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Full text of "Revue d'Alsace"

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REVUE  D'ALSACE 


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REVUE  D'ALSACE 


^»^ 


NOUVELLE  SERIE 


SIXIÈME  ANNÉE 


TOME   SIXIÈME 


COLMAR 

AU  BURKÀU,  PLACE  BU  MARCHÉ-AU-PEm-BËTAIL,  N*  23 
1877 


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Han^ard  Collejje  Library 

APa  18  1908 

HohenzoUcrn  Collection 
Gift  af  A.  C.  C.m/.kI-^^ 


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NOTES  BIOGRAPHIQUES 

SUR  LES 

HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION 

A 

STRASBOURG  ET  LES  ENVIRONS. 


Les  notices  dont  est  formé  le  présent  recueil,  ne  sont  ni 
des  biographies,  ni  même  des  matériaux  ou  des  éléments  de 
biographies.  En  les  réunissant,  je  n'ai  eu  d'autre  but  que  de 
marquer,  au  moyen  d'un  système  de  notes,  la  carrière  publique 
des  personnages  qu'elles  concernent  et  de  fournir  en  quelque . 
sorte,  rangés  dans  l'ordre  alphabétique,  les  états  de  services 
des  hommes,  qui  ont  joué  un  rôle  plus  ou  moins  marquant 
dans  l'histoire  locale  et  strasbourgeoise  de  la  Révolution  pen- 
dant la  période,  assez  courte,  où  cette  histoire  a  été  vraiment 
originale. 

J'ose  croire  que,  même  réduit  à  ces  limites,  ce  répertoire 
pourra  être  de  quelqu'utilité.  La  Révolution,  qui  a  eu 
pour  résultat  final  d'amoindrir  et,  sous  bien  des  rapports, 
d'éteindre  la  vie  publique  locale.  Ta,  au  contraire,  singulière- 
ment activée  au  début.  Le  nombre  des  gens  en  vue,  ce  qu'on 
pourrait  appeler  le  personnel  politique,  s'accroît  subitement 
en  proportion  énorme  et,  malgré  la  publicité  officielle  ou  autre 
dont  les  pn)duits  augmentent  en  proportion  pour  le  moins 
aussi  forte,  nous  avons  parfois  de  la  peine  à  nous  retrouver 


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6  REVUE  D'ALSACE 

au  milieu  de  cette  profusion  de  noms,  bien  qu'il  n*y  ait  pas 
encore  un  siècle  entre  nous  et  les  événements.  Il  sufBt  d'ail- 
leurs d'avoir  jeté  un  coup  d'œil  dans  les  documents  de  cette 
époque,  pour  s'être  aperçu  combien,  même  dans  les  pièces 
officielles,  les  homonymies,  les  omissions  ou  les  indications 
erronées  des  prénoms,  l'orthographe  incertaine  des  noms 
propres,  encore  flottante  en  bien  des  cas,  mais  plus  souvent 
encore  mal  rendue,  ajoutent  à  notre  embarras.  J'ai  cherché, 
aussi  bien  que  j'ai  pu,  à  remédier  à  ces  défauts,  en  notant 
les  variantes,  en  complétant  en  rectifiant  autant  que  me  le 
permettaient  les  documents  que  j'ai  à  ma  disposition.  Pour 
les  erreurs  que  j'ai  pu  commettre  à  mon  tour  et  qui,  je  le 
crains,  doivent  être  nombreuses,  je  fais  appel  à  l'indulgence 
des  lecteurs.  Dans  ma  pensée,  ces  notes  devaient  être  contrô- 
lées par  des  recherches  dans  les  dépôts  publics.  En  m'éloi- 
gnant  de  ma  ville  natale,  les  événements  m'ont  privé  de  cette 
source  de  renseignements,  la  plus  abondante  et  la  plus  sûre 
de  toutes.  Si  aujourd'hui,  après  bien  des  années,  je  n'hésite 
pas  à  reprendre  ce  travail  et  à  le  donner  tel  quel,  c'est  dans 
la  pensée  que  d'autres,  disposant  de  plus  de  ressources  que 
moi,  pourront  le  rectifier  et  le  compléter. 

Pour  chaque  notice,  je  me  suis  borné  à  ce  qui  m'a  paru 
être  le  stjict  nécessaire.  Dans  quelques  cas  seulement,  quand 
il  s'agissait  de  pièces  devenues  rares,  comme  les  abjurations 
reproduites  par  Monet,  je  me  suis  permis  des  citations  tex- 
tuelles un  peu  longues.  Par  contré  j'ai  cherché  à  rendre  le 
recueil  aussi  complet  que  possible,  en  ce  sens  que  je  crois 
n'avoir  négligé  aucun  nom  important  et  que  de  ceux  mêmes, 
qui  ont  occupé  l'opinion  à  un  moindre  degré,  on  ne  trouvera, 
jV^père,  qu'un  petit  nombre  d'omis.  Au  sujet  de  certains 
noms,  qui  appartiennent  plutôt  à  l'histoire  générale,  j'ai  pu 
me  demander  s'il  fallait  ou  non  leur  faire  une  place  ici.  Je 
me  suis,  en  général,  décidé  à  les  [admettre,  quand  il  y  a  eu 
intervention  directe  et  personnelle  dstns  nos  affaires  locales. 


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LK3  H0MMB8  DB  LA  RÉVOLUTION  7 

C'est  ainsi  qu'on  trouvera  à  leur  rang  les  représentants  en 
mission,  ainsi  que  les  ofBciers  et  les  généraux  en  résidence 
ou  de  passage,  quand  ils  ont  fait  acte  politique  à  Strasbourg, 
ou  qu'ils  ont  été  affiliés  aux  sociétés  de  notre  ville. 

Quant  à  Fépoque  dans  laquelle  ces  notices  devaient  s'en- 
fermer, elle  se  linutait,  me  semble-t-il,  d'elle-même.  La 
Révolution  chez  nous,  en  tant  qu'elle  a  été  un  fait  local,  ayant 
ses  causes,  sa  physionomie  et  ses  allures  propres,  a  présenté 
deux  périodes  :  Celle  des  fondateurs,  des  hommes  de  1789,  et 
celle  de  leurs  héritiers,  qui  poursuivirent  à  leur  façon  les 
conséquences  d'un  mouvement,  à  l'origine  duquel  la  plupart 
d'entr'eux  n'avaient  eu  qu'une  assez  faible  part.  Une  fois 
que  ceux-ci  ont  disparu  à  leur  tour,  la  suite  de  l'histoire 
révolutionnaire  ne  présente  plus  rien  d'original  et  de  parti- 
culier dans  nos  pays;  sous  ce  rapport,  du  moins,  le  Strasbourg 
du  Directoire  est  déjà  le  Strasbourg  de  l'Empire.  J'ai  donc 
cru  devoir  me  renfermer  dans  ces  deux  périodes  :  J'ai  suivi 
dans  leur  carrière  ultérieure  les  hommes  qu'elles  ont  produits; 
mais  je  n'ai  plus  admis  ceux  qui  ne  sont  venus  qu'après. 

Pour  l'orientation  du  lecteur,  je  remarque  que  j'ai  disposé 
les  noms  en  deux  séries,  selon  qu'ils  appartiennent  à  l'une 
ou  à  l'autre  période.  La  départition  était  facile,  ou  plutôt 
toute  faite,  même  pour  les  hommes  qui  ont  eu  un  rôle  public 
dès  l'origine  :  la  scission  survenue  dans  le  sein  de  la  Société 
des  amis  de  la  Constitution,  en  février  1792,  est  décisive  à 
cet  égard. 

Sous  le  CQup  des  malheurs  présents,  il  semble  que  nous 
soyons  mieux  placés  que  d'autres  pour  juger  avec  indulgence 
des  faits  du  passé,  et  peut-être  eût-il  été  bon  sous  ce  rapport 
de  fondre  les  deux  listes  en  une  seule.  Pour  moi^  je  n'ai  pas 
pu  m'y  résoudre,  ni  effacer  la  trace  sanglante  qui  subsiste 
entre  les  victimes  et  les  bourreaux. 

Parmi  les  hommes  de  1798,  nous  trouvons  quarante-six 
allemands,  et  seulement  deux  parmi  les  hommes  de  1789. 


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BEVUE  D'ALSAOE 


Ouvrages  consultés. 


Almanach  royal.  — •  1790. 
AmmeisterBûchlein.  —  i785à  1789. 
Annuaires  du  Bas-Rhin.  —  1803  à 

1804. 
Appel  contre  la   municipalité  de 

Schlestadt.  —  An  III. 
Archives  d'Alsace.  — 1790. 
Argos.  —1792  à  1794. 
Bachmann,  Betrachtungen  ûber  die 

Verhâltnisse  im  Elsass.  —  1791. 
Baquol-Ristelhueber.  — 1865. 
Berg,  sur  la  musique.  —  1840. 
Biographie  des  contemporains.  — 

1820. 
Bœll,  sein  Leben.  —  1870. 
Bœrsch,  sur  la  mortalité.  —  1836. 
Bottin,  annuaires  du  Bas-Rhin.— 

Ans  VU,  VIII,  IX. 
Bourguignon,    Bischwiller   depuis 

100  ans.  -  1875. 
Briefe  ûber  das  Elsass  von  J....  — 

1792. 
Bulard  et  Enguel,  catéchisme  de 

morale  républicaine.  —  An  III. 
Bussière  (de),  culte  de  la  Vierge  en 

Alsace.  —  1862. 
Calendrier  de  la  République.  — 

An  II. 
Gatechismus  der  christlichen  Lehre. 

— 1793. 
Der  Deckel  von  dem  Hafen.  — 1791. 
Die  FranJLen  RepubliJL  im  Elsass.  — 

1794. 
Documents  sur  Thistoire  religieuse 

en  Alsace  pendant  la  Révolution. 

—  1859. 
Dorlan,  notices  sur  TAlsace.  — 1843. 
Edel,  die  neue  Kirche.  — 1825. 


Eggers,  Reisse  im  Elsass  1798-1799. 

—  1801. 

Ehrmann,  Nationalblatt.  —  1790  à 

1792. 
Engelhardt,  Geschichte  des  Elsass. 

—  1849. 

Etat  des  émigrés  alsaciens.  —  1793 

à  1794. 
Fargès-Méricourt^annuaire.- 1806. 
Fischer,  Société  populaire  à  Saveipne 

1791  à  1794.  —  1869. 
Friese,  vaterlândische  Geschichte. 

— 1791  à  1801. 
Guerber,  histoire  de  Haguenau.  — 

1876. 
Geschichte  und  Beschreibung  Elsass 

und  Lothringen.  —  1794. 
Greuel  der  Verwustung  im  Elsass 

wàhrend  der  Révolution.— 1793. 
Gumpelzheimer,  Evangelische  Reli- 

gionsgeschichte  in  Strassburg.- 

1794. 
Gyss,  Obernai.  —  1866. 
Heitz,  S*-Thomas  Kirche.  —  1841. 

—  Das  Zunftwesen.  —  1856. 

—  L'Alsace  en  1 789 .  — 1860 . 

—  Euloge  Schneider.  —  1862. 

—  Les  Sociétés  politiques .  1863 . 

—  La  Contre-révolution .  —1865. 
Herrmann,  notices  sur  Strasbourg. 

—  1817  à  1819. 

Hunckler,  histoire  d'Alsace.— 1840. 

Jeanjean,  Raihspredigten.  —  1771. 

Kentzingcr(de),  Strasbourg  et  l'Al- 
sace. —  1824. 

Klein,  Geschichte  von  Mainz.— 1861. 

Kœllner,  Geschichte  SaarbrûcJL.  — 
1865. 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION 


Knhiiy  Niederbronn.  — 1860. 

L'AImanach  du  Républicain.— An  D. 

Lambs,  Jung-S^Petcr.  —  185i. 

Lamey,  Ghronick  der  Elsasser.  — 
1845. 

Le  Courrier  de  Paris  et  des  dépar- 
tements. —  1792. 

Liste  de  la  Société  des  jacobins.  — 
An  m. 

Lobstein,  die  Musik  im  Elsass.  — 
1840. 
—    Manuel  du  Notariat.— 1844. 

Louis  XVI,  du  séjour  des  heureux  à 
son  frère  Louis  XVilI.  —  1814. 

Marchai,  les  prisons  à  Strasbourg. 

—  1841. 

Maréchal,  hymnes  républicaines.— 
An  m. 

Meiners,  Reise  nach  Strassburg.  — 
1803. 

Mémoire  de  droit  public  sur  Stras- 
bourg et  r Alsace.  —  1789. 

Migneret,  le  Bas-Rhin.— 1858àl871. 

Monel,  la  fête  de  la  Raison .  —  An  II. 

—  Les  autorités  dans  le  temple 

de  la  Raison.  —  An  II. 

—  Les  prêtres  abjurant  l'impos- 

ture. —  An  II. 
Oberlin,  Almanachs  d'Alsace.  — 
1789  à  1792. 

—  Gefangniss  Geschichten. 
Patriotisches  Sonntagsblatt.— 1792. 
Piton,  Strasbourg  illustré.  — 1855. 
Politisch-Literarischer   Kurier  des 

Niederrheins.  —  1791. 

Procès-verbal  de  la  Confédération 
de  Strasbourg.  —  1790. 

Procès-verbal  d'installation  de  la 
municipalité.  —  1790. 

Règlement  de  la  Société  des  amis  de 
la  Constitution.  —  1790. 

Reise  eines  Englânders  durch  El- 
sass. —  1793  à  1794. 


Remling,  die  Rheinpfalz  1792  bis 

1798.  —  1865. 
Revue  d'Alsace.  —  1862  et  1869. 
Ring  der  Anklâger  von  1 793.— 1869. 
Rumpler,  ses  écrits  de  1784  à  1795. 
Schilderung    der    Neufrànkischen 

Aposteln  in  Strassburg,—  1792. 
Schilderung  der  Franzosen  wàhrend 

der  Révolution.  —  1797. 
Schneider    Eulogius,    Politisches 

Glaubensbekenntniss.  —  1792. 

—  Leben  und  Schiksale  im  Va- 

terland.  —1792. 

—  Leben    und    Schiksale    in 

Frankreich.  —  1797. 
Schnéegans,  S*-Thomas.  —  1842. 
Schmidt,  notes  sur  Strasbourg.  — 

1842. 
Schnitzler,  Atlas  historique. —1862. 
Simon  et  Meyer,   Geschichte  der 

gegenwârtigen  Zeit.— 1790-1791. 
Simples  notes  au  Conseil  municipal 

•d'Obernai.   -  1871. 
Spach,  de  Dietrich.  —  1857. 

—  Rapports  sur  les  archives 

d'Alsace.  —  1862. 
Stamm,  dem  ganzen  Yolk,   etc.  — 

AnU. 
Stœber  Augnst,  ses  Alsatia. 
Strassburgischer  Rathskalender.  — 

1785  à  1788. 
Strassburgische  Zeitung.  —  1791  à 

1792. 
Strobel,  Geschichte  ait  S*-Peter.  — 
1824. 

—  Histoire  du  Gymnase.— 1838. 

—  Vaterlàndische  Geschichte. 
Thevenin,  en  vacances,  Alsace  et 

Vosges.  —  1865. 
Thiers,  la  Révolution  française.  — 

1865. 
Treultel,  tyrannie  de  S^-Just  et  Le- 

bas.  —  An  II.  • 


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10 


BEVUE  D'ALSACE 


Ulrich,  Livre  bleu.  -  1795. 
Ueber  die  Ursachen  der  franzôsischen 

Révolution.  —  1800. 
Véron  Reville,  Haut-Rhin  1789  à 

1795.  —  1865. 


Wolff,  Wichtigste  Epoche  der  Révo- 
lution des  Nieder-Rheins.— An  RI. 
Zunft-Bûchlein.  —  1781  à  1785. 


Les  269  de  1789. 


1. 

Acker,  François-P. 

31. 

Brunck  fils,  J. 

2. 

Albert,  Jacob-Louis. 

32. 

Burggraff,  Jean. 

3. 

Alphonse  (d'). 

33. 

Burger,  Jean-Frédéric. 

4. 

Aly,  F.-L. 

34. 

Busch. 

5. 

Ammel. 

35. 

Cappy,  Antoine. 

6. 

André. 

36. 

Garamelle. 

7. 

Arnold  père,  F. 

37. 

Champy,  Paul-Glaude. 

8. 

Arnold  fils,  G. 

38. 

Champy. 

9. 

Barbenès,  Jean. 

39. 

Chanteclaire  (de). 

10. 

Barbier  (le)  de  Tinan,François- 

40. 

Charpentier,  Joseph. 

Louis-Théodore. 

41. 

Châtelain,  A. 

11. 

Barbier  (le;  fils,  J. 

42. 

Chauvet  père. 

12. 

Baderainé,  A. 

43. 

Chayron. 

13. 

Bader  cadet,  Michel. 

44. 

Christmann-Rœderer . 

U. 

Beniot,  Jean-Baptiste. 

45. 

Clairier. 

15. 

Beyckert. 

46. 

Clermont  (de). 

16. 

Beyer,  Jean-Georges. 

47. 

Clide  (de). 

17. 

Bihet,  A. 

48. 

Clinchamp  (de)  cadet. 

18. 

Blessig,  Jean-Laurent.  • 

49. 

Conrad. 

19. 

Boch. 

50. 

Croly,  Félix. 

20. 

Boissière,  A. 

51. 

Delcomrainéte,  J.-J. 

21. 

Bonnard,  Louis-Gabriel. 

52. 

Démichele,  Jacques. 

22. 

Brackenhofifer,  Elie. 

53. 

Déresser,  Théodore-Antoine. 

A3. 

Brackenhoffer,  Jacob-Frédéric. 

54. 

D'Etrée.  J. 

24. 

Braun,  Jean-Daniel. 

55. 

D'Honnières,  Alexandre. 

25. 

Breu,  Jean-Frédéric. 

56. 

Dietrich  (de),  Phil. -Frédéric 

26. 

Briche,  A. 

57. 

Dietrich  (de),  Jean-Nicolas. 

27. 

Bronner. 

58 

Dillemann   aine,  Christophe 

28. 

Brunner. 

59. 

Ditterich,  François-Georges 

29. 

Brunck  de  Frundeck. 

60. 

Doublot. 

30. 

Brunck  père,  Richard-Frédé- 

61. 

Doyen,  Jean-Amable. 

•ric-Philippe. 

62. 

Dubois,  G.-G. 

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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION 


11 


63. 

Dnfort  atné,  César. 

107. 

Gérardon,  G. 

64. 

Dufort  cadet. 

108. 

Gérold,  J. 

65. 

Da  Hoax. 

109. 

Geyler,  M. 

66. 

DucréleJ,  S. 

110. 

Girard,  V. 

67. 

Dulac,  Grégoire. 

111. 

Giverne,  F. 

68. 

Dumas  (de),  Mathieu. 

112. 

Gloutier,  Alexis. 

69. 

Dumonchau  père,  Charles. 

113. 

Godailli,  J. 

70. 

Dupuis,  C. 

114 

Gossel,  A.-X. 

71. 

Durantin,  F. 

115. 

Grûn,  Jean-Jacques. 

72. 

DQrr,  Philippe^acob. 

116. 

Guérin,  E. 

73. 

Eckerl. 

117. 

Guérin,  Christophe. 

74. 

Edel,  Jean-Daniel. 

118. 

Guidinale,  Jean-Baptiste. 

75. 

Ehmann  fils. 

119. 

Guiot,  C. 

76. 

Ehrlen,  Jean-Daniel. 

120. 

Guppenberge  (de). 

77. 

Ehrlen. 

121. 

Hantzmetzger,  A. 

78. 

Ehrmann  père,  Fréd .  -Louis . 

122. 

Hatt,  Daniel. 

79. 

Ehrmann  fils,  Jean-Daniel. 

123. 

Hauterive  (de). 

80. 

Ehrmann  aine. 

121. 

Hebeisen,  Jean-Georges. 

81. 

Ehrmann  cadet,  François. 

12,%. 

Hecht. 

83. 

Ehrmann,  Jean. 

12(i. 

Heitz,  Jean-Henri. 

83. 

Ehrmann,  P. 

127. 

Herrenberger. 

84. 

Ehrmann,  J. 

128. 

Herrenschneider,  Jean-Louis. 

85. 

Emmerich,  G. 

129 

Herrmann,  Jean-Frédéric. 

86. 

Engel,  Philippe. 

130. 

Herrmann. 

87. 

Engelhardl,  Chrétien-Frédéric 

131. 

Bervé,  Charles-François. 

88. 

Ensfelder,  Jean-Daniel. 

132. 

Heydelfils,  Daniel. 

89. 

Eschenauer,  F. 

133. 

Hilliers  (d^ 

90. 

Fabry,  J. 

134. 

Himly. 

91. 

Fahlmer. 

135. 

Hirn,  François. 

92. 

Faudel  aîné. 

136. 

Hirschel.  V. 

93. 

Ferrand,  C. 

137. 

Hirth,  Armand. 

94. 

Foustain,  P. 

138. 

Hoffmann. 

95. 

Frantz,  G. 

139. 

Holtzapfel,  J.-F. 

96. 

Fried,  J.-H. 

140. 

Holtzapfel  C. 

97. 

Friedel,  J. 

141. 

Hugot. 

98. 

Fries. 

142. 

Huguenin. 

99. 

Fritz,  Charles-Maximilien. 

143. 

Humbourg,  François-Antoine- 

100. 

Frischeît. 

Malerne. 

101. 

Frœreissen,  Léonard. 

\U. 

Hummel,  C. 

102. 

Frosch,  F. 

145. 

Isenheimfils,  Jean-Frédéric. 

103. 

Gallimard. 

146. 

Jacobi. 

104. 

Gelin,  G. 

147. 

Jacobi. 

105. 

Geoffroy,  L. 

148. 

Jacquet  cadet. 

106. 

Gérard,  A. 

149. 

Jacquot,  F. 

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12 


REVUE  D'ALSAOB 


150.  Jacquin^  Nicolas. 

151.  Jard  de  Panvilliers,  Louis- 

Alexandre. 

152.  Jobin. 

153.  Junckerpère,  Jean-Henri. 

154.  Jundt,  Abraham. 

155.  Kammerer,  Philippe-Jacob. 

156.  Karth,  Jean-Nicolas. 

157.  Karth,  D. 

158.  Karlh,  F. -F. 

159.  Kast,  Benoîtr-Philippe. 

160.  Kauffmann,  Louis. 

161.  Kecli,  J. 

162.  Keclt,  F. 

163.  Keppler,  Maximilien-Xavier. 

164.  Kern  aîné,  Philippe-Frédéric. 

165.  Kerner. 

166.  Kieffer,  Jean-Daniel. 

167.  Kirslein,  Joseph -Ferdinand. 

168.  Kob.  J.-G. 

169.  Koch,  F. 

170.  Koch,  Christophe-Guillaume. 

171.  Kœnig. 

172.  Koffler,  A. 

173.  Kolb,  Maurice. 

174.  Kolb,  Ferdinand. 

175.  Kramp,  C 

176.  Kratz,  Abraham. 

177.  Kugler  aîné,  R. 

178.  Kuhn,  François-Ignace. 

179.  Kuehn  aîné,  François. 

180.  Kuhn  cadet,  F. 

181.  Laborde(de). 

182.  Lachausse,  Augustin-Mainrad. 
i83.  Laquiante  fils,  F^^KMarie-L.- 

N.-J.-T.  d'Aquin. 

184.  Lasalle,  F. 

185.  Laubadère  (de). 

186.  Lauth,  Jean-Jacques. 

187.  Lauth,  J.-N. 

188.  Leduc,  N. 

189.  Lehn. 

190.  Lépy. 

191.  Lestranges,  L. 


192.  Levrault  aîné,   F. -L. -Xavier 

Louis. 

193.  Lex. 

194.  Liechtlé,  H. 

195.  de  Livio,  Etienne. 

196.  Lix,  André. 

197.  Lung,  Jean-Daniel. 

198.  Mathieu  père,  Jacques. 

199.  Mathieu  aîné,  Michel-Léonard. 

200.  Mayno,  Jean-Pierre. 

201.  Mennet,  Joseph. 

202.  Metz  (de). 

203.  Michelet  (de), Michel-Jacques. 

204.  Momy,  J.-J. 

205.  Montferrand(de). 

206.  Monrecour  de  S^Michel. 

207.  Monfort. 

208.  Montjoye  (de). 

209.  Montrichard,  Joseph-Elie-Dé- 

siré. 

210.  Moritz,  L. 
211    Mouiile^eaux. 

212.  Miihe,  Simon. 

213.  Mûller,  J. 

214.  MuUer. 

215.  Noisette  fils,  Gaspard. 

216.  Oberlin,  Jérémie-Jacques. 

217.  Osterrieth,  Jean-Michel. 

218.  Ottmann,  Isaac. 

219.  Pasquay,  Nicolas. 

220.  Pertois. 

221.  Pistorius,  François. 

222.  Poirot, François-Xavier- Alexis 

223.  Popp,  Charles. 

224.  Radot. 

225.  Raffin(de). 

226.  Rau. 

227.  Rausch,  Geoffroy-Henri. 

228.  Reichard,  Alexandre. 

229.  Reichard,  Jean-Frédéric. 

230.  Riehl,  Jean-Geoffroy. 
I  231.  Rœderer. 

j  232.  Rœderer. 

i  233.  Rollé  de  Baudreville. 


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LES  HOMMES  DE  LA   RÉVOLUTION 


13 


234. 

Rouget  de  Llsle,  Joseph. 

253. 

Thomassin . 

235. 

Rumpler,  Joseph-Salomon. 

254. 

Tisserand,  D.-F. 

236. 

Sainval.  • 

255. 

Treuttel,  Jean-Georges. 

237. 

Saltzmann  ^Frédéric-Rodolphe 

256. 

Tûrckheira  (de)  père,  Jean. 

238. 

Saucerotte. 

257. 

Tûrckheim(de)  flls,  Bernhard 

239. 

Saura,  Jean-Frédéric. 

Frédéric. 

240. 

Saura  père,  Jean-Daniel. 

258. 

Ulrich,  André. 

241. 

Saura  fils,  Daniel. 

259. 

Ungerer  fils. 

242. 

Schaeffer,  L. 

260. 

Vogt  père,  F. 

243. 

261. 

Wangen  (de),  Louis. 

244. 

Schott,  Chrétien. 

262. 

Weber,  Samuel-Reinhardt. 

245. 

Schweighaeusser,  Jean. 

263. 

Weber,  Daniel-Frédéric. 

246. 

Scotti. 

264. 

Weiler,  F. 

247. 

Silberrad,  Jérémie-Eberhard. 

265. 

Weyher,  Louis. 

248. 

Spielmann,  Gharles-F. 

266. 

Wild,  Jean-Geofifroi. 

249. 

Spielraann,  Jean-Jacob. 

267. 

Wilhelm. 

250. 

Stuber,  Jean-Frédéric. 

268. 

Zimmerpère,  Jean-Frédéric. 

251. 

Teutsch,  Georges. 

269. 

Ziramer  fils, Georges-Frédéric 

252. 

Thomassin,  Michel. 

ACKER  (François  P.) 

Avant  1789.  Juge  de  la  maréchaussée,  puis  avocat  au  Con- 
sistoire de  la  noblesse  d'Alsace. 

8  février  1790.  Notable  du  Conseil  de  la  Commune  de 
Strasbourg. 

26  mai  — .  Membre  du  district  de  cette  ville. 

8  juillet  — .  Membre  du  Directoire  de  ce  district. 

Septembre  — .  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

Mars  1791.  Procureur  syndic  du  district  de  Strasbourg.  A 
l'occasion  du  serment  des  prêtres  et  de  l'élection  de 
révêque  constitutionnel  Brendel,  il  reçoit  l'avis  sui- 
vant, en  réponse  à  sa  circulaire  :  «  C'est  bien  joli 
d'être  premier  procureur  syndic  suppléant  d'un  dis- 
trict, quand  on  était  créé  et  mis  au  monde  pour  être 
un  potier  ;  mais  le  moyen  de  faire  oublier  sa  pre- 
mière destination  était  d'être  vrai,  instruit^  intègre  ; 


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14  BEVUB  D'ALSACE 

car  pour  ne  montrer  que  de  l'ignorance  et  de  la  mau- 
vaise foi,  autant  valait-il  rester  potier.  A  votre  avis, 
Brendel  est  un  évêque  digne  des  premiers  siècles  de 
l'Eglise.  Apprenez  votre  catéchisme  avant  de  parler 
de  la  primitive  Eglise.  On  ne  voit  que  de  petits 
athées,  de  petits  impies,  de  pauvres  petits  esprits  forts 
vanter  aujourd'hui  les  premiers  siècles  de  l'Eglise,  et  se 
réunir  à  quelques  fanatiques  sectaires  pour  réformer 
le  clergé.  Retournez  au  métier  de  vos  pères  plutôt  que 
de  vous  mêler  davantage  de  celui  que  vous  faites 
aujourd'hui.  Celui  seul  est  vil  et  méprisable.  » 

21  mai  — .  H  annonce  aux  amis  de  la  Cionstitution  que  le 
prince  de  Hohenlohe  de  l'ex-grand  chapitre  de  la 
cathédrale  de  Strasbourg  a  répondu  à  sa  lettre  qui 
le  priait  de  lui  faire  remettre  les  papiers  du  grand 
chapitre.  Le  prince  lui  déclare  :  «  que  dans  peu  de 
jours  l'armée  révolutionnaire  allemande  reconstituera 
l'ancien  ordre  des  choses  et  remettra  un  chacun  dans 
sa  position  antérieure.  » 

En  juin  — .  H  est  envoyé  avec  quelques  cents  hommes  à 
Geispoltsheim^  pour  y  rétablir  l'ordre,  y  désarmer  les 
paysans,  arrêter  et  conduire  le  maire  en  prison  à 
Strasbourg. 

Septembre  — .  Accusateur  public  près  le  tribunal  criminel 
du  Bas-Rhin. 

7  février  1792.  H  reste  fidèle  aux  amis  de  la  Constitution  et 
va  avec  eux  à  l'auditoire  du  Temple-Neuf. 

Novembre  — .  Elu  pour  la  seconde  fois  accusateur  public. 
Son  antagoniste  Schneider,  dit  :  «  il  est  inconcevable, 
les  moyens  que  les  feuillants  et  les  fanatiques  em- 
ployèrent, pour  faire  de  ce  bouc  un  jardinier,  » 

En  1793.  Destitué  et  remplacé  par  Schneider,  qui  avait 
réuni  en  novembre  1792,  le  plus  de  voix  après  lui,  et 
qui  aspirait  à  ces  fonctions.  Comme  partisan  de  Die- 
trich,  il  fut  porté  sur  la  liste  des  suspects,  exilé  de 
Strasbourg,  et  même  emprisonné. 


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LES  HOMMBS   DE  LA  RÉYOLUTION  13 

17  janvier  1795.  BaiUy  le  nomme  accusateur  public,  près  le 
tribunal  criminel  du  Bas-Rhin. 

1797.  Inscrit  au  tableau  des  défenseurs  officieux  près  les 
tribunaux  de  Strasbourg.  Conservateur  des  hypo- 
thèques à  Strasbourg. 

1805.  Chef  du  contentieux  au  bureau  des  domaines  et  des 
émigrés  à  la  préfecture  du  Bas-Rhin. 

1807.  Nommé  juge  de  paix  du  4"  arrondiss.  de  Strasboui^. 

ALBERT  (Jagob-Louk). 
Fils  dunotaire  Jean-Georges  Albert,  de  Strasbourg. 
25  septembre  1784.  D  soutint  sa  thèse  de  licencié  en  droit. 
Mars  1790.  De  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 
1791.  Secrétaire  de  la  mairie  de  Strasbourg. 
7  février  1792.  H  passe  à  l'Auditoire. 
11  février  1793.  Couturier  et  Dentzel,  ordonnent  de  le  faire 

sortir  de  la  ville  dans  le  plus  bref  délai,  sans  pouvoir  se 

retirer  en  Alsace  et  dans  le  pays  de  Bitsch. 
11  octobre  — .  De  retour,  le  comité  de  surveillance  et  de 

sûreté  générale  du  Bas-Rhin,  décide  sa  mise  en  état 

d'arrestation. 

14  — .  n  est  réclu. 

17  — .  Aux  jacobins,  il  est  porté  sur  une  liste  de  proscription 
de  vingt  individus.  Il  réclame,  et  le  2  novembre,  le 
comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin,  à  son  tour,  le 
fait  figurer  sur  sa  liste  des  suspects. 

29  novembre  — .  Mis  en  liberté,  il  demande  audit  comité 
le  visa  de  son  certificat  de  civisme,  qui  lui  est  refusé. 

1797.  Commissaire  du  pouvoir  exécutif  près  le  tribunal 
de  police  correctionnelle  de  l'arrondissement  de  Barr. 

1800.  H  passe  en  la  même  qualité  au  tribunal  de  première 
instance  à  Barr. 

1805.  Procureur  impérial  au  môme. 

ALPHONSE  (le  chevaHer  d') 
1789.  Officier  d'artillerie  en  garnison  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790,  Fondateur  de  la  Société  de  la  révolution, 

transformée  lel  1  fé  v.  en  celle  des  amis  de  la  Constitution. 


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16  REVX7E  D'ALSACE 

ALY  (F.-L.) 

1789.  Officier  d'artillerie  en  garnison  à  Strasbourg. 

26  février  1791.  De  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 

AMMEL, 

Aubergiste  à  Ittenheim,  près  Strasbourg. 

26  mai  1790.  Membre  du  district  de  Strasbourg. 

26  août  1791.  Membre  de  Tadministration  du  Bas-Rhin. 
Novembre  1792.  A  l'élection   tenue  à  Wissembourg,  de 

nouveau  proposé  pour  l'administration  départemen- 
tale, il  échoue.  Plus  tard,  maître  de  poste  aux  chevaux 
à  Ittenheim. 

17  janvier  1795.  Le  représentant    Bailly  le  nomme   du 

Conseil  général  du  département  du  Bas-Rhin. 
1805.  Suppléant  du  juge  de  paix  du  canton  d'Oberhaus- 
bergen. 

ANDRÉ. 

25  mars  1791.  Vicaire  épiscopal,  sous  l'évêque  constitu- 
tionnel Brendel. 

22  octobre  — .  H  proteste  publiquement  contre  le  discours 
imprimé,  prononcé  à  la  Société  des  amis  de  la  Cons- 
titution le  11,  par  son  collègue  Schneider,  en  faveur 
du  mariage  des  prêtres. 

ARNOLD  (F.)  père. 

1789.  Maître  charpentier,  à  Strasbourg. 

8  février  et  11  novembre  1790.  Notable  du  Conseil  mxmi- 

cipal. 
30  novembre  — .  De  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 

27  mars  1791.  Avec  la  municipalité,  il  signe  la  mise  en  état 

d'arrestation  de  Jaeglé,  curé  de  Saint-Laurent,  pour 
insultes  faites  à  l'évêque  constitutionnel  Brendel. 

Novembre  — .  H  se  retire  de  la  municipalité,  son  fils  le 
remplace. 

7  février  1792.  Il  suit  les  amis  de  la  Constitution  à  l'Auditoire. 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  17 

ARNOLD  (G.)  fils. 

1789.  Comme  son  père,  architecte-charpentier,  à  Strasbourg, 
attaché  au  Bureau  des  travaux  publics  du  district 
de  Strasbourg. 

Janvier  1791.  De  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 

11  novembre  — .  Notable. 

7  fév.  1792.  H  suit  les  amis  de  la  Constitution  à  l'Auditoire. 

3  juillet  — .  Il  signe  Tadresse  de  la  municipalité  à  rassem- 

blée nationale,  demandant  la  poursuite  et  la  punition 
des  auteurs  de  la  journée  du  20  juin  1792. 

18  janvier  1793.  Les  commissaires  de  la  Convention  le  main- 
tiennent notable. 

21  janvier  — .  H  donne  sa  démission. 

17  janvier  1795.  Bailly  le  nomme  notable,  et  en  môme  temps 

commandant  en  second  du  8«  bataillon  de  la  garde 
nationale  de  Strasbourg. 
1798.  Elu  pour  Strasbourg  aux  assemblées  primaires  du 
Bas-Rhin. 

BARBENES  (Jean).  Négociant  à  Strasbourg. 
Février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 
7  février  1792.  Il  est  avec  eux  à  l'Auditoire. 
6  décembre  — .  Notable  de  la  commune. 

4  janvier  1793.  Juge  suppléant  au  tribunal  de  commerce. 

18  janvier — .  Maintenu  notable. 

3  octobre  —.  Destitué  par  Milhaud  et  Guyardin,  comme 
aristocrate  opiniâtre,  ennemi  des  Sociétés  populaires. 

14  — .  n  sera  réclu  au  Séminaire. 

31  — .  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  40,000  livres  qu'il 
paie  les  5,  6,  7  novembre  suivant. 

11  décembre  — .  D  sera  écrit  au  comité  de  sûreté  générale 
de  Nancy,  qu'il  a  été  déporté  de  Strasbourg,  comme 
feuillant  enragé,  méritant  la  plus  grande  surveillance* 

17  janvier  1795.  Le  représentant  Bailly  le  nomme  notable 
et  juge  suppléant  au  tribunal  de  commerce  de  Stras- 
bourg. 

Nonyelle  Série.  —  6**  Année.  2 


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18  REVUE  D'ALBAGB 

LE  BARBIER  DE  TINAN  (François-Louis-Thédore). 

1789.  Commissaire  des  guerres,  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Fondateur  de  la  Société  de  la  révolution, 
transformée  le  11  février  en  celle  des  amis  de  la  Cons- 
titution, dont  il  fut  le  président  jusqu'au  13  mars 
suivant. 

31  mars  — .  Secrétaire  de  la  Société  de  correspondance 
nationale,  il  fait  appel  aux  gardes  nationales  de  la 
Lorraine,  de  la  Bourgogne  et  de  la  Franche-Comté, 
pour  célébrer  la  fête  de  la  Constitution  le  5  avril  sur 
la  plaine  des  Bouchers  à  Strasbourg.  Décédé  le  18 
juin  1791,  la  Société  des  amis  de  la  Constitution  prit 
le  deuil  pour  trois  jours. 

LE  BARBIER  (J.)  fils. 

Décembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Cons- 
titution. 

7  février  1792.  Il  est  à  TAuditoire  jusqu'au  jour  de  la  ferme- 
ture de  la  salle,  le  27  juin  suivant. 

BADER  (A.)  aîné  et  BADER  (Michel)  cadet. 

1789.  Négociants  à  Strasbourg. 

Janvier  1791.  A.  Bader,  membre  de  la  Société  des  amis  de 
la  Constitution. 

7  février  1792.  D  est  à  l'Auditoire. 

31  octobre  1793.  Imposés  par  Saint-Just  et  Lebas  à  70,000 
livres  qu'ils  versent  les  5  et  7  novembre  suivant. 

26  novembre  — .  Le  comité  de  surveillance  et  de  sûreté 
générale  arrête  que  Michel  sortira  de  l'hôtel  de  Darm- 
stadt;  mais  que  l'alné  sera  transféré  au  Séminaire, 
où  il  est  resté  jusqu'après  la  chute  de  Robespierre. 

BENIOT  (Jean-Baptiste). 

1789.  Négociant  à  Strasbourg. 

Décembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la 
Constitution,  qu'il  suit  le  7  février  1792  à  l'Auditoire. 


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LBS  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  19 


BEYCKERT. 


1789.  Régent  au  collège  de  TUniversité  de  Strasbourg, 
faubourg  de  Pierres,  N^  82. 

1790.  Commandant  de  la  garde  nationale.  Commissaire  à  la 

fête  de  la  fédération,  célébrée  à  Strasbourg  le  14 
juillet  1790. 
Dans  le  courant  de  1790,  la  jeunesse  strasbourgeoise  forma 
la  Société  des  jeunes  amis  de  la  Constitution,  et  pour 
donner  un  caractère  sérieux  à  leur  association,  ils 
prièrent  Beyckert  de  les  assister  de  ses  bons  conseils 
et  d'accepter  le  fauteuil  de  la  présidence,  qu'il  con- 
serva jusqu'en  janvier  1793,  pour  faire  place  à  l'exalté 
démocrate  et  journaliste  Simon. 

11  novembre  1791.  Officier  municipal,  chargé  de  la  division 

de  la  police,  des  subsistances  et  des  arts  et  métiers. 
7  février  1792.  Il  passe  à  l'Auditoire  avec  les  amis  de  la 
Constitution. 

12  mai  — .  Administrateur  de  police,  il  annonce  une  distri- 

bution de  monnaies  de  cuivre,  contre  les  billets  de 
confiance  de  5  et  10  sols. 

3  juillet  — .  Signataire  de  l'adresse  de  la  municipalité  à 
l'Assemblée  nationale,  demandant  la  condamnation 
des  auteurs  de  la  journée  du  20  juin  1792. 

20  août  — .  n  est  destitué  par  Camot. 

6  décembre  — .  Notable  de  la  nouvelle  municipalité. 

18  janvier  1793.  Suspendu  par  Couturier. 

14  novembre  — .  Destitué  commandant  de  la  garde  nationale, 
conduit  dans  les  prisons  de  Dijon  où  il  resta  jusqu'à 
la  paix. 

24  juillet  1794.  Le  représentant  Rûhl  nous  apprend  de  Paris, 
que  la  femme  de  Beyckert  était  sa  cousine,  mais  que 
le  mari  lui  est  imparfaitement  connu,  ne  lui  ayant 
jamais  parlé  que  deux  ou  trois  fois  dans  sa  vie  ;  il 
ignore  ses  principes,  mais  ce  qu'il  sait  parfaitement, 
c'est  qu'il  a  toujours  passé  pour  un  excellent  professeur 
de  collège,  et  que  ses  disciples  lui  étaient  fort  attachés. 


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20  REVUE  D'ALSAOE 

8  octobre  — .  A  la  réorganisation  du  collège,  il  est  nommé 
professeur  d'arithmétique  et  de  géographie. 

17  janvier  1795.  Bailly  le  nomme  notable  de  la  commune  et 

commandant  en  second  du  1"  bataillon  de  la  garde 
nationale  ;  mais  ayant  refusé  ce  dernier  poste,  c'est 
Drolenvaux  qui  le  remplaça. 

BEYER  (Jean-Georges), 
ex-sénateur  de  la  ville  de  Strasbourg. 

16  décembre  1789.    Il  offre  400  livres  à  la  contribution 

patrioticpie. 
8  février  1790.  Elu  notable. 

Août  — .  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 
11  novembre — .  Maintenu  notable. 
27  mars  1791.  H  approuve  les  poursuites  contre  Jaeglé,  curé 

de  la  paroisse  de  Saint-Laurent. 
14  novembre  — .  Elu  notable. 

7  février  1792.  Il  suit  les  amis  de  la  Constitution  à  l'Auditoire. 
3  juillet  — .  Signataire  de  l'adresse  de  la  municipalité  à 

l'Assemblée  nationale,  demandant  la  poursuite  des 
fauteurs  de  la  journée  du  20  juin. 
6  décembre  — .  Maintenu  notable. 

18  janvier  1793.  Il  est  suspendu. 

8  décembre  — .  Sa  femme  offre  à  la  Société  populaire  de  la 

part  de  Madame  de  Landsberg  de  Blaesheim,  plusieurs 
objets  en  argent,  à  titre  de  don. 

BIHET  (A.) 

Juin  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution 
qu'il  ne  quitta  que  le  27  juin  1792  lors  de  la  fermeture 
de  la  salle  de  l'Auditoire. 

BLESSIG  (Jean-Laurent), 
né  à  Strasbourg,  le  13  avril  1747. 

En  août  1777,  lors  de  la  translation  des  restes  du  maréchal 
de  Saxe  dans  l'église  de  Saint-Thomas,  il  fut  charge  de 
prononcer,  en  ftunçais,  l'éloge  funèbre  du  maréchal. 


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LES  HOMMES  DE  LA  RËYOLUTION  21 

En  1778.  Chargé  d'un  cours  de  philosophie  et  peu  après 
nommé  pasteur  au  Temple-Neuf. 

En  1785.  Professeur  en  titre  du  cours  de  philosophie  à 
rUniversilé  de  Strasbourg. 

8  février  1790.  Elu  notable  de  la  Commune. 

18  mars  — .  A  la  fête  de  Finstallation  de  la  nouvelle  munici- 
palité, qui  fut  les  funérailles  de  la  vieille  Constitution 
de  la  ville  libre  de  Strasbourg,  il  tint  au  Temple- 
Neuf  un  discours  en  allemand  sur  les  paroles  sui- 
vantes de  l'Evangile  :  •  Wie  fein  ist  es,  wenn  Brûder 
in  Elintracht  leben  I  »  A  la  fin  du  sermon,  et  au  pied 
de  l'autel,  le  maire  Dietrich  lui  renouvela  son  serment 
civique,  aux  acclamations  de  la  nombreuse  assemblée. 

11  novembre  1790  et  14  novembre  1791.  Maintenu  notable. 

30  novembre  1790.  H  propose  de  créer  une  caisse  de  crédit. 

3  juillet  1792.  Signataire  de  l'adresse  de  la  municipalité  à 

l'Assemblée   natiqjiale    demandant    les   poursuites 
-  contre  les  auteurs  de  la  journée  du  30  juin. 

4  — .  Dénoncé  pour  ce  fait  au  club  des  jacobins. 

4  décembre  —,  Le  député  Laurent  demande  de  Paris  aux 
jacobins,  si  Blessig  est  encore  en  place,  malgré  la 
demande  de  sa  destitution. 

11  février  1793.  Couturier  et  Dentzel  ordonnent  à  la  muni- 
cipalité de  le  fedre  sortir  de  la  ville  dans  le  plus 
bref  délai,  sans  qu'il  puisse  se  retirer  en  Alsace  et 
le  pays  de  Bitsch. 

27  octobre  — .  Nouvelle  injonction  du  comité  de  surveillance 
et  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin,  de  se  conformer  à 
l'arrêté  prononçant  sa  déportation  de  la  ville. 

31  octobre  — .  Saint-Just  et  Lebas,  l'imposent  à  8000  livres, 

réglées  les  5  et  7  novembre. 

2  novembre  — .  Il  figure  sur  une  liste  de  248  suspects. 

3  décembre — .  Arrêté  àDorlisheim  par  D.  Stamm  et  transféré 

au  Séminaire,  sous  l'escorte  de  deux  recors,  porteurs 
d'un  billet  de  Stamm  à  Mainoni.  «  Je  t'envoie  l'homme 
le  plus  dangereux,  qui  après  le  10  août  1792  a  voulu 
soulever  le  peuple  contre  les  décrets  de  l'Assemblée 


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32  REYDE  d'ALSAΠ

nationale,  qui  a  aidé  à  paralyser  Tesprit  public  à  Stras- 
bourg, qui,  après  être  déporté,  a  influencé  sur  les 
campagnards,  qui  croyaient  en  voyant  un  docteur  : 
voici  le  commissaire  de  Dieu.  Je  t'envoie  enfin  le 
fameux  Blessig,  il  ne  s'attendait  pas  que  je  lui  ren- 
drais visite.  Il  y  en  a  encore  plusieurs  de  ces  êtres 
dans  les  environs,  je  les  découvrirai,  ils  augmen- 
teront le  nombre  de  ceux,  qui  contribuent  à  nourrir 
les  pauvres  du  Séminaire.  » 

5  — .  D  porte  plainte  au  comité  de  sûreté  générale  contre 
Pierre  Kuhn  et  Alexandre  Feyd,  ex-gardes  des  forêts; 
mais  l'affaire  est  renvoyée  au  tribunal  révolutionnaire 
du  Bas-Rhin. 

3  septembre  1794.  Au  club  on  le  fait  figurer  comme  chef 
de  parti  de  la  faction  Dietrich. 

3  novembre  — .  H  sort  du  Séminaire. 

10  mars  1795.  Il  assiste  avec  joie,  à  l'ouverture  des  églises  et 
à  la  reconstitution  des  cultes.  C  est  à  PAuditoire  qu'il 
tint  son  sermon  d'ouverture,  le  Temple-Neuf  n'était 
pas  abordable,  les  sans -culottes  l'avaient  transformé 
en  porcherie. 

Mort  17  février  1816. 

Les  protestants  de  Strasbourg  lui  sont  redevables  de  la  fon- 
dation Blessig,  destinée  à  faire  élever  des  enfants  mal- 
heureux dans  des  familles  chrétiennes.  Cette  institu- 
tion a  été  fondée  le  15  avril  1847,  un  siècle  après  sa 
naissanC'O,  et  trente  ans  après  sa  mort,  par  sa  veuve 
et  des  amis  dévoués.  Outre  ses  nombreux  discours 
et  sermons  qui  ont  été  imprimés,  nous  lui  devons 
encore  :  1**  Le  Bicrgerfreund  publié  avec  Dahler  1776- 
1777;  2°  Leben  des  Grafen  J.-F.  von  Medem  1792; 
SoPalrnblatter,s.D, 

BOCH. 

1789.  Brasseur  à  l'Etoile. 

17  janvier  1791.  L'un  des  assesseurs  de  l'assemblée  des 
fidèles  de  la  religion  catholique,  il  adlière  à  la  lettre 


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LES  HOMMBS  DE  LA   RÉVOLUTION  23 

adressée  au  Directoire  du  Bas-Rhin,  en  vue  des  mal- 
heurs qui  menacent  leurs  pasteurs,  ainsi  que  Tadmi- 
nistration  du  culte. 

6  novembre  1793.  Sa  mère,  brasseuse  à  Strasbourg,  paye 

5000  livres  à  la  trésorerie  pour  amende. 
10  janvier  1794.  Prévenu  d'avoir  cherché  à  renouveler  la 
permanence  des  douze  sections,  il  sera  sur  le  champ 
arrêté,  ses  papiers  scellés,  et  traduit  au  tribunal 
révolutionnaire  à  Paris.  Au  lieu  d'être  conduit  à 
Paris,  il  fut  transféré  à  Dijon,  où  il  resta  emprisonné 
jusqu'après  la  chute  de  Robespierre. 

BOISSIÈRE  (A.). 
1789.  Officier  d'artillerie  à  Strasbourg. 
Mai  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 
17  juillet  — .  Président  de  cette  Société. 
17  août  — .  D  cède  le  fauteuil  à  Xavier  Levrault. 

BONNARD  (Louis-Gabriel). 

Décembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  (Cons- 
titution. 

9  mars  1791.  Secrétaire  de  cette  Société.  Il  s'adresse  aux 
membres  correspondants^  et  aux  électeurs  du  Bas- 
Rhin,  pour  leur  signaler  un  prétendu  catéchisme 
dans  lequel  les  saintes  vérités  de  la  religion  chré- 
tienne sont  travesties,  ridiculisées  et  remplacées  par 
les  principes  les  plus  impies* 

25  — .  Auteur  d'une  ode  à  l'occaision  de  l'installation  du 

ê 

nouvel  évêque  Brendel. 

7  février  1792.  H  suit  la  Société  à  l'Auditoire. 

BRACKENHOFFER  (Eue). 
1746.  Chef  de  la  tribu  des  tonneliers,  poste  d'honneur 

qu'il  odbupa  jusqu'en  1789. 
1768.  Administrateur  de  la  fondation  de  Saint-Guillaume,  et 

en  1780  de  celle  de  Saint-Thomas  et  de  l'Œuvre  de 

Notre-Dame,  à  Strasbourg. 
1779.  Sénateur  et  membre  des  Xni,  jusqu'en  1789. 


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34  REVUE  D'ALSACE 

1785,  Assesseur  à  la  chambre  des  comptes  et  à  celle  des 
finances  de  la  ville.  Il  fut  professeur  de  mathéma- 
tiques, et  c'est  à  lui  que  nous  devons  la  composition 
de  rhorloge  astronomique  qui  se  trouve  contre  le 
mur  du  bâtiment  principal  de  la  fonderie  sur  la 
place  de  la  Comédie  à  Strasbourg  et  dont  Jean-Daniel 
Pack  nous  en  a  conservé  le  souvenir  dans  des  vers 
que  je  me  plais  à  rapporter  : 

Wer  zeichnete  die  Pracht  des  schœnsten  Sonnenweisers, 

Hier  an  der  neuen  Zeughanswand  ? 

Dies  Rnnststûck  kommt  allein  von  Brackenhoffers  Hand, 

Dem  Lehrer  nnsers  grosen  Kaisers, 

Den  Zodiak  schan  ich,  als  Kenner,  tœglich  an. 

Hell  schimmert  mir  die  Stralen  Babn. 

Gnomonika,  dir  bleib  ich  zugethan  ; 

Nicbts  gleicbs  hab  icb  je  gefanden, 

Das  Werk  verbreitet  seinen  Glanz, 

Und  Brackenboffers  Hanpt,  wird  mit  dem  Ehrenkranz, 

Der  nie  verweikt,  vom  Dichterchor  umwunden. 

1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 

7  février  1792.  Il  l'accompagne  à  TAuditoire. 

'81  octobre  1793.  Saint-Just  et  Lebas  l'imposent  à  15,000 

livres,  qu'il  paye  le  5  suivant. 
30  mai  1794.  Ayant  appris  qu'il  devait  être  arrêté,  il  s'est 

donné  la  mort,  âgé  de  80  ans. 

BRACKENHOFFER  (  Jagob-Frédéric), 
fils  d'Elie  Brackenhoflfer. 

1784.  Il  soutient  à  Strasbourg  sa  thèse  de  docteur  en 
droit. 

1785.  Assesseur  à  la  chambre  des  contrats. 

1788.  Administrateur  de  la  Maison  de  travail  et  Conseil 
de  la  tribu  des  boulangers,  plus  tard  membre  des 
XIII. 

8  février  1790.  Elu  officier  municipal,  aux  domaines  et 

travaux  publics. 
Avril  — .  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 


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LES  HOMMES  DE  LA  BÊVOLUTION  SJ5 

11  novembre  — .  Elu  officier  municipal. 

3  janvier  1791.  Il  signe  la  proclamation  de  la  municipalité 

aux  Strasbourgeois,  lors  des  rassemblements  près  de 

Saint-Pierre-le-Vieux. 

6  septembre  —.  Il  désapprouve  un  pamphlet  accusant  Die- 

trich,  Levrault  et  Noisette  d'être  les  instigateurs  d*une 
tentative  d'assassinat  contre  le  cardinal  de  Rohan. 
14  novembre  — .  Maintenu  officier  municipal. 

7  février  1792.  Il  est  à  l'Auditoire. 

3  juillet  — .  Au  club  des  jacobins,  on  dénonce  l'adresse  qu'il 
a  signée,  comme  mimicipal,  à  l'Assemblée  nationale, 
demandant  la  punition  des  auteurs  de  la  journée 
du  20  juin. 

6  décembre  — .  Maintenu  officier  municipal. 

18  janvier  1793.  Destitué. 

31  octobre  — .  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  80,000  livres, 
qu'il  verse  les  5, 7  et  9  suivant. 

21  novembre  — .  Conduit  au  Séminaire. 

28  — .  Sur  ime  pétition  qu'il  lit  présenter  par  sa  femme,  le 
comité  de  sûreté  générale  le  met  en  liberté,  mais  il 
aura  un  planton,  et  contribuera  aux  fi^is  d'entretien 
des  prisonniers,  tout  comme  s'il  en  fsdsait  partie. 

17  janvier  1795.  Bailly  le  nomme  de  nouveau  officier  muni- 
cipal. 

1798-1800.  Juge  au  tribunal  civil  de  Strasbourg. 

13  avril  1800.  Conseiller  de  préfecture  du  Bas-Rhin,  loi  du 
17  février  1800. 

De  septembre  1810  à  1815.  Maire  de  Strasbourg.  C'est  de 
Eentzinger  qui  le  remplaça.  Sous  la  restauration, 
député  du  Bas-Rhin. 

BRAUN  (Jean-Daniel),  quai  Saint-Thomas. 

1789.  Professeur  de  droit  à  l'Université  protestante  de  Stras- 
bourg. Chanoine  du  chapitre  de  l'église  collégiale  de 
Saint-Thomas. 

11  novembre  1790.  Elu  notable  de  la  commune. 


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26  BEVUE  D'ALSACE 

27  mars  1791.  Avec  le  corps  municipal,  il  autorise  les  pour- 

suites contre  Jaeglé,  curé  de  Saint-Laurent. 
8  août  — .  Elu  administrateur  du  département  du  Bas-Rhin. 
Ce  corps  s'étant  constitué  peu  de  temps  après,  il  fit 
partie  du  Directoire,  sous  la  présidence  de  Victor  de 
Broglie. 

3  juillet  1792.  En  cette  qualité,  il  signe  l'adresse  à  TAs- 
semblée  nationale,  demandant  la  poursuite  des  au- 
teurs de  la  journée  du  20  juin. 
14-15  août  — .  D  préside  les  réunions  populaires. 

2  novembre  — .  Président  du  Conseil  général  du  Bas-Rhin. 
Fin  1792.  Nommé  maire  de  Strasbourg  en  remplacement  du 

médecin  Lachausse.  Il  n'accepta  ces  fonctions  que 
conditionnellement,  pour  faire  place  à  Michel  Mathieu. 

Mars  1793.  A  la  requête  de  Dietrich,  il  alla  à  Besançon 
comme  témoin  à  décharge. 

11  juillet  — .  A  l'arrivée  de  la  nouvelle  Constitution,  et 
.  comme  président  de  l'administration  du  départe- 
ment, il  répondit  au  représentant  Dentzel,  avec 
dignité,  mais  entièrement  dans  le  sens  de  la  Mon-, 
tagne. 

3  octobre  — .  Destitué  par  Milhaud  et  Guyardin,  •  comme 

aristocrate,  provocateur  de  l'adresse  du  3  juillet  1792 
contre  la  Société  populaire,  signataire  de  l'adresse 
royaliste  du  9  août  même  année,  et  qui  a  refusé  de 
signer  celle  d'adhésion  à  la  révolution  du  31  mai.  A 
cette  époque  les  jacobins  le  qualifiaient  d'homme  de 
peu  de  moyens  et  encore  moins  de  bonne  volonté, 
plutôt  aristocrate  que  patriote. 

14  — .  Le  comité  de  surveillance  et  de  sûreté  générale  arrête 
qu'il  sera  éloigné  à  vingt  lieues  des  frontières  avec 
indication  du  domicile. 

23  — .  Mais  comme  il  a  encore  des  affaires  à  terminer 
avec  l'administration  du  Bas-Rhin,  il  pourra  rester 
chez  lui  avec  un  planton. 

31  — .  Imposé  à  20,000  livres,  qu'il  règle  le  5  novembre. 


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LES  HOMMSB  DE  LA   RÊYOLUTION  27 

24  novembre  — .  Enfermé  au  Séminaire,  il  réclame  son 
élargissement  ;  le  25,  on  passe  à  Tordre  du  jour  sur 
sa  demande,  cependant,  le  27,  le  comité  de  sûreté 
générale  ordonne  qu'il  sera  relâché,  mais  sous  con- 
dition. Cela  n'a  pas  été  de  longue  durée,  car  le  môme 
comité  le  fait  conduire,  le  9  décembre,  au  Séminaire, 
où  il  resta  assez  longtemps. 

30  août  1794.    Trois  nouvelles  dénonciations  contre   lui 

arrivent  à  Neumann,  accusateur  public,  de  la  part  du 
comité  de  surveillance  de  la  commune  de  Strasbourg. 

2  septembre  — .  Les  jacobins  de  leur  côté  le  dénoncent 

comme  chef  de  parti  de  la  faction  Dietrich. 
17  janvier  1795.  Bailly  le  nomme  de  nouveau  administrateur 
du  Bas-Rhin,  président  du  Directoire. 

BREU  (Jean-Frédéric), 
Grand'rue.  près  Saint-Pierre-le- Vieux. 

Avant  1789.  Sénateur  de  la  ville  de  Strasbourg. 

Avril  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 

26  mai  — .  Membre  du  district  qui  ne  s'est  constitué  que  le 
8  juillet  suivant. 

Septembre  1791.  Comme  membre  sortant,  il  est  réélu  jus- 
qu'en 1793. 

7  février  1792.  D  suit  les  amis  de  la  Constitution  à  l'Audi- 
toire du  Temple-Neuf. 

3  juillet  — .   On   dénonce  aux  jacobins  l'adresse   qu'il  a 

signée  au  district,  demandant  la  punition  des  auteurs 
de  la  journée  du  20  juin  à  Paris. 

11  novembre  — .  Scrutateur  à  l'élection  tenue  à  Wissem- 
bourg.  Dans  cette  même  année,  il  est  nommé  admi- 
nistrateur de  la  paroisse  de  Saint-Thomas,  en  vertu 
des  décrets  de  1790. 

14  octobre  1793.  Expulsé  à  vingt  lieues  des  frontières. 

31  — .  Taxé  par  Saint- Just  et  Lebas  à  20,000  livres,  qu'il  paie 

le  7  suivant. 
5  déc. — .  Conduit  au  Séminaire,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas,le  7, 
de  signer  un  certificat  honorable  au  jacobin  Démougé. 


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38  REVUS  d'albage 

23  mars  1794.  Mis  en  liberté,  il  donne  vingt  mesures  de  vin 

rouge  vieux  aux  défenseurs  de  la  patrie,  et  soixante 

fourneaux  fonte, 
17  janvier  1795.  Bailly  le  nomme  de  nouveau  membre  du 

district. 
1798.  Elu  aux  assemblées  primaires  du  Bas-Rhin  pour  le 

canton  de  Strasbourg. 
1803.  Juge  suppléant  au  tribunal  civil  de  Strasbourg. 

BRICHE  (A.),  de  Boulogne-sur-mer. 

1789.  Capitaine  d'artillerie  à  Strasbourg. 

Septembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la 

Constitution. 
26  août  1791.  Etant   commandant  des  canonniers  de  la 

garde  nationale  de  Strasbourg,  il  est  élu  député  du 

Bas-Rhin  à  TAssemblée  nationale. 

BRONNER. 

Ci-devant  marguillier  de  la  paroisse  des  Toussaints  à  Stras- 
bourg; à  ce  titre  il  a  des  comptes  à  régler  avec  les 
jacobins. 

4  juin  1793.  Secrétaire-adjoint  de  la  8'  section,  il  demande 

la  déportation  de  Schneider. 
2  novembre  — .  Porté  sur  ime  liste  de  248  suspects,  il  est 

conduit  au  Séminaire. 
17  décembre  — .  Devant  remettre  dans  le  plus  court  délai  ses 

lettres  et  comptes  au  district,  il  sera  élargi  pendant 

une  décade  avec  planton. 
22  — .  C'est  Sarez  qui  lèvera  les  scellés  et  fera  Tinventaire 

des  pièces  qu'il  trouvera. 
25  mai  1794.  Les  jacobins  le  portent  de  nouveau  sur  ime 

liste  de  suspects  envoyée  au  comité  de  la  commune. 

BRUNNER. 

1789  à  1792.  Ministre  protestant  à  Lingolsheim. 
'5  novembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la 
Constitution,  n  y  lit  une  analyse  en  français  du  dis- 


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LES  HOMMES  DE  LA    RÉVOLUTION  29 

conrs  que  son  coDègue,  M.  Engel,  a  prononcé  dans 
la  séance  du  26  octobre. 

7  février  1792.  A  l'Auditoire  avec  les  feuillants. 

2  novembre  1793.  Porté  sur  une  liste  de  248  suspects. 

29  — .  n  réclame  contre  cette  inscription,  mais  le  comité  de 
sûreté  générale  le  déboute,  en  lui  enjoignant  de  ne 
plus  revenir.  Ne  serait-ce  pas  à  lui,  que  Schneider 
aurait  adressé  de  Stuttgardt,  le  20  octobre  1788,  une 
pièce  de  vers  intitulée  :  t  Sentiments  à  mon  trente- 
troisième  jour  de  naissance  ?  • 

BRUNCK  DE  FRUNDECK. 

1789.  Lieutenant-colonel  du  génie,  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Fondateur  de  la  Société  de  la  révolution, 

laquelle,  le  11  février,  prit  le  nom  de  Société  des  amis 

de  la  Constitution. 
Mai  — .  n  en  est  le  président,  jusqu'au  8  juin  suivant. 

BRUNCK  (RiGHARD-FRÉDÉRiG-PHmiPPE)  père, 
naquit    à  Strasbourg,  le  30  décembre  1729. 

Après  avoir  fait  ses  études  à  Paris,  sous  la  direction  des 
jésuites,  enseignant  alors  au  collège  Louis-le-Grand, 
il  entra  dans  la  carrière  administrative  et  prit  part, 
en  qualité  de  commissaire  des  guerres,  aux  cam- 
pagnes de  la  guerre  de  sept  ans.  De  cette  époque 
date  son  goût  pour  les  études  classiques.  Il  se  mit  à 
lire  les  auteurs  latins  et  grecs  avec  un  professeur  de 
l'Université  de  Giessen,  chez  lequel  il  était  logé,  et  de 
retour  à  Strasbourg,  il  suivit  les  leçons  des  hellénistes 
de  l'Académie  de  Strasbourg.  A  partir  de  1772,  il 
publia  une  série  d'éditions  de  poètes  grecs,  et  fut  bien- 
tôt après  nommé  membre  de  l'Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres  de  Paris.  Il  fut  aussi  receveur 
des  finances  sous  Louis  XV  et  Louis  XVI. 

1789.  Commissaire  des  guerres,  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Fondateur  de  la  Société  de  la  révolution. 


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30  REVUE  D'ALSACE 

Le  11  février  — .  Elle  change  son  nom  en  celui  de  Société 

des  amis  de  la  Constitution. 
8  février.  Elu  notable  du  conseil  de  la  commune. 
11  novembre  — .  Maintenu. 

17  février  179J.  Nommé  président  de  Tadministration  pro- 

visoire du  Bas-Rhin  par  les  commissaires  royaux 
Dumas,  Foissey  et  Hérault.  Cette  administration 
provisoire  remplaçait  le  directoire  de  1790  sus- 
pendu de  ses  fonctions. 

13  mars  — .  Président  de  la  Société  des  amis  de  la  Cons- 
titution jusqu'au  17  avril  suivant. 

27  — .  Il  approuve  la  demande  en  arrestation  de  Jaeglé, 
curé  de  la  paroisse  de  Saint-Laurent. 

11  novembre  — .  De  nouveau  élu  notable  de  la  commune. 

7  fév.  1792.  H  esta  l'Auditoire  avec  les  amis  de  la  Constitution. 

3  juillet  — .  Signataire  de  l'adresse  de  la  municipalité  à  l'As- 
semblée nationale  demandant  la  pxmition  des  fauteurs 
de  la  journée  du  20  juin. 

6  décembre  — .  Elu  notable  pour  la  dernière  fois. 

18  janvier  1793.  Suspendu  dans  toutes  ses  fonctions  après 

vingt-quatre  années  de  loyaux  services.  On  lui  donna 
pour  successeur,  au  commissariat  des  guerres,  le  fils 
du  représentant  Couturier,  un  jeune  homme  de 
22  ans,  mais  la  Convention  eut  le  bon  esprit  d'annuler 
cette  nomination. 

11  février  — .  Couturier  ordonne  à  la  municipalité  de  l'ex- 
pulser de  la  ville,  sans  pouvoir  habiter  l'Alsace  et 
le  pays  de  Bitsche. 

Mars  — .  n  dépose  à  Besançon  en  faveur  de  Dietrich. 

27  juillet  — .  Laveau,  dans  ime  lettre  de  Paris  aux  jacobins, 
après  avoir  déposé  contre  Thomassin  et  autres, 
ajoute  :  t  j'ai  oublié  le  grec  Brunck,  qu'on  devrait 
fouetter  dans  tous  les  carrefours,  pour  être  aristocrate 
en  sachant  le  grec,  souvenez- vous  que  ce  coquin  là 
a  dénoncé  Simond  et  moi,  pour  nous  faire  expulser 
de  Strasbourg,  et  qu'il  a  eu  l'eflBronterie  de  s'en  vanter 
au  tribunal  de  Besançon.  > 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  31 

14  septembre  — .  Le  général  Dièche,  requiert  la  municipalité 
de  le  faire  arrêter. 

1 1  décembre  — .  Il  réclame,  mais  le  comité  de  sûreté  géné- 
rale se  déclare  incompétent  à  statuer  sur  sa  demande. 

17  janvier  1795.  De  retour  à  Strasbourg,  Bailly  le  nomme 
de  nouveau  notable  de  la  commune. 

1798-1800.  Commissaire  des  guerres  de  l**  classe,  il  remplit 
les  fonctions  de  commissaire  du  pouvoir  exécutif  près 
le  conseil  permanent  de  révision  de  la  5™  division, 
à  Strasbourg. 

1800.  Membre  de  la  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts 
du  Bas-Rhin.  Retiré  du  monde,  il  mourut  le  14  juin 

1803.  Poursuivi  comme  suspect,  c'est  avec  peine  (ju'il  échappa 
au  tribunal  révolutionnaire  de  Schneider.  Sa  fortune 
se  trouva  compromise,  il  fut  obligé  de  réaliser  une 
partie  de  sa  riche  bibliothèque,  dont  le  solde  fut 
vendu  à  Strasbourg  en  1870. 

BRUNCK  (J.)  fils,  ancien  colonel  d'artillerie. 

26  mai  1790.  Membre  du  district  de  Strasbourg. 

8  juillet  — .  Président  du  Directoire  de  ce  district. 

26  août  1791.  En  cette  qualité,  il  est  élu  député  du  Bas- 
Rhin,  à  l'Assemblée  nationale. 

28  juillet  1793.  Les  jacobins  demandent  que  des  commis- 
saires se  transportent  à  la  municipalité  pour  le  faire 
arrêter.  D  n'a  cherché  qu'à  jeter  la  terreur  panique 
dans  tout  le  département,  disaient-ils.  Cependant  le 
11  décembre,  le  comité  de  surveillance  et  de  sûreté 
générale  approuve  son  certificat  de  civisme,  comme 
ancien  employé  au  district. 

BURGGRAFF  (Jean). 

1789.  Négociant-agronome  à  Strasbourg. 

1792.  Comme  parent  du  représentant  du  peuple  Dentzel,  il 
fut  nommé  receveur  des  bois  nationaux  et  des  do- 
maines à  Strasbourg,  en  remplacement  de  Sonntag. 

4  janvier  1793.  Juge  au  tribunal  de  commerce. 


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32  REVUE  d'alsage 

14  mars  — .  Membre  du  Conseil  général  du  district. 

31  octobre  — .  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  10,000 

livres,  qu'il  règle  le  6  suivant. 
17  janvier  1795.  Juge  suppléant  au  tribunal  de  commerce. 
1797.    Administrateur    municipal  sous    la  présidence  de 

Démichel. 

BURGER  (Jean-Frédéric),  homme  de  lettres. 

1789.  Procureur-vicaire,  place  Saint-Thomas.  Ex-traducteur 
de  l'administration  départementale  du  Bas-Rhin. 

Juin  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 

8  juillet  — .  Secrétaire  du  Directoire  du  district  du  Bas-Rhin. 

26  août  1791.  Elu  administrateur  du  Bas-Rhin.  Ce  corps 
s'étant  constitué  peu  après,  il  entra  au  Directoire 
départemental. 

7  février  1792.  Il  va  avec  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution à  l'Auditoire.  « 

3  juillet  — .  Il  demande  à  l'Assemblée  nationale  la  poursuite 
des  auteurs  de  la  journée  du  20  juin  1792. 

12  novembre  — .  A  Wissembourg,  il  est  élu  vice-président  du 
Consistoire  ou  Directoire  départemental. 

7  février  1793.  Maintenu  dans  ses  fonctions 

3  octobre  — .  Destitué  comme  signataire  de  l'adresse  roya- 
liste du  9  août  1792,  opposant  à  celle  d'adhésion  à 
la  révolution  du  31  mai,  à  toutes  celles  contre  Dietrich, 
et  qui  a  quitté  la  Société  populaire  dans  le  moment  le 
plus  critique. 

14  — .  Ordre  de  l'emprisonner  immédiatement. 

2  novembre  — .  Porté  sur  une  liste  de  suspects  ;  il  logeait 
alors  au  jardin  d'Angleterre,  près  la  Wantzenau. 

26  mai  1794.  Il  est  arrêté  sur  les  instances  des  jacobins, 
comme  ci-devant  greffier  d'Erstein,  propriétaire  du 
jardin  d'Angleterre,  feuillant,  aristocrate  auquel  le 
certificat  de  civisme  a  été  refusé. 

14  juin  — .  Détenu  à  l'hôtel  de  Darmstadt,  il  s'adresse 
au  comité  de  sûreté  générale  de  la  Convention 
nationale. 


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LES  nomSEB  DE  LA  BÉVOLITTION  88 

12  août  — .  Du  Séminaire,  où  il  avait  été  transféré,  il  adresse 
une  seconde  lettre  au  même  comité,  traitant,  comme 
la  première,  la  question  de  la  situation  critique  de  la 
commune  de  Strasbourg. 

15, 24, 28  août,  2  et  3  septembre  — .  Au  club,  on  tire  à  boulets 
rouges  sur  lui  :  il  est  représenté  comme  un  second 
Noisette,  ayant  été  dans  l'administration  du  Bas- 
Rhin,  par  l'esprit  qui  y  régnait  alors,  un  vrai  zélé 
suppôt  du  dernier  Capet,  de  s'être  réfugié  à  Paris, 
mais  aujourd'hui  qu'il  est  au  Séminaire,  il  ne  cesse 
de  réclamer  sa  mise  en  liberté,  tout  en  étant  reconnu 
chef  de  parti  de  la  faction  de  Dietrich.  Il  ne  manque 
pas  de  moyens  et  de  connaissances,  parle  avec  assez 
de  facilité  ;  mais  il  est  modéré  à  im  tel  point,  surtout 
envers  les  fanatiques  et  les  aristocrates,  qu'il  parait 
parfois  être  l'un  et  l'autre. 

17  janvier  1795.  Bailly  le  replace  à  l'administration  du  Bas- 
Rhin,  qu'il  quitte  bientôt  après,  pour  occuper  le  poste 
de  juge  au  tribunal  civil  de  Strasbourg,  jusqu'au 
17  juillet  1799,  où  il  rentra  dans  l'administration 
centrale  du  département,  comme  chef  du  bureau 
d'administration  générale  et  de  celui  de  la  guerre. 

1800  à  1804.  Conseiller  de  préfecture  du  Bas-Rhin,  pendant 

bien  des  années.  A  partir  de  1792,  il  publia  quelques 

brochures  politiques.  Il  est  l'auteur  présumé  d'une 

satire  imprimée  en  1790,  ayant  pour  titre  : 

Parentation,  oder  Stand  on  Leichenrede  gehalten  am  Grabe  bei 

der  Beerdigong  der  alten  and  verânderten  Constitution  von  Strassburg. 

BUSCH. 

1789.  Aubergiste  à  ITIommelet  rouge,  à  Strasbourg. 

14  novembre  1793.  Destitué  commandant  de  la  garde  natio- 
nale, arrêté  et  conduit  en  prison  à  Dyon,  jusqu'à  la 
chute  de  Robespierre. 

17  janvier  1795.  Bailly  le  nomme  membre  du  Conseil  général 

du  district  de  Strasbourg  et  commandant  en  second  du 

3*  bataillon  de  la  garde  nationale.  Nous  lui  devons  VArt 

culinaire  en  Alsace,  imprimé  à  Strasbourg,  8%  en  1823. 

Nonrelle  Série.  —  6"«  Année.  3 


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3i  REVUE  D'ALSACE 

GAPPY  (Antoine). 

1789.  Capitaine  en  retraite,  cul-de-sac  Saint-Thomas. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 

lution. 
11  février — .  Membre  de  celle  des  amis  de  la  Constitution. 

23  décembre  — .  Il  signe  300  livres  à  la  contribution  patrio-  , 

tique  de  la  ville. 
7  février  1792.  A  TAuditoire  du  Temple-Neuf. 
31  octobre  1793.  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  10,000 

livres. 

14  novembre  — .  Il  paie  2,000  livres  à  valoir. 

16  novembre  — .  Conduit  au  Séminaire. 

24  novembre  — .  Il  réclame  ;  mais  le  comité  de  sûreté  géné- 

rale ordonne  qu'il  restera  enfermé. 
7  décembre  — .  Le  môme  comité  réduit  sa  contribution  à 

4,000  francs. 
16  décembre  — .  Il  solde  les  2,000  livres  restant. 

25  mai  1794.  Les  jacobins  le  font  figurer  sur  une  nouvelle 

liste  de  aspects.  La  chute  de  Robespierre  lui  rend  la 
liberté. 

CARAMELLE. 

1789.  Lieutenant  au  régiment  d'Artois  à  Strasbourg, 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 

lution. 
11  février  — .  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

CHAMPY  (Paul-Claude). 

26  février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 

tution. 

25  mars  — .  Dans  une  ode,  il  célèbre  l'installation  de  l'évêque 
constitutionnel  Brendel  dans  la  cathédrale  de  Stras- 
bourg. 

3  mai  — .  Il  dénonce  aux  amis  delà  Constitution  deux  juge- 
ments rendus  par  le  tribunal  de  commerce,  qu'il 
considère  comme  attentatoires  à  la  loi,  et  propose  de 
signaler  ce  tribunal  au  ministre  de  la  justice.  Adopté. 


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LES  HOMMES  DE  LA  BÉYOLUTION  35 

31  décembre  — •  Devant  les  mômes,  il  défend  avec  talent  le 
ministre  de  la  guerre  de  Narbonne,  accusé  alors  à  tort 
ou  à  raison  d'avoir  violé  les  lois  de  la  Constitution,  et 
termine  en  disant  à  rassemblée  :  «  Cessez  d'entretenir 
et  de  répandre  de  vaines  et  dangereuses  terreurs,  ou 
si,  détrompés  sur  leur  objet,  vous  persistez  à  les  re- 
produire, nous  dirons,  ou  que  vous  ne  voulez  que 
brouiUer,  ou  que  vous  êtes  atteints  de  la  manie  de 
ceux  dont  un  homme  d'esprit  a  dit  :  qu'ils  s'imaginent 
être  grands  parce  qu'ils  s'^attaquent  à  quelque  chose 
d'élevé.  Et  où  s'arrêtera  cette  fureur  de  tout  suspecter, 
de  tout  déchirer  ?  » 

7  février  1792.  Il  passe  à  l'Auditoire. 

4  juin  — .  Le  journal  politique  et  littéraire  des  Rives  du  Rhin, 
qui  avait  pour  collaborateur  F.  Rouget  de  Lisle,  l'au- 
teur de  la  Marseillaise,  donne  ime  lettre  de  Champy 
à  Schneider,  dans  laquelle  il  accuse  ce  dernier  de  lâ- 
cheté, d'hypocrisie,  et  d'atrocité  à  l'égard  du  maire 
Dietrich.  Schneider  lui  répond:  •  Les  louanges  que  je 
fais  du  maire  d'Etampes  sont-elles  une  satyre  contre 
le  maire  de  Strasbourg?  Si  vous  dites,. non,  dans  ce 
cas  vos  accusations  tombent  d'elles-mêmes.  Dites- 
vous  oui,  alors  vous  compromettez  justement  par  là 
l'honneur  de  l'homme  dont  vous  avez  entrepris  la 
défense.  »  Champy  lui  réplique  :  t  Je  ne  m'étais  en- 
gagé de  répondre  à  Tabbé  Schneider,  que  dans  le  cas 
où  sa  réponse  mériterait  une  réplique.  Je  viens  de  lire 
l'immortelle  lettre  qu'il  m'a  adressée.  Je  n'ai  autre 
chose  à  faire  que  de  lui  accuser  réception.  » 

14  juin  — .  La  municipalité  arrête  une  adresse  à  la  Convention 
nationale,  disculpant  le  maire  Dietrich  des  violentes 
attaques  des  jacobins.  Cette  adresse  spontanément 
signée  par  plusieurs  milliers  de  citoyens,  fut  remise  à 
l'assemblée  par  Champy  et  Noisette,  désignés  à  cet 
effet. 

Dès  le  12  juillet,  sans  entendre  les  deux  commissai- 
res, la  Convention  passa  à  l'ordre  du  jour,  approuvant 


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36  BEVUE  D'iLLSACE 

la  conduite  du  ministre  Roland  en  cette  circonstance. 
Mais  Champy,  qui  aurait  bien  voulu  connaître  les  noms 
des  accusateurs,  menaça  le  ministre  d'en  appeler  à  la 
justice  ;  celui-ci  s'obstina  dans  son  refus,  ce  qui  obligea 
Champy  de  recourir  à  l'impression.  Le  lendemain,  on 
vit  des  placards  dans  les  différents  quartiers  de  Paris» 
dévoilant  ces  intrigues;  ils  furent  bientôt  arrachés  par 
des  individus  dépêchés  à  cet  elïet,  et  le  25  novembre 
suivant,  Rûhl  ne  manqua  pas  de  déposer  au  comité 
des  décrets  de  la  Convention,  comme  pièce  dans  les 
prétendus  crimes  de  Dietrich,  un  exemplaire  de  cette 
affiche,  qui  avait  pour  titre  Ams'aïuc  Parisiens  et  si- 
gnée Champy,  12  juillet  1792. 
Fin  du  même  mois.  Membre  du  conseil  municipal  de  Stras- 
bourg. On  lui  attribue  la  rédaction  de  Tadrese  du  7 
août  1792  de  la  municipalité  à  la  Convention.  Il  devint 
le  grand  propriétaire  des  forges  de  Framont,  qu'il  sut 
maintenir  par  son  talent  à  la  hauteur  de  la  réputation 
qu'elles  avaient  justement  acquise. 

CHAMPY  (frère  de  Claude  Champy.) 

27  février  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution avec  laquelle  il  passe  à  l'Auditoire  le  7  février 
1792. 

CHANTECLAIRE  (de). 

1789.  Capitaine  d'artillerie  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution. 

11  février  — .  Transformée  en  celle  des  amis  de  la  Constitu- 
tion, dont  il  fut  adjoint  au  bureau. 

CHARPENTIER  (Joseph). 

Cul-de-sac  de  Saint-Thomas. 

13  janvier  1790.  Il  signe  pour  3,600  livres  à  la  contribution 

patriotique. 
25  août  1793.  Administrateur  du  Directoire  du  district  de 

Haguenau.  Il  fait  appel  aux  municipalités,  sociétés 


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LES  HOMMES  DB  LA  RÉVOLUTION  37 

populaires  et  citoyens  de  rairondissement  pour  ob- 
tenir des  vêtements  et  chaussures  pour  Farinée.  Le 
magasin  pour  les  recevoir  est  dans  la  maison  de 
Wûrtenbecher  à  Haguenau. 

31  octobre  — .  imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  20,000  francs 
qu'il  paie  le  6  suivant. 

2  novembre  — .  Sur  ime  liste  de  248  suspects;  il  demeurait 
alors  chez  Dartein  à  Strasbourg.  Enfermé  au  Sémi- 
naire jusqu'après  la  chute  de  Robespierre. 

CHATELAIN  (A). 

1790.  Secrétaire  du  district  de  Strasbourg. 

Février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitu- 
tion qu'il  suit  à  l'Auditoire  le  7  février  1792.  Décédé  à 
Strasbourg,  commissaire  des  guerres  en  retraite,  dans 
sa  propriété  rue  des  Frères,  devenue  la  brasserie 
Burger. 

CHAUVET  père. 

Janvier  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitu- 
tion, qu'il  suit  le  7  février  1792  à  l'Auditoire. 

CHAYROU. 

1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 

1791.  Principal  du  Collège  de  Strasbourg. 

81  décembre  — .  Il  communique  à  cette  société,  un  projet 
sur  l'éducation  des  femmes. 

6  janvier  1792.  Schneider  combat  ce^  projet:  «  Mettez  les  filles 

dans  un  pensionnat  quelconqpie,  elles  n'y  trouveront 
pas  cet  intérêt  qui  les  lie  à  leurs  mères.  Jamais  l'art 
ne  pourra  égaler  la  nature,  dit  le  prédicateur  de  Stutt- 
gardt.  » 

7  février  — .  Il  est  à  l'Auditoire. 

9  mars  — .  Dans  son  journal,  la  Feuille  de  Strasbourg,  nou- 
vellement créé,  il  répond  à  Laveaux  qui  l'accusait  de 
feuillant  :  «  Nous  nous  sommes  enquis  chez  ceux  qui 
nous  veulent  encore  un  peu  de  bien,  de  ce  qu'il  fallait 
donc  faire  pour  être  aussi  excellents  patriotes  quaceux 


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38  REVUE  d'alsage 

qui  nous  accusent.  On  nous  a  répondu  qu'il  fallait  ca- 
lomnier à  dire  d'expert,  injurier  à  tort  et  à  travers*; 
attaquer  toutes  les  administrations,  discréditer  les 
magistrats  du  peuple,  faire  cause  commune  avec  les 
fanatiques  qui  persécutent,  et  surtout  corriger  notre 
épigraphe  par  celle-ci  :  «  toujours  flatter  le  peuple  et  lui 
faire  accroire  qu'on  est  pour  lui  un  vigoureux  défen- 
seur. Surtout  le  travailler  avec  adresse,  pour  qu'au 
besoin  on  puisse  compter  sur  lui.  » 
5  avril  — .  Il  publie  un  article  satyrique  contre  Simond,  Pe- 
rigny,  Alexandre  et  Genthon,  députés  par  les  jacobins 
du  Miroir,  à  la  Société-mère  de  Paris. 

10  juillet  — .  Schneider,  dans  l'argos,  le  qualifie  de  gazetier. 

En  effet,  dans  les  premiers  mois  de  1792,  il  publia, 
comme  on  vient  de  le  voir,  la  Feuille  de  Strasbourg,  et 
du  15  avril  au  30  juin,  avec  là  collaboration  de  Rou- 
get de  Lisle,  le  journal  politique  et  littéraire  des  Rives 
du  Rhin. 

11  février  1793.  La  municipalité  reçoit  ordre  de  le  faire  sortir 

de  la  ville  dans  le  plus  bref  délai,  sans  pouvoir  se  fixer 
en  Alsace  et  dans  le  pays  de  Bitsche.  En  attendant  il 
est  enfermé  à  l'hôtel  de  Darmstadt. 

CHRISTMANN-RŒDERER. 

Négociant  à  Strasbourg. 

Mai  1790,  membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution, 
qu'il  suit  le  7  février  1792  à  l'Auditoire  du  Temple- 
Neuf. 

CLAIRIER. 
Un  prêtre  constitutionnel. 

7  janvier  1791.  n  informe  la  Société  des  amis  de  la  Constitu- 
tion, qu'il  a  adressé  une  demande  à  la  municipalité 
de  prêter  le  serment  civique. 

5  avril  — .  Il  fait  hommage  à  la  société  de  son  ouvrage  sur 
*  l'éducation  »  et  demande  à  être  reçu  sociétaire,  ce 
qui  lui  a  été  accordé. 


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LES  HOMMSB  DE  LA  RÉVOLUTION  89 

7  février  1793.  Il  suit  les  membres  à  r  Auditoire.  Il  a  encore 
publié  ;  «  Le  tableau  naturel  de  l'homme  ou  observa- 
tions physionomiques  sur  les  divers  caractères  des 
hommes.  > 

CaLERMONT  (de). 

1789  à  1792.  Contrôleur  des  postes  aux  lettres  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution et  le  11  février  suivant,  Société  des  amis  de  la 
Constitution,  qu'il  suit,  en  février  1793,  à  TAuditoire. 

CLIDE  (DE). 

1789.  Officier  au  régiment  d'Artois,  cavalerie  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution laquelle,  le  11  février  suivant,  prit  le  nom  de 
Société  des  amis  de  la  Constitution,  à  laquelle  il  resta 
attaché  jusqu'à  son  départ  de  Strasbourg  pour  l'armée. 

CLINCHAMP  (de)  cadet. 

1789.  Officier  au  régiment  de  Hesse-Darmstadt  à  Strasbourg. 
15  janvier  1790.  Fondateur  de  la  Société  de  la  révolution, 

transformée,  le  11  février,  en  Société  des  amis  de  la 

Constitution. 

CONRAD. 

17  janvier  1791.  Assesseur  de  l'assemblée  des  fidèles  delà 
religion  catholique,  il  signale  au  Directoire  du  Bas- 
Rhin,  les  inquiétudes  de  ses  co-religionnaires  sur  la 
menace  de  la  perte  de  leurs  pasteurs. 

8  octobre  1793.  Enfermé  au  Séminaire,  n  sera  mis  en  liberté, 
en  lui  enjoignant  d'être  plus  circonspect  et  que  s'il 
retombe  dans  les  mêmes  fautes,  on  prendra  des  me- 
sures rigoureuses  contre  lui. 

25  mai  1794.  Les  jacobins  le  portent  de  nouveau  sur  une  liste 
de  suspects,  et  il  est  pour  la  seconde  fois  conduit  au 
Séminaire  jusqu'après  la  chute  de  Robespierre. 


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40  REVUE  D'ALBAOI 

CROLY  (Félix). 
Simple  grenadier. 

27  juin  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitu- 
tion. Il  prononce  un  discours  de  réception  que  la  so- 
ciété fait  imprimer  et  distribuer. 

DELCOMMINÉTE  (J.-J.) 

Avant  1789.  Négociant  à  Strasbourg. 
Février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitu- 
tion, qu'il  suit,  le  7  février  1792,  à  l'Auditoire. 

DÉMICHEL  (Jacques). 

22  août  1792.  Adjoint  municipal,  sous  les  maires  provisoires 

Lachausse  et  Braun. 
6  décembre  — .  Officier  municipal  sous  le  maire  Fréd.  de 

Tûrckheim. 
21  janvier  1793.  Maintenu  par  Monet. 
3  octobre  — .  Destitué. 
14  octobre  — .  Réélu  au  Séminaire. 
17  janvier  1795.  Réintégré  officier  municipal  sous  Michel 

Mathieu. 

30  janvier  — .  Membre  du  comité  de  la  Société  populaire  ré- 

générée ;  il  signe  le  nouveau  règlement,  basé  sur  les 
droits  de  l'homme,  patrimoine  de  tous  les  Français. 

31  janvier  — .  Il  fait  appel  à  ses  concitoyens  en  faveur  de  la 

classe  nécessiteuse. 

27  mars  1795.  Officier  public,  il  nous  donne  un  extrait  des 
décès  à  Strasbourg,  du  1"  janvier  1793  au  21  mars 
1795,  accusant  5152  décès  non  compris  ceux  des  hô- 
pitaux. 

1796.  Commissaire  près  la  municipalité  de  Strasbourg. 

1798.  Président  de  cette  administration  par  voie  d'adjonction. 

31  mars  1800.  Adjoint  au  maire  Livio,  chargé  des  actes  civils, 
n  est  décédé  en  fonctions. 


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LES  HOMMES  DB  LA   RÉVOLUTION  41 

DÉRESSER  (Théodore-Antoinb). 

Un  allemand  qui  logeait  dans  la  rue  d'Or.  Il  publia  :  Deut- 
sches  Brevier,  imprimé  à  Augsbourgen  1791.  Pro- 
fesseur à  l'université  de  Bonn,  il  vint  avec  Euloge 
Schneider  à  Strasbourg  en  1791,  et  fut  nommé  pro- 
fesseur d'écritures  saintes  et  de  langues  orientales  au 
Séminaire  catholique  de  cette  ville.  Il  prêta  le  serment 
civique  dans  la  cathédrale. 

17  novembre  1792.  Supérieur  du  Séminaire  catholique.  Lors 
de  la  tourmente  révolutionnaire,  il  s'était  retiré  comme 
curé  à  Scherwiller. 

27  octobre  1793.  Dénoncé  au  tribunal  révolutionnaire,  il  fut 
incarcéré  au  Séminaire,  comme  zélé  défenseur  du 
nouveau  culte  catholique,  et  seulement,  au  commen- 
cement de  1795,  il  obtint  sa  liberté  après  avoir  passé 
devant  un  tribimal  secret.  La  même  année  il  alla  à 
Paris,  comme  ancien  élève  de  l'école  normale,  espé- 
rant obtenir  un  emploi.  Trompé  dans  ses  espérances, 
il  revint  à  Strasbourg  chez  son  ami  Blessig,  où  il 
trouva  logement  et  nourriture. 

D'ETRÉE  (J.) 

1789.  Officier  d'artillerie  à  Strasbourg. 
Février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

D'HONNIÈRES  (Alexandre). 

Décembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Cons- 
titution. 

30  avril  1791.  Membre  du  comité  de  correspondance  de  cette 
société,  qu'il  suit  à  l'Auditoire  le  7  février  1792. 

DIETRICH  (Jean-Nicolas)  (Baron  de). 

L'oncle  du  maire  Frédéric  de  Dietrich.  Il  fut  fait  baron  par 

l'empereur  d'Allemagne  François  I". 

29  juin  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitu- 
tion, qu'il  suit  à  l'Auditoire  le  7  février  1792. 


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42  REVUE  d'alsace 

31  octobre  1793.  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  5,000  livres, 
qu'il  règle  les  6  et  7  novembre. 

DILLEMANN  (Christophe)  l'aîné. 

Avant  1789.  Négociant-fabricant  de  tabac  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution. 

8  février  — .  Proposé  pour  la  municipalité. 

11  février  — .  Membre  des  amis  de  la  Constitution,  qu'il  suit 
le  7  février  4792  à  l'Auditoire  du  Temple-Neuf. 

31  octobre  1793,  Saint-Just  et  Lebas,  imposent  les  frères 
Dillemann  à  26,000  livres  réglées  les  6, 9  et  22  novembre. 

31  mars  1800.  L'aîné  est  nommé  membre  du  conseil  muni- 
cipal de  Strasbourg  et  de  la  Conmiission  administra- 
tive des  bospices  civils  de  Strasbourg. 

EnENME  Barth. 
(La  suite  à  la  prochaine  livraison,) 


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LE  SAC  DE  L'HOTEL-DE-VULE 

DE  STRASBOURG 

le  21  jumet  1789 
d'après  un  dooizrnent  inédit. 


Le  sac  de  rhôtel-de-yille  de  Strasbourg,  entrepris  le  SI 
juillet  1789  par  une  foule  tumultueuse,  grossie  par  des  voleurs 
et  des  bandits  de  profession,  est  resté  Tun  des  épisodes  les 
plus  curieux  et  les  glus  obscurs  de  Tépoque  révolutionnaire 
en  Alsace.  Il  est  aussi  difûcile  de  deviner  les  mobiles  qui 
poussèrent  les  masses  à  dévaster  un  édifice  dont  la  destruc* 
tion  ne  leur  était  aucunement  utile,  qu'il  est  difficile  de  com- 
prendre les  motifs  pour  lesquels  les  autorités  constituées 
civiles  ou  militaires,  n'intervinrent  point,  ou  n'intervinrent 
que  fort  tard^  alors  que  Tœuvre  de  pillage  et  de  démolition 
était  à  peu  près  accomplie.  On  peut  expliquer  sans  doute  cette 
attitude  de  part  et  d'autre,  en  invoquant  l'analogie  de  toutes 
les  scènes  révolutionnaires  du  temps  ;  on  connaît  cette  soif  de 
destruction  naïve,  cette  satisfaction  brutale  d'amonceler  autour. 
de  soi  des  ruines,  qui  se  font  jour  tout-à-coup  dans  les  foules 
excitées  et  changent  <  le  peuple  souverain  >  en  une  c  vile 
multitude,  >  dont  les  démocrates  les  plus  convaincus  sont 
obligés  de  se  détourner  avec  mépris.  On  peut  dire  aussi  qu'en 
face  d'une  révolution  triomphante,  les  représentants  officiels 


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44  REVX7E  D' ALSACE 

de  Tancien  régime  se  sentent  désobéis  d'avance,  tandis  que 
les  interprètes  accrédités  des  idées  nouvelles  ne  se  soucient 
guère  de  compromettre,  par  une  intervention,  peut-être  inutile, 
leur  popularité  naissante.  Les  chefs  militaires  surtout,  pour 
peu  que  leur  discipline  ait  été  sévère,  se  savent  trahis  en  de 
pareilles  occurences  par  la  soldatesque  irritée,  qui  préfère 
fraterniser  avec  l'émeute.  Néanmoins,  lorsqu'on  étudie  de 
plus  près  le  développement  de  la  journée  du  31  juillet,  on  y 
sent  quelque  chose  de  voulu,  d'artificiel,  ne  répondant  en  rien 
aux  entraînements  populaires,  qui  se  produisent  en  des  occa- 
sions semblables.  On  comprend  alors,  sans  les  partager  peut- 
être,  les  soupçons  qui,  dès  l'origine,  se  sont  fait  jour  à  Stras- 
bourg au  sujet  de  ce  coup  de  main,  soupçons  éveillés  par  la 
conduite  au  moins  bizarre  de  certains  fonctioimaires  élevés, 
et  confirmés  plus  tard  par  leur  émigration  volontaire.  La 
présence  de  personnes  d'un  rang  supérieur,  signalée  par  des 
témoins  oculaires  ^  comme  paraissant  fomenter  le  désordre, 
confirme  encore  davantage  ces  soupçons.  Nous  ne  voulons  pas 
entrer  ici  dans  le  détail  de  ces  controverses,  ni  examiner  de 
plus  près  les  accusations  dirigées  surtout  contre  M.  de  Eling- 
lin,  le  maréchal-de-camp,commandant  les  troupes  chargées  de 
dissiper  les  émeutiers^  notre  intention  n'étant  point  d'écrire 
en  ce  moment  l'histoire  de  la  journée  du  21  juillet  à  Stras- 
bourg. Nous  nous  bornons  à  donner  ici  la  relation  officielle 
des  événements,  dressée  quelques  jours  plus  tard  par  les 

*  Arthur  Young,  Rochambeau,  etc.  —  Nous  mettrons  en  appendice 
le  récit  de  ces  deux  témoins  oculaires. 

'  On  prétendit  alors,  on  prétend  encore  aujourd'hui,  que  M.  de  Kling- 
h'n,  fils  de  l'ancien  prêteur  royal  de  Strasbourg,  que  les  magistrats 
avaient  poursuivi  pour  d'indignes  malversations  et  avaient  réussi  à  faire 
condamner  par  le  Parlement  de  Besançon,  voulait  exercer  une  vengeance 
posthume  contre  les  accusateurs  de  son  père  ou  leurs  successeurs,  et 
laisser  détruire  surtout  les  documents  du  procès,  conservés  aux  archives 
de  la  ville.  Ce  dernier  mobile  au  moins  est  fort  sujet  à  caution,  puisque 
M.  de  Klinglin  ne  pouvait  ignorer  que  les  originaux  ou  des  copies 
authentiques  se  trouvaient  au  greffe  de  Besançon. 


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LE  SAC  DE  L*HOTEL-DE-yiLLE  DE  STRASBOUBO  45 

représentants  de  la  bourgeoisie  pour  les  députés  de  la  yille 
aux  Etats-Généraux.*  Cette  relation  n'a  point  encore  été 
publiée,  bien  que  M.  Ch.  Eugelhardt,  le  continuateur  de  VHis- 
toire  d Alsace  de  Slrobel,  la  mentionne  dans  une  de  ses  notes 
comme  existant  aux  archives  municipales.'  Toutefois  ce  n'est 
point  aux  archives  de  notre  ville  que  nous  avons  retrouvé  le 
document  qu'on  lira  plus  loin.  Il  doit  s'être  égaré,  car  nous 
avons  en  vain  cherché  sa  trace  dans  les  cartons,  où  il  aurait 
dû  se  trouver  avec  les  autres  pièces  de  l'époque.'  C'est  une 
autre  copie  contemporaine  —  la  pièce  originale,  envoyée  à 
Paris,  s'est  perdue  sans  doute  parmi  les  papiers  de  Schwendt 
ou  de  Turckheim  ~  tirée  de  papiers  de  famille  et  qu'on  a 
bien  voulu  nous  donner  dans  ce  but —  qui  nous  a  fourni  notre 
texte.  C'est  un  cahier  de  six  feuillets  in-folio,  dont  rien,  nous 
l'avouons,  ne  garantit  matériellement  Tauthenticité^  mais  que 
rien  aussi  ne  nous  autorise  à  mettre  en  suspicion.  Nous  avons 
joint  ça  et  là  quelques  notes  indispensables  pour  l'intelligence 
du  récit,  suffisamment  détaillé,  du  reste,  pour  n'avoir  point 
besoin  de  longs  commentaires. 


^  Jean  de  Torckl^eim,  ancien  ammeistre  de  la  ville  de  Strasbourg,  et 
Joseph-Etienne  Schwendt,  syndic  du  Directoire  de  la  noblesse  de  la  Basse- 
Alsace. 

'  Stbobel,  Geschichte  des  Elssases,  V,  325. 

'  Nous  avons  réuni  dans  les  cartons  des  archives  toutes  les  pièces  de 
la  correspondance  des  députés  de  Strasbourg  avec  les  magistrats  de  la 
ville,  pendant  la  mémorable  année  de  1789  et  les  premiers  mois  de  1790. 
Grâce  au  concours  obligeant  de  notre  excellent  ami,  M.  l'archiviste 
Brucker,  nous  avons  pu  réunir,  en  assez  peu  de  temps,  cette  série  de 
documents  sur  la  révolution  française,  et  bientôt  elle  sera  prête  pour  la 
publication.  Nous  espérons  qu'on  ne  lira  point  sans  intérêt  cette  corres- 
pondance, dont  les  abonnés  de  la  Revue  d'Alsace  auront  la  primeur,  et 
que  nous  tâcherons  de  rendre  aussi  complète  que  possible,  en  continuant 
nos  recherches  aux  archives  municipales. 


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46  REVUE  d'alsacb 


RELATION 

&ite  par  les  représentants  ^  aux  députés  de  la  ville  de  Strasbourg 
à  TÂssemblée  des  Etats-Gfênérauz  de  France, 

de  ce  qui  s'est  passé  du  19  au  21  juillet  1789. 


Messieurs, 
Nous  vous  devons  un  récit  fidèle  des  désastres  que  nous 
avons  éprouvée  et  du  saccagement  de  la  maison  commune 
de  nos  Pères,  qui  a  été  livrée  au  pillage.  Les  troubles  ont 
commencé  le  dimanche  soir,  19  juillet,  lorsque  la  nouvelle 
de  l'escalade  de  la  Bastille  et  de  l'exécution  de  son  gouver- 
neur eut  appris  à  la  multitude  à  calculer  ses  forces.  Cet 
événement,  qui.rendra  à  la  nation  une  portion  précieuse 
de  liberté,  qui  avait  été  enchaînée  jusques  là  par  l'appa- 
reil de  la  force  militaire,  fut  marqué  par  l'illumination  de 
plusieurs  quartiers  de  la  ville  dans  la  nuit  du  dimanche, 

*  Pour  ceux  qui  n'auraient  plus  très  présent  l'état  de  choses  établi 
dans  Strasbourfi:  au  moment  de  la  Révolution,  nous  rappellerons  que 
l'antique  Constitution  de  la  Cité,  avec  ses  trois  CoUéges  secrets,  celui  des 
XIII,  celui  des  XV,  celui  des  XXI,  avec  son  Grand- et  son  Petit-Conseil, 
et  son  collège  des  trois  cents  Echevins,  subsistait  encore  en  1789;  libé- 
rale autrefois,  celte  organisation  surannée  mettait  tout  le  pouvoir  entre 
les  mains  d'une  oligarchie,  à  bon  droit  suspecte  à  la  moyenne  bourgeoisie 
intelligente  et  raisonneuse,  qui  se  voyait  à  peu  près  exclue  du  manie- 
ment des  affaires.  Lors  des  élections  aux  Etats-Généraux,  tous  les  citoyens 
de  Strasbourg  avaient  concouru  à  la  nomination  de  représentants  ou 
électeurs  du  second  degré,  chargés  de  désigner  les  députés.  Ces  repré- 
sentants, se  sentant  soutenus  par  l'opinion  publique^  ne  se  bornèrent 
point  à  leur  fonction  unique,  mais  ils  commencèrent  à  solliciter  du 
Magistrat  l'abolition  de  certaines  charges ,  de  certains  dicastëres,  la 
réforme  de  nombreux  abus,  l'intervention,  plus  directe  que  par  le  passé, 
des  citoyens  dans  la  gestion  des  affaires.  Le  Magistrat,  c'est-à-dire  les 
CoUéges  intimes,  regimbait  de  son  mieux  contre  les  nouveautés  qu'on 
lui  demandait.  A  part  son  intérêt  privé,  qui  pesait  sans  doute  dans  la 
balance»  on  ne  doit  pas  méconnaître  la  conviction  sérieuse  de  beaucoup 


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IJft  SAC  DE  L'HOTBL-DE-VICXE  DE  STRABBOtmQ  47 

qui  dut  être  générale  es  jours  suivants.*  Elle  Êivorisa  la 
dévastation  de  la  maison  de  M  Lemp,  Ammeister,  qui 
avait  encouru  la  haine  de  plusieurs  classes  de  ses  conci- 
toyens.* Les  portes  furent  enfoncées,  les  vitres  cassées  et 
la  présence  de  TEtat-major  arrêta  les  excès* 

Le  jour  du  lendemain  avait  été  fixé  depuis  plusieurs 
jours  par  le  magistrat  pour  communiquer  aux  représen- 
tans  de  la  bourgeoisie  le  résultat  de  ses  délibérés  sur  le 
cahier  des  doléances  ;  le  mécontentement  avoit  déjà  gagné 
les  citoyens  du  long  retard  de  cette  communication.* 

de  ses  membres  que  Tabandon  des  franchises  spéciales  de  Strasbourg 
serait  on  grand  malhenr,  et  leur  répugnance  à  démolir  les  restes  d'une 
Constitution  politique,  qui  remontait  au  XV"  siècle.  Delà,  entre  les  man- 
dataires officieux  de  la  population  et  les  corps  qui  la  représentaient 
officiellement,  des  froissements,  des  discussions,  qui  duraient  depuis 
plusieurs  mois,  quand  vint  la  journée  du  21  juillet. 

'  Dès  le  soir  du  18  juillet  la  nouvelle  de  la  prise  de  la  Bastille  parvint 
à  Strasbourg  ;  la  façade  brillamment  éclairée  de  l'Hôtel  de  la  Maison-Rouge 
sur  la  Piace-d' Armes  (place  Rléber)  annonça,  vers  9  heures  du  soir,  la 
grande  nouvelle  à  la  foule,  qui  se  promenait  sur  la  place  et  qui  Tao- 
cueillit  par  les  cris  de  :  Vive  le  Roi  I 

'  Jean  Lemp.  né  le  20  juillet  1730,  membre  de  la  Chambre  des  XV 
depuis  1770,  ammeister  en  1781.  était  tout  particulièrement  détestée, 
d'abord  comme  membre  du  Collège  des  XV,  qui  établissait  les  impôts, 
pais  à  cause  de  ses  manières  arrogantes  et  brusques  à  l'égard  de  ses 
concitoyens.  Il  demeurait  dans  la  rue  du  Bouclier,  dans  la  maison  actuel- 
lement occupée  par  M.  Kœrttgé,  ancien  notaire  et  successeur  de  feu 
M.  Zimmer.  Après  la  révolution  de  juillet,  Lemp  se  retira  à  Carlsruhe, 
mais  il  revint  plus  tard  en  Alsace,  s'établit  à  Colmar,  puis  rentra  dans 
sa  ville  natale  et  y  mourut  en  1809,  comme  juge-suppléant  à  la  Cour  de 
justice  criminelle.  La  familld  Lemp  existait  encore  à  Strasbourg  avant 
l'annexion,  mais  elle  a  émigré. 

•  C'est  là  que  nous  voyons  apparaître,  pour  la  première  fois,  le  baron 
de  Rlinglin,  à  la  tête  d'une  patrouille  de  cavalerie,  salué  par  les  vivats 
des  émeutiers  et  priant  ses  «  cbers  amis,  de  ne  pas  mettre  du  moins  le 
feu  à  la  maison  !  » 

*  Ce  n'était  pas  sans  raison,  car  les  délibérations  avaient  commence 
le  22  avril,  puis  avaient  été  suspendues  du  25  mai  au  25  juin,  et  le 
Magistrat  se  montrait  moins  disposé  que  jamais  k  céder  sur  certaines  de 
»es  prérogatives. 


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48  BEVUE  D'ALSACE 

Réunis  à  la  députation  du  magistrat  dans  Taprês  diner 
du  lundi  20  à  la  chambre  des  XIII,  nous  remarquâmes 
à  l'ouverture  provisoire  que  le  magistrat  accordait  sans 
réserve  les  objets  relatifs  à  la  comptabilité,  à  Tadminis- 
tration  des  revenus  publics  et  opposoit  l'observance  de 
plusieurs  siècles  au  changement  proposé  pour  rendre  l'é- 
lection des  échevins  plus  populaire,  pour  l'admission  du 
scrutin  et  l'organisation  mixte  de  la  chambre  des  XV,  sur 
lesquels  objets  un  mémoire  long  et  détaillé  dut  exposer 
tous  les  motifs  de  résistance  du  magistrat,  pour  que  les 
représentans  de  la  bourgeoisie  puissent  l'examiner  de  sang 
froid  et  se  décider  en  pleine  connoissance  de  cause. 

Connoissant,  Messieurs,  les  principes  de  la  rumeur 
publique,  qui  augmentoit  visiblement,  nous  dûmes  nous 
promettre  peu  de  succès  de  ce  nouvel  examen,  et  à  l'ou- 
verture des  conférences,  nous  répétâmes  sommairement 
ce  que  l'un  de  nous  avoit  annoncé  l'avant  veille  en  assem- 
blée générale  de  sénat  et  XXI  avec  énergie,  que  le  magis- 
trat laissoit  échapper  les  rênes  du  gouvernement  paternel, 
en  se  retranchant  derrière  les  parchemins. 

Nous  ne  fûmes  pas  un  quart  d'heure  en  conférence  sans 
être  obligés  de  quitter  la  salle,  dans  laquelle  les  pierres 
pieu  voient  de  la  place  de  l'hôtel  de  ville.  Nous  nous  ren- 
dîmes à  l'assemblée  des  représentans  \  convoquée  pour 
entendre  le  résultat  de  la  conférence.  Elle  ne  put  se 
résoudre  à  acquiescer  aux  propositions  d'un  nouvel  examen 
sur  les  questions,  qui  lui  tiennent  le  plus  à  cœur  pour 
assurer  l'égalité  politique  des  citoyens  et  leur  influence 
dans  les  élections  des  administrateurs  du  bien  commun  et 
de  ses  juges  librement  éligibles. 

M.  le  fio"  de  Dietrich,  commissaire  du  Roy,  Prêteur,  sur- 
vint, résuma  les  demandes  de  la  bourgeoisie,  et  se  chargea 
de  faire  connoltre  au  magistrat  la  détermination  ferme  et 

^  Elle  siéfi[eaitau  local  de  la  Tribu  du  Miroir,  dans  la  rue  des  Serroriers, 
c'est-à-dire  presque  vis-à-vis  de  l'Hôtel-de-Ville. 


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LE  8AG  DE  L'HOTEL-DE-VILLE  DE  STRASBOUBa  49 

inébranlable  des  citoyens  à  en  demander  Texécution.  Le 
magistrat  se  rendit,  et  ceux  qui  furent  présens  signèrent 
l'adhésion,  qui  fut  raportée  par  M.  de  Dietrich  aux  repré- 
sentans  et  par  M.  le  B'>n  de  Klinglin,  lieutenant  du  Roy, 
Fun  des  représentans  à  un  peuple  innombrable,  qui  se  tint 
dans  les  rues.* 

Les  citoyens  retournèrent  contens  et  arrêtèrent  le  môme 
soir  une  adresse  au  magistrat  pour  le  remercier  d'avoir 
rendu  le  calme  en  cédant  encore  à  tems,  et  Tinviter  à  se 
joindre  par  décret  aux  représentans  de  la  commune,  pour 
demander  au  Roy  la  confirmation  du  pacte  de  combour- 
geoisie,  qui  allait  être  renouvelé. 

Des  citoyens  paisibles,  remarquant  dans  la  foule  du 
monde  qui  inondoit  les  rues,  une^quantité  de  figures  qui 
leur  furent  inconnues,  entendant  dç  toute  part  déclamer 
sur  rénergie  des  exécutions  de  Paris,  et  la  prompte  justice 
que  le  peuple  s'étoit  rendu  lui-même,  en  conçurent  de 
Talarme  et  se  présentèrent  chez  M.  le  comte  de  Rocham- 
beau,  nouveau  commandant  de  la  province,  pour  obtenir 
son  agrément  que  la  bonne  bourgeoisie  soit  armée  et  unie 
aux  troupes  pour  foire  la  ^police." 

M.  le  commissaire  prêteur  réclama  la  même  faveur  et 
ne  pût  l'obtenir,  l'Etat -major  comptant  trop  sur  son 
influence  et  sur  l'eflFet  de  la  discipline  militaire.* 


^  M.  de  Klinglin,  que  la  populace  appelait  le  Père  du  Peuple,  parcoa- 
nit  à  cheval  les  raes  avoisinantes,  pour  annoncer  surtout  une  baisse 
considérable  sur  les  denrées  alimentaires,  ce  que  le  Magistrat  ne  lavait 
aucunement  chargé  de  promettre. 

'  Rochambeau  venait  d'arriver  le  18  juillet  seulement,  pour  remplacer 
dans  le  commandement  supérient  de  l'Alsace  le  comte  de  Gboiseul- 
Stainville;  il  connaissait  trop  peu  la  situation  toute  spéciale  des  partis, 
pour  oser  donner  des  armes  aux  bourgeois. 

'  M.  de  Klinglin,  commandant  de  place  à  Strasbourg,  voulait  gagner  la 
réputation  de  pacificateur  ou  de  directeur  de  l'opinion  publique,  sans  le 
concours  des  citoyens  amis  de  l'ordre.  Peut-être  aussi  poursuivait -il  des 
projets  plus  cachés,  comme  on  Ta  souvent  insinué  dans  la  suite*  ' 

Konreîle  Série.  -  «••  Année.  4 


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50  REVUE  D'aLSACE 

Les  trois  journées  marquées  pour  les  réjouissances 
publiques  sur  l'apparition  confiante  et  paternelle  du  Roy 
aux  Etats-Généraux,  n'étoient  pas  écoulées  encore;  les 
nuits  livrées  aux  excès  et  à  la  boisson  faisoient  redouter 
du  malheur  et  Ton  sçut  trop  tard  que  la  boisson  avait  été 
offerte  à  beaucoup  d'individus. 

Le  mardi  matin,  21,  le  magistrat  confirma  en  assemblée 
générale  de  Sénat  et  XXI  Tarrêté  de  la  veille,  et  résolut 
de  demander  au  Roy  la  confirmation.  Ce  décret  dut  être 
communiqué  aux  représentans  assemblés  dans  l'après- 
dîner  de  mardi.  Ils  s'y  rendirent  pour  le  recevoir.  Les  rues 
furent  déjà  investies  de  monde  ;  la  cabale,  l'envie,  la  fureur, 
le  désir  du  pillage,  d'autres  passions  dont  Dieu  connoit  les 
moteurs,  et  dont  le  tems  découvrira  peut-être  la  trame, 
avoîent  répandu  le  bruit  insidieux,  faux  et  calomnieux,  que 
le  magistrat  s'étoit  retracté  de  l'arrêté  de  la  veille. 

Dès  que  nous  eûmes  occasion  de  remarquer  que  cette 
calomnie  échauffoit  les  esprits,  nous  demandâmes  l'impres- 
sion rapide  du  décret  confirmant  la  ratification  pleine  et 
entière  du  cahier.  Elle  fut  exécutée  rapidement  ;  plusieurs 
de  nous  la  lurent  au  peuple,  qui  nous  menaçoit  jusqu'au 
haut  de  l'escalier  de  la  salle  dans  laquelle  les  représentans 
furent  assemblés. 

En  vain,  réunis  à  l'Etat-major,  expliquâmes-nous  avec 
force  et  confiance  que  toutes  les  demandes  de  la  bourgeoi- 
sie étoient  occordées  ;  on  nous  arracha  le  papier  des  mains 
avec  fureur,  criant,  mais  on  ne  diminua  rien,  parce  qu'on 
avoit  abusé  de  la  crédulité  des  instruments  de  ces  dés- 
ordres, en  leur  persuadant  que  tous  les  octrois  dévoient 
cesser,  qu'à  Paris  on  avoit  démoli  les  bureaux  d'aides  et 
de  perceptions,  et  que  tout  seroit  à  meilleur  prix  en  inti- 
midant les  magistrats. 

Nous  vimes  avec  effroi  les  hurlemenss'accroitre  ;  en  des- 
cendant, nous  vimes  la  place  remplie  de  femmes,  d'enfans 
et  de  soldats  sans  armes.  M.  le  lieutenant  du  Roy  fut  prié 
de  trouver  un  moyen  de  feiire  retirer  la  troupe  non  armée 


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LE  SAC  DE  L'HOTEL-DE-VILLE  DE  8TRABB0URO  51 

dans  ses  quartiers.  Plus  tard,  il  fut  distribué  des  billets 
séditieux  : 

€  Citoyens,  attaqués,  nous  aimons  à  manger  la  viande  à 
aussi  bon  marché  que  vous.  > 

Les  billets  dont  TEtat-major  eût  connaissance,  l'enga- 
gèrent probablement  à  placer  un  renfort  de  troupes  devant 
r hôtel-de-ville,  et  peu  après  à  faire  battre  la  générale  pour 
la  retraite  des  troupes.  Cette  retraite  des  soldats  dans  leur 
quartier  fut  suivie  immédiatement,  à  6  heures,  de  l'appa- 
rition d'ouvriers  armés  de  haches  et  marteaux,  qui  s'a- 
vancèrent par  trois  rues,  enfoncèrent  avec  leurs  haches  les 
portes  de  l'hôtel-de-ville,  y  cherchèrent  les  échelles  pour 
l'escalader  et  montèrent  paisiblement  dans  les  étages  supé- 
rieurs. Les  portes  des  caves  furent  hachées  et  1700  mesures 
de  vin  détruites.  C'est  une  perte,  qui  seroit  la  suite  natu- 
relle de  tout  tumulte  de  cette  espèce. 

Mais  un  hôtel-de-ville,  dans  lequel  aucun  magistrat  ne 
demeure,  escaladé  à  une  heure  où  aucune  chambre  d'icelui 
ne  siégeoit,  pour  détruire,  déchirer  et  anéantir  les  papiers, 
les  documens  de  8  siècles  qui  assurent  leur  état  et  leurs 
privilèges  à  une  bourgeoisie  fidèle  et  paisible,  voilà  l'évè- 
nement  que  nous  avons  vu  sous  nos  yeux,  ayant  un  mili- 
taire nombreux  armé,  posté  devant  et  à  la  porte  de  cet 
hôtel-de-ville.  Il  a  été  exercé  une  fureur  barbare  sur  des 
papiers  ;  ils  ont  été  tous  jetés  par  les  fenêtres,  traînés  jus- 
qu'aux fossés  pour  les  jeter  dans  la  rivière,  et  toutes  les 
rues  étoient  jonchées  des  papiers,  des  inventaires  de  par- 
tage et  succession  de  nos  pères  et  des  comptes  des  tutelles 
des  orphelins.  Après  avoir  enfoncé  les  portes  et  doubles 
portes  de  toutes  les  archivas  pour  jeter  dans  la  boue  les 
bulles  d'or  des  empereurs,  les  chartes  et  lettre  de  nos  Rois, 
on  a  démeublé  avec  les  haches  toutes  les  salles,  détuilé  le 
toit  et  on  a  poussé  la  démence  jusqu'à  jeter  par  les  fenêtres 
les  poêles  de  fonte  de  fer. 

Dans  ce  pillage  affreux,  la  consigne  des  troupes  du  Roy 
fut  de  prévenir  l'incendie  ;  leur  fonction  et  leur  présence 


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52  REVUE  D'ALSACE 

se  borna  à  agir,  lorsqu^on  seroît  intentionné  de  mettre 
le  feu. 

Le  dépôt  des  mineurs  à  la  chambre  des  tutèles,  le  dépôt 
des  masses  en  litige  au  greffe  du  sénat  sont  pillés.  La 
seconde  attaque  fut  dirigée  vers  TUmgeld,  ou  bureau  de 
perception  des  aydes.  Les  portes  enfoncées  et  la  recette 
pillée. 

La  troisième  attaque  fut  commencée  au  greffe  de  la 
chambre  des  contrats.  Les  scélérats  y  furent  déjà,  s'étoient 
déjà  saisis  de  deux  liasses.  Leur  fureur  fut  arrêtée  par 
S.  A.  S.  M»*"  le  prince  de  Darmstatt*,  qui  exposa  sa  vie 
pour  la  tranquillité  future  des  citoyens. 

Dans,  la  nuit  suivante,  la  maison  du  S^  Moog*,  magistrat 
intègre  trop  attaché  (au  moment  présent)  à  la  lettre  de 
l'ancienne  constitution,  fut  saccagée  avec  barbarie.  Tous 
les  meubles,  une  bibliothèque  choisie  jetée  dans  la  rivière. 
Tirons  le  rideau  sur  ces  scènes  affreuses. 

Nous  eûmes  la  satisfaction  très  triste,  mais  toujours  sen- 
sible à  nos  cœurs,  d'apprendre  le  lendemain,  que  les  mili- 
taires Généraux  •  qui  avoient  vu  d'un  œil  humide  et  baigné 

^  Le  prince  Frédério-Lonis  de  Hesse-Darmstadt  était  colonel  de  l'an 
des  régiments  de  la  garnison  de  Strasbourg.  Le  texte  primitif  portait  par 
erreur  le  prince  de  Deux-Ponts.  Maxi milieu,  duc  de  Deux-Ponts,  plus 
tard  roi  de  Bavière  par  la  grâce  de  Napoléon  !«',  était  également  en 
garnison  dans  nos  murs^  comme  colonel  de  Royal-Alsace. 

'  Mogg  était  le  fils  d'un  avocat-général  de  la  ville,  qui,  par  ses  dénon- 
ciations, avait  tout  particulièrement  contribué,  en  1752,  à  faire  décou- 
vrir et  punir  les  malversations  du  prêteur  royal  de  Klinglin,  père  du 
général.  On  ne  peut  s'empêcher  de  signaler  ces  coïncidences  suspectes. 
La  maison  de  ce  membre  du  Conseil  des  XV  était  située  au  quai  des 
Bateliers,  ce  qui  explique  le  chemin  que  prit  son  mobilier. 

*  Il  faut  lire  évidemment  généreux;  la  déclaration  sentimentale  des 
représentants  de  la  bourgeoisie  est  au  moins  bizarre  et,  de  plus,  entière- 
rement  fausse,  car  ce  n'est  pas  «  d'un  œil  baigné  de  larmes,  »  mais  avec 
une  parfaite  indifférence,  sinon  avec  joie,  que  les  soldats  travaillés  et 
plus  on  moins  enivrés  par  des  émissaires  inconnus,  avaient  assisté  au 
pillage. 


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LE  SAC  DE  L'HOTBL-DE-VILLE  DE  STRASBOURG  53 

de  larmes,  cette  dévastation  affreuse,  qu'ils  n'avoient  aucun 
ordre  d'empêcher,  frémirent  quand  ils  purent  s'éclaircir 
que  la  bourgeoisie  n'avoit  pas  trempé  dans  cet  affreux 
complot;  qu'elle  avoit  reçu  une  satisfaction  entière  du 
magistrat,  et  que  tous  les  bruits  de  rétractations  étoient 
controuvés. 

M.  le  C*"  de  Rochambeau,  témoin  de  la  douleur  des  bons 
citoyens,  attendri  de  leur  désespoir  de  voir  dispersé  et 
profané  un  dépôt  aussi  respectable,  s'abandonna  à  la  con- 
fiance et  ne  mit  plus  aucun  obstacle  à  l'armement  des 
citoyens.  Il  eut  lieu  avec  ardeur  et  passion  dans  la  matinée 
même  ;  le  citoyen  se  mit  sur  le  champ  à  la  recherche  des 
coupables,  en  arrêta  près  de  200  contre  lesquels  il  eut  des 
soupçons  fondés  ;  et  cette  ardeur  des  propres  parens  à 
dénoncer  les  membres  coupables  de  leur  femille,  a  prouvé 
l'aversion  générale  contre  cette  action  atroce  et  détestable. 
Aucun  citoyen  considéré,  riche  ou  pauvre,  n'a  pu  encor 
être  découvert  fauteur  de  cet  attentat*  Quelques  hommes 
de  mœurs  îlissolues,  reconnus  libertins  dès  longues  années, 
se  trouvent  dans  la  liste  fatale  des  coopérans.*  Plusieurs 
tentatives  postérieures  sur  la  maison  de  la  taille,  repous- 
sées par  le  B*"  de  Ruttenberg,  ont  prouvé  l'esprit  de  pil- 
lage qui  animoit  les  auteurs.  Le  service  des  gardes  bour- 
geoises a  fait  naître  la  tranquillité.  Il  fallut  la  raffermir  en 
publiant  une  diminution  sur  le  pain  et  la  viande,  en  dédom- 
mageant le  boucher  et  boulanger  sur  la  caisse  publique  de 
la  perte  de  la  vente. 

Tel  est.  Messieurs,  le  récit  fidèle  de  nos  malheurs.  Nous 

'  Qu'il  y  en  eût,  les  récits  de  Yonng  et  de  Rochambeau  ne  permettent 
pas  d'en  douter  ;  sans  doute  on  ne  voulut  pas  les  trouver  et,  la  paix 
faite,  on  préféra,  selon  l'expression  de  notre  relation,  «  tirer  le  rideau  » 
sur  ces  excès. 

'  Un  seul  coupable,  un  compagnon  menuisier,  natif  de  Mayence,  fut 
exécuté  quelques  jours  plus  tard,  pour  avoir  volé  soixante-six  louis  d'or 
pendant  le  pillage  de  l'Hôtel-de-Ville.  Un  autre  condamné  à  mort  fut 
gracié,  parce  qu'il  appartenait  à  une  famille  notable  de  la  ville.  Quelques 
autres  furent  envoyés  aux  galères. 


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54  REVUB  d'albaob 

ne  vous  parlerons  pas  de  la  diminution  énorme  que  la 
caisse  commune  va  souffrir  par  Tinsurrection  des  bail- 
liages.^ 

Occupés  tous  à  mettre  la  dernière  main  à  la  rédaction  du 
cahier  accordé,  nous  ne  visons  qu'à  rétablir  le  calme  au 
dedans.  Ne  désespérez  pas.  Messieurs,  de  votre  patrie,  les 
vœux  des  citoyens  s'adressent  à  la  divinité  pour  qu'elle 
aye  pitié  de  nos  maux  et  nous  accorde  sagesse  pour  en 
détourner  de  plus  grands.* 

Nous  sommes  avec  un-attachement  inviolable,  Messieurs, 
vos  très  humbles  et  très  obéissans  serviteurs. 

Les  commissaires 
représentons  la  commune  de  Strasbourg: 

Fischer.  Lagombe.  Schubart.  Hervé.  Tûrgkheim. 

WUNDERER.  SpIELMANN. 


APPENDICE 

Nous  avons  mentionné  en  note  les  récits  donnés  sur  le  pil- 
lage de  l'Hôlel-de-Ville  par  le  voyageur  anglais  Arthur  Young 
et  le  maréchal  0e  Rochambeau,  gouverneur  de  la  province 
d'Alsace.  Ces  deux  textes  sont  trop  peu  connus  en  Alsace  — 
on  ne  chercherait  guère  le  récit  de  cette  émeute  dans  un 
voyage  agricole  rédigé  par  un  Anglais  —  ou  trop  peu  répan- 
dus comme  les  Mémoires  de  Rochambeau  —  pour  que  je  ne 
croie  pas  faire  plaisir  à  quelques-uns  de  mes  lecteurs,  en  les 

^  La  population  nirale  ne  se  montra  qne  trop  disposée  —  et  avec  de 
pins  justes  motifs  peut-être  —  à  suivre  l'exemple  des  citadins,  surtout 
dans  le  bailliage  de  Barr.  Voyez  Slrobel.  V,  332-336. 

'  Les  désordres  ne  cessèrent  pas  cependant  à  Strasbourg.  Quinze  jours 
plus  tard  à  peine,  une  nouvelle  émeute,  toute  militaire  cette  fois,  vint 
effrayer  les  autorités  civiles  et  les  citoyens  paisibles.  On  trouvera  le 
détail  dans  les  Mémoires  de  Rochambeau,  I,  357-362,  et  chez  Strobel, 
V,  33^-339. 


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LB  SAO  DE  L'H0TEL-DE-VILL£  DE  STRASBOURG  55 

joignani  à  la  relation  qu'on  vient  de  lire.  Voici  d'abord  le 
rédt  d'Arthur  Young  *  : 

21  juillet.  —  J'ai  assisté  à  une  scène  curieuse  pour 

un  étranger,  mais  terrible  pour  les  Français  qui  y  réflé- 
chiront. En  traversant  la  place  de  l'hôtel-de- ville,  j'ai 
trouvé  la  foule  qui  en  criblait  les  fenêtres  de  pierres, 
malgré  la  présence  d*un  piquet  de  cavalerie.  La  voyant  à 
chaque  minute  plus  nombreuse  et  plus  hardie,  je  crus 
intéressant  de  rester  pour  voir  où  cela  en  viendrait  et 
grimpai  sur  le  toit  d'échoppes  situées  en  face  de  l'édifice, 
objet  de  sa  rage.  C'était  une  place  très  commode.  Voyant 
que  la  troupe  ne  répondait  qu'en  paroles ,  les  perturba- 
teurs prirent  de  l'audace  et  essayèrent  de  faire  voler  la 
porte  en  éclats  avec  des  pinces  en  fer,  'tandis  que  d'autres 
appliquaient  des  échelles  d'escalade.  Après  un  quart 
d'heure,  qui  permit  aux  magistrats  de  s'enfuir  par  les 
portes  de  derrière,  la  populace  enfonça  tout  et  se  précipita 
à  l'intérieur  comme  un  torrent,  aux  acclamations  des 
spectateurs. 

Dès  ce  moment,  ce  fut  une  pluie  de  fenêtres,  de  chaises, 
de  volets,  de  tables,  de  sofas,  de  livres,  de  papiers,  etc.,  etc., 
par  toutes  les  ouvertures  du  palais,  qui  a  de  soixante-dix 
à  quatre- vingt  pieds  de  façade;  il  s'en  suivit  une  autre  de 
tuiles,  de  planches,  de  balcons,  de  pièces  de  charpente, 
enfin  de  tout  ce  qui  peut  s'enlever  de  force  dans  un  bâti- 
ment. Les  troupes,  tant  à  pied  qu'à  cheval,  restèrent  im- 
passibles. D'abord  elles  n'étaient  pas  assez  nombreuses 
pour  intervenir  avec  succès,  plus  tard,  quand  elles  furent 
renforcées,  le  mal  était  trop  grand  pour  qu'on  pût  faire 
autre  chose  que  garder  les  approches,  sans  permettre  à 
personne  de  s'avancer,  mais  en  laissant  se  retirer  ceux  qui 

*  Voyages  enFrance  pendant  les  années  1787, 4788,  4789,  par  Àrthvrr 
Young,  nouvelle  traduction  par  M.  Lesage,  précédée  d'une  introduction 
de  M.  Léonce  de  Lavergne.  Paris,  Guillaumin,  1860,  t.  I,  p.  248-249  — 
M.  Âugaste  Stœber,  à  la  piste  de  toutes  les  relations  de  voyage  relatives 
à  notre  province,  a  reproduit  les  extraits  de  Young,  qui  s'y  rapportent, 
dans  ses  Curiosités  de  voyages  en  Alsace, 


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66  REVUB  d'âlsace 

le  Toulaicnt  aTCc  teur  butin.  On  avait  mis  en  même  temps 
des  gardes  à  toutes  les  issues  des  monuments"  publics. 
Pendant  deux  heures  je  suivis  les  détails  de  cette  scène 
en  différents  endroits,  assea  loin  pour  ne  pas  craindre  les 
détails  de  Tincendie,  assez  près  pour  voir  écraser  devant 
moi  un  beau  garçon  d'environ  quatorze  ans,  qui  donnait 
quelque  chose  à  une  femme,  que  son  expression  d'horreur 
me  Élit  croire  être  sa  mère.  Je  remarquai  plusieurs  soldats 
avec  leurs  cocardes  blanches  au  milieu  de  la  foule  qu'ils 
excitaient  sous  les  yeux  des  officiers  du  détachement,  Il  y 
avait  aussi  des  personnes  si  bien  vêtues,  que  leur  vue  ne 
me  causa  pas  peu  de  surprise.  Les  archives  publiques 
furent  entièrement  détruites;  les  rues  environnantes  étaient 
jonchées  de  papiers  :  c'est  une  barbarie  gratuite,  car  il  s'en 
suivra  la  ruine  de  bien  des  familles»  qui  n'ont  rien  de 
commun  avec  les  magistrats 

Nous  faisons  suivre  le  récit  de  Young  de  celui  que  nous 
emprantons  aux  Mémoires  de  Rochambeau^  : 

J'arrivai  le  18  au  matin,  à  mon  poste,  à  Strasbourg. 

J'y  appris  que  le  renvoi  de  M.  Necker  y  causait  beaucoup 
de  fermentation,  qu'elle  se  manifestait  même  dans  les 
troupes  et  qu'à  ajouter  aux  intérêts  généraux,  qui  ani- 
maient à  ce  moment  tout  le  royaume,  il  y  avait  une  insur- 
rection locale  prête  à  éclater  dans  le  peuple  contre  les 
magistrats,  qui  s'annonçait  par  des  pétitions,  par  des 
plaintes  exagérées  sur  le  prix  des  comestibles  ;  que  cepen- 
dant on  ne  s'était  encore  permis  aucune  voie  de  fait.  Une 
pluie  violente,  et  mon  arrivée  deux  jours  plutôt  que  je  ne 
l'avais  annoncé,  ne  m'ayant  pas  permis  de  voir  les  troupes 
à  mon  entrée  de  commandant  en  chef,  j'en  pris  prétexte 
pour  en  faire  des  revues  particulières  sur  la  Place-d'Armes, 
pendant  que  les  magistrats  d'une  part,  et  les  représentants 
du  peuple  de  l'autre,  négocièrent  et  parurent  s'arranger 
sur  la  taxation  des  denrées.   Le  courrier  de  Paris  nous 

^  Mémoires  historiques,  politiques  et  militaires  de  Rochambeau.  Parisi 
Fain,  1809,  in-«S  1. 1,  p.  352-365. 


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LE  SAO  DB  L'HOTUt-DB^^ILLB  DE  STiUSBOUBO  57 

apporta  les  nouvelles  du  rappel  de  M.  Necker,  du  voyage 
du  roi  à  Paris,  du  TV  Deum  qu'on  y  avait  chanté.  Le  peuple 
de  Strasbourg  exigea  du  magistrat,  par  ses  représentants, 
une  illumination  et  des  réjouissances  qui  furent  ordonnées 
ipour  le  soir  en  doublant  les  patrouilles  et  les  précautions 
d'usage  pour  le  bon  ordre. 

Ce  même  jour,  à  trois  heures  après  midi,  Thôtel-de-vîUe 
fut  attaqué  subitement  par  cinq  ou  six  cents  brigands 
armés  de  haches,  auxquels  se  joignit  en  peu  de  temps  un 
nombre  considérable  de  gens  de  tous  métiers.  Je  fis  battre 
la  générale  au  premier  avis  ;  les  piquets  de  cavalerie  s'y 
portèrent  aux  ordres  de  M.  de  Klinglin  ;  je  me  mis  à  la 
tête  du  régiment  d*"Alsace.  Je  trouvai  cette  maison-de-ville 
à  moitié  pillée  et  dévastée;  Klinglin  pérorait  et  rien  ne 
pouvait  arrêter  ce  peuple  furieux.  On  vint  me  dire  qu'ils 
entraient  dans  une  maison  voisine,  où  étaient  tous  les 
papiers  des  mineurs  de  la  province.  Je  pris  ce  moment 
pour  animer  les  grenadiers  d'Alsace.  <  Mes  enfants,  leur 
dis-je,  ce  sont  vos  papiers  qu'on  pille  et  vos  contrats  qu'on 
saccage.  Ne  souffrez  pas  un  pareil  brigandage  ;  entrez  et 
chassez  à  coup  de  crosse  tous  ces  malfaiteurs  !  >  Alsace  s'y 
conduisit  bien,  les  chassa  tous  de  ce  dépôt  qui  fut  mis  à 
couvert,  et  nous  parvînmes  avec  son  secours  et  celui  de 
Hesse-Darmstadt,  à  faire  vider  tous  les  étages  de  l' hôtel- 
de-ville,  où  ils  avaient  pillé  les  caisses,  cassé  les  meubles 
et  enfoncé  mille  pièces  de  vin  dans  toutes  les  caves,  où 
plusieurs  d'entre  eux  se  noyèrent.  Pour  ma  part,  j'en  fus 
quitte  pour  la  perte  de  la  moitié  de  içon  habit,  qui  fut 
emportée  par  un  gros  poêle  de  fonte,  jeté  par  une  fenêtre 
au  milieu  de  ce  tumulte. 

J'appris  dans  le  moment  qu'il  y  avait  trente-six  maisons 
de  magistrats  marqués  pour  le  pillage,  et  surtout  celles 
de  la  Chambre  des  Quinze.  J'envoyai  sur-le-champ  des 
troupes  partout  pour  les  mettre  à  couvert,  avec  ordre  de 
présenter  la  bayonnette  à  quiconque  voudrait  en  forcer 
l'entrée.  Les  troupes,  jusqu'à  ce  moment^  agissaient  moUe- 


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58  RSVT7E  D'âLSâGE 

ment  ;  elles  chassaient  les  brigands  devant  elles,  mais  ne 
les  arrêtaient  pas.  Cette  réjouissance  augmentait  le  dés- 
ordre et  la  confusion  ;  tout  le  monde  se  promenait  dans 
les  rues  et  la  cavalerie  ne  pouvait  charger  ces  troupes  de 
brigands  sans  courir  le  risque  d'écraser  d'honnêtes  citoyens. 
Nous  fûmes  forcés,  pendant  quelque  temps,  de  nous  bor- 
ner à  mettre  sous  la  protection  des  troupes,  toutes  les 
maisons  menacées.  Cette  situation  dura  jusqu'à  près  de 
minuit.  Tous  les  citoyens  étant  alors  rentrés  chez  eux, 
il  ne  resta  plus  dans  les  rues  et  dans  les  cabarets  que  toutes 
ces  bandes  de  brigands.  Les  charges  de  cavalerie  dans  les 
rues  en  ramassèrent  beaucoup  chargés  de  pillage  ;  la  gar- 
nison harassée  s'anima  et  on  arrêta  quatre  cents  de  ces 
malfeiiteurs.  Nous  restâmes  avec  les  troupes,  sous  les  armes, 
jusqu'à  sept  heures  du  matin;  enfin,  après  avoir  doublé 
les  gardes  et  les  patrouilles,  les  troupes  rentrèrent  dans 
leurs  quartiers.  Alors  les  magistrats  et  les  représentants 
du  peuple  vinrent  me  demander  des  armes  pour  arrêter 
tout  ce  qui  restait  de  ces  brigands.  Je  leur  fis  délivrer  cinq 
cents  hallebardes  et  douze  cents  sabres  de  l'arsenal  pour 
cette  opération.  Ils  s'en  servirent  avec  justice  et  zèle,  et 
doublèrent  le  nombre  des  prisonniers  dont  nos  prisons 
furent  bientôt  pleines.  Le  surlendemain,  le  magistrat  fit 
exécuter  un  de  ces  brigands,  qui  avait  ses  poches  pleines 
de  l'argent  volé  dans  les  caisses  de  Thôtel-de- ville.  Le 
calme  parut  rétabli  dans  Strasbourg 

RoD.  Rfiuss. 


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LIYRES  ET  BIBLIOTHËOOES  A  STRASBOURG 

AU  MOYEN-AGE. 


Suite. 


Une  des  bibliothèques  les  plus  considérables  après  celle 
de  la  maison  de  Saint- Jean,  fut  celle  de  la  Chartreuse,  Les 
habitants  de  ce  monastère,  fondé  en  1840  hors  des  portes 
de  Strasbourg,  passaient,  à  la  fin  du  XV"*  siècle,  a?ec  les 
Johannites  et  les  moines  du  petit  couvent  de  Saint- Guillaume, 
pour  être,  à  cause  de  leurs  mœurs  austères  et  de  leurs  habi- 
tudes studieuses,  les  religieux  les  plus  respectables  de  la  ville. 
Geiler  de  Kaisersberg  et  Wimpheling  se  plaisaient  à  faire 
leur  éloge.  Leurs  statuts  les  obligeaient  à  s'occuper  d'écriture; 
Gerson  avait  même  démontré  qu'ils  pouvaient  sans  péril  pour 
leur  âme  consacrer  les  jours  fériés  à  la  copie  de  livres  utiles.' 
Il  est  probable  d'après  cela  que  beaucoup  de  volumes  de  leur 
collection  furent  écrits  dans  les  cellules  de  la  maison.  Pendant 
quelque  temps  ils  eurent  même  une  presse;  ils  imprimèrent 
pour  leur  usage  un  Psautier  sur  parchemin.^  En  1626  qua- 
torze d'entre  eux  quittèrent  le  couvent  ;  sept  déclarèrent  qu'ils 
voulurent  y  rester.  Il  j  eut  quelques  chartreux  pendant  tout 
le  XVP  siècle;  en  1591  leurs  bâtiments,  cédés  à  la  ville, 

*  Voy.  le  tome  précédent,  p.  433-454. 

*  Geb30^,  De  laude  scriptorunij  édition  Spencer-Smith.  Rouen  1841 
folio,  p.  1.  (0pp., édition  Dupin,  t.  II,  p.  694.) 

'  Pscdtenwn  in  membranis,  typis  expresswn  in  carthusia  Argentinensi. 


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60  REVUE  D'ALSACE 

furent  démolis  et  leur  bibliothèque  réunie  à  celle  de  l'Aca- 
demie  protestante.  Â  cette  occasion  on  en  fit  le  catalogue.^ 
Dans  le  cours  du  XVI'  siècle,  le  couvent,  appauvri  et  n'abri- 
tant plus  qu'un  petit  nombre  de  frères,  n'avait  fait  que  de 
rares  acquisîtionN  de  lin-es  ;  le  catalogue,  qui  nous  est  resté, 
représente,  sauf  un  petit  nombre  d'exceptions,  la  collection 
telle  qu'elle  avait  existé  an  152^.  Il  énumère  365  volumes, 
en  grande  majorité  manuscrits,  les  uns  sur  parchemin,  d'au- 
tres sur  papier,  d'autres  encore  en  partie  sur  papier,  en  partie 
sur  parchemin.  La  présence  de  plusieurs  exemplaires  d*ou- 
vrages  identiques  semble  prouver  que  la  bibliothèque  s'était 
enrichie  aussi  par  des  dons,  faits,  soit  par  des  religieux  de 
la  Chartreuse,  soit  par  d'autres  personnes  ;  un  recueil  d'ho- 
mélies de  saint  Augustin,  de  Bède,  etc.,  avait  été  légué  par 
un  curé  de  Worms;  un  Innocentim  mper  Decretale  provenait 
d'un  frère  qui,  de  1S93  à  1396,  avait  fait  à  Bologne  des  études 
de  droit;  d'autres  livres  avaient  été  achetés  pour  des  prix 
qu'on  avait  eu  soin  d'indiquer.  La  plupart  des  ouvrages  appar- 
tenaient à  la  théologie;  c'étaient  des  traités  de  Pères,  de  sco- 
lastiques,  de  mystiques,  entre  autres  le  commentaire  de 
Drutmar  etYHorohgium  sapimtiœ  de  Suso;  puis  des  sermons, 
des  vies  de  saints,  des  livres  liturgiques,  les  règles  et  les 
coutumes  de  l'Ordre  des  chartreux,  une  Historia  evcmgelii  en 
yer^^les  Gesta  Barlaam  dJosaphat  servorum  dei.  Vingt -trois 
ouvrages  sur  le  droit,  dont  une  Summa  Raymundi  metrice^ 
quatre  ou  cinq  de  médecine,  un  de  logique,  les  Orationes  de 
Phllelphe,  le  voyage  du  chevalier  Jean  de  Mandeville  et  un 
seul  classique^,  Tiucain,  complétaient  la  collection.  Outre  quel- 
ques Psautiers  allemands,  il  n'y  avait  qu'un  livre  écrit  dans 
cette  langue,  der  Tugend  buch  ou  Bhime  d^r  Tugmd,  de  Jean 
Vintler,  du  commencement  du  XV*  siècle.  Ce  qui  ajoute  à 
l'intérêt  du  catalogue,  c'est  qu'il  ne  donne  pas  seulement  les 
dates  et  les  prix  de  quelques  manuscrits,  il  a  conservé  aussi 

^  Manuscrit  in-é**.  Archives  de  Saint-Thomas. 


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LIVBBR  ET  BIBLIOTHÈQUES  A  STRASBOURG  61 

quelques-anes  de  ces  formules  si  curieuses  que  les  copistes 
avaient  Thabitude  de  mettre  à  la  fia  des  livres,  quand  ils 
avaient  achevé  leur  travail;  je  crois  devoir  les  rapporter  : 
Lambertus  de  Ligniaco  rncco  aummulœ,  scriptœ  anno  1286  : 

Lauda  scnptorem  donec  videos  me&orem. 
Flores  S.  Berrihardi  : 

Hic  liber  est  seriptm,  deus  ex  hoc  sit  benedktus} 
Sermones  S,  Bemhardi  super  cantica  : 

0  Bemarde  patery  qui  dtUcia  hic  posuisti^ 
Foc  me  qui  scripsi  regnum  conscendere  Christi. 
Legenda  sanctorum  : 

Explicit  iste  liber,  scriptor  sit  crimine  liber. ^ 
JRepertorium  speeuH  WHhelmi  Durandi  : 

Quœ  pridem  plura  sunt  sparsim  tradita  iura, 
HoBC  nunc  scriptura/acili  monstrat  tibi  cura, 
Historia  scholastica  : 

Dextram  scribenUs  virtus  regat  omnipotentis. 
De  vita  etlaude  b.  Hieronymi  per  Joh.  Andreœ  juristam  : 
Accipe  Jeronymum  non  ex  doetoribus  imum 
Nec  miris  minimum,  sed  linguœ  munere  primum. 
JExpositio  b.  Ambrosii  super  Psalmum  beatt  immaculati  : 
Sint  deo  grates  Ambromque  qui  dédit  artes 
Et  mihi  mente  pia  ter  ave  legitate  (sic)  Maria,  1467. 
Les  antres  volumes  datés  étaient  les  suivants  :  Pastorale 
fèovellum  magistri  Rudolphi  de  Liebeg,  completnm  1324; 
Postula  super  Proverbia  Salomonis  fratris  Thomœ  Rygsted^ 
anglid,  ord,  prœd..  seripta  anno  1350;  lyra  super  Vêtus 
Test,  pars  prima  finita  anno  1368;  LibeUus  qui  intitulatur 
Valde  bonum,  continens  accentuationes  quarundam  dictionum 
de  Biblia  et  de  evangeliis  et  de  martyrohgio,  1441. 

^  V.  cette  même  formule,  un  pea  modifiée,  parmi  celles  qu'a  recaeil- 
lies  M.  VVattenbach,  Dos  Schriftwesen  des  MiUelaUers,  Zweite  Ausgabe. 
Leipzig  1875,  p.  424. 
'     ■  Formule  assez  fréquente.  0  c,  p.  428. 


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62  REVUE  D' ALSACE 

II  est  inutile  de  dire  qu'aucun  des  livres  de  la  Chartreuse 
n'existe  plus. 

S.  Les  livres  qui  servaient  au  culte  ne  faisaient  pas  partie 
des  bibliothèques,  ils  étaient  compris  dans  le  trésor  des  églises 
et  conservés,  avec  les  vases  sacrés  et  les  vêtements  sacerdo- 
taux, dans  les  sacristies.  On  a,  de  Tannée  1451,  un  inventaire 
du  trésor  de  Tégllse  de  Sainte-Hélène,  qui  était  celle  de  la 
paroisse  de  Schiltigheim*;  les  livres  énumérés  sont  :  Missaie 
et  duo  specialia;  unum  novîim  spéciale  missaie;  duo  libri 
matitutinaks  preciosi:  psaUerium  ;  graduale;  du<B  partes 
antiphonarii  ;  unumparvum  antiphonale;  liber  mm  evangeUis 
et  epistotis;  duœ  agendœ;  vigiliœ  mortuorum;  confesaionale 
in  pirgameno;  duo  libri  vitœ.  L'inventaire  ajoute  un  glose- 
narium,  soit  un  vocabulaire,  soit  quelque  partie  de  la  bible 
avec  des  gloses.  En  1490  un  maître  Melchior  fit  don  à  cette 
église  d'une  nova  agenda  in  pressura.  —  De  Saint-Thomas 
il  est  resté,  outre  quelques  copies  du  Liber  vitœ.  un  beau 
Graduale  écrit  sur  parchemin  au  XV*  siècle;  lors  d'un  inven- 
taire fait  en  1546  de  ce  qui  subsistait  de  l'ancien  trésor,  on 
trouva  aussi  un  Evangéliaire  avec  des  ornements  en  argent 
doré  et  un  vieux  recueil  des  Epîtres  dont  un  des  coins  était 
encore  couvert  d'une  plaque  d'argent  ^  ces  deux  volumes  ont 
depuis  longtemps  disparu.  En  1842  j*eus  le  bonheur  de  décou- 
vrir dans  une  chambre  voûtée,  au-dessus  des  derniers  restes 
du  cloître  des  dominicains,  un  missel  sur  parchemin,  ayant 
à  la  fin  quelques  hymnes  et  orné  de  deux  grandes  et  magni- 
fiques miniatures  ;  l'une  représentait,  sur  fond  d'or,  le  Sei- 
gneur crucifié,  ayant  à  ses  côtés  la  Vierge  et  l'apôtre  Saint- 
Jean;  l'autre,  Saint-François  d'Assise  recevant  les  stigmates 
au  milieu  d'un  paysage  animé  de  chevreuils  et  d'oiseaux. 

^  Archives  des  hospices. 

*  r.Ein  Evangeliumbtich  mit  sUber  uberguldet  beschlagen,  und  ein  aU 
EpisteUmch,  an  dem  einen  ort  mit  eim  kleinen  sUberin  plech.  >  Archives 
de  Saint-Thomas. 


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LIVRES  ET  BIBLIOTHÈQUES  A  STRASBOURG  63 

Cette  dernière  image  me  porte  à  croire  que  le  manuscrit  n'a- 
rait  pas  appartenu  aux  dominicains,  mais  aux  franciscains. 
Il  fut  remis  à  la  bibliothèque  et  a  été  détruit  arec  elle.  — 
Le  même  Paul  Munthart,  qui  légua  ses  livres  au  chapitre  de 
Saint-Thomas,  laissa  le  reste  de  ses  biens  aux  deux  égli»ses 
de  Saint-Pierre;  il  disposa  par  son  deuxième  testament,  fait 
le  IB  mai  1480,  que  la  collégiale  de  Saint-Pierre-Ie-jeune, 
dont  il  était  prévôt,  ferait  faire  un  volume  des  Épîtres,  recou- 
vert d'argent  doré,  semblable  à  celui  qui  existait  déjà  des 
Évangiles  et  qui  était  orné  des  images  des  apôtres  Pierre  et 
Paul  *;  il  voulut  qu'on  y  mît  ses  armoiries,  afin  qu'en  voyant 
que  le  livre  venait  de  lui,  les  autres  chanoines  fussent  engagés 
à  faire  des  donations  pareilles. 

Les  archives  des  églises  étaient  également  distinctes  des 
bibliothèques;  elles  formaient  un  trésor  d'un  autre  genre, 
que  souvent  on  regardait  comme  plus  précieux  que  les  livreS) 
car  de  la  conservation  des  chartes,  des  privilèges,  des  actes 
de  donation,  des  titres  de  propriété,  pouvait  dépendre  la  for- 
tune, parfois  même  l'existence  d'une  maison  religieuse.  Outre 
les  originaux  des  documents,  on  en  gardait  des  copies  dans 
des  volumes  in-folio  en  parchemin  ou  en  papier.  Kônigshofen, 
qui  remit  en  ordre  les  archives  de  Saint-Thomas,  fit  relier 
les  registres  à  neuf  et  copia  lui-même  une  foule  de  pièces. 
C'est  aussi  aux  archives  que  l'on  remettait  les  annales  recueil- 
lies dans  les  couvents.  Dans  un  des  registres  de  Saint-Thomas 
KSnigshofen  inséra  une  notice  historique  sur  cette  église, 
écrite  de  sa  propre  main  ;  un  manuscrit  de  sa  grande  chro- 
nique de  Strasbourg  se  trouvait  encore  à  la  fin  du  XVIIl* 
siècle  aux  archives  de  l'Œuvre-Notre-Dame.'  En  voyant  les 

*  «  . . .  Liber  lectionarius  Epistolarum  missarunij  et  ornetur  seu  eir- 
cumferatw  argento  deaurato,  ut  ibi  est  liber  Evangeliorum  argento 
deaurato  ornatus  cum  imaginibus  beatissimorum  apostolorum  Pétri  et 
Pauli.  »  Archives  de  Saint  Thomas. 

'  Geiler  de  Kaisersberg  parle  dans  quelques  sermons  de  cette  chronique, 
uf  unser  Frauen  Hus.  Sermanes  de  arbore  hwmana,  Strasbourg  1519, 


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64  BEVUE  D*ALSAOB 

riches  collections  réunies  aujourd'hui  aux  archives  du  dépar- 
tement et  de  la  ville,  on  ne  peut  qu'admirer  le  soin  avec  lequel 
nos  chapitres  et  nos  monastères  ont  veillé  à  la  conservation 
de  leurs  documents  Jadis  ces  dépôts  étaient  gardés  dans  des 
lieux  sûrs,  à  Saint-Thomas,  par  exemple,  dans  un  réduit  de 
l'église,  fermé  par  une  porte  de  fer.  En  1399,  le  magistrat  à 
son  tour  ordonna  de  construire,  pour  les  chartes  et  registres 
de  la  ville,  une  chambre  voûtée,  à  l'abri  du  feu.' 

4.  Bibliothèques  particulières.  — r  Je  n'ai  pas  trouvé  qu'a- 
vant le  commencement  du  XV*  siècle  les  prêtres,  même  le  plus 
richement  dotés,  eussent  possédé  autre  chose  que  quelques 
livres  de  liturgie  ou  de  droit.  Quant  aux  laïques  de  Stras- 
bourg, il  est  peu  probable  qu'avant  l'invention  de  l'imprimerie 
ils  se  soient  beaucoup  occupés  de  lecture;  des  bourgeois  riches 
et  pieux,  tels  que  Ruimann  Merswin,  lisaient  des  traités  mys- 
tiques allemands;  quelques  nobles  ont  pu  avoir  des  copies  de 
romans  ou  de  poésies  ;  quand  on  voit  un  sire  Ulric  de  Rath- 
samhausen  donner  à  sa  fille  le  nom  insolite  de  Bkmlschflor, 
on  est  disposé  à  croire  que  lui  ou  sa  femme  a  raient  lu  le  conte 
de  Flore  et  Blanstheflur^  une  des  histoires  d'amour  les  plus 
répandues  au  moyen  ftge.'  Quant  au  clergé,  quelques  exemples 
montreront  jusqu'à  quel  point  il  était  bibliophile.  En  l'année 
1800,  le  chanoine  de  Saint-Thomas,  Jean  de  Saint- Amiirin, 
qui  passait  pour  un  vir  Utteratus^  se  plaignit  de  ce  que  lors  du 
pillage  de  sa  maison  par  une  troupe  de  jeunes  tapageurs,  on 

in-f^,  folio  177;  Brôsamlin,  Strasbourg  1517,  in-f*,  t.  II,  folio  12.  — 
Oberlin  l'a  encore  vue.  Dissertatio  de  Jacobo  Twingero.  Strasboarg 
1789,  in-4«,  p,  19. 

^  «  . . .  das  man  dar  ein  gewôWe  mâche,  dos  gui  fur  fiire  set,  darin 
m<m  die  hrieffe  und  bilcher  thuge.  »  Wbngker,  Àpparatus  et  instructus 
a/rchivorum.  Strasbourg  1713,  4?,  p.  84. 

'  Blantschflor  de  Rathsamhausen,  épouse  d'Antoine  de  Hohenstein, 
1467,  —  Le  poème  fut  composé,  d'après  un  modèle  français,  par  Gon- 
rade  Fleck,  au  commencement  du  XIII*  siècle. 


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LIVBBS  ET  BIBLI0THÉQX7ES  A  STRASBOURG  65 

loi  avait  enlevé,  outre  des  meubles,  des  armes,  des  habits, 
des  ustensiles  de  cuisine,  aussi  deux  volumes,  un  Digestum 
vêtus  et  un  recueil  de  décrétales.^  En  1828,  Jean  Kusoll,  cha- 
noine du  même  chapitre,  légua  à  son  neveu  Jean,  son  Liber 
matitutinaUs,  son  grand  Psautier  et  son  Graduak;  au  doyen 
de  Rhinau  il  laissa  son  Ântiphonaire.  En  1406,  Frédéric 
Buhart,  prévôt  de  Saint  Thomas,  donna  par  testament  ses 
deux  Libi'i  matituiinak^  à  Jacques  Fabri,  prébendier  de  l'é- 
glise de  Saint-Martin;  vers  1415,  le  chanoine  Pierre  Vôllsch 
abandonna  à  Saint- Thomas  un  Liber  oratorius.  en  deux  par- 
ties, l'une  pour  Tété,  l'autre  pour  l'hiver*;  en  1473,  Jean 
Wemher,  chanoine  de  Saint- Pierre-le- vieux,  fit  donation  à 
son  église  d'un  missel  nouvellement  écrit.' 

Tous  ces  faits  concourent  à  prouver  que  les  testateurs  n'a- 
valent guère  eu  d'autres  manuscrits  en  leur  possession  ;  leurs 
dernières  volontés,  généralement  très  détaillées,  se  taisent 
sur  des  bibliothèques.  Eônigshofen  a  sans  doute  eu  quelques 
livres,  car  ceux  dont  il  s'est  servi  pour  rédiger  son  ouvrage, 
à  l'exception  de  la  Eistoria  Scholastica  de  Pierre  Comestor, 
de  la  Légende  dorée  et  de  l'Histoire  versifiée  d'Âlexandre- 
le-grand,  ne  sont  pas  inscrits  dans  son  catalogue  de  Saint- 
Thomas;  outre  quelques  annales  de  couvents  strasbourgeois 
et  des  chroniques  de  Closener  et  de  Mathias  de  Neuenbourg, 
il  a  utilisé  principalement  celles  de  Bède,  de  l'abbé  Ekkehard, 
de  Martin  Polonus,  ainsi  que  le  Spéculum  historiak  de  Vin- 
cent de  Beauvais.  S'il  n'a  pas  eu  lui-même  ces  ouvrages,  il  a 
dû  les  trouver  dans  la  bibliothèque  de  quelque  autre  chapitre 
que  le  sien  ou  dans  celle  de  quelque  monastère  de  la  ville. 

C'est,  du  reste,  vers  l'époque  de  Eônigshofen,  qu'on  voit  se 

^  14  septembre  1300,  plainte  de  Jean  de  Saint-Amarin,  certifiée  par 
révêqae  Frédéric.  Archives  de  la  ville. 

■  Archives  de  Saint-Thomas.' 

•  D'après  le  Liber  vitœ,  GRANDmiEB,  Histoire  de  V église  de  Strasbourg 
t.  n,  p.  336,  notez. 

Nouvelle  Série.  —  6"*  Année.  ^ 


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66  BSVUB  D'ALSACE 

former  à  Strasbourg  les  premières  bibliothèques  particulières 
dont  nous  ayons  connaissance.  Il  a  été  parlé  plus  haut  de 
celle  du  prieur  des  dominicains  Pierre  de  Gengenbach,  com- 
posée de  plus  de  cent  volumes.  La  collection  que  Paul  Munt- 
hart  légua  à  Saint-Thomas,  était  presque  aussi  considérable, 
elle  comptait  soixante-huit  volumes  manuscrits,  la  plupart 
sur  parchemin,  et  vingt-trois  des  plus  anciens  incunables.^ 
Munthart,  qui  avait  étudié  le  droit  en  Italie,  s'était  procuré 
en  ce  pays  tout  ce  qu'il  avait  pu  réunir  en  fait  de  copies  et 
d'éditions  de  légistes  et  de  canonistes;  à  Strasbourg  il  avait 
acquis  ce  qui,  avant  1480,  était  sorti  des  presses  de  Mentel 
et  d'Eggestein.  La  théologie  n'était  représentée  chez  lui  que 
par  deux  manuscrits,  le  Rationale  divinorum  officiorum  de 
l'évêque  Duranti  et  les  Postilles  de  Nicolas  de  Lyra,  puis  par 
sept  ouvrages  imprimés  :  Biilia,  diio  volumina  opiime  pressa 
(probablement  la  bible  d'Eggestein,  vers  1470,2  vol.  in-folio), 
les  Moralia  in  Job  de  6régoire-le-grand,  Âlbert-le- grand 
de  laïuiiàits  b.  Virginis  (Strasbourg,  Mentel,  vers  1474,  grand 
in-folio),  les  commentaires  de  Saint-Thomas  d'Aquin  sur  les 
Evangiles,  le  de  vila  Christi  du  chartreux  Ludolphe  de  Saxe, 
les  Ëtymologies  d'Isidore,  le  Fortalitium  fidei  du  franciscain 
espagnol  Alphonse  de  Spina  (ces  deux  dernières  publications 
sont  également  attribuées  à  Mentel).  Munthart  avait  enfin  le 
CathoUcon  et  le  Spéculum  historiale;  le  Spéculum  formait  duo 
magna  voluminaj  ce  qui  indique  l'édition  de  Mentel,  1478, 
grand  in-folio. 

La  bibliothèque  de  Jean  Simler,  dont  on  n'a  pas  le  catalogue, 
était  riche  en  livres  de  droit  civil  et  canonique,  de  théologie, 
de  poésie.'  Gomme  Simler  avait  la  réputation  d'être  un  savant 
jurisconsulte  et  que  sur  la  fin  de  sa  vie  il  regrettait  de  n'a- 

^  Histoire  du  chapitté  de  Saint-Thomas,  p.  189,  266,  i60. 

•  «  Omnes  libri  mei  in  utroque  jure,  dvili  et  canonico,  scripti  et 
impressi,  pariter  in  theologia  et  in  arte  poetica. . .  >  Wencxer,  Appor- 
ratus^  p.  429. 


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LIVRES  ET  BIBLIOTHÈQUES  ▲  STRASBOURQ  67 

voir  pas  étudié  la  théologie,  il  est  à  supposer  que  le  principal 
fonds  de  sa  collection  de  manuscrits  et  dlmprimés  avait  con- 
sisté en  ouvrages  juridiques;  les  livres  in  arte  poetica  dont 
parle  son  testament,  étaient,  selon  toute  probabilité,  quelques 
poètes  latins  récemment  publiés. 

Nous  sommes  mieux  renseignés  sur  la  bibliothèque  de  Louis 
d'Odratzheim,  doyen  de  Saint-Pîerre-le- vieux;  le  8  janvier 
1499  on  fit  l'inventaire  de  la  succession  mobilière  de  cet  ecclé- 
siastique; à  la  suite  des  meubles  et  ustensiles  trouvés  dans 
les  chambres,  dans  la  cuisine,  dans  la  cave,  on  énuméra  cent 
trente-huit  volumes,  les  uns  manuscrits,  les  autres  imprimés  ; 
eu  égard  à  l'époque  du  temps,  c'est  un  chiffre  fort  respectable.* 
De  même  que  chez  Munthart  et  Simler,  ce  qui  dominait  c'était 
le  droit  civil  et  canonique;  il  y  avait  soixante-neuf  ouvrages 
sur  les  lois  et  les  canons,  en  outre  une  douzaine  de  volumes 
sur  la  philosophie,  autant  sur  la  théologie,  sans  compter  quel- 
ques livres  liturgiques,  des  traités  de  grammaire,  de  mathé- 
matiques, d'astronomie,  d'histoire  naturelle,  de  médecine  ;  on 
voit  aussi  que,  dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  le  doyen 
de  Saint-Pierre,  véritable  amateur  de  livres,  s'était  empressé 
d'acquérir  un  certain  nombre  de  nouveautés  littéraires,  telles 
que  des  éditions  de  Virgile,  d'Ovide,  de  Térence,  d'Esope,  de 
la  Consolatio  philosophiœ  de  Boëce,  du  traité  de  Pétrarque 
deremediis  utriiisque  fortunœ,  des  épitres  d'Ënée  Silvius,  du 
Fasciculttë  temporum  de  Werner  Rolewink,  du  voyage  en 
terre-sainte  du  camérien  mayençais  Bernard  de  Breitenbach, 
du  FormiUare  und  Hitsch  RMoriky  etc. 

En  général,  à  cette  époque  de  la  renaissance  des  études  en 
Alsace,  clercs  et  laïques  montrent  une  grande  ardeur  à  se 
procurer  des  livres,  soit  pdUr  satisfaire  leurs  propres  goûts 
littéraires,  soit  pour  fournir  des  textes  aux  imprimeurs.  Le 
jeune  Pierre  Schott,  un  des  premiers  en  date  de  nos  huma- 
nistes, acheta  à  Bologne,  où  il  faisait  ses  études  de  droit, 

^  Archives  de  Saint-Thomas. 


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68  BBYins  d'alsaoe 

divers  ouvrages  pour  lui-même  et  pour  des  amis  qui  Tavaient 
chargé  de  commissions;  par  une  lettre  à  son  ancien  précep- 
teur Jean  Mailer,  il  lui  annonça  l'envoi  d'une  caisse  contenant 
un  VocabulaHus  grœeartêm  dictionum,  ayant  coûté  deux 
ducats  à  cause  de  sa  rareté,  une  Bible,  le  Ratwnale  divifwrum 
offidorum^  un  Hésiode,  un  Térence,  les  Argonautica,  un  com- 
mentaire sur  les  satires  d'Horace,  les  épîtres  de  Cicéron,  un 
Mamotrectus,  un  traité  de  prosodie  et  plusieurs  ouvrages  de 
droit  ;  à  ces  livres  étaient  joints  deux  Digestes  pour  le  cha- 
noine Thomas  Wolf,  et  un  Térence  avec  le  commentaire  de 
Donat  pour  le  prévôt  de  Surbourg.*  Geiler  avait  une  biblio- 
thèque •  riche  en  ouvrages  de  tout  genre  '  ;  •  Sébastien  Brant, 
Thomas  Wolf  le  jeune,  Wimpheling,  quelques  chanoines  de 
la  cathédrale  en  possédaient,  et  bientôt  on  ne  trouvera  plus 
de  savant  qui  n'eût  quelques  rayons  garnis  de  volumes.  Parmi 
les  nobles,  Jacques  de  Fleckenstein,  sous-bailli  d'Alsace,  était 
vanté  pour  sa  belle  bibliothèque  his^torique.'  Il  y  avait  même 
déjà  des  bibliomanes,  qui  n'amassaient  des  livres  que  pour  le 
plaisir  de  les  avoir,  sans  les  lire;  Brant  en  a  fait  un  portrait 
assez  spirituel  dans  le  premier  chapitre  de  sa  Nef  des  fous.* 
mais  couchés,  sur  des  rayons,  repositoria.  Le  titre  était  écrit 

0.  Disposition  et  usage  des  bibliothèques.  —  Le  nom  qu'on 
donnait  au  moyen-âge  à  une  bibliothèque  était  libraria^  dont 
on  fit  l'allemand  liAerei,  terme  usité  à  Strasbourg  jusque  vers 
la  fin  du  XVP  siècle.*  Les  livres  étaient  placés,  non  debout^ 

*  LucuhratiunculcBy  folio  110. 

'  «  Bibliolhecam  hahuit  omnis  generis  lihromm  refertissimam.  » 
BÊATUS  Rhénanus,  Vila  GeHeriy  à  la  suite  de  Geiler,  Navicula  sive 
spéculum  fatuorum.  Strasbourg  1511,  4*». 

'  V.  la  préface  de  Mat.  Ringmann  à  sa  traduction  de  Jules  César  : 
Julius  der  erst  rômische  Keiser  von  seinen  Kriegm.  Strasbourg  1507,  f>. 

*  Vonunnutzenhuchem. 

*  Die  liberey  zu  dm  Predigem,  1569,  c'est-à-dire  la  bibliothèque  de 
l'Académie  protestante  dans  Tancien  couvent  des  dominicains. 


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LIVBBa  XT  BIBUOTHÉQUSB  A  8TRA.SBOI7RO  69 

rarement  sur  le  dos,  le  plus  souvent  sur  la  couverture  de 
devant,  et  parfois  recouvert  d'une  mince  feuille  de  corne 
transparente.  Pour  empêcher  les  détournements,  on  attachait 
les  volumes  à  des  chaînes;  dans  le  manuscrit  de  Quintilien, 
qui  avait  appartenu  à  la  bibliothèque  de  la  cathédrale,  on 
inscrivit  en  1872  cette  note  :  •  nota  qmd  LXXXl  Ubri  suivt 
in  etUenis  in  darmitorio  ecdesiœ  Ârgmtinenm.  ^  >  Pierre  de 
Gengenbach,  en  1420,  voulut  que  les  livres  qu'il  légua  aux 
dominicains  fussent  fixés  par  des  chaînes  de  fer,  dont  le  prieur, 
le  lecteur  et  le  Hbrarius  devaient  chacun  avoir  une  clef.* 
Munthart  fit  la  condition  que,  dans  Tannée  qui  suivrait  sa 
mort,  le  chapitre  de  Saint-Thomas  construisît  une  <  libraria 
cum  voUis  8€u  testudinibus,  banccis  et  eateniSj  ut  mos  est,  i 
sinon  la  bibliothèque  reviendrait,  sous  la  même  condition,  au 
chapitre  de  Saint-Pierre-le-jeune,  et  si  celui-ci,  à  son  teur, 
négligeait  d'exécuter  ces  clauses,  elle  deviendrait  la  propriété 
du  grand*chapitre.'  L'usage  des  chaînes  était  fort  ancien  ;  une 
gravure  du  XVIP  siècle,  représentant  la  bibliothèque  de  l'Uni- 
versité de  Leyde  et  reproduite  par  M.  Paul  Lacroix  dans  son 
ouvrage  sur  les  Arts  au  moyen-flge*,  nous  montre  en  quoi  il 
consistait;  il  y  avait  une  suite  de  reposiforia,  chacun  ne  for- 
mant qu'un  seul  rayon,  devant  lequel  un  pupitre  et  un  banc; 
les  livres  étaient  fixés  à  une  barre  courant  le  long  du  rayon; 
pour  s'en  servir,  on  n'avait  qu'à  les  retirer.  Les  cle&  dos 

^  Bandini,  1.  c,  note  1,  p.  438. 

'  «  Omnes  meos  libros. . .  ad  locum  specialem  quem  ad  hoc  deptUaverim 
reponendos  et  catenis  ferreU  alligandos  pro  furtu  vel  concmone  ipsorum 
precavendos,  quibus  prior  et  omnes  fratres  studere  volantes  uti  poterant 
me existente invita  etpostmortemmeamquandocunquevoluerintyad  qiLos 
seu  quorum  clausuram  prior  unam  qui  tun<i  fuerit,  lector  unam  et  libra" 
ritus  unam  clavem  habere  debebunt.  »  Archives  de  Saint-Thomas. 

'  Histoire  du  chapitre  de  Saint-  Thomas^  p.  459. 

*  Paris  1869,  p.  492.  —  Encore  en  1839  l'ancienne  bibliothèque  de 
Zûtphen,  en  Hollande,  était  disposée  diaprés  ce  système,  ^attsnbaoh» 
Schriftwesen,  p.  531. 


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70  BEVUE  J>'aLSâOE 

cadenas  des  chaînes  étaient  confiées  aux  supérieurs  ;  eux  seuls 
avaient  le  droit  de  decatenare  les  livres. 

L'usage  d'une  bibliothèque  n'était  réservé  qu'aux  frères 
du  couvent  ou  aux  chanoines  du  chapitre  auquel  elle  appar- 
tenait. A  Saint'Thomas  les  dignitaires  jouissaient  du  privilège 
d'emporter  des  volumes;  Kônigshofen  nota  dans  son  catalogue 
que  le  prévôt  BurkartBurggraf  avait  chez  lui  le  Pentateuque, 
dans  un  petit  volume  sans  couverture,  sine  asseribus.  Munt- 
hart  prit  dans  son  testament  la  précaution  de  défendre  qu'au- 
cun de  ses  ouvrages  ne  fût  ni  aliéné,  ni  échangé,  ni  même 
prêté  à  une  personne  quelconque  étrangère  au  chapitre,  de 
quelque  grade  ou  dignité  qu'elle  fût;  il  n'admit  une  exception 
qu'en  faveur  de  ses  neveux  ;  si  Tun  d'entre  eux  voulait  étu- 
dier le  droit,  il  devait  pouvoir  se  servir  des  livres,  en  fournis- 
sant une  caution  sufQsante.^  Simler  s'exprima  d'une  manière 
analogue;  il  voulut  que  si  ses  conditions  n'étaient  pas  obser- 
vées, sa  bibliothèque  fût  abandonnée  à  TUniversité  de  Heidel- 
berg,  où  il  avait  fait  ses  études.  ' 

Il  n'était  pas  rare  qu'une  maison  religieuse  prèt&t  un 
livre  à  une  autre.  Vopus  etymologiarum  d'Isidore,  donné  à 
la  bibliothèque  de  la  cathédrale  par  l'évoque  Wernher,  fut 
prêté  un  jour  aux  frères  mineurs.^  Saint-Thomas  confiait  son 
exenjplaire  de  la  Légende  dorée  au  curé  de  l'église,  pour  y 
prendre  la  matière  des  sermons  pour  les  fêtes  des  saints.*  En 
1426  il  prêta  un  Liber  oratorius  à  deux  chanoines  de  Saint- 
Picrre-le-jeune  pour  le  temps  de  leur  vie,  à  charge  pour  eux 
et  leurs  héritiers  de  payer  trente  florins,  si  le  volume  venait 
à  se  perdre.^  D'autres  fois,  quand  on  avait  besoin  d'argent, 

*  Histoire  du  chapitre  de  Saint-Thomas,  1.  c. 
■  Wenoker,  Âpparalus,  p.  429. 

'  «  Iste  liber  concessus  est  fratribus  minorihus^  et  est  dominorum  de 
summo  templo.  »  Gbandidibr,  Œuvres  inédites,  t.  I,  p.  439,  note  2. 

*  «  Item  lampartica  historia^  quœ  concessa  est  plebano  et  sodo,  » 
Histoire  du  chapitre  de  Saint-Thom^is,  p.  410. 

^  Archives  de  Saint-Thomas. 


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LIVIIBS  XT  BIBUOTHÉdXJBS  A  STRASBOURG  71 

on  aliénait  des  livres  ou  on  en  donnait  en  gage  ;  on  a  tu  plus 
haut  les  Âugustins  d'Ittenwiller  vendre  aux  religieux  de 
Saint- Arbogast  une  bible,  et  Tabbayede  Baumgartcn  plusieurs 
oianuscrits  à  la  maison  de  Saint-Jean;  en  1404,  cette  même 
maison  prêta  au  couvent  de  Neubourg  une  somme  de  que-  , 
rante-une  livres,  pour  laquelle  on  lui  engagea  le  Speculufn 
historiakj  écrit  sur  vélin  et  formant  quatre  volumes  reliés  en 
bois.*  Les  chartreux,  dans  un  moment  d'urgence,  donnèrent 
eautionis  loco  pour  vingt-sépt  florins  deux  ouvrages  de  droit 
canonique.  Tous  ces  actes  étaient  passés  devant  le  juge  de  la 
coifr  épiscopale^  dans  la  même  forme  et  avec  les  mêmes  eau- 
tèles  minutieuses  que  s'il  s'était  agi  d'une  maison  ou  d'une 
propriété  rurale;  cela  ne  doit  pas  nous  surprendre,  c'est  une 
preuve  de  la  haute  valeur  qu'on  attachait  aux  livres,  dans 
une  période  où  il  était  difficile  de  s'en  procurer. 

2.  Industries  concernant  les  livres. 

1.  Copistes  et  enlumineurs.  Imprimeurs.  Graveurs.  —  Dans 
les  couvents  on  se  procurait  des  livres  en  faisant  copier  par 
des  moines  ceux  qu'il  fallait,  soit  pour  l'étude,  soit  pour  le 
culte.  Le  prieur  des  dominicains,  Hugues  Ripelin,  vers  1280, 
est  cité  comme  ayant  été  scriptor  bonus  atque  depicior\  ce  qui 
veut  dire  calligraphe  et  enlumineur.  Parmi  les  religieux  de  la 
maison  de  Saint-Jean,  on  en  connaît  plusieurs  qui  ont  fourni 
des  manuscrits  à  leur  bibliothèque;  Nicolas  de  Laufen  copia 
dans  les  années  1382  et  suivantes  quelques-uns  des  volumes 
secrets  du  Grûne-  WÔrth;  en  1417  Georges  Geisfell,  de  Hague- 
nau^  écrivit  sur  papier  six  exemplaires  du  directorium  offidi 

^  «  Quatuor  partes  seu  volumina  Speculi  historicUis  Vincentiif  in  per- 
gameno  scripta,  asseribus  cooperta  »  14  décembre  1404.  Archives  de  la 
Basse-Alsace. 

'  ÀnfULles  des  dominicains  de  Colmar,  publiées  par  Gérard  et  Liblin. 
Golmar  1854,  Appendice,  p  218. 


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m  REVUE  d'âLSACE 

divini;  Henri  Collator  copia,  en  1487,  le  Cafkolkon;  Jean 
Wurtzgart,  de  Strasbourg,  en  1458,  le  traité  de  Saint-Ambroise 
de  officiis  ministrorum;  Herrmann  Gross,  en  1467,  la  traduc- 
tion allemande  des  Psaumes  par  Henri  Kozzer  ;  Pierre  Rysch, 
en  1481,  un  Chorak;  même  un  des  prieurs,  Jean  Kobel,  de 
Molsheim,  avait  écrit  en  1473,  sur  parchemin,  sous  le  titre 
de  Legenda^  le  bréviaire  usité  à  Saint-Jean.  Mais  tout  ce  gui 
entrait  dans  les  bibliothèques,  n'était  pas  écrit  sur  place,  on 
achetait  aussi  des  ouvrages  et  on  en  recevait  par  donation. 
Beaucoup  de  ces  livres  venaient  peut-être  du  dehors,  toutefois 
il  y  avait  aussi  à  Strasbourg  même  des  copistes  de  profession. 
Les  curés  et  les  chanoines  qui  avaient  besoin  de  livres  litur- 
giques, les  moines  qui  désiraient  des  traités  de  théologie,  ou 
bien  manquaient  de  loisir  pour  les  écrire,  ou  bien  dédai- 
gnaient cette  besogne;  ils  devaient  les  trouver  tout  prêts, 
offerts  aux  demandeurs  ou  exécutés  sur  commande  par  des 
clercs  ou  des  laïques,  qui  pratiquaient  le  métier  de  copistes. 
Un  5iicAscAnéer  strasbourgeois,  Pierre  de  Hasiach,  est  cité  en 
1408;  un  autre,  Jean  de  Kîrchheim,  en  t488;  un  troisième  en 
1486.  M.  Wattenbach  signale  dans  diverses  contrées  et  dès 
le  Xn*  siècle,  des  scriptores  travaillant  pro  pretio^\  il  n'est 
donc  pas  improbable  que  bien  avant  le  XV*  il  y  en  a  eu  aussi 
chez  nous.  De  même  qu'ailleurs  c'étaient  souvent  les  maîtres 
d'école  qui  se  livraient  à  ce  travail  ;  outre  les  magistri  scho- 
/arum  attachés  aux  chapitres,  il  existait  des  Lermeister  laïques 
dans  divers  quartiers  de  la  ville;  en  1477  un  de  ces  instituteurs 
est  relieur  ;  à  plus  forte  raison  d'autres  ont  pu  être  écrivains. 
Les  scribes  de  la  chancellerie  et  des  différents  tribunaux  ont 


*  Witter,  Catalogus,  p.  1,  2,  18,  47,  56. 

"  Schriftwesen des  Mittelaltersy  p.  401.  Le  maître  Hesso,  que  M.Gérard 
ÇLes  artistes  de  V Alsace  pendant  le  moyen-âge.  Coimar  1872,  t.  I,  p.  144) 
compte  parmi  les  calligraphes,  était  secrétaire  du  magistrat,  Hesso,  notor 
rius  bv/rgensium.  V.  la  charte  de  1237  publiée  dans  les  Œuvres  inédites 
de  Grandidier,  t.  III,  p.  348. 


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LIVBB8  ET  BIBLIOTHÈQUES  A  STRABBOmia  73 

pa  également  se  charger  contre  paiement  de  copier  des  livres. 

En  1825  je  trouve  à  Strasbouag  un  certain  Zûrne  iOumi- 
nator^  artiste  peignant  les  initiales,  écrivant  en  rouge  les 
rubriques  et  les  titres,  et,  en  cas  de  besoin,  ajoutant  au  texte 
des  miniatures.  Dans  la  maison  de  Saint-Jean  il  y  eut  un 
enlumineur  â*un  talent  distingué  ;  nous  ne  connaissons,  il  est 
vrai,  que  par  d'anciennes  descriptions  l'exemplaire  du  Mémo- 
rial, orné  d'images,  qui  fut  envoyé  au  maître-provînciaP; 
mais  j'ai  vu  dans  quelques  manuscrits  du  GrUne'  Wôrth  de 
grandes  initiales,  des  bordures,  des  armoiries,  qui  sont  du 
nombre  des  meilleures  productions  de  ce  genre  au  XIV*  siècle. 

J  ai  parlé  plus  haut  des  belles  miniatures  d'un  Missel,  qui 
avait  appartenu  au  couvent  des  franciscain»;  elles  dataient 
du  XV*  siècle  et  révélaient  le  style  de  l'école  bourguignonne. 
Michel  de  Mayence  qui,  en  1466,  est  cité  chez  nous  comme 
ittuminista^  est  qualifié  en  1488  de  peintre,  Maler;  il  n'était 
donc  pas  un  simple  artisan. 

Outre  les  couleurs,  les  enlumineurs  employaient  l'or,  soit 
pour  orner  des  lettres  capitales,  soit  pour  former  des  fonds. 
G^est  pourquoi  on  leur  donnait  aussi  chez  nous  le  nom  de 
Guîdimehriber  ou  Goltschriber.  Dans  une  des  copies  du  Mémo- 
rial des  Johannites,  un  Saint-Jacques  dans  une  grande  initiale 
très  historiée,  et  le  Christ  crucifié  dans  le  Missel  des  frères 
mineurs,  étaient  sur  fonds  d'or.  Je  ne  sais  trop  ce  qu'était  un 
Buppenmaler,  peintre  de  poupées,  mentionné  en  1427  ;  les 

^  Les  images  représentaient  :  le  Grune-Wôrth,  la  procession  des  frères 
qui  s'y  rendent  poar  en  prendre  possession,  la  remise  solennelle  qui 
leur  est  faite  des  bâtiments,  les  armoiries  de  TOrdre,  ses  patrons,  un 
Christ  crucifié  entre  la  Vierge  et  Saint-Jean,  un  Christ  mort,  snr  les  genoax 
de  sa  mère,  nne  Sainte-Véroniqne,  une  des  visions  de  l'ami  de  Dieu,  le 
Jugement  dernier.  Chaque  image  était  accompagnée  de  quelques  rimes 
explicatives  que  j'ai  publiées,  d'après  une  ancienne  copie,  dans  VÀnzeiger 
fur  Kunde  der  deutschen  Vorzeit,  t.  V,  1858,  p.  375  et  suiv.  ;  mon 
intention  était  de  m'imformer  si  le  volume  existait  encore  dans  quelque 
bibfiothèqae  d'Allemagne;  je  n'ai  reçu  aaeime  réponse. 


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74  REVUE  d'alsage 

Kartenmalerj  pktares  cartarum,  qui  paraissent  dans  la  seconde 
moitié  du  siècle,  peignaient  les  cartes  à  jouer  et  des  images 
de  saints.  Vers  l'époque  môme  où  fut  inventée  rimprimerie, 
Diebolt  Laber  avait  à  Haguenau  une  fabrique  de  manuscrits, 
à  laquelle  étaient  attachés  aussi  des  enlumineurs  et  dont  les 
produits  se  répandaient  dans  toutes  les  contrées  voisines.  Jean 
Mentel,  de  Schlestadt,  qui  se  fixa  à  Strasbourg  conmie  impri- 
meur, était  Goltschriber  ;  ce  fut  en  cette  qualité  qu'en  1447 
il  reçut  le  droit  de  bourgeoisie. 

Ce  n*est  pas  ici  le  lieu  de  parler  de  l'invention  de  lïmpri- 
merie.  Il  importe  seulement  de  dire  que  quand,  après  les  pre- 
miers essais  de  Gutenberg,  Mentel  et  Eggestein,  eurent  établi 
leurs  presses,  d'où  sont  sortis  tant  de  beaux  livres,  on  ren- 
contre à  Strasbourg  de  nombreux  imprimeurs;  il  y  en  avait 
qui  étaient  en  même  temps  orfèvres,  tels  que  :  Nicolas  de 
Honau,  1478,  aurifaber  etpressor  Ubrorum;  Sifrid,  frère  de 
Henri  Eggestein,  avait  également  pratiqué  l'orfèvrerie  ;  habi- 
tués à  la  gravure  sur  métal,  ces  artistes  confectionnaient  sans 
doute  eux-mêmes  leurs  types;  d'autres,  comme  Barthélémy 
Eistler  (1486)  étaient  peintres.  D'après  un  règlement  du 
magistrat,  on  distinguait  entre  les  imprimeurs  capables  d'en- 
tretenir de  grands  ateliers,  et  ceux  qui  se  bornaient  à  impri- 
mer les  livres  et  à  faire  des  images  de  saints;  ils  se  bornaient 
à  imprimer  les  livres,  cela  veut  dire  qu*ils  travaillaient  pour 
le  compte  des  grands  éditeurs.^  Ceux -ci  imprimaient  parfois 
pour  des  couvents,  qui  avaient  besoin  de  livres  liturgiques 
spéciaux  conformes  à  leur  Ordre,  ou  bien  aussi  pour  des 

^  «  Item  dos  die  buchtrucker,  welche  indem  wesen  und  vermûgensyent 
dos  sie  gro88  redeliche  truckeryen  kaben  und  ouch  der  moler  hantierunge 
domit  hmcheUf  aUe  mit  voUem.  rechten  mitjnen  dienen  sollent  u)ie  golP- 
9myde  wnd moler. .  Und  die  Ûberigen gemeynen  trucker,  formensnyder, 
buchbinder,  und  kartenmaler,  die  bûcher  nuwen  und  heiligen  truckent, 
uszstrichent  und  verkouffent  und  domit  ouch  der  moler  hantierunge 
bruchent,  soUent  aile  zur  Steltzen  dienen  und  doch  jors  nit  me  verbunden 
sin  dann  VI  8ch.  stitbenzinsz  zu  geben,  »   Àrtikelbuch  der  Zunft  zur 


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UVBBS  BT  BIBLIOTHâQtlBB  A  STRASBOURG  75 

libraires  étrangers.  En  1487  Jean  GrtlTiinger  fit  pour  l'abbaye 
cistercienne  de  Baumgarten  un  Missel  et  un  brénaire,  pour 
lesquels  on  lui  paya  soixante-dix  florins  d'or.^  Jean  Enobloucb 
publia  divers  ouvrages,  tantôt  aux  frais  de  Jean  de  Raves- 
berg,  de  Cologne,  tantôt  à  ceux  de  Jean  Haselberger,  libraire 
à  Constance.  D'autres,  Jacques  Eber  de  Landsberg,  Georges 
Husner,  Barthélémy  Eistler,  Jean  Wehinger,  Guillaume 
Schaffner  (jprocuratar)  de  Ropernctawilor,  Henri  Knoblochzer, 
Thomas  Anshelm  de  Bade,  ne  sont  connus  que  par  de  rares 
publications;  plusieurs  d'entre  eux  transportèrent  leurs 
presses  à  l'étranger.  L'enthousiasme  pour  Tart  nouveau  était 
si  vif,  que  de  jeunes  clercs,  de  familles  riches,  n'hésitèrent 
pas  à  en  apprendre  l'exerdce  ;  il  fallait,  du  reste,  pour  impri- 
mer des  livres  latins,  quelques  connaissances  littéraires.  Le 
strasbourgeois  Sixte  Kissinger  introduisit  en  1471  Timpri- 
merie  à  Naples;  Diebolt  Schenkbecher  fut,  en  147S,  à  Rome, 
l'associé  de  Wendel  de  Wila  et  de  Jean  Reinliard  ;  le  premier 
devint  chapelain  de  l'église  d*Ungersheira,  près  de  Colmar  et 
vicaire  à  Saint-Thomas ,  le  second  fut  reçu  chanoine  de  ce 
dernier  chapitre. 


Steltz,  Archives  de  la  ville.  —  Au  nombre  des  gemeine  trucker  étaient 
Ulric  de  Lauingen  1471,  Conrade  Danhûser  1474,  Matthias  de  Werde 
1484,  Conrade  Franck  de  Kitzingen  1484,  Nicolas  de  Nenwiller  1487, 
Jean-Jacques  de  Rotenbourg  1487,  Pierre-Jean  Beheim,  de  Bâle,  1490, 
Jean  de  Dinslacken  1491,  Frédéric  Ruch  de  Dumpach  1495,  Erhard 
Arnold  1502,  Thomas  Krycher  1504. 

*  Missale  cisterciense  (sans  titre),  F*  1^  Commissio . , .  Johannis  ahbatis 
Cistercii. . .  de  missalibitë  ac  breviariis  ordinis  imprimendis.  F<*  2*, 
Executio  dicte  cammissionis  per. . .  Nicolaum  ahbatem  Toonasterii  de 
Pomerio  alias  Bomgart.  A  la  fin  •  Ànno  miUesimo  qiMdringentes^o 
ociogesimo  septimo,  pridie  vero  nonas  septembris.  S.  1.,  fS  goth.  Le 
27  août  1487rabbé  de  Baumgarten,  Nicolas  Widenbosch,  reconnaît  devoir 
au  couvent  de  Saint-Urbaint  en  Suisse,  une  somme  de  100  florins  d'or, 
dont  soixante-dix  pour  payer  à  Grûninger  l'impression  de  ce  missale  et 
d'an  diwrnale.  Archives  de  Lucerne;  je  dois  cette  communication  à 
Tobligeance  de  Farchiviste,  M.  de  Liebenau. 


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76  BEVUE  D*AL8ACIB 

Sous  rimpulsion  des  humanistes,  les  imprimears  ne  se  con- 
tentèrent plus  du  nom  de  pressores  librorum,  ils  se  donnèrent 
celui  de  ehakographi;  GrUninger,  après  s*être  qualifié  parfois 
ûHmpressoriœ  artis  magistère  s'intitula  en  1504  chalcographiœ 
arti/ex]  Timprimerie  de  Knoblouch  devint  une  o/flàna  Hte- 
ratoria,  et  la  presse  de  Jean  Schott  un  prelum  Kterarinm.  Il 
est  peu  de  villes,  où  depuis  l'origine  de  Tart  on  ait  produit 
alors  un  si  grand  nombre  de  livres. 

Les  imprimeurs  furent  adjoints  à  la  corporation  de  FEcAosse, 
qui  était  celle  des  orfèvres,  des  peintres,  des  sculpteurs,  en 
général  des  professions  qui  avaient  un  certrin  caractère  artis- 
tique. Dans  les  commencements  leur  industrie  ne  causa 
aucun  dommage  à  celle  des  copistes  et  des  enlumineurs.  Le 
règlement  cité  plus  haut  donne  comme  motif  de  leur  adjonc- 
tion à  la  tribu  de  TEchasso,  le  fait  qu'ils  avaient  besoin  du 
concours  des  peintres;  en  eflTet,  il  fallait  colorier  au  moins  les 
initiales,  dont  dans  les  incunables^  la  place  était  généralement 
laissée  en  blanc.  La  bibliothèque  de  Saint-Jean  avait  possédé 
quelques  impressions  deMentel  et  d*E?gestein  avec  des  minia- 
tures d'une  remarquable  perfection.  D'autres  fois  on  rempla- 
çait la  peinture  par  des  dessins  à  la  plume;  à  la  bibliothèque 
de  l'ancien  Séminaire  protestant  il  y  avait  un  exemplaire  de 
la  Bible  de  Mentel  de  1466;  les  initiales  des  différents  livres 
renfermaient  des  scènes  de  l'Histoire  sainte,  composées  sou- 
vent d'un  grand  nombre  de  personnages,  et  qui,  pour  n'être 
pas  coloriées,  n'en  étaient  pas  moins  des  œuvres  d'artiste. 
Vers  1490  le  magistrat  fit  faire  une  transcription  sur  par- 
chemin de  l'ancien  recueil  des  privilèges  de  la  ville;  sur  le 
premier  feuillet  est  dessinée  la  Vierge  comme  patronne  de 
Strasbourg;  elle  est  assise  sur  un  trône,  sur  une  des  marches 
duquel  se  voit  un  perroquet;  cette  image  est  exécutée  avec 
un  sentiment  qui  fait  songer  à  l'école  de  Martin  Schœn.^ 

'  Archives  de  la  viUe,  Britflmch^  vol.  G. 


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LIYBES  ET  BIBLIOTHàgUBS  A  STRASBOUBG  77 

Outre  les  iUuministeSy  les  grarears  sur  bois,  Fonmefmeiderj 
trayaillaient  également  pour  les  imprimeurs  et  faisaient  partie 
avec  eux  de  la  même  corporation.  Depuis  la  fin  du  XV*  siècle 
jusque  vers  1520,  il  parut  à  Strasbourg  peu  de  livres  sans 
gravures.  Le  goût  pour  les  éditions  illustrées  était  aussi  vif 
alors  qu'il  peut  Tétre  de  nos  jours.  Le  poète  Sébastien  Brant 
fit  lui-même  les  dessins  pour  les  bois  de  ses  publications; 
d'autres  ouvrages  furent  ornés  de  scènes,  d'encadrements,  de 
bordures  par  des  artistes,  tels  que  Jean  Wâchtelin,  Urs  Graf, 
Jean  Baldung  Grien. 

Les  simples  peintres  de  cartes  se  distinguaient  des  Ulumi- 
natares  en  ce  qu'ils  ne  composaient  pas  eux-mêmes  leurs 
sujets;  ils  n'avaient  qu'à  colorier  des  gravures  sur  bois,  cartes 
à  jouer,  images  de  saints,  scènes  sur  des  feuilles  volantes 
illustrations  dans  les  livres.  En  1502  ils  étaient  assez  nom- 
breux pour  être  annexés  à  la  corporation  des  artistes  et  des 
imprimeurs;  ils  devaient  y  occuper  un  rang  subalterne,  bien 
qu'on  leur  défendit  de  se  liVrer  à  d'autres  travaux;  Pun 
d'entre  eux,  le  Kartenmakr  Jean  de  Rotenbourg,  dit  BeHi- 
genmaler,  ayant  ouvert  une  petite  boutique  de  mercerie,  fut 
réprimandé  pour  cette  atteinte  à  l'honneur  du  corps. 

Les  copistes,  qui  avaient  encore  à  fournir  des  missels,  etc., 
pour  les  églises,  étaient  employés  aussi  par  les  imprimeurs, 
dont  les  principales  publications  n*étaient  d'abord  que  des 
ouvrages  plus  anciens  qu'il  fallait  transcrire  des  manuscrits. 
En  1472  on  souleva  la  question  si,  pour  garantir  la  fidélité 
de  leurs  copies,  on  devait  les  soumettre  à  un  serment;  le 
magistrat  se  prononça  pour  la  négative.'  Quand  on  se  mit  à 
réimprimer  des  livres  d'après  des  éditions  faites  à  Paris  ou 
en  Italie,  et  à  publier  des  ouvrages  d'auteurs  contemporains, 
qui  fournissaient  eux-mêmes  leur  copie,  les  scribes  devinrent 
à  peu  près  superflus;  lors  de  l'introduction  de  la  Réforme  à 

^  ScHûPFLm,  Vindiciœ  t^pographicœ.  Strasbourg  1760,  în-^*',  p.  113. 


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78  REVXJE  D'ALSACE 

Strasbourg,  ils  n'eurent  plus  non  plas  d'occupation  pour  le 
clergé;  il  est  rare  qu'on  eût  encore  besoin  d'un  calligraphe 
autrement  que  pour  apprendre  à  écrire  aux  enfants. 

La  nécessité  de  vendre  les  livres  moins  cher  pour  pouvoir 
les  répandre  davantage,  porta  aussi  un  coup  sensible  à  Tin- 
dustrie  des  enlumineurs;  en  1499  on  trouve  encore  parmi  les 
bourgeois  de  notre  ville  un  lUuminist,  et  en  1506  un  Guldinr 
schfiber,  nommé  Jean  Imgrien;  mais  en  152K  le  dernier  des 
Guldinschriber  demanda  l'autorisation  de  se  faire  maître 
d'école. 

i .  Parcheminiers.  Papetiers.  —  Strasbourg  a  eu  de  bonne 
heure  des  ateliers  où  l'on  préparait  le  parchemin.  Dès  1272 
deux  Birmenter  étaient  établis  dans  une  maison  près  des 
grandes  Arcades.*  Une  rue  entière  portait  le  nom  de  rue  des 
Parcheminiers,  Birmentergasae,  vicus  pergammtorum,  1S89 
et  suiv.  Dans  deux  autres,  dans  celle  des  Tonneliers,  1357 
et  suiv.,  et  dans  celle  des  Serruriers,  1395  et  suiv.,  des  mai- 
sons appelées  zum  Birmenter,  indiquaient  l'existence  de  cette 
industrie.  La  quantité  de  parchemin  qu'exigeaient  des  néces- 
sités diverses  était  considérable  ;  il  en  fallait,  non-seulement 
pour  les  livres,  mais  pour  tous  les  actes  officiels,  les  chartes 
délivrées  par  les  évèques,  les  testaments,  les  ventes,  les  baux 
passés  soit  devant  le  magistrat,  soit  devant  les  tribunaux 
ecclésiastiques;  il  en  fallait  enfln  pour  les  cartuiaires  de  la 
ville,  des  chapitres,  des  couvents,  pour  les  rotules  des  cours 
colongères,  etc.  En  1322  le  magistrat  décida  de  faire  réunir 
dans  un  livre  les  franchises  de  la  ville;  ce  livre,  der  stette 
Bucfè,  fut  un  volume  de  vélin.  ^  Des  monastères  et  même  des 
particuliers  faisaient  des  provisions  de  cet  article;  en  1288 

^  t  Ein  Hofeatat  vor  des  Rehestocks  des  Vogts  sel.  Eus,  doruff  zwen 
Birmenter  gesessen  sint,  »  Archives  des  hospices.  Ce  Rebestock  avait 
demeuré  près  du  Hohlweg,  aujourd'hui  rue  des  Arcades. 

*  KONiasHOFEN,  édition  Hegel,  t.  II,  p.  743. 


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LIVRES  ET  BIBLIOTHÈQUES  A  STRASBOURG  79 

les  dominicains,  dans  la  détresse,  se  résignèrent  à  rendre  des 
manuscrits  et  du  parchemin;  en  1S16  l'écolàtre  de  Saint- 
Thomas,  Reinbold  de  Eageneck^  légua  à  Hugues  de  Lûtten- 
heim,  prébendier  de  la  même  église,  une  coupe  d'argent  doré 
et  du  parchemin  pour  des  Hbri  matitutinaks.^  » 

Le  plus  ancien  papier  daté  que  j'ai  trouvé  à  Strasbourg 
est  de  Tannée  1843.  Depuis  cette  époque  il  devient  d'un  usage 
de  plus  en  plus  fréquent;  on  s'en  sert  dans  les  couvents,  dans 
les  chapitres,  dans  l'administration  des  divers  hospices  et  dans 
celle  de  TŒuvre- Notre-Dame,  dans  la  chancellerie  de  la  ville, 
dans  les  comptoirs  des  négociants.  Jusqu'en  1408  les  filigranes 
de  tous  nos  papiers  révèlent  des  origines  étrangères  ;  en  1 408, 
pour  la  première  fois,  on  rencontre  comme  marque  l'écu  de 
Strasbourg;  ce  même  signe,  trafersé  d'une  crosse  épiscopale, 
se  montre  de  nouveau  de  1421  à  1426  ;  puis  on  en  perd  les 
traces,  pour  ne  le  voir  reparaître  qu'en  1510,  sans  crosse 
mais  accompagné  du  lis  strasbourgeois;  à  partir  de  cette  date, 
il  se  maintient,  sous  diverses  formes,  pendant  presque  tout 
le  XVI"  siècle.  Ce  filigrane  annonce  évidemment  une  fabrica- 
tion indigène.  La  première  mention  d'une  papeterie  à  Stras- 
bourg e?t  faite  accidentellement  dans  un  titre  de  propriété  de 
1452  ;  là  il  est  parlé  d'un  moulin  à  papier  a.u  jardin  des  roses 
(quartier  de  la  Finckmatt)  ;  rien  n'empêche  d'admettre  que 
ce  moulin  a  existé  dès  avant  1452,  et  que  c'est  lui  qui  a 
produit  le  papier  à  l'écu  de  la  ville.  En  1509  Gabriel  Schwartz, 
bapirifeXy  acheta  une  maison  dans  la  rue  d'Or;  ce  n'est  pas  là 
qu'il  a  pu  avoir  son  usine,  car  il  n'y  avait  pas  de  cours  d'eau 
pouvant  faire  marcher  un  moulin.  Sa  papeterie  était-elle  celle 
du  jardin  des  roses,  ou  une  autre  qui  se  trouvait  hors  de  la 
porte  Blanche,  près  de  la  tour  verte,  et  qui,  en  1527,  fut 
incendiée  par  la  foudre?  Je  n*ai  aucun  renseignement  pour 
décider  cette  question;  il  me  suffit,  du  reste,  d'avoir  pu 

^  Archives  de  Saint-Thomas. 


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80  BEVUE  D'ALSAGE 

constater  à  Strasbourg  même  Fexistence  d'aa  moins  deax 
papeteries. 

Mais  outre  le  papier  fabriqué  sur  les  lieux,  on  continuait 
â*en  employer,  qui  était  importé  de  l'Etranger.  L'inrentîon 
de  rimprimerie  donna  même  à  ce  commerce  un  essor  nou?eau. 
Vers  le  milieu  du  XV*  siècle,  les  droits  d'entrée  pour  une 
charge  de  papier,  composée  de  vingt-sept  rames,  étaient  de 
quatre  deniers  par  rame,  quand  le  format  était  grand,  et  de 
deux  deniers  par  rame  de  petit  format;  c'était  le  péage  qu'on 
prélevait  sur  les  papiers  qui  venaient  par  cbariot  «  d'au-delà 
les  monts,  »  c'est-à-dire  de  France  et  d'Italie  ;  ceux  qui  étaient 
amenés  par  les  bateliers  du  Rhin  et  qui  étaient  originaires 
des  Pays-Bas,  étaient  frappés  d'un  droit  de  vingt-huit  deniers 
par  charge.  Pour  déterminer  la  provenance  de  ces  papiers 
étrangers,  on  n'a  d'autre  moyen  que  les  filigranes:  mais  ce 
moyen  même  ne  donne  pas  toujours  des  résultats  d*une  cer- 
titude suffisante.  De  iS4S  à  1525  j'ai  recueilli  qnatre- vingt- 
quatorze  types  différents,  sans  compter  les  variétés  de  quel- 
ques-uns de  ces  types;  dans  le  nombre  n'est  pas  compris 
l'écu  strasbourgeois.  La  comparaison  de  ces  marques  avec 
celles  que  l'on  connaît  comme  ayant  été  usitées  dans  d'autres 
pays,  m'a  amené  à  la  conclusion  que  le  papier  étranger  venait 
principalement  de  l'Italie,  de  la  France  et  de  la  Flandre. 
Cependant,  il  faut  faire  une  réserve;  comme  la  propriété  des 
marques  de  fabrique  n  était  pas  encore  protégée  par  la  loi, 
les  mêmes  filigranes  ont  pu  servir  à  des  fabricants  différents. 
On  peut  prouver,  par  exemple,  que  nos  papetiers  s'étaient 
appropriés  certains  signes  français  et  italiens.  Un  fait  qui 
n'est  pas  sans  intérêt  pour  Tbistoire  des  relations  commer- 
ciales de  notre  ancienne  république,  c'est  que  nos  marchands, 
pour  faire  leurs  provisions  de  papiers,  ne  s  adressaient  que 
rarement  à  l'industrie  transrhénane.  A  Bavensbourg,  en 
Souabe,  il  y  avait  des  papeteries  renommées,  dont  la  marque 
distinctive  était  une  tête  de  bœuf.  Ce  fiiligrane  est  un  de  ceux 


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LIVRES  ET  BIBLIOTHÈQUES  A  STRASBOURG  81 

qu'on  rencontre  le  plus  souvent  dans  nos  archives  et  dans 
nos  incunables;  mais  je  puis  le  signaler  dès  1357,  tandis  que 
les  usines  de  Ravensbourg  ne  sont  pas  antérieures  à  1407  ; 
en  outre,  notre  tête  de  bœuf  a  toujours  des  yeux,  tandis  que 
celle  de  Ravensbourg  est  caractérisée  par  Tabsence  des  yeux. 
Le  bœuf  sans  yeux  ne  se  voit  pas  chez  nous  avant  1508; 
c'est  un  papier  grossier  que  je  n'ai  trouvé  qu'en  très  petite 
quantité.  En  ce  moment  je  ne  m'étendrai  pas  davantage  sur 
cette  matière;  la  question  des  papiers  employés  à  Strasbourg 
pendant  le  moyen-âge,  est  assez  intéressante  pour  être  traitée 
avec  plus  de  détails  que  n'en  comporte  cette  notice. 

3 .  Libraires.  —  D'après  tout  ce  qui  a  été  dit  dans  cette 
notice,  on  peut  admettre  que  de  bonne  heure  il  y  a  aussi  eu 
à  Strasbourg  un  certain  commerce  de  librairie.  Il  est  vrai  que 
le  terme  de  stationaritis,  stacionierer,  qu'on  rencontre  chez 
nous  au  XIII*  siècle,  n'a  pas  eu,  comme  dans  les  Universités, 
le  sens  de  marchand  de  livres.  Nos  stationnaires  étaient  des 
négociants  qui  avaient  leurs  stationes  ou  étalages  près  de  l'é- 
glise de  Saint-Martin.  En  1280  Henri  Stacionierer  figure  parmi 
les  échevins;  en  1237  son  fils  Erbo  est  un  des  douze  repré- 
sentants de  la  grande  corporation  des  pelletiers.  Encore  vers 
la  fin  du  siècle  je  trouve  une  Anna  stadatrix.  Le  mot  avait 
chez  nous  encore  une  autre  signification.  En  1272  parait  un 
Conradus  dictus  Statzenierer.  nunciiis  et  famulus  fabricœ 
eccksim  Argentinmsis ;  en  1290  il  achète  un  bien  à  Sufel- 
weyersheim;  en  1311  il  est  cité  comme  défunt,  quondam 
Conradus  siationarim  fabricœ.  Dans  ce  cas  le  sens  du  mot 
et  suffisamment  indiqué  par  nuntius  et  famidus. 

La  première  mention  d'une  boutique  de  librairie  est  de 
l'année  1408  ;  les  circonstances  aa.vquelles  elle  se  rapporte, 
permettent  de  supposer  que  ce  commerce  n'était  pas  alors 
une  nouveauté.  En  1408  le  magistrat  de  Strasbourg  fut  informé 
par  celui  de  Lindau  qu'un  curé  des  environs  de  celte  ville 

Noavelle  Série.  —  6-  Année.  6 


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82  REVUE  d'âlsage 

arait  abandonné  les  deux  petites  paroisses  qu'il  desservait, 
qu'il  en  avait  importé  deux  volumes  liturgiques,  Tuh  relié 
en  blanc,  l'autre  en  rouge,  et  qu'il  les  avait  vendus  à  Stras- 
bourg au  scribe  Pierre  de  Haslach,  <  qui  a  un  débit  délivres 
sur  les  Greden  de  la  cathédrale.*  »  On  donnait  chez  nous  le 
nom  de  Greden,  gradus,  aux  grandes  marches  devant  les  por- 
tails. C'était  donc  là  qu'il  y  avait  un  étalage  de  livres;  les 
scribes  eux-mêmes  étaient  les  marchands,  e1  ils  n'offraient 
pas  seulement  leurs  propres  produits,  vrais  bouquinistes,  ils 
achetaient  et  vendaient  aussi  des  ouvrages  vieux.  L'autorisa- 
tion de  s'établir  devant  la  cathédrale  leur  était  donnée  par  le 
chanoine -portier  du  grand  chapitre;  on  avait  choisi  cette 
place  pour  attirer  l'attention  des  clercs  qui  se  rendaient  à 
l'église.  Cet  usage,  qui  existait  à  Paris  dès  le  milieu  du 
XIIP  siècle  *  et  plus  tard  dans  d'autres  villes,  se  conserva 
chez  nous  jusque  vers  la  fin  du  XV*  siècle.  En  1482  le  magis- 
trat qui  avait  sous  sa  surveillance  l'administration  de  l'Œuvrc- 
Notre-Dame,  consacrée  à  l'entretien  de  la  cathédrale,  voulut 
dégager  les  abords  de  Tédifice,  en  faisant  disparaître  les 
baraques  qui  les  obstruaient;  pour  cette  raison  il  défendit 
aussi  de  vendre  sur  les  Greden  des  livres.  Le  chanoine-por- 
tier, Frédéric  de  Bade,  s'en  plaignit  par  une  lettre  très  vive, 
accusant  le  magistrat  d'avoir  violé  la  franchise  d'un  lieu  qui 
dépendait  de  la  juridiction  du  chapitre,  et  rappelant  que  la 
vente  de  livres  devant  le  portail  n'était  pas  une  innovation, 


*  «  Der  schryber  Peter  von  Haselo,  der  die  bûcher  verkouft  uff  den 
Greden  zu  unser  frowen  munster,  »  Lettre  du  28  mai  1408.  Communi- 
cation de  M.  le  professeur  Krauss  à  la  Société  pour  la  coTiservation  des 
monuments  historiques  d'Alsace. 

*  Le  grammairien  Jean  de  Garlande  parle  d'une  platea  nova  ante 
paravisuw  dominœ  nostrœ  [\e  parvis  de  Notre-Dame)  ;  une  glose,  écrite 
vers  1250^  ajoute  :  <  paravisus  est  locus  ubi  libri  scolarium  venduntur,  » 
Wattenbach,  p.  470.  —  Ducange,  t    V,  p.  80. 


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83  LIVRES  ET  BIBLIOTHÈQUES  A  STRASBOURO 

mais  une  coutume  ancienne,  observée  dans  beaucoup  de 
villes.^  On  ignore  la  suite  de  cette  affaire. 

Du  reste,  après  l'invention  de  l'imprimerie,  la  plupart  des 
imprimeurs  devinrent  aussi  libraires,  en  ce  sens  qu'ils  débi- 
taient eux-mêmes  leurs  productions;  pour  s'approvisionner 
de  celles  des  presses  étrangères  ils  se  rendaient  chaque  année 
à  la  foire  de  Francfort,  qui  était  le  grand  centre  de  la  librairie 
d'Allemagne;  d'autres  livres  venaient  de  l'Italie,  d'autres 
encore  de  Paris,  qui,  déjà  au  XIV  siècle,  avait  été  célèbre 
comme  marché  de  manuscrits.^ 

Quant  au  prix  moyep  des  manuscrits  au  moyen-ftge,  il  est 
diCQcile  de  s'en  rendre  un  compte  exact;  les  sommes  dont  il 
est  parlé  dans  quelques  documents,  sont  si  variables  que, 
lorsqu'on  ne  connaît  pas  la  valeur  calligraphique  ou  l'état  de 
conservation  d'un  volume  vendu  ou  engagé,  on  ne  peut  arri- 
ver à  aucune  appréciation  tant  soit  peu  probable.  Une  seule 
chose  est  certaine  et  se  comprend  sans  avoir  besoin  d'expli- 
cation, c'est  la  chèreté  des  manuscrits.  Je  me  bornerai  à  indi- 
quer les  quelques  prix  que  j'ai  trouvés. 

En  1300  le  chanoine  de  Saint-Thomas^  Jean  de  Saint- Ama- 
rjn,  estime  que  le  Digestum  vêtus  ei  les  Décrétales  qu'on  lui 
a  volés,  valaient  40  marcs  d'argent.  En  1879  les  Augustins 
d'Ittenwiller  vendent  une  bible  en  cinq  volumes  pour  35  livres. 
En  1395  et  1396  le  couvent  de  Baumgarten  vend  à  la  mai- 
son de  Saint-Jean,  d'abord  les  Morcblia  de  Grégoire  en  deux 

^  *  ...  So  ist  es  ouch  nit  ein  fremde  oder  riiiwe  fûrnemen,  sunder  an 
andem  enden,  uff  vil  stifflen,  ouch  gewonlich  das  man  an  sollichen 
stetten  vor  den  greten  und  Kirchthiiren  biichere  feyle  hat^  und  die  an 
den  enden  weisz  zu  ^nden.  •  10  mai  1482^  Trêves.  CommunicatioD  de 
M.  Krauss. 

*  L'évèque  anglais  Richard  de  Bury,  vers  1350,  parle  avec  enthou- 
siasme des  nombreux  ouvrages  de  tout  genre  qu'on  trouvait  à  acheter 
à  Paris  (Philobiblion,  Paris,  J.  Petit,  1500,  4°,  chap.  8,  f*  6,  4).  Gerson, 
au  contraire,  déplore  de  voir  tant  de  livres  quitter  la  France  (De  laude 
scriptorum,  édition  Spencer,  p.  9). 


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84  REVUE  D* ALSACE 

volumes  pour  10  lirres,  puis  huit  volumes  divers  pour  8.  — 
En  1404  le  couvent  de  Neubourg  engage  à  Saint-Jean 
pour  41  livres  un  Spéculum  hiskniale  en  quatre  volumes.  — 
En  1426  Saint-Thomas  évalue  un  Liber  oratorius  en  deux 
parties  à  30  florins.  — Les  chartreux  achètent  pour  12  florins 
la  PùstiUa  sur  les  proverbes  de  Thomas  Rygsted,  écrite  en 
1850;  pour  40  florins  les  Glossœ  archidiaconi  super  decreto; 
les  mêmes  engagèrent  un  jour  deux  livres  de  droit  pour 
27  florins. 

U  est  resté  peu  de  souvenirs  du  prix  auquel  se  sont  vendus 
les  premiers  livres  imprimés  par  Mentel,  Eggestein,  etc.  Un 
exemplaire  de  la  bible  allemande  de  Mentel,  acheté  en  juin 
1466  par  un  certain  Hector  Mulîch  et  conservé  aujourd'hui 
à  la  bibliothèque  de  Munich,  porte  à  la  fin  cette  note  :  emlus 
est  hic  liber,  nondum  ligatus^florenis  duodedm,"^ 

4.  Relieurs.  —  En  1897,  quand  Kônigshofen  eut  réor- 
ganisé les  archives  de  Saint-Thomas,  on  inscrivit  dans  les 
comptes  du  chapitre  2  livres  14  sols  «  pro  bappiro  ad  tibros 
instrumentorum  et  pro  pergameno,  unde  zu  beslahmde  und 
zu  bindende.  >  Ces  derniers  mots  attestent  que  dès  cette 
époque,  il  y  avait  à  Strasbourg  des  relieurs,  et  que  les  Bucà- 
binder  qu'on  rencontre  en  1477  et  en  1496,  sont  loin  d'avoir 
été  les  premiers.  Au  XV*  siècle  la  reliure  n'était  pas  même 
l'unique  occupation  de  ces  artisans;  Jean  Utenheim,  qui,  en 
1477,  relia  un  volume  pour  les  archives  de  la  ville,  remplis- 
sait en  même  temps  les  fonctions  de  maître  d'école.  Mais  bien- 
tôt le  grand  nombre  de  livres  publiés  à  Strasbourg  eut  pour 
conséquence  une  rapide  extension  de  cette  industrie.  En  1502 
un  règlement  du  magistrat  associa  les  relieurs  aux  imprimeurs 
pour  faire  partie  avec  eux  de  la  tribu  de  l'échasse. 

Les  reliures  les  plus  anciennes  étaient  généralement  en 

^  LiCHTENBEBGEK,  Initia  typographica.  Strasbourg  1811,  4?,  p.  58. 


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LrVBES  ET  BIBLIOTHÈQUES  A  STRASBOURG  85 

bois,  recouTert  de  cair  ou  de  peau  de  truie.  Pour  les  missels 
des  églises  riches  on  faisait  d«s  plaques  d'argent  doré,  sur 
lesquelles  on  gravait  des  arabesques  ou  des  images  de  saints  ; 
elles  servaient  à  garantir  les  coins.  D'autres  volumes,  même 
des  plus  petits,  étaient  ornés  de  garnitures  de  cuivre  souvent 
fort  élégante&  Ces  ouvrages  étaient  exécutés  par  nos  orfèvres 
et  nos  graveurs,  parmi  lesquels  il  y  avait  au  moyen-flge  des 
artistes  très  babiles. 

Après  Tinvention  de  Timprimerie  ce  n'étaient  pas  toujours 
les  imprimeurs  qui  faisaient  relier  et  enluminer  leurs  publi- 
cations; ce  soin  revenait  plutôt  aux  acquéreurs  qui,  selon 
leur  goût  ou  leur  fortune,  chargeaient  des  relieurs  et  des 
peintres  plus  ou  moins  habiles  du  décor  des  volumes.^  Gomme 
dans  les  premiers  tempt<  la  plupart  des  livres  paraissaient 
sans  date  imprimée,  elle  y  était  ajoutée  souvent  en  couleur 
rouge  par  l'enlumineur. 

G.  SCHMIDT. 


L.  c.  —  SCHELHOBN,  Anuxuitates  literariœ.  Fraocfort  1727,  t.  III, 


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ÉTUDE 

SUR  L'HUMANITÉ  PRÉHISTORIOUE 


DEUXIÈME   PARTIE. 

Stations  préhistoriques  des  pays  de 
Montbéliard  et  de  Belfort/ 


Certaines  contrées,  à  raison  de  leur  situation  ou  de  leur 
conformation  topographique,  ont  le  triste  privilège  de  derenir 
le  champ  de  bataille  des  nations  chaque  fois  que  la  guerre 
s'allume  entre  elles;  d'autres,  toujours  pour  la  même  cause, 
servent  de  routes  stratégiques  aux  peuples  dans  leurs  migra- 
tions ou  dans  leurs  invasions.  Le  nôtre  se  trouve  d'ans  ce 
dernier  cas  ;  situé  dans  le  rétrécissement  formé  par  les  Vosges 
et  le  Jura,  il  offre  une  voie  de  communication  facile  entre  le 
bassin  du  Rhin  et  celui  du  Rhône,  car  le  point  de  partage  de 
leurs  eaux  est  constitué  par  des  collines  d'une  faible  hauteur. 
D  s'en  suit  que  c'est  un  des  principaux  passages  dont  les 
nations  du  nord  se  sont  servies  à  différentes  époques  pour 
envahir  la  Gaule,  contrée  aux  terres  fertiles  et  au  climat  clé- 
ment, qui  a  excité  et  excitera  toujours  leurs  convoitises.  Aussi 
trouve-t-on.  pour  ainsi  dire,  sur  chaque  point,  qui  commande 
ce  passage,  des  vestiges  de  fortifications  appartenant  à  tous 

*  Voir  le  tome  précédent,  p.  455-499. 


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ÉTUDE  SUR  l'humanité  PRÉHISTORIQUE  87 

les  ftges  de  rhamanité.  Et  si  celle-ci  a  fait  des  progrès 
immenses  dans  la  recherche  de  ch  qui  est  bien,  beau,  vrai  et 
utile,  d*un  autre  côté  elle  est  restée  stationnaire.  Elle  a  été 
firappée  dMmpuissance  (et  c'est  l'expiation  de  sa  faute), 
lorsqu'elle  s'est  laissée  dominer  par  des  sentiments  bas, 
égoïstes  ou  cruels  ;  c'est  ce  qui  a  eu  lieu  chaque  fois  que  les 
peuples  se  sont  livrés  à  ces  luttes  fratricides  appelées,  on  ne 
•ait  pourquoi,  k  fwbk  art  de  h  guerre.  La  stratégie  a  été  et 
sera  toujours  la  même,  c'est-à-dire  qu'elle  doit  consister  à 
réunir  sur  le  champ  de  bataille  des  forces  plus  grandes  que 
celles  de  Fadversaire  ;  et  si  de  nos  jours  on  a  perfectionné 
considérablement  les  engins  de  destruction,  on  n'est  pas  plus 
araacé,  au  point  de  vue  du  système  de  défense,  quUI  y  a  des 
milliers  d'années  ;  car  on  refortiûe  les  points  qu'avaient  occu- 
pés les  hommes  primitif,  et  après  eux  les  Celtes,  les  Romains, 
les  Barbares  et  ce  ramas  de  brigands  qu'on  a  appelés  les 
Barom  féodaux. 

C'est  seulement  depuis  quelques  années  que  l'attention  s'est 
portée  sur  les  vestiges  qu'ont  laissés  dans  notre  contrée  les 
hommes  des  Ages  primitifs  ;  jusqu'alors  on  ne  s*était  occupé 
que  des  antiquités  de  Tépoque  romaine.  La  plupart  de  ces 
découvertes  sont  dues  à  M.  le  D' Quélet,  qui,  dans  ses  explo- 
rations botaniques,  a  été  le  premier  à  découvrir  et  à  signaler 
la  présence  de  stations  et  de  monuments  préhistoriques  dans 
notre  pays,  que  certains  savants  disaient  ne  devoir  renfermer 
aucune  antiquité  de.  ce  genre/  A  côté  du  nom  de  M.  Quélet 
on  peut  citer  ceux  de  M.  Jolyet,  inspecteur  des  forêts,  qui 
depuis  longtemps  s'occupe  d'archéologie  préhistorique;  de 
M.  Félix  Youlot,  qui  a  publié  un  ouvrage  curieux  sur  les 
Vosges  avant  rhistoire,  et  qui  a  dirigé  les  fouilles  du  mont 
Vaudois  et  de  la  caverne  de  Cravanche;  de  M.  Henri  Lépée, 
qui  a  recueilli  de  nombreux  objets  préhistoriques  dans  les 

*  M.  Quélet  a  recueilli  une  fort  belle  collection  d'instruments  de  pierre, 
dont  il  a  donné  une  partie  au  musée  de  Montbéliard. 


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REVUE  D  ALSACE 


environs  du  village  de  Sainte-Suzanne;  enfin,  celui  de  M. Cl. 
Duvernoy,  qui  a  inséré  dans  les  Mémoires  de  la  Société  d'é- 
mulation de  MontbéliardiineAofe^  mrlepaysde  Montbéliard 
antérieurement  à  ses  premiers  comtes,  c'est-à-dire  aux  époques 
celtique,  romaine  et  barbare. 

Plus  de  vingt-cinq  localités  préhistoriques  sont  déjà  connues, 
et  dans  ce  nombre,  qui  ne  fera  qu'augmenter  chaque  année, 
on  compte  sept  camps  retranchés,  neuf  stations  situées  dans 
des  lieux  élevés,  sept  stations  en  plaine,  trois  autres  possé- 
dant des  monuments  mégalithiques  et  deux  cavernes. 

Les  camps  sont  ceux  du  Mont  Vaudois,  du  Mont  Bart,  du 
Ghataillon  près  de  Youjaucourt,  du  Gramont  au  dessus  de 
Beaucourt,  de  Châtillon  près  de  Roches-les-Blamont,  du  Gié- 
mont  près  deLougres,  et  de  Châtillon  entre  Montéchéroux  et 
Liebvillers.  Les  stations  qui  se  trouvent  au  sommet  des  col- 
lines, mais  qui  n'étaient  pas  fortifiées  ou  dont  les  retranche- 
ments ont  entièrement  disparu,  sont  les  suivantes  :  les  roches 
au  dessus  des  fontaines  de  l'ancien  parc  de  Montbéliard,  les 
Vieilles-Vignes  d'Hérimoncourt,  l'ancienne  citadelle  de  Mont- 
béliard, le  Grandmont  près  d'Hérimoncourt,  la  Chaux  près 
de  Montbéliard,  la  ferme  du  parc  de  Montbéliard.  le  Pont  Sar- 
razin  près  de  Vandoncourt,  le  Monterot  au  dessus  d'Hérimon- 
court et  le  ballon  de  Roppe.  Les  stations  en  plaine  sont  celles: 
de  Mandeure,  des  sablières  de  Bart,  du  cimetière  de  Dôle,  de 
Dung,  de  Sainte-Suzanne,  de  Colombier-Fontaine  et  de  Saint- 
Valbert-les-Héri  court. 

Les  cavernes  où  l'on  a  trouvé  des  instruments  et  des  sque- 
lettes humains,  remontant  aux  premiers  figes  de  l'humanité, 
sont  celles  situées  dans  les  rochers,  qui  bornent  au  sud  le 
camp  de  Ghataillon,  près  de  Voujaucourt,  et  surtout  celle  de 
Cravanche,  près  de  Belfort.  Nous  en  connaissons  d'autres  où 
l'on  découvrirait  CfTtaineraent  des  antiquités  préhistoriques, 
si  l'on  voulait  se  donner  la  peine  d'y  faire  des  feuilles,  et  il 
est  désirable  que  les  Sociétés  d'émulation  de  Montbéliard  et 


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ÉTUDB  SUR  l'humanité  PRÉHISTORIQUE  89 

de  Belfort  y  consacrent  quelques  sommes  d'argent.  Les  belles 
découvertes  que  l'on  vient  de  faire  dans  la  grotte  deCravanche, 
permettent  de  supposer  que  ce  ne  serait  pas  en  vain  qu'on 
creuserait  le  sol  des  cavernes  de  Sainte-Suzanne-les-Montbé- 
liard,  de  l'ancien  cimetière  de  Béthoncourt,  du  château  de  la 
Roche  (territoire  de  Montécheroux),  de  Bournois  (canton  de 
risle-sur-Doubs),  la  brèche  osseuse  de  Ghataillon  sousMaiche, 
etc.,  etc.* 

Quant  aux  monuments  mégalithiques  de  notre  pays,  ils  se 
trouvent  près  de  la  ferme  de  la  Bouloie  (entre  Hérimoncourt 
etÂbbevillers)etau  sommet  d'une  colline  voisine  de  laThure, 
montagne  qui  domine  Ghagey.  Peut-être  y  en  a-t-il  aussi  un 
autre  dans  la  forêt  de  Généchie,  hameau  dépendant  de  ce  der- 
nier village. 

Telles  sont  les  localités  où  se  trouvent  des  vestiges  des  figes 
préhistoriques,  vestiges  dont  nous  allons  donner  une  descrip- 
tion aussi  exacte  que  possible,  et  dont  aucune,  comme  nous  le 
verrons,  ne  remonte  à  une  époque  antérieure  à  l'âge  de  la 
pierre  polie. 

Dans  notre  pays  on  rencontre  plusieurs  pierres  curieuses 
qu'à  première  vue  on  prendrait  pour  des  dolmens  on  des  men- 
hirs, mais  qui  ne  sont  que  des  caprices  de  la  nature.  Ainsi, 
sur  le  chemin  qui  conduit  de  Ghampey  à  Belverne,  les  habi- 
tants montrent  la  Pierre  qui  tourne,  grande  roche  en  grès 
ayant  1"',40  d'épaisseur,  2",30  de  longueur  et  2",20  de  lar- 
geur; elle  n'a  point  été  taillée  ou  apportée  dans  cet  endroit 
par  la  main  de  l'homme,  mais  s'est  détachée  naturellement  de 
la  hauteur  voisine  sur  la  pente  de  laquelle  elle  a  roulé,  ainsi 
que  d'autres  blocs  plus  petits;  néanmoins  elle  est  indiquée 
comme  monument  celtique  dans  la  carte  des  Gaules. 

Il  en  est  de  même  peur  la  Pierre  de  la  tante  Arie,  qui  se 

*  Certaines  ont  été  explorées,  il  est  vrai,  mais  à  une  époque  où  l'on 
ne  songeait  qu'à  recueillir  desos-ements  d'animaux  antédiluviens,  et  où 
les  instraments  de  pierre  ne  fixaient  pas  encore  l'attention  des  savants. 


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90  RBVUE  d'ALSACE 

trouvait  sur  la  montagne  du  Tronchet,  territoire  de  Ghampej; 
c'était  une  pointe  saillante  du  rocher  qui  forme  cette  mon- 
tagne, et  que  les  bergers  ont  fini  par  renrerser;  on  n'en  roit 
plus  que  quelques  fragments  épars  sur  le  sol. 

Il  y  a  quelques  années,  M.  le  D'  Ed.  Goguel  découvrit  sur 
le  territoire  de  Mandeure,  au  lieu  dit  les  Etalottes,  dans  un 
ravin  boisé,  situé  sur  les  hauteurs  qui  dominent  le  village 
de  Bourguignon,  une  roche  calcaire  superposée  sur  une  plus 
petite.  La  hauteur  totale  de  ce  prétendu  monument  mégali- 
thique est  de  1",20;  la  pierre  supérieure,  qui  a  0",75  d'é- 
paisseur et  1"',80  de  longueur,  n'est  maintenue  en  équilibre 
que  par  les  arbustes  qui  croissent  au  pied.  M.  Gl.  Duvernoy 
en  a  donné  la  description  dans  sa  Notice  sur  le  pays  de  Mont- 
béliard;  toutefois,  contrairement  à  son  opinion,  nous  croyons 
que  la  dispo9ition  de  ces  pierres  n'est  pas  le  résultat  de  la 
volonté  humaine,  mais  celui  du  hasard. 

Au  sud  du  village  du  Vernois,  on  aperçoit  une  côte  couron- 
née de  rochers  désignés  dans  le  pays  sous  le  nom  de  château 
des  Fées:  ce  sont  des  massifs  de  roches  calcaires,  faisant  corps 
avec  la  montagne  et  dénudés  par  les  eaux  diluviennes.  Ënûn, 
une  autre  grande  roche,  appelée  la  JKerre  qui  vire,  s'aperçoit 
près  du  Ghâlelot,  dans  une  côte  boisée,  qui  domine  le  cours 
du  Doubs  ;  elle  a  près  de  douze  mètres  de  hauteur  et  est 
adhérente  à  la  colline. 


1^  CAMPS  RETRANGHÉS. 
Mont  Vaudois. 
La  petite  ville  d'Héricourt  se  trouve  dominée  au  nord  par 
le  Mont  Vaudois,  au  sommet  duquel  on  voyait  naguère  les 
retranchements  parfaitement  conservés  d'un  camp.  Il  formait 
un  triangle  isocèle  allongé,  dont  les  deux  côtés  longs  étaient 
légèrement  convexes  ;  l'un  de  ces  côtés  et  la  base  étaient  for- 


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ÊTT7DE  SUR  L'HUMANITÉ  PRÉHISTOBIQUE  91 

mes  par  an  vallum^  et  le  troisième  côté,  celai  du  nord,  par 
des  rochers  à  pic.  Ce  mllum  n'avait  pas  moins  de  20  mètres 
à  sa  base,  S  ou  4  mètres  de  hauteur  et  488  mètres  de  déve- 
loppement ;  le  côté  constitué  par  les  rochers  avait  270  mètres 
de  longueur. 

On  a  cru  longtemps  que  ce  camp  remontait  aux  Romains, 
et  même  un  auteur'  en  a  attribué  la  création,  rers  Tan  1860, 
à  un  gentilhomme  du  pays  de  Porrentruy,  appelé  Thomas  de 
Beumevesain.  Mais  c'est  une  erreur,  comme  cela  résulte  des 
découvertes  qu'on  j  a  faites  en  1875,  lors  des  travaux  de 
terrassement  exécutés  par  le  génie  militaire  pour  la  construc- 
tion d^un  fort.  On  y  a  trouvé  des  sépultures  par  incinération 
et  une  vingtaine  de  squelettes  assez  bien  conservés,  qui  se 
trouvaient  dans  le  vaUum  et  dans  des  sarcophages  renfermés 
dans  les  nombreux  tumuK,  qui  l'environnaient.  Selon  M.  Vou- 
lot,  qui  fut  chargé  de  recueillir  toutes  les  antiquités  qu'on 
trouverait  au  Mont  Vaudois.  ces  squelettes  étaient  couchés 
sur  les  omoplates  et  sur  la  hanche  gauche,  et  les  genoux 
repliés;  ils  étaient,  en  général,  d'une  taille  un  peu  au  dessous 
de  la  moyenne  et  trapus  ;  ils  ofiTraient  une  assez  grande  variété 
de  types.  Les  crânes  étaient  la  plupart  dolichocéphales,  quel- 
ques-uns brachycéphales  ;  Tangle  facial  était  assez  ouvert,  le 
front  un  peu  déprimé,  les  mâchoires  peu  prognathes  et  très 
rigoureuses;  enfin,  l'usure  précoce  des  dents  et  le  grand 
nombre  d'os  d'animaux,  fendus  longitudinalement,  indiquaient 
que  les  hommes  de  cette  station  vivaient  principalement  de 
la  chasse.  Les  débris  de  leurs  repas  consistaient  en  grande 
partie  en  os  du  bœuf  primitif,  du  cerf  gigantesque  et  du  san- 
glier, de  quelques-uns  de  chèvre  et  de  chevreuil;  il  n'y  en 
avait  aucun  de  cheval 

Le  grand  nombre  de  squelettes  humains  trouvés  au  Mont 
Vaudois  a  fait  croire  à  M.  Voulot  qu'il  y  avait  là  un  cimetière; 

^  DnvERNOY,  Ephémérides  du  comté  de  Monthéliard. 


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d3  REVUE  d' ALSACE 

il  lui  a  même  décerné  le  titre  pompeux  de  nécropole.  Mais 
c'était  avant  tout  un  camp,  un  lieu  de  refuge,  comme  le 
démontrent  la  position  élevée  de  cette  station  et  le  retranche- 
ment dont  on  avait  eu  la  précaution  de  l'entourer;  c'est  là 
que  se  retiraient,  mais  seulement  dans  les  moments  de  daa- 
ger«  les  populations  de  la  plaine  voisine ,  car  ce  lieu  est  trop 
éloigné  des  sources  ou  des  rivières,  pour  permettre  à  des 
hommes  d'y  résider  d'une  manière  permanente;  et  il  n'est 
pas  étonnant  qu'ils  aient  inhumé  sur  place  ceux  d'entre  eux, 
qui,  pour  une  cause  ou  une  autre,  étaient  décédés  dans  cet 
endroit. 

A  côté  de  ces  squelettes  on  a  découvert  un  véritable  arsenal 
ou  une  fabrique  d'outils  en  pierre  et  en  os,  qui  se  comptent 
par  milliers  ;  ce  sont  des  haches  en  aphanite  (  faussement 
appelée  petro-silex),  des  pointes  de  lance  et  de  flèche,  des  grat- 
toirs et  des  couteaux  en  silex  ;  des  poinçons  et  des  lissoirs  en 
os  et  en  cornes  d'animaux.  On  y  a  trouvé  également  de  nom- 
breux fragments  de  poterie,  et  même  un  vase  entier,  de  cette 
ferre  noire  ou  grise  très  grossière,  caractéristique  des  âges 
préhistoriques,  ainsi  que  des  pierres  en  grès  ayant  servi  à 
écraser  le  grain,  et  même  du  blé  carbonisé. 

Tous  ces  objets  appartiennent  à  l'âge  de  la  pierre  polie; 
car  si  certains  sont  restés  ébauchés,  d'autres,  et  même  le  pins 
grand  nombre,  ont  été  polis. 

Outre  ces  instruments  de  l'époque  préhistorique,  on  en  a 
trouvé  d'autres  relativement  très  modernes,  tels  qu'un  fer  de 
lance,  un  fer  à  cheval  et  un  étrier  enfer;  enfin,  dernièrement, 
on  a  recueilli  dans  le  mftme  endroit  deux  monnaies,  l'une 
d'argent  et  l'autre  de  bronze,  qu'on  nous  a  dit  appartenir  à 
l'époque  romaine. 

Ghâtillon,  près  de  Roches-les-Blamont. 

Lorsqu'on  suit  la  route  qui  conduit  de  Tulay  à  Roches,  on 
remarque  à  deux  cents  mètres  environ  avant  d'arriver  à  ce 


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ÉTUDE  SUR  l'humanité  PRÉHISTORIQUE  93 

dernier  village^  à  main  gauche,  une  espèce  de  promontoire, 
qui  s'avance  sur  la  vallée  voisine;  ce  pr  'montoire  eslentouré 
de  rochers  et  d'abrupts,  sauf  dans  sa  partie  septentrionale  où 
existe  un  retranchement  très  visible  de  plus  d'un  mètre  de 
hauteur,  qui  en  ferme  l'accès  avec  les  terrains  voisins.  Ge 
lieu  porte  le  nom  caractéristique  de  Chdtillon. 

Le  8  avril  1876  je  Tai  visité  avec  M.  le  ly  Quélet,  et  noua 
y  avons  découvert  à  la  surface  du  sol  plusieurs  pointes  de 
flèche  en  silex  molaire,  des  éclats  de  cette  substance  et  des 
galets  de  silex  corné,  des  fragments  de  poterie  brune  ou 
noirâtre  très  grossière,  et  un  morceau  de  hache  polie  en  apha- 
nite.  Le  même  jour,  M.  Quélet  a  également  trouvé  un  fragment 
de  bronze  antique  ayant  la  forme  d'une  capsule,  ce  qui  prouve 
que  plusieurs  âges  de  l'humanité  se  sont  succédé  dans  cette 
localité.  Nos  recherches  auraient  été  beaucoup  plus  fructueuses, 
si  le  sol  n'avait  pas  été  recouvert  de  gazon. 

Quelque  temps  après,  M.  Quélet  a  recueilli  dans  la  même 
localité  des  os  brisés,  des  fragments  de  corne  de  cerf,  un 
morceau  de  flèche  en  cristal  de  roche,  un  autre  de  hache  en 
jade  et  un  couteau  de  jaspe.  Il  est  certain  que  si  l'on  y  faisait 
des  fouilles,  on  y  découvrirait  une  grande  quantité  d'objets 
préhistoriques- 

Les  habitants  de  ces  époques  reculées,  comme  ceux  du  vil- 
lage actuel  de  Boches,  devaient  s'approvisionner  d'eau  à  la 
source  abondante  qui  sort  du  rocher  à  une  centaine  de 
mètres  plus  bas. 

Mont  Bart. 

A  l'ouest  du  village  de  Bart  se  trouve  le  Mont  Bart,  dont 
le  nom,  suivant  Duvernoy  (Ephémerides  du  comté  de  Montbé- 
liard)  viendraient  des  Bardes  qui  y  demeuraient  jadis.  Avant 
les  travaux  de  fortification  que  le  génie  y  a  exécutés,  on  remar- 
quait au  sommet  de  cette  montagne  un  véritable  camp  retran- 
ché, formé  au  nord  et  au  midi  par  un  retranchement  en  terre 


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94  REVUE  d'alsace 

et  en  pierres  trèg  élevé,  à  l'ouest  par  les  rochers  à  pic,  qui 
regardent  le  village  de  Bavans,  et  à  l'est  par  la  pente  très 
raide  que  la  montagne  offre  du  côté  de  Bart.  C'est  là  qu'on 
a  trouvé,  dans  le  courant  de  1875,  un  certain  nombre  d'ob- 
jets préhistoriques,  consistant  en  :  une  belle  hache  polie  en 
serpentine,  le  fragment  d'une  autre  de  la  même  substance, 
plusieurs  haches  en  aphanite,  des  pointes  de  flèche  et  des  éclats 
en  silex,  des  poinçons  en  os,  des  cornes  de  cerf,  des  dents  de 
sanglier  et  d'autres  animaux,  des  fragments  de  poterie  brune 
et  noire,  une  pierre  de  grès  ayant  servi  à  broyer  le  grain.  A 
côté  de  ces  objets,  qui  remontent  à  l'âge  de  la  pierre  polie, 
on  en  a  trouvé  d'autres  d'une  époque  plus  récente,  notam- 
ment une  pointe  de  flèche  en  bronze  et  une  monnaie  de  Néron. 
Il  n'y  a,  d'ailleurs,  rien  d'étonnant  que  le  Mont  Bart,  dont 
la  position  élevée  domine  tout  le  pays,  ait  été  occupé  par  les 
divers  peuples  qui  se  sont  succédé  dans  nos  contrées.  Si 
des  fouilles  avaient  été  pratiquées  dans  certains  endroits, 
aujourd'hui  recouverts  de  plusieurs  mètres  de  remblais,  on 
aurait  fait  une  plus  ample  moisson  d'objets  antiques,  et  peut- 
être  que  leur  nombre  n'eut  pas  été  inférieur  à  ceux  du  Mont 
Vaudois. 

Dans  une  dépression  de  terrain  au  pied  de  la  Âoche-au- 
Gorbeau,  au  nord-ouest  du  Mont  Bart,  se  trouve  une  source 
qui  devait  probablement  alimenter  les  habitants  ou  les  défen- 
seurs du  camp.  Près  de  cette  source  on  remarque  des  creux 
circulaires,  qui  pourraient  bien  être  des  mardettea  ou  bases 
d'habitations  celtiques. 

Ghataillon,  près  de  Vonjaucourt. 

En  face  du  Mont  Bart,  mais  de  l'autre  côté  de  l'AUan,  se 
trouve  une  colline  beaucoup  moins  élevée,  appelée  Chatailhn^ 
h  l'extrémité  de  laquelle,  vers  Youjaucourt,  on  remarque 
un  camp  romain  admirablement  conservé.  Il  est  limité  au 
nord  par  la  pente  très  roide  de  la  colline  au  bas  de  laquelle 


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ÉTin>E  3UB  l'humanité  pbéhistobique  95 

coule  rAUan,  aa  midi  par  les  rochars  à  pic  baignés  par  les 
eaux  du  Doubs,  à  l'ouest  aussi  par  des  rochers,  enfin,  à  Test 
par  un  Valiumy  ayant  près  de  10  mètres  de  hauteur  à  Tex- 
tériear,  8  mètres  enriron  à  Tintérieur,  et  2  ou  S  mètres  de 
largeur  à  son  sommet.  Ce  retranchement,  le  long  duquel 
semble  régner  un  fossé,  se  retrouve  à  Textrémité  opposée, 
au  dessus  des  rochers,  qui  dominent  Voujaucourt,  et  il  a  la 
forme  d'une  demi-lune.  En  résumé,  ce  camp  a  environ  670 
mètres  de  longueur  et  150  de  largeur.  On  y  a  découvert  des 
antiquités  de  Tépoque  romaine,  telles  que  débris  d'armes  et 
de  poteries,  médailles  consulaires  et  impériales.  Mais  bien 
avant  les  Romains,  il  a  été  occupé  par  les  habitants  primitife 
de  la  Gaule,  comme  le  démontre  la  présence  d'un  grand 
nombre  d'objets  préhistoriques  que  MM.  Henri  Lépée,  Jolyet 
et  moi  y  avons  trouvés  à  fleur  de  terra,  et  qui  consistent  en 
un  grand  nombre  d'éclats  et  de  pointes  de  flèches  en  silex 
molaire  et  corné,  des  grattoirs  en  aphanite,  un  fragment  de 
cristal  de  roche,  deux  haches  polies  de  la  même  substance  et 
des  fragments  de  poterie  noire  et  brune  très  grossière.  Un 
certain  nombre  de  ces  objets  figurent  dans  les  vitrines  du 
musée  de  Montbéliard  et  la  plus  grande  partie  dans  la  collec- 
tion de  M.  Lépée.  Si  Ton  pratiquait  des  fouilles  dans  cette 
localité,  qui  est  fort  riche,  on  ferait  sans  contredit  une  ample 
moisson  d'antiquités. 

Le  Gramont,  près  de  Beaucourt. 

Le  bourg  de  Beaucourt  est  dominé  au  midi  par  le  Gramont^ 
montagne  d'où  l'on  jouit  de  la  vue  la  plus  étendue  de  notre 
contrée  ;  au  nord  les  Vosges,  au  midi  et  à  l'ouest  le  Jura,  à 
Test  les  cimes  de  la  Forêt- Noire  forment  les  limites  de  ce  vaste 
panorama.  Il  n'est  pas  douteux  que  ce  lieu  élevé  et  facile  à 
défendre  ait  été  occupé  dès  les  commencements  de  l'humanité. 
«  En  effet,  sur  le  plateau,  qui  termine  la  montagne,  se  trouve 


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96  REVUE  D'ALSACE 

un  camp  très  bien  conservé,  légèrement  incliné  au  nord, 
borné  à  l'ouest  et  à  Test  par  des  abrupts  et  des  rochers  escar- 
pés, et  des  deux  autres  côtés  par  un  Vallum  encore  très  dis- 
tinct; celui  du  midi  est  beaucoup  plus  saillant  que  celui  du 
nord. 

Ce  lieu  est  très  riche  en  antiquités  préhistoriques  :  M.  le 
D'  Faudel,  de  Colmar,  et  après  lui  M.  Voulot  en  ont  recueilli 
un  certain  nombre  dans  les  fouilles  qu'ils  y  ont  faites.  Mais 
c'est  surtout  M.  Quélet  qui,  dans  le  courant  de  1876,  y  a 
découvert,  presque  à  fleur  du  sol,  un  nombre  considérable 
d'objets  de  toute  espèce  :  près  de  cent  haches  polies  en  apha- 
nite,  quelques-unes  en  eurite,  presque  toutes  brisées;  des 
fragments  de  grès  ou  de  quartzite  grenu,  ayant  fait  partie  de 
pierres  sur  lesquelles  on  broyait  le  grain;  des  couteaux  et 
des  grattoirs  en  silex  et  en  aphanite  ;  des  pointes  de  flèche  en 
jaspe,  en  silex  blanc  ou  corné  et  même  en  cristal  de  roche  ; 
quelques-unes  sont  d'un  travail  remarquable;  des  ossements 
et  des  dents  d'animaux,  tels  que:  sangliers,  aurochs,  chevreuils, 
cerfs,  ours,  etc.  ;  certains  de  ces  os  et  de  ces  dents  sont  fendus 
ou  striés  ;  des  boules  de  serpentine  ayant  servi  probablement 
de  broyeurs  ou  de  percuteurs;  des  fragments  innombrables 
de  poterie  grossière,  certains  ornés  de  dessins,  tels  que  lozanges 
et  triangles;  des  lissoirs  fusiformes  en  serpentine  noble  (ophite); 
une  amulette  en  pierre  noire,  percée  d'un  trou  à  l'une  de  ses 
extrémités  pour  servir  à  la  suspension  ;  des  pierres  en  basalte 
noir  grenu  ou  en  rétinite,  ayant  servi  d'ornements  ou  d'amu- 
lettes; un  grand  nombre  de  morceaux  d'aphanite;  des  frag- 
ments de  sanguine,  de  diorite  (ophite  de  Palassou),  de  schiste 
alumineux  (ampelite?)  et  de  charbon  fossilisé.  Beaucoup  de 
ces  objets  ont  été  donnés  par  M.  Quélet  au  musée  de  Mont- 
béliard. 

Chose  digne  d'être  remarquée,  on  n'a  trouvé  dans  ce  lieu 
aucun  objet  en  bronze;  quant  à  ceux  en  fer,  consistant  en 
lames  de  couteaux,  ils  sont  tous  modernes. 


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ÉTUDE  SUR  l'humanité  PRÉHISTORIQUE  97 

Sur  le  versant  Est  de  ce  camp  se  trouve  une  caverne  à 
double  entrée,  composée  de  rochers  qui  affectent  extérieure- 
ment des  formes  pittoresques,  et  dans  laquelle  on  n'a  rien 
trouvé  d'intéressant. 

Le  Giémont,  près  de  Lougres. 

En  face  de  Colombier- Fontaine,  mais  sur  la  rive  droite  du 
Doubs  et  au  midi  de  Lougrcs,  se  trouve  une  colline  élevée, 
le  Giémont,  qui  était  occupée  par  un  camp  fortifié,  dont  on 
distingue  encore  en  certains  endroits  les  retranchements, 
surtout  à  l'extrémité  Est,  où  se  trouve  aussi  un  fossé  très  pro- 
fond ;  ce  camp  était  borné  au  sud  par  des  abrupts,  au  pied 
desquels  coule  le  Doubs.  Il  renferme  des  tumiUi  et  une  mare 
d'eau,  appelée  par  les  gens  du  pays  la  Goulisse,  qui  devait 
être  d'une  grande  utilité  pour  les  habitants  ou  les  défenseurs 
de  cette  station  préhistorique.  Au  mois  de  septembre  1876, 
la  Société  d'émulation  de  Montbéliard  j  a  fait  pratiquer  des 
fouilles,  qui  n'ont  amené  aucun  résultat;  cela  provient  proba- 
blement de  ce  qu'on  n  a  pas  cherché  dans  les  bons  endroits.^ 

GhâtUlon,  près  de  Montécheroux. 

Entre  les  villages  de  Montécheroux  et  de  Liebvillers  se 
trouve  une  espèce  de  promontoire  entouré  d'abrupts  de  tous 
côtés,  à  l'exception  de  celui  où  ce  promontoire  se  relie  au 
reste  du  plateau  et  où  l'on  remarque  un  vcUlum  bien  con- 
servé. Ce  camp,  qui  est  connu  des  habitants  du  pays  sous  le 
nom  de  ChâtiUon,  offre  à  peu  près  la  même  configuration  que 
celui  qui  se  trouve  près  de  Roches,  quoique  d'une  étendue 
beaucoup  plus  vaste  que  ce  dernier.  M.  Quélet  y  a  cherché 
vainement  à  la  surface  du  sol  des  instruments  en  pierre;  pour 
en  découvrir,  il  faudrait  y  pratiquer  des  fouilles. 

^  An  pied  des  rochers  qai  bornent  le  Giémont  au  nord,  se  trouve  une 
grotte,  qui  doit  renfermer  des  choses  intéressantes,  car,  d'après  la  tradi 
tion,  elle  a  servi  à  touUs  les  époques  critiques  de  lieu  de  refuge  aux  habi- 
tants des  environs. 

Nouvelle  Série  —  6*  Année.  7 


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98  REVUE  d'âlsace 

2*  STATIONS  ÉLEVÉES. 

Rochers  des  fontaines  du  parc  de  Montbéliard. 

Les  fontaines  de  Tancien  parc  de  Montbéliard  sont  dominées 
par  des  rochers  à  pic,  qui  terminent  brusquement  au  cou- 
chant un  plateau  d'une  certaine  étendue.  C'est  au-dessus  de 
ces  rochers  que  M.  Jolyet  a  découvert  le  premier  un  certain 
nombre  de  pointes  de  flèche  et  des  éclats  de  silex  blanc  et 
corné,  ainsi  que  des  ciseaux  en  aphanite  et  des  fragments  de 
haches  de  la  même  substance.  J'y  ai  également  trouvé  des 
objets  analogues.  Ils  figurent  tous  dans  le  musée  de  Montbé- 
liard. Leur  présence  prouve  que  ce  lieu  a  été  habité  à  une 
époque  très  reculée;  il  a  peut-être  été  fortifié,  mais  la  culture 
a  fait  disparaître  depuis  longtemps  les  retranchements  qui 
pouvaient  s'y  trouver. 

Ancien  cimetière  de  Béthoncourt. 

Non  loin  de  là  se  trouve  Tancien  cimetière  de  Béthoncourt, 
qui  est  entouré  de  rochers  ayant  la  forme  d'un  cirque  et  au 
pied  desquels  se  voient  des  abris-som-roche  et  une  caverne 
profonde,  appelée  par  les  gens  du  pays  berne  Voinie  (grotte 
Vernierj.  Si  l'on  y  pratiquait  des  fouilles,  on  y  trouverait  pro- 
bablement des  objets  de  l'époque  préhistorique. 

Du  village  de  Béthoncourt  on  arrive  directement  au  som- 
met de  ces  rochers  par  un  chemin  très  raide  et  encaissé,  qui 
offre  tous  les  caractères  d'un  chemin  celtique. 

Colline  des  Vieilles- Vignes  d'Hérimoncour t. 

A  l'est  d'Hérimoncourt  et  fort  près  de  ce  village  se  trouve 
une  colline  élevée,  entièrement  déboisée,  qu'on  appelle  les 
VieillêS'Vignes,  On  peut  arriver  facilement  à  son  sommet  en 
suivant  un  chemin  antique,  qui  porte  le  nom  caractéristique 
de  chemin  de  la  viUe;  il  suit  les  sinuosités  d'un  vallon  pro- 


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ÉTUDE  SUR  l'humanité  PRÉHISTORIQUE  99 

fond  arrosé  par  un  ruisseau,  qui  prend  sa  source  dans  la 
parlie  supérieure.  C'est  dans  le  printemps  de  1876  que  M.  le 
D*  Quélet  découvrit  sur  cette  colline  une  grande  quantité  de 
fragments  de  silex  molaire,  quatre  haches  polies  en  aphanite, 
des  fragments  de  la  même  espèce  d'instruments,  des  morceaux 
d'albâtre  oriental  et  d'aragonite,  d'ocre  et  de  sidérose  (fer 
épathique). 

Le  8  juin  de  la  même  année  j  ai  visité  avec  lui  cette  station, 
et  nous  y  avons  découvert  un  grand  nombre  d'éclats  de  silex 
luolaire^  uc  beau  couteau  de  la  même  substance  et  un  frag- 
ment de  hache  en  aphanite.  G  est  surtout  au  pied  et  à  l'entour 
d'une  roche,  qui  émerge  du  sommet  de  la  colline,  qu'on  a  le 
plus  de  chance  de  rencontrer  ces  objets.  De  ce  point  culmi- 
nant, très  propice  à  la  défense,  on  domine  toute  la  contrée 
voisine,  notamment  le  plateau  de  la  Bouloie,  qui  renferme 
une  station  préhistorique  très  importante,  dont  nous  parlerons. 

Il  n'est  pas  étonnant  que  la  colline  des  Vieilles-Vignes  ait 
servi  de  résidence  aux  habitants  primitifs  de  la  contrée,  qui 
n'avaient  qu'à  descendre  une  centaine  de  mètres  pour  trouver 
dans  le  ruisseau  voisin  Teau  nécessaire  à  leurs  besoins.  A  en 
juger  par  les  haches  qn*on  y  a  découvertes,  cette  localité  était 
habitée  par  les  hommes  de  l'âge  de  la  pierre  polie.  Chose  remar- 
quable, jusqu'ici  on  n'y  a  point  trouvé  de  fragments  de  poterie  ; 
mais  il  est  probable  qu'en  fouillant  le  sol  on  en  découvrirait. 
Ajoutons  que  dans  le  lit  du  ruisseau  on  rencontre  une  grande 
quantité  de  morceaux  de  grès  rouge  et  bigarré  des  Vosges, 
ainsi  que  des  quartzites,  qui  ont  été  apportés  de  ces  montagnes 
dans  les  Vieil  les- Vignes  par  les  hommes  de  cette  époque 
reculée.  Certains  de  ces  fragments,  qui  sont  polis  ou  usés, 
semblent  avoir  appartenu  à  des  pierres  à  moudre  et  à  aiguiser 


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100  REVXTE  D'ALSACE 

Ancienne  citadelle  de  Montbéliard. 

Sur  la  colline  qui  se  trouve  au  nord  de  Montbéliard  et  qui 
était  couronnée  par  une  citadelle,  détruite  en  1676  par  le 
maréchal  de  Luxembourg,  M.  Jolyet  et  moi  nous  avons  trouvé 
un  grand  nombre  de  fragments  d'aphanite  et  quelques  haches 
polies  de  la  même  substance.  Il  en  résulte  que  ce  Heu  a  été 
occupé  à  répoque  de  la  pierre  polie.  Etait-ce  une  station 
ouverte  ou  un  camp  fortifié  ?  C'est  ce  que  l'on  ne  peut  dire, 
attendu  que  le  terrain  en  a  été  remué  à  plusieurs  reprises 
et  que  tout  vestige  de  retranchements  et  d'habitations  préhis- 
toriques a  disparu  depuis  des  siècles. 

Le  Grandmont,  près  d'Hérimoncourt. 

Sur  la  lisière  du  bois  dit  le  Grandmont,  situé  entre  Vau- 
doncourt  et  Hérimoncourt,  mais  beaucoup  plus  rapproché  de 
ce  dernier  village,  se  trouvent  plusieurs  murgers  (amas  de 
pierres)  formés,  en  presque  totalité,  de  fragments  de  silex 
gris,  quelquefois  rouge;  ils  sont  tellement  nombreux  qu'on 
pourrait  en  remplir  plusieurs  voitures.  Parmi  ces  silex  on  en 
a  trouvé  qui  paraissent  être  des  haches  plates  et  rectangu- 
laires, que  l'on  peut  voir  au  musée  de  Montbéliard.  Un  autre 
de  ces  silex,  qui  appartient  à  M.  Cl.  Duvernoy,  est  indubita- 
blement une  hache,  car  les  entailles  qu'on  remarque  sur  le 
taillant  prouvent  qu'elle  a  servi  à  couper  des  matières  dures 
et  résistantes.  Certains  autres  de  ces  silex  ont  la  forme  lenti- 
culaire et  leurs  bords  sont  très  acérés.  G'étaieut  des  haches 
ou  des  grattoirs  d'une  forme  particulière. 

Dans  la  partie  supérieure  du  Grandmont,  qui  se  termine 
en  forme  de  plateau,  on  voit  un  grand  nombre  de  monticules 
pierreux,  qui  paraissent  être  des  tumuli,  k  côté  desquels  se 
trouvent  des  creux  généralement  circulaires,  qui  pourraient 
bien  être  les  restes  d'habitations  préhistoriques  ou  celtiques  ; 
pour  s'en  assurer,  il  faudrait  y  pratiquer  des  fouilles. 


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ÉTUDE  SUB  l'humanité  PBÉHISTORIQUE  101 

Colline  de  la  Ghaux^  près  de  Montbéliard. 

Le  long  de  la  route  que  le  génie  militaire  a  construite  pour 
donner  accès  au  fort  de  la  Chaux,  M.  Jolyet  a  trouvé  plusieurs 
pointes  de  flèche  en  silex,  ainsi  que  des  fragments  d'aphanite 
dans  les  yignes  du  versant  méridional  de  cette  colline.  La 
Chaux,  par  sa  position  qui  domine  la  contrée  environnante, 
était  un  lieu  très  propice  à  la  défense,  et  il  n'y  aurait  rien 
d'étonnant  qu'elle  eut  été  occupée  par  les  peuples  des  ftges 
préhistoriques.  Toutefois,  ce  n'est  là  qu'une  simple  conjecture, 
les  travaux  de  construction  du  fort  n'ayant  pas,  comme  au 
Mont  Yaudois  et  au  Mont  Bart,  mis  au  jour  des  objets  d'anti- 
quité, n  serait  bon  de  fouiller  la  partie  ouest  de  la  colline, 
qui  est  restée  intacte. 

Le  Monterot,  au  dessus  d'Hérimoncourt! 

Sur  un  plateau  en  grande  partie  boisé,  appelé  le  Monterot, 
limité  par  le  vallon  d'Hérimoncourt  et  par  celui  qui  part  de 
Seloncourt  dans  la  direction  de  Bondeval,  M.  le  D'  Quélet  a 
trouvé  une  grande  quantité  de  fragments  de  silex  molaire  ; 
ce  qui  permet  de  supposer  que  ce  lieu  était  déjà  habité  aux 
époques  préhistoriques,  et  qu'il  devait  renfermer  une  station. 
Des  recherches  ultérieurei  permettront  peut-être  d'en  déter- 
miner l'emplacement. 

Ferme  de  Parc,  près  de  Montbéliard. 

M.  Quélet  a  recueilli  au  mois  de  mai  1876,  près  du  bouquet 
de  sapins  de  la  ferme  du  Parc,  une  belle  hache  polie  en  apha- 
nite  et  un  ciseau  de  la  même  substance.  Depuis,  j'ai  fait  dans 
cet  endroit  des  recherches,  qui  ont  amené  la  découverte  d'un 
fragment  d'aphanite,  d'une  hache  polie  de  la  même  substance, 
d'une  pointe  de  flèche  en  silex  blanc  et  d'une  espèce  de  cou- 
teau en  matière  très  dure.  La  présence  de  ces  objets  prouve 
que  ce  lieu  a  été  habité  pendant  les  âges  préhistoriques.  A 


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102  RE\XE  D'ALSACE 

l'avantage  d'être  dans  une  position  élevée  et  facile  à  défendre, 
il  alliait  celui  de  se  trouver  à  proximité  d  une  source,  qui 
coule  sur  le  flanc  méridional  de  la  colline. 

Pont  Sarrazin,  près  de  Vandoncourt. 

A  Textrémité  du  vallon  pittoresque  du  Bas-des-Fonds, 
territoire  de  Vandoncourt,  se  trouve  un  rocher  qui  affecte 
la  forme  d'un  pont  à  une  arche,  connu  sous  le  nom  de 
Pùnt  Sarrazdn,  au  pied  duquel  {)rend  naissance  un  ruisseau. 
M.  Quélet  a  découvert  dans  le  courant  du  mois  d'août  1876, 
au  dessus  de  ce  rocher,  dans  l'ancien  chemin  qui  conduisait 
de  Vandoncourt  à  Abbévillers,  le  fragment  d'un  hache  polie 
en  silex  corné;  c'est  la  première  hache  de  celte  substance  qui, 
à  notre  connaissance,  ail  été  trouvée  dans  notre  contrée.  Dans 
le  même  chemin  se  rencontrent  un  grand  nombre  de  mor- 
ceaux de  silex  molaire;  enfln,  au  pied  et  au  dessus  du  pont 
Sarrazin,  il  y  t  une  grande  quantité  de  scories  de  fer,  qui 
pourraient  bien  provenir  d'une  antique  forge  située  dans  cet 
endroit.  De  la  présence  de  tous  objets,  il  résulte  qu'au  dessus 
de  ce  pont  naturel,  il  y  avait  une  station  préhistorique. 

Ballon  de  Roppe. 

Lors  de  la  construction  du  fort  de  Roppe,  on  a  découvert 
des  haches  polies  en  aphanite,  plusieurs  belles  pointes  de 
flèche  en  silex  et  un  certain  nombre  d'éclats  de  cette  der- 
nière substance.  Leur  présence  démontre  qu'il  y  avait  dans 
ce  lieu  une  station  ou  un  camp  préhistorique.  Certains  de 
ces  instruments  ont  figuré  dans  l'exposition  qui  vient  d'avoir 
lieu  à  Belfort. 

P.-E.  TUEFFERD. 


(La  fin  h  la  prochaine  livraison.  J 


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HISTOIRE 


DE 


L'ANCIEN  COMTÉ  DE  SAARWERDEN 

ET   DE 

DE  LA  PRÉVOTÉ  DE  HERBITZHEIM. 


INTRODUCTION. 

Lea  Romains  ayaient  doté  la  contrée  que  la  Saar  arrose, 
d'établissements  considérables  ;  des  tombeaux,  des  inscriptions 
votives  et  funéraires,  une  foule  d'objets  antiques  de  toute 
nature,  des  monnaies  et  des  médailles  à  TefSgie  de  la  plupart 
des  empereurs  que  Ton  y  a  découverts,  les  débris  bien  plus 
considérables  que  le  sol  a  restitués  depuis  que  les  travaux  de 
recherches  ont  été  entrepris  sur  une  vaste  échelle,  témoignent 
de  leur  séjour  dans  cette  contrée,  et  l'œil  peut  encore  suivre 
les  traces  de  leurs  chaussées,  qui  reliaient  les  bords  du  Rhin 
à  ceux  de  la  Moselle,  Tancien  Argmtoratvm  (Strasbourg),  à 
Trêves,  la  Rome  occidentale. 

Après  que  le  grand  Clodewig  eut  fondé  l'empire  des  Franks, 
cette  contrée  formait  un  pagu^  ou  district  appelé  Saargau, 
qui  se  subdivisait  en  Saargau  supérieur  et  en  Saargau  infé- 
rieur. Cepagus  dépendait  du  royaume  d'Austrasie,  dont  le 
nom  se  perdit  à  la  fin  du  VII*  siècle,  pour  prendre,  sous 
Lothaire,  celui  de  Loffè-rick  ou  Lorraine. 


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104  RE\TJE  d'ALSACE 

En  870,  après  la  mort  de  Lothaire  H,  qai  ne  laissa  pas  de 
postérité  légitime,  Charles-le-Chauve,  roi  de  France,  et  Louis 
de  Germanie,  ses  frères,  se  partagèrent  le  royaume  de  Lor- 
raine. Le  Saargau,  qui  échut  en  partage  à  Louis,  fut  réuni  à 
son  royaume  de  Germanie.  Après  la  mort  de  Louis,  Gharles- 
le-Gros,  son  fils,  hérita  du  royaume  de  Germanie,  et  lut  ensuite 
élevé  à  la  dignité  impériale  (881).  Pendant  qu'il  se  tenait 
dans  son  palais  de  Eirchheim,  en  Alsace,  il  reçut  la  nouvelle 
que  les  nobles  vassaux  de  la  couronne  l'avaient  déposé  et 
qu'Arnould,  fils  naturel  de  Garloman,  roi  de  Bavière,  était  élu 
à  sa  place.  Le  vieux  monarque  s'humilia  sous  les  coups  du 
destin;  il  fit  déposer  ses  couronnes  aux  pieds  du  prince,  qui 
avait  été  salué  du  nom  de  roi,  et  lui  promit  soumission.  Deux 
mois  après  avoir  perdu  ses  couronnes,  le  18  janvier  888,  il 
mourut  empoisonné. 

L'empereur  Arnould  termina  sa  vie  vers  la  fin  de  l'année 
899,  laissant  le  royaume  de  Lorraine  à  son  fils  naturel  Zwen- 
tibold,  qui  n'en  jouit  que  durant  quatre  ans. 

Louis  IV,  dit  TEnfmit,  fut  amené  sur  la  rive  gauche  du 
Rhin  et  reconnu  roi  de  I^orraîne.  Louis,  le  dernier  rejeton 
de  la  branche  carlovingienne  d'Allemagne,  mourut  en  911,  et 
la  couronne  de  Lorraine  revint  à  Gharles-le-Simple ,  roi  de 
France;  mais  ce  prince,  plus  malheureux  que  simple,  ne  jouit 
pas  longtemps  du  plaisir  que  lui  avait  causé  l'acquisition  de 
ce  pays  ;  il  fut  déposé  par  les  nobles,  qui  se  divisèrent  sur  le 
choix  de  son  successeur;  les  uns  voulaient  Raoul,  roi  de  Bour- 
gogne, les  autres  appuyaient  Henri-l'Oiseleur,  roi  de  (îerma- 
nie.  Raoul  accourut  en  921  en  Lorraine  et  à  l'instigation  de 
Wigerich,  évoque  de  Metz;  il  tourna  d'abord  ses  armes  contre 
la  forteresse  de  Saverne,où  Henri  avait  placé  quelques  troupes 
pour  protéger  ce  pays.  Mais  comme  il  ne  pouvait  vaincre  la 
garnison  allemande,  qui  se  défendait  avec  la  plus  grande  opi- 
niâtreté, il  quitta  l'Alsace.  L'évêque  de  Metz  continua  le  siège 
de  Saverne  avec  vigueur,  et  lorsque  la  garnison  vit  qu'elle 


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SAABWEBDBN  ET  HERBITZHEIM  106 

comptait  en  vain  sur  le  secours  de  Henri,  elle  rendit  la  place 
que  le  prélat  messin  fit  raser.'  Henri-l'Oiseleur,  malgré  la 
perte  de  Saveme,  ne  désespéra  pas  d'obtenir  le  royaume  de 
Lorraine  ;  dans  Tannée  938  il  conduisit  udo  armée  sur  la  rive 
gauche  du  Rhin  et  contraignit  toute  la  Lorraine  à  reconnaître 
sa  domination.  C'est  ainsi  que  la  Lorraine  fut  détachée  de  la 
couronne  de  France,  et  bien  des  siècles  deyaient  s'écouler  avant 
qu'elle  y  retournât. 

Le  roi  Henri  nomma  Gislebert,  son  gendre,  premier  duc 
bénéficiaire  de  Lorraine;  celui-ci  eut  pour  successeur  Henri, 
frère  de  l'empereur  Othon.  En  967  ce  malheureux  pays,  qui 
avait  été  l'objet  et  le  théâtre  de  si  longues  disputes,  fut  par- 
tagé, à  raison  de  son  étendue,  en  deux  gouvernements  ou 
duchés.  Le  supérieur,  appelé  d'abord  MaseUam^  reprit  dans 
la  suite  le  nom  originaire  de  Lorraine.  Metz  en  était  le  chef- 
lieu  ;  il  comprenait  le  pays  situé  entre  la  Moselle,  la  Saar  et 
la  Meuse.  L'inférieur,  appelé  Basse- Lorraine^  renfermait  tout 
le  pays  situé  entre  la  Meuse  et  l'Escaut,  et  entre  ces  fleuves 
et  le  Rhin  ;  Âix-la  Chapelle  en  était  la  capitale.  En  1048  le 
duché  de  la  Haute-Lorraine  tomba  en  partage  à  Gérard  d'Al- 
sace et  à  ses  successeurs,  aïeux  de  l'auguste  maison  de  Lor- 
raine-Habsbourg. A  cette  époque  la  contrée;  située  entre  le 
duché  de  la  Haute-Lorraine  et  l'Alsace,  et  qui  fut  appelée, 
dans  la  suite,  le  Westerreich,  Westerrich  ou  simplement 
Westrich  ',  était  administrée  par  des  comtes  provinciaux,  qui 
étaient,  dans  le  principe,  de  simples  officiers  amovibles  et  révo- 
cables à.  volonté.  Mais, lorsque  dans  la  suite,  la  décadence  du 

*  Frodoardi  annales  apud  Pertz,  v.  !•',  p.  372. 

*  Le  fragment  de  l'ancien  royaume  de  Lorraine  était  borné  an  nord 
par  le  pays  de  Limbonrg  et  Télectorat  de  Cologne,  an  sud  par  l'Alsace, 
à  Test  par  le  Palptinat  et  à  Touest  par  le  grand-Juché  de  Luxembourg. 
On  croit  généralement  que  cette  contrée  avait  été  appelée  Westerreich 
ou  Westreich,  c'est-à-dire  royaume  d'Ouest,  pour  le  distinguer  de  VOster- 
reich  on  du  royaume  d'Ost  ou  du  Levant  ;  mais  selon  M.  Mone,  le  savant 
directeur  des  archives  du  grand-duché  de  Bade,  cette  dénomination 


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106  EBVUE  D'ALSACE 

pouvoir  impérial  s'opéra  peu  à  peu,  et  que,  simultanément 
avec  cette  décadence,  s'élevait  graduellement  la  puissance  de 
ces  officiers,  ils  devinrent  héréditaires.  Choisis  parmi  les 
dynastes  les  plus  opulents  de  la  contrée,  dont  Tadministration 
leur  était  confiée  par  les  chefs  de  la  nation,  qui  croyaient  les 
attacher  par  là  à  leur  service  et  à  leurs  intérêts,  ils  surent 
profiter  habilement  des  discordes  perpétuelles  et  des  inimitiés 
violentes,  qui  régnaient  entre  la  France  et  l'Allemagne,  pour 
usurper  sur  les  ruines  de  la  puissance  impériale  la  plupart 
des  droits  régaliens  et  obtenir  des  privilèges  les  plus  étendus. 
Ils  se  rendirent  pour  ainsi  dire  indépendants  et  se  créèrent, 
à  l'ombre  du  trône,  de  petites  souverainetés  régaliennes,  en 
réunissant  aux  pays  dont  l'administration  leur  était  confiée, 
leurs  alleux  déjà  considérables.  Les  princes  de  l'Eglise  que  le 
système  féodal  avait  élevés  à  un  haut  degré  de  puissance, 
ajoutèrent  aux  privilèges  que  ces  officiers  avaient  su  arracher 
aux  empereurs,  de  grands  domaines,  des  concessions  de  terri- 
toire, dont  le  sacrifice  devait  leur  être  bien  peu  onéreux,  parce 
qu'ils  n'en  tiraient  que  peu  de  profit  et  qu'ils  avaient  besoin 
de  vassaux,  qui  fussent  toujours  prêts  à  marcher  sous  leur 
bannière. 

L'histoire  nous  apprend  que  les  anciens  juges  provinciaux, 
auxquels  le  titre  de  Grafon  de  Senior  était  affecté,  ajoutaient 
à  ce  nom,  qui  ne  passait  qu'à  Faîne  de  leurs  enfants,  celui  de 
leur  province  qu'ils  administraient,  ou  bien  le  nom  du  châ- 
teau qu'ils  avaient  choisi  pour  demeure. 

Parmi  les  hommes  de  haute  naissance,  qui  cherchaient  à 
agrandir  leurs  possessions  par  toute  sorte  de  moyens  et  s  effor- 


serait  celtique  et  voudrait  dire  le  haut  pays,  das  Hochland  (Recherches 
celtiques,  p.  125).  Le  Westrich  comprenait  le  duché  de  Deux-Ponts,  la 
principauté  de  Birckenfeld  et  celle  de  Siminern,  les  comtés  deSpanheim, 
de  Veldenz,  de  Lûtzelstein,  de  Leiningen,  de  Saarbruck,  de  Saarwerden 
et  de  Bitche,  la  seigneurie  de  Finstiiigen  et  une  foule  de  petites  sei- 
gneuries. 


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saàrwebden  et  herbttzheim  107 

çaient  de  se  tailler  une  petite  souveraineté  dans  ce  fragment 
de  l'ancien  royaume  de  Lorraine,  qu'on  appelait  le  Westreich^ 
apparaissent  dans  les  documents  diplomatiques,  dès  le  XII* 
siècle,  les  comtes  de  Saarwerden,  qui  tiraient  leur  nom  d'un 
château  féodal  assis  sur  la  Saar,  à  deux  kilomètres  en  amont 
de  la  ville  de  Bouquenom  (Saarbockenheim,  aujourd'hui  Saar- 
Union).  Le  comté  qu'ils  surent  se  créer,  était  situé  au  diocèse 
de  Metz;  il  s'étendait  sur  les  deux  rives  de  la  Saar  et  avait 
pour  limites,  au  nord  l'avouerîe  de  Herbitzheim  et  le  duché 
de  Lorraine,  au  sud  la  seigrïeurie  de  Fénétrange  (Pinstingen) 
et  le  comté  de  la  Petite-Pierre  (Liitzelstein),  à  Test  le  comté 
de  Bitche,  la  seigneurie  de  Diemeringen  et  le  comté  de  la 
Petite-Pierre,  et  à  l'ouest  la  seigneurie  de  Saar-Albe  et  celle 
de  Fénétrange.  U  renfermait  deux  villes  situées  sur  la  rive 
droite  de  la  Saar,  Saarwerden,  qui  signifie  île  de  la  Saar,  et 
Boucquenom ;  lune  en  était  la  forteresse  et  l'autre  le  siège 
de  ses  dicastères,  la  résidence  des  autorités. 

La  ville  de  Saarwerden,  descendue  actuellement  au  rang 
d'un  simple  village,  qui  porte  le  nom  de  Vieux-Saarwerden, 
se  glorifiait  autrefois  du  titre  de  chef-lieu  du  comté  ;  elle  était 
bâtie  sur  la  rive  droite  de  la  Saar  et  entourée  au  nord,  au 
sud  et  à  l'est  d'un  large  et  profond  fossé,  qui  était  alimenté 
par  une  rivière;  deux  portes  appelées  Saarburgerthor  et 
Bockenlmmerthor  y  donnaient  accès  ;  ces  issues,  percées  au 
nord  et  au  sud,  étaient  surmontées  de  tourelles  et  munies  de 
herses  et  de  mâchicoulis  comme  toutes  les  portes  fortifiées 
du  moyen-âge.  Cette  localité  n'offre  plus  que  de  rares  vestiges 
de  son  ancienne  splendeur;  les  eaux  de  la  Saar  baignent  les 
ruines  du  château  féodal,  qui  lui  avait  donné  la  naissance  et 
le  nom,  et  Bucelin  lui  donne  le  titre  de  ville  :  Civitas  cum 
arce  magnijica  et pervetusta} 

L'église  paroissiale  de  celte  localité,  placée  sous  le  vocable 
de  Saint-Barthelémi,  était  eu  même  temps  collégiale  ;  le  cha- 

*  German,  sacra  et  prof,,  t.  II,  p.  118. 


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106  REVUE  DAL8ACE 

pitre,  gui  se  composait  d'un  prévôt  et  de  cinq  chanoines,  était 
uni  à  la  paroisse,  mais  il  a  cessé  d'exister  depuis  longtemps. 

Saarwerden  peut  même  revendiquer  les  honneurs  d*une 
illustre  origine,  car  en  fouillant  les  ruines  de  son  vieux  chft- 
teau,  on  a  reconnu^  parmi  leur  maçonnerie,  des  restes  de  murs 
oflrant  des  vestiges  de  bains  romains.^ 

En  1778,  à  Tépoque  où  Durival  fit  paraître  la  description 
de  la  Lorraine,  on  y  voyait  encore  quelques  vestiges  du  chft- 
teau,  une  porte  entière  de  la  ville  et  quelques  restes  de  ses 
anciens  murs.  2 

Une  tradition  fort  accréditée  raconte  que  du  chftteau  de 
Saarwerden  il  partait  un  souterrain  de  dix  kilomètres  de 
longueur,  qui,  passant  sous  la  Saar^  communiquait  avec  le 
chftteau  de  Geroldseck,  située  au  bord  de  cette  rivière  sur  le 
territoire  de  Niederstinzel.' 

Bouquenom  est  une  très  vieille  ville,  dont  l'origine  se  perd 
dans  la  nuit  du  moyen-ftge;  elle  était  fermée  de  murailles 
percées  de  deux  portes,  flanquées  d'anciennes  tours  et  entou- 
rée d'un  large  et  profond  fossé.  L'une  de  ces  portes  s'ouvrait 
vers  le  sud  et  s'appelait  la  porte  de  Sarrebourg  ou  Oberihor, 
et  l'autre,  vers  le  nord,  portait  le  nom  de  porte  de  Saar-Albe 
ou  Niederthor.  Outre  ces  mesures  de  défense,  la  ville  était 
dominée  par  un  château  flanqué  de  tourelles  à  ses  angles  et 
enroulés  de  larges  fossés.  Ce  chftteau  fermait  une  enceinte 
séparée,  ihais  tangente  à  celle  de  la  ville;  un  antique  pont 
reliait  celle-ci  à  la  rive  gauche  de  la  Saar. 

La  ville  de  Bouquenom  portait  pour  armoiries  d'azur  à  la 
bande  ondée  d'argent,  figurant  une  rivière  ;  elle  faisait  partie 
de  l'archidiaconat  de  Sarrebourg  et  était  le  siège  du  dix-neu- 
vième chapitre  rural  de  l'évêché  de  Metz  ;  son  église  parois- 
siale est  placée  sous  l'invocation  de  Saint-Georges:  elle  se 

*  Schœpflin-Ravenez,  YAla.  illus,,  t.  I,  p.  603. 

*  Tome  II,  p.  249. 

*  Michel,  Statistique  de  la  Meurthe,  1822,  p.  290 


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SAARWERDEN  ET  HERBITZHEIM  109 

termine  par  une  abside  pentagonale;  la  nef  est  plafonnée,  mais 
Tayant-chœur  et  le  chœur  et  les  deux  chapelles  latérales 
dédiées  Tune  à  la  Sainte-Vierge  et  l'autre  à  Saint*  François- 
Xavier,  sont  voûtés;  la  tour  a  été  reconstruite  en  1754. 

Il  est  fait  mention  de  Buchenheim  dans  la  bulle  que  le  pape 
Alexandre  III  émit,  en  H78,  en  faveur  de  l'abbaye  de  Neu- 
willer:  le  monastère  alsacien  possédait  dans  cette  localité  la 
dîme  d'une  terre  salique  que  le  souverain  pontife  lui  confirma.' 

La  ville  de  Bouquenom  a,  selon  toutes  les  probabilités, 
remplacé  un  établissement  romain:  d'antiques  substructions 
découvertes  au  haut  de  la  colline  à  laquelle  elle  s'adosse,  per- 
mettent de  le  supposer,  et  l'exhumation,  dans  son  enceinte 
même,  de  belles  colonnes  antiques  et  d'une  foule  de  médailles 
et  de  monnaies  romaines,  donnent  à  cette  supposition  un  grand 
air  de  rraisemblance.  L'ancienne  route  de  Bouquenom  à  Deux- 
Ponts  était  une  voie  romaine,  dont  une  partie  porte  encore 
le  nom  de  chemin  des  Romains  {RSmerweg).  Le  nom  de  cette 
ville  (Buckenum,  Buchenheim  ou  Bockenheim)  trahit  une 
origine  celtique  et  se  rattache  aux  mots  boekm^  buchem  et 
um,  lesquels  signifient  petite  cour,  petite  ferme,  de  sorte  que 
k  traduction  littérale  de  Buckenum  ferait  dans  l'idiome  du 
pays  Kkinhofm^ 

Tous  les  habitants  du  comté  de  Saarwerden  étaient  dans 
l'origine  des  serfs  que  leur  naissance  liait  à  la  glèbe,  mais 
ceux  des  villes  de  Bouquenom  et  de  Saarwerden  par- 
vinrent^ au  moyen  de  concessions  de  leurs  seigneurs  ou  silen- 
cieusement et  à  l'aide  du  temps,  à  acquérir  des  privilèges  et 
des  franchises,  et  à  s'élever  au  rang  de  citoyens  libres,  jouis- 
sant de  la  liberté  d'émigration  et  de  tous  les  droits  attachés  à 
ce  beau  titre. 

Au  XIP  siècle  les  comtes  de  Saarwerden  étaient  chargés, 
au  nom  de  l'Empire,  de  Tadministration  de  la  justice  et  de'la 

^  ScHŒPFLiN,  AUatia  diplomatica,  t.  I,  p.  265 
*  MONE,  Recherches  ceUiqxtes,  p.  50. 


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110  REVUE  D'ALSACE 

police  dans  \epagii8  de  la  Blie$  ou  le  BUesgau^  où  ils  possé- 
daient de  grands  biens  allodiaux,  et  lorsque  le  temps  eut 
fondé  leur  souveraineté  territoriale,  ils  abandonnèrent  leur 
rôle  primitif  de  rendre  la  justice  et  faisaient  exercer  la  juri- 
diction par  des  juges  de  leur  investiture  ;  ils  considéraient 
non-seulement  le  comté,  qui  portait  leur  nom,  mais  encore 
une  partie  du  pagus  de  la  Blies  comme  leurs  possessions  par- 
ticulières, transmissibles  de  droit  à  leurs  descendants;  ils  les 
gouvernaient  en  toute  indépendance  dans  la  mouvance  supé- 
rieure de  l'Empire,  et  y  exerçaient  la  pleine  supériorité  terri- 
toriale, le  droit  de  faire  lever  des  tailles  sur  leurs  sujets, 
d'ordonner  des  corvées,  de  leur  faire  prendre  les  armes  pour 
la  défense  de  leurs  Etats  et  de  faire  telles  ordonnances  que 
bon  leur  semblait.  Ils  établissaient  les  baillis  et  les  officiers, 
les  changeaient  et  les  destituaient  selon  leur  bon  plaisir.  lis 
étaient  Etat  cf  empire,  jouissaient  du  bénéfice  de  l'immédiateté 
et  étaient  législateurs  dans  leurs  domaines.  Us  cherchaient 
par  tous  les  moyens  à  augmenter  et  à  fortifier  leur  puissance. 
Ils  avaient  des  vassaux  à  qui  ils  imposaient  le  devoir  de  la 
fidélité  et  du  service  féodal,  et  des  nobles  d'un  ordre  inférieur 
se  rangeaient  sous  leur  bannière  et  s'engageaient  pour  la 
défense  de  leurs  châteaux.  Parmi  ces  derniers  figurent  des 
nobles,  qui  prenaient  le  nom  du  château  de  Saarwerden,  dont 
la  garde  leur  était  confiée,  et  qui  n'étaient  peut-être  que  des 
enfants  de  la  maison,  nés  hors  d'un  mariage  légitime,  et  aux- 
quels on  avait  conservé  le  nom  de  leur  origine  avec  une  qua- 
lification inférieure.  Les  comtes  de  Saarwerden  avaient  des 
rapports  fréquents  et  même  des  conflits  d'intérêts  avec  les 
seigneurs  d'Alsace.  On  les  vit  prendre  une  part  très  active 
aux  troubles  qui  agitaient  la  Lorraine  et  le  Westreich,  par- 
tager leur  vie,  conformément  aux  mœurs  du  temps,  entre  la 
guerre  et  la  dévotion,  et  se  signaler  à  toutes  les  époques,  non- 
seulement  par  leur  vaillance,  mais  encore  par  leur  libéralité 
envers  les  églises  et  les  monastères.  Ils  tenaient  un  rang  dis- 


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SAARWERDEN  ET  HERBITZHEIM  111 

tingaé  parmi  les  nobles  et  les  dynastes  du  moyen-ftge,  et  les 
villes  et  les  chftteaux  qu*ils  avaient  à  leur  disposition  leur 
donnaient  beaucoup  de  relief.  Pour  maintenir  la  splendeur  de 
leur  maison,  ils  conservaient  dans  lïndivision  le  comté  de 
Saarwerden  et  n'en  partageaient  que  les  revenus  ;  ils  évitaient 
d'en  faire  un  partage  définitif  et  perpétuel,  suivant  la  coutume 
généralement  suivie  par  la  noblesse  allemande.  Ils  portaient 
pour  armoiries:  de  sable  à  une  aigle  à  deux  têtes,  éployée  d'ar- 
gent, becquetée  et  membrée  d'or  et  languée  de  gueules,  au 
cimier  une  tête  de  loup  d'or.' 

Les  fourches  patibulaires,  signe  matériel  de  la  haute  jus- 
tice que  les  comtes  de  Saarwerden  exerçaient  dans  leur  comté, 
s'élevaient  sur  le  territoire  de  Zollingen  ',  non  loin  de  rem- 
placement où  le  XVIIP  siècle  vit  construire  la  ville  de  New- 
Saarwerden . 

A  une  époque  où,  par  la  faiblesse  ou  la  disparution  de  l'au- 
torité impériale,  les  grands  et  les  dynastes  se  virent  contraints 
à  se  rattacher  à  des  princes  voisins  plus  grands  et  plus  puis- 
sants qu'eux,  pour  en  obtenir  protection  et  garantie  pour 
leurs  possessions,  les  comtes  de  Saarwerden  devinrent  les 
vassaux  des  évêques  de  Metz  et  des  archevêques  de  Trêves 
et  leur  prêtèrent  foi  et  hommage.  Dès  le  XII*  siècle,  le  comté 
de  Saarwerden  relevait  de  l'évêché  de  Metz,  et  s'il  fallait  en 
croire  Dom  Galmet  ^  le  lieu  féodal,  qui  l'attachait  à  cette  Eglise, 
serait  bien  plus  ancien.  Toutefois,  toutes  les  possessions  des 
comtes  de  Saarwerden  n'étaient  pas  féodales,  et  il  faut  res- 
treindre cette  qualité  à  Bouquenom,  à  Saarwerden  et  à  une 
métairie  sise  à  Wiberswiller*,  qui  relevaient  de  l'évêché  de 
Metz,  et  à  la  ville  et  au  château  de  Saint-Laurent  (Sanct  Lau- 


*  Dans  l'armoriai  de  Sibmacher,  P.  11,  P.  13,  l'aigle  de  Saarwerden 
n'a  qu'une  tête. 

*  N.  Eberhard:  CansuU.  pro  Lolhar.  duce,  p.  91 . 

*  Notice  de  Larraine,  t.  II,  in-S®.  Saarwerden. 
*'  Village  au  canton  d'Alberstrof. 


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112  REVUE  D*ALSACE 

rencien,  aujourd'hui  Lorentzen),  qui  étaient  arec  les  villages 
de  Wachten  et  de  LimbacbS  un  fief  oblat  de  Téglise  de 
Trêves.  Ils  possédaient  encore,  à  titre  de  fief  d'Empire,  le  droit 
de  péage  et  d'escorté  qui  leur  avait  été  conféré  à  une  époque 
où  les  grands  chemins  étaient  infestés  de  voleurs  et  de  bri- 
gands, pour  que  les  voyageurs  pussent  traverser  avec  sécurité 
leurs  domaines.  Dans  le  Bliesgau  ils  possédaient  le  château 
de  Eirkel  '  et  de  grands  domaines  allodiaux,  qu'ils  transmirent 
à  leur  descendance  féminine,  et  les  comtes  de  Hobenbourg 
(Hombourg.  Hœnberc),  qui  tiraient  leur  origine  des  conates 
de  Saarwerden,  y  avaient  construit  sur  la  pointe  rocailleuse 
d'une  haute  montagne,  au  pied  de  laquelle  repose  la  ville  de 
Hombourg  ',  un  château,  qui  reçut  de  sa  situation  le  nom  de 
Eohe  Burg,  Hohenbourg,  lequel  se  changea  dans  la  suite  en 
Hombourg.* 

Le  livre  apocryphe  des  tournois  fait  remonter  les  conoites 
de  Saarwerden  jusqu'au  X*  siècle  et  veut  que  Louis,  comte 
de  Saarwerden,  ait  assisté,  en  988,  au  prétendu  tournoi  de 
Magdebourg.  Les  généalogistes,  qui  n'ont  pas  dédaigné  de 
puiser  à  cette  source  impure,  nous  donnent  une  série  de 
comtes  que  l'histoire  ne  connaît  pas.  GroU,  le  jeune  (de  Deux- 
Ponts),  est  le  seul  généalogiste,  qui  nous  ait  donné  dans  ses 
Origines  bipontines^,  une  généalogie  raisonnée  et  presque 
exacte  de  ces  seigneurs,  et  le  premier  qui  ait  cherché  à  éclair- 
cir  leur  origine,  sans  pouvoir  parvenir  à  percer  les  ténèbres 
qui  l'entourent.  Aujourd'hui  il  est  généralement  admis  que 

^  Ces  deux  villages  ont  disparu  depuis  longtemps;  leurs  territoires  ont 
été  réunis  à  celui  de  Lorentzen. 

'  Les  ruines  de  ce  château  couronnent  une  colline  près  de  Kirkel, 
village  du  canton  de  Waldmoor  (Bavière  rhénane).  Ce  château  est  célèbre 
dans  l'histoire  d'Alsace  par  la  captivité  qu'y  subit,  en  1337,  l'évêque  de 
Strasbourg,  Berthold  de  Bucheck. 

*  Hombourg  dans  la  Bavière  rhénane. 

*  M.  Lehmann,  Histoire  des  châteaux  forts  de  la  Bavière  rhénane  (en 
allemand),  t  V,  p.  175. 

*  Tome  I,  p.  126,  tab.  1. 


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SAARWERDEN  ET  IIERBITZHEIM  113 

ieâ  comtes  de  Saarwerdea  ont  ane  origine  commune  avec  les 
comtes  de  Saarbruck  '  et  qu'ils  descendent  de  Wigerich,  comte 
des  Ardennes,  qui  parait  avoir  vécu  depuis  880  jusqu'en  945, 
sous  Arnould,  Zwentibold,  Louis  IV,  dit  VEfr\fant^  et  Conrad  I". 
Selon  le  témoignage  de  son  fils,  Adelbert  I",  évêque  de  Ver- 
dan,  Wigerich  était  issu  d'une  ancienne  famille  franke,  sou- 
vent honorée  des  premières  charges  du  royaume.  Sigebert, 
comte  du  Saargau,  le  plus  jeune  fils  de  Frédéric,  comte  de 
Luxembourg,  Tua  des  de>cendanta  du  comte  des  Ardennes, 
qui  vécut  depuis  1018  jusqu'en  1085,  fut  la  tige  de  comtes 
de  Saarbruck  et  de  Saarwerden.  On  dérive  les  comtes  des 
Ardennes  d'Olhon,  duc  de  la  Lorraine  Mosellane  ^  qui  eut  pour 
père  Rucuin,  pecond  fils  de  Gislebert,  gendre  de  l'empereur 
Lothaire,  dont  il  avait  enlevé  la  fille,  Trmengarde. 

Dès  les  temps  les  plus  reculés  du  moyen-âge  l'économie 
rorale  s'était  développée  sur  une  grande  échelle  dans  \epagu8 
de  Iwl  Saar;  on  y  cultivait  la  plupart  des  céréales,  les  prairies 
y  fetaient  l'objet  de  soins  assidus,  elles  étaient  irrigées  et 
engraissées,  l'élève  du  bétail  y  était  dans  un  état  prospère  et 
progressif;  la  culture  de  la  vigne  n'y  était  pas  même  incon- 
nue. Il  n'est  pas  douteux  que  de  grandes  propriétés,  de  grands 
domaines  ne  se  soient  formés  dans  ce  fragment  microsco- 
pique du  grand  pagiis  de  la  Saar,  qui  devint  dans  la  suite 
Tapanage  des  comtes  de  Saarwerden.'  C'était  la  métairie,  la 
ierme,  la  cour  ou  Hof.  Ces  exploitations  rurales  donnèrent 
naissance  à  des  villages,  dont  quelques-uns  subsistent  encore 
de  nos  jours. 

Le  recueil  diplomatique  connu  sous  le  nom  de  Traditiones 
Wizer^urgenses  et  dont  nous  devons  la  publication  au  regret- 

*  H.  Lehmann,  ouvrage  cité,  t.  V,  p.  230. 

'  De  Turkheim,  Histoire  généalogique  de  la  maison  de  Hesse^  tome  I, 
p.  50. 

*  Hoke,  Revue  pour  l^histoire  du  Haut-Rhin  (en  allemand),  tome  III, 
P.  268. 

NonveUe  Série.  —  &»•  Année.  8 


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114  REVUE  D'ALSACE 

table  M.  Zeuss',  ce  savant  moissonné  avant  l'âge,  nous  a  con- 
servé le  souvenir  d'une  fouie  de  fermes  et  d'établissements 
ruraux,  que  le  VHP  et  le  IX*  siècle  avaient  vus  s'élever  sur 
les  bords  de  la  Saar,  «  in  pngo  saroime,  »  et  sur  les  rives  de 
TEichel,  c  m  pngo  aquilinse  super  fluvio  Aquila.  » 

La  plupart  de  ces  fermes  ont  disparu,  le  sol  lui-même  n'en 
a  gardé  aucune  trace  apparente  et  le  souvenir  s  en  est  éteint 
dans  la  mémoire  des  habitants  de  cette  contrée. 

A  quelle  époque  ces  fermes  et  ces  villages  ont-ils  été 
détruits?  Nul  ne  peut  le  dire  d'une  manière  précise,  mais  ou 
trouve  dans  les  guerres  sans  cesse  renaissantes,  qui  ont  dévasté 
le  Weslreich  pendant  le  moyen-âge,  des  causes  plus  que  suffi- 
santes pour  expliquer  leur  disparutîon  et  leur  destruction. 

Le  plus  ancien  registre  des  biens  et  des  revenus  du  comté 
de  Saarwerden,  qui  soit  parvenu  à  ma  connaissance,  a  été 
rédigé  vers  le  milieu  du  XIV'  siècle*;  il  est  intitulé  :  «  Dw 
(st  soliche  Gtitk  also  zti  der  herschefte  von  Sarwerde  horet, 
als  hienach  geschribm  slat  an  allen  gutlen*;  il  énumère  les 
localités  où  les  comtes  de  Saarwerden  possédaient  des  biens 
ou  percevaient  des  rentes  et  des  redevances;  ces  localités 
étaient  : 

1 .  Wyger  bi  Druldingen.' 

2.  Sinewilre.* 
S.  Burbach. 

^  Ce  savant  professeur  et  paléographtj  naqaît  Ib  28  juillet  1806  à  Vo(^ 
tandorf,  près  de  Kronach  (  Bavière)  ;  atteint  d'un  mal  incurable,  il  se 
rendit  dans  la  localité»  qui  Tavait  vu  naître,  et  y  mourut  le  . .  novembre 
1856. 

*  Le  dépôt  provincial  de]  la  Prusse  rhénane  à  Coblence,  renfermait 
une  partie  des  archives  de  l'ancien  comté  de  Saarwerden. 

M.  Eltester,  archiviste  et  gardien  de  ce  dépôt,  a  été  autorisé,  déjà 
avant  la  cruerre  de  1870,  à  me  donner  communication  des  archives  des 
anciens  comtes  de  Saarwerden  et  a  eu  l'obligeance  de  me  faire  faire  une 
copie  de  Tinventaiie  analytique  de  C",  fonds,  qui  vient  d'être  versé  aux 
archives  départementales  de  la  Basse-Alsace. 

*  Weyer,  près  de  Drulingen. 

*  Siewiller. 


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SAARWBRDEN  ET  IIERBITZHETM  115 

4.  Yschen.' 

5.  Exwîlre.' 

6.  Le  moulin  de  Witelfingen.* 

7.  Harskîrchen. 

8.  Berge.* 

9.  Retresingen.* 
10.  Dursfolden." 
H.  Sarwerde. 
12.  Macwilre.' 
18.  Dunevassel.* 

14.  Drimraîllen.' 

15.  Buchenbeim. 

16.  Polstorf." 

17.  Berendorf. 

18.  Druldingen.'' 

19.  Vilderdîngen.^* 

20.  Wolbcskirchen.^* 

21.  Diedendorf. 

22.  Bistorf.** 

23.  Buscherol.*» 

24.  Sanct-Lorencîcn.'* 

25.  Odewilre.^' 

26.  Schopperten. 

27    Lare  gine  site  Munster.*' 

*  Village  détruit;  il  existait  près  de  remplace nent  où  se  trouve  le 
monlin  appelé  hchermiihle ,  ban  de  Hirschland. 

■  Eschwiller. 

•  Videlange,  ferme  et  moulin  sur  le  territoire  de  Gelucourt,  près  de 
Dienze. 

*  Berg.  —  *  Grosredersching,  canton  de  Rohrbach. 

•  Darstel.  —  '  Mackwiller.  —  •  Domfessel. 

'  Dirmulen,  village  détrnit,  il  existait  près  du  village  de  Hambach. 
*•  Postrof,  canton  de  Fénétrange.  —  **  Drulingen. 
*•  Vœllerdingen.  —  *•  Wolfskirchen.  —  **  Pistorf. 
*  •  Buscherhof,  annexe  de  Rimsdorf. 
*•  Lorenlzen.  —  "  Ottwiller.  -    ^'  Lhor,  canton  d'Albeslrof 


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116  REVUE  D'ALSACE 

28.  Furt.* 

29.  Hirslanden.* 
80.  Ruwilre.» 

31.  Steinbach.* 

32.  Zollingen. 


CHAPITRE  I. 
Les  comtes  de  Saairw^erden. 

Le  premier  comte  de  Saarwerden,  qui  soit  mentionné  dans 
les  documents  diplomatiques,  se  nommait  Frédéric;  c'était  un 
des  seigneurs  les  plus  considérables  du  Westreich,  il  fut  le  chef, 
la  tige  de  sa  race,  il  vivait  au  commencement  du  XII*  siècle 
et  était  marié  à  la  comtesse  Gertrude,  dont  le  nom  de  famille 
n'est  pas  connu. 

Ce  seigneur,  sous  l'inspiration  d'une  sainte  résolution,  fil 
construire  sur  le  sommet  d'une  montagne  appelée  Werners- 
willer  ou  Wœrschwiller  et  située  au  diocèse  de  Metz. à  égale 
distance  de  Hombourg,  de  Bliescastel  et  de  Deux-Ponts,  un 
couvent  et  une  église  d'une  manière  conforme  à  sa  grande 
fortune;  sa  femme  Gertrude  et  son  fils  Folmar  s'associèrent 
à  son  pieux  dessein.  En  1131,  aussitôt  qu'il  eut  acquis  la 
certitude  que  l'église  et  le  monastère  qu'il  avait  fondés,  étaient 
susceptibles  d'être  consacrés,  il  pria,  du  consentement  d'E- 
tienne de  Bar,  évoque  de  Metz,  le  cardinal  Mathieu,  évêque 
d'Albe  et  légat  apostolique  en  Allemagne,  de  faire  à  sa  fon- 
dation l'honneur  de  la  bénir.  Cette  sainte  cérémonie  eut  lieu 
avec  une  grande  solennité*;  elle  attira  une  affluence  consi- 

*  Village  disparu.  —  *  Hirschiand.  —  *  Rauwiller. 

*  Annexe  de  Gueblange,  canton  de  Saaralbe. 

'  Crollius  junior,  Origines  hipontines,  t.  I,  p.  127. 


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3AARWERDEN  ET  HERBITZHEm  117 

dérable  d'hommes  et  de  femmes,  de  nobles  et  de  serfs,  d'ecclé- 
siastiques et  de  laïques,  qui  donnèrent  de  grands  éloges  à  la 
fête  et  apprécièrent  l'exemple  que  ce  grand  seigneur  donnait 
à  son  siècle  et  à  la  postérité.  Le  nouveau  monastère  fut  placé 
sous  l'inyocation  de  la  bienheureuse  vierge  Marie  et  destiné 
à  abriter  une  colonie  de  religieux  de  l'ordre  de  Saint-Benoît. 
Le  comte  Frédéric  I"  le  dota  richement  suivant  l'esprit  du 
siècle;  il  lui  fit  donation  de  la  montagne  et  du  hameau  de 
Wernerswiller,  d'Urribach  \  de  BIy?ebrucken'  et  de  Richers- 
kirchen  *,  qui  étaient  des  francs-alleux  de  sa  maison,  et  lui 
accorda  les  exemptions  les  plus  étendues,  ain^i  que  toutes  les 
dîmes  de  Volcardeskirchen*  à  Mûlenbach.* 

Le  couvent  reçut  le  nom  de  Wernerswiller,  Wernersweiler, 
Wernsweiler,  en  latin  WernerimUerinm  et  en  français  War- 
newlller;  il  est  encore  appelé  dans  les  actes  et  les  documents 
diplomatiques  tantôt  Wersweiler,  tantôt  Wcrschweiler  ou 
Wœrschweiler,  et  quelquefois  il  est  simplement  désigné  sous 
le  nom  de  Marienberg.  Son  église  fut  destinée  à  servir  de 
sépulture  à  son  fondateui''  et  aux  membres  de  sa  famille  ; 
l'abbaye  de  Hornbacb  y  envoya  quelques  religieux,  qui  y 
vécurent  pendant  quelque  temps  sous  l'autorité  d'un  prieur. 

Folmar,  comte  de  Saarwerden,  succéda  à  son  père,  Frédé- 
ric I",  vers  Tan  1149;  il  signa,  comme  témoin,  le  10  août  de 
cette  année,  la  charte  par  laquelle  Henri,  évoque  de  Toul, 
confirma  les  biens  et  les  privilèges  de  labbaye  de  l'Ëtanche.' 
Vers  l'an  1180,  Mathieu  I**,  duc  de  Lorraine,  lui  fit  écrire  par 

^  Village  de  l'ancien  canton  de  Yolmûnster. 

*  Village  'la  canton  de  Sarregne mines. 

'  Reiskirchen,  village  du  canton  de  Homboarg,dans  la  Bavière  rhénane. 

*  Vœlkerskirchen,  village  détruit. 

•  MCihibach,  villaf?edu  canton  de  Landstuhl,  dans  la  Bavière  rhénane. 

•  Calmet,  Histoire  de  Lorraine,  t.  V.  preuves  sous  l'année  1149 
L'Etanche  était  une  abbaye  de  l'ordre  de  Prôrnontré,  proche  Staton- 
ChâteU  à  deux  lieues  de  Saint-Mihiel  ;  elle  fut  fondée  vers  l'an  1138.  On 
lui  a  donné  le  nom  de  l'Etanch^*,  à  cause  de  sa  situation  dans  un  fond 
où  il  ^  a  quelques  étangs. 


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118  REVUE  D'ALSACE 

son  intendant  Ruthard,  une  lettre  où  il  lui  fit  désigner  les 
limites  de  son  comté  de  Bitche,  afin  que  ce  seigneur,  qui  était 
alors  en  guerre  avec  Simon,  comte  de  Saarbruck,  et  Folmar, 
comte  de  Bliescaslel,  et  sur  le  point  d'envahir  leurs  territoires, 
ne  fît  aucuns  ravages  sur  les  terres  du  duc  Mathieu,  qui  étaient 
situées  dans  le  voisinage/  Cette  lettre,  qui  portait  pour  sus- 
cription  iVenerabili  Gomiti  de  Sarwerden,  amico  suo  MalhcBUS 
dux  Lotharingiœ  et  filii  ejus^  prouve  que  le  duc  Mathieu  con- 
sidérait le  comte  de  Saarwerden  comme  souverain  et  indépen- 
dant; elle  démontre,  en  même  temps,  la  crainte  et  l'inquié- 
tude de  ce  prince,  que  les  entreprises  dans  lesquelles  le  comte 
de  Saarwerden  était  engagé,  ne  lui  fussent  préjudiciables 
ou  dangereuses.  L'histoire  se  tait  sur  Tissue  de  ces  démêlés. 

Peu  après,  vers  Tan  H  54,  le  comte  Polmar  fut  impliqué 
dans  une  sanglante  querelle  avec  ce  même  Mathieu,  qui  l'avait 
appelé  son  vénérable  ami.  Le  duc  de  Lorraine  se  ligua  avec 
Etienne  de  Bar,  évèqne  de  Metz,  et  la  fortune  favorisa  leur 
cause;  les  confédérévS  coururent  aux  armes  et  assiégèrent  la 
ville  de  Saarwerden.  Le  comte  Folmar,  'qui  défendait  la  place, 
ne  la  rendit  qu'à  la  dernière  extrémité  ;  les  alliés  en  rasèrent 
les  fortifications  et  conduisirent  le  comte  au  ch&teau  de  Lûtzel- 
bourg,  où  il  fut  retenu  en  captivité.'  Ce  désastre  amena  enfin 
la  paix.  Délivré  de  sa  prison,  le  comte  Folmar  reconstruisit 
les  fortifications  de  Saarwerden.  Ce  seigneur  avait  épousé 
Stéphanie,  dont  le  noni  de  famille  est  demeuré  inconnu  ;  elle 
lui  donna  deux  fils,  Louis  I**  ou  l'aîné,  et  Louis  U  ou  le  cadet. 

Après  la  mort  de  leur  père,  ces  deux  seigneurs  conçurent 
le  dessein  de  substituer  l'ordre  de  Giteaux,  qui  jetait  alors 
tant  d'éclat  par  l'austérité  de  sa  règle,  ses  vertus  et  sa  disci- 
pline, à  l'ordre  de  Saint-Benoît,  dans  la  possession  du  couvent 
fondé  par  leur  aïeul  FrédéricI*;  ils  s'entendirent,  à  cet  effet, 

*  Kremer,  Chartul.  Sarœpont.,  p.  293. 

»  Calmbt,  Histoire  de  Lorraine,  t.  II,  p.  4]6. 


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SÂÂRWERDEN  ET  HERBITZHEIM  119 

avec  le  vénérable  Roger,  abbé  de  l'abbaye  de  Willer-Beluach  *, 
qui  envoya  son  chapelain  Gober!  à  la  cour  de  Rome  pour  la 
solliciter  de  donner  son  consentement  à  cette  substihition. 
D.ès  que  le  Saint-Siège  eut  déléré  à  leur  prière,  les  comtes 
de  Saarwrerden  se  rendirent,  en  1172,  h  Kaiserslautern,  où 
ils  avaient  donné  rendez-vous  à  l'abbé  Roger.  Là,  en  présence 
d'une  nombreuse  assemblée,  composée  des  personnages  les 
plus  illustres  de  la  contrée,  ils  remirent  entre  ses  mains,  pour 
l'ordre  de  Citeaux,  le  couvent  de  Wemerswilre  avec  toutes 
ses  dépendances,  et  lui  résignèrent  tous  leurs  droits  de  sei- 
gneurie et  d'advocatie.'  Ils  firent  ensuite  donation,  i  titre 
d'aumône,  aux  religieux,  qui  s'établiraient  dans  le  couvent, 
d'une  rente  annuelle  de  seize  livres,  pour  le  service  de  laquelle 
ils  hypothéquèrent  leur  village  de  Geilbach.^  Quelques  semaines 
après,  le  comte  Louis,  le  jeune,  fit  donation  en  pleine  propriété 
aux  religieux  de  l'ordre  de  Citeaux,  qui  avaient  pris  posses- 
sion du  couvent  de  Wernerswiller,  de  sa  part  du  village  de 
Geilbach. 

Cependant  le  comte  Louis,  l'aîné,  nourrissait  le  désir  de  tirer 
une  éclatante  vengeance  du  sac  de  la  ville  de  Saarwerden,  et 
d  effacer,  avec  des  flots  de  sang,  l'affront  fait  à  son  père  par 
'e  duc  de  Lorraine  et  l'évéque  de  Metz;  il  assembla  quelques 
troupes,  alla  mettre  le  siège  devant  la  forteresse  de  Lûtzel- 
bourg,  où  son  père  avait  langui  dans  les  fers  et  s'en  empara. 
Mais  Thierry  de  Lorraine,  qui  venait  de  monter  sur  le  siège 
épîscopal  de  Metz,  prit  les  armes,  attaqua  Louis,  le  fit  pri- 
sonnier et  le  força  à  rendre  la  grande  tour  du  château  de 
Latzelbourg  où  il  tenait  garnison.  Thierry  ne  le  relâcha  qu'à 


*  Cette  abbaye,  située  au  diocèse  de  Metz,  à  deux  lieues  et  demie  de 
Bouzonville,  avait  été  fondée  vers  1130  par  Heixri,  qui,  de  comte  de 
Caririthie,  s'était  fait  religieux  de  Morimont;  il  parvint  ensuite  à  la  dignité 
d'évêque  de  Troyes. 

■  Croll,  Loc,  citât.,  t.  I,  p.  127. 

•  Niedergeilbach,  village  du  canton  de  Neuhornbach  (Bavière  rhénane). 


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190  REVUE  D'ALSACE 

condition  qu'il  renoncerait  à  toutes  ses  prétentions  sur  ce 
château.'  Ceci  se  passait  vers  l'an  H78. 

Groll,  le  jeune,  qui  a  fait  d'infructueuses  recherches  sur 
l'origine  des  comtes  de  Saarwerden,  se  plait  à  supposer  qu'il 
existait  des  liens  de  parenté  entre  eux  et  le  comte  Réginald, 
de  Lûtzelbourg,  décédé  sans  postérité  en  1143,  et  que  les 
prétentions  qu'ils  élevèrent  sur  sa  riche  succession,  avaient 
occasionné  les  sanglantes  querelles  que  nous  venons  de 
raconter.* 

De  son  côté,  le  comte  Louis  le  jeune  n'était  pas  resté  dans 
l'inaction  ;  à  Tappel  de  l'empereur,  il  était  venu  se  ranger  avec 
ses  vassaux  sous  la  bannière  impériale.  L'empereur  Frédéric  I" 
franchit  les  Alpes,  se  porta  rapidement  sur  Turin,  qui  se  sou- 
mit; il  était  résolu  à  dompter  la  Lombardie;  il  maltraita  cette 
province  et  y  promena  le  pillage  et  Tincendie.  Pendant  que 
les  troupes  allemandes  détruisaient  les  villes  forti6ées,le  comte 
Louis  II  mourut  des  suites  de  ses  blessures.  Sa  dépouille 
mortelle  fut  transportée  par  ses  vassaux  à  l'abbaye  de  Wer- 
nerswillcr,  qu'il  avait  choisie  pour  le  lieu  de  son  éternel  repos. 
L'abbé  Baudouin  lui  fit,  le  9  avril  1 179,  des  funérailles  splen- 
dides  et  honorées  d'un  grand  concours  d'ecclésiastiques  et  de 
personnages  de  distinction,  parmi  lesquels  on  remarquait 
Wipert,  le  curé  de  Buchenheim  (Bouquenom),  Walther  de 
Saarwerden  et  Henri  Vogt  {Advoeatm)  de  Saarwerden. 
Louis  I"  pleura  son  malheureux  frère  d'une  manière  incon- 
solable; il  se  montra  reconnaissant  envers  l'abbé  Baudouin, 
qui  lui  avait  rendu  les  derniers  devoirs,  en  accordant  à  Tabbé 
qu'il  dirigeait  la  confirmation  de  toutes  les  donations  qui  lui 
avaient  été  faites,  tant  par  ses  aïeux  que  par  ses  père  et  mère. 

L'église  abbatiale  de  Wernerswiller  avait  de  belles  verrières, 
au  bas  desquelles  étaient  représentées  les  armoiries  des  comtes 

*  Chron.  met,  apud  Calmet,  t.  II  :  Preuves  de  l'histoire  de  Lorraine^ 
col.  LXXX. 

•  Westricher  Àbhandlungen,  p.  25. 


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SAARWERDEN  ET  HERBTTZHEIM  121 

de  Saarwerdei).  Sur  l'un  de  ces  ritraux  on  royait  un  comte 
de  Saarwerden,  vraisemblablement  le  comte  Frédéric  I", 
offrant  l'église  abbatiale  à  la  Sainte-Vierge.  Cette  abbaye 
ayant  été  sécularisée  en  1558,  les  bâtiments  du  couvent  furent 
tranformés  en  caserne  ;  Téglise  où  se  voyait  le  tombeau  de 
famille  de  ses  fondateurs  et  les  bâtiments  de  Fabbaye,  furent 
détruits  par  un  incendie  le  37  mars  1614;  ils  avaient  été 
construits  483  ans  auparavant." 

Le  comte  Louis  II  de  Saarwerden,  avant  de  se  rendre  en 
Italie,  avait  fait  à  Wlsaembourg,  en  présence  de  l'empereur 
Frédéric  I",  donation  à  Tabbaye  d'Eusserthal  *,  pour  le  salut 
de  son  âme  et  le  repos  de  ses  parents,  de  son  domaine  allo- 
dial  de  Loibm  (appelé  dans  la  suite  Lauberwald)^  situé  dans 
les  Vosges  et  embrassant  tout  l'espace  compris  entre  les  ruis- 
seaux appelés  Hermannsbach,  Mossalben  et  Burgalben,  et  la 
montagne  de  Haneberg.  Mais,  comme  il  avait  oublié  de  donner 
à  cette  donation  le  cachet  de  l'authenticité  usitée  à  cette  époque, 
en  y  faisant  apposer  son  sigillé,  et  que  la  mort  l'avait  surpris 
en  Italie,  sans  qu'il  eût  réparé  cette  omission,  l'abbé  Albert 
d'Eusserthal  pria  son  frère  Louis  I"  de  ratifier  cette  donation. 
Louis  I*'  s'empressa  de  déférer  aux  désirs  de  l'abbé  Albert  et 
confirma  cette  donation  le  jour  même  où  les  restes  mortels  de 
son  frère  furent  inhumés  au  monastère  de  Wernerswiller.' 

Les  guerres  dans  lesquelles  le  comte  Louis  P'  s'était  trouvé 
impliqué,  avaient  épuisé  ses  finances;  en  1177,  pressé  par  le 
besoin,  il  vendit  à  l'abbaye  de  Wernswiller  sa  ferme  de  Bun- 
denbach\  moyennant  la  somme  de  cent  trois  livres  deniers,  en 
se  réservant  toutefois  la  faculté  de  rachat  pour  ses  héritiers. 
En  1 185,  il  affranchit  les  religieux  de  l'abbaye  de  Haute-Seille 

*  Cboll,  Ahhandlung  uber  dos  Kloster  Werschweilery  Cap.  XXII. 

•  L'ahbaye  d'Eusserthal  [Uterina  vallis)  de  l'ordre  de  Citeaux,  au  dio- 
cèse de  Spire,  fut  fondée  au  commencement  du  XII®  siècle  par  le  cheva- 
lier Etienne  de  Mœrlheim  et  sécularisée  en  1560. 

»  WÛRDTWEIN,  Nova  subsid.  diplomat.,  t.  XII,  p.  109. 
^  Village  du  canton  de  Homboorg. 


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122  REVUE  D' ALSACE 

{Alta  Silva,  Hohenforst)  '  des  droits  de  péage  dans  tout  le  pays 
soumis  à  sa  doraînation.  Dans  la  charte  qu'il  leur  délivra,  il 
s'intitula  :  Ludovicm  per  misericordiam  Dei  vocatus  cornes  de 
Salvenia,  voulant  prouver  par  là  qu'il  relevait  nttment  de 
l'Empire.'  Il  portait  un  sceau  de  forme  triangulaire  de  0", 085 
de  hauteur  sur  0"*,065  de  largeur,  arrondi  aux  angles  supé- 
rieurs, et  représentant  une  aigle  au  vol  abaissé,  chargée  d'un 
écu  à  la  croix  pattée,  avec  cette  légende  :  +  SIGILLVM 
LODOICI  eomilis  de  Sarwerde, 

Le  comte  Louis  l**  eut  un  grave  différend  avec  l'évêque 
Bertrand,  de  Metz,  au  sujet  de  l'église  Saint-Baudiel,  qu'il 
tenait  en  fief.  Le  prélat  messin  fut  réinlégré,  par  une  sentence 
judiciaire,  dans  la  plénitude  de  ses  droits  sur  cette  église, 
dont  il  fit  don  à  l'abbaye  de  Sainte-Croix  en  1194.' 

Le  comte  Louis  I"  avait  fait  cession  à  Hermann,  chevalier 
de  Saînt-Engelbert  (Saînt-Ingbert)  de  l'avouerie  de  Borbach 
I^Burbach),  sur  "laquelle  l'abbé  Geoffroi  de  Wadegozingen  * 
formait  des  prétentions.  La  contestation,  qui  s'en  suivit,  fut 
terminée,  en  1195,par  une  transaction,  aux  termes  de  laquelle 
l'abbé  Geoffroi  se  déportait  de  toutes  ses  prétentions  sur 
Tavouerîe  de  Burbach  ;  de  son  côté,  le  comte  Louis  cédait  à 
l'abbaye  de  Wadgasse  divers  biens  situés  à  Spize,  Rohrbach 
et  Puzerwald,  sous  la  condition  de  célébrer,  à  perpétuité,  un 
anniversaire  dans  Véglise  abbatiale  pour  le  salut  de  son  âmo.^ 

Vers  la  fin  du  XII*  siècle,  le  comte  Louis  résigna  à  l'évôciue 
Bertrand,  de  Metz,  le  droit  de  patronage  sur  l'église  de  Saint- 
Georges,  sise  au  faubourg  de  Metz,  en  deçà  de  la  Moselle,  en 
faveur  de  l'église  collégiale  de  Saint-Thiébaut.  Cette  donation 

^  Abbaye  de  l'ordre  deCiteaux,  non  loin  de  Blamont,  fondée,  en  1140, 
par  Agnès,  comtesse  de  Langstein  (Pierre-Percée)  et  ses  fils. 

•  Calmet,  Histoire  de  Lorraine,  Preuves,  t.  VI,  col.  4. 
»  Ibidem,  t.  II,  p.  606. 

*  Wadgasse,  ancienne  abbaye  de  Tordre  de  Prémontré,  située  sur  la 
Saar,  dans  le  comté  de  Saarbrack. 

,  Archives  provinciales  de  Coblence  (fonds  de  Saarwerdon),  n®  1. 


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SAARWERDEN  ET  HEfiBITZUEIM  1^^ 

fut  confirmée  aa  chapitre  de  Saint  Thiébaut  par  le  roi  des 
Germains,  Philippe  de  Souabe,  en  1200,  pendant  le  séjour 
qu'il  fit  à  Strasbourg,  où  il  s'était  rendu  pour  y  célébrer  les 
fêtes  de  Pâques.' 

En  1206,  le  comte  Louis  l"  enrichit  Tabbaye  fondée  par  ses 
aïeux,  du  droit  de  patronage  sur  les  églises  de  Bundenbach 
et  de  Volckerskirchen  avec  tous  les  revenus  y  attachés. 

Ce  seigneur  avait  épousé  Gertrude,  dont  le  nom  de  famille 
n'est  pas  connu;  elle  lui  donna  deux  fils,  Louis  III  et  Henri, 
seigneur  de  Eirkel,  et  quatre  filles.  Celles-ci  se  marièrent, 
Tune,  Jutta,  à  Frédéric,  comte  de  Hohenbourg  (Hombourg), 
l'autre  au  sire  de  Siersberg,  la  Iroisième  au  sire  de  Hagen  et 
la  quatrième,  Agnès,  au  sire  de  Falkenstein. 

La  libéralité  du  comte  Louis  III  s*étendit  aussi  sur  l'abbaye 
de  Wernerswilîer  et,  en  1212,  il  confirma  à  cet  établissement 
la  donation  que  ses  ancêtres  lui  avaient  faite  de  l'hôpital  de 
Vopelbach.* 

Henri  de  Saarwerden  construisit,  au  commencement  du 
Xin*  siècle,  le  château  de  Kirkel  et  en  adopta  le  nom;  il  avait 
épousé  Irmentrude,  sœur  de  Werner  iV,  comte  de  Bolant. 

Le  comte  Henri  de  Saarwerden,  seigneur  de  Kirkel,  et  son 
épouse  Irmentrude  de  Bolant,  firent,  en  1228,  donation  aux 
religieuses  du  couvent  de  Hane,  près  de  Bolanden,  du  bien 
de  Rechemburnen,  pour  le  salut  de  leurs  âmes.'  Ce  seigneur 
confirma,  en  1225,  les  donations  que  son  père  LouisI"  avait 
faites  à  l'abbaye  de  Wernerswiller.  Dans  le  cours  de  sa  vie, 
il  avait  tellement  abusé  de  son  pouvoir,  qu'il  avait  mis  plu- 
sieurs fois  à  contribution  le  couvent  fondé  par  ses  ancêtres; 
mais,  sur  la  fin  de  ses  jours,  il  vint  à  résipiscence  et  lui  fit 

^  Bœhmer,  Regesta  imperii,  1198-1254,  p.  9. 

■  Croll,  Westricher  Abhandlungen.  p.  26.  —  Vojçelbach  est  un  village 
du  canton  de  Landstuhl  (Bavière  rhénane). 

•  Rbmling,  Abteien  und  Klœster  der  Pfalx,  t.  II,  p.  366. 


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134  REVUE  D* ALSACE 

donation  du  village  de  Walsheim.*  Il  termina  sa  carrière  ter- 
restre en  1242,  sans  laisser  de  postérité;  ses  restes  mortels 
furent  inhumés  dans  Téglise  abbatiale  de  Wernerswiiler. 

Louis  III  avait  pris  pour  épouse  Agnès,  comtesse  de  Deux- 
Ponts  ^  dont  il  eut  trois  fils  :  Louis  IV,  Henri  et  Frédéric. 
Gelui-d  se  voua  à  Tétat  ecclésiastique  et  derint  chanoine  de 
Saint-Castor  de  Coblence  et  curé  de  Surbourg. 

Henri,  après  la  mort  de  son  oncle  Henri  de  Kirkel,  décédé 
sans  enfants,  reçut  en  partage  le  château  de  Eirkel  et  en  adopta 
le  nom. 

Louis  IV  était  à  la  fleur  de  l'âge,  lorsqu'il  fut  appelé  aux 
fonctions  de  gouverneur  du  château  impérial  de  Nycastel 
(Neucastel).'  En  1248,  il  y  retenait  prisonnier  un  certain 
Emile  Verckelé,  auquel  les  moines  de  Wernerswiiler  s'inté- 
ressaient; mais,  malgré  leurs  instances,  il  ne  lui  rendit  la 
liberté  que  moyennant  une  rançon  Ae  quntre  livres  de  Metz, 
qui  fut  acquittée  par  ces  religieux/  II  avait  assisté  au  convoi 
funèbre  de  son  oncle  Henri  de  Kirkel,  et  avait  été  si  vivement 
touché  par  les  splendides  funérailles  que  lui  avaient  faites 
les  religieux  de  Wernerswiiler,  qu'il  renonça,  en  faveur  de 
leur  monastère,  à  tous  ses  droits  sur  le  village  et  l'église  de 
Walsheim. 

Dao.  Fischer. 

fLa  suite  à  la  prochaine  livraison  J 


^  Croll,  Origine  biponiines,  t.  I,  p.  145.  Walsheim  est  un  village  du 
canton  de  Neuhornbach  (Bavière  rhénane). 

*  Balcbicotirt  (Hugo),  Traité  historiqve  sur  la  maison  de  Lorraine, 
p.  174.  —  Kremer,  Gesch.  des  arden.  Gesch.,  1 1,  p.  144 

*  Ancien  château  situé  près  de  Lainsweiler  (canton  de  Landau)  et 
autrefois  siège  d'un  bailliage. 

*  Croll,  Origines  hipontines,  t.  I,  p  134. 


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PLEUJOUSE 


Légende^ 


A  Fextrémité  orientale  du  bassin  d'Ajoie,  près  de  la  fron- 
tière d'Alsace,  une  colline  rocheuse  semble  s*étre  détachée  à 
dessein  de  la  montagne  pour  servir  de  support  à  une  forte- 
resse. Pleujouse  est  un  des  anciens  châteaux  du  pays.  Son 
nom  provient  du  latin  Ftuviosa,  et  les  Allemands  Tout  appelé 
Blitzhausen,  la  maison  des  éclairs.  Le  premier  prend  son 
origine  de  son  site,  au  point  où  la  pluie  venant  de  bise,  com- 
mence dans  le  bassin  d'Ajoie,  et  le  second,  des  feux  qu'on 
allumait  sur  sa  tour  pour  servir  de  signaux  à  Tépoque 
romaine.  Dès  le  XIP  siècle,  on  l'appela  aussi  Nuwtnbowrg^ 
parce  qu'alors  on  avait  déjà  rebâti  le  château  près  de  la  tour 
primitive. 

C'était  un  fîefdel'évôché  de  Bâie,  possédé,  dès  les  premières 
années  du  XIP  siècle,  par  une  famille  noble,  alors  déjà  nom- 
breuse et  qui  prenait  le  nom  de  ce  château.  Ses  membres 

^  Cette  notice  est  détachée  du  manuscrit  que  je  prépare  sous  le  titre  de 
TradUions  et  Légendes  du  Jura,  renfermant  beaucoup  de  faits  recueillis 
depuis  nombre  d'années.  L'article  Pleujouse,  concerne  un  château  voisin 
de  TAlsace  et  des  personnages  de  cette  province.  Puissent  ces  lignes 
mériter  un  peu  d'indulgence  pour  le  plus  vieux  correspondant  de  la 
Revue, 


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1S6  REvxm  d'alsace 

occupent  un  rang  élevé  parmi  les  premiers  bienfaiteurs  de 
l'abbaye  de  Lucelle.  Plusieurs  portent  le  titre  de  chevaliers, 
et  l'un  d'eux  cultivait  la  gaie  science,  1124.  C'est  à  Pleujouse 
que  Bourcard,  baron  d'Asuel,  en  revenant  de  la  Terre-Sainte, 
1218,  s'arrêta  pour  s'informer  de  sa  jeune  femme  et  de  sa 
petite  famille,  qu'en  croisé  imprudent,  il  avait  laissées  aux 
soins  des  moines  de  Lucelle  ses  voisins.  C'est  là  qu'il  apprit 
avec  surprise,  qu'il  avait  un  héritier  de  plus  que  ne  lui  en 
indiquait  sa  mémoire. 

La  vieille  race  des  chevaliers  de  Pleujouse  perdit  peu  à 
peu  de  son  ancienne  splendeur.  Elle  s'appauvrit  tout  douce- 
ment, tandis  que  ses  voisins  de  Lucelle  accroissaient  leurs 
richesses  aux  dépens  de  la  noblesse  et  de  tous  ceux  qui,  trop 
crédules,  faisaient  des  dons  aux  moines,  sous  promesse  de 
récompense  dans  le  ciel. 

Le  fief  de  Pleujouse  fut  ensuite  démembré  ;  il  passa  en 
diverses  mains  et  au  commencement  du  XV*  siècle,  il  se 
trouva  au  pouvoir  du  sire  de  Neuchâtel  qui  y  entretenait  un 
châtelain  et  des  hommes  d'armes.  Le  sire  avait  mis  le  grapin 
sur  un  bon  nombre  de  domaines  de  l'église  de  Bâie,  comme 
garantie  d'argent  prêté  à  des  évêques  dilapidateurs.  Quand 
ensuite  l'un  de  ceux-ci,  moins  prodigue,  voulut  racheter  les 
gages,  le  détenteur  refusa  de  les  rendre.  Le  nouvel  évêque, 
un  abbé  de  monastère,  qui  avait  troqué  son  batôn  abbatial 
contre  la  crosse  de  Bftie  et  l'épée  qui  y  était  attachée,  se  fâcha 
de  la  résistance  du  sire  de  Neuchfltel .  Il  assembla  ses  vas- 
saux, appela  ses  barons  qui  dépassaient  la  centaine  et  il 
confia  à  l'un  d'eux,  le  comte  de  Thierstein,  le  soin  de  s'empa- 
rer de  plusieurs  châteaux  que  retenait  le  sire  bourguignon. 

Le  châtelain  de  Pleujouse  prévoyant  qu'il  allait  être 
assiégé,  avisa  à  se  procurer  des  provisions.  Il  prit  pour  gre- 
niers les  granges  des  villages  d'alentours  qu'il  pilla,  selon 
l'usage.  Un  tonneau  de  vin  chargé  sur  une  charrette  attelée 
de  deux  bœufs  lui  tomba  sous  la  main.  Vainement  le  cbar- 


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Gbogle 


LÉGENDE  DE    PLEUJOUSE  187 

relier  représenta  que  ce  vin  appartenait  à  Notre-Dame  de 
Lucelle,  à  laquelle  il  le  conduisait,  attendu  que  les  douze 
chevaux  du  monastère  affectés  au  transport  ordinaire  des 
vins  claustraux,  ne  pouvaient  suffir  à  la  besogne,  tant  la  ven- 
dange et  les  vignes  avaient  été  abondantes  en  Alsace  et  en 
Bourgogne.  Toutes  les  observations  furent  inutiles,  le  ton- 
neau destiné  aux  caves  de  Lucelle  entra  dans  celles  de 
Pleujouse.  Le  châtelain  rit  d'abord  de  l'aventure  ;  il  savait  que 
le  vin  débordait  hors  des  caves  du  monastère  et  que  le  baril 
détourné  de  son  droit  chemin,  n'était  qu'une  goutte  de  moins 
dans  les  mers  bosses  du  cloître.  La  chose  ne  fut  pas  admise 
de  la  sorte  par  l'abbé  et  les  Bernadins  :  plus  ils  avaient  de 
vin  en  cave  et  plus  ils  en  buvaient.  C'est  pour  ce  motif 
qu'ils  avaient  inventé  un  cinquième  repas,  appelé  Biberes, 
pour  suppléer  à  la  consommation  ordinaire  des  quatre 
autres.  Il  y  eut  donc  réclamations,  protestations,  menaces 
d'excommunication,  et  si  Pleujouse  était  d'un  côté  menacé 
des  bombardes  du  comte  de  Thierstein,  les  canons  de 
l'Eglise  lui  firent  tantôt  courir  d'autres  lisques. 

Le  sire  de  Neuchâtel  eut  vent  de  l'aventure,  et  quoiqu'il 
ne  fut  pas  scrupuleux  sur  les  moyens  de  retenir  les  biens 
des  églises,  il  ordonna  à  son  chapelain  d'appaiser  les  moines 
irrités.  On  entra  en  négociation;  un  habile  délégué  se  rendit 
à  l'abbaye  pour  ofTrir  toute  satisfaction,  avec  la  restitution  du 
tonneau  en  litige,  moyennant  par  les  moines  venir  le  recon- 
naître dans  les  caves  de  Pleujouse.  A  ces  offres,  il  ajouta  une 
aimable  invitation  à  dîner.  —  Conrad  de  Holzacker,  qui  avait 
administré  la  cave  de  saint  Urbain,  avant  de  devenir  abbé  de 
Lucelle,  trouva  la  proposition  acceptable  ;  mais  ne  pouvant 
décemment  se  rendre  de  sa  personne  à  l'invitation,  il 
délégua  son  cellerier  et  trois  autres  moines  experts  dans  la 
visite  des  caves  et  dans  la  connaissance  du  crû  des  vins.  Au 
jour  fixé  les  quatre  ambassadeurs  firent  leur  entrée  à  Pleu- 
jouse, le  châtelain  les  reçut  dans  la  tour,  et  tandis  qu'on 


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128  REVUB  d'al&aob 

mettait  lears  chevaux  à  l'écurie^  ils  remarquèrent,  avec  satis- 
faction, un  char  tout  appareillé  sur  lequel  réposait  molle- 
ment un  tonneau  entouré  de  guirlandes  de  lierre,  comme  les 
reins  de  Bacchus.  A  cette  vue  le  cellerier,  en  connaisseur, 
recourba  Findex  et  alla  fhipper  au  tonneau  pour  s'assurer 
s'il  était  plein  ou  vide,  et  pour  reconnaître  s'il  portait  ia 
marque  du  monastère.  Gomme  rien  n'y  manquait,  sa  figure 
s'épanouit  et  il  marcha  vers  ia  salle  du  festin. 

Un  dîner  plantureux  était  servi  :  des  mets  nombreux 
répandaient  un  fumet  épicé  fort  réjouissant.  Selon  l'usage,  le 
châtelain  était  au  haut  de  la  table,  ayant  à  droite  le  cellerier 
et  le  chantre,  et  à  sa  gauche  les  deux  autres  Bernardins.  Le 
restant  de  la  table  était  occupé  par  les  hommes  d'armes  en 
justaucorps  de  buffle,  pour  lors  déboutonnés.  Devant  chacun 
des  convives  se  dressait  un  broc  à  la  mesure  de  Lucelle, 
célèbre  dans  toute  la  contrée.  On  devait  prendre  le  liquide 
de  26  œufs  choisis  dans  les  13  francs-villages  d'Ajoie  pour 
former  cette  mesure  ;  et  il  en  fallait  6  de  celle-ci  pour  appai- 
ser  la  soif  d'un  certain  moine  de  Lucelle,  qui  à  la  fin  suc- 
comba à  ce  régime,  comme  nous  l'apprennent  les  fastes  de 
Tabbaye. 

Au  dîner  dont  nous  parlons,  les  moines  et  le  châtelain 
avaient  de  grandes  coupes  d'argent  des  hanaps  que  d'actifis 
tonneliers  remplissaient  sans  retard.Le  dîner  dura  longtemps, 
il  fit  oublier  vêpres  et  complies,  et  Ion  ne  dit  pas  ce  qu'on 
chanta  en  échange,  mais  on  porta  tant  de  toasts  que  le 
majordome  ne  put  les  compter. 

A  la  nuit  tombante  quelques  convives  glissèrent  sons  la 
table,  et  alors  les  moines  songèrent  à  reprendre  le  chemin 
du  monastère.  Le  châtelain  fit  seller  les  chevaux  et  attela  le 
char  au  tonneau.  En  homme  courtois  il  voulut  accompagner 
ses  hôfa*^  avec  ses  écuyers.  Arrivés  devant  l'abbaye,  le  prélat 
qui  les  voyait  venir,  descendit  de  ses  appartements  pour 
recevoir  le  chevalier.   Les  moines  entourèrent  le  tonneau 


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LÉGENDE  DB  PLEUJOUSE  129 

déserteur  pour  fêter  son  retour.  L'un  d'eux,  pour  réprimander 
l'égaré,  s'avisa  de  frapper  du  poing  le  fond  de  la  bosse^  mais 

au  son  que  rendit  la  futaille,  il  recula  effrayé Elle  était 

vide  !  L'abbé  entendit  le  cri  de  détresse,  et  demanda  avec  hau- 
teur au  châtelain,  s'il  avait  voulu  se  moquer  de  lui!  — 
Nenni,  ma  foi,  sire  abbé,  nous  n'avons  pas  gardé  une  goutte  de 
votre  vin  ;  vos  moines  l'ont  bu,  et  c'est  à  peine  si  mes  gens 
leur  ont  aidé. 

Les  quatre  futailles  monastiques  étaient  en  effet  de  taille 
à  absorber  le  contenu  de  la  bosse,  et  l'aventure  fut  trouvée 
si  plaisante  que  le  châtelain  et  sa  suite  furent  invités  à  sou- 
per, pour  aider  à  la  communauté  à  vider  un  autre  tonneau. 

Pendant  qu'on  élait  à  table,  on  vint  prévenir  l'abbé  de 
l'arrivée  (l'un  message  qui  exigeait  sa  présence  immédiate. 
Il  sortit  un  instant,  et  revint  la  figure  souriante.  —  Vous 
avez  reçu  de  bonnes  nouvelles  I  lui  dit  le  châtelain.  —  Oui 
sire  chevalier,  et  nous  allons  les  fêter.  —  Sur  ce,  des  frères 
servants  apportèrent  du  vin  de  Rang,  le  plus  traître  des 
alsaciens.  On  en  versa  au  sire  et  à  sa  suite,  qui  le  trouvè- 
rent doux  à  la  bouche,  en  attendant  qu'il  leur  brisât  les 
jambes. 

Durant  le  temps  qu'on  fêtait  la  dive  bouteille,  le  comte  de 
Thierstein  qui  avait  envoyé  le  message,  avait  appris  par  le 
seigneur-abbé  ce  qui  avait  lieu  au  réfectoire.  Il  passa  sans 
bruit  derrière  l'abbé  avec  toute  son  armée,  et  surprit  Pleu- 
jouse  resté  sans  défenseurs,  1424. 

L'évêque  de  Bâle  fit  restaurer  le  château,  et  le  remit  en 
fief  à  Jean  de  Morimont,  qui  n'en  prit  aucun  soin  et  laissa 
tomber  de  vétusté  Tancienne  partie  du  Manoir^  au  point  qu'il 
fallut  réparer  d'autres  édifices  pour  les  rendre  habitables. 
Un  siècle  et  demi  plus  tard  les  8ires  de  Morimont  se  trouvè- 
rent si  obérés  de  dettes  qu'ils  durent  vendre  leurs  seigneuries 
de  Morimont  et  de  Pleujouse  attx  comtes  d'Ortembourg,  1582 
à  1584.  Mais  ces  nouveaux  possesseurs,  grands   seigneurs 

Nouvelle  Série.  —  6"*  Année.  9 


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130  BBYUE  D'ALSJlOB 

alsaciens,  étaient  plus  riches  en  dettes  qu'en  écus.  Ils  trafi- 
quèrent de  leurs  domaines  pour  amuser  leurs  créanciers  et 
gagner  des  terres:  C'est  ainsi  que  Jean  Bernard,  comte  d'Or- 
tembourg,  baron  de  Freunstein  et  de  Garlsbach,  sire  de  Mo- 
rimont  et  de  Pleujouse,  vendit  à  l'évêque  de  Bâle,  vers  1566 
à  1578  le  château  de  Montron,  à  une  mille  de  Besançon,  avec 
dix  villages  qui  en  dépendaient,  et  celui  de  Fonderman  avec 
quatorze  villages,  tandis  qu'il  prenait  en  fief  de  cet  évêque 
le  château  et  village  de  PfafEstadt.  A  cette  époque  ce  haut 
baron  avait  plus  de  850,441  florins  de  dettes,  tandis  que  ses 
fiefs  et  seigneuries  n'étaient  évalués  qu'à  115,8S9  et  les  ter- 
res allodiales  à  51,672  florins.  De  nos  jours  on  laurait  fait 
déclarer  en  faillite.  Il  avait  épousé  Ursule,  comtesse  de  Zim- 
mern,  de  grande  maison,  mais  dont  la  dot  ne  pouvait  couvrir 
les  dettes  de  son  époux.  Dans  les  premiers  temps  de  leur 
mariage,  pendant  la  lune  de  miel,  ils  habitaient  le  vaste  châ- 
teau de  Morimont,  et  ils  avaient  fait  sculpter  dans  la  pierre  un 
panneau  réprésentant  les  armoiries  des  comtes  d'Ortembourg 
et  des  Zimmern.  Nous  avons  retrouvé  cette  pierre  dans  les 
ruines  de  la  chapelle  de  Morimont  en  1864. 

Jean  Bernard  était  au  service  du  roi  d'Espagne,  Philippe  H, 
en  guerre  avec  la  France,  en  1595.  Sa  femme,  seule  à  Mori- 
mont avec  de  petits  enfants,  ne  pouvait  suffire  à  la  dépense 
qu'entretenait  l'occupation  de  ce  vaste  château.  Son  mari  se 
ruinait  à  la  guerre  et  demandait  sans  cesse  de  l'argent  Dans 
cette  fâcheuse  position,  la  comtesse  Ursule  se  décida  à  aban- 
donner Morimont  à  la  garde  d'un  châtelain,  et  à  aller  s'instal- 
ler à  Pleujouse^  avec  une  suite  plus  que  modeste  :  une  vieille 
servante  et  sa  nièce  et  un  majordome  cassé  et  impotent. 
L'ancien  château  de  Pleujouse  était  en  ruines,  inhabitable.  Ce 
qu'on  appelait  le  nouveau  château  n'était  autre  chose  que  la 
maison  encore  occupée  actuelleaient.  On  restaura  un  peu 
cette  demeure,  si  peu  comparable  au  palais  de  Morimont.  On 
meubla  la  salle,  haute  de  vingt  pieds;  on  organisa  une  cham- 


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LÉQENDB  DE  PLEUJOUSE  131 

bre  pour  la  comtesse  et  d'autres  pour  les  enfants  et  les  ser- 
riteurs.  Puis  on  conTertit  une  ancienne  prison  en  chapelle, 
aân  que  dame  Ursule  put  y  faire  ses  dévotions  et  y  entendre 
la  messe.  Le  vieux  concierge  se  logea  dans  une  autre  dépen- 
dance du  château,  mais  il  était  flgé  el  de  peu  d'utilité,  lui  et 
ses  enfants,  pour  le  service  de  la  comtesse.  Les  vassaux  de  la 
seigneurie  se  regardaient  comme  indépendants,  sauf  quelques 
corvées  et  prestations,  et  ils  entendaient  ne  rien  devoir  au 
seigneur.  Yairiemeot  le  majordome  consulta  les  actes  et  les 
parchemins  poudreux  ;  il  ne  put  y  reconnaître  que  des 
droits  devenant  de  plus  en  plus  illusoires.  Il  y  trouva  bien 
celui  de  haute  et  basse  justice,  mais  à  quoi  servait  le  gibet 
pour  les  petits  villages  de  Pleujouse  et  de  Fregiécourt,  du 
moment  qu'on  ne  pendait  plus  pour  un  vol  de  dix  sous,  et 
qu'on  ne  conBsquait  plus  les  biens  des  condamnés  sans  en 
remettre  la  grosse  part  au  seigneur-évêque? 

La  comtesse  amena  avec  elle  sa  riche  garde-robe,  ses 
bijoux,  sa  vaisselle  d'argent,  tout  ce  qu'elle  avait  encore  de 
précieux  à  Morimout,  et  elle  jeta  un  dernier  regard  sur  cette 
forteresse  qu'elle  abandonnait  pour  un  misérable  manoir  à 
demi  ruiné.  Ce  changement  de  domicile  n'améliora  guère  sa 
position  financière.  Les  poursuites  des  créanciers  succédaient 
aux  demandes  d'argent  de  son  mari.  II  fallut  recourir  à  de 
nouveaux  emprunts  et,  à  défaut  de  terres  à  fournir  en  nantisse- 
ment, elle  dut  donner  des  gages.  Elle  s'adressa  alors  à  Tévêque 
deBflle,  Jacques  Christophe  de  Blarer,  résidant  à  Porrentruy; 
mais  ce  prélat  qui  connaissait  l'état  de  fortune  des  Ortem- 
bourg,  ne  délia  pas  sa  bourse  sans  garantie  et  il  exigea  des 
assurances.  La  comtesse  lui  remit  successivement,  un  à  un, 
ses  bijoux,  ses  colliers,  ses  bagues,  pour  obtenir  un  peu 
d'argent,  1595.  Prenant  pitié  de  la  comtesse,  sa  vassale,  le 
prince  lui  envoya  quelques  mesuresr  de  vin,  qui  manquait 
totalement  à  Pleujouse,  en  sorte  que  le  moine  de  Lucellt,  qui 
venait  parfois  y  dire  la  messe,  risquait  de  manquer  de  vin 


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132  BEVUB  D'ALSACE 

pour  ses  burettes,  et  plus  encore  pour  les  repas.  Alors  la  riche 
abbaye  était  administrée  par  Christophe  Birr,  originaire  de 
Morschwiller,  près  d'Altkirch.  C'était  un  personnage  que 
l'intrigue  monacale  avait  porté  au  siège  abbatial.  Il  enrichis- 
sait ses  parents  aux  dépens  du  monastère;  il  avait  relâché 
les  liens  de  la  discipline  et  il  donnait  lui-même  mauvais 
exemple.  * 

Lors  même  que  les  fonctions  de  chapelain  d'un  château 
n'étaient  plus  lucratives. 

Comme  au  bon  temps  des  sires  d'AsueI,roœupation  de  cette 
charge  à  Pleujouse  n'était  pas  sans  attrait.  C'était  une  jolie 
promenade  à  faire  de  temps  à  autre,  avec  un  des  chevaux 
de  selle  de  l'abbé.  La  table  de  la  comtesse  était  passable,  et 
quelques  fois  potable,  la  dame  faisait  parfois  de  petits 
cadeaux;  en  passant  par  les  villages,  toutes  les  femmes  et  les 
filles  faisaient  la  révérence  au  père  Bernard,  alors  en  exer- 
cice de  l'office  de  chapelain.  C'était  un  petit  homme  tout  ron- 
delet, à  figure  épanouie,  à  nez  retroussé,  k  bouche  riante, 
toujours  prêt  à  chanter  un  joyeux  couplet,  plutôt  que  d'en- 
tonner Un  de  profundis. 

Un  jour  de  débine,  la  comtesse  ayant  dépensé  son  dernier 
florin,  se  vit  dans  la  fâcheuse  position  de  recourir  au  seigneur- 
évêque  de  Bâie,  pour  en  obtenir  quelque  argent.  Elle  savait 
qu'il  ne  lui  en  donnerait  pas  sans  gages  et  il  ne  lui  restait  à 
offrir  que  de  grosses  pièces  d'argenterie.  On  était  au  temps 
de  la  moisson  et  il  n'était  pas  possible  de  trouver  une  char* 
rette  pour  conduire  cette  argenterie  au  château  de  Porren- 
truy.  Il  n'y  avait  de  disponible  que  le  cheval  de  selle  du 
chapelain  et  celui-ci  était  seul  en  état  de  faire  le  transport  du 
gage  et  de  ramener  l'argent  à  recevoir  en  échange.  Le  vieux 
majordome  ne  pouvait  plus  remplir  cette  mission,  mais  il  en 
dut  faire  les  apprêts.  Il  pesa  l'argenterie,  ce  qui  donna  145 
marcs,  15  lots  et  SI  %  grains,  qui  furent  évalués  à  3452 

*  Waloh,  Miêcel.  LnceL  —  Buchinger,  214,  225,  et  antres. 


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LÉGENBB  DE  PLEUJOtJBE  133 

livres  18  sote  et  4  %  deniers.  Il  emballa  chaque  pièce  avec 
soin,  la  larme  à  Tœil,  en  pensant  au  temps  où  il  plaçait  avec 
orgueil  ces  beaux  surtouls  sur  une  table  entourée  d'illustres 
personnages.  Il  baisait  ces  grandes  coupes  en  vermeil,  comme 
de  vieilles  amies  qu'il  ne  devait  plus  revoir.  Tout  fut  serré 
et  rangé  dans  deux  sacs  qu'on  plaça  devant  et  derrière  la 
selle  du  cheval,  après  qu'on  eut  fait  monter  le  gros  père 
Bernard,  dont  les  courtes  jambes  n'auraient  pu  enfourcher 
la  jument  pardessus  ces  ballots.  Une  fois  solidement  placé 
entre  ces  deux  amas  de  richesses,  il  devint  tout  fier  de  sa 
mission.   Cependant  par  prudence,    il  descendit  au  pas  la 
pente  rapide  qui  conduit  du  château  à  la  route,  mais  arrivé 
dans  la  plaine,  il  n'eut  plus  besoin  d'éperons  ;  le  soleil  était 
déjà  haut  et  les  taons  et  autres  mouches  d'août  se  chargeaient 
d'aiguillonner  la  monture.  Ces  insectes  ailés  s'en  acquittèrent 
si  bien,  que  la  jument  prit  le  galop,  en  secouant  vigoureuse- 
ment les  sacs  d'argenterie.  Il  eu  résulta  un  dérangement  d'em- 
ballage, un  bruit  de  vaisselle,  qui  acheva  d'efTaroucher  la  caval«. 
Le  moine  se  crampronnait  des  deux  mains  à  la  selle  et  criait 
au  secours;  maîs  les  gens  de  la  campagne  en  le  voyant  fendre 
l'air  plus  vite  qu'un  chevalier  riaient  de  cette  vaillance  et  les 
gamins  d'alors,  comme  ceux  de  nos  jours,  criaient  :  Hue, 
hue,  huel  et  la  jument  de  red()ubler  de  vitesse  et  d'effroi. 
Cependant  à  bout  d'haleine,  elle  s'arrêta  enfin  en  arrivant  à 
Porrentruy.  Le  cavalier  était  presque  sans  connaissance  ;  il 
fallut   le  tirer  péniblement  d'entre  les  collis  qui  Ta  valent 
préservé  d'une  chute.  Quelques  verres  de  vin  lui  rendirent  ses 
esprits,  il  revint  à  lui  et  monta  au  château  pour  remplir  sa 
mission.  Lesécus  que  lui  donna l'évêque  pesaient  bien  autant 
que  la  vaiselle,  mais  ils  étaient  moins  encombrants  et  surtout 
moins  sonores.  Son  retour,  le  lendemain  malin,  se  fit  sans 
accompagnement  de  taons  et  il  put  remettre  les  florins  à  la 
dame,  en  lui  jurant  par  son  saint  patron  qu'il  n'avait  jamais 
eu  si  peur.  —  1599. 


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134  BEVUE  D'ALSACE 

L'argenterie  donnée  en  gage  fut  rachetée  plos  tard,  mais 
il  fallut  de  longues  négociations  pour  abandonner  teins  les 
fiefs  et  les  terres  allodiales  aux  créanciers  nombreux  des 
comtes  d'Ortembourg.  L'un  d'eux  trouva  encore  à  se  marier 
et  sa  femme  Magdeleine  de  Gall,  put  rester  à  Pleujouse,  jusqu'à 
sa  mort  en  1660,lorsque  déjà  la  race  masculine  des  Ortembourg 
avait  cessé  d'exister.  On  nous  a  encore  montré  son  prie-dieu,  un 
pauvre  banc  de  sajin  dans  la  chapelle  du  château,  qui  était 
un  petit  local  carré  éclairé  autrefois  par  deux  étroites  fléchiè- 
res,  vrais  soupiraux  de  prison,  et  par  une  petite  porte  s'ou- 
vrant  sur  le  boni  du  précipice.  Ce  careau,  sans  issue  exté- 
rieure que  la  poterne,  tenait  lieu  d'oubliette.  On  laissa  la 
porte  mal  fermée,  et  si  le  captif  dans  l'angoise  d'une  première 
nuit  de  prison,  ouvrait  la  poterne  pour  fuir,  il  tombait  de  près 
de  80  pieds  de  haut  dans  un  étang  placé  au  dessous,  et  dont  les 
eaux  verdàtres  se  refermaient  sur  le  malheureux.  Une  autre 
version  rapporte  que  si  le  piège  ne  réussissait  pas,  on  aidait 
un  peu  à  la  chose,  en  poussant  le  captif  du  haut  de  cette 
nouvelle  roche  torpéienne.  On  a  reproché  aux  Romains  d'avoir 
nourri  leurs  murènes  avec  la  chair  de  leurs  esclaves,  et  les 
châtelains  du  moyen-âge  engraissaient  leurs  brochets  avec 
leurs  prisonniers  inutiles.  Cependant  ils  mangeaient  dévote- 
ment ces  brochets  les  jours  d'abstinence,  comme  ces  prélats 
qui  faisaient  assaisonner  leur  soupe  maigre  avec  du  jus  de  rôti. 

A.  QUIQUEREZ. 


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EXTRAIT  DES  NOTES  MANUSCRITES 


DU 


COMMANDANT  HESSELAT 


I. 

Le  général  Foy.  —  La  mort  du  général  Abbatucci. 

J'ai  beaucoup  connu  le  général  Foy,  lorsqu'il  était  capi- 
taine, commandant  la  compagnie  d'artillerie  de  service  à  la 
lunette  du  pont  d'Huningue,  où  le  général  Abbatucci  Tayait 
placé,  quoiqu'il  appartînt  à  Tartillerie  légère.^  Nous  mangions 
ensemble  chez  la  yeuve  Cioalaux  ^  la  mère  des  frères  Gou- 

^  Pendant  la  campagne  de  l'an  V,  Foy  :ommandait  la  5«  compagnie 
da  2^  régiment  d'artillerie  volante,  à  la  droite  de  l'armée  da  Rhin,  divi- 
sion Ferino.  La  Souabe  et  la  Bavière  furent  le  théâtre  de  ses  exploits. 
Après  la  belle  retraite  de  Moreaa  et  le  passage  da  Rhin  à  Haningae  et  à 
Rehl,  le  général  Abbatucci,  qui  avait  distingué  le  jeune  capitaine  de 
vingt-an  ans,  demanda  Foy  pour  commander  l'artillerie  de  la  demi-lune 
dans  l'ouvrage  à  corne  adossé  au  fleuve  ;  Foy  mit  ses  canonniers  à  pied, 
laissa  leurs  chevaux  à  Huningue  et  s'établit  avec  ses  pièces  au  poste  da 
péril  et  de  l'honneur  (Tissot). 

'  Jacques  Coulaux  l'aîné,  né  à  Huningue,  établit  ensuite  un  atelier  de 
réparation  d'armes  à  Strasbourg,  dans  la  commanderie  des  Johannites 
(Hont-de-piété  actuel)  ;  puis,  au  commencement  de  ce  siècle,  il  acheta  le 
château  de  Mutzig  et  il  y  fonda  une  manufacture  d'armes.  Il  mourut  en 
1834,  laissant  un  nom  honoré  dans  Tindustrie  française  et  un  noble 
exemple  à  suivre  (F.  Piton,  Strasbourg  iUtistré,  E.  168).  L'ancien 
capitaine  d'artillerie,  député  sous  l'Empire,  est  son  fils« 


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136  REVUE  D'ALSACE 

leaux,  qui  firent  une  si  belle  fortune  aa  Elingenthal  el  à 
Mutzig  dans  la  fabrication  des  armes,  après  avoir  été  de  simples 
ouvriers  à  l'arsenal  d'Huningue.  Notre  pensionnat  était  com- 
posé de  quelques  officiers  du  génie  et  d'artillerie  attachés  à 
la  tête  de  pont,  parmi  lesquels  était  le  chef  de  bataillon 
Dumarsay,  homme  froid,  qui  n'était  pas  aussi  gai  que  son 
camarade  Foy,  que,  du  reste,  il  n'aimait  guère,  le  trouvant 
orgueilleux,  tranchant,  fanfaron,  parlant  beaucoup  de  ses 
conquêtes  qu'il  avait  faites  dans  le  courant  de  la  campagne, 
et  des  belles  Frédérique,  qui  avaient  couru  après  lui.* 

Le  capitaine  Foy  était  de  service,  lorsque  nous  fûmes  atta- 
qués par  l'ennemi  dans  la  nuit  du  30  novembre  au  1*' décembre 
1796.  Nous  brûlions  de  l'eau-de-vie  brûlée  dans  la  casemate 
du  général  Abbatucci,  et  le  capitaine  Foy  nous  lisait  gaiement 
des  morceaux  de  Jacques  h  fataliste  ^  lorsque  le  factionnaire 
cria  :  Aux  armes!  en  même  temps  que  les  premiers  coups  de 
fusil  se  firent  entendre.  Chacun  sortit  pour  se  rendre  i  son 
poste.  Mais  le  général  ne  revint  pas;  il  avait  été  blessé  à 
mort.  L'ennemi  .repoussé,  on  se  réunit  de  nouveau  dans  la 
casemate  et  le  général  Foy,  jetant  son  sabre  sur  la  table, 
s'écria  :  t  Voilà  ce  que  c'est  que  l'ambition  I  »  voulant  dire  sans 
doute,  que  le  général  s'était  trop  aventuré.  Puis  il  s'étendit 
silencieux  et  désolé  sur  le  banc  qu'Abbatucci  avait  occupé.^ 

En  1819,  les  habitants  d'Huningue  songèrent  à  relever  le 

^  Sa  jolie  figare  et  ses  excellentes  manières  ne  le  distinguoient  pas 
moins  que  son  grade  au  milieu  d'une  brillante  élite  d'ofûciers.  Il  avoit 
déjà,  et  plus  habituellement  peut-être,  cet  air  vif  et  impérieux,  dont  tout 
le  monde  se  souvient,  et  qui  exprimoit  à  vingt-cinq  ans  l'assurance  d'une 
confiance  légitime,  mais  qu'on  trouvoit  un  peu  suffisante.  Ses  formes 
potelées  et  un  peu  féminines,  son  embonpoint  frais  et  fleuri,  sa  bouche 
vermeille  et  ses  joues  rosées  relevoient  même,  par  un  contraste  frappant, 
la  fierté  de  son  regard  (Gh.  Nodieb). 

*  Roman  de  Diderot  qui  venait  de  paraître. 

•  D'après  Tissot,  le  général  tomba  dans  les  bras  du  capitaine  Foy, 
qu'il  fit  dépositaire  de  ses  dernières  volontés.  Mais  il  faut  remarquer  que 
Tissot  écrit  une  histoire  dans  le  genre  officiel  et  dans  le  goût  du  jour. 


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K0TK8  DU  COMMANDANT  HESSELAT  137 

monument  de  lenr  défenseur,  et  Foy  écrivait  à  ce  sujet  dans 
le  Constitutionnel  :  «  Je  n'ai  pas  connu  un  homme  plus  remar- 
quable qu'Abbatucci  et  qui  promit  davantage  à  la  France.  > 

M.  Tissot,  qui  a  publié  une  traduction  de  Virgile,  prétend, 
dans  une  bic^praphie  qu'il  a  donnée  du  général  Âbbatucci, 
que  celui-ci,  au  moment  de  l'assaut,  lisait  une  traduction  de 
Virgile.  Tout  cela  est  faux.^  J'étais  présent  et  au  nombre  des 
auditeurs.  Abbatucci  ne  lisait  rien,  et,  comme  nous  autres, 
il  riait  en  écoutant  le  lecteur,  qui  fut  si  brutalement  inter- 
rompu. 

La  tête  du  pont  d'Huningue  rendue  et  évacuée,  nous  nous 
séparâmes  et  je  ne  revis  plus  de  notre  société  que  le  com- 
mandant Damarsay,  qui,  m'ayant  rencontré  à  Strasbourg 
quelque  temps  après  ces  événements,  m'invita  à  déjeûner 
chez  lui.  Entre  autres  choses,  je  lui  demandai  étourdiment 
des  nouvelles  de  son  camarade,  le  capitaine  Sainte- Foy.  Sainte- 
Foy,  dit-il,  en  me  regardant  fixement,  il  voudrait  bien  peut- 
être  se  nommer  ainsi  ! 


^  C'est  dans  la  notice  biograpbiqae  du  général  Foy  placée  en  tête  da 
premier  volume  de  ses  Discoars  [Paris,  1826),  que  M.  Tissot  parle  d' Ab- 
batucci, page  X  :  «  Le  soir  étaient  réanis,  dans  la  tente  d'Abbatucci, 
quelques  offîciers  qu'il  affectionnait  particulièrement,  le  capitaine  Foy 
se  trouvait  du  nombre.  Abbatucci  leur  lisait  à  haute  voix  le  dixième 
livre  de  TEnéide.  A  onze  heures,  un  coup  de  canon  résonne,  Foy  se  lève 
en  s'écriant  :  c'est  Taltaque.  Au  second  coup  que  le  général  avait  voulu 
attendre,  tout  le  monde  est  debout,  et  Abbatucci,  qui  tenait  encore  en 
main  son  Virgile,  achève  sa  lecture  par  ce  trait  du  poète,  qu'il  semble 
adresser  à  chacun  de  ses  compagnons  comme  un  avis  et  un  dernier 
adieu  : 

Ultor  eris  Mêcum,  auty  aperit  si  nulla  viarn  'vù^ 
Occumbis  pariter. 

«  Dans  l'application  faite  par  le  général,  ce  vers,  qui  était  un  arrêt 
prophétique  pour  lui  et  pour  plusieurs  de  ses  compagnons,  voulait  dire*. 
Vous  vengerez  avec  moi  les  revors  de  la  patrie,  ou,  si  le  courage  et  la 
force  ne  nous  ouvrent  aucun  moyen  de  triomphe,  nous  succomberons 
ensemble  à  la  même  heure.  » 


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138  REVUE  d'alsa.ce 

n. 

Mirabeau  au  fort  de  Joux.  —  Euloge  Schneider. 

M.  Girod  de  Chantrans  était,  en  1790,  chargé,  comme  capi- 
taine du  corps  de  génie,  du  château  de  Joux  où  avait  été 
enfermé,  en  1776,  le  fameux  comte  de  Mirabeau,  qui  s'en 
échappa  si  facilement  pour  se  sauver  en  Suisse  avec  M""'  Mon- 
nîer,  sa  maîtresse,  et  où  Toussaint-Louverlure,  prisonnier  de 
Napoléon,  mourut  en  Tan  XI,  dans  un  petit  appartement  que 
je  lui  avais  préparé  en  Tan  IX  de  la  République  française, 
une  et  indivisible  et  impérissable. 

C'est  pendant  son  service  au  château  de  Joux,  qu'il  fesait 
depuis  Pontarlier,  où  il  demeurait,  que  M.  de  Chantrans  étu- 
dia la  fontaine  intermittente,  qui  se  trouve  sur  le  chemin  qui 

va  de à  Pontarlier  par  le  pied  de  la  montagne  au 

sommet  de  laquelle  est  situé  le  château. 

Il  publia  un  petit  ouvrage  sur  ce  curieux  phénomène  que 
j'ai  souvent  admiré.  Le  bassin  de  cette  fontaine  est  d'une 
forme  presque  circulaire  de  S  toises  de  diamètre;  il  s'emplit 
dans  quelques  minutes,  se  vuide,  redevient  à  sec,  puis  se 
remplit  de  nouveau,  mais  dans  des  intervalles  qui  varient  de 
deux  à  cinq  minutes. 

Mirabeau  était  tellement  libre  dans  sa  prison  du  château 
de  Joux,  qu'il  passait  toutes  ses  journées  à  Pontarlier  chez  le 
marquis  de  Monnier.  Un  soir,  il  ne  rentra  pas  et  il  passa 
une  partie  de  la  nuit  dans  la  Sablière,  qui  est  contiguë  à  la 
promenade  de  la  ville,  où  l'on  se  garda  bien  de  le  chercher. 
De  là,  il  franchit  avec  sa  Sophie  la  frontière,  qui  n'est  pas 
éloignée. 

Pendant  que  j'étais  en  garnison  à  Huningue  dans  les  années 
républicaines  de  1794  à  1796,  nous  avions  pour  commandant 
de  place  un  citoyen  Nodier,  franc-comtois,  chez  lequel  je  vis 
un  jeune  homme  portant  le  même  nom,  qui  pouvait  être  son 
neveu,  écolier  alors,  passant  chez  lui  quelques  jours  en  allant 
de  Besançon  à  Besançon. 


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NOTES  DU  COMMANDANT  HESSELAT  139 

La  maison  où  Nodier  devait  demeurer  avec  Tabbé  Schnei- 
der, était  celle  du  citoyen  Lotzbeck,  la  dernière  à  gauche  de 
la  rue  de  la  Nuée-Bleue  près  le  faux  rempart. 

Schneider,  prêtre  étranger,  ci-devant  récollet  allemand 
défroqué,  était  trayaillé  de  la  même  maladie  d'indépendance 
que  Luther,  moine  augustin.  Il  yint  à  Strasbourg,  où  il  fut 
chanoine  et  grand-vicaire,  puis  il  devint  maire  de  Haguenau 
et  ensuite  accusateur  public  près  le  tribunal  révolutionnaire 
du  Bas- Rhin.  Sur  le  point  de  se  marier  à  Barr,  on  finit  par 
le  donner  en  spectacle  sur  la  Place-d'Ârmes  de  Strasbourg, 
attaché  à  la  guillotine  qu'il  avait  tant  fait  manœuvrer,  et  on 
renvoya  à  Paris  pour  avoir  la  tête  tranchée. 

On  voyait  encore  à  Strasbourg,  en  1840,  deux  vieilles  filles 
Saun,  qui  avaient  été  ensemble  servantes  maltresses,  et  que, 
lors  de  sa  disgrâce,  on  avait  publiquement  fouettées  dans  les 
rues  et  au  club. 

IIL 
Goster  Saint- Victor. 

Victor  Coster  (c'était  son  vrai  nom,  l'autre  n'étant  qu'un 
nom  d'emprunt),  était  le  fils  d*un  procureur  du  Roi  au  Bail- 
liage d'Epinal.  Il  fesait,  en  1790,  son  cours  de  mathématiques 
et  de  physique  au  collège  royal,  où  j'étais  son  professeur, 
lorsqu'étourdi  par  les  déclamations  de  certains  orateurs  popu- 
lariens  de  la  contrée,  tels  que  François  de  Neufchateau,  Pou- 
lain Grandprez,  Vosgien, Lepage,  etc.,  contre  la  noblesse  et  la 
magistrature,  il  quitta,  sans  mot  dire,  sa  famille  et  le  collège 
au  moment  où  son  père,  ses  sœurs  et  quelques-uns  de  mes 
collègues  fêtions  le  mardi-gras,  en  consommant  le  produit  des 
parties  de  jeu  que  nous  avions  perdues  entre  nous  pendant 
l'hiver. 

On  ne  sut  d'abord  où  le  jeune  Goster  était  allé,  et  comme 
je  partais  le  lendemain  pour  aller  à  Lunéville  passer  quelques 
jours  de  congé,  sa  mère  me  pria  de  prendre  des  informations 


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140  REVUE  D'ALSACE 

sur  cette  route  qu'il  pouvoît  avoir  suivie.  Mais  je  n'appris 
rien.  L'on  sçut  depuis  qu'il  s'était  engagé  à  Metz  dans  un 
régiment  de  chasseurs  à  cheval,  qui  y  était  en  garnison.  Plus 
tard,  il  se  trouva,  je  ne  sais  comment,  lié  avec  les  chouans 
et  il  finit  par  se  laisser  prendre  avec  Georges  Gadoudal,  à  la 
suite  d'une  conspiration  contre  le  premier  Consul,  et  mourut 
sur  l'échaffaud,  malgré  les  larmes  et  les  supplications  de  sa 
mère  et  de  ses  deux  sœurs  qui  lui  restoient,  Toinette  et 
Victoire. 

Victor,  écolier,  n'avait  rien  d'attrayant,  à  l'air  hagard,  avec 
son  œil  vairon,  qui  luidonnoit  une  mauvaise  mine,  il-joignoit 
une  mauvaise  tête,  et  il  fesoit  le  mauvais  plaisant.  Après 
avoir  fait  quelques  promenades  civiques  pour  chasser  les 
brigands  qui  dévastaient  les  abbayes,  les  châteaux  que  les 
Protecteurs  mettaient  eux-mêmes  à  contribution,  il  parut 
s'amender.  On  eut  dit  qu'il  prévoyait  déjà  où  nous  conduirait 
la  Révolution,  qui  commençait,  c'est-à-dire  au  bouleversement 
des  personnes  et  des  choses,  au  déchaînement  de  la  populace 
contre  toutes  les  autorités,  aux  massacres  politiques,  à  l'aug- 
mentation de  la  dette  que  la  Révolution  devait  payer  et  qu'elle 
augmenta  ;  aux  guerres  désastreuses,  à  l'envahissement  hon- 
teux de  la  France,  au  démembrement  du  pays,  à  la  perte  de 
ses  colonies,  au  mépris  des  lois,  et  de  tout  ce  qu'il  y  a  de 
respectable.  Ce  malheureux  échoua  dans  son  noble  dessein  de 
rétablir  l'ordre  en  s'opposant  à  l'anarchie.* 

Bonaparte  qu'il  combattit,  fit  mieux;  il  mftta  les  Jacobins, 
qui  n'osaient  plus  ni  hurler,  ni  chanter;  il  fit  taire  les  jour- 

^  Goster  Saint- Victor  avait  fait  la  première  gaerre  des  Chouans  sons 
Puysaie  ;  il  commandait  dans  le  pays  de  Vitré  et  y  resta  après  la  première 
amnistie,  poar  y  maintenir  l'esprit  de  révolte  et  y  préparer  les  moyens 
d'une  seconde  insurrection.  Il  fut  arrêté  en  l'an  V  et  conduit  à  Sainl- 
Brieuc,  oh  il  fut  condamné  comme  déserteur.  l\  parvint  à  se  sauver  et 
se  retira  en  Angleterre,  où  il  suivit  Puysaie  au  Canada.  L'évêque  d'Anus, 
son  protecteur,  le  fit  revenir  et  le  chargea  de  passer  en  France  pour  pré- 
parer l'attentat  du  mois  de  Nivôse.  Poursuivi  par  la  police,  il  se  réfugia 


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NOTES  DU  GOmCAMDAMT  HEBSKLAT  141 

nalistes.  qui  cessèrent  de  prêcher  la  liberté  et  de  calomnier; 
il  contint  le  bas  peuple,  qui  fut  enfin  forcé  de  se  tenir  coi  et 
de  se  montrer  content. 


Le  commandant  du  génie  Hesselat,  auteur  de  cette  petite 
relation,  était  originaire  de  Lunéville.  Fort  jeune  il  entra 
dans  rOrdre  des  chanoines  réguliers  de  Saint-Augustin  de 
Ijorraine,  et  ses  talents  le  firent  nommer  à  une  chaire  de 
physique  au  collège  royal  d'Epinal,  tenu  par  les  religieux  de 
son  ordre.  Il  eut  pour  élève  le  royaliste  Coster  Saint- Victor, 
qui  mourut  sur  l'échafaud  en  criant  :  Vive  le  roi!  La  Révo- 
lution surprit  le  chanoine  Hesselat  dans  son  modeste  emploi 
de  pédagogue.  Forcé  de  quitter  son  collège,  il  entra  dans  Tar- 
mée  en  qualité  d'officier  du  génie.  Il  fit  toutes  les  guerres  de 
la  République  et  de  TËmpire  et  mourut  en  retraite  à  Stras- 
bourg vers  les  dernières  années  du  gouvernement  de  juillet. 

Il  annota  les  souvenirs  et  portraits  de  Charles  Nodier  (Paris 
1844,  in-S*")  et  la  vie  de  ce  savant  conservateur  de  la  biblio- 
thèque de  Tarsenal  par  F.  Wey.  Ses  notes  sont  très  curieuses, 
non-seulement  il  donne  des  détails  inédits  sur  des  personnages 
célèbres  ;  mais  encore  il  s'y  livre  à  une  dissertation  très  savante 
sur  le  langage  de  Técole  romantique  française,  dont  il  se 
montre  Tadversaire  déclaré. 

Le  commandant  Hesselat  dessina,  en  18S0,  la  carte  géolo- 
gique des  Vosges  entre  Belfort  et  Wissembourg  (Catalogue 
Heitz,  n**  S288,  in-folio,  Strasbourg).  La  bibliothèque  publique 
de  la  ville  de  Nancy  possède  de  lui  une  belle  aquarelle  repré- 
sentant Tabbaye  des  chanoines  de  Belchamp.  Ce  beau  dessin 

de  nouveau  chez  les  Anglais,  qui  lui  payaient  la  solde  de  général  de 
division.  Il  rentra  néanmoins  en  France  par  la  falaise  de  Beville.  Arrêté 
peu  après,  il  fut  condamné  à  mort  {Notice  sur  la  vie,  le  caractère  et 
les  crimes  des  principauœ  assassins  aux  gages  de  V  Angleterre,  qui 
sont  traduits  devant  le  tribunal  de  la  Seine.  Paris,  Imprimerie 
impériale,  an  XII). 


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149  REVUE  D'ALSACE 

a  été  reproduit,  rédait  d'après  un  dessin  de  M.  Louis  Benoit, 
par  la  gravure  pour  VBisloire  de  Fabbaye  de  Bekhamp^  par 
M.  H.  Lepage  (Nancy,  1867J.  Une  vue  de  Tabbaye  de  Chau- 
monzey,  près  d'Epinal,  du  môme  ordre,  graçd  in-folio,  prove- 
nant de  lui,  se  trouve  dans  la  collection  A.  Benoit  à  Berthel- 
ming.  A  ce  qu'il  paraît,  le  frère  Hesselat  avait  été  chargé  de 
lever  les  plans  des  diverses  abbayes  de  son  ordre  :  collection 
bien  curieuse,  si  elle  a  survécu  au  torrent  révolutionnaire. 

Arthur  Benoit. 


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PIEFORT  EN  OR  DE  LA  VILLE  DE  STRASBOURG 


Le  médaîUer  grand-ducal  de  Carlsruhe  possède,  dans  la  pièce  suivante, 

un  des  produits  les  plus  remarquables  de  la  numismatique  du  XV«  siècle  : 

t  GROSSVS  (lis)  ARGENTINENS."    Grande  fleur  de  lis  dans  un 

cercle  à  huit  lobes  et  à  double  filet,  dans  les  angles  extérieurs  duquel  on 

remarque  des  rosettes. 

Rf.  Double  légende  :  f  GLORIA  •  TN  •  EXCELS  •  DO  •  ET  • 
IN  —  TRA-PAX=:hOI=BVS(in  terra  pax  hominibus).  Croix  pattée, 
coupant  le  tout. 
Or.  Dm.  18'"  —  Pds.  53.15.  Epaisseur  :  4^8  millimètres. 
Un  piéfort  en  or  fin,  et  qui,  plus  est,  d^une  épaisseur  inusitée  chez  des 
piéforts  !  Il  n^  a  pas  de  frai,  et  pourtant  les  lettres  ne  présentent  que  peu 
de  relief.  L'observateur  le  plus  attentif  n'y  trouve  rien  qui  révèle  une 
pièce  coulée,  bien  que,  comme  il  s'entend  de  soi,  le  flan  de  tout  piéfort 
doive  être  coulé  avant  d'être  soumis  à  la  frappe. 

Les  gros  à  ce  type  furent  d'abord,  suivant  le  protocole  du  Conseil  de 
Strasbourg,  décrétés  l'an  1395.  Les  spécimens  de  ces  pièces,  sans  être  abon- 
dants dans  les  collections,  ne  sont  néanmoins  pas  rares;  mais  ces  derniers 
terminent  la  légende  de  l'avers  par  le  mot  :  argentiNENSIS  (Berstett, 
pi.  IX,  h^.  210)  et  non  argentiNENS,  comme  notre  piéfort.  Seul,  le 
cabinet  des  médailles  de  l'Université  de  Strasbourg  possède  un  exemplaire, 
très  rare  apparemment,  d'un  gros  avec  cette  abréviation.  Il  concorde, 
au  reste,  entièrement  avec  le  piéfort,  mais  sort  d'un  coin  différent,  ce  que 
démontre  non-seulement  la  comparaison  attentive  des  deux  avers,  mais 
encore,  au  Rf.  l'erreur  du  graveur,  DT  au  lieu  de  ET  (et,  car  sur  les  deux 
exemplaires  la  barre  de  TE  rond  fait  défaut).  En  outre,  les  lettres,  sur  ce 
gros,  offrent  beaucoup  plus  de  relief  que  sur  le  piéfort.  Le  gros  pèse  3*11. 
Si,  comme  cela  ne  parait  pas  douteux,  il   est  vrai   que  les  piéforts  ser- 

^  L'imprimerie  ne  possédant  pas  les  caractères  de  l'époque,  on  a  dû  les  remplacer 
par  les  lettres  grandes  capitales. 


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144  REVUE  d'âlsacs 

vaient  au  moyen-âge  à^exagia,  pour  tenir  lieu  de  poids  dans  Tajustage 
d*une  quantité  déterminée  de  pièces  pesées  al  marco  —  surtout  là  où 
Ton  procédait  partout  à  Tajustage  —  le  piéfort  d^or  aurait  servi  à  peser 
i8  pièces  d^un  gros,  et  le  poids  normal  du  gros  aurait  été  de  2.96,  question 
que  je  laisserai  en  suspens,  voulant  parler  ici  du  piéfort  et  non  du  gros. 

Si  les  piéforts  devaient  servir  seulement  d^étalon  pour  vérifier  le  poids 
moyen  d*une  quantité  déterminée  de  pièces  nouvellement  frappées,  il 
pouvait  être  entièrement  indifférent,  comme  cela  arrive  avec  les  anciens 
poids,  qu'ils  fussent  d'une  substance  ou  d'une  autre  ;  et  de  fait,  il  se  trouve 
que  presque  tous  les  anciens  piéforts  d'argent  sont  à  un  titre  beaucoup 
plus  bas  que  les  monnaies  dont  ils  portent  l'empreinte.  Si,  dans  les  ateliers 
du  moyen-âge,  où  l'on  ajustait  en  masse,  un  grand  nombre  d'ouvrien 
devaient  travailler  simultanément,  et  que  par  conséquent  on  avait  besoin, 
pour  chaque  c  travail,  >  d'autant  de  piéforts  qu'il  y  avait  d'ouvriers,  on  a 
dû  en  fabriquer  un  certain  nombre  concordant  exactement  entre  eux,  et 
dès  lors  il  est  très  probable  que  tous  étaient  copiés  sur  un  piéfort-patron 
confectionné  à  cet  effet  avec  une  grande  précision.  Aussi  l'opinion  avancée 
par  M .  Brembach  (conservateur  du  cabinet  grand-ducal  de  Carlsruhe  et 
bibliothécaire  en  chef),  que  ce  piéfort  d'or  a  dû  servir  de  piéfort-patron, 
me  semble  très  fondée. 

H;  GROTE. 

{Blâtter/ur  Mùnxjreunde,  i*'  octobre  1876,  n®  55). 

Traduit  par  Arthur  Engel. 


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Fae-ftimile  «fane  Componition 
de    E.    ENSFELDËR.  —  1866 


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EUGÈNE  ENSFELDER 


1886-1876. 


Eugène  ËDsfelder^  qu'une  mort  prématurée  a  enlefé  an 
printemps  de  Tannée  dernière,  n*a  pas  été  tout-à-fiiit  un  artiste 
inconnu.  Sans  parler  de  ceux  qui  Tont  approché  et  qui  lui 
gardent  un  souvenir  fidèle,  il  est  à  supposer  que,  parmi  ceux 
qui  s'intéressent  de  près  au  mouvement  de  l'art  dans  notre 
province,  il  en  est  peu  qui  n'aient  pas  eu  Toctsasion  d'admirer 
quelqu'une  des  compositions  charmantes  qui  naissaient  sous 
son  crayon.  Mais  le  fait  est  qu'il  n'est  pas  arrivé  à  la  notoriété. 
Dans  un  ouvrage  récent  consacré  à  l'histoire  de  l'art  en 
Alsace,  son  nom  ne  figure  pas  :  pour  le  découvrir,  il  eût  liillu 
se  donner  la  peine  de  chercher  un  peu.  Une  organisation 
d'élite,  un  talent  fécond  et  original  a  ainsi  passé  dans  l'ombre 
et  dans  le  silence,  sans  éveiller  jamais  un  seul  de  ces  mille 
échos  de  la  renommée,  si  bruyants  parfois  autour  de  la  médio- 
crité. Gela  peut  sembler  étrange  à  notre  époque  de  publicité 
à  outrance,  et  on  serait  tenté  de  n  y  pas  croire,  si  on  ne  savait 
qu'il  est  de  ces  natures  desservies  par  leurs  qualités  mêmes, 
qu'un  excès  de  finesse,  de  délicatesse,  de  modeste  fierté  relègue 
presque  forcément  parmi  les  vaincus  de  la  vie  ;  existenoes 
douloureuses  entre  toutes,  que  le  grand  nombre  ignore  et  qni^ 
pour  ceux  mêmes  qui  les  approchent  de  plus  près,  restent 
parfois  des  énigmes. 

C'est  pour  soulever  le  voile  d'une  de  ces  énigmes,  pour  reven- 


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146  REVUE  D* ALSACE 

diquer,  dans  la  mesure  du  possible,  la  mémoire  d'un  artiste 
qui,  avec  un  peu  plus  de  bonheur,  eftt  pris  rang  immédiate- 
ment à  côté  de  notre  Zix,  que  œs  pages  ont  été  réunies. 
Puissent-elles,  aux  amis  d*Ensfelder,  le  rappeler  tel  qu'ils 
l'ont  connu  et,  à  ceux  qui  n'ont  pas  été  en  rapport  avec  lui, 
donner  quelqu'idée  d'un  homme  qu'on  ne  pouvait  approcher 
sans  l'aimer,  sans  l'admirer,  sans  le  respecter.  De  son  œuvre 
malheureusement  inachevée  et  restée  en  grande  partie  anonyme 
ou  incomplète,  il  sera  toujours  difficile  de  réunir  des  suites 
un  peu  nombreuses.  Les  pièces  les  plus  belles  sont  dispersées 
entre  les  mains  des  membres  de  sa  famille,  de  ses  amis  et 
d'un  petit  nombre  d'amateurs.  Cependant  celles  qui  ont  passé 
dans  le  commerça,  particulièrement  les  belles  photographies 
exécutées  d'après  ses  compositions  par  M.  Winter  de  Stras- 
bourg, suffisent,  jusqu'à  un  certain  point,  pour  faire  apprécier 
l'artiste  par  le  grand  public.  Quant  aux  vrais  connaisseurs, 
peut-être  voudront-ils  aller  plus  loin  et,  de  même  qu'ils  savent 
admirer  Prudhon  dans  ses  moindres  vignettes,  ne  dédaigne- 
ront-ilfl  pas  d'apprécier  parfois  sur  une  feuille  de  trois  sous, 
représentant  les  aventures  dePeau-d'ftne  ou  du  Petit- Poucet 
quelques-unes  des  qualités  d'un  artiste  qui,  même  dans  ses 
plus  humbles  productions^  a  toujours  su  respecter  son  crayon. 
Ce  que,  par  contre,  ja  voudrais  dégager  ici^  ce  que  son  œuvre 
ne  saurait  dire,  parce  qu'il  n'a  pas  eu  le  temps  d'y  donner 
la  plmne  et  entière  mesure  de  lui-même,  c'est  l'homme,  c'est 
le  charme  de  cet  esprit  finement  humoristique  avec  une  teinte 
de  mélancolie,  très  peu  pfatique  et  passablement  embarrassé 
aux  choses  de  la  vie,  mais  riche  et  gracieux  dans  l'intimité 
et  d'une  admirable  rectitude  dans  le  domaine  de  la  pensée  et 
de  la  fantaisie,  le  seul  où  il  fût  vraiment  à  l'aise;  c'est  surtout 
la  haute  valeur  morale  de  cette  nature  réservée  et  d'une  déli- 
catesse un  peu  morbide,  mais  absolument  sincère  et  honnête, 
à  la  fois  aimante  et  sévère,  mais  infiniment  plus  sévère  à  soi- 
même  qu'aux  autres  et,  pour  tout  dire,  d'une  noblesse  vrai- 


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EUaÊNE  BMSFBLDER  147 

ment  antique.  Heureusement  je  ne  suis  pas  réduit  pour  cela 
à  mes  seuls  8ou?enirs  :  j*ai  sous  les  yeux  une  longue  et 
nombreuse  série  de  lettres,  et  j'y  puiserai  aussi  largement 
que  me  le  permet  le  caractère  tout  intime  de  cette  correspon- 
dance. Je  ne  sais  si  Tamitié  m'abuse;  mais  il  me  semble  qu'on 
ne  peut  lire  ces  fragments  écrits  au  courant  de  la  plume,  sans 
y  surpendre  pour  ainsi  dire  les  battements  d'un  noble  cœur, 
et  sans  être  ému  de  cette  persévérance,  de  cette  droiture  dans 
l'effort  vers  le  beau  et  le  Lien. 

Eugène  Ensfelder  naquit  à  Strasbourg,  le  7  octobre  1886, 
dans  une  de  ces  yieilles  et  honorables  familles  de  la  bour- 
geoisie ouvrière,  où  se  transmettent  de  génération  en  géné- 
ration, comme  le  plus  précieux  des  patrimoines,  les  vieilles 
mœurs  et  l'antique  probité.  Dans  ces  intérieurs  modestes,  où 
la  première  loi  était  de  bien  travailler  et  de  bien  vivre,  il  y 
avait  peu  d'élégance  profane,  mais  beaucoup  de  culture.  Les 
études  savantes,  sous  leur  forme,  il  est  vrai,  la  plus  austère, 
y  avaient  presque  toujours  leur  place  faite  à  côté  des  profes- 
sions manuelles.  C'est  ainsi  qu'Ensfelder  avait  eu  pour  oncle 
maternel  le  savant  théologien  J.-J.  Bochinger,  mort  jeune 
comme  lui,  mais  déjà  célèbre  ;  un  autre  de  ses  oncles  était 
pasteur;  son  père  était  boulanger.  Il  fit  ses  études  au  Gymnase 
protestant  de  Strasbourg.  Les  loisirs  qu'elles  lui  laissaient, 
mais  les  loisirs  seuls,  étaient  dès  lors  consacrés  au  dessin, 
pour  lequel  il  avait,  dès  Tenfance,  manifesté  le  goût  le  plus 
vif.  C'était  là,  du  reste,  un  trait  héréditaire  :  son  oncle,  son 
père,  ses  frères,  tous  les  membres  de  sa  famille  manient  ou 
ont  manié  le  cayon,  quelques-uns  avec  un  fort  joli  talent 
d'amateur.  L'enseignement  du  dessin  au  Gymnase  venait  alors 
d'être  confié  à  un  mattre  distingué,  Charles  Schuler,  le  gra- 
veur de  la  Fille  de  Jephléetdela  Vierge  duCorrége.  Sous  son 
impulsion,  l'ancienne  routine,  qui  consistait  à  faire  des  séries 
interminables  d'yeux,  de  bouches,  de  nez,  d'oreilles,  pour 
arriver  finalement  à  des  tètes  qu'on  ombrait  péniblement  au 


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148  REVUE  d'àlsace 

crayon  sans  Taide  de  l'estompe,  fut  remplacée  par  des  procédés 
plus  expéditifs  et  par  une  méthode  plus  rationnelle  qui,  en 
plaçant  de  suite  Télëve  devant  un  ensemble  de  formes  vrai- 
ment significatif  et  en  lui  fournissant  le  moyen  de  reproduire 
lestement  le  modèle,  Thabi  tuait  à  bien  voir  et  à  raisonner 
son  travail.  Ensfelder  ne  profita  pas  de  cet  enseignement.  Il 
avait  débuté  dans  un  cours  privé  dirigé  par  un  mattre  d'école 
au  Temple-Neuf  du  nom  de  Dietrich,  brave  homme  un  peu 
bossu,  qui  ne  savait  pas  grand'chose  lui-même  et  sous  la 
férule  duquel  plusieurs  générations  de  bambins  ont  appris  à 
noircir  du  papier.  Par  une  sorte  de  piété  envers  un  maître, 
qui  avait  instruit  tous  les  enfants  de  la  famille,  les  parents 
d'Ensfelder  le  maintinrent  dans  ce  cours,  bien  que,  de  l'aveu 
môme  du  professeur,  il  n'eût  plus  rien  à  y  apprendre,  et  nous 
le  voyons  ainsi^  dès  ses  premiers  pas,  condamné  à  la  rude 
tâche  de  tout  tirer  de  lui-raênie.  Il  est  vrai  qu'il  perdait  moins 
qu'un  autre  à  cette  sorte  d'apprentissage.  Sa  merveilleuse 
facilité  à  saisir  l'expression  plastique  des  objets  a  toujours  été 
doublée  d'une  certaine  répugnance  à  adopter  des  procédés 
tout  trouvés  et  de  pure  facture.  Si,  dans  la  suite,  il  a  eu 
vraiment  à  pâtir  du  manque  de  direction,  pour  le  moment,  il 
devinait  aisément  le  peu  dont  il  avait  besoin,  et  il  marchait 
d'autant  plus  sûrement  que,  de  ce  qu'il  faisait,  tout  était  bien 
dûment  à  lui.  Ses  premiers  essais  lui  avaient,  du  reste,  valu 
unepetitecélébrité  sur  les  bancs  duGymnase.  Ils  avaientmême 
paru  assez  remarquables  à  un  de  ses  maîtres,  M.  Schweig- 
hâuser,  qui  pratiquait  lui-même  le  dessin  avec  distinction, 
pour  que  celui-ci  le  chargeât  en  Troisième  de  tracer,  sur  une 
grande  feuille  de  vélin,  les  figures  des  divinités  de  l'Olympe, 
afin  de  s'en  servir  comme  tableau  explicatif  dans  ses  leçons 
de  mythologie. 

Cependant  vint  le  moment  où,  reçu  bachelier,  il  s'agît  pour 
lui  de  faire  choix  d'une  carrière  (1854).  Il  émit  naturellement 
le  désir  de  se  vouer  à  la  peinture;  naturellement  aussi  œ 


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EUOâNE   EN8FELDSR  149 

rœa  fut  accueilli  à  peu  près  comme  celui  de  Boileau  de  se 
faire  poëte.  La  demande  parut  à  sa  famille  si  étrange,  si  con- 
traire aux  traditions  bourgeoises,  elle  évoqua  un  tel  idéal 
d'une  vie  de  désordres  et  d'aventures  besc^neuRes,  quen  fils 
obéissant,  Ënsfelder  dut  céder,  et  il  fut  décidé  qu'il  ferait  ses 
études  de  théologie.  La  soumission  était  méritoire  ;  les  consé- 
quences en  furent  déplorables.  On  ne  peut  songer  sans  un 
amer  regret  à  l'avenir  qui  s'ouvrait  alors  à  ce  talent  vigoureux 
et  original,  s'il  était  entré  dans  la  carrière  à  temps  et  par  la 
vraie  porte.  Mais  c'étaient  là  dès  prévisions,  auxquelles  le 
préjugé  autour  de  lui  ne  laissait  point  de  place,  et  que  lui- 
même,  du  reste,  dans  sa  modestie,  eût  été  le  dernier  à  se 
permettre.  Aussi  fut-ce  sans  répugnance  et  sans  se  douter  de 
rétendue  du  sacrifice  qu'il  faisait,  qu'il  continua  ses  études 
dans  la  direction  indiquée  par  la  volonté  paternelle.  Tout  en 
s'y  livrant  d'ailleurs  avec  l'assiduité  consciencieuse  qu'il  met- 
tait à  toutes  choses,  il  n'abandonnait  pas  le  dessin,  et  il  lui 
restait  la  ressource  de  cultiver  en  amateur  un  goût  qu'il  avait 
à  tort,  pensait- il,  pris  quelque  temps  pour  une  vocation.  Ses 
croquis,  parfois  faits  au  cours,  continuèrent  à  être  appréciés 
de  ses  condisciples  sur  les  bancs  de  la  Faculté,  comme  ils 
l'avaient  été  sur  ceux  du  Gymnase,  et  il  fut  bientôt  l'illus- 
trateur  attitré  de  tous  les  incidents  de  la  vie  académique. 
Parmi  ses  professeurs,  M.  Baum  se  plaisait  tout  particulière- 
ment à  l'encourager.  C'est  ainsi  qu'il  lui  prit  une  série  de 
compositions  ayant  pour  sujet  la  chanson  populaire  allemande 
Prinz  Eugm  der  edle  Bitter^  qu'il  se  chargea  lui-même  de 
bire  graver  dans  un  institut  xylographique  de  Munich.  Mais 
dans  l'intervalle  survint  la  guerre  d'Italie,  et  Ënsfelder  retira 
ses  dessins,  ne  voulant  pas  glorifier,  même  en  plaisantant, 
un  général  autrichien.  Deux  autres  dessins  publiés  de  lui, 
remontent  à  peu  près  à  la  même  époque  :  la  reproduction  si 
finement  archaïque  du  portrait  de  Butzer,  qui  sert  de  fron- 
tispice à  l'ouvrage  biographique  consacré  par  M.  Baum  à  ce 


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160  RBVUB  D^ALSAGB 

réformateur  ^  et  une  grande  planche  lilhographiée  à  la  plume, 
représentant  TAdoration  des  mages,  dans  un  style  qui  rap- 
pelle celui  du  vieil  art  allemand.  Eu  1869,  il  termina  ses 
études  par  une  thèse  sur  le  socinien  Christophe  Ostorodt  : 
yers  la  fin  de  la  même  année  il  partit  pour  Genève,  afin  d*j 
étudier  de  plus  près,  avant  de  se  consacrer  au  ministère  pas- 
toral, les  méthodes  d'enseignement  et  Thistoire  du  protestan- 
tisme français. 

C'était  la  première  fois  qu'il  sortait  du  cercle  étroit  de  la  vie 
de  famille  et  qu'il  perdait  de  vue  la  flèche  de  la  cathédrale. 
C'est  le  moment  aussi  où  commence  notre  correspondance.  A 
Bftle,  il  admira  en  passant  les  belles  collections  de  tableaux 
et  de  dessins  du  musée,  en  particulier  les  séries  si  riches  des 
Holbein  : 

rai  beaaooap  admiré  les  portraits  de  Holbein.  Je  n'ai  jamais  rien  vu 
d'aussi  franchement  fait,  avec  autant  de  finesse  et  d'esprit.  U  m'a  semblé 
voir  le  maître  à  l'œuvre,  avec  son  entrain  et  son  regard  Jovial,  commu- 
niquant son  esprit  aux  bonnes  figures  des  dames,  demoiselles  et  boni^ 
geois  de  fi&le,  ennuyés  de  poser,  si  tant  est  qu'ils  aient  eu  le  temps  de 
s'ennuyer.  Ses  grandes  compositions  portent  trop  le  cachet  gothique  pour 
avoir  pu  me  plaire  à  une  si  rapide  inspection.  La  main  d'oeuvre  m'a 
frappé  par  sa  finesse  et  sa  transparence  ;  mais  je  crois  avoir  vu  d'antres 
passions  de  l'ancienne  école  allemande,  qui  m'ont  fait  plus  d'impression. 
J'aime  mieux,  beaucoup  mieux,  les  gravures  de  Durer. 

U  sortit  de  là  si  préoccupé  qu'il  ne  songea  pas  à  prendre 
soin  de  sa  malle,  et  qu'il  arriva  à  Tverdon  avec  ses  impres- 
sions pour  tout  bagage.  Mais  qu'était-ce  que  ces  ennuis  pour 
un  artiste  de  28  ans,  voyageant  pour  la  première  fois  en  vue 
du  Jura  et  des  Alpes?  Une  belle  après-midi  d*automne  lui 
permit  d'admirer,  dans  tout  leur  charme,  les  sites  variés  de 
la  route  avec  leur  iocoroparable  horizoti  formé  par  les  mas- 
sif rocheux  de  Berne  et  de  la  Gruyère.  Seules,  les  plus  hautes 
sommités  étaient  cachées  par  des  nuages,  et  ce  n'est  qu'à 

'  L'original,  conservé  à  la  bibliothèque  du  Séminaire,  a  péri  dans  la 
nuit  du  2i-2f;  août  1870. 


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EtJOÉNE  BN8FELDER  151 

Genëye  que  les  Alpes  devaient  se  montrer  à  lui  dans  leur 
pleine  majesté. 

Depuis  que  le  suis  ici,  il  n'a  pas  cessé  de  pleuvoir  et  de  oeiger.  Enfin 
j'ai  eu  deux  jours  de  soleil.  Je  me  suis  cherché  un  beau  point  de  vue 
sur  le  rempart  et  j'ai  vu  des  choses  d'une  beauté  indescriptible.  A  gauche 
le  Jura,  devant  moi  le  lac,  derrière  moi  la  côte  par  delà  Carouge,  à 
droite  le  Salève  et  les  Alpes.  Tout  cela  blanc  et  argent  et  d'une  finesse, 
de  couleur  admirable.  J'aurais  voulu  avoir  des  yeux  tout  autour  de  la 
tête  et  me  laisser  pénétrer  de  tous  les  côtés  par  toutes  ces  beautés  à  la 
fois.  En  été,  ce  sera  un  autre  genre  de  beauté,  plus  saisissable  peut-être  ; 
mais  ce  ne  sera  pas  plus  beau . 

Tout  le  semestre  qu'il  passa  à  Genève  fut  consacré  à  Té- 
tude.  M.  Scherer  achevait  alors  son  évolution  théologique  et 
le  jeune  candidat  assista  avec  curiosité  à  ce^  luttes  passion- 
nées et  brillantes,  qui  contrastaient  si  singulièrement  avec  les 
allures  paisibles  et  strictement  scientifiques  de  Técole  de 
Strasbourg.  De  retour  en  Alsace,  il  remplit  les  fonctions  de 
vicaire  successivement  à  Hausbergen,  à  Sainte-Aurélie,  au 
Temple-Neuf  et  enfin  à  Bouxwiller  (1860). 

A  ce  moment  Ensfelder  pouvait  bien  se  croire  le  maître  de 
sa  vie.  De  fortes  études  Pavaient  muni  d'un  ensemble  de 
connaissances  solides  et  bien  digérées.  Il  savait  fort  bien  les 
langues  anciennes,  y  compris  Thébrea,  et  des  lectures  judi- 
cieusement conduites  l'avaient  initié  à  plusieurs  littératures 
modernes.  En  théologie,  son  savoir  dépassait  le  niveau  moyen; 
sur  plusieurs  points  même,  comme  eu  témoignent  quelques 
travaux  d'exégèse  publiés  par  lui  dans  des  Revues  spéciales, 
ce  savoir  atteignait  à  l'érudition.  Les  premières  difficultés  qu'il 
avait  rencontrées  dans  la  pratique  de  la  chaire  (il  n'avait  pas 
le  tempérament  oratoire),  étaient  vaincues  et,  sans  ressentir 
un  goût  très  vif  pour  le  ministère  pastoral,  il  le  considérait 
avec  un  respect  profond  et  y  apportait  cette  sérénité  austère 
que  donne  le  sentiment  du  devoir  accompli.  Il  ne  songeait 
plus  à  l'art  en  tant  que  carrière,  mais  comme  distraction 
destinée  à  embellir  ses  loisirs,  comme  source  de  jouissances 


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152  BEVUE  D*AL8ACE 

intimes,  il  le  chérisMît  plus  que  jamais.  Il  crut  ainsi,  pendant 
quelque  temps,  pouvoir  concilier  cette  double  vocation,  celle 
que  les  circonstances  lui  avaient  faite  et  celle  que  la  nature 
même  avait  mise  en  lui.  L'illusion  dura  une  année,  la  plus 
heureuse  de  sa  courte  vie,  et  elle  devait  finir  par  un  déchire- 
ment profond. 

Avant  de  le  suivre  toutefois  dans  cette  phase  décisive  de 
son  existence,  il  convient  de  jeter  un  regard  en  arrière  et 
d'essayer  de  préciser  la  nature  de  son  talent,  ainsi  que  le  point 
de  perfection  relative  auquel  il  avait  pu  le  porter  durant  ces 
années  de  travail  solitaire.  Jusqu'à  ce  moment  il  n'avait  eu 
aucun  rapport  avec  des  artistes.  C'est  assez  dire  que  toute 
cette  partie  de  l'art,  qu'on  peut  appeler  le  métier,  ne  lui  était 
que  très  imparfaitement  connue.  Personne  ne  l'avait  initié  à 
ces  recettes  d'exécution  qui ,  une  fois  trouvées,  paraissent 
élémentaires,  mais  qui  n'en  sont  pas  moins  le  résultat  de 
longues  expériences,  ni  à  cette  science  compliquée  et  délicate 
qui  préside  aux  conventions,  règle  le  choix  des  procédés  et 
en  prévoit  les  ressources.  II  avait  bien  mis  à  profit  toutes  les 
occasions  qui  s'étaient  offertes  à  lui  d'étudier  le  travail  des 
maîtres  (on  n'avait  pas  encore  les  admirables  fac*8imile,  que 
la  photographie  a  multipliés  depuis),  et  il  s'était  même  fait 
ainsi  une  certaine  érudition  artistique.  Mais,  s'il  avait  vu  un 
certain  nombre  d'œuvres  d'art  toutes  faites,  il  n'en  avait 
jamais  vu  faire.  Il  n'en  était  pas  moins  parvenu  à  se  servir  avec 
une  certaine  habileté  de  la  mine  de  plomb,  du  crayon  noir, 
du  fusain,  de  la  sanguine.  Il  avait  deviné  quelques-uns  des 
procédés  de  la  sépia  et  de  l'aquarelle,  et  il  savait  d'une  façon 
ingénieuse  en  varier  et  en  combiner  les  effets.  Aussi  le  peintre 
Gh.  Marchai,  qui  se  trouvait  alors  à  Bouxwiller,  le  premier 
artiste  peut-être  qui  ait  vu  une  série  de  compositions  d'Eus- 
felder,  n'en  revenait-il  pas  :  <  C'est  prodigieux,  disait-il,  ce 
garçon  a  réinventé  le  dessin.  »  Mais  combien  cette  éducation 
acquise  dans  Tisoiement  présentait  de  lacunes,  uo  fait  seul  le 


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ECGÊNB  EN8FELDER  IfiS 

fera  comprendre  :  la  production  des  effets  qu'on  obtient  à 
l'aquarelle  en  utilisant  de  diverses  manières  les  refus  du 
papier,  lui  avait  longtemps  donné  une  peine  inutile,  et  il  fallut 
qu'un  apprenti  amateur,  incapable  de  poser  le  moindre  bon- 
homme, lui  en  -apprit  par  hasard  le  procédé. 

Mais  à  travers  cette  exécution  imparfaite,  l'invention  jail- 
lissait vive,  profonde,  intarissable.  Après  un  léger  travidl 
d'incubation,  la  conception  pittoresque  d'un  sujet  se  dégageait 
dans  son  esprit  si  nettement,  qu'elle  se  traduisait  pour  ainsi 
dire  d'elle-même  sur  le  papier  en  formes  arrêtées  et 'harmo- 
nieuses; et  ce  n'est  pas  trop  dire  que  d'affirmer  que,  pour 
les  deux  qualités  maîtresses  en  dessin,  le  sentiment  du  mou- 
vement et  celui  de  la  composition,  il  n'a  eu  à  peu  près  rien 
à  apprendre.  J'ai  sous  les  yeux  des  croquis  datant  de  sa  jeu- 
nesse et  quelques-uns  de  son  adolescence  :  sous  ce  double 
rapport,  ils  sont  tous  à  peu  près  également  parfaits.  Les  figures 
peuvent  manquer  d'élégance,  elles  sont  parfois  incorrectes 
dans  certains  détails,  plus  souvent  encore  d'un  modelé  insuf- 
fisant; mais  elles  sont  posées  et  mouvementées  d'une  ikçon 
irréprochable  et  disent  bien  chacune  ce  qu'elles  ont  à  dire.  La 
même  qualité  s'observe  dans  le  rapport  de  plusieurs  figures 
entre  elles,  ce  qui  est  la  composition.  Id  encore  l'essentiel 
est  saisi  avec  la  sûreté  infaillible  de  l'instinct.  Aussi,  tous 
ces  dessins  s'expliqueat-ils.  Seulement  il  peut  arriver  à  l'en- 
semble la  même  chose  qu'aux  parties  :  tout  cela  étant  dessiné 
de  fantaisie,  sans  la  présence  du  modèle  et,  au  début  surtout, 
avec  un  savoir  analomique  insuffisant,  si  le  sentiment  qui 
guide  le  crayon  vient  à  se  voiler  quelque  part,  il  y  a  des 
chutes  profondes,  et  un  accessoire  raté  ne  l'est  jamais  à  demi. 
Ces  défauts  du  reste,  conséquences  forcées  de  son  éducation 
d'autodidacte,  s'étaient  beaucoup  corrigés  dans  le  cours  des 
années.  Déjà  à  Strasboui^  il  avait  étudié  l'anatomie  dans  les 
livres  et  il  avait  cherché  même  à  se  renseigner  sur  le  cadavre. 
A  Bouxwiller,  sur  les  conseils  de  Gh.  Marchai,  il  s'appliqua  à 


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154  BBYUE  D'ALSAOE 

dessiner  autant  que  possible  d'après  le  modèle,  ou  du  moins 
à  ne  mettre  ses  idées  an  net  qu'après  s'être  entouré  de  ren- 
seignements pris  sur  nature.  Ce  séjour  de  Bouxwiller  lui  fut 
particulièrement  profitable.  Les  loisirs  que  lui  laissaient  ses 
devoirs  professionnels,  les  avis  et  l'exemple  d'un  peintre  dis- 
tingué, le  contact  intime  et  permanent  de  la  vie  champêtre 
qui  lui  révélait  sa  véritable  voie,^  tout  l'y  invitait  à  l'étude  et 
à  un  travail  de  paisible  production.  Jusque  là  sa  fantaisie  s'é- 
tait exercée  sur  les  sujets  les  plus  divers.  Tout  en  nourris- 
sant une  certaine  préférence  pour  les  scènes  de  mœurs  intimes 
et  familières,  il  avait  subi  profondément  l'influence  de  DQrer, 
dont  il  avait  beaucoup  étudié  l'œuvre  gravé.  Le  tour  de  pensée 
allégorique  et  la  naïve  grandeur  du  style  de  ce  maître  avaient 
puissamment  agi  sur  son  esprit  méditatif  et  sur  son  imagi- 
nation tout  imprégnée  de  poésie.  Dans  ses  cartons  il  doit  se 
trouver  plus  d'une  composition  inspirée  de  ce  sentiment  et 
dans  laquelle  il  se  montrait  dès  lors  un  disciple  non  indigne 
d'un  tel  mattre.  Je  citerai  particulièrement  une  mêlée 
de  guerriers  du  moyen-flge,au  milieu  de  laquelle  la  Mort,  l'é- 
ternel faucheur,  exécute  une  ronde  furieuse,  abattant  hommœ 
d'armes  et  chevaliers,  ainsi  qu'une  série  de  dessins  sur  les 
NiAekmgmy  du  plus  grand  style  et  dont  quelques-uns  auraient 
à  peine  besoin  d'être  retouchés  pour  donner  du  prix  à  une 
édition.  II  se  promettait  bien  de  reprendre  un  jour  ces  ébauches, 
quand  il  pourrait  les  traiter  avec  une  science  plus  avancée. 
Pour  le  moment  il  fit  sagement  de  renoncer  à  ces  fantaisies 
hautaines,  pour  s'en  tenir  à  la  réalité  plus  humble  qu'il  avait 
sous  les  yeux.  L'eofance  avec  ses  jeux  et  son  langage  de 
gestes  si  expressif  et  si  gracieux,  la  vie  des  champs  et  du 
village  si  variée  sous  son  apparente  monotonie  et  conservée 
si  originale  dans  ce  coin  de  TÂlsace,  celle  du  juif  des  cam- 
pagnes à  la  fois  si  mêlée  et  si  étrangère  à  tout  ce  qui  l'en- 
toure, celle  des  ambulants  et  des  bohémiens  qui,  dans  ces 
montagnes,  ont  encore  leurs  villages  dont  ils  sont  les  seuls 


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EUQÉMS  BNSFBLDBB  155 

habitants,  fournirent  bientôt  à  son  crayon  une  suite  inépui- 
sable de  motifs  pittoresques  et  gracieux.  Il  se  sentit  aussitôt 
sur  son  vrai  terrain  dans  ce  petit  monde,  et  il  se  mit  à  le 
reproduire  tel  qu'il  s'offrait  à  lui,  sous  tous  ses  aspects,  dans 
son  élément  jovial  et  comique,  comme  dans  sa  simple  et  par- 
fois  touchante  poésie,  avec  une  finesse  et  une  vérité  d'expres- 
sion, avec  une  originalité  et  une  saveur  de  style  qui,  aux 
yeux  de  tout  connaisseur,  devaient  compenser  et  au  delà  les 
iDSufBsances  trop  réelles  de  l'exécution.  Par  leur  fraîcheur 
et  leur  grâce  naïve  ces  études  rappelaient  les  vignettes  de 
Ricbter,  avec  un  sentiment  plus  compréhensif  toutefois  que 
celui  du  dessinateur  allemand,  dont  les  compositions  ne 
rendent  à  peu  près  qu'une  note;  tandis  que  pour  la  finesse 
de  l'observation  et  la  franche  bonhomie  elles  supportaient  la 
comparaison  avec  les  meilleures  scènes  de  mœurs  que  nous 
ait  laissées  le  crayon  de  Zix.  Aussi,  bien  que  la  reproduction 
des  mœurs  et  des  costumes  de  nos  campagnes  en  soit  arrivée 
depuis  à  constituer  tout  une  branche  de  notre  art  contempo- 
rain, je  n'hésite  pas  à  dire  que,  de  tous  nos  artistes,  c'est 
Ënsfelder  qui  me  paraît  avoir  le  mieux  compris  le  paysan 
alsacien. 

Ces  études  champêtres  l'amenèrent  naturellement  à  tra- 
vailler le  paysage ^qu'en  vrai  citadin,  il  avait  complètement 
négligé  jusque  là.  J'ai  eu  la  bonne  fortune  d'être  son  compagnon 
bien  indigne  dans  ce  nouvel  apprentissage,  où,  comme  en  tout 
le  reste,  il  n'a  eu  encore  que  la  nature  pour  maître,  et  je 
puis  assurer  que  ce  fut  un  curieux  spectacle  que  celui  de 
cette  sorte  de  conquête,  pour  laquelle  il  lui  fallut  tout  impro- 
viser. Tous  ceux  de  notre  génération,  pour  peu  qu'ils  aient 
tenu  un  crayon,  ont  épelé  du  Galame  :  pour  lui,  il  arrivait 
sur  le  terrain  l'esprit  aussi  vierge  de  toute  convention,  aussi 
blanc  que  le  papier  qu'il  étalait  sur  ses  genoux.  Bien  des 
jeudis  furent  ainsi  employés  à  battre  la  montagne  et  la  plaine, 
depuis  Licbtenberg  jusqu'à  Saverne.  Nous  partions  de  grand 


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156  BEVUE  D'ALSACE 

matin  et  ne  revenions  que  tard  dans  la  nuit,  rapportant,  moi, 
d'affreux  barbouillages,  en  dépit  de  mes  souvenirs  de  Galame, 
lui,  de  belles  et  sages  études,  dont  chacune  était  en  progrès 
sur  les  précédentes  et  dans  lesquelles  il  réinventait  peu  à 
peu  le  dessin  du  paysage.  A  la  fin  de  la  campagne,  il  avait 
résolu  à  sa  manière  Tembarrassant  problème,  qui  consiste  à 
reproduire  avec  un  peu  de  noir  sur  du  blanc  Tinfini  de  formes, 
de  tons  et  de  couleurs  qui  s'offre  à  nous  dans  le  plus  humble 
site.  Que  sont  devenus  les  dessins  de  cette  époque  et  bon 
nombre,  hélas  !  de  ceux  des  années  qui  ont  suivi  ?  Tout  cela 
dort  dans  ses  cartons^  sans  doute  à  jamais,  et,  en  m'acquit- 
tant  du  soin  pieux  de  recueillir  ces  souvenirs,  je  reste  avec 
la  tftdie  étrange,  mais  plus  triste  encore  qu'étrange,  de  parler 
d'un  artiste  sans  pouvoir  référer  à  son  œuvre. 

Pour  le  reste  de  son  séjour  à  Bouxwiller,  il  suffira  d'annoter 
quelques  fragments  de  ses  lettres.  Us  diront  mieux  que  je 
ne  pourrais  le  faire,  quel  fut  son  genre  de  vie  et  ce  qu'il 
pensait  lui-même  de  sa  situation  à  mesure  qu'elle  vint  à  se 
modifier. 

Décembre  1861. 
. . .  J'ai  fini  les  Wanderjahre  de  WUhelm  Meister.  Mes  souvenirs  sont 
beaux,  mais  la  lecture  même  ne  m'a  pas  toujours  vivement  attaché.  Je 
trouve  la  forme  trop  froide  pour  des  inventions  aussi  magistrales.  Gela 
tient-il  peut-être  à  ce  qa'W  n'y  a  pas  de  premier  plan  dans  ce  livre?  ou  à 
moi-même?  ou  à  un  parti  pris  de  Goethe  d'analyser,  avec  le  plus  de  sang- 
froid  possible,  les  situations  les  plus  belles?  J'en  jugerai  après  une  seconde 
lecture. 

Depuis  ton  départ  je  suis  souvent  des  demi-semaines  sans  voir 

d'autres  figures  que  celle  de  l'excellente  famille  R.,  de  Grethel  et  de 
7  grands  polissons  ignorants  que  j'ai  distingués  dans  la  leçon  de  religion, 
et  auxquels  je  donne  tous  les  jours  de  il  à  midi  une  leçon  de  lecture  et 
d'humanité.  Je  ne  m'ennuie  pas  et  je  m'habitue  de  plus  en  plus  à  cette 
vie.  Je  dessine  en  ce  moment  une  scène  d'intérieur,  où  je  mettrai  des 
ombres  très  intenses  au  crayon,  en  observant  les  effets  dans  ma  chambre 
même,  récris  des  articles  dans  le  Lien,  en  réponse  à  M.  K..  et  je  reprends 
la  question  contre  M.  R.    M.  R.  se  défend  comme  un  homme  qui  a  tort 


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EUGÈNE  BN6FBLDER  157 

et  qui  veut  absolument  avoir  raison.  Enfin,  j'écris  un  conte  allemand  que 
je  placerai  peut-être  un  jour  quelque  part.  J'ai  Tesprit  tout  plein  de  sujets 
dMllustratîon  et  d'un  sermon  que  je  dois  prononcer  dimanche  prochain. 
Je  relis  Wilhelm  Meister  et  j'étudie  des  articles  de  théologie.  Je  suis  très 
heureux  dans  cette  suite  d'occupations,  qui  ne  me  pressent  pas  trop  et  je 
ne  demanderais  pas  mieux  que  de  mener  longtemps  cette  vie  là,  si,  au 
rebours  d'un  mot  fameux,  je  ne  me  disais  quelquefois  en  me  voyant  vicaire 
et  en  songeant  à  la  position  de  pasteur  :  «  Si  je  n'étais  pas  Diogène,  je 
ne  voudrais  pas  être  Alexandre  » 

Mars  180). 
Certaines  dames  me  plaignent  de  n'avoir  pas  encore  saisi  le  Sei- 
gneur, d'autres  trouvent  que  B.  et  moi  nous  n'avons  pas  le  Saint-Esprit. 
Il  y  a  dans  la  chanson  des  Gendarmes  un  mot  profond,  qui  m'est  plus 
d'une  fois  revenu  à  l'esprit  ;  le  brigadier  dit  à  Pandore:  «C'est  un  métier 
bien  diflQcile»  —  sous-entends  de  contenter  200  à300auditricesdontcha- 
cune  se  croit  compétente,  parce  qu'elle  devrait  l'être.  Tu  mets  toute  ton 
âme  dans  un  sermon,  car  je  t'assure  que  je  suis  très  sincère  dans  mes 
prédications,  tu  donnes  les  preuves  les  plus  frappantes  de  ton  expérience 
en  matière  religieuse,  tu  crois  tes  idées  assez  fortes  pour  ne  pas  vouloir 
le  rattraper  sur  l'omemenl,  et  pour  oser  ramasser  l'expression  avec  laco- 
nisme, —  pour  certaines  âmes  pieuses  tout  cela  vient  du  diable.  Je  suis 
maintenant  persuadé  que,  de  mêide  qu'il  y  a  des  natures  fermées  pour  la 
musique  ou  telle  autre  spécialité,  il  y  en  a  aussi  qui  le  sont  pour  l'idéal 
humain.  Il  y  a  pourtant  M.  X.,  qui  trouve  que  j'ai  des  idées  raisonnables. 
Mais  M.  X.,  comme  plusieurs  autres,  a  une  sainte  horreur  du  sanctuaire. 
Je  crois  cependant  qu'il  y  a  plusieurs  personnes  suivant  d'habitude  les 
prédications,  surtout  des  gens  du  peuple,  qui  ont  un  peu  de  confiance  en 
moi.  Je  crois  qu'à  SouUzbach  et  à  Uttwiller  aussi  on  m'aime. 

Je  dessine  beaucoup;  je  cherche  autant  que  possible  à  ombrer  avec  une 
seule  couche  de  traits,  sans  jamais  les  superposer.  Mes  figures  commencent 
à  sortir  du  cadre,  et  je  cherche  à  exprimer  la  nature  des  objets  en  variant 
le  genre  du  travail.  Je  suis  rarement  satisfait  de  ma  besogne.  Je  n'ai 
encore  rien  envoyé  à  S.  Pour  avoir  de  mes  dessins,  il  faudrait  qu'il  fût 
ici,  pour  mettre  la  main  dessus  dès  qu'ils  sont  finis.  Car  il  m'arrive  régu- 
lièrement que  je  m'en  dégoûte,  s'ils  restent  3  jours  en  porte-feuille.  Cela 
me  prouve  que  je  suis  encore  très  loin  d'une  certaine  perfection  même 
très  relative. 

Il  est  inutile  d'ajouter  que,  quand  il  écrivait  cette  lettre,  il 
restait  bien  peu  de  chose  de  rillusion  dans  laquelle  il  avait 


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158  REVUE  d'als\ge 

vécu  d'abord.  Mais  il  importe  peut-être  de  faire  observer  qu'à 
ses  yeux,  en  tout  ceci,  ses  opinions  théologiques  n'étaient 
nullement  en  cause,  qu'il  n'y  avait  point  là  pour  lui  une 
question  de  conscience;  car,  dans  ce  cas,  il  n*eût  pas  hésité 
un  seul  instant.  Il  n'avait  pas  l'esprit  assez  sec  pour  être  un 
simple  rationaliste.  Il  était  sceptique  sur  bien  des  points, 
comme  tout  le  monde  l'est  plus  ou  moins,  et,  peut-être,  l'était- 
il  un  peu  plus  que  d'autres.  Mais  il  avait  l'âme  profondément 
religieuse.  L'année  suivante^  quand  parut  la  Vie  de  Jésus,  la 
lecture  de  ce  livre  le  froissa  plutôt  qu'elle  ne  le  satisfit,  et 
une  longue  lettre  qu'il  m'écrivit  à  ce  sujet,  se  termine  ainsi  : 

Le  livre  de  Renan  m'a  donc  on  peu  dépaysé.  Beaucoup  de  pages  qui 
peuvent  être  fort  belles,  m'ont  laissé  froid. ...  Ce  livre  m'a  confirmé  dans 
quelques  doutes  et  a  ébranlé  quelques-unes  de  mes  idées.  Mais>  comme 
je  suis  de  ma  nature  assez  immobile,  il  foudrait  bien  des  livres  semblables 
pour  me  faire  avancer  ou  reculer  quant  aux  choses  que  Je  regarde  comme 
Tessentiel.  Pour  moi,  le  choc  n'a  pas  été  assez  violent  ou,  ^plutôt,  il  a 
passé  à  côté  de  moi. 

n  s'était  fait,  en  effet,  un  idéal  religieux  tout  de  conscience, 
sur  lequel  la  critique  dogmatique  ou  historique  avait  peu  de 
prise,  une  sorte  de  stoïcisme  chrétien,  qui  lui  semblait  devoir 
suffire  à  la  «vie  religieuse  d'autrui,  comme  il  suffisait  à  la 
sienne.  Qaand,  à  tort  ou  à  raison,  il  crut  s'apercevoir  qu'il 
s'était  trompé,  il  en  fut  profondément  découragé  et  il  n'envi- 
sagea plus  qu'avec  une  sorte  de  crainte  la  pensée  d'avoir  un 
jour  charge  d'ftmes. 

D'autre  part,  il  faut  bien  le  dire,  le  démon  de  la  vocation 
l'avait  ressaisi  plus  qu'il  ne  se  l'avouait  peu^être.  Durant  ces 
longues  heures  d'études,  il  avait  trop  joué  avec  le  feu  pour 
ne  pas  s'y  brûler.  UlUustration  avait  publié  plusieurs  de  sen 
dessins  ;  d'autres,  par  l'entremise  de  Gh.  Marchai,  lui  avaient 
été  pris  par  des  marchands  ou  des  amateurs  de  Paris.  H  était 
entré  en  relations  avec  la  maison  Hetzel.  Des  personnes  com- 
pétentes lui  faisaient  l'honneur  de  lui  adresser  quelques  cri- 


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RUGÉNë  £NSF£LDfiR  1Ô9 

tiques  qu'il  acceptait  avec  reconnaissance,  et  une  plus  grande 
quantité  d'éloges  dont  il  rougissait,  mais  qni  lui  donnaient 
courage.  Cependant  il  hésitait  encore  :  à  la  seule  pensée  de 
la  douleur  que  sa  rupture  avec  la  théologie  causerait  à  ses 
parents,  il  chassait  loin  de  lui  ces  rêves.  Pour  le  décider,  il 
fiillut  que  ce  qui  n'était  pas  d*abord  une  question  de  scru- 
pules en  devint  une  et  qu'il  se  vit  sous  le  coup  de  la  parole: 
«  tu  ne  saurais  servir  deux  maîtres  à  la  fois  ».  —  <  Je  des- 
sine trop  pour  un  pasteur,  écrit-il  en  décembre  1862  ;  je  monte 
en  chaire  avec  déplaisir;  ce  n'est  plus  mon  endroit  >.  Dès  ce 
moment  son  parti  fut  irrévocablement  pris,  et  sa  détermination 
de  se  retirer  du  ministère  pastoral,  communiquée  à  sa  famille 
et  à  ses  chefs  immédiats. 

En  comparaison  de  la  lutte  intérieure  qu'il  venait  de  subir, 
les  soucis  qu'entraînait  sa  résolution  étaient  chose  légère. 
Cependant  il  ne  se  méprenait  pas  sur  les  difficultés  de  la  situa- 
tion. Ensfelder  était  fier;  il  entendait  se  suffire  à  lui-même 
à  bref  délai  et  demander  le  moins  possible  aux  sacrifices  que 
sa  famille,  une  fois  ses  scrupules  connus,  était  toute  prête  à 
faire  pour  lui.  En  même  temps  il  était  modeste  :  il  savait 
qu'il  lui  restait  beaucoup  à  apprendre;  que,  si  ses  esquisses 
étaient,  comme  on  le  lui  disait,  d'un  maître,  ses  dessins  achevés 
paraissaient  parfois  ceux  d'un  élève.  Il  sentait  qu'il  n'avait 
pas  le  foire  joli,  que  ses  productions  avaient  plus  de  chance 
de  frapper  un  connaisseur  qne  de  plaire  au  public,  et,  comme 
il  avait  conscience  de  sa  valeur,  il  savait  aussi  qu'il  est  telles 
exigences  par  lesquelles  il  ne  passerait  pas.  Enfin,  malgré 
son  peu  d'expérience  de  la  vie,  il  avait  le  pressentiment  que 
celle  dans  laquelle  il  allait  entrer,  ne  serait  pas  facile  et,  s'il 
était  bien  sûr  de  n'y  jamais  jouer  le  rôle  du  loup,  il  ne  l'était 
pas  autant  de  ne  pas  faire  parfois  celui  du  mouton.  Les  firag- 
ments  suivants,  qui  sont  des  premiers  mois  de  1868,  quand 
son  départ  pour  Paris  était  chose  décidée,  reflètent  une  partie 
de  ces  sentiments  : 


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160  REVUE  D'ALSACE 

Je  sais  que  je  ferais  mieux  que  le  dessinateur  qui  a  illustré. . . . ,  et 
peut-être  pourrai-je  faire  assez  bien  pour  être  remarqué  de  quelques-uns. 
Je  ne  vois  que  trop  ce  qui  me  manque.  Je  crois  cependant  que  quand  j'en 
saurai  dix  fois  plus  qu'actuellement^  je  pourrai  compter  avec  quelques- 
uns  qui  gagnent  leur  vie.  Mais  je  n'oublie  jamais  que  la  chance  y  est 
pour  beaucoup  et  j'ai  toujours  un  peu  peur  de  l'avenir. 

—  Je  réponds  que  j'entends  n'être  publié  qu'à  la  condition  de  n'être 
pas  réduit  ou,  du  moins,  pas  de  beaucoup.  Mes  dessins  n'étant  pas  des 
ornements  qui  sont  joli^  grands  ou  petits,  la  réduction  effacerait  les  qua- 
lités qui  peuvent  s'y  trouver,  tout  en  laissant  les  défauts,  et  il  n'y  aurait 
plus  rien  que  je  pusse  signer. 

....  J'admets  pleinement  la  critique  de  X..  pour  ce  qu'il  t'a  dit  de  ma 
facture.  Quant  à  ce  qu'il  a  dit  de  la  forme,  je  l'interprète  à  ma  manière, 
et  je  t&cherai  d'en  tirer  mon  profit.  Je  sais  que  mes  figures  sont  tantôt 
lourdes,  tantôt  chétives,  et  je  crois  que  la  forme  est  la  partie  du  dessin 
qui  demande  le  plus  d'études  et  de  tâtonnements.  Prends  mon  exemple 
pour  ce  qu'il  vaut  :  j'ai  sous  les  yeux  un  dessin  de  Delaroche  '(j^une)  et 
un  autre  de  Léopold  Robert,  qui,  sous  le  rapport  de  l'harmonie,  de  la 
proportion,  de  la  rondeur  achevée  des  formes,  sont  tous  deux  critiquables. 
Je  me  console  donc  et  j'espère  faire  des  progrès.  Mais  je  doute  fort  qu'on 
ait  entendu  la  chose  de  cette  manière,  et  je  crois  qu'on  me  demande  des 
paysans  comme  il  s'en  fabrique  à  Nuremberg,  ou  comme  on  croit  qu'ils 
sont  à  Baden-Baden.  Or,  jamais  je  ne  pourrai  sacrifier  à  ce  point  mon 
sentiment  aux  capitaux  d'un  marchand,  ni  au  goût  d'un  certain  public. 
Voilà  où  l'on  en  est  comme  débutant.  La  critique  a  raison  ;  j'ai  raison 
aussi  dans  l'éloge  que  je  me  donne.  Je  ne  puis  ni  me  reconnaître  pour 
battu,  ni  me  résigner,  ni  me  contenter  moi  seul  de  mon  ouvrage. 

....  Mes  dessins  me  donnent  beaucoup  de  peine  :  chaque  fois  qu'un 
des  derniers  me  réussit,  il  annule,  à  mes  yeux,  tous  les  autres.  En  ce 
moment  j'en  ai  3,  dont  je  suis  satisfait  et  je  refais  les  autres.  Par  moments 
la  vraie  gatté  me  fait  défaut,  et  alors  je  ne  fais  que  de  misérables  choses^ 
dont  je  suis  honteux  le  lendemain.  J'ai  perdu  de  ma  facilité;  mais  je  pense 
avoir  gagné  en  un  autre  sens,  et  je  crois  que  cette  année,  dans  le  courant 
de  laquelle  je  n'ai  presque  rien  achevé,  n'a  pas  été  perdue.  Ce  que  je 
cherche  le  plus  pour  le  moment,  c'est  la  forme  que  je  tâche  d'ennoblir  de 
plus  en  plus,  et  qu'il  faut  que  je  dégage  d'une  certaine  lourdeur  pour 
laquelle  j'ai  un  grand  penchant.  Pour  la  facture,  je  tâche  de  la  simplifier 
le  plus  possible  et  d'en  éloigner  toute  trace  d'hésitation  et  de  gêne.  Tu 
comprends  que  tout  cela  n'est  pas  très  facile  et  pas  toujours  amusant. 
C'est  bel  et  bien  du  travail.  En  attendant  que  toutes  ces  qualités  soient 


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BUOÉME  BN8FELDEB  161 

passées  à  l'état  de  nature,  il  faut  vouloir  les  posséder.  Il  faut,  en  outre, 
que  reffort  d'intention  ne  se  traduise  pas  par  de  la  raideur.  A  ces  con- 
ditions Tart,  s'il  m'est  permis  d'employer  le  mot,  est  une  occupation  salu- 
taire. Si  j'étais  Périclès,  je  prierais  les  dieux  immortels  de  me  renouveler 
chaque  matin  le  sentiment  des  convenances  artistiques  et  des  formes  pures. 
Tu  trouveras  ceci  bien  lyrique  pour  ce  que  je  fais,  et  moi-même  je  ne 
sais  pas  trop  à  quoi  je  dois  m'attendre  pour  le  plus  prochain  avenir; 
mais  j'ai  confiance  pour  plus  tard. 

Son  départ  de  Bouxwiller,  qu'il  désirait  hftter  le  plus  pos- 
sible, fut  retardé  pour  diverses  raisons,  gui  ne  dépendirent 
pas  de  lui,  et  ce  ne  fut  qu'en  novembre  186S  qu'il  arriva  à 
Paris. 

Il  avait  alors  27  ans  et  sa  situation  était  bien  différente  de 
ce  qu'elle  eût  été  dix  ans  plus  tôt.  Les  chemins  où  l'ado- 
lescent eût  marché  d'un  pas  léger,  étaient  en  partie  fermés  à 
l'homme  MX.  Il  arrivait  sans  expérience,  avec  une  éducation 
inégale  et  imparfaite,  entretenant  des  espérances  bien  limi- 
tées, il  est  vrai,  et  bien  timides,  mais  qui  répondaient  en 
quelque  sorte  à  un  engagement  pris  envers  lui-même;  tout 
cela  à  un  ftge  où  les  mécomptes  sont  dangereux,  et  avec  un 
caractère  le  mieux  fait  à  la  fois  pour  en  savourer  toute  l'a- 
mertume et  pour  les  rendre  inévitables.  Car,  il  faut  bien  le 
dire,  ce  stoïcien  si  fort  contre  les  choses,  était  une  vraie  sen- 
sitive  dans  ses  rapports  avec  les  hommes.  Un  rien  le  troublait 
et  le  mettait  à  la  gêne,  et  des  offres  de  service  l'embarras- 
saient autant  et  plus  peut-être  que  des  refus.  Tout  son  être 
était  imprégné  d'une  réserve,  d'une  timidité,  d'une  sorte  de 
pudeur  d'un  charme  infini  dans  l'intimité,  mais  qui  le  livrait 
désarmé  aux  luttes  de  la  vie.  Gomment  s'y  serait-il  pris  pour 
frapper  aux  portes,  lui  qui  osait  k  peine  franchir  celles  qui 
s'ouvraient  d'elles-mêmes  à  lui?  Que  pouvait-il  entendre  à 
l'art  de  se  créer  et  d'entretenir  des  relations,  quand  la  moindre 
démarche  intéressée  lui  apparaissait  comme  une  sorte  d'hu- 
miliation ?  Au  plus  léger  soupçon  de  réclame  ou  de  protection, 
il  tournait  bride;  il  ne  savait  ni  faire  nattre  les  occasions,  ni 

Nouvelle  Série.  —  6*  Année.  11 


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162  REVUE  D'ALSACE 

porter  sa  marchandise  au  marché.  D'ailleurs,  en  dépit  de  sa 
résolution  d'en  yiyre,  é(aient-ce  au  fond  des  choses  réellement 
vénales  que  ces  créations  où  il  mettait  toute  8on  ftme,  et  n'é- 
tait-ce pas,  en  quelque  sorte,  trafiquer  de  lui-même  que  de 
les  proposer  au  plus  offrant?  J'ai  la  certitude  que,  s*il  se  fût 
bien  interrogé  là  dessus,  il  eût  trouvé  ce  sentiment  au  fond 
de  lui-même  et,  qu'il  en  eût  conscience  ou  non,  cela  seul 
suffisait  pour  le  mettre  mal  à  l'aise.  Bien  plus  tard  encore, 
quand  il  fut  aguerri  à  cet  égard,  ses  dessins  les  mieitx  réussis 
ont  toujours  été  ceux  dont  il  savait  qu'il  ne  retirerait  aucun 
profit. 

Je  n'entrerai  pas  dans  le  détail  de  ses  mésaventures  pari- 
siennes, encore  qu'il  y  eût  des  choses  curieuses  à  en  dire,  et 
comme  il  ne  pouvait  en  arriver  qu'à  lui.  Il  suffira  de  savoir 
que  son  espérance  de  se  créer  une  position  indépendante  fut 
en  partie  déçue  et  qu'il  eut  à  passer  des  moments  de  tristesR 
accablante;  moments  où  il  souffrit  d'autant  plus  qu'il  était 
bien  trop  clairvoyant  pour  chercher  ailleurs  qu'en  lui-même 
la  cause,  non  pas  unique  (car  il  n'eut  pas  toujours  à  se  louer 
des  hommes),  mais  principale  de  son  insuccès.  Par  contre,  il 
travailla  beaucoup  :  il  apprit  à  faire  le  bois,  il  s'essaya  à  l'eau- 
forte  et  commença,  mais  sans  succès,  à  peindre  à  l'huile.  Son 
sentûnent  de  la  couleur  était  fin  et  juste,  mais  manquait  de 
vigueur  et,  si  je  puis  dire,  de  tempérament.  Aussi  est-il  peu 
probable  que,  même  avec  un  apprentissage  mieux  dirigé  (car  en 
ceci  encore  il  n'eut  d'autre  maître  que  lui-même),  il  fût  jamais 
arrivé  à  mieux  qu'à  une  sorte  d'enluminure.  Pour  tout  le 
reste  son  talent  acheva  de  se  former  et  de  mûrir,  et  son  hori- 
zon artistique  s'étendit  singulièrement  par  le  spectacle  des 
expositions,  par  la  fréquentation  de  quelques  ateliers,  surtout 
par  celle  du  Louvre.  Heureux  s'il  était  venu  à  Paris  avec  ce 
seul  but  devant  les  yeux!  Si,  mieux  avisé  et  comprenant  que 
pour  le  moment  il  s'agissait  de  semer  pour  récolter  plus  tard, 
il  avait  abandonné  à  des  tiers  et  pour  le  jour  où  il  se  serait 


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senti  prêt  dix  fois  pour  ane,  le  scia  de  démarches  poar 
lesquelles  il  n'était  pas  fait.  Sans  retarder  d'an  jour  peat-être 
le  moment  ardemment  désiré  où  il  pourrait  se  suffire  par 
son  travail,  il  se  serait  épargné  des  expériences  qui,  si  elles 
n'aigrirent  pas  son  caractère,  si  elles  ne  le  rendirent  ni  jaloux 
ni  méchant,  ce  qui  était  impossible,  le  froissèrent  jusqu'au 
fond  de  l'âme  et  lui  inspirèrent  une  défiance  de  lui-même 
bien  voisine  du  découragement.  —  De  sa  correspondance  de 
cette  époque  je  détache,  par  ordre  de  date,  les  fragments  sui- 
vants :  peut-être  en  goûtera-t-on,  autant  que  moi,  la  touche 
ferme  et  nette,  et  y  trouvera-t-on  plus  d'un  passage  dont  un 
critique  d'art  pourrait  faire  son  profit. 

NoTembre  I86S. 

J'ai  trouvé  de  suite  après  mon  arrivée  une  chambre  bien  éclairée  au 
3*  étage.  H  est  vrai  que  les  meubles  ne  sont  plus  dans  leur  première  jeu- 
nesse; il  en  est  même  que  rage  a  rendus  passablement  caducs.  J'ai  un 
secrétaire  où  Je  ne  peux  rien  enfermer,  par  la  raison  qu'il  n'a  pas  de  po^ 
tière.  Tu  serais  bien  étonné,  si  tu  voyais  ton  stoïcien  entouré  de  tableaux 
comme  Si  Jeuneste  savait,  Si  VieiUesse  pouvait,  et  autres  sujets  plus  ou 
moins  gais;  mais  le  lit  est  bon,  la  fenêtre  haute  et  large  et  le  concierge 
brave  homme.  J'ai  été  ce  matin  chez  X,  au  moment  où  un  cocher,  deux 
chevaux,  une  voiture  et  probablement  une  affaire  Tattendaient  à  la  porte. 
Il  m'a  reçu  et  dépêché  rondement,  et  j'ai  vu  dès  ce  matin  qu'un  dessina- 
teur, qui  va  voir  son  éditeur,  lequel  lui  donne  150  fr.  pour  20  dessins, 
est  inférieur  à  un  vicaire  d'un  certain  nombre  de  degrés. 

Ne  t'imagine  pas  que  je  ne  me  rende  pas  compte  des  difficultés  de  ma 
situation.  Un  autre  que  moi,  qui  aurait  plus  de  savoir-faire,  n'aurait  pas  mes 
inquiétudes.  Une  seule  chose  dont  je  me  crois  capable,  c'est  de  restreindre 
mes  dépenses  et  d'attendre  la  bonne  chance.  Mais  j'espère  bien  qu'un  jour 
je  m'en  tirerai. 

Janvier  1S64. 
....  Depuis  5  semaines  je  vais  dessiner  à  l'Académie  chez  Suisse,  au 
milieu  d'une  clique  de  jeunes  gens  plus  ou  moins  forts  et  de  vieux  démo- 
crates qui  exposent  parmi  les  refusés.  Deux  fois  j'ai  dessiné  des  fiUes 
d'Eve.  C'est  bien  brutal,  mais  ce  n'est  que  cela.  Et  puis,  rien  n'est  fait 
pour  réconcilier  avec  les  choses  natureUes,  comme  de  les  voir.  Une  femme 
nue  est  vingt  fois  plus  convenable  que  certains  costumes  d'Opéra.  0  m'est 


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104  REVIK  DALSACE 

même  arrivé  en  dessinant  d'admirer  très  chastement  les  formes  du  modèle. 
En  somme,  j'ai  trouvé  vrai  ee  que  me  disaient  des  artistes  et  ce  qae  Je 
prenais  pour  une  manière  de  dire;  on  ne  son^e  qu'au  dessin,  et  c'est 
assez  difficile  pour  distraire  du  reste. 


loin  i 

Taime  le  tableau  de  Marchai;  il  me  reporte  en  Alsace.  Pour  moi  Bfar- 
chai  a  un  grand  nombre  de  qualités  estimables  et  agréables,  qu'il  me 
serait  trop  long  d'énnmérer,  tellement  je  les  vois  nombreuses.  D  sait 
faire  un  tableau,  sur  lequel  il  y  a  une  vingtaine  de  figures,  de  telle 
manière  qu'une  douzaine  d'hommes  compétents  n'y  trouvent  pas  une  seule 
faute  choquante.  C'est  beaucoup  et  c'est  très  rare.  Je  regrette  seulement 
de  ne  pas  lui  trouver  une  qualité  forte,  ni  une  manière  bien  personnelle 
de  voir  les  choses.  Je  crois,  du  reste,  en  saisir  la  cause  :  je  soupçonne 
fort  l'imagination  de  Marchai  de  lui  faire  voir  ses  sujets  à  l'état  peint,  au 
lieu  de  les  lui  montrer  à  l'état  de  nature  vivante . 

....  Tu  ne  me  reprocheras  pas,  je  pense,  une  sévérité  déplacée  dans 
mes  jugements.  Moi  qui  regarde  les  tableaux  du  Salon  avec  le  respect 
qu'un  paysan  témoigne  à  un  brigadier  de  gendarmerie  ou  à  un  person- 
nage encore  plus  haut  placé,  je  n'aurais  plus  d'avis,  si  j'y  mêlais  de  la 
prudence  et  je  serais  plus  dérouté  encore,  si  j'admetuis,  même  pour  un 
seul  instant,  un  point  de  comparaison  personnel.  Arrivé  fraîchement  de 
Bouxwiller,  j'ai  débuté  ainsi.  Bientôt  j'ai  trouvé  tout  sublime,  et  je  me 
ressens  encore  du  grand  nombre  d'influences  auxquelles  je  me  suis  sotte- 
ment laissé  prendre.  J'ai  couru  grand  risque  de  me  noyer  dans  llndéci- 
sion,  et  je  ne  me  sens  pas  encore  tout-à-fait  hors  de  danger.  Aussi,  je 
voudrais  avoir  un  conseiller  moins  difficile  on  moins  réservé  que  les 
artistes,  et  moins  redoutable  qu'un  éditeur. 

Août  1864. 

J'ai  fait,  il  y  a  quelques  jours,  une  visite  k  la  galerie  de  Versailles,  en 
prenant,  pour  y  aller,  la  rive  gauche  et,  pour  revenir,  la  rive  droite. 
J'ai  revu  après  bien  longtemps  des  champs  de  blé  et  des  arbres  véritables, 
les  beaux  sites  de  Meudon  et  de  Sèvres,  et  la  vue  splendide  sur  Paris  et 
le  Bois  de  Boulogne  à  Puteaux.  Pendant  les  fortes  chaleurs  des  derniers 
jours  j'avais  souvent  soupiré  Orm!  quando  te  os/nciom.^Je  me  propose  de 
me  dédommager  avant  l'hiver  et  de  passer  parfois  une  journée  à  la  cam- 
pagne, pour  interrompre  la  monotonie  de  la  vie  assez  solitaire  que  je  mène, 
et  pour  renouveler  mon  bagage  de  renseignements  d'après  nature. 

Les  grandes  batailles  d'Horace  Vernet  ont  déçu  mon  attente.  Je  ne  suis 
plus  assez  jeune  pour  me  laisser  remuer  par  le  mouvement  d'une  scène 


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EUGÈNE  ENSFELDER  165 

militaire  quelconque  et,  en  dehors  de  la  pochade,  je  n'aime  pas  beaucoup 
le  genre  facile  en  peinture.  'Le  curieux  serait,  suivant  moi,  de  voir  exé- 
cuter ces  tours  de  force.  Quand  le  tour  est  fait,  il  n'y  a  pas  de  raison  de 
s'arrêter  davantage  :  on  applaudit  et  on  peut  s'en  aller.  Gela  ne  doit  pas 
dire  qu'il  n'y  ait  pas  dans  ces  tableaux  des  morceaux  très  heureux.  J'en 
dis  à  peu  près,  autant  d'Yvon,  qui  montre,  par  sa  Retraite  de  Rustie,  imitée 
de  la  bataille  d'Ëylau  de  Gros,  combien  la  grande  peinture  a  baissé  depuis 
David  et  les  autres  qu'il  est  convenu  aujourd'hui  de  négliger.  Sous 
l'apparence  du  même  style,  le  dessin  a  de  la  peine  à  cacher  sa  mollesse. 
Le  coloris  se  tient  dans  la  même  gamme,  mais  le  modelé  n'a  pas  la  fermeté 
de  celui  du  tableau  de  Gros.  La  Bataille  de  VAlma  de  Pils  m'a  plu. 
Maintenant  je  me  dis  que,  pour  juger  équitablement,  il  faudrait  y  retour- 
ner en  conformant  mes  exigences  à  cette  première  impression  d'ensemble 
que  j'ai  reçue. 

Aoât  1S64. 

J'avoue  que  j'ai  préféré  VŒd^  de  Moreau  à  celui  d'Ingres,  que  je  ne 
connais  du  reste  que  par  un  croquis.  Ingres  est  beau  dans  la  région 
sereine  du  calme  plastique,  dans  l'Apothéose  d'Homère  et  le  Portrait  de 
Ghérubini.  Quand  il  entreprend  Roger  et  Angélique,  il  en  finit  un  pas- 
tiche du  moyen^ge,  afin  d'écarter  toute  responsabilité.  De  mtoe,  dans 
le  sujet  d'CEdipe,  il  loge  le  Sphinx  dans  une  grotte  et  il  fait  d'CEdipe  un 
bas-relief  antique.  Mieux  aurait  valu  choisir  des  sujets  qui  lui  aundent 
convenu  comme  fond  ;  car  c'est  une  étrange  contradiction  de  choisir  des 
sujets  pour  les  écarter  sous  prétexte  de  bon  goût.  Poussin,  qui  n'est  pas 
plus  romantique  qu'Ingres,  n'a  jamais  craint  de  se  placer  au  cœur  du 
sujet  et  de  traiter  même  des  situations  violentes.  Aussi  chacune  de  ses 
compositions  a-t-elle  sa  vie  propre  et  son  individualité  intime  et  intéres- 
sante. Maintenant  je  t'accorde  que  VCEdipe  de  Moreau  n'est  pas  inspiré 
du  tout  de  l'esprit  du  Poussin.  G'est,  comme  idée,  pas  comme  exécution, 
plutôt  du  Victor  Hugo.  Je  me  reproche  quelquefois  de  n'avoir  pas  assez 
le  sentiment  moderne  dans  les  questions  d'art  ;  mais  l'Œdipe  de  Moreau 
est  si  sérieusement  beau  que,  malgré  ce  défaut,  si  défaut  il  y  a,  il  m'a 
plu  sincèrement  dès  le  premier  jour  et,  ensuite,  de  mieux  en  mieux. 

Septembre  1864« 
....  Dernièrement,  étant  allé  aux  Invalides,  un  bon  Vieux  de  la  Vieille 
me  frappant  sur  l'épaule,  me  dit  :  Allez  voir  la  Salle  des  Blaréchanx; 
c'est  ce  qnllyade  plus  beau.  Je  pris  l'escalier  à  droite,  montai  au 
2»  étage  et  allai  voir  la  Salle  des  Maréchaux.  Je  me  suis  bien  reproché 
alors  d'avoir  médit  du  père  Ingres,  en  y  voyant  son  Napoléon  K,  qui  est 


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166  BEVUB  D'ALSiLCE 

réellement  admirable  de  grandeur  et  de  beauté.  Mais  encore  est-il  que  la 
figure  est  au  repos.  Au  reste,  je  suis  si  peu  du  nombre  des  détracteurs 
dlngres,  que  je  Tai  plusieurs  fois  défendu,  à  cause  précisément  de  la 
simplicité  vraie  de  ses  conceptions,  ce  qui  grand  bien  lui  fasse.  Autrefois, 
quand  les  récits  de  l'antiquité  étaient  acceptés  d'une  façon  plus  naïve,  les 
peintres  pouvaient  s'intéresser  avec  plus  d'abandon  à  leurs  sujets.  Actuel- 
lement, un  sujet  étant  donné,  on  est  réduit  à  se  demander:  Qu'est-ce  que  je 
pourrai  en  faire?De  là,  s'il  est  permis  de  généraliser  ainsi  en  ces  matières, 
dans  notre  siècle  de  méfiance  historique,  deux  tendances  dans  la  grande 
peinture  d'histoire  :  l'école  du  bon  sens,  pour  laquelle  le  sujet,  auquel 
on  ne  veut  pas  faire  croire,  est  un  prétexte  à  faire  valoir  toutes  sortes  de 
qualités  abstraites  ;  et  l'école  de  la  poésie  à  outrance,  qui  suit  le  précepte 
merUire  audacter,  semper  aliqaid  hœret.  Voilà  à  peu  près  ce  que  j'ai  voulu 
dire,  quand  j'ai  prétendu  qu'Ingres  ne  traitait  pas  toujours  ses  sujets. 

Décembre  1864. 

Que  j'aimerais,  s'il  était  possible  de  revenir  aussitôt  à  Paris, 

m'en  aller  m'asseoir  une  soirée  au  coin  de  ton  feu  et  repasser  ensemble 
tes  souvenirs  d'Italie.  Je  crois  que,  dans  ces  conditions,  nous  finirions 
bien  vite  par  tomber  d'accord.  Je  m'accommode  en  ce  moment  aux  Lettres 
du  président  De  Brosses  qui,  malheureusement,  ne  note  qu'au  passage 
les  belles  choses  qu'il  a  vues.  Il  est,  du  reste,  d'un  savoir  presqu'universel 
et  homme  d'infiniment  d'esprit;  mais  il  me  fait  souvent  l'effet  de  juger 
d'après  ses  idées  plutôt  que  d'après  ses  impressions.  Il  est  amateur  de 
l'ordre  corinthien  en  architecture,  d'arrangements  propres  et  bien  ordon- 
nés et  de  curiosités.  Je  viens  de  le  laisser  avec  sa  société  à  Mantoue»  où 
il  a  eu  la  bonne  fortune  de  voir  les  fresques  de  Jules  Romain,  et  ce  qu'il 
en  dit  me  fait  regretter  pour  toi  que  tu  n'aies  pas  pu  les  voir.  Un  fait 
effrayant  qui  ressort  des  Letlres  du  président  De  Brosses  et  que  j'ai  déjà 
constaté  au  Louvre,  c'est  la  fécondité  des  maîtres,  qui  tenaient  le  crayon 
et  le  pinceau  comme  on  tient  une  plume,  et  qui  n'y  touchaient  que  pour 
faire  des  chefs-d'œuvre. 

Le  Giorgione,  dont  tu  me  décris  de  grands  tableaux  et  dont  nous  n'avons 
ici  que  des  petits,  doit  avoir  été  un  bien  brave  garçon,  plein  de  feu  et  de 
poésie,  mais  doux  comme  un  agneau  (en  ceci  il  se  trompait).  Tu  connais 
son  Concert  champêtre,  qui  est  inspiré  directement  de  la  nature,  et  son 
Saint'Sébastien  du  Salon  des  Sept  Maîtres,  où  toutes  les  figures  ont  le 
même  type  poétique  et  un  peu  sauvage.  Je  ne  m'étonne  pas  que  le  peintre 
qui  montre,  dans  ces  deux  toiles  du  Louvre,  un  tel  amour  de  la  réalité 
poétique,  n'ait  pas  conçu  non  plus  dans  des  données  plus  conventionnelles 
une  scène  de  naufrage. 


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BUOËNS  EN8FBLDEB  167 

Te  rappellefl-tu  un  beau  pastel  du  Corrége  qui  se  trouve  dans  une  des 
salles  de  dessins?  C'est  d'après  ce  morceau  que  je  cherche  à  me  faire  une 
idée  générale  de  ce  que  peuvent  être  les  raccourcis  de  sa  coupole  (au 
D6me  de  Parme).  Je  m'imagine  qu'ils  doivent  être  plutôt  enlevés  allegro 
que  conçus  avec  violence.  Quand  pourrai-je  à  mon  tour  aller  voir  tout 
cela? 

Mars  1805. 

—  J'ai  entre  les  mains  une  Histoire  de  Napoléon  illustrée  par  Horace 
Temet  C'est,  je  crois,  une  des  meilleures  illustrations  qui  aient  Jamais 
été  Eûtes.  Tous  ces  dessins  sont  heureusement  trouvés  et  exécutés  avec 
une  grande  sûreté.  L'invention  ne  s'égare  jamais,  elle  se  maintient  tou- 
jours au  même  niveau,  même  dans  les  mouvements  les  plus  violents.  J'ai 
apprécié  depuis  toutes  ces  qualités  dans  les  Batailles  du  Musée  de  Ver- 
sailles, quand  je  les  ai  revues.  Il  faut  cependant  reconnaître  que  la  com- 
position s'éparpille  et  que  le  coloris  est  trop  uniforme  et  trop  peu  accentué 
pour  intéresser  sur  d'aussi  grandes  surfaces,  et  c'est  ce  qui  m'explique 
ma  première  impression  défovorable.  Comme  chez  un  peintre  les  qualités 
tiennent  aux  défauts,  il  suffit  de  recevoir  d'abord  l'impression  de  ce  qu'il 
y  a  de  défectueux,  pour  ensuite  voir  le  tout  à  travers  cette  impression 
dé&vorable.... 

Au  mois  d'août  1865  il  revint  en  Alsace,  se  retremper  dans 
l'air  natal  et  au  foyer  des  affections  domestiques.  Il  n'avait 
pas  renoncé  le  mdns  da  monde  à  lutter  et  si  la  pensée 
déprimante  d'une  carrière  manquée  s'était  parfois  présentée  à 
son  esprit,  il  ne  s*y  était  pas  résigné.  Il  pensait  donc  retourner 
à  Paris  et  son  départ  était  fixé  au  mois  de  novembre,  quand 
il  se  vit  obligé  de  le  remettre  par  suite  d'une  maladie  grave 
qui  survint  à  sa  mère.  Au  mois  de  mars  1866,  il  eut  la  dou- 
leur de  la  perdre.  Quand  le  premier  trouble  futpatsé,  il  sentit 
la  nécessité  de  se  recueillir  avant  de  rentrer  ^dans  la  grande 
fournaise.  La  majeure  partie  de  cette  année,  il  la  passa  à  la 
campagne,  à  Dossenheim.  Dans  l'intervalle  il  se  créa  quelques 
relations  locales,  entre  autres  avec  la  maison  Levrault,  pour 
laquelle  il  fit  plusieurs  séries  de  vignettes,  en  même  temps 
qu'il  s'intéressa  activement  aux  essais  d'un  procédé  d'eau-forte 
typographique,  qui  s'élaborait  alors  dans  les  ateliers  de  cette 


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168  REVUE  d'alsace 

niakuQ.  Ce  fui  duns  ce^  ciiconstauces  que  la  place  de  profes- 
seur de  dessin  au  Collège  de  Bouxwiller  étant  devenue  vacante, 
elle  lui  fut  offerte.  Il  accepta  sans  hésiter.  II  avait  le  goût  et 
le  don  de  renseignement.  Il  aimait  la  jeunesse  et  savait  se 
faire  aimer  d'elle.  En  même  temps  il  revenait  ainsi  dans  un 
pays  auquel  l'attachaient  les  meilleurs  souvenirs  de  sa  vie  et, 
à  côté  d'une  occupation  agréable  et  qui  lui  laissait  de  larges 
loisirs,  il  trouvait  enfin  réalisé  dans  une  mesure  bien  modeste, 
mais  pour  le  présent  suffisante,  ce  rêve  de  l'indépendance 
qu'il  venait  de  poursuivre  à  travers  tant  de  déceptions.  A 
partir  de  ce  moment  son  temps  se  partagea  entre  Bouxwiller 
et  Strasbourg.  Avec  le  calme  de  l'esprit  il  avait  retrouvé  sa 
facilité  d'autrefois,  soutenue  maintenant  par  une  exécution 
plus  savante.  Las  deux  seuls  envois  qu'il  ait  faits  au  Salon  et 
qui  furent  chaque  fois  reçus,  sont  de  cette  époque.  L'un  sur- 
tout, un  dessin  de  grand  format  à  la  plume,  représentant  un 
pasteur  en  chaire,  s'adressant  à  un  auditoire  de  villageois, 
actuellement  en  la  possession  d  un  de  ses  frères,  est  un  mor- 
ceau achevé,  d'un  style  un  peu  étrange  dans  son  austérité, 
mais  plein  de  vérité  et  d'effet.  Nos  expositions  rhénanes  aussi, 
auxquelles  il  n'avait  pris  part  jusqu'ici  que  rarement  et  sous 
un  pseudonyme,  reçurent  de  ses  envois  plus  souvent  que  par 
le  passé,  des  fusains,  des  aquarelles  représentant  des  scènes 
champêtres  ou  enfantines,  entre  autres  une  ravissante  petite 
Promenade  sous  bois,  que  j'ai  le  bonheur  de  posséder.  Pour 
la  seconde  fois  en  sa  vie,  il  pouvait  ainsi  se  flatter  de  voir 
clair  devant  lui,  quand  éclata  l'orage  de  1870.  Après  le  siège 
de  Strasbourg,  il  était  retourné  à  son  poste.  Il  y  resta  jusqu'au 
moment  où  les  Allemands  vinrent  mettre  la  main  sur  le  Col- 
lège. Ce  jour  là  il  s'en  alla  sans  regarder  derrière  lui,  et  tout 
fut  à  recommencer. 

C'était  le  moment,  ce  semble,  de  reprendre  ses  projets  d'au- 
trefois, de  boucler  lestement  sa  malle  et  de  partir  pour  Paris. 
Il  y  avait  conservé  des  relations,  il  avait  appris  à  traiter  une 


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EUGÊNB  BNSFELDER  169 

affaire  et  à  commander  à  ses  impressions.  Lui-môme  il  avait 
la  certitade  qu'il  y  arriverait  avec  plus  de  chances  que  n'en 
avait  eu  le  novice  de  1868.  Si  tout  de  même  il  ne  partit  pas, 
c'ent,  hélas  1  qu'il  ne  le  pouvait  plus.  Par  une  matinée  de 
rhiver  de  1870-1871,  il  avait  manqué  la  voiture  qui  relie 
Bouxwiiler  à  la  gare  de  Hochfelden,  et  il  avait  trouvé  tout 
simple  de  faire  à  pied  ces  trois  lieues  à  travers  une  neige 
épaisse.  Dès  ce  jour  sa  santé  s'altéra  :  De  rechute  en  rechute, 
les  symptômes  devinrent  bientôt  si  persistants  et  si  graves, 
qu'il  ne  fut  pas  longtemps  à  s'y  méprendre.  Quand,  à  la  fin 
de  l'automne  suivant,  il  se  retira  i  Strasbourg,  il  se  savait 
phthisique  et  condamné.  Il  chercha  donc  à  arranger  sa  vie  en 
conséquence,  surtout  à  ne  pas  fiiire  plus  de  projets  qu'il  ne 
convient  à  un  homme,  qui  n'a  plus  devant  lui  que  quelques 
années  de  santé  chétive  et  probablement  de  souffrances.  Ck)m- 
bien  d'années  au  juste?  Il  ne  pouvait  le  prévoir;  mais  il  savait 
que  le  nombre  en  était  compté. 

La  première  chose  dont  il  songea  à  s'assurer,  ce  fut  d'un 
gague-pam.  Depuis  longtemps  il  s'était  essayé  à  figurer  des 
histoires  par  des  séries  de  dessins.  Il  considérait  cet  exercice 
comme  très  utile  au  point  de  vue  de  la  composition,  chaque 
image  devant  représenter  nettement  une  situation  donnée,  et 
l'histoire  entière  devant  s'expliquer  aux  yeux  sans  l'aide,  pour  . 
ainsi  dire,  d'un  texte.  Il  avait  notamment  composé  autrefois 
des  séries  semblables  en  collaboration  avec  Edmond  Febvrel, 
l'auteur  des  Fleurettes,  autre  talent  délicat  moissonné  dans  sa 
fleur  et,  plus  récemment,  il  avait  donné  dans  le  même  genre, 
une  rédaction  très  réussie  des  annales  du  Roi  Gambrinus. 
Quelques-unes  de  ces  feuilles  avaient  été  lithographiées  à 
Epinal.  Il  fut  ainsi  amené  tout  naturellement  à  s'adresser  à 
l'imagerie.  Il  y  trouvait  le  double  avantage  d'un  débit  assuré 
et  d'une  occupation  sans  doute  fastidieuse  à  la  longue,  mais 
relativement  facile  et  appropriée  aux  forces  d'un  malade; 
car,  par  principe,  il  entendait  autant  que  possible  se  suffire 


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170  REVUE  D'ALSA.GE 

à  lui-même  jusqa'aa  dernier  jour.  Quant  à  l'humilité  du 
genre,  il  professait  à  cet  égard  Topinion  du  proverbe  qui  dit 
qu'il  n'est  pas  de  sot  métier.  11  passa  donc  un  traité  en  règle 
avec  la  maison  Pinot,  d'Epinal,  et  un  autre  avec  une  maison 
de  Pont-à-Mou8son.  Ceci  joint  à  quelques  commandes  localesi 
telles  qu'illustrations  d'almanacbs  et  autres,  à  ses  relations 
régulières  avec  la  maison  Oberthtlr,  de  Rennes,  pour  laquelle 
il  fit  un  grand  nombre  de  vignettes,  notamment  celles  de 
VAlmanach  des  Postes  ^  et  à  ce  que  lui  rapportait  la  place 
de  professeur  de  dessin  à  l'Ecole  industrielle  israélite,  lui 
assurait  le  nécessaire.  Ces  dispositions  prises,  il  s'en  remit 
pour  le  reste  à  sa  destinée  avec  une  résignation  discrète 
et  paisible,  qui  ne  se  démentit  pas  un  seul  instant.  On  verra 
plus  loin,  par  les  extraits  de  ses  lettres,  avec  quel  soin  délicat 
il  cherchait  à  faire  durer  Tillusion  autour  de  lui.  Mais,  pour 
ceux  qui  le  connaissaient  bien,  le  moment  vint  bientôt  où  elle 
ne  fut  plus  possible.  Il  y  avait  dans  ce  calme  un  apaisement,  une 
sorte  de  détachement,  qui  parlait  plus  haut  que  des  plaintes. 
Il  fallut  cinq  ans  à  la  maladie  pour  avoir  raison  de  cette 
nature  robuste,  que  jamais  aucun  excès  n'avait  effleurée. 
Parfois,  selon  les  habitudes  de  ce  mal  sournois,  elle  lui 
laissait  d'assez  longs  répits.  Il  reprenait  alors,  à  côté  de  sa 
tflche  journalière,  le  crayon,  le  fusain  ou  le  pinceau  pour  des 
œuvres  plus  dignes  de  lui,  qui  lui  étaient  aussitôt  enlevées 
par  quelques  amateurs,  qui  avaient  appris  à  connattre  et  i 
apprécier  son  talent.  A  voir  la  fraîcheur,  la  grflce  souriante 
de  ces  compositions,  on  ne  s'imaginerait  certes  pas  qu'elles 
sont  écloses  dans  la  chambre  d'un  malade,  parfois  en  quelques 
heures  dérobées  à  la  souffrance  ou  à  l'épuisement.  Dirait-on 
voir  la  main  d'un  homme  qui  se  sent  mourir  dans  les  fusains 
photographiés  par  M.  Winter,  et  dont  M.  Millier,  de  Schiltig- 
heim,  possède,  je  crois,  les  originaux  ?  Dans  cette  QuereBe 

^  Encore  Talmanach  pour  4877  porte  une  vignette  posthume  d'Ensfeider. 


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EUGÈNE  ENSFELDBB  171 

de  cabaretj  par  exemple,  dessinée  avec  tant  d'abandon  et  de 
vigueur?  ou  dans  ce  groupe  de  jeunes  paysannes  endiman- 
chées, qui  respire  un  contentement  si  paisible?  surtout  dans 
ce  balcon  d'une  auberge  de  village  où  la  jeunesse  en  fête, 
filles  et  garçons,  se  presse  et  s'agite,  le  tout  si  plein  de  vie, 
de  mouvement  et  de  joiç  bruyante  ?  une  des  reproductions 
les  plus  vraies  qui  aient  été  faites  d'un  certain  côté  de  la  vie 
alsacienne. 

Il  fallait  une  rare  force  dlme  pour  dessiner  ainsi  dans 
rétat  où  il  se  trouva  bientôt  réduit.  Dès  le  milieu  de  187S, 
rhydropisie  avait  menacé  les  extrémités  inférieures  et,  à 
partir  de  cette  époque,  il  eut  à  subir  à  différentes  reprises 
de  longues  réclusions.  Dans  le  courant  de  Télé  de  1874,  qu'il 
passa  tout  entier  chez  son  frère,  à  Riquewihr,  il  se  releva  un 
peu,  mais  pour  retomber  plus  bas  l'hiver  suivant.  En  1875, 
il  trouva  encore  une  fois  du  soulagement  dans  cet  air  pur 
et  tout  imprégné  de  la  senteur  des  bois.  Ce  devait  être  son 
dernier  répit  Je  l'avais  revu  au  retour  de  sa  première  villé- 
giature, au  mois  d'août  1874,  après  une  séparation  de  trois 
années.La  maladie  avait  creusé  sa  belle  et  mile  figure  et,  quand 
nous  nous  dîmes  adieu,  il  fut  sous  entendu  de  part  et  d'autre, 
que  c'était  pour  la  dernière  fois.  —  Je  laisse  suivre,  par  ordre 
de  date,  quelques  extraits  des  lettres  de  cette  époque.  Ils 
achèveront,  je  pense,  de  caractériser  cette  rare  et  forte  nature. 
J'aurais  désiré  en  donner  un  plus  grand  nombre  ;  mais,  à 
mesure  qu'il  se  retirait  des  choses  du  dehors,  sa  correspon- 
dance prit  un  caractère  plus  strictement  personnel  et  intime. 
Je  ne  reproduirai  pas  non  plus,  et  pour  cause,  les  réflexions 
que  lui  inspirait  parfois  la  comparaison  du  Strasbourg  d'au- 
jourd'hui avec  celui  d'autrefois,  et  cela  bien  qu'il  ne  fût  pas 
un  chauvin,  tapt  s'en  faut.  Ce  que  nous  pensons,  nous  autres 
Alsaciens,  des  Allemands  et  de  quelques-uns  de  nos  compa- 
triotes, nous  pouvons  bien  le  leur  dire  à  l'occasion;  mais  il 
nous  est  défendu  de  Fimprimer. 


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172  REVUH  D'ALSACE 

Février  i87i, 
....  Schùtzenberger  expose  dans  son  atelier  une  scène  d'émigration 
destinée  au  prochain  Salon.  Il  y  a  là  deux  magnifiques  têtes,  celle  du  vieux 
paysan  qui  dirige  la  caravane,  et  une  autre  d'un  artilleur  de  Tarmée  d'A- 
frique, n  regarde  froidement  et  d'un  air  sourdement  haineux  une  senti- 
nelle prussienne,  à  côté  de  laquelle  il  passe  et  a  Talr  de  penser  :  Si  c'était 
à  nous  deux!  Mais,  partie  remise;  on  se  reverra  !  Tout  le  reste,  sauf  la 
maison  et  les  chevaux,  est  noyé  dans  les  larmes.  C'est  saisissant  ;  mais, 
une  fois  dehors,  on  est  obligé  de  se  dire  que  tout  cela  n'est  pas  vrai. 
Lorsque  Hans  Jerri  et  Eve  Kraete  vont  en  France,  ils  prennent  un  billet 
de  3*  classe.  Et  puis  j'en  ai  assez  de  ces  actualités  pitoyablement  mélan- 
coliques. Il  me  semble  qu'il  est  des  sentiments  qu'on  devrait  taire,  quand 
on  ne  peut  pas  les  exprimer  à  coups  de  fusil. 

....  Heureusement  j'ai  un  petit  logement  très  gai,  si  le  temps  Test  un 
peu,  puisque  ma  vue  donne  en  droite  ligne  sur  le  quai,  sur  l'Ill,  le  pont 
et  la  porte  des  Pécheurs,  —  un  peu  étroit,  puisqu'il  n'y  a  de  place  que 
pour  mon  petit  mobilier  et  moi,  plus  deux  petits  élèves  qui  viennent 
chez  moi  le  dimanche  matin.  Je  suis  alors  obligé  de  me  reculer  tout  au 
fond. 

Août  1872. 

Je  vais  porter  à  la  poste,  en  même  temps  quecette  lettre,  8  croquis  sur 
le  Chaperon  Rouge,  la  â«  moitié  d'un  livre  d'images,  qui  paraîtra  à  Epinal 
en  1873.  Je  préparerai  la  semaine  prochaine  une  nouvelle  édition  du  Chat 
Botté  en  16  tableaux,  pour  Epinal  également,  et  cette  semaine  encore  un 
grand  in-folio  sur  le  Petit  Poucet,  pour  Pont-à-Mousson  celui-là.  J'ai 
beaucoup  à  faire  depuis  le  mois  de  juin,  et  j'ai  été  embarrassé  pour  me 
faire  un  plan  de  travail,  de  façon  à  ne  pas  impatienter  6  personnes  diffé- 
rentes qui  attendent  l'ouvrage  commandé.  D'autres  fois  je  n'ai  rien  à 
faire  du  tout  et,  comme  je  ne  puis  pas  travailler  pour  deux,  je  ne  profite 
guère  de  cet  encombrement.  La  santé  n'est  pas  mauvaise;  elle  est  bonne, 
quand  il  fait  beau  temps.  Je  suis  descendu  d'un  échelon  ou  de  deux  dans 
l'hiver  de  71  et  je  n'espère  plus  les  regrimper. 

Je  m'arrête,  comme  font  les  maçons,  au  coup  de  6  heures,  qui  viennent 
de  sonner  à  Saint-Cuillaume  et  au  petit  Séminaire,  et  qui  vont  sonner  à 
la  Cathédrale  ;  car  les  trois  heures  catholique,  protestante  et  civile  ne 
sont  pas  d'accord.  ^ 

Novembre  tôTS. 

Mon  état  s'est  plutôt  amélioré  depuis  un  an  ;  mais  des  indisposi- 

tioQs  temporaires  me  rappellent  quelquefois  que  je  n'ai  plus  de  santé. 


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BUGÈNB  BKSFELDEH  173 

Ainsi,  à  l'entrée  de  l'hiyer,  j'ai  craché  du  sang  pendant  3  semaines.  Biais 
je  n'ai  pas  eu  la  fièvre,  ni  les  violentes  transpirations  qui  m'avaient  tant 
aifoibli  dans  ma  dernière  année  de  Bonxwiller. 

Février  4873. 

....  D'après  ce  qui  m'est  revenu  de  Paris,  on  songerait  à  réagir  contre 
cet  excès  (de  ne  rechercher  que  l'effet  dans  les  dessins  sur  bois),  et  je 
crois  que  ceux-là  ont  raison,  qui  disent  qu'on  ne  dessine  plus  et  que 
l'effet  à  outrance  nous  envahit.  Peut-être  verrons-nous  encore  la  fin  de 
cette  fièvre. 

J'ai  beaucoup  regardé  et  admiré  les  Flotteurs  de  ta  Sarine  (de  Théophile 
Schuler).  Le  mouvement  des  personnages  est  bien  dans  la  même  cadence 
que  celui  du  torrent,  et  l'exécution  est  courageuse,  soignée  et  pleine  de 
nature.  C'est  un  bien  joli  dessin.  Si  nous  avions  le  talent  de  nous  laisser 
aller,  nous  autres  Français  de  l'Alsace,  nous  ne  serions  pas,  j'imagine, 
plus  sots  que  d'autres.  Mais  notre  réflexion  se  bouscule  dans  les  quatre 
coins  de  nos  têtes  carrées,  et  peut-être  cela  arrive-t-il  aussi  à  Schuler 
quelquefois. 

Du  reste,  les  désagréments  se  sont  enfilés  comme  des  perles  et,  somme 
toute,  j'ai  encore  eu  du  bonheur.  Je  n'ai  pas  été  embarrassé  un  seul 
moment;  aussi,  comme  Epictète,  je  remercie  les  dieux  immortels  de 
m'avoir  rendu  la  vie  dure,  attendu  que  sans  cela,  parait-il,  je  serais 
devenu  un  bien  mauvais  sujet  et  que  j'aurais  eu  peu  de  raison.  Sunt 
certi  dettique  fines.  La  destinée  les.  ayant  observées  de  son  côté,  il  n'est 
qu'équitable  que  du  mien  aussi  je  me  tienne  pour  satisfait. 

Juillet  1875. 
....  Je  suis  devenu,  du  reste,  un  triste  voyageur.  J'ai  foit  la  semaine 
dernière  une  excursion  à  Soultz-les-Bains,  et  je  m'en  suis  ressenti  dans 
les  jambes  5  jours  durant,  n  est  vrai  que  mes  indispositions  d'il  y  a 
quelques  mois  m'ont  exceptionnellement  débilité,  au  point  que,  si  je  suis 
assis  un  peu  trop  longtemps  et  que  je  néglige  le  soin  de  faire  un  tour  le 
soir,  j'ai  les  pieds  enflés.  Au  reste  la  santé  est  bonne,  la  poitrine  n'a  pas 
été  trop  fatiguée  par  cette  dernière  expérience,  la  vie  va  bien,  je  puis 
gagner  ma  petite  journée  de  travail  en  5  heures  et,  somme  toute,  je  suis 
un  homme  heureux. 

Décembre  1873. 
—  Quant  au  métier  de  Timagerie,  c'est  d'abord  de  ne  pas  chercher 
midi  à  quatorze  heures,  ensuite  d'observer  les  conditions  du  colorage  au 
moyen  de  patrons  découpés.  Autant  il  y  a  de  couleurs,  autant  on  découpe 


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174  BEVmB  D'ALSACE  ^ 

de  patrons  et  on  passe  dessus  avec  une  brosse  ronde  et  grosse  comme  une 
assiette,  n  fiiut  donc  des  formes  solides,  éviter,  par  exemple,  les  angles 
rentrant  dans  une  autre  couleur  que  le  coup  de  brosse  arracherait,  et 
surtout  les  couleurs  enfermées  dans  une  autre,  parce  qu*en  peignant  celles- 
ci,  la  première  serait  couverte  en  même  temps.  De  là  des  formes  et  des 
gestes,  à  cause  des  mains  surtout,  inexplicables  autrement,  et  qui  seraient 
des  fautes  en  dehors  du  genre  spécial. 

Janvier  1874. 

rai  souhaité  moi-même  dans  le  temps  qu'elle  (rimagerie  d'Epinal) 

fût  plus  accessible  à  des  modifications,  ne  fût-ce  que  pour  en  relever  la 
réputation,  qui  est  déplorable.  Mais  je  doute  qu'il  soit  facile  d'y  changer 
quelque  chose.  C'est  du  calicot  et  on  n'en  peut  pas  faire  de  la  soierie. 
En  touchant  à  un  côté,  on  renverse  tout  le  système.  Ils  impriment  avec 
la  pierre,  non  pas  avec  des  clichés  et,  comme  il  s'agit  d'obtenir  un  tirage 
énorme,  il  leur  faut  un  travail  lithographique  qui  résiste.  Les  demi-teintes 
seraient  bien  vite  enlevées.  Cependant,  une  fois  le  genre  admis,  on  est  en 
progrès  sur  ce  qui  s'est  fait  il  y  a  une  quinzaine  d'années,  et  je  pourrais 
détacher  de  mon  album  quelques  feuilles  isolées  qui  sont  assez  bien  et 
où,  dans  le  transport  de  mon  travail,  on  a  fait  preuve  d'une  certaine 
entente  du  coloris. 

Novembre  1874. 
....  J'ai  suivi  à  Riquewihr  le  sermon  du  dimanche  matin  et  à  mon 
retour  à  Strasbourg,  j'ai  continué,  afin  d'entendre,  si  c'est  possible,  une 
fois  par  semaine  une  parole  sérieuse,  non  pas  pour  apprendre  à  mourir, 
on  sait  cela  forcément,  mais  pour  apprendre  à  vivre.  J'ai  entendu  un  ratio- 
naliste élégant  et  un  piétiste  onctueux.  Mais  le  moraliste  simple  et  sincère, 
l'homme  d'expérience  plus  soucieux  du  fond  que  de  la  forme,  je  ne  l'ai 
pas  rencontré. 

Mais  1875. 

En  ce  moment  je  retourne  à  mon  histoire  de  France.  J'ai  relu  Hérodote, 
dans  une  traduction.  Je  ne  sais  plus  lire  le  grec;  je  doute  non-seulement 
du  sens  de  beaucoup  de  mots,  mais  de  l'exacte  entente  de  quelques  formes 
grammaticales.  Pourtant  autrefois  je  lisais  assez  bien  Platon  et  Sophocle. 
J'ai  un  peu  mieux  retenu  le  latin  ;  ma  mémoire  est  un  crible  déchiré. . . 
La  santé  va  convenablement  et  peut-être  pourrai-je  encore,  dans  la  belle 
saison  et  à  la  campagne,  me  remettre  un  peu.  Le  médecin  me  lâche;  je 
pense  qu'il  n'a  que  faire  de  malades  qui  ne  meurent  pas.  Voilà  4  mois 
que  je  suis  en  prison,  et  je  pardonne  à  Bazaine  d'avoir  décampé  de  la 
sienne. 


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EUaâMS  EMSFBLDBR  175 

Juin  1875. 

La  santé  va  convenablement;  mais  une  aggravation  est  toujours  pos- 
sible et,  quand  j'y  pense,  je  crois  que  je  ne  guérirai  plus.  Je  ne  suis  ni 
souffrant,  ni  malade,  mais  à  Tétroit  pour  tous  mes  mouvements^  au  phy- 
sique et  au  moral.  Je  me  suis  habitué  à  cette  existence,  bien  qu'elle  me 
cause  encore  de  Fennui  quelquefois  et,  puisqu'il  en  est  ainsi,  il  ne  sert 
de  rien  d'en  parler.  < 

Avril  1876. 

....  Depuis  des  années  je  n'ai  fait  que  nourrir  de  mes  produits  le 
monstre  d'Epinal  et  je  crois  que  tu  me  donnes  un  bon  conseil  en  me 
recommandant  de  ne  pas  autant  négliger  les  expositions.  J'ai  envoyé  deux 
fois  à  Paris;  puis  je  me  suis  dit  à  quoi  bon?  H  y  a  pourtant  à  Paris 
quelques  artistes  que  je  ne  connais  même  que  de  nom,  qui  me  font  l'hon- 
neur de  regarder  ce  qu'ils  voient  de  moi.  Mais,  sans  un  peu  de  notoriété, 
je  reste  éternellement  un  débutant.  Cela  a  plus  d'un  inconvénieilt. 

Au  moment  où  il  se  prêtait  ainsi  à  discuter  la  question 
d'avenir,  il  venait  de  traverser  un  très  mauvais  hiver.  Il  sor- 
tait à  peine  d'une  crise,  qui  avait  failli  l'emporter,  et  il  sentait 
que  la  prochaine  serait  la  dernière.  Elle  se  déclara  quelques 
jours  plus  tard.  Il  vit  aussitôt  que  ce  n'était  plus  la  peine  de 
rien  cacher  ;  c'est  le  commencement  du  dernier  chapitre,  dit- 
il  à  son  frère.  Quinze  jours  après,  le  11  mai,  au  matin,  il 
expirait  dans  son  fauteuil,  paisiblement  et  avec  la  pleine  con- 
science de  lui-même.  Il  était  âgé  de  39  ans  et  7  mois.  Il  avait 
tenu  le  crayon  jusqu'à  la  fin  et,  en  ce  moment  même,  deux 
aquarelles  de  lui,  faites  pendant  sa  dernière  maladie,  étaient 
exposées  à  Mulhouse  parmi  les  œuvres  de  l'art  alsacien  réu- 
nies à  l'occasion  du  jubilé  de  la  Société  industrielle. 

Et  maintenant  que  me  voici  arrivé  à  la  fin  de  cette  doulou- 
reuse histoire,  je  n'éprouve  aucun  embarras  à  la  pensée  d'a- 
voir entretenu  si  longuement  les  lecteurs  de  la  Revm  d'un 
artiste  et  d'un  compatriote  qui,  pour  la  plupart  d'entre  eux, 
est  un  inconnu.  Si  j'ai  réussi  à  faire  comprendre  comment 
Ensfelder  est  resté  dans  le  souvenir  de  ceux  qui  l'ont  connu, 
comme  une  sorte  d'idéal,  je  n'aurai  pas  perdu  ma  peine.  Je 


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176  BEVUE  d'albaoe 

terminerai  cependant  par  un  vœu  :  c'est  qu'une  partie  du 
moins  de  son  œuyre  inédit  puisse  être  réunie  et  publiée. 
Ayec  le  concours  de  sa  famille  et  de  ses  amis,  il  serait  pos- 
sible de  former  ainsi  une  collection  exquise,  qui  resterait 
comme  un  des  fleurons  les  plus  purs  de  notre  art  alsacien  du 
temps  où  nous  étions  encore  nous-mêmes. 

A.  Bauth. 


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HISTOIRE 

DE 

L'ANCIEN  COMTÉ  DE  SAARWERDEN 

ET   DE 

LA  PRÉVOTÉ  DE  HERBITZHEIM 

SuiteJ 

Louis  IV  épousa  Agnès,  dont  le  nom  de  famille  est  resté 
inconnu.  Il  précéda  son  père  dans  Téternitéet  trouva  la  sépul- 
ture dans  réglise  abbatiale  fondée  par  ses  aïeux,  à  côté  de 
celle  de  son  oncle  Henri,  à  qui  il  n'avait  survécu  que  de 
quelques  mois.  Il  ne  laissa  qu'une  fille,  nommée  Agnès,  qui 
donna  sa  main  à  Eberard  de  Hunebourg.^  Le  comte  Louis  III 
supporta  avec  résignation  le  coup  funeste,  qui  lui  enlevait  un 
fils  chéri  et  s'empressa  de  confirmer  solennellement  la  dona- 
tion qu'il  avait  faite  au  couvent  de  Wernerswiller.  Il  vécut 
encore  une  quinzaine  d'années;  l'époque  certaine  de  sa  mort 
n'est  pas  connue.  Son  fils,  Henri  I**,  lui  succéda  dans  le  comté 
de  Saarwerden  ;  il  quitta  le  nom  de  Kirkel,  laissa  le  cbftteau 
et  la  seigneurie  de  ce  nom  que  Tempereur  Conrad  IV  lui 
avait  donnés  en  fief  d'Empire  en  1261,  à  Jean,  sire  de  Siers- 

^  Il  était  de  la  famille  alsacienne  de  Hanebourg,  dont  le  château  était 
sitaé  entre  NeuwiUer  et  la  Petite-Pierre. 

NovTelle  Série.  —  6»«  Année.  12 


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178  BBVUB  D'AIiSAGB 

berg-sar-la-Sarre,  nereu  de  Henri  I**  du  nom  de  Kirkel/  Il 
prit  le  titre  de  comte  de  Saarwerden  (caens  de  Saivernedans 
les  actes  rédigés  en  français).  Il  avait  épousé  Eli<«abelh,  dont 
le  nom  de  ramilie  n'est  pas  connu  ;  il  en  eut  deux  fils,  Jean  I* 
et  Nicolas,  et  une  fille  nommée  Agnès,  qui  donna  sa  main  à 
un  dynaste  de  Fleckenstein.  En  iS57,  il  fit  donation  au  cha- 
pitre collégial  de  Sarrebourg  du  droit  de  patronage  de  la  cure 
de  cette  ville  que  possédait  son  frère  Frédéric,  ainsi  que  des 
biens,  qui  leur  appartenaient  aux  environs  de  la  ville.^  Son 
frère  Frédéric  donna  son  consentement  à  cette  donation  par 
un  acte  passé  au  mois  de  mars  1357,  et  Tévéque  de  Metz. 
Jacques  de  Lorraine,  la  confirma  par  ses  lettres  du  20  février 
1258  (1257  selon  le  style  usité  au  diocèse  de  Metz). 

Les  libéralités  du  comte  Henri  I*'  s'étendirent  aussi  sur  le 
couvent  de  Wernerswiller,  et  il  lui  fit  par  acte  daté  du  samedi 
avant  la  fête  de  Saint-Gall  1259,  conjointement  avec  Agnès 
de  Deux-Ponts,  sa  mère,  d'amples  donations  pour  le  repos  de 
Tftme  du  comte  Louis  lit,  son  père. 

A  peine  Philippe  de  Florenges  était-il  élevé  sur  le  siège 
épiscopal  de  Metz,  qu'il  régla  le  différend,  qui  exultait  entre 
Henri  !•»,  comte  de  Saarwerden,  et  Simon  de  Hombourg,  Phi- 
lippe, seigneur  de  Florenges,  et  Golart,  seigneur  d'Ainery 
(près  de  Thionville).  Le  prélat  messin  évalua  par  un  acte 
passé  Ion  ior  de  Fapparicion  1271,  le  dommage  éprouvé  par 
le  sire  Simon  de  Hombourg,  à  240  livres  de  messaiiu.^ 

Le  comte  Henri  I""  rendit  hommage  à  l'évêque  Philippe  de 
Florenges,  et  reconnaît  par  un  acte  passé  bm  dimanche  devant 
la  divisiandes  aipostres  1361  qu'il  tenait  Sarwerden  et  quainH 
appent  (et  tout  ce  qui  en  dépend)  liègement  et  rendabkdudit 

^  Croll.  Origines  hipontines,  1. 1,  p.  146.  Ce  Jean  de  Siersberg  adopta 
le  nom  de  Rirkel  ;  il  fut  la  tige,  l'auteur  des  dynastes  de  Rirkel,  qui 
défaillirent,  en  13^7,  dans  la  personne  de  Jean,  à  qui  Sophie  de  Gerolds 
eck  n'avait  pas  donné  d'enfants. 

*  Calmbt,  Notice  de  la  Lorraine,  t.  II,  p.  410. 

*  Archives  de  Coblence  (fonds  de  Saarwerden,  2). 


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SAABWBBDBN  BT  HBRBITZHBIll  179 

Eueské  de  Metz.^  Il  promit,  par  im  acte  da  même  jour,  i 
réréque  Philippe,  de  réparer  tous  les  dommages  qu'il  avait 
causés  à  Philippe,  seigneur  de  Florenges,  et  à  Golart  d'Ainery, 
sou  frère,  et  lui  présenta  pour  ses  cautions  et  répondants 
Ferri  III,  duc  de  Lorraine, et  Banriê  cums  de  Saubnes  (Salm). 
Dans  le  même  temps  ces  deux  seigneurs  se  constituèrent  en* 
yers  Térêque  Philippe  cautions  et  répondants  du  comte  de 
Saheme,  pour  les  torts  qu'il  avait  faits  à  Tabbaye  de  Saint- 
Ainois.* 

Henri  I",  comte  de  Saarwerden,  se  fit  remarquer  i  Tinslar 
de  ses  aïeux,  par  ses  pieuses  libéralités  envers  Tabbaye  de 
Wemerswiller,  et  s'entendit  avec  son  frère,  Frédéric,  chanoine 
de  Saint-Castor  de  Coblence,  sa  nièce  Agnès,  épouse  d'Eber- 
hard,  maréchal  de  Hunebourg,  Frédéric,  comte  de  Hombuurg 
(Hohenbourg,  cornes  AUimontia)  et  Tbéodoric  de  Hagen  (de 
Indagine),  ses  deux  cousins,  pour  faire  au  monastère,  pour 
leur  salut  et  celui  de  leurs  parents,  donation  des  francs-alleux 
qu'ils  avaient  hérités  i  Lorentzen  de  leur  aïeul  Louis  I**.  Le 
diplôme,  qui  en  fut  dressé,  porte  la  date  du  25  mars  126S. 
Deux  ans  après,  Jean  I"*,  seigneur  de  Kirkel  et  de  Siersberg, 
et  son  jeune  frère,  Arnold  de  Siersberg,  imitèrent  le  pieux 
exemple  de  leurs  cousins  et  donnèrent  au  couvent  de  Wemers- 
willer leurs  parts  du  bien  allodial  de  Lorentzen*,  qui  fut  depuis 
appelé  Werschtveiler  Klostergut  zu  Lorentzen. 

Après  la  mort  du  comte  Louis  IV  de  Saarwerden,  décédé 
en  1242,  sans  délaisser  d'enfants  mâles,  Frédéric,  comte  de 

^  N.  Ebbrhardi,  Consultât  pro  Lothar,  duce,  p.  96.  Le  fief  était  ren- 
dable,  quand  le  vassal,  en  certain  cas,  remettait  le  fief  an  seigneur,  en 
sortait  avec  toute  sa  famille  et  n'y  rentrait  que  quarante  jours  après  la 
guerre  finie.  L'acte  de  foi  et  hommage  de  1261  est  le  plus  ancien,  qui  ait 
été  trouvé  dans  les  anciennes  archives  de  Tévèché  de  Metz,  concernant 
le  fief  messin  de  Saarwerden.  (Voy.  Scb^^kdbb,  Thtatr,  hist.  prœtent, 
O/iMt.,  t.  II,  p.  242.) 

*  Archives  de  Cohlence  (fonds  de  Saarwerden,  2). 

*  Cboll,  Origines  h^tontines,  t.  I,  p.  147 


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160  REVUE  D'aLBACE 

Hombourg,  son  cousin,  éleva  des  prétentions  sur  le  comté  de 
Saarwerden,  et  en  prit  le  nom  qu'il  transmit  à  son  fils  aîné 
Louis.  Le  comte  Frédéric  et  ses  deux  fils.  Louis  de  Saarwer- 
den et  Philippe  de  Hombourg,  firent,  en  1268,  donation  à 
Tabbaye  d'Otterberg  '  des  droits  de  pâturage  dans  la  forêt  de 
Wilcnstein.» 

Après  la  mort  du  comte  Frédéric  de  Hombourg,  son  fils 
Louis  renonça  au  nom  de  Saarwerden  quïl  avait  usurpé,  soit 
qu'il  eût  reconnu  l'injustice  de  ses  prétentions,  soit  qu'il  se 
fût  senti  trop  faible  pour  les  soutenir,  et  on  le  trouve  sons 
son  ancien  nom  de  comte  de  Hombourg,  dans  une  charte  de 
l'abbaye  de  Hornbach,  qu'il  signa  comme  témoin  en  1278. 

Les  comtes  de  Hombourg  portaient  coupé  d'argent  et  de 
gueules  à  deux  cornes  de  buffle  de  l'un  en  l'autre,  surmontées 
de  deux  annelets  de  même. 

Les  nobles  de  Siersberg  portaient  d'or  à  la  fasce  rivrée  de 
gueules,  surmontée  d'un  lambel  d'azur  à  quatre  pendants. 

LeH  nobles  de  Hagen  (ab  Indagine)  portaient  d'or  à  la  fasce 
de  gueules  accompagnée  de  quinze  billettes  de  même,  posées  5, 
4  en  chef,  8,  2  et  1  en  pointe. 

En  1262,  le  comte  Henri  I**  de  Saarwerden  fit  donation  à 
Jean  de  Wernesperg  (Warsberg)  de  la  cinquième  partie  de 
la  cour  de  Buderstorfif  (Bidestrof).' 

Le  comte  Henri  I*'  de  Saarwerden  termina  le  cours  de  sa 
carrière  vers  l'an  1278  ;  sa  veuve,  en  raison  du  bas  fige  de 
ses  enfiints,  prit  en  lûains  les  rênes  du  gouvernement. 

L'archevêque  de  Trêves,  Henri  de  Fénélrange,  avait  pris  à 
son  service  un  grand  nombre  de  seigneurs,  dont  quelques-uns 
étaient  de  la  première  noblesse  et  parmi  lesquels  on  comptait 

*  Ville  et  cbeMîen  de  canton  de  la  Bavière  rhénane. 

*  Lehmann,  Gesehichte  der  Burgen  und  Bergschlœsser  der  bayritehm 
Pfalx,  t.  V,  p.  177. 

*  M.  Lepâge,  Les  commîmes  de  la  Meurthe,  1. 1,  p.  140.  Ce  Jean  de 
Warsberg  tirait  son  nom  du  ch&teau  situé  près  du  village  de  Warsberg, 
canton  de  Boulây. 


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8AABWERDEN  ET  RERBITZHEI&f  181 

Henri  I"  comte  de  Saarwerden.  Il  devait  à  ce  seigneur  la 
somme  de  cent  marcs  sur  la  solde  qu'il  lui  avait  promise; 
comme  il  était  hors  d*état  de  la  payer,  il  s'entendit  avec  Eli- 
sabeth, sa  veuve,  et  lui  assura  par  acte  du  samedi  avant  le 
dimanche  Oculi  (19  mars)  1278,  en  remplacement  de  ces 
cent  marcs,  une  rente  annuelle  de  dix  marcs  sur  le  village 
de  Rulle.' 

Agnès  de  Saarwerden,  épouse  d'Eberhard,  maréchal  de 
Huneboui^,  mil  à  profit  la  mort  de  son  oncle,  le  comte  Henri  I", 
pour  réclamer  sa  part  de  Théritage  allodial  de  son  aïeul,  le 
comte  Louis  III.  La  contestation  que  cette  réclamation  fit  naître, 
se  termina  par  une  transaction,  qui  parait  avoir  satisfait  toutes 
les  parties.*  Les  fils  de  Henri  I"  furent  maintenus  dans  la 
possession  du  comté  de  Saarwerden,  et  Agnès  reçut,  pour  sa 
part  héréditaire,  les  villages  de  Steinbach  '  et  de  Hirschland.^ 

Geoffroi,  avoué  de  Ramesinga,  et  Salmona,  son  épouse, 
vendirent,  par  acte  du  quatrième  jour  après  le  dimanche 
Juc^  me  1280,  à  Elisabeth,  comtesse  de  Saarwerden,  et  à 
son  fils  Jean,  le  quart  de  la  dlme  à  Wiere  (Weyer)  pour  la 
somme  de  vingt  livres  deniers  d'argent. '^ 

En  1281,  par  acte  passé  le  jeudi  après  la  nativité  de  Saint- 
Jean-Baptiste  et  revêtu  du  sceau  de  Conrad  de  Lichtenberg, 
évêque  de  Strasbourg,  Agnès  de  Saarwerden,  épouse  d'Eher- 
hard,  maréchal  de  Hunebourg,  vendit  avec  le  concours  de  ses 
deux  enfants,  Louis  et  Agnès  de  Hunebourg,  à  la  comtesse 
Elisabeth  de  Saarwerden  et  à  sou  fils  Jean,  ses  biens  allodiaux 
sis  dans  les  environs  du  château  de  Eirkel,  à  Limbach  et  à 
Saint-Laurencien  (Lorentzen),  pour  la  somme  de  cent  livres 
monnaie  de  Metz.  La  montagne,  sur  laquelle  s'élevait  le  chft- 

'  Ad.  Gosbz,  Register  der  Erzhischœfe  zu  Trier,  p.  54. 
^  N.  Eberhardi,  ConsuU.,  p.  98,  et  Sghwedbr,  Theat.  hist.  prœien 
iam.,   t  II,  p.  242. 

*  Âajourd'hni  annexe  de  Darstel. 

*  Hirschland  retourna  dans  la  suite  au  comté  de  Saarwerden. 
'  Archivée  de  Coblence  (fonds  de  Saarwerden,  3). 


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182  REVOE  d'al6acb 

teau  de  Kirkel  fut  nommément  exceptée  de  cette  aliénations 
et  le  samedi  a^ant  le  dimanche  des  Rameaux  1288,  Eberhard 
et  Yalram,  comtes  de  Deux-Ponts,  se  constituèrent  cautions 
pour  les  biens  que  la  comtesse  Elisabeth  Tenait  d'acquérir.* 

La  comtesse  Elisabeth  de  Saarwerden  continua  de  gouver- 
ner jusqu'à  la  majorité  de  son  fils  Jean  I",  dont  la  maturité 
avait  devancé  Tftge. 

Le  comte  Henri  1"  de  Saarwerden  s'était  mis  peu  en  peine 
d'exécuter  le  jugement  qui  le  condamnait  à  pnyer  une  indem- 
nité de  240  livres  messins  à  Henri  de  Homboorg.  Quelque 
temps  après  sa  mort,  sa  veuve  et  son  fils  Jean  I*  ayant  été 
recherchés  par  le  créancier,  il  en  résulta  un  nouveau  âiflTé- 
rend  que  les  parties  liligeantes  soumirent  à  l'arbitrage  de 
Bouchard  d'Avesnes,  évéque  de  Metz  ;  ce  prélat,  n'écoutant 
que  le  sentiment  de  la  justice,  rendît  le  mardi  après  k»  octaveê 
de  la  TfinUeit  1292,  un  jugement  par  lequel  la  comtesse  de 
Salveme  et  son  fils  Jean  furent  condamnés  à  payer  la  somme 
de  240  livres  qu'on  leur  réclamait.' 

Hagues,  seigneur  de  Fénétrange,  possédait  une  ferme  è 
Zesselingen^;  la  comtesse  Elisabeth  de  Saarwerden  et  son  ÛU 
Jean  formaient  dc*^  prétentions  sur  les  biens  de  cette  cour  ; 
mais  Hugues  parvint  à  les  écarter  par  une  transaction,  qui 
fut  conclue  le  samedi  après  le  dimanche  Lœtare  1294.* 

Jean  I*',  comte  de  Saarwerdea,  signala  le  commencement  de 
son  règne  par  des  exploits  militaires;  son  frère  Nicolas,  élevé 
dans  une  connaissance  parfaite  des  lois  divines,  embrassa  l'état 
ecclésiastique  et  devint  chanoine  de  Verdun  et  prévôt  de 
Saint-Amould,  près  de  Saarbruck. 

Jean  I""  épousa  Ferriatte  de  Linange';  il  en  eut  quatre 

^  La  même  n^  4. 

*  La  même  n*  5. 

*  La  même,  liasse  2. 

^  Sessling,  village  détroit. 

*  Archives  de  Coblence  (fonds  do  Saarwerden,  6) . 

"  LsHUANN,  Burgen  vnd  BêtgnchlœsMr  àet  Pfalz,  t.  III,  p.  lU. 


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SAABTVERDBM  ET  HEftBITZHBIM  188 

enfiintSy  deux  fils,  Frédéric  II  et  Jean,  et  deux  filles,  Jeanne 
et  Gisèle. 

Jeanne  donna  son  cœar  et  sa  main  à  Gunon  deFalkenstein- 
Mflnzenl)erg  et  le  rendit,  en  1820,  père  de  Gonon,  qui  se  youa 
au  service  des  autels  et  se  fraja  le  chemin  aux  premières 
dignités  de  Téglise.  On  sait  qu'il  fut  élu,  en  1868,  archevêque 
de  Trêves.  Gisèle  épousa  le  sire  de  Dhaun.^ 

Le  comte  Jean  I**  entretenait  des  relations  amicales  avec 
les  dynastes,  ses  voisins,  et  se  rendit,  le  18  mai  1297,  caution 
et  garant  de  son  cousin  Eberhard,  comte  du  Deux- Ponts,  envers 
Ferri  m,  duc  de  Lorraine,  pour  les  terres  que  ce  prince  reçut 
en  échange  du  comté  de  Bitcbe,  qu'il  céda  i  Eberhard.*  Il 
fut  appelé  par  la  confiance  du  chef  de  TËmpire  aux  impor- 
tantes fonctions  de  landvogtde  TOrtenau.  Il  céda,  aux  termes 
d'un  acte  passé  le  7  décembre  1809,  à  la  ville  de  Strasbourg, 
pour  six  ans,  le  droit  de  battre  monnaie  dans  FOrtenau  {Mer- 
ienavé),  moyennant  la  somme  de  vingt-deux  marcs  d'argent. 
Cette  cession  se  fit  du  consentement  des  villes  d'Offenbourg 
et  de  Gengenbach,  et  le  comte  Jean  déclara  que  de  ces  vingt- 
deux  marcs  d'argent,  il  en  a  employé  vingt  pour  l'avantage 
de  l'Empire,  qu'il  a  donné  les  deux  autres  au  socs-gouverneur 
(Undervogetè)  de  la  province.*  Le  sigillé  de  ce  seigneur  repré- 
sente une  aigle  à  deux  tètes  avec  cette  légende  :  f  SIGILLV 
DOMINI  lOHANNIS  COMITIS  DE  SARWERDEN. 

Depuis  Frédéric  H,  les  empereurs  avaient  perdu  de  vue 
ritalie.  Ce  pays  était  toujours  déchiré  par  les  factions;  l'em- 
pereur Henri  VU  crut  que  ces  divisions  lui  donnaient  l'occa- 
sion d'y  rétablir  l'autorité  impériale  ;  il  leva  une  grande  armée 
et  se  dirigea  vers  l'Italie.  Le  comte  Jean  I**  de  Saarwerden 
s'était  joint  à  l'armée  impériale  avec  ses  vassaux.  Arrivée  i 

*  Gboll,  Origines  bipontines,  1 1,  p.  139. 

*  Calmet,  Histoire  de  Lorraine,  i.  II,  p.  XXX,  et  Krjbmbb.  Loco 
cikU.,  U  U,  p.  151. 

*  Miosm,  Loco  eiM.,  i  n,  p.  413. 


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184  REVUE  D'ALSACE 

Berne,  l'armée  y  reçut  une  réception  brillante  et  solennelle  ; 
elle  se  livrait  à  la  gatté  et  à  la  joie,  et  se  reposait  des  fatigues 
de  la  route.  Le  comte  Jean  de  Saarwerden  n'eut  pas  la  con- 
solation de  voir  l'Italie,  objet  de  ses  vœux;  il  trouva  dans  les 
murs  de  cette  ville  la  fin  de  sa  carrière  terrestre.  Saisi  de 
.  fièvre  et  se  sentant  mortellement  atteint,  il  fit  appeler  un 
prêtre,  se  confessa  et  expira,  loin  de  sa  patrie  et  des  siens,  le 
second  jour  après  la  fête  de  Saint- Rémi  18 10.  11  fut  vivement 
regretté  par  ses  compagnons  d'armes  et  on  lui  fit  de  splen- 
dides  obsèques,  qui  furent  honorées  d'un  grand  concours  de 
prêtres  séculiers  et  réguliers;  plusieurs  évêques  assistèrent 
k  ^  la  lamentable  cérémonie  funèbre^  >  revêtus  de  leurs  habits 
pontificaux  \  et  les  larmes  de  ses  vassaux  accompagnèrent 
ses  restes. 

La  nouvelle  de  la  mort  du  comte  Jean  I''  remplit  le  château 
de  Saanrerden  de  douleur  et  de  désolation;  le  bas  flge  de  ses 
enfants  fit  paraître  la  perte  immense,  irréparable.  Sa  mère, 
qui  eut  le  malheur  de  lui  survivre,  fut  inconsolable.  Il  eut 
pour  successeur  son  fils  Frédéric  II,  qui  fut  confié  à  la  tutelle 
de  sa  mère.  Celle-ci  prit  en  mains  la  direction  des  aflisdres  et 
s'attacha  à  donner  une  bonne  éducation  à  ses  enfants  ;  elle 
destina  Jean,  son  second  fils,  à  l'état  ecclésiastique.  Le  cha- 
pitre de  Spire  et  celui  de  Trêves  ladmirent  dans  leur  sein. 
Lorsqu'il  eut  achevé  ses  études,  le  Chapitre  de  Strasbourg,  le 
plus  illustre  et  le  plus  noble  de  la  chrétienté,  l'inscrivit  sur 
son  livre  d'or.*  Il  portait,  en  1851,  le  titre  de  provisar  fratrum 
mkcim  apud  ecclesiam  Spirenmm  dtgtntium,* 

Ce  Jean  de  Saarwerden  s'était  fait  recevoir  bourgeois  de 
Spire,  où  il  possédait  plusieurs  maisons,  et  était  tenu  de  servir 

'  HoNTHEM,  Prodr.  hist.  irev.  caput.  CXL,  et  Brouwbr,  AniMiX. 
Trevir,,  t.  II,  p.  189. 

*  Gbandiddir,  manoscrils  déposés  à  la  bibliothèque  de  Strasbourg  et 
brûlés  avec  elle  le  24  août  1870. 

*  Remling,  UrkundenhuLch  xwr  Geschichte  der  Bischœfe  zu  Speyer, 
t.  I,  p.  584 


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SAABWEBDEN  ET  HERBITZHBIM  185 

cette  Tille,  lorsqu'elle  était  en  guerre  avec  un  homme  d'armes.^ 

Wigerich  de  Luczelnbourg  (Lutzelbourg),  fils  de  feu  Wige- 
gerich,  renonça,  par  acte  du  mardi  après  la  Saint-Jean-Btp- 
tiste  1814,  en  faveur  de  Kerriatte,  comtesse  de  Saarwerden, 
contre  une  indemnité  de  sept  livres  tournois,  à  un  corps  de 
biens  à  Berldingen  (Berlingen),  qu'il  avait  acheté  de  l'abbaye 
d^Luxheim  (Lixheim)  pour  la  même  somme.  L'acte  de  renon- 
ciation se  troure  revêtu  du  sceau  d'Othon,  prieur  de  Lixheim.^ 

A  peine  le  comte  Frédéric  n  de  Saarwerden  était-il  par- 
venu à  Fflge  de  majorité,  qu'il  saisit  le  gouvernail  de  l'admi- 
nistration et  qu'il  épousa  Agnès,  comtesse  de  Salm. 

L'archevêque  de  Trêves,  Baudouin  de  Luxembourg,  était 
alors  le  prince  le  plus  riche  et  le  plus  puissant  de  l'Allemagne  ; 
son  influence  et  son  activité  s'étendaient  sur  les  deux  rives 
da  Rhin  ;  les  plus  nobles  seigneurs  recherchaient  sa  protec- 
tion, se  rangaient  sous  sa  bannière  et  reconnaissaient  sa 
suzeraineté.  Le  comte  Frédéric  II  de  Saarwerden  et  son  épouse, 
Agnès  de  Salm,  s'&ttachèrent  aussi  à  ce  prince  par  les  liens 
de  la  féodalité;  ils  lui  firent  donation  des  villages  de  Lorentzen, 
Wachten  et  Limbach,  et  les  reprirent  çn  fief.  Le  80  juillet 
1328  ils  donnèrent  à  ce  prince  leurs  reversâtes  pour  ces  trois 
localités  et  reconnurent  qu'ils  les  tenaient  en  fief  de  l'église 
de  Trêves,  et  que  leurs  héritiers  ne  pourraient  les  tenir 
qu'au  même  titre,  sans  pouvoir  les  vendre,  aliéner  ou  céder 
à  d'autres.' 

La  situation  avantageuse  de  Lorentzen  sur  la  rivière  de 
i'Eichel  détermina. le  comte  Frédéric  II  de  Saarwerden  à  j 
construire  un  chflteau  fort,  qui  servit  de  boulevard  à  ses  pos- 

'  MoNB,  Zeitschrift  fur  die  Gesckickte  des  Oberrheins,  t  VIII,p.  48,  et 
t.  XIU,  p.  415. 

'  Archives  de  Coblence  (fonds  de  Saarwerden,  7). 

»  HoNTHEiM,  Bist.  trev.  dipU,  t.  II,  p.  101.  —  Les  villages  de  Wach- 
ten et  de  Limbach  ne  sobsisteut  plos  depais  longtemps,  et  leurs  territoires 
ont  été  réunis  au  ban  de  Lorentzen . 


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186  REVUE  D'ALSAOE 

sessions  du  côté  de  l*Est;  il  se  mit  résolument  à  l'œuvre  et 
en  peu  de  temps  la  nouvelle  forteresse  fut  achevée. 
"  En  1824,  au  mois  d'août,  Baudouin,  archevêque  de  Trères, 
Jean,  roi  de  Bohême  et  comte  de  Luxembourg,  Ferri  IV,  duc 
de  Lorraine,  et  Edouard,  comte  de  Bar,  firent  un  traité  d'al- 
liance pour  forcer  la  ville  de  Metz,  qui  tenait  pour  Frédéric 
d'Autriche,  à  se  soumettre  à  Louis  de  Bavière,  son  compéti- 
teur au  trône,  ou  plutôt  pour  forcer  les  riches  Messins  à  aban- 
donner les  créances  qu'ils  avaient  contre  les  princes  confédé- 
rés. Mais  la  cité  guerrière  ne  répondit  que  par  des  insultes 
et  des  paroles  outrageantes  à  la  sommation  des  confédérés,  et 
résolut  de  se  défendre  avec  vigueur  contre  leurs  forces  com- 
munes; elle  répara  ses  fortifications  et  prit  à  son  service  un 
grand  nombre  de  gentilshommes,  qui,  moyennant  certaine 
somme,  s'engagèrent  à  lui  prêter  le  secours  de  leurs  armes 
durant  cette  guerre.  Parmi  eux  se  trouvait  <  Frédéric,  comte 
de  Salleiveme,  >  qui  se  mit  à  la  disposition  de  la  dté,  <  lui 
troisième  de  chevaliers  et  aveo  vingt-un  Escuiers.*  >  Après 
de  longues  et  de  sanglantes  hostilités,  la  paix  fut  conclue  le 
8  mars  1825,  selon  le  style  messin  ou  1826  selon  le  nouveau 
style. 

Un  sujet  de  discorde  naquit  des  droits,  qui  compétaient  à 
titre  d'hérédité  dans  le  comté  de  Saarwerden,  aux  enfanta 
d'Agnès  de  Saarwerden,  qu*elle  avait  procréés  avec  le  sire  de 
Fleckensteln  et  qui  se  nommaient  Henri  de  Fleckenstein,  Jean 
de  Fleckenstein,  prévôt  de  Saint-Guidon  de  Spire,  et  Bodolphe 
de  Fleckenstein,  les  deux  chanoines  de  la  cathédrale  de  cette 
ville,  et  leur  sœur  Catherine,  femme  du  noble  Heiden,  vogt 
de  Waselnheim  (Wasselonne).  Le  comte  Frédéric  II  de  Saar- 
werden, qui  était  animé  d'un  esprit  sincère  de  conciliation, 
s'arrangea  avec  eux  et  leur  acheta  leur  part  héréditaire  du 
comté  de  Saarwerden  moyennant  la  somme  de  quatre  cents 

*  EitUnte  de  Metz,  par  les  R.  P.  Bénédictins  de  Saint-Vannes,  t.  IV, 
,  p.  19, 


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8AABWBBDBN  BT  HKBBITZHBIM  187 

livres  tournois  noires,  suivant  acte  du  jour  de  Saint-Remi 
1827.* 

Conrad  de  Burbach,  fils  de  Gérard,  Othon  de  Burbach  et 
EUekint,  son  épouse,  fille  de  feu  Conrad  d'ÂItorf,  vendirent 
au  comte  Frédéric  n  de  Saarwerden,  leurs  héritages  à  Bur- 
bach et  à  Bistorf  (PistorO  pour  la  somme  de  douze  livres 
deniers,  monnaie  de  Strasbourg,  suivant  acte  passé  le  lundi 
après  la  Sainte-Gerlrude  1328,  en  présence  de  Hebtlin,  archi- 
prêtre  à  Bouquenom,  et  de  Berze,  pasteur  (curé)  d'Âltorf* 

Au  XIIP  siècle  la  plupart  des  villes  avaient  échappé  à  la 
domination  arbitraire  de  leurs  princes  et  reçu  leur  affranchis- 
sement avec  des  privilèges  et  des  franchises  de  toute  sorte. 
Le  comte  Frédéric  II  de  Saarwerden,  en  politique  habile, 
imita  Texemple  de  ces  princes,  et  accorda,  du  consentement 
d'Adémare  de  MonteiU  évêque  de  Metz,  son  seigneur  Téodal, 
à  la  ville  de  Bouquenom,  des  lettres  d*affranchissement  datées 
de  la  veille  de  Saint-Michel  1828.' 

En  18S0,  le  comte  Frédéric  II  entra  dans  Falliance  que 
Tarcbevêque  Baudouin  de  Trêves  fit  avec  plusieurs  seigneurs, 
pour  conserver  la  paix  dans  TEmpire  et  surtout  dans  la  partie 
de  TEmpire  située  en  deçà  du  Rhin.^  On  remarque,  en 
particulier,  parmi  les  alliés,  Isabelle  d'Autriche,  régente  de 
Lorraine,  et  le  duc  Raoul,  son  fils,  Yaléran,  archevêque  de 
Cologne,  Henri,  archevêque  de  Mayence,  Adémare,  évêque  de 
Metz,  et  Robert,  comte  palatin  du  Rhin. 

L'archevêque  Baudouin,  en  sa  qualite  d'administrateur  de 
Tarchevéché  de  Mayence  et  de  Tévèché  de  Spire,  fit  une 
alliance  avec  un  grand  nombre  de  seigneurs,  pour  conserver 
la  paix  dans  la  contrée,  qui  s'étend  entre  le  Rhin,  la  Moselle 
et  la  Sarre,  depuis  Wissembourg  jusqu'à  Coblence  et  Saarwer- 

^  Àrebiyes  de  Coblence  (fonds  de  Saarwerden,  9). 
'  La  même  (fonds  de  Saarwerden,  11). 
*  La  même  (fonds  de  Saarwerden,  12). 
^  Bbouvkb,  Annal,  trevir.,  t.  II«  p.  207. 


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188  REVX7E  d'ALSACE 

den.  Le  traité  d'alliance  fat  signé  à  Lutern  (Eaiserslautern), 
le  mercredi  après  la  Saint-Mathieu  (24  septembre)  iSSS.^ 

En  1884,  il  y  eut  un  grave  différend  entre  le  comte  Fré- 
déric Il  de  Saarwerden  et  Henri,  seigneur  de  Fénétrange.  lis 
résolurent  de  le  vider  en  champ  clos.  Le  combat  devait  avoir 
lieu  dans  une  prairie  près  de  Fénétrange  ;  les  combattants 
devaient  se  battre  avec  Tépée,  la  lance  et  la  hache  d'armes. 
La  nouvelle  de  ce  duel  se  répandit  au  loin.  Au  jour  indiqué 
pour  le  combat,  l'évêque  Berthold  de  Strasbourg,  à  la  tête  de 
trois  cents  lances,  vint  encourager  par  sa  présence  Henri  de 
Fénétrange,  son  vassal,  et  bientôt  plus  de  quatre  mille  cava- 
liers vinrent  se  ranger  autour  de  la  lice.  Cette  affluence 
extraordinaire  de  spectateurs  fit  craindre  un  piège  au  comte 
de  Saarwerden  et  Tempêcha  de  comparaître.^ 

Le  comte  Frédéric  II  de  Saarwerden  eut  de  vives  discus- 
cussions  avec  l'archevêque  Baudouin  de  Trêves,  au  sujet  du 
château  de  Lorentzen,  que  ce  prince  voulait  faire  considérer 
comme  un  fief  dépendant  de  son  église;  mais  comme  il  ne 
voulait  pas  se  brouiller  avec  ce  prélat,  il  lui  rendit  hommage 
et  reconnut,  par  acte  du  vendredi  avant  la  Saint-Laurent 
(5  août)  1884,  qu'il  tenait  en  fief  de  l'église  da  Trêves 
non-seulement  les  villages  de  Saint-Laurencien,  Wachten  et 
Limbach,  mais  encore  le  château  qu'il  venait  de  construire  à 
Saint-Laurencien,  près  de  Diemeringen,  au  diocèse  de  Metz. 
Jean  de  Saarwerden,  frère  de  Frédéric  et  chanoine  de  Trêves, 
souscrivit  comme  témoin  à  cet  acte.  Le  comte  Frédéric  promit 
en  outre  à  l'archevêque  Baudouin,  par  un  autre  acte  du  même 
jour,  de  ne  jamais  rien  entreprendre  ni  contre  lui,  ni  contre 
son  archevêché,  sous  la  réserve  de  son  devoir  vassalitique 
envers  l'évêché  de  Metz.' 

En  1885,  l'embarras  de  ses  finances  força  le  comte  Frédéric  II 

'  GcEE^,  ouvrage  cité,  p  76. 

'  Stbobel,  Geschkhte  des  Elsasses,  t.  Il,  p.  202. 

'  Archives  de  Coblence  (fonds  de  Saarwerden,  14). 


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SAARWBRDBM  ET  HBJtBITZHEIM  189 

à  engager,  à  larcbevéque  Baudouin  de  Trêves,  la  ville  de 
Bouquenom  avec  quelques  dépendances  du  comté  de  Saarwer- 
den\  mais  ce  prince  lui  accorda,  par  acte  passé  le  jour  du 
vieux  carnaval  {uff  alte  Fachsnacht,  18  février)  1886,  1885 
selon  le  style  usité  au  diocèse  de  Metz,  la  faculté  de  racheter 
la  ville  de  Bouquenom,  la  moitié  du  château  de  Saint-Lau- 
rent, du  village  de  ce  nom  et  des  villages  de  Wachten  et  de 
Limbach,  moyennant  la  somme  de  trois  cents  livres  tournois 
noires.* 

Par  acte  passé  le  vendredi  avant  le  dimanche  des  Rameaux 
1387,  Walburge  de  Horbourg,  dame  de  Fénétrange,  autorisa 
Frédéric,  comte  de  Saarwerden,  à  retirer  de  ses  mains  les 
villages  de  Wlger  (Weyer),  Odewilre  (Ottwiller)  et  Oldingen 
(Olingen  '),  qu'elle  et  son  défunt  époux,  Henri  de  Fénétrange, 
avaient  acquis  sous  faculté  de  rachat  d'Agnès  de  Salm,  en 
1827,  moyennant  le  prix  qui  se  trouve  énoncé  dans  l'acte 
de  vente.  Elle  présenta  pour  ses  cautions  et  répondants,  Henri 
de  Fénétrange,  ses  cousins,  Louis  de  Lichtenberg,  son  gendre, 
et  Folmar,  comte  de  la  Petite-Pierre-* 

Le  comte  Frédéric  U  de  Saarwerden  eut  un  différend  avec 
Jean  Orlebecher,  chevalier;  mais  les  parties  s'étant  rappro- 
chées, soumirent  leur  contestation  à  l'arbitrage  de  quatre 
seigneurs.  Le  chevalier  Orlebecher  nomma,  par  acte  du  samedi 
avant  le  dimanche  Cantate  1840,  Simon,  comte  de  Salm,  et 
Grerard  de  Warsperg,  bailli  {Bdlis)  dans  la  partie  allemande 
de  l'évéché  de  Metz,  pour  ses  arbitres.*^  Ceux  désignés  par  le 
comte  Frédéric  ne  sont  pas  connus. 

Frédéric  H,  comte  de  Saarwerden,  ayant  eu  des  difficultés 

^  N.  Ebereqou)!,  Consultai. y  p.  110. 

*  A.  Gœrz,  ouvrage  cité,  p.  78.  —Archives  do  Coblence  (fonds  de 
Saarwerden,  16). 

'  Village  qui  ne  subsiste  plus  ;  son  territoire  a  été  réuni  au  ban  de 
Kirrberg. 
*'  Archives  de  Coblence  (fonds  de  Saarwerden,  17) 

*  Là  même  (fonds  de  Saarwerden,  18). 


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190  BEVDB  D'ALSACS 

tTec  le  comte  de  Deux-lkmtSj  ré?êque  de  Metz,  Âdemare  de 
MoDteil  les  réconcilia  dans  la  personne  de  leurs  représentants, 
qui  étaient  Nicobne  de  Sabne%,  pour  le  comte  Frédéric,  et 
Guerrainde  Wamefperch  pour  le  comte  de  Deux-Ponts.  L'acte 
de  réconciliation  fut  passé  le  jeudi  devant  sœi  jour  de  feste 
Soinet  Johami-Baptiste  1340.^ 

Des  difficultés  s'étant  éleTées  entre  Agnè9  de  Lichtenberg, 
dame  de  Forbach,  et  Jean  d'Âpremont,  seigneur  de  Forbach 
et  Marguerite,  son  épouse,  d'une  part,  et  Frédéric  H,  comte 
de  Saarwerden,àcause  d'un  serf  nommé  Jacques  Streckbeyn, 
de  Gnebelingen,  que  le  comte  de  Saarwerden  avait  fait  pri- 
sonnier, les  parties  s'accommodèrent  par  une  transaction  du 
lundi  avant  le  jour  de  Sainte-Lucie  1841.^ 

Les  prévôt,  échevins  et  jurés  et  toute  la  bourgeoisie  de  la 
ville  de  Sarrebonrg,  au  diocèse  de  Metz,  donnèrent,  par  acte 
du  samedi  avant  la  ISte  de  la  Nativité  de  Notre  Dame  1S4S, 
pouvoir  et  procuration  au  comte  Frédéric  de  Saarwerden, 
d'adhérer,  en  leur  nom,  au  traité  de  paix,  qui  était  sur  le 
point  de  se  conclure  sons  le  nom  de  Lofui^rieden  avec  la 
ville  de  Metz.* 

Berthold,  fils  de  feu  Guillaume  de  Luezelnbonrg  (Lntzel- 
bourg),  écuyer,  fit,  devant  Tévéque  Âdemare,  de  Metz,  le 
tS  octobre  1848,  une  déclaration,  par  laquelle  il  reconnut  que 
les  biens  situés  à  NicderwUre  et  à  WeneswUre  ^  ainsi  que 
son  chftteau.de  Niederwiller,  ne  faisaient  pas  partie  du  fief 
castrense  qu'il  tenait  de  l'évèché  de  Metz  dans  le  chftteau  de 
Lutzelbourg;  mais  qu'ils*  relevaient  d'ancienneté  du  comté  de 
Saarwerden  et  qu'il  y  ayait  déjà  cinq  années  que  le  comte 
Frédéric  de  Saarwerden  les  lui  avait  conférés  en  fief." 

^  Là  même  (fonds  de  Saarwerden,  19). 

*  Là  même  (fonds  de  Saarwerden,  20). 
'  Là  même  (fonds  de  Saarwerden,  21). 

*  Winschwiller,  village  détrait,  sur  remplacement  dnqnèl  fat  eonttrait 
plos  tard  le  village  de  Broaderdorf. 

*  Ârciiives  de  Coblence  (fonds  de  Saarwerden,  22). 


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8AARWBRDBN  BT  HSBBITZHKIll  191 

L'érêque  de  Metz,  Âdémare  de  Monteil,  qui  comprimait  ses 
sujets  du  poids  de  son  ambition  démesurée,  était  en  guerre 
avec  les  bourgeois  de  Vie,  qui  s'étaient  mis  sous  la  sauve* 
garde  de  Raoul,  duc  de  Lorraine.  Un  traité  de  paix,  dont  furent 
garants  onze  seigneurs,  qui  y  sont  appelés  les  Elus  mr  les 
communes  criées  de  Lorraine,  réconcilia  les  bourgeois  de  Vie 
avec  leur  évèque  et  seigneur.  Ce  traité  fut  signé  à  Metz  le 
jeudi,  jour  de  l'Apparition  de  Notre-Seigneur,  t  qmnd  il  y 
avait  i344  ans  ».  L'évoque  Âdémare  prêta  serment  sur  les 
Saints-Evangiles,  entre  les  mains  du  comte  Frédéric  de  Saar- 
werden,  de  tenir  et  d'accepter  le  traité  bien  et  loyalement.^ 

Le  comte  Frédéric  II  de  Saarwerden  jouissait  de  la  plus 
haute  considération  en  Lorraine  et  dans  le  Westreich,  et  il 
employait  son  influence  à  réconcilier  les  seigneurs  et  à  tenter 
des  voies  d'accommodement  pour  faire  cesser  les  petites 
guerres  privées,  pendant  lesquelles  tout  le  pays  était  au 
pillage.  Il  contribua  à  rétablir  la  concorde  entre  Âdémare, 
évéque  de  Metz,  et  Adélaïde  de  Lichtenberg,  veuve  de  Nicolas, 
comte  de  Salm,  et  fut  Tun  des  témoins  du  traité  de  paix  qu'ils 
signèrent  le  7  septembre  1S44. 

Raoul,  duc  ^e  Lorraine,  et  Tévéque  Âdémare  étaient  en 
guerre.  Presque  toute  la  noblesse  de  Lorraine  et  de  l'évôché 
de  Metz  s'y  trouva  intéressée.  Âpres  une  infinité  de  ravages, 
les  parties  belligérantes  songèrent  à  faire  la  paix  et  s'en  rap- 
portèrent à  l'arbitrage  de  Jean  de  Luxembourg,  roi  de  Bohême, 
qui  se  fit  assister  des  conseils  de  Frédéric,  comte  de  Saar- 
werden,  et  de  plusieurs  autres  seigneurs.  Le  roi  de  Bohème 
accorda  le  duc  Raoul  et  l'évêque  Adémare  le  25  juin  1S46.* 

Le  comte  Frédéric  de  Saarwerden  et  Jean  III  de  Kirkel 
intentèrent,  en  1S46,  à  leur  cousin,  Arnold  de  Hombourg, 
une  action  judiciaire  aux  fins  de  partage  des  forêts  patrimo- 

»  Calmbt,  Histoire  de  Lorraine,  t.  III,  p.  344,  et  Preuves,  sous  Tai» 
1344 
*  Cal  MET,  Notice  de  la  Lorraine^  t.  I,  p.  643. 


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19"^  BIVUE  D'ALSACE 

Qiales  de  Vogelbach,  Erbach  et  Hombourg,  lesquelles  aytient 
été  laissées  jusque-là  dims  TindiTision.^ 

Le  comte  Frédéric  renonça,  par  acte  du  16  avril  1846,  au 
profit  de  l'archcTêque  Baudouin  de  Trêves,  à  tout  ce  que  celui- 
ci  avait  perçu  et  percevra  dans  les  villages  de  Furthe,  Lim- 
bach,  Furbach,  Yolckarskircben,  Fronesbach  et  Haselo,  pen- 
dant toute  la  durée  de  leur  engagement.' 

Hugelmann,  Frédéric,  Bruniche  et  Simon  (celui-ci  membre 
de  l'ordre  Teutonique)  frères,  seigneurs  de  Fénétrange, 
Hugelmann,  Frédéric  et  Jacques  de  Fénétrange,  les  trois  fils 
de  Hugelmann  prédénommé,  renoncèrent,  par  acte  du  dou- 
zième jour  après  Noël  (6  janvier)  1846,  au  profit  de  Frédéric, 
comte  de  Saarwerden,  à  toutes  leurs  prétentions  sur  la  haute 
et  basse  justice  de  Haarskirchen  et  les  vignes  sises  audit  lieu.' 

Le  comte  Frédéric  de  Saarwerden  eut  de  sa  femme,  Agnès 
de  Salm,  deux  fils  :  Jean  U  et  Frédéric.  Celui-ci  embrassa 
rétat  ecclésiastique  et  obtint  un  canonicat  dans  la  cathédrale 
de  Strasbourg;  en  1864,  il  était  revêtu  de  la  dignité  de  grand- 
chantre  de  cette  insigne  église.^ 

Le  sigillé  de  Frédéric  II  le  représente  assis  sur  un  cheval 
fougueux  avec  cette  légende  :  f  S.  FERRICI  COMITIS  DE 
SARWERDEN."  Le  bouclier  du  cavalier,  le  caparaçon  et  le 
cou  du  coursier  sont  ornés  de  l'aigle  à  deux  têtes,  qui  est  le 
symbole  de  Tempire  germanique.  Groll,  le  jeune,  estime  que 
le  comte  de  Saarwerden  avait  placé  Taigle  à  deux  têtes  dans 
son  écusson,  pour  marquer  la  sujétion  ou  la  dépendance,  dans 

*  Lehmamn,  Die  Burgen  der  PfaU,  t.  V,  p.  237. 

■  Archives  de  Coblence  (fonds  de  Saarwerden,  24).  —  Toutes  ces  loca- 
lités relevaient  da  château  de  Kirkel.  Limbach  est  un  village  du  canton 
de  Waldmoor;  Hassel  avec  la  censé  de  Fronschbach,  fait  partie  du  can- 
ton de  Bliescastel  ;  Vœlkerskirchen,  Fûrthe  et  Fnrpach  ne  subsbtent 
plus. 

'  Archives  de  Coblence  (fonds  de  Saarwerden,  25). 

*  Grandidier,  Manuscrits  déposés  à  la  bibliothèque  de  Strasbourg. 

*  Calmet,  Histoire  de  Lorraine,  t.  II,  pi.  12. 


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SAARWEBDBK  BT  HBBBITZHBIM  19^ 

laquelle  il  était  Tis-à-yis  da  chef  de  l'empire  ;  insigne  eomto- 
tÛ8  Sarwerdani  signumque  dimteUœ  imperii^  dit-il ^  et  toat 
porte  à  croire  que  Tassertion  du  savant  bipontin  est  fondée; 
car  Charles  IV,  qui  régnait  alors,  passe  pour  le  premier  empe- 
reur qui  ait  employé  Taigle  à  deux  têtes  dans  ses  armoiries.' 

L'armoriai  de  Paul  Fdrst  représente  Técussou  des  comtes 
de  Saarwerden,  orné  d'un  aigle  au  vol  abaissé.* 

Frédéric  II,  comte  de  Saarwerden,  et  son  fils  Jean  recon- 
nurent, par  acte  du  20*  jour  aprèw  Noël  (18  janvier  )  1847, 
suivant  le  style  usité  au  diocèse  de  Metz,  ou  1848  suivant  le 
style  actuel,  devoir  à  Walther  d'Undenheim,  écuyer,  vingt- 
deux  livres  deniers  de  Strasbourg,  pour  les  avoir  servis  dans 
la  guerre  qu'ils  venaient  de  faire  à  Bourchard  de  Fénétrange 
et  à  ses  alliés/ 

En  1856,1e  comte  Frédéric  n  de  Saarwerden  eut  un  grave 
différend  avec  la  ville  de  Metz  «  et  fut,  au  dit  an,  la  paix  faicte 
de  la  guerre  et  différend  que  le  comte  de  Saarwerden  et  la 
cité  de  Mets  avoient  ensemble/  > 

À  peine  Tempereur  Charles  IV  avait-il  publié  à  Nuremberg 
la  bulle  d'or,  qui  fut  pendant  cinq  siècles  la  loi  fondamentale 
de  l'Empire,  qu'il  se  rendit  à  Metz,  où  il  tint,  le  25  décembre 
1356,  une  cour  plénière  au  milieu  du  champ-à-SeUhy  pour  y 
ajouter  divers  articles.  L'empereur  mangea  ensuite  en  public 
et  se  fit  servir  par  les  sept  princes  électeurs  à  cheval,  consa- 
crant ainsi  cette  étiquette  féodale.  L'impératrice,  toute  la  pre* 
mière  noblesse  et  le  haut  clergé  d'Allemagne,  les  comtes  de 
Salm,  de  Saarwerden  et  de  Lînange,  les  évêques  de  Metz,  de 
Toul,  de  Verdun  et  de  Strasbourg,  le  dauphin  de  France, 
Charles,  fils  de  Jean-le-Bon,  et  une  infinité  d'autres  seigneurs 
assistaient  à  ces  cérémonies.* 

^  Origines  hipontines^  1. 1^  p.  144. 

•  Masoovius,  Prindp.jur,  publ.  imp.,  p.  154.  —  •  T.  II,  pi.  13. 

*  Archives  de  Coblence  (fonds  de  Saarwerden,  26). 

*  HuGUENiN,  Chronique  Messine,  p.  97. 

•  Galbibt,  Chronique  du  doyen  de  Saint-Thiébaut  de  Metz,  t.  V.c.  XIU. 
NooTelle  Série.  — 6"*  Année.  *  18 


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194  .  BEVUB  D'ALSACE 

Le  8  septembre  1858,  Hanemann  et  Simon  Wecker,  comtes 
de  Deux-Ponts-Bitche,  conclurent  une  trêve  a?ec  Jean  de 
Lichtenberg,  érèque  de  Strasbourg,  et  Jean  de  Dagstoul.  Cette 
trêve  devait  commencer  ledit  jour,  fête  de  la  Nativité  de  Notre- 
Dame,  et  durer  jusqu'au  mardi  après  la  Saint-Martin.  Frédéric, 
comte  de  Saarwerden,  et  son  fils  Jean  y  furent  nommément 
compris/ 

En  1859,  il  se  forma  entre  les  seigneurs  du  Westreich, 
Adémare  de  Monteil,  évêque  de  Metz,  et  Jean  de  Lichtenberg, 
évéque  de  Strasbourg,  une  ligue,  où  entrèrent  le  comte 
Frédéric  II  de  Saarwerden  et  son  fils  Jean.  Cette  ligue,  qui 
portait  le  nom  d'Alliance  du  Westreich  (^Westrifher  Bond) 
fut  conclue  et  signée  à  Deux-Ponts.  Tous  ces  seigneurs  se 
jurèrent  amitié  et  promirent  de  prendre  les  armes  pour  se 
défendre  mutuellement  contre  toute  espèce  d'ennemis.  Le 
comte  Frédéric  de  Saarwerden  et  Jean,  son  fils,  firent  leurs 
réserves  en  faveur  des  sires  Cunon,  Jean  et  Philippe  de  Fal- 
kenstein,  leurs  cousins,  et  de  leurs  ganerbes,  c'est-à-dire  en 
faveur  de  ceux  qui  avaient  le  droit  d'ouverture  dans  leurs 
chftteaux;  ils  se  réservèrent  aussi  tous  leurs  droits  et  pré- 
tentions contre  la  ville  et  les  bourgeois  de  Sarrebourg,  pour 
les  faire  valoir,  quand  ils  le  jugeraient  à  propos.' 

Le  comte  Frédéric  II  de  Saarwerden  et  son  fils  Jean  firent, 
en  1861,  un  traité  dalliance  avec  Wenceslas,  roi  de  Bohême 
et  duc  de  Luxembourg,  Jean,  duc  de  Lorraine,  Adémare  de 
Monteil,  évêque  de  Metz,  Robert,  duc  de  Bar,  Simon  de  Lich- 
tenberg, Folmar,  comte  de  Lutzelstein,  et  plusieurs  antres 
seigneurs  du  Westreich.  Par  ce  traité  on  s'engagea  à  se 
défendre  mutuellement  contre  les  incursions  des  bordes  étran- 
gères, qui  menaçaient  d'envahir  la  Lorraine,  sans  toutefois 
rien  entreprendre  contre  le  pape,  Tempereur  d'Allemagne  et 


^  Herzoo,  EdeUasser  Chronick,  liv.  V,  p .  37. 
'  Là  même,  liv.  II,  p.  73.  Une  faute  typographique  indique  par  erreur 
l'année  1389  comme  étant  celle  où  cette  alliance  fut  conclue. 


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SAARWERDEN  ET  HEBBITZHEIM  1^ 

le  roi  de  France.  Tous  ces  seigneurs  se  jurèrent  amitié  et 
promirent  de  conserver  la  paix  pendant  trois  ans,  intervalle 
pendant  lequel  des  commissaires  agréés  deyaicnt  terminer 
toutes  les  discussions,  qui  pourraient  s'élever  entre  eux.^ 

Après  la  mort  du  comte  Frédéric  II,  son  fils,  Jean  II,  saisit 
le  gouvernail  des  affaires;  il  se  maria  à  Glaire  de  Fénétrange, 
qui  lui  donna  deux  fils  et  trois  filles. 

!•  Henri  IL 

i*"  Frédéric,  que  son  père  voua  à  Tétat  ecclésiastique,  qui 
ouvrait  alors  une  perspective  si  brillante  aux  cadets  des  mai- 
sons illustres,  à  TefTet  de  ménager  à  Tatné  sa  succession  dans 
son  intégrité.  Frédéric  parvint  au  sommet  de  l'échelle  des 
dignités  ecclésiastiques  et  fut  appelé  à  Thonneur  suprême  de 
présider  aux  destinées  de  Téglise  de  Cologne.  La  haute 
influence  de  son  parent  Gunon  de  Falkenstein,  archevêque  de 
Trêves,  lui  fraya  le  chemin  à  celte  haute  dignité.  Il  faisait 
ses  études  à  Bologne,  lorsqu'en  1370  son  cousin  Gunon,  arche- 
vêque de  Trêves,  et  qui  était  en  même  temps  administrateur 
de  Tarchevêché  de  Cologne,  jeta  les  yeux  sur  lui,  pour  lui 
faire  obtenir  Tadministration  de  cette  église,  dont  le  fardeau 
commençait  à  peser  à  sei  épaules.  Gunon  gagna  les  chanoines 
et  les  décida  à  élever  son  jeune  parent  sur  le  siège  archiépis- 
copal, c  Jîwenem  magnis  ingenii  et  virtutum  omamentis  sacro 
sacerdotum  senalui  commendavit.  >  Ainsi  s'exprime  Brouwer 
dans  ses  Annales  tréviriennes,^  Wenceslas,  roi  des  Romains, 
fut  sacré  et  couronné  à  Bonn,  le  6  juillet  1S77,  par  Tarche- 
vêque  Frédéric;  ce  prélat  eut  encore  Tinsigne  honneur  de 
couronner  l'empereur  Robert.  Il  mourut  le  9  avril  1414. 

S**  Agnès,  qui  se  maria,  le  25  juin  1866,  à  Simon  Wecker  IL 
comte  de  Deux-Ponts-Bltche;  elle  lui  apporta  une  dot  de 
quatre  mille  petits  florins  d'or.' 

^  Galmbt,  Histoire  de  Lorraine,  t.  III,  p.  443,  et  Preuves,  sons  Tan  1361. 

•  Tome  II,  p.  242. 

*  Lehmann,  Geschichte  der  Grafen  von  Zweihrucker^Bitseh,  t  II, 
p.  214, 


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190  HEVUB  D*ALSAO£ 

4*  Walburge,  qui  épousa,  en  1876,  Frédéric,  comte  de 
Hœrs.  Ce  seigneur  lui  assura  un  douaire  de  douze  ceots  flo- 
rina  d*or  sur  les  châteaux  de  Milieu  et  de  Gangelt  et  leurs 
dépendances/ 

S""  Et  Hildcgarde,  qui  épousa,  en  1386,  Jean  de  Limbourg, 
dans  la  personne  duquel  s'éteignit  la  race  mâle  des  dynastes 
de  ce  nom.' 

En  1869,  le  comte  EmichV  de Lînange-Hartenbourg  enga- 
gea à  Jean  II,  comte  de  Saarwerden,  une  rente  annuelle  de 
sept  foudres  de  vin,  due  par  des  particuliers  de  Baldenborn 
(Ballbronn),  moyennant  la  somme  de  huit  cent  quarante 
florins. 

Il  lui  emprunta  encore  la  somme  de  cinq  cents  florins  avec 
la  promesse  d'en  servir  les  intérêts  à  raison  de  cinquante 
livres  hellers  par  an,  et  lui  affecta  spécialement  les  biens 
allodiaux  de  la  seigneurie  deGutenbourg.'  Le  comte  de  Saar- 
werden,  de  son  côté^  renonça  à  toutes  les  prétentions  qu'il 
pourrait  avoir  à  former  contre  la  maison  de  Linange  à  rai- 
son de  la  dot  de  Ferriatte,  son  aïeule.^ 

En  1870,  le  comte  Jean  II  emprunta  de  son  gendre,  le  comte 
Simon  Wecker  II  de  Deux-Ponts- Bitche,  une  partie  de  la  dot 
qu'il  avait  constituée  à  sa  fille  Agnès,  c'est-à-dire  la  somme 
de  dix-sept  cent  quarante-quatre  florins,  et  lui  hypothéqua  la 
ville  de  Bouquenom;  mais  il  fut  stipulé  qu'en  cas  de  rembour- 
sement de  cette  somme,  le  comte  de  Deux-Ponts-Bitche  serait 
tenu  de  la  placer  sur  bonne  hypothèque  dans  Févêché  de 
Metz.* 

^  Lagomblst,  UrkundenbuchfûrdieGeschicktedesNiederrkeins^  t.  III, 
p.  690.— Dieterich  de  Mœrs,qai  vivait  au  commencement  da  XIII*  siôcle, 
est  le  premier  de  ce  nom,  (pii  soit  mentionné  dans  les  documents  diplo- 
matiques. 

*  Brouwbr,  Annales  tréviriennes,  t.  II,  p.  352. 

'  Ancien  château  situé  près  de  Bergzabem  (Bavière  rhénane). 

*  LEHBfAMM,  GeschichU  der  Burgen  der  Pfalz,  t.  III,  p.  113. 
^  LsHKANNy  GeschichU  der  Grafen  von  Zweibriickenj  p.  216. 


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SAARWERDBN  ET  HBRBITZHEIM  197 

Le  samedi  avant  la  Saint- Jean-Baptiste,  1S7S,  Jean  et 
Jacques,  seigneurs  de  Ruidingen  (Ravilie),  frères,  s'accomo- 
dèrent  avec  Jacques  de  Fénétrange  et  Jean,  comte  de  Saar- 
werden,  au  sujet  du  Gericht  de  Bouquenom,  conformément 
à  un  jugement  arbitral,  rendu  par  Jean,  comte  de  Salm, 
Simon,  sire  de  Lichtenberg,  et  Jean,  sire  de  Fénétrange." 

En  1874,  le  comte  de  Saarwerden  autorisa  Henri  de  Meckin* 
gen,  chevalier,  et  Catherine  de  Hunebourg,  son  épouse,  à  enga- 
ger aux  héritiers  de  Nicolas  Windeberger  vingt  florins  de 
rente  annuelle  sur  les  villages  de  Hirslanden  (Hirschiand) 
et  Ruwilre  CRauwiller),  dont  ils  étaient  investis  à  titre  de  fief 
du  comté  de  Saanverden;  de  leur  côté,  ils  promirent  au  comte 
Jean  II,  par  acte  du  vendredi  après  la  Saint-Barnabe  de  la 
dite  année,  que  cette  autorisation  ne  lui  serait  jamais  pré- 
judiciable.^ 

Les  bandes  anglaises  venaient  de  désoler  les  rives  de  la 
Moselle  et  s'avançaient  vers  TAlsace,  signalant  leur  passage 
par  le  pillage,  les  incendies  et  les  violences  de  toute  espèce. 

Le  comté  de  Saarwerden,  situé  entre  TAlsace  et  la  Lorraine, 
ne  pouvait  manquer  d'être  exposé  aux  ravages  des  Bretons. 
La  comtesse  de  Saarwerden,  Glaire  de  Fénétrange,  qui  rési- 
dait au  château  de  Saarwerden,  informa  en  1875,  pendant 
Tabsence  de  son  mari,  la  ville  de  Strasbourg,  que  les  bandes 
d'aventuriers  marchaient  vers  FÂlsace  et  qu'elles  n'étaient 
plus  qu'à  la  faible  distance  de  cinq  lieues  de  sa  résidence.* 

En  1876,  les  habitants  de  Sarrebourg  refusaient  de  payer 
à  Thierry  Bayer  de  Boppart,  évéque  de  Metz,  les  redevances 
qu'ils  lui  devaient;  ce  prélat  fit  assiéger  leur  ville  et  ordonna 
de  faire  le  dégât  de  leur  territoire  ;  mais  les  comtes  de  Saar- 
werden et  de  Ltltzelstein  s'étant  entremis  pour  les  raccom- 
moder, Thierry  Bayer  de  Boppart  leur  pardonna,  sous  la 

'  Archives  de  Coblence  (fonds  de  Saarwerden,  28). 

'  Là  même  (fonds  de  Saarwerden,  29). 

*  Schiltbb-Kœnigshoven,  Chronick,  p.  901. 


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198  BEVUE  d'alsâge 

condition  quils  satisferaient  à  Taveniraux  engagements  qa*ils 
avaient  contractés  el  qu'une  des  portes  de  leur  ville  serait 
toujours  gardée  par  ses  troupes  concurremment  avec  les 
bourgeois/ 

Le  comte  Jean  II  associa  son  fils  Henri  II  au  gouvernement 
de  ses  Etats  et  lui  fit  contracter,  en  1377,  une  alliance  avec 
Herzlande,  fille  unique  d'Ulrich  de  Ribeau pierre  (Rappolstein).' 
Cette  opulente  héritière,  qui  avait  été  mariée  à  Jean,  comte 
de  Habsbourg,  seigneur  de  Lauffenberg  ',  apporta  à  Henri  de 
Saarwerden,  non-seulement  le  château  de  Hohenack  et  toute 
la  vallée  d'Orbey  dans  la  Haute-Âlsace,  mais  encore  les  pos- 
sessions allodiales  de  la  maison  de  Rappolstein,  qu'elle  avait 
héritées  de  son  père  et  auxquelles  les  filles,  à  défaut  de  mâles, 
étaient  appelées  à  succéder  suivant  un  pacte  successoire  con- 
clu, en  1872,  entre  les  deux  frères  Brunon  et  Ulrich  de  Rap- 
polstein. 

Henri  II  de  Saarwerden  ajouta  à  son  nom  le  titre  de  sei- 
gneur de  Rappolstein  et  de  Hohenack,  selon  Tusage  du  moyen 
âge,  pour  indiquer  par  là  Taccroissement  que  l'héritage  de 
sa  femme  venait  d'apporter  à  sa  maison,  et  lorsque  eut  été 
investi  du  fief  de  Hohenack  par  Farchiduc  Rodolphe  d'Au- 
triche, Brunon  de  Rappolstein  contesta  celte  investiture:  il 
en  résulta  une  prise  d'armes,  qui  ne  fut  pas  sans  incidents 
sanglants.  On  compta,  de  part  et  d'autre,  des  succès  et  des 
revers  avant  d'arriver  à  une  conclusion  définitive.  Enfin 
Henri,  d'après  les  conseils  de  son  père  et  de  son  frère,  l 'ar- 
chevêque de  (Pologne,  s'arrangea  avec  Brunon  de  Rappolstein 
sur  tous  les  différends  qui  avaient  troublé  l'harmonie  des 
deux  maisons,  et  comme  il  ne  négligea  rien  pour  ménager  à 
sa  maison  la  tranquille  possession  du  riche  héritage  de  son 

1  Calmet,  Hûtoire  de  Lorraine,  t.  III,  p.  447. 
'  Spenbb,  Opus  herMicum,  t.  II,  p.  511. 

'  Le  mariage  de  Jean,  comte  de  Habsbourg,  avec  Herziande  de  Rap- 
poUtoin.  avait  été  cassé  pour  canse  d'impuissance  du  mari. 


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SAARWËRDEN  KT   HRHBITZHÇIM  199 

beaa-père,  il  eut,  en  iS78,  la  satisfaction  de  voir  le  pacte  suc- 
cessoire  an  sajet  des  possessions  de  la  maison  de  Rappolstein 
confirmé  par  soit  oncle  Branon,  et  sanctionné  par  le  chef  de 
TEmpire  \  il  prit,  conjointement  ayec  son  père  Jean,  renga- 
gement de  remettre  et  de  prêter  à  Brunon  et  à  ses  fils  et  petits- 
fils  tous  les  litres,  tous  les  documents  relatifs  à  la  maison  de 
Rappolstein,  et  qui  pouvaient  se  trouver  en  sa  possession, 
toutes  les  fois  qu'ils  en  auraient  besoin.' 

Un  différend  survenu,  en  IS79,  entre  Ilanemann  (Jean)  I", 
Simon  Wecker  II  et  Fréiéric,  comtes  de  Deu x -Ponts  Bitche, 
d'une  part,  et  leur  frère  Henri,  d'autre  part,  au  sujet  des  pré- 
tentions que  ce  dernier  formait  sur  l'héritage  paternel,  alluma 
une  guerre  fratricide,  à  laquelle  le  comte  Jean  II  de  Saarwer- 
den  et  son  fils  Henri  prirent  part.  Ils  se  liguèrent  avec  le 
comte  Henri  contre  leur  gendre  et  beau -frère  respectif,  Simon 
Wecker  et  ses  deux  frères,  et  signèrent  au  mois  de  janvier 
1880  an  traité  d'alliance  avec  le  comte  Henri.  Ils  s'engagèrent 
par  serment,  s'ils  parvenaient  à  se  rendre  maîtres  des 
châteaux  de  Bitche  ou  seulement  du  village  de  Kaltenhausen, 
qui  en  formait  le  faubourg,  à  lui  en  remettre  le  quart, 
qui  formait  sa  part  de  l'héritage  paternel,  et  il  fut  stipulé  que 
tous  les  dépens  et  dommages  que  les  trois  frères  leur  feraient 
éprouver,  leur  seraient  remboursés.' 

Cette  alliance  ne  fut  que  de  courte  durée  ;  la  désunion  se 
mit  dans  les  rangs  des  coalisés,  les  comtes  de  Saarwerden 
tournèrent  leurs  armes  contre  leur  ancien  allié,  s'emparèrent 
de  son  château  de  Roldingen  et  le  rasèrent.  Le  comte  Henri 
de  Deux*Ponts-Bitche  leur  ayant  demandé  la  paix,  elle  fut 
conclue  au  mois  d'octobre.  Henri  renonça,  à  rencontre  des 
comtes  de  Saarwerden,  à  toute  demande  de  dommages-inté- 


^  Cboll»  ùriginêi  hip<mêineêt  1. 1,  p.  141. 

'  SOHCEPFLIN,  Alsatica  diplomatka,  t  II,  p.  276. 

*  Lkhiiamn,  GtickichU  der  Grafen  von  Ztoeibrikkef^BiUeht  p.  834« 


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2ÛD  REVUE  D'ALSiLOE 

rôts,  à  cause  de  la  destruction  de  son  château  de  Roldingen  * 
et  leur  accorda  TouTerture  de  son  cbftteau  de  Herrenstein  ' 
avec  le  droit  d'y  séjourner  jusqu'à  ce  qu'ils  se  fussent  accom- 
modés avec  leurs  ennemis. 

Simon  Wecker  II,  comte  de  Deux-Ponts-Bitche,  ayant  eu 
la  douleur  de  perdre  son  épouse,  Agnès  de  Saarwerden,  son 
beau-père  lui  paya  ce  qui  Uii  était  encore  dû  sur  sa  dot,  contre 
bonne  et  valable  quittance,  le  mardi  après  Saint-Simon  et 
Saint-Jude  1S81.' 

L'année  de  la  mort  du  comte  Jean  U  de  Saarwerden  n'est 
pas  connue. 

L'archevêque  de  Cologne,  Frédéric  de  Saarwerden,  avait 
donné,  en  1 S81,  à  Jean  de  Lichtenberg,  le  jeune  fils  de  Henri  IV, 
l'expectative  de  la  première  prébende  de  chanoine  qui  vien- 
drait à  vaquer  dans  le  grand  chapitre  de  cette  ville,  et  l'avait 
dispensé  de  fournir  les  preuves  de  noblesse  exigées  en  pareille 
circonstance.  Mais  un  certificat  de  naissance  libre  émis  en  sa 
faveur  deux  ans  après,  par  le  comte  Henri  de  Saarwerden, 
contient  en  même  temps  les  preuves  des  quartiers  de  noblesse, 
tant  du  côté  paternel  que  du  côté  maternel,  que  le  jeune  réci- 
piendaire était  tenu  de  produire,  pour  être  admis  au  sein  du 
grand-cbapitre  de  (lologne.* 

Le  jour  de  la  Saint-Jean-Baptiste  1882,  Hensclin  de  Furd- 
le- Vieux,  prévôt,  reconnut  devoir  au  comte  de  Saarwerden  la 
somme  de  trente  florins,  et  lui  donna  pour  cette  nomme  en 
engagement  la  moitié  d'une  prairie,  située  dans  le  comté  de 
Saarbruck,  au  lieu  dit  :  off  der  Ossem.  Engeland,  burgrave 


^  Rahling,  canton  de  Rohrbach  ;  le  château  a  été  entièrement  rainé, 
on  en  voyait  encore  les  vestiges  au  siècle  dernier. 

'  Ce  château,  entièrement  rasé,  était  situé  au  dessus  de  Neuwiller 
(Bas-Rhin). 

^  Lbhmann,  Geschichte  der  Grafen  von  ZweihriickenrBitsch,  p.  226. 

*  Lbhmann.  GeschichtederGrafschaftHanau^Licktenberg,  t.  I,  p.  183. 


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SAARWBBDBN  BT  HBBBITZHEIM  201 

d'OUwiller,  et  Arnold,  curé  de  Neumonster,  souscrivirent  à 
cet  acte  comme  témoins.^ 

Les  petites  guerres  enfantées  par  Tambîtion  démesurée  ou 
la  jalousie  des  seigneurs,  ne  finissaient  pas.  C'étaient  tous  les 
jours  de  nouvelles  entreprises,  de  nouvelles  courses,  des  pil- 
leries  et  des  ravages  de  toute  sorte.  L'histoire  de  cette  époque 
est  constamment  un  tissu  de  confédérations,  pour  abuser  du 
droit  odieui  du  plus  fort.  En  1885,  une  mésintelligence  ayant 
éclaté  entre  Henri  n,  comte  de  Saarwerden,  et  Jean  d'Ochsen- 
•tein,  grand-prévôt  du  chapitre  de  Strasbourg,  une  nouvelle 
guerre  s'alluma.  L'issue  en  fut  fatale  à  la  ville  de  Bœrsch,qui 
appartenait  au  grand-chapitre.  Le  comte  Henri  s'en  empara 
par  surprise  dans  la  nuit  de  la  Saint-Mathias  (24  février),  et 
la  livra  au  pillage  et  à  Tincendie.' 

En  iS88,  le  comte  Henri  H  de  Saarwerden  se  reconnut 
vassal  du  seigneur  alsacien  Conrad  de  Lichtenberg,  et  lui  donna 
ses  reversâtes  pour  les  villages  de  Lohr  et  de  Hambach.' 

Le  caractère  turbulent  de  Henri,  sire  de  Blftmont,  attira 
sur  lui,  en  1S88,  une  coalition,  où  entrèrent  Jean,  comte  de 
Salm,  Henri  H,  comte  de  Saarwerden,  Henri  IV  et  Jean  IV, 
seigneurs  de  Lichtenberg,  et  plusieurs  dynastes  puissants.* 

Cette  alliance  intimida  tellement  le  sire  de  Blftmont,  qu'il 
déposa  les  armes.  Les  seigneurs  soumirent,  d'un  commun 
accord,  les  difficultés  qui  les  divisaient  à  l'arbitrage  de  Jean, 
duc  de  Lorraine.  Ce  prince  rendit  <  le  17*  jour  en  mois  de 
janvier  1889,  en  son  hostel  à  Dueze  (Dieuze),  entre  Monsieur 
Henri,  comte  de  Salverne,  et  Henri  et  Johann,  seigneurs  de 
Lichtenberc,  d'une  part,  et  Henri,  signour  de  Blftmont, 
d'aultre  part  »,  une  sentence  arbitrale,  qui  parait  avoir  satis- 
fait les  parties." 

^  Archives  de  Coblence  (fonds  de  Saarwerden,  32). 

*  Kœnigshoven,  Chronick,  p.  342. 

*  Archives  da  Bas-Rhin,  J.  E.,  4350. 

*  Lehicann,  Geschichte  des  GrafschaftHanawLiehtenberg,  1. 1,  p.  188. 

*  Archives  de  Coblence  (fonds  de  Saarwerden,  33). 


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a02  REVT7B  D'ALSACE 

Des  contestations  s'étaient  élevées  entre  révoque  de  Metz, 
Raoul  de  Coucy,  et  les  sires  Bayer  de  Boppart;  elles  furent 
soumises  à  l'arbitrage  de  Henri  de  Blàmont,  Henri  de  Saar- 
werden,  Henri  de  la  Petite-Pierre,  Jean  de  Salm,  Henri  de 
Lichtenberg  et  du  comte  de  Nassau-Saarbruck.  Les  arbitres 
se  réunirent  le  premier  dimanche  de  carême  1889  à  Vie*  au 
palais  épiscopal,  et  y  rendirent  une  sentence,  dont  les  parties 
se  montrèrent  satisfaites.' 

Gontzemann,  prévôt  (Schultheiss)  de  Bouquenom^  et  plu- 
sieurs particuliers  de  cette  ville,  devaient  à  Henri,  comte  de 
Saarwerden,  seigneur  de  Rappolstein  et  de  Hohenack,  la 
somme  de  deux  cents  florins;  pour  se  libérer  de  ce  capital, 
ils  lui  constituèrent  une  rente  annuelle  de  soixante  malters 
d'avoine  sur  leurs  biens  sis  audit  Bonquenom.  L'acte  de 
constitution  de  cette  rente  Tut  passé  le  jeudi  après  la  Conver- 
sion de  Saint-Paul  1890,  style  du  diocèse  de  Metz,  et  scellé  du 
sigillé  de  Georges  Fyrgeman,  pasteur  (curé)  de  Pouquenom, 
et  frère  du  prévôt  Gontzemann.' 

.  Jean,  comte  de  Habsbourg,  seigneur  de  Lauffenbourg,  eut 
un  différend  avec  Henri,  comte  de  Saarwerden,  au  pujet  de 
l'héritage  de  Herzlande  de  Rappolstein;  il  fondait  ses  pré- 
tentions sur  son  contrat  de  mariage,  mais  le  comte  Henri  sut 
les  écarter  au  moyen  d'une  transaction  qu'il  conclut  avec  le 
comte  Jean,  par  l'entremise  de  Henri,  sire  de  Munolfingen, 
le  dimanche  après  la  fête  de  l'Assomption  de  Notre-Dame 
1892.* 

En  1891,  l'empereur, mécontent  devoir  son  autorité  entiè- 
rement méprisée  à  Strasbourg,  avait  mis  cette  ville  au  ban 
de  l'empire;  plusieurs  seigneurs  puissants,  le  margrave  Ber- 

^  Vie,  ville  da  département  de  la  Mearthe,  était  la  résidence  des  évèqaes 
de  Metz  et  le  siège  de  leurs  dicastères  ;  elle  est  aujourd'hui  annexée. 
»  Calmïbt,  Histoire  de  Lorraine,  2*  éd. .  t.  III,  p..576. 

*  Archives  de  Coblence  (fonds  de  Saarwerden,  34). 

*  Là  même  (fonds  de  Saarwerden,  35) . 


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SAABWERDEN  ET  HERBITZHEIM  203 

nard  de  Bade,  l'éréque  de  Strasbourg,  Frédéric  de  Blanken- 
heim,  lecomteEberhardde  Wurtemberg,  Jeaade  Lîchlenberg 
et  BruDon  de  Rappolstein,  résolurent  de  profiter  de  cette 
circonstance  pour  abaisser  Torgueil  de  la  puissante  cité;  ils 
firent  une  alliance  offensive  et  défensive  contre  elle  et  levèrent 
des  troupes  avec  lesquelles  ils  firent  le  dégftt  dans  les  villages 
de  son  territoire.  Après  diverses  hostilités,  ils  résolurent 
d'assiéger  cette  ville,  et  au  bruit  de  leurs  préparatifs,  le  duc 
Charles  II  de  Lorraine,  Henri,  comte  de  Saarwerden,  les  comtes 
de  Vaudémont,  de  Deux-Ponts,  de  Blâment  et  de  Salm  et  une 
foule  d'autres  seigneurs,  accoururent  en  Alsace  et  joignirent 
leurs  forces  à  celles  des  confédérés.^  Mais  la  cité  guerrière 
avait  pris  de  si  bonnes  mesures  de  défense,  qu'ils  furent 
obligés  de  surseoir  les  attaques.  Enfin,  Tempereur  Wenceslas 
releva,  au  commencement  de  février  1898,  la  ville  de  Stras- 
bourg de  son  ban.* 

En  1893,  le  comte  Henri  de  Saarwerden  devint  Tun  des 
ganerbes  du  chftteau  de  Wangenbourg,  situé  en  Alsace,  au 
pied  du  Schneebcrg,  dans  le  voisinage  de  celui  d'Ochsenstein  ; 
Bourchard  de  la  Petite-Pierre,  grand-prévôt  du  chapitre  de 
Strasbourg,  après  l'avoir  admis  dans  la  ^communauté  de  ce 
chftteau,  lui  en  vendit  ensuite  le  quart,  sous  faculté  de  rachat, 
pour  la  somme  de  six  cent  soixante  florins,  suivant  contrat 
du  20  mai  de  la  dite  année.'  Trois  jours  après,  une  paix  cas- 
trense,  au  sujet  de  ce  chftteau,  fut  conclue  entre  les  divers 
ganerbes.* 

Le  comte  Henri  n  de  Saarwerden  eut  la  douleur  de  voir 
mourir  tous  ses  enfants  à  la  fleur  de  l'ftge;  la  mort  de  son 

*  Calmet,  Histoire  de  Lorraine,  2*  éd.,  t  HI,  p.  ôOS^et  Monb,  Quel- 
Unsainmlung  der  badischen  Landesgeschichte  (continuation^  de  la  Chro- 
nique de  Kœnigshoven),  t.  I,  p.  267. 

»  Ldnig,  Tetitsches  Reichs-Archiv,  t.  VI,  n*»  XXII;  Mone,  Zeitschrift, 
l.  VIII,  p  163. 
'  Archives  du  Bas-Rhin,  s.  G.,  carton  132. 

*  Là  même. 


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204  REVUE  D'ALSAΠ

fils  Conrad,  l'espoir  de  sa  race,  le  rendit  inconsolable;  il  fat 
enleré  lui-même  à  Famour  de  ses  sujets  par  une  mort  inat- 
tendue. ÀTec  lui  s'éteignit  la  maison  de  Saarwerden,  dont 
Théritage  fut  transmis,  du  consentement  de  son  frère  Frédéric, 
archevêque  de  Cologne,  par  sa  sœur  Walburge,  à  la  maison 
de  Mœrs.  L'archevêque  Frédéric  de  Cologne  prit  toutes  les 
mesures  nécessaires  pour  assurer  cet  héritage  à  Frédéric  de 
Mœrs,  fils  aîné  de  sa  sœur,  et  s'empressa  de  payer  les  dettes 
que  son  défunt  frère  avait  délaissées.^ 

La  veuve  du  comte  Henri,  Herzelande  de  Rappolstein,  se 
remaria  peu  après  à  Jean,  comte  de  Lupfen,  et  lui  apporta  sa 
part  des  opulentes  possessions  de  la  maison  de  Rappolstein  ; 
il  en  résulta  une  contestation,  qui  fut  terminée  à  Ensisheim 
le  vendredi  après  la  Fête-Dieu  1400,  par  l'intermédiaire  de 
Léopold,  duc  d'Autriche.' 

La  seule  terre  allodiale  que  la  maison  de  Saarwerden  pos- 
sédât encore  dans  l'ancien  pagus  de  la  Blies,  la  seigneurie 
d'Ilingen,  qui  se  réduisait  au  village  de  ce  nom,  passa  aussi 
à  la  maison  de  Mœrs,  ce  qui  lui  ajouta  un  nouveau  lustre. 
Les  autres  terres  patrimoniales  qu'elle  possédait  jadis  dans 
cette  contrée,  se  trouvaient  éparpillées  entre  l'abbaye  de 
Wernerswiller  et  les  maisons  de  Kirckel,  de  Hombourg,  de 
Siersberg  et  de  Hagen,  issues  par  les  femmes  des  comtes  de 
Saarwerden.  La  race  des  Eirkel  avait  même  déjà  défailli  en 
1887  dans  la  personne  de  Jean,  et  l'empereur  Wenceslas 
avait  conféré  leur  seigneurie,  avec  les  fiefs  qui  en  dépendaient, 
an  comte  palatin,  Robert  I'',  dit  le  Vieux,  et  à  sa  mort,  arrivée 
en  1890,  à  son  neveu,  Robert  II,  dit  le  Dur.  Le  village  de 
Limbach-sur-la-Blies,  que  ce  prince  et  le  comte  Henri  n  de 
Saarwerden  avaient  tenu  ensemble  en  fief  d'empire,  fut  donné 
par  l'empereur  Wenceslas  à  Robert  m,  fils  de  Robert4e-Durt 


'  Arehives  de  Coblence  (fonds  de  Saarwerden,  36  et  37). 
'  SOHŒPFUN-IUvBNÉz,  UAlsoce  illustrée,  t.  IV,  p.  287. 


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flAARWERDBN  ET  HERBITZHBnf  200 

soivant  lettres  dMorestiture  da  jour  de  Sainte-Agnès  1898.* 
Pftr  le  partage  des  terres  palatines  que  fit  le  comte  palatin, 
Robert  m,  roi  des  Romains,  la  seigneurie  de  Limbach  advint 
à  son  fils  Etienne,  comte  palatin,  puis  aux  ducs  de  Deux- 
Ponts. 

Nous  avons  déjà  dit  que  la  rille  ou  plutôt  le  château  de 
Saarwerden  avait  donné  son  nom  à  une  famille  de  nobles  de 
qualité  inférieure  aux  comtes  de  ce  nom.  Walther  de  Sar- 
werden  et  ITenri  Yogtde  Sarwerden  figurent  comme  témoins 
dans  une  donation  que  fit.  en  1179,  Louis,  comte  de  Saar- 
werden, à  Tabbaye  d'Eusserlhal.'  Waltherus  de  Sarwerden 
et  Henricus  advocatus  de  Sarwerden,  sont  de  nouveau  men- 
tionnés dans  la  notice  de  fondation^et  de  dédicace  de  l'abbaye 
de  Wernerswiller,  de  l'an  1180.» 

CuNO  MILES  DE  Sarwerde  figurc  commo  témoin  dans  une 
donation  que  fit,  au  mois  de  mars  1245,  Eberhard  d'Ettendorf 
à  la  maison  de  l'ordre  Teutonique  de  Dan,  de  sa  cour  sise 
audit  lieu.^ 

Jean  de  Sarwerden  était,  en  1S5S,  religieux  au  couvent 
de  Luckesheim  (Lixheim).' 

Henri  de  Sarwerden,  né  hors  mariage,  s'était  destiné  à 
l'état  ecclésiastique,  malgré  l'illégitimité  de  sa  naissance; 
lorsqu'il  eut  terminé  ses  études,  il  fut  relevé  par  le  pape  du 
defectuê  nataUum,  L'évèque  de  Metz  fut  chargé  par  le  souve- 
rain pontife  de  lui  accorder  des  lettres  de  dispense,  pour  qu'il 
pût  recevoir  Fonction  sacerdotale.  La  bulle  fut  donnée  au 
prieuré  de  Granville,  près  de  Malaucène,  dans  le  diocèse  de 
Yaison,  le  sixième  jour  des  calendes  de  novembre,  l'an  quatre 

'  Cboll,  Origines  hipontines,  t.  I,  p.  142. 

•  Wûrdtwein,  Nova  aubs.  diplom.,  t.  XII,  p.  108. 
'  Cbollius  junior,  Origines  hiponiines,  1. 1,  p.  127. 

•  MoNE,  Zeitschnft,  t.  XV,  p.  155. 

•  Là  même.  t.  VL  p.  427. 


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206  RBVtJE  D' ALSACE 

du  pontificat  du  pape  Clément;  comme  le  millésime  n'y  est 
pas  indiqué,  si  elle  a  été  fulminée  par  le  pape  Clément  V, 
elle  remontée  Tan  1S08,  et  si  elle  émane  du  pape  Clément  VI, 
elle  est  de  Tan  1S45.' 

Dao.  Fisqier. 
(La  suite  h  la  prochaine  livraison  J 

*  Archives  prov.  de  Coblence,  n»  27. 


ERRATA 

Pages  105,  l'«  ligne  de  la  note,  lisez  :  Ce  au  lieu  de  Le. 

ili,  12*  ligne,  et  p.  114,  13«  ligne,  lisez  :  disparition  au  lieu  de 

disparution. 
117,  2«  ligne  de  la  dernière  note,  lisez  :  HatlonrChàieL 
120,  i7«  ligne,  lisez  Vabbaye  au  lieu  de  l'abbé. 
124.  l*"*  ligne  de  la  note,  ajoutez  une  s  à  Origine. 
124.  2"  note  :  Baleicourt. 


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?^ERDEN 


Agnès, 

épouse 

du  sire  de 

Falkeostein. 


DE, 

le 

bourg, 
sa  race. 


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CADEAUX  OFFICIELS 

FAITB  A  DIVERS  TITRES 
PAR  LE 

MAGISTRAT  DE  L'ANCIENNE  RÉPUBLIQUE  DE  MULHOUSE 

(X7I%  ZVn*  et  XVIIP  sièoles.) 


Les  historiens  de  Mulhouse  ont  enregistré,  avec  plus  ou 
moins  de  détails,  les  réceptions  faites  aux  empereurs,  aux  rois 
ou  à  d'autres  personnages  princiers  qui  ont  honoré  la  ?ille 
de  leur  visite,  depuis  Rodolphe  de  Habsbourg  jusqu'à  Louise- 
Philippe.  Outre  les  cérémonies  usitées  en  pareilles  circons- 
tances, ils  ont  consigné  dans  leurs  récits  les  cadeaux  offerts 
à  ces  augustes  hôtes  ainsi  qu*à  leur  suite.* 

Les  notices  suivantes  compléteront  ces  données  et  en  ajou- 
teront d  autres  que  nous  croyons  intéressantes  pour  Tétude 
de  l'histoire  politique  et  pour  celle  des  mœurs  et  des  coutumes 
de  notre  ancienne  République  helvétique,  vers  la  fin  du  XVI* 
et  pendant  les  XVII*  et  XVIII*  siècles. 

Nos  communicatioas  sont  tirées  des  recueils  manuscrits 
intitulés  <  Livres  des  bourgmestres  »,i9âr^(Tfnef «fer- jBficAer' 

'  Ils  sont  enregistrés  sons  la  rubrique  «  ObrigkeiUiche  Geêchenke  ». 

'  Ils  portent  aassi  le  titre  de  «  Livres  d'extraits  »,  ExtractenBiicher, 
parce  qu'ils  renferment  les  résumés  des  délibérations,  les  décrets  on 
d'autres  actes  émanés  du  magistrat. 


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900  REVUE  D'ALSAGE 

et  de  quelques  autres  pièces  inédites,  conservées  aux  archires 
de  la  YiUe.  Elles  y  figurent  pèie-méle,  le  plus  ordinairement 
d'après  leur  ordre  chronologique.  Nous  les  classerons  par 
rubriques  de  personnes  et  de  matières,  tout  en  conservant, 
autant  que  possible,  Tordre  des  temps. 

Princes;  ambassadeurs  et  autres  diplomates.  — 
Le  8  juin  1583,  le  comte  palatin  Jean-Ckwmir^  se  rendant  à 
Hontbéliard,  à  la  cour  du  duc  Frédéric  de  Wurtemberg  pour 
y  assister  à  un  baptême,  vint  à  passer  par  Mulhouse.  Il  était 
accompagné  du  rhingrave  Otton,  du  comte  Emmericli  de 
Linange  et  d'une  suite  de  70  cavaliers.  Il  fut  reçu  par  les  trois 
bourgmestres,  le  greffier-syndic,  trois  membres  du  Sénat, 
quatre  bourgeois  et  quatre  serviteurs  à  cheval.  On  le  logea, 
aux  frais  de  la  ville,  à  l'auberge  de  l'Ange,  située  sur  la  plaça 
Saint-Etienne,  et,  à  son  départ,  on  lui  offrit  un  foudre  de  vin  * 
et  30  sacs  d'avoine. 

Le  i5  février  1626,  le  maréchal  de  Bammpierrey  ambas- 
sadeur français  à  Soleure,  fut  complimenté  par  le  magistrat 
avec  les  cérémonies  habituelles.  On  lui  fit  cadeau  d'un  foudre 
de  vin  et  de  12  sacs  d'avoine. 

Le  21  juillet  1684  la  ville  envoya  au  résident  suédois  de 
C!olmar,  M.  Moekel,  une  chaîne  d'or,  longue  de  27  aunes,  de 
la  valeur  de  100  ducats,  pour  le  récompenser  d'avoir  remis 
Mulhouse  dans  la  possession  des  villages  de  Brunnstatt  et  de 
Riedisheim,  engagés  par  les  comtes  d'Ortemberg  pour  une 
somme  de  2000  couronnes  au  soleil  et  une  autre  de  5400  flo- 
rins d'or  ^'  que  la  ville  leur  avait  prêtés. 
Le  5  février  1635,  Hmri,  duc  de  Rohan^  qui  avait  son  quar- 

^  Environ  144  litres;  le  fondre  [Fuder)  contenait  3  mesures  {Ohm),  de 
2i  pots  (Maas)  chacune . 

■  En  1623,  la  couronne  au  soleil  valait  8fr.77;  le  florin  d'or  :  7fr.  22. 
Voir  A.  Hanausr,  Etudes  économiques  sur  l'Alsace  ancienne  et  moderne. 
Tome  I.  les  Monnaies,  p.  360  (Paris  et  Strasbourg  1876,  in-8*}. 


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CADEAUX  OFFICIELS  909 

tier  général  à  ZiUisbeim,  yint  faire  une  visite  au  magistrat. 
On  lui  servit  un  repas  splendide  à  rHôtel-de-Ville  et  on  lui 
donna  un  demi-foudre  de  vin,  renfermé  dans  des  tonneaux 
neu6  aux  armoiries  de  la  ville,  et  20  sacs  d*avoine. 

Le  21  février  1644,  le  magistrat  fit  don  à  M.  Wettitein, 
bourgmestre  de  Bftle,  d'un  gobelet  en  argent,  pesant  151  demi- 
onces,  et  de  50  ducats \  pour  son  arbitrage  en  faveur  de  la  ville 
contre  le  commandeur  de  Tordre  dn  Saint-Jean,  von  der  Tbttn, 
qui  avait  réclamé  de  cette  dernière  une  indemnité  pour  des 
caisses  perdues  à  Mulbouse.'  H.  Fakknerj  de  Bftle,  reçut 
20  ducats. 

Le  16  août  16S2,  on  complimenta,  à  Brisach,  le  primée  de 
Hareatirt,  gouverneur  de  cette  ville,  et  on  lui  fit  cadeau  de 
6  mesures  de  vin  rouge,  de  6  mesures  de  vin  blanc  et  de 
12  sacs  d^avoine. 

Le  10  octobre  1661,  le  duc  de  Mazarin,  gouverneur  de  TAl- 
sace,  vint  avec  son  épouse  et  une  suite  brillante  {mit  pràchU- 
gem  Gefofge)^  faire  sa  visite  officielle  au  magistrat  de  Mulhouse 
qui  lui  offrit,  à  THÔtel -de-Ville,  un  goûter  splendide  et  lui 
donna,  en  outre,  24  sacs  d'avoine  et  un  foudre  de  vin. 

Militaires  ;  ingénieurs.  —  Dans  les  années  16S4  et  1685, 
tes  environs  de  Mulhouse  étaient  presque  constamment  occu- 
pés par  des  corps  d'armées  étrangers;  c'étaient  tantôt  les 
Suédois,  tantôt  les  Français  ou  les  Impériaux.  Craignant  que 
la  ville  ne  fût  investie  par  Tun  ou  Tautre  de  ces  corps,  les 
cantons  de  Zurich  et  de  Berne  envoyèrent,  au  mois  de  mai  1 685, 
à  leur  fidèle  alliée  un  secours  de  160  hommes.  Le  contingent 

'  Le  coars  da  ducat  était  alors  de  9  fr.  67.  Voir  Hanaubb,  1.  c.  p.  260. 

'  D'après  Mœo,  II,  29,  le  dommage  avait  été  estimé  à  20,000  florins. 
Le  même  autear  rapporte  aussi  qa'ii  ne  s'agissait  que  d'nne  senle  caisse 
déposée  dans  la  coar  de  Saint-Jean  et  de  laquelle  on  aurait  enlevé  pin- 
sieurs  paquets  d'argent. 

NouveUe  Série  —  6*  Année.  14 


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'^10  REVUE  D'ALSACE 

de  Zurich  était  commandé  par  le  capitaine  jSfiMtttf',  celui 
de  Berne  par  Jean  de  Stein.  Ces  troupes  restèrent  à  Mulhouse 
jusqu'à  la  fin  du  mois  d  avril  16S6.  A  leur  départ,  le  magistrat 
remit  au  capitaine  Eneuté  un  gobelet  du  poids  de  20  demi- 
onces  et  à  son  maréchai-des-logis  4  ducats.  Quant  au  sieur 
Jean  de  Stein,  il  n'eut  aucun  cadeau,  car  il  s^était  conduit 
d'une  manière  inconvenante  '  pendant  son  séjour  à  Mulhouse. 
20  janvier  et  14  avril  1686. 

Pendant  la  guerre  entre  les  Français  et  les  Impériaux,  de 
1675  à  1677,  les  alliés  des  cantons  protestants  de  la  Suisse 
avaient  de  nouveau  envoyé  des  secours  à  Mulhouse.  En  dehors 
de  leur  solde,  les  officiers  et  les  sous-officiers  reçurent  les  gra- 
tifications suivantes  :  chacun  des  capitaines-lieutenants  de 
Zurich  et  de  Berne,  12thaler';les  quatre  maréchaux-des-logis 
de  Zurich  et  de  Berne,  ainsi  que  celui  de  Schaffbouse,  chacun 
6  thaler.  —  Chacun  des  six  caporaux  reçut  S  thaler;  le  chi- 
rurgien, Stha^er;  le  secrélaire,  8  livres  stebler^  16  schilling.* 
15  janvier  1675. 

En  1676,  les  trois  maréchaux-des  logis  de  Zurich  et  les 
deux  de  Berne,  reçurent  chacun  6  ihaler,  et  à  chacun  des  six 
caporaux  on  donna  S  thaler. 

Dans  la  même  année,  Tingénieur  Villardin^,  de  Berne, 
invité  par  le  magistrat  de  Mulhouse  à  faire  Tinspection  des 
fortifications,  reçut,  comme  cadeau,  un  gobelet  de  45  demi-* 
onces  et  12  doublons^;  de  plus,  on  donna  au  cavalier  qui 
raccompagnait  6  thaler. 

^  MiBG,  I,  237,  nomme  Jacques  Grehel,  qai  fat  probablement  rem- 
placé par  Rneulé. 

'  Le  texte  de  la  délibération  da  Conseil  dit  :  «  weyl  er  sich  unfuglieh 
verhalien», 

*  La  valeur  intrinsèque  du  ih^lenuisse  était  de  5fr.47.  Â.  Hanaubb, 
Le. 

*  Le  Pfund  SUhler  valait  à  peu  près  1  fr.  34  c.  Mieg. 

*  Le  schilling  était  la  20«  partie  de  la  livre  stehler  et  valait  8  centimes. 

*  Le  texte  écrit  ce  nom  :  Willading. 

^  Le  double  Henry  valait,  en  16d9, 20  fr.  80.  Â.  Hanaubr,  1.  e.  p.270. 


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CADXAIJX   OFFIOnCLS 


211 


En  1677,  le  colonel  zurichois,  Léonard  IHesSj  et  le  colonel 
bernois,  Adrien  Jenner,  les  deux  capitaines-lieutenants  et  les 
deux  porte-drapeau  reçurent,  chacun,  un  gobelet  en  ver- 
meil Ces  six  gobelets  pesaient  ensemble  158  demi  onces. 

En  1689  le  capitaine  de  Zurich,  Jean-George  BûrkH,  et  le 
capitaine  de  Berne,  Vincent  Stûrkr,  reçurent  chacun  un  gobe- 
let en  yermeil,  du  poids  de  46  demi-onces. 

En  1691,  les  mêmes  officiers  reçurent,  chacun,  une  demi- 
douzaine  de  couteaux,  de  fourchettes  et  de  cuillers. 

174S.  Les  Autrichiens,  sous  la  conduite  du  prince  Charles, 
avaient  voulu  imposer  des  contributions  à  l'Alsace  et  avaient 
demandé  qu*on  leur  livrât  un  certain  nombre  de  fusils.  Gomme 
ils, occupaient  une  partie  du  Brisgau  et  menaçaient,  à  plu- 
sieurs reprises,  de  passer  le  Rhin,  les  Suisses  envoyèrent 
2000  hommes  à  Bftle  pour  défendre  leur  frontière,  et,  sur  les 
instances  du  magistrat  de  Mulhouse,  qui  craignait  un  coup  de 
main  de  Tarmée  impériale,  les  états  évangéliques  envoyèrent 
à  notre  ville  deux  représentants,  le  noble  Jean-Rodolphe  Weiss, 
capitaine  de  quartier,  de  Zurich,  et  jYtco2txaZfOmtocA,  capitaine 
des  dragons,  de  Berne.  Ils  arrivèrent  le  26  août  1748  et  furent 
suivis,  le  même  soir,  de  50  hommes  de  Berne,  sous  la  con- 
duite du  capitaine  Kûntzly.  Le  29  août,  50  hommes  de  Zurich, 
commandés  par  le  capitaine  Hirzelj  vinrent  les  rejoindre.  Ils 
furent  logés  chez  les  bourgeois.  Mais  les  armées  belligérantes 
s'étant  retirées  dans  leurs  quartiers  d'hiver,  les  représentants 
ainsi  que  les  troupes  furent  rappelés  par  leurs  cantons  res- 
pectif:*. A  leur  départ,  le  16  novembre,  chacun  des  représen- 
tants reçut  une  belle  cafetière  en  argent  de  80  demi-onces  ; 
on  ea  envoya  aussi  une  de  46  demi-onces  aux  capitaines 
Hirzel  et  Weiss;  mais  ce  dernier  renvoya  la  sienne,  parce 
que  son  gouvernement  lui  avait  interdit  d'accepter  un  cadeau 
quelconque.  Les  deux  lieutenants  de  Zurich  et  de  Berne 
reçurent  chacun  6  9pecie8thaler\  les  maréchaux-de-logiS|  S  ape- 

*  Le  ipeeiesthaler  valait  5fr.86.  A.  Hanaueb»  1.  c.  p.  273. 


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212  REVUE  D'ALSACE 

eiesthaler  cbacuD,  et  chaque  caporal  2  tbaler;  les  deux  cour- 
riers de  Zurich  et  de  Berne  eurent  chacun  un  louis  d'or  nou* 
veau,  de  la  valeur  de  24  livres;  les  deux  valets  de  diambre 
des  représentants,  chacun  un  ducat,  et  chaque  soldat  fut  gratifié 
d'un  thaler.  La  ville  prit,  en  outre,  à  sa  charge  de  payer  le 
maître  de  poste,  le  médecin  et  le  barbier,  ainsi  que  les  frais 
de  logement  et  de  nourriture  pendant  la  route  et  à  Bftle.* 

Bourgmestres  et-  syndics  de  Mulhouse.  —  Les  bourg- 
mestres JacgueS'HfnH  Pétry  et  Philippe  Engehnatin^  ainsi  que 
le  D'  Jean-Lucas  Chmidinski  \  reçurent  chacun  un  gobelet  de 
48  demi-onces,  pour  avoir  mené  à  bonne  fin  une  aflaire  de 
dettes  pendante  à  Bâie.  5  novembre  1640. 

Vu  le  peu  de  confort  que  les  auberges  de  Mulhouse  pré- 
sentaient au  XVIP  siècle,  les  officiers  supérieurs  des  troupes 
alliées  furent  ordinairement  logés  et  nourris  chez  les  bourg- 
mestres, auxquels  la  ville  accordait  alors  des  indemnités.  Notre 
registre  en  a  consigné  les  suivantes  : 

MM.  les  bourgmestres  Jean-Gaspard  DoBfus  etJeanBisler 
reçurent  700  livres-stebler,  soit  28  par  semaine,  pour  avoir 
hébergé  alb^rnativement,  pendant  près  de  deux  mois,  les  colo- 
nels de  Zurich  et  de  Berne.  28  septembre  1674. 

Les  mêmes  reçurent,  pour  trente  semaines,  1400  livres- 
stebler,  soit  48  par  semaine.  1676. 

Pour  avoir  logé  et  nourri  pendant  sept  semaines  les  deux 
colonels  et  deux  capitaines-lieutenants,  lesdits  beurgmestres 
reçurent  ensemble  500  livres-stebler. 

Le  9  mai  1626,  le  gretàer-SYniio  Jacques- ffenri  Pétry  reçut 
de  la  ville  un  gobelet  en  vermeil,  du  poids  de  50  demi-onces, 
pour  l'achèvement  de  ses  histoires  de  Mulhouse,  «  Mabl- 
hauszer  Historien  >,  et  pour  avoir  terminé  l'inventaire  de  la 

'  Voir,  pour  les  autres  détails.  Misa,  I,  284->288. 
'  Graf  écrit  ce  nom  Chmieletxgi  ;  il  exerçait  les  fonctions  de  bourg- 
mestre de  1655  à  1662. 


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CADEA.X7X  OFFICISLS 


213 


chancellerie  intime,  innere  Cantiky,  Nommé  bourgmestre,  en 
168S,  fonctions  qu'il  conserva  jusqu'k  sa  mort  (le  SS  mai 
1660),  Pétry  reçut,  en  1640,  un  gobelet  d'or  pour  le  récom- 
penser de  Texcellente  gestion  des  affaires  de  la  république. 
Josué  Hofer,  grefQer-syndic  de  la  ville,  pendant  50  ans 
(1748-1798),  reçut,  lors  de  la  réunion  de  Mulhouse  à  la 
France,  une  gratification  de  10,000  livres  pour  les  nombreux 
et  importants  services  qu'il  avait  rendus  à  sa  patrie. 

Savants.  —  Pendant  les  trois  derniers  quarts  du  XVQ* 
siècle,  la  ville  de  Mulhouse  reçutde  nombreux  en  vois  de  livres, 
dontplusieursfurent  accompagnés  de  dédicaces.  Nous  en  signa- 
lons les  suivants,  d'après  Tordre  chronologique  de  leur  inscrip- 
tion au  Livre  des  bourgmestres,  en  y  ajoutant  les  cadeaux 
que  la  ville  a  faits  aux  auteurs. 

1624.  A  M.  le  pasteur  Cfèytraefés,  pour  la  dédicace  de  sa 
dissertation  inaugurale*  :  20  tbaler. 

1626.  A  M.  le  professeur  Lueius  ^  de  Bftle,  pour  son  Histoire 
des  Jésuites,  in-4"  :  10  florins. 

1627.  A  M.  Stettler  \  pour  sa  Chronique  de  Berne  :  10  thaler. 
1645.  A  M.  Schorer\  pour  son  Calendrier  :  10  thaler. 

'  «  Pro  dedkalione  Disputationis  inauguralis.  *  —  Chrétien  Chytrœus, 
de  Brème,  fat  appelé  k  Malhoase  ea  1^23;  c'était  un  excelient  oratear 
qui  ayait,  en  outre,  le  grand  mérite  de  s'être  occupé  de  l'amélioration 
des  écoles.  Il  mourut  le  9  septembre  1633.  Son  épitaphe  se  trouvait  dans 
le  chœur  de  l'ancienne  église  de  Saint-Etienne.  Voir  Gelaf,  Histoire  de 
Mulhouse,  II.  344. 

*  Louis  Lucius  est  l'auteur  d'un  grand  nombre  d'ourrages  de  théologie 
ou  de  philosophie,  dont  les  derniers  sont  surtout  très  estimés  Son  His- 
toire des  Jésuites  parut,  1623,  en  allemand  ;  en  1627,  Tauteur  en  publia 
une  traduction  en  latin. 

'  Sa  Chronique  parut  sous  le  titre  de  «  Annales  oder  Beschreibung 
der  Geschichten  der  Schweitier  »  ;  en  1731,  il  y  ajouta  la  Chronique  spé- 
ciale de  Berne,  2  volumes. 

*  Christophe  Schorer,  de  Memmingen,  fit  ses  études  de  médecine  à 
Strasbourg  et  à  B&le;  le  Calendrier  qu'il  rédigea  pendant  30  ans  jouis- 
sait d'une  grande  popularité.  Outre  plusieurs  livres  de  médecine,  on  a 
encore  de  lui  une  Chronique  de  Memmingen  très  estimée. 


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214  BEVOB  D'ALSACE 

1645.  A  M.  Wêlper\  de  Strasbourg,  pour  son  Calendrier  : 
10  thaler. 

1655.  An  mtoe,  pour  un  nouveau  calendrier  :  5  ducats. 

1655.  Au  greffier-syndic  Stacker  \  de  Schaflfhouse,  pour  ses 
négociations  en  Hollande  et  en  Angleterre,  et  pour  la  publi- 
cation de  ses  voyages,  dont  il  avait  adressé  un  exemplaire  relié 
au  magistrat  de  Mulhouse  :  un  gobelet  pesant  50  demi-onces. 

1686.  A  M.  le  docteur  Zmnger*  pour  son  livre  «  Der 
gmhwinde  Arzt  »,  quMl  avait  dédié  au  magistrat  de  la  ville 
de  Mulhouse,  et  dont  il  lui  avait  envoyé  plusieurs  exemplaires  : 
un  gobelet  d'environ  S5  demi-onces. 

1691.  A  M.  le  pasteur  Ahom^,  pour  son  dernier  volume 
de  la  Theologia  practica,  qu'il  avait  dédiée  à  la  ville  et  dont 
il  lui  avait  adressé  cinq  exemplaires  :  15  thaler. 

Artistes.  —  En  1559,  le  calligraphe  Jean  PudUer  dédia  à 
la  ville  de  Mulhouse  un  Calendrier  avec  des  indications  aslro- 


^  Eherhard  Wdper,  de  Lobra,  dans  le  Comté  de  Hohenstein,  était  pro- 
fessear  de  mathématiques  et  d'astronomie  à  T Université  de  Strasbourg  ; 
son  Calendrier  parât  à  Strasbourg  pendant  plus  de  200  ans,  sons  le  titre 
de  Welperiseher  Hinkender  Bote.  Son  dernier  propriétaire-éditeur  était 
l'imprimeur  G.-L.  Schuler. 

'  JeanrJacques  Stocker,  élève  du  célèbre  Bemegger,  de  Strasbourg^ 
diplomate  distingué,  fut  envoyé,  par  les  cantons  réformés  de  la  Suisse, 
en  Hollande  et  en  Angleterre  pour  négocier  la  paix  ;  les  Etats  généraux 
de  la  Hollande  le  récompensèrent  de  ses  bons  services  en  lui  offrant  une 
chaîne  d'or. 

'  Théodore  Zwinger,  médecin  et  professeur  très  distingué  de  Bàle.  Le 
titre  de  son  ouvrage  est  «  Der  gichere  und  geschwinde  Àrxt  »  ;  ii  le  publia 
d'abord  sous  le  pseudonyme  Nathanaël  Sforzia,  en  1683  et  en  1695  ;  la 
3«  édition,  publiée  en  1703,  porte  le  nom  réel  de  l'auteur.    • 

^  Bariholomé  Àhom  est  aussi  l'auteur  d'un  ouvrage  remarquable  et 
très  rare,  publié  à  B&le  en  1675,  sous  le  pseudonyme  Phylo,  et  intitulé  : 
^Magiologia,  daa  ist  ChrisUicher  Bericht  von  dem  Àberglauhen  und 
Zauberey  »  etc.,  dont  la  Bibliothèque  mu|iicipale  de  Mulhouse  possède 
un  ezemphiire. 


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OÀiMjJx.  omxasiA 


315 


nomiqaes  et  autres.  C'est  uo  grand  tableau  calligraphique, 
qui  dénote  un  taleut  peu  ordinaire  et  une  rare  patience  de 
la  part  de  son  auteur.  Le  magistrat  lui  fit  Tbonneur  d'un 
cadre  artistement  travaillé.  Il  est  conservé  au  Musée  histo- 
rique. Voy.  N*"  409  du  Catalogue. 

En  1644  MtinuB,  de  Colmar,  établi  plus  tard  à  Berne 
comme  calligraphe -enlumineur  et  arithméticien  ^  dédia  an 
magistrat  et  aux  bourgeois  de  la  ville  de  Mulhouse  un  ABnim 
en  vers,  illustré  de  peintures  et  intitulé  <  THorloge  spirituelle», 
dis  geistliehe  Dhr.  Il  consiste  dans  19  planches  in-folio  oblong. 
La  1**  représente  les  armoiries  de  Mulhouse,  cantonnées  de 
celles  de  Zurich,  Berne,  Schaffhouse  et  Bâie;  la  2*  et  la  19*, 
un  cadran  peint  en  rouge  et  en  jaune;  la  S*  donne  la  dédi- 
cace à  la  ville  de  Mulhouse;  les  autres  planches  renferment 
12  quatrains  se  rapportant  chacun  à  Tune  des  douze  heures 
de  la  journée.  La  postface  contient  deux  strophes  de  cinq  vers 
et  se  termine  ainsi  : 

«  AuffZeit  meri[i)  wolein  weiser  Martrij 
Wol  dem  der  Zeyt  wol  hrauchen  kann,  » 

Cet  Album  se  trouve  également  au  Musée  historique.  Y.  le 
N<*  5S7  du  Catalogue  et  N.  Ehrsam,  Ouriaaités  d Alsace,  T.I, 
p.  77-81. 

Nous  n'avons  trouvé,  dans  nos  archives,  aucune  donnée 
sur  quelque  cadeau  fait  à  Tun  ou  à  l'autre  des  deux  artistes. 

En  1676,  on  paya  au  peintre  André  Bodan  20  tbaler  pour 
le  tableau  représentant  la  Justice,  qui  se  trouve  dans  la  salle 
de  derrière  du  Conseil.' 

^  Il  se  Domme  GiUdinsekriher  und  Rechenmèister,  Àa  moyen-&ge  et 
encore  plas  tard,  «  les  enlamioears  employaient,  oatre  les  coaltars,  Tôt. 
soit  poar  orner  des  lettres  capitales,  soit  pour  former  des  fonds.  C'est 
poorquoî  on  leur  donnait  aussi  chez  nous  le  nom  de  Guldinschriber  ou 
GoUschriber.  »  Gs.  Sghmidt,  Revue  d'Alsace  1877,  p.  73, 

^  blinder  hindem  Raths  Stuben  ». 


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^6  REVUS  D*ÀL8AGE 

Noces.  —  M.  la  Doctear  SiMzer,  médecin  de  la  yilie,  ayant 
infité  N.  6.  SS/  à  sa  noce,  qui  devait  se  célébrer  à  Stras- 
bourg, ils  y  envoyèrent,  en  leur  nom,  le  greffier-syndic  Zichiin, 
avec  un  cadeau  de  12  florins;  les  frais  du  voyage  se  montèrent 
à  8  florins.  15  mai  1594. 

Au  mois  de  mars  1658,  le  greffier-syndic  Giesler  et  M.Schœn, 
membre  du  Sénat,  représentèrent  le  magistrat  de  Mulhouse 
à  la  noce  de  M.  le  pasteur  van  Brun^  de  Bftle  ^  et  lui  firent 
cadeau  d'un  gobelet  de  80  demi-opces. 

M.  le  pasteur  Meyer  '  avait  invité  N.  G.  SS.  à  sa  noce,  qui 
se  tenait  à  Bftle  ;  mais  personne  ne  put  y  assister.  On  lai 
envoya  un  gobelet  de  80  demi-onces.  10  octobre  1694. 

Baptômes.  —  LàfamUh  Waldner  deFrmndstein,  qui  figure 
seule  sous  cette  rubrique,  remonte  au  XI*  ou  au  XII*  siècle; 
elle  tire  son  nom  du  cbftteau  de  Freundstein,  situé  sur  une 
hauteur  entre  le  Molkenrain  et  le  Ballon  de  Soulz.  Dès  le 
XIII*  siècle,  les  Walduer  possédaient  le  cbftteau  d'OUwiller  et 
au  commencement  du  XVI*,  celui  de  Schweigbausen,  près  de 
Gernay.  Us  se  divisent  en  deux  branches  principales,  celle  de 
Schweighamm  et  celle  de  l^erentz,  réunies  encore  sous  Fré- 
déric-Louis I*'  du  nom.  Il  est  qualifié  de  c  baron  Waldner  de 
Freundstein,  seigneur  de  Sierentz,  Schweigbausen,  Berwi lier, 
Beroldswiller  et  des  chftteaux  d'Ollwiller,  Weckentbal  et  Hart- 
mannswiller,  possesseur  de  tous  les  domaines  de  sa  maison, 
capitaine  au  régiment  Montjoie  ;  il  naquit  à  Bftle  en  1648  et 
mourut  en  1708  ».* 

Les  Waldner  possédaient  à  Mulhouse  deux  hôtels  ou  cours  : 
la  cour  dite  OranwUkr'Hof,  plus  tard  Eisenhqf^  dans  la  rue  des 

*  «  Unsre  Gn,  Herren  ». 

'  Bonaventura  von  Brun,  de  Bâle,  avait  fonctionné  comme  pastear  à 
Mnlhoase  depuis  1647;  en  1657,  il  retourna  à  Bâle. 

*  Paul  Meyer,  de  Bâle,  était  pasteur  à  Mulhouse  de  1694  à  1732. 

*  Voy.  ErnbstLehr,  VAlsa<:P  noble,  III,  177-186.  —  Cf.  N,  Ehrsam, 
Bûrgerhueh,  364-368. 


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CADEAUX  0PFI0IEL8  217 

Trois-Rois^  appartenant  aujourd'hui  à  M.  H.  Baumgartner,  et 
le  Waldnerische  Hof,  eulre  le  Fossé  et  la  place  des  Maréchaux, 
propriété  des  héritiers  de  Rodolphe  Hirth.  Ils  avaient  droit 
de  bourgeoisie  à  Mulhouse  et  tenaient  beaucoup  à  cette  faveur, 
comme  nous  l'apprend  la  baronne  dOberkirch,  née  Waldner, 
de  la  branche  de  Schweighausen.  c  La  ville  de  Mulhouse,  dit- 
elle,  alliée  des  Suisses,  était  une  cité  importante,  dans  laquelle 
les  Waldner  jouissaient  de  tout  temps  du  droit  de  bourgeoisie 
honoraire.  Cette  prérogative  donne  le  droit  de  servir  dans  les 
troupes  helvétiques,  où  les  Waldner  ont  un  régiment.  On  a 
grand  soin,  pour  le  conserver,  de  faire  baptiser  tous  les  gar- 
çons de  notre  famille  à  Mulhouse.  »  ^ 

Ajoutons  à  ce  passage  une  note  tirée  du  Livre  des  bourg- 
mestres, qui  prouve  que  ce  n'est  qu'avec  Tassentimenl  de  la 
ville,  que  les  Waldner  pouvaient  obtenir  un  commandement 
dans  les  troupeâ  helvétiques.  Cette  note  porte  ce  qui  suit  : 
c  Sur  les  instances  de  M.  Frédéric-Louis  Waldner  de  Freund- 
stein  et  de  Schweighausen,  la  ville  écrivit  au  duc  de  Maine 
une  lettre  de  recommandation  et  de  consentement,  pour  obte- 
nir en  faveur  de  M.  Ghrétien-Frédéric-Diagobert  Waldner,  fils 
dttdit  Frédéric- Louis,  le  commandement  d'une  compagnie  qui 
allait  être  formée;  10  novembre  17S4.  Le  ministre  agréa  la 
demande  de  la  ville  et  la  nouvelle  compagnie  prit  le  nom  de 
MuOiamer  Compagnie;  29  décembre  17S4.  > 

Le  droit  de  bourgeoisie  dont  jouissaient  les  Waldner  était 
renouvelé  de  temps  en  temps,  et  chaque  fois  que  les  descen- 
dants des  différentes  générations  avaient  acquis  Tftge  qui  leur 
permettait  d*en  faire  la  demande.  Notons,  à  ce  sujet,  quelques 
inscriptions  du  Bùrgermmter-BtÂch  : 

c  On  a  accordé  le  droit  de  bourgeoisie  au  Junker  Hanê 
WatduMT^  à  raison  de  4  florins  et  de  SO  florins  payables  annuel- 

'  V.  Mémoires  de  M^^  la  baronne  d'Oherkirch,  2«  éd.,  I,  5.  —  «  Elle  fut 
également  baptisée  à  l'église  paroissiale  de  Malhovse,  dans  la  sainte  foi 
évangéliqne,  le  7  juin  1754.  » 


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218  bbvhb  d'alsage 

lement  comme  impôt  et  péage.  Il  lai  est  interdit  d^acheter 
des  biens-fondâ  et  de  les  réaair  à  sa  cour,  où  il  de^ra  installer 
un  bourgeois  de  la  yiile  comme  gérant  ou  intendant,  l**  février 
1615.  Gst  impôt,  payable  par  les  deux  frères,  est  réduit  à 
10  florins  pour  chacun.  29  fémer  1649  et  1 1  septembre  1650.  > 

c  Le  gérant  payera  un  impôt  et  6  florins  pour  les  travaux 
publics  et  pour  son  exemption  de  monter  la  garde.  25  août 
1658.  > 

c  En  temps  de  guerre,  il  est  permis  aux  Waldner  de  mettre 
leurs  troupeaux  de  moutons  en  sûreté  dans  notre  banlieue 
ou  dans  une  autre,  sous  condition  de  n'y  causer  aucun  dégftt. 
18  août  1675.  i 

<  Il  leur  est  défendu  de  faire  entrer  en  ville  plus  de  SO 
mesures  de  vin  étranger.  S  septembre  1704.  > 

Nous  avons  vu  que  les  nobles  de  Waldner  avaient  le  plus 
grand  intérêt  à  entretenir  de  bonnes  relations  avec  Mulhouse. 
Aussi,  pour  rendre  ces  reldtion:^  plus  intimes,  choisirent-ils 
fréquemment,  comme  parrains  de  leurs  fils,  le  magistrat  de 
cette  ville,  représenté  par  fun  ou  l'autre  des  trois  boaif- 
mestres.  Notte  Burgermeister'Bueh  contient  les  inscriptions 
suivantes^  : 

1676.  Frédéric-Louis  Waldner  *  :  une  pièce  d'or  de  la  valeur 
de  7  ducats  *  et  un  gobelet  de  23  demi -onces. 

1710.  Ghrétien-Charles-Philippe  prend,  comme  parraia  de 
son  premier  fils.  Chrétien -Frédéric -Philippe,  N.  G.  S.  (\e 
bourgmestre  Jean  Dollfus).  On  donna  à  M""  de  Waldner  une 
boîte  de  confitures  et  au  filleul  un  gobelet  d'argent,  du  prix 
de  94  livres-stebler,  10  schelling. 

^  Noms  avons  ajouté  les  prénoms  du  père  ou  du  filleul,  toutes  les  fois 
qu'ils  manquent  dans  le  registre. 

'  11  fut  l'autear  de  la  branche  de  Schwei^hausen.  Y.  Lehr,  III,  188. 

'  Au  milieu  du  XVir  siècle  le  cours  du  ducat  ordinaire  était  9  fr.  67; 
celui  du  dacat  à  la  croix  courte,  de  9  fr.  03  ;  celui  à  la  croix  longue, 
également  de  9  fr,  œ.  Voir  A.  Hanaueb,  1.  c.  p.  200. 


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0AXIB4UX  OFFICIELS 


219 


16  mars  1740.  CJiraUn,  fils  de  Ghrétien-Frédéric-Philippe 
Waldner,  de  Sierentz.  Oa  lui  fit  caieaa  d'un  gobelet  en  fer- 
meil  de  SO  et  quelques  demi-onces. 

6  juillet  1752.  Krctft^  fils  atné  du  colonel  baron  François- 
Louis  Waldner  de  Freundstein-Schweigbausen.  Il  reçut  un 
gobelet  en  vermeil. 

14  septembre  1760.  (JamiOs,  fils  de  Gbrétien  Waldner,  de 
Sierentz.  A  son  bapt6me«qui  eut  lieu  à  Téglise  Saint-Elienne, 
le  16  septembre,  la  ville  lui  fit  cadeau  dun  gobelet  de  SO 
demi-onces.  Il  mourut  au  mois  de  février  1761. 

18  août  1761.  Guskim- Adolphe,  fils  du  même  Chrétien,  de 
Sierentz.  La  ville  ne  lui  fit  aucun  cadeau. 

Le  SI  août  1771,  fut  baptisé  :  Chvis\  fils  de  Gbrétien,  de 
Sierentz;  il  est  né  le  17  août.  Le  registre  ne  fait  mention 
d*aacun  cadeau  fait  à  cette  occasion. 

17  juin  1784.  Ferdinand  \  fils  de  Godefroi,  III*  comte 
Waldner.  On  lui  fit  cadeau  d'un  gobelet  en  argent. 

Dons  faits  à  des  églises.  —  En  1611,  on  fit  une  col- 
lecte destinée  à  la  construction  de  deux  églises  protestantes 
à  Prague;  elle  produisit  16  ducats. 

Le  17  septembre  1729,  la  ville  envoya  à  la  commune  réfor- 
mée française  et  allemande  de  Copenhague  la  somme  de 
12  nouveaux  louis  d'or,  soit  S16  livres  «stebler. 

Incendies.  Secours.  —  11  mai  1718;  au  village  ûeFiaX' 
tanden  :  50  livres-stebler. 

18  juin  1727  ;  aux  habitants  de  la  ville  de  ThueiSj  dans  le 

^  Krafts  Crafton,  est  le  prénom  da  fondateur  de  la  famille  ;  il  yéent 
yers  1203.  V.  Lehr,  III,  178. 

'  Grand  maréchal  du  landgrave  de  Hesse-Homboarg  ;  il  est  décédé  en 
1822  et  fut  le  dernier  représentant  de  la  ligne  de  Sierentz.  V.  Lbhr, 

m.  185. 

'  Il  fdt  tné,  comme  capitaine,  à  la  bataille  de  Wagram.^ 


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GoodL 


220  REVUE  o'alsaoe 

canton  des  Grisons  :  6  nouveaux  louis  d'or,  soit  108  livres- 
stebler. 

26  novembre  1727;  au  village  i'Avggm,  dans  le  margra- 
viat de  Bade  :  60  florins. 

21  janvier  1728;  à  la^ville  de  RmUingen  :  100  tbaler. 

Septembre  1765  ;  à  la  ville  à'Emiaheim  :  10  nouveaux  louis 
d'or.  Les  frais  de  transport  des  pompes  à  feu  de  Mulhouse 
et  dlllzach  et  divers  autres  frais  se  sont  montés  à  475  livres 
tournois;  la  collecte  de  la  bourgeoisie  a  produit  ISOO  livres 
tournois.  Trente  maisons  ont  été  détruites  par  le  feu. 

En  1771;  à  la  vilhde  Framnfeld^  chef-lieu  du  canton  de 
Thurgovie  :  268  livres  tournois;  la  collecte  de  la  bourgeoisie 
a  rapporté  2240  livres  tournois. 

Le  18  août  1776,  éclata,  au  village  de  Rmingm^  un  violent 
incendie,  qui  consuma  près  de  80  maisons  ou  granges.  La 
ville  j  envoya  des  pompes.  La  collecte  de  la  bourgeoisie  se 
monta  à  8442  livres  tournois,  auxquelles  le  comte  de  Saint- 
Germain,  de  Paris,  qui  avait  séjourné  pendant  plusieurs 
années  à  Lutterbacb,  ajouta  1000  autres  livres. 

Incendie  du  18  septembre  1780,  à  Géra^  dansleVoigtland. 
Collecte  :  2600  livres  tournois;  700  maisons  ont  été  détruites 
par  le  feu. 

Le  même  jour  de  la  même  année,  un  incendie  dévora  70 
maisons  ou  granges  à  (?afo,  dans  le  pays  d'Appenzell.  La  col- 
lecte produisit  2800  livres  tournois. 

24  octobre  1780;  nouvel  incendie  à  Fraum/M;  produit 
de  la  collecte  :  2400  livres  tournois. 

27  octobre  1786  ;  incendie  à  Hoehatattj  qui  détruisit  20  mai- 
sons. La  ville  y  envoya  des  pompes.  La  collecte  faite  dans  la 
bourgeoisie  se  monta  à  1900  livres  tournois. 

Au6.  Stœber, 

ancien  professeur  au  eoUége  de  Mulhouse, 
bibliathéeaire  de  la  viUe, 


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ËTUDE 

SUR  L'HUMANITÉ  PRÉHISTORIOIE 


DEUXIÈME   PARTIE. 


Stations  préhistoriques  des  pays  de 
Montbéliard  et  de  Belfort. 


Suite  et  fin. 

S-  STATIONS  EN  PLAINE. 
Mandeure. 

Bien  des  eiëcles  arant  que  Mandeare  ne  devint,  sous  la 
domination  romaine,  une  cité  importante,  son  sol  avait  été 
occupé  par  les  divers  peuples,  qui  s'étaient  succédé  dans  nos 
contré&4.  Ainsi,  parmi  les  instruments  des  époques  préhisto- 
riques qu'on  j a  découverts,  nous  mentionnerons:  Un  marteau- 
hache  poli,  en  porphyre,  muni  d'une  douille,  dont  M.  l'archi- 
tecte Morel-Macler  a  donné  le  dessin  dans  ses  Antiqtiitéi  de 
Mandetire;  — Une  petite  hache  polie,  en  jade,  trouvée  sur  les 
bords  du  Doubs,  en  1872,  et  appartenant  au  musée  de  Mont- 
béliard ;  —Une  hache  en  bronze,  recueillie  l'année  précédente 
dans  le  lit  de  la  rivière,  mesurant  155  millimètres  de  longueur, 
manie  de  chaque  côlé  de  deux  oreillettes  et  ressemblant  aux 
instruments  du  même  genre  trouvés  dans  les  lacs  de  la  Suisse 


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332  BEVUE  D'ALSACE 

et  en  Danemarck;  elle  appartient  à  M.  le  professeur  Cl.  Da- 
yernoy,  qui  en  a  donné  la  description,  ainsi  que  de  la  précé- 
dente, dans  sa  Notice  sur  le  pays  de  MonibéHard  aniérieu' 
rement  à  ses  premiers  comtes;  —  enGn  une  belle  lame  de 
poignard  en  bronze;  découverte,  en  1875,  dans  des  sablières 
entre  Mandeure  et  les  usines  de  Bélieu  ;  elle  figure  dans  les 
vitrines  du  musée  de  Montbéliard. 

On  voit,  par  Ténuméraf  ion  de  ces  objets,  que  Mandeure  était 
déjà  habité  aux  époques  de  la  pierre  polie  et  du  bronze;  et 
si  Ton  fouillait  son  sol  à  une  certaine  profondeur,  au  dessous 
de  la  couche  gallo-romaine,  on  y  découvrirait  indubitablement 
beaucoup  d'autres  antiquités  préhistoriques. 

Prés  de  Dung. 

Dtfns  les  prés  de  Dung,  à  côté  du  chemin  qui  conduit  à 
Bart,  et  au  bas  de  fendroitoù  l'on  découvrit,  en  1849,  des 
antiquités  romaines,  M.  H.  Lépée  a  recueilli,  en  1876,  une 
hache  ébauchée  en  pierre  noire  très  dure  et  des  fragments  di 
silex.  La  présence  de  ces  objets  prouve  que  ce  lieu  a  été  habité 
aux  époques  préhistoriques,  c'est-à-dire  bien  avant  que  les 
Celtes  et  les  Romains  vinssent  Toccuper  à  leur  tour. 

Sainte-Suzanne. 

M.  H.  Lépée  a  fouillé  dernièrement  le  terrain  qui  se  trouve 
au  dessus  de  la  fontaine  et  à  l'entrée  de  la  grotte  de  Sainte- 
Suzanne.  Il  y  a  constaté  la  présence  d'anciens  foyers,  qui 
renfermaient  :  un  poinçon  en  corne,  un  fragment  de  silex  jaspé, 
un  grand  nombre  de  morceaux  de  poterie  noire  remplie  de 
grains  siliceux,  des  ossements  de  ruminants  et  de  porcs,  un 
grain  de  collier  en  terre  rouge  et  un  instrument  en  quartz, 
ayant  une  longueur  de  19  centimètres  et  18  centimètres  à  sa 
plus  grande  circonférence;  cet  instrument,  parfaitement  poli 
d'un  côté,  pouvait  servir  tout  à  la  fois  de  broyeur,  de  lissoir 
ou  de  casse-téte. 


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ÉTUDE  STJR  L'HtlMANITÉ  PBâmSTOBIQXJE  23B 

Sablières  de  Bart 
Dans  le  courant  de  Tautomne  de  1875,  M.  Eoger,  artiste  des- 
sinateur k  Montbéliard,  en  parcourant  les  terrains  de  Bart, 
prèM  de  I*Allan,  où  l'on  extrait  du  sable  pour  la  construction 
du  fort  du  Mont  Bart,  découvrit  des  instruments,  qui  ressem- 
blaient à  des  haches  en  pierre  polie  et  des  pierres  à  aiguiser, 
dont  il  donna  deux  exemplaires  au  musée  de  Montbéliard. 
Un  peu  plus  loin,  en  descendant  le  cours  de  la  rivière,  se 
trouvent  d'autres  sablière;^,  où,  en  1874,  on  a  trouvé  une 
belle  pointe  de  flèche  en  silex  et  quelques  objets  en  bronze, 
consistantencinq  grands  anneaux,  une  torque  et  deux  fibules. 
Ces  objets  paraissent  appartenir,  sinon  à  Tflge  du  bronze  ou 
du  fer,  du  moins  à  Tépoque  celtique.  Us  font  partie  de  la  col- 
lection de  M.  Henri  Lépée. 

Colombier-Fontaine. 
Au  pied  des  rochers  qui  se  trouvent  au  midi  de  Colombier- 
Fontaine,  et  à  une  faible  distance  à  Touest  de  ce  village, 
M.  Jolyet  a  trouvé  des  silex  travaillés.  Il  est  probable  qu'il  y 
avait  là  une  station  préhistorique;  il  serait  d'ailleurs  facile 
de  s'en  assurer  en  y  faisant  des  fouilles. 

Dâle. 

H.  le  docteur  Quélet  a  trouvé,  dans  le  courant  de  Tannée 
1876,  quatre  belles  haches  polies  en  aphanite,  près  du  cime- 
tière de  Dftle.  Il  est  probable  qu'il  en  découvrira  d'autres. 

Saint- Valbert-lez-Héricourt. 
Dans  ce  lieu  se  trouvait  une  station  préhistorique,  comme 
cela  résulte  de  la  découverte  d'une  superbe  hache -marteau 
en  serpentine,  avec  douille,  qui  a  été  donnée  par  M.  Noblot 
au  musée  de  Montbéliard,  et  d*un  certain  nombre  de  fragments 
de  silex  molaire  et  de  poterie  grossière,  qu'y  a  découverts 
récemment  M.  le  docteur  Qnélet.  Gomme  Saint-Valbert  est  situé 
sur  les  bords  de  la  Luzine  et  à  l'extrémité  ouest  du  Mont- 


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2^ 


BEVUE   D*AL8AGE 


Vandois,  il  peut  se  faire  qne  là  se  trouvait  la  station  perma- 
nente des  hommes  qui  avaient  construit,  au  sommet  de  cette 
montagne,  un  camp  fortifié  pour  s'y  retirer  en  cas  de  danger. 


i'  CAVERNES. 
Grottes  de  Ghataillon,  près  de  Voujaucourt. 

En  parlant  du  camp  de  Gbataillon,  nous  avons  mentionné 
deux  cavernes  situées  dans  les  flancs  des 'rochers  qui  le 
bornent  au  midi.  Elles  se  trouvent  à  Textrémilé  ouest  de  la 
colline,  vers  le  village  de  Voujaucourt.  L'une  d'elles,  la 
plus  grande,  a  été  explorée  avec  soin  par  M.  Henri  Lépée;  il 
a  constaté  qu'elle  était  remplie  de  déblais  ayant  plusieurs 
mètres  d'épaisseur,  et  divisés  en  couches  formant  des  foyers 
superposés  les  uns  sur  les  autres.  Dans  la  partie  supérieure, 
il  a  découvert  deux  squelettes  d'enfant,  trois  autres  d'adulte 
et  un  certain  nombre  d'ossements  humains.  Plus  bas  se  trou- 
vaient quelques  couteaux  et  pointes  de  flèche  en  silex  et  une 
amulette  en  os  percée  d'un  trou.  Dans  les  couches  inférieures, 
M.  Lépée  a  recueilli  un  beau  marteau  en  bois  de  cerf,  muni 
d'une  douille  au  centre,  identique  à  un  instrument  du  même 
genre  trouvé  dans  la  station  de  Locras  (lac  de  Bienne),  appar- 
tenant à  l'époque  de  la  pierre  polie,  et  qui  figure  dans  la  col- 
lection d  objets  lacustres  appartenant  au  musée  de  Monlbéliard. 

Dans  la  couche  renfermant  ce  marteau  à  80  centim.  de 
profondeur,  se  trouvaient  une  certaine  quantité  de  silex  pas- 
sés au  feu,  des  débris  de  poterie  et  le  squelette  entier  d'an 
homme  que  M.  Lépée  a  donné  audit  musée  de  Montbéliaj-d. 

Dans  la  plus  petite  caverne  de  Chataillon  on  n'a  trouvé 
rien  d'intéressant,  le  sol  en  étant  formé  par  le  rocher  lui- 
même  et  n'ayant  pu,  par  conséquent,  receler  aucun  objet 
antique. 

Il  est  à  remarquer  que  certains  rochers  de  la  colline  de 


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ÊTimB  SUR  L'HUMANITft  PRÉHISTORIQUE 


2^ 


Ghateillon  sont  saillanls  et  offrent  tons  les  caractères  des  abriê- 
Mês-roehe  des  hommes  primitifs. 

jCaveme  de  Cravanohei  près  de  Belfort. 

Cest  le  S  mars  1876  que  des  ourriers  carrierB^  en  faisant 
santer  une  mine  dans  la  carrière  située  sur  le  versant  nord 
de  la  colline  appelée  h  Mont,  en  face  du  Salbert  et  près  du 
Tillage  de  Grayanche^  pratiquèrent  inrolontairement  une  ou- 
verture donnant  accès  dans  une  vaste  caverne.  En  la  visitant, 
on  s'aperçut  qu'elle  renfermait  des  objets  curieux,  et  la  muni- 
cipalité  de  Belfort  confla  à  M.  Voulot  le  soin  û'j  diriger  des 
fouilles  et  de  recueillir  toutes  les  choses  intéressantes  qu'il  y 
trouverait.  C'est  grflce  à  sa  bienvallance  que,  M.  le  docteur 
Quélet  et  moi,  nous  avons  pu  visiter  en  détail  cette  caverne 
le  27  mars  1876.  Elle  a  environ  S6  mètres  dans  sa  plus  grande 
longueur,  15  à  18  mètres  de  largeur  et  une  hauteur  très 
variable,  mais  n'atteignant  pas  plus  de  10  mètres.  Le  sol  est 
jonché  d'une  foule  de  blocs  de  rochers,  qui  se  sont  successi- 
vement détachés  des  parois  supérieures  et  qui  forment  une 
couche  de  plusieurs  mètres  d'épaisseur;  ils  sont  couchés,  de- 
bout ou  inclinés,  le»  uns  sur  les  autres,  quelquefois  séparés 
entre  eux  et  recouverts  de  stalagmites,  dont  certaines  atteignent 
plus  d'un  mètre  de  hauteur. 

Cette  grande  salle  communique  par  des  espèces  de  couloirs 
à  d'autres  plus  petites,  et  il^est  probable  qu'on  en  découvrira 
encore.  Aussi  peut-on  dire,  sans  exagération,  que  la  colline 
du  Mont  recouvre  un  véritable  réseau  de  grottes. 

Dans  la  salle  principale,  M.  Youlot  nous  a  fait  remarquer 
des  pierres  superposées  les  unes  sur  les  autres,  qu'il  croit  être 
des  dobnenê.  L'un  de  ces  prétendus  monuments  se  trouve 
près  de  l'ouverture  de  la  caverne,  l'autre  au  fond  et  à  main 
droite.  Ils  sont  formés  d'une  dalle  couchée  plus  ou  moins  hori- 
zontalement sur  des  blocs  plus  petits  ;  mais  cette  disposition 
est-elle  le  résultat  de  la  volonté  humaine  ou  simplement  Teffet 

Nouvelle  Série,  -r  tr  Année.  15 


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ai?6  REVUE    D'ALSACE 

du  hasard?  Ce  qui  prouverait  ju8qu*à  un  certain  point  que  ce 
sont  des  dolmens,  c'est  que  leurs  parois  internes  portent  des 
traces  de  feu  cl  de  fumée,  et  que  le  sol  est  couvert  de  cendres 
et  de  charbons  très  tenus.  En  outre,  dans  d'autres  endroits 
de  la  caverne,  on  aperçoit  aussi  des  traces  de  foyers. 

Voici  rénuméraUon  des  objets  trouvés  dans  cette  grotte  : 
Environ  quinze  crftnes  et  un  grand  nombre  d'ossements 
humains,  dont  certains  étaient  encastrés  dans  la  stalagmite. 
Les  squelettes,  selon  M.  Voulot,  étaient  demi  étendus  et  avaient 
la  tête  et  les  genoux  relevés;  —  Peu  d'ossements  d'animaux; 
une  tête  de  jeune  loup  et  des  cornes  de  cerf;  —  Deux  superbes 
couteaux  en  silex;  une  belle  scie  de  la  même  substance,  fine- 
ment travaillée  ;  deux  autres  instruments  en  serpentine  noble 
polie,  de  forme  ovale,  légèrement  éridée  au  milieu,  ayant  un 
ceûtimètre  environ  d'épaisseur  et  aux  bords  nrron'lis,  percés 
d'un  trou  au  centre  et  supérieurement  travaillés.  M.Youlot  croit 
que  ce  sont  des  bracelets;  mais  il  n'y  a  qu'une  main  d'enfant, 
qui  pourrait  s'y  introduire,  et  des  ornements  de  ce  genre 
seraient  bien  gênants.  Ce  sont  peut-être  des  lissoirs  ou  plutôt 
des  amulettes  qu'on  suspendait  par  des  cordons  au  cou  ou  à 
la  ceinture.^ 

On  a  trouvé  également  dans  cette  grotte  un  grand  nombre 
de  fragments  de  poterie  et  trois  beaux  vases  dans  un  état  de 
conservation  parfaite,  deux  en  terre  noire,  le  troisième  en 
terre  brune  et  orné  de  dessins  géométriques,  tous  munis 
d'anses  mamelonnées.  Mais  la  chose  la  plus  remarquable,  c'est 
une  espèce  de  natte  formée  de  chaumes  de  graminées,  reliée 
transversalement  entre  eux  par  des  sortes  de  lanières,  qui 
paraissent  avoir  été  formées  de  fibres  tendineuses  d'animaux. 
Cette  natte  était,  comme  beaucoup  d^ossements,  encastrée  dans 
la  stalagmite. 

Les  crânes  humains  sont  dolichocéphales  et  orthognathcs; 

^  Ne  seraient-elles  pas  des  pierres  néphrétiqnes  portées  contre  les  mala- 
dies du  rein? 


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ÉTODB  STTR  L'HUMANITÉ  PRÉHIST0RIQT7&  297 

Tangle  facial  est  très  développé,  le  nez  aquilin.  Ils  appar- 
tiennent à  un  type,  qui  n'a  rien  à  envier  à  celui  de  nos  plus 
belles  races  modernes;  à  en  juger  par  It  dimension  des  os, 
cette  race  devait  être  de  taille  petite  ou  moyenne. 

On  n*a  trouvé  à  Graranche  aucun  objet  en  métal.  Le  fini 
des  instruments,  les  ornements  de  certaines  poteries,  tout  fait 
supposer  que  cette  station  appartenait  à  la  dernière  période 
de  la  pierre  polie. 


»•  MONUMENTS  MÉGALITHIQUES. 

Menhirs  et  tumnli  de  la  Bouloie,  près 
d'Hérimoncourt 

Les  monuments  préhistoriques  les  plus  remarquables  de 
noire  pays  sont  les  menhirs  qui  se  trouvent  an  dessus  du  vil- 
lage d'Hérimoncourt,  sur  la  colline  de  la  Bouloie.  Il  y  en  a 
deux  sur  le  versant  méridional  de  celte  colline,  et  Tun  est 
très  remarquable.  Mais  le  plus  important  est  celui  qui  est  sur 
la  lisière  de  la  forôt,  à  une  faible  distance  de  la  ferme;  il  est 
désigné  par  les  habitants  du  voisinage  sous  le  nom  patois  de 
fiierre  petchmée  (pierre  trouée),  car  il  est  couvert  d'une 
infinité  de  trous  provenant  de  l'action  du  temps  sur  la  masse 
calcaire  dont  elle  est  composée,  et  qui  appartient  à  cette  espèce 
de  rocher  Kimméridien^  appelée  pierre  trouée.  G*est  M.  le  doc- 
teur Quélet  qui  Ta  découvert  en  1856.  Après  en  avoir  fait 
déchausser  la  base,  il  vit  que  c'était  une  pierre  naturelle  assez 
régulièrement  pyramidale,  reposant  sur  le  sol  sans  aucun 
rocher  dessous.  Sa  hauteur  est  de  8'',05,  dont  0*,85  dans  le 
sol;  son  épaisseur  est  de  0°',80,  sa  largeur  au  niveau  du  sol 
de  irjSO  et  de  l'^jOS  à  sa  partie  supérieure. 

«  Cette  pierre,  dit-il  S  est  entourée  d'une  quantité  d'amas 

^  Lettre  du  18  janvier  1865,  insérée  par  M.  le  D'  Maston  dans  ses 
Richerehes  anthrùpologiques  sur  le  pays  de  Monibéliard,  p.  83. 


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V56  BEVUE   D  ALSACE 

de  gros  fragments  de  la  même  roche.  Ces  fragments,  la  pla- 
part  couchés,  présentent  des  arêtes  régulières  et  sont  éridem- 
ment  des  restes  de  monolythes  semblables  au  seul  surriyant* 
qui,  parmi  eux,  aurait  été  un  des  plus  petits.  On  pourrait  en 
compter  plus  de  cent,  et  le  tout  en  pleine  forêt,  sur  un  pla- 
teau légèrement  incliné  fers  Touest.  Plus  loin  et  surtout  dans 
les  champs,  ces  amas  de  blocs  sont  remplacés  par  quelques 
centaines  de  murgers  (tas  de  pierres),  dont  les  uns  sont  très 
yastes  et  rendus  méconnaissables  par  le  dépôt  continuel  dea 
pierres  provenant  dea  champs  cultivés. 

«  L'un  de  ces  murgers,  placé  à  moins  de  100  mètres  da 
menhir  resté  debout,  attira  de  bonne  heure  mon  attention. 
C'était  un  des  plus  gros;  son  diamètre  était  de  15  mètres;  il 
laissait  voir,  du  côté  du  midi,  plusieurs  larges  fragments  de 
rochers  placés  horizontalement  les  uns  sur  les  autres.  En 
déblayant  de  ce  côté,  il  me  fut  facile  de  reconnaître  une 
entrée  massive  formée  d'énormes  pierres  à  faces  régulières, 
mais  naturelles,  formant  une  espèce  de  couloir  d'un  mètre 
carré  et  plus  de  vide  à  Torifice,  et  d'une  profondeur  de  plus 
de  8  mètres. 

c  Plus  tard,  ayant  fait  découvrir  le  murger  plus  haut,  je 
reconnus  une  vaste  voûte,  qui  s'était  écroulée  en  comblant  le 
monument,  qui  avait  dû  être  une  habitation. 

€  A  la  fin  de  l'automne  dernier,  continue  ce  savant,  j*ai  pu 
constater  que  cette  habitation  était  parfaitement  circulaire; 
que  le  diamètre,  allant  d'une  paroi  intérieure  à  l'autre,  mesu- 
rait 6",60;  que  la  hauteur  était  de  plus  de  8  mètres.  De  fortes 
gelées  ayant  interrompu  mes  travaux  de  fouilles,  la  chambre 
est  encore  presque  entièrement  comblée  par  les  débris  de  la 
voûte. 

c  J'ai  trouvé  une  énorme  quantité  d'ossements  de  quadru- 
pèdes ^  et  d'oiseaux  ;  ces  os,  entièrement  Vieux,  paraissant 
remonter  à  une  époque  très  reculée.  » 

^  Tels  que  :  patois,  blaireaoxi  et  même  les  débris  d'un  cors. 


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ÉTUDB  8UB  l'humanité  PRÉHISTORIQUE 


209 


Depuis,  M.  Qaélet  a  bit  de  noarelles  fouilles  dans  ce  mono- 
ment:  après  avoir  enlevé  toutes  les  pierres  qui  encombraient 
la  salle  intérieure,  il  a  constaté  que  le  sol  en  était  creusé  jus- 
qu'au roc  et  s'enfonçait  à  deux  mètres  au-dessous  de  rentrée 
sans  que  rien  indiquât  Texistence  démarches  pour  descendre; 
qu'autour  de  cette  pièce  et  contre  les  parois  régnait  uneespèca 
de  banquette  ayant  environ  0",20  de  hauteur  et  de  largeur, 
et  formée  dans  certains  endroits  de  blocs  de  pierre  et  dans  les 
autres  par  le  rocher  même.  Cet  édifice,  que  j'ai  visité  à  plusieurs 
reprises  et  dont  on  peut  encore  voir  la  disposition,  avait  été 
construit  avec  des  pierres  grossières,  qui  n'étaient  reliées  entre 
elles  par  aucun  ciment;  la  yoûte,  en  forme  de  dôme,  avait  été 
établie  en  tas  de  charge,  et  sur  le  sol  de  la  chambre  on  n  a 
point  trouvé  d'instrument  de  pierre  ou  de  métal  ni  aucun 
squelette  humain/ 

Cette  construction  n'a  pas  dû  être  une  citerne,  car  d'où 
aurait  pu  provenir  l'eau  nécessaire  à  son  alimentation,  et 
comment  cette  eau  aurait-elle  séjourné  dans  une  cuve  cons- 
truite en  pierres  sèches  et  remplie  d'interstices?  M.  Quélet 
croit  que  c*était  une  prison,  une  officine  sacrée  ou  une  habi- 
tation. Mais  si  cet  édifice  a  pu  servir  de  demeure  à  un  titre 
quelconque,  on  doit  reconnaître  qn  elle  devait  être  fort  incom- 
mode, car,  pour  pénétrer  dans  l'intérieur,  les  habitants  pri- 
mitif du  plateau  de  la  Bouloie  étaient  obligés  de  ramper  et 
risquaient  fort  de  se  casser  le  cou,  l'extrémité  du  couloir  étant 
beaucoup  plus  élevée  que  le  sol  de  la  salle;  en  outre,  étant 
arrivés  dans  cette  espèce  d'antre,  ils  y  trouvaient  une  obscu- 
rité presque  absolue,  la  lumière  du  jour  n'y  pénétrant  que 
par  le  couloir.  Bien  plus,  cela  n'a  jamais  été  une  habitation , 
puisque  nous  savons  que  les  peuples  préhistoriques  et  môme 
les  Celtes  n'avaient  que  des  huttes  de  bois  on  de  chaume.  Ce 

^  Demiôrement  M.  le  D' Quélet  a  découvert  des  fragments  de  silex 
gris  et  rouge  an  nord  et  au  midi  de  la  colline  de  la  Bouloie,  provenant 
probablement  des  liabitants  de  cette  station  préhistorique. 


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230 


REVUE    D'ALSiLCE 


devait  être  plutôt  un  huntUus,  car  M.  le  docteur  Quélet  nous 
a  dit  avoir  trouvé  sur  le  sol  intérieur  de  ce  monument  des 
pierres  calcinées  et  des  cendres.  El  Ton  peut  dire  avec  H.Qui- 
cherat  ^  :  c  Un  fait  capital  sigimié  par  M.  de  Ring  et  qui  s'est 
trouvé  confirmé  par  les  recherches  du  même  genre,  qui  ont 
eu  lieu  simultanément  en  Franche-Comté  et  en  Suisse,  c'est 
la  présence  d'un  ou  plusieurs  foyers  dans  tous  les  tumnlus. 
La  terre  brûlée  et  des  amas  de  cendres  plus  ou  moins  consi- 
dérables attestent  que,  sur  le  lieu  choisi  pour  déposer  le  mort 
on  commençait  par  allumer  un  feu  ;  et  ce  feu  est  visiblement 
celui  dont  a  voulu  parler  César,  lorsqu'il  a  indiqué,  comme 
le  trait  principal  du  rite  funèbre  des  Gaulois,  qu'ils  jetaient 
dans  le  feu  tous  les  objets  auxquels  les  gens  avaient  tenu 
pendant  leur  vie,  même  les  animaux.  > 

M.  le  docteur  Quélet  a  déblayé  un  autre  tumulus,  un  peu 
plus  petit  que  le  précédent  ;  il  renferme  une  salle  de  forme 
elliptique,  longue  de  8^10  et  large  de  S'^jTS,  munie  de  deux 
entrées  en  face  l'une  de  l'autre  dans  le  grand  axe  ;  les  portes 
ont  environ  60  à  80  centimètres  de  largeur  et  leur  seuil  est 
de  60  centimètres  plus  élevé  que  le  sol  de  la  salle.  De  même 
que  le  précédent,  ce  tumulus  est  construit  en  pierres  sèches 
grossièrement  ansemblées  entre  elles,  et  on  n'y  a  trouvé  aucun 
instrument  en  pierre,  en  bronze  ou  en  fer,  mais  seulement  des 
traces  de  foyer  et  des  ossements  d'animaux. 

Près  de  la  ferme  de  la  Bouloie  existe  un  puits  d'une  appa- 
rence très  ancienne  ;  mais  il  est  permis  de  douter  qu'il  remonte 
aux  époques  préhistoriques  et  même  celtiques.  M.  le  professeur 
Ch.  Contejean  a  cru  reconnaître,  dans  la  même  forêt,  une 
enceinte  entourée  d'un  fossé  et  renfermant  des  raiy^ées  de 
petits  tumuli  ;  ce  qui  lui  a  fait  supposer  que  c'était  un  cime- 
tière antique 

^  Rapport  aa  comité  impérial  des  travaax  historiqnes  sur  le  BnlIetÎD 
•le  la  Société  pour  la  conservation  des  monuments  d'Alsace;  Revue  de$ 
Sociétés  savantes,  année  1862. 


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âDUDE  SUR  l'humanité  préhistobiqub  231 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  certain  que  le  plateau  de  la  Bou- 
ioie  était  habité  aux  époques  préhistoriques;  cela  résulte  des 
divers  monuments  qu'on  y  rencontre.  D'un  autre  côté,  il  n'y 
aurait  rien  d'étonnant,  que  ce  lieu  élevé  eût  été  le  centre 
religieux,  le  champ  sacré  de  toute  la  contrée  environnante. 

Les  Hochets  de  Chagey. 

Au  dessus  du  village  de  Chagey  se  trouve  un  contrefort  de 
la  montagne  de  la  Thure,  appelé  par  les  gens  du  pays  le  HatAt 
du  Hochet.  A  son  sommet  existe  une  série  d'amas  d'énormes 
blocs  de  quartz  massif  recouverts  de  cristaux  de  fer  oligiste, 
qui  se  trouvent  placés  à  des  distances  à  peu  près  égales  sur 
une  ligne  droite.  Ces  roches  ont  été  signalées,  pour  la  pre- 
mière fois,  par  M.  le  docteur  Quélet.  J'ai  mesuré  le  principal, 
qui  a  en  largeur  à  sa  partie  inférieure  l^TO  et  à  sa  partie 
supérieure  t^fiO;  sa  hauteur,  à  partir  du  sol,  est  de  2  mètres. 
Serait-ce  un  monument  mégalithique?  C'est  ce  qu'on  ne  peut 
aflirmer;  mais,  chose  remarquable,  c'est  que  tous  ces  amas 
de  pierres  se  trouvent  au  sommet  de  la  montagne,  au  milieu 
d'une  vaste  forêt,  où  l'on  ne  rencontre  aucune  trace  d'autres 
rochers. 

La  Pierre  de  Saint-Delle  à  Genèchie. 
Le  15  août  1876,  je  me  suis  rendu  avec  M.  le  professeur 
P.  Perdrizet  au  hameau  de  Genèchie,  dépendant  de  la  com- 
mune de  Chagey,  à  la  recherche  d'une  pierre  debout  mention- 
née par  H.  Cl.  Duvernoy  dans  sa  Notice  éur  le  pay$  de 
Motitbéliardj  et  dont  l'aspect,  au  dire  de  cet  auteur,  parut 
assez  caractéristique  pour  motiver  des  fouilles,  il  y  a  quelques 
années,  de  la  part  des  officiers  de  la  garnison  de  Belfitrt.  Après 
avoir  consulté  divers  habitants  du  hameau,  on  finit  par  nous 
indiquer  la  Pierre  de  Saint-Delle,  située  au  sommet  d'une  col- 
line boisée  qui  domine  au  nord  Genèchie.  Celte  pierre,  en 
grès  rouge  des  Vosges,  est  dressée;  elle  a  quatre  faces  régu- 
lièrement taillées,  ayant  chacune  la  même  largeur  (40  centi- 


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28S  BEVOS  D'àlSACE 

mètres  à  la  base  et  SO  centimètres  environ  aa  sommet); 
chacune  de  ces  faces  correspond  à  un  point  cardinal;  dans  la 
partie  supérieare  de  la  fiice  ouest,  on  aperçoit  deux  croix, 
l'une  petite  et  Fautre  plus  grande,  qui  doivent  avoir  été  gra* 
vées  sur  ce  monolithe  bien  postérieurement  i  son  érection. 
Nous  avons  déchaussé  la  partie  inférieure  de  ce  monument 
pour  tâcher,  sans  toutefois  y  parvenir,  d'en  découvrir  la  base. 
Du  sommet  jusqu'à  l'endroit  où  nous  avons  arrêté  nos  fouilles, 
nous  avons  mesuré  une  longueur  de  S^jBO;  mais  il  est  évident, 
qu'elle  est,  en  réalité,  beaucoup  plus  grande.  Cette  pierre  est 
peut-être  un  men/nr;  néanmoins  il  est  permis  d'avoir  des 
doutes  à  cet  égard,  car  elle  est  trop  régulièrement  taillée  pour 
être  un  monument  mégalithique.  Ayant  demandé  aux  habi- 
tants des  maisons  voisines  s'il  y  avait  quelque  légende  on 
tradition  sur  cette  pierre,  et  si  des  offlciers  avaient  fouillé  à 
Tentour  quelques  années  auparavant,  ils  répondirent  négati- 
vement; et,  en  effet,  le  sol  nous  a  paru  n'avoir  pas  été  remué. 
Ce  monument  ne  serait  donc  pas  celui  indiqué  par  M.  Cl. 
Duvernoy. 

Nous  nous  sommes  aussi  informés  s'il  y  avait  dans  les  envi- 
rons d'autres  pièces  dressées,  mais  on  nous  a  répondu  que 
non;  et  comme  on  nous  indiqua  un  amas  de  rochers  au  som- 
met de  la  colline  voisine,  sur  laquelle  on  érigea  une  croix  de 
bois  en  1840,  nous  nous  y  rendîmes  et  constatâmes  que  ces 
roches,  dont  une  partie  avait  été  disposée  en  forme  de  cercle 
pour  servir  de  piédestal  à  la  croix,  n'offraient  rien  d'intéres- 
sant au  point  de  vue  archéologique. 


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ÉTUDB  8X7B  L'HUMANITÉ  PBAHISTOBIQOS  28S 

6*  AUTRES  LOCALITÉS  OU  L'ON  A  TROUVÉ  DES 
ANTIQUITÉS  PRÉHISTORIQUES. 

A  Audinooart,  à  Vandoncourt,  à  Montbouton,  à  Lougres,  à 
Longevelle,  à  Dampierre-8ur-le-D3abs,  à  Laire,  à  TrémoîDs, 
à  Golombier-Ghatelot,  à  Rombois  (territoire  d'Abbévillers)  ^ 
BUT  la  lisière  du  bois  de  Bart,  on  a  découvert  des  haches  en 
pierre  polie,  la  plupart  en  aphanite  et  les  autres  en  serpentine. 
MaiSt  comme  dans  chacune  de  ces  localités  on  n'a  recueilli 
jusqu'ici  qu'un  objet  ou  deux  au  plus,  qui  peuvetit  y  avoir 
été  apportés  fortuitement,  il  est  difficile  d'en  conclure  qu'elles 
ont  été  habitées  durant  les  Ages  préhistoriques  ;  il  faudrait  y 
frire  de  nouvelles  recherches  pour  tâcher  d'y  rencontrer 
d'antres  instruments  de  la  même  nature. 

B  7  quelques  années,  en  creusant  un  puits  dans  le  village 
de  Bavilliers,  les  ouvriers  trouvèrent,  à  SrfiO  de  profondeur, 
près  de  la  grande  route  qui  conduit  à  Beifort,  un  bloc  d*argile 
très  compacte  de  84  centimètres  de  hauteur,  offrant  quelque 
ressemblance  avec  le  buste  d'un  homme  ou  plutôt  d'un  hibou. 
M.  Youlot,  qui  se  rendit  acquéreur  de  cette  pièce  curieuse, 
qu'il  nous  a  montrée,  en  a  donné  la  description  et  le  dessin 
dans  ses  Vosges  avant  r/tistoire.  Il  lui  a  donné  en  plaisantant, 
et  d'après  le  dire  d'une  vieille  femme  de  la  localité,  le  titre 
de  Saint  (tHérieaurt.  Or,  non  seulement  cela  ne  peut  repré- 
senter un  personnage  de  l'époque  chrétienne,  mais  il  est 
permis  de  se  demander  si  les  formes  de  ce  bloc  d'argile  sont 
le  résultat  du  hasard  ou  du  travail  réfléchi  de  l'homme. 

P.-B.  TUEFFERD. 


^  A  Rombois  on  a  reeaeilli  deux  haches,  Tane  en  serpentine  et  Tantre 
en  aphanite,  appartenant  à  M.  Cl.  Davemoy. 


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OROGRAPHIE 


DE 


LA  CHAINE  DES  VOSGES 


CSonsidér^e  dans  sod  ensemblo,  la  chaîne  des  Vosges  forme 
un  massif  montagneux  dirigé  da  sud-ouest  au  nord-est  arec 
une  étendue  de  280  Itilomètres  depuis  le  parallèle  de  Belfort 
jusqu'au  confluent  de  la  Nahe  et  du  Rhin  k  Mayence.  Les 
contours  de  ces  montagnes  se  dessinent  nettement  à  la  sarfàce 
des  contrées  environnantes^  mais  leur  hauteur  varie  autant 
que  leur  constitution  et  leur  flge  géologique.  Supposons,  pour 
mieux  faire  ressortir  le  relief  du  massif,  qu'un  cataclysme 
subit,  une  inondation,  un  nouveau  déluge  élève  de  400  mètres 
le  niveau  actuel  des  mers:  les  plaines  d'Alsace  et  de  Lorraine 
sont  couvertes  par  les  filets,  et  au  dessus  d  elles  les  Vosges 
émergent  comme  une  tie  ou  plutôt  comme  un  archipel  mon- 
tagneux. Les  parties  hautes  de  la  chaîne  constituent  dans  le 
sud  du  groupe  la  terre  principale,  dont  les  contours  rappellent 
un  peu  la  Grande-Bretagne.  Elle  s'étend  du  midi  vers  le  nord 
sur  une  longueur  de  120  kilomètres,  depuis  la  base  du  Ballon 
d'Alsace  et  du  Ballon  de  Servance  à  la  crête  du  HochhoBlzel, 
sons  la  latitude  de  Strasbourg.  Elle  mesure  aussi  80  kilomètres 
en  ligne  droite,  dans  le  sens  de  sa  plus  grande  largeur,  de 
Jesonville  aux  environs  de  Soullz.  Une  falaise  de  grès  dessine 
vers  Torient  sa  côte  accidentée,  et  sur  le  versant  opposé,  les 
collines  calcaires  de  la  Moselle,  les  affleurements  du  trios 


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OROGRAPHIE  DE  LA  CHAINE  DES  VOSGES  336 

dessinent  la  ligne  de  ses  rivages.  Le  grand  Ballon  de  Soultz 
ou  de  Guebwiller,  principal  sommet  de  la  chaîne,  appelé 
BeKeha^  Belchen  dans  Tidiôme  du  pays,  domine  à  nne  éléva- 
tion de  plus  de  mille  mètres  une  sorte  de  péninsule  triangu- 
laire, jetée  en  avant  de  la  Ijgoe  de  faite,  dont  les  eaux  s'écoulent 
par  de  larges  gouttières  au  fond  des  golfes,  qui  découpent  la 
base  du  massif.  Ces  bras  de  mer,  étroits,  profonds,  resserrés 
vers  Tembouchure,  ressemblent  aux  Qords  de  la  Noryége  ou 
mieux  encore  à  de  longs  estuaires  s'avançant  jusqu'à  Buhl 
dans  la  vallée  de  la  Lauch,  à  Masevaux  dans  celledela  DoUer, 
à  Munster  sur  les  rives  de  la  Fecht,  à  Fouday  sur  les  borda 
de  la  Brusclie.  Sur  les  pentes  occidentales  de  la  chaîne,  cette 
mer  imaginaire  forme  des  échancrures  plus  vastes.  Ses  eaux 
s'avancent  là  jusqu'à  la  forôt  d*Hérival  dans  le  bassin  de  la 
Moselle,  à  Belmoot  dans  la  vallée  de  la  Mortagne,  à  Saulcy, 
à  Le  Paire  et  à  Raves  dans  celle  de  la  Meurthe  et  de  ses 
affluents.  Les  cimes  des  monts  Faucilles,  avec  la  Motte  de 
Vesoul,  constituent  un  groupe  perpendiculaire  à  la  direction 
générale  de  la  chaîne  en  face  du  Ballon  d'Alsace,  tandis  que, 
vers  l'extrémité  septentrionale,  le  Lichtenberg,  leLiebfrauen- 
berg,  le  Scherholl,  le  Kalmit,  le  Drachenfels,  le  Potzberg,  le 
Donnersberg,  le  Wackenberg  et  bien  d'autres  sommets  du 
Palatinat  représentent  le  prolongement  du  système  des  Vosges, 
à  côté  du  groupe  parallèle  du  Hundsruck. 

Si,  au  lieu  de  s'arrêter  à  400  mètres  d'altitude,  la  submer- 
sion montait  encore  à  50  mètres  de  plus,  le  col  de  Saverne 
disparaîtrait  à  son  tour  et  les  découpures  du  massif  paraî- 
traient plus  prononcées,  son  étendue  plus  rétrécie.  En  réalité 
cependant,  les  parties  septentrionales  des  Vosges  s'élèrent  plus 
au  dessus  des  plaines  d'alentour  qu'elles  ne  le  semblent  dans 
cette  inondation  supposée.  Le  Rhin  qui  descend  de  BAle  à 
Mayence  avec  175  mètres  de  pente,  fait  ressortir  d'autant  hi 
hauteur  relative  des  montagnes.  Unie  et  plate  vers  le  Rhin, 
la  plaine  forme  en  Lorraine  une  suite  d'ondulations  à  aurfiice 


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286  BEVUB  D'ALSACE 

inégale  pour  prendre  dans  le  sud,  dn  côté  de  la  Franche- 
Comté,  Taapect  d'un  Téritable  plateau,  arec  une  succession  de 
collines  et  de  dépressions,  dont  la  surface  se  confond  par 
intervalles  avec  la  pente  des  montagnes.  Ces  différences  de 
relief  n'effacent  pas  toutefois  le  caractère  général  de  la  chaîne, 
comme  il  est  facile  de  le  reconnaître  sur  nombre  de  points, 
d'où  Ton  peut  embrasser  d'un  seul  coup  d*œil  l'ensemble  de 
ces  montagnes. 

La  Montagne  des  Bois  de  Remiremont  constitue  le  cap  le 
plus  avancé  de  Vosges  vers  le  sud  ouest;  le  Grismonton  et 
le  Ban-du-Bols..  vers  Eloye,  en  forment  la  continuation  sur  la 
rive  droite  de  la  Moselle,  dominant  les  plateaux  de  Xertigny 
et  de  Bains.  Vues  de  la  côte  d'Essey,  sorte  de  belvédère  naturel 
dans  la  plaine  de  Lunéville,  les  Vosges  s'observent  mieux 
qu'en  aucun  autre  point  de  leur  revers  méridional.  <  Ces 
montagnes,  dit  déjà  Elie  de  Beaumont  (page  291  du  premier 
volume  de  YExplication  de  la  carte  géologique  de  France)^  ces 
montagnes  occupent  toute  la  partie  orientale  de  rhorizon  ;  on 
les  embrasse  depuis  l'extrémité  des  Bois  de  Remiremont  aa 
sud,  iS  degrés  est,  jusqu'au  point  où  les  grès  du  massif  du 
Donon  viennent  se  terminer  au  bord  et  presque  au  niveau  de 
la  plaine,  dans  la  direction  de  Test  80  degrés  nord.  Gela  fidt 
un  arc  total  de  105  degrés,  dans  lequel,  ce  qui  attire  le  plus 
l'œil,  c'est  le  gros  massif  isolé  des  Sapins  à  Saint-Dié  à  l'est 
12  degrés  sud.  On  le  voit  par  la  dépression  de  rHôtedes*Bois. 
La  masse  de  grès  au  sud  de  Raon-l'Etape  a  l'air  de  dire 
corps  avec  celle  du  nord.  On  s'aperçoit  à  peine  que  la  Menrthe 
passe  entre  les  unes  et  les  autres,  tant  celles  du  sud,  par  des- 
surlesquelles  on  voit  le  Glimont,  font  bien  suite  à  celles  du 
nord,  qui  se  lient  de  proche  en  proche  et  d'une  manière  oim- 
tinue  avec  les  Hautes-Ghaumes  de  Framont  On  remarque 
aussi  dans  ce  vaste  espace,  qui  comprend  toute  la  partie 
occidentale  des  Vosges,  les  pyramides  de  grès  du  Glimont  et 
du  Donon  vers  Raon-l'Etape  et  la  ligne  doucement  ondulée^ 


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OROORAPHIB  I»  LA  (SAINS  DS8  V086S8         ^Sfl 

qui  forme  la  eréte  centrale.  Cette  ligne  commence  aux  mon* 
tagnes  de  Sainte-Marie-aux-Mines,  un  peu  à  droite  des  Sapins 
de  Saint-Dîé,  et  on  la  suit  jusqu'au  sud  —  80  degrés  est  — , 
c'est-k-dire  jusqu'au  Ballon.  Da  là  aux  Bois  de  Remiremont 
le  profil  s'abaisse  doucement  arec  très  peu  d'inclinaison.  Le 
massif  des  Bois  de  Remiremont  finit  fers  Torient  par  une 
chute  rapide,  qui  est  la  terminaison  des  Vosges  proprement 
dites.  > 

A  l'est,  en  suivant  le  canal  du  Rh6ne-au-Rbin,  on  peut 
Toir  le  front  de  la  chaîne  avec  le  détail  de  ses  vallées  et  de 
sesdmesde  Thann  à  Landau.  Derrière  les  collines  de  calcaire, 
les  montagnes  de  grès  se  montrent  comme  une  ligne  de  caps 
avancés,  couronnés  de  vieilles  ruines  féodales.  Ce  sont,  en  face 
de  Golmar,  la  montagne  d^Egaisfheim,  le  double  cône  du  Hoh- 
nach  au  nord  du  val  de  la  Fecht,  les  masses  de  grès  détachées 
qui  vont  rejoindre  le  Hoh-Kœnigsbourg,  le  massif  isolé  de 
rUngersberg  et  la  cime  aplatie  du  Mont-Odile,  puis  la  ligne 
des  Basses-Vosges,  uniforme  dans  son  ensemble,  cahotée  dans 
les  détails  de  ses  masses  carrées.  Si,  quittant  le  canal,  on 
monte  au  sommet  volcanique  du  Eaysersluhl,  on  embrasse 
d*un  seul  coup  d'œil  tout  le  versant  oriental  de  la  chaîne; les 
montagnes  du  bassin  de  la  Doller,  jusqu'à  celles  du  Champ- 
du-Feu  se  découvrent  en  même  temps  que  la  crête  centrale. 
Le  groupe  du  grand  Ballon  se  détache  à  peine  des  sommités 
environnantes,  la  ligne  des  hauteurs  prend  des  contours  moins 
vacillants,  raplatissementdela  chaîne  vers  Sainte-Marie-aux- 
mines  et  la  Brusche,  la  cime  isolée  du  Climont,  qui  domine 
cette  interruption,  restent  à  peine  sensible.  Mais  quand  on  le 
regardé  de  la  Forêt-Noire,  le  profil  légèrement  festonné  de  la 
chaîne  se  déprime  encore.  A  ces  hauteurs^  les  Vosges  ne 
semblent  plus  qu*un  groupe  de  proéminences,  dont  les  bases 
se  confondent,  dont  les  sommets  forment  une  ligne  presque 
unie,  contraste  frappant  avec  les  dentures  aiguës  des  Alpes 
que  l'œil  aperçoit  du  même  point. 


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238  REVUE  D^ALSACE 

Celte  uniformité  d'aspect,  malgré  de?  différences  de  compo- 
sition, de  nature  et  de  hauteur,  a  fait  comprendre  tout  le 
système  des  Vosges  sous  une  même  dénomination.  Celtique 
d'origine^  la  dénomination  de  la  chatne  a  subi  seulement  des 
modiOcalions  légères  dans  la  langue  des  différents  peuples 
qui  y  ont  passé  tour  à  tour.  Le  Vogesns  des  historiens  grecs 
et  latins  ',  comme  les  Wasichen,  le  Wasgau,  les  Vogesen  des 
Allemands,  désignent  le  vaste  ensemble  des  montagnes  qui 
pivotent  sur  le  ballon  d'Alsace,  se  dirigent  d'une  part  vers  le 
confluent  du  Rhin  et  de  la  Moselle,  de  l'autre  vers  le  plateau 
de  Langres.  C'est  ce  qu'implique  un  texte  de  César  qui  décrit 
c  la  Meuse,  qui  prend  sa  source  dans  les  Vosges,  près  du  pays 
des  Lingons.'»  Les  écrivains  du  moyen-flge  et  de  Tépoque 
de  la  Renaissance  conservent  à  ce  nom  son  acception  antique: 
t  Les  montagnes  des  Vosges,  dit  Herquel  de  Plainfaing,  d'a- 
près les  traditions  anciennes,  et  comme  nous  l'avons  vu  de 
nos  propres  yeux,  commencent  aux  frontières  des  Lingons  et 
s'étendent  au  nord  jusqu'aux  limites  du  pays  de  Trêves.'  > 
Schœpfiin  développa  cette  idée  en  termes  plus  explicites  encore 
et  il  ajouta  :  «  La  chaîne  se  dirige  du  couchant  à  l'orient, 
vers  le  Rhin,  jusqu'à  Belfort,  et  sépare,  sous  le  nom  de  Monts 
FaudUes,  le  comté  de  Bourgogne  de  la  Lorraine  ;  s'infléchissant 
ensuite  vers  le  nord,  délimite  l'Alsace  et  la  Lorraine,  et 
atteint^  après  un  trajet  de  cinquante  lieues,  le  pays  de  Trêves 

^  Sur  une  inscription  recueillie  par  Genter  (Inscriptions,  tome  I*', 
p.  64»  et  qui  paraît  due  à  l'accomplissement  d'an  v<Ba  fait  comme  à  une 
divinité,  on  lit  : 

VOGESO 

MAX  SI  MINUS 

V.  s.  L.  L. 

En  d'antres  Henx  on  trouve  ds  ces  inscriptions  dédiées  au  dieu  pennin, 

c'est-à-dire  h  la  divinité  de  cette  montagne.  La  table  théodosienne  indique 

entre  Oppenheim  et  Brumath,  dans  la  Basse-Alsace,  une  Syhia  Vosagus. 

•  De  BeUo  GaUico.  Lib.  IV. 

*  Historiœ  de  antiquitatibus  vallis  Galliœ  Cap.  I.  Voyez  aussi  la  pré- 
face de  Jean  Ruyr  :  ses  Antiquités  des  Vosges, 


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OBOORAPHIB  I9B  LA  CHAINE  DBS  VOSQBS  23B 

et  la  forêt  des  Ardennes.'  »  Voici  donc  le  développement  des 
Yo'^ges  expliqué  bien  clairemenL  Son  étendue,  ses  limites 
sont  fixées  avec  beaucoup  d'exactitude.  Gep^'ndant  nombre  de 
cartes  de  France,  de  date  récente  encore,  donnent  une  idée 
peu  exacte  de  la  configuration  de  la  chaîne,  en  la  rattachant 
au  Jura  par  des  montagnes  imaginaires  ou  fantaisistes.  Des 
cartes,  ces  erreurs,  dues  sans  doute  à  une  exagération  dans 
la  conception  des  lignes  de  partage  des  eaux,  des  cartes, 
disons-nous,  ces  erreurs  passent  aux  livres.  Aujourd'hui  même, 
trente  ans  après  achèvement  des  travaux  de  TEtat-major  dans 
cette  contrée,  après  publication  de  la  belle  carte  du  Dépôt  de 
la  guerre,  que  tout  le  monde  tient  à  sa  portée,  où  les  moindres 
détails  de  topographie  et  de  relief  du  sol  sont  figurés,  certains 
géographes  réunissent  encore  le  Jura  et  les  Vosges.  Quoi,  un 
professeur  de  Técole  militaire  de  Paris  a  pu  écrire  dans  un 
traité  de  géographie  classique,  imprimé  en  Tan  degrflce  1860, 
que  :  *  les  Vosges  se  dirigent  du  nord  au  sud  entre  le  col  de 
Valdieu  qui  les  sépare  du  Jura  et  le  Rhin.  Elles  sont  divisées 
en  trois  parties  :  Les  Vosges  méridionales  entre  le  col  de  Val- 
dieu  et  le  Ballon  d Alsace,  les  Vosges  centrales  entre  le  Ballon 
d'Alsace  et  le  col  de  Saverne,  les  Vosges  septentrionales  an 
nord  du  col  de  Saverne.*  >  Je  ne  crois  pas  que  mes  collègues 
du  club  alpin  aient  jamais  vu  un  chaînon  reliant  le  Ballon  au 
Jura.  Quant  an  col  de  Fo/dlûti,  si  col  il  y  a,  les  eaux  du  canal 
du  Rhône-au*Rhin  j  passent  sans  peine  par  une  ouverture 
de  SO  kilomètres  en  largeur,  de  même  que  les  canons  alle- 
mands y  ont  passé  sans  encombre  ni  supplément  d'attelages 
pour  faire,  en  novembre  1870,  le  siège  de  Belfort. 

Mesurée  du  sud  au  nord,  l'étendue  des  Vosges  égale  la 
longueur  des  Gévennes.  Les  deux  chaînes  se  rattachent  Tune 
à  l'autre  par  les  collines  de  la  Côte-d'Or,  le  plateau  de  Langres 

^  VAlsaee.iUusirée  ou  Recherches  sur  V Alsace  pendant  la  domination 
des  Cekes,  des  Romains  ei  des  Allemands*  Traduction  Rarenez,  tome  I, 
page  29. 

*  DvssiEux,  Traité  de  géographie,  p.  296.  Paris  18S0. 


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240  RBVUB    D*AL8AGB 

et  les  monts  Faucilles.  Le  relief  de  ces  hauteurs  se  déprime 
souvent  jusqu'au  niveau  des  plateaux  enflronnants  et  elles 
ne  dessinent  pajs  une  chaîne  égale  ou  semblable  aux  Uaates- 
Yosges.  Elles  constituent  néanmoins  en  France  le  bief  de 
séparation  des  eaux  entre  les  bassins  de  la  Manche,  de  TOcéan 
atlantique  et  de  la  mer  Méditerranée.  Le  plateau  de  Langre$, 
où  Tient  aboutir  le  rameau  des  Faucilles,  a  une  altitude  qui 
varie  entre  400  et  500  mètres.  Il  court  du  nord-est  au  sud- 
ouest  sur  une  longueur  totale  de  80  kilomètres.  Ses  contre- 
forts rayonnent  dans  toutes  les  directions.  Une  de  ses  princi- 
pales ramifications  sépare  les  eaux  de  la  Seine  de  celles  qai 
coulent  dans  la  Meuse,  en  changeant  plusieurs  fois  de  nom, 
envoyant  des  chaînons  à  travers  TArgonne  et  les  Ardennes, 
pour  rejoindre  les  collines  de  l'Artois  et  celles  de  la  Picardie, 
qui  finissent,  les  unes  au  cap  de  la  Héve,  les  autres  au  cap 
Gris-Nez.  Revenant  aux  monts  Faucilles,  nous  voyons  un  autre 
rameau,  qui  surgit  près  des  sources  de  la  Saône,  se  diriger 
vers  Ëpinal,  suivre  la  rive  gauche  de  la  Moselle,  séparer  ses 
affluents  de  ceux  de  la  Meuse,  monter  sur  Tout  et  Nancy,  ae 
lier  enfin  aux  formations  ardoisières  de  TArdenne,  aux  ter* 
rabis  schisteux  qui  s'étendent  de  Mézières  à  Aix-la-Chapelle. 
La  Hohe  Voen,  au  nord  de  Malmédy,  atteint  une  altitude  de 
600  à  700  mètres,  contre  440  à  450  mètres,  élévation  du  sol 
de  la  forêt  de  TArgonne  entre  Réthel  et  Mézières.  Grftce  au 
développement  de  leurs  ramifications,  toutes  ces  montagnes 
réunies  versent  leurs  eaux  dans  quatre  mers  à  la  fois  :  dans 
la  Méditerranée  par  la  Saône,  dans  l'Atlantique  par  les  afflu- 
ents de  la  Loire,  dans  la  Manche  par  la  Marne  et  l'Yonne, 
tandis  que  le  Rhin  et  ses  tributaires  s'écoulent  dans  la  mer 
du  Nord. 

Par  sa  constitution  géologique  autant  que  par  les  formes 
dominantes  du  relief,  le  système  des  Vosges  peut  être  partagé 
en  trois  divisions  principales;  le  groupe  des  Hautes- Vosges^ 
allant  du  Ballon  d'Alsace  à  l'extrémité  du  Ghamp-du-Peu  ;  le 


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OROORAPHIS  DE  LA  CHAXNB  DBS  V080SS  241 

groupe  des  Basées-Vosges,  qui  s*étend  depais  Saaies  entre  la 
Brusche  et  la  Meurthe  jusqa^aa  delà  de  Pyroiasens  dans  le 
Palatinat  ;  le  groupe  du  Donnersberg,  qui  se  rattache  aux 
Basses*  Vosges  à  Wînsweiler  et  dont  les  contre-forts  descendent 
vers  Hayence  et  vers  Bingen  sur  les  bords  du  Rhin.  Les 
Hautes* Vosges  présentent  les  plus  hauts  sommets  de  la  chaîne 
avec  des  Tailles  profondes  commençant  par  des  cirques  ou  se 
ramifiant  en  éventails  sur  les  Qancs  de  montagnes  aux  formes 
arrondies,  mais  sans  ressemblance  aucune  avec  les  Ballons, 
de  nature  granitique  ou  de  grauwacke  stratifiée.  Sur  la  rive 
gauche  de  la  Brusche,  la  chaîne  change  de  caractère,  les  som- 
mets s'abaissent  et  s'aplatissent,  le  grès  à  couches  horiseon- 
taies  remplace  les  roches  cristallines  dans  toute  la  région  des 
Basses-Vosges.  Au  massif  du  Donnersberg  mpparaissent  des 
masses  de  porphyre  entourées  de  terrains  stratifiés  de  toutes 
les  époques  géologiques,  depuis  les  schistes  anciens  jusqu'aux 
terrains  tertiaires.  La  largeur  de  la  chaîne  mesure  70  kilo- 
mètres entre  Golmar  et  Luxeuil,  pour  se  rétrécir  à  quelques 
kilomètres  à  la  montée  de  Saverne.  fille  s'abaisse  en  pente 
douce  vers  la  Lorraine.  Du  côté  du  Rhin  ses  versants  restent 
beaucoup  plus  escarpés.  Les  sommets  les  plus  importants  ne 
se  trouvent  pas  sur  la  ligne  de  faite  principale,  mais  sont 
tous  rejetés  du  côté  de  TAlsace. 

Nous  avons  déjà  décrit  en  détail  le  groupe  des  Basses- 
Vosges  \  et  nous  nous  réservons  d'étudier  de  même  la  chaîne 
des  Hautes.  En  attendant  nous  donnons  ici  pour  Thypsométrie 
on  relevé  des  hauteurs  de  la  ligne  de  faite  principale^  des 
sommets  les  plus  importants  situés  en  dehors  de  la  ligne  Je 
séparation  des  eaux,  Taltitude  des  cols,  des  lacs  et  de  quelques 
lieux  habités,  la  limite  supérieure  des  cultures  et  de  quelques 
espèces  végétales  intéressantes.  Le  tableau  des  altitudes  est 
emprunté  en  majeure  partie  à  la  carte  de  l'Etat- m^jor  :  j'ai 

^  Ch.  Gra»,  Orographie  des  Bauu-Yotgt»  dans  la  Revue  et Àhacé^ 
année  1867. 

Donyelle  Série  -  e*  Année.  16 


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242 


BSVUB   D'iOiSACB 


pris  moi-méme  un  certain  nombre  de  hauteurs  avec  le  baro- 
mètre de  Fortin,  une  partie  de  ces  chiffres  sera  probablement 
à  corriger  dans  une  certaine  mesure  à  la  suite  d'une  nouvelle 
triangulation  de  TAIsacc  faite  actuellement  par  ordre  du  gou- 
vernement allemand.  Voici  les  altitudes  de  la  ligne  de  faite 
depuis  Valdieu,  au  bief  de  partage  des  eaux  du  canal  du  Rhône- 
au -Rhin,  dans  le  sud  des  Vosges,  jusqu'à  Tentréedela  chaîne 
dans  le  Palatinat  sur  la  frontière  de  la  Bavière  : 


Mètres. 

Valdleu 350 

Bréchaumont 357 

Vauthiermont 395 

Eteimbes 406 

Etang  Renaude 406 

Mont  des  Boules 800 

Le  Sattel 920 

Le  Neuberg 1012 

Le  Baerenkopf 1057 

La  Grande  Roche. 1069 

Les  Plaines 1091 

Le  Gross-Langenberg 1142 

Signal  à  Test  du  Ballon  ...  1230 

Ballon  d^Alsace 1256 

Point  au  nord  du  Ballon ...  1244 

Signal  au  nord  du  Ballon. .  1054 

Prèsdu  col  des  Charbonniers  1109 

Col  des  Charbonniers 1103 

Au  sud-ouest  du  Cresson . . .  1249 

Censé  des  Bers 1109 

Le  Cresson 1221 

Le  Rouge-Gazon 1099 

Chaume  des  Neuf-Bois  —  1072 

Tête  des  Neuf-Bois 1234 

Tête  des  Allemands 1004 

Col  de  Bussang 722 

Tête  des  Russiers 1192 

Le  Drummont 1203 

Tête  de  Felleringen 1226 


Mètres. 

Col  d^Oderen 885 

Haut  du  Felza 1148 

Près  du  Haut  du  Felza  . . .  1140 

Le  Grand-Ventron 1209 

L'Allcnberg 1215 

Col  de  Bramont 750 

La  Ronde-Tête 1205 

Le  Rheinkopf 1319 

Le  Rothenbach 1150 

Tête  du  Peut  Orlemont . . .  1215 

Le  Firchtmisskopf .... 1318 

LeUohneck 1366 

Col  de  la  Schlucbt 1150 

Sommet  au    dessus  de  la 

source  de  la  Meurthe. . . .  1257 

Le  Krappenfels 1255 

Station  au  sud  du  Tanet..  1276 

Le  Tanet 1296 

Le  Gazon-de-Fête 1303 

Le  Lentzwasen 1300 

Hautes-Chaumes  de  Pairis.  1291 

Au  dessus  du  Lac  Blanc . .  1236 

Signal  du  Lac  Blanc  ....  1146 

Le  Louschpach 976 

La  Petite-Combe 1077 

Au  sud  de  la  Petite-CÔmbe  1027 

Points  entre  la  Combe  —  959 

et  le  BotthoDune 954 

Col  du  Bonhomme 949 


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OROORAPHIB  I>E  LA  CHAINB  DES  VOSGES 


d4d 


Mètres. 

Au  aord  du  col 4104 

Le  Rossberg 4127 

Aa  Rossberg  {IHm) 1118 

Les  Vieux-Gazons 1130 

Les  Gninds-Ordens 1  lU 

Aux  Graods-Ordens  (Ms) . .  4047 

Signal  du  Bonhomme 1086 

PoinU 1038 

entre  le 1013 

signal 1028 

du 4027 

Bonbomme 4002 

et 960 

la 4016 

côte 968 

d*Escher> 950 

Gôti!  d'Eschery 910 

Bols  de  Bréhaingoutte  —  995 

Entre  les  bois 988 

de  Bréhaingoutte 960 

et BU 

le  eol 890 

de  SaiDte-Marie-aux-mtnes.  875 

Col  de  Salute-Marie^ttx*m.  780 

Château  du  Faite 894 

Pointe 884 

dans 836 

le  bols 943 

du  Dansant  de  la  Fête 984 

Le  Haut  des  Héraux 998 

Signal  de  Sainte-Marie-a.-m.  972 

L'Enclos  des  Vaches 926 

Le  Pré  George 879 

Censé  des  Fêtes 903 

^is  de  Colroy 857 

Au  nord  des  bois 977 

de  Colroy 813 

U  Bouloie 834 

Au  sud-est  de  la  Bouloie. .  850 


Mètres. 

La  Noire-Côté 905 

Ballon  d'Herbegoutte 813 

Points 665 

entre  le  Ballon  d*llerbegoutte  782 

et 780 

les  bols  777 

de  la  Grande-Fosse  787 

Bois  de  la  Grande-Fosse  . .  833 

Bois  des  Faites 739 

Signal  des  Hautes-Chaumes  933 

Au  nord  des  Hautes-Chaumes  906 

Bipierre 925 

Point  au  sud  du  Donon. . .  776 

Le  Donon 4010 

Le  Petit-Donon 944 

Entre  le  Donon 795 

et  le  Haut  de  Marion 864 

Le  Haut  de  Marion 809 

La  Gro8se4::ôte 809 

Signal  du  Prancey 983 

Le  Gros-Mann ^3 

Le  Monacker 843 

Censé  de  Téte-la-Vieille ...  865 

Signal  au  n.de  Tête-ia-VIeille  756 

Au  sud  de  rEichelkopf  ...  736 

L'Eichelkopf 694 

Signal  au  sud  du  Peug. . .  584 

Le  Peug 672 

Près  du  Hohlwalsch 536 

Le  Hohlwalsch 560 

Le  Martelbergkopf 535 

Le  Karreberg 468 

Le  Hohhœlzel  396 

Au  nord  du  Hohhœlzel  ...  370 

Bois  de  Wackenberg .   396 

SUtion  de  Nithel 367 

Le  Viswald  354 

Points 331 

de 322 


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244 


REVUB  D'ALSACE 


Mètres, 

la  forêt  de  Scbwangen. ...  346 

Environs 354 

de 369 

Henridorf 333 

Wallenbourg 341 

Damelbourg 369 

Forêt 398 

du  Bargerwald 446 

Schweizerboff 447 

La  montée  de  Saveme  —  428 

Chemin  de  Saint-Michel ...  382 

Route  de  Paris  à  Strasbourg  336 

Mittelbronn 300 

Au  dessus  de  la  source  de 

laZinzel 234 

Signal  de  Bickenbolz 337 

Metting 305 

Stations 298 

entre  Metting  et  Siewilier.  3ii 

Siewiller 282 

Collines 387 

près  de  Lobr 35!^ 

Route 377 

de  Saar-Union 379 

Stations  au  nord 395 

de 433 

C'est  suivant  cette  ligne  de  hauteurs  que  les  eaux  des 
Vosges  se  partagent  sur  les  deux  versants  de  la  chaîne»  entre 
les  affluents  du  Rhin  et  les  affluents  de  la  Moselle.  Les  mon- 
tagnes, comme  la  plaine  environnante,  continuent  à  baisser  de 
niveau  en  entrant  en  Bavière.  Cependant  elles  présentent 
encore  à  Textrémité  des  Basses-Vosges  ou  dans  la  Hart  du 
Palalinat,  comme  dans  le  groupe  du  Donnersberg,  quantité 
de  sommets  qui  dépassent  400  mètres  au  dessus  du  niveau 
de  la  mer.  Tels  sont  notamment  le  Kalmit  ou  Eaimuck,  peint 
culminant  du  Hart,  le  Drachenfels,  le  Spitzkop^  le  Rehberg, 
le  Donnersberg,  le  Peterskopf,  etc.,  etc. 


Mèlm. 

la  Petite4»ierre 397 

Le  Mittelberg  435 

Le  Moderthalberg 391 

Puberg 394 

Âlt-Puberg 400 

Le  Streitkopf 407 

Le  Scbeidwald  419 

Le  Herrenwald 381 

Limite  de  la  Moselle 427 

Meissentbal 398 

Gœtxenbruck 401 

Station  au  sud  duLemberg  414 

Lemberg 428 

Le  Uingerkopr 418 

Le  Sommerkopr 397 

Le  Hobekopf 438 

Autour  de  la  route .......  443 

de  Strasbourg 381 

Gollmes 344 

de 363 

la  Brube^Hart 332 

Le  Raumeck 451 

Forêt  de  Waldeck 400 

Frontière  de  la  Bavière ...  408 


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OBOGRAPHIS  BB  L^  OHAIKE  DBS  VOSGES 


245 


Voici  maintenant  l'altitade  de  quelques-uns  des  principaux 
sommets  des  Vosges  de  la  ligne  de  fiilte  principale. 

Baaiflcatioiis  du  Ballon  d'Alsace. 


Mètres. 
Ballon  de  Saint-Antoine...  tiOO 
Planchenles-Belles-Filles  . .    1130 

BaerenlLopf 1077 

Sndel 920 


Mètres. 

BaUon  de  Servance 1190 

RimbactilLopf 1103 

Vogelstein 1185 

Rossberg  1196 


Entre  le  grand  Ballon  de  (htebwiller  et  le  Hohneok. 

Sommet  du  grand  Ballon  •  1426 

StoriLeniLopfoiiTéteduGbien  1365 

MoorfeldiLapf 1243 

Ànffried 1190 

SchweisellLopf 1290 


Treh 1143 

Steinlebach 1275 

Wissort 1318 

Hahneborn 1288 

Rotbenbacb  ou  Rotabac . . .  1319 


Montagnes  de  la  vaUée  de  Mnnster. 


Kahlenwasen  ou  Stranberg  1274 

Staufen  à  Soultzbacb 896 

HochhattsUdt 877 

Entre  Wasserbourg  et  Gons- 

bach 868 

Hoblandsbourg,  raine 634 

Plixboiirg 472 


776 


Kubberg  entre  Munster  et 

Orbey  

Frauenackerkopf  (Munster). 

Grand  Hoh'nach 980 

Gbàteau  du  Hoh'nack 936 

Trois-Epis 617 

Gais  près  TroiSrEpis 780 


Massif  dn  Ghamp-dn-Fen. 


Sommet  du  Gbamp-du-Feu  1095 

Hob-Sommerhof 1049 

Signal  de  NatzwUler 1019 

Nennter-Stein 980 

Richbacb,  mai.son  forestière  973 

Hobwaldy  sommet 950 


Blocs  et  Msennelstein 819 

Heidenkopf  à  BOrscb 780 

Mont^ile 700 

Ungersberg 904 

CKmont 974 

Mont  de  Dambacb 685 


Basses-Vosges,  antre  Saverae  et  Wissembourg. 


Hautde  la  Montée  de  Saveme  428 

Scmimet  de  la  Petite-Pierre  433 

SarrembergprèsGOtzenbrack  434 
Weyersberg,  derrière  Nie- 

derbroan 427 


WasenkOpfel 528 

Winstersberg,  près  Nieder- 

bronn 577 

Pigeonnier  ou  Scherlion. . .  607 

Fort  de  Bitche 320 


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346 


BEVUB  D  ALSACE 


OoIb  des  Vosges  oh  passent  des  roates. 


Mètres. 

Col  du  Ballon  d'Alsace  ...  1142 

Col  de  Bussang 722 

Çûl  d'Oderen 883 

Col  de  Bramont 750 

Col  de  Behnlegrab 850 

Col  de  la  Schlucht 1150 

Col  du  Bonhomme 940 


Mètres. 
Ck)l  de  Sainte-lfarie^ux-m. 

àSaint-Dié 780 

Col  de  Ribeauvillé  à  Sainte- 

Marie-aax-mines 720 

Col  de  Steige 597 

Col  de  Barr  à  Ville 404 

Col  du  Donon 757 


Laos  des  Vosges. 


Lac  du  Ballon 1000 

Lac  Blanc 1054 

Lac  Noir % .  960 

Lac  Vert  ou  Darensee  ...  980 

Lac  de  Blanchemer  1050 

Lac  et  réservoir  du  Neu  weyer  950 

Sternsee 971 


Lac  de  Retournemer. 
Lac  de  Longemer  . . . 
Lac  de  Gér^rdmer... 

Lac  de  Seewen 

Lac  de  Fondromoix  . 

Lac  de  Lispach 

Lac  du  Corbeau  — 


Sourees  d'eau  minérale. 


Soulzbach . 
Soulzmatt . 
Wattwiller 
Chàtenois. . 


702 
340 
266 
332 
198 


Buhl  de  Barr 

Rosbeim 

Soultz-les-Eains  . . . 

Niederbonn 

Soultz-sous-Forêts . 


Cours  d'eau  autour  du  grand  Ballon. 


.   Thur  (50  kilomètres). 

Source  au  col  de  Bussang.  722 

Source  au  col  de  Bramont  750 

Urbès 452 

Wesserllng 420 

Saint-Amarin 400 

Thann 350 

Cernay 276 

Herrlisheim 198 

Confluent  avec  TIU 195 

Lauch  (41  kilomètres). 

Source  au  Lauchen 1160. 

Sortie  dji.  lac  du  Ballon. ...  1060. 


Lautenbach-Zeil  — . . . . . 

Lautenbacb 

Buhl 

Guebwiller 

Issenbeim * . . 

Colmar,  confluent  de  FUI. 

Fecht  (42  kilomètres). 

Source  au  Hob^neck 

Sondemach 

Metzeral 

Munster 

Wihr^u-Val 

Walbach... ,.... 


780 
746 
640 
510 
650 
840 
900 


278 
208 
170 
200 
150 


508 
420 
338 
270 
260 
190 

1200 
620 
500 
390 
319 
286 


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OrnOORAPHIB  DB  LA  CHAINE  DES  YOSOES 


347 


Mètres. 

Turckheim UO 

Ingersbelin 2Î2 

Ostheim  190 

CoDflaeDt  à  Dltenssero  ...  175 

Com  de  nu  (iSOkWom.). 

,  Soaroe  à  Winckel  (Jura) . .  527 

Allklrch 3Î3 

Malbouse tlO 

Goofluent  de  la  Tburr  —  195 

Horboarg  et  Golmar 190 


Métras. 

Schlestadt 170 

Strasbourg 140 

Emboucbare  dans  le  Rhin.      135 

Oms  du  Rhin  en  Alsace 
(200  kilomètres). 

Huningue  et  Bftie 2i0 

Neuf-Brisach  195 

Kebl  et  Strasbourg 136 

Ck>nfluent  de  rui 135 

Lauterbourg 104 


Looalités  des  Yùsgen  habitées  tonte  Tannée. 


Hôtel  du  Lac  Blanc 1200 

Bétel  de  la  Schlucht 1150 

Ferme  du  Lauchen 1150 

Hameau  des  Hautes-Huttes  900 

Village  d'Aubure 1000 


Maison  forest.  de  la  Rotblacb  958 

Village  du  Hohwald 700 

Hameau  de  Belmont 850 

Hameau  du  Hohrotbberg  . .  750 

Goldbach  et  Geishausen ...  750 


Bninas  du  mojen-ftfat  ohâteanz  et  oouTents. 


Engelborg  à  Thann 

Freundsteln  à  Soultz 

Herrenfluh  à  Wattwiller  . . 
Hugsteln  près  Guebwiller . 

Abbaye  de  Murbacb 

Stôrenburg 

Wildenstein 

Wasserburg 

HohhattsUdt  

Laubeck  ou  Haneck 

Scbwarzenburg 

Hoh*nack 

Hohlandsburg 

Plixburg 

Drei-Exen 

Kaysersberg 

Bilstein 

Ribeaupierre 

Hoh-KOnigsburg 

Frankeaberg 


500 
900 
717 
350 
450 
500 
600 
710 
877 
737 
520 
936 
634 
458 
596 
270 
350 
670 
512 
880 


Klntzbeim 280 

Ortenburg 490 

Bernstein 540 

Andlau 460 

Spesburg 430 

Landsberç 584 

Tnittenbausen 375 

Saint&-Odile 700 

Rathsambausen 500 

Gîrbalen 572 

Nideck 650 

Wangenburg 450 

Hob^Geroldseck 481 

Oxenstein 514 

Hob-Barr 400 

Greifenstein 385 

SaintrJean-des-Cboux 302 

Dabo  ou  Dagsburg 512 

Lfttzelburg 522 

Huneburg 420 


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248 


BEVUE  D'ALSACE 


Mètres. 

Mcbtenberg 400 

Wasenburg  -487 

Windsteio 440 

Falkensteîn 400 


MètM. 

Liebfrauenberg 206 

Fleckenstein 510 

FrOnsburg 496 


Limites  de  oertaineB  evltnres. 

Froment,  selon  rexpositîon.  Température  moyenne  7—8*  C.  600  4    800 

Seigle,  orge,  avoine.  Température  moyenne  6— 7<>C 800  à    950 

Pommes  de  terre,  lin,  cboux.  Température  moy.  5— O^'C.  1000  à  1200 

Groselller  rouge 900 

Merisier  et  griottier 900 

Hêtre  et  sapin 1200  k  1300 

Gbêne 600  à    800 

Noyer,  selon  l*exposition 5S0  à    700 

Châtaignier 500  à    650 

Prunier  et  poirier 650  à    700 

Pommier 100  ft    800 

Abricotier,  mûrit  ses  fruits  dans  les  vallées 520 

Pécher,  jnsqu^ft 500 

Vigne,  altitude  extrême  au  Hasslon,  près  Munster 480  à    500 

Asperges,  dans  la  vallée  de  Munster,  k 550 

Amandier,  entre  Tûrckheim  et  Berghelm 900 

Ces  indications  suffisent  pour  donner  une  idée  de  l'bypso- 
métrie  et  du  relief  de  la  chaîne  des  Vosges  au  dessus  des 
plaines  d'Alsace  et  de  Lorraine.  Le  climat  dont  dépend  la 
distribution  des  plantes  etTextension  des  cultures,  est  modifié 
par  Taltitude.  Nous  comptons  bien  rerenir,  dans  une  de  nos 
études  suivantes,  sur  les  rapports  de  la  conflguration  du  ter- 
rain de  nos  montagnes  avec  la  régétation  et  le  climat.  Remar- 
quons seulement  que,  dans  les  Vosges,  le  climat  présente  un 
caractère  excessif  et  continental  avec  des  variations  brusques 
et  extrêmes  delà  température.  Entre  600  et  ISOO  mètres  d^al- 
titude,  nous  voyous  se  reproduire  ici  les  phénomènes  clima- 
tériques  des  pajs  du  Nord,  de  la  Russie,  de  la  Suède,  avec 
absence  de  printemps,  avec  végétation  rapide  en  été.  Le  réveil 
général  de  la  végétation  se  manifeste  en  juin  vers  le  sommet 


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OROGBAPHXB  DB  LA  GHAIMS  DIS  TOBOES  3l9 

d«  montagnes;  mais  les  plantes  se  déreloppent  rapidement 
et  les  mêmes  espèces  flearissent  à  la  fols  en  même  temps  an 
hant  des  Vosges  et  dans  la  plaine.  Si  le  griottier,  cultivé  près 
des  lacs  d'Orbey  à  une  élévation  de  900  mètres,  mûrit  seule* 
ment  ses  fruits  en  septembre  à  cette  altitude,  deux  mois  après 
leur  maturité  au  fond  du  rai,  certaines  plantes,  telles  que 
la  bruyère,  fleurissent  sur  les  hauteurs  huit  jours  plus  tAt 
qu'en  plaine. 

C^  Geajd, 

mtmhre  du  dub  alpin. 


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NOTES  BIOGRAPHIQUES 

SUR  LES 

HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION 

A 

STRASBOURG  ET  LES  ENVIRONS 

SiûU, 


DIETRICH. 

(Le  baron  Philippe-Frédéric  de,  comte  du  Ban-de-la-Roche) 

Né  à  Strasbourg  le  14  novembre  1748. 

Ses  ancêtres  sont  originaires  de  Saint-Nicolas,  près  de  Nancy, 
et  s'appelaient  en  1549  Didier,  germanisé  en  Dietrich. 
Il  est  arrière-petit-fils  de  Dominique  Dietrich,  négo- 
ciateur du  traité  de  capitulation  de  la  ville  de  Stras- 
bourg le  SO  septembre  1681,  lequel,  comme  Ammeister 
régent  de  cette  cité  libre,  parvint  à  faire  réintégrer, 
après  huit  siècles  de  séparation,  à  des  conditions 
honorables,  sa  patrie  d'adoption,  sous  le  sceptre  de 
Louis  XIV.  Deux  siècles  après,  ce  beau  fleuron  de 
la  couronne  de  France,  retombait  au  pouvoir  de 
l'Allemagne  coalisée,  par  l'ineptie  d'un  vil  aventurier 
troisième  de  sa  race,  auquel  on  donna  à  Strasbourg 
le  sobriquet  de  FinckmaU  Luis. 

1773.  Il  succéda  à  son  père  dans  la  charge  de  secrétaire 
interprète  de  l'institution  du  mérite  militaire. 


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LB8  HOMlfXS  DE  LA  RCYOLUTION  251 

5  septembre  1779.  Lotus  XVI  le  nomma  secrétaire-général 
des  Suisses  et  Grisons. 

1785.  Commissaire  royal  à  la  visite  des  mines,  forges,  forêts 
et  bouches  à  feu  de  la  France. 

1788.  Membre  de  TAcadémie  royale  des  sciences,  de  la 
Société  royale  de  Oœttingue  et  de  celle  des  curieux 
de  la  nature  à  Berlin. 

28  juin  1789.  Commissaire  du  roi  près  la  ville  de  Strasbourg. 
Peu  de  jours  après  sa  nomination,  le  20  juillet,  arrive 
la  bouvelle  de  la  prise  de  la  Bastille  et,  le  lendemain 
21,  il  assiste  au  triste  spectacle  du  sac  de  THôtel-de- 
Ville  de  Strasbourg,  et  se  trouve  pour  la  première  fois 
en  présence  de  saturnales  difficiles  à  prévoir  et  à 
comprimer. 

4  août  — .  Parait  le  décret  abolissant  tous  les  privilèges.  Les 
députés  de  TÂlsace,  alors  à  Paris,  lui  écrivaient  à  cette 
occasion  :  «  Vous  serez  maire  de  Strasbourg.  >  Et  en 
effet  les  quinze  assemblées  primaires  se  réunirent  le 
8  février  1790.  Il  réunit' 9685  voix,  et  son  concurrent, 
TAmmeister  Poirot,  seulement  2286.  Son  élection  fut 
attaquée  par  ses  adversaires,  mais  sans  succès;  le 
18  mars  suivant  la  nouvelle  municipalité  fut  installée, 
et  à  la  suite  d^une  absence  de  huit  mois  on  lui  con- 
testait la  qualité  de  citoyen  actif  de  Strasbourg. 

1790.  C'est  au  commencement  de  cette  année,  le  15  janvier, 
qu'il  fonda  la  Société  de  la  révolution,  laquelle,  le 
11  février,  prit  le  nom  de  Société  des  amis  de  la 
Constitution  affiliée  à  celle  de  Paris. 

13  juin  — .  Dimanche,  dans  la  plaine  des  bouchers,  les  popu- 
lations de  Strasbourg,  celles  d'une  partie  de  TAlsace 
et  des  pays  voisins,  étaient  conviées  à  la  fête  de  la 
Fédération  rhénane.  L'autel  de  gazon,  élevé  dans  cette 
plaine,  pour  y  recevoir,  au  pied  de  ses  marches,  les 
gardes  nationaux  délégués  de  l'Alsace,  de  la  Lorraine, 
de  la  Franche-Comté  et  de  la  Bourgogne,  était  dû  aux 
soins  de  la  municipalité  et  de  son  nouveau  maire  en 
particulier,  lequel  monta  les  degrés  de  cet  autel,  et  au 


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2S2  KBVXJE  D*AL8AGB 

xnilieti  de  rîmmenae  carré,  entouk^  d^une  fonte  com- 
pacte et  silencieuse,  prononça,  d^une  voix  sonore,  la 
formule  sacramentelle  de  fidélité  au  roi,  à  la  loi,  et  à 
la  nation,  qui  fut  acclamée  par  la  masse  des  spectateurs. 

Juillet  — .  La  nouvelle  municipalité  de  Haguenau  avait  été  in- 
sultée par  la  populace,  à  Tinstigation,  ditK>n,  de  la  ma- 
gistrature ancienne,  dont  la  non-reddition  de  comptes 
remontait  à  1785.  Il  fut  chargé  de  Texamen  du  litige, 
quH  termina  à  l'entière  satisfaction  des  habitants  de 
cette  localité.  Lors  des  troubles  de  Sélestadt,  t)rodiiit8  à 
Toccasion  de  Tinstallation  du  nouveau  conseil  muni- 
cipal^ il  y  envoya  des  commissaires  strasbourgeois  et 
Tordre  y  fut  rétabli  Après  les  incessantes  réclamations 
des  princes  étrangers  dépossédés  par  les  décrets  de 
rÂssembléenatioïiale,luivinrentles  Israélites  revendi- 
quant lesdroitsde  citoyens  français  enfinle  clergé  jetait 
des  cris  de  détresse  devant  la  confiscation  de  ses  biens 
et  le  serment  que  Ton  voulait  lui  imposer.  CTétait  im 
véritable  gâchis  qui  réclamait  de  l'administration  un 
sang-firoid  imperturbable  pour  ne  pas  aller  à  la  dérive; 
aussi,  lors  du  mouvement  militaire  des  6  et  7  aoùt«  le 
vit-on  se  jeter  avec  courage  entre  les  régiments  et 
recevoir  à  cette  occasion  du  colonel  Victor  de  Broe^lie, 
du  13*  régiment,  des  paroles  de  félicitation. 

Octobre  — .  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

11  novembre  — .  Elu  maire  pour  la  seconde  fois.  Dans  le 
courant  de  cette  année,  il  dirigea  Torganisation  des 
nouvelles  administrations  départementales  judiciaires 
et  même  religieuses,  car,  à  Tégard  de  cette  dernière, 
le  député  Schwendt  avait  discuté  avec  le  nouveau 
maire  le  choix  d'un  évéque  et  conseillé  Tabbé  de 
Marmoutier  ou  celui  d'EbersmOnster.  C'est  Tabbé 
Brendel,  appuyé  par  les  commissaires  royaux  alors 
en  mission  en  Alsace,  qui  remplaça  le  cardinal  de 
Rohan  à  Strasbourg. 

Dans  es  premiers  mois  de  1791,  alors  que  Tarmôe  de  Gondé 


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LEfl  HOMMIS  0S  ÏJL  BâVOLUTIOK  S58 

projetait  d'envahir  TÂlsace  par  Harckolsheim  et 
Rhinau,  informé  à  temps  par  ses  émissaires  et  par 
son  beau-frère  le  diancelier  Ochs  de  Bàle,  il  parvint  à 
déjouer  ces  projets. 

8  juin  — .  Les  volontaires  s'étant  pris  de  querelle  avec  le  régi- 
ment suisse  Vigier,  en  garnison  à  Strasbourg,  il  fut 
obligé  d'intervenir  avec  le  vieux  général  Luckner 
pour  rétablir  Tordre  un  moment  menacé. 

15  juin  — .  Il  lance  la  proclamation  du  corps  mimicipal  appe- 
lant un  citoyen  sur  vingt»  à  se  dévouer  volontairement 
à  la  bonne  cause  en  combattant  les  aristocrates. 

21  juin  — .  La  foite  du  roi  et  son  arrestation  à  Varennes, 
produisirent  une  certaine  agitation  à  Strasbourg;  les 
généraux  de  Bouille,  Heymann  et  de  Klinglin,  ayant 
émigré,  furent  représentés  en  mannequins  et  brûlés 
sur  la  place  d'armes  par  la  populace  dans  la  nuit  du 
28  juin.  C'est  alors  qu'il  nomma  le  général  de  Gelb  à 
la  place  de  Klinglin. 

14  novembre  — .  Elu  pour  la  troisième  et  dernière  fois  maire. 
Sur  5,000  votants  il  obtint  4,000  voix.  A  cette  occasion, 
ses  concitoyens  lui  offrirent  une  médaille  d'or,  repré- 
sentant d'un  côté  un  aigle  prenant  son  essor  vers  le 
soleil,  de  l'autre  la  ville  de  Strasbourg  sous  les  traits 
de  Minerve,  ofl^nt  au  maire  une  couronne  civique 
avec  cet  exergue  :  à  Dietrich  premier  mairede  Stras- 
bourg. 

L^année  1791  s'était  bien  clôturée  pour  lui,  et  celle  de  1792 
s'ouvrait  sous  d'heureux  auspices;  de  tous  côtés  il  ne 
recevait  que  félicitations;  ses  amis  de  Paris,  dans  les 
premiers  mois  de  1792,  l'informaient  même  qu'il  était 
question  de  lui  pour  le  portefeuille  de  l'intérieur.  La 
guerre  avec  l'Autriche  ayant  été  déclarée,  Lafayette, 
commandant  en  chef  de  l'armée  du  centre,  a  rendez- 
vous  avec  lui  à  Phalabourg,  le  13  janvier  1792,  pour 
examiner  la  défense  de  la  frontière.  Cette  conférence 
fut  mal  interprétée  par  ses  ennemis.  Cest  dans  ses 
salons  de  la  rue  de  la  Mésange  que»  le  25  avril  1792^ 


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254  BBVUK  D*AL8A:C£' 

Rouget  de  Lisle  exécuta  pour  la  première  fois  le  chant 
de  la  MarseiUaise.  Nous  touchons  à  Tépoque  où  il  se 
trouva  en  face  des  terroristes  Laveaux,  Schneider 
Monet,  Teterel,  Simond  et  autres,  qui  tous  avaient 
juré  sa  perte,  Taccusant  au  club  dé  Paris  de  conspirer 
avec  Lafeyette  pour  livrer  Strasbourg  à  l'Etranger. 
Deux  délégués  de  la  municipalité,Noisette  et  Champy, 
furent  chargés  de  le  défendre  de  cette  grave  et  tsiusse 
accusation  devant  TÂssemblée  nationale  ;  mais  celle-ci 
refusa,  pour  ainsi  dire,  de  les  entendre,  déclarant,  le 
12  juillet  1792,  être  satisfaite.  Pendant  ce  temps^  le 
Conseil  de  la  commune,  sous  l'influence  du  maire  et 
en  prévision  des  malheurs  réservés  au  pays,  rédigeait, 
le  7  août,  deux  adresses.  Tune  au  roi,  l'autre  à  PAssem- 
blée  législative,  promettant  fidélité  à  la  Constitution  et 
déclarant  que  du  jour  où  elle  serait  violée,  ils  se  consi- 
déreraient libres  de  leurs  engagements.  Malheureuse- 
ment la  pièce  tomba  entre  les  mains  du  perfide  dé- 
puté Rûhl;  c'en  était  fait:  le  maire  et  le  Conseil  avaient 
signé  leur  déchéance. 

Lanouvelledela  prise  desTuilerieset  delà  déchéance 
du  roi  étant  arrivée  à  Strasbourg  le  18  août,  le  maire 
convoqua  de  suite  son  Conseil  et  proposa  les  mesures 
que  la  situation  réclamait.  La  fermeture  provisoire 
des  clubs  fut  ordonnée  et  on  renouvela  le  serment 
du  7  août,  de  rester  fidèle  à  la  Constitution.  Ces  me- 
sures irritèrent  les  jaicobins.  Laveaux  et  Simond  par- 
tirent de  suite  pour  Paris,  dénoncèrent  le  maire  et 
son  Conseil  comme  ennemi  de  la  chose  publique; 
mais  TAssemblée  législative  voulant  attendre  le  rap- 
port de  ses  commissaires  alors  en  Alsace,  l'accusation 
m  resta  là  pour  le  moment 
18  août  — .  Une  seconde  dénonciation  anonyme  reproduisit 
les  mêmes  accusations  contre  la  municipalité  de  Stras- 
bourg et  son  chef.  Cette  fois-ci,  Rûhl,  poussé  par  les 
jacobins,  obtint  que  Dietrich  serait  mandé  à  la  barre  de 
l'Assemblée  dans  le  délai  de  huit  jours,  et  le  lendemain 


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LK8  HOlOfBS  DB  LA  RftTOLimOM  365 

19,  le  Directoire  exécutif  prononçait  la  dissolution  du 
CSonseil  municipal,  dont  Tordre  arriva  à  Strasbourg  le 
22  suivant,  et  les  commissaires  Camot,  Prieur  et  Ritter, 
nomment  maire  provisoire  le  médecin  Lachausse  qui 
fit  convoquer  le  Conseil  par  son  prédécesseur  pour 
Tinformer  des  dispositions  prises  par  le  gouvernement 
révolutionnaire.  Ce  dernier  acte  ren\pli,  Dietrich  prit 
congé  du  Conseil  et  se  retira  immédiatement  au 
Jsegerthal  pour  y  préparer  sa  défense  avant  d'aller  à 
Paris  ;  mais  les  avis  qu'il  reçut  de  ses  amis  lui  disaient 
qu'il  trouverait  dans  la  capitale,  non  des  juges,  mais 
des  bourreaux  et  qu'il  ferait  mieux  de  n'y  pas  venir; 
qu'au  surplus  l'Assemblée  nationale,  par  décret  du  28, 
avait  ordonné  son  arrestation  et  son  transfèrement 
par  la  gendarmerie  à  la  barre  de  la  Convention.  Il  n'y 
avait  pas  à  balancer,  et  encore  moins  de  temps  à 
perdre  ;  il  prit  le  chemin  de  la  frontière  par  Bitsche, 
se  rendit  à  Francfort-8.-M.,  puis  à  Bàle^  où  il  arriva 
le  10  septembre  chez  son  beau-frère,  le  chancelier 
Ochs  ;  mais  pour  ne  pas  le  compromettre,  il  alla  se 
fixer  à  Winterthur,  que,  par  une  malheureuse  inspi- 
ration, il  quitta  fin  octobre  pour  se  constituer  prison- 
nier à  Saint-Louis,  le  5  novembre  suivant.  U  espérait 
par  là  sauver  le  patrimoine  de  ses  trois  fils,  et  se 
blanchir  de  la  réprobation  d'émigré. 

11  novembre  — .  U  arriva  à  Paris,  escorté  d'un  aide-d&-camp 
du  général  Ferrière.  La  Convention  refusa  de  l'enten- 
dre, étant  décrété  de  conspiration  avec  l'Etranger. 
Son  ennemi  acharné,  l'infiàme  député  Bûhl,  deman- 
dait qu'on  lui  appliquât  la  loi  sur  les  émigrés,  ce  qui 
était  ime  monstruosité.  Cette  proposition  écartée,  il 
fut  renvoyé  au  tribunal  criminel  du  Bas-Rhin.  Cette 
décision  fut  changée  dès  le  12  novembre. 

27  novembre  — .  Arrivé  à  Strasbourg,  il  descend  un  moment 
à  l'hôtel  de  l'Esprit  pour  y  recevoir  ses  amis,  avant 
de  se  constituer  prisonnier  à  la  maison  d'arrêt,  d'où 
il  ne  songeait  guère  sortir  que  le  19  décembre  pour 


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906  Bsvus  d'alsacb 

aller  se  faire  juger  à  Besançon.  La  Convention  natio- 
nale, en  prenant  cette  fatale  décision  le  12,  Fenlevait 
à  ses  juges  naturels  et  donnait  gain  de  cause  à  ses 
ennemis. 

33  décembre  — .  Il  arriva  à  Besançon  et  fut  écroué  dans 
la  maison  de  justice,  où  il  rédigea  son  testament  le 
'7  février  suivant. 

7  mars  1793.  Il  parait  devant  les  juges.  Il  avait  publié  un  mé- 
moire justificatif  en  réponse  aux  douze  chefs  d^accu- 
sation  qui  lui  étaient  reprochés.  Acquitté  par  la  Cour 
sur  tous  les  points,  on  le  retint  en  prison  comme 
émigré.  Ses  papiers  furent  mis  sous  scellés,  et  sa  per- 
sonne transportée  par  la  gendarmerie  à  Paris  le  31  août, 
sans  lui  laisser  même  le  temps  de  faire  ses  derniers 
adieux  à  sa  femme.  La  voiture  spéciale  qui  Ty  con- 
duisit arriva  à  TAbbaye  dans  les  premiers  jours  de 
septembre,  où  il  resta  jusqu'au  29  décembre.  Robes- 
pierre s'étant  opiniâtrement  refusé  à  le  renvoyer  au 
tribunal  de  Strasbourg,  où  il  comptait  encore  de  nom- 
breux amis  et  partisans,  il  comparut  le  27  devant  le 
juge  Foucaud  qui  le  questionna  sur  les  mêmes  feits, 
pour  lesquels  le  tribunal  de  Besançon  Tavait  absous  ; 
c'^est-à-dire,  d'avoir  protégé  les  prêtres  rebelles  à  la  loi, 
persécuté  la  Société  des  jacobins  de  Strasbourg  en 
fermant  les  clubs,  comploté  avec  Lafoyette  et  les 
ennemis  de  la  France.  A  ce  tissu  de  mensonges,  il 
répondit  catégoriquement  en  opposant  une  vive  dé- 
négation à  tous  les  faits;  Le  juge  se  sentant  battu, 
pour  en  finir,  lui  demanda,  s'il  avait  fait  choix  d'un 
défenseur;  non,  fut  sa  réponse;  eh  bien  nous  nom- 
mons d'ofBce  le  citoyen  Duchàteau. 

28  décembre  —.  Il  fut  extrait  de  la  Conciergerie  et  conduit 
devant  le  tribunal  révolutionnaire,  en  face  de  Taccu- 
sateur  public,  le  fameux  Fouquier-Tinville,  et  du 
président  Herrmann.  L'acte  d'accusation  lu,  on  en- 
tendit les  témoins  Hess,  Simond,  Laveaux,  Benta- 
bolle  et  même  Schneider  qui  venait  d^ètre  amené  à 


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LB8  HOHMIS  DB  LA  RÉVOLUTION  257 

Paris,  tous  ennemis  des  plus  acharnés  de  Dietrich,  qui 
opposa  un  silence  dédaigneux  à  toutes  leurs  déposi- 
tions. «  Je  sais,  dit-il  à  ses  juges,  que  mon  sort  est 
décidé.  >  Après  avoir  recueilli  les  opinions,  le  prési- 
dent prononça  la  condamnation.  Alors  il  détacha  une 
mèche  de  ses  cheveux,  la  joignit  aux  adieux  à  sa 
femme,  sa  chère  Louise,  et,  le  29  au  matin,  il  monta 
sur  réchafaud  avec  le  courage  d'un  homme  dont  la 
conscience  n'a  rien  à  se  reprocher.  Il  était  âgé  de 
45  ans  accomplis.  Si  cet  assassinat  juridique  n'a  pas  été 
consommé  à  Strasbourg,  la  faute  n'en  revient  pas  aux 
sans-culottes  de  cette  cité,  car  au  club  de  la  rue  du 
Bouclier,  temple  des  réformés,  dans  la  séance  du 
6  décembre  1793,  les  jacobins,  appuyant  la  motion  de 
rint&me  Rûhl,  demandaient  déjà  à  grands  cris  que  la 
tète  du  maire  tombât  dans  une  ville  qui  avait  été  témoin 
de  ses  scélératesses,  et  qu'en  conséquence  Ton  écrivît 
de  nouveau  au  Comité  de  salut  public  à  Paris  pour 
l'inviter  à  condescendre  au  vœu  de  la  Société. 

Outre  ses  traductions  de  Ferber,  Scheele  et  Trébra, 
en  1786,  il  avait  commencé  à  publier  une  •  Description 
des  gîtes  de  minerai,  forges,  salines,  etc.  de  la  France;  > 
mais  Ja  révolution  Tempêcha  d*y  donner  suite.  Les 
deux  premiers  volumes  ont  trait  aux  Pyrénées,  les 
troisième  et  quatrième  parties  à  la  Haute-  et  Basse- 
Alsace,  les  cinquième  et  sixième  à  la  Lorraine. 

DITTERICH  (François-Georges). 

1789.  Docteur  et  professeur  de  droit  canon,  à  l'Université  épis- 
copale  de  Strasbourg.  Conseiller  intime  du  prince- 
èvôque  de  Spire  et  du  prince  régnant  de  Hohenzollem- 
Waldenbourg-Bartenstein,  l'un  des  vingt-quatre  com- 
tes de  la  cathédrale  de  Strasbourg. 

8  lévrier  1790.  Notable  du  Conseil  de  la  commune  de  Stras- 
bourg. 

80  mars  — .  L'évêque  de  Spire  proteste  d'une  manière  très- 
véhémente  contre  les  élections  des  maires  dans  les 

IfonTelle  Série  <-  6*  Année.  17 


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258  REVUE  D'ALSACE 

villes  et  villages  de  son  évéché  en  Alsace,  et  en  général 
contre  toutes  les  innovations  faites  au  préjudice  de 
ses  droits,  et  le  17  avril,  Le  Barbier  de  Tinan,  en 
informant  la  Société  des  amis  de  la  Ck)nstitution  de  ce 
fait,  ajoute  :  «  J'ai  acquis  la  preuve  certaine  que  cette 
protestation  a  été  signifiée  aux  commissaires  royaux, 
et  ragent  qui  a  rempli  fidèlement  ce  mandat,  le 
croiriez-vous,  est  un  conseiller  général  de  cette  com- 
mune. C'est  un  de  ceux  à  qui  elle  a  accordé  sa  con- 
fiance pour  le  maintien  de  ces  décrets  dont  elle  attend 
son  bonheur,  c'est  un  de  ceux  que  vous  avez  entendus 
jurer  sur  la  place  d'armes  d'être  fidèles  à  la  loi  et  de 
maintenir  de  tout  leur  pouvoir  la  Constitution.  G^est 
le  professeur  Ditterich.  >  Malgré  cette  sortie,  il  fut 
nommé,  le  26  mai.  membre  de  l'administration 
départementale  du  Bas-Rhin. 

Janvier  1791.  Certaines  agitations  ayant  eu  lieu  aux  ins- 
tigations des  meneurs  de  la  société  dite  du  Séminaire, 
dont  il  était  le  secrétaire,  le  tribunal  du  district  de 
Strasbourg  ordonna  son  arrestation  ;  mais  il  se  rendit 
à  Ettenheimmûnster,  auprès  du  cardinal  deRohan. 

18  avril  — .  Il  publia  un  écrit  intitulé  :  «  Â  tous  les  bons 
citoyens  de  la  terre,  •  avec  ime  lettre  à  l'adresse  du 
tribunal  du  district,  lequel,  en  juillet  suivant,  le 
condamna  à  neuf  années  d'exil  du  royaume. 

12  décembre  1792.  Lui,  sa  femme  et  ses  enfisnts  sont  déclarés 
émigrés  par  le  Directoire  du  district  de  Strasbourg. 

DOUBLOT. 

Avant  1789,  négociant,  rue  du  Dôme,  5,  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution, laquelle  devint  le  11  février,  Société  des  amis 
de  la  Constitution. 

24  février  - .  Proposé  pour  la  municipalité. 

7  février  1792.  n  suit  les  constitutionnels  à  l'Auditoire  du 
Temple-Neuf. 


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LBS  HOMMBS  DB  LA  BÉVOLUTION  259 

DOYEN  (Jean-Amable). 
Bue  de  la  Nuée  Bleue. 

Avant  1789,bailU  de  Fleckenstein.  Sub-délégué  de  Fintendant 
de  Strasbourg.  Chargé  d'affaires  du  prince  de  Bohan 
Gueméné. 

26  mai  1790.  Membre  de  Padministration  départementale  du 
Bas-Bhin.  Les  troubles  qui  éclatèrent  en  Alsace,  en 
janvier  1791,  obligèrent  le  gouvernement  d'^envoyer 
des  commissaires  à  Strasbourg,  lesquels  suspendirent 
une  partie  de  Tadministration  du  26  mai. 

17  février  — .  Il  est  nommé  membre  du  Directoire  provisoire 
du  Bas-Bhin.  On  le  suppose  Fauteur  d'un  pamphlet 
publié  à  cette  époque,  et  ayant  pour  titre  :  «  Les 
Alsaciens  trahis  par  etv^-mémes  ou  la  Dragonade 
en  Alsace.  Projet  conçu  par  une  société  d'enragés, 
proposé  à  l'Assemblée  nationale  par  le  Directoire 
provisoire  du  Bas-Bhin.  > 

26  août  — .  Les  nouvelles  élections  ayant  eu  lieu  au  château, 
il  est  nommé  membre  de  Tadministration  du  Bas- 
Bhin,  laquelle  s'étant  constituée  peu  de  temps  après, 
le  fit  entrer  au  Directoire,  où  il  resta  jusqu'en 
septembre  1792.  Etant  alors  à  Paris,  il  fut  arrêté  et 
conduit  à  TAbbaye,  où  il  a  été  assassiné  en  1792. 
(Test  Westermann  et  Laveaux  qui  le  perdirent.  Il 
logeait,  rue  Coquéron,  hôtel  du  Grand  Dauphin  ;  ses 
papiers  furent  transportés  à  FHôtel-de- Ville  de  Paris. 

10  février  1793.  Le  député  Laurent,  dans  une  lettre  de  Paris 
à  son  collègue  Bûhl,  alors  à  Strasbourg,  lui  dit:  «  Je 
vous  joins  la  copie  coUationnée  d'une  lettre  de  Nebel, 
receveur  du  district  de  Haguenau,  trouvée  dans  les 
papiers  de  Doyen,  par  laquelle  on  voit  qu'ils  proje- 
taient entre  eux  d'agioter  ;  comme  ce  projet  n'est  pas 
bien  pur  pour  un  homme  qui  manie  les  deniers  pu- 
blics,  je  vous  prie  de  faire  part  du  tout  au  département  ; 
surtout  à  André,  procureur  général  syndic.  La  lettre 
originale  est  ici  au  dépôt  de  la  Commission  des  vingb- 


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260  REVUE  D*ALSACE 

quatre  du  1**  octobre,  carton  D,  c'est  moi  qui  en  ai 
feiit  la  découverte.  » 

DUBOIS  (G.-G.) 

1789.  Officier  changeur  du  roi,  à  la  Monnaie  de  Strasbourg. 

1790.  Proposé  pour  la  municipalité. 

15  janvier  — .  Fondateur  de  la  Société  de  la  révolution  qui,  le 
11  février,  devint  celle  des  amis  de  la  Constitution, 
avec  laquelle,  le  7  février  1792,  il  est  à  l'Auditoire. 

SI  octobre  1793.  Imposé  par  Saint^ust  et  Lebas  à  40,000 
livres,  réglées  les  5  et  7  novembre. 

21  novembre  — .  Sa  mise  au  Séminaire  sera  encore  une  fois 
discutée  au  Comité  de  surveillance  et  de  sûreté  géné- 
rale du  6as-Rhin.  Dans  ce  mois,  il  reçoit  pour  89,254 
livres  d'objets  d'or  et  *d  argent  du  tribunal  révolu- 
tionnaire. 

17  janvier  1795.  Nommé  officier  municipal. 

80  janvier  — .  Membre  du  comité  de  la  Société  populaire 
régénérée  de  la  commune  de  Strasbourg. 

27  août  1795.  Elle  est  dissoute. 

1797.  Directeur  de  Thôtel  des  monnaies  à  Strasbourg. 

DUFORT  (Le  chevalier  César)  l'alné. 

1789.  Gsqpitaine  d'artillerie  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Fondateur  de  la  Société  de  la  révolution. 

11  fémer  — .  Elle  prend  le  nom  de  Société  des  amis  de  la 

Constitution. 
8  juin  — .  Il  remplace  Brunck  de  Frundeck,  comme  président. 

DUFORT,  cadet. 
1789.  Capitaine  d'artillerie  à  Strasboui^. 
15  janvier  1790.  Fondateur  de  la  Société  de  la  révolution. 
11  février  — .  Société  des  amis  de  la  Constitution. 
13  avril  — .  Président  en  rempliicement  de  Brunck. 
17  avril  — .  n  prononce  un  discours  ayant  pour  texte  :  t  Où 
la  liberté  est  tout,  les  inconvénients  ne  sont  rien.  > 


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LB8  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  261 

DU  HOUX. 

17H9.  Capitaine  dMnfanterie,  retiré  à  Strasbourg. 
15  janvier  1790.  Fondateur  de  la  Société  de  la  révolution. 
11  février  —.Société  des  amis  de  la  Constitution,  qu'il  suit 
le  7  février  1792  à  l'Auditoire. 

DUCRÉTET  (S.) 

1790.  Employé  au  département  du  Bas-Rhin. 

Février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitu- 
tion, qu'il  suit  le  7  février  1792  à  l'Auditoire.  Dans  la 
même  année,  nommé  inspecteur  particulier  des 
douanes  dans  le  Bas-Rhin,  à  la  résidence  de  Seltz. 

2  novembre  1793.  Employé  à  la  direction  des  douanes  à 
Strasbourg,  le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin 
le  porte  sur  la  liste  des  suspects,  et  peu  de  temps 
après,  il  est  enfermé  au  Séminaire,  pour  n  en  sortir 
qu'après  la  chute  de  Robespierre. 

1795.  Réintégré  dans  l'administration  des  douanes. 

DULAC  (Grégoire). 

1789.  Officier  d'artillerie  au  régiment  de  Strasbourg. 

14  mai  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitu- 
tion. 

1790.  U  adresse  une  pétition  à  M.  de  Latour  du  Pin,  ministre 

de  la  guerre,  touchant  un  passe-droit  à  lui  fait  au 
profit  de  M.  de  Puységur,  du  même  régiment 

DUMAS  (Le  comte  Mathieu  de). 
Né  le  23  décembre  1758  à  Montpellier. 

A  15  ans,  sous-lieutenant  dans  le  régiment  de  Médoc.  Capi- 
taine, attaché  au  .général  Rochambeau,  commandant 
l'armée  auxiliaire  envoyée  par  la  Fiance  en  Amérique. 

1782.  Aide-maréchal-des-logis  de  l'état  major  général,  il 
.       obtint  en  1783  le  grade  de  major. 

1789.  Aide  de  camp  du  maréchal  de  Broglie  lors  des  premiers 
troubles  de  Paris,  et  plus  tard  du  général  Lafayette. 

âO  janvier  1791.  Envoyé  comme  commissaire  en  Alsace  pour 


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882  BBVUB  d'alsagb 

y  rétablir  Tordre  et  la  concorde  momentanément  sus- 
pendus. Il  y  fut  accueilli  par  une  masse  de  pamphlets, 
ce  qui  Tobligea,  le  12  février,  à  enjoindre  aux  adminis- 
trateurs du  Bas-Rhin  d'arrêter  Fimpression,  le  col- 
portage et  la  distribution  de  tous  écrits  attentatoires 
à  la  Constitution  et  nuisibles  à  Tordre  public. 

26  août  — .  Elu  par  le  département  de  Seine-et-Oise  député 
à  TÂssemblée  législative.  Devenu  suspect  aux  révolu- 
tionnaires exaltés,  il  n'échappa  qu'avec  peine  aux 
proscriptions  qui  suivirent  la  journée  du  10  août  1792. 

1795.  Le  département  de  Seine-et-Oise  qui  ne  Tavait  point 
oublié,  le  nomma  député  au  Conseil  des  Anciens. 

4  septembre  1797.  n  eut  le  bonheur  d'échapper  à  la  pros- 
cription directoriale  et  se  réfugia  à  Hambourg.  De 
retour  en  France,  après  le  9  novembre  1799,  le  premier 
consul,  Bonaparte,  le  chargea  d'organiser  Tannée 
de  réserve  à  Dijon.  Il  était  alors  général.  Après  la 
paix  de  Lunéville,  signée  le  9  février  1801,  il  fut 
nommé  conseiller  d'Etat,  et  en  cette  qualité  il  proposa, 
au  nom  du  gouvernement,  la  création  de  la  l^on 
d'honneur,  décrétée  le  19  mai  1802. 

!•'  février  1805.11  en  reçut  le  titre  de  grand-offlcier,en  même 
temps  que  le  brevet  de  général  de  division. 

Mai  1806.  Passé  au  service  du  roi  de  Naples,  il  y  occupa  les 
premiers  emplois. 

1809.  Il  était  au  passage  du  Danube,  et  le  4  juillet  à  la  bataille 
de  Wagram. 

5-6  juillet  1809.  Chargé  de  faire  exécuter  les  conditions  de 
l'armistice  de  Znaïm,  signé  le  12  suivant.  Intendant 
général  de  l'armée  lors  de  la  fatale  expédition  de 
Russie,  il  échappa  aux  désastres  de  la  Bérésina  ;  mais 
moins  heureux  à  la  bataille  de  Leipzig,  il*  y  fut  fait 
prisonnier  le  18  octobre  1813,  et  ne  revit  la  France 
qu'à  la  rentrée  de  Louis  XVin,  en  1814.  Le  roi  le 
créa  directeur  général  de  la  comptabilité,  commandeur 
de  Saint-Louis,  et  fin  décembre,  grand'croix  de  la 
légion  d'honneur. 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  263 

4  septembre  1815.  II  fut  mis  à  la  retraite.  Il  publia  plusieurs 
volumes  sur  les  événements  militaires  de  1799  à  1814. 

DUMONGHAU  (Charles)  père. 

1789.  Musicien  à  Strasl)Ourg. 

28  janvier  1790.  U  offre  36  livres  à  la  souscription  patriotique. 

27  février  — .  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitu- 
tion, qu'il  suit  le  7  février  1792  à  l'Auditoire. 

30  mars  1793.  Ex-sergent-major  du  deuxième  bataillon  des 
Vosges,  le  Comité  révolutionnaire  des  jacobins  le 
dénonce  à  la  surveillance  de  la  Société. 

8  décembre.  —  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin  le 
condamne  à  10,000  livres. 

13  décembre  — .  Cette  contribution  est  réduite  à  3,000  livrés 
payables  dans  les  quarante-huit  heures. 

25  mai  1791.  De  nouveau  sur  une  liste  de  suspects  dressée 

par  les  jacobins. 

26  mai  — .  Il  est  enfermé  au  Séminaire,  jusqu'après  la  chute 

de  Robespierre. 
1805.  Il  était  encore  à  Strasbourg,  l'un  des  quatre  officiers 
survivants  de  l'ancienne  confrérie  des  musiciens 
d'Alsace. 

DUPUIS  (C.) 

1789.  Architecte  à  Strasbourg. 

29  juin  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 

7  février  1792-  Avec  elle  à  l'Auditoire. 

DURANTIN  (F.) 

1789.  Maître  de  langues  française  et  allemande,  place  de  la 

Victoire  à  Strasbourg. 
Août  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution, 

qu'il  suit  à  l'Auditoire  le  7  février  1792. 

DURR  (Piulippe-Jagob). 

1789.  Poissonnier  du  roi.  Sénateur  à  la  tribu  desFribourgeois  ' 

8  février  1790.  Elu  notable  du  Conseil  général  de  la  commune. 
Juillet  — .  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 


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264  VKvxm  i>*ALaAxm 

11  novembre  — .  Maintenu  notable.  En  même  temps,  il  est 

nommé  commissaire  de  police. 
27  mars  1791.  Signataire  de  la  mise  en  arrestation  de  Jseglé, 

curé  de  la  paroisse  de  Saint-Laurent,  pour  insultes 

faites  à  Tévèque  constitutionnel  Brendel. 
7  février  1792.  U  est  à  FÂuditoire  avec  les  amis  de  la  Cionsti- 

tution. 

ECKERT  (dit  du  Jaegerhoflf). 
1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 
17  janvier  1791.  Assesseur  de  l'Assemblée  des  fidèles  de  la 

religion  catholique  à  Strasbourg. 
7  février  179*2.  Il  est  à  FAuditoire. 
2  novembre  179B.  Dénoncé  comme  suspect  par  le  Comité  de 

sûreté  générale  du  Bas-Rhin,  et  mis  au  Séminaire 

jusqu'après  la  chute  de  Robespierre. 

EDEL  (Jean-Dàniel). 

1789.  Brasseur  à  Strasbourg. 

11  juin  179;î.  Schneider  le  dénonce  :  «  Aussi  longtemps  que 

le  Comité  central  du  Miroir  existera,  aussi  longtemps 

surtout  que  de  dangereux  présidents  de  sections, 

comme  par  exempleEdel,  ne  seront  pas  incarcérés,  la 

tranquillité  ne  pourra  être  rétablie.  » 
17  octobre  — .  Il  figure  sur  une  liste  de  proscription  dressée 

au  club,  comme  très  mauvais  sujet,  ennemi  juré  des 

jacobins. 
4  novembre  — .  Condamné  à  10,0Q0  livres  d'amende,  il  paie 

5,000  livres,  le  reste  lui  a  été  remis  ;  mais  il  est  mis 

au  Séminaire. 

EHMANN  fils. 

1789.  Négociant  rue  de  TAU. 

1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 
7  février  1792.  Il  est  avec  elle  à  l'Auditoire . 

6  décembre  1792.  Elu  notable. 

21  janvier  1793.  Ayant  refusé  les  fonctions  d'officier  munici- 
pal, il  est  remplacé  par  l'imprimeur  Lorentz. 


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LB8  HOBnOBS  DB  LA  BÉVOLUTION  365 

3  octobre  — .  Membre  du  Conseil  général  du  département,  il 
e8(  destitué  comme  feuillant  agioteur,  qui  a  refusé  de 
signer  l'adresse  d'adhésion  à  la  révolution  du  31  maL 
n  est  remplacé  par  le  boulanger  Jaecky. 

14  octobre  — .  11  sera  éloigné  à  vingt  lieues  des  firontières, 

et  indiquera  sa  résidence. 
17  janvier  1795.   Membre  du  Comité  révolutionnaire  du 
district  de  Strasbourg. 

EHRLEN  (Jean-Daniel). 

1789.  Archiviste. 

8  février  1 790.  Proposé  pour  la  municipalité. 

15  mars  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti* 

tution,  qu'il  suit  à  l'Auditoire  le  7  février  1792. 

EHRLEN. 

1789.  Licencié  en  droit,  rue  du  D6me,  13,  à  Strasbourg. 
Décembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 
stitution, qu'il  suit  à  l'Auditoire  le  7  février  1792. 
1792.  Avoué  au  tribunal  du  district  de  Strasbourg. 
1797.  Président  du  tribunal  civil  de  Strasbourg. 
1798-1800.  Juge  au  même. 

EHRMANN  (Frédéric-Louis)  père. 
Rue  de  la  Dentelle,  30. 

Né  à  Strasbourg  en  avril  1741. 

1785.  Membre  de  la  Société  philharmonique  du  régiment 
de  Metz  (artillerie],  fondée  à  Strasbourg  en  1785,  sous 
Tapprobation  de  Mesmer. 

1789.  Doyen  perpétuel  du  Collège  de  médecine  et  physicien 
de  la  ville  de  Strasbourg.  Professeur  à  l'Université  de 
cette  ville,  puis  à  l'Ecole  centrale  du  Bas-Rhin,  mem- 
bre de  la  Société  des  sciences,  arts  et  belles-lettres  de 
Strasbourg  ;  de  la  Société  minéralogique  de  Jaena;  de 
la  Société  des  sciences  et  belles-lettres  de  Gtothem- 
bourg. 

8  février  1790.  Proposé  pour  la  nouvelle  municipalité. 


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26S  REVUE  D  ALSACE 

15  mars  1791;  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Gonsti. 
tution,  qu'a  suit  le  7  févWer  1792  à  lAuditoire  du 
Temple-Neut 

1792.  Qualifié  de  démonstrateur-maître  en  physique.  La 
science  lui  est  redevable  d'une  masse  d'^écrits  et  mé- 
moires. Son  cabinet  de  physique  passait  alors  pour 
le  plus  complet  de  France. 

Novembre  1799.  Décédé  professeur  de  physique  et  de  chimie 
à  TEcole  centrale. 

EHRMANN  (Jean-Daniel)  fils. 
1789-1792.  Professeur  au  Collège  de  médecine  à  Strasbourg. 

8  février  1790.  Proposé  pour  la  municipalité. 

Janvier  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

9  mars  — .  Secrétaire  de  cette  Société,  il  signe  une  adresse 

aux  membres  correspondants  et  particulièrement  aux 
électeurs  du  Bas-Rhin. 

7  février  1792.  Il  est  à  TAuditoire. 

6  décembre  1793.  La  Conmiission  départementale  s'empare 
des  fonds  déposés  chez  lui,  provenant  de  Behr,  ex- 
greffier de  Saveme. 

EHRMANN,  aîné. 
Rue  Salzmann,  à  Strasbourg. 
1789.  Chef  de  bureau  à  la  douane. 

31  mars  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution, qu'il  suit  le  7  février  1792  à  TAuditoire. 
En  1792.  Inspecteur  général  des  rôles  du  département  du 
Bas-Rhin. 

EHRMàNN  (François)  cadet 

1789.  Courtier  de  commerce,  rue  des  Orfèvres  à  Strasbourg. 

Février  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

27  février  — .  Sur  son  observation,  que  la  raison  et  ITiuma- 
nité  proscrivent  Tusage  de  corner  d'une  trompe  à 
certaines  heures  de  la  nuit  pour  rappeler  la  mémoire 
d^tme  prétendue  conspiration  imputée  aux  Jui&,  la 


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J^BS  HOBOCBS  DE  LA  RÉIVOLT7TION  267 

Société  arrête  qu'une  pétition  sera  adressée   à   la 

nouvelle  municipalité  pour  demander  la  suppression 

de  Tusage  de  cette  trompe. 
17  juillet  — .  Membre  du  Comité  d'administration  de  cette 

Société. 
7  féinier  1792.  Il  est  à  TAuditoire. 
25  octobre  1793.  U  sera  déporté. 
31  octobre  — .  Imposé  par  SaintJust  et  Lebas  à  8000  livres, 

qu'il  règle  le  14  suivant. 
2  novembre  — .  Porté  sur  une  liste  de  248  suspects,  il  est 

enfermé  peu  après  au  Séminaire. 
24  novembre  — .  Le  C!omité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin 

approuve  Monet  de  l'avoir  £sdt  arrêter  et  l'on  passe  à 

l'ordre  du  jour  sur  ses  réclamations  de  mise  en  liberté. 

Cependant  il  est  élargi  le  25  novembre,  et  sa  conduite 

improuvée. 

30  mai  1794.  De  nouveau  arrêté,  sous  l'accusation  d'égo&te, 

qui  a  quitté  la  Société  populaire  pour  aller  à  celle  des 
Feuillants  à  l'Auditoire. 
17  janvier  1795.  Le  représentant  Bailly  le  nomme  membre 
du  Comité  révolutionnaire  du  district  de  Strasbourg. 

EHRMANN(Jean). 

1789.  Pasteur  protestant,  demeurant  à  Strasbourg. 

31  juillet  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 

tution, avec  laquelle  il  va  à  l'Auditoire  le  7  février  1792. 
On  lui  doit  : 

1*  Politische  Strassburgische  Zeitung,  1790; 

2"  Chronique  de  Vhumanitè.  de  1790  à  1798; 

3"  NaHonalblatt  fur  dos  Niederrheinische  Départe- 
menty  1790-1791,  paraissant  par  semaine»  traitant 
principalement  de  la  vente  des  biens  nationaux. 

EHRMANN  (P.) 

1789.  Négociant  à  Strasbourg. 

Octobre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution, qu'il  suit  le  7  février  1792  à  l'Auditoire. 


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2fô  BEVUE  D'ALSACE 

EHRMANN  (J.) 
1789.  Négociant  à  Strasbourg. 

Décembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 
stitution. 

7  février  1792.  Avec  elle  à  TAuditoire. 

14 mai—.  Commandant  du  7*  bataillon  de  la  garde  na- 
tionale de  Strasbourg,  le  Directoire  le  délègue  pour 
organiser  les  gardes  nationaux  du  district  de  Benfeld. 

EMMERICH(G.) 

1789.  Négociant,  rue  Salzmann  à  Strasbourg. 

Août  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution, 
(Ju'il  suit  le  7  février  1792  à  TAuditoire. 

31  octobre  1793.  Compris  dans  l'emprunt  Saint-Just  etLebas 
pour  10,000  livres,  réglées  le  11  suivant.  Peu  après  il 
est  mis  au  Séminaire  ;  il  réclame. 

17  décembre  — .  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin, 
passe  à  Tordre  du  jour  sur  ses  réclamations.  Cepen- 
dant le  21  décembre,  il  ordonne  sa  mise  en  liberté. 

26  mai  1794.  Comme  feuillant  sectionnaire,  partisan  de  Die- 
tricb,  enfin  reconnu  dangereux  à  la  sûreté  de  la  place, 
la  municipalité  arrête  de  le  faire  incarcérer.  L'agent 
national  Mathaeus  réclame  en  sa  faveur,  il  est  sursis 
à  son  arrestation,  et  Plarr  est  chargé  de  se  renseigner 
sur  son  civisme  pour  ensuite  prendre  telles  mesures 
qu'il  sera  convenable. 

80  mai  — .  D  esUarrété  comme  meneur  de  section  et  conduit 
au  Séminaire,  où  il  resta  jusqu'après  la  chute  de 
Robespierre. 

ENGEL  (Philippe). 

11  septembre  179(K  Vice-président  de  la  Société  des  amis  de 
la  Constitution.  Il  signe  l'adresse  aux  citoyens  de 
Metz  pour  les  engager  à  se  réconcilier  avec  Nancy. 

7  février  1793.  D  va  avec  la  Société  à  l'Auditoire. 


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LES  HOBOOS  DK  LA  REVOLUTION  209 

ENGELHARDT  (GHRÉnsN-FRÉDÉaiG). 

1789.  Négociant,  Place  d'Armes,  N'  46  à  Strasbourg. 

81  octobre  1793.  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  15,000 
livres. 

8  novembre  — .  Pour  avoir  vendu  un  demi-quarteron  de  cire 
et  une  livre  d'amidon  quarante  sols,  le  tribunal  révo- 
lutionnaire le  condamne  à  3000  livres  d'amende  et  à 
800  livres  pour  le  dénonciateur.  Son  commis  de 
magasin  sera  exposé  à  la  guillotine  pendant  deux 
heures  avec  Finscription  :  «  Âvilisseur  de  la  Monnaie 
nationale.  » 

11  novembre  — .  U  régie  le  tout  à  Blanchot,  plus  300  livres 
pour  le  dénonciateur  Jean  Riss,  de  Strasbourg. 

7  octobre  1794.  Membre  du  Comité  de  surveillance  des 
hôpitaux  militaires  de  Strasbourg. 

17  janvier  1795.  Bailly  le  nomme  membre  du  Comité  révo- 
lutionnaire du  district  de  Strasbourg. 

ENSFELDER  (Jean-Daniel). 

1765.  Immatriculé  au  Directoire  de  la  noblesse. 

1789.  Notaire,  greffier  à  la  Chambre  des  contrats  de  Stras- 
bourg. 

S6  février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution, qu'il  suit  le  7  février  1792  à  TAuditoire  Jusqu'à 
sa  dissolution. 

En  1795.  D  cesse  ses  fonctions  de  notaire. 

ESCHENAUER  (F.) 

1789.  Banquier,  quai  Saint-Nicolas  à  Straaboui^. 

Avril  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution, 
qu'il  suit  le  7  février  1793  à  TAuditoire. 

En  1793.  Juge  suppléant  au  tribunal  de  commerce  de  Stras- 
bourg. 

10  novembre  1793.  Il  verse  volontairement  15,000  livres  dans 
l'emprunt  de  Saint-Just  et  Lebas  de  neuf  millions  du 
31  octobre. 

17  janvier  1795.  Bailly  le  nomme  commandant-chef  du 
7*  bataillon  de  la  garde  nationale  de  Strasbourg. 


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270  REVUE  d'albacb 

FABRY  (J.),  associé  de  Fabry  et  Jacobi. 

1789.  Négociant  à  Strasbourg,  rae  J.-J.  Rousseau. 

1790.  Proposé  pour  la  nouvelle  municipalité. 

15  janvier  — .  Fondateur  de  la  Société  de  la  révcdution,  de- 
venue le  1 1  février  Société  des  amis  de  la  Constitution, 
qu'il  suit  le  7  février  1792  à  l'Auditoire. 

31  octobre  1793.  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  20,000 
livres,  réglées  le  5  suivant. 

24  novembre  — .  S'étant  constitué  au  Séminaire  il  réclame, 

mais  en  vain. 

18  décembre.  —  Second  refus. 

17  décembre  — .  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin 
le  met  en  liberté. 

30  juin  1794.  Devant  être  mis  de  nouveau  en  prison,  il 
obtient  un  planton  pour  le  surveiller. 

4  juillet  — .  n  figure  sur  la  liste  des  avilisseurs  de  la  Monnaie 
nationale,  et  comme  tel,  on  demande  à  Paccusateur 
public,  Neumann,  s'il  faut  le  transférer  à  la  Concier» 
gerie  de  Paris,  d'après  l'arrêté  du  Comité  de  salut 
public,  ou  le  livrer  au  tribunal  criminel  du  Bas-Rhin. 
La  chute  de  Robespierre  trancha  la  question. 

1797.  Membre  du  Bureau  de  correspondance  de  commerce 
à  Strasbourg. 

FAHLMER. 

27  juillet  1792.  Secrétaire  de  la  Société  des  jeunes  amis  de  la 
Constitution  à  Strasbourg.  Il  annonce  dans  les  Affiches 
de  Strasbourg  que  plusieurs  membres  de  leur  Société, 
atteints  de  jacobinisme,  s'en  sont  retirés  pour  former 
un  club  d'après  les  principes  des  sans-culottes. 

FAUDEL,  l'alné.' 

1789.  Ex-sénateur;  il  est  proposé  le  8  février  1790  pour  la 

nouvelle  municipalité. 
Octobre  1793.  Enfermé  à  l'hôtel  de  Darmstadt. 

25  novembre  — .  Sur  sa  réclamation,  le  Comité  de  sûreté 

générale  du  Bas-Rhin,  ordonne  son  élargissement 


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LES  HOMMBS  DB  LA  RÉVOLUTION  271 

26  novembre  — .  Il  sort  de  sa  prison. 

23  avril  1794.  Administrateur  du  Directoii*e  du  district  de 

Strasbourg. 
30  juin.  Président  de  ce  Directoire. 
2  août  — .  U  félicite  la  Ck)nvention  nationale  des  mesures 

prises  contre  Robespierre,  Couthon,  Saint-Just  et 

Lebas. 

FERRAND  (C.) 

1789.  Négociant  à  Strasbourg. 

Décembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la 
Constitution. 

7  février  1792.  Avec  elle  à  l'Auditoire. 

21  novembre  1793.  Mis  en  état  d'arrestation. 

13  décembre  — .  Il  réclame  sa  mise  en  liberté  ;  mais  le 
Comité  de  sûreté  générale,  le  reconnaissant  très-dan- 
gereux par  sa  conduite  anticivique  et  ses  démarches 
pour  entraver  la  marche  de  la  révolution,  passe  outre 
sur  sa  demande;  cependant  Tarrèté  sera  communiqué 
au  représentant  Lémane. 

21  décembre  — .  D  est  mis  en  liberté. 

17  janvier  1793.  Suppléant  au  Bureau  de  conciliation  à  Stras- 
bourg. 

1800.  Membre  de  la  Commission  administrative  des  hospices 
civils  de  Strasbourg. 

FOUSTAIN  (P.) 

Septembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis   de  la 

Constitution. 
7  février  1V92.  D  raccompagne  à  TAuditoire. 

FRANTZ  (G.) 

1789.  Fabricant  de  tabacs  à  Strasbourg. 

Février^  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution, qu'il  suit  le  7  février  1792  à  l'Auditoire. 

28  septembre  1793.  Ayant  fait  de  fausses  déclarations  sur  le 
compte  de  Guerin,  le  Comité  de  sûreté  générale  du 


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?72  BKVUE  D'ALSACE 

Bas-Rhin  arrête  que  Prost  et  Wilvot  placeront  les 
scellés  sur  les  papiers  de  ces  deux  individus. 

3  décembre  — .  D  sollicite  du  même  Comité  Télargiasement 

de  Schsefer  fils,  de  Balbronn.  Refusé. 

FRIED  f  J.  H.),  licencié. 
Rue  Sainte-EMsabeth. 

1789.  Prévôt  des  chanoines  du  Chapitre  de  Téglise  collégiale 
de  Saint-Thomas.  Professeur  de  droit  naturel  à  TUni- 
versité  de  la  Confession  d'Augsbourg  à  Strasbourg. 

15  mars  1791.  Sociétaire  des  amis  de  la  Constitution,  qu'il 
suit  le  7  février  1792,  à  l'Auditoire. 

81  octobre  1793.  Saint-Just  et  Lebas  l'imposent  à  60,000 
livres,  qu'il  règle  les  5  et  11  novembre. 

21  novembre  — .  Son  arrestation  est  ordonnée. 

25  novembre  — .  Elargi  du  Séminaire,  sous  la  garde  d'un 
planton;  il  paiera  en  outre  la  contribution  comme  s'il 
était  au  Séminaire. 

17  janvier  1795.  Juge  de  paix  du  4*  arrondissement  de  Stras- 
bourg. 

FRIEDEL  (J.) 
1789.  Marchand  de  cuirs  à  Strasbourg. 
Novembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la 

Constitution. 
7  février  1792.  n  est  avec  elle  à  l'Auditoire. 

FRIES,  professeur.  Place  d'Armes. 
1789.  Régent  de  classe  au  Collège  de  rUniversité  de  la 

Confession  d'Augsbourg  et  vicaire  audit  établissement. 

Pédagogue  en  second  au  couvent  de  Saint-Guillaume. 

Prédicateur  français  à  Saint-Nicolas. 
1792.  Vicaire  à  l'hôpital  civU. 

4  décembre  1792.  De  Paris,  le  député  Laurent  demande  aux 

jacobins  s'il  est  encore  en  place,  malgré  les  demandes 
de  destitution. 
11  février  1793.  Il  lui  est  enjoint,  par  les  représentants  Cou- 


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LIS  Hoioa»  m  LA  vtftojmoH  ftli 

tarier  et  DentzeL  d'hêtre  plus  circonspect  à  Tâvenir,  et 
de  baisser  devant  la  loi  un  front  respectueux,  sinon.... 

15  octobre  — .  Déporté  à  vingt  lieues  des  frontières,  il  quitte 
la  ville  pour  revenir  plus  tard. 

90  mai  1794.  La  municipalité  ordonne  son  arrestation,  comi|ie 
partisan  déclaré  de  la  faction  du  traître  Dietrich,  au- 
teur de  plusieurs  écrits  Uberticides  pour  faire  échouer 
la  révolution  du  10  août  1792;  feuillant  fédéraliste  et 
intrigant 

FRITZ  (CaiRLES-MAXMILlEN). 

1789.  Ministre  évangélique  à  Saint-Pierre-le-Jeune,  au  coin 
de  la  rue  du  Fort  Supérieur  au  couvent  de  Saint- 
Guillaume. 

1792.  Administrateur  de  cette  fondation.  Vicaire  au  Collège 
de  rUniversité  de  la  Cionfession  d'Âugsbourg. 

22  août  1792.  Dans  ime  adresse  à  ses  concitoyens,  il  s^expli- 
que  sur  les  inculpations  portées  contre  lui  : 
l""  D'avoir  été  Tun  des  agents  de  Fréd.  Dietrich  ; 
2^  D'avoir  invité  les  citoyens,  dans  une  feuille  impri- 
mée, à  déclarer  aux  représentants  de  la  nation  que 
Fréd.  Dietrich  jouit  de  leur  confiance  ; 
9"  D^avoir  écrit  contre  les  clubs  ; 
4»  D'avoir  été  payé  par  la  liste  civile; 
5*  Que  Tesprit  de  rinstitut  protestant,  dont  il  est 
le  chef,  est  corrompu  et  infecté  d'incivisme. 

4  décembre  1792.  De  Paris,  le  député  Laurent  demande  à  ses 
frères  et  amis  les  jacobins,  s'il  est  encore  en  place, 
malgré  les  démarches  faites  pour  obtenir  sa  desti- 
tution. 

11  février  1793.  Comme  à  son  collègue  Fries^  on  lui  ei^joint 
d'être  plus  circonspect  à  l'avenir,  et  de  baisser  devant 
la  loi  un  front  respectueux,  autrement 

9  mars  1794.  De  Châlons,  le  jacobin  Rivage,  dans  une  lettre 
au  maire  Monet,  pour  se  disculper  et  prouver  qu'il  ne 
s'est  point  enrichi  pendant  la  révolution,  dit  :  «  Le  ri- 
chard Rivage  leur  répondra  encore  non;  il  ne  Va  pas 

Noorelle  Série  —  6*  Aonée.  18 


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974  BBVUB  D'ALaAOB 

volé,  il  Ta  emprunté  de  la  bourse  de  ses  amis,  pour 
rembourser  au  vieux  avare  et  professeur  FriUs  9600 
livres  pour  lui  faire  aimer  cette  momiaie  républicaine.» 

80  mai  — .  Il  sera  arrêté,  comme  partisan  déclaré  de  la  fatc- 
Uon  du  traître  Dietrich,  auteur  d'écrits  liberticides 
pour  Gedre  échouer  la  révolution  du  10  août  1792. 

9  juillet—.  Retiré  à  Barr,  la  municipalité  de  cette  petite  ville 
est  invitée  à  le  &ire  arrêter,  comme  prétrè  feuillant, 
né  adhérent  de  Dietrich*  meneur  de  section,  gâte- 
esprit  de  Strasbourg;  mais  la  Société  populaire  de 
Barr  s'opposa  formellement  à  son  arrestation,  le  prit 
même  sous  sa  protection,  en  ordonnant  à  la  munici- 
palité de  ne  point  le  faire  traduire  à  Strasbourg,  mais 
de  prendre  fiait  et  cause  pour  lui.Stamm,  agent  natio- 
nal à  Benfeld,  qui  nous  rapporte  ce  fait,  sgoute  dans 
sa  lettre  à  Monet,  datée  de  Sélestadt:  «  Je  viens  de 
prendre  les  mesures  nécessaires  pour  parer  à  tous 
ces  abus,  qui  ne  prennent  leur  source  que  dans 
régoEsme  le  plus  vil.  > 

S  septembre  — .  Aux  Jacobins,  il  est  de  nouveau  dénoncé  par 
Tisserand,  comme  chef  de  parti  de  la  foction  Dietrich. 
Heureusement  que  la  chute  de  Robespierre  mit  fin  à 
tous  ces  abus. 

FRISCHELT. 
Petites-Boucheries,  maison  Lichtenberger. 

1789.  Receveur-général  du  grand  Chapitre  de  la  cathédrale 
de  Strasbourg. 

8  février  1790.  Elu  notable. 

17  janvier  1791.  Assesseur  de  TÂssemblée  des  fidèles  de  la 
religion  catholique,  il  signale  au  Directoire  du  Bas- 
Rhin  les  dangers  dont  leur  religion  est  menacée. 

1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Cionstitution, 
qifil  suit  le  7  février  1792  à  TAuditoire. 

80  mai  1794.  Lui  et  sa  femme  sont  arrêtés  comme  aristo- 
isml&s  et  fanatiques»  et  enfermés  jusqu'après  la  chute 
de  Robespierre. 


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LIS  HOMMBS  I»  UL  BAWXUmOV  S76 

FRŒREIS3EN  (Léonaro). 

11  novembre  1797.  Officier  municipal,  commissaire  pour  le 

recollement  de  la  contribution  patriotique  et  sup- 

plèant  du  tribunal  de  la  police  municipale. 
Sjuillet  1792.  Signataire  de  l'adresse  de  la  municipalité  à 

r Assemblée  nationale,  demandant  la  poursuite  des 

auteurs  de  la  journée  du  20  juin  1792. 
18  janvier  1793.  Suspendu  provisoirement  de  ses  fonctions 

municipales. 
25  octobre  — .  Il  sera  déporté. 

2  novembre  — .  Sur  une  liste  de  2 18  suspects. 

5-7  novembre  — .  Il  paie  2000  livres  pour  sa  part  dans  Fem- 
prunt  de  Saint-Just  et  I^ebas. 

3  septembre  1794.  Le  jacobin  Tisserand  le  porte  sur  la  liste 

des  chefs  de  parti  de  la  faction  Dietrich,  au  nombre 
de  onze. 
17  janvier  1795.  Juge  au  tribunal  civil  de  Strasbourg. 

1803.  Juge  au  tribunal  crimuiel  du  Bas-Rhin. 

1804.  n  en  est  le  président 

FROSCH(F.) 

1789.  Directeur  de  la  loterie  à  Strasbourg. 

Juin  1790.  Reçu  membre  de  la  Société  des  amis  de  la 

Cionstitution. 
7  février  1792.  D  est  à  PAuditoire. 

GALLIMARD. 

12  novembre  1792.  Administrateur  des  subsistanoes  miU- 

taires  à  Strasbourg. 
2  novembre  1793.  Son  père  et  toute  la  famille  figurent  sur 

une  liste  de  gens  suspects,  dressée  par  le  Comité  de 

sûreté  générale  du  Beus-Rhin. 
6  et  10  novembre  — .  Il  verse  20,000  livres  pour  sa  part  dans 

remprunt  du  31  octobre,  décrété  par  Saint-Just  et 

Lebas.  Peu  après,  il  est  mis  au  Séminaire 
11  décembre  — .  U  sortira  du  Sé.ninaire  pour  vaquer  à  ses 

affidres,  avec  planton,  et  y  rentreraà  6  heures  du  soir. 


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498  RkVUX  I>*iALfiAOK 

18  décembre  — .  Il  sera  élargi  du  Séminaire,  pour  rendre  ses 

comptes,  avec  planton,  et  ses  comptes  remis  il  retots^ 

nera  au  Séminaire. 
17  décembre  1794.  Gomme  receveur,  il  enregistre  au  droit 

de  vingt  sols  Tinveutaire  des  objets  trouvés  chez 

Monet 

GELIN  (G.) 

1789.  Curé  de  la  paroisse  de  Saint-Louis  à  Strasbourg. 

30  septembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la 

Constitution.  Dans  la  même  année  un  sieur  Laurent 

lui  adresse  les  vers  suivants  : 

Au  ci-devant  cmré  de  Soùit-Loms» 

Tu  te  trahis  enfin,  fier  et  vaillant  athlète, 
Et  ton  impiété  ne  sera  pas  secrète  : 
Avec  un  front  d'airain,  qui  jamais  ne  rougit. 
Tu  bravas  jusqu'ici  la  honte  et  le  mépris; 
£mule  de  Mathan,  tu  veux  braver  encore 
Une  religion  que  ton  cœur  déshonore. 
Accomplis  ton  serment,  il  est  digne  de  toi; 
Jure  d'être  parjure  à  ton  Dieu,  à  ta  foi! 
Malheureux,  les  licteurs»  qui  t'entourent  sans  cesse, 
Ne  pourront  écarter  tes  remords,  ta  détresse  ; 
Grois-moi,  fuis  loin  d'ici,  ton  front  audacieux 
Désormais  ne  pourra  que  nous  être  odieux. 

8  mars  1791.  A.  ladite  Société  il  fait  hommage  de  12  exem- 
plaires du  discours  qu'il  a  prononcé  lors  de  la  presta- 
tion de  son  serment  à  la  Cionstitution. 

n  ne  figure  pas  sur  la  liste  des  jacobins,  et  n'a  pas 
suivi  les  constitutionnels  à  TÂuditoire  le  7  février 

1792. 

GEOFFROY  (L.) 

1789.  Officier  d'artillerie  à  Strasbourg. 

JuiUet  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

GÉRARD  (Â.) 

1790.  Médecin-docteur  à  l'hâpital  militaire  de  Straabouig. 
Février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Gonstitu* 

tfon,  qu'A  suit  le  7  février  1792  à  l'Auditoire. 


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LES  HUMUS  DB  LA  RÉTOLUTION  397 

GÉRARDON(G-) 

1790.  Employé  au  Département  du  Bas-Rhin. 
Février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Gonstitu- 
tion,avec  laquelle  il  est  le  7  février  179S  à  FAuditoire. 

GEROLD(J.) 

Avant  1789.  Fumiste  à  Strasbourg,  fkubourg  de  Saverae,  88. 
Juillet  1790.  membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Gonsti^* 

tution. 
7  février  1793.  Avec  eUe  à  l'Auditoire. 

GEYLER  (M.) 

1789.  Passementier  à  Strasbourg. 

Août  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution» 
qu'il  suit  le  7  février  1792  à  TAuditolre. 

GIRARD  (V.) 

1780.  Docteur  en  médecine  à  Strasbourg. 
Juillet  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

7  février  1792.  Avec  elle  à  PAuditoire. 

GIVERNE  (P.) 

1789.  Sous-directeur  de  la  loterie  à  Strasbourg. 
14  mai  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constîtu* 
tion,  qu'il  suit  le  7  février  1792  à  l'Auditoire. 

GLODTIER  (Alexis). 
Rue  des  Charpentiers. 

Juin  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  C(mstitution. 

17  décembre  — .  Président  de  cette  Société  En  prenant  pos- 
session du  Êiuteuil,  il  prononce  un  discours  se  termi- 
nant ainsi:  «Aujourd'hui  la  liberté  de  penser,  de 
parier  le  langage  de  la  raison  est  une  propriété  sacrée 
et  commune  à  tous  les  Français.  * 

8  aoftt  1791.  Elu  membre  de  l'administration  du  Bas-Rhin  : 

constituée  le  26  suivant,  elle  le  choisit  pour  membre 
dtt;  DioeotûTO  MUS  la  piMdencaf  da  VMor  d^ 


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278  BBVUB  d'alsaob 

14  novembre  —.Elu  notable  du  Conseil  municipal  de  Stras- 
bourg. 

7  février  1792.  n  esta  l'Auditoire  avec  la  Société  des  amis  de 

la  Constitution. 

8  avril  — .  Avec  le  maréchal  Luckner  et  quelques  autres 

membres,  il  propose  la  fusion  de  la  Société  avec  celle 
des  jacobins,  mais  elle  est  repoussée  par  la  msgorité. 

Sjuillet— .  Au  Directoire  il  signe  Tadresse  à  l'Assemblée 
nationale  demandant  la  poursuite  et  la  punition  des 
auteurs  de  la  journée  du  20  juin. 

21  août  — .  N'ayant  pas  voulu  retirer  sa  signature  de  l'arrêté 
interdisant  les  réunions  des  Sociétés  politiques,  il  est 
suspendu  de  ses  fonctions  d'administrateur  du  dépar- 
tement 

21  novembre  — •  Partisan  de  Dietrich,  le  jacobin  Ph.  Simond 
l'attaque  dans  une  lettre  de  Paris  aux  sans-culottes 
de  Strasbourg  :  «  Dietrich  est  à  l'abbaye,  il  tait 
vaquer  lli}rpocrite.  Gloutier  auprès  de  Condorcet  et 
autres  pour  se  fiiire  laver,  mais  ses  taches  me  parais- 
sent trop  profondes  pour  être  si  vite  effacées.  » 

6  décembre  — .  Malgré  cette  sortie,  il  est  élu  of&cier  muni- 
cipaL 

18  janvier  1793.  Révoqué  de  ces  fonctions. 

11  février —.n  est  ordonné  à  la  municipalité  de  le  foire  sortir 
de  Strasbourg  dans  le  plus  bref  délai,  sans  qu'il  puisse 
se  retirer  dansles  départements  limitrophes  de  l'Alsace . 
Ayant  été  le  précepteur  des  deux  fils  de  Tinfortuné 
Fréd.  dd  Dietrich,  celui-ci,  dans  son  acte  de  dernière 
Volonté,  daté  de  la  maison  d'an'ét  de  Besançon  le 
.  7  février  1793,  le  conjure  de  leur  continuer  ses  conseils 
et  sa  tendresse,  et  recommmde  à  sa  femme  et  à  ses 
deux  garçons  l'acquittemant  exact  de  la  pension  via- 
gère qu'il  avait  assurée  à  ce  filMe  ami,  lorsqu'il  con- 
sentit à  se  charger  de  l'éducation  de  ses  deux  fils.  Si 
vous  êtes  vertueux  et  bons  citoyens,  vous  lui  en  avez 
Tobligation.  Il  a  tout  foit  pour  conserver  votre  père  ; 
il  lui  a  procuré  et  donné  dans  les  lieux  où  il  a  été 


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LBS  H01IMB8  DB  LA  BtTOLUTIOM  979 

successivement  détenu,  des  consolations  qu^une 
estime  réfléchie  et  TamiUé  la  plus  fervente  peuvent 
seules  imaginer.  H  a  diminué  Tamertume  des  dernière 
jours  de  ma  vie  ;  plus  d'une  fois  il  a  exposé  la  sienne 
pour  me  la  sauver. 

GODAILU  (J.) 

1789.  Officier  d'artillerie  à  Strasbourg. 
Juin  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Ck)nstitution, 
jusqu'à  son  départ  pour  Tannée. 

GOSSEL  (Â.  X.) 

1789.  Sellier  à  Strasbourg. 

1790.  L'un  des  secrétaires  du  district  de  Strasbourg. 

26  février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Gonstt* 

tution,  qu'il  suit  le  7  février  1793  à  l'Auditoire. 
95  octobre  1793.  Il  sera  déporté  par  ordre  du  Comité  de 

sûreté  générale  du  Bas-Rhin. 
2  novembre  — .  Le  même  Comité  le  Êdt  figurer  avec  sa 

femme  sur  une  liste  de  248  suspects. 
26  février  1794.  Secrétaire -adjoint  de  l'administration  du 

district  de  Strasbourg. 
5  octobre  — .  De  même. 

GRUN  (Jean-Jacoubs). 

Avant  1789.  Aubergiste  à  la  Pomme-d'Or,  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution qui,  le  1 1  suivant,  devint  Société  des  amis  delà 
Constitution. 

8  février —.  Elu  officier  municipal.  • 

11  novembre  — .  Maintenu. 

14  novembre  1791.  Idem,  chargé  de  la  contribution  foncière 
et  mobilière.  Suppléant  au  tribunal  de  police  muni- 
dpale. 

7  février  1792.  Il  est  à  l'Auditoire. 

Sjuillet— .  Signataire  de  l'adresse  de  la  municipalité  à 
l'Assemblée  nationale  demandant  la  poursuite  et  la 
punition  des  auteurs  de  la  journée  du  20  juin. 


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280  REYUK  d'alsaœ 

â3  août  — .  Maintenu  en  fonctions  sous  le  maire  Lachaasse. 
11  mai  1793.  Signataire  de  Tadresse  de  la  8*  section  de  la 

Commune  à  la  Convention  nationale  demandant  le 

bannissement  d'Euloge  Schneider  de  la  ville,  même 

de  la  République. 
8  octobre  — .  D  donne  sa  démission  d'officier  municipal;  c'est 

Torfèvre  Lusigny  qui  le  remplace. 
31  octobre  — .  Imposé  à  2000  livres  par  Saint-Just  et  Lebas. 

2  novembre  — .  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin  le 

signale  comme  suspect. 
5  novembre  — .  Il  paie  sa  taxe  de  2000  livres. 
21  novembre  — .  Enfermé  au  Séminaire. 

28  novembre  — .  n  réclame  sa  mise  en  liberté.  Le  Comité  de 

surveillance  générale  passe  outre.  Après  la  câiute  de 
Schneider,  il  fut  mis  en  liberté. 
30  mai  1794.  De  nouveau  incarcéré  par  ordre  du  Gonsefl 
mimicipal,  comme  partisan  de  Dietrich,  fédéraliste, 
libéré  après  la  chute  de  Robespierre. 

20  septembre  — .  Membre  du  Comité  de  surveillance  de  la 

ville  de  Strasbourg,  oif;anisé  par  le  r^résentant 
Foussedoire. 
17  janvier  1795.  Membre  du  Bureau  de  conciliation  de  Stras- 
bourg. Il  était  alors  aubergiste  à  la  Maison  rouge 
sur  la  place  d'Armes. 

GUÉRIN  (E.) 

1789.  Secrétaire  au  Bureau  des  Ponts-et-chaussées  en  la  pro- 
vince d'Alsace. 

29  mai  1790.  Secrétaire  en  chef  du  Département  de  police. 
Décembre  — .  Secrétaire  du  maire  Dietrich. 

Décembre  — .  Meml;>re  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution, qu'il  suit  à  l'Auditoire. 
1791  et  1792.  Secrétaire  particulier  au  bureau  delà  mairie. 
23  octobre  1793. 11  sera  éloigné  des  frontières. 
2  novembre  — .  Porté  sur  une  liste  de  248  suspecta 

21  novembre—.  Maintenu  secrétaire  àla  mairie,  il  demande 


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LES  HOmifiS  DE  LA  BftVOLUTION  %! 

à  rofflcier  manicipal  Jung,  à  la  réquisition  de  qui  et 
par  qui  les  scellés  ont  été  mis  chez  Salmon. 

2  février  1794  Chef  au  bureau  de  police,  il  vise  un  arrêté  du 
maire  défendant  aux  marchands  de  vendre  du  sucre 
à  qui  que  ce  soit  autrement  que  sur  un  certificat  d\m 
officier  de  santé,  visé  par  la  police. 

26  mai  -  .  Il  est  mis  au  Séminaire  comme  ex-secrétaire  du 
maire  Dietrich,  ayant  déjà  reçu  ordre  le  23  octobre 
1793  de  s'éloigner  des  frontières  du  Bas-Rhin. 

Septembre  — .  Bfis  en  liberté. 

1800.  Econome  à  l'hôpital  civil  de  Strasbourg. 

GUÉRIN  (Christophe). 

1789.  Graveur  en  taille-douce  à  Strasbourg. 

Avril  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 

17  décembre  — .  H  ofire  à  cette  Société  sa  gravure  reprodui- 
sant Taction  héroïque  du  héros  de  Nancy,  le  citoyen 
Desisles. 

1791.  Graveur  à  la  Monnaie  de  Strasbourg,  où  il  loge. 

7  février  1792.  Il  suit  les  amis  de  la  Constitution  à  TÀuditoire. 

GUIDINâLE  (Jean-Baptiste). 

1789.  Négociant  à  Strasbourg. 

Décembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 
stitution. 

7  février  1792.  H  est  avec  elle  à  TAuditoire  jusqu'à  sa  disso- 
lution. 

GUIOT  (C.) 

1789.  Quartier-maitre  d'artillerie  à  Strasbourg. 

Avril  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 

7  février  1792.  Il  la  suit  à  l'Auditoire.         ^ 

GUPPENBERGE(DE). 

Février  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution avec  laquelle,  le  7  février  1792»  il  est  encore  à 
l'Auditoiva 


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HANTZMETZOER  (À.) 

1789.  Cafetier  à  Strasbourg. 

Février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Gonsfr 
tution. 

7  février  1792.  A  l'Auditoire. 

H  ATT  (Daniel). 

1789.  Brasseur  à  Strasbourg. 

8  février  1790.  Membre  du  Comité  militaire,  il  est  {ffoposè 

pour  b  nouvelle  municipalité. 
Juillet  — .  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution 
qu'il  suit  le  7  février  1792  à  l'Auditoire  du  Temple- 
Neuf. 

HADTERIVE  (de). 

1789.  Officier  du  Génie  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 

lution. 
11  février  — .  Changée  en  celle  des  amis  de  la  Constitution, 
avec  laquelle  il  reste  jusqu'à  son  départ  pour  Tannée. 

HEBEISEN  (jEâN*<}E0ROES). 

1789.  Droguiste,  Grandes- Arcades. 

8  février  1790.  Proposé  pour  la  municipalité. 

Septembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la 

Constitution. 
14  novembre  1791.  Elu  notable. 

7  février  1792.  Il  suit  ses  amis  de  la  Constitution  à  TAuditoire. 

8  juillet  — .  Officier  municipal.  Signataire  de  l'adresse  de  la 

municipalité  à  l'Assemblée  nationale,  demandant  la 
poursuite  et  la  punition  des  auteurs  de  la  journée  du 
20  juin. 

16  février  1793.  Il  lui  est  ordonné  de  tenir  dorénavant  une 

conduite  plus  prudente,  et  d'ouvrir  enfin  les  yeux  sur 
las  dangers  auxquels  des  malintentionnés  TexposeoL 
31  octobre  — .  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  40,000  livres, 
qu'il  règle  les  5, 7  et  12  novembre  suivant 


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LES  HOMilBS  DB  UL  SUVOLUTION  98 

31  novembre  — .  Mis  au  Séminaire. 
7  décembre  — .  Elargi  moyennant  10,000  livres  qu^il  verse  à 
Blanchot 

HECHT. 

1789.  Pharmacien  à  Strasbourg. 

1792.  Commandant  du  second  bataillon  de  la  garde  natio- 
nale de  Strasbourg. 

Novembre  1793.  Responsable  de  son  employé  qui  doit  avoir 
vendu  trop  cher  quelques  grammes  de  poudre  de 
rhubarbe,  il  est  condamné  à  15,000  livres  d'amende, 
quMl  verse  le  11  à  BlanchoL 

14  novembre  — .  Destitué  de  commandant,  mis  en  arresta- 
tion et  conduit  en  prison  à  Dijon,  pour  y  rester 
comme  otage  jusqu'à  la  paix. 

13  avril  1791.  Simon,  notable  de  la  commune,  se  rétracte  en 
sa  faveur  devant  le  Comité  dé  sûreté  générale  du  Bas- 
Rhm. 

30  mai  — .  Sa  femme,  comme  ennemie  de  Tégalité,  est  enfer- 
mée par  ordre  de  Mathaeus,  agent  national. 

24  juillet  — .  De  Paris,  le  député  Rûhl  atteste  qu'il  le  connaît 
de  personne  et  de  réputation,  qu'il  passe  pour  être  un 
des  meilleurs  chimistes  de  la  République,  très-utile 
en  cette  partie  et  dans  celle  de  la  pharmacie. 

17  janvier  1795.  Il  refuse  au  représentant  Bailly  le  comman- 
dement de  son  ancien  bataillon. 

HEITZ  (Jean-Henri)  père. 

Avant  1789.  Imprimeur  à  Strasbourg,  près  du  collège  de 
Saint-Guillaume. 

8  février  1790.  Proposé  pour  la  nouvelle  municipalité. 

30  novembre  — .  U  propose  la  création  d'une  caisse  de  crédit. 

Février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

il  novembre  — .  Elu  notable  pour  un  an  en  remplacement 
d^'Arfoogast 

7  février  1792.  H  est  à  l'Auditoire. 


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SA  BKYUB  Jy' ALSACE 

8  juillet  — .  Officier  municipal,  il  signe  Tadresse  à  rAssem- 
blée  nationale  demandant  de  poursuivre  et  punir  les 
fauteurs  de  la  journée  du  2t)  juin. 

12  août  — .  Signataire  de  la  circulaire  à  ses  concitoyens,  les 
engageant  à  la  conservation  de  la  Constitution  entre 
les  mains  du  roi  Louis  XVI. 

22  août  et  6  décembre  — .  Elu  notable. 

18  janvier  1793.  Maintenu  comme  notable  par  les  représen- 
tants Couturier,  RQhl  et  Dentzel;  mais  ayant  déjà 
offert  sa  démission  une  première  fois  le  19  août  1792, 
il  est  remplacé,  le  21  janvier,  par  Helck,  brasseur. 

5  décembre  — .  Conduit  au  Séminaire. 

7  décembre  — .  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin  le 
taxe  à  15,000  livres. 

11  décembre  — .  Il  verse  3000  livres  à  valoir. 

24  décembre  — .  Mis  en  liberté. 

30  mai  1794.  La  municipalité,  sur  la  réquisition  de  son  agent 

national,  ordonne  de  nouveau  son  arrestation. 

31  mai  — .  Incarcéré  au  Séminaire,  jusqu^à  la  chute  de 

Robespierre,  juillet  1794. 
17  janvier  1793.  Le  représentant  Bailly  le  nomme  notable. 
1798.  Commissaire  de  police  de  la  6"*  section,  rue  de  POutre, 

HERRENBERGER. 
Ruelle  des  Prêtres,  à  Strasboui^. 

Mars  1791.  Vicaire  épiscopal  de  Téglise-cathédrale  de  Stras- 
bourg, nommé  par  Brendel  évoque  assermenté. 

22  octobre  — .  Il  se  prononce  contre  le  discours  de  Schneider 
en  faveur  du  mariage  des  prêtres. 

HERRENSCHNEIDER  (Jean-Louis)  fils. 
Né  à  Grehweiler,  près  de  Kreuznach,  le  23  mars  1760. 

Son  père  ayant  été  appelé  comme  prédicateur  i 
Strasbourg  en  1772,  il  put  fréquenter  les  cours  de 
rUniversité  de  cette  ville  et  fut  promu  successivement 
aux  grades  de  maître  ës-arts  et  de  docteur  en  philo- 
sophie. 


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LR8  HOMim  OB  L4  BftVOLUTION  SK 

1785.  n  est  reça  licendé  ès-lois. 

Son  oncle  étant  mort  en  1784,  il  le  remplaça  comme 
professeur  de  mathématiques,  et,  en  1789,  il  obtint 
cette  chaire  en  remplacement  d'Ëlie  Brackenhofer. 
1790.  n  fit  un  voyage  scientifique  à  Paris,  à  Londres  et  en 

Allemagne. 
15  février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution, qu'il  suit  le  7  février  1792  à  FAuditoire. 
17  octobre  1793.  Aux  Jacobins  il  est  porté  sur  une  liste  de 

proscription  de  20  citoyens  de  Strasbourg. 
80  mai  1794.  Enfermé  au  Séminaire,  d'où  il  ne  sort  qu'après 
la  chute  de  Robespierre. 

Plus  tard,  nommé  membre  delà  Commission  char 
gée  de  rétablissement  du  système  métrique. 

Il  concourut  aussi  à  Torganisation  de  TEcole  cen- 
trale de  Strasbourg,  dont  il  devint  professeur  de  chi- 
mie et  de  physique.  Cette  école  ayant  été  transformée 
en  Académie,  il  occupa  les  mêmes  chaires  à  la  Faculté 
des  sciences. 

Retraité  en  1827  avec  le  titre  de  professeur  hono- 
raire, il  continua  cependant  à  enseigner  la  logique  et 
la  métaphysique  au  Séminaire  protestant. 

Bibliothécaire  de  Strasbourg  jusqu'à  sa  mort,  20  jan- 
vier 1848. 

HERRMANN  (Jean-Frédéric). 
Marché  aux  poissons. 

1784.  Secrétaire-adjoint  de  la  Chambre  des  XV. 

1789.  Secrétaire  de  la  même  Chambre. 

8  février  1790.  Substitut  du  secrétaire  du  Conseil  général  de 

la  commune  sous  F.  de  Dietrich. 
11  novembre  — .  Maintenu  dans  ces  fonctions. 
14  novembre  1791.  De  même. 
S2  août  1792.  Il  reste  en  place  sous  le  maire  provisoire  La- 

chausse. 
Peu  de  temps  après,  il  passe  officier  municipal, 

Braun  étant  maire  provisoire. 


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ZSO  RBVCS  D  ALSAGB 

6  décembre  — .  De  nouveau  secrétiire  sous  le  maire  provi- 
soire de  Tûrckheim. 

18  janvier  1793.  Procureur  du  Conseil  de  la  commune,  Saum 
étant  maire. 

3  octobre  — .  Destitué  comme  aristocrate  avéré,  regrettant 
les  chaînes  de  Fancien  régime.  Il  a  sans  cesse  entravé 
les  mesures  révolutionnaires. 

14  octobre  — .  D  sera  reclus  au  Séminaire. 

17  octobre  — .  Aux  Jacobins,  il  tient  la  tête  d'une  liste  de 
proscription. 

17  janvier  1795.  Le  représentant  BaiUy,  en  le  qualifiant 
d'homme  de  lettres,  le  réinstalle  procureur  de  la 
commune  de  Strasbourg. 

12  octobre  - .  Destitué  par  le  représentant  Fricot  On  lui  re- 
prochait la  convocation  et  la  permanence  des  douase 
sections  de  la  viUe. 

21  octobre  — .  Elu  député  du  Bas-Rhin  à  TAssemblée  légis- 
lative. 

1795-1796.  Membre  du  Conseil  des  Cinq-Cents. 

1793-1799.  Son  mandat  est  continué  pour  trois  ans  aux 
Cinq-Cents. 

6  décembre  1800.  Maire  de  Strasbourg  en  remplacement 
d'Etienne  de  Livio.  Il  conserva  cette  charge  jusque 
fin  de  1805,  pour  faire  place  à  L  Wangen  de  Gérolds- 
eck.  N'ayant  point  répondu  d'une  manière  satisfai- 
sante à  une  demande  à  lui  posée  par  Napoléon  I*, 
lors  de  son  passage  par  Strasbourg,  il  donna  sa 
démission  le  même  jour. 

Décédé  doyen  de  la  Faculté  de  droit,  membre  du 
Directoire,  du  Consistoire  de  la  Confession  d'Àugs- 
bourg  et  chevalier  de  la  Légion  d'Honneur. 

U  a  aussi  été  président  de  la  Société  d'agriculture, 
sciences  et  arts  de  Strasbourg. 

Nous  lui  devons  :  Notices  historiques^  statistiques  et 
littéraires  sur  la  viUe  de  Strasbourg,  1817. 


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LIS  H01IIIB8  ra  LA  BÉVOLVnOM 


HERRMANN. 
A  la  Grande  Prévôté. 

Avant  1789.  Conseiller-secrétaire  du  Grand-Chapitre  et  rece- 
veur particulier  dudit 

Avant  1789.  Procureur  général  et  député  de  Sélestadt  aux 
Etats  généraux. 

8  février  1790.  Qualifié  do  baillif,  il  est  proposé  pour  la  nou- 
velle municipalité. 

2  novembre  1793.  Comme  ex-receveur  du  Grand-Chapitre 
de  la  cathédrale  de  Strasbourg,  lui  et  sa  famille 
figurent  sur  une  liste  de  248  suspects,  et  mis  au 
Séminaire. 

25  novembi^  — .  Sa  réclamation  au  Comité  de  sûreté  géné- 
rale du  Bas-Rbiu»  est  renvoyée  à  Fadministration  des 
établissements  publics.  Peu  après  mis  en  liberté. 

19  décembre  — .  Commissaire  pour  la  vérification  des  comptes 
de  recettes  et  de  dépenses  des  agents  chargés  de  la 
levée  des  taxes  révolutionnaires  dans  le  district  de 
Strasbourg. 

HEYDEL  (Daniel)  fils. 
Jardinier-cultivateur  à  Strasbourg. 

8  février  1790.  Proposé  pour  la  nouvelle  municipalité. 

31  octobre  1793.  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  10,000 

livres,  qu'il  paye  les  6,  7  et  9  novembre. 
17  janvier  1795.  Officier  municipal. 

HILLIERS(d'). 

1789.  Officier  au  régiment  d'Alsace  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution, mais,  dès  le  11  février  suivant,  Société  des  amis 
de  la  Constitution,  avec  laquelle  il  resta  jusqu'au 
départ  de  son  régiment. 

HIMLY. 

Avant  1789.  Négociant  à  Strasbourg. 
Janvier  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 


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S88  BBVUB  D'ALSACB 

7  février  1792  Avec  elle  à  T Auditoire. 

4  juillet  1794.  Dénoncé  comme  avilisseur  de  la  Monnaie 
nationale  (les  assignats)  il  est  mis  au  Séminaire,  mais 
pour  peu  de  temps,  la  faction  Robespierre  ayant  été 
renversée  dans  le  même  mois. 

mRN  (FuiLNçois). 

1789.  Négociant,  marché  aux  Herbes  à  Strasbourg. 

17  janvier  1791.  Assesseur  de  l'Assemblée  des  fidèles  catho- 
liques, il  s'adresse  au  Directoire  du  Bas-Rhin  pour  lui 
signaler  les  dangers  dont  les  pasteurs  sont  menacés. 

16  février  1793.  On  lui  ordonne  d'être  plus  circonspect  à 

Tavenir.  D  sera  exercé  à  son  égard  une  surveillance 
sévère. 

17  octobre —.  Les  jacobins  réclament  sa  proscription  à 

TAdministration  du  Bas-Rhin. 
31  octobre  — .  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  10,000  livres, 

qu'il  règle  les  5  et  7  suivant 
25  ihai  1794.  Les  jacobins  le  portent  sur  une  nouvelle  liste 

de  suspects. 
30  mai  — .  Il  est  emprisonné,  ainsi  que  sa  femme,  connue 

par  ses  promenades  contre-révolutionnaires,  pour 

provoquer  les  soldats  contre  la  liberté. 

Etienne  Babtb. 
(La  suite  h  la  prochaine  Uvraiion.) 


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DOCUMENTS 


POUR   SERVIR  A 


LA  NUMISMATIQUE  DE  L'ALSACE 


No  3 


Monnaies  et  médailles  d'Alsace  inédites  ou  peu 
connues,  tirées  des  principaux  cabinets  publics 
et  particuliers 


L'opoflcale  qae  je  présente  aujourd'hui  au  public  dea  spé* 
cialistes  est  le  résultai  de  nombreuses  recherches,  tant  dans 
nos  collections  françaises  que  dans  celles  d*outr6-Rhin.  En 
publiant  ce  simple  recueil  de  notes  et  de  descriptions  accom- 
pagnées de  quelques  bonnes  planches  —  qui  atténueront,  je 
Tespère,  un  peu  Paridité  du  travail,  —  je  m'adresse  surtout 
aux  amateurs  nombreux,  que  ne  satisfait  pas  assez  Touvrage 
de  Berstett,  de  jour  en  jour  plus  insuffisant  pour  le  sujet  qui 
nous  occupe. 

Si  nons  jetons  les  yeux  sur  ce  monument,  malheureuse- 
ment unique,  de  notre  numismatique  alsacienne,  nous  verrons, 

NonyeUe  Série.  —  6*  Année.  19 


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290  REVUB  D'ALSACE 

en  effet,  immédiatement,  dans  les  nombreux  défauts  qu'il 
présente,  un  sujet  bien  légitime  de  mécontentement;  encore 
s'il  n'était  qu'incomplet,  ce  serait  à  tort  qu'on  lui  en  ferait 
un  sujet  de  reproches;  car  chacun  sait  qu'en  fait  de  numis- 
matique, toute  description,  tout  catalogue  de  médailles  ne  peut 
être  tenu  au  courant  (grâce  aux  découvertes  qui  se  succèdent 
si  rapidement  dans  certaines  séries)  qu'au  moyen  de  nom- 
breux suppléments  qui  doublent,  triplent  et  quadruplent  faci- 
lement le  corps  de  l'ouvrage  ;  pour  être  Juste,  disons  avant 
tout  à  la  louange  de  Berstelt,  qu'il  a  parfaitement  su  utiliser 
les  matériaux  assez  restreints  qui  étaient  à  sa  disposition  de 
son  temps.  Mais  ce  que  Ton  peut  lui  reprocher  avec  raison, 
c'est  d'avoir  dans  son  Jivre  (écrit  en  allemand  et  resté  ignoré 
ou  incompris  de  la  plupart  des  amateurs  de  monnaies  fran- 
çaises) négligé  toute  critique  historique;  de  simples  descrip- 
tions, tout  en  suffisant  h  faire  connaître  une  pièce,  ne  peuvent 
donner  au  sujet  tout  l'intérêt  que  fournît  l'indication  du  temps, 
du  lieu,  des  circonstances  diverses  qui  ont  amené  son  émis- 
sion. L'ordre  chronologique,  si  favorable  aux  recherches,  est 
négligé;  les  divisions  ne  sont  pas  assez  marquées.  Ton  ren- 
contre tantôt  plusieurs  monnaies  décrites  sous  un  même 
numéro  et  tantôt  des  pièces  décrites  sans  indication  de  numéro, 
le  tout  accompagné  de  planches  détestables  qui,  bien  que  gra- 
vées, n'en  présentent  pas  moins  l'apparence  de  mauvaises 
lithographies. 

La  refonte  d'un  tel  ouvrage  serait  assurément  utile  et  très 
désirable;  mais  elle  présente  des  difScultés  nombreuses,  comme 
m'en  a  convaincu  l'étude  de  plus  d'une  collection. 

Outre  les  recherches  multiples  auxquelles  il  faudrait  se 


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NUMISMATIQUE  DE  L'âLSACE  291 

livrer  dans  les  archives  et  dans  les  bibliothèques,  travail  qui, 
tout  en  nécessitant  beaucoup  de  temps,  n'est  pas  précisément 
du  ressort  du  numismate  proprement  dit,  il  j  aurait  encore 
d'autres  questions  à  résoudre  : 

On  ne  pourrait,  par  exemple,  se  dispenser  de  citer  les 
variétés  innombrables  qui  font  la  richesse  de  la  suite  alsa- 
cienne :  delà^  nécessité  de  s'arrêter  aux  différents  monétaires, 
au  style,  à  la  forme  des  lettres,  au  titre  et  au  poids.  D'ail- 
leurs, ces  variétés  ne  se  prêtant  guère  à  la  description,  l'au- 
'teur  serait  forcé  de  les  faire  graver  pour  ainsi  dire  toutes. 

Nombre  de  pièces  importantes  décrites  dans  les  anciens 
auteurs  ayant  disparu  des  médaillers,  il  serait  obligé  (sans 
même  pouvoir  en  vérifier  l'authenticité)  de  reproduire  ces 
descriptions,  ces  gravures,  à  moins  de  les  négliger  entière- 
ment, ce  qui  amènerait  des  lacunes  regrettables  dans  les 
planches. 

Ajoutons  que  le  contrôle  des  ouvrages  de  numismatique 
est  tel  aujourd'hui,  qu'il  n'est  plus  guère  permis  à  un  auteur 
de  décrire  une  pièce  sans  l'avoir  réellement  vue,  ou  du  moins 
sans  en  avoir  eu  une  bonne  empreinte  entre  les  mains. 

Il  s'agirait  aussi  de  déterminer  préalablement  les  limites 
du  travail  à  effectuer,  ce  qui  amènerait,  par  exemple,  les 
questions  suivantes  : 

Quelles  sont  les  pièces  des  landgraves  d'Alsace  sortant  de 
l'atelier  d'Ensisheim,  et  comment  doit-on  les  distinguer  de 
celles  qu'ont  fournies  lés  autres  ateliers? 

Faut-il  admettre  dans  la  suite  alsacienne  les  monnaies  des 
Hanau-Lichtenberg,  ou  doit-on  les  éliminer  ? 

Même  question  pour  les   pièces   des  Rappolstein,    des 


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XHM  REVUE  D  ALSACE 

princes  de  Waldeck  et  de  Pyrmont,  et  celles  de  Phalsbourg 
et  Lizheim. 

Pourquoi  telle  ou  telle  localité  n*a-t-elle  pas  fait  usage  de 
son  droit  de  battre  monnaie  ?  Y  a-t-il  là  des  raisons  écono- 
miques ou  défaut  de  trouvailles  ? 

A  quel  cadre  doit-on  s'en  tenir?  Faut-il,  oui  ou  non,  dépas- 
ser Tannée  de  la  réunion  de  F  Alsace  à  la  France  ? 

Nous  ne  parlons  pas  de  certaines  difficultés  d'un  autre 
genre,  qui  sont  loin  d'être  tranchées  :  les  mérovingiennes 
attribuées  à  une  localité  du  Haut-Rhin,  les  carlovingiennes 
données  à  tiernay,  les  incertaines  des  évéques  de  Strasbourg, 
les  bractéates  muettes,  etc. 

'  On  voit  que  le  remaniement  de  Berstett  n'est  pas  aisé,  et 
que  peu  de  provinces  sont  aussi  difficiles  à  traiter  que  notre 
Alsace.  Il  faut  néanmoins  espérer  qu'il  se  trouvera  un  jour 
un  amateur  dévoué  pour  Tentreprendre;  quant  à  moi,  je  serai 
heureux  si  les  matériaux  que  j'ai  pu  recueillir  dans  mes 
voyages  pouvaient  contribuer  à  donner  l'idée  de  l'urgence 
de  cette  refonte  et  en  faciliter  l'axécution. 

Au  Havre,  en  novembre  1876. 

Arthur  Exgel 


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NUMISMATIQUE  DE  L* ALSACE 


COLMAR 

Berstett,  n**  1  (Gulden  en  or). 

Mes  recherches  pour  découvrir  un  exemplaire  du  Gulden  en  or,  décrit 
par  ScHOEPFLiN,  et  après  lui  par  Berstett',  ont  été  infructueuses.  Un 
passage  fort  obscur  de  Hunckler  (Geschichte  der  Stadt  Colmar^  1844, 
p.  50)  peut  faire  supposer  que,  dans  le  Cabinet  impérial  de  Vienne,  Tau- 
teur  a  vu  des  monnaies  d^or  parmi  d'autres  monnaies  de  Coli^r.  A 
Vienne,  comme  ailleurs,  mes  recherches  ont  été  vaines  et  il  ne  m^a  pas 
été  donné  de  voir  en  original  l'aureus  de  Colmar. 

Berst.,  n*»  2  (Thaler  de  1537). 

Je  n'ai  jamais  rencontré  ce  rarissime  écu,  dont  une  reproduction,  après 
avoir  fait  partie  de  la  collection  Schîntz,  existe  maintenant  à  la  Biblio- 
thèque de  Zurich.' 

I .  —  MONETA  -  NOVA  °  COLMARIENSIS  f  —  Ecu 
aux  armes.  Le  manche  de  la  masse  d'armes  est  terminé  par 
un  anneau;  au  dessus  1552. 

Rf,  DOMINE  «  CONSERVA  ^  NOS  <>  IN  °  PAGE  —  Aigle 
simple  regardant  à  gauche. 

Sur  la  tranche,  la  légende  suivante  en  creux  :'  CASPAR. 
MOCK.  MVENTZMEISTER.  ZV.  KOLMAR.  ANNO.  1558. 

AR.  Ecu,  Mod.  42.  —  Cabinet  impérial  de  Vienne.  PI.  I, 
n°  1. 

Sur  les  maîtres  monnayeurs  de  Colmar  au  XVI**  siècle,  voir  : 
Hanauer,  Etudes  économiques.  Diaprés  la  liste  des  monnayeurs,  Caspar 
Mock,  de  Strasbourg,  n'entra  en  fonctions  qu'en  1589. 

'  Schœpflin,  en  parlant  du  droit  de  monnayage  de  la  ville  de  Colmar, 
dit  :  ^  Nec  aurei  dfisunt_Colmariœ  percu8»iy>  (Als.  ill ,  t.  II,  p.  369), 
et  donne  dans  ses  planches  de  numismatique  la  gravure  d'un  Gulden  en 
or.  Berstett  ajoute  que  cette  pièce  est  de  la  plus  grande  rareté  (sensserst 
selten),  mais  ne  dit  pas  s'il  i*a  vue,  et  la  gravure  qu'il  en  donne  pour- 
rait bien  être  faite  d'après  Schœpflin. 

'  H.  Hirtzel,  conservateur  de  la  Bibliothèque,  a  eu  Tobligeance  de 
nous  en  faire  parvenir  une  empreinte.  Elle  nous  est  arrivée  trop  tard, 
et  nous  n'avons  pu,  à  notre  grand  regret,  reproduire  cette  intéressante 
pièce  dans  le  présent  travail. 


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294  REVUE  d'alsagb 

2.  —  Berst.  N°  4.  Addition.  —  Double  écu  de  1670. 
AR.  Mod.  45.  Poids  56  gr.  —  Bibliothèque  de  Colmar. 

3.  —  Ecu  de  1670.  Même  coin  que  le  double  écu  du 
n^2. 

AR.  Mod.  45.  —  Bibliothèque  de  Colmar  et  collections 
diverses. 

C'est  fécu  indiqué  paf  Berstett  avec  la  date  de  1679,  ^^  9"^  évidemment 
est  un% faute  d'impression.'  La  description  de  Técu  de  1666'  peut  s'appli- 
quer à  celui  de  1670 ;  cependant  les  coins  sont  différents.  Le  style  de  la 
pièce  de  1670  est  plus  large;  Técusson  en  cœur  du  double  aigle  est  carré; 
sur  la  'banderolle  du  Rf.  COLMAR  n'a  qu'un  seul  L,  tandis  que  sur  celle 
de  1666  il  en  a  deux,  singularité  que  Berstett  ne  fait  pas  remarquer. 

4.  —  MONETA.  NOVA.  COLMARIENSIS.  -  Ecu  aux 
armes  ;  dessus  1533. 

Rf.  DOMINE.  CONSERVA.  NOS.  IN.  PAGE.  —  Les 
mots  séparés  par  des  rosaces.  Aigle  regardant  à  gauche- 
AR.  Mod.  28.  -  Musée  de  Bâle.  —  Gravée,  pi  I,  n**  3. 

5.  —  MONETA.  NOVA.  COLMARIENSIS.  —  Ecu  aux 
armes,  la  masse  recourbée  comme  sur  la  pièce  précédente  ; 
dessus  1535. 

Rf.  FERDINANDIflMPtPFtDEGRETO.  —  Aigle  à 
deux  têtes,  chargée  en  cœur  du  globe  crucigère,  portant  le 
chiffre  10(~-). 

AR.  Mod.  29.  —  Cabinet  de  Vienne.  —  Flan  carré.  — 
Gravée,  pi.  I,  n^  4.  —  Cf.  Berst.^  n°  15. 

6.  -  MONETA.  NOVA.  COLMARIENSIS.  —  Ecu  aux 
armes.  La  masse  d'armes  est  droite,  l'écu  ornementé; 
dessus  1564. 

Rf  Comme  la  pièce  précédente. 

AR.  Mod.  29.  — Flan  carré.  -  Collection  Waltzà  Colmar. 

^  Sur  l'exemplaire  imprimé  de  Berstett,  appartenant  actaellement  à 
M.  le  D*"  Fandel,  cette  date  se  trouve  rectifiée  dans  ce  sens, probablement 
par  Tanteur  lui-même. 

'  Le  coin  de  cet  écu  est  conservé  au  Musée  de  Colmar. 


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NTTMISUATIQUB  DE  L'ALSACB  295 

7.  —  S  MARTIN:  PATRON  —  Buste  du  Saint  nimbé  à 
gauche. 

Rf.  MONETA.  COLMAR  :  —  Aigle  à  une  tète,  regardant 
à  droite,  et  chargée  en  cœur  de  l'écu  aux  armes  de  la  ville. 

AR.  Mod.  17.  —  Collection  Waltz  à  Colmar.  —  Gravée, 
pi.  I,  n-  5. 

Cette  curieuse  petite  pièce  donne  un  type  nouveau  et  inconnu  ju&qulci 
à  ajouter  aux  nombreux  types  sortis  de  Tatelier  de  cette  ville. 

8.  —  MON:  NOV:  CI  VIT:  IMP:  COLMAR.  -  Aigle 
à  deux  têtes,  chargée  en  cœur  de  l'écu  aux  armes. 

i^/:  S  MA  I  RTIN  I  VS.  PA  |  TRON.  —  Croix  coupant  la 
légende. 

AR.  Mod.  20.  —  Bibliothèque  de  Colmar  et  collections 
diverses. 

9.  —  Berst,,  Suppl.,  n^»  17.  Addit.  -  MON  :  NO:  CIVIT: 
IMP  :  COLMAR.  —  Aigle  à  deux  têtes  ;  écu  aux  armes. 

Rf.  GLOR  I  lA.  IN:  E  |  XCEL  |  QEO.  — Croix  coupant 
la  légende. 

AR.  Mod.  20.  —  Collection  Meyer  à  Ourscamp,  Biblio- 
thèque de  Colmar,  etc.  —  Gravée,  pi.  I,  n**  6. 

Berstett  cite  cette  pièce  au  n^  17  de  son  supplément  ;  il  avait  pro'ba'ble- 
ment  un  exemplaire  incomplet  entre  les  mains,  puisque  sur  Técu  en  cceur 
de  Taigle  il  croit  voir  un  2,  tandis  que  c*est  Técu  aux  armes  qui  y  figure. 
Il  ne  dit  rien  de  cette  "bizarrerie  de  la  présence  de  la  légende  strasbour- 
geoise  au  revers  d'une  monnaie  de  Colmar.  Sans  chercher  à  Texpliquer, 
jç  la  livre  à  l'attention  des  amateurs.  Dans  tous  les  cas,  il  ne  s'agit  pas 
d'une  simple  erreur  du  graveur,  ni  d'une  confusion  fortuite  de  coins,  car 
j'ai  pu  observer  moi-même  une  quinzaine  de  ces  petites  pièces  se  rappor- 
tant à  trois  variétés  distinctes.  Les  coins  des  revers  de  ces  deux  pièces 
(n®»  8  et  9)  sont  conservés  au  Musée  de  Colmar. 

10.  —  Bractéate  uniface.  Armes  de  Colmar  accostées  de 
deux  croissants  adossés.  —  Grénetis. 

BIL.  Mod.  16.  —  Musée  de  Vienne.  —  Gravée,  pi.  I,  n^  7. 

11.  —  Autre  bractéate;  écu  aux  armes  entouré  d'un 
double  cercle  et  d'un  grénetis. 


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286  REVI7B  d'alaagb 

BIL.  Mod.  14.  —  Bibliothèque  de  Colmar.  —  Gravée, 
pL  I,  n«  a 

12.  -SPQ  COLMARIENS  PRAEMIVM  DILIGENTI>E 
—  Dans  le  champ,  armes  ;  à  droite,  Z. 

Rf.    4  I  SPQ  I  COLMARIENS  l'INDYSTRIiE.   SCHO  | 
LAST.  MONETA  DE  |  STIN.  — Petit  ècu  aux  armes. 

AR.  Mod.  27.  —  Collection  Meyer.  —  Gravée,  pi.  I,  n°  2. 

^2^  —  Berst.  n^  23  Addition. 

La  pièce  décrite  par  Berstett  existe  avec  les  dates  de  1667  et  de  1669. 
Celle  à  cette  dernière  date  est  d*un  type  différent. 


HAGUENAU 

13.  -  RVDOLP.  II.  ROMA.  IMPERA.  —  Aigle  à  deux 
têtes  surmontée  d'une  couronne. 

Rf.  AVRVM.  IMPERI.  CAMER.  HAGENO  — Ecu  aux 
armes,  orné  ;  dessus  1601. 

AV,  Mod.  22.  —  Cabinet  de  Berlin.  -  Gravée,  pi.  II, 
n«  3.» 

14.  —  IVSTITIA.  MANET.  IN.  .ETERNVM.  -  Aigle 
impériale  chargée  en  cœur  du  globe  crucigère,  portant  le 
nombre  20. 

RJ.  MONETA.  ARGENT.  CIVIT.  HAGENOI.  —  Ecu 
orné  ;  dessus  1600. 

AR.  Mod.  29.  —  Flan  carré.  —  Cabinet  de  Vienne.  — 
Gravée,  pi.  II,  n^  2. 

15.  —  Dans  une  couronne  la  rose  de  Haguenau,  et  aux 
quatre  coins  les  insignes  des  quatre  évangélistes  :  l'Ange, 
le  Lion,  le  Bœuf  et  TAigle. 

^  Un  aureus  de  Haguenaa,  avec  la  date  de  1609,  a  figuré  à  la  vente 
Dassy,  à  Paris,  en  1869  (Catalogue  de  la  collection  Dassy»  n*  1812). 


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NUMISMATIQUE  DE  L'ALSACE  297 

Rf.  MEIN.  ZV  I  GEDENCKN  |  THV.  ICH.  DIS  |  EN. 
GROSCH  I  EN.  SCHENC  |  .KEN.  —  Mêmes  insignes. 

AR.  Mod.  33.  —  Ancienne  collection  Dorlan,  actuellement 
Bibliothèque  de  Strasbourg.  —  Gravée,  pi.  II,  n°  1. 

Berstett  décrit  cette  pièce,  fautivement,  à  la  page  i8,  et  ajoute  qu'elle 
existe  en  or  dans  la  collection  Thomsen  à  StrasTiourg.  J'ignore  ce  qu'est 
devenue  cette  collection. 

16.  —  MA.  D.  G.  R.  I.  S.  A  16-20  [Mathias  Dei  gratta  Roma- 
norum  ImperatoTy  semper  augustus) —  Aigle  impériale  surmontée 
d'une  couronne  et  portant  en  cœur  le  chiffre  3. 

RJ.  SI.  DE».  PRO.  N.  Q.  G  N.  {SiDeuspronobisquis  contra  nos) 
—  Rose  épanouie. 

BIL.  17.  —  Mauvaise  fabrique.  —  Cabinet  de  Vienne.  — 
Gravée,  pi.  II,  d°  4. 

Voilà  la  première  monnaie  de  Haguenau  au  nom  de  Mathias  qu'il  me 
soit  donné  de  voir  en  original.  Celle  qui  est  citée  dans  Berstett,  n°  43',  est 
tirée  de  Brackenhofer,  et  je  ne  l'ai  vue  dans  aucune  collection.  — 
Répétons  ici  la  remarque  de  Berstett  sur  l'irrégularité  de  la  date  de  1620» 
l'empereur  Mathias  étant  mort  dès  1619. 

17.  —  Berst.,  n«  42«,  Addition.  —  MONE:  ARGEN: 
CIVIT  :  HAGENOIENSIS  *.  -  Rose  sur  un  écu  sans  orne- 
ments ;  au  dessus  trois  points. 

/?/.  *  LEOPOLDVS:  I:  D:  G:  ROM.  IMP.  S.  AVG.  — 
Dans  le  champ  :  RAHTS  |  GELT  |  1666  ;  au  dessus  et  au 
dessous  une  étoile. 

AR.  Mod.  24.  —  Collection  Waltz  à  Colmar. 

\T  à  20.  —  Quatre  bractéates  classées  à  Haguenau  au 
Musée  de  Leipzig. 

Cette  attribution  ne  soutient  pas  l'examen,  néanmoins  je  les  donne  ici 
pour  les  fadre  connaître  aux  amateurs. 

BIL.  —  Musée  de  Leipzig.  —  Gravées,  pi.  II,  n~  5  à  8. 

21 .  —  Bractéate  unifece.  La  rose  de  Haguenau  sur  un 
écu.  Cercle  perlé.  Billon.  —  Collection  Rencker  à  Colmar. 
Ici  Técu  à  la  rose  peut  être  attribué  avec  certitude  à  cette  ville. 


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398  REVUE  D'ALSACE 


LANDGRAVES  DE  LA  HAUTE-ALSACE 

Sur  le  monnayage  à  Ensisheîm,  consulter  d^intéressantes  îndicadons 
dans  :  Hanauer,  Etudes  économiquis,  t.  I®',  p.  331. 

22.  -  FERDINANDVS,  etc.  -  Rf.  NEC:  NON:,  etc.  - 
Double  écu,  sur  flan  carré  :  les  angles  sont  parsemés  de 
petits  carrés  en  relief;  chaque  angle  porte,  en  outre,  le 
nombre  III  ou  IIII,  également  en  relief. 

Cette  particularité  n*a  pas  encore,  que  je  sache,  été  signalée.  Est-ce  un 
simple  motif  d^ornementation,  la  désignation  de  la  valeur  de  la  pièce  ou 
autre  chose?  C'est  ce  que  je  laisse  à  d'autres  le  soin  de  décider. 

AR.  Mod.  40.  —  Collection  Rencker  à  Colmar.  —  Gravée, 
pi.  III,  n^  1. 

23.  -  FERD.  D.  G.  RO.  IMP.  S.  AVG.  GER.  HVN.  BO. 
REX  —  Buste  couronné  et  cuirassé  à  droite,  tenant  de  la 
main  droite  un^ceptre,  et  de  la  gauche  le  globe  crucigère 
portant  le  chiffre  30.  Au  dessus  de  la  ceinture  on  aperçoit 
la  garde  de  Tépée. 

Rf.  INF.  HIS.  ARCH.  AVS.  D.  BVR.  LAND.  ALSAT.— 
Aigle  impériale  couronnée,  chargée  en  cœur  d'un  écu,  au 
centre  duquel  on  voit  les  armes  de  la  Haute-Alsace. 

AR.  Mod.  36.  —  Collection  Missong  à  Vienne. 

24.  —  La  même  pièce  variée  :  BOH  ;  au  Rf.  ALSATI.  — 
Ancienne  collection  Dorlan,  actuellement  à  Strasbourg. 

25.  —  Berst.,  Suppl.,  p.  7.  Addition.  —  Berstett  ayant  ici 
rangé  les  écus  par  ordre  d'années,  j'y  ajouterai  l'écu  de 
Rodolphe  à  la  date  de  1667  (collection  Meyer). 

26.  -  RVDOLPHVS.  II.  D.  G.  RO.  IMP.  SE.  AVG.  E. 
HV.  BO.  REX  :  —  Buste  lauré,  barbu,  à  droite,  orné  d'un 
col.  Pas  de  date. 

Rf.  NEC  NO.  ARCHID.  AVS.  DV.  BV.  LANDG.  ALS. 
CO.  FERT.  —  Ecu  du  n«  1  de  la  pi.  III,  entouré  du  collier 
de  la  Toison  d'or. 

AR,  Mod.  29.  —  Musée  de  Dresde, 


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NUMISMATIQUE  DE  L'ALBACE  299 

27.  —  LEOPOLDVS,  etc.  —  Buste  cuirassé  à  droite. 
Rf.  SAC:  CAES:  MA:,  etc. 

Même  remarque  qu^au  n^  xi. 

AR.  Mod.  40.  —  Musée  de  Vienne.  —  Gravée,  pLIUjU^a 

28.  —  t  LEOPOLD.  D:  G.  ARCHIDVX:  AVST:  DV. 
BVR:  ET.  SAC.  CiES:  MT"..ET.  —  Buste  nu  à  droite 
dans  un  encadrement  particulier. 

RJ.  RELIQ:  ARCHID:  GVBERNAT.  PLEN.  ET.  COM: 
TIR:  LAND:  ALS  —  Ecu  portant  au  centre  les  armes  de 
la  Haute- Alsace. 

AR.  Mod.  33.  —  Collections  Missong  à  Vienne  et  Ren- 
cker  à  Colmar.  —  Gravée,  pi.  III,  n**  3. 

29.  —  Berst.  Suppl.,  n°  63.  Addition.  —  D:  G:  LEOPOL: 
NEC  NON.  ARCHIDVCES.  AVS:  D:  B^  f  —  Buste  nu  à 
droite;  dessous  1620. 

RJ.  ET  STIR  CARIN:  CARN:  LAND.  ALS  —  Ecu  du 
n**  31  de  Berstett,  accosté  de  deux  écussons  aux  armes  des 
évèchés  de  Strasbourg  et  de  Passau,  surmontés  chacun 
d'une  mitre  et  d'une  crosse;  ces  deux  écussons  se  répètent 
dans  le  bas,  accoUés  et  sommés  d'une  mitre  unique  avec 
deux  crosses  en  sautoir. 

AR.  Mod.  38.  —  Musée  de  Dresde. 

30.  —  D:  G:  LEOPOLDVS  +  NEC.  NON.  ARCH:  AV: 
DV:  BV  t.  —  Buste  nu,  à  droite  ;  devant  1620. 

Rf.  Comme  la  pièce  précédente. 
AR.  Mod.  40.  —  Collection  Waltz. 

30^  —  Même  buste  et  même  légende  que  la  pièce  décrite 
par  Berstett  (Suppl.,  n°  63),  mais  la  date  16-20  est  coupée 
en  deux  par  le  buste. 

Rf.  STIRIiE.  CARINT.  E-T.  CARN:  LAND:  ALS  — 
Ecu  des  pièces  précédentes.    . 
AR.  Mod.  40.  —  Même  collection. 


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300  REVUE  D*ALSACE 

31 .  -  LEOPOLDVS.  D:  G  :  ARCHIDVX.  A  VSTRIiE  — 
Buste  couronné  et  cuirassé,  tenant  de  la  main  droite  le 
sceptre  et  de  la  gauche  la  garde  de  son  épée. 

Rf.  DVX  *  BVRGVNDI  *  COMES  *  TIROLIS.  —  Ecu 
portant  au  centre  les  armes  de  la  Haute- Alsace;  au  bas 
celles  de  Ferrette. 

AR.  Mod.  40.  -  Collection  Waltz. 

32.  —  LEOPOLDVS.  D:  G:  ARCHI.  DVX.  AVS.TRIAE. 
—  Buste  couronné  et  cuirassé  à  droite,  tenant  de  la  main 
droite  un  sceptre  et  de  la  gauche  la  garde  de  son  épée. 

Rf.  S:  CAES  M  ANTER:  PROVINC.  PLEN:  GV:  — 
Ecu  du  n«  2  de  la  pi.  IIL 
AR.  Mod.  31.  —  Collection  Missong  à  Vienne. 

33.  —  LEOPOLDVS.  D.  G.  ARC:  DVX:  A  VST:,  entre 
G.  et  ARC:  24  dam  un  cercle  allonge.  —  Buste  couronné  et 
cuirassé  à  droite,  tenant  de  la  main  droite  un  sceptre,  et 
la  gauche  sur  la  poignée  de  son  épée. 

Rf.  DVX:  BVRGVND:  COMES:  FERET:  —  Ecu  rond 
surmonté  de  la  couronne  archiducale  ;  en  haut  armoiries 
de  Hongrie  et  de  Bohême;  au  centre  Ferrette;  à  gauche 
Bourgogne  et  Autriche  ;  à  droite  Landgraviat  de  la  Haute- 
Alsace. 

AR.  Mod.  30.  —  Collection  Rencker  à  Colmar. 

34.  —  Berst.,  Suppl.,  n**  30.  Addition.  —  Sans  légende. 
Ecusson  aux  armes  du  landgraviat  de  la  Haute-Alsace. 

RJ.  Un  cerf  debout  à  gauche. 

BR.  Jeton.  Mod.  25.  —  Bibliothèque  de  Colmar. 

35.  —  Sans  légende.  Ecusson  de  la  Haute- Alsace. 

Rf.  Inscription  remplissant  le  champ  :  .  .CH.  MACH  R  | 
ECHT  ON  ARG  |  ELIST  GOT  W  |  EIST  WOHL  WER  | 
DER  RECHN  |  ER  IST.       . 

BR.  Jeton.  Mod.  25.  —  Bibliothèque  de  Colmar. 


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MUMISMATIQUE  DE    L'ALSÂGE  SOI 

36.  —  Sans  légende.  Ecu  ornementé  aux  armes  du  land- 
graviat  de  la  Haute- Alsace. 

Rf.  *  MANET  VLTIMA  COELO.  —  Deux  petits  écus- 
sons  :  à  gauche  celui  d'Autriche,  dessus  un  O,  dessous 
un  V;  à  droite  celui  de  la  Haute- Alsace,  dessus  un  H  et  la 
même  lettre  dessous.  Au  milieu  une  branche  de  laurier  et 
une  branche  de  cyprès,  liées  par  leurs  tiges  et  surmontées 
de  la  couronne  archiducale. 

BR,  Jeton.  Mod.  24.  —  Collection  Waltz. 


LANDAU 

37.  Reprise  de  la  ville  par  l'empereur  Joseph  I,  1704.  — 
LANDAU  I  .VON.  1 1  RÔMI  KEY:  MAY:  |  und  |  des  REICHS 
WEGEN  I  DURCH  |  I.  RÔM:  KONIGL:  MAY  |  und  |  HOHE 
ALLYRTE  |  den  14  sept  zvm  2ten  mahl  |  belagert  und  | 

EROBERT  I   .DEN  26  9bER.  |  1704. 

D'autres  médailles  donnent  pour  date  le  25  novembre 
au  lieu  du  26. 

Rf,  Plan  de  la  forteresse  et  des  travaux  de  siège.  On  dis- 
tingue les  mots  CANAL  et  queigh. 

AR.  Mod.  47.  —  Musée  de  Munich. 


MULHOUSE 

J^espère  pouvoir  donner  plus  tard  une  monographie  des  monnaies  de 
cette  ville,  dont  les  coins  sont  conservés  au  Musée  historique  de  Mulhouse. 
L^xcessive  rareté  de  plusieurs  de  ces  pièces,  que  je  n*ai  pu  jusqu'à  présent 
voir  en  original,  me  force  d'ajourner  ce  travail  jusqu'au  moment  où  des 
documents  plus  complets  me  permettront  de  m'en  occuper.  — On  trou- 
vera divers  détails  inédits  dans  s  Hanauer  ,  Etudes  économiques^  t.  I, 

p.    112. 


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IX}2  BEVUB  D'AI.SikCE 

MURBACH  ET  LURE 

Jean-Rodolphe  (1542 — 1570). 

38.  —  lOES.  RVD.  D.  G.  MVRBAC.  ET.  LVTR.  ABBS. 
—  Armes  du  n°  25  de  Berstett. 

Rf.  CAROLVS.  V.  ROM.  IMPERATO.  AVG.  1545.  — 
Aigle  impériale. 

AR.  Mod.  30.  —  Musée  de  Dresde. 

Andri  d'Autriche  (1587 — 1600]. 

39.  —  ANDR:  GARD:  AB:  AVST:  MVRB:  ET:  LVTR: 
ADMI.  —  Armes  du  n*»  99  de  Berstett. 

Rf.  RVDOLPHI:  II:  IMP:  AVG:  P:  F:  DECRETO  — 
Aigle  impériale,  globe  avec  le  chiffre  30.  Demi-écu.  — 
Cabinet  de  Fûrstenberg. 

Liopoid  d'Autriche  (1614 — 1626). 

40.  —  LEODEGARIVS.  D.  G.  EPISCOPVS.  AVGVSTO 
DVNENSIS  —  Buste  à  droite  ;  devant  16-21. 

Rf.  INSIGNIA.  ANTIQVISSIMA.  ET.  MATERNA  — 
Ecu  aux  armes  ;  au  centre  Taigle  du  Tyrol. 

AR.  Mod.  41.  —  Collection  Egger  à  Vienne.  —  Gravée, 
pi.  IV,  n°  1. 
Voir  Tappendice. 

Leopold'Guillaume  (1632— 1662). 

41.  —  LEOPOLD  GVILIELM.  a.G.  ARCHD.  AV. — 
Buste  à  droite. 

Rf.  S  LEODEGARI.  PAT.  MVR.  ET  LVDER.  -  Deux 
ècussons  accoUés. 

Décrite,  mais  très  insuffisamment  gravée,  par  Berstett,  n^  107. 

AR.  Mod.  22.  —  Musée  de  Vienne  et  Bibliothèque  de 
Strasbourg,  etc.  —  Gravée,  pi.  IV,  n'*  3. 


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NÎ7MI8MATIQTJE  DB  L'ALSAGB  903 

42.  —  LEOPOLD.  GVILIELM,  D.  G.  ARCHD.  AV  - 
Même  buste. 

Rf.  S.  LEODEGARI.  PATR.  MVR.  ET.  LVDER.  ;-  Deux 
écussons.  Dessus  2  dans  un  cercle  perlé  allongé. 

AR.  Mod.  26.  —  Musée  de  Dresde.  —  Gravée,  pi.  IV,  n*»  2. 

Colomhan  d*Andlau  (1663 — 1665). 

43.  —  SANCTVS  LEODEGARI  +  16-63.  —  Le  buste 
du  saint  de  face. 

Rf.  COLOMBANI.  ELECTl.  AB.  M.  E.  LV.  —  Armes  de 
Murbach-Lure  et  d'Andlau. 
BIL.  Mod.  16.  —  Collection  Rencker  à  Colmar. 

Cette  petite  pièce,  charmante  de  style,  donne,  comme  la  pièce  du  Cabi- 
net de  France*,  le  titre  ai  Abbé  élu  à  Colomban.  Sur  les  monnaies  d'aucun 
autre  abbé  de  Murbach  on  ne  trouve  le  titre  d'Abbas  eieciusy  et  les  cir- 
constances qui  ont  accompagné  Télection  de  Colomban  donnent  un  grand 
intérêt  aux  rares  monnaies  de  cet  abbé. 

Colomban  d*AndIau,  profès  de  Saint-Gall,  fut  élu  abbé  parle  Chapitre 
de  Murbach  le  16  décembre  i66z.  Il  fit  son  entrée  à  Guebwiller  en  jan- 
vier 1663  et  fut  accueilli  par  les  habitants  avec  de  grandes  démonstrations 
de  joie,' 

L''élection  faite  par  le  Chapitre  ne  fut  pas  confirmée  par  le  pape.  Le 
18  avril  1665,  les  envoyés  de  Tévcque  de  Strasbourg,  François  Egon  de 
Fûrstenberg,  nommé  administrateur  de  Tabbaye,  arrivèrent  à  Murbach, 
et  contraignirent  Tabbé  élu,  en  employant  même  la  violence,  à  résigner 
sa  dignité.'  Colomban  retourna  à  Saint-Gall  et  mourut  à  Hésingue,  vil- 
lage du  Sundgau  qui  appartenait  à  l^abbaye  et  qui  lui  fut  concédée  par 
le  Chapitre. 


'  A.  Engel,  Monnaies  alsaciennes  da  Cabinet  de  France.  Revue  d'Àl^ 
sace,  Tome  III,  nouvelle  Série,  1874,  p.  320.  —  La  même  pièce  existe 
à  la  Bibliothèque  de  Colmar. 

*  «Es  war  ein  grosse  Freid  bey  der  Burgerschaff t »  (Mossmann, 
Chroniqtie  des  Dominicains  de  GubehwiUer,  p.  301). 

•  «  Undt  haben  den  erwœhlten  Furstenvon  Andlauw  mit  Gewalt  ver- 
triben  »  (Idem,  p.  302). 


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304  BEVUE  d'alsaob 


FERRETTE  (?) 

44.  —  Tour  accostée  de  deux  barbeaux  adossés. 

Rf.  Deux  oiseaux  se  faisant  fece;  au  milieu  un  point. 
Grénetis. 

AR.  Mod.  15.  Bractée.  —  Cf.  Berst.  ir  114.  —  Musées  de 
Dresde  et  de  Leipzig.  —  Gravée,  pi.  X,  n**  1. 

45.  —  Bractéate  uniface  ;  type  dégénéré  du  Rf.  précédent. 
BIL.  Mod.  15. — Collection  Deirangeon  à  Montbéliard. — 

Gravée,  pi.  X,  n°  2. 


SCHLESTADT 

46.  —  WAPP.  lACOB.  OECHSELL.  N.  P  (Notarius 
publicus?)  — Ecu,  dessus  15  A  55. 

Rf.  VON..SCHLETSTATT.FIE.  FE(y7m>//)  — Heaume 
orné  de  lambrequins  et  surmonté  de  la  partie  supérieure 
d'un  bœuf  (allusion  au  nom  de  Œchsell). 

AR.  Jeton.  Mod.  23.  —  Bibliothèque  de  Strasbourg,  etc. 
—  Gravée,  pi.  X,  n^  3.  —  Cf.  Berst.,  p.  45. 

47.  — Môme  légende  et  môme  type,  sauf  15  A  64  et  V 
au  lieu  de  W. 

Rf.  ROM.  KAYS.  MAT.  RATH.  VND.  Z.  C.  —  Môme 
type,  légèrement  varié. 

AR.  Jeton.  —  Bibliothèque  de  Strasbourg.  —  Gravée, 
pi.  X,  n«  4. 

Jacques  Oechsei  dît  Taurellus,  né  à  Schlestadt  vers  1530.  Nommé 
chancelier  par  Ferdinand  et  créé  comte  palatin  par  Maximilien  II,  qui 
l'envoya  comme  ambassadeur  à  Constantinople. 


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vmsmuiÂ.TiQV»  db  i.'alsaob  906 

INCERTAINES 
ABBAYES  DE  SELZ  ou  de  WISSEMBOURG 

Cf.  Hanaubr,  Etudes  économiques,  tome  I,  p.  71. 

48.  —  Temple  à  trois  tourelles  surmontées  d'une  croix  ; 
grénetis.  Uédifice  accosté  de  deux  rameaux. 

AR.  Mod.  23.  Bractéate.  —  Bibliothèques  de  Colmar 
et  de  Strasbourg.  —  Gravée,  pi.  X,  n°  5. 

49.  —  Edifice  analogue,  mais  dépourvu  de  croix.  Entre 
les  deux  tourelles  latérales  et  celle  du  centre,  annelets. 

AR.  Mod.  22.  Bractéate.  —  Bibliothèque  de  Colmar.  — 
Gravée,  pi.  X,  n**  6. 

50.  —  Débris  de  légende  :  Vo  Vo —  Buste  nu  de 

face,  tenant  une  crosse  de  la  main  droite  et  une  palme  de 
la  gauche.  Le  manteau  est  orné  de  palmes  et  la  tête  accostée 
de  deux  symboles  indéterminés. 

-R/.  oAo  Vofo.  oVof  —  Temple  à  trois  tourelles  ;  dans 
le  portail,  fleur  de  lis. 

AR.  Mod.  23.  —  Bibliothèque  de  Strasbourg.  —  Gravée, 
pL  X,  n*»  7. 

51.  —  Buste  mitre  de  face;  à  droite  une  étoile  à  six 
rayons. 

Rf.  Edifice  à  trois  tourelles,  dont  deux  surmontées  de 
croix. 

AR.  Mod.  23.  —  Bibliothèque  de  Colmar.  —  Gravée, 
pi.  X,  n*  8. 

52.  —  Même  buste,  tenant  une  croix  de  la  main  droite. 
Rf.  Buste  mitre  (bicorne)  à  gauche,  tenant  de  la  main 

droite  une  croix  recroisetée  et  de  la  gauche  une  crosse. 

AR.  Mod.  19.— Bibliothèques  de  Colmar  et  de  Stras- 
bourg. —  Gravée,  pi.  X,  n"  9. 

NoayeUe  Série  —  6*  Année.  30 


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906  ItEVUE  D*ALSA.CE 

53.  —  Buste  à  gauche  tenant  une  crosse. 

Rf,  Croix  accostée  de  quatre  étoiles  à  huit  rayons; 
fragments  de  légende. 

AR.  Mod.  21.  —  Mêmes  bibliothèques.  —  Gravée,  pi.  X, 
nMO. 

54.  — Crosse,  palme  et  trois  étoiles  à  cinq  rayons  dans 
le  champ. 

R/.  Edifice  à  trois  tourelles;  fragments  de  légende. 
AR.  Mod.  25.  —Gravée,  pi.  X,  n*»  il. 

55.  —  Buste  mitre  (bicorne)  à  droite,  tenant  une  crosse. 
Rf.  Edifice  à  grand  portail  et  trois  tourelles. 

AR.  Mod.  24. —  Bibliothèques  de  Colmar  et  de  Stras- 
bourg. —  Gravée,  pi.  X,  n**  12. 

56.  —  Buste  de  face  tenant. . .(?)  de  la  main  droite  et  une 
crosse  de  la  gauche,  sous  laquelle  une  étoile  à  six  rayons. 

Rf.  Deux  personnages,  dont  Tun  coiffé  d'une  couronne 
conique,  de  face,  et  séparés  par  un  objet  indéterminé.  — 
Traces  de  légende. 

AR.  Mod.  23.  —  Bibliothèques  de  Colmar  et  de  Stras- 
bourg. —  Gravée,  pi.  X,  n*^  13. 


STRASBOURG 

GOQsalter,    sur  les  ateliers  de  Strasbourg  et  de  la  Basse-Àlsace, 
HiNAUER,  Eludes  économiques,  tome  I^  chapitre  II. 

A.  Monnaies  mérovingiennes. 

Presque  toutes  les  pièces  mérovingiennes  données  à  Strasbourg  sont 
d'un  style  si  barbare  et  si  mal  venues  à  la  frappe,  que  je  n'ai  pu  encore 
vérifier,  jusqu*à  présent,  l'exactitude  des  lectures  données  par  Combrouse 
et  répétées  par  Berstett.  Néanmoins,  sur  l'indication  de  M.  Nessel,  j'en 
ai  trouvé  une  dont  la  lecture  est  indiscutable  « 


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NUMI81IATIQUB  DE  L'ALSAGE  307 

57.  —  STRADIBVRI.  —  Tête  informe  à  gauche. 
Rf.  TESANONE  MO.  —  Enfant  les  bras  étendus. 
EL.  Mod.  12.  —  Bibliothèque  de  Strasbourg  et  Musée  de 
Francfort.  —  Gravée,  pi.  V,  n**  1. 

J*aî  pu  examiner  de  près  les  douze  ou  quinze  exemplaires  de  la  pièce 
au  même  type,  contenus  dans  le  médaîller  du  prince  de  Fûrstenberg  ; 
aucun  d*eux  n^offre  une  lecture  satisfaisante. 

M.  Vallîer,  de  Grenoble,  possède  un  triens  du  même  type,  auquel  il 
m'a  rendu  attentif.  Il  présente  au  Rf,  la  légende  jlVTORico,  qui  est 
pour  le  moins  insolite.  Néanmoins  je  n'oserais  pas  attacher  trop  d'impor- 
tance à  cette  légende  sur  une  pièce  aussi  barbare. 

B.  Deniers  impéiianz  depuis  Charlemagne. 
88.  —  Je  donne  ici  le  dessin  du  beau  denier  de  Charle- 
magne au  Rf.  CIVI  I  ARGE.  dont  il  n* existe  à  ma  connais- 
sance que  trois  exemplaires  variés.  Le  premier  se  trouve 
au  Cabinet  de  France  et  a  déjà  été  décrit ,  le  second  à 
la  Bibliothèque  de  Colmar  et  le  troisième  dans  Tancienne 
collection  Dorlan,  aujourd'hui  à  la  Bibliothèque  de  Stras- 
bourg. Ils  diffèrent  notablement  entre  eux.  Les  deux 
derniers  ont  été  trouvés  en  creusant  les  fondations  de 
la  caserne  de  cavalerie  à  Colmar,  en  même  temps  que 
plusieurs  antiquités.  —  Gravée,  pi.  V,  n°  2. 

Le  Ti9  119  de  Berstett  continue  à  être  fort  rare  ;  je  ne  l'ai  rencontré  que 
deux  fois,  en  Allemagne  et  en  Belgique. 

Louis  I^*  le  Débonnaire  (814— 840). 

S9.  —  Berst.,  n°  120.  Addition.  —  Cette  pièce  se  trouve 
aussi  avec  une  crosse  dans  le  champ  du  Rf.  STRA  |  TBVR  | 
GVS,  ce  qui  implique  une  participation  de  Tévèque  au 
monnayage.  Mais,  six  évèques  s' étant  succédé  sur  le  siège 
de  vStrasbourg  pendant  le  règne  de  Louis-le-Débonnaire,  je 
n'essaierai  pas  de  déterminer  auquel  d'entre  eux  doit  être 
attribuée  cette  participation.  J'ai  constaté  Texistence  de  : 
1®  la  crosse  tournée  à  gauche,  à  la  droite  de  TR.  Collection 

Robert;  —  2*  la  crosse  tournée  à  gauche,  à  la  droite  de 

rs.  Bibliothèque  de  Strasbourg  •,—  3^  la  crosse  renversée 

à  la  droite  de  l'S.  Musée  de  Bruxelles. 


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S06  SBVUB  D'ALSAOB 

CharUs  III  U  Gros  (t888). 

60.  —  Berst.,  n"*  125.  Addition.  —  La  variété  suivante 
existe  au  Cabinet  de  Dresde  : 

M  ROLVS REX  {sic).  Croix. 

Rf.  ARGENN  |  NA  CIVIT. 

Othon  III  (tiooz). 

61 .  —  Berst.,  n^  129.  Addition.  —  Deux  variétés  de  ce 
denier  à  Donaueschingen. 

OTTO  REX  PCAIFICVS  {sic)  —  Buste  couronné  et  barbu 
à  gauche. 

Rf.  ARGENTHA  CIVIT.  -  Edifice  à  deux  rangées  de 
trois  portes  superposées  et  à  toit  pointu,  surmonté  d'une 
fleur  de  lis. 

AR.  Mod.  19. 

62. -Idem.—  OTTO  REX  PACIFICVS.  —  Buste  imberbe 
couronné,  à  gauche. 

Rf.  ARGENTINA  CIVIT.— Sommet  d'un  toit  surmonté 
d'une  fleur  de  lis. 
AR.  Mod.  19. 

63.  —  Même  type,  au  Rf.  ARGENTINA  CIVIT  AS. 

AR.  Mod.  15.  Obole.  —  Musée  de  Donaueschingen.  — 
Gravée,  pi.  V,  n*»  3. 

64.  —  OTTO  REX.  —  Croix  fleurdelisée. 

Rf.  ARGENTINA.  —  Sommet  d'un  édifice  surmonté 
d'une  fleur  de  lis. 
AR.  Mod.  17.  Denier.  —  Même  Musée. 

65.  —  Même  type  et  même  légende. 

AR.  Mod.  13.  Demi  obole.  —  Même  Musée.—  Citée  dan  S 
Cappe. 


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MUMISICATIQUE  DB  L'ALSACB  809 

66.  -  OTTO  IMP.  -  Fleur  de  lis. 

Rf.  ARGENTINA.  —  Croix,  dans  F  un  des  angles  une 
crosse. 

AR.  Mod.  13.  Obole.  —  Bibliothèque  de  Strasbourg.  — 
Gravée,  pi  V,  n*  4. 

Le  denier  au  même  type  est  décrit  et  figuré  dans  Jahrbûcher  und  Jahr^ 
buch  des  Venins  fur  mecklenburgischeGeschichts-  und  Alterthumskunde,  i%Si, 

—  Dcr  Mûnzfund  von  Schwaan,  Allemanta,  n*>  lo. 

Henri  V  (?) 

67.  —  HINRICVS Tête  couronnée  à  droite. 

Rf.  ARGEN  I  TINA  en  croix.  —  Dans  Tangle  supérieur 
droit  une  crosse  ;  dans  les  trois  autres,  fleurs  de  lis. 
AR.  Mod.  15.  Obole.  —  Musée  de  Dresde. 

C.  Monnaies  au  nom  des  évâques. 
ErkenboU  (965 — 990). 

68.  —  Berst.,  n«  141.  Addit.  —  ERKANBALDVS  EPS. 

—  Nœud  gordien  dont  les  extrémités  sont  ornées  de  trois 
fleurs  de  lis; 

Rf.  ARGENTINA  CIVS.  —Temple  à  deux  colonnes  laté- 
rales et  deux  portails,  le  toit  surmonté  d'une  fleur  de  lis. 
AR.  Mod.  18.  Denier.  —  Musée  de  Donaueschingen. 

60.  —  OTTO  IMPE  AVG.  —  Tête  couronnée  à  droite. 
Rf  ERCHANBALDt.  —  Temple;   dessus  fleur  de  lis; 
dans  la  porte,  une  croix. 
AR.  Mod.  18.  —  Même  Musée. 

Jusqu*à  présent  je  n^avais  pas  encore  rencontré  ce  denier  sans  la  quali- 
fication d'EPISCOPVS. 

70.  —  OTTO.  IMP  AVG.  —  Tête  couronnée  à  gauche. 

Rf ALDEPS.  —  Sommet  d'un  édifice  surmonté 

d'une  fleur  de  lis. 

AR.  Mod.  15.  Obole.  —  Musée  de  Dresde.  —  Gravée, 
pi.  V,  n«  6. 


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310  REVUE  D'ALSâOE 

Wiederolf  \  979  —  997  ). 

71.  —  OTTO  DI  GRAT Buste  de  face  couronné. 

Rf.  (WIDEROLPVS)  ARG  EPS.  —  Buste  tenant  une 

crosse,  dans  un  temple. 

AR.  Mod.  17.  —  Collection  Meyer  à  Ourscamp  (de  l'an- 
cien médailler  de  la  Bibliothèque  de  Strasbourg).  Variété 
du  n**  4486  de  l'ancienne  collection  Thomsen,  actuellement 
au  Musée  de  Copenhague, 

Cette  pièce  est  de  fabrique  médiocre  et  fort  mal  conservée.  C*est  peut- 
être  de  ce  même  exemplaire  que  parle  Berstett  au  n^  142. 

72.  —  Variété  de  la  même.  OTTO  DI. .  A. . . .  —  Même 
buste;  la  couronne  figure  exactement  une  fleur  de  lis. 

Rf,  Le  même. 

AR.  Mod.  17.  —  Musée  de  Dresde. 
Aldovicb  (1000). 

73.  —  OTTO  REX.  —  La  légende,  contrairement  à  Tha- 
bitude,  commence  par  le  bas  et  par  la  gauche.  —  Buste 
couronné  à  droite. 

Rf.  ALDViaV  Vie  —  Même  observation.  —  Temple  à 
deux  portails  surmonté  d'une  croix. 

AR.  Mod.  15.  Obole.  -^  Musée  de  Dresde.  —  Bonne 
fabrique.  —  Gravée,  pi.  V,  n°  5. 

Werner  I  (lOOi — 1028). 
Berst.,  n**  143.  Addition. 

Les  quelques  deniers  que  Ton  peut  attribuer  avec  certitude  à  cet  évêque 
(Dresde,  Donaueschingen)  sont  tous  d^une  frappe  pitoyable  ;  les  légendes 
sont  barbares  et  souvent  illisibles  ;  le  /?/,  très  vague,  présente  quelquefois 
en  place  du  temple,  une  série  de  trois  colonnes  sur  une  ligne  ponctuée . 

Voici  un  denier  inédit  du  Musée  de  Dresde  : 

74.  —  Buste  à  gauche,  légende  indistincte.  Lettres  visi- 
bles :  I,  V,  A,  R,  I,  A. 

Rf  VERNICERVS  EP.  —  Croix  cantonnée  de  quatre 
points. 


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NUMIS1£ATIQUE  DB  L'ALSÂGB  811 

AR.  Mod.  20.  —  Gravée,  pi.  V,  n^  7. 

Notons,  en  passant,  que  ce  type  du  Kf.^  banal  dans  tant  d'autres  suites 
se  rencontre  ici  pour  la  première  fois. 

J*ai  observé  à  Dresde  plusieurs  deniers  appartenant  évidemment  aux 
évêques  de  Strasbourg,  mais  que  je  n^ai  pu  déchiffrer  en  raison  de  leur 
mauvaise  conservation  ou  de  leur  frappe  défectueuse.  Il  arrive  souvent, 
en  eifet,  que  dans  le  monnayage  de  cette  époque  les  lettres  fassent  défaut 
à  la  frappe . 

HeTàlo  (?)    (1047  — 1065), 

75.  —  H  EPISC  VNIA. . . .  (4  lettres  frustes)  —  Buste 
de  Henri  III  de  face. 

Rf,  ARGEN  I  TINA.  —  Edifice  à  quatre  tourelles. 
AR.  Mod.  20.  Denier.  —  Musée  de  Dresde. 

La  présence  d'un  nom  d'évêque,  à  cette  époque,  autour  de  la  tête  de 
Tempereur.  me  paraît  chose  si  étrange  et  si  insolite,  que  je  serais  tenté  d'y 
voir  une  erreur  de  monnayeur.  Il  est  à  noter  que  la  pièce  est  d*un  bon 
style,  quoique  d'une  facture  particulière.  Je  propose  de  lire  TH  initial 
Hizilo,  qui  fut  evêquc  de  1047  à  1065  ;  il  faut  remarquer  aussi  qu'en  1048, 
1049,  Ï05Ï  c^  '05^1  Henri  III  tint  sa  cour  à  Strasbourg. 

Gravée,  pi.  V,  n°  8, 

Erasme  de  Limhourg  (1541). 

La  pièce  suivante,  inconnue  jusqu'à  présent,  m'a  été  signalée  par  M.  Gus. 
tave  Vallier,  de  Grenoble,  qui  a  bien  voulu  se  charger  de  classer  et  de 
cataloguer  les  richesses  numismatiques  du  beau  Musée  de  sa  ville  natale. 

76.  -  CAROLVS.  V.  IMP.  AVG.  P.  F.  DEC.  —  Aigle 
impériale  chargée  en  cœur  du  globe  crucigère  portant  le 
chiflFre  3. 

Rf.  ERAS. . .  D.  G.  EPS.  ARG.  ALS.  LAN.  —  Ecu  aux 
armes. 

BIL.  poids:  1,05  gr.  Mod.  20.  —  Musée  de  Grenoble  et 
Bibliothèque  de  Strasbourg.  —  Gravée,  pi.  V,  n°  9. 


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BEvra  d'alsagb 

Nous  donnons  ici,  d*après  les  Statuta  Spiod 
diocesis  argentinensis  (  Mayence  1560),  les  armes 
de  cet  évêque  assez  peu  reconnaissables  sur  la 
médaille  •  La  double  coupe  à  boire  qui  y  figure, 
fait  sans  doute  allusion  au  nom  de  Schenk  que 
portaient  ses  ancêtres. 


Jean  de  Mander scheid  (1569 — 1592). 

77.  _  VON  GOTES  GN:  lOHAN.  BISGHOR  ZV. 
STRASBVRG  —  La  Vierge  nimbée,  assise  sur  un  trône 
gothique,  tient  dans  ses  bras  Fenfant  Jésus,  également 
nimbé. 

Rf.  LANDTGRAF.  IN.  ELSAS.  ANNO  DNI.  1575.  — 
Armes  surmontées  d'un  casque,  etc. 

AV.  Mod.  34.  Poids  19,2  gr.  —  Musée  de  Gotha.  —  Grçi- 
vée,  pi.  V,  n*  10. 

78.  —  Berst.,  n"*  154.  Addition.—  CeThaler  existe  égale- 
ment en  moitié  du  poids.  —  Musée  de  Donaueschingen. 

79.  —  Flan  carré.  —  V.  G.  GN.  lOHAN.  BISCHOF.  ZV. 
STRASB.  —  Môme  type. 

Rf.  LANDTGRA.  IN.  ELSAS.  —  Armes,  etc. 
AV.  Mod.  22.  —  Berst.,  n*»  153  et  var.  —  Bibliothèque  de 
Strasbourg. 

80.  —  Flan  carré.  —  V:  G:  GN:  lOHAN.  BISCHOF  ZV 
STRASBVRG  —  Type  de  la  pièce  précédente. 

RI.  LANDTGRAF  IN  ELSAS.   1575.  -Armes,  etc. 
AR.  Mod.  24  Poids  12  gr.  —  Musée  de  Gotha.  —  Gra- 
vée, pi.  V,  n«  11. 

81.  -  MAXIMILIAN.  II.  IMP.  AVG.  P  F.  DEC.  —  Aigle 
impériale,  couronnée  et  chargée  en  cœur  du  globe  cruci- 
gére,  sur  lequel  on  lit  :  10. 

Rj.  lOAN  D  G  ELEC  &  CONE:  EP:  ARG.  AL.  L  — 


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NUinSHATIQXXB  DE  L'ALSâCB 


313 


Armes  surmontées  des  chiffres  1  -5  et  accostées  des  chiffres 
7-5  (1575), 

AR.  —  Musées  de  Dresde  et  de  Francfort.  —  Gravée, 
pi.  VI,  n«  1. 

Charles  de  Lorraine  (f  1607  ). 

82.  -  RVDOL.  IL  RO.  IMP.  AVG.  P.  E.  DEC.  —  Aigle 
impériale  surmontée  d'une  couronne  fermée. 

RI.  GAROL.  GAR,  LOT.  EPISGO.  ARG.  ET.  MET.  — 
Armes  surmontées  du  chapeau  de  cardinal. 

AV.  blanc.  Mod.  2L  Poids  3,20*  gr.  —  Gollection  de 
Rozières.  —  Gravée,  pi.  VI,  n**  2. 

Je  dois  la  communication  de  cette  pièce  nouvelle  à  Tobligeance  de 
M.  L.  Maxe-Werly. 

83.  —  Petite  bractée  inédite.  Ecu  aux  armes,  grénetis. 
AR.  —  Musée  de  Leipzig.  —  Gravée,  pi.  VI,  n*  3. 

Berst.,  n**  160.  Additions.  —  Signalons  ici  trois  variétés 
curieuses  du  teston  si  commun  de  Gharles  de  Lorraine  : 

84.  —  S.  GAROL.  D.  G.  GARD.  LOTH,  etc.  Sans  date. 
Gette  variété  est  loin  d'être  rare.  Le  graveur,  ici,  n'aurait- 
îl  pas  simplement  copié  la  légende  du  sceau  :  Sigillum  CaroU 
etc.  —  Gollection  Robert,  etc. 

85.  —  GAROL.  D.  G.  GARD.  H.  EP.  ARGENT.,  etc. 

Quelle  est  la  signification  de  cet  H  insolite  ?  Toutes  les  légendes  portant 
CARD.  LOTH.,  il  est  probable  que  le  graveur,  dans  sa  négligence,  aura 
omis  les  trois  premières  lettres  du  LOTH.,  ce  qui  expliquerait  parfaite- 
ment la  chose. 

85^  —  Même  légende  ;  à  la  fin  une  fleur  de  lis.  Date 
1606.  —  Gollection  Robert. 

Il  serait  intéressant  de  rechercher  Torigîne  de  ces  testons,  dont  la  mau- 
vaise fabrique  est  un  sujet  d*étonnement  pour  tous  les  amateurs.  M.  de 
Saulcy  les  croit  frappés  à  Vie,  et  M.  Ch.  Robert,  à  Strasbourg.  Je  n'ai 
pas  retrouvé  de  documents  relatifs  à  leur  émission. 


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914  REVUE  d'âLSACE 

Liopold'Guillaume  (f  1662). 

86.  —  Flaa  carré.  —  MON:  NOVA.  EP:  ARGEN  :  CVSA 
(XII)  —  La  Vierge  nimbée  assise,  tenant  l'enfant  Jésus 
sur  ses  genoux;  à  ses  pieds,  écu  de  la  Haute-Alsace;  dans 
le  chanip,  16 — 31. 

Rf.  A,  DD:  DEC:  ET:  CAP:  TAN:  AD:  EIVS.  —  Ecu 
aux  arnnes  de  l'évêque,  chargé  en  cœur  d'un  écusson  aux 
armes  des  comtes  de  Salm-Reiferscheid. 

AR.  Mod.  28.  —  Cf.  Berst.,  n*»  167.  —  Bibliothèque  de 
Strasbourg.  —  Gravée,  pi.  VI,  n°  5 

La  pièce  donnée  par  Berstett  est  un  demi  thaler  au  même  type.  Les 
monnaies  de  Léopold-Guillaume  sont  rarissimes  ;  je  n^ai  eu  entre  les  mains 
que  celle  ci-dessus  décrite.  Voici  quelques  détails  sur  ce  personnage  :  Fils 
de  Tempereur  Ferdinand  II,  il  naquit  en  1614,  et  fut  élu  évêque  dès  1625, 
à  fâge  de  onze  ans.  L^administration  du  diocèse  fut  confiée,  au  nom  du 
Chapitre,  au  chanoine  Hermann- Adolphe  de  Salm,  vicaire  général,  ce 
qui  explique  la  présence  de  Técusson  en  question .  —  Pour  plus  de  détails, 
voir  GRANDfDiER,  Œui/res  inédites,  tome  IV,  p.  460. 

Quant  à  la  légende,  il  n'y  a  que  le  TAN  dont  je  ne  puisse  donner  une 
explication  satisfaisante;  pour  le  reste,  je  crois  qu'il  faut  lire  MO N//a 
NOVA  EFiscopatus  ARGEN//«^«/iV  CVSA  A  Dominis  DECano  ET 
CAV itularibus  TAN/a/w  (?)  ADminisiratoribus  EIVS,  monnaie  nouvelle 
de  tevêche  de  Strasbourg  frappée  par  les  seigneurs^  doyens  et  chanoines  {qui 
m  sont  qu)  administrateurs  dudit  é'vêché. 

La  médaille  suivante  est  de  Léopold,  archiduc  d'Autriche,  évêque  de 
Passau  et  administrateur  de  Murbach  et  Lure  : 

87.  —  LEOPOLD:  D:  G:  ARC:  AVS:  EPVS:  ARG:  ET: 
PAS  -—  Buste  nu  à  droite  avec  collerette. 

R/.  PIETAS  AD  OMNI  A  VTJLIS'"'.  ~  Trois  cigognes, 
dans  une  vallée  boisée,  faisant  craqueter  leurs  becs,  et 
regardant  vers  le  ciel  ;  dans  un  nuage,  le  Père  éternel  cou- 
ronné et  bénissant. 

AR.  Médaille  ovale.  Mod.  37.  Travail  soigné.  —  Musée  de 
Vienne.  —  Cf.  Berst,  Suppl,  n^  173.—  Gravée,  pi.  VI,n°4, 

Comme  les  cigognes,  en  craquetant,  ont  Thabitude  de  lever  le  bec  en 
l^air,  elles  sont  sans  doute  un  symbole  des  hommes  pieux,  qui  élèvent 
leurs  prières  et  leurs  regards  vers  le  ciel.  Rien  de  plus  commun  que  ces 
symboles  au  moyen-âge. 


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NUMISMATIQUE  DE  L'ALSÂCE  SIÔ 

François  Egon  (  f  1682  ). 

88.  —  Berst.,  n°  170.  Addition.  —  Cette  pièce  existe  à 
Donaueschingen,  avec  la  contremarque  CT  sur  les  deux 
faces. 

Voici  une  petite  médaille  bien  intéressante,  qui  m*a  été  signalée  pour 
la  première  fois  par  M.  Vallier,  et  que  j^ai  depuis  trouvée  encore  à 
la  bibliothèque  de  Strasbourg  : 

89.  —  FRANC.  EGON.. .  AR.  A.  M.  E.  L.  L.  A.  P.  A.  — 
Ecu  aux  armes. 

Rf.SYB  I  AVSPICE.  CHRISTI  |  ANISSIMI. INGENS  1 
RENAS  (soleil  rayonnant)  CITVR  |  ORDO  |  MDCLXXXI. 

AR.  Mod.  18.  Poids  1,3  gr.  —  Musée  de  Grenoble  et 
Bibliothèque  de  Strasbourg.  —  Gravée,  pi.  VIII,  n'*  6. 

Sous  Texemplaire  du  Musée  de  Grenoble  se  trouve  la  note  suivante 
de  la  main  de  M.  de  Pina  :  «Le  magistrat  de  la  ville  s^étant  plaint  auprès 
de  Louis  XIV,  ce  roi  ordonna  de  retirer  cette  médaille  et  la  fit  refondre  ; 
par  là,  elle  est  devenue  infiniment  rare.)» 

c  Cette  médaille,  dit  M.Ch.  Schmitt,  se  rapporte  sans  doute  à  la  restitution 
de  la  cathédrale  aux  catholiques  après  la  capitulation  de  Strasbourg.  Je 
ne  sais  rien  d*une  protestation  du  magistrat,  mais  elle  est  probable,  notre 
magistrat  ne  pouvait  pas  souffrir  que  Ton  préfendît  qu^avant  1681  tout 
avait  été  en  désordre,  et  que  Tordre  ne  renaissait  que  grâce  au  Roi  très 
chrétien.  > 

L^aigle  qui  figure  sur  les  armoiries  faisait  partie  de  celles  des  Fûrsten- 
berg.  — Quant  à  Tépithète  Christianissimi  sans  regls^  elle  est  insolite  ;  et 
ingens  appliqué  à  ordo  Test  également.  La  légende,  néanmoins,  ne  peut 
être,  lue  autrement.  Légende  de  Tavers  :  Elle  doit  être  achevée  ainsi  : 
FRANrijrtfj  EGON  EPISfo/»/  ARgentinensis  Administrator  Murbacenûs 
Et  "Lutrensis  handgravius  Alsatiae^  Vrinctps  A.  (?)  —  Le  mot  suivant 
commençant  par  un  F  (JFranciscus),  on  peut  supposer  que  parla  faute  du 
graveur  un  F  a  été  omis  et  qu'il  faut  lire  Frinceps  a  Fûrstenberg ,  —  Au 
lieu  d'Admtnistrator  on  pourrait  encore  lire  Abbas^  François  Egon  étant 
devenu,  en  effet,  abbé  de  Murbach  et  Lure. 

On  me  fait  remarquer,  en  outre,  que  les  mots  renascitur  ordo  sont  une 
réminiscence  de  la  fin  d'un  vers  de  Virgile,  BucoL.,  IV,  v.5  : 

Magnus  ab  integro  soiculorum  nascitur  ordo. 

Or,  dans  ce  vers,  ordo  saeculorum  signifie  suite  de  siècles^  h-e^  et  ab 


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316  BEYUB   D'ALSâOB 

tntfgro,  dt  nowveau  :  une  grande  ère  recommence,  donc,  la  légende  de  la 
médaille,  ingins  ordo  renascitur  doit  sVxpliquer  de  même  :  une  grande  ère 
recommence,  en  prenant  ordo  dans  le  sens  d'^^,  plutôt  que  ai  ordre  opposé 
â  désordre. 

Armand'Gaston  de  Rohan  (1674- 1749). 

90.  —  Ecu  aux  armes,  sur  un  manteau  d'hermine  sur- 
monté d'une  couronne,  et  derrière  lequel  on  voit  une  épée 
et  une  crosse  en  sautoir. 

RJ.  Sur  le  même  manteau,  écusson  portant  des  initiales 
(quatre  G  et  un  A). 

AR.  Mod.  28.  Travail  soigné.  —  Collection  Erné.  —  Gra- 
vée, pi.  VIII,  n'  4. 

Guillaume  Egon  (f  1704). 
Berst.,  p.  61.  Addition. 

Berstett  n*a  pas  jugé  à  propos  de  nous  dire  pourquoi  cet  évêque  parait 
ne  pas  avoir  battu  monnaie.  C'est  ce  qu'on  trouvera  dans  :  Hanauer, 
Etudes  économiques,  tome  1*%  p.  69  :  Défense  à  Tévêché.  par  la  cour  de 
France,  de  rouvrir  ses  ateliers  en  Alsace  (1687),  et  à  la  même  époque, 
fermeture,  par  la  guerre,  de  TofEcine  épiscopale  d'Oberkirch,  sur  la  rive 
droite  du  Rhin. 

91.  —Berst.,  n«  149.  Addition.  —  EPISCOPVS.  —  Buste 
nu  tenant  une  crosse  de  la  main  droite. 

Rf.  ARGENTINA.  —  Temple  à  trois  tourelles. 

AR.  Obole.  Mod.  12.  —  Bibliothèque  de  Strasbourg.  — 
Bonne  febrique.  —  Gravée,  pi.  VI,  n*  9. 


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mJMISlIATIQTTX  DB  L*ALSAOE  817 

STRASBOURG  (Ville) 

92,  93, 94.  —  Berst.,  n'»  182.  Addition. 

Voici  trois  nouvelles  variétés  du  pfenning  si  commun  à  la  fleur  de  lis  : 

a)  Grénetis.  Partie  supérieure  d'une  fleur  de  lis  avec  une 
croix  dans  le  haut.  —  Gravée,  pi.  VI,  n**  7. 

*)  Même  type.  Dans  le  haut  un  X.  —  Gravée,  pi.  VI,  n*6. 

c)  Idem.  Quatre  points  en  bas  et  deux  en  haut.  —Musée 
de  Stuttgardt.  —  Gravée,  pi.  VII,  n»  8. 

95.  —  Berst.,  n''202.  Addition. 

Qtkreutzer  rCtsX.  pas  commun  (Grenoble,  Donaueschingen,  Strasbourg). 
Je  Taî  trouvé  à  Stuttgardt  en  moitié  du  poids. 

96.  —  Berst.,  p.  76.  Addition. 

Cette  petite  médaille  est  encore  aujourd'hui  une  énigme  pour  les  ama- 
teurs. C'est  probablement  un  jeton,  et  les  lettres  du  RJ  signifieraient  alors, 
dit  Berstett,  Mark  ou  Mass-Zeichen. 

Deux  écussons  accolés,  celui  de  droite  de  Strasbourg, 
celui  de  gauche  portant  une  croix  sur  un  A.  Sur  les  deux 
écussons,  fleurs  de  lis;  dessous,  dans  un  cartouche,  VIII; 
puis,  de  chaque  côté,  un  petit  écusson,  celui  de  droite 
contenant  une  bouteille,  celui  de  gauche  trois  feuilles  de 
trèfle;  au  dessous,  1631. 

AR.  Mod.  20.  —  MM.  Erbstein  à  Dresde  et  Musée  de 
Leipzig.  —  Gravée,  pi.  VIII,  n'  5. 

Médailles 
A.  Midaillis  acadhniquis 
Berst.,  p.  57.  Addition. 

Ce  jeton  doit  être  restitué  à  Nuremberg. 

97.  _  Berst.,  p.  243.  Addition.  —  MVNERE  DIVI,  etc 
iî/.  MEMORIA,  etc. 


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318  REVUE  d'alsage 

La  même  médaille  existe  au  Musée  de  Colmar  avec  Técu  du  Rf  sans 
aucun  ornement.  Je  Tai  vue  aussi  souvent  en  double  du  poids. 

L'Académie  fut  éta"blie  en  1567  comme  complément  du  G3rmnasey  et 
érigée,  en  1621,  en  Université  complète. 

98.  -  S.  VING.  FERR.  SECVL.  III.  CAN.  —  Saint  Vin- 
cent nimbé  et  ailé,  levant  la  main  droite  et  tenant  de  la 
gauche  un  livre. 

Rf.  COLLEGI.  VAL.  ARTIS.  ARGE.  —  Coupe  fermée, 
accostée  de  deux  L  couronnés,  et  dont  le  couvercle  est 
orné  d*un  hibou  de  face,  les  ailes  étendues. 

AR.  Mod.  20.  —  Collection  Meyer. 

ColUgium  ariis  peut  signifier  ici  Faculté  de  philosophie,  mais  on  disait 
facultas  artium, 

B.  Médailles  des  Jubilés 

99.  —  Berst.,  p.  78.  Addition. 

Cette  médaille  a  trait  à  Tanniversaire  séculaire  de  la  présentation  de  la 
confession  d^Augsbourg.  Voici  comment  il  faut  en  compléter  la  légende  : 

«  Saecularis  memoria  a»  MDCXXX  :  28  Junii  summse  fidei  Carolo  V. 
et  statuum  comitiis  augustanis  anno  MDXXX.  XXV  Junii  exhibitae  a 
Johanno  et  Johanno  Frideri'co  Saxonibus,  Georgio  Brandenburgico,  Phi- 
lippo  Hassiano,  Ernesto  et  Francisco  Luneburgensibus,  Wolfg^ngo 
Anhaltino,  Nurnberga  et  Reutlingen.  > 

Traduction  :  c  Souvenir  séculaire  de  la  somme  de  la  foi  (la  confession) 
présentée,  le  15  juin  1530,  à  Charles  V  et  aux  comices  des  Etats  (diète) 
d^Augsbourg,  par  Jean  (électeur)  et  Jean-Frédéric  (duc)  de  Saxe,  Georges 
(margrave)  de  Brandebourg,  Philippe  (landgrave)  de  Hesse,  Ernest  et 
François  (ducs  de  Lunebourg),  Wolfgang  (prince)  d'Anhalt,  (les  villes 
de)  Nuremberg  et  Reutlingen.  » 

Ce  sont  là  les  signataires  de  la  confession  remise  à  Charles  V. 
Berst.,  p.  79.  Addition. 

Je  n^ai  pas  pu  retrouver  les  quatre  curieuses  pièces  citées  à  la  fin  de  ce 
chapitre,  comme  ayant  appartenu  à  la  collection  de  Bretfeld.  Elles  méri- 
teraient une  étude  spéciale. 


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NUMISMATIQUE  DE  L'ALSÀCE  319 

C.  Alliance  avec  les  villes  suisses 

Berst.,  n-  250,  Addition.  —  DO  MAN  ZELT.  —  Ces  trois 
mots  s'écriraient  aujourd'hui  :  Da  man  zahà^  i  quand  on 
compte.  * 

Sur  Talliance  entre  Strasbourg ,  Berne  et  Zurich ,  voyez  Strobel, 
Geschichte  des  Elsasses,  tome  IV,  p.  190. 

D.    Tir  au  canon  de  1590 

Les  exercices  d^artillerie  auxquels  se  rapportent  ces  médailles,  eurent 
lieu,  dit  la  Chronique  de  Schad,  dans  la  Plaine  des  Bouchers,  du  15  mai 
au  10  juin. 

iOO.  —  Berst.,  p.  80.  Additions. 

Je  donne  ici  le  dessin  de  deux  médailles  décrites  par  lui. 

La  première  nVxiste,  à  ma  connaissance,  qu>n  alliage,  et  ne  se  trouve 
pas  en  argent.  Un  exemplaire  sur  flan  carré,  dans  le  médailler  de  la 
Bibliothèque  de  Strasbourg. 

La  légende  du  Rf  dit  la  suivante  est  celle-ci  : 

oIMo  I  90   lAR   D  I  lES  SCHIES  |  SEN.    VOLBR  | 
ACHT  I  WAR.  -  Gravées,  pi.  VII,  n-  4  et  5. 

101.  — Vue  d'un  camp  établi  dans  une  prairie;  un 
homme,  coiffé  d'un  chapeau  à  plume,  s'apprête  à  tirer  avec 
un  mousquet  dont  la  crosse  repose  sur  son  épaule  droite 
et  le  canon  sur  une  fourchette.  Devant  lui,  un  personnage 
joue  aux  quilles,  et  dans  le  fond,  on  aperçoit  un  autre  per- 
sonnage tenant  une  lance.  Quatre  grands  écussons  occupent 
le  champ. 

Rf.  PRO.  LVD.MOSQVETAR.  PRINCIPVM.EVANG. 
GAPITVLAR.  ARGENTOR.  Ao  MDXC  —  Dans  un  cercle, 
au  milieu,  trois  écussons,  les  deux  inférieurs  surmontés 
d'initiales.  Exergue  :  AR— GENT;  dans  le  bas,  1590.— 
Le  cercle  est  entouré  de  neuf  écussons,  surmontés  ou 
accostés  d'initiales,  les  trois  inférieurs  séparés  par  des 
fleurs  de  lis. 

AR.  et  vermeil  Mod.  43.  Coulée.  —  Collection  Chaix  à 
Villy-en-Auxois  ;  Musée  de  Gotha  et  Bibliothèque  de  Stras- 
bourg. —  Gravée,  pi.  VII,  n*»  2. 


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â20  REVUE  D'ALSàOE 

Le  tîr  de  1590  est  ainsi  mentionné  dans  la  Chronique  manuscrite  d^Ozée 
Schad  (1  vol.  in-folio,  appendix,  p.  109.  Bibliothèque  municipale  de 
Strasbourg)  :  «  Den  5  octobris  (1590)  gaben  die  Jursten  und  grafen  im  bru- 
derhojf  efvangeltschen  theils  den  burgern  200  Reichsthaler  mit  Musceten  %u 
verschiessen  »  (le  5  octobre,  les  princes  et  comtes  du  grand  chapitre,  du 
parti  éyangélique,  ont  donné  aux  bourgeois  200  écus  pour  célébrer  un 
tir  de  mousquets). 

Dans  le  grand  chapitre  il  s'était  formé  une  scission;  une  partie  des  cha- 
noines étaient  catholiques;  les  autres  protestants;  de  là  des  conflits  et  des 
violences  (v.  Strobel,  IV,  p.  197  et  seq.).  I«e  magistrat  garda,  aussi 
longtemps  qu'il  pût,  la  neutralité.  Les  chanoines  protestants  s>IForçaient 
de  Tattirer  de  leur  côté  ;  on  peut  supposer  que  c>st  pour  se  rendre  popu- 
laires, qu'ils  donnèrent  aux  bourgeois  les  200  écus  pour  un  tir,  à  Tocca- 
sion  duquel  il  y  eut  encore  d'autres  divertissements  :  l'homme  qui  joue  aux 
quillex  et  le  cavalier  avec  une  lance,  qui  fait  songer  à  un  carrousel. 

Ludus  signifiait  toute  espèce  de  divertissement;  sur  une  médaille  du 
grand  tir  de  1576,  celui-ci  est  désigné  comme  ludus  pubhcus  (Berst.  251). 

Il  existe  aux  archives  de  Strasbourg  un  programme  manuscrit  d'une fSte 
de  tir  de  la  fin  du  XV"  siècle;  on  y  voit  qu'on  avait  coutume  de  combi- 
ner avec  le  tir  des  concours  de  gymnastique,  de  saut,  de  course,  etc. 

Sur  l'avers  de  la  médaille  l'écusson  supérieur  est  celui  de  Strasbourg  ; 
les  trois  autres  doivent  se  rapporter  à  trois  des  chanoines.  Les  noms  des 
chanoines  protestants  de  l'époque  se  trouvent  dans  GrandIDIER,  Œwures 
inédites f  t.  IV,  p.  435.  On  trouverait  peut-être,  dans  un  ouvrage  héral- 
dique, auxquels  de  ces  noms  les  armoiries  peuvent  s'appliquer;  toujours 
est-il  qu'il  s'agit  de  princes  et  de  comtes. 

Les  écussons  du  Rf,  à  l'exception  d'un  des  trois  du  milieu,  qui  est  de 
Strasbourg,  ARGENT.,  n'appartiennent  ni  à  des  villes,  ni  à  des  corpo- 
rations; les  uns   sont  évidemment  des  armoiries  bourgeoises  (l'homme 

sauvage,  la  bretscel^  le  signe    *t    etc.)  ;  d'autres  paraissent  se  rapporter  à 

des  nobles  ou  patriciens.  On  peut  supposer  qu'ils  représentent  les  vain- 
queurs du  tir;  les  noms  sont  indiqués  par  les  initiales.  Mais  où  retrouver 
ces  noms?  Les  grands  recueils  manuscrits  sur  les  généalogies  et  les 
armoiries  des  familles  strasbourgeoises,  qui  existaient  à  la  Bibliothèque 
de  Strasbourg,  sont  brûlés.  Quant  à  l'inscription  du  RJ.  elle  peut  s'ex- 
pliquer de  deux  manières  ;  nous  lisons  : 

/V0  ludo  mosquetarum  principum  evangeiicorum  capitularium  Ârgentora" 
tensium,  ce  qni  pourrait  signifier  :  Médaille  des  princes^  etc.  (offerte  par  les 
princes)  pour  le  divertissement  du  tir,  ou  bien  :  Médaille  pour  le  tir  (en 


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MUMISliATIQUE  DE  L'ALSâCB  321 

mémoire  du  tir)  des  princes  (organisé  par  les  princes) .    Pour  ma  part,  je 
pencherais  pour  ce  dernier  sens. 

102.  —  Vue  de  Strasbourg,  à  gauche,  le  soleil,  et  à  droite, 
la  lune.  Au  premier  plan,  un  artilleur  coiffé  d'un  bonnet, 
approche  sa  mèche  d'un  canon;  à  ses  pieds,  sacs,  caisses 
de  poudre,  instruments  divers  et  boulets. 

Rf.  IM.  90  lAR.  DIS  GROS  SCHIESSEN  WAR. 
DER  IVNI  VOLLENDETSZ.  GAR.  —  Douze  écussons 
surmontés  ou  accostés  d'initiales  ;  celui  du  bas  est  accosté 
de  deux  canons. 

AR.  Mod.  43.  Coulée.  —  Cabinet  de  France.  —  Gravée, 
pi.  VII,  n«  3. 

E.  Médailles  diverses 

Berst.,  n**  256.  Addition.  —  Voici  le  sens  de  la  légende 
de  X Avers  de  cette  médaille  (PAGE  INTER  LEOPOLD  I, 
etc.)  : 

Le  Sénat  et  le  peuple  de  Strasbourg  rappellent,  par  ce  monument,  à  la 
postérité  la  plus  reculée,  que  la  République  a  été  miraculeusement  conservée 
par  la  paix  conclue  entre  Léopold  I«',  empereur  romain,  et  Louis  XIV, 
roi  de  France,  à  Nimègue,  le  26  janvier  1679. 

Le  Rf.  (aVrea  paX,  etc.)  doit  se  traduire  ainsi  : 

O  Strasbourg,  la  paix  dorée  (l^âge  d*or  de  la  paix)  te  revient  de  préfé- 
rence à  toi  et  aux  tiens  par  le  secours  de  Dieu  ! 

Les  chronogrammes  contiennent  souvent  des  mots 
superflus,  comme  ici  POTIVS. 

103.  —  Berst.,  p.  81,  1.  28  Addition.  —  Cette  petite 
médaille  a  également  rapport  à  la  paix  de  Nimègue.  La 
légende  du  RJ.  „2)en  grieb  unb  Slettungô  aBunberfcJcm  la%  ja  0  @tra8« 
Burg  en)i0  bein  unb  beiner  l!inber  ^enfmal  fein  !"  doit  se  traduire  ainsi  : 

O  Strasbourg,  que  le  signe  miraculeux  de  la  paix  et  du  salut  soit  à 
jamais  ton  monument  et  celui  de  tes  enfants  ! 

Le  RJ.  est  une  allusion  à  Tarc-en-ciel  qui  marqua  la  fin 
du  déluge (Gen.  IX,  12  et  sqq.).—  I.  C. M. signifie  peut-être 
Jisus  Christus  Mediator^  par  allusion  à  Talliance  de  Dieu  avec 

NoaYelle  Série.  —  6*  Année.  21 


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aS8  BBYXTE  D  ALSACE 

les  hommes,  dont  il  est  parlé  dans  le  passage  susdit,  et 
dont  Jésus-Christ  est  devenu  le  médiateur,  à  moins  que  ce 
ne  soit  tout  simplement  le  monogramme  du  graveur. 

AR.  —  Bibliothèque  de  Colmar. 

104.  —  Berst.,  p.  82.  Addition.  —  Légende  :  c  GOTT 
GEBE  FRIED  IM  GANZEN  LAND  1  ERHALTE  LEHR, 
WEHR  VND  NEHRSTAND.  > 

Le  Nàhrstand  (de  nàhren^  nourrir)  signifie  les  bourgeois  et  les  paysans 
ceux  qui  nourrissent  les  autres;  le  Lehntand  se  dit  des  professeurs  et  des 
savants;  le  Wehrstand^  des  nobles  et  des  soldats.  —  V.  D.  M.  I.  ^  signifie 
Virbum  Domini  manet  in  oitemum^  la  Parole  de  Dieu  demeure  éternelle- 
ment. 

105.  —  VRBEM  CHRISTE  TVAM  SERVA.  -  Vue  de 
la  ville  ;  au  dessus,  un  ange  plane,  tenant  une  palme  et  une 
fleur  de  lis. 

Rf.  GLORIA  IN  EXCELSIS  DEO.  —  Armes  de  la  ville, 
surmontées  de  deux  demi-vols  chargés  des  mêmes  armes, 
et  soutenues  par  deux  lions. 

AR.  Mod.  46-36.  Médaille  ovale.—  Musée  de  Stuttgardt. 
—  Gravée,  pi.  VII,  nM. 

106.  —  Un  enfant,  en  robe  flottante,  tient  un  van  hors 
duquel  il  vient  de  rejeter  un  masque,  une  raquette,  un 
verre  à  boire  et  différents  objets,  livres  ou  dominos-  Dans 
le  van  il  retient  une  croix,  un  livre  marqué  B(iblia)  et  autres 
objets  indistincts;  à  droite,  un  arbre  sur  lequel  se  tient  un 
oiseau  ;  dans  le  haut,  un  nuage  duquel  partent  des  rayons. 

Rf,  Dans  un  encadrement  orné  et  portant  dans  le  haut 
l'écu  de  Strasbourg  surmonté  de  la  fleur  de  lis  : 
VERWVRF  DAS  BÔS  |  BEHALT  DAS  GVTH  | 
SO  BLEIBST  ALZEIT  |  IN  GVTHER  HVTH  | 
1629.  —  FF. 

AR.  Mod*  30.  —  Musée  de  Stuttgardt. 


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NUMISMATIQUE  DE  L'ALSACE  333 

F.  ComiU  ii  i68i. 

107.  —  Berst.,  p.  83.  Addition.  —  Nous  donnons  ici  le 
dessin  de  Técu  à  la  comète,  décrit  déjà  anciennement  par 
Madaï. 

Par  son  apparition,  la  comète  de  1681  (décembre  1680  et  janvier  x68x) 
causa  une  grande  frayeur  dans  toute  l'Europe .  De  la  part  des  savants 
elle  donna  lieu  à  une  quantité  de  publications.  «  La  comète  de  1680,  dit 
Tastronome  De  la  Lande,  la  plus  singulière  et  la  plus  fameuse  de  toutes 
les  comètes,  qui  occasionna  les  découvertes  de  Newton  sur  les  comètes  et 
les  Pensées  de  Bayle,  donna  lieu  à  une  multitude  d'ouvrages  dans  Tannée 
même  de  son  apparition  ».  (Bibliographie  astronomique,  —  Paris,  an  XII, 
1803,  p.  298).  De  la  Lande  donne  le  titre  de  quarante-trois  ouvrages, 
parmi  lesquels  trois  in-folios  et  nombre  d^in-40j  imprimés  à  l'occasion  de 
cette  comète  à  Paris,  à  Londres,  à  Berlin,  à  Rome,  à  Venise,  à  Bâle,  etc. 
(p.  2981304). 

Il  est  à  noter  que  M.  Louis  Levrault,  dans  son  Essai  sur  F  ancienne 
monnaie  de  Strasbourg,  page  351,  conteste  l'origine  strasbourgeoise  de  cette 
curieuse  médaille,  pour  n'en  pas  avoir  examiné  la  tranche,  ou  plutôt  pour 
avoir  négligé  de  lire  jusqu'au  bout  la  description  qu'en  donne  Berstett. 

Gravée,  pi.  VIII,  n^  1. 

G.  Médailles  relatives  à  la  Cathédrale 

Des  deux  médailles  qui  vont  suivre,  la  première  est  citée  dans  Berstett, 
page  84;  la  seconde  est  entièrement  nouvelle.  Elles  sont  certainement 
l'œuvre  du  même  artiste,  et  j'inclinerais  1  croire  que  les  deux  revers  sortent 
du  même  coin . 

108.  —  DIE  DREI  —  IVNCKHERN.  VON.  BRAG. 
1565.  Trois  cavaliers  à  gauche. —  Etain  et  argent  doré.  — 
Musée  de  Donaueschingen  et  Bibliothèque  de  Strasbourg. 
—  Gravée,  pi.  VIII,  n»  3. 

Les  Juncker,  de  Prague,  passent  pour  avoir  été  employés,  comme  archi- 
tectes de  la  Cathédrale,  vers  la  fin  duXIV»  siècle  (cf.  Gérard,  Les  artistes 
de  CAlsacey  t.  II,  p.  i  et  sqq.].  — Généralement  on  n'en  cite  que  deux. 
M.  SiGHART  {Mittheilungen  der  k.  k,  oesterr.  Centralcommission,  1865)  dit 
qu'ils  étaient  au  nombre  de  trois  sans  mentionner  de  source  j  leurs  noms  t 
Janec^  fTenzel  et  Feber.  —  On  ne  sait  pas  si  Juncker  était  leur  nom  de 
famille,  ou  s'il  les  désignait  comme  nobles.  Celui  qui  fit  la  médaille,  les 


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824  BEVXm  D'ALSACE 

a  pris  pour  des  gentilhommes,  autrement  il  ne  les  aurait  pas  représentés 
armés  et  à  cheval.  Cette  médaille  nous  montre  aussi  que  la  tradition 
s'était  conservé  qu'ils  étaient  trois.  —  Pour  M.  de  Berstett,  il  s'est 
étrangement  trompé  en  trouvant  là  le  nom  de  la  famille  Brackenhofer. 

109.  —  Même  type,  la  Cathédrale  légèrement  variée. 

Rf.  EPIS:  BEREGAR19.  PRIMO  FECIT.  FVDAAEVm 
1015.—  Evêque  mitre  debout  de  face,la  main  droite  ouverte 
et  tenant  une  crosse  de  la  gauche. 

Etain.  —  Même  style  que  la  médaille  précédente.  — 
Musée  de  Bàle.  —  Gravée,  pi.  VIII,  n^  2. 

Il  s'agit  évidemment  ici  de  Tévêque  Werner  (1003-1028)  ;  l'orthographe 
Birengarius  est  due  sans  doute  à  une  erreur  d'un  graveur  étranger. 

H.  RitabKssementy  en  I759>  de  la  monnaie  ipiscopale  à  Oherkirch 

HO.  -  REGNI  FIDiEI  MVNIFICENTI^  PIGNVS 
—  Sous  un  dais,  la  Justice  assise  sur  un  trône,  et  coiffée 
d*une  couronne  tourelée  ;  elle  étend  la  main  droite  et  porte 
la  gauche  sur  la  poignée  de  son  épée,  sur  laquelle  est 
appuyé  un  écusson  aux  armes  des  Rohan.  A  ses  pieds,  un 
carquois  et  une  balance;  dans  le  bas,  le  nom  du  graveur, 
j.  GAMOT  F.  —  Un  personnage  en  costume  romain,  se 
tenant  devant  le  trône,  présente  à  la  Justice  une  femme 
qui  tient  de  la  main  droite  une  pièce  de  monnaie  et  dont 
la  tête  est  surmontée  d'une  flamme.  Sur  la  gauche,  un 
balancier;  à  Texergue,  un  lévrier  courant  à  gauche,  sur- 
monté de  la  légende  :  ïtdelis  et  acer. 

Rf.  En  douze  lignes  :  REGNANTE  |  LVDOVICO  CON- 
STANTINO  I  PRINCIPE  DE  ROHAN  |  ADMINISTRA- 
TORE  CAROLO  I  ARMANDO  ANTONINO  DALENÇON 
I  SERENISSIMI  PRINCIPIS  |  CONSILI ARIO  AB  INTI- 
MIS  I  MONETA  EPISCOPALIS  |  ARGENTINENSIS 
IN  I  OBERKIRCH  RESTITVTA  |  ANNO  DOMINI  | 
M.  DCC.  LIX.  I 

AR,  Q)  Mod,  32,  -  Musée  de  Vienne.  —  Gravée,  pi.  IX, 


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NUMISMATIQUE  DB    L'ALBACE  325 

Nous  manquons  absolument  de  détails  sur  le  fait  auquel  se  rapporte 
cette  intéressante  médaille,  et  cVst  ce  qui  nous  empêche  de  donner  une 
description  suffisante  de  l'avers.  —  Cf.  Hanauer,  Etudes  économiques^ 
t.  I,  p.69. 

I.  Passage  de  Marie-Antoinette  à  Strasbourg 

m.  -COALESCENTIS  DECORA  VIRTVTIS.  -  Sur 
un  autel  orné  de  guirlandes,  deux  cœurs  enflammés  et 
liés,  sous  rœil  de  Dieu.  A  gauche,  dauphin  couronné  ;  à 
droite,  aigle  couronnée  tenant  sous  sa  patte  une  fleur  de 
lis.  —  Exergue  :  ARGENTINA  |  kamm  fecit. 

RJ.  AVSPICATO  DELPHINAE  ADVENTVI.  —  Arc 
de  triomphe,  surmonté  d'un  Mercure,  tenant  de  la  main 
droite  un  caducée,  et  de  la  gauche  un  cœur.  —  Sur  une 
guirlande,  on  lit  :  VIRT.  NIHIL.  IPSA.  SIMILIVS  ;  au- 
dessus  des  portes  I.  MAD  |  Mil  |  lOK  |  1770,  et  au-dessus 
de  chaque  porte  latérale  :  VINCE.  -  Exergue  :  DIE.  VIL 
MAIL  I  MDCCLXX. 

Etain.  Mod.  50.  —  Musée  de  Bâle  et  Bibliothèque  de 
Strasbourg. 

Le  travail  est  fort  médiocre,  aussi  je  ne  garantis  pas  la  lecture  de  la 
légende  du  dessus  des  portes. 

Une  brochure  du  temps  '  donne  la  description  des  fêtes  données  à  Stras» 
bourg  lors  du  passage  de  la  dauphine  Marie-Antoinette.  L'arc  de  triomphe 
reproduit  sur  la  médaille  y  est  décrit.  Il  fut  élevé  sur  remplacement  d'une 
ancienne  tour,  le  Metzgerthurm,  actuellement  porte  d'Austerlitz,  faisant 
partie  du  mur  d'enceinte  que  le  magistrat  fit  démolir  à  cette  occasion  : 
c'est  par  elle  que  Marie- Antoinette  fit  son  entrée  dans  Strasbourg.  La 
cérémonie  et  l'acte  de  la  remise  de  la  dauphine  eurent  lieu  dans  une  des  îles 
du  Rhin,  dans  un  bâtiment  à  ritalienne,  construit  pour  la  circonstance. 


^  Description  des  fêtes  données  par  la  viUe  de  Strashowg  h  Madame 
Marie-Antoinette,  Dauphine  de  France^  lors  de  son  passage  dans  ladite 
ville,  le  7  mm  4770.  —  A  Strasbourg,  chez  Jonas  Lorentz,  imprimeur. 
in-4S  16  pages. 


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3^  REVUE  D'ALBAOE 

THANN 

112.  —  MONETA.  NOVA.  TANNENSIS.  1533  f  -  Ecu 
aux  armes,  de  forme  particulière. 

Rf.  DOMINE.  CONSERVA.  NOS.  IN  PAGE  f  —  Aigle 
regardant  à  gauche. 

AR.  Mod.  27.  —  Musées  de  Bâle  et  de  Dresde.  —  Gravée, 
pi.  IX,  n^»  2. 

113.  —  S.  THEOBA— LDVS.  1624.  —  Le  Saint  assis,  vu 
de  face,  bénissant  de  la  main  droite  et  tenant  de  la  gauche 
une  crosse. 

Rf.  MONETA.  NOV(Z)A.TANENSIS.  -^  Ecu  aux  armes 
entouré  de  cinq  lobes. 
AR.  Mod.  27.  —  Musée  de  Bâle,  etc.  —  Grav.,  pi.  IX,  n«.3. 

114.  —  t  MO  NO.  TANNENSIS.  —Armes  dans  un  cercle 
perlé. 

Rf.  t  SALVE.  CRVX .  SANG — Groix  pattée  et  fleuronnée. 
BIL.  Mod.  12.  —  GoUection  Rencker  à  Golmar.  —  Gra- 
vée, pL  IX,  n*  4  

WISSEMBOURG 

115.  —  t  MON.  NOV.  IMP.  GIVIT.  WEISSENBVRG. 
AM.  RHEI.  —  Ecusson  très  orné. 

RJ,  FERDINANDVS.  II.  D.  G.  ROM.  IMP.  SEM.  AVG. 

—  Aigle  à  deux  tètes,  chargée  en  cœur  du  globe  crucigère, 
surmonté  d'une  couronne  fermée. 

AR.  Mod.  49.  Piéfort.  —  GoUection  Missong  à  Vienne. 
Gravée,  pi.  XI,  n*  1. 

116.  —  Portique  sommé  de  trois  tours. 
Rf.  Spirale  (?)  Au  milieu  la  lettre  L  (?) 

AR.  Mod.  15.  —  GoUection  Meyer.  —  Grav.,  pi.  XI,  n**  2. 

117.  -  MON.  NOV.  IMP.  GIVIT.  WEISSENBVRG.  A. 
RH:  —  Dans  le  champ  les  armes  de  la  ville. 

Rf.  FERDINAND.  IL  D.  G.  ROM.  IMP.  SEM.  AVG:  - 
Type  du  Rf  précédent. 
AR.  Mod.  41.  Ecu.  —  Bibliothèque  de  Strasbourg,  etc. 

—  Gravée,  pi.  XI,  n«  3. 


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APPENDICE 


Nos  planches  étaient  déjà  terminées  quand  parut  un' 
article  de  M.  Ed.  Forschheimer,  le  possesseur  d'une  pièce 
rare,  dans  la  Numismatische  Zeitschrift^  de  Vienne  (1876, 
1"  semestre).  Je  ne  saurais  mieux  faire  que  de  donner  ici 
la  traduction  de  cet  article,  qui  contient  de  curieux  rensei- 
gnements; j'ajouterai  que  nos  lecteurs  feront  mieux  de 
s*  en  remettre  au  dessin  de  la  Numismatische  Zeitschrift^  qu'à 
celui  de  M.  Dardel,  attendu  que  ce  dernier  présente 
quelques  inexactitudes  dues,  non  pas  à  un  manque  de 
soins  de  notre  habile  artiste,  mais  bien  au  mauvais  état  de 
l'empreinte  que  nous  lui  avions  confiée. 

Un  éea  dn  priBce  Syrns  Anstriaeas  de  Correggio 

Af.  Rosette.  LEODEGARIVS.  D.  G.  EPISœPVS. 
AVGVSTO  DVNEN.  P.  S  —  Buste  à  droite  avec  mouche 
et  moustache,  en  mozzetta  ^  avec  large  col  à  revers,  entre  la 
date  1&— 21. 

RJ.  INSIGNIA.  ANTIQVISSIMA.  ET.  MATERNA.  — 
Ecu  sommé  du  chapeau  archiducal,  et  légèrement  orné  sur 
les  côtés,  contenant  les  armes  des  différentes  provinces 
autrichiennes  (Hongrie,  Bohème,  Autriche-Bourgogne, 
Habsbourg -Goritz;  en  pointe  les  cinq  alérions  de  la 
«Vieille- Autriche,  >  au  centre,  Tjrrol). 

Mod.42mm.  Pds.  26,7  gr.  Bas  titre:  "Viooo  d'après  l'essai. 
Pl.VI,nM. 

'  Large  tunique  sans  manches  dont  se  servait  le  hant  clergé  italien. 


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328  BEVUE  D'ALSACE 

A  première  vue,  et  n'examinant  pas  attentivement  la  légende,  on  pren- 
drait cette  monnaie  pour  un  de  ces  écus  tyroliens  si  communs  (  Madal, 
3868)  que  Tarchiduc  Léopold  émit  de  i620  à  1625,  après  quMl  eût  été 
nonmié  gouverneur  du  Tyrol,  si  grande  est  l'analogie  entre  le  buste  et 
récusson  de  ces  pièces,  et  ceux  figurés  sur  la  nôtre.  Malgré  la  présence 
de  récusson  tyrolien,  celle-ci  ne  peut  appartenir  à  ce  pays,  puisque 
révéque  d'Autun  (Augustodunum)  nommé  dans  la  légende,  le  majordome 
de  Ghildéric,  qui  fut  plus  tard  Saint-Léger,  n'eut  aucun  rapport  avec  le 
Tyrol. 

Nous  trouvons  par  contre  Saint-Léger  sur  des  monnaies  de  Luceme 
et  de  Tabbaye  de  Murbach  et  Lure.  Nous  devons  écarter  tout  d'abord 
Lucerne,  car,  comment  serait-il  possible  qu'en  l'an  4621,  le  buste  et  les 
armes  d'ijn  archiduc  autrichien  figurassent  sur  une  pièce  de  cette  ville, 
qui,  à  cette  époque,  avait  depuis  longtemps  cessé  toute  relation  avec  les 
Habsbourg?...  Par  contre,  nous  trouvons  que  l'archiduc  Léopold  fut 
(1614-1625)  administrateur  des  abbayes  unies  de  Murbach  et  de  Lure, 
et  y  fit  frapper  des  écus  (Schulthess-Rechberg,  Thaler- Cabinet,  5268- 
5212),  mais  ils  offrent  tous,  outre  le  saint  qui  y  était  vénéré,  les  écussons 
des  deux  abbayes. 

En  l'année  1621,  l'abbaye  de  Murbach,  cx)mme  l'Alsace  tout  entière, 
était  serrée  de  près  par  les  troupes  de  Mansfeld,  et  la  tentation  de  frapper 
de  la  monnaie  de  mauvais  aloi  était  inspirée  par  les  circonstances.  Mais 
ce  motif  serait  à  peine  suffisant  par  lui-même  pour  nous  faire  voir,  dans 
notre  écu,  une  pièce  de  Murbach  et  non  une  imitation,  car,  quoique 
Tarchiduc  Léopold  ait  fait  frapper  (1621)  pendant  sa  domination  en  Tyrol, 
des  florins  à  bas  titre,  des  pièces  de  trente  kreutzers,  et  d'autres  monnaies 
de  billon,  suivant  par  là  l'exemple  de  la  plupart  des  princes  de  l'Empire 
et  de  l'empereur  lui-même,  ses  écus  ne  s'éloignent  pas  sensiblement  du 
titre  légal.  Quelle  raison  l'aurait  engagé  à  ne  pas  reconnaître  une  monnaie 
de  Murbach  comme  provenant  de  lui,  alors  qu'il  signait  ouvertement  ses 
pièces  tyroliennes?  il  est  encore  plus  invraisemblable  qu'il  ait  encore 
conservé  pendant  quatre  ans  un  type  qu'il  avait  lui-même  discrédité 
par  la  monnaie  qui  nous  occupe.  Ajoutons  à  cela  la  singulière  légende  du 
revers,  l'archiduc  pouvait  bien  qualifier  les  armes  réunies  de  la  maison 
de  Habsbourg  et  de  ses  possessions  d'fnsignia  antiquiBsima,  ce  qui,  à  la 
vérité,  n'était  pas  usité  sur  les  monnaies  autrichiennes  ;  mais  comment 
pouvait-il^  lui,  le  fils  de  l'archiduc  Charles  et  d'une  duchesse  bavaroise, 
leur  appliquer  l'épithète  de  materna?  Nous  avons  été  confirmé  dans  ces 
doutes  par  M.  le  professeur  D^^  Luschin  von  Ebengreuth,  qui  reconnut  la 
pièce  pour  une  contrefaçon  italienne,  i  émise  dans  un  but  mercantile  f. 


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NUMISMATIQUB  DE  L'âLSAGB  829 

et  Tattribua  au  comte  et  prince  Syrus  de  Correggio,  opinion  à  laquelle  se 
rangea  aussi  M.  G.  Kunz,  directeur  du  Musée  de  Trieste. 

En  Italie,  les  contrefaçons  des  monnaies  à  bon  titre  des  pays  voisins 
furent,  comme  on  sait,  exécutées  avec  une  grande  perfection  dans  les 
coins  et  une  adresse  remarquable  quant  aux  types  et  aux  légendes.  C'est 
précisément  le  cas  qui  se  présente  ici. 

On  serait  presque  tenté  d'attribuer  cette  pièce  à  un  évêque  d'Autun,  si, 
à  cette  époque  (1621),  un  évêque  du  nom  de  Léger  y  avait  occupé  le  siège 
épiscopal  et  avait  possédé  le  droit  de  monnayage  !  Heureusement,  des 
documents  authentiques  viennent  nous  tirer  d'embarras.  D2Lns\es  Archives 
monétaires  de  Vempire  allemand  de  Tinspecteur  des  monnaies  d'Ansbach, 
J.-€.  Hirsch,  nous  trouvons,  parmi  de  nombreuses  plaintes  sur  les  déprécia- 
tions causées  par  les  contrefaçons  italiennes,  une  réclamation  des  Etats  des 
cercles  de  Franconie,  Bavière  et  Souabe,  à  l'empereur,  datée  du  28  juillet 
1623,  et  qui,  entre  autres,  contient  l'accusation  suivante  :  c  Dass  Ew. 
c  Majestat  Fûrsten  und  Vasallen  einer  in  Italien,  Syro  di  Austria  genannt, 
f  Principe  von  Chorezo,  ein  falscher  Mûnzmeister  Rivarola  Genuesen 
c  genannt,  zu  August  ohne  Scheu  aufhalten  und  gegen  Darreichung  gros- 
c  ser  Summe  Gelds  ins  Nachsehen  vieler  Fûrsten  und  Stânde  des  Reichs 
c  Mûnz-Geprâg  imitiren  und  ganlz  gering  und  falsch  baltende  Mûnzen 
«  schlagen  und  ins  Reich  verschieben  lassen  u.  s;  w.  i  {Miinzarchiv,  IV, 
p.  190.) 

Nous  voyons  que  Syrus  est  accusé  en  propres  termes  de  la  contrefaçon 
de  nombreuses  monnaies  allemandes,  et  son  surnom  d*Austriacus,  qu'il 
avait  pris  sous  prétexte  d'une  parenté  supposée  de  sa  famille  avec  les 
Habsbourg  (cf.  Kôhler's  Munzbelustigungen,  t.  XVII,  p.  201  et  sqq.),  a 
pu  le  déterminer  à  choisir  la  légende  du  revers,  où  toutefois  la  significa- 
tion du  mot  materna  reste  obscure.  Notre  attribution  est  encore  confirmée 
par  les  trois  légendes  suivantes,  qui  se  rencontrent  sur  des  monnaies 
appartenant  incontestablement  à  la  famille  Gorregio  : 

1.  ORIGInis  INGLITae  SIGNum  INSIGNe,  comme  double  allu- 
sion à  l'écusson  d'Autriche  et  aux  autres  armoiries  de  la  famille,  sur  un 
ducat  du  comte  Gamille  (f  1605).  Litta,  Fam.  celebri  UaHane,  fasc.  15. 

2.  ANTIQVISSimae  FAMiliae  INSIGNIA.  Ecu de  Syrus Austria- 
cus.  Madai  2056;  date  1628,  et  catalogue  Regnault,  n»  4766,  date  1627« 

3.  ANTIQVISSimae  FAMiliae  AVstriacae  INSIGNia.  Ecu  de 
Syrus  Avstriacus  de  1628,  Madaî  4604,  et  Honn.  en  arg.  313. 

C'est  à  cette  série  que  se  rattache  notre  monnaie,  dont  l'exécution 
pourrait  bien  être  attribuée  au  Génois  Rivarola,  ou  encore  au  Souabe 


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SSO  BEVUE  D'ALSACE 

Caspar  Kurz  de  Buchhorn^  qui  trayaillaitdans  Tatelier  monétaire  de  Syrns 
avec  son  associé  Magnus  Lipp. 

Resteraient  encore  à  expliquer  les  lettres  P.  S.  qui  se  trouvent  à  la  fin 
de  la  légende  de  Tavers.  On  pourrait  considérer  TS,  malgré  la  rosette 
dont  elle  est  suivie,  comme  commençant  la  légende  et  lire  Sanctus  Leode- 
garius,  etc.,  puis  compléter  le  P  final  par  Protector;  mais,  peut-être 
estril  plus  exact  de  prendre  la  rosette  comme  point  de  séparation,  et  de 
voir  dans  TS  une  abréviation  du  nom  de  Syrus;  on  pourrait  encore 
expliquer  P.  S.  par  Princeps  Syrus. 

Bigi,  dans  sa  dissertation,  à  la  vérité  pleine  de  lacunes,  Di  CamUlo  e 
Siro  da  Correggio  e  délia  loro  Zecca,  Modena  1870,  n'a  pas  connu  notre 
pièce. 


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HISTOIRE 

DE 

L'ANCIEN  COMTÉ  DE  SAARWERDEN 

ET  DE 

LA  PRÉVOTÉ  DE  HERBITZHEIM 

fSuiteJ 

CHAPITRE  n 

lies  comtes  de  Mœrs-Saairvverdeii 

Le  comte  Henri  H  de  Saarwerden,  se  voyant  sans  héritiers, 
avait  assuré  de  son  vivant  et  du  consentement  de  son  frère 
Frédéric,  archevêque  de  Cologne,  tous  ses  droits  sur  le  comté 
de  Saarwerdeii  à  son  neveu  Frédéric,  fils  aîné  de  Frédéric, 
comte  de  Mœrs,  et  de  Walpurge  de  Saarwerden.  Ce  jeune 
seigneur  avait  épousé,  en  1S92,  Engeiwarte,  fille  d'Adolphe, 
comte  de  Clèves,  et  aimait  se  qualifier  de  fils  aîné  de  Mœrs 
(Herr  Fridnch  edebte  Scm  zu  Mturse)  ;  il  se  mit  de  son  auto- 
rité et  avec  le  secours  de  son  oncle,  Tarchevéque  de  Cologne, 
en  possession  de  l'héritage  de  son  oncle  Henri,  lequel  se  com- 
posait non  seulement  du  comté  de  Saarwerden,  mais  encore 
de  la  seigneurie  d'Ilingen,  près  d'Ottwiller,  et  de  Tadvocatie  de 
Fabbaye  de  Wernerswlller.  Mais  cette  prise  de  pOHsession  ne 
se  fit  pas  sans  contestation.  L'évoque  de  Metz,  Raoul  de 


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333  REVUE  D*ÂL8ACE 

Cioucy,  prétendait  qae  le  comté  de  Saarwerden,  par  suite  de 
la  défaillance  de  cette  maison  en  race  mftle,  devait  faire  réver- 
sion à  révêcbé  de  Metz  duquel  il  relevait,  et  ne  pouvait,  au 
défaut  de  successeurs  féodaux  miles,  retomber  sous  aucun 
prétexte  aux  femmes  ou  à  leurs  descendants,  suivant  la  cou- 
tume de  cet  évêché  qui  s^exprimait  ainsi  :  «  Les  &efé  situés 
deçà  de  la  rivière  de  Saar  étaient  généralement  patrimoniaux 
et  ceux  qui  sont  situés  audelà  masculins  > .  Mais  le  jeune 
comte  de  Mœrs  répondit  à  cette  protestation  que  ceux  des 
domaines  de  son  oncle  qui  n'étaient  pas  des  francs-alleux, 
acquis  successivement  par  les  comtes  de  Saarwerden,  ses 
aïeux  maternels,  étaient  du  moins  des  fiefs  féminins  hérédi- 
taires, et  que  les  fiefs  ecclésiastiques  passaient  communément 
aux  femmes,  au  défaut  d'hoirs  mftles,  selon  le  droit  et  la 
coutume  d'Allemagne. 

L'évéque  de  Metz,  Raoul  de  Goucy,  fut  trop  faible  ou  trop 
indolent  pour  soutenir  ses  prétentions  que  le  jeune  Frédéric 
méprisa;  il  ne  put  jamais  réunir  à  sa  crosse  les  fle&  qui  rele- 
vaient de  son  église. 

Frédéric  de  Mœrs,  qui  était  en  mesure  de  soutenir  ses 
droits  sur  les  fiefs  de  la  mouvance  de  Metz,  prit  le  titre  et  les 
armes  de  son  oncle,  le  cornue  Henri  III  de  Saarwerden .  Ce 
jeune  seigneur  fut  impliqué,  dès  son  avènement,  dans  les 
troubles  qui  agitaient  la  Lorraine  et  le  Westreich  ;  il  tenait 
un  rang  distingué  parmi  les  comtes  et  les  dynastes  de  cette 
contrée  et  son  influence  se  faisait  même  sentir  de  ce  côté-ci 
des  Vosges.  Il  était  co-propriétaire  du  château  de  Greifenstein, 
près  de  Saverne,  et  y  conclut  en  1401  une  paix  castrense 
avec  révêque  de  Strasbourg,  Guillaume  de  Diest.  Thierry  de 
Fénétrange  y  donna  son  adhésion,  et  son  exemple  fut  bientôt 
suivi  par  les  nobles  PuUer  de  Hohenbourg\  Le  jeune  comte 
de  Saarwerden  fit,  en  1402,  une  convention  avec  la  commu- 

^  Archives  da  Bas-Rhin,  S.  G.  2662. 


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SAARWEBDEN  ET  HEBBITZHEIH  333 

nauté  d'Eckarstwîller\  aa  moyen  de  laquelle  celle-ci  prît 
rengagement  de  lui  servir  une  redevance  annuelle  d'un 
foudre  de  vin  pour  droit  de  protection*. 

L'électeur  palatin  du  Rhin,  Robert  III,  avait  été  appelé, 
en  1400,  à  FËropire  à  la  place  de  Wenceslas,  déposé  pour  son 
abrutissement  et  ses  excès  de  table.  Le  nouvel  empereur  se 
rendit  à  Cologne,  où  il  reçut  la  couronne  impériale  des  mains 
de  Frédéric  de  Saarwerden,  archevêque  de  cette  ville.  L'em- 
pereur chanta  lui-même  TËvangile  à  la  messe,  en  costunce  de 
diacre,  ce  qu'il  tint  à  grand  honneur.'  L'attachement  que 
Charles  II,  duc  de  Lorraine,  portait  au  nouvel  empereur,  son 
beau-père,  lui  suscita  des  guerres  sanglantes.  Le  frère  de 
Wenceslas,  Sigismond,  roi  de  Hongrie,  avait  pris  le  titre  de 
vicaire  de  Tempire;  les  villes  et  les  seigneurs  se  partagèrent 
entre  ces  deux  compétiteurs,  et  bientôt  toute  la  Lorraine  et 
les  rives  de  la  Saar  furent  dans  une  conflagration  générale. 

En  1404,  la  ville  de  Metz  se  vit  menacée  par  le  comte 
Philippe  de  Nassau-Saarbruck,  sous  la  bannière  duquel 
s'étaient  rangés  plusieurs  grands  seigneurs  du  Westreich, 
avec  leurs  vassaux  et  hommes  d'armes.  Jean  le  Jeune,  comte 
de  Salm,  et  Gérard  de  Boulay  se  joignirent  à  Philippe,  qui 
défia  les  Messins  au  combat,  ravagea  le  territoire  de  la  ville 
et  exigea  d'elle  treize  mille  florins  pour  prix  de  la  paix.  Mais 
l'accord  suivit  de  près  les  hostilités,  sous  la  médiation  du 
noble  homme  Messire  Frédéric,  aimé  fils  de  Moers  et  comte 
de  Salkveme.^  Lo  traité  est  du  mardi  après  l'exaltation  de 
la  Sainte-Croix  (16  septembre)  de  la  même  année. ^  Cette  paix 
ne  fut  que  de  courte  durée. 

•  Village  da  canton  de  Saverne. 

■  Archives  da  Bas-Rhin,  S.  G.  2662. 

•  Galmet,  Histoire  de  Lorraine,  t.  III,  p.  563. 

^  Les  chroniques  de  Lorraine»  voire  même  les  chartes  rédigées  en  fran** 
çais,  désignent  presque  toujours  les  comtes  de  Saarwerden  sous  le  nom 
de  comte  de  Salverne  ou  Saverne. 

•  Tabouillot,  Preuves  de  l'histoire  de  Metz,  t.  IV,  p.  588. 


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884  REVUE  d'alsace 

Frédéric,  fils  atné  de  Mœrs,  eut  à  la  même  époque  quelques 
difficultés  avec  Raban  de  Helmslftdt  évoque  de  Spire,  pour 
avoir  aidé  i  molester  les  pauvres  gens  de  ce  prélat  qui  demeu- 
raient à  Stundweiler,  Asbach  et  Bddern.  Hais,  s'étant  ren* 
contré  peu  après  avec  Tévêque  Raban  à  Bitche,  il  n'eut  pas 
de  peine  à  obtenir  son  pardon;  le  traité  de  réconciliation  fut 
signé  le  jeudi  après  la  Saint- Ambroise  1404^ 

Le  titre  de  comte  de  Saarwerden  n'était  pas  le  parfage 
exclusif  du  jeune  Frédéric  de  Mœrs;  il  était  également  porté 
par  son  père  qui  prit  la  qualification  de  GretAS  %u  Mœrs  und 
zu  Sarwerdm.  Par  une  charte  du  19  février  1405,  ce  seigneur 
ordonna  à  son  mattre  de  monnaie  à  Falkenbourg,  Jean  Tbeil, 
de  frapper  des  florins  d'or,  avec  ses  armes  sur  la  face  et 
rimage  de  Saint-Jean  sur  le  revers;'  là  légende  lui  donne  la 
double  qualification  de  comte  de  Mœrs  et  de  Saarwerden . 

Dans  le  cours  de  la  même  année,  Philippe,  comte  de  Nassau^ 
Saarbruck,  Frédéric  de  Mœrs,  comte  de  Saarwerden,  Jean, 
comte  de  Salm,  et  Gérard  de  Boulay  formèrent  une  ligue 
contre  la  ville  de  Metz  et  fondirent,  à  la  tête  de  quinze  cents 
hommes  d'armes,  sur  son  territoire.  Les  Messins  sortirent  et 
se  rangèrent  en  bataille;  mais  comme  ils  étaient  divisés  par 
la  mutinerie  d'une  grande  partie  de  la  populace,  qui  s'était 
emparée  du  gouvernement,  ils  se  firent  battre  au  lieu  nommé 
Genestrois,  non  loin  de  la  ville.  Ce  combat  fut  livré  le 
24  novembre  1405.  La  guerre  dura  trois  ans,  guerre  de 
courses  et  de  pilleries,  qui  se  résumait  en  du  bétail  enlevé,  des 
terres  ravagées  et  dévastées.'  Les  chroniqueurs  l'appellent  la 
guerre  des  quatre  seigneurs. 

A  peine  ces  hostilités  avaient-elles  cessé  que  d'autres  plus 
importantes  vinrent  assaillir  cette  contrée.  En  1407,  Louis 
d'Orléans,  frère  du  roi  de  France,  Charles  VI,  qui  avait  pris 

^  RsMLma,  Geschichte  der  Bischôfe  zu  Speyer,  t.  II,  p.  13. 

*  Lacomblkt,  Loc,  citât.,  t.  IV,  p.  31. 

•  HuGUENiN,  Chronique  de  la  viUe  de  Metz,  p.  132. 


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8AARWSBDEN  ET  HSRBITZBEIM  885 

le  parti  de  Wenceslas,  forma  ane  ligue  puissante  avec  Robert 
de  Bar,  Jean,  évèque  de  Verdun,  Philippe,  comte  de  Nassau- 
Saarbruck,  Frédéric  de  Mœrs,  comte  de  Saarwerden,  Jean, 
comte  de  Salm,  Amédée  de  Saarbruck,  damoiseau  de  Gom- 
mercy,  et  les  ducs  de  Hons  et  de  Juliers,  contre  le  duc 
Charles  II  de  Lorraine  et  la  ville  de  Metz,  qui  tenaient  pour 
le  nouvel  empereur.  Le  duc  d'Orléans,  qui  gouvernait  le  duché 
de  Luxembourg  comme  lieutenant  du  marquis  de  Moravie, 
son  cousin,  chargea  le  sire  de  Braquemont,  son  grand  maré- 
chal, d'envahir  le  pays  messin  et  les  terres  de  l'évêque  Raoul 
de  Goucy,  allié  de  Charles  II,  et  de  marcher  ensuite  sur  la 
Lorraine.  La  situation  de  la  ville  de  Metz  était  critique;  atta- 
quée par  autant  d'ennemis  à  la  fois,  elle  se  trouvait  dans  un 
grand  danger.  Heureusement,  le  duc  de  Lorraine  vint  prêter 
son  secours  aux  Messins  et  s'engagea,  moyennant  une  pension 
de  cinq  cents  livres,  à  les  soutenir  contre  leurs  adversaires. 

Les  seigneurs  ligués  fondirent  sur  les  terres  de  Tévéché  de 
Metz  et  y  commirent  une  infinité  de  dégftts;  puis  ils  marchè- 
rent sur  Nancy.  Le  grand  maréchal  de  Luxembourg  envoya 
au  duc  de  Lorraine  un  héraut  d'armes  pour  le  défier  au 
combat  et  l'engager  à  préparer  un  dîner  dans  son  palais  pour 
lui  et  les  seigneurs  de  sa  suite.  <  Je  les  y  attends,  >  répondit 
Charles  avec  fierté,  et  le  lendemain,  sortant  de  la  ville,  il 
marcha  droit  à  l'ennemi,  campé  dans  la  plaine  de  Champi- 
gneulles.  Le  choc  fut  rude  et  le  combat  opinifttre.  Pendant 
l'action,  la  pieuse  duchesse,  Marguerite  de  Bavière,  fille  de 
l'empereur  Robert,  implorait  le  secours  du  ciel  et  faisait  dans 
la  ville  une  procession  où  elle  marchait  nu-pieds. 

Les  troupes  du  duc  d'Orléans,  qui  formaient  l'arrière-garde, 
n'ayant  pas  voulu  seconder  les  seigneurs  alliés,  ceux-ci  furent 
rompus  et  entièrement  défaits.  Le  maréchal  de  Luxembourg, 
les  comtes  de  Saarbruck,  de  Saarwerden  et  de  Salm  et  plu- 
sieurs autres  furent  faits  prisonniers  et  conduits  à  Nancy,  où 
Charles  leur  donna  à  dîner,  non  dans  son  palais,  mais  dans 


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836  BEVUE  d'albaob 

d'étroites  prisons.  Ce  combat  qui  fut  livré  entre  Nancy  et 
Ghampigneulles,  reçut  le  nom  de  ce  village.^ 

Apris  cette  victoire,  le  duc  Charles  II  ravagea  les  terres 
des  seigneurs  qui  8'étaient  ligués  contre  lui  et  résolut  d'as- 
siéger Verdun.  L'évéque  de  cette  ville  racheta  ses  terres  du 
pillage  au  prix  de  quatre  cents  livres  d'or. 

Cependant  Frédéric,  comte  de  Mœrs,  dont  la  politique  tout 
entière  se  dirigeait  vers  le  maintien  dans  sa  famille  de  la 
riche  succession  de  son  beau-frère  Henri  de  Saarwerden,  sut 
intéresser  au  sort  de  son  fils  Frédéric,  qui  languissait  dans  les 
fers,  révéque  de  Metz  Raoul  de  Goucy  lui-même.  Ce  prélat 
lui  fit  obtenir  la  liberté  au  prix  de  trois  mille  florins  et  se 
rendit  garant  du  traité  que  Frédéric  passa  avec  le  duc  Charles, 
le  4  septembre  1407.  Par  ce  traité,  Frédéric  engagea  à  ce 
prince,  du  consentement  de  Tévéque  de  Metz,  la  seigneurie 
de  Bouquenom  pour  la  sûreté  de  sa  rançon.' 

Ce  traité  était  à  peine  signé  que  les  bienveillantes  disposi- 
tions de  l'évéque  Raoul  pour  le  jeune  comte  de  Mœrs-Saar- 
werden  se  changèrent  en  inimitié  ;  ce  prélat  secoua  enfin  son 
indolence  et  songea  très  sérieusement  à  enlever  à  ce  seigneur 
les  fiefs  de  son  église  que  celui-ci  prétendait  avoir  hérités  de 
son  oncle,  Henri  de  Saarwerden.  Comme  il  était  notoire  que 
ce  dernier  tenait  de  l'évêché  de  Metz,  en  fief  rendable  et  lige, 
<  le  Chastel,  le  Bourc,  les  villes  fermées  de  Salverne  (Saar- 
werden) et  de  Bockenheim,  ensemble  toutes  ses  apparte- 
nances, et  que  le  droit,  usage  et  coutume  de  nostre  dit 
Ëveschié  est  tel,  que  se  un  vassel  trépasse  de  cest  siècle, 
tenant  fiez  de  nostre  dit  Ëveschié,  et  que  les  fiez  soient 
situés  pardelà  la  rivière  de  Sarre,  pardevers  Aulsay  (Alsace), 
sans  hoir  masle  de  son  corps,  ledit  fiez  vient  à  nostre  dit 
Ëveschié  ;  et  comme  ainsi  soit  que  ledit  conte  Henry  soit 
trépassé  de  ce  siècle,  sans  ce  qu'il  ait  laissé  aucun  hoir  de 

^  Calmet,  Loc.  citât,  t.  III,  p.  518. 
t  Calmbt,  Loc.  citât.,  t.  III,  p.  521. 


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SAARWEBDBN  BT  HBBBITZHEIM  337 

son  corps,  et  meismement  hoir  masle,  et  Frederich',  filz  au 
conte  de  Meurs,  de  sa  volonté,  sans  avoir  aucune  déclara- 
tion en  noptre  court  que  aucun  droit  y  ait,  s'est  boutez  en 
la  possession  de  ladite  conté  de  Salverne,  qui  est  de  nos 
fiez,  et  à  nous  encheu,  à  cause  de  nostre  dit  Ëveschié  «, 
Raoul  de  Goucy  fit  un  traité  avec  Charles  U,  duc  de  Lorraine, 
Robert,  duc  de  Bar  et  Edouard,  marquis  du  Pont,  son  fils, 
par  lequel  il  leur  engageait  les  deux  tiers  du  comté  de  Saar- 
werden,  à  condition  qu'ils  le  mettraient  en  possession  de 
l'autre  tiers  et  que,  dans  la  suite,  il  pourrait  retirer  de  leurs 
mains  les  deux  tiers  engagés  et  les  réunir  à  sa  crosse  en  leur 
payant  la  somme  de  vingt  mille  florins  d'or  au  coin  du  roi  de 
France.  Robert  de  Bar  et  Edouard  de  Bar  promirent  de  se 
ranger  sous  la  bannière  du  duc  de  Lorraine,  avec  cinquante 
hommes  bien  montés  et  armés,  et  s*il  advenait  que  ce  prince 
voulût  mettre  le  siège  devant  c  Salverne  >  ou  Boukenheim, 
ils  s'engagèrent  à  Faider  de  leur  puissance,  et  s'il  arrivait  qu'ils 
ne  pussent  pas  aller  ou  demeurer  au  siège  projeté,  ils  pro- 
mirent d'y  envoyer  leurs  lieutenants  avec  leurs  gens  d'armes 
et  leur  artillerie.  Ce  traité  est  du  2  juillet  1408'.  Mais  Frédéric 
de  Mœrs  sut  conjurer  l'orage  qui  le  menaçait  et  se  maintint 
en  possession  du  comté  de  Saarwerden  par  le  secours  de  son 
oncle  Frédéric,  archevêque  de  Cologne.  Selon  Dom  Calmet*, 
les  trois  princes  qui  s'étaient  ligués  avec  Raoul  de  Goucy 
.  firent  la  guerre  à  Frédéric  de  Mœrs,  le  dépouillèrent  du 
comté  de  Saarwerden  et  l'obligèrent  à  s'accommoder  avec 
révéque  de  Metz  pour  la  part  que  celui-ci  s'était  réservée.  Le 
jeune  Frédéric  Tacheta  et  s'y  maintint  sous  la  condition  d'en 
faire  hommage  à  Raoul  de  Goucy.  Toutefois,  il  n'est  rien 
moins  que  certain  que  les  choses  se  soient  passées  de  cette 
manière,  mais,  <  quelqu'ait  été  le  sort  de  la  confédération  des 

^  Histoire  de  Metz,  t.  IV,  preuves,  p.  618  et  632. 
•  Histoire  de  Lorraine,  2«  éd.,  t.  VI,  p.  60  . 

Nouvelle  Sériei  —  er  Année»  S2 


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338  REVUE  d'alsàce 

trois  princes  et  de  leurs  armes,  dit  Baleicourt^  il  est 
constant  que  la  maison  de  Mœrs  retint  le  comté  de  Saar- 
werden.  » 

Cependant,  la  plupart  des  seigneurs  qui  avaient  été  faits 
prisonniers  à  la  bataille  de  Champigneulles  étaient  toujours 
retenus  dans  les  fers.  Etienne,  duc  de  Bavière,  et  plusieurs 
autres  personnages  de  distinction,  interposèrent  leurs  bons 
offices  pour  moyenner  un  arrangement  et  faire  obtenir  la 
liberté  à  ceux  que  le  duc  Charles  retenait  oncore  en  captivité. 
La  paix  fut  conclue,  le  25  juillet  1408,  entre  le  duc  de  Lor- 
raine, révêque  Raoul  de  Coucy  et  la  ville  de  Metz  d'une  part, 
et  Philippe,  comte  de  Nassau-Saarbruck,  Frédéric,  fils  aîné 
de  Mœrs,  comte  de  Saarwerden,  Jean,  comte  de  Salm  et 
Gérard  de  Boulay,  tant  en  leur  nom  que  pour  leurs  aidants 
et  les  aidants  de  leurs  aidants  d'autre  part.  La  liberté  fut 
rendue  aux  prisonniers  et  il  fut  arrêté  que  les  frais  et  les 
dommages  de  la  guerre  ne  donneraient  lieu  à  aucune 
réclamation,  que  les  droits  de  chacun  antérieurs  à  la  guerre 
seraient  maintenus,  que  les  villes  et  les  forteresses  seraient 
rendues  à  leurs  anciens  possesseurs  et  que  les  seigneurs  feu- 
dataires  de  Tévêque  de  Metz  et  du  duc  de  Lorraine  leur  prê- 
teraient foi  et  hommage,  reprendraient  deux  leurs  anciens 
fiefs  dans  Tannée  et  rentreraient  dans  la  possession  des  fiefs 
qui  avaient  été  saisis  pendant  le  cours  des  hostilités.^ 

La  paix  ne  fut  pas  de  longue  durée.  Dès  Tannée  suivante, 
un  nouvel  orage  menaçait  la  Lorraine.  Les  seigneurs  qui 
avaient  été  vaincus  à  Champigneulles  firent,  au  mépris  du 
traité  qu'ils  avaient  conclu  avec  le  duc  de  Lorraine,  une  nou- 
velle levée  de  boucliers  et  vinrent  faire  le  dégftt  dans  son 
duché.  Charles  marcha  contre  ses  ennemis  et  les  rencontra 
près  de  Pont-à-Mousson.  Le  nombre  de  ses  troupes  était  si 
disproportionné  avec  celui  de  ses  ennemis,  que  les  seigneurs 

*  Traité  historique  et  critique  sur  la  maison  de  Lorrainef  p.  159. 
'  Preuves  de  l'histoire  de  Metz,  t.  IV,  p.  636. 


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SAARWERDEN  ET  HXBBITZHEIM  3S8 

qui  raccompagnaient  rengagèrent  à  battre  en  retraite,  ou  au 
moins  à  ne  pas  prendre  part  au  combat.  Mais  Charles  reçut 
cet  aris  comme  une  insulte  et,  commençant  aussitôt  la  charge, 
il  rompit  les  rangs  ennemis  et  remporta  la  Yictoire\  Les 
seigneurs  effrayés  implorèrent  la  paix,  qu'il  leur  accorda. 

Le  jeune  Frédéric  de  Mœrs,  dès  qu'il  eut  recouvré  sa 
liberté,  fut  investi  du  gouvernement  du  duché  de  Luxembourg; 
il  accorda  en  cette  qualité  des  lettres  de  protection  à  l'abbaye 
de  Saint-Maximin,  près  de  Trêves,  dans  lesquelles  il  prit  la 
qualification  de  :  «  Nos  Fredericm  major  natn  in  Mûrsi, 
Cornes  Sarwerdœ,  tutor  ac  capiiamus  ditionis  Luxembur- 
gensis  comitaius  Lhinensis^  » . 

Le  9  janvier  1409,  suivant  la  manière  de  compter  usitée  en 
l'évêché  de  Metz,  une  trêve  fut  conclue  entre  r.harl<'S,  duc  de 
Lorraine,  stipulant  pour  et  au  nom  de  Tcvéque  RmouI  de 
Coucy  et  de  la  ville  de  Metz  Philippe,  comte  de  N^ssau- 
Saarbruck,  Frédéric,  fils  aîné  de  Moers,  comte  de  Saarwerden, 
Jean,  comte  de  Salm,  Gérard  de  Boulay  el  leurs  aidants.  Cette 
trêve  devait  commencer  le  dimanche  suivant  et  finir  le  jour 
de  la  Purification  de  Notre-Dame'. 

Le  comte  Frédéric  avait  conclu,  en  1409,  une  ligue  avec 
Guillaume  de  Diest,  évêque  de  Strasbourg,  Louis  de  Lichten- 
berg,  et  quelques  autres  seigneurs  de  marque.  Le  but  de  celte 
confédération  était  de  surprendre  la  ville  de  Trêves;  mais  le 
célèbre  Amédée  de  Saarbruck,  damoiseau  de  Gommercy,  avait 
accordé  sa  protection  à  cette  cité,  il  fondit  à  l'improviste  sur 
les  confédérés,  réunis  au  village  de  Hamm,  et  les  mit  en 
déroute.  Le  jeune  comte  de  Saarwerden,  Louis  de  Lichlen- 
berg,  Frédéric  de  Deux-Ponts-Bitche,  grand-chantre  du  cha- 
pitre de  Strasbourg,  Gérard  de  Linange,  Raymond  zum 

*  Calmbt,  Histoire  de  Lorraine,  t.  III,  p.  526. 

*  Summarischer  Bericht  uher  die  Grafschaft  Sarwerden,  p.  50. 

*  Kr£MEB,  Geschichte  des  ait.  ardenn.  Geschlechts,  diplomaticumf 
p.  69. 


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340  BEVUE  D'ALSACE 

Tribel,  Zwicker  de  Sickîngen,  Jean  d'Allorf,  dît  Wollschlager, 
et  plusieurs  autres  personnageH  de  marque,  au  nombre  de 
soixante-quinze,  eurent  le  malheur  de  tomber  au  pouvoir  du 
vainqueur  et  languirent  pendant  plus  d'un  an  dans  les  f^^rs. 
Frédéric  de  Mœrs,  comte  de  Saarwerden,  racheta  sa  liberté 
moyennant  une  forte  rançon  pour  laquelle  le  comte  Philippe 
de  Nassau-Saarbruck  se  porta  garant;  mais  pour  garantir  ce 
seigneur  des  suites  fâcheuses  de  son  cautionnement,  il  se  vit 
dans  la  nécessité  de  lui  engager,  par  acte  du  cinquième  jour 
après  la  conversion  de  Saint-Paul,  1411,  la  moitié  de  Saar- 
werden, de  Bouquenom  et  de  Lorentzen\ 

Le  comte  Philippe  de  Nassau-Saarbruck,  malgré  les  services 
qu'il  avait  rendus  à  Frédéric  de  Mœrs,  se  vit  impliqué  dans 
un  procès  que  celui-ci  lui  intenta  au  sujet  de  rengagement 
de  la  moitié  du  comté  de  Saarwerden,  mais  en  1416  ils  se 
rapprochèrent  et  convinrent  de  soumettre  leur  différend  à 
l'arbitrage  de  Guillaume  de  Diest,  évèque  de  Strasbourg, 
Louis  de  Lichtenberg  et  Wirich  de  Hohenbourg^  La  sentence 
des  arbitres  n'est  pas  connue. 

Le  pape  Jean  XXII  avait  nommé,  en  1415,  à  l'évêché  de 
Metz,  Conrad  Bayer  de  Boppart,  en  remplacement  de  Raoul 
de  Goucy.  Ce  prélat  repoussa  d'abord  l'hommage  du  jeune 
Frédéric  de  Mœrs  pour  le  comté  de  Saarwerden,  mais  t  comme 
ce  comte  de  Mœrs,  dit  Meurisse^  appartenait  à  tout  plein 
de  grands  seigneurs  d'Allemagne  et  notamment  à  Télecteur 
de  Cologne,  qui  faisait  ses  efforts  pour  lui  conserver  cette 
pièce,  Conrad  Bayer  se  relascha  enQn  et  consentit  qu'elle 
luy  demeuroit,  à  condition  qu'il  prendroit  de  lui  une  nou- 
velle investiture,  dans  laquelle  il  serait  spécifié  que  le  comté 
de  Saarwerden  estoit  fief  masculin  de  l'évescbé  de  Metz, 
auquel  partant  il  devait  retourner  et  estre  réuny  par  faute 

^  EcELLMER,  Fbied.,  Loc.  citaU^  p.  161. 

«  Ibidem,  p.  190. 

'  PUtoire  des  évêques  de  Metz,  p.  604. 


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SAABWERDKM  ET  HBRBTTZHEIM  341 

d'hoirs  masles.  Ce  Frédéric  comte  de  Mœrs  fut  le  premier 
de  sa  maison  comte  de  Saarwerden,  en  vertu  de  cette  inves- 
titure qui  luy  fut  donnée  Tan  1417.  » 

L'évèque  de  Metz  fut  réintégré  dans  ses  droits  de  suze- 
raineté sur  le  comté  de  Saarwerden  ;  Frédéric  lui  prêta  foi 
et  hommage  comme  à  son  seigneur  féodal  et  obtint  de  lui  une 
nouvelle  et  seconde  investiture,  le  vendredi  après  Saint-Jean- 
Baptiste,  1418,  laquelle  paraît  avoir  été  le  gage  de  leur 
réconciliation. 

Le  dynaste  alsacien,  Jean  IV  de  Lichtenberg,  était  mort  le 
2S  août  1405,  sans  laisser  de  postérité  mftle  ;  son  opulent 
héritage  fut  Tobjet  d'une  longue  discorde  entre  sa  fille  Adé- 
laïde, qui  avait  épousé  Jean  de  Fénétrange,  et  Louis  ou  Lude- 
mann  IV  de  Lichtenberg,  Bon  héritier  féodal.  Après  de  lon- 
gues contestations,  pendant  la  durée  desquelles  Ludemann  de 
Lichtenberg  était  resté  en  possession  de  l'héritage,  le  litige 
fut  enfin  soumis,  en  1417,  à  l'arbitrage  de  Frédéric,  comte  de 
Mœrs,  Henri,  seigneur  de  Fénétrange,  et  Henri  Bayer  de 
Boppnrt.  Ces  arbitres  assignèrent  les  parties  à  comparoir 
devant  eux  à  Saarwerden  pour  présenter  leurs  moyens  de 
demande  et  de  défense.  La  sentence  qu'ils  rendirent  n'est  pas 
parvenue  jusqu'à  nous,  mais  tout  fait  présumer  qu'elle  a 
satisfait  les  parties  litigantes.^ 

Walpurge  de  Saarwerden  avait  donné  à  son  mari,  Fré- 
déric I*',  comte  de  Mœrs,  six  enfants,  savoir  : 

1.  Frédéric,  qui  se  qualifiait  de  fils  aîné  de  Mœrs,  comte 
de  Saarwerden  ; 

S.  Dieterich  (Théodoric),  qui  se  voua  à  l'état  ecclésiastique, 
obtint  les  honneurs  suprêmes  de  l'Eglise  et  succéda,  en  1414, 
à  son  oncle  Frédéric  de  Saarwerden  sur  le  siège  métropolitain 
de  Cologne. 

8.  Henri,  qui  embrassa  aussi  l'état  ecclésiastique  et  fut 

*  Lehhann,  GesehkhU  der  Grafsehaft  Hanau-Lichtenberg,  1. 1,  p.  167. 


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312  BEVUB  D^ALSAOE 

éleyé,  en  1428,  sur  le  siège  épiscopal  de  Munster  et,  en 
1441,  sur  celui  d'Osnabruck; 

4.  Walram  ou  Walraf,  qui  entra  également  dans  l'Eglise, 
sut  se  frayer  un  chemin  aux  honneurs  ecclésiastiques  et 
remplaça,  en  1450,  son  frère  Henri  sur  le  siège  de  Munster. 

5.  Jean  I",  qui  suit, 

6.  Et  une  fille  nommée  Walpurge.  Celle-ci  contracta  une 
alliance  arec  Jean  m  de  Lœn-Heinsperg. 

Frédéric,  le  vieux  comte  de  Mœrs^  fut  enlevé  à  Tamour  de 
ses  enfants  en  1417.  Par  ses  dispositions  testamentaires  du 
12  mai  de  ladite  année,  il  légua  à  Frédéric,  son  flls  aîné,  le 
comté  de  Mœrs  et  ordonna  que  celui-ci  céderait  à  son  frère 
Jean  le  comté  de  Saarwerden  avec  ses  dépendances  et  que  le 
droit  de  primogéniture  serait  désormais  la  loi  fondamentale 
de  sa  maison\ 

Les  deux  frères,  Frédéric  et  Jean,  pour  se  conformer  aux 
volontés  paternelles,  firent,  le  28  octobre  1418,  un  partage 
aux  termes  duquel  Frédéric  remit  à  Jean  le  comté  de  Saar- 
werden, avec  toutes  ses  dépendances,  et  reçut  pour  son  lot  le 
comté  de  Mœrs,  qui  formait  lancien  patrimoine  de  sa 
maison ^  Jean  consentit  à  son  frère  un  droit  de  préférence, 
au  cas  qu'il  voulût  vendre  ou  engager  le  comté  de  Saarwerden 
et  on  stipula  que  chacun  d'eux  serait  en  droit  de  porter  le 
titre  de  comte  de  Mœrs  et  Saarwerden  et  de  placer  dans  son 
écusson  les  armes  des  deux  maisons.  Les  deux  frères  se 
garantirent  réciproquement  leurs  possessions  et  se  promirent 
les  secours  les  plus  prompts  et  les  plus  énergiques'.  L'arche- 
vêque de  Cologne,  que  sa  haute  dignité  ecclésiastique  mettait 
à  même  de  tenir  un  rang  des  plus  distingués  parmi  les 
princes  de  l'empire  germanique,  renonça  à  toute  prétention 

*  SCHWEDER,  Theai,  hist.  prœt.  ttf.,  t.  II,  p.  318. 

'  Le  comté  de  Mœrs  était  enclavé  dans  la  partie  septentrionale  de 
l'électorat  de  Cologne,  près  deDuisbourg. 

•  Laoomblbt,  Loc.  citât.,  t.  IV,  p.  127. 


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SAARWERDEN  ET  HERBITZHEIM  343 

sar  l'héritage  de  son  père  et  fit  accéder  son  jeune  frère 
Henri  aux  volontés  paternelles  par  un  nouveau  traité  qui  fut 
conclu  le  19  mars  1419».  Henri  se  contenta,  pour  sa  part 
d'héritage,  d'une  rente  annuelle  de  sept  cents  florins  du  Rhin, 
que  Frédéric  promit  de  lui  payer  à  la  Saint-Martin  de  chaque 
année;  et  en  compensation  du  comté  de  Saarwerden  et  du 
fief  de  Saint-Laurent,  dans  la  vallée  de  TBichcl,  lesquels  étaient 
tombés  en  partage  à  Jean,  celui-ci  promit  de  lui  payer  pen- 
dant quatre  années  consécutives,  une  somme  de  douze  cents 
florins;  mais  il  fut  expressément  convenu  que,  si  Henri  était 
appelé  à  une  haute  dignité  ecclésiastique,  le  service  de  cette 
rente  cesserait  de  plein  droit.  Un  nouveau  traité,  conclu  le 
18  septembre  1419  ^  assura  au  dernier  frère,  Walram  de 
Mœrs,  la  seigneurie  de  Bœr,  le  château  de  Diedem  et  le 
péage  à  Tiel,  lesquels  devaient  retomber  à  sa  mort  à  son 
frère  Frédéric;  par  contre,  celui-ci  a  reçu  pour  sa  part  les 
seigneuries  de  Vriendstein  et  d'Ochlen,  que  Walram  fut  auto- 
risé à  acquérir  moyfennant  un  prix  à  déterminer  par  l'arche- 
vêque de  Cologne  et  Gérard,  comte  de  Glèves  et  de  la  Mark. 

Jean,  comte  de  Mœrs,  ajouta  à  son  nom  patronymique  le 
titre  de  comte  de  Saarwerden  et  écartela  ses  armes  (il  portait 
d'or  à  une  fasce  de  sable)  de  l'aigle  de  Saarwerden  et  fut 
l'auteur  d'une  nouvelle  maison  de  Saarwerden,  qui  brilla 
dans  rhistoire  locale  d'un  éclat  non  moins  vif  que  l'ancienne 
maison  de  ce  nom.  Il  contracta  une  alliance  avec  Adélaïde  de 
Geroldseck,  fille  de  Henri  HI,  le  dernier  représentant  de  la 
ligne  de  Lahr.  et  lui  assigna,  par  contrat  du  28  juin  14^0, 
un  douaire  de  huit  mille  florins  sur  la  ville  de  Bouquenom  et 
le  château  de  Saarwerden*.  L'évêque  de  Metz,  Conrad  Bayer 
de  Boppart,  comme  son  seigneur  féodal,  ratifia  cette  assigna- 
tion par  acte  du  jour  de  Saint-Ulrich  1420,  sous  la  réserve 

*  Lacomblbt,  Loc.  citai.,  t.  IV,  p   130. 
«  Ibidem,  t,  IV,  p.  137. 

*  ËBERHABD^  Loc.  citat,,  p.  62. 


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344  BEVXJB  D*ALSàCE 

de  ses  droits  et  de  ceux  de  son  éFêché  et  sans  préjadice  aux 
devoirs^  foi  et  hommage  qui  lui  étaient  dus  pour  les  terres  et 
seigneuries  précitées,  lesquelles  étaient  mouvantes  de  son 
éyêché.  Jean  fit  encore  donation  à  son  épouse,  à  titre  de  don 
paraphernal,  par  acte  du  vendredi  après  la  Saint-Ulrich,  de 
cent  cinquante  livrées  de  terre  ou  d'une  rente  viagère  de 
cent  florins  à  prélever  sur  la  métairie  de  Bouquenom  et 
rachetable  avec  mille  florins.  L'évêque  de  Metz  ratifia  cette 
donation,  sans  préjudice  des  droits  de  son  église\ 

A  la  mort  de  Henri  Ul  de  Geroldseck-Lahr,  décédé  sans 
descendance  mflle  en  1424,  sa  fille  Adélaïde  se  trouva  appelée 
à  recueillir  l'héritage  paternel,  qui  se  composait  des  seigneu- 
ries de  Mahlberg  et  de  Lahr,  et  l'apporta  à  son  mari.  Celui- 
ci  entra,  avec  l'agrément  de  l'empereur  Sigismond,  en  jouis- 
sance des  domaines  échus  à  sa  femme  et  écartela  dès  lors 
d'or  au  lion  de  sable,  qui  est  de  Mahlberg,  et  d'or  à  la 
fasce  de  gueules,  qui  est  de  Lahr.  Mais  quelques-uns  des 
agnats  de  la  maison  de  Geroldseck  ayant  élevé  des  prétentions 
sur  cet  opulent  héritage,  il  s'en  suivit  une  longue  et  sanglante 
guerre  qui  finit  par  la  défaite  des  Geroldseck. 

En  1426,  la  ville  de  Strasbourg,  l'évêque  Guillaume  de 
Diest  et  le  chevalier  Jean  Zorn  d'Ëckerich,  chef  de  la  Société 
du  Griffon,  se  liguèrent  pour  réprimer  jes  violences  et  les 
rapines  que  Simon  de  Fénétrange,  chanoine  du  grand- 
chapitre  de  Strasbourg,  et  ses  amis  exerçaient  sur  leurs  terres. 
Mais,  dès  le  commencement  des  hostilités,  le  comte  Jean  I*'  de 
Saarwerden  et  Henri  de  Fénétrange  s'interposèrent  comme 
médiateurs  et  parvinrent,  après  quatre  semaines  de  négocia- 
tions, à  réconcilier  les  parties  belligérantes.  La  paix  fut  signée 
le  mercredi  après  la  SaintLuc  i426^ 

Le  comte  Frédéric  H  de  Mœrs  avait  assuré  à  son  épouse 
Engelmarte  de  Glèves,  pour  se  conformer  à  la  volonté  de  son 

^  Meubisse,  Loc.  citât.,  p.  564. 

'  Lehmann,  Geschkhte  der  Grafsckaft  HanuvrLichtenberg,  1. 1,  p.  223. 


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8AABWERDEN  BT  HEBBITZHEIM  945 

oncle  Tarchevéque  de  Cologne,  un  douaire  de  dix  mille  florins 
en  principal,  ou  mille  florins  en  rente  sur  le  comté  de  Saar- 
werden.  Après  qu'il  eut  remis  ce  comté  à  son  frère  Jean  I**, 
il  continua  néanmoins  à  porter  le  titre  de  comte  de  Saar- 
werden  accolé  à  son  nom  patronymique,  conformément  au 
pacte  successoire  qui  avait  été  conclu  avec  son  frère.  Sa  femme 
lui  donna  les  enfants  suivants  : 

1.  Vincent,  qui  épousa,  en  1455,  Anne,  fille  d'Etienne, 
comte  palatin  de  Simmem  ; 

2.  Walpurge,  qui  donna  sa  main  à  Jacques  de  Lichtenberg; 
leur  union  fut  stérile  ; 

8.  Et  Marguerite,  qui  épousa  Gérard  de  Blankenheim. 

Le  comte  Frédéric  de  Mœrs-Saarwerden  était  revêtu,  en 
1420,  de  la  charge  de  bailli  d'Amsberg,  pour  Tarchevêque 
Théodoric  de  Cologne,  son  frère*;  il  était  lié  d'amitié  avec 
Ludemann  IV  de  Lichtenberg  et  avait  fiancé  sa  fille  Walpurge 
à  Jacques,  Tatné  des  fils  de  son  ami,  en  attendant  qu'ils 
eussent  l'âge  d'être  mariés.  Aussi,  en  1429,  lors  de  l'abdi- 
cation du  dynaste  alsacien  en  faveur  de  ses  deux  fils  Jacques 
et  Louis,  fut-il  chargé  de  leur  tutelle  et  de  l'administration 
de  leurs  possessions  comme  régent  pendant  cinq  années^  Le 
mariage  de  Jacques  de  Lichtenberg  avec  Walpurge  de  Mœrs- 
Saarwerde»  fut  aussi,  selon  toute  apparence,  célébré  dans 
l'année  1429,  et  deux  années  après,  le  mercredi  avant  Saint- 
Yite  et  Saint  Modeste,  le  comte  Frédéric  fit  donation  à  son 
gendre,  Jacques  de  Lichtenberg,  de  la  moitié  de  sa  part  du 
château  de  Greifenstein,  près  de  Saverne,  sous  la  condition 
qu'il  en  jouirait  en  se  conformant  à  la  paix  castrale  dont  ce 
château  avait  élj^  l'objet  entre  ses  possesseurs'.    * 

Les  dispositions  testamentaires  de  Charles  n,  duc  de  Lor- 
raine, ayant  donné  le  duché  de  Lorraine  à  René  d'Anjou  et 

*  MoNB,  Zeitschrift  citée,  t.  VII,  p.  893. 

'  Lehmann,  Gesehiehte  der  Grafichaft  Hanau^Lkhtenberg,  1. 1,  p.  232. 

»  Ibidem,  t.  I,  p.  366. 


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346  REVUE  D'ALSACE 

exclu  le  comte  de  Yaudémont  de  cet  héritage  auquel,  à  défaut 
d'enfants  mâles,  il  prétendait  avoir  des  droits,  ce  prince  pro- 
testa contre  ce  testament  et  résolut  de  soutenir  par  les  armes 
ses  prétentions  à  la  couronne  de  Lorraine.  Jean  I",  comte 
de  Saarwerden,  prit  le  parti  de  René  1*',  qii  était  accouru  en 
Lorraine  pour  recueillir  un  héritage  que  Ton  cherchait  à  lui 
disputer.  Les  deux  compétiteurs  rassemblèrent  leurs  forces; 
les  deux  armées  se  trouvèrent  en  présence  le  3  juillet  14S1; 
le  ruisseau  de  Bulgnéville  et  un  quart  de  lieu  de  terrain  les 
séparaient.  Elles  se  heurtèrent,  et,  après  une  mêlée  d'un  quart 
d'heure,  la  victoire  se  déclara  en  faveur  du  comte  de  Vaudé- 
mont.  Le  comte  Jean  I"  fut  tué,  René  d'Anjou  fut  fait  pri- 
sonnier avec  révêque  de  Metz,  Conrad  Bayer  de  Boppart,  Didier 
Bayer,  son  frère,  et  un  grand  nombre  de  personnages  de  dis- 
tinction, <  et  si  en  demeura  morts  sur  la  place  et  en  la  chasse 
qui  dura  bien  deux  heures,  de  vingt-cinq  cents  à  trois  mille, 
desquels  furent  les  principaux  les  comtes  de  Saumes  (Salm), 
deSalmène  (Saarwerden),  de  Linage  (Linange),  allemands.»» 

Jean  l*'  laissa  sous  la  tutelle  de  leur  mère,  Adélaïde  de 
Geroldseck,  les  enfants  suivants  : 

1.  Jacques  I",  qui  lui  succéda; 

S.  Jean  H,  qui  mourut  célibataire  à  un  âge  peu  avancé: 

8.  Et  Nicolas,  qui  se  voua  à  Tétat  ecclésiastique  et  obtint 
un  canoiiicat  dans  la  cathédrale  de  Strasbourg. 

La  lutte  que  le  comte  Jean  P'  avait  commencée  et  que  sa 
veuve,  Adélaïde  de  Geroldseck,  avait  été  obligée  de  continuer 
après  sa  fin  malheureuse,  pour  assurer  à  ses  enfants  Théri- 
tage  de  leur  aïeul  Henri  III  de  Geroldseck,  avait  ruiné  les 
finances  de  la  maison  de  Mœrs-Saarwerden  ;  aussi  les  comtes 
Jacques  I"  et  Jean  II,  dès  qu'ils  eurent  saisi  le  gouvernail  de 
l'administration,  se  virent-ils  dans  la  nécessité  d'engager  à 
Jacques,  margrave  de  Bade,  une  moitié  indivise  des  seigneu- 

*  MoNSTRELBT,  Chronique,  édit.  du  Panthéon,  liv.  II,  chap.  CVin, 
p.  651. 


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BAABWERDEN  ET  HEBBFTZHBIM  d47 

ries  de  Lahr  et  de  Mahlberg,  pour  sûreté  d'un  prêt  de  trente 
mille  florins  du  Rhin,  somme  considérable  pour  Tépoque.  Ils 
se  réservèrent  la  faculté  de  se  libérer  de  ce  prêt  aussitôt 
qu'ils  en  auraient  les  moyens,  mais  ils  donnèrent  au  mar- 
grave Jacques  un  droit  de  préférence,  au  cas  qu'ils  roulussent 
aliéner  définitivement  les  seigneuries  engagées.* 

Les  comtes  de  Mœrs-Saarwerden  élevaient  des  prétentions 
sur  le  village  de  Lhor,  qui  dépendait  de  la  seigneurie  de 
Fénétrange,  et^  dès  qu'ils  eurent  saisi  le  gouvernail  des 
affaires,  ils  cherchèrent  à  les  soutenir  par  les  armes.  Ils 
adressèrent,  le  dimanche  après  la  décollation  de  Saint-Jean- 
Baptiste  1444,  une  déclaration  de  guerre  à  Bourchard,  sei- 
gneur de  Fénétrange  et  à  ses  aidants.  Dans  cette  lettre  de 
défi,  les  deux  jeunes  comtes  prirent  le  titre  de  seigneurs  de 
Lhorl 

En  1447,  le  SS  janvier,  Tévêque  de  Strasbourg,  Robert  de 
Bavière,  conclut  une  alliance  avec  les  frères  Jacques  et  Guil- 
laume, comtes  de  Ltltzelstein,  les  frères  Jean  et  Bernard, 
comtes  d'Eborslein,  Jacques,  comte  de  Mœrs-Saarwerden,  les 
frères  Frédéric  et  Louis,  comtes  de  Helfensteiri,  Georges  de 
Geroldseck,  AIwig,  comte  de  Soullz,  Jean,  comte  de  Lupfen  et 
Jean  de  Rechberg.  La  durée  de  cette  alliance  fut  fixée  à 
trois  années  et  les  couféJérés  convinrent  que.  s'il  s'élevait  un 
dissentiment  ou  un  litige  entre  deux  d'entre  eux,  il  serait 
jugé  par  la  voie  de  l'arbitrage  et  que  l'on  choisirait  six  arbi- 
tres à  cet  effet,  savoir,  trois  sur  la  rive  gauche  du  Rhin  et 
trois  sur  la  rive  droite  de  ce  fleuve.  Le  traité  d'alliance  fixe 
la  part  contributive  à  payer  par  chacune  des  parties  contrac- 
tantes'. Les  nobles  Walther  de  Thann,  Gontze  Pfil  d'Ulenbacb^ 

^  Ernest  Lehr,  La  Seigneurie  de  Bohengeroldseck  Voir  le  Bulletin 
de  la  Société  pour  la  conservation  des  monuments  historiques  d'Alsace, 
série  2«,  t.  VI,  p.  74. 

*  H.  Lepage,  Les  communes  de  la  Meurthe,  t.  I,  p.  591. 

*  Archives  du  Bas-Rhin,  S.  G.  140. 


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Sé8  BEVUE  D'ALSAOE 

Philippe  Sindeloch  de  Kestenberg  et  Henri  d'Altorf,  dit  Woll- 
schlager,  accédèrent  à  ce  traité  c  le  lundi  après  le  grand  car- 
naral  nommé  en  latin  Invocanit  de  Tannée  1447  ». 

Jacques  I",  comte  de  Mœrs-Saarwerden,  fut  marié  deux 
fois.  En  1449,  il  choisit  pour  épouse  Anastasie,  fille  d*Emich  IV, 
comte  de  Linange-Dabo  et  de  Béatrice,  margrarine  de  Bade. 
La  jeune  épouse  apporta  à  son  mari  une  dot  de  trois  mille 
florins  djor,  mais  elle  dut  renoncer  par  acte  du  dimanche 
avant  la  Purification  de  la  Sainte- Vierge  1448,  à  toutes  ses 
prétentions  sur  l'héritage  paternel;  son  mari  lui  assura 
son  douaire  sur  la  ville  et  le  chftteau  de  Lahr.  Ce  mariage  fut 
heureux,  mais  de  courte  durée.  Anastasie  de  Linange  fut 
enlevée  à  Tamour  de  son  mari  en  1454\  La  seconde  épouse 
de  Jacques  P'  fut  Cunégonde  de  Truchsess-Waldbourg,  com- 
tesse de  Sonnenberg. 

Le  comte  Jacques  I*'  fit  une  convention  d'assistance  réci- 
proque avec  son  beau-frère  Geoffroy,  comte  de  Linange,  et  lui 
engagea  même  le  tiers  de  tout  le  comté  de  Saarvrerden,  moyen- 
nant la  somme  de  deux  mille  florins.  Geoffroi  de  Linange  s'éta- 
blit à  Saarwerden  et  y  jouit  de  la  même  autorité  que  son 
beau-frère.  Il  y  avait  son  bnilli  particulier  chargé  de  Tadmî- 
nistration  de  la  justice  et  de  la  perception  des  revenus^ 

Le  comte  Geoffroy  de  Linange  prétendait  avoir  des  droits 
sur  la  moitié  de  Bru  math,  du  chftteau  de  Hohenfels  et  des 
villages  de  Dambach,  Neuhofen  et  Ktlttolsheim,  que  Glaire  de 
Fénétrange  avait  apportés  en  mariage  à  Emich  IV,  comte  de 
Linange,  son  père.  Les  frères  Jacques  et  Louis  de  Lichtenberg 
élevaient  aussi  des  prétentions  sur  ces  mêmes  localités;  il  en 
résulta  une  guerre  qui  coûta  à  Geoffroy  de  Linange  les  plus 
beaux  joyaux  de  sa  couronne  féodale.  Ce  seigneur  tenta  des 
négociations  pour  arriver  à  un  accommodement,  mais  elles 

^  Lehmann,  GeschichU  des  Hanses  Leiningen  (Geschichte  der  Burgen 
der  Pfalz),  t.  III,  p.  157. 
'  Le  même,  GeschichU  der  Grafschaft  Hanau-Lichtenhergy  1. 1,  p.  314 


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8AARWBBDBN  ET  HBRBITZHEIM  849 

demeurèrent  sans  succès.  Justement  irrité,  il  appela  à  son 
secours  ses  deux  frères,  Emich  VII  et  Bernard,  et  son  beau- 
frère  Jacques  1"  de  Mœrs-Saarweïxlen.  Georges  d'Ochsen- 
stein,  Thiébaut  de  Hobengeroldseck,  Jean  de  Fleckenstein  et 
une  foule  de  seigneurs  de  marque  embrassèrent  sa  cause.  De 
leur  côté,  les  dynastes  de  Lichtenberg  reçurent  Tappui  des 
sires  Jean  et  Guillaume  de  Fénétrange,  des  comtes  Jacques  et 
Guillaume  de  Lûizelstein  et  d'un  grand  nombre  de  nobles 
personnages.  <  A  la  seule  lecture,  ainsi  s'exprime  un  émînent 
historien^  on  devine  que  sous  une  question  de  rentes  à 
Brumath  se  cache  une  lutte  de  prépondérance  dans  les 
contrées  de  la  moyenne  Alisace.  »  Les  hostilités  s'ouvrirent 
le  lundi  après  la  Saint-Barthélemi  1450,  par  le  ravage  et  le 
pillage  des  domaines  des  parties  belligérantes^ 

Les  dynastes  de  Lichtenberg  pénétrèrent  dans  le  Westreich 
et  prirent  par  escalade  la  ville  et  le  château  de  Saarwerden  dans 
la  nuit  de  la  Saint-Martin.  Le  comte  Jacques,  qui  était  couché 
dans  son  lit  avec  sa  femme,  tomba  aux  mains  de  ses  ennemis 
et  fut  conduit  au  château  de  Lichtenberg,  où  il  fut  retenu 
en  captivité.  Après  cette  conquête,  alors  importante,  les  sires 
de  Lichtenberg  marchèrent  contre  le  château  de  Lorentzen, 
décidés  à  s'en  emparer  d'assaut,  comme  de  Saarwerden,  sans 
battre  les  murailles.  La  garnison  n'opposa  qu'une  faible  résis- 
tance et  se  rendit  à  discrétion*.  De  là  ils  traversèrent  le  Rhin, 
s'emparèrent  facilement  du  château  de  Schauenbourg,  situé 
non  loin  d'Oberkirch  et  y  firent  prisonnier  le  sire  Thiébaut 
de  Hobengeroldseck.  Puis  ils  vinrent  assiéger  le  château  de 
Brumath,  propriété  des  comtes  de  Linange  et  s'en  rendirent 
maîtres. 

L'hiver  s'était  passé  pendant  les  combats  que  les  sires  de 
Lichtenberg  avaient  livrés  et  les  sièges  qu'ils  avaient  entre- 

^  L.  Spach,  Le  comté  de  Hanau'Lichlenhergt  p.  10« 

*  B.  Hebzog,  Edelsasser  Chronickt  lib.  V,  p.  33. 

*  E.  Artz,  Chron.  apud  Wurdticein,  nov,  8ub8.  dipl,  t.  X,  p.  233. 


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350  REVUE  D'ALSACE 

pris.  Au  retour  du  printemps,  ils  résolurent  de  faire  tous  leurs 
efforts  pour  achever  la  défaite  de  leurs  ennemis.  Cependant 
le  comte  Jacques  de  Mœrs-Saarwerden  avait  recouvré  la 
liberté  à  la  faveur  de  la  promesse  qu'il  avait  faite  aux  sires 
de  Lichtenberg  de  rester  désormais  étranger  à  la  lutte,  mais 
il  ne  respecta  pas  sa  parole  de  gentilhomme.  Excité  par  la 
vengeance,  il  conçut  le  projet  de  s'emparer  par  surprise  de 
la  personne  de  Guillaume  de  Fénétrange  et  de  sa  suite.  Le 
vendredi  saint  de  Tannée  1451,  il  s'aposta  avec  quarante 
cavaliers  sur  le  chemin  où  devait  passer  le  sire  de  Féné- 
trange en  sortant  de  Téglise  de  Saint-Jean-de-BasseP,  où  il 
avait  rhabitude  de  se  rendre  pour  accomplir  ses  devoirs 
religieux.  Mais  ce  seigneur,  soit  qu'il  eût  été  averti  de  la  per- 
fidie de  son  ennemi,  soit  qu'il  en  eût  le  pres^^ftntiment,  s'était 
contenté  d'y  envoyer  sa  femme.  Lorsque  cetle  dame,  après 
avoir  fait  ses  prières,  sortit  de  Téglise  pour  regagner  son 
château  de  Fénétrange,  le  comte  Jacques  fondit  à  l'improviste 
sur  elle  et  maltraita  de  la  façon  la  plus  révoltante  son 
escorte  et  ses  domestiques.  II  fit  fouiller  Téglise  et  ne  reiflcha 
la  dame  que  lorsqu'il  eut  perdu  Tespoir  de  s  emparer  de  la 
personne  de  son  mari^ 

Cependant  les  hostilités  avaient  repris  avec  une  nouvelle 
intensité;  les  deux  partis  se  trouvèrent  bientôt  en  présence 
dans  la  plaine  de  Reichshofen  et  on  en  vint  aux  mains;  le 
choc  fut  violent  et  le  combat  opiniâtre.  Enfin,  après  des  pro- 
diges de  valeur  de  part  et  d'autre,  la  victoire  se  déclara  en 
faveur  des  sires  de  Lichtenberg.  Geoffroy  de  Lin  ange  et  son 
fidèle  allié  Georges  d'Ochsenstein,  forcés  de  se  rendre  prison- 
niers, furent  conduits  au  château  de  Lûtzelstein.  Soixante- 
et-onze  chevaliers  ou  écuyers  subirent  le  même  sort  et  furent 
envoyés,  sous  bonne  escorte,  dans  plusieurs  châteaux  situés 

^  Alors  commanderie  de  Tordre  de  Saint-Jean  de  Jérasalem,  située 
dans  le  voisinage  de  Fénétrange. 
'  B.  Herzog,  Loc,  citât.,  lib.  V,  p.  22. 


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SAARWEBDEN  ET  HERBITZHEIM  351 

daus  la  proximité.  Parmi  les  morts,  on  trouva  douze  gentils- 
hommes; le  nombre  des  blessés  s'éleva  à  plus  de  trois  cents. 
Tel  fut  ce  fameux  combat  de  Reichshofen,  qui  se  livra  le 
5  juin  1451.  Geoffroy  de  Liuange  fut  ensuite  conduit,  chargé 
de  liens,  au  château  de  Lichtenberg,  où  il  fut  retenu  dans  une 
étroite  captivité. 

Indignés  des  mauvais  traitements  qu'on  faisait  subir  au 
malheureux  prisonnier,  ses  deux  frères  et  son  beau-frère, 
Jacques  de  Mœrs-Saarwerden,  contractèrent  une  alliance 
intime  pour  obtenir  sa  délivrance  par  la  voie  des  négociations 
et,  en  cas  d'insuccès,  par  celle  des  armes.  Ils  conclurent, 
le  mardi  après  la  Saint-Martin  1451,  une  paix  castrenne 
dans  les  châteaux  de  Saarwerden,  de  Bouquenom  et  de 
Lorentzen,  et  quelques  semaines  après,  le  jour  de  la  Saint- 
Jean  après  Noël,  ils  contractèrent  un  traité  d'alliance  défensive 
et  offensive,  dont  la  durée  fut  fixée  à  dix  années,  et  se  don- 
nèrent ouverture  réciproque  dans  tous  leurs  châteaux  et  for- 
teresses'. 

Toutes  les  démarches  pour  faire  cesser  la  captivité  de 
Geoffroy  de  Linange  demeurèrent  infructueuses.  Enfin,  Tévéque 
de  Strasbourg,  Robert  de  Bavière,  interposa  sa  médiation  et 
mit  tout  en  œuvre  pour  amener  une  réconciliation  entre  les 
parties  belligérantes.  L'influence  de  ce  prélat  fut  d'autant  plus 
grande  en  cette  circonstance  que  les  vainqueurs  et  les  vaincus 
lui  étaient  attachés,  non  seulement  par  des  relations  de  voi- 
sinage, mais  encore  par  les  liens  de  la  vassalité.  Après  de 
longues  conférences,  on  convint  des  bases  de  la  paix.  Enfin,  le 
traité  fut  signé  à  Saverne  le  2  mars  1452'.  Il  portait  en 
substance  que  Geoffroy  de  Linange  ne  pourrait  plus  jamais 
reprendre  les  armes  contre  les  sires  de  Lichtenberg  et  ceux 
de  Lûtzelstein  et  de  Fénétrange  ;  qu'il  renoncerait  en  faveur 
des  Lichtenberg  à  toutes  ses  prétentions  et  à  tous  ses  droits 

*  Lehmann.  Die  Burgen  der  Pfalz,  t.  111,  p.  159. 

'  Le  même,  Geschichte  der  Grafschaft  Hanau-LichtenberÇy  1. 1,  p.  282. 


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352  BEVUE  D'ALSACE 

sur  Brumath  et  ses  dépendances,  qu'il  leur  céderait  la  somme 
de  deux  mille  florins  qu'il  avait  à  prétendre  sur  le  comté  de 
Saarwerden  et  que  les  prisonniers  qui  gémissaient  encore 
dans  les  fers  seraient  mis  en  liberté  moyennant  une  rançon 
de  quatorze  mille  florins.  Il  contenait  en  outre  la  condition 
expresse  qu'une  trêve  de  trois  années  serait  imposée  aux  sires 
de  Fénétrange,  aux  sires  de  Lichtenberg  et  au  comte  de  Mœrs- 
Saarwerden,  et  qu'ils  seraient  tenus  de  régler  à  l'amiable 
tous  les  différends  qui  avaient  amené  leur  mésintelligence, 
dans  un  délai  dont  l'expiration  aurait  lieu  à  la  Pentecôte  pro- 
chaine. Ge  traité,  en  tous  points  favorabls  aux  sires  de  Lich- 
tenberg (tout  ce  qu'ils  avaient  demandé  leur  avait  été  accordé), 
fut  rompu  par  eux,  quoiqu'ils  l'eussent  solennellement  juré, 
et  Geoffroy  de  Linange  languit  encore  longtemps  chargé  de 
chaînes  dans  le  sombre  cachot  du  donjon  de  Lichtenberg. 

Le  chevalier  Wirich  de  Hohenbourg  tenait  en  engagement 
de  l'évêché  de  Strasbourg,  depuis  l'année  1427,  la  ville  et 
le  château  de  Mutzig,  situés  à  Feutrée  du  val  de  la  Brusche. 
L'évoque  de  Strasbourg,  Robert  de  Bavière,  voulant  retirer  le 
gage  sans  en  rembourser  le  prix  et  le  céder  à  son  frère  Louis- 
le-Noir,  duc  de  Deux-Ponts,  chargea  ce  prince  de  s'emparer 
de  cette  ville.  Dans  la  nuit  du  6  février  1454,  le  comte  Jacques 
de  Hœrs-Saarwerden  et  le  Junker  Geoffroy  de  Linange,  à  la 
tête  de  leurs  vassaux  et  des  troupes  de  Louis-le-Noir,  s'appro* 
chèrent  sans  bruit  de  Mutzig  et  s'en  emparèrent  par  escalade. 
Le  château  tomba  également  en  leur  pouvoir  ;  ils  s'y  main* 
tinrent  pendant  quelques  jours.  Au  bruit  de  cette  prise, 
Wirich  de  Hohenbourg  implora  le  secours  de  la  ville  de  Stras- 
bourg. Cette  cité,  toujours  empressée  de  guerroyer  contre 
l'évêque,  fit  marcher  ses  plus  vaillants  enfants  contre  les 
vainqueurs.  Mais  ceux-ci,  à  l'approche  des  Strasbourgeois^ 
sortirent  avec  précipitation  de  la  place,  en  y  laissant  quelques 
drapeaux  et  quelques  mousquets\ 

^  Code  diplomatique  de  Strasbourg  (Arcbiv-Chronik),  t  U,  p.  I46» 


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8AARWERDEN  ET  HEBBITZHBIM  909 

En  1456,  les  comtfs  de  Linange  eurent  la  douleur  de  voir 
le  comte  Jacques  de  MœrsSaarwerden,  leur  beau-frère,  se 
détacher  de  leur  alliance  et  embrasser  la  cause  de  leurs 
ennemis.  II  fit  avec  les  sire.<^  de  Lichtenberg  une  convention 
d'assistance  réciproque  et  leur  accorda  louveriure  de  tous 
seschftteaux;  bien  plus,  il  ne  se  fit  aucun  scrupule  de  leur 
abandonner  ce  qui  ne  lui  appartenait  pas  :  les  soldats,  les 
chevaux,  les  armes  et  Ips  munitions  que  le  comte  Geoffroy  de 
Linange  y  avait  amassés*.  Le  premier  accès  de  douleur  étant 
passé,  les  comtes  de  Linange  pensèrent  à  la  vengeance;  mais 
dans  la  circonstance  présente,  leur  projet  de  punir  leur 
déloyal  beau-frère  fut  d'une  difficile  exéiîution  et  ils  durent 
se  contenter  de  se  plaindre  du  sort  qu'il  leur  faisait  et  de 
signaler  son  infamie  à  Tindignaiion  publique.  Depuis  lors,  les 
affaires  de  ces  seigneurs  si  cruellement  éprouvés  allèrent 
toujours  en  décadence  et  la  bonne  harmonie  ne  cessa  de 
régner  entre  le  comte  de  Mœrs-Saarwerden,  les  dynastes  de 
Fénétrange  et  les  sires  de  Lichtenberg. 

En  1457,  le  comte  de  Mœrs-Saarwerden  figure  sur  la  liste 
des  bourgeois  externes  (fZs^ôwr^er)  de  la  ville  de  Strasbourg*. 

Quand  i'évêque  de  Metz,  Georges  de  Bade,  fit  son  entrée 
solennelle  dans  la  ville  de  son  siège,  en  1461,  il  était  escorté 
de  ses  <  haults  hommes,  monseigneur  le  comte  de  Bitche,  de 
Sarrebrucbe,  de  Saarwerden  et  messeigneurs  les  comtes  de 
Salm  et  de  Fénétrangers  et  plusieurs  aultres'  >. 

Le  comte  Jacques  I"  de  Mœrs-Saarwerden  rechercha 
Talliance  de  Jean  de  Fénétrange,  maréchal  de  Lorraine,  et  de 
Béatrice  d'Ogéyiller,  son  épouse,  en  faisant  demander  la  main 
de  leur  fille  Barbe  pour  son  jeune  fils  Nicolas,  qu'il  avait  eu 
d'Anastasie  de  Linange;  sa  demande  ayant  été  agréée,  les 
noces  furent  célébrées  avec  la  plus  grande  solennité  et  don- 

'  LehMaKK,  Geschickte  der  Grafschaft  Hanau-Lichtenberg,  1 1.  p.  304. 

*  Wekcker,  Dephalburgeris,  etc.,  p.  17. 

*  HUGUENIK,  Chroniques  mesiineSf  p.  293* 

Noavolto  Série.  -*  6«*  Année.  ^ 


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354  BEVUE  d'âlsaoe 

nèrent  lieu  à  de  splendides  fêtes  dont  le  chroniqueur  de  Lor- 
raine a  conservé  le  souvenir\ 

€  Les  nopces  se  firent  à  Bouquenom  en  grand  triomphe, 
tous  les  seigneurs  n'y  falloient  mais;  au  dict  lieu  fut  faict 
une  fontaine,  par  deux  jours  durant  donnoit  vin  rouge,  et 
clairet  et  vin  blanc,  chacun  j  beuvoit  sans  payer  argent.  Le 
duc  Jean  (de  Lorraine)  et  le  duc  (palatin)  Louis  au  moustier 
la  menèrent  triomphalement.  Le  comte  palatin,  le  comte  de 
Nassau  menoient  le  marié  et  plusieurs  comtes,  barons  et 
gentilshommes,  dames  et  demoiselles  en  y  avoit  grand 
nombre,  d'être  pansez  et  servy  de  toutes  viandes.  On  y 
avoit  à  grand  planté.  Les  dictes  nopces  furent  faites  au  mois 
de  septembre  Tan  mil  quatre  cens  soixante  trois,  la  com- 
tesse, son  habillement  en  quoi  elle  espousit,  tout  partout 
d'orfévrie,  pierreries,  perles  d'or  et  d'argent  étoit  chargez. 
II  n'y  avoit  homme  qui  sceut  à  dire  de  quelle  couleur  estoit 
le  dit  habillement.  > 

Nicolas  de  Mœrs-Saarwerden  reçut  en  mariage  de  son  père 
le  comté  de  Saarwerden,  y  compris  le  château  de  Lorentzen 
et  celui  de  Falckenstein^  l'un  fief  de  Téglise  de  Trêves  et 
l'autre  fief  de  ^Empire^  Il  fit,  par  ordre  de  son  père,  ses 
reprises  auprès  de  Georges  de  Bade,  évéque  de  Metz,  pour 
les  fiefs  relevant  de  son  église,  suivant  lettres  du  dimanche 
après  Sainte-Marguerite  1469,  et  prêta  serment  à  Dieu  et  aux 
saints  sur  la  crosse  épiscopale  d'être  fidèle,  loyal  et  affec- 
tionné à  l'évêque  de  Metz  et  à  son  éTêché*. 

Le  comte  Jacques  I**  avait  eu  de  sa  seconde  femme  deux 
autres  fils  : 

Jean  III,  qui  épousa  Anne,  fille  de  Jacques  Oswald,  comte 
de  Berg ; 

*  Calmet,  Preuves  de  Vhistoire  de  Lorraine^  t.  VII,  p.  13# 

'  Château  situé  dans  le  canton  de  W'innweiler,  dans  la  Bavière  rhé- 
nane. 
'  ËBERHAKD,  Loc.  citat.,  p.  107 

*  Meurisse,    Loc.  citaUi  p.  591, 


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SAABWERDEN  ET  HERBITZHEIM  S55 

Jacques  II,  qui  se  maria  à  Béatrice,  fille  de  Jean  YII,  comte 
de  Saim; 

Et  une  fille  nommée  Adélaïde;  celle-ci  donna  sa  main  à 
Guillaume  de  Manderscheid-Blaukenheim  et  lui  apporta  une 
dot  de  dix  mille  écus  d'or. 

Jacques  de  Saarwerden  assista,  au  mois  de  juin  1471,  à  la 
diète  de  TEmpire  qui  se  tenait  à  Rati8bonne\ 

Jean  de  Fénétrange  tenait  en  fief  de  révêché  de  Strasbourg 
diverses  rentes  à  Wolfgangesheim  (Wo]xheim),à  Dahlenheim 
et  à  Mutzig;  il  les  céda  à  son  gendre  Nicolas,  comte  de  Mœrs- 
Saarwerden,  qui  en  reçut  Tinvestiture  de  Tévêque  Robert  de 
Bavière,  suivant  acte  du  mercredi  après  la  conception  de 
Notre-Dame  1467.  Ce  prélat  lui  assura  une  rente  annuelle 
de  cinquante  florins  par  acte  du  lundi  après  le  dimanche 
Exaudi  1473,  sur  les  revenus  du  baillagc  d'Ortenberg,  en 
remplacement  des  redevances  qu'il  était  en  droit  de  percevoir 
à  Wolxheim. 

Jean  de  Fénétrange  était  le  dernier  rejeton  mâle  de  sa 
maison  ;  il  termina  en  1474  le  cours  de  sa  vie,  laissant  son 
opulent  héritage  à  ses  deux  filles.  Barbe  et  Madeleine  ;  celle- 
ci  avait  épousé  Ferdinand  de  Neubourg,  seigneur  de  Montagu. 
Ces  deux  riches  héritières  apportèrent  à  leurs  maris  les  sei- 
gneuries de  Fénétrange, dOgéviller,  de  Neuvillers, d'Amance 
et  de  Diemeringen.  Ces  deux  seigneurs  ajoutèrent  à  leur  nom 
celui  de  Fénétrange  et  placèrent  dans  leur  écusson  les 
armes  de  cette  ancienne  maison,  qui  portait  d'azur  à  une 
fasce  d'argent.  , 

Depuis  la  mort  de  Jean  de  Fénétrange,  Béatrice  d'Ogéviller, 
sa  veuve,  se  livrait  avec  ardeur  à  des  œuvres  pies;  elle  fonda 
en  1475,  avec  le  consentement  de  ses  gendres,  une  collégiale 
dans  l'église  paroissiale  de  Fénétrange,  la  plaça  sous  l'invo- 
cation de  Saint-Pierre  et  la  dota  richement.  L'évêque  de  Metz, 

^  MoKB,  Qt^eUensammlung,  t.  I,  p.  506. 


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356  REVUE  D  ALSACE 

Georges  de  Bade,  s'empressa,  sur  ses  vives  instances,  de 
confirmer  cette  fondation\ 

En  1475,  lorsque  Charles-le-Téméraire,  duc  de  Bourgogne, 
s'avançait  vers  la  Lorraine  avec  une  armée  de  plus  de  qua- 
rante mille  hommes  et  une  nombreuse  artillerie,  les  comtes 
de  Bitche,  de  MœrsSaarwerden,  de  Nassau-Saarbruck,  de 
Salm,  d'Aprémont  et  de  Réchicourt  rompirent  Talliance  qu'ils 
avaient  formée  avec  René  H,  duc  de  Lorraine,  pour  défendre 
leurs  propres  domaines.  Mais  lorsque  le  duc  de  Bourgogne  se 
fut  rendu  maître  des  montagnes  des  Vosges  et  des  villes 
situées  sur  la  Moselle  et  qu'il  se  préparait  à  marcher  sur 
Nancy,  la  terreur  se  répandit  au  loin;  tous  les  seigneurs, 
toutes  les  villes  de  la  Lorraine  allemande  firent  leur  soumis- 
sion et  rendirent  hommage  à  Charles  :  <  Tous  se  mirent  à 
lui,  dit  le  chroniqueur  de  Lo^^aine^  à  Texceplion  de  la 
ville  de  Strasbourg  et  du  conjte  de  Bitche.  • 

L'année  d'après,  les  seigneurs  du  Westreich,  qui  n'étaient 
plus  talonnés  par  la  peur,  renouvelèrent  leur  alliance  avec 
le  duc  René.  Le  comte  de  MœrsSaarwerden  vint  avec  les 
autres  seigneurs  de  la  contrée  à  Sarrebourg,  pour  aller  à  la 
rencontre  de  ce  prince.  Le  séjour  de  René  dans  cette  ville  ne 
fut  qu'un  long  festin;  pendant  trois  jours  il  fut  festoyé  à  la 
manière  des  Allemands  et  ne  put  se  soustraire  aux  prodiga- 
lités d'une  table  somptueusement  servie  de  viandes  et  de  vins 
exquis  et  à  cinq  repas  par  jour  :  <  le  déjeuné,  le  disné,  la 
marande',   le  souper,  le  ressiné  qu'on  appelle  SchlaArinque* 

• 

*  Calmbt,  Preuves  de  Vhistoire  de  Lorraine,  t.  VI  p.  CCLV. 

•  Calmet,  Preuves,  t.  VII,  p.  LXXIX. 

'  Expression  patoise  qni  signifie  le  goûter. 

^  Le  Schlaflrunk  est  un  mot  allemand  qui  vent  dire  le  conp  da  som** 
meil  ;  c*était  la  collation  qu'on  avait  1  habitude  de  prendre  avant  de  se 
mettre  au  lit;  le  ressiné  ou  le  récène  est  le  repas  à  la  fin  de  la  veillée  ou 
loure  d'hiver.  Le  mot  Xela [trinque,  qui  se  trouve  dans  la  chronique 
imprimée  dans  le  7^  volume  de  ï Histoire  de  Lorraine,  p.  XGI,  me  paraît 
simplement  une  faute  du  copiste. 


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SAAIiWEBDBN  ET  HERBITZHEIM  857 

et  consistant  en  toutes  sortes  de  viandes  de  pafferlînS  force 
chapons,  venaisons  de  toutes  chairs  à  planté  ».  Les  seigneurs 
allemands  montrèrent  à  René  un  dévouement  rare  dans  les 
circonstances  difficiles  où  se  trouvait  la  Lorraine  et  accom- 
pagnèrent ce  prince  jusqu'à  Strasbourg,  où  ils  passèrent  huit 
jours  dans  les  fêtes. 

Le  comte  Nicolas  de  Mœrs-Saarwerden  n'eut  de  Barbe  de 
Fénétrange  que  deux  filles,  nommées  Jeanne  et  Ânastasie,  qui 
étaient  les  plus  riches  héritières  de  la  contrée.  Le  rhingrave 
Jean  VI,  comte  de  Salm,  bcigua  la  main  de  Jeanne;  sa 
demande  ayant  été  accueillie,  leur  mariage  fut  célébré  en 
1478.  Le  comte  Nicolas,  qui  se  voyait  privé  d'héritiers  mâles, 
constitua  en  dot  à  sa  fille  Jeanne  le  comté  de  Saarwerden^  au 
mépris  de  Tordre  de  primogéniture  qui  était  établi  dans  la 
maison  de  Mœrs-Saarwerdenl  Cette  donation,  faîte  au  préju- 
dice des  comtes  Jean  El  et  Jacques  II,  était  entachée  de 
nullité;  aussi,  lors  du  décès  de  Nicolas  de  Mœrs-Saarwerden, 
le  rhingrave  Jean  VI  n'essaya-t-il  pas  même  de  la  faire  valoir 
et  elle  fut  considérée  comme  nulle  et  de  nul  effet.  Lors  de  son 
mariage,  le  rhingrave  avait  assuré  un  douaire  à  sa  jeune 
femme  sur  les  châteaux  de  Salm  et  de  Langstein  (Pierre- 
Percée),  près  de  Badonviller. 

La  seconde  fille  du  comte,  Anastasie,  donna  sa  main  à 
Gerlach  IV,  comte  d'Isenibourg'. 

Le  comte  Nicolas  de  Mœrs-Saarwerden  fut  forcé  en  1479, 
par  le  mauvais  état  de  ses  finances,  d'emprunter  à  Guillaume 
Bâcher,  riche  bourgeois  de  Strasbourg,  la  somme  de  deux 
mille  florins*;  il  hypothéqua,  pour  la  sûreté  tant  du  rem- 
boursement du  capital  que  du  service  exact  des  intérêts  dont 


*  Pafferlin  vint  du  mot  allemand  Pfefferlein,  diminutif  de  Pfeffer,  qui 
veut  dire  civet. 

*  Ebebhabd,  Loc,  citât,,  p.  46. 

*  RriTER  Husius,  Tables  généalogiques,  p.  44- 
^  Ebbrhard,  Loc.  citât.,  p.  47. 


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358  REVUE  d' ALSACE 

il  était  productif,  les  revenus  du  comté  de  Saarwerden; 
révoque  de  Metz,  Georges  de  Bade,  donna  son  consentement  à 
cette  constitution  d'hypothèques  par  lettres  du  samedi  aprte  le 
mercredi  des  cendres  1480,  sous  la  condition  que  le  comte 
Nicolas  rembourserait  la  somme  empruntée  dans  le  délai  de 
cinq  ans. 

En  1480,  le  comte  Nicolas  engagea  à  son  oncle  Emich  Vn, 
comte  de  Linange,  le  comté  de  Saarwerden  avec  les  sujets, 
châteaux,  villes,  villages,  biens,  revenus,  redevances,  chasses, 
pêches,  supériorité  territoriale  et  toutes  les  appartenances  et 
dépendances,  du  consentement  de  son  suzerain  Tévêque  de 
Metz,  et  lui  en  résigna  en  même  temps  Tadministration^ 
Emich  de  Linange  prit  possession  du  comté  qui  venait  de  lui 
être  engagé;  il  prêta  foi  et  hommage  à  l'évêque  de  Metz,  mais 
il  se  vit  obligé  de  promettre  solennellement  que  cet  engage- 
ment serait  considéré  comme  nul  et  de  nul  effet  si,  par  suite 
de  Fextinction  de  la  maison  de  Mœrs-Saarwerden  en  race  mftie, 
le  comté  de  Saarwerden  venait  à  faire  retour  à  Tévéché  de  Metz. 

Différentes  contestations  s'étaient  élevées  entre  le  rhingrave 
Jean  et  les  comtes  Jacques  et  Nicolas  de  Mœrs-Saarwerden 
et  menaçaient  de  troubler  l'harmonie  qui,  jusqu'alors,  avait 
régné  entre  les  deux  familles;  elles  furent  soumises,  en  148S, 
à  l'arbitrage  de  René  II,  duc  de  Lorraine,  qui  moyenna  un 
arrangement  dont  les  deux  parties  parurent  satisfaites.  Gomme 
dans  ces  différends  il  avait  été  question  de  la  dot  qui  avait  été 
constituée  à  Anastasie  de  Linange,  femme  du  comte  Jac- 
ques I**  de  Mœrs-Saarwerden,  celui-ci  et  son  fils  Nicolas 
attestèrent,  le  jeudi  après  la  conversion  de  Saiut-Paul  1482, 
que  cette  dot  avait  été  payée  et  en  délivrèrent  à  Emich  VII, 
cemte  de  Linange,  leur  beau-frère  et  oncle  respectif,  une 
quittance  en  bonne  forme  \  Le  comte  Jacques  P'  termina  peu 
après  sa  carrière  terrestre. 

^  Ebbbhard,  Loc.  cUat.,  pp.  43  et  47. 

'  Lehmann,  Die  Burgen  der  Pfalz,  t.  III,  p.  185. 


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SAARWERDEN  ET  HERBITZHEIM  359 

En  1483,  un  grand  nombre  de  princes  et  de  seigneurs  des 
deux  rives  du  Rhin  se  réunirent  à  Offenbourg,  pour  y  passer 
le  carnaval  dans  les  fêtes  et  les  plaisirs.  On  y  remarquait 
rélecteur  palatin  Frédéric,  Albert  de  Bavière,  évoque  de 
Strasbourg,  Frédéric,  margrave  de  Brandebourg,  Christophe, 
margrave  de  Bade,  Jacques,  comte  de  Mœrs-Saarwerden,  son 
jenne  fils  Jacques  et  une  foule  de  neigneurs  et  de  dame8\ 
C'étaient  des  festins,  des  bals  sans  fin.  La  journée  du  mardi 
fut  couronnée  par  un  carrousel,  où  Ton  déploya  un  luxe 
prodigieux. 

Nicolas,  comte  de  Mœrs-Saarwerden,  et  Barbe  de  Féné- 
trange,  son  épouse,  et  Ferdinand  de  Neubourg  et  Madeleine  de 
Fénétrange,  son  épouse,  vendirent  à  Simon  Wecker,  comte  de 
Deux-Ponts- Bitche,  et  à  Philippe,  comte  de  Nassau,  tous  les 
biens,  rentes  et  revenus  généralement  quelconques  qu'ils  pos- 
sédaient et  que  leurs  épouses  avaient  hérités  de  leur  père, 
Jean  de  Fénétrange,  à  Brumath,  Waltenheim,  Frankenheîm, 
Alzenheîm,  Mittelhausen ,  Gries,  Weyersheim-à-la-Tour, 
Phaffenhofen,  Niedermodern,  Ballbronn,  Offwiller  et  Ober- 
bronn,  moyennant  la  somme  de  quatre  mille  florins,  suivant 
contrat  du  jour  de  la  Saint- Martin  1484^  Ces  biens,  rentes 
et  revenus  furent  cédés  aux  acquéreurs  tels  qu'ils  le  trou- 
vaient et  qu'ils  éaient  advenus  au  père  des  co-venderesses 
des  comtes  de  Linange  et  des  seigneurs  d'Ochsenstein.  L'année 
d'après,  les  acquéreurs  reçurent  des  mains  des  vendeurs  tous 
les  titres  et  documents  relatifs  aux  biens  qu'ils  avaient 
achetés. 

En  1486,  le  comte  Nicolas  reçut  de  Tévêque  de  Metz,  son 
seigneur  suzerain,  l'investiture  des  fiefs  de  Saarwerden  et  de 
Bouquenom  et  lui  prêta  foi  et  hommage  dans  les  formes  vou- 
lues par  la  coutume  féodale.  Dans  le  courant  de  la  même 
année,  il  se  rendit  à  Aix-la-Chapelle  pour  assister  au  cou- 

»  MONB,  Zeitschnfi,  t.  XVI,  p.  264. 
'  Archives  da  Bas-RhÎD,  S.  E.  4725. 


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860  BEVUB  D'ALSACE 

ronnement  de  Tempereur  Maximilien  I",  lequel  eut  lien  le 
dimanche  9  avriP.  Ce  seigneur,  qui  jouissait  de  la  plus  haute 
considération  auprès  de  René  II,  duc  de  Lorraine  et  roi  de 
Sicile,  fut  invité  par  ce  prince,  en  1489,  à  assister  arec  son 
épouse  aux  fêtes  qui  devaient  avoir  lieu  à  Toccasion  du 
baptême  de  son  fils  Antoine  de  Lorraine,  duc  de  Galabre.  Il 
se  rendit  à  Bar-le-Duc,  où  il  fut  reçu  avec  la  plus  grande 
distinction.  Madame  la  comtesse,  son  épouse,  et  madame 
Tslande  de  Lorraine  furent  choisies  pour  marraines  du  jeune 
prince  et  Henri  de  Lorraine,  évêque  de  Metz,  en  fut  le 
parrain^. 

A  la  mort  du  comte  Nicolas,  arrivée  en  1489,  ses  deux 
frères,  les  comtes  Jean  lU  et  Jacques  II,  qui  étaient  ses  héri- 
tiers féodaux,  se  mirent  en  possession  du  comté  de  Saar- 
werden  et  le  gouvernèrent  en  commun.  Le  comte  Jean,  comme 
l'aîné  de  la  maison,  prêta  foi  et  hommage  à  Tarchevêque  de 
Trêves,  Jean  de  Bade,  pour  les  fiefs  qui  relevaient  de  mn 
église  et  qui  étaient  enclavés  dans  le  comté  de  Saarwerden. 
Ce  prince  lui  accorda  une  nouvelle  investiture  par  lettres 
délivrées  le  jour  de  Saint-Sixte  (6  août)  1490'. 

En  1498,  le  jeudi  après  la  Sainte-Croix,  le  comte  Jean 
entra  au  service  de  René  II,  duc  de  Lorraine,  et  prit  l'enga- 
gement de  le  servir  pendant  toute  sa  vie,  moyennant  trois 
cents  florins  de  rente  annuelle*. 

La  diète  de  Worms  étant  assemblée,  en  1495,  pour  établir 
une  paix  durable  entre  les  membres  de  TEmpire;  le  duc  de 
Lorraine,  René  II,  refusa  de  s'y  servir  de  la  formule  de  leur 
serment,  c  Mes  prédécesseurs  n'en  ayant  fait,  dit-il,  de  sem- 
blable et  la  Lorraine  ne  relevant  point  de  TEmpire,  je  ne 
dois  rhommage  que  pour  les  fiefs  qui  en  dépendent,  t   II  le 

^  Luge,  manascrit  de  la  bibliothèqae  de  Strasbourg  brûlé  en  1870. 
pendant  le  siège. 
■  Calmet,  Histoire  de  Lorraine  t.  V,  p.  463. 
'  Gœrz,  Loc.  citai,,  p.  275. 
«  Calmet^  Notice  de  la  Lorraine^  8°.  Saarwerden,  t.  Il,  p.  429. 


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SAARWEBDEN  ET  HERBITZHEIM  961 

rendit  en  promettant  fidélité  selon  la  teneur  de  ses  fieEi.  Cet 
acte  de  foi  et  hommage  eut  lieu  avec  le  cérémonial  habituel, 
en  présence  d'un  grand  nombre  de  personnages  de  distinc- 
tion, parmi  lesquels  on  remarquait  Obry  de  Blamont,  élu 
évêque  de  Toul,  Jean,  comte  de  Linange^  le  rhingrave  Jean, 
le  comte  Jean  de  Mœrs-Saarwerden  et  les  conseillers  du 
duc'. 

Au  début  de  Tannée  1497,  le  comte  Jean  se  trouvait  dans 
sa  seigneurie  transrhénane  de  Lahr;  le  1**  février  il  s'avança, 
à  la  tète  d'une  nombreuie  troupe  d'hommes  à  pied  et  à 
cheval  vers  Ëttenheim,  ville  appartenant  à  Tévêque  de  Stras- 
bourg et  fit  jeter  un  pont  sur  la  rivière,  non  loin  de  cette 
ville,  malgré  les  remontrances  et  l'opposition  des  autorités 
épiscopales.  En  vain  ces  dernières  lui  firent-elles  observer 
que  Tendroit  où  il  était  en  train  de  construire  un  pont  dépen- 
dait de  la  juridiction  d'Ëttenheim  et  qu'il  violait  le  territoire 
de  révêché  de  Strasbourg,  il  n'en  continua  pas  moins  la 
construction  commencée  et  ne  partit  qu'après  Tavoir  achevée. 
La  nuit  suivante,  les  habitants  d'Ëttenheim  détruisirent  le 
pont  et,  comme  ils  redoutaient  la  vengeance  du  comte  de 
Mœrs-Saarwerden,  ils  implorèrent  le  secours  du  magistrat  de 
Strasbourg^ 

La  ville  de  Boppart,  située  sur  le  Rhin,  s'était  révoltée 
contre  l'archevêque  de  Trêves,  Jean  de  Bade.  Ce  prélat,  après 
avoir  vainement  employé  les  voies  de  douceur  pour  ramener 
les  rebelles  à  leur  devoir,  assembla  une  puissante  armée, 
commandée  par  Philippe,  comte  palatin  du  Rhin,  par  le  land- 
grave Guillaume  de  Hesse,  le  margrave  Christophe  de  Bade 
et  Jean  III,  comte  de  Saarwerden,  et  vint  assiéger  la  ville 
rebelle.  Les  bourgeois  se  défendirent  courageusement  et  ne 
se  rendirent  que  le  3  juillet  1497,  après  douze  jours  d'inves- 
tissement. Le  jour  même  de  la  reddition  de  la  place,  le  prince 

*  Calmbt,  Histoire  de  Lorraine^  t.  V,  p.  440. 

*  MoNE,  Zeitschrift,  l  XIX,  p.  141. 


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363  BEVUE  D  ALSACE 

électeur  souscrivit  au  comte  de  Saarwerden  une  obligation 
de  huit  cents  florins  avec  promesse  de  lui  payer  cette  somme 
à  la  prochaine  foire  de  Francfort*. 

Au  mois  d'octobre  de  la  même  année,  le  comte  Jean  accom- 
pagna, jusqu'à  Coblence,  Yolande,  princesse  royale  de  Jéru- 
salem et  de  Sicile,  fllle  de  Ferri  II,  comte  de  Yaudémont,  et 
dTolande  d'Anjou,  qui  avait  accordé  sa  main  à  Guillaume  II, 
landgrave  de  Hesse.  La  jeune  princesse  descendit  la  Moselle 
en  bateau,  avec  les  comtes  de  Bitche,  de  Salm,  de  Mœrs- 
Saarwerden,  le  rhingrave  et  plusieurs  autres  gentilshommes 
et  un  grand  nombre  de  dames  et  de  demoiselles.  La  suite  se 
composait  de  plus  de  quatre  cents  personnes^ 

En  1497,  les  comtes  Jean  III  et  Jacques  n  de  Mœrs-Saar- 
werden,  toujours  à  court  d'argent,  se  virent  dans  la  pénible 
nécessité  de  vendre  à  Christophe,  margrave  de  Bade,  la  pleine 
propriété  de  la  moitié  des  seigneuries  de  Lahr  et  de  Mahlberg, 
que  ce  seigneur  n'avait  tenue  jusqu'alors  que  comme  engagiste. 
La  vente  s'en  fit  moyennant  la  somme  de  quarante-quatre  mille 
florins'.  Ces  deux  seigneuries  restèrent  dans  l'indivision  jus- 
qu'en 1629,  époque  à  laquelle  elles  furent  partagées  entre 
Guillaume  de  Bade  et  la  maison  de  Nassau-Saarbruck,  qui 
en  avait  hérité  la  moitié  de  celle  de  Mœrs-Saarwerden.  Par 
c«  partage  la  seigneurie  de  Lahr  fut  attribuée  à  la  maison  de 
Nassau-Saarbruck  et  celle  de  Mahlberg  échut  au  margrave 
Guillaume. 

Nous  allons  maintenant  faire  un  pas  rétrograde  vers  la 
branche  atnée  de  Mœrs,  dont  il  est  nécessaire  de  faire 
connaître  la  défaillance. 

Vincent,  comte  de  Mœrs,  continua  k  accoler  à  son  nom 
patronymique  celui  de  Saarwerden*  ;  il  eut  de  son  épouse, 

^  Gœbz,  Loc.  citai.,  p.  301. 

■  Oalmet,  Histoire  de  Lorraine,  t.  V,  p.  440. 

'  SCHWEDEB,  Loc,  citat.,  p.  3:^. 

«  GŒftz,  Loc.  citât.,  p.  211  et  273. 


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SAARWERDEK    ET   HERBITZHEIM  863 

Anne,  comtesse  palatine  de  Sîmmern,  quatre  fils  et  deux 
filles  : 

1.  Frédéric  III,  qui  se  maria  à  Elisabeth  de  Rodemackero, 
dont  il  eut  un  fils  nommé  Bernard  et  une  fille  nommée  Mar- 
Ifuerite  ; 

2.  Arnold; 

5.  Jean,  mort  en  bas  âge; 
4.  Théodoric,  U77-1490; 

B.  Walpurge,  qui  épousa  Philippe  de  Croy,  prince  de 
Chimay  ; 

6.  Et  Elisabeth,  qui  donna  sa  main  à  Oswald,  comte  de 
Berg*. 

Le  comte  Frédéric  m  devança  son  père  dans  Téternité,  en 
149S,  pendant  que  son  fils  Bernard  était  retenu  en  France 
comme  otage  de  Charles  Egmond,  duc  de  Gueidres. 

Le  comte  Vincent,  dont  les  mains,  appesanties  par  Tflge, 
laissaient  échapper  les  rênes  du  gouvernement,  donna  le 
comté  de  Mœrs  à  Guillaume,  comte  de  Wied,  qui  avait 
épousé  Marguerite,  sa  petite-fille  et  sœur  de  Bernard.  Mais 
celui-ci,  à  son  retour  de  France,  ne  se  crut  pas  lié  par  les 
stipulations  de  son  aïeul  Vincent.  Il  refusa  de  ratifier  Tirrégu- 
larité  de  la  donation  que  celui-ci  avait  faite  au  comte  Guil- 
laume de  Wied  et  assura  le  comté  de  Mœrs,  au  cas  qu'il 
décéderait  sans  enfants  mâles,  à  ses  agnats  Jean  et  Jacques 
de  Mœrs  Saarwerden,  comme  atnés  et  descendus  en  ligne 
directe  de  la  famille  de  Mœrs,  conformément  à  la  loi  de 
primogéniture  stipulée  dans  le  testament  de  son  trisaïeul 
Frédéric,  du  14  mai  1417^  Lorsque  le  comte  Vincent  mourut, 
dans  un  âge  trèa  avancé,  et  que  la  mort  eut  également  sur- 
pris, en  iSOO,  son  petit-fils  Bernard,  sans  qu'il  laissât  des 
descendants,  Jean  in,  comte  de  Mœrs-Saarwerden,  en  vertu 
du  jus  agnaUmis  et  des  dispositions  contenues  dans  le  testa- 

'  Lacemblet,  Loc.  citai.,  t.  IV,  p.  XXII. 
'  Speneb,  H%9t  insig,  illus,,  t.  II,  p.  653. 


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964  REVUE  d'albace 

ment  de  Frédéric,  l'auteur  des  deux  branches,  prit  possession 
du  comté  de  Mœrs  avec  le  secours  de  Télecteur  Hermann  de 
Cologne.  Charles  de  Croy,  prince  de  Chimay,  issu  du  mariage 
de  Philippe  de  Croy  avec  Walpurge  de  Mœrs,  éleva  aussi 
des  prétentions  sur  Théritage  de  son  aïeul  Vincent,  comte  de 
Mœrs,  et  somma,  par  lettre  datée  de  Bruxelles  le  18  août 
1501,  le  comte  Jean  de  Mœrs-Saarwerden  de  lui  remettre  et 
de  laisser  à  sa  disposition  le  comté  de  Mœrs,  qui  lui  était 
advenu  par  héritage  par  suite  de  Textinction  de  cette  maison 
en  race  mâle^  Mais  le  comte  Jean  ni  de  Mœrs-Saarwerden 
sut  se  maintenir  en  possession  de  cet  opulent  héritage.  En 
1504,  le  lundi  après  TEpiphanie,  il  donna  le  commandement 
du  château  de  Mœrs  à  Jean  de  Rick,  officier  plein  de  bra- 
voure, de  la  fidélité  duquel  il  était  assuré;  il  le  nomma  même 
gouverneur  à  vie;  ses  gages  consistaient  en  quatorze  florins, 
monnaie  de  Mœrs,  trois  malters  de  seigle  et  trois  malters 
d'orge;  il  lui  assura,  en  outre,  l'entretien,  la  jouissance  d'un 
logement  convenable  et  tous  les  habillements  nécessaires. 

Les  comtés  de  Mœrs  et  de  Saarwerden  se  trouvèrent  ainsi 
réunis  dans  une  même  famille,  mais  cette  réunion  ne  fut 
qu'éphémère.  Jacques  n  de  Mœrs-Saarwerden,  à  qui  son 
frère  Jean  III  avait  transmis  le  comté  de  Mœrs  en  1507,  en 
fut  déj^ouillé  par  Marguerite  de  Mœrs,  épouse  de  Guillaume, 
comte  de  Wied,  avec  l'aide  du  duc  de  Juliers  et  de  Clèves.  Le 
comte  de  Wied  le  transmit  à  sa  ûUe  Citherine  qui  l'apporta 
k  son  mari  Guillaume  de  Neuenar,  qui  se  reconnut  vassal  de 
Guillaume,  duc  de  Juliers  et  de  Clèves,  et  lui  prêta  foi  et 
hommage  en  1541.  Catherine  de  Wied  donna  à  son  mari 
deux  enfants,  un  fils  nommé  Hermann  et  une  fille  nommée 
Walpurge,  qui  épousa  en  premières  noces  Philippe  de  Mont- 
morenci,  comte  de  Horn,  et  en  secondes  noces  Adolphe  de 
Neuenar.  Hermann  de  Neuenar,  qui  prit  le  titre  de  comte 

*  Kedsen,  Studien  zur  Mœrser  Geschichte  in  den  Annalen  des  histo- 
rischen  Vereins  fur  den  Niederrheinf  t,  XVI,  p.  195. 


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SAABWERDEN  ET    HERBITZHEIM  365 

de  Mœrs,  mourut  en  1598  sans  postérité,  et  comme  sa  sœur 
se  voyait  également  sans  enfants,  elle  légua  le  comté  de  Mœrs 
à  Maurice,  prince  d'Orange.  A  la  mort  de  Calherine,  arrivée 
en  1600,  ce  comté  échut  à  ce  prince,  qui  en  prit  possession 
Tannée  d'après  avec  Taide  des  Provinces.- Unies.  Maurice  étant 
décédé  sans  enfants  en  1625,  le  comté  de  Mœrs  advint  à 
Frédéric  Guillaume,  électeur  de  Brandebourg. 

Au  XVI*  siècle,  il  existait  encore  un  rejeton  mâle  de  la 
maison  de  Mœrs,  dont  la  naissance  mystérieuse  a  donné  lieu 
à  de  nombreuses  conjectures.  C'était  Christophe,  qui  portait 
le  titre  de  comte"  de  Mœrs-Saarwerden  et  était  revêtu  de  la 
charge  de  conseiller  du  duc  Charles  de  Gueidres.  Altgeit,  dans 
son  histoire  des  comtes  de  Mœrs*.  raconte  que  ce  seigneur 
était  is.^u  du  commerce  adultérin  de  Frédéric  III.  comte  de 
Mœrs,  avec  Tabbesse  du  couvent  de  Sainte  Cécile  de  Cologne. 
Selon  d'autres,  ce  Christophe  serait  le  fils  lé^çilime  d'Arnold, 
comte  de  Mœrs,  qui  l'aurait  procréé  avec  une  bourgeoise  qu'il 
avait  épousée  morganatiquement  ;  mais  l'existence  de  cet 
Arnold  n'est  pas  connue  des  historiens  et  elle  n'est  attestée  par 
aucun  document  diplomatique. 

M.  H.  Eeusen,  dans  ses  recherches  historiques  sur  les 
comtes  de  Mœrs^  s'efforce  de  prouver  que  le  comte  Théodoric 
de  Mœrs  avait  eu  deux  fils,  Théodoric  et  Christophe;  l'un 
serait  décédé  en  bas  âge  et  L'autre  serait  mort  dans  un  âge 
avancé  à  Cologne,  en  1566,  sans  que  les  événements  politiques 
lui  eussent  permis  de  revendiquer  l'héritage  de  ses  aïeux. 

Revenons  à  la  maison  de  Mœrs-Saarvrerden,  dont  nous 
allons  raconter  la  défaillance. 

En  1605,  Jean  III,  comte  de  Mœrs-Saarwerden,  fut  appelé 
par  l'empereur  Maximilien  I^  au  commandement  de  la 
forteresse  de  Gruningen.  Ce  seigneur  n'eut  de  son  mariage 
avec  Anne,  comtesse  de  Berg,  qu'une  fille  nommée  Cathetine, 

*  Page  77. 

^  Annalendes  historischen  Vereins  f'ùrden  Niederrhein,  t  XVI,  f.  195t 


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866  REVUE  D'ALSACE 

dont  la  main  fut  recherchée  avec  succès  par  le  comte  Jean- 
Louis  de  Nassau  Saarbruck.  Leur  mariage  fut  célébré  le 
i6  mai  1506;  Guillaume  de  Maiiderbcbeid,  abbé  de  Stavelo  et 
de  Malmédy,  parent  de  la  mariée,  donna  aux  époux  la  béné- 
diction nuptiale.  Mais  la  cohabitation  ne  commença  que  dans 
le  cours  de  Tannée  1507,  après  que  la  jeune  épouse  eut 
atteint  l'âge  de  seize  ans. 

L'abbaje  de  Neuviller  percevait  la  dîme  au  village  de  Lohr, 
qui  dépendait  du  comté  de  Ltltzelstein  et  y  possédait  une 
maison  de  recettes  {Meyeny  und  Kelkrey).  Les  comtes  de 
Mœrs-Saarwerden  et  les  Seigneurs  de  Fénétrange  avaient  le 
droit  d'y  envoyer  aux  quatre-temps  de  chaque  saison,  un 
chasseur  et  un  valet  avec  un  limier  et  douze  chiens  de  chasse, 
que  le  camérier  du  couvent  était  tenu  de  nourrir  et  d'héberger 
pendant  quinze  jours.  Ce  droit,  qui  avait  primitivement 
appartenu  aux  dynastes  de  Lichtenberg,  avait  été  cédé  par 
eux  aux  comtes  de  Mœrs-Saarwerden  et  aux  sires  de  Féné- 
trange et  avait  été  converti  en  une  rente  annuelle  de  six  sacs 
de  seigle  à  prélever  sur  le  produit  de  la  dîme  de  Lohr.  Le 
comte  Jean  de  Mœrs-Saarwerden,  inspiré  par  un  caprice  de 
grand  seigneur,  fit  signifier  au  chapitre  de  Neuviller  qu'il 
entendait  exercer  son  droit  et  en  jouir  comme  il  en  avait 
joui  d'ancienneté.  Sur  le  refus  du  prévôt  d'obtempérer  au 
désir  du  comte  Jean,  il  s'éleva  un  différend  que  les  parties 
convinrent  de  déférer  à  l'arbitrage  de  Guillaume  de  Honstein, 
qui  venait  d'être  élu  évêque  de  Strasbourg.  Ce  prélat  rendit, 
le  mercredi  après  le  dimanche  Oculi  1607,  une  sentence  favo- 
rable à  l'abbaye  de  Neuviller;  les  prétentions  du  comte  Jean 
furent  repoussées,  à  la  charge  par  le  chapitre  de  lui  servir 
la  rente  annuelle  de  six  rezeaux  de  seiglel 

Le  comte  Jean  III  assista  en  1507  au  sacre  de  l'évéque  de 
Str^bourg  et  termina  peu  après  le  cours  de  sa  carrière  ter- 

*  L.  Eœllner,  Loc.  citât,  t.  I,  p.  552. 
^  Archives  du  Bas-Rhin^  266. 


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SAAEWERDEM  ET  HERBITZHEIM  367 

restre.  Sa  .fille  Catherine  se  crut  appelée  à  recueillir  la  moitié 
du  comté  de  Saarv^^erden,  que  son  père  et  son  oncle,  Jacques  n, 
avaient  laissé  dans  Tindivision.  Celui-ci,  après  avoir  reçu  des 
administrateurs  de  Tévêché  de  Metz,  pendant  la  minorité  de 
révêque  Jean  de  Lorraine,  l'investiture  du  fief  messin  de 
Saarwerden,  admit  les  prétentions  de  sa  nièce.  La  mort  ayant 
surpris  peu  après  le  comte  Jacques  U,  la  moitié  du  comté  de 
Saarwerden  échut  à  son  fils  Jean-Jacques,  mais  comme  Tétat 
de  démence  dans  lequel  ce  jeune  seigneur  était  tombé  le  ren- 
dait incapable  de  régner,  son  père  et  Jean-Louis,  comte  de 
Nassau-Saarbruck  avaient  fait,  sous  les  auspices  d'Antoine, 
duc  de  Lorraine,  le  7  février  1512  selon  la  manière  de 
compter  des  Lorrains^  1513  selon  le  style  des  Germains,  un 
pacte  de  famille  dont  les  principales  stipulations  portaient  que 
les  droits  de  Catherine,  fille  de  Jean,  sur  la  moitié  du  comté 
de  Saarwerden  étaient  reconnus  et  assurés,  et  que  l'autre 
moitié  du  comté  était  assignée  à  Jean- Jacques  pour  sa  susten- 
tation; qu'à  la  mort  de  ce  dernier  cette  moitié  devait  parvenir 
à  son  cousin  Jean-Louis,  comte  de  Nassau-Saarbruck,  lequel 
y  avait  des  droits  incontestables  à  la  faveur  de  son  mariage 
avec  Catherine  de  Mœrs-Saarwerden. 

L'année  1513  fut  encore  marquée  par  la  réconciliation  du 
comte  Jacques  II  de  Mœrs-Saarwerden  avec  sa  nièce  Jeanne 
de  Mœrs-Saarwerden,  veuve  du  Rhingrave  Jean  VL  dame  de 
Fénétrange  et  de  Diemeringen,  et  son  neveu  Jean-Louis, 
comte  de  Nassau-Saarbruck,  en  sa  qualité  d'engagiste  d'une 
partie  de  la  seigneurie  de  Diemeringen.  Le  baron  Jacques  de 
Morimont,  seigneur  de  Belfort  et  landvogt  d'Alsace,  à  l'arbi- 
trage duquel  ils  avaient  soumis  le  différend  qui  les  divisait  au 
sujet  des  territoires  de  Birschbach  et  de  Hemeldingen,  villages 
entièrement  détruits  depuis  longues  années,  réussit  à  régler 
leur  contestation.  Par  une  transaction  conclue  le  dimanche 
Judica,  il  fut  arrêté  que  le  ban  de  Birschbach  serait  divisé 
en  deux  parties;  que  la  partie  située  du  côté  du  Wimberg, 


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868  REVUE  D'ALSACE 

du  Eaizenberg  et  de  la  Meyerstad,  appartiendrait  à  la  sei- 
gneurie de  Diemeringen,  et  que  celle  située  du  côté  de  BûUen 
serait  réunie  au  comté  de  Saarwerden  ;  que  la  chapelle  de 
Birschbach  resterait  indivise  entre  les  deux  seigneuries,  et 
que  le  frère  qui  serait  préposé  à  sa  garde,  ainsi  que  le  rece- 
veur chargé  de  la  perception  de  ses  revenus,  serait  à  la  nomi- 
nation de  Tune  et  de  l'autre  seigneurie.  Il  fut  stipulé  que  le 
ban  de  Hemeidîngen  ferait  partie  du  comié  de  Saarwerdeu*. 

Le  comté  de  Saarwerden  était  inscrit  dans  la  matricule  de 
l'Empire  et  fut  compris  en  1518  dans  le  nouveau  cercle  du 
Bas-Rhin. 

Le  contingent  qu'il  avait  fourni  à  l'Empire,  en  1431,  dans  la 
guerre  contre  les  Hussites,  était  de  cinq  lances;  en  1467,  dans 
la  guerre  contre  les  Turcs,  il  avait  été  imposé  à  quatre  cava- 
viers  et  huit  fantassins  ;  en  1480,  il  avait  fourni  un  contin- 
gent de  trois  cavaliers  et  seize  fantassins.  Dans  la  suite,  son 
contingent  fut  compris  dans  celui  qui  fut  imposé  aux  comtes 
de  Nassau  Saarbruck^ . 

Dag.  Fischer. 
(La  suite  h  la  prochaine  livraison  J 


^  Archives  de  la  Bass^ Alsace,  série  E,  5133.  Le  ban  de  Hemeldingen 
est  réuni  à  celai  de  Vœllerdingen. 

'  Summarischer  Berichti  p.  1^  et  Schilteb,  Inst,  juris.  pvhl,  germ, 
t.  II,  pp.  63  et  219. 


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Revue  d'Alsac< 


RDEN 


fIlsatnédeMœrs(i  .rwerden 
de  Saanverden.  C(  de  ce  nom 

re^t  le  comte  de  ' 

d'ENOKLMAaTE  de 

race  des  I  "«mib^bhbh 


Walpdbgb, 
éponse  de  Jban  III 
Leen-Heinsperg. 


de 


VINCI 
comte   de   Mœrs 
époax  d'ANKB  de 


FRÉDÉRIC  llf.^ 

époux    d'ELISABEl 

de  Rodemackem 

f  en   1493  avan 

son  père. 


Bbrnaro, 

t  1501 

sans  postérité. 


Jban  II, 

mort 

célibataire. 


Nicolas, 

chanoine 

de  Strasbourg. 


JACQUES  II. 

époux  de 

Béatrice  de 

Saim. 


JEAN-JACQUES 
mort  en  étal  de 
démence,  laissa 
Vautre  moitié 
du  comté  à  sa 
cousine  Gathb- 

RIMB. 


ADÊLA'InK, 

épouse  deGoiLLA(7iiB 

de  M^anderscheid- 

Blankentieim. 


Mu}hw»ê.lmfr.)fê»rf  Bêier  &  C',f 


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LE 

SIÈGE  DE  RIQUEWIHR 

en   1635 


La  communauté  protestante  de  Riquewibr  célèbre  chaque 
année  un  jour  de  pénitence  et  de  priërea,  fixé  au  dixième 
dimanche  après  la  Trinité;  c'est  le  jour  où  TËrangile  tra- 
ditionnel rappelle  les  prophéties  du  Christ  relatives  à  la 
destruction  de  Jérusalem.  La  coutume  remonte  à  la  guerre  de 
trente  ans;  elle  s'est  introduite  en  mémoire  d'nn  siège  subi 
par  la  petite  ville,  siège  suivi  de  pillage^  de  famine  et  de 
pest«.'  Une  grossière  sculpture,  scellée  dans  le  mur  d'une 
étable,  représente,  dit-on,  le  traître  qui  a  livré  la  rille  aux 
ennemis.  Des  traditions  de  famille,  à  demi  éteintes,  se  rappor- 
tent au  même  événement  ;  on  raconte  qu'un  des  notables  de 
la  localité  fut  emmené  en  otage  à  SaintrDié,  que  son  épouse 
parvint  à  grand*peine  à  réunir  la  grosse  somme  à  laquelle  la 
délivrance  était  taxée;  que  le  prieur  du  couvent,  où  le  prison- 
nier avait  été  interné,  accepta  les  écus  et  puis  conduisit  la 
pauvre  femme  dans  le  jardin;  un  tertre  tout  frais  marquait 
la  place  d'un  tombeau  :  <  Voici  votre  époux,  aurait  dit  le 

^  Le  magistrat  de  Magdeboarg  institua  également  on  jom*  depémtence 
en  souvenir  du  sac  de  la  ville  par  Tilly  (10  mai  1631).  Voyez  Koch, 
Geschichte  des  Kirchenliedes,  VIII,  p.  527. 

Nouyelle  Série»  -^  6"«  AnnéOi  S4 


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370  REVUE  D'ALSACE 

moine,  emmenez-le,  si  tel  est  rotre  bon  plaisir.  >  L'événe- 
ment, comme  on  le  voit,  a  laissé  de  longs  souvenirs;  les  pages 
qui  vont  suivre  doivent  en  donner  le  récit  authentique. 

A  louverture  de  la  campagne  de  i685,  le  duc  Charles  de 
Lorraine  se  trouvait  à  la  tête  d'un  corps  d'armée  impérial, 
sur  la  rive  droite  du  Rhin.  Le  maréchal  de  La  Force,  qui  com- 
mandait un  corps  français,  vint  occuper  le  duché  de  Lorraine. 
A  cette  nouvelle,  Charles  passa  le  Rhin,  à  Brisac,  pour  voler 
au  secours  de  son  pays.  Il  envoya  des  partis  de  cavaliers 
jusqu'à  Erstein,  pour  s'assurer  qu'il  n'y  avait  pas  d'ennemis 
en  Basse-Alsace.  Lui-même,  avec  le   gros  de  ses  forces, 
remonta  la  vallée  du  Rhin.  Il  arriva,  le  5  avril,  devant  Mont- 
béliard  qu'il  investit,  tandis  que  ses  éclaireurs  ravagèrent  le 
pays  d'alentour  (Duvernot,  Ephémérides  du  comté  de  Mont- 
béliardj  p.  116).  La  Force  s'empressa  de  marcher  à  sa  ren- 
contre. Une  bataille  eut  lieu  à  Remiremont,  à  la  suite  de 
laquelle  Charles  se  replia  sur  Belfort.  Malgré  les  renforts  qui 
l'y  rejoignirent,  il  dut  continuer  son  mouvement  rétrograde. 
Une  partie  de  son  armée  repassa  le  Rhin  dans  la  prévôté  de 
Laodser;  quelques  détachements  restèrent  en  Alsace,  faisant, 
à  la  manière  des  corps  francs,  une  guerre  de  pillage  et  de 
surprises.  L'un  de  ces  détachements,  sous  la  conduite  du 
colonel  Yernier^  le  même  qui  fut  fait  prisonnier  à  la  bataille 
de  Gernay  (15  oct.  1638,  voyez  Revue  (f  Alsace,  1856),  parut, 
dès  le  11  mai,  devant  Riquewihr  et  en  entreprit  le  siège;   le 
vignoble,  appelé  Armeeberg,  indique  encore  aujourd'hui,  sui- 
vant la  tradition,  le  point  où  une  batterie  était  établie. 

Grftce  à  sa  situation  au  pied  des  montagnes,  loin  des 
grandes  routes  qui  sillonnent  la  plaine,  Riquewihr  avait 
jusque-là  peu  souffert.  Les  armées  passaient  et  repassaient, 
assiégeant  Schlestadt  ou  Golmar,  laissant  après  elles  un  sillon 
de  désolation  ;  c'est  à  peine  si  Riquewihr  en  eut  à  souffrir. 
Seulement,  de  temps  en  temps,  quelques  réquisitions  lui 
étaient  imposées.  On  en  trouve  les  traces  dans  les  comptes  du 


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LE  SIÉOE   DE  BIQUEWmR  371 

tonnelier  seigneurial;  nous  en  extrayons  les  inscriptions 

suivantes^: 
1632,  le  10  août.  Donné  un  quartaut  qui  a  été  envoyé  à 
Golmar,  à  Montecuculli  et  à  Ossa,  de  la 
contenance  de  six  mesures. 

>  la  17  août.  Pour  les  deux  généraux  susdits,  deux 

tonneaux  contenant  dix-huit  mesures. 

>  le  14  sept  Trois  tonneaux,  qui  ont  été  envoyés  au 

margrave,  à  Brisac,  vingt-deux  mesures. 

>  le  21     »    Au  margrave,  à  Schlestadt,  cinq  mesures. 

>  le  26     »    Au  margrave,  à  Brisac. 

>  le  24  nov.  A  Ghfttenois,  au   quartier  général,  trois 

mesures. 
16SS,  le  1*'  févr.  Donné  un  quartaut  qui  a  été  envoyé  à 

Golmar,  au  secrétaire  Mockié. 
16S4,  le  14  juil.  Nettoyé  et  rempli  trois  quartauts,  qui  ont 
été  conduits  à  Horbourg  et  au  camp  devant 
Brisac,  vin  de  la  ville. 
Les  autorités  de  Riquewihr  s'émurent  de  ces  livraisons  qui 
menaçaient  de  vider  les  caves  seigneuriales  ;  on  s'adressa  à 
Wolff  Jacob  Zom,  de  Plobsheim,  et,  le  17  juillet  1684,  on 
obtint  des  lettres  patentes  qui  relevaient  la  ville  de  toutes 
charges  de  guerre,  moyennant  une  somme  iine  fois  payée 
de  100  écus  ou  153  florins.   Ces  belles  promesses  n'empê- 
chèrent pas  Yernier  de  commencer  le  siège. 

Riquewihr  était  à  cette  époque  soigneusement  fortifiée;  on 
peut  s'en  faire  une  idée  très  nette,  d'après  la  belle  gravure  de 
Merian  de  1648  (reproduite  dans  VAbatia  de  1876),  et 
d'après  les  vestiges  très  bien  conservés  qui  existent  encore 


^  La  plupart  des  renseignements  donnés  dans  ce  travail  sont  tirés  des 
archives  communales  de  Riquewihr;  nous  aurions  voulu  donner  d'autres 
renseignements >  plus  nombreux  que  ceux  dont  nous  disposons;  mais 
les  règlements  défendent  de  communiquer  au  dehors  les  documenta 
déposés  aux  archives  départementales. 


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372  RSYUS  D*ALSAGB 

actuelt«meût.  DéjàBurkart  I,  de  HorbourgJ'aTait  entonrée, 
en  1291,  d'une  haute  et  massive  muraille,  garnie  de  plusieurs 
tours,  notamment  aux  deux  portes  où  aboutissait  la  rue  prin- 
cipale. Une  galerie  de  ronde  permettait  aux  gardiens  d'en 
faire  le  tour  à  intervalles  réguliers,  et  de  signaler  les  mouve- 
ments suspects  qu'ils  pouvaient  remarquer  au  pied  de  Ten- 
ceinte;  un  large  fossé  en  défendait  rapproche.  Quand  intro- 
duction de  l'artillerie  dans  les  armées  nécessita  un  change- 
ment de  système  dans  la  défense  des  places,  les  seigneurs  de 
Wurtemberg,  dont  relevait  la  ville,  eureût  soin  de  construire 
une  nouvelle  fortification.  Il  n'y  avait  rien  à  modifier  au  front 
Nord  de  la  place;  au  delà  du  fossé  s'élevait  le  coteau  de 
SchOneberg,  dont  la  pente  raide  défendait  les  travaux  d'atta- 
que; mais,  aux  deux  angles  du  front  Sud,  on  construisit  deux 
bastions  (die  obère  und  dieuntire  Kalze,  dans  le  langage  popu- 
laire) reliés  par  une  courtine  qui  se  prolongeait  aux  firoûts 
Est  et  Ouest.  Un  second  fossé  s'étendait  devant  ce  nouveau 
rempart;  deux  portes,  munies  de  ponts-levis  et  de  herses, 
s'ouvraient  d^ant  les  anciennes  tours  d'entrée;  l'une  d'elles 
existe  encore  et  porte  la  date  de  ISOO.  Les  portes  se  fermaient 
chaque  soir  et  les  clefs  en  étaient  remises  h  un  membre  du 
magistrat  commis  à  cet  effet.  S'il  était  nécessaire  d'ouvrir 
pendant  la  nuit«  ce  fonctionnaire  devait  être  présent,  et,  avant 
l'ouverture  du  matin,  les  gardiens  faisaient  la  ronde  pour 
s'assurer  qu'il  n'y  avait  aucun  danger.  La  place,  on  le  voit, 
n'était  pas  de  celles  qu'on  emporte  par  un  coup  de  main,  et 
Yernier  dut  procéder  à  un  siège  régulier. 

A  cette  époque  troublée,  comme  du  reste  pendant  toute  la 
durée  du  moyen-fige,  tout  bourgeois  devenait  soldat  pour 
défendre  ses  foyers.  Dans  le  serment  prêté  par  chaque  citoyen 
(la  rédaction  en  est  de  1607),  il  est  dit  que  chacun  avait  à 
tenir  ses  armes  en  bon  état,  à  se  présenter  à  la  première 
sommation  de  l'autorité,  à  s'exercer  au  tir  à  la  cible.  Les 
jprinces  de  Wtlrtemberg-Monthéliard  n'étaient  pas  assez  riches 


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LE  SIÉGS    DE  BIQUEWIHR  373 

ponr  se  donner  le  luxe  d'une  grande  armée.  Aussi  la  garnison 
était-elle  faible  et  Fartillerie  insigniHante.  On  peut  en  juger 
par  une  lettre  de  remercîments  adressée,  en  date  do 
Î6  novembre  1592,  par  le  grand  bailli,  Melchior  de  Rust,  au 
prince  Louis;  il  s'agit  d'un  envoi  de  deux  pierriera  et  de  deux 
tonnes  de  poudre.  Il  n'est  pas  probable  que  le  nombre  des 
canons  ait  été  sensiblement  augmenté  plus  tard;  du  moins, 
rien  ne  le  fait  supposer.  Quant  à  la  garnison,  nous  possédons 
encore  plusieurs  registres-matricules  :  l'un  est  du  7  aodt  1610; 
il  contient  102  noms;  parmi  ces  soldats,  deux  avaient  une 
armure  complète,  deux  des  lances,  deux  des  hallebardes,  un 
une  flamberge,  cinq  des  arquebuses;  les  autres  quatre-vingt- 
douze  n'avaient  que  des  épées.  Chacun  recevait  par  semaine 
une  solde  de  S  balzen  (Fécu  avait  18  batzen).  D'après  une 
autre  lîstj  de  solde,  du  27  mars  1622,  il  y  avait  à  Riquewîhr 
39  soldats,  à  Horbourg,  11;  le  81  janvier  1632,  le  nombre 
est  remonté  à  68  pour  Rîquewihr,  mais  descend,  le  14  mai 
de  la  même  année,  à  26.  Nous  sommes  bien  près  de  la  fatale 
année  de  1635;  les  renseignements  nous  font  défaut  pour 
cette  époque,  mais  les  chiffres  relevés  pour  les  années  précé- 
dentes nous  disent  ce  qu'a  dd  être  la  garnison,  au  temps  oCi 
les  Lorrains  investirent  la  ville. 

Abrités  derrière  leurs  remparts,  les  défenseurs  repous- 
sèrent les  assaillants  et  leur  firent  subir  des  pertes  considé- 
rables; 500  Lorrains,  dont  80  officiers,  périrent  dans  les 
diverses  attaques  {^Revm  d Alsace,  1856,  p.  410).  Dans  Tin- 
térieur  de  la  place,  au  contraire,  les  pertes  furent  insigni«> 
fiantes;  les  actes  de  décès  ne  mentionnent  que  deux  morts, 
un  bourgeois  du  nom  de  Daniel  Knôner,  tué  d'un  coup  de  feu 
qu'il  eut  à  la  tête  le  12  juin,  et  un  soldat  montbéliardais» 
frappé  le  lendemain  d'une  balle  au  cœur.  Malgré  cela,  les 
courages  faiblissaient .  Les  provisions  avaient  diminué  pen- 
dant les  quatre  semaines  qu'avait  duré  le  siège.  Les  secours 
qu'on  attendait  de  Golmar  n'arrivaient  pas.  Le  stettmeistre  de 


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374  REVUE  d'alsagb 

cette  ville,  JonasWaIch,  de  Wolfgantzen,  gardait  contre  Riqoe- 
wihr  une  ancienne  rancune  ;  il  y  a?ait  été  un  jour  condamné 
comme  adultère  et  sa  femme  7  avait  été  brûlée  comme  sor- 
cière; aussi  fit-il  la  sourda  oreille  à  toutes  les  prières  qui  loi 
arrivaient  de  là.  La  place  assiégée  se  trouva  finalement  à  bout 
de  ressources  {Refme  d'Alsace,  I.  c).  Le  grand  bailli  de  Rique- 
wihr,  à  qui  revenait  la  responsabilité  de  la  défense,  s^appelait 
Richard  Wurmser,  de  Yendenheim.^  Jugeant  inutile  de  pro- 
longer le.  siège,  il  s'évada,  dans  la  nuit  du  18  au  14  juin,  pour 
se  retirer  au  château  de  Horbourg.  Le  lendemain,  la  ville 
capitula,  à  la  condition  que  les  biens  et  la  vie  des  habitants 
seraient  respectés.  A  tort  ou  à  raison,  on  reproche  aux 
anciens  Lorrains  de  ne  pas  tenir  leurs  engagements.  A  cette 
occasion,  cette  réputation  de  mauvaise  foi  se  justifia.  Les 
portes  de  la  ville  furent  à  peine  ouvertes  que  le  pillage  com- 
mença. La  population  afiTolée  ne  chercha  plus  à  se  défendre. 
Les  actes  de  décès  citent  une  pauvre  femme  enceinte,  pour- 
suivie par  des  soldats  et  qui,  pour  leur  échapper,  sauta  par 
la  fenêtre  dans  la  cour  où  elle  expira  ;  un  jeune  homme,  du 
nom  de  Martin  Fûrstenlob,  fut  tué  dans  sa  cave.  Le  registre 
mortuaire  constate  en  outre  que  la  famine  et  les  maladies 
contagieuses,  suites  d'un  investissement  qui  avait  duré  plus 
d'un  mois,  emportèrent  de  nombreux  habitants,'  Une  contri- 

^  La  famille  Warmser  est  nne  très  ancienne  famille  alsacienne  ;  son 
nom  paraît  déjà  en  1306.  Vers  la  fin  du  XV*'  siècle  elle  se  partagea  en 
denx  branches,  l'une  dite  de  Vendenheim,  l'autre  de  Schafftolsheim*  La 
famille  fournit  jusqu'à  la  Révolution  de  1789  des  titulaires  aux  grands 
emplois  d'administration.  Le  grand-bailli  de  Riquewihr,  Jean-Richard, 
était  fils  de  Jean-Jacques,  conseiller  de  l'électeur  de  Brandebourg  et  de 
révèque  de  Strasbourg.  Jusqu'en  1789,  la  censé  du  Windsbûhl,  dans  la 
banlieue  de  Hunawihr,  était  une  propriété  des  Wurmser.  Le  maréchal 
autrichien  Wurmser,  connu  par  les  guerres  de  Napoléon,  est  né  en  Alsace 
(voyez  sur  cette  famille  Schœpflin-Ravbnéz,  t.  V,  p.  810  sq.). 

'  In  dieser  Drangsal  und  hernach  seind  viel  ait  und  jung  Hungers  und 
Kummers  gestorben,  welche  unangezeigt  auf  dem  Stadtkirchhof  seind 
begraben  worden,  weil  Herr  Snperintendent  und  Diaconns  abwesend 


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LE  SIÉ6B    DB  RIQUEWIHR  S75 

bution  de  guerre  de  12000  écus  fut  imposée  à  la  ville  et  les 
magistrats  furent,  arec  les  pasteurs,  emmenés  par  les  troupes 
victorieuses  à  Brisac,  jusqu'au  paiement  de  cette  somme. 

Les  tribulations  de  fiiquewihr  n'étaient  pas  achevées;  de 
nouveaux  malheurs  la  frappèrent  coup  sur  coup.  Nous  avons 
vu  plus  haut  Charles  de  Lorraine  passer  sur  la  rive  droite 
du  Rhin  pour  échapper  au  maréchal  de  La  Force,  qui  l'avait 
chassé  de  la  Franche-Comté.  Une  diversion  faite  dans  la 
Basse* Alsace  lui  permit  de  reprendre  l'offensive.  Le  général 
impérial  Matthias,  comte  de  Galas,  pénétra  dans  le  Palatinat 
et  en  Alsace  et  remonta  lentement  le  pays.  A  cette  nouvelle, 
Charles  de  Lorraine  repassa  le  Rhin  à  Brisac,  rallia  un  corps 
de  seize  régiments,  détachés  de  l'armée  de  Gallas,  sous  Jean 
de  Werth.  Le  2  juillet,  Guémar  fut  pris  sur  la  petite  garnison 
française  qui  se  replia  sur  Colmar.  Les  Impériaux  mirent  le 
siège  devant  celle  ville.  A  cette  occasion,  Riquewihr  fut  de 
nouveau  pris  par  un  de  leurs  partis  et  mis  au  pillage.^  Une 

und  die  ûbrigen  Dorfpfarrer  seind  gefangen  hinweg,  der  Armée  nach, 
wegen  der  Stadt,  gefuhret  worden. 

Le  surintendant  on  pastear  principal  s'appelait  Jean-Ulrich  Volmar  ; 
il  était  né  à  Urach,  dans  le  Wurtemberg,  et  avait  obtenu,  le  20  février 
1622,  le  diplôme  de  Maître-ès-arts  à  l'Université  de  Tubingen.  Avant 
d'être  appelé  à  Riquewihr,  il  paraît  avoir  été  prédicateur  de  la  cour  à 
Montbéliard  ;  du  moins  il  prononça,  en  1628,  dans  la  chapelle  du  château, 
l'oraison  funèbre  du  prince  Henry.  Son  frère,  devenu  catholique,  fut  un 
des  plénipotentiaires  autrichiens  pour  la  conclusion  du  traité  de  West- 
phalie.  Volmar  obtint  la  surintendance  de  Riquewihr  au  printemps  de 
1631.  Il  mourut  à  Colmar  le  17  mai  1637;  «ist  grosser  Schade  umb 
solche  gelehrle  Leuth  bei  dièse r  Zeit;  memoria  ejus  sit  in'^ayioïç  ».  — 
Son  diacre  s'appelait  Matthieu  Piscator;  il  mourut  le  6  décembre  1635. 

^  Umb  dièse  Zeit  ward  die  Stadt  Reichenweyer  von  fûnff  kaiserlichen 
Generalen  als  Herzog  Karl  von  Lothringen,  Baron  von  Suys,  Franz  Mercy, 
Johann  de  Werth  und  Bassompierre  plockiert,  mitAkkordeingenommen 
und  der  Pfarrer  von  Beblen  mit  andern  collegis  gefangen  genommenund 
der  kaiserlichen  Armée  weit  in  Lothringen  nachgefûhrt,  doch  auff  starcke 
Rantion  wegen  der  Stadt  Reichenweyer  wiedernmb  losgelassen  (Registre 
paroissial  de  Beblenheim).  Le  pasteur  de  Beblenheim  s'appelait  Jean- 
Michel  Walther,  natif  d'Augsbourg  ;  après  le  décès  de  Volmar,  il  devint 
surintendant  à  Riquewihr  et  mourut  le  24  juin  1666. 


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376  BETOE  d'ai^ace 

note  inscrite  parmi  les  actes  de  décès  en  ftit  foi.  «  En  ce  mois 
de  juillet,  y  est-il  dit,  eut  lieu  le  second  pillage  par  Tamiée 
de  Brisacfa;  Hans  Flacb,  dit  Schmalbart,  y  fot  tué  par  un 
soldat;  en  ce  temps  aussi,  beaucoup  d'habitants,  jeunes  et 
vieux,  moururent,  qui  furent  enterrés  au  cimetière  ordinaire, 
sans  assistance  ecclésiastique.  >^  Les  pasteurs,  du  reste, 
emmenés  comme  otages,  n'étaient  pas  encore  revenus  ;  ceux 
des  localités  voisines  les  remplaçaient  à  Toccasion,  et  ces  ser- 
vices n'étaient  pas  sans  danger.  Le  pasteur  de  Beblenheim 
raconte  par  exemple  que,  le  9  décembre  16So,  il  a?ait  célébré 
le  service  à  Téglise  de  Riquewihr.  Pendant  le  sermon,  le 
quartier-mallre  d'un  régiment  de  Tarmée  de  Gallas  entra  dans 
le  sanctuaire  et  lui  tira  un  coup  de  pistolet,  sans  l'atteindre, 
heareusement.'  L'occupation  par  les  Impériaux  ne  fut  pas  du 
reste  non  interrompue.  Le  colonel  de  la  garnison  française 
de  Golmar,  Hanicamp,  profila  de  toutes  les  occasions  pour 
inquiéter  les  assiégeants  par  des  sorties  fréquentea.  Le 
36  juillet,  il  poussa  jusqu'à  Riquewihr,  dont  il  surprit  la 
garnison  impériale  ;  il  fit  40  prisonniers  et  emmena  les  pièces 
de  canon  (Strobel,  Gesehischte  des  Elêosses,  t.  IV,  p.  S84). 

Ces  divers  pillages,  suivis  de  logements  militaires  (Revue 
d Alsace,  1856,  I.  c.)  ruinèrent  pour  de  longues  années  la 
prospérité  de  la  petite  ville.  On  peut  se  faire  une  idée  des 
dégflts  commis  par  les  bandes  indisciplinées  de  soudards,  en 
se  rappelant  ce  qu'était  devenue  TAsace,  lorsque  se  conclut  la 

^  In  der  Zeit  sind  abermal  viel  jang  und  ait  gestorben^  welche  nnan- 
gezeigt  auf  den  ordinâren  Kirchhoff  sind  geleget  worden  (Registre 
paroissial  de  Riquewihr). 

'  Allhier  zu  gedenken,  dass  ich,  der  Pfarrer,  dièses  Kind  za  Reichen- 
weier  ahsentilms  ordinariis  pastoribus  gelaaffl  und  selbst  ans  der  b. 
Tauffgehoben.  der  Regimentsquartiermeister  des  ...  Régiments  aus  der 
Galtas*8chen  Armée  mit  einem  Bandeiierrobr  und  zwei  Pistolen  in 
wehrender  Fredigt  in  die  Rirclien  kommen,  mich  ab  der  Kantzel  za 
schiessen,  so  doch  Gott  verhuotet^  cui  œtemasit  gloria.  Amen  (Registre 
paroissial  de  Beblenheim). 


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LE  SIÈGE  DE  RIQUBWIHB  377 

paix  de  Westphalie.  Les  archires  de  la.  rille  et  celles  de 
Téglise  furent  dispersées.  Le  plus  ancien  registre  de  Téglise 
porte  qu'il  fut  trouvé  déchiré  dans  les  vignes.^  Le  sceau  de 
la  TÎUe  avait  disparu  et  les  pièces  de  l'époque  en  font  men* 
tion.*  A  ces  dégâts  se  joignirent  toutes  les  horreurs  de  la 
femine  et  de  la  pe.^te.  Au  1"  janvier  1686,  un  quarteron  de 
seigle  s'achetait  24  florins;  un  quarteron  de  froment,  SO  florins; 
la  mesure  de  vin,  5  florins  (Alsatia,  1878,  p.  376).  La  disette 
était  universelle  en  Alsace.  En  outre,  les  maladies  contagieuses 
faisaient  de  tous  côtés  de  nombreuses  victimes.  En  juin  1685, 
on  constata  leur  présence  dans  le  comté  de  Montbéliard  (Du* 
VERNOT,  Ephéméridea,  p.  201);  elles  régnèrent  dans  le  Wurtem- 
berg, et,  dans  la  seule  année  1685,  il  mourut  dans  oe  pays 
S26  maîtres  d'école  (Sattler,  Gesch.  Wûrtmb.,  VU,  p.  150). 
Les  actes  mortuaires  de  la  paroisse  de  Riquewihr  portent 
presque  tous  la  mention  lugubre  :  famé,  inedid,  peste  ou  morbo 
hungarico,  et  tous  les  décès  ne  pouvaient  être  inscrits. 

Ce  n'était  pas  peu  de  chose,  au  milieu  de  cette  détresse, 
de  trouver  les  12000  écus  au  prix  desquels  les  otages  devaient 

^  Conteniplarej  o  lector,  hwicce  Uhrum  ecclesiasticum  RichovUlanum 
ita  misère  a  milite  in  expugnatione  Urbis  fada  4à  junij  i6S5  dilaceror 
tum  et  tandem  in  vineis  repertum,  priore  et  antiquore  prorsus  amisso, 
Inventus  est  hic  liber  et  traditus  M,Joh.  Miehaëli  Walthero.  pastori 
Beblei^keimensi  ut  et  M.  Martius  Phrysio,  paUori  Siifndhûviano,  vidbm 
pastoratus  vicariis  tune  temporis  fdefunctis  et  D.  superintendenti  et 
Diacono),  fungentibus  per  Dm-  occonommum  eccles,  M  Barthol.  Gable- 
rum.  —  La  mort  da  surintendant  et  du  diacre  était  un  de  ces  faux  bruits 
qui  circulent  dans  les  temps  d'alarmes,  voyez  la  note  2,  i>age374  — Quant 
à  Martin  Phrysius,  alort»  pasteur  à  Sundtiofen,  il  était  natif  de  Riquewihr^ 
et  succéda  à  Walther  dans  la  surintendance  de  sa  ville  natale. 

'  À  la  fin  d'un  document  daté  du  26  août  1636  (Archives  départemen- 
tales E,  443),  il  est  dit  :  Und  dessen  Allen  zur  wahren  Urkund  babeû 
wir  aus  Mange!  gemeiner  Stadt  Insiegels,  welcberbei  ferndriger  Erober- 
und  aus  Plûnderung  derselbigen  verloren  worden,  ernstlicben  Fieisses 
Gebeten...  David  Rôtiin.  AmtschafTner  und  Conrad  Wielanden  den 
Amt-  uud  Stadtschreiber  und  Bartholomeom  Gablern  den  Rirchschaffner 
dies  EU  unterschreiben. 


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378  RKYUE  d'âlsacb 

être  délivrés.  De  nombreux  documents  déposés  aux  archives 
de  Ciolmar  (E  448)  nous  initient  aux  difficultés  qu'il  y  avait 
à  surmonter.  Voici  d*abord  une  procuration  Keigneuriale  du 
26  août  1686,  où  l'on  dit  que  depuis  quinze  mois  les  otages  se 
trouvaient  en  prison  et  que  tout  l'argent  qu'on  avait  pu 
réunir,  tous  les  emprunts  qu'on  avait  contractés  à  des  taux 
usuraires,  n'avaient  donné  qu'un  résultat  imparfait  Aux  ven- 
danges prochaines,  les  habitants  étaient  invités  d'autorité  à 
livrer  une  quantité  proportionnelle  de  vin  qui,  sous  le  nom 
de  Brandschaizungstoein,  figurera  de  longues  années  encore 
dans  les  comptes  de  la  ville.  Deux  notables,  du  nom  de  Pierre 
MQUer  et  d'André  Nieggart,  étaient  chargés  de  le  recueillir  et 
de  le  vendre,  soit  à  Strasbourg,  soit  à  Bàle.  Cette  opération 
exigeait  de  la  part  de  ceux  qui  en  étaient  chargés  une  grande 
prudence  et  une  grande  fermeté.  Il  y  avait  alors,  comme 
aujourd'hui,  des  preneurs  qui  ne  payaient  pas;  on  cite  entre 
autres  Ambroise  Hetzel,  l'hôtelier  de  la  Hache,  à  Strasbourg, 
et  Jean-Henri  Str&hlin,  bailli  du  Rhingrave  à  Erstein.  Ensuite, 
les  routes  étaient  couvertes  de  maraudeurs;  il  fallait  compter 
avec  les  postes  militaires  stationnés  i  tous  les  points  impor- 
tants, et  qui  souvent  ne  demandaient  pas  mieux  que  de  confis- 
quer le  précieux  chargement,  sous  un  prétexte  quelconque. 
Il  fallut  renoncer  à  vendre  à  Bftle,  on  y  ofTrait  des  prix  trop 
peu  élevés.  Toutes  les  livraisons  étaient  dirigées  vers  Stras- 
bourg. Les  fûts  étaient  voitures  à  IIMusern;  de  U,  des  bate- 
liers les  conduisaient,  en  descendant  l'Ill,  à  leur  destination. 
Pour  se  mettre  à  l'abri  des  exigences  militaires,  on  avait 
demandé  et  obtenu  des  saufs-conduits  de  Jean-Henry  de 
Reinach,  gouverneur  de  Brisac  (28  oct.  1685),  d'Achille  de 
Longueval,  seigneur  de  Manicamp,  gouverneur  de  la  Haute- 
Alsace  (81  oct.  1685),  et  du  sieur  d'Hocquincourt,  comman- 
dant de  Schlestadt.  Ces  sauCi-conduits,  hélas  !  n'étaient  pas 
toujours  respectés.  Le  80  novembre  1685,  les  baillis  de  Hor- 
bourg  adressèrent  une  plainte  au  magistrat  de  Strasbourg, 


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LE  SIÈGE    DE  BIQUEWIHB  S79 

pour  lui  demander  redressement  d'un  abus  de  pouroir  commis 
à  Erstein.  Deux  bateaux  chargés  de  vin  descendaient  tran- 
quillement rill  ;  le  commandant  impérial  les  arrêta  à  Erstein, 
fit  rouler  les  tonneaux  dans  une  cave  et,  après  les  avoir  mis 
en  perce,  il  en  livra  le  contenu  à  ses  Aoldats.  C'était  une  fête; 
les  habitants  d'Erstein,  bourgmestre  en  tête,  se  mirent  à 
la  curée;  le  vin  était  emporté  en  baquet.  Les  baillis  de  Hor- 
bourg  prièrent  le  magistrat  de  Strasbourg  de  confisquer  au 
marché  les  denrées  que  les  habitants  d'Erstein  y  conduisaient, 
jusqu'à  concurrence  de  la  valeur  des  vins  séquestrés.  Dans 
une  autre  pièce,  on  dit  qu'un  batelier  de  Schlestadt  a  été 
arrêté  par  des  malandrins  qui  lui  déchirèrent  son  passe- 
port. 

Tous  les  otages  n'avaient  pas  été  conduits  à  Brisac;  quel- 
ques-uns, après  le  second  pillage,  avaient  été  internés  en 
Lorraine.  Tel  fut  le  sort  de  Pierre  Grimaldus,  pasteur  d'Au- 
bure,  qui  mourut  le  8  décembre  16S5,  à  Echery,  de  la  peste, 
à  son  retour  de  la  captivité;  un  magistrat  de  Riquewihr, 
Hans  Schmidt,  succomba  à  la  dyssenterie,  à  Saint-Hélimer,  de 
l'autre  côté  des  Vosges. 

Sur  ces  entrefaites,  l'administrateur  du  comté  de  Montbé- 
liard,  le  duc  Jules  Frédéric,  était  mort  à  Strasbourg,  à  l'hôtel 
de  Wurtemberg  ^  où  il  s  était  retiré  après  l'issue  malheureuse 
de  la  bataille  de  NSrdlingen  (Duvernot,  Ephémérides,  p.  822). 
Le  gouvernement  échut  à  un  prince  mineur,  dont  le  prince 
Eberhard  prit  la  tutelle.  Celui-ci  se  fit  adresser  par  le  greffier 
de  la  ville  de  Riquewihr  un  rapport  sur  l'état  de  la  seigneurie. 
Nous  terminons  ces  communications  par  un  extrait  de  ce 
document,  daté  du  16  février  1686.  Le  rapport  parle  d'abord 
de  la  contribution  en  vin  à  laquelle  les  bourgeois  de  Rique- 
wihr s'étaient  assujettis;  puis  il  mentionne  l'invasion  de  la 
vallée  de  Sainte-Marie-aux-Mines  par  un  corps  de  Croates 

'  Cet  hôtel  se  trouvait  dans  la  rue  du  Faisan. 


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.380  BEvins  d'alsacb 

venu  cle  Saint-Dié,  sous  la  conduite  du  lieatenant^ooloiid 
d'Arbois,  et  cootiaue  en  cex  termes  :  <  Au  surplus,  les  sujets 
de  Votre  Excellence,  tant  en  cette  seigneurie  qu'en  celle  de 
Horbourg,  se  trouvent  daas  un  état  de  détresse  et  de  misère 
qui  se  refuse  à  toute  description.  Plus  des  deux  tiers  sont 
morts  de  faim  et  de  chagrin,  plutôt  encore  que  de  la  contagion 
xégnante,  et  journellement  il  en  meurt  encore  beaucoup. 
Selon  toutes  les  prévisions,  nos  villages,  autrefois  si  peuplés, 
finiraient  par  êlre  complètement  déserts,  si  la  ville  de  Stras- 
bourg ne  veuait  à  notre  aide  par  des  envois  de  blé,  qu'oâ 
payera  dès  que  les  extances  dues  à  Thôpital  et  au  service  des 
contributions  seront  rentrées  (t//  abschlag  derm  dem  hiemgm 
SpitcU  und  ihrem  Pfmniglhurm  ausst&ndigm  Zinsm).  > 

En.  Ensfeldeh, 

pasteur  à  Riquewihr 


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LETTRE 

DE 

DAVID-CHRÉTIEN  SEYBOLD 

a.ncieii  professexxr   d\a  Gymnase   do  Bouacwiller 

A  UNE  DAME  DE  LA  MÊME  VILLE 


QXTELQUES  MOTS  SUB  LECTEUR  DE  CETTE  LETTRE.  —  LE  PASTEUR 
BRAUER  DE  HUNAWIHR.  —  UN  CORTÈGE  DE   NOCE   A  COLMAR. 

—  LES  TRESSES  CATHOLIQUES  ET  LES  TRESSES  LUTHÉRIENNES. 

—  VISITE  A  l'institut  PFEFFEL.  —  1781. 


La  lettre  dont  j'offre  la  traduction  au  bienveillant  lecteur 
de  la  Revue  d Alsace  est  extraite  d'une  publication  mensuelle, 
intitulée  :  Magazinfûr  Prauenzimmer  (Magasin  des  DamesJ. 
La  première  série  de  ce  recueil,  très  estimé  et  très  répandu 
à  la  fin  du  siècle  passé,  parut,  de  1782  à  1786,  à  Strasbourg 
et  à  Eehl  ;  la  seconde,  qui  porte  le  titre  de  Neues  Magazin 
fur  Frmtenzimmer  (Nouveau  Magasin  des  Dames),  fut  impri- 
mée à  Strasbourg,  chez  F.-O.  Levrault,  de  1786  à  1791.  La 
collection  entière  comprend  84  volumes  in  «12,  ornés  d'un 
grand  nombre  de  costumes  allemands,  suisses  et  alsaciens. 

Le  rédacteur  de  cet  intéressant  recueil  fut  David-Chrétien 
Seybaldj  né  le  26  mai  1747,  à  Brackenheim,  dans  le  Wurtem- 
berg. Après  avoir  fonctionné,  de  1771  à  1779,  comme  pro- 


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[{83  BEVUB  D'ALSACE 

fesseur  de  philologie  dans  plusieurs  villes  de  rAIIemagne,  il 
fut  appelé,  en  1779,  dans  la  même  qualité,  au  Gymnase  de 
Bouxwiller.  Sa  profonde  érudition,  son  expérience  pédagogique, 
Taménité  de  son  caractère,  ont  fait  longtemps  conserver  son 
souvenir  parmi  ses  nombreux  élèves.  Ce  fut  à  Bouxwiller, 
qu'à  côté  d'autres  travaux  littéraires,  il  rédigea,  pendant  près 
de  dix  ans,  le  recueil  dont  je  viens  de  parler.  En  1796,  Sey- 
bold  fut  nommé  professeur  de  littérature  classique  à  l'uni- 
versité de  Tubingue,  où  il  mourut,  le  10  février  1804.  — 
Son  fils,  Frédéric  Seybold,  né  à  Bouxvnller,  le  5  mai  1784, 
s'est  distingué  comme  publidsle  libéral  et  comme  auteur  de 
plusieurs  romans  et  tableaux  de  mœurs  très  goûtés  du  public 
de  son  temps.  Il  mourut  à  Stuttgart,  le  23  juillet  184S. 

La  lettre  qui  va  suivre  se  trouve  au  2*  volume  du  Magatin 
des  DameSj  mois  de  septembre  J782,  p.  874—877. 

Auguste  Stœber 


Hanawihr,  le  34  juillet  1781.  mardi  matin. 

c  Vous  serez  étonnée,  chère  amie,  que  cette  lettre  vous 
parvienne  de  Hunawihr.  Mon  ami^  m'y  conduisit  hier,  par 
Golmar,  pour  me  faire  faire  la  connaissance  de  son  beau-père.' 
Je  ne  saurais  assez  lui  exprimer  ma  reconnaissance  de  m'avoir 
présenté  à  cet  honnête  et  vénérable  ecclésiastique,  qui  est  en 
même  temps  un  savant  distingué  et  un  parent  de  Schœpflin, 
aux  ouvrages  duquel  il  a  fourni  d'intéressants  documents. 

c  J'ai  traversé  hier  de  grand  matin,  en  charmante  compa- 
gnie, la  vallée  de  Saint-Grégoire  pour  me  rendre  à  Golmar  et 

^  PhiUppe-Jaeqites  Bopp,  pasteur  de  GCinsbach ,  dans  la  vallée  de 
Munster. 

'  Le  pasteur  André  Brauer.  Voir  Àlaatisches  Taschenhuchf  1807, 
p.  81  et  suiv.  Brader  était  le  beau-frère  de  Schœpfiinf  qui  le  nomme 
c  vir  doctus,  antiquitatis  indagator  indefessus  et  sagax  ».  Âlsat.  iUustr. 
I,  fol.  198. 


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DAVID-OHBÉTIEK  SEYBOLD  S83 

y  visiter  l'institut  de  M.  Pfeffel,  qu'on  me  dit  être  de  retour 
d'une  excursion  de  montagnen. 

c  Pendant  que  je  oie  trouvais  encore  à  mon  hôtel,  j'eus 
l'occasion  de  voir  une  noce  colmarienne  ou,  du  moins,  d'en 
voir  défiler  le  cortège,  ce  qui  m'amasa  beaucoup.  Mais  ce 
cortège  tardait  passablement  à  se  mettre  en  marche.  Enfin  je 
vis  paraître  les  jeunes  filles.  Elles  devaient  depuis  longtemps 
être  arrivées  à  l'église,  lorsque  les  femmes  mariées  quittaient 
la  maison  ;  il  n'en  vint  d'abord  qu'une  partie  qui,  à  leur  tour, 
devaient  déjà  être  près  de  Téglise,  quand  une  autre  partie  se 
fut  décidée  à  sortir.  J'ignore  le  motif  de  ce  singulier  fractionne- 
ment du  cortège.  Serait-ce  qu'avant  de  se  mettre  en  marche, 
ces  bonnes  commères  se  fussent  concertées  sur  le  rang  qu'elles 
occuperaient  pendant  le  défilé?  Elles  furent  bientôt  suivies 
des  jeunes  gars,  et  enfin  des  hommes  mariés.  Ceux-ci,  dont 
un  grand  nombre  s'étaient  déjà  groupés  dans  la  rue,  partirent 
d'un  pas  plus  rapide,  au  fur  et  à  mesure  qu'un  serviteur,  qui 
se  tenait  à  la  porte,  les  appelait  chacun  par  leur  nom  pour 
leur  indiquer  la  place  qu'ils  avaient  à  prendre  selon  leur  état 
et  leur  condition  sociale. 

<  Je  vous  avoue,  chère  amie,  que  la  raideur  de  ce  cérémo- 
nial m'étonnait  beaucoup  et  aurait  suffi  pour  m'avertir  que 
Golmar  avait  été  autrefois  une  ville  impériale,  si  je  ne  l'avais 
pas  déjà  su.  Il  paraît  que  les  principales  villes  alsaciennes 
ont  conservé  des  mœurs  allemandes  tout  ce  qu'il  y  a  de  moins 
pratique,  et  qu'elles  n'ont  pas  encore  adopté  ce,  qu'à  côté 
d'autres  avantages,  les  mœurs  françaises,  exemptes  de  ce  raide 
cérémonial,  leur  auraient  enseigné.  Cette  remarque  ne  se 
rapporte  naturellement  qu'aux  classes  bourgeoises. 

c  Une  chose  qui  m'a  frappé  singulièrement,  c'est  la  différence 
qui  existe  dans  l'arrangement  des  tresses  et  de  la  coiffure 
des  demoiselles.  Tandis  que  les  unes  portaient  les  cheveux 
relevés  en  pointe,  les  autres  les  avaient  plats  et  larges.  M'étant 
informé  du  motif  et  [de  la  signification  de  cette  distinction, 


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384  REVUS  d'âlsacb 

l'on  me  dit  qu'elle  faisait  connaître  la  confession  religieuse  à 
laquelle  ces  jeune  filles  appartenaient.  Avouez,  chère  amie, 
que  l'influenee  de  la  religion  sur  la  coitTure  des  dames  a 
quelque  chose  de  bien  étonnant  I  Je  me  rappelais,  à  cette 
occasion,  d'avoir  lu  dans  la  Correspondance  de  Schlcezer,  qu'à 
Augsbourg,  on  faisait  des  pâtés  cathoUques  et  des  pâtés  tuthé- 
rieiu;  mais  j'ignorais  jusqu'à  ce  jour  qu'il  y  eut  des  tresses 
catholiques  et  des  tresses  luthériennes. . .  Toutefois,  il  faut  que 
je  le  déclare  à  l'honneur  des  Golmariennes,  j'ai  vu  rarement 
réunies  un  si  grand  nombre  de  jolies  demoiselles.  Elles  sont 
d'ordinaire  blondes  et  leur  costume  est  charmant  et  du  meil* 
leur  goût.  Les  Alsaciennes  de  la  classe  moyenne  sont,  en 
général,  très  gracieuses.  Je  dois  ce  compliment  à  vous-même, 
chère  amie,  à  vos  compatriotes,  ou  plutôt  à  la  vérité. 

«  Dès  que  le  cortés^e  de  noce  eut  disparu,  je  m'empressai 
de  me  rendre  chez  M.  Pfeffet,  qui  a  eu  la  bonté  de  me  faire 
voir  son  institut  militaire  dans  tous  ses  détails.  Cet  homme 
aimable  est  trop  modeste  pour  que  je  sois  tenté  de  faire  son 
éloge.  Sachez  seulement  que  mille  autres,  doués  de  tous  leurs 
sens,  ne  montreraient  pas  la  moitié  de  Tactivité  que  Pfefbl 
devait  déployer  pour  créer  son  établissement,  et  que  cent 
directeurs,  jouissant  du  sens  de  la  vue,  ne  sauraient  le  diriger 
avec  plus  d'exactitude  et  d'entente  que  ce  clairvoyant  aveugle. 
Je  ne  vous  décrirai  pas  tout  le  bonheur  que  j'éprouvais  d'être 
assis  à  côté  de  lui,  à  sa  table  hospitalière,  au  milieu  de  sa 
nombreuse  famille  et  de  ses  jeunes  élèves,  qui  le  vénèrent 
comme  un  père  et  qu'il  connaît  tous  au  son  de  leur  voix. 
Que  de  fois  j'ai  souhaité  de  posséder  le  don  de  bénir  d'un 
patriarche,  pour  verser  la  plénitude  de  mes  bénédictions  sur 
cet  homme  aimé  de  Dieu  et  de  ses  semblables  I  Ce  ne  fut  qu'à 
mon  grand  regret  que  je  pris  congé  de  lui. . .  » 


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JEAN  GEILER  DE  KAYSERSBERG 

Un  Réformateur  catholique 

A  LA  FIN    DU  XV«  SIÈCLE* 


Le  célèbre  prédicateur  de  la  cathédrale  de  Strasbourg  ne 
manquait  pas  jusqu'à  ce  jour  de  biographes.  Dès  le  siècle 
dernier,  les  Àmcmitales  de  Riegger,  et,  dans  le  nôtre,  les 
ouvrages  d'Ammon,  de  T.  W.  Rœhrich,  d'Auguste  Stœber, 
sans  compter  des  écrits  plus  courts  et  plus  populaires,  comme 
ceux  de  MM.  Ad.  Schseffer  et  Rathgeber,  nous  ont  fait  con- 
naître d'une  façon  plus  ou  moins  approfondie  l'existence  et 
les  ouvrages  de  Geiler  de  Eaysersberg.  Nous  sommes  loin, 
néanmoins,  de  nous  plaindre  de  l'apparition  de  ce  nouveau 
volume.  La  plupart  des  écrivains  cités  plus  haut  appartenaient 
au  protestantisme,  et  c'est  avec  plaisir  que  nous  voyons  un 
auteur  catholique  venir  expliquer  à  son  tour  un  sujet,  traité 
jusqu'ici  presqu'exclusivement  au  point  de  vue  de  la  Réforme. 
Il  ne  peut  y  avoir  que  profit  pour  la  science  à  comparer  les 
deux  points  de  vue  opposés,  du  moment  que  des  deux  côtés 

>  Un  BÉF0RMA.TSUR  GATHOLIQUB  A  LA    FIN   DU  XV«  SIÊGLB.    Jean 

Geiler  de  Kaysersherg,  prédicateur  h  la  cathédrale  de  Strasbourg ^  U78-' 
4540»  Etude  sur  sa  vie  et  sur  son  temps,  par  Tabbé  Louis  Dacbeux, 
prêtre  du  diocèse  de  Strasbourg.  Paris,  Delagrave,  et  Strasbourg,  Déri- 
Taux,  1876  583  p.  in-8<».  Prix  :  fr.  7. 50. 

Nouvelle  Série  ~  6*  Année.  S5 


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386  REVUE  D*ÂLSAGE  « 

on  fait  des  efforts  sérieux  pour  écarter  d'inutiles  et  blessantes 
polémiques  et  pour  n'apprécier  les  hommes  et  les  choses  qu'à 
la  lumière  de  la  critique  historique.  Les  déclamations  pas- 
sionnées et  les  invecliyes  n'ont  que  faire  en  pareille  matière  ; 
on  les  dédaigne  et  c'est  tout  ce  qu'elles  méritent.  J'ajoute, 
dès  le  début,  que  ce  n'est  point  là  l'unique  raison  qui  nous 
engage  à  faire  bon  accueil  à  l'ouvrage  de  M.  Tabbé  Dacbeux. 
Il  a  de  nombreux  mérites  historiques  et  littéraires,  et  le 
récit,  écrit  avec  compétence,  après  une  étude  approfondie  des 
sources,  fait  faire  sur  plusieurs  points  des  progrès  sérieux  à 
notre  connaissance  de  cette  intéressante  époque. 

Nous  n*avons,  en  aucune  façon,  l'intention  de  résumer  le 
vaste  travail  de  M.  Dacheux,  en  nous  attachant  à  le  suivre 
pas  à  pas;  encore  moins  songeons-nous  à  contribuer,  par  de 
nouvelles  recherches,  à  grossir  les  matériaux  réunis  sur  ce 
sujet.  Ce  que  nous  voulons  faire  ici,  c'est  de  relever,  en  peu 
de  mots,  les  principaux  résultats  auxquels  aboutit  le  savant 
curé  du  Neudorf  et  signaler,  en  passant,  les  points  sur  lesquels 
il  nous  est  impossible  d'adopter  ses  conclusions  ou  sa  manière 
de  voir. 

Dans  les  premiers  chapitres,  M.  Dacheux  nous  retrace,  non 
pas  seulement  l'histoire  de  Geiler  avant  sa  venue  à  Stras- 
bourg, mais  le  tableau  intellectuel  et  moral  de  Tépoque  tout 
entière,  à  laquelle  vécut  le  célèbre  prédicateur.  Il  nous  le 
montre  dans  son  cadre  naturel  et  dans  son  développement 
littéraire  et  théologique.  Né  à  Schaffhouse,  le  16  mars  1445, 
d'un  père  qui  vint  mourir  en  Alsace,  le  jeune  Jean  Geiler 
fut  inscrit  en  1460,  dans  sa  quinzième  année,  comme  étudiant 
à  l'Université  de  Fribourg,  où  il  passa  plusieurs  années.  Ce 
n'était  point  encore  le  moraliste  rigide  que  l'on  connut  depuis, 
et  le  futur  orateur  sacré  dut  être  admonesté,  paraît-il,  pour 
s'être  livré  à  un  luxe  de  costumes  que  ne  permettaient  pas 
les  lois  académiques  d'alors.  Devenu  maître  es  arts  en  1464, 
Geiler  continua  de  séjourner  à  Fribourg,  comme  membre  du 


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JEAN  6EILEB  DE  KAY8ERSBERQ  387 

corps  enseignant,  et  fut  même  une  fois  élu  doyen  de  la  faculté 
de  philosophie.  En  1469,  il  se  rendit  à  Bâle  et  y  entra  dans 
les  ordres,  tout  en  continuant  ses  enseignements  scolastiques. 
Promu  au  grade  de  docteur  en  théologie  en  1474,  il  fut  rap- 
pelé, deux  ans  plus  tard,  à  TUniversité  des  archiducs  d'Au- 
triche, eomme  professeur  titulaire  cette  fois.  On  ne  sait  trop 
pourquoi,  dès  l'année  suivante,  il  songeait  à  quitter  ce  poste 
honorifique.  Il  était  en  négociations  avec  le  magistrat  deWfirz- 
bourg  et  allait  accepter  une  place  de  prédicateur  dans  la 
capitale  de  la  Franconie,  quand  un  séjour  à  Strasbourg,  fait 
sans  aucune  arrière-pensée  de  sa  part,  changea  le  cours  de 
sa  destinée  tout  entière.  Il  s'y  ût  entendre  comme  orateur 
sacré  et  y  plut  à  tel  point  que  Tammeister  Pierre  Schott  et 
plusieurs  de  ses  amis,  poussés  par  la  partie  féminine  de  leurs 
familles,  rengagèrent  à  rester.  Les  pourparlers  entamés  avec 
WOrzbourg  finirent  par  être  rompus;  on  tâcha  de  lui  obtenir 
une  situation  ecclésiastique  équivalente  à  ses  anciens  revenus 
et  digne  de  ses  mérites,  et,  le  7  juillet  1478,  il  était  définitive* 
ment  installé  comme  prébendair%  du  grand-chœur  et  comme 
prédicateur  à  la  cathédrale  de  Strasbourg. 

Le  diocèse  était  administré  pour  lors  par  Tévéque  Albert 
de  Bavière,  personnage  trop  préoccupé  de  ses  prérogatives 
ducales  et  de  ses  affaires  mondaines  pour  être  un  pasteur 
bien  dévoué  de  son  troupeau.  Aussi  laissa-t-il  Geiler  s'em- 
barquer dans  la  rude  besogne  de  réformer  les  mœurs  de  ses 
concitoyens,  sans  lui  venir  en  aide  autrement  que  par  des 
vœux  bien  tièdes  et  sans  le  fortifier  surtout,  en  appuyant  de 
son  propre  exemple  les  réformes  demandées.  Celte  tentative 
de  réforme  constitue  la  partie  la  plus  originale  de  la  vie  du 
grand  prédicateur,  et  il  importe  de  Tapprécier  avec  exactitude, 
si  Toa  veut  juger  équitablement  l'homme  et  son  temps.  Or, 
c'est  sur  ce  terrain  surtout  que  le  travail  de  M.  Dacheux  nous 
a  paru  fournir  des  lumières  nouvelles.  En  réunissant  des 
textes  nombreux,  en  les  groupant  avec  art,  il  nous  a  donné, 


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388  REVUE  D'ALSACE 

de  raclivîté  de  Geiler,  une  impression,  pour  ainsi  dire,  nou- 
velle et  tout  autre  que  celle  qu'on  emportait  communément 
de  son  œuvre.  Le  grand  docteur  a-t-il  profité  beaucoup  à  ce 
changement  d'aspect?  Je  me  permets  d'en  douter,  pour  ma 
part,  tout  en  me  félicitant  que  la  vérité  historique  se  soit 
dégagée  sur  ce  point  des  traditions  courantes.  Désormais  Von 
ne  saurait  regarder  Geiler  comme  un  rtformateur^  dans  le 
sens  qui  partout  s'attache  à  ce  mot,  mais  c'est  comme  une 
tentative  de  restauration  qu'il  faut  apprécier  son  œuvre.  Nous 
apercevons  dans  ce  contemporain  des  humanistes  —  avouons 
que  c'est  non  sans  surprise  —  un  des  champions  les  plus 
décidés  du  monachisme  du  moyen-âge,  et  l'idéal  qu'il  pour- 
suit n'est  aucunement  la  constitution  d'une  société  libre,  intel- 
ligente et  morale,  mais  le  retour  à  l'ascétisme  du  moyen-flge, 
à  la  domination  la  plus  absolue  de  l'Eglise,  et  l'on  ne  sait  ce 
qu'il  blâme  davantage,  les  vices  de  la  société  civile  ou  les 
efforts  si  légitimes  qu'elle  faisait  dès  lors  pour  se  soustraire 
à  l'omnipotence  cléricale.  Sans  doute,  il  s'élève  avec  véhémence 
et  franchise  contre  les  péchél  et  les  travers  de  ses  contempo- 
rains, il  leur  reproche  leurs  vices  et  leur  annonce  le  châti- 
ment céleste.  Mais  il  les  menace  tout  aussi  bien  du  courroux 
divin,  quand  ils  s'avisent  de  rogner  les  émoluments  du  clergé, 
quand  ils  essayent  d'empêcher  les  captations  d'héritages  trop 
fréquentes,  en  limitant  la  dot  de  ceux  qui  embrassent  l'état 
monacal,  quand  ils  refusent  à  l'Eglise  ce  droit  d'asile  qu'elle 
accordait  aux  pires  scélérats  après  l'accomplissement  de  leurs 
crimes,  quand  ils  demandent  qu'ecclésiastiques  et  religieux, 
devenant  citoyens  comme  les  autres,  paient  leur  juste  part 
dans  les  charges  de  l'Etat.  La  suprématie  de  l'Eglise,  voici 
pour  Geiler  l'arche  sainte  à  laquelle  il  est  défendu  de  toucher; 
ses  privilèges  lui  semblent  d'essence  divine  et  sa  colère  éclate 
contre  ceux  qui  prétendent  en  réformer  les  abus.  «  Tout  ce 
qui  concerne  Dieu  est  de  trop  dans  vos  lois  »,  s'écrîe-t-îl, 
quand  on  rend  cette  loi  sur  les  héritages  dont  nous  parlions 


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JEAN  OEILER  DB  KAYSBBSBEBa  989 

tout  à  l'heure,  nous  montrant  ainsi  que  les  tendances  restent 
les  mêmes  à  travers  les  siècles,  et  qu'alors  déjà,  Ton  accusait 
doffenser  Dim  ceux  qui  tentaient  de  rogner  les  avantages 
matériels  de  TEglise.  Faut-il  s'étonner  alors  si,  malgré  son 
éloquence  et  ses  convictions  profondes,  il  a  si  peu  gagné  de 
terrain,  que  son  biographe  est  obligé  de  nous  dire  «  qu'au 
bout  de  vingt-trois  années,  il  n'avait  obtenu  aucun  résul- 
tat sérieux  »  ?  C'est  qu'il  se  mettait  en  travers  de  la  ten- 
dance la  plus  accentuée  de  l'époque,  de  l'aspiration  générale 
des  esprits  instruits  et  sérieux  à  se  soustraire  à  la  tutelle 
cléricale.  Il  ne  s'agit  pas  de  discuter  si  cette  tendance  était 
légitime,  et  Je  sais  trop  bien  quel  est  le  sort  des  controverses, 
même  les  plus  courtoises,  pour  être  tenté  de  l'examiner  ici. 
Mais  en  réservant  cette  question,  dont  la  solution  semble  aussi 
peu  douteuse  à  M.  Dacheux  qu'à  moi-même,  bien  que  nous 
la  tranchions  de  la  façon  la  plus  contradictoire,  je  puis  bien 
lui  demander  s'il  y  a  rien  d'étonnant  è  ce  que  Geiler  n'ait 
point  exercé  sur  ses  contemporains,  pris  en  masse,  l'influence 
qu  aurait  dû  lui  donner  et  sa  vie  si  pure  et  ses  convictions 
si  profondes,  et  son  éloquence  si  populaire?  On  n'exerce  une 
influence  véritable  sur  ceux  qui  vous  entourent,  qu'à  condition 
de  se  trouver  dans  le  grand  mouvement  du  siècle  et  de 
partager  les  aspirations  légitimes  de  la  foule,  à  condition  de 
comprendre  ses  plaintes,  trop  fondées,  contre  d'antiques  abus. 
Remonter  le  courant  des  âges,  revenir  vers  un  passé  dont 
on  ne  veut  plus,  le  défendre  et  le  glorifier,  c'est  peut-être  le 
lot  d*une  âme  honnête  et  sincère,  le  rôle  d'un  martyr  —  les 
plus  mauvaises  causes  ont  les  leurs,  —  ce  ne  sera  jamais 
celui  d'un  réformateur  et  d'un  conducteur  des  peuples.  Le 
christianisme  n'est  devenu  dans  le  monde  une  puissance  que 
le  jour  où  il  a  rencontré  l'adhésion  des  masses  au  sein  de 
l'Empire  romain  qui  croulait;  les  grands  pontifes  du  moyen- 
flge  n'ont  établi  leur  domination  universelle  sur  la  chrétienté 
que  lorsque  l'appui  de  l'universalité  des  fidèles  leur  a  permis 


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890  REVUE  d'alsâge 

de  briser  les  empereurs  et  les  rois.  Ce  n'est  point  là  de  la 
controyerse  religieuse,  c'est  une  des  grandes  lois  de  rbistoire 
que  je  rappelle  à  M.  Dacheux. 

Si  du  moins  Geiler,  dans  cette  lutte  qu'il  soutenait  en  fayeur 
des  prérogatives  ecclésiastiques,  avait  rencontré,  dans  l'hono- 
rabilité de  ceux  qu'il  défendait  ainsi,  Targument  nécessaire 
pour  conyaincre  ses  contradicteurs  !  Mais  ce  qui  faisait  la 
force  de  l'opposition  anti- cléricale  et  la  faiblesse  de  ses  adver- 
saires, c'était  rétat  de  l'Kglise  à  la  fin  du  XV*  siècle.  L'empire 
des  âmes  lui  échappait  chaque  jour;  elle  comptait  dans  ses 
rangs  <  une  foule  d'hommes  indignes  de  leur  sainte  mission, 
qui  ne  «avaient  que  faire  gémir  les  bons,  décourager  et  séduire 
les  ftmes  faibles  et  chancelantes  >.  Notre  auteur  trace  de  cette 
décadence  profonde  du  corps  sacerdotal  un  tableau  qu'on  ne 
saurait  accuser  ni  d'exagération,  ni  surtout  aussi  d'atténua- 
tion blâmable.  Nous  croirions  lui  faire  injure  en  le  félicitant 
plus  particulièrement  de  sa  rigueur  historique;  mais  nous 
pouvons  bien  dire  que  c'est  le  soin  consciencieux  qu'il  a  mis 
à  remplir  ses  devoirs  d'historien  qui  nous  permet  de  parler 
sans  gêne  de  son  livre  et  de  discuter  librement,  à  notre  tour, 
le  sujet  si  délicat  qu'il  touche,  sans  ménagements  anti-scien- 
tifiques. M.  Dacheux,  tout  en  constatant  l'état  des  choses 
au  sein  de  TEglise,  pense  que  celle-ci  ne  fut  pas  la  coupable, 
mmh  victime.  L'aristocratie  féodale  du  XIV*  et  du  XV*  siècle 
aurait  fait  tout  le  mal  en  pénétrant,  pour  ainsi  dire  de  vive 
force,  dans  l'enceinte  sacrée,  et  en  s'emparantdes  monastères 
et  des  abbayes,  des  places  de  chanoines  et  des  sièges  épisco- 
paux.  t  On  ne  frappait  point  TE^Iise,  dit  notre  auteur,  on 
rétoufifait  en  l'embrassant.  »  Cette  remarque  est  très  juste 
en  elle-même  et  doit  être  prise  en  grande  considération  par 
la  critique.  Mais  celle-ci  est  bien  obligée  de  faire  observer  à 
son  tour  que,  bien  avant  le  XIV*  et  le  XV*  siècle,  le  désordre 
régnait  dans  l'Eglise.  Ce  n'est  pas  à  un  connaisseur  aussi 
exercé  de  l'histoire  ecclésiastique  que  nous  avons  à  rappeler 


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JEAN  GEILER  DE  SATSBBSBEBa  391 

les  écrits  d'an  Pierre  Damiani,  par  exemple,  ni  le  scandale 
donné  à  la  chrétienté  par  les  Benott  IX  et  les  Marrozie.  Et 
d'ailleurs,  étant  donnée  la  puissance  concentrée  dans  les  mains 
du  Saint-Siège^  on  aurait  certalnemeht  réussi  à  détruire  une 
partie  au  moins  des  abus,  causés  par  l'absentéisme,  par  le 
cumul  des  bénéfices,  par  Tignorance  des  clercs,  si  l'autorité 
souveraine  l'ayait  énergiquemect  tenté.  Mais  c'était  à  Rome 
même  qu'était  le  centre  des  intrigues  et  des  cabales  de  ces 
œurtisam  effrontés  que  M.  Dacheux  nous  a  fait  si  bien  con- 
naître. La  correspondance  de  Pierre  Schott,  le  jeune  chanoine 
de  Saint-Pierre-le- Vieux,  a  fourni  à  notre  auteur  des  traits 
bien  curieux  et  bien  caractéristiques  pour  le  tableau  de  l'é- 
poque. Et  j'ai  quelque  peine  à  croire,  je  l'avoue,  que  c'est 
c  en  trompant  Rome  »  que  les  solliciteurs  ambitieux  parve- 
naient à  réussir,  quand  j'étudie  le  trafic  des  réserves  papales 
et  que  je  vois  quel  poste  lucratif  était  celui  de  <r  solliciteur  de 
brefs  pontificaux  ». 

De  tels  personnages,  installés  dans  leurs  dignités  ainsi 
acquises,  que  pouvaient-ils  être?  Les  évêquestrop  souvent 
n'étaient  que  des  nobles  querelleurs  et  grossiers,  pour  qui 
c  le  soin  des  âmes  était  le  dernier  souci  >,  et  qui  ne  voyaient 
dans  leur  diocèse  «  qu'un  domaine  à  exploiter  >.  Ils  laissèrent 
se  former  peu  à  peu  un  clergé,  «  mélange  singulier  de  théo- 
logiens, de  canonistes  et  d'aventuriers,  qui  n'avaient  de  com- 
mun que  leur  ambition,  leur  cupidité  et,  trop  souvent,  leurs 
désordres  ».  Mais  ce  clergé,  dît  M.  Dacheux,  dont  le  siècle  se 
plaignait  et  se  scandalisait  en  vrai  pharisien,  c'était  lui  qui 
l'avait  imposé  à  TEglise!  Qu'entendre  par  le  siècle  et  que 
désigner  par  VEglise'i  L'Eglise,  que  je  sache,  alors  comme 
aujourd'hui,  alors  moins  encore  que  de  nos  jours,  n'accordait 
aucune  part  dans  le  gouvernement  spirituel  à  la  foule  des 
laïques.  Si  le  clergé  se  montrait  ignorant  et  vicieux,  «^  étranger 
à  toute  vie  intérieure  et  à  toute  vraie  piété  »,  c'étaient  les 
chapitres,  les  évoques,  le  Saint-Siège  lui-même  gui,  à  des 


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B92  BEVUE  D'ALSACE 

degrés  divers,  lui  avait  donné  Tinvestiture  religieuse,  et  je  ne 
vois  pas  comment  les  ftmes  croyantes  dans  les  classes  bour- 
geoises et  populaires  pourraient  être  rendues  responsables 
d'abus,  dont  elles  souffraient  plus  que  tout  antre. 

Yis-à-vis  de  ce  clergé,  quelle  fut  l'attitude  du  grand  prédi- 
cateur de  Strasbourg?  Sévère  pour  ses  vices  en  général, 
trop  disposé  peut-être  à  les  couvrir  en  particulier  du  voile  de 
Toubli,  estimant  «  que  c'est  un  strict  devoir  de  dissimuler 
avec  prudence  et  discrétion  les  fautes  des  ecclésiastiques  », 
il  est  le  défenseur  jaloux  de  ses  droits  spirituels  et  de  ses 
revenus  terrestres,  c  Les  préceptes  de  TËglise  n'obligent  pas 
moins  rigoureusement  que  ceux  de  Dieu  même  >,  s'écrie-t-il 
quelque  part,  et,  cette  obligation  chrétienne,  il  la  rappelle  en 
parlant  des  dîmes  et  des  redevances  de  toute  nature.  Grand 
ami  de  la  vie  monastique,  Geiler  la  favorise  de  toutes  ses 
forces,  bien  qu'il  ait  énergiquement  protesté  contre  la  mon- 
danité profonde  et  la  corruption  de  bien  des  couvents  de 
religieux  et  de  religieuses  en  Alsace.  Il  réforma  lui-même  la 
règle  des  religieuses  de  Sainte-Madeleine,  et,  dans  ses  sermons^ 
il  revient  souvent  sur  le  bonheur  de  ceux  qui  ont  étouffé  tout 
sentiment  terrestre  dans  leur  cœur  et  sont  morts  à  l'exis- 
tence. {Stlig  die  ir  hertz  hand  abgezeret  und  in  selber  und 
aHen  creaturen  erstorbm  sindi)  L'extase  dans  lanéantisse- 
ment  de  soi-même,  une  espèce  d'absorption  dans  l'infini, 
quelque  chose  comme  le  Nirwftna  bouddhique,  tel  semble 
avoir  été  pour  cet  infatigable  champion  de  l'Eglise,  qui  pour- 
tant ne  se  reposa  que  dans  la  tombe,  l'idéal  du  sentiment 
religieux.  Il  voulut  même  que  Ton  «  dressftt  >  (apiandi  mnt 
in  juventute)  les  ftmes  à  la  vie  monastique  dès  leur  tendre 
enfance,  sans  comprendre  sans  doute  que  c'étaient  toutes  ces 
vocations  forcées  qui  faisaient  de  mauvais  religieux  et  de  pires 
chrétiens. 

H.  Dacbeux  arrive  tout  naturellement  à  nous  parler  ici  des 
doctrines  théologiques  de  Geiler.  C'est  un  des  chapitres  les  plus 


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JEAN  GBILEB  DE  KÀYSEBSBERG  803 

intéressants,  un  des  plus  nouveaux  de  TouTrage.  La  plupart 
des  biographes  précédents  du  docteur  de  Kaysersberg  avaient 
appuyé  sur  les  passages  de  ses  écrits,  où  Ton  pouvait  découvrir 
une  tendance  réformatrice  et,  pour  ainsi  dire,  protestante. 
Notre  auteur,  parcourant  à  soif  tour  les  nombreux  écrits  de 
Geilar,  a  fait  une  moisson  plus  ample  encore  de  passages 
établissant,  selon  lui,  que  Geiler,  loin  d'être  un  réformateur 
avant  la  Réforme,  la  combattit  par  avance  et  comme  par 
intuition.  Nous  ne  pouvons,  en  étudiant  les  textes,  que  donner 
raison  à  cette  dernière  manière  de  voir.  Sans  doute- Geiler 
aurait  pu,  comme  maint  autre,  devenir  un  des  précurseurs  de 
la  Réforme.  Il  est  incontestable  quil  y  en  eut  et,  comme  le  dit 
très  bien  M.  Dacheux,  c  c'est  une  grande  illusion  de  croire 
que  le  protestantisme  soit  sorti  tout  d'une  pièce  du  cerveau 
de  Luther  ».  des  précurseurs  ont  apparu  bien  avant  Hus  et 
Wiclef  ;  nous  les  rencontrons  dans  les  hérésies  de  tous  les 
siècles,  protestant,  chacun  à  sa  manière,  contre  la  domination 
de  l'Eglise,  au  nom  de  la  liberté  de  conscience  et  de  l'indé- 
pendance de  la  pensée  religieuse.  Si  l'on  voulait  prendre  à  la 
lettre  la  fiëre  devise  que  TEglise  arbore  volontiers,  quand  elle 
définit  la  foi  chrétienne  :  <  Ce  qui  a  été  cru  de  tout  temps, 
partout  et  par  tous  »,  il  n'y  aurait  jamais  eu  de  foi  ni  d'Eglise 
catholique.    Mais  Geiler  n'a  point  été  de  ceux  qui,  de  leur 
temps,  ont  protesté  contre  un  joug  qu'ils  regardaient  comme 
trop  dur  et  trop  pesant.  Il  n'y  a  rien  en  lui  qui  se  rattache 
au  courant  de  l'esprit  moderne  ;  c'est  un  ascète  du  X*  siècle, 
égaré  vers  l'aurore  du  XVI'.  D  comprend  si  peu  les  revendi- 
cations légitimes  de  la  conscience  humaine,  qu'il  en  travestit, 
très  sincèrement  d'ailleurs,  les  idées  et  les  principes.  Ecoutez 
plutôt  ce  qu'il  dit  du  Ubre  examen  :  t  Par  ce  procédé,  dit-il 
tous  les  pécheurs  peuvent  se  défendre  ;  les  moines  déréglés 
justifieront  leur  vie  irrégulière,  les  prêtres  séculiers  la  plu- 
ralité des  bénéfices,  les  laïques  leurs  parjures  et  la  violation 
des  immunités  ecclésiastiques.  Reprochez-leur  ces  vices,  ils 


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9M  REVUE  D'ALSACE 

TOUS  répondront  :  Nous  n  entendons  pas  FEcriture  comme 
vous  !  t  II  a  si  peu  le  sentiment  de  la  spontanéité  de  la  foi, 
qui  n'a  besoin  d'aucun  médiateur  en  Tâme  et  son  Créateur, 
que,  pour  lui,  «  les  saints  docteurs  >  sontiFéquivalent  de  la 
conscience  humaine,  et  <  les  prêtres  de  la  Sainte-Eglise  sont 
les  anges  de  Dieu  >.  A  quoi  bon  discuter  avec  la  conscience, 
quand  il  suffit  de  répondre  :  «  Tant  de  siècles,  les  docteurs* 
les  saints  Tont  cru  ;  il  est  donc  insensé  d'en  vouloir  douter.  > 

Il  est  une  question  surtout  qui  fut,  comme  on  sait,  le  point 
de  départ  du  mouvement  de  la  Réforme,  la  question  des 
indulgences.  Là  aussi,  M.Dacheux  a  raison  de  dire  que  <  Geiler 
fut  en  contradiction  flagrante  avec  les  futurs  réformateurs.  > 
Mais  c'est  tout  ce  que  je  dirai  sur  ce  chapitre;  mes  opinions 
à  ce  sujet  se  trouvent  en  divergence  si  radicale,  sur  ce  point 
de  morale  et  d'histoire,  avec  celles  qu'exprime  notre  auteur, 
que  je  craindrais  trop  de  le  froisser,  en  exprimant,  avec  les 
textes  authentiques  à  l'appui,  mes  sentiments  sur  ce  trafic. 
Je  le  puis  d'autant  moins  que  M.  Dacheux  nous  assure  — 
et  je  dois  l'en  croire  sur  parole  —  <  que  les  choses  se  passent 
aujourd'hui  comme  au  XV*  siècle,  au  fond  >.  Mais  il  m'est 
avis  que  l'Eglise  qui,  bien  des  fois  déjà,  sut,  par  de  prudentes 
retraites,  abandonner  des  causes  mauvaises,  aurait  tout  intérêt 
à  ne  pas  défendre  celle  des  indulgences,  à  rencontre  de  ce 
que  M.  Dacheux  appelle  «  d'odieuses  et  d'iniques  accusations  > 
et  que  j'appellerais,  moi,  la  révolte  légitime  de  la  conscience 
publique. 

Nous  n'insisterons  point,  pour  des  raisons  analogues,  sur 
les  chapitres  suivants,  relatifs  aux  dogmes  ainsi  qu'aux  céré- 
monies du  culte.  Bornons-nous  à  constater,  d'accord  avec 
M.  Dacheux,  que  Geiler  est  très  attaché  à  la  doctrine  du  Pur- 
gatoire; qu'il  est  un  chaud  défenseur  de  Tlmmaculée-Goncep- 
tion,  un  grand  admirateur  du  culte  de  la  Sainte-Vierge  et  des 
Saints.  Il  croit,  avec  une  sincérité  profonde,  à  l'amphore  de 
Cana,  déposée  à  la  Sainte-Baume  de  Marseille,  il  est  persuadé 


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JEAN  GEILER  DE  KATSERSBERG  Sd5 

que  le  saint  hermite,  Nicolas  de  Flfie,  ne  s'est  nourri  que 
dliosties  consacrées,  sans  prendre  jamais  aucune  nourriture 
terrestre.  Il  affirme  que  Teau  bénite  chasse  les  démons  et, 
selon  lui,  nul  homme  instruit  ne  saurait  nier  la  sorcellerie. 
On  le  voit,  M.  Dacheux  a  mille  fois  raison  de  dire  que  <  tout 
cela  suffit  pour  mettre  hors  de  question  sa  parfaite  orthodoxie  ». 
Geiier  n'a  point  été  du  parti  réformateur,  révolutionnaire 
même,  si  ce  mot  paraît  plus  juste  à  M.  Dacheux  —  il  ne  me 
répugne  ni  ne  m'eflfraye,  —  qui  se  soulevait  alors  contre  le 
joug  de  l'Eglise,  de  cette  église  dont  on  nous  a  retracé  le 
tableau  d'une  main  si  sincère  et  si  hardie.  Il  ne  fut  donc 
aucunement  un  précurseur  conscient  et  actif  du  grand  mou* 
vement  du  XVP  siècle.  Tout  au  plus  pourrait-on  dire  qu'il 
en  fut  l'avant-coureur  inconscient  et  surtout  involontaire.* 
Sa  position  dans  le  monde  religieux  d'alors  ressemble  à  celle 
des  économistes  prudents  et  modérés  à  la  veille  de  la  Révo- 
lution française.  Turgot  et  Necker  ne  songeaient  nullement  à 
proclamer  les  principes  de  1789,  mais  sentaient,  assez  vague- 
ment peut-être,  qu'il  valait  mieux  abolir  certaines  abomina- 
tions de  l'ancien  régime,  que  de  laisser  crouler  tout  ensemble 
et  de  périr  dans  la  tourmente.  De  même  Geiier  essayait  de 
réformer  les  mœurs,  les  pratiques  et  les  vices  individuels  du 
clergé,  parce  qu'il  pressentait  peut-être  que  le  mouvement 
de  réprobation,  qu'il  voyait  surgir  autour  de  lui,  irait  s'accen- 
tuant  toujours  et  que,  des  abus  de  la  pratique,  l'attaque  passe- 
rait bientôt  aux  doctrines.  Il  n'y  a  point  réussi,  parce  que, 

^  Geiier  ne  s'est  montré  révolationnaire  qne  sur  nn  seul  terrain,  celui 
des  questions  sociales;  l'Eglise,  on  le  sait,  n'a  pas  toujours  craint  de 
gagner  l'appui  des  masses  en  rivalisant  sur  ces  questions  avec  l'esprit 
du  socialisme  moderne.  Il  faut  voir  Geiier,  lors  de  la  famine  de  1481, 
exhorter  les  paysans  à  enfoncer,  à  coups  de  hache,  les  portes  des  riches 
et  à  emporter  tout  ce  qu'ils  voudraient.  Sous  ce  rapport,  il  est  le  pré- 
curseur direct  de  Thomas  Mûnzer  et  des  chefs  des  paysans  de  1525,  dont 
on  ramène  si  volontiers  les  actes  à  l'inspiration  de  Luther  dans  les  écrits 
d'un  certain  parti. 


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886  REVUE  D'ALSACE 

dans  les  époques  de  grande  crise  politique  ou  religieuse,  les 
âmes  tièdes  et  les  cœurs  timorés  ne  sauraient  mener  les 
foules  et  que,  selon  la  parole  biblique,  <  le  royaume  de  Dieu 
est  aux  violents  >,  à  ceux  qui  d'une  main  puissante  savent 
séparer  le  grain  de  Tiyraie,  sans  ménagements  respectables 
mais  inutiles.  Les  efforts  des  conservateurs  honnêtes,  mais 
timides,  n'aboutissent  jamais,  car  toujours  ils  arrivent  sur 
le  champ  de  la  lutte,  quand  la  bataille  est  perdue  et  quand 
a  retenti  d^'à  le  terrible  jugement  que  Tbistoire  tant  de  fois 
a  formulé  pour  les  causes  vaincues  :  Trop  tard! 

Après  cet  intéressant  et  consciencieux  exposé  des  opinions 
de  Geiler,  Tauteur  reprend  le  ûl,  longtemps  interrompu,  de 
la  biographie.  Nous  signalerons  surtout  les  chapitres  qui  se 
rapportent  aux  relations  sociales  et  aux  amitiés  de  notre  grand 
orateur.  Là  bien  des  faits  sont  nouveaux,  et,  si  peut-être 
quelque  critique  grincheux  pouvait  y  voir  un  hors  d'œuvre, 
nous  sommes  loin  de  partager  son  avis.  La  correspondance 
de  Pierre  Schott  et  de  Geiler,  les  auteurs  du  temps,  si  peu 
consultés  de  nos  jours,  habilement  exploités,  ont  fait  de  ces 
pages  les  plus  intéressantes  peut-être  du  volume.  On  y  jette 
un  regard  sur  la  vie  intellectuelle  et  religieuse  intime  du 
cercle  qui  se  groupait  autour  du  docteur  de  Kaysersberg. 
Pierre  Schott,  Bohuslas  de  Hassenstein,  Thomas  Wolff,  Jean 
Mûller,  y  figurent  tour  à  tour  et,  bien  que  peu  remarquables 
par  elles-mêmes,  ces  personnalités  nous  captivent,  parce  que 
M.  Dacheux  a  su  les  rendre  vivantes.  Plus  en  évidence  qu'eux, 
vient  se  placer  le  comte  Frédéric  de  Zollern,  évêque  d'Augs- 
bourg,  qui  se  plaisait  à  considérer  Geiler  comme  son  père 
spirituel  et  lui  demandait  sans  cesse  des  réprimandes  et  des 
conseils.  Il  n'y  avait  point  alors  beaucoup  d'évêques  qui  pussent 
servir  de  modèle  à  leur  clergé,  et  Frédéric  de  Zollern  lui-même 
écrivait  au  docteur  que  les  accoutrements  de  ses  collègues 
rendaient  difficile  de  les  distinguer  de  baladins.  La  corres- 
pondance de  Geiler  avec  son  élève,  si  je  puis  l'appeler  ainsi, 


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JEAN  GEILEB  DE  EA.YSEBSBERG  397 

publiée  pour  la  première  fois  par  M.  Dacheux,  est  curieuse 
à  plus  d'un  égard.  On  est  frappé  surtout  de  ce  caractère 
ascétique  déjà  signalé  plus  haut .    C'est  ainsi  qu'il  écrit  : 

«  Evitez  arec  soin  la  société  des  femmes vous  trouverez 

des  délassements  moins  périlleux  qu'auprès  de  ces  scorpions.  > 
Le  moyen-âge  n'a  jamais  connu  de  milieu  entre  la  licence 
grossière  et  l'abstinence  monacale  la  plus  absolue.  L'idéal  de 
la  femme  charte  et  pure,  de  la  mère  vénérée,  de  l'épouse 
chérie,  n'a  point  existé  pour  lui,  et  certes  c'est  une  des  causes 
les  plus  profondes  de  la  grande  infériorité  morale  de  cette 
époque. 

Les  demièreB  années  de  la  vie  de  Geiler  se  passèrent  sans 
amener  beaucoup  d'événements  d'une  importance  majeure. 
Entouré  d'un  petit  nombre  d'admirateurs  fervents,  fort  goûté 
de  la  foule  pour  ses  sermons  originaux  et  ses  anecdotes,  plus 
encore  que  pour  ses  conseils  austères,  écouté  du  Magistrat 
qu'il  avait  plus  d'une  fois  censuré,  depuis  le  jour  où  il  lui 
présentait  ses  vingt  et  un  articles,  Geiler  coulait  une  existence 
assez  douce  dans  nos  murs.  Le  fait  principal  à  mentionner 
dans  ces  dernières  années,  c'est  la  mort  d'Albert  de  Bavière, 
l'évêque  de  Strasbourg,  arrivée  en  1506.  Le  prédicateur  de 
la  cathédrale,  appelé  à  prononcer  son  éloge  funèbre,  montra 
bien  par  ses  paroles  qu  au  fond  le  défunt  n'avait  point  été 
digne,  à  ses  yeux,  de  la  haute  position  qu'il  devait  à  sa  nais- 
sance. Il  exhortait  en  même  temps  les  capitulaires  à  nommer 
un  évéque  qui  fût  un  modèle  des  vertus  épiscopales  et  chré- 
tiennes. Le  Chapitre  répondit  à  ses  exhortations  en  nommant 
Guillaume  de  Honstein.  Nous  avons  sur  ces  faits  une  relation 
contemporaine,  attribuée  par  une  tradition  constante  au  célèbre 
Sébastien  Brant,  alors  secrétaire  de  la  république.  M.  Dacheux 
critique,  non  sans  yéhémence,  certains  détails  de  ce  récit  et 
cherche  en  même  temps  à  ébranler  l'autorité  qu'il  peut  avoir, 
en  niant  qu'il  soit  sorti  de  la  plume  de  l'auteur  de  la  Nef  des 
Fous,  Nous  devons  faire  remarquer  tout  d'abord  que,  fût-elle 


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398  REVUE  d'âlsâoe 

anonyme,  cette  relation,  visiblement  contemporaine,  est  anté- 
rieure à  répoque  des  lattes  religieuses  et  ne  peut  être  arguée 
par  suite  de  calomnie  sectaire.  Nous  dirons  ensuite  que  nier 
la  valeur  d'un  renseignement',  parce  qu'il  sort  de  source  pro- 
testante, serait  aussi  contraire  au  bon  sens  historique  que  si 
rpn  voulait,  dans  d'autres  rangs,  refuser  à  M.  Dacheux  toute 
créance,  à  cause  de  la  foi  qu'il  professe,  ou  de  l'habit  dont  il 
est  revêtu.  Et  comme  Clussrath,  le  régistraleur  officiel  des 
archives  slrasbourgeoises,  déclare  formellement  que  ce  récit 
est  de  Brant,  il  n'y  a  pas  ombre  de  motif  pour  refuser  son 
témoignage,  en  s'appuyant  sur  Grandidier  ou  tel  autre  écri* 
vain  postérieur.  Quant  à  l'anecdote  en  elle-même,  qui  pro- 
Toque  l'indignation  de  M.  Dacheux.  je  ne  songe  point  à  la 
discuter  ici.  Je  m'étonne  seulement  qu'il  n'ait  point  vu  que  le 
récit  de  Brant  n'incrimine  absolument  pas  les  mœurs  du 
nouvel  évêque,  mais  seulement  celles  de  quelques-uns  des 
jeunes  chanoines  du  Chapitre.  Et  franchement,  nous  en  savons 
assez  sur  la  conduite  du  haut  clergé  de  cette  époque,  ne  fût-ce 
que  par  l'ouvrage  de  M.  Dachenx  lui-même,  pour  qu'il  n'y 
ait  point  lieu  d'être  étonné  de  ce  que  certains  dignitaires 
ecclésiastiques  eussent  agi  comme  on  le  leur  reproche. 

En  tout  cas,  les  conseils  que  prodigua  Geiler  au  nouvel 
évoque  ne  furent  guère  plus  écoutés  que  ceux  qu'il  avait 
donnés  à  sou  prédécesseur,  et  notre  auteur  lui-même  déclare 
que  le  découragement  de  l'illustre  prédicateur  fut  profond, 
en  voyant  que  ses  paroles  trouvaient  si  peu  d'écho.  Il  ne  sur- 
vécut pas  longtemps  d'ailleurs  à  ces  dernières  épreuves.  La 
maladie  qui  le  minait  depuis  plusieurs  années,  l'hydropisie, 
finit  par  l'emporter,  et,  le  10  mars  1510,  cet  homme  de  bien, 
l'un  des  fils  les  plus  distingués  de  notre  chère  Alsace,  fermait 
les  yeux  à  la  lumière  du  jour  et  s'endormait  daïis  la  paix 
du  Seigneur. 

Un  dernier  chapitre  apprécie  Geiler  comme  orateur  sacré. 
C'est  de  toutes  les  parties  du  livre  celle  que  nous  trouvons 


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JEAN  GEILER  DE  KATSERSBERG  S99 

la  plus  écourtée.  Sans  doute  M.  Dacheux,  en  multiplianl  en 
note,  dans  les  chapitres  précédents,  les  citations  textuelles 
de  notre  prédicateur,  a  fourni  à  tout  lecteur  attentif  l'occasion 
de  se  renseigner  sur  ce  sujet.  Nous  aurions  désiré  néanmoins 
le  voir  s'étendre  plus  longuement  sur  la  valeur  littéraire  de 
Torateur  et  sur  le  caractère  de  ses  nombreux  écrits.  Car,  en 
définitive,  c'est  là,  ce  n'est  pas  dans  ses  opinions  théologiques, 
ni  même  dans  son  influence  religieuse,  que  réside  l'originalité 
de  Geiler.  Les  unes  étaient  celles  de  son  époque,  l'autre  fut 
limitée  dans  ses  effets  et  la  trace  s'en  est  rapidement  perdue. 
Ce  qui  fait  qu'on  revient  de  nos  jours  au  moraliste,  h  l'ora* 
teur  populaire  qui  réunissait,  il  y  a  trois  siècles  et  demi,  les 
foules  strasbourgcoises  au  pied  de  sa  chaire,  c'est  le  cachet 
tout  spécial  de  son  éloquence;  on  éprouve  une  impression 
plus  littéraire  encore  que  religieuse,  en  écoutant  ce  style 
fortement  imagé,  coupé  d'anecdotes,  de  réminiscences  person- 
nelles, et  si  différent  en  toutes  choses  de  la  prose  châtiée  des 
sermonnaires  contemporains. 

Je  sais  bien  que,  dans  les  pages  de  M.  Dachenx,  aucun  point 
essentiel  n'est  entièrement  passé  sous  silence,  mais  il  y  aurait 
eu  lieu  de  développer  encore  la  plupart  des  points  traités 
dans  ce  chapitre  et  de  Yillmtrer  davantage  par  une  série 
d'exemples  topiques.  Nous  formulerions  une  critique  analogue 
au  sujet  de  la  note  relative  aux  éditions  de  Geiler,  si  l'auteur 
ne  nous  promettait  là-dessus  un  nouveau  travail,  qui  sera  le 
bien-venu  pour  tous  les  amateurs  A'Alsatiques. 

Nous  sommes  arrivés  au  bout  de  notre  tâche,  ayant  parcouru 
dans  son  ensemble,  et  la  plume  à  la  main,  cet  élégant  et  volu- 
mineux ouvrage,  dont  nous  signalerons,  en  terminant,  l'exé- 
cution artistique  (portrait,  fac-similé,  etc.),  ainsi  que  l'im- 
pression généralement  correcte  et  soignée.  Sans  essayer  de 
masquer,  d'une  façon  peu  franche,  notre  désaccord  avec  l'au- 
teur sur  bien  des  points  de  la  philosophie  de  l'histoire  et  de  la 
critique  historique,  nous  espérons  avoir  présenté  toujours  nas 


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400  BEVUE    D'ALSACE 

dissentiments  d'unaccent  suffisamment  courtois  pour  répondre 
au  ton  de  modération  véritable  que  notre  auteur  a  bitn  rare- 
ment oublié  lui-même.  Signalant  les  défauts  et  les  erreurs 
que  présente,  à  notre  avis,  cette  biographie  de  Geiler,  nous 
avons  tenu  tout  particulièrement  pourtant  à  faire  ressortir 
ses  nombreux  et  très  sérieux  mérites.  Nous  répétons  encore 
une  fois,  en  prenant  congé  de  Touvrage,  que  c'est  la  mono- 
graphie la  plus  consciencieuse  et  la  plus  complète  que  nous 
possédions  actuellement  sur  la  matière.  Espérons  que  Taulenr 
voudra  bien  accepter  nos  éloges  et  nos  critiques,  exprimés 
avec  une  égale  franchise.  Nous  ne  nous  flattons  point  de  le 
convaincre  ou  de  le  convertir  à  nos  idées  modernes;  de  son 
côté,  il  trouvera  naturel  que  nous  réclamions  un  droit,  qu'on 
ne  respectait  point  encore  au  temps  dont  il  raconte  Tbistolre, 
le  droit  d'avoir  et  d'exprimer  une  opinion  indépendante  sur 
les  hommes  et  les  choses.  Il  ne  s'étonnera  pas  que  nous  en 
usions  avec  une  fermeté  de  convictions  dont  il  nous  a  donné 
l'exemple,  et  qui  n'exclut  point  d'ailleurs  le  plus  entier  respect 
pour  les  contradictions  sincères,  tout  en  sauvegardant  les 
droits  de  la  critique. 

RoD.  Reoss. 


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NOTES  BIOGRAPHIQUES 

SUR  LES 

HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION 

A 

STRASBOURG  ET  LES  ENVIRONS 


Suite. 


HERVÉ  (Charles-François), 
Rue  des  Juifs. 

1776.  Licencié;  membre  delà  tribu  des  maréchaux-ferrants. 

1789.  Procureur  du  roi  au  Conseil  souverain  d'Alsace. 
Chambre  des  ressorts  non  sujets  à  appel. 

Juillet  — .  Lors  des  griefs  qui  s'élevèrent  entre  Barr  et 
Strasbourg  au  sujet  de  l'affaire  dite  des  forêts,  il  fut 
nommé  l'un  des  commissaires  pour  prendre  connais- 
sance des  titres  sur  les  lieux. 

10  août  — .  AvecLauth,  Saltzmann  et  autres,  il  arriva  à  Barr 
En  descendant  de  voiture,  on  leur  présenta  l'ultima- 
tum des  communes  de  la  seigneurie  de  Barr,  qui 
n'était  qu'une  sommation  de  renoncer  dans  les  vingt- 
quatre  heureiîàtoute  prétention;  qu'en  cas  de  refus, 
les  requérants  se  rendraient  justice  à  eux-mêmes,  en 
s'emparant  de  vive  force  de  ce  qu'on  différerait  de 
leur  abandonner.  On  avait  même  préparé  un  acte  en 
forme  par  lequel  Strasbourg  abdiquait  tous  ses  droits 
Hoarelle  Série.  —  6*«  Année.  26 


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403  BEVUE  D'ALSAGE 

sur  les  forètSy  avec  un  article  final  que  la  transaction 
ne  serait  définitivement  passée  et  arrêtée  qu'en  vertu 
de  pleins  pouvoirs  authentiques  des  représentants, 
ou  des  signatures  individuelles  de  chacun  d'eux. 

Les  Barrois  savaient  que  les  députés  strasbourgeois 
n'avaient  pas  pouvoir  pour  obliger  la  viUe,  et  qu'une 
fois  rentrés  chez  eux,  ils  pourraient  fort  bien  y  rester. 
Us  résolurent  donc  d'en  garder  trois  en  otages,  Hervé, 
Lauth  et  Saltzmann,  chargeant  les  autres  de  con- 
tribuer, de  toute  leur  influence  auprès  du  Sénat  et 
des  XXI,  à  la  consommation  du  grand  œuvre.  Ces 
derniers  étant  rentrés  à  Strasbourg  rendirent  compte 
le  lendemain  matin,  11  août,  aux  autorités  strasbour- 
geoises,  et  celles-ci,  ayant  de  justes  inquiétudes  sur  le 
sort  des  otages  et  des  propriétés  de  la  ville,  délibé- 
rèrent que  l'acte  serait  ratifié,  mais  qu'il  serait  dressé 
un  procès-verbal  de  toutes  les  circonstances  de  cette 
affaire,  lequel  serait  déposé  chez  un  notaire  royal, 
avec  protestation  contre  le  consentement  auquel 
Strasbourg  était  forcé.  C'est  le  27  septembre  suivant 
que  les  trois  otages  rédigèrent  et  déposèrent  au 
notaire  Lacombe,  pour  servir  et  valoir  à  la  ville,  la 
relation  du  drame  dans  lequel  ils  avaient  eux-mêmes 
joué  un  si  triste  et  si  désagréable  rôle. 

On  connaît  l'issue  du  procès  au  profit  de  Strasbourg. 

8  février  et  11  novembre  1790.  Comme  ex-sénateur,  il  est  élu 
ofi&cier  municipal. 

27  mars  1791.  Avec  la  municipalité,  il  approuve  l'arrestation 
de  Jaeglé,  curé  de  Saint-Laurent  à  Strasbourg. 

17  septembre  — .  H  condamne  sévèrement  un  mauvais  pam- 
phlet accusant  Dietrich,  Levrault  et  Noisette  d'avoir 
été  les  instigateurs  d'une  tentative  d'assassinat  contre 
le  cardinal-évôque  de  Rohan. 

2  novembre  1793.  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin 
le  porte,  lui  et  sa  famille,  sur  une  liste  de  248  suspecta, 
et  peu  de  temps  après,  il  est  conduit  au  Séminaire 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  408 

pour  y  rester  jusqu'après  la  chute  de  Robespierre, 
juiUet  1794. 

fflRSCaiEL  (V.). 

Avant  1789.  Marchand  de  poissons  et  de  gibier,  Finckwiller, 
61,  à  Strasbourg. 

Juillet  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

7  février  1792.  Avec  elle  à  T Auditoire  du  Temple-Neuf. 

14  mars  1793.  Membre  du  Conseil  général  du  district  de 

Strasbourg,  sous  la  présidence  de  Breu. 
7  octobre  1794.  Membre  du  Comité   de  surveillance   des 

hôpitaux  militaires  à  Strasbourg. 
17  janvier  1795.  Officier  municipal  sous  les  maires  Mathieu 

et  Keppler. 
1797.  Administrateur  municipal   sous  la  présidence  de 

DémicheL 

HIRTH  (Armand). 

Avant  1789.  Négociant  à  Strasbourg. 

15  mars  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 

tution. 

7  février  1792.  Avec  elle  à  l'Auditoire,  jusqu'à  sa  dissolution. 

1797  à  1800.  Président  du  tribunal  de  commerce  à  Stras- 
bourg. 

HOFFMANN. 

Avant  1789.  Bailli  de  Benfelden. 

En  1789.  H  lance  un  écrit  :  «  Adresse  à  tous  les  bons  citoyens 
de  Strasbourg  »,  qui  fit  grande  sensation. 

16  mars  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 

tution à  Strasbourg. 

Il  y  donne  lecture  d'un  mémoire  sur  la  municipa- 
lité de  Dambach  et  les  excès  commis  dans  l'exercice 
des  pouvoirs. 
26  mai  — •  Secrétaire  général  du  Directoire  de  l'Administra- 
tion du  Bas-Bhin. 


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404  REVUB  d'alsàce 

17  février  1791.  Maintenu  par  les  commissaires  royaux, 
Dumas,  Hérault  et  Foissey,  envoyés  en  Alsace  à  la 
suite  des  troubles  de  janvier. 

26  août  — .  A  rélection  qui  eut  lieu  au  Château,  il  est  con- 
firmé dans  ses  fonctions  et  C.  Barbier  lui  est  adjoint 
comme  suppléant. 

7  février  1792.  II  est  à  l'Auditoire  avec  les  amis  de  la  Consti- 
tution, mais  cette  Société  fait  fermer  la  salle  le  27  juin 
suivant. 

3  juillet  — .  Signataire  de  l'adresse  du  Directoire  du  Bas-Rhin 
à  PAssemblée  nationale,  lors  des  attentats  commis  le 
20  juin. 

21  août  — .  Camot  le  conserve  secrétaire  général. 

13-14  novembre  — .  A  l'élection  tenue  à  Wissembourg,  c'est 
Barbier  qui  le  remplace. 

Sous  l'administration  du  15  janvier  1793,  il  signe  de 
nouveau  secrétaire  général  du  Directoire  du  Bas-Rhin; 
mais,  à  partir  de  là,  et  sous  toutes  les  administrations 
départementales  qui  se  sont  succédées,  c'est  Barbier, 
occupant  ce  poste  jusque  fin  1794. 

31  mars  1794.  Teteret,  dans  une  lettre  de  Paris  aux  sans- 
culottes  de  Strasbourg,  avoue  que  l'ancien  secrétaire 
général  Hoffmann  avait  plus  de  talents  que  tous  les 
administrateurs  du  Bas-Rhin  ensemble. 

25  mai  — .  Le  Comité  de  surveillance  des  jacobins  invite  le 
Comité  de  surveillance  de  la  commune  de  Strasbourg 
à  le  faire  arrêter  tout  de  suite. 

26—.  L^agent  national  ordonne  son  arrestation  comme 
dangereusement  suspect  et  aristocrate. 

80  — .  Sa  femme  éprouve  le  môme  sort  et  tous  deux  restent 
enfermés  jusqu'après  la  chute  de  Robespierre. 

Dans  cette  année,  il  avait  commencé  un  négoce 
dans  la  rue  de  la  Mésange. 

17  janvier  1795.  Bailly  le  nomme  notable  de  la  commune 
de  Strasbourg. 


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LBS  HOMMBS  DE  LA  RÉVOLUTION  405 

HOLTZAPFEL  (C). 

Avant  1789.  Fabricant  de  tabac  à  Strasbourg. 

Janvier  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

7  février  1792.  Il  est  avec  elle  à  TAuditoire. 

31  octobre  1793.  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  20,000 
livres,  qu'il  règle  les  5-7  novembre  1793  et  26  août 
1794. 

26  mai  1794.  Il  est  arrêté  comme  feuillant,  ayant  été  de  tout 
temps  dans  le  sens  contraire  de  la  révolution  fédé- 
raliste, qui  a  déclamé  contre  les  mesures  de  sûreté 
prises  pour  découvrir  les  complots  de  conspiration. 

HOLTZAPFEL  (J.  F.). 

Avant  1789.  Négociant  à  Strasbourg. 

Août  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitu- 
tion, qu'il  suit  le  7  février  1792  à  TAuditoire. 

31  octobre  1793.  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  50,000 
livres  qu'il  règle  les  16,  21  et  2t)  novembre. 

30  novembre  — .  Enfermé  au  Séminaire. 

1"  décembre  — .  Il  réclame  en  vain  son  élargissement. 

17  — .11  insiste  de  nouveau,  et  le  Comité  de  sûreté  générale 
du  Bas-Rhin  arrête  qu'il  sera  donné  connaissance 
au  représentant  Baudot  que  le  réclamant  a  été  un 
des  membres  chauds  de  la  Société  des  feuillants  de 
l'Auditoii'e,  adhérent  et  partisan  de  Dietrich,  mus- 
cadin; il  est  l'âme  du  parti  et  le  frère  du  commandant 
d'un  bataillon  qui  a  contribué  à  la  lâche  reddition 
du  fort  Vauban. 

21  — .  Le  môme  Comité  le  met  en  liberté. 

1798  à  1800.  Juge  suppléant  au  tribunal  de  commerce  de 
Strasbourg. 


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406  BEVUE  D'ALSACE 

HUGOT. 

1789.  Quartier-maître  trésorier  du  régiment  d'Artois,  cava- 
lerie, en  garnison  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution, devenue  le  11  février  suivant  Société  des  amis 
de  la  Cïonstitution. 

HUGUENIN. 

1790.  Carabinier  de  la  garde  nationale  de  Strasbourg. 

28  juillet  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 
stitution, nprononce  un  discours  dans  lequel  il  promet, 
au  nom  de  ses  camarades,  de  rester  fidèle  à  la  Consti- 
tution, et  le  termine  ainsi  :  •  Si  nous  avons  le  bonheur 
de  mourir  pour  la  patrie,  nos  froides  cendres  ne  ces- 
seront de  répéter  en  leur  langage  muet  :  Nous  sommes 
les  restes  d^ommes  qui  ont  vécu  et  combattu  pour 
la  liberté,  et  qui  ont  été  les  martyrs  pour  établir  son 
règne  ;  suivez  leurs  traces.  • 

7  février  1792.  H  suit  la  Société  à  l'Auditoire. 

HDMBOURG  (François-Antoine-Materne), 
Rue  des  Prêtres. 

Avant  1789.  Avocat,  puis  greffier-notaire  du  corps  des  mar- 
chands, et  officier-syndic  du  Grand-Chapitre  de  la 
cathédrale  de  Strasbourg. 

8  février  et  11  novembre  1790.  Elu  officier  municipal. 

4  janvier  1791.  Signataire  de  la  proclamation  de  la  munici- 
palité aux  Strasbourgeois,  lors  des'  troubles  près  de 
SaintrPierre-le-Vieux. 

4  janvier  1793.  Greffier  du  tribun^J  de  commerce  de  Stras- 
bourg. 

2  novembre  —.  Lui  et  sa  famille  figurent  sur  une  liste  de 
248  suspects,  en  le  qualifiant  d'ex-receveur. 

7  décembre  — .  Membre  du  tribunal  civil  de  Strasbourg,  il 
certifie  que  Démougé  s'est  en  tout  temps  montré 
comme  un  citoyen  patriote. 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  407 

17  janvier  1795.  Le  représentant  Bailly  le  nomme  juge  sup- 
pléant au  tribunal  civil  du  district  de  Strasbourg,  et 
en  même  temps  greffier  du  tribunal  de  commerce 
de  cette  vUle. 

1797  à  1800.  n  n'est  plus  que  greffier  au  tribunal  de  com- 
merce de  Strasbourg. 

HUMMEL  (G.). 

Avant  1789.  Négociant  à  Strasbourg. 

Juin  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 

7  février  1792.  Il  la  suit  à  l'Auditoire. 

ISENHEIM  (Jean-Frédéric)  ffls. 

Avant  1789.  Potier  d'étain,  rue  des  Jacobins,  à  Strasbourg. 

Novembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 
stitution. 

7  février  1792.  H  la  suit  à  TAuditoire. 

30  mai  1794.  Mis  au  Séminaire  comme  fédéraliste  et  feuillant. 

30  janvier  1795.  Membre  du  Comité  de  la  Société  populaire 
régénérée.  Elle  publie  son  nouveau  règlement  d'après 
Tarrété  du  représentant  Bailly  du  17  de  ce  mois. 

JACOBI. 

1789.  Caissier  de  la  vente  des  sels  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution, devenue  le  11  février  suivant  celle  des  amis  de 
la  Constitution. 

7  février  1792.  H  est  avec  elle  à  l'Auditoire,  jusqu'à  sa  disso- 
lution, le  27  juin  suivant. 

24  novembre  1793.Le  Comité  de  sûreté  générale  duBas-Rhin, 
lui  refuse  le  certificat  de  civisme.  Il  est  mis  au  Sémi- 
naire. 

JACOBI. 

1789.  Associé  de  la  maison  de  commerce  Fabri  et  Jacobi, 

rue  Rousseau,  à  Strasbourg. 
15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 


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406  BEVUE  D'ALSACE 

lution,  devenue,  dès  le  11  février,  Société  des  amis  de 
la  Constitution. 

8  février  — .  Proposé  pour  la  nouvelle  municipalité. 

7  février  1792.  Il  suit  à  l'Auditoire  les  amis  de  la  Constitution. 

31  octobre  1 793.  Saint- Just  et  Lebas  imposent  Fabri  et  Jacobi 
à  20,000  livres,  payées  le  5  novembre  suivant. 

30  juin  1794.  Ils  sont  surveillés  par  un  planton. 

4  juillet  — .  Avilisseurs  de  la  monnaie  nationale,  l'accusateur 
public  Neumann  décidera  si  on  doit  les  expédier  à 
la  Conciergerie  de  Paris,  ou  les  livrer  au  tribunal 
criminel  du  Bas -Rhin,  La  chute  de  Robespierre, 
arrivée  le  27  juillet,  mit  fin  à  ces  poursuites. 

17  janvier  1795.  Nommé  administrateur  du  Bas-Rhin. 

JACQUET,  cadet. 

1789.  Homme  de  loi,  rue  des  Veaux,  20. 

23  avril  179(».  Secrétaire  de  la  Société  de  correspondance 
nationale  de  Strasbourg,  il  communique  à  celle  des 
amis  de  la  Constitution  une  lettre  de  Lafayette  du  13, 
par  laquelle  ce  général  accepte  la  correspondance 
avec  Strasbourg. 

1792.  Avoué  au  tribunal  du  district  de  cette  ville. 

30  mai  1794.  La  municipalité  ordonne  de  l'incarcérer.  Il 
est  qualifié  d'homme  de  loi,  commissaire  ac^oint  de 
police,  professeur  de  droit  canon,  et  fanatique. 

1«' juillet — .  Il  est  incarcéré,  ses  papiers  mis  sous  scellés, 
et  sa  femme  en  prison.  La  chute  de  Robespierre  les 
rendit  à  la  liberté. 

1797.  Inscrit  au  tableau  des  défenseurs  officieux  près  les 
tribunaux  du  Bas-Rhin. 

JACQUIN  (Nicolas), 
Faubourg-Blanc. 

1790.  Jurisconsulte  à  Strasbourg.  Il  souscrit  pour  500  livres 

à  la  contribution  patriotique. 

Février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

7  février  1792.  Il  la  suit  à  l'Auditoire. 


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LES  HOMMBS  DE  LA.  RÉVOLUTION  409 

JACQUOT{F.). 

1789.  Commissionnaire  de  roulage  à  Strasbourg. 
Décembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 
stitution. 
7  février  1792.  Avec  elle  à  l'Auditoire,  où  il  reste  jusqu'à  la  fin. 
1793.  Il  fut  enfermé  au  Séminaire. 

JARD  (Louis- Alexandre),  baron  de  Panvilliers. 

1757.  Né  à  Niort,  où  il  exerçait  la  profession  de  médecin 
en  1789.  Ses  principes,  favorables  aux  réformes  récla- 
mées, le  firent  nommer  procureur-syndic  des  Deux- 
Sèvres. 

1791.  Député  à  l'Assemblée  législative. 

1792.  A  la  Convention  nationale  pour  ledit  département. 
15-19  janvier  1793.  Dans  le  procès  de  Louis  XVI,  il  vota  la 

détention,  le  bannissement  à  la  paix,  et  se  prononça 
pour  le  sursis. 

Un  des  membres  les  plus  actifs  du  Comité  des  se- 
cours publics  à  Paris,  Chargé  de  plusieurs  missions 
dans  rOuest.  Sa  modération  dans  cette  contrée,  où  se 
développaient  déjà  les  germes  de  la  guerre  civile,  le 
fit  dénoncer  par  Marat  comme  t  modéré  ». 

1795.  Membre  du  Conseil  des  Cinq-Cents. 

Juillet  — .  Envoyé  à  Strasbourg  pour  y  organiser  l'Ecole 
centrale.  Les  professeurs  qu'il  y  installa  furent 
Schweighaeusser,  le  célèbre  helléniste,  Hermann, 
Herrenschneider,  Arbogast,  mathématicien,  Massenet 
pour  l'histoire  et  HuUin  pour  la  littérature  fi'ançaise. 
A  son  retour  à  Paris,  il  fut  nommé  membre  du 
Tribunat,  puis  secrétaire,  président  et  questeur  de  ce 
corps.  11  fit  le  rapport  tendant  à  conférer  à  Bonaparte, 
premier  Consul,  la  dignité  impériale.  Plus  tard,  il  est 
membre  de  la  Légion  d'honneur. 

1804.  Présenté  par  le  collège  électoral  des  Deux-Sèvres 
comme  candidat  au  Sénat  conservateur,  il  n'y  fut 
point  appelé. 


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410  REVUE  D'ALSACE 

1807.  Président  à  la  Cour  des  comptes. 

1812.  n  complimente  Tempereur  sur  son  retour  de  Russie, 
et  rassure  de  son  dévouement  le  plus  absolu  et  le 
plus  sincère  à  sa  personne  et  à  sa  descendance. 

5  avril  1814.  H  adhère  à  la  déchéance  de  Napoléon,  et 
exprime  son  vœu  pour  le  retour  des  Bourbons. 

1815.  Les  Deux-Sèvres  le  nomment  député. 

JOBIN, 
prêtre  assermenté. 
Mars  1791.  Professeur  à  la  Faculté  théologique  de  Stras- 
bourg, vicaire  directeur  du  séminaire  épiscopal  sous 
l'évoque  Brendel. 
22  octobre  — .  H  proteste  contre  le  discours  de  son  collègue 
Schneider  en  faveur  du  mariage  des  prêtres. 

JUNCKER  (Jean-Henri)  père, 
ex-sénateur. 

Avant  1789.  Fabricant  de  tabac  à  Strasbourg. 

8  février  1790.  Proposé  pour  la  municipalité. 

Février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

7  février  1792.  H  la  suit  à  l'Auditoire. 

31  octobre  1793.  Imposé  à  10,000  livres  qu'il  règle  le  5  sui- 
vant. 

17  janvier  1795.  Commandant  en  second  du  7*  bataillon  de 
la  garde  nationale  de  Strasbourg. 

80  janvier  — .  Membre  du  Comité  de  la  Société  populaire 
régénérée,  n  signe  le  nouveau  règlement  et  un  appel 
à  la  charité  publique  le  lendemain  31. 

JUNDT  (Abraham). 

1789.  Aubergiste  à  Strasbourg. 

31  octobre  1793.  Saint-Just  et  Lebas  l'imposent  à  12,000 

livres  qu'il  règle  les  5  et  7  novembre. 
Le  représentant  BaiDy  le  nomme,  le  17  janvier  1795, 

membre  du  bureau  de  conciliation  à  Strasbourg,  et,  le 

20  janvier,  il  siège  déjà  dans  la  cause  Mondelly 

contre  la  veuve  Ehrlenholtz. 


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LES  HOMMES  DB  LA  BÉVOLUTION  411 

KAMMERER  (Philippe Jacob), 
cordier,  quartier  des  Bouchers,  n^  49,  à  Strasbourg. 

Avant  1789.  Administrateur  de  la  paroisse  de  Saint-Nicolas. 

Sénateur  de  la  tribu  de  la  Moresse. 
8  février  et  11  novembre  1790.  Elu  notable. 

26  février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 

stitution. 

27  mars  — .  Â  la  municipalité,  il  signe  le  jugement  de  Jaeglé, 

curé  de  la  paroisse  de  Saint-Laurent. 

14  novembre  — .  Il  est  maintenu  notable. 

7  février  1792.  Il  est  à  TÂuditoire  avec  les  amis  de  la  Con- 
stitution. 

3  juillet  — .  Officier  municipal.  Il  signe  l'adresse  à  l'Assem- 
blée nationale  demandant  la  poursuite  et  la  con- 
damnation des  envahisseurs  du  château  des  Tuileries 
le  20  juin. 

13  octobre  — .  Suppléant  au  bureau  de  paix. 

31  octobre  1793.  Imposé  parSaint-Justet  Lebas  à  3000  livres, 

qu'il  paie  les  6  et  9  novembre. 
7  octobre  1794  Au  Comité  révolutionnaire,  il  est  nommé  de 

la  Commission  de  surveillance  des  hôpitaux  militaires 

de  Strasbourg. 

KARTH  (D.). 

1789.  Négociant  à  Strasbourg. 

14  mai  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitu- 

tion. 
7  février  1792.  Il  va  avec  elle  à  l'Auditoire. 
1797.  Associé  des  héritiers  de  feu  J.-Fréd.  Dietrich,  banquier 

à  Strasbourg  et  propriétaires  des  forges  du  Jaegerthal. 

KARTH  (F.-R). 

1789.  Epicier  à  Strasbourg. 

26  février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

7  février  1792.  Il  la  suit  à  l'Auditoire. 

31  octobre  1793.  Imposé  à  30,000  livres,  réglées  les  6  et  7  no- 
vembre. 


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412  REVUE  D'ALSACE 

KARTH  (Jean-Nicolas). 

Avant  1789.  Négociant  à  Strasbourg. 

26  février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 

tution. 

7  février  1792.  Il  la  suit  à  l'Auditoire. 

31  octobre  1793.  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebasà  5000  livres, 
réglées  le  3  décembre. 

KAST  (BenoIt-Philippe). 

1789.  Marchand  de  draps,  rue  des  Hallebardes,  à  Strasbourg. 

8  février  1790.  Elu  notable  du  Conseil  municipal. 

10  novembre  — .  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 

stitution. 

11  — .  Maintenu  notable. 

27  mars  1791.  n  approuve  la  mise  en  arrestation  de  Jaeglé, 

curé  de  la  paroisse  de  Saint-Laurent. 

14  novembre  — .  De  nouveau  élu  notable. 

7  février  1792.  Avec  les  feuillants,  il  est  à  FAuditoire. 

19  août  — .  Suspendu  comme  notable  parle  Conseil  exécutif 
de  r Assemblée  nationale. 

22  — .  Camot  l'adjoint  comme  suppléant  au  maire  provisoire 
Lachausse. 

18  janvier  1793.  Officier  municipal. 

21  — .  Il  refuse  ces  fonctions. 

31  octobre  — .  Imposé  par  Saint-Just  etLebas  à  60,000  livres, 
qu'il  règle  les  5  et  7  novembre. 

30  mai  1794.  La  municipalité  le  fait  arrêter  comme  égoïste, 
qui  a  quitté  la  Société  populaire  pour  aller  à  celle  des 
feuillants. 

4  juillet  — .  Comme  avilisseur  de  la  monnaie  nationale, 
Neumann,  accusateur  public,  doit  dire  si  on  doit  le 
transférera  la  Conciergerie  de  Paris,  ou  le  traduire  au 
tribunal  criminel  de  Strasbourg.  La  chute  de  Robes- 
pierre mit  fin  à  ces  poursuites. 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  413 

KAUFFM.\NN  (Locjis), 
de  Matzenheim,  rue  Saltzmann,  au  Louvre. 

1789.  Huissier-audiencier  au  siège  royal  de  la  maîtrise  des 
eaux  et  forêts  de  la  Haute-Alsace.  Receveur  de  Fé- 
vêché  à  la  chambre  des  comptes  pour  la  prémissence 
de  Rhinau. 

8  avril  — .  Elu  membre  aux  Etats  généraux. 

26  août  1791.  Gomme  ancien  député,  il  est  élu  membre  de 
Fadministration  du  Bas-Rhin  pour  le  district  de  Ben- 
feld.  Ce  corps,  s'étant  constitué  peu  après,  nomma  son 
Directoire.  Il  en  fut  membre  soua  la  présidence  de 
Victor  de  Broglie. 

3  juillet  1792.  Signataire  de  l'adresse  du  Directoire  à  l'As-  • 
semblée  nationale,  lors  des  attentats  du  20  juin. 

21  août  — .  Suspendu. 

12-14  novembre  — .  A  l'élection  tenue  à  Wissembourg,  de 
nouveau  élu  membre  de  l'administration  départemen- 
tale du  Bas-Rhin. 

15  janvier  1793.  Il  est  encore  en  fonctions;  mais  destitué  peu 
de  jours  après. 

21  octobre  1795.  Elu  député  du  Bas -Rhin  à  l'Assemblée 
législative. 

1797.  Membre  du  Conseil  des  Anciens.  Décédé  un  an  après. 

KECK(F.)  et  KEGK(J.). 

Avant  1789.  Négociants  à  Strasbourg. 

Décembre  1790.  Tous  deux  reçus  membres  de  la  Société 

des  amis  de  la  Constitution. 
7  février  1792.  Ils  la  suivent  à  l'Auditoire. 
31  octobre  1793.  L'un  d'eux  était  libraire  et  fut  imposé  par 

Saint-Just  et  Lebas  à  4000  livres,  réglées  les  6, 7  et 

9  novembre. 

KEPPLER  (Maximilien-Xavier). 

1789.  Avocat  à  Landau. 

26  mai  1790.  Membre  du  Conseil  général  du  département 
du  Bas-Rhin. 


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414  REVUE  d'alsagb 

17  février  1791.  Les  Commissaires  royaux  envoyés  en  Alsace 
le  nomment  membre  du  Directoire  du  Bas-Rhin. 

26  août  — .  A  rélection  tenue  au  château  de  Strasbourg,  il 
est  de  nouveau  nommé  administrateur  du  départe- 
ment. 

21  août  1792.  Gamot  le  maintient  dans  ces  fonctions. 

1793.  Destitué. 

6  décembre  1794.  Vice-président  du  Directoire  du  district  de 
Strasbourg. 

17  janvier  1795.  Maintenu  au  Directoire  par  le  représentant 
Bailly.  —  Michel  Mathieu,  nommé  maire  de  Stras- 
bourg le  28  janvier  1795,  s'étant  retiré  peu  de  temps 
après,  fut  remplacé  par  Keppler. 

12  octobre  — .  Destitué  pour  avoir  convoqué  et  favorisé  la 

permanence  des  douze  sections  de  Strasbourg. 
24  mars  1800.  Député  au  Corps  législatif,  en  remplacement 
de  Salenave,  des  Basses-Pyrénées,  décédé. 

KERN  (Philippe-Frédérig-Louis),  aîné. 

1789.  Conseiller  de  régence  du  comté  de  Hanau-Iichtenberg. 
Juge  à  sa  commission  forestale.  Conseiller  du  Consis- 
toire de  la  confession  d'Augsbourg  du  même  comté. 

1791.  Premier  commis  au  bureau  des  travaux  et  contribu- 
tions publiques  de  Tadministration  départementale 
du  Bas-Rhin. 

Janvier  1792.  n  se  retire  dans  le  pays  de  Pirmasens. 

2  novembre  1793.  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin 
le  porte  sur  la  liste  des  personnes  suspectes. 

24  avril  1794.  Secrétaire  général  du  Directoire  du  Bas-Rhin, 
en  même  temps  que  C.  Barbier. 

13  avril  1797.  Démissionnaire. 

8  avril  1802.  En  vertu  des  lois  organiques,  le  premier  consul 
le  nomme  président  du  Consistoire  général  de  la  con- 
fession d'Àugsbourg  à  Strasbourg. 

1803.  Membre  du  Conseil  municipal  de  Strasbourg. 

1804.  Directeur  de  l'Académie  protestante  de  Strasbourg  et 
juge  au  tribunal  criminel  du  Bas-Rhin. 


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LES  HOMMES  DE  LA  BÉYOLXTTIOK  415 

1847.  Décédé  à  Strasbourg,  doyen  du  GonseU  de  préfecture, 
professeur  doyen  de  la  Faculté  de  droit,  chevalier  de 
la  Légion  d'honneur. 

De  1793  à  1795,  il  rédigea,  avec  J.  Frantz,  le  Courrier 
de  Strasbourg. 

KERNER. 

Juillet  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

11  septembre  — .  Secrétaire  de  ladite  Société,  il  signe  Fadresse 
aux  citoyens  de  la  ville  de  Metz. 

7  février  1792.  Il  suit  la  Société  à  l'Auditoire. 

KIEFFER  (Jean-Daotel). 

Avant  1789.  Fripier  à  Strasbourg. 

26  juillet  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 
7  février  1792.  Dla suit  à  l'Auditoire. 

1"  novembre  1793.  Accusé  d'avoir  accaparé  des  drape,  le 
tribunal  révolutionnaire  de  Schneider  le  condamna  à 
être  mené  par  la  ville,  le  premier  jour  destiné  au 
repos,  un  ballot  de  drap  sous  le  bras,  et  à  la  confisca- 
tion de  tous  ses  draps,  ce  qui  fut  exécuté  le  21  décembre 
suivant. 

KIRSTEIN  (Joseph-Ferdinand)  père, 

dit  KÛRTENSTEIN. 

1789.  Orfèvre-juré-garde  à  Strasbourg.  Ex-sénateur. 

15  mars  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

14  novembre  — .  Elu  notable. 

7  février  1792.  A  T Auditoire. 

6  décembre  — .  Maintenu  notable. 

18  janvier  1793.  Suspendu. 

14  novembre  — .  Commandant  de  la  garde  nationale,  il  est 
transporté  à  Besançon. 


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416  REVUE  d' ALSACE 

28  novembre  1793.  Dans  une  lettre  datée  de  cette  ville 

au  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin,  il  réclame 
sa  mise  en  liberté;  on  passe  outre. 

7  décembre  — .  Cependant  il  atteste,  à  Strasbourg,  que 
Démougé  s'est  toujours  montré  comme  citoyen 
patriote;  cela  prouverait  que  le  Comité  serait  revenu 
sur  sa  décision. 

17  janvier  1795.  De  nouveau  nommé  notable  et  comman- 
dant chef  du  3*  bataillon  de  la  garde  nationale  de 
Strasbourg. 

KOB  (J.-G.). 

1789.  Epicier-droguiste,  rue  Fladergass,  à  Strasbourg. 
Février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitu- 
tion. 

7  février  1792.  Il  la  suit  à  l'Auditoire. 

31  octobre  1793.  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  20,000 

livres,  qu'il  paie  le  11  novembre. 
30  juin  1794.  Gardé  à  vue  par  un  planton. 
4  juillet  — .  Les  jacobins  le  font  figurer  sur  une  liste  d'avi- 

lisseurs  de  la  monnaie  nationale  (les  assignats). 

KOCH  (Christophe-Guillaume). 

9  mai  1737.  Né  à  Bouxwiller. 

Avant  1789.  Docteur  et  professeur  en  droit  à  l'Université  de 
Strasbourg.  Il  enseigne  aussi  l'histoire,  les  traités  de 
paix,  le  droit  public  et  les  intérêts  des  princes. 

1790.  Membre  de  l'administration  départementale  du  Bas- 
Rhin. 

29  octobre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 

stitution. 
36  août  1791.  Elu  député  du  Bas-Rhin  à  l'Assemblée  légis- 
lative. —  Pendant  son  séjour  à  la  Chambre,  il  eut 
occasion,  comme  en  1789,  de  prendre  en  mains  la 
défense  des  biens  ecclésiastiques,  et  si  le  patrimoine  du 
Séminaire  protestant  de  Strasbourg  n'a  pas  éprouvé 
le  môme  sort  que  celui  du  clergé  catholique,  c'est  en 


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LES  HOMMES  DE  LÀ  RÉVOLUTION  417 

grande  partie  à  lui  qu'on  le  doit,  car  il  obtint  de 
l'Assemblée  nationale  la  confirmation  de  la  loi  du 
24  août  1790. 

2  septembre  1792.  Il  ne  fut  point  réélu  à  la  Convention 
nationale. 

Mars  1793.  Il  alla  à  Besançon  témoigner  en  faveur  de  Dietrich. 

8  octobre  — .  U  sera  éloigné  à  vingt  lieues  des  frontières  de 
l'Alsace. 

17  — .  n  figure  sur  une  liste  de  proscription  dressée  par  les 
jacobins  et  présentée  au  Comité  de  sûreté  générale 
du  Bas-Rhin. 

2  novembre  — .  Le  même  Comité  la  porte  sur  sa  liste  des 
personnes  suspectes. 

15  — .  Il  paie  GOOO  livres  pour  sa  part  dans  l'emprunt  forcé 
de  Saint-Just  etLebaSidu  31  octobre. 

J**  décembre  — .  Par  ordre  de  Schneider  et  sur  réquisitoire 
du  Comité  central  d'activité  révolutionnaire  du  Haut- 
Rhin,  il  est  conduit  en  prison  à  Strasbourg. 

2  septembre  1794.  Le  club  des  jacobins  le  porte  sur  la  liste 
des  chefs  de  parti  de  la  faction  Dietrich.  -—  Il  est  mis 
en  liberté  après  neuf  mois  de  captivité. 

17  janvier  1795.  Le  représentant  Bailly  le  nomme  de  nou- 
veau membre-  de  Tadministration  départementale  du 
Bas-Rhin,  tout  en  le  maintenant  professeur  d'histoire 
àrinstitut  national  de  France  à  Strasbourg. 

Juillet  1798.  Lors  du  congrès  tenu  à  Rastadt,  et  par  ordre 
du  gouvernement  français,  il  se  rendit  à  la  conférence 
de  Soultz-sous-Forêts,  pour  vider  quelques  questions 
qui  s'étaient  élevées  entre  la  France  et  TAutriche. 

1799.  Bibliothécaire  de  la  ci-devant  Université  protestante 
de  Strasbourg. 

1802.  Il  contribua  à  la  rédaction  du  projet  d'organisation  de 
PEglise  de  la  confession  d'Augsbourg.  —  Nommé 
membre  du  Tribunat,  il  prit  une  part  active  à  la  réor- 
ganisation de  l'ancienne  Université  de  Strasbourg.  — 
Lors  de  la  suppression  du  Tribunat,  il  se  consacra  à 
ses  travaux  d'histoire  et  à  l'Eglise  d'Alsace. 

Noorelle  Série  —  6*  Année.  27 


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418  REVUE  D'ALSACE 

26  octobre  1813.  Décédé.  Son  monument  est  dans  l'église 
de  Saint-Thomas. 

KOCH  (F.). 

1789.  Marchand  de  fer  à  Strasbourg. 

29  octobre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la 
Constitution. 

7  février  1792.  Il  est  à  l'Auditoire,  où  il  reste  jusqu'à  la  fer- 
meture de  la  salle. 

1793.  Enfermé  au  Séminaire. 

KŒNIG. 

1792.  Procureur  provisoire  du  district  de  Wissembourg. 

12-14  novembre  1792.  A  Télection  tenue  à  Wissembourg,  il 
est  élu  membre  du  Directoire  du  Bas-Rhin. 

3  octobre  1793.  Destitué  comme  feuillant,  qui  a  refiisé  de 
signer  l'adresse  d'adhésion  à  la  révolution  du  31  mai, 
et  celle  rédigée  contre  Dietrich. 

5  — .  n  signe  encore  comme  administrateur. 

14  —,  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin  ordonne 
qu'il  sera  éloigné  à  vingt  lieues  des  frontières  d'Alsace, 
et  tenu  d'indiquer  le  lieu  de  sa  résidence. 

1800.  Comme  ancien  procureur,  il  est  proposé  pour  avoué 
au  tribunal  d'appel  des  départements  Haut-  et  Bas- 
Rhin,  Mont-Terrible  et  du  pays  de  Montbéliard,  sié- 
geant à  Colmar. 

KOFFLER  (A.). 

Avant  1789.  Négociant  à  Strasbourg. 

Janvier  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 
stitution. 

7  février  1792.  H  la  suit  à  l'Auditoire. 

Sous  Napoléon  I",  il  alla  s'établir  fabricant  de  tabac 
à  Kehl,  sous  la  raison  commercidle  Koffler  &  Gros, 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLXJTIOfT  419 

KOLB  (Ferdinand). 

Avant  1789.  Négociant,  Grand'rue,  à  Strasbourg. 

Mars  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitu- 
tion. 

14  novembre  1791.  Elu  notable. 
7  février  1792.  A  l'Auditoire. 

3  juillet  — .  Signataire  de  l'adresse  de  la  municipalité  à 
l'Assemblée  nationale,  lors  des  troubles  du  20  juin. 

4  janvier  1793.  Juge  suppléant  au  tribunal  de  commerce  de 
Strasbourg. 

31  octobre  — .  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  80,0001ivres, 
qu'il  verse  les  6,  7  et  9  novembre. 

21  novembre  — .  Conduit  au  Séminaire. 

22  — .  Il  réclame  sa  mise  en  liberté  ;  on  passe  outre. 
27  — .  Nouvelle  demande,  mais  en  vain. 

11  décembre  — .  On  lui  délivre  quittance  pour  l'argenterie 
qu'il  a  donnée  en  don  patriotique,  mais  il  restera  au 
Séminaire. 

13  — .  Son  épouse  remet  un  second  don  patriotique  en  argen- 

terie ;  alors  le  Comité  de  sûreté  générale  ordonne  son 
élargissement,  mais  il  aura  un  planton  et  contribuera 
à  l'entretien  des  pauvres  reclus  au  Séminaire. 

24  — .Le  planton  est  retiré. 

Mai  1794.  De  nouveau  #  enfermé  au  Séminaire  jusqu'à  la 
chute  de  Robespierre. 

KOLB  (Maurice). 

1790.  Secrétaire  au  district  de  Strasbourg. 
Avril  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 
7  février  1792.  A  l'Auditoire. 

14  mai  — .  Délégué  pour  organiser  la  garde  nationale  du 

district  de  Strasbourg.  Il  était  alors  inspecteur  des 
forêts  nationales  du  Bas-Rhin. 
11  décembre  1793.  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas- 
Rhin  agoume  la  prononciation  sur  son  certificat  de 
civisme. 


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420  REVUE  D'ALSACE 

13  — .  n  ne  lui  sera  délivré  qu'après  qu'il  aura  rempli  la 

commission  dont  il  est  chargé  par  le  département 

de  faire  arriver  en  ville,  par  chaque  décade,  200  cordes 

de  bois  de  chauffage. 
17  janvier  1795.  Membre  de  l'administration  du  Bas-Rhin. 
1797  à  1800.  Inspecteur  en  chef  des  forêts  du  département 

du  Bas-Rhin,  avec  résidence  à  Saveme. 

KRAMP  (C),  à  côté  de  Saint-Nicolas. 

1790.  Docteur  en  médecine,  attaché  à  TÈcole  des  accouche- 
ments à  Strasbourg. 

Janvier  1791.  Membre  do  la  Société  des  amis  de  la  Cionstitu- 
tion. 

7  février  1792.  Il  la  suit  à  l'Auditoire  jusqu'à  sa  fin. 

i793.  Enfermé  au  Séminaire. 

KRATZ  (Abraham),  Grandes  Arcades. 

1781.  Membre  de  la  tribu  des  pelletiers. 

1788.  Employé  à  la  Tour  aux  Pfennings. 

1789.  Licencié  et  sénateur. 

11  novembre  1790.  Elu  notable. 

27  mars  1791.  Signataire  de  la  délibération  de  la  municipa- 
lité, ordonnant  l'arrestation  de  Jœglé,  curé  de  Saint- 
Laurent. 

14  novembre  — .  Elu  officier  municipal  au  bin^eau  de  la 

police.  Commissaire  pour  la  levée  des  scellés  des 
greffes  supprimés  et  pour  la  contribution  foncière 
des  villages. 

3  juillet  1792.  Signataire  de  l'adresse  de  la  mum'cipalité  à 
l'Assemblée  nationale,  demandant  la  poursuite  et  la 
punition  des  auteurs  de  la  journée  du  20  juin. 

13  octobre  — .  Suppléant  au  bureau  de  paix  établi  par  le 
tribunal  du  district  de  Strasbourg. 

6  décembre  — .  Elu  pour  la  dernière  fois  officier  municipal. 

18  janvier  1793.  Suspendu  provisoirement  par  Couturier, 
Rûhl  et  Dentzel.  A  cette  époque  critique,  la  Société 
des  jacobins  de  Strasbourg,  dans  ses  remarques  adres- 


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LES  HOMMES  DE  LA.  RÉVOLUTION  421 

sées  aux  représentants  du  peuple,  sur  les  corps  civils 
du  Bas-Rhin  et  les  employés  municipaux,  le  qualifiait 
à  tort  ou  à  raison,  d'homme  nul,  mais  feuillant,  atta- 
ché par  les  oreilles  au  char  de  Dietrich  et  compagnie. 

17  janvier  1795.  Le  représentant  Bailly  le  nomme  substitut 
de  ragent  national,  Fréd.  Herrmann,  près  le  Conseil 
municipal  de  Strasbourg. 

1798.  Juge  au  tribunal  civil  de  Strasbourg  et  membre  du 
bureau  de  bienfaisance. 

KUEHN  (François),  aîné, 
ex-sénateur. 

1789.  Négociant,  rue  des  Serruriers,  à  Strasbourg. 

26  février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

7  février  1792.  Il  la  suit  à  rAuditoire. 

30  octobre  1793.  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  30,000 
livres,  qu'il  paie  les  5,  7, 12  et  13  novembre. 

21  novembre  — .  Conduit  au  Séminaire. 

24  — .  Sa  femme  est  enfermée  au  collège,  place  du  Château. 

28  — .  Il  demande  sa  liberté.  Refusée. 

11  décembre  — .  Sa  femme  sollicite  en  vain  Télargissement 
de  son  mari. 

21  — .  Tous  deux  sont  mis  en  liberté. 

30  mai  1794.  De  nouveau  interné,  comme  homme  riche, 
égoïste,  quia  ses  deux  associés  à  l'Etranger.  La  chute 
de  Robespierre  le  mit  en  liberté. 

17  janvier  1795.  Le  représentant  Bailly  le  nomme  notable 
delà  commune. 

KUGLER(R.),  aîné,  place  Samt-Thomas. 

1789.  Licencié  et  professeur  des  Digestes  et  du  droit  féodal 
à  l'Université  de  Strasbourg. 

Décembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 
stitution. 

7  février  1792.  Il  la  suit  à  F  Auditoire. 

1792.  Administrateur  de  la  fondation  de  Saint-Thomas. 


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422  REVUE  D'ALSACE 

KUHN  (François -Ignace), 
d'Erstein. 

1790.  Membre  du  district  de  Benfeld  et  maire  de  la  petite 
viUe  d'Erstein. 

26  mai  — .  Elu  membre  de  radministration  départementale 
du  Bas-Rhin. 

1«'  octobre  — .  11  fait  partie  de  son  Directoire. 

Janvier  1791.  Les  troubles  am-^nèrent  la  révocation  de  ci 
Directoire.  Seul,  il  fut  maintenu  en  fonction. 

17  février  — .  D  entre  dans  la  nouvelle  administration  provi- 
soire, nommée  sous  la  présidence  de  Richard  Brunck. 

15  mars  —,  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 
stitution. 

8  août  — .  A  l'élection  tenue  au  château  à  Strasbourg,  il  esî 
maintenu  administrateur  du  Bas-Rhin  et  passe  peu 
après  au  Directoire. 

7  février  1792.  Il  est  à  TAuditoire  avec  les  amis  de  la  Con- 
stitution. 

14  mai  — .  Encore  membre  du  Conseil  général  du  Bas-Rhin 

13-14  novembre  — .  A  l'élection  de  Wissembourg,  on  le 
proposa  de  rechef  pour  l'administration  du  Bas-Rhin; 
mais  Schneider  l'avait  tellement  noirci  aux  yeux 
des  électeurs,  dans  son  journal  YArgoSy  qu'il  ne  fut 
pas  réélu,  d'autant  plus  qu'il  était  signatah-e  dt 
l'adresse  du  3  juillet  à  l'Assemblée  nationale,  deman- 
dant la  poursuite  des  auteurs  des  troubles  du  20  juin 
1792.  —  n  logeait  alors  rue  Saltzmann,  au  Louvre. 

KUHN  (F.),  cadet 

Décembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la 
Constitution. 

7  février  1792.  Il  est  à  l'Auditoire,  jusqu'au  jour  de  la  fer- 
meture de  la  salle. 

1793.  Enfermé  au  Séminaire. 


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les  hommes  de  là  rév0lx7ti0n  423 

LABORDE(De). 

1789.  Capitaine  du  génie  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution devenue,  dès  le  11  février  suivant,  Société  des 
amis  de  la  Constitution,  qu'il  ne  quitta  que  pour 
rejoindre  l'armée  en  1792. 

LACHAUSSE  (Augustin-Meinrad),  aîné. 

Avant  1789.  Médecin  des  armées,  puis  docteur-médecin  pra- 
ticien, rue  des  Hallebardes,  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution et,  le  11  février  suivant,  de  celle  des  amis  de 
la  Constitution. 

8  février  — .  Elu  notable  du  Conseil  municipal. 
11  novembre  — .  D  passe  officier  municipal. 

4  janvier  1791.  Signataire  de  la  proclamation  aux  Stras- 
bourgeois,  lors  des  troubles  près  de  Saint-Pierre-le- 
Vieux.  Des  bruits  malveillants  s'étaient  répandus  dans 
ce  quartier,  les  ornements  sacrés  allaient  être  enlevés 
de  cette  église.  La  foule  y  pénétra,  et  son  égarement 
alla  jusqu'à  sonner  le  tocsin. 

9  mars  — .  Président  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 

n  annonce  aux  membres  correspondants  et  particu- 
lièrement aux  électeurs  du  Bas-Rhin,  que  des  fourbes 
séditieux  ont  eu  l'impudence  de  faire  imprimer  et 
répandre  dans  la  campagne  un  prétendu  catéchisme, 
dans  lequel  les  saintes  vérités  de  la  religion  sont  tra- 
vesties, ridiculisées  et  remplacées  par  les  principes 
les  plus  impies. 

Dans  le  même  mois,  il  fut  nommé,  parle  Directoire 
du  Bas-Rhin,  commissaire  municipal  de  Saverne,  en 
remplacement  de  la  municipalité  suspendue  le  9.  Il 
avait  pour  mission  de  rétablir  Tordre  et  la  tranquillité, 
et  de  ramener  la  confiance  et  la  concorde  dans  cette 
ville. 
19  avril  — .  Il  organise  la  Société  populaire  de  Saverne,  à 
l'instar  de  celle  de  Strasbourg. 


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43i  '        REVUE  D'ALSACE 

27  juin  — .  Avec  Rûhl,  du  Directoire  du  Bas-Rhin,  il  accom- 
pagne les  commissaires  royaux,  Custîne,  Chassey  et 
Régnier,  dans  une  tournée  du  département. 

6  septembre  — .  Rentré  à  Strasbourg,  il  signe  la  délibération 

de  la  municipalité,  réfutant  un  vil  pamphlet  accusant 
Dietrich,  Levrault  et  Noisette  d'avoir  été  les  instiga- 
teurs d'une  tentative  d'assassinat  contre  le  cardinal 
de  Rohan. 
14  novembre  — .  Maintenu  officier  municipal,  chargé  de  la 
vente  des  biens  nationaux  et  de  la  contribution  fon- 
cière des  villages. 

7  février  1793.  Il  est  avec  la  Société  des  amis  de  la  Constitu- 

tion à  l'Auditoire. 
12  août — .Signataire  de  la  proclamation  de  la  municipalité 
aux  Strasbourgeois  et  dont. voici  la  teneur: 

Nous  ne  faisons  pas  grâce  au  pouvoir  exécutif  de  ses  fautes  ; 
mais  en  anéantir  dans  ce  moment  de  crise  le  dépôt  entre  les  mains 
de  Louis  XVI,  serait  en  livrer  la  conquête  au  choc  des  partis,  et 
porter  à  son  comble  une  division  qui  nous  ôterait  jusqu'à  l'espoir 
de  pouvoir  résister  aux  forces  supérieures  ennemies,  dont  noas 
sommes  assaillis  de  toute  part.  Ce  n'est  qu'en  nous  ralliant  à  la 
Constitution  que  la  patrie  peut  êtrd  sauvée. 

22  août  — .  Carnot,  Prieur  et  Ritter  le  nomment  maire 
provisoire,  sous  le  titre  de  commissaire  aux  fonctions 
municipales. 

8  septembre  — .  Rivage,  de  Paris,  mande  aux  jacobins  qu'il 

a  remis  à  l'Assemblée  nationale  la  pétition  dont  l'avait 
chargé  Lachausse  ;  que  l'Assemblée  y  a  fait  droit  en 
décrétant  d'accusation  Fréd.  de  Dietrich.  Peu  après, 
il  délègue  ses  pouvoirs  de  maire  provisoire  au  pro- 
fesseur Braun. 

10  décembre  — .  De  Paris,  Lévrier  le  dénonce  aux  jacobins 
de  Strasbourg,  pour  avoir  protégé  les  feuillants. 

19 — .  Le  général  Coustard  assure  le  club  du  contraire  et  le 
traite  d'homme  respectable. 

21  janvier  1793.  Il  refuse  à  Couturier  et  Dentzel  la  charge 
de  maire.  Saum  l'ayant  également  déclinée,  c'est 
Monet  qui  fut  nommé,  et  son  rôle  est  terminé. 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  425 

LAQUIANTE  (  François-Marie-Louis-Nicolas-Jeaj^-Thomas 
d'Aquin-Bruno),  fils. 

22  septembre  1780.  Notaire  royal  à  la  Chambre  des  contrats 
de  Strasbourg.  Immatriculé  au  Conseil  souverain 
d'Alsace  et  au  Directoire  de  la  noblesse.  Notaire  apos- 
tolique de  la  Cour  ^piscopale  de  Strasbourg. 

1780-1792.  n  a  exercé  la  charge  simultanément  avec  son 
père,  puis  seul,  pour  son  compte,  jusqu'en  1807. 

1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 

16  janvier  1791.  On  fait  connaître  à  la  Société  qu'il  est  arrivé 
à  Paris  avec  150,000  livres,  pour  solder  les  pensions 
de  tous  les  moines,  ecclésiastiques  et  autres. 

7  février  1792.  Il  est  à  l'Auditoire. 

27  novembre  1794.  Il  procède  à  l'inventaire  des  effets  de 
l'ex-maire  Monet. 

LASALLE  (F.). 

1789.  Officier  au  régiment  d'infanterie  Alsace. 

13  juillet  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitu- 
tion, n  prononce  un  discours  sur  le  danger  qu'il  trouve 
à  laisser  au  roi  le  pouvoir  de  commander  en  personne, 
pendant  la  guerre,  une  armée  française. 

1792.  Il  quitte  l'Auditoire  pour  aller  à  l'armée. 

LAUBADÈRE  (De). 

1789.  Officier  du  génie  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution, transformée,  dès  le  11  février  suivant,  en  celle 
des  amis  de  la  Constitution. 

Février  1792.  H  est  avec  elle  à  l'Auditoire,  mais  pour  peu 
de  temps,  ayant  rejoint  l'armée. 

liAUTH  (Jean- Jacques). 

Avant  1789.  Homme  de  loi,  avoué  à  Strasbourg. 

1739.  Employé  à  la  municipalité. 

10  août  — .  D  se  rend  à  Barr  avec  Hervé,  Saltzmann  et  autres, 

pour  y  défendre  les  intérêts  delà  ville  de  Strasbourg 

dans  la  question  des  forêts, 


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426  BEYX7E  D'ALSACE 

31  mars  1793.  Au  nom  des  douze  sections,  il  présente  à  la 

Convention  nationale  un  précis  sur  la  situation  de  la 

ville  de  Strasbourg. 
1**  avril — .  Il  demande  à  paraître  à  la  barre,  et,  le  même  soir, 

il  est  admis  pour  dévoiler  à  l'Assemblée  la  source  des 

malheurs  de  cette  cité. 

4  — .  H  demande  de  nouveau  à  s'expliquer. 

5  — .  Le  soir,  il  attaque  avec  énergie  Tintrigue  et  Timpos- 

ture  de  Teteret  et  de  Kienlin,  alors  aussi  à  Paris.  H 
avait  pour  ainsi  dire  obtenu  gain  de  cause.  La  réinté- 
gration des  administrateurs  suspendus  par  Couturier 
et  Dentzel  fut  arrêtée  par  la  Convention  nationale; 
mais,  travaillée  par  des  influences,  elle  l'annula  le 
même  jour,  et  ces  deux  décrets  contradictoires  arri- 
vèrent à  Strasbourg  par  le  même  courrier. 

Il  resta  à  Paris  jusqu'en  juin  suivant,  et,  comme 
son  séjour  dans  la  capitale  devenait  inutile,  il  annonça, 
le  11  juin,  au  Comité  des  douze  sections  son  prochain 
retour. 
3  novembre  — .  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin 
le  porte  sur  la  liste  des  suspects  et  il  est  enfermé  au 
Séminaire  jusqu'après  la  chute  de  Robespierre. 

LAUTH  (J.-N.). 

Avant  1789.  Négociant  à  Strasbourg, 

26  février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

7  février  1793.  Avec  elle  à  l'Auditoire  jusqu'à  la  fermeture 
de  la  salle. 

Novembre  1793.  Enfermé  au  Séminaire  comme  suspect. 

LEDUC  (N.) 

1789.  Employé  à  la  loterie  à  Strasbourg. 
Janvier  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 
7  février  1793.  Avec  elle  à  l'Auditoire  jusqu'à  la  fin. 


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LES  HOMMES  DR  LA  RÉVOLUTION  4S7 

LEHN. 

1790.  Juge  de  paix  à  Bœrsch. 

1791.  Juge  de  paix  à  Rosheim  pour  la  section  de  Bischoffs- 
heim. 

26  août  1791.  En  cette  qualité,  il  est  élu  membre  de  Tadmi- 
nistration  du  Bas-Rhin. 

21  août  1792.  Suspendu  pour  n'avoir  pas  voulu  retirer  sa 
signature  au  bas  de  l'arrêté  interdisant  les  réunions 
des  sociétés  politiques. 

12-14  novembre  — .  A  l'élection  tenue  à  Wissembourg,  il 
fut  un  des  cinq  derniers  candidats  qui  n'eurent  pas 
assez  de  voix  pour  rentrer  dans  l'administration 
départementale.  Comme  partisan  de  Dietrich,  il  fut 
enfermé  au  Séminaire. 

19  décembre  1793.  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas- 
Rhin  le  met  en  liberté. 

LÉPY. 

1789.  Maître  de  danse,  près  les  Petites-Boucheries,  à  Stras- 
bourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution, transformée  le  11  février  suivant  en  celle  des 
amis  de  la  Constitution. 

7  février  1792.  Il  la  suit  à  l'Auditoire  jusqu'à  la  fermeture 
de  la  salle. 

LESTRANGES  (L.). 

1790.  Capitaine  au  régiment  de  cavalerie  delà  reine  à  Stras- 
bourg. 

31  janvier  1791 .  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 
stitution. 

1792.  Il  la  cpiitte  pour  aller  à  l'armée. 

LEVRAULT  (François-Laurent-Xavier-Louis),  aîné. 

1789.  Imprimeur  de  l'intendance  et  de  l'Université  épisco- 
pale,  rue  des  Jui&,  à  Strasbourg.  Membre  du  Comité 
de  la  garde  nationale. 


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4%  REVUE  d' ALSACE 

15  janvier  1790.  Avocat  général  de  la  ville  de  Strasbourg. 
Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révolution, 
transformée,  le  11  février  suivant,  en  celle  des  amis 
ae  la  Constitution.  Ledit  jour,  il  en  est  le  secrétaire. 

8  — .  Substitut  du  procureur  de  la  commune. 

7  avril  — .  Il  publie  une  requête  à  la  municipalité  contre  le 
procès- verbal  de  la  deuxième  section  de  la  commune, 
le  qualifiant  de  mauvais  citoyen,  pour  avoir,  dans  une 
séance  des  amis  de  la  Constitution,  parlé  en  faveur 
des  Juifs.  En  réponse,  parut  la  brochure  :  Citoyens, 
soyez  sur  votre  garde  pour  votre  liberté, 

17  août  — .  Président  de  ladite  Société,  en  remplacement  de 
Boissière,  il  prononce  un  discours,  dont  voici  Tin- 
troduction  : 

Citoyens,  amis  de  la  Constitution,  la  liberté  et  la  loi  :  voilà 
le  cri  qui,  dans  tout  le  royaume,  fait  tressaillir  le  cœur  des 
Français. 

Union,  vigilance,  instruction,  tels  sont  les  moyens  qui  perpé- 
tueront les  bienfaits  de  PÂssemblée  nationale,  tels  sont  les  devoirs 
communs  de  tous  les  citoyens. 

11  novembre  — .  Elu  procureur  de  la  commune. 

4  janvier  1791.  Comme  tel,  il  signe  la  proclamation  aux 
Strasbourgeois  lors  des  rassemblements  qui  eurent 
lieu  devant  l'église  de  Saint-Pierre-le- Vieux. 

27  mars  — .  Il  signe  la  délibération  delà  municipalité  contre 
l'imprimé  :  Monition  canonique  et  ordonnance  du 
prince  de  Rolian,  attaquant  le  nouvel  ôvêque  Brendel. 

Mai  — .  On  publie  une  conversation  patriotique  entre  lui, 

Dietrich,  J.  Mathieu  et  Brendel. 
26  août  — .  Elu  député  suppléant  à  l'Assemblée  nationale. 

6  septembre  — .  La  municipalité  fait  justice  d'un  vil  écrit 

qui  l'accusait  d'avoir  été  l'instigateur,  avec  Dietrich  et 
Noisette,  d'une  tentative  d'assassinat  sur  la  personne 
du  cardinal  de  Rohan. 
14  novembre  — .  Elu  notable  de  la  commune. 

7  février  1792.  Il  est  à  l' Auditoire. 


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LES  HOMMES  DK  LA  RÉVOLUTION  429 

Mars  — .  Envoyé  à  Haguenau  pour  apaiser  la  fermentation 
et  mettre  les  perturbateurs  à  la  raison. 

3  juillet  — .  Procureur  général  syndic  du  Directoire  du  dépar- 
tement. H  signe  l'adresse  à  l'Assemblée  nationale, 
lors  des  troubles  du  20  juin. 

6  décembre  — .  De  npuveau  élu  notable. 

18  janvier  1793.  Suspendu  par  Couturier,  Rûhl  et  Dentzel. 

19  mars  — .  D  témoigne  à  Besançon  en  faveur  de  Dietrich. 
31  octobre  — .  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  30,000  livres, 

qu'il  paie  le  16  novembre. 
1797.  Membre  de  la  Commission  administrative  des  hospices 
civils  de  Strasbourg. 

20  juillet  1800.  Membre  du  Conseil  général  du  Bas-Rhin. 

Sous  la  Restauration,  recteur  de  l'Académie  de  Stras- 
bourg, puis  conseiller  de  préfecture. 

LEX. 

1789.  Curé  à  Schnersheim,  dont  le  chapitre  de  Neuwiller 
était  coUateur. 

Mars  1791.  L'évêque  constitutionnel  Brendel  le  nomme  pre- 
mier vicaire  apostolique  de  Téglise  cathédrale  de 
Strasbourg,  avec  résidence  au  Collège  épiscopal. 

LIECHTLÉ  (M.). 

1790.  Employé  au  département  du  Bas-Rhin. 

26  février  1791.  Reçu  membre  de  la  Société  des  amis  de  la 

Constitution,  avec  son  frère  Louis,  aussi  commis  au 

département. 
7  février  1792.  Tous  deux  suivent  la  Société  à  l'Auditoire 

jusqu'au  jour  de  la  fermeture  de  la  salle. 
6  décembre  1794.  M.  Liechtlé  est  nommé  administrateur  du 

Directoire  du  district  du  Bas-Rhin. 
17  janvier  1795.  Maintenu  par  le  représentant  Bailly. 
23  mars     1796.  Membre  de  l'administration  centrale  du 

Bas-Rhin. 
1798.  Commissaire  du  Directoire  exécutif  à  la  Monnaie  de 

Strasbourg. 


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430  BEVUE  D* ALSACE 

LIVIO  (Etienne  de). 

1789.  Négociant  à  Strasbourg,  sous  la  raison  sociale  deLivio 
frères,  qualifié  d'ex-sénateur. 

15  janvier  1791».  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution, transformée,  dès  le  11  février  suivant,  en  celle 
des  amis  de  la  Constitution. 

7  février  1792.  Avec  elle  à  TAuditoire. 

31  octobre  1793.  Imposé  par  Saint- Just  et  Lebas  à  80,000 
livres,  qui  furent  payées  les  5  et  9  novembre. 

31  mars  1800.  Maire  de  Strasbourg,  nommé  par  le  premier 
consul. 

6  décembre  — .  Pour  raison  de  santé,  il  donna  sa  démission, 

et  fut  remplacé  par  F.  Herrmann. 

Il  alla,  quelques  années  après,  fonder  ime  maison 
de  banque  à  Saint-Pétersbourg,  où  il  rendit  des  ser- 
vices signalés  à  plus  d'un  Français,  lors  des  désastres 
de  la  campagne  de  Russie.  Plus  tard  directeur  de  la 
Monnaie  à  Strasbourg  et  propriétaire  du  château 
Klinglin  à  lUkirch. 

LIX  (André),  ex-sénateur, 
Jardinier-cultivateur,  rue  des  Rangiers  (?),  à  Strasboui^. 

15  mars  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 
14  novembre—.  Elu  notable. 

7  février  1792.  U  suit  la  Société  des  amis  de  la  Constitution 

à  TAuditoire. 
3  juillet  — .  Signataire  de  l'adresse  de  la  municipalité  à 

TAssemblée  nationale,  lors  des  troubles  du  20  juin. 
6  décembre  — .  Elu  notable. 
18  janvier  1793.   Maintenu  comme  tel  par  Couturier  et 

Dentzel. 
21  — .  H  refuse,  c'est  Bartholmé  qui  le  remplace. 
30  mai  1794.  Enfermé  au  Séminaire  jusqu'à  la  chute  de 

Robespierre. 
17  janvier  1795.  De  nouveau  notable. 


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LES  HOMMES  DE  LA  BÉVOLUTION  481 

LUNG  (  Jean-Daneel). 

1789.  Passementier,  place  du  Château,  à  Strasbourg. 
26  février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 
stitution. 

7  février  1792.  Il  la  suit  à  l'Auditoire  jusqu'à  sa  dissolution. 

MATHIEU  (Jacques),  père. 

1789.  Secrétaire  provincial  d'Alsace  pour  le  district  de 
Schlestadt. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution, transformée,  dès  le  11  février  suivant,  en  celle 
des  amis  de  la  Constitution,  à  laquelle  il  fut  dévoué. 

8  février  — .  Proposé  pour  la  nouvelle  municipalité. 

15  octobre  — .  Procureur-syndic  du  district  de  Strasbourg. 
A  la  Société  du  Miroir,  il  présente  une  motion  rela- 
tive au  décret  sur  Torganisation  du  clergé  protestant. 
Le  professeur  Koch  y  répond. 

22  — .  Seconde  motion  sur  le  traitement  des  curés  royaux. 

17  février  1791.  Après  les  troubles  de  janvier,  il  est  nommé 
procureur  général  syndic  de  l'administration  provi- 
soire du  Bas-Rhin. 

13  mars  — .  Paraît  sa  réponse  familière  à  la  lettre  familière 
de  Michel  Mathieu. 

19  avril  — .  Député  extraordinaire  du  commerce  de  Stras- 
bourg à  Paris.  Il  fait  part  à  la  Société  du  Miroir  de 
nouvelles  relatives  au  transit  et  au  plombage  des 
marchandises.  Ces  nouvelles  causent  un  mécontente- 
ment général.  L'Assemblée  nationale  projetait  de 
faire  plomber  les  marchandises  passant  en  transit, 
coUs  par  colis,  au  lieu  de  plomber  les  voitures  entières. 

26  mai  — .  Elu  procureur-syndic  du  Directoire  du  Bas-Rhin. 
Dans  ce  mois,  il  parut  une  conversation  politique 
entre  lui,  Dietrich,  Levrault  et  Brendel. 

26  août—.  Elu  député  du  Bas-Rhin  à  l'Assemblée  nationale. 

2  septembre  1792.  Il  ne  fut  point  nommé  à  la  Convention 
nationale;  mais  Thiers,  dans  son  Histoire  de  la  Rèvo- 


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432  REVUE  D* ALSACE 

luttôn  française,  page  582,  nous  apprend  que,  le 
10  avril  1793,  il  fit  partie  du  Comité  de  salut  public  à 
Paris.  Il  a  aussi  été  procureur  général  près  la  Cour 
criminelle  du  Bas-Rhin. 

18  mars  1800.  Comnciissaire  civil  à  Golmar. 

10  juin  1811.  Substitut  à  la  Cour  impériale  de  Golmar,  où  il 
est  décédé  conseiller  en  fonctions  en  1812. 

Etienne  Bârth. 
(La  suite  a  la  prochaine  livraison,) 


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CASPAR    MOCK    MVENTZMEISTER    ZV    KOLMAR    ANNO   1556- 


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COLMAR 


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LANDGRAVES  ^ 


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MURBACH    ET    LURE 


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STRASBOURG 


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STRASBOURG 


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WISSEMBOURG 


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LA 

DÉCAPOLE  ALSACIENNE 


Avant  et  pendant  la  domination  romaine,  l'Alsace  faisait 
partie  de  la  Gaule,  qui  s'étendait  alors  beaucoup  plus  loin 
qu'aujourd'hui,  puisqu'elle  avait  pour  limite  le  Rhin. 

Ses  habitants  n'étaient  point  de  race  germanique,  mais 
celtique;  ils  appartenaient  à  trois  peuples  gaulois  :  les  Rau- 
raques,  les  Séquaniens  et  les  Médiomatriciens.  Les  premiers, 
qui  occupaient  le  Jura,  et  les  seconds,  qui  tenaient  la  Franche- 
Goraté,  s'étaient  établis  dans  toute  la  Haute- Alsace  ;  les  troi- 
sièmes, dont  la  capitale  était  Divodurum {Melz),posBéAà\ent\a 
Basse- Alsace,  dont  ils  furent  chassés  ensuite  par  les  Triboques, 
peuplade  germaine  venue  de  la  rive  droite  du  Rhin.  Le  terri- 
toire des  Rauraques  et  des  Séquaniens  faisait  partie  de  la 
Gaule  que  César  appelle  Cellique^  et  celui  des  Médiomatri- 
dens  appartenait  à  la  Gaule  Belgique.  Plus  tard,  la  Haute- 
Alsace  fut  comprise  dans  la  Gaule  lyonnaise,  et  la  Basse-Alsace 
dans  la  Germanie  supérieure. 

Ainsi,  sauf  l'intrusion  d'une  tribu  alémane  et  l'occupation 
temporaire  de  la  Haute- Alsace  par  le  germain  Arioviste,  qui 
en  fut  chassé  par  César,  l'Alsace  était  complètement  celtique, 
et  par  son  sol  et  par  ses  habitants.  Ce  n'est  que  plus  tard,  par 
suite  des  migrations  incessantes  des  peuples  germains  de  la 
rive  droite  du  Rhin  sur  sa  rive  gaucho,  que  des  éléments 
alémaniques  s'infiltrèrent  peu   à  peu  dans  les  mœurs,  le 

Noayelle  Série  —  6«  Année.  S8 


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434  REVUE  d'âlsace 

langage  et  même  la  race  des  habitants  de  cette  province,  et 
finirent  par  devenir  prépondérants.  Envahie  et  ravagée  sans 
cesse  par  les  Barbares,  à  partir  de  la  seconde  moitié  du 
III*  siècle,  TAlsace  tomba  d'abord  au  pouvoir  des  Alémans, 
et,  sur  la  fin  du  Y*  siècle,  elle  devint  un  des  trophées  de  la 
victoire  que  Clovis  remporta  sur  eux  à  Tolbiac. 

  la  mort  de  Clovis,  ses  Etats  furent  partagés  en  trois 
royaumes,  et  TÂlsace  échut  à  celui  d'Âustrasie,  dont  Metz 
était  la  capitale.  Lors  d'un  nouveau  partage  qui  eut  lieu 
entre  les  petits  fils  de  Charlemagne,  cette  contrée  fut  annexée 
par  le  traité  de  Verdun  (843)  au  royaume  de  Lorraine,  donné 
à  Lothaire.  Le  fils  de  celui-ci,  Lothaîre  II,  étant  mort,  ses 
Etats  furent  partagés  par  Gharles-le-Ghauve  et  Louis  (870); 
ce  dernier,  qui  eut  notamment  TAIsace,  fut  surnommé  le 
Germanique,  non  parce  qu'il  était  allemand  de  naissance  (car 
il  appartenait  à  la  race  française  des  Garlovingiens),  mais 
parce  qu'il  avait  eu  dans  son  lot  la  Germanie.  Dès  lors  l'Al- 
sace fut  détachée  de  la  France.  Sous  les  successeurs  de  Charles- 
le-Chauve  et  de  Louis-le-Germaniquc,  la  possession  de  la 
Lorraine  et  de  l'Alsace  occasionna  plusieurs  guerres,  aux- 
quelles l'empereur  Henri  l'Oiseleur  mit  un  terme  en  réunis- 
sant ces  deux  pays  à  l'Empire  germanique  (925). 

De  ce  qui  précède  il  résulte  :  que  l'Alsace,  de  même  que 
la  Lorraine,  n'a  pas  été  conquise  par  l'Allemagne  ;  qu'elle  ne 
s'est  pas  donnée  à  celle-ci  ;  que  c'est  à  la  suite  d'un  partage 
qu'elle  a  été  enlevée  à  la  France,  et  que  c'est  pour  avoir  été 
française  et  avoir  fait  partie  de  l'Empire  de  Charlemagne 
qu'elle  fut  annexée  à  l'Allemagne.  Elle  en  releva  jusqu'en 
1648,  époque  à  laquelle  Louis  XIV  la  rendit  à  la  France,  la  rat- 
tacha au  tronc  auquel  elle  avait  primitivement  appartenu  ;  elle 
rentra  alors  dans  le  giron  maternel  et  redevint  ce  qu'elle 
avait  été  sous  les  Celtes,  les  Romains,  les  Mérovingiens  et  les 
Garlovingiens,  une  partie  intégrante  de  la  France. 

C^est  pendant  la  période  germanique^  c*est  à  dire  d^  870  à 


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LA  DÉCAPOLE  ALSACIENNE  435 

1648,  que  les  principales  villes  de  TAlsace  reçurent,  comme 
nous  allons  le  voir,  d'abord  le  titre  et  la  Constitution  de 
villes  impériales,  ensuite  de  villes  libres  impériales. 

L'Alsace  releva  toujours  directement ,  immédiatement,  de 
TËmpire  germanique,  comme  précédemment  elle  avait  relevé 
de  la  monarchie  mérovingienne  et  carlovingienne;en  un  mot, 
entre  cette  province  et  les  empereurs  il  n'y  avait  point  de 
souverain  intermédiaire.  Il  en  fut  de  même  pour  ses  villes.  Il 
est  vrai  que  les  empereurs  aliénèrent  successivement  la  juri- 
diction et  quelques-uns  de  leurs  droits  sur  certaines  villes  et 
contrées  de  l'Alsace  à  quelques  grands  barons  qui  en  devinrent 
les  seigneurs  ;  mais  les  empereurs  eurent  soin  de  s'en  réserver 
le  domaine  direct,  c'est-à-dire  la  suzeraineté  (Summum  tmpe- 
rium).  Dès  lors,  Vimmédiateté  n'appartint  plus  qu'aux  villes 
et  pays  qui  n'avaient  pas  été  aliénés  par  les  empereurs  et 
qui  ne  formèrent  point  Tapanage  d'autres  justiciers  que  le 
souverain  lui-même.  Ces  villes,  n'obéissant  à  aucune  antre 
juridiction  que  celle  qu'y  exerçait  le  délégué  de  l'empereur 
(Vog(),  prirent  le  titre  de  villes  impériales. 

Ce  Vogt  exerçait  au  nom  de  Tempereur  la  juridiction 
criminelle,  levait  les  contributions  publiques,  faisait  respecter 
les  droits  de  TEmpire  et  de  l'empereur,  et  présidait  les  magis- 
tratures locales,  qui  avaient  dans  leurs  attributions  la  police 
et  l'administration  de  la  ville.  Mais  la  plupart  de  ces  villes 
s'affranchirent  de  la  juridiction  des  prévôts  impériaux,  soit 
en  vertu  de  l'octroi  qui  leur  en  fut  fait  par  les  empereurs, 
soit  parce  qu'elles  achetèrent  ces  charges,  soit  par  suite  de 
conventions  ou  par  prescription.  Dans  les  villes  où  cet  ofBce 
subsista,  ce  ne  fut  plus  que  nominativement,  l'autorité  qui  y 
était  primitivement  attachée  ayant  peu  à  peu  disparu  :  les 
matières  criminelles ,  dont  connurent  le  plus  longtemps  les 
ofBciers  impériaux,  fmirent  aussi  par  passer  entre  les  mains 
des  magistratures  locales . 

C'est  ainsi  qu'à  Vimmédiateté  des  villes  impériales  unit  par 


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4S6  BEVUE  d'alsacb 

se  joindre  la  Uberté,  et  qu'elles  purent  prendre  le  titre  de 
villes  libres  impériales.  D'autres  immunités,  telles  que  le  droit 
de  battre  monnaie,  d'élire  leurs  magistrats  et  leurs  prévôts, 
d'accorder  asile,  d'exercer  la  haute  justice,  etc.,  vinrent  succes- 
sivement augmenter  cette  indépendance,  sans  néanmoins 
rompre  le  lien  de  suprême  seigneurie  que  TËmpire  et  les 
empereurs  continuèrent  à  y  exercer,  et  qu'ils  transmirent  au 
roi  de  France  par  le  traité  de  Munster. 

Toutes  les  villes  impériales  de  l'Alsace  ne  jouissaient  pas 
au  même  degré  de  ces  privilèges  et  immunités  ;  ce  qui  était 
commun  à  la  plupaft,  c'était  de  s'administrer  elles-mêmes, 
d'avoir  une  milice,  de  contracter  des  alliances,  d'entretenir 
des  ambassadeurs,  de  siéger  aux  Diètes  de  l'Empire,  de  s'im- 
poser des  contributions  et  de  rendre  la  justice. 

Il  y  avait  en  Alsace  quatorze  villes  impériales  immédiates, 
qui  jouissaient  plus  ou  moins  des  droits  et  libertés  que  nous 
venons  d'énumérer;  c'étaient  :  Mulhouse.  Golmar,  Munster, 
Kaysersberg,  Tûrckheim,  Schlestadt,  Obernai,  Rosheim,  Stras- 
bourg, Haguenau,  Seltz,  Wissembourg,  Landau  et  Hagenbach.* 
Quatre  de  ces  villes,  Mulhouse,  Strasbourg,  Seltz  et  Hagenbach, 
ne  firent  point  partie  de  la  Décapote  alsacienne,  dont  le  siège 
était  à  Haguenau.  A  la  Diète  tenue  à  Essling,  en  i486,  les 
députés  des  villes  de  Strasbourg,  Haguenau  et  Golmar 
siégèrent  dans  le  banc  des  villes  libres  du  Saint-Empire. 

Cependant  les  villes  impériales  d'Alsace,  à  l'exception  de 
Strasbourg,  n'étaient  pas  assez  puissantes  par  elles-mêmes 
pour  résister  aux  attaques  et  aux  entreprises  des  seigneurs 
voisins  ;  aussi  les  empereurs  leur  donnèrent  un  défenseur 
commun  dans  la  personne  d'un  préfet  provincial  {Landvogt) 
et  les  engagèrent  à  se  fédérer  entre  elles.  Telle  fut  l'origine 
de  la  Dëcapole. 

Les  villes  d'Alsace  avaient  déjà  appris,  au  milieu  du 

^  Ces  deux  dernières  villes,  ainsi  que  la  partie  nord  de  la  Basse- 
Alsace,  farent  cédées  en  1815  à  la  Bavière. 


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LA  DÉCAPOLV  ALSACIENNE  437 

XII?  siècle,  à  connaître  les  bienfaits  de  rassociation,  en  par- 
ticipant à  la  fameuse  Ugm  du  Rhin^  composée  de  plus  de 
soixante  villes  situées  sur  les  deux  rives  de  ce  fleuve. 
Cette  confédération  avait  pour  but  de  faire  la  guerre  aux 
perturbateurs  du  repos  public,  d*abolir  les  péages  nouveaux 
et  injustes  que  les  nobles  avaient  établis  de  toutes  parts,  de 
rendre  libres  les  routes  et  la  navigation  du  Rhin,  ainsi  que 
les  transactions  commerciales.  Les  expéditions  militaires  ne 
pouvaient  être  décidées  que  par  les  villes  et  non  par  les 
nobles;  la  ligue  protégeait  aussi  bien  le  noble  que  le  plébéien, 
le  bourgeois  que  le  paysan,  le  clerc  que  le  laïque,  le  juif  que 
le  chrétien. 

Cest  en  1338,  à  la  Diète  de  Francfort  et  sur  l'invitation  de 
Tempereur,  que  Colmar,  Haguenau,  Schlestadt,  Obernai, 
Mulhouse,  Kaysersberg,  Munster  et  Tfirckheim  se  fédérèrent 
entre  elles  pour  se  protéger  réciproquement. 

Le  22  mai  1343,  Golmar,  Strasbourg,  Haguenau,  Schle- 
stadt, Obernai,  Rosbeim,  Mulhouse,  Tûrckheim  et  Munster 
conclurent  un  traité  d'alliance  avec  Tévèque  de  Strasbourg 
et  les  comtes  d'Oetingen,  landgraves  de  la  Basse-Âlsace,  pour 
assurer  la  paix  de  la  province  (Lan^rieden)  depuis  un  mille 
au-dessus  de  Mulhouse  jusqu'à  Seitz,  sur  la  rive  gauche  du 
Rhin,  et  depuis  la  Kintzig  jusqu'à  TOss,  sur  la  rive  droite.  Cette 
alliance,  faite  en  dehors  de  l'autorité  de  l'empereur,  prit  le 
nom  de  Combourgemie  ou  de  Landrettung.  Elle  avait  pour 
but  d'assurer  la  tranquillité  du  pays,  la  sécurité  des  personnes 
laïques  et  ecclésiastiques,  chrétiennes  ou  juives,  de  protéger 
les  propriétés  contre  les  pillages  et  déprédations  des  bandes 
armées  qui  parcouraient  la  province,  et  de  rendre  libres  le 
commerce  et  la  navigation.  Elle  fut  conclue  pour  deux  années 
et  renouvelée  en  1345  et  1347.  Dans  l'acte  de  1346,  signé  à 
Schlestadt  le  3  mars,  et  qui  devait  durer  cinq  années  consé- 
cutives, figurent,  non  seulement  les  parties  contractantes  du 
traité  de  1S4S,  mais  encore  :  Henri,  abbé  de  Murbaob,  pour  les 


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d38  REVUE  d'alsace 

possessions  de  son  abbaye  ;  Jeanne  de  Montbéliard,  comtesse 
de  Eotzenellenbogen,  pour  ce  qu'elle  possédait  dans  la  princi- 
pauté de  Montbéliard;  Ulric  Thiébaut  d'Âzuel,  bailli  de  la 
duchesse  d'Autriche,  pour  le  Sundgau;  Pierre  de  Bollwiller, 
landvogt  de  la  Haute- Alsace,  pour  les  possessions  des  ducs 
d'Autriche,  et  Hanneman  de  Ilaus,  bailli  d'Ensisheim,  pour 
les  mêmes  ducs.  Ce  nouveau  traité  d'alliance  comprenait 
toute  l'Alsace  et  l'Ortenau. 

La  ligue  des  dix  villes  impériales  d'Alsace  fut  constituée 
définitivement  en  vert»  du  diplôme  de  l'empereur  Charles  IV, 
daté  de  Ratisbonne  le  28  août  1S54.  Ce  monarque,  trop  faible 
et  trop  éloigné  de  l'Alsace  pour  la  défendre,  engagea  lui-même 
les  villes  de  Ilaguenau,  Wissembourg,  Schlestadt,  Obernai, 
Rosheim,  Mulhouse,  Kaysersberg,  TUrckheim  et  Munster,  à 
s'unir  étroitement  entre  elles  ;  il  leur  prescrivit  les  conditions 
suivant  lesquelles  leur  alliance  devait  avoir  lieu,  et  mit  à  leur 
tête  un  préfet  ou  avoué  impérial.  C'est  pour  obéir  aux  ordres 
de  l'empereur  que  fut  rédigé,  le  23  septembre,  l'acte  constitutif 
de  cette  ligue,  dont  l'original  se  trouve  dans  les  archives  de 
la  ville  de  Colmar.  En  voici  la  traduction  : 

c  L  Si  Tune  des  villes  a  des  difficultés  avec  un  seigneur,  avec 
une  autre  ville,  avec  des  villages  ou  des  particuliers,  elle  en 
donnera  avis  au  grand  bailli  {Landvogf),  et,  de  concert  avec 
lui,  elle  fixera  un  jour  à  la  partie  adverse  pour  s'expliquer 
sur  le  conflit;  en  même  temps,  elle  invitera  ses  confédérés  à 
réunir  leurs  députés  le  même  jour  et  au  même  lieu,  pour 
les  faire  intervenir  aux  débats  et  faire  connaître  aux  adver- 
saires qu'ils  font  cause  commune  avec  les  plaignants.  Si  la 
partie  assignée  refuse  de  comparaître,  les  villes  viendront 
en  aide  aux  premiers  dans  la  mesure  que  le  Landvogt 
décidera . 

c  II.  Si  dans  une  des  villes  un  soulèvement  réussit  à  renverser 
les  représentants  légitimes  de  l'Empire  ou  de  la  commune, 
ou  à  les  désarmer  et  à  s'en  rendre  maître,  dès  que  la  nouvelle 


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LA  DÉCAPOLE  ALSACIENNE  439 

en  paryiendra  à  ses  confédérés,  ils  réuniront  toutes  leurs 
forces  pour  prêter  secours  à  leurs  alliés,  et  ne  se  retireront 
qu'après  avoir  rétabli  Tordre,  et  lorsque,  d'après  le  jugement 
du  Landvogt  et  des  villes,  le  dommage  causé  aura  été 
réparé. 

•  m.  S*il  surgit  des  difficultés  entre  les  villes  de  la  ligue, 
celles-ci  se  réuniront  devant  le  Landvogt  et  régleront 
Taffaire  conformément  au  droit  et  à  la  coutume  qui  leur  est 
propre. 

«  lY.  Si  la  ville  qui  a  donné  lieu  au  conflit  ne  comparait  pas, 
la  ville  plaignante  lui  fixera  un  jour  à  Schlestadt,  ainsi  qu'aux 
autres  confédérés,  devant  le  Landvogt^  qu'elle  aura  d'abord 
prévenu  ;  et,  après  avoir  ouï  la  plainte  et  la  défense,  celui-ci, 
de  concert  avec  les  députés  de  villes,  prononcera  son  juge- 
ment auquel  les  parties  devront  se  soumettre,  et  à  l'exécution 
duquel  la  ligue  tiendra  la  main. 

•  y.  Si,  à  l'expiration  du  traité,  les  villes  sont  engagées  dans 
une  guerre  entreprise  à  la  suite  d'une  résolution  commune, 
pour  obtenir  la  réparation  d'un  dommage,  cette  guerre  devra 
être  continuée  jusqu'à  ce  que  son  but  soit  atteint.  Par  contre, 
la  ligue  n'aura  pas  à  intervenir  dans  une  affaire  particulière 
antérieure  au  traité. 

<  YI.  Si,  dans  une  des  villes  alliées,  un  bourgeois  trame 
quelque  chose  contre  le  Magistrat,  le  Ck)nseil  ou  la  commu- 
nauté, on  se  bornera  d'abord  à  le  bannir  de  la  ville  et  de  sa 
banlieue,  mais,  en  même  temps,  la  ville  lésée  convoquera  la 
ville,  au  su  du  Landvogt^  et  les  confédérés  prononceront 
contre  le  coupable  telle  peine  que  de  raison  ;  et  pendant  tout 
le  temps  qu'elle  aura  déterminé,  aucune  ville  ne  pourra  le 
recevoir  bourgeois  ou  lui  accorder  la  résidence  dans  ses  murs. 
Si  au  contraire  on  reconnaît  que  la  plainte  n'est  pas  fondée,  la 
ligue  veillera  à  ce  qu'il  soit  rétabli  dans  ses  droits. 

c  Yn.  L'alliance  doit  garantir  aux  villes  en  général,  comme 
à  chacune  en  particulier,  ainsi  qu'à   tous  leurs  habitants 


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440  BEVUE  d'alsace 

nobles  et  roturiers,  les  droits,  franchises  et  bonnes  coatumes 
dont  ils  sont  en  possession  ;  les  confédérés  sont  tenus  d'agir 
contre  tous  ceux  qui  y  porteront  atteinte. 

c  VIII.  Au  nom  de  Tobéissance  qu'ils  doivent  à  TEmpire, 
tous  les  habitants  des  villes  alliées  sont  obligés  de  prêter  ser- 
ment à  la  ligue  dès  qu'ils  en  auront  été  requis  par  le  Land- 
vogt,  le  Magistrat  et  le  Conseil  de  leurs  villes  respectives.  Si 
dans  le  courant  du  mois  ils  ne  se  soumettent  pas  à  cette  forma- 
lité, ils  seront  bannis,  et  chez  aucun  autre  confédéré  ils  ne 
pourront  être  admis  aux  droits  de  bourgeoisie,  ou  prétendre  à 
une  assistance  quelconque. 

•  IX.  La  paix  provinciale  ressortissant  actuellement  de 
l'Empire,  Talliance  n'j  portera  pas  atteinte;  et  de  même 
défense  est  faite  aux  Quindecemmrs  que  Charles  lY  a  préposés 
à  la  paix  publique,  comme  aussi  aux  seigneurs  et  aux  villes 
qui  en  font  partie,  de  rien  tenter  contre  lescitésdelaDécapole 
relativement  à  leur  ligue. 

c  X.  Sous  la  réserve  des  droits  de  juridiction  et  de  souve- 
raineté de  l'Empire,  le  traité  sera  valable  pour  toute  la  durée 
de  la  vie  de  Charles  IV,  et  pendant  un  an  après  sa  mort. 
Toutefois  l'empereur  aura  en  tout  temps  le  droit  de  rompre 
l'alliance  aussi  bien  que  la  paix  provinciale. 

<  XI.  Si  l'une  des  villes  refuse  son  adhésion  au  présent 
traité,  elle  ne  pourra  réclamer  le  bénéfice  de  l'assistance 
commune;  mais  son  abstention  ne  suspendra  pas  les  effets  du 
traité  pour  les  autres  villes  confédérées.  > 

Tel  est  la  teneur  de  l'acte  constitutif  de  cette  fédération, 
dont  Haguenau  était  le  chef-lieu  et  la  résidence  du  Landvogt 
impérial,  dont  Colmar  était  le  dépôt  des  archives,  et  dont 
Schlestadt  était  le  lieu  ordinaire  où  s'assemblaient  les  députés. 
Cette  confédération,  comme  nous  le  verrons,  fut  renouvelée  à 
plusieurs  reprises,  et  le  nombre  des  villes  qui  lui  appartenaient 
varia  quelquefois  ;  mais  il  en  resta  définitivement  dix,  d'où 
lui  est  venue  le  nom  de  Décapote. 


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LA  DÉCÂPOLE  ALSACIENNE  441 

Cette  fédération  étant  expirée  après  la  mort  de  Tempereur 
Charles  IV  en  1378,  il  s'en  forma  Tannée  suivante,  14  août 
1879,  une  nouvelle  pour  cinq  ans  entre  Haguenau,  Colmnr, 
Schlestadt,  Wissembourg,  Mulhouse,  Obernai,  Rosheim  et 
Seltz.  Ce  traité  avait  pour  but  de  protéger  la  liberté  des  par- 
ties contractantes  qui,  désirant  rester  unies  à  TEmpire,  ne 
voulaient  pas  s'en  laisser  distraire,  ou  être  inféodées  ou 
engagées  à  un  autre  maître.  S'il  arrivait  que  des  entreprises 
fussent  tentées  contre  l'une  ou  l'autre,  contrairement  au  droit 
commun  de  l'Empire,  par  des  seigneurs  ou  hommes  d'armes 
isolés  ou  confédérés,  les  villes  se  devront  une  protection 
solidaire.  Elles  décidèrent  que,  pour  l'exécution  du  traité, 
Colmar  et  Haguenau  éliront  chacune  deux  députés,  et  les 
autres  villes  chacune  un  ;  en  tout  neuf  membres  qui  se  réu- 
niront sous  la  présidence  de  l'un  d'eux,  toutes  les  fois  que 
ce  sera  nécessaire,  pour  prendre  les  mesures  propres  à 
obtenir  réparation  des  entreprises  qui  pourraient  être  faites 
contre  leur  indépendance. 

L'assemblée  des  délégués  prononcera  sur  les  démêlés 
qui  pourraient  surgir  entre  les  villes  fédérées,  réglera  le 
contingent  en  hommes  ou  en  argent  à  fournir  par  chacune 
d  elles,  et  statuera  sur  Tadmission  d'autres  villes  à  l'alliance. 
La  présidence  de  cette  commission  alternait  chaque  trimestre 
entre  les  neuf  membres  qui  la  composaient  ;  celui  qui  pré- 
sidait s'appelait  Obmann. 

En  1381,  sans  rompre  cette  alliance,  Haguenau  et  Wissem- 
bourg entrèrent  dans  une  semblable  confédération  avec  Spire, 
Worms  et  Francfort,  ce  que  firent  aussi,  en  1889,  Seltz, 
Schlestadt  et  Obernai. 

Un  nouveau  pacte  d'alliance  eut  lieu  en  1408  entre  l'em- 
pereur Robert,  en  qualité  d'électeur  palatin,  son  fils  Louis, 
alors  Landvogt  d'Alsace,  la  ville  de  Strasbourg  et  onze  villes 
impériales  de  la  province  ;  il  ne  devait  primitivement  durer 


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442  REVUE  D'ALSACE 

que  quinze  ans,    mais   Tempereur  Sigismond  le  déclara 
perpétuel  en  1414. 

Dans  plusieurs  circonstances  critiques,  MuUiouse  ayant 
vainement  appelé  à  son  secours  la  confédération  des  villes 
impériales  d'Alsace,  finit  par  s'en  détacher  et  par  former 
en  1466  avec  les  Suisses  une  alliance  qui  fut  renouvelée  et 
déclarée  perpétuelle  en  1515.  Il  en  résulta  que  le  nombre 
des  villes  d'Alsace  composant  la  préfecture  de  Haguenau  fut 
réduit  à  dix;  c'étaient  Haguenau,  Golmar^  Schlestadt,  Wissem- 
bourg,  Landau,  Obernai,  Rosheim,  Munster,  Eaysersberg  et 
Tttrckheim. 

Dans  les  Diètes  et  les  assemblées  de  TEmpire,  les  députés 
de  Haguenau  et  de  Golmar  représentaient  les  autres  villes  de 
la  Décapote.  Haguenau  ayant  prétendu  exercer  seule  cette 
prérogative,  il  fut  décidé,  dans  une  réunion  générale  tenue  à 
Strasbourg  en  1546,  que  l'ancien  usage  des  deux  députés 
serait  maintenu;  ce  droit  s'appelait  MUreitungsrechL  La 
suprématie  que  Haguenau  s'était  arrogée  sur  les  autres  villes 
lui  fut  toujours  contestée  par  celles-ci  ;  cependant  elle  pou- 
vait décacheter  les  dépêches  ou  missives  qui  étaient  adressées 
à  la  Décapote,  et  devait  les  communiquer  aux  autres. 

Le  subside  que  la  confédération  devait  payer  chaque  année 
à  l'Empire  (Reichssteuer)  fut  porté  sous  l'empereur  Sigismond 
à  quatre  mille  florins  d'or.  Sous  les  empereurs  de  la  maison 
d'Autriche,  il  était  remis  au  Landvogt,  mais  c'était  l'empereur 
qui  devait  en  signer  la  quittance.  Eu  1467,  lors  de  la  guerre 
de  l'Empire  avec  les  Turcs,  le  contingent  fourni  par  chacune 
des  villes  de  Golmar,  Schlestadt,  Mulhouse  et  Wissembourg, 
fut  de  six  cavaliers  et  douze  fantassins  ;  ce  nombre  fut  réduit 
de  moitié  en  1471.  Dès  lors,  Haguenau  fut  plus  fortement 
imposée  que  les  autres  villes  ;  mais  pour  l'entretien  de  la 
Chambre  impériale,  Haguenau,  Golmar  et  Schlestadt  payaient 
annuellement  chacunequatre-vingt  florins.  Dans  une  assemblée 
tenue  à  Strasbourg,  en  1608,  on  fixa  de  la  manière  suivante 


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LA  DÉCAPOLB  ALSACIENNE  443 

la  part  contributive  de  chaque  ville  aux  charges  et  dépenses 
de  la  confédération  :  Haguenau  et  Golmar  ensemble,  la  moitié  ; 
Schlestadt  et  Wissembourg,  le  quart  ;  Landau  et  Obernai,  le 
huitième;  Kaysersberg,  TOrckheîm,  Munster  et  Rosheim, 
l'autre  huitième. 

Le  Landvogi  jouissait  de  revenus  provenant  du  droit  de 
protection  et  d'autres  prestations  que  devaient  lui  payer  les 
villes  de  la  Décapole,  et  qui  s'élevèrent,  vers  les  derniers  temps, 
à  la  somme  de  quarante  mille  livres^  Il  pouvait  avoir  un 
lie\xiendin\  (Untervogt),  qu'il  nommait  lui-même.  Les  fonctions 
de  Landvogt  furent  constamment  remplies,  à  trois  exceptions 
près,  par  des  personnages  de  haute  extraction  et  dont  certains 
appartenaient  à  des  familles  souveraines. 

Le  Landvogi  ei  son  lieutenant  étaient  obligés,  en  entrant 
en  fonctions,  de  promettre  par  écrit  aux  villes  de  leur 
donner  aide  et  protection,  et  ils  juraient  de  tenir  fidèlement 
leur  promesse.  Les  villes,  de  leur  côté,  leur  prêtaient  serment 
d'obéissance  et  de  fidélité,  mais  non  de  sujétion.  Disons 
toutefois  que  le  député  de  Wissembourg  ne  donnait  que  la 
main  an  Landvogt,  et  que  celui  de  Landau  ne  prêtait  pas 
serment  i  VUntervogt. 

Le*  Landvogt  ou  son  lieutenant  pouvaient  assister  au 
renouvellement  annuel  des  magistrats  des  villes  ;  cependant, 
l'élection  se  faisait  en  dehors  de  leur  présence,  et,  lorsqu'ils 
étaient  présents,  ils  ne  pouvaient  prendre  part  au  vote, 
Wissembourg  et  Landau  les  appelaient,  non  à  assister  au 
renouvellement  de  leurs  magistratures  locales,  mais  à  recevoir 
le  serment  de  fidélité  de  celles-ci  à  l'Empire.  Lorsqu'un 
différend  s'élerait  entre  l'une  des  villes  et  le  Landvogt,  les 
autres  villes  le  tranchaient  par  voie  arbitrale;  si  le  litige 
concernait  toutes  les  villes,  c'était  l'empereur  qui  le  vidait, 

^  Wissembonrg,  Landaa  et  Turckheim  ne  payaient  pas  de  droit  de 
protection  au  Landvogt. 


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Uii  BEVUE  D*AL8A0E 

A  côté  et  au-dessous  du  Landvogt  impérial  qui  était  à  la 
tête  de  la  Décapole,  se  trouvait  dans  chaque  ville  un  Stadt-^ 
vogt  ou  SchtêUheiss,  qui  était  aussi  un  agent  de  Tempereur  et 
la  tenait  dans  une  espèce  de  sujétioo.  Mais,  comme  nous 
Tavons  déjà  dit,  ces  villes  finirent  par  en  obtenir  l'abolition 
et  par  avoir  le  droit  de  se  gouverner  elles-mêmes,  sous  la 
protection  du  Landvogt. 

En  vertu  du  traité  de  Munster  en  1648,  TEropire  céda  à 
Louis  XIV  TÂlsace  et  la  Décapole,  sauf  Strasbourg  qui  ne  fut 
réunie  à  la  France  qu'en  1681.  Les  dix  villes  reçurent  des 
préteurs  ou  prévôts  royaux  ;  la  province,  des  gouverneurs, 
des  intendants  et  un  parlement  qui  prit  le  titre  de  ConeeU 
sotwerain.  Il  s'éleva,  en  165S,  de  longues  disputes  sur  la 
formule  du  serment  à  prêter  par  les  députés  de  la  Décapole 
au  nouveau  gouverneur,  H.  Henri  d'Harcourt,  et  sur  les 
réversales  qu'il  devait  donner.  A  la  fin  de  Tannée  1661,  ces 
difficultés  existaient  toujours  ;  le  gouverneur,  qui  était  alors 
le  duc  de  Mazarin,  étant  venu  en  Alsace,  convoqua  les  députés 
des  dix  villes  à  Haguenau,  où  l'on  disputa  pendant  plus  de 
vingt  jours  sur  le  serment  que  les  villes  devaient  faire  au  roi 
et  le  gouverneur  aux  villes.  Celles-ci  voulaient  le  prêter  au 
Landvogt  et  non  au  roi.  Enfin  l'on  transigna  le  10  janvier  4662. 
L'ancien  usage  était  que  le  Landvogt  prêtât  le  premier  son 
serment  aux  villes;  il  fut  concédé  que  celles  ci  jureraient 
d'abord  au  roi  et  à  son  gouverneur,  et  que  ce  dernier 
remettrait  ensuite  ses  lettres  reversâtes,  en  les  confirmant  par 
serment. 

P.-E.  TUEFFERD. 


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MATERIAUX 

POUR  SERVIR  A 

L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  DE  TRENTE  ANS 

tirés  des  archives  de  Colmar^ 


Conduite  des  Suédois  à  Colmar;  contributions,' 
entretien  des  troupes;  situation  de  la  ville  à  la 
chute  de  l'administration  catholique;  alliance  de 
Heilbronn;  mesures  réparatrices  du  chancelier 
Axel'Oxenstirn  et  des  généraux  suédois;  travail 
des  fortifications  ;  dîme  extraordinaire  ;  premier 
siège  de  Brisach;  intervention  de  l'Espagno^e  et 
du  duc  de  Lorraine  ;  alliance  de  la  France  et  de 
la  Suède  ;  nouveaux  excès  des  Suédois  à  Colmar; 
ravages  des  Impériaux;  nouvelles  démarches 
de  la  ville  pour  obtenir  ime  réduction  de  ses 
charges  de  guerre. 

Colmar  n'eut  pas  moins  à  souffrir  des  événements  militaires 
après  rentrée  des  Suédois  que  du  temps  de  la  garnison  impé* 
riale.  Sauf  le  retour  des  protestants  dans  les  affaires,  rien  ne 
paraissait  changé  au  régime  contre  lequel  la  bourgeoisie  venait 
de  se  soulever.  Le  régiment  du  comte  de  Nassau  prit  la  place 
des  troupes  du  colonel  Vernier,  et  ne  se  montra  pas  moins 
exigeant.  Ce  fut  un  premier  mécompte  pour  la  population,  dont 

^  Voir  la  livraison  Octobre-Novembre-Décembre  1876  • 


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446  REVUE    D'ALSACE 

la  majorité  avait  moins  à  cœur  une  révolution  religieuse  que 
le  soulagement  de  ses  misères.  Sur  les  premières  instances  que 
la  ville  fit  faire  à  Strasbourg  auprès  du  rhingrave  Othon-Louis,  le 
commissaire  général  suédois,  Josias  Glaser,  qui  remplissait  les 
fonctions  de  représentant  de  Suède  auprès  de  Strasbourg  et 
des  pays  avoîsinants  —  en  cette  dernière  qualité  il  se  serrait 
d'un  sceau  à  ses  armes,  véritable  chef-d'œuvre  de  gravu/e,  — 
promit,  le  8  janvier  1688,  qu'on  ne  tarderait  pas  à  retirer 
de  Golmar  la  garnison  qu'on  lui  avait  imposée.  Mais,  le  15 
janvier,  sous  prétexte  d'une  répartition  plus  équitable  des 
charges  de  guerre,  le  rhingrave  Olhon-Louis  soumit  le  conseil 
et  la  bourgeoisie  de  Colmar  à  payer  tous  les  dix  jours  388 1/3 
rixdales,  6000  pots  de  vin,  12,000  livres  de  pain  pour  l'entre- 
tien des  gens  de  guerre.  Des  impositions  analogues  étaient 
exigées  partout  et,  par  un  ordre  daté  du  quartier  général  de 
Magny  devant  Lure,  2  février,  le  rhingrave  chargea  la  ville 
d'opérer  la  rentrée  de  celles  dont  étaient  frappés  les  villages 
de  Souitzbach,  de  Hûsseren,  de  Herlisheim,  de  Jungholz,  de 
Hattstadt,  de  Niederhergheim,  de  Bieterlingen  (détruit)  et 
d'Oberhergheim,  appartenant  à  la  famille  de  Schauenburg. 
A  en  croire  la  nouvelle  administration,  ce  n'étaient  pas 
seulement  les  contributions  et  les  exactions  qui  avaient  épuisé 
la  ville.  En  renversant  Tancien  patriciat,  la  révolution  de  1627 
avait  confié  le  pouvoir  à  des  hommes  nouveaux,  sans  tradi- 
tionSy  sans  expérience  des  affaires,  sans  fermeté  et  sans  initia- 
tive. Entre  de  pareilles  mains,  les  intérêts  communs  avaient 
eu  beaucoup  à  souffrir,  et  quand  les  protestants  ressaisirent 
les  rênes  de  l'administration,  ils  trouvèrent  le  trésor  vide, 
et  toutes  les  réserves  de  blé,  de  sel,  de  vin,  de  munitions 
épuisées.  D'un  autre  côté,  la  bourgeoisie  était  tombée  de  1400 
à  800  bourgeois  ;  les  familles  aisées,  qui  avaient  quitté  la 
ville  devant  la  persécution  religieuse,  montraient  peu  d'em- 
pressement à  rentrer,  et,  parmi  les  habitants  qui  étaient  restés, 
on  comptait  près  de  200  prolétaires  et  une  centaine  de  veovea 


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HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  DE  TRENTE  ANS  447 

que  rimpôt  devait  épargner.  Il  aurait  fallu  un  grand  mouve- 
ment d'affaires  pour  ramener  Taisance  et  la  prospérité;  mal- 
heureusement le  commerce  des  vins,  la  principale  ressource 
de  la  ville  et  de  la  haute  Alsace,  ou,  comme  on  l'exprimait 
alors,  le  nervus  reiptiblicœ,  était  arrêté,  Fincertitude  des 
routes  ne  permettant  pas  aux  Suisses  de  faire  leurs  achats 
habituels,  ni  d'amener  les  denrées  qu'ils  donnaient  en 
échange. 

Cependant,  en  sa  qualité  de  ville  frontière,  ne  comptant,  à 
l'exception  du  comté  de  Horbourg,  delà  sei^euriede  Rique- 
wihr  et  de  la  vallée  de  Mtlnster,  d'autres  voisins  que  des 
populations  catholiques,  c'est-à-dire  plus  ou  moins  hostiles, 
Golmar  devait  être  particulièrement  sur  ses  gardes  ;  de  glus, 
il  lui  fallait  échapper  à  l'arbitraire  des  che&  de  corps.  Ce  fut 
dans  ce  but  que  la  ville  écrivit,  le  16  février,  au  chancelier 
Axel  Oxenstirn,  plénipotentiaire  général  de  la  couronne  de 
Suède,  pour  se  recommander  à  lui  et  lui  recommander  en  même 
temps  la  ville  de  Munster.  Frédéric-Richard  Mockhel,  qui,  en 
qualité  de  président  de  Suède,  joua  un  rôle  considérable  en 
Alsace,  se  chargea  de  lui  apporter  cette  lettre  et  de  déve- 
lopper toutes  les  considérations  propres  à  la  faire  valoir. 

Ce  n'était  pas  l'intervention  d'Oxenstirn,  si  puissante 
qu'elle  fût,  qui  pouvait  mettre  fin  à  l'état  de  choses  dont 
Golmar  se  plaignait.  La  paix  seule  pouvait  cicatriser  des 
blessures  si  cruelles,  et  comment  l'espérer  quand,  revenant 
de  leur  première  surprise,  les  Impériaux  se  rapprochaient 
chaque  jour  de  plus  en  plus  de  l'Alsace?  La  ville  sentait  le 
danger  qu'un  retour  offensif  de  l'armée  catholique  lui  ferait 
courir,  et  n'en  demandait  pas  moins  un  allégement  de  ses 
charges  !  L'alliance  que  la  Suède  conclut  le  IS  avril,  à  Heil- 
bronn,  avec  les  quatre  cercles  supérieurs  de  l'Allemagne, 
Rhin  électoral,  Franconie,  Souabe  et  Haut-Rhin,  qui 
organisa  la  résistance  et  pourvut  à  la  continuation  de  la 
guerre,  devait  faire  cesser  l'arbitraire  des  exactions.  Gepen- 


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448  BBVUB  D'ALSACE 

dant  Golmar  ne  prit  point  part  aux  préliminaires  da  traité. 
Engagé  par  sa  capitulation  arec  la  Suède,  il  ne  fut  pas  appelé 
à  se  joindre  aux  états  protestants  qui  avaient  conserré  leur 
liberté  de  contracter.  Cependant  il  eut  connaissance  du  traité 
par  une  lettre  de  Mockhel,  datée  de  Stuttgart,  2S  avril;  quelques 
jours  après,  le  9  mai,  Strasbourg  communiqua  de  son  côté 
les  conditions  du  traité,  et  le  désir  de  la  confédération  de  voir 
notre  ville  y  adhérer. 

Les  états  réunis  à  Heilbronn  avaient  accordé  à  la  Suède 
pour  un  an,  à  partir  du  1*'  mai,  une  contribution  mensuelle 
de  douze  mois  romains,  plus  un  mois  simple  pour  le  service 
de  Tartillerie  ;  ils  devaient  en  outre  fournir  leur  contingent 
d'hqpimes  et  de  chevaux,  et  la  part  de  Golmar  était  réglée  à 
84  hommes  et  à  huit  chevaux  de  trait  pour  rartillerie.  Ces 
charges  étaient  lourdes,  et  il  n'appartenait  ni  au  magistrat^  ni 
au  conseil  de  les  imposer  à  la  population.  Il  fallait  le  consen- 
tement du  conseil  des  échevins,  qui  n'avait  plus  fonctionné 
depuis  longtemps  et  qu'il  fallut  compléter  et  reconstituer. 

Ce  collège,  directement  issu  des  corps  de  métiers,  était  en 
majeure  partie  composé  de  catholiques.  Le  magistrat  prit  un 
soin  particulier  pour  l'éclairer  et  diriger  son  vote.  Il  le 
réunit  le  9  juin,  à  six  heures  du  matin,  au  Wagkeller,  et 
développa  toutes  les  raisons  les  plus  propres  à  faire  valoir  la 
proposition  de  Strasbourg. 

c  La  guerre  n'a  pour  but,  dit-on  aux  échevins,  que  de  réta- 
blir la  tranquillité  publique,  de  maintenir  les  privilèges  des 
états  allemands  et  de  mettre  un  frein  au  pouvoir  absolu  de 
la  maison  d'Autriche.  Nous  sommes  invités  aujourd'hui  à 
nous  joindre  à  l'Union  qui  vient  de  se  former  à  Heilbronn 
pour  la  défense  commune,  et  nous  devons  nous  féliciter  d'au- 
tant plus  de  cet  appel,  qu'il  implique  pour  nous  en  droit  une 
indépendance  égale  à  celle  des  villes  et  états  qui  n'ont  aucun 
lien  avec  la  Suède,  et  qui  ne  sont  pas  sous  sa  protection. 
Maintenant  est-il  nécessaire  de  rappeler  que  le  voisinage  de  la 


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mSTOIRE  DE  LA  GUERRE  DE  TRENTE  ANS  449 

frontière  nous  expose  plus  que  d'autres  aux  entreprises  de 
Tennemi?  Or,  en  refusant  d'adhérer  à  Talliance,  nous  nous 
mettrions  dans  l'impossibilité  d'invoquer  le  secours  commun 
de  la  Suède  et  des  états  protestants.  Il  ne  peut  y  avoir  pour 
les  catholiques  aucun  sujet  de  crainte;  car  le  traité  de  Heil- 
bronn,  pas  plus  que  la  capitulation  qui  nous  place  sous 
radvocatie  de  la  Suède,  ne  compromettra  la  liberté  de  Tancien 
culte.  Quand  nous  serons  membres  de  la  nouvelle  confédé- 
ration, nous  cesserons  d'être  à  la  discrétion  des  gens  de 
guerre,  et  les  officiers  seront  engagés  vis-à-vis  de  nous, 
comme  vis-à-vis  de  toute  l'Union.  Sans  doute  les  exigences 
sont  très  élevées  ;  mais  calculez  ce  que  nous  coûte  aujour- 
d'hui l'entretien  de  la  garnison,  et  vous  trouverez  que  les 
charges  actuelles  dépassent  de  beaucoup  la  contribution  qu'on 
nous  demande.  >  Devant  ces  considérations,  le  vote  des 
échevins  fut  unanime  :  ils  Toulurcnt  que  le  pacte  constitutif 
liât  Colmar  comme  il  liait  les  Etats  qui  l'avaient  signé  à  Heil- 
broan.  Toutefois,  sur  la  proposition  du  magistrat,  il  demanda 
que  la  contribution  de  Colmar  fClt  directement  appliquée  aux 
besoins  de  la  garnison  et  non  centralisée  dans  la  caisse  du 
cercle  à  Strasbourg,  et  que  la  ville  ne  fut  pas  exclue  des 
futures  délibérations  de  la  diète.  Heureux  de  ce  succès,  le 
magistrat  s'empressa  d'en  informer,  à  la  date  du  7  juin,  la 
ville  de  Strasbourg  et  le  chancelier  Oxenstirn. 

Dans  sa  lettre  du  28  avril,  Mockhel  avait  annoncé  le  retour 
du  rhingrave  Othon-Louis  en  Alsace,  à  la  tête  de  forces 
suffisantes  pour  arrêter  les  progrès  de  Tennemi.  A  son  arri- 
vée, au  commencement  de  mai,  ce  général  essaya  de  mettre 
fin  aux  abus  les  plus  criants  dont  les  officiers  de  la  garnison 
bénéficiaient  aux  dépens  de  Colmar.  Des  chefs  de  corps 
s'étaient  avisés  de  percevoir  des  péages  extraordinaires  aux 
portes  des  villes,  et  surtout  sur  l'Ill,  la  grande  voie  commer- 
ciale de  la  province  :  défense  fut  faite  de  les  exiger  désormais. 
Les  cantiniers  étaient  exempts  des  droits  d'accise  municipaux, 

Moovelld  Série  -  (*  Aimée*  39 


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450  BEVUB  D'ALSACE 

et  ils  en  profitaient  pour  accaparer  les  denrées,  et  en  fiiire 
commerce  avec  les  particuliers  au  détriment  de  la  ville  :  le 
rhingrave  leur  iuterdit  cette  manœuvre.  Les  distributions 
que  la  ville  faisait  à  la  garnison  donnaient  lieu  à  d'autres  abus  ; 
quand  des  officiers  ou  des  soldats  étaient  absents  du  corps, 
les  cbefs  exigeaient  en  argent  la  valeur  des  vivres  auquels  la 
présence  sous  le  drapeau  donnait  seule  droit  à  leur  subor- 
donnés. D'un  autre  côté,  les  officiers  prétendaient  pour  leurs 
cbevaux  à  des  rations  de  fourrage  de  plus  en  plus  exagérées. 
Le  rhingrave  mit  également  fin  à  ces  exigences.  Enfin  il 
prescrivit  d'appliquer  la  mesure  arrêtée  par  la  convention  de 
Heilbronn,  portant  que  c'était  à  la  caisse  générale  de  l'Union 
protestante  à  supporter  la  dépense  des  garnisons  extraor* 
dinaires  ;  en  conséquence  il  ordonna  qu'en  acquittant  sa  con- 
tribution ,  Golmar  décompterait  le  pain  et  le  vin  fournis 
à  sa  garnison,  à  raison  de  cinq  kreutzer  par  jour  et  par 
soldat. 

Une  autre  mesure  d'intérêt  plus  général ,  qui  aurait  pu 
avoir  d'excellents  résultats,  si  la  Suède  était  reskée  en  force 
en  Alsace,  ce  fut  un  ordre  daté  de  Strasbourg ,  le  18  juillet 
168S,  par  lequel  le  rhingrave  Othon  prescrivit  aux  chefe  de 
corps  de  donner  des  escortes  à  toutes  les  marchandises  cir- 
culant entre  Bâle  et  les  Pays-Bas. 

Le  rhingrave  s'appliqua  aussi  à  mettre  en  état  les  fortifi- 
cations de  Golmar.  Par  un  ordre  daté  de  cette  ville,  le  12  juin 
1638,  il  requit  les  différents  bailliages  de  la  haute  Alsace, 
depuis  Thann  et  Ensisheim  jusqu'au  Yal-de-YiUé,  Andlau  et 
Markolsheim,  de  fournir  constamment  S20  hommes  de  corvée 
avec  81  voitures.  Chaque  homme  devait  être  pourvu  des 
ustensiles  nécessaires  et  de  vivres  pour  trois  jours.  Passé  ce 
temps,  d'autres  travailleurs  devaient  relever  les  premiers.  Des 
réquisitions  analogues  furent  lancées  le  24  juin  ;  établies  sur 
des  bases  plus  larges,  elles  montent  à  885  hommes  et  87 
yoitures.  Mais  les  administrations  locales  n'exécutaient  ces 


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HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  DE  TRENTE  ANS  451 

ordres  qu  autant  que  les  '  Suédois  pesaient  directement  sur 
elles,  et  il  fallut  Tarrivée  du  quartier-mattre  général  de 
l'armée  pour  faire  avancer  les  travaux .  Ce  fut  lui  qui  pres- 
crivit le  plan  des  ouvrages  à  exécuter,  et  il  existe  au  dossier, 
sous  la  date  du  11  (21)  février  1634,  un  marché  passé  avec  le 
capitaine  ingénieur  Alexandre  Adrian,  qui  avait  entrepris  la 
construction  du  bastion  de  Saint-Pierre,  avec  le  cavalier  et 
le  fossé.  Cet  ouvrage,  entièrement  en  terre,  devait  avoir 
iOO  verges  de  développement  et  coûter  33  florins  par 
verge. 

C'est  à  ce  moment  que  Ton  voit  aussi  apparaître  les  réqui» 
sitions  pour  l'approvisionnement  de  la  table  du  rhingrave. 
Golmar  dut  se  charger  de  ce  service,  et  y  suppléer  quand  les 
denrées  n'arrivaient  pas  du  dehors.  Ce  fut  une  charge 
de  plus  pour  la  ville,  qui  eut  souvent  occasion  de  s'en 
plaindre. 

Malgré  les  sacrifices  qu'elle  s'était  imposés,  rUnioh  protes- 
tante était  loin  d'avoir  pourvu  à  toutes  les  dépenses  que  la 
continuation  de  la  guerre  lui  imposait.  On  recourut  au  triste 
expédient  des  anticipations.  Une  première  fois,  le  directoire 
obtint  des  Etals  l'avance  de  trois  mois  de  leur  contribution. 
Cette  ressource  fut  bientôt  jugée  insuffisante,  et  dans  une 
assemblée,  qui  se  tint  à  Heidelberg,  un  certain  nombre  de 
princes  et  de  comtes  accordèrent  au  chancelier  Oxenstirn 
une  anticipation  de  six  mois,  qui  se  confondaient  avec  les 
trois  mois  précédemment  votés.  Indépendamment  de  cette 
avance,  l'assemblée  de  Heidelberg  décida  que  tous  les  membres 
de  l'Union,  états  et  particuliers,  prélèveraient,  au  profit  de 
l'armée  protestante,  une  dtme  extraordinaire  sur  tous  les 
produits  de  la  terre.  Oxenstirn  porta,  le  2 1  juin,  ce  vote  à  la 
connaissance  des  alliés,  et  Strasbourg  invita  Colmar,  le  30 
juin,  à  s'y  conformer.  Notre  ville  se  soumit  encore  à  cette 
nouvelle  nécessité,  et  quoique  l'entretien  de  sa  garnison  fût 
encore  à  sa  charge,  elle  déclara  dans  sa  réponse,  datée  du 


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452  RBYUB  D' ALSACE 

5  juillet^  qu'elle  prendrait  set  mesures  pour  que  la  dîme  fût 
perçue  dans  toute  retendue  de  sa  banlieue ,  toutefois  sans 
préjudice  pour  ses  droits  et  sa  juridiction.  Quand  peu  de 
temps  après,  le  23  juillet,  le  chancelier  Oxenstirn  réunit  à 
Francfort  rassemblée  des  états  protestants  —  à  laquelle 
Golmar,  un  peu  tardivement  convoqué  (16  juillet)  par  Stras- 
bourg, ne  put  prendre  part,  —  cette  nouvelle  contribution  fut 
Tobjet  de  longues  discussions  entre  le  collège  des  princes  et 
celui  des  villes,  les  premiers  refusant  de  voter  la  dime  et 
prétendant  la  remplacer  par  un  impôt  extraordinaire  sur  les 
riches  cités  qui  leur  étaient  alliées.  Strasbourg  entretint 
Golmar  de  cet  incident,  qui  n'était  pas  clos,  dans  une  lettre 
du  SO  novembre  où  il  lui  rend  compte  des  diverses  autres 
questions  qui  avaient  occupé  les  députés  réunis  à  Francfort 

Malheureusement  les  abus  de  la  force  étaient  sans  remède, 
et  la  ville  en  subissait  tous  len  inconvénients.  Une  fois,  c'est 
un  rittmestre  de  la  garnison,  qui,  en  plein  jour,  viole  une 
enfant  de  treize  ans  dans  Técurie  des  Deux-Clefs  ;  une  autre 
fois  des  cavaliers  suédois  enlèvent  près  de  Mulhouse  leurs 
attelages  à  des  bourgeois  revenant  de  Bflle,  ou  dépouillent, 
en  dépit  de  leur  escorte,  des  Suisses  qui  venaient  acheter  du 
vin  dans  le  vignoble  ;  ou  bien  encore,  c'est  un  parti  de 
maraudeurs  qui  vient  faire  la  récolte  auprès  de  Sainte* 
Croix,  et  piller  les  fermes  et  les  moulins  isolés  de  sa  ban- 
lieue. 

Cependant  TEspagne  allait  intervenir  à  son  tour  dans  cette 
lutte  où  rhégémonie  de  la  maison  d'Autriche  était  si  sérieu- 
sement en  jeu,  et  où  elle  espérait  ressaisir  pour  son  propre 
compte  les  Provinces-Unies.  Dès  le  80  juillet,  le  comman- 
dant  de  la  garnison  de  Colmar  signala  au  rhingrave  la  pré- 
sence de  troupes  espagnoles  aux  environs  du  lac  de  Gôme. 
La  même  nuit,  un  courrier  du  duc  de  Rohan  apporta  la  nou- 
velle que  cette  armée  allait,  le  Si  juillet,  se  mettre  en  marche 

*  Prot.  mis. 


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HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  DE  TRENTE  ANS  453 

pour  la  Valteliae,  en  se  dirigeant  sur  Bregentz  et  Constance. 
La  ville  transmit  cet  avis  au  même  rhingrave  qui,  occupé  du 
premier  siège  de  Brisach,  avait  en  ce  moment  son  quartier 
général  à  Biesbeim.  D'autres  avis,  reçus  le  12  août,  confir- 
mèrent la  nouvelle  de  ce  mouvement  En  accusant  réception  à 
la  ville  de  cette  dernière  communication,  la  chancellerie  du 
rhingrave  lui  fit  part  d'un  récent  engagement  sous  les  murs 
de  Brisach  :  le  IS  (3SJ  août,  à  8  heures  du  matin,  la  garni- 
son avait  tenté  trois  attaques  différentes  contre  le  camp 
ennemi  ;  mais  les  Suédois  étaient  sur  leurs  gardes  ;  200 
hommes  du  colonel  Witzthum  veillaient  aux  tranchées  ;  ils 
ehai|;èrent  les  assaillants  et  les  mirent  en  désordre.  Un  grand 
nombre  resta  sur  le  carreau,  96  furent  pris  et  d'autres  jetés 
dans  le  Rhin.  Le  reste  de  la  garnison^  tenu  en  échec  par  la 
cavalerie  suédoise,  ne  put  appuyer  cette  sortie.  Le  auteurs  de 
rhistoire  de  Yieux-Brisach,  publiée  en  1851,  MM.  P.  Ros- 
mann  et  Faustin  Eus,  qui  mentionnent,  p.  340,  plusieurs 
combats  livrés  à  Toccasion  de  ce  siège,  ignorent  cet  engage- 
ment, au  moins  sous  cette  date. 

Pendant  que  les  troupes  espagnoles  se  rapprochaient  du 
théâtre  de  la  guerre,  le  duc  de  Lorraine,  Charles  III  ou  IV, 
qui  avait  déjà  fait  une  vaine  démonstration  en  faveur  de 
TEmpire,  rassemblait  à  Saint-Dié  ses  troupes  dispersées,  dont 
il  fit  la  montre  le  14  ou  le  15  août.  D*un  autre  côté,  4000 
soldats,  levés  dans  le  comté  de  Bourgogne,  marchaient  de 
Montbéliard  sur  Lure,  pour  opérer  leur  jonction  avec  les 
Lorrains.^ 

C'est  ainsi  que,  loin  de  s'éteindre,  l'embrasement  gagnait 
chaque  jour  de  nouveaux  aliments  ;  c'est  ainsi  que  l'Empire, 
qui  commençait  à  sentir  la  main  de  la  France,  dans  la  résis- 
tance qu'on  lui  opposait,  amenait  peu  à  peu  tous  ceux  que  la 
France  menaçait,  dans  le  champ  clos  où  se  vidait  la  querelle 

^  Prot.  miss.  1633-35,  lettre  du  15  août  1603  au  rhingrave  Jean-Phi- 
lippe. 


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454  BEVUE  D'ALSACE 

des  protestants  et  des  catholiques  d'Allemagne.  Le  traité 
d'alliance  et  de  subsides  conclu  à  Bernwald,  entre  la  France 
et  Gustave- Adolphe,  renouvelé  une  première  fois  à  Heilbronn, 
reçut  à  cette  époque  une  nouvelle  confirmation  par  le  traité 
de  Francfort-sur-le-Mein,  du  6  septembre  163S,  dont  une 
copie  est  jointe  au  dossier. 

A  l'approche  du  danger,  les  généraux  suédois  ne  restèrent 
pas  inactifs.  Le  12  octobre,  le  rhingrave  Othon-Louis,  de 
retour  à  Golmar,  donnait  au  lieutenant-colonel  Philippe- 
Jacques  Berhold,  l'ordre  de  concentrer  dans  cette  ville  tous 
les  détachements  du  régiment  de  Hanau,  de  prendre  le  com- 
mandement de  la  place  et  de  s'apprêter  à  faire  son  devoir  de 
soldat  dans  toutes  les  circonstances  à  venir.  Il  prescrivit  en 
même  temps  de  chasser  les  femmes  de  mauvaise  vie,  qui 
suivaient  les  soldats,  de  réduire  les  chevaux  des  officiers 
au  strict  nécessaire,  de  ménager  autant  que  possible  la  ville 
et  ses  habitants. 

Au  commencement  de  novembre,  le  maréchal  Jacques 
Nompar  Gaumont,  duc  de  la  Force,  arriva  à  Remiremont  avec 
une  armée  française^  en  annonçant  son  intention  de  livrer 
bataille  au  duc  de  Feria  et  aux  forces  espagnoles  venant  d'Italie, 
dès  qu'il  les  recontrerait.  Ce  fut  le  résident  Mockhel  qui  annonça 
cette  nouvelle  au  syndic  Mogg,  par  une  lettre  datée  deSainte- 
Marie-aux-Mincs,  1"  novembre  :  lui-même  voulait  se  rendre 
auprès  du  maréchal  pour  le  fortifier  dans  ce  dessein.  Peu 
après,  le  feld-maréchal  Horn,  le  comte  palatin  de  Birkenfeld, 
et  le  rhingrave  Olhon-Louis  opérèrent  leur  jonction  dans  la 
haute  AlHace,  pour  en  défendre  l'entrée  aux  Espagnols.  Cette 
concentration  de  troupes  amena  à  Colmar  un  état-major  de 
douze  généraux  avec  environ  2000  chevaux,  que  la  ville  dut 
loger  en  sus  de  sa  garnison.  Les  officiers  et  les  soldats  n'at* 
tendaient  pas  toujours  de  bonne  grflce,  qu'on  leur  assignât 
des  quartiers;  ils  s'établissaient  au  hasard,  dans  les  cours  des 
laboureurs,  avec  30,  40,  60  chevaux,  maltraitaient  et  dépouil- 


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HISTOIRE  DE  LA  GUEBBB  DE  TRENTE  ANS  455 

laient  les  habitants,  gaspillant  en  quelques  jours  les  provi- 
sions qui  auraient  sufQ  à  nourrir  la  population  et  la  garnison 
pendant  Thiver  entier.  Au  dehors  des  murs,  les  choses  ne  se 
passaient  pas  autrement;  des  caraliers  et  des  goujats  battaient 
la  banlieue  et  exerçaient  leurs  violences  et  leurs  rapines  sur 
les  gens  qui  rentraient  leurs  vendanges;  quatre  meurtres 
furent  commis  de  la  sorte  en  quelques  jours.  Le  19  octobre, 
la  ville  avait  envoyé  des  députés  à  Gustave  Horn,  pour  se 
plaindre  de  ces  excès.  A  son  arrivée  à  Golmar,  le  feld-maréchal 
signifia  le  2S  octobre  aux  officiers  qui,  au  lieu  de  suivre 
leur  corps,  s'étaient  arrogé  des  quartiers  en  ville,  l'ordre  de 
les  vider  au  plus  tôt,  s'ils  ne  voulaient  pas  que  leur  entretien 
restât  à  leur  charge. 

Après  la  levée  du  siège  de  Brisach,  les  Impériaux,  libres 
de  repasser  en  Alsace,  ne  tardèrent  pas  à  se  montrer  aux 
environs  de  Golmar.  Le  24  novembre,  un  parti  de  cavalerie, 
supposé  de  30  cornettes,  se  présenta  devant  Sainte-Croix  ;  la 
garnison  suédoise,  trop  faible  pour  défendre  la  yillette,  se 
retira  dans  le  château  où  elle  se  barricada,  en  laissant  l'ennemi 
piller  les  habitations  particulières.  Cependant,  sur  le  refus 
des  Suédois  de  se  rendre,  il  quitta  la  place  pour  se  diriger 
sur  Mulhouse,  où  il  devait  opérer  sa  jonction  avec  300  autres 
chevaux,  que  l'on  supposait  devoir  ramener  la  margravine  de 
Bade  de  la  Lorraine,  où  elle  s'était  réfugiée.  On  comptait  à 
ce  moment  que  les  Impériaux,  relevés  à  Brisach  par  des 
milices  venues  des  pays  antérieurs  de  l'Autriche,  avaient  3  ou 
4000  hommes  et  plus  en  campagne,  et  cette  force  était  suffi- 
sante pour  tenir  les  Suédois  en  respect  après  le  départ  du 
gros  de  leur  armée. 

Ces  derniers  prenaient  leur  revanche  aux  dépens  des  popu- 
lations. En  dépit  des  ordres  de  Gustave  Horn,  la  garnison  de 
Golmar,  les  officiers  surtout,  n'avait  jamais  montré  autant 
d'insolence.  Le  magistrat  même  n  était  pas  à  l'abri  des  insultes. 
La  certitude  de  ne  pouvoir  se  maintenir  démoralisait  ces 


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456  BEVXJE  d'alsaoe 

hommes  que  le  succès  n'avait  pas  disciplinés,  et,  plutôt  qae 
de  laisser  de  la  besogne  à  faire  à  de  noureanx  Tenus,  les 
soldats  cherchaient  toutes  les  occasions  et  les  faisaient  naître 
au  besoin,  pour  maltraiter  et  dépouiller  les  habitants.  D'autres 
désordres  accompagnèrent  les  querelles  et  les  pillages  :  les 
prisonniers  de  guerre,  parmi  lesquels  on  comptait  le  colonel  de 
Mercy,  furent  abandonnés  à  eux-mêmes,  au  risque  de  les  voir 
tramer  des  complots  contre  la  sûreté  de  la  place.  En  dépit 
des  droits  de  juridiction  de  la  ville,  et  au  mépris  des  privilèges 
des  corps  de  métiers,  les  marchands  étrangers  venaient,  sans 
acquitter  les  droits  de  péage,  faire  concurrence  aux  produits 
de  l'industrie  locale.  Â  ce  moment,  la  garnison  se  composait 
du  régiment  de  Hanau,  auquel  étaient  venus  se  joindre  200 
mousquetaires  de  celui  de  Nassau,  ce  qui  l'avait  porté  à  près 
de  800  hommes,  non  compris  l'état  major.  Pour  l'entretien 
de  tout  ce  monde,  la  ville  fournissait  282  quartaux  de  blé,  à 
fl.  4  le  quartal,  et  40  foudres  de  vin,  à  û.  50  ;  plus  tons 
les  dix  jours  fl.  600  en  argent  ;  le  total  de  la  dépense  montait 
à  fl.  4628,  tandis  que  le  duodécuple  mois  de  l'expédition 
romaine  ne  montait  qu'à  fl.  2016.  Si  l'on  compte  encore  les 
fournitures  pour  la  table  des  généraux  suédois,  qai  étaient  à 
ce  moment  entièrement  à  Ja  charge  de  la  ville,  et  qui  for- 
maient encore  une  avance  de  fl.  S800,  on  peut  se  faire  une 
idée  de  ce  que  la  guerre  coûtait  à  nos  pères.  Le  26  novembre, 
Golmar  profita  de  la  présence  à  Strasbourg  de  deux  membres 
du  conseil  supérieur  de  l'Union  protestante,  ou  ConsUitm 
formatum,  George-Gustave  Wetzel  de  Marsilien  et  François- 
Adolphe  Ingold,  pour  leur  présenter  ses  doléances  et  leur 
demander  leur  intervention  auprès  du  chancelier  Oxenstirn. 
Par  suite  de  cette  démarche,  le  chancelier  écrivit  au  rhin- 
grave  Othon-Louis,  pour  lui  recommander  de  ne  rien  préten* 
dre  au  delà  de  son  duodécuple  mois  romain,  et  de  ne  pas  lai 
imposer  de  garnison  exorbitante.  Une  autre  lettre  des  deox 
membres  du  ConMum  formatum,  adressée  au  lieutenant- 


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HISTOIBE  DE  LA  GUEBRE  DE  TRENTE  ANS  4S7 

colonel  Bernbold,  lui  prescrivit  de  ménager  de  son  côté  la 
Yille.  EnOn  Oxenstirn  régla  définitivement  la  part  de  Golmar 
à  la  somme  de  2015  florins,  payable  chaqae  mois  entre  les 
mains  da  commandant  de  la  garnison. 

La  difficulté  était  d'obtenir  que  la  ville  fût  traitée  confor- 
mément aux  intentions  du  directoire  de  la  ligue.  Les  exigences 
étaient  là,  et  il  n'y  avait  pas  moyen  de  les  éluder.  Les  parti- 
culiers n'en  étaient  quittes  ni  avec  la  tailleS  ni  avec  la  contri- 
bution extraordinaire';  on  leur  prenait  les  chevaux  pour  le 
service  de  Tartillerie  et,  au  lieu  de  8  chevaux  auxquels 
Ciolmar  avait  été  taxé,  son  contingent  s'éleva  jusqu'à  160.  Tel 
était  répuisement  de  la  ville  que  les  magistrats  ne  touchaient 
plus  leurs  pensions,  que  les  pasteurs  et  les  maîtres  d'école 
étaient  réduits  à  la  portion  congrue,  et  que,  faute  d'argent 
pour  payer  le  voyage  de  ses  députés,  la  ville  pria  Strasbourg 
de  la  représenter  à  la  diète  de  Worms,  où  les  états  du  Haut- 
Rhin  devaient,  le  28  janvier  16S4,  délibérer  sur  les  graves 
questions  à  traiter  par  Taseemblée  de  Francfort,  qu'Oxenstim 
avait  de  nouveau  convoquée,  le  20  décembre,  pour  le  1"  mars 
de  l'année  suivante,  et  qui  devait  principalement  aviser  anx 
moyens  de  rallier  les  cercles  de  la  haute  et  basse  Saxe  et 
de  la  Westphalie  à  l'Union  de  Heilbronn  ;  et  ce  ne  fut  que 
sur  les  pressantes  instances  de  Strasbourg  que  Golmar  se 
décida  à  envoyer  à  Strasbourg  le  syndic  Mogg  et  le  conseiller 
Jonas  Walch. 

A  ce  dossier  sont  annexées  à  leur  date  les  deux  pièces 
suivantes  : 

i""  Lettre  du  7  mai  1688,  adressée  à  la  ville  par  huit 
membres  de  l'ancien  corps  municipal,  retenus  prisonniers  à 
Benfeld,  pour  la  prier  d'agir  en  leur  foveur auprès  du  rhin- 
grave  Othon-Louis; 

2^  Lettre  du  rhingrave  Othon-Louis,  du  26  septembre,  par 
laquelle  il  invite  le  résident  Mockhel  à  donner  une  sauve- 

*  Qewtrff.    *  Schatzung. 


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458  REVUE  D*  ALSACE 

garde  à  la  maison  de  JeanEriegelstein,  bourgeois  deCîolmar  à 
son  service.  Ce  Kriegelstein  est  sans  doute  celui  dont  il  est 
question  dans  le  Journal  du  siège  de  Calmar,  comme  ayant 
eu  une  conférence  extra-muros  avec  le  greffier  de  justice 
Nicolas  Sandherr. 


Les  Suédois  tenus  en  échec  par  la  garnison  de 
Brisach;  occupés  du  siège  de  Rheinfelden; 
assemblée  de  Francfort;  Colmar  demande  une 
modération  de  ses  charges  de  guerre;  divers 
avantages  qu'il  obtient;  prend  des  troupes  à  sa 
solde  pour  pouvoir  éloigner  sa  garnison;  se  met 
en  état  de  défense;  le  Haut-Landsber g  surpris  ; 
désastre  des  Suédois  à  NordUngue 

Malgré  la  défaite  infligée  aux  Impériaux  à  Wattwiller,  le 
2  mars  1684,  Tarmée  suédoise  n'était  plus  en  état  degiarantir 
efficacement  la  sécurité  de  Golmar.  De  Krisach,  d'où  ils  com- 
mandaient pour  ainsi  dire  toute  la  haute  Alsace,  les  Impé- 
riaux étaient  maître  de  se  porter  jusque  sous  les  murs  de 
notre  ville.  Ce  fut  en  vain  que  le  lieutenant-colonel  suédois 
Landenberger  et  le  rittmestre  Hildenbrand  s'établirent  à 
Ensisheim,  pour  prendre  les  Impériaux  de  flanc,  chaque  fois 
qu'ils  franchiraient  le  pont  du  Rhin.  Ces  deux  officiers  durent 
peu  après  se  mettre  à  la  poursuite  des  troupes  battues  à 
Wattwiller,  qui  se  rassemblaient  de  nouveau  dans  la  vallée 
de  Saint-Âmarin.  Mais  ces  débris  n'attendirent  pas  qu'on  les 
attaquât  :  ils  passèrent  les  Vosges  et  se  retirèrent  dans  les 
environs  deSaint-Dié. 

De  son  côté,  la  garnison  de  Brisach  détacha  une  colonne 
qui  se  présenta,  le  mardi  1*'  avril,  devant  Mittelwihr.  Le 
village  fut  pillé  et  un  notable  emmené  prisonnier;  il  ne 


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mSTOIBE  DE  LA  6VEBBE  DE  TRENTE  ANS  459 

recouvra  sa  liberté  du  colonel  Ascanio  Albertini,  en  ce  moment 

à  Brisach,  que  contre  une  rançon  de  300  rixdales.  De  Mittel- 

wihr,  les  Impériaux  coururent  à  Ammerschwihr,  dont  un 

traître,  le  majordome  du  rittmestre  Goldstein,  autrefois  au 

service  de  TEmpire,  leur  ouvrit  les  portes.  Le  lendemain, 

pendant  que  les  protestants  de  Golmar  assistaient  au  prêche 

du  matin,  un  autre  détachement  enleva  aux  cultivateurs  de 

la  ville  et  des  environs  une  centaine  de  chevaux  qu'ils  faisaient 

pftturer  dans  le  Rieth.  Mais  le  même  jour,  six  cavaliers  du 

rittmestre  Goldstein  ayant  appris  à  Ammerschwihr  que  les 

Impériaux  y  avaient  enlevé  la  veille  les  domestiques  et  les 

bagages  de  leur  commandant,  poussèrent  une  reconnaissance 

dans  la  vallée  de  Lapoutroye,  où  ils  rencontrèrent  un  gros 

d'ennemis,  sur  lequel  ils  donnèrent  si  vigoureusement  qu'après 

en  avoir  sabré  une  partie,  ils  firent  encore  une  vingtaine  de 

prisonniers.  La  plupart  étaient  des  officiers  congédiés  après 

leur  défaite  de  Watlwiller,  qui  étaient  restés  réunis  pour  ne 

pas  être  massacrés  par  les  paysans  \ 

Cependant  la  garnison  de  Brisach  continuait  ses  ravages. 
Elle  s'était  renforcée  de  celle  de  Neuenbourg,  qui,  après  avoir 
subi  un  premier  assaut,  s'était  embarquée,  le  26  mars,  sur  le 
Rhin,  pour  ne  pas  risquer  une  seconde  attaque  qu'elle  se 
sentait  incapable  de  soutenir  \  Le  samedi,  5  avril,  une  nou- 
velle expédition  partie  de  Brisach,  ne  laissa  ni  chevaux  ni 
bétail  dans  les  villages  wurtembergeois  de  Horbourg,  d'An- 
dolsheim  et  de  Sundhofen.  Ces  pertes  étaient  sensibles,  même 
pour  Golmar,  dont  le  rhingrave  Othon-Louis  retenait  toujours 
les  chevaux  pour  le  service  de  son  artillerie  '. 

Les  opérations  militaires    du   rhingrave  Jean-Philippe, 
laissaient  la  ville  passablement  à  découvert.  Après  la  prise  de 

^  Lettre  aux  députés  à  Francfort,  du  5  avril. 

'  Lettre  aux  mêmes,  du  30  mars. 

'  Prot,  missiv.  Lettre  au  rhingrave  Othon-Louis,  du  5  avril. 


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400  REVUE  D'aLSAOE 

Fribourg,  le  KXaTril  \  le  rbingraye  avait  été  reprendre  le  siège 
de  Rheinfelden,  vigoureusement  défendu  par  François  de 
Hercy.  Pendant  deux  jours  on  crut  entendre  à  Golmar  le  canon 
qui  battait  la  place.  Le  capitaine  Adrian,  chargé  des  fortifica- 
tions de  Golmar,  fut  appelé  à  prendre  part  aux  travaux  de 
ce  siège,  ce  qui  n'avança  guère  Tachëvement  des  défenses 
dont  la  ville  avait  besoin.  D'un  autre  côté,  on  no  voulait  pas 
restituer  les  160  chevaux  qu'elle  avait  prêtés,  et,  faute  de 
pouvoir  s'en  aider^  les  habitants  durent  laisser  en  friche  une 
partie  de  leurs  terres.  A  cela  se  joignait  Tincertitude  des 
routes.  Le  commerce  du  vin  avec  la  Suisse,  qui  avait  eu  Tair 
de  reprendre,  était  de  nouveau  complètement  enrayé  :  après 
un  premier  convoi  qui  avait  heureusement  passé,  d'autres 
Toitures  furent  pillées  avant  leur  arrivée  à  RoufiTacb. 

Depuis  le  retour  des  protestants  au  pouvoir,  la  ville  était 
rentrée  en  correspondance  avec  son  ancien  syndic,  Antoine 
Schott,  retiré  à  Bâie  à  la  suite  des  événements  de  1628. 
Cependant  on  lui  avait  attribué  une  réfutation  du  sermon 
prononcé  en  16S2,  par  le  D'  J .  Schmitt,  lors  de  la  restitu- 
tion de  l'église  de  la  Trinité  au  culte  protestant,  réfutation 
qui  avait  été  récemment  publiée  sans  nom  d'auteur  à  Bâle, 
sous  le  titre  de  Kurtze  Verantwcriung  der  Predigt.  C'était 
une  réponse  calviniste  très  acerbe  à  l'homélie  luthérienne  du 
D'  Schmitt.  Mais  Schott  protesta  énergiquement  contre  cette 
imputation  :  il  soutint  qu'il  n'avait  aucune  part  à  ce  libelle, 
et  que  l'auteur  et  ses  complices  lui  étaient  inconnus^.  La  ville 
parut  le  croire  et  continua  à  consulter  son  ancien  greffier 
sur  les  questions  difficiles  qui  se  présentaient.  En  se  rendant 
le  mardi,  16  avril,  i  l'un  de  ses  appels,  le  malheureux  Schott 

^  D'après  une  lettre  du  12  avril,  adressée  par  Golmar  à  ses  députés  à 
Francfort,  300  paysans,  qai  combattaient  dans  les  rangs  des  Impériaux, 
y  farent  massacrés. 

'  Lettre  de  Golmar  da  15  février  1634  ;  réponse  de  Schott  da  25  da 
même  mois. 


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HISTOIRE  DE  LA  6X7ERRB  DB  TRENTE  ANS  461 

fat  surprit  à  une  lieue  et  demie  de  Bêle,  dans  la  forêt  de  la 
Harth,  et  massacré  avec  les  cavaliers  de  distinction  qui 
raccompagnaient.  On  ne  trouva  les  cadavres,  au  nombre  de 
six,  que  le  vendredi  ;  le  vieux  syndic  était  entièrement  nu  ; 
outre  quelques  légères  blessures  au  bras  et  au  côté,  il  avait 
la  tête  fracassée  d'un  coup  de  feu^  Cette  nouvelle  causa  à 
Golmar  une  émotion  profonde,  partagée  à  Francfort  par  les 
députés  de  la  ville  ;  une  lettre  de  Mogg,  du  29  avril,  exprime 
en  termes  touchants  les  regrets  que  la  triste  fin  de  son  pré- 
décesseur lui  avait  fait  éprouver. 

Les  Impériaux  occupaient  encore  entr'autres  le  château 
de  Wildenstein,  qui  ne  se  rendit  aux  Français  sous  le  com- 
mandement de  M.  de  la  Bloquerie,  que  le  9  août  suivant'  ;  ils 
faisaient  de  là  des  pointes  dans  la  vallée  de  Munster.  On 
songea,  à  Golmar,  à  repousser  ces  incursions  et,  le  22  avril 
au  soir,  un  détachement  d'une  centaine  d'hommes,  moitié 
bourgeois,  moitié  soldats  de  la  garnison,  cavaliers  et  fantas- 
sins, partit  pour  Mftnster,  dans  Tespoir  de  surprendre  les 
Impériaux.  De  son  côté,  la  garnison  de  Brisach,  informée 
qu'il  était  arrivé  de  nombreuses  marchandises  à  lUbœi^seren, 
profita  de  cette  expédition  pour  essayer  de  les  enlever  :  heu- 
reusement on  avait  eu  le  temps  de  les  amener  à  Ciolmar. 
Mais  à  leur  retour  les  Impériaux  surprirent  400  chevaux 
appartenant  aux  cultivateurs,  et  200  bœuâ  appartenant  aux 
bouchers  de  Golmar ^  Une  lettre,  adressée  le  16  juillet  au 
rhingrave  Jean-Philippe^,  n'évalue  pas  à  moins  de  mille  le 
nombre  de  chevaux  que  la  ville  avait  perdus  dans  l'espace  des 
quelques  mois. 

Au  dedans  de  la  ville,  la  guerre  occasionnait  d'autres 
alarmes.  On  avait  transféré  à  Golmar  800  Impériaux  faits 

^  Lettre  non  signée,  dn  19  avril. 
«  N.  st. 

*  Lettre  aux  dépntés«  du  27  avril. 

*  Protoç,  miêHv, 


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462  BEVUE  D'ALSACE 

prisonniers  à  la  bataille  de  Wattwillèr,  dont  la  condaite  lais- 
sait fort  à  désirer.  Telle  était  Tinsouciance  du  commandant  de 
place,  colonel  Bernhold,  que  ces  hommes  avaient  dans  la  ville 
toute  liberté  d'aller  et  de  venir,  même  de  nuit.  Un  soir, 
après  neuf  heures,  quatre  d'entre  eux  essayèrent  de  sur- 
prendre un  poste  établi  à  l'entrée  de  la  Lauch  en  ville  K 

Chaque  jour  ajoutait  un  trait  de  plus  au  sombre  tableau  de 
FAlsace,  pendant  cette  période  de  la  guerre  de  Trente  ans  Le 
80  mai,  un  parti  de  cavaliers  de  Brisach  pilla  la  métairie  de 
la  jeune  comtesse  de  Ribaupierre,  à  Illhœuseren,  et  emmena 
30  chevaux,  vaches  ou  bœufs  du  Rieth  de  Guémar.  Le  mime 
jour,  50  mousquetaires,  de  la  même  garnison,  pillèrent  le 
moulin  de  Niederhergheim.  Â  Soultzbacb,  les  Impériaux 
s'emparèrent  du  receveur  de  la  seigneurie;  la  femme  d'un 
capitaine,  qui  se  rendait  en  voiture  d'Ensisheim  à  Schœnen- 
steinbacb,  fut  enlevée.  Les  Suédois  se  comportaient  exacte- 
ment comme  les  Impériaux  ;  une  fois  en  rase  campagne,  le 
moins  qu'on  devait  craindre,  c'était  d'être  pillé  tant  par  les 
ennemis  que  par  les  amis.  Il  était  malaisé  de  dire  quelle  ville 
était  serrée  de  plus  près,  Golmar  ou  Brisach.  A  Brisach,  le 
marché  était  mieux  approvisionné  qu'à  Golmar,  où  l'on  avait 
à  craindre  une  disette  si,  comme  tout  l'annonçait,  on  ne  pou- 
vait rentrer  ni  les  fourrages,  ni  la  moisson.' 

Pendant  ce  temps,  l'assemblée  des  Etats  protestants  s'était 
réunie  à  Francfort.  Elle  avait  été  convoquée  par  Oxenstirn, 
pour  le  1"  mars;  mais  les  députés  de  Golmar,  le  syndic  Jean- 
Henri  Mogg  et  le  conseiller  Jonas  Walch  ne  partirent  que 
dans  la  seconde  quinzaine  du  mois  ;  leur  passeport,  signé  du 
rhingrave  Othon-Louis,  est  daté  de  son  quartier  général  de 
Thann,  le  6  mars  1634,  et  les  pouvoirs  qui  les  accréditaient 
définitivement  auprès  de  rassemblée  tomme  représentants  de 
Golmar,  de  Kaysersberg,  de  Milnster  et  de  Turkheim,  sont 

^  Lettre  aux  députés,  dn  17  mai. 
*  Lettre  aux  dépotés,  du  31  mai* 


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HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  DE  TRENTE  ANS  463 

datés  du  11  du  même  mois.  Voici  les  réclamatioDS  qu'ils 
devaient  faire  valoir  au  nom  de  notre  ville  : 

Avant  tout,  Colmar  voulait  être  débarrassé  de  sa  garnison 
actuelle,  comprenant  le  régiment  de  Hanau  et  partie  de  celui 
de  Nassau,  montant  à  un  millier  d'hommes,  dont  l'insolence 
envers  le  magistrat  comme  envers  la  bourgeoisie  n'était  plus 
tolérable.  La  ville  proposait  de  remplacer  ces  troupes  par 
800  hommes  de  nouvelle  levée  et  par  SOO  hommes  à  sa  solde 
particulière. 

On  demandait  aussi  une  modération  des  charges  de  guerre. 
Colmar  avait  continué  à  faire  des  avances  considérables 
pour  l'entretien  des  troupes,  pour  la  table  des  généraux, 
notamment  pour  celle  du  rhingrave  Othon-Louis  qui  tenait  à 
Colmar  une  cour  princière  :  cette  dernière  dépense  formait 
à  ce  moment  un  total  de  13,600  florins.  Puis  venaient  les 
munitions  que  les  Suédois  tiraient  de  la  ville,  les  outils  qu'elle 
avait  fournis  pour  le  siège  de  Brisach,  les  chevaux  que  le 
rhingrave  Jean-Philippe  traînait  à  sa  suite,  la  dépense 
exigée  pour  les  travaux  de  fortification.  La  ville  sentait  qu'elle 
ne  pouvait  pas  se  soustraire  à  ces  charges  ;  mais  comme  elles 
ne  l'intéressaient  pas  seule,  elle  demandait  qu'elle  ne  fût  pas 
seule  à  porter  et  qu'on  lui  accordât  des  compensations  sufK- 
santes.  Elle  désignait  plus  particulièrement  la  dîme  extraor- 
dinaire payable  par  Colmar  et  par  Sainte-Croix,  celle 
d'Ammerschwihr  et  de  Niedermorschwihr,  les  droits  que 
le  fisc  impérial  tirait  de  son  territoire  et  de  celui  de  Sainte- 
Croix,  toutes  les  redevances  qu'on  payait  à  l'ennemi  et  à 
ses  alliés.  Elle  réclamait  encore  la  concession  du  duodécuple 
mois  de  l'expédition  romaine,  dû  par  l'abbaye  de  Marbach  à 
Wettolsheim  et  à  Wintzenheim,  le  transfert  à  la  ville  des  deux 
villettes  de  Herlisheim  et  de  Sonltzbach,  appartenant  aux 
nobles  de  Schauenburg,  qui  devaient  à  Colmar  une  somme 
de  6,575  florins,  du  bailliage  de  Bergheim  en  échange  d'un 
capital  de  1 1^025  florins  que  la  ville  avait  à  prétendre  des  pays 


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464  BEVUE  D'ALSACE 

antérieurs  de  l'Autriche,  des  deux  villages  de  Holzwihr  et  de 
Wickerschwlhr,  comme  garantie  d'une  créance  de  18,000  flo- 
rins que  C!olmar  avait  à  prétendre  des  nobles  de  Froberg. 

Là  M  se  bornaient  pas  ses  vœux.  Les  députés  étaient 
chargés  encore  de  demander  le  rétablissement  du  commerce, 
notamment  de  celui  du  vin,  sans  lequel  il  n'y  avait  pas  pour 
la  ville  de  revenu  public,  ni  pour  les  particuliers  de  moyens 
de  Subsistance.  Ce  qui  était  plus  grave,  la  ville  leur  donna 
ordre  de  demander  pour  elle  la  faculté  de  se  retirer  de  l'al- 
liance de  la  Décapole. 

Le  grand  bailliage  qui  n'avait  d'autre  but,  disait-elle,  que 
de  conserver  et  de  protéger  les  villes  de  la  Décapole,  n'était 
plus,  depuis  que  la  maison  d'Autriche  en  avait  fait  un  de  ses 
apanages,  qu'un  prétexte  d'assujettissement  onéreux,  en  dépit 
des  reversâtes  qui  devaient  garantir  les  droits  des  ressortis- 
sants. Quand  la  ville  avait  à  se  plaindre  de  quelqu'atteinte  à 
sa  supériorité,  elle  était  toujours  obligée  d'en  poursuivre  le 
redressement  devant  la  Chambre  impériale.  La  maison  d'Au- 
triche tirait  occasion  du  grand  bailliage  pour  entreprendre  sur 
les  libertés  des  villes  et  même  pour  se  livrer  à  dlatolérables 
persécutions  religieuses.  Par  toutes  ces  considérations,  les 
députés  devaient  solliciter  du  chancelier  Oxenstirn  la  rupture 
des  liens  qui  rattachaient  Golmar  au  grand  bailliage,  avec 
dispense  de  payer  les  500  florins  du  Rhin,  jadis  contribution 
à  l'Empire,  et  qu'on  acquittait  maintenant  h  titre  de  droit  de 
protection.* 

Les  deux  députés  de  Golmar  arrivèrent  à  Francfort,  le 
mercredi  26  mars,  en  compagnie  du  résident  Mockbel,  qui, 
parti  de  Golmar  après  eux,  les  avait  rejoints  en  route.  Oxen- 
stirn était  de  retour  de  la  basse  Saxe  depuis  le  lundi.  Mockhel 
lui  présenta  les  drapeaux  et  les  cornettes  pris  à  la  récente 
bataille  de  Wattwiller  :  ils  furent  portés  flottant  au  vent,  sous 

^  Voy.  B6  mémoire  d'Antoine  Scbott  sur  le  grand  bailliage,  mars 
1634. 


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HISTOIRE  DE  LA  GUBBRX  DE  TRENTE  ANS  465 

Tescorte  de  200  mousquetaires  depuis  le  Rossmarck  jusqu'au 
quartier  du  chancelier  à  Sachsenhausen.  Oxenstirn  ouvrit  la 
diète  le  vendredi,  S8  niars,  par  une  allocution  dont  Mogg  loue 
la  bonne  grftce,  la  fermeté  et  la  concision.  Golmar  n'avait  pas 
eu,  au  premier  abord,  Tintention  de  laisser  ses  députés  pren- 
dre part  aux  travaux  de  rassemblée,  leur  mts'^ion  devant  se 
restreindre  aux  affaires  particulières  de  la  ville;  mais,  quand 
ils  trouvèrent  les  reprévsentauts  de  Wissembourg,  de  Landau 
et  d'autres  localités  sur  lesquelles  Golmar  prenait  le  pas  dans 
les  diètes,  ils  craignirent  que  leur  abstention  ne  compromit 
le  droit  de  préséance  de  leurs  commettants,  et  ils  se  décidèrent 
à  occuper  le  siège  qui  leur  était  réservé,* 

Une  première  difQculté  entrava  les  travaux  de  rassemblée 
de  Francfort.  Les  villes  impériales  avaient  toujours  été  en 
possession  de  s^iéger  et  de  voter  dans  les  diètes  de  TEmpire 
avant  la  noblesse  équestre.  A  Francfort,  la  noblesse  prétendit 
prendre  rang  avant  les  villes  impériale.s,  immédiatement 
après  celles  qui  étaient  en  possession  de  convoquer  les  autres^ 
tandis  qu'autrefois  les  villes  étaient  réunies  dans  les  assem- 
blées générales'  et  ne  formaient  qu'un  seul  corps.  Cette  ques- 
tion de  préséance  donna  lieu  à  de  longs  débats  qui  retar- 
dèrent les  délibérations  de  près  d'un  mois. 

C'était  le  cas  de  rappeler,  ainsi  que  le  fit  Oxenstirn,  le  mot 
du  chancelier  polonais  Zamoïski  :  Germanos  in  mis  corhsiUis 
comitiorum  fere  nihil  aliud  agere  qmm  ut  sessionibus  digla- 
dientur.  La  noblesse  fut  intraitable  :  elle  alléguait  les  huit 
milles  nobles  qui  servaient  dans  les  armées  protestantes,  et 
trouvait  outrageant  qu'on  voulût  lui  faire  céder  le  pas 
aux  députés  des  villes,  au  nombre  desquels  on  comptait  de 
simples  hôteliers\  De  guerre  lasse,  les  villes  finirent  par 

*  Lettre  aux.  députés,  du  28  mars. 

*  Àusschribende  Stœdte, 
'  In  pleno 

*  Lettre  des  députés,  du  29  avril. 

Nouvelle  Série.  —  6~  Année.  30 


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466  REVUE  d'alsace 

céder,  toutefois  en  réseiTant  formellement  leurs  droits  pour 
ravenir' 

Ce  ne  fut  pas  sans  difficulté  que  Mogg  et  Walch  parvinrent 
à  remplir  leur  mandat.  Leurs  efforts  se  heurtèrent  d'abord 
contre  la  résistance  inattendue  de  Mockhel,  que  le  ConsiUum 
formatum,  exécutif  de  TUnion,  avait  chargé  de  rapporter 
le  mémoire  présenté  par  eux.  Soit  qu'il  fût  blessé  de  voir  la 
ville  de  Colmar  s'adresser  directement  à  ses  amis  du  ConsiJium 
formatumy  soit  que  ses  plaintes  lui  parussent  lïncriminer 
lui-même,  il  se  mit  sur  plusieurs  points  en  travers  des 
démarches  des  députés,  allant  jusqu'à  taxer  d'exagération  les 
griefs  qu'ils  venaient  porter  à  la  connaissance  d'Oxenstirn. 
Une  lettre  du  17  mai  rend  compte  d'une  discussion  fort  vive 
provoquée  par  son  opposition  au  sein  du  Cofmlium  fonmOum, 
Colmar  y  avait  heureusement  deux  puissants  avocats,  George* 
Gustave  Wetzel  de  Marsilien,  et  le  D'  Lœffler,  le  vice-chan- 
celier de  rUnion.  Les  pressantes  instances  de  ce  dernier 
finirent  par  vaincre  le  mauvais  vouloir  de  Mockhel,  dont  le 
rapport  conclut  définitivement  en  faveur  de  Colmar^ 

Le  26  avril,  notre  ville  obtint  du  chancelier  Oxenstirn 
une  déclaration  par  laquelle  il  lui  confirmait  la  moitié  de 
l'ungeld  de  Sainte-Croix,  et  la  supériorité  territoriale  de 
cette  seigneurie. 

Une  autre  déclaration,  datée  du  22  avril,  signée  par  le 
rhingrave  Othon,  sous  le  sceau  d'Oxenstirn,  réduisit  les 
charges  de  guerre  pour  la  ville  à  une  somme  mensuelle  de 
1,500  florins  en  argent  et  aux  prestations  en  nature  néces- 
saires à  la  garnison. 

Le  même  jour,  le  rhingrave  Othon  signa  un  ordre  par 
lequel  il  défendit  au  commandant  de  Colmar  de  mettre  des 
entraves  à  la  circulation  des  marchandises,  de  rien  entre- 

*  Cf.  lettres  des  députés  des  5, 14, 15,  22  avril  ;  dé  Colmar,  des  12, 
18,  21  et  24  avril. 
■  Lettre  de  Mogg,  dn  26  mai . 


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HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  DE  TRENTE  ANS  467 

prendre  sur  la  juridiction  de  la  ville,  de  manquer  d'égards  au 
magistrat,  de  maltraiter  la  bourgoisie. 

Sous  la  date  du  26  mai,  le  chancelier  rendit  un  décret 
qui  transmettait  aux  villes  de  Golmar  et  de  MQnster  Tadmi- 
nistration  de  Tabbaye  de  Saint-Grégoire. 

Sou3*la  même  date,  il  fit  abandon  à  Golmar  des  maisons, 
des  redevances  et  des  biens,  de  la  dîme  ordinaire  que 
Tennemi  ou  ses  ressortissants  avaient  à  prétendre  k  Golmar 
et  k  Sainte-Groix,  de  Tancienne  cour  de  Marbach  avec  ses 
rentes  en  blé  et  en  argent,  des  60  florins  d'or  que  la  ville 
devait  annuellement  à  la  prévôté  de  Gonstance,  du  quart  de  la 
dtme  de  Sainte-Groix,  appartenant  à  Marbach,  des  deux  vil- 
letes  de  Herlisheim  et  de  Soultzbach,  des  deux  villages  de 
Holzwihr  et  de  Wickerschwihr,  etc.,  etc.,  qui,  par  le  droit 
évident  de  la  guerre,  appartenait  à  la  couronne  de  Suède. 

De  plus,  le  CansUium  formatum  transféra,  le  S  juin,  à  la 
ville  de  Golmar,  outre  sa  part  contributive  à  la  dtme  extra- 
ordinaire, celles  d'Ammerschwihr  et  de  Niedermorschwihr. 
Enfin  une  dernière  patente,  signée  d'Oxenstirn  le  15  juin 
16S4,  fit  à  tous  les  officiers  et  soldats  au  service  de  la  Suède 
et  de  la  confédération  protestante,  défense  de  commettre  des 
exactions  aux  dépens  de  la  ville  et  de  son  commerce. 

Dès  que  ces  avantages  furent  assurés,  Walch  retourna  à 
Golmar.  Resté  seul  à  Francfort,  tant  pour  solliciter  la  prompte 
expédition  des  patentes  que  pour  représenter  la  ville  à  ras- 
semblée (où  les  intérêts  des  absents  étaient  trop  souvent 
sacrifiés)  le  syndic  Mogg  fut  moins  heureux  sur  la  question 
du  grand  bailliage.  Quand  il  entretint  de  cette  affaire  le  vice- 
chancelier  Lœffler,  celui-ci  dit  entr'autres  qu'il  eût  mieux 
valu  ne  pas  produire  cette  demande  dans  les  conjonctures 
présentes.  Ge  mot,  que  Mogg  rappelle  dans  une  lettre  du 
S  juin,  aurait  besoin  d'un  commentaire  qu'il  est  difficile  de 
donner.  Ge  qui  est  certain,  c'est  que  Mockhel  avait  le  pre- 
mier suggéré  à  Golmar  l'idée  de  se  retirer  du  grand  bailliage. 


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468  REVUB  D*AL8ACB 

Mais  de  son  côté  la  diplomatie  française  agissait  pour  obtenir, 
de  la  Suède  et  de  TUnion  de  Heilbronn,  des  places  sur 
le  Rhin.:  dans  une  lettre  du  22  a?ril,  Mogg  et  Walch  annon- 
çaient déjà  à  leurs  commettants  que  la  France  réclamait 
plusieurs  lieux  de  l'Alsace,  et  notamment  Golmar.  Plus  tard 
ses  demandes,  qu'elle  appuyait  d'une  promesse  de  porter  la 
guerre  en  Italie^  comprirent  tout  le  grand  bailliage.  Dans  sa 
conyersation  avec  le  D'  LœfEler,  Mogg  objecta  que,  puisque 
la  France  réclamait  le  grand  bailliage,  ce  devait  être  une 
raison  de  plus  pour  que  Golmar  sortît  de  cette  alliance 
surannée.  Loeffler  répliqua  que  cela  ne  voulait  rien  dire,  et 
qu'il  valait  mieux  en  ce  cas  se  tirer  d'affaire  avec  la  France 
qu'avec  une  autre  puissance.  Il  est  difficile  de  savoir  ce  que 
le  vice-chancelier  entendait  par  là  ;  quoi  qu'il  en  soit,  il  finit 
par  engager  Moog  à  ne  produire  cette  demande  que  lors  des 
négociations  de  la  paix  future. 

Originairement,  M.  de  Feuquiëres,  l'ambassadeur  de  France, 
n'avait  demandé,  pour  le  roi  son  maître,  que  l'importante 
place  de  Philipsbourg,  actuellement  entre  les  mains  des  Sué- 
dois, mais  qui,  en  vertu  du  traité  par  lequel  l'électeur  de 
Trëvds  avait  mis  ses  états  sous  la  protection  de  Louis  XID, 
aurait  Aà  être  remise  à  la  France^  Quand  l'Union  protestante 
fut  saisie  de  cette  demande,  le  besoin  qu'elle  avait  de  la 
France  était  trop  manifeste  pour  qu'elle  pût  refuser  net.  Les 
représentants  de  l'électeur  palatin,  le  secrétaire  Faber,  pro- 
posèrent les  premiers  de  substituer  Golmar  à  Philipsbourg. 
Gela  se  passait  in  pleno,  tous  les  collèges  réunis,  et  Mogg 
raconte  cette  scène  dans  une  lettre  du  15  juillet.  En  entendant 
l'indigne  proposition  de  Faber,  il  protesta  au  nom  de  ses 
commettants,  eu  priant  l'assemblée  de  se  souvenir  un  jour 
qu'on  n'avait  pas  reculé  devant  l'idée  de  sacrifier  aux  con- 
venances   d'une  puissance  étrangère,  sans  son  aveu,  sans 

*  Lettre  du  22  avril. 

■  Voy.  EE  assemblée  de  Francfort. 


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HISTOIRE  DB  LA  GUEBRB  DE  TRENTE  ANS  469 

même  la  consulter,  une  ville  du  Saint-Empire,  et,  qui  plus  est, 
un  confédéré  protestant,  qui  avait  donné  tant  de  gages  de  son 
dévouement  et  de  sa  fidélité  à  TUnion  de  Heilbronn.  Les 
députés  palatins  ne  tenaient  pas  précisément  à  livrer  Golmar  ; 
Benfeld,  Sélestadt  ou  Belfort  faisait  tout  aussi  bien  leur 
affaire.  Dans  une  dépêche  antérieure',  qui  ne  se  retrouve 
pas,  Mogg  avait  déjà  annoncé  à  ses  commettants,  qu'il  avait 
été  question  de  céder  Sélestadt.  Dans  sa  réponse  du  13  juil- 
let, la  ville  fit  observer  combien  il  serait  dangereux  de  se 
dessaisir  d'une  place  qui,  coupant  la  province  en  deux,  ren- 
drait la  France  maîtresse  des  communications  de  la  haute  et 
la  basse  Alsace,  et  que,  s'il  fallait  se  résigner  à  un  sacri- 
fice, mieux  vaudrait  céder  Belfort,  qui  est  sur  la  frontière 
et  dont  la  possession  serait  plus  avantageuse  au  roi  de 
France,  en  raison  du  voisinage  des  comtés  de  Bourgogne  et 
de  Montbéliard.Ge  fut  à  ce  dernier  biais  que  s'arrêta  le  collège 
des  villes.  Belfort  était  encore  entre  les  mains  de  rAutriche, 
et,  tout  en  faisant  remarquer  les  inconvénients  qu'il  y  aurait 
à  remettre  à  la  France  un  passage  si  important,  il  insista 
moins  pour  sa  conservation.' 

Posée  dans  ces  termes,  la  cession  était  subordonnée  au 
futur  contingent.  Belfort  tomba  plus  tard  entre  les  mains  du 
duc  de  Rohan,  quand  l'Union  n'était  plus  guère  en  état  de 
disputer  la  possession.  A  ce  moment,  les  agents  de  Richelieu 
négociaient  aussi  pour  obtenir  la  remise  de  Horbourg  et  de 
Riquewibr,  et,  dans  une  conversation  avec  le  vice-chancelier 
LœfEler,  Mogg  apprit  que,  si  jamais  on  réduisait  Brisach, 
suivant  toutes  les  apparences,  la  France  seule  bénéficierait 
de  cette  conquête.* 

En  même  temps  que  Golmar  obtenait  à  Francfort  quelques 
dédommagements  pour  ses  sacrifices,  il  négociait  d'un  autre 

*  Du  8  juillet. 

*  Voy.  EE  assemblée  de  Francfort. 

'  P.  S.  d'une  lettre  sans  date,  mais  du  mois  d'août,  à  Jonas  Walch. 


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470  REVUE  D'ALSACE 

côté  pour  se  débarrasser  de  sa  garnison.  Trop  nombreuse 
pour  être  tenue  en  respect,  elle  s'était  habituée  à  rivre 
comme  en  pays  conquis.  Craignant  qu'à  sa  place  d'autres 
troupes  ne  se  conduisissent  de  même,  notre  ville  demanda  au 
rhingrave  Othon-Louis  l'autorisation  de  lever  300  hommes 
pour  son  propre  compte.  Le  rhingrave  y  consentit,  et  signa,  le 
18  juin,  une  patente,  au  vu  de  laquelle  on  commença  le  recru- 
tement, n  est  vrai  que  200  hommes  étaient  loin  de  suffire  ; 
la  garnison  ne  pouvait  être  inférieure  à  500  hommes.  Pour 
arriver  à  ce  chiffre,  la  ville  s'adressa  à  Strasbourg,  qui  avait 
de  son  côté  levé  des  troupes  employées  en  partie  devant 
Rheinfelden.  Par  lettre  du  27  juin,  Strasbourg  consentit  à 
céder  800  recrues. 

Pendant  que  Jean-Philippe  était  occupé  de  ce  siège,  dont 
Golmar  suivait  avec  anxiété  les  diverses  péripétiesV  le  roi  de 
Hongrie,  qui  devait  succéder  à  son  père  sous  le  nom  de  Fer- 
dinand III,  s'emparait  de  Ratisbonne  et  s'apprêtait  à  assiéger 
Nordlingen.  Les  Suédois  marchèrent  au  secours  de  cette 
place,  qui  devait  donner  son  nom  à  la  sanglante  défiedte 
du  parti  protestant;  de  son  côté,  le  cardinal-infant  faisait 
avancer  les  troupes  italiennes  et  espagnoles  destinées  aux 
Pays-Bas.  L'ennemi  ne  pouvait  plus  se  renforcer  sans  faire 
trembler  Golmar.  Dès  que  la  marche  de  l'armée  du  cardinal 
fut  connue,  on  s'occupa  avec  plus  de  hâte  que  jamais  des  pré- 
paratifs de  défense.  La  ville  écrivit,  le  24  juillet,  à  Strasbourg 
pour  presser  l'achèvement  de  deux  canons  qu'elle  avait  fait 
fondre  à  Benfeld,  en  remplacement  de  deux  autres  qui  avaient 
éclaté  au  siège  de  Masevaux.  Elle  demanda  de  plus  à  emprun- 
ter 1000  à  1500  boulets,  pour  remplacer  ceux  qu'elle  avait 
fournis  pour  le  siège  de  Rheinfelden  :  mais  Strasbourg  était 
lui-même  à  court,  et  engagea  Golmar  à  s'adresser  directement 
aux  forges  de  Zinswiller. 

*  Rheinfelden  ne  capitala  que  le  27  août  {6  septembre) . 


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HISTOIRE  DE  LA.  GUERRE  DE  TRENTE  ANS  471 

Il  s'agissait  aussi  de  pourvoir  aux  travaux  des  fortifications. 
Le  capitaine  Adrian,  qui  cumulait  les  fonctions  d'ingénieur 
et  d'entrepreneur,  avait  été  retenu  à  Tarmée  du  rhingrave 
Jean-Philippe  par  le  siège  de  Rheinfelden.  Des  marchés  étaient 
passés  avec  lui  pour  la  construction  des  bastions  de  Saint- 
Pierre  et  de  Sainte-Anne;  de  plus  le  quartier-maître  général 
avait  reconnu  la  nécessité  d'autres  travaux  non  moins 
urgents.  Il  s'agissait  par  exemple  de  mettre  en  état  de  défense 
le  moulin  de  Wieden  où  la  ville  comptait  établir  sa  poste 
aux  chevaux,  de  démolir  au  dehors  la  léproserie,  la  tuilerie, 
la  ferme  de  la  ville,  la  tour  de  la  scierie,  d'assurer  le  jeu 
des  eaux  dans  les  fossés,  de  rétablir  les  contrescarpes, 
d'élever  des  demi-lunes  devant  les  portes  et  à  l'entrée  et  à  la 
sortie  du  canal  et  de  la  Lauch,  de  combler  d'anciennes  case- 
mates, de  construire  des  chevaux  de  frise,  de  fermer  les 
bastions  à  la  gorge  au  moyen  de  palissades.  Il  n'était  pas  pos- 
sible à  la  ville  d'exécuter  tous  ces  travaux  avec  le  seul 
secours  de  la  bourgeoisie,  épuisée  par  deux  jours  de  garde  et 
de  corvée  par  semaine,  et  elle  proposa,  le  9  août,  au  rhin- 
grave Othon-Louis  de  rendre  exécutoires  de  nouvelles  réqui- 
sitions lancées  contre  les  villes  et  les  seigneuries  voisines. 
Malheureusement  le  rhingrave  avait  de  son  côté  à  pourvoir  à 
la  défense  du  château  de  Rouffach,  dont  Oxeustirn  lui  avait 
fait  donation,  ainsi  que  du  Mundat  supérieur,  et  la  prompte 
exécution  des  travaux  de  Gulmar  en  souffrit. 

Cependant  le  danger  redoublait  :  les  Impériaux  se  mon- 
traient de  nouveau  dans  le  plus  proche  voisinage  de  Colmar. 
A  Holzwihr  et  à  Wickerschvt^ibr  ils  faisaient  tranquillement 
battre  en  grange  pour  l'approvisionnement  de  Brisach.  Une 
nuit,  un  parti  de  cavaliers  se  présenta  sous  les  murs  de 
Golmar,  et  l'un  d'eux  poussa  l'audace  au  point  d'interpeller 
la  sentinelle  postée  à  l'entrée  du  canal  en  ville,  à  l'endroit  où 
s'élevait  précédemment  la  scierie.  Il  prétendit  que  lui  et  ses 
camarades  étaient  Suédois,  cantonnés  à  Tûrkheim.  Sur    la 


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472  REVUE  d'âlsaob 

menace  de  la  sentinelle  de  faire  feu,  le  mauvais  plaisant  se 
décida  à  battre  en  retraite  au  milieu  des  éclats  de  rire  de  ses 
compagnons. 

De  môme  qu'en  1682,  avant  rapproche  de  Gustave  Horn, 
tout  était  en  désarroi  à  Colmar.  Gomme  autrefois,  Tadminis- 
tration  manquait  de  résolution,  la  bourgeoisie  de  soumission 
et  de  discipline;  les  bruits  avant-coureurs  des  mauvaises 
nouvelles  ranimaient  les  espérances  du  parti  catholique,  et 
Ton  constatait,  sans  s'y  opposer,  les  colloques  de  son  chef, 
Tancien  obristmestre  Barth,  avec  les  prisonniers  de  guerre  à 
Colmar.^ 

Ainsi  tenu  en  échec,  le  magistrat  montrait  une  faiblesse 
déplorable  avec  les  chefs  de  corps,  et  hésitait  même  quand  il 
s'agissait  de  repousser  les  prétentions  les  moins  fondées.  Au 
lieu  de  le  mettre  à  sa  place  quand,  se  prévalant  de  Tappui  de 
Louis  XIII,  Tabbé  d'Ebersmîinster  essaya  de  se  mettre  en  pos- 
session de  l'ancien  prieuré  de  Saint-Pierre,  que  la  ville  avait 
acheté  de  Berne  en  1575,  le  magistrat  commença  par  con- 
sulter le  syndic  à  Francfort.  Mogg,  qui  dans  sa  correspondance 
ne  cessait  de  réconforter  ses  commettants,  répondit  le  19 
juillet  :  t  Je  ne  conçois  pas  qu'en  votre  qualité  de  magis- 
trains  loci,  vous  n'ayez  pas  inunédiatement  signifié  au  prélat 
d'Ebersmûnstor  de  quitter  la  ville,  sauf  à  employer  la  force, 
s'il  s'y  était  refusé.  Contre  des  entreprises  pareilles,  il  vaut 
mieux  se  protéger  soi-même  que  défaire  appel  à  la  protection 
des  autres.  Quand  nos  droits  sont  si  évidents,  à  quoi  bon  les 
laisser  discuter?  Ne  vaut-il  pas  mieux  que  le  roi  de  France 
ait  des  représentations  à  vous  faire,  que  d'avoir  vous-même 
des  doléances  à  présenter  à  Sa  Majesté?  Montrez-vous  comme 
il  convient  à  des  magistrats  d'institution  divine  et  n'accordez 
rien  au  delà  de  ce  qui  est  strictement  dû.  Si  vous  avez  affaire 
à  de  grands  dignitaires,  priez-les  de  ne  pas  exiger  ce  qu'en 

'  Lettre  particulière  de  Jonas  Walch  à  Hogj?,  du  9  août.  EE. 


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mSTOIBB^DS  LA  GUERRE  DB  TRENTE  ANS  473 

conscienco  tous  ne  pouyez  pas  accorder,  et,  pour  les  autres, 
débarrassez  tous  en  par  un  refus  net.  > 

Il  n'est  pas  donné  à  tout  le  monde  de  se  conduire  selon  ces 
maximes,  surtout  quand  on  n'est  plus  sûr  de  sou  lendemain. 
Le  mardi  19  août,  au  matin,  une  vingtaine  de  fantassins  de 
la  garnison  de  Brisach  arrivèrent  aux   pieds  des  robustes 
murailles   du  Haut-Landsberg,    qui   n'était  plus  armé  et 
dont    les  canons  avaient    été    transportés  à  Golmar\   Le 
châtelain  était  avec  sa  femme  au  marché  de  MQnster,  et  le 
fort  restait  confié  à  Tunique  garde  d*un  jeune  garçon.  Les 
maraudeurs  n'eurent  aucune  peine  pour  forcer  l'entrée  (le 
jeune  homme  prétendit  que  l'un  d'eux  était  parvenu  à  esca- 
lader le  rempart  et  quil  l'avait  contraint  d'ouvrir  la  porte 
aux  autres).  Le  chftteau  fut  pillé  et  à  son  retour  le  châtelain 
fut  enfermé.  Le  lendemain  seulement,  à  onze  heures  du  matin, 
les  auteurs  de  ce  coup  de  main  jugèrent  prudent  de  déguerpir 
Il  est  facile  de  comprendre  l'émotion  du  pays  à  la  nouvelle  de 
celte  surprise.  Que  n'avaient  pas  à  craindre  les  bicoques 
quand  Tennemi   se  logeait  si  facilement  dans  une  cidatelle 
comme  le  Haut-Landsberg?  Rien  ne  lui  aurait  été  plus  facile 
que  de  s'emparer  de  Ttlrkheim,  dont  la  bourgeoisie  avait  été 
désarmée.  D'un  autre  côté,  le  château  de  Horbourg  n^avait 
pas  de  garnison,  et  il  suffissait  d'un  traître  pour  y  introduire 
l'ennemi.  En  écrivant  à  cette  occasion,  le  20  août,  au  résident 
Mockhel,  Golmar  ne   cacha  point  ses  inquiétudes  :  pour  se 
rassurer,  il  lui  aurait  fallu  la  reprise  du  blocus  de  Brisach. 
Cependant,  malgré  le  danger,  la  ville  ne  persistait  pas  moins 
à  demander  l'éloignement  de  son  ancienne  garnison.  Mockhel 
répondit  sagement  qu'il  serait  peu  prudent  de  congédier  les 
soldats  du  colonel  Bernhold,   quand  la  ville  n'avait  encore 
recruté  que  150  hommes.  Il  essaya  de  la  rassurer,  lui  recom- 
mandant de  ne  pas  s'affecter,  de  ne  pas  écrire  avec  tant  de 
yivacité,  et  quant  aux  Impériaux  de  Brisach,  de  ne  pas 
trop  s'alarmer  des  mouvements  qu'ils  se  donnaient. 

»  Cf.  EE 


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474  BEVUE  d'alsage 

Sur  ces  entrefaites,  la  Suède  et  la  ligue  protestaute  per- 
dirent la  bataille  de  Nordlingue,  et  le  bruit  courut  que  le 
colonel  de  Mercy,  vaincu  hier  à  Rheinfelden,  avait  repris  la 
campagne,  à  la  tête  de  7000  hommes,  qu'il  avait  fait  sauter  le 
château  de  Burghalten,  qu'il  était  rentré  à  Fribourg  et  dans 
les  villes  forestières,  et  qu'il  s'apprêtait  à  passer  le  Rhin  pour 
tomber  sur  Golmar.  De  son  côté,  l'empereur  Ferdinand  II 
promulguait,  le  30  août,  des  lettres  patentes  portant  amnistie 
à  tous  les  Etats  révoltés  qui  feraient  leur  soumission.  Loin  de 
se  plaindre  encore  de  sa  garnison,  Golmar  demanda,  le  12  sep- 
tembre,  au  résident  Mockhel,  delà  renforcer,  et,  si  les  armées 
de  la  Suède  n'était  plus  en  état  de  protéger  la  ville,  elle  vou- 
lut savoir  si  les  négociations  ouvertes  à  Francfort  avec  H.  de 
Feuquières  avaient  amené  une  entente  suffisante  pour  qu'elle 
pût  au  besoin  faire  appel  au  bras  de  la  France. 

X.  MOSSUANN. 


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HISTOIRE 


D£ 


L'ANCIEN  COMTÉ  DE  SAARWERDEN 

ET   DE 

LA  PRÉVOTÉ  DE  HERBITZHEIM 

fSuiteJ 

CHAPITRE  ni 

Le  duc  de  Lorraine  et  le  comte  de  Nassau - 
Saarbruck  se  disputent  le  comté  de  Saarwerden. 
Sécularisation  de  l'abbaye  de  Herbitzheim,  et 
notice  historique  sur  ce  monastère. 

L'empereur  Maxtmilien  I"  confia,  en  1514,  la  tutelle  de 
rinfortuné  Jean-Jacques  de  Mœrs-Saarwerden  et  la  régence 
de  ses  états  à  Jean-Louis,  comte  de  Nassau-Saarbruck,  son 
cousin  par  alliance,  comme  à  son  plus  proche  parent,  et  lui 
assura  Texpectative  de  sa  succession.  Le  comte  Jean-Louis, 
tant  en  son  nom  que  comme  tuteur  datif  de  Jean-Jacques, 
prit  possession  du  comté  de  Saarwerden,  de  la  seigneurie 
d'Ilingen,  située  près  d'Ottwiller,  dans  le  Westrich,  de  l'advo- 
catie  de  l'abbaye  de  Wernerswilter  et  de  la  moitié  indivise 
des  seigneuries  de  Lahr  et  de  Mahlberg,  situées  sur  la  rive 


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476  REVUE  D* ALSACE 

droite  du  Rhin,  lesquels  formaient  le  pairimoine  de  la  maison 
de  Mœrs-Saarwerden,  et,  Tannée  suivante,  il  reçut,  tant  en 
son  nom  personnel  que  comme  tuteur  du  comte  Jean-Jacques, 
par  les  mains  de  i'évêque  de  Strasbourg  Guillaume  de  Hon- 
stein,  commissaire  impérial  nommé  à  cet  effet,  Tinvestiture 
des  fiefs  d'Empire,  qui  se  composaient  des  droits  hauts-réga- 
liens, tels  que  juridiction  et  péage  dans  les  possessions  de 
l'ancienne  maison  de  Saarwerden*.  L'empereur  lui  accorda 
encore  dans  la  même  année  le  primkgmm  electionis  fort, 
c'est-à-dire  le  droit  précieux  d'établir  dans  ses  terres  un 
conseil  de  régence^  chargé  de  Tadministration  de  la  justice 
et  servant  de  tribunal  intermédiaire  entre  les  bailliages  et  la 
Chambre  impériale,  qui  avait  été  fondée  en  1495  par  le  chef 
et  les  Etats  de  l'Empire'. 

La  mort  ayant  mis  fîn,  en  1527,  à  la  triste  existence  du 
comte  Jean-Jacques,  la  moitié  du  comté  de  Saarwerden  qui 
avait  été  affectée  à  son  entretien  devait,  aux  termes  du  pacte 
de  famille  de  1512,  retomber  à  Jean-Louis,  comte  de  Nassau- 
Saarbruck,  à  qui  Catherine  de  Saarwerden  avait  apporté  en 
mariage  l'autre  moitié.  Mais  ce  seigneur  se  vit  sur  le  point 
d'être  frustré  d'un  légitime  héritage  par  Antoine,  duc  de  Lor- 
raine. Ce  prince,  quoiqu'il  eût  aidé  à  faire  le  traité  de  famille 
de  1512,  convoitait  l'ancien  patrimoine  de  la  maison  de 
Saarwerden,  et  comme  les  droits  de  mouvance  de  l'évêché  de 
Metz  sur  le  comté  de  Saarwerden  n'étaient  pas  éteints,  il  en 
demanda  l'investiture  à  son  frère  le  cardinal  Jean  de  Lor- 
raine, évéque  de  Metz.  Ce  prélat,  dès  que  la  nouvelle  de  la 
mort  du  dernier  rejeton  mflle  de  la  maison  de  Uœrs-Saar- 
werden  se  fut  répandue,  résolut  d'abord  d'incamérer  et  de 
réunir  à  sa  crosse  le  fief  relevant  de  son  église  et  qui  venait 

'  N.  Ebebhard,  Loc.  citât.,  p.  76. 

'  Ce  Conseil  de  régence  fut  établi  à  Saarbruck  pour  toutes  les  pos- 
sessions de  la  maison  de  Nassau-Saarbruck  sur  la  rive  gauche  du  Rhin. 
'  Kœllneb,  Loc,  citât,,  p.  233. 


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SAARWERDEN  ET  HERBTTZHBIM  477 

de  lui  faire  retour.  Dès  le  2  mai  15!27,  Jean  d'Haussonville, 
grand  bailli  de  révêché  de  Metz,  et  Claude  Ghausonnette,  son 
chancelier,  accompagnés  de  plusieurs  personnes  de  qualité, 
se  rendirent  à  Bouquenom,  où  ils  firent  convoquer  les  auto- 
rités et  la  communauté  des  bourgeois  et  leur  firent  entendre 
que  leur  seigneur  Jean- Jacques,  dernier  comte  de  Mœrs- 
Saarwerden,  étant  décédé  sans  hoirs  mâles,  ce  comté  était 
retourné  de  plein  droit  au  cardinal  Jean  de  Lorraine,  en  sa 
qualité  d'éfêque  de  Metz,  et  qu'ils  avaient  ordre  de  recevoir 
d'eux,  au  nom  de  ce  prélat,  Fhommage  et  le  serment  de  fidélité 
qu'ils  lui  devaient  comme  à  leur  légitime  et  naturel  seigneur. 
Mais  les  bourgeois  de  Bouquenom  répondirent  par  l'organe 
de  Henri  Streif  de  Lauenstein,  bailli  de  cette  ville,  qu'ils 
avaient  prêté  serment  de  fidélité  au  comte  Jean-Louis  de 
Nassau-Saarbruck,  et  qu'en  Tabsence  de  ce  seigneur  ils  ne 
sauraient  prendre  aucune  décision.  Ils  ne  se  laissèrent  point 
ébranler  dans  leur  fidélité  au  seigneur  légitime  par  les  entre- 
prises de  Jean  d'Haussonville.  En  vain  leur  déclara-t-il  que 
sa  démarche  vaudrait  prise  de  possession  des  terres  de 
Saarwerden. 

Le  comte  Jean-Louis  eut  hflte  de  soumettre  la  difficulté  à 
rempereur  Charles-Quint,  qui,  le  18  juin  1B27,  rendit  un 
décret  portant  défense  à  Tévêque  de  Metz  de  se  mettre 
violemment  en  possession  du  comté  de  Saarwerden,  et  ordre 
d'attendre  la  décision  de  la  Chambre  impériale. 

Gomme  le  cardinal  de  Lorraine  n'était  pas  en  mesure  de 
se  saisir  du  fief  qu'il  prétendait  lui  être  dévolu,  il  en  accorda 
l'investiture  à  son  frère  Antoine,  duc  de  Lorraine,  en  consi- 
dération des  services  que  ce  prince  lui  avait  rendus  lors  du 
soulèvement  des  paysans  et  de  ce  qu'il  avait  préservé  cette 
contrée  d'une  ruine  certaine.  Des  lettres  d'investiture,  écrites 
en  langue  latine  et  données  à  Compiègne  le  27  septembre 
1527,  il  appert  que  Jean,  cardinal  de  Lorraine,  évêque  de 
Metz,  a  donné  à  Antoine,  duc  de  Lorraine  et  de  Bar,  son 


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478  REVUE  d'alsage 

frère,  pour  lui  et  ses  descendants  ducs  de  Lorraine  en  ligne 
masculine,  les  fiefs  des  château,  villes  et  comté  de  Saarwerdeo, 
Bouckenheim  et  de  la  cour  de  Wiberswiller,avec  leurs  appar- 
tenances et  dépendances,  et  que  cette  donation  a  été  acceptée 
par  le  duc  Antoine,  qui  a  prêté  serment  de  fidélité  au  car- 
dinal de  Lorraine  en  sa  qualité  d'évêque  de  Metz.  Ces  lettres 
d'investiture  mentionnent  encore  que  ces  fiefe  étaient  retournés 
à  révêché  de  Metz  par  droit  de  dévolution  et  de  consolidation, 
par  la  mort  de  Jean-Jacques,  comte  de  Mœrs-Saarwerden, 
décédé  sans  hoirs  mâles,  suivant  les  constitutions  féodales  et 
Tusage  pratiqué  de  temps  immémorial  dans  cet  évéché,  à 
regard  des  fiefs  situés  au  delà  de  la  Saar.  Le  comte  de  Guise, 
au  nom  de  son  frère  Antoine,  duc  de  Lorraine,  fit,  le  6  octobre 
suivant,  ses  reprises  du  cardinal  Jeao,  pour  le  comté  de 
Saarwerden  et  ses  appartenances  et  dépendances.  Le  doc 
Antoine  écrivit  de  Lunéville,  le  37  novembre,  au  grand 
chapitre  de  Metz,  pour  solliciter  son  consentement  à  Tinvesti- 
ture  que  le  cardinal  son  frère  venait  de  lui  accorder,  consen- 
tement que  ce  prince  avait  su  se  ménager  d'avance,  c  Ce 
consentement,  dit  Meurîsse\  lui  fut  librement  accordé,  moyen- 
nant le  retranchement  de  quelques  clauses  insérées  dans  les 
lettres  de  son  investiture,  qui  sembloient  offenser  toute  la 
nation  germanique.  > 

Gomme  le  comté  de  Saarwerden  se  trouvait  entremêlé  de 
terres  féodales  et  de  propriétés  allodiales;  que  celles-ci,  beau- 
coup plus  considérables  que  les  parties  féodales,  devaient 
retomber,  d'après  la  succession  civile,  au  plus  proche  parent; 
que  les  anciens  fiefs  de  l'église  de  Metz  se  réduisaient  k  la 
ville  de  Bouquenom,  au  château  et  à  la  ville  de  Saarwerden 
et  à  la  cour  de  Wiberswiller  ;  que,  d'après  les  us  et  coutumes 
germaniques,  les  fiefs  ecclésiastiques  tombaient  en  quenouille 
et  passaient  communément  aux  femmes,  au  défaut  d'hoirs 

*  Histoire  des  évêques  de  Metz,  p.  605. 


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SAARWERDEN  ET  HERBTTZHEIM  479 

mâles,  et  que  cet  usage  a  été  constamment  suivi  dans  Tévêché 
de  Metz  avant  le  changement  introduit  dans  la  coutume  au 
commencement  du  XV»  siècle  par  Tévèque  Raoul  de  Coucy  ; 
le  comte  Jean-Louis  de  Nassau-Saarbruck  réclama  la  succes- 
sion de  tout  le  comté  de  Saarwerden,  que  les  droite  du  sang 
et  le  vœu  des  populations  semblaient  devoir  lui  assurer, 
malgré  l'investiture  que  le  duc  de  Lorraine  avait  su  s'en 
faire  donner  par  son  frère  le  cardinal  évoque  de  Metz.  Il 
résolut  de  se  défendre  vigoureusement  contre  les  entreprises 
du  duc  de  Lorraine,  qui  l'avait  menacé  de  recourir  à  la  voie 
des  armes  pour  le  forcer  à  renoncer  à  un  fief  dévolu  à  Téglise 
de  Metz.  Il  s'adressa  à  l'empereur  Charles-Quint  pour  conjurer 
l'orage  qui  s'amoncelait  sur  sa  tête  et  faire  valoir  ses  droits 
à  l'opulent  héritage  dont  la  maison  de  Lorraine  cherchait  à 
le  dépouiller. 

Dans  le  même  temps,  le  duc  Antoine  députa  à  lempereur 
Hugues  d'Ailly,  évêque  de  Toul,  pour  lui  faire  ses  remon- 
trances sur  cette  affaire  et  établir  les  prétentions  de  Téglise 
de  Metz  sur  le  comté  de  Saarwerden,  qu'il  soutenait  être  un 
fief  masculin  qui  ne  pouvait  jamais  tomber  en  quenouille, 
tant  en  raison  de  sa  situation  au  delà  de  la  Saar,  qu'à  cause 
des  anciennes  investitures  des  évéques  de  Metz,  dans  lesquelles 
sa  nature  et  sa  condition  étaient  expressément  exprimées'. 

Le  comte  de  Nassau  objecta  avec  raison  que  l'évêché  de 
Metz  ne  pouvait  pas  prétendre  à  la  réversion  de  ce  fief,  à  la 
faveur  de  la  coutume  qui  déclarait  fiefs  masculins  ceux  qui 
étaient  situés  au  delà  de  la  Saar,  puisqu'il  avait  toujours 
reconnu  que  le  droit  de  succéder  était  ouvert  à  la  postérité 
féminine,  au  défaut  d'héritiers  mâles,  et  qu'il  avait  toujours 
accordé  sans  difficulté  aux  héritières  Tinvestiture  des  fiefs 
messins  situés  en  Alsace. 

Gomme  l'empereur  était  alors  occupé  à  la  guerre,  il  invita 

*  Mexjrisse,  Histoire  des  Mques  de  Metz,  p.  604. 


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480  BEVUE  D'ALSACE 

les  parties  contendantes  devant  son  Conseil,  à  Augsboarg,  où 
elles  comparurent  le  ii  octobre  ISSO,  sans  pouvoir  s'entendre 
ni  se  concilier  ;  chacune  des  parties  persistant  dans  ses  pré- 
tentions, on  fut  obligé  de  soumettre  le  jugement  de  cette 
affaire  à  l^a  justice.  Mais  il  fut  arrêté  que  la  maison  de 
Nassau-Saarbruck  serait  maintenue  dans  la  possession  provi- 
sionnelle de  tout  rhéritage  des  comtes  de  Saarwerden  jusqu'à 
la  décision  finale  de  la  Chambre  impériale.  Le  duc  de  Lor- 
raine lia  rinstance  devant  la  cour  féodale  de  Tévéché  de  Metz, 
séant  à  Vie,  et  y  obtint  une  sentence  favorable  à  ses  préten- 
tions. Mais  le  comte  de  Nassau-Saarbruck  refusa  de  se  sou- 
mettre à  la  décision  des  pairs  de  Tévêché  de  Metz,  il  en  sut 
éluder  Texécution  et  recourut  au  tribunal  suprême  de  TEm- 
pire\  Ce  procès  y  coûta  des  sommes  énormes  et  suscita  de 
vives  discussions,  de  grandes  disputes,  qui  traînèrent  en  lon- 
gueur et  qui  ne  furent  terminées  que  cent  ans  après  Textinc- 
tion  de  la  maison  de  Saarwerden,  par  un  arrêt  qui  ne  satisfit 
ni  la  maison  de  Lorraine  ni  celle  de  Nassau-Saarbruck. 

Ce  procès  ne  fut  pas  le  seul  qui  fut  intenté  à  Jean-Louis, 
comte  de  Nassau-Saarbruck.  I^s  frères  Gangolph  et  Walter  de 
Geroldseck  mirent  aussi  à  profit  le  décès  du  dernier  rejeton 
mâle  de  la  maison  de  Mœrs-Saarwerden  pour  contester  à 
Catherine  de  Mœrs  Saarwerden  Théritage  de  la  moitié  des 
seigneuries  de  Lahr  et  de  Mahlberg,  sous  le  prétexte  que  ces 
terres  étaient  des  fiefs  masculins  auxquels  elle  était  inhabile 
à  succéder,  et  qu'elles  devaient  retourner  à  la  maison  de 
Hohengeroldseck.  Ils  portèrent  leur  réclamation  devant  le 
tribunal  suprême  de  l'Empire.  Le  procès  traîna  en  longueur 
et  semblait  vouloir  s'y  éterniser.  Enfin,  le  2  juillet  1693,  la 
Chambre  impériale  rendit  une  sentence  favorable  aux  préten- 
tions de  la  maison  de  Geroldseck  et  condamna  celle  de  Nassau- 
Saarbruck  à  la  restitution  du  château  de  Mahlberg  et  des 

^  ScHWEDEB,  Tbeat  hisU  prœt.  illus,,  t  II,  p.  241.^ 


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SAARWBRDBN  ET  HSRBITZHEIM  481 

antres  localités  comprises  dans  le  litige.  Mais  les  comtes  de 
Nassau-Saarbruck  trouvèrent  le  moyen  d'obtenir  la  révision 
de  cet  arrêt,  dont  rexécution  se  trouva  suspendue'.  Le  droit 
était-il  du  côté  de  la  maison  de  Geroldseck?  Etait-il  du  côté 
de  celle  de  Nassau-Saarbruck?  Le  tribunal  suprême  ne  devait 
se  prononcer  sur  cette  question  qu'après  un  nouvel  examen 
du  procès. 

Le  comte  Jean-Louis  de  Nassau-Saarbruck  signala  son  règne 
par  plusieurs  acquisitions  utiles  dans  l'intérieur  du  comté  de 
Saarwerden;  il  acquit  en  1540,  de  Balthasar  de  Falkenstein, 
divers  biens  et  divers  droits  à  Btilten  et  à  Domfessel,  et,  en 
1541,  d'Arnold  de  Wachenheim,  des  bien  allodiaux  situés  à 
Batten,  Diemeringen,  Lorenzen,  Mackwiller  et  Hambach^  En 
1 544,  Tabbesse  de  Herbitzheim,  Amélie  d'Altorf,  surnommée 
Wollenschlager,  vendit  au  comte  Jean-Louis  le  tiers  de  la 
saline  de  Salzbronn,  près  de  Saaralbe,  pour  In  somme  de  deux 
mille  florins'.  En  même  temps  et  la  même  année,  le  comte 
Jean-Louis  réunit  à  ses  Etats  Tabbaye  de  Herbitzheim  et  ses 
possessions. 

Nous  interrompons  ici  Thistoire  du  comté  de  Saarwerden 
sous  la  maison  de  NavSsau-Saarbruck  pour  dire  quelques  mots 
de  l'abbaye  de  Herbitzheim,  de  son  origine,  de  ses  avoués,  de 
ses  vassaux  et  de  Torganisation  de  son  territoireV 


'  ScHWEDER,  Loc.  cOaU,  t.  II,  p.  325. 

»  Kœllner,  Loc.  citât,  y  t,  I,  p.  248. 

•  Kœllner,  loc.  citât.,  t.  I,  p.  248. 

^  M.  Jules  Tilloy  a  publié  dans  le  Bulletin  (t.  II  de  la  2«  série)  de 
la  Société  pour  la  conservation  des  monuments  historiques  d'Alsace 
un  mémoire  sur  l'abbaye  de  Herbitzheim.  Antérieurement  à  cette  publi* 
cation,  la  feuille  allemande,  qui  portait  le  titre  d'Elsœssisches  Samstags- 
hlatt  (n?  22  de  Tannée  1861),  a  donné  une  notice  sur  cette  abbaye;  cette 
notice  est  de  l'auteur  de  cette  esquisse. 

NouYcUe  Série.  —  6"*  Année.  31 


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482  REVUE  D'ALSACE 

l'abbaye  de  herbitzhëim 

Selon  toute  apparence,  Tabbaye  de  Herbitzhëim,  située  au 
diocèse  de  Metz  sur  la  rive  droite  de  la  Saar,  à  environ 
deux  kilomètres  de  Saaralbe,  a  été  bfttie  sur  l'emplacement 
d'un  établissement  romain.  On  y  a  trouvé,  au  siècle  dernier, 
un  monument  en  grès  vosgien,  sur  lequel  se  lisait  Tinscrip- 
lion  suivante  : 

IN  H.  D.  D. 

MERCVRIO 

SEX.  IVLIVS. 

Ce  monument,  sauf  l'inscription,  n'avait  rien  de  remar- 
quable ^ 

La  fondation  de  l'abbaye  de  Herbitzhëim  remonte  aux  temps 
les  plus  reculés  du  moyen-ftge,  mais  rien  n'indique  si  dès 
lors  elle  était  un  monastère  d'hommes  ou  un  couvent  de 
religieuses,  et  le  nom  de  son  fondateur  est  resté  inconnu. 
Lorsque  les  Franks,  qui  avaient  fait  la  conquête  de  la  Gaule, 
eurent  reçu  le  baptême,  le  christianisme  6t  des  progrès 
rapides  parmi  les  habitants  qui  bordent  la  Moselle  et  la  Saar: 
la  foi  poussait  des  racines  profondes  dans  le  cœur  de  l'hooime, 
la  croix  suivait  partout  les  armes  des  Franks  et  la  doctrine 
divine  s'introduisait  partout  sans  contrainte  et  sans  violence. 
Partout  on  cherchait  à  réparer  les  torts  d'une  conduite  igno- 
minieuse par  des  œuvres  pies,  on  élevait  des  églises,  on 
construisait  des  couvents  qui  servaient  de  refuge  à  des 
hommes  ou  à  des  femmes  portés  à  la  méditation  ou  à  la  mor- 
tification. Les  évoques  de  Metz  déployaient  une  activité  prodi- 
gieuse pour  fonder  des  monastères  et  des  abbayes  dans  leur 
diocèse,  et  employaient  tous  les  moyens  pour  effacer  le  paga- 
nisme de  la  vie  du  peuple.  Selon  toute  apparence,  c  est  à  Fan 
de  ces  pieux  prélats  qu'il  faut  attribuer  la  fondation  de  l'an- 

*  ScHŒPFLiN,  Als.  ilL,  t.  I,  p.  460. 


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SAARWERDEN  ET  HERBITZHETM  483 

cienoe  abbaye  de  Herbitzheim,  qui  fut  destinée,  sinon  dans  l'ori- 
gine, du  moins  dans  la  suite  des  temps,  à  abriter  une  colonie 
de  religieuses  de  Tordre  de  Saint- Benoit.  Il  en  est  fait  mention, 
sous  le  nom  de  Heriboldesheim,  dans  le  traité  d«  partage 
que  firent,  à  Procaspis-sur-Ia-Meuse,  en  870,  Charles-le- 
Chauve  et  Louis-le-Germanique,  des  Etats  de  l'empereur 
Lothaire*;  elle  fut  attribuée  par  ce  partage  à  Louis-le- 
Germanique.  Vingt-cinq  ans  après,  en  89S,  elle  était  sous  la 
direction  de  Richaire,  abbé  de  Prûm^  et  Gerhard,  comte  de 
Metz,  la  tenait  en  commende  et  l'opprimait,  sous  prétexte 
d'adyocatie  ou  de  protection;  mais  après  sa  proscription,  il  en 
fut  dépouillé  par  Louis  IV  ou  l'Enfant,  dernier  roi  d'Alle- 
magne de  la  race  de  Charlemagne,  lequel,  à  la  prière  d'Etienne, 
évêque  de  Liège,  son  cousin,  en  fit  donation  à  cet  évêché.  La 
charte  de  donation  fut  signée  à  Aix-la-Chapelle,  le  5  des 
calendes  de  février  (28  janvier)  908 ^ 

A  la  mort  de  Louis-l'Enfant,  le  comte  Gerhard  rentra  en  la 
possession  du  comté  de  Metz,  mais  aucun  document  ne  vient 
nous  apprendre  quel  fut  le  sort  de  l'abbaye  de  Herbitzheim, 
et  l'on  ignore  combien  de  temps  elle  resta  entre  les  mains 
des  évéques  de  Liège. 

L'empereur  Otto-le-Grand,  accompagné  de  sa  femme  Adé- 
laïde, quitta  ritalie  en  965  et  revint  dans  sa  patrie  par  Goire, 
dans  le  pays  des  Grisons,  et  par  Reichenau,  sur  le  lac  de 
Constance.  Son  fils,  le  jeune  roi  Otto,  et  l'archevêque  Guillaume 
de  Mayence,  accoururent  au  devant  de  lui  jusqu'à  la  villa  de 
Heimbodesheim,  dit  le  continuateur  de  Beginon^j  et  l'accueil- 
lirent avec  de  grandes  démonstrations  de  joie.  Accompagné 
d'eux,  l'empereur  se  rendît  à  Worms. 

M.  Tilloy,  dans  sa  notice  sur  Herbitzheim,  se  plaît  à  sup- 

'  Calmet,  Histoire  de  Lorraine,  2«  édition,  Preuves,  t.  II,  p.  CXLI. 

•  Kremeb,  Geschichte  des  arden.  Geschlechtes,  t.  I,  p.  227. 

•  MiR/EUs,  Codex  donaU  pior.,  p.  28. 

•  Continuât.  Regin,  anno  965  (Jfonum.,  t.  II,  p.  111). 


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484  REVUE  d'alsage 

poser  que  la  villa  de  Heimbodesbeim  pourrait  bien  être 
Herbitzheim-sur-la-Saar  ;  mais  selon  le  savant  Pertz^  la  villa 
où  l'empereur  rencontra  le  roi  Otto  et  rarchevêque  de  Mayence 
est  Heirnshem  seu  Heiimm  medio  itinere  itUer  SkUtgardiam 
it  PforzMmum. 

L'abbaye  de  Herbitzheim  était  placée  sous  l'invocation  de 
Notre-Dame  en  sa  Nativité,  et  a  donné  la  naissance  et  le  nom 
au  beau  village  qui  s'élève  sur  les  deux  rives  de  la  Saar 
<  à  l'endroit,  dit  M .  Tilloy,  où  cette  rivière  abandonne  les 
magnifiques  prairies  qu'elle  arrosait  depuis  Harskircben, 
pour  s'enfoncer  dans  le  massif  de  collines  qui  caractérise 
l'arrondissement  de  Sarreguemines.  >  Les  deux  parties  de 
ce  village  sont  reliées  entre  elles  par  les  seize  arches  d'un 
antique  pont  de  pierre,  dont  la  construction  a  donné  lieu  à 
la  tradition  suivante  :  La  grande  piété  de  l'une  des  abbesses 
du  monastère  lui  avait  valu  la  faculté  de  traverser  à  pied  sec 
la  Saar  qui  baignait  les  murs  de  l'abbaye;  elle  perdit  ce  don 
miraculeux  pour  avoir  accablé  une  religieuse  de  mauvais 
traitements,  et  en  témoignage  de  son  repentir  et  comme  œuvre 
d'expiation,  elle  fit  construire  le  pont  de  pierre  qui  y  existe 
encore^ 

Le  village  qui  s'étend  sur  la  rive  gaucbe  de  la  Saar,  dans 
une  plaine  ondulée,  s'appelait  dans  lorigine  Hîcblingen;  las 
chartes  du  XYP  siècle  l'appellent  aussi  Saint-Michel,  à  cause 
de  son  église  qui  était  dédiée  à  ce  saint. 

Lorsqu'au  moyen-flge  l'incertitude  des  temps  et  les  discordes 
perpétuelles  qui  bouleversaient  le  pays  obligèrent  les  monas- 
tères à  se  donner  des  avoués  ou  des  défenseurs  armés  {adm- 
caii),  la  charge  d'avoué  de  l'abbaye  de  Herbitzheim  devint 
l'attribution  des  ducs  de  Lorraine.  Cette  charge  était  non 
seulement  un  titre  dont  les  nobles  de  cette  époque  s'hono- 

*  Monum,  Germaniœ  hist. 

'  A.  Stœber,  Die  Sagen  des  Ekasses,  p.  303. 


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SÂARWERDSN  ET  HSRBITZHEIM  485 

raient,  mais  elle  était  encore  un  moyen  pour  obtenir  des 
richesses  et  des  possessions  en  compensation  des  serrices 
qu'ils  rendaient,  elle  râlait  même  dans  Tesprit  de  Tépoque, 
la  quasi  propriété  du  territoire  du  monastère.  Des  ducs  de 
Lorraine,  elle  passa  aux  comtes  de  Nassau-Saarbruck,  qui  la 
donnèrent  en  arrière-fief  à  des  nobles  d'un  ordre  inférieur. 
Les  comtes  de  Saarwerden,  quoique  leurs  possessions  tou- 
chassent immédiatement  aux  terres  de  Tabbaye,  n'y  avaient 
aucun  droit  d'adrocatie'.  Les  comtes  de  Nassau- Saarbruek  se 
sont  toujturs  glorifiés  du  titre  d'Erbcastenvôgte,  Land-Schutz- 
und  Scbirmherren  de  Tabbaye  de  Herbitzheim^  et  se  sont 
toujours  fait  honneur  d'en  être  les  défenseurs.  Ce  monastère 
n'a  pas  été  sans  quelque  célébrité,  mais  son  histoire  est  peu 
connue  et  la  pauvreté  des  documents  que  nous  avons  ne  nous 
permet  pas  de  connaître  son  sort  au  milieu  des  tempêtes 
incessantes  et  des  vicissitudes  continuelles  qui  agitaient  le 
pays  pendant  le  moyen-ftge.  Les  religieuses  de  ce  couvent  se 
recrutaient  parmi  les  filles  de  tout  état  et  de  toute  condition 
du  Westreich  et  de  l'Alsace,  mais  il  n'était  pas  rare  de  voir 
des  demoiselles  de  noble  extraction  de  l'une  et  de  l'autre 
contrée  y  prendre  le  voile,  et  même,  s'il  fallait  en  croire 
Kremer,  toutes  les  religieuses  devaient  être  de  noble 
extraction^ 

Le  territoire  de  l'abbaye  était  borné  au  nord  par  les  terres 
de  l'évêché  de  Metz,  qui  furent  cédées  dans  la  suite  au  duché 
de  Lorraine  et  au  cœur  desquelles  il  pénétrait  comme  un  coin 
jusqu'à  une  lieue  de  Sarreguemines;  à  l'est,  il  était  limité  par 
le  comté  de  Bitche  et  la  seigneurie  de  Diemeringen  ;  à  l'ouest, 
par  le  duché  de  Lorraine,  et  au  sud  par  le  comté  de  Saar- 
werden et  la  Lorraine.  Il  comprenait  les  villages  de  Her- 
bitzheim,  Eebkastel,  Oermingen,  Silzheim,  Remering,  Grund- 

*  Appendix,  die  Vogtei  Herbitzheim  betreffend,  p.  1. 

*  Jacob  Grimm,  Weisthwmer,  t.  II,  p.  22. 

*  Geschichte  des  arden.  Geschlechtes,  t.  I,  p.  227. 


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486  REVUE  D*ALSA.CE 

willer,  Salzbronn  1/3,  Michling  et  Oldingen,  village  aujour- 
d'hui détruit  et  qui  était  situé  à  Test  de  Schmittwiller,  à 
l'endroit  où  la  carte  du  dépôt  de  la  guerre  indique  nne 
chapelle  sous  le  nom  d'Altkirch\  Ces  villages,  qui  furent 
constitués  dans  la  suite  en  prévôté  baillagère,  n'étaient  pas 
les  seules  propriétés  du  couvent;  il  avait  aussi  des  biens  et 
des  domaines  en  Alsace  et  dans  le  Palatinat,  et  il  possédait  la 
seigneurie  de  6ersheim-sur-Ia-Bliess,  village  situé  à  seize 
kilomètres  de  Bliescastel . 

L'abbaye  de  Wadgasse,  fondée  en  1185  par  Simon  I", 
comte  de  Saarbruck,  acquit,  peu  de  temps  après  sa  fondation, 
quelques  propriétés  du  monastère  d'Herbitzheim.  La  bulle 
émise  par  le  pape  Eugène  lU,  le  27  mai  115S,  par  laquelle  le 
Saint-Père  confirme  à  l'abbé  Wolfram  de  Wadgasse  les  biens 
et  les  possessions  de  cette  abbaye,  mentionne  :  HesenUngm 
mansum  unum  et  Leiman  quam  habetis  ab  eccksia  de  Her- 
bodêsheinij  mb  censu  sepéem  solidorum  ddem  ecclmœ  a 
vobis  vestrisque  mccessorilms  cmnis  singiUis  persolvmdo^: 
c'est-à-dire  un  manse  à  Hesemingen  et  le  village  de  Leiroen, 
que  l'abbé  Wolfram  avait  achetés  de  l'église  de  Herbitzbeim, 
moyennant  une  rente  annuelle  de  sept  shillings. 

Quelques  années  après,  vers  1178,  Sophie,  par  la  patience 
de  Dieu  abbesse  de  Sainte-Marie  de  Herbodensheim,  céda  à 
perpétuité  à  Geoffroi,  abbé  de  Wadgasse,  les  francs  alleai 
qu'elle  possédait  à  Leminen,  Ghaldebach  et  Munichwiller. 
Cette  aliénation  se  fit  avec  le  consentement  de  Béatrice, 
doyenne,  et  des  autres  religieuses  du  monastère  de  Herbitz- 
beim, sous  la  condition  que  l'abbaye  de  Wadgasse  serait  tenue 
de  lui  livrer  chaque  année  à  la  rai-mai  trente  agneaux,  et  à 
la  fâte  de  l'Assomption  de  la  bienheureuse  Vierge  Marie, 
treize  schillings,  monnaie  de  Metz^  Le  pape  Alexandre  m 

'  M.  J.  TmLOY,  Les  Ruines  du  comté  de  BUche,  p.  27. 

*  HoNTHBiM,  Hist.  trev,  diplom.,  t.  I,  p.  565. 

*  Kbemer,  Ioc.  citât. f  t.  II,  p.  306. 


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SÀABWERDEN  ET  HERBITZHEIM  487 

confirma  par  une  bulle,  émise  le  il  avril  1179,  à  Fabbé 
Geoffroi  de  Wadgasse  les  biens  de  son  abbaye,  y  compris  le 
village  de  Ghaldebach,  qu'elle  tenait  de  l'église  de  Herbo- 
desheim\ 

En  1251,  l'abbaye  de  Herbitzheim  donna  en  fief  au  cheva- 
lier Henri  de  Scbarfenneck  des  hommes  qui  demeuraient  sur 
les  bords  de  la  Queich,  sous  la  condition  de  lui  livrer  cent 
livres  de  cire^ 

Au  mois  d'avril  1271,  Hugo,  comte  de  Lutzelstein,  céda,  du 
consentement  de  Laurette  de  Saarbruck,  son  épouse,  à  l'abbaye 
de  Herbotsheim  le  droit  de  patronage  de  l'église  d'Acken  et 
sa  pari  des  dîmes  de  cette  localité,  qui  dépendait  alors  du 
comté  de  Saarwerden*. 

Le  comte  Henri  de  Saarwerden  et  Bourchard  de  Geroldseck 
apposèrent,  en  qualité  de  témoins,  leurs  sigillés  à  cette 
donation. 

Dans  le  cours  de  la  même  année,  Hahault  ou  Mathilde, 
comtesse  de  Saarbruck,  veuve  d'Amedée  de  Montbéliard, 
seigneur  de  Montfaucon,  s'étant  mise  en  possession  du  comté 
de  Saarbruck,  après  la  mort  sans  enfants  de  sa  sœur  aînée 
Laurette,  attesta  que  Jean  de  Warnesberg,  avoué  de  Ghiny, 
avait  acquis,  du  consentement  de  Geoffroi  de  Rosières, 
l'avouerie  de  Herbitzheim  et  de  Eeskastel,  qu'elle  tenait  en 
fief  de  son  cousin  Ferri  HI,  duc  de  Lorraine. 

En  1291,  •  len  jour  de  feste  Saint  Remei  en  chief  d'oc- 
tembre  •,  Simon  IV,  comte  de  Saarbruck,  confirma  le  douaire 
que  le  chevalier  Jean  de  Rosières  avait  constitué  à  sa  fiancée 
c  Aliz  »,  fille  d'Ourri,  chevalier  de  Fontoi,  seigneur  de  Bas- 
sompierre,  sur  la  moitié  de  l'avouerie  de  Harborzheim  (Her- 
bitzheim) et  Gaistres  (Keskastel)  et  sur  le  tiers  de  la  ville 

^  Kbemeh,  Loc.  citaU,  t.  II,  p.  301. 

•  Schœpflin-Ravenez,  L'Alsace  illustrée,  t.  IV,  p.  563. 

'  SCHŒPFLIN,  Als.  diplom.,  l  I,  p.  468. 


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488  REVUE  D' ALSACE 

de  Doldenges  (Oldingen)^  La  conûrmatioa  que  le  comte 
Simon  17  donna  à  la  constitution  de  ce  domaine  démontre 
que  Tayouerie  de  Herbitzheim  était  déjà  à  cette  époque  une 
dépendance  du  comté  de  Saarbruck. 

En  1298,  Frédéric  d'Ëttendorf  autorisa  Henri  de  Flecken- 
stein  à  constituer  à  sa  femme,  Mathilde  de  Lutzelstein,  un 
douaire  de  cinquante  marcs  sur  Herbolsheim-s^r-la-Saar^ 

La  plupart  des  monastères  de  la  Lorraine,  du  Westreichet 
de  TAlsace  possédaient  dans  les  salines  de  la  Lorraine  leurs 
poêles,  dans  lesquelles  ils  faisaient  cuire  le  sel  nécessaire  à 
leur  consommation  et  à  celle  de  leurs  sujets.  L'abbaye  de 
Herbitzheim  avait  sa  poêle  dans  les  salines  de  Saaralbe,  qui 
étaient  si  célèbres  et  si  fructueuses  pour  leurs  propriétaires  aa 
moyen-flge.  Albert,  comte  de  Dagsbourg  et  de  Metz,  avait  fait 
donation,  vers  Tan  1200,  à  Tabbaye  de  Sturzelbronn,  d'une 
poêle  à  cuire  du  sel  dans  ces  salines^  Les  deux  monastères 
ne  purent  vivre  en  bonne  intelligence  ni  jouir  tranquillement 
des  poêles  qui  leur  avaient  été  concédées.  Renaud  de  Bar, 
qui  avait  été  appelé  en  1803  à  présider  aux  destinées  de 
réglise  de  Metz,  intervint  dans  les  discussions  qui  depuis 
longues  années  avaient  troublé  Tharmonie  des  deux  maisons, 
et  moyenna  un  arrangement  entre  les  deux  parties.  Toute- 
fois, ces  contestations  se  renouvelèrent  et,  en  1819,  l'évêque 
Henri  Dauphin,  successeur  de  Renaud  de  Bar,  intervint  à 
son  tour  en  sa  triple  qualité  de  seigneur  temporel  de  Saaralbe, 
de  propriétaire  des  salines  et  de  supérieur  ecclésiastique  des 
parties  contondantes.  Il  leur  imposa  un  arrangement  par 
lequel  les  deux  abbayes  furent  maintenues  dans  leur  droit  de 
faire  du  sel,  et  les  prit  sous  sa  protection  et  sauvegarde,  mais 
par  contre,  elles  furent  obligées  de  Tassocier  pour  un  tiers 

'  Ebemer,  Gesckichte  des  arden,  GeschlechteSy  t.  II,  p.  376. 

•  Schœpflin-Ravenèz,  Loc.  citât.,  t.  IV,  p.  556. 

*  DoM  Galmet,   Histoire  de  Lorraine^  t.  IV,  Dissertation  9ur  les 
salines,  p.  XXXVIII. 


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SAÂIVV^RDEN  ET  HEBBTTZHEIM  489 

dans  leurs  poéles\  Ces  salines  donnèrent  naissance  au  hameau 
de  Salzbronn,  situé  près  de  Saaralbe,  sur  la  rive  de  la 
Saar. 

Frédéric,  comte  de  Linange,  tenait  en  âef  de  l'abbaye  de 
Herbolozheim,  située  au  diocèse  de  Metz,  le  château  de  Gre- 
fenstein^  sur  lequel  il  avait  assigné  le  douaire  de  son  épouse 
Jutte.  Cette  assignation  s'était  faite  probablement  à  Tinsu  et 
sans  le  consentement  de  Fabbesse  et  de  son  couvent,  car  il 
émit  le  samedi  après  le  dimanche  Qiiasmodo  geniti  1SS4,  au 
profit  de  Tabbesse  Elisabeth  et  de  l'abbaye,  un  acte  de  renon- 
ciation à  toutes  ses  prétentions  sur  ce  château,  à  raison  du 
douaire  de  sa  femme^ 

En  1842,  Jean  II,  comte  de  Saarbruck,  et  Boémond,  Jean  et 
Nicolas,  sires  de  Dagstoul,  firent  un  compromis  sur  les  contes- 
tations qui  s'étaient  élevées  entre  eux  à  Toccasion  des  fie& 
que  le  sire  de  Dagsloul,  leur  père,  avait  obtenus  de  Jean  I", 
comte  de  Saarbruck,  aïeul  de  Jean  II.  Parmi  ces  fiefs  se  trou- 
vait un  fief  de  résidence  à  Saarbruck,  dont  Nicolas  de  Dagstoul 
fut  investi  et  qui  consistait  dans  les  manses  et  villages  de 
Herbitzheim,Keysecastel  et  Oldingen,  avec  leurs  dépendances.* 
Le  village  de  Siltzheim,  qui  advint  plus  tard  à  l'abbaye  de 
Herbitzheîm  en  vertu  d'une  engagère  des  comtes  de  Saar- 
werden,  dépendait  encore  à  cette  époque  de  leur  comté. 

Hanemann  I"  et  Simon  Wecker,  comtes  de  Deux-Ponts- 
Bitcbe,  donnèrent  le  douzième  jour,  c'est-à-dire  le  jour  de 
l'Epiphanie  1S70,  des  lettres  de  protection  à  l'abbaye  de  Her- 
boizheim^  contre  tout  chacun  qui  pourrait  lui  causer  du  pré- 
judice et  troubler  ses  possessions^ 

*  Calmet,  Notice  de  Lorraine,  t.  Il,  supplément,  p.  168. 
'  Château  situé  près  de  Mertzalben,  village  du  canton  de  Waldfîsch- 
bach  (Bavière  rhénane). 

'  Archives  de  Coblence  (fonds  de  Herbitzheim). 

^  Kremer,  Geschichte  des  arden.  Geschlechtes,  t.  II,  p.  453. 

^  Lehmann  Histoire  des  comtes  de  DetbX'Ponts-Bitche,  t.  Il,  p.  217. 


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490  BEVUE  D'ALSACE 

En  1378,  Ulrich  de  Rosières  et  sod  épouse  Mariette  enga- 
gèrent à  Jean,  comte  de  Saarwerden,  lears  parts  des  ûeb 
qu'ils  possédaient  à  Herbitzheim,  Saint-Michel,  Meinrichingen 
et  Eeskastel  pour  la  somme  de  huit  cents  florins  ;  cet  enga- 
gement se  fit  du  consentement  du  seigneur  direct  Jean  n, 
comte  de  Saarbruck^  mais  il  ne  paraît  pas  qu'il  ait  eu  une 
longue  durée.  Toutefois,  il  atteste  qu'aucun  droit  d'advocatie 
ne  rattachait  Tabbaye  d'HerbitKheim  aux  comtes  de  Saarwer- 
den, et  il  montre  en  même  temps. que  la  possession  de  ses 
terres  était  Fobjet  de  la  convoitise  de  ses  puissants  voisins. 

En  1875,  Arnold,  sire  de  Pettlange  (Pittirigen),  nereu  de 
Jean  et  Nicolas  de  Dagstoul,  Henri  de  Fleckenstein,  Jean  et 
Jacques  de  Raville  (Ruldingen),  sires  de  Benestorf  (Benstorfj, 
et  Jean  de  Bruck,  aire  de  Hinguesange  (Hingsingen),  devin- 
rent les  vassaux  castrensiens  de  Jean  n,  comte  de  Saarbruck, 
seigneur  de  Commercy,  et  reçurent  de  lui  tous  les  fiefs 
qu'avaient  possédés  les  sires  de  Dagstoul.  Jacques  de  Raville 
reconnut  qu'il  était  devenu  le  \rassal  castrensien  de  ce  sei- 
gneur dans  la  ville  de  Saarbruck  et  qu'il  avait  reçu  de  lui,  à 
titre  de  fief  castrai,  les  trois  cours  de  Herbitzheim,  Kesecastel 
et  Oermingen  et  les  cours  de  Sainte-Marie^ 

La  maison  de  Saarbruck  s'éteignit  en  race  mftle  par  la 
mort  du  comte  Jean  H,  arrivée  en  1881.  Sa  fille  unique, 
Jeanne,  n'avait  procréé  à  son  mari  Jean,  comte  de  Nassau, 
qu'un  fils  nommé  Philippe,  qui  hérita  du  comté  de  Saarbruck 
et  de  Tadvocatie  de  Herbitzheim'.  Ce  jeune  seigneur  ajouta  à 
sm  nom  patronymique  celui  de  son  aïeul  maternel  et  fut 
l'auteur  de  la  maison  de  Nassau-Saarbruck  qui  resta  pendant 
quatre  siècles  en  possession  de  l'héritage  délaissé  par  le 
comte  Jean  H. 

'  Appendix  cit. y  p.  2. 

*  Kremer,  Loc  citât.,  t.  II,  p.  537. 

*  F.  Kœllnbr,  Loc.  citât.,  t.  I,  p.  169. 


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SAARWERDEN  ET  HEKBITZHEIM  491 

En  1400,  le  12  Janvier,  Hanemann,  comte  de  Deux-Ponts- 
Bitche,  prit  Tabbaye  de  Herbitzheim  sous  sa  protection ^ 

En  1484,  Henri  de  Gerspach,  Jean  de  Mormborn  et  Jacques 
d*Arnheim,  ayant  eu  quelques  démêlés  avec  les  villages  de 
Herbitzheim  et  d«  Saint-Michel,  firent,  à  la  tète  de  quelques 
hommes  aimés,  irruption  sur  leur  territoire  et  se  saisirent 
d'un  pauvre  homme,  nommé  Jean,  qu'ils  se  disposaient  à 
emmener  prisonnier.  Mais  les  habitants  de  ces  deux  localités 
sortirent  en  armea,  dispersèrent  les  assaillants  et  firent  pri- 
sonneirs  Henri  de  Gerspach,  son  fils  Dielmann  et  Pierre  de 
Wyrne,  qui  furent  conduits,  chargés  de  liens,  à  Herbitzheim, 
puis  on  les  dirigea  sur  Saaralbe  et  de  là  sur  Saarbruck.  Jean 
de  Mormborn  tftcha  d'intéresser  au  sort  des  prisonniers,  qui 
languissaient  dans  les  fers,  Tévéque  de  Metz  Conrad  Bayer  de 
Boppart  et  Elisabeth  de  Lorraine,  veuve  de  Philippe,  comte  de 
Nassau-Saarbruck,  et  régente  de  ses  Etats  pendant  la  minorité 
de  son  fils  Jean  UI.  Lambert  de  Gastel  interposa  ses  bons 
offices  pour  moyenner  un  arrangement,  et  grâce  à  son  inter- 
vention la  liberté  fut  rendue  aux  prisonniers  et  il  fut  arrêté 
que  les  dépenses  qu'ils  avaient  faites,  tant  à  Saaralbe  qu'à 
Saarbruck,  seraient  supportées  par  les  communes  de  Her- 
bitzheim et  de  Saint-Michel,  que  celles-ci  seraient  encore 
tenues  de  payer  à  Jean  de  Mormborn,  au  premier  dimanche 
de  Carême,  en  sa  demeure  à  Ingwiller,  la  somme  do 
cinquante  florins  pour  toutes  les  prétentions  qu'il  avait  à 
former  contre  elles,  et  que  les  frais  et  les  dommages  de  la 
guerre  ne  donneraient  lieu  à  aucune  réclamation .  Ce  traité 
est  daté  du  mardi  après  l'Epiphanie  1484,  selon  le  style  de 
Metz  (1436,  selon  le  style  des  Allemands)^ 

Les  sires  de  Pénétrante  prétendaient  avoir  des  droits  sur 
les  fle&  que  les  chevaliers  de  Rosières  avaient  possédés  dans 
l'avouerie  de  Herbitzheim;  leurs  prétentions  furent  contes- 

^  Lehmann,  Geschichteder  GrafschaflHanavrLichtenherg,  t.  II.  p.  247. 
'  Appendic  cit. ,  p.  4. 


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492  REVUE  d'alsaoe 

tées  par  Jean  in,  comte  de  Nassau-Saarbruck,  et,  en  144S,il3 
s'en  dé8LStèrent  de  la  manière  la  plus  formelle  en  fayenr  de 
la  maison  de  Nassau-Saarbruck^ 

Les  fiefs  situés  dans  rarouerie  de  Herbitzheim,  et  qui 
avaient  été  conférés  conjointement  ou  successivement  aux 
nobles  de  Dagstoul,  Pettlange,  Ruidingen,  Brûcken,  Sicrck, 
Pallant,  Ësch,  Hérange  (Heringen),  Sœttern,  Helmstat,  Rechi* 
court  (Rixingen)  et  Rosières  firent  tous  réversion  à  la  maison 
de  Nassau-Saarbruck,  soit  par  ouverture,  soit  par  réfutation'. 

Les  hommes  qui  demeuraient  sur  les  terres  de  Fabbaye  de 
Herbitzheim  étaient  des  serfs  que  leur  naissance  liait  à  la 
glèbe;  on  les  appelait  les  hommes  de  Sainte-Marie  parce  que 
le  monastère  était  placé  sous  Tinvocation  de  la  Sainte-Vierge, 
et  ils  restèrent  pendant  toute  la  durée  du  mojen-flge  dans 
des  conditions  de  dépendance  et  d'infériorité. 

Il  compétait  aussi  à  Févêque  de  Metz  des  droits  d'advocatie 
sur  Tabbaye  de  Herbitzheim;  il  les  faisait  exercer  par  son 
gouverneur  de  Saaralbe  qui  prenait  le  titre  de  Gaissvogt*  de 
Tabbaye.  Les  droits  de  Tévéque  de  Metz  sont  énumérés  dans 
le  règlement  colonger  de  Herbitzheim,  que  Tillustre  Grimm  a 
publié  dans  sa  grande  et  précieuse  collection  des  WeiithOmer^ 
Ce  règlement  ou  rotule  est  de  Tan  1458,  il  nous  montre  ce 
que  fut  la  colonge  de  Herbitzheim  dans  la  dernière  période 
de  son  existence  et  nous  fait  connaître  les  rapports  qui  exis- 
taient entre  Tévêque  de  Metz,  le  seigneur  colonger,  le  caies- 
vogt  et  les  Huber  ou  paysans  colongers.  Il  nous  apprend  que 
l'abbesse  de  Fraulautern'  était  seigneur  justicier  (Gerichts- 

*  Appendix  cit.,  p.  2.  —  '  Ibidem, 

'  La  radicale  de  Caissvogt  dérive  de  l'italien  casa,  qui  signifie  maison, 
chaumière,  demeure. 

*  T.  II,  p.  22. 

^  Abbaye  fondée  par  les  comtes  de  Saarbruck  sur  la  Saar»  à  nn  quart 
de  lieue  audessus  de  l'emplacement  où  fut  construite  la  ville  de  Sarre- 
louis.  Ce  monastère  dépendait  du  diocèse  de  Trêves  et  fut  poMédé  dans 
la  suite  par  des  dames  chanoinesses. 


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SÂARWRBDEN  ET  HERBITZHEIM  403 

berrin)  à  Herbitzbeim,  que  le  comte  de  Nassau-Saarbruck 
en  était  l'avoué,  que  le  gouyernour  de  Saaralbe  pour 
Févéque  de  Metz,  le  Junker  Rodolpbe  Bayer  de  Boppart,  en 
était  le  caissvogt,  et  que  Fadministration  de  la  justice  crimi- 
nelle appartenait  à  ce  dernier,  qui  était  étranger  à  la  colonge 
et  à  son  administration  ordinaire,  mais  qui  était  spécialement 
chargé  de  la  protection  du  monastère. 

Gomment  la  cour  colongère  de  Herbitzbeim,  arec  tout  ce 
qui  en  dépendait,  maisons,  cours,  grange?^  écuries,  cbamps, 
prés,  pâturages,  cours  d'eau,  forêts  et  gens,  est-elle  parvenue 
aux  mains  de  Tabbesse  de  Fraulautern  ?  Est-ce  par  acquisi- 
tion, donation  ou  engagement?  Est-ce  peut-être  parce  que 
Tabbesse  de  Fraulautern  était  en  même  temps  abbesse  du 
couvent  de  Herbitzbeim,  car  à  cette  époque  il  n'était  pas  rare 
de  voir  plusieurs  dignités  ou  prébendes  ecclésiastiques  réunies 
sur  la  même  tête?  Il  serait  difficile  de  le  dire.  Le  Weisthum  se 
tait  à  cet  égard  et  nous  ne  possédons  aucun  document  qui 
puisse  trancber  la  question  et  suppléer  au  silence  du  rotule 
colonger.  Voici  du  reste  l'analyse  de  ce  curieux  règlement  : 

1.  Il  est  permis  à  un  étranger  de  citer  un  homme  de  Sainte- 
Marie  devant  le  maire  de  Herbitzbeim  en  payement  d'une 
créance,  mais  aussi  longtemps  que  le  débiteur  pourra  fournir 
des  gages  pour  la  sûreté  de  la  créance,  il  ne  pourra  pas  être 
appréhendé  an  corps. 

2.  Le  maire  de  Herbitzbeim  doit  connaître  de  toutes  les 
affaires,  à  l'exception  des  cinq  crimes  suivants  :  le  vol,  le  viol, 
l'incendie,  si  le  feu  a  été  mis  la  nuit,  le  meurtre  et  les  bles- 
sures, dont  la  connaissance  est  réservée  au  caissvogt. 

3.  Aucun  homme  possédant  une  cour  ne  peut,  sur  la  fin  de 
ses  jours,  alors  qu'il  est  sur  son  lit  de  mort,  consacrer  contre 
le  gré  de  ses  parents,  à  des  fondations,  plus  de  trente  deniers 
de  sa  fortune  mobilière  et  plus  de  trente  deniers  de  son 
héritage. 

4.  Si  un  pauvre  homme  veut  célébrer  dans  sa  cour  noces 


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494  REVUE  D'ALSACE 

♦ 

et  festins  et  qu'un  fifre  (musicien)  lui  soit  nécessaire,  ou  si 
un  pauvre  homme  a  besoin  du  ministère  d'un  châtrenr  de 
porcs  (Nonnenraacher),  ils  sont  libres  de  prendre  le  châtreur 
de  porcs,  le  cuisinier  et  le  fifre  où  bon  leur  semblera. 

5.  Le  maire  est  tenu  de  donner  chaque  année  au  vogt  un  porc 
d'une  valeur  de  cinq  schillings,  et  le  garde  forestier  est  égale- 
ment tenu  de  lui  en  donner  un  de  la  valeur  de  deux  schillinis 
et  demi.  Tout  maire  et  tout  garde  forestier  doivent  encore 
donner  au  vogt,  chaque  année,  soixante  quenouilles  de  lin, 
lequel  doit  être,  au  moment  de  sa  livraison,  si  bien  serancé, 
qu'il  n'en  tombe  aucun  brin'  lorsqu'on  le  secoue  sur  un  man- 
teau noir;  et  ils  sont  tenus  de  payer  au  vogt  une  amende  de 
soixante  schillings  par  chaque  brin  qui  tombera  sur  le  man- 
teau. En  revenant  de  chez  le  vogt,  le  maire  doit  porter  dans 
chaque  main  un  pot  de  vin  et  aller  trouver  l'abbesse  pour 
lui  dire  que  le  vogt  l'a  si  bien  reçu  quelles  larmes  lui  en  sont 
venues  aux  yeux. 

6.  Aussi  longtemps  qu'un  maire  de  Herbitzheim  est  en 
fonctions  et  qu'il  occupe  le  fauteuil,  foi  doit  être  ajoutée  à 
toutes  les  affaires  qu'il  traite  et  à  tous  les  actes  qu'il  passe. 
Si  un  homme  malfaiteur  est  aperçu  dans  une  cour,  chacun  est 
tenu  de  l'arrêter  et  d'en  informer  le  valet  du  caissvogt,  pour 
que  celui-ci  le  cherche.  Est  considéré  comme  un  malfaiteur 
quiconque  se  rend  coupable  des  cinq  crimes  suivants  :  de  vol, 
de  meurtre,  d'incendie,  de  viol  et  de  blessures. 

7.  Quand  l'inventaire  et  le  renouvellement  des  tenures  sont 
ordonnés,  les  pauvres  gens  sont  tenus  d'y  assister,  et  qui- 
conque ne  s'y  rendra  pas  à  l'appel  du  caissvogt  lui  doit  une 
amende  de  cinq  schillings.  Celui  dont  la  femme  est  en  couches, 
s'il  veut  faire  un  voyage,  doit  seulement  s'éloigner  de  manière 
qu'il  puisse  être  de  retour  le  soir  chez  l'accouchée.  Le  caiss- 

*  Âgen,  palea,  festuca,  acus,  brin,  fétu,  fragment  de  l'écorce  du 
chanvre  on  du  lin  (voir  le  Dictionnaire  de  la  langue  allemande  par 
Griram). 


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SAARWBRDEN  ET  HERBITZHEIM  495 

YOgt  est  tenu  de  caltiver  et  d'ensemencer  une  fois  les  biens 
qui  sont  retirés  aax  gens  de  Saint-Etienne^  et  aux  gens  de 
Sainte-Marie,  et  ensuite  il  pourra  laisser  les  biens  de  Saint- 
Etienne  et  seulement  cultirer  et  ensemencer  les  biens  de 
Sainte-Marie.  Si  le  caissvogt  part  pour  protéger  les  possessions 
de  Saint-Etienne  et  commande  ceux  qui  occupent  les  cours 
de  venir  à  Alban  (Saaralbe)  pour  garder  la  ville,  ils  sont 
tenus  d'obéir  et  d'y  faire  la  garde  pendant  un  jour  et  une 
nuit  à  leurs  frais,  mais,  si  Ton  a  besoin  d'eux  plus  long- 
temps, on  doit  tâcher  de  les  retenir  par  de  bonnes  paroles. 

8.  Trois  jours  après  que  Févêque  de  Metz  sera  rentré  en 
campagne,  le  caissvogt  d'AIban  (gouverneur  de  Saaralbe)  doit 
commander  à  ceux  de  Herbitzheim  de  lui  envoyer  deux  voi- 
tures;  et  ceux-ci  sont  tenus  de  lui  envoyer  ces  deux  voitures, 
chacune  attelée  de  cinq  chevaux  avec  deux  valets  et  chargée 
d'un  tonneau  de  décharge,  devant  son  hôtel  à  Alban,  et  en 
outre  trois  jeunes  porcs  (frieschlinge),  deux  de  droit  et  un  par 
grâce,  chacun  devant  valoir  dix-huit  schillings.  Arrivées  à 
Alban,  ces  voitures  doivent  suivre  la  voiture  des  bourgeois 
et  tourner  là  où  celle-ci  tourne.  A  la  fin  de  la  campagne,  le 
caissvogt  est  tenu  de  renvoyer  les  deux  voitures,  avec  tout  ce 
qui  lui  a  été  envoyé,  et,  s'il  ne  le  fait  pas,  on  n'est  plus  tenu 
de  lui  envoyer  une  autre  fois  des  voitures. 

On  voit  par  ce  rotule  que  le  service  militaire  qui  pesait 
sur  les  enfants  de  Sainte-Marie  se  bornait  aux  guerres  locales 
et  privées,  entreprises  pour  leur  défense  et  pour  la  défense 
de  révoque  de  Metz  et  qu'ils  n'étaient  mis  en  réquisition  que 
d'une  manière  tout  à  fait  exceptionnelle,  lorsqu'ils  étaient 
directement  intéressés  à  la  lutte  ou  lorsque  le  territoire  de 
révêché  de  Metz  était  menacé. 

En  1460,  le  Westrich  fut  désolé  par  une  guerre  désas- 
treuse qui  éclata  entre  Félecteur  palatin  Frédéric-le-Victo- 

^  On  appelait  ainsi  les  serfs  qui  demeuraient  dans  les  terres  de  révêché 
de  Metz,  dont  Saint-Etienne  était  le  patron. 


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496  REVUE  d'âlsace 

rieux  et  son  parent  Louis-le-Noir,  duc  de  Deux-Ponts,  et  à 
laquelle  prit  part  le  comte  Jean  III  de  Nassau  -Saarbruck.  Les 
troupes  de  Louîs-le-Noir  pénétrèrent  jusqu'à  Herbitzheim  et 
Eeskastel  et  promenèrent  le  fer  et  le  feu  dans  toute  la  Tallée 
de  TEicher.  De  son  côté,  le  comte  Jean  m  alla  mettre  le  siège 
devant  Musenheim,  qui  était  la  résidence  habituelle  de  Louis- 
le-Noir,  commit  de  grands  dégâts  dans  tout  le  pays  et  força 
son  adversaire  à  venir  à  un  accommodement. 

En  1463,  Enneline  de  Etltzelsheim  (Efittolsheim),  prieure 
du  couvent  de  Herbitzheim,  fit  donation,  du  consentement  de 
Tabbesse  Marguerite  von  der  Ecken,  au  couvent  des  frères  de 
•Steiga,  à  Saverne,  des  biens  situés  aux  bans  de  EQttolsbeim, 
Saverne,  Fessenheim,  Waldolwisheim,  Wintzenheîm  et  Knoer- 
sheim,  à  charge  par  ledit  couvent  de  Steiga  de  célébrer  des 
anniversaires  dont  il  déclara  se  charger.  En  i466,  Catherine 
de  Eûttolsheim,  femme  de  Pierre  d'Auenheim  et  sœur  d'Enne- 
line,  donna  son  assentiment  à  ladite  donation^ 

L'année  1525,  qui  vit  la  ruine  de  tant  de  monastères,  fut 
aussi  fatale  à  l'abbaye  de  Herbitzheim.  <  Toute  l'Allemagne 
fut  horriblement  troublée  en  ceste  année,  dit  Sébastien 
Mtinster^  pour  la  sédition  des  pauvres  paysans  qui  s'esle- 
vaient  partout  contre  leurs  seigneurs,  faisant  entreprinses 
méchantes  soubz  ombre  de  l'Evangile  :  car  ils  voulaient 
estre  francs  des  censés,  dismes,  gabelles  et  autres  eharges, 
escrivant  des  articles  de  la  liberté  chrétienne,  entre  lesquels 
cestuy-cy  estait  le  principal  :  Qu'il  ne  falloit  point  payer 
les  tributs  au  magistrat.  >  La  révolte  éclata  en  Alsace  vers 
le  milieu  du  mois  d'avril,  le  soulèvement  se  répandit  au  loio, 
chaque  jour  de  nouveaux  serfs  brisaient  les  liens  de  la  servi- 
tude pour  courir  sur  les  pas  des  insurgés  à  la  liberté  et  à 
la  vengeance,  et  le  succès  appelait  chaque  jour  de  nouveaux 

*  Kœllner,  Loc.  citât  ^  1. 1,  p.  210. 
»  Archives  du  Bas-Rhin,  S.  G.  6103. 

•  Cosmographie  universelle,  traduite  par  Belle-Forest,  t.  I,  p.  1166. 


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SAARWERDEN  ET  IIERBITZÏIEIM  497 

partisans  de  Tindépendance  soas  la  bannière  de  la  licence. 
Les  paysans  du  Westrich  étaient  prêts  à  donner  la  main  à 
leurs  frères  d'Alsace. 

Partout  où  ils  se  soulevaient,  les  paysans  pillaient  et  incen- 
diaient, dans  leur  effervescence  démocratique,  les  châteaux, 
les  églises  et  les  monastères  ;  ils  foulaient  aux  pieds  les  objets 
les  plus  vénérables  du  culte  et  les  traînaient  ignominieusement 
dans  la  boue  ;  ils  portaient  avec  un  acbarnemeut  déplorable 
le  fer  et  le  feu  partout,  et  partout  la  ruine  et  la  désolation. 

Pendant  que  TAIsace,  en  proie  à  Tesprit  d'anarchie,  pré- 
sentait rimage  d'une  mer  bouleversée  par  la  fureur  des 
éléments,  Antoine,  duc  de  Lorraine,  qui  avait  pris  la  résolu- 
tion de  mettre  un  terme  à  ces  épouvantables  désordres,  levait 
des  troupes,  la  noblesse  lorraine  prit  les  armes,  brûlant  de 
se  mesurer  avec  les  insurgés,  et  les  bourgeois,  pleins  de 
dévouement  et  luttant  avec  elle  de  procédés  généreux,  s'em- 
pressèrent de  fournir  les  munitions  et  l'argent  nécessaires. 

Pendant  que  le  duc  de  Lorraine  stationnait  à  Vie,  l'esprit 
de  défection  faisait  des  progrès  rapides  dans  le  Westrich,  et 
bientôt  la  nouvelle  se  répandit  qu'une  nombreuse  bande  d'in- 
surgés avait  pénétré  dans  le  comté  de  Saarwerden  et  s'était 
emparée  de  la  ville  de  Diemeringen,  propriété  du  Rhingrave 
Jean  VU.  Les  paysans  pénétrèrent  ensuite  à  Herbitzheim  et 
se  retranchèrent  dans  l'abbaye  de  ce  village,  dont  l'accès  était 
très  difKcile^  Jean  de  Braubach,  bailli  de  Sarreguemines, 
homme  plein  d'énergie  et  de  résolution,  accourut  au  camp  du 
duc  de  Lorraine  et  s'ofTrit  «  de  revisiter  le  camp  des  Luthé- 
riens et  sçavoir  le  nombre  de  gens  qu'ils  estoient,  avecques 
la  situation  du  lieu,  ensemble  le  maintien  qu'ilz  tenoient 
en  une  abbaye  de  dames,  nommé  Herbussem,  dedans  les 
grands  boys,  plissez  et  barrez  si  fort  qu'il  n'estoit  possible 
y  entrer^  •. 

*  YoLCYR,  Relation  de  la  guerre  des  Rustarids,  édition  de  1856,  p.  61. 

*  Ibidem,  p.  61. 

Nouvelle  Série  —  G«  Annét\  '*^ 


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498  *  REVUE  D'ALSACE 

Pendant  ce  temps,  les  sujets  de  Tabbaye,  entraînés  par 
les  conseils  et  les  excitations  des  chefs  de  la  bande,  pacli- 
sèrent  avec  les  insurgés  et  les  reçurent  avac  les  démonstra- 
tions de  la  joie  la  plus  vive.  Le  courent  devint  leur  quartier- 
général,  d'où  ils  envoyèrent  des  émissaires  dans  toute  la 
contrée  pour  convier  les  paysans  à  Tinsurrection,  et  bientôt 
tout  le  pays  fut  en  mouvement.  Chaque  jour  le  nombre  des 
insurgés  s'accroissait,  les  paysans  des  comtés  de  Morhange, 
de  Forbach,  de  Puttelange,  de  la  chfttellenie  de  Hombourg  et 
du  bailliage  de  Sarreguemines,  au  nombre  de  plus  de  dix- 
huit  cents,  s'arrachèrent  à  leurs  occupations  pour  grossir  la 
bande  qui  occupait  Herbitzheim^ 

Cependant  le  duc  de  Lorraine,  ayant  approuvé  le  dessein 
de  Jean  de  Braubach,  lui  avait  donné  six  cents  hommes  de 
pieds  et  cent  chevaux. 

Le  bailli  de  Sarreguemines  marcha  tout  droit  i  Herbitzheim, 
mais  les  paysans,  loin  de  Iftcher  pied,  l'accueillirent  par  un 
feu  bien  nourri  de  mousqueterie^  le  contraignirent  à  la  retraite 
et  le  poursuivirent  vivement  à  travers  les  bois.  Jean  de  Brau- 
bach, désarçonné  par  accident,  tomba  entre  les  mains  des 
insurgés,  qui  l'emmenèrent  prisonnier  «  dedans  leur  fort,  où 
depuis  le  mirent  à  rançon  de  mille  florins  >,  espérant  que 
le  cardinal  Jean  de  Lorraine,  évêque  de  Metz,  se  montrerait 
disposé  à  faire  un  généreux  sacrifice  pour  sauver  l'un  de  ses 
plus  dévoués  serviteurs. 

Privée  de  son  chef,  l'avant-gards  lorraine  dut  se  replier 
vers  le  château  de  Sarreguemines  ;  mais,  peu  de  jours  après, 
renforcée  par  de  nouvelles  troupes,  elle  se  porta  de  nouveau 
en  avant. 

Pendant  ce  temps,  le  Rhingrave  Jean  VII  et  le  comte  Jean- 
Louis  de  Nassau-Saarbruck  s'emparaient  d'Oermingen.  Les 
insurgés  durent  abandonner  leur  camp  de  Herbitzheim,  ils 

^  Lepage,  Documents  sur  la  guerre  des  Rustauds,  p.  XII 


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SAARWERDEN  ET  HERBITZHEIM 


se  rejetèrent  en  Alsace  par  les  gorges  du  Graufthall  et  se 
joignirent  aux  insurgés  qui  occupaient  Saverne.  Le  bailli  de 
Sarreguemines  fut  conduit  dans  cette  ?iUe,  chargé  de  liens  et 
en  butte  aux  outrages  et  aux  avanies  des  insurgés.  L*histo- 
rien  Yolcyr  de  Séronvilie,  qui  accompagna  le  duc  de  Lorraine 
dans  sa  célèbre  expédition,  ne  se  fait  aucun  scrupule  de  dire 
que'  «  voyant  aussi  Dieu  le  créateur  multiplier  et  pulluler 
cealx  de  la  secte  luthérienne  si  comme  les  grains  de  sable 
du  rivage  de  la  mer,  non  contant  par  sa  divine  essence  que 
la  susdicte  bande  des  infidèles  paysans  séduyctz,  qui  s'es- 
toient  emparquez  dedans  le  clos  de  Tabbaye  de  Herbussem, 
eut  esté  seullement  défaicte  sans  aller  plus  oultre,  les  fit 
retirer  en  Aulsays,  dont  ils  estoient  venuz,  affin  d'en 
amasser  plusieurs  semblables  à  eulx,  pour  finalement  estre 
confondus  et  ruinez  tous  ensemble.  >  On  connaît  le  mas- 
sacre de  Saverne  où  les  paysans,  au  nombre  de  plus  de  vingt 
mille,  tombèrent  par  monceaux  sous  Tépée  des  soldats  lorrains 
acharnés,  comme  les  épis  sous  la  faucille  du  moissonneur. 

L'abbaye  de  Ilerbitzheim  a-t-elle  été  désolée  par  le  pillage, 
l'incendie  et  la  dévastation?  Les  chroniqueurs  ne  fournissent 
aucun  renseignement  précis  à  cet  égard,  mais  on  ne  peut 
assurément  pas  douter  qu'elle  n'ait  éprouvé  les  mêmes 
maux  que  les  autres  monastères  sur  lesquels  a  pesé  cette 
guerre  sauvage. 

A  partir  de  cette  époque,  l'antique  abbaye  marcha  rapide- 
ment vers  sa  décadence,  et,  en  1S44,  le  comte  Jean-Louis  de 
Nassau-Saarbruck  la  réunit  définitivement  et  entièrement  à 
ses  Etats  héréditaires.  Ce  monastère,  qui  était  alors  gouverné 
par  une  noble  alsacienne,  Amélie  d'Altorf,  surnommée  Woll- 
schlagerin,  penchait  vers  sa  ruine  ;  les  troubles  incessants  et 
l'incertitude  générale  produite  par  la  Réforme,  le  dégoût 
qu'on  avait  alors  pour  la  vie  monastique,  la  déconsidération 

*  Guerre  des  Rustauds^  p  8*2. 


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500  REVUE  D'ALSACE 

dans  laquelle  elle  était  tombée,  la  décadence  dont  les  établis- 
sements religieux  étaient  menacés,  le  penchant  qu'on  mon- 
trait pour  la  nouvelle  doctrine  :  tels  furent  les  moti&  qui 
décidèrent  Tabbesse  Amélie  à  faire  donation  en  toute  pro- 
priété, du  consentement  de  l'unique  religieuse  encore  vivante 
et  avec  le  concours  de  Jean  Turgot,  vice-légat  apostolique  en 
Allemagne,  au  comte  Jean-Louis  de  cette  antique  abbaye, 
dont  il  était  le  tuteur  et  le  protecteur  né,  avec  tous  les 
villages,  métairies,  serfs,  dîmes,  rentes,  revenus,  immunités 
et  droits  en  dépendant\  L'abbesse  Amélie  se  réserva  durant 
sa  vie  l'administration  et  le  gouvernement  de  l'abbaye.  De 
son  côté,  le  comte  Jean-Louis  prit  l'engagement  formel  de 
subvenir  à  tous  les  besoins  du  monastère  et  de  faire  tous 
ses  efforts  pour  le  conserver,  et  au  cas  que  les  religieuses 
voulussent  se  retirer  et  abandonner  la  vie  monastique,  il 
promit  de  leur  assurer  une  retraite  honorable  à  Saarbruck. 
et  de  les  y  entretenir  convenablement  jusqu'à  leur  décès.  Le 
comte  Jean-LoaiS;  qui  était  sincèrement  attaché  à  la  religion 
catholique,  n'eut  pas  de  peine  à  faire  approuver  cette  donation 
par  le  pape  Paul  ni;  elle  fut  encore  approuvée,  à  la  sollici- 
tation de  Philippe  H,  comte  de  Nassau -Sarrebruck,  en  1548, 
par  le  pape  Paul  III,  et  en  1550  par  son  successeur,  le  pape 
Jules  IIIj  sous  les  réserves  expresses  prescrites  par  la  bulle 
du  pape  Paul  II,  concernant  l'inaliénabilité  des  biens  ecclé- 
siastiques. 

Jeanne,  fille  du  comte  Jean-Louis  de  Nassau-Saarbruck, 
qu'il  avait  eue  de  sa  première  femme  Elisabeth,  fille  de  Louis- 
le-Noir,  comte  palatin  de  Deux-Ponts,  s'était  vouée  à  la  vie 
monastique  et  avait  pris  le  voile  au  couvent  de  Rosenthal, 
près  de  Gœllheim.  Sa  haute  naissance  la  fit  parvenir  à  la 
dignité  d'abbesse  de  Herbitzheim  en  155S,  et  jeta  un  nouvel 
éclat  sur  cet  antique  monastère. 

*  Kremkr,  Geschichte  des  arden.  GeschlechUSf  t.  I,  p.  227. 


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I 


SAABWKRDEN  ET  HERBITZHEIM  501 

Vers  le  milieu  du  XVP  siècle,  Tabbayc  de  Herbitzheim  céda 
à  Jacques,  comte  de  Deux-Ponts-Bitche,  les  dîmes  à  percevoir 
dans  les  paroisses  de  Volmunster,  Rohrbach  et  Rolliugen 
(Rahiing)  et  à  Brenschelbach.  Le  comte  Jacques  ne  pro- 
mettait aucun  prix  pour  cette  cession  ;  ce  prix  devait  être 
fixé  ultérieurement.  Lorsqu'en  1553,  après  son  élévation 
sur  le  siège  abbatial,  Tabbesse  Jeanne  demanda  l'exécution 
de  la  convention  intervenue  entre  le  couvent  et  le  comte 
Jacques,  celui-ci  chercha  à  gagner  du  temps  et  opposa  toutes 
sortes  de  chicanes  à  la  demande.  Il  en  résulta  un  litige  que 
les  parties  soumirent  à  Tarbitrage  de  Philippe,  comte  de 
Nassau-Saarbruck.  Ce  seigneur  ajourna  les  parties  conten- 
dantes  à  comparaître  devant  lui,  à  Oermingen,  pour  lui  pré- 
senter leurs  moyens  de  demande  et  de  défense;  mais,  ses 
nombreuses  occupations  l'ayant  empêché  de  se  rendre  dans 
cette  localité  au  jour  fixé,  il  y  envoya  son  conseiller  Jean  de 
Niedbruck,  et  son  secrétaire  Bernard  Wolfflin,  pour  examiner 
l'affaire  avec  les  conseils  des  parties  et  aviser  aux  voies  et 
moyens  qui  pourraient  amener  un  arrangement  amiable  entre 
elles.  Comme  les  arbitres  ne  purent  les  amener  à  aucune 
conciliation,  ils  décidèrent  que  les  dîmes  codées  rapportaient 
annuellement  quatre  cents  sacs  (Malter)  de  blé,  qui  valaient 
en  capital  quatre  mille  florins;  que  les  revenus  des  terres  et 
prés,  et  les  rentes  en  chapons  et  poules  et  autres  droits  pou- 
vaient être  capitalisés  à  mille  florins;  que  partant,  la  totalité 
des  revenus  cédés  s'élevait  en  capital  à  la  somme  de  cinq 
mille  florins;  mais,  attendu  que  Tabbaye  était  encore  créan- 
cière du  comte  Jacques  et  de  quelques-uns  de  ses  sujets,  pour 
des  arrérages  de  rentes,  tant  en  argent  qu'en  nature  de  blé, 
ils  ordonnèrent  que  préalablement  tous  ces  arrérages  devaient 
être  acquittés,  qu'ensuite  seulement  l'abbesse  d'Herbitzheim 
serait  tenue  de  passer,  dans  le  mois,  cession  des  dîmes  et 
droits  cédés  contre  le  payement  de  la  somme  de  cinq  mille 
florins,  et  que  le  comte  Jacques  serait  tenu  de  lui  faire  ce 


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502  REVUE  D* ALSACE 

payement  à  Herbitzheim,  en  bonnes  espèces  ayant  coors^ 
En  1654,  Tabbesse  Jeanne  rendit  à  son  frère,  Jean  lY,  la 
métairie  de  Rirchheim-sur-la-Biies,  située  au  territoire  de 
Breitfurtl  Peu  de  temps  après,  elle  retourna  au  courent  de 
Rosenthal,  où  elle  finit  ses  jours  en  1S56'.  Sous  le  règne  de 
son  frère,  le  comte  Jean  IV,  les  propriétés  du  courent  de 
Herbitzheim,  dont  les  bâtiments  araient  été  raragés  par  un 
incendie,  furent  réunies  rers  1560  au  domaine  de  TEtat. 
Quoique  le  comte  Jean  IV  eût  embrassé  le  culte  érangélique, 
la  suppression  ou  la  sécularisation  de  cette  antique  et  rené- 
rable  abbaye  ne  fut  pas  le  résultat  de  Taridité,  mais  celui  de 
la  retraite  rolontaire  des  religieuses,  qui  cessèrent  la  rie 
commune.  Ses  rerenus  furent  consacrés  à  Pentretien  du  culte 
protestant,  des  églises  et  des  presbytères  et  à  la  dotation  d'un 
hôpital  fondé  par  le  comte  Jean  IV  pour  les  paurres  dans  la 
rille  de  Saarbruck^ 

A  partir  de  cette  époque,  Tabbaye  de  Herbitzheim  a  cessé 
d'exister;  les  rillages  de  Herbitzheim,  Keskastel,  Oermingen 
et  Silzheim,  qui  lui  araient  appartenu,  furent  constitués  en 
prérôté  bailliagère  dont  Thistoire  se  troure  désormais  intime- 
ment liée  à  celle  du  comté  de  Saarwerden,  qui  était  aussi 
tombé  dans  la  maison  de  Nassau-Saarbruck.  Toutefois  cette 
prérôté  a  conserré  pendant  longtemps  une  administration 
distincte  et  entièrement  séparée  du  comté  de  Saarwerden,  an 
prérôt  particulier  qui  arait  sa  résidence  à  Herbitzheim.  Le 
rillage  de  Gersheim,  qui  arait  aussi  appartenu  à  ce  courent, 
fut  réuni  au  bailliage  rie  Bliescastel,  qui  appartenait  égale- 
ment à  la  maison  de  Nassau-Saarbruck.  Le  règlement  colonger 
de  ce  rillage,  ainsi  que  de  celui  de  la  ferme  deEirchheim,  qui 
est  aujourd'hui  une  dépendance  de  la  commune  de  Breitfurt 

'  Geschichle  der  Grafschaft  HanawLichtenherg ,  t.  II,  p.  399 

*  Village  du  canton  de  Neuhornbach  (Bavière  rhénane). 
^  Kœllner,  Loc.  citât.,  l.  I,  pp.  256  et  284. 

*  Àppendix  cit.,  p.  22. 


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SAAUWERDKN  ET  HEJiBlTZHEIM  503 

(canton  de  Neuhornbach),  ont  été  publiés  par  Grimm,  dans  sa 
grande  collection  des  Weisthûmer.  Ces  deux  documents,  qui 
ont  beaucoup  d'analogie  avec  le  rotule  colonger  de  Hôrbitzheim^ 
ont  été  rédigés  en  1508  et  nous  apprennent  que  Tabbesse 
jouissait  de  la  supériorité  territoriale  dans  Tune  et  l'autre 
localité,  et  que  la  justice  criminelle,  à  laquelle  Tabbesse  ne 
pouvait  présider  elle-même,  était  exercée  par  l'avoué  de  l'abbaye. 

Le  comte  Jacques  de  Mœrs-Saarwerden  avait  donné,  quel- 
que temps  avant  sa  mort,  à  Conrad  Bayer  de  Roppart,  en 
reconnaissance  des  services  que  ce  seigneur  lui  avait  rendus, 
à  titre  de  fief  héréditaire,  tous  ses  droits  sur  le  village  de 
Silzheim,  dont  l'abbaye  de  Herbitzheim  jouissait  h  titre  d'en- 
gagèreV  Mais  il  ne  parait  pas  que  cette  donation  ait  été  suivie 
d'effet,  puisque  ce  village  parvint,  en  1544,  avec  les  autres 
possessions  de  ce  couvent,  à  la  maison  de  Nassau-Saarbruck. 

Le  village  de  Herbitzheim  avait  autrefois  sa  muraille  d'en- 
ceinte. En  1573,  le  fameux  Philippe  Grumbach,  qui  encourut 
le  ban  de  l'empire  pour  violation  de  la  paix  publique,  s'em- 
para dt  cette  localité,  dont  il  fit  briser  les  portes  qui  n'étaient 
pas  garnies  de  ponts-levîs'. 

ABBESSES   DE   HERBITZHEIM 

Fin  du  XII*  siècle,  Sophie. 

1292,  Hanla,  Aule  ou  Avole. 

J884,  Elisabeth. 

1845,  HiUegart. 

1463,  Marguerite  von  der  Ëcken. 

1518^  Bénigne  Ereutz. 

1544,  Amélie  d'Altorf,  surnommée  Wollschlager. 

1544,  Jeanne,  comtesse  de  Nassau-Saarbruck. 

Dag.  Fischer. 

("La  suite  à  la  prochaine  livraison  J 

*  Selon  Dom  Calmet  [Notice  de  Lorraine,  in-fi<»,  Herbitzheim),  cette 
donation  serait  de  Tan  1518;  mais  à  cette  époque  le  comte  Jacques  de 
Mœrs-Saarwerden  était  déjà  mort,  et  son  fils  Jean-Jacques  était  frappé 
d'interdiction. 

*  Schœpflin-Ravenéz,  t.  V,  note  7,  p.  35. 


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NOTES  BIOGRAPHIQUES 

SUR   LES 

HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION 

A 

STRASBOURG  ET  LES  ENVIRONS 

Suite, 


MATHIEU  (Michel-Léonard),  aine, 
dit  le  petit  Mathieu  d'Heidolsheim, 
rue  des  Serruriers,  à  Strasbourg. 

1768-1789.  Avocat  plaidant  et  consultant  au  Conseil  souve- 
rain d'Alsace. 

1789.  Avocat  général  du  Magistrat  de  la  ville  de  Strasbourg. 
Grand  partisan  de  la  garde  nationale. 

15  janvier  1790.  Ancien  avocat  général  de  la  ville,  il  s'inscrit 
membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révolution, 
laquelle  changea  son  nom.  dès  le  11  février  suivant, 
en  Société  des  amis  de  la  Constitution. 

8  février  — .  Elu  procureur  de  la  commune  de  Strasbourg; 
à  rinstallation  de  la  nouvelle  municipalité,  il  tint 
un  discours.  • 

26  mai  — .  Membre  de  l'administration  du  département  du 
Bas-Rhin. 

11  novembre  — .  Elu  pour  un  an  notable  du  Conseil  de  la 


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LES  HOMMES  DE  LA  BËVOLUTIOK  505 

commune ,  Levrault  l'ayant  remplacé  procureur  de 
la  ville. 

25  février  1791 .  Parut  sa  lettre  familière  à  Jacques  Mathieu. 

26  août  — .  Juge  au  district  de  Benfeld.  A  l'élection  tenue 

au  château  de  Strasbourg,  il  est  nommé  membre  de 
l'administration  du  Bas-Rhin. 

2  septembre  — .  Tiré  du  tribunal  de  Sélestadt  pour  exercer 

les  fonctions  de  juge  au  tribunal  criminel  du  Bas- 
Rhin.  Ce  tirage  avait  lieu  tous  les  trois  mois  et,  par 
tour,  dans  les  tribunaux  du  district. 

14  novembre  — .  De  nouveau  élu  procureur  de  la  conmiune 
de  Strasbourg. 

7  février  1792.  Il  est  à  TAuditoire  avec  la  Société  des  amis 
de  la  Constitution. 

3  juillet  — .  Signataire  de  l'adresse  de  la  municipalité  à  l'As- 

semblée nationale,  demandant  la  punition  des  enva- 
hisseurs des  Tuileries  le  20  juin. 

4  décembre  ~.  De  Paris,  le  député  Laurent  demande  aux 

jacobins,  et  cela  bien  certifié,  le  propos  qu'il  doit  avoir 

tenu,  t  que  les  commissaires  de  la  législature  étaient 

des  brigands  envoyés  par  d'autres  brigands  ». 
6  — .  De  nouveau  élu  procureur  de  la  commune. 
18  janvier  1793.  Il  est  suspendu  par  Couturier,  Rtihl  et 

Dentzel. 
11  février      .  La  municipalité  le  fera  expulser  de  la  ville 

dans  le  plus  bref  délai  et  au  delà  des  frontières  d'Alsace. 

A  cette  occasion,  le  club  des  jacobins  formulait  les 

remarques  suivantes  sur  son  compte  : 

Il  a  partagé  les  crimes  et  la  même  punition  que  la  municipa- 
lité; c'était  le  compère  de  Dietrich  qui  le  servait  à  merveille  dans 
la  distribution  des  passeports  aux  femmes  d'émigrés.  Il  a  montré 
beaucoup  d'activité  à  poursuivre  les  fautes  ou  les  erreurs  des 
patriotes,  et  il  est  encore  aujourd'hui  à  poursuivre  un  délit  très 
grave  contre  des  aristocrates,  qui,  il  y  a  un  an,  dans  un  bal,  ont 
crié  :  Vive  k  Roi,  merde  pour  la  Nation!  L'officier  de  police,  qui 
voulut  ramener  Tordre,  fut  insulté,  et  on  lui  cassa  sur  son  corps 
sa  baguette  blanche.  Les  amis  de  la  Constitution  ont  réclamé 
vingt  fois  la  punition  des  rebelles,  mais  le  procureur  de  la  com- 


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506  REVUE  D* ALSACE 

mune  est  encore  à  leur  répondre.  Une  grande  partie  des  auteurs 
de  ces  délits  ont  émigré  cinq  ou  six  mois  après,  et  quelques-uns 
portent  les  armes  contre  la  République. 

Peu  de  jours  après,  lui  et  sa  femme  sont  arrêtés  et 

conduits  en  prison,  pour  n'en  sortir  qu'après  la  chute 

de  Robespierre,  27  juillet  1794. 
3  septembre  1794.  Au  club  des  jacobins,  Tisserant  le  signale 

comme  l'un  des  chefs  de  la  faction  Dietrich. 
5  — .  Le  représentant  Foussedoire,  de  concert  avec  la  Société 

populaire,  le  nomme  officier  municipal  sous  le  maire 

André. 

17  janvier  1795.  Il  remplace  ce  dernier  pour  peu  de  temps. 
5  février — .  Ayant  demandé  à  se  retirer,  c'est  Keppler  qui 

lui  succède. 

1799.  Il  accepte  les  fonctions  de  commissaire  du  gouverne- 
ment près  le  tribunal  criminel  du  Bas-Rhin. 

11  août  1800.  En  cette  qualité,  le  préfet  le  nomme  conseiller 
municipal  sous  le  maire  Livio. 

1803.  Il  fait  encore  partie  de  ce  corps. 

1804.  Député  à  l'Assemblée  législative.  Il  logeait  alors  rue 
du  Bac,  469,  à  Paris. 

3  avril  1818.  Conseiller  à  la  Cour  royale  de  Colmar. 

Décédé  en  fonctions  en  1841.  Il  était  frère  de  l'ex- 
intendant  militaire  Mathieu  de  Faviers,  que,  le  30  mai 
1794,  Cantrez,  employé  aux  subsistances  militaires, 
dépeint  à  Ruault,  agent  en  chef  des  fourrages  à  Lan- 
dau, sous  les  couleurs  les  plus  sombres. 

MAYNO  (Jean-Pierre). 

2  juillet  1743.  Né  de  parents  italiens  au  n**  19  de  la  rue  des 
Veaux,  à  Strasbourg. 

1768.  Il  succède  à  son  père  dans  la  fabrication  et  le  com- 
merce du  tabac. 

Juin  1787.  Désigné  membre  de  l'Assemblée  provinciale 
d'Alsace  pour  la  circonscription  de  Wolxheim. 

18  août  — .  Député  à  M.  de  la  Galaiziére,  intendant  d'Alsace. 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  507 

pour  le  prévenir  que  TAssemblée  était  prête  à  le 

recevoir. 
23  — .  Proposé  par  le  Tiers-Etat  pour  la  formation  de  la 

Commission  intermédiaire  d'Alsace. 
18  décembre  1789.  Il  signe  pour  6000  livres  à  la  contribution 

patriotique. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 

lution, transformée,  le  11  février  suivant,  en  Société 
des  amis  de  la  Constitution,  dont  il  fut  le  vice-pré- 
sident. 
8  février  — .  Elu  notable  du  Conseil  de  la  commune. 

11  novembre  — .  De  nouveau  élu  notable. 

16  mars  1791.  Elu  juge  au  tribunal  de  commerce  de  Stras- 

bourg. 

14  novembre — .  Maintenu  notable.  C'est  en  cette  année 
qu'il  fut  envoyé  à  Paris  par  le  commerce  de  Stras- 
bourg, pour  y  défendre  les  intérêts  de  l'Alsace  contre 
les  fermiers  généraux. 

7  février  1792.  Il  est  à  l'Auditoire. 

12  août—.   Comme  notable  et  du  Comité  permanent  du 

Conseil  général  de  la  commune,  il  signe  la  circulaire 
adressée  aux  Strasbourgeois,  pour  fa  conservation 
de  la  Constitution  octroyée  par  Louis  XVI. 

19  — .  Relevé  de  ces  fonctions  par  les  représentants  Carnot, 
Prieur  et  Ritter. 

26  —  Elu  par  la  septième  section  pour  procéder  à  Hagùenau 
à  la  nomination  des  députés  à  la  Convention  natio- 
nale. 

12-14  novembre — .  Il  occupe  les  mêmes  fonctions  aux  élec- 
tions départementales  tenues  à  Wissembourg. 

28  — .  Elu  juge  au  tribunal  de  commerce  de  Strasbourg. 

31  octobre  1793.  Imposé  par  SainWust  et  Lebas  à  250,000 
livres. 

2  novembre  — .  Comme  le  plus  riche  des  négociants  de 
Strasbourg,  le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin 
arrête  qu'il  sera  exposé  pendant  quatre  heures  au 
poteau  de  la  guillotine. 


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506  KEVUE  D'ALSACE 

5  et  11  — .  Il  paie  les  250,000  livres. 

8  — .  n  est  attaché  au  poteau  par  une  pluie  battante. 

26  mai  1794.    Enfermé  au  Séminaire  comme  partisan  de 

Dietrich,  meneur  de  la  Société  des  feuillants  et  ayant 

toujours,  comme  membre  du  tribunal  de  commerce, 

favorisé  le  discrédit  des  assignats. 
17  janvier  1795.  Président  du  tribunal  de  commerce. 
30  — .  Membre  du  Comité  de  la  nouvelle  Société  populaire 

épurée,  dont  le  but  principal  était  le  respect  des  lois 

et  le  salut  de  la  République. 
1798-1799.  Président  du  bureau  consultatif  du  commerce 

à  Strasbourg,  membre  de  la  Société  d'agriculture, 

sciences  et  arts  du  Bas-Rhin. 
22  décembre  1801.  Mort  d'une  attaque  d'apoplexie. 

MENNET  (Joseph). 

Avant  1789.  Négociant  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 

lution, transformée  le  11  février  suivant  en  celle  des 
amis  de  la  Constitution. 
7  février  1792.  Avec  elle  à  l'Auditoire. 

16  février  1793.  D  sera  sévèrement  surveillé  par  ordre  des 

commissaires  de  la  Convention  nationale. 

12  juin  — .   Tisserant  informe  l'officier  municipal    Jung 

qu'Ammerschwille,  ex-préfet  au  collège  national  et 
prêtre  de  Tancien  régime,  est  logé  chez  l'aristocrate 
Mennet. 

2  novembre  — .  Lui  et  sa  famille  figurent  sur  une  liste  de 

248  suspects. 

6  et  7  — .  n  verse  250,000  livres  pour  sa  part  dans  l'emprunt 

du  31  octobre  de  Saint-Just  et  Lebas. 
20  — .  Il  est  mis  au  Séminaire. 

3  décembre  -— .  On  prendra  des  renseignements  positifs  sur 

une  caisse  qui  doit  être  déposée  chez  lui,  provenant 
de  rémigré  Lombardino. 

13  — .  Il  demande  sa  mise  en  liberté  et  sa  radiation  de  la 

liste  des  suspects;  mais  le  Comité  de  sûreté  générale 


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LES   HOMMKS   DE  LA  RÉVOLUTION  509 

du  Bas-Rhin,  considérant  qu'il  a  toujours  été  un  grand 
fanatique  et  sa  maison  le  réceptacle  des  prêtres  réfrac- 
taires,  adopte  la  question  préalable. 

Plus  tard,  il  fut  relâché  et  sa  fille  devint  l'épouse 
du  jacobin  Prost;  de  cette  union  sortit  la  maison 
de  banque  Mennet  et  Prost. 

METZ  (De),  licencié, 
rue  des  Prêtres. 

25  avril  1789.  Du  Comité  des  échevins  chargés  d'organiser 
les  tribunaux  de  Strasbourg. 

14  novembre  1791.  Elu  ofificier  municipal  au  bureau  des 
finances,  impositions  et  approvisionnements  publics. 

3  juillet  1792.  Signataire  de  l'adrjBsse  de  la  municipalité  à 
l'Assemblée  nationale,  demandant  la  punition  des 
auteurs  de  la  journée  du  30  juin. 

6  décembre  — .  Réélu  officier  municipal. 

18  janvier  1793.  Suspendu  de  ces  fonctions. 

12  mai  -  .  Président  du  comité  central  composé  des  prési- 
dents des  douze  sections  de  Strasbourg  qui  avaient 
remplacé  les  tribus;  il  certifie,  conforme  à  l'original, 
l'expédition  de  l'arrêté  de  la  huitième  section,  deman- 
dant à  la  Convention  nationale  le  banissement  de 
Schneider  hors  les  frontières  de  la  République. 

25  mai  1794.  Le  Comité  de  surveillance  des  jacobins  le  porte 
sur  la  liste  des  suspects.  Il  est  enfermé  au  Séminaire 
jusqu'après  la  chute  de  Robespierre. 

9  avril  1797.  Etant  président  du  tribunal  criminel  du  Bas- 

Rhin,  ce  département  le  nomme  député  à  l'Assemblée 
législative. 
1802-1803.  De  nouveau  élu  député  à  la  Législative  pour  six 
ans.  n  était  alors  secrétaire  général  de  la  préfecture 
du  Bas-Rhin. 

10  juin  1811.  Conseiller  à  la  Cour  impériale  de  Colmar. 
1816.  Démissionnaire,  mais  réintégré  peu  après. 

27  décembre  1829.  Conseiller  à  la  Cour  royale  de  Nancy. 


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510  REVUE  D'ALSACE 

MICHELET  (Michel-Jacques  DE). 
Il  logeait  à  côté  de  la  Toussaint  à  Strasbourg. 

1764-1789.  Conseiller  de  seconde  Chambre  au  Conseil  souve- 
rain d'Alsace. 

1 792.Commissaire  du  roi  au  tribunal  du  district  de  Strasbourg. 

3  octobre  1793.  Destitué  par  Guyardin  et  Milhaud,  et  rem- 
placé par  Mathaeus  avec  la  qualité  de  commissaire 
national. 

14  — .  Enfermé  au  Séminaire. 

15  — .  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin  ordonne 

de  le  déporter  avec  sa  fille  à  vingt  lieues  des  frontières 
de  l'Alsace. 

17  — .  n  figure  sur  la  liste  de  proscription  dressée  par  les 
jacobins. 

17  janvier  1795.  De  nouveau  commissaire  national  près  le 
tribunal  civil  de  Strasbourg. 

Mars  1800.  Comme  ancien  procureur  près  le  tribunal  crimi- 
nel du  Bas-Rhin,  il  passe  président  du  tribunal  civil 
à  Colmar. 

MOMY  (J.-J.), 
rue  du  Broglie,  n^  14. 

1789.  Homme  de  loi. 

1790.  Employé  au  Département  du  Bas-Rhin. 

28  février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 
stitution. 

7  février  1792.  Avec  elle  à  l'Auditoire. 

1792.  Avoué  au  tribunal  du  district  de  Strasbourg. 

24  juillet  1794.  Secrétaire -greffier  du  corps  mimicipal  de 
Strasbourg. 

2  août  — .  En  cette  qualité,  il  adhère  à  l'adresse  de  la  muni- 
cipalité à  la  Convention  nationale  lors  de  la  découverte 
de  la  conspiration  ourdie  par  Robespierre  et  autres 
conventionnels. 

15  — .  n  signe  l'arrêté  municipal,  ordonnant  à  l'administra- 
teur du  bien  public  de  tenir  la  main  à  ce  que  les 


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LES  HOMMES  DE  LA   RÉVOLUTION  511 

détenus  dans  les  maisons  de  suspicion  mangent  tous 

à  une  table  commune. 
17  janvier  1795.  Qualifié  d'homme  de  lettres,  Bailly  le  nomme 

notable  de  la  ville  de  Strasbourg. 
1797.  Au  tableau  des  défenseurs  officieux  près  les  tribunaux 

de  Strasbourg. 
1814.  Avocat-avoué  à  Strasbourg. 
1822.  Du  Conseil  d'arrondissement  de  Strasbourg. 
1829.  Adjoint  au  maire  de  Kentzingen. 

MONTFERRAND  (De). 

1789.  Capitaine  au  régiment  d'Artois. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution à  Strasbourg,  transformée  dès  le  11  février 
suivant  en  celle  des  amis  de  la  Constitution,  dont 
il  fut  membre  adjoint  du  Comité.  Il  quitta  l'Auditoire 
pour  aller  à  l'armée. 

MONRECOUR  DE  SAINT-MICHEL. 

1789.  Officier  d'artillerie  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution, transformée  dès  le  11  février  suivant  en  celle 
des  amis  de  la  Constitution. 

Février  1792.  Avec  elle  à  l'Auditoire. 

MONTFORT. 

1789.  Capitaine  d'artillerie  en  garnison  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution, devenue,  dès  le  11  février  suivant,  Société  des 
amis  de  la  Constitution. 

7  février  1792.  Avec  elle  à  l'Auditoire. 

MONTJOYE  (Le  chevalier  de). 

1789.  Officier  au  régiment  d'Alsace,  en  garnison  à  Stras- 
bourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution, devenue,  dès  le  11  février  suivant.  Société  des 
amis  de  la  Constitution,  affiliée  à  celle  de  Paris. 


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512  REVUE  D'ALSACE 

MONTRICHARD  (Joseph-Elie-Désibé). 
Né  le  24  janvier  1760  d'une  famille  honorable  du  départe- 
ment de  TAin. 

1789.  Officier  d'artillerie  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution. 

11  février  — .  Elle  devient  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

1797.  Général  de  brigade  aux  armées  de  la  Moselle  et  du 
Rhin,  chef  d'état-major  à  Mayence;  il  assista  au  passage 
du  Rhin  à  Kehl. 

5  février  1799.  Général  de  division  à  l'armée  d'Italie.  Vers 
la  fin  de  la  même  année,  il  reçut  l'ordre  de  se  rendre 
à  l'armée  d'Allemagne,  commandée  par  Moreau. 

1802.  Général  en  chef  des  troupes  françaises  au  service  de 
la  république  batave,  et  envoyé  bientôt  après  dans  le 
Hanovre. 

Juillet  1803.  Gouverneur  du  duché  de  Limébourg. 

14  juin  1804.  Commandeur  de  la  Légion  d'honneur.  Il  servit 

l'Empire  jusqu'en  1814. 

10  décembre  1814.  Chevalier  de  Saint-Louis. 

4  septembre  1815.  Mis  à  la  retraite.  Il  est  décédé  dans  sa 
propriété  à  Strasbourg,  quai  des  Pécheurs. 

MORITZ  (L.). 

Avant  1789.  Négociant  à  Strasbourg,  rue  Brûlée. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  delà  Société  de  la  révo- 

lution. 

11  février  — .  Elle  prend  le  nom  de  Société  des  amis  de  la 

Constitution. 
1*'  juillet  — .  Avec  quarante-six  gardes  nationaux,  dont  il 

prend  le  commandement,  il  se  rend  à  Paris,  pour 

assister,  le  14,  à  la  fête  de  la  Fédération. 
2  août  — .  Us  sont  de  retour. 
11  novembre  1791.  Elu  commandant  du  sixième  bataillon 

de  la  gai'de  nationale  de  Strasbourg. 


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LES  HOMMES  DE  LA  RlfîVOTJJTION  513 

7  février  1792.  Il  est  à  TAuditoire. 

14  novembre  1793.  Destitué  œmme  commandant,  arrêté  et 

conduit  en  prison  à  Dijon  jusqu'à  la  paix. 

13  avril  1794.  Simon,  cafetier,  notable  de  la  commune  de 
Strasbourg,  informe  le  Comité  do  sûreté  générale  du 
Bas-Rhin  qu'après  examen  du  décret  do  la  Conven- 
tion, ordonnant  de  juger  tous  les  détenus  dans  les 
prisons  de  la  République,  il  se  rétracte  de  sa  signature 
à  rencontre  de  Moritz,  ex-membre  de  FEtat-major  de 
la  légion  du  district  de  Strasbourg. 

24  juillet  — .  Le  député  Rûhl,  appelé  à  fournir  des  rensei- 
gnements sur  Moritz,  déclare  au  Comité  de  sûreté 
générale  du  Bas-Rhin  ne  le  connaître,  ni  de  vue,  ni 
de  réputation. 

17  janvier  1795.  Réintégré  chef  du  sixième  bataillon  de  la 
garde  civique  de  Strasbourg,  il  refuse  d'accepter  pour 
cause  de  santé. 

1814-1829.  Adjoint  au  maire  de  Strasbourg.  Chevalier  de  la 
Légion  d'Honneur. 

MOUILLESEAUX. 

1789.  Directeur  de  la  poste  aux  lettres  à  Strasbourg. 

1 790.  Proposé  pour  la  nouvelle  municipalité. 

15  janvier  — .  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révolu- 

tion. 
11  février  — .  Elle  s'empresse  de  prendre  le  nom  de  Société 

des  amis  de  la  Constitution. 
7  février  1792.  Il  la  suit  à  l'Auditoire. 

MUHE  (Simon). 

178Q.  Négociant,  marché  aux  Herbes,  à  Strasbourg. 

1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 
7  février  1792.  Il  la  suit  à  l'Auditoire. 

11  février  1793.  Les  représentants  du  peuple.  Couturier  et 
Dentzel,  lui  enjoignent  d'être  plus  circonspect  à  l'ave- 
nir, et  de  baisser  devant  la  loi  un  front  respectueux, 

sinon 

NonveUe  Série.  -  6»»  Année.  83 


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514  REVUE  d'alsace 

25  novembre  — .  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin 

le  fait  enfermer  au  Séminaire. 
30  — .  Il  réclame  sa  mise  en  liberté,  mais  on  passe  outre. 

comme  sur  la  suivante. 
13  décembre  — .  Il  reste  prisonnier  jusqu'après  la  chute  de 

Robespierre,  27  juillet  1794. 
Patriote  énergique  comme  ses  deux  fils:  Ferdinand. 

Tabbé,  et  Paul,  le  négociant. 

MULLER  (J.). 

1789.  Cafetier  à  Strasbourg. 
8  février  1790.  Proposé  pour  la  municipalité. 
26juillet  — .  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 
7  février  1792.  Il  est  avec  elle  à  TAuditoire. 
6  décembre  — .  Notable  de  la  commune. 
18  janvier  1793.  Maintenu. 
22  septembre  — .   A  été  arrêté  déjà  comme  suspect,  le 

Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin  ordonne  de 

le  relâcher. 
3  octobre  — .  Destitué  comme  feuillant,  agent  déclaré  de 

Dietrich,  et  signataire  de  toutes  les  adresses  liberti- 

cides. 
25  — .  Il  est  déporté. 
27  — .  NesUin  déclare  avoir  trouvé  dans  ses  papiers  plusieurs 

pièces  suspectes. 
31  — .  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  10,000  livres,  réglées 

les  6  et  7  novembre. 
17  janvier  1795.  Bailly  le  nomme  de  nouveau  notable. 

MULLER- 

Mars  1791.  Vicaire-directeur  au  Séminaire  de  Strasbourg, 
nommé  par  l'évoque  Brendel. 

22  — .  Il  désavoue  le  discours  de  Schneider  du  11,  en  faveur 
du  mariage  des  prêtres. 

2  décembre  — .  Professeur  à  la  Faculté  de  théologie  catho- 
lique de  Strasbourg. 


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LES  HOMMES  DK  LA  RÉVOLUTION  515 

NOISETTE  (Gaspard),  lils. 

Avant  1789.  Négociant,  rue  des  Hallebardes,-  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fqndateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution, qui,  le  11  février  suivant,  devint  celle  des  amis 
de  la  Constitution,  affiliée  à  celle  de  Paris. 

3  mai  1791.  H  émet  son  opinion  sur  deux  jugements  du  tri- 
bunal de  commerce  de  Strasbourg,  qu'il  considère 
comme  attentoires  à  la  loi,  et  propose  à  cette  Société 
de  dénoncer  ce  tribunal  au  ministre  de  la  justice,  ce 
qui  fut  adopté. 

30  juin  — .  Président  de  cette  même  Société,  il  prononce  un 
discours  en  l'honneur  de  son  fondateur  Le  Barbier, 
décédé  le  18  dudit  mai. 

13  juillet  — -.  La  municipalité  d'Obemai  ayant  été  suspen- 

due, le  Directoire  du  Bas-Rhin  le  nomme  commissaire 
civil,  pour  y  remplir  ces  fonctions  jusqu'à  ce  qu'il  en 
soit  autrement  ordonné. 

18  — .  Il  revient  à  Strasbourg,  cette  municipalité  ayant  été 
réinstallée. 

2  septembre  — .  Parut  un  pamphlet,  dont  le  principal  but 
était  de  dévoiler  au  public  la  procédure  criminelle 
qui  eut  lieu  devant  le  tribunal  épiscopal  d'Ettenheim, 
contre  lui,  Dietrich  et  Levrault,  accusés  d'avoir  été 
les  instigateurs  d'une  tentative  d'assassinat  contre  le 
cardinal-évèque  prince  de  Rohan,  par  un  ex-officier 
bourbonnais  du  nom  de  Tassard  ou  Espiard. 

6  — .  Le  Conseil  municipal  en  fit  justice  en  qualifiant  ce 
pamphlet  et  l'interrogatoire  de  viles  impostures,  d'une 
de  ces  coupables  manœuvres  que  se  permettent  les 
ennemis  de  la  patrie.  La  délibération  du  Conseil  fut 
imprimé  dans  les  deux  langues  et  envoyée  à  Stuber, 
baillif  d'Ettenheim,  qui  avait  favorisé  la  publicité  de 
cette  calomnie  révoltante. 

14  novembre  — .  Officier  municipal,  chargé  du  tribunal  de 

la  police,  commissaire  à  la  vente  des  biens  nationaux 
et  à  la  contribution  foncière  dans  les  villages. 


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516  REVXJE  d'âlsâce 

24  janvier  1792.  A  la  Société  des  amis  de  la  Constitution, 
on  dénonce  une  brochure,  dans  laquelle  il  est  forte- 
ment maltraité  ;  elle  a  pour  titre  :  Je  vous  dh^ai  vos 
vé^ntés.  Aux  Alsaciens,  par  un  patriote. 

1*'  février  — .  Ce  sont  les  grenadiers  du  régiment  de  Berwick 
qui  disent  à  leurs  camarades  du  Royal  Liégeois  : 

Un  grrdin  de  boulonnier,  nommé  Xoisptte,  a  encore  rencbtVi 
sur  les  éloges  du  médecin  Laurent,  qui  a  dit  que  la  garnison  de 
Strasbourg  était  détestable,  et  que  c'était  un  présent  funesle 
fait  à  la  ville  par  un  traître  et  parjure  ministre. 

7  — .  Il  est  à  TAuditoire  avec  la  Société  des  amis  de  la 
Constitution. 

12  juillet  — .  Envoyé  en  députation  à  Paris  avec  une  adresse 
de  la  municipalité,  approuvée  par  quelques  milliers 
de  citoyens  de  la  ville  et  des  communes  environ- 
nantes, à  la  Convention  nationale,  justifiant  Dietrich 
des  fausses  dénonciations  portées  contre  lui. 

12  août  — .  Il  signe  Tadresse  de  la  municipalité  aux  Stras- 
bourgeois  les  engageant  à  soutenir  la  Constitution 
déposée  entre  les  mains  du  roi  Louis  XVI. 

2  septembre  — .  A  Télection  tenue  à  Haguenau,  il  est  nommé 
député  suppléant  à  l'Assemblé  nationale,  mais  il  n'y 
prit  jamais  part. 

21  novembre  — .  Dans  une  lettre  de  Paris  aux  jacobins  de 
Strasbourg,  le  représentant  Simond  ne  se  cache  pas 
paB  leur  dire  qu'il  conservera  un  mépris  étemel  pour 
les  électeurs  de  Noisette. 

6  décembre  -— .  De  nouveau  élu  officier  municipal. 

17  — .  Il  prend  part  à  la  rédaction  d'une  seconde  adresse 

envoyée  par  la  municipalité  à  la  Convention  nationale. 

10  janvier  1793.  De  Sélestadt,  le  commissaire  Neumann  se 

plaint  de  ce  que  le  jeune  administrateur  Noisette  se 
soit  permis  d'atta  [uer  le  général  Coustard,  mûri  dans 
Tart  militaire  et  administratif. 

18  — .  Suspendu  de  ses  fonctions  municipales. 

11  février  — .  Il  est  ordonné  à  la  municipalité  de  le  faire 

sortir  de  la  ville  dans  le  plus  bref  délai,  sans  qu'il 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  517 

puisse  se  retirer  dans  les  communes  de  TAlsace  et 
du  pays  de  Bitsche. 
19  mars  — .  Il  dépose  à  Besançon  en  faveur  du  maire  Die- 
trich. 

11  juin — .  Rentré  clandestinement  à  Strasbourg,  il  devait 

être  arrêté  et  conduit  au  Séminaire,  mais,  quand  on 
vint  pour  le  prendre,  il  avait  émigré. 
8  octobre  — .  Il  fait  parvenir  une  réclamation  au  Comité  d-.* 
sûreté  générale  du  Bas-Rhin,  mais  on  l'informe  qu'il 
n'y  a  pas  lieu  de  délibérer  sur  sa  demande. 

12  décembre  — .  Rentré  en  ville,  Schneider  le  fait  conduire 

dans  la  maison  d'arrêt. 

24  avril  1791.  La  Convention  nationale  demande  aux  jaco- 
bins de  Strasbourg  des  renseignements  sur  les  députés 
suppléants  du  Bas-Rhin,  une  place  vacante  étant  à 
remplir.  On  lui  répond  que  Noisette  est  en  prison, 
comme  suspect,  Thomassin  en  fuite  et  Grimmer 
incarcéré. 

24  août  — .  Aux  jacobins,  on  donne  lecture  d'une  de  ses 
lettres.  Le  clubiste  le  présente  comme  un  ennemi  de 
la  chose  publique,  partisan  zélé  de  Dietrich,  tendant 
à  allumer  et  à  propager  l'esprit  de  ces  infâmes  roya- 
listes, dont  il  a  servi  les  projets  liberticides.  Il  est 
d'autant  plus  dangereux,  qu'il  prend  tous  les  masques 
pouvant  le  servir  dans  les  différentes  circonstances. 

28  — .  Au  môme  club,  on  annonce  que,  renfermé  au  Sémi- 
naire, il  ne  cesse  de  réclamer  sa  liberté,  prétendant 
qu'il  est  compris  dans  la  loi  qui  met  en  liberté  les 
hommes  vivant  du  travail  de  leurs  mains.  Une  com- 
mission sera  envoyée  au  représentant  du  peuple 
Foussedoire,  pour  lui  faire  connaître  les  crimes  de  ce 
détenu. 

3  septembre  — .Au  club  des  jacobins,  il  figure  sur  la  liste 
des  chefa  de  parti  de  la  faction  Dietrich.  En  vrai 
caméléon  sans  mœurs  et  sans  principes,  il  a  été  pen- 
dant longtemps  son  ami  intime,  puis  son  ennemi  le 
plus  acharné  ;  il  regagna  ramitié  de  son  maître,  en 


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518  REVUE  D'ALSACE 

provoquant  une  scission  dans  la  Société  des  jacobins 
dont  il  devint  Tennemi  implacable. 

H  concourut  à  proscrire  Laveaux  et  Simond,  dépu- 
tés à  la  Convention,  à  interdire  les  lectures  à  Simon, 
le  journaliste,  et  à  faire  fermer  les  clubs. 

OBERLIN  (Jérémie-Jagques), 

rue  gainte-Barbe,  n«  10. 

Né  à  Strasbourg,  le  8  août  1735. 

Avant  1789.  L'un  des  seize  chanoines  protestants  de  Saint- 
Thomas.  A  la  Faculté  de  philosophie,  professeur  de 
logique  et  de  métaphysique,  enseignant  aussi  les 
antiquités,  l'histoire  littéraire  et  la  diplomatique. 
Bibliothécaire  de  la  ville  et  de  l'Université.  Auteur 
d'une  infinité  d'ouvrages  estimés. 

Janvier  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Cionsti- 
tution. 

30  avril  — .  Membre  de  son  Comité  de  correspondance. 

7  février  1792.  Il  suit  la  Société  à  l'Auditoire. 

26  août  — .  La  cinquième  section  de  Strasbourg  le  nomme 
pour  assister  le  2  septembre  suivant  à  Haguenau  à 
l'élection  des  députés  du  Bas-Rhin  à  la  Convention 
nationale. 

1792.  Envoyé  par  Strasbourg  à  Mulhouse  poui*  traiter  d'une 

partie  de  fusils  qui  devait  y  être  en  dépôt,  mais  qui 
n'existait  pas. 

1793.  Il  est  conduit  en  prison  à  Metz,  où,  après  trois  mois 
de  réclusion,  on  lui  donne  les  murs  de  la  ville  pour 
prison.  Il  devient  alors  l'hôte  du  docteur  Matthias. 

12  mars  1794.  Aux  jacobins,  sur  la  motion  de  demander  sa 
mise  en  liberté  au  représentant  Rougemont,  on  passe 
outre,  en  raison  des  accusations  articulées  sur  son 
compte. 

Août  —,  Il  rentre  à  Strasbourg  après  la  chute  de  Robes- 
pierre. 

30  janvier  1795.  Elu  membre  du  Comité  de  la  Société  popu- 
laire régénérée;  il  prend  part  à  la  rédaction  du  nou- 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  519 

veau  règlement  d'après  Tarrèté  du  représentant  Bailly 
du  17  même  mois. 

Il  août  1800.  Conseiller  mimicipal  sous  le  maire  Livio. 
n  accepte  une  chaire  de  bibliographie  à  l'Ecole 
centrale  ;  Napoléon  P'  le  nomme,  peu  après,  membre 
correspondant  de  l'Institut  de  France. 

1805.  Vice-président  de  la  Société  d'agriculture,  sciences  et 
arts  du  Bas-Rhin. 

Décédé  à  Strasbourg,  le  10  octobre  1806,  d'une 
attaque  d'apoplexie.  Son  mausolée,  par  Ohmacht,  est 
à  Saint-Thomas. 

Nous  lui  devons  une  pièce  rare  :  Histoire  des  pri- 
sons ou  liste  des  citoyens  du  Bas-Rhin  enfermés  au 
Séminaire  de  juin  1793  à  octobre  1794,  s'élevant  à 
1482. 

OSTERWETH  (Jean-Michel). 

Avant  1789.  Avocat-avoué  plaidant  à  la  Chambre  des  XIII, 

XV,  XXI  et  au  grand  Sénat. 
8  février  1790.  Proposé  pour  la  nouvelle  municipalité. 
1792.  Avoué  au  district  de  Strasbourg,  rue  de  l'Homme-de- 

Pierre,  6. 
31  octobre  1793.  Imposé  pai*  Saint-Just  et  Lebas  à  20,000 

livres,  qu'il  règle  le  5  suivant. 
5  janvier  1794.   Le  représentant  Bar  le  nomme  juge  au 

tribunal  du  district  de  Strasbourg. 
17  janvier  1795.   Juge -suppléant  au  tribunal  civil  dudit 

district. 
1797-1799.  Juge  au  même  tribunal. 

OTTMANN  (IsAAG). 

1789.  De  la  Chambre  des  XXI.  Médecin  praticien,  rue  de 
l'Ail.  Président  de  la  tribu  des  vignerons. 

8  février  et  11  novembre  1790.  Officier  municipal,  chargé  de 
la  contribution  foncière  et  mobilière  et  de  rechange 
des  assignats. 

4  janvier  1791.  Signa  taii'e  de  la  proclamation  de  la  munici- 


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520  REVUE  D'ALSACE 

palité  aux  Strasbourgeois,  lors  des  rassemblements 
près  de  Saint-Pierre-le- Vieux. 
6  septembre  — .  Il  désavoue  Tinfâme  pamphlet  lancé  contre 
Dietrich,  Levrault  et  Noisette. 

14  novembre.  Maintenu  officier  municipal. 
20  août  1792.  De  même. 

6  décembre  — .  Elu  de  nouveau. 

18  janvier  1793.  Destitué  comme  feuillant,  ami  de  la  Con- 
stitution. 

PASQUAY  (Nicolas). 

Avant  1789.  Négociant,  rue  des  Serruriers,  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 

lution. 

1 1  février  — .  Elle  prit  le  nom  de  Société  des  amis  de  la 
Constitution. 

8  février  et  11  novembre  — .  Elu  officier  municipal. 

4  janvier  1791.  Signataire  de  la  proclamation  de  la  munici- 
palité aux  Strasbourgeois  lors  des  rassemblements 
de  Saint-Pierre-le- Vieux. 

27  mars  — .  Il  s'élève  contre  les  insultes  faites  à  la  cathédrale 
à  révoque  constitutionnel  Brendel.  11  approuve  que 
Jseglé,  curé  de  Saint- Laurent ,  soit  conduit  en  une 
chambre  d'arrêt  chez  Leorier,  concierge  des  prisons 

6  septembre  — .  Il  défend  Dielrich,  Laurent  et  Noisette  des 

infâmes  inculpations  lancées  contre  eux  par  un  cer- 
tain Tassard. 
14  novembre  —,  Elu  notable  du  Conseil  municipal,  il  passe 
administrateur  de  la  police. 

7  février  1792.  Il  suit  la  Société  des  amis  de  la  Constitution 

à  PAuditoire  du  Temple-Neuf. 
10  mai  — .  A  PAuditoire,  il  dépose  de  Pargent  et  des  objets 

d'or   et  d'argent,  pour  contribuer  aux  frais  de  la 

guerre. 
3  juillet  — .  Il  signe  Padresse  de  la  municipalité  à  PAssem- 

blée  nationale,  lors  de  Penvahissement  des  Tuileries 

le  20  juin. 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  521 

12  août  — .  Signataire  de  l'adresse  aux  Strasbourgeois,  les 
engageant  au  maintien  de  la  Constitution  jurée  par 
Louis  XVI. 

6  décembre  — .  Maintenu  notable. 
18  janvier  1793.  Suspendu. 

31  octobre — .  Imposé  par  Saint- Just  et  Lebas  à  150,000  livres, 
qu'il  paie  les  6,  7  et  9  décembre. 

Joseph  Pasquay,  de  Wasselonne,  qui  avait  été 
imposé  à  25,000  livres,  fut  réduit,  le  7  décembre  1793, 
à  10,000  livres,  par  le  Comité  de  sûreté  générale  du 
Bas-Rhin. 

PERTOIS. 

1789.  L'annuaire  de  cette  année  le  classe  parmi  les  mécani- 
ciens et  artistes,  travaillant  le  marbre,  le  bronze  et 
le  fer. 

1790.  Architecte,  rue  Brûlée.  II  est  proposé  pour  la  muni- 
cipalité. 

15  janvier  — .  Comme  tel,  membre  fondateur  de  la  Société 
de  la  révolution,  transformée,  dès  le  11  février  sui- 
vant, en  Société  des  amis  de  la  Constitution. 

7  février  1792.  Il  la  suit  à  TAuditoire,  jusqu'à  la  clôture  fie 

la  salle. 

PISTORIUS  (François). 

Avant  1789.  Négociant  à  Bitsche,  où  il  est  né  en  1756.  Après 
cette  époque  il  vint  s'établir  sous  les  grandes  Arcades, 
à  Strasbourg,  avec  David,  sous  la  raison  sociale  Pis- 
torius  et  David, 

1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 
7  février  1792.  Avec  elle  à  l'Auditoire. 

31  octobre  1793.   Imposé  par  Saint-Just  et   Lebas  à  20,000 
livres,  payées  le  6  novembre. 

Déjà  le  15  octobre  1793,  le  Comité  de  sûreté  générale 
du  Bas -Rhin  avait  arrêté  que  sa  femme  et  sa  fille 
seraient  déportées  à  vingt  lieues  des  frontières;  mais, 
le  2  novembre  suivant,  on  changea  d'avis  :  porté  par 


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523  REVUE  D'ALSACE 

le  môme  Comité  sur  une  liste  de  248  suspects,  c'est 
lui  et  toute  sa  famille  qui  sont  mis  en  prison,  lui  au 
Séminaire  et  les  dames  au  Lycée. 

30  juin  1794.  Après  bien  des  suppliques,  ils  sont  mis  en 
liberté;  mais  leur  maison  sera  gardée  par  un  planton. 

4  juillet  — .  Nachbauer  avise  Neumann,  accusateur  public, 
que  Pistorius  et  David  sont  de  nouveau  mis  en  arres- 
tation, comme  avilisseurs  de  la  monnaie  nationale. 

Août  — .  Mis  en  liberté  après  la  chute  de  Robespierre. 

17  janvier  1795.  Le  représentant  Bailly  le  nomme  notable 
de  la  commune.  Le  même  jour,  élu  membre  du 
Comité  d'épuration  de  la  Société  des  jacobins.  Tout 
citoyen  ayant  voté  la  mort  des  incarcérés  sera  refusé. 

POmOT  (François-Xavier-Alexis). 

1789.  Ammeister  de  la  Chambre  des  XIII  du  Magistrat  de 
Strasbourg.  Directeur  du  bailliage  de  Strasbourg  à 
Marlenheim.  Il  demeurait  rue  des  Faisans. 

8  février  1790.  Officier  municipal  sous  le  maire  F.  de  Dietrich. 

17  mai  — .  Président  des  assemblées  électorales  pour  la 
nomination  des  administrateurs  du  Bas-Rhin. 

26  — .  Elu  administrateur  du  Bas-Rhin. 

8  juillet  — .  Président  du  Directoire  du  Bas-Rhin. 

11  février  1791.  Suspendu  de  ces  fonctions. 

Novembre  1793.  Mis  en  état  d'arrestation. 

28  — .  Du  Séminaire,  où  il  est  enfermé,  il  s'adresse  à  Jung, 
officier  municipal,  membre  du  Comité  de  surveillance 
et  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin  : 

Je  n'ai  jamais  été  feuillant,  la  faction  de  Dietrich  m'a  fait 
quitter  les  affaires. 

Je  demeure  à  la  campagne  depuis  près  de  trois  ans,  occupé  à 
me  pénétrer  des  lois  qui  devaient  régénérer  la  France  ;  Thomme 
vient  de  reprendre  ses  droits,  le  souverain  a  prononcé,  il  a  adopté 
le  gouvernement  républicain.  Je  Tai  juré,  cette  liberté  et  cette 
égalité,  ce  serment  était  dans  mon  cœur. 

Voilà,  citoyen,  ma  profession  de  foi  ;  jugo-moi  avec  sévérité, 
mais  avec  cette  justice  qui  te  caractérise,  prends  intérêt  à  moi,  ta 


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GcTogle 


LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  523 

belle  àme  doit  sentir  le  plaisir  d'un  malheureux  (  qui  n'a  aucun 
reproche  à  se  faire)  d'en  faire  un  heureux. 

Rends-moi  la  liberté  de  retourner  dans  mes  foyers  et  au  sein 
de  ma  famille. 

Le  même  jour,  le  Comité  de  sûreté  générale  du 
Bas-Rhin  passe  à  Tordre  du  jour. 
7  décembre  — .  Ce  Comité  ordonne  que  ses  lettres  et  celles 
à  sa  femme,  née  Pêcherie,  lui  seront  remises  au  Sémi- 
naire, où  il  resta  enfermé  jusqu'après  la  chute  de 
Robespierre,  juillet  1794. 

POPP  (Charles), 
rue  de  la  Dentelle. 

1789.  Greffier-adjoint  au  Sénat  de  Strasbourg,  Chambre  cri- 
minelle. 

1790.  Accusateur  public  provisoire  près  le  tribunal  du  dis- 
trict de  Strasbourg. 

Proposé  pour  la  nouvelle  municipalité. 

Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 

20  janvier  1791.  Secrétaire-interprète  des  Commissions. 

22  — .  Destitué  sous  prétexte  qu'il  n'avait  pas  Page  requis. 
La  Société  des  amis  de  la  Constitution  prend  sa  défense 
et  arrête  d'avertir  le  Comité  de  Constitution  à  Paris, 
ainsi  que  le  garde  des  sceaux,  et  de  leur  faire  con- 
naître la  véritable  cause  de  cette  destitution. 

2  février.  Le  maréchal  de  Broglie  répond  qu'il  a  agi  d'après 

la  loi,  en  renvoyant  Taccusateur  public,  faute  d'avoir 
l'âge  requis  par  la  loi. 

27  juin — .  A  l'arrivée  à  Strasbourg  des  commissaires  royaux, 
Custine,Chassey  et  Régnier,  il  leur  fut  attaché  comme 
secrétaire. 

15  septembre  — .  Nommé  procureur  syndic  du  Directoire 
du  district  de  Strasbourg. 

7  février  1792.  11  est  avec  la  Société  des  amis  de  la  Constitu- 
tion à  l'Auditoire  du  Temple-Neuf. 

3  juillet  — .  n  signe  l'adresse  du  Directoire  à  l'Assemblée 

nationale,  lors  de  l'attentat  commis  le 30  juin. 


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524  BBVUE  D*AL8ACB 

21  août  — .  Lors  de  la  suspension  d'une  grande  partie  du 
Directoire  du  Bas-Rhin  par  les  commissaires  Carnot, 
Prieur  et  Ritter,  pour  refus  d'obéir  à  la  loi  portant 
déchéance  du  roi,  il  écrivit  au  Département  qu'il 
partageait  les  mômes  sentiments  que  ses  collègues 
suspendus,  qu'il  demandait  à  recevoir  les  mêmes 
honneurs  de  la  suspension,  d'autant  plus  qu'il  ne 
pouvait  reconnaître  les  membres  nouvellement  nom- 
més par  les  commissaires  comme  des  administrateurs 
légaux. 

Quelcpies  jours  après,  le  Directoire  le  suspendit, 
mais  le  ministre  Rolland  cassa  l'arrêté. 

La  publicité  que  donna  Popp  à  cet  acte  duministi-e 
lui  servit  pour  la  prochaine  élection,  qui  eut  lieu  à 
Wissembourg  en  novembre  1792. 

11  novembre  — .  A  la  formation  du  bureau,  il  fut  nommé 
secrétaire. 

14  — .  Il  est  élu  membre  du  Directoire  de  l'administration 

du  Bas-Rhin,  en  remplacement  de  celle  du  21  août 
précédent.  Schneider,  qui  était  présent  au  dépouille- 
ment des  votes,  fit  une  violente  sortie  conlre  cette 
nomination. 

Ce  nouveau  Directoire  installé,  Popp,  à  son  tour, 
s'opposa  vivement  à  l'installation  du  nouveau  procu- 
reur général  Monet,  auquel  il  contestait  l'âge  requis. 

Peu  de  temps  après,  Popp  était  son  substitut. 

15  janvier  1793.  Il  signe  un  état  des  émigrés  du  Bas-Rhin. 

11  février  — .  Couturier  et  Dentzel  ordonnent  à  la  munici- 
palité de  le  faire  sortir  de  la  ville  dans  le  plus  bref 
délai,  sans  qu'il  puisse  se  retirer  dans  les  autres 
communes  de  l'Alsace  et  du  pays  de  Bitsche. 

11  décembre — .  Détenu  à  la  maison  de  justice  à  Strasbourg, 
il  réclame  sa  liberté  au  Comité  de  sûreté  générale  du 
Bas-Rhin.  Sa  demande  est  renvoyée  au  tribunal  révo- 
lutionnaire qui  passe  outre.  11  ne  fut  relâché  qu'après 
la  chute  de  Robespierre,  juillet  1794. 

1805-1809.  Nommé  magistrat  de  sûreté  de  l'arrondissement 


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LES  HOMMES  DE  LA   RÉVOLUTION  525 

de  Strasbourg,  commissaire  général  de  police  pro- 
visoire. 

RÂDOT. 

1789.  Qu^rtier-maître-trésorier  du  régiment  de  Royal-Cava- 
lerie à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  do  la  révo- 
lution. 

11  février  — .  De  celle  des  amis  delà  Constitution. 

RAFFIN  (De). 

1789.  Capitaine  au  régiment  d'Artois  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution. 

11  février  — .  Elle  se  transforme  en  Société  des  amis  de  la- 
Constitution,  affiliée  à  celle  de  Paris. 

RAU. 

Avant  1789.  Licencié.  Sergent  au  Conseil  de  la  régence  du 
comté  de  Hanau-Lichtenberg  à  Bouxwiller. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution. 

11  février  — .  De  celle  des  amis  de  la  Constitution. 

7  février  1792.  Il  est  avec  elle  à  l'Auditoire  du  Temple-Neuf. 

RAUSCH  (Geoffroy-Henri), 
au  Pfennigthurm. 

1789.  Conseiller  aulique  et  receveur  du  prince  de  Hesse- 
Darmstadt. 

17  janvier  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  delà  Consti- 
tution. 

7  février  1792.  Il  est  avec  elle  à  FAuditoire  du  Temple-Neuf. 

Octobre  1793.  Il  est  mis  au  Séminaire. 

2*2  — .  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin  ordonne  de 
Ty  laisser  en  état  d'arrestation. 

22  — .  L'accusateur  public  Schneider  requiert  Monet  de  le 
faire  mettre  immédiatement  en  accusation  et  de 
sceller  ses  papiers. 


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526  REVUE  D* ALSACE 

16  novembre — .  Il  est  accusé  de  rapports  avec  le  prince  de 

Hesse-Darmstadt;  le  tribunal  révolutionnaire  le  con- 
damne à  la  peine  de  mort  et  à  la  confiscation  de  ses 
biens  au  profit  de  la  République.  On  ne  donna  pas 
immédiatement  suite  au  jugement. 
24  — .  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin  décide 
qu'il  restera  enfermé  au  Séminaire  ;  mais  quelques 
jours  après,  en  décembre,  il  fut  exécuté.  (Test  le  pas- 
teur Lobstein  qui  le  visita  en  prison  et  l'accompagna 
jusqu'au  bas  de  la  guillotine. 

REICHARD  (Alexandre). 

Avant  1789.  Négociantépicier  à  Strasbourg. 

31  décembre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la 

Constitution. 
7  février  1792.  Avec  elle  à  l'Auditoire. 
31  octobre  1793.  Imposé  par  Saint- Just  et  Lebas  à  6000  livres 

qu'il  paie  les  11  novembre  1793  et  2  août  1794. 
1799.  Juge  au  tribimal  de  commerce  de  Strasbourg. 

REICHARD  (Jean-Frédérig). 

1789.  Négociant,  rue  du  Dix- Août,  à  Strasbourg. 
26  février  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 
7  février  1792.  Avec  elle  à  l'Auditoire. 

12  mai  1793.  Au  Comité  permanent  de  la  huitième  section 

des  électeurs  de  Strasbourg,  il  demande  le  bannisse- 
ment de  Schneider. 

31  octobre  — .  Saint-Just  et  Lebas  l'imposent  à  30,000  livres. 
D  réclame. 

21  novembre  — .  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin 
ordonne  son  arrestation. 

4  décembre  — .  Ledit  Comité  réduit  sa  taxation  à  10,000 
livres,  qui  sont  payées  le  17  suivant. 

13  — .  Il  est  élargi  du  Séminaire. 

17  janvier  1795.  Officier  municipal. 

80  — .  Membre  du  Comité  de  la  Société  populaire  régénérée. 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  537 

5  février  — .  Maintenu  officier  municipal  sous  le   maire 

Keppler. 
1796.    Administrateur  municipal  sous    la  présidence  de 

Démichel. 
31  mars  1800.  Notable  sous  Livio. 

RIEHL  (Jean-Geoffroy). 

1780-1788.  Licencié .  Fiscal  au  bureau  de  police  du  Magistrat 
de  Strasbourg.  Protocoliste  der  Obère  Wacht-Herren. 

26  mai  1790.  Elu  membre  du  district  de  Strasbourg. 

8  juillet  — .  Le  district,  s'étant  constitué,  le  nomma  du 
Directoire. 

5  février  1791.  Juge  au  tribunal  du  district,  où  il  est  main- 
tenu en  1792. 

3  octobre  1793.  Destitué  comme  agent  des  ci-devant  nobles, 
attaché  aux  prêtres  réfractaires. 

14  — .  n  sera  éloigné  à  vingt  lieues  des  frontières  de  PAlsace 

et  tenu  d'indiquer  le  lieu  de  sa  nouvelle  résidence. 
31  — .  Dénoncé  au  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin, 
comme  ex-prévôt  de  Kûttolsheim,  chef  des  révoltés 
du  district  de  Strasbourg.  Il  doit  se  trouver  caché 
chez  Fix,  commissaire  permanent  du  canton;  Clavel 
est  délégué  pour  Tarrêter. 

27  novembre  — .  Audit  Comité,  on  dénonce  son  retour  dans 

le  Kochersberg,  on  le  croit  établi  à  Lyon.  S'il  y  a 
moyen,  il  sera  arrêté  et  amené  devant  le  Comité  pour 
être  interrogé. 
Il  y  avait  aussi  François-Antoine  Riehl,  dès  1779  chef  de 

la  tribu  des  tailleurs,  et,  en  1788,  membre  du  petit  Sénat  du 

Magistrat  de  Strasbourg. 

RŒDERER. 

1789.  Professeur  au  collège  de  médecine,  à  Strasbourg, 
demeurant  quai  Saint-Nicolas. 

15  mars  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 

tution. 
11  novembre  -*.  Elu  notable* 


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528  REVUE  DALSAOE 

27  mars  1791.  Il  approuve  rarrestation  de  Jaeglé,  curé  de 
Saint-Laurent  à  Strasbourg,  pour  avoir  provoqué  un 
attroupement  et  insulté  Tévèque  Brendel. 

14  novembre  — .  Elu  de  nouveau  notable. 

7  février  1792.  Il  reste  avec  les  feuillants  à  TAuditoire. 

3  juillet  —.  Signataire  de  l'adresse  de  la  municipalité  à 
TAssemblée  nationale,  demandant  l'arrestation  et  la 
condamnation  des  envahisseurs  des  Tuileries  le  20 
juin  1792. 

31  octobre  1793.  Qualifié  d'officier  de  santé,  Saint-Just  et 
Lebas  Timposent  à  12,000  livres,  réglées  les  5  et  9 
novembre. 

RŒDERER. 

Avant  1789.  Négociant,  rue  Brûlée,  à  Strasbourg. 

8  août  1691.  A  l'élection  tenue  au  chûteau,  il  est  nommé 

membre  de  l'administration  du  Bas-Rhin. 
21  août  1792.  Suspendu,  puis  révoqué  de  ces  fonctions,  pour 

avoir  refusé  de  retirer  sa  signature  au  bas  de  l'arrêté 

interdisant  les  réunions  des  Sociétés  politiques. 
31  octobre  1793.   Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  30,000 

livres,  qu'il  règle  les  6  et  7  novembre. 
Il  était  alors  tanneur  à  Strasbourg. 

ROLLÉ  DE  BAUDREVILLE. 

Avant  1789.  Capitaine  en  second  de  la  2*  compagnie  d'ou- 
vriers d'artillerie  à  Strasbourg.  Plus  tard  il  prit  le 
commandement  de  la  vaillante  compagnie  d'artilleurs 
de  la  garde  nationale  de  cette  ville. 

25  novembre  1789.  Premier  lieutenant-colonel  du  1*'  batail- 
lon de  volontaires  du  Bas-Rhin,  que  nous  trouvons 
tenant  garnison  à  Landau,  en  1792* 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution. 

11  février  — .  Elle  se  transforme  en  celle  des  amis  de  la 
Constitution. 

14  novembre  1791.  Elu  notable  sous  Fréd.  de  Dietrich. 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  529 

7  février  1792.  Il  est  à  TAuditoire  avec  les  feuillants  amis 

(le  la  Constitution. 
6  décembre  — .  De  nouveau  élu  notable,  Frôd.  de  Turcklieim 

étant  maire. 

17  —.  Délégué  par  la  municipalité  avec  le  pasteur  Mathias 

Engel,  pour  porter  une  adresse  à  la  Convention  natio- 
nale demandant  l'envoi  de  commissaires,  qui  auront 
à  s'assurer  de  l'esprit  des  Alsaciens  et  des  Strasbour- 
geoJs  en  particulier,  que  le  général  Coustàrd  cherche 
à  dénaturer. 

18  janvier  1793.  Révoqué  comme  notable  par  Couturier, 

Rûhl  et  Dentzel. 

11  février  — .  Ces  mémos  commissaires  de  la  Convention 
enjoignent  à  la  municipalité  de  l'expulser  de  la  ville 
dans  le  plus  bref  délai,  sans  qu'il  puisse  se  retirer 
dans  les  deux  départements  du  Rhin  et  le  pays  de 
Bitsche. 

17  janvier  1795.  Bailly  le  nomme  otficier  municipal,  fonctions 
qu'il  occupa  jusqu'en  mars  1800. 

ROUGET  DE  L'ISLE  (Joseph). 

10  mai  1760.  Né  à  Lons-le-Saulnier  (Jura). 

1790.  Lieutenant  au  corps  royal  du  génie  à  Strasbourg. 

1793.  Capitaine  audit  corps.  Go-rédacteur  du  journal  poli- 
tique et  littéraii-e  des  Rives  du  Rhin. 

5  avril  1792.  Il  composa  la  Marseillaise,  qui  fut  chantée, 
pour  la  première  fois  à  Strasbourg,  dans  les  salons 
du  maire  Fréd.  de  Dietrich.  Elle  parut  sous  le  titre  : 
Chant  de  guerre  pour  Varmée  du  Rhin,  dédié  au 
maréchal  Luckner.  A  Strasbourg,  de  l'imprimerie  de 
Ph.-J.  Dannbach,  imprhneur  de  la  municipalité,  in-4°, 
oblong,  4  pages 'avec  musique.  » 

Ce  ne  fut  qu'après  que  les  Marseillais  l'eurent  chan- 
tée lors  de  leur  entrée  dans  Paris,  le  30  juillet  1792, 
qu'elle  prit  le  nom  de  Chant  des  Marseillais  ou  Mar- 
seillaise. 
Exécuté  à  Paris,  le  14  octobre  1792,  à  la  fête  de  la 

NoavoUe  Série  —  6*  Année.  ''4 


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530  REVUE  D'ALSACE 

victoire  remportée  par  nos  armées,  ce  chant  fut  popu- 
laire à  Strasbourg  et  remplaça  le  Ça-ira. 

Lorsque,  le  28  du  même  mois,  on  y  célébrait  la 
même  fête,  la  Marseillaise  fut  chantée  par  la  foule  sur 
la  place  d'Armes  et  sous  le  tonnerre  des  canons  de 
la  place. 

Cette  pièce  remarquable  ne  le  sauva  pas  de  la  pros- 
cription. Enfermé  sous  le  régime  de  la  Terreur,  il  ne 
dut  sa  liberté  qu'à  la  chute  de  Robespierre,  27  juillet 
1794. 
Juin  1795.  Il  accompagna  Tallien,  qui  avait  pour  mission  de 
s'opposer  au  débarquement  des  émigrés  que  les 
Anglais  jetaient  sur  les  côtes  de  l'Ouest.  Dans  cette 
campagne,  il  paya  de  sa  personne  et  fut  gravement 
blessé  à  Quiberon. 

De  retour  à  Paris,  il  ne  reçut  aucun  emploi,  même 
sous  Napoléon  I". 
1825.  Il  publia  la  musique  de  cinquante  chants  français, 
paroles  de  différents  auteurs 

RUMPLER  (Joseph-Salomon). 

Avant  1789.  Licencié  et  greffier  du  bailliage  de  Dorlisheim, 

résidant  à  Strasbourg  de  1729  à  1789. 
1790.  Conseiller  du  Magistrat  de  la  ville  d'Obernai. 
1792.  Juge  de  paix  du  canton  d'Ober-Ehnheim. 

25  octobre  1793.    En  cette  qualité,  le  Comité  de  sûreté 

générale  du  Bas -Rhin  ordonne  son  internement  à 
Besançon. 
31  — .  Saint-Just  et  Lebas  l'imposent  à  500  livres,  réglées  le 
13  suivant. 

26  mai  1794.  La  municipalité  le  fait  enfermer  au  Séminaire, 

comme  aristocrate  fanatique,  dont  l'arrestation  avait 
déjà  été  ordonnée  par  le  Comité  de  sûreté  générale 
le  25  octobre  1793. 
1797.  Commissaire  du  Directoire  exécutif  de  l'administra- 
tion municipale  du  canton  d'Obemai,  intra  muros. 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  581 

SAINVAL. 

1789.  Acteur  de  la  Comédie  française  à  Strasbourg. 
15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution. 
11  février  — .  Elle  devint  celle  des  amis  de  la  Constitution. 
7  février  1792.  Avec  elle  à  TAuditoire. 

SALTZMANN  (Frédéric-Rodolphe). 

Cousin  et  ami  de  FActuar  Saltzmann.  De  la  librairie  acadé- 
mique de  Strasbourg,  rue  des  Serruriers. 
1789.  Licencié  en  droit.  Greffier  delà  Chambre  des  tutelles. 
Secrétaire  du  Comité  de  la  garde  nationale. 

10  août  — .  Avec  Hervé,  Lauth  et  autres,  il  alla  à  Barr  pour 

rafTaire  des  forêts  revendiquées  par  Strasbourg. 
15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution, dont  il  est  le  trésorier. 

11  février — .  Elle  se  transforme  en  celle  des  amis  de  la 

Constitution,  affiliée  à  colle  de  Paris. 
17  juillet  — .  Il  en  est  le  vice-président. 
11  novembre  — .  Elu  notable  du  Conseil  de  la  commune. 

11  février  1791.  Chargé  de  remettre  aux  commissaires  du 

roi,  Foissey,  Dumas  et  Hérault  de  Séchelles,  un  procès- 
verbal  de  la  municipalité  de  PfafTenhonen,  constatant 
que  Mehl,  curé  de  cette  commune,  a  réuni  des  citoyens 
catholiques  pour  leur  faire  signer  des  protestations 
contre  les  décrets  de  l'Assemblée  nationale. 

14  novembre  — .  Elu  officier  municipal,  chargé  de  la  contri- 
bution foncière  des  villages. 

7  février  1792.  Avec  la  Société  des  amis  de  la  Constitution 
il  va  à  l'Auditoire  du  Temple-Neuf. 

3  juillet  — .  Signataire  de  l'adresse  de  la  municipalité  à  F  As- 
semblée nationale,  demandant  la  poursuite  et  la 
punition  des  auteurs  de  la  journée  du  20  juin 

12  août  — .  Du  Comité  permanent  du  Conseil  général  de  la 

commune  ;  il  engage  les  Strasbourgeois  à  la  conser- 
vation de  la  Constitution,  dont  le  dépôt  est  entre  les 


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532  REVUE  D'ALSACE 

mains  du  roi  Louis  X  Vl.  Ce  n'est  qu'en  la  soutenant, 

que  la  patrie  peut  être  sauvée. 
22  — .  Pour  avoir  dit  la  vérité,  il  est  destitué  par  Camot, 

Prieur  et  Ritter. 
2  novembre  — .  Membre  du  Conseil  général  du  Bas-Rhin. 
()  — .  Laveaux  écrit  au  député  Rûhl,  à  Paris  : 

Les  gazettes  allemandes  avaient  répandu  à  Strasboui^  le  faux 
bruit  que  les  membres  de  la  Convention  ne  pouvaient  pas  être 
élus  dans  les  administrations.  Cette  supercherie  vient  de  Saltz- 
mann  ;  c'est  un  grand  coquin. 

6  décembre  — .  De  nouveau  élu  officier  municipal. 

18  janvier  1793.  Révoqué  par  Couturier,  Rûhl  et  Dentzel. 

11  février — .  Us  enjoignent  à  la  municipalité  de  le  faire 

sortir  de  la  ville  dans  plus  bref  délai. 
27  juillet  — .  De  Paris,  Laveaux  mande  aux  sans-culottes  de 

Strasbourg  : 

N'espérez  pas  qu'un  Saltzmann  se  corrige  jamais,  le  serpent 
meurt  dans  la  peau.  Si  vous  le  réchauffez  dans  votre  sein,  il  vous 
perce  le  cœur.  J'ose  vous  prédire  que  vous  vous  repentirez  de 
votre  indulgence  pour  ce  coquin  qui  a  une  àme  de  boue. 

31  octobre  — .  Saint-Justet  Lebas  l'imposent  à  60,000  livres. 

Il  quitte  la  ville. 
5  novembre  —  Sa  femme,  née  Mûller,  verse  à  valoir  1915 

livres. 
2  décembre  — .  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin 

la  met  eu  demeure  de  solder  sa  contribution  dans  les 

vingt-quatre  heures. 

4  -.  On  accepte  Tofïre  de  sa  vaisselle  d'argent,  consistant 

en  deux  grands  et  deux  petits  chandeliers,  deux  cafe- 
tières, une  saucière,  une  grande  cuillère  à  ragoût  et 
six  couverts,  pour  4050  livres,  plus  quatre-vingt  à 
cent  quintaux  de  foin;  outre  les  1915  livres  déjà  ver- 
sés, moyennant  tout  cela,  et  4000  livres,  dont  elle 
rapportera  quittance  dans  les  vingt-quatre  heures, 
elle  sera  déchargée  des  60,000  livres. 

5  — .  Elle  verse  3600  livres  pour  solde. 

26  mai  1794.  La  femme  de  l'émigré  Saltzmann,  ex-libraire, 


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533  LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION' 

la  veuve  Diebold,  née  Saltzmann,  et  M"*  Saltzmann, 
toutes  deux  sœurs  de  rémigré,  sont  mises  en  état 
d'arrestation,  et  ne  furent  mises  en  liberté  qu'à  la 
chute  de  Robespierre,  trois  mois  après. 
1"  janvier  1791 .  Il  fonda  et  rédigea  la  Gazette  de  Strasbourg, 

qui  ne  prit  fin  que  le  ^  décembre  1794. 
l*'  juin  1796.  Il  créa  à  Strasbourg  le  journal  le  Wdtbote,  qui 
parut,  pour  la  dernière  fois,  le  15  décembre  1803. 

Ces  feuilles  étaient  écrites  dans  un  esprit  constitu- 
tionnel modéré. 

Plus  tard,  il  prit  la  rédaction  du  Courrier  du  Bas- 
Rhin  et  la  conserva  jusque  dans  les  premières  années 
de  la  Restauration. 

SAUGEROTTE, 
rue  des  Prêtres,  à  Strasbourg. 

Mars  1791.  Il  prête  serment  à  la  nouvelle  Constitution  fran- 
çaise, et  révoque  Brendel  le  nomme  vicaire  épiscopal 
de  l'église  cathédrale  de  Strasbourg,  fonctions  qu'il 
occupa  jusque  fin  1792. 

SAUM  (Jean-Frédéric). 

Avant  1789.  Tanneur  à  Strasbourg. 

1789.  Membre  du  Comité  de  la  garde  nationale. 

31  Mai  1790.  Secrétaire  de  ce  Comité. 

11  Septembre  — .  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 
stitution. U  engage  les  citoyens  de  Metz  à  une  fédé- 
ration avec  ceux  de  Nancy. 

7  février  1792.  Il  suit  la  Société  à  l'Auditoire. 

31  octobre  1793.  Saint-JustetLebasl'imposent  à  40,000  livres, 
qu'il  règle  les  9, 11  et  14  novembre 

10  juin  1794.  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin 
informe  celui  près  la  Convention  nationale  qu'il  a  cru 
devoir  le  faire  arrêter  provisoirement  comme  parent 
de  Jean-Daniel  Saum. 


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Ô^  REVUE  DALSAGE 

SAUM  (Jean-Daniel),  père. 

Avant  1789.  Banquier  à  Strasbourg. 

8  février  1790.  Elu  officier  municipal. 

7  septembre  — .  Comme  préposé  de  la  tribu  des  marchands, 
il  offre  à  la  Société  des  amis  de  la  Constitution  la  salle 
du  Miroir  pour  les  lectures,  ce  qui  est  accepté . 

Il  novembre  — .  Maintenu  officier  municipal. 

26  février  1791 .  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 

stitution. 

27  mars  — .  Il  signe  la  mise  en  état  d'arrestation  de  Jseglé, 

ex-curé  de  Saint-Laurent,  pour  avoir  propagé  un 
imprimé  ayant  pour  titre  :  Monition  et  ordonnance  du 
cardinal  de  Rohan,  ci-devant  évêque  de  Strasbourg. 

6  septembre  — .  Il  approuve  la  délibération  du  corps  muni- 

cipal, flétrissant  un  écrit  infâme,  accusant  le  maire 
Dietrich,  Levrault  et  Noisette  d'avoir  envoyé  mi  émis- 
saire à  Ettenheim,  pour  attenter  aux  jours  du  cardi- 
nal de  Rohan. 
14  novembre—.  Il  n'est  point  réélu. 

7  février  1792.  Il  suit  les  amis  de  la  Constitution  à  l'Audi- 

toire et,  le  27  juin,  ils  arrêtent  de  discontinuer  les 
séances  et  de  fermer  la  salle . 

22  août  — .  Carnot,  Prieur  et  Ritter,  ayant  reformé  le  corps 
municipal,  le  nomment  provisoirement  suppléant  du 
maire  provisoire  Lachausse,  jusqu'à  l'élection  du  6 
décembre,  où  il  se  retire. 

18  janvier  1793.  Couturier,  Ruhl  et  Dentzel  le  font  maire 
de  Strasbourg. 

21  — .  Il  refuse  cet  honneur  pour  faire  place  à  Monet. 

31  octobre  — .  Saint- Just  et  I^ebas  l'imposent  à  80,000 livres, 
qu'il  paie  les  6,  10  et  15  novembre. 

21  novembre  — .  Il  est  arrêté  et  conduit  au  Séminaire. 

6  décembre  — .  Sa  famille  ayant  fait  un  don  patriotique  de 
quatre  flambeaux,  un  plat  à  barbe,  une  boite  à  savon- 
nette, une  éponge,  un  coquemart,  un  sucrier  avec  pin- 
cette,  un  porte-huilier,  deux  salières,  une  cuillière  à 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  &i5 

soupe,  une  cuillière  à  ragoût,  douze  cuillères  à  bouche , 
six  fourchettes,  le  tout  en  argent,  et  1000  livres  en 
assignats,  le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin 
ordonne,  le  lendemain  7,  sa  mise  en  liberté. 

9  juin  1794.  Le  Comité  de  surveillance  révolutiqnnaîre  le 
fait  de  nouveau  mettre  en  prison  et  conduire  à  Paris 
par  la  gendarmerie,  de  brigade  en  brigade .  Ses  papiers 
vérifiés  furent  déposés  audit  Comité,  qui  en  donna 
avis  à  celui  de  sûreté  générale  près  la  Convention 
nationale,  à  la  date  du  10.  La  chute  de  Robespierre 
suspendit  les  poursuites. 

1798.  Elu,  pour  Strasbourg,  représentant  aux  assemblées 
primaires  du  Bas-Rhin. 

SAUM  (Daniel),  fils. 

1789.  Négociant,  Grand'rue,  à  Strasbourg. 
29  octobre  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 
stitution. 

7  février  1792.  Il  est  avec  elle  à  l'Auditoire  jusqu'au  27  juin, 
jour  de  la  fermeture  de  la  salle  des  séances. 

31  octobre  1793.  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  6000 
livres,  qu'il  paie  les  23  novembre  et  8  décembre. 

9  juin  1794.  Arrêté  et  conduit  avec  son  père  en  prison  à 
Paris. 

22  septembre  — .  Le  Comité  de  surveillance  révolutionnaire 
de  Strasbourg  informe  celui  de  la  Convention  natio- 
nale que  Saum  fils  serait  dans  le  cas  d'être  traduit  au 
tribunal  criminel  du  Bas-Rhin,  à  moins  que  Paris 
n'en  ordonne  autrement.  La  chute  de  Robespierre 
trancha  la  question. 

17  janvier  1795.  Officier  municipal  sous  le  nouveau  maire 
Michel  Mathieu  et,  le  5  février,  sous  Keppler. 

1798-1799.  Juge  ordinaire  au  tribunal  de  commerce  de 
Strasbourg. 

31  mars  1800.  Notable,  E.  de  Livio  étant  maire. 


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336  REVUE  D'ALSACE 

SCILEFFER  (L.). 

1789.  Greffier  de  la  seigneurie  de  Barr. 

26  février  1791 .  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution qu'il  suit,  le  7  février  1792,  à  l'Auditoire. 

22  août  1792.  Adjoint  au  maire  provisoire  Lachausse. 

25  nsvembre  1793.  Comme  trésorier  du  district  de  Barr.  le 
Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin  lui  refuse  son 
certificat  de  civisme. 

6  décembre  — .  Il  lui  est  accordé. 

SCHERTZ  (Jean-George). 

Avant  1789.  Négociant,  rue  des  Serruriers,  à  Strasbourg. 
Membre  du  corps  des  marchands. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 

lution, transformée,  dès  le  11  février,  en  celle  des  amis 
de  la  Constitution. 

Dans  le  courant  de  1790,  il  s'occupa  beaucoup  de  la 
question  d'établir  à  Strasbourg  un  entrepôt  réel  ou 
port  franc. 

11  novembre  — .  Après  lecture  de  son  mémoire  sur  la  ma- 
tière, la  Société  des  amis  de  la  Constitution  décide,  à 
l'unanimité,  d'envoyer  une  adresse  à  l'Assemblée 
nationale  pour  la  prier  d'accorder  un  port  franc  à  la 
ville  de  Strasbourg. 

9  mars  1791.  Vice-président  de  cette  Société.  Il  rédige  une 
adresse  à  ses  membres  correspondants,  et  particuliè- 
rement aux  électeurs  du  Bas-Rhin,  pour  leur  annon- 
cer cpie  des  fourbes  ont  eu  l'impudence  de  répandre 
dans  la  campagne  un  certain  catéchisme,  dans  lequel 
les  saintes  vérités  de  la  religion  chrétienne  sont  tra- 
vesties, ridiculisées  et  remplacées  parles  principes 
les  plus  impies. 

16  — .  Juge  au  tribunal  de  commerce  à  Strasbourg. 

8 août—.  A  l'élection  tenue  au  Château,  il  est  nommé 
membre  du  Conseil  d'administration  du  département 
du  Bas-Rhin. 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  537 

7  février  1792.  Il  est  à  FAuditoire  avec  les  amis  de  la  Con- 
stitution. 

21  août  — .  Suspendu  de  ses  fonctions. 

4  janvier  1793.  Juge  au  tribunal  de  commerce  de  Strasbourg. 

11  février  — .  Couturier  et  Dentzel  ordonnent  à  la  munici- 
palité de  lui  signifier  d'être  plus  circonspect  à  Pavenir, 
et  de  baisser  devant  la  loi  un  front  respectueux. 

31  octobre—.  Saint-Just  et  Lebas  l'imposent  à  22,000  livres, 
qu'il  paie  les  7  et  9  novembre. 

21  novembre  — .  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin 
le  fait  enfermer  au  Séminaire. 

2  septembre  1794.  Aux  jacobins.  Tisserand  le  signale  comme 

premier  chef  du  parti  Dietrich.  Peu  après  il  est  mis 
en  liberté. 

17  janvier  1795.  Bailly  le  nomme  au  Conseil  général  de  l'ad- 

ministration du  district  de  Strasbourg,  et  juge  au  tri- 
bunal de  commerce  de  cette  ville. 

SCHOTT  (Chrétien). 

1789.  Brasseur  au  Griffon,  à  Strasbourg. 
7  février  1790.  Proposé  pour  la  municipalité. 

18  janvier  1793.  Couturier,  Rûhl  et  Dentzel  le  nomment 

officier  municipal. 
21  —.  Il  refuse;  le  chirurgien  baigneur  Raeserle  remplace. 

3  novembre  — .  Condamné  à  25,000  livres  qu'il  verse  à  la 

caisse  de  la  trésorerie  révolutionnaire. 

SCHWEIGHiEUSSER  (Jean). 

25 juin  1742.  Né  à  Strasbourg, fils  de  Jean-Georges  Schweig- 

hœusser,  pasteur  à  Saint-Thomas. 
1770.  Professeur-adjoint  de  logique  et  de  métaphysique  à 

l'Université  de  Strasbourg. 
1778.  Professeur  des  langues  grecque  et  orientales  ৠ cette 

Université,  dont  il  était  recteur  et  doyen  en  1792. 

L'un  des  seize  chanoines  de  Saint-Thomas. 


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538  REVUE  D*ALSACE 

15  janvier  1790.  Fondateur  de  la  Société  de  la  révolution, 
transformée,  le  11  février,  en  celle  des  amis  de  la  Con- 
stitution, affiliée  à  la  Société  de  Paris. 

8  février  — .  Proposé  pour  la  nouvelle  municipalité. 

11  novembre  — .  Elu  notable  de  la  commune. 

27  mars  1791.  En  cette  qualité,  il  signe  la  délibération  de  la 
municipalité,  ordonnant  l'arrestation  de  Jaeglé,  curé 
de  la  paroisse  de  Saint-Laurent,  et  la  saisie  de  Tim- 
primé  :  Monition  et  ordonnance  du  cardinal  deRohan, 
lequel  donna  lieu  à  l'attroupement  de  la  veille,  lorsque 
révêque  constitutionnel  Brendel  se  présenta  à  la 
cathédrale. 

14  novembre  — .  De  nouveau  élu  notable. 

7  février  1792.  Il  suit  les  amis  de  la  Constitution  à  l'Audi- 
toire du  Temple-Neuf. 

3  juillet  — .  Signataire  de  l'adresse  de  la  municipalité  à 
l'Assemblée  nationale,  demandant  la  poursuite  et  la 
condamnation  des  auteurs  des  troubles  du  20  juin. 

12  août  — .    Membre  du  Comité  permanent  au  Conseil 

général  de  la  commune.  Il  conjure  ses  concitoyens 
de  soutenir  et  maintenir  la  nouvelle  Constitution  : 

Nous  ne  faisons  pas  grâce  au  pouvoir  exécutif  de  ses  fautes; 
mais  anéantir,  dans  ce  moment  de  crise,  le  dépôt  entre  les  mains, 
de  Louis  XVI,  sérail  en  livrer  la  conquête  au  choc  des  partis. 

6  décembre  —    Maintenu  notable. 

18  janvier  1793.  U  est  suspendu. 

!•'  avril  — .  Secrétaire  du  Comité  central  des  douze  sections 
de  Strasbourg. 

Il  rédige  l'adresse  lue  à  la  barre  de  la  Convention 
nationale  par  les  trois  délégués,  et  de  laquelle  il  res- 
sort que  tous  les  malheurs  qui  ont  frappé  Strasbourg 
depuis  dix-huit  mois,  sont  dus  à  Laveaux,  Schneider, 
Monet  et  Louis. 

2  novembre  — .  Lui  et  sa  famille  figurent  sur  une  liste  de 
deux  cent  quarante-huit  suspects,  dressée  par  le  Co- 
mité de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin. 

9  mars  1791.  Rivage  informe  Monet  qu'il  a  remboursé  au 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  539 

feuillant,  très  feuillant  professeur  Schweighaeusser 
6000  livres,  et  cela  parce  que  sa  chère  femme,  la  mus- 
cadine,  avait  bénignement  refusé  de  recevoir  les  inté- 
rêts de  ce  capital,  en  belle  et  bonne  monnaie  nationale 
(c'est-à-dire  en  assignats). 
25  mai—.  Il  figure  de  nouveau  sur  la  liste  des  suspects, 
dressée  par  le  Comité  de  surveillance  des  jacobins. 
Quelques  jours  après,  il  est  conduit  au  Séminaire, 
pour  n'en  sortir  qu'après  la  chute  de  la  Terreur  et  de 
Robespierre . 

17  janvier  1795.  Le  représentant  Bailly  le  nomme  notable 

du  Conseil  de  la  commune. 

25  février  — .  L'école  centrale  du  Bas-Rhin  ayant  été  orga- 
nisée par  la  Convention  nationale,  il  fut  nommé  pro- 
fesseur de  langues  anciennes. 

22  avril  1796.  Membre  du  jury  d'instruction. 

18  janvier  1830.  Décédé. 

SGOTTI 
(d'origine  italienne). 

Avant  1789.  Négociant  à  Strasbourg. 

1790.  Proposé  pour  la  nouvelle  municipalité. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution devenue,  dès  le  1 1  février,  celle  des  amis  de  la 
Constitution. 

7  février  1792.  Avec  elle  à  l'Auditoire. 

SILBERRAD  (Jérémie-Eberhard), 
ex-sénateur,  homme  de  loi,  rue  des  Serruriers. 

8  février  1790.  Proposé  pour  la  municipalité. 

Mars  1791 .  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution . 

7  février  1792    II  est  à  l'Auditoire. 

.31  octobre  1793.  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  20,000 
livres,  qu'il  paie  le  6  novembre  suivant. 

1797-1800.  Juge  au  tribunal  civil  de  Strasbourg. 


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540  REVUE  D'ALSACE 

SPIELMANN  (Gharles-F.). 

1789.  Pharmacien,  place  de  la  Cathédrale,  à  Strasbourg. 

26  février  1 791 .  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Cion- 
stitution. 

7  février  1792.  Il  est  avec  elle  à  F  Auditoire  du  Temple-Neuf, 
jusqu'au  jour  de  la  fermeture  de  la  salle. 

12  mai  1793.  Membre  du  Comité  permanent  de  la  huitième 
section,  il  demande  aux  délégués  de  la  Convention 
nationale  à  Strasbourg  le  bannissement  de  Schnei- 
der. 

31  octobre  — .  Imposé  par  Saint-Just  et  Lebas  à  20,000  livres, 
réglées  les  5  et  7  novembre. 

29  novembre— .  Conduit  au  Séminaire. 

3  décembre  — .  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin 
refuse  sa  demande  de  pouvoir  sortir  de  prison  pour 
surveiller  sa  pharmacie. 

6  — .  n  réclame  de  nouveau. 

7  — .  On  lui  accorde  provisoirement  de  se  rendre  à  sa  phar- 

macie, pandant  le  jour,  accompagné  d'un  planton; 

mais  il  devra  rentrer  au  Séminaire  à  6  heures  du  soir. 

Il  réclame  la  levée  du  planton. 
17  — .  On  arrête  qu'il  ne  lui  sera  pas  retiré. 
23  — .  On  délibérera  à  la  prochaine  séance  s'il  sera  délivré 

du  planton. 
25  —.  Il  en  est  exempté. 

SPIELMANN  (Jean-Jacob). 

1789.  Médecin  des  enfants  trouvés,  rue  du  Puits. 
1789-1792.  Professeur  de  pathologie  et  de  clinique  à  l'Uni- 
versité de  Strasbourg. 

8  février  1790.  Proposé  pour  la  municipalité. 

31  octobre  1793.  Imposé  par  Saînt-Just  et  Lebas  à  25,000 

livres,  réglées  les  5  et  7  novembre. 
1804.  Professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  médecin  des 

orphelins  et  enfants  trouvés  à  Strasbourg. 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  541 

STUBER  (Jean-Frédéric), 

relieur  et  marchand  de  musique,  Marché-aux-Poissons,  77, 

à  Strasbourg. 

6  juin  1792.  C'est  chez  lui  qu'on  s'abonnait  au  journal 

VArgos,  rédigé  par  Schneider  et  Butenschœn. 
12  mai  1793    Membre  de  la  sixième  section  de  la  ville,  il 

signe  une  dénonciation  contre  Schneider,  à  la  suite 

de  laquelle  la  déportation  de  ce  dernier  est  demandée 

à  la  Convention  nationale. 
4  juin — .  Schneider  relève  l'accusation. 
2  novembre  — .  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin 

le  porte  comme  suspect.  Peu  de  jours  après,  il  est 

arrêté  et  mis  au  Séminaire. 

19  décembre  — .  H  en  sort  de  nouveau  par  ordre  du  même 

Comité. 

TEUTSGH  (Georges). 

1789.  Aubergiste  à  to  Lanterne. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution, transformée,  dès  le  11  février  suivant,  en  ceUe 
des  amis  de  la  Constitution. 

7  février  1792.  Il  est  avec  elle  à  l'Auditoire. 

17  janvier  1795.  Bailly  le  nomme  juge  au  bureau  de  conci- 
liation près  le  tribunal  du  district  de  Strasbourg. 

20  — .  Il  siège  dans  l'affaire  Cajetan  Mondelly,  négociant  à 

Strasbourg,  qui  réclame  à  la  veuve  de  Jean  Ehrlen- 
holz,  sellier,  une  voiture  confiée  à  feu  son  mari.  Elle 
déclare  que  cette  voiture  a  été  enlevée  par  ordre  du 
représentant  Baudot,  et,  quand  le  portier  de  la  maison 
Flachslanden,  où  elle  était  remisée,  demanda  de  quel 
droit  on  s'en  emparait,  il  eut  pour  réponse  que  cela 
ne  le  regardait  pas,  que  c'était  pour  le  service  de  la 
Nation,  à  laquelle  tout  appartenait 
1798.  Elu  pour  Strasbourg  représentant  aux  assemblées 
primaires  du  Bas-Rhin. 


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542  REVUE  D'ALSACE 

THOMASSIN  (Michel). 

Avant  1789.  Huissier  royal,  place  Saint-Thomas,  2,  à  Stras- 
bourg. 

1789.  Avocat,  puis  greffier  titulaire  à  l'Hôtel  des  Monnaies 
et  finalement  commis  à  Tintendance. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution et,  dès  le  11  février,  de  celle  des  amis  la  Con- 
stitution. 

8  — .  Elu  officier  municipal. 

11  novembre  — .  De  nouveau  élu.  Envoyé  en  députation  à 
Paris,  pour  y  défendre  les  intérêts  du  commerce  de 
Strasbourg. 

30— .  On  donne  à  ladite  Société  lecture  d'une  de  ses  lettres, 
laissant  espérer  que  l'Assemblée  nationale  rendra 
libre  la  culture  et  la  fabrication  du  tabac  en  Alsace. 

21  décembre— .  Dans  une  seconde  lettre,  il  fait  connaître 
que  le  pouvoir  législatif  a  décerne  des  éloges  à  la 
Société  de  Strasbourg,  au  sujet  de  sa  conduite  dans 
l'affaire  de  l'évèque  du  Bas-Rhin,  et  qu'il  l'engage  à 
continuer  avec  la  même  persévérance  ses  travaux 
patriotiques.  Il  fait  encore  part  que  le  directeur  des 
douanes  Magnier  sera  blâmé  par  le  Comité  du  com- 
merce de  l'Assemblée  nationale,  et  que  les  droits 
d'entrée  et  de  sortie  des  marchandises  resteront  main- 
tenus pour  le  commerce  de  Strasbourg,  jusqu'à  ce  que 
l'Assemblée  en  ait  décidé  autrement  ;  ceux  inégale- 
ment perçus  seront  remboursés. 

27  mars  1791.  Avec  ses  collègues  de  la  municipalité,  il 
ordonne  l'arrestation  de  Jaeglé,  curé  de  Saint- Laurent. 

30 avril— .  Président  du  Comité  de  correspondance  delà 
Société  des  amis  de  la  Constitution.  Il  félicite  celle 
nouvellement  créée  à  Saverne  et  termine  sa  lettre  en 
lui  disant  : 

Nous  sommes  désormais,  frères  et  amis,  unis  à  vous  par  les  liens 
indivisibles  de  ramitié,  de  la  fraternité  et  de  Tamonr  du  bien 
public. 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION  543 

6  septembre  — .  Avec  la  municipalité,  il  proteste  contre  la 

lâche  accusation  publiée  contre  Dietrich,  Levrault  et 
Noisette,  d'avoir  été  les  instigateurs  d'une  tentative 
d'assassinat  contre  le  cardinal  de  Rohan . 
14  novembre  —  Elu  notable  ;  il  logeait  alors  près  de  l'église 
de  Saint-Pierre-le-Jeune,  dont  il  était  préposé  laïc  de 
la  paroisse.  Dans  cette  même  année,  il  est  nommé 
directeur  de  la  régie  nationale  de  Tenregistremeiit  à 
Strasbourg. 

7  février  1792.  Avec  les  amis  de  la  Constitution,  il  quitte  le 

Miroir  pour  aller  à  l'Auditoire. 

27  avril  — .  Il  y  prononce  un  discours  éloquent  et  patrio- 
tique, et  dépose  sur  le  bureau  un  bon  nombre  de 
pièces  d'or  pour  contribuer  aux  frais  de  la  guerre. 

3  juillet — .  Signataire  de  l'adresse  de  la  municipalité  à 
FAssemblée  nationale,  demandant  la  poursuite  et  la 
punition  des  auteurs  de  la  journée  du  20  juin. 

9  août — .  On  l'a  toujours  considéré  comme  le  rédacteur 
de  l'adresse  envoyée  au  roi  par  la  municipalité  de 
Strasbourg,  laquelle,  au  lieu  d'être  remise  au  prési- 
dent de  l'Assemblée  nationale  avec  celle  destinée  aux 
législateurs,  tomba  entre  les  mains  du  député  Rûhl, 
qui  n'en  fit  aucun  usage. 

22  — .  Maintenu  notable  par  Camot,  Prieur  et  Ritter. 

2  septembre  — .  Délégué  par  la  sixième  section  de  la  ville 
pour  assister,  à  Haguenau,  à  l'élection  des  députés  à 
la  Convention  nationale.  Il  a  brigué  la  présidence  du 
du  bureau.  C'est  l'évêque  Brendel  qui  l'a  emporté  ; 
mais,  quand  il  s'est  agi  de  nommer  les  deux  députés 
suppléants,  c'est  lui  et  Noisette  qui  furent  élus  à  une 
forte  majorité  ;  seulement  ils  n'ont  jamais  siégé  à  la 
Convention. 

6  décembre  — .  Elu,  pour  la  dernière  fois,  notable  de  la 

commune. 
18  janvier  1793.    Il  est  suspendu  provisoirement  comme 
notable,  sans  pouvoir  être  réélu,  jusqu'à  ce  que  la 
Convention  nationale  en  ait  autrement  prononcée. 


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544  REVUE  D* ALSACE 

28  —  .  Révoqué  directeur  de  la  régie  de  renregistremeïit  et 
déporté,  de  Strasbourg,  à  dix  lieues  des  frontières.  Il 
se  retira  à  Rothau  et  fut  remplacé  par  Laveaux. 

20  février  — -.  Bentabole,  en  apprenant  cette  nouvelle,  écrit 
aussitôt  à  Monet  : 

Je  viens  d'apprendre  que  les  commissaires,  renforcés  par  les 
deux  nouveaux  arrivés,  avaient  enûn  pris  un  parti  décisif  vis^- 
vis  de  Tlioroassin  et  adhérents,  non  seulement  en  destituant  celui- 
ci.  mais  en  expulsant  de  Strasbourg  toute  cette  séquelle.  J'en 
suis  enchanté  et  j'y  applaudis,  ainsi  qu'à  la  nomination  de 
Laveaux. 

7  mars  — .  Témoin  à  décharge,  à  Besançon,  dans  l'affaire 
du  maire  Dietrich. 

17 —.  Il  est  à  Paris  et  se  présente  à  la  barre  de  la  Conven- 
tion nationale,  pour  réclamer  contre  les  destitutions 
et  déportations  faites  à  Strasbourg.  Il  cherche  à  prou- 
î  ver  que,  dans  cette  circonstance,  les  représentants 

Dentzel  et  Couturier  ont  outrepassé  leurs  pouvoirs. 
Ils  ont  destitué  un  père  de  famille  des  fonctions  d'ac- 
cusateur public  pour  les  donner  à  un  prêtre  allemand, 
depuis  dix-huit  mois  seulement  dans  le  pays,  et,  sau- 
riez-vous  croire  que  le  premier  magistrat  d'une  ville 
•  aussi  importante  que  Strasbourg,  le  maire,  est  un 

jeune  Savoyard  d'à  peine  vingt-cinq  ans,  qui  n'a  pas 
même  l'âge  voulu  par  la  loi. 

Appuyé  dans  sa  démarche  par  la  pétition  présentée 
en  même  temps  à  la  Convention  par  Liebich  et  Lauth, 
au  nom  des  douze  sections  de  Strasbourg,  ayant  de 
plus  le  concoui*s  assuré  du  vieux  député  Rûhl,  qui 
approuvait  l'adresse  et  partageait  entièrement  les 
idées  que  fit  valoir  Thomassin,  la  Convention  donna 
à  ce  dernier  pour  un  moment  gain  de  cause,  en 
ordonnant  le  retour  des  déportés,  le  renvoi  des  fonc- 
tionnaires nouvellement  nommés  par  Couturier  et 
Dentzel,  et  le  rappel  à  Paris  de  ces  derniers. 
3  avril  — .  Teterel  et  Kienlin  se  présentent  à  la  Convention, 

j  au  nom  de  la  commune,  et  demandent  le  rapport  des 

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I.KS   HOMMES   DE   LA   RÉVOLT^TION  545 

décrets  des  17  mars  et  1"  avril  1793,  disant  que  le 
sang  était  prêt  à  couler  à  Strasbourg,  si  les  mesures 
qu'ils  proposaient  n'étaient  point  adoptées,  ajoutant  : 
l/Assemblée  doit  soutenir  ceux  qui  ont  actuellement  le  dessus 
par  les  soins  de  Couturier  et  de  Denlzel. 

De  ce  moment,  il  s'en  suivit  un  tiraillement  à  la 
Chambre  entre  les  deux  partis,  et  c'est  celui  des  sec- 
tions et  de  Thomassin  qui  succomba. 
7  juin  — .  A  la  réunion  privée  des  trois  corps  administratifs, 
son  incarcération  au  Séminaii'e  fut  décidée  et,  à  cette 
occasion,  Schneider  dépose  les  faits  suivants  : 

Thomassin,  qui  appartient  à  ma  section,  était,  avant  1789, 
huissier,  puis  avocat  et  flnalement  employé  à  Tlntendance.  Au 
commencement  de  la  révolution,  après  avoir  été  zélé  patriote, 
ennemi  juré  du  parti  clérical,  il  changea  d'allure  et  devint  Tan- 
tagoniste  le  plus  acharné  de  la  Société  populaire  qu'il  avait  aidé 
à  fonder.  Gratuitement  il  accorda  aux  prêtres  l'église  des  Petits 
Capucins  à  Strasbourg. 

Serviteur  dévoué  de  Dietrich,  il  aurait  bien  voulu  amener  le 
Conseil  à  déclarer  par  un  vote  que  la  municipalité  n'a  aucune 
part  aux  plaintes  envoyées  à  Paris  au  ministre  Roland,  contre 
l'ancien  maire,  et,  quand  un  notable  s'opposa  à  ce  vote,  Thomas- 
sin tomba  dans  une  telle  fureur  que  l'opposant  courut  la  chance 
d'être  étranglé  ou  de  sauter  par  la  fenêtre.  C'est  lui  qui  rédigea 
la  pétition  demandant  la  suppression  des  Sociétés  populaires. 

Défenseur  de  l'adresse  du  9  août  1792,  qui  menaçait  de  briser 
les  liens  qui  rattachent  Strasbourg  à  la  France,  si  l'on  enlevait  au 
tyran  la  moindre  partie  de  ses  droits. 

A  la  municipalité,  il  s'opposa,  les  i3  et  14  suivant,  à  la 
déchéance  du  roi  Louis  XVI,  et  à  l'appel  d'une  nouvelle  Conven- 
tion, qui  ne  peut  germer  que  dans  la  tête  des  factieux.  Il  refusa 
de  reconnaître  les  pouvoirs  des  commissaires  Carnot,  Prieur  et 
Ritter,  qui  étaient  en  route  de  Paris  ;  comme  un  exalté  il  parcou- 
rait la  mairie,  disant  en  présence  de  Dietrich,  Laurent,  May  no  et 
de  moi-même  :  «  Non!  Strasbourg  doit  tenir  ferme.  On  voit  main- 
tenant que  les  feuillants  avaient  raison,  quand  ils  demandaient 
la  Constitution  et  l'entière  Constitution.  > 

11  eût  été  heureux  de  faire  nommer  Dietrich  à  la  députation, 
et  proposa  à  Haguenau  d'admettre  au  scrutin  de  vote  tout  électeur, 
quand  même  il  n'aurait  pas  prêté  le  serment  exigé. 

Roland  et  Clavière,  qui  attendent  leur  jugement,  furent  ses 
protecteurs. 

C'est  pour  toutes  ces  raisons  qu'il  fut  suspendu  deux  fois. 
Nouvelle  Série  —  fi*  Année  •^•^> 


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546  REVUE  d'alsack 

14  octobre  — .  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin 

ordonne  qu'il  sera  gardé  à  vue  à  Rothau. 
24  avril  1794    La  Convention  nationale  demande  à  la  Société 

populaire  de  Strasbourg  des  renseignements  sur  les 

députés  suppléants  du  Bas-Rhin,  une  place  vacante 

étant  à  remplir.  On  répond  :  Thomassin  est  émigré 

et  les  deux  autres  en  prison. 
1798.  Directeur  delà  régie  des  domaines,  fonctions  qpi'il 

occupa  sous  TEmpire  et  la  Restauration. 
26  mars  1802.  Membre  du  Conseil  général  du  Bas-Rhin. 

Il  est  mort  dans  sa  propriété,  rue  des  Veaux,  ancien 

no  18,  à  Strasbourg. 

THOMASSIN. 

1789.  Chirurgien-major  au  régiment  d'Artois  cavalerie  à 
Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 

lution, devenue,  dès  le  11  février,  celle  des  amis  de  la 
Constitution. 

TISSERAND  (D.-F.). 

1789.  Employé  à  la  loterie  de  Strasbourg. 

31  janvier  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 
stitution. Second  commis  à  la  comptabilité  du  Direc- 
toire du  Bas-Rhin. 

7  février  1792.  Il  est  à  l'Auditoire  avec  les  amis  de  la  Consti- 

tution, jusqu'au  jour  de  la  fermeture  de  la  salle,  le 
27  juin  suivant. 
18  avril  1793.  Nestlin,  dans  sa  dénonciation  aux  jacobins, 
ajoute  en  post-scriptum  : 

Il  faut  que  je  vous  remarque  que  le  frère  de  Tisserand  loge 
depuis  quelques  jours  chez  son  frère  du  Conseil  général,  dont  j'ai 
longtemps  demandé  la  suspension. 

TREUTTEL  (Jean-Georges). 

Avant  1789.  Imprimeur-libraire,  Grand'rue,  à  Strasbourg, 
plus  tard,  rue  des  Serruriers. 

8  février  1790.  Proposé  pour  la  municipalité. 


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LES  HOMMES  DR  LA  RÉVOLUTION  547 

1791 .  Editeur  du  Courrier  politique  et  littéraire  des  deux 
nations,  rédigé  par  Laveaux. 

31  mars  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. Il  lui  fait  hommage  de  plusieurs  exemplaires 
de  récrit  :  Sur  la  Constitution  civile  du  clergé,  par 
Charrier  de  la  Roche. 

7  février  1792.  Avec  les  feuillants,  il  est  à  TAuditoire  jusqu'à 
la  fermeture  de  la  salle,  au  27  juin  suivant. 

18  janvier  1793.  Couturier,  Riihl  et  Dentzel  le  nomment 
notable. 

3  octobre  — .  Destitué  comme  aristocrate  par  Guyardin  et 
Milhaud. 

14  ->.  Le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin  ordonne 
son  éloignement  à  vingt  lieues  des  frontières  d'Al- 
sace; il  sera  tenu  d'indiquer  sa  résidence. 

31  — .  Imposé  par  Saint-Jus t  et  Lebas  à  100,000  livres.  Il  fit 
offrir  par  son  beau-frère  et  associé  Wûrtz  les  10,000 
livres  que  renfermait  sa  caisse,  espérant  qu'après 
vérification  de  sa  fortune  par  une  Commission  à 
nommer,  il  obtiendrait  décharge  des  autres  90,000 
livres;  mais  Schneider  s'y  opposa  avec  acharnement. 

7  novembre  — .  Il  verse  10,000  et  le  11, 8600  livres  à  valoir, 

12  — .  Ses  papiers  sont  mis  sous  scellés. 

15 — .  Les  scellés  sont  levés  et  aucun  objet  suspect  n'est 
trouvé.  Le  Comité  de  sûreté  générale  arrête  qu'en 
considération  de  son  égoïsme  et  de  son  peu  de  zèle 
pour  la  révolution,  si,  dans  le  délai  de  trois  jours,  il 
n'a  pas  satisfait  à  sa  contribution,  sa  famille  et  notam- 
ment sa  femme  seront  mises  en  arrestation. 

21  —  .  La  famille  est  arrêtée. 

22— .  Il  réclame.  Le  Comité  passe  outre. 

25  — .  n  insiste  de  nouveau.  On  décide  qu'il  paiera  la  con- 
tribution entière,  en  lui  accordant,  pour  dernier  délai, 
le  1«'  décembre  prochain. 

28 — .Le  Comité  rejette  ses  nouvelles  réclamations.  Le 
même  jour  il  fait  un  troisième  versement  de  28,000 
livres,  soit  en  tout  46,600  livres. 


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548  REVUE  d'alsace 

Treuttel  en  était  là,  lorsque,  pour  comble  dlnfor- 
tune,  son  associé  Wûrtz  fut  aussi  mis  en  prison. 
Pendant  six  mois  la  librairie  et  nmprimerie  furent 
sans  chef  et  à  l'abandon. 

5  décembre  — .  Les  représentants  Hentz  et  Goujon,  étant 

arrivés,  ordonnèrent,  quelque  temps  après,  la  rentrée 
du  solde  dû  sur  l'emprunt  du  31  octobre  1793. 

23  juillet  1794.  Lh  Directoire  du  district  de  Strasbourg  en- 
joint aux  officiers  municipaux  d'encaisser,  sous  leur 
responsabilité  personnelle  et  individuelle,  dans  le 
délai  de  huit  jours,  les  4,798,337  livres  restant  à  verser 
sur  10,600,000  livres  décrétées  par  Saint-Just  et  Lebas. 

31  — .En  conséquence,  Treuttel  fut  touché  de  l'avis  suivant  : 

Voici  deux  jours  que  les  riches  soumis  à  la  taxe  révolutionnaire 
imposée  par  les  représentants  du  peuple  ont  été  sommés  d'en 
achever  le  paiement,  en  vertu  de  Tarrété  des  représentants  du 
peuple  Hentz  et  Goujon;  tu  n'y  as  point  satisfait;  la  décade  écou- 
lée, il  sera  pris  contre  toi  les  mesures  portées  par  Tarrêté  des 
représentants  du  peuple. 

Août  1794.  La  chute  de  Robespierre  et  l'arrivée  du  repré- 
sentant Foussdoire,  mirent  à  leur  aise  les  cent  quatre- 
vingt-douze  contribuables,  qui  devaient  fournir  ce 
complément. 

6  septembre  — .  Treuttel  réclame  auprès  de  la  Convention 

nationale  la  restitution  des  100.000  livres,  auxquelles 
il  a  été  taxé  par  Saint-Just  et  Lebas  ; 

Somme  à  laquelle,  dit-il,  se  serait  à  peine  élevée  toute  sa  pro- 
priété, en  estimant  même  la  valeur  qu'avaient,  avant  la  révolution, 
ses  marchandises  de  librairie,  qui  sont  devenues  immobiles  dans 
ses  magasins. 

Sa  réclamation,  comme  tant  d'autres,  resta  dans  les 
archives  de  la  Convention. 

Etienne  Barth. 
(La  smU  a  la  prochaine  livraison.) 


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DEUX  LEHRES  INEDITES  DU  PASTEUR  OBERLIN 


\  LA 


BIBLIOTHÈQUE  DE  NANCY 


Strasbourg,  9  Bmmuire,  Tan  4  de  la  Rép.  u.  ind. 

Cit.  représentant, 

J'ai  reçu  avec  bien  de  la  reconnaissance  le  très  intéressant 
rapport  de  votre  collègue  sur  la  navigation.  Il  m'a  fait  le 
plus  sensible  plaisir.  Puisse  la  législature  être  plus  heureuse 
que  la  Convention  n'a  été.  Puisse-t-elle  s'occuper  de  pareils 
objets  salutaire;),  plus  que  de  prétendre  à  prouTer  par  nos 
malheurs,  que  les  François  sont  les  Dominateurs  de  la  terre l 

Auriez-vous  cru  que  Monet  et  Teterel,  les  deux  cruels 
tyrans  de  Strasbourg,  qui  ont  renversé  tous  les  établissements 
d'instruction,  enfermé  la  moitié  de  nos  citoyens,  dévasté  les 
monuments,  fait  briser  les  monuments  de  la  cathédrale, 
osassent  jamais  se  montrer  de  nouveau  chez  nous!  Eh  bien! 
ils  Tiennent  d'arriver  dans  l'espérance,  dit-on,  d'être  replacés 
par  le  pouvoir  exécutif. 

Au  nom  de  Dieu  !  parlez-en  au  citoyen  Bailly,  auquel  je 
vou^prie  de  présenter  mes  respects;  délivrez-nous  de  cette 
engeance. 


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550  REVUE  D* ALSACE 

J'o8€  VOUS  recommander  les  jeunes  gens  qui  reviennent 
de  la  caplivilé  et  qui  sont  en  état  d'instruire.  C'est  pour  cet 
objet  quMI  faut  les  mettre  en  réquisition,  si  l'on  vent  sérieu- 
sement que  la  barbarie  ne  fasse  d'ultérieurs  progrès.  Il  fiiut 
des  instituteurs  si  Ton  veut  que  la  jeunesse  apprenne.  Et  si 
les  jeunes  gens  dont  je  vous  parle,  ne  sont  employés  bientôt 
de  cette  manière,  ils  oublieront  eux-mêmes  ce  qu'ils  ont 
appris  et  ne  seront  plus  bons  à  rien.  Adieu,  cher  Grégoire, 
je  vous  embrasse,  je  ne  plaide  pas  seulement  la  cause  de  mon 
fils  unique,  mais  celle  de  la  littérature,  de  l'enseignement,  de 
l'instruction.  Nous  avons  vandalisé  assez  longtemps. 

Adieu,  Oberlin. 
.Va  citoyen  Grégoibb,  député  à  la  Législature. 


II 

Strasbourg,  ce  iS  frimaire  an  XI. 

A  la  fin,  citoyen  Législateur  ',  je  me  vois  en  élat  de  répondre 
à  votre  honorable  invitation.  J'étois  absent,  lorsque  M.  votre 
fils  (si  je  ne  me  trompe)  remit  chez  moi  le  paquet  contenant 
le  discours  que  vous  prononçâtes  à  la  fête  de  l'inauguration 
du  buste  du  premier  Consul,  célébrée  par  la  Société  que  vous 
présidez,  et  le  procès-verbal  de  mon  aggrégation.  Revenu  sur 
la  fin  de  Vendémiaire,  d'une  excursion  faite  en  Allemagne, 
je  tombai  malade;  je  sors  enfin  de  cette  crise  et  je  me  hftte 
de  vous  témoigner  toute  ma  reconnaissance  pour  l'honneur 
que  me  fait  la  Société  libre  de  Nancy.  Je  tâcherai  de  m'en 
rendre  digne  par  la  suite.  Veuillez,  Monsieur,  présenter  mes 
respectueux  hommages  à  la  Société  et  agréer  l'assurance 
de  mon  parfait  dévouement, 

Oberlin. 

'  Le  citoyen  Mollevaul? 


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DEUX  LETTRES  INÉDITES  551 

La  bibliothèque  de  Nancy  possède  également  une  d3  ces  maximes 
imprimées  que  le  pasteur  Oberlin  aimait  tant  à  distribuer  (0,10  sur  0,08). 
La  date  et  les  initiales  sont  seules  de  sa  main  : 


UNE 

CHOSE  EST  NÉCESSAIRE. 

MARIE 

A 

CHOISI  LA  BONNE  PART 
ET 

ET.T.K 

NE 

LUI  SERA   POINT  OTÉE. 
LVC    X 

Au  verso  :  Cit.  F.  G,  et  Mad.  Bern 

B.  m.  a.  ^  1808,  août  23. 

((Jommunication  de  M.  A.  Benoit.) 


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BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE 


L'ancienne  Alsace  à  table.  —  Etude  historique  et  archéologique 
sur  l'alimentation,  les  mœurs  et  les  usages  épulaires  de  rancienne  pro- 
vince d'Alsace,  par  Charles  Gérard,  avocat  à  la  Cour  d'appel  de 
Colmar  et  ensuite  de  Nancy.  —  2«  édition.— Paris.  Berger-LevrauU  et 
C«,  éditeurs,  5,  rue  des  Beaux-Arts,  1877.  1  vol.  gr.  in-S^  de  vi-362  p. 
—  Se  trouve  aussi  dans  les  principales  librairies  d'Alsace-Lorraine, 
notamment  chez  MM.  Noiricl  à  Stra^ourg  et  Eug.  Barth  ù  Colmar.  — 
Prix  :  8  francs. 

Quand  ce  livre  arrivait  au  jour,  son  auteur  descendait  dans 
la  tombe,  victime,  lui  aussi^  comme  tant  d'autres,  de  Tannexion 
de  l'Alsace  à  l'Allemagne.  La  Eevue  doit  à  cette  belle  intelli- 
gence des  regrets,  dont  l'expression  ne  saurait  s'élever  à  la 
hauteur  de  l'affliction  que  cette  mort  lui  inflige.  C'est  dans  la 
Berne  que  parurent,  du  commencement  de  l'année  1853  jus- 
qu'à, la  fin  de  l'année  1859,  les  onze  chapitres  qui  forment, 
non  la  deuxième,  mais  la  troisième  édition  d'un  travail  con- 
sidérable consacré  à  l'une  des  faces  les  plus  intéressantes  de 
la  vie  alsacienne.  Le  directeur  de  la  Bévue  a  assisté  à  toutes 
les  phases  de  ce  laborieux  et  brillant  enfantement.  Il  en 
connaît  les  douleurs  et  les  joies,  parce  qu'il  les  a  partagées 
avec  celui  qui  n'est  plus.  Elles  sont  dissimulées  tout  entières 
dans  l'interruption  du  travail  pondant  les  quatre  années  qui 
séparent  l'année  1858,  oii  parut  le  premier  chapitre,  de  l'année 
1858  de  la  Bévue,  où  parut  le  second,  pour  continuer  alors, 
sans  relâche,  jusqu'à  la  fin  de  la  course,  que  l'auteur  jugea 
suffisamment  longue,  mais  qu'il  aurait  pu  continuer  quelque 
temps  encore. 


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BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE  558 

Nous  nous  expliquons  en  laissant  parler  Gérard  lui-môme  : 
«  L'art  de  nourrir  le  genre  humain  est  un  art  louable  et 
son  histoire  ne  mérite  point  les  dédains  que  les  hommes  graves 
affectent  d'avoir  pour  ce  sujet.  0  penseurs  éthérés!  que  vous 
auriez  raison  d'être  si  superbes,  si  vous  ne  viviez  que  dans 
les  pures  régions  de  l'idéal  !  0  hommes  austères  !  que  vos 
mépris  seraient  édifiants,  si  vous  consentiez  à  ne  pas  dîner 
ou  si,  tout  au  moins,  je  pouvais  me  persuader  que  votre  nature 
contemplative  préfère  une  collation  frugale  à  un  dîner  savant 
et  bien  ordonné!  Quand  je  vous  verrai  cette  force  d'âme^  je 
croirai  que  le  spectacle  des  variations  de  la  philosophie,  des 
religions  et  des  empires,  vous  séduit  autant  que  le  tableau  des 
variations  de  l'art  culinaire.  Quand  je  vous  verrai  tirer  de  la 
cendre  de  votre  foyer  la  racine  qui  a  fait  la  gloire  de  Curius 
Dentatus,  je  conviendrai  que  la  vertu  vous  soutient  plus  que 
la  bonne  chère.  Mais,  tant  que  vous  me  paraîtrez  plus  friands 
des  œuvres  de  Véry  que  de  celles  de  Leibnitz,  et  que  vous 
savourerez  plus  doctement  les  morceaux  délicats  inventés  par 
Carême,  que  les  morceaux  oratoires  de  Cicéron  et  de  Bossuet, 
permettez -moi,  6  hommes  graves,  de  croire  qu'il  ne  vous 
déplaît  point  de  jeter,  à  la  dérobée,  un  regard  curieux  sur  ces 
feuilles  qui  sont  ta  meilleure  part  de  l'histoire  de  nos  pères. 
Rien  ne  vous  empêchera,  après  les  avoir  lues,  de  vous  croire 
toujours  aussi  graves  que  devant.  » 

Puis  il  ajoute  :  «  Reprenons  notre  sujet  au  point  oh  nous 
l'avons  laissé  »,  et  il  le  reprend  par  le  pâté  de  foie  gras  pour 
le  conduire,  désormais  sans  entrave  morale,  à  travers  les 
mille  ressources  culinaires  dont  les  recherches  et  l'étude  lui 
ont  dévoilé  l'emploi  ;  il  le  reprend  à  la  satisfaction  des  hommes 
graves  qui  l'avaient  un  moment  fait  hésiter  ;  il  le  reprend 
avec  amour  et  prouve  que  la  vie  vulgaire  est  une  mine  féconde 
en  enseignements  de  tous  les  genres,  que  l'alimentation  en 
est  une  des  faces  intéressantes,  quand  un  esprit  comme  le 
sien  ne  dédaigne  pas  de  l'étudier  et  d'en  mettre  en  relief  les 
originalités;  il  le  reprend  enfin  pour  donner  à  notre  littéra- 
ture alsacienne,  presque  sans  le  voir,  un  de  ses  monuments 
les  plus  appréciés  et  les  plus  dignes  de  l'être. 


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554  REVUE  d'alsâce 

Mais  il  n'y  a  pas  que  V ancienne  Alsace  à  table  qui  fera  vivre 
la  mémoire  de  cette  intelligence  d'élite.  Ses  Artistes  (2  vol.) 
et  sa  Faune  historique  de  V Alsace  (1  vol.)  sont  des  œuvres 
d'initiation  du  plus  grand  mérite.  On  voudrait  les  voir  dans 
la  main  de  tous  les  jeunes  hommes  qui  aiment  leur  pays;  elles 
les  conduiraient  dans  les  voies  locales  de  l'étude  et  de  la 
science,  et  susciteraient  de  nouveaux  ouvriers  à  la  vie  intel- 
lectuelle de  l'Alsace,  pour  remplacer  les  anciens,  dont  la 
mort  ne  cesse  de  décimer  les  rangs. 

Nous  n'ajouterons  plus  rien,  car  il  ne  s'agit  que  de  biblio- 
graphie. Un  ami,  un  confrère  de  M.  Gérard  nous  parlera  pro- 
chainement de  cette  personnalité  distinguée,  dans  le  monde 
littéraire  comme  au  barreau  de  l'Alsace. 

Dictionnaire  topographique  de  la  Haute-Alsaoe,  contenant 
les  noms  de  lieux  anciens  et  nouveaux,  publié  sous  les  auspices  de 
la  Société  industrielle  de  MiUhmise,  par  M.  George  Stoffel.  —  2«  édi- 
tion. —  Mulhouse,  imprimerie  V«  Bader  et  C«,  1877.  1  vol.  in-4«  de 
xLvn-691  p.  —  Chez  Eug.  Barth,  libraire  à  Colmar,  et  dans  les  princi- 
pales librairies  d'Alsace.  —  Prix  :  fr.  22.50. 

Voici  un  livre  dont  il  serait  embarrassant  de  parler,  si  Ton 
n'était  pas  décidé  à  en  dire  tout  le  bien  que  l'on  pense.  Ce 
livre  ne  saurait  couvenir  aux  personnes  qui  n'achètent  ou 
n'empruntent  «  des  bouquins  »  —  c'est  le  terme  familier  à 
cette  catégorie  de  lettrés  —  que  pour  amuser  l'esprit  et  tuer 
le  temps,  en  attendant  que  celui-ci  prenne  sa  revanche.  Non, 
ce  livre  n'a  rien  à  démêler  avec  la  littérature  courante  ;  il 
procède  d'une  source  différente,  il  est  d'une  autre  famille. 
Nous  ne  risquons  même  pas  d'être  contredit  en  écrivant  qu'il 
est  unique  dans  son  genre.  Le  Haut-Rhin  a  la  bonne  fortune 
de  lui  avoir  donné  le  jour  et  d'en  être  exclusivement  l'objet. 
Sa  genèse  même  intéresse  l'histoire  littéraire  du  pays. 

Eu  l'année  1835,  un  jeune  homme  des  environs  de  Colmar 
débute  dans  la  vie  par  son  entrée  dans  l'administration  dépar- 
tementale. Doué,  au  plus  haut  degré,  du  sentiment  de  la  curio- 
sité, il  rencontre  dans  les  pièces  qui  passent  entre  ses  mains 
des  noms  bizarres,  des  appellations  singulières,  que  de  jeunes 


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BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE  555 

intelligences  retiennent,  mais  dont  les  esprits  paresseux  ou 
indifférents  ne  cherchent  pas  à  se  rendre  compte.  Sans  autre 
guide  que  sa  perspicacité  native,  M.  Stoffel  recueille  pour  lui 
seul  ces  bizarreries,  ces  noms  hétéroclites,  ces  appellations 
singulières.  Il  pressentait  que,  s  ous  ces  particularités  latines, 
franco -romanes,  gallo-teutonnes,  il  y  avait  quelque  chose 
d'inconnu  à  découvrir,  et  son  ardeur  grandissait  en  propor- 
tion de  Fabondance  de  la  récolte  qu'il  opérait  chaque  jour.On 
ne  se  livre  pas  à  un  labeur  de  cette  nature  sans  que,  de  temps 
à  autre,  un  rayon  de  lumière  ne  vienne  éclairer  la  besogne 
faite,  stimuler  l'intelligence  et  la  guider  pour  la  besogne  qui 
reste  à  faire.  Deux  années  écoulées  dans  ce  travail  personnel 
et  silencieux  avaient  quelque  peu  étendu  l'horizon  du  curieux, 
du  chercheur,  du  pionnier  de  la  science. 

Il  s'en  ouvrit  à  quelques  amis  qui  étaient  en  situation  de 
favoriser  efficacement  ses  recherches.  C'est  alors  seulement 
qu'elles  prirent  une  étendue  considérable.  Les  archives  du 
Haut-Rhin,  celles  de  la  ville  de  Colmar  et  des  communes  du 
département,  devinrent  son  champ  d'exploration.  M.  Dietrich, 
M.  Frantz,  M.  Mossmann,  M.  Stœber  et  d'autres  ne  man- 
quèrent pas  de  glaner  un  peu  partout  en  faveur  de  leur  ami 
et  de  lui  apporter,  comme  l'abeille  le  miel  h  la  ruche,  tout  ce 
qu'ils  parvenaient  à  recueillir. 

Lorsqu'en  1859,  le  monde  officiel  fut  invité  à  s'occuper  de 
la  topographie  des  Gaules,  M.  Stoffel  avait  en  mains  des  maté- 
riaux considérables  pour  établir  celle  de  l'ancienne  Séquanîe 
extérieure;  mais  il  se  borna  à  fournir  au  travail  commun 
quelques  données  certaines,  qui  vinrent  se  noyer  dans  l'opé- 
ration exécutée  pour  le  maître.  Ces  matériaux  demeurèrent 
donc  lettre  morte,  excepté  pour  lui  et  quelques  amis.  Cepen- 
dant l'impulsion  venue  de  haut  devait  porter  quelques  fruits 
dans  un  monde  dressé  à  ne  se  mouvoir  que  sous  la  pression 
des  ficelles  mises  en  jeu  par  les  machinistes  souverains. 

Le  ministre  de  l'instruction  publique  mit  à  l'ordre  du  jour 
la  topographie  des  départements,  et  M.  Stoffel  livra  de  bonne 
grâce  la  crème  de  ses  recherches,  qui  eut  les  honneurs  de 
l'impression  par  l'usine  de  l'Etat.  En  1868,  le  monde  littéraire 


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556  RKVUE  d'alsâcë 

de  l'Alsace  fut  mis  en  possession  du  Dictionnaire  topogra- 
phique du  Haut-Ehin,  in-4*,  de  260  pages,  et  d'une  exécution 
artistique  irréprochable. 

Ce  volume  frappa  les  esprits  par  la  nouveauté  de  ce  qu'il 
contenait.  On  y  vit  généralement  comme  une  invitation  aux 
travailleurs  de  recourir  aux  sources  indiquées,  si  toutefois  on 
ne  trouvait  pas,  dans  les  brèves  citations  empruntées  à  ces 
sources,  tout  ce  que  l'on  aurait  voulu  y  trouver;  et  comme  en 
général  on  n'aime  guère  que  la  besogne  faite,  le  livre  n'eut 
qu'un  succès  d'estime;  mais  ce  succès  devait  grandir  avec  le 
temps,  qui  consolide  les  œuvres  reposant  sur  de  solides  bases. 
L'épuisement  de  la  première  édition  devait  donc  engager 
l'auteur  h  en  faire  une  seconde,  dans  laquelle  entrerait  tout 
ce  qui  n'avait  pas  été  donné  à  la  première  et  tout  ce  qui 
avait  été  recueilli  dans  l'intervalle. 

On  ne  s'attend  certes  pas  à  ce  que  nous  procédions  ici  à 
une  analyse  des  matières  que  contient  un  in-4°  de  plus  de 
700  pages,  imprimées  sur  deux  colonnes.  Une  indication  géné- 
rale suflSra  pour  en  donner  une  idée  aux  personnes  qui  n'ont 
pas  encore  eu  l'occasion  de  le  compulser. 

Ce  splendide  recueil  contient  tous  les  noms  de  nos  com- 
munes de  l'ancien  département,  tous  les  noms  des  villages  qui 
n'existent  plus,  tous  les  noms  de  lieux  donnés  ou  conservés 
aux  cantons  formant  le  ban  de  chacune  de  ces  localités,  tous 
les  noms  des  forêts,  rivières,  marais,  étangs,  fontaines, 
pâturages,  usines,  châteaux,  églises,  chapelles,  pèlerinages, 
chemins,  routes,  sentiers,  etc.,  etc.;  et,  ce  qui  est  surtout 
précieux,  il  contient  les  innombrables  transformations  que 
ces  noms  ont  subies  à  travers  les  âges,  avec  la  date  et  l'indica- 
tion des  pièces  sur  lesquelles  ces  noms  et  leur  transformation 
ont  été  relevés.  Le  tout  est  classé  dans  l'ordre  alphabétique 
le  plus  rigoureux,  de  sorte  que  la  recherche  de  ce  que  l'on 
désire  vérifier  ou  étudier  se  fait  très  facilement  et  sans  perte 
de  temps. 

Au  point  de  vue  de  l'administration  générale  et  surtout  de 
l'administration  communale,  ce  recueil  est  d'une  utilité  incon- 
testable.  Au  point  de  vue  des  questions  litigieuses,  il  peut 


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BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE  667 

encore  être  très  utile,  en  ce  qu'il  fournit  aux  parties  intéres- 
sées des  renseignements  exacts  sur  des  titres  qui  existent  et 
qui  peuvent  être  du  plus  haut  intérêt  pour  ceux  qui  plaident 
et  ceux  qui  jugent. 

Au  point  de  vue  de  l'histoire  du  pays,  nous  plaçons  le  livre 
de  M.  StolBFel  au  premier  rang  de  nos  instruments  de  travail. 
C'est  dans  les  matériaux  de  ce  livre  que  le  chercheur  décou- 
vrira la  lumière  destinée  h  le  guider  sûrement  dans  l'étude 
de  nos  origines  ;  c'est  dans  ce  livre  qu'il  trouvera  les  traces 
profondes  des  diverses  dominations  politiques  subies  par  le 
pays  ;  c'est  dans  ce  livre  qu'il  puisera  des  informations  cer- 
taines pour  compléter  la  liste  des  hameaux,  vill^es,  forte- 
resses, châteaux,  églises  et  autres  établissements  qui  ont 
disparu  et  dont  la  tradition  n'a  même  pas  gardé  le  souvenir  ; 
c'est  dans  ce  livre  enfin  que  le  travailleur  sérieux  trouvera  le 
moyen,  par  l'indication  scrupuleuse  et  loyale  des  sources,  d'a- 
bréger le  temps  que  l'on  perd  en  cherchant,  souvent  en  vain, 
à  les  découvrir.  Ainsi,  le  dictionnaire  de  M.  Stoflfel  rendra  des  * 
services  inappréciables  à  tous  les  points  de  vue  que  nous 
avions  à  cœur  de  déterminer. 

La  publication  d'un  semblable  livre  est  un  acte  de  dévoue- 
ment. Indépendamment  du  travail  personnel  qui,  au  point  de 
vue  pratique,  devrait  compter  pour  quelque  chose,  une  aussi 
importante  publication  est  l'objet  d'une  dépense  considérable. 
Nous  doutons  que  le  nombre  des  personnes  qui  savent  appré- 
cier ces  sortes  de  travaux  soit  assez  grand  pour  laisser  à 
l'auteur,  obligé  de  se  faire  lui-même  éditeur,  la  chance  de 
couvrir  ses  déboursés.  Si  nous  faisons  franchement  cet  aveu, 
sans  y  être  aucunement  autorisé,  c'est  à  nos  risques  et  périls, 
fondés  sur  une  longue  et  réelle  expérience.  Il  est  vrai  que 
M.  Stofiel  n'a  entrepris  cette  grosse  aflFaire  que  sous  les  aus- 
pices d'une  société  qui  sait  discerner  et  donner  son  puissant 
appui  même  aux  œuvres  abstraites,  quand,  par  un  côté  quel- 
conque, elles  touchent  aux  règles  de  l'utilité.  Nous  sommes 
donc  sans  inquiétude  à  cet  égard,  et  c'est  une  raison  de  plus 
pour  nous  croire  obligé  de  recommander  spécialement  à  l'admi- 
nistration communale  et  au  public  de  la  Revue  d^ Alsace  le  Die- 
tionnaive  topographiqii^de  l'ancien  département  du  Haut-Rhin. 


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558  REVUE  D  ALSACE 

Bulletin  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Golmar,  16' 

et  i7«  années  (1875  et  1876).  —  Colmar,  imprimerie  de  V«  Decker, 
1877.  1  vol.  in-8o  de  468  p.  et  25  tableaux  d'observations  météorolo- 
giques. 

Ce  Bulletin  est  bien  rempli.  Les  travaux  qu'il  renferme  sont 
nombreux  et  variés.  Les  matières  scientifiques  continuent  à 
répondre  au  programme  que  les  fondateurs  ont  assigné  à  la 
Société,  et  l'on  voit  avec  satisfaction  que  les  études  tendent 
à  se  concentrer  de  plus  en  plus  sur  le  champ  des  explorations 
locales. 

Le  catalogue  des  hémiptères-hétéroptères  de  l'Alsace  et  de 
la  Lorraine,  les  insectes  nuisibles  de  l'Alsace  avec  un  aperçu 
des  insectes  utiles,  une  note  sur  le  papillon  Apollon  observé 
au  fond  de  la  vallée  de  Masevaux,  un  coup  d'œil  sur  la  végé- 
tation de  l'arrondissement  de  Schlestadt,  les  forêts  de  l'Alsace 
et  leur  exploitation,  la  perméabilité  des  roches  et  la  formation 
•  des  sources,  une  notice  sur  la  création  de  la  station  météoro- 
logique de  Cohnar,  avec  vingt-cinq  tableaux  exprimant  le 
résultat  des  observations  qui  y  ont  été  faites  et  qui  sont 
régulièrement  continuées,  tels  sont  les  principaux  travaux 
scientifiques  contenus  dans  ce  bulletin.  Leurs  auteurs  sont  : 
MM.  Ferd.  Reibeb  et  A.  Puton,  M.  l'abbé  Fbttig,  M.  H.  L., 
M.  N.  NiCKLÈs,  M.  Ch.  Grad,  M.  J.  Fessbnmayeb,  M.  Ch. 
Umber  et  M.  Ferd.  Hirn  pour  le  résumé  des  observations 
météorologiques  faites  au  Logelbach. 

On  trouve  encore  dans  ce  BuUetin  la  Clironique  des  mines 
de  Sainte-Marie,  de  Jean  Haubensack,  avec  une  excellente 
préface  historique  de  M.  J.  Dietrich;  sept  notices  biogra- 
phiques concernant  des  membres  décédés  de  la  Société,  par 
MM.  les  docteurs  Faudel  et  E.  Macker;  un  deuxième  sup- 
plément à  la  Bibliographie  alsatique,  comprenant  l'histoire 
naturelle,  l'agriculture  et  la  médecine,  la  biographie  des 
honmies  de  science  et  les  institutions  scientifiques  de  l'Alsace, 
par  M.  le  D'  Faudel,  et  enfin  une  notice  de  M.  Ch.  Grad  sur 
les  grottes  de  Cravanche  et  l'homme  préhistorique. 

Il  nous  aura  suffi  d'avoir  extrait  de  la  table  des  matières 


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BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE  559 

les  titres  de  ces  divers  travaux  pour  justifier,  aux  yeux  du 
lecteur,  ce  que  nous  disons  en  commençant  et  ce  que  nous 
répétons  pour  terminer  :  Le  Bulletin  de  la  Société  d'histoire 
naturelle  de  Colrnar,  pour  les  années  1875  et  1876,  est  bien 
rempli. 

Quelques-uns  de  ces  travaux  ont  été  l'objet  d'un  tirage  à 
part.  Ce  sont  : 

r  Coup  d'oeil  sur  la  végétation  de  l'arrondissement  de 
Schlestadt,  par  M.  N.  Nicklès,  de  Benfeld.  In-8*^  de  74  p. 

2**  Bibliographie  alsatique,  comprenant  l'histoire  naturelle, 
l'agriculture,  la  médecine  et  les  institutions  scientifiques,  par 
M.  le  D' Faudel.  In-8"  de  44  p. 

3*'  La  Chronique  des  mines  de  Sainte-Marie,  de  Jean  Hau- 
bensack,  par  M.  J.  Dietrich.  In-8°  de  22  p. 

4**  La  biographie  de  M.  Henri  Zsepffel,  ancien  président  de 
la  Société^  par  M.  Faudel.  In-8°  de  7  p. 

5**  La  biographie  de  M.  Henri  Schlumberger,  ancien  prési- 
dent de  la  Société,  par  M.  Faudel.  In-8^  de  12  p. 

6**  La  biographie  de  M.  Ch.  Traut,  par  M.  Faudel.  In-8°  de 
6  pages. 

T  La  biographie  de  M.  Miannée  de  Saint-Firmin,  ancien 
payeur  du  Trésor  à  Colmar,  par  M.  Faudel.  In-8**  de  7  p. 

8"*  La  biographie  de  M.  Victor  Robin,  ancien  ingénieur  civil 
des  mines,  par  M.  Faudel.  In-S'*  de  8  p. 

Q""  La  biographie  de  M.  Ch.  Kœnig,  ancien  horticulteur  et 
représentant  du  peuple  en  1848,  par  M.  Faudel.  In-8**  de  8  p. 
10°  La  biographie  de  M.  Henri  de  Peyerimhoff,  ancien 
magistrat ,  par  M.  le  D' Emile  Macker.  In-8°  de  16  p. 

M.  le  D' Faudel  est  secrétaire  de  la  Société  d'histoire  natu- 
relle. Il  a  eu  pour  collaborateurs,  dans  la  fondation  de  la 
Société  et  la  création  de  nos  collections  scientifiques,  les 
divers  membres  dont  il  a  eu  la  bonne  pensée  de  retracer  la 
vie  et  les  travaux,  et  à  la  mémoire  desquels  il  a  voulu  payer, 
au  nom  de  la  Société,  le  tribut  de  reconnaissance  qui  leur 
était  dû  Tous  les  membres  survivants  ne  peuvent  que  s'asso- 
cier fidèlement  à  l'œuvre  accomplie  et  à  la  pensée  qui  a  guidé 
l'auteur. 


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500  REVUE  D* ALSACE 

Chambre  de  oommeroe  de  Golmar.  --  Compte-rendu  des  tra- 
vaux delà  Chambre  depuis  le  i*'  janvier  1875 jusqu'au  31  décembre 
1876.  —  Colmar,  imprimerie  de  V«  J.-B.  Jung,  1877.  In-8<»  de  xxxi- 
63  p. 

Ce  compte-rendu  renferme  beaucoup  de  renseignements  sur 
les  diverses  questions  d'intérêt  public  dont  la  chambre  a  eu 
à  s'occuper  ou  au  sujet  desquelles  elle  a  eu  à  donner  son 
avis,  entr'autres  les  postes,  les  voies  navigables,  les  chemins 
de  fer,  les  douanes,  la  législation  commerciale  et  industrielle, 
et  enfin  l'administration  intérieure.  Ces  matières  forment  la 
première  partie  du  compte-rendu.  Un  appendice  ou  deuxième 
partie  contient  le  texte  d'une  délibération  de  la  commission 
chargée  de  répondre  aux  questions  formulées  par  le  HandeU- 
tag  le  21  octobre  1875.  Elle  est  suivie  d'une  lettre  du  prési- 
dent, M.  F.  Hartmann,  qui  nous  paraît  avoir  servi  de  base  à 
la  délibération  de  la  Chambre.  M.  Hartmann  traite  les  ques- 
tions à  un  point  de  vue  plus  général  et  plus  élevé.  On  sent,  à 
première  lecture,  la  haute  compétence  de  l'auteur  en  ces 
matières  et  son  aptitude  à  résoudre  les  difficultés.  Il  les  met 
en  relief  dans  un  langage  correct,  sobre  et  indépendant;  il 
n'hésite  pas  à  mettre  le  doigt  sur  la  plaie  et  à  dire  franche- 
ment sa  critique  et  son  remède.  En  voici  un  exemple  : 

<(  Ce  n'est  pas  sortir  des  questions  qui  nous  sont  posées 
que  d'exprimer  le  regret  que  le  gouvernement  allemand  ait 
méconnu  ces  tendances  unificatrices  (il  s'agit  des  traités 
de  commerce)  dans  la  question  monétaire,  qui  exerce  une 
influence  directe  sur  la  prospérité  du  commerce  et  de  l'in- 
dustrie, et  qui,  en  Alsace,  est  une  des  causes  de  leur  malaise. 
C'est  aujourd'hui  un  fait  incontesté  que  la  nouvelle  monnaie 
allemande  est,  pour  le  commerce  et  les  industries  qui  opèrent 
avec  l'Etranger,  une  cause  permanente  et  irrémédiable  d'é- 
puisement ;  qu'elle  semble  n'avoir  été  créée  que  pour  procurer 
aux  banquiers  des  bénéfices  abusifs  d'agiotage,  réalisés  au 
détriment  du  travail  national  sur  les  cours  respectif  des 
monnaies,  bénéfices  qui  eussent  été  évités,  si  le  gouvernement 
allemand  avait  adhéré  à  l'union  monétaire. 

«  Jje  malheur  en  cette  aifaireest  qu'on  a  voulu,  par  amour- 


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Bt}LLETIN    BIBLIOOBAPHIQUE  561 

propre  national,  faire  une  question*politique  d'une  question 
exclusivement  économique.  Or,  en  matière  d'économie  poli- 
tique, les  erreurs  se  paient  cher;  et,  lorsqu'elles  ont  été 
expérimentées  au  point  que  le  doute  n'est  plus  possible,  le 
mieux  est  d'avoir  le  courage  de  revenir  sur  une  décision  mal- 
heureuse. Ce  serait  un  grand  honneur  pour  le  gouvernement 
allemand,  en  môme  temps  qu'une  mesure  habile  de  sa  part, 
d'en  revenir  à  la  monnaie  adoptée  par  la  France,  l'Autriche, 
l'Italie,  la  Belgique,  etc.,  tout  en  maintenant  aux  diverses 
pièces  divisionnaires  leurs  dénominations  nationales  et  con- 
sacrées, de  telle  sorte  que  le  mark  deviendrait  l'équivalent 
réel  et  nominal  du  franc,  etc.  » 

Ce  document  est  suivi  des  réponses  concordantes  faites  au 
môme  questionnaire  par  la  Société  industrielle  et  commerciale 
de  Sainte-Marie-aux-Mines. 

Œuvres  inédites  de  Dom  Galmety  publiées  par  F.  Dinago.  Des 
divinités  païennes  adorées  autrefois  dans  la  Lorraine  et  dans  d'autres 
pays  voisins.  —  De  l'origine  du  jeu  de  cartes.  —  Saint-Dié,  impri- 
merie deL.  Humbert,  1876.  In-8o  de  92  p. 

Dom  Calmet  paraît  avoir  laissé  un  certain  nombre  de 
manuscrits  inédits,  dont  notre  compatriote,  M.  F.  Dinago, 
vient  d'entreprendre  la  publication.  Ces  manuscrits  sont  la 
propriété  de  la  bibliothèque  de  Saint-Dié  et  se  rapportent  à 
des  sujets  qui,  presque  tous,  offrent  un  intérêt  particulier 
pour  l'histoire  de  la  Lorraine  et  de  l'Alsace.  Outre  les  deux 
premiers  travaux  dont  le  titre  précède,  M.  Dinago  annonce 
l'histoire  de  l'abbaye  de  Senones,  de  celle  de  Munster  et  du 
prieuré  de  Lay-Saint-Christophe,  ainsi  que  d'autres  monogra- 
phies d'un  intérêt  plus  général.  Une  note  renvoie  le  lecteur 
à  des  notices  que  nous  ne  connaissons  pas,  mais  dans  les- 
quelles les  auteurs,  M.  Aug.  Digot  et  M.  L.  Maggiolo,  mettent 
en  relief  l'utilité  et  l'attrait  de  la  publication  entreprise  par 
M.  Dinago.  Nous  ne  pouvons  que  le  féliciter  de  consacrer  à 
cette  œuvre  les  loisirs  dont  il  peut  disposer  et  l'encourager  à 
la  conduire  jusqu'à  l'épuisement  du  petit  trésor  dont  la  biblio- 
thèque de  SaintrDié  est  en  possession. 

Nouvelle  Série  —  6*  Année.  3g 


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562  REVUE  d'âlsage 

La  dissertation  sur  les  divinités  païennes,  qui  étaient  autre- 
fois adorées  en  Lorraine  et  aussi  en  Alsace,  prouve  qu'en  effet 
les  manuscrits  inédits  de  Dom  Calniet  peuvent  encore  être 
utiles  à  l'étude  de  notre  histoire  locale.  Si  la  méthode  de 
l'auteur  laisse  beaucoup  à  désirer,  quant  à  la  clarté  de 
la  classification,  elle  ne  contient  pas  moins  la  substance 
essentielle  de  ce  que  les  sources  de  l'antiquité  fournissent  de 
renseignements  sur  le  sujet  que  le  bénédictin  se  proposait 
d'approfondii*.  En  jetant  cette  ébauche  dans  la  circulation, 
M.  Dinago  a  rendu  un  véritable  service  à  notre  littérature 
provinciale,  car  il  ne  faut  pas  douter  qu'elle  soit  un  excellent 
point  de  départ  pour  l'étude  de  l'histoire  religieuse  de  nos 
contrées.  C'est  en  plein  paganisme  que  les  premières  abbayes 
se  sont  fondées,  et  il  ne  sera  pas  sans  intérêt,  après  avoir  lu 
la  dissertation  que  nous  signalons,  d'assister  à  l'origine  de 
l'abbaye  de  Senones  et  de  celle  de  Munster  surtout,  qui  a 
fourni  plusieurs  évêques  au  siège  de  Strasbourg. 


Un  bas^-relief  du  Donon.  —  Belliccus  —  Surbur,  —  Fac-similé 
inédit  d'après  le  dessin  original  de  la  bibliothèque  de  Saint-Dié, 
avec  une  notice  par  F.  Dinago,  avocat.  In-S^'  de  4  p.  et  i  pi. 

Le  dessin  dont  il  s'agit  présente  une  image  aux  formes  et 
aux  contours  assez  nettement  déterminés  pour  qu'il  ne  soit 
pas  permis  de  se  méprendre  sur  l'espèce  des  animaux  que  le 
monument  représente  ou  représentait.  Reste  à  savoir  si  le 
crayon  de  l'artiste  ou  de  l'archéologue  n'y  a  pas  mis  du  sien. 
Le  dessin  est  sans  date,  sans  nom  d'auteur,  et  la  notice  est 
muette  sur  ce  point.  On  se  demande  donc  si  la  levée  a  été 
faite  à  une  époque  antérieure  ou  postérieure  à  celle  où 
Montfaucon,  Schœpflin  et  Dom  Calmet  ont  reproduit  le  même 
monument. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  certain  que  le  premier  de  -ces  ani- 
maux représenté,  par  le  dessin  dont  il  s'agit,  est  un  lion, 
comme  le  dit  la  notice,  et  non  un  chien^  comme  l'ont  cru 
Montfaucon,  Schœpflin,  Dom  Calmet  et  d'autres  après  eux. 

Quant  à  l'interprétation  de  ce  symbole,  les  connaissances 


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BULLETIN  BIBLIOORAPHIQUB  563 

modernes  sur  nos  origines  portent  à  adopter  l'une  au  moins 
des  solutions  qui  ont  été  proposées. 

Montfaucon,  qui  a  vu  un  chien  dans  l'image  de  BeUiccus 
et  un  sanglier  dans  celle  de  Surbur,  considère  le  monument 
comme  un  trophée  de  chasse. 

Schœpflin,  au  contraire,  a  vu  dans  l'ensemble  du  monument 
le  sacrifice  d'un  chien  et  d'un  sanglier  au  Dieu  Mercure. 

Dom  Calmet  a  vu  dans  le  premier  animal  le  symbole  d'un 
guerrier  alsacien  de  la  famille  de  Surbourg.  Il  a  pensé  que 
ce  guerrier  pouvait  avoir  fondé  l'abbaye  de  Surbourg  ou  con- 
tribué à  sa  fondation. 

Grandidier  n'y  a  vu  qu'un  trophée  de  chasse,  comme 
Schœpflin,  mais  il  a  ajouté  que  ce  trophée  paraît  avoir  été 
élevé  par  un  Gaulois  à  son  chien,  Bellims,  qui,  au  fond  des 
forêts  du  Donon,  avait  forcé  et  terrassé  un  sanglier,  surhicr, 
nom  celtique  de  cet  animal. 

L'abbé  Bexon,  mort  en  1780,  a  vu  dans  le  bas-relief  un 
monument  delà  conquête  des  Gaules  par  les  Romains.  Le 
chien  —  qui  est  un  lion  d'après  le  dessin  de  la  bibliothèque 
de  Saint-Dié  —  représente  les  Romains  vainqueurs,  et  le 
sanglier  les  Celtes  vaincus. 

Un  archéologue  moderne,  M.  Voulot,  voit  dans  le  premier 
des  animaux  du  bas-relief  un  taureau-bison  lancé  contre  un 
sanglier.  Quant  à  la  signification  symbolique  du  monument, 
il  l'explique  ainsi  :  a  Le  culte  de  Surbur,  autochtone,  a  été 
remplacé  ou  au  moins  amoindri  par  le  culte  exotique  de 
Beilissus^  le  représentant  de  la  civilisation  sémitique  des 
Pélasges  d'Asie  ». 

Cette  interprétation,  tout  à  fait  nouvelle,  implique  l'occu- 
pation du  pays  par  les  Pélasges,  bien  longtemps  avant  l'exis- 
tence de  la  nationalité  gauloise. 

Nous  bornons  à  celles  qui  précèdent  les  citations  que 
l'on  pourrait  encore  produire  concernant  ce  monument  Elles 
sont  assez  nombreuses  pour  permettre  au  lecteur  de  se  faire 
une  idée  du  langage  de  la  pierre  taillée,  quand  l'amour  de  la 
science  porte  des  hommes  expérimentés  à  lui  arracher  ses 
secrets. 


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564  REVUE  D'ALSACE 

Statuts  de  la  Société  des  arts  de  Mulhouse.  —  Procès-rerbal 
de  rassemblée  générale  constitutive  du  9  décembre  1876.  —  Mulhouse, 
imprimerie  ¥•  Bader  et  C%  1877.  In-8o  de  27  p. 

L'impression  de  cette  plaquette  répond  à  la  matière  qui  en 
est  l'objet  :  c'est  une  petite  production  de  typographie  artis- 
tique. 

Quant  à  la  Société,  qui  s'est  donné,  sans  bruit,  les  statuts 
que  cette  plaquette  renferme,  elle  ne  trouvera  pas  mauvais 
que  nous  divulguions  dans  cette  Bévue  le  but  qu'elle  se  pro- 
pose, et  les  voies  et  moyens  qu'elle  met  à  la  disposition  de 
ses  administrateurs  pour  l'atteindre. 

La  Société  a  pour  but  de  répandre  et  de  développer  le 
goût  des  arts.  Elle  fonctionne  sous  le  patronage  de  la  Société 
industrielle.  Elle  organise  périodiquement  des  expositions  de 
peinture,  de  sculpture,  d'architecture,  de  gravure,  de  litho- 
graphie et  d'arts  industriels,  auxquelles  des  artistes  de  tous 
les  pays  pourront  être  invités  à  prendre  part.  Elle  s'efforcera 
en  particulier  d'assurer  dans  une  large  mesure  le  concours 
des  artistes  alsaciens  et  lorrains. 

Il  y  aura  au  moins  une  exposition  publique  tous  les  trois 
ans. 

La  Société  recueille  et  capitalise  des  fonds  destinés  à 
l'achat  d'œuvres  d'art.  Les  œuvres  acquises  sont  distribuées 
entre  les  sociétaires  par  la  voie  du  tirage  au  sort. 

Les  ressources  dont  elle  peut  disposer  sont  consacrées  à 
l'accroissement  du  Musée  des  beaux-arts  de  la  Société  indus- 
trielle. 

Pour  varier  ses  expositions,  provoquer  des  échanges  et 
élargir  son  cercle  d'action,  la  Société  entre  en  relations  avec 
les  sociétés  qui  ont  le  même  but. 

Le  public  de  la  Bévue  sera  au  courant  de  la  louable  pensée 
des  fondateurs,  lorsque  nous  aurons  ajouté  que  chacun  de 
ceux-ci  verse  annuellement  une  quote-part  d'au  moins  cent 
francs,  et  qu'au  moment  de  la  constitution  de  la  Société,  elle 
comptait  quatre-vingt-huit  adhérents  représentant  cent-quatre 
quotes-parts,  aoit  un  revenu  annuel  assuré  de  10,400  fr.,  indé- 


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BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE  565 

pendamment  des  cotisations  des  membres  ordinaires  fixées  à 
10  francs. 

Le  comité  d'administration  est  ainsi  composé  :  MM.  Engel- 
Dollfus,  président;  Ernest  Zuber,  vice-président;  Léon  Kœch- 
lin,  secrétaire,  et  M.  C.  de  Lacroix,  trésorier. 

Sont  membres  de  droit  :  MM.  Auguste  Dollfus,  président  de 
la  Société  industrielle,  et  Alfred  Kœchlin-Schwartz,  secrétaire 
du  comité  des  beaux-arts. 

Sont  membres  titulaires  :  MM.  F.  de  Niederhœusern,  Eugène 
Kœchlin,  Bidlingmeyer,  Bulflfer,  Alfred  Favre,  Louis  Huguenin, 
Ehrmann,  Haurez,  Rod.  Kœchlin  et  L.  Schœnhaupt. 

Sont  membres  suppléants  :  MM.  Alfred  Engel,  Iwan  Rack, 
Lauth-Scheurer,  Jules  Dollfus,  Paul  Marin  et  Ernest  Lalance. 

Notice  biographique  sur  M.  Jean- Auguste  Mioliel,  par 

M.  Auguste  Stceber.  —  In-8*  de  13  p. 

C'est  à  un  homme  voué  à  l'enseignement,  c'est  à  un  collègue 
et  à  un  ami  que  M.  Auguste  Stœber  a  été  chargé  par  la  Société 
industrielle  de  Mulhouse  de  consacrer  la  notice  parue  dans 
le  Bulletin  de  cette  Société  et  tirée  à  part  sous  le  titre  qui 
précède.  M.  Michel  a  laissé  des.  souvenirs  fort  honorables  à 
Mulhouse,  ainsi  que  dans  toute  l'Alsace  ;  son  biographe  les  a 
recueillis  avec  autant  de  piété  que  de  mesure  et  de  modéra- 
tion. La  Société  industrielle,  en  les  consacrant  par  la  publi- 
cation de  la  notice,  a  montré,  une  fois  de  plus,  combien  elle 
sait  honorer  la  mémoire  des  hommes  dont  la  vie  a  laissé  des 
traces  utiles  dans  la  vie  de  la  cité. 


Vers  les  Vosges  —  Phalsbourg  et  Sarrebawrg  et  leurs  envirms,  — 
par  Arthur  Benoit,  avec  des  planches  lithographiées.  —  Strasbourg, 
chez  les  principaux  libraires,  MDCGCLXXVI.  Un  vol.  in-8o  de  322  p. 

On  aime  à  se  trouver  en  présence  d'un  compatriote  qui 
voue  au  petit  coin  de  terre  où  il  est  né  une  affection  d'autant 
plus  vive  que  les  regrets  sont  plus  poignants.  Mais  il  a,  comme 
toute  nature  d'élite,  la  fierté  de  n'exprimer  ces  regrets  qu'au 


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566  .     REVUE  D' ALSACE 

moyen  de  la  concentration  de  ses  recherches  et  de  ses  études 
sur  le  terrain  limitant  le  premier  horizon  du  véritable  patrio- 
tisme^ c'est-à-dire  de  la  patrie  à  laquelle  on  appartient  par 
le  droit  du  berceau.  Faire  revivre  le  passé  et  les  souvenirs, 
n'est-ce  point  la  réalité  idéale  contre  laquelle  toute  force 
humaine  est  impuissante?  C'est  certainement  la  pensée  qui  a 
porté  l'auteur  à  réunir,  dans  le  volume  que  nous  annon- 
çons, ses  notes  de  voyage,  les  pièces  rares  ou  inédites,  les 
biographies  et  les  renseignements  puisés  aux  archives  con- 
cernant les  cantons  d'Albestroff,  de  Dieuze,  de  Drulingen, 
de  Fénétrange,  Lorquin,  Phalsbourg,  Réchicourt-le-CMteau, 
Saar-Union^  Sarrebourg,  Saveme  et  Vic-sur-Seille. 

Les  cent  quatre-vingts  notices  renfermées  dans  ce  recueil 
sont  d'une  lecture  fort  agréable  et  utile.  Le  travailleur  y  aura 
souvent  recours  pour  fixer  les  dates  et  les  faits  qu'il  voudra 
approfondir.  Ce  volume  est  en  quelque  sorte  la  chronique 
saargauvienne,  susceptible,  il  est  vrai,  d'être  non  pas  revue 
et  corrigée,  mais  considérablement  augmentée.  C'est  une 
tftche  que  M.  A.  Benoit  saura  certainement  remplir  à  la 
satisfaction  de  tous  ceux  qui  portent  de  l'intérêt  à  notre 
littérature  provinciale. 

Les  agréments  iconographiques  de  ce  charmant  volume, 
tiré  à  70  exemplaires  seulement,  consistent  en  un  frontispice, 
d'après  une  gravure  sur  bois  du  XVP  siècle;  les  armoiries  de 
Phalsbourg  et  de  Sarrebourg  ;  la  carte  du  pays  de  la  Sarre  ; 
les  armoiries  de  ce  pays  ;  la  porte  d'Allemagne  de  Phalsbourg  ; 
Diane  de  Dommartin  et  la  tombe  de  Mathias  Kilburger  à 
Fénétrange. 

Guide  du  voyageur  à  Mulhouse,  avec  un  plan  de  la  ville,  par 
M.  Meyer.  —  Mulhouse,  imprimerie  V«  Bader  et  G%  1877.  In-8o  de 
â03p. 

Le  titre  de  ce  livret  dit  ce  qu'il  contient,  c'est-à-dire  les 
adresses  utiles  aux  voyageurs,  aux  commerçants  et  même  aux 
particuliers.  Il  est  bien  conçu  et  bien  ordonné.  L'auteur  l'a 
fait  précéder  d'un  extrait  de  la  chronique  de  Mulhouse,  d'un 


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BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQU  567 

aperçu  historique  des  progrès  de  l'industrie  dans  cette  ville, 
de  renseignements  excellents  sur  les  anciennes  maisons  indus- 
trielles, et  des  indications  nécessaires  sur  les  divers  services 
politiques  et  administratifs  de  la  cité. 


Littérature  du  dialecte  alsacien.  —  Bibliographie  des  compo- 
sitioDs  écrites  dans  ce  dialecte  et  qui  ont  été  imprimées,  par  Louis 
MoHR.  —  Strasbourg,  imprimerie  de  R.  Schultz  et  Cs  1877.  In-S^  de 
22  p. 

M.  Mohr  s'applique  depuis  de  longues  années  à  recueillir 
tout  ce  qui  paraît  en  patois  alsacien.  Sa  collection  est  déjà 
fort  respectable,  si  elle  ne  peut  pas  encore  avoir  la  prétention 
d'être  complète.  Cette  spécialité  a  son  mérite  et  offre  beau- 
coup d'intérêt.  M.  Mohr,  qui  est  bien  au  courant  de  ce  genre 
de  bibliographie,  a  voulu  en  dresser  le  catalogue  et,  ce  qui 
est  précieux,  il  a  fait  suivre  chaque  article  recensé  d'une 
notice  descriptive  du  volume  ou  de  l'écrit.  Ledit  catalogue 
est  imprimé  sur  beau  papier  à  la  cuve  et  n'a  été  tiré  qu'à 
cent  exemplaires  destinés  au  commerce. 

Elsœsser  Schatzkaestel  =  Trésor  alsacien.  —  Sanimlung  von 
Gedichten  und  prosaischen  Aufsatzen  in  Strassburger  Mundart ,  nebst 
einigen  Yersstûcken  in  andern  Idiomen  des  Elsasses.  —  Strasbourg, 
imprimerie  de  R.  Schultz  et  C«,  successeurs  de  Berger-Levrault,  1877. 
1  vol.  in-8o  dexi-512  p. 

Cette  anthologie  alsacienne,  réunissant  à  des  compositions 
inédites  la  plupart  des  compositions  antérieures  disséminées 
dans  divers  ouvrages  et  publications,  est  imprimée  en  deux 
couleurs,  avec  encadrements  et  sur  beau  papier  chamois.  Les 
éditeurs  ont  voulu,  sans  doute,  honorer  la  langue  populaire 
du  pays,  en  consacrant  à  ce  recueil  les  plus  belles  ressources 
de  la  typographie  moderne. 

Un  classement  intelligent  des  matières  a  présidé  à  la  com- 
position du  volume.  Le  chapitre  I"  comprend  toutes  les  pièces 
se  rapportant  au  foyer,  à  la  ville  et  à  ses  avantages  naturels  ; 


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568  REVUE   D' ALSACE 

le  chapitre  II,  tout  ce  qui  touche  à  l'âme,  au  cœur  et  à 
l'esprit;  le  chapitre  III  s'accommode  des  productions  humo- 
ristiques ;  le  chapitre  IV  accueille  la  fable,  le  proverbe,  le 
conte  et  l'anecdote,  tandis  que  le  chapitre  V  se  contente  des 
bavardages;  au  chapitre  VI  appartiennent  la  charade,  l'énigme 
et  la  farce.  Le  chapitre  VII  n'est  que  prose  et  le  chapitre  VIII 
et  dernier  que  poésie  conforme  aux  idiomes  de  Wissembourg, 
Bischwiller,  du  Kochersberg,  de  la  Wantzenau,  de  Schiltig- 
heim,  Colmar,  Mulhouse  et  du  Sundgau. 

Cette  laconique  annonce  suffira  pour  donner  au  lecteur  un 
avant-goût  des  matières  variées  qu'il  trouvera  dans  ce  char- 
mant volume  essentiellement  alsacien. 

Drei  Aehren  =  Trois-Epis,  dans  la  Haute-Alsace.  —  Poésies,  par 
AuG.  Stobber.  Nouvelle  édition,  augmentée.  —  Strasbourg,  impri- 
merie de  R.  Schultz  et  C^  successeurs  de  Berger-Levrault,  1877.  [n-i2 
de  vni-88  p. 

Ce  bouquet,  composé  par  la  main  d'un  poète  au  moyen  de 
la  flore  de  la  montagne,  des  inspirations  que  celle-ci  éveille 
et  des  réminiscences  historiques  se  rapportant  à  l'horizon 
qu'elle  présente,  ce  bouquet,  disons- nous,  est  dédié  à  la 
mémoire  d'Auguste  Neflftzer  et  au  souvenir  de  quelques  amis, 
qui  ont  l'habitude  de  se  retrouver,  une  ou  deux  fois  l'an,  en 
ce  lieu  charmant  et  paisible  de  nos  Vosges  orientales.  Avec 
ce  guide  en  main,  le  poète  nous  conduit  à  tous  les  sites  les 
plus  avantageux  de  la  station  et,  sans  fatigue^  il  nous  ramène 
au  gîte,  aprèsavoirrêvé,  pendant  quelques  instants,  aux  dou- 
ceurs d'une  saine  villégiature. 

Ce  petit  livre  a  la  saveur  et  l'attrait  des  choses  excellentes. 

Mélanges  alsaciens.  —  Trente-huit  tirages  à  part  de  matériaux  et 
notices  parus  en  feuilleton  dans  le  Journal  de  Mulhouse  et  se  rappor- 
tant spécialement  à  T Alsace.  —  In-S^*  d'un  ensemble  de  400  p. 

Le  patriote  et  l'ami  auquel  on  doit  cette  collection  est 
M.  Dollfus,  autrefois  prote  de  l'imprimerie  Bisler  et  du 
Journal  de  Mulhouse.  Il  sollicitait,  au  profit  du  journal,  auquel 
il  en  a  lui-même  fourni  quelques-unes,  des  communications 


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BULLETIN  BIBUOGBÂPHIQUE  569 

de  toute  espèce  se  rapportant  à  TAlsace,  puis  il  en  faisait  un 
tirage  à  part  au  profit  des  collectionneurs  et  des  personnes 
que  ces  matériaux  intéressaient.  La  collection  (tout  en  in-S**), 
qui  vient  de  nous  être  remise,  renferme  les  sujets  suivants  : 
P  L'Alsace  pendant  la  période  tertiaire,  23  p.,  de  J.  Delbos, 
1869;  2"*  Description  de  la  ville  de  Mulhouse,  tirée  de  :  Létal 
et  les  délices  de  la  Suisse,  t.  IV,  1764,  9  p.  avec  un  feuillet 
formant  titre  ;  3**  Le  drapeau  d'honneur  de  Mulhouse,  1512, 
français  et  allemand,  11  p.  ;  4**  Description  de  la  ville  de  Thann, 
tirée  de  V Album  alsacien,  12  p.;  5**  Wesserling,  par  le  docteur 
Sacc,  8  p.;  e**  Saint-Hypolite  {Album  alsacien),  4  p.;  7^  Hohen- 
kœnigsburg  {Album  alsacien),  4  p.;  8**  Mandeure,  tiré  des 
Annales  de  Malte-Brun,  4  p.  ;  9°  Die  Stadt  Belfort,  im  17. 
Jahrhundert,  tiré  de  Balthasar  Han,  4  p.  ;  10^  Tûrkheim,  tiré 
deBilling,  4  p.;  IPDie  Kirche  von  Ottmarsheim  ira  Elsass, 
du  D'  J.  Burckhardt,  13p.;  12°Beschreibung  der  Statt  Rufach, 
de  Séb.  Munster,  8  p.  ;  13**  La  bataille  de  Tilrckheim,  par  Oza- 
neau,  28  p.  ;  14°  Charles-le-Téméraire  devant  Mulhouse,  par 
J.-B.  Sœhnlin,  6  p.  ;  15°  Jean-Frédéric  Oberlin,  tiré  du  Courrier 
de  France,  8  p.;  16°  L'apprenti,  légende  mulhousienne,  par 
Souvestre,  32  p.  ;  17°  Le  bourreau  de  Colmar,tiré  des  Mémoires 
de  M"*  d'Oberkirch,  9  p.;  18°  Anniversaire  tricentenaire  de 
l'introduction  de  la  Réformation  à  Colmar,  3  p.;  19°  Une 
révolution  à  Colmar,  d'après  la  Chronique  de  Colmar,  8  p.; 
20°  Incendie  de  la  tour  de  Saint-Martin  de  Colmar  en  1572, 
tiré  du  Patriote  alsacien,  7  p.;  21°  Règlement  de  1752  concer- 
nant le  service  des  incendies  à  Colmar,  7  p.  ;  22°  Pierre  tom- 
bale d'un  Alsacien  à  Francfort,  8  p.;  23°  L'Ochsenfeld,  ses 
antiquités,  ses  traditions,  7  p.  ;  24°  Le  château  de  Wildenstein, 
par  Aug.  Stœber,  7  p.;  25°  Les  sorcières  brûlées  en  Alsace  de 
1572  jusqu'en  1620,  d'après  la  Chronique  des  Franciscains  de 
Thann,  8  p.  ;  26°  Un  pèlerinage  malheureux,  d'après  X.  Moss- 
mann,  7  p.;  27°  Au  Renard-prêchant,  8  p.;  28°  Dieu  protège 
Mulhouse,  4  p.  ;  29°  Histoire  de  la  fabrication  des  brosses,  3  p.; 
30°  Le  triomphe  de  la  vertu,  8  p.  ;  31°  Notice  sur  Jean  Braun 
le  vieux,  par  Aug.  Stœber,  4  p.  ;  32°  Entretien  d'Henri  avec 
son  ami,  à  propos  du  Galleberg,  8  p.;  33°  Dusselbach-Hussel- 


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570  REVUE  D'ALSACE 

bach,  légende  de  la  vallée  de  Masevaux,  3*  édition,  13  p.; 
34**  Kurze  Beschreibung  der  Stadt  Mûlhausen  und  ihres 
Gebiets,  par  Jean-Conrad  Faesi  (ZOrich  1768),  37  p.;  35**  L'in- 
surrection de  la  vallée  de  Saint- Amarin  en  juillet  1789.  Lettre 
de  M.  de  la  Rochelambert,  avec  annotations  par  Angel  Ingold, 
24  p.  ;  36^  Notice  sur  les  tremblements  de  terre  qui  ont  agité 
l'Alsace  et  le  pays  de  Bâle  dans  le  XlIP  et  le  XIV*  siècle,  par 
Bourlot,  8  p.  ;  37*"  La  pierre  des  flagellants,  légende  alsacienne, 
par  un  touriste,  32  p.;  38°  An  d'r  lange,  g'strcnge  Herr  Win- 
ter,  3  p. 

Die  Bevœlkerung  der  Gemeinden  in  Elsass-Lothringen, 

nach  der  Zàhluiig  vom  1.  Dezember  1875.  Herausgegeben  von  dem  stâdti- 
schen  Bureau  des  kaiserlichen  Oberprâsidiums  in  Strassburg.  = 
Population  des  communes  de  l'Alsace-Lorraine,  d'après 
le  recensement  du  i®"^  décembre  1875.  Publié  par  le  bureau  statistique 
de  la  présidence  supérieure  de  Strasbourg.  —  Strasbourg,  imprimerie 
de  R.  Schultz  et  ۥ,  1877.  In-8o  de  xxviii-125  p. 

La  statistique  dont  il  s'agit  est  le  résultat  du  second  recen- 
sement opéré  par  l'administration  allemande  depuis  la  con- 
quête de  l'Alsace-Lorraine.  Ce  résultat  est  exposé  avec  clarté 
dans  une  série  de  tableaux  se  rapportant  à  la  nouvelle  division 
politique  du  pays.  Il  aurait  été  intéressant  d'avoir  pour  point 
de  comparaison  les  chiffres  du  recensement  qui  a  précédé  la 
fatale  et  désastreuse  année  1870.  Le  satisticien  de  la  prési- 
dence supérieure  l'a  compris  ;  mais  il  dit,  dans  son  introduc- 
tion, que  cette  comparaison  n'eût  pas  été  possible  à  établir 
par  la  raison  que  l'Alsace-Lorraine  actuelle  ne  correspond  pas 
aux  circonscriptions  des  trois  départements  dont  l'adminis- 
tration française  faisait  le  recenocment  de  la  population.  On 
comprend  que  l'allégation  est  produite  dans  le  seul  but  d'éviter 
un  surcroît  de  travail  et  une  comparaison  désavantageuse. 
Un  des  collaborateurs  de  cette  Revue  se  chargera  peut-être 
de  l'étabUr  un  jour,  car  rien  n'est  plus  éloquent  que  les 
chiffres. 

Le  travail  que  la  présidence  supérieure  place  sous  les  yeux 
du  public  est  fort  bien  conçu  et  fort  bien  imprimé .  Il  constate 


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BULLETIN  BIBUOGRAPHIQUE  571 

que,  malgré  les  nombreuses  immigrations  allemandes,  la 
population  du  terrain  conqui  s  va  en  diminuant.  Ainsi,  elle 
était  en  1871  de  1,549,738  habitants  et  de  1,531,804  au  recense- 
ment de  la  fin  de  1875.  Elle  a  donc  perdu  17,934  habitants 
dans  Tespace  d'un  recensement  à  l'autre,  c'est-à-dire  dans 
l'espace  des  années  1872,  1873, 1874  et  1875. 

Elle  constate,  en  outre,  que  la  plus  forte  proportion  des 
pertes  s'applique  à  la  Lorraine  et  ensuite  à  la  Haute-Alsace. 
Elle  est  de  2.08  7o  en  Lorraine,  de  1.20  7o  en  Haute-Alsace  et 
de  0.37  7o  en  Basse- Alsace.  Ces  proportions  seraient,  on  le 
concevra,  beaucoup  plus  élevées  si,  dans  un  travail  de  ce 
genre,  il  eût  été  possible  d'opérer  sur  la  seule  population 
aborigène  d'abord,  et  ensuite  sur  la  population  hétérogène  ou 
immigrée. 

Nous  ne  pousserons  pas  plus  loin  notre  investigation,  car 
nous  n'avons  d'autre  but  que  de  signaler  au  lecteur  le  VIP 
fascicule  du  bureau  statistique  de  la  présidence  supérieure, 
qui  est,  nous  le  répétons,  clairement  établi  et  très  bien 
imprimé. 

Strassburger  Mûnsterbûohlein.  —  Eine  populâre  Darstellung, 
von  Prof.  D'  F.  X.  Krauss.  =  Livret  de  la  cathédrale  de 
Strasbourg.  —  Edition  populaire,  par  le  professeur  D''  F.  X.  Krauss. 
—  Strasbourg,  imprimerie  de  R.  Schultz  et  C«,  1877.  In-12  de  60  p. 

Une  édition  de  ce  livret  en  langue  française  et  une  édition 
en  langue  anglaise  sont  en  préparation.  Le  livret  contient, 
outre  la  partie  historique,  d'après  les  documents  connus,  une 
vue  de  la  cathédrale,  une  vue  de  l'horloge  astronomique  et 
une  carte  des  environs  de  la  ville,  de  Mundolsheim  àGraffen- 
staden  et  de  Wolfisheim  à  Eehl. 

Graulthal.—  Excursion  du  17  juin  1877.—  Strasbourg,  MDGGGLXXYII. 
Petit  in-8o  de  44  p.,  avec  lettres,  vignettes  et  3  planches. 

La  Chorale  de  Strasbourg  est  une  société  qui  a  de  l'expé- 
rience et  de  la  vitalité.  Elle  continue  ses  excursions  réglemen- 


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572  REVUE  d'alsage 

tairas,  et  elle  a  parmi  ses  membres  de  nombreux  éléments 
pour  donner  à  ses  fugues  périodiques  l'attrait  et  le  charme 
nécessaires  à  quelques  journées  de  délassement  et  de  bonne 
confraternité.  Le  souvenir  de  chacune  de  ses  excursions  est 
consacré  par  une  plaquette  d'une  lecture  agréable,  toujours 
pleine  de  traits  spirituels,  de  relations  et  de  descriptions  inté- 
ressantes. La  collection  de  ces  feuilles  légères  et  cordiales, 
destinées  aux  seuls  membres  de  la  Société,  a  sa  place  dans 
nos  curiosa  alsatiques,  en  ce  qu'elles  donneront  à  nos  descen- 
dants une  idée  des  liens  qui  ont  adouci,  pendant  quelques 
instants,  la  tristesse  des  temps  actuels. 

Plan  von  Strassborg.  Zur  Geschichte  seiner  Befestigung  von  den 
âltesten  Zeiten  bis  zum  Ende  des  XVl.  Jahrhunderts,  von  Poelnitz, 
Premier-Lieutenant  im  Ingenieur-Corps.  =  Plan  de  Strasbourg, 
pour  servir  à  l'histoire  de  ses  fortifications  depuis  les  temps  les  plus 
reculés  jusqu'à  la  fin  du  XVI«  siècle,  par  Pcelnitz,  premier-lieutenant 
du  corps  du  génie.  —  Strasbourg,  imprimerie  de  R.  Schultz  et  €•. 
1877.  In-8o  de  6  p.,  avec  un  plan  teinté. 

Le  titre  indique  suffisamment  le  contenu  de  ce  petit  travail  : 
un  résumé  historique  des  divers  agrandissements  de  la  ville 
et  un  plan  qui  paraît  calqué  sur  celui  de  Silbermann.  Les 
diverses  teintes  délimitent,  plus  ou  moins  exactement,  les  six 
agrandissements  de  la  ville  à  travers  les  âges. 

Fr.  Kubtz. 


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TABLE  DES  MATIERES 

CONTENUES  DANS  LE  TOME  VI  DE  LA.  NOUVELLE  SÉRIE  —  1877 


JANVIER  -  FÉVRIER  -  MARS 


Pages 


Etienne  Barth.  —  Notes  biographiques  sur  les  hommes  de  la 
Révolution  à  Strasbourg  et  les  environs  —  Introduction  — 
Deux  Allemands  parmi  les  hommes  de  1789,  quarante-six 
parmi  les  hommes  de  1793  —  Ouvrages  consultés  —  Liste  des 
269  de  1789  —  Commencement  des  notes  biographiques, 
lettre  A  à  lettre  D 5-42 

Rodolphe  Reuss.  —  Le  sac  de  Thôtel-de-ville  de  Strasbourg,  le 
21  juillet  1789,  d'après  un  document  inédit—  Quelques  mots 
sur  cet  épisode  —  Relation  inédite  —  Appendice  tiré  des 
mémoires  de  Rochambeau  et  du  récit  de  Young 43-58 

Gh.  Sghmidt.  —  Livres  et  bibliothèques  à  Strasbourg  au  moyen- 
âge  —  La  bibliothèque  de  la  Chartreuse  —  Livres  servant  au 
culte  —  Archives  des  églises  —  Bibliothèques  particulières  — 
Pierre  de  Gengenbach,  Paul  Munhart,  Jean  Simler,  Louis 
d'Odratzheim,  Pierre  Schoit,  etc.  —  Disposition  et  usage  des 
bibliothèques  —  Industrie  concernant  les  livres  —  Parchemi- 
niers,  Papetiers  —  Libraires  —  Relieurs 59-85 

P.-E.  TuEFFEKD.  —  Etude  sur  Thumanité  préhistorique,  2«  par- 
tie —  Stations  des  pays  de  Montbéliard.et  de  Belfort  —  Mont- 
Vaudois  —  Châtillon  —  Mont-Bart  —  Gramont  —  Giémont  — 
Gh&tillon  près  Montécheroux  —  Parc  de  Montbéliard  — 
Bethoncourt  —  Hérimoncourt  —  Ancienne  citadelle  —  Gran  J- 
mont  —  La  Choux  —  Le  Monterot  —  Pont-Sarrazin  — 
Ballon  de  Roppe 86-102 

Dag.  Fischer.  —  Histoire  de  Tancien  comté  de  Saarwerden  et 
de  la  prévôté  de  Herbitzheim  —  Introduction  —  Chapitre  !•', 
les  comtes  de  Saarwerden 103  124 

AcG.  QuiQUEREz.  —  Plcujouse  —  Topographie  du  château  — 
Légende  —  Le  vin  de  Lucelle  —  L'argenterie  de  la  châtelaine  125-i34 

Arth.  Benoit.  —  Extrait  des  notes  manuscrites  du  comman- 
dant Hesselat  —  Le  général  Foy  —  La  mort  du  général 
Abatucci  —  Mirabeau  au  fort  de  Joux  —  Euloge  Schneider 
Coster  Saint-Victor  —  Origine  et  travaux  du  commandant . . .    135-i42 

Arth.  Engel.  —  Piéfort  en  or  de  la  ville  de  Strasbourg 143-144 

AVRIL  -  MAI  -  JUIN 

A.  Barth.  —  Eugène  Ensfelder  —  1836  à  1876  —  Sa  place 
dans  le  mouvement  artistique  en  Alsace  —  Sa  naissance  — 
Son  éducation  de  famille  —  Ses  premiers  essais  —  Son  édu- 
cation classique  —  Le  choix  de  sa  carrière  —  Résistances  de 


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574  REVUE  D' ALSACE 

Pages 
sa  famille  —  Ses  études  théologîques  —  Ses  compositions 
artistiques  dans  les  heures  de  loisir  —  Son  séjour  à  Genève 

—  Ses  fonctions  de  vicaire  à  Hausbergen,  à  Sainte-Aurélie, 
au  Temple-Neuf  et  à  Bouxwiller  —  Sa  carrière  artistique  — 

Sa  correspondance  intime  —  Sa  mort  —  Une  planche i4S-l76 

Dag.  Fischer.  —  Histoire  de  Tancien  comté  de  Saarwerden  et 
de  la  prévôté  de  Herbitzheira  —Première  suite  —  Les  comtes 
de  Saarwerden  —  Leurs  alliances  —  Leurs  sépultures—  Leurs 
possessions  —  Leurs  résidences  —  Jalousies  —  Guerres  — 
Ravages  du  comté,  etc 177-206 

AuG.  Stoeber.  —  Cadeaux  officiels  faits  à  divers  litres  par  le 
Magistrat  de  Tancienne  République  de  Mulhouse  —  XVI", 
XVIl«  et  XVIII»  siècles  —  Sources  des  notices  —  Cadeaux  aux 
princes,  ambassadeurs  et  autres  diplomates  —  Aux  militaires 
et  ingénieurs—  Aux  bourgmestres  et  syndics  de  Mulhouse  — 
Aux  savants  —  Aux  artistes  —  A  Toccasion  des  baptêmes  — 
Incendies  —  Secours 207-220 

P.-E.  TuEFFERD.  —  Etude  sur  l'humanité  préhistorique  —  Suite 
et  fin  —  Deuxième  partie  —  Stations  préhistoriques  des  pays 
de  Montbéliard  et  de  Belfort  —  Stations  de  la  plaine  —  Man- 
deure  —  Près  de  Dung  —  Sainte-Suzanne  —  Sablières  de 
Bart  —  Colombier  —  Fontaine  —  Dâle  —  Saint-Walbert-lez- 
Héricourt  —  Cavernes  —  Grottes  de  Chataillon,  près  de  Vou- 
jaucourt  —  Caverne  de  Cravanche,  près  de  Belfort  —  Monu- 
ments mégalithiques  —  Menhirs  et  tumuli  de  la  Bouloie,  près 
d*Hérimoncourt  —  Les  roches  de  Chagey  —  Pierre  de  Saint- 
Delle  à  Genéchie  —  Autres  localités  ou  Ton  a  trouvé  des 
antiquités  préhistoriques 221-233 

Charles  Grad.  —  Orographie  de  la  chaîne  des  Vosges  —  Avec 
le  tableau  des  altitudes  de  la  ligne  de  faite  depuis  le  Valdieu, 
au  bief  de  partage  dans  le  sud  des  Vosges,  jusqu'à  l'entrée  de 
la  chaîne  dans  lePalatinat,  sur  la  frontière  de  la  Bavière  — 
Altitude  des  ramifications  du  ballon  d'Alsace,  du  ballon  de 
Guebwiller  et  du  Hohneck,  des  montagnes  de  la  vallée  de 
Munster,  du  massif  du  Champ-du-Feu,  des  basses  Vosges, 
entre  Saverne  et  Wissembourg,  et  des  cols  où  passent  les  routes, 
des  lacs  des  Vosges,  des  sources  d'eau  minérale,  des  cours  d'eau 
autour  du  grand  ballon,  des  localités  habitées  toute  Tannée, 
des  ruines  du  moyen-âge  et  des  limites  de  certaines  cultures  234-249 

Etienne  Barth.  —  Notes  biographiques  sur  les  hommes  de  la 
Révolution  à  Strasbourg  et  dans  les  environs  —  Première 
suite  —  Le  baron  Philippe-Frédéric  de  Dietrich,  comte  du 
ban  de  la  Roche,  etc.,  etc.  -^  Lettre  D  à  lettre  H 250-288 

JUILLET  -  AOUT  ~  SEPTEMBRE 

Arth.  Engel.  —  Documents  pour  servir  à  la  numismatique  de 
l'Alsace  (n^  3)  —  Monnaies  et  médailles  d'Alsace  inédites  ou 
peu  connues,  tirées  des  principaux  cabinets  publics  et  parti- 
culiers —  Aperçus  critiques  sur  l'ouvrage  de  Berstett  — 
Monnaies  de  Colmar  —  Haguenau  —  Landgraves  de  la  Haute- 
Alsace  —  Landau  —  Mulhouse  —  Murbach  et  Lure— Ferretle 

—  Schlestadt  —  Abbayes  de  Selz  ou  de  Wissembourg  — 
Strasbourg,  mérovingiennes^  deniers  impériaux,  monnaies  des 


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TABLE  DES  MATIÈRES  575 


évêques  —  Strasbourg  ville  —  A,  Médailles  académiques; 
B.  Des  jubilés  ;  C,  Alliances  avec  les  villes  suisses  ;  D.  Tir  au 
canon;  E.  Diverses;  F.  Comète;  G.  Cathédrale;  H.  Rétablis- 
sement de  la  monnaie  épiscopale;  /.  Passage  de  Marie-Antoi- 
nette —  Thann  —  Wissembourg  —  Appendice  —  H  planches  289-330 
Dag.  Fischer.  —  Histoire  de  Tancien  comté  de  Saarwerden 
et  de  la  prévôté  de  Herbitzheim  —  Deuxième  suite  —  Chap.  II. 
Les  comtes  de  MœrsSaarwerden  —  Frédéric  !•' succède  à  son 
oncle  Henri  U  de  Saarwerden  —  Ses  démêlés  avec  Raoul  de 
Coucy,  évêque  de  Metz  —  Il  est  impliqué  dans  les  troubles  de 
la  Lorraine  et  du  Wçstreîch  —  Il  est  battu  dans  la  ^erre 
des  qmtre  seigneurs  —  Nouvelles  hostilités  contre  la  ville  de 
Metz  —  Le  duc  de  Lorraine  intervient  en  faveur  de  la  ville 

—  Provocation  des  seigneurs  coalisés  —  Rencontre  à  Champi- 
gneulles  —  Les  coalisés  sont  défaits  et  prisonniers  du  duc 
Charles  —  Ravages  de  leurs  terres — Frédéric  de  Mœrs  engage 
la  seigneurie  de  Saarunion  pour  sûreté  de  sa  rançon  — 
Frédéric  se  ligue  avec  Tévêque  de  Strasbourg,  Guillaume  de 
Diest,  avec  Louis  de  Lichtenberg  et  autres  —  L'évêque  de 
Metz  est  réintégré  dans  la  suzeraineté  sur  le  comté  de  Saar- 
werden et  Frédéric  devient  son  vassal,  etc.,  elc 331-368 

Ed.  Ensfelder.  —  Souffrances  de  Riquewihr  pendant  la  guerre 
de  trente  ans  —  Pillages,  réquisitions,  otages  et  rançons  — 
Siège  de  la  ville  en  1635  par  un  détachement  de  l'armée  impé- 
riale —  Capitulation  —  UnesculpturequeTon  dit  représenter 
le  traître  qui  livra  la  ville  —  Détresse  de  la  population  — 
Mortalité  —  Secours  fournis  par  Strasbourg  —  Jour  de 
prières  commémoratives 369-380 

AuG.  Stoeber.  —  Lettre  de  David-Chrétien  Seybold,  ancien 
professeur  de  gymnase  de  Bouxwiller  à  une  dame  de  la  même 
ville  —  Quelques  mots  sur  Fauteur  de  cette  lettre  —  Le  pas- 
teur Brauer,  de  Hunawihr—  Un  cortège  de  noces  à  Colmar  — 
Les  tresses  catho^ues  et  les  tresses  luthériennes  —  Visite  à 
Hnstitut  Pfeffel  —  1 781 381-384 

Rodolphe  Reuss.  —  Jean  Geiler  de  Kaysersberg  —  Un  réfor- 
mateur catholique  à  la  fin  du  XV®  siècle  —  Etude  sur  sa  vie 
et  sur  son  temps,  par  Tabbé  Louis  Dacheux,  prêtre  du  diocèse 
de  Strasbourg  --  1876.  1  vol.  in-8o  de  583  p 385-400 

Etienne  Bakth.  —  Notes  biographiques  sur  les  hommes  de 
la  Révolution  à  Strasbourg  et  les  environs  —  Troisième  suite 

—  Hervé  —  Hirschel  —  Hirth  --  Hoffmann,  etc.,  etc 401-432 

OCTOBRE  -  NOVEMBRE  -  DÉCEMBRE 

P.-E.  ToEFFERD.  —  La  Décapote  alsacienne  —  Notions  prélimi- 
naires sur  la  condition  politique  du  pays  avant  le  partage  de 
TEmpire  de  Charlemagne  —  Certains  centres  deviennent  en- 
suite des  villes  impériales,  puis  des  villes  libres  impériales  — 
Ces  villes  ne  cessèrent  de  jouer  de  Timmédiateté  —  Elles 
furent  d'abord  au  nombre  de  dix,  auxquelles  les  empereurs 
donnèrent  un  préfet  provincial,  chargé  de  les  défendre  et  de  fa- 
ciliter leur  fédération  —  Ce  fut  l'origine  de  la  Décapole,  con- 
stituée définitivement  en  1348  —  D'autres  villes  sont  ensuite 
admises  —  Texte  de  l'acte  constitutif 433-444 


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576  REVUE  D* ALSACE 

Pages 

X.  MossMANN.  ~  Matériaux  pour  servir  à  l'histoire  de  la  guerre 
de  Trente  ans  —  Conduite  des  Suédois  à  Colmar  ~  Contribu- 
tions, entretien  des  troupes  — -  Situation  de  la  ville  à  la  chute 
de  l'administration  catholique  —  Alliance  de  Heilbronn  — 
Mesures  réparatrices  du  chancelier  Oxenstiem  —  Fortifica- 
tions —  Dîme  extraordinaire  —  Premier  siège  de  Brisach  — 
Intervention  de  TEspagne  et  du  duc  de  Lorraine  —  Alliance 
de  la  France  et  de  la  Suède  —  Nouveaux  excès  suédois  — 
Ravages  des  Impériaux  —  Nouvelles  démarches  de  la  ville 
pour  obtenir  une  réduction  de  ses  charges  de  guerre 445^7  i 

Dag.  Fischer.  —  Histoire  de  l'ancien  comté  de  Saarwerden  et 
de  la  prévôté  d'Herbitzheim  —  Chap.  III  —  Le  duc  de  Lor- 
raine et  le  comte  de  Nassau-Saarbruck  se  disputent  le 
comté  de  Saarwerden  —  Sécularisation  de  l'abbaye  d'Herbitz- 
heim —  Notice  historique  sur  ce  monastère 475-503 

Etienne  Barth.  —  Notes  biographiques  sur  les  hommes  de  la 
Révolution  à  Strasbourg  et  les  environs  —  Mathieu,  Mayno, 
Mennet,  de  Metz,  Momy,  Monterrand,  Monrecour,  Montort, 
Montjoye,  Montrichard,  etc.,  Noisette,  Oberlin,  Osterrieth, 
Ottmann,  Pasquay,  Pistorius,  Poirot,  Popp,  Radot.  Raffin^ 
Rau,  Rausch,  Reichard,  Riehl,  Rœderer,  Rollé  de  Baudreville, 
Rouget  de  l'Isle,  Rumpler,  Sainval,  Saltzmann,  Saucerotte, 
Saura,  Schertz,  Schott,  Schweighaeuser,  Silberrard,  Spielmann, 
Stuber,  Teutsch,  Thomassin,  Treuttel 504-548 

Arth.  Benoit.  —  Deux  lettres  inédites  du  pasteur  Oberlin  à  la 
bibliothèque  de  Nancy 549-55f 

Fréd.  Kurtz.  —  Bulletin  bibliographique  —  I.  L'ancienne  Al- 
sace à  table,  par  Ch.  Gérard  —  H.  Dictionnaire  topographique 
de  la  Haute-Alsace,  par  G.  StofiFel  —  HI.  Bulletin  de  la  Société 
d'histoire  naturelle  de  Colmar  —  IV.  Compte-rendu  de  la 
Chambre  de  commerce  de  Colmar  —  V.  Œuvres  inédites  de 
Dom  Calmet,  par  M.  F.  Dinago  —  VI.  Un  bas-relief  du  Donon- 
Bellicus-Surbur,  par  F.  Dinago  —  VU.  Statuts  dt  a  Société 
des  arts  de  Mulhouse  —  VUI.  Notice  biographique  sur  M.  Jean 
Michel,  par  M.  Aug.  Stœber  —  IX.  Vers  les  Vosges  —  Phals- 
bourg  et  Sarrebourg  et  leurs  environs,  par  M.  Arth.  Benoit 

—  X.  Guide  du  voyageur  à  Mulhouse,  par  M.  Meyer  —  XI. 
Littérature  du  dialecte  alsacien,  par  Louis  Mohr  —  XU.  Tré- 
sor alsacien,  recueils  de  chants  populaires  —  XIII.  Trois-Epis, 
par  Aug.  Stœber  —  XIV.  Mélanges  alsaciens,  par  M.  Dollfus 

—  XV.  Population  des  communes  d'Alsace-Lorraine  d'après  le 
dernier  recensement  —  XVI.  Livret  de  la  cathédrale  de  Stras- 
bourg, par  F.-X.  Krauss  —  XVII.  Crauflhal,  excursion  de  la 
Société  de  chant  la  Chorale  de  Strasbourg  —  XVOf.  Plan  de 
Strasbourg  pour  servir  à  l'histoire  de  ses  fortifications  jusqu'à 

la  fin  du  XVI«  siècle,  par  Pœlnitz 55^^72 


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