supplémentaire  où  sont 
donnés  quelques  renseignements  sur  le  personnage  dont  la 
tombe  fait  l'objet  du  récit. 

TEXTE    IRLANDAIS 

Laa  n-ann  tainic  Colum  Cille  a-timceald  Airne,  cwz-accaid 
ind-adlaccrt^  n-arrsaig  7  an  cloch  n^;;/gluaisti  fair  ;  corro  fiar- 
faid  :  cia  hadlacad  fon  lie  ucut.  Ni  tet[a]mar,  ol-sruithi  an- 
baile,  7  ni-chualamar  romaind.  Rofoildsic  Dia  dosam  sin 
tria  rath  fessa  co»-dubairt  sa  rann-so  dïdiu  : 

A  Baîthin,  anam  co)i-\icc  '  ; 
is  Canan  an-gaeth  salmglicc  ; 

I.  Au  lieu  de  cou-licc,  le  ms.  Rawlinson  B  5 12  a  colUic  «  awliile  »  ;  et  de 
même  le  manuscrit  d'Oxford  colcic. 


Une  anecdote  sur  Saint  Coliiniha.  355 

7  bim  co-madain  ann 
as-abaid  '  larusailim  ^ 


TRADUCTION 

Un  jour  Colum  Cille  vint  visiter  Aran;  il  vit  une  vieille 
tombe  dont  la  pierre  n'avait  pas  été  remuée,  et  il  demanda  : 
«Qui  est  enterré  sous  cette  pierre-là? —  Nous  ne  savons  pas», 
dirent  les  vieillards  de  l'endroit,  «  et  nous  ne  l'avons  jamais 
entendu  dire  jusqu'ici  ».  Dieu  le  lui  révéla  par  la  grâce  de  la 
science,  et  alors  il  dit  cette  strophe  : 

O  Baithin,  restons  près  de  la  pierre. 
C'est  Canan,  le  sage,  versé  dans  les  psaumes. 
Trouvons-nous  là  jusqu'au  matin. 
Auprès  de  l'abbé  de  Jérusalem. 

Le  second  vers  du  quatrain  est  ainsi  conçu  dans  le  ms. 
d'Oxford  : 

fa  dd  san  Talgaeth  sailmglicc 

et  dans  le  manuscrit  Rawlinson  B  512  : 

ga  tas  in  Talgaeth  salgair, 

que  M.  Kuno  Meyer  propose  (dans  une  communication  écrite) 
de  corriger  en  : 

ga  taisi  in  Talgaeth  salmglain 

ou  quelque  chose  d'approchant.  Le  personnage  porterait  donc 
le  nom  de  Talgaeth,  et  c'est  ce  même  nom  qui  revient  en  effet 
dans  le  paragraphe  supplémentaire  du  ms.  Rawlinson.  Il  s'agit 
d'un  abbé  de  Jérusalem  qui  était  venu  en  pèlerinage,  lit-on 
dans  ce  paragraphe,  de  Jérusalem  à   Aran,  au  temps  d'Enna 

1.  Ms.  agabail. 

2.  Le  texte  se  termine  par  Finit  don  hetJja  siii  Oiîiaint.  Oillann,  c'est 
William  mac  an  Legha,  dont  le  nom  revient  ailleurs  dans  le  manuscrit  de 
Paris  (v.  Rev.  Cclt,  XI,  391,  395,  401);  il  écrivait  en  1473.  M.  Paul  Walsh 
(de  Mullingar)  nous  signale  la  signature  de  William  Mac  an  Leagha  dans 
le  Ms.  Egerton  91  du  British  Muséum  et  dans  deux  manuscrits  de  Dublin 
(v.  Silva  Gadetica,  II,  p.  vij). 


356  /.   Vend ry es. 

(sans  doute  Enna  mac  Neill,  grand-père  de  Scandai  compagnon 
de  Colum  Cille),  et  qui  était  mort  à  Aran.  Le  nom  de  Canan, 
que  fournit  le  manuscrit  de  Paris,  se  retrouve  dans  le  Book  of 
Leinster  213  b  lé  (K.  Meyer,  Contrih.,  p.  313).  Quanta 
Baithin,  c'est  le  saint  bien  connu,  né  en  536,  cousin  et  com- 
pagnon fidèle  de  Colum  Cille,  auquel  il  succéda  comme  abbé 
de  Hi  de  597  à  600,  date  de  sa  mort. 

J.  Vendryes. 


I 


BIBLIOGRAPHIE 


Sommaire.  —  I.  Kuno  Meyer,  Betba  Colmdin  maie  Lûachdin .  — II.  G.  W. 
HoEY,  An  Irish  HomiJy  on  the  Passion.  — III.  W.  Meredith  Morris,^ 
Glossary  of  the  Denietian  dialect  of  North  PenihroJceshire .  —  IV.  D.  Mac- 
KiNNON,  A  descriptive  catalogue  of  Gaelic  Manuscripts  in  Scothind.  —  V. 
Ph.  Kropp,  La  Tèneieitliche  Funde  an  der  heltisch-gernuDiischen  Vôlker- 
gren:ie  :^ivischen  Saaîe  und  Weisser  Elster. —  VI.  Sir  John  'Rn\s,The  Celtîc 
Inscriptions  of  Gaul,  additions  and  corrections.  —  VII.  The  National 
Library  of  Wales,  Bihliotheca  Celtica  for  i^op  and  i^io. 


I 

Kuno  Meyer.  Betha  Colmàin  maie  LùachAiii,  Life  of  Colmân  son  of 
Lûachan.  (Royal  Irish  Acadeniy,  Todd  Lecture  Séries,  voL 
XVII),  Dublin,  Hodges,  Figgis  and  Co,  1911.  xviij-i3é  p.  8°. 
2  s.  6  d. 

Cette  vie  de  saint  Colman  est  une  des  plus  longues  que  nous  ait 
laissées  l'hagiographie  irlandaise  ;  une  des  plus  copieuses  aussi,  et 
des  plus  fournies  de  matière.  Il  n'y  a  guère  que  Patrice  et  Colum 
Cille  qui  aient  été  honorés  d'une  biographie  aussi  développée.  Mais 
ces  deux  grands  hommes  avaient  des  titres  sérieux  à  cet  hommage. 
L'humble  Colman,  au  contraire,  n'y  était,  semble-t-il,  désigné  par 
rien.  Le  peu  qu'on  puisse  affirmer  de  précis  et  de  véridique  sur  sa 
vie  est  banal  et  terne.  Il  était  né  à  la  fin  du  vf  siècle  dans  le  comté 
actuel  de  West-Meath  non  loin  de  la  ville  de  Mullingar.  Il  avait 
trois  frères  et  quatre  sœurs,  qui  tous  entrèrent  dans  les  ordres. 
Dans  son  enfance,  il  semble  qu'il  ait  gardé  les  vaches.  Vers  la 
trentaine  il  alla  étudier  à  Lismore  sous  la  direction  de  Mochuta  ;  ce 
dernier  lui  confia  la  charge  de  distribuer  la  nourriture  à  une  colo- 
nie de  lépreux,  d'où  son  surnom  de  Lâmglan  «  main  pure  ». 
Ordonné  prêtre,  il  fonda  plusieurs  monastères,  parmi  lesquels  celui 
de  Lann,  où  il  mourut  un  17   juillet  dans  la  seconde  moitié  du 


358  Bibliographie. 

VIF  siècle  et  où  il  fut  enterré.  Ces  traits  ne  donnent  pas  à  Colman 
une  physionomie  bien  saillante.  Mais  par  son  insignifiance  même, 
sa  vie  prêtait  aisément  à  tous  les  embellissements  que  la  fantaisie 
pouvait  imaginer.  Plus  heureux  que  le  peuple  irlandais,  Colman 
n'avait  pas  d'histoire  ;  son  biographe  s'est  chargé  de  lui  en  faire 
une. 

Ce  biographe  écrivait  selon  toute  apparence  dans  la  première 
moitié  du  xiF  siècle  et  à  Lann  même,  comme  plusieurs  détails 
l'indiquent.  C'était  sans  doute  un  membre  du  monastère.  Il  a  voulu 
célébrer  la  gloire  du  fondateur  et  du  patron,  l'exalter  au-dessus  de 
tous  les  autres  saints  et  surtout  répandre  les  vertus  de  ses  reliques, 
talisman  précieux  pour  la  maison.  Il  a  fait  de  Colman  une  sorte  de 
parangon  du  merveilleux  et  de  sa  biographie  un  manuel  du  parfait 
thaumaturge,  un  répertoire  de  miracles.  Quels  miracles  !  Il  y  en  a 
de  qualités  très  diverses.  Certains  sont  pleins  de  fraîcheur  et  de 
poésie,  vraiment  dignes  de  la  Légende  dorée  ;  d'autres  sont  d'une 
puérilité  niaise,  qui  rappelle  les  almanachs  bien  pensants.  On  en 
trouve  de  touchants,  de  cruels,  de  ridicules,  de  scabreux.  Mais 
le  naïf  biographe  ne  se  préoccupait  guère  des  contradictions  et  des 
disparates;  il  a  ramassé  sans  étude  et  sans  choix  tout  ce  qui  lui 
tombait  sous  la  main,  le  bon,  le  médiocre  et  le  pire.  Et  ainsi  cette 
biographie  est  un  excellent  spécimen,  grossi  à  souhait,  de  ces  créa- 
tions artificielles  de  légendes  pieuses,  comme  le  moyen  âge,  sur- 
tout en  Irlande,  en  a  tant  connues. 

Le  procédé  est  des  plus  simples,  et  à  la  portée  de  tous.  Il  con- 
siste d'abord  à  constituer  au  personnage  une  généalogie  illustre  : 
ainsi  Colman  descendrait  par  son  père  du  roi  Conall  Cremthainne, 
et  compterait  parmi  ses  ancêtres  directs  Niall  Nôigiallach,  Echaid 
Mugmedon,  Cairpre  Lifechair  et  Conn  Cétchathach  ;  c"est  une  race 
princière.  Ensuite,  il  faut  confondre  habilement  le  saint  avec  des 
homonymes  plus  célèbres  que  lui,  tels  Colman  Elo  ou  Colman 
Comraire,  quitte  à  multiplier  les  anachronismes,  et  le  mettre  en 
relations  avec  le  plus  grand  nombre  possible  de  personnages  haut 
placés,  quitte  à  prolonger  sa  vie  au  delà  des  limites  humaines  ; 
ainsi  Colman  aurait  connu  successivement  cinq  rois  de  West- 
Meath,  depuis  Conall  Guthbinn  (m.  en  635)  jusqu'à  Domnall  mac 
Murchada  (m.  en  763),  et  il  aurait  reçu  d'eux  maint  honneur  et 
maint  privilège.  Enfin,  il  faut  en  faire  un  thaumaturge  de  premier 
ordre,  supérieur  à  tous  ceux  du  pays,  tel  que  Dieu  lui-même  n'en 
connaisse  pas  de  plus  fort  (folliis  tra  asna  scéhuh-so...  nàch  fil  clé- 
rech  is  amru  ac  Dia  oldàs-som,  §  103).  Ainsi  Colman  accomplit  les 
même  miracles  que  Patrice,  Brigitte  ou  Colum  Cille  ;  bien  plus,  il 


I 


Bibliographie.  359 

reproduit  ceux  de  Moïse,  en  faisant  traverser  un  lac  à  pied  sec 
(§  64),  ceux  de  l'apôtre  Paul,  en  restant  vingt-quatre  heures  sous 
l'eau  (§  13),  ceux  du  Christ  lui-même.  Et  le  biographe  ne  manque 
pas  de  signaler  ces  coïncidences,  qui  sont  toutes  à  la  gloire  de  son 
héros.  On  voit  sans  peine  à  quoi  tend  le  récit  :  à  constituer  au 
monastère  des  titres  inattaquables.  Cette  littérature  hagiographique 
n'a  pas  un  but  d'édification  ;  c'est  une  littérature  utilitaire  (cf.  Rev. 
Celt.,  XXXII,  p.  105). 

La  Vie  de  saint  Colman  nous  a  été  conservée  dans  un  seul  manu- 
scrit, conservé  à  Rennes,  et  qui  est  du  xiv«  ou  xv^  siècle.  La  vie 
elle-même,  comme  on  l'a  dit  plus  haut,  peut  avoir  été  composée 
au  début  du  xii=  siècle,  si  l'on  s'en  rapporte  à  l'état  général  de  la 
langue.  Mais-  le  biographe  a  dû  se  servir  de  documents  plus 
anciens,  dont  la  trace  apparaît  çà  et  là  dans  des  formes  ou  des  gra- 
phies archaïques,  qui  indiquent  le  x^  ou  le  ix'^  siècle.  Parmi  les 
pièces  de  vers,  assez  nombreuses,  que  renferme  le  texte,  l'une 
même,  la  première  de  toutes  (§  1 1),  semble  remonter  à  la  période 
du  vieil-irlandais  ;  telle  autre,  comme  celle  du  §  19,  ne  peut  être 
antérieure  à  la  deuxième  moitié  du  x^  siècle  ;  plusieurs  enfin  sont 
de  date  beaucoup  plus  basse. 

M.  Kuno  Meyera  édité  le  texte,  comme  il  fait  toujours,  avec  une 
science  impeccable.  Il  y  a  joint  une  traduction  anglaise  et  l'a  fait 
précéder  d'une  substantielle  introduction,  à  laquelle  nous  avons 
emprunté  tous  les  détails  qui  précèdent.  L'ouvrage  se  termine  par 
des  notes  abondantes,  un  glossaire  des  mots  rares  et  un  double 
index  des    noms   propres  de   personnes    et  de  lieux. 

J.  Vendryes. 


II 


Rev.  George  W.  Hoey,  S.  S.  An  Irish  Homily  onthe  Passion,  Text 
and  Translation.  Baltimore,  J.  H.  Furst  Company,  1911.  21  p. 
8"  (reprinted  from  The  Caiholic  Universiiy  Bulletin,  vol.  XVII, 
n°s  5  and  6). 

Le  texte  de  cette  homélie  sur  la  passion  nous  a  été  conservé  par 
deux  manuscrits,  l'un  de  la  bibliothèque  de  Rennes,  l'autre  du 
British  Muséum  (Egerton,  178 1).  Elle  porte  comme  titre  Passio 
Chrisii  secuncium  Bernardiun  et  se  compose  d'une  suite  de  réflexions 
sur  la  passion,  précédées  généralement  de  la  formule  adeir  Bernard 
«  Bernard  dit  ».  Aussi  M.  Dottin,  dans  son  étude  sur  le  manuscrit 


360  Bibliographie. 

de  Rennes,  supposa-t-il  que  l'homélie  irlandaise  était  inspirée  du 
Liber  de  passione  Chri-ii  de  saint  Bernard,  publié  dans  la  Patrologia 
latina  de  Migne,  t.  182,  col.  11 33-1 142  (v.  Rev.  Celt.,  XW,  83, 
n.  2).  Mais  une  comparaison  des  deux  textes  prouve  qu'ils  n'ont 
rien  de  commun.  Rien  dans  les  œuvres  de  saint  Bernard  ne  rappelle 
même  l'homélie  qui  lui  serait  attribuée  ici.  Et  M.  Hoey  est  amené 
à  croire  qu'il  s'agirait  plutôt  d'un  homonyme  du  grand  saint,  peut- 
être  Bernard  de  Cluny,  dit  aussi  de  Morlaix,  auteur  d'un  traité  de 
contemptu  mundi.  Toutefois  il  indique  en  même  temps  une  autre 
hypothèse  :  c'est  que  nous  aurions  affaire  à  une  collection  de  notes 
pieuses,  réunie  par  un  inconnu  et  attribuée  après  coup  à  saint 
Bernard.  Cette  dernière  hypothèse  n'est  pas  la  moins  vraisem- 
blable, si  l'on  considère  surtout  la  valeur  littéraire  de  l'homélie, 
qui  est  des  plus  basses,  «  below  the  average  ofirish  works  of  this 
kind  »,  comme  le  confesse  M.  Hoey.  Et  ce  n'est  pas  peu  dire. 

Il  était  cependant  très  bon  de  la  publier.  On  n'aura  jamais  trop 
de  textes  pour  édifier  la  grammaire  du  moyen-irlandais,  et  toutes 
les  publications,  quelle  que  soit  la  valeur  littéraire  du  texte,  sont 
les  bienvenues.  M.  Hoey  a  reproduit  tel  quel  le  manuscrit  de 
Rennes  et  donné  en  notes  les  plus  importantes  variantes  du  manu- 
scrit Egerton .  P.  4,  1.  20,  est-il  bien  sûr  d'avoir  lu  algeii  ?  Il  faut 
alors  certainement  corriger  en  aigeit  «  vinaigre  »  (cf.  aigéte,  p.  lé, 
1.  15).  P.  6,  dern.  ligne,  do  leigeii  a-riiin  riut  est  traduit  par  «  to 
place  his  affection  before  thee  »  ;  est-ce  que  ri'in  n'a  pas  ici  son 
sens  habituel  «  secret,  mystère  »?  P.  10,  1.  23,  il  n'est  pas  juste  de 
couper  an-mesarda  ;  c'est  un  mot  un,  comprenant  un  préfixe. 
P.  16, 1,  3,  il  faut  corriger  tndo  marbadar,  ou  bien  alors  traduire  do 
marhahar  par  une  seconde  personne  du  pluriel. 

J.  Vendryes. 

III 

Rev.  W.  Meredith  Morris,  Vicar  of  Clydach  Vale.  J  Glossary  oj 
the  Deivelian  dialect  of  North  Pcmbrokeshire.  Tonypandy,  Evans 
and  Short,  1910.  341  p.  8°  (issued  to  subscribers  only). 

Il  convient  d'attirer  sur  ce  livre  l'attention  des  celtistes.  C'est  un 
livre  de  dialectologie  ;  et  l'on  sait  combien  la  dialectologie  galloise 
a  été  négligée  jusqu'ici,  combien  sont  limités  et  imparfaits  les 
mo3'ens  d'information  dont  on  dispose  à  cet  égard.  Il  arrive  sans 
doute  périodiquement  qu'aux  eisteddfodau  annuelles  soient  insti- 
tués des  concours  et  décernés  des  prix   pour  des  descriptions   de 


I 


Bibliographie.  361 

prononciation  ou  des  recueils  de  vocabulaire.  Mais  les  travaux  pré- 
sentés, même  ceux  qui  obtiennent  des  récompenses,  restent  géné- 
ralement manuscrits.  Depuis  quelques  années,  l'Université  de 
Galles  encourage  particulièrement  les  enquêtes  dialectologiques  ; 
sa  Giiild  of  Graduâtes  comprend  une  Dialeds  section,  et  les  Transac- 
tions de  la  Guild  ont  déjà  publié  quelques  collections  utiles,  notam- 
ment en  1902  une  liste  de  pluriels  du  district  de  Llein  (Carnarvon- 
shire)  et  en  1904  des  répertoires  de  mots  dialectaux  de  l'East- 
Denbighshire  (p.  40  et  suiv.),  du  Carmarthenshire(p.  49  et  suiv.), 
du  Breconshire  (p.  54  et  suiv.)  et  même  du  Pembrokeshire  (p. 
58  et  suiv.).  Ce  dernier,  dû  à  Miss  Phoebe  Griffiths,  est  directe- 
ment comparable  au  livre  de  M.  Meredith  Morris.  Mais  tous  ces 
•travaux  ne  sont  que  des  ébauches,  des  essais  fort  courts  et  qui  ne 
prétendent  pas  à  être  complets  ;  l'aire  géographique  en  est  de  plus 
mal  définie,  et  généralement  trop  vaste. 

M.  Morris  a  au  contraire  soigneusement  délimité  le  champ  de  son 
enquête.  11  s'est  restreint  à  la  Gwaun  Valley,  qui  s'étend  de  la 
Foel  Ery  à  Fishguard,  dans  le  nord  du  Pembrokeshire.  C'est  une 
partie  du  pays  de  Dyfed,  l'antique  Demetia,  si  connu  par  les 
Pedair  Caingc,  et  notamment  par  le  Mabinogi  de  Pwyll.  Du  parler 
de  cette  région,  M.  Morris  a  relevé  tous  les  termes  qui  diffèrent 
du  gallois  littéraire,  y  compris  ceux  qui  sont  en  voie  de  disparition 
ou  même  ont  aujourd'hui  complètement  disparu.  Et  cela  fait  un 
gros  volume,  où  il  y  a  surtout  beaucoup  de  termes  techniques  de 
culture  et  d'élevage,  des  noms  d'objets  usuels,  de  plantes  et  d'ani- 
maux, de  maladies,  mais  aussi  des  termes  de  jeux  populaires 
(p.  55,  p.  109),  des  proverbes,  des  dictons,  des  formules  de  com- 
paraisons. L'auteur  a  pris  soin  de  définir  exactement  les  mots  qu'il 
enregistre,  recourant  au  besoin  au  dessin  pour  rendre  ses  défini- 
tions plus  saisissables  (p.  55,  73,  81,  109,  230);  c'est  ainsi  qu'il 
donne,  p.  304,  le  plan  d'une  ferme  du  pays  avec  le  nom  des  diffé- 
rentes parties  qui  la  composent.  Le  livre  intéressera  donc  parmi 
les  linguistes  ceux  qui,  à  l'école  de  M.  Meringer,  ont  appris  à  ne 
pas  séparer  les  mots  des  choses,  et  aussi  les  folkloristes,  curieux 
de  trouver  dans  le  langage  l'expression  des  traditions  popu- 
laires. 

M.  Morris  est  avant  tout  un  lexicographe.  Bien  qu'il  offre  aux 
étymologistes  une  matière  abondante  et  riche,  il  ne  fait  pas  lui- 
même  d'étymologie.  Il  ne  fait  pas  non  plus  de  phonétique.  Il  se 
borne  à  quelques  brèves  et  vagues  indications  sur  la  prononciation, 
p.  10  et  II.  Mais  en  principe  il  exclut  de  son  livre  les  mots  qui  ne 
diffèrent  du  gallois  littéraire  que  par  la  prononciation,  de  même 


302  Bibliographie. 

qu'il  en  exclut  les  mots  anglais,  à  moins  qu'ils  ne  se  soient  incor- 
porés au  langage  gallois  et  que  l'emprunt  en  soit  pour  ainsi  dire 
devenu  méconnaissable  au  sujet  parlant.  Il  y  avait  là  une  réparti- 
tion assez  malaisée  à  faire,  et  dont  M.  Morris  s'est  tiré  avec  succès. 
Malgré  ces  restrictions  volontaires,  le  livre  fournit  aux  phonéticiens 
quelques  données  intéressantes.  Ainsi  le  dialecte  de  la  Gwaun  \'al- 
ley  paraît  avoir  perdu  dans  les  mots  de  plus  d'une  syllabe  les  spi- 
rantes  sonores  finales/ et  ^^;  il  à\X  diudha,  gatre,  geua,  Indre,  oga 
pour  diiueddaf,  gartref,  gauaf,  hidref,  ogof,  et  de  même  adle,  neiuy, 
slau'cr-dv  pour  adladd,  iiewydd,  erys  Uaïuer  dydd.  Les  diphtongues  y 
sont  en  grande  partie  réduites,  notamment  ac  qui  est  devenu  â  sous 
l'accent  dans  les  monosyllabes  et  e  dans  les  polysyllabes  après  l'ac- 
cent :  sâth,  trâih,  giuâd,  arelh,  arfeth,  ciumdogeth,  etc.  La  même 
réduction  est  commune  aux  dialectes  du  sud  de  Galles  et  caracté- 
rise, comme  on  sait,  éminemment  le  comique.  Il  y  aurait  lieu  de 
systématiser  les  renseignements  fragmentaires  que  nous  fournit 
M,  Morris  et  de  constituer  une  phonétique  du  parler  de  la  Gwaun 
Valley.  Nul  n'est  mieux  placé  que  lui  pour  entreprendre  cette 
œuvre.  Qu'il  s'y  mette  sans  retard;  il  nous  la  doit. 


J.  \"exdryes. 


IV 


D.  Mackinxox.  a  descriptive  calalogiie  of  Gaclic  Maiiiiscripls  in  ihe 
Advocaies'  Lihrary  Edinhurgh  and  elseiuhere  in  Scotlaiid.  Edinburgh, 
William  Brown,  1912.  xij-348  p.  8°.  (compiled  at  the  instance 
of  John,  fourth  Marquess  ofBute,  through  whose  liberality  it  is 
published). 

\'oici  encore  un  ouvrage  qui  rendra  de  très  grands  services  et 
dont  le  besoin  se  faisait  depuis  longtemps  sentir.  C'est  un  catalogue 
méthodique  et  descriptif  de  tous  les  manuscrits  en  gaélique  con- 
servés dans  les  bibliothèques  d'Ecosse.  Il  faut  remercier  le  marquis 
of  Bute  d'avoir  généreusement  encouragé  l'entreprise,  et  féliciter  le 
Professeur  Mackinnon  de  l'avoir  si  heureusement  exécutée.  Ce 
dernier,  à  qui  la  philologie  celtique  doit  déjà  tant  d'utiles  travaux, 
continue  dignement  la  tradition  des  O'Curry  et  des  O'Donovan. 
Son  catalogue  des  manuscrits  conservés  en  Ecosse  prendra  place  à 
côté  du  Catalogue  de  d'Arbois  de  Jubainville  pour  la  littérature 
épique  de  l'Irlande  et,  pour  le  gallois,  des  précieux  Reports  de 
M.  J.  G\venogfr}'n  Evans. 

C'est  à  ï Advocaies'  Lihrarv  d'Edimbourg  qu'est  consacrée  la  plus 


Bibliographie.  363 

grande  partie  du  volume.  Cette  célèbre  bibliothèque  présente  en 
effet,  au  point  de  vue  des  manuscrits  en  gaélique,  un  intérêt  pré- 
pondérant. Dans  le  tome  VI  de  la  Revue  Celtique,  p.  109  et  suiv., 
M.  Gaidoz  lui  a  consacré  un  article,  où  il  énumère  rapidement  les 
principales  richesses  qu'elle  renferme.  Mais  il  s'est  surtout  servi 
pour  cela  du  catalogue  manuscrit  qu'avait  dressé  W.-F.  Skene  vers 
1860.  Depuis,  le  fonds  celtique  des  manuscrits  de  la  bibliothèque 
s'est  considérablement  accru,  et  aux  65  manuscrits  enregistrés 
par  Skene  (moins  deux,  aujourd'hui  perdus),  s'en  ajoutent  aujour- 
d'hui 38  autres  que  M.  Mackinnon  étudie  dans  un  premier 
appendice.  Ce  sont  néanmoins  les  63  manuscrits  de  l'ancien  fonds 
qui  sont  les  plus  importants.  Quelques-uns,  sur  papier,  ne 
remontent  pas  plus  haut  que  le  xix'-'  ou  wiii^  siècle  ;  mais  il  y  en  a 
de  beaucoup  plus  anciens,  et  notamment  le  n°  V,  du  xiv^  siècle, 
dont  le  contenu  est  religieux,  et  le  précieux  n°  XL,  qui  débute  par 
une  série  de  «  morts  violentes  »  {aideda),  et  qui  a  été  décrit  en 
1887  par  M.  Kuno  Meyer  dans  le  Celiic  Magaiine,  t.  XII, 
p.  208. 

M.  Mackinnon  a  disposé  son  catalogue  par  ordre  de  matières  et 
divisé'  sa  description  en  neuf  chapitres,  respectivement  consacrés 
aux  traités  de  médecine  (p.  5-71),  aux  textes  religieux  et  ecclésias- 
tiques (p.  72-105),  historiques  et  généalogiques  (p.  ioé-128),  aux 
récits  légendaires  et  mythologiques  (p.  129-176),  aux  traités  de 
droit  et  de  grammaire  (p.  177-182),  aux  maximes,  triades  et  pro- 
verbes (p.  183-193),  aux  traductions  d'épopées  classiques  (p.  194- 
202),  enfin  à  des  sujets  variés  (p.  203-216).  Un  dernier  chapitre 
(p.  217-246)  est  consacré  aux  deux  manuscrits  aujourd'hui  perdus 
qui  portaient  les  numéros  XXXII  et  XXXV  et  à  un  manuscrit  d'im- 
portance toute  spéciale,  le  fameux  Dean  of  Lismore's  Book,  copié 
sur  papier  entre  1512  et  1329  et  rédigé,  comme  on  sait,  en 
gaélique  d'Ecosse.  Il  porte  le  numéro  XXXVII  dans  la  collec- 
tion. 

La  plupart  de  ces  manuscrits  sont  de  contenu  varié  et  par  suite 
reviennent  deux  ou  plusieurs  fois  dans  les  différents  chapitres  du 
répertoire.  Il  eût  été  bon  de  dresser  un  tableau  d'ensemble  de  tous 
les  manuscrits  par  ordre  de  numéros,  avec  l'indication  des  pages 
du  catalogue  où  ils  figurent.  M.  Mackinnon  a  bien  fait  quelques 
renvois  d'un  chapitre  à  l'autre,  mais  en  nombre  insuffisant.  Ainsi 
le  début  du  ms.  n°  XXVIII  est  étudié  p.  113  sous  la  rubrique 
«  history  and  genealogy  »,  mais  rien  n'indique  que  ce  ms.  doive 
revenir  plus  loin,  p.  138,  sous  la  rubrique  «  legend  and  lore  ». 

Comme  on  l'a  vu   dans  le  résumé  précédent,   c'est  la  médecine 


364  Bibliographie. 

qui  est  le  mieux  représentée  dans  les  manuscrits  de  l'Advocates' 
Library.  Il  n'y  a  pas  moins  de  21  manuscrits  qui  en  traitent.  Il  faut 
entendre  ici  la  médecine  au  sens  le  plus  large,  en  y  comprenant 
toutes  les  sciences  naturelles,  et  même  l'astronomie  et  la  métaphy- 
sique. L'an  dernier,  nous  parlions  dans  la  i^rt'wc  C^//z(^wg  (t.  XXXII, 
p.  355)  d'un  traité  de  médecine  en  gaélique  d'Ecosse  conservé 
dans  un  manuscrit  du  British  Muséum  et  édité  par  M.  Cameron 
Gillies  ;  ce  traité  provenait  d'une  famille  de  médecins  écossais,  les 
Mac  Beath.  C'est  au  zèle  et  à  l'activité  des  Mac  Beath  que  M.  Mac- 
kinnon  attribue  aussi  les  richesses  médicales  de  l'Advocates' 
Librar}-.  Souhaitons  à  M.  Cameron  Gillies  de  poursuivre  l'œuvre 
qu'il  a  commencée  en  s'attaquant  maintenant  aux  textes  médicaux 
d'Edimbourg;  ils  sont  tous  inédits. 

Les  textes  religieux  et  historiques  n'ont  pas  non  plus  été  jus- 
qu'ici utilisés  autant  qu'ils  le  méritent,  bien  que  quelques-uns  aient 
été  çà  et  là  partiellement  publiés.  Ce  sont  les  récits  épiques  qui 
ont,  comme  toujours,  attiré  le  plus  les  éditeurs.  On  retrouvera  en 
feuilletant  le  catalogue  de  M.  Mackinnon  quelques  vieilles  con- 
naissances ;  rappelons  notamment  aux  lecteurs  de  la  Revue  Celtique 
que  le  Cennach  ind  Rùaiiado  publié  par  M.  Kuno  Meyer  (tome'  XIV, 
p.  450) et  le  Cairpre Cindchait (\\i  ii^uhWé.  M.W.-A.  Craigie  (t.  XX, 
p.  335)  étaient  tirés  des  manuscrits  XL  et  XXMII  de  l'Advocates' 
Librar}\ 

Dans  les  appendices  II  et  III,  M.  Mackinnon  passe  en  revue  les 
manuscrits  gaéliques  conservés  dans  les  autres  bibliothèques 
publiquesd'Edimbourg  et  de  Glasgow  et  dans  quelquesbibliothèques 
privées  de  TÉcosse  ;  un  quatrième  appendice  traite  des  manuscrits 
égarés  ou  perdus.  Enfin,  l'ouvrage  se  termine  par  quatre  index, 
des  auteurs  mentionnés,  des  sujets  traites,  des  autres  manuscrits  et 
des  livres  ou  périodiques  cités. 

J.  Vendryes. 

V 

Ph.  Kropp.  La  Tène\citUche  Funde  an  dcr  kellisch-germanischen  Vôl- 
kergrenie  iwischeu  Saale  inid  Weisser  Elstcr  (Mannus-Bibliothek, 
no  5).  — Wurzburg,  C.  Kabitzsch,  1911,  iv-132  pp.  in-8°. 

Sur  la  frontière  où  se  rencontraient  les  Celtes  et  les  Germains, 
quatre  cents  ans  avant  Jésus-Christ,  c'est  à  la  façon  dont  leurs 
morts  y  sont  traités  que  l'on  distingue  les  cimetières  qui  leur  sont 
respectivement  attribues.  Les  inhumations  sont  celtiques;  les  inci- 


Bibliographie.  365 

nérations  sont  germaniques.  Quelque  temps  auparavant  et  trois 
siècles  plus  tard,  les  Celtes,  à  vrai  dire,  brûlaient  leurs  morts  ; 
plus  tard  encore,  une  partie  des  Germains  ont  inhumé  les  leurs. 
Il  semble  néanmoins  que,  à  l'époque  en  question,  on  n'ait  pas  tort 
d'interpréter  comme  il  vient  d'être  dit  la  différence  des  rites  funé- 
raires dans  la  zone  contestée.  La  preuve  se  fait  dans  chaque  cas 
par  le  concours  des  vraisemblances  qui  ressortent  de  tous  les  restes 
ethnographiques  constatés. 

M.  Kropp  relate  des  fouilles  et  des  découvertes  qui  ne  sont  pas 
les  siennes,  mais  en  majeure  partie  celles  de  la  Société  des  Anti- 
quaires de  Voigtland  (Hohenleuben,  Reuss).  Il  s'agit  de  cime- 
tières à  inhumation  datant  de  la  phase  ancienne  de  l'époque 
de  La  Tène.  La  région  considérée  s'étend  du  grand  coude  méridio- 
nal delà  Saale  à  l'Elster  blanc,  entre  Saalfeld  et  Géra.  Le  plus 
important  de  ces  cimetières  est  celui  de  Ranis.  Si  ces  cimetières 
sont  celtiques,  il  en  résulte  que  les  Celtes  occupaient  alors  la  partie 
des  collines,  coupées  par  la  Saale,  qui  longent,  au  Nord,  le  Thurin- 
ger  Wald.  A  la  fin  de  l'âge  du  bronze,  selon  M.  Kossinna  dont 
M.  Kropp  adopte  l'opinion,  ils  étaient  au  Harz  ;  à  l'époque  de 
Hallstatt,  ils  tenaient  sur  la  ligne  Q.uedlinburg,Aschersleben,  Merse- 
burg,  Halle.  Ils  étaient  en  recul  et  déjà  les  Germains  empiétaient 
sur  eux.  Quelques  tombes  à  incinération  sont  attribuées  à  ceux-ci 
par  l'auteur,  qui  contiennent  à  peu  près  les  mêmes  objets  que  les 
tombes  à  inhumation.  Les  Germains  ont  emprunté  à  leurs  voisins 
celtiques.  Au  surplus,  M.  Kropp  se  plaît  à  nous  signaler  les  mé- 
langes (p.  73). 

De  la  date  des  tombes  celtiques,  quelques  indices  doivent  être 
pris  en  considération.  On  y  trouve  encore  des  tombes  circulaires, 
des  squelettes  recroquevillés  et  couchés  sur  le  flanc  et,  dans  le 
mobilier  funéraire,  des  fibules  à  timbale.  Le  pays  fut  abandonné  par 
les  inhumants  bien  avant  le  temps  où  les  fibules  de  la  Tène  I 
(f^  époque  de  la  Tène)  furent  hors  d'usage.  Par  contre,  les  tombes 
à  inhumation  ont  fourni  des  fibules  de  La  Tène  III.  Il  est  à  noter 
toutefois  que  dans  le  tumulus  de  Dobian,  qui  contenait  beaucoup 
de  choses  diverses,  ont  été  trouvées  des  monnaies  d'or  ;  la  seule  qui 
soit  conservée  est  une  copie  celtique  de  monnaie  grecque  portant 
une  Athéna  casquée  et  une  victoire.  Elle  peut  dater  d'environ  deux 
cents  ans  avant  J.-C.  Les  autres  tombes  sont  probablement  plus 
anciennes.  Cette  monnaie,  si  elle  vient  d'une  tombe  celtique, 
marque  l'extrême  limite  du  stationnement  des  Celtes.  Il  n'est  resté 
d'eux  qu'un  peu  de  leur  civilisation. 

La  Steinsburg  du  Gluchbergprès  de  Rômhild,  à  l'extrémité  méri- 

Reviie  Celtique,  XXXIII.  24 


366  Bibliographie. 

dionale  des  monts  de  Thuringe,  paraît  avoir  été  le  réduit  de  leurs 
établissements.  J'ai  signalé  dans  cette  revue  que  les  traces  d'un 
boulevard,  plus  fort  et  plus  récent,  sont  conservées  dans  le  Rhôn  en 
Bavière. 

Il  est  à  noter  que  les  Celtes  de  Ranis  pratiquaient  le  rite  de  plier 
l'épée  du  mort.  Il  faut  donc  allonger  vers  le  Nord  l'aire  d'extension 
de  cette  coutume.  Une  tombe  paraît  contenir  un  mort  sacrifié  ;  une 
autre  (p.  32),  une  femme  qui  a  suivi  son  mari  dans  la  tombe. 

H.  Hubert. 


VI 

Sir  JohxRhys.  The  Celtic  inscriptions of  Gauî  :  additions  and  corrections. 
London(Proceedingsof  the  British  Academ)^,  V,  1911). 

Ce  nouveau  mémoire  traite  principalement  d'un  groupe  d'ins- 
criptions récemment  découvertes,  qui  n'ont  pas  encore  été  étudiées 
au  point  de  vue  philologique,  et  se  termine  par  de  nouvelles  con- 
tributions au  déchiffrement  et  à  l'interprétation  du  calendrier  de 
Coligny.  Après  avoir  lu  ce  travail,  cependant  si  consciencieux  et  si 
nourri,  on  est  pleinement  d'accord  avec  l'auteur,  quand  il  dit  en 
commençant  (j/<^  les  inscriptions  celtiques  sont  si  rares  et  siénigmatiques 
qu'il  n'y  a  guère  d'espoir  de  leur  arracher  leur  signification  qu'en  s'y 
attaquant  sans  cesse.  Il  est  même  plus  probable  qu'on  n'y  arrivera  pas 
malgré  tous  les  efforts,  si  de  nouvelles  découvertes  analogues  à 
celle  du  calendrier  de  Coligny  ne  viennent  pas  apporter  aux  cel- 
tistes  de  nouveaux  éléments  d'information  et  de  nouvelles  lumières. 
En  tout  cas,  on  ne  peut  que  souscrire  au  jugement  de  l'auteur  sur 
son  œuvre  lorsqu'il  se  flatte,  trop  modestement,  d'avoir  fait  faire 
quelques  progrés  à  ces  recherches  difficiles  entre  toutes. 

Pour  suivre  pas  à  pas  l'auteur  et  discuter  les  hypothèses  fatale- 
ment nombreuses  auxquelles  il  est  entraîné,  il  faudrait  un  volume 
aussi  considérable  que  le  sien;  je  mécontenterai  de  relever  les  ins- 
criptions les  plus  intéressantes  avec  l'interprétation  proposée. 

I.  Les  cinq  inscriptions  trouvées  près  de  Cavaillon  publiées  par 
M.  Mazauric  dans  la  Revue  du  Midi,  octobre,  1909. 

I.  Elouissa. 
Maaourai. 

o 

Giaoïia. 

D'après  l'interprétation  préférée  par  l'auteur,  Giaoua  serait  un 
nom  commun  :  Elvissa  serait  la  siciva  de  Mao-ureos.  Ce   serait  un 


Bibliographie .  367 

terme  de  parenté  :  gall.  gieii  nerfs,  sing.  geiuyn  (pour  gijiu-yn')  ;  pour 
le  sens,  cï.  ail.  scbiiur,  belle-tille,  et  lien,  lat.  niiriis  (snimis).  Les 
noms  propres  Diigia,  Dugiavus,  Dugiava,  en  sont  rapprochés.  Un 
parallèle  est  offert  par  le  composé  celtique  Com-iog-ia  (près  Saluzo, 
Fiémont).  Com-iog-ia  aurait  le  sens  de  conjugalis. 

Dans  la  note  2,  pp.  4  et  5,  l'auteur  traite  du  groupe  og-  dans  les 
langues  brittoniques.  Il  deviendrait  en  brittonique  oiu  susceptible 
d'évoluer  en  gallois  en  eu\  eu,  au.  Outre  que  cette  diversité  d'évolu- 
tion en  eiu  eu  {ou),  qui  ne  sont  pas  confondus  en  gallois,  est  peu 
vraisemblable,  cette  évolution  ne  semble  se  produire  que  devant 
-U-.  On  a,  dans  ce  cas,  vraisemblablement  oiu  et  azu,  à  en  juger  parle 
comique  wrtU',  breton  ;;/rto  (cf.  iiaiu,  neut^^^  *;/o//rt//).  Le  gallois  nuni 
dans  iueU'dw\  s'explique  autrement  (cf.  J.  Loxh,  Reiiiarqiws  etadd.  à 
riutrod.  ta  earlv  Welsh  de  Straelnui,  p.  15).  Il  en  est  de  même  de 
eg  devant  -u-:  tegu-s  épais  a  donné  te-wùs,teiu.  Il  en  a  été  de  même, 
je  pense,  pourle  groupe  -iïg-u-.  Le  gallois  Llyivarch  comme  Llywe- 
l\>n  doit  avoir  pour  premier  terme  Lugu-.  Lugu-  a  passé  par  liauû- 
hnuù-  d'où  Louiiiairb  dans  Nénnius  ;  lowi'i-  à  donné  régulière- 
ment lyzu  :  Llywarch  remonte  à  Lugii-iuareo-s  et  Llywelyn  à  Lugu- 
helino-s,  cf.  Lyzvelyd  (Caer)  de  Luguhaliuui .  Leu  àins go-leu,  leu-ver  ne 
me  paraît  pas  pouvoir  s'expliquer  par  lugu-  qu'a  proposé  Pedersen 
ÇFergl.  Gr.  i,  p.  98).  La  racine  estloiji-  :  on  la  trouve  au  début  du 
iv>^  siècle,  dans  le  nom  breton  Lovocatus. 

2  Balaudoui  Makkarioui . 

Makkarivos  est  justement  rapproché  des  noms  Maccarus,  Maccius 
Macco,  Macconus  et  du  gallois  inach,  caution. 

5  Kabiros  Ouiudiacos. 

Cabiros  se  trouve  au  génitif  dans  une  inscription  de  Cologne  (C. 
I.  L.  XIII,  8342). 

L'auteur  rapproche  Cabiros  du  grec  Kaêipoi.  Les  divinités  auraient 
été  confondues  avec  lesDioscures.  On  trouve  lesDioscures,  PoUuxet 
Castor,  associés  sur  l'autel  de  Notre-Dame  à  Cerniinnos  et  SinertuUa. 
Cette  hypothèse  me  paraît  invraisemblable,  d'autant  plus  qu'à 
côté  de  Cabiri  on  peut  citer  Cabrus  à  York,  à  Castel  près  Mayencc 
et  ailleurs. 

4  Mitiesi  inifis.  Magonii  OunaKoui. 

-Koui,  -qui,  serait  l'équivalent  celtique  du  latin  -que  et  Onna  un 
génitif  pour  un  plus  ancien  onnàs  (cf.   irl.  mna). 

Le  génitif  owwù  me  paraît  peu  vraisemblable,  moins  toutefois  que 
-koui  =  -que.  L'auteur  voit  en  revanche  dans  sapsutaipe  de  l'inscrip- 
tion d'Ornavasso  sur  la  Toce  près  du  Lac  Majeur,  pe  gaulois 
^=  que. 


368  Bib  liograph  le . 

5  Missoiikos  Siloukuos. 

Silus,  Silu  sont  connus.  Missiikos  serait  à  rapprocher  de  Missillus, 
Medsiîlus,  Meâdilhis. 

Dans  une  note,  au  sujet  des  graphies  c?^,  dd,  l'auteur  traite  du  cor- 
nique  coscor,  gallois  cosgord,  breton  coscor  ;  cfl5co/v/remonterait  à  cansa- 
coi [0  identique  au  germ.  hanse,  angl.  sax.  hôs,  société,  troupe.  L'éty- 
mologie  est  séduisante.  L'auteur  toutefois  n'aurait  pas  dû  donner  tw- 
goord  comme  comique.  J'ai  démontré  que  les  gloses  de  VO.x.  post. 
étaient  galloises  (Revue  Celtique,  XIV,  p.  70).  Il  eût  dû  aussi  distin- 
guer entre  cascord  et  goscord  ongosgord.  La  forme  vieille-galloise  de 
gosgord est  guoscord  (cf.  J.  Loth,  Revue  Ce] t.,  XXIX,  p.  68)  ;  gosgord 
n'est  donc  pas  une  forme  moderne  corrompue  comme  il  l'avance; 
gosgord  (luoscord)  est  largement  représenté  à  toute  époque  dans  la 
littérature  galloise. 

En  terminant  l'exposé  des  inscriptions  du\'aucluse(p.  16)  Fauteur 
revise  l'inscription  XI  de  ses  Celtic  inscriptions.  Il  propose  :  ...soui 
KUrniious  Lanaknos  (ou  Manaknos)  iade.  lade  rappellerait  bratoude. 

Inscriptions  de  Nîmes  (p.  17),  Quelques-unes  avaient  été  \aies 
par  l'auteur,  quoiqu'il  ne  les  ait  pas  décrites.  D'autres  sont  entrées 
au  musée  après  qu'il  eut  écrit  en  1905  et  publié  en  1906  son  tra- 
vail sur  les  Celtic  Inscriptions  of  France  and  Italy. 

I  Inscription  du  quartier  5""^  Baudile  de  Nîmes  (Mazauric,  Musée 
arch.de  Nîmes  :  Recherches  et  acquis.  ]>l\mes,  1908,  p.  16).  Il  y  a 
sur  la  même  pierre  ces  deux  inscriptions  : 

Adgenoui  dede  br  Adgenouid.  Mazauric  lit  dans  les  deux 

cas  :  adgennoui.  L'auteur  compare  Con-genno,  plus  bas,  p.   29. 

2.  Sur  un  fragment  d'autel  gallo-romain  de  Montmirat  (Gard)  ; 
bratout. .. 

3.  Sur  une  pierre,  dans  une  tranchée  de  St-CésaireàNîmes  :  ritou. 
L'auteur  compare  le  noms  de  potier  Ritus,  Ritu-mara,  Ritukalos. 

6.  L'inscription  de  Collias  (Celtic  Inscr.  p.  39-41).  Ecinnos  Riou- 
niaiios  andoounnaleo  dede  bratoude  Kanten. 

L'auteur  proposeunenouvellesolutionde /'rrt/o»(/c.  Il  rappelle  la 
construction  de  l'article  défini  avec  le  nom,  au  datit,  dans  le  sens 
adverbial/;/  biucc,  gallois  yn  fach  '.  Il  y  ajoute  des  formes  en-id,-ilh 
avec  l'article  :  ind  ôindid  gl.  seniel,ind  airmith,  sommation.  L'auteur 
suppose  qu'à  un  ancien  datif  est  venu  se  joindre  un  élément  de  ;  airmid 
serait  le  datif  vieux-celtique  rtr/-;'/wf  (ad-rinil?)  plus  de.  Bratou,  dans 
ce  cas,  serait   un  datif.  Il    est  certain  que    les    formes   irl.   en   id 

I .  Sur  cette  construction  et  l'identité  avec  la  construction  galloise  et  bre- 
tonne (}'«(Wi(,  oila),  cf.  J.  Loih,  Revue  Cet lique,  XV,  p.  105. 


Bibliographie.  369 

sont  difficiles  à  expliquer.  Pedersen  les  suppose  empruntées  aux 
formes brittoniques  tn-iâ  ce  qui  est  passablement  hasardé.  L'expli- 
cation de  John  Rhys  est,  en  tout  cas,  des  plus  ingénieuses.  Pour  lui, 
brafou  serait  un  datif  et  signifierait  avec  plaisir,  /;/7?/«-5  équivaudrait 
à  grâius. 

Dans  la  note  à  la  page  25  je  lis  que  dans  t'/r//"(irl.  airem,  aircamh 
de  ad-rlmà)  le  premier  i  est  pour  d  comme  dans  cadeir  de  cathedra. 
Cadeir  n'est  pas  facile  à  expliquer  en  face  du  breton  cadoer .  Pour 
eirif,  il  faut  compter  avec  une  forme  antérieure  eirriv  *edrinui  ou 
edrimi-.  Pedersen  soutient  la  même  doctrine  que  John  Rhys;  pour 
lui  -dra  serait  traité  comme  -gr-.  \\  cita  giuyr,  ir\.  fitir;  creir  ir\. 
cretair.  Tous  ces  exemples  sont  discutables.  Il  est  en  tout  cas 
indispensable  de  distinguer  les  cas  où  dr  est  précédé  d'une  voyelle 
non  palatale  :  cadr  beau,  fort  (cf.  Belatu-cadrus)  remonte  à  cadro-s 
L'accent  peut  aussi  avoir  une  influence  en  pareil  cas.  Que  dr  spi- 
rant  dans  -dr-  puisse  donner  un  i,  c'est  ce  que  montre  le  breton 
moyen  cae^i-,  le  breton  d'Ouessant  laedroiiii,  voleurs. 

Page  27.  L'auteur  appelle  l'attention  sur  deux  inscriptions  latines 
découvertes  vers  1906.  L'une  vient  d'un  oppidum  delà  Baume  prés 
Belvezet  (Gard). 

Tertius  Tincorigis  f.  Segomannae  V.  S.  L  L. 

Rapprochant  Tincorius  de  Tincommius  fils  de  Commius  bien  connu 
parles  monnaies  bretonnes,  l'auteur  pense  que  Tincommius  est 
pour  Tin-cocommius.  La  seconde  a  été  trouvée  à  Nîmes  en  1906, 

D.M. 

Messinae  Messini 

filiae 

Tasgia  Tilulla 

posuit. 

Tasgia  (cf.  Tasgitis')  avec  son  g  suppose  s  doux  ;  ce  serait  un 
dérivé  de  Ta^go-  à  rapprocher  de  l'irlandais  Taidgg,  Taidc,  plus  tard 
Tadhg. 

L'auteur  revient  sur  les  fameuses  inscriptions  Martialis  Daiinotali 
etc. 

Diigiiontiio  serait  pour  dug(iywniuo-s  de  DugiontiïO'U  et  signifie- 
rait mariage.  Voici  sa  traduction  : 

Martial,  DamwtaTs  son,  iiiade  Ucueti  this  toiver  and  may  the  mariage 
rejoice  Ucuetis  in  Alisia.  Cette  interprétation  est  beaucoup  plus  aven- 
tureuse et  moinssatisfaisanteque  celle  quia  été  donnéedansla  Revue 
Celtique XXXU,  119.  L'auteur  l'attribue  à  M.  Vendryes.  Celui-ci, 
comme  il  leditlui-méme,ne   fait  que  reproduire  l'interprétation  de 


37°  Bibliographie. 

Thurneysen  (Zeifschrift  fur  celt.  Philologie,  1908). Thurneysen  voit 
dans  o^o/'cJ/'/ un  datif  pluriel  et  dans  (liigiio)iiiio  h  forme  de  la  3™^ 
pers.  du  plur.  relative  (irl.  herte  àt*bcroiiiio). 

A  la  même  époque,  M.  G.  Poisson,  sans  avoir  pu  connaître  l'ar- 
ticle de  Thurneysen,  dans  une  note,  faisait  aussi  degohedhi  un  datif 
pluriel  comme  l'avait  fait  Pictet  déjà,  mais  avait  le  tort  de  supposer 
dans  diigiiontiio  un  participe.  L'explication  de  Thurneysen  pour 
Diigiiontiio  est  définitive.  Ce  sens,  comme  le  dit  Vendryes,  serait  à 
peu  prés  :  «  Martialis  fils  de  Dannotalos  a  fait  pour  Ucuetis  cet  édi- 
fice et  pour  les  prêtres  qui  servent  Ucuetis  à  Alise  ».  L'auteur  (note  2, 
page  36)  n'a  connu  ces  interprétations  qu'après  avoir  rédigé  son 
travail.  Il  semble  cependant  tenir  à  son  explication  de  dugiioutiio 
(P-  35-36). 

En  passant,  p.  32,  il  parle  d'une  légende  de  monnaie  ainsi  conçue: 
Lahrodiios.  Ce  serait  pour  lui  une  forme  abrégée  pour  Lâmâ-rodiiji 
main  généreuse.  Il  l'identifie  (p.  32-34  et  notes)  avec  le  gallois 
Llawfroded . 

Il  faut  pour  ce  sens  supposer  que  rodcd  est  pour  roded.  Or,  rot- 
existe  dans  des  noms  propres  comme  Rot-ri.  Laïufroded  devrait 
être,  si  c'est  un  composé  ancien,  Lof-roded  :  cf.  lof-riid.  Il  peut 
avoir  été  refait,  il  est  vrai,  sur  l'analogie  de  llaw.  Le  rapproche- 
ment est  au  moins  douteux.  De  plus,  le  mot  gaulois  pourrait  être 
coupé  en  Lahro-diios. 

Parmi  les  inscriptions  trouvées  au  Mont-Auxois,  il  y  a  une  ins- 
cription découverte  en  1908  : 

Dca  Ucueti  et  Bergusia  Remus  Primi  fil.  donavit.  VSL  M. 

Elle  nous  fixe  sur  le  sens  d'Ucuetis.  Bergusia  rappelle  bergo- 
montagne,  allemand  berg.  L'auteur  rappelle  avec  raison  le  gallois 
bera,  tas  de  blé  ou  de  foin  (Davies  :  acervus  segetis)  :  bera  est  pour 
berg-  comme  boly,  bola  pour  bolgo  ;  givala  pour  iialg  etc.  Il  ne  faut 
pas  oublier  que  bera  indique  plus  précisément  un  tas  de  blé  ou  de 
foin  de  forme  pyramidale  (comme  le  breton  beru). 

P.  38-39,  on  trouvera  une  intéressante  digression  sur  avot, 
avotis. 

P.  40.  Inscription  sur  un  mur  dans  un  champ  appelé  Lapipc-Scnè 
au  Mont-Auxois   (publiée  par  Espérandieu  dans  Pro  Aîcsia,  1906, 

P-  43-5)-_ 

L'inscription  est  sur  quelques  fragments,  sans  compter  quelques 
menus  morceaux.  Le  déchiffrement  en  est  naturellement  fort  diffi- 
cile et  l'interprétation  des  plus  conjecturales. 

Voici  la  lecture  à  laquelle  s'arrête  l'auteur  : 

Samotalos  aiuàliknos.  scsia  Klamahi  Garma.  Birakotôu  Tisabannô 
Kobritoulôu  bartib.  :  atnodô. 


Bibliographie.  371 

Samotalos  son  of  Awôtis  (and)  sesia  Garma  daughtcr  of  Clama- 
cios,  tcarfully  (set  up)  this  monument,  to  their  children  Biraco- 
tus,  Tisabannos  (and)  Cobritulus. 

Ce  serait  haptihÇos)  qui  aurait  le  sens  de  enfants  :  il  serait  au 
datif  (de  la  racine  her-  porter).  Le  iearfully  serait  expliqué  par 
adnodô  pour  ate-nodô  ou  ate-snodd,  gall.  nod,  jus  d'une  plante,  sève 
d'un  arbre.  L'auteur  suppose  avec  raison  que  le  snddach  d'O'Reilly, 
sap  or  jiiice  doit  avoir  0  bref  :  C'est  en  effet  la  forme  avec  0  bref 
qui  a  persisté  en  gaélique  d'Ecosse.  Le  sens  serait,  on  le  voit, 
fortement  métaphorique. 

Pour  les  noms  propres,   tout  ou  partie,  on    les    trouve  ailleurs. 

P.  52.  Deux  inscriptions  latines  récemment  découvertes  dans  les 
fouilles  du  Mont-Auxois  associent  le  nom  de  Moritasgos  à  Apollon  : 

aitg  sac 

Dec  Apolliui 

Moritasgo 

Catianiis 

Oxlai 

Apollon  étant  le  dieu  qui  écarte  les  maladies,  l'auteur  identifie 
wor/'-avec  le  mor-  de  Morrigain .,  reine  des  esprits  :  Apollo  moritasgus 
serait  Apollon  qui  écarte  les  mauvais  esprits  '. 

P.  59  :  Quelques  notes  et  corrections  relatives  aux  inscriptions 
du  musée  de  Cluny  et  des  musées  de  Saint-Germain  avec  référence 
aux  pages  du  travail  précédent. 

Pour  l'inscription  qui  se  trouve  à  Saint-Germain  sur  les  épaules 
du  Mercure  gaulois,  l'auteur  avait  proposé  sosin  pour  sosi  :  il  a 
retrouvé  trace  de  n  :  voici  sa  lecture  :  Aproniosieuru  sosin  {G')eso-m- 
aro.  Geso-maro  serait  d'après  C.  Jullian  pour  Gaiso-mâro,  datif  : 
l'homme  à  la  grande  lance.  L'auteur  paraît  plus  disposé  à  y  voir  le 
nom  à'Esus  :  grand  comme  Esiis,  ou,  avec  Esus. 

L'auteur,  p.  61,  revient  sur  une  inscription  latine  bien  connue  '  : 

Esiimopas  Cniisticiis 
V     S     L    M 

Cnusticus  seraità  rapprocher  de  l'irlandaisn/z/^j-,  collection,  trésor. 
Mopas  pour  mopat-s  est  sans  doute  de  la  même  origme  que  mapos- 
fils.  Suit  une  dissertation  de  l'auteur  sur  mog,  génitif  mogaid  et 
mug,  gén.  mogo  etc. 

1.  Cf.  J.  Loth,  Contrih.  à  V étude  des  romans  de  la'  Table  Ronde  :  Morgan- 
Tiit  (ci-dessus,  p.  249  et  suiv.). 

2.  Publiée  par  S.  Reinacli  dans  la  Revue  Cel/.,  XV,  413-17. 


372  Bibliographie. 

De  la  page  63  à  la  page  79,  l'auteur  étudie  des  noms  qui  se 
trouvent  sur  des  vases  de  la  Gaule  (Corpus  Lise.  Lat.,  XIII,  part 
108).  Une  des  inscriptions  est  assez  intéressante  :  elle  se  trouve  sur 
un  vase  de   Banassac,  Lozère  (C.  I.  L.  XIII,  p.  480,   no  10.016- 

13)   : 

Neddamon  Delgu  Liiiot 

Delgu  serait  un  verbe  au  prétérit  comme  ieiiru,  à  rapprocher  de 
l'irl.  mod.  coindealghimn,  I  advice,  gall.  cyiilnûiaf.  En  note,  il  est 
question  d'un  gallois  c/cV,  moucheron,  et  aussi  nicncstrd  ;  ce  clèr 
serait  l'irl.  char.  La  voyelle  irlandaise  serait  expliquée  par  le  sing. 
cleheren.  Je  ne  suppose  pas  que  l'auteur  tienne  beaucoup  à  ce 
rapprochement  de  tout  point  impossible.  Il  est  évident  que  clèr 
est  une  contraction  récente.  L'auteur  semble  aussi  avoir  oublié  la 
glose  bretonne  de  Berne  :  clehurin.  gl.  miisca.  Le  cliar  irl.  a 
pour   équivalent,    en  gallois  moyen,  chvyr  :    L.  noir  (F.  a.  B.  II, 

Kelvit  id  gan  cliiir  vir  aedan 

cf.  ibid,  48-7;  L.  Tal.  154.  11,  Myv.  arch.  726.  i.  Le  mot 
est   écrit  cher  dans    addit.  Ms.  15.003,  fol.  150  r°  : 

a  Uef  cJoer,  gwedi  cyrn 

clwyr,  cloer,  parfois  semble  désigner  le  clergé  (breton  cher,  irl. 
cliar).  Neddanioii  à  côté  duquel  on  peut  supposer  Nessaniwn  serait 
expliqué  par  l'irl .  moderne  neas,  the  wheel  or  machine  by  vhich 
an  earthen  vessel  is  turned  in  a  potter3^  Le  sens  préférable  serait  : 
«  The  iiess  slick  nuis  held  by  Liiioi  ».  Le  mot  neta  que  l'auteur  lit 
netta  sur  un  autre  vase,  l'amène  à  une  longue  digression  sur  l'irlan- 
dais net,  net,  nia,  seul  ou  en  composition. 

De  la  page  79  à  la  fin,  l'auteur  revient  sur  certaines  lectures  du 
calendrier  de  Coligny.  Il  y  aura  lieu  d'en  tenir  compte  pour  une 
édition  définitive  du  calendrier.  Occasionnellement  il  cite  d'assez 
copieux  extraits  du  travail  et  du  compte  rendu  de  M.  Goddard  H. 
Orpen,  de  ses  Notes  on  Coligny  calendar  dans  The  Journal  of  the 
royal  socicty  of  antiquaries  of  Irchvid  1910,  p.  367-74. 

P.  88  il  donne  in-exteiiso  deux  lettres  de  Vasitonome  Foiheringham 
touchant  certaines  théories  de  M.  Orpen.  La  deuxième  est  parti- 
liérement  intéressante.  Après  avoir  soutenu  dans  la  première  que 
le  calendrier  de  Coligny  était  un  calendrier  qui  avait  faussé  compa- 
gnie à  la  lune,  le  D""  Fotheringham  (p.  98)  est  nettement  d'avis 
que  le  calendrier  est  véritablement  lunaire.  Le  cycle  de  cinq  ans 
est  pour  lui  un  cycle  de  fêtes  qui  se  répète  sans  tenir   compte  des 


Bib  liographie .  373 

cycles  astronomiques.  Pour  mettre  d'accord  le  comput  lunaire  et 
solaire,  il  eût  fallu  des  intercalations  en  19  ans  et   35  en  95    ans. 

Or,  le  calendrier  présente  7  intercalations  en  5  ans,  ce  qui  en 
donne  38  en  95  ans  ;  il  eût  donc  été  nécessaire  d'omettre  un  des 
mois  intercalaires  3  fois  en  95  ans.  De  même,  le  calendrier  nous 
donne  37  mois  de  30  jours  en  62  mois,  tandis  que  la  vraie  propor- 
tion eût  été  33  ;  de  sorte  qu'il  devenait  nécessaire,  quatre  fois  en 
chaque  période  de  5  ans,  de  supprimer  le  dernier  jour  d'un  des 
mois  de  30.  Le  D""  Fotheringham  est  aussi  d'avis,  ce  que  j'avais 
affirmé  dans  mon  travail  sur  L'inscription  latine  de  Géîignieux  et  le 
prétendu  ligure  ou  celtican  du  calendrier  de  Coligny  ',  que  le  mois 
Equos  n'avait  normalement  que  29  jours,  mais  que  parfois  une 
fois  dans  chaque  période  de  5  ans  (ce  n'était  pas  toujours  la  même 
année),  il  était  nécessaire  de  lui  donner  30  jours,  pour  mettre 
d'accord  le  calendrier  avec  la  marche  de  la  lune  ;  son  caractère  de 
mois  néfaste  n'avait  pas  été  affecté  par  cette  exigence  du  calen- 
drier. 

Le  D""  Fotheringham  discute  aussi  la  question  des  trous  qui  se 
trouvent  devant  les  chiffres  des  jours  du  calendrier.  Son  attention 
avait  été  appelée  par  son  collègue  le  D""  W.  H.  Forbes,  du  collège 
de  Balliol,  sur  la  ressemblance  entre  ces  trous  et  des  trous  sem- 
blables dans  les  fragments  de  parapegmata  ou  calendriers  solaires 
découverts  pendant  l'hiver  de  1902-3,  à  Milet,  et  discutés  par  Diels 
et  Rehm  (Parapiginasfragnienten  ans  Milet)  dzns  les  Sitiiingshcr.  d.  K. 
Preuss.  ahad.  d.  Wissensch.  (1904)  I,  pp.  92-111  ;  par  Dessau,  Zn 
den  Milesischen  Kalendarefragmcnten,  ibid.pp.  266-8  ;  par  Rehm,  Wei- 
teres  xu  den  Milesischen  Parapegmen,  ibid.  pp.  752-9.  Ces  fragments 
datent  d'environ  100  ans  av.  J.-C.  Un  point  est  certain,  c'est  que 
les  chevilles  qui  étaient  placées  dans  ces  trous  avaient  pour  objet 
d'indiquer  des  dates  mobiles,  qui  n'avaient  pas  de  place  fixe  dans 
le  calendrier,  par  exemple  le  commencement  de  l'année  officielle  par 
rapport  à  l'année  astronomique,  ou  le  commencement  du  mois 
lunaire  (les  calendriers  de  Milet  étaient  astronomiques  et  même 
météorologiques).  Si  les  chevilles  dans  un  calendrier  solaire 
comme  ceux  de  Milet  étaient  destinées  à  indiquer  des  dates  lunaires, 
il  est  probable  que  dans  le  calendrier  lunaire  de  Coligny  elles 
devaient  indiquer  des  dates  solaires,  vraisemblablement  les  dates 
du  calendrier  Julien. 

John  Rhys  termine  par  le  récit  de  son  pèlerinage  à  Coligny 
(Ain),  à  l'endroit  où  eut   lieu  la  découverte    du  calendrier.    Il  se 

I.  Académie  des  hisc.  et  Belles-Lettres,  1909. 


374  Bibliographie. 

demande  s'il  ne  serait  pas  possible  de  retrouver  l'emplacement  du 
temple  où  était  placé  le  calendrier  et  peut-être  quelques  ruines  de 
l'édifice.  M.  Orpen  croit  que  le  Brig  Rivros  que  l'on  remarque 
au  4"^  jour  de  Riuros  dans  la  2<^  année  et  les  années  suivantes, 
indique  un  tumulus  ou  tertre  sur  l'emplacement  du  temple  ou 
auprès;  se  fondant  sur  les  usages  de  l'Irlande  préhistorique,  il 
croit,  en  effet,  qu'on  doit  s'attendre  à  trouver  près  de  ce  temple, 
un  tertre  artificiel,  sépulcral  à  l'origine  ou  un  tertre  à  forme  de 
tumulus,  peut-être  avec  un  pilier  de  pierre  et  une  pierre  plate  à 
côté.  La  civilisation  de  l'Irlande  préhistorique,  même  celtique,  et 
celle  de  la  Gaule  romaine  sont  mêlées  d'éléments  si  différents,  que 
c'est  s'exposer  aux  plus  graves  mécomptes  que  de  conclure  de 
l'une  à  l'autre.  Il  ne  me  paraît  cependant  pas  impossible  que 
des  recherches  bien  conduites  puissent  amener  la  découverte  de 
quelques  ruines  du  temple  de  Coligny.  Il  est  à  remarquer  qu'une 
voie  romaine  passe  au  flanc  de  la  colline  voisine  du  champ  où  eut 
lieu  la  découverte. 

J.    LOTH. 

VII 

The  national  Library  of  Wales,  Bibliotheca  celtica  (a 
register  of  publications  relating  to  Wales  and  the  celtic  peoplcs 
land  language  fort  the  year  1909).  Aberystwyth  1910. 

La  préface  annonce  qu'il  s'agit  d'une  publication  annuelle  : 
ce  sera  la  revue  de  toutes  les  publications  concernant  le  pays  de 
Galles  et  les  peuples  et  langues  celtiques. 

Cette  publication  ne  peut  qu'être  accueillie  favorablement.  Il 
est  à  souhaiter  qu'elle  soit  aussi  complète  et  aussi  détaillée  que 
possible  pour  le  pays  de  Galles.  Il  y  a,  je  crois,  peu  de  chose  à 
désirer  à  ce  point  de  vue  dans  la  présente  publication.  Il  n'en  est 
pas  de  même  pour  d'autres  pays  celtiques  comme  la  Bretagne.  Les 
auteurs  ignorent  l'existence  d'importantes  revues  archéologiques, 
comme  la  Revue  arch.  d'Jh-el-Villaiiic  ;  Revue  arch.  de  la  Loire-Iuf.  ; 
Revue  arch.  du  Finistère;  Bulletin  de  la  Société  polym.  du  Morbihan  ; 
Bulletin  et  mcni.  de  la  Société  d'Eniul.  des  Côtes-du-Nord  ;  Mémoires 
de  l'Association  bretonne. 

Le  grand  défaut  de  cette  revue  bibliographique,  c'est  que  tout  y 
est  par  ordre  alphabétique,  en  principe  mais  non  en  réalité  : 
par  exemple,  vous  trouverez  :  Baptists,  Burnett,  Bible,  Borodine;  sous 
Baptisis,  vous  avez  :  Radnorshire  and  Montgomery  association  à  Dôw- 


Bibliographie.  375 

lais,  Caersalem,  etc.  Prenez  maintenant  Radtwrshire  (p.  loo-ioi), 
vous  chercherez  vainement  Rachior sbire  and  Moiilgoniery  association. 
L'économie  de  ces  BihJiotheca  est  entièrement  à  bouleverser.  Il  faut 
un  catalogue  par  ordre  de  matière,  un  sommaire  avec  les  noms  d\tu- 

leiirs. 

The  national  Library  of  Wales,   1910.   Aberystwyth,  1912. 

La  disposition  est  la  même.  On  trouve,  en  plus,  à  la  fin  du 
volume,  une  liste  des  journaux  et  revues,  intéressant  les  études 
celtiques.  Le  titre  seul  est  donné.  Il  eiJt  été  beaucoup  plus  utile  de 
donner  une  analyse  des  principales  revues  étrangères  consacrées  à 
ces  études.  Un  sommaire  des  articles  parus  dans  la  Revue  Celtique, 
dans  la  Zeitschrift  fi'ir  Celiische  Philologie,  les  Annales  de  Bretagne 
eût  été  d'un  vrai  profit  pour  les  lecteurs  gallois  trop  souvent  peu 
initiés  aux  travaux  parus  hors  d'Angleterre.  Ce  qui  est  vrai  pour 
les  revues  qu'on  peut  appeler  celtiques,  l'est  encore  bien  davantage 
pour  les  revues  qui  ne  traitent  des  choses  celtiques  qu'incidemment  ; 
à  quoi  bon,  par  exemple,  citer  la  Zeitschrift  fur  vergl.  Sprachfor- 
schung,  les  Indogermanische  Forschungen,  si  on  n'indique  pas  ce  qui, 
dans  ces  revues,  touche  aux  études  celtiques  ? 

Pour  la  Bretagne,  il  y  a  à  peu  prés  les  mêmes  lacunes  que  dans 
le  tome  précédent;  à  corriger  :  Le  pays  de  breton  en  Le  pays  breton. 

Parmi  les  revues  françaises  pouvant  intéresser  les  lecteurs  s'oc- 
pant  de  celtique,  je  signalerai  à  l'auteur,  la  Revue  des  études 
aiu'iennes  dirigée  par  Camille  Jullian.  Les  lecteurs  trouveront  aussi 
souvent  des  articles  intéressants  au  point  de  vue  archéologique 
et  historique,  dans    La  revue   archéologique.  L'anthropologie,  etc. 

J.    LOTH. 


CHROXiaUE 


Sommaire.  —  I.  Festschrift  V.  Thomsen.  — -  II.  Mots  celtiques  empruntés 
par  le  Scandinave.  — III.  Une  nouvelle  édition  de  V Introduction  de 
M.  A.  Meillet.  —  IV.  M.  Pokorny  et  Torigine  du  druidisme.  —  V.  Un 
cours  de  vieil-irlandais  à  l'Université  d'Urbana.  — VI.  Programme  de 
l'University  Collège  de  Gahvay.  —  VII.  School  of  Irish  Learning. 
—  VIII.  "\Velsh  Language  Society.  —  IX.  Nomination  de  Miss  Mary 
Williams  à  l'Université  de  Manchester.  —  X.  Ouvrage  reçu. 


I 

Dans  la  Festschrift  offerte  à  l'illustre  savant  danois  \'.  Thomsen, 
à  l'occasion  du  70^  anniversaire  de  sa  naissance  (parue  à  Leipzig, 
1912,  chez  Harrassowitz),  figure,  p.  70  et  suiv.,  un  article  où 
M.  H.  Kern  rapproche  les  formes  du  vieil-irlandais  telles  que  tes- 
haiiat  «  ils  manquent  »  (à  côté  de  testât),  -ccithani  «  tu  concordes  », 
du  verbe  pâli  -bhuiiâti  «  il  existe  ».  Il  s'agirait  d'une  forme  en  -iiâ- 
de  la  racine  *hhnu3-  (lat.  ////,  etc.).  Cette  explication  paraît  préfé- 
rable à  celles  que  l'on  a  proposées  jusqu'ici  pour  les  formes  en 
question.  Nous  rappellerons  les  trois  principales  :  celle  d'Ascoli 
(acceptée  par  Zimmer,  Kiihn''s  Zeitschrift,  XXVII,  474),  suivant 
laquelle  l'élément  -hau-  contiendrait  la  racine  de  gr.  ^at'vo),  lat. 
iieniù  (Archivio  Gîottol.  Ital.,  X,  57  et  ss.)  ;  celle  d'Osthoff  qui  rat- 
tachait -ban-  à  la  racine  du  grec  cpaîvco,  soit  *hha-nâ-mi  (Zur  Ge- 
schichte  des  PcrfeJcts,  p.  519)  ;  et  enfin  celle  de  M.  Thurneysen,  qui 
voyait  dans  -hanat,  -hani  un  développement  analogique  issu  des 
composés  du  verbe  henaim  «  je  frappe  »  (Kuhus  Zeitschrift,  XXXI, 
92  et  Haiidhuch,  I,  333,  431).  L'explication  de  M.  Kern  ofire  cet 
intérêt,  qu'elle  établit  un  nouveau  point  de  contact  entre  le  voca- 
bulaire celtique  et  le  vocabulaire  de  l'Inde.  On  peut  d'ailleurs  l'ad- 
mettre sans  rejeter  complètement  l'idée  de  M.  Thurneysen.  L'ir- 
landais a  bien   pu  confondre  avec  les  composés   de   henaim  «  je 


Chronique.  377 

frappe  »  les  composés  de  la  racine  *Wj^ît'^- développée  en  *hhu-ini-. 
Dans  la  même  Festschrift  V.  Thomsen,  p.  202  et  suiv.,  M.  F.  de 
Saussure  a  publié  un  article  sur  les  adjectifs  indo-européens  du  type 
caecus,  où  l'irlandais  câich  «  borgne  »  trouve  naturellement  sa  place. 
Il  ne  semble  pas  à  l'illustre  linguiste  que  le  celtique  ait  développé, 
comme  le  grec  et  le  latin,  ce  type  ancien  d'adjectifs  à  vocalisme 
radical  a  (lat.  daiidiis,  halbiis,  etc.  gr.  patTiôç,  ffxa[xriôç,  etc.)  dési- 
gnant des  infirmités.  On  pourrait  cependant  joindre  à  la  liste  les 
adjectifs  irlandais  baeth  «  fou,  insensé  »  (de  *haito-  ;  Wb.  12  d  16) 
et  dall  «  aveugle  »  (de  *dvahw-,  cf.  got.  diuah  |j.(opôç). 


II 


La  collection  «  Palaestra  »  (Untersuchungen  und  Texte  ans  der 
deutschen  und  englischen  Philologie,  Berlin,  Mayer  und  Mùller)  a 
publié  en  1909  sous  le  numéro  85  une  étude  de  M.  Frank  Fischer 
intitulée  Die  Lehiiwôrfer  des  Altiiordischen  (vij-233  p.  8°  ;  6  M.  50). 
Ce  travail  a  échappé  à  la  chronique  de  la  Revue  Celtique  ;  mais  il 
est  encore  temps  de  l'indiquer  à  nos  lecteurs.  Il  contient,  p.  12  et 
p.  18,  deux  listes  de  mots  Scandinaves  empruntés  au  celtique. 

La  première  ne  comprend  que  quelques  mots,  qui  remontent  au 
germanique  commun  et  dont  l'emprunt  date,  par  suite,  d'une 
époque  fort  reculée  ;  ils  se  rencontrent  naturellement  dans  les  autres 
langues  germaniques.  Ce  sont  les  mots  vieil-islandais  :  amhôtt  f. 
«  servante  »,  emhœtti  n.  «  service,  fonction  »,  emhœtta  «  servir  » 
(gallo-latin  amhactus)  ;  hrôk  «  culotte  »  (gallo-latin  brâca  ;  l'em- 
prunt pourrait  être  du  celtique  au  germanique);  rïkr  «  puissant  », 
rilii  «  puissance  »  (gaulois  -rix,  rlgo-)  :  valr  «  autour,  oiseau  de 
proie  »,  identique  à  Valir  «  Celtes  (Français)  »,  et  qui  remonte- 
rait au  nom  de  peuple  gaulois  Volcae. 

La  deuxième  liste,  sensiblement  plus  longue,  se  compose  de 
mots  empruntés  à  l'irlandais  ;  quelques-uns  avaient  été  signalés 
déjà  par  M.  W.  A.  Craigie  dans  la  Zeitschrift  fur  cellische  Philologie, 

I,  439. 

bagallm.  «  bâton  recourbé  »  (irl.  hachai): 

hiannak  «  bénédiction  »  (irl.  hennacht)  ; 

dâlkr  m.  «  épingle  »  (irl.  delg  «  broche  »)  ; 

des  f.  «  meule  de  foin  »  (irl.  daiss)  ; 

diar  pi.  «  prêtres  »  (irl.  dia  «  dieu  »)  ; 

ergiii  n.   «  hutte  »  (irl.  airge  «  pâturage,  pacage  »)  ; 

gaflak  «  épieu  »  (irl.  gahhlach  «  fourchu  »); 


378  Chronique. 

at gialti  «  fou  »  (irl.  geilt  «  fou  »,  proprement  «  volage  »,  cf. 
Wh.  Stokes,  B.  B.,  XVIII,  63)  ; 

iani,  éani  «  fer  »  (irl.  iarti')  ; 

kapall  m.  «  cheval  »  (irl.  cahall)  ; 

karir  m.  «  voiture  »  (irl.  cret); 

kesia  f .  «  épieu  »  (irl .  ceis)  ; 

kross  m.  «  croix  »  (irl.  cross)  ; 

minpak  n.  «  sorte  de  mets  »  (irl.  mcnadach  et  non  minn,  cf. 
Pedersen,  Vgl.  Gi\,  I,   iio  et  Mon.  of  Tallaght,  p.  173)  ; 

papar  pi.  «  moines  »  (irl.  papa  «  ecclésiastique  »)  ; 

tri'ipr  m.  «  charlatan  »  (irl.  dnilh  «  joyeux,  bouffon  »); 

pùst,  sùst  f.  «  fléau  abattre  le  blé  »  (irl.  sùist  «  bâton  »). 

On  remarquera  dans  cette  liste  des  mots  irlandais  d'origine 
latine,  hachai,  hennacht,  cross,  papa,  sùist,  ce  dernier  modifié  par 
une  dissimilation  intéressante.  Quelques  autres  semblent  venus 
de  l'irlandais  au  Scandinave  par  l'intermédiaire  de  l'anglais  :  ainsi 
dalkr  (y.  angl.  dàlc)  et  kartr  (v.  angl.  cart,  crœt). 

La  liste  doit  être  augmentée  de  quatre  mots  mentionnés  par 
l'auteur  p.  189  et  197  :  biop  f.  «  pays  »  (irl.  hith,  hiuth  «  monde  »)  ; 
liiid  f.  «  flot  »  (irl.  lind  «  élément  liquide  »)  ;  lung  n.  «  vaisseau  » 
(irl.  long  de  lat.  longa  nauis);  tarfr  m.  «  taureau  »  (irl.  tarb). 

En  revanche,  il  faur  rayer  de  la  liste  trois  mots  que  l'auteur  v  a 
rangés  à  tort  :  laustik,  leystik  «  rossignol  »  qu'il  fait  venir  du  breton 
eostik  avec  prothèse  due  à  l'article  français  et  qui  n'a  par  suite  en 
tout  cas  rien  à  faire  avec  l'irlandais  ;  poki  m.,  poka  f.  «  poche  »,  qui 
est  donné  par  une  erreur  singulière  comme  emprunté  à  l'irlandais 
poca  «  id.  »  alors  que  c'est  ce  dernier  qui  en  est  emprunté  (cf. 
K.  Meyer,  Rev.  Celf.,  XII,  461);  enfin  ôrkn-selr,  m.  «  sorte  de 
baleine  »  qui  viendrait,  dit  l'auteur,  de  l'irlandais  orc,  comme  le  v. 
anglais  orc  et  le  latin  orca  (Pline).  Un  mot  de  Pline  emprunté  de 
l'irlandais,  voilà  qui  serait  extraordinaire.  Il  va  sans  dire  que  le 
latin  orca  suppose  une  tout  autre  origine.  L'irlandais  orc,  entre  plu- 
sieurs sens  fort  variés,  désigne  en  effet  la  baleine  ;  dans  quel  rap- 
port est-il  avec  le  vieil-anglais  et  le  Scandinave,  c'est  ce  qu'il  est 
malaisé  de  décider. 


III 

La  librairie  Hachette  vient  de  mettre  en  vente  (février  1912) 
une  troisième  édition  de  V Introduction  à  l'étude  comparative  des 
langues  indo-européennes  de  M.  Antoine  Meillet.  Il  n'v  a  plus  à  faire 


Chronique.  379 

connaître  cet  excellent  livre,  ni  à  en  détailler  les  mérites.  La  faveur 
qu'il  a  obtenue  en  France  et  à  l'étranger,  tant  dans  les  éditions 
françaises  que  dans  les  traductions  allemande  et  russe,  en  dit  le 
meilleur  éloge.  C'est  le  livre  de  chevet  des  linguistes,  l'exposé  le 
plus  clair  de  la  grammaire  de  l'indo-européen,  soutenu  d'enseigne- 
ments profonds  sur  le  développement  du  langage.  Chacun  peut 
y  puiser  à  la  fois  des  faits  précis  et  des  idées  générales.  On  ne  le 
relira  jamais  sans  profit. 

Cette  troisième  édition  a  été  revue  complètement,  corrigée, 
remaniée  et  augmentée.  Les  celtistes  pourront  apprécier  la  docu- 
mentation si  soignée  de  l'auteur  en  constatant  qu'il  n'est  pas  une 
question  de  leur  domaine  qu'il  ait  négligée  et  dont  il  n'ait  tiré 
parti  en  homme  compétent. 

IV 

La  Smithsonian  Institution  de  Washington  publie  dans  son  Report 
for  1910,  p.  583-597,  une  traduction  anglaise  du  travail  de 
M.  Julius  Pokorny  sur  l'origine  du  druidisme.  Der  Ursprung  des 
Druidcutunis  avait  paru  en  1908  dans  le  tome  XXXVIII  des  Mit- 
teilungcn  der  Anthropologischen  Gesellschaft  in  IVien  (p.  34-45)  et  en 
même  temps  dans  le  n"  17  de  The  Celtic  Review  (15  juillet  1908). 
On  en  trouvera  une  critique  dans  la  Revue  Celtique,  t.  XXX, 
p.  106. 

V 

L'enseignement  du  celtique  se  développe  aux  Etats-Unis.  Notre 
collaboratrice,  Miss  Gertrude  Schoepperle,  nous  écrit  qu'elle  a  été 
chargée  pendant  le  semestre  d'hiver  1911-1912  d'un  cours  de 
vieil-irlandais  cà  l'Université  d'Urbana  (Illinois),  et  que  pour  ses 
débuts,  elle  a  réuni  autour  de  sa  chaire  une  demi-douzaine  d'étu- 
diants zélés,  qui  lui  ont  donné  toute  satisfaction.  Nous  applaudis- 
sons à  ce  succès. 

VI 

M.  T.  O'  Maille,  professeur  à  l'University  Collège  de  Galway, 
nous  adresse  le  prospectus  suivant,  qui  doit  intéresser  tous  les 
jeunes  celtistes  : 

UNIVERSITY  COLLEGE,  GALWAY 
COURSES  IN  CELTIC. 


380  Chronique. 

Students  of  this  Collège  may  obtain  the  following  Degrees  : 
B.  A.,  M.  A.,  M.  LiTT.  Celt.,  ot  the  National  University  of  Ire- 
land.  For  Students  not  wishing  to  proceed  to  a  Degree  spécial 
courses  will  be  arranged. 

B.A. 

Students  may  obtain  this  Degree  by  presenting  Irish  and  one 
other  language,  Modem  or  Classical,  and  a  subsidiary  subject. 

LECTURES 

The  Lectures  on  the  B.A.  Course  in  Irish  include  the  follo- 
wing : 

1.  Spoken  Irish  and  Phoxetics. 

2.  Composition  in  Irish. 

3.  Irish  Literature  :  The  Cuchulainn  or  Red  Branch  Saga  ; 
the  Finn  or  Ossianic  Saga  ;  varions  periods  of  Ancient  or 
Modem  Irish  Literature  ;  and  the  Interprétation  of  Texts. 

4.  Comparative  Grammar  of  Old  Irish, 

5.  Irish  Historv. 

M. A.  AND  M.  LITT.  CELT. 

Thèse  Degrees  mav  be  obtained  bv  Graduâtes  on  attending  a 
Course  of  Lectures  in  the  Collège  and  presenting  a  satisfactory  dis- 
sertation on  some  subject  treated  of  in  the  Courses. 

Courses  are  arranged  in  : 
Dialects  of  Modern  Irish. 
Old  and  Middle  Irish  Texts. 
MiDDLE  Welsh  Texts. 
Celtic  Philology. 

Spécial  Provision  is  made  for  Graduâtes  of  other  Universities 
who  may  obtain  one  of  the  higher  Degrees  by  attending  a  Course 
of  Lectures  for  two  sessions  and  by  carrying  out  research  unde 
the  direction  of  the  Professor. 

The  Degree  of  D.  Litt.  Celt.  is  obtainable  five  vears  after  the 
primary  Degree  B.A.  on  original  published  work. 

The  Celtic  Faculty  of  the  Collège  comprises  the  following  ; 
Professor  O'Maille,  M.A.  (Manchester),  Ph.D.  (Freiburg  iBr.)  ; 
Professor  Trench,  M. A.  (Dublin);  Dr.  MacEnri,  M.A.,  M.D, 
(Dubhn). 

The  Collège  is  situated  in  an  Irish-speaking  area  and  Irish  is 
the  language  of  the  market  place.  Galway  is  the  centre  of  a  very 
picturesque  district. 


Chronique.  381 

For  further  information  and  détails  of  the  Courses  of  Lectures 
apply  to 

PROFESSOR  O'MAILLE,  M. A.,  PH.D., 

Professer  of  Irish  and  Dean  ot  the  Faculty  of  Celtic,  Univer- 
sity  Collège,  Galway;  or 

PROFESSOR  PYE.  M.D.,  D.SC, 
Registrar,  University  Collège,  Galway,  Ireland. 

VII 
SCHOOL  OF  IRISH  LEARNING 

122  St.  Stephen's  Green,  Dublin. 

Director  : 

Professor  Kuno  Meyer,  Ph.  D. 

Course  on 

Old-and  Middle-Irish  Poetry  axd  Metrics 

September  ié-27,  1912 
Monda3's,  Tuesdays,  Thursdays,  and  Fridays. 
Professor  Kuno  Meyer  will  give  on  the  above  dates  a  Course  of 
Lectures  introductory  to  the  Study  of  Old  and  Middie-Irish  Poe- 
try and  Metrics.  The  text-books  used  will  be  ihe  lecturer's  Primer 
of  Irish  Metrics  and  Sélections  from  Early  Irish  Poetry  (School  of 
Irish  Learning). 

The  lectures  will  take   place   in  the   afternoon  from  5  to  6.30 
o'clock. 

Fées  :  10  s.  the  Course,  payable   in  advance  to  J.  G.  O'Keefie, 
Hon.  Treasurer. 

Intending  students  should  communicate  beforehand  with 

R.  I.  Best 


Hon.  Secrttary. 


vni 


La  dixième  session  de  1'  «  École  d'été  »  (Ysgol  Hat)  de  la  Wclsh 
Language  Society  (Cymdeithas  yr  iaith  Gymraeg)  se  tiendra  cette 
année  à  Aberystwyth  du  29  juillet  au  10  août,  comprenant,  comme 
les  précédentes,  des  cours  élémentaires,  moyens  et  supérieurs.  Le 
droit  d'accès  aux  cours  est  de  15  shillings  (8  pour  une  seule 
semaine). 

Revue  Celtique,  XXXIII.  25 


382  Chronique. 

Dans  la  liste  du  personnel  enseignant,  nous  retrouvons  les  noms 
de  sir  Edward  Anwyl,  du  Prof.  J,  E.  Lloyd,  du  Rev.  H.  Elvet 
Lewis,  de  MM.  S.  J.  Evans,  Howell  T.  Evans  et  W.  J.  Griffiths, 
qui  traiteront,  comme  précédemment,  de  grammaire,  de  littérature 
et  d'histoire.  A  ces  noms  se  joignent  cette  année  ceux  de  sir  Mer- 
chant  Williams,  président  de  la  Welsh  Language  Societ}',  du  Prof. 
T.  Powell,  de  Cardiff,  de  M.  D.  Samuel,  principal  de  la  County 
School  d'Aberyst^^•}'th,  de  M.  Morgan  Watkin,  fellow  de  l'Univer- 
té  de  Galles. 

Le  secrétaire  de  la  Société  est  toujours  M.  D.  James  (Defynnog) 
à  Treherbert,  auquel  il  faut  s'adresser  pour  tout  renseignement. 

IX 

Miss  Mary  \\'illiams,  qui  possède,  comme  on  sait,  le  doctorat 
de  l'Université  de  Paris,  a  été  nommée  le  20  juin  19 12  assistant 
lecturer  in  French  à  Victoria  University,  Manchester.  Nous  félici- 
tons notre  collaboratrice  de  ce  succès  et  nous  espérons  qu'en  un 
centre  gallois  comme  «  Manceinion  »  elle  trouvera  le  loisir  de 
travailler  encore  à  nos  études. 

X 

Nous  avons  reçu  l'ouvrage  suivant  dont  il  sera  prochainement 
rendu  compte  ; 

Cûirt  ail  Mheadhou  Oidhche,  Bryak  Mérrymax  cet.  Riséard 
O'Foghludha  .i.  Fiachra  Éilgeach  dochuir  in  eagar  (Le  Tribunal 
de  Minuit,  composé  par  Brian  Merriman,  édité  par  Richard 
O'Foghludha,  dit  Fiachra  Eilgeach).  Dublin,  Hodges,  Figgis  and 
Go.  1912.  X-185  p.  8°.  10  s.  6  d. 

J.  Vexdryes. 


_t: 


PÉRIODiaUES 


Sommaire. —  I.  Journal  des  Savants. —  II.  Abhaudlungen  der  kôn.  preuss. 
Akademie  der  Wissenschaften.  — ■  III.  Sitzungsberichte  der  kôn.  preuss. 
Akademie  der  Wissenschaften. —  IV.  Zeitschrift  fur  vergleichende  Spracli- 
forschung.  — V.  Indogermanische  Forschuugen.  — VI.  Proceedings  of 
the  Royal  Irish  Academy.  —  VII.  Archiv  fur  slavische  Philologie.  — 
VIII.  The  Celtic  Review.  —  IX.  Gadelica.  —  X.  Mannus.  —  XL  Zeit- 
schrift fur  Ethnologie. —  XII.  Revue  Préhistorique  de  l'Est  de  la  France. 
—  XIII.  Pro  Alesia.  — •  XIV.  Korrespondenzblatt  der  deutschen  Gesell- 
schaft  fur  Anthropologie.  — -  XV.  Boletin  de  la  Real  Academia  de  la 
Historia.  —  XVI.  Transactions  of  the  Honourable  Society  of  Cymm- 
rodorion. 


I 


M.  J.  Loth  a  dotiné  au  Journal  des  Savants  (septembre  191 1, 
p.  403-414)  un  article  sur/e  Sort  et  récriture  che\  les  anciens  Celtes. 
Il  montre  d'abord  le  rôle  important  qu'a  joué  le  bois  dans  l'un 
comme  dans  l'autre.  Les  Celtes  consultaient  le  sort  avec  des  mor- 
ceaux de  bois  ;  leur  langue  a  conservé  plusieurs  traces  de  cette 
ancienne  pratique.  Ainsi  crann-chur  «  lancement  du  bois  >■>  désigne 
le  sort  en  irlandais,  et  de  même  en  gallois  coel-hren,  m.  à  m. 
«  bois  à  pronostic  »  ;  blaen-hren  «  e.xcellent  bois  »  désigne  la  chance 
dans  un  passage  du  songe  de  Rhonabwy  ÇRed  Book,  I,  145,  22),  et 
cocrann  traduit  consors  dans  le  manuscrit  de  Milan,  37  b  13.  D'autre 
part,  c'est  également  sur  bois  que  les  Celtes  gravèrent  les  premiers 
signes  d'écriture,  signes  conventionnels  et  mystérieux,  à  la  façon 
des  runes  germaniques.  L'ogham  dut  être  une  écriture  sur  bois 
avant  de  s'allonger  au  flanc  des  pierres.  De  nombreux  mots  rap- 
pellent cette  origine.  Le  nom  indigène  de  la  «  lettre  »  est  en  irlan- 
dais fid  qui  signifie  «  bois  »  ;  la  ligne  centrale  de  l'écriture  ogha- 
mique  porte  le  nom  de  flesc  «  tige,  baguette  »  ;  l'ogham  écrit  s'ap- 
pelle oghani  craobh    «   ogham  en  branche  »  ;    toeb  omna  «  côté  du 


384  Périodiques. 

chêne  »  désigne  la  «  consonne  »,  et  nin  «  la  lettre  »  (particulière- 
ment la  lettre  n)  signifie  proprement  «  frêne  ».  On  peut  ajouter 
que  dans  le  glossaire  d'O'Davoren  (Arch.  f.  Celt.  Lex.,  II,  424)  la 
même  lettre  nin  est  qualifiée  de  fren  oghuiiii,  qu'il  faut  vraisembla- 
blement corriger  en  frein  oghuim  «.  racine  dogham  ». 

L'écriture  chez  les  Celtes  consista  donc  d'abord  en  traits  et 
entailles  sur  bois  ;  mais  ces  traits  et  ces  entailles  avaient  aussi  une 
valeur  magique,  servaient  à  la  divination,  au  sort,  aux  incanta- 
tions. Cette  double  valeur  est  probablement  fort  ancienne.  M.  Loth 
est  tenté  d'en  faire  remonter  l'origine  à  une  époque  extrêmement 
reculée,  à  l'époque  paléolithique.  Il  y  a  certaine  ressemblance 
entre  l'écriture  oghamique  et  les  signes  gravés  sur  des  objets  en  os 
de  l'époque  magdalénienne.  On  observe  des  caractères  qui  rap- 
pellent l'ogham  sur  une  ardoise  trouvée  dans  un  monument  méga- 
lithique de  l'ile  de  Groix,  sur  la  paroi  intérieure  du  premier  dol- 
men de  Mané-Kérioned,  etc. 

Cela  n'empêche  pas,  bien  entendu,  que  les  philologues  sont 
dans  le  vrai,  qui  voient  dans  l'alphabet  dit  oghamique,  comme 
dans  l'alphabet  runique  d'ailleurs,  un  calque  de  l'alphabet  latin . 

M.  Loth  rappelle  au  cours  de  son  article  (p.  411)  le  nom  du  jeu 
d'échecs  en  celtique  (jr\.  fid-cheU,  gM.  giuydd-bwyll  soit  «  intelli- 
gence du  bois  »)  et  l'épisode  des  pions  animés  dans  le  roman  gal- 
lois de  Peredur  (R.  B~,  I,  240,7).  P.  407,  il  propose  une  heureuse 
étymologie  du  mot  gallois  cyiuydd  «  mesure  »  qui  sortirait  de  *com- 
luidii-  (ii'idu-  «  bois  »)  et  serait  par  suite  l'exact  équivalent  de  l'ir- 
landais ciihaid  «  harmonie  »  (Thurneysen,  Hdh.,  I,  p.  211,  457). 


II 

Les  Abhakdlungen  der  kôxigl.  preuss.  Akademie  der  Wis- 
SENSCHAFTEN  de  l'année  19 12  contiennent  un  nouvel  article  pos- 
thume de  Heinrich  Zimmer,  édité  comme  les  précédents  par  les 
soins  de  M.  Kuno  Meyer.  Il  est  intitulé  :  Aiif  welchem  Wegekamen 
die  Goidelen  vom  Kontinent  nach  Irland?  et  devait  faire  partie,  nous 
dit  une  note  de  l'éditeur,  d'un  grand  ouvrage  que  projetait  le 
regretté  savant  sous  le  titre  :  Ans  der  Celtic  Fringe,  Forschungen  \ur 
Geschichte  der  Inselkeltcn  im  Altertum,  Miitelalter  iind  Neii\eit.  Les 
longs  articles  de  Zimmer  publiés  précédemment  par  l'Académie  de 
Berlin  se  rapportaient,  comme  on  sait,  au  même  projet. 

Dans  celui-ci,  Zimmer  combat  une  doctrine  et  corrige  une  carte. 
L  a  carte  est  de  sir  John   Rhys  et  figure  dans  les  diverses  éditions 


Périodiques.  385 

de  son  livre  bien  connu,  The  Celtic  Brilairi .  C'est  la  carte  de  la 
Grande-Bretagne  à  l'époque  de  l'occupation  romaine..  Elle  est 
en  trois  couleurs,  qui  représentent  respectivement  le  domaine 
des  Pietés  (aborij,^éncs  préceltiques  suivant  l'auteur),  des  Goidels 
et  des  Bretons.  Le  domaine  picte  est  au  Nord,  au-dessus  d'une 
ligne  qui  relierait  le  Firth  of  Clyde  au  Firth  of  Forth,  mais 
avec  des  prolongements  jusqu'à  Carlisle  et  Newcastle.  Le  domaine 
goidélique  comprend  quatre  régions  :  le  Sud-Ouest  de  l'Ecosse  à 
g.  d'une  ligne  qui  relierait  GlasgoM^  à  Lancaster;  les  pointes 
Nord-Ouest  et  Sud-Ouest  du  Pays  de  Galles,  enfin  le  Cornwall, 
avec  les  comtés  actuels  de  Devon,  de  Somerset  et  de  Dorset.  Le 
domaine  britonnique  comprend  le  reste.  C'est-à-dire  qu'à  l'époque 
de  l'occupation  romaine  la  position  respective  des  Goidels  et  des 
Bretons  aurait  été  à  peu  près  la  même  que  celle  des  Anglo-Saxons 
et  des  Bretons  cinq  ou  six  siècles  plus  tard,  après  les  batailles  de 
Deorham  (578)  et  de  Chester  (616)  ;  il  y  aurait  eu  transposition  : 
les  Bretons  auraient  pris  la  place  des  Goidels  et  les  Anglo-Saxons 
des  Bretons.  Cette  hypothèse  est  favorable  à  la  doctrine,  enseignée 
notamment  par  sir  John  Rhys  et  par  d'Arbois  de  Jubainville,  sui- 
vant laquelle  les  Goidels  après  avoir  quitté  le  continent  et  avant 
d'aller  conquérir  l'Irlande,  auraient  occupé  la  Grande-Bretagne.  La 
carte  s'accorde  ainsi  avec  la  doctrine,  mais  remarquons  bien  qu'elle 
n'en  est  pas  l'expression  nécessaire.  La  position  respective  des  Goi- 
dels et  des  Bretons  au  premier  siècle  de  notre  ère  ne  dépend  pas 
nécessairement  du  chemin  qu'ont  pris  les  Goidels  pour  gagner  l'Ir- 
lande. Ce  sont  là  deux  questions  différentes  et  indépendantes  ;  au 
point  de  vue  de  la  saine  méthode,  on  pourrait  reprocher  à  Zimmer 
de  les  confondre. 

La  carte  elle-même  ne  peut  se  défendre.  Zimmer  la  critique  avec 
âpreté  et  la  bouleverse  du  haut  en  bas.  Il  a  le  tort  de  donner  à  sa 
réfutation  une  allure  de  triomphe;  le  triomphe  est  trop  facile,  et 
un  peu  bruyant,  à  notre  goût.  Il  est  certain  qu'au  premier  siècle  de 
notre  ère,  lors  de  l'occupation  romaine,  les  parties  de  la  Bretagne 
que  sir  John  Rhys  attribue  aux  Goidels  étaient  occupées  par  des 
Bretons.  Nous  connaissons  les  noms  de  ces  Bretons  :  c'étaient  les 
Dumnonii  et  les  Cornovii  (que  l'on  retrouve  plus  tard  dans  la  Bre- 
tagne trançaise)  ;  c'étaient  les  Silures,  les  Demetae,  les  Ordovices  ; 
c'étaient,  dans  le  Cantire  actuel,  les  Epidii  ('EttîSiov  axoov  chez 
Ptolémée),  dont  le  nom  seul  atteste  le  caractère  brittonique,  même 
s'il  n'est  pas,  comme  le  \  eut  Zimmer,  l'équivalent  de  l'irlandais 
Eochaid.  Tous  ces  peuples  étaient  des  Bretons  :  le  témoignage  des 
historiens,  et  notamment  celui  de   Tacite,  que  Zimmer  invoque. 


386  Périodiques, 

est  là  pour  le  prouver.  L'île  de  Man  même  aurait  été  bretonne  à 
cette  époque.  Zimmer  rapproche  de  son  nom  gallois  Manaiu 
(Manau  chez  Nennius)  le  Manaii  Guoiodiii  des  Bretons  du  Nord,  le 
Moniu,  plus  tard  Miuiii  (auj.  Myuxii'  en  Saint-Davids)  dans  l'an- 
cienne Demetia,  et  enfin  le  nom  du  Monmouth  actuel  (gall. 
Mynwy')  dans  l'ancien  pays  des  Silures'.  La  présence  des  Menapii 
en  Irlande  au  témoignage  de  Ptolémée  (Mavx-r/  ttôXiç)  prouve 
même  que  les  Bretons  s'étaient  étendus  à  l'Ouest  au-delà  du  Canal 
Saint-Georges  et  suppose  par  conséquent  qu'ils  détenaient  les  deux 
pointes  occidentales  du  pays  de  Galles.  C'est  d'une  logique  pres- 
sante et  irréfutable. 

D'autre  part,  nous  connaissons  par  Nennius  les  rapports  des  Goi- 
dels,  des  Pietés  et  des  Bretons  antérieurement  au  vii<=  siècle.  Les 
deux  premiers  se  mirent  souvent  d'accord  pour  combattre  les  troi- 
sièmes. C'est  que  les  Goidels  avaient  fait  en  Bretagne  les  mêmes 
incursions  que  les  Bretons  en  Irlande;  ils  s'y  étaient  même  établis. 
Les  fils  d'un  Goidel  nommé  Lethan  occupèrent  pendant  un  temps 
la  région  de  Demetia  qui  s'appelait  Guir  Cetgueli  (auj.  Giuyr  et 
Kediueli  sur  les  confins  des  comtés  de  Carmarthen  et  de  Glamor- 
gan)  ;  ils  en  furent  expulsés  par  un  Breton  de  Manau  Guotodin,  le 
célèbre  Cunedda.  La  presqu'île  du  Carnarvonshire  porte  aujour- 
d'hui encore  le  nom  de  Lleyn  ;  ce  mot  est  l'équivalent  de  l'irlan- 
dais Laigin  «  les  habitants  de  Leinster  »,  et  rappelle  certainement 
des  établissements  de  Goidels  au  Nord-Ouest  du  pays  de  Galles 
actuel  ;  mais  ces  établissements  sont  bien  postérieurs  aux  début  de 
l'occupation  romaine.  C'est  par  eux  qu'il  faut  expliquer  la  présence 
en  Cornwall  et  en  Galles  d'inscriptions  en  écriture  oghamique  ;  ces 
inscriptions  ne  remontent  guère  plus  haut  que  le  vi^  siècle.  De 
cette  époque  date  sans  doute  aussi  l'occupation  définitive  de  l'île 
de  Man  par  des  populations  goidéliques.  Les  Goidels,  à  partir  du 
v^  siècle,  vinrent  fréquemment  en  Grande-Bretagne,  se  mêlèrent  à 
la  population  brittonique  et  même  entrèrent  comme  mercenaires 
au  service  de  l'empire.  Avec  les  armées  romaines,  ils  passèrent 
parfois  en  Gaule  où,  sous  le  nom  de  Scotti  et  de  Atecotti,  les  écri- 
vains latins  les  mentionnent,  généralement  pour  flétrir  leurs  atro- 
cités. Il  y  a  trace  de  ces  expéditions  dans  les  textes  irlandais  ; 
témoin  le  curieux  récit  du  Lebor  na  h-Uidre  (f°  38a),  que  cite 
Zimmer,  où  il  est  question  d'une  expédition  de  Dathi,  fils  de 
Fiachra  (et  neveu  de  Niall    aux   Neuf  Otages)    jusqu'aux  Alpes  ^ . 

1.  Sur  les  noms  de  l'île  de  Man,  voir  J.  Loth,  Mcni.  Soc.  Lino-.,  VI,  jo. 

2.  Par  une    correction     toute   simple,    mais    fort    heureuse,    Zimmer 


PérioiJiqnes.  387 

D'après  la  chronologie  irlandaise,  celle-ci  aurait  eu  lieu  entre 
375  et  425  et  coïncide  justement  avec  le  soulèvement  des 
usurpateurs  bretons  Maxime  (tué  en  388)  et  Constantin  (tué  en 
412)  en  Gaule.  Peu  après  commencèrent  les  exodes  de  religieux 
irlandais  sur  le  continent,  dans  les  forêts  des  Vosges,  dans  les  val- 
lées solitaires  des  Alpes,  où  les  poussait  un  besoin  d'ascétisme.  Le 
plus  célèbre  d'entre  eux,  saint  Colomban,  fournit  à  Zimmer  une 
conclusion  à  son  article  en  le  ramenant  à  la  question  que  pose  !e 
titre. 

Lorsqu'à  l'instigation  de  sa  grand'mére  Brunehaut,  Thierry  II, 
roi  de  Bourgogne,  chassa  Colomban  de  Luxeuil  pour  le  renvoyer  en 
Irlande,  le  moine  irlandais  traversa  la  France  de  l'Est  à  l'Ouest  pour 
aller  s'embarquer  à  Nantes,  et  de  là  gagner  l'Irlande  directement 
sans  passer  parla  Grande-Bretagne.  Telle  aurait  été  suivant  Zimmer 
la  voie  ordinaire  de  tout  temps  suivie  par  ceux  qui  voulaient  aller 
du  continent  en  Irlande.  C'est  cette  voie  que  les  Goidels  auraient 
jadis  prise  aussi,  lorsqu'ils  firent  la  conquête  de  l'Irlande  antérieu- 
rement à  l'ère  chrétienne.  Les  Celtes  auraient  ainsi  pris  les  Iles 
Britanniques  comme  dans  un  étau,  dont  les  Goidels  formeraient  la 
branche  de  gauche  et  les  Bretons  celle  de  droite.  Il  est  possible. 
Mais,  comme  d'Arbois  de  Jubainville  l'a  fait  remarquer  (Rev.  Celt., 
XXX,  212),  rien  n'empêche  de  croire  que  les  deux  routes  d'Ir- 
lande —  celle  par  l'Angleterre  et  la  route  directe  par  mer  en  par- 
tant d'un  port  continental  sur  l'Océan  —  aient  été  de  tout  temps 
connues  et  suivies.  Quelle  que  soit  la  justesse  des  critiques  adres- 
sées par  Zimmer  à  la  carte  de  sir  John  Rhys,  il  ne  nous  paraît  pas 
apporter  les  arguments  décisifs  pour  détruire  la  doctrine  tradi- 
tionnelle. Le  seul  fait  sûr  est  qu'à  l'époque  de  l'arrivée  des 
Romains,  les  Bretons  occupaient  toute  l'Angleterre  actuelle,  y 
compris  le  Pays  de  Galles.  A  cette  même  époque  les  Goidels  occu- 
paient l'Irlande.  Par  quelle  voie  y  étaient-ils  venus  ?  Ni  l'histoire 
ni  la  linguistique  ne  permettent,  croyons-nous,  de  le  décider  sûre- 
ment. C'est  à  l'archéologie  qu'appartient  ici  le  dernier  mot.  Mais 
Zimmer  ne  le  lui  a  pas  demandé. 

III 
M.  Kuno  Meyera  donné  aux  Sitzukgsberichte  der  kon.  preus- 

SISCHEN     AkADEMIE     DER    WlSSEXSCHAFTEX    (t.     XXV,     p.      436-443) 

retrouve  dans  ce  récit  le  nom  de  Pharamond  roi  de  France  (p.  43,  n.  i)  ; 
le  texte  irlandais  porte  Foniienns  ri  Tracta. 


388  Périodiques. 

une  jolie  étude  sur  un  poème  moyen-irlandais  relatif  à  saint  Bren- 
dan.  Parmi  les  saints  d'Irlande,  saint  Brendan  occupe  une  place  à 
part  ;  c'est  un  voyageur,  mieux  encore  un  navigateur,  dont  les 
aventures  sur  mer  font  pendant  à  celles  de  Bran,  le  héros  païen 
(voir  notamment  Gust.  Schirmer,  Zui-  Breiidanusïegende,  diss., 
Leipzig,  1888  et  Zimmtr,  Brendan' s  Meerjahrt,  Z.  f.deuîsches  Alter- 
ium,  XXXIII  [1889],  cahiers  2,  3  et  4).  On  pensait  jusqu'ici  que  le 
plus  ancien  texte  en  langue  vulgaire  relatif  à  saint  Brendan  était  un 
poème  anglo-normand  composé  vers  l'an  11 20,  lequel  a  pour  base, 
comme  l'a  montré  M.  Plummer  (Z. /.  Celt.  PhiL,  V,  124  et 
suiv.),  une  vie  latine  du  saint.  Il  faut  abandonner  cette  opinion. 
Le  poème  irlandais  que  publie  M.  Kuno  Meyer  est  tiré  du  Book 
ofLeinster  (f°s  36e  et  369),  manuscrit  copié  vers  iiéo,  mais  repré- 
sente un  état  linguistique  de  cent  ans  environ  plus  ancien.  C'est 
au  xi^  siècle  qu'a  dû  être  composé  ce  poème,  qui  faisait  vraisem- 
blablement partie  d'une  vie,  aujourd'hui  perdue.  Il  comprend  neuf 
quatrains  du  mètre  dit  raiiiiaigecht  chetharchuhaid  recomarcach.  La 
donnée  en  est  fort  simple  :  c'est  une  bienvenue  adressée  au  saint 
par  un  inconnu,  soit  dans  une  rencontre  au  cours  d'un  voyage 
soit  au  retour  du  saint  dans  sa  patrie.  Les  principales  étapes  de 
Brendan  y  sont  mentionnées,  même  les  plus  légendaires  :  la  Bre- 
tagne armoricaine,  avec  Gildas,  Tours,  à  cause  de  saint  Martin, 
Rome,  la  Grèce,  la  Palestine,  et  jusqu'à  l'Inde.  Le  texte  mentionne 
en  effet,  l'île  de  Taprofane,  à  laquelle  l'arbre  du  soleil  sert  de 
pilier  (dianid  âge  crand gréne);  cette  île  estCeylan. 

Le  texte  du  poème  présente  quelques  difficultés,  qui  tiennent 
pour  une  part  à  l'état  du  manuscrit,  illisible  à  certains  endroits. 
M.  K.  Meyer  a  dû  çà  et  là  laisser  des  blancs  dans  sa  transcription. 
De  l'ensemble,  il  fournit,  comme  toujours,  une  interprétation  à  la 
fois  élégante  et  solide.  De  savantes  notes  justifient  et  complètent 
la  traduction.  A  signaler,  le  nom.  plur.  iraigthe  «  les  pieds  »  au 
lieu  du  V.  irlandais  traigid;  la  2^  pers.  sg.  du  prétérit  dochùadais  à 
côté  de  dochnad  «  tu  es  allé  a,  c'est-à-dire  côte  à  côte  la  forme 
nouvelle  (de  prétérit  sigmatique)  et  la  forme  ancienne  (de  prétérit 
radical);  la  2*=  pers.  sg.  ropsat  «  tu  as  été  »  du  prétérit  du  verbe 
copule,  qui  est  également  caractéristique  du  moyen-irlandais  (cf. 
P.  H.,  1.  3099),  bien  qu'elle  figure  déjà  dans  le  SaJtair  un  Ranii, 
1318  {jiàrhsat'),  3574(ro[p].fa/)  ;  cf.   nirsat,  L.  L.  54a  11. 


Périodiques.  389 


IV 

Dans  le  tome  XLV  de  la  Zeitschrift  fur  vergleichende 
Sprachforschung  (i'-''  cahier,  p.  72  et  suiv.),  notre  collaborateur, 
M.  J.  Pokorny,  a  publié  trois  articles  : 

1°  gallois  cinvr,  irlandais  cÇa)ur.  car.  En  face  du  gallois  caïur 
«  géant  »  (cf.  gaulois  Kauapoç,  Cavarillus),  l'irlandais  possède  deux 
mots  différents  :  car  (de  *  côar\  gén.  côrad  «  héros  »  (Fél.  Prol., 
65,  167),  qui  est  régulièrement  issu  d'un  primitif  *  a/îc/^ro-  et  doit 
sa  flexion  à  l'analogie  des  thèmes  à  dentale  eirr,  cing,  mil,  niae;  et 
d'autre  part  caur,  cur,  qui  est  un  emprunt  au  brittonique.  L'em- 
prunt caiir  a  passé  à  cur,  comme  Caiilaiin  à  Culann  (de  Calimos), 
maug-  à  miig  (ogam  Magu),  laubair  à  liibair  (empr.  lat.  lahor),  etc. 
M.  Pokorny  explique  de  même  le  mot  lau,  lu  «.  petit  »  comme  un 
emprunt  au  brittonique  (v.  Rev.  Celt.,  XXXII,  202  et  213). 

2°  tûare  «  nourriture  »  (formes  plus  anciennes  tore  et  toure) 
sortirait  de  *to-griyâ-  ;  cf.  skr.  giràti  «  il  avale  »,  garàlna  boisson  », 
gr.  popà,  lat.  iiorâre,  lit.  giria  ce  boisson  »,  etc. 

Enfin,  3°,  continuant  ses  Beitrâge  \ur  irischen  Grammatik, 
M.  Pokorny  étudie,  p.  77-82,  iiV  Verschiedeufarbigkeit  von  Konsouaii- 
tengruppcu  innerhalh  des  einheitUchen  Wortes.  Il  s'agit  du  groupe 
cht,  dont  on  enseigne  d'ordinaire  qu'il  est  rebelle  à  la  palatalisation 
(v.  Pedersen,  Vgl .  Gr.,  I,  349;  Thurneysen,  Hdh.,  I,  99), et  cela 
aussi  bien  à  l'intérieur  qu'à  la  finale.  Dans  ce  dernier  cas,  quand 
une  ancienne  terminaison  palatale  était  tombée  à  la  fin  du  mot, 
M.  Pokorny  soutient  que  le  /  du  groupe  cht  conservait  la  position 
palatale.  Il  en  voit  la  preuve  dans  quelques  faits  de  graphie  du 
vieil-irlandais  :  hoicht  Ml.  31  c  i  (et  27  d  7,  avec  Vi  au-dessus  delà 
ligne),  nochit  Wb.  iic  18  avec  1'/  au-dessous  de  1'/.;  (les  éditeurs 
du  Thésaurus  lisent  à  tort  nochtchtnvî).  La  prononciation  moderne 
justifie,  paraît-il,  l'intéressante  hypothèse  de  M.  Pokorny. 

V 

Dans  les  Indogermanische  Forschungen,  t.  XXX  (3*^  0.14^  ca- 
hiers), nous  relevons,  p.  225  et  suiv.,  un  travail  de  M.  H.  Hessen 
sur  die  konsonantische  Flexion  in  den  Mailànder  Glosscu.  C'est  un 
répertoire  de  tous  les  mots  à  thème  consonantique  attestés  dans  le 
manuscrit  vieil-irlandais  de  Milan.  L'auteur  les  a  classés  d'après  la 
consonne  finale  du  thème  ;  cette  classification  est  empruntée  au 


390  Périodiques. 

Handhucb  de  M.  Thurneysen,  p.  192  et  suiv.  Comme  collection 
lexicographique,  le  répertoire  sera  utile.  A  trois  endroits  seule- 
ment, M.  Hessen  a  dégagé  de  ses  statistiques  une  conclusion  ; 
c'est  à  propos  du  datif-accusatif  singulier  des  mots  en  -tu  (gén. 
-tad),  en  -tiu  (gén.  -ten)  et  du  datif  singulier  des  neutres  en  -m 
(gén.  -e).  En  ce  qui  concerne  les  premiers,  il  établit,  p.  230, 
qu'au  datif,  la  forme  en  -tu  est  régulière  dans  Wb.,  tandis  que 
dans  Ml.  la  forme  en  -/a/d  est  deux  fois  plus  fréquente  et  le  devient 
davantage  encore  dans  Sg.  ;  à  l'accusatif,  c'est  la  forme  en  -taid 
qui  est  la  plus  fréquente  dans  Wb.  et  dans  Ml.,  la  seule  même 
attestée  dans  Sg.  Pour  les  mots  en  -tiu  (p.  236),  l'accusatif  est 
généralement  en  -in  dans  les  trois  manuscrits  ;  le  datif  est  dans 
Wb.  plus  souvent  en  -e  qu'en  -iu  ou  en  -in,  dans  Ml.  plus  sou- 
vent en  -iu  qu'en  -in  et  en  -in  qu'en  -e,  dans  Sg.  plus  souvent  en 
-in  qu'en  -e,  une  seule  fois  en  -///.Enfin,  les  trois  manuscrits  s'ac- 
cordent en  ce  qui  concerne  le  datif  singulier  des  neutres  en  -/;/ 
(p.  241),  qui  présente  partout  la  forme  longue  {rnadmaini^  beau- 
coup plus  souvent  que  la  forme  courte  (^inaidni). 

Dans  le  même  périodique,  p.  145  et  suiv.,  M.  Kieckers  étudie 
die  Stellung  der  Verha  des  Sagens  in  Schaltesâtxen  im  Griechiscben 
und  in  den  venuandten  Sprachen.  Quelques  alinéas  sont  consacrés  à 
l'irlandais  (p.  180  et  s.),  ce  qui  est  beaucoup,  puisque  le  verbe 
«  dire  »,  qu'il  ait  la  forme  ol,  ai',  or,  for  ou  hnr,  se  place  toujours, 
comme  tous  les  autres  verbe!',  avant  son  sujet.  Il  y  avait  peut-être 
lieu  de  signaler  que  l'irlandais  olsé  «  dit-il  »joue  exactement  le  rôle 
de  la  particule  iti  en  sanskrit  ou  des  guillemets  dans  nos  langues 
modernes,  en  ce  qu'il  s'introduit  dans  les  phrases  du  style  direct, 
même  quand  celles-ci  sont  précédées  d'un  verbe  déclaratif;  type  : 
isand  ashert  :  Ni  thô,  ohe  «  c'est  alors  qu'il  dit  :  Non,  dit-il  ».  Ce 
tour  est  constant  en  moyen-irlandais. 


VI 

Les  Proceedixgs  of  the  Royal  Irish  Academy,  vol.  XXX,  sec- 
tion C,  n°  I,  publient  p.  i-ii,la  deuxième  partie  de  l'enquête 
poursuivie  par  M.  Mario  Esposito  sur  les  Hiherno-latin  manuscripts 
iu  the  lihraries  of  Siuitierland  (v.  Revue  Celtique,  t.  XXXII,  p. 
118). 

Les  bibliothèques  dont  il  est  question  cette  fois  sont  les  biblio- 
thèques municipales  de  Zurich  et  de  Berne.  A  la  bibliothèque  muni- 
cipale de  Zurich,  M.  Esposito  a  trouvé  seulement  trois  manuscrits 


Périodiques.  391 

hiberno-latins  (C  68,  C  78  et  C  99),  qui  remontent  tous  trois  au 
ix"-"  siècle.  La  bibliothèque  de  Berne,  une  des  plus  riches  de  Suisse 
en  manuscrits,  lui  en  a  fourni  onze  (n°^  19,  123,  167,  172,  212, 
258,  265,  563,  510,  517,  582),  parmi  lesquels  ilfaut  mettre  à  part 
le  n"  363,  bien  connu  des  celtistcs  par  les  gloses  en  vieil-irlandais 
qu'il  contient. 

Vil 

Dans  I'Archiv  fur  slavische  Philologie,  t.  XXXIII,  p.  51-99, 
M.  A.  Schachmatov  reprend  en  allemand  une  partie  des  théories 
qu'il  a  développées  en  russe  dans  l'article  des  Mémoires  de  l'Aca- 
démie de  Saint-Pétersbourg  dont  la  Revue  Celtique  a  parlé,  t.  XXXII, 
p.  504.  Mais  cette  fois  il  laisse  de  côté  les  Finnois,  pour  ne  s'occuper 
que  des  «  plus   anciens    rapports  entre  les  Slaves  et  les  Celtes  ». 

Il  rappelle  d'abord  l'extension  des  populations  celtiques  dans  le 
centre  et  le  Sud-Est  de  l'Europe,  le  nom  de  la  Bohême,  Boiohaemum 
et  celui  des  BziTrAayoa  dans  la  Bessarabie  actuelle,  avec  la  ville 
d"AX'.oript;,  les  noms  de  villes  Nouioduuum ,  auj.  Isaccea  sur  le 
Danube,  dans  la  Dobrogea,  et  Carrodunumzu].  à  la  foisKrappitz  sur 
l'Oder  en  Silésie,  Karnbergprès  Wasserburg,  en  Bavière,  et  Pitomaca 
en  Slavonie.  Tous  ces  faits  sont  bien  connus.  Il  y  a  joint  les  suivants 
qui  sont  nouveaux  et  qui  n'offrent  pas  les  mêmes  garanties  :  l'Oder 
aurait  un  nom  celtique  (irl.  odhar  «  gris  brun  »)  ;  de  même  la 
Wiede,  affluent  de  l'Oder,  et  la  Wied,  affluent  du  Rhin,  l'Osobloga, 
affluent  de  l'Oder  (cf.  irl.  boîg  «  sac  »  proprement  «  gonflé  »  ?), 
laLatorica  dans  le  bassin  de  laTheiss(cf.  Latara,  nom  de  lieu  en 
Gaule),  la  Bodva,  affluent  de  la  Theiss  (cf.  irl.  Bodb,  déesse  de  la 
guerre).  Voilà  des  rapprochements  bien  problématiques  et  qui  dès 
le  début  mettent  le  lecteur  en  défiance. 

La  suite  n'est  pas  moins  inquiétante.  Passons  sur  Lidentification 
du  nom  des  Vendes  de  la  Baltique  et  des  Vénétes  de  la  Bretagne 
armoricaine,  dont  nous  avons  déjà  parlé.  M.  Schachmatov  sait 
même  la  place  qu'occupait  le  ton  indo-européen  dans  le  nom  des 
Veueti  ;  c'était  l'initiale,  et  par  là  s'expliquent  les  formes  du  nom  des 
Vendes,  v.  h.  a.  Wiuidà,  v.  isl.  Vindir,  d'un  prégerm.  *Vinidôi.  Il 
énumère  ensuite  une  série  de  noms  géographiques  du  bassin  de  la 
Vistule,quilui  paraissent  d'origine  celtique,  à  commencer  par  le  notn 
du  fleuve  lui-même,  F/V/rt,  formé  d'une  racine  ^veis-K  couler  »  et  du 
suffixe  d'instrument  -tlo-;  soit  un  celtique  Vîsilâ, devenu  Vlslâ  chez 
les  Germains  et  chez  les  Slaves.  Cette  doctrine  est  déjà  consignée 
àzns  \e  Sprachschaii  de  M.  Holder.  Puis,  remontant  vers  le    Nord, 


392  Périodiques. 

M.  Schachmatov  essaie  de  prouver  que  les  Celtes  ont  occupé  les 
provinces  baltiques  ;  il  utilise  le  témoignage  de  Tacite,  qui  dit  des 
Estes  (^Aestii,  cf.  le  nom  des  Aedui),qnibus .  .  .lingua  Briiannicae pro- 
pior  (Germ  . ,  4  5)  ;et  il  dresse  pour  les  bassins  de  la  Duna  et  du  Memel 
le  même  tableau  de  correspondances  celto-slaves  que  pour  le  bassin 
de  la  \'istule  (p.  76  et  suiv.).  Le  nom  que  les  Slaves  donnent  aux 
Germains,  Ncmûci,  représenterait  celui  d'un  peuple  celtique,  les 
Nemetes,  installés  dans  le  bassin  du  Memel  (p.  84)  ;  le  nom  de  la 
Lituanie  serait  de  même  un  nom  celtique,  donné  à  la  côte  orientale 
delà  mer  Baltique  par  les  Vénètes  (cf.  Lefauia  «  l'Armorique  »)  ; 
et  la  ville  de  Riga  tirerait  son  nom  du  gaulois  rlgo-  de  Rigodu- 
iium  ou  Rigoiiuigus,  etc.  etc.  L'établissement  des  Celtes  dans  ces 
régions  aurait  même  laissé  des  traces  dans  le  vocabulaire  com- 
mun des  langues  slaves.  M.  Schachmatov  termine  son  article  en 
donnant  une  liste  demots  du  slave  commun,  empruntés  du  cel- 
tique : 

russe  bojarinù  «  chef  »  ;  cf.  irl.  hô-aire  «  maître  du  bétail,  proprié- 
taire ». 

hraga  «  malt  »  ;  irl.  hrach,  gall,  hrag.  «id  ». 

hykù(.<  bœuf»,  v.  gall.  huch  «  vache  ». 

russe  ohà'kr\{iti  «  tailler  tout  autour  »  ;  irl.  cocrich  «  frontière  ». 

cçtû   dans    cetûchuli    «  TrocoTocTîaOâp'.oç  »  ;  irl.    cet-,    gall.   cynt. 

cigotii  «  TTraOàp'.oç  »  ;  gall.  cig  «  viande  »,  cigydd  '  «  bou- 
cher ». 

russe droga  «  brancard,  timon  »  ;  irl.  droch  «  roue  ». 

jakn  «  fort  »  ;  gall.  iach  «  bien  portant» . 

jahîûko  «  pomme  »  ;  irl .  ahall. 

Tusst  klasti  «  couper,  châtrer  »,  irl.  claidiin  «  je  creuse  ». 

klèti  «  maison  »  ;  irl.  cliath  «  treillis  ». 

kobî  «  charme  »  ;  irl .  cob  «  victoire  » . 

russe  kosira  «  ivraie  »  ;  irl.  cass  «  crépu  ». 

koiia  «  hutte  »  ;  irl.    coit  «  id.  ». 

kotora  «  combat  »  ;  irl.  cotarsna  «  contraire  ». 

I.  M.  Schachmatov  nous  apprend  qu'il  tire  ce  mot  de  Bullet,  Mévtoires 
sur  la  langue  Celtique,  1759,  tome  II.  Singulière  référence,  et  qui  étonnera 
bien  des  celtistes  !  Heureusement,  le  mot  est  mieux  attesté  :  il  figure  dans 
tous  les  dictionnaires  gallois.  Mais  pourquoi  M.  S.  le  fait-il  précéder  de 
l'abréviation  ival .  ?  C'est  sans  doute  aussi  un  emprunt  à  Bullet.  —  Signa- 
lons çàetlà  quelques  erreurs  géographiques  :  p.  61,  M.  S.  parle  du  dépar- 
tement des  «  Bouches  de  Loire  »,  et  p.  80  il  place  en  Allemagne  (heute  im 
Westdeutschland)  la  ville  belge  d'Alost,  située  en  pleine  Flandre  entre  Bru- 
xelles et  Gand! 


Périodiques.  393 

russe  korgil  «  poupe  »  ;  gall.  cwrwg,  irl .  curach  «  sortede  bateau». 

kosulja  «  chemise  »  ;  irl.   cassai  «sorte  de  vêtement  ». 

russe  ludà  «  étain  »  ;  irl.  luaide  a  plomb  ». 

ledina  «  terre  inculte  »  ;  irl.  laiin,  bret.  lann. 

Iclo  «  année  »  ;  irl.  /i//;  «  fête  ». 

*  leska  (tchèque  lisha^  «  noisetier  »  ;  irl .  flesc  «  baguette  » . 

mosti  <f  pouvoir  »  ;  irl .  -magim  «  j 'accrois  » . 

oticï  «  père  »  ;  irl.  aithech  «  maître  de  maison  ». 

sluga  «  serviteur»  ;  irl.  sliiag  «  troupe  ». 

skocifi  «  sauter  »  ;  irl.    -scaigim  «  je  passe  ». 

snadi  «  légèrement,  un  peu  »  ;irl.  -snaidum  «  je  coupe  ». 

stitù  «  bouclier  »;  irl .  sciath  «  id.  ». 

tati  «  voleur  »  ;  irl.    tàid  «  id.  ». 

tèsto  «  pâte  »  ;irl.  tais,  gall.  loes  «  id.  », 

tlukiï  «  traducteur  »  ;  irl.  -iluchur  «je  parle  ». 

valii  «  fossé  »  ;irl./(i/  «  mur». 

vlatïi  (S.  géànX  n  ;  irl.  flàith  «  seigneur». 

Ces  correspondances  de  vocabulaire,  d'ailleurs  rarement  limitées 
au  celtique  et  au  slave,  ont  été  pour  la  plupart  depuis  longtemps 
signalées  ;  maison  a  toujours  considéré  jusqu'ici  qu'elles  remon- 
taient à  l'indo-européen  et  témoignaient  par  suite  seulement  d'une 
parenté  dialectale.  M.  Schachmatov  est  le  premier  qui  les  inter- 
prète par  l'hypothèse  d'un  emprunt.  Cette  hypothèse  ne  nous 
convainc  pas. 

VIII 

Le  numéro  de  juillet  191 1  de  The  Celtic  Review  (vol.  VII, 
n°  26)  contient  le  commencement  d'une  édition  de  la  Gaelic  Version 
ofihe  Thehaid  of  Statius  parle  professeur  Mackinnon  (p.  ioé-122). 
Cette  édition  s'ajoute  utilement  à  celles  qui  ont  été  données  jus- 
qu'ici d'œuvres  irlandaises  inspirées  ou  traduites  des  littératures 
classiques  (voir  Revue  Celtique,  t.  XXXI,  p.  393). 

La  version  gaélique  de  laThébaïde  était  inédite.  Il  y  en  a  une 
copie  complète  dans  le  manuscrit  EgertonijSi  du  British  Muséum, 
p.  173-253  (daté  de  1487),  et  une  autre  dans  le  manuscrit  VIII. 
Kilbride,  n°  IV,  de  l'Advocates'Library  d'Edimbourg  (commen- 
cement du  xv^  siècle).  Enfin,  un  fragment  du  même  texte  est  con- 
servé dans  le  manuscrit  H.  37.  (auj.  1298)  de  la  bibliothèque  de 
Trinity  Collège,  à  Dublin,  p.  457  3-460  b  (daté  de  1479).  Le 
manuscrit  Egerton  et  le  manuscrit  d'Edimbourg  sont  la  reproduc- 
tion presque  identique  d'un  même  original  ;  ils  offrent  jusque  dans 


394  Périodiques. 

l'écriture  les  mêmes  particularités.  M.  Mackinnon  a  pris  comme 
base  le  manuscrit  d'Edimbourg  ;  il  donne  en  note  les  variantes  de 
l'autre  manuscrit. 

Le  récit  gaélique  est  sensiblement  diftérent  de  la  Thébaïde  de 
Stace,  qu'il  suit  d'assez  loin  seulement;  il  est  également  différent 
de  la  version  du  même  poèmefaite  en  moyen-français.  M.  Mackin- 
non n'en  donne  encore  que  le  début,  correspondant  à  peine  à  la 
moitié  du  premier  livre  de  l'œuvre  de  Stace .  C'est  une  entreprise 
de  longue  haleine  qui  sera  continuée  dans  les  numéros  suivants  de 
la  Revue.  Nous  espérons  qu'à  la  fin  M.  Mackinnon  fera  suivre  son 
édition  d'un  glossaire  des  principaux  mots  du  texte. 

Dans  le  même  numéro,  M.James  Fergusson  termine  une  étude  sur 
The  Pidish  Race  and  Kingdom  (p.  122-138)  ;  et  Miss  E.-J.  Lloyd  en 
commence  une  sur  The  Mabijiogion  asLitcrature(p.  164-174).  C'est 
une  fort  jolie  étude  que  celle  de  miss  Lloyd.  Elle  définit  fort  bien 
l'originalité  des  Mabinogion  et  le  caractère  propre  de  ces  récits, 
«  spiritual  in  their  nature  and  Imaginative  in  their  form,  whether 
in  the  world  of  fact  or  inthe  world  of  fiction  ».  Et  elle  analyse  très 
finement  les  éléments  variés  qui  y  ont  été  combinés.  Les  Mabino- 
gion forment  une  collection  disparate  de  récits  qui  représentent 
des  civilisations  et  des  époques  différentes.  Nos  lecteurs  ont  été 
depuis  longtemps  édifiés  à  cet  égard  par  les  travaux  de  M.  J.  Loth 
publiés  dans  cette  Revue,  ou  par  les  notes  qu'il  a  jointes  à  sa  traduc- 
tion française  du  texte  gallois.  Ils  connaissent  aussi  les  préfaces  de 
M.  J.  Gwenogfrvn  Evans  et,  en  ce  qui  concerne  les  Pedair  Kaingc, 
le  bel  article  de  Sir  Edward  Anwyl  dans  la  Zeitschnft  fur  celtische 
Philologie  (t.  I,  p.  277;  II,  p.  124  ;  III,  p. 123).  Miss  Lloyd  tire  un 
heureux  parti  des  savantes  études  de  ses  devanciers;  elle  y  joint  des 
remarques  personnelles  qui  ne  sont  pas  sans  mérite. 

L'étude  de  Miss  Llovd  se  termine  dans  le  numéro  27  (octobre 
191 1)  de  la  même  Revue,  p.  220-248.  Ce  même  numéro  27  con- 
tient la  suite  de  l'édition  de  la  Thebaid,  par  le  professeur  Mackin- 
non, p.  204-219. 

IX 

Le  premier  numéro  de  Gadelica,  le  nouveau  périodique  dont 
nous  avons  annoncé  plus  haut  la  création  (v.  p.  141),  contient,  p. 
35  et  suiv.,  le  début  d'une  édition  du  Pairlement  Chloinne  Tomàispar 
M.  Bergin.  Le  regretté  L.  Chr.  Stern  a  signalé  naguère,  dans  la.  Zeit- 
schrift  fur  celtische  Philologie,  t.  V,  p.  541,  l'intérêt  de  ce  curieux 
texte,  si  caractéristique    de    l'humour  irlandais,  et  où  les   mœurs 


Périodiques.  395 

des  paysans  sont  décrites  avec  un  sens  vigoureux  du  comique.  Le 
«  Parlement  des  enfants  Thooias  »  est  une  satire  anonyme  com- 
posée vers  le  milieu  du  xvii^  siècle.  Elle  comprend  deux  parties 
séparées,  M.  Bergin  n'en  publie  encore,  d'après  un  manuscrit  en 
sa  possession,  que  le  commencement  de  la  première  partie.  Le 
morceau  se  termine  sur  l'ardente  bataille  que  se  livrent  les  préten- 
dants à  la  main  de  Siligean,  fille  de  Cairpre  Crom  O'  Céirin.  Il  a 
en  tout  550  lignes. 

J.  Vendryes. 

X 

Mannus,  191 1,  3-4,  p.  313,  nous  apporte  un  acte  d'une  polémique 
qui  s'est  engagée  entre  son  directeur,  M.  Kossinna,  de  Berlin,  et  M. 
Schliz,  de  Heilbronn  au  sujet  du  peuplement  de  l'Allemagne  à  l'âge 
du  bronze.  Les  premiers  établissements  des  Celtes  différenciés  sont 
en  question.  Des  lacunes  dans  la  série  des  faits  archéologiques  attes- 
tent des  vides  partiels,  pour  certaines  époques,  en  certaines  con- 
trées, tant  à  l'Ouest  qu'à  l'Est;  des  signes  d'abondance  y  succèdent, 
correspondant  à  la  détente  probable  de  peuples  dont  l'origine  est 
précisément  le  sujet  du  débat.  M.  Kossinna  a  vigoureusement 
appelé  l'attention  sur  cette  sorte  de  faits,  qui  signifieraient  évi- 
demment beaucoup,  s'ils  pouvaient  être  établis  d'une  façon  qui  ne 
laisse  place  à  aucun  doute  et,  tout  justem.ent,  ces  messieurs  nous  en 
suggèrent  plus  d'un.  M  Schliz  voit  les  choses  de  l'Ouest  et  il  est  féru 
d'anthropologie  ;  M.  Kossinna  les  voit  de  l'Est,  de  Berlin  et  peut-être 
d'un  peu  plus  haut.  —  M.  Schliz  constate  que  la  population  du 
S.O.  de  l'Allemagne  a  changé  de  caractères  physiques  depuis  le 
temps  où  cette  région  nous  apparaît  assez  bien  peuplée,  au  milieu  de 
l'âge  du  bronze  (période  II)  de  gens  qui  enterrent  leurs  morts,  inciné- 
rés ou  non,  sous  des  tumulus,  s'étant  établis  dans  un  pays  apparemment 
presque  désert.  Au  début  du  i^'âge  du  fer  (époque  de  Hallstatt),  on 
y  trouve  des  hommes  de  petite  taille,  dolichocéphales,  d'apparence 
méditerranéenne,  venus  du  S.-O.  semble-t-il  ;  au  fort  du  i«''  âge  de 
fer  ce  sont  des  hommes  de  grande  taille,  également  dolichocéphales, 
venus  du  nord  des  Balkans  ;  à  l'époque  de  la  Tène  des  brachycé- 
phales  de  belle  taille,  qui  sont  les  Gaulois.  M.  Schliz  doute  fort  que 
les  populations  précédentes  aient  eu  rien  de  commun  avec  ceux-ci 
et  qu'elles  aient  parlé  celtique.  11  ne  serait  donc  pas  sûr,  au  regard  d'un 
anthropologue  que  le  S.-O.  de  l'Allemagne  eût  été  occupé  par  des 
Celtes  avant  500  ou  400  avant  J.  C.  Les  Bavarois  du  milieu  de  l'âge 
du  bronze,    ceux  des  tumulus,  auraient  à  peu  près    abandonné  le 


396  Périodiques. 

pays  pour  gagner  le  Nord-Est,  presque  désert  (période  II  de  l'âge 
du  bronze)  ;  ils  y  auraient  porté  une  céramique  caractéristique, 
décorée  de  bossages  (céramique  du  type  dit  deLusace)  dont  l'origine 
serait  italienne.  Or,  ce  sont  ceux-ci  que  M.  Kossinna  considère 
comme  les  premiers  Celtes.  Il  pourrait  demander  à  M.  Schliz  sur 
combien  d'exemplaires  reposent  ses  définitions  des  races.  Il  se  con- 
tente de  lui  répondre  en  substance,  que  les  caractères  physiques  des 
groupes  humains,  formés  d'éléments  anthropologiques  différents,  se 
modifient  pourainsi  dire  automatiquement,  sans  admixtion  d'éléments 
nouveaux  et  que,  dans  le  cas  présent,  les  indications  fournies  parles 
restes  de  la  civilisation  ont  plus  de  valeur  que  les  renseignements 
anthropologiques.  Or,  que  doit-on  conclure  de  ceux-ci  ?  Que  les 
mouvements  de  peuples  qui  nous  intéressent  se  sont  produits  non  pas 
du  S.-O.  vers  le  Nord,  à  Tâge  du  bronze,  mais  de  l'Est  vers  l'Ouest  et 
le  Sud-Ouest.  Les  urnes  à  bossage  de  l'Allemagne  du  Sud  ne  sont  pas 
les  ancêtres;  mais  les  descendants  de  celles  de  Lusace;  elles  ne  provien- 
nent pas  de  celles  d'Italie,  mais  celles-ci  procèdent  de  celles-là,  par 
une  autre  voie.  Les  unes  et  les  autres  sont  les  signes  de  la  descente  vers 
le  Sud  des  peuples  celtiques  et  italiotes.  Mais  le  mouvement  était  com- 
mencé avant  l'existence  des  urnes  à  bossages.  —  Le  cimetière  bohé- 
mien d'Aunjetitz,  qui  date  delà  première  période  de  l'âge  du  bronze 
et  de  ses  débuts,  a  donné  son  nom  à  une  civilisation  définie  par  ses 
objets  usuels,  sa  céramique  en  particulier,  et  ses  rites  funéraires  : 
les  morts  y  sont  inhumés  recroquevillés.  Là  où  elle  s'est  développée, 
en  Bohême,  la  population  était  dense.  Son  habitat  s'est  agrandi  vers 
l'Ouest  et  vers  le  Sud.  Tombeaux  et  objets  apparaissent  un  peu  plus 
tard  dans  la  Basse  Autriche  d'une  part,  dans  l'Allemagne  occiden- 
tale de  l'autre.  De  part  et  d'autre,  la  propagation  s'est  étendue.  L'Italie 
a  été  atteinte  et  Tlllyrie  remplie.  C'est  là,  selon  M.  Kossinna,  qu'est  le 
tronc  de  trois  branches  septentrionales  des  Indo-Européens,  Celtes, 
Italiotes  et  il  ajoute  Illyriens.  Il  ne  dit  rien  des  Germains,  mais  il 
en  traite  dans  un  volume  de  sa  bibliothèque  dont  je  dirai  un  mot 
quelque  jour.  Tableau  un  peu  sommaire,  mais,  je  crois,  bien  cons- 
truit, de  la  série  de  faits  ethniques  dont  dépend  la  différenciation 
et  la  fixation  des  premiers  Celtes'.  A  cette  descente  vers  le  Sud  des 
Nordindogermaiien  correspondrait  la  montée  vers  le  Nord  des  Sudin- 
dogennanen  que  M.  Kossinna  désigne  sous  le  nom  commode  de  Car- 
podaces.  C'est  à  ceux-ci  qu'il  attribue  la  civilisation  du  type  de 
Lusace. 


Périodiques.  597 


XI 

La  Zeitschrift  fur  Ethnologie  public,  dans  son  fascicule  \'  de 
191 1,  p.  664-817,  le  y  rapporl  de  la  commission  pour  l'établisse- 
ment des  cartes  préhistoriques,  constituée  par  la  Société  d'Anthro- 
pologie de  Berlin.  Les  précédents  rapports  sont  de  feu  Lissauer,  le 
promoteur  de  l'entreprise,  et  portent  sur  l'âge  du  bronze.  Celui-ci 
est  de  M.  Robert  Beltz  et  a  pour  objet  les  fibules  de  La  Tène 
ÇFïiufter  Bericht  ûher  die  Taligkeit  dcr  von  dcu  d.  aiithropologischen 
Gesellschaft  geiuahltoi  Konnnissicii  fi'ir  prchistonsche  Typenharteu^. 
Le  rapport  se  compose  d'un  court  aperçu  sur  la  classification  des 
types,  leur  répartition, lesconclusionsgénérales  qui  s'en  dégagent  et 
de  longs  tableaux  statistiques.  Le  fascicule  VI,  p.  930  sqq.,  donne 
des  tableaux  supplémentaires  et  la  carte.  La  carte  comprend  l'Alle- 
magne, la  Bohème,  une  partie  de  la  Suisse  et  de  l'Autriche.  Son 
aspect  est  très  instructif.  Les  fibules  dites  de  La  Tène  sont  un  des 
produits  significatifs  de  la  civilisation  celtique.  L'extension  de  celles 
qui  appartiennent  à  la  f^  période  de  la  civilisation  de  La  Tène 
est  assez  exactement  limitée  aux  pays  occupés  par  les  Celtes.  Les 
plus  anciennes  ne  sont  nombreuses  que  là  où  la  civilisation  cel- 
tique a  été,  dès  le  début,  le  plus  vivace,  dans  la  moyenne  vallée 
du  Rhin,  en  Bavière  ;  il  y  en  a  aussi  en  Bohême.  Les  fibules  de  la 
f*  période  manquent  totalement  en  Westphalie.  L'influence  de  la 
civilisation  celtique  sur  celle  des  Germains  se  maniteste  par  la  diffu- 
sion des  fibules  de  la  IL"  et  de  la  IIL  période  de  La  Tène  au-delà 
de  l'Elbe.  Il  s'y  développe  des  variétés  inconnues  aux  pays  cel- 
tiques. A  l'avancée  des  Germains,  en  deçà  de  l'Elbe,  correspondent 
sur  la  carte  des  lignes  de  points  ;  ce  sont  les  cimetières  germaniques 
à  incinération  où  ont  été  trouvées,  dans  l'Allemagne  occidentale, 
les  plus  récentes  fibules  de  la  série.  \'oilà  de  bons  documents  pour 
l'étude  des  Grci!ihi\ichmigen  celto-germaniques. 

XII 

La  Revue  préhistorique  de  l'Est  de  la  France  reprend  avec 
l'année  191 2.  Souhaitons-lui  de  longues  années  de  vie.  Elle  com- 
mence par  un  article  de  M.  Perrault-Dabot  sur  les  menhirs  percés 
de  la  Haute-Saône,  qui  ne  paraissent  pas  avoir  rien  de  commun 
avec  les  cloisons  perforées  des  chambres  funéraires  mégalithiques, 
telles  que  celles  de  Conflans-Sainte-Honorine,  auxquelles  l'auteur 
Revue  Celtique,  XXXIII.  26 


59^  Périodiques. 

les  compare.  —  M.  Pierre  Bouillerot  traite  (p.  14  sqq.)avec  beau- 
coup de  minutie  d'une  Cacheiie  de  la  fin  de  l'âge  de  Ironie,  décou- 
verte près  de  Gray  (Haute-Saône).  L'article  contient  toute  une  dis- 
sertation sur  les  symboles  religieux  préhistoriques,  qui  est  peut- 
être  hors  de  saison,  à  propos  d'une  croix  de  Saint-André  figurée  sur 
la  base  d'une  faucille. 


XIll 


Nous  avons  beaucoup  négligé  Pro  Alesia.  C'est  dommage,  car 
la  lecture  en  est  instructive.  On  v  trouve  sans  doute  des  vers  et 
beaucoup  de  discours,  de  M.  Chaussemiche,  du  D""  Simon,  de 
M.  Ferrero,  de  M.  Toutain,  etc.  La  Société  de  Semur,  ou  M.  Matru- 
chot,  bien  qu'ils  affichent  une  indépendance  farouche,  font  appel  aux 
gloires  et  aux  compétences  étrangères.  MM.  Hirschfeld  et  Bohn 
publient  chez  eux  \  Instrumenlum  domesticum  d'Alise  (46-47,  19 10, 
p.  665),  où  se  trouvent,  en  bonne  place,  les  graffites  du  vase  d'ar- 
gent ;  il  semble  qu'on  veuille  y  lire  une  marque  de  fabrique.  — 
M.  Toutain  (53-54,  1910,  p.  766)  fait  un  Mercure  chevauchant  sur 
un  bélier  d'une  figure  dont  il  ne  reste  que  le  tronc  de  l'animal  et 
les  jambes  du  cavalier.  M.  Déchelette  lui  donne  la  réplique  dans  le 
fascicule  suivant.  —  On  a  confié  les  vases  de  bronze  trouvés  en 
1909  à  M.  M.  Besnier,  professeur  à  l'Université  de  Caen  ;  l'étude 
est  minutieuse,  mais,  ô  vanité  des  raisons  !  M.  Besnier  en  trouve 
pour  dater  d'avant  l'occupation  romaine  des  vases  de  bronze,  fort 
usuels,  du  iv>^  siècle  après  notre  ère,  ainsi  qu'un  plat  gravé  au  s)'m- 
bole  chrétien  du  poisson.  Et  que  de  bibliographie,  hélas!  Mais 
bibliographie  n'est  pas  connaissance  ;  notre  jeune  université  s'y 
trompe.  —  Le  lieutenant-colonel  Frocard  invoque  la  stratégie  pour 
bien  montrer  qu'Alise  était  Alésia  (53-54,  1910,  p.  753).  —  AL  Bou- 
tron  décrit  les  hypocaustes  (49-50,  1910,  p.  710)  ;  M.  Van  Gennep, 
les  clefs  (46-47,  1910,  p.  675).  —  M.  Henry  Barbe,  sous  le  titre  de 
la  Civilisation  de  Hallstatt  au  Mont  Auxois  (55-56,  57-58,  191 1, 
p.  777  sqq.,  817  sqq.)  nous  en  apprend  peu  sur  Alise  même,  mais 
montre  qu'il  pratique  les  meilleurs  des  archéologues  allemands.  — 
M.  Berthoud  continue  la  publication  des  textes  anciens  concernant 
Alésia.  — M.  L.  Matruchot  décrit  une  voie  gauloise  (57-58,  1911, 
p.  809)  et  défend  la  Société  de  Semur  contre  l'accusation  calom- 
nieuse d'avoir  déposé  dans  un  musée  national  quelques  produits 
de  ses  fouilles  ;  elle  a  mieux  mérité  de  l'Auxois.  Certes,  par  les 
subventions  qu'elle  reçoit  du  ministère,  elle  exerce  sur  l'Etat  une 


Périodiques.  •  399 

reprise  au  profit  de  l'arrondisscnient.  Souhaitons  que  cet  esprit, 
j'allais  dire  de  clocher,  soit  favorable  à  la  science,  en  tout  cas  à 
la  bonne  conduite  des  fouilles.  Le  pavs  a  d'excellentes  traditions: 
Pro  Ak'sia  en  donne  la  meilleure  preuve  par  la  publication  de  ses 
notes  rétrospectives  sur  les  découvertes  faites  au  mont  Auxois  ; 
on  y  trouve,  avec  de  la  modestie,  de  l'observation,  de  la  préci- 
sion, du  sens  critique  et  les  marques  d'une  culture  qui  n'a  pas  fai»- 
de  progrès. 

XIV 

Le     KORRESPONDEVZBLATT      DER      DEUTSCHEN      GeSELLSCHAFT     FUR 

Anthropologie,  19 12,  il 2,  p.  9,  rend  compte  de  la  réunion  du 
Verbaiid  hayerischer  Geschicht-uud  Urgeschicijtsvereiiie,  fédération  des 
sociétés  bavaroises  d'histoire  et  de  préhistoire.  M.  Reinecke  y  a 
parlé  de  la  ville  «  gallo-romaine  »  de  Cambodunum  (près  de 
Kempten).  —  Le  D'^'  Hock  a  traité  des  rapports  que  présentent  les 
phases  anciennes  de  la  civilisation  dite  de  Villanova,  en  Italie,  avec 
les  phases  anciennes  de  la  civilisation  halstattienne. 

XV 

Le  R.  P.  Fidel  Fita  publie  dans  le  Boletix  de  la  Real  Acade- 
MIA  DE  LA  HiSTORiA,  t.  LVIII,  juin  1911,  p.  5 12  sqq.,  trois  inscrip- 
tions romaines  de  Mosteiro  da  Riveira.  La  première,  inédite,  est  un 
ex-voto  <à  une  déesse  Rêva  (Rêve). 

Le  même  auteur,  Ibid.,  LIX,  sept.-oct.  1911,  p.  27e  sqq.,  publie 
une  série  de  documents  et  pièces  anciennes  relatives  à  La  Gran 
Caverna  del  Pico  Sacco  dos  léguas  al  oriente  de  Compostela ,  préface  à 
l'étude  archéologique  de  la  caverne.  Qjaelque  culte  préhistorique  a 
peut-être  fait,  avant  celui  de  saint  Jacques  le  Majeur,  de  la  mon- 
tagne un  pic  sacré. 

Le  fascicule  suivant,  novembre  191 1,  p.  398,  nous  apporte  sous 
la  même  signature  de  Niievas  lapidas  romanas  de  Noya,  Caiido,  Cereio 
y  JunciUa,  Noya  3.  Diane  veiiatrici  Arpo  Uref...  etc.;  4 (funéraire)  : 
Maso...;  5,  stèle  funéraire  avec  une  figure  très  grossière  qui  ne 
représente  certainement  pas  le  mort.  —  Cerezo  :  D^eo)  Ae(iiw').  Un 
appendice  publie  des  notes  inédites  du  P.  Sarmiento  sur  La  marnula 
celto-romane  y  épigràfica  de  Bretal,  en  Galice,  tumulus  à  incinération, 
sépulture  d'indigènes,  Celtes  peut-être,  où  a  été  trouvée  une  inscri- 
ption latine,  —  p.  482.  Nuevos  dôJiiiciies  de  Navarra  :  aux  douze  déjà 
mentionnés,  le  R.  P.  Fidel  Fita  en  ajoute  quatre,  avec  trois  photo- 
graphies. 


400  Périodiques. 

M.  Juan  Sanguino  y  Michel  publie,  dans  le  fascicule  de  décembre, 
p.  439  sqq.  des  Aiitigiwdadcs  de  las  Torrillas  {Alcuescar'),  sorte  de 
catalogue  d'objets,  de  fragments  de  marbre,  de  monnaies,  le  tout 
romain. 

Le  R.  P.  Fidel  Fita,  p.  467,  traite  du  Castro  Roiiiaiio  de  Câceres  el 
Vicjo  et  donne  de  nouvelles  inscriptions.  Il  établit  qu'une  statue 
antique,  aujourd'hui  placée  sur  une  tour  de  l'église  S.  Mateo  était 
une  statue  de  la  Pax  Augusta.  —  P.  529,  il  signale  une  inscription 
inédite  trouvée  à  20  kilomètres  de  Burgos,  à  Reville  del  Campo  : 
L.  Reiiiiios,  Réuni  f. —  Le  nom  de  Rennius  apparut  pour  la  pre- 
mière fois  en  Espagne.  Le  savant  épigraphiste  n'est  pas  assez  bon 
celtisant  pour  donner  crédit  au  rapprochement  qu'il  suggère  entre 
ce  mot  et  le  brenn  celtique. 

LX,  1912,  janvier,  p.  37  sqq.  R.  P.  Fidel  Fita.  El  trijiiiio  romane 
de  Villenueva  de  Cordoha  :  Limite  commune  des  Sacilietises,  Epo- 
renses,  Salienses,  fixée  sous  Hadrien.  —  Dans  les  nouvelles,  p.  98, 
on  lit  une  inscription  inédite  de  \'inuesa  :  Abicus,  Casariciis,  Cari- 
cucolla,  Saicliis,  noms  celtibériques. 

Février,  p.  158,  du  R.  P.  Fidel  Fita,  Niievalàpidaromana  del  Escii- 
rial  {Trujillo)  :  Aetiira,  Alugiiis. 

Mars,  p.  233.  Autre  inscription  de  Santa  Ainalia  (R.  P.  Fidel 
Fita). 

XVI 

Les  Traxsactioxs  of  the  Hoxol'rable  Society  of  Cymmro- 
DORION  (1908-9)  ont  récemment  publié  (1910)  un  important 
mémoire  de  M.  F.  Haverfield  sur  les  établissements  militaires 
romains  dans  le  pays  de  Galles  (  Military  aspects  of  Roman  JVales). 
L'auteur  y  passe  en  revue  les  camps  et  les  postes  romains  dont  il 
reste  trace,  dans  l'ordre  d'un  itinéraire  rationnel,  correspondant  à 
peu  près  à  celui  des  routes  qui  reliaient  les  postes  entre  eux.  Il 
figure  le  plan  des  ruines  et  des  retranchements  qui  n'ont  pas  disparu, 
relate  les  découvertes  et  les  publications  ;  il  y  ajoute  de  l'inédit, 
quand  il  y  a  lieu,  par  exemple,  deux  fragments  en  l'honneur  de 
Trajan  trouvés  à  Gellygaer  ;  en  tout  cas,  il  a  colligé  la  copie  de  la 
plupart  des  inscriptions  qu'il  mentionne. 

M.  Haverfield  nous  montre  ainsi  le  pays  de  Galles  très  fortement 
occupé  par  les  troupes  romaines.  De  l'armée  de  Bretagne  il  distrait 
deux  légions,  la  XX^et  la  IL  Augusta,  cantonnées  dans  deux  grands 
camps  légionnaires:  celui  de  la  XX'^  légion  à  Deva  (Chester),  celui 
de  la  IL^  Augusta  à  Isca  Sihinim  (Caerleon),  l'un  au  Nord,  l'autre 


Périodiques.  401 

au  Sud.  M.  Haverfield  les  laisse  de  côte-.  Entre  les  deux  et  jusqu'à 
la  côte  orientale  s'échelonnent  17  camps  à'auxUia,  au  passage 
de  rivières,  commandant  des  vallées  et  gardant  par  les  hautes  val- 
lées les  massifs  montagneux.  Ce  sont  des  camps  du  type  usuel,  car- 
rés, avec  leur  habituelle  disposition  intérieure,  leurs  bourgs  de  cawrt- 
hae  à  l'extérieur.  Les  constructions  intérieures  ont  été  faites  en 
maçonnerie;  des  parements  de  maçonnerie  ont  renforcé  les  rem- 
parts de  terre;  quelques  tours  dominaient  les  plus  récents.  De  ces 
constructions,  il  n'y  a  de  restes  un  peu  considérables  qu'à  Caersws, 
Penydarren,  Gellygaer  et  Cardiff.  M.  Haverfield  ne  cite  qu'un 
seul  poste  de  moindre  importance  et  de  plan  irrégulier,  celui  de 
Cumbrwyn,  à  l'extrémité  sud-ouest,  qui  pouvait  être  occupé  par  un 
petit  détachement  de  cavalerie  destiné  à  surveiller  la  côte.  Celui-ci 
était  un  poste  de  garde  ;  les  autres  étaient  des  cantonnements,  can- 
tonnements fortifiés  et  non  pas  forteresses.  Il  n'y  a  pas  à  signaler, 
en  dehors  des  camps  légionnaires  un  seul  camp  de  plus  d'une 
cohorte  ou  d'une  aile  auxiliaire,  comme  l'était  Newstead  sur  la 
Tweed  et  comme  les  Romains  en  ont  établi  sur  plus  d'un  point 
pour  consolider  l'extrémité  d'une  ligne  de  défense.  Carnarvon,  en 
face  d'Anglesey,  était  un  simple  camp  de  cohorte.  C'est  qu'il  n'y 
avait  pas  ici  de  ligne  de  défense,  ni  contre  les  indigènes  du  pays 
de  Galles,  ni  contre  les  insulaires  irlandais.  Tacite  témoigne  que 
ceux-ci  ne  donnaient  aucune  préoccupation  (^Agricola,  25);  ceux-là 
n'étaient  pas  cantonnés  dans  une  réserve.  Les  cantonnements  du 
pays  de  Galles  n'étaient  pas  des  cantonnements  frontières,  mais  des 
cantonnements  d'occupation. 

Sont-ils  tous  contemporains  ?  L'étude  archéologique  des  castella 
gallois  retrace-t-elle  les  étapes  de  la  conquête  ?  Il  y  en  eut  plusieurs. 

M.  Haverfield  ne  fait  qu'une  brève  allusion  aux  travaux  d'ap- 
proche de  la  XIV<^  légion  qui,  pour  un  temps,  fut  cantonnée  dans 
la  haute  vallée  de  la  Severn. 

La  plupart  des  camps  sont  postérieurs  aux  Flaviens,  à  partir  de 
l'avènement  desquels  l'occupation  se  poursuivit  méthodiquement. 
Il  y  en  eut  qui  d'ailleurs  ne  furent  occupés  que  pour  une  assez 
courte  durée.  Tels  sont  ceux  de  Pendarren  et  de  Gellygaer,  fondés 
sous  Trajan  et  abandonnés  peu  après.  Il  serait  intéressant  de  retrou- 
ver les  camps  d'Ostorius  Scapula,  qui  commença  en  47  l'avancée 
méthodique  et  eut  à  lutter  contre  le  fameux  Caractacus. 

La  poterie  rouge  sigillée  trouvée  dans  les  camps  peut,  à  la  rigueur, 
servir  d'indice  chronologique.  Des  vases  de  la  fabrique  gauloise  de 
la  Graufesenque,  signés  Methillus  et  Vitalis,  ont  été  trouvés  au 
Gaer,  près  de  Brecon.  Ce  sont  les  plus  anciens  des  vases  datables 


402  Périodiques. 

qui,  jusqu'à  présent,  aient  été  signalés.  Les  vases  importés  des 
fabriques  de  Lezoux  sont  infiniment  plus  nombreux.  M.  Haverfield 
signale  les  marques  de  Cinnamus,  Divixtus,  Paternus. 

Sur  la  garnison  des  camps,  on  n'a  que  peu  de  renseignements. 
Une  inscription  nous  apprend,  par  exemple,  que  la  première 
cohorte  des  Ncrviens  a  été  cantonnée  à  Caergai.  Mais  nous  n'avons 
pas  la  liste  complète  des  corps  de  troupes  auxiliaires  établis 
dans  le  pays.  Le  réseau  des  routes  de  communication  est  fort 
incomplètement  retracé  et  M.  Haverfield  nous  annonce  que  le 
relevé  des  camps  n'est  problablement  pas  complet. 

H.   Hubert. 


Le  Propriétaire-Gérant,    H.   CHAMPION. 


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irlandais  publiés  pour  la  première  fois,  par  V.  H.  Frielel  et  Kuno 
Meyer .   1907,   in-8 7  fr.  50 

Ce  livre  peut  être  considéré  comnis  la  Descente  aux  enfen  d'un   Dante  breton. 


CONTRIBUTIONS   A    L'ÉTUDH 

DES 

ROMANS    DE     LA    TABLE    RONDE 

{Suite) 


VII 

FRAGMENT    d'uN    POÈME    SUR    TRISTAN 
DANS     LE     LIVRE     NOIR      DE      CARMARTHEN 

Il  y  a  une  dizaine  d'années,  javaissignalé  à  Gaston  Paris  l'exis- 
tence de  ce  poème.  Je  lui  avais  exposé  les  raisons  qui  permettaient 
de  le  rapporter  au  roman  de  Tristan.  Le  sens  de  ce  poème,  évi- 
demment fragmenté,  avait  totalement  échappé  aux  critiques.  Il 
m'avait  engagé  à  l'étudier  à  fond  et  à  en  donner  une  traduction. 
D'autres  travaux  m'en  détournèrent.  Si  la  valeur  de  ce  fragment 
de  22  vers  '  a  été  méconnue,  cela  tient  à  sa  réelle  obscurité  et 
aussi  à  ce  que  le  nom  de  Tristan  y  apparaît  sous  une  tonne 
difficilement  reconnaissable,  Diristan.  La  quantité  indique 
Drislan,  forme  excellente  de  ce  nom  :  /  =  )'  moyen-gallois 
(o  bref)  :  /  a  encore  souvent  cette  valeur  au  xii^  siècle.  Quant  à 
l'apparition  d'une  voyelle  irrationnelle  entre  d  et  /■  dans  dr 
initiale,  ce  n'est  pas  rare  dans  les  textes  du  xii-xiii''  siècle,  en 
particulier  dans  le  plus  ancien  des  manuscrits  des  Lois  de 
Gwynedd. 

Skene  n'y  a  rien  compris.  Dans  la  note  au  poème  de  la  page 

I.  Skene,  Four  une.  Books  of  IVales,  II,  55-56.  Gwenogfryn  Evans  The 
Black  book  of  Carmarthen,  PwUheli  1906,  p.  loo-ioi .  —  Du  même  :  Fac- 
siviile  of  the  Black    book  of  C.  50  verso  51   r». 

Rnue  Celtique,  XXXIII.  27 


404  /.  Loi  h. 

332  (tome II).  il  déclare  que  c'est  le  plus  confus  du  tous  les 
poèmes  du  Livre  Noir  et  qu'il  est  pour  lui  inintelligible.  Sa 
traduction  (tome  I,  p.  325)  en  fait  foi.  Silvan  Evans  (même 
note)  écrit  qu'il  s'agit  de  Mechyd,  fils  de  Lh- warch  Hen  :  Il 
transforme  fechid  (qui  est  un  verbe)  en  mechyd  . 

Dans  son  édition  du  Bhrk  Book  ,  p.  138,  note  à  la  page  100 
V.  6j  GwenogfrynEvans  à  proposde  Fcr/'/J  _D/m/a//,  dit  :  «  Le 
prof.  J.  M.  J.  {Jones  Morris  Jones)  pense  que  nous  avons  ici 
vraisemblablement  affaire  à  un  nom  composé  :  Fechid  Diris- 
tan.  Mais  p.  160  {Additional  «oto),  l'auteur  s'est  ravisé  :  Jechid 
serait  un  verbe  3™^  pers.  sing.  prés.  ind.  ;  le  sens  suggère  mi 
nyth  ervyll,  ce  qui  n'explique  pas,  dit-il,  la  bévue  lui  djod.  Puis 
viennent  ces  lignes  qui  auraient  gagné  à  être  plus  explicites  : 
The  ihird  Une  conirasls  favorably  the  réception  given  lo  the  subject 
oj  the  poem  by  the  bard  with  that  by  Tristan. 

Le  manuscrit  du  Livre  Noir  est  de  la  fin  du  xW  siècle  ou  du 
commencement  du  xiii^  siècle;  à  part  les  vers  de  la  fin  des 
Englynion  y  bedeu  (Fac-simik,  p.  35  recto  depuis  y  beddcu  jus- 
qu'au bas  de  la  page),  manifestement  plus  récents,  le  manuscrit 
peut  être  considéré  comme  de  la  même  main  ou  tout  au  moins 
de  la  même  époque  d'après  de  bons  juges  '. 

D'après  la  métrique,  pour  des  raisons  que  j'ai  indiquées  dans 
ma  Métrique  galloise  (tome  I.  i'''  partie,  p.  330),  le  poème  est 
au  plus  tard  delà  première  moitié  du  wi"  siècle  ^ 

Le  poème  est  composé  de  deux  fragments  d'un  mètre  et 
d'une  structure  différents.  Le  premier  se  compose  de  trois 
strophes,  deux  de  six  vers  ayant  la  même  rime  ',  une  troi- 
sième de  quatre  vers  :  il  me  paraît  fort  probable  que  deux  vers 
manquent. 

Le  deuxième  fragment  se  compose  de  six  vers  tormant  deux 
tercets.  Les  vers  du  premier  fragment  sont  de  9  s3dlabes,  ceux 

1.  C'est  l'opinion  de  M.  Omont  ;  les  différences  tiennent  à  des  diffé- 
rences de  calante,  et   à  une  plus  ou  naoins  grande    rapidité  dans  l'écriture. 

2.  Je  songeais,  au  moment  ou  j'ai  publié  ma  Métrique,  à  étudier  de  plus 
près  ce  poème  dont  j'avais  déjà  découvert  le  sens  général. 

3 .  On  serait  tenté  de  supposer  danslei«''  vers  de  la  ire  strophe  une  asso- 
nance entre  nior  et  le  mot  final  du  2™'^  vers  camhwr,  mais  c'est  improbable 
et  inutile  (v.  J.  Loth,  Métrique  galloise,  II,  Repartie,  p.  161-162). 


Romans  de  hi   Tahlc  Ro'ulr.  405 

du  second  de  7.  Le  dernier  vers  en  compterait  9,  mais  elles 
peuvent  être  réduites  à  7. 

Les  deux  fragments  se  rapportent  aux  mêmes  personnages, 
mais  ils  ont  trait  à  des  époques  ditîérentes  de  la  légende. 
Il  est  évident  que  ces  morceaux  poétiques  devaient  être  accom- 
pagnés chez  les  conteurs  gallois  de  récits  ou  commentaires  en 
prose,  comme  chez  les  Irlandais.  Ces  récits,  malheureusement, 
ne  nous  sont  point  parvenus.  Aussi  l'interprétation  de  ce  genre 
de  poèmes  est-elle  laborieuse  ;  les  dialogues  lyriques  des 
poèmes  XXXIII,  XXX\',  XXXI,  le  poème  XXII,  si  impor- 
tants pour  les  traditions  galloises,  seraient  d'un  intérêt  capital 
s'ils  étaient  accompagnés  d'un  smiple  récit  explicatif  en  prose. 

Les  deux  fragments  ont  été  évidement  juxtaposés  :  il 
manque  un  chaînon  intermédiaire.  Le  premier  est  clairement 
incomplet;  aussi,  est-ce  un  essai  de  traduction  et  d'interpréta- 
tion que  je  propose. 

Je  donne  hiQxitd'aprèslcfac-sitnilé,  en  séparant  les  strophes, 
avec  une  ponctuation  qui  est  de  moi.  La  traduction  suit 
avec  un  commentaire  lexicographique  sommaire.  Puis  vient 
une  tentative  d'interprétation  au  point  de  vue  de  la  légende 
de  Tristan. 

Kyd  karwiv  (e)  morva,  cassaav  '  (e)  mor, 
Pyr  toei  wanec  carrée  camhur 
Glev,  diwal,  hygar,  hael,  huyscur, 
Yscinvaen  beirt  bit,  butic  clydur. 
Goruc  clôt  heilin  bentfic  awirtul  -  : 
Hid  braut  parahaud  y  ertiwul 

Kyd  karhuiw  (e)  morva  casaav  (e)  ton  : 
Digones  ton  treis  oer  cleis  y  ron; 
Ew  kuynhiw  (i)ny  wuiw  in  hervit  hon  ; 
Gweith  heinyw  golchiw  ar  winvy  wron  ; 
Kid  y  lleinu'keudaud  nis  beirv  calon, 
Ac  yn  lluru  kyheic  kimod  yron  ; 


1.  Skcne   avait  donne  cassaii  :  le  fac-simile  donne  cassaav  qui  se  trouve 
d'ailleurs  au  le""  vers  de  la  strophe  2. 

2.  au'irliil  :  /  est    irrationnel. 


4oé  /.  Loth. 

Yssim  edivar  oe  negesseu  ; 
Ban  wrissuis  pebrur  pell  y  agheu 
Glev  diwal  k3'weithit  (yd)vuam  in  dev 
Menicitarwet  duwir  dalenneu 

Deuxième  fragment. 

Fechid  Diristan  othiwod  ', 

Nu  nyth  ervill  hn  ch..od'; 

O'm  parth  guertheiss(e)  March  irod. 

Dial  Kyheic  am  oet  blis 

Am  y  kywreu  y  melis  : 

Och,  corr,  dy  sorr(de)  (ymi)  bu  ewnis. 

Premier  fragment. 

«  Quoique  j'aime  le  rivage,  je  hais  la  mer,  depuis  que  j'ai  vu 
la  vague  couvrir  le  rocher  du  champion,  lui  le  vaillant,  actif, 
aimable,  généreux,  prêt  à  l'attaque;  lui,  le  perron  des  bardes  du 
monde  et  leur  profitable  abri.  Il  a  fait,  l'échanson  de  la  gloire, 
un  emprunt  bien  triste  :  jusqu'au  jour  du  jugement  durera 
sa  folie. 

«  Quoique  j'aime  le  rivage  de  la  mer,  je  hais  la  vague  :  elle 
a  usé  de  violence,  la  vague,  froide  est  sa  meurtrissure.  Je  me 
lamenterai,  tant  que  je  serai  près  d'elle.  Je  laverai  (cette  tache) 
avec  allégresse  sur  mon  sein.  Si  l'estomac  est  rempli,  le  cœur 
n'y  est  pour  rien.  Kyheic,  faisons  un  accord. 

«  J'ai  du  regret  à  la  suite  de  ses  messages,  depuis  que  le  beau 
guerrier  s'est  hâté  au  loin  vers  la  mort.  Nous  avons  été  tous 
les  deux  de  vaillants  collaborateurs  là  où  l'eau  entraîne  les 
feuilles.  » 


1.  ?o\ir  oth  âyvod (^Métrique  galloise,  H^  partie,  p.  9). 

2.  Après  im  on  peut  hésiter,  mais  il  me  semble  certain  qu'il  y  a  ch\ 
pour  ch,  cf.  au  vers  précédent,  le  ch  de  fechid. 


Rniiiiiiis  lie  la    Table  roude.  407 

Deuxième  fragment 

«  Drystan  gronde  de  fureur  à  la  pensée  de  ta  venue;  il  ne  te 
recevra  pas  dans....  Pour  moi,  de  mon  côté,  j'ai  vendu  March 
pour  toi  ;  je  voulais  me  venger  deKyheic  à  cause  de  ses  paroles 
si  douces.  Hélas,  nain,  que  ta  colère  m'a  été  funeste.  » 

Strophe  i,  vers  2  -.pyr  toei  :  pyr  signifie  :  depuis  que,  et  aussi 
parce  que,  et  toei  semble  indiquer  une  action  répétée:  sur  pyr, 
sa  construction  et  son  sens,  voir  J.  Loth  :  Questions  de  gram- 
maire et  de  linguistique  brittonique,  i,  p.  107;  Rev.  Celt. 
t.  XXXI,  p.  27. 

Vers  3  :  D'après  l'orthographe  du  Livre  Noir,  dizual  doit 
représenter  le  dyfal  actuel  (cf.  L.  Noir,  34,  15  et  plus  bas, 
strophe  3,  vers  3.).  Il  y  a  un  autre  mot,  actuellement  dywal, 
qui  a  le  sens  de  cruel  (Myv.    Arch.  163.). 

huyscur  au  sens  propre,  paraît  signifier  au  trait  (javelot, 
pique)  hardi:  pour  yscivr,  cf.  (L.  Rouge, F.  a  B.,  II,  219,  18.)  : 

Neu'm  gwant  ysgwrr  0  gwrr  dy  got. 

Mais  il  a  pris  un  sens  métaphorique  (Myv.  Arch.  231-2  ; 
146,  2  ;  150,  I  ;  il    est   dit   d'un  aigle:  eryr  huyscur.^ 

Vers  4  :  yscinvaen,  mot  à  mot,  inontoir  de  pierre  (pierre 
pour  monter).  Le  mot  est  employé  métaphoriquement  (cf. 
Myv.  Arch.  13)  : 

Nyth  orseif  esgar  esgynvaen  mawr  vro. 

«  Il  ne  peut  t'arrèter,  l'ennemi,  toi  le  grand  perron  du  pays.  » 

Beirt  bit,  les  bardes  du  monde  :  bit  est  souvent  ajouté  ainsi 

pour  donner  une  idée   d'ampleur.  Clydur,  abri  confortable, 

au  sens  métaphorique,  est   resté  en  usage.  Dafydd  ab  Gwi- 

lym  dit  d'Ifor  Hael  :  (17). 

Harddenaid  heirdd  a'u  clydwr 

«  âme  aimable  des  bardes  et  leur  abri  ». 

Vers  3  :  awirtiil  =-  afrddivl  actuel.  J'ai  identifié  ce  mot  avec 
l'irlandais  abardall  et  donné  son  étymologie  (Arcbiv  f.  Celt, 
Lexic.  I,    p.  397). 


4o8  /.  Loth. 

Vers.  6  :  ertiwnl  ne  se  trouve  nulle  part  ailleurs;  ce  serait, 
je  crois,  actuellement  erddyfiul.  J'ai  supposé /o//>,  passion  folle, 
en  pensant  à  l'irlandais  actuel  builc  folie,  désespoir  (Dinneen, 
Ir.  Engl.  Dict.)  ;  c'est  une  hypothèse  bien  séduisante.  Faut-il 
lire  erwitnl  (er-fydzvl }}.  Le  mot  ne  se  trouve  pas. 

Strophe  2,  vers  2  :  treis  a  bien  un  sens  de  violence,  mais 
surtout  exprime  un  acte  d.'enlêvemcnl.  de  rapt  fait  avec  violence. 
Ce  sens  est  précisé  dans  les  Ancien t  Laïus  I,  254;  cf.  424  ;  II, 
232;  cf.  lolo  Goch,  id,  p.  161). 

—  :  y  roi!  :  ron  paraît  employé  ici  métaphoriquement  ;  il 
a  le  sens  propre  de  lance  (Myv.  Arch.  278.  2  :  Gruffyd 
rud  ron);  de  même  giuayiu  plus  employé  dans  ce  sens. 

Yron  du  vers  6  à  un  sens  tout  différent.  Ron,  dans  l'expres- 
sion pei  ron  a  le  sens  de  gnaini  iiienie,  même  s'il  était  possible 
(Sélections  froni  Heng.  mss.  5'  Greal,  p.  26.  p.  5.)  Ron  a  peut- 
être  ici  ce  sens,  ou  un  sens  approchant. 

Vers  3  :  Pour  eiu,  v.  J.  Loûi, Remarques  et  Add.  à  l'Introduc- 
tion de  Strachan,  p.   62  ;  Rev.  Celt.  t.  XXXI,  p.  321. 

Pour  le  sens  de  Imiiu,  on  peut  hésiter  et  traduire  :  je  me 
lamenterai,  tant  que  j'existerai,  à  cause  d'elle  (la  vague). 

C.  Myv.  Arch.  243.  i  : 

Tra  y  bwyf,  y  bo  dy  ganmawl 
Bard  fyddaf  y  Dduw,  tra  fiuyf  ddyn. 

Henuid  a  le  plus  souvent,  en  prose,  le  sens  de  suivant, 
selon,  mais  le  sens  que  je  lui  donne  ou  un  sens  approchant 
n'est  pas  rare.  Herwydd  Duiu  traduit  apud  Deum  dans  Dafydd 
Hiraddug.  {Myv.  Arch.  369.  i);  yn  herwyt  calan,  en  ce  qui 
concerne  les  étrennes  (Myv.  Arch.  21  r.  i).  En  comique, 
herwyth  a  le  sens  de  au  pouvoir  de,  en  compagnie  de.  On  pour- 
rait d'ailleurs,  dans  notre  passage,  traduire  :  à  cause  d'elle. 
C'est  la  vague  qui  est  visée,  car  treis  et  cleis  sont  mascu- 
lins. 

Vers  4  :  heinyf  est  traduit  par  vîf,  allègre,  et  aussi  dans  les 
dictionnaires  modernes,  comme  celui  de  Walter,  par  luxu- 
riant, en  parlant  de  la  terre (Walters,£"//o'/.  WelshDict.  :  végète). 

On  ne    voit   pas  bien  à  quoi  se  rapporte  exactement  ool- 


Roiutiiis  de  ht    'l'ithlc   rtniilc.  409 

chizu.    Dans  un  passage  de  Cynddelw  (Myv.  Arch.   161.    i), 
golchi  a  le    sens   du   français    laver    un    outrûgc  dans  le  sang  : 

Golchynt  eu  ileurnl  ilezur  tueissyoïi  : 

«  Ils  lavaient  leurs  joues,  ces  vaillants  jeunes  gens  en  sor- 
tant du  combat.  » 

Le  visage  (les  deux  joues  aussi)  est  synonyme  d'honneur. 

Vers  5  :  Keitdawd  a  le  sens  primitif  d'estomac  (il  vient  du 
latin  cavifateni)  et  de  pensée  :  c'est  le  sens  qu'il  a  en  breton. 
Il  semble  qu'il  s'agisse  ici  d'un  acte  lucratif,  avantageux,  mais 
que  le  cœur  n'a  pas  inspiré.  Benvi,  bouillir,  est  souvent 
employé  métaphoriquement,  par  exemple  en  parlant  de  la 
trahison  :  Myv.  Arch.  249.  nyverwynt  vrad  (id.  L.  Rouge, 
258.  5.  6  :  berwyt  bryt  brat). 

Vers  6  :  Ihvnu  (irl.  lorg)  signifie  proprement  trace,  sentier, 
mais  il  est  plus  souvent  employé  au  sens  métaphorique  : 
Ikunv,  en  ce  que,  du  moment  que,  en  ce  qui  concerne,  en  fait  de. 
Il  apparaît  aussi  dans  des  idiotismes  comme  yn  Ihvrw  y  benn, 
la  tète  la  première.  Son  sens  primitif  est  encore  très  net  dans 
certains  passages  :  sur  la  trace,  sur  le  sentier,  à  la  poursuite  de 
(L.  Aneurin,  104.  i  ;  Myv.  Arch.  159.  2,  ar  Ihuriu  camaïun  : 
«  sur  la  piste  (le  sentier)  de  guerre  ».)  Il  est  possible  que  dans 
notre  passage,  il  faille  traduire  :  à  la  poursuite  de. 

Kyheic,  d'après  le  vers  du  deuxième  fragment  est  manifes- 
tement un  nom  propre. 

yron  :  il  y  a  des  exemples  de  suffixes  de  la  première  per- 
sonne du  pronom  avec  préposition  en  -n  (J.  Loth,  Remarques 
et  additions,  p.  66);  Rev.  Celt.  t.  XXXI,  p.  325. 

Strophe  3,  vers  i  :  yssini  edivar  .  mot  à  mot,  est  repentir  à 
moi. 

Peut-être  y  a-t-il  un  vers  disparu  entre  le  premier  et  le 
second.  Ban  pour  pan  a  le  sens  propre  de  quand  ;  je  l'ai  tra- 
duit à  cause  du  sens,  par  depuis  que  :  or  pan  est  ernployé  dans 
ce  sens.  Ce  vers  paraît  expliquer  edivar. 

Vers  2  :  pell  y  agheu  pourrait  signifier  :  celui  dont  la  mort  est 
connue  au  loin,  ou  encore,  qui  répand  la  mort  au  loin.  Ces 
deux  sens  seraient  faciles  à  justifier  par  des  exemples;  mais  le 
verbe  vrysswys  a  évidemment  un   objet  qui  ne  peut  être  que 


410  /.  Loth. 

agheu.  Pcbntr  se  trouve  sous  la  forme  décomposée  pebir  giir 
(p.  54,  vers  15). 

Vers  3  :  viiam  ne  compte  que  pour  une  syllabe;  de  mêitie 
pour  buost  (L.  Noir,  p.  48,  vers  3_|). 

\"ers   4  :    vieiiic.  On    aurait   pu  songer  à  corriger  en  iny- 
nych\  mais  nienic  existe;    c'est  un  dérivé  de  mcn  :  nien,  niyn, 
vannetais  men,  où  :  Gwalchmai,  Myv.  Arch.  149.  i  : 
Dyfr}'ded  vonhed  fennic  yd  uyt  (là  où  tu  es); 

cf.  thc  Book  of  Llandav,  p.  120  :  r  pop  mynnic  yd  voy,  partout 
où   ce  pourra  è  re;  ibid.  y  pop  mynnic  ar  tir   Telian. 

Dakuneu  :  dalen  peut  indiquer  un  feuillet  de  livre,  une 
feuille  d'or  {dalen  ew").  Silvans  Evans  lui  donne  même,  non 
sans  raison,  le  sens  général  de  lamina . 

Deuxième  partie. 

Vers  I  :  Fechid  est  très  clairement  la  3^  pers.  du  sg.  ind.  prés, 
d'nn  mot  rare  dont  le  sens  est  précisé  par  le  passage  suivant  des 
Sélections  from  Heng.  ms.  II,  p.  125  :  il  s'agit  d'un  sanglier  : 

Acygy^t  ac  y  gwyl,  trwynjfychein,  ac  agori  y  safyn  etc.  «  et 
dès  qu'il  l'aperçut,  il  se  mit  à  gronder  (par  les  naseaux),  et  à 
ouvrir  sa  gueule  ».  Cf.  Myv.  Arch.  228.  i  :  Ef  keif  kerenhyd 
oe  iyi  fechyn  tf  il  obtiendra  pardon  pour  sa  foi  ardente  ». 
Truynffychein  signifierait  donc,  gronder  en  jetant  une  baleine 
enflammée  par  les  naseaux. 

Diristan,  d'après  la  mesure,  doit  être  corrigé  en  Dristan  : 
sur  l'apparition  d'une  voyelle  de  résonnance  entre  d  initial  et 
r,  V.  J.  Loth,  Remarques  et  add.,  p.  17  ;  Rev.  Celt.  t.  XXXI, 
p.  145. 

Vers.  2  :  Le  sens  parait  exiger  nu. 

Vers  4  :  Kywreu  :  pour  le  sens  de  paroles,  ci.  L.  noir,  8. 
17;  13,  12;  L.  Tal.  121.  11;  151.  25,  109.  227.  Il  a  aussi  le 
sens  de  chant  (John  Rhys,  Revue  Celt.  II,  120,  a  rapproché 
cyfreii  du  v.  gall.  cobrouol,  gl.  verbialia.)  Il  y  a  un  autre 
cyfreu,  d'orfgine  différente,  signifiant  joyau,  ornement,  et  qui 
se  retrouve  dans  le  terme  juridique  ar-gyvrau,  breton  argou- 
rcu,  vannetais  argouvreu. 

I.  Dans  ce  cas,  le  sens  serait  :  souvent  Tonde  emporte  tes  feuilles.  Le  sens, 
même  en  lui  donnant  une  allure  de  proverbe,  ne  serait  guère  satisfaisant. 


RoiiiiDis  de  1(1    Tiihir  ronde.  411 

Vers  6  :  aunis  (moderne  efnys);  le  sens  de  hostile,  enneiin, 
est  assuré  par  bon  nombre  de  passages  (L.  noir,  32.  20  ;  L.  Tal. 
214.  6;  Myv.  Arch.  164. i  :  Rys  rnthyr  cfnys;  184.  i  vnuydyr 
efnys  :  200.  20,  chwant  Eva,  efnys  haivl.)  Il  a  le  plus  souvent 
le  sens  d'un  adjectif,  mais  dans  le  passage  suivant  d'un  poème 
du  xv*^  siècle  (Gorchestion  beirdd  Gymru;  Huan  ab  H.  S. 
Swrdwal),  il  a  le  sens  à^tinoiii  :  ni  //;roed  ei  gefyn  ar  efnys 
((  il  ne  tourna  jamais  le  dos  à  l'ennemi  ».  Il  a  pris  le  sens 
d'un  substantif  pluriel  qu'il  ne  semble  pas  avoir  eu  d'abord 
(y  Cyiiiniroiior,  IX,  p.  232;  Ohi  words  glossed  :  efnys  =  gely- 
nyon). 

Dans  l'état  du  texte,  tel  que  je  viens  de  le  donner  et  d'en 
faire  un  commentaire  lexicographique,  toute  interprétation 
d'ensemble  ne  peut  être  que  des  plus  hasardeuses. 

Le  personnage  principal  que  l'on  trouve  dans  les  deux  frag- 
ments est  Kyheic.  Au  vers  6  de  la  strophe  2  du  premier  frag- 
ment, la  personne  qui  parle  propose  un  accord  qui  le  vise. 
Dans  le  deuxième  fragment,  cet  accord  a  eu  des  résultats 
funestes  :  Drislan',  c'est-à-dire  Tristan  gronde  de  fureur  à  la 
pensée  de  l'arrivée  du  partenaire  de  la  personne  qui  parle, 
une  femme  certainement  dans  ce  fragment.  Son  partenaire  est 
un  nain;  il  est  appelé  ainsi  au  dernier  vers.  Cette  femme 
s'accuse,  de  son  côté,  d'avoir  trahi  (vendu)  Marc  (March), 
pour  le  nain.  Elle  s'écrie  en  finissant  que  la  colère  du  nain  lui 
a  été  funeste.  Le  motif  de  la  trahison,  de  l'accord  avec  le  nain, 
elle  nous  le  donne  expressément  au  vers  4  du  2™=  fragment  : 
elle  avait  nu  ardent  désir  de  se  venger  de  Kyheic  à  cause  de  ses 
paroles  si  douces  {douces  comme  le  miel).  Ce  Kyheic  me  paraît 
être  en  substance  le  Kehenis  d'Eilhart  d'Oberg.  Kyheic  a  deux 
syllabes.  Le  nom  a  pu  être  écrit  Keheic,  Keheuc^  :  à  cette 
époque  eu,  dans  cette  situation,  se  prononce  comme  ei;  le 
cribe    aura    lu    Kehenic.    Il   est  fort    possible    que  le    scribe 

1.  Prononcez  Drôstan,  avec  d  bref  a^'ant  la  valeur  de  e  muet  français, 
par  exemple,  dans  petit,  dans  l'article  le.  Au  xn^  siècle,  ainsi  qu'en  vieux 
gallois,  au  lieu  de  y  qui  représente  déjà  ce  son  à  la  fin  du  xi^  siècle,  on  a 
encore  i  ou  e. 

2.  Prononcez  Koheïc.  (Kô-heyc)  avec  6  bref  ;  voir  page  précédente  la 
remarque  au  nom  de  Dristan. 


412  /.   Loih. 

ait  cru  voir  un  signe  d'abréviation  sur  e  :  Kehèic.  Ce  nom 
propre  paraît  dans  le  Book  of  Llandav  sous  deux  formes  Coheic 
et  Cclkic  (p.  207,  212,  227)  :  Coheic  est  plus  ancien.  Le 
Keheiiis  d'Eilhart  qui  répond  à  peu  près  au  Kahcrdin  de 
Thomas,  est  le  frère,  dans  les  romans  français,  d'Iseut  l'Armo- 
ricaine. Passé  en  Cornwall  avec  Tristan,  il  obtient  les  faveurs 
de  Brangvein',  la  célèbre  suivante  et  compagne  d'Iseut  : 
Brangwein  se  donne  à  lui.  Trompée  ensuite  par  de  faux 
rapports,  elle  croît  qu'elle  a  sacrifié  son  honneur  à  un  lâche; 
elle  en  est  tellement  irritée  qu'elle  songe  même  à  dénoncer 
Iseut  et  Tristan  à  Marc.  Kehenis  revenu  en  Armorique  devient 
l'amant  de  la  femme  d'un  seigneur  qui  est  un  nain.  Le  nain 
le  surprend  dans  son  château  en  compagnie  de  Tristan. 
Kehenis  est  tué^  et  Tristan  mortellement  blessé  ^ 

Les  versions  que  nous  possédons  sont  sûrement  loin  de  la 
légende  originale.  Le  motif  du  ressentiment  de  Brangvein 
contre  Kehenis  a  dû  être  plus  sérieux  qu'un  faux  rapport 
sur  la  fuite  du  héros.  Dans  notre  poème,  la  femme  qui  paraît 
être  Brangvein,  a  été  trompée  par  les  douces  paroles  de  Kyheic. 
Elle  aura  appris  les  amours  de  Kyheic  avec  la  femme  du  nain, 
ce  qui  explique  à  la  fois  la  colère  du  nain  et  son  propre 
désir  de  vengeance.  Elle  aura  aidé  le  nain  dans  ses  projets,  et 
peut-être  amené  ainsi  la  mort  de  Kyheic,  ce  qui  explique 
aussi  la  haine  de  Tristan.  Ces  scènes,  suivant  toute  vraisem- 
blance, se  passaient  non  en  Armorique  mais  en  Corinuall.Le  nain 
est  connu  de  Tristan  et  de  Marc.  Il  semble  vouloir  revenir  à 
la  cour. 

La  personne  qui  parle  dans  le  premier  fragment,  une 
femme,  est-elle  la  même  que  l'amoureuse  de  Kyheic,  et  s'a- 
dresse-t-elle  aussi  (strophe  3)  au  nain?  La  collaboration 
qu'elle  a  eue  avec  son  interlocuteur  là  où  l'ean  entraîne  les 
feuilles,  est  une  claire  allusion  au  fameux  épisode  où  Tristan 
jette  des  branches  ou  copeaux  dans  un  ruisseau  qui  les  emporte 
à  travers  la  chambre  d'Iseut,  l'avertissant  ainsi  de  sa  présence. 

1.  Cf.  Bédier,  le  Rovtan  de  Tristan,  II,  p.  271   et  suiv. 

2.  Il  semble  l'avoir  trompée  plutôt  qu'il  n'en  a  été  amoureux.  Dasn 
Thomas,  Kaerdin  qui  est  le  même  personnage  est  amoureux  de  Brangvein 
(Bringvain,  Brangien). 


Romans  de  la   Table  ronde.  415 

L'expression  galloise,  inden,  nous  deux,  où  deii  est  masculin, 
au  lieu  de  /'//  dii\  (duy  féminin),  semble  prouver  qu'un  des  deux 
partenaires  au  moins  est  un  homme.  Mais  le  nain  dans  les 
poèmes  français  et  leurs  imitateurs,  dans  cet  épisode,  est  le 
traître.  Aurait-il,  au  moins  pendant  cette  période,  favorisé  les 
amours  de  Tristan  et  d'Iseut,  dans  la  légende  galloise?  D'un 
autre  côté,  l'éloge  du  début  paraît  bien  viser  Tristan.  L'emprunt 
fiincslc,  dont  le  effets  se  prolongeront  jusqu'au  jour  du  juge- 
ment, semble  être  le  philtre  d'amour,  qui  ne  lui  était  pas  des- 
tiné'. Il  est  difficile  aussi  de  dire  à  quoi  il  est  fait  allusion  à 
propos  du  flot  qui  couvre  le  rocher  du  champion  ou  guerrier 
{le  Saut  Tristan  ?).  La  personne  qui  parle  a  quelque  chose  à -se 
reprocher  vis-à-vis  de  son  interlocuteur  et  lui  propose  un 
accord  visant  Kyheic.  En  quoi  consiste  le  différend  ?  Nous  ne 
le  savons  pas  davantage.  L'éloge  de  Tristan,  les  regrets  de  son 
départ  seraient  mieux  dans  la  bouche  d'Iseut;  elle  avait  eu  de 
grands  torts  vis-à-vis  de  Brang\'ein  et  devait  désirer  une  recon- 
ciliation. Néanmoins,  il  semble  bien  que  ce  soit  le  même 
personnage  qui  parle  dans  les  deux  fragments  et  que  le  per- 
sonnage auquel  elle  s'adresse  soit  bien  le  nain.  L'objet  prin- 
cipal de  leurs  préoccupations,  dans  les  deux  fragments,  est 
aussi  Kyheic.  On  peut  donc  conclure  que  le  rôle  du  nain  y  a 
été  tout  autre  que  celui  du  nain  de  nos  poèmes  français.  Il 
est  fort  possible  qu'après  ayoir  été  l'allié  de  Tristan  et  Iseut, 
le  complice  de  Brangvein,  il  ait  fait  volte-face  après  avoir  appris 
les  amours  de  sa  femme  avec  Kyheic,  amours  favorisées  par 
Tristan,  et  qu'après  une  brouille  passagère,  il  ait  fait  accord 
avec  l'amante  irritée. 

On  ne  peut  que  déplorer  qu'un  poème  dont  l'intérêt 
seraitcapital,  nous  soit  parvenu  dans  un  pareil  état  de  mutila- 
tion. La  métrique,  la  structure  des  strophes,  la  rime  et  l'alli- 
tération présentent  des  caractères  tels,  que  je  n'hésite  pas  à 
atfirmer  que  ce  poème  ne  peut  être  postérieur  au  milieu  du 
xir'  siècle.  Intact,  il  aurait  pu  nous  donner  une  version  sincère 
de  la  légende  de  Tristan  en  gallois. 

I.  L'expression  échanson  de  la  gloire  dans  le  vers  même  où  il  est  question 
de  l'emprunt  funeste,  quand  on  connaît  les  procédés  de  la  rhétorique  bar- 
dique,  n'est  pas  sans  signification.  Si  mon  interprétation  était  sûre,  la  perpé- 
tuité des  effets  du  philtre  aurait  une  grande  importance. 


ADDITIONS    ET    CORRECTIONS 


CONTRIBUTIONS    A     L  ETUDE    DES    ROMANS    DE    LA    TABLE    RONDE 


Rev.  Celt.,  t.  XXX: 
Page  273  :  au  lieu  de  Siitinucr,  lire  Suviuer. 

Rev.  d'il.,  t.  XXXII  : 

Page  298,  note  5  :  au  lieu  de  IViudish,  lire  IVimiisch. 

—  407,  1.  21  :  au  lieu  de  «/,  lire  eût. 

—  408,  1.  6  :  au  lieu  de  le  Ciriisiiis,  lire  lu  Cirusius. 

—  410,1.  24  :  au  lieu  de  àliyo-s,  Wre  dl-vo-s. 

—  411,  1.  6  :  au  lieu  de  Des,  lire  Les; 

—  418,  1.  12  :  mettre  un  astérisque  devant  e.x-caras  ; 

l'bid.,  1.  16  :  au  lieu  de  au,  lire  en. 

—  420,  1.  15  :  au  lieu  de  e  bref,  lire  i  bref; 

—  420,  1.  12  :  après  sont,  ajouter /«  ; 

—  431,  1.  3  :  supprimez  la  virgule  après  la  version. 

Rev.  Celt.,  t.  XXXIII  : 

Page  261,1.  29,  on  prononce  D/»/c//cir^%  dans  le  peuple,  Z>/';»(7:;-n/,(Dimelzack): 
avec  0  très  bref;  pour  un  phénomène  analogue,  cf.  Tregiffion  en  Saint- 
Just-in-Penwith,  qui  se  prononce  Tiei^ijsôîi  {ô  ou  mieux  <?).  Il  y  a  un 
autre  Dimeliock. 

—  265,  1.  4,  à  propos  du  Carlyon  de  Kea,  M.  Henry  Jenner  me  cite  une 
hypothèse  curieuse  de  Henry  Mac  Lauchlan  dans  un  travail  publié  par 
The  Royal  Institution  of  Cormuall  en  184/,  et  intitulé  A'b/w  on  the  casiles 
and  Earth-zvorks  in  Cornwall.  Il  émet  l'hypothèse  que  ce  Carlyon  a  été  la 
résidence  de  Sir  Tristram  et  cite,  à  ce  sujet,  deux  strophes  du  Sir  Tris- 
tram  de  Walter  Scott.  Le  port  de  Falmouth  qui  est  dans  le  voisinage 
serait  le  port  d'où  Sir  Tristram  serait  parti  pour  faire  ses  voyages. 


additions  et  corredîoni.  41^ 

Page  270,  ligne  25.  Dans  un  voyage  à  Lantyait,  j'ai  pu  constater  que  la  pro- 
nonciation anglaise  l'a  emporté  :  on  prononce  Lanlaï-yn  ;  l'accent  est 
sur  V,  c'est-à-dire  à  sa  place  régulière  en  comique. 

—  270-272  :  Lancien.  Dans  un  récent  voyage,  j'ai  pu  constater  que  Golant 
est  le  nom  d'un  village  sur  le  bord  de  la  rivière  de  Fowe}'.  L'église 
paroissiale  de  Saint-Sampson  en  est  à  un  kilomètre  environ,  dans  une 
situation  abrupte,  dominant  la  rivière.  Lancien  (Lantyan)  n'est  plus 
qu'une  ferme  à  deux  ou  trois  kil.  de  l'église.  J"ai  tenu  à  me  rendre 
compte  de  sa  situation.  Lancien  est  au  fond  d'un  vallon  étroit,  resserré 
entre  deux  collines.  Un  ruisseau  descendant  de  la  hauteur,  serpente  entre 
les  collines  et  passe  à  travers  la  ferme  et  des  dépendances.  J'ai  pensé 
tout  de  suite  au  ruisseau  qui  passait  à  travers  les  chambres  royales  et  où 
Tristan  jetait  des  copeaux  pour  avertir  Iseut  de  sa  présence.  Des  hauteurs 
avoisinantes,  en  se  rapprochant  de  Saint-Sampson's,  on  aperçoit  la  mer 
dans  la  direction  de  Tyrwardreath. 

—  274.  C'est  au  Rév.  Tavlor  que  je  dois  l'indication  de    Looe  hland. 

—  275-276. Ily  a  aussi  un  Tristram's  Jump  ou  saut  Tri stiiii  kTimagel,  mais 
c'est  une  invention  de  littérateurs. 

—  277.  Il  y  à  un  autre  Malpas  prononcé  et  écrit  Mopes  près  de  S^  Michael's 
Mount,  entre  les  rochers  et  la  côte  :  sur  les  cartes  il  apparaît  sous  le  nom 
de  Moutit-mopes. 

—  279.  Dans  le  roman  de  Béroul  (vers  4010-401 1),  il  est  dit  que  Tris- 
tan et  Gouvernai  qui  sont  sur  la  rive  droite,  c'est-à-dire  sur  la  rive  oppo- 
sée à  Mal  Pas  : 

Par  .1.  vert  pré,  entre  .ii.  luiiis, 
Sordeiit  sus  en  la  Blanche  Lande. 

Nunsavallen  (Blanche  Lande)  est,  en  effet,  à  peu  près  au  sommet  d'une 
coUine  assez  élevée  qu'on  aperçoit  d'auprès  du  Mal  Pas,  à  une  iaible  dis- 
tance de  la  rivière.  En  y  allant,  en  partant  d'une  crique  formée  par  la 
rivière,  presque  en  face  de  Malpas,  on  passe  entre  deux  vans. 

Le  nom  de  la  crique  vaseuse  en  face  la  pointe  de  Malpas  m'avait 
échappé.  Il  est  d'une  grande  importance  :  Lainh  Creek,  tout  auprès, 
Land?  wood.Lainbcst,  suivant  toutevraisemblance,  le  comique  laintn,  corn, 
mod.  labni,  qui,  comme  en  breton,  a  le  sens  de  iaut,  et  aussi  de  chute. 
C'est  un  souvenir  de  la  chute  voulue  de  Tristan  sur  Iseut. 

Quant  au  nom  de  Blanche  Lande,  il  paraît  dû  à  l'aspect  même  des 
terres  du  nianor.  M.  Henr\'  Jenner  me  fait  part  d'une  communication  du 
Rév.  D.  G.  Whitley,  vicar  de  Baldhu,  paroisse  ecclésiastique  formée 
d'une  partie  de  Kea  et  deKenwyn.  Il  en  résulte  que  le  manor  de  Blanch- 
land  s'étendait  dans  sa  paroisse  et  que  la  partie  non  cultivée  est  pour  une 
bonne  part  parsemée  de  pierres  de  quartz  blanc.  Le  Rév.  Whitley  pense 
qu'une  grande  partie  de  la  zone  actuellement  cultivée  a  été  enclose  à  une 
époque  assez  récente  et  qu'une  bonne  partie  du  nianor  était  littéralement 
une  IVhite-land . 

Me  fondant  sur  l'analogie  de  T\  Givvnn  en  Carmarthenshire  devenu 
Alba  Donnis,  Alba  Laiula  et  ll'hiteland,  j'avais  supposé  qut  Blanche  Lande 


4i6  Addilioiis   cl  corredimii. 

devait  être  une  traduction  du  comique.  Ce  qui  n'était  qu'une  supposition 
devient  une  réalité.  La  veille  d'un  pèlerinage  que  j'ai  eu  le  plaisir  de  faire 
au  Mal  Pas  et  à  Blanche  Lande,  le  25  juillet  dernier,  en  compagnie  de 
M.  atM^ne  Jenner,  et  du  Rév.  Taylor,  j'avais  fait  part  à  mes  amis  de  mon 
hypothèse.  Le  Rév.  Taylor  se  rappela  qu'il  connaissait  une  famille  de 
Chygiuinne  (maison  Blanche^  habitant  Kea,  c'est-à-dire,  la  paroisse  où  se 
trouve  la  Blanche  Lande.  M.  Henry  Jenner,  étudiant  la  topographie  de  la 
paroisse,  au  point  de  vue  de  notre  voyage,  le  lendemain  matin,  décou- 
vrait, en  effet,  un  lieu-dit  Chy-givynne,  à  peu  de  distance  de  Nansavallan . 
Le  Rév.  Taylor  a  fait  depuis  des  recherches  pour  savoir  si  Chygivinne, 
appelé  aussi  Chy-ivine,  faisait  partie  du  manor  de  Blanche  Lande.  Ses 
recherches  n'ont  abouti  qu'à  un  résultat,  c'est  qu'à  l'époque  où  le  pro- 
priétaire actuel  a  acheté  Chywine  et  une  autre  propriété  appelée  aussi 
Chezueen,  ces  terres  étaient  indépendantes  de  tout  manor.  La  graphie 
Cheween,  Chywine  me  paraît  inexacte.  M.  Henry  Jenner  en  consultant  les 
Coiintv  niaps  (carte  de  6  pouces  à  un  Statute  mile  de  1908)  a  constaté 
l'existence  de  deux  maisons  en  Kea  :  Chegwyne  et  Chirgwin.  Je  suis 
pleinement  de  son  avis:  Chir-gwin  est  pour  Tir-gwynn,  terre  blanche,  et 
Chegtuvnne  signifie  maison  Blanche.  Un  trait  du  comique,  c'est  de  trans- 
former un  t  initial  suivi  d'une  palatale,  dans  certains  termes,  en  ts  :  ty 
est  devenu  Chy  (tsi). 

Il  est  très  possible  qu'à  une  époque  ancienne,  la  demeure  de  Ty-guynn 
ou  de  Tir-givynn  ait  été  transportée  à  Nansavallan.  Tir-guynn  est  natu- 
rellement devenu  White-land  pour  les  Anglais  et  Blanche-lande  pour  les 
Français.  Ty-g-wynn  devait  désigner  la  demeure,  et  Tir-guynn,  tout  le 
manor. 
Page  281,  1.  17.  Il  existe,  en  Irlande,  au  moins  un  lieu  du  nom  de  muirresc. 
Il  est  dans  le  comté  de  Sligo  et  mentionné  dans  les  Annales  of  Ulster 
(603,707,  735,  758)  :  bellum  itn  Muiruisc  (tome  I,  603). 

—  284,  dernière  ligne.  Aujourd'hui  encore  on  n'appelle  guère  le  Mont 
Saint-Michel  que  le  Mont  (The  mouni). 

—  288.  Il  est  important  de  remarquer  que  sous  le  nom  de  IVealas,  les 
Anglo-Saxons  comprenaient  les  habitants  du  Cornwall  aussi  bien  que 
ceux  de  Galles.  Suth-wealas  a  très  bien  pu  désigner  le  Cornwall.  Il  a  pu 
y  avoir,  de  ce  fait,  confusion,  chez  les  auteurs  français,  entre  le  pays  de 
Galles  et  le  Cornwall . 

—  293,  ligne  troisième  avant  la  fin,  au  lieu  de  »  long  brittonique,lire  ïi  long 
vieux-comique. 

—  296,  1.  I  :  au  lieu  de  Rodait,  lire  Rudalt. 

—  297,  1.   I  )  :  au  lieu  de  Conohelinus,  lire  Cunohelinus  ; 

ibid.,  1.  19  :  dialectaleinent,   d'après  le    Voc.  comique,  l'assimilation  de 
e  en  /  sous  l'influence  d'un  /  suivant,  paraît  avoir  eu  Heu. 

—  304,  note  2  :  au  lieu  de  VI,  lire  VIL 

—  310,  N.  B.  La  carte  est  celle  de  Kelly. 


uccxȃpcu:iiuiax  nii'uni  rnotrtinH^.pa^^f 

f(^ai):mV.Siâ  cothututd  sps  axvii  ï' 

CUimusTnW'CJcuTtticL^niJicc  mtxiini  .^^^^ 

'pieuanoif^^^içus  TïftL.poutœ  citiujpçusïàiiur,  j 
OonnuiO'feïcaumQisii«ptxr^tnHrpfiiTi6v   t 

^OTittiS'^p'enii  ciu?fV|vTnaJrKKc pctiirti^a^^ 


Fac-similé  du  ms.  d'Orléaxs  302  (255),  i\)f,c  21. 


GLOSES    BRETONNES 
INÉDITES     DU     IX-^^     SIÈCLE 


Il  y  a  un  peu  plus  d'un  mois,  le  professeur  W.  M.  Lindsay, 
de  l'Université  de  saint-Andrews  (Ecosse)^  m'informait  qu'il 
avait  découvert  trois  gloses  bretonnes  dans  un  manuscrit  de 
Sedulius,  du  ix^  siècle,  suivant  le  catalogue  de  la  bibliothèque 
qui  le  possède,  la  bibliothèque  d'Orléans  :  cote  302  (255).  Il 
ajoutait  qu'il  pouvait  y  en  avoir  d'autres  mais  que  le  temps  lui 
avait  manqué  pour  s'en  assurer.  Je  fis  venir  ce  manuscrit  aux 
Archives  départementales  de  Rennes,  afin  de  pouvoir  l'étudier 
à  loisir.  Des  trois  gloses  que  me  signalait  le  Prof.  Lindsay, 
deux  sont  bretonnes  {pcuberthou,  lor)  ;  Ion,  de  la  page  25,  ligne 
5,  glosant  clin  doit  être  lu  longo  ou  hvignni.  Il  y  a  sur  0  et 
atteignant  ;/  un  trait  horizontal  lôn,  et  n  est  suivi  d'une  vir- 
gule; d'après  les  habitudes  du  scribe,  c'est  un  mot  commencé; 
il  y  a,  à  la  même  page,  au-dessus  de  ncris  :  inOr,  c'est-à-dire 
morlis.  J'ai  découvert  sept  autres  gloses  bretonnes,  ce  qui  tait, 
en  tout,  neuf.  C'est  peu,  mais  la  qualité  rachète  la  quantité  ; 
cinq  nous  donnent  des  mots  qui  étaient  jusqu'ici  inconnus  en 
breton;  quatre  ne  sont  pas  représentés  en  gallois.  Il  y  en  a 
quatre  également  qui,  à  ma  connaissance,  manquent  au  voca- 
bulaire irlandais.  Les  celtistes  ne  peuvent  qu'être  reconnais- 
sants au  Prof.  Lindsay  de  sa  perspicacité. 

Voici  ce  que  donne  au  sujet  de  ce  manuscrit  le  Catalogue  de 
la  bibliothèque  d'Orléans  '  : 

P.  150  .•  302  (255)  :  ouvrages  de  Sedulius  et  de  Bède. 
Page  I  :  Hoc  opns  SeduJii  inter  car  tas  ....  presque  effacé  ^ 

1.  Catalogue  général  des  mss.  des  hibl.  publiques  de  France.  XII.  Orléans. 

2.  Cf.  Patrol.  ht.,  tome  XIX,  p.  486.  2  et  suiv. 


4i8  /.  Lolh. 

Page  2  :  «  Incipit  apologeticus  prologus  Sedulii  rhetorîs. 
Domino  mec  sancto  ac  beatissimo  patri  Macedoiiio  prcsbytero  Sedu- 

liits  in  Christo  saliiteiii'  quia  pascha  nostrum  immolatus 

est  Christus 

Page  9.  [Opus  paschale  Sedulii] 

Paschales  qiiicumqiic  daper  conviva  requins  ^ 

Portantes  nostros,  Christo  veniente,  maniplos  '. 
Page  24.  ((  Incipit  liber  i"'  novi  testamenti  ^.  » 
Expulerat  priniogenituni  sœvissinius  angiiis  > 

siifficeret  densos  per  tanta  volumina  libros  ^ 
Finit.  Amen.  Deo  gratias  ago 
Page  82.  «  Incipiiint  versus  Sedulii  de  Christo  » 

Cantetnus,  socii,  Domino,  cantcmus  honorem  7 

Dnm  cessant  plage,  perfide  cœde  péris  ^ 

La  seconde  partie,  qui  est  du  xi^  siècle,  contient  FArs 
metrica  de  Bède,  et  à  partir  de  la  page  151,  un  ouvrage  de 
Sedulius,  le  même  qu'au  début. 

Le  manuscrit  paraît  incomplet;  le  poème  {Elegia  de  Christo) 
s'arrête  au  25'  vers;  entier,  il  en  compterait  iio  {Patr.  lut., 
XIX,  p.  762),  mais  on  en  retrouve  la  suite  plus  haut  p.  23. 
Le  Carmen  paschale  reprend  deux  pages  plus  loin.  Sur  Tauteur 
Cœlius  Sedulius,  voir  Patrol.  lut.  tome  XIX,  Prolegom.,  p. 
435  et  suiv. 

1.  Patrol  lat.,  XIX,  p.  534. 

2.  Ibid.,  p.  550.  La  note  opus  paschale  Sedulii  tiexisie  pas  dans  le  ms. 

3.  Ibid.,^.  559  :  fin  du  Livre  premier. 

4.  Ibid.,  p.  594.  Le  ms.  porte  :  Incipit  liber /';/w?m  novi  testamenti. 

5.  Patr.  lat.,  XIX,  p.  594. 

6.  C'est  la  fin  du  Livre  F  (Patrol.,  p.  753). 

7.  Patrol.,  p.  754  (en  tête:  Cœlii  Sedulii  Elegia). 

8.  Dans  le  manuscrit,  il  y  a  au  lieu  de  caede,  corde  avec  un  r  engagé 
dans  0  et  ressemblant  à  e  incomplet.  Ce  n'est  pas  le  dernier  vers  du  ms.  Il 
y  a  un  vers  suivant,  final  : 

agnus  ab  boste  sacer  reduxit  sanguine 
Le  dernier  mot  patres  manque  (Patrol.,  p.  755,  col.  i,  vers  25. 


Ghsc's  hreloiiiH's  inédiles  du  iX^  siècle.  419 

Le  manuscrit  est  donné  comme  étant  du  ix*  siècle.  Un 
manuscrit  de  Sédulius  figure,  en  effet,  parmi  les  mss.  de  ce 
siècle  portés  au  catalogue  manuscrit  de  l'abbaye  de  Fleury  ou 
Saint-Benoît-sur-Loire  conservé  aujourd'hui  à  la  bibliothèque 
de  Berne  ',  sous  la  cote  3.  L'écriture  du  ms.,  sorte  de  demi- 
onciale,  est  du  type  anglo-saxon.  Les  caractères  rappellent  de 
très  près  ceux  d'un  ms.  du  viii'  siècle,  de  ce  type,  auquel 
M.  Léopold  Delisle  a  consacré  une  notice  dans  son  Catalogue 
des  inamiscrits  des  fonds  Libri  et  Barrois,  p.  7,  fac-simile,  pi.  VI, 
n°  I.  M.  Prou  en  a  reproduit  cinq  lignes  aux  pages  40-41  de  son 
Manuel  de  Paléographie.  Il  y  a  traces  cependant  dans  notre 
manuscrit  de  l'influence  continentale  et  le  scribe  fait  preuve 
d'un  certain  éclectisme  :  il  y  a  deux  r,  l'un  identique  à  celui  du 
ms.  du  VIII''  siècle  que  je  viens  de  citer,  et  se  confondant  facile- 
ment avec  ;/  ;  l'autre  du  type  continental  ;  on  peut  en  dire 
autant  de  j;  n  est  parfois  un  peu  plus  arrondi  par  le  haut.  Il 
en  est  de  même  pour  les  signes  abréviatifs  :  p.  8,  ligne  3,  ligne 
6,  on  a  l'abréviation  irlandaise  ou  anglo-saxonne  de  per  (/)  ; 
au  contraire,  p.  1 1,  1.  4;  p.  21,  1.  15  et  23,  j'ai  relevé  l'abré- 
viation ordinaire  Çp).  L'écriture  du  glossateur  ne  diffère  pas  de 
celle  du  manuscrit.  Ce  manuscrit  a  dû  être  écrit  en  Bfeiagne, 
et  a  émigré  comme  beaucoup  d'autres,  en  France  et  ailleurs, 
lors  des  grandes  invasions  Scandinaves  de  la  fin  du  ix^  siècle. 
Il  n'y  a  pas  à  s'étonner  de  trouver  un  pareil  type  d'écriture 
dans  un  manuscrit  breton.  Le  fragment  de  Leyde,  qui  est  du 
ix^  siècle,  contient  un  ms.  de  botanologie  médicale  ;  plus  de 
cinquante  mots  bretons  font  partie  intégrante  du  texte.  Le 
scribe,  à  en  juger  par  le  nom  du  gui  (isœl-harr^  qui  n'existe 
qu'en  haut-vannetais,  était  probablement  du  Bro-weroc  ou  van- 
netais- breton.  Or,  M.  Whitley  Stokes,  qui  a  publié  ces  mots, 
nous  dit  que  le  ms.  est  en  caractères  nettement  irlandais. 
Lems.  193  d'Orléans  qui  a  donné  de  200  à  300  gloses  bre- 
tonnes et  qui  est  de  la  fin  du  ix^  ou  du  commencement 
du    x''   siècle,  présente  encore  des    traits  insulaires,  comme 

I.  Catalogue  des  niss.  d'Orléans,  p.  m.  Les  deux  catalogues  ms.  des 
ouvrages  du  xe  et  du  xi^  siècle  ont  été  publiés  par  Hagen  dans  les  Jahrbùcher 
fiir  Classische  Philologie  de  Fleck^'isen,   1869,  p.  510. 

Revue  Celtique,  XXXIII.  a8 


420  /.   Loi  h. 

caractères  et  abréviations,  notamment  les  abréviations  de 
per  et  d'enim.  Le  ms.  1616  (^Nouvelles  acqu.)  provenant 
de  Fleury,  ms.  du  ix^  siècle,  et  contenant  des  gloses  bre- 
tonnes présente,  dit  M.  Léopold  Delisle,  le  type  hiberno- 
saxon '.  Les  caractères  des  inscriptions  funéraires  chrétiennes 
sur  cippes  ou  menhirs  du  viii'^  au  x^  siècle,  sont  à  peu  près  les 
mêmes  que  ceux  des  inscriptions  de  la  même  époque  en  Galles. 
Il  me  paraît  probable  que  le  type  d'écriture  insulaire  était 
encore  courant  en  Bretagne,  au  moins  dans  la  zone  bretonnante 
pendant  la  plus  grande  partie  du  ix'^  siècle.  L'écriture,  comme 
les  mœurs,  a  dû  se  modifier  sous  l'influence  française  qui 
devint  de  plus  en  plus  active  après  la  conquête  des  pays  de 
langue  française  de  la  péninsule  au  milieu  du  ix''  siècle  et  l'ex- 
tension de  la  domination  ou  de  la  suprématie  bretonne  sur  le 
Cotentin,  une  bonne  partie  du  Maine  et  de  l'Anjou  ^ 

La  lecture  du  ms.  et  surtout  des  gloses  n'est  pas  sans  difii- 
culté.  M.  Teulié,  conservateur  de  la  Bibliothèque  universitaire 
de  Rennes  et  chargé  d'un  cours  de  bibliographie  et  paléogra- 
phie à  la  Faculté  des  Lettres,  a  bien  voulu  me  prêter  le  secours 
de  son  expérience  :  je  lui  dois  plus  d'une  indication  utile.  Une 
seule  glose  dont  la  celticité  n'est  pas  assurée,  a  résisté  à  ses 
eflorts  et  aux  miens.  Elle  est  au-dessus  de  silu  (^consomption, 
d'après  le  contexte).  Le  mot  semble  commencer  par  s  l,  et 
encore  peut-on  hésiter  entre  self;  il  paraît  se  terminer  par 
-con,  mais  ce  n'est  pas  sûr.  Le  signe  entre  /  et  c  n'est  pas  lisible. 

Au  haut  de  la  page  3  on  lit  ces  deux  mots  d'une  main  diffé- 
rente de  celle  du  scribe  et  du  glossateur  :  ciimsaiilis  siiis.  Les 
caractères  sont  nettement  irlandais,  et  les  deux  mots  le  sont 
aussi.  Ils  ne  paraissent  avoir  aucun  rapport  avec  les  lignes  qui 
suivent  {cJementius  fabricam  sui  juris  aspexit  et  stultos  in  memnn- 
danae  sapientiae  diiitius  hahere  sensus  indoJuit^.  Cnmsantis  est  une 
y  pers.  du  plur.  de  l'imparfait  de  l'ind.  de  cumsanad,  subst. 
verbal  bien   connu   dans   le   sens   de  repos.  Si  us  paraît   dans 

1.  Catalogue  des  nus.  des  fonds  Libri  et  Bar  rois,  p.  76  (planche  6,  11°  2). 

2.  Les  moines  bretons  fréquentaient  volontiers  Fabbaye  de  Fleury  Sur 
cette  abbaye,  v.  abbé  Rocher,  Histoire  de  Vabhaye  royale  de  Sainl-Benoît-sur- 
Loire,  Orléans,  1865.  — -Cuissard,  L'Ecole  de  Fleiiry-sur-Loire  à  la  fin  du 
IX^  siècle.  Orléans,  1876. 


Gloses  hreloiiiu'S  uiédilcs  du  IX"  sicclc.  421 

l'hymne  7  '  (isius)  et  est  traduit  par  M.  Whitley  Stokes  par 
in  lenglh.  L'expression  signifierait.  «  Ils  se  reposaient  longue- 
ment (tout  leur  saoul).  »  Ciiiiisantis  est  une  forme  jointe,  ce 
qui  constitue  une  difficulté,  mais  des  formes  analogiques  de 
ce  genre  ne  sont  pas  sans  exemple.  De  plus,  il  est  possible 
que  la  glose  soit  du  moyen-irlandais.  Or,  c'est  la  forme  jointe 
qui  domine  à  cette  époque;  sins  pour  /  sîhs  s'explique  assez 
facilement  après  cmnsanlis. 

La  présence  de  mots  irlandais  dans  un  manuscrit  bre  ton  ou 
gallois  n'a  rien  que  d'ordinaire.  Le  ms.  lat.  12021  de  laBibl.  nat. 
écrit  par  le  Breton  Arbedoc  avec  l'autorisation  de  l'abbé 
Haelhucar,  contient  trois  phrases  irlandaises.  Le  ms.  de  Berne 
(167),  au  milieu  de  gloses  bretonnes,  présente  une  glose  irlan- 
daise. A  côté  de  8  gloses  bretonnes,  le  ms.  latin  114111  delà 
Bibl.  nat.  a  20  globes  irlandaises.  De  même,  il  y  a  environ  10 
gloses  irlandaises  au  milieu  d'.issez  nombieuses  g  oses  galloises 
dans  le  ms.  de  Juvcncus  de  Cambridge  du  ix*"  siècle  ^.  En 
revanche,  le  ms.  de  la  Bibl.  Bodleienne,  connu  sous  le  nom 
d'Oxoniensis  prior,  qui  est  pour  le  texte  un  ms.  gallois,  a  donné 
environ  50  gloses  bretonnes,  à  côté  d'un  nombre  beaucoup 
plus  considérables  de  gloses  galloises  \  Il  ressort  d'un  savant 
et  intéressant  travail  du  Prof.  W.  M.  Lindsay  {Breton  scrip- 
toria.  Their  Latin  ahbreviation-symboh^  récemment  paru  dans 
Zentralblalt  filr  Biblinthekswesen,  que  les  scribes  bretons,  même 
dans  les  inss.  à  caractères  continentaux,  ont  conservé,  dans 
leur  svstème  d'abréviations,  en  très  grande  partie,  jusqu'au 
xi^  siècle,  les  habitudes  des  scribes  insulaires. 

GLOSES  BRETONNES   : 

I.  Page  3,  ligne  17  :  i  tornouidocion  ^\.et  egros(et  egros 
mihi  anhelitus  separatio  commovebat)  4.  Après  tornouidocion 

1.  Thésaurus,  II,  "p.  357;  Thurneysen,  Haudbuch,  p.  565,  suppose  que 
sins  est  une  forme  jointe  du  subj.  en  s,  f^  pers.  du  sg.,  de  saidul.  Le  con- 
texte ne  me  paraît  pas  être  en  faveur  de  cette  hypotnèbe. 

2.  Sur  ces  gloses  irl.,  cf.  Whitley  Stokes  et  Strachan,  Thésaurus  palaeo- 
hiberuicus,  II,  p.  42,  44. 

5.  Parmi  les  gloses  bretonnes,  il  y  en  a  une  qui  est  sûrement  galloise  : 
c'est  laur,  gl.  solum. 

4.  Patrol.,  XIX,  p.  536  :  iHa  mihi  ratio. 


422  /.  Lolh. 

qui  est  au-dessus  d'egros,  séparé   par  un  point,  sur  la  même 
ligne  :  cgraninw  egrotus  cor  porc. 

2.  Page 4,  1.  3  :  ROGOTETicgl.  creditam  (nefas  esse  pensabam, 
muti  tenacitate  silentii  cum  nullo  partir!  ne  unius  valenti 
creditam  quantitatem  dum  nitor  cautius  custodire,  culpa  défas- 
se pecunice  non  carerem). 

3.  Page  II,  1.  15  :  GUûED  GUiNiiN  gl.  labrnscam 

(Labruscam  placidis  quid  adhuc  pra;ponitis  uvis?) 

4.  Page  17,  1.  17  :  adnou  gl.  depositnm  (en  parlant  de  Jonas 
dans  le  ventre  de  la  baleine)  : 

.  . .    Tutiisque  in  ventre  ferino 
Depositnm,  non  praeda  fuit. 
5  et  6.  Page  21,  I.  5  et  6  :  Milinion  '  gl.fuJvis; 

PENBERTHOU  gl.  tboUs 

( .  .  .  .  radians  ubi  regia  fulvis 
Emicat  aula  tholis) 

7.  Page  26,  1.  23  :  lor  gl.  sol  uni 

(jerraruni  non  onme  solnni) 

8.  Page  4,  1.  23  :  lath  gl.  stipite 
{Repperit  esuriens  lustrato  stipite  pomuni) 

9.  Page  62,  1.  /]  :  dodicouant  gl.  extorsit 
(jinaninmni  panent  sic  ille  petebat  amicum 
Qui  foribus  clausis  per  opaca  silentia  noctis 
Obnixeqne  diu,  conji dent er que  neganti 
Vocibus  assiduis  precibusque  extorsit  ûnhelis). 

Quelques  gloses,  qui  n'ont  rien  de  celtique,  m'ont  paru 
valoir  la  peine  d'être  relevées.  A  la  page  3,  à  la  dernière  ligne, 
on  trouve  une  glose  fort  énigmatique,  pour  moi  tout  au  moins; 
on  lit  au-dessus  de  parvifoiniiis  -.fomes  est  ««J^^cv  (t'j"/ en  abrégé) 
./.  ignis   alintentuni  :  contexte  :  et  id  ipsuni  parvi  fomitis  nutri- 

nientuni  quod  in  nie polnit  doni  cœlestis  oleo  permanere on 

ne  peut  lire,  je  crois  que  :  anomesos  ou  anonesos. 

Page  33,  1.  10,  il  y  en  a  une  autre  également  singulière,  au- 
dessus  de  ce  vers  : 

En  lapis  irriguus,  satiare,  incrédule,  fonte, 

I.  M.  Teulié  me  fait  remarquer  que  le  scribe  semble  avoir  voulu  d'abord 
écrire  m  final;  s'apercevant  de  son  erreur,  il  a  laissé  le  5^  trait  inachevé,  à 
peine  ébauché. 


Gloses  hrelontics  inédites  du  IX"  siècle.  425 

vers  suivant  : 

Qui  Christ  II  m  reprobûs,  en  lapis  irriguus. 

On  lit  au-dessus  à  partir  de  lapis  :  a  quo  mananere  agtie  in 
descrto.  italdriguiis.  Ce  mot  se  trouve  au-dessus  de /«crai^/e; 
il  est  suivi  de  popiilc  qui  doit  gloser  incrédule.  Le  glossateur 
entend-il  par  là  :  valde  irriguus  ?  Egrauinw  pour  egro  animo 
après  tornouidocion,  à  la  page  3,  pourrait  le  foire  supposer. 

Plus  étrange  paraît  encore  une  glose  de  la  page  6,  1.  9  :  au- 
dessus  de  tirocinio,  on  lit  militia  vel  pifritia  (Ursiiiuiii,  qui 
duiii  '  ab  aeîalis  suae  primaevae  tirocinio  régis  aeterni  castra  non 
deseren s...).  Militia  est  au-dessus  de  tirocinio. 

Page  58,  1.  II,  au-dessus  de  urna  (yidiiaverat  urna),  on  lit 
tarba  (ou  torba)  et  au-dessous  se  reliant  à  l'autre  glose  :  torna. 

M.  A.  Thomas,  que  j'avais  consulté  au  sujet  de  ces  étranges 
gloses,  m'écrit  que  torna  rappelle  le  provençal  dorna  pour 
urna  %  dont  le  d  est  à  expliquer;  ce  d  se  trouve  encore  dans 
dorga  (prob.  arca^,  dans  douire  (prob.  uter).  Je  ne  crois  pas 
impossible  qu'il  s'agisse  ici  du  dorna  provençal.  Notre  scribe 
a  des  hésitations,  précisément,  au  sujet  du  /  et  du  ^  (v.  plus 
bas  matudina  et  Daviticis^. 

Les  mots  suivants  m'ont  paru  dignes  d'être  relevés,  à  des 
points  de  vue  divers  : 

p.  17,  1.   II  :  sur  régi  :  Etsechiae  (E:(echias)  ; 

p.  23,  1.  II  :  crocis  sur  signuni  (p.  '72,  1.  21  :  crox  sur por- 
tavit); 

p.  73,  1.  5  :  TONiCA  (sur  sacra  vestis)  :  (dans  les  Gloses  à 
Amalarius,  ms.  latin  1202 1  de  la  Bibl.  nat.,  p.  124  :  taxant. 
est  glosé  par  tonicarn)  ; 

p.  77,  1.  18  :  in  MATUDINA  Paschaegl.  hoc  luminis  ortn; 

p.   81,  1.  3  :  nouua  g\.  recens. 

P.  10,  1.  18,  cette  fois  dans  le  texte,  on  lit  Daviticis  au 
lieu  de  David  ici  s  (cur  ego  daviticis  assuetus  cantibus).  Ce  flotte- 
ment dans  la  graphie  de  l'occlusive  sourde  ou  sonore  intervo- 
calique,  au  ix^  siècle,  est  digne  de  remarque.  Dans  les  gloses 
brittoniques  (galloises,  comiques  ou  armoricaines),  l'occlusive 


1.  Le  texte  de\a.  Pair,  lai.  n'a  pas  <///»/;    il  existe  dans  quelques  mss. 

2.  M.  Teulié  avait  aussi  pensé  à  dorna. 


424  /.  Loth. 

sourde  intervocalique  paraît  intacte  ;  mais  elle  était  sans  doute 
en  voie  d'évolution  ;  au  xii=  siècle,  régulièrement  elle  évolue 
en  sonore,  quoi  qu'il  y  ait  encore  d'assez  nombreuses  excep- 
tions. De  récentes  expériences  au  laboratoire  de  phonétique 
du  Collège  de  France  ont  établi  qu'en  Galles,  ces  occlusives, 
aujourd'hui  sonores  dans  l'écriture,  ne  le  sont  qu'en  partie 
dans  la  réalité  ;  dans  le  Glamorgan,  elles  sont  encore  nette- 
ment et  indubitablement  sourdes,  chaque  fois  qu'elles  suivent 
immédiatement  la  voyelle  accentuée.  Il  me  paraît  certain  que 
si  on  écrivait  encore  au  ix*  siècle  p  t  c  entre  voyelles  et  non 
b  cJ  g,  ce  n'est  pas  par  suite  d'un  simple  retard  de  l'écriture 
sur  la  pronociation  et  en  vertu  d'une  tradition  littéraire  :  l'é- 
volution n'était  que  commencée  et,  à  l'oreille,  le  plus  sou- 
vent, on  avait  encore  l'impression  plutôt  d'une  sourde. 

Il  esta  remarquer  aussi  que  le  gallois  rrow,  comique  croies, 
breton  vannetais  croes  (ailleurs,  aujourd'hui  croas),  supposent 
crox  et  non  crux.  L'irlandais  croch  (croix,  gibet)  vient  aussi  de 
croccm;  de  même  crocbaiin,  je  crucifie,  je  pends;  gallois  crogi, 
pendre. 

Tunica  devait,  en  brittonique,  évoluer  régulièrement  en 
*toneca  et  eût  donné,  en  gallois  et  en  breton  *tonec;  on  a  eu, 
en  vieil-irlandais,  tonach. 

REMARQUES    AUX    GLOSES 

Les  gloses  brittoniques  ne  sont  sûrement  pas  galloises  :  lor 
gl.  solum  suffirait  à  le  prouver  ;  à  cette  époque  déjà  on  eût  eu 
la  forme  diphtonguée  lanr  ;  dodicouant  eût  été  vraisemblable- 
ment, si  la  glose  était  galloise,  écrit  didicouant  '.  Au  lieu  de 
milinion  qui  montre  e  de  melin,  jaune,  blond,  transformé  en  / 
surtout  sous  l'influence  de  la  terminaison  -ion,  on  eût  eu 
aussi  :  nielinmi.  En  revanche,  ces  formes  pourraient  être  cor- 
niques.  Un  mot  semble  cependant  écarter  l'hypothèse  cor- 
nique  :  c'est  guoed  guiniin  glosant  labruscam  (moi  à  mot  :  sau- 
vage vigne).  Le  mot  ne  se  trouve  qu'en  moyen  breton;  il  est 
vrai  qu'il  a  pu  disparaître  du  comique  ^;  en  tout  cas,  gîwed, 

1 .  di  pour  do  est  équivalent  à  dô. 

2.  Dans  le  Voc.  corn.,  vinea  est  traduit  par  guin-breii. 


Gloses  hrcloimes  iiîàlilcs  ilii  IX'^  siècle.  425 

sauvage,  moyen-breton  i^oc~,  ne  paraît  pas  comique,  pour  cette 
époque;  on  le  trouve,  en  effet,  dans  le  Foc.  corn,  dont  le  ms. 
est  du  XIII''  siècle,  mais  qui  a  été  écrit  au  xii%  sous  la  forme 
^^uit  (pour  gtiid)  dans  guit-Jil,  fera;  à  ne  prendre  que  le  cor- 
nique  moyen,  milinion,  serait  plutôt  armoricain.  Mais  il  semble 
bien  qu'au  xii^  siècle,  dans  une  partie  du  Cornwall,  dans  une 
variété  dialectale  du  Nord  qui  aura  disparu,  /  se  montre  au 
lieu  de  c,  peut-être  sous  l'influence  d'un  /  bref  suivant  '  :  v. 
corn,  midil,  messor;  viiUn,  flavus  ;  comique  moyen  melyn.  En 
marge,  on  a  écrit  melyn,  qui  est,  en  effet,  la  forme  correcte  du 
comique  moyen  des  textes. 

I.  TORNOUiDOCiON  gl.  cgros  :  le  sens  est  précisé  par  la  glose 
marginale  qui  suit  ce  mot  :  egranimo  egrotus  corpore,  c'est-à- 
dire,  comme  on  dit  en  français  :  malade  de  corps  et  d'esprit. 
C'est  un  adjectif  au  pluriel,  composé  du  préfixe  intensif  tor-, 
d'un  double  sufiixe  (-id-oc-),  et  d'une  racine  représentée  en 
gallois  moyen  par  diverses  formes  :  neu-af  (r^  pers.  du  sg. 
du  prés,  de  l'ind.);  neii-ed,  substantif;  af-neued,  adjectif.  Le 
sens  de  ces  mots  à  d'autant  plus  besoin  d'être  précisé  qu'ils 
ont  disparu  de  l'usage  et  qu'il  n'ont  pas  toujours  été  compris. 

nen-af  a  clairement  le  sens  d'être  dans  un  état  d'abatte- 
ment, de  perplexité,  de  regret.    . 

Myv.  arch.,  p.  168.  I   : 

Eryr  gly w  glewaf,  neuaf  na  daiv 
«  Aigle,  chef  le    plus  vaillant,    je  suis  aux  regrets  qu'il  ne 
vienne  pas  ». 

Ihid.,  164.  2  : 

Cyn  ei  far  arnaf,  neuaf  nam  lias, 
n  Avant  que  sa  colère  ne  fût  sur  moi,  je  regrette  qu'on  ne 
m'ait  pas  tué.  » 

Ibid.,  160.  I  : 

o'r  pan  lias  llyw  ked,  neud  ncued  nés. 

I.  Contrairement  au  breton,  i  bref  conservé  en  cornique  influence  la 
voyelle  précédente,  comme  je  l'ai  déjà  montré  (heligen,  saule;  breton, 
halegen),  mais  e  paraissait  échapper  à  cette  assimilation, 


42é  /.  Loth. 

«  Depuis  qu'a  été  tué  le  maître  des  présents,  voici  que 
l'affliction  approche.  » 

af-neued  n'a  pas  été  compris  par  Silvan  Evans  :  c'est  un 
composé  par  suffixe  privatif  av-  (cf.  af-lavar,  muet)  et  de 
neued  : 

L.  Amiirin  (Skene,  F.  a.  B.  II,  87,  25)  : 
ys  deupo  eu  heneit  wy  wedy  trinet 
kynnwys  ygwlat  nef  a.de{  a vnenct 

«  Puisse  leur  âme  après  le  combat  avoir  bon  accueil  dans 
le  pays  du  ciel,  demeure  sans  chagrin  où  on  ne  refuse  rien.  » 
Cf.  Myv.  Arch.  164.  i  : 

Lias  Rys,  ruthyr  efnys,  afneued  y  dawn. 

«  Rhys  a  été  tué,  Rhys  à  l'élan  furieux,  au  talent  fécond.  » 

Phonétiquement,  il  paraît  difficile  de  séparer  ces  mots   de 

owrth-neu ,  refuser;  de  ad-neu,  dépôt  :  (^Anc.  Lazvs,  I,  332)  : 

tystonn  a  ellir  eu  gwrth-nm 

«  Des  témoins  qu'on  peut  récuser.  » 
Livre  Blanc  de  Rhydderch,  p.  172  : 

ny  wrth-neuaf  i  hynny 

«  Je  ne  refuserai  pas  cela.  » 

Le  sens  de  adneu  est  des  plus  connus,  et  dans  les  Lois  et 
ailleurs  :  il  a  le  sens  de  dépôt  (voir  plus  bas  :  adnou). 

Dans  ce  sens,  on  peut  comparer  l'irlandais  moyen  at-nuii, 
je  promets  (Kuno  Meyer,  Contrib.y,  at-noi,  il  le  confie  (Peder- 
sen,  Vergl.  Gramm.  ',  p. 440,  441,  §§  306).  Peut-on  concilier 
ce  sens  avec  le  premier?  L'évolution  de  sens  du  latin  *nuo, 
faire  signe  (dans  un  sens  ou  l'autre),  à  celui  de  nuto,  osciller, 
hésiter,  présente  quelque  chose  d'analogue.  L'irlandais  no, 
gallois  neu,  ou  (w/),  dans  lequel  Pedersen  voit  un  impératif 
figé  (^ibid.  :  *newé),  semblent  indiquer  déjà,  dans  la  racine,  une 
évolution  de  sens,  un  pas  vers  V hésitation.  De  ce  sens  à  celui 
de  neu-af,  neu-ed,  il  semble  qu'il  n'y  ait  pas  loin.  Ad-neu, 
gwrth-neu,  représentent  pour  le  sens  anniio,  ahnuo. 


Gloses  hreloiiiies  inédites  du  IX"  siècle.  427 

Af-neued,  dans  le  sens  d^ahondânt  est  expliqué  par  cet 
exemple  de  neiied  en  moyen-gallois,  donné  par  le  Dictionnaire 
d'Owen  Piighe  : 

yn  ymae  yfed  beh  neiied 

«  Là  où  on  peut  boire  sans  regret  »,  c'est-à-dire  sans  marque 
de  refus,  sans  compter,  abondamment  :  heb  neiied  équivaut  exacte- 
ment à  af-neued.  Neii-af,  nen-ed,  af-neued,  sont  des  composés 
faits  sur  neu  ;  il  y  en  a  d'autre  formés  directement  sur  *noH-: 
er-nyiv,  er-nyiued  ;  ils  ont  le  même  sens  : 

Myv.  Arch.  147.  2  : 

A  hwyaf  arnaf  ernyived 
«  et  le  chagrin  le  plus  long  que  j'aie.  .  .    » 

Ibid.  183.  2  : 

Hwn  am  ernyiu  er  na  daw 
«  Je  suis  perplexe  (affligé)  que  celui-ci  ne  vienne  pas.  » 

Ibid,  152.  2  :  .  .  .edlid.  .  . 

ys  ernyiu,  ys  arnat  yd  g^vyd  ' . 

«  Le  reproche  vraiment  me  tourmente,  c'est  sur  moi  qu'il 
tombe.  » 

Le  préfixe  tor-  dans  tor-nouidocion  est  le  même  que  dans 
tor-leberieli ,  gl.  phitonistarum  (Coll.  Can.  I),  tor-uisioUon  gl. 
Mis  (Gl.  de  Lux).  l'our  le  sens  ior-l^berieti  équivaut  à  dar-leber 
(pour  dar-leber[iat]),  gl.  phitonicus  (Gloses  d'Orléans). 

Tor-  est  le  même  suffixe  que  dor-,  dans  dorguid  gl.  pithoni- 
cus  (ibid.)  :  dorgiiïd  =  *do-ro-uiâ-,  qui  sait  d'avance  (gall* 
moy.  derivyâ^.  Tor-  a  pu  être  accentué  dans  certains  compo- 
sés ;  il  représente,  en  tout  cas,  une  forme  plus  ancienne  que 
dor-;  tor  est  vraisemblablement  pour  to-ro-.  Il  n'est  cependant 


I.  Cf.  Livre  Rouge  (Skene,  F.  a.  B.  II,  p.  286,  v.  10)  : 
nyt  angheu  Ffreuer  a  erniiuaf 
Heno 

«  Ce  n'est  pas  la  mort  de  Ffreuer  que  je  déplorerai  ce  soir.  » 


428  /.  Loth. 

pas  impossible  que  tor-  soit  équivalent  à  l'irlandais  tôr-=^  to-\- 
for-.  Nous  avons,  en  gallois,  un  préfixe  do-  représentant  do- 
ivo-  :  dovot  =  do-u'ovot  (Ane.  Laïus  I,  94  :  do-ovot^;  do-lef 
(ibid.  I,  210  :  do-olef);  de  même  dodwf  Çdo-odwf);  dodrefn 
(lio-odrevn) ,  etc.  L'absence  d'allongement  de  0  dans  lor-  s'ex- 
plique aisément  par  le  fait  que  ce  suffixe,  de  très  bonne  heure, 
sans  doute,  ne  fut  pas  accentué;  d'ailleurs  do  pour  do-wo- 
présente  un  cas  identique. 

Il  a  existé,  sans  doute,  un  substantif  tor-noivid  :  -noiuid  z=z 
*nouijo-n  ou  no-uijâ  avec  à  bref. 

2.  ROGOTETic  gl.  credilam.  Le  contexte  précise  le  sens  : 
confié.  Le  mot  est  composé  du  préfixe  ro-  qui  me  paraît  ici 
avoir  le  sens  de  pro,  avant,  et  d'une  racine  inconnue,  je  crois, 
sous  cette  forme,  got,  avec  le  suflSxe  bien  connu  -etic,  gallois 
moyen  et  moderne  -edic,  -edig,  qui  paraît  avoir  été  fort  usité 
aussi  en  vieux-breton  {dehlonetic,  edemnelic,  anfumetic,  darcen- 
neti[cîon],  dieteguctic,  haniertoetic,  ntgurlhconeiic). 

C'est  un  suffixe  en  pleine  activité  dans  le  sens  passif  en  gal- 
lois, mais  mort  et  figé  en  breton  (Jeskidic,  guiridir,  ki\idic, 
etc.). 

Le  seul  mot  qui,  phonétiquement,  en  gallois  rappelle  la 
racine  got-  est  ry-odic,  mais  le  sens  est  difficile  à  préciser  :  le 
sens  ordinaire  paraît  être  généreux,  fier,  peut-être  prodigue. 

Myv.  Arch.  195.  i  : 

Rys  mawr.  Mon  wledic,  reodic  rec 
«  Le  grand  Rys,  seigneur  de  Mon  (au  don  généreux)  »  :  reo- 
dic est  une  graphie  qui  n'a  rien  de  surprenant,   au  xii"-'  siècle, 
pour  ry-odic. 

L.  Tal.  (F.  a.  B.  II,  p.  154.  227): 

Elphin  pendefic  ryhodigion 
«  Elphin,  le  cher  des  généreux  ?  » 

Ibid.  192.  15  : 

Glew  '  ryhazut  glewaf  un  yw  Uryen. 
«  Vaillant,  généreux,  le  plus  vaillant  de  tous  est  Uryen.  » 

I.  Gkw  doit  être  lu  vraisemblablement  ^/j^'w,  chef. 


Gloses  bretonnes  inédites  du  IX''  siècle.  429 

La  forme  ry-haïut,  suppose  gàt.  Le  sens  parait  trop  éloigné 
pour  conclure  à  une  parenté  entre  les  deux  mots.  Cette  racine, 
pour  le  moment,  parait  isolée.  On  pourrait,  tout  au  plus,  son- 
ger à  une  forme,  à  un  degré  vocalique  différent,  de  gat-  :  gad- 
u,  laisser,  concéder  :  gl.  vieille-galloise  :  di-r-gatisse  gl.  con- 
cesserat  :  ro-got-etic,  laissé,  concédé  avant  '  ? 

3.  GUOED  GuiNiiN,  g\.  labruscain.  Le  mot  breton  correspon- 
dant est  le  moyen  breton  goe^  guinyenn,  vigne  sauvage; 
lech  a  goei  guiny,  lieu  à  vignes  sauvages  (Ernault,  Glossaire 
moy.-bret.,  p.  277,  306)  :  gwed,  sauvage,  guiniin,  vigne.  Ci. 
v\ç.\\-\û.  feadinm  gl.  labruscain,  ponr  fead-Jînne{Asco\\,  Gloss. 
palaeo-hib.  Thésaurus  palaeoh.  II,  p.  361).  La  seule  chose 
embarrassante  est  la  terminaison  -in  :  le  mot  étant  évidem- 
ment féminin,  on  attendrait  -eu.  Il  est  possible  qu'on  ait 
affaire  à  -în  avec  /  long,  suffixe  assez  commun,  en  gallois, 
dans  la  formation  de  substantifs  et  adjectifs.  Ce  suffixe  -ïn 
pourrait  être  pour  un  vieux-celtique  -îjijâ,  Guinion,  dans  les 
gl.  d'Orléans  n'est  pas  à  corriger  en  guinionou  :  il  est  fait 
sur  guini. 

4.  ADNOU,  gl.  depositum.  Cf.  gallois  adneu,  même  sens.  Son 
sens  est  précisé  dans  les  Lois;  métaphoriquement,  il  a  le  sens 
de  dépôt  en  terre,  inhumation  : 

L.   Tal.  198,.  7  :  cynoer  adneu. 
L.  Noir.  37.  30  :  guydi  gaur  garu  atnen. 
L.  Rouge, ^2^j.  18  :  gnawt  atneu  yn  llann. 
Voir  plus  haut,  tornouidocion . 

5.  MiLiNiON  gl.  fulvis.  Cf.  Gloses  de  Lux.  mtlinon,  gl.  Hbo- 
sas  :  plur.  de  melin,  jaune,  blond;  milinion  pour  melinion,  sous 
l'influence  de  la  terminaison  -ion.  Le  Voc.  corn,  donne  aussi 
milin,fulvus  vel  flaviis. 

Pour  les  Brittons,  fulvus  est  l'équivalent  de  flavus.  Ainsi 
s'explique  l'interprétation  par  Gildas  dans  son  Epistola,  du 
nom  du  chef  breton,  Cuno-glaso-s .  Il  l'interprète  :  Cuneglase, 
romana  lingua  Lanio  fulve.  On  en  a  tiré  la  conclusion  que  Gil- 

I .  Si  dodii'y  est  pour  do-odwy  (do  -\-  godwy),  on  aurait  là  la  racine  got  ; 
mais  dodi  qui  ne  peut  en  être  facilement  séparé,  semble  avoir  eu  0  long  :  la 
racine  serait  donc  dàt. 


430  /.  Loth. 

das  parlait  latin  et  ne  savait  guère  le  breton.  Or,  fuîve  repré- 
sente parfaitement  glase  (fauve,  roussâtre,  à  reflets  fauves^  et 
prouve,  au  contraire,  une  connaissance  exacte  du  sens  de  g  la- 
ssos. En  effet,  en  vieil-irl.,  glas  glose  croceo,  rossei  coloris  '.  Le 
sens  de  glas  est  précisé  par  ce  passage  du  nis.  de  Peniarth  21, 
1.  21  (xiii^  siècle),  dont  je  dois  communication  à  un  de  mes 
auditeurs,  M.  Diverrès  :  glas  traduit  le  latin  refulgens  (Venus 
refidgens  :  il  s'agit  de  l'étoile  brillante).  Quant  à  lanio,  il  inter- 
prète cime  dans  lequel  Gildas  a  vu  sans  doute  chien  (épithète 
honorable,  chez  les  anciens  Celtes)  et  qu'il  traite  métaphori- 
quement. Lanio,  en  latin  du  moyen  âge  signifiait  :  celui  qui 
déchire  :  ms.  de  Sedulius  du  xi^  siècle  de  la  Bibliothèque  d'Or- 
léans, p.  24  :  omnis  qui  laniat  et  lacérât  lanio  vel  lanista  potest 
dici. 

6.  PENBERTHOU  gl.  thoHs.  Le  mot  est  composé  de /)<';/,  tête, 
et  de  berth  =  *indo-europ.  *bhérsto-  ou  bhersti-,  pointe,  faite  : 
Skr.  bhrsti-s;  sous  sa  forme  réduite,  cette  racine  est  largement 
représentée  dans  les  langues  indo-europ.  (cf.  Walde,  Lat.- 
Etyin.  IVôrt.,  hfasiigium  ;  Kluge,  Etyin.  Wôrt.  àBorste,  Biirste.) 
Le  norrois  hursi  a  un  sens  très  voisin  du  nôtre  {Dachspit^  ain 
Hausgiebel,  d'après  Kluge).  Pen-berlh  est  identique  à  l'irlandais 
moyen  cend-bcrt  que  Kuno  Meyer  (Contrib.  sous  cend-adart) 
traduit  par  casque. 

7.  LOR  gl.  terrarum  solmn.  Le  mot  est  pan-celtique  et  n'a 
pas  besoin  de  commentaire  (irl.  lâr,  gall.  llawr,  corn,  hier, 
bret .  leur  (/t'/). 

8.  LATH  gl.  stipite  =  vieux-celt.  *  slattà;  v.  irl.  slalt, 
virga,  pertica;  gall.  llath,  même  sens;  breton  moyen  la^-arair, 
manche  ou  queue  de  la  charrue  ;  vannetais  lah  (Cillart  de 
Kérampoul,  à  charrue  :  gaule  de  la  charrue. 

9.  DODicouANT  gl.  extorsit.  C'est  sûrement  une  3'  pers.  du 
sg.  d'un  prétérit  en  -/. 

La  racine  est  uan  :  cf.  gall.  moxcn  givan-t  ÇL.  Noir,  ap. 
Skene,  F.  (7.  5.  II,  34.  9  ;  5 1 .  58  ;  L.  Tal.  139.  26  ;  188. 
26  ;  L.  Rouge,  279  .  20  ;  L.  Aueurin,  105 .21).  Givanu,  percer, 
a  aussi  le  sens  de  pénétrer,  se  faufiler  à  travers  ÇMab.  du  Livre 

I.  Tliesaurus palaeohih.  II,  p.  361,  IV,  44;  addenda,  p.  418,  47,  9. 


Oloscs  brcloinics  iiicdilcsdii  IX""  siècle.  45! 

Rougi', p.  28,  1.  29:  gwau  y  dan  y  ineirch,  se  glisser  sous  les  che- 
vaux). La  double  particule ^/o-J/-  est  sans  doute  pour  beaucoup 
dans  la  modification  de  sens  de  la  racine.  Elle  apparaît  dans  la 
glose  bretonne  de  Lux,  dodipril,  dont  le  sens  n'est  pas  sûr  ;  cf. 
vieil-irl.  do-di-hel  gl.  deerraveral  (Whitley  Stokes,  Old.-ir. 
Glosses  on  the  Biicolics,  Revue  Celt.  XIV,  p.  2^2,  41).  Wiin  a 
eu,  sans  doute  aussi,  un  autre  sens  que  frapper,  percer;  il  a  dû 
avoir  le  sens  de  vana-,  en  sanskrit,  que  Fick  traduit  pzr  gewin- 
nen,  siegcn,  schlagm  {Etyni.  Wôrl.,  4^  éd.,  I,  p.  312).  Dodi- 
couan-i  {couanl  pour  *com-uant)  a,  en  somme,  un  sens  très 
voisin  de  l'allemand  ge-iuinnen,  acquérir  quelque  chose  par 
effort,  avec  peine;  vieux-haut-all.  winna,  Streit  (Kluge,  Et. 
Wôrl.).  Il  me  semble  que  le  rapprochement  qu'a  fait  M.  Meil- 
let  de  venari  avec  le  skr.  vânati,  et  l'ail,  gewinnen  (Méin.  Soc. 
ling.  IX,  55)  aide  à  comprendre  ces  différents  sens  et  en  parti- 
culier notre  dodicouant,  extorsit.  En  comique  (gicane,  frap- 
per, percer),  comme  en  gallois,  givan  est  écrit  avec  un  n  ;  Va 
est  prononcé  long  en  gallois  dans  giuan.  Cet  allongement  est 
néo-celtique,  mais  il  suppose,  en  vieux-brittonique  uàn-,  avec 
voyelle  brève,  et  un  seule  n. 

Pour  l'expliquer,  si  on  veut  établir  un  raccord  avec  les 
autres  formes  de  cette  famille,  il  faudrait  supposer  *unno-,  ce 
qui  donne  uan  et  non  uann-. 

J.  LOTH. 


THE  PRETENDED  EXHUMATION  OF  ARTHUR  AND 
GUINEVERE- 


AN    UNPUBLISHED    WELSH    ACCOUNT    BASED    ON    GIRALDUS 
CAMBRENSIS 

Whilst  preparing  my  édition  of  the  OM  French  prose 
romance,  Mort  Ariu  (Halle,  1910),  I  learned  trom  Prof. 
F.  N.  Robinson  of  Harvard  University  ofthe  existence  of  Car- 
difFMS.  36,  containing  the  item,  De  sepuUnra  Arthuri  Régis. 
On  further  inquiry  I  discovered  that  this  was  merely  a  cop)' 
of  Ms.  Llanstephan  4  (with  some  use  of  Llansteplian  2), 
now  in  the  National  Library  of  Wales.  Mr.  Timothy  Lewis  of 
University  Collège,  Aberystwyth,  wasso  good  as  totranscribe 
and   translate  for  me    the  text  of  Llanstephan   4.  It  was  a 


I.  For  accounts  of  this  affair  in  the  mediaeval  chronicles  see  R.  H. 
Fletcher,  The  Arthurian  Material  in  the  CJ:ronicles  :  Harvard  Studies  and 
Notes  in  Philology  and  Literature,  vol.  X,  pp.  189  fF.  (Boston,  1906).  The 
idea  that  Arthur  had  two  wives  doçs  not  appear  in  the  romances,  but 
seems  to  hâve  been  a  part  of  Welsh  tradition.  See  Fletcher,  p.  190,  note  2. 
It  is  a  debated  question  whether  Arthur's  name  was  ever  connected  with 
Glastonbury  bcfore  this  aftair  of  the  pretended  exhumation.  For  the 
literature  ofthe  subject  see  W.  W.  Newell's  article,  «  The  antiquity  of 
Glastonbury  »,  Publications  of  the  viodern  language  association  of  America, 
XVIII,  4)9,  note  i.  As  Xewell,  p.  508,  remarks,  Giraldus  is  wrong  in 
Connecting  Henry  II  with  the  exhumation  (1191),  for  this  king  died  in 
1189.  The  author  ofthe  Mort  Artu,  pp.  250  ft'.,  combines  awkwardly  the 
old  Celtic  tradition  of  Arthur's  translation  10  Avalon  with  this  new  idea 
that  he  was  buried  at  Glastonbury.  So  too  Malory  in  Morte  Darthur  Book 
XXI,  ch.  5-6.  His  account  is,  of  course,  based  on  a  modified  version  of 
the  Mort  Artu. 


The  pretended  exhumation  of  Arthur  and   Giiinevere.       435 

disappointment  to  me  to  lind  that  this  text  offered  nothing 
original,  but  Wclsh  material  relating  to  King  Arthur  is  so 
scanty  that  even  a  secondary  narrative  Hke  the  présent  one 
seemed  worthy  of  publication. 

At  the  beginning  of  his  account  the  Welsh  author  himself 
indicatesclearlythe  Spéculum  Ecclesiaeeï  Giraldus  Cambrensis  . 
as  his  source.  In  the  hrst  part  of  the  text,  however,  as  I 
soon  observed,  he  also  uses  the  De  Principis  Inslructione  of 
the  same  writer.  His  account  is  based  entirely  on  thèse  two 
books  and  I  hâve  given  the  necessary  indications  of  source  in 
the  Notes.  In  some  cases  where  the  unique  Ms.  of  the 
Spéculum  is  defective,  the  Welsh  préserves  in  translation  the 
original  text. 

I  haveused  the  édition  of  Giraldus  Cambrensis  in  the  Rolls 
Séries  :  Spéculum  Ecclesiae  edited  by  J.  S.  Brewer  in  vol.  4 
(1873).  The  passage  which  concerns  us  will  be  found, 
pp.  47-51  (Distinctio  II,  ch.  8-10).  For  the  De  Principis 
Inslructione,  edited  by  G.  F,  Warner,  see  vol.  8  of  the  same 
séries  (i89[)  —  especially,  pp.  126-9,  Distinctio  I.  The 
Spéculum  dates  from  shortly  after  12 17,  Distinctio  I  of  the 
De  P.  I.  probably  from  the  last  décade  of  the  12'''  centur}-, 
(cf.  Warner,  pp.  xvi-xvin).  Each  of  thèse  works  exists  in 
only  one  MS.  —  the  Spéculum  in  Cotton  MS.  Tiberius,  B. 
XIII  (early  13'''  century),  De  P.  L,  in  Cotton  MS.  Julius 
B.  XIII  (middle  of  14'''  century),  both  in  the  British  Muséum. 
Brewer  says,  p.  vu,  that  only  one  MS.  of  the  Spéculum  has 
ever  existed,  and  again,  p.  x,  that  this  unique  MS.  came 
«  beyond  ail  doubt  »  from  the  hands  of  Giraldus  himself.  If 
thisistrue  and  if  we  could  ascertain  the  provenance  of  Tiberius 
B.  XIII,  before  it  passed  into  the  Cottonian  collection,  we 
should  hâve  the  means  of  tixing  the  place  where  the  présent 
text  was  composed  ;  but,  as  far  as  I  can  discover,  the  earlv  his- 
tory  of  this  MS.  is  not  known. 

It  is  sufficientto  say  that  Mr.  Lewis  is  responsible  for  the 
description  of  MSS.,  text  and  translation  in  the  following 
article,  as  I  am  for  the  notes.  —  J.  D.  B. 


454  Timoihy  Leiuis  et  J.  Doiifflas  Bruce. 


I.  Description  of  MSS. 

The  followingtext,  containing  the  storyoftheburialof  king 
Arthur,  is  taken  from  Llanstephan  MS.  4  now  at  the  Natio- 
nal Library  of  Wales,  Aberystwyth. 

The  first  four  MSS.  in  the  Llanstephan  collection  bear  the 
title  «  Didrefn  Gasgliad  »,and  true  to  their  title  they  contain 
a  miscellaneous  collection  ol"  Bruts,  Lives  of  Saints,  Theologi- 
cal  Tracts  etc. 

Llanstephan  Ms.  4,  comprising  folios  505-57  of  this 
«  Didrefn  Gasgliad  »,  is  avellumMS.  of  53  folios  each  measu- 
ring  6  3/8x3  5/8  inches  with26lines  to  a  page.  It  contains, 
in  addition  to  the  tract  on  the  burial  of  Arthur,  a  collection 
of  Aesop's  Fables,  The  Lives  of  SS.  David  and  Beuno,  The 
Vision  of  St.  Paul  and  The  Purgatory  of  St.  Patrick. 

The  MS.  begins  with  a  fragment  on  the  Coronation  of 
king  Arthur,  but  it  is  impossible  to  say  whether  this  is  a 
continuation  ol  folio  504  of  vol.  III  of  the  «  Didrefn  Gasgliad  », 
because  the  last  folio  is  illegible  and  the  numbering  of  the 
folios  is  in  a  much  later  hand. 

The  textofthe  story  of  the  Burial  of  Arthur  begins  on  f.  505 
a  1.  21  and  was  written  acccording  to  D'  Gwenogvryn  Evans 
circa  1400  (See  Report  on  MSS.  in  the  Welsh  Language.  Vol. 
II,  p.  424.  Historical  Manuscripts  Commission), 

There  is  another  text  in  Llanstephan  MS.  2,  tf.  206  sqq. 
This  forms  a  part  of  the  same  «  Didrefn  Gasgliad  »,  but  it  is 
considerably  later  than  the  text  of  MS.  4  and  according  to 
the  Assistant  Commissioner  it  belongs  to  the  second  half  ot 
the  XV*''  century. 

The  text  at  the  beginning,  corresponding  to  Llanstephan 
MS.  4,  ff.  505-506  a.  1.  3,  is  wanting,  but  whatremains  fol- 
lows  the  text  of  MS.  4  almost  word  tor  word.  There  is  still 
another  text  of  the  Burial  of  Arthur  in  CardiffMS.  26,  pp.  365 
sqq.  which  bears  the  title  «  Gladdedigaeth  Arthur  Frenin  out 
of  the  Didrefnyn  P.  434  ».  This  however  belongs  to  the 
beginning  of  the  xviir''  century  according  to  the  Assistant 
Commissioner  (See.  Report.  Vol.  II,  p.  221). 


The  pretended  exhutnation  oj   Arthur  ainl  Guinevere.       45  $ 

In  Cardiff  MS.  36  there  is  also  a  transcript  based  upon 
the  u  Didrefnyn  »  wich  begins  with  the  foUowing 
note    :   — 

«   De  sepultura  Arthuri  Régis 
Historiola  imperfecta  ex  duobus 
Fragmentis  in  Codice  Didrefnyn 
Saepius  memorato  descriptis  et 
inter  se  collatis  conflata.   » 

This  MS.  according  to  Mr.  Farr,  Chief  Librarian  of  the 
Central  Library  in  Cardift  «  is  an  earlv  18'''  century  transcript 
made  hy  W.  T(homas?)  about  17 17-8  and  seems  to  follow 
the  original  as  regards  spelling  etc.   » 


Revue  Celtique,  XXXIIÎ.  i^ 


436  Timothy  Lciuis  ci  J.  Douglas  Bruce. 

2.  Text 

Fol.   soj  a  21   Llyma  hyspysré^c?  y  ll)/;'m  ac  e 
glurach  noc  a[dyjwe[itjy  brut  y 

23   érth  diwed  arthur  vrenhin  at  adna 
bot  géirioned  am  chôedleu  a  dychym- 

25  ygyon  geuaôc  adnabydet  y  darllea- 
6dyr  bot  yma  deu  gabid61  gwedy  eu 


Fol.   ;oj-  b       I   hyspyssu  on  llytyr  ni  yr  h6nn  a  elwir  drych 
yr  egl6ys.  Bit  diheu  y  ba6p  pany6  ym 
mynnwent  manachla6c  glastynbri  gée- 
dy  g6eli  agheua6l  ar  auon  gamlan  y 
5  cladéyt  Artli''.  yr6ng  d6y  groes  o  vaen 
géneuthuredic  o  gywreinréyd  saeroni- 
aetli.  Ac  eudrychafel  yn  eu  seuyHyn 
uchel.  a  llythyr  yndunt  géedy  ry  ysgri- 
uennu  y  venegi  bot  yno  bed  arthur. 
10  Ac  weithon  y  mae  y  llythyr  h6nn6  g6edy 
rydreula6  oheneint.  Bit  honneit  ha- 
gen  y  ba6p  nat  maen  marmor  oed  ved 
Arth""  na  bed  ar  arthur  nyt  oed  namyn 
y  ossot  ymy6n  derwen  géedy  rygeu- 
15     a6  ae  gladu  vn  droetued  arbymthec  o 
dyfynder  yny  daear.  Déy  rann  ohyt  3' 


I .  This  and  the  next  two  sentences  hâve  nothing  corresponding  in  the 
Spccuhiiii  Ecdesûie.  Tliey  are  based  on  the  foUowing  sentences  of  the  De 
Principis  Instriictione  :  (p.  127)  et  ossa  ipsius  [i.  e.  Arthur's  second  wife] 
cuni  ossibus  viri  simul  inventa,  sic  distincta  tamen,  ut  duae  partes  sepul- 
chri,  versus  caput  scihcet,  ossibus  viri  continendis  deputatae  fuissent,  tertia 
vero  versus  pedesossa  muHebria  seorsum  contineret.  —  pp.  128  f.  sciendum 
etiam  quod  ossa  reperta  corporis  Arthuri  tam  grandia  fuerunt  ut  et  illud 
poetae  completum  in  his  videri  posset  : 

«  Grandiaque  effossis  mirabiturossa  sepulchris  ». 

Os  enim  tibiae  ipsius  appositum  [tibiae]  longissimi  viri  loci,  quem  et 
nobis  abbas  ostendit,  et  juxta  pedem  illius  terrae  affixum,  large  tribus  digi- 
tis  trans  genu  ipsius  se  porrexit.  Os  etiam  capitis  tanquam  ad   prodigium 


The  pirlriidcd  exhuiuatîoii  of  Arthur  aiid   Giiiiicveie.       437 

3.  Translation 

Fol.    jo)  a     Ttiis  is  the  inlormation  of  the  books 

which  is  clearer  than  that  which  the  brut  says 
conccrning  the  end  of  king  Arthur  for  the 
purpose  of  recognishig  the  truth  concerning 
taies  and  false  imaginings.  Let  the  reader 
recognise  that  there  are  hère  two  chapters 


Fol  so^  h      rendered   from    our  book  whicli  is  called  the 

[Mirror 
of  the  Churcl].  Be  it  certain  to  ail  that  it  is 
in  the  Gravevard  of  the  monastery  of  Glaston- 

[bury 
after  a  mortal  wound  on  Camlan  river,  that 
Arthur    was  buried    between    two    crosses  ot 

[stone 
fashioned  with  cunning  workmanship.  Thèse 
had  been  set  standing  high  with  letters  writ- 

[ten  therein 
to  make  known  that  Arthur's  grave  w^as  there. 
And  at  this  time  those  letters  hâve  been 
worn  by  (old  âge)  time.  Be  it  known  however 
to  ail  that  Arthur's  grave  was  not  of  marble 
And  that  Arthur  had  no  grave,  but  he 
was  placed  in  an  oak  after  it  had  been 
hollowed  out  and  he  was  buried  at  a 
depth  of  sixteen  feet  in  the  earth.  Two'  thirds 

[of  the 
length  of  the  grave,  for  about  the   upper   two 

[thirds  was 

vcl  ostentum  capax  erat  et  grossum,  adeo  ut  interciliuni  et  inter  oculos 
spatium  palmalem  amplitudinem  large  contineret.  Apparebant  autem  in 
hoc  vulnera  decem  aut  plura,  quae  cuncta  praeter  unum  majus  caeteris, 
quod  hiatum  grandem  fecerat,  quodque  solum  létale  fuisse  videbatur,  iu 
solidam  convenerant  cicatricem. 


43^  Timothv  Lewis  et  J.  Douglas  Bruce. 

bed  megvsam  y  deu  draean  uchaf  a 
oed  wahanedic  y6rth  v  trvdvd  ac  nie- 
gys  teruyn  yrygthunt  ar  dryded  raïï 

20  yn  wahanedic  y6rthunt  6vnteu 

6rth  g^'flehau  esgyrn  arthur  a  oedynt 
va6r  a  phraff.  yn  asg6rn  v  benn  yr 
oed  vn  weli  arbymthec.  a  phob  un 
o  hynny  géedy  rv  gaeu  a  ry  gadarn- 

25   hau  namyn  vn.  ar'vn  honno  a  oed 
agoret  a  phraff  megys  yd  oed  diheu 


Fol.  ;of)   a     I   pany6  ohonno  v  buassei  agheuaél  ef. 

yn  y  dryded  rann  or  bed  megys  or  deu- 
parth    y  waeret    ||  '  yd  oed  esg3Tn  g6enh6- 
3'uary  wreic  ual  y  gellit  eu  hadna- 
5   bot  yn  vanolach  ac  yn  wreigeid.  Ac 
ym  plith  y  rei  hynny  y  kaffat  pleth 
o  waHt  melyn.  tec  oed  edr)'ch  arnaé. 
ac  ar  y  bleth  honno  y  dodes  manach  or 
vanachlaéc  y  ol6c  ar}'dathoedy  gyx. 
10  ar  niuer  6rth  agori  y  bed.  ac  yd  argan- 
uu  ymblaen  pa6b.  A  bryssya6  a  oruc 
ac  ysglyfyeit  y  bleth.  Ac  val  y  kymerth 
yny  la6  ae  dangos  a  pha6p  yn  edrych 
ac  yn  ryuedu  y  thecket  yn  deissyfyt 
15  yggéyd  pa6p  y  difflannaéd  oe  laé.  Ac 
nyt  heb  wyrtheu  y  damchweinyaôd  hy- 
ny.  ac  y  dangosset  yn  honneit  y  baep 


I.  Llanst.  MS.  2.  begins  hère. 


The  prclc'iicied  cxhiniuitioii  of  Aiibiir  aiid  Guiiievere.         .159 

separated  trom  thc   third  and  a  division,  as  it 

[were,  between 
thcm  and  the  third  part  separated  from  them 
to  place  Arthur's  bones  which  were  big  and 

f'thick. 
In  the  bone  of  his  head   thcre  were    sixteen 

[wounds  and  each 
of  those  had  closed  and  healed  firmly 
except  one  and  that  one  was 
open  and  it  was  an  extensive  wound  so 
that  is  was  undoubted  that  it  was 


Fol.  J06  il     from  that  one  that  he  had  died. 

In  the  third  division  of  the  grave  from  aboiit 
the  twothirds  downwards  ||  '■  were  the  bones  of 
Gwenhwyvar  his  wife,  more  deHcate  and  like 

[those  of  a 
woman,so  that  they  could^.berecognised. 
And  among  those    (bones)  was  found  a  plait 
of  yellow  hair,  fair  to  look  upon 
And  a  monk  from  the  monastery  who 
had  corne  together  with  the  crowd  at  the 
opening  of  the  grave,  saw  the  plait 
before  anyone  else  and  he  fixed  his  gaze  upon 
it  and  he  rushed  and  snatched  away  the  plait 
of  hair.  And  as  he  took  it  in  his  hand  an  while 

[showing 
it,  and  ail  the  people    looking  on  and  wonde- 

[ring 
at  the  beauty  ofit;  suddenly  m  the  présence  of 
ail  it  vanished  from  his  hand.  And  this  '  did  not 
happen  without    miracles.   And  it  was  made 

[wellknown 

2.  Llanstephan  MS.  2  f.  206  begins  hère. 

3.  Thc  MS.   of  the  Spéculum  for  the  passage  correspoudiug    to  «  And 
this  —  flowcrs  of  spring  »  (p.  48,  11.  3-8)  is  defective. 


440  Timothy  Lnvis  et  J.  Douglas  Bruce. 

ac  yn  bennaf  yr  creuydwyr  a  dathoed 
yno.  Y  rei  lleiaf  a  berthyn  udunt  nac 

20  edrych  na  theimlaé  bruger  géreic.  a 
bot  pop  peth  bydaôl  yn  damodedic  ac 
yn  sathredic  ac  yn  bennaf  oii   y  petheu 
teckaf  o  ednxh  arnunt.  meg}'s  y  tystir 
tr6y  vraét  ac  a6durda6t  y  doeth.  yr 

25   h6nn  a  dj^weit.  Teg6ch  a  gosged  dynaél 
brvt  cribdeiledic  v6  a  buan.  a  chvnt 


Fol.  ;o6  h      I  y  ffy  ac  y  difflanna  noc  anwadal6ch 
blodeu  g6anh6yn  Dyeithyr  hynn 
y  brenhin  Arth''  a  vu  bennaf  seilaédyr 
manachla6cglastynbri.  kanys  kynn 
5   dyuot  sat'sson  yr  ynys  y  rodassei  ef  tir 
a  daear  a  da  arall  yr  vanachla6c  hon- 
no  a  daroed  y  chyssegru  yn  enrj'ded  yr 
^vynuydedic  veir  wyry.  yr  honn  a  garei 
yn  v6y  noc  5'ssyd  o  sant  a  santés  ac 

10  nyt  heb  acha6s.   Ac   érth  hynny  y 
par3'ssei  ynteu  dodi  y  del6  hi  yn  d6y 
3'sg6yd  y  daryan  ef  or  tu  atta6.  Ac 
megys  y  dyweit  ym  pob  bréydyr  ac 
ymlad  or  a  vei  arna6  o  wir  uvydda6t 

15  a  charyat  arnei  hitheu  y  cussanei  ef 
y  thraet.  A  chanys  gnottaei  dywedut 


1.  Down  to  the  end  of  this  passage  about  the  Virgin  Mary  our  author 
follows  not  the  Specnhim,  whieh  lias  uothing  corresponding,  but  the  De 
Principis  Instrudione  pp.  126  f  :  Arthuri  quoque  Britonum  régis  inclyti 
memoria  est  non  supprimenda,  quem  monasterii  Glastoniensis  egregii, 
cujus  et  ipse  patronus  suis  diebus  fuerat  praecipuus  et  largitor  et  sublevator 
magnificus,  historiae  multum  extollunt.  Prae  cunctis  enim  ecclesiis  regni 
sui  sanctae  Dei  genetricis  Mariae  Glastoniensem  ecclesiam  plus  dilexit  et 
prae  caeteris  longe  majori  devotione  promovit.  Unde  cum  vir  bellator 
exstiterit.  in  anteriori  parti  clipei  sui  Beatae  Virgicis  imaginem  interius,  ut 
eam  in  conflictu  praeocuUs  seinper  haberet,  depingi  fecerat,  cujus  et  pedes, 


The  pirlciidrd  exbiiiiKilioii  of  Arthur  aud  Guiiievere.         441 

to  ail,  but  particularly  to  the  religions  that  liad 
corne  there  —  those  to  whom  it  least  belongs 
either  to  look  on  or  to  handle  a  woman's  hair 
that  ail  earthly  things  are  perishable  and 

[to  be 
trod  under  foot,  and  above  ail  the  things 
fairest  to  look  upon,as  it  is  witnessed  through 
the  judgment  and  the  authorîty  of  the  wise, 
who  says  —  Beauty  and  the  comeliness  of  the 

[human 
form  are  snatched  away  and  are  swift 


FoJ.  ;o6  b     and  they  flee  and  vanish  quicker  than 

the   changeableness  of    the  flowers  of  spring. 

[Besides'  this 
King  Arthur    was    the   chief  founder  of  the 

[monastery 
of  Glastonbury,   for  before  the  coming  of  the 

[Saxons  to  the  island 
he  had  given  land  and  other  goods  to  that 
monastery  which  he  had  consecrated  in  honour 
of    the    blessed  Virgin   Mary  whom  he  loved 

[above 
ail  the  other  saints,  and  this  \vas  not  without 
reason  Therefore  he  had  caused  her  image  to 
be  set  in  the  two  shoulders  of  his  shield  in  the 
side  next  tohim.  And  as  he  says,  in  every 
battle  and  fight  where  he  was  engaged  he  used 

[to  kiss 
her  feet  ont  of  true  humilitv  and  love  towards 

[her 
And  as  it  was  customary  to  say  many  doubtful 
things  concerning  the  end  of  Arthur,  And 
particularv    the    British     storytellers    contend 

[and 

quoties  positus  in   congressionis  articulo    fuerat,  deosculari  cum  plurima 
devotione  consueverat. 

From  this  point  on  the  writer  uses  only  the  Spcculum. 


442  Timothy  Lewis  et  J.  Douglas  Bruce. 

Uawer  o  betheu  petrus  am  diwed  arth^ 
Ac  yn  enwedic  chôedylydyon  y  bryta- 
nveita  ymryssonant  ac  a  gadarnha- 

20  ant  etto  y  vot  ef  yn  vy6  yny  v6ynt 
wrthladedica  diffodedic  a  difflanedic 
y  ch6edleu  geu  hynny.  a  cherdet  y  wi- 
rioned  racdi  am  hynny  yn  aml6c 
o  hynn  aHan  y  paryssam  ni  dodi 

25  yma  petheu  prouedic  or  wirioned  di- 
amheu.  Gwedy  y  vr6vdyr  ar  avon  gam- 


Fol.  S07   a     1    lan  vgkerny6.  a  Ifad  medra6t  enwiraf 

vradér.  g6edv  kyuodi  ohona6  yn  erbyn 
Arth""  y  ewTthyr  vra6t  y  va  m  o  geidw- 
adaeth  a-  deyrnas.  a  brathu  arthur  yn 
5  agheuaél.  y  duc  hen  wreicda  a  mar- 
gan  oed  v  hen  6  y  gorff  hyt  yn  ynys 
avaliach.  y  He  a  elwir  yr  a6rhonn 
glastynbri.  A  thrannoeth  g6edy  y 
varé  y  péris  y  wreicda  honno  ygladu 

10  yny  vynwent  g}'ssegredic  val  y  dy- 
wetp6yt  uchot.  Sef  y  gnotaei  beird 
ynys  prydein  ae  chôedylydyon  dech- 
ymygu  panyé  margan  dwvwes  o 
annwfyn  ae  ry  gudyassei  ef  yn  vnys 

15   auattach  yr  lachau  oe  weUoed.  a  phan 
veynt  iach  yd  ymchoelei  drachefyn 
att  y  brytanyeit  oe  hamdiftvn  me- 
gys  y  gnotaei.  Ac  am  hynny  etto 
y  maent  mai  yn}^  adol6yn  ef  ac  yn 


1.  This  sentence  is  onlv  partially  prescrved  in  xhtSpccuhim  (p.  48). 

2.  Spéculum  (p.  48),  a  nobili  matrona  quadam  ejusque  cognata  et  Morgani 
vocata  est  delatum. 

De  Princ.  Inst.  (p.    128),  Morganis,  nobilis  matrona  et  partium  illarum 
dominatrix  atque  patrona,  necnon  et  Arthuro  régi  sanguine  propinqua . 

3.  Spéculum  i;^.   48),  in  insulam  Avaloniam. 


The  pretended  exhumation  of  Arthur  and  Guinevere.         413 

affirm  that  he  is  still  living.  Until  those  untriie 
taies  are  abandoned  and  cease  to  be  and  havc 
disappeard  and  the  truth  concerning 
it  become  manifest  henceforth,  \ve  hâve 
caused  to  be  set  down  hère  things  \vitness(d 
to    by   Linquestionable  truth.  After  the  battle 
Fol.  J07  a     on  river  Camlan  in  Cornwall',  and  after 

Medrawt,  that  basest  of  traitors  was  slain  after 
he  had  made  an  insurrection  against  his  unclc 
Arthur  —  his  mother's  brother  —  for  the  po:;  • 

[session  of 
the  kingdom^    and  after  Arthur  was  mortallv 

[wounded, 
an  old  dame^of  thename  of  Margan  bore  his  bodv 
as  far  as  the  Isle  of  Avallach'  the  place  which  is 

[no\.' 
called   Glastonbury.     On  the    following  day  ' 

[after  h;.- 
had  died  that  dame  caused  him  to  be  buried  in 
the  sacred  burialground  as  has  been  said  above. 
The  bards  of  the  Isle  of  Britain  and  its  story-- 

[teller. 
used  to  imagine  that  itwas  Margan — agoddes:; 

the  netherworld  >  —  that   had  hidden  him  in 

[the  Isle  of 
Avallach  to  heal  him  of  his  wounds;  and  that 

[when 
they  became  whole,  he  would  return  again  to 
the  Britons  to  défend  them  as  was  his  wont,  and 
therefore  they  still  as  it  were  beseech  him  and 

[await 
his  future  coming  as  the  Jews  do  concerning 

[Christ 
except  that  the  Jews  are  deceived  to  a  greater 

[extent 

4.  Merelyw  postea  »  in  Spéculum  (p.  48). 

5.  Spéculum  Qp.  49),  dea  quaedam  phantastica. 


444  Timoihy  Lnuis  et  J.  Douglas  Bruce . 

20  arosy  dyuodvat  rac  llaé  megys)^ 
Idewon  am  grist  onyt  bot  vn  v6y 
yd  ydys  yn  t6}4ia6  yr  Idewon  o  yn- 
vydr6yd  ac  anfydlonder  ac  andedwy- 
dyt.  Bit  honneit  y  ba6p  ac  aml6c 

25  pany6  glastynbri  y  gelwir  kanj^s 
f[ry]dyeu  ac  auonyd  o  eigyaén  mor 


Fol.  S07  h      I   hafren  yssyd  ynygylch.  kyt  bei  prio- 
dolach  y  gal6  keffinyd  auonyd  o  ach- 
a6s  y  bot  ygkymherued  auonvd.  ac 
yn  ia6nach  gal6  ynyssed.  tir  ymperued 
5   y  weilgi.  Pa  acha6s  y  gelwir  ynteu  a- 
valiacli.  namyn  oe  vot  yn  He  amyl 
auaiigyrn.  neu  ynteu  o  vot  yn  argl6- 
yd  ar  y  lie  h6nn6  g6r  gynt  a  elwit  a 
e*lwi  t   aualiach.  Efa  notteit  heuyt 

10  gal6  y  lie  h6nn6  ynys  wydrin  o  achats 
auon  a  oed  yny  damgylchynu  a  Hi6 
glas  g6ydra61  ar  y  d6fyr  ac  6rth  hyn- 
ny  y  gelwis  v  saesson  hi  g6edy  y  go- 
resgy-n  glastynbri.  kan^-s  glas  yn  sa- 

15   esnec  y6  g6ydyr  ygkymraec.  honneit 
y 6  w-eithon  paham  y  gehvir  y  He  henné 
ynys  wydrin.  paham  auaiiach  a 
phaham  glastynbri  a  honeit  y6  heuyt 
pa  dylyet  a  oed  y  ch6edylydyon  gai 6  y 

20   wreic  honno  margan  yn  déywes  o  anné- 
fyn  a  bit  honneit  hynn  heuyt  kyt 
kaffo  y  dywededic  abat  uchot  gyuaré- 
ydyt  y  6rth  gorf  Arth""  o  hen  lyfreu  ac 
ystoryaeu.  a  pheth  heuyt  or  hythyr  a 

25  oed  g6edy  eu  hysgriuennu  yny  cr6ys 
a  g6edy  eu  rydileu  haeach  oheneynt 


I.   This  passage  in  the  Spéculum  (p.  49,  11.  10  fF.)  is  defective.   Our  text, 
no  doubt,  préserves  the  sensé  accurately. 


The  pretendcd  cxhimation  of  Arthur  aiiâ  Guinevere.         445 

through  foolishness  and  faithlessness  and  mis- 

[fortune 
Be'  it  known  and  manifest  to  ail  that  it  is 
called  Glastonbury  for  streams  and  rivers  flow 
about  it  from  the  trreat  Severn  sea 


Fol.   ^oy  h      though  it  would  be  more  fitting  to  call  it 

the  confines  of  rivers,  insomuch  as  it  is  in  the 
middle  of  rivers  and  it  is  more  fitting  to 
call  islands  land  in  the  middleof  the  océan. 
Why  is  it  then  called  avallach  ?  because  it 
is  a  place  abounding  in  appletrees  or  because 
one  who  was  formerly  lord  of  that  place  was 
called  Avallach  ^  That  place  used  to  be  called 
also  the  isle  of  glass  because  of  a  river  that 
flowed  around  it  whose  waters  had  a  blue 
glassy  hue  and  hence  the  Saxons  called  it 
Glastonburv  after  they  had  conquered  it,  for 

[glas 
in  Saxon  is  gwydyr  in  Welsh. 
It  is  well  known  now  then,  why  that  place  is 
called  Isle  of  Glass,  why  Avallach  and  why 
Glastonbury;  and  it  is  w^ell  known  also  w^hy 
the  storytellers  were  bound  to  call  that  woman 
Margan  a  goddess  from  the  netherworld.  Let  ' 

[this 
also  be  known  though  the  above  mentioned 
abbot  should  find  a  story  concerningthe  body 
of  Arthur  in  old  books  and  historiés  and  some 
also  from  the  inscription  that  was  inscribed 
in  the  crosses  which  had  become  illegible 
in  course  of  time,  he  had  the  greatest 


2.  Spéculum  (p.  49),  vel  a  Valloiie  quodam  territorii  illius  quondamdomir 
natore. 

5.  Speculinn  MS.  (p.  49,  11.  26  ft'.)  defective  hère,  Our  text  makes  the 
meaning  clear. 


44^  Timothy  Lewis  et  J.  Douglas  Bruce. 

Fol.   joS  a     I   méyaf  eissyoes  o  gyuaréydyt  a  hyspys- 
r6yd  a  gafas  ef  y  gan  henri  vrenhin 
kanys  ef  a  dywedassei  y  brenhin  6rth- 
a6  lawer  géeith  megys  y  clywssei  yn- 
5   teu  gan  hen  dynyon  a  beird  a  chy- 
uaréydeit  y  datcanu  o  weithredoed 
y  brytanyeit  pany6  y  réng  y  d6y 
groes  a  oedyn  y  vynwent  ygglastynb[ri] 
yn  eu  goréed.  Ac  odyna  ydrychaf6yt 

10  yn  eu  sefyii  y  cladyssit  arthur  yn 
défyn  rac  ofyn  y  saesson  a  6rthladys- 
sei  ef  yn  vynych  ac  a  deholassei  or  y- 
n5^s.  ac  a  dugassei  vedra6t  y  nei  yn- 
teu  y  géas  direitaf  yny  erbyn  y  ge- 

15   issa6  amdiffyn  y  ennwired.  y  rei  aores- 
gynassant  eihveith  yr  ynys  o  g6byl 
g6edy  y  agheu  ynteu.  Ac  rac  yr  vn 
ofyn  hénn6  yn  datkladu  ybed  me- 
gys  am  seith  troetued  yny  daear 

20  o  dyfynder  y  kaffat  anysgogedic 
uaen  prafFa  chroes  bl6m  gôedy  ry- 
ansodi  ynda6  or  tu  ass6  ida6  ar  Hy- 
thyr  h6nn  vman  yny  groes  blém. 
yman  y  mae  yr  ardercha6c  vrenhin 

25  Arthur  yn  gorwed  g6edv  y  gkidu  yn 

V  hed  h6nn.  ac  v  gyt  ac  ef  vr  eil  nyt  amgen. 


Fol.   joS  h      I  g6enh6yuar  y  wreic.  Ac  yn  is  no 

hynny  eihveith  na6  troetued  y  kaf- 
fat  bed  arthur.  y  groes  honno  g6edy 
y  thynnu  or  maen  a  weles  Hawer.  ar 
5   abat  yny  dangos  y  henri  vrenhin. 
ac  a  darheassant  y  iiythyr.  Ac  megys 


I.  This  sentence  corresponds  to  the  defective  passage,  Spéculum,  p.  50, 
11.  6  ff. 


J 


The  preleiided  exhiiniatwii  of  Arthur  atnl  Guincvere.         44^ 

Fol.    Î08  a     part  of  his  story  and  infonnation  trom  king 

Henri.  For  the  king  had  often  told  him,  as  he 
himselfhad  heard  from  old  men  and  bards 
and  storytellers  recounting  the[deeds  ol  the 
Britons,   that  it  was  between  the  two  crosses 
that  lav  on  the  ground  in  the  burialground  oi 
Glastonbury  —  the  crosses  were  afterwards  rai- 

[sed  and 
set  on  end  —  it  was  hère  that  Arthur  was  buried 
deepin  the  earth  trom  tear  ofthe  Saxons  whom 
he    had    often    repelled   and     whom    he   had 

[banished  from  the 
island  —  those  whom  that  most  wicked  youth 
Medrawd,  his  nephew,  had  brought  against  him 
in    his  effort  to  défend  his  wickedness,  those 
who  the  second  timecompletely  conquered  the 
island  after  his  death.  And  '  for  the  very 
same  fear,  while  they  were  re-opening  the 
grave,  at  the  depth  of  about  seven  feet  in  the 
earth,  there  was  found  a  huge  immovable 
stone  with  a  cross  of  lead  set  in  the  left 
side  of  it  with  this  inscription  in  the 
cross  of  lead  —  Hère  lies  the  exalted  king 

[Arthur  having 
been  buried  in  this  grave  and  tgoether  with 
him  a  second  -  to  wit  Gwenhwyvar  his  wife. 


Fol.  soS  h     And  nine  feet  still  deeper  Arthur's  grave  was 

[found 
and  many  people  saw  that  cross  after  it  had 
been  taken  out  of  the  stone  and  many  saw 
the  abbot  showing  it  to  king  Henri,  and  read 
the  inscription.  And  as  the  cross  had  been 
fixed  in  and  hidden  under  the  stone,  so  in  like 


2.  Llaûstephan  MS.  2,  has  :  «  the  second  Gwenhwyvar  his  wlfe  ». 


44^  Timoihy  Lavis  et  J.  Douglas  Bruce. 

yd  oed  y  groes  wedy  y  ry  ansodi  ae  chu- 
dya6  ydan  y  maen.  veity  3^d  oed  y  gro- 
es eilch6yl  wedi  ry  vmchoelut  tu  v  Hv- 

10  thyr  idi  6rth  y  maen  o  anryued  ystry6 
a  chywreinr6yd  adoethineb  y  dynvon 
a  oed  yna  yn  medru  ac  yn  mynnu 
cudya6  a  dirgelu  g6r  kvmeinty  an- 
ryded  a  h6nn6.  ac  eu  hargléyd  6ynteu 

15   a  seilya6dyr  pennaduraf  y  He  hénn6. 
Ac  vn  bennaf  oH  o  acha6s  kynnôryf  y 
ryuel  a  oedarnunt.Eissyoes  g6edy 
hedvchei  ar  y  iie  h6nn6  eihveith.  ual 
V  keffit  manac  ar  ved  arth^  y  gdsso- 

20  dassant  6y  y  groes  ar  Hythyr  yndi 
val  hynny.  ac  yn  g6byl  megvs  y  dy6- 
edassei  y  brenhin  y  caffat  corf  arthur 
Nyt  ymyén  marmor  raegys  y  g6ed- 
ei  y  vrenhin  kymeint  3^  anryded  a 

25   henné,  nyt  ymy6n  ysgrin  o  vaen  nad 
na  maen  glas,  namyn  ymv6n  drvH 
dar  géedy  ry  geuaé  a  hvnny  o  vn 


Fol.  joç   il     I  droetued  arbymthec  neu  a  vei  véy  o 

dyfynder  yn  y  daear.  o  acha6s  eu  biys  6y 
yn  v6y  noc  o  achaôs  anryded  cladu  g6r  k)^f- 
urd  a  h6nn6.  Ac  nyt  oed  ryued  hynny  yn 
5   y  kymheilei  g}'nn6ryf  ryuel  éynt  a  gouit. 
Ac  odyna  y  dywededic  abat  h6nn6  o  arch 
a  dysc  henri  vrenhin  a  beris  gôneuthur 
3'sgrin  arderchaéc  o  vaen  marmor  y  es- 
gyrn  arth'  megys  y  g6edei  ac  y  dylyii  3'' 
10  seilya6dvr  penaduraf  3' lie  h6nn6.  Ac 

ynteu  [a  garei]  vr  egl6vs  honno  vn   v6v   noc 

Ïegl6- 
3'sseu  yr  hoH  de3Tnas.  ac  ef  ae  génathoed 


The  prclcndi'd  iwhiiiiitilioii  of  Arthur  aiul  Giiiiievere.         449 

manner  had  the  cross  again  turned  the  inscri- 

[bed  side 
towards  the  stonc  through  tlic 
wonderful  artifice  and  cunning  and  wisdom 
ot  the  men  who  were  able,and  who  desired  to 
hideand  to  secrète  a  man  so  honoured  as  he 
who  was  their  lord  and   the  principal  Ibunder 
ol'   that    place.   And  above   ah  [it  was   donej 

[owing  to 
disturbance  and  war  among  them. 
Howewer  aiter  peace  had  been  restored  in  tliat 
place  they  set  the  cross  with  the  inscription  up 

[in  that  way 
to  indicate  thegrave  of  Arthur.  And  ' 
Arthur's  body  wasfoundexactly  as  theking  had 
said  not  in  marble  as  it  became  a  king 
so  exalted  as  he,  nor  yet  in  a  coffin  of 
polished  stone  or  marmor  but  in  the  trunk  oi 

[an  oak 
which  had  been  hollowed  out. 


Fol.   joç  n     and  that  at  a  depth  of  sixteen  feet  or  more 
in  the  earth,  more  on  account  of  their  haste 
than  [lack  of]  honour  in  burying  a  king  so 
exalted  as  he;  and  that  was  no  wonder  when 
they  were  harassed  by  the  tumult  and  the  dis- 

[tress 
of  war  So  the  above  mentioned  abbot,  follow- 

[ing 
the  command  and  adviceof  king  Henri 
caused  a  splendid  cofhn  of  marble  to  be 
made  to  contain  the  bones  of  Arthur 
in  a  becoming  manner,  and  as  was  due 
to  the  principal  founder  ofthat  place.  And 
he  loved  that  church  above  the  churches  of 

1.  Spéculum  MS.  (p.  50,  beginning  of  ch.  10)  is  defective  hère.  Our  text 
makes  it  clear  that  the  subject  of  praedixerat  'vas  Henry. 


4jO  Timothy  Leiuis  et  J.  Douglas  Bruce. 

yugyuoetha6co  dir  a  daear  yn  amyl  ac 
yn  ehelaeth.  Ac  nyt  heb  v  obryn  ohonaé 

15  ynteu.  namyn  o  g)'fya6n  vra6t  due 
y  g6r  a  dal  p6yth  pob  da  yn  ehalaeth  heb 
petruster.  nyt  yny  nef  ehun.  namyn  ar 
y  daear  heuyt  ac  yn  vv6  ac  vn  var6 
A  g6edy  bo  mar6.  ynv  vuched  dragyéyd. 

10  Ac  yny  diwed  yny  vanachla6c  hvnaf 
ac  a6durdodaf  or  hoit  deyrnas  y  cladéyt 
arth'.  yn  anrydedus.  megys  y  g6edei  kyf- 
lehau  g6r  kymeint  y  glot  ae  anryded  a 
h6nn6.  Ac  velly  y  teruyna  cladedi- 

10  gaeth  Arthur  vrenhin 


'I be  pirleiided  exhumation  of  Arlhur  itiid  Guinevere.         45! 

the  whole  kingdom  and  he  made  it  rich 
with  many  and  extensive  pièces  of  land.  And 
this  he  did  not,  without  reward,  but 
of  the  just  judgment  of  God,  the  one  who 
rewards  bountifully  and  without  any  doubt, 
every  good  that  is  donc;  and  that  not  only 
in  heaven  itself  butaiso  on  earth,  both  '  the 
hving  and  thedead,  and  after  death  in  the 
hfe  eternah  And  in  the  end  Arthur  was 
buried  in  the  oldest  and  most  powerful 
monastery  in  the  whole  kingdom  as  it  was 
becoming  to  bury  a  man  so  famous  and 
honourable  as  he.  And  thus  ends  the  Burial 
of  king  Arthur. 

Timothy  Lewis, 
University  Colk-ge  of  Wales,  Aberystwyth. 

J.  Douglas  Bruce, 

University  of  Tennessee. 
I.  From  hère  to  the  end  is  defective  in  the  Spéculum  (p.  51). 


kn-ue  Celtique,  XXXllî.  jo 


MABON    AB    MODRON 


Mabon  appears  to  play  a  much  more  important  part  in  the 
French  romances  than  in  the  taies  which  hâve  been  preserved 
in  the  Welsh  language.  Under  other  names,  however,  as  we 
shall  attempt  to  show,  he  is  as  well  Ivnown  in  Wales  as  on  the 
continent. 

His  most  important  appearance  in  France  is  in  Chrétien  de 
Troyes's  hrec.  In  this  épisode,  the  hero  enters  the  castle  of 
Brandigan,  which  belongs  to  King  lîvrain,  who  conducts  him 
to  a  wonderful  orchard,  full  of  the  most  luscious  fruit,  but 
which  is,  as  man)^  writers  hâve  pointed  out,  nothing  more 
than  a  magie  prison.  In  the  orchard  stands  a  row  of  stakes,  ail 
except  one  bearing  a  human  head,  and  the  empty  one  has  a 
horn  attached  to  it.  Penetrating  further  into  thisland  of  magie, 
Hrec  sees  a  silver  couch,  and  on  it  is  reclin ing  a  most  beauti- 
ful  maid.  He  approaches  her,  but  as  he  does  so,  he  is  confront- 
ed  by  a  giant  with  whom,  after  many  bitter  words  and 
reproaches,  he  tights.  Erec  conquers  his  adversary^  who  tells 
him  that  he  is  called  Maboiingrain;  at  least,  that  is  how  he  is 
known  in  that  country,  but  he  does  not  know  his  real  name, 
—  a  most  important  détail  preserved  by  Chrétien,  in  view 
of  the  history  of  the  Welsh  Mabon.  He  is  kept  imprisoned  in 
the  orchard  by  a  beautiful  maiden,  who  has  bv  her  magie  wiles 
forced  him  to  remain  there  as  her  lover,  and  fight  every  new- 
comer  until  he  is  defeated  by  one  ot  them.  Then  and  not  till 
then  will  he  be  released.  «  Sound  the  horn  »  says  he  to  Erec, 
«as  a  sign,  of  my  deliverance  ».  After  many  days  of  rejoicing, 
Erec  départs  with  Énideinto  the  court  of  king  Arthur. 


Mahon  ah  Modron.  45  5 

The  points  to  which  we  wish  to  call  spécial  attention  in  the 
above  narrative  are  the  following  : 
i)  T\\tn2imt  Mahonagrain. 

2)  Mabonagrain  is  a  prisoner. 

3)  He  can  only  be  delivered  hy  fighting. 

4)  He  has  a  name,  but  no  one  knows  his  real  one. 

5)  His  deliverance  is  signaHsed  by  the  sounding  of  a  horn. 
In  the   Welsh    version  of  Gemini  ac  Enid,  this    incident 

differs  in  many  important  détails  from  the  corresponding  part 
of  the  Érec.  Some  of  thèse  différences  are  immaterial  to  our 
thème. 

r)  The  magie  prison  is  covered  with  mist. 

2)  The  horn  is  suspended  from  an  apple-tree. 

3)  «  Lord  »  said  the  conquered  warrior  «  I  pray  for  quar- 
ter,  and  thon  shàlt  hâve  what  thou  wilt  ».  «  I  will  naught  » 
said  Geraint  «  save  that  there  never  be  hère  any  more  this 
chware  (  =  /Vw)  nor  the  hedge  of  mist,  nor  the  magie,  nor 
the  enchantment  which  has  been  >- .  «  Thou  shalt  hâve  that 
willingly,  lord.  And  cause  thou  the  mist  to  leave  the  place. 
Sound  thou  that  horn,  and  the  moment  that  thou  soundest  it, 
the  mist  will  départ.  And  untilthe  knight  that  should  conquer 
me  should  sound  it,  the  mist  might  never  départ  hence.  .  . 
Then  Geraint  came  and  sounded  the  horn,  and  the  moment 
that  he  gave  one  blast  on  it,  the  mist  departed  «.  Hère  it  is  to 
be  noticed  that  the  Welsh  version,  with  far  greater  probabi- 
lity,  makes  the  blast  of  the  horn  the  cause  of  the  breaking  of 
the  enchantment  that  bound  the  strange  Knight,  and  not  the 
signal  of  his  deliverance. 

{IPhite  Book  Mabinogion,  folio  283.) 

Let  us  for  the  moment  leave  the  story  of  Mabonagrain,  and 

dévote  our  attention  to  the   Mabon    of  the  Welsh  taies.    In 

Kiilhwch  ac  Olwen,  we  note  the  following  facts,  among  others 

concerning  him. 

i)  His  name  is  Mabon,  son  of  Modron. 

2)  He  was  stolen  from  between  his  mother  and  the  wall 
when  he  was  three  nights  old. 

3)  No  one  knows  what  has  become  of  him  till  he  is  found 
a  prisoner  in  a  stone  fortress  at  Gloucester,  which  can  only 
be  approached  by  water. 


4U  ^V.  f.  Gruffydd. 

4)  He  is  the  oldest  of  ail  men  or  beasts  then  living  on  the 
earth. 

5)  He  is  delivered  from  his  prison  by  Arthur  and  his 
men. 

(Red  Book  of  Hergesi,  folios  834-837). 

Novv  it  is  strange  that  no  student  of  the  Arthurian  legend 
has  realized  that  the  story  of  the  stealing  of  Mabon  from  his 
mother  is  given  in  great  détail  in  the  Mabinogi  of  Piuyll, 
whereRhiannon'sson,  whose  name  is  not  mentioned,  isstolen 
from  her  bed  soon  after'his  birth.  The  Mabinogi  does  not 
actually  statethat  he  was  '  three  nights  old  ',  as  in  the  case  ot 
Mabon,  but  he  could  not  be  much  older,  as  the  midwives 
were  still  watching  by  Rhiannon's  bed.  This  is  the  incident 
upon  which  the  whole  of  the  latter  part  of  the  P-wyll  is  hin- 
ged. 

We  see,  then,  that  the  son  of  both  Rhiannon  and  Modron 
was,  according  to  Welsh  tradition,  snatched  from  his  mother's 
bed  soon  after  birth.  If  we  can  prove  that  Rhiannon  and 
Modron  are  one  and  the  same  person,  then  we  know  the  story 
of  the  râpe  of  Mabon. 

Modron,  as  is  well  known,  implies  an  earlier  Mâtrôna, 
the  name  of  a  goddess  which  is  of  fréquent  occurrence  in 
Celtic  inscriptions  (Anwyl,  CeJtic  Religion,  pp.  41-3.  Rhys, 
Hibbert  Lectures,  pp.  278-9),  and  w^hich  gave  in  French  the 
proper  name  Marne.  The  termination  -ôna  is  common  in  the 
names  of  Celtic  goddesses  such  as  Epona,  Sirona  etc.,  and  its 
masculine  form  -ônos  (in  Roman  inscriptions  -dniis)  is  found 
in  Mapônus,  the  name  of  a  well  known  Gaulish  god,  which 
gave  in  Welsh  Mabon.  Mabon  vab  Modron,  then,  may  be 
translated  as  «the  Great  Son,  the  son  of  the  Great  Mother  «  '. 

We  return  to  Rhiannon.  The  original  form  of  her  name 
also  shows  the  termination  -ôna  ;  it  would  be  Rigantôna, 
that  is  'the  great  queen'.    But  the  root  *  rig  may  mean  in 

I.  It  would  be  interesting  to  trace  how  far  this  deitv  has  intiuenced  what 
may  be  called  the  «  mj'thology  »  of  Christ,  as  contrasted  with  his  history 
given  in  the  Gospels.  Christ  is  certainlv  called  in  Welsh  Mahon  and  Mab 
Mawr,  —  which  makes  us  think  at  once  of  the  italian  bambino.  I  throw 
out  this  suggestion  to  scholars  compétent  to  investigate  the  matter. 


Mahoi!  ah  Modroii,  455 

Welsh  not  only  'king'  or  '  queen  '  but  ''parent'.  Rhieni,  for 
instance,  the  plural  of  a  word  *  rigan  —  means  in  Welsh  both 
i)  «  parents  »  and  2)  «  ladies  ».  In  modem  Welsh,  it  has  the 
former  meaning,  while  in  Médiéval  Welsh  it  meant  the  latter. 
Branwen,  (^Mah.  of  Brainueii,  Red  Book  ofHergest,  folio  728) 
is  called  tryded  prif  rieni  yn  yr  ynys  hon,  «  one  of  the  three 
greatest  ladies  of  this  island  »,  or  «  one  of  the  three  greatest 
queens  ». 

It  must  be  noticed  that  the  modem  Welsh  singular  rhiant 
(implying  a  plural  rhienni,  with  two  n's)  is  a  fabrication, 
probably  due  to  Dr.  Pughe.  I  cannot  find  the  word  in  any  dic- 
tionary  before  his. 

William  Evans's  English-Wehh  Dictionary  (1771)  gives  siib 
«  Parent  »  :  '  rhieni,  tad  neu  fani',  as  if  rhieni  were  a  singular 
noun  '. 

The  transition  from  «  queens  »  to  «  parents  »  is,  of  course, 
easy  and  obvious  enough.  Even  in  thèse- days,  far  removed  as 
they  are  from  patriarchal  times,  the  word  '  governor'  in  ple- 
beian  English  has  the  three  distinct  meanings  of  i)  gouver- 
neur, 2)  père  and  3)  monsieur,  just  as  in  Welsh  rhieni  means 
i)  queens,  2)  paren Is  a.nd  3)  ladies.  Therefore,  Rhiannon,  con- 
taining  the  root  *rig,  may  mean  'queen'  'lady  '  or  '  mother', 
and  in  the  third  sensé  of  «  mother  »,  or  rather  «  great 
mother  »  has  exactly  the  same  significanceas  MoJ/t);/.  So  that 
the  story  of  the  râpe  of  Rhiannon's  son  is  the  story  of  the 
râpe  of  Mabon. 

Who  then  was  the  fiither  of  Rhiannon's  son?  According  to 
the  Mabinogi,  it  was  Pwyll  chief  of  Annwvn,  but  it  is  extre- 
melv  signiiicant  that  when  he  was  saved  from  the  magie 
claw,  he  was  adopted  by  Teyrnon  who  persuaded  his  sub- 
jects,  with  the  connivance  of  his  wife,  that  his  wife  had  been 
pregnantand  had  given  birth  to  the  child.  In  other  words,  the 
subjects  of  Teyrnon  thought  that  he  was  the  father  of  the 
child,  but  as  the  Mabinogi  had  already  said  that  the  father 
was  Pwyll,  it  was  necessary  to  invent  some  such  stor}''  for  the 


I .  On  trouvera  toutefois  uue  autre  interprétation  du  gallois  rhieni  dans 
la  Rcime  Celtique,  t.  XXXII,  p.  235  (N.  d.  1.  r.). 


43 1'  IV.  J.   Grufiyââ. 

sake  of  consistency.  Now  Te^-rnon,  as  Sir  Edward  Anwyl  has 
already  pointed  out  {Zeitschrift  fiir  celtische  Philologie,  vol.  I, 
p.  288)  makes  with  Rhiannon  a  perfect  pair,  his  name,  sup- 
posing  an  old  form  Tigernonos,  meaning  «  great  king  ;>.  We 
may  then,  without  much  hésitation,  write  down  the  pedigree 
of  Mabon  as  follows  : 

(  Matrona 
Tigernonos  m  l         or 

I     f  Rigantona 

I 
Maponos 

And  now  cornes  a  moststriking  confirmation  ofthis  theory. 
Teyrnon,  when  he  had  decided  to  adopt  the  child,  caused 
him  «  to  be  baptized  with  the  baptism  wliich  was  at  that 
time  practised.  And  the  name  given  him  was  Gwri  Wallt 
Euryn.  What  hair  was  on  his  head  was  as  yellow  as  gold  » 
(Red  Book  of  Hergest,  fol.  724.)  —  but  this  remark  only 
explains  the  epithet  Euryn,  and  not  the  more  important  name 
Givri,  to  which  we  shall  return  later.  Now,  it  is  not  surpri- 
sing,  in  view  of  what  we  hâve  said,  that  Mabon  and  Gwri 
are  named  together  in  Ktilhwch  ac  Ohuen,  —  «  After  that, 
Arthur  went  to  Llydaw  with  Mabon  son  of  Mellt  and  Gware 

Gwalit  Euryn »  (Red  Book,  foho  837  d.).  M.  E.  PhiU- 

pot,  in  an  extremely  clever  and  careful  article',  has  already 
explained  the  curions  name  Mabonagrain  which,  as  we  hâve 
seen,  was  the  name  borne  by  the  prisoner  in  Erec.  «  Il  est  la 
synthèse  de  deux  noms  que  nous  trouvons  appliqués  à  deux 
personnages  différents,  dans  le  groupe  du  Bel  Inconnu  et  dans 
Erec  lui-même.  On  sait  que  l'enchantement  de  la  «  Gaste 
Cité  »,  qui  a  totalement  disparu  du  récit  d'£"nr,  bien  que, 
comme  le  montre  Cardnino,  il  fît  très  anciennement  partie 
essentielle  du  cycle,  est  l'œuvre  de  deux  personnages  maudits  : 
l'un,  nommé  Mabon,  est  de  beaucoup  le  plus  important,  «  li 
plus  sires  »  (v.  3321) Eurain  n'est  guère  qu'un  com- 
parse, un  fantôme  dont  la  seule  utilité  est,    semble-t-il,  de 

I.  Romania,  1896,  p.   25^. 


Mabon  ah  Modroii.  457 

parfaire  un  couple  traditionnel.  Dans  LD  ',  le  premier  s'ap- 
pelle Maboun,  ou  Mabounis,  le  second  s'appelle  Irayn.  Le 
même  couple  se  retrouve  dans  Hrec,  où  à  côté  de  Mabona- 
grain,  nous  voyons  le  roi  Eurain  - Mais  alors,  quelle  pour- 
rait être  l'origine  de  ce  personnage  vague,  de  ce  «  second  » 
de  Mabon  ?  Il  est  possible  qu'il  ait  été  au  début  une  simple 

épithète  homérique,  l'adjectif  gallois  Ê"//;-)'» Nous  donnons 

évidemment  cette  conjecture  sous  toutes  réserves  ». 

Without  knowing  it,  M.  Philipot  bas  struck  on  the  very 
explanation  wliich  throws  light  on  the  history  of  Mabon. 
One  comment  we  would  like  to  make  on  his  article,  —  his 
explanation  does  not  dispose  of  the  g  of  Mabonagrain,  or  of 
the  a.  I  suggest  that  Mahonagrain  is  not  simply  Mabon-Euryn, 
as  M.  Philipot  suggests,  but  Mabon  a  Giuri  Eiiryn,  i.  e. 
«  Mabon  and  Gwri  (Wallt)  Euryn  ». 

Now  it  is  time  to  consider  whether  we  hâve  any  traces 
of  such  a  captivity  as  that  of  Mabon  or  of  Mabonagrain  in 
that  hero's  history  when  he  goes  under  the  name  of  Gwri 
Wallt  Euryn  ? 

When  Gwri  was  restored  to  Rhiannon,  the  'author'  of  the 
Mabinogi  oï Pivyll  was  confronted  with  a  further  ditïiculty. 
The  name  of  Pwyll's  son  was  not  Gwri  Wallt  Euryn,  but 
Pryderi,  as  Welsh  tradition,  indepently  of  the  Mabinogion, 
amply  testifies  '.  So,  in  a  very  lame  and  unconvincing  fashi- 
on,  she  insists  that  his  name  be  changed  to  Pryderi,  and  hence 
forward  in  the  Four  Branches,  we  hâve  to  seek  for  Gwri  under 
this  new  name,  though  in  Kulhivcb  ac  Olwen  ,  as  we  hâve 
seen,  he  is  still  found  unc^.er  the  earlier  appellation.  Therefore, 
though  the  Pryderi  of  Math  vab  Mathoniuy  is  partly  Pryderi 
and  partly  Gwri,  the  Pryderi  of  Manawyddan  vab  Llyr,  is  cer- 
tainlv  Gwri  under  another  name.  In  this  mabinogi,  the 
widow  Rhiannon  is  given  in  marriage  to  Manawyddan,  and 

1.  I.  e.  Lv  Beaus  Desconnus, 

2.  In  the  Welsh  Geraint,  «  Yvvein.  »  Opposed  as  we  are  to  the  German 
theory  of  the  Arthurian  legend,  we  must  admit  hère  that  the  Welsh  is 
foUowing  a  French  written  taie,  ■ —  which  neither  M.  Loth  nor  M.  F.  Lot 
nor  M  ,  Philipot  evcr  denied. 

5.  See  under  Pryderi  in  the  Index  to  Skene's  Four  Ancient  Bocks. 


458  JV.  J.  Gniffvdd. 

the  three  —  Rhiannon,  her  husband  and  her  son  —  together 
with  her  son's  wife,  are  described  as  celebrating  the  mar- 
riage  when  suddenlv  «  there  was  a  noise,  and  in  the  midst 
of  jthe  great  noise,  a  sho\ver  of  mist  came,  so  that  not  one 
of  them  could  see  the  other.  And  after  the  mist,  every  place 
became  Hght,  and  when  they  looked  where  they  had  seen 
the  flocks  and  the  herds  and  the  houses  before,  they  could 
see  no  manner  of  thing,  —  neither  house,  rior  beast,  nor 
smoke,  nor  fîre,  nor  man,  nor  dwelling,  except  the  palace  of 
the  court,  which  was  empty  and  desolate  and  deserted, 
without  man  or  beast.  »  {Red  Book,  folio  741.).  After  many 
adventures,  which  we  need  not  describe,  they  came  one  dav 
to  a  caer,  which  Pryderi  entered.  «  When  he  came  into  the 
caer,  nor  man  nor  beast  nor  boar  nor  hounds  nor  house  nor 
habitation  could  he  see  in  the  caer.  There  was,  as  it  were  in 
the  middle  of  the  floor,  a  well,  enclosed  with  marble  ail 
around.  And  on  thebrink  ot  the  well,  a  golden  goblet  above 
a  slab  of  marble,  and  chains  going  upwards  to  the  sky,  and 

he  could  see  no  end  to  them And  he  came  to  the  goblet, 

and  grasped  it.  And  as  he  grasped  the  goblet,  his  hands  became 
fast  to  the   goblet,    and  his   feet  to  the  slab  on   which   the 

goblet  stood «    Alas,  my  lord  »  said  Rhiannon  «  what 

dost  thou  hère  ?  And  she  grasped  the  goblet  with  him,  and  as 
she  grasped  it,  her  hand   became  fast  to  the  goblet.  and  her 

two  feet  to  the  slab As  soon  as  night  fell,  a  noise  came 

upon  them  and  a  shower  of  mist,  and  with  that  the  caer 
disappeared,  and  away  they  were  taken  with  it.  »  After  some 
further  adventures  of  Manawyddan  and  Kicva,  Pryderi's  wàfe, 
who  were  thus  left  alone,  Manawyddan  finds  a  means  of  deli- 
vering  his  wife  and  her  son  —  «  Then  Manawyddan  arose, 
and  when  he  looked,  he  could  see  the  whole  country  with 
its  houses  and  inhabitants,  with  ail  its  flocks  and  habitations 
in  their  place  »  (Rai  Book,  folio  745-751). 

Thèse  quotations  carr}'  their  own  taie,  and  require  no 
explanation  of  ours.  We  will  only  notice  one  or  two  points. 

i)  It  is  évident  that  the  interval  between  the  first  mist  and 
the  second  is  due  to  the  stor}^-teller.  The  captivity  was  proba- 
bly  a  continuous  one. 


Mal'oii  ah  Xfodroii.  459 

2)  The  essential  factor  is  the  mist,  as  in  thc  taie  of 
Géra  in  t. 

3)  Thc  mist  suddcnly  disappears  as  in  Gerainl. 

4)  It  required  a  dehverer  hère  — in  thiscase,  Manawyddan, 
—  just  as  Arthur  deUvered  Mabon,  and  Gcraint  dehvered  the 
Knight  of  the  Mist-Hedge. 

Now  it  is  important  to  notice  that  ihc  cyvanuyddyd,  or  spoken 
taie,  from  which  this  Mabinogi  was  made  up,  was  called  the 
(c  Mabinogi  of  Mvnnweir  a  Mvnordd  »  if  \ve  are  to  take  the 
verv  lame  and  impossible  explanations  of  the  names  given  by 
the  'autlior'  {Kcd  Book,  fol.  75 1),  but  more  probably  \ve  should 
read  them  as  «  Mvnnweir  a  Mvnord.  »  It  should  be  noted 
,too,  that  their  sojourn  in  the  mist  is  distinctly  called  a  car- 
char  =  «  prison  ».  A  word  about  thèse  names. 

There  is  little  doubt  that  Manaïuyddan'  is  a  later  addition 
to  the  storv  as  the  référence  to  its  older  name  proves,  and 
that  Mynuu'cir  and  Myiiord  were  the  original  protagonists. 
Modron  is  also  written  Mydron,  as  in  the  following  from  the 
Black  Book  of  Caermarthen  (Dr.  Evans's  édition  p.  94). 

Mabon  am  undroii 
Guas  uthir  pen  dragon. 

It  seems  to  us  likelv  that  Mynord  hère  represents  an  original 
Mydron,  through  a  séries  of  scribal  errors,  because  it  is  clear 
from  the  storv  that  the  scribes  did  not  understand  what  the 
names  meant.  Mvdron  written  as  Mydrô  could  easily  develop 
into  Mynord,  for  we  know  that  copyists  are  capable  ot  much 
greater  things  than  this.  As  to  Mynweir,  we  suspect  that  we 
hâve  hère  an  instance  of  the  influence  of  one  word  of  a  pair 
on  its  fellow,  which  is  so  common  in  Médiéval  Welsh.  Just 
as  Sodoni  and  Gomorr ah a^pear  in  Llyfr  yr  Ancr  Çi^46^âs  Souir 
ac  Ovir  CE l iicid ariu m,  editedbyKhy s  and  Jones,  p.  157),  and 
just  as  we  hâve  Se  ac  Asse,  Sach  a  Saîacb,  Lotor  a  Fotor  in 
Kidhwch  ac  Ohuen  (^White  Book  Mabinogion,  folio  285),  so 
Gweir  a  Mynord  became  Myyiweir  a  Mynord  in  this  case.  Whe- 

j.  He  is,  of  course,  onç  ofthe  Irish  characters  of  ihe  'Four  Branches'. 


4éo  JJ\  J.   GniJJydd. 

ther  this  be  right  or  not,  there  is  little  doubt  that  Mynweir 
conceals,  under  some  addition,  the  name  Gweir. 

Xow,  who  was  Gweir  ?  It  will  not  surprise  us  to  find  that 
he  \vas  one  of  the  «  three  famous  prisoners  »  of  Welsh 
legend,  and  the  most  complète  account  of  him  is  found  in  the 
Book  of  Taliessin  : 

Bu  kyweir  Karchar  gweir  ygtcaer  sidi. 
Truy  ebostol  pwyll  a  phrvderi. 
Neh  kyn  noc  ef  nyt  aeth  idi 
Yr  gadw^n  tromlas  kvwirwas  ae  ketwl 


Tri  lloneit  prytwen  yd  aetham  ni  idi 
Nam  seith  ny  dvrreith  o  gaer  sidi. 

«  Complète  was  the  prison  of  Gweir  in  Gaer  Sidi,  on  the 
quest  (?)  ot  Pwyll  and  Prvderi.  Before  him  no  one  entered 
into  it,  —  into  the  heavy  dark  chain  which  held  him,  faithful 
wight.  Three  times  the  freight  of  Prydwen  were  we  when 
we  went  into  it  ;  save  seven,  no  one  returned  from  Gaer 
Sidi.  » 

Further  on,  the  poem  describes  Arthur  as  leading  the 
expédition  against  the  fort  of  Sidi.  From  the  above,  thèse 
facts  are  to  be  noted  : 

i)  Gweir  is  rescued  trom  his  prison  by  Arthur  just  as 
Mabon  was. 

2)  His  prison  was  over  the  water,  just  as  Mabon's 
was. 

3)  He  is  in  the  poem  associated  with  Pr^'deri. 

4)  Just  as  Mabon  was  the  oldest  of  ail  living  créatures,  so 
Gweir  was  the  first  to  go  to  it;  —  whether  it  means  the  chain 
or  Gaer  Sidi  it  does  not  matter  ;  he  is  the  oldest  prisoner. 

And  now,  let  us  see  what  Sir  John  Rhys  says  of  the  name 
Giveir.  In  the  Hibbert  Lectures,  p.  282  (3'''^  édition)  he  writes 
asfollows  : 

«  But  we  seem  to  be  again  led  back  to  the  latter  by  the 
name  Gweir,....  for  it  probably  meant  «  manly  »  :  at  any 
rate,   that  is  the  natural  inference   from  the  fact  that  it  is  a 


Mdhoii  ah  Moilroii.  461 

derivative  from  an  earlier  from  of  ^îur,  the  Welsh  équivalent 
in  sensé  and  etymology  of  the  old  Irish  fer  and  thc  Latin  vir. 
Anothcrof  his  names  of  tiiis  origin  is  probably  to  be  detected 
in  Gîvroii,  which  means  a  great  nian  or  hero  ».  He  might  hâve 
added  «  and  in  the  name  Gwri.   » 

In  xht  Arlhiirian  Le^oul ,  pp.  365-366,  the  sanie  author  esta- 
blishes  a  connection  between  Pryderi  and  Gloucester,  the 
legendary  prison  of  Mabon. 

There  is  httle  doubt  in  my  mind  that  Mabon,  Gwri,  Gweir, 
and  Myniveir  ail  represent  the  name  of  the  same  person,  — 
the  original  of  the  Mabona^rain  of  Erec,  and  the  famous  pri- 
soner  of  Welsh  mythology.  If  thèse  équations  are  accepted, 
manv  mysteries  in  the  development  of  the  Arthurian  legend 
will  be  cleared  up.  Another  time,  we  hope  to  show  the  bea- 
ring  of  thèse  identifications  on  the  origins  of  the  Arthurian 
taies. 

Cardiff.  W.-J.  Gruffydd. 


AN     CAOCH     O     CLUAIX 


In  the  Book  of  the  Dean  of  Lismore  a  well-known  poem 
on  the  deathofFraoch  (Skene-M'Lauchlan,  p.54;  Cameron,!, 
p.  62)  is  attributed  toln  Keich  0  Cloan  (^=An  Caoch  0  CJuain 
or  Clumhaiii),  who  is  stated  by  Skene  and  by  Mackinnon  in 
his  recently  published  Catalogue  of  Gadic  MSS.  in  Scotland  (p. 
232)  lobe  otherwise  unknown.  The  attributions  in  Macgre- 
gor's  collection  are  not  such  as  to  inspire  great  confidence, 
with  the  resuit  that  one  is  apt  to  grow  sceptical  as  to  the  exis- 
tence of  certain  of  the  poets  whose  names  he  places  at  the 
head  of  poems.  It  is  therefore  not  without  interest  to  find  a 
Caech  Ceise  O  Clumhain  appearing  in  the  Magauran  Book  in 
the  possession  of  the  O'Conor  Don,  as  the  author  of  a  poem 
of  'i)(>  stanzas  in  praise  of  Niall  Magauran  who  died  according 
totheAnnals  of  Ulster  and  the  FourMasters  in  1362.  For  what 
is  known  of  the  bardic  family  of  O'Clumhain  see  O'Grady 
Catalogue  ^^.  343  and  366-7. 

E.-C.    QUIGGIN. 


L'ETYMOLOGIE  DU  GAULOIS  DU  MI  AS. 


Dninias,  surnom  du  Mercure  Arverne  honoré  au  sommet 
du  Puy-de-Dôme,  est  vraisemblablement  un  nom  local. 
M.  Rhys,  suivi  par  M.  Holder,  Altcelt.  Sprachsch.,  l,  1369,  le 
tire  d'un  mot  *duniio-  qui  signifierait  «  colline  «  et  qu'il  rap- 
proche de  l'irlandais  diima.  Ce  rapprochement,  que  l'on  trouve 
utilisé  dans  l'excellent  travail  de  M.  Hessen  analysé  plus  loin, 
p.  470,  est  certainement  possible  phonétiquement,  mais  il 
importe  de  savoir  à  quelles  conditions  sémantiques. 

Le  sens  de  l'irlandais  dimia  demande  avant  tout  à  être  pré- 
cisé. Dans  la  langue  des  gloses,  on  n'en  trouve  que  les  dérivés 
dumaigim.,  dumugud,  dnmaiglhe  : 

Ml.  55  d  3  exaggerauit  .i.  ro  dmnaigestar. 

Ml.  44  d  4  exaggerationis  .i.  indumichtho. 

Ml.  35  d  17  cumulatius  .i.  7  nibi  indinnaichthiu  À.  nibi  chon- 
diuiiu{giid)  do  degnimaib  «  ce  n'est  pas  d'une  façon  plus  exagé- 
rée ;  il  n'y  a  pas  exagération  de  bonnes  actions  »  (le  sens  du 
mot  condiimiignd  n'est  pas  sûr,  v.  le  Thésaurus,  et  l'aspiration 
en  est  irréguhère,  v.  Pedersen,  K.  Z.,  XXXV,  322), 

Ml.  77  d  2  exaggerenter  .i.  indumaigthid  .i.  diidumugud 
innanimned  «■  d'une  façon  exagérée  ;  pour  exagérer  les  souf- 
frances ». 

Pour  qui  connaît  les  principes  de  traduction  servile  habi- 
tuels aux  glossateurs  irlandais,  il  est  évident  que  le  mot  duma 
a  le  sens  du  latin  agger.  Et  c'est  en  effet  avec  cette  valeur  que 
le  mot  apparaît  dans  la  littérature  postérieure;  il  désigne  une 
levée  de  terre,  un  mur,  un  rempart.  Au  lieu  de  tanic  renie  assa 
aithle  for  lice  na  ngiall  in-Emain  Mâcha  «  il  s'avança  ensuite 
sur  la  pierre  des  otages  à  Emain   Mâcha  »    (Book  of  Leinster, 


464  /.   Vendryes. 

93  b  24),  le  Book  ot  Lecan  porte /ar  dioiia  na  figiall  «  sur  le 
mur  des  otages  »  (44  a  7). 

Dans  les  Passions  and  Homilies,  p.  675,  le  sens  de  rempart 
est  bien  net  :  rosuidiged  in  diana  «  the  mound  was  raised  » 
(1.  1576)  ;  fiiarus  duma  cloch  «  I  found  a  mound  of  stones  » 
(1.  1571);  rochlaidset   in  duma  «  thev  cxcavated  the  mound  » 

Mais  l'idée  première  est  celle  d'un  ouvrage  par  accumula- 
tion de  matériaux  :  ni  chumdaigein  adnocJa  na  duma  for  iiiarbu 
«  nous  n'élevons  pas  de  tombes  ni  de  tertres  au-dessus  des 
morts  »,  lit-on  dans  l'Alexandre,  1.  902  {Irische  Texte,  II,  2, 
78).  Et  le  passage  suivant  du  Togail  T)ôi  (\.  1180)  précise 
encore  cette  idée  :  rolàset  a  n-ctaige  diib  7  doiwisat  dumai  dih 
aranihélaih  «  ils  enlevèrent  leurs  vêtements  et  en  firent  un 
rempart  devant  eux  (Jrische  Texte,  II,  i,  38).  Disons  plutôt 
«  un  tas  »  dans  cette  phrase,  et  nous  comprendrons  alors  que 
le  mot  dmna  ait  pu  être  employé  pour  désigner  simplement 
une  grande  quantité,  comme  synonyme  de  imat  «  beaucoup  » 
(O'Davoren,  n"  751,  dans  VArchiv.  f.  Celt.  Lex.,  II,  320). 
C'est  le  cas  du  français  familier  «  un  tas  d'objets,  des  tas  de 
gens  »,  et  aussi  du  lituanien  ti'ilas  qui  du  sens  d'«  aggloméra- 
tion, masse  »  en  est  venu  à  désigner  «  un  grand  nombre    ». 

Un  mot  très  voisin  de  duma  est  en  irlandais  même  dua 
«  rempart  »  :  dar  dua  ind  liss  (L.  L.  274  a  51)  «  par-dessus 
le  rempart  de  la  cour  »  ;  cf.  duae  dans  le  Glossaire  des  Lois. 
Il  a  une  forme  plus  ancienne  dans  le  mot  dôe  (disyllabique), 
attesté  à  deux  reprises  dans  le  Félire  d'Oengus  (2  mars  et  27 
août).  Et  le  glossaire  d'O'Clery  enregistre  dae  no  dua  .i. 
cloidhe  ard  no  mûr  ard  «  a  high  rampart  or  high  wall  »  (Rev. 

a//.,  IV,  395). 

Il  est  regrettable  que  M.  Hessen,  dans  le  travail  cité  au 
début  de  cette  note,  n'ait  pas  étudié  le  cas  de  dôe.  D'un  proto- 
type *dou-yo-  on  attendrait,  d'après  la  règle  qu'il  a  posée  p.  27 
et  suiv.,  ou  bien  Vô/  monosyllabique  ou  bien  *due  {duaè) 
disyllabique.  La  règle  serait-elle  en  défaut  ?  Le  mot  d'k  du 
Félire  résulterait-il  d'une  contamination  ?  Faudrait-il  séparer 
dua  de  dôe,  et  voir  dans  ce  dernier  un  suffixe  plus  complexe 
que  le  suffixe  -yo-  ?  La  question  vaudrait  d'être  discutée.  Il  ne 


VElymoloç^ic  du  (nuiioh  Ditniias.  4(35 

paraît  pas  douteux  en  tout  cas  que  churia  et  doe  (diid)  ne 
dérivent  tous  deux  avec  un  suffixe  différent  d'un  radical  *don-, 
*du-  en  alternance  vocalique,  dont  le  sens  se  rapporte  à  un 
ouvrage  de  protection  en  terre  amoncelée. 

On  peut  préciser  davantage  le  sens  ancien  de  ces  mots,  en 
y  rattachant  le  gaulois  dnros  (dàron)  «  ville  ^).  Dans  l'article 
où  il  a  fort  justement  défendu  la  quantité  brève  de  1'?/  de 
dûros,  M.  Philipon  a  proposé  de  l'expliquer  par  le  nom  indo- 
européen de  la  porte,  grec  6Jpa,  etc.  (R.  Celt.,  XXX,  73)  ;  ce 
qui  ne  va  pas  sans  difficulté.  Il  est  plus  simple  d'expliquer 
*du-ro-  comme  un  dérivé  de  la  même  racine  que  duma  et  dôe. 
Le  sens  premier  en  serait  «  enceinte  fortifiée,  formée  d'une 
levée  de  terre  »,  d'où  plus  tard  tout  simplement  «  ville  ». 

On  observe  une  évolution  de  sens  analogue  dans  l'histoire 
d'un  mot  qui  a  plus  d'un  rapport  avec  les  précédents.  C'est 
le  gaulois  dûnom,  qui  désigne  une  ville  forte,  une  forteresse. 
Plusieurs  écrivains  des  bas  temps,  et  en  particulier  l'auteur  ano- 
nyme du  Glossaire  dit  d'Endlicher,  nous  disent  qu'il  signi- 
fiait «  montagne  »  (v.  les  références  chez  Holder,  I,  1375). 
C'est  une  interprétation,  due  au  tait  que  les  forteresses  étaient 
généralement  placées  sur  les  hauteurs.  Mais  il  y  en  avait  ail- 
leurs, par  exemple  dans  des  îles  commandant  le  cours  d'un 
fleuve  :  tel  Metlodunum,  aujourd'hui  Melun.  Et  d'ailleurs  l'é- 
tymologie  n'est  pas  favorable  à  l'interprétation  proposée.  Le 
gaulois  dûnoin,  comme  l'irlandais  ditn{g.  di'me,  thème  en  -es-) 
signifiait  simplement  «  enceinte  »  à  l'origine.  Le  verbe  dérivé 
dûnaim  traduit  en  irlandais,  l'idée  d'enfermer.  On  désignait 
donc  par  dûnom  une  ville  fermée.  Le  mot,  passé  en  germa- 
nique, a  conservé  le  sens  de  «  ville  »  en  anglais  {town),  mais 
ne  signifie  plus  que  «  haie  »  en  allemand  (Zaun)  comme  en  Scan- 
dinave (v.  dan.  luii).  Sur  l'emploi  des  haies  pour  enceindre  et 
fermer  les  villes,  voir  O.  Schrader,  Reallexikon ,  sous  le  mot 
Wall  et  Fr.  K\\xgQ,Etyni.  IVtb.  der  deiitschenSprache,  7^  éd.,  sous 
les  mots  Etter,  Hag,  Garten  et  Zaun.  M.  Kluge  suppose  que  le 
sens  ancien  de  dûnom  était  celui  de  «  haie  »,  d'où  «  enceinte  ». 
C'est  possible.  On  pourrait  aussi  bien  cependant  imaginer  le 
processus  inverse  ;  et  il  y  aurait  alors  peut-être  un  moyen  de 
rattacher  le  mot  dunom,  malgré  la  différence  de  quantité,  aux 


466  /.   Vendrycs. 

mots  dûros  (dûron),  duma  et  dôe.  Mais  ce  serait  reculer  trop 
loin  les  bornes  de  l'hypothèse  '  ;  contentons-nous  dindiquer 
ici  que  ces  trois  derniers  mots  forment  un  groupe  étymolo- 
gique dont  les  rapports  paraissent  des  mieux  établis.  Il  s'agit 
de  termes  techniques,  de  mots  de  civilisation  proprement 
celtiques. 

Nous  voilà  bien  loin  du  gaulois  Diimias.  Le  simple  *du)iiio- 
sur  lequel  se  fondait  l'étymologie  de  M.  Rhys  existe  peut-être 
dans  un  nom  de  lieu  d'Espagne  (DumiiDii,  d'après  Holder,  I, 
1368):  la  traduction  «  colline  »  ne  repose  en  tout  cas  sur 
rien  et  est  certainement  aussi  en  l'air  que  la  traduction  «  mon- 
tagne »  donnée  à  diliioin  par  le  glossaire  d'Endlicher.  S'il  a 
existé  un  gaulois  *dumio-,  il  ne  pouvait  signifier  que  «  levée 
de  terre,  rempart,  enceinte  fortifiée  ».  C'est  aux  archéologues 
à  nous  dire  si  l'on  a  pu  tirer  de  ce  mot  le  nom  d'une  divinité, 
si  cettetraduction  convient  à  la  topographie  du  Puy-de-Dôme, 
au  caractère  du  sanctuaire,  au  culte  du  dieu.  Tant  qu'ils  n'au- 
ront pas  répondu  à  ces  questions,  il  sera  plus  prudent  de  s'abs- 
tenir de  tout  essai  d'étymologie  du  nom  propre  Diimias. 

J.  Vendryes. 

I.  On  pourrait  êtie  tenté  aussi  de  rapprocher  des  mots  celtiques  en  ques- 
tion le  grec  Syaea  qu'Hésychius  donne  comme  cypriote  et  qu'il  traduit  par 
Toj  Toi/oj  Tx -ip'.^  Mais  ce  mot  est  isolé  en  grec  même.  M.  Hoffmann 
(Gr.  DlaL,  I,  m,  112)  a  probablement  tort  de  le  rattacher  aux  mots  Ô£'.v 
CTTpÉcê'.v,  È-'.Oî'jcja'.-  l-tcjTpri/at,  £;:'.Ô3(j)crov  i-iaTosiov,  également  donnés  par 
Hésychius  comme  cypriotes.  On  a  dans  ces  mots  la  racine  bien  connue 
*deu3-  u  s'éloigner,  se  détourner  »  (sanskrit  dûràh,  dàvlydn,  etc.). 


BIBLIOGRAPHIE 


Sommaire.  —  I-  J-  Pokorny,  Der  Gral  in  Idand  und  die  mythischen 
Gruudlagen  der  Gralsage.  —  II.  J.  Hessen,  Zu  den  Unifàrhuigen  der 
Vokale  im  altirischen . —  III.  D^  M.  HôFLER,  Organotherapie  hei  Gallo- 
Kelten  und  Genininen.  —  IV.  L.  Gougaud,  Etude  sur  les  lo-icae  cel- 
tiques. —  V.  W.  M.  LiNDSAY,  Early  Welsh  Script.  —  VI.  Sailni 
Dhaihhidh.   — VII.   A.   Perceval  Graves,    IVelsh  Poitry   Old  and  Netv. 


I 

J.  Pokorny.  Der  Gral  in  Irland  und  die  mythischen  Gruudlagen  der 
Gralsage.  Wien,  Verlag  der  anthropologischen  Gesellschaft, 
1912.  15  p.  4°,  I  K. 

Notre  savant  collaborateur,  M.Julius  Pokorny,  est  un  esprit  fer- 
tile et  plein  d'imagination.  Il  a  déjà  émis,  en  mythologie  celtique, 
quelques  hypothèses  hardies,  sur  la  formation  de  la  légende  d'Ar- 
thur, par  exemple,  ou  sur  l'origine  du  druidisme.  Il  s'attaque  main- 
tenant à  la  légende  du  Graal,  dont  il  croit  avoir  découvert  le  fin 
mot. 

C'est  à  la  Société  anthropologique  de  Vienne  qu'il  a  révélé  sa 
découverte,  dans  la  séance  du  14  février  dernier  ;  et  il  vient  de  la 
publier  dans  les  Mitteilungen  de  ladite  société,  t.  XLII,  sous  le 
titre  :  Der  Gral  in  Irland  und  die  mythischen  Gruudlagen  der  Gral- 
sage. 

La  légende  du  Graal  nous  est  connue  par  les  romans  dits  arthu- 
riens  et  se  trouve,  par  suite,  naturellement  localisée  dans  les  tradi- 
tions brittoniques;  les  deux  héros  de  la  légende  sont  Perceval 
(Peredur)  et  Gauvain  (Gwalchmei),  celui-ci  probablement  plus 
ancien  que  celui-là,  comme  l'a  prouvé  miss  Weston.  Mais,  diffé- 
rents érudits  l'on  déjà  remarqué,  Perceval  et  surtout  Gauvain  pré- 
sentent certains  traits  de  ressemblance  avec  CuchuUin  ;  si  bien  que 

Kn^n^  Celliciuf.   XXXIH.  31 


468  ÈihUograpbie. 

M.  Pokorny  croit  pouvoir  soutenir  que  nous  avons  dans  les  trois 
personnages  trois  exemplaires  d'un  seul  et  même  héros  précel- 
tique, qui  serait  le  héros  par  excellence  du  Graal.  du'est-ce  que  le 
Graal  lui-même  ?  Sous  sa  forme  ancienne,  débarrassée  des  élé- 
ments que  le  mysticisme  chrétien  a  pu  y  ajouter,  c'est  un  vase, 
de  forme  ronde,  qui  contient  un  aliment  inépuisable  ;  et  c'est  un 
dispensateur  de  fécondité  («  Fruchtbarkeitsspender  »)  ;  il  est  gardé 
dans  un  endroit  difficile  d'accès,  où  le  héros  ne  l'obtient  qu'après 
plusieurs  tentatives  et  au  prix  des  plus  grands  efforts.  Or,  dans  la 
légende  de  CuchuUin  (v.  Siaburcharpat,  in  Anecd.  from  Ir.  Mss., 
III,  54),  il  est  question  d'un  chaudron  magique  où  trente  vaches 
épandent  leur  lait,  et  dont  CuchuUin  réussit  à  s'emparer.  Nous 
retrouverions  là,  suivant  M.  Pokorny,  le  Graal  sous  une  forme  plus 
ancienne  et  plus  rapprochée  de  ses  origines.  On  peut  aller  plus 
loin  encore  :  le  chaudron,  les  vaches  et  le  lait,  cela  fait  tout  de 
suite  penser  à  l'Inde.  Déjà  M.  L.  v.  Schroeder  a  trouvé  dans  le 
Rig-Veda  le  pendant  du  chaudron  de  CuchuUin  ;  et  voilà  M.  Po- 
korny, à  la  suite  de  M.  v.  Schroeder,  voguant  sur  l'océan  de  la 
mythologie  védique.  C'est  un  océan  fécond  en  naufrages,  où  plus 
d'un  exégète  a  déjà  sombré.  Malgré  d'illustres  exemples,  dont  celui 
de  Max  Mùller  lui-même,  M.  Pokorny  ne  craint  pas  de  s'y  aven- 
turer. Il  est  vrai  qu'il  ne  suit  pas  exactement  le  même  chemin  que 
Max  Mùller.  Il  a  une  boussole  bien  à  lui.  Ce  n'est  pas  sur  le  soleil 
qu'il  la  règle,  c'est  sur  la  lune.  Toute  la  légende  du  Graal,  telle 
qu'on  peut  la  reconstituer  d'après  les  données  galloises  ou  irlan- 
daises, ne  serait  qu'un  mythe  lunaire,  abondamment  développé.  Le 
Graal,  c'est  la  lune  qu'un  héros  cherche  à  conquérir  ;  mais  Perce- 
val  aussi,  c'est  la  lune,  et  Gauvain,  et  CuchuUin.  Les  fameux  tours 
d'adresse  par  lesquels  CuchuUin  se  distingue,  les  contorsions  extra- 
vagantes qu'il  exécute  ne  seraient  que  des  représentations  mythiques 
des  phases  de  la  lune.  Les  nombres  fatidiques,  qui  jouent  un 
rôle  dans  la  destinée  de  CuchuUin,  se  laisseraient  ramener  aux 
divisions  du  mois  lunaire.  Bref,  le  héros  du  Graal,  en  Irlande 
comme  en  Galles,  serait  à  la  fois  le  conquérant  de  la  lune,  repré- 
sentée par   un  chaudron,  et  l'astre  lui-même. 

M.  Pokorny  développe  sa  théorie  avec  verve  et  adresse,  sous 
une  forme  nette  et  décisive,  qui  a  dû  faire  sur  son  auditoire  une 
forte  impression.  Nous  ne  croyons  pas  cependant  qu'elle  résiste  à 
un  examen  attentif.  Sans  doute,  tous  les  détails  qu'il  a  réunis  s'ac- 
cordent le  mieux  du  monde,  concourent  logiquement  à  la  démons-  \ 
tration,  constituent  en  un  mot  une  excellente  argumentation.  Mais  \^ 
d'autres  exégètes  avant  lui,  par  des  arguments  non  moms  convain- 


èlhh'ûgraphie.  4(59 

cants,  avaient  prétendu  prouver  que  Cuchullin  était  le  soleil  ;  et 
leur  interprétation  solaire  de  l'épopée  irlandaise  n'a  pas  prévalu. 
Il  est  à  craindre  que  l'interprétation  lunaire  n'ait  le  même  sort. 
L'objection  fondamentale  que  l'on  doit  faire  aux  auteurs  des  théo- 
ries de  ce  genre,  c'est  qu'ils  ne  tiennent  jamais  compte  que  d'une 
partie  restreinte  des  faits;  ils  ont  une  vue  partielle  et  unilatérale, 
ils  ramassent  sur  l'immense  étendue  des  traditions  et  des  littératures 
tout  ce  qui  peut  servir  à  construire  leur  thèse,  et  négligent  le  reste. 
M.  Pokorny  n'est  pas  exempt  de  ce  défaut.  Faut-il  prouver  l'iden- 
tité de  Cuchullin  et  de  Gauvain  ?  Il  rappelle  un  certain  nombre  de 
correspondances  entre  les  légendes,  par  exemple,  le  combat  singu- 
lier que  livre  chacun  des  héros  à  son  fils;  comme  si  ce  trait  était 
particulier  à  Gauvain  et  à  Cuchullin  !  comme  si  le  combat  du  père 
et  du  fils  n'était  pas  un  thème  général  de  folk-lore,  répandu  dans 
une  foule  de  littératures!  Faut-il  prouver  la  nature  lunaire  de 
Cuchullin  ?  Le  chiffre  3  entre  en  ligne  de  compte,  avec  ses  mul- 
tiples 9  et  27,  comme  si  Cuchullin  était  le  seul  personnage  de 
légende  qui  soit  soumis  à  l'influence  du  chiffre  5  !  Remarquons  bien 
d'ailleurs  que  dans  la  légende  irlandaise  le  chaudron  dont  s'empare 
Cuchullin  est  alimenté  par  trente  vaches,  et  que  malheureusement 
ni  le  chiftVe  30,  ni  les  chiffres  3,  9  et  27  ne  correspondent  aux 
divisions  du  mois  lunaire.  Mais  M.  Pokorny  ne  paraît  pas  s'embar- 
rasser de  la  difficulté.  Pas  plus  qu'il  ne  s'embarrasse  de  quelques 
autres.  Le  héros  du  Graal  devant  être  chaste,  il  faut  que  Cuchul- 
lin le  soit  aussi  ;  et  M.  Pokorny.  fermant  les  yeux  sur  les  exploits 
amoureux  du  héros,  s'ingénie  à  découvrir  en  lui  un  «  rudiment  de 
chasteté  ».  C'est  ce  qu'on  est  tenté  d'appeler  du  parti  pris.  Et  il 
y  a  bien  du  parti  pris  aussi  dans  la  façon  dont  il  utilise  le  témoi- 
gnage du  Rig-\'eda.  Il  dit  que  le  mot  carù,  dont  le  thème  répond 
exactement  à  celui  de  l'irlandais  coire  (ce  qui  n'est  qu'à  moitié  vrai) 
désigne  dans  le  Rig-\'eda  «  das  Mondgefàss  ».  Nous  ne  savons  pas 
trop  comment  traduire  en  français  «  Mondgefàss  »  ;  mais  ce  qui 
est  sûr  c'est  que  le  mot  carù  ne  signifie  que  «  Gefâss  »  tout  court. 
Nous  avons  eu  la  curiosité  de  parcourir  tous  les  passages  où  il 
figure  dans  le  Rig-Veda  (I,  7,  6  ;  162,  13  ;  VII,  104,  2  ;  IX,  52, 
5  ;  X,  86,  18  ;  167,  4}.  Nous  n'y  avons  rien  vu  qui  fasse  penser  à 
la  lune,  sauf  dans  un  seul,  IX,  52,  3,  où  il  s'agit  d'une  comparai- 
son toute  naturelle  :  can'ir  iiâ  yàsiàni  n'ikbayéfido  iiâ  dâuam  liikhaya 
«  toi  qui  es  comme  un  plat,  ô  lune,  fais-nous  le  tomber,  fais-nous 
tomber  le  don  ».  Il  faut  avoir  de  bons  yeux  pour  découvrir  là  le 
prototype  du  Graal. 

Ce  n'est  pas  à  dire,  bien  entendu,   que    nous   proscrivions  toute 


470  Bibliographie. 

comparaison  entre  l'Inde  et  les  pays  celtiques.  Il  y  a  entre  le  cel- 
tique et  l'indo-iranien  d'étroites  affinités  linguistiques,  qui  sup- 
posent des  traits  communs  entre  les  deux  civilisations,  notamment 
au  point  de  vue  religieux.  Mais  c'est  l'esprit  même  et  la  méthode 
de  la  mythologie  comparée  que  nous  blâmons  ;  il  n'est  rien  au 
monde  de  plus  décevant.  Devant  les  théories  mythologiques  les 
plus  solides,  où  la  raison  ne  trouve  rien  que  de  convaincant,  on 
doit  rester  sceptique  d'instinct.  C'est  qu'ici  on  n'a  pas,  comme  en 
linguistique,  le  contrôle  d'un  élément  concret  et  permanent,  indé- 
pendant de  la  volonté  humaine.  De  plus,  l'essence  du  langage  est 
d'aller  vers  la  clarté  ;  l'essence  de  la  mythologie  est  au  contraire  de 
tout  obscurcir  et  de  tout  embrouiller.  Pourquoi  un  mythe  ne  con- 
tiendrait-il pas  pêle-mêle  la  légende  du  soleil,  celle  de  la  lune, 
celle  de  l'éclair,  celle  du  feu  de  l'autel  et  de  la  cuiller  du  sacrifice, 
celle  qu'on  a  bâtie  sur  un  jeu  de  mots  mal  compris,  celle  qu'on  a 
imaginée  d'après  la  vue  d'une  peinture  ou  d'un  bas-relief,  et  par 
dessus  le  marché  l'histoire  orale  d'un  héros  conquérant  ?  Car 
l'évhémérisme  contient  probablement  aussi  une  part  de  vérité.  Et 
puis  comment  distinguer  ce  qui  appartient  à  la  tradition  nationale, 
localisée  dans  l'épopée  irlandaise  ou  dans  le  Rig-Veda,  de  ce  qui 
appartient  à  la  tradition  humaine,  qui  semble  la  même  chez  tous 
les  peuples  ?  Il  est  bien  malaisé  d'analyser  les  éléments  hétéroclites 
que  renferme  un  mythe  et  d'en  démêler  la  formation.  Comment 
choisir  entre  tant  de  possibilités  contradictoires  ?  C'est  d'avoir  fait 
un  choix  arbitraire,  et  d'avoir  prétendu  le  justifier  rationnellement, 
que  nous  critiquons  M.  Pokorny. 

J.  Vendryes. 


II 

Johannes  Hessen.  Zii  deii  Uinjdrhungen  der  Vokale  iin  altirischen. 
Halle,  1912.  88  p.  8°  (Sonderabdruck  aus  der  «  Zeitschrift  fur 
celtische  Philologie  »,  Band  IX). 

Le  nom  de  M.  Hans  Hessen  a  déjà  été  mentionné  ci-dessus,  p. 
389,  comme  celui  d'un  collaborateur  des  Indogermanische  Forschun- 
gen,  auquel  on  doit  un  relevé  des  substantifs  à  thème  consonan- 
tique  du  manuscrit  de  Milan.  Le  nouveau  travail  signé  du  même 
nom,  mais  du  prénom  Johannes,  est  une  dissertation  inaugurale, 
présentée  en  vue  du  doctorat  en  philosophie  à  l'Université  de  Fri- 
bourg  en  Brisgau.  Cette  Université  est  depuis   longtemps  déjà  un 


Bibliographie.  471 

centre  actif  d'études  celtiques,  sous  la  direction    de    M.    Thurney- 
sen. 

Le  phénomène  que  M.  Hessen  appelle  «  Umfarbung  »  a  été  jus- 
qu'ici désigné  de  différents  noms.  L'auteur  de  ce  compte  rendu  a 
lui-même,  dans  un  article  dés  Mémoires  de  la  Société  de  Linguistique 
(t.  XI\'  [1909],  p.  }93-4ii),  proposé  celui  de  «  métaphonie  » 
qu'il  a  continué  à  employer  depuis.  D'autres  disent  «  Umlaut  ;  ; 
d'autres  «  Hebung  ».  Mais  «  Umfarbung  »  a  pour  lui  l'autorité  de 
M.  Thurneysen,  qui  l'a  adopté  dans  son  HandbiichÇ^ji)  .  Il  s'agit  de 
l'altération  de  timbre  qu'éprouvent  certaines  voyelles  brèves  sous 
l'influence  de  la  voyelle  suivante.  Un  e  (ou  un  0)  devient  /(ou  u) 
quand  la  syllabe  suivante  contient  un  /  ou  un  11,  voyelles  fermées; 
un  /  (ou  un  //)  devient  e  (ou  0)  quand  la  syllabe  suivante  contient 
un  a  ou  un  0,  voyelles  ouvertes.  Telle  est,  grosso  modo,  la  règle 
posée  dans  l'article  précité  des  Mémoires  de  la  Société  de  Linguistique, 
où  d'ailleurs  le  but  de  l'auteur  était  avant  tout  de  définir  les  rap- 
ports chronologiques  de  la  métaphonie  et  de  l'infection.  La  règle 
a  été  précisée  par  M.  Thurneysen  qui  enseigne  dans  son  Handhuch, 
I,  §  71,  p.  44,  que  l'altération  de  e  (ou  0)  en  ;'  (ou  ti)  sous  l'in- 
fluence d'une  voyelle  fermée  suivante  se  produit  seulement  si  la 
consonne  qui  sépare  les  deux  voyelles  est  une  sonore  aspirée  («  le- 
niert  »).  M.  Pedersen  est  revenu  à  plusieurs  reprises  sur  la  question 
dans  divers  paragraphes  de  sa  Vergleichendc  Grammatik  ;  il  en  a 
tiré,  comme  toujours,  mainte  observation  originale  et  féconde. 
Néanmoins  on  n'avait  jamais  soumis  à  une  étude  d'ensemble  les 
conditions  très  variées  du  phénomène  ;  il  restait  à  réunir  tous  les 
exemples,  à  les  interpréter  étymologiquement,  à  les  classer.  C'est 
la  tâche  que  s'est  proposée  M.  Hessen,  en  limitant  toutefois  son' 
étude  au  cas  où  la  voyelle  exposée  à  la  métaphonie  est  un  ancien 
0.  De  ce  cas  il  a  rassemblé  tous  les  exemples  que  fournissent  les  textes 
de  gloses  du  vieil  irlandais,  et  il  les  a  répartis  en  deux  groupes 
suivant  que  la  voyelle  de  la  syllabe  suivante  est  un  ancien  i  ou  un 
ancien  u  ;  il  y  a  joint  un  troisième  groupe,  comprenant  les  mots 
où  la  voyelle  de  la  syllabe  suivante  était  un  ancien  e,  mais  sans  en 
fournir  des  listes  «  exhaustives  ».  De  là  les  trois  divisions  de  son 
travail  (pp.  3-45,  45-57,  57-69).  Dans  chaque  division  il  a  pris 
comme  principe  de  classement  l'élément  consonantique  intermé- 
diaire (occlusives,  spirantes,  géminées,  groupes  de  consonnes). 

Le  principal  résultat  de  son  enquête  est  de  déterminer  quelles 
sont  les  consonnes  qui  favorisent  la  métaphonie  et  au  contraire 
celles  qui  l'entravent.  Nous  trouvons  la  règle  formulée  à  la  page  69  : 
la  métaphonie  de  0  en  n  se  produit  sous  l'influence  d'un  /  (r)  ou 


472  Bibliographie. 

d'un  u,  lorsque  les  deux  voyelles  sont  en  hiatus  ou  qu'elles  sont 
séparées  par  un  des  éléments  consonantiques  suivants  (en  dési- 
gnant par  des  lettres  grecques  les  consonnes  «  aspirées  »)  :  r,  l,  ;//, 
M,  b,  d,  g;  ç.  A,  a,  V,  p,  0,  Y  ;  ce  ;  aç,,  ixÀ  ;  /;//,  (//',  gl,  nd,  mb.  La 
métaphonie  n'a  pas  lieu  devant  un  ancien  e.  Toutefois,  M.  Hessen 
met  à  part,  p.  72,  la  position  en  hiatus  et  le  cas  où  la  consonne 
intermédiaire  est  une  labiale  ;  il  v  aurait  alors  métaphonie  devant  <', 
mais  une  métaphonie  un  peu  spéciale  et  de  date  postérieure  à  la 
précédente.  Je  serais  tenté  de  séparer  plus  complètement  qu'il  ne  le 
fait  les  deux  phénomènes  et  de  rayer  radicalement  des  exemples  de 
métaphonie  CMwa;/  ou  Unis.  Dans  l'hiatus,  il  s'agit  d'un  fait  tout  diffé- 
rent ;  et  dans  le  cas  de  cuman,  l'action  de  la  consonne  labiale  est 
prépondérante  et  suffit  à  expliquer  l'altération  du  timbre.  Mais 
M.  Hessen  enregistre  même  parmi  les  cas  de  métaphonie  critim  de 
*qrini-  (p.  15)  et  cnilh,  de  *c]rtu-  (p.  32),  où  il  s'agit  d'une  évolu- 
tion particulière  de  ri  en  ru,  sous  l'influence  des  consonnes  voi- 
sines. C'est  donner  à  la  métaphonie  une  extension  injustifiée,  que 
contredit  même  la  définition  si  précise  où  M.  Hessen  a  pris  soin, 
dès  le  début,  de  s'enfermer. 

On  pourrait  plutôt  lui  reprocher  en  général  d'avoir  adopté  un 
cadre  trop  étroit.  11  a  restreint  son  étude  au  changement  de  0  en 
Il  devant  voyelle  fermée  ;  il  a  laissé  de  côté  le  changement  inverse, 
de  u  en  0  devant  voyelle  ouverte.  Il  y  avait  pourtant  là  un  parallé- 
lisme intéressant  à  établir,  et  sans  doute  aussi  dans  le  détail 
quelques  différences  instructives  à  relever.  Quand  il  suppose  un 
ancien  u,  p.  54  au  m.ot  borp  «  fou  »  et  p.  52  au  mot  nwlh  «  stu- 
por  »,  on  se  demande  si  la  métaphonie  qui  a  changé  *burpo-  en 
*borpo-  et  *inufo-  en  *moto-  n'aurait  pas  dû  être  entravée  par  la 
consonne;  mais  il  ne  pose  pas  la  question.  De  toute  façon  l'étude 
de  la  métaphonie  de  u  en  0  méritait  d'être  traitée  d'ensemble  et 
complétait  naturellement  celle  de  la  métaphonie  de  0  tn  u. 

La  règle  posée  par  M.  Hessen  souffre  pas  mal  d'exceptions.  Ce 
sont  en  grande  majorité  des  exceptions  dues  à  l'analogie.  Suivant 
les  diverses  catégories  morphologiques,  l'alternance  vocalique  qui 
résultait  de  la  métaphonie  a  tantôt  été  supprimée,  parce  qu'elle 
dérangeait  les  paradigmes,  tantôt  été  étendue,  parce  qu'on  lui  attri- 
buait une  valeur  significative.  L'examen  de  ces  divers  cas  fait  l'ob- 
jet des  pages  73  et  suivantes. 

M.  Hessen  termine  sa  dissertation  en  montrant  l'indépendance 
chronologique  de  la  métaphonie  et  de  l'infection. 

Comme  on  le  voit,  ses  conclusions  ne  sont  pas  complètement 
nouvelles  ;   mais  elles  offrent  l'intérêt  d'apporter  à   des  doctrines 


Bibliographie.  473 

qui  n'étaient  qu'à  moitié  fixées  ou  même  seulement  soupçonnées, 
pleine  et  entière  confirmation.  En  outre,  s'il  est  un  peu  maigre  de 
résultats  généraux,  le  travail  fournit  dans  le  détail  nombre  de  ren- 
seignements utiles.  En  classant  tous  les  exemples,  M.  Hessen  en  a 
dû  discuter  quelques-uns,  qui  ne  rentraient  pas  directement  dans 
sa  régie  ou  même  faisaient  franchement  exception.  Dans  cette  dis- 
cussion, où  il  fait  preuve  d'une  sérieuse  connaissance  du  vieil-ir- 
landais et  d'une  solide  préparation  linguistique,  il  corrige  parfois 
l'opinion  courante,  ou  bien,  fort  de  sa  règle,  il  décide  entre 
diverses  interprétations,  sur  lesquelles  on  hésitait  jusqu'ici.  Nous 
réunissons  dans  ce  qui  suit  quelques  remarques  de  détail. 

P.  5-6,  observation  intéressante  —  il  est  vrai  qu'elle  vient  de 
M .  Thurnevsen  —  sur  le  vocalisme  radical  de  plusieurs  subjonctifs 
de  verbes  en  -vc  o-  qui  ne  présentent  pas  la  métaphonie.  Cela 
serait  dû  à  l'influence  analogique  des  verbes  en  -ye/o-  dont  le  sub- 
jonctif se  formait  directement  de  la  racine  (type  *gab-a-,  *gar-a-^ 
*dnm-a-  ;  cf.  le  latin  adiieiiat,  eiieiiat,  peruenat). 

P.  6.  Le  nom  de  la  caille,  murial,  est  rattaché  au  mot  miiir 
«  mer  »  ;  mais  M.  Hessen  met  un  point  d'interrogation  et  n'a  pas 
l'air  de  croire  lui-même  à  cette  étymologie,  au  premier  abord 
inquiétante.  Peut-être,  cependant,  le  point  d'interrogation  est-il  de 
trop.  Suivant  Pellicot,  Remarques  eoiicernant  les  migrations  des 
oiseaux  sur  les  cotes  de  Provence  (ap.  Rolland,  Faune  populaire,  t.  II, 
p.  543),  «  les  marins  croient  que  la  caille  fatiguée  se  pose  sur  la 
mer  et  se  laisse  pousser  par  le  vent  avec  une  aile  relevée  en  guise 
de  voile  ». 

P.  9.  Des  deux  mots  foil,  «  gîte  »  et  «  bracelet  »,  le  second  est 
interprété  comme  ayant  un  a  ancien  ;  mais  le  premier  aussi  a  cer- 
tainement un  a  ancien  ;  cf.  le  gallois  giual  «  gîte,  tanière  ».  Il  s'a- 
git donc  ici  de  l'altération  de  a  en  0  devant  consonne  palatale, 
signalée  dans  le  Handhuch  de  M.  Thurnevsen,  p.  47  et  dans  ma 
Grammaire,  p.  49.  La  cause  de  l'altération  est  la  présence  devant  la 
voyelle  d'une  consonne  labiale  ou  labio-vélaire  (cf.  Thurneysen,  /. 
cit.  et  Pedersen,  Vgl.  Gr.,  I,  p.  360).  Les  principaux  exemples  en 
sont  coire  «  chaudron  »  (Hessen,  p.  7),  hoill  «  les  membres  », 
proind  «  dîner  »,  hroitêne  «  mantelet  »,  etc.  Il  taut  sans  doute 
joindre  à  la  liste /o/m/  «  foule,  troupe  »  Wb.  24  a  24,  foire mi  gl. 
factio  Ml.  33  a  8,  v.-gall.  giierin  gl.  factio,  gall.  giuerin  «  foule  » 
(Hessen,  p.  6),  qui  sort  de  *wariii-,  à  rapprocher  peut-être  du 
latin  uarius  «  agité,  mobile  »?  Pour  le  suffixe  à  nasale,  cf.  irl.  hui- 
den  «  troupe  »,  gall.  hxddin. 

p.   13,  l'irlandais  doni  «  maison  »  (ace.   doim')  est  peut-être  un 


474  Bibliographie. 

emprunt  latin  (Thurneysen,  ap.Walde,  f/j'OT.  JVtb.,  2<=  éd.  p.  241); 
la  forme  dam,  également  attestée  (cf.  Kuno  Meyer,  Contr.,  p. 
585),  serait  due  au  composé  air-dam.  On  pourrait  toutefois  faire 
l'hypothèse  inverse  :  admettre  avec  Whitley  Stokes  (Urk.  Spr,  p. 
141)  l'antériorité  de  la  forme  dam,  qui  serait  indigène,  et  expli- 
quer la  forme  dont  par  l'influence  du  latin.  Dans  les  deux  cas,  l'ab- 
sence de  métaphonie  est  aisément  explicable. 

P.  21.  En  interprétant  l'irlandais  c////,  M.  Hessen  a  négligé  de 
dire  ce  qu'il  fait  du  brittonique,  gall.  corn,  pelh,  bret.  pe:^. 

P.  30.  Les  mots  lossach  et  toissecb  sont  nettement  séparés;  c'est 
la  confirmation  d'une  opinion  de  M.  Thurneysen,  Hdb.,  p.   473. 

P.  36.  M.  Hessen  sépare  étymologiquement  les  adjectifs  elc  et 
oïc,  qui  signifient  tous  deux  «  mauvais  »  ;  c'est  bien  peu  vraisem- 
blable. Les  formes  à  métaphonie  (uilcc,  idc,  ulciî)  peuvent  être 
analogiques  ;  quant  au  rapprochement  de  olc  et  de  Ulcaguus,  il  est 
évidemment  problématique,  comme  tout  ce  qui  s'appuie  sur  le  sens 
des  noms  propres. 

P.  39.  L'explication  proposée  pour  cuiiig  «  joug  »  qui  sortirait 
de  '*iiing  avec  un  c-  analogique  (?)   est  d'une  hardiesse  troublante. 

P.  41.  A  propos  du  mot  cuimliucht  «  utilité  »,  M.  Hessen 
apporte  une  confirmation  intéressante  à  T'hypothèse  de  M.  Meillet 
sur  le  sens  primitif  de  la  racine  *melg-  (v.  ci-dessus,  p.  153).     • 

P.  48,  s.  u.  ger-chrub,  fallait-il  cher  fochrôib  «  at  hand  »  Sg.  151 
b  2,  dont  l'o  est  étrange  ? 

P.  51.  Fort  heureuse  interprétation,  suggérée  par  M.  Thurney- 
sen, du  mot  l'outh  dans  /  routh  gl.  in  stadio  Wb.  11  a  3  ;  ce  serait 
le  datif  d'un  substantif  */-o/-o--  différent  de  *roi-o-  «  roue  »,  bien  que 
dérivé  comme  lui  de  la  racine  du  verbe  rcthim  «  je  cours  ».  Nous 
avons  ici  évidemment  un  exemple  —  bien  rare  en  celtique  —  de 
l'opposition  du  nom  d'action  et  du  nom  d'agent,  qui  se  marquait 
en  indo-européen  par  une  diff'érence  dans  la  place  du  ton  (Meillet, 
Introduction.,  y  éd.,  p.  238).  A  côté  du  verbe  tcé/o)  «  je  cours  », 
le  grec  possède  de  même  too/ôç  (nom  d'agent)  «  roue  »  et  tç6/o; 
«  course,  carrière  pour  la  course  ». 

P.  69,  signalons  une  étymologie  très  plausible  proposée  pour 
fuirsire  «  parasitus  »  ;  et  enfin,  p.  75,  notons  que  le  génitif  robuir 
Ml.  96  c  I,  pour  lequel  est  donné  un  prototype  *rubrî  de  *rubros, 
est  tout  simplement  un  emprunt  latin  :  moro  robuir  «  maris 
rubri  ». 

J.   Vendryes. 


Bibliographie .  475 


III 

D''  M.  HoFLER.  Organotberapic  hci  Gallo-Kellen  iind  Germanen.  Leyde, 
E.  J.  Brill,  1912,  58  p.  8",  (tirage  à  part  de  la  Revue  «  Janus  »). 

Poursuivant  ses  études  de  philologie  médicinale,  M.  le  Docteur 
Hôfler  vient  de  donner  à  la  revue  Janus,  de  Leyde  (xviF  année 
[1912],  pp.  3-19,77-92,  192-216),  un  travail  \x\X\\u\é  Organoihera- 
pie  hci  Gallo-KcUeu  iiud  Gcrmancu.  C'est  un  sujet  qu'il  connaît  bien 
et  qu'il  a  déjà  traité  d'un  point  de  vue  général  dans  son  ouvrage 
Dievolksmediiinischc  Orgmwthcrapie  utid  ihr  Verhàltniss  \um  Kullopfcr 
(1908). Ce  qu'il  appelle  l'organothérapie  est  une  manière  d'opéra- 
tion magique, qui  consiste  à  s'incorporer  pour  guérir  un  organe 
malade  l'organe  correspondant  d'un  individu  sain.  Ce  procédé  tient 
du  totémisme,  puisqu'il  suppose  qu'on  attribue  certaines  vertus 
sacrées  au  corps  ou  à  une  partie  du  corps  d'un  être  vivant.  Aussi 
M.  Salomon  Reinach  a-t-il  pu  dire  en  parlant  des  survivances  du 
totémisme  chez  les  anciens  Celtes  ÇRevue  Celtique,  t.  XXI,  p.  304), 
que  pour  «  faire  valoir  tous  les  indices  qui  autorisent  à  reconnaître 
une  phase  totémique  dans  le  développement  des  religions  de  la 
Gaule,...  il  faudrait  notamment  tirer  parti  des  données  de  la  méde- 
cine populaire.  »  C'est  à  ce  vœu  que  M.  Hôller  a  voulu  répotidre. 

Il  fait  avec  raison  remonter  le  procédé  thérapeutique  en  question 
à  l'observance  primitive  d'un  rite.  C'est  le  rite  bien  connu  suivant 
lequel  à  certaines  époques  fixes  les  hommes  sacrifiaient  leur  totem 
et  s'en  partageaient  la  chair  pour  se  sanctifier;  en  temps  ordinaire, 
l'animal  était  tabou,  on  ne  devait  ni  le  manger,  ni  le  tuer.  Cette 
communion  avec  le  totem,  destinée  à  procurer  à  l'homme  les  qua- 
lités de  l'animal,  devient  naturellement  un  moyen  curatif  lorsqu'il 
s'agit  de  guérir  un  malade.  De  là  l'intérêt  qu'offre  la  médecine 
populaire  pour  l'histoire  du  totémisme,  et  réciproquement.  Chez 
les  Celtes,  il  est  aisé  de  retrouver  la  trace  de  nombreux  animaux 
totems.  M.  Hôfler  en  dresse  la  liste  ;  il  énumère  quelques  textes 
qui  en  définissent  le  caractère,  il  réunit  les  superstitions  dont  ils 
étaient  l'objet,  et  marque  le  rôle  qu'ils  ont  joué  dans  les  traditions 
médicinales.  La  liste  est  longue  et  comprend  les  animaux  suivants  : 
le  corbeau,  l'ours,  le  chien,  le  loup,  le  renard,  l'élan,  le  cerf,  le 
castor,  le  taureau,  le  bœuf,  la  vache,  le  veau,  l'auroch,  le  sanglier, 
le  lièvre,  le  coq,  l'oie,  le  canard,  le  cheval,  l'âne,  le  serpent,  la 
grue,  le  cygne,  le  blaireau,  la  belette,  la  taupe,  le  hérisson,  la  sou- 
ris, le  rat,  le  cerf,  le  mouton,  le  chat,  le  lynx,   différents  oiseaux. 


47^  Bibliographie. 

l'alouette,  le  moineau,  le  hibou,  le  coq  de  bruyère,  l'hirondelle, 
le  pigeon  :  des  poissons  comme  le  brochet,  le  saumon,  la  truite, 
l'anguille  ;  le  lézard,  la  grenouille,  le  crapaud,  le  ver  de  terre,  la 
fourmi,  l'abeille,  la  guêpe,  la  mouche.  Dix  figures,  empruntées  sur- 
tout au  recueil    de  M.  Espérandieu,  illustrent  l'ouvrage. 

Le  vocabulaire  des  langues  celtiques  fournit  naturellement  à 
M.  Hôfler  d'importantes  données.  Quelques  détails  appellent  la 
critique.  Ainsi  le  même  mot  Matugenos  est  traduit  p.  7  par  «  Biiren- 
kind  »,  ce  qui  paraît  exact,  et  p.  21  par  «  Sohn  des  Schweins  », 
ce  qui  est  faux  :  le  radical  main-  semble  bien  en  celtique  n'avoir 
désigné  que  l'ours.  L'opinion  que  Lugudunum  signifierait  «  ville 
du  corbeau  »  a  été,  comme  on  sait,  contestée  par  d'Arbois  de  Jubain- 
ville  à  plusieurs  reprises  (v.  notamment  Rev.  Celt.,  VIII,  169,  IX, 
267,  X,  238).  M.  Hofler  a  tiré,  comme  d'habitude,  toutes  ses  con- 
naissances en  lexicographie  et  étymologie  celtiques  de  VUrkeltischer 
Sprachschal\,  àt  Whitley  Stokes.  Malgré  cela  ce  qu'il  dit  est  parfois 
inexact,  et  souvent  incomplet.  Il  enseigne  par  exemple  que  le  nom 
celtique  du  cerveau  est  une  traduction  tardive  du  grec,  ou  qu'il 
n'existe  pas  de  nom  celtique  ancien  pour  le  foie  (p.  58)  ;  mais  d'une 
part  l'irlandais  inchimi  et  le  gallois  ynimcnydd  ont  bien  l'air  d'authen- 
tiques composés  celtiques,  et  d'autre  part  l'irlandaisôa  (flf)  «  foie  », 
gallois  afu  «  id.  »  supposent  un  prototype  ancien.  A  côté  de  cela, 
il  oublie  de  mentionner  nombre  de  mots,  attestés  dans  les  dialectes 
celtiques  modernes,  et  qui  lui  eussent  fourni  d'utiles  enseignements. 
Ainsi,  il  était  bon  d'indiquer  que  certains  animaux,  comme  l'ours 
ou  le  saumon,  sont  pourvus  en  irlandais  d'un  nombre  de  noms 
vraiment  considérable.  Cela  eût  conduit  M.  Hofler  à  tirer  parti  pour 
sa  thèse  d'un  argument  important,  qu'on  sétonne  de  ne  pas  même 
le  voir  mentionner  :  je  veux  parler  du  rôle  qu'ont  joué  les  inter- 
dictions de  vocabulaire.  Quand  le  nom  ancien  d'un  animal  a  dis- 
paru et  se  trouve  remplacé  par  plusieurs  synonymes  variés,  c'est 
la  meilleure  preuve,  M.  Meillet  l'a  montré,  que  l'animal  était  tabou 
(v.  Quelques  hypothèses  sur  des  interdit  tio)is  de  vocabulaire,  Paris,  1906). 

C'est  toujours  naturellement  le  côté  linguistique  qui  est  le  moins 
fort  dans  les  travaux  de  M.  Hofler.  La  connaissance  des  littératures 
celtiques  lui  fait  aussi  malheureusement  défaut.  S'il  avait  pu  inter- 
roger les  textes,  et  surtout  les  recueils  de  folk-lore,  il  aurait  trouvé 
un  nombre  considérable  de  faits  utiles  qui  eussent  avantageuse- 
ment accru  ses  listes  et  nourri  ses  développements. 

J.    ^'ENDRTES. 


Bibliographie.  477 


IV 


L.  GouGAUD.  Étude  sur  les  Loricae  celtiques  et  sur  les  prières  qui  s'en 
rapprochent  (extrait  du  Bulletin  d'ancienne  littérature  et  d'archéo- 
logie chrétiennes,  t.  I  [191 1],  p.  265-281  ;  t.  Il  1  1912],  p.  33-41, 
101-127). 

On  sait  ce  qu'il  faut  entendre  par  le  mot  lorica  dans  les  traditions 
celtiques.  C'est  «  une  prière  de  forme  litanique,  généralement  pro- 
lixe, écrite  soit  en  latin,  soit  en  langue  celtique,  dans  laquelle  on 
réclame  en  termes  pressants  la  protection  des  trois  personnes 
divines,  àcs  anges  et  des  saints,  contre  les  maux  et  les  dangers  spi- 
rituels ou  matériels,  surtout  contre  ces  derniers  ».  Telle  est  la  défi- 
nition que  donne  en  tête  de  son  étude  M.  L.  Gougaud.  Autrement 
dit,  la  lorica  «  cuirasse  »  est  une  formule  de  protection,  que  l'on 
adresse  à  Dieu  et  aux  saints  en  cas  de  danger.  La  littérature  irlan- 
daise nous  en  a  conservé  un  certain  nombre,  onze  en  tout,  au 
compte  de  M.  Gougaud,  parmi  lesquelles  la  fameuse  lorica  de 
saint  Patrice  ;  il  y  en  a  deux  en  gallois  ancien,  et  deux  également 
en  latin,  la  lorica  de  Brendan  et  celle  de  Gildas.  M.  Gougaud  donne 
de  chacune  une  bibliographie  complète  ;  il  joint  à  la  liste  quatre 
anciennes  prières,  en  latin,  qui  sans  être  de  vraies  loricae,  four- 
nissent avec  les  précédentes  plusieurs  points  de  comparaison.  La 
/or/cfl-type  est  pour  l'auteur  la  lorica  de  saint  Patrice  (Thés.  Pal.,  II, 
354-358);  aussi  l'analvse-t-il  minutieusement  pour  définir  la  struc- 
ture de  ce  genre  de  prière.  On  y  doit  distinguer  huit  parties  :  1° 
une  invocation  à  la  Trinité  et  au  Créateur  du  monde  ;  2°  une  adju- 
ration où  interviennent  les  événements  de  la  vie  du  Christ;  3°  un 
appel  aux  mérites  des  saints  ;  4°  une  énumération  des  forces  et  des 
beautés  de  la  nature;  5°  un  appel  direct  à  la  protection  divine;  6° 
une  énumération  des  dangers  physiques  et  moraux  ;  7°  une  litanie 
adressée  au  Christ  ;  8°  une  invocation  finale  à  la  Trinité.  Cette  com- 
position, qui  ne  brille  pas  par  l'ordre  ni  par  la  logique,  est  plus 
ou  moins  bien  respectée  dans  les  autres  loricae.  En  tout  cas,  la 
plupart  d'entre  elles  contiennent  généralement  une  invocation  à  la 
Trinité,  un  appel  à  la  protection  des  saints  et  surtout  une  énumé- 
ration des  dangers  que  l'on  redoute.  L'énumération  est  même 
la  partie  essentielle  de  la  lorica,  dont  elle  définit  l'objet.  Par  là,  on 
peut  aisément  rattacher  la  lorica  celtique  à  un  type  de  formules 
magiques  et  rituelles,  comme  on  en  trouve  dans  le  folk-lore  de  la 


47"  Bibliographie. 

plupart  des  peuples.  M.  Gougaud,  préoccupé  de  faire  ressortir  les 
éléments  celtiques  de  la  lorica,  ne  met  pas  suffisamment  en  lumière 
ce  qu'il  v  a  en  elle  d'humain,  au  sens  général.  Ainsi,  p.  28,  il 
semble  admettre  que  rénumération  minutieuse  des  parties  du  corps 
qu'on  veut  protéger  est  particulièrement  celtique.  Qu'il  ouvre  donc 
le  recueil  de  M.  Audollent;  il  trouvera  en  abondance  dans  les  liefi- 
xionum  tahellae  des  énumérations  non  moins  longues,  non  moins 
précises,  et  qui  vont  parfois,  comme  dans  les  loricae,  «  jusqu'à 
l'indécence  ».  C'est  qu'il  est  indispensable,  quand  on  conjure  les 
puissances  divines  d'attaquer  le  corps  d'un  ennemi  ou,  ce  qui 
revient  au  même,  de  protéger  le  sien  propre,  de  définir  aussi  exac- 
tement que  possible  l'objet  de  la  conjuration.  «  C'est  comme  un 
contrat  d'assurance  oia  rien  n'est  oublié  »  ;  le  mot  est  de  M.  Gaidoz. 
Mais  M.  Gougaud  se  montre  enclin  à  faire  trop  bon  marché  des 
éléments  païens  de  la  lorica.  Il  voudrait  n'y  voir  qu'une  prière 
chrétienne  ;  il  écarte  l'idée  que  la  lorica  ait  «  pour  prototvpe  l'in- 
cantation magique  »,  que  ce  soit  une  «  incantation  démarquée  ». 
Nous  lui  accorderons  sans  peine  que  l'élément  chrétien  y  domine  ; 
mais  que  le  fond  soit  païen,  il  nous  paraît  difficile  de  le  nier.  La 
lorica  rejoint  directement  la  conjuration  desatharvans.  Saint  Patrice 
a  bien  pu  combattre  les  druides,  et  brûler  leurs  livres  ;  il  n'a  pas 
détruit  leur  magie,  ni  anéanti  leurs  pratiques.  La  lorica  est-elle  donc 
le  seul  exemple,  surtout  en  Irlande,  de  traditions  païennes  colorées 
d'esprit  chrétien  ?  Et  d'une  façon  générale,  n'y  a-t-il  pas,  depuis 
l'origine,  un  vieux  fond  de  paganisme,  que  les  religions,  même 
les  plus  nobles,  se  sont  incorporé,  qu'elles  se  transmettent  pieu- 
sement d'âge  en  âge,  et  souvent  même  renouvellent  ?  Nous 
posons  la  question  à  notre  savant  collaborateur,  si  bien  informé  à 
la  fois  des  choses  religieuses  et  des  choses  celtiques. 

J.  Vendryes. 


V 


W.  M.  LiXDSAY.  Early  Wehh  Script  (Saint-Andrews  University 
Publications,  n°X).  Oxford,  James  Parker,  1912,  64  p.  8"  (with 
seventeen  plates).  5   sh. 

Grâce  à  M.  J.  Gwenogvryn  Evans,  il  est  aisé  de  se  renseigner  sur 
l'écriture  des  manuscrits  en  langue  galloise  :  ses  reproductions  en 
fac-similé  du  Black  Book  of  Carmarthen  ou  du  Book  of  Aneirin  four- 
nissent aux  paléographes  un  instrument  d'étude  de  premier  ordre, 


Bîhlio^riiphic.  4/9 

Mais  les  manuscrits  en  langue  galloise  ne  remontent  pas  plus  haut 
que  le  xiF  siècle.  Pour  la  période  antérieure,  où  les  scribes  gallois 
écrivaient  en  latin,  tout  moyen  d'information  faisait  jusqu'ici  défaut. 
M.W.  M.  Lindsaya  voulu  combler  cette  lacune.  Il  consacre  aujour- 
d'hui à  l'ancienne  écriture  galloise  une  monographie  détaillée,  qui 
fait  pendant  à  l'étude  de   l'ancienne   écriture    irlandaise,  dont  la 
Revue  Celtique  a  parlé  t.  XXXI,  p.  392.  C'est  la  même  disposition 
des  matières,  c'est  la  même  méthode.  Pas  d'exposé  systématique, 
mais  une  énumération  simple  de  neuf  manuscrits  typiques,  choisis 
avec  soin,  dont  toutes  les  particularités  sont  minutieusement  ana- 
lysées. Ces  manuscrits  sont  les  suivants  :  1°  VÈvaiigéliaire  de  Lich- 
field,   appelé  aussi  Évangéliaire  de   Saint- Chad,  du   nom  de  saint 
Chadou  Ceadda,  patron  de  la  cathédrale  de  Lichfield.  C'est  sans  doute 
le  plus  ancien  manuscrit  connu  qu'ait  tracé  une  main  galloise  ;  mais 
la  date  n'en  est  pas  établie  avec  certitude.  —  2°  Un  manuscrit  d'Ox- 
ford (Bibl.  Bodl.,   Auct.  F  4.  32),  provenant  de  l'abbaye  de  Glas- 
tonbury  ;  recueil  composite,  formé  de  quatre  parties  distinctes,  dont 
seules  les  deux  dernières  sont  d'une  main  galloise  :  à  savoir,  le 
Liher  Coiuiiioiiei,   copié  pour  un  certain  Commoneus  en  817,  et 
un  texte  d'Ovide  antérieur  au  x^  siècle.  —  3°  V Évangéliaire  de  Berne 
(N°  671),  qui   date  de  la  fin  du   ix«  siècle  et  semble  provenir  du 
Cornwall.   —  4°   Le  manuscrit  de  Juvencus  de  la  Bibliothèque  de 
Cambridge,   bien  connu  par  les  gloses  galloises  qu'il  renferme.  Il 
est  dû  à  un  scribe  du  nom  de  Nuadu,  ce  qui  ferait  croire  à  une 
provenance  irlandaise,  et  en  effet  parmi  les  gloses  galloises  se  sont 
glissés,  comme  on  sait,  quelques  mots  irlandais  (cf.  Thurneysen, 
Rev.  Celt.,  XI,  91).  Mais,  en  général,  l'écriture  est  galloise;  on  y 
peut  d'ailleurs  distinguer   plusieurs  mains.    —  5°  Le  fragment  de 
Comptit  de  la  Bibliothèque  de  Cambridge,  qui  contient   un  texte 
vieux-gallois,  édité  l'an  dernier,  par  M.  Quiggin  {Zeitsch.  f.  Celt. 
Philol.  VIII,  407;  cf.  Rev.  Celt.  XXXII,  509).  —  6°  Le  Martianus 
Capella  de  Cambridge  (Corpus  Christi  Collège,  n°  153),  dû  à  un 
grand  nombre  de  mains  et  contenant  une  série  de  gloses  galloises  ; 
il  n'est  pas  antérieur,  dans  ses  parties  les  plus  anciennes,  à  la  fin  du 
ïx^  siècle.  —  7°  Les  fragments  de  Leyde  et  de  Berne,   deux  feuilles 
détachées  provenant  d'un  même  original,  de  contenu  apparemment 
philosophique.  Le  fragment  de  Leyde  comprend  la  «  lorica  »  édi- 
tée par  M.  Friedel  dans  la  Zeitsch.  f.  Celt.  Phil.,  II,  64;  M.  Lindsay 
y  compare  les  tablettes  d'exécration  sur  plomb,  mais  oublie  (p.  23, 
n.  i)  de  renvoyer  à  l'ouvrage  fondamental  de  M.    AudoUent.  — 
8°    Le  manuscrit  d'Oxford  (Bodl.  572),  connu  depuis  Zeuss  sous 
le  nom  d'Oxoniensis  Posterior.  La  première  moitié  seule,  jusqu'au 


480  Bibliographie. 

f°  50  inclusivePxîent,  est  de  main  galloise  ;  e41e  comprend  d'ailleurs 
quatre  parties,  de  difterentes  écritures,  mais  qui  semblent  toutes 
remonter  au  x«  siècle.  L'Oxoniensis  Posterior  renferme  un  cenain 
nombre  de  gloses,  dont  M.  J.  Loth  a  démontré  l'origine  galloise 
{Rev.  Celt.,  XIV,  70).  — 9°  Les  manuscrits  de  Rhygyfarch,  au  nombre 
de  trois,  conservés  à  Cambridge  (Corp.  Coll.  199),  à  Dublin  (Trin. 
Coll.  A.  IV.  20)  et  à  Londres  (Br.  Mus.  ;  Cotton  Faustina  C.  i). 
Ils  doivent  leur  nom  à  Ricemarch,  fils  de  Sulien,  évêque  de  Saint- 
Davids  de  1072  à  1085,  et  sont  par  suite  de  la  fin  du  xi'^  siècle. 

De  tout  ces  manuscrits,  M.  Lindsa}-  fait  une  étude  minutieuse, 
précisée  et  complétée  par  l'addition  de  dix-sept  planches  fort  bien 
venues.  La  conclusion  de  cette  étude  est  formulée  à  la  page  40. 
C'est  qu'il  y  a,  non  pas  un  seul,  mais  plusieurs  types  d'écriture  gal- 
loise, dont  deux  au  moins  s'opposent  pleinement  :  un  type  d'écri- 
ture ronde  (  «  round  »  ),  particulièrement  net  dans  le  texte  d'Ovide 
d'Oxford  ou  dans  les  fragments  de  Leyde  et  de  Berne,  et  un  tvpe 
d'écriture  aplatie  («  flat-topped  »),  qui  caractérise  les  manuscrits 
de  Rhygyfarch. 

J.  X'endryes. 


VI 


S.\iLM  Dhaibhidh,  d'réir  lâimhscribhinne  bunaidhe  liam  Bheidil, 
easbog,  ar  n-a  gcur  in  eagar  do  Shéan  Og  Mac  Murchadha 
Caomhânach,  le  réamh-râdh  ô  E.  R.  Mac  G.  Diocs(Les  psaumes 
de  David  d'après  le  manuscrit  original  de  l'évêque  Bedell,  édités  par 
M.  John  Mac  Morrough  Kavanagh,  avec  un  préface  de  M.  E.  R. 
Mac  G.  Dix).  Dublin,  Hanna  andNeale,  191 2.  xv-203  p.  2  s.  6  d. 

Depuis  que  l'évêque  protestant  William  Bedell,  aidé  de  trois  col- 
laborateurs, traduisit  en  irlandais  le  texte  de  l'Ancien  testament,  de 
nombreuses  éditions  de  son  œuvre  ont  été  imprimées.  La  première, 
faite  aux  frais  de  Robert  Boyle,  date  de  i6si  ;  il  paraît  qu'elle  diffé- 
rait déjà  sur  quelques  points  du  manuscrit  original.  Les  différences 
se  sont  accrues  avec  le  temps  dans  les  rééditions  successives,  si  bien 
qu'une  publication  exacte  du  travail  de  l'évoque  Bedell  ne  serait 
pas  sans  utilité.  M.  Kavanagh  se  borne  aujourd'hui  à  en  publier 
un  fragment,  les  Psaumes  de  David,  pensant  avec  raison  que  cette 
partie  des  Ecritures,  étant  la  plus  lue  et  la  mieux  connue  de  ses 
compatriotes,  leur  fournirait  des  comparaisons  plus  variées  et  plus 
instructives.   C'est  une  heureuse  inspiration,  dont  profiteront  tous 


HibluMiapliic.  48  j 

les  amis  de  la  langue  irlandaise.  Le  manuscrit  de  l'évéque  Bedell, 
conservé  à  la  Marsh's  Library  de  Dublin,  est  du  second  quart  du 
XVII'-'  siècle  ;  la  traduction  des  psaumes  notamment  était  achevée  en 
1637.  Nous  avons  dans  ce  document  daté  un  essai  de  langue  com- 
mune, destinée  à  être  entendue  également  dans  toute  l'Irlande  ;  et 
c'est  avec  le  Forus  Feasa  de  Geoffrey  Keating,  mort  en  1644,  deux 
ans  après  l'évèque  Bedell,  un  monument  important  de  l'irlandais 
moderne.  Il  est  donc  inutile  d'en  souligner  davantage  l'intérêt. 

J.  Vendryes. 


Vil 


A.  Perceval  Graves.   Welsh  Poetry  Old  and  Neiu,  in  english  verse. 
London,  Longnians  Grecn  and  C°  19 12.  xlij-170  p.  8°.  2  s.  6d. 

C'est  l'amour  des  chants  populaires  qni  nous  vaut  ce  petit  livre. 
L'auteur,  qui  n'est  ni  gallois,  ni  «  galloisant  »  de  naissance,  est  un 
fervent  du  folksong.  Il  a  été  séduit  par  les  mélodies  populaires, 
dont  le  Pays  de  Galles  oftVe,  comme  on  sait,  une  abondante  variété; 
mais  il  a  déploré  que  les  paroles  anglaises,  adaptées  à  ces  mélo- 
dies par  d'obscurs  traducteurs,  fussent  en  général  si  plates,  si 
ternes,  si  peu  celtiques.  Et  il  se  mit  lui-même  à  esquisser  quelques 
traductions,  qui  parurent  dans  divers  périodiques  et  obtinrent  le 
suffrage  des  connaisseurs.  Encouragé  par  ce  succès,  il  se  mit  à  l'é- 
tude de  la  littérature  poétique  du  Pays  de  Galles,  et  en  tira  un 
recueil  de  morceaux  choisis,  qui  embrasse  tous  les  âges,  depuis 
l'époque  héroïque  d'Aneurin,  de  Taliessin  et  de  Llywarch  Hen 
jusqu'à  nos  jours.  Cynddelw,  Dafydd  ab  Gwilym  y  figurent  digne- 
ment; Ceiriog  y  occupe  une  place  d'honneur;  on  y  trouve  jus- 
qu'à Eifion  Wynn,  jusqu'à  M.  W.  J.  Grutfydd,  notre  collaborateur, 
sans  parler  des  bardes  d'Anglesey,  Goronwy  Owen  au  xviii^  siècle  , 
et  aujourd'hui,  le  professeur  J.  Morris  Jones.  Il  nous  est  malaisé 
de  porter  un  jugement  sur  les  vers  anglais  de  M.  Perceval  Graves. 
Ils  s'écartent  assez,  par  endroits,  des  originaux  gallois.  Mais  ils 
paraissent  avoir  un  joli  tour  poétique  ;  leur  rythme  est  raffiné,  leur 
langue  abondante  et  riche.  Pour  tout  dire  d'un  mot,  M.  Perceval 
Graves  nous  semble  encore  meilleur  poète  que  traducteur.  Et  c'est 
là  sans  doute,  pour  le  public  auquel  il  s'adresse,  un  mérite  prépon- 
dérant. 

J.  Vendryes. 


CHRONiCitJE 


Sommaire.  —  I.  Mélanges  oflFerts  à  M.  Kuno  M'cyer.  —  II.  Election  de 
M.  Kuno  Meyer  à  l'Académie  de  Berlin.  —  III.  Etat  de  la  langue  irlan- 
daise en  Irlande.  —  IV.  L'Irlande  et  le  Home  Rule,  d'après  Mrs.  A. 
Stopford  Green.  —  V.  Répertoire  des  publications  relatives  à  la  langue 
et  à  la  littérature  irlandaises.  —  VI.  H.  Harrisson,  Surnames  of  United 
Kingdom.  —  VII.  Le  sens  du  latin  aigutus,  d'après  M.  Ehrlich.  — 
VIII.  Etymologies  de  M.  Evald  Lidén.  —  IX.  L'œuvre  d'Eugène  Rol- 
land. —  X.  Découverte  de  manuscrits  bretons.  —  XI.  Un  nouveau 
périodique  breton,  Brittia.  —  XII.  Une  collection  de  proverbes  en 
breton  de  Vannes.  —  XIII.  Troisième  édition  de  la  Légende  de  la  Mort 
de  M.  A.  Le  Braz.  —  XIV.  La  renaissance  du  théâtre  breton.  —  XV. 
Examens  bretons  de  la  Faculté  des  Lettres  de  Rennes.  —  XVI.  Ouvrages 
reçus. 

I 

La  nomination  de  M.  Kuno  Meyer  à  l'Université  de  Berlin,  dont 
nous  avons  déjà  entretenu  nos  lecteurs,  est  un  événement  impor- 
tant dans  l'histoire  des  études  celtiques.  MM.  Osborn  Bergin  et 
Cari  Marstrander  ont  eu  l'iieureuse  pensée  de  le  célébrer.  Ils  ont 
pris  l'initiative  d'un  volume  de  Mélanges  auquel  ils  ont  convié  les 
celtistes  de  tout  pays  à  collaborer.  Plus  de  trente  ont  répondu  à 
leur  appel.  Le  volume  vient  de  paraître  à  Halle,  chez  l'éditeur 
Niemeyer. 

Nous  en  rendrons  compte  prochainement.  Mais  nous  voulons  dès 
aujourd'hui  adresser  nos  cordiales  félicitations  au  donataire.  Aucun 
nom  ne  pouvait  plus  sûrement  que  le  sien  unir  les  sympathies  et 
rallier  les  bonnes  volontés  ;  car  c'est  celui  d'un  chef  d'école,  dans 
tous  les  sens  du  terme.  Par  l'exemple  de  sa  féconde  activité,  il  a 
suscité  aux  études  irlandaises  de  fervents  adeptes  ;  il  a  dispensé  à 
tous  sans  compter  les  trésors  de  son  érudition  ;  il  a  encouragé  les 
efforts  de  chacun  avec  une  inlassable  bienveillance.  Et  en  même 
temps,  par  la  droiture  de  son  caractère  et  le  charme   de   son  com- 


Chronique.  483 

mei-cc,  il  a  contribue  plus  que  tout  autre  à  maintenir  entre  les  tra- 
vailleurs cette  bonne  entente,  cette  confiance  mutuelle,  qui  sont  si 
favorables  aux  intérêts  de  la  science.  N'est-ce  pas  un  spectacle 
touchant,  à  l'heure  présente,  de  voir  la  petite  phalange  des  cel- 
tistes,  sans  distinction  de  nationalité,  donner  l'exemple  d'une  ému- 
lation toute  amicale  et  pacifique  ? 

II 

Appelé  à  occuper  le  fauteuil  de  Zimmer  à  l'Académie  de  Ber- 
lin, M.  Kuno  Mever  y  a  pris  séance  le  4  juillet  1912.  Le  discours 
qu'il  a  prononcé  à  cette  occasion,  et  celui  par  lequel  M.  Roethe, 
secrétaire  de  la  section  philologique  et  historique,  lui  a  répondu, 
ont  paru  dans  les  Silrjjtigsbericbie  der  koii.  preussischen  Akademic  der 
îFisseiiscbafteii,  t.  XXXI\'  (1912),  p.  589-593.  On  y  trouve 
exprimé  l'espoir  que  dans  le  pays  de  Zeuss  les  études  celtiques 
ne  périclitent  pas.  Cette  éventualité  n'est  pas  à  craindre.  Chacun 
peut  avoir  confiance  dans  le  maître  éminent  appelé  par  l'Académie 
à  occuper  la  place  d'honneur  que  la  mort  de  Zimmer  laissait 
vide. 

III 

Le  numéro  du  10  août  1912  du  journal  Siiiii  Fciu,  «  Nous- 
mêmes  »,  de  Dublin,  contient  une  bien  intéressante  statis- 
tique. C'est  la  statistique  du  parler  irlandais  en  Irlande,  telle 
qu'elle  résulte  du  recensement  de  191 1  comparé  au  recensement 
de  1901.  Il  y  manque  toutefois  les  chifi^res  pour  les  villes  de  Bel- 
fast et  de  Dublin,  ce  qui  empêche  de  faire  entrer  en  ligne  de 
compte  les  trois  comtés  d'Antrim,  de  Down  et  de  Dublin.  Pour 
les  vingt-neuf  autres,  les  chiffres  sont  les  suivants  : 

MUKSTER 

1901  19 II 

Comté  de  Cork 105 .716  83 .898 

»         Kerry 71.669  éo.719 

»         Clare 43.486  36.704 

»         Waterford 31. 600  2  3 .  820 

»         Tipperary 9-735  10.020 

»         Limerick 14. 060  13-533 

Total  276.266     228.694 

en  moins  :  47.  572. 

Reviu  Celtique,  XXXIII.  52 


484  Chronique. 

CONN'ACHT 


1901  1911 


Comté  de  Galway 108.870  98. 523 

»         Mayo 99.764  88.601 

»         Sligo 17.310  15 .927 

»         Roscommon 1 5 .  572  10 . 1 1 3 

»         Leitrim 4 .  004  3-923 

245.520  217.087 
en  moins  :  28  .433  . 

Ulster 

1901  1911 

Comté  de  Armagh 4-487  2  .  792 

»          Cavan 5  .  424  2 .  968 

»         Derry 3 .  47e  4 .  029 

»         Fermanagh i  .005  1-565 

»         Monaghan 5 .  324  5 .430 

»         Tyrone 6.454  7-586 

»         Donegal 60.677  59-313 

Total                       86 .  847  83.689 

en  moins  :  3.158  (manquent  les  comtés  d'Antrim  et   Down, 
c'est-à-dire  la  ville  de  Belfast). 

Leixster 

1901  1911 

Comté  de  Carlow 222  i  .008 

»         Kildare i .  198  i .  677 

»          Kilkenny .      3.568  3-264 

»         King's  County 522  1-933 

»         dueen's  Countv 405  i  .427 

»         Longford 340  9 1 5 

ji         Louth 3 .  204  3 .  760 

»         Meath 1-357  2. 447 

»         Wexford i .  300  2 .  90 1 

')         Westmeath 691  2 .096 

»         Wicklow 631  1054 

Total  :       13 .438  22.482 

en  plus  :  9.044  (manque  le  comté    de    Dublin,  c'est-à-dire  la 
ville  de   Dublin), 


ChrfliiiqiK.  48  5 

Total  général  pour  les  29  comtés  :  551.374  individus  parlant 
irlandais  en  191 1  contre  622. 132  en  1901,  soit  une  diminution  de 
70.758,  Si  l'on  tenait  compte  des  trois  comtés  mis  à  part,  la  dimi- 
nution serait  sans  doute  un  peu  moindre.  Belfast  comptait,  en 
1901,  3.5H7  individus  parlant  irlandais,  et  Dublin  9.453  ;  ces 
nombres  ont  dû  augmenter. 

Cette  statistique  comparative  est  complétée  par  celle  de  la  popu- 
lation qui  ne  parle  qu'irlandais.  La  répartition  en  est  la  suivante  : 

1901  1911 

Munster.       Cork i .  067  5  5  8 

Kerry 2 . 495  i .  89 1 

Clare 326  166 

Waterford 477  152 

Tipperary 15  3 

Limerick 7  i 

CoxNACHT     Galway 9-442  7 .  81 1 

Mayo 2.529  1.5 18 

Sligo 77  24 

Roscommon 55  14 

Ulster           Armagh 2  o 

Derry 4  o 

Donegal 4-448  4.733 

Leixsthr       Qiieen's  County i  o 

Westmeath 5  o 

Total     20.950     16.841 

L'examen  de  ces  tableaux  est  évidemment  affligeant.  Il  convient 
toutefois  d'en  atténuer  un  peu  l'impression  mauvaise,  en  faisant 
remarquer  que,  la  population  globale  de  l'Irlande  ayant  considéra- 
blement diminué,  le  nombre  des  individus  parlant  irlandais  a  moins 
diminué  que  le  nombre  de  ceux  qui  ne  parlent  qu'anglais.  Malheureu- 
sement l'article  du  Siiiii  Féiii  ne  fournit  pas  les  chiffres  de  la  popu- 
lation globale,  mais  il  indique  pour  chaque  comté  le  pourcentage 
de  la  population  qui  parle  irlandais.  Or,  on  constate  que  ce  pour- 
centage s'est  légèrement  élevé  dans  deux  comtés,  celui  de  Leitrim 
et  celui  de  Donegal,  où  cependant  le  chifïre  total  des  individus 
parlant  irlandais  a  diminué.  Ce  qui  revient  à  dire  que  l'Irlande  a 
perdu  en  ces  dix  dernières  années  un  peu  plus  de  sujets  parlant 
anglais  que  de  sujets  parlant  les  deux  langues. 

Un  autre  résultat  intéressant  des  statistiques  précédentes  est  d'in- 


48e  Chronique. 

diquer  sur  quels  terrains  l'irlandais  recule  ;  on  constate  que  c'est 
surtout  dans  les  régions  occidentales  du  Munster  et  du  Connacht, 
qui  ont  été  de  tout  temps  des  régions  gaéliques  ;  là  l'anglais 
pénétre  de  plus  en  plus,  entame  et  réduit  les  réserves  de  la  langue 
celtique.  En  revanche,  l'irlandais  s'étend  au  Nord  et  à  l'Est  ;  le 
comté  de  Donegal  offre  même  ce  fait  curieux,  que  le  chiffre  des 
individus  ne  parlant  qu'irlandais  y  a  augmenté.  Evidemment,  cela 
indique  un  mouvement  de  population  de  l'Ouest  au  Nord  et  à 
l'Est  ;  il  y  a  émigration  à  l'intérieur,  dans  les  limites  mêmes  de 
l'île. 

Cette  émigration  parait  dangereuse  pour  le  celtique.  Car  en 
pénétrant  dans  des  régions  où  l'anglais  depuis  longtemps  domine, 
les  Irlandais  unilingues  sont  exposés  à  devenir  plus  rapidement 
bilingues,  et  les  bilingues  à  sacrifier  plus  volontiers  leur  propre 
langue  à  l'anglais.  Toutefois,  elle  offre  aussi  un  avantage,  c'est 
d'effacer  les  différences  dialectales  et  de  contribuer  à  la  créa- 
tion d'une  langue  commune  par  le  mélange  des  individus.  C'est 
aux  directeurs  de  l'instruction  populaire  à  tirer  parti  de  cet  avan- 
tage, aux  chefs  de  la  Gaelic  Leagtie,  aux  maîtres  de  la  School  oj 
Irish  Leaniing.  Peut-être  le  Home  Rule  viendra-t-il  bientôt  leur 
apporter  un  nouvel  et  précieux  appui. 

IV 

Sur  «  l'Irlande  et  le  Home  Rule  »  la  Revue  de  Paris  a  publié, 
dans  sa  livraison  du  15  septembre  1912,  p.  423-448,  un  remar- 
quable article,  signé  Alice  Stopford  Green.  Nous  y  avons  retrouvé 
les  qualités  de  pensée  et  de  style,  justement  appréciées  l'année 
dernière  dans  \  Irish  Nationality  du  même  auteur  (v.  Rev .  CelL, 
t.  XXXII,  p.  484).  Mrs.  Green  possède  un  réel  talent  d'histo- 
rien :  elle  voit  les  faits  d'un  coup  d'œil  large  et  précis  à  la  fois, 
elle  saisit  avec  justesse  l'enchaînement  des  causes,  elle  s'exprime 
en  une  langue  claire,  ferme,  entraînante.  La  lecture  de  son  article 
est  un  plaisir  pour  l'esprit. 

Un  plaisir  à  tous  égards.  Car  en  analysant  les  éléments  du  pro- 
blème, un  démêlant  les  intérêts,  les  sentiments  en  présence,  l'au- 
teur laisse  entrevoir  le  succès  du  Home  Rule,  ou  d'un  compromis 
qui  y  ressemble,  comme  la  solution  fatale  de  la  crise  actuelle.  Et 
ce  sera  pour  l'Irlande  le  commencement  d'une  ère  nouvelle,  oia  la 
vieille  race  celtique  reprendra  conscience  d'elle-même  dans  l'indé- 
pendance et  la  dignité.  On  pourra  citer  parmi  les  grandes  dates 
de  l'histoire  nationale  celle  du  11  avril  191 2,  où  le  cabinet  anglais 
a  soumis  aux  Communes  le  nouveau  Home  Rule  Bill. 


Chronique.  487 

Il  faut  dire  que  si  le  projet  de  M.  Asquith  a  de  sérieuses  chances 
de  succès,  il  le  doit  pour  une  large  part  à  son  auteur.  Ce  projet 
témoigne  d'un  véritable  progrès  sur  les  Jcis  de  i88é  et  de  1893  ; 
il  est  plus  courageux,  plus  avancé  d'esprit,  et  en  même  temps  plus 
ingénieux,  plus  subtil  dans  ses  dispositions,  plus  souple.  M.  As- 
quith a  i'ort  bien  vu  l'intérêt  qu'il  y  avait  du  point  de  vue  anglais, 
à  améliorer  le  gouvernement  de  l'Irlande  et,  partant,  le  sort  de  la 
«  nation  irlandaise  ».  11  y  a  pour  l'Angleterre,  à  l'adoption  du 
Home  Rule  Bill,  des  nécessités  à  la  fois  constitutionnelles  et  finan- 
cières :  il  s'agit  d'une  part  de  soulager  l'activité  du  Parlement  du 
Royaume-Uni,  de  le  délivrer  du  fardeau  intolérable  des  préoccupa- 
tions secondaires  de  la  politique  irlandaise  ;  et  d'autre  part  il  faut 
adapter  les  finances  irlandaises  aux  besoins  irlandais  pour  obliger 
le  pays  à  être  plus  économe  et  ne  pas  contraindre  l'Angleterre  à 
combler,  comme  elle  fait  depuis  quelques  années,  le  déficit  irlan- 
dais. Ces  nécessités  sont  reconnues  et  senties  de  plus  en  plus. 
Mrs.  Green  nous  montre  le  fossé  qui  séparait  jusqu'ici  Unionistes 
et  Libéraux  en  train  de  s'aplanir  et  les  deux  partis  également  dési- 
reux de  résoudre  définitivement  le  problème  irlandais. 

C'est  d'Irlande  même  que  viendraient  plutôt  les  diflicultés.  On 
sait  que  si  les  catholiques,  qui  s'élèvent  au  nombre  de  3.238.656, 
sont  tous  nationalistes  et  favorables  au  Home  Rule,  les  protestants 
n'v  sont  pas  moins  ardemment  unionistes  et  hostiles  au  projet. 
Or,  il  y  a  1. 136. 000  protestants  en  Irlande,  dont  575.487  angli- 
cans (épiscopaliens)  et  le  reste  presbytérien.  Et  l'une  des  quatre 
provinces  d'Irlande,  celle  du  Nord-Est,  l'UIster,  compte  886.000 
protestants  contre  690.000  catholiques.  L'UIster  esthostile  au  Home 
Rule,  hostile  à  la  langue  irlandaise,  hostile  à  toute  mesure  qui 
favoriserait  les  catholiques  irlandais  ;  les  protestants  d'Ulster  se  con- 
sidèrent comme  formant  une  nation  à  part,  différente  du  reste  du 
pays,  comme  une  colonie  britannique  en  Irlande,  comme  des 
«  Anglais  résidants  ».  Belfast  est  la  citadelle  où  s'organise  la  résis- 
tance. Mrs.  Green  ne  croit  pas  cependant  que  cette  résistance  soit 
effective,  et  surtout  durable.  Sans  doute  l'intérêt  des  commerçants 
de  Belfast  serait  plutôt  dans  le  statu  quo  ;  et  les  protestants  d'Uls- 
ter se  résigneront  difficilement  à  perdre  les  bénéfices  d'une  situa- 
tion privilégiée  qui  dure  depuis  plusieurs  siècles.  Mais  le  statu 
quo  est  devenu  impossible  ;  et  Mrs.  Green  espère  que,  différences 
confessionnelles  à  part  et  grâce  à  quelques  concessions  accordées 
par  les  privilégiés,  tous  les  partis  s'entendront  au  profit  d'une 
Irlande  nouvelle,  forte,  prospère  et  unifiée.  Il  faut  lire  les  raisons 
qu'elle  donne.  Il  faut  lire  tout  son  article  ;  c'est  l'exposé  complet 


488  Chronique. 

et  impartial  du   problème  le  plus  attachant  de  l'histoire  moderne 
des  Celtes. 


La  National  Librarx  of  Irclauâ  est  sur  le  point  d'éditer  un  réper- 
toire général  des  publications  relatives  à  la  langue  et  la  littérature 
irlandaises,  jusqu'à  la  fin  du  xix"^  siècle.  C'est  un  colossal  travail 
bibliographique  qui  comprendra  plus  de  300  pages  et  qui  rendra 
de  bien  grands  services  aux  celtistes.  lia  été  confié  à  M.  R.  I. 
Best;  ce  nom  seul  est  une  garantie  d'exactitude  et  de  probité.  Nous 
avons  reçu  une  épreuve  spécimen,  qui  fait  bien  augurer  de  l'ou- 
vrage ;  il  sera,  espère-t-on,  prêt  à  paraître  à  la  Noël  de  cette 
année. 

VI 

Il  y  a  beaucoup  de  mots  d'origine  celtique  dans  le  dictionnaire 
étymologique  de  noms  propres  anglais  que  publie  M.  Henry  Har- 
risson  sous  le  titre  Siirnames  of  the  United  Kiiigdoni,  a  concise  etymo- 
logical  dictionary  (London^  The  Eaton  Press,  191 2).  A  en  juger  par 
le  spécimen  qui  nous  en  a  été  adressé,  le  travail  est  sérieu- 
sement fait  et  mérite  d'être  recommandé  à  nos  lecteurs. 

VII 

Dans  un  livre  excellent,  plein  d'ingéniosité  et  de  science,  inti- 
tulé Untersuchutigen  iiher  die  Natur  der  griechischcn  Betonung  (Ber- 
lin, Weidmann,  19 12),  M.  Hugo  Ehrlich  traite  en  passant  de  l'éty- 
mologie  du  mot  argûlus.  Ce  serait,  suivant  lui,  un  parent  du 
védique yoo'UT'e  «  parler  haut,  proclamer  »,  du  vieux  slave  govon 
«  bruit  »,  du  grec  Y''^(f)^;  «  gémissement  »,  de  l'ombrien  kutef 
«  murmurant  »;  il  aurait  dû  ajouter  :  de  Tirlandais  guth  «  voix  », 
L'adjectif  fl/'o^ /'///«  de  *ari-gfito-  signifierait  proprement  «  à  la  voix 
forte,  bavard,  beau  parleur  ».  C'est  le  seul  sens  qu'il  ait  en  effet  à 
l'époque  archaïque,  où  il  ne  se  dit  que  des  êtres  animés  ;  plus  tard 
à  partir  de  Cicéron,  on  l'emploie  pour  traduire  l'idée  d'«  éclatant, 
intelligent,  spirituel  ». 

Cela  permet  de  mieux  interpréter  la  fameuse  phrase  de  Caton 
sur  les  Gaulois  ;  argiite  loqui  n'implique  pas  le  talent  de  l'éloquence 
ni  l'esprit  :  Caton  ne  veut  pas  dire  que  nos  ancêtres  fussent  de  bril- 
lants orateurs,  mais  que  c'étaient  des  bavards.  Ainsi  en  décide 
M.  Ehrlich,  d'après  le  sens  du  mot  en  latin  archaïque,  conforme  à 
l'étymologie. 


Chronique.  489 


VIII 


M.  Hvald  Lidén,  professeur  a  l'Ecole  supérieure  de  Gôteborg 
(Suède),  est  à  l'heure  actuelle  sur  le  domaine  de  la  linguistique  indo- 
européenne un  des  étymologistes  les  plus  habiles  et  les  mieux  infor- 
més. Il  vient  de  publier  dans  le  Monde  Oriental,  t.  V  (191 1),  p. 
195-205,  des  Ballisch-Slavische  IVorterklâriingen,  dont  quelques 
détails  intéressent  le  celtique. 

Ainsi,  il  repousse,  p.  201,  tout  rapport  entrele  vieux-prussien  Inla- 
«  soir  »  et  le  moyen-irlandais  bé  «  nuit  »  (K.  Meyer,  Conirib.,  p. 
18S).  Ce  rapprochement  avait  été  proposé  par  M.  Zupitza.  Gerni. 
Gult.,  82.  Pour  M.  Lidén,  bita-  serait  un  composé  de  la  racine  *^/- 
«  aller  »  et  désignerait  le  coucher  du  soleil,  comme  le  latin  obitiis, 
avec  un  préfixe  *bhi  qui  serait  à  abhi  ce  que  po  est  à  apo. 

P.  195,  il  parle  du  lituanien  kis^kà  «  muscle  du  mollet  »;  il  l'ex- 
plique par  *qisqa-  et  y  rattache  le  hollandais  hij\c  «  muscle  »,  de 
*qeis-â-.  Nous  croyons  qu'il  ne  faut  pas  serrer  de  trop  près  la  for- 
mation de  mots  de  ce  genre  et  qu'il  convient  surtout  de  ne  pas  cher- 
cher à  les  rattacher  à  une  racine  verbale.  Ils  font  partie  des  mots 
expressifs;  kisl'à  notamment  doit  appartenir  à  une  série  de  mots, 
caractérisés  par  la  répétition  d'une  gutturale  et  désignant  en  géné- 
ral une  partie  charnue  du  corps;  cf.  lat.  (UV(?,  irl.  coss,  skr.  kâksa-, 
kiiksi-,  irl.  cicb  «  sein  »,  coche  «  clunis  »,  caichtnc  i<  poitrine  »,  etc. 


IX 


Nous  avons  reçu  de  M.  Henri  Gaidoz  une  brochure  de  46  pages 
intitulée  «  Eugène  Rolland  et  son  œuvre  littéraire  »  (Paris,  1912  ; 
extr.iit  du  tome  XI  de  Méliisine).  Eugène  Rolland,  mort  le  24  juil- 
let 1909  à  l'âge  de  65  ans,  fut  tout  simplement  le  rénovateur  des 
études  de  folk-lore  en  France.  Son  nom  mérite  de  rester  attaché 
à  celui  de  la  revue  Méhisine  qu'il  fonda  et  dirigea  de  concert  avec 
M.  Gaidoz,  et  où  il  y  a  tant  de  renseignements  précieux  pour  les 
celtistes.  Mais  son  œuvre  principale  est  une  œuvre  lexicographique, 
relative  à  la  Faune  et  à  la  Flore  populaires,  vaste  répertoire  qu'il 
n'eut  malheureusement  pas  la  joie  de  voir  terminé.  Dans  la  bro- 
chure que  lui  consacre  M.  Gaidoz,  on  trouvera  sur  son  activité 
scientifique,  sur  sa  vie  et  celle  de  quelques  autres,  maint  détail 
instructif  et  piquant.  Rolland  était  un  érudit  laborieux  et  modeste, 
de  caractère  indépendant,  ennemi  des  intrigues  et  des  chicanes.  Il 


490  Chronique. 

vécut  à  l'écart  des  savants  officiels,  méconnu  des  académies.  Mais 
il  eut  des  amitiés.  Celle  de  M.  Gaidoz,  qui  ne  se  démentit  jamais 
durant  sa  vie,  lui  reste,  par  delà  le  tombeau,  jalousement  fidèle. 
Pour  défendre  sa  mémoire,  s'il  en  était  besoin,  cet  homme  simple 
et  doux  n'aurait  pu  rêver  champion  plus  passionné,  plus  impi- 
toyable. 

X 

M.  L.  Le  Guennec,  dans  le  tome  XXXIX  du  Bulletin  de  la  Société 
archéologique  du  Finistère,  signale  la  découverte  qu'il  a  faite  au  châ- 
teau de  Lesquiffiou  en  Plej'ber-Christ,  Finistère,  d'une  collection 
de  26  mvstères,  tragédies  et  manuscrits  bretons  acquise  sans  doute 
par  feu  le  marquis  de  Lescoet  décédé  en  1871,  père  du  propriétaire 
actuel  de  Lesquiffiou  et.  de  son  vivant,  bibliophile  distingué.  Voici 
les  titres  de  ces  pièces  :  Chedoni  et  Rosalha  (25),  Création  du 
Monde  (i),  Saint  Garan  (14),  Saint  Guénolé  (15),  Saint  Guigner 
(16),  Sainte  Hélène  (20),  Jacob  et  ses  fils  (2),  Saint  Jean-Baptiste 
(11),  Destruction  de  Jérusalem  (9),  Jérusalem  délivrée  (23)  poème 
adapté  du  Tasse,  Le  jugement  dernier  et  l'Antéchrist  (10),  Saint 
Julien  (6),  Louis  Eunius  (18,  19),  Saint  Malargé  (26),  Moïse  (3), 
La  Passion  (4,  5,  6),  Saint  Patrice,  avec  Louis  Eunius  (17),  Saint 
Pierre  (12),  La  Résurrection  (7,  7  bis),  Robert  le  Diable  (22), 
Ruffo  chef-brigand  (24),  Trépassement  de  la  Vierge  (8),  Sainte 
Tryphine  et  le  roi  Arthur  (15),  Saint  Yves  (21),  biographie  versi- 
fiée par  Jean  Conan.  C'est  la  plus  riche  collection  particulière  qu'on 
ait  découverte  jusqu'ici. 

M.  Le  Guennec  fait  connaître  ce  que  ces  pièces  contiennent  d'in- 
téressant pour  l'histoire  du  théâtre  breton  :  prologues,  épilogues, 
scènes  comiques,  annotations  de  copistes,  en  particulier  de  Jean 
Conan  ;  il  v  ajoute  l'indication  de  représentations  données  sur  une 
autorisation  du  bureau  municipal  de  Morlaix  du  20  février  1792; 
l'acte  de  décès  de  Tanguy  Guégen  (20  juillet  1632);  un  extrait  du 
Livre  de  comptes  du  sieur  de  la  Haye  mentionnant  en  termes  vagues 
le  3  juin  1576  une  représentation  de  mystère  à  Lampaul  (sans 
doute  Lampaul  Guimiliau). 

XI 

On  nous  adresse  le  premier  numéro  (septembre  1912)  d'un  nou- 
veau périodique  breton,  brittia,  bulletin  mensuel  d'études  et  d'action 
nationale  bretonnes  (Port-Louis,  13,  rue  de  la  Marine;  4  fr.  par  an). 


Chronique.  491 

Le  fondateur-directeur  en  est  M.  Yves  Le  Diberdcr,  qui  indique 
dans  la  préface  le  but  qu'il  se  propose.  C'est  de  «  refaire  de  la  Bre- 
tagne une  nation,  et  une  nation  celtique»;  c'est  de  «  reprendre 
avec  méthode  la  vieille  lutte  qui  se  poursuit  depuis  dix  siècles 
entre  l'esprit  roman  et  l'esprit  celtique  »,  afin  que  «  ce  soit  l'esprit 
celtique  qui  domine  sans  conteste  ».  M.  Le  Diberder  est  jeune; 
il  n'a  que  vingt-cinq  ans,  nous  apprend-il  p.  23.  Ht  il  est  bien  de 
son  temps.  Son  initiative  est  une  manifestation  nouvelle  de  ce 
réveil  des  nationalités,  qui  caractérise  jusqu'ici  le  vingtième  siècle. 
La  Revue  Celtique,  dont  les  préoccupations  sont  purement  philo- 
logiques et  qui  s'abstient  de  prendre  parti  dans  les  polémiques  d'ac- 
tualité, ne  mentionnerait  pas  l'existence  de  Britiia,  si  M.  Le  Diber- 
der ne  faisait  porter  son  effort  de  militant  sur  le  terrain  linguistique. 
C'est  en  encourageant  la  pratique  de  la  langue  bretonne  qu'il  pré- 
tend travailler  au  relèvement  national  de  sa  province.  Prétention 
très  légitime,  car  la  langue  est  la  condition  même  et  la  sauvegarde 
de  la  nationalité. Comme  le  dit  un  des  rédacteurs  de  Brittia,  M.  J. 
Calloc'h  (Bleimor),  «  avec  notre  foi,  notre  langue  est  désormais 
la  seule  barrière  que  nous  puissions  opposer  à  l'envahissement  des 
idées  françaises,  idées  mortelles  aujourd'hui,  et  qui  ont  tôt  fait  d'em- 
poisonner l'air  dans  lequel  on  les  laisse  en  paix  flotter  »  (p.  9). 
Brittia  sera  donc  accueillante  aux  articles  en  langue  bretonne,  et 
de  fait  sur  les  24  pages  que  comprend  le  premier  numéro,  6  sont 
rédigées  en  breton.  Signalons  notamment  (p.  10-14)  le  début  d'une 
traduction  bretonne  du  célèbre  récit  irlandais  Longes  mac  n-Usnig 
«  Exil  des  Fils  d'Usnech  »  (Irische  Texte,  I,  p.  67).  Mais  pourquoi 
cette  traduction  a-t-elle  été  faite  en  vannetais  ?  Parce  que  M.  le 
Diberder  habite  Lorient?  Ce  n'est  pas  une  raison  suffisante.  Et  les 
partisans  de  la  campagne  qu'entame  Brittia  regretteront  sans  doute 
que  leur  «  organe  »  ne  puisse  commodément  se  faire  entendre  des 
Bretons  du  Finistère  et  des  Côtes-du-Nord. 


XII 

M.  l'abbé  P.  Le  Gofi,  un  des  auteurs  de  la  Grammaire  bretonne 
du  dialecte  de  Vannes,  a  réuni  depuis  quelques  années  dans  la  Revue 
Morbihannaise  une  collection  de  proverbes  de  son  pays.  La  collec- 
tion est  terminée  et  vient  de  paraître  en  volume,  sous  le  titre  Pro- 
verbes bretons  du  Haut-Vannetais  (J^annes,  Auray,  Baud,  Pontiv)'). 
Vannes,  Lafolye,  1912,  151  p.  8°.  Le  texte  breton  est  accompag-né 
d'une  traduction  française.  Nous  avions  déjà  une  collection  de  pro- 


492  Chronique. 

verbes  et  dictons  de  la  Basse-Bretagne,  réunie  par  L.  F.  Sauvé  et 
publiée  par  lui  dans  les  premiers  volumes  de  la  Revue  Celtique  (t. 
I,  p.  243,  400  ;  t.  II,  p.  78,  218,  361  ;  t.  m,  p.  60,  192)  ;  ces  pro- 
verbes provenaient  exclusivement  du  pays  de  Léon.  Pour  le  Tré- 
corois,  une  collection  moins  riche,  mais  fort  estimable  encore,  due 
à  l'abbé  J.  Hingant,  a  paru  en  1899  (Krenii-lavariou  Bro-Drcger, 
dastumet  gant  an  aotrou  Hingant,  belek  ;  Saint-Brieuc,  Fr.  Guyon  ; 
ext.  des  Mémoires  de  la  Société  d'Emulation  des  Côtes-du-Nord).  Enfin 
chacun  connaît  le  recueil  public  par  Brizeux  sous  le  titre  Furnci 
Breii  «  sagesse  de  Bretagne  ». 

La  collection  de  l'abbé  Le  Goft"  est  la  plus  considérable,  après 
celle  de  L.  F.  Sauvé,  dont  elle  suit  l'ordre  et  reproduit  les  divi- 
sions. C'est  une  précieuse  contribution  à  la  «  parémiologie  »  bre- 
tonne, comme  disait  Sauvé,  et  d'une  façon  générale,  au  folk-lore. 
L'esprit  breton  s'y  montre  sous  tous  ses  aspects,  lyrique  et  badin, 
sentimental  et  moqueur,  parfois  délicat,  souvent  grossier,  toujours 
original. 

XIII 

La  Légende  de  la  Mort  chéries  Bretons  armoricains  de  M.  Le  Braz, 
dont  la  seconde  édition  remonte  à  peine  à  dix  ans,  vient  de  paraître 
en  troisième  édition  (2  vol.,  Paris,  Champion,  1912).  Beau  succès, 
pleinement  justifié.  Entre  toutes  les  bretonneries,  dont  s'est  parée 
depuis  une  trentaine  d'années  la  littérature  française,  celle-ci  est  la 
plus  sincère  et  la  mieux  réussie.  M.  Le  Braz  n'y  a  pas  déployé  seu- 
lement les  richesses  de  son  grand  talent  d'écrivain,  le  charme  péné- 
trant de  sa  prose  fluide  et  chantante;  il  a  voulu  faire  œuvre  docu- 
mentaire et  a  plié  son  imagination  à  travailler  sur  nature.  Il  s'est 
penché  sur  le  cœur  de  la  vieille  Bretagne  pour  en  saisir  les  moindres 
battements;  il  a  recueilli  sur  de  pauvres  lèvres  le  souffle  de  la  voix 
du  passé.  Pendant  prés  de  quinze  ans,  il  a  parcouru  le  pays  en  tout 
sens,  notant  les  superstitions,  les  usages,  transcrivant  les  com- 
plaintes, suscitant  parmi  les  artisans,  les  paysans,  les  marins,  les 
mendiants,  de  précieux  collaborateurs.  En  livrant  leurs  noms  au 
public,  il  les  associe  à  son  succès,  ces  humbles  qui  lui  ont  livré 
leur  trésor.  C'est  Pierre  Le  Goft  d'Argol,  Fantic  Omnès  de  Bégard, 
et  tant  d'autres,  parmi  lesquels  deux  noms  reviennent  avec  insis- 
tance, ceux  de  Marie-Cinthe  Toulouzan  et  de  la  vieille  Lise  Bellec, 
couturière  au  Port-Blanc,  à  laquelle  on  inaugurait  un  monument 
le  10  août  dernier  dans  le  cimetière  communal. 

La  Bretagne  est  la  terre  par  excellence  de  la  légende  de  la  mort, 


Chronique.  493 

car  l;i  conscience  populaire  y  est  naturellement  orientée  vers  les 
choses  de  l'au-delà.  Les  vivants  sont  mêlés  aux  morts,  au  peuple 
immense  des  âmes  en  peine,  qu'on  appelle  Vanaoïi.  Et  la  mort 
elle-même,  personnifiée  dans  VAnkou,  circule  sans  cesse  parmi  les 
vivants,  grave  et  familière.  On  rencontre  l'Ankou  à  chaque  détour 
de  la  route,  où  il  observe  et  guette  les  passants  ;  on  le  retrouve  à 
chaque  coin  de  la  maison.  Sa  voix  est  triste  et  douce  à  la  fois  :  cest 
vraiment  le  fantôme  dont  parle  le  poète, 

Qui  caresse  notre  Ame  et  cependant  l'effraie. 

M.  Le  Braz  a  trouvé  les  mots  qu'il  fallait  pour  exprimer  la 
mélancolie  et  le  mystère  des  conceptions  bretonnes  de  l'au  delà.  Il 
y  a  beaucoup  d'art  dans  la  forme  simple  de  ses  courts  récits  ; 
beaucoup  aussi  dans  la  disposition  même  du  livre.  Ces  répétitions, 
ces  redites,  ce  caractère  fragmentaire  'augmentent  encore  la  forte 
impression  qu'il  produit.  On  éprouve  à  le  lire  un  frisson  tout  parti- 
culier qui  n'est  pas  sans  charme  ;  on  se  sent  gagné  soi-même  à 
croire  à  ces  belles  légendes,  d'une  grandeur  si  tragique,  et  si  pro- 
fondément humaines.  M.  Dottin  a  prêté  à  M.  Le  Braz  le  concours 
de  son  érudition  ;  il  a  joint  au  texte  d'abondantes  notes,  où  l'on 
trouvera  de  savantes  comparaisons  avec  les  autres  littératures  cel- 
tiques. 

XIV 

L'Ankou  joue  son  rôle,  et  un  rôle  important,  dans  la  littérature 
dramatique  de  la  Bretagne.  Même  quand  il  ne  figure  pas  dans  la 
liste  des  personnages,  il  est  sur  la  scène,  invisible  et  présent,  comme 
dans  la  vie.  Si  nombreux  et  cruels  que  soient  ses  coups,  il  est 
cependa.nt  quelqu'un  qui  lui  échappe,  qui  persiste  à  vivre  malgré 
tout  et  se  porte  même  de  mieux  en  mieux,  c'est  le  théâtre  breton 
lui-même. 

Singulière  fortune  que  celle  du  théâtre  breton.  Dès  la  fin  du 
Moyen-Age,  il  y  a  en  Bretagne  un  foyer  dramatique.  Le  plus  ancien 
monument  de  la  littérature  bretonne  est  un  drame,  la  Vie  de  Sainte- 
Nonne,  du  xv^  siècle  (éd.  Ernault,  Rev.  Celt.,  VIII,  p.  230),  bien- 
tôt suivi  de  deux  autres  :  la  Passion  (1530)  et  la  Fie  de  Saiiile-Barbe 
(1557),  le  premier  édité  par  H.  de  la  Villemarqué  sous  le  titre  pom- 
peux de  «  Grand  Mystère  de  Jésus  »  (Paris,  1S66),  le  second  par 
M.  Emile  Ernault  (Nantes,  1885).  Ensuite  \ient  une  abondante 
collection  de  pièces,  en  grande  partie  encore  manuscrites,  parmi 
lesquelles  brille  d'un  éclat  particulier  ^awig  Tryphine  elle  Roi  Arthur, 


494  Chronique. 

de  la  seconde  moitié  du  wii^  siècle,  chef  d'œuvre  édité  par  Luzel  à 
Quimperlé  en  1863.  La  plupart  de  ces  oeuvres,  il  est  vrai,  sont  ins- 
pirées, parfois  même  traduites  du  français.  Elles  n'en  sont  pas  moins 
devenues  bretonnes  par  tout  ce  que  les  interprètes  v  ont  mis  de 
personnel  et  de  local,  et  surtout  par  le  succès  qu'elles  ont  obtenu 
et  gardé  auprès  des  spectateurs.  A  la  fin  du  \vii=  siècle,  le  théâtre 
breton  restait  florissant  ;  les  auteurs,  les  acteurs,  les  organisateurs 
de  spectacles  rivalisaient  de  zèle  et  d'entrain.  On  trouvera  dans 
r Histoire  du  fhéàtrc  celtique  de  M.  Le  Braz  la  description  pittoresque 
des  représentations  populaires  qui  se  donnaient  à  Morlaix  ou  à 
Ploumiliau  en  plein  xix^  siècle. 

La  tradition  parut  un  moment  s'évanouir.  Elle  sommeillait  seu- 
lement, car  elle  se  réveille  de  nos  jours,  plus  vivace  que  jamais, 
comme,  nous  l'apprend  M.  Gustave  Cohen  dans  une  agréable  étude 
sur  la  Renaissance  du  théâtre  breton  (extraite  du  Mercure  de  France, 
1912;  43  p.).  Ainsi  qu'il  arrive  toujours  dans  l'histoire  littéraire, 
cette  renaissance  est  une  œuvre  individuelle  ;  elle  a  pour  principal 
promoteur  l'abbé  Joseph  Le  Bayon. 

M.  Le  Bayon,  né  en  1876  à  Pluvigner  (Morbihan),  est  un  \'anne- 
tais.  Passionné  des  choses  du  théâtre  non  moins  que  des  traditions 
bretonnes,  il  s'essaya  dès  le  collège  à  composer  des  sônes  et  des 
pièces  dramatiques  dans  son  dialecte  natal.  En  1902  il  publiait  les 
Sonnenneu  hur  bro-ni  (Vannes,  Lafolye)  et  faisait  représenter  son 
premier  drame  EnEutni  Kérioîet.  La  troupe  qu'il  avait  organisée, 
qu'il  dirigeait  et  soutenait  de  son  zèle,  devint  bientôt  célèbre  dans 
toute  la  Bretagne;  les  «  Gars  de  Pluvigner  » /'«////f^  Sant-Guigner, 
dépassaient  ce  qu'avaient  fait  de  mieux  les  troupes,  pourtant  illustres, 
de  Morlaix  et  de  Ploujean.  Depuis,  le  théâtre  de  Sainte-Anne 
d'Auray  s'est  affirmé  comme  l'Oberammergau  breton.  M.  Le  Bayon 
y  a  fait  représenter  d'autres  drames  encore  de  sa  composition, 
Nikolaiic,  par  exemple  et  cette  année  même,  au  mois  de  septembre 
dernier,  Boeh  er  Goéd  «  la  voix  du  sang  »,  qui  a  pour  sujet  la  para- 
bole de  l'enfant  prodigue,  et  dont  on  dit  le  plus  grand  bien. 


XV 

La  Faculté  des  Lettres  de  l'Université  de  Rennes  a  institué 
depuis  peu  des  examens,  conférant  des  diplômes  d'études  celtiques. 
Nous  avons  demandé  à  notre  ami  M.  Dottin,  i'éminent  doyen  de 
la  Faculté,  de  nous  en  faire  connaître  les  conditions.  Nous  repro- 
duisons ci-dessous  le  programme  qu'il  nous  a  envové. 


(chronique.  495 

FACULTÉ  DES    LETTRES  DE  L'UNIVERSITÉ   DE    RENNES 


DIPLOMES    D  ETUDES    CELTIQUES 

Article  i.  Il  est  institué  près  de  la  Faculté  des  Lettres  de  Rennes 
un  diplôme  d'études  celtiques,  et  un  diplôme  supérieur  d'études 
celtiques. 

Article  2.  Les  examens  de  ces  diplômes  comprennent  des  épreuves 
écrites  et  des  épreuves  orales. 

Diplôme  d'éludés  celtiques 

a.  Epreuves  écrites  :  i"  Version  bretonne. 

2"  Thème  breton. 

b.  Épreuves  orales  :  1°  Lecture  et  explication  d'un  texte  bre- 

ton. 
2°  Interrogation  sur  les  littératures  et  les 
peuples  celtiques. 

Diplôme  supérieur  d'études  celtiques 

a.  Épreuves  écrites  :  1°  Thème  breton  (ou  traduction  de  gal- 

lois ou  d'irlandais  en  breton). 
2°  Version  irlandaise  ou  galloise  (langue 
moderne). 

b.  Epreuves  orales  :  1°  Explication  d'un  texte  ancien  et  d'un 

texte  moderne  dans  une  des  langues 

celtiques  indiquées  par  le  candidat. 

2°  Interrogation  sur  les  littératures  et  les 

peuples  celtiques. 
5°  Interrogation  sur  un  cours  professé  à 
la   Faculté  et  intéressant   le  celtique 
(par  ex.  l'histoire,  l'art,  la  grammaire 
comparée,  etc). 
Article  ^.   La  liste  des  textes  sur  lesquels  portent  les  interrogations 

sera  publiée  chaque  année. 
Article  4.  Nul  ne  sera  admis  à  subir  l'examen  s'il  n'a  été  régu- 
lièrement immatriculé  à  la  Faculté  des   Lettres   pendant  un  an. 
Article  5.   Le  Jury  se  compose  de  trois  membres. 
Article  6.  Le  diplôme,  délivré  par  le  président  du  Conseil  de  l'Uni- 


49^  Chronique. 

versité,  sera  revêtu  de  la  signature  du  Doyen  et  de  celles  des  pro- 
fesseurs membres  du  Jury. 

Les  droits  à  percevoir  pour  ces  diplômes  sont  de  : 
30  fr.  25  pour  le  diplôme  d'études  celtiques, 
60  fr.  25  pour  le  diplôme  supérieur  d'études  celtiques. 

Rappelons  en  outre  que  la  Faculté  des  Lettres  de  l'Université  de 
Rennes  délivre  des  diplômes  de  doctorat  d'Université,  aux  conditions 
suivantes  : 

FACULTÉ  DES    LETTRES  DE   L'UNIVERSITÉ  DE  RENNES 

DOCTORAT    DE    l'uNIVERSITH    DE    REWES 

Tout  candidat  désirant  obtenir  le  Doctorat  de  l'Université  de 
Rennes  devra  avoir  suivi  les  cours  pendant  six  semestres  (soit  trois 
années  scolaires)  dans  une  Université  ou  Ecole  supérieure,  française 
ou  étrangère;  deux  de  ces  semestres  devront  être  passés  à  l'Univer- 
sité de  Rennes  avec  présence  effective  '.  Des  dispenses  d'assiduité 
peuvent  être  accordées. 

L'examen  écrit  comporte  une  thèse  entièrement  inédite  sur  une 
des  matières  suivantes  :  philosophie,  philologie,  linguistique,  litté- 
rature, histoire,  géographie,  littérature  étrangère.  Éa  thèse  pourra 
être  rédigée  en  français,  latin,  anglais,  allemand  ou  breton. 

L'examen  oral  comporte  la  soutenance  en  français  de  cette  thèse 
et  la  réponse  à  trois  interrogations  sur  une  ou  plusieurs  des  matières 
spéciales  enseignées  à  l'Université  et  choisies  par  le  candidat. 

Le  sujet  et  le  plan  de  la  thèse  devront  être  soumis  à  l'approba- 
tion de  la  Faculté.  Le  manuscrit  de  la  thèse  sera  remis  au  doyen. 
Celui-ci  désignera  un  ou  plusieurs  professeurs  de  la  Faculté  qui 
examineront  le  manuscrit  et  décideront  si  le  travail  mérite  d'être 
imprimé  et  présenté  à  la  soutenance  publique.  Si  leur  avis  est  favo- 
rable, le  doyen  accordera  le  permis  d'imprimer.  La  thèse  sera  alors 
imprimée  et  130  exemplaires  en  seront  déposés  au  Secrétariat  de  la 
Faculté  des  Lettres. 

Droits  d'examen. 
Doctorat 200  fr.  25 

1 .  Les  droits  d'immatriculation  pour  le  doctorat  de  l'Université  sont  de 
90  francs  75  centimes.  Cette  somme  pourra  être  payée  en  trois  fois  si  le 
candidat  suit  les  cours  pendant  trois  ans,  ou  en  une  seule  fois,  si  le  candi- 
dat ne  passe  qu'une  seule  année  à  l'Université  de  Rennes. 


chronique.  497 

XVI 

Ouvrages  reçus,  dont  il  sera  rendu  compte  ultérieurement  : 

R.  Thurneysen.  Zu  irischeu  Handschrijteii  uud  LifteratiirdcuknuUeni. 
Berlin,  Weidmann,  19 12,  97  p.  4°. 

Hubert  Pierquin.  Le  poniie anglo-saxon  de  Beoiuulf.  Paris.  Picard, 
19 12.  iv-846  p.  8". 

MisceUany preaented  to  Kuxo  Meyer  by  some  of  his  friends  and 
pupils  on  the  occasion  of  his  appointaient  to  the  chair  of  Celtic 
philology  in  the  University  of  Berlin,  edited  by  Osborn  Bergin 
and   Cari  Marstrander.  Halle,  Niemeyer,  1912.  v-487  p.  8°.  lé  M. 

Georg  WiLKE,  Siidwesteuropàisehe  Megalithkultur  iind  ihre  BcTJe- 
hungen  iiini  Orient,  Wùrzburg,  C.  Kabitzsch,  191 2.  iv-i8r  p.  8°. 
7  M,  50. 

J.  \'endryes. 


PÉRIODiaUES 


Sommaire.  —  1.  Zcitschrift  iïir  celtische  Philologie.  —II.  Sitzungsheridne 
der  kôn.  pr.  Akademie  der  Wissenschafteu.  —  III  Proceedings  of  thc 
Royal IrishAcademy.  —  IV.  Gadelica.  —  V.  Zeitschrift  fur  vergleichendc; 
Sprachforschung.  —  VI.  American  Journal ofPhilology.  —  VII.  Fureteur 
breton.  —  VIII.  Annales  de  Bretagne.  —  IX.  Romania.  —  X.  Analecta 
Bollandiana.  —  XI.  Folk-lore.  —  XII.  Revue  des  Traditions  populaires.  — 
XIII.  L'Anthropologie.  —  XIV.  Praehistorische  Zeitschrift.  —  XV. 
Mannus.  —  XVI.  Beitràge  zur  Anthropologie  und  Urgeschichte  Bayerns. 
—  XVII.  Revue  Préhistorique  de  l'Est. 


I 

Le  troisième  cahier  du  tome  VIII  de  la  Zeitschrift  fur  celtische 
Philologie  est  orné  d'un  beau  portrait  de  Ludwig-Christian  Stern  ; 
et  M.  Kuno  Meyery  retrace,  p.  583-587,  la  biographie  de  son  regretté 
collaborateur. 

Le  cahier  débute  par  deux  longs  articles  de  \L  R.  L.  Ramsay, 
Théodore  of  Mopsuestia  and  Saint  Columban  on  the  Psahns  (p.  421- 
451)  et  Théodore  of  Mopsuestia  in  England  and  Ireland  (p.  452-497). 
Théodore,  évêque  de  Mo'|oj  'Ecrta  en  Syrie,  vivait  entre  350  et 
428  ;  il  est  connu  pour  avoir  écrit  à  la  fin  du  iv^  siècle  un  commen- 
tairesurles  psaumes,  conservé  fragmentairement,  dont  on  retrouve 
l'inspiration  dans  la  traduction  des  50  premiers  psaumes  en  west- 
saxon.  attribuée  à  Alfred  le  Grand.  L'esprit  qui  anime  cette  traduc- 
tion révèle  en  effet  une  liberté  d'allure,  une  fantaisie  d'interpréta- 
tion, qui  contraste  par  exemple  avec  l'orthodoxie  scrupuleuse  et 
aveugle  de  la  traduction  allemande  de  Notker.  Et  dans  les  courtes 
notices,  dont  chaque  psaume  est  précédé  dans  la  traduction  saxonne 
se  reconnaît,  plus  manifeste  encore,  l'esprit  d'indépendance  de  l'é- 
véque  syrien,  exégèle  hardi,  précurseur  du  Nestorianisme,  et  qui 
finit  par  être  condamné  au  concile  œcuménique  de  553.  Toutefois 


Périûdiqtics.  499 

il  est  certain  que  le  traducteur  saxon  ne  puisa  pas  directement  à  la 
source  originale  et  fut  hérétique  sans  le  savoir.  Il  y  eut  des  inter- 
médiaires, parmi  lesquels  le  commentaire  intitulé  In  Psahnorum 
lihnim  exegcsis,  attribué àBède(Migne,Prt//'.  Lut.,  XCIII).  L'ouvrage 
de  Théodore  eut  un  succès  considérable  ;  on  en  fit  des  versions  et 
des  adaptations  en  plusieurs  langues,  notamment  en  syriaque  et  en 
latin.  M.  Ramsay  est  d'avis  que  les  commentaires  sur  les  psaumes 
en  vieil-irlandais,  dont  nous  avons  deux  exemplaires,  l'un,  fragmen- 
taire, en  prose  (K.  Meyer,  Hiberii. Minora,  1894),  l'autre,  abrégé,  en 
vers  (id.  dans  la  Z. /.  Celt.  Phil.  I,  497  et  III,  20),  et  qui  se  rat- 
tachent tous  les  deux  au  monastère  de  Bobbio,  dérivaient  aussi  de 
l'œuvre  de  Théodore  et  ont  pu  servir  de  source  au  travail  du  tra- 
ducteur saxon.  Les  deux  articles  qu'il  publie  ont  pour  objet  de 
démontrer  cette  opinion.  Il  commence  par  établir  la  doctrine  de 
Théodore,  telle  qu'on  peut  la  reconstituer  d'après  les  fragments 
conservés  ;  puis  il  en  précise  l'influence  sur  les  textes  syriaques  et 
en  poursuit  l'extension  à  l'église  occidentale  dans  l'école  fondée  à 
Bobbio  par  Saint  Colomban  en  608.  Trois  manuscrits  provenant 
de  Bobbio,  conservés  aujourd'hui  à  Milan  et  à  Turin,  présentent 
quatre  séries  d'extraits  du  commentaire  de  Théodore.  Le  manuscrit 
de  Milan  est  celui  qui  renferme  les  précieuses  gloses  en  vieil-irlan- 
dais ;  peut-être  le  commentaire  latin  qu'il  contient  est-il  l'œuvre 
de  Saint  Colomban  lui-même.  En  tout  cas  l'influence  de  Théodore 
y  est  manifeste.  C'est  donc  par  Bobbio  que  passa  la  doctrine  de 
Théodore  pour  gagner  l'Europe  occidentale.  Une  minutieuse  ana- 
lyse de  1'///  Psahnorum  lihrum  exegesis,  des  commentaires  en  vieil- 
irlandais  cités  plus  haut  et  enfin  de  la  traduction  en  west-saxon 
permet  à  M.  Ramsay  d'en  établir  avec  certitude  la  transmission  et 
l'itinéraire  :  d'abord  l'Irlande,  et  ensuite  la  Grande-Bretagne,  où 
on  en  retrouve  encore  des  traces  au  XP  siècle,  plus  de  éoo  ans 
après  la  mort  du  grand  exégète  syrien. 

L'article  suivant  dans  la  Zeitschrift  est  consacré  au  Tochmarc  Emire 
(p.  498-524);  il  a  été  préparé  dans  les  conférences  de  M.  Thurney- 
sen,  à  Fribourg  en  Brisgau,  par  MM.  H.  Hessen  et  G.  O'  Nolan, 
et  il  est  signé  des  trois  noms.  Le  Tochmarc  Emire  «  Demande  en 
mariage  d'Emer  »,  nous  a  été  conservé  dans  plusieurs  manuscrits, 
dont  on  trouvera  l'énumération  dans  le  Catalogue  de  d'Arbois  de 
Jubainville  et  ci-dessus,  p.  37;  il  a  été  publié  par  M.  Kuno  Meyer 
dans  la  Revue  Celtique,  t.  XI,  p.  433  avec  une  traduction  anglaise, 
d'après  le  texte  du  Ms.  Rawlinson  B  512,  et,  d'après  le  texte  plus 
développé  du  Ms.  Harleian,  dans  la  Zeitschrift  fur  celtische  Philologie, 
t.  III,  p.  229.  Il  présente  cette  particularité  qu'on  y  trouve  un 
Revue  Celtique,  XXXIII.  3  3 


500  Périodiques. 

certain  nombre  de  morceaux  qui  figurent,  sous  une  forme  plus  ou 
moins  identique,  dans  d'autres  récits  épiques  du  nioyen-àge  irlan- 
dais. Une  question  de  priorité  se  pose  donc  :  est-ce  le  Tochmarc 
Emire  qui  a  servi  de  modèle  ou  qui  s'est  inspiré  des  autres  ?  Cette 
seconde  hypothèse  est  la  vraie.  Ainsi  la  description  du  palais  de 
Conchobar  dans  le  Tochmarc  Emire  (L.  U.  121a)  combme  deux 
descriptions  qui  font  partie  de  la  Fled  Bricrcnd,  celle  du  palais  de 
Bricriu  (L.  U.  99  b)  et  celle  du  palais  d'Ailill  et  Medb  (L.  U.  107 
a).  La  description  des  chevaux  et  du  char  de  CuchuUin  dans  ic 
Tochmarc  Emire  (L.  U.  122  aj  est  de  même  une  combinaison  cie 
divers  traits  empruntés  à  la  Fled  Bricreud  et  au  Siahurcharpat  ;  eniin 
ce  que  dit  le  Tochmarc  Emire  de  l'éducation  de  CuchuUin  est 
emprunté  au  Comperl  Conculaind.  Quelques  autres  détails,  relatits 
aux  noms  d'Emain  Mâcha,  de  Boand  et  d'inber  n-Ailbine,  confir- 
ment la  même  vue,  que  le  Tochmarc  Emire  est  en  grande  partie  une 
compilation. 

M.  Thurneysen  publie,  p.  525-554,  la  version  de  la  Tàin  hô  Ciiail- 
ghni  conservée  dans  le  manuscrit  H.  2.  i7(Trinity  Collège,  Dublin). 
Cette  version,  signalée  par  Nettlau  (Rev.  CelL,  XI\',  255),  a  été 
utilisée  par  M.  Windisch  pour  sa  grande  édition  de  la  Tài^i,  mais 
en  partie  seulement,  si  bien  qu'une  publication  intégrale  s'imposait. 
M.  Thurneysen  y  a  joint  une  introduction,  où  il  fixe  la  chronolo- 
gie et  le  rapport  des  manuscrits  contenant  les  diftérentes  versions 
du  text€. 

A  mentionner  enfin  dans  le  même  cahier  : 

Une  note  de  M.  Paul  Walsh  on  a  Passage  in  Serglige  Conculaind 
(p.  555);  il  s'agit  des  mots airbi  roir  (L.  U.  47  b  15  ;  Irische  Texte, 
1,  216-217)  qui  avaient  été  mal  compris  jusqu'ici  et  qui  représentent 
tout  simplement  un  nom  propre  de  lieu,  Airbe  Rofir,  en  Conaille 
Murthemne  (i?.  CelL,  XVI,  p.  47); 

Du  même  M.  Paul  Walsh  un  savant  article  sur  The  topography  oj 
Betha  Colmàin  (p.  568-582);  la  vie  de  Saint  Colman  a  été,  comme 
on  sait,  récemment  publiée  par  M.  Kuno  Meyer  (v.  ci-dessus,  p. 

357); 

De  M.  Kuno  Meyer,  une  liste  de  mots  appartenant  au  Bcrla 
nafik'd  (p.  557-558);  c'est  une  précieuse  addition  à  la  liste  publiée 
par  le  même  auteur  dans  la  Zeitschrift  fiir  celtische  Philologie,  t.  \', 

P-  490; 

Du  même,  la  continuation  des  MUieilungen  ans  irischen  Handschrif- 

ten(p.  559-565); 

Enfin  une  note,  signée  Robin  Flower,  intitulée  Irish  Commenta- 
ries  on  Martianus  Capella. 


Périodique.';.  )0i 


Sous  le  titre  Ziir  kcltischcii  irortlnnidc,  M.  Kuno  Meyer  publie 
dans  les  Sitzungsberichte  deiî  laix.  preussischen  Akademie  deu 
W'issi-xscHAFTEN,  t.  XXXMII,  1912,  p.  790-803,  Une  série  de  notes 
à  la  fois  lexicographiques  et  étymologiques  dont  voici  l'énuméra- 
tion  :  I.  Composés  du  type  dvandva  en  irlandais  (rectification  et 
addition  à  Pedersen,  Vgl.  Gr.,^  356).  —  2.  ailt  «  héros  »  (T.  B. 
C,  3270),  emprunté  au  vieil-anglais  hâkp.  —  3.  aiih-hi'n  «  Unweib  » 
L.  L.  197  a  6r.  — 4.  ampoill  Laad  610,  14  a  i,  emprunté  au  latin 
(ïiiipullii.  —  5.  aiifiia  «  tempétueux  «  sort  de  aiifétb,  forme  refaite 
de  l'ancien  tuijiid.  —  6.  ccrae  «  ennemi  »,  composé  ancien  de  *eks- 
(7/Î7/ a  un  e  bref  ;  la  forme  «rara  est  récente,  bien  qu'attestée  déjà 
dans  Sff.,  12  b  7.  —  7.  -ffuad  dans  bét-giiad  «  folie  »,  omun-gnath 
«  crainte  »  sort  de  *guùto-n  <<  [état]  habituel  »  et  répond  au  gallois 
-nod  dans  heiiit-iiod,  m.,  «  pestilence  ».  —  8.  liiiita  «  nom  d'une 
partie  de  la  rame  »  (Rawl.  B  512,  f^  76  a  2)  parait  emprunté  au 
Scandinave.  —  9.  miss-  est  attesté  au  lieu  de  mi-  devant  initiale 
vocalique  dans  miss-imhert  k  foui  play  »  R.  dit.,  X.I,  446,  2.  —  10. 
niab  «  excitation,  vigueur  »  sort  de  *)ieilw-c\.  a  comaie  correspon- 
dant le  gallois  nwyf;  en  sont  dérivés  le  verbe  niabaim  <  j'excite  » 
(gall.  Hwyfo)  et  1  adjectif  77/(7^//7<(f/;.  —  11.  dermar  (k  énorme  »  est 
la  forme  ancienne,  comme  le  prouve  l'usage  des  poètes;  deimàr  est 
postérieur  (oien  que  déjà  dansW'b.  17  b  11);  plus  tard  on  a  eu 
deniiair  et  par  dissimilation  dei  iiuiil  (mais  cuimail  de  cuvuair  ?)  ~- 
12.  Liste  de  noms  d'oiseaux  rares.  —  15.  Liste  de  noms  a'objcis  et 
instruments  agricoles.  —  14.  glegar,  glegrach  a  bruyant  ».  —  15. 
L'ogamique  Maila-giiro  est  un  génitit  de  nom  propre  comprenant 
Mailit  génitif  de  thème  en-J-,  et  giiro  génitif  du  mot  gor  «  pieux  » 
(thème  en-//-).  —  16.  cclt  n.  «  enveloppe,  vêtement  »  est  l'élément 
qui  hgure  dans  les  noms  propres  Ccitch.ir,  Môelhchclt,  Celtar,  etc. 
— •  17.  dergiiat  «  puce  »  est  un  diminutif  de  derg  x  rouge  »  ;  on  dit 
aussi  dergtiii,  a  quoi  il  faut  coni|)arer  sengàii  c  tourmi  »  de  seiig 
<(  mince  ».  —  18.  ////'/  «  loup  »  est  un  ancien  thème  en-//-  passé 
plus  tard  à  la  flexion  des  thèmes  à  dentale.  —  19.  tcii  «  arbre,  buis- 
son »  figure  dans  càir-theii  «  sorbier  »  (dont  le  gall.  cerdin,  bret. 
kcriin  serait  emprunté),  fintan  u  uinetum  »,  rôslaii  «  rosetum  », 
etc.  —  20.  iiieiimarc  «  passion  »  est  formé  de  meiime  -j-  serc.  —  21. 
acrad  (de  *ad  -\-grâd)  «  noble  »  etgràtae  «  id.  »  sont  tous  deux  for- 
més du  mol  oràd  «  rang  ».  —  22.  uirgc  n'est  pas  un  emprunt  au 
latin  «  iiirga  »,  car  il  ne  désigne  que  le  testicule.  [Ce  ne  serait  pas  une 


502  Pciiodiqucs. 

raison  pércmptoire,  car  les  noms  des  différentes  parties  honteuses 
sont  sujets  à  s'échanger].  —  23.  A  côté  de  -hion  Çxû.-he)  dans  iiidii- 
hion  (ïrl.  fidbae),  le  gaulois  possédait  un  nom  d'agent  masculin  -bios 
dans  Betu-uius([û.  Belhbe),  Lato-bi  11  s  (ïrl.  Laithbe),  Fciw-bius  ;cf.  irl. 
Artbe,  Coiibae,  Fâilbe,   Lugba.  —  24.  Noms  de  personne  gaulois 


tirés  du  orrammairien  Virgile. 


III 


Aux  Proceedikgs  of  the  Royal  Irish  Academy  (vol.  XXX,  sec- 
tion C,  n°  9,  p.  261-282,  août  1912),  M.  T.  P.O'Nolan  a  donné 
l'édition  d'un  intéressant  texte  épique  qu'il  intitule  Môr  of  Miiiisler 
aiid  the  tragic  fate  of  Cuann  son  of  Cailchin.  Ce  texte  est  conservé 
dans  trois  manuscrits,  le  Book  of  Leinster,  1°  274  a-275  b,  le  Book 
of  Fermoy,  f°  17  a,  tous  deux  de  la  Royal  Irish  Academy  et  le 
manuscrit  H.  2.  15,  de  Trinity  Collège,  p.  69.  lia  été  mentionné 
par  d'Arbois  de  Jubainville  à  la  page  20  de  son  Catalogue  (y.  aussi 

P-  37)- 

Môr  de  Munster  (Môr  Muman)  était  fille  d'Aed  Bennan,  roi  d'ir 

Luachair;  victime  d'une  malédiction,  elle  quitte  la  maison  pater- 
nelle, erre  à  travers  l'Irlande  pendant  deux  ans  et  à  la  suite  d'une 
romanesque  aventure  devient  la  femme  de  Fingen,  roi  de  Cashel. 
Après  la  mort  de  Fingen,  elle  se  réfugie  auprès  de  Cathal,  roi  de 
Glendomuin;  là  elle  retrouve  une  sœur  à  elle,  Ruithchern,  qu'elle 
fait  épouser  à  Lonân,  fils  de  Findech,  vassal  de  Cathal.  Cuanu  fils 
de  Cailchin  ayant  attaqué  Loncàn  et  ayant  enlevé  Ruithchern,  Lonân 
poursuivit  le  ravisseur  avec  son  armée,  le  vainquit  et  lui  coupa 
la  tète.  C'est  tout  le  sujet  du  récit;  on  voit  qu'il  manque  d'unité. 
En  outre,  bien  que  les  héros  qu'il  met  en  scène  soient  historiques 
et  cités  dans  les  Annales,  qui  les  rapportent  au  vif  siècle,  plusieurs 
détails  font  allusion  à  des  événements  ou  à  des  personnages  que 
nous  connaissons  mal.  La  langue  y  est  en  outre  peu  nette;  surtout 
dans  les  parties  en  vers,  les  difficultés  n'y  manquent  pas.  On  y 
trouve,  comme  cela  arrive  fréquemment  dans  les  récits  épiques,  un 
curieux  mélange  de  formes  récentes  et  d'archaïsmes  ;  quelques  rare- 
tés aussi,  notamment,  §§  2  et  9,  l'impératif /ôi,  le  subjonctif-/ofl 
(2«  sg.)  et  les  futurs  -faifem  et  fïbtbair  (impers,  pass.)  du  verbe 
foaiin  V  je  dors  »  (Thurneysen,  Hdb.,  I,  402).  A  signaler  encore  : 
avec  le  ro  de  possibilité,  iii-f-r-icfam  «  nous  ne  pourrons  te  guérir  » 
(^  10)  ;  les  formes  fothe  «  sous  elle  »  et  iiastu  «  au-dessus  d'eux  » 
(§  i),  dont  la  dentale  appartient  à  l'irlandais  moyen  (et.  R.  CelL, 
XXXI,  p.  103, 1.  42);  les  mots  michair  a  aimable  »,  slabra  «  bétail  » 


Périodiques.  505 

(ci'.  L.  U.  61  a  6,  62  b  52,  85  1133),  trel!  «  espace  de  temps,  moment, 
occasion  ».  M.  O'  Nolan  a  joint  au  texte  irlandais  une  traduction 
anglaise,  des  notes  historiques  et  un  index  des  principaux  mots. 
Sur  quelques  points,  il  ne  nous  paraît  pas  avoir  trouvé  la  vérité. 
Nous  lui  soumettrons  notamment  les  observations  suivantes  : 

'^  2,  hi  ccrlih  7  loihruih  est  traduit  par  «  in  rags  and  marshes  ». 
Le  Book  of  Fermov  porte  hi  ccrdchih  lolbrai.  On  peut  combiner  les 
deux  textes  et  lire  /.'/  ccrdchih  7  Jolhruih  ;  le  dat'iï cenlchil)  (ou  cerichih) 
appartient  au  mot  crrddcha  «  a  forge,  smithv,  work-shop  »  (K. 
Mever,  (AVilr.  p.  349),  et  lolhniib  vient  de  lolhiir,  lolhor  qui  désigne 
un  endroit  où  on  lave  (cf.  Wd.,  JFIh.  669-670).  11  est  fait  allusion 
ici  aux  occupations  serviles  auxquelles  iMôr  était  contrainte  de  se 
livrer. 

j  2,  hiditecen  «  il  te  sera  nécessaire,  tu  seras  forcé  »  est  interprété, 
p.  279,  covcivaç-hid-ld^^it-ecen.  Mais  dans  les  tours  de  ce  genre,  c'est 
le  pronom  infixe  de  la  première  classe  qui  est  d'usage  aux  deux  pre- 
mières personnes,  et  celui  de  la  seconde  classe  seulement  à  la  troi- 
sième personne  (v.  Thurnevsen,  p.  257,  §  426)  :  cf.  is-im  écen  L. 
U.  57  a  39,  is-iiu  cgeii  L.  U.  73  b  15,  is-cim  cceiiL.  L.  71  b  50,  mad- 
it  écen  L.  L.  85  b  41.  Si  on  Ihiii-dal  inebair-siii  «  as-tu  souvenir?  » 
L.U.  84  a  46,  c'est  qu'après  l'interrogatif  la  proposition  est  géné- 
ralement relative,  car  la  réponse  est  is-aiii  mchair.  Il  suffisait  donc 
ici  de  couper  hid-it-éccii. 

'l  5 .  M.  O'  Nolan  a  été  embarrassé  par  le  mot  ciammatâi  (cid  imatai 
F.);  il  en  fournit  dans  son  lexique  (p.  278  et  p.  279)  deux  interpré- 
tations diftérefites,  qui  ne  satisfont  ni  l'une  ni  l'autre.  Si  la  bonne 
leçon  est  cid  immatai,  nous  devons  avoir  affaire  ici  à  la  préposition 
inim-  suivie  du  pronom  relatif  et  de  la  2^  pers.  sg.  du  verbe  subs- 
tantif. Comparer  incest  immaiiï  «  the  queston  wich  I  am  »  (R.  CelL, 
XIV,  451,  1.  20  =  Fled  Bricrend,  §  93).  Cid  immatai  a  Ruithchenid 
signifie  tout  simplement  «  à  quoi  t'occupes-tu  ?,  où  va  ta  pensée, 
ô  Ruithchern  ?  » 

511.  Dans  olc  séii  iiarc  ar  dothi,  il  faut  sans  doute  considérer  uare 
comme  la  conjonction,  et  dés  lors  ardotbi  doit  être  écrit  en  un  seul 
mot,  comme  une  forme  du  verbe  arhciiim.  On  attendrait  arothi  sans 
d  ;  mais  ar-dot-bi  pourrait  être  analogique  des  cas  où  le  préverbe 
admet  la  deuxième  classe  des  pronoms  infixes,  et  provenir  en  même 
temps  d'une  confusion  avec  le  verbe  dohenim.  Pour  le  sens  de  olcsén, 
d.  olc  îith,  Rcv.  Celt.,  XXXI,  303,  n.  8. 

P.  268,  nochar  èr  jilid  fa  crada  who  did  not  refuse  a  poet  as  con- 
cerns  a  reward  »  ;  c'est  le  mot  crod  «  bétail,  richesse,  trésor  »  (K. 
Meyer,  Contr.,  p.  525),  qui  a  pris  le  sens  de  «  salaire  »,  exactement 
comme  l'anglais /ee  (cf.  ail.  Vich). 


504  Périodiques. 

Dans  les  mêmes  Proceedixgs  (vol.  XXX,  section  C,  n"  n,  p- 
307-526,  septembre  1912),  M.  Mario  Esposito  traite  de  The  carliest 
Latin  Jife  of  St.  Brigid  of  Kihiare.  Cette  vie,  dite  vie  de  Cogitosus 
(cf.  Hermathcua,  W,  p.  353  ;  XVI,  p.  62  et  329),  n'a  pas  été  réédi- 
tée depuis  les  Bollandistes  (1658).  Elle  ne  le  sera  probablement  pas 
de  sitôt.  Celui  qui  entreprendra  le  travail  devra  en  eft'et  collationner 
un  nombre  considérable  de  manuscrits,  56  au  compte  de  M.  Espo- 
sito, qui  n'est  pas  sur  de  les  connaître  tous.  Et  ces  manuscrits  sont 
dispersés  à  travers  l'Angleterre  et  le  continent;  il  y  en  a  18  à  Paris 
(dont  14  à  la  Bibliothèque  Nationale)  et  9  à  Rome,  mais  on  en 
trouve  aussi  dans  plusieurs  villes  de  France,  à  Angers,  Auxerre, 
Cambrai,  Douai,  Orléans,  Reims,  Rouen,  \'alenciennes,  en  Bel- 
gique, en  Allemagne,  et  jusqu'en  Basse-Autriche  (Heiligenkreuz, 
Lilienfeld,  Melk,  Zwettl)  et  en  Styrie  (Admont).  M.  Esposito  donne 
de  ces  manuscrits  une  courte  description  ;  il  y  joint  quelques  notes 
sur  le  texte  même  de  la  Vie  et  sur  l'auteur,  Cogitosus,  dont  le  nom 
est  sans  doute  une  simple  traductio:.  de  l'irlandais  et  qui  est  vrai- 
semblablement identique  au  Cogitosus  père  de  ce  Muirchu,  qui 
écrivit  la  Vie  de  saint  Patrice  vers  699  (Wh.  Stokes,  Trip.  Life,  II, 
p.  269).  Tous  ces  renseignements  seront  fort  utiles  à  celui  qui  réé- 
ditera la  Vie  de  sainte  Brigitte  ;  mais  c'est  une  tâche  ingrate  et 
pénible,  devant  laquelle  iM.  Esposito  lui-même,  effravé.  recule. 

IV 

Le  deuxième  numéro  de  Gadelica  (tome  I")  débute  par  un 
article  de  grammaire.  M.  O.  J.  Bergin  y  étudie  «  the  Imperative 
2  plural  in  -igl  »  (p.  73-78).  Telle  est  la  désinence  régulière  de 
l'irlandais  moderne.  Successivement,  M.  Cx^\g(Grammar  [1900] 
p.  78),  M.  Quiggin  (^A  Dialect  of  Doiiegaî,  p.  140),  L.  Chr.  Siern 
(Z.  /.  ceît.  Phil.,  V,  277)  et  M.  O'Maille  (Eriu,  V,  45)  ont  essayé 
de  l'interpréter.  M.  Bergin  prouve  sans  peine  que  leurs  hypothèses 
ne  tiennent  pas,  et  il  porte  la  question  sur  son  vrai  terrain,  qui  est 
le  terrain  dialectal.  Il  montre  d'abord  que,  dialectalement,  la  dési- 
nence; -igl  n'est  pas  la  seule  et  que  dans  plusieurs  régions  d'autres 
désinences  sont  encore  ou  ont  été  employées  à  sa  place  ;  elle  a  donc 
bénéficié  d'une  extension  analogique.  Remontant  plus  haut  dans 
l'histoire,  il  montre  qu'elle  est  partie  du  verbe  substantif,  pour 
lequel  «  blgl,  written  bigidh,  highidh  or  bighidh,  was  the  prevailing 
form  in  the  Midlands  as  early  as  the  latter  half  of  the  sixteenth 
century  »  .  Et  là,  dans  le  verbe  substantif,  elle  est  le  résultat  d'une 
contamination  de  bithi  {bihi),  2"=  pers.  pi.  du  subjonctif,  et  de  bidh 
{blg),  2^  pers.  pi.  de  l'impératif. 


Périodiques.  505 

Le  même  M.  Bergin  continue  p.  127-131  son  édition  du  Pairle- 
mevt  Chhinue  Totnais. 

M.  J.  H.  Llovd,  le  collaborateur  de  M.  Berg[in  et  de  Miss 
Schoepperle  dans  les  articles  que  la  Revue  Celliqne  a  publiés 
ci-dessus,  étudie  p  83-100  «  Diarmuid  and  Graitiiie  as  a  folk- 
tale  ».  11  part  du  fait  qu'aujourd'hui  encore,  dans  les  parties 
de  l'Irlande  où  l'on  parle  irlandais,  les  mots  kaba  Dhiarmuda 
agus  Gbrâiiiiie  «  lit  de  D.  et  G.  »  désignent  communément  un 
cromlech,  pour  montrer  à  quel  point  la  légende  est  devenue  popu- 
laire. Mais  l'objet  propre  de  son  article  est  de  publier  une  version 
de  cette  légende,  recueillie  à  Coolea,  près  Ballyvourney,  G"  Cork, 
delà  bouche  d'un  «  excellent  shanachie  »,  Humphrey  Lynch,  à  la 
requête  de  Miss  Schoepperle. 

M.  Douglas  Hyde  établit,  p.  79-82,  une  liste  de  substantifs  ter- 
minés en -rtî5/^  -isfc.  Ce  sont  tous  des  mots  empruntés,  soit  ancien- 
nement au  franco-normand,  soit  plus  tard  au  moyen-anglais.  Le 
plus  commun  est  pais fe  «  a  child  »  du  français  «  page  »;  mais  on 
a  aussi  hagàiste  «  bagage  »,  corâiste  «  courage  »,  sâiste  «  sauge  », 
damàistc  «  dommage  »,  cahhâiste  angl.  «  cabbage  »,  huiitâisfe  «  avan- 
tage v,  pasâis  le  «  passage  »,  locàiste  «  a  réduction  ot  rent  »,  angl. 
dial.  «  lackage  »,  coJàistc  «  collège  »,  urlàiste,  «  horloge  », 
paràisie  «  paroisse  »,  orâistc  «  'orange  »,  pâiste  angl.  «  a  patch  », 
niistc  angl.  «  wretch  »;  sgraiste  angl.  «  scratch  »,  laisie  angl. 
<'  latch  »,  lôisie  angl.  «  slouch  y,,  prôiste  «  a  process  »,  coiste  angl. 
«  quest  »,  smisfe  angl.  r^a  smytch,  chit,  impudent  boy  »,  cisie  angl. 
«  keech  »,  hrisie  angl.  «  breeches  »  ;  M.  Douglas  Hvde  a  joint  à 
cette  liste  :  ciste  emprunté  du  latin  (^cista)  ou  du  Scandinave  (kisf), 
siiiste,  V.  irl.  siiist,  du  latin  fiistis,  et,  je  ne  sais  pourquoi,  gaiste,  v. 
irl.  gais  le  (Ml.  24  b  10)   «  piège  »,  qui  paraît  bien   indigène. 

A  signaler  enfin  :  an  tJthair  Eôghau  O'Caoimh,  a  hheatha  agiis  a 
sbaothar  (le  père  E.  O'Caoimh,  sa  vie  et  ses  œuvres),  par  Tôrna 
(suite)  ;  A  Soiig  by  Richard  Barret,  par  T.  F.  O'Rahilly  ;  une 
note  de  M.  Paul  Walsh  ou  soiiie  Irish  adverbs  (p.  132)  et  une  autre 
(p.  134)  de  M.  P.  S.  Dinneen,  sur  le  mot  alfraiis  «  a  scold, 
abarge,  a   rough  fellow  »,  presque    «  a  rogue,  au  upright  man  ». 


V 

On  trouvera  dans  le  tome  XLV  de  la  Zeitschrift  fur  ver- 
GLEiCHENDE  Sprachforschuxg  (2^^  Cahier,  p.  1 38-146)  un  article 
intitulé  c<  Altirisch  ass{a)e  und  die  Pràposition  cr 


5oé  Périodiques. 

Julius  Pokorny.  L'adjectif  rti5(rt)e  «  facile,  aisé  »  n'a  pas  encore  reçu 
d'explication  étymologique  satisfaisante,  malgré  deux  suggestions 
de  Whitley  Stokes  (v.  Ktihns  Zeitschrift,  XXXVIU,  p.  4^9).  M. 
Pokorny  propose  un  primitif  *ad-sta-yo-,  de  la  racine  *sthâ-;  soit 
quelque  chose  comme  «  adponendus  »,  au  sens  de  «  mis  sous  la 
main,  facile  à  atteindre  ».  Et  cela  le  conduit  à  rechercher  l'origine 
du  vocalisme  singulier  des  composés  irussa,  aurussa,  urussa.  Un 
viendrait,  suivant  lui,  de  la  préposition.  Déjà  M.  Thurneysen  avait 
supposé  ÇHdb.,  I,p.  455)  qu'il  y  avait  eu  en  irlandais  confusion  de 
deux  prépositions  différentes  :  air-  de  *[p]are-  et  ir-  de  *[p]erô-. 
M.  Pokorny  reprend  cette  hypothèse  à  son  compte;  il  la  précise,  la 
développe  eten  poursuit  toutes  lesconséquences.  Pour  lui,  les  formes 
er,  fret  îvrque  revêt  la  préposition  sont  dues  aux  traitements  différents 
de  l'ô  long,  suivant  qu'il  était  final  ou  intérieur,  et  aussi  suivant  la 
date  des  composés.  Tout  cela  est  plausible;  mais  les  constructions 
de  M.  Pokorny  sont  toujours  un  peu  laborieuses  et  sentent  l'arti- 
fice. Il  raisonne  par  exemple  comme  si  l'alternance  ai  :  e  n'était 
attestée  que  dans  la  préposition  air  ;  il  y  en  a  quelques  autres 
exemples,  sur  lesquels  on  aimerait  à  avoir  son  avis.  Que  iruth 
«  grande  terreur  »  doive  son  u  à  la  préposition,  est  une  hypothèse 
bien  hardie  ;  il  est  une  explication  plus  simple,  c'est  que  le  mot 
ôth,  ùath  est  vraisemblablement  un  ancien  thème  en  -in-. 


VI 

Il  est  çà  et  là  question  du  celtique  dans  l'article  de  M.  Prokosch, 
Phonetic  tendencies  in  the  indo-european  coiisouaiit  svsteni,  que  publie 
I'American  Journal  of  Philology,  t.  XXXIII,  n°  2,  avril-juin 
1912,  p.  195-202,  M.  Prokosch  a  fait  une  grande  découverte  : 
c'est  que  l'évolution  du  système  phonétique  est  dominée  par  cer- 
taines tendances  qui  varient  suivant  les  langues,  et  que,  en  grou- 
pant les  langues  indo-européennes  d'après  les  tendances  qu'elles 
manifestent,  on  peut  établir  certaines  répartitions  dialectales  inté- 
ressantes. Évidemment,  M.  Prokosch  ignore  les  linguistes  français, 
qui  depuis  de  longues  années  enseignent  comme  vérité  courante 
la  découverte  dont  il  se  pique  ;  il  n'a  pas  lu  le  livre  que  M.  Meillet 
a  écrit  sur  les  Dialectes  indo-européens  où  il  aurait  trouvé  un  déve- 
loppement lumineux  de  l'idée  qui  vient  de  surgiren  lui.  Ne  soyons 
pas  sévères  pour  cettecandide  ignorance;  ce  n'est  pas  son  moindre 
défaut.  Suivant  lui,  les  linguistes  n'ont  été  préoccupés  jusqu'ici 
que  d'établir  des  faits  ;  il  leur  reste  à  les  coordonner  pour  en  déga- 


Périodiques.  507 

ger  des  lois  générales,  faute  de  quoi,  ils  encourront  le  reproche  de 
Méphistophelès  à  Faust  : 

Dana  hat  er  die  Teile  in  seiuer  Hand, 
Fehlt  leidernur  der  geistige  Band. 

Ce  lien,  il  est  dans  la  constitution  d'une  phonétique  générale,  qui 
utiliserait  les  données  des  diverses  langues  et  déterminerait  les  ten- 
dances de  chacune;  on  reconnaîtrait  alors  que  depuis  l'époque 
indo-européenne,  l'évolution  de  chaque  langue  est  remarquable- 
ment régulière  et  manifeste  l'action  continue  de  certaines  tendances 
identiques.  Si  l'évolution  parait  brisée,  si  une  tendance  se  substitue 
à  une  autre,  c'estqu'une  langue  nouvelle  se  développe  sur  le  fonds 
ancien  d'une  autre  langue.  Ainsi  dans  les  parties  de  l'Allemagne 
du  Sud,  anciennement  habitées  par  les  Celtes,  l'allemand  mani- 
festerait des  tendances  qui  ne  sont  pasgermaniques,  mais  celtiques. 
Nous  ne  discuterons  pas  aujourd'hui  ces  théories,  d'ailleurs  en 
partie  parfaitement  justes.  M.  Prokosch  ne  nous  présente  encore 
qu'un  programme  général,  assez  succinct.  Mais  il  se  réfère  à  deux 
articles,  qu'il  a  en  préparation  et  dont  les  titres  sont  pleins  de  pro- 
messes. Attendons-le  aux  réalisations. 

VII 

Le  Fureteur  Breton  poursuit  avec  succès  ses  enquêtes  et  ses 
recherches.  Dans  le  numéro  43,  t.  VII,  p.  209-213  (août-septembre 
191 2),  M.  Le  Braz  publie  un  joli  article  sur  la  conteuse  Lise  Rel- 
iée (v.  ci-dessus,  p.  492). 

VIII 

Dans  les  Awales  de  Bretagne  (t.  XXVII,  n"  3,  avril  1912), 
M.  Yves  Le  Diberder  publie  une  série  de  notes  Pour  servir  à  l'é- 
tude de  «  La  Légende  de  la  Mort  »  (p.  415-446).  Ce  sont  d'utiles 
documents,  qui  s'ajoutent  au  livre  de  M.  Le  Braz.  M,  Le  Diberder 
les  a  recueillis  dans  le  Pays  de  Vannes  et  il  a  soin  d'en  donner, 
s'il  y  lieu,  ce  que  M.  Le  Braz  n'a  pas  fait,  les  originaux  bretons, 
bretons  vannetais  naturellement.  A  recommander  aux  folkloristes 
et  aux  philologues. 

Dans  le  même  périodique,  M.  G.  Esnault  poursuit  son  enquête 
sur  la  vie  du  poète  Le  Laé  (p.  449-466):  l'enfance  et  les  années  de 
collège. 

Le  cahier  n°  4  (juillet  1912)  du  tome  XXVII  du  même  pério- 
dique contient  du   même   Le  Laé  un  conte  en   vers  français,    en 


)08  Périodiques. 

style  de  Marot,  «  Les  trois  Bretons  »,  édité  par  M.  G.  Esnault 
(p.  645-655).  Notre  savant  collaborateur,  M.  Louis  Gougand, 
V  donne  un  substantiel  article  sur  la  Soiile  en  Bretagne  et  les 
jeux  similaires  du  Cornwall  et  du  Pays  de  Galles  (p.  571-604),  et 
M.  Daniel  Bernard  v  publie  deux  Écrits  de  propagande  en  langue  bre- 
tonne, datés  de  janvier  1789,  une  «  Circulaire  aux  Bas-Bretons 
des  environs  de  duimper  sur  les  demandes  à  soumettre  dans  l'in- 
térêt du  peuple  »  et  la  traduction  de  la  «  Déclaration  de  l'ordre  de 
la  noblesse  »  (p.  605-613);  M.  P.  Le  Roux  a  joint  à  cette  publica- 
tion une  note  sur  la  langue. 

J.  Vkkdryes. 

IX 

Dans  la  Roman'ia,  t.  XLI,  n"  162,  on  lira  avec  intérêt  une  étude 
de  M.  H.  Hauvette  sur  la  39»^  Nouvelle  du  Décaméron  et  la  légende 
du  cœur  mangé.  On  trouvera  posée  là  une  fois  de  plus  la  question 
de  l'origine  des  contes  de  notre  Moyen-Age  occidental  et  de  leurs 
rapports  avec  les  contes  de  l'Inde. 

X 

Dans  les  Axalecta  Bou.a-xdiaxa,  t.  XXXI,  fasc.  I,  p.  88, 
signalons  un  court  mais  intéressant  compte  rendu  de  l'ouvrage  de 
M.  Max  von  Wulf,  Ueher  Heilige  und  Heiligeiiverehrung  in  den 
ersten  christlichen  Jahrhunderlen.  L'auteur  du  compte  rendu,  le  R. 
P.  Delehaye,  insiste  sur  cette  idée  que  le  culte  des  saints  est  sorti 
du  culte  des  martyrs.  Dans  les  fasc.  2-3  un  juste  et  émouvant 
hommage  est  rendu  au  très  regretté  P.  Poncelet,  dont  la  perte, 
déjà  annoncée  par  la  Revue  Celtique  a  privé  l'hagiographie  d'un  de 
ses  plus  éminents  représentants. 

XI 

Dansles  numéros  i  et  2  du  tome  XXlIIdu  Folklore  M.  Westropp 
achève  son  utile  et  précise  description  du  folklore  du  comté  de  Clare. 
Les  restes  de  forts  que  l'on  retrouve  dans  ce  pays,  débris  de 
murailles,  levées  de  terre,  fossés,  ont  appartenu  autrefois  à  d'an- 
ciennes résidenees  ou  quelquefois  à  d'anciennes  sépultures.  Ces 
ruines  forment  le  sujet  d'un  grand  nombre  de  traditions  et  de 
contes  :  Croaghateeaun  près  de  Ballinalacken  a  appartenu  aux 
Tuatha  De  Danann,  tandis  qu'Oisin  passe  pour  avoir  vécu  à  Caliç- 


Périodiques.  $09 

russhct'n,  et  que  la  rOsidcnce  dos  Fenians  est  placée  par  la  légende 
au  grand  fort  de  pierre  de  Turlough  Hill.  D'autres  forts  ont  une 
origine  plus  récente  :  certains  sont  attribués  au  roi  Brian  Boru 
(vers  Tan  1000),  d'autres  au  ni  Conor  na  Suidaine.  L'église  de 
Clonlea  a  changé  de  place  pour  venir  occuper  son  actuel  empla- 
cement. Le  roi  Conor  na  Suidaine  a  fait  périr  des  ouvriers  qui 
avaient  bâti  l'abbaye  de  Corcomroe,  de  crainte  de  voir  construire 
ailleurs  un  aussi  bel  édifice.  Au.k  tours,  aux  croix,  aux  souterrains 
sont  attachés  des  récits  et  des  interdictions.  Dans  tous  ces  lieux 
sont  fréquemment  cachés  des  trésors.  On  notera,  p.  21  3,  un  curieux 
tabou  du  mariage  :  les  jeunes  mariés  ne  doivent  pas  aller  à  la 
messe  le  premier  dimanche  qui  suit  la  célébration  du  mariage.  Au 
terme  de  cette  très  consciencieuse  étude  tous  les  folkloristes 
remercieront  M.  Thos.  J.  Westropp  et  souhaiteront  avec  lui  que 
son  exemple  suscite    beaucoup   d'études  analogues. 

XII 

La  Revue  des  Traditioxs  Populaires  contient  comme  toujours 
des  notes  intéressantes  pour  nos  études.  On  trouvera  en  particulier 
dans  le  n°  8  du  tome  XXVII  un  petit  conte  recueilli  par  M.  Henri 
Genêt  et  intitulé  :  Le  fils  du  roi  de  Brest.  Dans  ce  même  numéro 
M.  Cosquin  commence  une  série  importante  d'articles  sur  les 
Mongols  et  leur  prétendu  rôle  dans  la  transmission  des  contes 
indiens  vers  l'Occident  européen. 

Jean  Marx. 

XIII 

M.  J.  Déchelette  nous  donne  dans  LAxthropologie,  1912,  n°  i, 
p.  29  sqq.,  Une  nouvelle  iiiterprélafion  des  gravures  de  Neiu  Grange 
et  de  Gavr'inis.  Elle  diffère  considérablement  de  celle  qu'a  propo- 
sée AL  Coffey,  dans  le  livre  dont  la  Revue  Celtique  a  rendu  compte 
(v.  ci-dessus,  p.  123-127).  Les  spirales  accouplées  de  New  Grange, 
les  arcs  concentriques  de  New  Grange  et  de  Gavr'inis  sont  pour 
M.  Déchelette  des  paires  d'yeux.  Ces  yeux,  stylisés,  répétés  à  l'in- 
fini, sont  ceux  d'une  idole,  dont  la  figure  n'est  pas  toujours  aussi 
décomposée.  On  la  rencontre  sur  les  parois  des  chambres  funé- 
raires de  la  vallée  du  Petit-Morin  et  de  quelques  mégalithes.  Les 
figures  du  dolmen  des  Pierres-Plates  à  Locmariaquer  servent  d'in- 
termédiaires. Le  cylindre  en  calcaire  de  Folkton-\\'old,  oi^i  l'image 
est  fort  lisible,  tait  penser  à  quelques  cylindres  et  plaquettes  gravées 


5  lo  Périodiques. 

ibériques  et  celles-ci  sont  les  proches  parentes  des  idoles  égéennes 
en  forme  de  violon.  L'idole  était,  semble-t-il,  tatouée.  Le  tatouage 
s  est  développé  suivant  un  rythme  qu'explique  l'auteur,  en  lignes 
de  chevrons,  de  triangles  et  de  losanges,  dont  il  reste  quelque  trace 
à  New  Grange.  A  Gavr'inis  on  voit  autre  chose  :  c'est  la  hache, 
dont  les  Grottes  du  Petit-Morin  présentent  des  images  bien  plus 
nettes. 

j'accepte  sans  aucune  réserve  l'interprétation  de  M.  Déchelettc, 
ayant  d'ailleurs  enseigné,  il  y  a  dix  ans.  à  l'Hcole  des  Hautes 
Etudes,  que  les  écussons  des  mégalithes  bretons  sont  des  tigures 
humaines  déformées.  J'aime  moins  les  considérations  générales, 
par  lesquelles  il  termine,  sur  la  spécialisation  du  sexe  de  l'idole 
primitive  et  la  parenté  proche  qui  unirait  les  dieux  asiatiques  qui 
portent  la  double  hache  aux  frappeurs  celto-germaniques;  le  mail- 
let de  Sucelhis  n'est  ni  une  hache,  ni  une  double  hache  et  les  for- 
gerons celtiques,  ses  frères, ne  sont  pas  des  dieux  de  la  foudre. 

Gavr'inis  diffère  par  ses  gravures  des  autres  monuments  bretons  et 
rappelle  New  Grange.  M.  Déchelette  y  voit  l'effet  d'un  retour  d'ac- 
tion britannique  ou  irlandaise  vers  l'Armorique,  dont  les  débuts  de 
l'âge  du  bronze  offrent  plus  d'un  témoignage.  Mais  ce  que  cette 
étude  met  une  fois  de  plus  dans  une  excellente  lumière,  c'est  la 
parenté  de  tous  ces  monuments,  irlandais,  britanniques  et  armori- 
cains, avec  quelques  pièces  caractéristiques  de  la  civilisation  ibé- 
rique du  même  temps  ou  d'avant,  civilisation  dont  les  affinités 
méditerranéennes  ne  sont  pas  plus  contestables.  Nouvelle  preuve 
des  relations  que  les  pays  occupés  par  les  Celtes  à  l'extrême  Occi- 
dent de  l'Europe  ont  eues  avec  l'Espagne  et  le  Sud,  mais  cela  cer- 
tainement avant  l'établissement  des  Celtes. 


XIV 

M.  A.  Schliz  fait  part  à  la  Praehistorische  Zeitschrift  de  ses 
études  anthropologico-ethnologiques  ÇBeilrâgc  fiir  prdhistorische 
Ethnologie,  1912,  p.  36  sqq.).  11  traite  cette  fois-ci  des  Italiotes 
énéolithiques  de  Remedello  et  de  leurs  contemporains  rhénans  et 
bavarois,  de  l'Adlerberg  (près  de  Worms)  et  de  Straubing.  Parmi 
les  premiers,  il  reconnaît  des  dolichocéphales  alpins,  issus  d'an- 
ciennes populations  de  l'Europe  centrale  ;  parmi  les  autres,  des 
brachvcéphales  occidentaux,  qui  seraient  venus  combler  le  vide 
laissé  au  sud-ouest  de  l'Allemagne  par  des  tribus  émigrées.  Là-des- 
sus il  construit.  Il  reporte  à  la  fin  des  temps  néolithiques  et  aux 
premiers  débuts  de  l'âge  du  bronze  l'immigration  des  peuples  indo- 


Périodiques.  )lt 

européens  occidentaux,  Celles  et  Italiotes,  en  France  et  en  Italie 
ainsi  quela  diftérenciation  de  leurs  langues.  iM.  Schliz  ne  paraît  pas 
encore  aussi  familier  avec  les  aspects  de  l'archéologie  italienne 
qu'avec  ceux  de  l'allemande  ;  quant  à  la  France,  il  semble  encore 
se  contenter  de  ses  hypothèses.  Ses  conclusions  sont  à  mon  avis 
sujettes  à  caution.  Mais  il  présente  des  faits  qu'il  groupe  avec 
méthode  et  qu'il  impose  à  la  réflexion.  Il  faudra  que  les  anthropo- 
logues l'écoutent  et  lui  répondent,  si  l'image  qu'il  nous  donne  des 
groupes  sur  lesquels  porte  son  étude  est  incomplète.  Nous  autres 
archéologues  et  linguistes,  nous  lui  répondrons  que  la  carte  des 
t3'pes  humains  et  celles  des  langues,  des  civilisations  et  des  peuples 
ne  coïncident  pas  nécessairement,  que  leurs  variations  ne  sont  pas 
nécessairement  homologues.  Sur  les  mouvements  préhistoriques 
des  peuples  indo-européens  les  anthropologues  ne  nous  donneront 
jamais  que  des  lumières  imprécises. 

M.  Reginald  A.  Smith  signale  dans  un  article  sur  le  Progress  of 
Prehistory  in  England  i^iolii  (p.  170),  la  découverte  de  tombeaux 
belges  à  Welwyn,  Hertfordshire,  à  30  km.  de  Londres,  contenant 
des  urnes  funéraires  du  type  balustre,  deux  sortes  de  chenets  com- 
posites, des  amphores  italiques,  des  gobelets  d'argent  de  forme 
classique  et  des  bronzes  capouans.  Ces  objets  vont  être  publiés  dans 
V  Archaelogia. 

Plus  loin  (p.  227),  M.  Scliliz,  continuant  la  polémique,  que  j'ai 
résumée  dans  un  récent  compte  rendu  de  Maniius  (t.  III,  p.  31e 
sqq.),  réplique  à  M.  Kossinna.  Il  maintient  sur  toute  la  ligne  ses 
affirmations  et  nie,  entre  autres  choses,  que  les  Bohémiens  de  la 
civilisation  d'Aunjetitz  soient  la  souche  commune  des  Celtes,  Ita- 
liotes et  Illyriens.  L'article  dont  je  viens  d'indiquer  le  sujet  cons- 
titue une  affirmation  plus  topique  et  plus  précise  des  thèses  de 
M.  SchHz. 

XV 

Le  D'' Hahne  traite  dans  Maxxus,  1912,  p.  70  (Dritfe  Haiiptver- 
saiiimlinig  der  deutschen  Gcsellscbafl  fi'ir  Vorgeschichlc)  d'un  croissant 
d'or  trouvé  à  Schulenburg,  cercle  de  Marienborg.  C'est  le  premier 
de  ces  croissants,  qui  sont  des  hausse-cols  ou  des  diadèmes,  qu'ait 
iourni  l'Allemagne.  11  se  joint  à  la  courte  liste  des  croissants  d'or 
continentaux,  témoignage  de  l'importation  britannique  d'objets 
de  civilisation  qui  se  produisit  au  début  de  l'âge  du  bronze,  avant 
le  temps  où  les  peuples  et  la  civilisation  du  continent  se  mirent  à 
rejaillir  vers  les  Iles  Britanniques.  —  M.  G.  Schwantes  (p.  149),  à 


5i2  *     Périodiques. 

propos  d'une  dispute  de  priorité,  résume  et  explique  le  système 
des  étages  chronologiques,  qu'il  distingue  dans  la  civilisation  du 
X.-O.  de  l'Allemagne  après  l'âge  du  bronze,  et  publie  une  intéres- 
sante correspondance  qu'il  eut  à  ce  sujet  avec  J.  Mestorf. 

M.  G.  Kossinna,  en  malmenant  ce  pauvre  M.  Schliz,  ajoute 
quelques  mots  à  son  tableau  ethnographique  de  l'Europe  à  l'âge  du 
hromo.  {Zur  dlieren  Bron\e\eit  Mitteleiiropns,  II,  p.  173).  Il  y  répète 
que  les  Celtes  sont  une  aile  occidentale  détachée  par  les  peuples 
du  vocable  d'Aunjetitz.  L'aile  orientale  est  illvrienne.  M.  Kossinna 
s'occupe  entre  autres  choses  de  certaines  cruches  qui  caractérisent 
les  restes  de  l'une  et  de  l'autre.  Les  celtiques  se  reconnaissent  à  un 
décor  de  coches  et  d'entailles  que  ne  présentent  pas  les  illyriennes. 
Préoccupé  des  Celtes  et  des  Illvriens,  M.  Kossinna  ne  voit  qu'eux 
en  ce  moment  et  désigne  comme  «  Urkelten  »  les  premiers  habi- 
tants des  terramares  d'Italie,  qu'il  suppose  d'ailleurs  Italiotes.  Que 
diront  les  linguistes  de  cette  façon  de  concevoir  la  parenté  des 
Celtes  et  des  Ombro-Latins  ?  M.  Kossinna  en  a-t-il  consulté  ? 

XVI 

M.  H. -A.  Ried  décrit  dans  les  Beitrage  fur  Anthropologie 
UXD  Urgeschichte  Bayerxs,  t.  XMII,  1911,  p-  114  sqq.,  deux 
tumulus  de  l'âge  du  bronze,  fouillés  près  d'Unterraenzig  (Bez. 
Mûnchen,  I).  Ces  tumulus  sont  de  ceux  dont  on  dispuie  en  ce 
moment  s'ils  contiennent  ou  ne  contiLunent  pas  les  restes  les  plus 
anciens  de  peuples  vraiment  celtiques.  Les  objets  qu'on  y  a  trou- 
vés sont  de  la  deuxième  phase  de  Tàge  du  bronze. 

XVII 

M.  R.  Bouillerot  continue,  dans  la  Revue  préhistorique  de 
l'Est,  2"  fascicule,  1912,  p.  40  sqq.,  l'étude  de  la  Cachette  de  la  fin 
de  rage  du  bronie  découverte  près  de  Gray  (Haute-Saône).  Il  en  est 
aux  menus  débris,  qu'il  identifie  avec  un  zèle  scrupuleux  et  une 
érudition  servie  par  une  très  abondante  bibliographie.  Il  y  trouve 
les  restes  minimes  des  roues  d'un  petit  char  sacré,  des  fragments 
d'armilles  ou  de  fibules  à  spires,  de  plaques  de  ceinture  en  fuseau. 
L'amour  de  la  comparaison  le  conduit  jusqu'au  lointain  Orient.  Il 
serait  sage  de  s'arrêter  en  Hongrie.  Mais  l'étape  la  plus  intéres- 
sante de  la  civilisation  qui,  de  là,  aboutit  à  notre  France  orientale, 
c'est  la  Bavière;  or  je  ne  vois  pas  que  l'auteur  s'y  arrête.  Cette  métal- 
lurgie des  pliases  tardives,  III,  W  et  V,  de  l'âge  du  bronze,  que 
nous  connaissons  par  les  tumulus  et  les  cachettes   de  la  France 


Périodiques,  5 1  ] 

orientale,  signale,  pour  une  bonne  part,  l'avancée  des  peuples  cel- 
tiques qui,  pendant  longtemps  encore,  auront  là  leur  quartier  géné- 
ral. Commerce  sans  doute  et  de  lointaine  portée,  à  considérer  les 
affinités  complexes  de  ces  objets,  mais,  somme  toute,  modeste,  et  la 
bronzaille,  que  colportaient  nos  fondeurs,  ne  venait  pas  pour  la 
plupart  de  bien  loin. 

M.  C.  Jolv  établit,  p.  33  sqq.,  que  Les  Mules  du  Cl.uir  de  Faisou 
sont  cljiuissées  de  la  Solea  ferrea,  forme  première  de  l'hipposandalc  . 

Le  n°  4  publie  sous  la  double  signature  de  l'abbé  Breuil  et  de 
M.  R.  Bouillerot  des  notes  sur  La  Cacljelle  de  Choitssy  (^Loir-el- 
Cber).  L'inventaire  de  cette  cacbette  rappelle  très  notablement 
celui  du  Petit-\'illatte;  elle  appartient  aux  tout  derniers  temps  de 
notre  âge  du  bronze.  Qu'il  me  suffise  d'appeler  l'attention  sur  deux 
poignards  à  douille  (n"''  5  et  13),  dont  les  équivalents  se  trouvent 
dans  des  dépôts  contemporains  à  TOuest  de  la  France  et  dans  les 
Iles-Britanniques,  attestant  des  rapports  de  civilisation  entre  les 
peuples  établis,  à  l'Occident  de  l'Europe  des  deux  côtés  de  la 
Manche.  Etaient-ce  les  premiers  Celtes?  Etaient-ce  les  Goidels?  — 
La.  RevueÇ^p.  114),  traite,  apvciV Homme prébistorique  (191 1,  p.  399), 
des  Puits  de  la  Nécropole  barbare  de  Noiron-sous-Gevrey  (Côte -d'Or), 
respectés  par  la  disposition  des  sépultures  et  peut-être  en  relations 
avec  elles.  La  poterie  qui  s'v  trouve  est  sans  doute  peu  instructive, 
mais  quoi  de  plus  difficile  a  dater  que  la  poterie  commune  ?  Rien 
de  gallo-romain  en  tout  cas;  pas  de  traces  de  restes  humains  inci- 
nérés; mais  des  ossements  d'animaux  étages.  Au  fond  du  puits  qui 
est  décrit  se  trouvaient  deux  tètes  de  chevaux.  Sacrifices  funéraires  ? 
Peut-être.  Mais  attendons  encore  d'autres  découvertes.  — -  M""^  Made- 
leine Bouillerot  (Le  signe  solaire  au  Xll^  siècle  en  Grèce,  p.  119)  fournit 
des  arguments  à  la  symbolique  solaire  de  M.  Déchelette.  Je  crains 
que  le  «  C3'gnes  hyperboréens  »  de  la  p.  122  ne  soient  des  canards. 

H.   Hubert. 


NÉCROLOGIE 


ALEXANDER    CARMICHAEL 

C'est  une  des  figures  les  plus  nobles  de  l'Ecosse  gaélique  qui 
disparaît  avec  Alexander  Carmichael.  Sa  longue  vie  fut  tout  entière 
consacrée  à  l'amour  de  sa  langue  et  de  son  peuple,  à  l'honneur  de 
son  pays.  Il  était  né  le  i"^""  décembre  1832  dans  l'ile  de  Lismore  et 
appartenait  à  une  ancienne  famille,  dont  les  traditions  sont  mêlées 
à  l'histoire  même  du  christianisme  dans  l'île.  C'est  un  de  ses 
ancêtres,  l'évêque  Carmichael,  surnommé  (7//  t-Eashitig  Raii,  qui 
bâtit  la  cathédrale  de  Lismore.  Destiné  d'abord  à  l'état  militaire, 
Alexander  Carmichael,  par  suite  de  la  mort  prématurée  de  son 
père,  dut  se  tourner  vers  une  autre  voie.  Il  entra  dans  le  Civil 
Service,  et  y  fît  toute  sa  carrière,  dont  les  principales  étapes  sont 
Greenock,  Dublin,  Islay,  Skye,  Uist,  Oban  et  enfin  Edimbourg,  où 
il  passa  les  dernières  années  de  sa  vie.  C'est  là  qu'il  mourut  le 
6  juin  dernier. 

Dès  sa  jeunesse,  il  montra  pour  les  traditions  et  le  folk-lore  de 
l'Ecosse  un  intérêt  passionné,  qui  s'éveilla  surtout  au  contact  de 
la  vie  intime  des  populations  insulaires  de  Skye  et  d'Uist.  L'archéo- 
logie aussi  l'attira  ;  on  lui  doit  la  découverte  de  plusieurs  pièces 
qui  sont  aujourd'hui  au  Musée  d'Edimbourg.  Il  tournit  d'abon- 
dants renseignements  à  ses  amis,  le  D""  Skene,  pour  son  Celtic  Scot- 
land,  et  John  Gregorson  Campbell  pour  ses  Clan  Traditions  and 
Popular  Taies  et  ses  Stories,  Poems  and  Traditions  of  Fionn  and  bis 
■warrior  hand,  deux  volumes  des  IVaifs  and  Strays  of  Celtic  Tradi- 
tion, dont  la  Revne  Celtique  a  parlé  t.  XI,  p.  242,  t.  XII,  p.  481  et 
t.  X\'I,  p.  247.  Ses  productions  personnelles  sont  dispersées  dans 
divers  périodiques,  notamment  dans  les  Transactions  of  the  R.  Society 
of  Antiquaries  of  Scotland,  dans  les  Transactions  of  the  Gaelic  Society 
of  hivernes  s  et  dans  la  Celtic  Revieiu,  que  dirigent,  comme  on  sait, 
Mr.  D.  Mackinnon  et  Mrs.  W.  J.  Watson,  née  Caimichael.  En 
1900,  il  fit  paraître  ses  Carmina  Gadelica,  recueil  en  deux  volumes 
de  poèmes  gaéliques  qu'il  avait   recueillis  lui-même  et  auxquels  il 


Nécrologie.  5 1  > 

joignit  une  traduction  anglaise;  d'Arbois  de  Jubainville  leur  a  con- 
sacré un  compte  rendu  dans  la  Revue  Celtique,  t.  XXII,  p.  né. 

J.  Vendryes. 


GEORGE   HENDERSON 

Après  le  vieillard,  l'homme  dans  la  force  de  l'âge  :  Mors  indivi- 
dua  est. 

George  Henderson,  mort  à  Glasgow  au  mois  d'août  dernier  à 
l'âge  de  47  ans,  était  de  ce  petit  groupe  d'Écossais,  qui  unissent  à 
une  connaissance  intime  de  leur  langue  maternelle  une  solide  cul- 
ture philologique.  Sa  mort  interrompt  brutalement  une  œuvre  qui 
avait  bien  commencé  et  qui  devait  être  féconde. 

Il  était  né  dans  le  comté  d'Inverness.  Après  avoir  fait  ses  pre- 
mières études  à  Edimbourg,  où  il  obtint  le  grade  de  Master  of  Arts, 
il  alla  travailler  à  Vienne,  où  il  se  fit  recevoir  Docteur  en  Philo- 
sophie, et  à  Oxford,  où  il  fut  Scholar  of  Jésus  Collège.  De  retour 
dans  son  pays,  il  exerça  quehiue  temps  le  ministère  religieux  dans 
le  Sutherlandshire,  à  Eddrachillis.  Mais  les  travaux  d'érudition 
l'attiraient  ;  il  fut  nommé  en  1906  chargé  de  cours  de  celtique 
à  l'Université  de  Glasgow,    fonction  qu'il  occupa  jusqu'à  sa  mort. 

Il  s'était  tait  connaître  au  public  des  celtistes  dès  l'année  1893 
par  une  édition  des  œuvres  du  poète  John  Morison  :  Daiii  lain 
Gobha,  The  Pocnis  of  John  Morison,  vol.  I,  Oxford;  vol  II,  Glasgow 
(1896).  En  [897,  il  publiait  à  Edimbourg  le  Leabhar  nan  Gleann, 
The  Book  of  the  Glens  {'^oj  p.  12°);  c'était  un  recueil  composite, 
qui  débutait  par  une  traduction  anglaise  du  travail  de  Zimmer,  das 
Mutterrecht  hei  den  Pikten,  et  qui  comprenait  également  une  traduc- 
tion anglaise  de  la  «  Neuvaine  des  Ulates  >),  Noinden  Ulad,  mais 
où  il  y  avait  surtout  un  important  recueil  de  poésies  gaéliques 
modernes.  En  1899.  George  Henderson  donnait  à  l'Irish  Texts 
Society  une  édition  delà  Fled  Bricrend  avec  une  traduction  anglaise, 
une  introduction  et  de  copieuses  notes  (v.  Rev.  Celt.,  XXI,  108- 
iio).  Enfin,  tout  dernièrement  et  coup  sur  coup,  il  publiait  deux 
ouvrages  qui  reçurent  bon  accueil  du  public  savant  : 

The  Norse  influence  on  Celiic  Scotland,  1910  (v.  Rev.  Ccli.,  XXXI, 
401)  et  Survival  in  helief  among  the  Celts,  191 1  (v.  ibid.,  XXXII, 
494  et  suiv.). 

On  lui  doit  enfin  deux  séries  d'articles,  qui  atteignent  chacune 
les  dimensions  d'un  gros  volume  :  l'une,  publiée  dans  The  Celtic 

Revue  Celtique,  XXXIII.  }4 


5  lé  Nécrologie. 

Revieiu  (t.  I,  193-207,  352-366;  t.  II,  1-19,  133-153,  255-272, 
351-359;  t.  III,  56-61),  avait  pour  objet  la  Légende  de  Finn  ; 
l'autre,  consacrée  à  une  étude  des  dialectes  gaéliques  d'Ecosse,  a 
paru  dans  la  Zeitschrift  fiir  Celiische  Philologie,  t.  IV,  p.  87-103, 
244-275,  493-524  ;  t.  V,  p.  88-102,  455-481. 

La  mort  de  George  Henderson  est  pour  la  philologie  celtique  une 
perte  des  plus  sensibles. 

J.  \'exdryes. 


I 


ERRATUM 


Ci-dessus,  p.  353,  ligne  8,  il  faut  lire  Alain  le  Grand  zu.  lieu 
d'Alexis  le  Grand. 

P.  462,  lire  le  titre  de  l'article  :  An  Caoch  O  Chinihain  et  1.  3-4, 
dans  la  parenthèse,  lire  simplement  =  An  Caoch  O  Clumhain. 


TABLE    DES    MATIERES 

CONTENUES       DANS       LE       TOME       XXXIII 


ARTICLES    DE    FOND 

Pages 

Supplément  à  VEssai  d'un  ùitulooiu'  de  la  JUlèrature  épique  de  F  Ir- 
lande de  d'Arbois  de  Jubainville,  par  G.  Dottin i 

The  Reproach  of  Diarmaid,  par  J.-H.  Lloyd,  O.-J.  Bergin    et 

G.    SCHOEPPERLE 4I 

Zur  Interprétation  der  Echtra  Connla,  par  J.  Pokornv 58 

Altirisch  sc<^iind,  séjroud,  sêgaind,  par  J.  Pokorny.  . 66 

Le  Mirouer  de  la  Mort  (suite),  par  É.  Ernault 68 

Miscellanea,  par  Kuno  Meyer. 94 

Two  glosses  in  Valenciennes  MS.  413,  par  E.  G.  Quiggin.    100 

A  propos  de  Tinscription  d'Alise,  par  G.  Poisson loi 

The  Death  of  Diarmaid,  par  J.-H.  Lloyd,    O.-J.    Bergin    et 

G.    SCHOEPPERLE .  I  5  7 

Bledhericus,  Bledri,  Bréri,  par  W.-J.  Gruffydd i8o 

Llyma  Vabinogi  Jesu  Grist,  par  Mary  Williams 184 

Contributions  à  l'étude  des  romans  de  la  Table  Ronde  (suite),  par 

J.  LoTH 249,  403 

Betha  luiliana,  par  J.  Vendryes 311 

Ueber  den  Gebrauch  des   Futurums  II  im  Irischen  und  ùber  die 

Bildung  des  altirischen  Futurums,  par  Josef  Baudis 524 

Breton-moyen ^/cW/r,  gallois  givledic,  par  J.  Loth 352 

Une  anecdote  sur  saint  Colomba,  par  J.  Vendryes .  354 

Gloses  bretonnes  inédites  du  i.\e  siècle,  par  J.  Loth 417 

The  pretended  exhumation  of  Arthur  and  Guinevere,  parTimothy 

Lewis  et  J.  Douglas-Bruce 432 

Mabon  ab  Modron,  par  W.-J.  Gruffydd 452 

An  Caoch  O  Cluain,  par  E.  C.  Quiggin 462 

L'étymologie  du  gaulois  Diunias,  par  J.  Vendryes 463 

NÉCROLOGIE 

A.  Carmichael  (J.  Vendryes) 514 

G.  Henderson  (J.  Vendryes) 315 


5i8  Table  des  matières. 

BIBLIOGRAPHIE 

Bibliotheca  Celtica  of  the  National  Library  ot  Wales  for  1909  and 

1910  (J.  Loth). ^74 

G.  CoFFEY,  New  Grange  (J.  Loth). 125 

W.  DiNAX,  Monumenta  Historica  Celtica,  I  (J.  Vendryes) 108 

P. -S.  DiNXEEN  et  T.  0"DoNOGHUE,  Thepoemsof  Egan  O'Rahillv, 

2c  édition  (G.  Dottin) 127 

R.    Edens,  Erec-Geraint  (A.  Smirnov) 130 

E.   Ernault,  L'ancien  vers  breton  (J.  Vendryes). 117 

M.  Ge.moll,  Die  Indogermanen  im  alten  Orient  (J.  Vendryes).  .  114 

L.  Gougaud,  Etude  sur  les  loricae  celtiques  (J.  Vendryes) 477 

W.     Havers,  Untersuchungen  zur   Kasussyntax  der  indogerrna- 

nischen  Sprachen  (J.  Vendryes) 1 1 1 

J.  Hessen,  Zu  den  Umfarbungen  der  Vokale  im  altirischen  (J.  Ven- 

drves) 470 

M.    HôFLER,   Organotherapie    bei    Gallo-Kelten    und    Germanen 

(J.  Vendryes) ^ 475 

M.  HôFLER,  Volksmedizinische  Botanik  der  Kelten  (J.  Vendryes).  1 1 5 

G.-W.  HoEY,  An  Irish  Homily  on  the  Passion  (J.  Vendryes)..  .  559 
Ph.  Kropp,  La  Tènezeitliche  Funde  an  der  Keltisch-germanischen 

Vôlkergrenze  (H.  Hubert) 564 

R.  Latouche,  Mélanges  d'histoire  de  Cornouaille  (J.  Marx)...  129 
W.  Lewis  Jones,    King  Arthur  in  History  and    Legend  (Mary 

Williams) 119 

W.  M.  Lindsay,  Early  Welsh  Script  (J.  Vendryes) 478 

D.  Mackinnon,  a  descriptive  Catalogue   of  Gaelic   Manuscripts 

(J.  Vendryes) 362 

W.   Meredith  Morris,  A   Glossarv  of  the  Demetian  dialect  of 

North-Pembrokeshire  (J.  Vendrves) 360 

Kuno  Meyer,  Betha  Colmdin  maie  Lùachâin  (J.  Vendryes) 357 

Kuno  Meyer,  Hail  Brigit  (J.  Vendryes) 118 

A.  Perceval  Graves,  Welsh  Poetrv  Old  and  New  (J.  Ven- 
dryes) : 48 1 

J.  PoKORNY,  Der  Gral  in  Irland  und  die  mythischen  Grundlagen 

der  Gralsage  (J.  Vendryes). 467 

Sir  John  Rhys,  The  Celtic  Inscriptions  of  Gaul,    additions  and 

corrections  (J.  Loth) 366 

D.  J.  Saer,  The  Story  of  Cardiganshire  (Mary  Williams) 122 

Sailm  Dhaibhidh  (J .  Vendryes) 480 

O.   ScHRADER,  Die  Indogermanen  (J.  Vendryes). 113 

CHRONiaUE 

Collection  des  vies  de  saints  bretons  (suite  de  la) 140 

DÉCHELETTE  (J.)  ;  son  élection  comme  correspondant  de  l'Insti- 
tut   138 


Table  des  matières.  519 

DoTTiN  (G.)  ;  son  manuel  de  moyen-irlandais 141 

Ehrlich  (H.);  son  interprétation  du  latin  argutus .  .  488 

Festschrift  Y.  Thomsen ■  376 

Fischer  (F.),  Mots  celtiques   passés  en  Scandinave.  377 

FouRNiER  (P.)  ;  son  élection  à  l'Institut 138 

Gloses  irlandaises  (découverte  de) 159 

Harrison  ;  Surnames  of  the  United  Kingdom 488 

HoLDER  (A.),    Altceltischer  Sprachschatz,  20^  livraison 159 

L'Irlande  et  le  Home  Rule,  d'après  Mrs  Stopvord  Green 486 

L'irlandais  en  Irlande  (statistique  de). 485 

Le  Braz  (A.),  La  légende  de  la  Mort,  3e  édition 492 

LiDÉN  (E.),  Etymologies. 489 

Manuscrits  bretons  (découverte  de) .^90 

Meillet   (A.),    Introduction  à  l'étude  comparative   des    langues 

indo-européennes,  5e  édition 578 

Meyer  (Kuno)  ;  son  élection  à  l'Académie  de  Berlin 483 

Miscellany  presented  to  Kuno  Meyer 482 

Ouvrages  reçus ,    582,  497 

Périodiques  nouveaux  :  Brittia 490 

Gadelica 141 

PoKORW  (J.),  L'origine  du  druidisme ...  379 

Proverbes  en  breton  de  Vannes  (collection  de),  par  l'abbé  Le  Goff.  491 

Publications  relatives  à  l'Irlande  (répertoire  des),  par  M.  R.   Best.  488 

RoBiNSON  (F.-N.),  Les  deae  matres 140 

Rolland  (E.)  et  son  œuvre  littéraire 489 

School  of  Irish  learning 381 

Stern  (L.  Chr.)  ;  acquisition  de  sa  bibliothèque  par  l'Université  de 

Dublin 138 

Théâtre  breton   (la  renaissance    du),    d'après  M.  Gustave  Cohen  493 

University  Collège  de  Galwav  ;    programme  des  cours 379 

Université  de  Chicago  (cours  de  celtique  à  1') 139 

Université  de  Rennes  ;  programme  des  examens  bretons 494 

Université  d'Urbana  (cours  de  celtique  à  1') 579 

Welsh  Language  Society  (The) 381 

"WiLLL\MS  (Mary)  ;  sa  nomination  à  Manchester. 382 

PÉRIODIQUES 

Abhandlungen  der  kôn.  preussischen  Akademie  der  Wissenschaf- 

ten 384 

American  Journal  of  Philology  (The).  ... 506 

Analecta  BoUandiana 157,  508 

Annales  de  Bretagne 150,  507 

Anthropologie  (L') 509 

Archiv  fur  slavische  Philologie 391 

Beitràge  zur  Anthropologie  und  Urgeschichte  Bayerns 312 


520  Table  des  matières. 

Boletin  de  la  Real  Academia  de  la  Historia 599 

Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Finistère .  149 

Celtic  Review  (The) ^95 

Folk-lore  (The) 1 5  5 ,  508 

Fureteur  breton  (Le) 507 

Gadelica. ^94,   504 

Hermathena 151 

Indogermanische  Forschungen .  . . .    .....   154.   589 

Journal  des  Savants 385 

Journal  of  the  Folk-Song  Societv 152 

Journal  of  the  R.  Societv  of  Antiquaries  of  Ireland 144 

Journal  of  the  Welsh  bibliographical  Societv 152 

Korrespoudenzblatt  der  deutsch.  Gesellsch.  f.  Anthropologie 399 

Mannus - 145,  395,  5 1 1 

Mémoires  de  la  Société  de  Linguistique 155 

Praehistorische  Zeitschrift 148,  510 

Pro  Alesia 398 

Proceedings  of  the  Prehist.  Soc.  of  East-Anglia 143 

Proceedings  of  the  R.  Irish  Academy 390,  502 

Revue  des  Études  anciennes 150 

Revue  des  Traditions  populaires 155,  509 

Revue  numismatique 149 

Revue  préhistorique  de  l'Est 512 

Remania 155,  508 

Sitzungsberichte  der  kôn.  preuss.  Ak.  der  Wissenschaften 387,  501 

Transactions  of  the  Hon.  Soc.  of  Cymmrodorion 400 

Zeitschrift  fur  Celtische  Philologie 498 

Zeitschrift  fur  Ethnologie. 397 

Zeitschrift  fur  vergleichende  Sprachforschung 389,  506 


Le  PrupriéUiire-Géruut,   H.  CHAMPION. 


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5,    QUAI    MALAQUAIS 


H.    D'ARBOIS    DE    JUBAINVILLE 

La  famille  celtique.  Etude  de  droit  comparé.  1905,  in-8  carré.  .  .       i  fr. 
Comment  était  composée  la  famille,  responsabilité  pour  crimes,  légis- 
lation des  successions.  —  Le  mariage,  les  épouses  légitimes,  les  concu- 
bines, les  prostituées.  —  Les  Celtes  étaient-ils  pédérastes  ? 

—  Les  Druides  et  les  dieux  à  forme  d'animaux.  1906,  in-12.. .  4fr. 
Les  Druides  comparés  aux  (iuliialri  et  aux  Ualis.  —  Les  Druides  ont 
été  à  Forigine  une  institution  goidelique.  —  Différence  entre  les  Goidels 
etles  Gaulois. —  Conquête  de  la  Grande-Bretagne  par  les  Gaulois  etintro- 
duction  du  druidismeen  Gaule  :  preuves  linguistiques.  — Les  Druides  dans 
la  Gaule  indépendante  et  pendant  la  guerre  faite  par  Jules  César.  —  Les 
Druides  sous  l'Empire  Romain.  ^  Les  Druides  en  Grande-Bretagne  et 
quand  l'Empire  Romain  eut  pris  fin.  —  Les  Druides  en  Irlande.  —  L'im- 
mortalité de  l'âme.  ^  La  métempsychose  en  Irlande. 

II.  Les  dieux  prenant  forme  d'animaux  dans  la  littérature  épique  de 
l'Irlande.  Enlèvement  des  vaches  de  Regamain  :  génération  des  deux  por- 
chers. Appendice  :  Jules  César  et  la  géographie. 


J.     LOTH 

PROFESSEUR  AU  COLLÈGE  DE  FRANCE 

Vocabulaire  vieux-breton  avec  commentaire,  contenant  toutes  les  gloses 
en  vieux  breton,  gallois,  comique,  armoricain  connues.  Précédé  d'une 
introduction  sur  la  phonétique  du  vieux  breton  et  sur  l'âge  et  la  prove- 
nance des  gloses  1S84,  gr.  in-8 10  fr. 

—  Chrestomathie  bretonne.  1890,  gr.  in-8.  Ket 10  fr. 

—  Remarques  et  corrections  au  lexicum  cornu-britannicum  de  Wil- 
liams. 1902,  in-8 2  fr. 

—  L'année  celtique  d'après  les  textes  irlandais,  gallois,  bretons  et  le  calen- 
drier de  Coligny.  1904,  in-8. . 3  fr. 

—  Contribution  à  la  lexicographie  et  l'étymologie  celtique.  1906, 
in-8. 2  fr. 

—  Les  noms  des  saints  bretons.  1910,  in-8 3fr. 

Origines,  étymologics,    histoire  et  archéologie   des  prénoms  bretons. 

—  La  langue  romane  et  bretonne  en  Armorique.  1908,  in-8, 30p.     2  fr. 

—  Questions  de  grammaire  et  de  linguistique  brittonique.  Fasc.  i . 
La  particule  verbale  A'o  dans  les  langues  brittoniques.  iQii,  in-8,  164 
p 6  fr. 

—  Contribution  à  l'étude  des  romans  de  la  Table  Ronde.  1912,  in-8 
avec  une  carte 3  fr. 

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chan.  191 1,  in-8 5  fr. 


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BRETAGNE  ET  LES   PAYS  CELTIQUES 

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—  II.  A.  Le  Rraz.  Vieilles  histoires  du  pays  breton 3  fr.  50 

—  m.  L.  TiERCELiK.  Bretons  de  lettres. 3  fr.  50 

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—  IX.  E.  Ern.\ult.  L'ancien  vers  breton  Cavec  exemples). 2  fr. 

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—  X.  Ch.  Gexi.\ux.  La  Bretagne  vivante 3  fr.  50 

Sommaire. —  La  Bretagne  pauvre.  — LeCommunisme  rural  au  pays  Gallot.  — La  \"\c 
bretonne.  —  Les  Rebouteurs.  —  .Magiciens  et  Sorciers.  — Le  Culte  de  la  Mort.  —  Les 
Artisans  bretons.  — Le  Mobilier  breton.  —  Les  pécheurs  sardiniers. —  Le  Retour  des 
Islandais.  —  Les  Sauveteurs  bretons.  —  L'Enfant  breton.  —  Proclamation  de  la  Révolu- 
tion dans  un  village  morbihannais.  — Chez  les  Bigoudens.  —  Le  Pardon  de  Saint-Jean-du- 
Doigt.  —  Ploërmel  et  Josselin.  — Le  Golfe  du  Morbihan.  —  Au  Pays  des  Chupens  blancs, 
etc. 

Ile  série.   Beaux  volumes  in-8  raisin. 

I.  F. -G.  LeL.4.y.  Histoire  de  la  ville  et  communauté  de  Pontivy  au  XVIIP  siècle 

(Essai  sur  l'organisation  municipale  en  Bretagne).  191 1,  in-8,  396  pages.    7  fr.  50 

IL  Louis   Eunius  ou  le  purgatoire   de  saint  Patrice,  mystère   breton  en  deux 

journées,    publié   avec   introduction,  traduclion    et    notes,   par    Georges   Dottin, 

1911,   in-8,  408  pages  et  planche 7  fr.  50 

III.  F.  QuEssETTE.  L'administration  financière  des  Etats  de  Bretagne  de  1689 
à  1715.  19 II,  in-8,  25 1   pages 6  fr. 

IV.  Léon  DuBREUiL.  Lavente  des  biens  nationaux  dans  le  .département  des 
Côtes-du-Nord   (1790-1830).  1912,  gr.  in-8,  de    xviii-707  pages 15  fr. 

V.  Léon  Dlbreuil.   Le  régime  révolutionnaire  dans  le    district  de  Dinan 
(25  nivôse  an  II-30  floréal  an  III).  1912,  in-8,  cxxiii-186  pages 5  fr. 

V^I.  S.  Caxal.    Les    origines    de   l'intendance  de  Bretagne.  Essai  sur  les  rela-  i 
tiens  de  la  Bretagne  avec  le  pouvoir  central.   In-8,  244  pages 5  fr. 

Vient  de  paraître  (/i/î'/W  1912): 

TROISIÈME  ÉDITION  REFONDUE  ET  AUGMENTÉE 


LA 

LÉGENDE    DE    LA    MORT 

CHEZ  LES  BRETONS  ARMORICAINS 

PAR 

Anatole  LE  BRAZ 

AVEC   DES   NOTES 
SUR   LES    CROYANCES  ANALOGUES     CHEZ    LES    AUTRES    PEUPLES     CELTIQUES 

Par  Georges  DOTTIN 

PROFESSEUR    A     l'uXIVERSITÉ    DE   RENNES 

2  forts  volumes  petit  in-8,  ensemble 10   fr. 


TABLE 

DES     PRINCIPAUX     MOTS    ÉTUDIÉS 

AU    TOME    XXXIII 
DE    LA     REVUE    CELTIQUE' 


I.   Gaulois  ou  vieux  celtique  et  ogamique 


(Voir  pp.  III,  115,  116,  369,  391,  392,  401,  402.) 


Abicus,  400. 

Adgenoui,  368. 

Aedui,  392. 

Aestii,  392. 

Aetura,  400. 

'AXiopptE,  391. 

Alugius,  400. 

ambactus,  serviteur,  377. 

andoounaleo,  368. 

Apronios,  371. 

ataodô,  avec  larmes  ?  370,  371. 

awôtilvDOS,  370. 

avotis,  celui  qui  fait  faire?  139, 370. 

Balaudoni,  367. 

bartib.,  aux  enfants?  370,  371. 

Belatucadrus,  369. 

belion,  feuille,  139. 

Berga,  140. 

Bergimus,  140. 

Bergomon,  140. 

Bergusia,  140,  370. 

Betuuius,  502. 

-bion,  ce  qui  coupe,  502. 

-bios,  celui  qui  coupe,  qui  tue,  502. 

Birakotôu,  370. 

Boiohaemum,  391. 


brâca,  culottes,  377. 

bratoude,  avec  plaisir?  368,  369. 

bratout,  368. 

Brig  Rivros,  374. 

BptroXayat,  391. 

Kabiros,  367. 
Cabrus,  367. 
-cadros,  beau,  fort,  369. 
kanten,  368. 
Caricucotta,  400. 
Carrodunum,  391. 
Casaricus,  400. 
Catianus,  371. 
Cavarillus,  389. 
Kauapoç,  389. 
Cernunnos,  367. 
Klamaki,  370. 
Klirnitous,  368. 
Cnusticus,  371. 
Kobritoulôu,  370. 
Comiogia,  «  conjugalis  »?  367. 
Congenno,  368. 
Cornovia,  293. 
koui,  et?  367. 

Cuneglase,    «    lanio   fulve    »,  429, 
430. 


I.  Cette  table  a  été  faite  par  M.  Ernault. 
Rn'uc  Celtique,  XXXIII.  —  Table. 


Table  des  principaux  mots  éliidiês 


Cunobelinus,  297,  416. 

-de,  368. 

dede,  368. 

delgu,  il  tint?  372. 

druidae,  druides,  117. 

Dugia,  367. 

Dugiava,  367. 

Dugiavus,  367. 

dugiiontiio,  mariage?   qui  servent? 

369,  370. 
Dumias,  463,  466. 
dunum.  ville  forte,  forteresse,  465, 

466.' 
duros,  durou,  ville,  465,  466. 

Ecinnos,  368. 
Hlouissa,  366. 
'E~îoiov  (azcov),  385. 
Epona,  454. 
Equos,  146. 
Esomaro  ?  371. 
Esumopas,  371. 
Esus,  371. 


lance,    javelot,    150,    155, 


gaiso- 

571- 

Garma,  370. 

giaoua,  parente?  366. 

gobedbi,  aux  forgerons  ?   aux  prê- 
tres ?  101-103,  570. 

iade,  368. 
ieuru,  371,  372. 
Isca,  282. 
'loulpv'.oç,  94. 

Labrodiios,  main  généreuse  ?  370. 

Lanaknos?  368. 

Latara,  391. 

Latobius,  502. 

Letauia,  392. 

Lovocatus,  367. 

Lugu-,  367. 

Lugubalium,  367. 

Lugudunum,  476. 


Makkarioui,  367. 
Maccarus,  367. 
Maccius,  367. 
Macco,  367. 
Macconus,  367. 


Magonti",  367. 
MAGU,  serviteur,  389. 
Magourai,  566. 

MAILAGURO,  5OI. 
Mava-ta  (nôÀt;),  386. 
Maponus,  454,  456. 
-maros,  grand,  371. 
Matrona,  454,  456. 
Matugenos,  fils  de  l'ours,  476. 
Medsillus,  Meddillus,  368. 
Metlodunum,  465. 
Missillus,  368. 
Missoukos,  368. 
Mitiesi,  367. 
mitis,  367. 
-mopas,  fils?  371. 
Moritasgos,  qui  écarte   les  mauvais 
esprits?  371. 

neddamon,  372. 
Nemetes,  392. 
neta,  netta,  372. 
Nouiodunum,  391. 

-OGXOS,  95. 
-ona,  454. 
Onna,  367. 
-onos,  454,  456, 
Oxtai,  371. 

-pe,  et?  367. 
Porius,  301. 
npîTTaviza;',   IIO. 

Rennios,  400. 
Rêva,  399. 
rîgo-',  377,  392. 
Rigodunum,  392. 
Rigomagus,  392. 
Rioumanos,  368. 
ritou,  368. 
Ritukalos,  368. 
Ritumara,  368. 
Ritus,  368. 
-rix,  377. 

Saiclus,  400. 
Samotalos,  370. 
sapsutaipe,  367. 
sego-,  67. 
sesia,  370. 
Silouknos,  368. 


au  tome  XXXIII. 


III 


Sirona,  454. 
SmertuUa,  367. 
sosin,  371. 
. .  .  soui,  368. 
su-,  bien,  304. 

Tasgia,  369. 
Tasgius,  369. 
Tincommius,  369. 
Tincorigis,  369. 
Tisabannô,  370. 

-u,  prétérit,   3e  pers.  sing.,  37: 


Ucuclis,  103,  370. 
Ulcagnus,  474. 

Veneti,  391. 
Venobius,  502. 
vidubion,  hache,  502. 
Ouindiacos,  367. 
Virotautae,  258. 

Virotuti,  à  celui  qui  guérit  les  hom- 
mes ?  au  vrai  médecin  ?  258. 
Vistla,  391. 
visu-,  digne,  307. 
Volcae,  377. 


II.  Irlandais, 


(Voir  pp.  52-56,  58-65,65,  112,  119,  162,163,168,  169,172,  174,  179, 
287,  312-318,  320-522,  325-345,  348-351,  354,  355,  357,  558,  360, 
371,372,  389,  390,  473,  503-) 


aball,  pomme,  392. 

abardall,  très  sombre,  407. 

acrad,  noble,  501. 

adraim  do,  j'adore,  312,  313. 

ailt,  héros,  501. 

air,  ar,  sur,  au  delà  de  ;  (enlever)  à, 

61,  62,  97,  112. 
air-,  devant,  pour,  506. 
airbi  roir,  Airbe  Rofir,  500. 
airdam,  «  prodomus  »,  474. 
airegem,  plainte,  119. 
airem,  laboureur,  94. 
airem,  aireamh,  compte,  369. 
Airemôn,  petit  laboureur,  94. 
airge,  pâturage,  pacage,  377. 
air(i)unsu,  plus  difficile,  61,  62. 
-àiste,  -iste,  505. 
aithben,  mauvaise  femme,  501. 
aithech,  maître  de  maison,  593. 
Alenn,  118. 
alfraits,  rustre,  505. 
ampoill,  vase,  501. 
and,  ann,  alors  (régna...),  98,  99. 
anféta,  tempétueux,  501. 
anféth,  tempête,  501. 
anfud,  tempête,  501. 
anse,  difficile,  61. 
Ard  Mâcha,  96. 
Artbe,  502. 


ass(a)e,  facile,    aisé,    61,    62,   505, 

506. 
atchiu,  je  vois  cela,  63. 
atnoi,  il  le  confie,  426. 
atnuu,  je  promets,  426. 
Auromun,  Eruman,  95. 

bâchai,  bâton,  377. 
baeth,  fou,  insensé,  377. 
bagâiste,  bagage,  505. 
ban-tùath,     sorcière,     magicienne, 

254. 
bé,  nuit,  489. 

-be,  celui  qui  coupe,  qui  tue,  502. 
Beann  Gulbain,  165. 
beuaim,  je  frappe,  376. 
bennacht,  bénédiction,  577. 
Beothach,  95. 
berte,  qui  portent,  370. 
bétgnad,  foHe,   501. 
Bethbe,  502. 

biditecen,  il  te  sera  nécessaire,  503. 
bîg,  soyez,  504. 
bîgi,  soyez,  504. 
bîhi,  que  vous  soyez,  504. 
Bile,  94. 

bith,  biuth,  monde,  378. 
Bith,  95. 
bligim,  je  trais,  153. 


Table  des  principaux  mots  étudiés 


bôaire,  maître  du  bétail,  proprié- 
taire, 392. 

Bodb,  déesse  de  la  guerre,  391. 

boicht,  pauvre,  389. 

boill,  les  membres,  475. 

bolg,  sac;  chambre  de  soufflet,  146, 
391. 

borp,  fou,  472. 

brach,  malt,  392. 

briste,  culottes,  505. 

broiténe,  mamelet,  473. 

brugh,  demeure,  palais,  123,  125. 

buiden,  troupe,  473. 

buile,  folie,  désespoir,  408. 

buntâiste,  avantage,  505. 

caball,  cheval,  378. 

cabbdiste,  chou,  505. 

cdich,  borgne,  377. 

caichme,  poitrine,  489. 

càirthen,  sorbier,  501. 

caithem,  consommation,  119. 

Canan,  354-356. 

carrmocol,  escarboucle,  67 . 

cass,  crépu,  392. 

cassai,  sorte  de  vêtement,  393. 

Caulann,  Culann,  389. 

caur,  cur,  géant,  389. 

ceis,  épieu,  378. 

-céitbani,  tu  concordes,  376. 

celt,  enveloppe,  vêlement,  501. 

Celtar,  501. 

Celtchar,  501. 

cén,  Ci'an,  éloigné,  63  . 

cendbert,  casque,  430. 

cerddcha, forge,   503. 

cet-,  premier,  592. 

cétmuinter,  épouse  légitime,  114. 

ciamair,  ciamail,  triste,  501. 

cich,  sein,  489. 

Ciofach,  Ciuthach,  50. 

ciste,  masse,  505. 

ciste,  caisse,  505. 

ciuth,  cheveux   longs  par  derrière, 

50. 
ciuthach,  homme  sauvage,  49,    50. 
claidim,  je  creuse,  392. 
clé,  gauche,  256. 
cless,  tour  d'adresse,  155. 
cliar,  ménestrel,  372. 
cliath,  treillis,  392. 
Cnoc  AiHnne,  118. 


cnuas,  collection,  trésor,  371. 

cob,  victoire,  392. 
coche  «  clunis  »,  489. 
cocraun,  gl.  consors,  383. 
cocrich,  frontière,  392. 
coduinmail,  gl.  ut  eliceat,  154. 
coiclim,  je  ménage,  j'épargne,  322. 
coindealghaim,  j'avise,  372. 
coire,  chaudron,  469,  473. 
coiste,  quête  505. 
coit,  hutte,  392. 
colâiste,  collège,  505. 
Conbae,  502. 

côr,  gén.  corad,  héros,  389. 
côrad,  scélérat,  320,  321. 
corâiste,  courage,  505. 
coss,  pied,  489. 
cotarsna,  contraire,  392. 
cothaigim,  je  nourris,  316. 
crand,  forme  de  bois,  145. 
crannchur,  «  lancement  de  bois  », 

sort,  383. 
cret,  voiture,  378. 
cretair,  relique,  369. 
crob,  main,  474. 
croch,  croix,  gibet,  424. 
crochaim,  je  crucifie,  je  pends,  424. 
crod,  bétail,  richesse;  salaire,  503. 
croghan,  butte  déterre,  144,  145. 
cross,  croix,  378. 
cruim,  ver,  472. 
cruth,  forme,  472. 
cubaid,  harmonie,  384. 
cuimliucht,  utilité,  474. 
cuing,  joug,  474. 
cuit,  part,  474. 
cumsanad,  repos,  420. 
cumsantis,   ils   se  reposaient,    420, 

421. 
curach,  sorte  de  bateau,  393. 

daiss,  meule  de  foin,  377. 

dall,  aveugle,  377. 

dalte,  dalta,  disciple,  296. 

damâiste,  dommage,  505. 

damnae,  matière,  84. 

derg,  rouge,  501. 

dergdn,  puce,  501. 

dergnat,  puce,  501. 

dermar,  dermâr,    dermair,  dermail, 

énorme,  501. 
dessel,  tour  à  droite,  256. 


au  loine  XXXIII. 


di'a,  dieu,  377. 

dinscni,  mépris,  119. 

do, à,  112. 

docliûad,  tu  es  allé,   388. 

dochùadais,  tu  es  allé,  388. 

dodihel,  gl.  deerraverat,  431. 

dôe,  rempart,  464,  465. 

dom,  dam,  maison,  473,  474. 

droch,  roue,  392. 

drui,  magicien,  316,  317. 

drùth,  joyeux,  bouffon,  378. 

dua,  duae,  rempart,  464-466. 

duma,  levée  de  terre,  mur,  rempart  ; 

tas,  grande  quantité,  463-466. 
dumaigim,  j'exagère,  463. 
dùn,  forteresse,  465. 
dùnaim,  j'enferme,  465. 
durinmailc,  gl.  promulgauit,  154. 

Eber,  Émer,  94. 

égem,  cri,  119. 

eirr,  guerrier  sur  un  char,  389. 

elc,  mauvais,  474. 

-em,  infinitifs,   119. 

Eochaid,  385. 

er-,  ir-,  très,  62,  505,  506. 

erâin,  aurâin,  en  avant-garde;  excès, 

97,  98. 
Erem,  Airem,  94. 
Éremôn,  Erimôn,  94,  95. 
Erini,  96. 

érimm,  course,  96. 
Eriu,  95. 

escara,  ennemi,  501. 
escrae,  ennemi,  501. 

fâil.  loup,  501. 

Fâilbe,  502. 

fâl,  mur,  393. 

feadinne,  vigne  sauvage,  429. 

Fénius,  95. 

fer,  homme,  461 . 

fethem,  attente,  119. 

fid,  bois  ;  lettre,  383. 

fidbae,  serpe,  502. 

fidchell,  «  intelligence  du  bois  »,jeu 

d'échecs,  384. 
Find,  Finn,  41-49,  55,  56,  157-160, 

174,  516. 
fintan,  vignoble,  501. 
fitir,  il  sait,  369. 
fiu,  digne,  119,  307. 


flàith,  seigneur,  393. 

flesc,  tige,    baguette  ;  ligne  centrale 

de  l'écriture  ogamique,  383,  393. 
foaim,  je  dors,  502. 
foil,  gîte,  473. 
foil,  bracelet,  473. 
foirin,  foule,  gens,  473. 
forgan,  colère,  3  16. 
Formenus,  387. 
fothe,  sous  elle,  502. 
frem  oghuim  ?   «  racine  d'ogani  », 

la  lettre  >i,  384. 
fuirsire,  parasite,  474. 

gabhiach,  fourchu,  377. 

gae,  javelot,  155. 

Gavida,  lOi. 

geilt,  volage,  fou,  378. 

glas.gl.  croceo,  rossei   coloris,  430. 

glegar,  glegrach,  bruyant,  501. 

-gnad,  état,  501. 

goba,  forgeron,  ici,  102. 

Goibniu,  102,  145. 

goiste,  gaiste,  piège,  505. 

gor,  pieux,  501. 

grâd,  rang,  501. 

gràtae,  noble,  501. 

grén,  soleil,  62,  63. 

guth,  voix,  488. 

iarn,  fer,  378. 

-igï,  impér.,  2^  pers.  pi.,  504. 

immatai,  à  quoi  tu  es,   503. 

in  biucc,  un  peu,  368. 

inchinn,  cerveau,  476. 

ind  dirmith,  gl.  summatim,  368. 

indithem,  attention,  119. 

ind  ôindid,  une  fois,  368. 

Ir,  95. 

Iruath,  Hérode,  316,  317. 

irussa,  aurussa,    urussa,  très  facile, 

62,  506. 
iruth,  irud,  grande  terreur,  62,  506. 
issu,  ïsu,  Jésus,  193. 

Laigin,   les    habitants  de    Leinster, 

386. 
laiste,  loquet,  505. 
Laithbe,  502. 
lann,  terre,  393. 
lâr,  sol,  430. 
lau,  lu,  petit,  389. 


Table  des  principaux  mots  étudiés 


laubair,  lubair,  travail,  589. 

leaba  Dhiarmuda  agus  Ghràinne, 
lit  de  Diarmuid  et  Grainne,  crom- 
lech, 505. 

lind,  élément  liquide,  378. 

lios,  un  fort,  123. 

lîth,  fête,  393. 

locdiste,  réduction  de  loyer,  505. 

lôiste,  «  slouch  »,  505. 

long,  vaisseau,  378. 

lorg,  trace,  409 

lothar,  lothor,  endroit  où  on  lave, 
503. 

luaide,  plomb,  393. 

Lugba,  502. 

lunta,  nom  d'une  partie  de  la  rame, 
501. 

luth,  force,  élan,  319. 

Mâcha,  Armagh,  95,  96. 

Machacân,  96. 

-magim,  j'accrois,  393 

maug-,  mug,  serviteur,  389. 

mbleguîn,  blegon,  traite,  154. 

menadach,  sorte  de  mets,  578. 

menmarc,  passion,  501. 

menme,  pensée,  501. 

mi-,  mauvais,  501. 

michair,  aimable,  502. 

Mil,  95. 

missimbert,  méchant  jeu,  501. 

mnd,  de  la  femme,  367. 

mod  nad  mod,  «  manière  qui  n'est 

pas   la   manière  »  ;  à   peine,  64, 

65. 
Môethchelt,  501. 

mog,  gén.  mogaid,  serviteur,  371 . 
Morrigain,  reine  des  esprits,  371. 
moth,  «  stupor  »,  472. 
mruig,  bruig,   région,  district,  123. 
mug,  gén.  mogo,  serviteur,  371. 
muir,  mer,  473. 
muirriasg,  marais  de  mer,  281. 
muirsheisc,  roseau  de  mer,  281. 
Muiruisc,  416. 
murial,  caille,  473. 

neas,   instrument   pour  tourner  un 

vase  de  terre,  372. 
ness,  forme  de  bois,  145. 
niab,  excitation,  vigueur,  501. 
niabaim,  j'excite,  501. 


niabthach,  vigoureux?  501. 
niu,  frêne  ;  lettre  ;  la  lettre  n,  384. 
nitricfam,  nous  ne  pourrons  te  gué- 
rir, 502. 
no,  ou,  426. 
uochit,  nu,  589. 

ôa,  ae,  foie,  476. 
odhar,  gris  brun,  391. 
oghamcraobh,  «ogamen  branche  », 

ogam  écrit,  383. 
Oillaun,  355. 
olc,  mauvais,  474. 
olsé,  dit-il,  390. 
omungnath,  crainte,  501. 
-on,  diminutif,  94,  95. 
orâiste,  orage,  505 . 
orc,  baleine,  378. 
ôth,  ùath,  terreur,  62,  506. 

pâiste,  pièce,  505. 
pâiste,  enfant,  505. 
papa,  ecclésiastique,  378. 
pardiste,  paroisse,  505. 
Partholôn,  95. 
pasdiste,  passage,  505. 
poca,  poche,  378. 
proind,  dîner,  473. 
prôiste,  procès,  505. 

râiste,  misérable,  505, 

râlaib,  aux  désirs,  62. 

rân,  superbe,  62. 

rdth,  fort  circulaire  en  terre,  demeu- 
re seigneuriale  entourée  d'un 
rempart  en  terre,  123,  145,  146. 

ré,  pour,  312. 

remâin,  au  premier  rang,  96,  97. 

rethim,  je  cours,  474. 

riasg,  marais,  281. 

ro-,  62,  502. 

robuir,  (du)  rouge,  474. 

ro  chathu  clôi,  qui  a  livré  des  com- 
bats, 1 19. 

roicc,  il  atteint,  65. 

rondiacht  ?  64,  65. 

ropsat,  tu  as  été,  388. 

rôstan,  roseraie,  501. 

routh,  à  la  course,  474. 

sdiste,  sauge,  505. 
-scaigim,  je  passe,  393. 


i 


au  tome  XXXIII. 


VII 


sciath,  bouclier,  593. 
ségdo,  vaillant,  67. 
ségond,  ségund,  ségaind,  excellent  ; 
adroit  ;  champion,  maître,  66,  67. 
séig,  faucon  ;  héros,  67. 
Semirtn,  95. 
seng,  mince,  501. 
sengân,  fourmi,  501. 
serc,  amour,  501. 
sgraiste,  égratignure,  505. 
sheela-na-gig,  146. 
sius,  longuement,  420,  421 . 
slabra,  bétail,  502. 
slatt,  perche,  430. 
sluag,  troupe,  393. 
smiste,  garçon  insolent,  503. 
-snaidim,  je  coupe,  393. 
suacht,  cuve?  320,  321. 
sûil,  œil,  140. 
sùist,  sùiste,  bâton,  378,  505. 

tdid,  voleur,  393. 

Taidgg,  Taidc,  Tadhg,  369. 

tairnid,  il  s'enfonce,  63. 

tais,  pâte,  393. 

taitnim,  j'apparais  ;  je  plais,  313. 

Talgaeth,  355. 

tarb,  taureau,  378. 

tâthut,  est  à  toi,  60. 

ten,  arbre,  buisson,  501. 

tesbanat,  ils  manquent,  376. 

testât,  ils  manquent,  376. 


tiumlegun,  gl.  promulgatione,   154. 

-tluchur,  je  parle,  393. 

to-,  t-,  do-,  64. 

toeb  omna,  «  côté  du  chêne  »,  con- 
sonne, 383. 

tôided,  qu'il  conduise,  97. 

toissech,  chef,  474. 

tonach,  tunique,  424. 

tor,  tour;  chef,  héros,  95,  96. 

tôr-,  428. 

tossach,  commencement,  474. 

traigthe,  les  pieds,  388. 

trell,  espace  de  temps,  moment, 
occasion,  503. 

ti'iaithcherd,  art  magique,  255. 

tùaithchleas,  tour  maladroit,  255. 

tùare,  nourriture,  389. 

tùath,  peuple,  250. 

tùath,  à  gauche;  nord;  magique, 
magicien,  254,  255,  258. 

tùathach,  magicienne,  254,  257. 

tundsem,  fait  de  fouler  aux  pieds, 
119. 

uastu,  au-dessus  d'eux,  502. 
Uchadan,  Ugden,  102,  103. 
uirge,  testicule,  501. 
ur-,   506. 

urlâiste,  horloge,  505. 
urraigi,    urraig,  airrig,  errig,  préfet, 
312. 


III.  Gaélique  d'Ecosse 


bile,  feuille,  139. 
brugh,  tumulus,  123. 

forgan,  colère  ;  bruit,  i( 

gagan,  grappe,  177. 


Lothian,  286. 

riasg,  marais,  281. 

snodhach,  sève  d'un  arbre,  371. 


IV.    PiCTE. 


Trostan,  294,  309. 


VIII 


Table  des  principaux  mois  étudiés 


V.  Gallois. 


(Voir  pp.  187,  188,  190-193,  195-197,  208-217,  219,  220,   222,    224-239, 
243,  246,  247,  347,  348,  350,  351,  362,  404-407.) 


adneu,  dépôt  ;  dépôt  en  terre,  inhu- 
mation, 426,  429. 

aflafar,  muet,  426. 

afneued,  sans  chagrin,  sans  regret; 
abondant,  fécond,  426,  427. 

afu,  foie,  476. 

ar,  sur,  62. 

arch  ystauen,  arche  d'alliance,  231. 

argyvrau,  dot,  410. 

Arthur,  115,  119-122,  432,  435, 
436,  460. 

awirtul,  afrddwl,  bien  triste,  405, 
407. 

ban,  quand  ;  depuis  que,  406..  409 . 
bera,  tas  de  blé,  de  foin,  370. 
berwi,  bouillir,  405,  409. 
bit,  monde,  405,  407. 
blaenbren,  «  excellent  bois  »,  chan- 

BleddrVi8o-i83. 

boly,  bola,  ventre,  370. 

brag,  malt,  392. 

Branwen,  Brangwen,  302. 

bro,  région,  district,  123. 

buch,  vache,  392. 

buiw,  (tant  que)  je  serai,  405,  408. 

buost,  tu  fus,  410. 

byddin,  troupe,  473. 

cadeir,  siège,  369. 

cadr,  beau,  fort,  369. 

Caduuallan,  299. 

Caerlleon,  286. 

Caerllion,  263. 

canu,  chanter,  71 . 

canuan,  petit  chant,  71. 

caradwy,  aimable,  302. 

carchar,  prison,  459,  460. 

cariad,  amant,   amante,  objet  aimé, 

302. 
casgoord,  suite,  satellites,  368. 
cawr,  géant,  389. 
Kedweli,  386. 


kelli,  bois,  262. 

cerdin,  sorbier,   501. 

Cemvw,  Cormvall,  293. 

keudawd,  estomac;  pensée,  405, 
409. 

chware,  jeu,  453. 

chwyrnu,  ronfler,  s'ébrouer,  75. 

cig,  viande,  392. 

cigydd,  boucher,  392. 

cledd,  gauche,  256. 

cleheren,  moucheron,  372. 

clêr,  moucheron,  372. 

clwyr,  cloer,  clergé,  372. 

clydur,  abri  confortable,  405,  407. 

cnawd,  chair,  92. 

coelbren,«  bois  à  pronostic  »,  chan- 
ce,  383. 

Coheic,  Ceheic,  412. 

crefyddwr,  croyant,  191. 

creir,  relique,  369. 

croes,  croix,  424. 

crogi,  pendre,  424. 

cuddio,  cacher,  71. 

cwrwg,  sorte  de  bateau,  393. 

cwyddaw,  cwyddo,  tomber,  70. 

cyfreu,  joyau,  ornement,  410. 

Kyheic,  405,  406,  409,  411-413. 

cymhwys,  de  même  poids,  conve- 
nable, 281. 

cvnhaliaf,  j'avise,  372. 

cynt-,  premier,  392. 

kywreu,  paroles;  chant,  406,410. 

cywydd,  mesure,  384. 

dalen,  feuille,  406,  410. 
defnydd,  denfydd,  matière,  84. 
derwvdd,  druide,  427. 
Dibrguyr,  300. 
Diuunguallaun,  Dinguallaun,  Dun- 

guallaun,  300. 
dirgatisse,  gl.  concesserat,  429. 
Diristan,    Dristan,   403,   404,    406, 

410,  411. 
di\val,  dyfal,  actif,  405,  407. 


au  tome  XXXIII. 


IX 


do-,  428. 

dodi,  mettre,  429. 

dodwy,  déposer,  429. 

Dubr-Duiu,  Dyvyr-Dwy,  300. 

dywal,  cruel,  407. 

-edic,  -edig,  428. 

eirif,  compte,  369. 

Erim,  96. 

erniwaf,  je  déplorerai,  427. 

ernyw,  chagrin,  427. 

ernywed,  chagrin,  427. 

ertiwul,  folie,  passion  folle?  405, 
408. 

Essyllt,  293. 

Euryn,  doré,  456,  457. 

ew,  il;  particule  verbale,  405,  408. 

ewnis,  efnys,  hostile,  funeste  ;  en- 
nemi, ennemis,  406,  411. 

fechid,   il  gronde  de  fureur,    404, 

406,  410. 
fechvn,  (foi)  ardente,  410. 
finnaun,  fontaine,  298. 

gadu,  laisser,  concéder,  429. 
gieu,  nerf,  367. 

glas,  fauve,  roussâtre,  brillant,  430. 
glitinne?  «  scutulis,  vestibus  scutu- 

latis,  orbiculatis  »,  100. 
gof,  forgeron,  loi. 
gogledd,  à  gauche;  nord,  255,  256. 
golchi,  laver,  405,  409. 
gosgordd,  troupe,  clan,  famille,  368. 
Gratlaun,   300. 
Guir  Cetgueli,  386. 
guursebalt  ?  «  eseforium,  parva  tu- 

nica  »,  100. 
gwaelod,  le  bas,  303. 
gwal,  gîte,  tanière,  473. 
gwala,  plénitude,  370. 
gwalch,  faucon  ;  héros,  67. 
gwant,  il  perça,  430. 
gwanu,  percer,  pénétrer  ;  se  glisser, 

se  faufiler  à  travers,  430,  431. 
gv^-ayw,  lance,  408. 
Gweir,  viril,  459-461. 
gvverin,  foule,  473. 
gwisgaw,  gwisgo,  vêtir,  71. 
g\viw,  digne,  307. 
gwlad,  pays,  royaume,  297,  353. 
gwledig,  chef  suprême,  352. 


gwr,  homme,  461. 
G\Ari,  viril,  456,  457,  461. 
Gwron,  grand  homme,  461. 
gwrthneu,  refuser,  récuser,  426. 
gwyddbwyll,     «     intelligence     du 

bois  »,  jeu  d'échecs,  384. 
gwylaw,  gwylo,  pleurer,  71. 
gwyr,  il  sait,  369. 
Gwyr,  386. 

heintnod,  pestilence,  501. 

heinyf,  vif,  allègre  ;  (terre)  luxu- 
riante, 405,  408. 

herwid,  herwydd,  suivant,  selon  ;  à 
cause  de,  405,  408. 

hil,  semence,  83. 

hud,  illusion,  encharitement,  249, 
250. 

huyscur,  au  trait  (javelot,  pique) 
hardi;  prêt  à  l'attaque,  405,  407. 

iach,  bien  portant,  392. 

in  deu,  nous  deux,  406,  413. 

Lancarvan,  271. 

laur,  llawr,  sol,  421,  424,  430. 

lladmervdd,  interprète,  183. 

Uanerch,  clairière,  151. 

Llanrothal,  296. 

llath,  perche,  430. 

Uaw,  main,  370. 

Llawfrodedd,  370. 

Lleyn,  386. 

llwrw,  trace,  sentier  ;  piste,  pour- 
suite ;  en  ce  que,  du  moment 
que,  en  ce  qui  concerne,  en  fait 
de,  405,  409. 

Llys,  123. 

Llvwarch,  367. 

Llywelydd,  367. 

Llywelyn,  367. 

Lotor  a  Fotor,  459. 

Loumarch,  367. 

Mab  Mawr,  grand  fils,  454. 
Mabon,  grand  fils,  452-461. 
mach,  caution,  367. 
Manau  Guotodin,  386. 
Manaw,  Manau,  386. 
Manawyddan,  459. 
March,  406,  411 . 
Maredud,  254. 


Table  des  principaux  mots  étudiés 


Mechyd,  404. 

Medraud,  298. 

men,  myn,  où,  410. 

menic,  mynnic,  lieu,  où,  406,  410. 

menic,  mynych,  souvent,  410. 

Meriadoc,  301. 

meu-,  serviteur,  367. 

Modron,  grande  mère,  454. 

moniu,  buisson,  287. 

Moniu,  Miniu,  Mynvw,  287,  386. 

Morcant,  Morgan,  250. 

Morgan  Tut,  135,  249-258,  371. 

Morgannuc,  297. 

morhesg,  roseau  de  mer,  281. 

Mvdron,  Modron,  459. 

Mynweir,  459-461. 

Mynweir  a  Mynord,  459. 

-n,  nous,  409. 

Nantcarvan,  271. 

neu,  ou,  426. 

neuaf,    je  suis  abattu,  perplexe,    je 

regrette,  425-427. 
neued,  affliction,  regret,  425-427. 
-nod,  501. 
nodd,  jus  d'une  plante,    sève  d'un 

arbre,  371. 
nwyf,  vigueur,  501. 
nwyfo,  exciter,  501. 

Ondryaw  ?  1 3 1 . 

pau,  peu,  région,  contrée,  252,253. 
pebrur,  pebir  gur,  le   beau  guerrier, 

406,  410. 
peth,  morceau,  474. 
peues,  contrée,  252. 
Pir,  Pyr,  301. 
Pryderi,  457,  460. 
pyr,    depuis    que,    parce  que,  405, 

407. 

Rhiannon,  grande  mère,  454-456. 


rhieni,  reines  ;  dames  ;  parents,  455. 

Ridol,  296. 

ron,  lance,  405,  408. 

ron,  quand  même,  même  s'il  était 
possible,  405,  408. 

Rotri,  370. 

ryhawt,  généreux,  428,  429. 

ryodic,  reodic,  généreux,  fier  ;  pro- 
digue ?  428. 

Sach  a  Salach,  459. 

Se  ac  Asse,  459. 

Souir  ac  Ovir,  Sodome   et   Gomor- 

rhe,  459. 
syberw,  orgueilleux,  131. 

tân,  feu,  76. 

Teyrnon,  grand  roi,  455,  456. 

toes,  pâte,  393. 

treis,    violence  ;    enlèvement,   rapt 

fait  avec  violence,  405,  408. 
Tristan,  293. 
trwvnfFychein,    gronder    en    jetant 

une    haleine    enflammée  par  les 

naseaux,  410. 
tud,  nation,  250,  251,  257. 
Ty  Gwvnn,  415. 

vuam,  nous  fûmes,  406,  410. 

warthav,  la  plus  haute,  303. 
Wysc,  282. 

y,  à,  112. 

Yessu,  Yssu,  Jésus,  193. 
ymmenydd,  cerveau,  476. 
yndda,  bien,  568. 
Ynys  Pyr,  301. 
vr,  sur,  62. 
vsbïo,  épier,  70. 

yscinvaen,    montoir  de  pierre,  per- 
ron, 405,  407. 
yscwr,  trait,  javelot,  pique,  407. 


VI.    CORNIdUE. 


(Voir  p.  291.) 

-adow,  adj.  302.  Angrès  ?  304. 

Alternon,  Alternun,  autel  de  Nonn,       Austol,  272. 
292. 


au  lame  XXXIII. 


XI 


barth,  bouffon,  266. 

Bleri,  263.' 

Blcthu,  265. 

Bodrugan,  Bodrigan,  271,  275,  276. 

bros,  aiguillon,  303. 

Cadio,  297,  301. 

Cadoalant,  299. 

Cador,  289. 

Caduualant,  265. 

Cadwallen,  298. 

Caerleghion,    Carlyon,    263,    279, 

414. 
Caer  Lvdan,  289,   294. 
Kaherdiu,  Caerdin,  Cairdine,  302. 
Kair  belli,  262. 
Canal-Idy,     Canalesy,     Caneligey, 

Canaligey,  303. 
Kanelangres,  302-305. 
Canoel,  Kanel-,  303,  304. 
caradow,  aimable,  302. 
Cardinan,  Cardinham,  267,  289. 
Caresk,  282. 
Cariado,  297,  302. 
Carlidden,  289. 
Karn,  308. 
Carnyorch,  Carnyorth,  le  tertre  du 

chevreuil,  273. 
Karn-Margh,   tertre   rocheux,  cairn 

de  March,  273. 
Karrek  luz  eu  kuz,    le  rocher  gri- 
sâtre dans  le  bois,  285. 
Çastel    uchel   coed,    le   château  du 

bois  élevé,  262. 
Kea,  278. 
kelli,  bois,  262. 
Kelliwic,  262. 
Kemew,    Kernow,   Cornwall,  288, 

293. 
Chirg\vin,  terre  blanche,  416. 
Chygwinne,  Chegwyne,   Chywine, 

maison  blanche,  416. 
kilmarth,     la   retraite,     le   lieu    de 

retraite  de  March,  273. 
compes,  égal,  droit,  281. 
composter,    ordre,  réglementation, 

282. 
cos,  coys,  bois,  282. 
cres,   grès,  (partie)  du  milieu,  303. 
crows,  croix,  424. 

Custentin,Costentin,  284,  294,  305. 
Cyngelt,  294. 


dcfnydh,  matière,  84. 

Dimelioc,  261,  414. 

-din,  citadelle,  302. 

Dinan,  289. 

dinas,     forteresse,    cité    forte,    288, 

289. 
Dinas,    Dynas,    Dennis,     288-290, 

302,  305,  308. 
Dinas-Ie,  289. 
Donoalen,  Denoalen,  297,  299,  300. 

egles,  eglos,  église,  298,  303. 
Eglesros,  298. 
Eselt,  293,  305. 
Esturt,  290. 

funten,  pi.  fontenio,  fontaine,  298. 

Gèrent,  265,  286. 

gluat,  patrie,  353. 

Golant,  415. 

golas,  woles,  (partie)  la  plus  haute, 

303. 
Goran,  276. 
Goron,  301. 
Gorvenal?  301. 

Gralan,  Grealant,  Grazelen,  300. 
Gratcant,  300. 
Griffin,  265. 
guinbren,  vigne,  424. 
guitfil,  bête  sauvage,  425. 
gwane,  frapper,  percer,  431. 
Gydiccael,  294. 

Harmony,  287. 

heligen,  saule,  425. 

hen,  vieux,  287,  288. 

Henlan,  Hellan,  299. 

herwyth,  au  pouvoir,  en  compagnie 

de,  408. 
heschen,  roseau,  281. 
hir,  her-,  long,  288. 
Hirmeneu,  Ermenheu,  287,  288. 
Hoel,  297. 
Hudent,  qui  a  de  bonnes  dents,  304. 

la,  Iva,  289. 

Jordan,  262. 

Lamb,  415. 

lamm,  labm,  saut,  chute,  415. 


XII 


Table  des  principaux  mois  étudiés 


lan,  lieu  consacré,  monastère,  271, 

279. 
Landege,  278. 
Landu,    le    monastère    ou    l'église 

noire,  279. 
Lantien,  Lanthien,    Lantvan,   Lan- 

tyen,  Lantïn,   Lanzian,    Lancien, 

270,    271,    273,    276,  291,   304, 

305,415. 
Lanyon,  Lanm,  270. 
lesserchoc,    «    l'herbe     d'amour  », 

291. 
lidan,  large,  ample,  289. 
Lidan,  305,  308. 
Loholt,  263. 
luer,  sol,  430. 

Malpas,  276-278. 

Marazion,  Marazîn,  270. 

Mariadoc,  297. 

maw,  serviteur,  367. 

Meriadoc,  Meriasek,  501. 

Mewen,  272. 

midil,  moissonneur,  425. 

milin,  melvn,  jaune,  425,  429. 

Modret,  Modred,  262,  298. 

Mopes,  415. 

Morcant,  Morgan,  297. 

Morhaytho,  502. 

Morres,   Moresc,  Moreis,    280-285, 

304,  305. 
Moruurei,  265 . 
Myrmen,  294. 

Nanjîzel,  271 . 
Nanscuk,  268. 
nant,   vallon,   vallon  arrosé  par   un 

ruisseau,  ruisseau,  271. 
Nantellan,  271. 
Nauntvane,     Nauncyan,     Nantian, 

Nantyan,     Nantyant,     Nauteau, 

270,  271. 
naw,  neuf,  367. 
Newton,  265. 
Nunsavallan,  415,  416. 

Ongynedel,  294. 
Otret,  292. 

Pendîn,  302. 

Pendinas,  Pendennis,  288. 

Penfontenio,  298,  501. 


Penmark,  309. 

Perinis,  297. 

Per3's,  269. 

Peticru,  290. 

Pons  mur,  grand  pont,  279. 

Porth-Ie,  Proth-Ia,  289. 

Porthilly-Egles,   303. 

Ponhillv-gres,  303. 

povv,  région,  252. 

Restronguet,  280. 

Ribrost,  265. 

Riscaradoc,   Ricaradoc,  Rescraddck, 

le  gué  de  Caradoc,  261. 
Rivalen,  Rivalin,  297. 
Rivalen  Kanelangrès,  305. 
Rosonwallen,  298. 
Rospeth,  275. 
Roswallen,  298. 
Rouland,  298,  299. 
Ruallou,  299. 
Ruait,  299. 
Rumuncant  ?  265. 

Sampson,  Samson,  272,  305. 

Talan,  299. 

Talgollo,  298,  301. 

Terradenec,  terre  à  fougère,  288. 

tew,  épais,  367. 

Tintagel,   261,  263,  270,  271,  273, 

291,  304,  305,  309. 
tir,  chir,  ter-,  terre,  288,  416. 
Tre-Bleri,  263. 
Tregestentyn,  Tregesteyntyn,  Tre- 

gostentin,  la  demeure  de  Costen- 

tin,  284,  294. 
Tregiffion,  /I14. 
Trelan,  299. 
Trembath,  273. 

Trestan,  Tristan,  290,  305,  415. 
Trevorgant,  297. 
Trewallen,  298. 
Trewvnt  wartha,  303. 
Trewvnt  woyles,  303. 
Tricoit,  Trecoit,  Trecut,  Trecoyes, 

la  demeure   du  bois,  ou  dans  le 

bois,  283,  284,  305. 
Triconscire,  265. 
trig,  treg-,   séjour,    lieu  de  séjour, 

284,  288. 
Trigg,  265,  272. 


tus,  peuple,  250. 

t)',  cliy,  maison,  416. 


au  tome  XXXIII.  xiii 

Urgan,  297. 

wartha,  (partie)  la  plus  haute,  303. 


VII.  Breton  armoricain. 


(Voir  pp.  266-268,  272,297,  509,420.) 


a-bil,  à  verse,  82. 

acerbite,  violence,  72,  73. 

adarre,  adarrhe,  de  nouveau,  82,  83, 
85. 

adnou,  dépôt,  422,  426,  429. 

asçzony,  aisance,  facilité  à  faire  les 
choses,  85. 

aez,  eaz,  aise,  plaisir,  commodité, 
84. 

aezamand,  eazamand,  aise,  plaisir, 
commodité,  85. 

œzans,  aise,  plaisir,  commodité,  85. 

affliction,  pi.  ou,  affliction,  86. 

afligea,  afBigein,  affliger,  86. 

aflijus,  affligeant,  86. 

Altrit,  Altret,  Autret,  292. 

AIvred,  267. 

-an,  diminutif;  nom  de  propriété, 
303. 

anaon,  les  âmes,  493. 

anehoii,  de  lui,  71. 

ânes,  gène,  suppHce,  72. 

aneze,  d'eux,  70. 

anezoflf,  de  lui,  71. 

Ankou,  la  Mort,  493. 

aredec,  regret,  contrition  ;  doulou- 
reusement ?  76. 

a-rez,  (passer)  au  ras,  88. 

argourou,  argouvreu,  dot,  410. 

arre,  arrhe,  de  nouveau,  84,  85. 

aruezet,  arveset,  attentif,  84,  85. 

az-,  as-,  76,  77. 

azrec,  aezrec,  componction,  contri- 
tion, 76,  77. 

azrecat,  azredecat,  avoir  componc- 
tion des  péchés,  76,  77. 

azrectet,  arretet,  regret,  contrition, 
76. 

beledigueh,  prêtrise,  77. 
bern,  tas,  370. 
-berth-,  faîte,  430. 


binidiguez,  bonheur,  77. 

bleynenn,  cime,  77. 

Blohiu,  267,  300. 

bodenn,  asile,  recel  (d'un  voleur), 
92. 

boet  gloedic,  viande  au  Comte, 
352. 

bot,  bod,  antre;  asile,  abri  ;  encou- 
ragement, 92,  93. 

bout  ma  é,  quoiqu'il  soit,  82. 

bro,  pays,  123. 

cadoer,  siège,  369. 
Cadoualain,  298. 
caezr,  beau,  369. 

cafïouus,  caffouvs,  caffuous,  doulou- 
reux, 70,  71. 
campouis,  égal  en  poids,  281. 
canaff,  chanter,  71. 
canauenn,  canafenn,  canaffen,  chant, 

71- 

canoenn,  chant,  71. 

canon,  canon;  règle,  72. 

Canuel,  302,  303. 

caoter,  coter,  chaudron,  292. 

Caradou,  aimable,  302. 

Castel  roe  Marc'h,  château  du  roi 
Marc'h,  306. 

c'hoari  ar  c'hontroll,  contrarier,  68. 

c'hoërgnus,  de  mauvaise  humeur, 
hargneux,  revéche,  75. 

c"huirinnat,  hennir,  75. 

cillant,  (frapper)  violemment,  82. 

cillartt,  pierre  posée  obliquement  ou 
debout  sur  son  tranchant,  82. 

cisternn,  citerne,  71. 

claff  ouz  claff,  de  plus  en  plus  dou- 
loureux, 72. 

clehurin,  mouche,  372. 

cloer,  clergé,  372. 

Clutuual,  295. 

cnot,  petit  d'un  animal,  92. 


XIV 


Table  des  prùicipaux  mots  étudiés 


cobrouol,  gl.  verbialia,  410. 

compes,  uni,  égal,  282. 

condaffnet,  condamner,  condamné, 
82. 

consonanç,  beauté,  88,  89. 

consonant,  juste,  admirable,  89. 

contanancc,  délai,  78. 

conterol,  contrôle  ;  contrariété,  con- 
tradiction, contredit,  69. 

conterollein,  contrôler  ;  contrarier, 
contredire,  69. 

conteroller-vor,  contrôleur  de  la 
marine,  69. 

conterolli,  contrôler,  69. 

conterollour,  contrôleur  ;  contra- 
riant, contradicteur,  69. 

contraliafF,  contrarier,  68. 

contraly,  (sans)  différence,  opposi- 
tion ;  (salle  de)  torture,  68. 

contrariaff,  contrarier,  68. 

contrel,  contrell,  contraire,  contra- 
dictoire ;  contrariant,  odieux,  68, 
69. 

contrêllage,  opposition,  contrariété, 
69. 

controliaht,  gl.  controuersiam,  68. 

controll,  contrell,  contrcël,  con- 
traire, 68,  69. 

controller,  contrariant,  69. 

controlli,  s'opposer,  contrarier,  ré- 
sister, 68. 

controllia,  contrarier,  contredire,  68. 

controllyer,  contredisant,  68. 

controllyez,  contrariété,  contradic- 
tion, "68. 

controUyus,  contrariant,  68. 

coscor,  gens,  famille,  368. 

couezo,  tomber,  70. 

counteroll,  contrerol,  contrôle,  69. 

counteroller,  countroller,  control- 
lour,  contrôleur,  critique,  censeur, 
69. 

counteroUérès,  contrôleuse,  69. 

counterolli,  contrôler,  critiquer,  69. 

countreur,  countrol,  control,  con- 
traire, 69. 

crecq,  (le  feu)  prend,  76,  77. 

crenon,  trembler,  71. 

croes,  croas,  croix,  424. 

crot,  petit  enfant,  92. 

cuhon,  cacher,  71. 

Custantin,  284. 


daffnacion,  daunacion,  daounacion, 
damnation,  88,  89. 

daffnez,  danuez,  danvez,  danve, 
dannve,danfe,  daiîné,  daoné,  ma- 
tière, bien,  84. 

damnation,  damnation,  89. 

damnet,  daffnet,  damné,  70,  71. 

darleber,  gl.  phitonicus,  427. 

deffoul,  tourment,  86. 

défoula,  abolir,  abroger,  86. 

defoulançz,  abolissement,  révocation 
d'une  loi,  d'un  acte,  suppression, 
extinction  décharge,  etc.,  86. 

defoulapl,  révocable,  qui  peut  s'an- 
nuler, 86. 

dianaff,  inconnu,  90. 

dianaff,  dianaû,  disanaff,  méconnais- 
sable, 90. 

diaznaoudecq,  dianoudecq,  mécon- 
naissant, 90. 

diaznauezet,  dianavezet,  inconnu, 
90. 

diaznauout,  diaznaout,  disaznaout, 
dianaoueifi,  méconnaître,  90. 

dibatiantt,  impatient,  71. 

dicontananç,  continuel,  78. 

dieneft,  méconnaissable,  90. 

difïaranti,  différencier,  discerner,  72. 

differance,  diferanç,  diffarançz,  dif- 
farancç,  différence,  72. 

differancifu,  diffaranci,  distinguer, 
discerner,  72. 

dihiliai,  il  égrenait  (des  épis),  83. 

dilaouen,  dvlouen,  désolé,  78,  79. 

dimoder,  dvmoder,  immodéré,  82, 
83. 

Dinan,  petite  forteresse,  302. 

dineuz,  vain,  qui  est  sans  façon, 
sans  mine,  de  peu  d'apparence, 
simple,  informe,  défiguré,  mal 
proportionné,  84. 

disaçun,  disacun,  affreux,  86. 

dishilya,  disilha,  dizilla,  s'égrener, 
s'échapper  grain  à  grain,  83. 

disneuz,  de  mauvaise  façon,  qui  a 
mauvaise  grâce  ;  frivole,  vil,  bas, 
méprisable,  difforme,  laid,  défi- 
guré, 84,  85. 

disoulaç,  désolant,  74. 

distre,  il  revient,  70,71. 

divoder,  immodéré  ;  immodération, 
8v 


au  tome  XXXIII. 


XV 


dizneu,  disneu,  qui  ne  sait  pas  s'y 

prendre,  84. 
dodicouant,    gl.  extorsit,  422,  424, 

450,  431. 
dodiprit,  431. 
Donuuallon-,     Donguallon-,    Dun- 

guallon,    Dunguallun,    Dongual- 

len,  299,  300. 
dor-,  tor-,  427,  428. 
dorguid,  gl.  pithonicus,  427. 
Driduual,  295. 
droucq-neuz,   droug-neu,    mauvaise 

grâce,  mauvaise  mine,  85. 
duration,  durée,  74. 

efuo,  effuo,  boire,  70. 

Eliduc,  267. 

eluenn,  eluen,  elvenn,  ehven,  ehv, 
pi.  elguennou,  étincelle,  90,  91. 

enta,  donc,  368. 

eostik,  rossignol,  378. 

er  c'hontroU-beo,  ê  controll-veo, 
tout  au  contraire,  68. 

-eson,  79. 

espio,  guetter,  70. 

essony,  essouny,  essoine,  excuse  lé- 
gale, 84,  85. 

esteuziff,  estuziff,  éteindre,  74. 

éternel,  eternal,  éternel,  86. 

-etic,  -idic,  428. 

Etuual,  295. 

eufi,  euflen,  pi.  evelenno,  étincelle, 
90,91. 

eulien,  euliennen,  etmcelle,  91. 

evez,  garde,  70. 

evit,  'wit...  da,  quoique,  70. 

fibla,  battre,  frapper  fort,  91. 
fîblad,  fort  coup   donné  en  battant, 

fibler,  celui  qui  bat,  qui  frappe  fort, 
91. 

fimble,  fîble,  boucle  de  porc,  91. 

fimblein,  fiblein,  boucler  le  grouin, 
91. 

fiplhe,  frapperait  ;  fiplo,  torturera, 
90,91. 

flëmienn,  boucle  de  porc,  91. 

formai,  fourmal,  (ténèbres)  profon- 
des; (eau)  pure,  78,  79. 

francquat,  franchat,    francaat,  fraii- 


kaat,  élargir,  affranchir  ;  devenir 
libre,  aller  mieux,  90. 
funton,  fontaine,  298. 

glebour,  moiteur,  81. 
gloat,  royaume,  352. 
gloedic,  chef  suprême,  comte,  352, 

553- 
goaz  oz  goaz,  de  pis  en  pis,  72. 
goelo,  pleurer,  71. 
goude,  après,  70. 
gouelet,  fond,  303. 
Graalend,  298. 

Gradlon,  Grazlon,  Grallon,  300. 
Gralant,  Graciant,  268. 
giat  :  dre  grat,  aisément,  76,  77. 
grignol,  grignel,  grenier,  69. 
grisill,  grisilh,  gresilh,  grêle,  82. 
Gueithnoc,  314. 

Guimarc'h,  Gwivarc'h,  307,  308. 
guinion,  gl.  uinalas,  429. 
guoed,    goez,    sauvage,  424,    425, 

429. 
guoed  guiniin,goezguinyenn,  vigne 

sauvage,  422,  424,  429. 
Guoletec,  353. 
gwisko,  vêtir,  71. 

ha  d'ezaiî  beza,  quoiqu'il  soit,  82. 
halegen,  saule,  425. 
hary  ?  78. 
Helion,  267. 
henia,  ceci,  76,  77.  " 
hesc,  lèche,  281. 
hisslbarr,  gui,  419. 
Howel,  Hoel,  268,  297. 
hu,  huée  ;    risée  ;   skei  an  huo  da, 
donner  le  signal   à,  par  des  cris, 

75- 

huernek,  querelleur  ;  celui  qui  at- 
taque de  paroles,  75. 

huerni,  huerna,  attaquer  de  paroles, 
quereller,  injurier,  insulter,  aga- 
cer, 75. 

huernn,  clameur,  74,  75. 

huernus,  hargneux,  querelleur,  de 
mauvaise  humeur,  75. 

hunvré,  rêve,  89. 

hunvréi,  rêver,  89. 

lamhaithoui,  302. 
larnhaitou,  302. 


XVI 


Table  des  principaux  mots  éludiés 


ifern,  ivern,    ihuern,    inhuern,  m., 

yffernn,  f.  enfer,  78,  79. 
impacient,     impatient,     impatiant, 

impatient,  70,  71,  86. 
-in,  429. 

inquietaff,  très  angoissant,  78. 
Iseut,  295. 
ludicael,  294. 
ludwal,  295. 

Jakes,  Jacques,  268. 
Jovinus,  267. 
Juthael,  267. 

kano,  chanter,  71. 
karget-rèz,   (coupe)  pleine  à  débor- 
der, 88. 
kelli,  bois,  262. 
kledour,  abri,  81. 
Kerneo,  Cornouaille,  293. 
Kerrualen,  298. 
kerzin,  sorbier,  501. 

labourât,  travailler  ;  opérer,  être  en 

activité,  74,  75. 
laedroun.  voleurs,  369. 
lah,  gaule  de  la  charrue,  430. 
lamm,  saut,  chute,  415. 
lann,  terre  inculte,  393. 
Lantivy,  271. 

lath,  verge,  perche,  422,  430. 
laz-arazr,  manche  ou   queue  de   la 

charrue,  430. 
lecquer,  lacquaer,  on  met,  76,  77. 
leiz,  humide;  plein,  81. 
leizour,  ruse?  80,  81. 
lenno,  lira  ;  expliquera  ?  70. 
Léon,  287. 
Les,  123. 

leskidic,  brûlant,  428. 
lisoureguez,  paresse,  81. 
lor,  leur,  soi,  417,  422,  424,  430. 
Lostmarc'h,  506. 
lourdonv,  lourdise,  85. 
lourdt,  lourd,  85. 

machtiern,  représentant,  caution  du 
tiern,  grand  seigneur  soumis  à 
l'autorité  suprême,  353. 

manier,  m.  et  f.  manière,  76. 

mao,  gai,  367. 

marc'h,  cheval,  306,  307. 


March,  306,  307. 

Mari-Morgant,  fée  des  eaux,  253. 

men,  où,  410. 

milinion,  jaunes,  blonds,  422,  424, 
42 s,  429. 

milinon,  jaunes,  blonds,  429. 

moan-euz-moan,  de  plus  en  plus 
maigre,  72. 

modestou,  rêves  fâcheux,  89. 

Modrot,  298. 

moeson,  façon,  mesure,  72. 

molest,  contradiction,  89. 

molestou,  rêves  fâcheux,  89. 

moucher,  marchand  de  montres, 
horloger,  89. 

monstr,  mounstr,  monstre,  88,  89. 

monstre,  rêve  importun  et  incom- 
mode, 89. 

monstrei,  avoir  des  rêves  fâcheux, 
89. 

monstrou,  moustrou,  montreu, 
montre,  revue,  89. 

moiîtr,  moiît,  pi.  moiîtrou,  moiî- 
treu,  nioncho,  montre  de  poche, 
89. 

Morcant,  250. 

Morganes,  fée,  253. 

mortel,  mortal,  mortel,  yS. 

mor-vounstr,  monstre  de  mer,  89. 

mounstricq,  petit  monstre,  89. 

mounstrus,  monstrueux,  89. 

moustr,  rêve  fâcheux,  89. 

moustr,  montre,  revue,  89. 

moustra,  passer  la  revue,  89. 

moustra,  fouler,  89. 

moustrer,  (démon)  incube,  89. 

moustrericq,  moustericq,  cauche- 
mar, oppression  nocturne,  89. 

muy  ouz  muv,  de  plus  en  plus,  72. 

naounet,  affamé,  92,  93. 

naturabl,  naturel,  80. 

nebeudic,  neubeudic,  petit  peu,  80, 
81. 

nedeu,  nede,  il  n'est  pas,  70,  71. 

neusia,  feindre,  85. 

neuz,  neu,  né,  forme,  façon,  figure, 
apparence,  semblant,  physiono- 
mie ;  feinte  ;  décadence,  84,  85. 

-o,  infinitif,  70,  71 . 

ober   ar    c'hontroll,    ar    c'hontrell, 


au  tome  XXXIII. 


XVII 


contrarier  ;  ober  c'hontel,  faire  du 
bruit,  ennuyer,  gêner,  faire  tort, 
68. 

offanczet,  offensé,  80. 

offansabl,  offlinczabl,  irritant  ;  cou- 
pable, 80. 

-om,  infinitif,  71. 

-on,  infinitif,  71. 

-ony,  85. 

ord,  souillure,  horreur,  84. 

ordous,  malpropre  ;  homme  mal- 
propre, 84. 

ordousès,  femme  malpropre,  84. 

organ,  organe,  90. 

ort,  sale,  84. 

-ou,  infinitif,  71. 

ourdousded,  ordure,  saleté,  84. 

ourdousder,  ordure,  saleté,  84. 

ouz,  oz,  euz,  oc'h,  contre  ;  (de 
pins)  en  (plus),  72. 

paou,  région,  252. 

parha-somet,  accablant  (de  chaleur), 
82. 

pe  dre,  par  quoi,  par  quel,  90,  91. 

pe  dre  hent,  pezrehent,  pezdrehent, 
par  quel  chemin,  91. 

peinta,  peinta,  penta,  peindre,  73. 

peinta,  faire  des  gestes  avec  les 
mains  en  parlant  pour  mieux  mon- 
trer, 73. 

peintadur,  peinture,  73. 

peintadurez,  peinture,  73. 

peintein,  pènntein,  peindre,  73. 

peinter,  peintre,  73. 

pen,  tête,  430. 

penberthou,  faîtes,  417,  422. 

penitance,  penetanç,  pénitence,  72. 

pented,  attifée,  73. 

pentet,  peinctet,  peint,  72,  73. 

pentur,  peinture,  73. 

penturer,  peintre,  73. 

penturi,  peindre,  73. 

Per,  301. 

Pères,  Pierre,  269. 

pez,  morceau,  474. 

pezalech,  à  quel  lieu,  91. 

Pezdron,  91. 

pil,  (pluie)  à  verse,  82. 

pilad  dour,  averse,  82. 

pilât,  pillât,  frapper,  82. 

pillaff,  piller,  82. 


pmtr,  peintre,  73. 

pintra,  peindre,  73. 

Pirinis,     Perinis,    Perenes,   l'île   de 

Pir,  301,  305. 
plaesant,  plesant,  plaisant,  agréable, 

89. 
plesanç,  plaisir,  88,  89. 
Plomarc'h,  306. 
plouo,  frapper,  70,  78,  79. 
poan,  f.  peine,  78,  79. 
Porzmarc'h,  306. 
Pou  Caer,  Poher,  252. 
Poulmarch,  306. 
punissionou,  punitions,  70,  71. 

quent  y  daz  espio,  avant  qu'elles  te 
guettent,  70. 

raes,  (chose)  commode,  88. 

raizein,  bouleverser,  88. 

Ran  Uuoionan,  la  villa  de  Uuete- 
nuuoion,  303. 

reaz,  res  :  war  o  — ,  (mettre  les 
choses)  en  ordre,  (les  tirer)  au 
clair,  88. 

rebource,  rebours,  revêche,  bizarre, 
90. 

rebourcein,  reboursein,  rebourser, 
vomir,  90. 

rebourcereah,  vomissement,  90. 

rebours  :  en  ur  ber  — ,  «  en  un  re- 
tourne main  »,  90. 

rec'h,  tristesse,    affliction,   chagrin, 

76,  77- 

rec'hi,  attrister,  77. 
.rec'huz,  triste,  77. 

recour,  recours  ;  secourir,  sauver, 
78. 

recouranç,  aide,  78. 

reçzed,  resed,  rez,  superficie  rase, 
niveau  ;  reçzed  ê  reçzed,  au  ni- 
veau, de  plain-pied,  88. 

reisaat,  rendre  ou  devenir  tranquille, 

.89- 
reiz,  rez,  reih,  reh,  droit,  régulier  ; 

habile  ;  clair,    facile,  bien  ;  règle, 

88,  89. 
rems,  remps,  durée  ;    espace  (de  la 

vie),  86,  87. 
remsi,  rempsi,  durer,  subsister,  87. 
remsy,  espèce,  86,  87. 
remziad,  pi.  aou,  génération,  87. 


XVIII 


Table  des  principaux  mots  étudiés 


rén,  renaff,  exister,  87. 

renabl,  compte,  80. 

re  peur-,  tout  à  fait,  82. 

res  (e,  en  — ),  (sous)  forme  de,  88. 

rés,  juste,  88. 

rês,  rez,  ras,  plain,  uni  ;  plein,  gar- 
ni, fourni,  bien  rempli,  88. 

resaat,  devenir  plus  habile,  89. 

rês-ribus,  «  rés  le  bord  d'une  me- 
sure »,  88. 

Rethuualt,  295 . 

reud,  reudt,  reut,  redt,  rude,  roide, 
inflexible;  rond  à  force  d'être 
plein  ;  trapu,  80,  81. 

reuda,  reudi,  redein,  reudeiii,  roi- 
dir,  se  roidir,  80,  81. 

reudder,  reuder,  redér,  roideur,  du- 
reté, 80,  81. 

rez,  (bois)  sans  défaut,  facile  à  tra- 
vailler, 88. 

rez  :  ober  eur  —  da,  chapitrer,  88. 

rez,  f.  rangée,  88. 

réz,  réaz,  niveau;  ras,  comble,  plein 
jusqu'aux  bords  ;  rez,  à  fleur,  au 
niveau;  ê  rez,  a  rez,  a  réaz,  au 
niveau,  au  ras,  de  plain-pied,  88. 

rezah,  mettre  à  fleur,  88. 

rez  ar  verenn,  rasade,  88. 

réz  ha  réz,  au  même  niveau,  88. 

rezo,  rendre  uni,  raser,  88. 

rez  toupicq,  rasade,  88. 

Rimelen,  Rivelen,  297. 

Rituuald,  295. 

Rituualt,  295. 

Rivilin,  297. 

Riwallon,  Riuuallun,  Riguallon, 
Riwalan,  Ruallen,  296-298. 

ro-,  296,  428. 

Roald,  Ruald,  267,  294,  296,  305. 

Roallen,  Roallon,  298. 

Rodait,  Rudalt,  Rodaud,  Rozaud, 
Rouzaud,  l'homme  au  don  élevé? 
295,  296. 

Roderch,  Rozerch,  296. 

roe,  roi,  353. 

roedennatï,  défaillir,  81. 

rogotetic,  confié,  422,  428,  429. 

Rohoiarn,  295. 

Romael,  295. 

Romin,  295. 

Rotbert,  Rotberth,  Roperz,  Roparz, 
294. 


roueden,   roédèn,  filet,  membrane, 

voile,  taie,  81. 
Rumanton,  295,  296. 
rusabl,  prudent,  86,  87. 
ruset,  rusé,  87. 
Ruvalen,  298. 
ruz,  rouge,  296. 

sal,  salle  ;  séjour,  68,  70,  71 . 

salu,  sal,  sauf,  68. 

scianç,  science,  77. 

sciançet,  savant,  76,  77. 

sciir,  (coup  de)  tranchant  (d'épée), 
82. 

scrit,  scryt,  scruit,  scruyt,  écriture, 
80. 

sec'hour,  sécheresse,  81. 

sill,  éruption  lente,  écoulement  lé- 
ger et  fin,  83. 

silla,  découler,  couler,  fluer,  83. 

sizlaff',  sila,  filtrer,  83. 

spiaff,  espérer,  70. 

spya,  spyal,  spyeiii,  épier,  70. 

stai  :  lacat  — ,  apaiser,  mettre  la 
paix,  74. 

stai  :  gouil ,  civadiére,  74. 

stard-oc'h-stard,  de  plus  en  plus  for- 
tement, 72. 

steuzi,  éteindre,  74. 

steûzia,  fondre,  disparaître,  s'abîmer, 
se  perdre  ;  se  ruiner,  74. 

steuziet,  avachi,  aveuli,  qui  ne  se 
tient  plus,  74. 

stoùez,  épines,  ronces,  buissons, 
halliers,  74. 

struj,  état,  74,  75. 

struj,  pousses  (de  pommes  de  ter- 
re), 74,  75- 

struz,  mine,  contenance,  façon,  74, 

75- 

struziet,  (mal)  façonné,  qui  a  (mau- 
vaise) mine,  74,  75. 

stuz,  manière,  façon,  état,  74,  75. 

stuziet    fall,  qui  a   mauvaise  mine, 

75- 
stuziou,  stusiou,  (tristes)  états,    ma- 
nières d'être,  74,  75. 

-t,  prétérit,  3^  pers.  sing.,  430. 
tan,  m.  feu,  76,  82. 
té,  fondu,  74. 


au  iomc  XXXIIl. 


XIX 


temperanç,  tfuipcrançz,  tampcran- 
cc,  tempérance,  modération,  80. 

tempérant,  tempérant,  80. 

témperi,  tempérer,  80. 

teCiz,  teùs,  lutin,  74. 

teûz,  fonte,  74. 

teuzi,  fondre,  74. 

tor-,  427,  428. 

torleberieti,  gl.  phitonistarum,  427. 

tornouidocion,  malades  (de  corps  et 
d'esprit),  421,  425,  427,  429. 

toruisolion,  gl.fidis,  427. 

tra,  m.  et  f.  chose,  77. 

Trechmor,  505. 

Trestan,  Tristan,  306. 

lud,  peuple,  gens,  250. 


tutlie,  teuz,  esprit  follet,  lutin,  254. 
Tutuarn,  306. 
Tutwal,  295. 

varia;son,  variété,  78,  79. 

-wal,  -gual,  295. 

-walt,  295. 

Wihenucc,  267. 

Wihumarc(h),  267,   285,  284,  309. 

wiu-,  digne,  307. 

Wiuhomarch,  Guyonvarc'h,  307. 

Uuoetuual,  295. 
Uuoetuualt,  295. 


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