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«^^^/.^./f
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REVUE D'ALSACE
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REVUE D'ALSACE
^»^
NOUVELLE SERIE
SIXIÈME ANNÉE
TOME SIXIÈME
COLMAR
AU BURKÀU, PLACE BU MARCHÉ-AU-PEm-BËTAIL, N* 23
1877
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Han^ard Collejje Library
APa 18 1908
HohenzoUcrn Collection
Gift af A. C. C.m/.kI-^^
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NOTES BIOGRAPHIQUES
SUR LES
HOMMES DE LA RÉVOLUTION
A
STRASBOURG ET LES ENVIRONS.
Les notices dont est formé le présent recueil, ne sont ni
des biographies, ni même des matériaux ou des éléments de
biographies. En les réunissant, je n'ai eu d'autre but que de
marquer, au moyen d'un système de notes, la carrière publique
des personnages qu'elles concernent et de fournir en quelque .
sorte, rangés dans l'ordre alphabétique, les états de services
des hommes, qui ont joué un rôle plus ou moins marquant
dans l'histoire locale et strasbourgeoise de la Révolution pen-
dant la période, assez courte, où cette histoire a été vraiment
originale.
J'ose croire que, même réduit à ces limites, ce répertoire
pourra être de quelqu'utilité. La Révolution, qui a eu
pour résultat final d'amoindrir et, sous bien des rapports,
d'éteindre la vie publique locale. Ta, au contraire, singulière-
ment activée au début. Le nombre des gens en vue, ce qu'on
pourrait appeler le personnel politique, s'accroît subitement
en proportion énorme et, malgré la publicité officielle ou autre
dont les pn)duits augmentent en proportion pour le moins
aussi forte, nous avons parfois de la peine à nous retrouver
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6 REVUE D'ALSACE
au milieu de cette profusion de noms, bien qu'il n*y ait pas
encore un siècle entre nous et les événements. Il sufBt d'ail-
leurs d'avoir jeté un coup d'œil dans les documents de cette
époque, pour s'être aperçu combien, même dans les pièces
officielles, les homonymies, les omissions ou les indications
erronées des prénoms, l'orthographe incertaine des noms
propres, encore flottante en bien des cas, mais plus souvent
encore mal rendue, ajoutent à notre embarras. J'ai cherché,
aussi bien que j'ai pu, à remédier à ces défauts, en notant
les variantes, en complétant en rectifiant autant que me le
permettaient les documents que j'ai à ma disposition. Pour
les erreurs que j'ai pu commettre à mon tour et qui, je le
crains, doivent être nombreuses, je fais appel à l'indulgence
des lecteurs. Dans ma pensée, ces notes devaient être contrô-
lées par des recherches dans les dépôts publics. En m'éloi-
gnant de ma ville natale, les événements m'ont privé de cette
source de renseignements, la plus abondante et la plus sûre
de toutes. Si aujourd'hui, après bien des années, je n'hésite
pas à reprendre ce travail et à le donner tel quel, c'est dans
la pensée que d'autres, disposant de plus de ressources que
moi, pourront le rectifier et le compléter.
Pour chaque notice, je me suis borné à ce qui m'a paru
être le stjict nécessaire. Dans quelques cas seulement, quand
il s'agissait de pièces devenues rares, comme les abjurations
reproduites par Monet, je me suis permis des citations tex-
tuelles un peu longues. Par contré j'ai cherché à rendre le
recueil aussi complet que possible, en ce sens que je crois
n'avoir négligé aucun nom important et que de ceux mêmes,
qui ont occupé l'opinion à un moindre degré, on ne trouvera,
jV^père, qu'un petit nombre d'omis. Au sujet de certains
noms, qui appartiennent plutôt à l'histoire générale, j'ai pu
me demander s'il fallait ou non leur faire une place ici. Je
me suis, en général, décidé à les [admettre, quand il y a eu
intervention directe et personnelle dstns nos affaires locales.
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LK3 H0MMB8 DB LA RÉVOLUTION 7
C'est ainsi qu'on trouvera à leur rang les représentants en
mission, ainsi que les ofBciers et les généraux en résidence
ou de passage, quand ils ont fait acte politique à Strasbourg,
ou qu'ils ont été affiliés aux sociétés de notre ville.
Quant à Fépoque dans laquelle ces notices devaient s'en-
fermer, elle se linutait, me semble-t-il, d'elle-même. La
Révolution chez nous, en tant qu'elle a été un fait local, ayant
ses causes, sa physionomie et ses allures propres, a présenté
deux périodes : Celle des fondateurs, des hommes de 1789, et
celle de leurs héritiers, qui poursuivirent à leur façon les
conséquences d'un mouvement, à l'origine duquel la plupart
d'entr'eux n'avaient eu qu'une assez faible part. Une fois
que ceux-ci ont disparu à leur tour, la suite de l'histoire
révolutionnaire ne présente plus rien d'original et de parti-
culier dans nos pays; sous ce rapport, du moins, le Strasbourg
du Directoire est déjà le Strasbourg de l'Empire. J'ai donc
cru devoir me renfermer dans ces deux périodes : J'ai suivi
dans leur carrière ultérieure les hommes qu'elles ont produits;
mais je n'ai plus admis ceux qui ne sont venus qu'après.
Pour l'orientation du lecteur, je remarque que j'ai disposé
les noms en deux séries, selon qu'ils appartiennent à l'une
ou à l'autre période. La départition était facile, ou plutôt
toute faite, même pour les hommes qui ont eu un rôle public
dès l'origine : la scission survenue dans le sein de la Société
des amis de la Constitution, en février 1792, est décisive à
cet égard.
Sous le CQup des malheurs présents, il semble que nous
soyons mieux placés que d'autres pour juger avec indulgence
des faits du passé, et peut-être eût-il été bon sous ce rapport
de fondre les deux listes en une seule. Pour moi^ je n'ai pas
pu m'y résoudre, ni effacer la trace sanglante qui subsiste
entre les victimes et les bourreaux.
Parmi les hommes de 1798, nous trouvons quarante-six
allemands, et seulement deux parmi les hommes de 1789.
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BEVUE D'ALSAOE
Ouvrages consultés.
Almanach royal. — • 1790.
AmmeisterBûchlein. — i785à 1789.
Annuaires du Bas-Rhin. — 1803 à
1804.
Appel contre la municipalité de
Schlestadt. — An III.
Archives d'Alsace. — 1790.
Argos. —1792 à 1794.
Bachmann, Betrachtungen ûber die
Verhâltnisse im Elsass. — 1791.
Baquol-Ristelhueber. — 1865.
Berg, sur la musique. — 1840.
Biographie des contemporains. —
1820.
Bœll, sein Leben. — 1870.
Bœrsch, sur la mortalité. — 1836.
Bottin, annuaires du Bas-Rhin.—
Ans VU, VIII, IX.
Bourguignon, Bischwiller depuis
100 ans. - 1875.
Briefe ûber das Elsass von J.... —
1792.
Bulard et Enguel, catéchisme de
morale républicaine. — An III.
Bussière (de), culte de la Vierge en
Alsace. — 1862.
Calendrier de la République. —
An II.
Gatechismus der christlichen Lehre.
— 1793.
Der Deckel von dem Hafen. — 1791.
Die FranJLen RepubliJL im Elsass. —
1794.
Documents sur Thistoire religieuse
en Alsace pendant la Révolution.
— 1859.
Dorlan, notices sur TAlsace. — 1843.
Edel, die neue Kirche. — 1825.
Eggers, Reisse im Elsass 1798-1799.
— 1801.
Ehrmann, Nationalblatt. — 1790 à
1792.
Engelhardt, Geschichte des Elsass.
— 1849.
Etat des émigrés alsaciens. — 1793
à 1794.
Fargès-Méricourt^annuaire.- 1806.
Fischer, Société populaire à Saveipne
1791 à 1794. — 1869.
Friese, vaterlândische Geschichte.
— 1791 à 1801.
Guerber, histoire de Haguenau. —
1876.
Geschichte und Beschreibung Elsass
und Lothringen. — 1794.
Greuel der Verwustung im Elsass
wàhrend der Révolution.— 1793.
Gumpelzheimer, Evangelische Reli-
gionsgeschichte in Strassburg.-
1794.
Gyss, Obernai. — 1866.
Heitz, S*-Thomas Kirche. — 1841.
— Das Zunftwesen. — 1856.
— L'Alsace en 1 789 . — 1860 .
— Euloge Schneider. — 1862.
— Les Sociétés politiques . 1863 .
— La Contre-révolution . —1865.
Herrmann, notices sur Strasbourg.
— 1817 à 1819.
Hunckler, histoire d'Alsace.— 1840.
Jeanjean, Raihspredigten. — 1771.
Kentzingcr(de), Strasbourg et l'Al-
sace. — 1824.
Klein, Geschichte von Mainz.— 1861.
Kœllner, Geschichte SaarbrûcJL. —
1865.
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION
Knhiiy Niederbronn. — 1860.
L'AImanach du Républicain.— An D.
Lambs, Jung-S^Petcr. — 185i.
Lamey, Ghronick der Elsasser. —
1845.
Le Courrier de Paris et des dépar-
tements. — 1792.
Liste de la Société des jacobins. —
An m.
Lobstein, die Musik im Elsass. —
1840.
— Manuel du Notariat.— 1844.
Louis XVI, du séjour des heureux à
son frère Louis XVilI. — 1814.
Marchai, les prisons à Strasbourg.
— 1841.
Maréchal, hymnes républicaines.—
An m.
Meiners, Reise nach Strassburg. —
1803.
Mémoire de droit public sur Stras-
bourg et r Alsace. — 1789.
Migneret, le Bas-Rhin.— 1858àl871.
Monel, la fête de la Raison . — An II.
— Les autorités dans le temple
de la Raison. — An II.
— Les prêtres abjurant l'impos-
ture. — An II.
Oberlin, Almanachs d'Alsace. —
1789 à 1792.
— Gefangniss Geschichten.
Patriotisches Sonntagsblatt.— 1792.
Piton, Strasbourg illustré. — 1855.
Politisch-Literarischer Kurier des
Niederrheins. — 1791.
Procès-verbal de la Confédération
de Strasbourg. — 1790.
Procès-verbal d'installation de la
municipalité. — 1790.
Règlement de la Société des amis de
la Constitution. — 1790.
Reise eines Englânders durch El-
sass. — 1793 à 1794.
Remling, die Rheinpfalz 1792 bis
1798. — 1865.
Revue d'Alsace. — 1862 et 1869.
Ring der Anklâger von 1 793.— 1869.
Rumpler, ses écrits de 1784 à 1795.
Schilderung der Neufrànkischen
Aposteln in Strassburg,— 1792.
Schilderung der Franzosen wàhrend
der Révolution. — 1797.
Schneider Eulogius, Politisches
Glaubensbekenntniss. — 1792.
— Leben und Schiksale im Va-
terland. —1792.
— Leben und Schiksale in
Frankreich. — 1797.
Schnéegans, S*-Thomas. — 1842.
Schmidt, notes sur Strasbourg. —
1842.
Schnitzler, Atlas historique. —1862.
Simon et Meyer, Geschichte der
gegenwârtigen Zeit.— 1790-1791.
Simples notes au Conseil municipal
•d'Obernai. - 1871.
Spach, de Dietrich. — 1857.
— Rapports sur les archives
d'Alsace. — 1862.
Stamm, dem ganzen Yolk, etc. —
AnU.
Stœber Augnst, ses Alsatia.
Strassburgischer Rathskalender. —
1785 à 1788.
Strassburgische Zeitung. — 1791 à
1792.
Strobel, Geschichte ait S*-Peter. —
1824.
— Histoire du Gymnase.— 1838.
— Vaterlàndische Geschichte.
Thevenin, en vacances, Alsace et
Vosges. — 1865.
Thiers, la Révolution française. —
1865.
Treultel, tyrannie de S^-Just et Le-
bas. — An II. •
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10
BEVUE D'ALSACE
Ulrich, Livre bleu. - 1795.
Ueber die Ursachen der franzôsischen
Révolution. — 1800.
Véron Reville, Haut-Rhin 1789 à
1795. — 1865.
Wolff, Wichtigste Epoche der Révo-
lution des Nieder-Rheins.— An RI.
Zunft-Bûchlein. — 1781 à 1785.
Les 269 de 1789.
1.
Acker, François-P.
31.
Brunck fils, J.
2.
Albert, Jacob-Louis.
32.
Burggraff, Jean.
3.
Alphonse (d').
33.
Burger, Jean-Frédéric.
4.
Aly, F.-L.
34.
Busch.
5.
Ammel.
35.
Cappy, Antoine.
6.
André.
36.
Garamelle.
7.
Arnold père, F.
37.
Champy, Paul-Glaude.
8.
Arnold fils, G.
38.
Champy.
9.
Barbenès, Jean.
39.
Chanteclaire (de).
10.
Barbier (le) de Tinan,François-
40.
Charpentier, Joseph.
Louis-Théodore.
41.
Châtelain, A.
11.
Barbier (le; fils, J.
42.
Chauvet père.
12.
Baderainé, A.
43.
Chayron.
13.
Bader cadet, Michel.
44.
Christmann-Rœderer .
U.
Beniot, Jean-Baptiste.
45.
Clairier.
15.
Beyckert.
46.
Clermont (de).
16.
Beyer, Jean-Georges.
47.
Clide (de).
17.
Bihet, A.
48.
Clinchamp (de) cadet.
18.
Blessig, Jean-Laurent. •
49.
Conrad.
19.
Boch.
50.
Croly, Félix.
20.
Boissière, A.
51.
Delcomrainéte, J.-J.
21.
Bonnard, Louis-Gabriel.
52.
Démichele, Jacques.
22.
Brackenhofifer, Elie.
53.
Déresser, Théodore-Antoine.
A3.
Brackenhoffer, Jacob-Frédéric.
54.
D'Etrée. J.
24.
Braun, Jean-Daniel.
55.
D'Honnières, Alexandre.
25.
Breu, Jean-Frédéric.
56.
Dietrich (de), Phil. -Frédéric
26.
Briche, A.
57.
Dietrich (de), Jean-Nicolas.
27.
Bronner.
58
Dillemann aine, Christophe
28.
Brunner.
59.
Ditterich, François-Georges
29.
Brunck de Frundeck.
60.
Doublot.
30.
Brunck père, Richard-Frédé-
61.
Doyen, Jean-Amable.
•ric-Philippe.
62.
Dubois, G.-G.
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION
11
63.
Dnfort atné, César.
107.
Gérardon, G.
64.
Dufort cadet.
108.
Gérold, J.
65.
Da Hoax.
109.
Geyler, M.
66.
DucréleJ, S.
110.
Girard, V.
67.
Dulac, Grégoire.
111.
Giverne, F.
68.
Dumas (de), Mathieu.
112.
Gloutier, Alexis.
69.
Dumonchau père, Charles.
113.
Godailli, J.
70.
Dupuis, C.
114
Gossel, A.-X.
71.
Durantin, F.
115.
Grûn, Jean-Jacques.
72.
DQrr, Philippe^acob.
116.
Guérin, E.
73.
Eckerl.
117.
Guérin, Christophe.
74.
Edel, Jean-Daniel.
118.
Guidinale, Jean-Baptiste.
75.
Ehmann fils.
119.
Guiot, C.
76.
Ehrlen, Jean-Daniel.
120.
Guppenberge (de).
77.
Ehrlen.
121.
Hantzmetzger, A.
78.
Ehrmann père, Fréd . -Louis .
122.
Hatt, Daniel.
79.
Ehrmann fils, Jean-Daniel.
123.
Hauterive (de).
80.
Ehrmann aine.
121.
Hebeisen, Jean-Georges.
81.
Ehrmann cadet, François.
12,%.
Hecht.
83.
Ehrmann, Jean.
12(i.
Heitz, Jean-Henri.
83.
Ehrmann, P.
127.
Herrenberger.
84.
Ehrmann, J.
128.
Herrenschneider, Jean-Louis.
85.
Emmerich, G.
129
Herrmann, Jean-Frédéric.
86.
Engel, Philippe.
130.
Herrmann.
87.
Engelhardl, Chrétien-Frédéric
131.
Bervé, Charles-François.
88.
Ensfelder, Jean-Daniel.
132.
Heydelfils, Daniel.
89.
Eschenauer, F.
133.
Hilliers (d^
90.
Fabry, J.
134.
Himly.
91.
Fahlmer.
135.
Hirn, François.
92.
Faudel aîné.
136.
Hirschel. V.
93.
Ferrand, C.
137.
Hirth, Armand.
94.
Foustain, P.
138.
Hoffmann.
95.
Frantz, G.
139.
Holtzapfel, J.-F.
96.
Fried, J.-H.
140.
Holtzapfel C.
97.
Friedel, J.
141.
Hugot.
98.
Fries.
142.
Huguenin.
99.
Fritz, Charles-Maximilien.
143.
Humbourg, François-Antoine-
100.
Frischeît.
Malerne.
101.
Frœreissen, Léonard.
\U.
Hummel, C.
102.
Frosch, F.
145.
Isenheimfils, Jean-Frédéric.
103.
Gallimard.
146.
Jacobi.
104.
Gelin, G.
147.
Jacobi.
105.
Geoffroy, L.
148.
Jacquet cadet.
106.
Gérard, A.
149.
Jacquot, F.
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12
REVUE D'ALSAOB
150. Jacquin^ Nicolas.
151. Jard de Panvilliers, Louis-
Alexandre.
152. Jobin.
153. Junckerpère, Jean-Henri.
154. Jundt, Abraham.
155. Kammerer, Philippe-Jacob.
156. Karth, Jean-Nicolas.
157. Karth, D.
158. Karlh, F. -F.
159. Kast, Benoîtr-Philippe.
160. Kauffmann, Louis.
161. Kecli, J.
162. Keclt, F.
163. Keppler, Maximilien-Xavier.
164. Kern aîné, Philippe-Frédéric.
165. Kerner.
166. Kieffer, Jean-Daniel.
167. Kirslein, Joseph -Ferdinand.
168. Kob. J.-G.
169. Koch, F.
170. Koch, Christophe-Guillaume.
171. Kœnig.
172. Koffler, A.
173. Kolb, Maurice.
174. Kolb, Ferdinand.
175. Kramp, C
176. Kratz, Abraham.
177. Kugler aîné, R.
178. Kuhn, François-Ignace.
179. Kuehn aîné, François.
180. Kuhn cadet, F.
181. Laborde(de).
182. Lachausse, Augustin-Mainrad.
i83. Laquiante fils, F^^KMarie-L.-
N.-J.-T. d'Aquin.
184. Lasalle, F.
185. Laubadère (de).
186. Lauth, Jean-Jacques.
187. Lauth, J.-N.
188. Leduc, N.
189. Lehn.
190. Lépy.
191. Lestranges, L.
192. Levrault aîné, F. -L. -Xavier
Louis.
193. Lex.
194. Liechtlé, H.
195. de Livio, Etienne.
196. Lix, André.
197. Lung, Jean-Daniel.
198. Mathieu père, Jacques.
199. Mathieu aîné, Michel-Léonard.
200. Mayno, Jean-Pierre.
201. Mennet, Joseph.
202. Metz (de).
203. Michelet (de), Michel-Jacques.
204. Momy, J.-J.
205. Montferrand(de).
206. Monrecour de S^Michel.
207. Monfort.
208. Montjoye (de).
209. Montrichard, Joseph-Elie-Dé-
siré.
210. Moritz, L.
211 Mouiile^eaux.
212. Miihe, Simon.
213. Mûller, J.
214. MuUer.
215. Noisette fils, Gaspard.
216. Oberlin, Jérémie-Jacques.
217. Osterrieth, Jean-Michel.
218. Ottmann, Isaac.
219. Pasquay, Nicolas.
220. Pertois.
221. Pistorius, François.
222. Poirot, François-Xavier- Alexis
223. Popp, Charles.
224. Radot.
225. Raffin(de).
226. Rau.
227. Rausch, Geoffroy-Henri.
228. Reichard, Alexandre.
229. Reichard, Jean-Frédéric.
230. Riehl, Jean-Geoffroy.
I 231. Rœderer.
j 232. Rœderer.
i 233. Rollé de Baudreville.
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION
13
234.
Rouget de Llsle, Joseph.
253.
Thomassin .
235.
Rumpler, Joseph-Salomon.
254.
Tisserand, D.-F.
236.
Sainval. •
255.
Treuttel, Jean-Georges.
237.
Saltzmann ^Frédéric-Rodolphe
256.
Tûrckheira (de) père, Jean.
238.
Saucerotte.
257.
Tûrckheim(de) flls, Bernhard
239.
Saura, Jean-Frédéric.
Frédéric.
240.
Saura père, Jean-Daniel.
258.
Ulrich, André.
241.
Saura fils, Daniel.
259.
Ungerer fils.
242.
Schaeffer, L.
260.
Vogt père, F.
243.
261.
Wangen (de), Louis.
244.
Schott, Chrétien.
262.
Weber, Samuel-Reinhardt.
245.
Schweighaeusser, Jean.
263.
Weber, Daniel-Frédéric.
246.
Scotti.
264.
Weiler, F.
247.
Silberrad, Jérémie-Eberhard.
265.
Weyher, Louis.
248.
Spielmann, Gharles-F.
266.
Wild, Jean-Geofifroi.
249.
Spielraann, Jean-Jacob.
267.
Wilhelm.
250.
Stuber, Jean-Frédéric.
268.
Zimmerpère, Jean-Frédéric.
251.
Teutsch, Georges.
269.
Ziramer fils, Georges-Frédéric
252.
Thomassin, Michel.
ACKER (François P.)
Avant 1789. Juge de la maréchaussée, puis avocat au Con-
sistoire de la noblesse d'Alsace.
8 février 1790. Notable du Conseil de la Commune de
Strasbourg.
26 mai — . Membre du district de cette ville.
8 juillet — . Membre du Directoire de ce district.
Septembre — . Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
Mars 1791. Procureur syndic du district de Strasbourg. A
l'occasion du serment des prêtres et de l'élection de
révêque constitutionnel Brendel, il reçoit l'avis sui-
vant, en réponse à sa circulaire : « C'est bien joli
d'être premier procureur syndic suppléant d'un dis-
trict, quand on était créé et mis au monde pour être
un potier ; mais le moyen de faire oublier sa pre-
mière destination était d'être vrai, instruit^ intègre ;
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14 BEVUB D'ALSACE
car pour ne montrer que de l'ignorance et de la mau-
vaise foi, autant valait-il rester potier. A votre avis,
Brendel est un évêque digne des premiers siècles de
l'Eglise. Apprenez votre catéchisme avant de parler
de la primitive Eglise. On ne voit que de petits
athées, de petits impies, de pauvres petits esprits forts
vanter aujourd'hui les premiers siècles de l'Eglise, et se
réunir à quelques fanatiques sectaires pour réformer
le clergé. Retournez au métier de vos pères plutôt que
de vous mêler davantage de celui que vous faites
aujourd'hui. Celui seul est vil et méprisable. »
21 mai — . H annonce aux amis de la Cionstitution que le
prince de Hohenlohe de l'ex-grand chapitre de la
cathédrale de Strasbourg a répondu à sa lettre qui
le priait de lui faire remettre les papiers du grand
chapitre. Le prince lui déclare : « que dans peu de
jours l'armée révolutionnaire allemande reconstituera
l'ancien ordre des choses et remettra un chacun dans
sa position antérieure. »
En juin — . H est envoyé avec quelques cents hommes à
Geispoltsheim^ pour y rétablir l'ordre, y désarmer les
paysans, arrêter et conduire le maire en prison à
Strasbourg.
Septembre — . Accusateur public près le tribunal criminel
du Bas-Rhin.
7 février 1792. H reste fidèle aux amis de la Constitution et
va avec eux à l'auditoire du Temple-Neuf.
Novembre — . Elu pour la seconde fois accusateur public.
Son antagoniste Schneider, dit : « il est inconcevable,
les moyens que les feuillants et les fanatiques em-
ployèrent, pour faire de ce bouc un jardinier, »
En 1793. Destitué et remplacé par Schneider, qui avait
réuni en novembre 1792, le plus de voix après lui, et
qui aspirait à ces fonctions. Comme partisan de Die-
trich, il fut porté sur la liste des suspects, exilé de
Strasbourg, et même emprisonné.
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LES HOMMBS DE LA RÉYOLUTION 13
17 janvier 1795. BaiUy le nomme accusateur public, près le
tribunal criminel du Bas-Rhin.
1797. Inscrit au tableau des défenseurs officieux près les
tribunaux de Strasbourg. Conservateur des hypo-
thèques à Strasbourg.
1805. Chef du contentieux au bureau des domaines et des
émigrés à la préfecture du Bas-Rhin.
1807. Nommé juge de paix du 4" arrondiss. de Strasboui^.
ALBERT (Jagob-Louk).
Fils dunotaire Jean-Georges Albert, de Strasbourg.
25 septembre 1784. D soutint sa thèse de licencié en droit.
Mars 1790. De la Société des amis de la Constitution.
1791. Secrétaire de la mairie de Strasbourg.
7 février 1792. H passe à l'Auditoire.
11 février 1793. Couturier et Dentzel, ordonnent de le faire
sortir de la ville dans le plus bref délai, sans pouvoir se
retirer en Alsace et dans le pays de Bitsch.
11 octobre — . De retour, le comité de surveillance et de
sûreté générale du Bas-Rhin, décide sa mise en état
d'arrestation.
14 — . n est réclu.
17 — . Aux jacobins, il est porté sur une liste de proscription
de vingt individus. Il réclame, et le 2 novembre, le
comité de sûreté générale du Bas-Rhin, à son tour, le
fait figurer sur sa liste des suspects.
29 novembre — . Mis en liberté, il demande audit comité
le visa de son certificat de civisme, qui lui est refusé.
1797. Commissaire du pouvoir exécutif près le tribunal
de police correctionnelle de l'arrondissement de Barr.
1800. H passe en la même qualité au tribunal de première
instance à Barr.
1805. Procureur impérial au môme.
ALPHONSE (le chevaHer d')
1789. Officier d'artillerie en garnison à Strasbourg.
15 janvier 1790, Fondateur de la Société de la révolution,
transformée lel 1 fé v. en celle des amis de la Constitution.
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16 REVX7E D'ALSACE
ALY (F.-L.)
1789. Officier d'artillerie en garnison à Strasbourg.
26 février 1791. De la Société des amis de la Constitution.
AMMEL,
Aubergiste à Ittenheim, près Strasbourg.
26 mai 1790. Membre du district de Strasbourg.
26 août 1791. Membre de Tadministration du Bas-Rhin.
Novembre 1792. A l'élection tenue à Wissembourg, de
nouveau proposé pour l'administration départemen-
tale, il échoue. Plus tard, maître de poste aux chevaux
à Ittenheim.
17 janvier 1795. Le représentant Bailly le nomme du
Conseil général du département du Bas-Rhin.
1805. Suppléant du juge de paix du canton d'Oberhaus-
bergen.
ANDRÉ.
25 mars 1791. Vicaire épiscopal, sous l'évêque constitu-
tionnel Brendel.
22 octobre — . H proteste publiquement contre le discours
imprimé, prononcé à la Société des amis de la Cons-
titution le 11, par son collègue Schneider, en faveur
du mariage des prêtres.
ARNOLD (F.) père.
1789. Maître charpentier, à Strasbourg.
8 février et 11 novembre 1790. Notable du Conseil mxmi-
cipal.
30 novembre — . De la Société des amis de la Constitution.
27 mars 1791. Avec la municipalité, il signe la mise en état
d'arrestation de Jaeglé, curé de Saint-Laurent, pour
insultes faites à l'évêque constitutionnel Brendel.
Novembre — . H se retire de la municipalité, son fils le
remplace.
7 février 1792. Il suit les amis de la Constitution à l'Auditoire.
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 17
ARNOLD (G.) fils.
1789. Comme son père, architecte-charpentier, à Strasbourg,
attaché au Bureau des travaux publics du district
de Strasbourg.
Janvier 1791. De la Société des amis de la Constitution.
11 novembre — . Notable.
7 fév. 1792. H suit les amis de la Constitution à l'Auditoire.
3 juillet — . Il signe Tadresse de la municipalité à rassem-
blée nationale, demandant la poursuite et la punition
des auteurs de la journée du 20 juin 1792.
18 janvier 1793. Les commissaires de la Convention le main-
tiennent notable.
21 janvier — . H donne sa démission.
17 janvier 1795. Bailly le nomme notable, et en môme temps
commandant en second du 8« bataillon de la garde
nationale de Strasbourg.
1798. Elu pour Strasbourg aux assemblées primaires du
Bas-Rhin.
BARBENES (Jean). Négociant à Strasbourg.
Février 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
7 février 1792. Il est avec eux à l'Auditoire.
6 décembre — . Notable de la commune.
4 janvier 1793. Juge suppléant au tribunal de commerce.
18 janvier — . Maintenu notable.
3 octobre —. Destitué par Milhaud et Guyardin, comme
aristocrate opiniâtre, ennemi des Sociétés populaires.
14 — . n sera réclu au Séminaire.
31 — . Imposé par Saint-Just et Lebas à 40,000 livres qu'il
paie les 5, 6, 7 novembre suivant.
11 décembre — . D sera écrit au comité de sûreté générale
de Nancy, qu'il a été déporté de Strasbourg, comme
feuillant enragé, méritant la plus grande surveillance*
17 janvier 1795. Le représentant Bailly le nomme notable
et juge suppléant au tribunal de commerce de Stras-
bourg.
Nonyelle Série. — 6** Année. 2
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18 REVUE D'ALBAGB
LE BARBIER DE TINAN (François-Louis-Thédore).
1789. Commissaire des guerres, à Strasbourg.
15 janvier 1790. Fondateur de la Société de la révolution,
transformée le 11 février en celle des amis de la Cons-
titution, dont il fut le président jusqu'au 13 mars
suivant.
31 mars — . Secrétaire de la Société de correspondance
nationale, il fait appel aux gardes nationales de la
Lorraine, de la Bourgogne et de la Franche-Comté,
pour célébrer la fête de la Constitution le 5 avril sur
la plaine des Bouchers à Strasbourg. Décédé le 18
juin 1791, la Société des amis de la Constitution prit
le deuil pour trois jours.
LE BARBIER (J.) fils.
Décembre 1790. Membre de la Société des amis de la Cons-
titution.
7 février 1792. Il est à TAuditoire jusqu'au jour de la ferme-
ture de la salle, le 27 juin suivant.
BADER (A.) aîné et BADER (Michel) cadet.
1789. Négociants à Strasbourg.
Janvier 1791. A. Bader, membre de la Société des amis de
la Constitution.
7 février 1792. D est à l'Auditoire.
31 octobre 1793. Imposés par Saint-Just et Lebas à 70,000
livres qu'ils versent les 5 et 7 novembre suivant.
26 novembre — . Le comité de surveillance et de sûreté
générale arrête que Michel sortira de l'hôtel de Darm-
stadt; mais que l'alné sera transféré au Séminaire,
où il est resté jusqu'après la chute de Robespierre.
BENIOT (Jean-Baptiste).
1789. Négociant à Strasbourg.
Décembre 1790. Membre de la Société des amis de la
Constitution, qu'il suit le 7 février 1792 à l'Auditoire.
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LBS HOMMES DE LA RÉVOLUTION 19
BEYCKERT.
1789. Régent au collège de TUniversité de Strasbourg,
faubourg de Pierres, N^ 82.
1790. Commandant de la garde nationale. Commissaire à la
fête de la fédération, célébrée à Strasbourg le 14
juillet 1790.
Dans le courant de 1790, la jeunesse strasbourgeoise forma
la Société des jeunes amis de la Constitution, et pour
donner un caractère sérieux à leur association, ils
prièrent Beyckert de les assister de ses bons conseils
et d'accepter le fauteuil de la présidence, qu'il con-
serva jusqu'en janvier 1793, pour faire place à l'exalté
démocrate et journaliste Simon.
11 novembre 1791. Officier municipal, chargé de la division
de la police, des subsistances et des arts et métiers.
7 février 1792. Il passe à l'Auditoire avec les amis de la
Constitution.
12 mai — . Administrateur de police, il annonce une distri-
bution de monnaies de cuivre, contre les billets de
confiance de 5 et 10 sols.
3 juillet — . Signataire de l'adresse de la municipalité à
l'Assemblée nationale, demandant la condamnation
des auteurs de la journée du 20 juin 1792.
20 août — . n est destitué par Camot.
6 décembre — . Notable de la nouvelle municipalité.
18 janvier 1793. Suspendu par Couturier.
14 novembre — . Destitué commandant de la garde nationale,
conduit dans les prisons de Dijon où il resta jusqu'à
la paix.
24 juillet 1794. Le représentant Rûhl nous apprend de Paris,
que la femme de Beyckert était sa cousine, mais que
le mari lui est imparfaitement connu, ne lui ayant
jamais parlé que deux ou trois fois dans sa vie ; il
ignore ses principes, mais ce qu'il sait parfaitement,
c'est qu'il a toujours passé pour un excellent professeur
de collège, et que ses disciples lui étaient fort attachés.
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20 REVUE D'ALSAOE
8 octobre — . A la réorganisation du collège, il est nommé
professeur d'arithmétique et de géographie.
17 janvier 1795. Bailly le nomme notable de la commune et
commandant en second du 1" bataillon de la garde
nationale ; mais ayant refusé ce dernier poste, c'est
Drolenvaux qui le remplaça.
BEYER (Jean-Georges),
ex-sénateur de la ville de Strasbourg.
16 décembre 1789. Il offre 400 livres à la contribution
patrioticpie.
8 février 1790. Elu notable.
Août — . Membre de la Société des amis de la Constitution.
11 novembre — . Maintenu notable.
27 mars 1791. H approuve les poursuites contre Jaeglé, curé
de la paroisse de Saint-Laurent.
14 novembre — . Elu notable.
7 février 1792. Il suit les amis de la Constitution à l'Auditoire.
3 juillet — . Signataire de l'adresse de la municipalité à
l'Assemblée nationale, demandant la poursuite des
fauteurs de la journée du 20 juin.
6 décembre — . Maintenu notable.
18 janvier 1793. Il est suspendu.
8 décembre — . Sa femme offre à la Société populaire de la
part de Madame de Landsberg de Blaesheim, plusieurs
objets en argent, à titre de don.
BIHET (A.)
Juin 1790. Membre de la Société des amis de la Constitution
qu'il ne quitta que le 27 juin 1792 lors de la fermeture
de la salle de l'Auditoire.
BLESSIG (Jean-Laurent),
né à Strasbourg, le 13 avril 1747.
En août 1777, lors de la translation des restes du maréchal
de Saxe dans l'église de Saint-Thomas, il fut charge de
prononcer, en ftunçais, l'éloge funèbre du maréchal.
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LES HOMMES DE LA RËYOLUTION 21
En 1778. Chargé d'un cours de philosophie et peu après
nommé pasteur au Temple-Neuf.
En 1785. Professeur en titre du cours de philosophie à
rUniversilé de Strasbourg.
8 février 1790. Elu notable de la Commune.
18 mars — . A la fête de Finstallation de la nouvelle munici-
palité, qui fut les funérailles de la vieille Constitution
de la ville libre de Strasbourg, il tint au Temple-
Neuf un discours en allemand sur les paroles sui-
vantes de l'Evangile : • Wie fein ist es, wenn Brûder
in Elintracht leben I » A la fin du sermon, et au pied
de l'autel, le maire Dietrich lui renouvela son serment
civique, aux acclamations de la nombreuse assemblée.
11 novembre 1790 et 14 novembre 1791. Maintenu notable.
30 novembre 1790. H propose de créer une caisse de crédit.
3 juillet 1792. Signataire de l'adresse de la municipalité à
l'Assemblée natiqjiale demandant les poursuites
- contre les auteurs de la journée du 30 juin.
4 — . Dénoncé pour ce fait au club des jacobins.
4 décembre —, Le député Laurent demande de Paris aux
jacobins, si Blessig est encore en place, malgré la
demande de sa destitution.
11 février 1793. Couturier et Dentzel ordonnent à la muni-
cipalité de le fedre sortir de la ville dans le plus
bref délai, sans qu'il puisse se retirer en Alsace et
le pays de Bitsch.
27 octobre — . Nouvelle injonction du comité de surveillance
et de sûreté générale du Bas-Rhin, de se conformer à
l'arrêté prononçant sa déportation de la ville.
31 octobre — . Saint-Just et Lebas, l'imposent à 8000 livres,
réglées les 5 et 7 novembre.
2 novembre — . Il figure sur une liste de 248 suspects.
3 décembre — . Arrêté àDorlisheim par D. Stamm et transféré
au Séminaire, sous l'escorte de deux recors, porteurs
d'un billet de Stamm à Mainoni. « Je t'envoie l'homme
le plus dangereux, qui après le 10 août 1792 a voulu
soulever le peuple contre les décrets de l'Assemblée
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32 REYDE d'ALSAŒ
nationale, qui a aidé à paralyser Tesprit public à Stras-
bourg, qui, après être déporté, a influencé sur les
campagnards, qui croyaient en voyant un docteur :
voici le commissaire de Dieu. Je t'envoie enfin le
fameux Blessig, il ne s'attendait pas que je lui ren-
drais visite. Il y en a encore plusieurs de ces êtres
dans les environs, je les découvrirai, ils augmen-
teront le nombre de ceux, qui contribuent à nourrir
les pauvres du Séminaire. »
5 — . D porte plainte au comité de sûreté générale contre
Pierre Kuhn et Alexandre Feyd, ex-gardes des forêts;
mais l'affaire est renvoyée au tribunal révolutionnaire
du Bas-Rhin.
3 septembre 1794. Au club on le fait figurer comme chef
de parti de la faction Dietrich.
3 novembre — . H sort du Séminaire.
10 mars 1795. Il assiste avec joie, à l'ouverture des églises et
à la reconstitution des cultes. C est à PAuditoire qu'il
tint son sermon d'ouverture, le Temple-Neuf n'était
pas abordable, les sans -culottes l'avaient transformé
en porcherie.
Mort 17 février 1816.
Les protestants de Strasbourg lui sont redevables de la fon-
dation Blessig, destinée à faire élever des enfants mal-
heureux dans des familles chrétiennes. Cette institu-
tion a été fondée le 15 avril 1847, un siècle après sa
naissanC'O, et trente ans après sa mort, par sa veuve
et des amis dévoués. Outre ses nombreux discours
et sermons qui ont été imprimés, nous lui devons
encore : 1** Le Bicrgerfreund publié avec Dahler 1776-
1777; 2° Leben des Grafen J.-F. von Medem 1792;
SoPalrnblatter,s.D,
BOCH.
1789. Brasseur à l'Etoile.
17 janvier 1791. L'un des assesseurs de l'assemblée des
fidèles de la religion catholique, il adlière à la lettre
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LES HOMMBS DE LA RÉVOLUTION 23
adressée au Directoire du Bas-Rhin, en vue des mal-
heurs qui menacent leurs pasteurs, ainsi que Tadmi-
nistration du culte.
6 novembre 1793. Sa mère, brasseuse à Strasbourg, paye
5000 livres à la trésorerie pour amende.
10 janvier 1794. Prévenu d'avoir cherché à renouveler la
permanence des douze sections, il sera sur le champ
arrêté, ses papiers scellés, et traduit au tribunal
révolutionnaire à Paris. Au lieu d'être conduit à
Paris, il fut transféré à Dijon, où il resta emprisonné
jusqu'après la chute de Robespierre.
BOISSIÈRE (A.).
1789. Officier d'artillerie à Strasbourg.
Mai 1790. Membre de la Société des amis de la Constitution.
17 juillet — . Président de cette Société.
17 août — . D cède le fauteuil à Xavier Levrault.
BONNARD (Louis-Gabriel).
Décembre 1790. Membre de la Société des amis de la (Cons-
titution.
9 mars 1791. Secrétaire de cette Société. Il s'adresse aux
membres correspondants^ et aux électeurs du Bas-
Rhin, pour leur signaler un prétendu catéchisme
dans lequel les saintes vérités de la religion chré-
tienne sont travesties, ridiculisées et remplacées par
les principes les plus impies*
25 — . Auteur d'une ode à l'occaision de l'installation du
ê
nouvel évêque Brendel.
7 février 1792. H suit la Société à l'Auditoire.
BRACKENHOFFER (Eue).
1746. Chef de la tribu des tonneliers, poste d'honneur
qu'il odbupa jusqu'en 1789.
1768. Administrateur de la fondation de Saint-Guillaume, et
en 1780 de celle de Saint-Thomas et de l'Œuvre de
Notre-Dame, à Strasbourg.
1779. Sénateur et membre des Xni, jusqu'en 1789.
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34 REVUE D'ALSACE
1785, Assesseur à la chambre des comptes et à celle des
finances de la ville. Il fut professeur de mathéma-
tiques, et c'est à lui que nous devons la composition
de rhorloge astronomique qui se trouve contre le
mur du bâtiment principal de la fonderie sur la
place de la Comédie à Strasbourg et dont Jean-Daniel
Pack nous en a conservé le souvenir dans des vers
que je me plais à rapporter :
Wer zeichnete die Pracht des schœnsten Sonnenweisers,
Hier an der neuen Zeughanswand ?
Dies Rnnststûck kommt allein von Brackenhoffers Hand,
Dem Lehrer nnsers grosen Kaisers,
Den Zodiak schan ich, als Kenner, tœglich an.
Hell schimmert mir die Stralen Babn.
Gnomonika, dir bleib ich zugethan ;
Nicbts gleicbs hab icb je gefanden,
Das Werk verbreitet seinen Glanz,
Und Brackenboffers Hanpt, wird mit dem Ehrenkranz,
Der nie verweikt, vom Dichterchor umwunden.
1790. Membre de la Société des amis de la Constitution.
7 février 1792. Il l'accompagne à TAuditoire.
'81 octobre 1793. Saint-Just et Lebas l'imposent à 15,000
livres, qu'il paye le 5 suivant.
30 mai 1794. Ayant appris qu'il devait être arrêté, il s'est
donné la mort, âgé de 80 ans.
BRACKENHOFFER ( Jagob-Frédéric),
fils d'Elie Brackenhoflfer.
1784. Il soutient à Strasbourg sa thèse de docteur en
droit.
1785. Assesseur à la chambre des contrats.
1788. Administrateur de la Maison de travail et Conseil
de la tribu des boulangers, plus tard membre des
XIII.
8 février 1790. Elu officier municipal, aux domaines et
travaux publics.
Avril — . Membre de la Société des amis de la Constitution.
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LES HOMMES DE LA BÊVOLUTION SJ5
11 novembre — . Elu officier municipal.
3 janvier 1791. Il signe la proclamation de la municipalité
aux Strasbourgeois, lors des rassemblements près de
Saint-Pierre-le-Vieux.
6 septembre —. Il désapprouve un pamphlet accusant Die-
trich, Levrault et Noisette d'être les instigateurs d*une
tentative d'assassinat contre le cardinal de Rohan.
14 novembre — . Maintenu officier municipal.
7 février 1792. Il est à l'Auditoire.
3 juillet — . Au club des jacobins, on dénonce l'adresse qu'il
a signée, comme mimicipal, à l'Assemblée nationale,
demandant la punition des auteurs de la journée
du 20 juin.
6 décembre — . Maintenu officier municipal.
18 janvier 1793. Destitué.
31 octobre — . Imposé par Saint-Just et Lebas à 80,000 livres,
qu'il verse les 5, 7 et 9 suivant.
21 novembre — . Conduit au Séminaire.
28 — . Sur ime pétition qu'il lit présenter par sa femme, le
comité de sûreté générale le met en liberté, mais il
aura un planton, et contribuera aux fi^is d'entretien
des prisonniers, tout comme s'il en fsdsait partie.
17 janvier 1795. Bailly le nomme de nouveau officier muni-
cipal.
1798-1800. Juge au tribunal civil de Strasbourg.
13 avril 1800. Conseiller de préfecture du Bas-Rhin, loi du
17 février 1800.
De septembre 1810 à 1815. Maire de Strasbourg. C'est de
Eentzinger qui le remplaça. Sous la restauration,
député du Bas-Rhin.
BRAUN (Jean-Daniel), quai Saint-Thomas.
1789. Professeur de droit à l'Université protestante de Stras-
bourg. Chanoine du chapitre de l'église collégiale de
Saint-Thomas.
11 novembre 1790. Elu notable de la commune.
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26 BEVUE D'ALSACE
27 mars 1791. Avec le corps municipal, il autorise les pour-
suites contre Jaeglé, curé de Saint-Laurent.
8 août — . Elu administrateur du département du Bas-Rhin.
Ce corps s'étant constitué peu de temps après, il fit
partie du Directoire, sous la présidence de Victor de
Broglie.
3 juillet 1792. En cette qualité, il signe l'adresse à TAs-
semblée nationale, demandant la poursuite des au-
teurs de la journée du 20 juin.
14-15 août — . D préside les réunions populaires.
2 novembre — . Président du Conseil général du Bas-Rhin.
Fin 1792. Nommé maire de Strasbourg en remplacement du
médecin Lachausse. Il n'accepta ces fonctions que
conditionnellement, pour faire place à Michel Mathieu.
Mars 1793. A la requête de Dietrich, il alla à Besançon
comme témoin à décharge.
11 juillet — . A l'arrivée de la nouvelle Constitution, et
. comme président de l'administration du départe-
ment, il répondit au représentant Dentzel, avec
dignité, mais entièrement dans le sens de la Mon-,
tagne.
3 octobre — . Destitué par Milhaud et Guyardin, • comme
aristocrate, provocateur de l'adresse du 3 juillet 1792
contre la Société populaire, signataire de l'adresse
royaliste du 9 août même année, et qui a refusé de
signer celle d'adhésion à la révolution du 31 mai. A
cette époque les jacobins le qualifiaient d'homme de
peu de moyens et encore moins de bonne volonté,
plutôt aristocrate que patriote.
14 — . Le comité de surveillance et de sûreté générale arrête
qu'il sera éloigné à vingt lieues des frontières avec
indication du domicile.
23 — . Mais comme il a encore des affaires à terminer
avec l'administration du Bas-Rhin, il pourra rester
chez lui avec un planton.
31 — . Imposé à 20,000 livres, qu'il règle le 5 novembre.
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LES HOMMSB DE LA RÊYOLUTION 27
24 novembre — . Enfermé au Séminaire, il réclame son
élargissement ; le 25, on passe à Tordre du jour sur
sa demande, cependant, le 27, le comité de sûreté
générale ordonne qu'il sera relâché, mais sous con-
dition. Cela n'a pas été de longue durée, car le môme
comité le fait conduire, le 9 décembre, au Séminaire,
où il resta assez longtemps.
30 août 1794. Trois nouvelles dénonciations contre lui
arrivent à Neumann, accusateur public, de la part du
comité de surveillance de la commune de Strasbourg.
2 septembre — . Les jacobins de leur côté le dénoncent
comme chef de parti de la faction Dietrich.
17 janvier 1795. Bailly le nomme de nouveau administrateur
du Bas-Rhin, président du Directoire.
BREU (Jean-Frédéric),
Grand'rue. près Saint-Pierre-le- Vieux.
Avant 1789. Sénateur de la ville de Strasbourg.
Avril 1790. Membre de la Société des amis de la Constitution.
26 mai — . Membre du district qui ne s'est constitué que le
8 juillet suivant.
Septembre 1791. Comme membre sortant, il est réélu jus-
qu'en 1793.
7 février 1792. D suit les amis de la Constitution à l'Audi-
toire du Temple-Neuf.
3 juillet — . On dénonce aux jacobins l'adresse qu'il a
signée au district, demandant la punition des auteurs
de la journée du 20 juin à Paris.
11 novembre — . Scrutateur à l'élection tenue à Wissem-
bourg. Dans cette même année, il est nommé admi-
nistrateur de la paroisse de Saint-Thomas, en vertu
des décrets de 1790.
14 octobre 1793. Expulsé à vingt lieues des frontières.
31 — . Taxé par Saint- Just et Lebas à 20,000 livres, qu'il paie
le 7 suivant.
5 déc. — . Conduit au Séminaire, ce qui ne l'empêcha pas,le 7,
de signer un certificat honorable au jacobin Démougé.
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38 REVUS d'albage
23 mars 1794. Mis en liberté, il donne vingt mesures de vin
rouge vieux aux défenseurs de la patrie, et soixante
fourneaux fonte,
17 janvier 1795. Bailly le nomme de nouveau membre du
district.
1798. Elu aux assemblées primaires du Bas-Rhin pour le
canton de Strasbourg.
1803. Juge suppléant au tribunal civil de Strasbourg.
BRICHE (A.), de Boulogne-sur-mer.
1789. Capitaine d'artillerie à Strasbourg.
Septembre 1790. Membre de la Société des amis de la
Constitution.
26 août 1791. Etant commandant des canonniers de la
garde nationale de Strasbourg, il est élu député du
Bas-Rhin à TAssemblée nationale.
BRONNER.
Ci-devant marguillier de la paroisse des Toussaints à Stras-
bourg; à ce titre il a des comptes à régler avec les
jacobins.
4 juin 1793. Secrétaire-adjoint de la 8' section, il demande
la déportation de Schneider.
2 novembre — . Porté sur ime liste de 248 suspects, il est
conduit au Séminaire.
17 décembre — . Devant remettre dans le plus court délai ses
lettres et comptes au district, il sera élargi pendant
une décade avec planton.
22 — . C'est Sarez qui lèvera les scellés et fera Tinventaire
des pièces qu'il trouvera.
25 mai 1794. Les jacobins le portent de nouveau sur ime
liste de suspects envoyée au comité de la commune.
BRUNNER.
1789 à 1792. Ministre protestant à Lingolsheim.
'5 novembre 1790. Membre de la Société des amis de la
Constitution, n y lit une analyse en français du dis-
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 29
conrs que son coDègue, M. Engel, a prononcé dans
la séance du 26 octobre.
7 février 1792. A l'Auditoire avec les feuillants.
2 novembre 1793. Porté sur une liste de 248 suspects.
29 — . n réclame contre cette inscription, mais le comité de
sûreté générale le déboute, en lui enjoignant de ne
plus revenir. Ne serait-ce pas à lui, que Schneider
aurait adressé de Stuttgardt, le 20 octobre 1788, une
pièce de vers intitulée : t Sentiments à mon trente-
troisième jour de naissance ? •
BRUNCK DE FRUNDECK.
1789. Lieutenant-colonel du génie, à Strasbourg.
15 janvier 1790. Fondateur de la Société de la révolution,
laquelle, le 11 février, prit le nom de Société des amis
de la Constitution.
Mai — . n en est le président, jusqu'au 8 juin suivant.
BRUNCK (RiGHARD-FRÉDÉRiG-PHmiPPE) père,
naquit à Strasbourg, le 30 décembre 1729.
Après avoir fait ses études à Paris, sous la direction des
jésuites, enseignant alors au collège Louis-le-Grand,
il entra dans la carrière administrative et prit part,
en qualité de commissaire des guerres, aux cam-
pagnes de la guerre de sept ans. De cette époque
date son goût pour les études classiques. Il se mit à
lire les auteurs latins et grecs avec un professeur de
l'Université de Giessen, chez lequel il était logé, et de
retour à Strasbourg, il suivit les leçons des hellénistes
de l'Académie de Strasbourg. A partir de 1772, il
publia une série d'éditions de poètes grecs, et fut bien-
tôt après nommé membre de l'Académie des inscrip-
tions et belles-lettres de Paris. Il fut aussi receveur
des finances sous Louis XV et Louis XVI.
1789. Commissaire des guerres, à Strasbourg.
15 janvier 1790. Fondateur de la Société de la révolution.
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30 REVUE D'ALSACE
Le 11 février — . Elle change son nom en celui de Société
des amis de la Constitution.
8 février. Elu notable du conseil de la commune.
11 novembre — . Maintenu.
17 février 179J. Nommé président de Tadministration pro-
visoire du Bas-Rhin par les commissaires royaux
Dumas, Foissey et Hérault. Cette administration
provisoire remplaçait le directoire de 1790 sus-
pendu de ses fonctions.
13 mars — . Président de la Société des amis de la Cons-
titution jusqu'au 17 avril suivant.
27 — . Il approuve la demande en arrestation de Jaeglé,
curé de la paroisse de Saint-Laurent.
11 novembre — . De nouveau élu notable de la commune.
7 fév. 1792. H esta l'Auditoire avec les amis de la Constitution.
3 juillet — . Signataire de l'adresse de la municipalité à l'As-
semblée nationale demandant la pxmition des fauteurs
de la journée du 20 juin.
6 décembre — . Elu notable pour la dernière fois.
18 janvier 1793. Suspendu dans toutes ses fonctions après
vingt-quatre années de loyaux services. On lui donna
pour successeur, au commissariat des guerres, le fils
du représentant Couturier, un jeune homme de
22 ans, mais la Convention eut le bon esprit d'annuler
cette nomination.
11 février — . Couturier ordonne à la municipalité de l'ex-
pulser de la ville, sans pouvoir habiter l'Alsace et
le pays de Bitsche.
Mars — . n dépose à Besançon en faveur de Dietrich.
27 juillet — . Laveau, dans ime lettre de Paris aux jacobins,
après avoir déposé contre Thomassin et autres,
ajoute : t j'ai oublié le grec Brunck, qu'on devrait
fouetter dans tous les carrefours, pour être aristocrate
en sachant le grec, souvenez- vous que ce coquin là
a dénoncé Simond et moi, pour nous faire expulser
de Strasbourg, et qu'il a eu l'eflBronterie de s'en vanter
au tribunal de Besançon. >
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 31
14 septembre — . Le général Dièche, requiert la municipalité
de le faire arrêter.
1 1 décembre — . Il réclame, mais le comité de sûreté géné-
rale se déclare incompétent à statuer sur sa demande.
17 janvier 1795. De retour à Strasbourg, Bailly le nomme
de nouveau notable de la commune.
1798-1800. Commissaire des guerres de l** classe, il remplit
les fonctions de commissaire du pouvoir exécutif près
le conseil permanent de révision de la 5™ division,
à Strasbourg.
1800. Membre de la Société d'agriculture, sciences et arts
du Bas-Rhin. Retiré du monde, il mourut le 14 juin
1803. Poursuivi comme suspect, c'est avec peine (ju'il échappa
au tribunal révolutionnaire de Schneider. Sa fortune
se trouva compromise, il fut obligé de réaliser une
partie de sa riche bibliothèque, dont le solde fut
vendu à Strasbourg en 1870.
BRUNCK (J.) fils, ancien colonel d'artillerie.
26 mai 1790. Membre du district de Strasbourg.
8 juillet — . Président du Directoire de ce district.
26 août 1791. En cette qualité, il est élu député du Bas-
Rhin, à l'Assemblée nationale.
28 juillet 1793. Les jacobins demandent que des commis-
saires se transportent à la municipalité pour le faire
arrêter. D n'a cherché qu'à jeter la terreur panique
dans tout le département, disaient-ils. Cependant le
11 décembre, le comité de surveillance et de sûreté
générale approuve son certificat de civisme, comme
ancien employé au district.
BURGGRAFF (Jean).
1789. Négociant-agronome à Strasbourg.
1792. Comme parent du représentant du peuple Dentzel, il
fut nommé receveur des bois nationaux et des do-
maines à Strasbourg, en remplacement de Sonntag.
4 janvier 1793. Juge au tribunal de commerce.
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32 REVUE d'alsage
14 mars — . Membre du Conseil général du district.
31 octobre — . Imposé par Saint-Just et Lebas à 10,000
livres, qu'il règle le 6 suivant.
17 janvier 1795. Juge suppléant au tribunal de commerce.
1797. Administrateur municipal sous la présidence de
Démichel.
BURGER (Jean-Frédéric), homme de lettres.
1789. Procureur-vicaire, place Saint-Thomas. Ex-traducteur
de l'administration départementale du Bas-Rhin.
Juin 1790. Membre de la Société des amis de la Constitution.
8 juillet — . Secrétaire du Directoire du district du Bas-Rhin.
26 août 1791. Elu administrateur du Bas-Rhin. Ce corps
s'étant constitué peu après, il entra au Directoire
départemental.
7 février 1792. Il va avec la Société des amis de la Consti-
tution à l'Auditoire. «
3 juillet — . Il demande à l'Assemblée nationale la poursuite
des auteurs de la journée du 20 juin 1792.
12 novembre — . A Wissembourg, il est élu vice-président du
Consistoire ou Directoire départemental.
7 février 1793. Maintenu dans ses fonctions
3 octobre — . Destitué comme signataire de l'adresse roya-
liste du 9 août 1792, opposant à celle d'adhésion à
la révolution du 31 mai, à toutes celles contre Dietrich,
et qui a quitté la Société populaire dans le moment le
plus critique.
14 — . Ordre de l'emprisonner immédiatement.
2 novembre — . Porté sur une liste de suspects ; il logeait
alors au jardin d'Angleterre, près la Wantzenau.
26 mai 1794. Il est arrêté sur les instances des jacobins,
comme ci-devant greffier d'Erstein, propriétaire du
jardin d'Angleterre, feuillant, aristocrate auquel le
certificat de civisme a été refusé.
14 juin — . Détenu à l'hôtel de Darmstadt, il s'adresse
au comité de sûreté générale de la Convention
nationale.
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LES nomSEB DE LA BÉVOLITTION 88
12 août — . Du Séminaire, où il avait été transféré, il adresse
une seconde lettre au même comité, traitant, comme
la première, la question de la situation critique de la
commune de Strasbourg.
15, 24, 28 août, 2 et 3 septembre — . Au club, on tire à boulets
rouges sur lui : il est représenté comme un second
Noisette, ayant été dans l'administration du Bas-
Rhin, par l'esprit qui y régnait alors, un vrai zélé
suppôt du dernier Capet, de s'être réfugié à Paris,
mais aujourd'hui qu'il est au Séminaire, il ne cesse
de réclamer sa mise en liberté, tout en étant reconnu
chef de parti de la faction de Dietrich. Il ne manque
pas de moyens et de connaissances, parle avec assez
de facilité ; mais il est modéré à im tel point, surtout
envers les fanatiques et les aristocrates, qu'il parait
parfois être l'un et l'autre.
17 janvier 1795. Bailly le replace à l'administration du Bas-
Rhin, qu'il quitte bientôt après, pour occuper le poste
de juge au tribunal civil de Strasbourg, jusqu'au
17 juillet 1799, où il rentra dans l'administration
centrale du département, comme chef du bureau
d'administration générale et de celui de la guerre.
1800 à 1804. Conseiller de préfecture du Bas-Rhin, pendant
bien des années. A partir de 1792, il publia quelques
brochures politiques. Il est l'auteur présumé d'une
satire imprimée en 1790, ayant pour titre :
Parentation, oder Stand on Leichenrede gehalten am Grabe bei
der Beerdigong der alten and verânderten Constitution von Strassburg.
BUSCH.
1789. Aubergiste à ITIommelet rouge, à Strasbourg.
14 novembre 1793. Destitué commandant de la garde natio-
nale, arrêté et conduit en prison à Dyon, jusqu'à la
chute de Robespierre.
17 janvier 1795. Bailly le nomme membre du Conseil général
du district de Strasbourg et commandant en second du
3* bataillon de la garde nationale. Nous lui devons VArt
culinaire en Alsace, imprimé à Strasbourg, 8% en 1823.
Nonrelle Série. — 6"« Année. 3
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3i REVUE D'ALSACE
GAPPY (Antoine).
1789. Capitaine en retraite, cul-de-sac Saint-Thomas.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution.
11 février — . Membre de celle des amis de la Constitution.
23 décembre — . Il signe 300 livres à la contribution patrio- ,
tique de la ville.
7 février 1792. A TAuditoire du Temple-Neuf.
31 octobre 1793. Imposé par Saint-Just et Lebas à 10,000
livres.
14 novembre — . Il paie 2,000 livres à valoir.
16 novembre — . Conduit au Séminaire.
24 novembre — . Il réclame ; mais le comité de sûreté géné-
rale ordonne qu'il restera enfermé.
7 décembre — . Le môme comité réduit sa contribution à
4,000 francs.
16 décembre — . Il solde les 2,000 livres restant.
25 mai 1794. Les jacobins le font figurer sur une nouvelle
liste de aspects. La chute de Robespierre lui rend la
liberté.
CARAMELLE.
1789. Lieutenant au régiment d'Artois à Strasbourg,
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution.
11 février — . Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
CHAMPY (Paul-Claude).
26 février 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
25 mars — . Dans une ode, il célèbre l'installation de l'évêque
constitutionnel Brendel dans la cathédrale de Stras-
bourg.
3 mai — . Il dénonce aux amis delà Constitution deux juge-
ments rendus par le tribunal de commerce, qu'il
considère comme attentatoires à la loi, et propose de
signaler ce tribunal au ministre de la justice. Adopté.
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LES HOMMES DE LA BÉYOLUTION 35
31 décembre — • Devant les mômes, il défend avec talent le
ministre de la guerre de Narbonne, accusé alors à tort
ou à raison d'avoir violé les lois de la Constitution, et
termine en disant à rassemblée : « Cessez d'entretenir
et de répandre de vaines et dangereuses terreurs, ou
si, détrompés sur leur objet, vous persistez à les re-
produire, nous dirons, ou que vous ne voulez que
brouiUer, ou que vous êtes atteints de la manie de
ceux dont un homme d'esprit a dit : qu'ils s'imaginent
être grands parce qu'ils s'^attaquent à quelque chose
d'élevé. Et où s'arrêtera cette fureur de tout suspecter,
de tout déchirer ? »
7 février 1792. Il passe à l'Auditoire.
4 juin — . Le journal politique et littéraire des Rives du Rhin,
qui avait pour collaborateur F. Rouget de Lisle, l'au-
teur de la Marseillaise, donne ime lettre de Champy
à Schneider, dans laquelle il accuse ce dernier de lâ-
cheté, d'hypocrisie, et d'atrocité à l'égard du maire
Dietrich. Schneider lui répond: • Les louanges que je
fais du maire d'Etampes sont-elles une satyre contre
le maire de Strasbourg? Si vous dites,. non, dans ce
cas vos accusations tombent d'elles-mêmes. Dites-
vous oui, alors vous compromettez justement par là
l'honneur de l'homme dont vous avez entrepris la
défense. » Champy lui réplique : t Je ne m'étais en-
gagé de répondre à Tabbé Schneider, que dans le cas
où sa réponse mériterait une réplique. Je viens de lire
l'immortelle lettre qu'il m'a adressée. Je n'ai autre
chose à faire que de lui accuser réception. »
14 juin — . La municipalité arrête une adresse à la Convention
nationale, disculpant le maire Dietrich des violentes
attaques des jacobins. Cette adresse spontanément
signée par plusieurs milliers de citoyens, fut remise à
l'assemblée par Champy et Noisette, désignés à cet
effet.
Dès le 12 juillet, sans entendre les deux commissai-
res, la Convention passa à l'ordre du jour, approuvant
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36 BEVUE D'iLLSACE
la conduite du ministre Roland en cette circonstance.
Mais Champy, qui aurait bien voulu connaître les noms
des accusateurs, menaça le ministre d'en appeler à la
justice ; celui-ci s'obstina dans son refus, ce qui obligea
Champy de recourir à l'impression. Le lendemain, on
vit des placards dans les différents quartiers de Paris»
dévoilant ces intrigues; ils furent bientôt arrachés par
des individus dépêchés à cet elïet, et le 25 novembre
suivant, Rûhl ne manqua pas de déposer au comité
des décrets de la Convention, comme pièce dans les
prétendus crimes de Dietrich, un exemplaire de cette
affiche, qui avait pour titre Ams'aïuc Parisiens et si-
gnée Champy, 12 juillet 1792.
Fin du même mois. Membre du conseil municipal de Stras-
bourg. On lui attribue la rédaction de Tadrese du 7
août 1792 de la municipalité à la Convention. Il devint
le grand propriétaire des forges de Framont, qu'il sut
maintenir par son talent à la hauteur de la réputation
qu'elles avaient justement acquise.
CHAMPY (frère de Claude Champy.)
27 février 1790. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution avec laquelle il passe à l'Auditoire le 7 février
1792.
CHANTECLAIRE (de).
1789. Capitaine d'artillerie à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution.
11 février — . Transformée en celle des amis de la Constitu-
tion, dont il fut adjoint au bureau.
CHARPENTIER (Joseph).
Cul-de-sac de Saint-Thomas.
13 janvier 1790. Il signe pour 3,600 livres à la contribution
patriotique.
25 août 1793. Administrateur du Directoire du district de
Haguenau. Il fait appel aux municipalités, sociétés
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LES HOMMES DB LA RÉVOLUTION 37
populaires et citoyens de rairondissement pour ob-
tenir des vêtements et chaussures pour Farinée. Le
magasin pour les recevoir est dans la maison de
Wûrtenbecher à Haguenau.
31 octobre — . imposé par Saint-Just et Lebas à 20,000 francs
qu'il paie le 6 suivant.
2 novembre — . Sur ime liste de 248 suspects; il demeurait
alors chez Dartein à Strasbourg. Enfermé au Sémi-
naire jusqu'après la chute de Robespierre.
CHATELAIN (A).
1790. Secrétaire du district de Strasbourg.
Février 1791. Membre de la Société des amis de la Constitu-
tion qu'il suit à l'Auditoire le 7 février 1792. Décédé à
Strasbourg, commissaire des guerres en retraite, dans
sa propriété rue des Frères, devenue la brasserie
Burger.
CHAUVET père.
Janvier 1791. Membre de la Société des amis de la Constitu-
tion, qu'il suit le 7 février 1792 à l'Auditoire.
CHAYROU.
1790. Membre de la Société des amis de la Constitution.
1791. Principal du Collège de Strasbourg.
81 décembre — . Il communique à cette société, un projet
sur l'éducation des femmes.
6 janvier 1792. Schneider combat ce^ projet: « Mettez les filles
dans un pensionnat quelconqpie, elles n'y trouveront
pas cet intérêt qui les lie à leurs mères. Jamais l'art
ne pourra égaler la nature, dit le prédicateur de Stutt-
gardt. »
7 février — . Il est à l'Auditoire.
9 mars — . Dans son journal, la Feuille de Strasbourg, nou-
vellement créé, il répond à Laveaux qui l'accusait de
feuillant : « Nous nous sommes enquis chez ceux qui
nous veulent encore un peu de bien, de ce qu'il fallait
donc faire pour être aussi excellents patriotes quaceux
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38 REVUE d'alsage
qui nous accusent. On nous a répondu qu'il fallait ca-
lomnier à dire d'expert, injurier à tort et à travers*;
attaquer toutes les administrations, discréditer les
magistrats du peuple, faire cause commune avec les
fanatiques qui persécutent, et surtout corriger notre
épigraphe par celle-ci : « toujours flatter le peuple et lui
faire accroire qu'on est pour lui un vigoureux défen-
seur. Surtout le travailler avec adresse, pour qu'au
besoin on puisse compter sur lui. »
5 avril — . Il publie un article satyrique contre Simond, Pe-
rigny, Alexandre et Genthon, députés par les jacobins
du Miroir, à la Société-mère de Paris.
10 juillet — . Schneider, dans l'argos, le qualifie de gazetier.
En effet, dans les premiers mois de 1792, il publia,
comme on vient de le voir, la Feuille de Strasbourg, et
du 15 avril au 30 juin, avec là collaboration de Rou-
get de Lisle, le journal politique et littéraire des Rives
du Rhin.
11 février 1793. La municipalité reçoit ordre de le faire sortir
de la ville dans le plus bref délai, sans pouvoir se fixer
en Alsace et dans le pays de Bitsche. En attendant il
est enfermé à l'hôtel de Darmstadt.
CHRISTMANN-RŒDERER.
Négociant à Strasbourg.
Mai 1790, membre de la Société des amis de la Constitution,
qu'il suit le 7 février 1792 à l'Auditoire du Temple-
Neuf.
CLAIRIER.
Un prêtre constitutionnel.
7 janvier 1791. n informe la Société des amis de la Constitu-
tion, qu'il a adressé une demande à la municipalité
de prêter le serment civique.
5 avril — . Il fait hommage à la société de son ouvrage sur
* l'éducation » et demande à être reçu sociétaire, ce
qui lui a été accordé.
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LES HOMMSB DE LA RÉVOLUTION 89
7 février 1793. Il suit les membres à r Auditoire. Il a encore
publié ; « Le tableau naturel de l'homme ou observa-
tions physionomiques sur les divers caractères des
hommes. >
CaLERMONT (de).
1789 à 1792. Contrôleur des postes aux lettres à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution et le 11 février suivant, Société des amis de la
Constitution, qu'il suit, en février 1793, à TAuditoire.
CLIDE (DE).
1789. Officier au régiment d'Artois, cavalerie à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution laquelle, le 11 février suivant, prit le nom de
Société des amis de la Constitution, à laquelle il resta
attaché jusqu'à son départ de Strasbourg pour l'armée.
CLINCHAMP (de) cadet.
1789. Officier au régiment de Hesse-Darmstadt à Strasbourg.
15 janvier 1790. Fondateur de la Société de la révolution,
transformée, le 11 février, en Société des amis de la
Constitution.
CONRAD.
17 janvier 1791. Assesseur de l'assemblée des fidèles delà
religion catholique, il signale au Directoire du Bas-
Rhin, les inquiétudes de ses co-religionnaires sur la
menace de la perte de leurs pasteurs.
8 octobre 1793. Enfermé au Séminaire, n sera mis en liberté,
en lui enjoignant d'être plus circonspect et que s'il
retombe dans les mêmes fautes, on prendra des me-
sures rigoureuses contre lui.
25 mai 1794. Les jacobins le portent de nouveau sur une liste
de suspects, et il est pour la seconde fois conduit au
Séminaire jusqu'après la chute de Robespierre.
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40 REVUE D'ALBAOI
CROLY (Félix).
Simple grenadier.
27 juin 1791. Membre de la Société des amis de la Constitu-
tion. Il prononce un discours de réception que la so-
ciété fait imprimer et distribuer.
DELCOMMINÉTE (J.-J.)
Avant 1789. Négociant à Strasbourg.
Février 1791. Membre de la Société des amis de la Constitu-
tion, qu'il suit, le 7 février 1792, à l'Auditoire.
DÉMICHEL (Jacques).
22 août 1792. Adjoint municipal, sous les maires provisoires
Lachausse et Braun.
6 décembre — . Officier municipal sous le maire Fréd. de
Tûrckheim.
21 janvier 1793. Maintenu par Monet.
3 octobre — . Destitué.
14 octobre — . Réélu au Séminaire.
17 janvier 1795. Réintégré officier municipal sous Michel
Mathieu.
30 janvier — . Membre du comité de la Société populaire ré-
générée ; il signe le nouveau règlement, basé sur les
droits de l'homme, patrimoine de tous les Français.
31 janvier — . Il fait appel à ses concitoyens en faveur de la
classe nécessiteuse.
27 mars 1795. Officier public, il nous donne un extrait des
décès à Strasbourg, du 1" janvier 1793 au 21 mars
1795, accusant 5152 décès non compris ceux des hô-
pitaux.
1796. Commissaire près la municipalité de Strasbourg.
1798. Président de cette administration par voie d'adjonction.
31 mars 1800. Adjoint au maire Livio, chargé des actes civils,
n est décédé en fonctions.
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LES HOMMES DB LA RÉVOLUTION 41
DÉRESSER (Théodore-Antoinb).
Un allemand qui logeait dans la rue d'Or. Il publia : Deut-
sches Brevier, imprimé à Augsbourgen 1791. Pro-
fesseur à l'université de Bonn, il vint avec Euloge
Schneider à Strasbourg en 1791, et fut nommé pro-
fesseur d'écritures saintes et de langues orientales au
Séminaire catholique de cette ville. Il prêta le serment
civique dans la cathédrale.
17 novembre 1792. Supérieur du Séminaire catholique. Lors
de la tourmente révolutionnaire, il s'était retiré comme
curé à Scherwiller.
27 octobre 1793. Dénoncé au tribunal révolutionnaire, il fut
incarcéré au Séminaire, comme zélé défenseur du
nouveau culte catholique, et seulement, au commen-
cement de 1795, il obtint sa liberté après avoir passé
devant un tribimal secret. La même année il alla à
Paris, comme ancien élève de l'école normale, espé-
rant obtenir un emploi. Trompé dans ses espérances,
il revint à Strasbourg chez son ami Blessig, où il
trouva logement et nourriture.
D'ETRÉE (J.)
1789. Officier d'artillerie à Strasbourg.
Février 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
D'HONNIÈRES (Alexandre).
Décembre 1790. Membre de la Société des amis de la Cons-
titution.
30 avril 1791. Membre du comité de correspondance de cette
société, qu'il suit à l'Auditoire le 7 février 1792.
DIETRICH (Jean-Nicolas) (Baron de).
L'oncle du maire Frédéric de Dietrich. Il fut fait baron par
l'empereur d'Allemagne François I".
29 juin 1790. Membre de la Société des amis de la Constitu-
tion, qu'il suit à l'Auditoire le 7 février 1792.
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42 REVUE d'alsace
31 octobre 1793. Imposé par Saint-Just et Lebas à 5,000 livres,
qu'il règle les 6 et 7 novembre.
DILLEMANN (Christophe) l'aîné.
Avant 1789. Négociant-fabricant de tabac à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution.
8 février — . Proposé pour la municipalité.
11 février — . Membre des amis de la Constitution, qu'il suit
le 7 février 4792 à l'Auditoire du Temple-Neuf.
31 octobre 1793, Saint-Just et Lebas, imposent les frères
Dillemann à 26,000 livres réglées les 6, 9 et 22 novembre.
31 mars 1800. L'aîné est nommé membre du conseil muni-
cipal de Strasbourg et de la Conmiission administra-
tive des bospices civils de Strasbourg.
EnENME Barth.
(La suite à la prochaine livraison,)
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LE SAC DE L'HOTEL-DE-VULE
DE STRASBOURG
le 21 jumet 1789
d'après un dooizrnent inédit.
Le sac de rhôtel-de-yille de Strasbourg, entrepris le SI
juillet 1789 par une foule tumultueuse, grossie par des voleurs
et des bandits de profession, est resté Tun des épisodes les
plus curieux et les glus obscurs de Tépoque révolutionnaire
en Alsace. Il est aussi difûcile de deviner les mobiles qui
poussèrent les masses à dévaster un édifice dont la destruc*
tion ne leur était aucunement utile, qu'il est difficile de com-
prendre les motifs pour lesquels les autorités constituées
civiles ou militaires, n'intervinrent point, ou n'intervinrent
que fort tard^ alors que Tœuvre de pillage et de démolition
était à peu près accomplie. On peut expliquer sans doute cette
attitude de part et d'autre, en invoquant l'analogie de toutes
les scènes révolutionnaires du temps ; on connaît cette soif de
destruction naïve, cette satisfaction brutale d'amonceler autour.
de soi des ruines, qui se font jour tout-à-coup dans les foules
excitées et changent < le peuple souverain > en une c vile
multitude, > dont les démocrates les plus convaincus sont
obligés de se détourner avec mépris. On peut dire aussi qu'en
face d'une révolution triomphante, les représentants officiels
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44 REVX7E D' ALSACE
de Tancien régime se sentent désobéis d'avance, tandis que
les interprètes accrédités des idées nouvelles ne se soucient
guère de compromettre, par une intervention, peut-être inutile,
leur popularité naissante. Les chefs militaires surtout, pour
peu que leur discipline ait été sévère, se savent trahis en de
pareilles occurences par la soldatesque irritée, qui préfère
fraterniser avec l'émeute. Néanmoins, lorsqu'on étudie de
plus près le développement de la journée du 31 juillet, on y
sent quelque chose de voulu, d'artificiel, ne répondant en rien
aux entraînements populaires, qui se produisent en des occa-
sions semblables. On comprend alors, sans les partager peut-
être, les soupçons qui, dès l'origine, se sont fait jour à Stras-
bourg au sujet de ce coup de main, soupçons éveillés par la
conduite au moins bizarre de certains fonctioimaires élevés,
et confirmés plus tard par leur émigration volontaire. La
présence de personnes d'un rang supérieur, signalée par des
témoins oculaires ^ comme paraissant fomenter le désordre,
confirme encore davantage ces soupçons. Nous ne voulons pas
entrer ici dans le détail de ces controverses, ni examiner de
plus près les accusations dirigées surtout contre M. de Eling-
lin, le maréchal-de-camp,commandant les troupes chargées de
dissiper les émeutiers^ notre intention n'étant point d'écrire
en ce moment l'histoire de la journée du 21 juillet à Stras-
bourg. Nous nous bornons à donner ici la relation officielle
des événements, dressée quelques jours plus tard par les
* Arthur Young, Rochambeau, etc. — Nous mettrons en appendice
le récit de ces deux témoins oculaires.
' On prétendit alors, on prétend encore aujourd'hui, que M. de Kling-
h'n, fils de l'ancien prêteur royal de Strasbourg, que les magistrats
avaient poursuivi pour d'indignes malversations et avaient réussi à faire
condamner par le Parlement de Besançon, voulait exercer une vengeance
posthume contre les accusateurs de son père ou leurs successeurs, et
laisser détruire surtout les documents du procès, conservés aux archives
de la ville. Ce dernier mobile au moins est fort sujet à caution, puisque
M. de Klinglin ne pouvait ignorer que les originaux ou des copies
authentiques se trouvaient au greffe de Besançon.
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LE SAC DE L*HOTEL-DE-yiLLE DE STRASBOUBO 45
représentants de la bourgeoisie pour les députés de la yille
aux Etats-Généraux.* Cette relation n'a point encore été
publiée, bien que M. Ch. Eugelhardt, le continuateur de VHis-
toire d Alsace de Slrobel, la mentionne dans une de ses notes
comme existant aux archives municipales.' Toutefois ce n'est
point aux archives de notre ville que nous avons retrouvé le
document qu'on lira plus loin. Il doit s'être égaré, car nous
avons en vain cherché sa trace dans les cartons, où il aurait
dû se trouver avec les autres pièces de l'époque.' C'est une
autre copie contemporaine — la pièce originale, envoyée à
Paris, s'est perdue sans doute parmi les papiers de Schwendt
ou de Turckheim ~ tirée de papiers de famille et qu'on a
bien voulu nous donner dans ce but — qui nous a fourni notre
texte. C'est un cahier de six feuillets in-folio, dont rien, nous
l'avouons, ne garantit matériellement Tauthenticité^ mais que
rien aussi ne nous autorise à mettre en suspicion. Nous avons
joint ça et là quelques notes indispensables pour l'intelligence
du récit, suffisamment détaillé, du reste, pour n'avoir point
besoin de longs commentaires.
^ Jean de Torckl^eim, ancien ammeistre de la ville de Strasbourg, et
Joseph-Etienne Schwendt, syndic du Directoire de la noblesse de la Basse-
Alsace.
' Stbobel, Geschichte des Elssases, V, 325.
' Nous avons réuni dans les cartons des archives toutes les pièces de
la correspondance des députés de Strasbourg avec les magistrats de la
ville, pendant la mémorable année de 1789 et les premiers mois de 1790.
Grâce au concours obligeant de notre excellent ami, M. l'archiviste
Brucker, nous avons pu réunir, en assez peu de temps, cette série de
documents sur la révolution française, et bientôt elle sera prête pour la
publication. Nous espérons qu'on ne lira point sans intérêt cette corres-
pondance, dont les abonnés de la Revue d'Alsace auront la primeur, et
que nous tâcherons de rendre aussi complète que possible, en continuant
nos recherches aux archives municipales.
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46 REVUE d'alsacb
RELATION
&ite par les représentants ^ aux députés de la ville de Strasbourg
à TÂssemblée des Etats-Gfênérauz de France,
de ce qui s'est passé du 19 au 21 juillet 1789.
Messieurs,
Nous vous devons un récit fidèle des désastres que nous
avons éprouvée et du saccagement de la maison commune
de nos Pères, qui a été livrée au pillage. Les troubles ont
commencé le dimanche soir, 19 juillet, lorsque la nouvelle
de l'escalade de la Bastille et de l'exécution de son gouver-
neur eut appris à la multitude à calculer ses forces. Cet
événement, qui.rendra à la nation une portion précieuse
de liberté, qui avait été enchaînée jusques là par l'appa-
reil de la force militaire, fut marqué par l'illumination de
plusieurs quartiers de la ville dans la nuit du dimanche,
* Pour ceux qui n'auraient plus très présent l'état de choses établi
dans Strasbourfi: au moment de la Révolution, nous rappellerons que
l'antique Constitution de la Cité, avec ses trois CoUéges secrets, celui des
XIII, celui des XV, celui des XXI, avec son Grand- et son Petit-Conseil,
et son collège des trois cents Echevins, subsistait encore en 1789; libé-
rale autrefois, celte organisation surannée mettait tout le pouvoir entre
les mains d'une oligarchie, à bon droit suspecte à la moyenne bourgeoisie
intelligente et raisonneuse, qui se voyait à peu près exclue du manie-
ment des affaires. Lors des élections aux Etats-Généraux, tous les citoyens
de Strasbourg avaient concouru à la nomination de représentants ou
électeurs du second degré, chargés de désigner les députés. Ces repré-
sentants, se sentant soutenus par l'opinion publique^ ne se bornèrent
point à leur fonction unique, mais ils commencèrent à solliciter du
Magistrat l'abolition de certaines charges , de certains dicastëres, la
réforme de nombreux abus, l'intervention, plus directe que par le passé,
des citoyens dans la gestion des affaires. Le Magistrat, c'est-à-dire les
CoUéges intimes, regimbait de son mieux contre les nouveautés qu'on
lui demandait. A part son intérêt privé, qui pesait sans doute dans la
balance» on ne doit pas méconnaître la conviction sérieuse de beaucoup
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IJft SAC DE L'HOTBL-DE-VICXE DE STRABBOtmQ 47
qui dut être générale es jours suivants.* Elle Êivorisa la
dévastation de la maison de M Lemp, Ammeister, qui
avait encouru la haine de plusieurs classes de ses conci-
toyens.* Les portes furent enfoncées, les vitres cassées et
la présence de TEtat-major arrêta les excès*
Le jour du lendemain avait été fixé depuis plusieurs
jours par le magistrat pour communiquer aux représen-
tans de la bourgeoisie le résultat de ses délibérés sur le
cahier des doléances ; le mécontentement avoit déjà gagné
les citoyens du long retard de cette communication.*
de ses membres que Tabandon des franchises spéciales de Strasbourg
serait on grand malhenr, et leur répugnance à démolir les restes d'une
Constitution politique, qui remontait au XV" siècle. Delà, entre les man-
dataires officieux de la population et les corps qui la représentaient
officiellement, des froissements, des discussions, qui duraient depuis
plusieurs mois, quand vint la journée du 21 juillet.
' Dès le soir du 18 juillet la nouvelle de la prise de la Bastille parvint
à Strasbourg ; la façade brillamment éclairée de l'Hôtel de la Maison-Rouge
sur la Piace-d' Armes (place Rléber) annonça, vers 9 heures du soir, la
grande nouvelle à la foule, qui se promenait sur la place et qui Tao-
cueillit par les cris de : Vive le Roi I
' Jean Lemp. né le 20 juillet 1730, membre de la Chambre des XV
depuis 1770, ammeister en 1781. était tout particulièrement détestée,
d'abord comme membre du Collège des XV, qui établissait les impôts,
pais à cause de ses manières arrogantes et brusques à l'égard de ses
concitoyens. Il demeurait dans la rue du Bouclier, dans la maison actuel-
lement occupée par M. Kœrttgé, ancien notaire et successeur de feu
M. Zimmer. Après la révolution de juillet, Lemp se retira à Carlsruhe,
mais il revint plus tard en Alsace, s'établit à Colmar, puis rentra dans
sa ville natale et y mourut en 1809, comme juge-suppléant à la Cour de
justice criminelle. La familld Lemp existait encore à Strasbourg avant
l'annexion, mais elle a émigré.
• C'est là que nous voyons apparaître, pour la première fois, le baron
de Rlinglin, à la tête d'une patrouille de cavalerie, salué par les vivats
des émeutiers et priant ses « cbers amis, de ne pas mettre du moins le
feu à la maison ! »
* Ce n'était pas sans raison, car les délibérations avaient commence
le 22 avril, puis avaient été suspendues du 25 mai au 25 juin, et le
Magistrat se montrait moins disposé que jamais k céder sur certaines de
»es prérogatives.
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48 BEVUE D'ALSACE
Réunis à la députation du magistrat dans Taprês diner
du lundi 20 à la chambre des XIII, nous remarquâmes
à l'ouverture provisoire que le magistrat accordait sans
réserve les objets relatifs à la comptabilité, à Tadminis-
tration des revenus publics et opposoit l'observance de
plusieurs siècles au changement proposé pour rendre l'é-
lection des échevins plus populaire, pour l'admission du
scrutin et l'organisation mixte de la chambre des XV, sur
lesquels objets un mémoire long et détaillé dut exposer
tous les motifs de résistance du magistrat, pour que les
représentans de la bourgeoisie puissent l'examiner de sang
froid et se décider en pleine connoissance de cause.
Connoissant, Messieurs, les principes de la rumeur
publique, qui augmentoit visiblement, nous dûmes nous
promettre peu de succès de ce nouvel examen, et à l'ou-
verture des conférences, nous répétâmes sommairement
ce que l'un de nous avoit annoncé l'avant veille en assem-
blée générale de sénat et XXI avec énergie, que le magis-
trat laissoit échapper les rênes du gouvernement paternel,
en se retranchant derrière les parchemins.
Nous ne fûmes pas un quart d'heure en conférence sans
être obligés de quitter la salle, dans laquelle les pierres
pieu voient de la place de l'hôtel de ville. Nous nous ren-
dîmes à l'assemblée des représentans \ convoquée pour
entendre le résultat de la conférence. Elle ne put se
résoudre à acquiescer aux propositions d'un nouvel examen
sur les questions, qui lui tiennent le plus à cœur pour
assurer l'égalité politique des citoyens et leur influence
dans les élections des administrateurs du bien commun et
de ses juges librement éligibles.
M. le fio" de Dietrich, commissaire du Roy, Prêteur, sur-
vint, résuma les demandes de la bourgeoisie, et se chargea
de faire connoltre au magistrat la détermination ferme et
^ Elle siéfi[eaitau local de la Tribu du Miroir, dans la rue des Serroriers,
c'est-à-dire presque vis-à-vis de l'Hôtel-de-Ville.
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LE 8AG DE L'HOTEL-DE-VILLE DE STRASBOUBa 49
inébranlable des citoyens à en demander Texécution. Le
magistrat se rendit, et ceux qui furent présens signèrent
l'adhésion, qui fut raportée par M. de Dietrich aux repré-
sentans et par M. le B'>n de Klinglin, lieutenant du Roy,
Fun des représentans à un peuple innombrable, qui se tint
dans les rues.*
Les citoyens retournèrent contens et arrêtèrent le môme
soir une adresse au magistrat pour le remercier d'avoir
rendu le calme en cédant encore à tems, et Tinviter à se
joindre par décret aux représentans de la commune, pour
demander au Roy la confirmation du pacte de combour-
geoisie, qui allait être renouvelé.
Des citoyens paisibles, remarquant dans la foule du
monde qui inondoit les rues, une^quantité de figures qui
leur furent inconnues, entendant dç toute part déclamer
sur rénergie des exécutions de Paris, et la prompte justice
que le peuple s'étoit rendu lui-même, en conçurent de
Talarme et se présentèrent chez M. le comte de Rocham-
beau, nouveau commandant de la province, pour obtenir
son agrément que la bonne bourgeoisie soit armée et unie
aux troupes pour foire la ^police."
M. le commissaire prêteur réclama la même faveur et
ne pût l'obtenir, l'Etat -major comptant trop sur son
influence et sur l'eflFet de la discipline militaire.*
^ M. de Klinglin, que la populace appelait le Père du Peuple, parcoa-
nit à cheval les raes avoisinantes, pour annoncer surtout une baisse
considérable sur les denrées alimentaires, ce que le Magistrat ne lavait
aucunement chargé de promettre.
' Rochambeau venait d'arriver le 18 juillet seulement, pour remplacer
dans le commandement supérient de l'Alsace le comte de Gboiseul-
Stainville; il connaissait trop peu la situation toute spéciale des partis,
pour oser donner des armes aux bourgeois.
' M. de Klinglin, commandant de place à Strasbourg, voulait gagner la
réputation de pacificateur ou de directeur de l'opinion publique, sans le
concours des citoyens amis de l'ordre. Peut-être aussi poursuivait -il des
projets plus cachés, comme on Ta souvent insinué dans la suite* '
Konreîle Série. - «•• Année. 4
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50 REVUE D'aLSACE
Les trois journées marquées pour les réjouissances
publiques sur l'apparition confiante et paternelle du Roy
aux Etats-Généraux, n'étoient pas écoulées encore; les
nuits livrées aux excès et à la boisson faisoient redouter
du malheur et Ton sçut trop tard que la boisson avait été
offerte à beaucoup d'individus.
Le mardi matin, 21, le magistrat confirma en assemblée
générale de Sénat et XXI Tarrêté de la veille, et résolut
de demander au Roy la confirmation. Ce décret dut être
communiqué aux représentans assemblés dans l'après-
dîner de mardi. Ils s'y rendirent pour le recevoir. Les rues
furent déjà investies de monde ; la cabale, l'envie, la fureur,
le désir du pillage, d'autres passions dont Dieu connoit les
moteurs, et dont le tems découvrira peut-être la trame,
avoîent répandu le bruit insidieux, faux et calomnieux, que
le magistrat s'étoit retracté de l'arrêté de la veille.
Dès que nous eûmes occasion de remarquer que cette
calomnie échauffoit les esprits, nous demandâmes l'impres-
sion rapide du décret confirmant la ratification pleine et
entière du cahier. Elle fut exécutée rapidement ; plusieurs
de nous la lurent au peuple, qui nous menaçoit jusqu'au
haut de l'escalier de la salle dans laquelle les représentans
furent assemblés.
En vain, réunis à l'Etat-major, expliquâmes-nous avec
force et confiance que toutes les demandes de la bourgeoi-
sie étoient occordées ; on nous arracha le papier des mains
avec fureur, criant, mais on ne diminua rien, parce qu'on
avoit abusé de la crédulité des instruments de ces dés-
ordres, en leur persuadant que tous les octrois dévoient
cesser, qu'à Paris on avoit démoli les bureaux d'aides et
de perceptions, et que tout seroit à meilleur prix en inti-
midant les magistrats.
Nous vimes avec effroi les hurlemenss'accroitre ; en des-
cendant, nous vimes la place remplie de femmes, d'enfans
et de soldats sans armes. M. le lieutenant du Roy fut prié
de trouver un moyen de feiire retirer la troupe non armée
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LE SAC DE L'HOTEL-DE-VILLE DE 8TRABB0URO 51
dans ses quartiers. Plus tard, il fut distribué des billets
séditieux :
€ Citoyens, attaqués, nous aimons à manger la viande à
aussi bon marché que vous. >
Les billets dont TEtat-major eût connaissance, l'enga-
gèrent probablement à placer un renfort de troupes devant
r hôtel-de-ville, et peu après à faire battre la générale pour
la retraite des troupes. Cette retraite des soldats dans leur
quartier fut suivie immédiatement, à 6 heures, de l'appa-
rition d'ouvriers armés de haches et marteaux, qui s'a-
vancèrent par trois rues, enfoncèrent avec leurs haches les
portes de l'hôtel-de-ville, y cherchèrent les échelles pour
l'escalader et montèrent paisiblement dans les étages supé-
rieurs. Les portes des caves furent hachées et 1700 mesures
de vin détruites. C'est une perte, qui seroit la suite natu-
relle de tout tumulte de cette espèce.
Mais un hôtel-de-ville, dans lequel aucun magistrat ne
demeure, escaladé à une heure où aucune chambre d'icelui
ne siégeoit, pour détruire, déchirer et anéantir les papiers,
les documens de 8 siècles qui assurent leur état et leurs
privilèges à une bourgeoisie fidèle et paisible, voilà l'évè-
nement que nous avons vu sous nos yeux, ayant un mili-
taire nombreux armé, posté devant et à la porte de cet
hôtel-de-ville. Il a été exercé une fureur barbare sur des
papiers ; ils ont été tous jetés par les fenêtres, traînés jus-
qu'aux fossés pour les jeter dans la rivière, et toutes les
rues étoient jonchées des papiers, des inventaires de par-
tage et succession de nos pères et des comptes des tutelles
des orphelins. Après avoir enfoncé les portes et doubles
portes de toutes les archivas pour jeter dans la boue les
bulles d'or des empereurs, les chartes et lettre de nos Rois,
on a démeublé avec les haches toutes les salles, détuilé le
toit et on a poussé la démence jusqu'à jeter par les fenêtres
les poêles de fonte de fer.
Dans ce pillage affreux, la consigne des troupes du Roy
fut de prévenir l'incendie ; leur fonction et leur présence
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52 REVUE D'ALSACE
se borna à agir, lorsqu^on seroît intentionné de mettre
le feu.
Le dépôt des mineurs à la chambre des tutèles, le dépôt
des masses en litige au greffe du sénat sont pillés. La
seconde attaque fut dirigée vers TUmgeld, ou bureau de
perception des aydes. Les portes enfoncées et la recette
pillée.
La troisième attaque fut commencée au greffe de la
chambre des contrats. Les scélérats y furent déjà, s'étoient
déjà saisis de deux liasses. Leur fureur fut arrêtée par
S. A. S. M»*" le prince de Darmstatt*, qui exposa sa vie
pour la tranquillité future des citoyens.
Dans, la nuit suivante, la maison du S^ Moog*, magistrat
intègre trop attaché (au moment présent) à la lettre de
l'ancienne constitution, fut saccagée avec barbarie. Tous
les meubles, une bibliothèque choisie jetée dans la rivière.
Tirons le rideau sur ces scènes affreuses.
Nous eûmes la satisfaction très triste, mais toujours sen-
sible à nos cœurs, d'apprendre le lendemain, que les mili-
taires Généraux • qui avoient vu d'un œil humide et baigné
^ Le prince Frédério-Lonis de Hesse-Darmstadt était colonel de l'an
des régiments de la garnison de Strasbourg. Le texte primitif portait par
erreur le prince de Deux-Ponts. Maxi milieu, duc de Deux-Ponts, plus
tard roi de Bavière par la grâce de Napoléon !«', était également en
garnison dans nos murs^ comme colonel de Royal-Alsace.
' Mogg était le fils d'un avocat-général de la ville, qui, par ses dénon-
ciations, avait tout particulièrement contribué, en 1752, à faire décou-
vrir et punir les malversations du prêteur royal de Klinglin, père du
général. On ne peut s'empêcher de signaler ces coïncidences suspectes.
La maison de ce membre du Conseil des XV était située au quai des
Bateliers, ce qui explique le chemin que prit son mobilier.
* Il faut lire évidemment généreux; la déclaration sentimentale des
représentants de la bourgeoisie est au moins bizarre et, de plus, entière-
rement fausse, car ce n'est pas « d'un œil baigné de larmes, » mais avec
une parfaite indifférence, sinon avec joie, que les soldats travaillés et
plus on moins enivrés par des émissaires inconnus, avaient assisté au
pillage.
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LE SAC DE L'HOTBL-DE-VILLE DE STRASBOURG 53
de larmes, cette dévastation affreuse, qu'ils n'avoient aucun
ordre d'empêcher, frémirent quand ils purent s'éclaircir
que la bourgeoisie n'avoit pas trempé dans cet affreux
complot; qu'elle avoit reçu une satisfaction entière du
magistrat, et que tous les bruits de rétractations étoient
controuvés.
M. le C*" de Rochambeau, témoin de la douleur des bons
citoyens, attendri de leur désespoir de voir dispersé et
profané un dépôt aussi respectable, s'abandonna à la con-
fiance et ne mit plus aucun obstacle à l'armement des
citoyens. Il eut lieu avec ardeur et passion dans la matinée
même ; le citoyen se mit sur le champ à la recherche des
coupables, en arrêta près de 200 contre lesquels il eut des
soupçons fondés ; et cette ardeur des propres parens à
dénoncer les membres coupables de leur femille, a prouvé
l'aversion générale contre cette action atroce et détestable.
Aucun citoyen considéré, riche ou pauvre, n'a pu encor
être découvert fauteur de cet attentat* Quelques hommes
de mœurs îlissolues, reconnus libertins dès longues années,
se trouvent dans la liste fatale des coopérans.* Plusieurs
tentatives postérieures sur la maison de la taille, repous-
sées par le B*" de Ruttenberg, ont prouvé l'esprit de pil-
lage qui animoit les auteurs. Le service des gardes bour-
geoises a fait naître la tranquillité. Il fallut la raffermir en
publiant une diminution sur le pain et la viande, en dédom-
mageant le boucher et boulanger sur la caisse publique de
la perte de la vente.
Tel est. Messieurs, le récit fidèle de nos malheurs. Nous
' Qu'il y en eût, les récits de Yonng et de Rochambeau ne permettent
pas d'en douter ; sans doute on ne voulut pas les trouver et, la paix
faite, on préféra, selon l'expression de notre relation, « tirer le rideau »
sur ces excès.
' Un seul coupable, un compagnon menuisier, natif de Mayence, fut
exécuté quelques jours plus tard, pour avoir volé soixante-six louis d'or
pendant le pillage de l'Hôtel-de-Ville. Un autre condamné à mort fut
gracié, parce qu'il appartenait à une famille notable de la ville. Quelques
autres furent envoyés aux galères.
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54 REVUB d'albaob
ne vous parlerons pas de la diminution énorme que la
caisse commune va souffrir par Tinsurrection des bail-
liages.^
Occupés tous à mettre la dernière main à la rédaction du
cahier accordé, nous ne visons qu'à rétablir le calme au
dedans. Ne désespérez pas. Messieurs, de votre patrie, les
vœux des citoyens s'adressent à la divinité pour qu'elle
aye pitié de nos maux et nous accorde sagesse pour en
détourner de plus grands.*
Nous sommes avec un-attachement inviolable, Messieurs,
vos très humbles et très obéissans serviteurs.
Les commissaires
représentons la commune de Strasbourg:
Fischer. Lagombe. Schubart. Hervé. Tûrgkheim.
WUNDERER. SpIELMANN.
APPENDICE
Nous avons mentionné en note les récits donnés sur le pil-
lage de l'Hôlel-de-Ville par le voyageur anglais Arthur Young
et le maréchal 0e Rochambeau, gouverneur de la province
d'Alsace. Ces deux textes sont trop peu connus en Alsace —
on ne chercherait guère le récit de cette émeute dans un
voyage agricole rédigé par un Anglais — ou trop peu répan-
dus comme les Mémoires de Rochambeau — pour que je ne
croie pas faire plaisir à quelques-uns de mes lecteurs, en les
^ La population nirale ne se montra qne trop disposée — et avec de
pins justes motifs peut-être — à suivre l'exemple des citadins, surtout
dans le bailliage de Barr. Voyez Slrobel. V, 332-336.
' Les désordres ne cessèrent pas cependant à Strasbourg. Quinze jours
plus tard à peine, une nouvelle émeute, toute militaire cette fois, vint
effrayer les autorités civiles et les citoyens paisibles. On trouvera le
détail dans les Mémoires de Rochambeau, I, 357-362, et chez Strobel,
V, 33^-339.
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LB SAO DE L'H0TEL-DE-VILL£ DE STRASBOURG 55
joignani à la relation qu'on vient de lire. Voici d'abord le
rédt d'Arthur Young * :
21 juillet. — J'ai assisté à une scène curieuse pour
un étranger, mais terrible pour les Français qui y réflé-
chiront. En traversant la place de l'hôtel-de- ville, j'ai
trouvé la foule qui en criblait les fenêtres de pierres,
malgré la présence d*un piquet de cavalerie. La voyant à
chaque minute plus nombreuse et plus hardie, je crus
intéressant de rester pour voir où cela en viendrait et
grimpai sur le toit d'échoppes situées en face de l'édifice,
objet de sa rage. C'était une place très commode. Voyant
que la troupe ne répondait qu'en paroles , les perturba-
teurs prirent de l'audace et essayèrent de faire voler la
porte en éclats avec des pinces en fer, 'tandis que d'autres
appliquaient des échelles d'escalade. Après un quart
d'heure, qui permit aux magistrats de s'enfuir par les
portes de derrière, la populace enfonça tout et se précipita
à l'intérieur comme un torrent, aux acclamations des
spectateurs.
Dès ce moment, ce fut une pluie de fenêtres, de chaises,
de volets, de tables, de sofas, de livres, de papiers, etc., etc.,
par toutes les ouvertures du palais, qui a de soixante-dix
à quatre- vingt pieds de façade; il s'en suivit une autre de
tuiles, de planches, de balcons, de pièces de charpente,
enfin de tout ce qui peut s'enlever de force dans un bâti-
ment. Les troupes, tant à pied qu'à cheval, restèrent im-
passibles. D'abord elles n'étaient pas assez nombreuses
pour intervenir avec succès, plus tard, quand elles furent
renforcées, le mal était trop grand pour qu'on pût faire
autre chose que garder les approches, sans permettre à
personne de s'avancer, mais en laissant se retirer ceux qui
* Voyages enFrance pendant les années 1787, 4788, 4789, par Àrthvrr
Young, nouvelle traduction par M. Lesage, précédée d'une introduction
de M. Léonce de Lavergne. Paris, Guillaumin, 1860, t. I, p. 248-249 —
M. Âugaste Stœber, à la piste de toutes les relations de voyage relatives
à notre province, a reproduit les extraits de Young, qui s'y rapportent,
dans ses Curiosités de voyages en Alsace,
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66 REVUB d'âlsace
le Toulaicnt aTCc teur butin. On avait mis en même temps
des gardes à toutes les issues des monuments" publics.
Pendant deux heures je suivis les détails de cette scène
en différents endroits, assea loin pour ne pas craindre les
détails de Tincendie, assez près pour voir écraser devant
moi un beau garçon d'environ quatorze ans, qui donnait
quelque chose à une femme, que son expression d'horreur
me Élit croire être sa mère. Je remarquai plusieurs soldats
avec leurs cocardes blanches au milieu de la foule qu'ils
excitaient sous les yeux des officiers du détachement, Il y
avait aussi des personnes si bien vêtues, que leur vue ne
me causa pas peu de surprise. Les archives publiques
furent entièrement détruites; les rues environnantes étaient
jonchées de papiers : c'est une barbarie gratuite, car il s'en
suivra la ruine de bien des familles» qui n'ont rien de
commun avec les magistrats
Nous faisons suivre le récit de Young de celui que nous
emprantons aux Mémoires de Rochambeau^ :
J'arrivai le 18 au matin, à mon poste, à Strasbourg.
J'y appris que le renvoi de M. Necker y causait beaucoup
de fermentation, qu'elle se manifestait même dans les
troupes et qu'à ajouter aux intérêts généraux, qui ani-
maient à ce moment tout le royaume, il y avait une insur-
rection locale prête à éclater dans le peuple contre les
magistrats, qui s'annonçait par des pétitions, par des
plaintes exagérées sur le prix des comestibles ; que cepen-
dant on ne s'était encore permis aucune voie de fait. Une
pluie violente, et mon arrivée deux jours plutôt que je ne
l'avais annoncé, ne m'ayant pas permis de voir les troupes
à mon entrée de commandant en chef, j'en pris prétexte
pour en faire des revues particulières sur la Place-d'Armes,
pendant que les magistrats d'une part, et les représentants
du peuple de l'autre, négocièrent et parurent s'arranger
sur la taxation des denrées. Le courrier de Paris nous
^ Mémoires historiques, politiques et militaires de Rochambeau. Parisi
Fain, 1809, in-«S 1. 1, p. 352-365.
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LE SAO DB L'HOTUt-DB^^ILLB DE STiUSBOUBO 57
apporta les nouvelles du rappel de M. Necker, du voyage
du roi à Paris, du TV Deum qu'on y avait chanté. Le peuple
de Strasbourg exigea du magistrat, par ses représentants,
une illumination et des réjouissances qui furent ordonnées
ipour le soir en doublant les patrouilles et les précautions
d'usage pour le bon ordre.
Ce même jour, à trois heures après midi, Thôtel-de-vîUe
fut attaqué subitement par cinq ou six cents brigands
armés de haches, auxquels se joignit en peu de temps un
nombre considérable de gens de tous métiers. Je fis battre
la générale au premier avis ; les piquets de cavalerie s'y
portèrent aux ordres de M. de Klinglin ; je me mis à la
tête du régiment d*"Alsace. Je trouvai cette maison-de-ville
à moitié pillée et dévastée; Klinglin pérorait et rien ne
pouvait arrêter ce peuple furieux. On vint me dire qu'ils
entraient dans une maison voisine, où étaient tous les
papiers des mineurs de la province. Je pris ce moment
pour animer les grenadiers d'Alsace. < Mes enfants, leur
dis-je, ce sont vos papiers qu'on pille et vos contrats qu'on
saccage. Ne souffrez pas un pareil brigandage ; entrez et
chassez à coup de crosse tous ces malfaiteurs ! > Alsace s'y
conduisit bien, les chassa tous de ce dépôt qui fut mis à
couvert, et nous parvînmes avec son secours et celui de
Hesse-Darmstadt, à faire vider tous les étages de l' hôtel-
de-ville, où ils avaient pillé les caisses, cassé les meubles
et enfoncé mille pièces de vin dans toutes les caves, où
plusieurs d'entre eux se noyèrent. Pour ma part, j'en fus
quitte pour la perte de la moitié de içon habit, qui fut
emportée par un gros poêle de fonte, jeté par une fenêtre
au milieu de ce tumulte.
J'appris dans le moment qu'il y avait trente-six maisons
de magistrats marqués pour le pillage, et surtout celles
de la Chambre des Quinze. J'envoyai sur-le-champ des
troupes partout pour les mettre à couvert, avec ordre de
présenter la bayonnette à quiconque voudrait en forcer
l'entrée. Les troupes, jusqu'à ce moment^ agissaient moUe-
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58 RSVT7E D'âLSâGE
ment ; elles chassaient les brigands devant elles, mais ne
les arrêtaient pas. Cette réjouissance augmentait le dés-
ordre et la confusion ; tout le monde se promenait dans
les rues et la cavalerie ne pouvait charger ces troupes de
brigands sans courir le risque d'écraser d'honnêtes citoyens.
Nous fûmes forcés, pendant quelque temps, de nous bor-
ner à mettre sous la protection des troupes, toutes les
maisons menacées. Cette situation dura jusqu'à près de
minuit. Tous les citoyens étant alors rentrés chez eux,
il ne resta plus dans les rues et dans les cabarets que toutes
ces bandes de brigands. Les charges de cavalerie dans les
rues en ramassèrent beaucoup chargés de pillage ; la gar-
nison harassée s'anima et on arrêta quatre cents de ces
malfeiiteurs. Nous restâmes avec les troupes, sous les armes,
jusqu'à sept heures du matin; enfin, après avoir doublé
les gardes et les patrouilles, les troupes rentrèrent dans
leurs quartiers. Alors les magistrats et les représentants
du peuple vinrent me demander des armes pour arrêter
tout ce qui restait de ces brigands. Je leur fis délivrer cinq
cents hallebardes et douze cents sabres de l'arsenal pour
cette opération. Ils s'en servirent avec justice et zèle, et
doublèrent le nombre des prisonniers dont nos prisons
furent bientôt pleines. Le surlendemain, le magistrat fit
exécuter un de ces brigands, qui avait ses poches pleines
de l'argent volé dans les caisses de Thôtel-de- ville. Le
calme parut rétabli dans Strasbourg
RoD. Rfiuss.
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LIYRES ET BIBLIOTHËOOES A STRASBOURG
AU MOYEN-AGE.
Suite.
Une des bibliothèques les plus considérables après celle
de la maison de Saint- Jean, fut celle de la Chartreuse, Les
habitants de ce monastère, fondé en 1840 hors des portes
de Strasbourg, passaient, à la fin du XV"* siècle, a?ec les
Johannites et les moines du petit couvent de Saint- Guillaume,
pour être, à cause de leurs mœurs austères et de leurs habi-
tudes studieuses, les religieux les plus respectables de la ville.
Geiler de Kaisersberg et Wimpheling se plaisaient à faire
leur éloge. Leurs statuts les obligeaient à s'occuper d'écriture;
Gerson avait même démontré qu'ils pouvaient sans péril pour
leur âme consacrer les jours fériés à la copie de livres utiles.'
Il est probable d'après cela que beaucoup de volumes de leur
collection furent écrits dans les cellules de la maison. Pendant
quelque temps ils eurent même une presse; ils imprimèrent
pour leur usage un Psautier sur parchemin.^ En 1626 qua-
torze d'entre eux quittèrent le couvent ; sept déclarèrent qu'ils
voulurent y rester. Il j eut quelques chartreux pendant tout
le XVP siècle; en 1591 leurs bâtiments, cédés à la ville,
* Voy. le tome précédent, p. 433-454.
* Geb30^, De laude scriptorunij édition Spencer-Smith. Rouen 1841
folio, p. 1. (0pp., édition Dupin, t. II, p. 694.)
' Pscdtenwn in membranis, typis expresswn in carthusia Argentinensi.
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60 REVUE D'ALSACE
furent démolis et leur bibliothèque réunie à celle de l'Aca-
demie protestante. Â cette occasion on en fit le catalogue.^
Dans le cours du XVI' siècle, le couvent, appauvri et n'abri-
tant plus qu'un petit nombre de frères, n'avait fait que de
rares acquisîtionN de lin-es ; le catalogue, qui nous est resté,
représente, sauf un petit nombre d'exceptions, la collection
telle qu'elle avait existé an 152^. Il énumère 365 volumes,
en grande majorité manuscrits, les uns sur parchemin, d'au-
tres sur papier, d'autres encore en partie sur papier, en partie
sur parchemin. La présence de plusieurs exemplaires d*ou-
vrages identiques semble prouver que la bibliothèque s'était
enrichie aussi par des dons, faits, soit par des religieux de
la Chartreuse, soit par d'autres personnes ; un recueil d'ho-
mélies de saint Augustin, de Bède, etc., avait été légué par
un curé de Worms; un Innocentim mper Decretale provenait
d'un frère qui, de 1S93 à 1396, avait fait à Bologne des études
de droit; d'autres livres avaient été achetés pour des prix
qu'on avait eu soin d'indiquer. La plupart des ouvrages appar-
tenaient à la théologie; c'étaient des traités de Pères, de sco-
lastiques, de mystiques, entre autres le commentaire de
Drutmar etYHorohgium sapimtiœ de Suso; puis des sermons,
des vies de saints, des livres liturgiques, les règles et les
coutumes de l'Ordre des chartreux, une Historia evcmgelii en
yer^^les Gesta Barlaam dJosaphat servorum dei. Vingt -trois
ouvrages sur le droit, dont une Summa Raymundi metrice^
quatre ou cinq de médecine, un de logique, les Orationes de
Phllelphe, le voyage du chevalier Jean de Mandeville et un
seul classique^, Tiucain, complétaient la collection. Outre quel-
ques Psautiers allemands, il n'y avait qu'un livre écrit dans
cette langue, der Tugend buch ou Bhime d^r Tugmd, de Jean
Vintler, du commencement du XV* siècle. Ce qui ajoute à
l'intérêt du catalogue, c'est qu'il ne donne pas seulement les
dates et les prix de quelques manuscrits, il a conservé aussi
^ Manuscrit in-é**. Archives de Saint-Thomas.
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LIVBBR ET BIBLIOTHÈQUES A STRASBOURG 61
quelques-anes de ces formules si curieuses que les copistes
avaient Thabitude de mettre à la fia des livres, quand ils
avaient achevé leur travail; je crois devoir les rapporter :
Lambertus de Ligniaco rncco aummulœ, scriptœ anno 1286 :
Lauda scnptorem donec videos me&orem.
Flores S. Berrihardi :
Hic liber est seriptm, deus ex hoc sit benedktus}
Sermones S, Bemhardi super cantica :
0 Bemarde patery qui dtUcia hic posuisti^
Foc me qui scripsi regnum conscendere Christi.
Legenda sanctorum :
Explicit iste liber, scriptor sit crimine liber. ^
JRepertorium speeuH WHhelmi Durandi :
Quœ pridem plura sunt sparsim tradita iura,
HoBC nunc scriptura/acili monstrat tibi cura,
Historia scholastica :
Dextram scribenUs virtus regat omnipotentis.
De vita etlaude b. Hieronymi per Joh. Andreœ juristam :
Accipe Jeronymum non ex doetoribus imum
Nec miris minimum, sed linguœ munere primum.
JExpositio b. Ambrosii super Psalmum beatt immaculati :
Sint deo grates Ambromque qui dédit artes
Et mihi mente pia ter ave legitate (sic) Maria, 1467.
Les antres volumes datés étaient les suivants : Pastorale
fèovellum magistri Rudolphi de Liebeg, completnm 1324;
Postula super Proverbia Salomonis fratris Thomœ Rygsted^
anglid, ord, prœd.. seripta anno 1350; lyra super Vêtus
Test, pars prima finita anno 1368; LibeUus qui intitulatur
Valde bonum, continens accentuationes quarundam dictionum
de Biblia et de evangeliis et de martyrohgio, 1441.
^ V. cette même formule, un pea modifiée, parmi celles qu'a recaeil-
lies M. VVattenbach, Dos Schriftwesen des MiUelaUers, Zweite Ausgabe.
Leipzig 1875, p. 424.
' ■ Formule assez fréquente. 0 c, p. 428.
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62 REVUE D' ALSACE
II est inutile de dire qu'aucun des livres de la Chartreuse
n'existe plus.
S. Les livres qui servaient au culte ne faisaient pas partie
des bibliothèques, ils étaient compris dans le trésor des églises
et conservés, avec les vases sacrés et les vêtements sacerdo-
taux, dans les sacristies. On a, de Tannée 1451, un inventaire
du trésor de Tégllse de Sainte-Hélène, qui était celle de la
paroisse de Schiltigheim*; les livres énumérés sont : Missaie
et duo specialia; unum novîim spéciale missaie; duo libri
matitutinaks preciosi: psaUerium ; graduale; du<B partes
antiphonarii ; unumparvum antiphonale; liber mm evangeUis
et epistotis; duœ agendœ; vigiliœ mortuorum; confesaionale
in pirgameno; duo libri vitœ. L'inventaire ajoute un glose-
narium, soit un vocabulaire, soit quelque partie de la bible
avec des gloses. En 1490 un maître Melchior fit don à cette
église d'une nova agenda in pressura. — De Saint-Thomas
il est resté, outre quelques copies du Liber vitœ. un beau
Graduale écrit sur parchemin au XV* siècle; lors d'un inven-
taire fait en 1546 de ce qui subsistait de l'ancien trésor, on
trouva aussi un Evangéliaire avec des ornements en argent
doré et un vieux recueil des Epîtres dont un des coins était
encore couvert d'une plaque d'argent ^ ces deux volumes ont
depuis longtemps disparu. En 1842 j*eus le bonheur de décou-
vrir dans une chambre voûtée, au-dessus des derniers restes
du cloître des dominicains, un missel sur parchemin, ayant
à la fin quelques hymnes et orné de deux grandes et magni-
fiques miniatures ; l'une représentait, sur fond d'or, le Sei-
gneur crucifié, ayant à ses côtés la Vierge et l'apôtre Saint-
Jean; l'autre, Saint-François d'Assise recevant les stigmates
au milieu d'un paysage animé de chevreuils et d'oiseaux.
^ Archives des hospices.
* r.Ein Evangeliumbtich mit sUber uberguldet beschlagen, und ein aU
EpisteUmch, an dem einen ort mit eim kleinen sUberin plech. > Archives
de Saint-Thomas.
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LIVRES ET BIBLIOTHÈQUES A STRASBOURG 63
Cette dernière image me porte à croire que le manuscrit n'a-
rait pas appartenu aux dominicains, mais aux franciscains.
Il fut remis à la bibliothèque et a été détruit arec elle. —
Le même Paul Munthart, qui légua ses livres au chapitre de
Saint-Thomas, laissa le reste de ses biens aux deux égli»ses
de Saint-Pierre; il disposa par son deuxième testament, fait
le IB mai 1480, que la collégiale de Saint-Pierre-Ie-jeune,
dont il était prévôt, ferait faire un volume des Épîtres, recou-
vert d'argent doré, semblable à celui qui existait déjà des
Évangiles et qui était orné des images des apôtres Pierre et
Paul *; il voulut qu'on y mît ses armoiries, afin qu'en voyant
que le livre venait de lui, les autres chanoines fussent engagés
à faire des donations pareilles.
Les archives des églises étaient également distinctes des
bibliothèques; elles formaient un trésor d'un autre genre,
que souvent on regardait comme plus précieux que les livreS)
car de la conservation des chartes, des privilèges, des actes
de donation, des titres de propriété, pouvait dépendre la for-
tune, parfois même l'existence d'une maison religieuse. Outre
les originaux des documents, on en gardait des copies dans
des volumes in-folio en parchemin ou en papier. Kônigshofen,
qui remit en ordre les archives de Saint-Thomas, fit relier
les registres à neuf et copia lui-même une foule de pièces.
C'est aussi aux archives que l'on remettait les annales recueil-
lies dans les couvents. Dans un des registres de Saint-Thomas
KSnigshofen inséra une notice historique sur cette église,
écrite de sa propre main ; un manuscrit de sa grande chro-
nique de Strasbourg se trouvait encore à la fin du XVIIl*
siècle aux archives de l'Œuvre-Notre-Dame.' En voyant les
* « . . . Liber lectionarius Epistolarum missarunij et ornetur seu eir-
cumferatw argento deaurato, ut ibi est liber Evangeliorum argento
deaurato ornatus cum imaginibus beatissimorum apostolorum Pétri et
Pauli. » Archives de Saint Thomas.
' Geiler de Kaisersberg parle dans quelques sermons de cette chronique,
uf unser Frauen Hus. Sermanes de arbore hwmana, Strasbourg 1519,
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64 BEVUE D*ALSAOB
riches collections réunies aujourd'hui aux archives du dépar-
tement et de la ville, on ne peut qu'admirer le soin avec lequel
nos chapitres et nos monastères ont veillé à la conservation
de leurs documents Jadis ces dépôts étaient gardés dans des
lieux sûrs, à Saint-Thomas, par exemple, dans un réduit de
l'église, fermé par une porte de fer. En 1399, le magistrat à
son tour ordonna de construire, pour les chartes et registres
de la ville, une chambre voûtée, à l'abri du feu.'
4. Bibliothèques particulières. — r Je n'ai pas trouvé qu'a-
vant le commencement du XV* siècle les prêtres, même le plus
richement dotés, eussent possédé autre chose que quelques
livres de liturgie ou de droit. Quant aux laïques de Stras-
bourg, il est peu probable qu'avant l'invention de l'imprimerie
ils se soient beaucoup occupés de lecture; des bourgeois riches
et pieux, tels que Ruimann Merswin, lisaient des traités mys-
tiques allemands; quelques nobles ont pu avoir des copies de
romans ou de poésies ; quand on voit un sire Ulric de Rath-
samhausen donner à sa fille le nom insolite de Bkmlschflor,
on est disposé à croire que lui ou sa femme a raient lu le conte
de Flore et Blanstheflur^ une des histoires d'amour les plus
répandues au moyen ftge.' Quant au clergé, quelques exemples
montreront jusqu'à quel point il était bibliophile. En l'année
1800, le chanoine de Saint-Thomas, Jean de Saint- Amiirin,
qui passait pour un vir Utteratus^ se plaignit de ce que lors du
pillage de sa maison par une troupe de jeunes tapageurs, on
in-f^, folio 177; Brôsamlin, Strasbourg 1517, in-f*, t. II, folio 12. —
Oberlin l'a encore vue. Dissertatio de Jacobo Twingero. Strasboarg
1789, in-4«, p, 19.
^ « . . . das man dar ein gewôWe mâche, dos gui fur fiire set, darin
m<m die hrieffe und bilcher thuge. » Wbngker, Àpparatus et instructus
a/rchivorum. Strasbourg 1713, 4?, p. 84.
' Blantschflor de Rathsamhausen, épouse d'Antoine de Hohenstein,
1467, — Le poème fut composé, d'après un modèle français, par Gon-
rade Fleck, au commencement du XIII* siècle.
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LIVBBS ET BIBLI0THÉQX7ES A STRASBOURG 65
loi avait enlevé, outre des meubles, des armes, des habits,
des ustensiles de cuisine, aussi deux volumes, un Digestum
vêtus et un recueil de décrétales.^ En 1828, Jean Kusoll, cha-
noine du même chapitre, légua à son neveu Jean, son Liber
matitutinaUs, son grand Psautier et son Graduak; au doyen
de Rhinau il laissa son Ântiphonaire. En 1406, Frédéric
Buhart, prévôt de Saint Thomas, donna par testament ses
deux Libi'i matituiinak^ à Jacques Fabri, prébendier de l'é-
glise de Saint-Martin; vers 1415, le chanoine Pierre Vôllsch
abandonna à Saint- Thomas un Liber oratorius. en deux par-
ties, l'une pour Tété, l'autre pour l'hiver*; en 1473, Jean
Wemher, chanoine de Saint- Pierre-le- vieux, fit donation à
son église d'un missel nouvellement écrit.'
Tous ces faits concourent à prouver que les testateurs n'a-
valent guère eu d'autres manuscrits en leur possession ; leurs
dernières volontés, généralement très détaillées, se taisent
sur des bibliothèques. Eônigshofen a sans doute eu quelques
livres, car ceux dont il s'est servi pour rédiger son ouvrage,
à l'exception de la Eistoria Scholastica de Pierre Comestor,
de la Légende dorée et de l'Histoire versifiée d'Âlexandre-
le-grand, ne sont pas inscrits dans son catalogue de Saint-
Thomas; outre quelques annales de couvents strasbourgeois
et des chroniques de Closener et de Mathias de Neuenbourg,
il a utilisé principalement celles de Bède, de l'abbé Ekkehard,
de Martin Polonus, ainsi que le Spéculum historiak de Vin-
cent de Beauvais. S'il n'a pas eu lui-même ces ouvrages, il a
dû les trouver dans la bibliothèque de quelque autre chapitre
que le sien ou dans celle de quelque monastère de la ville.
C'est, du reste, vers l'époque de Eônigshofen, qu'on voit se
^ 14 septembre 1300, plainte de Jean de Saint-Amarin, certifiée par
révêqae Frédéric. Archives de la ville.
■ Archives de Saint-Thomas.'
• D'après le Liber vitœ, GRANDmiEB, Histoire de V église de Strasbourg
t. n, p. 336, notez.
Nouvelle Série. — 6"* Année. ^
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66 BSVUB D'ALSACE
former à Strasbourg les premières bibliothèques particulières
dont nous ayons connaissance. Il a été parlé plus haut de
celle du prieur des dominicains Pierre de Gengenbach, com-
posée de plus de cent volumes. La collection que Paul Munt-
hart légua à Saint-Thomas, était presque aussi considérable,
elle comptait soixante-huit volumes manuscrits, la plupart
sur parchemin, et vingt-trois des plus anciens incunables.^
Munthart, qui avait étudié le droit en Italie, s'était procuré
en ce pays tout ce qu'il avait pu réunir en fait de copies et
d'éditions de légistes et de canonistes; à Strasbourg il avait
acquis ce qui, avant 1480, était sorti des presses de Mentel
et d'Eggestein. La théologie n'était représentée chez lui que
par deux manuscrits, le Rationale divinorum officiorum de
l'évêque Duranti et les Postilles de Nicolas de Lyra, puis par
sept ouvrages imprimés : Biilia, diio volumina opiime pressa
(probablement la bible d'Eggestein, vers 1470,2 vol. in-folio),
les Moralia in Job de 6régoire-le-grand, Âlbert-le- grand
de laïuiiàits b. Virginis (Strasbourg, Mentel, vers 1474, grand
in-folio), les commentaires de Saint-Thomas d'Aquin sur les
Evangiles, le de vila Christi du chartreux Ludolphe de Saxe,
les Ëtymologies d'Isidore, le Fortalitium fidei du franciscain
espagnol Alphonse de Spina (ces deux dernières publications
sont également attribuées à Mentel). Munthart avait enfin le
CathoUcon et le Spéculum historiale; le Spéculum formait duo
magna voluminaj ce qui indique l'édition de Mentel, 1478,
grand in-folio.
La bibliothèque de Jean Simler, dont on n'a pas le catalogue,
était riche en livres de droit civil et canonique, de théologie,
de poésie.' Gomme Simler avait la réputation d'être un savant
jurisconsulte et que sur la fin de sa vie il regrettait de n'a-
^ Histoire du chapitté de Saint-Thomas, p. 189, 266, i60.
• « Omnes libri mei in utroque jure, dvili et canonico, scripti et
impressi, pariter in theologia et in arte poetica. . . > Wencxer, Appor-
ratus^ p. 429.
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LIVRES ET BIBLIOTHÈQUES ▲ STRASBOURQ 67
voir pas étudié la théologie, il est à supposer que le principal
fonds de sa collection de manuscrits et dlmprimés avait con-
sisté en ouvrages juridiques; les livres in arte poetica dont
parle son testament, étaient, selon toute probabilité, quelques
poètes latins récemment publiés.
Nous sommes mieux renseignés sur la bibliothèque de Louis
d'Odratzheim, doyen de Saint-Pîerre-le- vieux; le 8 janvier
1499 on fit l'inventaire de la succession mobilière de cet ecclé-
siastique; à la suite des meubles et ustensiles trouvés dans
les chambres, dans la cuisine, dans la cave, on énuméra cent
trente-huit volumes, les uns manuscrits, les autres imprimés ;
eu égard à l'époque du temps, c'est un chiffre fort respectable.*
De même que chez Munthart et Simler, ce qui dominait c'était
le droit civil et canonique; il y avait soixante-neuf ouvrages
sur les lois et les canons, en outre une douzaine de volumes
sur la philosophie, autant sur la théologie, sans compter quel-
ques livres liturgiques, des traités de grammaire, de mathé-
matiques, d'astronomie, d'histoire naturelle, de médecine ; on
voit aussi que, dans les dernières années de sa vie, le doyen
de Saint-Pierre, véritable amateur de livres, s'était empressé
d'acquérir un certain nombre de nouveautés littéraires, telles
que des éditions de Virgile, d'Ovide, de Térence, d'Esope, de
la Consolatio philosophiœ de Boëce, du traité de Pétrarque
deremediis utriiisque fortunœ, des épitres d'Ënée Silvius, du
Fasciculttë temporum de Werner Rolewink, du voyage en
terre-sainte du camérien mayençais Bernard de Breitenbach,
du FormiUare und Hitsch RMoriky etc.
En général, à cette époque de la renaissance des études en
Alsace, clercs et laïques montrent une grande ardeur à se
procurer des livres, soit pdUr satisfaire leurs propres goûts
littéraires, soit pour fournir des textes aux imprimeurs. Le
jeune Pierre Schott, un des premiers en date de nos huma-
nistes, acheta à Bologne, où il faisait ses études de droit,
^ Archives de Saint-Thomas.
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68 BBYins d'alsaoe
divers ouvrages pour lui-même et pour des amis qui Tavaient
chargé de commissions; par une lettre à son ancien précep-
teur Jean Mailer, il lui annonça l'envoi d'une caisse contenant
un VocabulaHus grœeartêm dictionum, ayant coûté deux
ducats à cause de sa rareté, une Bible, le Ratwnale divifwrum
offidorum^ un Hésiode, un Térence, les Argonautica, un com-
mentaire sur les satires d'Horace, les épîtres de Cicéron, un
Mamotrectus, un traité de prosodie et plusieurs ouvrages de
droit ; à ces livres étaient joints deux Digestes pour le cha-
noine Thomas Wolf, et un Térence avec le commentaire de
Donat pour le prévôt de Surbourg.* Geiler avait une biblio-
thèque • riche en ouvrages de tout genre ' ; • Sébastien Brant,
Thomas Wolf le jeune, Wimpheling, quelques chanoines de
la cathédrale en possédaient, et bientôt on ne trouvera plus
de savant qui n'eût quelques rayons garnis de volumes. Parmi
les nobles, Jacques de Fleckenstein, sous-bailli d'Alsace, était
vanté pour sa belle bibliothèque his^torique.' Il y avait même
déjà des bibliomanes, qui n'amassaient des livres que pour le
plaisir de les avoir, sans les lire; Brant en a fait un portrait
assez spirituel dans le premier chapitre de sa Nef des fous.*
mais couchés, sur des rayons, repositoria. Le titre était écrit
0. Disposition et usage des bibliothèques. — Le nom qu'on
donnait au moyen-âge à une bibliothèque était libraria^ dont
on fit l'allemand liAerei, terme usité à Strasbourg jusque vers
la fin du XVP siècle.* Les livres étaient placés, non debout^
* LucuhratiunculcBy folio 110.
' « Bibliolhecam hahuit omnis generis lihromm refertissimam. »
BÊATUS Rhénanus, Vila GeHeriy à la suite de Geiler, Navicula sive
spéculum fatuorum. Strasbourg 1511, 4*».
' V. la préface de Mat. Ringmann à sa traduction de Jules César :
Julius der erst rômische Keiser von seinen Kriegm. Strasbourg 1507, f>.
* Vonunnutzenhuchem.
* Die liberey zu dm Predigem, 1569, c'est-à-dire la bibliothèque de
l'Académie protestante dans Tancien couvent des dominicains.
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LIVBBa XT BIBUOTHÉQUSB A 8TRA.SBOI7RO 69
rarement sur le dos, le plus souvent sur la couverture de
devant, et parfois recouvert d'une mince feuille de corne
transparente. Pour empêcher les détournements, on attachait
les volumes à des chaînes; dans le manuscrit de Quintilien,
qui avait appartenu à la bibliothèque de la cathédrale, on
inscrivit en 1872 cette note : • nota qmd LXXXl Ubri suivt
in etUenis in darmitorio ecdesiœ Ârgmtinenm. ^ > Pierre de
Gengenbach, en 1420, voulut que les livres qu'il légua aux
dominicains fussent fixés par des chaînes de fer, dont le prieur,
le lecteur et le Hbrarius devaient chacun avoir une clef.*
Munthart fit la condition que, dans Tannée qui suivrait sa
mort, le chapitre de Saint-Thomas construisît une < libraria
cum voUis 8€u testudinibus, banccis et eateniSj ut mos est, i
sinon la bibliothèque reviendrait, sous la même condition, au
chapitre de Saint-Pierre-le-jeune, et si celui-ci, à son teur,
négligeait d'exécuter ces clauses, elle deviendrait la propriété
du grand*chapitre.' L'usage des chaînes était fort ancien ; une
gravure du XVIP siècle, représentant la bibliothèque de l'Uni-
versité de Leyde et reproduite par M. Paul Lacroix dans son
ouvrage sur les Arts au moyen-flge*, nous montre en quoi il
consistait; il y avait une suite de reposiforia, chacun ne for-
mant qu'un seul rayon, devant lequel un pupitre et un banc;
les livres étaient fixés à une barre courant le long du rayon;
pour s'en servir, on n'avait qu'à les retirer. Les cle& dos
^ Bandini, 1. c, note 1, p. 438.
' « Omnes meos libros. . . ad locum specialem quem ad hoc deptUaverim
reponendos et catenis ferreU alligandos pro furtu vel concmone ipsorum
precavendos, quibus prior et omnes fratres studere volantes uti poterant
me existente invita etpostmortemmeamquandocunquevoluerintyad qiLos
seu quorum clausuram prior unam qui tun<i fuerit, lector unam et libra"
ritus unam clavem habere debebunt. » Archives de Saint-Thomas.
' Histoire du chapitre de Saint- Thomas^ p. 459.
* Paris 1869, p. 492. — Encore en 1839 l'ancienne bibliothèque de
Zûtphen, en Hollande, était disposée diaprés ce système, ^attsnbaoh»
Schriftwesen, p. 531.
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70 BEVUE J>'aLSâOE
cadenas des chaînes étaient confiées aux supérieurs ; eux seuls
avaient le droit de decatenare les livres.
L'usage d'une bibliothèque n'était réservé qu'aux frères
du couvent ou aux chanoines du chapitre auquel elle appar-
tenait. A Saint'Thomas les dignitaires jouissaient du privilège
d'emporter des volumes; Kônigshofen nota dans son catalogue
que le prévôt BurkartBurggraf avait chez lui le Pentateuque,
dans un petit volume sans couverture, sine asseribus. Munt-
hart prit dans son testament la précaution de défendre qu'au-
cun de ses ouvrages ne fût ni aliéné, ni échangé, ni même
prêté à une personne quelconque étrangère au chapitre, de
quelque grade ou dignité qu'elle fût; il n'admit une exception
qu'en faveur de ses neveux ; si Tun d'entre eux voulait étu-
dier le droit, il devait pouvoir se servir des livres, en fournis-
sant une caution sufQsante.^ Simler s'exprima d'une manière
analogue; il voulut que si ses conditions n'étaient pas obser-
vées, sa bibliothèque fût abandonnée à TUniversité de Heidel-
berg, où il avait fait ses études. '
Il n'était pas rare qu'une maison religieuse prèt&t un
livre à une autre. Vopus etymologiarum d'Isidore, donné à
la bibliothèque de la cathédrale par l'évoque Wernher, fut
prêté un jour aux frères mineurs.^ Saint-Thomas confiait son
exenjplaire de la Légende dorée au curé de l'église, pour y
prendre la matière des sermons pour les fêtes des saints.* En
1426 il prêta un Liber oratorius à deux chanoines de Saint-
Picrre-le-jeune pour le temps de leur vie, à charge pour eux
et leurs héritiers de payer trente florins, si le volume venait
à se perdre.^ D'autres fois, quand on avait besoin d'argent,
* Histoire du chapitre de Saint-Thomas, 1. c.
■ Wenoker, Âpparalus, p. 429.
' « Iste liber concessus est fratribus minorihus^ et est dominorum de
summo templo. » Gbandidibr, Œuvres inédites, t. I, p. 439, note 2.
* « Item lampartica historia^ quœ concessa est plebano et sodo, »
Histoire du chapitre de Saint-Thom^is, p. 410.
^ Archives de Saint-Thomas.
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LIVIIBS XT BIBUOTHÉdXJBS A STRASBOURG 71
on aliénait des livres ou on en donnait en gage ; on a tu plus
haut les Âugustins d'Ittenwiller vendre aux religieux de
Saint- Arbogast une bible, et Tabbayede Baumgartcn plusieurs
oianuscrits à la maison de Saint-Jean; en 1404, cette même
maison prêta au couvent de Neubourg une somme de que- ,
rante-une livres, pour laquelle on lui engagea le Speculufn
historiakj écrit sur vélin et formant quatre volumes reliés en
bois.* Les chartreux, dans un moment d'urgence, donnèrent
eautionis loco pour vingt-sépt florins deux ouvrages de droit
canonique. Tous ces actes étaient passés devant le juge de la
coifr épiscopale^ dans la même forme et avec les mêmes eau-
tèles minutieuses que s'il s'était agi d'une maison ou d'une
propriété rurale; cela ne doit pas nous surprendre, c'est une
preuve de la haute valeur qu'on attachait aux livres, dans
une période où il était difficile de s'en procurer.
2. Industries concernant les livres.
1. Copistes et enlumineurs. Imprimeurs. Graveurs. — Dans
les couvents on se procurait des livres en faisant copier par
des moines ceux qu'il fallait, soit pour l'étude, soit pour le
culte. Le prieur des dominicains, Hugues Ripelin, vers 1280,
est cité comme ayant été scriptor bonus atque depicior\ ce qui
veut dire calligraphe et enlumineur. Parmi les religieux de la
maison de Saint-Jean, on en connaît plusieurs qui ont fourni
des manuscrits à leur bibliothèque; Nicolas de Laufen copia
dans les années 1382 et suivantes quelques-uns des volumes
secrets du Grûne- WÔrth; en 1417 Georges Geisfell, de Hague-
nau^ écrivit sur papier six exemplaires du directorium offidi
^ « Quatuor partes seu volumina Speculi historicUis Vincentiif in per-
gameno scripta, asseribus cooperta » 14 décembre 1404. Archives de la
Basse-Alsace.
' ÀnfULles des dominicains de Colmar, publiées par Gérard et Liblin.
Golmar 1854, Appendice, p 218.
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m REVUE d'âLSACE
divini; Henri Collator copia, en 1487, le Cafkolkon; Jean
Wurtzgart, de Strasbourg, en 1458, le traité de Saint-Ambroise
de officiis ministrorum; Herrmann Gross, en 1467, la traduc-
tion allemande des Psaumes par Henri Kozzer ; Pierre Rysch,
en 1481, un Chorak; même un des prieurs, Jean Kobel, de
Molsheim, avait écrit en 1473, sur parchemin, sous le titre
de Legenda^ le bréviaire usité à Saint-Jean. Mais tout ce gui
entrait dans les bibliothèques, n'était pas écrit sur place, on
achetait aussi des ouvrages et on en recevait par donation.
Beaucoup de ces livres venaient peut-être du dehors, toutefois
il y avait aussi à Strasbourg même des copistes de profession.
Les curés et les chanoines qui avaient besoin de livres litur-
giques, les moines qui désiraient des traités de théologie, ou
bien manquaient de loisir pour les écrire, ou bien dédai-
gnaient cette besogne; ils devaient les trouver tout prêts,
offerts aux demandeurs ou exécutés sur commande par des
clercs ou des laïques, qui pratiquaient le métier de copistes.
Un 5iicAscAnéer strasbourgeois, Pierre de Hasiach, est cité en
1408; un autre, Jean de Kîrchheim, en t488; un troisième en
1486. M. Wattenbach signale dans diverses contrées et dès
le Xn* siècle, des scriptores travaillant pro pretio^\ il n'est
donc pas improbable que bien avant le XV* il y en a eu aussi
chez nous. De même qu'ailleurs c'étaient souvent les maîtres
d'école qui se livraient à ce travail ; outre les magistri scho-
/arum attachés aux chapitres, il existait des Lermeister laïques
dans divers quartiers de la ville; en 1477 un de ces instituteurs
est relieur ; à plus forte raison d'autres ont pu être écrivains.
Les scribes de la chancellerie et des différents tribunaux ont
* Witter, Catalogus, p. 1, 2, 18, 47, 56.
" Schriftwesen des Mittelaltersy p. 401. Le maître Hesso, que M.Gérard
ÇLes artistes de V Alsace pendant le moyen-âge. Coimar 1872, t. I, p. 144)
compte parmi les calligraphes, était secrétaire du magistrat, Hesso, notor
rius bv/rgensium. V. la charte de 1237 publiée dans les Œuvres inédites
de Grandidier, t. III, p. 348.
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LIVBB8 ET BIBLIOTHÈQUES A STRABBOmia 73
pa également se charger contre paiement de copier des livres.
En 1825 je trouve à Strasbouag un certain Zûrne iOumi-
nator^ artiste peignant les initiales, écrivant en rouge les
rubriques et les titres, et, en cas de besoin, ajoutant au texte
des miniatures. Dans la maison de Saint-Jean il y eut un
enlumineur â*un talent distingué ; nous ne connaissons, il est
vrai, que par d'anciennes descriptions l'exemplaire du Mémo-
rial, orné d'images, qui fut envoyé au maître-provînciaP;
mais j'ai vu dans quelques manuscrits du GrUne' Wôrth de
grandes initiales, des bordures, des armoiries, qui sont du
nombre des meilleures productions de ce genre au XIV* siècle.
J ai parlé plus haut des belles miniatures d'un Missel, qui
avait appartenu au couvent des franciscain»; elles dataient
du XV* siècle et révélaient le style de l'école bourguignonne.
Michel de Mayence qui, en 1466, est cité chez nous comme
ittuminista^ est qualifié en 1488 de peintre, Maler; il n'était
donc pas un simple artisan.
Outre les couleurs, les enlumineurs employaient l'or, soit
pour orner des lettres capitales, soit pour former des fonds.
G^est pourquoi on leur donnait aussi chez nous le nom de
Guîdimehriber ou Goltschriber. Dans une des copies du Mémo-
rial des Johannites, un Saint-Jacques dans une grande initiale
très historiée, et le Christ crucifié dans le Missel des frères
mineurs, étaient sur fonds d'or. Je ne sais trop ce qu'était un
Buppenmaler, peintre de poupées, mentionné en 1427 ; les
^ Les images représentaient : le Grune-Wôrth, la procession des frères
qui s'y rendent poar en prendre possession, la remise solennelle qui
leur est faite des bâtiments, les armoiries de TOrdre, ses patrons, un
Christ crucifié entre la Vierge et Saint-Jean, un Christ mort, snr les genoax
de sa mère, nne Sainte-Véroniqne, une des visions de l'ami de Dieu, le
Jugement dernier. Chaque image était accompagnée de quelques rimes
explicatives que j'ai publiées, d'après une ancienne copie, dans VÀnzeiger
fur Kunde der deutschen Vorzeit, t. V, 1858, p. 375 et suiv. ; mon
intention était de m'imformer si le volume existait encore dans quelque
bibfiothèqae d'Allemagne; je n'ai reçu aaeime réponse.
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74 REVUE d'alsage
Kartenmalerj pktares cartarum, qui paraissent dans la seconde
moitié du siècle, peignaient les cartes à jouer et des images
de saints. Vers l'époque môme où fut inventée rimprimerie,
Diebolt Laber avait à Haguenau une fabrique de manuscrits,
à laquelle étaient attachés aussi des enlumineurs et dont les
produits se répandaient dans toutes les contrées voisines. Jean
Mentel, de Schlestadt, qui se fixa à Strasbourg conmie impri-
meur, était Goltschriber ; ce fut en cette qualité qu'en 1447
il reçut le droit de bourgeoisie.
Ce n*est pas ici le lieu de parler de l'invention de lïmpri-
merie. Il importe seulement de dire que quand, après les pre-
miers essais de Gutenberg, Mentel et Eggestein, eurent établi
leurs presses, d'où sont sortis tant de beaux livres, on ren-
contre à Strasbourg de nombreux imprimeurs; il y en avait
qui étaient en même temps orfèvres, tels que : Nicolas de
Honau, 1478, aurifaber etpressor Ubrorum; Sifrid, frère de
Henri Eggestein, avait également pratiqué l'orfèvrerie ; habi-
tués à la gravure sur métal, ces artistes confectionnaient sans
doute eux-mêmes leurs types; d'autres, comme Barthélémy
Eistler (1486) étaient peintres. D'après un règlement du
magistrat, on distinguait entre les imprimeurs capables d'en-
tretenir de grands ateliers, et ceux qui se bornaient à impri-
mer les livres et à faire des images de saints; ils se bornaient
à imprimer les livres, cela veut dire qu*ils travaillaient pour
le compte des grands éditeurs.^ Ceux -ci imprimaient parfois
pour des couvents, qui avaient besoin de livres liturgiques
spéciaux conformes à leur Ordre, ou bien aussi pour des
^ « Item dos die buchtrucker, welche indem wesen und vermûgensyent
dos sie gro88 redeliche truckeryen kaben und ouch der moler hantierunge
domit hmcheUf aUe mit voUem. rechten mitjnen dienen sollent u)ie golP-
9myde wnd moler. . Und die Ûberigen gemeynen trucker, formensnyder,
buchbinder, und kartenmaler, die bûcher nuwen und heiligen truckent,
uszstrichent und verkouffent und domit ouch der moler hantierunge
bruchent, soUent aile zur Steltzen dienen und doch jors nit me verbunden
sin dann VI 8ch. stitbenzinsz zu geben, » Àrtikelbuch der Zunft zur
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UVBBS BT BIBLIOTHâQtlBB A STRASBOURG 75
libraires étrangers. En 1487 Jean GrtlTiinger fit pour l'abbaye
cistercienne de Baumgarten un Missel et un brénaire, pour
lesquels on lui paya soixante-dix florins d'or.^ Jean Enobloucb
publia divers ouvrages, tantôt aux frais de Jean de Raves-
berg, de Cologne, tantôt à ceux de Jean Haselberger, libraire
à Constance. D'autres, Jacques Eber de Landsberg, Georges
Husner, Barthélémy Eistler, Jean Wehinger, Guillaume
Schaffner (jprocuratar) de Ropernctawilor, Henri Knoblochzer,
Thomas Anshelm de Bade, ne sont connus que par de rares
publications; plusieurs d'entre eux transportèrent leurs
presses à l'étranger. L'enthousiasme pour Tart nouveau était
si vif, que de jeunes clercs, de familles riches, n'hésitèrent
pas à en apprendre l'exerdce ; il fallait, du reste, pour impri-
mer des livres latins, quelques connaissances littéraires. Le
strasbourgeois Sixte Kissinger introduisit en 1471 Timpri-
merie à Naples; Diebolt Schenkbecher fut, en 147S, à Rome,
l'associé de Wendel de Wila et de Jean Reinliard ; le premier
devint chapelain de l'église d*Ungersheira, près de Colmar et
vicaire à Saint-Thomas , le second fut reçu chanoine de ce
dernier chapitre.
Steltz, Archives de la ville. — Au nombre des gemeine trucker étaient
Ulric de Lauingen 1471, Conrade Danhûser 1474, Matthias de Werde
1484, Conrade Franck de Kitzingen 1484, Nicolas de Nenwiller 1487,
Jean-Jacques de Rotenbourg 1487, Pierre-Jean Beheim, de Bâle, 1490,
Jean de Dinslacken 1491, Frédéric Ruch de Dumpach 1495, Erhard
Arnold 1502, Thomas Krycher 1504.
* Missale cisterciense (sans titre), F* 1^ Commissio . , . Johannis ahbatis
Cistercii. . . de missalibitë ac breviariis ordinis imprimendis. F<* 2*,
Executio dicte cammissionis per. . . Nicolaum ahbatem Toonasterii de
Pomerio alias Bomgart. A la fin • Ànno miUesimo qiMdringentes^o
ociogesimo septimo, pridie vero nonas septembris. S. 1., fS goth. Le
27 août 1487rabbé de Baumgarten, Nicolas Widenbosch, reconnaît devoir
au couvent de Saint-Urbaint en Suisse, une somme de 100 florins d'or,
dont soixante-dix pour payer à Grûninger l'impression de ce missale et
d'an diwrnale. Archives de Lucerne; je dois cette communication à
Tobligeance de Farchiviste, M. de Liebenau.
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76 BEVUE D*AL8ACIB
Sous rimpulsion des humanistes, les imprimears ne se con-
tentèrent plus du nom de pressores librorum, ils se donnèrent
celui de ehakographi; GrUninger, après s*être qualifié parfois
ûHmpressoriœ artis magistère s'intitula en 1504 chalcographiœ
arti/ex] Timprimerie de Knoblouch devint une o/flàna Hte-
ratoria, et la presse de Jean Schott un prelum Kterarinm. Il
est peu de villes, où depuis l'origine de Tart on ait produit
alors un si grand nombre de livres.
Les imprimeurs furent adjoints à la corporation de FEcAosse,
qui était celle des orfèvres, des peintres, des sculpteurs, en
général des professions qui avaient un certrin caractère artis-
tique. Dans les commencements leur industrie ne causa
aucun dommage à celle des copistes et des enlumineurs. Le
règlement cité plus haut donne comme motif de leur adjonc-
tion à la tribu de TEchasso, le fait qu'ils avaient besoin du
concours des peintres; en eflTet, il fallait colorier au moins les
initiales, dont dans les incunables^ la place était généralement
laissée en blanc. La bibliothèque de Saint-Jean avait possédé
quelques impressions deMentel et d*E?gestein avec des minia-
tures d'une remarquable perfection. D'autres fois on rempla-
çait la peinture par des dessins à la plume; à la bibliothèque
de l'ancien Séminaire protestant il y avait un exemplaire de
la Bible de Mentel de 1466; les initiales des différents livres
renfermaient des scènes de l'Histoire sainte, composées sou-
vent d'un grand nombre de personnages, et qui, pour n'être
pas coloriées, n'en étaient pas moins des œuvres d'artiste.
Vers 1490 le magistrat fit faire une transcription sur par-
chemin de l'ancien recueil des privilèges de la ville; sur le
premier feuillet est dessinée la Vierge comme patronne de
Strasbourg; elle est assise sur un trône, sur une des marches
duquel se voit un perroquet; cette image est exécutée avec
un sentiment qui fait songer à l'école de Martin Schœn.^
' Archives de la viUe, Britflmch^ vol. G.
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LIYBES ET BIBLIOTHàgUBS A STRASBOUBG 77
Outre les iUuministeSy les grarears sur bois, Fonmefmeiderj
trayaillaient également pour les imprimeurs et faisaient partie
avec eux de la même corporation. Depuis la fin du XV* siècle
jusque vers 1520, il parut à Strasbourg peu de livres sans
gravures. Le goût pour les éditions illustrées était aussi vif
alors qu'il peut Tétre de nos jours. Le poète Sébastien Brant
fit lui-même les dessins pour les bois de ses publications;
d'autres ouvrages furent ornés de scènes, d'encadrements, de
bordures par des artistes, tels que Jean Wâchtelin, Urs Graf,
Jean Baldung Grien.
Les simples peintres de cartes se distinguaient des Ulumi-
natares en ce qu'ils ne composaient pas eux-mêmes leurs
sujets; ils n'avaient qu'à colorier des gravures sur bois, cartes
à jouer, images de saints, scènes sur des feuilles volantes
illustrations dans les livres. En 1502 ils étaient assez nom-
breux pour être annexés à la corporation des artistes et des
imprimeurs; ils devaient y occuper un rang subalterne, bien
qu'on leur défendit de se liVrer à d'autres travaux; Pun
d'entre eux, le Kartenmakr Jean de Rotenbourg, dit BeHi-
genmaler, ayant ouvert une petite boutique de mercerie, fut
réprimandé pour cette atteinte à l'honneur du corps.
Les copistes, qui avaient encore à fournir des missels, etc.,
pour les églises, étaient employés aussi par les imprimeurs,
dont les principales publications n*étaient d'abord que des
ouvrages plus anciens qu'il fallait transcrire des manuscrits.
En 1472 on souleva la question si, pour garantir la fidélité
de leurs copies, on devait les soumettre à un serment; le
magistrat se prononça pour la négative.' Quand on se mit à
réimprimer des livres d'après des éditions faites à Paris ou
en Italie, et à publier des ouvrages d'auteurs contemporains,
qui fournissaient eux-mêmes leur copie, les scribes devinrent
à peu près superflus; lors de l'introduction de la Réforme à
^ ScHûPFLm, Vindiciœ t^pographicœ. Strasbourg 1760, în-^*', p. 113.
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78 REVXJE D'ALSACE
Strasbourg, ils n'eurent plus non plas d'occupation pour le
clergé; il est rare qu'on eût encore besoin d'un calligraphe
autrement que pour apprendre à écrire aux enfants.
La nécessité de vendre les livres moins cher pour pouvoir
les répandre davantage, porta aussi un coup sensible à Tin-
dustrie des enlumineurs; en 1499 on trouve encore parmi les
bourgeois de notre ville un lUuminist, et en 1506 un Guldinr
schfiber, nommé Jean Imgrien; mais en 152K le dernier des
Guldinschriber demanda l'autorisation de se faire maître
d'école.
i . Parcheminiers. Papetiers. — Strasbourg a eu de bonne
heure des ateliers où l'on préparait le parchemin. Dès 1272
deux Birmenter étaient établis dans une maison près des
grandes Arcades.* Une rue entière portait le nom de rue des
Parcheminiers, Birmentergasae, vicus pergammtorum, 1S89
et suiv. Dans deux autres, dans celle des Tonneliers, 1357
et suiv., et dans celle des Serruriers, 1395 et suiv., des mai-
sons appelées zum Birmenter, indiquaient l'existence de cette
industrie. La quantité de parchemin qu'exigeaient des néces-
sités diverses était considérable ; il en fallait, non-seulement
pour les livres, mais pour tous les actes officiels, les chartes
délivrées par les évèques, les testaments, les ventes, les baux
passés soit devant le magistrat, soit devant les tribunaux
ecclésiastiques; il en fallait enfln pour les cartuiaires de la
ville, des chapitres, des couvents, pour les rotules des cours
colongères, etc. En 1322 le magistrat décida de faire réunir
dans un livre les franchises de la ville; ce livre, der stette
Bucfè, fut un volume de vélin. ^ Des monastères et même des
particuliers faisaient des provisions de cet article; en 1288
^ t Ein Hofeatat vor des Rehestocks des Vogts sel. Eus, doruff zwen
Birmenter gesessen sint, » Archives des hospices. Ce Rebestock avait
demeuré près du Hohlweg, aujourd'hui rue des Arcades.
* KONiasHOFEN, édition Hegel, t. II, p. 743.
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LIVRES ET BIBLIOTHÈQUES A STRASBOURG 79
les dominicains, dans la détresse, se résignèrent à rendre des
manuscrits et du parchemin; en 1S16 l'écolàtre de Saint-
Thomas, Reinbold de Eageneck^ légua à Hugues de Lûtten-
heim, prébendier de la même église, une coupe d'argent doré
et du parchemin pour des Hbri matitutinaks.^ »
Le plus ancien papier daté que j'ai trouvé à Strasbourg
est de Tannée 1843. Depuis cette époque il devient d'un usage
de plus en plus fréquent; on s'en sert dans les couvents, dans
les chapitres, dans l'administration des divers hospices et dans
celle de TŒuvre- Notre-Dame, dans la chancellerie de la ville,
dans les comptoirs des négociants. Jusqu'en 1408 les filigranes
de tous nos papiers révèlent des origines étrangères ; en 1 408,
pour la première fois, on rencontre comme marque l'écu de
Strasbourg; ce même signe, trafersé d'une crosse épiscopale,
se montre de nouveau de 1421 à 1426 ; puis on en perd les
traces, pour ne le voir reparaître qu'en 1510, sans crosse
mais accompagné du lis strasbourgeois; à partir de cette date,
il se maintient, sous diverses formes, pendant presque tout
le XVI" siècle. Ce filigrane annonce évidemment une fabrica-
tion indigène. La première mention d'une papeterie à Stras-
bourg e?t faite accidentellement dans un titre de propriété de
1452 ; là il est parlé d'un moulin à papier a.u jardin des roses
(quartier de la Finckmatt) ; rien n'empêche d'admettre que
ce moulin a existé dès avant 1452, et que c'est lui qui a
produit le papier à l'écu de la ville. En 1509 Gabriel Schwartz,
bapirifeXy acheta une maison dans la rue d'Or; ce n'est pas là
qu'il a pu avoir son usine, car il n'y avait pas de cours d'eau
pouvant faire marcher un moulin. Sa papeterie était-elle celle
du jardin des roses, ou une autre qui se trouvait hors de la
porte Blanche, près de la tour verte, et qui, en 1527, fut
incendiée par la foudre? Je n*ai aucun renseignement pour
décider cette question; il me suffit, du reste, d'avoir pu
^ Archives de Saint-Thomas.
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80 BEVUE D'ALSAGE
constater à Strasbourg même Fexistence d'aa moins deax
papeteries.
Mais outre le papier fabriqué sur les lieux, on continuait
â*en employer, qui était importé de l'Etranger. L'inrentîon
de rimprimerie donna même à ce commerce un essor nou?eau.
Vers le milieu du XV* siècle, les droits d'entrée pour une
charge de papier, composée de vingt-sept rames, étaient de
quatre deniers par rame, quand le format était grand, et de
deux deniers par rame de petit format; c'était le péage qu'on
prélevait sur les papiers qui venaient par cbariot « d'au-delà
les monts, » c'est-à-dire de France et d'Italie ; ceux qui étaient
amenés par les bateliers du Rhin et qui étaient originaires
des Pays-Bas, étaient frappés d'un droit de vingt-huit deniers
par charge. Pour déterminer la provenance de ces papiers
étrangers, on n'a d'autre moyen que les filigranes: mais ce
moyen même ne donne pas toujours des résultats d*une cer-
titude suffisante. De iS4S à 1525 j'ai recueilli qnatre- vingt-
quatorze types différents, sans compter les variétés de quel-
ques-uns de ces types; dans le nombre n'est pas compris
l'écu strasbourgeois. La comparaison de ces marques avec
celles que l'on connaît comme ayant été usitées dans d'autres
pays, m'a amené à la conclusion que le papier étranger venait
principalement de l'Italie, de la France et de la Flandre.
Cependant, il faut faire une réserve; comme la propriété des
marques de fabrique n était pas encore protégée par la loi,
les mêmes filigranes ont pu servir à des fabricants différents.
On peut prouver, par exemple, que nos papetiers s'étaient
appropriés certains signes français et italiens. Un fait qui
n'est pas sans intérêt pour Tbistoire des relations commer-
ciales de notre ancienne république, c'est que nos marchands,
pour faire leurs provisions de papiers, ne s adressaient que
rarement à l'industrie transrhénane. A Bavensbourg, en
Souabe, il y avait des papeteries renommées, dont la marque
distinctive était une tête de bœuf. Ce fiiligrane est un de ceux
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LIVRES ET BIBLIOTHÈQUES A STRASBOURG 81
qu'on rencontre le plus souvent dans nos archives et dans
nos incunables; mais je puis le signaler dès 1357, tandis que
les usines de Ravensbourg ne sont pas antérieures à 1407 ;
en outre, notre tête de bœuf a toujours des yeux, tandis que
celle de Ravensbourg est caractérisée par Tabsence des yeux.
Le bœuf sans yeux ne se voit pas chez nous avant 1508;
c'est un papier grossier que je n'ai trouvé qu'en très petite
quantité. En ce moment je ne m'étendrai pas davantage sur
cette matière; la question des papiers employés à Strasbourg
pendant le moyen-âge, est assez intéressante pour être traitée
avec plus de détails que n'en comporte cette notice.
3 . Libraires. — D'après tout ce qui a été dit dans cette
notice, on peut admettre que de bonne heure il y a aussi eu
à Strasbourg un certain commerce de librairie. Il est vrai que
le terme de stationaritis, stacionierer, qu'on rencontre chez
nous au XIII* siècle, n'a pas eu, comme dans les Universités,
le sens de marchand de livres. Nos stationnaires étaient des
négociants qui avaient leurs stationes ou étalages près de l'é-
glise de Saint-Martin. En 1280 Henri Stacionierer figure parmi
les échevins; en 1237 son fils Erbo est un des douze repré-
sentants de la grande corporation des pelletiers. Encore vers
la fin du siècle je trouve une Anna stadatrix. Le mot avait
chez nous encore une autre signification. En 1272 parait un
Conradus dictus Statzenierer. nunciiis et famulus fabricœ
eccksim Argentinmsis ; en 1290 il achète un bien à Sufel-
weyersheim; en 1311 il est cité comme défunt, quondam
Conradus siationarim fabricœ. Dans ce cas le sens du mot
et suffisamment indiqué par nuntius et famidus.
La première mention d'une boutique de librairie est de
l'année 1408 ; les circonstances aa.vquelles elle se rapporte,
permettent de supposer que ce commerce n'était pas alors
une nouveauté. En 1408 le magistrat de Strasbourg fut informé
par celui de Lindau qu'un curé des environs de celte ville
Noavelle Série. — 6- Année. 6
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82 REVUE d'âlsage
arait abandonné les deux petites paroisses qu'il desservait,
qu'il en avait importé deux volumes liturgiques, Tuh relié
en blanc, l'autre en rouge, et qu'il les avait vendus à Stras-
bourg au scribe Pierre de Haslach, < qui a un débit délivres
sur les Greden de la cathédrale.* » On donnait chez nous le
nom de Greden, gradus, aux grandes marches devant les por-
tails. C'était donc là qu'il y avait un étalage de livres; les
scribes eux-mêmes étaient les marchands, e1 ils n'offraient
pas seulement leurs propres produits, vrais bouquinistes, ils
achetaient et vendaient aussi des ouvrages vieux. L'autorisa-
tion de s'établir devant la cathédrale leur était donnée par le
chanoine -portier du grand chapitre; on avait choisi cette
place pour attirer l'attention des clercs qui se rendaient à
l'église. Cet usage, qui existait à Paris dès le milieu du
XIIP siècle * et plus tard dans d'autres villes, se conserva
chez nous jusque vers la fin du XV* siècle. En 1482 le magis-
trat qui avait sous sa surveillance l'administration de l'Œuvrc-
Notre-Dame, consacrée à l'entretien de la cathédrale, voulut
dégager les abords de Tédifice, en faisant disparaître les
baraques qui les obstruaient; pour cette raison il défendit
aussi de vendre sur les Greden des livres. Le chanoine-por-
tier, Frédéric de Bade, s'en plaignit par une lettre très vive,
accusant le magistrat d'avoir violé la franchise d'un lieu qui
dépendait de la juridiction du chapitre, et rappelant que la
vente de livres devant le portail n'était pas une innovation,
* « Der schryber Peter von Haselo, der die bûcher verkouft uff den
Greden zu unser frowen munster, » Lettre du 28 mai 1408. Communi-
cation de M. le professeur Krauss à la Société pour la coTiservation des
monuments historiques d'Alsace.
* Le grammairien Jean de Garlande parle d'une platea nova ante
paravisuw dominœ nostrœ [\e parvis de Notre-Dame) ; une glose, écrite
vers 1250^ ajoute : < paravisus est locus ubi libri scolarium venduntur, »
Wattenbach, p. 470. — Ducange, t V, p. 80.
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83 LIVRES ET BIBLIOTHÈQUES A STRASBOURO
mais une coutume ancienne, observée dans beaucoup de
villes.^ On ignore la suite de cette affaire.
Du reste, après l'invention de l'imprimerie, la plupart des
imprimeurs devinrent aussi libraires, en ce sens qu'ils débi-
taient eux-mêmes leurs productions; pour s'approvisionner
de celles des presses étrangères ils se rendaient chaque année
à la foire de Francfort, qui était le grand centre de la librairie
d'Allemagne; d'autres livres venaient de l'Italie, d'autres
encore de Paris, qui, déjà au XIV siècle, avait été célèbre
comme marché de manuscrits.^
Quant au prix moyep des manuscrits au moyen-ftge, il est
diCQcile de s'en rendre un compte exact; les sommes dont il
est parlé dans quelques documents, sont si variables que,
lorsqu'on ne connaît pas la valeur calligraphique ou l'état de
conservation d'un volume vendu ou engagé, on ne peut arri-
ver à aucune appréciation tant soit peu probable. Une seule
chose est certaine et se comprend sans avoir besoin d'expli-
cation, c'est la chèreté des manuscrits. Je me bornerai à indi-
quer les quelques prix que j'ai trouvés.
En 1300 le chanoine de Saint-Thomas^ Jean de Saint- Ama-
rjn, estime que le Digestum vêtus ei les Décrétales qu'on lui
a volés, valaient 40 marcs d'argent. En 1879 les Augustins
d'Ittenwiller vendent une bible en cinq volumes pour 35 livres.
En 1395 et 1396 le couvent de Baumgarten vend à la mai-
son de Saint-Jean, d'abord les Morcblia de Grégoire en deux
^ * ... So ist es ouch nit ein fremde oder riiiwe fûrnemen, sunder an
andem enden, uff vil stifflen, ouch gewonlich das man an sollichen
stetten vor den greten und Kirchthiiren biichere feyle hat^ und die an
den enden weisz zu ^nden. • 10 mai 1482^ Trêves. CommunicatioD de
M. Krauss.
* L'évèque anglais Richard de Bury, vers 1350, parle avec enthou-
siasme des nombreux ouvrages de tout genre qu'on trouvait à acheter
à Paris (Philobiblion, Paris, J. Petit, 1500, 4°, chap. 8, f* 6, 4). Gerson,
au contraire, déplore de voir tant de livres quitter la France (De laude
scriptorum, édition Spencer, p. 9).
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84 REVUE D* ALSACE
volumes pour 10 lirres, puis huit volumes divers pour 8. —
En 1404 le couvent de Neubourg engage à Saint-Jean
pour 41 livres un Spéculum hiskniale en quatre volumes. —
En 1426 Saint-Thomas évalue un Liber oratorius en deux
parties à 30 florins. — Les chartreux achètent pour 12 florins
la PùstiUa sur les proverbes de Thomas Rygsted, écrite en
1850; pour 40 florins les Glossœ archidiaconi super decreto;
les mêmes engagèrent un jour deux livres de droit pour
27 florins.
U est resté peu de souvenirs du prix auquel se sont vendus
les premiers livres imprimés par Mentel, Eggestein, etc. Un
exemplaire de la bible allemande de Mentel, acheté en juin
1466 par un certain Hector Mulîch et conservé aujourd'hui
à la bibliothèque de Munich, porte à la fin cette note : emlus
est hic liber, nondum ligatus^florenis duodedm,"^
4. Relieurs. — En 1897, quand Kônigshofen eut réor-
ganisé les archives de Saint-Thomas, on inscrivit dans les
comptes du chapitre 2 livres 14 sols « pro bappiro ad tibros
instrumentorum et pro pergameno, unde zu beslahmde und
zu bindende. > Ces derniers mots attestent que dès cette
époque, il y avait à Strasbourg des relieurs, et que les Bucà-
binder qu'on rencontre en 1477 et en 1496, sont loin d'avoir
été les premiers. Au XV* siècle la reliure n'était pas même
l'unique occupation de ces artisans; Jean Utenheim, qui, en
1477, relia un volume pour les archives de la ville, remplis-
sait en même temps les fonctions de maître d'école. Mais bien-
tôt le grand nombre de livres publiés à Strasbourg eut pour
conséquence une rapide extension de cette industrie. En 1502
un règlement du magistrat associa les relieurs aux imprimeurs
pour faire partie avec eux de la tribu de l'échasse.
Les reliures les plus anciennes étaient généralement en
^ LiCHTENBEBGEK, Initia typographica. Strasbourg 1811, 4?, p. 58.
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LrVBES ET BIBLIOTHÈQUES A STRASBOURG 85
bois, recouTert de cair ou de peau de truie. Pour les missels
des églises riches on faisait d«s plaques d'argent doré, sur
lesquelles on gravait des arabesques ou des images de saints ;
elles servaient à garantir les coins. D'autres volumes, même
des plus petits, étaient ornés de garnitures de cuivre souvent
fort élégante& Ces ouvrages étaient exécutés par nos orfèvres
et nos graveurs, parmi lesquels il y avait au moyen-flge des
artistes très babiles.
Après Tinvention de Timprimerie ce n'étaient pas toujours
les imprimeurs qui faisaient relier et enluminer leurs publi-
cations; ce soin revenait plutôt aux acquéreurs qui, selon
leur goût ou leur fortune, chargeaient des relieurs et des
peintres plus ou moins habiles du décor des volumes.^ Gomme
dans les premiers tempt< la plupart des livres paraissaient
sans date imprimée, elle y était ajoutée souvent en couleur
rouge par l'enlumineur.
G. SCHMIDT.
L. c. — SCHELHOBN, Anuxuitates literariœ. Fraocfort 1727, t. III,
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ÉTUDE
SUR L'HUMANITÉ PRÉHISTORIOUE
DEUXIÈME PARTIE.
Stations préhistoriques des pays de
Montbéliard et de Belfort/
Certaines contrées, à raison de leur situation ou de leur
conformation topographique, ont le triste privilège de derenir
le champ de bataille des nations chaque fois que la guerre
s'allume entre elles; d'autres, toujours pour la même cause,
servent de routes stratégiques aux peuples dans leurs migra-
tions ou dans leurs invasions. Le nôtre se trouve d'ans ce
dernier cas ; situé dans le rétrécissement formé par les Vosges
et le Jura, il offre une voie de communication facile entre le
bassin du Rhin et celui du Rhône, car le point de partage de
leurs eaux est constitué par des collines d'une faible hauteur.
D s'en suit que c'est un des principaux passages dont les
nations du nord se sont servies à différentes époques pour
envahir la Gaule, contrée aux terres fertiles et au climat clé-
ment, qui a excité et excitera toujours leurs convoitises. Aussi
trouve-t-on. pour ainsi dire, sur chaque point, qui commande
ce passage, des vestiges de fortifications appartenant à tous
* Voir le tome précédent, p. 455-499.
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ÉTUDE SUR l'humanité PRÉHISTORIQUE 87
les ftges de rhamanité. Et si celle-ci a fait des progrès
immenses dans la recherche de ch qui est bien, beau, vrai et
utile, d*un autre côté elle est restée stationnaire. Elle a été
firappée dMmpuissance (et c'est l'expiation de sa faute),
lorsqu'elle s'est laissée dominer par des sentiments bas,
égoïstes ou cruels ; c'est ce qui a eu lieu chaque fois que les
peuples se sont livrés à ces luttes fratricides appelées, on ne
•ait pourquoi, k fwbk art de h guerre. La stratégie a été et
sera toujours la même, c'est-à-dire qu'elle doit consister à
réunir sur le champ de bataille des forces plus grandes que
celles de Fadversaire ; et si de nos jours on a perfectionné
considérablement les engins de destruction, on n'est pas plus
araacé, au point de vue du système de défense, quUI y a des
milliers d'années ; car on refortiûe les points qu'avaient occu-
pés les hommes primitif, et après eux les Celtes, les Romains,
les Barbares et ce ramas de brigands qu'on a appelés les
Barom féodaux.
C'est seulement depuis quelques années que l'attention s'est
portée sur les vestiges qu'ont laissés dans notre contrée les
hommes des Ages primitifs ; jusqu'alors on ne s*était occupé
que des antiquités de Tépoque romaine. La plupart de ces
découvertes sont dues à M. le D' Quélet, qui, dans ses explo-
rations botaniques, a été le premier à découvrir et à signaler
la présence de stations et de monuments préhistoriques dans
notre pays, que certains savants disaient ne devoir renfermer
aucune antiquité de. ce genre/ A côté du nom de M. Quélet
on peut citer ceux de M. Jolyet, inspecteur des forêts, qui
depuis longtemps s'occupe d'archéologie préhistorique; de
M. Félix Youlot, qui a publié un ouvrage curieux sur les
Vosges avant rhistoire, et qui a dirigé les fouilles du mont
Vaudois et de la caverne de Cravanche; de M. Henri Lépée,
qui a recueilli de nombreux objets préhistoriques dans les
* M. Quélet a recueilli une fort belle collection d'instruments de pierre,
dont il a donné une partie au musée de Montbéliard.
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REVUE D ALSACE
environs du village de Sainte-Suzanne; enfin, celui de M. Cl.
Duvernoy, qui a inséré dans les Mémoires de la Société d'é-
mulation de MontbéliardiineAofe^ mrlepaysde Montbéliard
antérieurement à ses premiers comtes, c'est-à-dire aux époques
celtique, romaine et barbare.
Plus de vingt-cinq localités préhistoriques sont déjà connues,
et dans ce nombre, qui ne fera qu'augmenter chaque année,
on compte sept camps retranchés, neuf stations situées dans
des lieux élevés, sept stations en plaine, trois autres possé-
dant des monuments mégalithiques et deux cavernes.
Les camps sont ceux du Mont Vaudois, du Mont Bart, du
Ghataillon près de Youjaucourt, du Gramont au dessus de
Beaucourt, de Châtillon près de Roches-les-Blamont, du Gié-
mont près deLougres, et de Châtillon entre Montéchéroux et
Liebvillers. Les stations qui se trouvent au sommet des col-
lines, mais qui n'étaient pas fortifiées ou dont les retranche-
ments ont entièrement disparu, sont les suivantes : les roches
au dessus des fontaines de l'ancien parc de Montbéliard, les
Vieilles-Vignes d'Hérimoncourt, l'ancienne citadelle de Mont-
béliard, le Grandmont près d'Hérimoncourt, la Chaux près
de Montbéliard, la ferme du parc de Montbéliard. le Pont Sar-
razin près de Vandoncourt, le Monterot au dessus d'Hérimon-
court et le ballon de Roppe. Les stations en plaine sont celles:
de Mandeure, des sablières de Bart, du cimetière de Dôle, de
Dung, de Sainte-Suzanne, de Colombier-Fontaine et de Saint-
Valbert-les-Héri court.
Les cavernes où l'on a trouvé des instruments et des sque-
lettes humains, remontant aux premiers figes de l'humanité,
sont celles situées dans les rochers, qui bornent au sud le
camp de Ghataillon, près de Voujaucourt, et surtout celle de
Cravanche, près de Belfort. Nous en connaissons d'autres où
l'on découvrirait CfTtaineraent des antiquités préhistoriques,
si l'on voulait se donner la peine d'y faire des feuilles, et il
est désirable que les Sociétés d'émulation de Montbéliard et
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ÉTUDB SUR l'humanité PRÉHISTORIQUE 89
de Belfort y consacrent quelques sommes d'argent. Les belles
découvertes que l'on vient de faire dans la grotte deCravanche,
permettent de supposer que ce ne serait pas en vain qu'on
creuserait le sol des cavernes de Sainte-Suzanne-les-Montbé-
liard, de l'ancien cimetière de Béthoncourt, du château de la
Roche (territoire de Montécheroux), de Bournois (canton de
risle-sur-Doubs), la brèche osseuse de Ghataillon sousMaiche,
etc., etc.*
Quant aux monuments mégalithiques de notre pays, ils se
trouvent près de la ferme de la Bouloie (entre Hérimoncourt
etÂbbevillers)etau sommet d'une colline voisine de laThure,
montagne qui domine Ghagey. Peut-être y en a-t-il aussi un
autre dans la forêt de Généchie, hameau dépendant de ce der-
nier village.
Telles sont les localités où se trouvent des vestiges des figes
préhistoriques, vestiges dont nous allons donner une descrip-
tion aussi exacte que possible, et dont aucune, comme nous le
verrons, ne remonte à une époque antérieure à l'âge de la
pierre polie.
Dans notre pays on rencontre plusieurs pierres curieuses
qu'à première vue on prendrait pour des dolmens on des men-
hirs, mais qui ne sont que des caprices de la nature. Ainsi,
sur le chemin qui conduit de Ghampey à Belverne, les habi-
tants montrent la Pierre qui tourne, grande roche en grès
ayant 1"',40 d'épaisseur, 2",30 de longueur et 2",20 de lar-
geur; elle n'a point été taillée ou apportée dans cet endroit
par la main de l'homme, mais s'est détachée naturellement de
la hauteur voisine sur la pente de laquelle elle a roulé, ainsi
que d'autres blocs plus petits; néanmoins elle est indiquée
comme monument celtique dans la carte des Gaules.
Il en est de même peur la Pierre de la tante Arie, qui se
* Certaines ont été explorées, il est vrai, mais à une époque où l'on
ne songeait qu'à recueillir desos-ements d'animaux antédiluviens, et où
les instraments de pierre ne fixaient pas encore l'attention des savants.
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90 RBVUE d'ALSACE
trouvait sur la montagne du Tronchet, territoire de Ghampej;
c'était une pointe saillante du rocher qui forme cette mon-
tagne, et que les bergers ont fini par renrerser; on n'en roit
plus que quelques fragments épars sur le sol.
Il y a quelques années, M. le D' Ed. Goguel découvrit sur
le territoire de Mandeure, au lieu dit les Etalottes, dans un
ravin boisé, situé sur les hauteurs qui dominent le village
de Bourguignon, une roche calcaire superposée sur une plus
petite. La hauteur totale de ce prétendu monument mégali-
thique est de 1",20; la pierre supérieure, qui a 0",75 d'é-
paisseur et 1"',80 de longueur, n'est maintenue en équilibre
que par les arbustes qui croissent au pied. M. Gl. Duvernoy
en a donné la description dans sa Notice sur le pays de Mont-
béliard; toutefois, contrairement à son opinion, nous croyons
que la dispo9ition de ces pierres n'est pas le résultat de la
volonté humaine, mais celui du hasard.
Au sud du village du Vernois, on aperçoit une côte couron-
née de rochers désignés dans le pays sous le nom de château
des Fées: ce sont des massifs de roches calcaires, faisant corps
avec la montagne et dénudés par les eaux diluviennes. Ënûn,
une autre grande roche, appelée la JKerre qui vire, s'aperçoit
près du Ghâlelot, dans une côte boisée, qui domine le cours
du Doubs ; elle a près de douze mètres de hauteur et est
adhérente à la colline.
1^ CAMPS RETRANGHÉS.
Mont Vaudois.
La petite ville d'Héricourt se trouve dominée au nord par
le Mont Vaudois, au sommet duquel on voyait naguère les
retranchements parfaitement conservés d'un camp. Il formait
un triangle isocèle allongé, dont les deux côtés longs étaient
légèrement convexes ; l'un de ces côtés et la base étaient for-
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ÊTT7DE SUR L'HUMANITÉ PRÉHISTOBIQUE 91
mes par an vallum^ et le troisième côté, celai du nord, par
des rochers à pic. Ce mllum n'avait pas moins de 20 mètres
à sa base, S ou 4 mètres de hauteur et 488 mètres de déve-
loppement ; le côté constitué par les rochers avait 270 mètres
de longueur.
On a cru longtemps que ce camp remontait aux Romains,
et même un auteur' en a attribué la création, rers Tan 1860,
à un gentilhomme du pays de Porrentruy, appelé Thomas de
Beumevesain. Mais c'est une erreur, comme cela résulte des
découvertes qu'on j a faites en 1875, lors des travaux de
terrassement exécutés par le génie militaire pour la construc-
tion d^un fort. On y a trouvé des sépultures par incinération
et une vingtaine de squelettes assez bien conservés, qui se
trouvaient dans le vaUum et dans des sarcophages renfermés
dans les nombreux tumuK, qui l'environnaient. Selon M. Vou-
lot, qui fut chargé de recueillir toutes les antiquités qu'on
trouverait au Mont Vaudois. ces squelettes étaient couchés
sur les omoplates et sur la hanche gauche, et les genoux
repliés; ils étaient, en général, d'une taille un peu au dessous
de la moyenne et trapus ; ils ofiTraient une assez grande variété
de types. Les crânes étaient la plupart dolichocéphales, quel-
ques-uns brachycéphales ; Tangle facial était assez ouvert, le
front un peu déprimé, les mâchoires peu prognathes et très
rigoureuses; enfin, l'usure précoce des dents et le grand
nombre d'os d'animaux, fendus longitudinalement, indiquaient
que les hommes de cette station vivaient principalement de
la chasse. Les débris de leurs repas consistaient en grande
partie en os du bœuf primitif, du cerf gigantesque et du san-
glier, de quelques-uns de chèvre et de chevreuil; il n'y en
avait aucun de cheval
Le grand nombre de squelettes humains trouvés au Mont
Vaudois a fait croire à M. Voulot qu'il y avait là un cimetière;
^ DnvERNOY, Ephémérides du comté de Monthéliard.
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d3 REVUE d' ALSACE
il lui a même décerné le titre pompeux de nécropole. Mais
c'était avant tout un camp, un lieu de refuge, comme le
démontrent la position élevée de cette station et le retranche-
ment dont on avait eu la précaution de l'entourer; c'est là
que se retiraient, mais seulement dans les moments de daa-
ger« les populations de la plaine voisine , car ce lieu est trop
éloigné des sources ou des rivières, pour permettre à des
hommes d'y résider d'une manière permanente; et il n'est
pas étonnant qu'ils aient inhumé sur place ceux d'entre eux,
qui, pour une cause ou une autre, étaient décédés dans cet
endroit.
A côté de ces squelettes on a découvert un véritable arsenal
ou une fabrique d'outils en pierre et en os, qui se comptent
par milliers ; ce sont des haches en aphanite ( faussement
appelée petro-silex), des pointes de lance et de flèche, des grat-
toirs et des couteaux en silex ; des poinçons et des lissoirs en
os et en cornes d'animaux. On y a trouvé également de nom-
breux fragments de poterie, et même un vase entier, de cette
ferre noire ou grise très grossière, caractéristique des âges
préhistoriques, ainsi que des pierres en grès ayant servi à
écraser le grain, et même du blé carbonisé.
Tous ces objets appartiennent à l'âge de la pierre polie;
car si certains sont restés ébauchés, d'autres, et même le pins
grand nombre, ont été polis.
Outre ces instruments de l'époque préhistorique, on en a
trouvé d'autres relativement très modernes, tels qu'un fer de
lance, un fer à cheval et un étrier enfer; enfin, dernièrement,
on a recueilli dans le mftme endroit deux monnaies, l'une
d'argent et l'autre de bronze, qu'on nous a dit appartenir à
l'époque romaine.
Ghâtillon, près de Roches-les-Blamont.
Lorsqu'on suit la route qui conduit de Tulay à Roches, on
remarque à deux cents mètres environ avant d'arriver à ce
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ÉTUDE SUR l'humanité PRÉHISTORIQUE 93
dernier village^ à main gauche, une espèce de promontoire,
qui s'avance sur la vallée voisine; ce pr 'montoire eslentouré
de rochers et d'abrupts, sauf dans sa partie septentrionale où
existe un retranchement très visible de plus d'un mètre de
hauteur, qui en ferme l'accès avec les terrains voisins. Ge
lieu porte le nom caractéristique de Chdtillon.
Le 8 avril 1876 je Tai visité avec M. le ly Quélet, et noua
y avons découvert à la surface du sol plusieurs pointes de
flèche en silex molaire, des éclats de cette substance et des
galets de silex corné, des fragments de poterie brune ou
noirâtre très grossière, et un morceau de hache polie en apha-
nite. Le même jour, M. Quélet a également trouvé un fragment
de bronze antique ayant la forme d'une capsule, ce qui prouve
que plusieurs âges de l'humanité se sont succédé dans cette
localité. Nos recherches auraient été beaucoup plus fructueuses,
si le sol n'avait pas été recouvert de gazon.
Quelque temps après, M. Quélet a recueilli dans la même
localité des os brisés, des fragments de corne de cerf, un
morceau de flèche en cristal de roche, un autre de hache en
jade et un couteau de jaspe. Il est certain que si l'on y faisait
des fouilles, on y découvrirait une grande quantité d'objets
préhistoriques-
Les habitants de ces époques reculées, comme ceux du vil-
lage actuel de Boches, devaient s'approvisionner d'eau à la
source abondante qui sort du rocher à une centaine de
mètres plus bas.
Mont Bart.
A l'ouest du village de Bart se trouve le Mont Bart, dont
le nom, suivant Duvernoy (Ephémerides du comté de Montbé-
liard) viendraient des Bardes qui y demeuraient jadis. Avant
les travaux de fortification que le génie y a exécutés, on remar-
quait au sommet de cette montagne un véritable camp retran-
ché, formé au nord et au midi par un retranchement en terre
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94 REVUE d'alsace
et en pierres trèg élevé, à l'ouest par les rochers à pic, qui
regardent le village de Bavans, et à l'est par la pente très
raide que la montagne offre du côté de Bart. C'est là qu'on
a trouvé, dans le courant de 1875, un certain nombre d'ob-
jets préhistoriques, consistant en : une belle hache polie en
serpentine, le fragment d'une autre de la même substance,
plusieurs haches en aphanite, des pointes de flèche et des éclats
en silex, des poinçons en os, des cornes de cerf, des dents de
sanglier et d'autres animaux, des fragments de poterie brune
et noire, une pierre de grès ayant servi à broyer le grain. A
côté de ces objets, qui remontent à l'âge de la pierre polie,
on en a trouvé d'autres d'une époque plus récente, notam-
ment une pointe de flèche en bronze et une monnaie de Néron.
Il n'y a, d'ailleurs, rien d'étonnant que le Mont Bart, dont
la position élevée domine tout le pays, ait été occupé par les
divers peuples qui se sont succédé dans nos contrées. Si
des fouilles avaient été pratiquées dans certains endroits,
aujourd'hui recouverts de plusieurs mètres de remblais, on
aurait fait une plus ample moisson d'objets antiques, et peut-
être que leur nombre n'eut pas été inférieur à ceux du Mont
Vaudois.
Dans une dépression de terrain au pied de la Âoche-au-
Gorbeau, au nord-ouest du Mont Bart, se trouve une source
qui devait probablement alimenter les habitants ou les défen-
seurs du camp. Près de cette source on remarque des creux
circulaires, qui pourraient bien être des mardettea ou bases
d'habitations celtiques.
Ghataillon, près de Vonjaucourt.
En face du Mont Bart, mais de l'autre côté de l'AUan, se
trouve une colline beaucoup moins élevée, appelée Chatailhn^
h l'extrémité de laquelle, vers Youjaucourt, on remarque
un camp romain admirablement conservé. Il est limité au
nord par la pente très roide de la colline au bas de laquelle
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ÉTin>E 3UB l'humanité pbéhistobique 95
coule rAUan, aa midi par les rochars à pic baignés par les
eaux du Doubs, à l'ouest aussi par des rochers, enfin, à Test
par un Valiumy ayant près de 10 mètres de hauteur à Tex-
tériear, 8 mètres enriron à Tintérieur, et 2 ou S mètres de
largeur à son sommet. Ce retranchement, le long duquel
semble régner un fossé, se retrouve à Textrémité opposée,
au dessus des rochers, qui dominent Voujaucourt, et il a la
forme d'une demi-lune. En résumé, ce camp a environ 670
mètres de longueur et 150 de largeur. On y a découvert des
antiquités de Tépoque romaine, telles que débris d'armes et
de poteries, médailles consulaires et impériales. Mais bien
avant les Romains, il a été occupé par les habitants primitife
de la Gaule, comme le démontre la présence d'un grand
nombre d'objets préhistoriques que MM. Henri Lépée, Jolyet
et moi y avons trouvés à fleur de terra, et qui consistent en
un grand nombre d'éclats et de pointes de flèches en silex
molaire et corné, des grattoirs en aphanite, un fragment de
cristal de roche, deux haches polies de la même substance et
des fragments de poterie noire et brune très grossière. Un
certain nombre de ces objets figurent dans les vitrines du
musée de Montbéliard et la plus grande partie dans la collec-
tion de M. Lépée. Si Ton pratiquait des fouilles dans cette
localité, qui est fort riche, on ferait sans contredit une ample
moisson d'antiquités.
Le Gramont, près de Beaucourt.
Le bourg de Beaucourt est dominé au midi par le Gramont^
montagne d'où l'on jouit de la vue la plus étendue de notre
contrée ; au nord les Vosges, au midi et à l'ouest le Jura, à
Test les cimes de la Forêt- Noire forment les limites de ce vaste
panorama. Il n'est pas douteux que ce lieu élevé et facile à
défendre ait été occupé dès les commencements de l'humanité.
« En effet, sur le plateau, qui termine la montagne, se trouve
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96 REVUE D'ALSACE
un camp très bien conservé, légèrement incliné au nord,
borné à l'ouest et à Test par des abrupts et des rochers escar-
pés, et des deux autres côtés par un Vallum encore très dis-
tinct; celui du midi est beaucoup plus saillant que celui du
nord.
Ce lieu est très riche en antiquités préhistoriques : M. le
D' Faudel, de Colmar, et après lui M. Voulot en ont recueilli
un certain nombre dans les fouilles qu'ils y ont faites. Mais
c'est surtout M. Quélet qui, dans le courant de 1876, y a
découvert, presque à fleur du sol, un nombre considérable
d'objets de toute espèce : près de cent haches polies en apha-
nite, quelques-unes en eurite, presque toutes brisées; des
fragments de grès ou de quartzite grenu, ayant fait partie de
pierres sur lesquelles on broyait le grain; des couteaux et
des grattoirs en silex et en aphanite ; des pointes de flèche en
jaspe, en silex blanc ou corné et même en cristal de roche ;
quelques-unes sont d'un travail remarquable; des ossements
et des dents d'animaux, tels que: sangliers, aurochs, chevreuils,
cerfs, ours, etc. ; certains de ces os et de ces dents sont fendus
ou striés ; des boules de serpentine ayant servi probablement
de broyeurs ou de percuteurs; des fragments innombrables
de poterie grossière, certains ornés de dessins, tels que lozanges
et triangles; des lissoirs fusiformes en serpentine noble (ophite);
une amulette en pierre noire, percée d'un trou à l'une de ses
extrémités pour servir à la suspension ; des pierres en basalte
noir grenu ou en rétinite, ayant servi d'ornements ou d'amu-
lettes; un grand nombre de morceaux d'aphanite; des frag-
ments de sanguine, de diorite (ophite de Palassou), de schiste
alumineux (ampelite?) et de charbon fossilisé. Beaucoup de
ces objets ont été donnés par M. Quélet au musée de Mont-
béliard.
Chose digne d'être remarquée, on n'a trouvé dans ce lieu
aucun objet en bronze; quant à ceux en fer, consistant en
lames de couteaux, ils sont tous modernes.
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ÉTUDE SUR l'humanité PRÉHISTORIQUE 97
Sur le versant Est de ce camp se trouve une caverne à
double entrée, composée de rochers qui affectent extérieure-
ment des formes pittoresques, et dans laquelle on n'a rien
trouvé d'intéressant.
Le Giémont, près de Lougres.
En face de Colombier- Fontaine, mais sur la rive droite du
Doubs et au midi de Lougrcs, se trouve une colline élevée,
le Giémont, qui était occupée par un camp fortifié, dont on
distingue encore en certains endroits les retranchements,
surtout à l'extrémité Est, où se trouve aussi un fossé très pro-
fond ; ce camp était borné au sud par des abrupts, au pied
desquels coule le Doubs. Il renferme des tumiUi et une mare
d'eau, appelée par les gens du pays la Goulisse, qui devait
être d'une grande utilité pour les habitants ou les défenseurs
de cette station préhistorique. Au mois de septembre 1876,
la Société d'émulation de Montbéliard j a fait pratiquer des
fouilles, qui n'ont amené aucun résultat; cela provient proba-
blement de ce qu'on n a pas cherché dans les bons endroits.^
GhâtUlon, près de Montécheroux.
Entre les villages de Montécheroux et de Liebvillers se
trouve une espèce de promontoire entouré d'abrupts de tous
côtés, à l'exception de celui où ce promontoire se relie au
reste du plateau et où l'on remarque un vcUlum bien con-
servé. Ce camp, qui est connu des habitants du pays sous le
nom de ChâtiUon, offre à peu près la même configuration que
celui qui se trouve près de Roches, quoique d'une étendue
beaucoup plus vaste que ce dernier. M. Quélet y a cherché
vainement à la surface du sol des instruments en pierre; pour
en découvrir, il faudrait y pratiquer des fouilles.
^ An pied des rochers qai bornent le Giémont au nord, se trouve une
grotte, qui doit renfermer des choses intéressantes, car, d'après la tradi
tion, elle a servi à touUs les époques critiques de lieu de refuge aux habi-
tants des environs.
Nouvelle Série — 6* Année. 7
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98 REVUE d'âlsace
2* STATIONS ÉLEVÉES.
Rochers des fontaines du parc de Montbéliard.
Les fontaines de Tancien parc de Montbéliard sont dominées
par des rochers à pic, qui terminent brusquement au cou-
chant un plateau d'une certaine étendue. C'est au-dessus de
ces rochers que M. Jolyet a découvert le premier un certain
nombre de pointes de flèche et des éclats de silex blanc et
corné, ainsi que des ciseaux en aphanite et des fragments de
haches de la même substance. J'y ai également trouvé des
objets analogues. Ils figurent tous dans le musée de Montbé-
liard. Leur présence prouve que ce lieu a été habité à une
époque très reculée; il a peut-être été fortifié, mais la culture
a fait disparaître depuis longtemps les retranchements qui
pouvaient s'y trouver.
Ancien cimetière de Béthoncourt.
Non loin de là se trouve Tancien cimetière de Béthoncourt,
qui est entouré de rochers ayant la forme d'un cirque et au
pied desquels se voient des abris-som-roche et une caverne
profonde, appelée par les gens du pays berne Voinie (grotte
Vernierj. Si l'on y pratiquait des fouilles, on y trouverait pro-
bablement des objets de l'époque préhistorique.
Du village de Béthoncourt on arrive directement au som-
met de ces rochers par un chemin très raide et encaissé, qui
offre tous les caractères d'un chemin celtique.
Colline des Vieilles- Vignes d'Hérimoncour t.
A l'est d'Hérimoncourt et fort près de ce village se trouve
une colline élevée, entièrement déboisée, qu'on appelle les
VieillêS'Vignes, On peut arriver facilement à son sommet en
suivant un chemin antique, qui porte le nom caractéristique
de chemin de la viUe; il suit les sinuosités d'un vallon pro-
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ÉTUDE SUR l'humanité PRÉHISTORIQUE 99
fond arrosé par un ruisseau, qui prend sa source dans la
parlie supérieure. C'est dans le printemps de 1876 que M. le
D* Quélet découvrit sur cette colline une grande quantité de
fragments de silex molaire, quatre haches polies en aphanite,
des fragments de la même espèce d'instruments, des morceaux
d'albâtre oriental et d'aragonite, d'ocre et de sidérose (fer
épathique).
Le 8 juin de la même année j ai visité avec lui cette station,
et nous y avons découvert un grand nombre d'éclats de silex
luolaire^ uc beau couteau de la même substance et un frag-
ment de hache en aphanite. G est surtout au pied et à l'entour
d'une roche, qui émerge du sommet de la colline, qu'on a le
plus de chance de rencontrer ces objets. De ce point culmi-
nant, très propice à la défense, on domine toute la contrée
voisine, notamment le plateau de la Bouloie, qui renferme
une station préhistorique très importante, dont nous parlerons.
Il n'est pas étonnant que la colline des Vieilles-Vignes ait
servi de résidence aux habitants primitifs de la contrée, qui
n'avaient qu'à descendre une centaine de mètres pour trouver
dans le ruisseau voisin Teau nécessaire à leurs besoins. A en
juger par les haches qn*on y a découvertes, cette localité était
habitée par les hommes de l'âge de la pierre polie. Chose remar-
quable, jusqu'ici on n'y a point trouvé de fragments de poterie ;
mais il est probable qu'en fouillant le sol on en découvrirait.
Ajoutons que dans le lit du ruisseau on rencontre une grande
quantité de morceaux de grès rouge et bigarré des Vosges,
ainsi que des quartzites, qui ont été apportés de ces montagnes
dans les Vieil les- Vignes par les hommes de cette époque
reculée. Certains de ces fragments, qui sont polis ou usés,
semblent avoir appartenu à des pierres à moudre et à aiguiser
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100 REVXTE D'ALSACE
Ancienne citadelle de Montbéliard.
Sur la colline qui se trouve au nord de Montbéliard et qui
était couronnée par une citadelle, détruite en 1676 par le
maréchal de Luxembourg, M. Jolyet et moi nous avons trouvé
un grand nombre de fragments d'aphanite et quelques haches
polies de la même substance. Il en résulte que ce Heu a été
occupé à répoque de la pierre polie. Etait-ce une station
ouverte ou un camp fortifié ? C'est ce que l'on ne peut dire,
attendu que le terrain en a été remué à plusieurs reprises
et que tout vestige de retranchements et d'habitations préhis-
toriques a disparu depuis des siècles.
Le Grandmont, près d'Hérimoncourt.
Sur la lisière du bois dit le Grandmont, situé entre Vau-
doncourt et Hérimoncourt, mais beaucoup plus rapproché de
ce dernier village, se trouvent plusieurs murgers (amas de
pierres) formés, en presque totalité, de fragments de silex
gris, quelquefois rouge; ils sont tellement nombreux qu'on
pourrait en remplir plusieurs voitures. Parmi ces silex on en
a trouvé qui paraissent être des haches plates et rectangu-
laires, que l'on peut voir au musée de Montbéliard. Un autre
de ces silex, qui appartient à M. Cl. Duvernoy, est indubita-
blement une hache, car les entailles qu'on remarque sur le
taillant prouvent qu'elle a servi à couper des matières dures
et résistantes. Certains autres de ces silex ont la forme lenti-
culaire et leurs bords sont très acérés. G'étaieut des haches
ou des grattoirs d'une forme particulière.
Dans la partie supérieure du Grandmont, qui se termine
en forme de plateau, on voit un grand nombre de monticules
pierreux, qui paraissent être des tumuli, k côté desquels se
trouvent des creux généralement circulaires, qui pourraient
bien être les restes d'habitations préhistoriques ou celtiques ;
pour s'en assurer, il faudrait y pratiquer des fouilles.
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ÉTUDE SUB l'humanité PBÉHISTORIQUE 101
Colline de la Ghaux^ près de Montbéliard.
Le long de la route que le génie militaire a construite pour
donner accès au fort de la Chaux, M. Jolyet a trouvé plusieurs
pointes de flèche en silex, ainsi que des fragments d'aphanite
dans les yignes du versant méridional de cette colline. La
Chaux, par sa position qui domine la contrée environnante,
était un lieu très propice à la défense, et il n'y aurait rien
d'étonnant qu'elle eut été occupée par les peuples des ftges
préhistoriques. Toutefois, ce n'est là qu'une simple conjecture,
les travaux de construction du fort n'ayant pas, comme au
Mont Yaudois et au Mont Bart, mis au jour des objets d'anti-
quité, n serait bon de fouiller la partie ouest de la colline,
qui est restée intacte.
Le Monterot, au dessus d'Hérimoncourt!
Sur un plateau en grande partie boisé, appelé le Monterot,
limité par le vallon d'Hérimoncourt et par celui qui part de
Seloncourt dans la direction de Bondeval, M. le D' Quélet a
trouvé une grande quantité de fragments de silex molaire ;
ce qui permet de supposer que ce lieu était déjà habité aux
époques préhistoriques, et qu'il devait renfermer une station.
Des recherches ultérieurei permettront peut-être d'en déter-
miner l'emplacement.
Ferme de Parc, près de Montbéliard.
M. Quélet a recueilli au mois de mai 1876, près du bouquet
de sapins de la ferme du Parc, une belle hache polie en apha-
nite et un ciseau de la même substance. Depuis, j'ai fait dans
cet endroit des recherches, qui ont amené la découverte d'un
fragment d'aphanite, d'une hache polie de la même substance,
d'une pointe de flèche en silex blanc et d'une espèce de cou-
teau en matière très dure. La présence de ces objets prouve
que ce lieu a été habité pendant les âges préhistoriques. A
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102 RE\XE D'ALSACE
l'avantage d'être dans une position élevée et facile à défendre,
il alliait celui de se trouver à proximité d une source, qui
coule sur le flanc méridional de la colline.
Pont Sarrazin, près de Vandoncourt.
A Textrémité du vallon pittoresque du Bas-des-Fonds,
territoire de Vandoncourt, se trouve un rocher qui affecte
la forme d'un pont à une arche, connu sous le nom de
Pùnt Sarrazdn, au pied duquel {)rend naissance un ruisseau.
M. Quélet a découvert dans le courant du mois d'août 1876,
au dessus de ce rocher, dans l'ancien chemin qui conduisait
de Vandoncourt à Abbévillers, le fragment d'un hache polie
en silex corné; c'est la première hache de celte substance qui,
à notre connaissance, ail été trouvée dans notre contrée. Dans
le même chemin se rencontrent un grand nombre de mor-
ceaux de silex molaire; enfln, au pied et au dessus du pont
Sarrazin, il y t une grande quantité de scories de fer, qui
pourraient bien provenir d'une antique forge située dans cet
endroit. De la présence de tous objets, il résulte qu'au dessus
de ce pont naturel, il y avait une station préhistorique.
Ballon de Roppe.
Lors de la construction du fort de Roppe, on a découvert
des haches polies en aphanite, plusieurs belles pointes de
flèche en silex et un certain nombre d'éclats de cette der-
nière substance. Leur présence démontre qu'il y avait dans
ce lieu une station ou un camp préhistorique. Certains de
ces instruments ont figuré dans l'exposition qui vient d'avoir
lieu à Belfort.
P.-E. TUEFFERD.
(La fin h la prochaine livraison. J
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HISTOIRE
DE
L'ANCIEN COMTÉ DE SAARWERDEN
ET DE
DE LA PRÉVOTÉ DE HERBITZHEIM.
INTRODUCTION.
Lea Romains ayaient doté la contrée que la Saar arrose,
d'établissements considérables ; des tombeaux, des inscriptions
votives et funéraires, une foule d'objets antiques de toute
nature, des monnaies et des médailles à TefSgie de la plupart
des empereurs que Ton y a découverts, les débris bien plus
considérables que le sol a restitués depuis que les travaux de
recherches ont été entrepris sur une vaste échelle, témoignent
de leur séjour dans cette contrée, et l'œil peut encore suivre
les traces de leurs chaussées, qui reliaient les bords du Rhin
à ceux de la Moselle, Tancien Argmtoratvm (Strasbourg), à
Trêves, la Rome occidentale.
Après que le grand Clodewig eut fondé l'empire des Franks,
cette contrée formait un pagu^ ou district appelé Saargau,
qui se subdivisait en Saargau supérieur et en Saargau infé-
rieur. Cepagus dépendait du royaume d'Austrasie, dont le
nom se perdit à la fin du VII* siècle, pour prendre, sous
Lothaire, celui de Loffè-rick ou Lorraine.
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104 RE\TJE d'ALSACE
En 870, après la mort de Lothaire H, qai ne laissa pas de
postérité légitime, Charles-le-Chauve, roi de France, et Louis
de Germanie, ses frères, se partagèrent le royaume de Lor-
raine. Le Saargau, qui échut en partage à Louis, fut réuni à
son royaume de Germanie. Après la mort de Louis, Gharles-
le-Gros, son fils, hérita du royaume de Germanie, et lut ensuite
élevé à la dignité impériale (881). Pendant qu'il se tenait
dans son palais de Eirchheim, en Alsace, il reçut la nouvelle
que les nobles vassaux de la couronne l'avaient déposé et
qu'Arnould, fils naturel de Garloman, roi de Bavière, était élu
à sa place. Le vieux monarque s'humilia sous les coups du
destin; il fit déposer ses couronnes aux pieds du prince, qui
avait été salué du nom de roi, et lui promit soumission. Deux
mois après avoir perdu ses couronnes, le 18 janvier 888, il
mourut empoisonné.
L'empereur Arnould termina sa vie vers la fin de l'année
899, laissant le royaume de Lorraine à son fils naturel Zwen-
tibold, qui n'en jouit que durant quatre ans.
Louis IV, dit TEnfmit, fut amené sur la rive gauche du
Rhin et reconnu roi de I^orraîne. Louis, le dernier rejeton
de la branche carlovingienne d'Allemagne, mourut en 911, et
la couronne de Lorraine revint à Gharles-le-Simple , roi de
France; mais ce prince, plus malheureux que simple, ne jouit
pas longtemps du plaisir que lui avait causé l'acquisition de
ce pays ; il fut déposé par les nobles, qui se divisèrent sur le
choix de son successeur; les uns voulaient Raoul, roi de Bour-
gogne, les autres appuyaient Henri-l'Oiseleur, roi de (îerma-
nie. Raoul accourut en 921 en Lorraine et à l'instigation de
Wigerich, évoque de Metz; il tourna d'abord ses armes contre
la forteresse de Saverne,où Henri avait placé quelques troupes
pour protéger ce pays. Mais comme il ne pouvait vaincre la
garnison allemande, qui se défendait avec la plus grande opi-
niâtreté, il quitta l'Alsace. L'évêque de Metz continua le siège
de Saverne avec vigueur, et lorsque la garnison vit qu'elle
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SAABWEBDBN ET HERBITZHEIM 106
comptait en vain sur le secours de Henri, elle rendit la place
que le prélat messin fit raser.' Henri-l'Oiseleur, malgré la
perte de Saveme, ne désespéra pas d'obtenir le royaume de
Lorraine ; dans Tannée 938 il conduisit udo armée sur la rive
gauche du Rhin et contraignit toute la Lorraine à reconnaître
sa domination. C'est ainsi que la Lorraine fut détachée de la
couronne de France, et bien des siècles deyaient s'écouler avant
qu'elle y retournât.
Le roi Henri nomma Gislebert, son gendre, premier duc
bénéficiaire de Lorraine; celui-ci eut pour successeur Henri,
frère de l'empereur Othon. En 967 ce malheureux pays, qui
avait été l'objet et le théâtre de si longues disputes, fut par-
tagé, à raison de son étendue, en deux gouvernements ou
duchés. Le supérieur, appelé d'abord MaseUam^ reprit dans
la suite le nom originaire de Lorraine. Metz en était le chef-
lieu ; il comprenait le pays situé entre la Moselle, la Saar et
la Meuse. L'inférieur, appelé Basse- Lorraine^ renfermait tout
le pays situé entre la Meuse et l'Escaut, et entre ces fleuves
et le Rhin ; Âix-la Chapelle en était la capitale. En 1048 le
duché de la Haute-Lorraine tomba en partage à Gérard d'Al-
sace et à ses successeurs, aïeux de l'auguste maison de Lor-
raine-Habsbourg. A cette époque la contrée; située entre le
duché de la Haute-Lorraine et l'Alsace, et qui fut appelée,
dans la suite, le Westerreich, Westerrich ou simplement
Westrich ', était administrée par des comtes provinciaux, qui
étaient, dans le principe, de simples officiers amovibles et révo-
cables à. volonté. Mais, lorsque dans la suite, la décadence du
* Frodoardi annales apud Pertz, v. !•', p. 372.
* Le fragment de l'ancien royaume de Lorraine était borné an nord
par le pays de Limbonrg et Télectorat de Cologne, an sud par l'Alsace,
à Test par le Palptinat et à Touest par le grand-Juché de Luxembourg.
On croit généralement que cette contrée avait été appelée Westerreich
ou Westreich, c'est-à-dire royaume d'Ouest, pour le distinguer de VOster-
reich on du royaume d'Ost ou du Levant ; mais selon M. Mone, le savant
directeur des archives du grand-duché de Bade, cette dénomination
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106 EBVUE D'ALSACE
pouvoir impérial s'opéra peu à peu, et que, simultanément
avec cette décadence, s'élevait graduellement la puissance de
ces officiers, ils devinrent héréditaires. Choisis parmi les
dynastes les plus opulents de la contrée, dont Tadministration
leur était confiée par les chefs de la nation, qui croyaient les
attacher par là à leur service et à leurs intérêts, ils surent
profiter habilement des discordes perpétuelles et des inimitiés
violentes, qui régnaient entre la France et l'Allemagne, pour
usurper sur les ruines de la puissance impériale la plupart
des droits régaliens et obtenir des privilèges les plus étendus.
Ils se rendirent pour ainsi dire indépendants et se créèrent,
à l'ombre du trône, de petites souverainetés régaliennes, en
réunissant aux pays dont l'administration leur était confiée,
leurs alleux déjà considérables. Les princes de l'Eglise que le
système féodal avait élevés à un haut degré de puissance,
ajoutèrent aux privilèges que ces officiers avaient su arracher
aux empereurs, de grands domaines, des concessions de terri-
toire, dont le sacrifice devait leur être bien peu onéreux, parce
qu'ils n'en tiraient que peu de profit et qu'ils avaient besoin
de vassaux, qui fussent toujours prêts à marcher sous leur
bannière.
L'histoire nous apprend que les anciens juges provinciaux,
auxquels le titre de Grafon de Senior était affecté, ajoutaient
à ce nom, qui ne passait qu'à Faîne de leurs enfants, celui de
leur province qu'ils administraient, ou bien le nom du châ-
teau qu'ils avaient choisi pour demeure.
Parmi les hommes de haute naissance, qui cherchaient à
agrandir leurs possessions par toute sorte de moyens et s effor-
serait celtique et voudrait dire le haut pays, das Hochland (Recherches
celtiques, p. 125). Le Westrich comprenait le duché de Deux-Ponts, la
principauté de Birckenfeld et celle de Siminern, les comtés deSpanheim,
de Veldenz, de Lûtzelstein, de Leiningen, de Saarbruck, de Saarwerden
et de Bitche, la seigneurie de Finstiiigen et une foule de petites sei-
gneuries.
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saàrwebden et herbttzheim 107
çaient de se tailler une petite souveraineté dans ce fragment
de l'ancien royaume de Lorraine, qu'on appelait le Westreich^
apparaissent dans les documents diplomatiques, dès le XII*
siècle, les comtes de Saarwerden, qui tiraient leur nom d'un
château féodal assis sur la Saar, à deux kilomètres en amont
de la ville de Bouquenom (Saarbockenheim, aujourd'hui Saar-
Union). Le comté qu'ils surent se créer, était situé au diocèse
de Metz; il s'étendait sur les deux rives de la Saar et avait
pour limites, au nord l'avouerîe de Herbitzheim et le duché
de Lorraine, au sud la seigrïeurie de Fénétrange (Pinstingen)
et le comté de la Petite-Pierre (Liitzelstein), à Test le comté
de Bitche, la seigneurie de Diemeringen et le comté de la
Petite-Pierre, et à l'ouest la seigneurie de Saar-Albe et celle
de Fénétrange. U renfermait deux villes situées sur la rive
droite de la Saar, Saarwerden, qui signifie île de la Saar, et
Boucquenom ; lune en était la forteresse et l'autre le siège
de ses dicastères, la résidence des autorités.
La ville de Saarwerden, descendue actuellement au rang
d'un simple village, qui porte le nom de Vieux-Saarwerden,
se glorifiait autrefois du titre de chef-lieu du comté ; elle était
bâtie sur la rive droite de la Saar et entourée au nord, au
sud et à l'est d'un large et profond fossé, qui était alimenté
par une rivière; deux portes appelées Saarburgerthor et
Bockenlmmerthor y donnaient accès ; ces issues, percées au
nord et au sud, étaient surmontées de tourelles et munies de
herses et de mâchicoulis comme toutes les portes fortifiées
du moyen-âge. Cette localité n'offre plus que de rares vestiges
de son ancienne splendeur; les eaux de la Saar baignent les
ruines du château féodal, qui lui avait donné la naissance et
le nom, et Bucelin lui donne le titre de ville : Civitas cum
arce magnijica et pervetusta}
L'église paroissiale de celte localité, placée sous le vocable
de Saint-Barthelémi, était eu même temps collégiale ; le cha-
* German, sacra et prof,, t. II, p. 118.
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106 REVUE DAL8ACE
pitre, gui se composait d'un prévôt et de cinq chanoines, était
uni à la paroisse, mais il a cessé d'exister depuis longtemps.
Saarwerden peut même revendiquer les honneurs d*une
illustre origine, car en fouillant les ruines de son vieux chft-
teau, on a reconnu^ parmi leur maçonnerie, des restes de murs
oflrant des vestiges de bains romains.^
En 1778, à Tépoque où Durival fit paraître la description
de la Lorraine, on y voyait encore quelques vestiges du chft-
teau, une porte entière de la ville et quelques restes de ses
anciens murs. 2
Une tradition fort accréditée raconte que du chftteau de
Saarwerden il partait un souterrain de dix kilomètres de
longueur, qui, passant sous la Saar^ communiquait avec le
chftteau de Geroldseck, située au bord de cette rivière sur le
territoire de Niederstinzel.'
Bouquenom est une très vieille ville, dont l'origine se perd
dans la nuit du moyen-ftge; elle était fermée de murailles
percées de deux portes, flanquées d'anciennes tours et entou-
rée d'un large et profond fossé. L'une de ces portes s'ouvrait
vers le sud et s'appelait la porte de Sarrebourg ou Oberihor,
et l'autre, vers le nord, portait le nom de porte de Saar-Albe
ou Niederthor. Outre ces mesures de défense, la ville était
dominée par un château flanqué de tourelles à ses angles et
enroulés de larges fossés. Ce chftteau fermait une enceinte
séparée, ihais tangente à celle de la ville; un antique pont
reliait celle-ci à la rive gauche de la Saar.
La ville de Bouquenom portait pour armoiries d'azur à la
bande ondée d'argent, figurant une rivière ; elle faisait partie
de l'archidiaconat de Sarrebourg et était le siège du dix-neu-
vième chapitre rural de l'évêché de Metz ; son église parois-
siale est placée sous l'invocation de Saint-Georges: elle se
* Schœpflin-Ravenez, YAla. illus,, t. I, p. 603.
* Tome II, p. 249.
* Michel, Statistique de la Meurthe, 1822, p. 290
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SAARWERDEN ET HERBITZHEIM 109
termine par une abside pentagonale; la nef est plafonnée, mais
Tayant-chœur et le chœur et les deux chapelles latérales
dédiées Tune à la Sainte-Vierge et l'autre à Saint* François-
Xavier, sont voûtés; la tour a été reconstruite en 1754.
Il est fait mention de Buchenheim dans la bulle que le pape
Alexandre III émit, en H78, en faveur de l'abbaye de Neu-
willer: le monastère alsacien possédait dans cette localité la
dîme d'une terre salique que le souverain pontife lui confirma.'
La ville de Bouquenom a, selon toutes les probabilités,
remplacé un établissement romain: d'antiques substructions
découvertes au haut de la colline à laquelle elle s'adosse, per-
mettent de le supposer, et l'exhumation, dans son enceinte
même, de belles colonnes antiques et d'une foule de médailles
et de monnaies romaines, donnent à cette supposition un grand
air de rraisemblance. L'ancienne route de Bouquenom à Deux-
Ponts était une voie romaine, dont une partie porte encore
le nom de chemin des Romains {RSmerweg). Le nom de cette
ville (Buckenum, Buchenheim ou Bockenheim) trahit une
origine celtique et se rattache aux mots boekm^ buchem et
um, lesquels signifient petite cour, petite ferme, de sorte que
k traduction littérale de Buckenum ferait dans l'idiome du
pays Kkinhofm^
Tous les habitants du comté de Saarwerden étaient dans
l'origine des serfs que leur naissance liait à la glèbe, mais
ceux des villes de Bouquenom et de Saarwerden par-
vinrent^ au moyen de concessions de leurs seigneurs ou silen-
cieusement et à l'aide du temps, à acquérir des privilèges et
des franchises, et à s'élever au rang de citoyens libres, jouis-
sant de la liberté d'émigration et de tous les droits attachés à
ce beau titre.
Au XIP siècle les comtes de Saarwerden étaient chargés,
au nom de l'Empire, de Tadministration de la justice et de'la
^ ScHŒPFLiN, AUatia diplomatica, t. I, p. 265
* MONE, Recherches ceUiqxtes, p. 50.
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110 REVUE D'ALSACE
police dans \epagii8 de la Blie$ ou le BUesgau^ où ils possé-
daient de grands biens allodiaux, et lorsque le temps eut
fondé leur souveraineté territoriale, ils abandonnèrent leur
rôle primitif de rendre la justice et faisaient exercer la juri-
diction par des juges de leur investiture ; ils considéraient
non-seulement le comté, qui portait leur nom, mais encore
une partie du pagus de la Blies comme leurs possessions par-
ticulières, transmissibles de droit à leurs descendants; ils les
gouvernaient en toute indépendance dans la mouvance supé-
rieure de l'Empire, et y exerçaient la pleine supériorité terri-
toriale, le droit de faire lever des tailles sur leurs sujets,
d'ordonner des corvées, de leur faire prendre les armes pour
la défense de leurs Etats et de faire telles ordonnances que
bon leur semblait. Ils établissaient les baillis et les officiers,
les changeaient et les destituaient selon leur bon plaisir. lis
étaient Etat cf empire, jouissaient du bénéfice de l'immédiateté
et étaient législateurs dans leurs domaines. Us cherchaient
par tous les moyens à augmenter et à fortifier leur puissance.
Ils avaient des vassaux à qui ils imposaient le devoir de la
fidélité et du service féodal, et des nobles d'un ordre inférieur
se rangeaient sous leur bannière et s'engageaient pour la
défense de leurs châteaux. Parmi ces derniers figurent des
nobles, qui prenaient le nom du château de Saarwerden, dont
la garde leur était confiée, et qui n'étaient peut-être que des
enfants de la maison, nés hors d'un mariage légitime, et aux-
quels on avait conservé le nom de leur origine avec une qua-
lification inférieure. Les comtes de Saarwerden avaient des
rapports fréquents et même des conflits d'intérêts avec les
seigneurs d'Alsace. On les vit prendre une part très active
aux troubles qui agitaient la Lorraine et le Westreich, par-
tager leur vie, conformément aux mœurs du temps, entre la
guerre et la dévotion, et se signaler à toutes les époques, non-
seulement par leur vaillance, mais encore par leur libéralité
envers les églises et les monastères. Ils tenaient un rang dis-
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SAARWERDEN ET HERBITZHEIM 111
tingaé parmi les nobles et les dynastes du moyen-ftge, et les
villes et les chftteaux qu*ils avaient à leur disposition leur
donnaient beaucoup de relief. Pour maintenir la splendeur de
leur maison, ils conservaient dans lïndivision le comté de
Saarwerden et n'en partageaient que les revenus ; ils évitaient
d'en faire un partage définitif et perpétuel, suivant la coutume
généralement suivie par la noblesse allemande. Ils portaient
pour armoiries: de sable à une aigle à deux têtes, éployée d'ar-
gent, becquetée et membrée d'or et languée de gueules, au
cimier une tête de loup d'or.'
Les fourches patibulaires, signe matériel de la haute jus-
tice que les comtes de Saarwerden exerçaient dans leur comté,
s'élevaient sur le territoire de Zollingen ', non loin de rem-
placement où le XVIIP siècle vit construire la ville de New-
Saarwerden .
A une époque où, par la faiblesse ou la disparution de l'au-
torité impériale, les grands et les dynastes se virent contraints
à se rattacher à des princes voisins plus grands et plus puis-
sants qu'eux, pour en obtenir protection et garantie pour
leurs possessions, les comtes de Saarwerden devinrent les
vassaux des évêques de Metz et des archevêques de Trêves
et leur prêtèrent foi et hommage. Dès le XII* siècle, le comté
de Saarwerden relevait de l'évêché de Metz, et s'il fallait en
croire Dom Galmet ^ le lieu féodal, qui l'attachait à cette Eglise,
serait bien plus ancien. Toutefois, toutes les possessions des
comtes de Saarwerden n'étaient pas féodales, et il faut res-
treindre cette qualité à Bouquenom, à Saarwerden et à une
métairie sise à Wiberswiller*, qui relevaient de l'évêché de
Metz, et à la ville et au château de Saint-Laurent (Sanct Lau-
* Dans l'armoriai de Sibmacher, P. 11, P. 13, l'aigle de Saarwerden
n'a qu'une tête.
* N. Eberhard: CansuU. pro Lolhar. duce, p. 91 .
* Notice de Larraine, t. II, in-S®. Saarwerden.
*' Village au canton d'Alberstrof.
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112 REVUE D*ALSACE
rencien, aujourd'hui Lorentzen), qui étaient arec les villages
de Wachten et de LimbacbS un fief oblat de Téglise de
Trêves. Ils possédaient encore, à titre de fief d'Empire, le droit
de péage et d'escorté qui leur avait été conféré à une époque
où les grands chemins étaient infestés de voleurs et de bri-
gands, pour que les voyageurs pussent traverser avec sécurité
leurs domaines. Dans le Bliesgau ils possédaient le château
de Eirkel ' et de grands domaines allodiaux, qu'ils transmirent
à leur descendance féminine, et les comtes de Hobenbourg
(Hombourg. Hœnberc), qui tiraient leur origine des conates
de Saarwerden, y avaient construit sur la pointe rocailleuse
d'une haute montagne, au pied de laquelle repose la ville de
Hombourg ', un château, qui reçut de sa situation le nom de
Eohe Burg, Hohenbourg, lequel se changea dans la suite en
Hombourg.*
Le livre apocryphe des tournois fait remonter les conoites
de Saarwerden jusqu'au X* siècle et veut que Louis, comte
de Saarwerden, ait assisté, en 988, au prétendu tournoi de
Magdebourg. Les généalogistes, qui n'ont pas dédaigné de
puiser à cette source impure, nous donnent une série de
comtes que l'histoire ne connaît pas. GroU, le jeune (de Deux-
Ponts), est le seul généalogiste, qui nous ait donné dans ses
Origines bipontines^, une généalogie raisonnée et presque
exacte de ces seigneurs, et le premier qui ait cherché à éclair-
cir leur origine, sans pouvoir parvenir à percer les ténèbres
qui l'entourent. Aujourd'hui il est généralement admis que
^ Ces deux villages ont disparu depuis longtemps; leurs territoires ont
été réunis à celui de Lorentzen.
' Les ruines de ce château couronnent une colline près de Kirkel,
village du canton de Waldmoor (Bavière rhénane). Ce château est célèbre
dans l'histoire d'Alsace par la captivité qu'y subit, en 1337, l'évêque de
Strasbourg, Berthold de Bucheck.
* Hombourg dans la Bavière rhénane.
* M. Lehmann, Histoire des châteaux forts de la Bavière rhénane (en
allemand), t V, p. 175.
* Tome I, p. 126, tab. 1.
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SAARWERDEN ET IIERBITZHEIM 113
ieâ comtes de Saarwerdea ont ane origine commune avec les
comtes de Saarbruck ' et qu'ils descendent de Wigerich, comte
des Ardennes, qui parait avoir vécu depuis 880 jusqu'en 945,
sous Arnould, Zwentibold, Louis IV, dit VEfr\fant^ et Conrad I".
Selon le témoignage de son fils, Adelbert I", évêque de Ver-
dan, Wigerich était issu d'une ancienne famille franke, sou-
vent honorée des premières charges du royaume. Sigebert,
comte du Saargau, le plus jeune fils de Frédéric, comte de
Luxembourg, Tua des de>cendanta du comte des Ardennes,
qui vécut depuis 1018 jusqu'en 1085, fut la tige de comtes
de Saarbruck et de Saarwerden. On dérive les comtes des
Ardennes d'Olhon, duc de la Lorraine Mosellane ^ qui eut pour
père Rucuin, pecond fils de Gislebert, gendre de l'empereur
Lothaire, dont il avait enlevé la fille, Trmengarde.
Dès les temps les plus reculés du moyen-âge l'économie
rorale s'était développée sur une grande échelle dans \epagu8
de Iwl Saar; on y cultivait la plupart des céréales, les prairies
y fetaient l'objet de soins assidus, elles étaient irrigées et
engraissées, l'élève du bétail y était dans un état prospère et
progressif; la culture de la vigne n'y était pas même incon-
nue. Il n'est pas douteux que de grandes propriétés, de grands
domaines ne se soient formés dans ce fragment microsco-
pique du grand pagiis de la Saar, qui devint dans la suite
Tapanage des comtes de Saarwerden.' C'était la métairie, la
ierme, la cour ou Hof. Ces exploitations rurales donnèrent
naissance à des villages, dont quelques-uns subsistent encore
de nos jours.
Le recueil diplomatique connu sous le nom de Traditiones
Wizer^urgenses et dont nous devons la publication au regret-
* H. Lehmann, ouvrage cité, t. V, p. 230.
' De Turkheim, Histoire généalogique de la maison de Hesse^ tome I,
p. 50.
* Hoke, Revue pour l^histoire du Haut-Rhin (en allemand), tome III,
P. 268.
NonveUe Série. — &»• Année. 8
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114 REVUE D'ALSACE
table M. Zeuss', ce savant moissonné avant l'âge, nous a con-
servé le souvenir d'une fouie de fermes et d'établissements
ruraux, que le VHP et le IX* siècle avaient vus s'élever sur
les bords de la Saar, « in pngo saroime, » et sur les rives de
TEichel, c m pngo aquilinse super fluvio Aquila. »
La plupart de ces fermes ont disparu, le sol lui-même n'en
a gardé aucune trace apparente et le souvenir s en est éteint
dans la mémoire des habitants de cette contrée.
A quelle époque ces fermes et ces villages ont-ils été
détruits? Nul ne peut le dire d'une manière précise, mais ou
trouve dans les guerres sans cesse renaissantes, qui ont dévasté
le Weslreich pendant le moyen-âge, des causes plus que suffi-
santes pour expliquer leur disparutîon et leur destruction.
Le plus ancien registre des biens et des revenus du comté
de Saarwerden, qui soit parvenu à ma connaissance, a été
rédigé vers le milieu du XIV' siècle*; il est intitulé : « Dw
(st soliche Gtitk also zti der herschefte von Sarwerde horet,
als hienach geschribm slat an allen gutlen*; il énumère les
localités où les comtes de Saarwerden possédaient des biens
ou percevaient des rentes et des redevances; ces localités
étaient :
1 . Wyger bi Druldingen.'
2. Sinewilre.*
S. Burbach.
^ Ce savant professeur et paléographtj naqaît Ib 28 juillet 1806 à Vo(^
tandorf, près de Kronach ( Bavière) ; atteint d'un mal incurable, il se
rendit dans la localité» qui Tavait vu naître, et y mourut le . . novembre
1856.
* Le dépôt provincial de] la Prusse rhénane à Coblence, renfermait
une partie des archives de l'ancien comté de Saarwerden.
M. Eltester, archiviste et gardien de ce dépôt, a été autorisé, déjà
avant la cruerre de 1870, à me donner communication des archives des
anciens comtes de Saarwerden et a eu l'obligeance de me faire faire une
copie de Tinventaiie analytique de C", fonds, qui vient d'être versé aux
archives départementales de la Basse-Alsace.
* Weyer, près de Drulingen.
* Siewiller.
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SAARWBRDEN ET IIERBITZHETM 115
4. Yschen.'
5. Exwîlre.'
6. Le moulin de Witelfingen.*
7. Harskîrchen.
8. Berge.*
9. Retresingen.*
10. Dursfolden."
H. Sarwerde.
12. Macwilre.'
18. Dunevassel.*
14. Drimraîllen.'
15. Buchenbeim.
16. Polstorf."
17. Berendorf.
18. Druldingen.''
19. Vilderdîngen.^*
20. Wolbcskirchen.^*
21. Diedendorf.
22. Bistorf.**
23. Buscherol.*»
24. Sanct-Lorencîcn.'*
25. Odewilre.^'
26. Schopperten.
27 Lare gine site Munster.*'
* Village détruit; il existait près de remplace nent où se trouve le
monlin appelé hchermiihle , ban de Hirschland.
■ Eschwiller.
• Videlange, ferme et moulin sur le territoire de Gelucourt, près de
Dienze.
* Berg. — * Grosredersching, canton de Rohrbach.
• Darstel. — ' Mackwiller. — • Domfessel.
' Dirmulen, village détrnit, il existait près du village de Hambach.
*• Postrof, canton de Fénétrange. — ** Drulingen.
*• Vœllerdingen. — *• Wolfskirchen. — ** Pistorf.
* • Buscherhof, annexe de Rimsdorf.
*• Lorenlzen. — " Ottwiller. - ^' Lhor, canton d'Albeslrof
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116 REVUE D'ALSACE
28. Furt.*
29. Hirslanden.*
80. Ruwilre.»
31. Steinbach.*
32. Zollingen.
CHAPITRE I.
Les comtes de Saairw^erden.
Le premier comte de Saarwerden, qui soit mentionné dans
les documents diplomatiques, se nommait Frédéric; c'était un
des seigneurs les plus considérables du Westreich, il fut le chef,
la tige de sa race, il vivait au commencement du XII* siècle
et était marié à la comtesse Gertrude, dont le nom de famille
n'est pas connu.
Ce seigneur, sous l'inspiration d'une sainte résolution, fil
construire sur le sommet d'une montagne appelée Werners-
willer ou Wœrschwiller et située au diocèse de Metz. à égale
distance de Hombourg, de Bliescastel et de Deux-Ponts, un
couvent et une église d'une manière conforme à sa grande
fortune; sa femme Gertrude et son fils Folmar s'associèrent
à son pieux dessein. En 1131, aussitôt qu'il eut acquis la
certitude que l'église et le monastère qu'il avait fondés, étaient
susceptibles d'être consacrés, il pria, du consentement d'E-
tienne de Bar, évoque de Metz, le cardinal Mathieu, évêque
d'Albe et légat apostolique en Allemagne, de faire à sa fon-
dation l'honneur de la bénir. Cette sainte cérémonie eut lieu
avec une grande solennité*; elle attira une affluence consi-
* Village disparu. — * Hirschiand. — * Rauwiller.
* Annexe de Gueblange, canton de Saaralbe.
' Crollius junior, Origines hipontines, t. I, p. 127.
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3AARWERDEN ET HERBITZHEm 117
dérable d'hommes et de femmes, de nobles et de serfs, d'ecclé-
siastiques et de laïques, qui donnèrent de grands éloges à la
fête et apprécièrent l'exemple que ce grand seigneur donnait
à son siècle et à la postérité. Le nouveau monastère fut placé
sous l'inyocation de la bienheureuse vierge Marie et destiné
à abriter une colonie de religieux de l'ordre de Saint-Benoît.
Le comte Frédéric I" le dota richement suivant l'esprit du
siècle; il lui fit donation de la montagne et du hameau de
Wernerswiller, d'Urribach \ de BIy?ebrucken' et de Richers-
kirchen *, qui étaient des francs-alleux de sa maison, et lui
accorda les exemptions les plus étendues, ain^i que toutes les
dîmes de Volcardeskirchen* à Mûlenbach.*
Le couvent reçut le nom de Wernerswiller, Wernersweiler,
Wernsweiler, en latin WernerimUerinm et en français War-
newlller; il est encore appelé dans les actes et les documents
diplomatiques tantôt Wersweiler, tantôt Wcrschweiler ou
Wœrschweiler, et quelquefois il est simplement désigné sous
le nom de Marienberg. Son église fut destinée à servir de
sépulture à son fondateui'' et aux membres de sa famille ;
l'abbaye de Hornbacb y envoya quelques religieux, qui y
vécurent pendant quelque temps sous l'autorité d'un prieur.
Folmar, comte de Saarwerden, succéda à son père, Frédé-
ric I", vers Tan 1149; il signa, comme témoin, le 10 août de
cette année, la charte par laquelle Henri, évoque de Toul,
confirma les biens et les privilèges de labbaye de l'Ëtanche.'
Vers l'an 1180, Mathieu I**, duc de Lorraine, lui fit écrire par
^ Village de l'ancien canton de Yolmûnster.
* Village 'la canton de Sarregne mines.
' Reiskirchen, village du canton de Homboarg,dans la Bavière rhénane.
* Vœlkerskirchen, village détruit.
• MCihibach, villaf?edu canton de Landstuhl, dans la Bavière rhénane.
• Calmet, Histoire de Lorraine, t. V. preuves sous l'année 1149
L'Etanche était une abbaye de l'ordre de Prôrnontré, proche Staton-
ChâteU à deux lieues de Saint-Mihiel ; elle fut fondée vers l'an 1138. On
lui a donné le nom de l'Etanch^*, à cause de sa situation dans un fond
où il ^ a quelques étangs.
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118 REVUE D'ALSACE
son intendant Ruthard, une lettre où il lui fit désigner les
limites de son comté de Bitche, afin que ce seigneur, qui était
alors en guerre avec Simon, comte de Saarbruck, et Folmar,
comte de Bliescaslel, et sur le point d'envahir leurs territoires,
ne fît aucuns ravages sur les terres du duc Mathieu, qui étaient
situées dans le voisinage/ Cette lettre, qui portait pour sus-
cription iVenerabili Gomiti de Sarwerden, amico suo MalhcBUS
dux Lotharingiœ et filii ejus^ prouve que le duc Mathieu con-
sidérait le comte de Saarwerden comme souverain et indépen-
dant; elle démontre, en même temps, la crainte et l'inquié-
tude de ce prince, que les entreprises dans lesquelles le comte
de Saarwerden était engagé, ne lui fussent préjudiciables
ou dangereuses. L'histoire se tait sur Tissue de ces démêlés.
Peu après, vers Tan H 54, le comte Polmar fut impliqué
dans une sanglante querelle avec ce même Mathieu, qui l'avait
appelé son vénérable ami. Le duc de Lorraine se ligua avec
Etienne de Bar, évèqne de Metz, et la fortune favorisa leur
cause; les confédérévS coururent aux armes et assiégèrent la
ville de Saarwerden. Le comte Folmar, 'qui défendait la place,
ne la rendit qu'à la dernière extrémité ; les alliés en rasèrent
les fortifications et conduisirent le comte au ch&teau de Lûtzel-
bourg, où il fut retenu en captivité.' Ce désastre amena enfin
la paix. Délivré de sa prison, le comte Folmar reconstruisit
les fortifications de Saarwerden. Ce seigneur avait épousé
Stéphanie, dont le noni de famille est demeuré inconnu ; elle
lui donna deux fils, Louis I** ou l'aîné, et Louis U ou le cadet.
Après la mort de leur père, ces deux seigneurs conçurent
le dessein de substituer l'ordre de Giteaux, qui jetait alors
tant d'éclat par l'austérité de sa règle, ses vertus et sa disci-
pline, à l'ordre de Saint-Benoît, dans la possession du couvent
fondé par leur aïeul FrédéricI*; ils s'entendirent, à cet effet,
* Kremer, Chartul. Sarœpont., p. 293.
» Calmbt, Histoire de Lorraine, t. II, p. 4]6.
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SÂÂRWERDEN ET HERBITZHEIM 119
avec le vénérable Roger, abbé de l'abbaye de Willer-Beluach *,
qui envoya son chapelain Gober! à la cour de Rome pour la
solliciter de donner son consentement à cette substihition.
D.ès que le Saint-Siège eut déléré à leur prière, les comtes
de Saarwrerden se rendirent, en 1172, h Kaiserslautern, où
ils avaient donné rendez-vous à l'abbé Roger. Là, en présence
d'une nombreuse assemblée, composée des personnages les
plus illustres de la contrée, ils remirent entre ses mains, pour
l'ordre de Citeaux, le couvent de Wemerswilre avec toutes
ses dépendances, et lui résignèrent tous leurs droits de sei-
gneurie et d'advocatie.' Ils firent ensuite donation, i titre
d'aumône, aux religieux, qui s'établiraient dans le couvent,
d'une rente annuelle de seize livres, pour le service de laquelle
ils hypothéquèrent leur village de Geilbach.^ Quelques semaines
après, le comte Louis, le jeune, fit donation en pleine propriété
aux religieux de l'ordre de Citeaux, qui avaient pris posses-
sion du couvent de Wernerswiller, de sa part du village de
Geilbach.
Cependant le comte Louis, l'aîné, nourrissait le désir de tirer
une éclatante vengeance du sac de la ville de Saarwerden, et
d effacer, avec des flots de sang, l'affront fait à son père par
'e duc de Lorraine et l'évéque de Metz; il assembla quelques
troupes, alla mettre le siège devant la forteresse de Lûtzel-
bourg, où son père avait langui dans les fers et s'en empara.
Mais Thierry de Lorraine, qui venait de monter sur le siège
épîscopal de Metz, prit les armes, attaqua Louis, le fit pri-
sonnier et le força à rendre la grande tour du château de
Latzelbourg où il tenait garnison. Thierry ne le relâcha qu'à
* Cette abbaye, située au diocèse de Metz, à deux lieues et demie de
Bouzonville, avait été fondée vers 1130 par Heixri, qui, de comte de
Caririthie, s'était fait religieux de Morimont; il parvint ensuite à la dignité
d'évêque de Troyes.
■ Croll, Loc, citât., t. I, p. 127.
• Niedergeilbach, village du canton de Neuhornbach (Bavière rhénane).
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190 REVUE D'ALSACE
condition qu'il renoncerait à toutes ses prétentions sur ce
château.' Ceci se passait vers l'an H78.
Groll, le jeune, qui a fait d'infructueuses recherches sur
l'origine des comtes de Saarwerden, se plait à supposer qu'il
existait des liens de parenté entre eux et le comte Réginald,
de Lûtzelbourg, décédé sans postérité en 1143, et que les
prétentions qu'ils élevèrent sur sa riche succession, avaient
occasionné les sanglantes querelles que nous venons de
raconter.*
De son côté, le comte Louis le jeune n'était pas resté dans
l'inaction ; à Tappel de l'empereur, il était venu se ranger avec
ses vassaux sous la bannière impériale. L'empereur Frédéric I"
franchit les Alpes, se porta rapidement sur Turin, qui se sou-
mit; il était résolu à dompter la Lombardie; il maltraita cette
province et y promena le pillage et Tincendie. Pendant que
les troupes allemandes détruisaient les villes forti6ées,le comte
Louis II mourut des suites de ses blessures. Sa dépouille
mortelle fut transportée par ses vassaux à l'abbaye de Wer-
nerswillcr, qu'il avait choisie pour le lieu de son éternel repos.
L'abbé Baudouin lui fit, le 9 avril 1 179, des funérailles splen-
dides et honorées d'un grand concours d'ecclésiastiques et de
personnages de distinction, parmi lesquels on remarquait
Wipert, le curé de Buchenheim (Bouquenom), Walther de
Saarwerden et Henri Vogt {Advoeatm) de Saarwerden.
Louis I" pleura son malheureux frère d'une manière incon-
solable; il se montra reconnaissant envers l'abbé Baudouin,
qui lui avait rendu les derniers devoirs, en accordant à Tabbé
qu'il dirigeait la confirmation de toutes les donations qui lui
avaient été faites, tant par ses aïeux que par ses père et mère.
L'église abbatiale de Wernerswiller avait de belles verrières,
au bas desquelles étaient représentées les armoiries des comtes
* Chron. met, apud Calmet, t. II : Preuves de l'histoire de Lorraine^
col. LXXX.
• Westricher Àbhandlungen, p. 25.
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SAARWERDEN ET HERBTTZHEIM 121
de Saarwerdei). Sur l'un de ces ritraux on royait un comte
de Saarwerden, vraisemblablement le comte Frédéric I",
offrant l'église abbatiale à la Sainte-Vierge. Cette abbaye
ayant été sécularisée en 1558, les bâtiments du couvent furent
tranformés en caserne ; Téglise où se voyait le tombeau de
famille de ses fondateurs et les bâtiments de Fabbaye, furent
détruits par un incendie le 37 mars 1614; ils avaient été
construits 483 ans auparavant."
Le comte Louis II de Saarwerden, avant de se rendre en
Italie, avait fait à Wlsaembourg, en présence de l'empereur
Frédéric I", donation à Tabbaye d'Eusserthal *, pour le salut
de son âme et le repos de ses parents, de son domaine allo-
dial de Loibm (appelé dans la suite Lauberwald)^ situé dans
les Vosges et embrassant tout l'espace compris entre les ruis-
seaux appelés Hermannsbach, Mossalben et Burgalben, et la
montagne de Haneberg. Mais, comme il avait oublié de donner
à cette donation le cachet de l'authenticité usitée à cette époque,
en y faisant apposer son sigillé, et que la mort l'avait surpris
en Italie, sans qu'il eût réparé cette omission, l'abbé Albert
d'Eusserthal pria son frère Louis I" de ratifier cette donation.
Louis I*' s'empressa de déférer aux désirs de l'abbé Albert et
confirma cette donation le jour même où les restes mortels de
son frère furent inhumés au monastère de Wernerswiller.'
Les guerres dans lesquelles le comte Louis P' s'était trouvé
impliqué, avaient épuisé ses finances; en 1177, pressé par le
besoin, il vendit à l'abbaye de Wernswiller sa ferme de Bun-
denbach\ moyennant la somme de cent trois livres deniers, en
se réservant toutefois la faculté de rachat pour ses héritiers.
En 1 185, il affranchit les religieux de l'abbaye de Haute-Seille
* Cboll, Ahhandlung uber dos Kloster Werschweilery Cap. XXII.
• L'ahbaye d'Eusserthal [Uterina vallis) de l'ordre de Citeaux, au dio-
cèse de Spire, fut fondée au commencement du XII® siècle par le cheva-
lier Etienne de Mœrlheim et sécularisée en 1560.
» WÛRDTWEIN, Nova subsid. diplomat., t. XII, p. 109.
^ Village du canton de Homboorg.
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122 REVUE D' ALSACE
{Alta Silva, Hohenforst) ' des droits de péage dans tout le pays
soumis à sa doraînation. Dans la charte qu'il leur délivra, il
s'intitula : Ludovicm per misericordiam Dei vocatus cornes de
Salvenia, voulant prouver par là qu'il relevait nttment de
l'Empire.' Il portait un sceau de forme triangulaire de 0", 085
de hauteur sur 0"*,065 de largeur, arrondi aux angles supé-
rieurs, et représentant une aigle au vol abaissé, chargée d'un
écu à la croix pattée, avec cette légende : + SIGILLVM
LODOICI eomilis de Sarwerde,
Le comte Louis l** eut un grave différend avec l'évêque
Bertrand, de Metz, au sujet de l'église Saint-Baudiel, qu'il
tenait en fief. Le prélat messin fut réinlégré, par une sentence
judiciaire, dans la plénitude de ses droits sur cette église,
dont il fit don à l'abbaye de Sainte-Croix en 1194.'
Le comte Louis I" avait fait cession à Hermann, chevalier
de Saînt-Engelbert (Saînt-Ingbert) de l'avouerie de Borbach
I^Burbach), sur "laquelle l'abbé Geoffroi de Wadegozingen *
formait des prétentions. La contestation, qui s'en suivit, fut
terminée, en 1195,par une transaction, aux termes de laquelle
l'abbé Geoffroi se déportait de toutes ses prétentions sur
Tavouerîe de Burbach ; de son côté, le comte Louis cédait à
l'abbaye de Wadgasse divers biens situés à Spize, Rohrbach
et Puzerwald, sous la condition de célébrer, à perpétuité, un
anniversaire dans Véglise abbatiale pour le salut de son âmo.^
Vers la fin du XII* siècle, le comte Louis résigna à l'évôciue
Bertrand, de Metz, le droit de patronage sur l'église de Saint-
Georges, sise au faubourg de Metz, en deçà de la Moselle, en
faveur de l'église collégiale de Saint-Thiébaut. Cette donation
^ Abbaye de l'ordre deCiteaux, non loin de Blamont, fondée, en 1140,
par Agnès, comtesse de Langstein (Pierre-Percée) et ses fils.
• Calmet, Histoire de Lorraine, Preuves, t. VI, col. 4.
» Ibidem, t. II, p. 606.
* Wadgasse, ancienne abbaye de Tordre de Prémontré, située sur la
Saar, dans le comté de Saarbrack.
, Archives provinciales de Coblence (fonds de Saarwerdon), n® 1.
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SAARWERDEN ET HEfiBITZUEIM 1^^
fut confirmée aa chapitre de Saint Thiébaut par le roi des
Germains, Philippe de Souabe, en 1200, pendant le séjour
qu'il fit à Strasbourg, où il s'était rendu pour y célébrer les
fêtes de Pâques.'
En 1206, le comte Louis l" enrichit Tabbaye fondée par ses
aïeux, du droit de patronage sur les églises de Bundenbach
et de Volckerskirchen avec tous les revenus y attachés.
Ce seigneur avait épousé Gertrude, dont le nom de famille
n'est pas connu; elle lui donna deux fils, Louis III et Henri,
seigneur de Eirkel, et quatre filles. Celles-ci se marièrent,
Tune, Jutta, à Frédéric, comte de Hohenbourg (Hombourg),
l'autre au sire de Siersberg, la Iroisième au sire de Hagen et
la quatrième, Agnès, au sire de Falkenstein.
La libéralité du comte Louis III s*étendit aussi sur l'abbaye
de Wernerswilîer et, en 1212, il confirma à cet établissement
la donation que ses ancêtres lui avaient faite de l'hôpital de
Vopelbach.*
Henri de Saarwerden construisit, au commencement du
Xin* siècle, le château de Kirkel et en adopta le nom; il avait
épousé Irmentrude, sœur de Werner iV, comte de Bolant.
Le comte Henri de Saarwerden, seigneur de Kirkel, et son
épouse Irmentrude de Bolant, firent, en 1228, donation aux
religieuses du couvent de Hane, près de Bolanden, du bien
de Rechemburnen, pour le salut de leurs âmes.' Ce seigneur
confirma, en 1225, les donations que son père LouisI" avait
faites à l'abbaye de Wernerswiller. Dans le cours de sa vie,
il avait tellement abusé de son pouvoir, qu'il avait mis plu-
sieurs fois à contribution le couvent fondé par ses ancêtres;
mais, sur la fin de ses jours, il vint à résipiscence et lui fit
^ Bœhmer, Regesta imperii, 1198-1254, p. 9.
■ Croll, Westricher Abhandlungen. p. 26. — Vojçelbach est un village
du canton de Landstuhl (Bavière rhénane).
• Rbmling, Abteien und Klœster der Pfalx, t. II, p. 366.
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134 REVUE D* ALSACE
donation du village de Walsheim.* Il termina sa carrière ter-
restre en 1242, sans laisser de postérité; ses restes mortels
furent inhumés dans Téglise abbatiale de Wernerswiiler.
Louis III avait pris pour épouse Agnès, comtesse de Deux-
Ponts ^ dont il eut trois fils : Louis IV, Henri et Frédéric.
Gelui-d se voua à Tétat ecclésiastique et derint chanoine de
Saint-Castor de Coblence et curé de Surbourg.
Henri, après la mort de son oncle Henri de Kirkel, décédé
sans enfants, reçut en partage le château de Eirkel et en adopta
le nom.
Louis IV était à la fleur de l'âge, lorsqu'il fut appelé aux
fonctions de gouverneur du château impérial de Nycastel
(Neucastel).' En 1248, il y retenait prisonnier un certain
Emile Verckelé, auquel les moines de Wernerswiiler s'inté-
ressaient; mais, malgré leurs instances, il ne lui rendit la
liberté que moyennant une rançon Ae quntre livres de Metz,
qui fut acquittée par ces religieux/ II avait assisté au convoi
funèbre de son oncle Henri de Kirkel, et avait été si vivement
touché par les splendides funérailles que lui avaient faites
les religieux de Wernerswiiler, qu'il renonça, en faveur de
leur monastère, à tous ses droits sur le village et l'église de
Walsheim.
Dao. Fischer.
fLa suite à la prochaine livraison J
^ Croll, Origine biponiines, t. I, p. 145. Walsheim est un village du
canton de Neuhornbach (Bavière rhénane).
* Balcbicotirt (Hugo), Traité historiqve sur la maison de Lorraine,
p. 174. — Kremer, Gesch. des arden. Gesch., 1 1, p. 144
* Ancien château situé près de Lainsweiler (canton de Landau) et
autrefois siège d'un bailliage.
* Croll, Origines hipontines, t. I, p 134.
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PLEUJOUSE
Légende^
A Fextrémité orientale du bassin d'Ajoie, près de la fron-
tière d'Alsace, une colline rocheuse semble s*étre détachée à
dessein de la montagne pour servir de support à une forte-
resse. Pleujouse est un des anciens châteaux du pays. Son
nom provient du latin Ftuviosa, et les Allemands Tout appelé
Blitzhausen, la maison des éclairs. Le premier prend son
origine de son site, au point où la pluie venant de bise, com-
mence dans le bassin d'Ajoie, et le second, des feux qu'on
allumait sur sa tour pour servir de signaux à Tépoque
romaine. Dès le XIP siècle, on l'appela aussi Nuwtnbowrg^
parce qu'alors on avait déjà rebâti le château près de la tour
primitive.
C'était un fîefdel'évôché de Bâie, possédé, dès les premières
années du XIP siècle, par une famille noble, alors déjà nom-
breuse et qui prenait le nom de ce château. Ses membres
^ Cette notice est détachée du manuscrit que je prépare sous le titre de
TradUions et Légendes du Jura, renfermant beaucoup de faits recueillis
depuis nombre d'années. L'article Pleujouse, concerne un château voisin
de TAlsace et des personnages de cette province. Puissent ces lignes
mériter un peu d'indulgence pour le plus vieux correspondant de la
Revue,
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1S6 REvxm d'alsace
occupent un rang élevé parmi les premiers bienfaiteurs de
l'abbaye de Lucelle. Plusieurs portent le titre de chevaliers,
et l'un d'eux cultivait la gaie science, 1124. C'est à Pleujouse
que Bourcard, baron d'Asuel, en revenant de la Terre-Sainte,
1218, s'arrêta pour s'informer de sa jeune femme et de sa
petite famille, qu'en croisé imprudent, il avait laissées aux
soins des moines de Lucelle ses voisins. C'est là qu'il apprit
avec surprise, qu'il avait un héritier de plus que ne lui en
indiquait sa mémoire.
La vieille race des chevaliers de Pleujouse perdit peu à
peu de son ancienne splendeur. Elle s'appauvrit tout douce-
ment, tandis que ses voisins de Lucelle accroissaient leurs
richesses aux dépens de la noblesse et de tous ceux qui, trop
crédules, faisaient des dons aux moines, sous promesse de
récompense dans le ciel.
Le fief de Pleujouse fut ensuite démembré ; il passa en
diverses mains et au commencement du XV* siècle, il se
trouva au pouvoir du sire de Neuchâtel qui y entretenait un
châtelain et des hommes d'armes. Le sire avait mis le grapin
sur un bon nombre de domaines de l'église de Bâie, comme
garantie d'argent prêté à des évêques dilapidateurs. Quand
ensuite l'un de ceux-ci, moins prodigue, voulut racheter les
gages, le détenteur refusa de les rendre. Le nouvel évêque,
un abbé de monastère, qui avait troqué son batôn abbatial
contre la crosse de Bftie et l'épée qui y était attachée, se fâcha
de la résistance du sire de Neuchfltel . Il assembla ses vas-
saux, appela ses barons qui dépassaient la centaine et il
confia à l'un d'eux, le comte de Thierstein, le soin de s'empa-
rer de plusieurs châteaux que retenait le sire bourguignon.
Le châtelain de Pleujouse prévoyant qu'il allait être
assiégé, avisa à se procurer des provisions. Il prit pour gre-
niers les granges des villages d'alentours qu'il pilla, selon
l'usage. Un tonneau de vin chargé sur une charrette attelée
de deux bœufs lui tomba sous la main. Vainement le cbar-
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LÉGENDE DE PLEUJOUSE 187
relier représenta que ce vin appartenait à Notre-Dame de
Lucelle, à laquelle il le conduisait, attendu que les douze
chevaux du monastère affectés au transport ordinaire des
vins claustraux, ne pouvaient suffir à la besogne, tant la ven-
dange et les vignes avaient été abondantes en Alsace et en
Bourgogne. Toutes les observations furent inutiles, le ton-
neau destiné aux caves de Lucelle entra dans celles de
Pleujouse. Le châtelain rit d'abord de l'aventure ; il savait que
le vin débordait hors des caves du monastère et que le baril
détourné de son droit chemin, n'était qu'une goutte de moins
dans les mers bosses du cloître. La chose ne fut pas admise
de la sorte par l'abbé et les Bernadins : plus ils avaient de
vin en cave et plus ils en buvaient. C'est pour ce motif
qu'ils avaient inventé un cinquième repas, appelé Biberes,
pour suppléer à la consommation ordinaire des quatre
autres. Il y eut donc réclamations, protestations, menaces
d'excommunication, et si Pleujouse était d'un côté menacé
des bombardes du comte de Thierstein, les canons de
l'Eglise lui firent tantôt courir d'autres lisques.
Le sire de Neuchâtel eut vent de l'aventure, et quoiqu'il
ne fut pas scrupuleux sur les moyens de retenir les biens
des églises, il ordonna à son chapelain d'appaiser les moines
irrités. On entra en négociation; un habile délégué se rendit
à l'abbaye pour ofTrir toute satisfaction, avec la restitution du
tonneau en litige, moyennant par les moines venir le recon-
naître dans les caves de Pleujouse. A ces offres, il ajouta une
aimable invitation à dîner. — Conrad de Holzacker, qui avait
administré la cave de saint Urbain, avant de devenir abbé de
Lucelle, trouva la proposition acceptable ; mais ne pouvant
décemment se rendre de sa personne à l'invitation, il
délégua son cellerier et trois autres moines experts dans la
visite des caves et dans la connaissance du crû des vins. Au
jour fixé les quatre ambassadeurs firent leur entrée à Pleu-
jouse, le châtelain les reçut dans la tour, et tandis qu'on
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128 REVUB d'al&aob
mettait lears chevaux à l'écurie^ ils remarquèrent, avec satis-
faction, un char tout appareillé sur lequel réposait molle-
ment un tonneau entouré de guirlandes de lierre, comme les
reins de Bacchus. A cette vue le cellerier, en connaisseur,
recourba Findex et alla fhipper au tonneau pour s'assurer
s'il était plein ou vide, et pour reconnaître s'il portait ia
marque du monastère. Gomme rien n'y manquait, sa figure
s'épanouit et il marcha vers ia salle du festin.
Un dîner plantureux était servi : des mets nombreux
répandaient un fumet épicé fort réjouissant. Selon l'usage, le
châtelain était au haut de la table, ayant à droite le cellerier
et le chantre, et à sa gauche les deux autres Bernardins. Le
restant de la table était occupé par les hommes d'armes en
justaucorps de buffle, pour lors déboutonnés. Devant chacun
des convives se dressait un broc à la mesure de Lucelle,
célèbre dans toute la contrée. On devait prendre le liquide
de 26 œufs choisis dans les 13 francs-villages d'Ajoie pour
former cette mesure ; et il en fallait 6 de celle-ci pour appai-
ser la soif d'un certain moine de Lucelle, qui à la fin suc-
comba à ce régime, comme nous l'apprennent les fastes de
Tabbaye.
Au dîner dont nous parlons, les moines et le châtelain
avaient de grandes coupes d'argent des hanaps que d'actifis
tonneliers remplissaient sans retard.Le dîner dura longtemps,
il fit oublier vêpres et complies, et Ion ne dit pas ce qu'on
chanta en échange, mais on porta tant de toasts que le
majordome ne put les compter.
A la nuit tombante quelques convives glissèrent sons la
table, et alors les moines songèrent à reprendre le chemin
du monastère. Le châtelain fit seller les chevaux et attela le
char au tonneau. En homme courtois il voulut accompagner
ses hôfa*^ avec ses écuyers. Arrivés devant l'abbaye, le prélat
qui les voyait venir, descendit de ses appartements pour
recevoir le chevalier. Les moines entourèrent le tonneau
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LÉGENDE DB PLEUJOUSE 129
déserteur pour fêter son retour. L'un d'eux, pour réprimander
l'égaré, s'avisa de frapper du poing le fond de la bosse^ mais
au son que rendit la futaille, il recula effrayé Elle était
vide ! L'abbé entendit le cri de détresse, et demanda avec hau-
teur au châtelain, s'il avait voulu se moquer de lui! —
Nenni, ma foi, sire abbé, nous n'avons pas gardé une goutte de
votre vin ; vos moines l'ont bu, et c'est à peine si mes gens
leur ont aidé.
Les quatre futailles monastiques étaient en effet de taille
à absorber le contenu de la bosse, et l'aventure fut trouvée
si plaisante que le châtelain et sa suite furent invités à sou-
per, pour aider à la communauté à vider un autre tonneau.
Pendant qu'on élait à table, on vint prévenir l'abbé de
l'arrivée (l'un message qui exigeait sa présence immédiate.
Il sortit un instant, et revint la figure souriante. — Vous
avez reçu de bonnes nouvelles I lui dit le châtelain. — Oui
sire chevalier, et nous allons les fêter. — Sur ce, des frères
servants apportèrent du vin de Rang, le plus traître des
alsaciens. On en versa au sire et à sa suite, qui le trouvè-
rent doux à la bouche, en attendant qu'il leur brisât les
jambes.
Durant le temps qu'on fêtait la dive bouteille, le comte de
Thierstein qui avait envoyé le message, avait appris par le
seigneur-abbé ce qui avait lieu au réfectoire. Il passa sans
bruit derrière l'abbé avec toute son armée, et surprit Pleu-
jouse resté sans défenseurs, 1424.
L'évêque de Bâle fit restaurer le château, et le remit en
fief à Jean de Morimont, qui n'en prit aucun soin et laissa
tomber de vétusté Tancienne partie du Manoir^ au point qu'il
fallut réparer d'autres édifices pour les rendre habitables.
Un siècle et demi plus tard les 8ires de Morimont se trouvè-
rent si obérés de dettes qu'ils durent vendre leurs seigneuries
de Morimont et de Pleujouse attx comtes d'Ortembourg, 1582
à 1584. Mais ces nouveaux possesseurs, grands seigneurs
Nouvelle Série. — 6"* Année. 9
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130 BBYUE D'ALSJlOB
alsaciens, étaient plus riches en dettes qu'en écus. Ils trafi-
quèrent de leurs domaines pour amuser leurs créanciers et
gagner des terres: C'est ainsi que Jean Bernard, comte d'Or-
tembourg, baron de Freunstein et de Garlsbach, sire de Mo-
rimont et de Pleujouse, vendit à l'évêque de Bâle, vers 1566
à 1578 le château de Montron, à une mille de Besançon, avec
dix villages qui en dépendaient, et celui de Fonderman avec
quatorze villages, tandis qu'il prenait en fief de cet évêque
le château et village de PfafEstadt. A cette époque ce haut
baron avait plus de 850,441 florins de dettes, tandis que ses
fiefs et seigneuries n'étaient évalués qu'à 115,8S9 et les ter-
res allodiales à 51,672 florins. De nos jours on laurait fait
déclarer en faillite. Il avait épousé Ursule, comtesse de Zim-
mern, de grande maison, mais dont la dot ne pouvait couvrir
les dettes de son époux. Dans les premiers temps de leur
mariage, pendant la lune de miel, ils habitaient le vaste châ-
teau de Morimont, et ils avaient fait sculpter dans la pierre un
panneau réprésentant les armoiries des comtes d'Ortembourg
et des Zimmern. Nous avons retrouvé cette pierre dans les
ruines de la chapelle de Morimont en 1864.
Jean Bernard était au service du roi d'Espagne, Philippe H,
en guerre avec la France, en 1595. Sa femme, seule à Mori-
mont avec de petits enfants, ne pouvait suffire à la dépense
qu'entretenait l'occupation de ce vaste château. Son mari se
ruinait à la guerre et demandait sans cesse de l'argent Dans
cette fâcheuse position, la comtesse Ursule se décida à aban-
donner Morimont à la garde d'un châtelain, et à aller s'instal-
ler à Pleujouse^ avec une suite plus que modeste : une vieille
servante et sa nièce et un majordome cassé et impotent.
L'ancien château de Pleujouse était en ruines, inhabitable. Ce
qu'on appelait le nouveau château n'était autre chose que la
maison encore occupée actuelleaient. On restaura un peu
cette demeure, si peu comparable au palais de Morimont. On
meubla la salle, haute de vingt pieds; on organisa une cham-
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LÉQENDB DE PLEUJOUSE 131
bre pour la comtesse et d'autres pour les enfants et les ser-
riteurs. Puis on conTertit une ancienne prison en chapelle,
aân que dame Ursule put y faire ses dévotions et y entendre
la messe. Le vieux concierge se logea dans une autre dépen-
dance du château, mais il était flgé el de peu d'utilité, lui et
ses enfants, pour le service de la comtesse. Les vassaux de la
seigneurie se regardaient comme indépendants, sauf quelques
corvées et prestations, et ils entendaient ne rien devoir au
seigneur. Yairiemeot le majordome consulta les actes et les
parchemins poudreux ; il ne put y reconnaître que des
droits devenant de plus en plus illusoires. Il y trouva bien
celui de haute et basse justice, mais à quoi servait le gibet
pour les petits villages de Pleujouse et de Fregiécourt, du
moment qu'on ne pendait plus pour un vol de dix sous, et
qu'on ne conBsquait plus les biens des condamnés sans en
remettre la grosse part au seigneur-évêque?
La comtesse amena avec elle sa riche garde-robe, ses
bijoux, sa vaisselle d'argent, tout ce qu'elle avait encore de
précieux à Morimout, et elle jeta un dernier regard sur cette
forteresse qu'elle abandonnait pour un misérable manoir à
demi ruiné. Ce changement de domicile n'améliora guère sa
position financière. Les poursuites des créanciers succédaient
aux demandes d'argent de son mari. II fallut recourir à de
nouveaux emprunts et, à défaut de terres à fournir en nantisse-
ment, elle dut donner des gages. Elle s'adressa alors à Tévêque
deBflle, Jacques Christophe de Blarer, résidant à Porrentruy;
mais ce prélat qui connaissait l'état de fortune des Ortem-
bourg, ne délia pas sa bourse sans garantie et il exigea des
assurances. La comtesse lui remit successivement, un à un,
ses bijoux, ses colliers, ses bagues, pour obtenir un peu
d'argent, 1595. Prenant pitié de la comtesse, sa vassale, le
prince lui envoya quelques mesuresr de vin, qui manquait
totalement à Pleujouse, en sorte que le moine de Lucellt, qui
venait parfois y dire la messe, risquait de manquer de vin
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132 BEVUB D'ALSACE
pour ses burettes, et plus encore pour les repas. Alors la riche
abbaye était administrée par Christophe Birr, originaire de
Morschwiller, près d'Altkirch. C'était un personnage que
l'intrigue monacale avait porté au siège abbatial. Il enrichis-
sait ses parents aux dépens du monastère; il avait relâché
les liens de la discipline et il donnait lui-même mauvais
exemple. *
Lors même que les fonctions de chapelain d'un château
n'étaient plus lucratives.
Comme au bon temps des sires d'AsueI,roœupation de cette
charge à Pleujouse n'était pas sans attrait. C'était une jolie
promenade à faire de temps à autre, avec un des chevaux
de selle de l'abbé. La table de la comtesse était passable, et
quelques fois potable, la dame faisait parfois de petits
cadeaux; en passant par les villages, toutes les femmes et les
filles faisaient la révérence au père Bernard, alors en exer-
cice de l'office de chapelain. C'était un petit homme tout ron-
delet, à figure épanouie, à nez retroussé, k bouche riante,
toujours prêt à chanter un joyeux couplet, plutôt que d'en-
tonner Un de profundis.
Un jour de débine, la comtesse ayant dépensé son dernier
florin, se vit dans la fâcheuse position de recourir au seigneur-
évêque de Bâie, pour en obtenir quelque argent. Elle savait
qu'il ne lui en donnerait pas sans gages et il ne lui restait à
offrir que de grosses pièces d'argenterie. On était au temps
de la moisson et il n'était pas possible de trouver une char*
rette pour conduire cette argenterie au château de Porren-
truy. Il n'y avait de disponible que le cheval de selle du
chapelain et celui-ci était seul en état de faire le transport du
gage et de ramener l'argent à recevoir en échange. Le vieux
majordome ne pouvait plus remplir cette mission, mais il en
dut faire les apprêts. Il pesa l'argenterie, ce qui donna 145
marcs, 15 lots et SI % grains, qui furent évalués à 3452
* Waloh, Miêcel. LnceL — Buchinger, 214, 225, et antres.
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LÉGENBB DE PLEUJOtJBE 133
livres 18 sote et 4 % deniers. Il emballa chaque pièce avec
soin, la larme à Tœil, en pensant au temps où il plaçait avec
orgueil ces beaux surtouls sur une table entourée d'illustres
personnages. Il baisait ces grandes coupes en vermeil, comme
de vieilles amies qu'il ne devait plus revoir. Tout fut serré
et rangé dans deux sacs qu'on plaça devant et derrière la
selle du cheval, après qu'on eut fait monter le gros père
Bernard, dont les courtes jambes n'auraient pu enfourcher
la jument pardessus ces ballots. Une fois solidement placé
entre ces deux amas de richesses, il devint tout fier de sa
mission. Cependant par prudence, il descendit au pas la
pente rapide qui conduit du château à la route, mais arrivé
dans la plaine, il n'eut plus besoin d'éperons ; le soleil était
déjà haut et les taons et autres mouches d'août se chargeaient
d'aiguillonner la monture. Ces insectes ailés s'en acquittèrent
si bien, que la jument prit le galop, en secouant vigoureuse-
ment les sacs d'argenterie. Il eu résulta un dérangement d'em-
ballage, un bruit de vaisselle, qui acheva d'efTaroucher la caval«.
Le moine se crampronnait des deux mains à la selle et criait
au secours; maîs les gens de la campagne en le voyant fendre
l'air plus vite qu'un chevalier riaient de cette vaillance et les
gamins d'alors, comme ceux de nos jours, criaient : Hue,
hue, huel et la jument de red()ubler de vitesse et d'effroi.
Cependant à bout d'haleine, elle s'arrêta enfin en arrivant à
Porrentruy. Le cavalier était presque sans connaissance ; il
fallut le tirer péniblement d'entre les collis qui Ta valent
préservé d'une chute. Quelques verres de vin lui rendirent ses
esprits, il revint à lui et monta au château pour remplir sa
mission. Lesécus que lui donna l'évêque pesaient bien autant
que la vaiselle, mais ils étaient moins encombrants et surtout
moins sonores. Son retour, le lendemain malin, se fit sans
accompagnement de taons et il put remettre les florins à la
dame, en lui jurant par son saint patron qu'il n'avait jamais
eu si peur. — 1599.
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134 BEVUE D'ALSACE
L'argenterie donnée en gage fut rachetée plos tard, mais
il fallut de longues négociations pour abandonner teins les
fiefs et les terres allodiales aux créanciers nombreux des
comtes d'Ortembourg. L'un d'eux trouva encore à se marier
et sa femme Magdeleine de Gall, put rester à Pleujouse, jusqu'à
sa mort en 1660,lorsque déjà la race masculine des Ortembourg
avait cessé d'exister. On nous a encore montré son prie-dieu, un
pauvre banc de sajin dans la chapelle du château, qui était
un petit local carré éclairé autrefois par deux étroites fléchiè-
res, vrais soupiraux de prison, et par une petite porte s'ou-
vrant sur le boni du précipice. Ce careau, sans issue exté-
rieure que la poterne, tenait lieu d'oubliette. On laissa la
porte mal fermée, et si le captif dans l'angoise d'une première
nuit de prison, ouvrait la poterne pour fuir, il tombait de près
de 80 pieds de haut dans un étang placé au dessous, et dont les
eaux verdàtres se refermaient sur le malheureux. Une autre
version rapporte que si le piège ne réussissait pas, on aidait
un peu à la chose, en poussant le captif du haut de cette
nouvelle roche torpéienne. On a reproché aux Romains d'avoir
nourri leurs murènes avec la chair de leurs esclaves, et les
châtelains du moyen-âge engraissaient leurs brochets avec
leurs prisonniers inutiles. Cependant ils mangeaient dévote-
ment ces brochets les jours d'abstinence, comme ces prélats
qui faisaient assaisonner leur soupe maigre avec du jus de rôti.
A. QUIQUEREZ.
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EXTRAIT DES NOTES MANUSCRITES
DU
COMMANDANT HESSELAT
I.
Le général Foy. — La mort du général Abbatucci.
J'ai beaucoup connu le général Foy, lorsqu'il était capi-
taine, commandant la compagnie d'artillerie de service à la
lunette du pont d'Huningue, où le général Abbatucci Tayait
placé, quoiqu'il appartînt à Tartillerie légère.^ Nous mangions
ensemble chez la yeuve Cioalaux ^ la mère des frères Gou-
^ Pendant la campagne de l'an V, Foy :ommandait la 5« compagnie
da 2^ régiment d'artillerie volante, à la droite de l'armée da Rhin, divi-
sion Ferino. La Souabe et la Bavière furent le théâtre de ses exploits.
Après la belle retraite de Moreaa et le passage da Rhin à Haningae et à
Rehl, le général Abbatucci, qui avait distingué le jeune capitaine de
vingt-an ans, demanda Foy pour commander l'artillerie de la demi-lune
dans l'ouvrage à corne adossé au fleuve ; Foy mit ses canonniers à pied,
laissa leurs chevaux à Huningue et s'établit avec ses pièces au poste da
péril et de l'honneur (Tissot).
' Jacques Coulaux l'aîné, né à Huningue, établit ensuite un atelier de
réparation d'armes à Strasbourg, dans la commanderie des Johannites
(Hont-de-piété actuel) ; puis, au commencement de ce siècle, il acheta le
château de Mutzig et il y fonda une manufacture d'armes. Il mourut en
1834, laissant un nom honoré dans Tindustrie française et un noble
exemple à suivre (F. Piton, Strasbourg iUtistré, E. 168). L'ancien
capitaine d'artillerie, député sous l'Empire, est son fils«
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136 REVUE D'ALSACE
leaux, qui firent une si belle fortune aa Elingenthal el à
Mutzig dans la fabrication des armes, après avoir été de simples
ouvriers à l'arsenal d'Huningue. Notre pensionnat était com-
posé de quelques officiers du génie et d'artillerie attachés à
la tête de pont, parmi lesquels était le chef de bataillon
Dumarsay, homme froid, qui n'était pas aussi gai que son
camarade Foy, que, du reste, il n'aimait guère, le trouvant
orgueilleux, tranchant, fanfaron, parlant beaucoup de ses
conquêtes qu'il avait faites dans le courant de la campagne,
et des belles Frédérique, qui avaient couru après lui.*
Le capitaine Foy était de service, lorsque nous fûmes atta-
qués par l'ennemi dans la nuit du 30 novembre au 1*' décembre
1796. Nous brûlions de l'eau-de-vie brûlée dans la casemate
du général Abbatucci, et le capitaine Foy nous lisait gaiement
des morceaux de Jacques h fataliste ^ lorsque le factionnaire
cria : Aux armes! en même temps que les premiers coups de
fusil se firent entendre. Chacun sortit pour se rendre i son
poste. Mais le général ne revint pas; il avait été blessé à
mort. L'ennemi .repoussé, on se réunit de nouveau dans la
casemate et le général Foy, jetant son sabre sur la table,
s'écria : t Voilà ce que c'est que l'ambition I » voulant dire sans
doute, que le général s'était trop aventuré. Puis il s'étendit
silencieux et désolé sur le banc qu'Abbatucci avait occupé.^
En 1819, les habitants d'Huningue songèrent à relever le
^ Sa jolie figare et ses excellentes manières ne le distinguoient pas
moins que son grade au milieu d'une brillante élite d'ofûciers. Il avoit
déjà, et plus habituellement peut-être, cet air vif et impérieux, dont tout
le monde se souvient, et qui exprimoit à vingt-cinq ans l'assurance d'une
confiance légitime, mais qu'on trouvoit un peu suffisante. Ses formes
potelées et un peu féminines, son embonpoint frais et fleuri, sa bouche
vermeille et ses joues rosées relevoient même, par un contraste frappant,
la fierté de son regard (Gh. Nodieb).
* Roman de Diderot qui venait de paraître.
• D'après Tissot, le général tomba dans les bras du capitaine Foy,
qu'il fit dépositaire de ses dernières volontés. Mais il faut remarquer que
Tissot écrit une histoire dans le genre officiel et dans le goût du jour.
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K0TK8 DU COMMANDANT HESSELAT 137
monument de lenr défenseur, et Foy écrivait à ce sujet dans
le Constitutionnel : « Je n'ai pas connu un homme plus remar-
quable qu'Abbatucci et qui promit davantage à la France. >
M. Tissot, qui a publié une traduction de Virgile, prétend,
dans une bic^praphie qu'il a donnée du général Âbbatucci,
que celui-ci, au moment de l'assaut, lisait une traduction de
Virgile. Tout cela est faux.^ J'étais présent et au nombre des
auditeurs. Abbatucci ne lisait rien, et, comme nous autres,
il riait en écoutant le lecteur, qui fut si brutalement inter-
rompu.
La tête du pont d'Huningue rendue et évacuée, nous nous
séparâmes et je ne revis plus de notre société que le com-
mandant Damarsay, qui, m'ayant rencontré à Strasbourg
quelque temps après ces événements, m'invita à déjeûner
chez lui. Entre autres choses, je lui demandai étourdiment
des nouvelles de son camarade, le capitaine Sainte- Foy. Sainte-
Foy, dit-il, en me regardant fixement, il voudrait bien peut-
être se nommer ainsi !
^ C'est dans la notice biograpbiqae du général Foy placée en tête da
premier volume de ses Discoars [Paris, 1826), que M. Tissot parle d' Ab-
batucci, page X : « Le soir étaient réanis, dans la tente d'Abbatucci,
quelques offîciers qu'il affectionnait particulièrement, le capitaine Foy
se trouvait du nombre. Abbatucci leur lisait à haute voix le dixième
livre de TEnéide. A onze heures, un coup de canon résonne, Foy se lève
en s'écriant : c'est Taltaque. Au second coup que le général avait voulu
attendre, tout le monde est debout, et Abbatucci, qui tenait encore en
main son Virgile, achève sa lecture par ce trait du poète, qu'il semble
adresser à chacun de ses compagnons comme un avis et un dernier
adieu :
Ultor eris Mêcum, auty aperit si nulla viarn 'vù^
Occumbis pariter.
« Dans l'application faite par le général, ce vers, qui était un arrêt
prophétique pour lui et pour plusieurs de ses compagnons, voulait dire*.
Vous vengerez avec moi les revors de la patrie, ou, si le courage et la
force ne nous ouvrent aucun moyen de triomphe, nous succomberons
ensemble à la même heure. »
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138 REVUE d'alsa.ce
n.
Mirabeau au fort de Joux. — Euloge Schneider.
M. Girod de Chantrans était, en 1790, chargé, comme capi-
taine du corps de génie, du château de Joux où avait été
enfermé, en 1776, le fameux comte de Mirabeau, qui s'en
échappa si facilement pour se sauver en Suisse avec M""' Mon-
nîer, sa maîtresse, et où Toussaint-Louverlure, prisonnier de
Napoléon, mourut en Tan XI, dans un petit appartement que
je lui avais préparé en Tan IX de la République française,
une et indivisible et impérissable.
C'est pendant son service au château de Joux, qu'il fesait
depuis Pontarlier, où il demeurait, que M. de Chantrans étu-
dia la fontaine intermittente, qui se trouve sur le chemin qui
va de à Pontarlier par le pied de la montagne au
sommet de laquelle est situé le château.
Il publia un petit ouvrage sur ce curieux phénomène que
j'ai souvent admiré. Le bassin de cette fontaine est d'une
forme presque circulaire de S toises de diamètre; il s'emplit
dans quelques minutes, se vuide, redevient à sec, puis se
remplit de nouveau, mais dans des intervalles qui varient de
deux à cinq minutes.
Mirabeau était tellement libre dans sa prison du château
de Joux, qu'il passait toutes ses journées à Pontarlier chez le
marquis de Monnier. Un soir, il ne rentra pas et il passa
une partie de la nuit dans la Sablière, qui est contiguë à la
promenade de la ville, où l'on se garda bien de le chercher.
De là, il franchit avec sa Sophie la frontière, qui n'est pas
éloignée.
Pendant que j'étais en garnison à Huningue dans les années
républicaines de 1794 à 1796, nous avions pour commandant
de place un citoyen Nodier, franc-comtois, chez lequel je vis
un jeune homme portant le même nom, qui pouvait être son
neveu, écolier alors, passant chez lui quelques jours en allant
de Besançon à Besançon.
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NOTES DU COMMANDANT HESSELAT 139
La maison où Nodier devait demeurer avec Tabbé Schnei-
der, était celle du citoyen Lotzbeck, la dernière à gauche de
la rue de la Nuée-Bleue près le faux rempart.
Schneider, prêtre étranger, ci-devant récollet allemand
défroqué, était trayaillé de la même maladie d'indépendance
que Luther, moine augustin. Il yint à Strasbourg, où il fut
chanoine et grand-vicaire, puis il devint maire de Haguenau
et ensuite accusateur public près le tribunal révolutionnaire
du Bas- Rhin. Sur le point de se marier à Barr, on finit par
le donner en spectacle sur la Place-d'Ârmes de Strasbourg,
attaché à la guillotine qu'il avait tant fait manœuvrer, et on
renvoya à Paris pour avoir la tête tranchée.
On voyait encore à Strasbourg, en 1840, deux vieilles filles
Saun, qui avaient été ensemble servantes maltresses, et que,
lors de sa disgrâce, on avait publiquement fouettées dans les
rues et au club.
IIL
Goster Saint- Victor.
Victor Coster (c'était son vrai nom, l'autre n'étant qu'un
nom d'emprunt), était le fils d*un procureur du Roi au Bail-
liage d'Epinal. Il fesait, en 1790, son cours de mathématiques
et de physique au collège royal, où j'étais son professeur,
lorsqu'étourdi par les déclamations de certains orateurs popu-
lariens de la contrée, tels que François de Neufchateau, Pou-
lain Grandprez, Vosgien, Lepage, etc., contre la noblesse et la
magistrature, il quitta, sans mot dire, sa famille et le collège
au moment où son père, ses sœurs et quelques-uns de mes
collègues fêtions le mardi-gras, en consommant le produit des
parties de jeu que nous avions perdues entre nous pendant
l'hiver.
On ne sut d'abord où le jeune Goster était allé, et comme
je partais le lendemain pour aller à Lunéville passer quelques
jours de congé, sa mère me pria de prendre des informations
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140 REVUE D'ALSACE
sur cette route qu'il pouvoît avoir suivie. Mais je n'appris
rien. L'on sçut depuis qu'il s'était engagé à Metz dans un
régiment de chasseurs à cheval, qui y était en garnison. Plus
tard, il se trouva, je ne sais comment, lié avec les chouans
et il finit par se laisser prendre avec Georges Gadoudal, à la
suite d'une conspiration contre le premier Consul, et mourut
sur l'échaffaud, malgré les larmes et les supplications de sa
mère et de ses deux sœurs qui lui restoient, Toinette et
Victoire.
Victor, écolier, n'avait rien d'attrayant, à l'air hagard, avec
son œil vairon, qui luidonnoit une mauvaise mine, il-joignoit
une mauvaise tête, et il fesoit le mauvais plaisant. Après
avoir fait quelques promenades civiques pour chasser les
brigands qui dévastaient les abbayes, les châteaux que les
Protecteurs mettaient eux-mêmes à contribution, il parut
s'amender. On eut dit qu'il prévoyait déjà où nous conduirait
la Révolution, qui commençait, c'est-à-dire au bouleversement
des personnes et des choses, au déchaînement de la populace
contre toutes les autorités, aux massacres politiques, à l'aug-
mentation de la dette que la Révolution devait payer et qu'elle
augmenta ; aux guerres désastreuses, à l'envahissement hon-
teux de la France, au démembrement du pays, à la perte de
ses colonies, au mépris des lois, et de tout ce qu'il y a de
respectable. Ce malheureux échoua dans son noble dessein de
rétablir l'ordre en s'opposant à l'anarchie.*
Bonaparte qu'il combattit, fit mieux; il mftta les Jacobins,
qui n'osaient plus ni hurler, ni chanter; il fit taire les jour-
^ Goster Saint- Victor avait fait la première gaerre des Chouans sons
Puysaie ; il commandait dans le pays de Vitré et y resta après la première
amnistie, poar y maintenir l'esprit de révolte et y préparer les moyens
d'une seconde insurrection. Il fut arrêté en l'an V et conduit à Sainl-
Brieuc, oh il fut condamné comme déserteur. l\ parvint à se sauver et
se retira en Angleterre, où il suivit Puysaie au Canada. L'évêque d'Anus,
son protecteur, le fit revenir et le chargea de passer en France pour pré-
parer l'attentat du mois de Nivôse. Poursuivi par la police, il se réfugia
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NOTES DU GOmCAMDAMT HEBSKLAT 141
nalistes. qui cessèrent de prêcher la liberté et de calomnier;
il contint le bas peuple, qui fut enfin forcé de se tenir coi et
de se montrer content.
Le commandant du génie Hesselat, auteur de cette petite
relation, était originaire de Lunéville. Fort jeune il entra
dans rOrdre des chanoines réguliers de Saint-Augustin de
Ijorraine, et ses talents le firent nommer à une chaire de
physique au collège royal d'Epinal, tenu par les religieux de
son ordre. Il eut pour élève le royaliste Coster Saint- Victor,
qui mourut sur l'échafaud en criant : Vive le roi! La Révo-
lution surprit le chanoine Hesselat dans son modeste emploi
de pédagogue. Forcé de quitter son collège, il entra dans Tar-
mée en qualité d'officier du génie. Il fit toutes les guerres de
la République et de TËmpire et mourut en retraite à Stras-
bourg vers les dernières années du gouvernement de juillet.
Il annota les souvenirs et portraits de Charles Nodier (Paris
1844, in-S*") et la vie de ce savant conservateur de la biblio-
thèque de Tarsenal par F. Wey. Ses notes sont très curieuses,
non-seulement il donne des détails inédits sur des personnages
célèbres ; mais encore il s'y livre à une dissertation très savante
sur le langage de Técole romantique française, dont il se
montre Tadversaire déclaré.
Le commandant Hesselat dessina, en 18S0, la carte géolo-
gique des Vosges entre Belfort et Wissembourg (Catalogue
Heitz, n** S288, in-folio, Strasbourg). La bibliothèque publique
de la ville de Nancy possède de lui une belle aquarelle repré-
sentant Tabbaye des chanoines de Belchamp. Ce beau dessin
de nouveau chez les Anglais, qui lui payaient la solde de général de
division. Il rentra néanmoins en France par la falaise de Beville. Arrêté
peu après, il fut condamné à mort {Notice sur la vie, le caractère et
les crimes des principauœ assassins aux gages de V Angleterre, qui
sont traduits devant le tribunal de la Seine. Paris, Imprimerie
impériale, an XII).
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149 REVUE D'ALSACE
a été reproduit, rédait d'après un dessin de M. Louis Benoit,
par la gravure pour VBisloire de Fabbaye de Bekhamp^ par
M. H. Lepage (Nancy, 1867J. Une vue de Tabbaye de Chau-
monzey, près d'Epinal, du môme ordre, graçd in-folio, prove-
nant de lui, se trouve dans la collection A. Benoit à Berthel-
ming. A ce qu'il paraît, le frère Hesselat avait été chargé de
lever les plans des diverses abbayes de son ordre : collection
bien curieuse, si elle a survécu au torrent révolutionnaire.
Arthur Benoit.
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PIEFORT EN OR DE LA VILLE DE STRASBOURG
Le médaîUer grand-ducal de Carlsruhe possède, dans la pièce suivante,
un des produits les plus remarquables de la numismatique du XV« siècle :
t GROSSVS (lis) ARGENTINENS." Grande fleur de lis dans un
cercle à huit lobes et à double filet, dans les angles extérieurs duquel on
remarque des rosettes.
Rf. Double légende : f GLORIA • TN • EXCELS • DO • ET •
IN — TRA-PAX=:hOI=BVS(in terra pax hominibus). Croix pattée,
coupant le tout.
Or. Dm. 18'" — Pds. 53.15. Epaisseur : 4^8 millimètres.
Un piéfort en or fin, et qui, plus est, d^une épaisseur inusitée chez des
piéforts ! Il n^ a pas de frai, et pourtant les lettres ne présentent que peu
de relief. L'observateur le plus attentif n'y trouve rien qui révèle une
pièce coulée, bien que, comme il s'entend de soi, le flan de tout piéfort
doive être coulé avant d'être soumis à la frappe.
Les gros à ce type furent d'abord, suivant le protocole du Conseil de
Strasbourg, décrétés l'an 1395. Les spécimens de ces pièces, sans être abon-
dants dans les collections, ne sont néanmoins pas rares; mais ces derniers
terminent la légende de l'avers par le mot : argentiNENSIS (Berstett,
pi. IX, h^. 210) et non argentiNENS, comme notre piéfort. Seul, le
cabinet des médailles de l'Université de Strasbourg possède un exemplaire,
très rare apparemment, d'un gros avec cette abréviation. Il concorde,
au reste, entièrement avec le piéfort, mais sort d'un coin différent, ce que
démontre non-seulement la comparaison attentive des deux avers, mais
encore, au Rf. l'erreur du graveur, DT au lieu de ET (et, car sur les deux
exemplaires la barre de TE rond fait défaut). En outre, les lettres, sur ce
gros, offrent beaucoup plus de relief que sur le piéfort. Le gros pèse 3*11.
Si, comme cela ne parait pas douteux, il est vrai que les piéforts ser-
^ L'imprimerie ne possédant pas les caractères de l'époque, on a dû les remplacer
par les lettres grandes capitales.
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144 REVUE d'âlsacs
vaient au moyen-âge à^exagia, pour tenir lieu de poids dans Tajustage
d*une quantité déterminée de pièces pesées al marco — surtout là où
Ton procédait partout à Tajustage — le piéfort d^or aurait servi à peser
i8 pièces d^un gros, et le poids normal du gros aurait été de 2.96, question
que je laisserai en suspens, voulant parler ici du piéfort et non du gros.
Si les piéforts devaient servir seulement d^étalon pour vérifier le poids
moyen d*une quantité déterminée de pièces nouvellement frappées, il
pouvait être entièrement indifférent, comme cela arrive avec les anciens
poids, qu'ils fussent d'une substance ou d'une autre ; et de fait, il se trouve
que presque tous les anciens piéforts d'argent sont à un titre beaucoup
plus bas que les monnaies dont ils portent l'empreinte. Si, dans les ateliers
du moyen-âge, où l'on ajustait en masse, un grand nombre d'ouvrien
devaient travailler simultanément, et que par conséquent on avait besoin,
pour chaque c travail, > d'autant de piéforts qu'il y avait d'ouvriers, on a
dû en fabriquer un certain nombre concordant exactement entre eux, et
dès lors il est très probable que tous étaient copiés sur un piéfort-patron
confectionné à cet effet avec une grande précision. Aussi l'opinion avancée
par M . Brembach (conservateur du cabinet grand-ducal de Carlsruhe et
bibliothécaire en chef), que ce piéfort d'or a dû servir de piéfort-patron,
me semble très fondée.
H; GROTE.
{Blâtter/ur Mùnxjreunde, i*' octobre 1876, n® 55).
Traduit par Arthur Engel.
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Fae-ftimile «fane Componition
de E. ENSFELDËR. — 1866
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EUGÈNE ENSFELDER
1886-1876.
Eugène ËDsfelder^ qu'une mort prématurée a enlefé an
printemps de Tannée dernière, n*a pas été tout-à-fiiit un artiste
inconnu. Sans parler de ceux qui Tont approché et qui lui
gardent un souvenir fidèle, il est à supposer que, parmi ceux
qui s'intéressent de près au mouvement de l'art dans notre
province, il en est peu qui n'aient pas eu Toctsasion d'admirer
quelqu'une des compositions charmantes qui naissaient sous
son crayon. Mais le fait est qu'il n'est pas arrivé à la notoriété.
Dans un ouvrage récent consacré à l'histoire de l'art en
Alsace, son nom ne figure pas : pour le découvrir, il eût liillu
se donner la peine de chercher un peu. Une organisation
d'élite, un talent fécond et original a ainsi passé dans l'ombre
et dans le silence, sans éveiller jamais un seul de ces mille
échos de la renommée, si bruyants parfois autour de la médio-
crité. Gela peut sembler étrange à notre époque de publicité
à outrance, et on serait tenté de n y pas croire, si on ne savait
qu'il est de ces natures desservies par leurs qualités mêmes,
qu'un excès de finesse, de délicatesse, de modeste fierté relègue
presque forcément parmi les vaincus de la vie ; existenoes
douloureuses entre toutes, que le grand nombre ignore et qni^
pour ceux mêmes qui les approchent de plus près, restent
parfois des énigmes.
C'est pour soulever le voile d'une de ces énigmes, pour reven-
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146 REVUE D* ALSACE
diquer, dans la mesure du possible, la mémoire d'un artiste
qui, avec un peu plus de bonheur, eftt pris rang immédiate-
ment à côté de notre Zix, que œs pages ont été réunies.
Puissent-elles, aux amis d*Ensfelder, le rappeler tel qu'ils
l'ont connu et, à ceux qui n'ont pas été en rapport avec lui,
donner quelqu'idée d'un homme qu'on ne pouvait approcher
sans l'aimer, sans l'admirer, sans le respecter. De son œuvre
malheureusement inachevée et restée en grande partie anonyme
ou incomplète, il sera toujours difficile de réunir des suites
un peu nombreuses. Les pièces les plus belles sont dispersées
entre les mains des membres de sa famille, de ses amis et
d'un petit nombre d'amateurs. Cependant celles qui ont passé
dans le commerça, particulièrement les belles photographies
exécutées d'après ses compositions par M. Winter de Stras-
bourg, suffisent, jusqu'à un certain point, pour faire apprécier
l'artiste par le grand public. Quant aux vrais connaisseurs,
peut-être voudront-ils aller plus loin et, de même qu'ils savent
admirer Prudhon dans ses moindres vignettes, ne dédaigne-
ront-ilfl pas d'apprécier parfois sur une feuille de trois sous,
représentant les aventures dePeau-d'ftne ou du Petit- Poucet
quelques-unes des qualités d'un artiste qui, même dans ses
plus humbles productions^ a toujours su respecter son crayon.
Ce que, par contre, ja voudrais dégager ici^ ce que son œuvre
ne saurait dire, parce qu'il n'a pas eu le temps d'y donner
la plmne et entière mesure de lui-même, c'est l'homme, c'est
le charme de cet esprit finement humoristique avec une teinte
de mélancolie, très peu pfatique et passablement embarrassé
aux choses de la vie, mais riche et gracieux dans l'intimité
et d'une admirable rectitude dans le domaine de la pensée et
de la fantaisie, le seul où il fût vraiment à l'aise; c'est surtout
la haute valeur morale de cette nature réservée et d'une déli-
catesse un peu morbide, mais absolument sincère et honnête,
à la fois aimante et sévère, mais infiniment plus sévère à soi-
même qu'aux autres et, pour tout dire, d'une noblesse vrai-
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EUaÊNE BMSFBLDER 147
ment antique. Heureusement je ne suis pas réduit pour cela
à mes seuls 8ou?enirs : j*ai sous les yeux une longue et
nombreuse série de lettres, et j'y puiserai aussi largement
que me le permet le caractère tout intime de cette correspon-
dance. Je ne sais si Tamitié m'abuse; mais il me semble qu'on
ne peut lire ces fragments écrits au courant de la plume, sans
y surpendre pour ainsi dire les battements d'un noble cœur,
et sans être ému de cette persévérance, de cette droiture dans
l'effort vers le beau et le Lien.
Eugène Ensfelder naquit à Strasbourg, le 7 octobre 1886,
dans une de ces yieilles et honorables familles de la bour-
geoisie ouvrière, où se transmettent de génération en géné-
ration, comme le plus précieux des patrimoines, les vieilles
mœurs et l'antique probité. Dans ces intérieurs modestes, où
la première loi était de bien travailler et de bien vivre, il y
avait peu d'élégance profane, mais beaucoup de culture. Les
études savantes, sous leur forme, il est vrai, la plus austère,
y avaient presque toujours leur place faite à côté des profes-
sions manuelles. C'est ainsi qu'Ensfelder avait eu pour oncle
maternel le savant théologien J.-J. Bochinger, mort jeune
comme lui, mais déjà célèbre ; un autre de ses oncles était
pasteur; son père était boulanger. Il fit ses études au Gymnase
protestant de Strasbourg. Les loisirs qu'elles lui laissaient,
mais les loisirs seuls, étaient dès lors consacrés au dessin,
pour lequel il avait, dès Tenfance, manifesté le goût le plus
vif. C'était là, du reste, un trait héréditaire : son oncle, son
père, ses frères, tous les membres de sa famille manient ou
ont manié le cayon, quelques-uns avec un fort joli talent
d'amateur. L'enseignement du dessin au Gymnase venait alors
d'être confié à un mattre distingué, Charles Schuler, le gra-
veur de la Fille de Jephléetdela Vierge duCorrége. Sous son
impulsion, l'ancienne routine, qui consistait à faire des séries
interminables d'yeux, de bouches, de nez, d'oreilles, pour
arriver finalement à des tètes qu'on ombrait péniblement au
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148 REVUE d'àlsace
crayon sans Taide de l'estompe, fut remplacée par des procédés
plus expéditifs et par une méthode plus rationnelle qui, en
plaçant de suite Télëve devant un ensemble de formes vrai-
ment significatif et en lui fournissant le moyen de reproduire
lestement le modèle, Thabi tuait à bien voir et à raisonner
son travail. Ensfelder ne profita pas de cet enseignement. Il
avait débuté dans un cours privé dirigé par un mattre d'école
au Temple-Neuf du nom de Dietrich, brave homme un peu
bossu, qui ne savait pas grand'chose lui-même et sous la
férule duquel plusieurs générations de bambins ont appris à
noircir du papier. Par une sorte de piété envers un maître,
qui avait instruit tous les enfants de la famille, les parents
d'Ensfelder le maintinrent dans ce cours, bien que, de l'aveu
môme du professeur, il n'eût plus rien à y apprendre, et nous
le voyons ainsi^ dès ses premiers pas, condamné à la rude
tâche de tout tirer de lui-raênie. Il est vrai qu'il perdait moins
qu'un autre à cette sorte d'apprentissage. Sa merveilleuse
facilité à saisir l'expression plastique des objets a toujours été
doublée d'une certaine répugnance à adopter des procédés
tout trouvés et de pure facture. Si, dans la suite, il a eu
vraiment à pâtir du manque de direction, pour le moment, il
devinait aisément le peu dont il avait besoin, et il marchait
d'autant plus sûrement que, de ce qu'il faisait, tout était bien
dûment à lui. Ses premiers essais lui avaient, du reste, valu
unepetitecélébrité sur les bancs duGymnase. Ils avaientmême
paru assez remarquables à un de ses maîtres, M. Schweig-
hâuser, qui pratiquait lui-même le dessin avec distinction,
pour que celui-ci le chargeât en Troisième de tracer, sur une
grande feuille de vélin, les figures des divinités de l'Olympe,
afin de s'en servir comme tableau explicatif dans ses leçons
de mythologie.
Cependant vint le moment où, reçu bachelier, il s'agît pour
lui de faire choix d'une carrière (1854). Il émit naturellement
le désir de se vouer à la peinture; naturellement aussi œ
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EUOâNE EN8FELDSR 149
rœa fut accueilli à peu près comme celui de Boileau de se
faire poëte. La demande parut à sa famille si étrange, si con-
traire aux traditions bourgeoises, elle évoqua un tel idéal
d'une vie de désordres et d'aventures besc^neuRes, quen fils
obéissant, Ënsfelder dut céder, et il fut décidé qu'il ferait ses
études de théologie. La soumission était méritoire ; les consé-
quences en furent déplorables. On ne peut songer sans un
amer regret à l'avenir qui s'ouvrait alors à ce talent vigoureux
et original, s'il était entré dans la carrière à temps et par la
vraie porte. Mais c'étaient là dès prévisions, auxquelles le
préjugé autour de lui ne laissait point de place, et que lui-
même, du reste, dans sa modestie, eût été le dernier à se
permettre. Aussi fut-ce sans répugnance et sans se douter de
rétendue du sacrifice qu'il faisait, qu'il continua ses études
dans la direction indiquée par la volonté paternelle. Tout en
s'y livrant d'ailleurs avec l'assiduité consciencieuse qu'il met-
tait à toutes choses, il n'abandonnait pas le dessin, et il lui
restait la ressource de cultiver en amateur un goût qu'il avait
à tort, pensait- il, pris quelque temps pour une vocation. Ses
croquis, parfois faits au cours, continuèrent à être appréciés
de ses condisciples sur les bancs de la Faculté, comme ils
l'avaient été sur ceux du Gymnase, et il fut bientôt l'illus-
trateur attitré de tous les incidents de la vie académique.
Parmi ses professeurs, M. Baum se plaisait tout particulière-
ment à l'encourager. C'est ainsi qu'il lui prit une série de
compositions ayant pour sujet la chanson populaire allemande
Prinz Eugm der edle Bitter^ qu'il se chargea lui-même de
bire graver dans un institut xylographique de Munich. Mais
dans l'intervalle survint la guerre d'Italie, et Ënsfelder retira
ses dessins, ne voulant pas glorifier, même en plaisantant,
un général autrichien. Deux autres dessins publiés de lui,
remontent à peu près à la même époque : la reproduction si
finement archaïque du portrait de Butzer, qui sert de fron-
tispice à l'ouvrage biographique consacré par M. Baum à ce
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160 RBVUB D^ALSAGB
réformateur ^ et une grande planche lilhographiée à la plume,
représentant TAdoration des mages, dans un style qui rap-
pelle celui du vieil art allemand. Eu 1869, il termina ses
études par une thèse sur le socinien Christophe Ostorodt :
yers la fin de la même année il partit pour Genève, afin d*j
étudier de plus près, avant de se consacrer au ministère pas-
toral, les méthodes d'enseignement et Thistoire du protestan-
tisme français.
C'était la première fois qu'il sortait du cercle étroit de la vie
de famille et qu'il perdait de vue la flèche de la cathédrale.
C'est le moment aussi où commence notre correspondance. A
Bftle, il admira en passant les belles collections de tableaux
et de dessins du musée, en particulier les séries si riches des
Holbein :
rai beaaooap admiré les portraits de Holbein. Je n'ai jamais rien vu
d'aussi franchement fait, avec autant de finesse et d'esprit. U m'a semblé
voir le maître à l'œuvre, avec son entrain et son regard Jovial, commu-
niquant son esprit aux bonnes figures des dames, demoiselles et boni^
geois de fi&le, ennuyés de poser, si tant est qu'ils aient eu le temps de
s'ennuyer. Ses grandes compositions portent trop le cachet gothique pour
avoir pu me plaire à une si rapide inspection. La main d'oeuvre m'a
frappé par sa finesse et sa transparence ; mais je crois avoir vu d'antres
passions de l'ancienne école allemande, qui m'ont fait plus d'impression.
J'aime mieux, beaucoup mieux, les gravures de Durer.
U sortit de là si préoccupé qu'il ne songea pas à prendre
soin de sa malle, et qu'il arriva à Tverdon avec ses impres-
sions pour tout bagage. Mais qu'était-ce que ces ennuis pour
un artiste de 28 ans, voyageant pour la première fois en vue
du Jura et des Alpes? Une belle après-midi d*automne lui
permit d'admirer, dans tout leur charme, les sites variés de
la route avec leur iocoroparable horizoti formé par les mas-
sif rocheux de Berne et de la Gruyère. Seules, les plus hautes
sommités étaient cachées par des nuages, et ce n'est qu'à
' L'original, conservé à la bibliothèque du Séminaire, a péri dans la
nuit du 2i-2f; août 1870.
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EtJOÉNE BN8FELDER 151
Genëye que les Alpes devaient se montrer à lui dans leur
pleine majesté.
Depuis que le suis ici, il n'a pas cessé de pleuvoir et de oeiger. Enfin
j'ai eu deux jours de soleil. Je me suis cherché un beau point de vue
sur le rempart et j'ai vu des choses d'une beauté indescriptible. A gauche
le Jura, devant moi le lac, derrière moi la côte par delà Carouge, à
droite le Salève et les Alpes. Tout cela blanc et argent et d'une finesse,
de couleur admirable. J'aurais voulu avoir des yeux tout autour de la
tête et me laisser pénétrer de tous les côtés par toutes ces beautés à la
fois. En été, ce sera un autre genre de beauté, plus saisissable peut-être ;
mais ce ne sera pas plus beau .
Tout le semestre qu'il passa à Genève fut consacré à Té-
tude. M. Scherer achevait alors son évolution théologique et
le jeune candidat assista avec curiosité à ce^ luttes passion-
nées et brillantes, qui contrastaient si singulièrement avec les
allures paisibles et strictement scientifiques de Técole de
Strasbourg. De retour en Alsace, il remplit les fonctions de
vicaire successivement à Hausbergen, à Sainte-Aurélie, au
Temple-Neuf et enfin à Bouxwiller (1860).
A ce moment Ensfelder pouvait bien se croire le maître de
sa vie. De fortes études Pavaient muni d'un ensemble de
connaissances solides et bien digérées. Il savait fort bien les
langues anciennes, y compris Thébrea, et des lectures judi-
cieusement conduites l'avaient initié à plusieurs littératures
modernes. En théologie, son savoir dépassait le niveau moyen;
sur plusieurs points même, comme eu témoignent quelques
travaux d'exégèse publiés par lui dans des Revues spéciales,
ce savoir atteignait à l'érudition. Les premières difficultés qu'il
avait rencontrées dans la pratique de la chaire (il n'avait pas
le tempérament oratoire), étaient vaincues et, sans ressentir
un goût très vif pour le ministère pastoral, il le considérait
avec un respect profond et y apportait cette sérénité austère
que donne le sentiment du devoir accompli. Il ne songeait
plus à l'art en tant que carrière, mais comme distraction
destinée à embellir ses loisirs, comme source de jouissances
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152 BEVUE D*AL8ACE
intimes, il le chérisMît plus que jamais. Il crut ainsi, pendant
quelque temps, pouvoir concilier cette double vocation, celle
que les circonstances lui avaient faite et celle que la nature
même avait mise en lui. L'illusion dura une année, la plus
heureuse de sa courte vie, et elle devait finir par un déchire-
ment profond.
Avant de le suivre toutefois dans cette phase décisive de
son existence, il convient de jeter un regard en arrière et
d'essayer de préciser la nature de son talent, ainsi que le point
de perfection relative auquel il avait pu le porter durant ces
années de travail solitaire. Jusqu'à ce moment il n'avait eu
aucun rapport avec des artistes. C'est assez dire que toute
cette partie de l'art, qu'on peut appeler le métier, ne lui était
que très imparfaitement connue. Personne ne l'avait initié à
ces recettes d'exécution qui , une fois trouvées, paraissent
élémentaires, mais qui n'en sont pas moins le résultat de
longues expériences, ni à cette science compliquée et délicate
qui préside aux conventions, règle le choix des procédés et
en prévoit les ressources. II avait bien mis à profit toutes les
occasions qui s'étaient offertes à lui d'étudier le travail des
maîtres (on n'avait pas encore les admirables fac*8imile, que
la photographie a multipliés depuis), et il s'était même fait
ainsi une certaine érudition artistique. Mais, s'il avait vu un
certain nombre d'œuvres d'art toutes faites, il n'en avait
jamais vu faire. Il n'en était pas moins parvenu à se servir avec
une certaine habileté de la mine de plomb, du crayon noir,
du fusain, de la sanguine. Il avait deviné quelques-uns des
procédés de la sépia et de l'aquarelle, et il savait d'une façon
ingénieuse en varier et en combiner les effets. Aussi le peintre
Gh. Marchai, qui se trouvait alors à Bouxwiller, le premier
artiste peut-être qui ait vu une série de compositions d'Eus-
felder, n'en revenait-il pas : < C'est prodigieux, disait-il, ce
garçon a réinventé le dessin. » Mais combien cette éducation
acquise dans Tisoiement présentait de lacunes, uo fait seul le
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ECGÊNB EN8FELDER IfiS
fera comprendre : la production des effets qu'on obtient à
l'aquarelle en utilisant de diverses manières les refus du
papier, lui avait longtemps donné une peine inutile, et il fallut
qu'un apprenti amateur, incapable de poser le moindre bon-
homme, lui en -apprit par hasard le procédé.
Mais à travers cette exécution imparfaite, l'invention jail-
lissait vive, profonde, intarissable. Après un léger travidl
d'incubation, la conception pittoresque d'un sujet se dégageait
dans son esprit si nettement, qu'elle se traduisait pour ainsi
dire d'elle-même sur le papier en formes arrêtées et 'harmo-
nieuses; et ce n'est pas trop dire que d'affirmer que, pour
les deux qualités maîtresses en dessin, le sentiment du mou-
vement et celui de la composition, il n'a eu à peu près rien
à apprendre. J'ai sous les yeux des croquis datant de sa jeu-
nesse et quelques-uns de son adolescence : sous ce double
rapport, ils sont tous à peu près également parfaits. Les figures
peuvent manquer d'élégance, elles sont parfois incorrectes
dans certains détails, plus souvent encore d'un modelé insuf-
fisant; mais elles sont posées et mouvementées d'une ikçon
irréprochable et disent bien chacune ce qu'elles ont à dire. La
même qualité s'observe dans le rapport de plusieurs figures
entre elles, ce qui est la composition. Id encore l'essentiel
est saisi avec la sûreté infaillible de l'instinct. Aussi, tous
ces dessins s'expliqueat-ils. Seulement il peut arriver à l'en-
semble la même chose qu'aux parties : tout cela étant dessiné
de fantaisie, sans la présence du modèle et, au début surtout,
avec un savoir analomique insuffisant, si le sentiment qui
guide le crayon vient à se voiler quelque part, il y a des
chutes profondes, et un accessoire raté ne l'est jamais à demi.
Ces défauts du reste, conséquences forcées de son éducation
d'autodidacte, s'étaient beaucoup corrigés dans le cours des
années. Déjà à Strasboui^ il avait étudié l'anatomie dans les
livres et il avait cherché même à se renseigner sur le cadavre.
A Bouxwiller, sur les conseils de Gh. Marchai, il s'appliqua à
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154 BBYUE D'ALSAOE
dessiner autant que possible d'après le modèle, ou du moins
à ne mettre ses idées an net qu'après s'être entouré de ren-
seignements pris sur nature. Ce séjour de Bouxwiller lui fut
particulièrement profitable. Les loisirs que lui laissaient ses
devoirs professionnels, les avis et l'exemple d'un peintre dis-
tingué, le contact intime et permanent de la vie champêtre
qui lui révélait sa véritable voie,^ tout l'y invitait à l'étude et
à un travail de paisible production. Jusque là sa fantaisie s'é-
tait exercée sur les sujets les plus divers. Tout en nourris-
sant une certaine préférence pour les scènes de mœurs intimes
et familières, il avait subi profondément l'influence de DQrer,
dont il avait beaucoup étudié l'œuvre gravé. Le tour de pensée
allégorique et la naïve grandeur du style de ce maître avaient
puissamment agi sur son esprit méditatif et sur son imagi-
nation tout imprégnée de poésie. Dans ses cartons il doit se
trouver plus d'une composition inspirée de ce sentiment et
dans laquelle il se montrait dès lors un disciple non indigne
d'un tel mattre. Je citerai particulièrement une mêlée
de guerriers du moyen-flge,au milieu de laquelle la Mort, l'é-
ternel faucheur, exécute une ronde furieuse, abattant hommœ
d'armes et chevaliers, ainsi qu'une série de dessins sur les
NiAekmgmy du plus grand style et dont quelques-uns auraient
à peine besoin d'être retouchés pour donner du prix à une
édition. II se promettait bien de reprendre un jour ces ébauches,
quand il pourrait les traiter avec une science plus avancée.
Pour le moment il fit sagement de renoncer à ces fantaisies
hautaines, pour s'en tenir à la réalité plus humble qu'il avait
sous les yeux. L'eofance avec ses jeux et son langage de
gestes si expressif et si gracieux, la vie des champs et du
village si variée sous son apparente monotonie et conservée
si originale dans ce coin de TÂlsace, celle du juif des cam-
pagnes à la fois si mêlée et si étrangère à tout ce qui l'en-
toure, celle des ambulants et des bohémiens qui, dans ces
montagnes, ont encore leurs villages dont ils sont les seuls
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EUQÉMS BNSFBLDBB 155
habitants, fournirent bientôt à son crayon une suite inépui-
sable de motifs pittoresques et gracieux. Il se sentit aussitôt
sur son vrai terrain dans ce petit monde, et il se mit à le
reproduire tel qu'il s'offrait à lui, sous tous ses aspects, dans
son élément jovial et comique, comme dans sa simple et par-
fois touchante poésie, avec une finesse et une vérité d'expres-
sion, avec une originalité et une saveur de style qui, aux
yeux de tout connaisseur, devaient compenser et au delà les
iDSufBsances trop réelles de l'exécution. Par leur fraîcheur
et leur grâce naïve ces études rappelaient les vignettes de
Ricbter, avec un sentiment plus compréhensif toutefois que
celui du dessinateur allemand, dont les compositions ne
rendent à peu près qu'une note; tandis que pour la finesse
de l'observation et la franche bonhomie elles supportaient la
comparaison avec les meilleures scènes de mœurs que nous
ait laissées le crayon de Zix. Aussi, bien que la reproduction
des mœurs et des costumes de nos campagnes en soit arrivée
depuis à constituer tout une branche de notre art contempo-
rain, je n'hésite pas à dire que, de tous nos artistes, c'est
Ënsfelder qui me paraît avoir le mieux compris le paysan
alsacien.
Ces études champêtres l'amenèrent naturellement à tra-
vailler le paysage ^qu'en vrai citadin, il avait complètement
négligé jusque là. J'ai eu la bonne fortune d'être son compagnon
bien indigne dans ce nouvel apprentissage, où, comme en tout
le reste, il n'a eu encore que la nature pour maître, et je
puis assurer que ce fut un curieux spectacle que celui de
cette sorte de conquête, pour laquelle il lui fallut tout impro-
viser. Tous ceux de notre génération, pour peu qu'ils aient
tenu un crayon, ont épelé du Galame : pour lui, il arrivait
sur le terrain l'esprit aussi vierge de toute convention, aussi
blanc que le papier qu'il étalait sur ses genoux. Bien des
jeudis furent ainsi employés à battre la montagne et la plaine,
depuis Licbtenberg jusqu'à Saverne. Nous partions de grand
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156 BEVUE D'ALSACE
matin et ne revenions que tard dans la nuit, rapportant, moi,
d'affreux barbouillages, en dépit de mes souvenirs de Galame,
lui, de belles et sages études, dont chacune était en progrès
sur les précédentes et dans lesquelles il réinventait peu à
peu le dessin du paysage. A la fin de la campagne, il avait
résolu à sa manière Tembarrassant problème, qui consiste à
reproduire avec un peu de noir sur du blanc Tinfini de formes,
de tons et de couleurs qui s'offre à nous dans le plus humble
site. Que sont devenus les dessins de cette époque et bon
nombre, hélas ! de ceux des années qui ont suivi ? Tout cela
dort dans ses cartons^ sans doute à jamais, et, en m'acquit-
tant du soin pieux de recueillir ces souvenirs, je reste avec
la tftdie étrange, mais plus triste encore qu'étrange, de parler
d'un artiste sans pouvoir référer à son œuvre.
Pour le reste de son séjour à Bouxwiller, il suffira d'annoter
quelques fragments de ses lettres. Us diront mieux que je
ne pourrais le faire, quel fut son genre de vie et ce qu'il
pensait lui-même de sa situation à mesure qu'elle vint à se
modifier.
Décembre 1861.
. . . J'ai fini les Wanderjahre de WUhelm Meister. Mes souvenirs sont
beaux, mais la lecture même ne m'a pas toujours vivement attaché. Je
trouve la forme trop froide pour des inventions aussi magistrales. Gela
tient-il peut-être à ce qa'W n'y a pas de premier plan dans ce livre? ou à
moi-même? ou à un parti pris de Goethe d'analyser, avec le plus de sang-
froid possible, les situations les plus belles? J'en jugerai après une seconde
lecture.
Depuis ton départ je suis souvent des demi-semaines sans voir
d'autres figures que celle de l'excellente famille R., de Grethel et de
7 grands polissons ignorants que j'ai distingués dans la leçon de religion,
et auxquels je donne tous les jours de il à midi une leçon de lecture et
d'humanité. Je ne m'ennuie pas et je m'habitue de plus en plus à cette
vie. Je dessine en ce moment une scène d'intérieur, où je mettrai des
ombres très intenses au crayon, en observant les effets dans ma chambre
même, récris des articles dans le Lien, en réponse à M. K.. et je reprends
la question contre M. R. M. R. se défend comme un homme qui a tort
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EUGÈNE BN6FBLDER 157
et qui veut absolument avoir raison. Enfin, j'écris un conte allemand que
je placerai peut-être un jour quelque part. J'ai Tesprit tout plein de sujets
dMllustratîon et d'un sermon que je dois prononcer dimanche prochain.
Je relis Wilhelm Meister et j'étudie des articles de théologie. Je suis très
heureux dans cette suite d'occupations, qui ne me pressent pas trop et je
ne demanderais pas mieux que de mener longtemps cette vie là, si, au
rebours d'un mot fameux, je ne me disais quelquefois en me voyant vicaire
et en songeant à la position de pasteur : « Si je n'étais pas Diogène, je
ne voudrais pas être Alexandre »
Mars 180).
Certaines dames me plaignent de n'avoir pas encore saisi le Sei-
gneur, d'autres trouvent que B. et moi nous n'avons pas le Saint-Esprit.
Il y a dans la chanson des Gendarmes un mot profond, qui m'est plus
d'une fois revenu à l'esprit ; le brigadier dit à Pandore: «C'est un métier
bien diflQcile» — sous-entends de contenter 200 à300auditricesdontcha-
cune se croit compétente, parce qu'elle devrait l'être. Tu mets toute ton
âme dans un sermon, car je t'assure que je suis très sincère dans mes
prédications, tu donnes les preuves les plus frappantes de ton expérience
en matière religieuse, tu crois tes idées assez fortes pour ne pas vouloir
le rattraper sur l'omemenl, et pour oser ramasser l'expression avec laco-
nisme, — pour certaines âmes pieuses tout cela vient du diable. Je suis
maintenant persuadé que, de mêide qu'il y a des natures fermées pour la
musique ou telle autre spécialité, il y en a aussi qui le sont pour l'idéal
humain. Il y a pourtant M. X., qui trouve que j'ai des idées raisonnables.
Mais M. X., comme plusieurs autres, a une sainte horreur du sanctuaire.
Je crois cependant qu'il y a plusieurs personnes suivant d'habitude les
prédications, surtout des gens du peuple, qui ont un peu de confiance en
moi. Je crois qu'à SouUzbach et à Uttwiller aussi on m'aime.
Je dessine beaucoup; je cherche autant que possible à ombrer avec une
seule couche de traits, sans jamais les superposer. Mes figures commencent
à sortir du cadre, et je cherche à exprimer la nature des objets en variant
le genre du travail. Je suis rarement satisfait de ma besogne. Je n'ai
encore rien envoyé à S. Pour avoir de mes dessins, il faudrait qu'il fût
ici, pour mettre la main dessus dès qu'ils sont finis. Car il m'arrive régu-
lièrement que je m'en dégoûte, s'ils restent 3 jours en porte-feuille. Cela
me prouve que je suis encore très loin d'une certaine perfection même
très relative.
Il est inutile d'ajouter que, quand il écrivait cette lettre, il
restait bien peu de chose de rillusion dans laquelle il avait
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158 REVUE d'als\ge
vécu d'abord. Mais il importe peut-être de faire observer qu'à
ses yeux, en tout ceci, ses opinions théologiques n'étaient
nullement en cause, qu'il n'y avait point là pour lui une
question de conscience; car, dans ce cas, il n*eût pas hésité
un seul instant. Il n'avait pas l'esprit assez sec pour être un
simple rationaliste. Il était sceptique sur bien des points,
comme tout le monde l'est plus ou moins, et, peut-être, l'était-
il un peu plus que d'autres. Mais il avait l'âme profondément
religieuse. L'année suivante^ quand parut la Vie de Jésus, la
lecture de ce livre le froissa plutôt qu'elle ne le satisfit, et
une longue lettre qu'il m'écrivit à ce sujet, se termine ainsi :
Le livre de Renan m'a donc on peu dépaysé. Beaucoup de pages qui
peuvent être fort belles, m'ont laissé froid. ... Ce livre m'a confirmé dans
quelques doutes et a ébranlé quelques-unes de mes idées. Mais> comme
je suis de ma nature assez immobile, il foudrait bien des livres semblables
pour me faire avancer ou reculer quant aux choses que Je regarde comme
Tessentiel. Pour moi, le choc n'a pas été assez violent ou, ^plutôt, il a
passé à côté de moi.
n s'était fait, en effet, un idéal religieux tout de conscience,
sur lequel la critique dogmatique ou historique avait peu de
prise, une sorte de stoïcisme chrétien, qui lui semblait devoir
suffire à la «vie religieuse d'autrui, comme il suffisait à la
sienne. Qaand, à tort ou à raison, il crut s'apercevoir qu'il
s'était trompé, il en fut profondément découragé et il n'envi-
sagea plus qu'avec une sorte de crainte la pensée d'avoir un
jour charge d'ftmes.
D'autre part, il faut bien le dire, le démon de la vocation
l'avait ressaisi plus qu'il ne se l'avouait peu^être. Durant ces
longues heures d'études, il avait trop joué avec le feu pour
ne pas s'y brûler. UlUustration avait publié plusieurs de sen
dessins ; d'autres, par l'entremise de Gh. Marchai, lui avaient
été pris par des marchands ou des amateurs de Paris. H était
entré en relations avec la maison Hetzel. Des personnes com-
pétentes lui faisaient l'honneur de lui adresser quelques cri-
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RUGÉNë £NSF£LDfiR 1Ô9
tiques qu'il acceptait avec reconnaissance, et une plus grande
quantité d'éloges dont il rougissait, mais qni lui donnaient
courage. Cependant il hésitait encore : à la seule pensée de
la douleur que sa rupture avec la théologie causerait à ses
parents, il chassait loin de lui ces rêves. Pour le décider, il
fiillut que ce qui n'était pas d*abord une question de scru-
pules en devint une et qu'il se vit sous le coup de la parole:
« tu ne saurais servir deux maîtres à la fois ». — < Je des-
sine trop pour un pasteur, écrit-il en décembre 1862 ; je monte
en chaire avec déplaisir; ce n'est plus mon endroit >. Dès ce
moment son parti fut irrévocablement pris, et sa détermination
de se retirer du ministère pastoral, communiquée à sa famille
et à ses chefs immédiats.
En comparaison de la lutte intérieure qu'il venait de subir,
les soucis qu'entraînait sa résolution étaient chose légère.
Cependant il ne se méprenait pas sur les difficultés de la situa-
tion. Ensfelder était fier; il entendait se suffire à lui-même
à bref délai et demander le moins possible aux sacrifices que
sa famille, une fois ses scrupules connus, était toute prête à
faire pour lui. En même temps il était modeste : il savait
qu'il lui restait beaucoup à apprendre; que, si ses esquisses
étaient, comme on le lui disait, d'un maître, ses dessins achevés
paraissaient parfois ceux d'un élève. Il sentait qu'il n'avait
pas le foire joli, que ses productions avaient plus de chance
de frapper un connaisseur qne de plaire au public, et, comme
il avait conscience de sa valeur, il savait aussi qu'il est telles
exigences par lesquelles il ne passerait pas. Enfin, malgré
son peu d'expérience de la vie, il avait le pressentiment que
celle dans laquelle il allait entrer, ne serait pas facile et, s'il
était bien sûr de n'y jamais jouer le rôle du loup, il ne l'était
pas autant de ne pas faire parfois celui du mouton. Les firag-
ments suivants, qui sont des premiers mois de 1868, quand
son départ pour Paris était chose décidée, reflètent une partie
de ces sentiments :
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160 REVUE D'ALSACE
Je sais que je ferais mieux que le dessinateur qui a illustré. . . . , et
peut-être pourrai-je faire assez bien pour être remarqué de quelques-uns.
Je ne vois que trop ce qui me manque. Je crois cependant que quand j'en
saurai dix fois plus qu'actuellement^ je pourrai compter avec quelques-
uns qui gagnent leur vie. Mais je n'oublie jamais que la chance y est
pour beaucoup et j'ai toujours un peu peur de l'avenir.
— Je réponds que j'entends n'être publié qu'à la condition de n'être
pas réduit ou, du moins, pas de beaucoup. Mes dessins n'étant pas des
ornements qui sont joli^ grands ou petits, la réduction effacerait les qua-
lités qui peuvent s'y trouver, tout en laissant les défauts, et il n'y aurait
plus rien que je pusse signer.
.... J'admets pleinement la critique de X.. pour ce qu'il t'a dit de ma
facture. Quant à ce qu'il a dit de la forme, je l'interprète à ma manière,
et je t&cherai d'en tirer mon profit. Je sais que mes figures sont tantôt
lourdes, tantôt chétives, et je crois que la forme est la partie du dessin
qui demande le plus d'études et de tâtonnements. Prends mon exemple
pour ce qu'il vaut : j'ai sous les yeux un dessin de Delaroche '(j^une) et
un autre de Léopold Robert, qui, sous le rapport de l'harmonie, de la
proportion, de la rondeur achevée des formes, sont tous deux critiquables.
Je me console donc et j'espère faire des progrès. Mais je doute fort qu'on
ait entendu la chose de cette manière, et je crois qu'on me demande des
paysans comme il s'en fabrique à Nuremberg, ou comme on croit qu'ils
sont à Baden-Baden. Or, jamais je ne pourrai sacrifier à ce point mon
sentiment aux capitaux d'un marchand, ni au goût d'un certain public.
Voilà où l'on en est comme débutant. La critique a raison ; j'ai raison
aussi dans l'éloge que je me donne. Je ne puis ni me reconnaître pour
battu, ni me résigner, ni me contenter moi seul de mon ouvrage.
.... Mes dessins me donnent beaucoup de peine : chaque fois qu'un
des derniers me réussit, il annule, à mes yeux, tous les autres. En ce
moment j'en ai 3, dont je suis satisfait et je refais les autres. Par moments
la vraie gatté me fait défaut, et alors je ne fais que de misérables choses^
dont je suis honteux le lendemain. J'ai perdu de ma facilité; mais je pense
avoir gagné en un autre sens, et je crois que cette année, dans le courant
de laquelle je n'ai presque rien achevé, n'a pas été perdue. Ce que je
cherche le plus pour le moment, c'est la forme que je tâche d'ennoblir de
plus en plus, et qu'il faut que je dégage d'une certaine lourdeur pour
laquelle j'ai un grand penchant. Pour la facture, je tâche de la simplifier
le plus possible et d'en éloigner toute trace d'hésitation et de gêne. Tu
comprends que tout cela n'est pas très facile et pas toujours amusant.
C'est bel et bien du travail. En attendant que toutes ces qualités soient
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BUOÉME BN8FELDEB 161
passées à l'état de nature, il faut vouloir les posséder. Il faut, en outre,
que reffort d'intention ne se traduise pas par de la raideur. A ces con-
ditions Tart, s'il m'est permis d'employer le mot, est une occupation salu-
taire. Si j'étais Périclès, je prierais les dieux immortels de me renouveler
chaque matin le sentiment des convenances artistiques et des formes pures.
Tu trouveras ceci bien lyrique pour ce que je fais, et moi-même je ne
sais pas trop à quoi je dois m'attendre pour le plus prochain avenir;
mais j'ai confiance pour plus tard.
Son départ de Bouxwiller, qu'il désirait hftter le plus pos-
sible, fut retardé pour diverses raisons, gui ne dépendirent
pas de lui, et ce ne fut qu'en novembre 186S qu'il arriva à
Paris.
Il avait alors 27 ans et sa situation était bien différente de
ce qu'elle eût été dix ans plus tôt. Les chemins où l'ado-
lescent eût marché d'un pas léger, étaient en partie fermés à
l'homme MX. Il arrivait sans expérience, avec une éducation
inégale et imparfaite, entretenant des espérances bien limi-
tées, il est vrai, et bien timides, mais qui répondaient en
quelque sorte à un engagement pris envers lui-même; tout
cela à un ftge où les mécomptes sont dangereux, et avec un
caractère le mieux fait à la fois pour en savourer toute l'a-
mertume et pour les rendre inévitables. Car, il faut bien le
dire, ce stoïcien si fort contre les choses, était une vraie sen-
sitive dans ses rapports avec les hommes. Un rien le troublait
et le mettait à la gêne, et des offres de service l'embarras-
saient autant et plus peut-être que des refus. Tout son être
était imprégné d'une réserve, d'une timidité, d'une sorte de
pudeur d'un charme infini dans l'intimité, mais qui le livrait
désarmé aux luttes de la vie. Gomment s'y serait-il pris pour
frapper aux portes, lui qui osait k peine franchir celles qui
s'ouvraient d'elles-mêmes à lui? Que pouvait-il entendre à
l'art de se créer et d'entretenir des relations, quand la moindre
démarche intéressée lui apparaissait comme une sorte d'hu-
miliation ? Au plus léger soupçon de réclame ou de protection,
il tournait bride; il ne savait ni faire nattre les occasions, ni
Nouvelle Série. — 6* Année. 11
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162 REVUE D'ALSACE
porter sa marchandise au marché. D'ailleurs, en dépit de sa
résolution d'en yiyre, é(aient-ce au fond des choses réellement
vénales que ces créations où il mettait toute 8on ftme, et n'é-
tait-ce pas, en quelque sorte, trafiquer de lui-même que de
les proposer au plus offrant? J'ai la certitude que, s*il se fût
bien interrogé là dessus, il eût trouvé ce sentiment au fond
de lui-même et, qu'il en eût conscience ou non, cela seul
suffisait pour le mettre mal à l'aise. Bien plus tard encore,
quand il fut aguerri à cet égard, ses dessins les mieitx réussis
ont toujours été ceux dont il savait qu'il ne retirerait aucun
profit.
Je n'entrerai pas dans le détail de ses mésaventures pari-
siennes, encore qu'il y eût des choses curieuses à en dire, et
comme il ne pouvait en arriver qu'à lui. Il suffira de savoir
que son espérance de se créer une position indépendante fut
en partie déçue et qu'il eut à passer des moments de tristesR
accablante; moments où il souffrit d'autant plus qu'il était
bien trop clairvoyant pour chercher ailleurs qu'en lui-même
la cause, non pas unique (car il n'eut pas toujours à se louer
des hommes), mais principale de son insuccès. Par contre, il
travailla beaucoup : il apprit à faire le bois, il s'essaya à l'eau-
forte et commença, mais sans succès, à peindre à l'huile. Son
sentûnent de la couleur était fin et juste, mais manquait de
vigueur et, si je puis dire, de tempérament. Aussi est-il peu
probable que, même avec un apprentissage mieux dirigé (car en
ceci encore il n'eut d'autre maître que lui-même), il fût jamais
arrivé à mieux qu'à une sorte d'enluminure. Pour tout le
reste son talent acheva de se former et de mûrir, et son hori-
zon artistique s'étendit singulièrement par le spectacle des
expositions, par la fréquentation de quelques ateliers, surtout
par celle du Louvre. Heureux s'il était venu à Paris avec ce
seul but devant les yeux! Si, mieux avisé et comprenant que
pour le moment il s'agissait de semer pour récolter plus tard,
il avait abandonné à des tiers et pour le jour où il se serait
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senti prêt dix fois pour ane, le scia de démarches poar
lesquelles il n'était pas fait. Sans retarder d'an jour peat-être
le moment ardemment désiré où il pourrait se suffire par
son travail, il se serait épargné des expériences qui, si elles
n'aigrirent pas son caractère, si elles ne le rendirent ni jaloux
ni méchant, ce qui était impossible, le froissèrent jusqu'au
fond de l'âme et lui inspirèrent une défiance de lui-même
bien voisine du découragement. — De sa correspondance de
cette époque je détache, par ordre de date, les fragments sui-
vants : peut-être en goûtera-t-on, autant que moi, la touche
ferme et nette, et y trouvera-t-on plus d'un passage dont un
critique d'art pourrait faire son profit.
NoTembre I86S.
J'ai trouvé de suite après mon arrivée une chambre bien éclairée au
3* étage. H est vrai que les meubles ne sont plus dans leur première jeu-
nesse; il en est même que rage a rendus passablement caducs. J'ai un
secrétaire où Je ne peux rien enfermer, par la raison qu'il n'a pas de po^
tière. Tu serais bien étonné, si tu voyais ton stoïcien entouré de tableaux
comme Si Jeuneste savait, Si VieiUesse pouvait, et autres sujets plus ou
moins gais; mais le lit est bon, la fenêtre haute et large et le concierge
brave homme. J'ai été ce matin chez X, au moment où un cocher, deux
chevaux, une voiture et probablement une affaire Tattendaient à la porte.
Il m'a reçu et dépêché rondement, et j'ai vu dès ce matin qu'un dessina-
teur, qui va voir son éditeur, lequel lui donne 150 fr. pour 20 dessins,
est inférieur à un vicaire d'un certain nombre de degrés.
Ne t'imagine pas que je ne me rende pas compte des difficultés de ma
situation. Un autre que moi, qui aurait plus de savoir-faire, n'aurait pas mes
inquiétudes. Une seule chose dont je me crois capable, c'est de restreindre
mes dépenses et d'attendre la bonne chance. Mais j'espère bien qu'un jour
je m'en tirerai.
Janvier 1S64.
.... Depuis 5 semaines je vais dessiner à l'Académie chez Suisse, au
milieu d'une clique de jeunes gens plus ou moins forts et de vieux démo-
crates qui exposent parmi les refusés. Deux fois j'ai dessiné des fiUes
d'Eve. C'est bien brutal, mais ce n'est que cela. Et puis, rien n'est fait
pour réconcilier avec les choses natureUes, comme de les voir. Une femme
nue est vingt fois plus convenable que certains costumes d'Opéra. 0 m'est
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104 REVIK DALSACE
même arrivé en dessinant d'admirer très chastement les formes du modèle.
En somme, j'ai trouvé vrai ee que me disaient des artistes et ce qae Je
prenais pour une manière de dire; on ne son^e qu'au dessin, et c'est
assez difficile pour distraire du reste.
loin i
Taime le tableau de Marchai; il me reporte en Alsace. Pour moi Bfar-
chai a un grand nombre de qualités estimables et agréables, qu'il me
serait trop long d'énnmérer, tellement je les vois nombreuses. D sait
faire un tableau, sur lequel il y a une vingtaine de figures, de telle
manière qu'une douzaine d'hommes compétents n'y trouvent pas une seule
faute choquante. C'est beaucoup et c'est très rare. Je regrette seulement
de ne pas lui trouver une qualité forte, ni une manière bien personnelle
de voir les choses. Je crois, du reste, en saisir la cause : je soupçonne
fort l'imagination de Marchai de lui faire voir ses sujets à l'état peint, au
lieu de les lui montrer à l'état de nature vivante .
.... Tu ne me reprocheras pas, je pense, une sévérité déplacée dans
mes jugements. Moi qui regarde les tableaux du Salon avec le respect
qu'un paysan témoigne à un brigadier de gendarmerie ou à un person-
nage encore plus haut placé, je n'aurais plus d'avis, si j'y mêlais de la
prudence et je serais plus dérouté encore, si j'admetuis, même pour un
seul instant, un point de comparaison personnel. Arrivé fraîchement de
Bouxwiller, j'ai débuté ainsi. Bientôt j'ai trouvé tout sublime, et je me
ressens encore du grand nombre d'influences auxquelles je me suis sotte-
ment laissé prendre. J'ai couru grand risque de me noyer dans llndéci-
sion, et je ne me sens pas encore tout-à-fait hors de danger. Aussi, je
voudrais avoir un conseiller moins difficile on moins réservé que les
artistes, et moins redoutable qu'un éditeur.
Août 1864.
J'ai fait, il y a quelques jours, une visite k la galerie de Versailles, en
prenant, pour y aller, la rive gauche et, pour revenir, la rive droite.
J'ai revu après bien longtemps des champs de blé et des arbres véritables,
les beaux sites de Meudon et de Sèvres, et la vue splendide sur Paris et
le Bois de Boulogne à Puteaux. Pendant les fortes chaleurs des derniers
jours j'avais souvent soupiré Orm! quando te os/nciom.^Je me propose de
me dédommager avant l'hiver et de passer parfois une journée à la cam-
pagne, pour interrompre la monotonie de la vie assez solitaire que je mène,
et pour renouveler mon bagage de renseignements d'après nature.
Les grandes batailles d'Horace Vernet ont déçu mon attente. Je ne suis
plus assez jeune pour me laisser remuer par le mouvement d'une scène
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EUGÈNE ENSFELDER 165
militaire quelconque et, en dehors de la pochade, je n'aime pas beaucoup
le genre facile en peinture. 'Le curieux serait, suivant moi, de voir exé-
cuter ces tours de force. Quand le tour est fait, il n'y a pas de raison de
s'arrêter davantage : on applaudit et on peut s'en aller. Gela ne doit pas
dire qu'il n'y ait pas dans ces tableaux des morceaux très heureux. J'en
dis à peu près, autant d'Yvon, qui montre, par sa Retraite de Rustie, imitée
de la bataille d'Ëylau de Gros, combien la grande peinture a baissé depuis
David et les autres qu'il est convenu aujourd'hui de négliger. Sous
l'apparence du même style, le dessin a de la peine à cacher sa mollesse.
Le coloris se tient dans la même gamme, mais le modelé n'a pas la fermeté
de celui du tableau de Gros. La Bataille de VAlma de Pils m'a plu.
Maintenant je me dis que, pour juger équitablement, il faudrait y retour-
ner en conformant mes exigences à cette première impression d'ensemble
que j'ai reçue.
Aoât 1S64.
J'avoue que j'ai préféré VŒd^ de Moreau à celui d'Ingres, que je ne
connais du reste que par un croquis. Ingres est beau dans la région
sereine du calme plastique, dans l'Apothéose d'Homère et le Portrait de
Ghérubini. Quand il entreprend Roger et Angélique, il en finit un pas-
tiche du moyen^ge, afin d'écarter toute responsabilité. De mtoe, dans
le sujet d'CEdipe, il loge le Sphinx dans une grotte et il fait d'CEdipe un
bas-relief antique. Mieux aurait valu choisir des sujets qui lui aundent
convenu comme fond ; car c'est une étrange contradiction de choisir des
sujets pour les écarter sous prétexte de bon goût. Poussin, qui n'est pas
plus romantique qu'Ingres, n'a jamais craint de se placer au cœur du
sujet et de traiter même des situations violentes. Aussi chacune de ses
compositions a-t-elle sa vie propre et son individualité intime et intéres-
sante. Maintenant je t'accorde que VCEdipe de Moreau n'est pas inspiré
du tout de l'esprit du Poussin. G'est, comme idée, pas comme exécution,
plutôt du Victor Hugo. Je me reproche quelquefois de n'avoir pas assez
le sentiment moderne dans les questions d'art ; mais l'Œdipe de Moreau
est si sérieusement beau que, malgré ce défaut, si défaut il y a, il m'a
plu sincèrement dès le premier jour et, ensuite, de mieux en mieux.
Septembre 1864«
.... Dernièrement, étant allé aux Invalides, un bon Vieux de la Vieille
me frappant sur l'épaule, me dit : Allez voir la Salle des Blaréchanx;
c'est ce qnllyade plus beau. Je pris l'escalier à droite, montai au
2» étage et allai voir la Salle des Maréchaux. Je me suis bien reproché
alors d'avoir médit du père Ingres, en y voyant son Napoléon K, qui est
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166 BEVUB D'ALSiLCE
réellement admirable de grandeur et de beauté. Mais encore est-il que la
figure est au repos. Au reste, je suis si peu du nombre des détracteurs
dlngres, que je Tai plusieurs fois défendu, à cause précisément de la
simplicité vraie de ses conceptions, ce qui grand bien lui fasse. Autrefois,
quand les récits de l'antiquité étaient acceptés d'une façon plus naïve, les
peintres pouvaient s'intéresser avec plus d'abandon à leurs sujets. Actuel-
lement, un sujet étant donné, on est réduit à se demander: Qu'est-ce que je
pourrai en faire?De là, s'il est permis de généraliser ainsi en ces matières,
dans notre siècle de méfiance historique, deux tendances dans la grande
peinture d'histoire : l'école du bon sens, pour laquelle le sujet, auquel
on ne veut pas faire croire, est un prétexte à faire valoir toutes sortes de
qualités abstraites ; et l'école de la poésie à outrance, qui suit le précepte
merUire audacter, semper aliqaid hœret. Voilà à peu près ce que j'ai voulu
dire, quand j'ai prétendu qu'Ingres ne traitait pas toujours ses sujets.
Décembre 1864.
Que j'aimerais, s'il était possible de revenir aussitôt à Paris,
m'en aller m'asseoir une soirée au coin de ton feu et repasser ensemble
tes souvenirs d'Italie. Je crois que, dans ces conditions, nous finirions
bien vite par tomber d'accord. Je m'accommode en ce moment aux Lettres
du président De Brosses qui, malheureusement, ne note qu'au passage
les belles choses qu'il a vues. Il est, du reste, d'un savoir presqu'universel
et homme d'infiniment d'esprit; mais il me fait souvent l'effet de juger
d'après ses idées plutôt que d'après ses impressions. Il est amateur de
l'ordre corinthien en architecture, d'arrangements propres et bien ordon-
nés et de curiosités. Je viens de le laisser avec sa société à Mantoue» où
il a eu la bonne fortune de voir les fresques de Jules Romain, et ce qu'il
en dit me fait regretter pour toi que tu n'aies pas pu les voir. Un fait
effrayant qui ressort des Letlres du président De Brosses et que j'ai déjà
constaté au Louvre, c'est la fécondité des maîtres, qui tenaient le crayon
et le pinceau comme on tient une plume, et qui n'y touchaient que pour
faire des chefs-d'œuvre.
Le Giorgione, dont tu me décris de grands tableaux et dont nous n'avons
ici que des petits, doit avoir été un bien brave garçon, plein de feu et de
poésie, mais doux comme un agneau (en ceci il se trompait). Tu connais
son Concert champêtre, qui est inspiré directement de la nature, et son
Saint'Sébastien du Salon des Sept Maîtres, où toutes les figures ont le
même type poétique et un peu sauvage. Je ne m'étonne pas que le peintre
qui montre, dans ces deux toiles du Louvre, un tel amour de la réalité
poétique, n'ait pas conçu non plus dans des données plus conventionnelles
une scène de naufrage.
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BUOËNS EN8FBLDEB 167
Te rappellefl-tu un beau pastel du Corrége qui se trouve dans une des
salles de dessins? C'est d'après ce morceau que je cherche à me faire une
idée générale de ce que peuvent être les raccourcis de sa coupole (au
D6me de Parme). Je m'imagine qu'ils doivent être plutôt enlevés allegro
que conçus avec violence. Quand pourrai-je à mon tour aller voir tout
cela?
Mars 1805.
— J'ai entre les mains une Histoire de Napoléon illustrée par Horace
Temet C'est, je crois, une des meilleures illustrations qui aient Jamais
été Eûtes. Tous ces dessins sont heureusement trouvés et exécutés avec
une grande sûreté. L'invention ne s'égare jamais, elle se maintient tou-
jours au même niveau, même dans les mouvements les plus violents. J'ai
apprécié depuis toutes ces qualités dans les Batailles du Musée de Ver-
sailles, quand je les ai revues. Il faut cependant reconnaître que la com-
position s'éparpille et que le coloris est trop uniforme et trop peu accentué
pour intéresser sur d'aussi grandes surfaces, et c'est ce qui m'explique
ma première impression défovorable. Comme chez un peintre les qualités
tiennent aux défauts, il suffit de recevoir d'abord l'impression de ce qu'il
y a de défectueux, pour ensuite voir le tout à travers cette impression
dé&vorable....
Au mois d'août 1865 il revint en Alsace, se retremper dans
l'air natal et au foyer des affections domestiques. Il n'avait
pas renoncé le mdns da monde à lutter et si la pensée
déprimante d'une carrière manquée s'était parfois présentée à
son esprit, il ne s*y était pas résigné. Il pensait donc retourner
à Paris et son départ était fixé au mois de novembre, quand
il se vit obligé de le remettre par suite d'une maladie grave
qui survint à sa mère. Au mois de mars 1866, il eut la dou-
leur de la perdre. Quand le premier trouble futpatsé, il sentit
la nécessité de se recueillir avant de rentrer ^dans la grande
fournaise. La majeure partie de cette année, il la passa à la
campagne, à Dossenheim. Dans l'intervalle il se créa quelques
relations locales, entre autres avec la maison Levrault, pour
laquelle il fit plusieurs séries de vignettes, en même temps
qu'il s'intéressa activement aux essais d'un procédé d'eau-forte
typographique, qui s'élaborait alors dans les ateliers de cette
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168 REVUE d'alsace
niakuQ. Ce fui duns ce^ ciiconstauces que la place de profes-
seur de dessin au Collège de Bouxwiller étant devenue vacante,
elle lui fut offerte. Il accepta sans hésiter. II avait le goût et
le don de renseignement. Il aimait la jeunesse et savait se
faire aimer d'elle. En même temps il revenait ainsi dans un
pays auquel l'attachaient les meilleurs souvenirs de sa vie et,
à côté d'une occupation agréable et qui lui laissait de larges
loisirs, il trouvait enfin réalisé dans une mesure bien modeste,
mais pour le présent suffisante, ce rêve de l'indépendance
qu'il venait de poursuivre à travers tant de déceptions. A
partir de ce moment son temps se partagea entre Bouxwiller
et Strasbourg. Avec le calme de l'esprit il avait retrouvé sa
facilité d'autrefois, soutenue maintenant par une exécution
plus savante. Las deux seuls envois qu'il ait faits au Salon et
qui furent chaque fois reçus, sont de cette époque. L'un sur-
tout, un dessin de grand format à la plume, représentant un
pasteur en chaire, s'adressant à un auditoire de villageois,
actuellement en la possession d un de ses frères, est un mor-
ceau achevé, d'un style un peu étrange dans son austérité,
mais plein de vérité et d'effet. Nos expositions rhénanes aussi,
auxquelles il n'avait pris part jusqu'ici que rarement et sous
un pseudonyme, reçurent de ses envois plus souvent que par
le passé, des fusains, des aquarelles représentant des scènes
champêtres ou enfantines, entre autres une ravissante petite
Promenade sous bois, que j'ai le bonheur de posséder. Pour
la seconde fois en sa vie, il pouvait ainsi se flatter de voir
clair devant lui, quand éclata l'orage de 1870. Après le siège
de Strasbourg, il était retourné à son poste. Il y resta jusqu'au
moment où les Allemands vinrent mettre la main sur le Col-
lège. Ce jour là il s'en alla sans regarder derrière lui, et tout
fut à recommencer.
C'était le moment, ce semble, de reprendre ses projets d'au-
trefois, de boucler lestement sa malle et de partir pour Paris.
Il y avait conservé des relations, il avait appris à traiter une
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EUGÊNB BNSFELDER 169
affaire et à commander à ses impressions. Lui-môme il avait
la certitade qu'il y arriverait avec plus de chances que n'en
avait eu le novice de 1868. Si tout de même il ne partit pas,
c'ent, hélas 1 qu'il ne le pouvait plus. Par une matinée de
rhiver de 1870-1871, il avait manqué la voiture qui relie
Bouxwiiler à la gare de Hochfelden, et il avait trouvé tout
simple de faire à pied ces trois lieues à travers une neige
épaisse. Dès ce jour sa santé s'altéra : De rechute en rechute,
les symptômes devinrent bientôt si persistants et si graves,
qu'il ne fut pas longtemps à s'y méprendre. Quand, à la fin
de l'automne suivant, il se retira i Strasbourg, il se savait
phthisique et condamné. Il chercha donc à arranger sa vie en
conséquence, surtout à ne pas fiiire plus de projets qu'il ne
convient à un homme, qui n'a plus devant lui que quelques
années de santé chétive et probablement de souffrances. Ck)m-
bien d'années au juste? Il ne pouvait le prévoir; mais il savait
que le nombre en était compté.
La première chose dont il songea à s'assurer, ce fut d'un
gague-pam. Depuis longtemps il s'était essayé à figurer des
histoires par des séries de dessins. Il considérait cet exercice
comme très utile au point de vue de la composition, chaque
image devant représenter nettement une situation donnée, et
l'histoire entière devant s'expliquer aux yeux sans l'aide, pour .
ainsi dire, d'un texte. Il avait notamment composé autrefois
des séries semblables en collaboration avec Edmond Febvrel,
l'auteur des Fleurettes, autre talent délicat moissonné dans sa
fleur et, plus récemment, il avait donné dans le même genre,
une rédaction très réussie des annales du Roi Gambrinus.
Quelques-unes de ces feuilles avaient été lithographiées à
Epinal. Il fut ainsi amené tout naturellement à s'adresser à
l'imagerie. Il y trouvait le double avantage d'un débit assuré
et d'une occupation sans doute fastidieuse à la longue, mais
relativement facile et appropriée aux forces d'un malade;
car, par principe, il entendait autant que possible se suffire
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170 REVUE D'ALSA.GE
à lui-même jusqa'aa dernier jour. Quant à l'humilité du
genre, il professait à cet égard Topinion du proverbe qui dit
qu'il n'est pas de sot métier. 11 passa donc un traité en règle
avec la maison Pinot, d'Epinal, et un autre avec une maison
de Pont-à-Mou8son. Ceci joint à quelques commandes localesi
telles qu'illustrations d'almanacbs et autres, à ses relations
régulières avec la maison Oberthtlr, de Rennes, pour laquelle
il fit un grand nombre de vignettes, notamment celles de
VAlmanach des Postes ^ et à ce que lui rapportait la place
de professeur de dessin à l'Ecole industrielle israélite, lui
assurait le nécessaire. Ces dispositions prises, il s'en remit
pour le reste à sa destinée avec une résignation discrète
et paisible, qui ne se démentit pas un seul instant. On verra
plus loin, par les extraits de ses lettres, avec quel soin délicat
il cherchait à faire durer Tillusion autour de lui. Mais, pour
ceux qui le connaissaient bien, le moment vint bientôt où elle
ne fut plus possible. Il y avait dans ce calme un apaisement, une
sorte de détachement, qui parlait plus haut que des plaintes.
Il fallut cinq ans à la maladie pour avoir raison de cette
nature robuste, que jamais aucun excès n'avait effleurée.
Parfois, selon les habitudes de ce mal sournois, elle lui
laissait d'assez longs répits. Il reprenait alors, à côté de sa
tflche journalière, le crayon, le fusain ou le pinceau pour des
œuvres plus dignes de lui, qui lui étaient aussitôt enlevées
par quelques amateurs, qui avaient appris à connattre et i
apprécier son talent. A voir la fraîcheur, la grflce souriante
de ces compositions, on ne s'imaginerait certes pas qu'elles
sont écloses dans la chambre d'un malade, parfois en quelques
heures dérobées à la souffrance ou à l'épuisement. Dirait-on
voir la main d'un homme qui se sent mourir dans les fusains
photographiés par M. Winter, et dont M. Millier, de Schiltig-
heim, possède, je crois, les originaux ? Dans cette QuereBe
^ Encore Talmanach pour 4877 porte une vignette posthume d'Ensfeider.
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EUGÈNE ENSFELDBB 171
de cabaretj par exemple, dessinée avec tant d'abandon et de
vigueur? ou dans ce groupe de jeunes paysannes endiman-
chées, qui respire un contentement si paisible? surtout dans
ce balcon d'une auberge de village où la jeunesse en fête,
filles et garçons, se presse et s'agite, le tout si plein de vie,
de mouvement et de joiç bruyante ? une des reproductions
les plus vraies qui aient été faites d'un certain côté de la vie
alsacienne.
Il fallait une rare force dlme pour dessiner ainsi dans
rétat où il se trouva bientôt réduit. Dès le milieu de 187S,
rhydropisie avait menacé les extrémités inférieures et, à
partir de cette époque, il eut à subir à différentes reprises
de longues réclusions. Dans le courant de Télé de 1874, qu'il
passa tout entier chez son frère, à Riquewihr, il se releva un
peu, mais pour retomber plus bas l'hiver suivant. En 1875,
il trouva encore une fois du soulagement dans cet air pur
et tout imprégné de la senteur des bois. Ce devait être son
dernier répit Je l'avais revu au retour de sa première villé-
giature, au mois d'août 1874, après une séparation de trois
années.La maladie avait creusé sa belle et mile figure et, quand
nous nous dîmes adieu, il fut sous entendu de part et d'autre,
que c'était pour la dernière fois. — Je laisse suivre, par ordre
de date, quelques extraits des lettres de cette époque. Ils
achèveront, je pense, de caractériser cette rare et forte nature.
J'aurais désiré en donner un plus grand nombre ; mais, à
mesure qu'il se retirait des choses du dehors, sa correspon-
dance prit un caractère plus strictement personnel et intime.
Je ne reproduirai pas non plus, et pour cause, les réflexions
que lui inspirait parfois la comparaison du Strasbourg d'au-
jourd'hui avec celui d'autrefois, et cela bien qu'il ne fût pas
un chauvin, tapt s'en faut. Ce que nous pensons, nous autres
Alsaciens, des Allemands et de quelques-uns de nos compa-
triotes, nous pouvons bien le leur dire à l'occasion; mais il
nous est défendu de Fimprimer.
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172 REVUH D'ALSACE
Février i87i,
.... Schùtzenberger expose dans son atelier une scène d'émigration
destinée au prochain Salon. Il y a là deux magnifiques têtes, celle du vieux
paysan qui dirige la caravane, et une autre d'un artilleur de Tarmée d'A-
frique, n regarde froidement et d'un air sourdement haineux une senti-
nelle prussienne, à côté de laquelle il passe et a Talr de penser : Si c'était
à nous deux! Mais, partie remise; on se reverra ! Tout le reste, sauf la
maison et les chevaux, est noyé dans les larmes. C'est saisissant ; mais,
une fois dehors, on est obligé de se dire que tout cela n'est pas vrai.
Lorsque Hans Jerri et Eve Kraete vont en France, ils prennent un billet
de 3* classe. Et puis j'en ai assez de ces actualités pitoyablement mélan-
coliques. Il me semble qu'il est des sentiments qu'on devrait taire, quand
on ne peut pas les exprimer à coups de fusil.
.... Heureusement j'ai un petit logement très gai, si le temps Test un
peu, puisque ma vue donne en droite ligne sur le quai, sur l'Ill, le pont
et la porte des Pécheurs, — un peu étroit, puisqu'il n'y a de place que
pour mon petit mobilier et moi, plus deux petits élèves qui viennent
chez moi le dimanche matin. Je suis alors obligé de me reculer tout au
fond.
Août 1872.
Je vais porter à la poste, en même temps quecette lettre, 8 croquis sur
le Chaperon Rouge, la â« moitié d'un livre d'images, qui paraîtra à Epinal
en 1873. Je préparerai la semaine prochaine une nouvelle édition du Chat
Botté en 16 tableaux, pour Epinal également, et cette semaine encore un
grand in-folio sur le Petit Poucet, pour Pont-à-Mousson celui-là. J'ai
beaucoup à faire depuis le mois de juin, et j'ai été embarrassé pour me
faire un plan de travail, de façon à ne pas impatienter 6 personnes diffé-
rentes qui attendent l'ouvrage commandé. D'autres fois je n'ai rien à
faire du tout et, comme je ne puis pas travailler pour deux, je ne profite
guère de cet encombrement. La santé n'est pas mauvaise; elle est bonne,
quand il fait beau temps. Je suis descendu d'un échelon ou de deux dans
l'hiver de 71 et je n'espère plus les regrimper.
Je m'arrête, comme font les maçons, au coup de 6 heures, qui viennent
de sonner à Saint-Cuillaume et au petit Séminaire, et qui vont sonner à
la Cathédrale ; car les trois heures catholique, protestante et civile ne
sont pas d'accord. ^
Novembre tôTS.
Mon état s'est plutôt amélioré depuis un an ; mais des indisposi-
tioQs temporaires me rappellent quelquefois que je n'ai plus de santé.
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BUGÈNB BKSFELDEH 173
Ainsi, à l'entrée de l'hiyer, j'ai craché du sang pendant 3 semaines. Biais
je n'ai pas eu la fièvre, ni les violentes transpirations qui m'avaient tant
aifoibli dans ma dernière année de Bonxwiller.
Février 4873.
.... D'après ce qui m'est revenu de Paris, on songerait à réagir contre
cet excès (de ne rechercher que l'effet dans les dessins sur bois), et je
crois que ceux-là ont raison, qui disent qu'on ne dessine plus et que
l'effet à outrance nous envahit. Peut-être verrons-nous encore la fin de
cette fièvre.
J'ai beaucoup regardé et admiré les Flotteurs de ta Sarine (de Théophile
Schuler). Le mouvement des personnages est bien dans la même cadence
que celui du torrent, et l'exécution est courageuse, soignée et pleine de
nature. C'est un bien joli dessin. Si nous avions le talent de nous laisser
aller, nous autres Français de l'Alsace, nous ne serions pas, j'imagine,
plus sots que d'autres. Mais notre réflexion se bouscule dans les quatre
coins de nos têtes carrées, et peut-être cela arrive-t-il aussi à Schuler
quelquefois.
Du reste, les désagréments se sont enfilés comme des perles et, somme
toute, j'ai encore eu du bonheur. Je n'ai pas été embarrassé un seul
moment; aussi, comme Epictète, je remercie les dieux immortels de
m'avoir rendu la vie dure, attendu que sans cela, parait-il, je serais
devenu un bien mauvais sujet et que j'aurais eu peu de raison. Sunt
certi dettique fines. La destinée les. ayant observées de son côté, il n'est
qu'équitable que du mien aussi je me tienne pour satisfait.
Juillet 1875.
.... Je suis devenu, du reste, un triste voyageur. J'ai foit la semaine
dernière une excursion à Soultz-les-Bains, et je m'en suis ressenti dans
les jambes 5 jours durant, n est vrai que mes indispositions d'il y a
quelques mois m'ont exceptionnellement débilité, au point que, si je suis
assis un peu trop longtemps et que je néglige le soin de faire un tour le
soir, j'ai les pieds enflés. Au reste la santé est bonne, la poitrine n'a pas
été trop fatiguée par cette dernière expérience, la vie va bien, je puis
gagner ma petite journée de travail en 5 heures et, somme toute, je suis
un homme heureux.
Décembre 1873.
— Quant au métier de Timagerie, c'est d'abord de ne pas chercher
midi à quatorze heures, ensuite d'observer les conditions du colorage au
moyen de patrons découpés. Autant il y a de couleurs, autant on découpe
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174 BEVmB D'ALSACE ^
de patrons et on passe dessus avec une brosse ronde et grosse comme une
assiette, n fiiut donc des formes solides, éviter, par exemple, les angles
rentrant dans une autre couleur que le coup de brosse arracherait, et
surtout les couleurs enfermées dans une autre, parce qu*en peignant celles-
ci, la première serait couverte en même temps. De là des formes et des
gestes, à cause des mains surtout, inexplicables autrement, et qui seraient
des fautes en dehors du genre spécial.
Janvier 1874.
rai souhaité moi-même dans le temps qu'elle (rimagerie d'Epinal)
fût plus accessible à des modifications, ne fût-ce que pour en relever la
réputation, qui est déplorable. Mais je doute qu'il soit facile d'y changer
quelque chose. C'est du calicot et on n'en peut pas faire de la soierie.
En touchant à un côté, on renverse tout le système. Ils impriment avec
la pierre, non pas avec des clichés et, comme il s'agit d'obtenir un tirage
énorme, il leur faut un travail lithographique qui résiste. Les demi-teintes
seraient bien vite enlevées. Cependant, une fois le genre admis, on est en
progrès sur ce qui s'est fait il y a une quinzaine d'années, et je pourrais
détacher de mon album quelques feuilles isolées qui sont assez bien et
où, dans le transport de mon travail, on a fait preuve d'une certaine
entente du coloris.
Novembre 1874.
.... J'ai suivi à Riquewihr le sermon du dimanche matin et à mon
retour à Strasbourg, j'ai continué, afin d'entendre, si c'est possible, une
fois par semaine une parole sérieuse, non pas pour apprendre à mourir,
on sait cela forcément, mais pour apprendre à vivre. J'ai entendu un ratio-
naliste élégant et un piétiste onctueux. Mais le moraliste simple et sincère,
l'homme d'expérience plus soucieux du fond que de la forme, je ne l'ai
pas rencontré.
Mais 1875.
En ce moment je retourne à mon histoire de France. J'ai relu Hérodote,
dans une traduction. Je ne sais plus lire le grec; je doute non-seulement
du sens de beaucoup de mots, mais de l'exacte entente de quelques formes
grammaticales. Pourtant autrefois je lisais assez bien Platon et Sophocle.
J'ai un peu mieux retenu le latin ; ma mémoire est un crible déchiré. . .
La santé va convenablement et peut-être pourrai-je encore, dans la belle
saison et à la campagne, me remettre un peu. Le médecin me lâche; je
pense qu'il n'a que faire de malades qui ne meurent pas. Voilà 4 mois
que je suis en prison, et je pardonne à Bazaine d'avoir décampé de la
sienne.
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EUaâMS EMSFBLDBR 175
Juin 1875.
La santé va convenablement; mais une aggravation est toujours pos-
sible et, quand j'y pense, je crois que je ne guérirai plus. Je ne suis ni
souffrant, ni malade, mais à Tétroit pour tous mes mouvements^ au phy-
sique et au moral. Je me suis habitué à cette existence, bien qu'elle me
cause encore de Fennui quelquefois et, puisqu'il en est ainsi, il ne sert
de rien d'en parler. <
Avril 1876.
.... Depuis des années je n'ai fait que nourrir de mes produits le
monstre d'Epinal et je crois que tu me donnes un bon conseil en me
recommandant de ne pas autant négliger les expositions. J'ai envoyé deux
fois à Paris; puis je me suis dit à quoi bon? H y a pourtant à Paris
quelques artistes que je ne connais même que de nom, qui me font l'hon-
neur de regarder ce qu'ils voient de moi. Mais, sans un peu de notoriété,
je reste éternellement un débutant. Cela a plus d'un inconvénieilt.
Au moment où il se prêtait ainsi à discuter la question
d'avenir, il venait de traverser un très mauvais hiver. Il sor-
tait à peine d'une crise, qui avait failli l'emporter, et il sentait
que la prochaine serait la dernière. Elle se déclara quelques
jours plus tard. Il vit aussitôt que ce n'était plus la peine de
rien cacher ; c'est le commencement du dernier chapitre, dit-
il à son frère. Quinze jours après, le 11 mai, au matin, il
expirait dans son fauteuil, paisiblement et avec la pleine con-
science de lui-même. Il était âgé de 39 ans et 7 mois. Il avait
tenu le crayon jusqu'à la fin et, en ce moment même, deux
aquarelles de lui, faites pendant sa dernière maladie, étaient
exposées à Mulhouse parmi les œuvres de l'art alsacien réu-
nies à l'occasion du jubilé de la Société industrielle.
Et maintenant que me voici arrivé à la fin de cette doulou-
reuse histoire, je n'éprouve aucun embarras à la pensée d'a-
voir entretenu si longuement les lecteurs de la Revm d'un
artiste et d'un compatriote qui, pour la plupart d'entre eux,
est un inconnu. Si j'ai réussi à faire comprendre comment
Ensfelder est resté dans le souvenir de ceux qui l'ont connu,
comme une sorte d'idéal, je n'aurai pas perdu ma peine. Je
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176 BEVUE d'albaoe
terminerai cependant par un vœu : c'est qu'une partie du
moins de son œuyre inédit puisse être réunie et publiée.
Ayec le concours de sa famille et de ses amis, il serait pos-
sible de former ainsi une collection exquise, qui resterait
comme un des fleurons les plus purs de notre art alsacien du
temps où nous étions encore nous-mêmes.
A. Bauth.
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HISTOIRE
DE
L'ANCIEN COMTÉ DE SAARWERDEN
ET DE
LA PRÉVOTÉ DE HERBITZHEIM
SuiteJ
Louis IV épousa Agnès, dont le nom de famille est resté
inconnu. Il précéda son père dans Téternitéet trouva la sépul-
ture dans réglise abbatiale fondée par ses aïeux, à côté de
celle de son oncle Henri, à qui il n'avait survécu que de
quelques mois. Il ne laissa qu'une fille, nommée Agnès, qui
donna sa main à Eberard de Hunebourg.^ Le comte Louis III
supporta avec résignation le coup funeste, qui lui enlevait un
fils chéri et s'empressa de confirmer solennellement la dona-
tion qu'il avait faite au couvent de Wernerswiller. Il vécut
encore une quinzaine d'années; l'époque certaine de sa mort
n'est pas connue. Son fils, Henri I**, lui succéda dans le comté
de Saarwerden ; il quitta le nom de Kirkel, laissa le cbftteau
et la seigneurie de ce nom que Tempereur Conrad IV lui
avait donnés en fief d'Empire en 1261, à Jean, sire de Siers-
^ Il était de la famille alsacienne de Hanebourg, dont le château était
sitaé entre NeuwiUer et la Petite-Pierre.
NovTelle Série. — 6»« Année. 12
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178 BBVUB D'AIiSAGB
berg-sar-la-Sarre, nereu de Henri I** du nom de Kirkel/ Il
prit le titre de comte de Saarwerden (caens de Saivernedans
les actes rédigés en français). Il avait épousé Eli<«abelh, dont
le nom de ramilie n'est pas connu ; il en eut deux fils, Jean I*
et Nicolas, et une fille nommée Agnès, qui donna sa main à
un dynaste de Fleckenstein. En iS57, il fit donation au cha-
pitre collégial de Sarrebourg du droit de patronage de la cure
de cette ville que possédait son frère Frédéric, ainsi que des
biens, qui leur appartenaient aux environs de la ville.^ Son
frère Frédéric donna son consentement à cette donation par
un acte passé au mois de mars 1357, et Tévéque de Metz.
Jacques de Lorraine, la confirma par ses lettres du 20 février
1258 (1257 selon le style usité au diocèse de Metz).
Les libéralités du comte Henri I*' s'étendirent aussi sur le
couvent de Wernerswiller, et il lui fit par acte daté du samedi
avant la fête de Saint-Gall 1259, conjointement avec Agnès
de Deux-Ponts, sa mère, d'amples donations pour le repos de
Tftme du comte Louis lit, son père.
A peine Philippe de Florenges était-il élevé sur le siège
épiscopal de Metz, qu'il régla le différend, qui exultait entre
Henri !•», comte de Saarwerden, et Simon de Hombourg, Phi-
lippe, seigneur de Florenges, et Golart, seigneur d'Ainery
(près de Thionville). Le prélat messin évalua par un acte
passé Ion ior de Fapparicion 1271, le dommage éprouvé par
le sire Simon de Hombourg, à 240 livres de messaiiu.^
Le comte Henri I"" rendit hommage à l'évêque Philippe de
Florenges, et reconnaît par un acte passé bm dimanche devant
la divisiandes aipostres 1361 qu'il tenait Sarwerden et quainH
appent (et tout ce qui en dépend) liègement et rendabkdudit
^ Croll. Origines hipontines, 1. 1, p. 146. Ce Jean de Siersberg adopta
le nom de Rirkel ; il fut la tige, l'auteur des dynastes de Rirkel, qui
défaillirent, en 13^7, dans la personne de Jean, à qui Sophie de Gerolds
eck n'avait pas donné d'enfants.
* Calmbt, Notice de la Lorraine, t. II, p. 410.
* Archives de Coblence (fonds de Saarwerden, 2).
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SAABWBBDBN BT HBRBITZHBIll 179
Eueské de Metz.^ Il promit, par im acte da même jour, i
réréque Philippe, de réparer tous les dommages qu'il avait
causés à Philippe, seigneur de Florenges, et à Golart d'Ainery,
sou frère, et lui présenta pour ses cautions et répondants
Ferri III, duc de Lorraine, et Banriê cums de Saubnes (Salm).
Dans le même temps ces deux seigneurs se constituèrent en*
yers Térêque Philippe cautions et répondants du comte de
Saheme, pour les torts qu'il avait faits à Tabbaye de Saint-
Ainois.*
Henri I", comte de Saarwerden, se fit remarquer i Tinslar
de ses aïeux, par ses pieuses libéralités envers Tabbaye de
Wemerswiller, et s'entendit avec son frère, Frédéric, chanoine
de Saint-Castor de Coblence, sa nièce Agnès, épouse d'Eber-
hard, maréchal de Hunebourg, Frédéric, comte de Hombuurg
(Hohenbourg, cornes AUimontia) et Tbéodoric de Hagen (de
Indagine), ses deux cousins, pour faire au monastère, pour
leur salut et celui de leurs parents, donation des francs-alleux
qu'ils avaient hérités i Lorentzen de leur aïeul Louis I**. Le
diplôme, qui en fut dressé, porte la date du 25 mars 126S.
Deux ans après, Jean I"*, seigneur de Kirkel et de Siersberg,
et son jeune frère, Arnold de Siersberg, imitèrent le pieux
exemple de leurs cousins et donnèrent au couvent de Wemers-
willer leurs parts du bien allodial de Lorentzen*, qui fut depuis
appelé Werschtveiler Klostergut zu Lorentzen.
Après la mort du comte Louis IV de Saarwerden, décédé
en 1242, sans délaisser d'enfants mâles, Frédéric, comte de
^ N. Ebbrhardi, Consultât pro Lothar, duce, p. 96. Le fief était ren-
dable, quand le vassal, en certain cas, remettait le fief an seigneur, en
sortait avec toute sa famille et n'y rentrait que quarante jours après la
guerre finie. L'acte de foi et hommage de 1261 est le plus ancien, qui ait
été trouvé dans les anciennes archives de Tévèché de Metz, concernant
le fief messin de Saarwerden. (Voy. Scb^^kdbb, Thtatr, hist. prœtent,
O/iMt., t. II, p. 242.)
* Archives de Cohlence (fonds de Saarwerden, 2).
* Cboll, Origines h^tontines, t. I, p. 147
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160 REVUE D'aLBACE
Hombourg, son cousin, éleva des prétentions sur le comté de
Saarwerden, et en prit le nom qu'il transmit à son fils aîné
Louis. Le comte Frédéric et ses deux fils. Louis de Saarwer-
den et Philippe de Hombourg, firent, en 1268, donation à
Tabbaye d'Otterberg ' des droits de pâturage dans la forêt de
Wilcnstein.»
Après la mort du comte Frédéric de Hombourg, son fils
Louis renonça au nom de Saarwerden quïl avait usurpé, soit
qu'il eût reconnu l'injustice de ses prétentions, soit qu'il se
fût senti trop faible pour les soutenir, et on le trouve sons
son ancien nom de comte de Hombourg, dans une charte de
l'abbaye de Hornbach, qu'il signa comme témoin en 1278.
Les comtes de Hombourg portaient coupé d'argent et de
gueules à deux cornes de buffle de l'un en l'autre, surmontées
de deux annelets de même.
Les nobles de Siersberg portaient d'or à la fasce rivrée de
gueules, surmontée d'un lambel d'azur à quatre pendants.
LeH nobles de Hagen (ab Indagine) portaient d'or à la fasce
de gueules accompagnée de quinze billettes de même, posées 5,
4 en chef, 8, 2 et 1 en pointe.
En 1262, le comte Henri I** de Saarwerden fit donation à
Jean de Wernesperg (Warsberg) de la cinquième partie de
la cour de Buderstorfif (Bidestrof).'
Le comte Henri I*' de Saarwerden termina le cours de sa
carrière vers l'an 1278 ; sa veuve, en raison du bas fige de
ses enfiints, prit en lûains les rênes du gouvernement.
L'archevêque de Trêves, Henri de Fénélrange, avait pris à
son service un grand nombre de seigneurs, dont quelques-uns
étaient de la première noblesse et parmi lesquels on comptait
* Ville et cbeMîen de canton de la Bavière rhénane.
* Lehmann, Gesehichte der Burgen und Bergschlœsser der bayritehm
Pfalx, t. V, p. 177.
* M. Lepâge, Les commîmes de la Meurthe, 1. 1, p. 140. Ce Jean de
Warsberg tirait son nom du ch&teau situé près du village de Warsberg,
canton de Boulây.
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8AABWERDEN ET RERBITZHEI&f 181
Henri I" comte de Saarwerden. Il devait à ce seigneur la
somme de cent marcs sur la solde qu'il lui avait promise;
comme il était hors d*état de la payer, il s'entendit avec Eli-
sabeth, sa veuve, et lui assura par acte du samedi avant le
dimanche Oculi (19 mars) 1278, en remplacement de ces
cent marcs, une rente annuelle de dix marcs sur le village
de Rulle.'
Agnès de Saarwerden, épouse d'Eberhard, maréchal de
Huneboui^, mil à profit la mort de son oncle, le comte Henri I",
pour réclamer sa part de Théritage allodial de son aïeul, le
comte Louis III. La contestation que cette réclamation fit naître,
se termina par une transaction, qui parait avoir satisfait toutes
les parties.* Les fils de Henri I" furent maintenus dans la
possession du comté de Saarwerden, et Agnès reçut, pour sa
part héréditaire, les villages de Steinbach ' et de Hirschland.^
Geoffroi, avoué de Ramesinga, et Salmona, son épouse,
vendirent, par acte du quatrième jour après le dimanche
Juc^ me 1280, à Elisabeth, comtesse de Saarwerden, et à
son fils Jean, le quart de la dlme à Wiere (Weyer) pour la
somme de vingt livres deniers d'argent. '^
En 1281, par acte passé le jeudi après la nativité de Saint-
Jean-Baptiste et revêtu du sceau de Conrad de Lichtenberg,
évêque de Strasbourg, Agnès de Saarwerden, épouse d'Eher-
hard, maréchal de Hunebourg, vendit avec le concours de ses
deux enfants, Louis et Agnès de Hunebourg, à la comtesse
Elisabeth de Saarwerden et à sou fils Jean, ses biens allodiaux
sis dans les environs du château de Eirkel, à Limbach et à
Saint-Laurencien (Lorentzen), pour la somme de cent livres
monnaie de Metz. La montagne, sur laquelle s'élevait le chft-
' Ad. Gosbz, Register der Erzhischœfe zu Trier, p. 54.
^ N. Eberhardi, ConsuU., p. 98, et Sghwedbr, Theat. hist. prœien
iam., t II, p. 242.
* Âajourd'hni annexe de Darstel.
* Hirschland retourna dans la suite au comté de Saarwerden.
' Archivée de Coblence (fonds de Saarwerden, 3).
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182 REVOE d'al6acb
teau de Kirkel fut nommément exceptée de cette aliénations
et le samedi a^ant le dimanche des Rameaux 1288, Eberhard
et Yalram, comtes de Deux-Ponts, se constituèrent cautions
pour les biens que la comtesse Elisabeth Tenait d'acquérir.*
La comtesse Elisabeth de Saarwerden continua de gouver-
ner jusqu'à la majorité de son fils Jean I", dont la maturité
avait devancé Tftge.
Le comte Henri 1" de Saarwerden s'était mis peu en peine
d'exécuter le jugement qui le condamnait à pnyer une indem-
nité de 240 livres messins à Henri de Homboorg. Quelque
temps après sa mort, sa veuve et son fils Jean I* ayant été
recherchés par le créancier, il en résulta un nouveau âiflTé-
rend que les parties liligeantes soumirent à l'arbitrage de
Bouchard d'Avesnes, évéque de Metz ; ce prélat, n'écoutant
que le sentiment de la justice, rendît le mardi après k» octaveê
de la TfinUeit 1292, un jugement par lequel la comtesse de
Salveme et son fils Jean furent condamnés à payer la somme
de 240 livres qu'on leur réclamait.'
Hagues, seigneur de Fénétrange, possédait une ferme è
Zesselingen^; la comtesse Elisabeth de Saarwerden et son ÛU
Jean formaient dc*^ prétentions sur les biens de cette cour ;
mais Hugues parvint à les écarter par une transaction, qui
fut conclue le samedi après le dimanche Lœtare 1294.*
Jean I*', comte de Saarwerdea, signala le commencement de
son règne par des exploits militaires; son frère Nicolas, élevé
dans une connaissance parfaite des lois divines, embrassa l'état
ecclésiastique et devint chanoine de Verdun et prévôt de
Saint-Amould, près de Saarbruck.
Jean I"" épousa Ferriatte de Linange'; il en eut quatre
^ La même n^ 4.
* La même n* 5.
* La même, liasse 2.
^ Sessling, village détroit.
* Archives de Coblence (fonds do Saarwerden, 6) .
" LsHUANN, Burgen vnd BêtgnchlœsMr àet Pfalz, t. III, p. lU.
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SAABTVERDBM ET HEftBITZHBIM 188
enfiintSy deux fils, Frédéric II et Jean, et deux filles, Jeanne
et Gisèle.
Jeanne donna son cœar et sa main à Gunon deFalkenstein-
Mflnzenl)erg et le rendit, en 1820, père de Gonon, qui se youa
au service des autels et se fraja le chemin aux premières
dignités de Téglise. On sait qu'il fut élu, en 1868, archevêque
de Trêves. Gisèle épousa le sire de Dhaun.^
Le comte Jean I** entretenait des relations amicales avec
les dynastes, ses voisins, et se rendit, le 18 mai 1297, caution
et garant de son cousin Eberhard, comte du Deux- Ponts, envers
Ferri m, duc de Lorraine, pour les terres que ce prince reçut
en échange du comté de Bitcbe, qu'il céda i Eberhard.* Il
fut appelé par la confiance du chef de TËmpire aux impor-
tantes fonctions de landvogtde TOrtenau. Il céda, aux termes
d'un acte passé le 7 décembre 1809, à la ville de Strasbourg,
pour six ans, le droit de battre monnaie dans FOrtenau {Mer-
ienavé), moyennant la somme de vingt-deux marcs d'argent.
Cette cession se fit du consentement des villes d'Offenbourg
et de Gengenbach, et le comte Jean déclara que de ces vingt-
deux marcs d'argent, il en a employé vingt pour l'avantage
de l'Empire, qu'il a donné les deux autres au socs-gouverneur
(Undervogetè) de la province.* Le sigillé de ce seigneur repré-
sente une aigle à deux tètes avec cette légende : f SIGILLV
DOMINI lOHANNIS COMITIS DE SARWERDEN.
Depuis Frédéric H, les empereurs avaient perdu de vue
ritalie. Ce pays était toujours déchiré par les factions; l'em-
pereur Henri VU crut que ces divisions lui donnaient l'occa-
sion d'y rétablir l'autorité impériale ; il leva une grande armée
et se dirigea vers l'Italie. Le comte Jean I** de Saarwerden
s'était joint à l'armée impériale avec ses vassaux. Arrivée i
* Gboll, Origines bipontines, 1 1, p. 139.
* Calmet, Histoire de Lorraine, i. II, p. XXX, et Krjbmbb. Loco
cikU., U U, p. 151.
* Miosm, Loco eiM., i n, p. 413.
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184 REVUE D'ALSACE
Berne, l'armée y reçut une réception brillante et solennelle ;
elle se livrait à la gatté et à la joie, et se reposait des fatigues
de la route. Le comte Jean de Saarwerden n'eut pas la con-
solation de voir l'Italie, objet de ses vœux; il trouva dans les
murs de cette ville la fin de sa carrière terrestre. Saisi de
. fièvre et se sentant mortellement atteint, il fit appeler un
prêtre, se confessa et expira, loin de sa patrie et des siens, le
second jour après la fête de Saint- Rémi 18 10. 11 fut vivement
regretté par ses compagnons d'armes et on lui fit de splen-
dides obsèques, qui furent honorées d'un grand concours de
prêtres séculiers et réguliers; plusieurs évêques assistèrent
k ^ la lamentable cérémonie funèbre^ > revêtus de leurs habits
pontificaux \ et les larmes de ses vassaux accompagnèrent
ses restes.
La nouvelle de la mort du comte Jean I'' remplit le château
de Saanrerden de douleur et de désolation; le bas flge de ses
enfants fit paraître la perte immense, irréparable. Sa mère,
qui eut le malheur de lui survivre, fut inconsolable. Il eut
pour successeur son fils Frédéric II, qui fut confié à la tutelle
de sa mère. Celle-ci prit en mains la direction des aflisdres et
s'attacha à donner une bonne éducation à ses enfants ; elle
destina Jean, son second fils, à l'état ecclésiastique. Le cha-
pitre de Spire et celui de Trêves ladmirent dans leur sein.
Lorsqu'il eut achevé ses études, le Chapitre de Strasbourg, le
plus illustre et le plus noble de la chrétienté, l'inscrivit sur
son livre d'or.* Il portait, en 1851, le titre de provisar fratrum
mkcim apud ecclesiam Spirenmm dtgtntium,*
Ce Jean de Saarwerden s'était fait recevoir bourgeois de
Spire, où il possédait plusieurs maisons, et était tenu de servir
' HoNTHEM, Prodr. hist. irev. caput. CXL, et Brouwbr, AniMiX.
Trevir,, t. II, p. 189.
* Gbandiddir, manoscrils déposés à la bibliothèque de Strasbourg et
brûlés avec elle le 24 août 1870.
* Remling, UrkundenhuLch xwr Geschichte der Bischœfe zu Speyer,
t. I, p. 584
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SAABWEBDEN ET HERBITZHBIM 185
cette Tille, lorsqu'elle était en guerre avec un homme d'armes.^
Wigerich de Luczelnbourg (Lutzelbourg), fils de feu Wige-
gerich, renonça, par acte du mardi après la Saint-Jean-Btp-
tiste 1814, en faveur de Kerriatte, comtesse de Saarwerden,
contre une indemnité de sept livres tournois, à un corps de
biens à Berldingen (Berlingen), qu'il avait acheté de l'abbaye
d^Luxheim (Lixheim) pour la même somme. L'acte de renon-
ciation se troure revêtu du sceau d'Othon, prieur de Lixheim.^
A peine le comte Frédéric n de Saarwerden était-il par-
venu à Fflge de majorité, qu'il saisit le gouvernail de l'admi-
nistration et qu'il épousa Agnès, comtesse de Salm.
L'archevêque de Trêves, Baudouin de Luxembourg, était
alors le prince le plus riche et le plus puissant de l'Allemagne ;
son influence et son activité s'étendaient sur les deux rives
da Rhin ; les plus nobles seigneurs recherchaient sa protec-
tion, se rangaient sous sa bannière et reconnaissaient sa
suzeraineté. Le comte Frédéric II de Saarwerden et son épouse,
Agnès de Salm, s'&ttachèrent aussi à ce prince par les liens
de la féodalité; ils lui firent donation des villages de Lorentzen,
Wachten et Limbach, et les reprirent çn fief. Le 80 juillet
1328 ils donnèrent à ce prince leurs reversâtes pour ces trois
localités et reconnurent qu'ils les tenaient en fief de l'église
de Trêves, et que leurs héritiers ne pourraient les tenir
qu'au même titre, sans pouvoir les vendre, aliéner ou céder
à d'autres.'
La situation avantageuse de Lorentzen sur la rivière de
i'Eichel détermina. le comte Frédéric II de Saarwerden à j
construire un chflteau fort, qui servit de boulevard à ses pos-
' MoNB, Zeitschrift fur die Gesckickte des Oberrheins, t VIII,p. 48, et
t. XIU, p. 415.
' Archives de Coblence (fonds de Saarwerden, 7).
» HoNTHEiM, Bist. trev. dipU, t. II, p. 101. — Les villages de Wach-
ten et de Limbach ne sobsisteut plos depais longtemps, et leurs territoires
ont été réunis au ban de Lorentzen .
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186 REVUE D'ALSAOE
sessions du côté de l*Est; il se mit résolument à l'œuvre et
en peu de temps la nouvelle forteresse fut achevée.
" En 1824, au mois d'août, Baudouin, archevêque de Trères,
Jean, roi de Bohême et comte de Luxembourg, Ferri IV, duc
de Lorraine, et Edouard, comte de Bar, firent un traité d'al-
liance pour forcer la ville de Metz, qui tenait pour Frédéric
d'Autriche, à se soumettre à Louis de Bavière, son compéti-
teur au trône, ou plutôt pour forcer les riches Messins à aban-
donner les créances qu'ils avaient contre les princes confédé-
rés. Mais la cité guerrière ne répondit que par des insultes
et des paroles outrageantes à la sommation des confédérés, et
résolut de se défendre avec vigueur contre leurs forces com-
munes; elle répara ses fortifications et prit à son service un
grand nombre de gentilshommes, qui, moyennant certaine
somme, s'engagèrent à lui prêter le secours de leurs armes
durant cette guerre. Parmi eux se trouvait < Frédéric, comte
de Salleiveme, > qui se mit à la disposition de la dté, < lui
troisième de chevaliers et aveo vingt-un Escuiers.* > Après
de longues et de sanglantes hostilités, la paix fut conclue le
8 mars 1825, selon le style messin ou 1826 selon le nouveau
style.
Un sujet de discorde naquit des droits, qui compétaient à
titre d'hérédité dans le comté de Saarwerden, aux enfanta
d'Agnès de Saarwerden, qu*elle avait procréés avec le sire de
Fleckensteln et qui se nommaient Henri de Fleckenstein, Jean
de Fleckenstein, prévôt de Saint-Guidon de Spire, et Bodolphe
de Fleckenstein, les deux chanoines de la cathédrale de cette
ville, et leur sœur Catherine, femme du noble Heiden, vogt
de Waselnheim (Wasselonne). Le comte Frédéric II de Saar-
werden, qui était animé d'un esprit sincère de conciliation,
s'arrangea avec eux et leur acheta leur part héréditaire du
comté de Saarwerden moyennant la somme de quatre cents
* EitUnte de Metz, par les R. P. Bénédictins de Saint-Vannes, t. IV,
, p. 19,
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8AABWBBDBN BT HKBBITZHBIM 187
livres tournois noires, suivant acte du jour de Saint-Remi
1827.*
Conrad de Burbach, fils de Gérard, Othon de Burbach et
EUekint, son épouse, fille de feu Conrad d'ÂItorf, vendirent
au comte Frédéric n de Saarwerden, leurs héritages à Bur-
bach et à Bistorf (PistorO pour la somme de douze livres
deniers, monnaie de Strasbourg, suivant acte passé le lundi
après la Sainte-Gerlrude 1328, en présence de Hebtlin, archi-
prêtre à Bouquenom, et de Berze, pasteur (curé) d'Âltorf*
Au XIIP siècle la plupart des villes avaient échappé à la
domination arbitraire de leurs princes et reçu leur affranchis-
sement avec des privilèges et des franchises de toute sorte.
Le comte Frédéric II de Saarwerden, en politique habile,
imita Texemple de ces princes, et accorda, du consentement
d'Adémare de MonteiU évêque de Metz, son seigneur Téodal,
à la ville de Bouquenom, des lettres d*affranchissement datées
de la veille de Saint-Michel 1828.'
En 18S0, le comte Frédéric II entra dans Falliance que
Tarcbevêque Baudouin de Trêves fit avec plusieurs seigneurs,
pour conserver la paix dans TEmpire et surtout dans la partie
de TEmpire située en deçà du Rhin.^ On remarque, en
particulier, parmi les alliés, Isabelle d'Autriche, régente de
Lorraine, et le duc Raoul, son fils, Yaléran, archevêque de
Cologne, Henri, archevêque de Mayence, Adémare, évêque de
Metz, et Robert, comte palatin du Rhin.
L'archevêque Baudouin, en sa qualite d'administrateur de
Tarchevéché de Mayence et de Tévèché de Spire, fit une
alliance avec un grand nombre de seigneurs, pour conserver
la paix dans la contrée, qui s'étend entre le Rhin, la Moselle
et la Sarre, depuis Wissembourg jusqu'à Coblence et Saarwer-
^ Àrebiyes de Coblence (fonds de Saarwerden, 9).
' La même (fonds de Saarwerden, 11).
* La même (fonds de Saarwerden, 12).
^ Bbouvkb, Annal, trevir., t. II« p. 207.
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188 REVX7E d'ALSACE
den. Le traité d'alliance fat signé à Lutern (Eaiserslautern),
le mercredi après la Saint-Mathieu (24 septembre) iSSS.^
En 1884, il y eut un grave différend entre le comte Fré-
déric Il de Saarwerden et Henri, seigneur de Fénétrange. lis
résolurent de le vider en champ clos. Le combat devait avoir
lieu dans une prairie près de Fénétrange ; les combattants
devaient se battre avec Tépée, la lance et la hache d'armes.
La nouvelle de ce duel se répandit au loin. Au jour indiqué
pour le combat, l'évêque Berthold de Strasbourg, à la tête de
trois cents lances, vint encourager par sa présence Henri de
Fénétrange, son vassal, et bientôt plus de quatre mille cava-
liers vinrent se ranger autour de la lice. Cette affluence
extraordinaire de spectateurs fit craindre un piège au comte
de Saarwerden et Tempêcha de comparaître.^
Le comte Frédéric II de Saarwerden eut de vives discus-
cussions avec l'archevêque Baudouin de Trêves, au sujet du
château de Lorentzen, que ce prince voulait faire considérer
comme un fief dépendant de son église; mais comme il ne
voulait pas se brouiller avec ce prélat, il lui rendit hommage
et reconnut, par acte du vendredi avant la Saint-Laurent
(5 août) 1884, qu'il tenait en fief de l'église da Trêves
non-seulement les villages de Saint-Laurencien, Wachten et
Limbach, mais encore le château qu'il venait de construire à
Saint-Laurencien, près de Diemeringen, au diocèse de Metz.
Jean de Saarwerden, frère de Frédéric et chanoine de Trêves,
souscrivit comme témoin à cet acte. Le comte Frédéric promit
en outre à l'archevêque Baudouin, par un autre acte du même
jour, de ne jamais rien entreprendre ni contre lui, ni contre
son archevêché, sous la réserve de son devoir vassalitique
envers l'évêché de Metz.'
En 1885, l'embarras de ses finances força le comte Frédéric II
' GcEE^, ouvrage cité, p 76.
' Stbobel, Geschkhte des Elsasses, t. Il, p. 202.
' Archives de Coblence (fonds de Saarwerden, 14).
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SAARWBRDBM ET HBJtBITZHEIM 189
à engager, à larcbevéque Baudouin de Trêves, la ville de
Bouquenom avec quelques dépendances du comté de Saarwer-
den\ mais ce prince lui accorda, par acte passé le jour du
vieux carnaval {uff alte Fachsnacht, 18 février) 1886, 1885
selon le style usité au diocèse de Metz, la faculté de racheter
la ville de Bouquenom, la moitié du château de Saint-Lau-
rent, du village de ce nom et des villages de Wachten et de
Limbach, moyennant la somme de trois cents livres tournois
noires.*
Par acte passé le vendredi avant le dimanche des Rameaux
1387, Walburge de Horbourg, dame de Fénétrange, autorisa
Frédéric, comte de Saarwerden, à retirer de ses mains les
villages de Wlger (Weyer), Odewilre (Ottwiller) et Oldingen
(Olingen '), qu'elle et son défunt époux, Henri de Fénétrange,
avaient acquis sous faculté de rachat d'Agnès de Salm, en
1827, moyennant le prix qui se trouve énoncé dans l'acte
de vente. Elle présenta pour ses cautions et répondants, Henri
de Fénétrange, ses cousins, Louis de Lichtenberg, son gendre,
et Folmar, comte de la Petite-Pierre-*
Le comte Frédéric U de Saarwerden eut un différend avec
Jean Orlebecher, chevalier; mais les parties s'étant rappro-
chées, soumirent leur contestation à l'arbitrage de quatre
seigneurs. Le chevalier Orlebecher nomma, par acte du samedi
avant le dimanche Cantate 1840, Simon, comte de Salm, et
Grerard de Warsperg, bailli {Bdlis) dans la partie allemande
de l'évéché de Metz, pour ses arbitres.*^ Ceux désignés par le
comte Frédéric ne sont pas connus.
Frédéric H, comte de Saarwerden, ayant eu des difficultés
^ N. Ebereqou)!, Consultai. y p. 110.
* A. Gœrz, ouvrage cité, p. 78. —Archives do Coblence (fonds de
Saarwerden, 16).
' Village qui ne subsiste plus ; son territoire a été réuni au ban de
Kirrberg.
*' Archives de Coblence (fonds de Saarwerden, 17)
* Là même (fonds de Saarwerden, 18).
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190 BEVDB D'ALSACS
tTec le comte de Deux-lkmtSj ré?êque de Metz, Âdemare de
MoDteil les réconcilia dans la personne de leurs représentants,
qui étaient Nicobne de Sabne%, pour le comte Frédéric, et
Guerrainde Wamefperch pour le comte de Deux-Ponts. L'acte
de réconciliation fut passé le jeudi devant sœi jour de feste
Soinet Johami-Baptiste 1340.^
Des difficultés s'étant éleTées entre Agnè9 de Lichtenberg,
dame de Forbach, et Jean d'Âpremont, seigneur de Forbach
et Marguerite, son épouse, d'une part, et Frédéric H, comte
de Saarwerden,àcause d'un serf nommé Jacques Streckbeyn,
de Gnebelingen, que le comte de Saarwerden avait fait pri-
sonnier, les parties s'accommodèrent par une transaction du
lundi avant le jour de Sainte-Lucie 1841.^
Les prévôt, échevins et jurés et toute la bourgeoisie de la
ville de Sarrebonrg, au diocèse de Metz, donnèrent, par acte
du samedi avant la ISte de la Nativité de Notre Dame 1S4S,
pouvoir et procuration au comte Frédéric de Saarwerden,
d'adhérer, en leur nom, au traité de paix, qui était sur le
point de se conclure sons le nom de Lofui^rieden avec la
ville de Metz.*
Berthold, fils de feu Guillaume de Luezelnbonrg (Lntzel-
bourg), écuyer, fit, devant Tévéque Âdemare, de Metz, le
tS octobre 1848, une déclaration, par laquelle il reconnut que
les biens situés à NicderwUre et à WeneswUre ^ ainsi que
son chftteau.de Niederwiller, ne faisaient pas partie du fief
castrense qu'il tenait de l'évèché de Metz dans le chftteau de
Lutzelbourg; mais qu'ils* relevaient d'ancienneté du comté de
Saarwerden et qu'il y ayait déjà cinq années que le comte
Frédéric de Saarwerden les lui avait conférés en fief."
^ Là même (fonds de Saarwerden, 19).
* Là même (fonds de Saarwerden, 20).
' Là même (fonds de Saarwerden, 21).
* Winschwiller, village détrait, sur remplacement dnqnèl fat eonttrait
plos tard le village de Broaderdorf.
* Ârciiives de Coblence (fonds de Saarwerden, 22).
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8AARWBRDBN BT HSBBITZHKIll 191
L'érêque de Metz, Âdémare de Monteil, qui comprimait ses
sujets du poids de son ambition démesurée, était en guerre
avec les bourgeois de Vie, qui s'étaient mis sous la sauve*
garde de Raoul, duc de Lorraine. Un traité de paix, dont furent
garants onze seigneurs, qui y sont appelés les Elus mr les
communes criées de Lorraine, réconcilia les bourgeois de Vie
avec leur évèque et seigneur. Ce traité fut signé à Metz le
jeudi, jour de l'Apparition de Notre-Seigneur, t qmnd il y
avait i344 ans ». L'évoque Âdémare prêta serment sur les
Saints-Evangiles, entre les mains du comte Frédéric de Saar-
werden, de tenir et d'accepter le traité bien et loyalement.^
Le comte Frédéric II de Saarwerden jouissait de la plus
haute considération en Lorraine et dans le Westreich, et il
employait son influence à réconcilier les seigneurs et à tenter
des voies d'accommodement pour faire cesser les petites
guerres privées, pendant lesquelles tout le pays était au
pillage. Il contribua à rétablir la concorde entre Âdémare,
évéque de Metz, et Adélaïde de Lichtenberg, veuve de Nicolas,
comte de Salm, et fut Tun des témoins du traité de paix qu'ils
signèrent le 7 septembre 1S44.
Raoul, duc ^e Lorraine, et Tévéque Âdémare étaient en
guerre. Presque toute la noblesse de Lorraine et de l'évôché
de Metz s'y trouva intéressée. Âpres une infinité de ravages,
les parties belligérantes songèrent à faire la paix et s'en rap-
portèrent à l'arbitrage de Jean de Luxembourg, roi de Bohême,
qui se fit assister des conseils de Frédéric, comte de Saar-
werden, et de plusieurs autres seigneurs. Le roi de Bohème
accorda le duc Raoul et l'évêque Adémare le 25 juin 1S46.*
Le comte Frédéric de Saarwerden et Jean III de Kirkel
intentèrent, en 1S46, à leur cousin, Arnold de Hombourg,
une action judiciaire aux fins de partage des forêts patrimo-
» Calmbt, Histoire de Lorraine, t. III, p. 344, et Preuves, sous Tai»
1344
* Cal MET, Notice de la Lorraine^ t. I, p. 643.
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19"^ BIVUE D'ALSACE
Qiales de Vogelbach, Erbach et Hombourg, lesquelles aytient
été laissées jusque-là dims TindiTision.^
Le comte Frédéric renonça, par acte du 16 avril 1846, au
profit de l'archcTêque Baudouin de Trêves, à tout ce que celui-
ci avait perçu et percevra dans les villages de Furthe, Lim-
bach, Furbach, Yolckarskircben, Fronesbach et Haselo, pen-
dant toute la durée de leur engagement.'
Hugelmann, Frédéric, Bruniche et Simon (celui-ci membre
de l'ordre Teutonique) frères, seigneurs de Fénétrange,
Hugelmann, Frédéric et Jacques de Fénétrange, les trois fils
de Hugelmann prédénommé, renoncèrent, par acte du dou-
zième jour après Noël (6 janvier) 1846, au profit de Frédéric,
comte de Saarwerden, à toutes leurs prétentions sur la haute
et basse justice de Haarskirchen et les vignes sises audit lieu.'
Le comte Frédéric de Saarwerden eut de sa femme, Agnès
de Salm, deux fils : Jean U et Frédéric. Celui-ci embrassa
rétat ecclésiastique et obtint un canonicat dans la cathédrale
de Strasbourg; en 1864, il était revêtu de la dignité de grand-
chantre de cette insigne église.^
Le sigillé de Frédéric II le représente assis sur un cheval
fougueux avec cette légende : f S. FERRICI COMITIS DE
SARWERDEN." Le bouclier du cavalier, le caparaçon et le
cou du coursier sont ornés de l'aigle à deux têtes, qui est le
symbole de Tempire germanique. Groll, le jeune, estime que
le comte de Saarwerden avait placé Taigle à deux têtes dans
son écusson, pour marquer la sujétion ou la dépendance, dans
* Lehmamn, Die Burgen der PfaU, t. V, p. 237.
■ Archives de Coblence (fonds de Saarwerden, 24). — Toutes ces loca-
lités relevaient da château de Kirkel. Limbach est un village du canton
de Waldmoor; Hassel avec la censé de Fronschbach, fait partie du can-
ton de Bliescastel ; Vœlkerskirchen, Fûrthe et Fnrpach ne subsbtent
plus.
' Archives de Coblence (fonds de Saarwerden, 25).
* Grandidier, Manuscrits déposés à la bibliothèque de Strasbourg.
* Calmet, Histoire de Lorraine, t. II, pi. 12.
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SAARWEBDBK BT HBBBITZHBIM 19^
laquelle il était Tis-à-yis da chef de l'empire ; insigne eomto-
tÛ8 Sarwerdani signumque dimteUœ imperii^ dit-il ^ et toat
porte à croire que Tassertion du savant bipontin est fondée;
car Charles IV, qui régnait alors, passe pour le premier empe-
reur qui ait employé Taigle à deux têtes dans ses armoiries.'
L'armoriai de Paul Fdrst représente Técussou des comtes
de Saarwerden, orné d'un aigle au vol abaissé.*
Frédéric II, comte de Saarwerden, et son fils Jean recon-
nurent, par acte du 20* jour aprèw Noël (18 janvier ) 1847,
suivant le style usité au diocèse de Metz, ou 1848 suivant le
style actuel, devoir à Walther d'Undenheim, écuyer, vingt-
deux livres deniers de Strasbourg, pour les avoir servis dans
la guerre qu'ils venaient de faire à Bourchard de Fénétrange
et à ses alliés/
En 1856,1e comte Frédéric n de Saarwerden eut un grave
différend avec la ville de Metz « et fut, au dit an, la paix faicte
de la guerre et différend que le comte de Saarwerden et la
cité de Mets avoient ensemble/ >
À peine Tempereur Charles IV avait-il publié à Nuremberg
la bulle d'or, qui fut pendant cinq siècles la loi fondamentale
de l'Empire, qu'il se rendit à Metz, où il tint, le 25 décembre
1356, une cour plénière au milieu du champ-à-SeUhy pour y
ajouter divers articles. L'empereur mangea ensuite en public
et se fit servir par les sept princes électeurs à cheval, consa-
crant ainsi cette étiquette féodale. L'impératrice, toute la pre*
mière noblesse et le haut clergé d'Allemagne, les comtes de
Salm, de Saarwerden et de Lînange, les évêques de Metz, de
Toul, de Verdun et de Strasbourg, le dauphin de France,
Charles, fils de Jean-le-Bon, et une infinité d'autres seigneurs
assistaient à ces cérémonies.*
^ Origines hipontines^ 1. 1^ p. 144.
• Masoovius, Prindp.jur, publ. imp., p. 154. — • T. II, pi. 13.
* Archives de Coblence (fonds de Saarwerden, 26).
* HuGUENiN, Chronique Messine, p. 97.
• Galbibt, Chronique du doyen de Saint-Thiébaut de Metz, t. V.c. XIU.
NooTelle Série. — 6"* Année. * 18
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194 . BEVUB D'ALSACE
Le 8 septembre 1858, Hanemann et Simon Wecker, comtes
de Deux-Ponts-Bitche, conclurent une trêve a?ec Jean de
Lichtenberg, érèque de Strasbourg, et Jean de Dagstoul. Cette
trêve devait commencer ledit jour, fête de la Nativité de Notre-
Dame, et durer jusqu'au mardi après la Saint-Martin. Frédéric,
comte de Saarwerden, et son fils Jean y furent nommément
compris/
En 1859, il se forma entre les seigneurs du Westreich,
Adémare de Monteil, évêque de Metz, et Jean de Lichtenberg,
évéque de Strasbourg, une ligue, où entrèrent le comte
Frédéric II de Saarwerden et son fils Jean. Cette ligue, qui
portait le nom d'Alliance du Westreich (^Westrifher Bond)
fut conclue et signée à Deux-Ponts. Tous ces seigneurs se
jurèrent amitié et promirent de prendre les armes pour se
défendre mutuellement contre toute espèce d'ennemis. Le
comte Frédéric de Saarwerden et Jean, son fils, firent leurs
réserves en faveur des sires Cunon, Jean et Philippe de Fal-
kenstein, leurs cousins, et de leurs ganerbes, c'est-à-dire en
faveur de ceux qui avaient le droit d'ouverture dans leurs
chftteaux; ils se réservèrent aussi tous leurs droits et pré-
tentions contre la ville et les bourgeois de Sarrebourg, pour
les faire valoir, quand ils le jugeraient à propos.'
Le comte Frédéric II de Saarwerden et son fils Jean firent,
en 1861, un traité dalliance avec Wenceslas, roi de Bohême
et duc de Luxembourg, Jean, duc de Lorraine, Adémare de
Monteil, évêque de Metz, Robert, duc de Bar, Simon de Lich-
tenberg, Folmar, comte de Lutzelstein, et plusieurs antres
seigneurs du Westreich. Par ce traité on s'engagea à se
défendre mutuellement contre les incursions des bordes étran-
gères, qui menaçaient d'envahir la Lorraine, sans toutefois
rien entreprendre contre le pape, Tempereur d'Allemagne et
^ Herzoo, EdeUasser Chronick, liv. V, p . 37.
' Là même, liv. II, p. 73. Une faute typographique indique par erreur
l'année 1389 comme étant celle où cette alliance fut conclue.
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SAARWERDEN ET HEBBITZHEIM 1^
le roi de France. Tous ces seigneurs se jurèrent amitié et
promirent de conserver la paix pendant trois ans, intervalle
pendant lequel des commissaires agréés deyaicnt terminer
toutes les discussions, qui pourraient s'élever entre eux.^
Après la mort du comte Frédéric II, son fils, Jean II, saisit
le gouvernail des affaires; il se maria à Glaire de Fénétrange,
qui lui donna deux fils et trois filles.
!• Henri IL
i*" Frédéric, que son père voua à Tétat ecclésiastique, qui
ouvrait alors une perspective si brillante aux cadets des mai-
sons illustres, à TefTet de ménager à Tatné sa succession dans
son intégrité. Frédéric parvint au sommet de l'échelle des
dignités ecclésiastiques et fut appelé à Thonneur suprême de
présider aux destinées de Téglise de Cologne. La haute
influence de son parent Gunon de Falkenstein, archevêque de
Trêves, lui fraya le chemin à celte haute dignité. Il faisait
ses études à Bologne, lorsqu'en 1370 son cousin Gunon, arche-
vêque de Trêves, et qui était en même temps administrateur
de Tarchevêché de Cologne, jeta les yeux sur lui, pour lui
faire obtenir Tadministration de cette église, dont le fardeau
commençait à peser à sei épaules. Gunon gagna les chanoines
et les décida à élever son jeune parent sur le siège archiépis-
copal, c Jîwenem magnis ingenii et virtutum omamentis sacro
sacerdotum senalui commendavit. > Ainsi s'exprime Brouwer
dans ses Annales tréviriennes,^ Wenceslas, roi des Romains,
fut sacré et couronné à Bonn, le 6 juillet 1S77, par Tarche-
vêque Frédéric; ce prélat eut encore Tinsigne honneur de
couronner l'empereur Robert. Il mourut le 9 avril 1414.
S** Agnès, qui se maria, le 25 juin 1866, à Simon Wecker IL
comte de Deux-Ponts-Bltche; elle lui apporta une dot de
quatre mille petits florins d'or.'
^ Galmbt, Histoire de Lorraine, t. III, p. 443, et Preuves, sons Tan 1361.
• Tome II, p. 242.
* Lehmann, Geschichte der Grafen von Zweihrucker^Bitseh, t II,
p. 214,
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190 HEVUB D*ALSAO£
4* Walburge, qui épousa, en 1876, Frédéric, comte de
Hœrs. Ce seigneur lui assura un douaire de douze ceots flo-
rina d*or sur les châteaux de Milieu et de Gangelt et leurs
dépendances/
S"" Et Hildcgarde, qui épousa, en 1386, Jean de Limbourg,
dans la personne duquel s'éteignit la race mâle des dynastes
de ce nom.'
En 1869, le comte EmichV de Lînange-Hartenbourg enga-
gea à Jean II, comte de Saarwerden, une rente annuelle de
sept foudres de vin, due par des particuliers de Baldenborn
(Ballbronn), moyennant la somme de huit cent quarante
florins.
Il lui emprunta encore la somme de cinq cents florins avec
la promesse d'en servir les intérêts à raison de cinquante
livres hellers par an, et lui affecta spécialement les biens
allodiaux de la seigneurie deGutenbourg.' Le comte de Saar-
werden, de son côté^ renonça à toutes les prétentions qu'il
pourrait avoir à former contre la maison de Linange à rai-
son de la dot de Ferriatte, son aïeule.^
En 1870, le comte Jean II emprunta de son gendre, le comte
Simon Wecker II de Deux-Ponts- Bitche, une partie de la dot
qu'il avait constituée à sa fille Agnès, c'est-à-dire la somme
de dix-sept cent quarante-quatre florins, et lui hypothéqua la
ville de Bouquenom; mais il fut stipulé qu'en cas de rembour-
sement de cette somme, le comte de Deux-Ponts-Bitche serait
tenu de la placer sur bonne hypothèque dans Févêché de
Metz.*
^ Lagomblst, UrkundenbuchfûrdieGeschicktedesNiederrkeins^ t. III,
p. 690.— Dieterich de Mœrs,qai vivait au commencement da XIII* siôcle,
est le premier de ce nom, (pii soit mentionné dans les documents diplo-
matiques.
* Brouwbr, Annales tréviriennes, t. II, p. 352.
' Ancien château situé près de Bergzabem (Bavière rhénane).
* LEHBfAMM, GeschichU der Burgen der Pfalz, t. III, p. 113.
^ LsHKANNy GeschichU der Grafen von Zweibriickenj p. 216.
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SAARWERDBN ET HBRBITZHEIM 197
Le samedi avant la Saint- Jean-Baptiste, 1S7S, Jean et
Jacques, seigneurs de Ruidingen (Ravilie), frères, s'accomo-
dèrent avec Jacques de Fénétrange et Jean, comte de Saar-
werden, au sujet du Gericht de Bouquenom, conformément
à un jugement arbitral, rendu par Jean, comte de Salm,
Simon, sire de Lichtenberg, et Jean, sire de Fénétrange."
En 1874, le comte de Saarwerden autorisa Henri de Meckin*
gen, chevalier, et Catherine de Hunebourg, son épouse, à enga-
ger aux héritiers de Nicolas Windeberger vingt florins de
rente annuelle sur les villages de Hirslanden (Hirschiand)
et Ruwilre CRauwiller), dont ils étaient investis à titre de fief
du comté de Saanverden; de leur côté, ils promirent au comte
Jean II, par acte du vendredi après la Saint-Barnabe de la
dite année, que cette autorisation ne lui serait jamais pré-
judiciable.^
Les bandes anglaises venaient de désoler les rives de la
Moselle et s'avançaient vers TAlsace, signalant leur passage
par le pillage, les incendies et les violences de toute espèce.
Le comté de Saarwerden, situé entre TAlsace et la Lorraine,
ne pouvait manquer d'être exposé aux ravages des Bretons.
La comtesse de Saarwerden, Glaire de Fénétrange, qui rési-
dait au château de Saarwerden, informa en 1875, pendant
Tabsence de son mari, la ville de Strasbourg, que les bandes
d'aventuriers marchaient vers FÂlsace et qu'elles n'étaient
plus qu'à la faible distance de cinq lieues de sa résidence.*
En 1876, les habitants de Sarrebourg refusaient de payer
à Thierry Bayer de Boppart, évéque de Metz, les redevances
qu'ils lui devaient; ce prélat fit assiéger leur ville et ordonna
de faire le dégât de leur territoire ; mais les comtes de Saar-
werden et de Ltltzelstein s'étant entremis pour les raccom-
moder, Thierry Bayer de Boppart leur pardonna, sous la
' Archives de Coblence (fonds de Saarwerden, 28).
' Là même (fonds de Saarwerden, 29).
* Schiltbb-Kœnigshoven, Chronick, p. 901.
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198 BEVUE d'alsâge
condition quils satisferaient à Taveniraux engagements qa*ils
avaient contractés el qu'une des portes de leur ville serait
toujours gardée par ses troupes concurremment avec les
bourgeois/
Le comte Jean II associa son fils Henri II au gouvernement
de ses Etats et lui fit contracter, en 1377, une alliance avec
Herzlande, fille unique d'Ulrich de Ribeau pierre (Rappolstein).'
Cette opulente héritière, qui avait été mariée à Jean, comte
de Habsbourg, seigneur de Lauffenberg ', apporta à Henri de
Saarwerden, non-seulement le château de Hohenack et toute
la vallée d'Orbey dans la Haute-Âlsace, mais encore les pos-
sessions allodiales de la maison de Rappolstein, qu'elle avait
héritées de son père et auxquelles les filles, à défaut de mâles,
étaient appelées à succéder suivant un pacte successoire con-
clu, en 1872, entre les deux frères Brunon et Ulrich de Rap-
polstein.
Henri II de Saarwerden ajouta à son nom le titre de sei-
gneur de Rappolstein et de Hohenack, selon Tusage du moyen
âge, pour indiquer par là Taccroissement que l'héritage de
sa femme venait d'apporter à sa maison, et lorsque eut été
investi du fief de Hohenack par Farchiduc Rodolphe d'Au-
triche, Brunon de Rappolstein contesta celte investiture: il
en résulta une prise d'armes, qui ne fut pas sans incidents
sanglants. On compta, de part et d'autre, des succès et des
revers avant d'arriver à une conclusion définitive. Enfin
Henri, d'après les conseils de son père et de son frère, l 'ar-
chevêque de (Pologne, s'arrangea avec Brunon de Rappolstein
sur tous les différends qui avaient troublé l'harmonie des
deux maisons, et comme il ne négligea rien pour ménager à
sa maison la tranquille possession du riche héritage de son
1 Calmet, Hûtoire de Lorraine, t. III, p. 447.
' Spenbb, Opus herMicum, t. II, p. 511.
' Le mariage de Jean, comte de Habsbourg, avec Herziande de Rap-
poUtoin. avait été cassé pour canse d'impuissance du mari.
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SAARWËRDEN KT HRHBITZHÇIM 199
beaa-père, il eut, en iS78, la satisfaction de voir le pacte suc-
cessoire an sajet des possessions de la maison de Rappolstein
confirmé par soit oncle Branon, et sanctionné par le chef de
TEmpire \ il prit, conjointement ayec son père Jean, renga-
gement de remettre et de prêter à Brunon et à ses fils et petits-
fils tous les litres, tous les documents relatifs à la maison de
Rappolstein, et qui pouvaient se trouver en sa possession,
toutes les fois qu'ils en auraient besoin.'
Un différend survenu, en IS79, entre Ilanemann (Jean) I",
Simon Wecker II et Fréiéric, comtes de Deu x -Ponts Bitche,
d'une part, et leur frère Henri, d'autre part, au sujet des pré-
tentions que ce dernier formait sur l'héritage paternel, alluma
une guerre fratricide, à laquelle le comte Jean II de Saarwer-
den et son fils Henri prirent part. Ils se liguèrent avec le
comte Henri contre leur gendre et beau -frère respectif, Simon
Wecker et ses deux frères, et signèrent au mois de janvier
1880 an traité d'alliance avec le comte Henri. Ils s'engagèrent
par serment, s'ils parvenaient à se rendre maîtres des
châteaux de Bitche ou seulement du village de Kaltenhausen,
qui en formait le faubourg, à lui en remettre le quart,
qui formait sa part de l'héritage paternel, et il fut stipulé que
tous les dépens et dommages que les trois frères leur feraient
éprouver, leur seraient remboursés.'
Cette alliance ne fut que de courte durée ; la désunion se
mit dans les rangs des coalisés, les comtes de Saarwerden
tournèrent leurs armes contre leur ancien allié, s'emparèrent
de son château de Roldingen et le rasèrent. Le comte Henri
de Deux*Ponts-Bitche leur ayant demandé la paix, elle fut
conclue au mois d'octobre. Henri renonça, à rencontre des
comtes de Saarwerden, à toute demande de dommages-inté-
^ Cboll» ùriginêi hip<mêineêt 1. 1, p. 141.
' SOHCEPFLIN, Alsatica diplomatka, t II, p. 276.
* Lkhiiamn, GtickichU der Grafen von Ztoeibrikkef^BiUeht p. 834«
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2ÛD REVUE D'ALSiLOE
rôts, à cause de la destruction de son château de Roldingen *
et leur accorda TouTerture de son cbftteau de Herrenstein '
avec le droit d'y séjourner jusqu'à ce qu'ils se fussent accom-
modés avec leurs ennemis.
Simon Wecker II, comte de Deux-Ponts-Bitche, ayant eu
la douleur de perdre son épouse, Agnès de Saarwerden, son
beau-père lui paya ce qui Uii était encore dû sur sa dot, contre
bonne et valable quittance, le mardi après Saint-Simon et
Saint-Jude 1S81.'
L'année de la mort du comte Jean U de Saarwerden n'est
pas connue.
L'archevêque de Cologne, Frédéric de Saarwerden, avait
donné, en 1 S81, à Jean de Lichtenberg, le jeune fils de Henri IV,
l'expectative de la première prébende de chanoine qui vien-
drait à vaquer dans le grand chapitre de cette ville, et l'avait
dispensé de fournir les preuves de noblesse exigées en pareille
circonstance. Mais un certificat de naissance libre émis en sa
faveur deux ans après, par le comte Henri de Saarwerden,
contient en même temps les preuves des quartiers de noblesse,
tant du côté paternel que du côté maternel, que le jeune réci-
piendaire était tenu de produire, pour être admis au sein du
grand-cbapitre de (lologne.*
Le jour de la Saint-Jean-Baptiste 1882, Hensclin de Furd-
le- Vieux, prévôt, reconnut devoir au comte de Saarwerden la
somme de trente florins, et lui donna pour cette nomme en
engagement la moitié d'une prairie, située dans le comté de
Saarbruck, au lieu dit : off der Ossem. Engeland, burgrave
^ Rahling, canton de Rohrbach ; le château a été entièrement rainé,
on en voyait encore les vestiges au siècle dernier.
' Ce château, entièrement rasé, était situé au dessus de Neuwiller
(Bas-Rhin).
^ Lbhmann, Geschichte der Grafen von ZweihriickenrBitsch, p. 226.
* Lbhmann. GeschichtederGrafschaftHanau^Licktenberg, t. I, p. 183.
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SAARWBBDBN BT HBBBITZHEIM 201
d'OUwiller, et Arnold, curé de Neumonster, souscrivirent à
cet acte comme témoins.^
Les petites guerres enfantées par Tambîtion démesurée ou
la jalousie des seigneurs, ne finissaient pas. C'étaient tous les
jours de nouvelles entreprises, de nouvelles courses, des pil-
leries et des ravages de toute sorte. L'histoire de cette époque
est constamment un tissu de confédérations, pour abuser du
droit odieui du plus fort. En 1885, une mésintelligence ayant
éclaté entre Henri n, comte de Saarwerden, et Jean d'Ochsen-
•tein, grand-prévôt du chapitre de Strasbourg, une nouvelle
guerre s'alluma. L'issue en fut fatale à la ville de Bœrsch,qui
appartenait au grand-chapitre. Le comte Henri s'en empara
par surprise dans la nuit de la Saint-Mathias (24 février), et
la livra au pillage et à Tincendie.'
En iS88, le comte Henri H de Saarwerden se reconnut
vassal du seigneur alsacien Conrad de Lichtenberg, et lui donna
ses reversâtes pour les villages de Lohr et de Hambach.'
Le caractère turbulent de Henri, sire de Blftmont, attira
sur lui, en 1S88, une coalition, où entrèrent Jean, comte de
Salm, Henri H, comte de Saarwerden, Henri IV et Jean IV,
seigneurs de Lichtenberg, et plusieurs dynastes puissants.*
Cette alliance intimida tellement le sire de Blftmont, qu'il
déposa les armes. Les seigneurs soumirent, d'un commun
accord, les difficultés qui les divisaient à l'arbitrage de Jean,
duc de Lorraine. Ce prince rendit < le 17* jour en mois de
janvier 1889, en son hostel à Dueze (Dieuze), entre Monsieur
Henri, comte de Salverne, et Henri et Johann, seigneurs de
Lichtenberc, d'une part, et Henri, signour de Blftmont,
d'aultre part », une sentence arbitrale, qui parait avoir satis-
fait les parties."
^ Archives de Coblence (fonds de Saarwerden, 32).
* Kœnigshoven, Chronick, p. 342.
* Archives da Bas-Rhin, J. E., 4350.
* Lehicann, Geschichte des GrafschaftHanawLiehtenberg, 1. 1, p. 188.
* Archives de Coblence (fonds de Saarwerden, 33).
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a02 REVT7B D'ALSACE
Des contestations s'étaient élevées entre révoque de Metz,
Raoul de Coucy, et les sires Bayer de Boppart; elles furent
soumises à l'arbitrage de Henri de Blàmont, Henri de Saar-
werden, Henri de la Petite-Pierre, Jean de Salm, Henri de
Lichtenberg et du comte de Nassau-Saarbruck. Les arbitres
se réunirent le premier dimanche de carême 1889 à Vie* au
palais épiscopal, et y rendirent une sentence, dont les parties
se montrèrent satisfaites.'
Gontzemann, prévôt (Schultheiss) de Bouquenom^ et plu-
sieurs particuliers de cette ville, devaient à Henri, comte de
Saarwerden, seigneur de Rappolstein et de Hohenack, la
somme de deux cents florins; pour se libérer de ce capital,
ils lui constituèrent une rente annuelle de soixante malters
d'avoine sur leurs biens sis audit Bonquenom. L'acte de
constitution de cette rente Tut passé le jeudi après la Conver-
sion de Saint-Paul 1890, style du diocèse de Metz, et scellé du
sigillé de Georges Fyrgeman, pasteur (curé) de Pouquenom,
et frère du prévôt Gontzemann.'
. Jean, comte de Habsbourg, seigneur de Lauffenbourg, eut
un différend avec Henri, comte de Saarwerden, au pujet de
l'héritage de Herzlande de Rappolstein; il fondait ses pré-
tentions sur son contrat de mariage, mais le comte Henri sut
les écarter au moyen d'une transaction qu'il conclut avec le
comte Jean, par l'entremise de Henri, sire de Munolfingen,
le dimanche après la fête de l'Assomption de Notre-Dame
1892.*
En 1891, l'empereur, mécontent devoir son autorité entiè-
rement méprisée à Strasbourg, avait mis cette ville au ban
de l'empire; plusieurs seigneurs puissants, le margrave Ber-
^ Vie, ville da département de la Mearthe, était la résidence des évèqaes
de Metz et le siège de leurs dicastères ; elle est aujourd'hui annexée.
» Calmïbt, Histoire de Lorraine, 2* éd. . t. III, p..576.
* Archives de Coblence (fonds de Saarwerden, 34).
* Là même (fonds de Saarwerden, 35) .
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SAABWERDEN ET HERBITZHEIM 203
nard de Bade, l'éréque de Strasbourg, Frédéric de Blanken-
heim, lecomteEberhardde Wurtemberg, Jeaade Lîchlenberg
et BruDon de Rappolstein, résolurent de profiter de cette
circonstance pour abaisser Torgueil de la puissante cité; ils
firent une alliance offensive et défensive contre elle et levèrent
des troupes avec lesquelles ils firent le dégftt dans les villages
de son territoire. Après diverses hostilités, ils résolurent
d'assiéger cette ville, et au bruit de leurs préparatifs, le duc
Charles II de Lorraine, Henri, comte de Saarwerden, les comtes
de Vaudémont, de Deux-Ponts, de Blâment et de Salm et une
foule d'autres seigneurs, accoururent en Alsace et joignirent
leurs forces à celles des confédérés.^ Mais la cité guerrière
avait pris de si bonnes mesures de défense, qu'ils furent
obligés de surseoir les attaques. Enfin, Tempereur Wenceslas
releva, au commencement de février 1898, la ville de Stras-
bourg de son ban.*
En 1893, le comte Henri de Saarwerden devint Tun des
ganerbes du chftteau de Wangenbourg, situé en Alsace, au
pied du Schneebcrg, dans le voisinage de celui d'Ochsenstein ;
Bourchard de la Petite-Pierre, grand-prévôt du chapitre de
Strasbourg, après l'avoir admis dans la ^communauté de ce
chftteau, lui en vendit ensuite le quart, sous faculté de rachat,
pour la somme de six cent soixante florins, suivant contrat
du 20 mai de la dite année.' Trois jours après, une paix cas-
trense, au sujet de ce chftteau, fut conclue entre les divers
ganerbes.*
Le comte Henri n de Saarwerden eut la douleur de voir
mourir tous ses enfants à la fleur de l'ftge; la mort de son
* Calmet, Histoire de Lorraine, 2* éd., t HI, p. ôOS^et Monb, Quel-
Unsainmlung der badischen Landesgeschichte (continuation^ de la Chro-
nique de Kœnigshoven), t. I, p. 267.
» Ldnig, Tetitsches Reichs-Archiv, t. VI, n*» XXII; Mone, Zeitschrift,
l. VIII, p 163.
' Archives du Bas-Rhin, s. G., carton 132.
* Là même.
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204 REVUE D'ALSAŒ
fils Conrad, l'espoir de sa race, le rendit inconsolable; il fat
enleré lui-même à Famour de ses sujets par une mort inat-
tendue. ÀTec lui s'éteignit la maison de Saarwerden, dont
Théritage fut transmis, du consentement de son frère Frédéric,
archevêque de Cologne, par sa sœur Walburge, à la maison
de Mœrs. L'archevêque Frédéric de Cologne prit toutes les
mesures nécessaires pour assurer cet héritage à Frédéric de
Mœrs, fils aîné de sa sœur, et s'empressa de payer les dettes
que son défunt frère avait délaissées.^
La veuve du comte Henri, Herzelande de Rappolstein, se
remaria peu après à Jean, comte de Lupfen, et lui apporta sa
part des opulentes possessions de la maison de Rappolstein ;
il en résulta une contestation, qui fut terminée à Ensisheim
le vendredi après la Fête-Dieu 1400, par l'intermédiaire de
Léopold, duc d'Autriche.'
La seule terre allodiale que la maison de Saarwerden pos-
sédât encore dans l'ancien pagus de la Blies, la seigneurie
d'Ilingen, qui se réduisait au village de ce nom, passa aussi
à la maison de Mœrs, ce qui lui ajouta un nouveau lustre.
Les autres terres patrimoniales qu'elle possédait jadis dans
cette contrée, se trouvaient éparpillées entre l'abbaye de
Wernerswiller et les maisons de Kirckel, de Hombourg, de
Siersberg et de Hagen, issues par les femmes des comtes de
Saarwerden. La race des Eirkel avait même déjà défailli en
1887 dans la personne de Jean, et l'empereur Wenceslas
avait conféré leur seigneurie, avec les fiefs qui en dépendaient,
an comte palatin, Robert I'', dit le Vieux, et à sa mort, arrivée
en 1890, à son neveu, Robert II, dit le Dur. Le village de
Limbach-sur-la-Blies, que ce prince et le comte Henri n de
Saarwerden avaient tenu ensemble en fief d'empire, fut donné
par l'empereur Wenceslas à Robert m, fils de Robert4e-Durt
' Arehives de Coblence (fonds de Saarwerden, 36 et 37).
' SOHŒPFUN-IUvBNÉz, UAlsoce illustrée, t. IV, p. 287.
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flAARWERDBN ET HERBITZHBnf 200
soivant lettres dMorestiture da jour de Sainte-Agnès 1898.*
Pftr le partage des terres palatines que fit le comte palatin,
Robert m, roi des Romains, la seigneurie de Limbach advint
à son fils Etienne, comte palatin, puis aux ducs de Deux-
Ponts.
Nous avons déjà dit que la rille ou plutôt le château de
Saarwerden avait donné son nom à une famille de nobles de
qualité inférieure aux comtes de ce nom. Walther de Sar-
werden et ITenri Yogtde Sarwerden figurent comme témoins
dans une donation que fit. en 1179, Louis, comte de Saar-
werden, à Tabbaye d'Eusserlhal.' Waltherus de Sarwerden
et Henricus advocatus de Sarwerden, sont de nouveau men-
tionnés dans la notice de fondation^et de dédicace de l'abbaye
de Wernerswiller, de l'an 1180.»
CuNO MILES DE Sarwerde figurc commo témoin dans une
donation que fit, au mois de mars 1245, Eberhard d'Ettendorf
à la maison de l'ordre Teutonique de Dan, de sa cour sise
audit lieu.^
Jean de Sarwerden était, en 1S5S, religieux au couvent
de Luckesheim (Lixheim).'
Henri de Sarwerden, né hors mariage, s'était destiné à
l'état ecclésiastique, malgré l'illégitimité de sa naissance;
lorsqu'il eut terminé ses études, il fut relevé par le pape du
defectuê nataUum, L'évèque de Metz fut chargé par le souve-
rain pontife de lui accorder des lettres de dispense, pour qu'il
pût recevoir Fonction sacerdotale. La bulle fut donnée au
prieuré de Granville, près de Malaucène, dans le diocèse de
Yaison, le sixième jour des calendes de novembre, l'an quatre
' Cboll, Origines hipontines, t. I, p. 142.
• Wûrdtwein, Nova aubs. diplom., t. XII, p. 108.
' Cbollius junior, Origines hiponiines, 1. 1, p. 127.
• MoNE, Zeitschnft, t. XV, p. 155.
• Là même. t. VL p. 427.
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206 RBVtJE D' ALSACE
du pontificat du pape Clément; comme le millésime n'y est
pas indiqué, si elle a été fulminée par le pape Clément V,
elle remontée Tan 1S08, et si elle émane du pape Clément VI,
elle est de Tan 1S45.'
Dao. Fisqier.
(La suite h la prochaine livraison J
* Archives prov. de Coblence, n» 27.
ERRATA
Pages 105, l'« ligne de la note, lisez : Ce au lieu de Le.
ili, 12* ligne, et p. 114, 13« ligne, lisez : disparition au lieu de
disparution.
117, 2« ligne de la dernière note, lisez : HatlonrChàieL
120, i7« ligne, lisez Vabbaye au lieu de l'abbé.
124. l*"* ligne de la note, ajoutez une s à Origine.
124. 2" note : Baleicourt.
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?^ERDEN
Agnès,
épouse
du sire de
Falkeostein.
DE,
le
bourg,
sa race.
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CADEAUX OFFICIELS
FAITB A DIVERS TITRES
PAR LE
MAGISTRAT DE L'ANCIENNE RÉPUBLIQUE DE MULHOUSE
(X7I% ZVn* et XVIIP sièoles.)
Les historiens de Mulhouse ont enregistré, avec plus ou
moins de détails, les réceptions faites aux empereurs, aux rois
ou à d'autres personnages princiers qui ont honoré la ?ille
de leur visite, depuis Rodolphe de Habsbourg jusqu'à Louise-
Philippe. Outre les cérémonies usitées en pareilles circons-
tances, ils ont consigné dans leurs récits les cadeaux offerts
à ces augustes hôtes ainsi qu*à leur suite.*
Les notices suivantes compléteront ces données et en ajou-
teront d autres que nous croyons intéressantes pour Tétude
de l'histoire politique et pour celle des mœurs et des coutumes
de notre ancienne République helvétique, vers la fin du XVI*
et pendant les XVII* et XVIII* siècles.
Nos communicatioas sont tirées des recueils manuscrits
intitulés < Livres des bourgmestres »,i9âr^(Tfnef «fer- jBficAer'
' Ils sont enregistrés sons la rubrique « ObrigkeiUiche Geêchenke ».
' Ils portent aassi le titre de « Livres d'extraits », ExtractenBiicher,
parce qu'ils renferment les résumés des délibérations, les décrets on
d'autres actes émanés du magistrat.
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900 REVUE D'ALSAGE
et de quelques autres pièces inédites, conservées aux archires
de la YiUe. Elles y figurent pèie-méle, le plus ordinairement
d'après leur ordre chronologique. Nous les classerons par
rubriques de personnes et de matières, tout en conservant,
autant que possible, Tordre des temps.
Princes; ambassadeurs et autres diplomates. —
Le 8 juin 1583, le comte palatin Jean-Ckwmir^ se rendant à
Hontbéliard, à la cour du duc Frédéric de Wurtemberg pour
y assister à un baptême, vint à passer par Mulhouse. Il était
accompagné du rhingrave Otton, du comte Emmericli de
Linange et d'une suite de 70 cavaliers. Il fut reçu par les trois
bourgmestres, le greffier-syndic, trois membres du Sénat,
quatre bourgeois et quatre serviteurs à cheval. On le logea,
aux frais de la ville, à l'auberge de l'Ange, située sur la plaça
Saint-Etienne, et, à son départ, on lui offrit un foudre de vin *
et 30 sacs d'avoine.
Le i5 février 1626, le maréchal de Bammpierrey ambas-
sadeur français à Soleure, fut complimenté par le magistrat
avec les cérémonies habituelles. On lui fit cadeau d'un foudre
de vin et de 12 sacs d'avoine.
Le 21 juillet 1684 la ville envoya au résident suédois de
C!olmar, M. Moekel, une chaîne d'or, longue de 27 aunes, de
la valeur de 100 ducats, pour le récompenser d'avoir remis
Mulhouse dans la possession des villages de Brunnstatt et de
Riedisheim, engagés par les comtes d'Ortemberg pour une
somme de 2000 couronnes au soleil et une autre de 5400 flo-
rins d'or ^' que la ville leur avait prêtés.
Le 5 février 1635, Hmri, duc de Rohan^ qui avait son quar-
^ Environ 144 litres; le fondre [Fuder) contenait 3 mesures {Ohm), de
2i pots (Maas) chacune .
■ En 1623, la couronne au soleil valait 8fr.77; le florin d'or : 7fr. 22.
Voir A. Hanausr, Etudes économiques sur l'Alsace ancienne et moderne.
Tome I. les Monnaies, p. 360 (Paris et Strasbourg 1876, in-8*}.
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CADEAUX OFFICIELS 909
tier général à ZiUisbeim, yint faire une visite au magistrat.
On lui servit un repas splendide à rHôtel-de-Ville et on lui
donna un demi-foudre de vin, renfermé dans des tonneaux
neu6 aux armoiries de la ville, et 20 sacs d*avoine.
Le 21 février 1644, le magistrat fit don à M. Wettitein,
bourgmestre de Bftle, d'un gobelet en argent, pesant 151 demi-
onces, et de 50 ducats \ pour son arbitrage en faveur de la ville
contre le commandeur de Tordre dn Saint-Jean, von der Tbttn,
qui avait réclamé de cette dernière une indemnité pour des
caisses perdues à Mulbouse.' H. Fakknerj de Bftle, reçut
20 ducats.
Le 16 août 16S2, on complimenta, à Brisach, le primée de
Hareatirt, gouverneur de cette ville, et on lui fit cadeau de
6 mesures de vin rouge, de 6 mesures de vin blanc et de
12 sacs d^avoine.
Le 10 octobre 1661, le duc de Mazarin, gouverneur de TAl-
sace, vint avec son épouse et une suite brillante {mit pràchU-
gem Gefofge)^ faire sa visite officielle au magistrat de Mulhouse
qui lui offrit, à THÔtel -de-Ville, un goûter splendide et lui
donna, en outre, 24 sacs d'avoine et un foudre de vin.
Militaires ; ingénieurs. — Dans les années 16S4 et 1685,
tes environs de Mulhouse étaient presque constamment occu-
pés par des corps d'armées étrangers; c'étaient tantôt les
Suédois, tantôt les Français ou les Impériaux. Craignant que
la ville ne fût investie par Tun ou Tautre de ces corps, les
cantons de Zurich et de Berne envoyèrent, au mois de mai 1 685,
à leur fidèle alliée un secours de 160 hommes. Le contingent
' Le coars da ducat était alors de 9 fr. 67. Voir Hanaubb, 1. c. p. 260.
' D'après Mœo, II, 29, le dommage avait été estimé à 20,000 florins.
Le même autear rapporte aussi qa'ii ne s'agissait que d'nne senle caisse
déposée dans la coar de Saint-Jean et de laquelle on aurait enlevé pin-
sieurs paquets d'argent.
NouveUe Série — 6* Année. 14
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'^10 REVUE D'ALSACE
de Zurich était commandé par le capitaine jSfiMtttf', celui
de Berne par Jean de Stein. Ces troupes restèrent à Mulhouse
jusqu'à la fin du mois d avril 16S6. A leur départ, le magistrat
remit au capitaine Eneuté un gobelet du poids de 20 demi-
onces et à son maréchai-des-logis 4 ducats. Quant au sieur
Jean de Stein, il n'eut aucun cadeau, car il s^était conduit
d'une manière inconvenante ' pendant son séjour à Mulhouse.
20 janvier et 14 avril 1686.
Pendant la guerre entre les Français et les Impériaux, de
1675 à 1677, les alliés des cantons protestants de la Suisse
avaient de nouveau envoyé des secours à Mulhouse. En dehors
de leur solde, les officiers et les sous-officiers reçurent les gra-
tifications suivantes : chacun des capitaines-lieutenants de
Zurich et de Berne, 12thaler';les quatre maréchaux-des-logis
de Zurich et de Berne, ainsi que celui de Schaffbouse, chacun
6 thaler. — Chacun des six caporaux reçut S thaler; le chi-
rurgien, Stha^er; le secrélaire, 8 livres stebler^ 16 schilling.*
15 janvier 1675.
En 1676, les trois maréchaux-des logis de Zurich et les
deux de Berne, reçurent chacun 6 ihaler, et à chacun des six
caporaux on donna S thaler.
Dans la même année, Tingénieur Villardin^, de Berne,
invité par le magistrat de Mulhouse à faire Tinspection des
fortifications, reçut, comme cadeau, un gobelet de 45 demi-*
onces et 12 doublons^; de plus, on donna au cavalier qui
raccompagnait 6 thaler.
^ MiBG, I, 237, nomme Jacques Grehel, qai fat probablement rem-
placé par Rneulé.
' Le texte de la délibération da Conseil dit : « weyl er sich unfuglieh
verhalien»,
* La valeur intrinsèque du ih^lenuisse était de 5fr.47. Â. Hanaubb,
Le.
* Le Pfund SUhler valait à peu près 1 fr. 34 c. Mieg.
* Le schilling était la 20« partie de la livre stehler et valait 8 centimes.
* Le texte écrit ce nom : Willading.
^ Le double Henry valait, en 16d9, 20 fr. 80. Â. Hanaubr, 1. e. p.270.
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CADXAIJX OFFIOnCLS
211
En 1677, le colonel zurichois, Léonard IHesSj et le colonel
bernois, Adrien Jenner, les deux capitaines-lieutenants et les
deux porte-drapeau reçurent, chacun, un gobelet en ver-
meil Ces six gobelets pesaient ensemble 158 demi onces.
En 1689 le capitaine de Zurich, Jean-George BûrkH, et le
capitaine de Berne, Vincent Stûrkr, reçurent chacun un gobe-
let en yermeil, du poids de 46 demi-onces.
En 1691, les mêmes officiers reçurent, chacun, une demi-
douzaine de couteaux, de fourchettes et de cuillers.
174S. Les Autrichiens, sous la conduite du prince Charles,
avaient voulu imposer des contributions à l'Alsace et avaient
demandé qu*on leur livrât un certain nombre de fusils. Gomme
ils, occupaient une partie du Brisgau et menaçaient, à plu-
sieurs reprises, de passer le Rhin, les Suisses envoyèrent
2000 hommes à Bftle pour défendre leur frontière, et, sur les
instances du magistrat de Mulhouse, qui craignait un coup de
main de Tarmée impériale, les états évangéliques envoyèrent
à notre ville deux représentants, le noble Jean-Rodolphe Weiss,
capitaine de quartier, de Zurich, et jYtco2txaZfOmtocA, capitaine
des dragons, de Berne. Ils arrivèrent le 26 août 1748 et furent
suivis, le même soir, de 50 hommes de Berne, sous la con-
duite du capitaine Kûntzly. Le 29 août, 50 hommes de Zurich,
commandés par le capitaine Hirzelj vinrent les rejoindre. Ils
furent logés chez les bourgeois. Mais les armées belligérantes
s'étant retirées dans leurs quartiers d'hiver, les représentants
ainsi que les troupes furent rappelés par leurs cantons res-
pectif:*. A leur départ, le 16 novembre, chacun des représen-
tants reçut une belle cafetière en argent de 80 demi-onces ;
on ea envoya aussi une de 46 demi-onces aux capitaines
Hirzel et Weiss; mais ce dernier renvoya la sienne, parce
que son gouvernement lui avait interdit d'accepter un cadeau
quelconque. Les deux lieutenants de Zurich et de Berne
reçurent chacun 6 9pecie8thaler\ les maréchaux-de-logiS| S ape-
* Le ipeeiesthaler valait 5fr.86. A. Hanaueb» 1. c. p. 273.
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212 REVUE D'ALSACE
eiesthaler cbacuD, et chaque caporal 2 tbaler; les deux cour-
riers de Zurich et de Berne eurent chacun un louis d'or nou*
veau, de la valeur de 24 livres; les deux valets de diambre
des représentants, chacun un ducat, et chaque soldat fut gratifié
d'un thaler. La ville prit, en outre, à sa charge de payer le
maître de poste, le médecin et le barbier, ainsi que les frais
de logement et de nourriture pendant la route et à Bftle.*
Bourgmestres et- syndics de Mulhouse. — Les bourg-
mestres JacgueS'HfnH Pétry et Philippe Engehnatin^ ainsi que
le D' Jean-Lucas Chmidinski \ reçurent chacun un gobelet de
48 demi-onces, pour avoir mené à bonne fin une aflaire de
dettes pendante à Bâie. 5 novembre 1640.
Vu le peu de confort que les auberges de Mulhouse pré-
sentaient au XVIP siècle, les officiers supérieurs des troupes
alliées furent ordinairement logés et nourris chez les bourg-
mestres, auxquels la ville accordait alors des indemnités. Notre
registre en a consigné les suivantes :
MM. les bourgmestres Jean-Gaspard DoBfus etJeanBisler
reçurent 700 livres-stebler, soit 28 par semaine, pour avoir
hébergé alb^rnativement, pendant près de deux mois, les colo-
nels de Zurich et de Berne. 28 septembre 1674.
Les mêmes reçurent, pour trente semaines, 1400 livres-
stebler, soit 48 par semaine. 1676.
Pour avoir logé et nourri pendant sept semaines les deux
colonels et deux capitaines-lieutenants, lesdits beurgmestres
reçurent ensemble 500 livres-stebler.
Le 9 mai 1626, le gretàer-SYniio Jacques- ffenri Pétry reçut
de la ville un gobelet en vermeil, du poids de 50 demi-onces,
pour l'achèvement de ses histoires de Mulhouse, « Mabl-
hauszer Historien >, et pour avoir terminé l'inventaire de la
' Voir, pour les autres détails. Misa, I, 284->288.
' Graf écrit ce nom Chmieletxgi ; il exerçait les fonctions de bourg-
mestre de 1655 à 1662.
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CADEA.X7X OFFICISLS
213
chancellerie intime, innere Cantiky, Nommé bourgmestre, en
168S, fonctions qu'il conserva jusqu'k sa mort (le SS mai
1660), Pétry reçut, en 1640, un gobelet d'or pour le récom-
penser de Texcellente gestion des affaires de la république.
Josué Hofer, grefQer-syndic de la ville, pendant 50 ans
(1748-1798), reçut, lors de la réunion de Mulhouse à la
France, une gratification de 10,000 livres pour les nombreux
et importants services qu'il avait rendus à sa patrie.
Savants. — Pendant les trois derniers quarts du XVQ*
siècle, la ville de Mulhouse reçutde nombreux en vois de livres,
dontplusieursfurent accompagnés de dédicaces. Nous en signa-
lons les suivants, d'après Tordre chronologique de leur inscrip-
tion au Livre des bourgmestres, en y ajoutant les cadeaux
que la ville a faits aux auteurs.
1624. A M. le pasteur Cfèytraefés, pour la dédicace de sa
dissertation inaugurale* : 20 tbaler.
1626. A M. le professeur Lueius ^ de Bftle, pour son Histoire
des Jésuites, in-4" : 10 florins.
1627. A M. Stettler \ pour sa Chronique de Berne : 10 thaler.
1645. A M. Schorer\ pour son Calendrier : 10 thaler.
' « Pro dedkalione Disputationis inauguralis. * — Chrétien Chytrœus,
de Brème, fat appelé k Malhoase ea 1^23; c'était un excelient oratear
qui ayait, en outre, le grand mérite de s'être occupé de l'amélioration
des écoles. Il mourut le 9 septembre 1633. Son épitaphe se trouvait dans
le chœur de l'ancienne église de Saint-Etienne. Voir Gelaf, Histoire de
Mulhouse, II. 344.
* Louis Lucius est l'auteur d'un grand nombre d'ourrages de théologie
ou de philosophie, dont les derniers sont surtout très estimés Son His-
toire des Jésuites parut, 1623, en allemand ; en 1627, Tauteur en publia
une traduction en latin.
' Sa Chronique parut sous le titre de « Annales oder Beschreibung
der Geschichten der Schweitier » ; en 1731, il y ajouta la Chronique spé-
ciale de Berne, 2 volumes.
* Christophe Schorer, de Memmingen, fit ses études de médecine à
Strasbourg et à B≤ le Calendrier qu'il rédigea pendant 30 ans jouis-
sait d'une grande popularité. Outre plusieurs livres de médecine, on a
encore de lui une Chronique de Memmingen très estimée.
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214 BEVOB D'ALSACE
1645. A M. Wêlper\ de Strasbourg, pour son Calendrier :
10 thaler.
1655. An mtoe, pour un nouveau calendrier : 5 ducats.
1655. Au greffier-syndic Stacker \ de Schaflfhouse, pour ses
négociations en Hollande et en Angleterre, et pour la publi-
cation de ses voyages, dont il avait adressé un exemplaire relié
au magistrat de Mulhouse : un gobelet pesant 50 demi-onces.
1686. A M. le docteur Zmnger* pour son livre « Der
gmhwinde Arzt », quMl avait dédié au magistrat de la ville
de Mulhouse, et dont il lui avait envoyé plusieurs exemplaires :
un gobelet d'environ S5 demi-onces.
1691. A M. le pasteur Ahom^, pour son dernier volume
de la Theologia practica, qu'il avait dédiée à la ville et dont
il lui avait adressé cinq exemplaires : 15 thaler.
Artistes. — En 1559, le calligraphe Jean PudUer dédia à
la ville de Mulhouse un Calendrier avec des indications aslro-
^ Eherhard Wdper, de Lobra, dans le Comté de Hohenstein, était pro-
fessear de mathématiques et d'astronomie à T Université de Strasbourg ;
son Calendrier parât à Strasbourg pendant plus de 200 ans, sons le titre
de Welperiseher Hinkender Bote. Son dernier propriétaire-éditeur était
l'imprimeur G.-L. Schuler.
' JeanrJacques Stocker, élève du célèbre Bemegger, de Strasbourg^
diplomate distingué, fut envoyé, par les cantons réformés de la Suisse,
en Hollande et en Angleterre pour négocier la paix ; les Etats généraux
de la Hollande le récompensèrent de ses bons services en lui offrant une
chaîne d'or.
' Théodore Zwinger, médecin et professeur très distingué de Bàle. Le
titre de son ouvrage est « Der gichere und geschwinde Àrxt » ; ii le publia
d'abord sous le pseudonyme Nathanaël Sforzia, en 1683 et en 1695 ; la
3« édition, publiée en 1703, porte le nom réel de l'auteur. •
^ Bariholomé Àhom est aussi l'auteur d'un ouvrage remarquable et
très rare, publié à B&le en 1675, sous le pseudonyme Phylo, et intitulé :
^Magiologia, daa ist ChrisUicher Bericht von dem Àberglauhen und
Zauberey » etc., dont la Bibliothèque mu|iicipale de Mulhouse possède
un ezemphiire.
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OÀiMjJx. omxasiA
315
nomiqaes et autres. C'est uo grand tableau calligraphique,
qui dénote un taleut peu ordinaire et une rare patience de
la part de son auteur. Le magistrat lui fit Tbonneur d'un
cadre artistement travaillé. Il est conservé au Musée histo-
rique. Voy. N*" 409 du Catalogue.
En 1644 MtinuB, de Colmar, établi plus tard à Berne
comme calligraphe -enlumineur et arithméticien ^ dédia an
magistrat et aux bourgeois de la ville de Mulhouse un ABnim
en vers, illustré de peintures et intitulé < THorloge spirituelle»,
dis geistliehe Dhr. Il consiste dans 19 planches in-folio oblong.
La 1** représente les armoiries de Mulhouse, cantonnées de
celles de Zurich, Berne, Schaffhouse et Bâie; la 2* et la 19*,
un cadran peint en rouge et en jaune; la S* donne la dédi-
cace à la ville de Mulhouse; les autres planches renferment
12 quatrains se rapportant chacun à Tune des douze heures
de la journée. La postface contient deux strophes de cinq vers
et se termine ainsi :
« AuffZeit meri[i) wolein weiser Martrij
Wol dem der Zeyt wol hrauchen kann, »
Cet Album se trouve également au Musée historique. Y. le
N<* 5S7 du Catalogue et N. Ehrsam, Ouriaaités d Alsace, T.I,
p. 77-81.
Nous n'avons trouvé, dans nos archives, aucune donnée
sur quelque cadeau fait à Tun ou à l'autre des deux artistes.
En 1676, on paya au peintre André Bodan 20 tbaler pour
le tableau représentant la Justice, qui se trouve dans la salle
de derrière du Conseil.'
^ Il se Domme GiUdinsekriher und Rechenmèister, Àa moyen-&ge et
encore plas tard, « les enlamioears employaient, oatre les coaltars, Tôt.
soit poar orner des lettres capitales, soit pour former des fonds. C'est
poorquoî on leur donnait aussi chez nous le nom de Guldinschriber ou
GoUschriber. » Gs. Sghmidt, Revue d'Alsace 1877, p. 73,
^ blinder hindem Raths Stuben ».
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^6 REVUS D*ÀL8AGE
Noces. — M. la Doctear SiMzer, médecin de la yilie, ayant
infité N. 6. SS/ à sa noce, qui devait se célébrer à Stras-
bourg, ils y envoyèrent, en leur nom, le greffier-syndic Zichiin,
avec un cadeau de 12 florins; les frais du voyage se montèrent
à 8 florins. 15 mai 1594.
Au mois de mars 1658, le greffier-syndic Giesler et M.Schœn,
membre du Sénat, représentèrent le magistrat de Mulhouse
à la noce de M. le pasteur van Brun^ de Bftle ^ et lui firent
cadeau d'un gobelet de 80 demi-opces.
M. le pasteur Meyer ' avait invité N. G. SS. à sa noce, qui
se tenait à Bftle ; mais personne ne put y assister. On lai
envoya un gobelet de 80 demi-onces. 10 octobre 1694.
Baptômes. — LàfamUh Waldner deFrmndstein, qui figure
seule sous cette rubrique, remonte au XI* ou au XII* siècle;
elle tire son nom du cbftteau de Freundstein, situé sur une
hauteur entre le Molkenrain et le Ballon de Soulz. Dès le
XIII* siècle, les Walduer possédaient le cbftteau d'OUwiller et
au commencement du XVI*, celui de Schweigbausen, près de
Gernay. Us se divisent en deux branches principales, celle de
Schweighamm et celle de l^erentz, réunies encore sous Fré-
déric-Louis I*' du nom. Il est qualifié de c baron Waldner de
Freundstein, seigneur de Sierentz, Schweigbausen, Berwi lier,
Beroldswiller et des chftteaux d'Ollwiller, Weckentbal et Hart-
mannswiller, possesseur de tous les domaines de sa maison,
capitaine au régiment Montjoie ; il naquit à Bftle en 1648 et
mourut en 1708 ».*
Les Waldner possédaient à Mulhouse deux hôtels ou cours :
la cour dite OranwUkr'Hof, plus tard Eisenhqf^ dans la rue des
* « Unsre Gn, Herren ».
' Bonaventura von Brun, de Bâle, avait fonctionné comme pastear à
Mnlhoase depuis 1647; en 1657, il retourna à Bâle.
* Paul Meyer, de Bâle, était pasteur à Mulhouse de 1694 à 1732.
* Voy. ErnbstLehr, VAlsa<:P noble, III, 177-186. — Cf. N, Ehrsam,
Bûrgerhueh, 364-368.
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CADEAUX 0PFI0IEL8 217
Trois-Rois^ appartenant aujourd'hui à M. H. Baumgartner, et
le Waldnerische Hof, eulre le Fossé et la place des Maréchaux,
propriété des héritiers de Rodolphe Hirth. Ils avaient droit
de bourgeoisie à Mulhouse et tenaient beaucoup à cette faveur,
comme nous l'apprend la baronne dOberkirch, née Waldner,
de la branche de Schweighausen. c La ville de Mulhouse, dit-
elle, alliée des Suisses, était une cité importante, dans laquelle
les Waldner jouissaient de tout temps du droit de bourgeoisie
honoraire. Cette prérogative donne le droit de servir dans les
troupes helvétiques, où les Waldner ont un régiment. On a
grand soin, pour le conserver, de faire baptiser tous les gar-
çons de notre famille à Mulhouse. » ^
Ajoutons à ce passage une note tirée du Livre des bourg-
mestres, qui prouve que ce n'est qu'avec Tassentimenl de la
ville, que les Waldner pouvaient obtenir un commandement
dans les troupeâ helvétiques. Cette note porte ce qui suit :
c Sur les instances de M. Frédéric-Louis Waldner de Freund-
stein et de Schweighausen, la ville écrivit au duc de Maine
une lettre de recommandation et de consentement, pour obte-
nir en faveur de M. Ghrétien-Frédéric-Diagobert Waldner, fils
dttdit Frédéric- Louis, le commandement d'une compagnie qui
allait être formée; 10 novembre 17S4. Le ministre agréa la
demande de la ville et la nouvelle compagnie prit le nom de
MuOiamer Compagnie; 29 décembre 17S4. >
Le droit de bourgeoisie dont jouissaient les Waldner était
renouvelé de temps en temps, et chaque fois que les descen-
dants des différentes générations avaient acquis Tftge qui leur
permettait d*en faire la demande. Notons, à ce sujet, quelques
inscriptions du Bùrgermmter-BtÂch :
c On a accordé le droit de bourgeoisie au Junker Hanê
WatduMT^ à raison de 4 florins et de SO florins payables annuel-
' V. Mémoires de M^^ la baronne d'Oherkirch, 2« éd., I, 5. — « Elle fut
également baptisée à l'église paroissiale de Malhovse, dans la sainte foi
évangéliqne, le 7 juin 1754. »
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218 bbvhb d'alsage
lement comme impôt et péage. Il lai est interdit d^acheter
des biens-fondâ et de les réaair à sa cour, où il de^ra installer
un bourgeois de la yiile comme gérant ou intendant, l** février
1615. Gst impôt, payable par les deux frères, est réduit à
10 florins pour chacun. 29 fémer 1649 et 1 1 septembre 1650. >
c Le gérant payera un impôt et 6 florins pour les travaux
publics et pour son exemption de monter la garde. 25 août
1658. >
c En temps de guerre, il est permis aux Waldner de mettre
leurs troupeaux de moutons en sûreté dans notre banlieue
ou dans une autre, sous condition de n'y causer aucun dégftt.
18 août 1675. i
< Il leur est défendu de faire entrer en ville plus de SO
mesures de vin étranger. S septembre 1704. >
Nous avons vu que les nobles de Waldner avaient le plus
grand intérêt à entretenir de bonnes relations avec Mulhouse.
Aussi, pour rendre ces reldtion:^ plus intimes, choisirent-ils
fréquemment, comme parrains de leurs fils, le magistrat de
cette ville, représenté par fun ou l'autre des trois boaif-
mestres. Notte Burgermeister'Bueh contient les inscriptions
suivantes^ :
1676. Frédéric-Louis Waldner * : une pièce d'or de la valeur
de 7 ducats * et un gobelet de 23 demi -onces.
1710. Ghrétien-Charles-Philippe prend, comme parraia de
son premier fils. Chrétien -Frédéric -Philippe, N. G. S. (\e
bourgmestre Jean Dollfus). On donna à M"" de Waldner une
boîte de confitures et au filleul un gobelet d'argent, du prix
de 94 livres-stebler, 10 schelling.
^ Noms avons ajouté les prénoms du père ou du filleul, toutes les fois
qu'ils manquent dans le registre.
' 11 fut l'autear de la branche de Schwei^hausen. Y. Lehr, III, 188.
' Au milieu du XVir siècle le cours du ducat ordinaire était 9 fr. 67;
celui du dacat à la croix courte, de 9 fr. 03 ; celui à la croix longue,
également de 9 fr, œ. Voir A. Hanaueb, 1. c. p. 200.
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0AXIB4UX OFFICIELS
219
16 mars 1740. CJiraUn, fils de Ghrétien-Frédéric-Philippe
Waldner, de Sierentz. Oa lui fit caieaa d'un gobelet en fer-
meil de SO et quelques demi-onces.
6 juillet 1752. Krctft^ fils atné du colonel baron François-
Louis Waldner de Freundstein-Schweigbausen. Il reçut un
gobelet en vermeil.
14 septembre 1760. (JamiOs, fils de Gbrétien Waldner, de
Sierentz. A son bapt6me«qui eut lieu à Téglise Saint-Elienne,
le 16 septembre, la ville lui fit cadeau dun gobelet de SO
demi-onces. Il mourut au mois de février 1761.
18 août 1761. Guskim- Adolphe, fils du même Chrétien, de
Sierentz. La ville ne lui fit aucun cadeau.
Le SI août 1771, fut baptisé : Chvis\ fils de Gbrétien, de
Sierentz; il est né le 17 août. Le registre ne fait mention
d*aacun cadeau fait à cette occasion.
17 juin 1784. Ferdinand \ fils de Godefroi, III* comte
Waldner. On lui fit cadeau d'un gobelet en argent.
Dons faits à des églises. — En 1611, on fit une col-
lecte destinée à la construction de deux églises protestantes
à Prague; elle produisit 16 ducats.
Le 17 septembre 1729, la ville envoya à la commune réfor-
mée française et allemande de Copenhague la somme de
12 nouveaux louis d'or, soit S16 livres «stebler.
Incendies. Secours. — 11 mai 1718; au village ûeFiaX'
tanden : 50 livres-stebler.
18 juin 1727 ; aux habitants de la ville de ThueiSj dans le
^ Krafts Crafton, est le prénom da fondateur de la famille ; il yéent
yers 1203. V. Lehr, III, 178.
' Grand maréchal du landgrave de Hesse-Homboarg ; il est décédé en
1822 et fut le dernier représentant de la ligne de Sierentz. V. Lbhr,
m. 185.
' Il fdt tné, comme capitaine, à la bataille de Wagram.^
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220 REVUE o'alsaoe
canton des Grisons : 6 nouveaux louis d'or, soit 108 livres-
stebler.
26 novembre 1727; au village i'Avggm, dans le margra-
viat de Bade : 60 florins.
21 janvier 1728; à la^ville de RmUingen : 100 tbaler.
Septembre 1765 ; à la ville à'Emiaheim : 10 nouveaux louis
d'or. Les frais de transport des pompes à feu de Mulhouse
et dlllzach et divers autres frais se sont montés à 475 livres
tournois; la collecte de la bourgeoisie a produit ISOO livres
tournois. Trente maisons ont été détruites par le feu.
En 1771; à la vilhde Framnfeld^ chef-lieu du canton de
Thurgovie : 268 livres tournois; la collecte de la bourgeoisie
a rapporté 2240 livres tournois.
Le 18 août 1776, éclata, au village de Rmingm^ un violent
incendie, qui consuma près de 80 maisons ou granges. La
ville j envoya des pompes. La collecte de la bourgeoisie se
monta à 8442 livres tournois, auxquelles le comte de Saint-
Germain, de Paris, qui avait séjourné pendant plusieurs
années à Lutterbacb, ajouta 1000 autres livres.
Incendie du 18 septembre 1780, à Géra^ dansleVoigtland.
Collecte : 2600 livres tournois; 700 maisons ont été détruites
par le feu.
Le même jour de la même année, un incendie dévora 70
maisons ou granges à (?afo, dans le pays d'Appenzell. La col-
lecte produisit 2800 livres tournois.
24 octobre 1780; nouvel incendie à Fraum/M; produit
de la collecte : 2400 livres tournois.
27 octobre 1786 ; incendie à Hoehatattj qui détruisit 20 mai-
sons. La ville y envoya des pompes. La collecte faite dans la
bourgeoisie se monta à 1900 livres tournois.
Au6. Stœber,
ancien professeur au eoUége de Mulhouse,
bibliathéeaire de la viUe,
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ËTUDE
SUR L'HUMANITÉ PRÉHISTORIOIE
DEUXIÈME PARTIE.
Stations préhistoriques des pays de
Montbéliard et de Belfort.
Suite et fin.
S- STATIONS EN PLAINE.
Mandeure.
Bien des eiëcles arant que Mandeare ne devint, sous la
domination romaine, une cité importante, son sol avait été
occupé par les divers peuples, qui s'étaient succédé dans nos
contré&4. Ainsi, parmi les instruments des époques préhisto-
riques qu'on j a découverts, nous mentionnerons: Un marteau-
hache poli, en porphyre, muni d'une douille, dont M. l'archi-
tecte Morel-Macler a donné le dessin dans ses Antiqtiitéi de
Mandetire; — Une petite hache polie, en jade, trouvée sur les
bords du Doubs, en 1872, et appartenant au musée de Mont-
béliard ; —Une hache en bronze, recueillie l'année précédente
dans le lit de la rivière, mesurant 155 millimètres de longueur,
manie de chaque côlé de deux oreillettes et ressemblant aux
instruments du même genre trouvés dans les lacs de la Suisse
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332 BEVUE D'ALSACE
et en Danemarck; elle appartient à M. le professeur Cl. Da-
yernoy, qui en a donné la description, ainsi que de la précé-
dente, dans sa Notice sur le pays de MonibéHard aniérieu'
rement à ses premiers comtes; — enGn une belle lame de
poignard en bronze; découverte, en 1875, dans des sablières
entre Mandeure et les usines de Bélieu ; elle figure dans les
vitrines du musée de Montbéliard.
On voit, par Ténuméraf ion de ces objets, que Mandeure était
déjà habité aux époques de la pierre polie et du bronze; et
si Ton fouillait son sol à une certaine profondeur, au dessous
de la couche gallo-romaine, on y découvrirait indubitablement
beaucoup d'autres antiquités préhistoriques.
Prés de Dung.
Dtfns les prés de Dung, à côté du chemin qui conduit à
Bart, et au bas de fendroitoù l'on découvrit, en 1849, des
antiquités romaines, M. H. Lépée a recueilli, en 1876, une
hache ébauchée en pierre noire très dure et des fragments di
silex. La présence de ces objets prouve que ce lieu a été habité
aux époques préhistoriques, c'est-à-dire bien avant que les
Celtes et les Romains vinssent Toccuper à leur tour.
Sainte-Suzanne.
M. H. Lépée a fouillé dernièrement le terrain qui se trouve
au dessus de la fontaine et à l'entrée de la grotte de Sainte-
Suzanne. Il y a constaté la présence d'anciens foyers, qui
renfermaient : un poinçon en corne, un fragment de silex jaspé,
un grand nombre de morceaux de poterie noire remplie de
grains siliceux, des ossements de ruminants et de porcs, un
grain de collier en terre rouge et un instrument en quartz,
ayant une longueur de 19 centimètres et 18 centimètres à sa
plus grande circonférence; cet instrument, parfaitement poli
d'un côté, pouvait servir tout à la fois de broyeur, de lissoir
ou de casse-téte.
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ÉTUDE STJR L'HtlMANITÉ PBâmSTOBIQXJE 23B
Sablières de Bart
Dans le courant de Tautomne de 1875, M. Eoger, artiste des-
sinateur k Montbéliard, en parcourant les terrains de Bart,
prèM de I*Allan, où l'on extrait du sable pour la construction
du fort du Mont Bart, découvrit des instruments, qui ressem-
blaient à des haches en pierre polie et des pierres à aiguiser,
dont il donna deux exemplaires au musée de Montbéliard.
Un peu plus loin, en descendant le cours de la rivière, se
trouvent d'autres sablière;^, où, en 1874, on a trouvé une
belle pointe de flèche en silex et quelques objets en bronze,
consistantencinq grands anneaux, une torque et deux fibules.
Ces objets paraissent appartenir, sinon à Tflge du bronze ou
du fer, du moins à Tépoque celtique. Us font partie de la col-
lection de M. Henri Lépée.
Colombier-Fontaine.
Au pied des rochers qui se trouvent au midi de Colombier-
Fontaine, et à une faible distance à Touest de ce village,
M. Jolyet a trouvé des silex travaillés. Il est probable qu'il y
avait là une station préhistorique; il serait d'ailleurs facile
de s'en assurer en y faisant des fouilles.
Dâle.
H. le docteur Quélet a trouvé, dans le courant de Tannée
1876, quatre belles haches polies en aphanite, près du cime-
tière de Dftle. Il est probable qu'il en découvrira d'autres.
Saint- Valbert-lez-Héricourt.
Dans ce lieu se trouvait une station préhistorique, comme
cela résulte de la découverte d'une superbe hache -marteau
en serpentine, avec douille, qui a été donnée par M. Noblot
au musée de Montbéliard, et d*un certain nombre de fragments
de silex molaire et de poterie grossière, qu'y a découverts
récemment M. le docteur Qnélet. Gomme Saint-Valbert est situé
sur les bords de la Luzine et à l'extrémité ouest du Mont-
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gl|^
2^
BEVUE D*AL8AGE
Vandois, il peut se faire qne là se trouvait la station perma-
nente des hommes qui avaient construit, au sommet de cette
montagne, un camp fortifié pour s'y retirer en cas de danger.
i' CAVERNES.
Grottes de Ghataillon, près de Voujaucourt.
En parlant du camp de Gbataillon, nous avons mentionné
deux cavernes situées dans les flancs des 'rochers qui le
bornent au midi. Elles se trouvent à Textrémilé ouest de la
colline, vers le village de Voujaucourt. L'une d'elles, la
plus grande, a été explorée avec soin par M. Henri Lépée; il
a constaté qu'elle était remplie de déblais ayant plusieurs
mètres d'épaisseur, et divisés en couches formant des foyers
superposés les uns sur les autres. Dans la partie supérieure,
il a découvert deux squelettes d'enfant, trois autres d'adulte
et un certain nombre d'ossements humains. Plus bas se trou-
vaient quelques couteaux et pointes de flèche en silex et une
amulette en os percée d'un trou. Dans les couches inférieures,
M. Lépée a recueilli un beau marteau en bois de cerf, muni
d'une douille au centre, identique à un instrument du même
genre trouvé dans la station de Locras (lac de Bienne), appar-
tenant à l'époque de la pierre polie, et qui figure dans la col-
lection d objets lacustres appartenant au musée de Monlbéliard.
Dans la couche renfermant ce marteau à 80 centim. de
profondeur, se trouvaient une certaine quantité de silex pas-
sés au feu, des débris de poterie et le squelette entier d'an
homme que M. Lépée a donné audit musée de Montbéliaj-d.
Dans la plus petite caverne de Chataillon on n'a trouvé
rien d'intéressant, le sol en étant formé par le rocher lui-
même et n'ayant pu, par conséquent, receler aucun objet
antique.
Il est à remarquer que certains rochers de la colline de
"k
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ÊTimB SUR L'HUMANITft PRÉHISTORIQUE
2^
Ghateillon sont saillanls et offrent tons les caractères des abriê-
Mês-roehe des hommes primitifs.
jCaveme de Cravanohei près de Belfort.
Cest le S mars 1876 que des ourriers carrierB^ en faisant
santer une mine dans la carrière située sur le versant nord
de la colline appelée h Mont, en face du Salbert et près du
Tillage de Grayanche^ pratiquèrent inrolontairement une ou-
verture donnant accès dans une vaste caverne. En la visitant,
on s'aperçut qu'elle renfermait des objets curieux, et la muni-
cipalité de Belfort confla à M. Voulot le soin û'j diriger des
fouilles et de recueillir toutes les choses intéressantes qu'il y
trouverait. C'est grflce à sa bienvallance que, M. le docteur
Quélet et moi, nous avons pu visiter en détail cette caverne
le 27 mars 1876. Elle a environ S6 mètres dans sa plus grande
longueur, 15 à 18 mètres de largeur et une hauteur très
variable, mais n'atteignant pas plus de 10 mètres. Le sol est
jonché d'une foule de blocs de rochers, qui se sont successi-
vement détachés des parois supérieures et qui forment une
couche de plusieurs mètres d'épaisseur; ils sont couchés, de-
bout ou inclinés, le» uns sur les autres, quelquefois séparés
entre eux et recouverts de stalagmites, dont certaines atteignent
plus d'un mètre de hauteur.
Cette grande salle communique par des espèces de couloirs
à d'autres plus petites, et il^est probable qu'on en découvrira
encore. Aussi peut-on dire, sans exagération, que la colline
du Mont recouvre un véritable réseau de grottes.
Dans la salle principale, M. Youlot nous a fait remarquer
des pierres superposées les unes sur les autres, qu'il croit être
des dobnenê. L'un de ces prétendus monuments se trouve
près de l'ouverture de la caverne, l'autre au fond et à main
droite. Ils sont formés d'une dalle couchée plus ou moins hori-
zontalement sur des blocs plus petits ; mais cette disposition
est-elle le résultat de la volonté humaine ou simplement Teffet
Nouvelle Série, -r tr Année. 15
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ai?6 REVUE D'ALSACE
du hasard? Ce qui prouverait ju8qu*à un certain point que ce
sont des dolmens, c'est que leurs parois internes portent des
traces de feu cl de fumée, et que le sol est couvert de cendres
et de charbons très tenus. En outre, dans d'autres endroits
de la caverne, on aperçoit aussi des traces de foyers.
Voici rénuméraUon des objets trouvés dans cette grotte :
Environ quinze crftnes et un grand nombre d'ossements
humains, dont certains étaient encastrés dans la stalagmite.
Les squelettes, selon M. Voulot, étaient demi étendus et avaient
la tête et les genoux relevés; — Peu d'ossements d'animaux;
une tête de jeune loup et des cornes de cerf; — Deux superbes
couteaux en silex; une belle scie de la même substance, fine-
ment travaillée ; deux autres instruments en serpentine noble
polie, de forme ovale, légèrement éridée au milieu, ayant un
ceûtimètre environ d'épaisseur et aux bords nrron'lis, percés
d'un trou au centre et supérieurement travaillés. M.Youlot croit
que ce sont des bracelets; mais il n'y a qu'une main d'enfant,
qui pourrait s'y introduire, et des ornements de ce genre
seraient bien gênants. Ce sont peut-être des lissoirs ou plutôt
des amulettes qu'on suspendait par des cordons au cou ou à
la ceinture.^
On a trouvé également dans cette grotte un grand nombre
de fragments de poterie et trois beaux vases dans un état de
conservation parfaite, deux en terre noire, le troisième en
terre brune et orné de dessins géométriques, tous munis
d'anses mamelonnées. Mais la chose la plus remarquable, c'est
une espèce de natte formée de chaumes de graminées, reliée
transversalement entre eux par des sortes de lanières, qui
paraissent avoir été formées de fibres tendineuses d'animaux.
Cette natte était, comme beaucoup d^ossements, encastrée dans
la stalagmite.
Les crânes humains sont dolichocéphales et orthognathcs;
^ Ne seraient-elles pas des pierres néphrétiqnes portées contre les mala-
dies du rein?
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ÉTODB STTR L'HUMANITÉ PRÉHIST0RIQT7& 297
Tangle facial est très développé, le nez aquilin. Ils appar-
tiennent à un type, qui n'a rien à envier à celui de nos plus
belles races modernes; à en juger par It dimension des os,
cette race devait être de taille petite ou moyenne.
On n*a trouvé à Graranche aucun objet en métal. Le fini
des instruments, les ornements de certaines poteries, tout fait
supposer que cette station appartenait à la dernière période
de la pierre polie.
»• MONUMENTS MÉGALITHIQUES.
Menhirs et tumnli de la Bouloie, près
d'Hérimoncourt
Les monuments préhistoriques les plus remarquables de
noire pays sont les menhirs qui se trouvent an dessus du vil-
lage d'Hérimoncourt, sur la colline de la Bouloie. Il y en a
deux sur le versant méridional de celte colline, et Tun est
très remarquable. Mais le plus important est celui qui est sur
la lisière de la forôt, à une faible distance de la ferme; il est
désigné par les habitants du voisinage sous le nom patois de
fiierre petchmée (pierre trouée), car il est couvert d'une
infinité de trous provenant de l'action du temps sur la masse
calcaire dont elle est composée, et qui appartient à cette espèce
de rocher Kimméridien^ appelée pierre trouée. G*est M. le doc-
teur Quélet qui Ta découvert en 1856. Après en avoir fait
déchausser la base, il vit que c'était une pierre naturelle assez
régulièrement pyramidale, reposant sur le sol sans aucun
rocher dessous. Sa hauteur est de 8'',05, dont 0*,85 dans le
sol; son épaisseur est de 0°',80, sa largeur au niveau du sol
de irjSO et de l'^jOS à sa partie supérieure.
« Cette pierre, dit-il S est entourée d'une quantité d'amas
^ Lettre du 18 janvier 1865, insérée par M. le D' Maston dans ses
Richerehes anthrùpologiques sur le pays de Monibéliard, p. 83.
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V56 BEVUE D ALSACE
de gros fragments de la même roche. Ces fragments, la pla-
part couchés, présentent des arêtes régulières et sont éridem-
ment des restes de monolythes semblables au seul surriyant*
qui, parmi eux, aurait été un des plus petits. On pourrait en
compter plus de cent, et le tout en pleine forêt, sur un pla-
teau légèrement incliné fers Touest. Plus loin et surtout dans
les champs, ces amas de blocs sont remplacés par quelques
centaines de murgers (tas de pierres), dont les uns sont très
yastes et rendus méconnaissables par le dépôt continuel dea
pierres provenant dea champs cultivés.
« L'un de ces murgers, placé à moins de 100 mètres da
menhir resté debout, attira de bonne heure mon attention.
C'était un des plus gros; son diamètre était de 15 mètres; il
laissait voir, du côté du midi, plusieurs larges fragments de
rochers placés horizontalement les uns sur les autres. En
déblayant de ce côté, il me fut facile de reconnaître une
entrée massive formée d'énormes pierres à faces régulières,
mais naturelles, formant une espèce de couloir d'un mètre
carré et plus de vide à Torifice, et d'une profondeur de plus
de 8 mètres.
c Plus tard, ayant fait découvrir le murger plus haut, je
reconnus une vaste voûte, qui s'était écroulée en comblant le
monument, qui avait dû être une habitation.
€ A la fin de l'automne dernier, continue ce savant, j*ai pu
constater que cette habitation était parfaitement circulaire;
que le diamètre, allant d'une paroi intérieure à l'autre, mesu-
rait 6",60; que la hauteur était de plus de 8 mètres. De fortes
gelées ayant interrompu mes travaux de fouilles, la chambre
est encore presque entièrement comblée par les débris de la
voûte.
c J'ai trouvé une énorme quantité d'ossements de quadru-
pèdes ^ et d'oiseaux ; ces os, entièrement Vieux, paraissant
remonter à une époque très reculée. »
^ Tels que : patois, blaireaoxi et même les débris d'un cors.
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ÉTUDB 8UB l'humanité PRÉHISTORIQUE
209
Depuis, M. Qaélet a bit de noarelles fouilles dans ce mono-
ment: après avoir enlevé toutes les pierres qui encombraient
la salle intérieure, il a constaté que le sol en était creusé jus-
qu'au roc et s'enfonçait à deux mètres au-dessous de rentrée
sans que rien indiquât Texistence démarches pour descendre;
qu'autour de cette pièce et contre les parois régnait uneespèca
de banquette ayant environ 0",20 de hauteur et de largeur,
et formée dans certains endroits de blocs de pierre et dans les
autres par le rocher même. Cet édifice, que j'ai visité à plusieurs
reprises et dont on peut encore voir la disposition, avait été
construit avec des pierres grossières, qui n'étaient reliées entre
elles par aucun ciment; la yoûte, en forme de dôme, avait été
établie en tas de charge, et sur le sol de la chambre on n a
point trouvé d'instrument de pierre ou de métal ni aucun
squelette humain/
Cette construction n'a pas dû être une citerne, car d'où
aurait pu provenir l'eau nécessaire à son alimentation, et
comment cette eau aurait-elle séjourné dans une cuve cons-
truite en pierres sèches et remplie d'interstices? M. Quélet
croit que c*était une prison, une officine sacrée ou une habi-
tation. Mais si cet édifice a pu servir de demeure à un titre
quelconque, on doit reconnaître qn elle devait être fort incom-
mode, car, pour pénétrer dans l'intérieur, les habitants pri-
mitif du plateau de la Bouloie étaient obligés de ramper et
risquaient fort de se casser le cou, l'extrémité du couloir étant
beaucoup plus élevée que le sol de la salle; en outre, étant
arrivés dans cette espèce d'antre, ils y trouvaient une obscu-
rité presque absolue, la lumière du jour n'y pénétrant que
par le couloir. Bien plus, cela n'a jamais été une habitation ,
puisque nous savons que les peuples préhistoriques et môme
les Celtes n'avaient que des huttes de bois on de chaume. Ce
^ Demiôrement M. le D' Quélet a découvert des fragments de silex
gris et rouge an nord et au midi de la colline de la Bouloie, provenant
probablement des liabitants de cette station préhistorique.
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Gooa^
230
REVUE D'ALSiLCE
devait être plutôt un huntUus, car M. le docteur Quélet nous
a dit avoir trouvé sur le sol intérieur de ce monument des
pierres calcinées et des cendres. El Ton peut dire avec H.Qui-
cherat ^ : c Un fait capital sigimié par M. de Ring et qui s'est
trouvé confirmé par les recherches du même genre, qui ont
eu lieu simultanément en Franche-Comté et en Suisse, c'est
la présence d'un ou plusieurs foyers dans tous les tumnlus.
La terre brûlée et des amas de cendres plus ou moins consi-
dérables attestent que, sur le lieu choisi pour déposer le mort
on commençait par allumer un feu ; et ce feu est visiblement
celui dont a voulu parler César, lorsqu'il a indiqué, comme
le trait principal du rite funèbre des Gaulois, qu'ils jetaient
dans le feu tous les objets auxquels les gens avaient tenu
pendant leur vie, même les animaux. >
M. le docteur Quélet a déblayé un autre tumulus, un peu
plus petit que le précédent ; il renferme une salle de forme
elliptique, longue de 8^10 et large de S'^jTS, munie de deux
entrées en face l'une de l'autre dans le grand axe ; les portes
ont environ 60 à 80 centimètres de largeur et leur seuil est
de 60 centimètres plus élevé que le sol de la salle. De même
que le précédent, ce tumulus est construit en pierres sèches
grossièrement ansemblées entre elles, et on n'y a trouvé aucun
instrument en pierre, en bronze ou en fer, mais seulement des
traces de foyer et des ossements d'animaux.
Près de la ferme de la Bouloie existe un puits d'une appa-
rence très ancienne ; mais il est permis de douter qu'il remonte
aux époques préhistoriques et même celtiques. M. le professeur
Ch. Contejean a cru reconnaître, dans la même forêt, une
enceinte entourée d'un fossé et renfermant des raiy^ées de
petits tumuli ; ce qui lui a fait supposer que c'était un cime-
tière antique
^ Rapport aa comité impérial des travaax historiqnes sur le BnlIetÎD
•le la Société pour la conservation des monuments d'Alsace; Revue de$
Sociétés savantes, année 1862.
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âDUDE SUR l'humanité préhistobiqub 231
Quoi qu'il en soit, il est certain que le plateau de la Bou-
ioie était habité aux époques préhistoriques; cela résulte des
divers monuments qu'on y rencontre. D'un autre côté, il n'y
aurait rien d'étonnant, que ce lieu élevé eût été le centre
religieux, le champ sacré de toute la contrée environnante.
Les Hochets de Chagey.
Au dessus du village de Chagey se trouve un contrefort de
la montagne de la Thure, appelé par les gens du pays le HatAt
du Hochet. A son sommet existe une série d'amas d'énormes
blocs de quartz massif recouverts de cristaux de fer oligiste,
qui se trouvent placés à des distances à peu près égales sur
une ligne droite. Ces roches ont été signalées, pour la pre-
mière fois, par M. le docteur Quélet. J'ai mesuré le principal,
qui a en largeur à sa partie inférieure l^TO et à sa partie
supérieure t^fiO; sa hauteur, à partir du sol, est de 2 mètres.
Serait-ce un monument mégalithique? C'est ce qu'on ne peut
aflirmer; mais, chose remarquable, c'est que tous ces amas
de pierres se trouvent au sommet de la montagne, au milieu
d'une vaste forêt, où l'on ne rencontre aucune trace d'autres
rochers.
La Pierre de Saint-Delle à Genèchie.
Le 15 août 1876, je me suis rendu avec M. le professeur
P. Perdrizet au hameau de Genèchie, dépendant de la com-
mune de Chagey, à la recherche d'une pierre debout mention-
née par H. Cl. Duvernoy dans sa Notice éur le pay$ de
Motitbéliardj et dont l'aspect, au dire de cet auteur, parut
assez caractéristique pour motiver des fouilles, il y a quelques
années, de la part des officiers de la garnison de Belfitrt. Après
avoir consulté divers habitants du hameau, on finit par nous
indiquer la Pierre de Saint-Delle, située au sommet d'une col-
line boisée qui domine au nord Genèchie. Celte pierre, en
grès rouge des Vosges, est dressée; elle a quatre faces régu-
lièrement taillées, ayant chacune la même largeur (40 centi-
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Goog.€
28S BEVOS D'àlSACE
mètres à la base et SO centimètres environ aa sommet);
chacune de ces faces correspond à un point cardinal; dans la
partie supérieare de la fiice ouest, on aperçoit deux croix,
l'une petite et Fautre plus grande, qui doivent avoir été gra*
vées sur ce monolithe bien postérieurement i son érection.
Nous avons déchaussé la partie inférieure de ce monument
pour tâcher, sans toutefois y parvenir, d'en découvrir la base.
Du sommet jusqu'à l'endroit où nous avons arrêté nos fouilles,
nous avons mesuré une longueur de S^jBO; mais il est évident,
qu'elle est, en réalité, beaucoup plus grande. Cette pierre est
peut-être un men/nr; néanmoins il est permis d'avoir des
doutes à cet égard, car elle est trop régulièrement taillée pour
être un monument mégalithique. Ayant demandé aux habi-
tants des maisons voisines s'il y avait quelque légende on
tradition sur cette pierre, et si des offlciers avaient fouillé à
Tentour quelques années auparavant, ils répondirent négati-
vement; et, en effet, le sol nous a paru n'avoir pas été remué.
Ce monument ne serait donc pas celui indiqué par M. Cl.
Duvernoy.
Nous nous sommes aussi informés s'il y avait dans les envi-
rons d'autres pièces dressées, mais on nous a répondu que
non; et comme on nous indiqua un amas de rochers au som-
met de la colline voisine, sur laquelle on érigea une croix de
bois en 1840, nous nous y rendîmes et constatâmes que ces
roches, dont une partie avait été disposée en forme de cercle
pour servir de piédestal à la croix, n'offraient rien d'intéres-
sant au point de vue archéologique.
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ÉTUDB 8X7B L'HUMANITÉ PBAHISTOBIQOS 28S
6* AUTRES LOCALITÉS OU L'ON A TROUVÉ DES
ANTIQUITÉS PRÉHISTORIQUES.
A Audinooart, à Vandoncourt, à Montbouton, à Lougres, à
Longevelle, à Dampierre-8ur-le-D3abs, à Laire, à TrémoîDs,
à Golombier-Ghatelot, à Rombois (territoire d'Abbévillers) ^
BUT la lisière du bois de Bart, on a découvert des haches en
pierre polie, la plupart en aphanite et les autres en serpentine.
MaiSt comme dans chacune de ces localités on n'a recueilli
jusqu'ici qu'un objet ou deux au plus, qui peuvetit y avoir
été apportés fortuitement, il est difficile d'en conclure qu'elles
ont été habitées durant les Ages préhistoriques ; il faudrait y
frire de nouvelles recherches pour tâcher d'y rencontrer
d'antres instruments de la même nature.
B 7 quelques années, en creusant un puits dans le village
de Bavilliers, les ouvriers trouvèrent, à SrfiO de profondeur,
près de la grande route qui conduit à Beifort, un bloc d*argile
très compacte de 84 centimètres de hauteur, offrant quelque
ressemblance avec le buste d'un homme ou plutôt d'un hibou.
M. Youlot, qui se rendit acquéreur de cette pièce curieuse,
qu'il nous a montrée, en a donné la description et le dessin
dans ses Vosges avant r/tistoire. Il lui a donné en plaisantant,
et d'après le dire d'une vieille femme de la localité, le titre
de Saint (tHérieaurt. Or, non seulement cela ne peut repré-
senter un personnage de l'époque chrétienne, mais il est
permis de se demander si les formes de ce bloc d'argile sont
le résultat du hasard ou du travail réfléchi de l'homme.
P.-B. TUEFFERD.
^ A Rombois on a reeaeilli deux haches, Tane en serpentine et Tantre
en aphanite, appartenant à M. Cl. Davemoy.
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OROGRAPHIE
DE
LA CHAINE DES VOSGES
CSonsidér^e dans sod ensemblo, la chaîne des Vosges forme
un massif montagneux dirigé da sud-ouest au nord-est arec
une étendue de 280 Itilomètres depuis le parallèle de Belfort
jusqu'au confluent de la Nahe et du Rhin k Mayence. Les
contours de ces montagnes se dessinent nettement à la sarfàce
des contrées environnantes^ mais leur hauteur varie autant
que leur constitution et leur flge géologique. Supposons, pour
mieux faire ressortir le relief du massif, qu'un cataclysme
subit, une inondation, un nouveau déluge élève de 400 mètres
le niveau actuel des mers: les plaines d'Alsace et de Lorraine
sont couvertes par les filets, et au dessus d elles les Vosges
émergent comme une tie ou plutôt comme un archipel mon-
tagneux. Les parties hautes de la chaîne constituent dans le
sud du groupe la terre principale, dont les contours rappellent
un peu la Grande-Bretagne. Elle s'étend du midi vers le nord
sur une longueur de 120 kilomètres, depuis la base du Ballon
d'Alsace et du Ballon de Servance à la crête du HochhoBlzel,
sons la latitude de Strasbourg. Elle mesure aussi 80 kilomètres
en ligne droite, dans le sens de sa plus grande largeur, de
Jesonville aux environs de Soullz. Une falaise de grès dessine
vers Torient sa côte accidentée, et sur le versant opposé, les
collines calcaires de la Moselle, les affleurements du trios
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OROGRAPHIE DE LA CHAINE DES VOSGES 336
dessinent la ligne de ses rivages. Le grand Ballon de Soultz
ou de Guebwiller, principal sommet de la chaîne, appelé
BeKeha^ Belchen dans Tidiôme du pays, domine à nne éléva-
tion de plus de mille mètres une sorte de péninsule triangu-
laire, jetée en avant de la Ijgoe de faite, dont les eaux s'écoulent
par de larges gouttières au fond des golfes, qui découpent la
base du massif. Ces bras de mer, étroits, profonds, resserrés
vers Tembouchure, ressemblent aux Qords de la Noryége ou
mieux encore à de longs estuaires s'avançant jusqu'à Buhl
dans la vallée de la Lauch, à Masevaux dans celledela DoUer,
à Munster sur les rives de la Fecht, à Fouday sur les borda
de la Brusclie. Sur les pentes occidentales de la chaîne, cette
mer imaginaire forme des échancrures plus vastes. Ses eaux
s'avancent là jusqu'à la forôt d*Hérival dans le bassin de la
Moselle, à Belmoot dans la vallée de la Mortagne, à Saulcy,
à Le Paire et à Raves dans celle de la Meurthe et de ses
affluents. Les cimes des monts Faucilles, avec la Motte de
Vesoul, constituent un groupe perpendiculaire à la direction
générale de la chaîne en face du Ballon d'Alsace, tandis que,
vers l'extrémité septentrionale, le Lichtenberg, leLiebfrauen-
berg, le Scherholl, le Kalmit, le Drachenfels, le Potzberg, le
Donnersberg, le Wackenberg et bien d'autres sommets du
Palatinat représentent le prolongement du système des Vosges,
à côté du groupe parallèle du Hundsruck.
Si, au lieu de s'arrêter à 400 mètres d'altitude, la submer-
sion montait encore à 50 mètres de plus, le col de Saverne
disparaîtrait à son tour et les découpures du massif paraî-
traient plus prononcées, son étendue plus rétrécie. En réalité
cependant, les parties septentrionales des Vosges s'élèrent plus
au dessus des plaines d'alentour qu'elles ne le semblent dans
cette inondation supposée. Le Rhin qui descend de BAle à
Mayence avec 175 mètres de pente, fait ressortir d'autant hi
hauteur relative des montagnes. Unie et plate vers le Rhin,
la plaine forme en Lorraine une suite d'ondulations à aurfiice
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286 BEVUB D'ALSACE
inégale pour prendre dans le sud, dn côté de la Franche-
Comté, Taapect d'un Téritable plateau, arec une succession de
collines et de dépressions, dont la surface se confond par
intervalles avec la pente des montagnes. Ces différences de
relief n'effacent pas toutefois le caractère général de la chaîne,
comme il est facile de le reconnaître sur nombre de points,
d'où Ton peut embrasser d'un seul coup d*œil l'ensemble de
ces montagnes.
La Montagne des Bois de Remiremont constitue le cap le
plus avancé de Vosges vers le sud ouest; le Grismonton et
le Ban-du-Bols.. vers Eloye, en forment la continuation sur la
rive droite de la Moselle, dominant les plateaux de Xertigny
et de Bains. Vues de la côte d'Essey, sorte de belvédère naturel
dans la plaine de Lunéville, les Vosges s'observent mieux
qu'en aucun autre point de leur revers méridional. < Ces
montagnes, dit déjà Elie de Beaumont (page 291 du premier
volume de YExplication de la carte géologique de France)^ ces
montagnes occupent toute la partie orientale de rhorizon ; on
les embrasse depuis l'extrémité des Bois de Remiremont aa
sud, iS degrés est, jusqu'au point où les grès du massif du
Donon viennent se terminer au bord et presque au niveau de
la plaine, dans la direction de Test 80 degrés nord. Gela fidt
un arc total de 105 degrés, dans lequel, ce qui attire le plus
l'œil, c'est le gros massif isolé des Sapins à Saint-Dié à l'est
12 degrés sud. On le voit par la dépression de rHôtedes*Bois.
La masse de grès au sud de Raon-l'Etape a l'air de dire
corps avec celle du nord. On s'aperçoit à peine que la Menrthe
passe entre les unes et les autres, tant celles du sud, par des-
surlesquelles on voit le Glimont, font bien suite à celles du
nord, qui se lient de proche en proche et d'une manière oim-
tinue avec les Hautes-Ghaumes de Framont On remarque
aussi dans ce vaste espace, qui comprend toute la partie
occidentale des Vosges, les pyramides de grès du Glimont et
du Donon vers Raon-l'Etape et la ligne doucement ondulée^
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OROORAPHIB I» LA (SAINS DS8 V086S8 ^Sfl
qui forme la eréte centrale. Cette ligne commence aux mon*
tagnes de Sainte-Marie-aux-Mines, un peu à droite des Sapins
de Saint-Dîé, et on la suit jusqu'au sud — 80 degrés est — ,
c'est-k-dire jusqu'au Ballon. Da là aux Bois de Remiremont
le profil s'abaisse doucement arec très peu d'inclinaison. Le
massif des Bois de Remiremont finit fers Torient par une
chute rapide, qui est la terminaison des Vosges proprement
dites. >
A l'est, en suivant le canal du Rh6ne-au-Rbin, on peut
Toir le front de la chaîne avec le détail de ses vallées et de
sesdmesde Thann à Landau. Derrière les collines de calcaire,
les montagnes de grès se montrent comme une ligne de caps
avancés, couronnés de vieilles ruines féodales. Ce sont, en face
de Golmar, la montagne d^Egaisfheim, le double cône du Hoh-
nach au nord du val de la Fecht, les masses de grès détachées
qui vont rejoindre le Hoh-Kœnigsbourg, le massif isolé de
rUngersberg et la cime aplatie du Mont-Odile, puis la ligne
des Basses-Vosges, uniforme dans son ensemble, cahotée dans
les détails de ses masses carrées. Si, quittant le canal, on
monte au sommet volcanique du Eaysersluhl, on embrasse
d*un seul coup d'œil tout le versant oriental de la chaîne; les
montagnes du bassin de la Doller, jusqu'à celles du Champ-
du-Feu se découvrent en même temps que la crête centrale.
Le groupe du grand Ballon se détache à peine des sommités
environnantes, la ligne des hauteurs prend des contours moins
vacillants, raplatissementdela chaîne vers Sainte-Marie-aux-
mines et la Brusche, la cime isolée du Climont, qui domine
cette interruption, restent à peine sensible. Mais quand on le
regardé de la Forêt-Noire, le profil légèrement festonné de la
chaîne se déprime encore. A ces hauteurs^ les Vosges ne
semblent plus qu*un groupe de proéminences, dont les bases
se confondent, dont les sommets forment une ligne presque
unie, contraste frappant avec les dentures aiguës des Alpes
que l'œil aperçoit du même point.
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238 REVUE D^ALSACE
Celte uniformité d'aspect, malgré de? différences de compo-
sition, de nature et de hauteur, a fait comprendre tout le
système des Vosges sous une même dénomination. Celtique
d'origine^ la dénomination de la chatne a subi seulement des
modiOcalions légères dans la langue des différents peuples
qui y ont passé tour à tour. Le Vogesns des historiens grecs
et latins ', comme les Wasichen, le Wasgau, les Vogesen des
Allemands, désignent le vaste ensemble des montagnes qui
pivotent sur le ballon d'Alsace, se dirigent d'une part vers le
confluent du Rhin et de la Moselle, de l'autre vers le plateau
de Langres. C'est ce qu'implique un texte de César qui décrit
c la Meuse, qui prend sa source dans les Vosges, près du pays
des Lingons.'» Les écrivains du moyen-flge et de Tépoque
de la Renaissance conservent à ce nom son acception antique:
t Les montagnes des Vosges, dit Herquel de Plainfaing, d'a-
près les traditions anciennes, et comme nous l'avons vu de
nos propres yeux, commencent aux frontières des Lingons et
s'étendent au nord jusqu'aux limites du pays de Trêves.' >
Schœpfiin développa cette idée en termes plus explicites encore
et il ajouta : « La chaîne se dirige du couchant à l'orient,
vers le Rhin, jusqu'à Belfort, et sépare, sous le nom de Monts
FaudUes, le comté de Bourgogne de la Lorraine ; s'infléchissant
ensuite vers le nord, délimite l'Alsace et la Lorraine, et
atteint^ après un trajet de cinquante lieues, le pays de Trêves
^ Sur une inscription recueillie par Genter (Inscriptions, tome I*',
p. 64» et qui paraît due à l'accomplissement d'an v<Ba fait comme à une
divinité, on lit :
VOGESO
MAX SI MINUS
V. s. L. L.
En d'antres Henx on trouve ds ces inscriptions dédiées au dieu pennin,
c'est-à-dire h la divinité de cette montagne. La table théodosienne indique
entre Oppenheim et Brumath, dans la Basse-Alsace, une Syhia Vosagus.
• De BeUo GaUico. Lib. IV.
* Historiœ de antiquitatibus vallis Galliœ Cap. I. Voyez aussi la pré-
face de Jean Ruyr : ses Antiquités des Vosges,
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OBOORAPHIB I9B LA CHAINE DBS VOSQBS 23B
et la forêt des Ardennes.' » Voici donc le développement des
Yo'^ges expliqué bien clairemenL Son étendue, ses limites
sont fixées avec beaucoup d'exactitude. Gep^'ndant nombre de
cartes de France, de date récente encore, donnent une idée
peu exacte de la configuration de la chaîne, en la rattachant
au Jura par des montagnes imaginaires ou fantaisistes. Des
cartes, ces erreurs, dues sans doute à une exagération dans
la conception des lignes de partage des eaux, des cartes,
disons-nous, ces erreurs passent aux livres. Aujourd'hui même,
trente ans après achèvement des travaux de TEtat-major dans
cette contrée, après publication de la belle carte du Dépôt de
la guerre, que tout le monde tient à sa portée, où les moindres
détails de topographie et de relief du sol sont figurés, certains
géographes réunissent encore le Jura et les Vosges. Quoi, un
professeur de Técole militaire de Paris a pu écrire dans un
traité de géographie classique, imprimé en Tan degrflce 1860,
que : * les Vosges se dirigent du nord au sud entre le col de
Valdieu qui les sépare du Jura et le Rhin. Elles sont divisées
en trois parties : Les Vosges méridionales entre le col de Val-
dieu et le Ballon d Alsace, les Vosges centrales entre le Ballon
d'Alsace et le col de Saverne, les Vosges septentrionales an
nord du col de Saverne.* > Je ne crois pas que mes collègues
du club alpin aient jamais vu un chaînon reliant le Ballon au
Jura. Quant an col de Fo/dlûti, si col il y a, les eaux du canal
du Rhône-au*Rhin j passent sans peine par une ouverture
de SO kilomètres en largeur, de même que les canons alle-
mands y ont passé sans encombre ni supplément d'attelages
pour faire, en novembre 1870, le siège de Belfort.
Mesurée du sud au nord, l'étendue des Vosges égale la
longueur des Gévennes. Les deux chaînes se rattachent Tune
à l'autre par les collines de la Côte-d'Or, le plateau de Langres
^ VAlsaee.iUusirée ou Recherches sur V Alsace pendant la domination
des Cekes, des Romains ei des Allemands* Traduction Rarenez, tome I,
page 29.
* DvssiEux, Traité de géographie, p. 296. Paris 18S0.
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240 RBVUB D*AL8AGB
et les monts Faucilles. Le relief de ces hauteurs se déprime
souvent jusqu'au niveau des plateaux enflronnants et elles
ne dessinent pajs une chaîne égale ou semblable aux Uaates-
Yosges. Elles constituent néanmoins en France le bief de
séparation des eaux entre les bassins de la Manche, de TOcéan
atlantique et de la mer Méditerranée. Le plateau de Langre$,
où Tient aboutir le rameau des Faucilles, a une altitude qui
varie entre 400 et 500 mètres. Il court du nord-est au sud-
ouest sur une longueur totale de 80 kilomètres. Ses contre-
forts rayonnent dans toutes les directions. Une de ses princi-
pales ramifications sépare les eaux de la Seine de celles qai
coulent dans la Meuse, en changeant plusieurs fois de nom,
envoyant des chaînons à travers TArgonne et les Ardennes,
pour rejoindre les collines de l'Artois et celles de la Picardie,
qui finissent, les unes au cap de la Héve, les autres au cap
Gris-Nez. Revenant aux monts Faucilles, nous voyons un autre
rameau, qui surgit près des sources de la Saône, se diriger
vers Ëpinal, suivre la rive gauche de la Moselle, séparer ses
affluents de ceux de la Meuse, monter sur Tout et Nancy, ae
lier enfin aux formations ardoisières de TArdenne, aux ter*
rabis schisteux qui s'étendent de Mézières à Aix-la-Chapelle.
La Hohe Voen, au nord de Malmédy, atteint une altitude de
600 à 700 mètres, contre 440 à 450 mètres, élévation du sol
de la forêt de TArgonne entre Réthel et Mézières. Grftce au
développement de leurs ramifications, toutes ces montagnes
réunies versent leurs eaux dans quatre mers à la fois : dans
la Méditerranée par la Saône, dans l'Atlantique par les afflu-
ents de la Loire, dans la Manche par la Marne et l'Yonne,
tandis que le Rhin et ses tributaires s'écoulent dans la mer
du Nord.
Par sa constitution géologique autant que par les formes
dominantes du relief, le système des Vosges peut être partagé
en trois divisions principales; le groupe des Hautes- Vosges^
allant du Ballon d'Alsace à l'extrémité du Ghamp-du-Peu ; le
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OROORAPHIS DE LA CHAXNB DBS V080SS 241
groupe des Basées-Vosges, qui s*étend depais Saaies entre la
Brusche et la Meurthe jusqa^aa delà de Pyroiasens dans le
Palatinat ; le groupe du Donnersberg, qui se rattache aux
Basses* Vosges à Wînsweiler et dont les contre-forts descendent
vers Hayence et vers Bingen sur les bords du Rhin. Les
Hautes* Vosges présentent les plus hauts sommets de la chaîne
avec des Tailles profondes commençant par des cirques ou se
ramifiant en éventails sur les Qancs de montagnes aux formes
arrondies, mais sans ressemblance aucune avec les Ballons,
de nature granitique ou de grauwacke stratifiée. Sur la rive
gauche de la Brusche, la chaîne change de caractère, les som-
mets s'abaissent et s'aplatissent, le grès à couches horiseon-
taies remplace les roches cristallines dans toute la région des
Basses-Vosges. Au massif du Donnersberg mpparaissent des
masses de porphyre entourées de terrains stratifiés de toutes
les époques géologiques, depuis les schistes anciens jusqu'aux
terrains tertiaires. La largeur de la chaîne mesure 70 kilo-
mètres entre Golmar et Luxeuil, pour se rétrécir à quelques
kilomètres à la montée de Saverne. fille s'abaisse en pente
douce vers la Lorraine. Du côté du Rhin ses versants restent
beaucoup plus escarpés. Les sommets les plus importants ne
se trouvent pas sur la ligne de faite principale, mais sont
tous rejetés du côté de TAlsace.
Nous avons déjà décrit en détail le groupe des Basses-
Vosges \ et nous nous réservons d'étudier de même la chaîne
des Hautes. En attendant nous donnons ici pour Thypsométrie
on relevé des hauteurs de la ligne de faite principale^ des
sommets les plus importants situés en dehors de la ligne Je
séparation des eaux, Taltitude des cols, des lacs et de quelques
lieux habités, la limite supérieure des cultures et de quelques
espèces végétales intéressantes. Le tableau des altitudes est
emprunté en majeure partie à la carte de l'Etat- m^jor : j'ai
^ Ch. Gra», Orographie des Bauu-Yotgt» dans la Revue et Àhacé^
année 1867.
Donyelle Série - e* Année. 16
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242
BSVUB D'iOiSACB
pris moi-méme un certain nombre de hauteurs avec le baro-
mètre de Fortin, une partie de ces chiffres sera probablement
à corriger dans une certaine mesure à la suite d'une nouvelle
triangulation de TAIsacc faite actuellement par ordre du gou-
vernement allemand. Voici les altitudes de la ligne de faite
depuis Valdieu, au bief de partage des eaux du canal du Rhône-
au -Rhin, dans le sud des Vosges, jusqu'à Tentréedela chaîne
dans le Palatinat sur la frontière de la Bavière :
Mètres.
Valdleu 350
Bréchaumont 357
Vauthiermont 395
Eteimbes 406
Etang Renaude 406
Mont des Boules 800
Le Sattel 920
Le Neuberg 1012
Le Baerenkopf 1057
La Grande Roche. 1069
Les Plaines 1091
Le Gross-Langenberg 1142
Signal à Test du Ballon ... 1230
Ballon d^Alsace 1256
Point au nord du Ballon ... 1244
Signal au nord du Ballon. . 1054
Prèsdu col des Charbonniers 1109
Col des Charbonniers 1103
Au sud-ouest du Cresson . . . 1249
Censé des Bers 1109
Le Cresson 1221
Le Rouge-Gazon 1099
Chaume des Neuf-Bois — 1072
Tête des Neuf-Bois 1234
Tête des Allemands 1004
Col de Bussang 722
Tête des Russiers 1192
Le Drummont 1203
Tête de Felleringen 1226
Mètres.
Col d^Oderen 885
Haut du Felza 1148
Près du Haut du Felza . . . 1140
Le Grand-Ventron 1209
L'Allcnberg 1215
Col de Bramont 750
La Ronde-Tête 1205
Le Rheinkopf 1319
Le Rothenbach 1150
Tête du Peut Orlemont . . . 1215
Le Firchtmisskopf .... 1318
LeUohneck 1366
Col de la Schlucbt 1150
Sommet au dessus de la
source de la Meurthe. . . . 1257
Le Krappenfels 1255
Station au sud du Tanet.. 1276
Le Tanet 1296
Le Gazon-de-Fête 1303
Le Lentzwasen 1300
Hautes-Chaumes de Pairis. 1291
Au dessus du Lac Blanc . . 1236
Signal du Lac Blanc .... 1146
Le Louschpach 976
La Petite-Combe 1077
Au sud de la Petite-CÔmbe 1027
Points entre la Combe — 959
et le BotthoDune 954
Col du Bonhomme 949
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OROORAPHIB I>E LA CHAINB DES VOSGES
d4d
Mètres.
Au aord du col 4104
Le Rossberg 4127
Aa Rossberg {IHm) 1118
Les Vieux-Gazons 1130
Les Gninds-Ordens 1 lU
Aux Graods-Ordens (Ms) . . 4047
Signal du Bonhomme 1086
PoinU 1038
entre le 1013
signal 1028
du 4027
Bonbomme 4002
et 960
la 4016
côte 968
d*Escher> 950
Gôti! d'Eschery 910
Bols de Bréhaingoutte — 995
Entre les bois 988
de Bréhaingoutte 960
et BU
le eol 890
de SaiDte-Marie-aux-mtnes. 875
Col de Salute-Marie^ttx*m. 780
Château du Faite 894
Pointe 884
dans 836
le bols 943
du Dansant de la Fête 984
Le Haut des Héraux 998
Signal de Sainte-Marie-a.-m. 972
L'Enclos des Vaches 926
Le Pré George 879
Censé des Fêtes 903
^is de Colroy 857
Au nord des bois 977
de Colroy 813
U Bouloie 834
Au sud-est de la Bouloie. . 850
Mètres.
La Noire-Côté 905
Ballon d'Herbegoutte 813
Points 665
entre le Ballon d*llerbegoutte 782
et 780
les bols 777
de la Grande-Fosse 787
Bois de la Grande-Fosse . . 833
Bois des Faites 739
Signal des Hautes-Chaumes 933
Au nord des Hautes-Chaumes 906
Bipierre 925
Point au sud du Donon. . . 776
Le Donon 4010
Le Petit-Donon 944
Entre le Donon 795
et le Haut de Marion 864
Le Haut de Marion 809
La Gro8se4::ôte 809
Signal du Prancey 983
Le Gros-Mann ^3
Le Monacker 843
Censé de Téte-la-Vieille ... 865
Signal au n.de Tête-ia-VIeille 756
Au sud de rEichelkopf ... 736
L'Eichelkopf 694
Signal au sud du Peug. . . 584
Le Peug 672
Près du Hohlwalsch 536
Le Hohlwalsch 560
Le Martelbergkopf 535
Le Karreberg 468
Le Hohhœlzel 396
Au nord du Hohhœlzel ... 370
Bois de Wackenberg . 396
SUtion de Nithel 367
Le Viswald 354
Points 331
de 322
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244
REVUB D'ALSACE
Mètres,
la forêt de Scbwangen. ... 346
Environs 354
de 369
Henridorf 333
Wallenbourg 341
Damelbourg 369
Forêt 398
du Bargerwald 446
Schweizerboff 447
La montée de Saveme — 428
Chemin de Saint-Michel ... 382
Route de Paris à Strasbourg 336
Mittelbronn 300
Au dessus de la source de
laZinzel 234
Signal de Bickenbolz 337
Metting 305
Stations 298
entre Metting et Siewilier. 3ii
Siewiller 282
Collines 387
près de Lobr 35!^
Route 377
de Saar-Union 379
Stations au nord 395
de 433
C'est suivant cette ligne de hauteurs que les eaux des
Vosges se partagent sur les deux versants de la chaîne» entre
les affluents du Rhin et les affluents de la Moselle. Les mon-
tagnes, comme la plaine environnante, continuent à baisser de
niveau en entrant en Bavière. Cependant elles présentent
encore à Textrémité des Basses-Vosges ou dans la Hart du
Palalinat, comme dans le groupe du Donnersberg, quantité
de sommets qui dépassent 400 mètres au dessus du niveau
de la mer. Tels sont notamment le Kalmit ou Eaimuck, peint
culminant du Hart, le Drachenfels, le Spitzkop^ le Rehberg,
le Donnersberg, le Peterskopf, etc., etc.
Mèlm.
la Petite4»ierre 397
Le Mittelberg 435
Le Moderthalberg 391
Puberg 394
Âlt-Puberg 400
Le Streitkopf 407
Le Scbeidwald 419
Le Herrenwald 381
Limite de la Moselle 427
Meissentbal 398
Gœtxenbruck 401
Station au sud duLemberg 414
Lemberg 428
Le Uingerkopr 418
Le Sommerkopr 397
Le Hobekopf 438
Autour de la route ....... 443
de Strasbourg 381
Gollmes 344
de 363
la Brube^Hart 332
Le Raumeck 451
Forêt de Waldeck 400
Frontière de la Bavière ... 408
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OBOGRAPHIS BB L^ OHAIKE DBS VOSGES
245
Voici maintenant l'altitade de quelques-uns des principaux
sommets des Vosges de la ligne de fiilte principale.
Baaiflcatioiis du Ballon d'Alsace.
Mètres.
Ballon de Saint-Antoine... tiOO
Planchenles-Belles-Filles . . 1130
BaerenlLopf 1077
Sndel 920
Mètres.
BaUon de Servance 1190
RimbactilLopf 1103
Vogelstein 1185
Rossberg 1196
Entre le grand Ballon de (htebwiller et le Hohneok.
Sommet du grand Ballon • 1426
StoriLeniLopfoiiTéteduGbien 1365
MoorfeldiLapf 1243
Ànffried 1190
SchweisellLopf 1290
Treh 1143
Steinlebach 1275
Wissort 1318
Hahneborn 1288
Rotbenbacb ou Rotabac . . . 1319
Montagnes de la vaUée de Mnnster.
Kahlenwasen ou Stranberg 1274
Staufen à Soultzbacb 896
HochhattsUdt 877
Entre Wasserbourg et Gons-
bach 868
Hoblandsbourg, raine 634
Plixboiirg 472
776
Kubberg entre Munster et
Orbey
Frauenackerkopf (Munster).
Grand Hoh'nach 980
Gbàteau du Hoh'nack 936
Trois-Epis 617
Gais près TroiSrEpis 780
Massif dn Ghamp-dn-Fen.
Sommet du Gbamp-du-Feu 1095
Hob-Sommerhof 1049
Signal de NatzwUler 1019
Nennter-Stein 980
Richbacb, mai.son forestière 973
Hobwaldy sommet 950
Blocs et Msennelstein 819
Heidenkopf à BOrscb 780
Mont^ile 700
Ungersberg 904
CKmont 974
Mont de Dambacb 685
Basses-Vosges, antre Saverae et Wissembourg.
Hautde la Montée de Saveme 428
Scmimet de la Petite-Pierre 433
SarrembergprèsGOtzenbrack 434
Weyersberg, derrière Nie-
derbroan 427
WasenkOpfel 528
Winstersberg, près Nieder-
bronn 577
Pigeonnier ou Scherlion. . . 607
Fort de Bitche 320
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Goog.
346
BEVUB D ALSACE
OoIb des Vosges oh passent des roates.
Mètres.
Col du Ballon d'Alsace ... 1142
Col de Bussang 722
Çûl d'Oderen 883
Col de Bramont 750
Col de Behnlegrab 850
Col de la Schlucht 1150
Col du Bonhomme 940
Mètres.
Ck)l de Sainte-lfarie^ux-m.
àSaint-Dié 780
Col de Ribeauvillé à Sainte-
Marie-aax-mines 720
Col de Steige 597
Col de Barr à Ville 404
Col du Donon 757
Laos des Vosges.
Lac du Ballon 1000
Lac Blanc 1054
Lac Noir % . 960
Lac Vert ou Darensee ... 980
Lac de Blanchemer 1050
Lac et réservoir du Neu weyer 950
Sternsee 971
Lac de Retournemer.
Lac de Longemer . . .
Lac de Gér^rdmer...
Lac de Seewen
Lac de Fondromoix .
Lac de Lispach
Lac du Corbeau —
Sourees d'eau minérale.
Soulzbach .
Soulzmatt .
Wattwiller
Chàtenois. .
702
340
266
332
198
Buhl de Barr
Rosbeim
Soultz-les-Eains . . .
Niederbonn
Soultz-sous-Forêts .
Cours d'eau autour du grand Ballon.
. Thur (50 kilomètres).
Source au col de Bussang. 722
Source au col de Bramont 750
Urbès 452
Wesserllng 420
Saint-Amarin 400
Thann 350
Cernay 276
Herrlisheim 198
Confluent avec TIU 195
Lauch (41 kilomètres).
Source au Lauchen 1160.
Sortie dji. lac du Ballon. ... 1060.
Lautenbach-Zeil — . . . . .
Lautenbacb
Buhl
Guebwiller
Issenbeim * . .
Colmar, confluent de FUI.
Fecht (42 kilomètres).
Source au Hob^neck
Sondemach
Metzeral
Munster
Wihr^u-Val
Walbach... ,....
780
746
640
510
650
840
900
278
208
170
200
150
508
420
338
270
260
190
1200
620
500
390
319
286
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OrnOORAPHIB DB LA CHAINE DES YOSOES
347
Mètres.
Turckheim UO
Ingersbelin 2Î2
Ostheim 190
CoDflaeDt à Dltenssero ... 175
Com de nu (iSOkWom.).
, Soaroe à Winckel (Jura) . . 527
Allklrch 3Î3
Malbouse tlO
Goofluent de la Tburr — 195
Horboarg et Golmar 190
Métras.
Schlestadt 170
Strasbourg 140
Emboucbare dans le Rhin. 135
Oms du Rhin en Alsace
(200 kilomètres).
Huningue et Bftie 2i0
Neuf-Brisach 195
Kebl et Strasbourg 136
Ck>nfluent de rui 135
Lauterbourg 104
Looalités des Yùsgen habitées tonte Tannée.
Hôtel du Lac Blanc 1200
Bétel de la Schlucht 1150
Ferme du Lauchen 1150
Hameau des Hautes-Huttes 900
Village d'Aubure 1000
Maison forest. de la Rotblacb 958
Village du Hohwald 700
Hameau de Belmont 850
Hameau du Hohrotbberg . . 750
Goldbach et Geishausen ... 750
Bninas du mojen-ftfat ohâteanz et oouTents.
Engelborg à Thann
Freundsteln à Soultz
Herrenfluh à Wattwiller . .
Hugsteln près Guebwiller .
Abbaye de Murbacb
Stôrenburg
Wildenstein
Wasserburg
HohhattsUdt
Laubeck ou Haneck
Scbwarzenburg
Hoh*nack
Hohlandsburg
Plixburg
Drei-Exen
Kaysersberg
Bilstein
Ribeaupierre
Hoh-KOnigsburg
Frankeaberg
500
900
717
350
450
500
600
710
877
737
520
936
634
458
596
270
350
670
512
880
Klntzbeim 280
Ortenburg 490
Bernstein 540
Andlau 460
Spesburg 430
Landsberç 584
Tnittenbausen 375
Saint&-Odile 700
Rathsambausen 500
Gîrbalen 572
Nideck 650
Wangenburg 450
Hob^Geroldseck 481
Oxenstein 514
Hob-Barr 400
Greifenstein 385
SaintrJean-des-Cboux 302
Dabo ou Dagsburg 512
Lfttzelburg 522
Huneburg 420
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248
BEVUE D'ALSACE
Mètres.
Mcbtenberg 400
Wasenburg -487
Windsteio 440
Falkensteîn 400
MètM.
Liebfrauenberg 206
Fleckenstein 510
FrOnsburg 496
Limites de oertaineB evltnres.
Froment, selon rexpositîon. Température moyenne 7—8* C. 600 4 800
Seigle, orge, avoine. Température moyenne 6— 7<>C 800 à 950
Pommes de terre, lin, cboux. Température moy. 5— O^'C. 1000 à 1200
Groselller rouge 900
Merisier et griottier 900
Hêtre et sapin 1200 k 1300
Gbêne 600 à 800
Noyer, selon l*exposition 5S0 à 700
Châtaignier 500 à 650
Prunier et poirier 650 à 700
Pommier 100 ft 800
Abricotier, mûrit ses fruits dans les vallées 520
Pécher, jnsqu^ft 500
Vigne, altitude extrême au Hasslon, près Munster 480 à 500
Asperges, dans la vallée de Munster, k 550
Amandier, entre Tûrckheim et Berghelm 900
Ces indications suffisent pour donner une idée de l'bypso-
métrie et du relief de la chaîne des Vosges au dessus des
plaines d'Alsace et de Lorraine. Le climat dont dépend la
distribution des plantes etTextension des cultures, est modifié
par Taltitude. Nous comptons bien rerenir, dans une de nos
études suivantes, sur les rapports de la conflguration du ter-
rain de nos montagnes avec la régétation et le climat. Remar-
quons seulement que, dans les Vosges, le climat présente un
caractère excessif et continental avec des variations brusques
et extrêmes delà température. Entre 600 et ISOO mètres d^al-
titude, nous voyous se reproduire ici les phénomènes clima-
tériques des pajs du Nord, de la Russie, de la Suède, avec
absence de printemps, avec végétation rapide en été. Le réveil
général de la végétation se manifeste en juin vers le sommet
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OROGBAPHXB DB LA GHAIMS DIS TOBOES 3l9
d« montagnes; mais les plantes se déreloppent rapidement
et les mêmes espèces flearissent à la fols en même temps an
hant des Vosges et dans la plaine. Si le griottier, cultivé près
des lacs d'Orbey à une élévation de 900 mètres, mûrit seule*
ment ses fruits en septembre à cette altitude, deux mois après
leur maturité au fond du rai, certaines plantes, telles que
la bruyère, fleurissent sur les hauteurs huit jours plus tAt
qu'en plaine.
C^ Geajd,
mtmhre du dub alpin.
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NOTES BIOGRAPHIQUES
SUR LES
HOMMES DE LA RÉVOLUTION
A
STRASBOURG ET LES ENVIRONS
SiûU,
DIETRICH.
(Le baron Philippe-Frédéric de, comte du Ban-de-la-Roche)
Né à Strasbourg le 14 novembre 1748.
Ses ancêtres sont originaires de Saint-Nicolas, près de Nancy,
et s'appelaient en 1549 Didier, germanisé en Dietrich.
Il est arrière-petit-fils de Dominique Dietrich, négo-
ciateur du traité de capitulation de la ville de Stras-
bourg le SO septembre 1681, lequel, comme Ammeister
régent de cette cité libre, parvint à faire réintégrer,
après huit siècles de séparation, à des conditions
honorables, sa patrie d'adoption, sous le sceptre de
Louis XIV. Deux siècles après, ce beau fleuron de
la couronne de France, retombait au pouvoir de
l'Allemagne coalisée, par l'ineptie d'un vil aventurier
troisième de sa race, auquel on donna à Strasbourg
le sobriquet de FinckmaU Luis.
1773. Il succéda à son père dans la charge de secrétaire
interprète de l'institution du mérite militaire.
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LB8 HOMlfXS DE LA RCYOLUTION 251
5 septembre 1779. Lotus XVI le nomma secrétaire-général
des Suisses et Grisons.
1785. Commissaire royal à la visite des mines, forges, forêts
et bouches à feu de la France.
1788. Membre de TAcadémie royale des sciences, de la
Société royale de Oœttingue et de celle des curieux
de la nature à Berlin.
28 juin 1789. Commissaire du roi près la ville de Strasbourg.
Peu de jours après sa nomination, le 20 juillet, arrive
la bouvelle de la prise de la Bastille et, le lendemain
21, il assiste au triste spectacle du sac de THôtel-de-
Ville de Strasbourg, et se trouve pour la première fois
en présence de saturnales difficiles à prévoir et à
comprimer.
4 août — . Parait le décret abolissant tous les privilèges. Les
députés de TÂlsace, alors à Paris, lui écrivaient à cette
occasion : « Vous serez maire de Strasbourg. > Et en
effet les quinze assemblées primaires se réunirent le
8 février 1790. Il réunit' 9685 voix, et son concurrent,
TAmmeister Poirot, seulement 2286. Son élection fut
attaquée par ses adversaires, mais sans succès; le
18 mars suivant la nouvelle municipalité fut installée,
et à la suite d^une absence de huit mois on lui con-
testait la qualité de citoyen actif de Strasbourg.
1790. C'est au commencement de cette année, le 15 janvier,
qu'il fonda la Société de la révolution, laquelle, le
11 février, prit le nom de Société des amis de la
Constitution affiliée à celle de Paris.
13 juin — . Dimanche, dans la plaine des bouchers, les popu-
lations de Strasbourg, celles d'une partie de TAlsace
et des pays voisins, étaient conviées à la fête de la
Fédération rhénane. L'autel de gazon, élevé dans cette
plaine, pour y recevoir, au pied de ses marches, les
gardes nationaux délégués de l'Alsace, de la Lorraine,
de la Franche-Comté et de la Bourgogne, était dû aux
soins de la municipalité et de son nouveau maire en
particulier, lequel monta les degrés de cet autel, et au
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2S2 KBVXJE D*AL8AGB
xnilieti de rîmmenae carré, entouk^ d^une fonte com-
pacte et silencieuse, prononça, d^une voix sonore, la
formule sacramentelle de fidélité au roi, à la loi, et à
la nation, qui fut acclamée par la masse des spectateurs.
Juillet — . La nouvelle municipalité de Haguenau avait été in-
sultée par la populace, à Tinstigation, ditK>n, de la ma-
gistrature ancienne, dont la non-reddition de comptes
remontait à 1785. Il fut chargé de Texamen du litige,
quH termina à l'entière satisfaction des habitants de
cette localité. Lors des troubles de Sélestadt, t)rodiiit8 à
Toccasion de Tinstallation du nouveau conseil muni-
cipal^ il y envoya des commissaires strasbourgeois et
Tordre y fut rétabli Après les incessantes réclamations
des princes étrangers dépossédés par les décrets de
rÂssembléenatioïiale,luivinrentles Israélites revendi-
quant lesdroitsde citoyens français enfinle clergé jetait
des cris de détresse devant la confiscation de ses biens
et le serment que Ton voulait lui imposer. CTétait im
véritable gâchis qui réclamait de l'administration un
sang-firoid imperturbable pour ne pas aller à la dérive;
aussi, lors du mouvement militaire des 6 et 7 aoùt« le
vit-on se jeter avec courage entre les régiments et
recevoir à cette occasion du colonel Victor de Broe^lie,
du 13* régiment, des paroles de félicitation.
Octobre — . Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
11 novembre — . Elu maire pour la seconde fois. Dans le
courant de cette année, il dirigea Torganisation des
nouvelles administrations départementales judiciaires
et même religieuses, car, à Tégard de cette dernière,
le député Schwendt avait discuté avec le nouveau
maire le choix d'un évéque et conseillé Tabbé de
Marmoutier ou celui d'EbersmOnster. C'est Tabbé
Brendel, appuyé par les commissaires royaux alors
en mission en Alsace, qui remplaça le cardinal de
Rohan à Strasbourg.
Dans es premiers mois de 1791, alors que Tarmôe de Gondé
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LEfl HOMMIS 0S ÏJL BâVOLUTIOK S58
projetait d'envahir TÂlsace par Harckolsheim et
Rhinau, informé à temps par ses émissaires et par
son beau-frère le diancelier Ochs de Bàle, il parvint à
déjouer ces projets.
8 juin — . Les volontaires s'étant pris de querelle avec le régi-
ment suisse Vigier, en garnison à Strasbourg, il fut
obligé d'intervenir avec le vieux général Luckner
pour rétablir Tordre un moment menacé.
15 juin — . Il lance la proclamation du corps mimicipal appe-
lant un citoyen sur vingt» à se dévouer volontairement
à la bonne cause en combattant les aristocrates.
21 juin — . La foite du roi et son arrestation à Varennes,
produisirent une certaine agitation à Strasbourg; les
généraux de Bouille, Heymann et de Klinglin, ayant
émigré, furent représentés en mannequins et brûlés
sur la place d'armes par la populace dans la nuit du
28 juin. C'est alors qu'il nomma le général de Gelb à
la place de Klinglin.
14 novembre — . Elu pour la troisième et dernière fois maire.
Sur 5,000 votants il obtint 4,000 voix. A cette occasion,
ses concitoyens lui offrirent une médaille d'or, repré-
sentant d'un côté un aigle prenant son essor vers le
soleil, de l'autre la ville de Strasbourg sous les traits
de Minerve, ofl^nt au maire une couronne civique
avec cet exergue : à Dietrich premier mairede Stras-
bourg.
L^année 1791 s'était bien clôturée pour lui, et celle de 1792
s'ouvrait sous d'heureux auspices; de tous côtés il ne
recevait que félicitations; ses amis de Paris, dans les
premiers mois de 1792, l'informaient même qu'il était
question de lui pour le portefeuille de l'intérieur. La
guerre avec l'Autriche ayant été déclarée, Lafayette,
commandant en chef de l'armée du centre, a rendez-
vous avec lui à Phalabourg, le 13 janvier 1792, pour
examiner la défense de la frontière. Cette conférence
fut mal interprétée par ses ennemis. Cest dans ses
salons de la rue de la Mésange que» le 25 avril 1792^
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254 BBVUK D*AL8A:C£'
Rouget de Lisle exécuta pour la première fois le chant
de la MarseiUaise. Nous touchons à Tépoque où il se
trouva en face des terroristes Laveaux, Schneider
Monet, Teterel, Simond et autres, qui tous avaient
juré sa perte, Taccusant au club dé Paris de conspirer
avec Lafeyette pour livrer Strasbourg à l'Etranger.
Deux délégués de la municipalité,Noisette et Champy,
furent chargés de le défendre de cette grave et tsiusse
accusation devant TÂssemblée nationale ; mais celle-ci
refusa, pour ainsi dire, de les entendre, déclarant, le
12 juillet 1792, être satisfaite. Pendant ce temps^ le
Conseil de la commune, sous l'influence du maire et
en prévision des malheurs réservés au pays, rédigeait,
le 7 août, deux adresses. Tune au roi, l'autre à PAssem-
blée législative, promettant fidélité à la Constitution et
déclarant que du jour où elle serait violée, ils se consi-
déreraient libres de leurs engagements. Malheureuse-
ment la pièce tomba entre les mains du perfide dé-
puté Rûhl; c'en était fait: le maire et le Conseil avaient
signé leur déchéance.
Lanouvelledela prise desTuilerieset delà déchéance
du roi étant arrivée à Strasbourg le 18 août, le maire
convoqua de suite son Conseil et proposa les mesures
que la situation réclamait. La fermeture provisoire
des clubs fut ordonnée et on renouvela le serment
du 7 août, de rester fidèle à la Constitution. Ces me-
sures irritèrent les jaicobins. Laveaux et Simond par-
tirent de suite pour Paris, dénoncèrent le maire et
son Conseil comme ennemi de la chose publique;
mais TAssemblée législative voulant attendre le rap-
port de ses commissaires alors en Alsace, l'accusation
m resta là pour le moment
18 août — . Une seconde dénonciation anonyme reproduisit
les mêmes accusations contre la municipalité de Stras-
bourg et son chef. Cette fois-ci, Rûhl, poussé par les
jacobins, obtint que Dietrich serait mandé à la barre de
l'Assemblée dans le délai de huit jours, et le lendemain
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LK8 HOlOfBS DB LA RftTOLimOM 365
19, le Directoire exécutif prononçait la dissolution du
CSonseil municipal, dont Tordre arriva à Strasbourg le
22 suivant, et les commissaires Camot, Prieur et Ritter,
nomment maire provisoire le médecin Lachausse qui
fit convoquer le Conseil par son prédécesseur pour
Tinformer des dispositions prises par le gouvernement
révolutionnaire. Ce dernier acte ren\pli, Dietrich prit
congé du Conseil et se retira immédiatement au
Jsegerthal pour y préparer sa défense avant d'aller à
Paris ; mais les avis qu'il reçut de ses amis lui disaient
qu'il trouverait dans la capitale, non des juges, mais
des bourreaux et qu'il ferait mieux de n'y pas venir;
qu'au surplus l'Assemblée nationale, par décret du 28,
avait ordonné son arrestation et son transfèrement
par la gendarmerie à la barre de la Convention. Il n'y
avait pas à balancer, et encore moins de temps à
perdre ; il prit le chemin de la frontière par Bitsche,
se rendit à Francfort-8.-M., puis à Bàle^ où il arriva
le 10 septembre chez son beau-frère, le chancelier
Ochs ; mais pour ne pas le compromettre, il alla se
fixer à Winterthur, que, par une malheureuse inspi-
ration, il quitta fin octobre pour se constituer prison-
nier à Saint-Louis, le 5 novembre suivant. U espérait
par là sauver le patrimoine de ses trois fils, et se
blanchir de la réprobation d'émigré.
11 novembre — . U arriva à Paris, escorté d'un aide-d&-camp
du général Ferrière. La Convention refusa de l'enten-
dre, étant décrété de conspiration avec l'Etranger.
Son ennemi acharné, l'infiàme député Bûhl, deman-
dait qu'on lui appliquât la loi sur les émigrés, ce qui
était ime monstruosité. Cette proposition écartée, il
fut renvoyé au tribunal criminel du Bas-Rhin. Cette
décision fut changée dès le 12 novembre.
27 novembre — . Arrivé à Strasbourg, il descend un moment
à l'hôtel de l'Esprit pour y recevoir ses amis, avant
de se constituer prisonnier à la maison d'arrêt, d'où
il ne songeait guère sortir que le 19 décembre pour
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906 Bsvus d'alsacb
aller se faire juger à Besançon. La Convention natio-
nale, en prenant cette fatale décision le 12, Fenlevait
à ses juges naturels et donnait gain de cause à ses
ennemis.
33 décembre — . Il arriva à Besançon et fut écroué dans
la maison de justice, où il rédigea son testament le
'7 février suivant.
7 mars 1793. Il parait devant les juges. Il avait publié un mé-
moire justificatif en réponse aux douze chefs d^accu-
sation qui lui étaient reprochés. Acquitté par la Cour
sur tous les points, on le retint en prison comme
émigré. Ses papiers furent mis sous scellés, et sa per-
sonne transportée par la gendarmerie à Paris le 31 août,
sans lui laisser même le temps de faire ses derniers
adieux à sa femme. La voiture spéciale qui Ty con-
duisit arriva à TAbbaye dans les premiers jours de
septembre, où il resta jusqu'au 29 décembre. Robes-
pierre s'étant opiniâtrement refusé à le renvoyer au
tribunal de Strasbourg, où il comptait encore de nom-
breux amis et partisans, il comparut le 27 devant le
juge Foucaud qui le questionna sur les mêmes feits,
pour lesquels le tribunal de Besançon Tavait absous ;
c'^est-à-dire, d'avoir protégé les prêtres rebelles à la loi,
persécuté la Société des jacobins de Strasbourg en
fermant les clubs, comploté avec Lafoyette et les
ennemis de la France. A ce tissu de mensonges, il
répondit catégoriquement en opposant une vive dé-
négation à tous les faits; Le juge se sentant battu,
pour en finir, lui demanda, s'il avait fait choix d'un
défenseur; non, fut sa réponse; eh bien nous nom-
mons d'ofBce le citoyen Duchàteau.
28 décembre —. Il fut extrait de la Conciergerie et conduit
devant le tribunal révolutionnaire, en face de Taccu-
sateur public, le fameux Fouquier-Tinville, et du
président Herrmann. L'acte d'accusation lu, on en-
tendit les témoins Hess, Simond, Laveaux, Benta-
bolle et même Schneider qui venait d^ètre amené à
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LB8 HOHMIS DB LA RÉVOLUTION 257
Paris, tous ennemis des plus acharnés de Dietrich, qui
opposa un silence dédaigneux à toutes leurs déposi-
tions. « Je sais, dit-il à ses juges, que mon sort est
décidé. > Après avoir recueilli les opinions, le prési-
dent prononça la condamnation. Alors il détacha une
mèche de ses cheveux, la joignit aux adieux à sa
femme, sa chère Louise, et, le 29 au matin, il monta
sur réchafaud avec le courage d'un homme dont la
conscience n'a rien à se reprocher. Il était âgé de
45 ans accomplis. Si cet assassinat juridique n'a pas été
consommé à Strasbourg, la faute n'en revient pas aux
sans-culottes de cette cité, car au club de la rue du
Bouclier, temple des réformés, dans la séance du
6 décembre 1793, les jacobins, appuyant la motion de
rint&me Rûhl, demandaient déjà à grands cris que la
tète du maire tombât dans une ville qui avait été témoin
de ses scélératesses, et qu'en conséquence Ton écrivît
de nouveau au Comité de salut public à Paris pour
l'inviter à condescendre au vœu de la Société.
Outre ses traductions de Ferber, Scheele et Trébra,
en 1786, il avait commencé à publier une • Description
des gîtes de minerai, forges, salines, etc. de la France; >
mais Ja révolution Tempêcha d*y donner suite. Les
deux premiers volumes ont trait aux Pyrénées, les
troisième et quatrième parties à la Haute- et Basse-
Alsace, les cinquième et sixième à la Lorraine.
DITTERICH (François-Georges).
1789. Docteur et professeur de droit canon, à l'Université épis-
copale de Strasbourg. Conseiller intime du prince-
èvôque de Spire et du prince régnant de Hohenzollem-
Waldenbourg-Bartenstein, l'un des vingt-quatre com-
tes de la cathédrale de Strasbourg.
8 lévrier 1790. Notable du Conseil de la commune de Stras-
bourg.
80 mars — . L'évêque de Spire proteste d'une manière très-
véhémente contre les élections des maires dans les
IfonTelle Série <- 6* Année. 17
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258 REVUE D'ALSACE
villes et villages de son évéché en Alsace, et en général
contre toutes les innovations faites au préjudice de
ses droits, et le 17 avril, Le Barbier de Tinan, en
informant la Société des amis de la Ck)nstitution de ce
fait, ajoute : « J'ai acquis la preuve certaine que cette
protestation a été signifiée aux commissaires royaux,
et ragent qui a rempli fidèlement ce mandat, le
croiriez-vous, est un conseiller général de cette com-
mune. C'est un de ceux à qui elle a accordé sa con-
fiance pour le maintien de ces décrets dont elle attend
son bonheur, c'est un de ceux que vous avez entendus
jurer sur la place d'armes d'être fidèles à la loi et de
maintenir de tout leur pouvoir la Constitution. G^est
le professeur Ditterich. > Malgré cette sortie, il fut
nommé, le 26 mai. membre de l'administration
départementale du Bas-Rhin.
Janvier 1791. Certaines agitations ayant eu lieu aux ins-
tigations des meneurs de la société dite du Séminaire,
dont il était le secrétaire, le tribunal du district de
Strasbourg ordonna son arrestation ; mais il se rendit
à Ettenheimmûnster, auprès du cardinal deRohan.
18 avril — . Il publia un écrit intitulé : « Â tous les bons
citoyens de la terre, • avec ime lettre à l'adresse du
tribunal du district, lequel, en juillet suivant, le
condamna à neuf années d'exil du royaume.
12 décembre 1792. Lui, sa femme et ses enfisnts sont déclarés
émigrés par le Directoire du district de Strasbourg.
DOUBLOT.
Avant 1789, négociant, rue du Dôme, 5, à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution, laquelle devint le 11 février, Société des amis
de la Constitution.
24 février - . Proposé pour la municipalité.
7 février 1792. n suit les constitutionnels à l'Auditoire du
Temple-Neuf.
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LBS HOMMBS DB LA BÉVOLUTION 259
DOYEN (Jean-Amable).
Bue de la Nuée Bleue.
Avant 1789,bailU de Fleckenstein. Sub-délégué de Fintendant
de Strasbourg. Chargé d'affaires du prince de Bohan
Gueméné.
26 mai 1790. Membre de Padministration départementale du
Bas-Bhin. Les troubles qui éclatèrent en Alsace, en
janvier 1791, obligèrent le gouvernement d'^envoyer
des commissaires à Strasbourg, lesquels suspendirent
une partie de Tadministration du 26 mai.
17 février — . Il est nommé membre du Directoire provisoire
du Bas-Bhin. On le suppose Fauteur d'un pamphlet
publié à cette époque, et ayant pour titre : « Les
Alsaciens trahis par etv^-mémes ou la Dragonade
en Alsace. Projet conçu par une société d'enragés,
proposé à l'Assemblée nationale par le Directoire
provisoire du Bas-Bhin. >
26 août — . Les nouvelles élections ayant eu lieu au château,
il est nommé membre de Tadministration du Bas-
Bhin, laquelle s'étant constituée peu de temps après,
le fit entrer au Directoire, où il resta jusqu'en
septembre 1792. Etant alors à Paris, il fut arrêté et
conduit à TAbbaye, où il a été assassiné en 1792.
(Test Westermann et Laveaux qui le perdirent. Il
logeait, rue Coquéron, hôtel du Grand Dauphin ; ses
papiers furent transportés à FHôtel-de- Ville de Paris.
10 février 1793. Le député Laurent, dans une lettre de Paris
à son collègue Bûhl, alors à Strasbourg, lui dit: « Je
vous joins la copie coUationnée d'une lettre de Nebel,
receveur du district de Haguenau, trouvée dans les
papiers de Doyen, par laquelle on voit qu'ils proje-
taient entre eux d'agioter ; comme ce projet n'est pas
bien pur pour un homme qui manie les deniers pu-
blics, je vous prie de faire part du tout au département ;
surtout à André, procureur général syndic. La lettre
originale est ici au dépôt de la Commission des vingb-
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260 REVUE D*ALSACE
quatre du 1** octobre, carton D, c'est moi qui en ai
feiit la découverte. »
DUBOIS (G.-G.)
1789. Officier changeur du roi, à la Monnaie de Strasbourg.
1790. Proposé pour la municipalité.
15 janvier — . Fondateur de la Société de la révolution qui, le
11 février, devint celle des amis de la Constitution,
avec laquelle, le 7 février 1792, il est à l'Auditoire.
SI octobre 1793. Imposé par Saint^ust et Lebas à 40,000
livres, réglées les 5 et 7 novembre.
21 novembre — . Sa mise au Séminaire sera encore une fois
discutée au Comité de surveillance et de sûreté géné-
rale du 6as-Rhin. Dans ce mois, il reçoit pour 89,254
livres d'objets d'or et *d argent du tribunal révolu-
tionnaire.
17 janvier 1795. Nommé officier municipal.
80 janvier — . Membre du comité de la Société populaire
régénérée de la commune de Strasbourg.
27 août 1795. Elle est dissoute.
1797. Directeur de Thôtel des monnaies à Strasbourg.
DUFORT (Le chevalier César) l'alné.
1789. Gsqpitaine d'artillerie à Strasbourg.
15 janvier 1790. Fondateur de la Société de la révolution.
11 fémer — . Elle prend le nom de Société des amis de la
Constitution.
8 juin — . Il remplace Brunck de Frundeck, comme président.
DUFORT, cadet.
1789. Capitaine d'artillerie à Strasboui^.
15 janvier 1790. Fondateur de la Société de la révolution.
11 février — . Société des amis de la Constitution.
13 avril — . Président en rempliicement de Brunck.
17 avril — . n prononce un discours ayant pour texte : t Où
la liberté est tout, les inconvénients ne sont rien. >
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LB8 HOMMES DE LA RÉVOLUTION 261
DU HOUX.
17H9. Capitaine dMnfanterie, retiré à Strasbourg.
15 janvier 1790. Fondateur de la Société de la révolution.
11 février —.Société des amis de la Constitution, qu'il suit
le 7 février 1792 à l'Auditoire.
DUCRÉTET (S.)
1790. Employé au département du Bas-Rhin.
Février 1791. Membre de la Société des amis de la Constitu-
tion, qu'il suit le 7 février 1792 à l'Auditoire. Dans la
même année, nommé inspecteur particulier des
douanes dans le Bas-Rhin, à la résidence de Seltz.
2 novembre 1793. Employé à la direction des douanes à
Strasbourg, le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin
le porte sur la liste des suspects, et peu de temps
après, il est enfermé au Séminaire, pour n en sortir
qu'après la chute de Robespierre.
1795. Réintégré dans l'administration des douanes.
DULAC (Grégoire).
1789. Officier d'artillerie au régiment de Strasbourg.
14 mai 1790. Membre de la Société des amis de la Constitu-
tion.
1790. U adresse une pétition à M. de Latour du Pin, ministre
de la guerre, touchant un passe-droit à lui fait au
profit de M. de Puységur, du même régiment
DUMAS (Le comte Mathieu de).
Né le 23 décembre 1758 à Montpellier.
A 15 ans, sous-lieutenant dans le régiment de Médoc. Capi-
taine, attaché au .général Rochambeau, commandant
l'armée auxiliaire envoyée par la Fiance en Amérique.
1782. Aide-maréchal-des-logis de l'état major général, il
. obtint en 1783 le grade de major.
1789. Aide de camp du maréchal de Broglie lors des premiers
troubles de Paris, et plus tard du général Lafayette.
âO janvier 1791. Envoyé comme commissaire en Alsace pour
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882 BBVUB d'alsagb
y rétablir Tordre et la concorde momentanément sus-
pendus. Il y fut accueilli par une masse de pamphlets,
ce qui Tobligea, le 12 février, à enjoindre aux adminis-
trateurs du Bas-Rhin d'arrêter Fimpression, le col-
portage et la distribution de tous écrits attentatoires
à la Constitution et nuisibles à Tordre public.
26 août — . Elu par le département de Seine-et-Oise député
à TÂssemblée législative. Devenu suspect aux révolu-
tionnaires exaltés, il n'échappa qu'avec peine aux
proscriptions qui suivirent la journée du 10 août 1792.
1795. Le département de Seine-et-Oise qui ne Tavait point
oublié, le nomma député au Conseil des Anciens.
4 septembre 1797. n eut le bonheur d'échapper à la pros-
cription directoriale et se réfugia à Hambourg. De
retour en France, après le 9 novembre 1799, le premier
consul, Bonaparte, le chargea d'organiser Tannée
de réserve à Dijon. Il était alors général. Après la
paix de Lunéville, signée le 9 février 1801, il fut
nommé conseiller d'Etat, et en cette qualité il proposa,
au nom du gouvernement, la création de la l^on
d'honneur, décrétée le 19 mai 1802.
!•' février 1805.11 en reçut le titre de grand-offlcier,en même
temps que le brevet de général de division.
Mai 1806. Passé au service du roi de Naples, il y occupa les
premiers emplois.
1809. Il était au passage du Danube, et le 4 juillet à la bataille
de Wagram.
5-6 juillet 1809. Chargé de faire exécuter les conditions de
l'armistice de Znaïm, signé le 12 suivant. Intendant
général de l'armée lors de la fatale expédition de
Russie, il échappa aux désastres de la Bérésina ; mais
moins heureux à la bataille de Leipzig, il* y fut fait
prisonnier le 18 octobre 1813, et ne revit la France
qu'à la rentrée de Louis XVin, en 1814. Le roi le
créa directeur général de la comptabilité, commandeur
de Saint-Louis, et fin décembre, grand'croix de la
légion d'honneur.
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 263
4 septembre 1815. II fut mis à la retraite. Il publia plusieurs
volumes sur les événements militaires de 1799 à 1814.
DUMONGHAU (Charles) père.
1789. Musicien à Strasl)Ourg.
28 janvier 1790. U offre 36 livres à la souscription patriotique.
27 février — . Membre de la Société des amis de la Constitu-
tion, qu'il suit le 7 février 1792 à l'Auditoire.
30 mars 1793. Ex-sergent-major du deuxième bataillon des
Vosges, le Comité révolutionnaire des jacobins le
dénonce à la surveillance de la Société.
8 décembre. — Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin le
condamne à 10,000 livres.
13 décembre — . Cette contribution est réduite à 3,000 livrés
payables dans les quarante-huit heures.
25 mai 1791. De nouveau sur une liste de suspects dressée
par les jacobins.
26 mai — . Il est enfermé au Séminaire, jusqu'après la chute
de Robespierre.
1805. Il était encore à Strasbourg, l'un des quatre officiers
survivants de l'ancienne confrérie des musiciens
d'Alsace.
DUPUIS (C.)
1789. Architecte à Strasbourg.
29 juin 1790. Membre de la Société des amis de la Constitution.
7 février 1792- Avec elle à l'Auditoire.
DURANTIN (F.)
1789. Maître de langues française et allemande, place de la
Victoire à Strasbourg.
Août 1790. Membre de la Société des amis de la Constitution,
qu'il suit à l'Auditoire le 7 février 1792.
DURR (Piulippe-Jagob).
1789. Poissonnier du roi. Sénateur à la tribu desFribourgeois '
8 février 1790. Elu notable du Conseil général de la commune.
Juillet — . Membre de la Société des amis de la Constitution.
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264 VKvxm i>*ALaAxm
11 novembre — . Maintenu notable. En même temps, il est
nommé commissaire de police.
27 mars 1791. Signataire de la mise en arrestation de Jseglé,
curé de la paroisse de Saint-Laurent, pour insultes
faites à Tévèque constitutionnel Brendel.
7 février 1792. U est à FÂuditoire avec les amis de la Cionsti-
tution.
ECKERT (dit du Jaegerhoflf).
1790. Membre de la Société des amis de la Constitution.
17 janvier 1791. Assesseur de l'Assemblée des fidèles de la
religion catholique à Strasbourg.
7 février 179*2. Il est à FAuditoire.
2 novembre 179B. Dénoncé comme suspect par le Comité de
sûreté générale du Bas-Rhin, et mis au Séminaire
jusqu'après la chute de Robespierre.
EDEL (Jean-Dàniel).
1789. Brasseur à Strasbourg.
11 juin 179;î. Schneider le dénonce : « Aussi longtemps que
le Comité central du Miroir existera, aussi longtemps
surtout que de dangereux présidents de sections,
comme par exempleEdel, ne seront pas incarcérés, la
tranquillité ne pourra être rétablie. »
17 octobre — . Il figure sur une liste de proscription dressée
au club, comme très mauvais sujet, ennemi juré des
jacobins.
4 novembre — . Condamné à 10,0Q0 livres d'amende, il paie
5,000 livres, le reste lui a été remis ; mais il est mis
au Séminaire.
EHMANN fils.
1789. Négociant rue de TAU.
1790. Membre de la Société des amis de la Constitution.
7 février 1792. Il est avec elle à l'Auditoire .
6 décembre 1792. Elu notable.
21 janvier 1793. Ayant refusé les fonctions d'officier munici-
pal, il est remplacé par l'imprimeur Lorentz.
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LB8 HOBnOBS DB LA BÉVOLUTION 365
3 octobre — . Membre du Conseil général du département, il
e8( destitué comme feuillant agioteur, qui a refusé de
signer l'adresse d'adhésion à la révolution du 31 maL
n est remplacé par le boulanger Jaecky.
14 octobre — . 11 sera éloigné à vingt lieues des firontières,
et indiquera sa résidence.
17 janvier 1795. Membre du Comité révolutionnaire du
district de Strasbourg.
EHRLEN (Jean-Daniel).
1789. Archiviste.
8 février 1 790. Proposé pour la municipalité.
15 mars 1791. Membre de la Société des amis de la Consti*
tution, qu'il suit à l'Auditoire le 7 février 1792.
EHRLEN.
1789. Licencié en droit, rue du D6me, 13, à Strasbourg.
Décembre 1790. Membre de la Société des amis de la Con-
stitution, qu'il suit à l'Auditoire le 7 février 1792.
1792. Avoué au tribunal du district de Strasbourg.
1797. Président du tribunal civil de Strasbourg.
1798-1800. Juge au même.
EHRMANN (Frédéric-Louis) père.
Rue de la Dentelle, 30.
Né à Strasbourg en avril 1741.
1785. Membre de la Société philharmonique du régiment
de Metz (artillerie], fondée à Strasbourg en 1785, sous
Tapprobation de Mesmer.
1789. Doyen perpétuel du Collège de médecine et physicien
de la ville de Strasbourg. Professeur à l'Université de
cette ville, puis à l'Ecole centrale du Bas-Rhin, mem-
bre de la Société des sciences, arts et belles-lettres de
Strasbourg ; de la Société minéralogique de Jaena; de
la Société des sciences et belles-lettres de Gtothem-
bourg.
8 février 1790. Proposé pour la nouvelle municipalité.
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26S REVUE D ALSACE
15 mars 1791; Membre de la Société des amis de la Gonsti.
tution, qu'a suit le 7 févWer 1792 à lAuditoire du
Temple-Neut
1792. Qualifié de démonstrateur-maître en physique. La
science lui est redevable d'une masse d'^écrits et mé-
moires. Son cabinet de physique passait alors pour
le plus complet de France.
Novembre 1799. Décédé professeur de physique et de chimie
à TEcole centrale.
EHRMANN (Jean-Daniel) fils.
1789-1792. Professeur au Collège de médecine à Strasbourg.
8 février 1790. Proposé pour la municipalité.
Janvier 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
9 mars — . Secrétaire de cette Société, il signe une adresse
aux membres correspondants et particulièrement aux
électeurs du Bas-Rhin.
7 février 1792. Il est à TAuditoire.
6 décembre 1793. La Conmiission départementale s'empare
des fonds déposés chez lui, provenant de Behr, ex-
greffier de Saveme.
EHRMANN, aîné.
Rue Salzmann, à Strasbourg.
1789. Chef de bureau à la douane.
31 mars 1790. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution, qu'il suit le 7 février 1792 à TAuditoire.
En 1792. Inspecteur général des rôles du département du
Bas-Rhin.
EHRMàNN (François) cadet
1789. Courtier de commerce, rue des Orfèvres à Strasbourg.
Février 1790. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
27 février — . Sur son observation, que la raison et ITiuma-
nité proscrivent Tusage de corner d'une trompe à
certaines heures de la nuit pour rappeler la mémoire
d^tme prétendue conspiration imputée aux Jui&, la
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J^BS HOBOCBS DE LA RÉIVOLT7TION 267
Société arrête qu'une pétition sera adressée à la
nouvelle municipalité pour demander la suppression
de Tusage de cette trompe.
17 juillet — . Membre du Comité d'administration de cette
Société.
7 féinier 1792. Il est à TAuditoire.
25 octobre 1793. U sera déporté.
31 octobre — . Imposé par SaintJust et Lebas à 8000 livres,
qu'il règle le 14 suivant.
2 novembre — . Porté sur une liste de 248 suspects, il est
enfermé peu après au Séminaire.
24 novembre — . Le C!omité de sûreté générale du Bas-Rhin
approuve Monet de l'avoir £sdt arrêter et l'on passe à
l'ordre du jour sur ses réclamations de mise en liberté.
Cependant il est élargi le 25 novembre, et sa conduite
improuvée.
30 mai 1794. De nouveau arrêté, sous l'accusation d'égo&te,
qui a quitté la Société populaire pour aller à celle des
Feuillants à l'Auditoire.
17 janvier 1795. Le représentant Bailly le nomme membre
du Comité révolutionnaire du district de Strasbourg.
EHRMANN(Jean).
1789. Pasteur protestant, demeurant à Strasbourg.
31 juillet 1790. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution, avec laquelle il va à l'Auditoire le 7 février 1792.
On lui doit :
1* Politische Strassburgische Zeitung, 1790;
2" Chronique de Vhumanitè. de 1790 à 1798;
3" NaHonalblatt fur dos Niederrheinische Départe-
menty 1790-1791, paraissant par semaine» traitant
principalement de la vente des biens nationaux.
EHRMANN (P.)
1789. Négociant à Strasbourg.
Octobre 1790. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution, qu'il suit le 7 février 1792 à l'Auditoire.
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2fô BEVUE D'ALSACE
EHRMANN (J.)
1789. Négociant à Strasbourg.
Décembre 1790. Membre de la Société des amis de la Con-
stitution.
7 février 1792. Avec elle à TAuditoire.
14 mai—. Commandant du 7* bataillon de la garde na-
tionale de Strasbourg, le Directoire le délègue pour
organiser les gardes nationaux du district de Benfeld.
EMMERICH(G.)
1789. Négociant, rue Salzmann à Strasbourg.
Août 1790. Membre de la Société des amis de la Constitution,
(Ju'il suit le 7 février 1792 à TAuditoire.
31 octobre 1793. Compris dans l'emprunt Saint-Just etLebas
pour 10,000 livres, réglées le 11 suivant. Peu après il
est mis au Séminaire ; il réclame.
17 décembre — . Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin,
passe à Tordre du jour sur ses réclamations. Cepen-
dant le 21 décembre, il ordonne sa mise en liberté.
26 mai 1794. Comme feuillant sectionnaire, partisan de Die-
tricb, enfin reconnu dangereux à la sûreté de la place,
la municipalité arrête de le faire incarcérer. L'agent
national Mathaeus réclame en sa faveur, il est sursis
à son arrestation, et Plarr est chargé de se renseigner
sur son civisme pour ensuite prendre telles mesures
qu'il sera convenable.
80 mai — . D esUarrété comme meneur de section et conduit
au Séminaire, où il resta jusqu'après la chute de
Robespierre.
ENGEL (Philippe).
11 septembre 179(K Vice-président de la Société des amis de
la Constitution. Il signe l'adresse aux citoyens de
Metz pour les engager à se réconcilier avec Nancy.
7 février 1793. D va avec la Société à l'Auditoire.
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LES HOBOOS DK LA REVOLUTION 209
ENGELHARDT (GHRÉnsN-FRÉDÉaiG).
1789. Négociant, Place d'Armes, N' 46 à Strasbourg.
81 octobre 1793. Imposé par Saint-Just et Lebas à 15,000
livres.
8 novembre — . Pour avoir vendu un demi-quarteron de cire
et une livre d'amidon quarante sols, le tribunal révo-
lutionnaire le condamne à 3000 livres d'amende et à
800 livres pour le dénonciateur. Son commis de
magasin sera exposé à la guillotine pendant deux
heures avec Finscription : « Âvilisseur de la Monnaie
nationale. »
11 novembre — . U régie le tout à Blanchot, plus 300 livres
pour le dénonciateur Jean Riss, de Strasbourg.
7 octobre 1794. Membre du Comité de surveillance des
hôpitaux militaires de Strasbourg.
17 janvier 1795. Bailly le nomme membre du Comité révo-
lutionnaire du district de Strasbourg.
ENSFELDER (Jean-Daniel).
1765. Immatriculé au Directoire de la noblesse.
1789. Notaire, greffier à la Chambre des contrats de Stras-
bourg.
S6 février 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution, qu'il suit le 7 février 1792 à TAuditoire Jusqu'à
sa dissolution.
En 1795. D cesse ses fonctions de notaire.
ESCHENAUER (F.)
1789. Banquier, quai Saint-Nicolas à Straaboui^.
Avril 1790. Membre de la Société des amis de la Constitution,
qu'il suit le 7 février 1793 à TAuditoire.
En 1793. Juge suppléant au tribunal de commerce de Stras-
bourg.
10 novembre 1793. Il verse volontairement 15,000 livres dans
l'emprunt de Saint-Just et Lebas de neuf millions du
31 octobre.
17 janvier 1795. Bailly le nomme commandant-chef du
7* bataillon de la garde nationale de Strasbourg.
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270 REVUE d'albacb
FABRY (J.), associé de Fabry et Jacobi.
1789. Négociant à Strasbourg, rae J.-J. Rousseau.
1790. Proposé pour la nouvelle municipalité.
15 janvier — . Fondateur de la Société de la révcdution, de-
venue le 1 1 février Société des amis de la Constitution,
qu'il suit le 7 février 1792 à l'Auditoire.
31 octobre 1793. Imposé par Saint-Just et Lebas à 20,000
livres, réglées le 5 suivant.
24 novembre — . S'étant constitué au Séminaire il réclame,
mais en vain.
18 décembre. — Second refus.
17 décembre — . Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin
le met en liberté.
30 juin 1794. Devant être mis de nouveau en prison, il
obtient un planton pour le surveiller.
4 juillet — . n figure sur la liste des avilisseurs de la Monnaie
nationale, et comme tel, on demande à Paccusateur
public, Neumann, s'il faut le transférer à la Concier»
gerie de Paris, d'après l'arrêté du Comité de salut
public, ou le livrer au tribunal criminel du Bas-Rhin.
La chute de Robespierre trancha la question.
1797. Membre du Bureau de correspondance de commerce
à Strasbourg.
FAHLMER.
27 juillet 1792. Secrétaire de la Société des jeunes amis de la
Constitution à Strasbourg. Il annonce dans les Affiches
de Strasbourg que plusieurs membres de leur Société,
atteints de jacobinisme, s'en sont retirés pour former
un club d'après les principes des sans-culottes.
FAUDEL, l'alné.'
1789. Ex-sénateur; il est proposé le 8 février 1790 pour la
nouvelle municipalité.
Octobre 1793. Enfermé à l'hôtel de Darmstadt.
25 novembre — . Sur sa réclamation, le Comité de sûreté
générale du Bas-Rhin, ordonne son élargissement
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LES HOMMBS DB LA RÉVOLUTION 271
26 novembre — . Il sort de sa prison.
23 avril 1794. Administrateur du Directoii*e du district de
Strasbourg.
30 juin. Président de ce Directoire.
2 août — . U félicite la Ck)nvention nationale des mesures
prises contre Robespierre, Couthon, Saint-Just et
Lebas.
FERRAND (C.)
1789. Négociant à Strasbourg.
Décembre 1790. Membre de la Société des amis de la
Constitution.
7 février 1792. Avec elle à l'Auditoire.
21 novembre 1793. Mis en état d'arrestation.
13 décembre — . Il réclame sa mise en liberté ; mais le
Comité de sûreté générale, le reconnaissant très-dan-
gereux par sa conduite anticivique et ses démarches
pour entraver la marche de la révolution, passe outre
sur sa demande; cependant Tarrèté sera communiqué
au représentant Lémane.
21 décembre — . D est mis en liberté.
17 janvier 1793. Suppléant au Bureau de conciliation à Stras-
bourg.
1800. Membre de la Commission administrative des hospices
civils de Strasbourg.
FOUSTAIN (P.)
Septembre 1790. Membre de la Société des amis de la
Constitution.
7 février 1V92. D raccompagne à TAuditoire.
FRANTZ (G.)
1789. Fabricant de tabacs à Strasbourg.
Février^ 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution, qu'il suit le 7 février 1792 à l'Auditoire.
28 septembre 1793. Ayant fait de fausses déclarations sur le
compte de Guerin, le Comité de sûreté générale du
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?72 BKVUE D'ALSACE
Bas-Rhin arrête que Prost et Wilvot placeront les
scellés sur les papiers de ces deux individus.
3 décembre — . D sollicite du même Comité Télargiasement
de Schsefer fils, de Balbronn. Refusé.
FRIED f J. H.), licencié.
Rue Sainte-EMsabeth.
1789. Prévôt des chanoines du Chapitre de Téglise collégiale
de Saint-Thomas. Professeur de droit naturel à TUni-
versité de la Confession d'Augsbourg à Strasbourg.
15 mars 1791. Sociétaire des amis de la Constitution, qu'il
suit le 7 février 1792, à l'Auditoire.
81 octobre 1793. Saint-Just et Lebas l'imposent à 60,000
livres, qu'il règle les 5 et 11 novembre.
21 novembre — . Son arrestation est ordonnée.
25 novembre — . Elargi du Séminaire, sous la garde d'un
planton; il paiera en outre la contribution comme s'il
était au Séminaire.
17 janvier 1795. Juge de paix du 4* arrondissement de Stras-
bourg.
FRIEDEL (J.)
1789. Marchand de cuirs à Strasbourg.
Novembre 1790. Membre de la Société des amis de la
Constitution.
7 février 1792. n est avec elle à l'Auditoire.
FRIES, professeur. Place d'Armes.
1789. Régent de classe au Collège de rUniversité de la
Confession d'Augsbourg et vicaire audit établissement.
Pédagogue en second au couvent de Saint-Guillaume.
Prédicateur français à Saint-Nicolas.
1792. Vicaire à l'hôpital civU.
4 décembre 1792. De Paris, le député Laurent demande aux
jacobins s'il est encore en place, malgré les demandes
de destitution.
11 février 1793. Il lui est enjoint, par les représentants Cou-
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LIS Hoioa» m LA vtftojmoH ftli
tarier et DentzeL d'hêtre plus circonspect à Tâvenir, et
de baisser devant la loi un front respectueux, sinon....
15 octobre — . Déporté à vingt lieues des frontières, il quitte
la ville pour revenir plus tard.
90 mai 1794. La municipalité ordonne son arrestation, comi|ie
partisan déclaré de la faction du traître Dietrich, au-
teur de plusieurs écrits Uberticides pour faire échouer
la révolution du 10 août 1792; feuillant fédéraliste et
intrigant
FRITZ (CaiRLES-MAXMILlEN).
1789. Ministre évangélique à Saint-Pierre-le-Jeune, au coin
de la rue du Fort Supérieur au couvent de Saint-
Guillaume.
1792. Administrateur de cette fondation. Vicaire au Collège
de rUniversité de la Cionfession d'Âugsbourg.
22 août 1792. Dans ime adresse à ses concitoyens, il s^expli-
que sur les inculpations portées contre lui :
l"" D'avoir été Tun des agents de Fréd. Dietrich ;
2^ D'avoir invité les citoyens, dans une feuille impri-
mée, à déclarer aux représentants de la nation que
Fréd. Dietrich jouit de leur confiance ;
9" D^avoir écrit contre les clubs ;
4» D'avoir été payé par la liste civile;
5* Que Tesprit de rinstitut protestant, dont il est
le chef, est corrompu et infecté d'incivisme.
4 décembre 1792. De Paris, le député Laurent demande à ses
frères et amis les jacobins, s'il est encore en place,
malgré les démarches faites pour obtenir sa desti-
tution.
11 février 1793. Comme à son collègue Fries^ on lui ei^joint
d'être plus circonspect à l'avenir, et de baisser devant
la loi un front respectueux, autrement
9 mars 1794. De Châlons, le jacobin Rivage, dans une lettre
au maire Monet, pour se disculper et prouver qu'il ne
s'est point enrichi pendant la révolution, dit : « Le ri-
chard Rivage leur répondra encore non; il ne Va pas
Noorelle Série — 6* Aonée. 18
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974 BBVUB D'ALaAOB
volé, il Ta emprunté de la bourse de ses amis, pour
rembourser au vieux avare et professeur FriUs 9600
livres pour lui faire aimer cette momiaie républicaine.»
80 mai — . Il sera arrêté, comme partisan déclaré de la fatc-
Uon du traître Dietrich, auteur d'écrits liberticides
pour Gedre échouer la révolution du 10 août 1792.
9 juillet—. Retiré à Barr, la municipalité de cette petite ville
est invitée à le &ire arrêter, comme prétrè feuillant,
né adhérent de Dietrich* meneur de section, gâte-
esprit de Strasbourg; mais la Société populaire de
Barr s'opposa formellement à son arrestation, le prit
même sous sa protection, en ordonnant à la munici-
palité de ne point le faire traduire à Strasbourg, mais
de prendre fiait et cause pour lui.Stamm, agent natio-
nal à Benfeld, qui nous rapporte ce fait, sgoute dans
sa lettre à Monet, datée de Sélestadt: « Je viens de
prendre les mesures nécessaires pour parer à tous
ces abus, qui ne prennent leur source que dans
régoEsme le plus vil. >
S septembre — . Aux Jacobins, il est de nouveau dénoncé par
Tisserand, comme chef de parti de la foction Dietrich.
Heureusement que la chute de Robespierre mit fin à
tous ces abus.
FRISCHELT.
Petites-Boucheries, maison Lichtenberger.
1789. Receveur-général du grand Chapitre de la cathédrale
de Strasbourg.
8 février 1790. Elu notable.
17 janvier 1791. Assesseur de TÂssemblée des fidèles de la
religion catholique, il signale au Directoire du Bas-
Rhin les dangers dont leur religion est menacée.
1791. Membre de la Société des amis de la Cionstitution,
qifil suit le 7 février 1792 à TAuditoire.
80 mai 1794. Lui et sa femme sont arrêtés comme aristo-
isml&s et fanatiques» et enfermés jusqu'après la chute
de Robespierre.
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LIS HOMMBS I» UL BAWXUmOV S76
FRŒREIS3EN (Léonaro).
11 novembre 1797. Officier municipal, commissaire pour le
recollement de la contribution patriotique et sup-
plèant du tribunal de la police municipale.
Sjuillet 1792. Signataire de l'adresse de la municipalité à
r Assemblée nationale, demandant la poursuite des
auteurs de la journée du 20 juin 1792.
18 janvier 1793. Suspendu provisoirement de ses fonctions
municipales.
25 octobre — . Il sera déporté.
2 novembre — . Sur une liste de 2 18 suspects.
5-7 novembre — . Il paie 2000 livres pour sa part dans Fem-
prunt de Saint-Just et I^ebas.
3 septembre 1794. Le jacobin Tisserand le porte sur la liste
des chefs de parti de la faction Dietrich, au nombre
de onze.
17 janvier 1795. Juge au tribunal civil de Strasbourg.
1803. Juge au tribunal crimuiel du Bas-Rhin.
1804. n en est le président
FROSCH(F.)
1789. Directeur de la loterie à Strasbourg.
Juin 1790. Reçu membre de la Société des amis de la
Cionstitution.
7 février 1792. D est à PAuditoire.
GALLIMARD.
12 novembre 1792. Administrateur des subsistanoes miU-
taires à Strasbourg.
2 novembre 1793. Son père et toute la famille figurent sur
une liste de gens suspects, dressée par le Comité de
sûreté générale du Beus-Rhin.
6 et 10 novembre — . Il verse 20,000 livres pour sa part dans
remprunt du 31 octobre, décrété par Saint-Just et
Lebas. Peu après, il est mis au Séminaire
11 décembre — . U sortira du Sé.ninaire pour vaquer à ses
affidres, avec planton, et y rentreraà 6 heures du soir.
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498 RkVUX I>*iALfiAOK
18 décembre — . Il sera élargi du Séminaire, pour rendre ses
comptes, avec planton, et ses comptes remis il retots^
nera au Séminaire.
17 décembre 1794. Gomme receveur, il enregistre au droit
de vingt sols Tinveutaire des objets trouvés chez
Monet
GELIN (G.)
1789. Curé de la paroisse de Saint-Louis à Strasbourg.
30 septembre 1790. Membre de la Société des amis de la
Constitution. Dans la même année un sieur Laurent
lui adresse les vers suivants :
Au ci-devant cmré de Soùit-Loms»
Tu te trahis enfin, fier et vaillant athlète,
Et ton impiété ne sera pas secrète :
Avec un front d'airain, qui jamais ne rougit.
Tu bravas jusqu'ici la honte et le mépris;
£mule de Mathan, tu veux braver encore
Une religion que ton cœur déshonore.
Accomplis ton serment, il est digne de toi;
Jure d'être parjure à ton Dieu, à ta foi!
Malheureux, les licteurs» qui t'entourent sans cesse,
Ne pourront écarter tes remords, ta détresse ;
Grois-moi, fuis loin d'ici, ton front audacieux
Désormais ne pourra que nous être odieux.
8 mars 1791. A. ladite Société il fait hommage de 12 exem-
plaires du discours qu'il a prononcé lors de la presta-
tion de son serment à la Cionstitution.
n ne figure pas sur la liste des jacobins, et n'a pas
suivi les constitutionnels à TÂuditoire le 7 février
1792.
GEOFFROY (L.)
1789. Officier d'artillerie à Strasbourg.
JuiUet 1790. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
GÉRARD (Â.)
1790. Médecin-docteur à l'hâpital militaire de Straabouig.
Février 1791. Membre de la Société des amis de la Gonstitu*
tfon, qu'A suit le 7 février 1792 à l'Auditoire.
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LES HUMUS DB LA RÉTOLUTION 397
GÉRARDON(G-)
1790. Employé au Département du Bas-Rhin.
Février 1791. Membre de la Société des amis de la Gonstitu-
tion,avec laquelle il est le 7 février 179S à FAuditoire.
GEROLD(J.)
Avant 1789. Fumiste à Strasbourg, fkubourg de Saverae, 88.
Juillet 1790. membre de la Société des amis de la Gonsti^*
tution.
7 février 1793. Avec eUe à l'Auditoire.
GEYLER (M.)
1789. Passementier à Strasbourg.
Août 1790. Membre de la Société des amis de la Constitution»
qu'il suit le 7 février 1792 à TAuditolre.
GIRARD (V.)
1780. Docteur en médecine à Strasbourg.
Juillet 1790. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
7 février 1792. Avec elle à PAuditoire.
GIVERNE (P.)
1789. Sous-directeur de la loterie à Strasbourg.
14 mai 1790. Membre de la Société des amis de la Constîtu*
tion, qu'il suit le 7 février 1792 à l'Auditoire.
GLODTIER (Alexis).
Rue des Charpentiers.
Juin 1790. Membre de la Société des amis de la C(mstitution.
17 décembre — . Président de cette Société En prenant pos-
session du Êiuteuil, il prononce un discours se termi-
nant ainsi: «Aujourd'hui la liberté de penser, de
parier le langage de la raison est une propriété sacrée
et commune à tous les Français. *
8 aoftt 1791. Elu membre de l'administration du Bas-Rhin :
constituée le 26 suivant, elle le choisit pour membre
dtt; DioeotûTO MUS la piMdencaf da VMor d^
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278 BBVUB d'alsaob
14 novembre —.Elu notable du Conseil municipal de Stras-
bourg.
7 février 1792. n esta l'Auditoire avec la Société des amis de
la Constitution.
8 avril — . Avec le maréchal Luckner et quelques autres
membres, il propose la fusion de la Société avec celle
des jacobins, mais elle est repoussée par la msgorité.
Sjuillet— . Au Directoire il signe Tadresse à l'Assemblée
nationale demandant la poursuite et la punition des
auteurs de la journée du 20 juin.
21 août — . N'ayant pas voulu retirer sa signature de l'arrêté
interdisant les réunions des Sociétés politiques, il est
suspendu de ses fonctions d'administrateur du dépar-
tement
21 novembre — • Partisan de Dietrich, le jacobin Ph. Simond
l'attaque dans une lettre de Paris aux sans-culottes
de Strasbourg : « Dietrich est à l'abbaye, il tait
vaquer lli}rpocrite. Gloutier auprès de Condorcet et
autres pour se fiiire laver, mais ses taches me parais-
sent trop profondes pour être si vite effacées. »
6 décembre — . Malgré cette sortie, il est élu of&cier muni-
cipaL
18 janvier 1793. Révoqué de ces fonctions.
11 février —.n est ordonné à la municipalité de le foire sortir
de Strasbourg dans le plus bref délai, sans qu'il puisse
se retirer dansles départements limitrophes de l'Alsace .
Ayant été le précepteur des deux fils de Tinfortuné
Fréd. dd Dietrich, celui-ci, dans son acte de dernière
Volonté, daté de la maison d'an'ét de Besançon le
. 7 février 1793, le conjure de leur continuer ses conseils
et sa tendresse, et recommmde à sa femme et à ses
deux garçons l'acquittemant exact de la pension via-
gère qu'il avait assurée à ce filMe ami, lorsqu'il con-
sentit à se charger de l'éducation de ses deux fils. Si
vous êtes vertueux et bons citoyens, vous lui en avez
Tobligation. Il a tout foit pour conserver votre père ;
il lui a procuré et donné dans les lieux où il a été
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LBS H01IMB8 DB LA BtTOLUTIOM 979
successivement détenu, des consolations qu^une
estime réfléchie et TamiUé la plus fervente peuvent
seules imaginer. H a diminué Tamertume des dernière
jours de ma vie ; plus d'une fois il a exposé la sienne
pour me la sauver.
GODAILU (J.)
1789. Officier d'artillerie à Strasbourg.
Juin 1790. Membre de la Société des amis de la Ck)nstitution,
jusqu'à son départ pour Tannée.
GOSSEL (Â. X.)
1789. Sellier à Strasbourg.
1790. L'un des secrétaires du district de Strasbourg.
26 février 1791. Membre de la Société des amis de la Gonstt*
tution, qu'il suit le 7 février 1793 à l'Auditoire.
95 octobre 1793. Il sera déporté par ordre du Comité de
sûreté générale du Bas-Rhin.
2 novembre — . Le même Comité le Êdt figurer avec sa
femme sur une liste de 248 suspects.
26 février 1794. Secrétaire -adjoint de l'administration du
district de Strasbourg.
5 octobre — . De même.
GRUN (Jean-Jacoubs).
Avant 1789. Aubergiste à la Pomme-d'Or, à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution qui, le 1 1 suivant, devint Société des amis delà
Constitution.
8 février —. Elu officier municipal. •
11 novembre — . Maintenu.
14 novembre 1791. Idem, chargé de la contribution foncière
et mobilière. Suppléant au tribunal de police muni-
dpale.
7 février 1792. Il est à l'Auditoire.
Sjuillet— . Signataire de l'adresse de la municipalité à
l'Assemblée nationale demandant la poursuite et la
punition des auteurs de la journée du 20 juin.
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280 REYUK d'alsaœ
â3 août — . Maintenu en fonctions sous le maire Lachaasse.
11 mai 1793. Signataire de Tadresse de la 8* section de la
Commune à la Convention nationale demandant le
bannissement d'Euloge Schneider de la ville, même
de la République.
8 octobre — . D donne sa démission d'officier municipal; c'est
Torfèvre Lusigny qui le remplace.
31 octobre — . Imposé à 2000 livres par Saint-Just et Lebas.
2 novembre — . Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin le
signale comme suspect.
5 novembre — . Il paie sa taxe de 2000 livres.
21 novembre — . Enfermé au Séminaire.
28 novembre — . n réclame sa mise en liberté. Le Comité de
surveillance générale passe outre. Après la câiute de
Schneider, il fut mis en liberté.
30 mai 1794. De nouveau incarcéré par ordre du Gonsefl
mimicipal, comme partisan de Dietrich, fédéraliste,
libéré après la chute de Robespierre.
20 septembre — . Membre du Comité de surveillance de la
ville de Strasbourg, oif;anisé par le r^résentant
Foussedoire.
17 janvier 1795. Membre du Bureau de conciliation de Stras-
bourg. Il était alors aubergiste à la Maison rouge
sur la place d'Armes.
GUÉRIN (E.)
1789. Secrétaire au Bureau des Ponts-et-chaussées en la pro-
vince d'Alsace.
29 mai 1790. Secrétaire en chef du Département de police.
Décembre — . Secrétaire du maire Dietrich.
Décembre — . Meml;>re de la Société des amis de la Consti-
tution, qu'il suit à l'Auditoire.
1791 et 1792. Secrétaire particulier au bureau delà mairie.
23 octobre 1793. 11 sera éloigné des frontières.
2 novembre — . Porté sur une liste de 248 suspecta
21 novembre—. Maintenu secrétaire àla mairie, il demande
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LES HOmifiS DE LA BftVOLUTION %!
à rofflcier manicipal Jung, à la réquisition de qui et
par qui les scellés ont été mis chez Salmon.
2 février 1794 Chef au bureau de police, il vise un arrêté du
maire défendant aux marchands de vendre du sucre
à qui que ce soit autrement que sur un certificat d\m
officier de santé, visé par la police.
26 mai - . Il est mis au Séminaire comme ex-secrétaire du
maire Dietrich, ayant déjà reçu ordre le 23 octobre
1793 de s'éloigner des frontières du Bas-Rhin.
Septembre — . Bfis en liberté.
1800. Econome à l'hôpital civil de Strasbourg.
GUÉRIN (Christophe).
1789. Graveur en taille-douce à Strasbourg.
Avril 1790. Membre de la Société des amis de la Constitution.
17 décembre — . H ofire à cette Société sa gravure reprodui-
sant Taction héroïque du héros de Nancy, le citoyen
Desisles.
1791. Graveur à la Monnaie de Strasbourg, où il loge.
7 février 1792. Il suit les amis de la Constitution à TÀuditoire.
GUIDINâLE (Jean-Baptiste).
1789. Négociant à Strasbourg.
Décembre 1790. Membre de la Société des amis de la Con-
stitution.
7 février 1792. H est avec elle à TAuditoire jusqu'à sa disso-
lution.
GUIOT (C.)
1789. Quartier-maitre d'artillerie à Strasbourg.
Avril 1790. Membre de la Société des amis de la Constitution.
7 février 1792. Il la suit à l'Auditoire. ^
GUPPENBERGE(DE).
Février 1790. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution avec laquelle, le 7 février 1792» il est encore à
l'Auditoiva
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HANTZMETZOER (À.)
1789. Cafetier à Strasbourg.
Février 1791. Membre de la Société des amis de la Gonsfr
tution.
7 février 1792. A l'Auditoire.
H ATT (Daniel).
1789. Brasseur à Strasbourg.
8 février 1790. Membre du Comité militaire, il est {ffoposè
pour b nouvelle municipalité.
Juillet — . Membre de la Société des amis de la Constitution
qu'il suit le 7 février 1792 à l'Auditoire du Temple-
Neuf.
HADTERIVE (de).
1789. Officier du Génie à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution.
11 février — . Changée en celle des amis de la Constitution,
avec laquelle il reste jusqu'à son départ pour Tannée.
HEBEISEN (jEâN*<}E0ROES).
1789. Droguiste, Grandes- Arcades.
8 février 1790. Proposé pour la municipalité.
Septembre 1790. Membre de la Société des amis de la
Constitution.
14 novembre 1791. Elu notable.
7 février 1792. Il suit ses amis de la Constitution à TAuditoire.
8 juillet — . Officier municipal. Signataire de l'adresse de la
municipalité à l'Assemblée nationale, demandant la
poursuite et la punition des auteurs de la journée du
20 juin.
16 février 1793. Il lui est ordonné de tenir dorénavant une
conduite plus prudente, et d'ouvrir enfin les yeux sur
las dangers auxquels des malintentionnés TexposeoL
31 octobre — . Imposé par Saint-Just et Lebas à 40,000 livres,
qu'il règle les 5, 7 et 12 novembre suivant
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LES HOMilBS DB UL SUVOLUTION 98
31 novembre — . Mis au Séminaire.
7 décembre — . Elargi moyennant 10,000 livres qu^il verse à
Blanchot
HECHT.
1789. Pharmacien à Strasbourg.
1792. Commandant du second bataillon de la garde natio-
nale de Strasbourg.
Novembre 1793. Responsable de son employé qui doit avoir
vendu trop cher quelques grammes de poudre de
rhubarbe, il est condamné à 15,000 livres d'amende,
quMl verse le 11 à BlanchoL
14 novembre — . Destitué de commandant, mis en arresta-
tion et conduit en prison à Dijon, pour y rester
comme otage jusqu'à la paix.
13 avril 1791. Simon, notable de la commune, se rétracte en
sa faveur devant le Comité dé sûreté générale du Bas-
Rhm.
30 mai — . Sa femme, comme ennemie de Tégalité, est enfer-
mée par ordre de Mathaeus, agent national.
24 juillet — . De Paris, le député Rûhl atteste qu'il le connaît
de personne et de réputation, qu'il passe pour être un
des meilleurs chimistes de la République, très-utile
en cette partie et dans celle de la pharmacie.
17 janvier 1795. Il refuse au représentant Bailly le comman-
dement de son ancien bataillon.
HEITZ (Jean-Henri) père.
Avant 1789. Imprimeur à Strasbourg, près du collège de
Saint-Guillaume.
8 février 1790. Proposé pour la nouvelle municipalité.
30 novembre — . U propose la création d'une caisse de crédit.
Février 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
il novembre — . Elu notable pour un an en remplacement
d^'Arfoogast
7 février 1792. H est à l'Auditoire.
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SA BKYUB Jy' ALSACE
8 juillet — . Officier municipal, il signe Tadresse à rAssem-
blée nationale demandant de poursuivre et punir les
fauteurs de la journée du 2t) juin.
12 août — . Signataire de la circulaire à ses concitoyens, les
engageant à la conservation de la Constitution entre
les mains du roi Louis XVI.
22 août et 6 décembre — . Elu notable.
18 janvier 1793. Maintenu comme notable par les représen-
tants Couturier, RQhl et Dentzel; mais ayant déjà
offert sa démission une première fois le 19 août 1792,
il est remplacé, le 21 janvier, par Helck, brasseur.
5 décembre — . Conduit au Séminaire.
7 décembre — . Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin le
taxe à 15,000 livres.
11 décembre — . Il verse 3000 livres à valoir.
24 décembre — . Mis en liberté.
30 mai 1794. La municipalité, sur la réquisition de son agent
national, ordonne de nouveau son arrestation.
31 mai — . Incarcéré au Séminaire, jusqu^à la chute de
Robespierre, juillet 1794.
17 janvier 1793. Le représentant Bailly le nomme notable.
1798. Commissaire de police de la 6"* section, rue de POutre,
HERRENBERGER.
Ruelle des Prêtres, à Strasboui^.
Mars 1791. Vicaire épiscopal de Téglise-cathédrale de Stras-
bourg, nommé par Brendel évoque assermenté.
22 octobre — . Il se prononce contre le discours de Schneider
en faveur du mariage des prêtres.
HERRENSCHNEIDER (Jean-Louis) fils.
Né à Grehweiler, près de Kreuznach, le 23 mars 1760.
Son père ayant été appelé comme prédicateur i
Strasbourg en 1772, il put fréquenter les cours de
rUniversité de cette ville et fut promu successivement
aux grades de maître ës-arts et de docteur en philo-
sophie.
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LR8 HOMim OB L4 BftVOLUTION SK
1785. n est reça licendé ès-lois.
Son oncle étant mort en 1784, il le remplaça comme
professeur de mathématiques, et, en 1789, il obtint
cette chaire en remplacement d'Ëlie Brackenhofer.
1790. n fit un voyage scientifique à Paris, à Londres et en
Allemagne.
15 février 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution, qu'il suit le 7 février 1792 à FAuditoire.
17 octobre 1793. Aux Jacobins il est porté sur une liste de
proscription de 20 citoyens de Strasbourg.
80 mai 1794. Enfermé au Séminaire, d'où il ne sort qu'après
la chute de Robespierre.
Plus tard, nommé membre delà Commission char
gée de rétablissement du système métrique.
Il concourut aussi à Torganisation de TEcole cen-
trale de Strasbourg, dont il devint professeur de chi-
mie et de physique. Cette école ayant été transformée
en Académie, il occupa les mêmes chaires à la Faculté
des sciences.
Retraité en 1827 avec le titre de professeur hono-
raire, il continua cependant à enseigner la logique et
la métaphysique au Séminaire protestant.
Bibliothécaire de Strasbourg jusqu'à sa mort, 20 jan-
vier 1848.
HERRMANN (Jean-Frédéric).
Marché aux poissons.
1784. Secrétaire-adjoint de la Chambre des XV.
1789. Secrétaire de la même Chambre.
8 février 1790. Substitut du secrétaire du Conseil général de
la commune sous F. de Dietrich.
11 novembre — . Maintenu dans ces fonctions.
14 novembre 1791. De même.
S2 août 1792. Il reste en place sous le maire provisoire La-
chausse.
Peu de temps après, il passe officier municipal,
Braun étant maire provisoire.
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ZSO RBVCS D ALSAGB
6 décembre — . De nouveau secrétiire sous le maire provi-
soire de Tûrckheim.
18 janvier 1793. Procureur du Conseil de la commune, Saum
étant maire.
3 octobre — . Destitué comme aristocrate avéré, regrettant
les chaînes de Fancien régime. Il a sans cesse entravé
les mesures révolutionnaires.
14 octobre — . D sera reclus au Séminaire.
17 octobre — . Aux Jacobins, il tient la tête d'une liste de
proscription.
17 janvier 1795. Le représentant BaiUy, en le qualifiant
d'homme de lettres, le réinstalle procureur de la
commune de Strasbourg.
12 octobre - . Destitué par le représentant Fricot On lui re-
prochait la convocation et la permanence des douase
sections de la viUe.
21 octobre — . Elu député du Bas-Rhin à TAssemblée légis-
lative.
1795-1796. Membre du Conseil des Cinq-Cents.
1793-1799. Son mandat est continué pour trois ans aux
Cinq-Cents.
6 décembre 1800. Maire de Strasbourg en remplacement
d'Etienne de Livio. Il conserva cette charge jusque
fin de 1805, pour faire place à L Wangen de Gérolds-
eck. N'ayant point répondu d'une manière satisfai-
sante à une demande à lui posée par Napoléon I*,
lors de son passage par Strasbourg, il donna sa
démission le même jour.
Décédé doyen de la Faculté de droit, membre du
Directoire, du Consistoire de la Confession d'Àugs-
bourg et chevalier de la Légion d'Honneur.
U a aussi été président de la Société d'agriculture,
sciences et arts de Strasbourg.
Nous lui devons : Notices historiques^ statistiques et
littéraires sur la viUe de Strasbourg, 1817.
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LIS H01IIIB8 ra LA BÉVOLVnOM
HERRMANN.
A la Grande Prévôté.
Avant 1789. Conseiller-secrétaire du Grand-Chapitre et rece-
veur particulier dudit
Avant 1789. Procureur général et député de Sélestadt aux
Etats généraux.
8 février 1790. Qualifié do baillif, il est proposé pour la nou-
velle municipalité.
2 novembre 1793. Comme ex-receveur du Grand-Chapitre
de la cathédrale de Strasbourg, lui et sa famille
figurent sur une liste de 248 suspects, et mis au
Séminaire.
25 novembi^ — . Sa réclamation au Comité de sûreté géné-
rale du Bas-Rbiu» est renvoyée à Fadministration des
établissements publics. Peu après mis en liberté.
19 décembre — . Commissaire pour la vérification des comptes
de recettes et de dépenses des agents chargés de la
levée des taxes révolutionnaires dans le district de
Strasbourg.
HEYDEL (Daniel) fils.
Jardinier-cultivateur à Strasbourg.
8 février 1790. Proposé pour la nouvelle municipalité.
31 octobre 1793. Imposé par Saint-Just et Lebas à 10,000
livres, qu'il paye les 6, 7 et 9 novembre.
17 janvier 1795. Officier municipal.
HILLIERS(d').
1789. Officier au régiment d'Alsace à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution, mais, dès le 11 février suivant, Société des amis
de la Constitution, avec laquelle il resta jusqu'au
départ de son régiment.
HIMLY.
Avant 1789. Négociant à Strasbourg.
Janvier 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
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S88 BBVUB D'ALSACB
7 février 1792 Avec elle à T Auditoire.
4 juillet 1794. Dénoncé comme avilisseur de la Monnaie
nationale (les assignats) il est mis au Séminaire, mais
pour peu de temps, la faction Robespierre ayant été
renversée dans le même mois.
mRN (FuiLNçois).
1789. Négociant, marché aux Herbes à Strasbourg.
17 janvier 1791. Assesseur de l'Assemblée des fidèles catho-
liques, il s'adresse au Directoire du Bas-Rhin pour lui
signaler les dangers dont les pasteurs sont menacés.
16 février 1793. On lui ordonne d'être plus circonspect à
Tavenir. D sera exercé à son égard une surveillance
sévère.
17 octobre —. Les jacobins réclament sa proscription à
TAdministration du Bas-Rhin.
31 octobre — . Imposé par Saint-Just et Lebas à 10,000 livres,
qu'il règle les 5 et 7 suivant
25 ihai 1794. Les jacobins le portent sur une nouvelle liste
de suspects.
30 mai — . Il est emprisonné, ainsi que sa femme, connue
par ses promenades contre-révolutionnaires, pour
provoquer les soldats contre la liberté.
Etienne Babtb.
(La suite h la prochaine Uvraiion.)
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DOCUMENTS
POUR SERVIR A
LA NUMISMATIQUE DE L'ALSACE
No 3
Monnaies et médailles d'Alsace inédites ou peu
connues, tirées des principaux cabinets publics
et particuliers
L'opoflcale qae je présente aujourd'hui au public dea spé*
cialistes est le résultai de nombreuses recherches, tant dans
nos collections françaises que dans celles d*outr6-Rhin. En
publiant ce simple recueil de notes et de descriptions accom-
pagnées de quelques bonnes planches — qui atténueront, je
Tespère, un peu Paridité du travail, — je m'adresse surtout
aux amateurs nombreux, que ne satisfait pas assez Touvrage
de Berstett, de jour en jour plus insuffisant pour le sujet qui
nous occupe.
Si nons jetons les yeux sur ce monument, malheureuse-
ment unique, de notre numismatique alsacienne, nous verrons,
NonyeUe Série. — 6* Année. 19
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290 REVUB D'ALSACE
en effet, immédiatement, dans les nombreux défauts qu'il
présente, un sujet bien légitime de mécontentement; encore
s'il n'était qu'incomplet, ce serait à tort qu'on lui en ferait
un sujet de reproches; car chacun sait qu'en fait de numis-
matique, toute description, tout catalogue de médailles ne peut
être tenu au courant (grâce aux découvertes qui se succèdent
si rapidement dans certaines séries) qu'au moyen de nom-
breux suppléments qui doublent, triplent et quadruplent faci-
lement le corps de l'ouvrage ; pour être Juste, disons avant
tout à la louange de Berstelt, qu'il a parfaitement su utiliser
les matériaux assez restreints qui étaient à sa disposition de
son temps. Mais ce que Ton peut lui reprocher avec raison,
c'est d'avoir dans son Jivre (écrit en allemand et resté ignoré
ou incompris de la plupart des amateurs de monnaies fran-
çaises) négligé toute critique historique; de simples descrip-
tions, tout en suffisant h faire connaître une pièce, ne peuvent
donner au sujet tout l'intérêt que fournît l'indication du temps,
du lieu, des circonstances diverses qui ont amené son émis-
sion. L'ordre chronologique, si favorable aux recherches, est
négligé; les divisions ne sont pas assez marquées. Ton ren-
contre tantôt plusieurs monnaies décrites sous un même
numéro et tantôt des pièces décrites sans indication de numéro,
le tout accompagné de planches détestables qui, bien que gra-
vées, n'en présentent pas moins l'apparence de mauvaises
lithographies.
La refonte d'un tel ouvrage serait assurément utile et très
désirable; mais elle présente des difScultés nombreuses, comme
m'en a convaincu l'étude de plus d'une collection.
Outre les recherches multiples auxquelles il faudrait se
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NUMISMATIQUE DE L'âLSACE 291
livrer dans les archives et dans les bibliothèques, travail qui,
tout en nécessitant beaucoup de temps, n'est pas précisément
du ressort du numismate proprement dit, il j aurait encore
d'autres questions à résoudre :
On ne pourrait, par exemple, se dispenser de citer les
variétés innombrables qui font la richesse de la suite alsa-
cienne : delà^ nécessité de s'arrêter aux différents monétaires,
au style, à la forme des lettres, au titre et au poids. D'ail-
leurs, ces variétés ne se prêtant guère à la description, l'au-
'teur serait forcé de les faire graver pour ainsi dire toutes.
Nombre de pièces importantes décrites dans les anciens
auteurs ayant disparu des médaillers, il serait obligé (sans
même pouvoir en vérifier l'authenticité) de reproduire ces
descriptions, ces gravures, à moins de les négliger entière-
ment, ce qui amènerait des lacunes regrettables dans les
planches.
Ajoutons que le contrôle des ouvrages de numismatique
est tel aujourd'hui, qu'il n'est plus guère permis à un auteur
de décrire une pièce sans l'avoir réellement vue, ou du moins
sans en avoir eu une bonne empreinte entre les mains.
Il s'agirait aussi de déterminer préalablement les limites
du travail à effectuer, ce qui amènerait, par exemple, les
questions suivantes :
Quelles sont les pièces des landgraves d'Alsace sortant de
l'atelier d'Ensisheim, et comment doit-on les distinguer de
celles qu'ont fournies lés autres ateliers?
Faut-il admettre dans la suite alsacienne les monnaies des
Hanau-Lichtenberg, ou doit-on les éliminer ?
Même question pour les pièces des Rappolstein, des
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XHM REVUE D ALSACE
princes de Waldeck et de Pyrmont, et celles de Phalsbourg
et Lizheim.
Pourquoi telle ou telle localité n*a-t-elle pas fait usage de
son droit de battre monnaie ? Y a-t-il là des raisons écono-
miques ou défaut de trouvailles ?
A quel cadre doit-on s'en tenir? Faut-il, oui ou non, dépas-
ser Tannée de la réunion de F Alsace à la France ?
Nous ne parlons pas de certaines difficultés d'un autre
genre, qui sont loin d'être tranchées : les mérovingiennes
attribuées à une localité du Haut-Rhin, les carlovingiennes
données à tiernay, les incertaines des évéques de Strasbourg,
les bractéates muettes, etc.
' On voit que le remaniement de Berstett n'est pas aisé, et
que peu de provinces sont aussi difficiles à traiter que notre
Alsace. Il faut néanmoins espérer qu'il se trouvera un jour
un amateur dévoué pour Tentreprendre; quant à moi, je serai
heureux si les matériaux que j'ai pu recueillir dans mes
voyages pouvaient contribuer à donner l'idée de l'urgence
de cette refonte et en faciliter l'axécution.
Au Havre, en novembre 1876.
Arthur Exgel
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NUMISMATIQUE DE L* ALSACE
COLMAR
Berstett, n** 1 (Gulden en or).
Mes recherches pour découvrir un exemplaire du Gulden en or, décrit
par ScHOEPFLiN, et après lui par Berstett', ont été infructueuses. Un
passage fort obscur de Hunckler (Geschichte der Stadt Colmar^ 1844,
p. 50) peut faire supposer que, dans le Cabinet impérial de Vienne, Tau-
teur a vu des monnaies d^or parmi d'autres monnaies de Coli^r. A
Vienne, comme ailleurs, mes recherches ont été vaines et il ne m^a pas
été donné de voir en original l'aureus de Colmar.
Berst., n*» 2 (Thaler de 1537).
Je n'ai jamais rencontré ce rarissime écu, dont une reproduction, après
avoir fait partie de la collection Schîntz, existe maintenant à la Biblio-
thèque de Zurich.'
I . — MONETA - NOVA ° COLMARIENSIS f — Ecu
aux armes. Le manche de la masse d'armes est terminé par
un anneau; au dessus 1552.
Rf, DOMINE « CONSERVA ^ NOS <> IN ° PAGE — Aigle
simple regardant à gauche.
Sur la tranche, la légende suivante en creux :' CASPAR.
MOCK. MVENTZMEISTER. ZV. KOLMAR. ANNO. 1558.
AR. Ecu, Mod. 42. — Cabinet impérial de Vienne. PI. I,
n° 1.
Sur les maîtres monnayeurs de Colmar au XVI** siècle, voir :
Hanauer, Etudes économiques. Diaprés la liste des monnayeurs, Caspar
Mock, de Strasbourg, n'entra en fonctions qu'en 1589.
' Schœpflin, en parlant du droit de monnayage de la ville de Colmar,
dit : ^ Nec aurei dfisunt_Colmariœ percu8»iy> (Als. ill , t. II, p. 369),
et donne dans ses planches de numismatique la gravure d'un Gulden en
or. Berstett ajoute que cette pièce est de la plus grande rareté (sensserst
selten), mais ne dit pas s'il i*a vue, et la gravure qu'il en donne pour-
rait bien être faite d'après Schœpflin.
' H. Hirtzel, conservateur de la Bibliothèque, a eu Tobligeance de
nous en faire parvenir une empreinte. Elle nous est arrivée trop tard,
et nous n'avons pu, à notre grand regret, reproduire cette intéressante
pièce dans le présent travail.
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294 REVUE d'alsagb
2. — Berst. N° 4. Addition. — Double écu de 1670.
AR. Mod. 45. Poids 56 gr. — Bibliothèque de Colmar.
3. — Ecu de 1670. Même coin que le double écu du
n^2.
AR. Mod. 45. — Bibliothèque de Colmar et collections
diverses.
C'est fécu indiqué paf Berstett avec la date de 1679, ^^ 9"^ évidemment
est un% faute d'impression.' La description de Técu de 1666' peut s'appli-
quer à celui de 1670 ; cependant les coins sont différents. Le style de la
pièce de 1670 est plus large; Técusson en cœur du double aigle est carré;
sur la 'banderolle du Rf. COLMAR n'a qu'un seul L, tandis que sur celle
de 1666 il en a deux, singularité que Berstett ne fait pas remarquer.
4. — MONETA. NOVA. COLMARIENSIS. - Ecu aux
armes ; dessus 1533.
Rf. DOMINE. CONSERVA. NOS. IN. PAGE. — Les
mots séparés par des rosaces. Aigle regardant à gauche-
AR. Mod. 28. - Musée de Bâle. — Gravée, pi I, n** 3.
5. — MONETA. NOVA. COLMARIENSIS. — Ecu aux
armes, la masse recourbée comme sur la pièce précédente ;
dessus 1535.
Rf. FERDINANDIflMPtPFtDEGRETO. — Aigle à
deux têtes, chargée en cœur du globe crucigère, portant le
chiffre 10(~-).
AR. Mod. 29. — Cabinet de Vienne. — Flan carré. —
Gravée, pi. I, n^ 4. — Cf. Berst.^ n° 15.
6. - MONETA. NOVA. COLMARIENSIS. — Ecu aux
armes. La masse d'armes est droite, l'écu ornementé;
dessus 1564.
Rf Comme la pièce précédente.
AR. Mod. 29. — Flan carré. - Collection Waltzà Colmar.
^ Sur l'exemplaire imprimé de Berstett, appartenant actaellement à
M. le D*" Fandel, cette date se trouve rectifiée dans ce sens, probablement
par Tanteur lui-même.
' Le coin de cet écu est conservé au Musée de Colmar.
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NTTMISUATIQUB DE L'ALSACB 295
7. — S MARTIN: PATRON — Buste du Saint nimbé à
gauche.
Rf. MONETA. COLMAR : — Aigle à une tète, regardant
à droite, et chargée en cœur de l'écu aux armes de la ville.
AR. Mod. 17. — Collection Waltz à Colmar. — Gravée,
pi. I, n- 5.
Cette curieuse petite pièce donne un type nouveau et inconnu ju&qulci
à ajouter aux nombreux types sortis de Tatelier de cette ville.
8. — MON: NOV: CI VIT: IMP: COLMAR. - Aigle
à deux têtes, chargée en cœur de l'écu aux armes.
i^/: S MA I RTIN I VS. PA | TRON. — Croix coupant la
légende.
AR. Mod. 20. — Bibliothèque de Colmar et collections
diverses.
9. — Berst,, Suppl., n^» 17. Addit. - MON : NO: CIVIT:
IMP : COLMAR. — Aigle à deux têtes ; écu aux armes.
Rf. GLOR I lA. IN: E | XCEL | QEO. — Croix coupant
la légende.
AR. Mod. 20. — Collection Meyer à Ourscamp, Biblio-
thèque de Colmar, etc. — Gravée, pi. I, n** 6.
Berstett cite cette pièce au n^ 17 de son supplément ; il avait pro'ba'ble-
ment un exemplaire incomplet entre les mains, puisque sur Técu en cceur
de Taigle il croit voir un 2, tandis que c*est Técu aux armes qui y figure.
Il ne dit rien de cette "bizarrerie de la présence de la légende strasbour-
geoise au revers d'une monnaie de Colmar. Sans chercher à Texpliquer,
jç la livre à l'attention des amateurs. Dans tous les cas, il ne s'agit pas
d'une simple erreur du graveur, ni d'une confusion fortuite de coins, car
j'ai pu observer moi-même une quinzaine de ces petites pièces se rappor-
tant à trois variétés distinctes. Les coins des revers de ces deux pièces
(n®» 8 et 9) sont conservés au Musée de Colmar.
10. — Bractéate uniface. Armes de Colmar accostées de
deux croissants adossés. — Grénetis.
BIL. Mod. 16. — Musée de Vienne. — Gravée, pi. I, n^ 7.
11. — Autre bractéate; écu aux armes entouré d'un
double cercle et d'un grénetis.
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286 REVI7B d'alaagb
BIL. Mod. 14. — Bibliothèque de Colmar. — Gravée,
pL I, n« a
12. -SPQ COLMARIENS PRAEMIVM DILIGENTI>E
— Dans le champ, armes ; à droite, Z.
Rf. 4 I SPQ I COLMARIENS l'INDYSTRIiE. SCHO |
LAST. MONETA DE | STIN. — Petit ècu aux armes.
AR. Mod. 27. — Collection Meyer. — Gravée, pi. I, n° 2.
^2^ — Berst. n^ 23 Addition.
La pièce décrite par Berstett existe avec les dates de 1667 et de 1669.
Celle à cette dernière date est d*un type différent.
HAGUENAU
13. - RVDOLP. II. ROMA. IMPERA. — Aigle à deux
têtes surmontée d'une couronne.
Rf. AVRVM. IMPERI. CAMER. HAGENO — Ecu aux
armes, orné ; dessus 1601.
AV, Mod. 22. — Cabinet de Berlin. - Gravée, pi. II,
n« 3.»
14. — IVSTITIA. MANET. IN. .ETERNVM. - Aigle
impériale chargée en cœur du globe crucigère, portant le
nombre 20.
RJ. MONETA. ARGENT. CIVIT. HAGENOI. — Ecu
orné ; dessus 1600.
AR. Mod. 29. — Flan carré. — Cabinet de Vienne. —
Gravée, pi. II, n^ 2.
15. — Dans une couronne la rose de Haguenau, et aux
quatre coins les insignes des quatre évangélistes : l'Ange,
le Lion, le Bœuf et TAigle.
^ Un aureus de Haguenaa, avec la date de 1609, a figuré à la vente
Dassy, à Paris, en 1869 (Catalogue de la collection Dassy» n* 1812).
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NUMISMATIQUE DE L'ALSACE 297
Rf. MEIN. ZV I GEDENCKN | THV. ICH. DIS | EN.
GROSCH I EN. SCHENC | .KEN. — Mêmes insignes.
AR. Mod. 33. — Ancienne collection Dorlan, actuellement
Bibliothèque de Strasbourg. — Gravée, pi. II, n° 1.
Berstett décrit cette pièce, fautivement, à la page i8, et ajoute qu'elle
existe en or dans la collection Thomsen à StrasTiourg. J'ignore ce qu'est
devenue cette collection.
16. — MA. D. G. R. I. S. A 16-20 [Mathias Dei gratta Roma-
norum ImperatoTy semper augustus) — Aigle impériale surmontée
d'une couronne et portant en cœur le chiffre 3.
RJ. SI. DE». PRO. N. Q. G N. {SiDeuspronobisquis contra nos)
— Rose épanouie.
BIL. 17. — Mauvaise fabrique. — Cabinet de Vienne. —
Gravée, pi. II, d° 4.
Voilà la première monnaie de Haguenau au nom de Mathias qu'il me
soit donné de voir en original. Celle qui est citée dans Berstett, n° 43', est
tirée de Brackenhofer, et je ne l'ai vue dans aucune collection. —
Répétons ici la remarque de Berstett sur l'irrégularité de la date de 1620»
l'empereur Mathias étant mort dès 1619.
17. — Berst., n« 42«, Addition. — MONE: ARGEN:
CIVIT : HAGENOIENSIS *. - Rose sur un écu sans orne-
ments ; au dessus trois points.
/?/. * LEOPOLDVS: I: D: G: ROM. IMP. S. AVG. —
Dans le champ : RAHTS | GELT | 1666 ; au dessus et au
dessous une étoile.
AR. Mod. 24. — Collection Waltz à Colmar.
\T à 20. — Quatre bractéates classées à Haguenau au
Musée de Leipzig.
Cette attribution ne soutient pas l'examen, néanmoins je les donne ici
pour les fadre connaître aux amateurs.
BIL. — Musée de Leipzig. — Gravées, pi. II, n~ 5 à 8.
21 . — Bractéate unifece. La rose de Haguenau sur un
écu. Cercle perlé. Billon. — Collection Rencker à Colmar.
Ici Técu à la rose peut être attribué avec certitude à cette ville.
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398 REVUE D'ALSACE
LANDGRAVES DE LA HAUTE-ALSACE
Sur le monnayage à Ensisheîm, consulter d^intéressantes îndicadons
dans : Hanauer, Etudes économiquis, t. I®', p. 331.
22. - FERDINANDVS, etc. - Rf. NEC: NON:, etc. -
Double écu, sur flan carré : les angles sont parsemés de
petits carrés en relief; chaque angle porte, en outre, le
nombre III ou IIII, également en relief.
Cette particularité n*a pas encore, que je sache, été signalée. Est-ce un
simple motif d^ornementation, la désignation de la valeur de la pièce ou
autre chose? C'est ce que je laisse à d'autres le soin de décider.
AR. Mod. 40. — Collection Rencker à Colmar. — Gravée,
pi. III, n^ 1.
23. - FERD. D. G. RO. IMP. S. AVG. GER. HVN. BO.
REX — Buste couronné et cuirassé à droite, tenant de la
main droite un^ceptre, et de la gauche le globe crucigère
portant le chiffre 30. Au dessus de la ceinture on aperçoit
la garde de Tépée.
Rf. INF. HIS. ARCH. AVS. D. BVR. LAND. ALSAT.—
Aigle impériale couronnée, chargée en cœur d'un écu, au
centre duquel on voit les armes de la Haute-Alsace.
AR. Mod. 36. — Collection Missong à Vienne.
24. — La même pièce variée : BOH ; au Rf. ALSATI. —
Ancienne collection Dorlan, actuellement à Strasbourg.
25. — Berst., Suppl., p. 7. Addition. — Berstett ayant ici
rangé les écus par ordre d'années, j'y ajouterai l'écu de
Rodolphe à la date de 1667 (collection Meyer).
26. - RVDOLPHVS. II. D. G. RO. IMP. SE. AVG. E.
HV. BO. REX : — Buste lauré, barbu, à droite, orné d'un
col. Pas de date.
Rf. NEC NO. ARCHID. AVS. DV. BV. LANDG. ALS.
CO. FERT. — Ecu du n« 1 de la pi. III, entouré du collier
de la Toison d'or.
AR, Mod. 29. — Musée de Dresde,
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NUMISMATIQUE DE L'ALBACE 299
27. — LEOPOLDVS, etc. — Buste cuirassé à droite.
Rf. SAC: CAES: MA:, etc.
Même remarque qu^au n^ xi.
AR. Mod. 40. — Musée de Vienne. — Gravée, pLIUjU^a
28. — t LEOPOLD. D: G. ARCHIDVX: AVST: DV.
BVR: ET. SAC. CiES: MT"..ET. — Buste nu à droite
dans un encadrement particulier.
RJ. RELIQ: ARCHID: GVBERNAT. PLEN. ET. COM:
TIR: LAND: ALS — Ecu portant au centre les armes de
la Haute- Alsace.
AR. Mod. 33. — Collections Missong à Vienne et Ren-
cker à Colmar. — Gravée, pi. III, n** 3.
29. — Berst. Suppl., n° 63. Addition. — D: G: LEOPOL:
NEC NON. ARCHIDVCES. AVS: D: B^ f — Buste nu à
droite; dessous 1620.
RJ. ET STIR CARIN: CARN: LAND. ALS — Ecu du
n** 31 de Berstett, accosté de deux écussons aux armes des
évèchés de Strasbourg et de Passau, surmontés chacun
d'une mitre et d'une crosse; ces deux écussons se répètent
dans le bas, accoUés et sommés d'une mitre unique avec
deux crosses en sautoir.
AR. Mod. 38. — Musée de Dresde.
30. — D: G: LEOPOLDVS + NEC. NON. ARCH: AV:
DV: BV t. — Buste nu, à droite ; devant 1620.
Rf. Comme la pièce précédente.
AR. Mod. 40. — Collection Waltz.
30^ — Même buste et même légende que la pièce décrite
par Berstett (Suppl., n° 63), mais la date 16-20 est coupée
en deux par le buste.
Rf. STIRIiE. CARINT. E-T. CARN: LAND: ALS —
Ecu des pièces précédentes. .
AR. Mod. 40. — Même collection.
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300 REVUE D*ALSACE
31 . - LEOPOLDVS. D: G : ARCHIDVX. A VSTRIiE —
Buste couronné et cuirassé, tenant de la main droite le
sceptre et de la gauche la garde de son épée.
Rf. DVX * BVRGVNDI * COMES * TIROLIS. — Ecu
portant au centre les armes de la Haute- Alsace; au bas
celles de Ferrette.
AR. Mod. 40. - Collection Waltz.
32. — LEOPOLDVS. D: G: ARCHI. DVX. AVS.TRIAE.
— Buste couronné et cuirassé à droite, tenant de la main
droite un sceptre et de la gauche la garde de son épée.
Rf. S: CAES M ANTER: PROVINC. PLEN: GV: —
Ecu du n« 2 de la pi. IIL
AR. Mod. 31. — Collection Missong à Vienne.
33. — LEOPOLDVS. D. G. ARC: DVX: A VST:, entre
G. et ARC: 24 dam un cercle allonge. — Buste couronné et
cuirassé à droite, tenant de la main droite un sceptre, et
la gauche sur la poignée de son épée.
Rf. DVX: BVRGVND: COMES: FERET: — Ecu rond
surmonté de la couronne archiducale ; en haut armoiries
de Hongrie et de Bohême; au centre Ferrette; à gauche
Bourgogne et Autriche ; à droite Landgraviat de la Haute-
Alsace.
AR. Mod. 30. — Collection Rencker à Colmar.
34. — Berst., Suppl., n** 30. Addition. — Sans légende.
Ecusson aux armes du landgraviat de la Haute-Alsace.
RJ. Un cerf debout à gauche.
BR. Jeton. Mod. 25. — Bibliothèque de Colmar.
35. — Sans légende. Ecusson de la Haute- Alsace.
Rf. Inscription remplissant le champ : . .CH. MACH R |
ECHT ON ARG | ELIST GOT W | EIST WOHL WER |
DER RECHN | ER IST. .
BR. Jeton. Mod. 25. — Bibliothèque de Colmar.
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MUMISMATIQUE DE L'ALSÂGE SOI
36. — Sans légende. Ecu ornementé aux armes du land-
graviat de la Haute- Alsace.
Rf. * MANET VLTIMA COELO. — Deux petits écus-
sons : à gauche celui d'Autriche, dessus un O, dessous
un V; à droite celui de la Haute- Alsace, dessus un H et la
même lettre dessous. Au milieu une branche de laurier et
une branche de cyprès, liées par leurs tiges et surmontées
de la couronne archiducale.
BR, Jeton. Mod. 24. — Collection Waltz.
LANDAU
37. Reprise de la ville par l'empereur Joseph I, 1704. —
LANDAU I .VON. 1 1 RÔMI KEY: MAY: | und | des REICHS
WEGEN I DURCH | I. RÔM: KONIGL: MAY | und | HOHE
ALLYRTE | den 14 sept zvm 2ten mahl | belagert und |
EROBERT I .DEN 26 9bER. | 1704.
D'autres médailles donnent pour date le 25 novembre
au lieu du 26.
Rf, Plan de la forteresse et des travaux de siège. On dis-
tingue les mots CANAL et queigh.
AR. Mod. 47. — Musée de Munich.
MULHOUSE
J^espère pouvoir donner plus tard une monographie des monnaies de
cette ville, dont les coins sont conservés au Musée historique de Mulhouse.
L^xcessive rareté de plusieurs de ces pièces, que je n*ai pu jusqu'à présent
voir en original, me force d'ajourner ce travail jusqu'au moment où des
documents plus complets me permettront de m'en occuper. — On trou-
vera divers détails inédits dans s Hanauer , Etudes économiques^ t. I,
p. 112.
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IX}2 BEVUB D'AI.SikCE
MURBACH ET LURE
Jean-Rodolphe (1542 — 1570).
38. — lOES. RVD. D. G. MVRBAC. ET. LVTR. ABBS.
— Armes du n° 25 de Berstett.
Rf. CAROLVS. V. ROM. IMPERATO. AVG. 1545. —
Aigle impériale.
AR. Mod. 30. — Musée de Dresde.
Andri d'Autriche (1587 — 1600].
39. — ANDR: GARD: AB: AVST: MVRB: ET: LVTR:
ADMI. — Armes du n*» 99 de Berstett.
Rf. RVDOLPHI: II: IMP: AVG: P: F: DECRETO —
Aigle impériale, globe avec le chiffre 30. Demi-écu. —
Cabinet de Fûrstenberg.
Liopoid d'Autriche (1614 — 1626).
40. — LEODEGARIVS. D. G. EPISCOPVS. AVGVSTO
DVNENSIS — Buste à droite ; devant 16-21.
Rf. INSIGNIA. ANTIQVISSIMA. ET. MATERNA —
Ecu aux armes ; au centre Taigle du Tyrol.
AR. Mod. 41. — Collection Egger à Vienne. — Gravée,
pi. IV, n° 1.
Voir Tappendice.
Leopold'Guillaume (1632— 1662).
41. — LEOPOLD GVILIELM. a.G. ARCHD. AV. —
Buste à droite.
Rf. S LEODEGARI. PAT. MVR. ET LVDER. - Deux
ècussons accoUés.
Décrite, mais très insuffisamment gravée, par Berstett, n^ 107.
AR. Mod. 22. — Musée de Vienne et Bibliothèque de
Strasbourg, etc. — Gravée, pi. IV, n'* 3.
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NÎ7MI8MATIQTJE DB L'ALSAGB 903
42. — LEOPOLD. GVILIELM, D. G. ARCHD. AV -
Même buste.
Rf. S. LEODEGARI. PATR. MVR. ET. LVDER. ;- Deux
écussons. Dessus 2 dans un cercle perlé allongé.
AR. Mod. 26. — Musée de Dresde. — Gravée, pi. IV, n*» 2.
Colomhan d*Andlau (1663 — 1665).
43. — SANCTVS LEODEGARI + 16-63. — Le buste
du saint de face.
Rf. COLOMBANI. ELECTl. AB. M. E. LV. — Armes de
Murbach-Lure et d'Andlau.
BIL. Mod. 16. — Collection Rencker à Colmar.
Cette petite pièce, charmante de style, donne, comme la pièce du Cabi-
net de France*, le titre ai Abbé élu à Colomban. Sur les monnaies d'aucun
autre abbé de Murbach on ne trouve le titre d'Abbas eieciusy et les cir-
constances qui ont accompagné Télection de Colomban donnent un grand
intérêt aux rares monnaies de cet abbé.
Colomban d*AndIau, profès de Saint-Gall, fut élu abbé parle Chapitre
de Murbach le 16 décembre i66z. Il fit son entrée à Guebwiller en jan-
vier 1663 et fut accueilli par les habitants avec de grandes démonstrations
de joie,'
L''élection faite par le Chapitre ne fut pas confirmée par le pape. Le
18 avril 1665, les envoyés de Tévcque de Strasbourg, François Egon de
Fûrstenberg, nommé administrateur de Tabbaye, arrivèrent à Murbach,
et contraignirent Tabbé élu, en employant même la violence, à résigner
sa dignité.' Colomban retourna à Saint-Gall et mourut à Hésingue, vil-
lage du Sundgau qui appartenait à l^abbaye et qui lui fut concédée par
le Chapitre.
' A. Engel, Monnaies alsaciennes da Cabinet de France. Revue d'Àl^
sace, Tome III, nouvelle Série, 1874, p. 320. — La même pièce existe
à la Bibliothèque de Colmar.
* «Es war ein grosse Freid bey der Burgerschaff t » (Mossmann,
Chroniqtie des Dominicains de GubehwiUer, p. 301).
• « Undt haben den erwœhlten Furstenvon Andlauw mit Gewalt ver-
triben » (Idem, p. 302).
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304 BEVUE d'alsaob
FERRETTE (?)
44. — Tour accostée de deux barbeaux adossés.
Rf. Deux oiseaux se faisant fece; au milieu un point.
Grénetis.
AR. Mod. 15. Bractée. — Cf. Berst. ir 114. — Musées de
Dresde et de Leipzig. — Gravée, pi. X, n** 1.
45. — Bractéate uniface ; type dégénéré du Rf. précédent.
BIL. Mod. 15. — Collection Deirangeon à Montbéliard. —
Gravée, pi. X, n° 2.
SCHLESTADT
46. — WAPP. lACOB. OECHSELL. N. P (Notarius
publicus?) — Ecu, dessus 15 A 55.
Rf. VON..SCHLETSTATT.FIE. FE(y7m>//) — Heaume
orné de lambrequins et surmonté de la partie supérieure
d'un bœuf (allusion au nom de Œchsell).
AR. Jeton. Mod. 23. — Bibliothèque de Strasbourg, etc.
— Gravée, pi. X, n^ 3. — Cf. Berst., p. 45.
47. — Môme légende et môme type, sauf 15 A 64 et V
au lieu de W.
Rf. ROM. KAYS. MAT. RATH. VND. Z. C. — Môme
type, légèrement varié.
AR. Jeton. — Bibliothèque de Strasbourg. — Gravée,
pi. X, n« 4.
Jacques Oechsei dît Taurellus, né à Schlestadt vers 1530. Nommé
chancelier par Ferdinand et créé comte palatin par Maximilien II, qui
l'envoya comme ambassadeur à Constantinople.
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vmsmuiÂ.TiQV» db i.'alsaob 906
INCERTAINES
ABBAYES DE SELZ ou de WISSEMBOURG
Cf. Hanaubr, Etudes économiques, tome I, p. 71.
48. — Temple à trois tourelles surmontées d'une croix ;
grénetis. Uédifice accosté de deux rameaux.
AR. Mod. 23. Bractéate. — Bibliothèques de Colmar
et de Strasbourg. — Gravée, pi. X, n° 5.
49. — Edifice analogue, mais dépourvu de croix. Entre
les deux tourelles latérales et celle du centre, annelets.
AR. Mod. 22. Bractéate. — Bibliothèque de Colmar. —
Gravée, pi. X, n** 6.
50. — Débris de légende : Vo Vo — Buste nu de
face, tenant une crosse de la main droite et une palme de
la gauche. Le manteau est orné de palmes et la tête accostée
de deux symboles indéterminés.
-R/. oAo Vofo. oVof — Temple à trois tourelles ; dans
le portail, fleur de lis.
AR. Mod. 23. — Bibliothèque de Strasbourg. — Gravée,
pL X, n*» 7.
51. — Buste mitre de face; à droite une étoile à six
rayons.
Rf. Edifice à trois tourelles, dont deux surmontées de
croix.
AR. Mod. 23. — Bibliothèque de Colmar. — Gravée,
pi. X, n* 8.
52. — Même buste, tenant une croix de la main droite.
Rf. Buste mitre (bicorne) à gauche, tenant de la main
droite une croix recroisetée et de la gauche une crosse.
AR. Mod. 19.— Bibliothèques de Colmar et de Stras-
bourg. — Gravée, pi. X, n" 9.
NoayeUe Série — 6* Année. 30
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906 ItEVUE D*ALSA.CE
53. — Buste à gauche tenant une crosse.
Rf, Croix accostée de quatre étoiles à huit rayons;
fragments de légende.
AR. Mod. 21. — Mêmes bibliothèques. — Gravée, pi. X,
nMO.
54. — Crosse, palme et trois étoiles à cinq rayons dans
le champ.
R/. Edifice à trois tourelles; fragments de légende.
AR. Mod. 25. —Gravée, pi. X, n*» il.
55. — Buste mitre (bicorne) à droite, tenant une crosse.
Rf. Edifice à grand portail et trois tourelles.
AR. Mod. 24. — Bibliothèques de Colmar et de Stras-
bourg. — Gravée, pi. X, n** 12.
56. — Buste de face tenant. . .(?) de la main droite et une
crosse de la gauche, sous laquelle une étoile à six rayons.
Rf. Deux personnages, dont Tun coiffé d'une couronne
conique, de face, et séparés par un objet indéterminé. —
Traces de légende.
AR. Mod. 23. — Bibliothèques de Colmar et de Stras-
bourg. — Gravée, pi. X, n*^ 13.
STRASBOURG
GOQsalter, sur les ateliers de Strasbourg et de la Basse-Àlsace,
HiNAUER, Eludes économiques, tome I^ chapitre II.
A. Monnaies mérovingiennes.
Presque toutes les pièces mérovingiennes données à Strasbourg sont
d'un style si barbare et si mal venues à la frappe, que je n'ai pu encore
vérifier, jusqu*à présent, l'exactitude des lectures données par Combrouse
et répétées par Berstett. Néanmoins, sur l'indication de M. Nessel, j'en
ai trouvé une dont la lecture est indiscutable «
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NUMI81IATIQUB DE L'ALSAGE 307
57. — STRADIBVRI. — Tête informe à gauche.
Rf. TESANONE MO. — Enfant les bras étendus.
EL. Mod. 12. — Bibliothèque de Strasbourg et Musée de
Francfort. — Gravée, pi. V, n** 1.
J*aî pu examiner de près les douze ou quinze exemplaires de la pièce
au même type, contenus dans le médaîller du prince de Fûrstenberg ;
aucun d*eux n^offre une lecture satisfaisante.
M. Vallîer, de Grenoble, possède un triens du même type, auquel il
m'a rendu attentif. Il présente au Rf, la légende jlVTORico, qui est
pour le moins insolite. Néanmoins je n'oserais pas attacher trop d'impor-
tance à cette légende sur une pièce aussi barbare.
B. Deniers impéiianz depuis Charlemagne.
88. — Je donne ici le dessin du beau denier de Charle-
magne au Rf. CIVI I ARGE. dont il n* existe à ma connais-
sance que trois exemplaires variés. Le premier se trouve
au Cabinet de France et a déjà été décrit , le second à
la Bibliothèque de Colmar et le troisième dans Tancienne
collection Dorlan, aujourd'hui à la Bibliothèque de Stras-
bourg. Ils diffèrent notablement entre eux. Les deux
derniers ont été trouvés en creusant les fondations de
la caserne de cavalerie à Colmar, en même temps que
plusieurs antiquités. — Gravée, pi. V, n° 2.
Le Ti9 119 de Berstett continue à être fort rare ; je ne l'ai rencontré que
deux fois, en Allemagne et en Belgique.
Louis I^* le Débonnaire (814— 840).
S9. — Berst., n° 120. Addition. — Cette pièce se trouve
aussi avec une crosse dans le champ du Rf. STRA | TBVR |
GVS, ce qui implique une participation de Tévèque au
monnayage. Mais, six évèques s' étant succédé sur le siège
de vStrasbourg pendant le règne de Louis-le-Débonnaire, je
n'essaierai pas de déterminer auquel d'entre eux doit être
attribuée cette participation. J'ai constaté Texistence de :
1® la crosse tournée à gauche, à la droite de TR. Collection
Robert; — 2* la crosse tournée à gauche, à la droite de
rs. Bibliothèque de Strasbourg •,— 3^ la crosse renversée
à la droite de l'S. Musée de Bruxelles.
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S06 SBVUB D'ALSAOB
CharUs III U Gros (t888).
60. — Berst., n"* 125. Addition. — La variété suivante
existe au Cabinet de Dresde :
M ROLVS REX {sic). Croix.
Rf. ARGENN | NA CIVIT.
Othon III (tiooz).
61 . — Berst., n^ 129. Addition. — Deux variétés de ce
denier à Donaueschingen.
OTTO REX PCAIFICVS {sic) — Buste couronné et barbu
à gauche.
Rf. ARGENTHA CIVIT. - Edifice à deux rangées de
trois portes superposées et à toit pointu, surmonté d'une
fleur de lis.
AR. Mod. 19.
62. -Idem.— OTTO REX PACIFICVS. — Buste imberbe
couronné, à gauche.
Rf. ARGENTINA CIVIT.— Sommet d'un toit surmonté
d'une fleur de lis.
AR. Mod. 19.
63. — Même type, au Rf. ARGENTINA CIVIT AS.
AR. Mod. 15. Obole. — Musée de Donaueschingen. —
Gravée, pi. V, n*» 3.
64. — OTTO REX. — Croix fleurdelisée.
Rf. ARGENTINA. — Sommet d'un édifice surmonté
d'une fleur de lis.
AR. Mod. 17. Denier. — Même Musée.
65. — Même type et même légende.
AR. Mod. 13. Demi obole. — Même Musée.— Citée dan S
Cappe.
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MUMISICATIQUE DB L'ALSACB 809
66. - OTTO IMP. - Fleur de lis.
Rf. ARGENTINA. — Croix, dans F un des angles une
crosse.
AR. Mod. 13. Obole. — Bibliothèque de Strasbourg. —
Gravée, pi V, n* 4.
Le denier au même type est décrit et figuré dans Jahrbûcher und Jahr^
buch des Venins fur mecklenburgischeGeschichts- und Alterthumskunde, i%Si,
— Dcr Mûnzfund von Schwaan, Allemanta, n*> lo.
Henri V (?)
67. — HINRICVS Tête couronnée à droite.
Rf. ARGEN I TINA en croix. — Dans Tangle supérieur
droit une crosse ; dans les trois autres, fleurs de lis.
AR. Mod. 15. Obole. — Musée de Dresde.
C. Monnaies au nom des évâques.
ErkenboU (965 — 990).
68. — Berst., n« 141. Addit. — ERKANBALDVS EPS.
— Nœud gordien dont les extrémités sont ornées de trois
fleurs de lis;
Rf. ARGENTINA CIVS. —Temple à deux colonnes laté-
rales et deux portails, le toit surmonté d'une fleur de lis.
AR. Mod. 18. Denier. — Musée de Donaueschingen.
60. — OTTO IMPE AVG. — Tête couronnée à droite.
Rf ERCHANBALDt. — Temple; dessus fleur de lis;
dans la porte, une croix.
AR. Mod. 18. — Même Musée.
Jusqu*à présent je n^avais pas encore rencontré ce denier sans la quali-
fication d'EPISCOPVS.
70. — OTTO. IMP AVG. — Tête couronnée à gauche.
Rf ALDEPS. — Sommet d'un édifice surmonté
d'une fleur de lis.
AR. Mod. 15. Obole. — Musée de Dresde. — Gravée,
pi. V, n« 6.
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310 REVUE D'ALSâOE
Wiederolf \ 979 — 997 ).
71. — OTTO DI GRAT Buste de face couronné.
Rf. (WIDEROLPVS) ARG EPS. — Buste tenant une
crosse, dans un temple.
AR. Mod. 17. — Collection Meyer à Ourscamp (de l'an-
cien médailler de la Bibliothèque de Strasbourg). Variété
du n** 4486 de l'ancienne collection Thomsen, actuellement
au Musée de Copenhague,
Cette pièce est de fabrique médiocre et fort mal conservée. C*est peut-
être de ce même exemplaire que parle Berstett au n^ 142.
72. — Variété de la même. OTTO DI. . A. . . . — Même
buste; la couronne figure exactement une fleur de lis.
Rf, Le même.
AR. Mod. 17. — Musée de Dresde.
Aldovicb (1000).
73. — OTTO REX. — La légende, contrairement à Tha-
bitude, commence par le bas et par la gauche. — Buste
couronné à droite.
Rf. ALDViaV Vie — Même observation. — Temple à
deux portails surmonté d'une croix.
AR. Mod. 15. Obole. -^ Musée de Dresde. — Bonne
fabrique. — Gravée, pi. V, n° 5.
Werner I (lOOi — 1028).
Berst., n** 143. Addition.
Les quelques deniers que Ton peut attribuer avec certitude à cet évêque
(Dresde, Donaueschingen) sont tous d^une frappe pitoyable ; les légendes
sont barbares et souvent illisibles ; le /?/, très vague, présente quelquefois
en place du temple, une série de trois colonnes sur une ligne ponctuée .
Voici un denier inédit du Musée de Dresde :
74. — Buste à gauche, légende indistincte. Lettres visi-
bles : I, V, A, R, I, A.
Rf VERNICERVS EP. — Croix cantonnée de quatre
points.
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NUMIS1£ATIQUE DB L'ALSÂGB 811
AR. Mod. 20. — Gravée, pi. V, n^ 7.
Notons, en passant, que ce type du Kf.^ banal dans tant d'autres suites
se rencontre ici pour la première fois.
J*ai observé à Dresde plusieurs deniers appartenant évidemment aux
évêques de Strasbourg, mais que je n^ai pu déchiffrer en raison de leur
mauvaise conservation ou de leur frappe défectueuse. Il arrive souvent,
en eifet, que dans le monnayage de cette époque les lettres fassent défaut
à la frappe .
HeTàlo (?) (1047 — 1065),
75. — H EPISC VNIA. . . . (4 lettres frustes) — Buste
de Henri III de face.
Rf, ARGEN I TINA. — Edifice à quatre tourelles.
AR. Mod. 20. Denier. — Musée de Dresde.
La présence d'un nom d'évêque, à cette époque, autour de la tête de
Tempereur. me paraît chose si étrange et si insolite, que je serais tenté d'y
voir une erreur de monnayeur. Il est à noter que la pièce est d*un bon
style, quoique d'une facture particulière. Je propose de lire TH initial
Hizilo, qui fut evêquc de 1047 à 1065 ; il faut remarquer aussi qu'en 1048,
1049, Ï05Ï c^ '05^1 Henri III tint sa cour à Strasbourg.
Gravée, pi. V, n° 8,
Erasme de Limhourg (1541).
La pièce suivante, inconnue jusqu'à présent, m'a été signalée par M. Gus.
tave Vallier, de Grenoble, qui a bien voulu se charger de classer et de
cataloguer les richesses numismatiques du beau Musée de sa ville natale.
76. - CAROLVS. V. IMP. AVG. P. F. DEC. — Aigle
impériale chargée en cœur du globe crucigère portant le
chiflFre 3.
Rf. ERAS. . . D. G. EPS. ARG. ALS. LAN. — Ecu aux
armes.
BIL. poids: 1,05 gr. Mod. 20. — Musée de Grenoble et
Bibliothèque de Strasbourg. — Gravée, pi. V, n° 9.
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BEvra d'alsagb
Nous donnons ici, d*après les Statuta Spiod
diocesis argentinensis ( Mayence 1560), les armes
de cet évêque assez peu reconnaissables sur la
médaille • La double coupe à boire qui y figure,
fait sans doute allusion au nom de Schenk que
portaient ses ancêtres.
Jean de Mander scheid (1569 — 1592).
77. _ VON GOTES GN: lOHAN. BISGHOR ZV.
STRASBVRG — La Vierge nimbée, assise sur un trône
gothique, tient dans ses bras Fenfant Jésus, également
nimbé.
Rf. LANDTGRAF. IN. ELSAS. ANNO DNI. 1575. —
Armes surmontées d'un casque, etc.
AV. Mod. 34. Poids 19,2 gr. — Musée de Gotha. — Grçi-
vée, pi. V, n* 10.
78. — Berst., n"* 154. Addition.— CeThaler existe égale-
ment en moitié du poids. — Musée de Donaueschingen.
79. — Flan carré. — V. G. GN. lOHAN. BISCHOF. ZV.
STRASB. — Môme type.
Rf. LANDTGRA. IN. ELSAS. — Armes, etc.
AV. Mod. 22. — Berst., n*» 153 et var. — Bibliothèque de
Strasbourg.
80. — Flan carré. — V: G: GN: lOHAN. BISCHOF ZV
STRASBVRG — Type de la pièce précédente.
RI. LANDTGRAF IN ELSAS. 1575. -Armes, etc.
AR. Mod. 24 Poids 12 gr. — Musée de Gotha. — Gra-
vée, pi. V, n« 11.
81. - MAXIMILIAN. II. IMP. AVG. P F. DEC. — Aigle
impériale, couronnée et chargée en cœur du globe cruci-
gére, sur lequel on lit : 10.
Rj. lOAN D G ELEC & CONE: EP: ARG. AL. L —
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NUinSHATIQXXB DE L'ALSâCB
313
Armes surmontées des chiffres 1 -5 et accostées des chiffres
7-5 (1575),
AR. — Musées de Dresde et de Francfort. — Gravée,
pi. VI, n« 1.
Charles de Lorraine (f 1607 ).
82. - RVDOL. IL RO. IMP. AVG. P. E. DEC. — Aigle
impériale surmontée d'une couronne fermée.
RI. GAROL. GAR, LOT. EPISGO. ARG. ET. MET. —
Armes surmontées du chapeau de cardinal.
AV. blanc. Mod. 2L Poids 3,20* gr. — Gollection de
Rozières. — Gravée, pi. VI, n** 2.
Je dois la communication de cette pièce nouvelle à Tobligeance de
M. L. Maxe-Werly.
83. — Petite bractée inédite. Ecu aux armes, grénetis.
AR. — Musée de Leipzig. — Gravée, pi. VI, n* 3.
Berst., n** 160. Additions. — Signalons ici trois variétés
curieuses du teston si commun de Gharles de Lorraine :
84. — S. GAROL. D. G. GARD. LOTH, etc. Sans date.
Gette variété est loin d'être rare. Le graveur, ici, n'aurait-
îl pas simplement copié la légende du sceau : Sigillum CaroU
etc. — Gollection Robert, etc.
85. — GAROL. D. G. GARD. H. EP. ARGENT., etc.
Quelle est la signification de cet H insolite ? Toutes les légendes portant
CARD. LOTH., il est probable que le graveur, dans sa négligence, aura
omis les trois premières lettres du LOTH., ce qui expliquerait parfaite-
ment la chose.
85^ — Même légende ; à la fin une fleur de lis. Date
1606. — Gollection Robert.
Il serait intéressant de rechercher Torigîne de ces testons, dont la mau-
vaise fabrique est un sujet d*étonnement pour tous les amateurs. M. de
Saulcy les croit frappés à Vie, et M. Ch. Robert, à Strasbourg. Je n'ai
pas retrouvé de documents relatifs à leur émission.
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914 REVUE d'âLSACE
Liopold'Guillaume (f 1662).
86. — Flaa carré. — MON: NOVA. EP: ARGEN : CVSA
(XII) — La Vierge nimbée assise, tenant l'enfant Jésus
sur ses genoux; à ses pieds, écu de la Haute-Alsace; dans
le chanip, 16 — 31.
Rf. A, DD: DEC: ET: CAP: TAN: AD: EIVS. — Ecu
aux arnnes de l'évêque, chargé en cœur d'un écusson aux
armes des comtes de Salm-Reiferscheid.
AR. Mod. 28. — Cf. Berst., n*» 167. — Bibliothèque de
Strasbourg. — Gravée, pi. VI, n° 5
La pièce donnée par Berstett est un demi thaler au même type. Les
monnaies de Léopold-Guillaume sont rarissimes ; je n^ai eu entre les mains
que celle ci-dessus décrite. Voici quelques détails sur ce personnage : Fils
de Tempereur Ferdinand II, il naquit en 1614, et fut élu évêque dès 1625,
à fâge de onze ans. L^administration du diocèse fut confiée, au nom du
Chapitre, au chanoine Hermann- Adolphe de Salm, vicaire général, ce
qui explique la présence de Técusson en question . — Pour plus de détails,
voir GRANDfDiER, Œui/res inédites, tome IV, p. 460.
Quant à la légende, il n'y a que le TAN dont je ne puisse donner une
explication satisfaisante; pour le reste, je crois qu'il faut lire MO N//a
NOVA EFiscopatus ARGEN//«^«/iV CVSA A Dominis DECano ET
CAV itularibus TAN/a/w (?) ADminisiratoribus EIVS, monnaie nouvelle
de tevêche de Strasbourg frappée par les seigneurs^ doyens et chanoines {qui
m sont qu) administrateurs dudit é'vêché.
La médaille suivante est de Léopold, archiduc d'Autriche, évêque de
Passau et administrateur de Murbach et Lure :
87. — LEOPOLD: D: G: ARC: AVS: EPVS: ARG: ET:
PAS -— Buste nu à droite avec collerette.
R/. PIETAS AD OMNI A VTJLIS'"'. ~ Trois cigognes,
dans une vallée boisée, faisant craqueter leurs becs, et
regardant vers le ciel ; dans un nuage, le Père éternel cou-
ronné et bénissant.
AR. Médaille ovale. Mod. 37. Travail soigné. — Musée de
Vienne. — Cf. Berst, Suppl, n^ 173.— Gravée, pi. VI,n°4,
Comme les cigognes, en craquetant, ont Thabitude de lever le bec en
l^air, elles sont sans doute un symbole des hommes pieux, qui élèvent
leurs prières et leurs regards vers le ciel. Rien de plus commun que ces
symboles au moyen-âge.
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NUMISMATIQUE DE L'ALSÂCE SIÔ
François Egon ( f 1682 ).
88. — Berst., n° 170. Addition. — Cette pièce existe à
Donaueschingen, avec la contremarque CT sur les deux
faces.
Voici une petite médaille bien intéressante, qui m*a été signalée pour
la première fois par M. Vallier, et que j^ai depuis trouvée encore à
la bibliothèque de Strasbourg :
89. — FRANC. EGON.. . AR. A. M. E. L. L. A. P. A. —
Ecu aux armes.
Rf.SYB I AVSPICE. CHRISTI | ANISSIMI. INGENS 1
RENAS (soleil rayonnant) CITVR | ORDO | MDCLXXXI.
AR. Mod. 18. Poids 1,3 gr. — Musée de Grenoble et
Bibliothèque de Strasbourg. — Gravée, pi. VIII, n'* 6.
Sous Texemplaire du Musée de Grenoble se trouve la note suivante
de la main de M. de Pina : «Le magistrat de la ville s^étant plaint auprès
de Louis XIV, ce roi ordonna de retirer cette médaille et la fit refondre ;
par là, elle est devenue infiniment rare.)»
c Cette médaille, dit M.Ch. Schmitt, se rapporte sans doute à la restitution
de la cathédrale aux catholiques après la capitulation de Strasbourg. Je
ne sais rien d*une protestation du magistrat, mais elle est probable, notre
magistrat ne pouvait pas souffrir que Ton préfendît qu^avant 1681 tout
avait été en désordre, et que Tordre ne renaissait que grâce au Roi très
chrétien. >
L^aigle qui figure sur les armoiries faisait partie de celles des Fûrsten-
berg. — Quant à Tépithète Christianissimi sans regls^ elle est insolite ; et
ingens appliqué à ordo Test également. La légende, néanmoins, ne peut
être, lue autrement. Légende de Tavers : Elle doit être achevée ainsi :
FRANrijrtfj EGON EPISfo/»/ ARgentinensis Administrator Murbacenûs
Et "Lutrensis handgravius Alsatiae^ Vrinctps A. (?) — Le mot suivant
commençant par un F (JFranciscus), on peut supposer que parla faute du
graveur un F a été omis et qu'il faut lire Frinceps a Fûrstenberg , — Au
lieu d'Admtnistrator on pourrait encore lire Abbas^ François Egon étant
devenu, en effet, abbé de Murbach et Lure.
On me fait remarquer, en outre, que les mots renascitur ordo sont une
réminiscence de la fin d'un vers de Virgile, BucoL., IV, v.5 :
Magnus ab integro soiculorum nascitur ordo.
Or, dans ce vers, ordo saeculorum signifie suite de siècles^ h-e^ et ab
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316 BEYUB D'ALSâOB
tntfgro, dt nowveau : une grande ère recommence, donc, la légende de la
médaille, ingins ordo renascitur doit sVxpliquer de même : une grande ère
recommence, en prenant ordo dans le sens d'^^, plutôt que ai ordre opposé
â désordre.
Armand'Gaston de Rohan (1674- 1749).
90. — Ecu aux armes, sur un manteau d'hermine sur-
monté d'une couronne, et derrière lequel on voit une épée
et une crosse en sautoir.
RJ. Sur le même manteau, écusson portant des initiales
(quatre G et un A).
AR. Mod. 28. Travail soigné. — Collection Erné. — Gra-
vée, pi. VIII, n' 4.
Guillaume Egon (f 1704).
Berst., p. 61. Addition.
Berstett n*a pas jugé à propos de nous dire pourquoi cet évêque parait
ne pas avoir battu monnaie. C'est ce qu'on trouvera dans : Hanauer,
Etudes économiques, tome 1*% p. 69 : Défense à Tévêché. par la cour de
France, de rouvrir ses ateliers en Alsace (1687), et à la même époque,
fermeture, par la guerre, de TofEcine épiscopale d'Oberkirch, sur la rive
droite du Rhin.
91. —Berst., n« 149. Addition. — EPISCOPVS. — Buste
nu tenant une crosse de la main droite.
Rf. ARGENTINA. — Temple à trois tourelles.
AR. Obole. Mod. 12. — Bibliothèque de Strasbourg. —
Bonne febrique. — Gravée, pi. VI, n* 9.
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mJMISlIATIQTTX DB L*ALSAOE 817
STRASBOURG (Ville)
92, 93, 94. — Berst., n'» 182. Addition.
Voici trois nouvelles variétés du pfenning si commun à la fleur de lis :
a) Grénetis. Partie supérieure d'une fleur de lis avec une
croix dans le haut. — Gravée, pi. VI, n** 7.
*) Même type. Dans le haut un X. — Gravée, pi. VI, n*6.
c) Idem. Quatre points en bas et deux en haut. —Musée
de Stuttgardt. — Gravée, pi. VII, n» 8.
95. — Berst., n''202. Addition.
Qtkreutzer rCtsX. pas commun (Grenoble, Donaueschingen, Strasbourg).
Je Taî trouvé à Stuttgardt en moitié du poids.
96. — Berst., p. 76. Addition.
Cette petite médaille est encore aujourd'hui une énigme pour les ama-
teurs. C'est probablement un jeton, et les lettres du RJ signifieraient alors,
dit Berstett, Mark ou Mass-Zeichen.
Deux écussons accolés, celui de droite de Strasbourg,
celui de gauche portant une croix sur un A. Sur les deux
écussons, fleurs de lis; dessous, dans un cartouche, VIII;
puis, de chaque côté, un petit écusson, celui de droite
contenant une bouteille, celui de gauche trois feuilles de
trèfle; au dessous, 1631.
AR. Mod. 20. — MM. Erbstein à Dresde et Musée de
Leipzig. — Gravée, pi. VIII, n' 5.
Médailles
A. Midaillis acadhniquis
Berst., p. 57. Addition.
Ce jeton doit être restitué à Nuremberg.
97. _ Berst., p. 243. Addition. — MVNERE DIVI, etc
iî/. MEMORIA, etc.
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318 REVUE d'alsage
La même médaille existe au Musée de Colmar avec Técu du Rf sans
aucun ornement. Je Tai vue aussi souvent en double du poids.
L'Académie fut éta"blie en 1567 comme complément du G3rmnasey et
érigée, en 1621, en Université complète.
98. - S. VING. FERR. SECVL. III. CAN. — Saint Vin-
cent nimbé et ailé, levant la main droite et tenant de la
gauche un livre.
Rf. COLLEGI. VAL. ARTIS. ARGE. — Coupe fermée,
accostée de deux L couronnés, et dont le couvercle est
orné d*un hibou de face, les ailes étendues.
AR. Mod. 20. — Collection Meyer.
ColUgium ariis peut signifier ici Faculté de philosophie, mais on disait
facultas artium,
B. Médailles des Jubilés
99. — Berst., p. 78. Addition.
Cette médaille a trait à Tanniversaire séculaire de la présentation de la
confession d^Augsbourg. Voici comment il faut en compléter la légende :
« Saecularis memoria a» MDCXXX : 28 Junii summse fidei Carolo V.
et statuum comitiis augustanis anno MDXXX. XXV Junii exhibitae a
Johanno et Johanno Frideri'co Saxonibus, Georgio Brandenburgico, Phi-
lippo Hassiano, Ernesto et Francisco Luneburgensibus, Wolfg^ngo
Anhaltino, Nurnberga et Reutlingen. >
Traduction : c Souvenir séculaire de la somme de la foi (la confession)
présentée, le 15 juin 1530, à Charles V et aux comices des Etats (diète)
d^Augsbourg, par Jean (électeur) et Jean-Frédéric (duc) de Saxe, Georges
(margrave) de Brandebourg, Philippe (landgrave) de Hesse, Ernest et
François (ducs de Lunebourg), Wolfgang (prince) d'Anhalt, (les villes
de) Nuremberg et Reutlingen. »
Ce sont là les signataires de la confession remise à Charles V.
Berst., p. 79. Addition.
Je n^ai pas pu retrouver les quatre curieuses pièces citées à la fin de ce
chapitre, comme ayant appartenu à la collection de Bretfeld. Elles méri-
teraient une étude spéciale.
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NUMISMATIQUE DE L'ALSÀCE 319
C. Alliance avec les villes suisses
Berst., n- 250, Addition. — DO MAN ZELT. — Ces trois
mots s'écriraient aujourd'hui : Da man zahà^ i quand on
compte. *
Sur Talliance entre Strasbourg , Berne et Zurich , voyez Strobel,
Geschichte des Elsasses, tome IV, p. 190.
D. Tir au canon de 1590
Les exercices d^artillerie auxquels se rapportent ces médailles, eurent
lieu, dit la Chronique de Schad, dans la Plaine des Bouchers, du 15 mai
au 10 juin.
iOO. — Berst., p. 80. Additions.
Je donne ici le dessin de deux médailles décrites par lui.
La première nVxiste, à ma connaissance, qu>n alliage, et ne se trouve
pas en argent. Un exemplaire sur flan carré, dans le médailler de la
Bibliothèque de Strasbourg.
La légende du Rf dit la suivante est celle-ci :
oIMo I 90 lAR D I lES SCHIES | SEN. VOLBR |
ACHT I WAR. - Gravées, pi. VII, n- 4 et 5.
101. — Vue d'un camp établi dans une prairie; un
homme, coiffé d'un chapeau à plume, s'apprête à tirer avec
un mousquet dont la crosse repose sur son épaule droite
et le canon sur une fourchette. Devant lui, un personnage
joue aux quilles, et dans le fond, on aperçoit un autre per-
sonnage tenant une lance. Quatre grands écussons occupent
le champ.
Rf. PRO. LVD.MOSQVETAR. PRINCIPVM.EVANG.
GAPITVLAR. ARGENTOR. Ao MDXC — Dans un cercle,
au milieu, trois écussons, les deux inférieurs surmontés
d'initiales. Exergue : AR— GENT; dans le bas, 1590.—
Le cercle est entouré de neuf écussons, surmontés ou
accostés d'initiales, les trois inférieurs séparés par des
fleurs de lis.
AR. et vermeil Mod. 43. Coulée. — Collection Chaix à
Villy-en-Auxois ; Musée de Gotha et Bibliothèque de Stras-
bourg. — Gravée, pi. VII, n*» 2.
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â20 REVUE D'ALSàOE
Le tîr de 1590 est ainsi mentionné dans la Chronique manuscrite d^Ozée
Schad (1 vol. in-folio, appendix, p. 109. Bibliothèque municipale de
Strasbourg) : « Den 5 octobris (1590) gaben die Jursten und grafen im bru-
derhojf efvangeltschen theils den burgern 200 Reichsthaler mit Musceten %u
verschiessen » (le 5 octobre, les princes et comtes du grand chapitre, du
parti éyangélique, ont donné aux bourgeois 200 écus pour célébrer un
tir de mousquets).
Dans le grand chapitre il s'était formé une scission; une partie des cha-
noines étaient catholiques; les autres protestants; de là des conflits et des
violences (v. Strobel, IV, p. 197 et seq.). I«e magistrat garda, aussi
longtemps qu'il pût, la neutralité. Les chanoines protestants s>IForçaient
de Tattirer de leur côté ; on peut supposer que c>st pour se rendre popu-
laires, qu'ils donnèrent aux bourgeois les 200 écus pour un tir, à Tocca-
sion duquel il y eut encore d'autres divertissements : l'homme qui joue aux
quillex et le cavalier avec une lance, qui fait songer à un carrousel.
Ludus signifiait toute espèce de divertissement; sur une médaille du
grand tir de 1576, celui-ci est désigné comme ludus pubhcus (Berst. 251).
Il existe aux archives de Strasbourg un programme manuscrit d'une fSte
de tir de la fin du XV" siècle; on y voit qu'on avait coutume de combi-
ner avec le tir des concours de gymnastique, de saut, de course, etc.
Sur l'avers de la médaille l'écusson supérieur est celui de Strasbourg ;
les trois autres doivent se rapporter à trois des chanoines. Les noms des
chanoines protestants de l'époque se trouvent dans GrandIDIER, Œwures
inédites f t. IV, p. 435. On trouverait peut-être, dans un ouvrage héral-
dique, auxquels de ces noms les armoiries peuvent s'appliquer; toujours
est-il qu'il s'agit de princes et de comtes.
Les écussons du Rf, à l'exception d'un des trois du milieu, qui est de
Strasbourg, ARGENT., n'appartiennent ni à des villes, ni à des corpo-
rations; les uns sont évidemment des armoiries bourgeoises (l'homme
sauvage, la bretscel^ le signe *t etc.) ; d'autres paraissent se rapporter à
des nobles ou patriciens. On peut supposer qu'ils représentent les vain-
queurs du tir; les noms sont indiqués par les initiales. Mais où retrouver
ces noms? Les grands recueils manuscrits sur les généalogies et les
armoiries des familles strasbourgeoises, qui existaient à la Bibliothèque
de Strasbourg, sont brûlés. Quant à l'inscription du RJ. elle peut s'ex-
pliquer de deux manières ; nous lisons :
/V0 ludo mosquetarum principum evangeiicorum capitularium Ârgentora"
tensium, ce qni pourrait signifier : Médaille des princes^ etc. (offerte par les
princes) pour le divertissement du tir, ou bien : Médaille pour le tir (en
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MUMISliATIQUE DE L'ALSâCB 321
mémoire du tir) des princes (organisé par les princes) . Pour ma part, je
pencherais pour ce dernier sens.
102. — Vue de Strasbourg, à gauche, le soleil, et à droite,
la lune. Au premier plan, un artilleur coiffé d'un bonnet,
approche sa mèche d'un canon; à ses pieds, sacs, caisses
de poudre, instruments divers et boulets.
Rf. IM. 90 lAR. DIS GROS SCHIESSEN WAR.
DER IVNI VOLLENDETSZ. GAR. — Douze écussons
surmontés ou accostés d'initiales ; celui du bas est accosté
de deux canons.
AR. Mod. 43. Coulée. — Cabinet de France. — Gravée,
pi. VII, n« 3.
E. Médailles diverses
Berst., n** 256. Addition. — Voici le sens de la légende
de X Avers de cette médaille (PAGE INTER LEOPOLD I,
etc.) :
Le Sénat et le peuple de Strasbourg rappellent, par ce monument, à la
postérité la plus reculée, que la République a été miraculeusement conservée
par la paix conclue entre Léopold I«', empereur romain, et Louis XIV,
roi de France, à Nimègue, le 26 janvier 1679.
Le Rf. (aVrea paX, etc.) doit se traduire ainsi :
O Strasbourg, la paix dorée (l^âge d*or de la paix) te revient de préfé-
rence à toi et aux tiens par le secours de Dieu !
Les chronogrammes contiennent souvent des mots
superflus, comme ici POTIVS.
103. — Berst., p. 81, 1. 28 Addition. — Cette petite
médaille a également rapport à la paix de Nimègue. La
légende du RJ. „2)en grieb unb Slettungô aBunberfcJcm la% ja 0 @tra8«
Burg en)i0 bein unb beiner l!inber ^enfmal fein !" doit se traduire ainsi :
O Strasbourg, que le signe miraculeux de la paix et du salut soit à
jamais ton monument et celui de tes enfants !
Le RJ. est une allusion à Tarc-en-ciel qui marqua la fin
du déluge (Gen. IX, 12 et sqq.).— I. C. M. signifie peut-être
Jisus Christus Mediator^ par allusion à Talliance de Dieu avec
NoaYelle Série. — 6* Année. 21
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aS8 BBYXTE D ALSACE
les hommes, dont il est parlé dans le passage susdit, et
dont Jésus-Christ est devenu le médiateur, à moins que ce
ne soit tout simplement le monogramme du graveur.
AR. — Bibliothèque de Colmar.
104. — Berst., p. 82. Addition. — Légende : c GOTT
GEBE FRIED IM GANZEN LAND 1 ERHALTE LEHR,
WEHR VND NEHRSTAND. >
Le Nàhrstand (de nàhren^ nourrir) signifie les bourgeois et les paysans
ceux qui nourrissent les autres; le Lehntand se dit des professeurs et des
savants; le Wehrstand^ des nobles et des soldats. — V. D. M. I. ^ signifie
Virbum Domini manet in oitemum^ la Parole de Dieu demeure éternelle-
ment.
105. — VRBEM CHRISTE TVAM SERVA. - Vue de
la ville ; au dessus, un ange plane, tenant une palme et une
fleur de lis.
Rf. GLORIA IN EXCELSIS DEO. — Armes de la ville,
surmontées de deux demi-vols chargés des mêmes armes,
et soutenues par deux lions.
AR. Mod. 46-36. Médaille ovale.— Musée de Stuttgardt.
— Gravée, pi. VII, nM.
106. — Un enfant, en robe flottante, tient un van hors
duquel il vient de rejeter un masque, une raquette, un
verre à boire et différents objets, livres ou dominos- Dans
le van il retient une croix, un livre marqué B(iblia) et autres
objets indistincts; à droite, un arbre sur lequel se tient un
oiseau ; dans le haut, un nuage duquel partent des rayons.
Rf, Dans un encadrement orné et portant dans le haut
l'écu de Strasbourg surmonté de la fleur de lis :
VERWVRF DAS BÔS | BEHALT DAS GVTH |
SO BLEIBST ALZEIT | IN GVTHER HVTH |
1629. — FF.
AR. Mod* 30. — Musée de Stuttgardt.
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NUMISMATIQUE DE L'ALSACE 333
F. ComiU ii i68i.
107. — Berst., p. 83. Addition. — Nous donnons ici le
dessin de Técu à la comète, décrit déjà anciennement par
Madaï.
Par son apparition, la comète de 1681 (décembre 1680 et janvier x68x)
causa une grande frayeur dans toute l'Europe . De la part des savants
elle donna lieu à une quantité de publications. « La comète de 1680, dit
Tastronome De la Lande, la plus singulière et la plus fameuse de toutes
les comètes, qui occasionna les découvertes de Newton sur les comètes et
les Pensées de Bayle, donna lieu à une multitude d'ouvrages dans Tannée
même de son apparition ». (Bibliographie astronomique, — Paris, an XII,
1803, p. 298). De la Lande donne le titre de quarante-trois ouvrages,
parmi lesquels trois in-folios et nombre d^in-40j imprimés à l'occasion de
cette comète à Paris, à Londres, à Berlin, à Rome, à Venise, à Bâle, etc.
(p. 2981304).
Il est à noter que M. Louis Levrault, dans son Essai sur F ancienne
monnaie de Strasbourg, page 351, conteste l'origine strasbourgeoise de cette
curieuse médaille, pour n'en pas avoir examiné la tranche, ou plutôt pour
avoir négligé de lire jusqu'au bout la description qu'en donne Berstett.
Gravée, pi. VIII, n^ 1.
G. Médailles relatives à la Cathédrale
Des deux médailles qui vont suivre, la première est citée dans Berstett,
page 84; la seconde est entièrement nouvelle. Elles sont certainement
l'œuvre du même artiste, et j'inclinerais 1 croire que les deux revers sortent
du même coin .
108. — DIE DREI — IVNCKHERN. VON. BRAG.
1565. Trois cavaliers à gauche. — Etain et argent doré. —
Musée de Donaueschingen et Bibliothèque de Strasbourg.
— Gravée, pi. VIII, n» 3.
Les Juncker, de Prague, passent pour avoir été employés, comme archi-
tectes de la Cathédrale, vers la fin duXIV» siècle (cf. Gérard, Les artistes
de CAlsacey t. II, p. i et sqq.]. — Généralement on n'en cite que deux.
M. SiGHART {Mittheilungen der k. k, oesterr. Centralcommission, 1865) dit
qu'ils étaient au nombre de trois sans mentionner de source j leurs noms t
Janec^ fTenzel et Feber. — On ne sait pas si Juncker était leur nom de
famille, ou s'il les désignait comme nobles. Celui qui fit la médaille, les
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824 BEVXm D'ALSACE
a pris pour des gentilhommes, autrement il ne les aurait pas représentés
armés et à cheval. Cette médaille nous montre aussi que la tradition
s'était conservé qu'ils étaient trois. — Pour M. de Berstett, il s'est
étrangement trompé en trouvant là le nom de la famille Brackenhofer.
109. — Même type, la Cathédrale légèrement variée.
Rf. EPIS: BEREGAR19. PRIMO FECIT. FVDAAEVm
1015.— Evêque mitre debout de face,la main droite ouverte
et tenant une crosse de la gauche.
Etain. — Même style que la médaille précédente. —
Musée de Bàle. — Gravée, pi. VIII, n^ 2.
Il s'agit évidemment ici de Tévêque Werner (1003-1028) ; l'orthographe
Birengarius est due sans doute à une erreur d'un graveur étranger.
H. RitabKssementy en I759> de la monnaie ipiscopale à Oherkirch
HO. - REGNI FIDiEI MVNIFICENTI^ PIGNVS
— Sous un dais, la Justice assise sur un trône, et coiffée
d*une couronne tourelée ; elle étend la main droite et porte
la gauche sur la poignée de son épée, sur laquelle est
appuyé un écusson aux armes des Rohan. A ses pieds, un
carquois et une balance; dans le bas, le nom du graveur,
j. GAMOT F. — Un personnage en costume romain, se
tenant devant le trône, présente à la Justice une femme
qui tient de la main droite une pièce de monnaie et dont
la tête est surmontée d'une flamme. Sur la gauche, un
balancier; à Texergue, un lévrier courant à gauche, sur-
monté de la légende : ïtdelis et acer.
Rf. En douze lignes : REGNANTE | LVDOVICO CON-
STANTINO I PRINCIPE DE ROHAN | ADMINISTRA-
TORE CAROLO I ARMANDO ANTONINO DALENÇON
I SERENISSIMI PRINCIPIS | CONSILI ARIO AB INTI-
MIS I MONETA EPISCOPALIS | ARGENTINENSIS
IN I OBERKIRCH RESTITVTA | ANNO DOMINI |
M. DCC. LIX. I
AR, Q) Mod, 32, - Musée de Vienne. — Gravée, pi. IX,
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NUMISMATIQUE DB L'ALBACE 325
Nous manquons absolument de détails sur le fait auquel se rapporte
cette intéressante médaille, et cVst ce qui nous empêche de donner une
description suffisante de l'avers. — Cf. Hanauer, Etudes économiques^
t. I, p.69.
I. Passage de Marie-Antoinette à Strasbourg
m. -COALESCENTIS DECORA VIRTVTIS. - Sur
un autel orné de guirlandes, deux cœurs enflammés et
liés, sous rœil de Dieu. A gauche, dauphin couronné ; à
droite, aigle couronnée tenant sous sa patte une fleur de
lis. — Exergue : ARGENTINA | kamm fecit.
RJ. AVSPICATO DELPHINAE ADVENTVI. — Arc
de triomphe, surmonté d'un Mercure, tenant de la main
droite un caducée, et de la gauche un cœur. — Sur une
guirlande, on lit : VIRT. NIHIL. IPSA. SIMILIVS ; au-
dessus des portes I. MAD | Mil | lOK | 1770, et au-dessus
de chaque porte latérale : VINCE. - Exergue : DIE. VIL
MAIL I MDCCLXX.
Etain. Mod. 50. — Musée de Bâle et Bibliothèque de
Strasbourg.
Le travail est fort médiocre, aussi je ne garantis pas la lecture de la
légende du dessus des portes.
Une brochure du temps ' donne la description des fêtes données à Stras»
bourg lors du passage de la dauphine Marie-Antoinette. L'arc de triomphe
reproduit sur la médaille y est décrit. Il fut élevé sur remplacement d'une
ancienne tour, le Metzgerthurm, actuellement porte d'Austerlitz, faisant
partie du mur d'enceinte que le magistrat fit démolir à cette occasion :
c'est par elle que Marie- Antoinette fit son entrée dans Strasbourg. La
cérémonie et l'acte de la remise de la dauphine eurent lieu dans une des îles
du Rhin, dans un bâtiment à ritalienne, construit pour la circonstance.
^ Description des fêtes données par la viUe de Strashowg h Madame
Marie-Antoinette, Dauphine de France^ lors de son passage dans ladite
ville, le 7 mm 4770. — A Strasbourg, chez Jonas Lorentz, imprimeur.
in-4S 16 pages.
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3^ REVUE D'ALBAOE
THANN
112. — MONETA. NOVA. TANNENSIS. 1533 f - Ecu
aux armes, de forme particulière.
Rf. DOMINE. CONSERVA. NOS. IN PAGE f — Aigle
regardant à gauche.
AR. Mod. 27. — Musées de Bâle et de Dresde. — Gravée,
pi. IX, n^» 2.
113. — S. THEOBA— LDVS. 1624. — Le Saint assis, vu
de face, bénissant de la main droite et tenant de la gauche
une crosse.
Rf. MONETA. NOV(Z)A.TANENSIS. -^ Ecu aux armes
entouré de cinq lobes.
AR. Mod. 27. — Musée de Bâle, etc. — Grav., pi. IX, n«.3.
114. — t MO NO. TANNENSIS. —Armes dans un cercle
perlé.
Rf. t SALVE. CRVX . SANG — Groix pattée et fleuronnée.
BIL. Mod. 12. — GoUection Rencker à Golmar. — Gra-
vée, pL IX, n* 4
WISSEMBOURG
115. — t MON. NOV. IMP. GIVIT. WEISSENBVRG.
AM. RHEI. — Ecusson très orné.
RJ, FERDINANDVS. II. D. G. ROM. IMP. SEM. AVG.
— Aigle à deux tètes, chargée en cœur du globe crucigère,
surmonté d'une couronne fermée.
AR. Mod. 49. Piéfort. — GoUection Missong à Vienne.
Gravée, pi. XI, n* 1.
116. — Portique sommé de trois tours.
Rf. Spirale (?) Au milieu la lettre L (?)
AR. Mod. 15. — GoUection Meyer. — Grav., pi. XI, n** 2.
117. - MON. NOV. IMP. GIVIT. WEISSENBVRG. A.
RH: — Dans le champ les armes de la ville.
Rf. FERDINAND. IL D. G. ROM. IMP. SEM. AVG: -
Type du Rf précédent.
AR. Mod. 41. Ecu. — Bibliothèque de Strasbourg, etc.
— Gravée, pi. XI, n« 3.
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APPENDICE
Nos planches étaient déjà terminées quand parut un'
article de M. Ed. Forschheimer, le possesseur d'une pièce
rare, dans la Numismatische Zeitschrift^ de Vienne (1876,
1" semestre). Je ne saurais mieux faire que de donner ici
la traduction de cet article, qui contient de curieux rensei-
gnements; j'ajouterai que nos lecteurs feront mieux de
s* en remettre au dessin de la Numismatische Zeitschrift^ qu'à
celui de M. Dardel, attendu que ce dernier présente
quelques inexactitudes dues, non pas à un manque de
soins de notre habile artiste, mais bien au mauvais état de
l'empreinte que nous lui avions confiée.
Un éea dn priBce Syrns Anstriaeas de Correggio
Af. Rosette. LEODEGARIVS. D. G. EPISœPVS.
AVGVSTO DVNEN. P. S — Buste à droite avec mouche
et moustache, en mozzetta ^ avec large col à revers, entre la
date 1&— 21.
RJ. INSIGNIA. ANTIQVISSIMA. ET. MATERNA. —
Ecu sommé du chapeau archiducal, et légèrement orné sur
les côtés, contenant les armes des différentes provinces
autrichiennes (Hongrie, Bohème, Autriche-Bourgogne,
Habsbourg -Goritz; en pointe les cinq alérions de la
«Vieille- Autriche, > au centre, Tjrrol).
Mod.42mm. Pds. 26,7 gr. Bas titre: "Viooo d'après l'essai.
Pl.VI,nM.
' Large tunique sans manches dont se servait le hant clergé italien.
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328 BEVUE D'ALSACE
A première vue, et n'examinant pas attentivement la légende, on pren-
drait cette monnaie pour un de ces écus tyroliens si communs ( Madal,
3868) que Tarchiduc Léopold émit de i620 à 1625, après quMl eût été
nonmié gouverneur du Tyrol, si grande est l'analogie entre le buste et
récusson de ces pièces, et ceux figurés sur la nôtre. Malgré la présence
de récusson tyrolien, celle-ci ne peut appartenir à ce pays, puisque
révéque d'Autun (Augustodunum) nommé dans la légende, le majordome
de Ghildéric, qui fut plus tard Saint-Léger, n'eut aucun rapport avec le
Tyrol.
Nous trouvons par contre Saint-Léger sur des monnaies de Luceme
et de Tabbaye de Murbach et Lure. Nous devons écarter tout d'abord
Lucerne, car, comment serait-il possible qu'en l'an 4621, le buste et les
armes d'ijn archiduc autrichien figurassent sur une pièce de cette ville,
qui, à cette époque, avait depuis longtemps cessé toute relation avec les
Habsbourg?... Par contre, nous trouvons que l'archiduc Léopold fut
(1614-1625) administrateur des abbayes unies de Murbach et de Lure,
et y fit frapper des écus (Schulthess-Rechberg, Thaler- Cabinet, 5268-
5212), mais ils offrent tous, outre le saint qui y était vénéré, les écussons
des deux abbayes.
En l'année 1621, l'abbaye de Murbach, cx)mme l'Alsace tout entière,
était serrée de près par les troupes de Mansfeld, et la tentation de frapper
de la monnaie de mauvais aloi était inspirée par les circonstances. Mais
ce motif serait à peine suffisant par lui-même pour nous faire voir, dans
notre écu, une pièce de Murbach et non une imitation, car, quoique
Tarchiduc Léopold ait fait frapper (1621) pendant sa domination en Tyrol,
des florins à bas titre, des pièces de trente kreutzers, et d'autres monnaies
de billon, suivant par là l'exemple de la plupart des princes de l'Empire
et de l'empereur lui-même, ses écus ne s'éloignent pas sensiblement du
titre légal. Quelle raison l'aurait engagé à ne pas reconnaître une monnaie
de Murbach comme provenant de lui, alors qu'il signait ouvertement ses
pièces tyroliennes? il est encore plus invraisemblable qu'il ait encore
conservé pendant quatre ans un type qu'il avait lui-même discrédité
par la monnaie qui nous occupe. Ajoutons à cela la singulière légende du
revers, l'archiduc pouvait bien qualifier les armes réunies de la maison
de Habsbourg et de ses possessions d'fnsignia antiquiBsima, ce qui, à la
vérité, n'était pas usité sur les monnaies autrichiennes ; mais comment
pouvait-il^ lui, le fils de l'archiduc Charles et d'une duchesse bavaroise,
leur appliquer l'épithète de materna? Nous avons été confirmé dans ces
doutes par M. le professeur D^^ Luschin von Ebengreuth, qui reconnut la
pièce pour une contrefaçon italienne, i émise dans un but mercantile f.
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NUMISMATIQUB DE L'âLSAGB 829
et Tattribua au comte et prince Syrus de Correggio, opinion à laquelle se
rangea aussi M. G. Kunz, directeur du Musée de Trieste.
En Italie, les contrefaçons des monnaies à bon titre des pays voisins
furent, comme on sait, exécutées avec une grande perfection dans les
coins et une adresse remarquable quant aux types et aux légendes. C'est
précisément le cas qui se présente ici.
On serait presque tenté d'attribuer cette pièce à un évêque d'Autun, si,
à cette époque (1621), un évêque du nom de Léger y avait occupé le siège
épiscopal et avait possédé le droit de monnayage ! Heureusement, des
documents authentiques viennent nous tirer d'embarras. D2Lns\es Archives
monétaires de Vempire allemand de Tinspecteur des monnaies d'Ansbach,
J.-€. Hirsch, nous trouvons, parmi de nombreuses plaintes sur les déprécia-
tions causées par les contrefaçons italiennes, une réclamation des Etats des
cercles de Franconie, Bavière et Souabe, à l'empereur, datée du 28 juillet
1623, et qui, entre autres, contient l'accusation suivante : c Dass Ew.
c Majestat Fûrsten und Vasallen einer in Italien, Syro di Austria genannt,
f Principe von Chorezo, ein falscher Mûnzmeister Rivarola Genuesen
c genannt, zu August ohne Scheu aufhalten und gegen Darreichung gros-
c ser Summe Gelds ins Nachsehen vieler Fûrsten und Stânde des Reichs
c Mûnz-Geprâg imitiren und ganlz gering und falsch baltende Mûnzen
« schlagen und ins Reich verschieben lassen u. s; w. i {Miinzarchiv, IV,
p. 190.)
Nous voyons que Syrus est accusé en propres termes de la contrefaçon
de nombreuses monnaies allemandes, et son surnom d*Austriacus, qu'il
avait pris sous prétexte d'une parenté supposée de sa famille avec les
Habsbourg (cf. Kôhler's Munzbelustigungen, t. XVII, p. 201 et sqq.), a
pu le déterminer à choisir la légende du revers, où toutefois la significa-
tion du mot materna reste obscure. Notre attribution est encore confirmée
par les trois légendes suivantes, qui se rencontrent sur des monnaies
appartenant incontestablement à la famille Gorregio :
1. ORIGInis INGLITae SIGNum INSIGNe, comme double allu-
sion à l'écusson d'Autriche et aux autres armoiries de la famille, sur un
ducat du comte Gamille (f 1605). Litta, Fam. celebri UaHane, fasc. 15.
2. ANTIQVISSimae FAMiliae INSIGNIA. Ecu de Syrus Austria-
cus. Madai 2056; date 1628, et catalogue Regnault, n» 4766, date 1627«
3. ANTIQVISSimae FAMiliae AVstriacae INSIGNia. Ecu de
Syrus Avstriacus de 1628, Madaî 4604, et Honn. en arg. 313.
C'est à cette série que se rattache notre monnaie, dont l'exécution
pourrait bien être attribuée au Génois Rivarola, ou encore au Souabe
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SSO BEVUE D'ALSACE
Caspar Kurz de Buchhorn^ qui trayaillaitdans Tatelier monétaire de Syrns
avec son associé Magnus Lipp.
Resteraient encore à expliquer les lettres P. S. qui se trouvent à la fin
de la légende de Tavers. On pourrait considérer TS, malgré la rosette
dont elle est suivie, comme commençant la légende et lire Sanctus Leode-
garius, etc., puis compléter le P final par Protector; mais, peut-être
estril plus exact de prendre la rosette comme point de séparation, et de
voir dans TS une abréviation du nom de Syrus; on pourrait encore
expliquer P. S. par Princeps Syrus.
Bigi, dans sa dissertation, à la vérité pleine de lacunes, Di CamUlo e
Siro da Correggio e délia loro Zecca, Modena 1870, n'a pas connu notre
pièce.
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HISTOIRE
DE
L'ANCIEN COMTÉ DE SAARWERDEN
ET DE
LA PRÉVOTÉ DE HERBITZHEIM
fSuiteJ
CHAPITRE n
lies comtes de Mœrs-Saairvverdeii
Le comte Henri H de Saarwerden, se voyant sans héritiers,
avait assuré de son vivant et du consentement de son frère
Frédéric, archevêque de Cologne, tous ses droits sur le comté
de Saarwerdeii à son neveu Frédéric, fils aîné de Frédéric,
comte de Mœrs, et de Walpurge de Saarwerden. Ce jeune
seigneur avait épousé, en 1S92, Engeiwarte, fille d'Adolphe,
comte de Clèves, et aimait se qualifier de fils aîné de Mœrs
(Herr Fridnch edebte Scm zu Mturse) ; il se mit de son auto-
rité et avec le secours de son oncle, Tarchevéque de Cologne,
en possession de l'héritage de son oncle Henri, lequel se com-
posait non seulement du comté de Saarwerden, mais encore
de la seigneurie d'Ilingen, près d'Ottwiller, et de Tadvocatie de
Fabbaye de Wernerswlller. Mais cette prise de pOHsession ne
se fit pas sans contestation. L'évoque de Metz, Raoul de
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333 REVUE D*ÂL8ACE
Cioucy, prétendait qae le comté de Saarwerden, par suite de
la défaillance de cette maison en race mftle, devait faire réver-
sion à révêcbé de Metz duquel il relevait, et ne pouvait, au
défaut de successeurs féodaux miles, retomber sous aucun
prétexte aux femmes ou à leurs descendants, suivant la cou-
tume de cet évêché qui s^exprimait ainsi : « Les &efé situés
deçà de la rivière de Saar étaient généralement patrimoniaux
et ceux qui sont situés audelà masculins > . Mais le jeune
comte de Mœrs répondit à cette protestation que ceux des
domaines de son oncle qui n'étaient pas des francs-alleux,
acquis successivement par les comtes de Saarwerden, ses
aïeux maternels, étaient du moins des fiefs féminins hérédi-
taires, et que les fiefs ecclésiastiques passaient communément
aux femmes, au défaut d'hoirs mftles, selon le droit et la
coutume d'Allemagne.
L'évéque de Metz, Raoul de Goucy, fut trop faible ou trop
indolent pour soutenir ses prétentions que le jeune Frédéric
méprisa; il ne put jamais réunir à sa crosse les fle& qui rele-
vaient de son église.
Frédéric de Mœrs, qui était en mesure de soutenir ses
droits sur les fiefs de la mouvance de Metz, prit le titre et les
armes de son oncle, le cornue Henri III de Saarwerden . Ce
jeune seigneur fut impliqué, dès son avènement, dans les
troubles qui agitaient la Lorraine et le Westreich ; il tenait
un rang distingué parmi les comtes et les dynastes de cette
contrée et son influence se faisait même sentir de ce côté-ci
des Vosges. Il était co-propriétaire du château de Greifenstein,
près de Saverne, et y conclut en 1401 une paix castrense
avec révêque de Strasbourg, Guillaume de Diest. Thierry de
Fénétrange y donna son adhésion, et son exemple fut bientôt
suivi par les nobles PuUer de Hohenbourg\ Le jeune comte
de Saarwerden fit, en 1402, une convention avec la commu-
^ Archives da Bas-Rhin, S. G. 2662.
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SAARWEBDEN ET HEBBITZHEIH 333
nauté d'Eckarstwîller\ aa moyen de laquelle celle-ci prît
rengagement de lui servir une redevance annuelle d'un
foudre de vin pour droit de protection*.
L'électeur palatin du Rhin, Robert III, avait été appelé,
en 1400, à FËropire à la place de Wenceslas, déposé pour son
abrutissement et ses excès de table. Le nouvel empereur se
rendit à Cologne, où il reçut la couronne impériale des mains
de Frédéric de Saarwerden, archevêque de cette ville. L'em-
pereur chanta lui-même TËvangile à la messe, en costunce de
diacre, ce qu'il tint à grand honneur.' L'attachement que
Charles II, duc de Lorraine, portait au nouvel empereur, son
beau-père, lui suscita des guerres sanglantes. Le frère de
Wenceslas, Sigismond, roi de Hongrie, avait pris le titre de
vicaire de Tempire; les villes et les seigneurs se partagèrent
entre ces deux compétiteurs, et bientôt toute la Lorraine et
les rives de la Saar furent dans une conflagration générale.
En 1404, la ville de Metz se vit menacée par le comte
Philippe de Nassau-Saarbruck, sous la bannière duquel
s'étaient rangés plusieurs grands seigneurs du Westreich,
avec leurs vassaux et hommes d'armes. Jean le Jeune, comte
de Salm, et Gérard de Boulay se joignirent à Philippe, qui
défia les Messins au combat, ravagea le territoire de la ville
et exigea d'elle treize mille florins pour prix de la paix. Mais
l'accord suivit de près les hostilités, sous la médiation du
noble homme Messire Frédéric, aimé fils de Moers et comte
de Salkveme.^ Lo traité est du mardi après l'exaltation de
la Sainte-Croix (16 septembre) de la même année. ^ Cette paix
ne fut que de courte durée.
• Village da canton de Saverne.
■ Archives da Bas-Rhin, S. G. 2662.
• Galmet, Histoire de Lorraine, t. III, p. 563.
^ Les chroniques de Lorraine» voire même les chartes rédigées en fran**
çais, désignent presque toujours les comtes de Saarwerden sous le nom
de comte de Salverne ou Saverne.
• Tabouillot, Preuves de l'histoire de Metz, t. IV, p. 588.
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884 REVUE d'alsace
Frédéric, fils atné de Mœrs, eut à la même époque quelques
difficultés avec Raban de Helmslftdt évoque de Spire, pour
avoir aidé i molester les pauvres gens de ce prélat qui demeu-
raient à Stundweiler, Asbach et Bddern. Hais, s'étant ren*
contré peu après avec Tévêque Raban à Bitche, il n'eut pas
de peine à obtenir son pardon; le traité de réconciliation fut
signé le jeudi après la Saint- Ambroise 1404^
Le titre de comte de Saarwerden n'était pas le parfage
exclusif du jeune Frédéric de Mœrs; il était également porté
par son père qui prit la qualification de GretAS %u Mœrs und
zu Sarwerdm. Par une charte du 19 février 1405, ce seigneur
ordonna à son mattre de monnaie à Falkenbourg, Jean Tbeil,
de frapper des florins d'or, avec ses armes sur la face et
rimage de Saint-Jean sur le revers;' là légende lui donne la
double qualification de comte de Mœrs et de Saarwerden .
Dans le cours de la même année, Philippe, comte de Nassau^
Saarbruck, Frédéric de Mœrs, comte de Saarwerden, Jean,
comte de Salm, et Gérard de Boulay formèrent une ligue
contre la ville de Metz et fondirent, à la tête de quinze cents
hommes d'armes, sur son territoire. Les Messins sortirent et
se rangèrent en bataille; mais comme ils étaient divisés par
la mutinerie d'une grande partie de la populace, qui s'était
emparée du gouvernement, ils se firent battre au lieu nommé
Genestrois, non loin de la ville. Ce combat fut livré le
24 novembre 1405. La guerre dura trois ans, guerre de
courses et de pilleries, qui se résumait en du bétail enlevé, des
terres ravagées et dévastées.' Les chroniqueurs l'appellent la
guerre des quatre seigneurs.
A peine ces hostilités avaient-elles cessé que d'autres plus
importantes vinrent assaillir cette contrée. En 1407, Louis
d'Orléans, frère du roi de France, Charles VI, qui avait pris
^ RsMLma, Geschichte der Bischôfe zu Speyer, t. II, p. 13.
* Lacomblkt, Loc, citât., t. IV, p. 31.
• HuGUENiN, Chronique de la viUe de Metz, p. 132.
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8AARWSBDEN ET HSRBITZBEIM 885
le parti de Wenceslas, forma ane ligue puissante avec Robert
de Bar, Jean, évèque de Verdun, Philippe, comte de Nassau-
Saarbruck, Frédéric de Mœrs, comte de Saarwerden, Jean,
comte de Salm, Amédée de Saarbruck, damoiseau de Gom-
mercy, et les ducs de Hons et de Juliers, contre le duc
Charles II de Lorraine et la ville de Metz, qui tenaient pour
le nouvel empereur. Le duc d'Orléans, qui gouvernait le duché
de Luxembourg comme lieutenant du marquis de Moravie,
son cousin, chargea le sire de Braquemont, son grand maré-
chal, d'envahir le pays messin et les terres de l'évêque Raoul
de Goucy, allié de Charles II, et de marcher ensuite sur la
Lorraine. La situation de la ville de Metz était critique; atta-
quée par autant d'ennemis à la fois, elle se trouvait dans un
grand danger. Heureusement, le duc de Lorraine vint prêter
son secours aux Messins et s'engagea, moyennant une pension
de cinq cents livres, à les soutenir contre leurs adversaires.
Les seigneurs ligués fondirent sur les terres de Tévéché de
Metz et y commirent une infinité de dégftts; puis ils marchè-
rent sur Nancy. Le grand maréchal de Luxembourg envoya
au duc de Lorraine un héraut d'armes pour le défier au
combat et l'engager à préparer un dîner dans son palais pour
lui et les seigneurs de sa suite. < Je les y attends, > répondit
Charles avec fierté, et le lendemain, sortant de la ville, il
marcha droit à l'ennemi, campé dans la plaine de Champi-
gneulles. Le choc fut rude et le combat opinifttre. Pendant
l'action, la pieuse duchesse, Marguerite de Bavière, fille de
l'empereur Robert, implorait le secours du ciel et faisait dans
la ville une procession où elle marchait nu-pieds.
Les troupes du duc d'Orléans, qui formaient l'arrière-garde,
n'ayant pas voulu seconder les seigneurs alliés, ceux-ci furent
rompus et entièrement défaits. Le maréchal de Luxembourg,
les comtes de Saarbruck, de Saarwerden et de Salm et plu-
sieurs autres furent faits prisonniers et conduits à Nancy, où
Charles leur donna à dîner, non dans son palais, mais dans
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836 BEVUE d'albaob
d'étroites prisons. Ce combat qui fut livré entre Nancy et
Ghampigneulles, reçut le nom de ce village.^
Apris cette victoire, le duc Charles II ravagea les terres
des seigneurs qui 8'étaient ligués contre lui et résolut d'as-
siéger Verdun. L'évéque de cette ville racheta ses terres du
pillage au prix de quatre cents livres d'or.
Cependant Frédéric, comte de Mœrs, dont la politique tout
entière se dirigeait vers le maintien dans sa famille de la
riche succession de son beau-frère Henri de Saarwerden, sut
intéresser au sort de son fils Frédéric, qui languissait dans les
fers, révéque de Metz Raoul de Goucy lui-même. Ce prélat
lui fit obtenir la liberté au prix de trois mille florins et se
rendit garant du traité que Frédéric passa avec le duc Charles,
le 4 septembre 1407. Par ce traité, Frédéric engagea à ce
prince, du consentement de Tévéque de Metz, la seigneurie
de Bouquenom pour la sûreté de sa rançon.'
Ce traité était à peine signé que les bienveillantes disposi-
tions de l'évéque Raoul pour le jeune comte de Mœrs-Saar-
werden se changèrent en inimitié ; ce prélat secoua enfin son
indolence et songea très sérieusement à enlever à ce seigneur
les fiefs de son église que celui-ci prétendait avoir hérités de
son oncle, Henri de Saarwerden. Comme il était notoire que
ce dernier tenait de l'évêché de Metz, en fief rendable et lige,
< le Chastel, le Bourc, les villes fermées de Salverne (Saar-
werden) et de Bockenheim, ensemble toutes ses apparte-
nances, et que le droit, usage et coutume de nostre dit
Ëveschié est tel, que se un vassel trépasse de cest siècle,
tenant fiez de nostre dit Ëveschié, et que les fiez soient
situés pardelà la rivière de Sarre, pardevers Aulsay (Alsace),
sans hoir masle de son corps, ledit fiez vient à nostre dit
Ëveschié ; et comme ainsi soit que ledit conte Henry soit
trépassé de ce siècle, sans ce qu'il ait laissé aucun hoir de
^ Calmet, Loc. citât, t. III, p. 518.
t Calmbt, Loc. citât., t. III, p. 521.
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SAARWEBDBN BT HBBBITZHEIM 337
son corps, et meismement hoir masle, et Frederich', filz au
conte de Meurs, de sa volonté, sans avoir aucune déclara-
tion en noptre court que aucun droit y ait, s'est boutez en
la possession de ladite conté de Salverne, qui est de nos
fiez, et à nous encheu, à cause de nostre dit Ëveschié «,
Raoul de Goucy fit un traité avec Charles U, duc de Lorraine,
Robert, duc de Bar et Edouard, marquis du Pont, son fils,
par lequel il leur engageait les deux tiers du comté de Saar-
werden, à condition qu'ils le mettraient en possession de
l'autre tiers et que, dans la suite, il pourrait retirer de leurs
mains les deux tiers engagés et les réunir à sa crosse en leur
payant la somme de vingt mille florins d'or au coin du roi de
France. Robert de Bar et Edouard de Bar promirent de se
ranger sous la bannière du duc de Lorraine, avec cinquante
hommes bien montés et armés, et s*il advenait que ce prince
voulût mettre le siège devant c Salverne > ou Boukenheim,
ils s'engagèrent à Faider de leur puissance, et s'il arrivait qu'ils
ne pussent pas aller ou demeurer au siège projeté, ils pro-
mirent d'y envoyer leurs lieutenants avec leurs gens d'armes
et leur artillerie. Ce traité est du 2 juillet 1408'. Mais Frédéric
de Mœrs sut conjurer l'orage qui le menaçait et se maintint
en possession du comté de Saarwerden par le secours de son
oncle Frédéric, archevêque de Cologne. Selon Dom Calmet*,
les trois princes qui s'étaient ligués avec Raoul de Goucy
. firent la guerre à Frédéric de Mœrs, le dépouillèrent du
comté de Saarwerden et l'obligèrent à s'accommoder avec
révéque de Metz pour la part que celui-ci s'était réservée. Le
jeune Frédéric Tacheta et s'y maintint sous la condition d'en
faire hommage à Raoul de Goucy. Toutefois, il n'est rien
moins que certain que les choses se soient passées de cette
manière, mais, < quelqu'ait été le sort de la confédération des
^ Histoire de Metz, t. IV, preuves, p. 618 et 632.
• Histoire de Lorraine, 2« éd., t. VI, p. 60 .
Nouvelle Sériei — er Année» S2
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338 REVUE d'alsàce
trois princes et de leurs armes, dit Baleicourt^ il est
constant que la maison de Mœrs retint le comté de Saar-
werden. »
Cependant, la plupart des seigneurs qui avaient été faits
prisonniers à la bataille de Champigneulles étaient toujours
retenus dans les fers. Etienne, duc de Bavière, et plusieurs
autres personnages de distinction, interposèrent leurs bons
offices pour moyenner un arrangement et faire obtenir la
liberté à ceux que le duc Charles retenait oncore en captivité.
La paix fut conclue, le 25 juillet 1408, entre le duc de Lor-
raine, révêque Raoul de Coucy et la ville de Metz d'une part,
et Philippe, comte de Nassau-Saarbruck, Frédéric, fils aîné
de Mœrs, comte de Saarwerden, Jean, comte de Salm et
Gérard de Boulay, tant en leur nom que pour leurs aidants
et les aidants de leurs aidants d'autre part. La liberté fut
rendue aux prisonniers et il fut arrêté que les frais et les
dommages de la guerre ne donneraient lieu à aucune
réclamation, que les droits de chacun antérieurs à la guerre
seraient maintenus, que les villes et les forteresses seraient
rendues à leurs anciens possesseurs et que les seigneurs feu-
dataires de Tévêque de Metz et du duc de Lorraine leur prê-
teraient foi et hommage, reprendraient deux leurs anciens
fiefs dans Tannée et rentreraient dans la possession des fiefs
qui avaient été saisis pendant le cours des hostilités.^
La paix ne fut pas de longue durée. Dès Tannée suivante,
un nouvel orage menaçait la Lorraine. Les seigneurs qui
avaient été vaincus à Champigneulles firent, au mépris du
traité qu'ils avaient conclu avec le duc de Lorraine, une nou-
velle levée de boucliers et vinrent faire le dégftt dans son
duché. Charles marcha contre ses ennemis et les rencontra
près de Pont-à-Mousson. Le nombre de ses troupes était si
disproportionné avec celui de ses ennemis, que les seigneurs
* Traité historique et critique sur la maison de Lorrainef p. 159.
' Preuves de l'histoire de Metz, t. IV, p. 636.
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SAARWERDEN ET HXBBITZHEIM 3S8
qui raccompagnaient rengagèrent à battre en retraite, ou au
moins à ne pas prendre part au combat. Mais Charles reçut
cet aris comme une insulte et, commençant aussitôt la charge,
il rompit les rangs ennemis et remporta la Yictoire\ Les
seigneurs effrayés implorèrent la paix, qu'il leur accorda.
Le jeune Frédéric de Mœrs, dès qu'il eut recouvré sa
liberté, fut investi du gouvernement du duché de Luxembourg;
il accorda en cette qualité des lettres de protection à l'abbaye
de Saint-Maximin, près de Trêves, dans lesquelles il prit la
qualification de : « Nos Fredericm major natn in Mûrsi,
Cornes Sarwerdœ, tutor ac capiiamus ditionis Luxembur-
gensis comitaius Lhinensis^ » .
Le 9 janvier 1409, suivant la manière de compter usitée en
l'évêché de Metz, une trêve fut conclue entre r.harl<'S, duc de
Lorraine, stipulant pour et au nom de Tcvéque RmouI de
Coucy et de la ville de Metz Philippe, comte de N^ssau-
Saarbruck, Frédéric, fils aîné de Moers, comte de Saarwerden,
Jean, comte de Salm, Gérard de Boulay el leurs aidants. Cette
trêve devait commencer le dimanche suivant et finir le jour
de la Purification de Notre-Dame'.
Le comte Frédéric avait conclu, en 1409, une ligue avec
Guillaume de Diest, évêque de Strasbourg, Louis de Lichten-
berg, et quelques autres seigneurs de marque. Le but de celte
confédération était de surprendre la ville de Trêves; mais le
célèbre Amédée de Saarbruck, damoiseau de Gommercy, avait
accordé sa protection à cette cité, il fondit à l'improviste sur
les confédérés, réunis au village de Hamm, et les mit en
déroute. Le jeune comte de Saarwerden, Louis de Lichlen-
berg, Frédéric de Deux-Ponts-Bitche, grand-chantre du cha-
pitre de Strasbourg, Gérard de Linange, Raymond zum
* Calmbt, Histoire de Lorraine, t. III, p. 526.
* Summarischer Bericht uher die Grafschaft Sarwerden, p. 50.
* Kr£MEB, Geschichte des ait. ardenn. Geschlechts, diplomaticumf
p. 69.
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340 BEVUE D'ALSACE
Tribel, Zwicker de Sickîngen, Jean d'Allorf, dît Wollschlager,
et plusieurs autres personnageH de marque, au nombre de
soixante-quinze, eurent le malheur de tomber au pouvoir du
vainqueur et languirent pendant plus d'un an dans les f^^rs.
Frédéric de Mœrs, comte de Saarwerden, racheta sa liberté
moyennant une forte rançon pour laquelle le comte Philippe
de Nassau-Saarbruck se porta garant; mais pour garantir ce
seigneur des suites fâcheuses de son cautionnement, il se vit
dans la nécessité de lui engager, par acte du cinquième jour
après la conversion de Saint-Paul, 1411, la moitié de Saar-
werden, de Bouquenom et de Lorentzen\
Le comte Philippe de Nassau-Saarbruck, malgré les services
qu'il avait rendus à Frédéric de Mœrs, se vit impliqué dans
un procès que celui-ci lui intenta au sujet de rengagement
de la moitié du comté de Saarwerden, mais en 1416 ils se
rapprochèrent et convinrent de soumettre leur différend à
l'arbitrage de Guillaume de Diest, évèque de Strasbourg,
Louis de Lichtenberg et Wirich de Hohenbourg^ La sentence
des arbitres n'est pas connue.
Le pape Jean XXII avait nommé, en 1415, à l'évêché de
Metz, Conrad Bayer de Boppart, en remplacement de Raoul
de Goucy. Ce prélat repoussa d'abord l'hommage du jeune
Frédéric de Mœrs pour le comté de Saarwerden, mais t comme
ce comte de Mœrs, dit Meurisse^ appartenait à tout plein
de grands seigneurs d'Allemagne et notamment à Télecteur
de Cologne, qui faisait ses efforts pour lui conserver cette
pièce, Conrad Bayer se relascha enQn et consentit qu'elle
luy demeuroit, à condition qu'il prendroit de lui une nou-
velle investiture, dans laquelle il serait spécifié que le comté
de Saarwerden estoit fief masculin de l'évescbé de Metz,
auquel partant il devait retourner et estre réuny par faute
^ EcELLMER, Fbied., Loc. citaU^ p. 161.
« Ibidem, p. 190.
' PUtoire des évêques de Metz, p. 604.
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SAABWERDKM ET HBRBTTZHEIM 341
d'hoirs masles. Ce Frédéric comte de Mœrs fut le premier
de sa maison comte de Saarwerden, en vertu de cette inves-
titure qui luy fut donnée Tan 1417. »
L'évèque de Metz fut réintégré dans ses droits de suze-
raineté sur le comté de Saarwerden ; Frédéric lui prêta foi
et hommage comme à son seigneur féodal et obtint de lui une
nouvelle et seconde investiture, le vendredi après Saint-Jean-
Baptiste, 1418, laquelle paraît avoir été le gage de leur
réconciliation.
Le dynaste alsacien, Jean IV de Lichtenberg, était mort le
2S août 1405, sans laisser de postérité mftle ; son opulent
héritage fut Tobjet d'une longue discorde entre sa fille Adé-
laïde, qui avait épousé Jean de Fénétrange, et Louis ou Lude-
mann IV de Lichtenberg, Bon héritier féodal. Après de lon-
gues contestations, pendant la durée desquelles Ludemann de
Lichtenberg était resté en possession de l'héritage, le litige
fut enfin soumis, en 1417, à l'arbitrage de Frédéric, comte de
Mœrs, Henri, seigneur de Fénétrange, et Henri Bayer de
Boppnrt. Ces arbitres assignèrent les parties à comparoir
devant eux à Saarwerden pour présenter leurs moyens de
demande et de défense. La sentence qu'ils rendirent n'est pas
parvenue jusqu'à nous, mais tout fait présumer qu'elle a
satisfait les parties litigantes.^
Walpurge de Saarwerden avait donné à son mari, Fré-
déric I*', comte de Mœrs, six enfants, savoir :
1. Frédéric, qui se qualifiait de fils aîné de Mœrs, comte
de Saarwerden ;
S. Dieterich (Théodoric), qui se voua à l'état ecclésiastique,
obtint les honneurs suprêmes de l'Eglise et succéda, en 1414,
à son oncle Frédéric de Saarwerden sur le siège métropolitain
de Cologne.
8. Henri, qui embrassa aussi l'état ecclésiastique et fut
* Lehhann, GesehkhU der Grafsehaft Hanau-Lichtenberg, 1. 1, p. 167.
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312 BEVUB D^ALSAOE
éleyé, en 1428, sur le siège épiscopal de Munster et, en
1441, sur celui d'Osnabruck;
4. Walram ou Walraf, qui entra également dans l'Eglise,
sut se frayer un chemin aux honneurs ecclésiastiques et
remplaça, en 1450, son frère Henri sur le siège de Munster.
5. Jean I", qui suit,
6. Et une fille nommée Walpurge. Celle-ci contracta une
alliance arec Jean m de Lœn-Heinsperg.
Frédéric, le vieux comte de Mœrs^ fut enlevé à Tamour de
ses enfants en 1417. Par ses dispositions testamentaires du
12 mai de ladite année, il légua à Frédéric, son flls aîné, le
comté de Mœrs et ordonna que celui-ci céderait à son frère
Jean le comté de Saarwerden avec ses dépendances et que le
droit de primogéniture serait désormais la loi fondamentale
de sa maison\
Les deux frères, Frédéric et Jean, pour se conformer aux
volontés paternelles, firent, le 28 octobre 1418, un partage
aux termes duquel Frédéric remit à Jean le comté de Saar-
werden, avec toutes ses dépendances, et reçut pour son lot le
comté de Mœrs, qui formait lancien patrimoine de sa
maison ^ Jean consentit à son frère un droit de préférence,
au cas qu'il voulût vendre ou engager le comté de Saarwerden
et on stipula que chacun d'eux serait en droit de porter le
titre de comte de Mœrs et Saarwerden et de placer dans son
écusson les armes des deux maisons. Les deux frères se
garantirent réciproquement leurs possessions et se promirent
les secours les plus prompts et les plus énergiques'. L'arche-
vêque de Cologne, que sa haute dignité ecclésiastique mettait
à même de tenir un rang des plus distingués parmi les
princes de l'empire germanique, renonça à toute prétention
* SCHWEDER, Theai, hist. prœt. ttf., t. II, p. 318.
' Le comté de Mœrs était enclavé dans la partie septentrionale de
l'électorat de Cologne, près deDuisbourg.
• Laoomblbt, Loc. citât., t. IV, p. 127.
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SAARWERDEN ET HERBITZHEIM 343
sar l'héritage de son père et fit accéder son jeune frère
Henri aux volontés paternelles par un nouveau traité qui fut
conclu le 19 mars 1419». Henri se contenta, pour sa part
d'héritage, d'une rente annuelle de sept cents florins du Rhin,
que Frédéric promit de lui payer à la Saint-Martin de chaque
année; et en compensation du comté de Saarwerden et du
fief de Saint-Laurent, dans la vallée de TBichcl, lesquels étaient
tombés en partage à Jean, celui-ci promit de lui payer pen-
dant quatre années consécutives, une somme de douze cents
florins; mais il fut expressément convenu que, si Henri était
appelé à une haute dignité ecclésiastique, le service de cette
rente cesserait de plein droit. Un nouveau traité, conclu le
18 septembre 1419 ^ assura au dernier frère, Walram de
Mœrs, la seigneurie de Bœr, le château de Diedem et le
péage à Tiel, lesquels devaient retomber à sa mort à son
frère Frédéric; par contre, celui-ci a reçu pour sa part les
seigneuries de Vriendstein et d'Ochlen, que Walram fut auto-
risé à acquérir moyfennant un prix à déterminer par l'arche-
vêque de Cologne et Gérard, comte de Glèves et de la Mark.
Jean, comte de Mœrs, ajouta à son nom patronymique le
titre de comte de Saarwerden et écartela ses armes (il portait
d'or à une fasce de sable) de l'aigle de Saarwerden et fut
l'auteur d'une nouvelle maison de Saarwerden, qui brilla
dans rhistoire locale d'un éclat non moins vif que l'ancienne
maison de ce nom. Il contracta une alliance avec Adélaïde de
Geroldseck, fille de Henri HI, le dernier représentant de la
ligne de Lahr. et lui assigna, par contrat du 28 juin 14^0,
un douaire de huit mille florins sur la ville de Bouquenom et
le château de Saarwerden*. L'évêque de Metz, Conrad Bayer
de Boppart, comme son seigneur féodal, ratifia cette assigna-
tion par acte du jour de Saint-Ulrich 1420, sous la réserve
* Lacomblbt, Loc. citai., t. IV, p 130.
« Ibidem, t, IV, p. 137.
* ËBERHABD^ Loc. citat,, p. 62.
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344 BEVXJB D*ALSàCE
de ses droits et de ceux de son éFêché et sans préjadice aux
devoirs^ foi et hommage qui lui étaient dus pour les terres et
seigneuries précitées, lesquelles étaient mouvantes de son
éyêché. Jean fit encore donation à son épouse, à titre de don
paraphernal, par acte du vendredi après la Saint-Ulrich, de
cent cinquante livrées de terre ou d'une rente viagère de
cent florins à prélever sur la métairie de Bouquenom et
rachetable avec mille florins. L'évêque de Metz ratifia cette
donation, sans préjudice des droits de son église\
A la mort de Henri Ul de Geroldseck-Lahr, décédé sans
descendance mflle en 1424, sa fille Adélaïde se trouva appelée
à recueillir l'héritage paternel, qui se composait des seigneu-
ries de Mahlberg et de Lahr, et l'apporta à son mari. Celui-
ci entra, avec l'agrément de l'empereur Sigismond, en jouis-
sance des domaines échus à sa femme et écartela dès lors
d'or au lion de sable, qui est de Mahlberg, et d'or à la
fasce de gueules, qui est de Lahr. Mais quelques-uns des
agnats de la maison de Geroldseck ayant élevé des prétentions
sur cet opulent héritage, il s'en suivit une longue et sanglante
guerre qui finit par la défaite des Geroldseck.
En 1426, la ville de Strasbourg, l'évêque Guillaume de
Diest et le chevalier Jean Zorn d'Ëckerich, chef de la Société
du Griffon, se liguèrent pour réprimer jes violences et les
rapines que Simon de Fénétrange, chanoine du grand-
chapitre de Strasbourg, et ses amis exerçaient sur leurs terres.
Mais, dès le commencement des hostilités, le comte Jean I*' de
Saarwerden et Henri de Fénétrange s'interposèrent comme
médiateurs et parvinrent, après quatre semaines de négocia-
tions, à réconcilier les parties belligérantes. La paix fut signée
le mercredi après la SaintLuc i426^
Le comte Frédéric H de Mœrs avait assuré à son épouse
Engelmarte de Glèves, pour se conformer à la volonté de son
^ Meubisse, Loc. citât., p. 564.
' Lehmann, Geschkhte der Grafsckaft HanuvrLichtenberg, 1. 1, p. 223.
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8AABWERDEN BT HEBBITZHEIM 945
oncle Tarchevéque de Cologne, un douaire de dix mille florins
en principal, ou mille florins en rente sur le comté de Saar-
werden. Après qu'il eut remis ce comté à son frère Jean I**,
il continua néanmoins à porter le titre de comte de Saar-
werden accolé à son nom patronymique, conformément au
pacte successoire qui avait été conclu avec son frère. Sa femme
lui donna les enfants suivants :
1. Vincent, qui épousa, en 1455, Anne, fille d'Etienne,
comte palatin de Simmem ;
2. Walpurge, qui donna sa main à Jacques de Lichtenberg;
leur union fut stérile ;
8. Et Marguerite, qui épousa Gérard de Blankenheim.
Le comte Frédéric de Mœrs-Saarwerden était revêtu, en
1420, de la charge de bailli d'Amsberg, pour Tarchevêque
Théodoric de Cologne, son frère*; il était lié d'amitié avec
Ludemann IV de Lichtenberg et avait fiancé sa fille Walpurge
à Jacques, Tatné des fils de son ami, en attendant qu'ils
eussent l'âge d'être mariés. Aussi, en 1429, lors de l'abdi-
cation du dynaste alsacien en faveur de ses deux fils Jacques
et Louis, fut-il chargé de leur tutelle et de l'administration
de leurs possessions comme régent pendant cinq années^ Le
mariage de Jacques de Lichtenberg avec Walpurge de Mœrs-
Saarwerde» fut aussi, selon toute apparence, célébré dans
l'année 1429, et deux années après, le mercredi avant Saint-
Yite et Saint Modeste, le comte Frédéric fit donation à son
gendre, Jacques de Lichtenberg, de la moitié de sa part du
château de Greifenstein, près de Saverne, sous la condition
qu'il en jouirait en se conformant à la paix castrale dont ce
château avait élj^ l'objet entre ses possesseurs'. *
Les dispositions testamentaires de Charles n, duc de Lor-
raine, ayant donné le duché de Lorraine à René d'Anjou et
* MoNB, Zeitschrift citée, t. VII, p. 893.
' Lehmann, Gesehiehte der Grafichaft Hanau^Lkhtenberg, 1. 1, p. 232.
» Ibidem, t. I, p. 366.
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346 REVUE D'ALSACE
exclu le comte de Yaudémont de cet héritage auquel, à défaut
d'enfants mâles, il prétendait avoir des droits, ce prince pro-
testa contre ce testament et résolut de soutenir par les armes
ses prétentions à la couronne de Lorraine. Jean I", comte
de Saarwerden, prit le parti de René 1*', qii était accouru en
Lorraine pour recueillir un héritage que Ton cherchait à lui
disputer. Les deux compétiteurs rassemblèrent leurs forces;
les deux armées se trouvèrent en présence le 3 juillet 14S1;
le ruisseau de Bulgnéville et un quart de lieu de terrain les
séparaient. Elles se heurtèrent, et, après une mêlée d'un quart
d'heure, la victoire se déclara en faveur du comte de Vaudé-
mont. Le comte Jean I" fut tué, René d'Anjou fut fait pri-
sonnier avec révêque de Metz, Conrad Bayer de Boppart, Didier
Bayer, son frère, et un grand nombre de personnages de dis-
tinction, < et si en demeura morts sur la place et en la chasse
qui dura bien deux heures, de vingt-cinq cents à trois mille,
desquels furent les principaux les comtes de Saumes (Salm),
deSalmène (Saarwerden), de Linage (Linange), allemands.»»
Jean l*' laissa sous la tutelle de leur mère, Adélaïde de
Geroldseck, les enfants suivants :
1. Jacques I", qui lui succéda;
S. Jean H, qui mourut célibataire à un âge peu avancé:
8. Et Nicolas, qui se voua à Tétat ecclésiastique et obtint
un canoiiicat dans la cathédrale de Strasbourg.
La lutte que le comte Jean P' avait commencée et que sa
veuve, Adélaïde de Geroldseck, avait été obligée de continuer
après sa fin malheureuse, pour assurer à ses enfants Théri-
tage de leur aïeul Henri III de Geroldseck, avait ruiné les
finances de la maison de Mœrs-Saarwerden ; aussi les comtes
Jacques I" et Jean II, dès qu'ils eurent saisi le gouvernail de
l'administration, se virent-ils dans la nécessité d'engager à
Jacques, margrave de Bade, une moitié indivise des seigneu-
* MoNSTRELBT, Chronique, édit. du Panthéon, liv. II, chap. CVin,
p. 651.
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BAABWERDEN ET HEBBFTZHBIM d47
ries de Lahr et de Mahlberg, pour sûreté d'un prêt de trente
mille florins du Rhin, somme considérable pour Tépoque. Ils
se réservèrent la faculté de se libérer de ce prêt aussitôt
qu'ils en auraient les moyens, mais ils donnèrent au mar-
grave Jacques un droit de préférence, au cas qu'ils roulussent
aliéner définitivement les seigneuries engagées.*
Les comtes de Mœrs-Saarwerden élevaient des prétentions
sur le village de Lhor, qui dépendait de la seigneurie de
Fénétrange, et^ dès qu'ils eurent saisi le gouvernail des
affaires, ils cherchèrent à les soutenir par les armes. Ils
adressèrent, le dimanche après la décollation de Saint-Jean-
Baptiste 1444, une déclaration de guerre à Bourchard, sei-
gneur de Fénétrange et à ses aidants. Dans cette lettre de
défi, les deux jeunes comtes prirent le titre de seigneurs de
Lhorl
En 1447, le SS janvier, Tévêque de Strasbourg, Robert de
Bavière, conclut une alliance avec les frères Jacques et Guil-
laume, comtes de Ltltzelstein, les frères Jean et Bernard,
comtes d'Eborslein, Jacques, comte de Mœrs-Saarwerden, les
frères Frédéric et Louis, comtes de Helfensteiri, Georges de
Geroldseck, AIwig, comte de Soullz, Jean, comte de Lupfen et
Jean de Rechberg. La durée de cette alliance fut fixée à
trois années et les couféJérés convinrent que. s'il s'élevait un
dissentiment ou un litige entre deux d'entre eux, il serait
jugé par la voie de l'arbitrage et que l'on choisirait six arbi-
tres à cet effet, savoir, trois sur la rive gauche du Rhin et
trois sur la rive droite de ce fleuve. Le traité d'alliance fixe
la part contributive à payer par chacune des parties contrac-
tantes'. Les nobles Walther de Thann, Gontze Pfil d'Ulenbacb^
^ Ernest Lehr, La Seigneurie de Bohengeroldseck Voir le Bulletin
de la Société pour la conservation des monuments historiques d'Alsace,
série 2«, t. VI, p. 74.
* H. Lepage, Les communes de la Meurthe, t. I, p. 591.
* Archives du Bas-Rhin, S. G. 140.
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Sé8 BEVUE D'ALSAOE
Philippe Sindeloch de Kestenberg et Henri d'Altorf, dit Woll-
schlager, accédèrent à ce traité c le lundi après le grand car-
naral nommé en latin Invocanit de Tannée 1447 ».
Jacques I", comte de Mœrs-Saarwerden, fut marié deux
fois. En 1449, il choisit pour épouse Anastasie, fille d*Emich IV,
comte de Linange-Dabo et de Béatrice, margrarine de Bade.
La jeune épouse apporta à son mari une dot de trois mille
florins djor, mais elle dut renoncer par acte du dimanche
avant la Purification de la Sainte- Vierge 1448, à toutes ses
prétentions sur l'héritage paternel; son mari lui assura
son douaire sur la ville et le chftteau de Lahr. Ce mariage fut
heureux, mais de courte durée. Anastasie de Linange fut
enlevée à Tamour de son mari en 1454\ La seconde épouse
de Jacques P' fut Cunégonde de Truchsess-Waldbourg, com-
tesse de Sonnenberg.
Le comte Jacques I*' fit une convention d'assistance réci-
proque avec son beau-frère Geoffroy, comte de Linange, et lui
engagea même le tiers de tout le comté de Saarvrerden, moyen-
nant la somme de deux mille florins. Geoffroi de Linange s'éta-
blit à Saarwerden et y jouit de la même autorité que son
beau-frère. Il y avait son bnilli particulier chargé de Tadmî-
nistration de la justice et de la perception des revenus^
Le comte Geoffroy de Linange prétendait avoir des droits
sur la moitié de Bru math, du chftteau de Hohenfels et des
villages de Dambach, Neuhofen et Ktlttolsheim, que Glaire de
Fénétrange avait apportés en mariage à Emich IV, comte de
Linange, son père. Les frères Jacques et Louis de Lichtenberg
élevaient aussi des prétentions sur ces mêmes localités; il en
résulta une guerre qui coûta à Geoffroy de Linange les plus
beaux joyaux de sa couronne féodale. Ce seigneur tenta des
négociations pour arriver à un accommodement, mais elles
^ Lehmann, GeschichU des Hanses Leiningen (Geschichte der Burgen
der Pfalz), t. III, p. 157.
' Le même, GeschichU der Grafschaft Hanau-Lichtenhergy 1. 1, p. 314
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8AARWBBDBN ET HBRBITZHEIM 849
demeurèrent sans succès. Justement irrité, il appela à son
secours ses deux frères, Emich VII et Bernard, et son beau-
frère Jacques 1" de Mœrs-Saarweïxlen. Georges d'Ochsen-
stein, Thiébaut de Hobengeroldseck, Jean de Fleckenstein et
une foule de seigneurs de marque embrassèrent sa cause. De
leur côté, les dynastes de Lichtenberg reçurent Tappui des
sires Jean et Guillaume de Fénétrange, des comtes Jacques et
Guillaume de Lûizelstein et d'un grand nombre de nobles
personnages. < A la seule lecture, ainsi s'exprime un émînent
historien^ on devine que sous une question de rentes à
Brumath se cache une lutte de prépondérance dans les
contrées de la moyenne Alisace. » Les hostilités s'ouvrirent
le lundi après la Saint-Barthélemi 1450, par le ravage et le
pillage des domaines des parties belligérantes^
Les dynastes de Lichtenberg pénétrèrent dans le Westreich
et prirent par escalade la ville et le château de Saarwerden dans
la nuit de la Saint-Martin. Le comte Jacques, qui était couché
dans son lit avec sa femme, tomba aux mains de ses ennemis
et fut conduit au château de Lichtenberg, où il fut retenu
en captivité. Après cette conquête, alors importante, les sires
de Lichtenberg marchèrent contre le château de Lorentzen,
décidés à s'en emparer d'assaut, comme de Saarwerden, sans
battre les murailles. La garnison n'opposa qu'une faible résis-
tance et se rendit à discrétion*. De là ils traversèrent le Rhin,
s'emparèrent facilement du château de Schauenbourg, situé
non loin d'Oberkirch et y firent prisonnier le sire Thiébaut
de Hobengeroldseck. Puis ils vinrent assiéger le château de
Brumath, propriété des comtes de Linange et s'en rendirent
maîtres.
L'hiver s'était passé pendant les combats que les sires de
Lichtenberg avaient livrés et les sièges qu'ils avaient entre-
^ L. Spach, Le comté de Hanau'Lichlenhergt p. 10«
* B. Hebzog, Edelsasser Chronickt lib. V, p. 33.
* E. Artz, Chron. apud Wurdticein, nov, 8ub8. dipl, t. X, p. 233.
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350 REVUE D'ALSACE
pris. Au retour du printemps, ils résolurent de faire tous leurs
efforts pour achever la défaite de leurs ennemis. Cependant
le comte Jacques de Mœrs-Saarwerden avait recouvré la
liberté à la faveur de la promesse qu'il avait faite aux sires
de Lichtenberg de rester désormais étranger à la lutte, mais
il ne respecta pas sa parole de gentilhomme. Excité par la
vengeance, il conçut le projet de s'emparer par surprise de
la personne de Guillaume de Fénétrange et de sa suite. Le
vendredi saint de Tannée 1451, il s'aposta avec quarante
cavaliers sur le chemin où devait passer le sire de Féné-
trange en sortant de Téglise de Saint-Jean-de-BasseP, où il
avait rhabitude de se rendre pour accomplir ses devoirs
religieux. Mais ce seigneur, soit qu'il eût été averti de la per-
fidie de son ennemi, soit qu'il en eût le pres^^ftntiment, s'était
contenté d'y envoyer sa femme. Lorsque cetle dame, après
avoir fait ses prières, sortit de Téglise pour regagner son
château de Fénétrange, le comte Jacques fondit à l'improviste
sur elle et maltraita de la façon la plus révoltante son
escorte et ses domestiques. II fit fouiller Téglise et ne reiflcha
la dame que lorsqu'il eut perdu Tespoir de s emparer de la
personne de son mari^
Cependant les hostilités avaient repris avec une nouvelle
intensité; les deux partis se trouvèrent bientôt en présence
dans la plaine de Reichshofen et on en vint aux mains; le
choc fut violent et le combat opiniâtre. Enfin, après des pro-
diges de valeur de part et d'autre, la victoire se déclara en
faveur des sires de Lichtenberg. Geoffroy de Lin ange et son
fidèle allié Georges d'Ochsenstein, forcés de se rendre prison-
niers, furent conduits au château de Lûtzelstein. Soixante-
et-onze chevaliers ou écuyers subirent le même sort et furent
envoyés, sous bonne escorte, dans plusieurs châteaux situés
^ Alors commanderie de Tordre de Saint-Jean de Jérasalem, située
dans le voisinage de Fénétrange.
' B. Herzog, Loc, citât., lib. V, p. 22.
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SAARWEBDEN ET HERBITZHEIM 351
daus la proximité. Parmi les morts, on trouva douze gentils-
hommes; le nombre des blessés s'éleva à plus de trois cents.
Tel fut ce fameux combat de Reichshofen, qui se livra le
5 juin 1451. Geoffroy de Liuange fut ensuite conduit, chargé
de liens, au château de Lichtenberg, où il fut retenu dans une
étroite captivité.
Indignés des mauvais traitements qu'on faisait subir au
malheureux prisonnier, ses deux frères et son beau-frère,
Jacques de Mœrs-Saarwerden, contractèrent une alliance
intime pour obtenir sa délivrance par la voie des négociations
et, en cas d'insuccès, par celle des armes. Ils conclurent,
le mardi après la Saint-Martin 1451, une paix castrenne
dans les châteaux de Saarwerden, de Bouquenom et de
Lorentzen, et quelques semaines après, le jour de la Saint-
Jean après Noël, ils contractèrent un traité d'alliance défensive
et offensive, dont la durée fut fixée à dix années, et se don-
nèrent ouverture réciproque dans tous leurs châteaux et for-
teresses'.
Toutes les démarches pour faire cesser la captivité de
Geoffroy de Linange demeurèrent infructueuses. Enfin, Tévéque
de Strasbourg, Robert de Bavière, interposa sa médiation et
mit tout en œuvre pour amener une réconciliation entre les
parties belligérantes. L'influence de ce prélat fut d'autant plus
grande en cette circonstance que les vainqueurs et les vaincus
lui étaient attachés, non seulement par des relations de voi-
sinage, mais encore par les liens de la vassalité. Après de
longues conférences, on convint des bases de la paix. Enfin, le
traité fut signé à Saverne le 2 mars 1452'. Il portait en
substance que Geoffroy de Linange ne pourrait plus jamais
reprendre les armes contre les sires de Lichtenberg et ceux
de Lûtzelstein et de Fénétrange ; qu'il renoncerait en faveur
des Lichtenberg à toutes ses prétentions et à tous ses droits
* Lehmann. Die Burgen der Pfalz, t. 111, p. 159.
' Le même, Geschichte der Grafschaft Hanau-LichtenberÇy 1. 1, p. 282.
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352 BEVUE D'ALSACE
sur Brumath et ses dépendances, qu'il leur céderait la somme
de deux mille florins qu'il avait à prétendre sur le comté de
Saarwerden et que les prisonniers qui gémissaient encore
dans les fers seraient mis en liberté moyennant une rançon
de quatorze mille florins. Il contenait en outre la condition
expresse qu'une trêve de trois années serait imposée aux sires
de Fénétrange, aux sires de Lichtenberg et au comte de Mœrs-
Saarwerden, et qu'ils seraient tenus de régler à l'amiable
tous les différends qui avaient amené leur mésintelligence,
dans un délai dont l'expiration aurait lieu à la Pentecôte pro-
chaine. Ge traité, en tous points favorabls aux sires de Lich-
tenberg (tout ce qu'ils avaient demandé leur avait été accordé),
fut rompu par eux, quoiqu'ils l'eussent solennellement juré,
et Geoffroy de Linange languit encore longtemps chargé de
chaînes dans le sombre cachot du donjon de Lichtenberg.
Le chevalier Wirich de Hohenbourg tenait en engagement
de l'évêché de Strasbourg, depuis l'année 1427, la ville et
le château de Mutzig, situés à Feutrée du val de la Brusche.
L'évoque de Strasbourg, Robert de Bavière, voulant retirer le
gage sans en rembourser le prix et le céder à son frère Louis-
le-Noir, duc de Deux-Ponts, chargea ce prince de s'emparer
de cette ville. Dans la nuit du 6 février 1454, le comte Jacques
de Hœrs-Saarwerden et le Junker Geoffroy de Linange, à la
tête de leurs vassaux et des troupes de Louis-le-Noir, s'appro*
chèrent sans bruit de Mutzig et s'en emparèrent par escalade.
Le château tomba également en leur pouvoir ; ils s'y main*
tinrent pendant quelques jours. Au bruit de cette prise,
Wirich de Hohenbourg implora le secours de la ville de Stras-
bourg. Cette cité, toujours empressée de guerroyer contre
l'évêque, fit marcher ses plus vaillants enfants contre les
vainqueurs. Mais ceux-ci, à l'approche des Strasbourgeois^
sortirent avec précipitation de la place, en y laissant quelques
drapeaux et quelques mousquets\
^ Code diplomatique de Strasbourg (Arcbiv-Chronik), t U, p. I46»
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8AARWERDEN ET HEBBITZHBIM 909
En 1456, les comtfs de Linange eurent la douleur de voir
le comte Jacques de MœrsSaarwerden, leur beau-frère, se
détacher de leur alliance et embrasser la cause de leurs
ennemis. II fit avec les sire.<^ de Lichtenberg une convention
d'assistance réciproque et leur accorda louveriure de tous
seschftteaux; bien plus, il ne se fit aucun scrupule de leur
abandonner ce qui ne lui appartenait pas : les soldats, les
chevaux, les armes et Ips munitions que le comte Geoffroy de
Linange y avait amassés*. Le premier accès de douleur étant
passé, les comtes de Linange pensèrent à la vengeance; mais
dans la circonstance présente, leur projet de punir leur
déloyal beau-frère fut d'une difficile exéiîution et ils durent
se contenter de se plaindre du sort qu'il leur faisait et de
signaler son infamie à Tindignaiion publique. Depuis lors, les
affaires de ces seigneurs si cruellement éprouvés allèrent
toujours en décadence et la bonne harmonie ne cessa de
régner entre le comte de Mœrs-Saarwerden, les dynastes de
Fénétrange et les sires de Lichtenberg.
En 1457, le comte de Mœrs-Saarwerden figure sur la liste
des bourgeois externes (fZs^ôwr^er) de la ville de Strasbourg*.
Quand i'évêque de Metz, Georges de Bade, fit son entrée
solennelle dans la ville de son siège, en 1461, il était escorté
de ses < haults hommes, monseigneur le comte de Bitche, de
Sarrebrucbe, de Saarwerden et messeigneurs les comtes de
Salm et de Fénétrangers et plusieurs aultres' >.
Le comte Jacques I" de Mœrs-Saarwerden rechercha
Talliance de Jean de Fénétrange, maréchal de Lorraine, et de
Béatrice d'Ogéyiller, son épouse, en faisant demander la main
de leur fille Barbe pour son jeune fils Nicolas, qu'il avait eu
d'Anastasie de Linange; sa demande ayant été agréée, les
noces furent célébrées avec la plus grande solennité et don-
' LehMaKK, Geschickte der Grafschaft Hanau-Lichtenberg, 1 1. p. 304.
* Wekcker, Dephalburgeris, etc., p. 17.
* HUGUENIK, Chroniques mesiineSf p. 293*
Noavolto Série. -* 6«* Année. ^
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354 BEVUE d'âlsaoe
nèrent lieu à de splendides fêtes dont le chroniqueur de Lor-
raine a conservé le souvenir\
€ Les nopces se firent à Bouquenom en grand triomphe,
tous les seigneurs n'y falloient mais; au dict lieu fut faict
une fontaine, par deux jours durant donnoit vin rouge, et
clairet et vin blanc, chacun j beuvoit sans payer argent. Le
duc Jean (de Lorraine) et le duc (palatin) Louis au moustier
la menèrent triomphalement. Le comte palatin, le comte de
Nassau menoient le marié et plusieurs comtes, barons et
gentilshommes, dames et demoiselles en y avoit grand
nombre, d'être pansez et servy de toutes viandes. On y
avoit à grand planté. Les dictes nopces furent faites au mois
de septembre Tan mil quatre cens soixante trois, la com-
tesse, son habillement en quoi elle espousit, tout partout
d'orfévrie, pierreries, perles d'or et d'argent étoit chargez.
II n'y avoit homme qui sceut à dire de quelle couleur estoit
le dit habillement. >
Nicolas de Mœrs-Saarwerden reçut en mariage de son père
le comté de Saarwerden, y compris le château de Lorentzen
et celui de Falckenstein^ l'un fief de Téglise de Trêves et
l'autre fief de ^Empire^ Il fit, par ordre de son père, ses
reprises auprès de Georges de Bade, évéque de Metz, pour
les fiefs relevant de son église, suivant lettres du dimanche
après Sainte-Marguerite 1469, et prêta serment à Dieu et aux
saints sur la crosse épiscopale d'être fidèle, loyal et affec-
tionné à l'évêque de Metz et à son éTêché*.
Le comte Jacques I** avait eu de sa seconde femme deux
autres fils :
Jean III, qui épousa Anne, fille de Jacques Oswald, comte
de Berg ;
* Calmet, Preuves de Vhistoire de Lorraine^ t. VII, p. 13#
' Château situé dans le canton de W'innweiler, dans la Bavière rhé-
nane.
' ËBERHAKD, Loc. citat., p. 107
* Meurisse, Loc. citaUi p. 591,
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SAABWERDEN ET HERBITZHEIM S55
Jacques II, qui se maria à Béatrice, fille de Jean YII, comte
de Saim;
Et une fille nommée Adélaïde; celle-ci donna sa main à
Guillaume de Manderscheid-Blaukenheim et lui apporta une
dot de dix mille écus d'or.
Jacques de Saarwerden assista, au mois de juin 1471, à la
diète de TEmpire qui se tenait à Rati8bonne\
Jean de Fénétrange tenait en fief de révêché de Strasbourg
diverses rentes à Wolfgangesheim (Wo]xheim),à Dahlenheim
et à Mutzig; il les céda à son gendre Nicolas, comte de Mœrs-
Saarwerden, qui en reçut Tinvestiture de Tévêque Robert de
Bavière, suivant acte du mercredi après la conception de
Notre-Dame 1467. Ce prélat lui assura une rente annuelle
de cinquante florins par acte du lundi après le dimanche
Exaudi 1473, sur les revenus du baillagc d'Ortenberg, en
remplacement des redevances qu'il était en droit de percevoir
à Wolxheim.
Jean de Fénétrange était le dernier rejeton mâle de sa
maison ; il termina en 1474 le cours de sa vie, laissant son
opulent héritage à ses deux filles. Barbe et Madeleine ; celle-
ci avait épousé Ferdinand de Neubourg, seigneur de Montagu.
Ces deux riches héritières apportèrent à leurs maris les sei-
gneuries de Fénétrange, dOgéviller, de Neuvillers, d'Amance
et de Diemeringen. Ces deux seigneurs ajoutèrent à leur nom
celui de Fénétrange et placèrent dans leur écusson les
armes de cette ancienne maison, qui portait d'azur à une
fasce d'argent. ,
Depuis la mort de Jean de Fénétrange, Béatrice d'Ogéviller,
sa veuve, se livrait avec ardeur à des œuvres pies; elle fonda
en 1475, avec le consentement de ses gendres, une collégiale
dans l'église paroissiale de Fénétrange, la plaça sous l'invo-
cation de Saint-Pierre et la dota richement. L'évêque de Metz,
^ MoKB, Qt^eUensammlung, t. I, p. 506.
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356 REVUE D ALSACE
Georges de Bade, s'empressa, sur ses vives instances, de
confirmer cette fondation\
En 1475, lorsque Charles-le-Téméraire, duc de Bourgogne,
s'avançait vers la Lorraine avec une armée de plus de qua-
rante mille hommes et une nombreuse artillerie, les comtes
de Bitche, de MœrsSaarwerden, de Nassau-Saarbruck, de
Salm, d'Aprémont et de Réchicourt rompirent Talliance qu'ils
avaient formée avec René H, duc de Lorraine, pour défendre
leurs propres domaines. Mais lorsque le duc de Bourgogne se
fut rendu maître des montagnes des Vosges et des villes
situées sur la Moselle et qu'il se préparait à marcher sur
Nancy, la terreur se répandit au loin; tous les seigneurs,
toutes les villes de la Lorraine allemande firent leur soumis-
sion et rendirent hommage à Charles : < Tous se mirent à
lui, dit le chroniqueur de Lo^^aine^ à Texceplion de la
ville de Strasbourg et du conjte de Bitche. •
L'année d'après, les seigneurs du Westreich, qui n'étaient
plus talonnés par la peur, renouvelèrent leur alliance avec
le duc René. Le comte de MœrsSaarwerden vint avec les
autres seigneurs de la contrée à Sarrebourg, pour aller à la
rencontre de ce prince. Le séjour de René dans cette ville ne
fut qu'un long festin; pendant trois jours il fut festoyé à la
manière des Allemands et ne put se soustraire aux prodiga-
lités d'une table somptueusement servie de viandes et de vins
exquis et à cinq repas par jour : < le déjeuné, le disné, la
marande', le souper, le ressiné qu'on appelle SchlaArinque*
•
* Calmbt, Preuves de Vhistoire de Lorraine, t. VI p. CCLV.
• Calmet, Preuves, t. VII, p. LXXIX.
' Expression patoise qni signifie le goûter.
^ Le Schlaflrunk est un mot allemand qui vent dire le conp da som**
meil ; c*était la collation qu'on avait 1 habitude de prendre avant de se
mettre au lit; le ressiné ou le récène est le repas à la fin de la veillée ou
loure d'hiver. Le mot Xela [trinque, qui se trouve dans la chronique
imprimée dans le 7^ volume de ï Histoire de Lorraine, p. XGI, me paraît
simplement une faute du copiste.
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SAAIiWEBDBN ET HERBITZHEIM 857
et consistant en toutes sortes de viandes de pafferlînS force
chapons, venaisons de toutes chairs à planté ». Les seigneurs
allemands montrèrent à René un dévouement rare dans les
circonstances difficiles où se trouvait la Lorraine et accom-
pagnèrent ce prince jusqu'à Strasbourg, où ils passèrent huit
jours dans les fêtes.
Le comte Nicolas de Mœrs-Saarwerden n'eut de Barbe de
Fénétrange que deux filles, nommées Jeanne et Ânastasie, qui
étaient les plus riches héritières de la contrée. Le rhingrave
Jean VI, comte de Salm, bcigua la main de Jeanne; sa
demande ayant été accueillie, leur mariage fut célébré en
1478. Le comte Nicolas, qui se voyait privé d'héritiers mâles,
constitua en dot à sa fille Jeanne le comté de Saarwerden^ au
mépris de Tordre de primogéniture qui était établi dans la
maison de Mœrs-Saarwerdenl Cette donation, faîte au préju-
dice des comtes Jean El et Jacques II, était entachée de
nullité; aussi, lors du décès de Nicolas de Mœrs-Saarwerden,
le rhingrave Jean VI n'essaya-t-il pas même de la faire valoir
et elle fut considérée comme nulle et de nul effet. Lors de son
mariage, le rhingrave avait assuré un douaire à sa jeune
femme sur les châteaux de Salm et de Langstein (Pierre-
Percée), près de Badonviller.
La seconde fille du comte, Anastasie, donna sa main à
Gerlach IV, comte d'Isenibourg'.
Le comte Nicolas de Mœrs-Saarwerden fut forcé en 1479,
par le mauvais état de ses finances, d'emprunter à Guillaume
Bâcher, riche bourgeois de Strasbourg, la somme de deux
mille florins*; il hypothéqua, pour la sûreté tant du rem-
boursement du capital que du service exact des intérêts dont
* Pafferlin vint du mot allemand Pfefferlein, diminutif de Pfeffer, qui
veut dire civet.
* Ebebhabd, Loc, citât,, p. 46.
* RriTER Husius, Tables généalogiques, p. 44-
^ Ebbrhard, Loc. citât., p. 47.
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358 REVUE d' ALSACE
il était productif, les revenus du comté de Saarwerden;
révoque de Metz, Georges de Bade, donna son consentement à
cette constitution d'hypothèques par lettres du samedi aprte le
mercredi des cendres 1480, sous la condition que le comte
Nicolas rembourserait la somme empruntée dans le délai de
cinq ans.
En 1480, le comte Nicolas engagea à son oncle Emich Vn,
comte de Linange, le comté de Saarwerden avec les sujets,
châteaux, villes, villages, biens, revenus, redevances, chasses,
pêches, supériorité territoriale et toutes les appartenances et
dépendances, du consentement de son suzerain Tévêque de
Metz, et lui en résigna en même temps Tadministration^
Emich de Linange prit possession du comté qui venait de lui
être engagé; il prêta foi et hommage à l'évêque de Metz, mais
il se vit obligé de promettre solennellement que cet engage-
ment serait considéré comme nul et de nul effet si, par suite
de Fextinction de la maison de Mœrs-Saarwerden en race mftie,
le comté de Saarwerden venait à faire retour à Tévéché de Metz.
Différentes contestations s'étaient élevées entre le rhingrave
Jean et les comtes Jacques et Nicolas de Mœrs-Saarwerden
et menaçaient de troubler l'harmonie qui, jusqu'alors, avait
régné entre les deux familles; elles furent soumises, en 148S,
à l'arbitrage de René II, duc de Lorraine, qui moyenna un
arrangement dont les deux parties parurent satisfaites. Gomme
dans ces différends il avait été question de la dot qui avait été
constituée à Anastasie de Linange, femme du comte Jac-
ques I** de Mœrs-Saarwerden, celui-ci et son fils Nicolas
attestèrent, le jeudi après la conversion de Saiut-Paul 1482,
que cette dot avait été payée et en délivrèrent à Emich VII,
cemte de Linange, leur beau-frère et oncle respectif, une
quittance en bonne forme \ Le comte Jacques P' termina peu
après sa carrière terrestre.
^ Ebbbhard, Loc. cUat., pp. 43 et 47.
' Lehmann, Die Burgen der Pfalz, t. III, p. 185.
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SAARWERDEN ET HERBITZHEIM 359
En 1483, un grand nombre de princes et de seigneurs des
deux rives du Rhin se réunirent à Offenbourg, pour y passer
le carnaval dans les fêtes et les plaisirs. On y remarquait
rélecteur palatin Frédéric, Albert de Bavière, évoque de
Strasbourg, Frédéric, margrave de Brandebourg, Christophe,
margrave de Bade, Jacques, comte de Mœrs-Saarwerden, son
jenne fils Jacques et une foule de neigneurs et de dame8\
C'étaient des festins, des bals sans fin. La journée du mardi
fut couronnée par un carrousel, où Ton déploya un luxe
prodigieux.
Nicolas, comte de Mœrs-Saarwerden, et Barbe de Féné-
trange, son épouse, et Ferdinand de Neubourg et Madeleine de
Fénétrange, son épouse, vendirent à Simon Wecker, comte de
Deux-Ponts- Bitche, et à Philippe, comte de Nassau, tous les
biens, rentes et revenus généralement quelconques qu'ils pos-
sédaient et que leurs épouses avaient hérités de leur père,
Jean de Fénétrange, à Brumath, Waltenheim, Frankenheîm,
Alzenheîm, Mittelhausen , Gries, Weyersheim-à-la-Tour,
Phaffenhofen, Niedermodern, Ballbronn, Offwiller et Ober-
bronn, moyennant la somme de quatre mille florins, suivant
contrat du jour de la Saint- Martin 1484^ Ces biens, rentes
et revenus furent cédés aux acquéreurs tels qu'ils le trou-
vaient et qu'ils éaient advenus au père des co-venderesses
des comtes de Linange et des seigneurs d'Ochsenstein. L'année
d'après, les acquéreurs reçurent des mains des vendeurs tous
les titres et documents relatifs aux biens qu'ils avaient
achetés.
En 1486, le comte Nicolas reçut de Tévêque de Metz, son
seigneur suzerain, l'investiture des fiefs de Saarwerden et de
Bouquenom et lui prêta foi et hommage dans les formes vou-
lues par la coutume féodale. Dans le courant de la même
année, il se rendit à Aix-la-Chapelle pour assister au cou-
» MONB, Zeitschnfi, t. XVI, p. 264.
' Archives da Bas-RhÎD, S. E. 4725.
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860 BEVUB D'ALSACE
ronnement de Tempereur Maximilien I", lequel eut lien le
dimanche 9 avriP. Ce seigneur, qui jouissait de la plus haute
considération auprès de René II, duc de Lorraine et roi de
Sicile, fut invité par ce prince, en 1489, à assister arec son
épouse aux fêtes qui devaient avoir lieu à Toccasion du
baptême de son fils Antoine de Lorraine, duc de Galabre. Il
se rendit à Bar-le-Duc, où il fut reçu avec la plus grande
distinction. Madame la comtesse, son épouse, et madame
Tslande de Lorraine furent choisies pour marraines du jeune
prince et Henri de Lorraine, évêque de Metz, en fut le
parrain^.
A la mort du comte Nicolas, arrivée en 1489, ses deux
frères, les comtes Jean lU et Jacques II, qui étaient ses héri-
tiers féodaux, se mirent en possession du comté de Saar-
werden et le gouvernèrent en commun. Le comte Jean, comme
l'aîné de la maison, prêta foi et hommage à Tarchevêque de
Trêves, Jean de Bade, pour les fiefs qui relevaient de mn
église et qui étaient enclavés dans le comté de Saarwerden.
Ce prince lui accorda une nouvelle investiture par lettres
délivrées le jour de Saint-Sixte (6 août) 1490'.
En 1498, le jeudi après la Sainte-Croix, le comte Jean
entra au service de René II, duc de Lorraine, et prit l'enga-
gement de le servir pendant toute sa vie, moyennant trois
cents florins de rente annuelle*.
La diète de Worms étant assemblée, en 1495, pour établir
une paix durable entre les membres de TEmpire; le duc de
Lorraine, René II, refusa de s'y servir de la formule de leur
serment, c Mes prédécesseurs n'en ayant fait, dit-il, de sem-
blable et la Lorraine ne relevant point de TEmpire, je ne
dois rhommage que pour les fiefs qui en dépendent, t II le
^ Luge, manascrit de la bibliothèqae de Strasbourg brûlé en 1870.
pendant le siège.
■ Calmet, Histoire de Lorraine t. V, p. 463.
' Gœrz, Loc. citai,, p. 275.
« Calmet^ Notice de la Lorraine^ 8°. Saarwerden, t. Il, p. 429.
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SAARWEBDEN ET HERBITZHEIM 961
rendit en promettant fidélité selon la teneur de ses fieEi. Cet
acte de foi et hommage eut lieu avec le cérémonial habituel,
en présence d'un grand nombre de personnages de distinc-
tion, parmi lesquels on remarquait Obry de Blamont, élu
évêque de Toul, Jean, comte de Linange^ le rhingrave Jean,
le comte Jean de Mœrs-Saarwerden et les conseillers du
duc'.
Au début de Tannée 1497, le comte Jean se trouvait dans
sa seigneurie transrhénane de Lahr; le 1** février il s'avança,
à la tète d'une nombreuie troupe d'hommes à pied et à
cheval vers Ëttenheim, ville appartenant à Tévêque de Stras-
bourg et fit jeter un pont sur la rivière, non loin de cette
ville, malgré les remontrances et l'opposition des autorités
épiscopales. En vain ces dernières lui firent-elles observer
que Tendroit où il était en train de construire un pont dépen-
dait de la juridiction d'Ëttenheim et qu'il violait le territoire
de révêché de Strasbourg, il n'en continua pas moins la
construction commencée et ne partit qu'après Tavoir achevée.
La nuit suivante, les habitants d'Ëttenheim détruisirent le
pont et, comme ils redoutaient la vengeance du comte de
Mœrs-Saarwerden, ils implorèrent le secours du magistrat de
Strasbourg^
La ville de Boppart, située sur le Rhin, s'était révoltée
contre l'archevêque de Trêves, Jean de Bade. Ce prélat, après
avoir vainement employé les voies de douceur pour ramener
les rebelles à leur devoir, assembla une puissante armée,
commandée par Philippe, comte palatin du Rhin, par le land-
grave Guillaume de Hesse, le margrave Christophe de Bade
et Jean III, comte de Saarwerden, et vint assiéger la ville
rebelle. Les bourgeois se défendirent courageusement et ne
se rendirent que le 3 juillet 1497, après douze jours d'inves-
tissement. Le jour même de la reddition de la place, le prince
* Calmbt, Histoire de Lorraine^ t. V, p. 440.
* MoNE, Zeitschrift, l XIX, p. 141.
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363 BEVUE D ALSACE
électeur souscrivit au comte de Saarwerden une obligation
de huit cents florins avec promesse de lui payer cette somme
à la prochaine foire de Francfort*.
Au mois d'octobre de la même année, le comte Jean accom-
pagna, jusqu'à Coblence, Yolande, princesse royale de Jéru-
salem et de Sicile, fllle de Ferri II, comte de Yaudémont, et
dTolande d'Anjou, qui avait accordé sa main à Guillaume II,
landgrave de Hesse. La jeune princesse descendit la Moselle
en bateau, avec les comtes de Bitche, de Salm, de Mœrs-
Saarwerden, le rhingrave et plusieurs autres gentilshommes
et un grand nombre de dames et de demoiselles. La suite se
composait de plus de quatre cents personnes^
En 1497, les comtes Jean III et Jacques n de Mœrs-Saar-
werden, toujours à court d'argent, se virent dans la pénible
nécessité de vendre à Christophe, margrave de Bade, la pleine
propriété de la moitié des seigneuries de Lahr et de Mahlberg,
que ce seigneur n'avait tenue jusqu'alors que comme engagiste.
La vente s'en fit moyennant la somme de quarante-quatre mille
florins'. Ces deux seigneuries restèrent dans l'indivision jus-
qu'en 1629, époque à laquelle elles furent partagées entre
Guillaume de Bade et la maison de Nassau-Saarbruck, qui
en avait hérité la moitié de celle de Mœrs-Saarwerden. Par
c« partage la seigneurie de Lahr fut attribuée à la maison de
Nassau-Saarbruck et celle de Mahlberg échut au margrave
Guillaume.
Nous allons maintenant faire un pas rétrograde vers la
branche atnée de Mœrs, dont il est nécessaire de faire
connaître la défaillance.
Vincent, comte de Mœrs, continua k accoler à son nom
patronymique celui de Saarwerden* ; il eut de son épouse,
^ Gœbz, Loc. citai., p. 301.
■ Oalmet, Histoire de Lorraine, t. V, p. 440.
' SCHWEDEB, Loc, citat., p. 3:^.
« GŒftz, Loc. citât., p. 211 et 273.
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SAARWERDEK ET HERBITZHEIM 863
Anne, comtesse palatine de Sîmmern, quatre fils et deux
filles :
1. Frédéric III, qui se maria à Elisabeth de Rodemackero,
dont il eut un fils nommé Bernard et une fille nommée Mar-
Ifuerite ;
2. Arnold;
5. Jean, mort en bas âge;
4. Théodoric, U77-1490;
B. Walpurge, qui épousa Philippe de Croy, prince de
Chimay ;
6. Et Elisabeth, qui donna sa main à Oswald, comte de
Berg*.
Le comte Frédéric m devança son père dans Téternité, en
149S, pendant que son fils Bernard était retenu en France
comme otage de Charles Egmond, duc de Gueidres.
Le comte Vincent, dont les mains, appesanties par Tflge,
laissaient échapper les rênes du gouvernement, donna le
comté de Mœrs à Guillaume, comte de Wied, qui avait
épousé Marguerite, sa petite-fille et sœur de Bernard. Mais
celui-ci, à son retour de France, ne se crut pas lié par les
stipulations de son aïeul Vincent. Il refusa de ratifier Tirrégu-
larité de la donation que celui-ci avait faite au comte Guil-
laume de Wied et assura le comté de Mœrs, au cas qu'il
décéderait sans enfants mâles, à ses agnats Jean et Jacques
de Mœrs Saarwerden, comme atnés et descendus en ligne
directe de la famille de Mœrs, conformément à la loi de
primogéniture stipulée dans le testament de son trisaïeul
Frédéric, du 14 mai 1417^ Lorsque le comte Vincent mourut,
dans un âge trèa avancé, et que la mort eut également sur-
pris, en iSOO, son petit-fils Bernard, sans qu'il laissât des
descendants, Jean in, comte de Mœrs-Saarwerden, en vertu
du jus agnaUmis et des dispositions contenues dans le testa-
' Lacemblet, Loc. citai., t. IV, p. XXII.
' Speneb, H%9t insig, illus,, t. II, p. 653.
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964 REVUE d'albace
ment de Frédéric, l'auteur des deux branches, prit possession
du comté de Mœrs avec le secours de Télecteur Hermann de
Cologne. Charles de Croy, prince de Chimay, issu du mariage
de Philippe de Croy avec Walpurge de Mœrs, éleva aussi
des prétentions sur Théritage de son aïeul Vincent, comte de
Mœrs, et somma, par lettre datée de Bruxelles le 18 août
1501, le comte Jean de Mœrs-Saarwerden de lui remettre et
de laisser à sa disposition le comté de Mœrs, qui lui était
advenu par héritage par suite de Textinction de cette maison
en race mâle^ Mais le comte Jean ni de Mœrs-Saarwerden
sut se maintenir en possession de cet opulent héritage. En
1504, le lundi après TEpiphanie, il donna le commandement
du château de Mœrs à Jean de Rick, officier plein de bra-
voure, de la fidélité duquel il était assuré; il le nomma même
gouverneur à vie; ses gages consistaient en quatorze florins,
monnaie de Mœrs, trois malters de seigle et trois malters
d'orge; il lui assura, en outre, l'entretien, la jouissance d'un
logement convenable et tous les habillements nécessaires.
Les comtés de Mœrs et de Saarwerden se trouvèrent ainsi
réunis dans une même famille, mais cette réunion ne fut
qu'éphémère. Jacques n de Mœrs-Saarwerden, à qui son
frère Jean III avait transmis le comté de Mœrs en 1507, en
fut déj^ouillé par Marguerite de Mœrs, épouse de Guillaume,
comte de Wied, avec l'aide du duc de Juliers et de Clèves. Le
comte de Wied le transmit à sa ûUe Citherine qui l'apporta
k son mari Guillaume de Neuenar, qui se reconnut vassal de
Guillaume, duc de Juliers et de Clèves, et lui prêta foi et
hommage en 1541. Catherine de Wied donna à son mari
deux enfants, un fils nommé Hermann et une fille nommée
Walpurge, qui épousa en premières noces Philippe de Mont-
morenci, comte de Horn, et en secondes noces Adolphe de
Neuenar. Hermann de Neuenar, qui prit le titre de comte
* Kedsen, Studien zur Mœrser Geschichte in den Annalen des histo-
rischen Vereins fur den Niederrheinf t, XVI, p. 195.
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SAABWERDEN ET HERBITZHEIM 365
de Mœrs, mourut en 1598 sans postérité, et comme sa sœur
se voyait également sans enfants, elle légua le comté de Mœrs
à Maurice, prince d'Orange. A la mort de Calherine, arrivée
en 1600, ce comté échut à ce prince, qui en prit possession
Tannée d'après avec Taide des Provinces.- Unies. Maurice étant
décédé sans enfants en 1625, le comté de Mœrs advint à
Frédéric Guillaume, électeur de Brandebourg.
Au XVI* siècle, il existait encore un rejeton mâle de la
maison de Mœrs, dont la naissance mystérieuse a donné lieu
à de nombreuses conjectures. C'était Christophe, qui portait
le titre de comte" de Mœrs-Saarwerden et était revêtu de la
charge de conseiller du duc Charles de Gueidres. Altgeit, dans
son histoire des comtes de Mœrs*. raconte que ce seigneur
était is.^u du commerce adultérin de Frédéric III. comte de
Mœrs, avec Tabbesse du couvent de Sainte Cécile de Cologne.
Selon d'autres, ce Christophe serait le fils lé^çilime d'Arnold,
comte de Mœrs, qui l'aurait procréé avec une bourgeoise qu'il
avait épousée morganatiquement ; mais l'existence de cet
Arnold n'est pas connue des historiens et elle n'est attestée par
aucun document diplomatique.
M. H. Eeusen, dans ses recherches historiques sur les
comtes de Mœrs^ s'efforce de prouver que le comte Théodoric
de Mœrs avait eu deux fils, Théodoric et Christophe; l'un
serait décédé en bas âge et L'autre serait mort dans un âge
avancé à Cologne, en 1566, sans que les événements politiques
lui eussent permis de revendiquer l'héritage de ses aïeux.
Revenons à la maison de Mœrs-Saarvrerden, dont nous
allons raconter la défaillance.
En 1605, Jean III, comte de Mœrs-Saarwerden, fut appelé
par l'empereur Maximilien I^ au commandement de la
forteresse de Gruningen. Ce seigneur n'eut de son mariage
avec Anne, comtesse de Berg, qu'une fille nommée Cathetine,
* Page 77.
^ Annalendes historischen Vereins f'ùrden Niederrhein, t XVI, f. 195t
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866 REVUE D'ALSACE
dont la main fut recherchée avec succès par le comte Jean-
Louis de Nassau Saarbruck. Leur mariage fut célébré le
i6 mai 1506; Guillaume de Maiiderbcbeid, abbé de Stavelo et
de Malmédy, parent de la mariée, donna aux époux la béné-
diction nuptiale. Mais la cohabitation ne commença que dans
le cours de Tannée 1507, après que la jeune épouse eut
atteint l'âge de seize ans.
L'abbaje de Neuviller percevait la dîme au village de Lohr,
qui dépendait du comté de Ltltzelstein et y possédait une
maison de recettes {Meyeny und Kelkrey). Les comtes de
Mœrs-Saarwerden et les Seigneurs de Fénétrange avaient le
droit d'y envoyer aux quatre-temps de chaque saison, un
chasseur et un valet avec un limier et douze chiens de chasse,
que le camérier du couvent était tenu de nourrir et d'héberger
pendant quinze jours. Ce droit, qui avait primitivement
appartenu aux dynastes de Lichtenberg, avait été cédé par
eux aux comtes de Mœrs-Saarwerden et aux sires de Féné-
trange et avait été converti en une rente annuelle de six sacs
de seigle à prélever sur le produit de la dîme de Lohr. Le
comte Jean de Mœrs-Saarwerden, inspiré par un caprice de
grand seigneur, fit signifier au chapitre de Neuviller qu'il
entendait exercer son droit et en jouir comme il en avait
joui d'ancienneté. Sur le refus du prévôt d'obtempérer au
désir du comte Jean, il s'éleva un différend que les parties
convinrent de déférer à l'arbitrage de Guillaume de Honstein,
qui venait d'être élu évêque de Strasbourg. Ce prélat rendit,
le mercredi après le dimanche Oculi 1607, une sentence favo-
rable à l'abbaye de Neuviller; les prétentions du comte Jean
furent repoussées, à la charge par le chapitre de lui servir
la rente annuelle de six rezeaux de seiglel
Le comte Jean III assista en 1507 au sacre de l'évéque de
Str^bourg et termina peu après le cours de sa carrière ter-
* L. Eœllner, Loc. citât, t. I, p. 552.
^ Archives du Bas-Rhin^ 266.
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SAAEWERDEM ET HERBITZHEIM 367
restre. Sa .fille Catherine se crut appelée à recueillir la moitié
du comté de Saarv^^erden, que son père et son oncle, Jacques n,
avaient laissé dans Tindivision. Celui-ci, après avoir reçu des
administrateurs de Tévêché de Metz, pendant la minorité de
révêque Jean de Lorraine, l'investiture du fief messin de
Saarwerden, admit les prétentions de sa nièce. La mort ayant
surpris peu après le comte Jacques U, la moitié du comté de
Saarwerden échut à son fils Jean-Jacques, mais comme Tétat
de démence dans lequel ce jeune seigneur était tombé le ren-
dait incapable de régner, son père et Jean-Louis, comte de
Nassau-Saarbruck avaient fait, sous les auspices d'Antoine,
duc de Lorraine, le 7 février 1512 selon la manière de
compter des Lorrains^ 1513 selon le style des Germains, un
pacte de famille dont les principales stipulations portaient que
les droits de Catherine, fille de Jean, sur la moitié du comté
de Saarwerden étaient reconnus et assurés, et que l'autre
moitié du comté était assignée à Jean- Jacques pour sa susten-
tation; qu'à la mort de ce dernier cette moitié devait parvenir
à son cousin Jean-Louis, comte de Nassau-Saarbruck, lequel
y avait des droits incontestables à la faveur de son mariage
avec Catherine de Mœrs-Saarwerden.
L'année 1513 fut encore marquée par la réconciliation du
comte Jacques II de Mœrs-Saarwerden avec sa nièce Jeanne
de Mœrs-Saarwerden, veuve du Rhingrave Jean VL dame de
Fénétrange et de Diemeringen, et son neveu Jean-Louis,
comte de Nassau-Saarbruck, en sa qualité d'engagiste d'une
partie de la seigneurie de Diemeringen. Le baron Jacques de
Morimont, seigneur de Belfort et landvogt d'Alsace, à l'arbi-
trage duquel ils avaient soumis le différend qui les divisait au
sujet des territoires de Birschbach et de Hemeldingen, villages
entièrement détruits depuis longues années, réussit à régler
leur contestation. Par une transaction conclue le dimanche
Judica, il fut arrêté que le ban de Birschbach serait divisé
en deux parties; que la partie située du côté du Wimberg,
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868 REVUE D'ALSACE
du Eaizenberg et de la Meyerstad, appartiendrait à la sei-
gneurie de Diemeringen, et que celle située du côté de BûUen
serait réunie au comté de Saarwerden ; que la chapelle de
Birschbach resterait indivise entre les deux seigneuries, et
que le frère qui serait préposé à sa garde, ainsi que le rece-
veur chargé de la perception de ses revenus, serait à la nomi-
nation de Tune et de l'autre seigneurie. Il fut stipulé que le
ban de Hemeidîngen ferait partie du comié de Saarwerdeu*.
Le comté de Saarwerden était inscrit dans la matricule de
l'Empire et fut compris en 1518 dans le nouveau cercle du
Bas-Rhin.
Le contingent qu'il avait fourni à l'Empire, en 1431, dans la
guerre contre les Hussites, était de cinq lances; en 1467, dans
la guerre contre les Turcs, il avait été imposé à quatre cava-
viers et huit fantassins ; en 1480, il avait fourni un contin-
gent de trois cavaliers et seize fantassins. Dans la suite, son
contingent fut compris dans celui qui fut imposé aux comtes
de Nassau Saarbruck^ .
Dag. Fischer.
(La suite h la prochaine livraison J
^ Archives de la Bass^ Alsace, série E, 5133. Le ban de Hemeldingen
est réuni à celai de Vœllerdingen.
' Summarischer Berichti p. 1^ et Schilteb, Inst, juris. pvhl, germ,
t. II, pp. 63 et 219.
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Revue d'Alsac<
RDEN
fIlsatnédeMœrs(i .rwerden
de Saanverden. C( de ce nom
re^t le comte de '
d'ENOKLMAaTE de
race des I "«mib^bhbh
Walpdbgb,
éponse de Jban III
Leen-Heinsperg.
de
VINCI
comte de Mœrs
époax d'ANKB de
FRÉDÉRIC llf.^
époux d'ELISABEl
de Rodemackem
f en 1493 avan
son père.
Bbrnaro,
t 1501
sans postérité.
Jban II,
mort
célibataire.
Nicolas,
chanoine
de Strasbourg.
JACQUES II.
époux de
Béatrice de
Saim.
JEAN-JACQUES
mort en étal de
démence, laissa
Vautre moitié
du comté à sa
cousine Gathb-
RIMB.
ADÊLA'InK,
épouse deGoiLLA(7iiB
de M^anderscheid-
Blankentieim.
Mu}hw»ê.lmfr.)fê»rf Bêier & C',f
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LE
SIÈGE DE RIQUEWIHR
en 1635
La communauté protestante de Riquewibr célèbre chaque
année un jour de pénitence et de priërea, fixé au dixième
dimanche après la Trinité; c'est le jour où TËrangile tra-
ditionnel rappelle les prophéties du Christ relatives à la
destruction de Jérusalem. La coutume remonte à la guerre de
trente ans; elle s'est introduite en mémoire d'nn siège subi
par la petite ville, siège suivi de pillage^ de famine et de
pest«.' Une grossière sculpture, scellée dans le mur d'une
étable, représente, dit-on, le traître qui a livré la rille aux
ennemis. Des traditions de famille, à demi éteintes, se rappor-
tent au même événement ; on raconte qu'un des notables de
la localité fut emmené en otage à SaintrDié, que son épouse
parvint à grand*peine à réunir la grosse somme à laquelle la
délivrance était taxée; que le prieur du couvent, où le prison-
nier avait été interné, accepta les écus et puis conduisit la
pauvre femme dans le jardin; un tertre tout frais marquait
la place d'un tombeau : < Voici votre époux, aurait dit le
^ Le magistrat de Magdeboarg institua également on jom* depémtence
en souvenir du sac de la ville par Tilly (10 mai 1631). Voyez Koch,
Geschichte des Kirchenliedes, VIII, p. 527.
Nouyelle Série» -^ 6"« AnnéOi S4
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370 REVUE D'ALSACE
moine, emmenez-le, si tel est rotre bon plaisir. > L'événe-
ment, comme on le voit, a laissé de longs souvenirs; les pages
qui vont suivre doivent en donner le récit authentique.
A louverture de la campagne de i685, le duc Charles de
Lorraine se trouvait à la tête d'un corps d'armée impérial,
sur la rive droite du Rhin. Le maréchal de La Force, qui com-
mandait un corps français, vint occuper le duché de Lorraine.
A cette nouvelle, Charles passa le Rhin, à Brisac, pour voler
au secours de son pays. Il envoya des partis de cavaliers
jusqu'à Erstein, pour s'assurer qu'il n'y avait pas d'ennemis
en Basse-Alsace. Lui-même, avec le gros de ses forces,
remonta la vallée du Rhin. Il arriva, le 5 avril, devant Mont-
béliard qu'il investit, tandis que ses éclaireurs ravagèrent le
pays d'alentour (Duvernot, Ephémérides du comté de Mont-
béliardj p. 116). La Force s'empressa de marcher à sa ren-
contre. Une bataille eut lieu à Remiremont, à la suite de
laquelle Charles se replia sur Belfort. Malgré les renforts qui
l'y rejoignirent, il dut continuer son mouvement rétrograde.
Une partie de son armée repassa le Rhin dans la prévôté de
Laodser; quelques détachements restèrent en Alsace, faisant,
à la manière des corps francs, une guerre de pillage et de
surprises. L'un de ces détachements, sous la conduite du
colonel Yernier^ le même qui fut fait prisonnier à la bataille
de Gernay (15 oct. 1638, voyez Revue (f Alsace, 1856), parut,
dès le 11 mai, devant Riquewihr et en entreprit le siège; le
vignoble, appelé Armeeberg, indique encore aujourd'hui, sui-
vant la tradition, le point où une batterie était établie.
Grftce à sa situation au pied des montagnes, loin des
grandes routes qui sillonnent la plaine, Riquewihr avait
jusque-là peu souffert. Les armées passaient et repassaient,
assiégeant Schlestadt ou Golmar, laissant après elles un sillon
de désolation ; c'est à peine si Riquewihr en eut à souffrir.
Seulement, de temps en temps, quelques réquisitions lui
étaient imposées. On en trouve les traces dans les comptes du
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LE SIÉOE DE BIQUEWmR 371
tonnelier seigneurial; nous en extrayons les inscriptions
suivantes^:
1632, le 10 août. Donné un quartaut qui a été envoyé à
Golmar, à Montecuculli et à Ossa, de la
contenance de six mesures.
> la 17 août. Pour les deux généraux susdits, deux
tonneaux contenant dix-huit mesures.
> le 14 sept Trois tonneaux, qui ont été envoyés au
margrave, à Brisac, vingt-deux mesures.
> le 21 » Au margrave, à Schlestadt, cinq mesures.
> le 26 » Au margrave, à Brisac.
> le 24 nov. A Ghfttenois, au quartier général, trois
mesures.
16SS, le 1*' févr. Donné un quartaut qui a été envoyé à
Golmar, au secrétaire Mockié.
16S4, le 14 juil. Nettoyé et rempli trois quartauts, qui ont
été conduits à Horbourg et au camp devant
Brisac, vin de la ville.
Les autorités de Riquewihr s'émurent de ces livraisons qui
menaçaient de vider les caves seigneuriales ; on s'adressa à
Wolff Jacob Zom, de Plobsheim, et, le 17 juillet 1684, on
obtint des lettres patentes qui relevaient la ville de toutes
charges de guerre, moyennant une somme iine fois payée
de 100 écus ou 153 florins. Ces belles promesses n'empê-
chèrent pas Yernier de commencer le siège.
Riquewihr était à cette époque soigneusement fortifiée; on
peut s'en faire une idée très nette, d'après la belle gravure de
Merian de 1648 (reproduite dans VAbatia de 1876), et
d'après les vestiges très bien conservés qui existent encore
^ La plupart des renseignements donnés dans ce travail sont tirés des
archives communales de Riquewihr; nous aurions voulu donner d'autres
renseignements > plus nombreux que ceux dont nous disposons; mais
les règlements défendent de communiquer au dehors les documenta
déposés aux archives départementales.
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372 RSYUS D*ALSAGB
actuelt«meût. DéjàBurkart I, de HorbourgJ'aTait entonrée,
en 1291, d'une haute et massive muraille, garnie de plusieurs
tours, notamment aux deux portes où aboutissait la rue prin-
cipale. Une galerie de ronde permettait aux gardiens d'en
faire le tour à intervalles réguliers, et de signaler les mouve-
ments suspects qu'ils pouvaient remarquer au pied de Ten-
ceinte; un large fossé en défendait rapproche. Quand intro-
duction de l'artillerie dans les armées nécessita un change-
ment de système dans la défense des places, les seigneurs de
Wurtemberg, dont relevait la ville, eureût soin de construire
une nouvelle fortification. Il n'y avait rien à modifier au front
Nord de la place; au delà du fossé s'élevait le coteau de
SchOneberg, dont la pente raide défendait les travaux d'atta-
que; mais, aux deux angles du front Sud, on construisit deux
bastions (die obère und dieuntire Kalze, dans le langage popu-
laire) reliés par une courtine qui se prolongeait aux firoûts
Est et Ouest. Un second fossé s'étendait devant ce nouveau
rempart; deux portes, munies de ponts-levis et de herses,
s'ouvraient d^ant les anciennes tours d'entrée; l'une d'elles
existe encore et porte la date de ISOO. Les portes se fermaient
chaque soir et les clefs en étaient remises h un membre du
magistrat commis à cet effet. S'il était nécessaire d'ouvrir
pendant la nuit« ce fonctionnaire devait être présent, et, avant
l'ouverture du matin, les gardiens faisaient la ronde pour
s'assurer qu'il n'y avait aucun danger. La place, on le voit,
n'était pas de celles qu'on emporte par un coup de main, et
Yernier dut procéder à un siège régulier.
A cette époque troublée, comme du reste pendant toute la
durée du moyen-fige, tout bourgeois devenait soldat pour
défendre ses foyers. Dans le serment prêté par chaque citoyen
(la rédaction en est de 1607), il est dit que chacun avait à
tenir ses armes en bon état, à se présenter à la première
sommation de l'autorité, à s'exercer au tir à la cible. Les
jprinces de Wtlrtemberg-Monthéliard n'étaient pas assez riches
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LE SIÉGS DE BIQUEWIHR 373
ponr se donner le luxe d'une grande armée. Aussi la garnison
était-elle faible et Fartillerie insigniHante. On peut en juger
par une lettre de remercîments adressée, en date do
Î6 novembre 1592, par le grand bailli, Melchior de Rust, au
prince Louis; il s'agit d'un envoi de deux pierriera et de deux
tonnes de poudre. Il n'est pas probable que le nombre des
canons ait été sensiblement augmenté plus tard; du moins,
rien ne le fait supposer. Quant à la garnison, nous possédons
encore plusieurs registres-matricules : l'un est du 7 aodt 1610;
il contient 102 noms; parmi ces soldats, deux avaient une
armure complète, deux des lances, deux des hallebardes, un
une flamberge, cinq des arquebuses; les autres quatre-vingt-
douze n'avaient que des épées. Chacun recevait par semaine
une solde de S balzen (Fécu avait 18 batzen). D'après une
autre lîstj de solde, du 27 mars 1622, il y avait à Riquewîhr
39 soldats, à Horbourg, 11; le 81 janvier 1632, le nombre
est remonté à 68 pour Rîquewihr, mais descend, le 14 mai
de la même année, à 26. Nous sommes bien près de la fatale
année de 1635; les renseignements nous font défaut pour
cette époque, mais les chiffres relevés pour les années précé-
dentes nous disent ce qu'a dd être la garnison, au temps oCi
les Lorrains investirent la ville.
Abrités derrière leurs remparts, les défenseurs repous-
sèrent les assaillants et leur firent subir des pertes considé-
rables; 500 Lorrains, dont 80 officiers, périrent dans les
diverses attaques {^Revm d Alsace, 1856, p. 410). Dans Tin-
térieur de la place, au contraire, les pertes furent insigni«>
fiantes; les actes de décès ne mentionnent que deux morts,
un bourgeois du nom de Daniel Knôner, tué d'un coup de feu
qu'il eut à la tête le 12 juin, et un soldat montbéliardais»
frappé le lendemain d'une balle au cœur. Malgré cela, les
courages faiblissaient . Les provisions avaient diminué pen-
dant les quatre semaines qu'avait duré le siège. Les secours
qu'on attendait de Golmar n'arrivaient pas. Le stettmeistre de
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374 REVUE d'alsagb
cette ville, JonasWaIch, de Wolfgantzen, gardait contre Riqoe-
wihr une ancienne rancune ; il y a?ait été un jour condamné
comme adultère et sa femme 7 avait été brûlée comme sor-
cière; aussi fit-il la sourda oreille à toutes les prières qui loi
arrivaient de là. La place assiégée se trouva finalement à bout
de ressources {Refme d'Alsace, I. c). Le grand bailli de Rique-
wihr, à qui revenait la responsabilité de la défense, s^appelait
Richard Wurmser, de Yendenheim.^ Jugeant inutile de pro-
longer le. siège, il s'évada, dans la nuit du 18 au 14 juin, pour
se retirer au château de Horbourg. Le lendemain, la ville
capitula, à la condition que les biens et la vie des habitants
seraient respectés. A tort ou à raison, on reproche aux
anciens Lorrains de ne pas tenir leurs engagements. A cette
occasion, cette réputation de mauvaise foi se justifia. Les
portes de la ville furent à peine ouvertes que le pillage com-
mença. La population afiTolée ne chercha plus à se défendre.
Les actes de décès citent une pauvre femme enceinte, pour-
suivie par des soldats et qui, pour leur échapper, sauta par
la fenêtre dans la cour où elle expira ; un jeune homme, du
nom de Martin Fûrstenlob, fut tué dans sa cave. Le registre
mortuaire constate en outre que la famine et les maladies
contagieuses, suites d'un investissement qui avait duré plus
d'un mois, emportèrent de nombreux habitants,' Une contri-
^ La famille Warmser est nne très ancienne famille alsacienne ; son
nom paraît déjà en 1306. Vers la fin du XV*' siècle elle se partagea en
denx branches, l'une dite de Vendenheim, l'autre de Schafftolsheim* La
famille fournit jusqu'à la Révolution de 1789 des titulaires aux grands
emplois d'administration. Le grand-bailli de Riquewihr, Jean-Richard,
était fils de Jean-Jacques, conseiller de l'électeur de Brandebourg et de
révèque de Strasbourg. Jusqu'en 1789, la censé du Windsbûhl, dans la
banlieue de Hunawihr, était une propriété des Wurmser. Le maréchal
autrichien Wurmser, connu par les guerres de Napoléon, est né en Alsace
(voyez sur cette famille Schœpflin-Ravbnéz, t. V, p. 810 sq.).
' In dieser Drangsal und hernach seind viel ait und jung Hungers und
Kummers gestorben, welche unangezeigt auf dem Stadtkirchhof seind
begraben worden, weil Herr Snperintendent und Diaconns abwesend
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LE SIÉ6B DB RIQUEWIHR S75
bution de guerre de 12000 écus fut imposée à la ville et les
magistrats furent, arec les pasteurs, emmenés par les troupes
victorieuses à Brisac, jusqu'au paiement de cette somme.
Les tribulations de fiiquewihr n'étaient pas achevées; de
nouveaux malheurs la frappèrent coup sur coup. Nous avons
vu plus haut Charles de Lorraine passer sur la rive droite
du Rhin pour échapper au maréchal de La Force, qui l'avait
chassé de la Franche-Comté. Une diversion faite dans la
Basse* Alsace lui permit de reprendre l'offensive. Le général
impérial Matthias, comte de Galas, pénétra dans le Palatinat
et en Alsace et remonta lentement le pays. A cette nouvelle,
Charles de Lorraine repassa le Rhin à Brisac, rallia un corps
de seize régiments, détachés de l'armée de Gallas, sous Jean
de Werth. Le 2 juillet, Guémar fut pris sur la petite garnison
française qui se replia sur Colmar. Les Impériaux mirent le
siège devant celle ville. A cette occasion, Riquewihr fut de
nouveau pris par un de leurs partis et mis au pillage.^ Une
und die ûbrigen Dorfpfarrer seind gefangen hinweg, der Armée nach,
wegen der Stadt, gefuhret worden.
Le surintendant on pastear principal s'appelait Jean-Ulrich Volmar ;
il était né à Urach, dans le Wurtemberg, et avait obtenu, le 20 février
1622, le diplôme de Maître-ès-arts à l'Université de Tubingen. Avant
d'être appelé à Riquewihr, il paraît avoir été prédicateur de la cour à
Montbéliard ; du moins il prononça, en 1628, dans la chapelle du château,
l'oraison funèbre du prince Henry. Son frère, devenu catholique, fut un
des plénipotentiaires autrichiens pour la conclusion du traité de West-
phalie. Volmar obtint la surintendance de Riquewihr au printemps de
1631. Il mourut à Colmar le 17 mai 1637; «ist grosser Schade umb
solche gelehrle Leuth bei dièse r Zeit; memoria ejus sit in'^ayioïç ». —
Son diacre s'appelait Matthieu Piscator; il mourut le 6 décembre 1635.
^ Umb dièse Zeit ward die Stadt Reichenweyer von fûnff kaiserlichen
Generalen als Herzog Karl von Lothringen, Baron von Suys, Franz Mercy,
Johann de Werth und Bassompierre plockiert, mitAkkordeingenommen
und der Pfarrer von Beblen mit andern collegis gefangen genommenund
der kaiserlichen Armée weit in Lothringen nachgefûhrt, doch auff starcke
Rantion wegen der Stadt Reichenweyer wiedernmb losgelassen (Registre
paroissial de Beblenheim). Le pasteur de Beblenheim s'appelait Jean-
Michel Walther, natif d'Augsbourg ; après le décès de Volmar, il devint
surintendant à Riquewihr et mourut le 24 juin 1666.
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376 BETOE d'ai^ace
note inscrite parmi les actes de décès en ftit foi. « En ce mois
de juillet, y est-il dit, eut lieu le second pillage par Tamiée
de Brisacfa; Hans Flacb, dit Schmalbart, y fot tué par un
soldat; en ce temps aussi, beaucoup d'habitants, jeunes et
vieux, moururent, qui furent enterrés au cimetière ordinaire,
sans assistance ecclésiastique. >^ Les pasteurs, du reste,
emmenés comme otages, n'étaient pas encore revenus ; ceux
des localités voisines les remplaçaient à Toccasion, et ces ser-
vices n'étaient pas sans danger. Le pasteur de Beblenheim
raconte par exemple que, le 9 décembre 16So, il a?ait célébré
le service à Téglise de Riquewihr. Pendant le sermon, le
quartier-mallre d'un régiment de Tarmée de Gallas entra dans
le sanctuaire et lui tira un coup de pistolet, sans l'atteindre,
heareusement.' L'occupation par les Impériaux ne fut pas du
reste non interrompue. Le colonel de la garnison française
de Golmar, Hanicamp, profila de toutes les occasions pour
inquiéter les assiégeants par des sorties fréquentea. Le
36 juillet, il poussa jusqu'à Riquewihr, dont il surprit la
garnison impériale ; il fit 40 prisonniers et emmena les pièces
de canon (Strobel, Gesehischte des Elêosses, t. IV, p. S84).
Ces divers pillages, suivis de logements militaires (Revue
d Alsace, 1856, I. c.) ruinèrent pour de longues années la
prospérité de la petite ville. On peut se faire une idée des
dégflts commis par les bandes indisciplinées de soudards, en
se rappelant ce qu'était devenue TAsace, lorsque se conclut la
^ In der Zeit sind abermal viel jang und ait gestorben^ welche nnan-
gezeigt auf den ordinâren Kirchhoff sind geleget worden (Registre
paroissial de Riquewihr).
' Allhier zu gedenken, dass ich, der Pfarrer, dièses Kind za Reichen-
weier ahsentilms ordinariis pastoribus gelaaffl und selbst ans der b.
Tauffgehoben. der Regimentsquartiermeister des ... Régiments aus der
Galtas*8chen Armée mit einem Bandeiierrobr und zwei Pistolen in
wehrender Fredigt in die Rirclien kommen, mich ab der Kantzel za
schiessen, so doch Gott verhuotet^ cui œtemasit gloria. Amen (Registre
paroissial de Beblenheim).
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LE SIÈGE DE RIQUBWIHB 377
paix de Westphalie. Les archires de la. rille et celles de
Téglise furent dispersées. Le plus ancien registre de Téglise
porte qu'il fut trouvé déchiré dans les vignes.^ Le sceau de
la TÎUe avait disparu et les pièces de l'époque en font men*
tion.* A ces dégâts se joignirent toutes les horreurs de la
femine et de la pe.^te. Au 1" janvier 1686, un quarteron de
seigle s'achetait 24 florins; un quarteron de froment, SO florins;
la mesure de vin, 5 florins (Alsatia, 1878, p. 376). La disette
était universelle en Alsace. En outre, les maladies contagieuses
faisaient de tous côtés de nombreuses victimes. En juin 1685,
on constata leur présence dans le comté de Montbéliard (Du*
VERNOT, Ephéméridea, p. 201); elles régnèrent dans le Wurtem-
berg, et, dans la seule année 1685, il mourut dans oe pays
S26 maîtres d'école (Sattler, Gesch. Wûrtmb., VU, p. 150).
Les actes mortuaires de la paroisse de Riquewihr portent
presque tous la mention lugubre : famé, inedid, peste ou morbo
hungarico, et tous les décès ne pouvaient être inscrits.
Ce n'était pas peu de chose, au milieu de cette détresse,
de trouver les 12000 écus au prix desquels les otages devaient
^ Conteniplarej o lector, hwicce Uhrum ecclesiasticum RichovUlanum
ita misère a milite in expugnatione Urbis fada 4à junij i6S5 dilaceror
tum et tandem in vineis repertum, priore et antiquore prorsus amisso,
Inventus est hic liber et traditus M,Joh. Miehaëli Walthero. pastori
Beblei^keimensi ut et M. Martius Phrysio, paUori Siifndhûviano, vidbm
pastoratus vicariis tune temporis fdefunctis et D. superintendenti et
Diacono), fungentibus per Dm- occonommum eccles, M Barthol. Gable-
rum. — La mort da surintendant et du diacre était un de ces faux bruits
qui circulent dans les temps d'alarmes, voyez la note 2, i>age374 — Quant
à Martin Phrysius, alort» pasteur à Sundtiofen, il était natif de Riquewihr^
et succéda à Walther dans la surintendance de sa ville natale.
' À la fin d'un document daté du 26 août 1636 (Archives départemen-
tales E, 443), il est dit : Und dessen Allen zur wahren Urkund babeû
wir aus Mange! gemeiner Stadt Insiegels, welcberbei ferndriger Erober-
und aus Plûnderung derselbigen verloren worden, ernstlicben Fieisses
Gebeten... David Rôtiin. AmtschafTner und Conrad Wielanden den
Amt- uud Stadtschreiber und Bartholomeom Gablern den Rirchschaffner
dies EU unterschreiben.
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378 RKYUE d'âlsacb
être délivrés. De nombreux documents déposés aux archives
de Ciolmar (E 448) nous initient aux difficultés qu'il y avait
à surmonter. Voici d*abord une procuration Keigneuriale du
26 août 1686, où l'on dit que depuis quinze mois les otages se
trouvaient en prison et que tout l'argent qu'on avait pu
réunir, tous les emprunts qu'on avait contractés à des taux
usuraires, n'avaient donné qu'un résultat imparfait Aux ven-
danges prochaines, les habitants étaient invités d'autorité à
livrer une quantité proportionnelle de vin qui, sous le nom
de Brandschaizungstoein, figurera de longues années encore
dans les comptes de la ville. Deux notables, du nom de Pierre
MQUer et d'André Nieggart, étaient chargés de le recueillir et
de le vendre, soit à Strasbourg, soit à Bàle. Cette opération
exigeait de la part de ceux qui en étaient chargés une grande
prudence et une grande fermeté. Il y avait alors, comme
aujourd'hui, des preneurs qui ne payaient pas; on cite entre
autres Ambroise Hetzel, l'hôtelier de la Hache, à Strasbourg,
et Jean-Henri Str&hlin, bailli du Rhingrave à Erstein. Ensuite,
les routes étaient couvertes de maraudeurs; il fallait compter
avec les postes militaires stationnés i tous les points impor-
tants, et qui souvent ne demandaient pas mieux que de confis-
quer le précieux chargement, sous un prétexte quelconque.
Il fallut renoncer à vendre à Bftle, on y ofTrait des prix trop
peu élevés. Toutes les livraisons étaient dirigées vers Stras-
bourg. Les fûts étaient voitures à IIMusern; de U, des bate-
liers les conduisaient, en descendant l'Ill, à leur destination.
Pour se mettre à l'abri des exigences militaires, on avait
demandé et obtenu des saufs-conduits de Jean-Henry de
Reinach, gouverneur de Brisac (28 oct. 1685), d'Achille de
Longueval, seigneur de Manicamp, gouverneur de la Haute-
Alsace (81 oct. 1685), et du sieur d'Hocquincourt, comman-
dant de Schlestadt. Ces sauCi-conduits, hélas ! n'étaient pas
toujours respectés. Le 80 novembre 1685, les baillis de Hor-
bourg adressèrent une plainte au magistrat de Strasbourg,
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LE SIÈGE DE BIQUEWIHB S79
pour lui demander redressement d'un abus de pouroir commis
à Erstein. Deux bateaux chargés de vin descendaient tran-
quillement rill ; le commandant impérial les arrêta à Erstein,
fit rouler les tonneaux dans une cave et, après les avoir mis
en perce, il en livra le contenu à ses Aoldats. C'était une fête;
les habitants d'Erstein, bourgmestre en tête, se mirent à
la curée; le vin était emporté en baquet. Les baillis de Hor-
bourg prièrent le magistrat de Strasbourg de confisquer au
marché les denrées que les habitants d'Erstein y conduisaient,
jusqu'à concurrence de la valeur des vins séquestrés. Dans
une autre pièce, on dit qu'un batelier de Schlestadt a été
arrêté par des malandrins qui lui déchirèrent son passe-
port.
Tous les otages n'avaient pas été conduits à Brisac; quel-
ques-uns, après le second pillage, avaient été internés en
Lorraine. Tel fut le sort de Pierre Grimaldus, pasteur d'Au-
bure, qui mourut le 8 décembre 16S5, à Echery, de la peste,
à son retour de la captivité; un magistrat de Riquewihr,
Hans Schmidt, succomba à la dyssenterie, à Saint-Hélimer, de
l'autre côté des Vosges.
Sur ces entrefaites, l'administrateur du comté de Montbé-
liard, le duc Jules Frédéric, était mort à Strasbourg, à l'hôtel
de Wurtemberg ^ où il s était retiré après l'issue malheureuse
de la bataille de NSrdlingen (Duvernot, Ephémérides, p. 822).
Le gouvernement échut à un prince mineur, dont le prince
Eberhard prit la tutelle. Celui-ci se fit adresser par le greffier
de la ville de Riquewihr un rapport sur l'état de la seigneurie.
Nous terminons ces communications par un extrait de ce
document, daté du 16 février 1686. Le rapport parle d'abord
de la contribution en vin à laquelle les bourgeois de Rique-
wihr s'étaient assujettis; puis il mentionne l'invasion de la
vallée de Sainte-Marie-aux-Mines par un corps de Croates
' Cet hôtel se trouvait dans la rue du Faisan.
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.380 BEvins d'alsacb
venu cle Saint-Dié, sous la conduite du lieatenant^ooloiid
d'Arbois, et cootiaue en cex termes : < Au surplus, les sujets
de Votre Excellence, tant en cette seigneurie qu'en celle de
Horbourg, se trouvent daas un état de détresse et de misère
qui se refuse à toute description. Plus des deux tiers sont
morts de faim et de chagrin, plutôt encore que de la contagion
xégnante, et journellement il en meurt encore beaucoup.
Selon toutes les prévisions, nos villages, autrefois si peuplés,
finiraient par êlre complètement déserts, si la ville de Stras-
bourg ne veuait à notre aide par des envois de blé, qu'oâ
payera dès que les extances dues à Thôpital et au service des
contributions seront rentrées (t// abschlag derm dem hiemgm
SpitcU und ihrem Pfmniglhurm ausst&ndigm Zinsm). >
En. Ensfeldeh,
pasteur à Riquewihr
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LETTRE
DE
DAVID-CHRÉTIEN SEYBOLD
a.ncieii professexxr d\a Gymnase do Bouacwiller
A UNE DAME DE LA MÊME VILLE
QXTELQUES MOTS SUB LECTEUR DE CETTE LETTRE. — LE PASTEUR
BRAUER DE HUNAWIHR. — UN CORTÈGE DE NOCE A COLMAR.
— LES TRESSES CATHOLIQUES ET LES TRESSES LUTHÉRIENNES.
— VISITE A l'institut PFEFFEL. — 1781.
La lettre dont j'offre la traduction au bienveillant lecteur
de la Revue d Alsace est extraite d'une publication mensuelle,
intitulée : Magazinfûr Prauenzimmer (Magasin des DamesJ.
La première série de ce recueil, très estimé et très répandu
à la fin du siècle passé, parut, de 1782 à 1786, à Strasbourg
et à Eehl ; la seconde, qui porte le titre de Neues Magazin
fur Frmtenzimmer (Nouveau Magasin des Dames), fut impri-
mée à Strasbourg, chez F.-O. Levrault, de 1786 à 1791. La
collection entière comprend 84 volumes in «12, ornés d'un
grand nombre de costumes allemands, suisses et alsaciens.
Le rédacteur de cet intéressant recueil fut David-Chrétien
Seybaldj né le 26 mai 1747, à Brackenheim, dans le Wurtem-
berg. Après avoir fonctionné, de 1771 à 1779, comme pro-
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[{83 BEVUB D'ALSACE
fesseur de philologie dans plusieurs villes de rAIIemagne, il
fut appelé, en 1779, dans la même qualité, au Gymnase de
Bouxwiller. Sa profonde érudition, son expérience pédagogique,
Taménité de son caractère, ont fait longtemps conserver son
souvenir parmi ses nombreux élèves. Ce fut à Bouxwiller,
qu'à côté d'autres travaux littéraires, il rédigea, pendant près
de dix ans, le recueil dont je viens de parler. En 1796, Sey-
bold fut nommé professeur de littérature classique à l'uni-
versité de Tubingue, où il mourut, le 10 février 1804. —
Son fils, Frédéric Seybold, né à Bouxvnller, le 5 mai 1784,
s'est distingué comme publidsle libéral et comme auteur de
plusieurs romans et tableaux de mœurs très goûtés du public
de son temps. Il mourut à Stuttgart, le 23 juillet 184S.
La lettre qui va suivre se trouve au 2* volume du Magatin
des DameSj mois de septembre J782, p. 874—877.
Auguste Stœber
Hanawihr, le 34 juillet 1781. mardi matin.
c Vous serez étonnée, chère amie, que cette lettre vous
parvienne de Hunawihr. Mon ami^ m'y conduisit hier, par
Golmar, pour me faire faire la connaissance de son beau-père.'
Je ne saurais assez lui exprimer ma reconnaissance de m'avoir
présenté à cet honnête et vénérable ecclésiastique, qui est en
même temps un savant distingué et un parent de Schœpflin,
aux ouvrages duquel il a fourni d'intéressants documents.
c J'ai traversé hier de grand matin, en charmante compa-
gnie, la vallée de Saint-Grégoire pour me rendre à Golmar et
^ PhiUppe-Jaeqites Bopp, pasteur de GCinsbach , dans la vallée de
Munster.
' Le pasteur André Brauer. Voir Àlaatisches Taschenhuchf 1807,
p. 81 et suiv. Brader était le beau-frère de Schœpfiinf qui le nomme
c vir doctus, antiquitatis indagator indefessus et sagax ». Âlsat. iUustr.
I, fol. 198.
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DAVID-OHBÉTIEK SEYBOLD S83
y visiter l'institut de M. Pfeffel, qu'on me dit être de retour
d'une excursion de montagnen.
c Pendant que je oie trouvais encore à mon hôtel, j'eus
l'occasion de voir une noce colmarienne ou, du moins, d'en
voir défiler le cortège, ce qui m'amasa beaucoup. Mais ce
cortège tardait passablement à se mettre en marche. Enfin je
vis paraître les jeunes filles. Elles devaient depuis longtemps
être arrivées à l'église, lorsque les femmes mariées quittaient
la maison ; il n'en vint d'abord qu'une partie qui, à leur tour,
devaient déjà être près de Téglise, quand une autre partie se
fut décidée à sortir. J'ignore le motif de ce singulier fractionne-
ment du cortège. Serait-ce qu'avant de se mettre en marche,
ces bonnes commères se fussent concertées sur le rang qu'elles
occuperaient pendant le défilé? Elles furent bientôt suivies
des jeunes gars, et enfin des hommes mariés. Ceux-ci, dont
un grand nombre s'étaient déjà groupés dans la rue, partirent
d'un pas plus rapide, au fur et à mesure qu'un serviteur, qui
se tenait à la porte, les appelait chacun par leur nom pour
leur indiquer la place qu'ils avaient à prendre selon leur état
et leur condition sociale.
< Je vous avoue, chère amie, que la raideur de ce cérémo-
nial m'étonnait beaucoup et aurait suffi pour m'avertir que
Golmar avait été autrefois une ville impériale, si je ne l'avais
pas déjà su. Il paraît que les principales villes alsaciennes
ont conservé des mœurs allemandes tout ce qu'il y a de moins
pratique, et qu'elles n'ont pas encore adopté ce, qu'à côté
d'autres avantages, les mœurs françaises, exemptes de ce raide
cérémonial, leur auraient enseigné. Cette remarque ne se
rapporte naturellement qu'aux classes bourgeoises.
c Une chose qui m'a frappé singulièrement, c'est la différence
qui existe dans l'arrangement des tresses et de la coiffure
des demoiselles. Tandis que les unes portaient les cheveux
relevés en pointe, les autres les avaient plats et larges. M'étant
informé du motif et [de la signification de cette distinction,
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384 REVUS d'âlsacb
l'on me dit qu'elle faisait connaître la confession religieuse à
laquelle ces jeune filles appartenaient. Avouez, chère amie,
que l'influenee de la religion sur la coitTure des dames a
quelque chose de bien étonnant I Je me rappelais, à cette
occasion, d'avoir lu dans la Correspondance de Schlcezer, qu'à
Augsbourg, on faisait des pâtés cathoUques et des pâtés tuthé-
rieiu; mais j'ignorais jusqu'à ce jour qu'il y eut des tresses
catholiques et des tresses luthériennes. . . Toutefois, il faut que
je le déclare à l'honneur des Golmariennes, j'ai vu rarement
réunies un si grand nombre de jolies demoiselles. Elles sont
d'ordinaire blondes et leur costume est charmant et du meil*
leur goût. Les Alsaciennes de la classe moyenne sont, en
général, très gracieuses. Je dois ce compliment à vous-même,
chère amie, à vos compatriotes, ou plutôt à la vérité.
« Dès que le cortés^e de noce eut disparu, je m'empressai
de me rendre chez M. Pfeffet, qui a eu la bonté de me faire
voir son institut militaire dans tous ses détails. Cet homme
aimable est trop modeste pour que je sois tenté de faire son
éloge. Sachez seulement que mille autres, doués de tous leurs
sens, ne montreraient pas la moitié de Tactivité que Pfefbl
devait déployer pour créer son établissement, et que cent
directeurs, jouissant du sens de la vue, ne sauraient le diriger
avec plus d'exactitude et d'entente que ce clairvoyant aveugle.
Je ne vous décrirai pas tout le bonheur que j'éprouvais d'être
assis à côté de lui, à sa table hospitalière, au milieu de sa
nombreuse famille et de ses jeunes élèves, qui le vénèrent
comme un père et qu'il connaît tous au son de leur voix.
Que de fois j'ai souhaité de posséder le don de bénir d'un
patriarche, pour verser la plénitude de mes bénédictions sur
cet homme aimé de Dieu et de ses semblables I Ce ne fut qu'à
mon grand regret que je pris congé de lui. . . »
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JEAN GEILER DE KAYSERSBERG
Un Réformateur catholique
A LA FIN DU XV« SIÈCLE*
Le célèbre prédicateur de la cathédrale de Strasbourg ne
manquait pas jusqu'à ce jour de biographes. Dès le siècle
dernier, les Àmcmitales de Riegger, et, dans le nôtre, les
ouvrages d'Ammon, de T. W. Rœhrich, d'Auguste Stœber,
sans compter des écrits plus courts et plus populaires, comme
ceux de MM. Ad. Schseffer et Rathgeber, nous ont fait con-
naître d'une façon plus ou moins approfondie l'existence et
les ouvrages de Geiler de Eaysersberg. Nous sommes loin,
néanmoins, de nous plaindre de l'apparition de ce nouveau
volume. La plupart des écrivains cités plus haut appartenaient
au protestantisme, et c'est avec plaisir que nous voyons un
auteur catholique venir expliquer à son tour un sujet, traité
jusqu'ici presqu'exclusivement au point de vue de la Réforme.
Il ne peut y avoir que profit pour la science à comparer les
deux points de vue opposés, du moment que des deux côtés
> Un BÉF0RMA.TSUR GATHOLIQUB A LA FIN DU XV« SIÊGLB. Jean
Geiler de Kaysersherg, prédicateur h la cathédrale de Strasbourg ^ U78-'
4540» Etude sur sa vie et sur son temps, par Tabbé Louis Dacbeux,
prêtre du diocèse de Strasbourg. Paris, Delagrave, et Strasbourg, Déri-
Taux, 1876 583 p. in-8<». Prix : fr. 7. 50.
Nouvelle Série ~ 6* Année. S5
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386 REVUE D*ÂLSAGE «
on fait des efforts sérieux pour écarter d'inutiles et blessantes
polémiques et pour n'apprécier les hommes et les choses qu'à
la lumière de la critique historique. Les déclamations pas-
sionnées et les invecliyes n'ont que faire en pareille matière ;
on les dédaigne et c'est tout ce qu'elles méritent. J'ajoute,
dès le début, que ce n'est point là l'unique raison qui nous
engage à faire bon accueil à l'ouvrage de M. Tabbé Dacbeux.
Il a de nombreux mérites historiques et littéraires, et le
récit, écrit avec compétence, après une étude approfondie des
sources, fait faire sur plusieurs points des progrès sérieux à
notre connaissance de cette intéressante époque.
Nous n*avons, en aucune façon, l'intention de résumer le
vaste travail de M. Dacheux, en nous attachant à le suivre
pas à pas; encore moins songeons-nous à contribuer, par de
nouvelles recherches, à grossir les matériaux réunis sur ce
sujet. Ce que nous voulons faire ici, c'est de relever, en peu
de mots, les principaux résultats auxquels aboutit le savant
curé du Neudorf et signaler, en passant, les points sur lesquels
il nous est impossible d'adopter ses conclusions ou sa manière
de voir.
Dans les premiers chapitres, M. Dacheux nous retrace, non
pas seulement l'histoire de Geiler avant sa venue à Stras-
bourg, mais le tableau intellectuel et moral de Tépoque tout
entière, à laquelle vécut le célèbre prédicateur. Il nous le
montre dans son cadre naturel et dans son développement
littéraire et théologique. Né à Schaffhouse, le 16 mars 1445,
d'un père qui vint mourir en Alsace, le jeune Jean Geiler
fut inscrit en 1460, dans sa quinzième année, comme étudiant
à l'Université de Fribourg, où il passa plusieurs années. Ce
n'était point encore le moraliste rigide que l'on connut depuis,
et le futur orateur sacré dut être admonesté, paraît-il, pour
s'être livré à un luxe de costumes que ne permettaient pas
les lois académiques d'alors. Devenu maître es arts en 1464,
Geiler continua de séjourner à Fribourg, comme membre du
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JEAN 6EILEB DE KAY8ERSBERQ 387
corps enseignant, et fut même une fois élu doyen de la faculté
de philosophie. En 1469, il se rendit à Bâle et y entra dans
les ordres, tout en continuant ses enseignements scolastiques.
Promu au grade de docteur en théologie en 1474, il fut rap-
pelé, deux ans plus tard, à TUniversité des archiducs d'Au-
triche, eomme professeur titulaire cette fois. On ne sait trop
pourquoi, dès l'année suivante, il songeait à quitter ce poste
honorifique. Il était en négociations avec le magistrat deWfirz-
bourg et allait accepter une place de prédicateur dans la
capitale de la Franconie, quand un séjour à Strasbourg, fait
sans aucune arrière-pensée de sa part, changea le cours de
sa destinée tout entière. Il s'y ût entendre comme orateur
sacré et y plut à tel point que Tammeister Pierre Schott et
plusieurs de ses amis, poussés par la partie féminine de leurs
familles, rengagèrent à rester. Les pourparlers entamés avec
WOrzbourg finirent par être rompus; on tâcha de lui obtenir
une situation ecclésiastique équivalente à ses anciens revenus
et digne de ses mérites, et, le 7 juillet 1478, il était définitive*
ment installé comme prébendair% du grand-chœur et comme
prédicateur à la cathédrale de Strasbourg.
Le diocèse était administré pour lors par Tévéque Albert
de Bavière, personnage trop préoccupé de ses prérogatives
ducales et de ses affaires mondaines pour être un pasteur
bien dévoué de son troupeau. Aussi laissa-t-il Geiler s'em-
barquer dans la rude besogne de réformer les mœurs de ses
concitoyens, sans lui venir en aide autrement que par des
vœux bien tièdes et sans le fortifier surtout, en appuyant de
son propre exemple les réformes demandées. Celte tentative
de réforme constitue la partie la plus originale de la vie du
grand prédicateur, et il importe de Tapprécier avec exactitude,
si Toa veut juger équitablement l'homme et son temps. Or,
c'est sur ce terrain surtout que le travail de M. Dacheux nous
a paru fournir des lumières nouvelles. En réunissant des
textes nombreux, en les groupant avec art, il nous a donné,
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388 REVUE D'ALSACE
de raclivîté de Geiler, une impression, pour ainsi dire, nou-
velle et tout autre que celle qu'on emportait communément
de son œuvre. Le grand docteur a-t-il profité beaucoup à ce
changement d'aspect? Je me permets d'en douter, pour ma
part, tout en me félicitant que la vérité historique se soit
dégagée sur ce point des traditions courantes. Désormais Von
ne saurait regarder Geiler comme un rtformateur^ dans le
sens qui partout s'attache à ce mot, mais c'est comme une
tentative de restauration qu'il faut apprécier son œuvre. Nous
apercevons dans ce contemporain des humanistes — avouons
que c'est non sans surprise — un des champions les plus
décidés du monachisme du moyen-âge, et l'idéal qu'il pour-
suit n'est aucunement la constitution d'une société libre, intel-
ligente et morale, mais le retour à l'ascétisme du moyen-flge,
à la domination la plus absolue de l'Eglise, et l'on ne sait ce
qu'il blâme davantage, les vices de la société civile ou les
efforts si légitimes qu'elle faisait dès lors pour se soustraire
à l'omnipotence cléricale. Sans doute, il s'élève avec véhémence
et franchise contre les péchél et les travers de ses contempo-
rains, il leur reproche leurs vices et leur annonce le châti-
ment céleste. Mais il les menace tout aussi bien du courroux
divin, quand ils s'avisent de rogner les émoluments du clergé,
quand ils essayent d'empêcher les captations d'héritages trop
fréquentes, en limitant la dot de ceux qui embrassent l'état
monacal, quand ils refusent à l'Eglise ce droit d'asile qu'elle
accordait aux pires scélérats après l'accomplissement de leurs
crimes, quand ils demandent qu'ecclésiastiques et religieux,
devenant citoyens comme les autres, paient leur juste part
dans les charges de l'Etat. La suprématie de l'Eglise, voici
pour Geiler l'arche sainte à laquelle il est défendu de toucher;
ses privilèges lui semblent d'essence divine et sa colère éclate
contre ceux qui prétendent en réformer les abus. « Tout ce
qui concerne Dieu est de trop dans vos lois », s'écrîe-t-îl,
quand on rend cette loi sur les héritages dont nous parlions
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JEAN OEILER DB KAYSBBSBEBa 989
tout à l'heure, nous montrant ainsi que les tendances restent
les mêmes à travers les siècles, et qu'alors déjà, Ton accusait
doffenser Dim ceux qui tentaient de rogner les avantages
matériels de TEglise. Faut-il s'étonner alors si, malgré son
éloquence et ses convictions profondes, il a si peu gagné de
terrain, que son biographe est obligé de nous dire « qu'au
bout de vingt-trois années, il n'avait obtenu aucun résul-
tat sérieux » ? C'est qu'il se mettait en travers de la ten-
dance la plus accentuée de l'époque, de l'aspiration générale
des esprits instruits et sérieux à se soustraire à la tutelle
cléricale. Il ne s'agit pas de discuter si cette tendance était
légitime, et Je sais trop bien quel est le sort des controverses,
même les plus courtoises, pour être tenté de l'examiner ici.
Mais en réservant cette question, dont la solution semble aussi
peu douteuse à M. Dacheux qu'à moi-même, bien que nous
la tranchions de la façon la plus contradictoire, je puis bien
lui demander s'il y a rien d'étonnant è ce que Geiler n'ait
point exercé sur ses contemporains, pris en masse, l'influence
qu aurait dû lui donner et sa vie si pure et ses convictions
si profondes, et son éloquence si populaire? On n'exerce une
influence véritable sur ceux qui vous entourent, qu'à condition
de se trouver dans le grand mouvement du siècle et de
partager les aspirations légitimes de la foule, à condition de
comprendre ses plaintes, trop fondées, contre d'antiques abus.
Remonter le courant des âges, revenir vers un passé dont
on ne veut plus, le défendre et le glorifier, c'est peut-être le
lot d*une âme honnête et sincère, le rôle d'un martyr — les
plus mauvaises causes ont les leurs, — ce ne sera jamais
celui d'un réformateur et d'un conducteur des peuples. Le
christianisme n'est devenu dans le monde une puissance que
le jour où il a rencontré l'adhésion des masses au sein de
l'Empire romain qui croulait; les grands pontifes du moyen-
flge n'ont établi leur domination universelle sur la chrétienté
que lorsque l'appui de l'universalité des fidèles leur a permis
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890 REVUE d'alsâge
de briser les empereurs et les rois. Ce n'est point là de la
controyerse religieuse, c'est une des grandes lois de rbistoire
que je rappelle à M. Dacheux.
Si du moins Geiler, dans cette lutte qu'il soutenait en fayeur
des prérogatives ecclésiastiques, avait rencontré, dans l'hono-
rabilité de ceux qu'il défendait ainsi, Targument nécessaire
pour conyaincre ses contradicteurs ! Mais ce qui faisait la
force de l'opposition anti- cléricale et la faiblesse de ses adver-
saires, c'était rétat de l'Kglise à la fin du XV* siècle. L'empire
des âmes lui échappait chaque jour; elle comptait dans ses
rangs < une foule d'hommes indignes de leur sainte mission,
qui ne «avaient que faire gémir les bons, décourager et séduire
les ftmes faibles et chancelantes >. Notre auteur trace de cette
décadence profonde du corps sacerdotal un tableau qu'on ne
saurait accuser ni d'exagération, ni surtout aussi d'atténua-
tion blâmable. Nous croirions lui faire injure en le félicitant
plus particulièrement de sa rigueur historique; mais nous
pouvons bien dire que c'est le soin consciencieux qu'il a mis
à remplir ses devoirs d'historien qui nous permet de parler
sans gêne de son livre et de discuter librement, à notre tour,
le sujet si délicat qu'il touche, sans ménagements anti-scien-
tifiques. M. Dacheux, tout en constatant l'état des choses
au sein de TEglise, pense que celle-ci ne fut pas la coupable,
mmh victime. L'aristocratie féodale du XIV* et du XV* siècle
aurait fait tout le mal en pénétrant, pour ainsi dire de vive
force, dans l'enceinte sacrée, et en s'emparantdes monastères
et des abbayes, des places de chanoines et des sièges épisco-
paux. t On ne frappait point TE^Iise, dit notre auteur, on
rétoufifait en l'embrassant. » Cette remarque est très juste
en elle-même et doit être prise en grande considération par
la critique. Mais celle-ci est bien obligée de faire observer à
son tour que, bien avant le XIV* et le XV* siècle, le désordre
régnait dans l'Eglise. Ce n'est pas à un connaisseur aussi
exercé de l'histoire ecclésiastique que nous avons à rappeler
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JEAN GEILER DE SATSBBSBEBa 391
les écrits d'an Pierre Damiani, par exemple, ni le scandale
donné à la chrétienté par les Benott IX et les Marrozie. Et
d'ailleurs, étant donnée la puissance concentrée dans les mains
du Saint-Siège^ on aurait certalnemeht réussi à détruire une
partie au moins des abus, causés par l'absentéisme, par le
cumul des bénéfices, par Tignorance des clercs, si l'autorité
souveraine l'ayait énergiquemect tenté. Mais c'était à Rome
même qu'était le centre des intrigues et des cabales de ces
œurtisam effrontés que M. Dacheux nous a fait si bien con-
naître. La correspondance de Pierre Schott, le jeune chanoine
de Saint-Pierre-le- Vieux, a fourni à notre auteur des traits
bien curieux et bien caractéristiques pour le tableau de l'é-
poque. Et j'ai quelque peine à croire, je l'avoue, que c'est
c en trompant Rome » que les solliciteurs ambitieux parve-
naient à réussir, quand j'étudie le trafic des réserves papales
et que je vois quel poste lucratif était celui de <r solliciteur de
brefs pontificaux ».
De tels personnages, installés dans leurs dignités ainsi
acquises, que pouvaient-ils être? Les évêquestrop souvent
n'étaient que des nobles querelleurs et grossiers, pour qui
c le soin des âmes était le dernier souci >, et qui ne voyaient
dans leur diocèse « qu'un domaine à exploiter >. Ils laissèrent
se former peu à peu un clergé, « mélange singulier de théo-
logiens, de canonistes et d'aventuriers, qui n'avaient de com-
mun que leur ambition, leur cupidité et, trop souvent, leurs
désordres ». Mais ce clergé, dît M. Dacheux, dont le siècle se
plaignait et se scandalisait en vrai pharisien, c'était lui qui
l'avait imposé à TEglise! Qu'entendre par le siècle et que
désigner par VEglise'i L'Eglise, que je sache, alors comme
aujourd'hui, alors moins encore que de nos jours, n'accordait
aucune part dans le gouvernement spirituel à la foule des
laïques. Si le clergé se montrait ignorant et vicieux, «^ étranger
à toute vie intérieure et à toute vraie piété », c'étaient les
chapitres, les évoques, le Saint-Siège lui-même gui, à des
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B92 BEVUE D'ALSACE
degrés divers, lui avait donné Tinvestiture religieuse, et je ne
vois pas comment les ftmes croyantes dans les classes bour-
geoises et populaires pourraient être rendues responsables
d'abus, dont elles souffraient plus que tout antre.
Yis-à-vis de ce clergé, quelle fut l'attitude du grand prédi-
cateur de Strasbourg? Sévère pour ses vices en général,
trop disposé peut-être à les couvrir en particulier du voile de
Toubli, estimant « que c'est un strict devoir de dissimuler
avec prudence et discrétion les fautes des ecclésiastiques »,
il est le défenseur jaloux de ses droits spirituels et de ses
revenus terrestres, c Les préceptes de TËglise n'obligent pas
moins rigoureusement que ceux de Dieu même >, s'écrie-t-il
quelque part, et, cette obligation chrétienne, il la rappelle en
parlant des dîmes et des redevances de toute nature. Grand
ami de la vie monastique, Geiler la favorise de toutes ses
forces, bien qu'il ait énergiquement protesté contre la mon-
danité profonde et la corruption de bien des couvents de
religieux et de religieuses en Alsace. Il réforma lui-même la
règle des religieuses de Sainte-Madeleine, et, dans ses sermons^
il revient souvent sur le bonheur de ceux qui ont étouffé tout
sentiment terrestre dans leur cœur et sont morts à l'exis-
tence. {Stlig die ir hertz hand abgezeret und in selber und
aHen creaturen erstorbm sindi) L'extase dans lanéantisse-
ment de soi-même, une espèce d'absorption dans l'infini,
quelque chose comme le Nirwftna bouddhique, tel semble
avoir été pour cet infatigable champion de l'Eglise, qui pour-
tant ne se reposa que dans la tombe, l'idéal du sentiment
religieux. Il voulut même que Ton « dressftt > (apiandi mnt
in juventute) les ftmes à la vie monastique dès leur tendre
enfance, sans comprendre sans doute que c'étaient toutes ces
vocations forcées qui faisaient de mauvais religieux et de pires
chrétiens.
H. Dacbeux arrive tout naturellement à nous parler ici des
doctrines théologiques de Geiler. C'est un des chapitres les plus
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JEAN GBILEB DE KÀYSEBSBERG 803
intéressants, un des plus nouveaux de TouTrage. La plupart
des biographes précédents du docteur de Kaysersberg avaient
appuyé sur les passages de ses écrits, où Ton pouvait découvrir
une tendance réformatrice et, pour ainsi dire, protestante.
Notre auteur, parcourant à soif tour les nombreux écrits de
Geilar, a fait une moisson plus ample encore de passages
établissant, selon lui, que Geiler, loin d'être un réformateur
avant la Réforme, la combattit par avance et comme par
intuition. Nous ne pouvons, en étudiant les textes, que donner
raison à cette dernière manière de voir. Sans doute- Geiler
aurait pu, comme maint autre, devenir un des précurseurs de
la Réforme. Il est incontestable quil y en eut et, comme le dit
très bien M. Dacheux, c c'est une grande illusion de croire
que le protestantisme soit sorti tout d'une pièce du cerveau
de Luther ». des précurseurs ont apparu bien avant Hus et
Wiclef ; nous les rencontrons dans les hérésies de tous les
siècles, protestant, chacun à sa manière, contre la domination
de l'Eglise, au nom de la liberté de conscience et de l'indé-
pendance de la pensée religieuse. Si l'on voulait prendre à la
lettre la fiëre devise que TEglise arbore volontiers, quand elle
définit la foi chrétienne : < Ce qui a été cru de tout temps,
partout et par tous », il n'y aurait jamais eu de foi ni d'Eglise
catholique. Mais Geiler n'a point été de ceux qui, de leur
temps, ont protesté contre un joug qu'ils regardaient comme
trop dur et trop pesant. Il n'y a rien en lui qui se rattache
au courant de l'esprit moderne ; c'est un ascète du X* siècle,
égaré vers l'aurore du XVI'. D comprend si peu les revendi-
cations légitimes de la conscience humaine, qu'il en travestit,
très sincèrement d'ailleurs, les idées et les principes. Ecoutez
plutôt ce qu'il dit du Ubre examen : t Par ce procédé, dit-il
tous les pécheurs peuvent se défendre ; les moines déréglés
justifieront leur vie irrégulière, les prêtres séculiers la plu-
ralité des bénéfices, les laïques leurs parjures et la violation
des immunités ecclésiastiques. Reprochez-leur ces vices, ils
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9M REVUE D'ALSACE
TOUS répondront : Nous n entendons pas FEcriture comme
vous ! t II a si peu le sentiment de la spontanéité de la foi,
qui n'a besoin d'aucun médiateur en Tâme et son Créateur,
que, pour lui, « les saints docteurs > sontiFéquivalent de la
conscience humaine, et < les prêtres de la Sainte-Eglise sont
les anges de Dieu >. A quoi bon discuter avec la conscience,
quand il suffit de répondre : « Tant de siècles, les docteurs*
les saints Tont cru ; il est donc insensé d'en vouloir douter. >
Il est une question surtout qui fut, comme on sait, le point
de départ du mouvement de la Réforme, la question des
indulgences. Là aussi, M.Dacheux a raison de dire que < Geiler
fut en contradiction flagrante avec les futurs réformateurs. >
Mais c'est tout ce que je dirai sur ce chapitre; mes opinions
à ce sujet se trouvent en divergence si radicale, sur ce point
de morale et d'histoire, avec celles qu'exprime notre auteur,
que je craindrais trop de le froisser, en exprimant, avec les
textes authentiques à l'appui, mes sentiments sur ce trafic.
Je le puis d'autant moins que M. Dacheux nous assure —
et je dois l'en croire sur parole — < que les choses se passent
aujourd'hui comme au XV* siècle, au fond >. Mais il m'est
avis que l'Eglise qui, bien des fois déjà, sut, par de prudentes
retraites, abandonner des causes mauvaises, aurait tout intérêt
à ne pas défendre celle des indulgences, à rencontre de ce
que M. Dacheux appelle « d'odieuses et d'iniques accusations >
et que j'appellerais, moi, la révolte légitime de la conscience
publique.
Nous n'insisterons point, pour des raisons analogues, sur
les chapitres suivants, relatifs aux dogmes ainsi qu'aux céré-
monies du culte. Bornons-nous à constater, d'accord avec
M. Dacheux, que Geiler est très attaché à la doctrine du Pur-
gatoire; qu'il est un chaud défenseur de Tlmmaculée-Goncep-
tion, un grand admirateur du culte de la Sainte-Vierge et des
Saints. Il croit, avec une sincérité profonde, à l'amphore de
Cana, déposée à la Sainte-Baume de Marseille, il est persuadé
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JEAN GEILER DE KATSERSBERG Sd5
que le saint hermite, Nicolas de Flfie, ne s'est nourri que
dliosties consacrées, sans prendre jamais aucune nourriture
terrestre. Il affirme que Teau bénite chasse les démons et,
selon lui, nul homme instruit ne saurait nier la sorcellerie.
On le voit, M. Dacheux a mille fois raison de dire que < tout
cela suffit pour mettre hors de question sa parfaite orthodoxie ».
Geiier n'a point été du parti réformateur, révolutionnaire
même, si ce mot paraît plus juste à M. Dacheux — il ne me
répugne ni ne m'eflfraye, — qui se soulevait alors contre le
joug de l'Eglise, de cette église dont on nous a retracé le
tableau d'une main si sincère et si hardie. Il ne fut donc
aucunement un précurseur conscient et actif du grand mou*
vement du XVP siècle. Tout au plus pourrait-on dire qu'il
en fut l'avant-coureur inconscient et surtout involontaire.*
Sa position dans le monde religieux d'alors ressemble à celle
des économistes prudents et modérés à la veille de la Révo-
lution française. Turgot et Necker ne songeaient nullement à
proclamer les principes de 1789, mais sentaient, assez vague-
ment peut-être, qu'il valait mieux abolir certaines abomina-
tions de l'ancien régime, que de laisser crouler tout ensemble
et de périr dans la tourmente. De même Geiier essayait de
réformer les mœurs, les pratiques et les vices individuels du
clergé, parce qu'il pressentait peut-être que le mouvement
de réprobation, qu'il voyait surgir autour de lui, irait s'accen-
tuant toujours et que, des abus de la pratique, l'attaque passe-
rait bientôt aux doctrines. Il n'y a point réussi, parce que,
^ Geiier ne s'est montré révolationnaire qne sur nn seul terrain, celui
des questions sociales; l'Eglise, on le sait, n'a pas toujours craint de
gagner l'appui des masses en rivalisant sur ces questions avec l'esprit
du socialisme moderne. Il faut voir Geiier, lors de la famine de 1481,
exhorter les paysans à enfoncer, à coups de hache, les portes des riches
et à emporter tout ce qu'ils voudraient. Sous ce rapport, il est le pré-
curseur direct de Thomas Mûnzer et des chefs des paysans de 1525, dont
on ramène si volontiers les actes à l'inspiration de Luther dans les écrits
d'un certain parti.
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886 REVUE D'ALSACE
dans les époques de grande crise politique ou religieuse, les
âmes tièdes et les cœurs timorés ne sauraient mener les
foules et que, selon la parole biblique, < le royaume de Dieu
est aux violents >, à ceux qui d'une main puissante savent
séparer le grain de Tiyraie, sans ménagements respectables
mais inutiles. Les efforts des conservateurs honnêtes, mais
timides, n'aboutissent jamais, car toujours ils arrivent sur
le champ de la lutte, quand la bataille est perdue et quand
a retenti d^'à le terrible jugement que Tbistoire tant de fois
a formulé pour les causes vaincues : Trop tard!
Après cet intéressant et consciencieux exposé des opinions
de Geiler, Tauteur reprend le ûl, longtemps interrompu, de
la biographie. Nous signalerons surtout les chapitres qui se
rapportent aux relations sociales et aux amitiés de notre grand
orateur. Là bien des faits sont nouveaux, et, si peut-être
quelque critique grincheux pouvait y voir un hors d'œuvre,
nous sommes loin de partager son avis. La correspondance
de Pierre Schott et de Geiler, les auteurs du temps, si peu
consultés de nos jours, habilement exploités, ont fait de ces
pages les plus intéressantes peut-être du volume. On y jette
un regard sur la vie intellectuelle et religieuse intime du
cercle qui se groupait autour du docteur de Kaysersberg.
Pierre Schott, Bohuslas de Hassenstein, Thomas Wolff, Jean
Mûller, y figurent tour à tour et, bien que peu remarquables
par elles-mêmes, ces personnalités nous captivent, parce que
M. Dacheux a su les rendre vivantes. Plus en évidence qu'eux,
vient se placer le comte Frédéric de Zollern, évêque d'Augs-
bourg, qui se plaisait à considérer Geiler comme son père
spirituel et lui demandait sans cesse des réprimandes et des
conseils. Il n'y avait point alors beaucoup d'évêques qui pussent
servir de modèle à leur clergé, et Frédéric de Zollern lui-même
écrivait au docteur que les accoutrements de ses collègues
rendaient difficile de les distinguer de baladins. La corres-
pondance de Geiler avec son élève, si je puis l'appeler ainsi,
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JEAN GEILEB DE EA.YSEBSBERG 397
publiée pour la première fois par M. Dacheux, est curieuse
à plus d'un égard. On est frappé surtout de ce caractère
ascétique déjà signalé plus haut . C'est ainsi qu'il écrit :
« Evitez arec soin la société des femmes vous trouverez
des délassements moins périlleux qu'auprès de ces scorpions. >
Le moyen-âge n'a jamais connu de milieu entre la licence
grossière et l'abstinence monacale la plus absolue. L'idéal de
la femme charte et pure, de la mère vénérée, de l'épouse
chérie, n'a point existé pour lui, et certes c'est une des causes
les plus profondes de la grande infériorité morale de cette
époque.
Les demièreB années de la vie de Geiler se passèrent sans
amener beaucoup d'événements d'une importance majeure.
Entouré d'un petit nombre d'admirateurs fervents, fort goûté
de la foule pour ses sermons originaux et ses anecdotes, plus
encore que pour ses conseils austères, écouté du Magistrat
qu'il avait plus d'une fois censuré, depuis le jour où il lui
présentait ses vingt et un articles, Geiler coulait une existence
assez douce dans nos murs. Le fait principal à mentionner
dans ces dernières années, c'est la mort d'Albert de Bavière,
l'évêque de Strasbourg, arrivée en 1506. Le prédicateur de
la cathédrale, appelé à prononcer son éloge funèbre, montra
bien par ses paroles qu au fond le défunt n'avait point été
digne, à ses yeux, de la haute position qu'il devait à sa nais-
sance. Il exhortait en même temps les capitulaires à nommer
un évéque qui fût un modèle des vertus épiscopales et chré-
tiennes. Le Chapitre répondit à ses exhortations en nommant
Guillaume de Honstein. Nous avons sur ces faits une relation
contemporaine, attribuée par une tradition constante au célèbre
Sébastien Brant, alors secrétaire de la république. M. Dacheux
critique, non sans yéhémence, certains détails de ce récit et
cherche en même temps à ébranler l'autorité qu'il peut avoir,
en niant qu'il soit sorti de la plume de l'auteur de la Nef des
Fous, Nous devons faire remarquer tout d'abord que, fût-elle
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398 REVUE d'âlsâoe
anonyme, cette relation, visiblement contemporaine, est anté-
rieure à répoque des lattes religieuses et ne peut être arguée
par suite de calomnie sectaire. Nous dirons ensuite que nier
la valeur d'un renseignement', parce qu'il sort de source pro-
testante, serait aussi contraire au bon sens historique que si
rpn voulait, dans d'autres rangs, refuser à M. Dacheux toute
créance, à cause de la foi qu'il professe, ou de l'habit dont il
est revêtu. Et comme Clussrath, le régistraleur officiel des
archives slrasbourgeoises, déclare formellement que ce récit
est de Brant, il n'y a pas ombre de motif pour refuser son
témoignage, en s'appuyant sur Grandidier ou tel autre écri*
vain postérieur. Quant à l'anecdote en elle-même, qui pro-
Toque l'indignation de M. Dacheux. je ne songe point à la
discuter ici. Je m'étonne seulement qu'il n'ait point vu que le
récit de Brant n'incrimine absolument pas les mœurs du
nouvel évêque, mais seulement celles de quelques-uns des
jeunes chanoines du Chapitre. Et franchement, nous en savons
assez sur la conduite du haut clergé de cette époque, ne fût-ce
que par l'ouvrage de M. Dachenx lui-même, pour qu'il n'y
ait point lieu d'être étonné de ce que certains dignitaires
ecclésiastiques eussent agi comme on le leur reproche.
En tout cas, les conseils que prodigua Geiler au nouvel
évoque ne furent guère plus écoutés que ceux qu'il avait
donnés à sou prédécesseur, et notre auteur lui-même déclare
que le découragement de l'illustre prédicateur fut profond,
en voyant que ses paroles trouvaient si peu d'écho. Il ne sur-
vécut pas longtemps d'ailleurs à ces dernières épreuves. La
maladie qui le minait depuis plusieurs années, l'hydropisie,
finit par l'emporter, et, le 10 mars 1510, cet homme de bien,
l'un des fils les plus distingués de notre chère Alsace, fermait
les yeux à la lumière du jour et s'endormait daïis la paix
du Seigneur.
Un dernier chapitre apprécie Geiler comme orateur sacré.
C'est de toutes les parties du livre celle que nous trouvons
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JEAN GEILER DE KATSERSBERG S99
la plus écourtée. Sans doute M. Dacheux, en multiplianl en
note, dans les chapitres précédents, les citations textuelles
de notre prédicateur, a fourni à tout lecteur attentif l'occasion
de se renseigner sur ce sujet. Nous aurions désiré néanmoins
le voir s'étendre plus longuement sur la valeur littéraire de
Torateur et sur le caractère de ses nombreux écrits. Car, en
définitive, c'est là, ce n'est pas dans ses opinions théologiques,
ni même dans son influence religieuse, que réside l'originalité
de Geiler. Les unes étaient celles de son époque, l'autre fut
limitée dans ses effets et la trace s'en est rapidement perdue.
Ce qui fait qu'on revient de nos jours au moraliste, h l'ora*
teur populaire qui réunissait, il y a trois siècles et demi, les
foules strasbourgcoises au pied de sa chaire, c'est le cachet
tout spécial de son éloquence; on éprouve une impression
plus littéraire encore que religieuse, en écoutant ce style
fortement imagé, coupé d'anecdotes, de réminiscences person-
nelles, et si différent en toutes choses de la prose châtiée des
sermonnaires contemporains.
Je sais bien que, dans les pages de M. Dachenx, aucun point
essentiel n'est entièrement passé sous silence, mais il y aurait
eu lieu de développer encore la plupart des points traités
dans ce chapitre et de Yillmtrer davantage par une série
d'exemples topiques. Nous formulerions une critique analogue
au sujet de la note relative aux éditions de Geiler, si l'auteur
ne nous promettait là-dessus un nouveau travail, qui sera le
bien-venu pour tous les amateurs A'Alsatiques.
Nous sommes arrivés au bout de notre tâche, ayant parcouru
dans son ensemble, et la plume à la main, cet élégant et volu-
mineux ouvrage, dont nous signalerons, en terminant, l'exé-
cution artistique (portrait, fac-similé, etc.), ainsi que l'im-
pression généralement correcte et soignée. Sans essayer de
masquer, d'une façon peu franche, notre désaccord avec l'au-
teur sur bien des points de la philosophie de l'histoire et de la
critique historique, nous espérons avoir présenté toujours nas
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400 BEVUE D'ALSACE
dissentiments d'unaccent suffisamment courtois pour répondre
au ton de modération véritable que notre auteur a bitn rare-
ment oublié lui-même. Signalant les défauts et les erreurs
que présente, à notre avis, cette biographie de Geiler, nous
avons tenu tout particulièrement pourtant à faire ressortir
ses nombreux et très sérieux mérites. Nous répétons encore
une fois, en prenant congé de Touvrage, que c'est la mono-
graphie la plus consciencieuse et la plus complète que nous
possédions actuellement sur la matière. Espérons que Taulenr
voudra bien accepter nos éloges et nos critiques, exprimés
avec une égale franchise. Nous ne nous flattons point de le
convaincre ou de le convertir à nos idées modernes; de son
côté, il trouvera naturel que nous réclamions un droit, qu'on
ne respectait point encore au temps dont il raconte Tbistolre,
le droit d'avoir et d'exprimer une opinion indépendante sur
les hommes et les choses. Il ne s'étonnera pas que nous en
usions avec une fermeté de convictions dont il nous a donné
l'exemple, et qui n'exclut point d'ailleurs le plus entier respect
pour les contradictions sincères, tout en sauvegardant les
droits de la critique.
RoD. Reoss.
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NOTES BIOGRAPHIQUES
SUR LES
HOMMES DE LA RÉVOLUTION
A
STRASBOURG ET LES ENVIRONS
Suite.
HERVÉ (Charles-François),
Rue des Juifs.
1776. Licencié; membre delà tribu des maréchaux-ferrants.
1789. Procureur du roi au Conseil souverain d'Alsace.
Chambre des ressorts non sujets à appel.
Juillet — . Lors des griefs qui s'élevèrent entre Barr et
Strasbourg au sujet de l'affaire dite des forêts, il fut
nommé l'un des commissaires pour prendre connais-
sance des titres sur les lieux.
10 août — . AvecLauth, Saltzmann et autres, il arriva à Barr
En descendant de voiture, on leur présenta l'ultima-
tum des communes de la seigneurie de Barr, qui
n'était qu'une sommation de renoncer dans les vingt-
quatre heureiîàtoute prétention; qu'en cas de refus,
les requérants se rendraient justice à eux-mêmes, en
s'emparant de vive force de ce qu'on différerait de
leur abandonner. On avait même préparé un acte en
forme par lequel Strasbourg abdiquait tous ses droits
Hoarelle Série. — 6*« Année. 26
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403 BEVUE D'ALSAGE
sur les forètSy avec un article final que la transaction
ne serait définitivement passée et arrêtée qu'en vertu
de pleins pouvoirs authentiques des représentants,
ou des signatures individuelles de chacun d'eux.
Les Barrois savaient que les députés strasbourgeois
n'avaient pas pouvoir pour obliger la viUe, et qu'une
fois rentrés chez eux, ils pourraient fort bien y rester.
Us résolurent donc d'en garder trois en otages, Hervé,
Lauth et Saltzmann, chargeant les autres de con-
tribuer, de toute leur influence auprès du Sénat et
des XXI, à la consommation du grand œuvre. Ces
derniers étant rentrés à Strasbourg rendirent compte
le lendemain matin, 11 août, aux autorités strasbour-
geoises, et celles-ci, ayant de justes inquiétudes sur le
sort des otages et des propriétés de la ville, délibé-
rèrent que l'acte serait ratifié, mais qu'il serait dressé
un procès-verbal de toutes les circonstances de cette
affaire, lequel serait déposé chez un notaire royal,
avec protestation contre le consentement auquel
Strasbourg était forcé. C'est le 27 septembre suivant
que les trois otages rédigèrent et déposèrent au
notaire Lacombe, pour servir et valoir à la ville, la
relation du drame dans lequel ils avaient eux-mêmes
joué un si triste et si désagréable rôle.
On connaît l'issue du procès au profit de Strasbourg.
8 février et 11 novembre 1790. Comme ex-sénateur, il est élu
ofi&cier municipal.
27 mars 1791. Avec la municipalité, il approuve l'arrestation
de Jaeglé, curé de Saint-Laurent à Strasbourg.
17 septembre — . H condamne sévèrement un mauvais pam-
phlet accusant Dietrich, Levrault et Noisette d'avoir
été les instigateurs d'une tentative d'assassinat contre
le cardinal-évôque de Rohan.
2 novembre 1793. Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin
le porte, lui et sa famille, sur une liste de 248 suspecta,
et peu de temps après, il est conduit au Séminaire
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 408
pour y rester jusqu'après la chute de Robespierre,
juiUet 1794.
fflRSCaiEL (V.).
Avant 1789. Marchand de poissons et de gibier, Finckwiller,
61, à Strasbourg.
Juillet 1790. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
7 février 1792. Avec elle à T Auditoire du Temple-Neuf.
14 mars 1793. Membre du Conseil général du district de
Strasbourg, sous la présidence de Breu.
7 octobre 1794. Membre du Comité de surveillance des
hôpitaux militaires à Strasbourg.
17 janvier 1795. Officier municipal sous les maires Mathieu
et Keppler.
1797. Administrateur municipal sous la présidence de
DémicheL
HIRTH (Armand).
Avant 1789. Négociant à Strasbourg.
15 mars 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
7 février 1792. Avec elle à l'Auditoire, jusqu'à sa dissolution.
1797 à 1800. Président du tribunal de commerce à Stras-
bourg.
HOFFMANN.
Avant 1789. Bailli de Benfelden.
En 1789. H lance un écrit : « Adresse à tous les bons citoyens
de Strasbourg », qui fit grande sensation.
16 mars 1790. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution à Strasbourg.
Il y donne lecture d'un mémoire sur la municipa-
lité de Dambach et les excès commis dans l'exercice
des pouvoirs.
26 mai — • Secrétaire général du Directoire de l'Administra-
tion du Bas-Bhin.
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404 REVUB d'alsàce
17 février 1791. Maintenu par les commissaires royaux,
Dumas, Hérault et Foissey, envoyés en Alsace à la
suite des troubles de janvier.
26 août — . A rélection qui eut lieu au Château, il est con-
firmé dans ses fonctions et C. Barbier lui est adjoint
comme suppléant.
7 février 1792. II est à l'Auditoire avec les amis de la Consti-
tution, mais cette Société fait fermer la salle le 27 juin
suivant.
3 juillet — . Signataire de l'adresse du Directoire du Bas-Rhin
à PAssemblée nationale, lors des attentats commis le
20 juin.
21 août — . Camot le conserve secrétaire général.
13-14 novembre — . A l'élection tenue à Wissembourg, c'est
Barbier qui le remplace.
Sous l'administration du 15 janvier 1793, il signe de
nouveau secrétaire général du Directoire du Bas-Rhin;
mais, à partir de là, et sous toutes les administrations
départementales qui se sont succédées, c'est Barbier,
occupant ce poste jusque fin 1794.
31 mars 1794. Teteret, dans une lettre de Paris aux sans-
culottes de Strasbourg, avoue que l'ancien secrétaire
général Hoffmann avait plus de talents que tous les
administrateurs du Bas-Rhin ensemble.
25 mai — . Le Comité de surveillance des jacobins invite le
Comité de surveillance de la commune de Strasbourg
à le faire arrêter tout de suite.
26—. L^agent national ordonne son arrestation comme
dangereusement suspect et aristocrate.
80 — . Sa femme éprouve le môme sort et tous deux restent
enfermés jusqu'après la chute de Robespierre.
Dans cette année, il avait commencé un négoce
dans la rue de la Mésange.
17 janvier 1795. Bailly le nomme notable de la commune
de Strasbourg.
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LBS HOMMBS DE LA RÉVOLUTION 405
HOLTZAPFEL (C).
Avant 1789. Fabricant de tabac à Strasbourg.
Janvier 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
7 février 1792. Il est avec elle à TAuditoire.
31 octobre 1793. Imposé par Saint-Just et Lebas à 20,000
livres, qu'il règle les 5-7 novembre 1793 et 26 août
1794.
26 mai 1794. Il est arrêté comme feuillant, ayant été de tout
temps dans le sens contraire de la révolution fédé-
raliste, qui a déclamé contre les mesures de sûreté
prises pour découvrir les complots de conspiration.
HOLTZAPFEL (J. F.).
Avant 1789. Négociant à Strasbourg.
Août 1790. Membre de la Société des amis de la Constitu-
tion, qu'il suit le 7 février 1792 à TAuditoire.
31 octobre 1793. Imposé par Saint-Just et Lebas à 50,000
livres qu'il règle les 16, 21 et 2t) novembre.
30 novembre — . Enfermé au Séminaire.
1" décembre — . Il réclame en vain son élargissement.
17 — .11 insiste de nouveau, et le Comité de sûreté générale
du Bas-Rhin arrête qu'il sera donné connaissance
au représentant Baudot que le réclamant a été un
des membres chauds de la Société des feuillants de
l'Auditoii'e, adhérent et partisan de Dietrich, mus-
cadin; il est l'âme du parti et le frère du commandant
d'un bataillon qui a contribué à la lâche reddition
du fort Vauban.
21 — . Le môme Comité le met en liberté.
1798 à 1800. Juge suppléant au tribunal de commerce de
Strasbourg.
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406 BEVUE D'ALSACE
HUGOT.
1789. Quartier-maître trésorier du régiment d'Artois, cava-
lerie, en garnison à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution, devenue le 11 février suivant Société des amis
de la Cïonstitution.
HUGUENIN.
1790. Carabinier de la garde nationale de Strasbourg.
28 juillet 1791. Membre de la Société des amis de la Con-
stitution, nprononce un discours dans lequel il promet,
au nom de ses camarades, de rester fidèle à la Consti-
tution, et le termine ainsi : • Si nous avons le bonheur
de mourir pour la patrie, nos froides cendres ne ces-
seront de répéter en leur langage muet : Nous sommes
les restes d^ommes qui ont vécu et combattu pour
la liberté, et qui ont été les martyrs pour établir son
règne ; suivez leurs traces. •
7 février 1792. H suit la Société à l'Auditoire.
HDMBOURG (François-Antoine-Materne),
Rue des Prêtres.
Avant 1789. Avocat, puis greffier-notaire du corps des mar-
chands, et officier-syndic du Grand-Chapitre de la
cathédrale de Strasbourg.
8 février et 11 novembre 1790. Elu officier municipal.
4 janvier 1791. Signataire de la proclamation de la munici-
palité aux Strasbourgeois, lors des' troubles près de
SaintrPierre-le-Vieux.
4 janvier 1793. Greffier du tribun^J de commerce de Stras-
bourg.
2 novembre —. Lui et sa famille figurent sur une liste de
248 suspects, en le qualifiant d'ex-receveur.
7 décembre — . Membre du tribunal civil de Strasbourg, il
certifie que Démougé s'est en tout temps montré
comme un citoyen patriote.
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 407
17 janvier 1795. Le représentant Bailly le nomme juge sup-
pléant au tribunal civil du district de Strasbourg, et
en même temps greffier du tribunal de commerce
de cette vUle.
1797 à 1800. n n'est plus que greffier au tribunal de com-
merce de Strasbourg.
HUMMEL (G.).
Avant 1789. Négociant à Strasbourg.
Juin 1790. Membre de la Société des amis de la Constitution.
7 février 1792. Il la suit à l'Auditoire.
ISENHEIM (Jean-Frédéric) ffls.
Avant 1789. Potier d'étain, rue des Jacobins, à Strasbourg.
Novembre 1790. Membre de la Société des amis de la Con-
stitution.
7 février 1792. H la suit à TAuditoire.
30 mai 1794. Mis au Séminaire comme fédéraliste et feuillant.
30 janvier 1795. Membre du Comité de la Société populaire
régénérée. Elle publie son nouveau règlement d'après
Tarrété du représentant Bailly du 17 de ce mois.
JACOBI.
1789. Caissier de la vente des sels à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution, devenue le 11 février suivant celle des amis de
la Constitution.
7 février 1792. H est avec elle à l'Auditoire, jusqu'à sa disso-
lution, le 27 juin suivant.
24 novembre 1793.Le Comité de sûreté générale duBas-Rhin,
lui refuse le certificat de civisme. Il est mis au Sémi-
naire.
JACOBI.
1789. Associé de la maison de commerce Fabri et Jacobi,
rue Rousseau, à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
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406 BEVUE D'ALSACE
lution, devenue, dès le 11 février, Société des amis de
la Constitution.
8 février — . Proposé pour la nouvelle municipalité.
7 février 1792. Il suit à l'Auditoire les amis de la Constitution.
31 octobre 1 793. Saint- Just et Lebas imposent Fabri et Jacobi
à 20,000 livres, payées le 5 novembre suivant.
30 juin 1794. Ils sont surveillés par un planton.
4 juillet — . Avilisseurs de la monnaie nationale, l'accusateur
public Neumann décidera si on doit les expédier à
la Conciergerie de Paris, ou les livrer au tribunal
criminel du Bas -Rhin, La chute de Robespierre,
arrivée le 27 juillet, mit fin à ces poursuites.
17 janvier 1795. Nommé administrateur du Bas-Rhin.
JACQUET, cadet.
1789. Homme de loi, rue des Veaux, 20.
23 avril 179(». Secrétaire de la Société de correspondance
nationale de Strasbourg, il communique à celle des
amis de la Constitution une lettre de Lafayette du 13,
par laquelle ce général accepte la correspondance
avec Strasbourg.
1792. Avoué au tribunal du district de cette ville.
30 mai 1794. La municipalité ordonne de l'incarcérer. Il
est qualifié d'homme de loi, commissaire ac^oint de
police, professeur de droit canon, et fanatique.
1«' juillet — . Il est incarcéré, ses papiers mis sous scellés,
et sa femme en prison. La chute de Robespierre les
rendit à la liberté.
1797. Inscrit au tableau des défenseurs officieux près les
tribunaux du Bas-Rhin.
JACQUIN (Nicolas),
Faubourg-Blanc.
1790. Jurisconsulte à Strasbourg. Il souscrit pour 500 livres
à la contribution patriotique.
Février 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
7 février 1792. Il la suit à l'Auditoire.
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LES HOMMBS DE LA. RÉVOLUTION 409
JACQUOT{F.).
1789. Commissionnaire de roulage à Strasbourg.
Décembre 1790. Membre de la Société des amis de la Con-
stitution.
7 février 1792. Avec elle à l'Auditoire, où il reste jusqu'à la fin.
1793. Il fut enfermé au Séminaire.
JARD (Louis- Alexandre), baron de Panvilliers.
1757. Né à Niort, où il exerçait la profession de médecin
en 1789. Ses principes, favorables aux réformes récla-
mées, le firent nommer procureur-syndic des Deux-
Sèvres.
1791. Député à l'Assemblée législative.
1792. A la Convention nationale pour ledit département.
15-19 janvier 1793. Dans le procès de Louis XVI, il vota la
détention, le bannissement à la paix, et se prononça
pour le sursis.
Un des membres les plus actifs du Comité des se-
cours publics à Paris, Chargé de plusieurs missions
dans rOuest. Sa modération dans cette contrée, où se
développaient déjà les germes de la guerre civile, le
fit dénoncer par Marat comme t modéré ».
1795. Membre du Conseil des Cinq-Cents.
Juillet — . Envoyé à Strasbourg pour y organiser l'Ecole
centrale. Les professeurs qu'il y installa furent
Schweighaeusser, le célèbre helléniste, Hermann,
Herrenschneider, Arbogast, mathématicien, Massenet
pour l'histoire et HuUin pour la littérature fi'ançaise.
A son retour à Paris, il fut nommé membre du
Tribunat, puis secrétaire, président et questeur de ce
corps. 11 fit le rapport tendant à conférer à Bonaparte,
premier Consul, la dignité impériale. Plus tard, il est
membre de la Légion d'honneur.
1804. Présenté par le collège électoral des Deux-Sèvres
comme candidat au Sénat conservateur, il n'y fut
point appelé.
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410 REVUE D'ALSACE
1807. Président à la Cour des comptes.
1812. n complimente Tempereur sur son retour de Russie,
et rassure de son dévouement le plus absolu et le
plus sincère à sa personne et à sa descendance.
5 avril 1814. H adhère à la déchéance de Napoléon, et
exprime son vœu pour le retour des Bourbons.
1815. Les Deux-Sèvres le nomment député.
JOBIN,
prêtre assermenté.
Mars 1791. Professeur à la Faculté théologique de Stras-
bourg, vicaire directeur du séminaire épiscopal sous
l'évoque Brendel.
22 octobre — . H proteste contre le discours de son collègue
Schneider en faveur du mariage des prêtres.
JUNCKER (Jean-Henri) père,
ex-sénateur.
Avant 1789. Fabricant de tabac à Strasbourg.
8 février 1790. Proposé pour la municipalité.
Février 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
7 février 1792. H la suit à l'Auditoire.
31 octobre 1793. Imposé à 10,000 livres qu'il règle le 5 sui-
vant.
17 janvier 1795. Commandant en second du 7* bataillon de
la garde nationale de Strasbourg.
80 janvier — . Membre du Comité de la Société populaire
régénérée, n signe le nouveau règlement et un appel
à la charité publique le lendemain 31.
JUNDT (Abraham).
1789. Aubergiste à Strasbourg.
31 octobre 1793. Saint-Just et Lebas l'imposent à 12,000
livres qu'il règle les 5 et 7 novembre.
Le représentant BaiDy le nomme, le 17 janvier 1795,
membre du bureau de conciliation à Strasbourg, et, le
20 janvier, il siège déjà dans la cause Mondelly
contre la veuve Ehrlenholtz.
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LES HOMMES DB LA BÉVOLUTION 411
KAMMERER (Philippe Jacob),
cordier, quartier des Bouchers, n^ 49, à Strasbourg.
Avant 1789. Administrateur de la paroisse de Saint-Nicolas.
Sénateur de la tribu de la Moresse.
8 février et 11 novembre 1790. Elu notable.
26 février 1791. Membre de la Société des amis de la Con-
stitution.
27 mars — . Â la municipalité, il signe le jugement de Jaeglé,
curé de la paroisse de Saint-Laurent.
14 novembre — . Il est maintenu notable.
7 février 1792. Il est à TÂuditoire avec les amis de la Con-
stitution.
3 juillet — . Officier municipal. Il signe l'adresse à l'Assem-
blée nationale demandant la poursuite et la con-
damnation des envahisseurs du château des Tuileries
le 20 juin.
13 octobre — . Suppléant au bureau de paix.
31 octobre 1793. Imposé parSaint-Justet Lebas à 3000 livres,
qu'il paie les 6 et 9 novembre.
7 octobre 1794 Au Comité révolutionnaire, il est nommé de
la Commission de surveillance des hôpitaux militaires
de Strasbourg.
KARTH (D.).
1789. Négociant à Strasbourg.
14 mai 1790. Membre de la Société des amis de la Constitu-
tion.
7 février 1792. Il va avec elle à l'Auditoire.
1797. Associé des héritiers de feu J.-Fréd. Dietrich, banquier
à Strasbourg et propriétaires des forges du Jaegerthal.
KARTH (F.-R).
1789. Epicier à Strasbourg.
26 février 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
7 février 1792. Il la suit à l'Auditoire.
31 octobre 1793. Imposé à 30,000 livres, réglées les 6 et 7 no-
vembre.
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412 REVUE D'ALSACE
KARTH (Jean-Nicolas).
Avant 1789. Négociant à Strasbourg.
26 février 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
7 février 1792. Il la suit à l'Auditoire.
31 octobre 1793. Imposé par Saint-Just et Lebasà 5000 livres,
réglées le 3 décembre.
KAST (BenoIt-Philippe).
1789. Marchand de draps, rue des Hallebardes, à Strasbourg.
8 février 1790. Elu notable du Conseil municipal.
10 novembre — . Membre de la Société des amis de la Con-
stitution.
11 — . Maintenu notable.
27 mars 1791. n approuve la mise en arrestation de Jaeglé,
curé de la paroisse de Saint-Laurent.
14 novembre — . De nouveau élu notable.
7 février 1792. Avec les feuillants, il est à FAuditoire.
19 août — . Suspendu comme notable parle Conseil exécutif
de r Assemblée nationale.
22 — . Camot l'adjoint comme suppléant au maire provisoire
Lachausse.
18 janvier 1793. Officier municipal.
21 — . Il refuse ces fonctions.
31 octobre — . Imposé par Saint-Just etLebas à 60,000 livres,
qu'il règle les 5 et 7 novembre.
30 mai 1794. La municipalité le fait arrêter comme égoïste,
qui a quitté la Société populaire pour aller à celle des
feuillants.
4 juillet — . Comme avilisseur de la monnaie nationale,
Neumann, accusateur public, doit dire si on doit le
transférera la Conciergerie de Paris, ou le traduire au
tribunal criminel de Strasbourg. La chute de Robes-
pierre mit fin à ces poursuites.
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 413
KAUFFM.\NN (Locjis),
de Matzenheim, rue Saltzmann, au Louvre.
1789. Huissier-audiencier au siège royal de la maîtrise des
eaux et forêts de la Haute-Alsace. Receveur de Fé-
vêché à la chambre des comptes pour la prémissence
de Rhinau.
8 avril — . Elu membre aux Etats généraux.
26 août 1791. Gomme ancien député, il est élu membre de
Fadministration du Bas-Rhin pour le district de Ben-
feld. Ce corps, s'étant constitué peu après, nomma son
Directoire. Il en fut membre soua la présidence de
Victor de Broglie.
3 juillet 1792. Signataire de l'adresse du Directoire à l'As- •
semblée nationale, lors des attentats du 20 juin.
21 août — . Suspendu.
12-14 novembre — . A l'élection tenue à Wissembourg, de
nouveau élu membre de l'administration départemen-
tale du Bas-Rhin.
15 janvier 1793. Il est encore en fonctions; mais destitué peu
de jours après.
21 octobre 1795. Elu député du Bas -Rhin à l'Assemblée
législative.
1797. Membre du Conseil des Anciens. Décédé un an après.
KECK(F.) et KEGK(J.).
Avant 1789. Négociants à Strasbourg.
Décembre 1790. Tous deux reçus membres de la Société
des amis de la Constitution.
7 février 1792. Ils la suivent à l'Auditoire.
31 octobre 1793. L'un d'eux était libraire et fut imposé par
Saint-Just et Lebas à 4000 livres, réglées les 6, 7 et
9 novembre.
KEPPLER (Maximilien-Xavier).
1789. Avocat à Landau.
26 mai 1790. Membre du Conseil général du département
du Bas-Rhin.
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414 REVUE d'alsagb
17 février 1791. Les Commissaires royaux envoyés en Alsace
le nomment membre du Directoire du Bas-Rhin.
26 août — . A rélection tenue au château de Strasbourg, il
est de nouveau nommé administrateur du départe-
ment.
21 août 1792. Gamot le maintient dans ces fonctions.
1793. Destitué.
6 décembre 1794. Vice-président du Directoire du district de
Strasbourg.
17 janvier 1795. Maintenu au Directoire par le représentant
Bailly. — Michel Mathieu, nommé maire de Stras-
bourg le 28 janvier 1795, s'étant retiré peu de temps
après, fut remplacé par Keppler.
12 octobre — . Destitué pour avoir convoqué et favorisé la
permanence des douze sections de Strasbourg.
24 mars 1800. Député au Corps législatif, en remplacement
de Salenave, des Basses-Pyrénées, décédé.
KERN (Philippe-Frédérig-Louis), aîné.
1789. Conseiller de régence du comté de Hanau-Iichtenberg.
Juge à sa commission forestale. Conseiller du Consis-
toire de la confession d'Augsbourg du même comté.
1791. Premier commis au bureau des travaux et contribu-
tions publiques de Tadministration départementale
du Bas-Rhin.
Janvier 1792. n se retire dans le pays de Pirmasens.
2 novembre 1793. Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin
le porte sur la liste des personnes suspectes.
24 avril 1794. Secrétaire général du Directoire du Bas-Rhin,
en même temps que C. Barbier.
13 avril 1797. Démissionnaire.
8 avril 1802. En vertu des lois organiques, le premier consul
le nomme président du Consistoire général de la con-
fession d'Àugsbourg à Strasbourg.
1803. Membre du Conseil municipal de Strasbourg.
1804. Directeur de l'Académie protestante de Strasbourg et
juge au tribunal criminel du Bas-Rhin.
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LES HOMMES DE LA BÉYOLXTTIOK 415
1847. Décédé à Strasbourg, doyen du GonseU de préfecture,
professeur doyen de la Faculté de droit, chevalier de
la Légion d'honneur.
De 1793 à 1795, il rédigea, avec J. Frantz, le Courrier
de Strasbourg.
KERNER.
Juillet 1790. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
11 septembre — . Secrétaire de ladite Société, il signe Fadresse
aux citoyens de la ville de Metz.
7 février 1792. Il suit la Société à l'Auditoire.
KIEFFER (Jean-Daotel).
Avant 1789. Fripier à Strasbourg.
26 juillet 1790. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
7 février 1792. Dla suit à l'Auditoire.
1" novembre 1793. Accusé d'avoir accaparé des drape, le
tribunal révolutionnaire de Schneider le condamna à
être mené par la ville, le premier jour destiné au
repos, un ballot de drap sous le bras, et à la confisca-
tion de tous ses draps, ce qui fut exécuté le 21 décembre
suivant.
KIRSTEIN (Joseph-Ferdinand) père,
dit KÛRTENSTEIN.
1789. Orfèvre-juré-garde à Strasbourg. Ex-sénateur.
15 mars 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
14 novembre — . Elu notable.
7 février 1792. A T Auditoire.
6 décembre — . Maintenu notable.
18 janvier 1793. Suspendu.
14 novembre — . Commandant de la garde nationale, il est
transporté à Besançon.
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416 REVUE d' ALSACE
28 novembre 1793. Dans une lettre datée de cette ville
au Comité de sûreté générale du Bas-Rhin, il réclame
sa mise en liberté; on passe outre.
7 décembre — . Cependant il atteste, à Strasbourg, que
Démougé s'est toujours montré comme citoyen
patriote; cela prouverait que le Comité serait revenu
sur sa décision.
17 janvier 1795. De nouveau nommé notable et comman-
dant chef du 3* bataillon de la garde nationale de
Strasbourg.
KOB (J.-G.).
1789. Epicier-droguiste, rue Fladergass, à Strasbourg.
Février 1791. Membre de la Société des amis de la Constitu-
tion.
7 février 1792. Il la suit à l'Auditoire.
31 octobre 1793. Imposé par Saint-Just et Lebas à 20,000
livres, qu'il paie le 11 novembre.
30 juin 1794. Gardé à vue par un planton.
4 juillet — . Les jacobins le font figurer sur une liste d'avi-
lisseurs de la monnaie nationale (les assignats).
KOCH (Christophe-Guillaume).
9 mai 1737. Né à Bouxwiller.
Avant 1789. Docteur et professeur en droit à l'Université de
Strasbourg. Il enseigne aussi l'histoire, les traités de
paix, le droit public et les intérêts des princes.
1790. Membre de l'administration départementale du Bas-
Rhin.
29 octobre 1790. Membre de la Société des amis de la Con-
stitution.
36 août 1791. Elu député du Bas-Rhin à l'Assemblée légis-
lative. — Pendant son séjour à la Chambre, il eut
occasion, comme en 1789, de prendre en mains la
défense des biens ecclésiastiques, et si le patrimoine du
Séminaire protestant de Strasbourg n'a pas éprouvé
le môme sort que celui du clergé catholique, c'est en
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LES HOMMES DE LÀ RÉVOLUTION 417
grande partie à lui qu'on le doit, car il obtint de
l'Assemblée nationale la confirmation de la loi du
24 août 1790.
2 septembre 1792. Il ne fut point réélu à la Convention
nationale.
Mars 1793. Il alla à Besançon témoigner en faveur de Dietrich.
8 octobre — . U sera éloigné à vingt lieues des frontières de
l'Alsace.
17 — . n figure sur une liste de proscription dressée par les
jacobins et présentée au Comité de sûreté générale
du Bas-Rhin.
2 novembre — . Le même Comité la porte sur sa liste des
personnes suspectes.
15 — . Il paie GOOO livres pour sa part dans l'emprunt forcé
de Saint-Just etLebaSidu 31 octobre.
J** décembre — . Par ordre de Schneider et sur réquisitoire
du Comité central d'activité révolutionnaire du Haut-
Rhin, il est conduit en prison à Strasbourg.
2 septembre 1794. Le club des jacobins le porte sur la liste
des chefs de parti de la faction Dietrich. -— Il est mis
en liberté après neuf mois de captivité.
17 janvier 1795. Le représentant Bailly le nomme de nou-
veau membre- de Tadministration départementale du
Bas-Rhin, tout en le maintenant professeur d'histoire
àrinstitut national de France à Strasbourg.
Juillet 1798. Lors du congrès tenu à Rastadt, et par ordre
du gouvernement français, il se rendit à la conférence
de Soultz-sous-Forêts, pour vider quelques questions
qui s'étaient élevées entre la France et TAutriche.
1799. Bibliothécaire de la ci-devant Université protestante
de Strasbourg.
1802. Il contribua à la rédaction du projet d'organisation de
PEglise de la confession d'Augsbourg. — Nommé
membre du Tribunat, il prit une part active à la réor-
ganisation de l'ancienne Université de Strasbourg. —
Lors de la suppression du Tribunat, il se consacra à
ses travaux d'histoire et à l'Eglise d'Alsace.
Noorelle Série — 6* Année. 27
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418 REVUE D'ALSACE
26 octobre 1813. Décédé. Son monument est dans l'église
de Saint-Thomas.
KOCH (F.).
1789. Marchand de fer à Strasbourg.
29 octobre 1790. Membre de la Société des amis de la
Constitution.
7 février 1792. Il est à l'Auditoire, où il reste jusqu'à la fer-
meture de la salle.
1793. Enfermé au Séminaire.
KŒNIG.
1792. Procureur provisoire du district de Wissembourg.
12-14 novembre 1792. A Télection tenue à Wissembourg, il
est élu membre du Directoire du Bas-Rhin.
3 octobre 1793. Destitué comme feuillant, qui a refiisé de
signer l'adresse d'adhésion à la révolution du 31 mai,
et celle rédigée contre Dietrich.
5 — . n signe encore comme administrateur.
14 —, Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin ordonne
qu'il sera éloigné à vingt lieues des frontières d'Alsace,
et tenu d'indiquer le lieu de sa résidence.
1800. Comme ancien procureur, il est proposé pour avoué
au tribunal d'appel des départements Haut- et Bas-
Rhin, Mont-Terrible et du pays de Montbéliard, sié-
geant à Colmar.
KOFFLER (A.).
Avant 1789. Négociant à Strasbourg.
Janvier 1791. Membre de la Société des amis de la Con-
stitution.
7 février 1792. H la suit à l'Auditoire.
Sous Napoléon I", il alla s'établir fabricant de tabac
à Kehl, sous la raison commercidle Koffler & Gros,
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LES HOMMES DE LA RÉVOLXJTIOfT 419
KOLB (Ferdinand).
Avant 1789. Négociant, Grand'rue, à Strasbourg.
Mars 1790. Membre de la Société des amis de la Constitu-
tion.
14 novembre 1791. Elu notable.
7 février 1792. A l'Auditoire.
3 juillet — . Signataire de l'adresse de la municipalité à
l'Assemblée nationale, lors des troubles du 20 juin.
4 janvier 1793. Juge suppléant au tribunal de commerce de
Strasbourg.
31 octobre — . Imposé par Saint-Just et Lebas à 80,0001ivres,
qu'il verse les 6, 7 et 9 novembre.
21 novembre — . Conduit au Séminaire.
22 — . Il réclame sa mise en liberté ; on passe outre.
27 — . Nouvelle demande, mais en vain.
11 décembre — . On lui délivre quittance pour l'argenterie
qu'il a donnée en don patriotique, mais il restera au
Séminaire.
13 — . Son épouse remet un second don patriotique en argen-
terie ; alors le Comité de sûreté générale ordonne son
élargissement, mais il aura un planton et contribuera
à l'entretien des pauvres reclus au Séminaire.
24 — .Le planton est retiré.
Mai 1794. De nouveau # enfermé au Séminaire jusqu'à la
chute de Robespierre.
KOLB (Maurice).
1790. Secrétaire au district de Strasbourg.
Avril 1790. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
7 février 1792. A l'Auditoire.
14 mai — . Délégué pour organiser la garde nationale du
district de Strasbourg. Il était alors inspecteur des
forêts nationales du Bas-Rhin.
11 décembre 1793. Le Comité de sûreté générale du Bas-
Rhin agoume la prononciation sur son certificat de
civisme.
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420 REVUE D'ALSACE
13 — . n ne lui sera délivré qu'après qu'il aura rempli la
commission dont il est chargé par le département
de faire arriver en ville, par chaque décade, 200 cordes
de bois de chauffage.
17 janvier 1795. Membre de l'administration du Bas-Rhin.
1797 à 1800. Inspecteur en chef des forêts du département
du Bas-Rhin, avec résidence à Saveme.
KRAMP (C), à côté de Saint-Nicolas.
1790. Docteur en médecine, attaché à TÈcole des accouche-
ments à Strasbourg.
Janvier 1791. Membre do la Société des amis de la Cionstitu-
tion.
7 février 1792. Il la suit à l'Auditoire jusqu'à sa fin.
i793. Enfermé au Séminaire.
KRATZ (Abraham), Grandes Arcades.
1781. Membre de la tribu des pelletiers.
1788. Employé à la Tour aux Pfennings.
1789. Licencié et sénateur.
11 novembre 1790. Elu notable.
27 mars 1791. Signataire de la délibération de la municipa-
lité, ordonnant l'arrestation de Jœglé, curé de Saint-
Laurent.
14 novembre — . Elu officier municipal au bin^eau de la
police. Commissaire pour la levée des scellés des
greffes supprimés et pour la contribution foncière
des villages.
3 juillet 1792. Signataire de l'adresse de la mum'cipalité à
l'Assemblée nationale, demandant la poursuite et la
punition des auteurs de la journée du 20 juin.
13 octobre — . Suppléant au bureau de paix établi par le
tribunal du district de Strasbourg.
6 décembre — . Elu pour la dernière fois officier municipal.
18 janvier 1793. Suspendu provisoirement par Couturier,
Rûhl et Dentzel. A cette époque critique, la Société
des jacobins de Strasbourg, dans ses remarques adres-
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LES HOMMES DE LA. RÉVOLUTION 421
sées aux représentants du peuple, sur les corps civils
du Bas-Rhin et les employés municipaux, le qualifiait
à tort ou à raison, d'homme nul, mais feuillant, atta-
ché par les oreilles au char de Dietrich et compagnie.
17 janvier 1795. Le représentant Bailly le nomme substitut
de ragent national, Fréd. Herrmann, près le Conseil
municipal de Strasbourg.
1798. Juge au tribunal civil de Strasbourg et membre du
bureau de bienfaisance.
KUEHN (François), aîné,
ex-sénateur.
1789. Négociant, rue des Serruriers, à Strasbourg.
26 février 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
7 février 1792. Il la suit à rAuditoire.
30 octobre 1793. Imposé par Saint-Just et Lebas à 30,000
livres, qu'il paie les 5, 7, 12 et 13 novembre.
21 novembre — . Conduit au Séminaire.
24 — . Sa femme est enfermée au collège, place du Château.
28 — . Il demande sa liberté. Refusée.
11 décembre — . Sa femme sollicite en vain Télargissement
de son mari.
21 — . Tous deux sont mis en liberté.
30 mai 1794. De nouveau interné, comme homme riche,
égoïste, quia ses deux associés à l'Etranger. La chute
de Robespierre le mit en liberté.
17 janvier 1795. Le représentant Bailly le nomme notable
delà commune.
KUGLER(R.), aîné, place Samt-Thomas.
1789. Licencié et professeur des Digestes et du droit féodal
à l'Université de Strasbourg.
Décembre 1790. Membre de la Société des amis de la Con-
stitution.
7 février 1792. Il la suit à F Auditoire.
1792. Administrateur de la fondation de Saint-Thomas.
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422 REVUE D'ALSACE
KUHN (François -Ignace),
d'Erstein.
1790. Membre du district de Benfeld et maire de la petite
viUe d'Erstein.
26 mai — . Elu membre de radministration départementale
du Bas-Rhin.
1«' octobre — . 11 fait partie de son Directoire.
Janvier 1791. Les troubles am-^nèrent la révocation de ci
Directoire. Seul, il fut maintenu en fonction.
17 février — . D entre dans la nouvelle administration provi-
soire, nommée sous la présidence de Richard Brunck.
15 mars —, Membre de la Société des amis de la Con-
stitution.
8 août — . A l'élection tenue au château à Strasbourg, il esî
maintenu administrateur du Bas-Rhin et passe peu
après au Directoire.
7 février 1792. Il est à TAuditoire avec les amis de la Con-
stitution.
14 mai — . Encore membre du Conseil général du Bas-Rhin
13-14 novembre — . A l'élection de Wissembourg, on le
proposa de rechef pour l'administration du Bas-Rhin;
mais Schneider l'avait tellement noirci aux yeux
des électeurs, dans son journal YArgoSy qu'il ne fut
pas réélu, d'autant plus qu'il était signatah-e dt
l'adresse du 3 juillet à l'Assemblée nationale, deman-
dant la poursuite des auteurs des troubles du 20 juin
1792. — n logeait alors rue Saltzmann, au Louvre.
KUHN (F.), cadet
Décembre 1790. Membre de la Société des amis de la
Constitution.
7 février 1792. Il est à l'Auditoire, jusqu'au jour de la fer-
meture de la salle.
1793. Enfermé au Séminaire.
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les hommes de là rév0lx7ti0n 423
LABORDE(De).
1789. Capitaine du génie à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution devenue, dès le 11 février suivant, Société des
amis de la Constitution, qu'il ne quitta que pour
rejoindre l'armée en 1792.
LACHAUSSE (Augustin-Meinrad), aîné.
Avant 1789. Médecin des armées, puis docteur-médecin pra-
ticien, rue des Hallebardes, à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution et, le 11 février suivant, de celle des amis de
la Constitution.
8 février — . Elu notable du Conseil municipal.
11 novembre — . D passe officier municipal.
4 janvier 1791. Signataire de la proclamation aux Stras-
bourgeois, lors des troubles près de Saint-Pierre-le-
Vieux. Des bruits malveillants s'étaient répandus dans
ce quartier, les ornements sacrés allaient être enlevés
de cette église. La foule y pénétra, et son égarement
alla jusqu'à sonner le tocsin.
9 mars — . Président de la Société des amis de la Constitution.
n annonce aux membres correspondants et particu-
lièrement aux électeurs du Bas-Rhin, que des fourbes
séditieux ont eu l'impudence de faire imprimer et
répandre dans la campagne un prétendu catéchisme,
dans lequel les saintes vérités de la religion sont tra-
vesties, ridiculisées et remplacées par les principes
les plus impies.
Dans le même mois, il fut nommé, parle Directoire
du Bas-Rhin, commissaire municipal de Saverne, en
remplacement de la municipalité suspendue le 9. Il
avait pour mission de rétablir Tordre et la tranquillité,
et de ramener la confiance et la concorde dans cette
ville.
19 avril — . Il organise la Société populaire de Saverne, à
l'instar de celle de Strasbourg.
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43i ' REVUE D'ALSACE
27 juin — . Avec Rûhl, du Directoire du Bas-Rhin, il accom-
pagne les commissaires royaux, Custîne, Chassey et
Régnier, dans une tournée du département.
6 septembre — . Rentré à Strasbourg, il signe la délibération
de la municipalité, réfutant un vil pamphlet accusant
Dietrich, Levrault et Noisette d'avoir été les instiga-
teurs d'une tentative d'assassinat contre le cardinal
de Rohan.
14 novembre — . Maintenu officier municipal, chargé de la
vente des biens nationaux et de la contribution fon-
cière des villages.
7 février 1793. Il est avec la Société des amis de la Constitu-
tion à l'Auditoire.
12 août — .Signataire de la proclamation de la municipalité
aux Strasbourgeois et dont. voici la teneur:
Nous ne faisons pas grâce au pouvoir exécutif de ses fautes ;
mais en anéantir dans ce moment de crise le dépôt entre les mains
de Louis XVI, serait en livrer la conquête au choc des partis, et
porter à son comble une division qui nous ôterait jusqu'à l'espoir
de pouvoir résister aux forces supérieures ennemies, dont noas
sommes assaillis de toute part. Ce n'est qu'en nous ralliant à la
Constitution que la patrie peut êtrd sauvée.
22 août — . Carnot, Prieur et Ritter le nomment maire
provisoire, sous le titre de commissaire aux fonctions
municipales.
8 septembre — . Rivage, de Paris, mande aux jacobins qu'il
a remis à l'Assemblée nationale la pétition dont l'avait
chargé Lachausse ; que l'Assemblée y a fait droit en
décrétant d'accusation Fréd. de Dietrich. Peu après,
il délègue ses pouvoirs de maire provisoire au pro-
fesseur Braun.
10 décembre — . De Paris, Lévrier le dénonce aux jacobins
de Strasbourg, pour avoir protégé les feuillants.
19 — . Le général Coustard assure le club du contraire et le
traite d'homme respectable.
21 janvier 1793. Il refuse à Couturier et Dentzel la charge
de maire. Saum l'ayant également déclinée, c'est
Monet qui fut nommé, et son rôle est terminé.
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 425
LAQUIANTE ( François-Marie-Louis-Nicolas-Jeaj^-Thomas
d'Aquin-Bruno), fils.
22 septembre 1780. Notaire royal à la Chambre des contrats
de Strasbourg. Immatriculé au Conseil souverain
d'Alsace et au Directoire de la noblesse. Notaire apos-
tolique de la Cour ^piscopale de Strasbourg.
1780-1792. n a exercé la charge simultanément avec son
père, puis seul, pour son compte, jusqu'en 1807.
1790. Membre de la Société des amis de la Constitution.
16 janvier 1791. On fait connaître à la Société qu'il est arrivé
à Paris avec 150,000 livres, pour solder les pensions
de tous les moines, ecclésiastiques et autres.
7 février 1792. Il est à l'Auditoire.
27 novembre 1794. Il procède à l'inventaire des effets de
l'ex-maire Monet.
LASALLE (F.).
1789. Officier au régiment d'infanterie Alsace.
13 juillet 1790. Membre de la Société des amis de la Constitu-
tion, n prononce un discours sur le danger qu'il trouve
à laisser au roi le pouvoir de commander en personne,
pendant la guerre, une armée française.
1792. Il quitte l'Auditoire pour aller à l'armée.
LAUBADÈRE (De).
1789. Officier du génie à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution, transformée, dès le 11 février suivant, en celle
des amis de la Constitution.
Février 1792. H est avec elle à l'Auditoire, mais pour peu
de temps, ayant rejoint l'armée.
liAUTH (Jean- Jacques).
Avant 1789. Homme de loi, avoué à Strasbourg.
1739. Employé à la municipalité.
10 août — . D se rend à Barr avec Hervé, Saltzmann et autres,
pour y défendre les intérêts delà ville de Strasbourg
dans la question des forêts,
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426 BEYX7E D'ALSACE
31 mars 1793. Au nom des douze sections, il présente à la
Convention nationale un précis sur la situation de la
ville de Strasbourg.
1** avril — . Il demande à paraître à la barre, et, le même soir,
il est admis pour dévoiler à l'Assemblée la source des
malheurs de cette cité.
4 — . H demande de nouveau à s'expliquer.
5 — . Le soir, il attaque avec énergie Tintrigue et Timpos-
ture de Teteret et de Kienlin, alors aussi à Paris. H
avait pour ainsi dire obtenu gain de cause. La réinté-
gration des administrateurs suspendus par Couturier
et Dentzel fut arrêtée par la Convention nationale;
mais, travaillée par des influences, elle l'annula le
même jour, et ces deux décrets contradictoires arri-
vèrent à Strasbourg par le même courrier.
Il resta à Paris jusqu'en juin suivant, et, comme
son séjour dans la capitale devenait inutile, il annonça,
le 11 juin, au Comité des douze sections son prochain
retour.
3 novembre — . Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin
le porte sur la liste des suspects et il est enfermé au
Séminaire jusqu'après la chute de Robespierre.
LAUTH (J.-N.).
Avant 1789. Négociant à Strasbourg,
26 février 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
7 février 1793. Avec elle à l'Auditoire jusqu'à la fermeture
de la salle.
Novembre 1793. Enfermé au Séminaire comme suspect.
LEDUC (N.)
1789. Employé à la loterie à Strasbourg.
Janvier 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
7 février 1793. Avec elle à l'Auditoire jusqu'à la fin.
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LES HOMMES DR LA RÉVOLUTION 4S7
LEHN.
1790. Juge de paix à Bœrsch.
1791. Juge de paix à Rosheim pour la section de Bischoffs-
heim.
26 août 1791. En cette qualité, il est élu membre de Tadmi-
nistration du Bas-Rhin.
21 août 1792. Suspendu pour n'avoir pas voulu retirer sa
signature au bas de l'arrêté interdisant les réunions
des sociétés politiques.
12-14 novembre — . A l'élection tenue à Wissembourg, il
fut un des cinq derniers candidats qui n'eurent pas
assez de voix pour rentrer dans l'administration
départementale. Comme partisan de Dietrich, il fut
enfermé au Séminaire.
19 décembre 1793. Le Comité de sûreté générale du Bas-
Rhin le met en liberté.
LÉPY.
1789. Maître de danse, près les Petites-Boucheries, à Stras-
bourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution, transformée le 11 février suivant en celle des
amis de la Constitution.
7 février 1792. Il la suit à l'Auditoire jusqu'à la fermeture
de la salle.
LESTRANGES (L.).
1790. Capitaine au régiment de cavalerie delà reine à Stras-
bourg.
31 janvier 1791 . Membre de la Société des amis de la Con-
stitution.
1792. Il la cpiitte pour aller à l'armée.
LEVRAULT (François-Laurent-Xavier-Louis), aîné.
1789. Imprimeur de l'intendance et de l'Université épisco-
pale, rue des Jui&, à Strasbourg. Membre du Comité
de la garde nationale.
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4% REVUE d' ALSACE
15 janvier 1790. Avocat général de la ville de Strasbourg.
Membre fondateur de la Société de la révolution,
transformée, le 11 février suivant, en celle des amis
ae la Constitution. Ledit jour, il en est le secrétaire.
8 — . Substitut du procureur de la commune.
7 avril — . Il publie une requête à la municipalité contre le
procès- verbal de la deuxième section de la commune,
le qualifiant de mauvais citoyen, pour avoir, dans une
séance des amis de la Constitution, parlé en faveur
des Juifs. En réponse, parut la brochure : Citoyens,
soyez sur votre garde pour votre liberté,
17 août — . Président de ladite Société, en remplacement de
Boissière, il prononce un discours, dont voici Tin-
troduction :
Citoyens, amis de la Constitution, la liberté et la loi : voilà
le cri qui, dans tout le royaume, fait tressaillir le cœur des
Français.
Union, vigilance, instruction, tels sont les moyens qui perpé-
tueront les bienfaits de PÂssemblée nationale, tels sont les devoirs
communs de tous les citoyens.
11 novembre — . Elu procureur de la commune.
4 janvier 1791. Comme tel, il signe la proclamation aux
Strasbourgeois lors des rassemblements qui eurent
lieu devant l'église de Saint-Pierre-le- Vieux.
27 mars — . Il signe la délibération delà municipalité contre
l'imprimé : Monition canonique et ordonnance du
prince de Rolian, attaquant le nouvel ôvêque Brendel.
Mai — . On publie une conversation patriotique entre lui,
Dietrich, J. Mathieu et Brendel.
26 août — . Elu député suppléant à l'Assemblée nationale.
6 septembre — . La municipalité fait justice d'un vil écrit
qui l'accusait d'avoir été l'instigateur, avec Dietrich et
Noisette, d'une tentative d'assassinat sur la personne
du cardinal de Rohan.
14 novembre — . Elu notable de la commune.
7 février 1792. Il est à l' Auditoire.
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LES HOMMES DK LA RÉVOLUTION 429
Mars — . Envoyé à Haguenau pour apaiser la fermentation
et mettre les perturbateurs à la raison.
3 juillet — . Procureur général syndic du Directoire du dépar-
tement. H signe l'adresse à l'Assemblée nationale,
lors des troubles du 20 juin.
6 décembre — . De npuveau élu notable.
18 janvier 1793. Suspendu par Couturier, Rûhl et Dentzel.
19 mars — . D témoigne à Besançon en faveur de Dietrich.
31 octobre — . Imposé par Saint-Just et Lebas à 30,000 livres,
qu'il paie le 16 novembre.
1797. Membre de la Commission administrative des hospices
civils de Strasbourg.
20 juillet 1800. Membre du Conseil général du Bas-Rhin.
Sous la Restauration, recteur de l'Académie de Stras-
bourg, puis conseiller de préfecture.
LEX.
1789. Curé à Schnersheim, dont le chapitre de Neuwiller
était coUateur.
Mars 1791. L'évêque constitutionnel Brendel le nomme pre-
mier vicaire apostolique de Téglise cathédrale de
Strasbourg, avec résidence au Collège épiscopal.
LIECHTLÉ (M.).
1790. Employé au département du Bas-Rhin.
26 février 1791. Reçu membre de la Société des amis de la
Constitution, avec son frère Louis, aussi commis au
département.
7 février 1792. Tous deux suivent la Société à l'Auditoire
jusqu'au jour de la fermeture de la salle.
6 décembre 1794. M. Liechtlé est nommé administrateur du
Directoire du district du Bas-Rhin.
17 janvier 1795. Maintenu par le représentant Bailly.
23 mars 1796. Membre de l'administration centrale du
Bas-Rhin.
1798. Commissaire du Directoire exécutif à la Monnaie de
Strasbourg.
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430 BEVUE D* ALSACE
LIVIO (Etienne de).
1789. Négociant à Strasbourg, sous la raison sociale deLivio
frères, qualifié d'ex-sénateur.
15 janvier 1791». Membre fondateur de la Société de la révo-
lution, transformée, dès le 11 février suivant, en celle
des amis de la Constitution.
7 février 1792. Avec elle à TAuditoire.
31 octobre 1793. Imposé par Saint- Just et Lebas à 80,000
livres, qui furent payées les 5 et 9 novembre.
31 mars 1800. Maire de Strasbourg, nommé par le premier
consul.
6 décembre — . Pour raison de santé, il donna sa démission,
et fut remplacé par F. Herrmann.
Il alla, quelques années après, fonder ime maison
de banque à Saint-Pétersbourg, où il rendit des ser-
vices signalés à plus d'un Français, lors des désastres
de la campagne de Russie. Plus tard directeur de la
Monnaie à Strasbourg et propriétaire du château
Klinglin à lUkirch.
LIX (André), ex-sénateur,
Jardinier-cultivateur, rue des Rangiers (?), à Strasboui^.
15 mars 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
14 novembre—. Elu notable.
7 février 1792. U suit la Société des amis de la Constitution
à TAuditoire.
3 juillet — . Signataire de l'adresse de la municipalité à
TAssemblée nationale, lors des troubles du 20 juin.
6 décembre — . Elu notable.
18 janvier 1793. Maintenu comme tel par Couturier et
Dentzel.
21 — . H refuse, c'est Bartholmé qui le remplace.
30 mai 1794. Enfermé au Séminaire jusqu'à la chute de
Robespierre.
17 janvier 1795. De nouveau notable.
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/
LES HOMMES DE LA BÉVOLUTION 481
LUNG ( Jean-Daneel).
1789. Passementier, place du Château, à Strasbourg.
26 février 1791. Membre de la Société des amis de la Con-
stitution.
7 février 1792. Il la suit à l'Auditoire jusqu'à sa dissolution.
MATHIEU (Jacques), père.
1789. Secrétaire provincial d'Alsace pour le district de
Schlestadt.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution, transformée, dès le 11 février suivant, en celle
des amis de la Constitution, à laquelle il fut dévoué.
8 février — . Proposé pour la nouvelle municipalité.
15 octobre — . Procureur-syndic du district de Strasbourg.
A la Société du Miroir, il présente une motion rela-
tive au décret sur Torganisation du clergé protestant.
Le professeur Koch y répond.
22 — . Seconde motion sur le traitement des curés royaux.
17 février 1791. Après les troubles de janvier, il est nommé
procureur général syndic de l'administration provi-
soire du Bas-Rhin.
13 mars — . Paraît sa réponse familière à la lettre familière
de Michel Mathieu.
19 avril — . Député extraordinaire du commerce de Stras-
bourg à Paris. Il fait part à la Société du Miroir de
nouvelles relatives au transit et au plombage des
marchandises. Ces nouvelles causent un mécontente-
ment général. L'Assemblée nationale projetait de
faire plomber les marchandises passant en transit,
coUs par colis, au lieu de plomber les voitures entières.
26 mai — . Elu procureur-syndic du Directoire du Bas-Rhin.
Dans ce mois, il parut une conversation politique
entre lui, Dietrich, Levrault et Brendel.
26 août—. Elu député du Bas-Rhin à l'Assemblée nationale.
2 septembre 1792. Il ne fut point nommé à la Convention
nationale; mais Thiers, dans son Histoire de la Rèvo-
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432 REVUE D* ALSACE
luttôn française, page 582, nous apprend que, le
10 avril 1793, il fit partie du Comité de salut public à
Paris. Il a aussi été procureur général près la Cour
criminelle du Bas-Rhin.
18 mars 1800. Comnciissaire civil à Golmar.
10 juin 1811. Substitut à la Cour impériale de Golmar, où il
est décédé conseiller en fonctions en 1812.
Etienne Bârth.
(La suite a la prochaine livraison,)
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PLI
CASPAR MOCK MVENTZMEISTER ZV KOLMAR ANNO 1556-
jR
COLMAR
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PLU.
HAGUEN AU
Bil.
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PL ::i
LANDGRAVES ^
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PL IV
MURBACH ET LURE
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?LV.
STRASBOURG
/m.D uidtntw
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PL VI
BiL
Bil.
STRASBOU R G
Imp Dufmi.t Vorxet
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STRASBOURG
PL VU
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PL.vni.
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.Aq^. X/uma^ ■ V^rnM*
STRASBO U RG
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PL ]\
Bil.
STRASBOU RG - TH ANN
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PL X
Bil,
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FERRETTE(?i SC H L E T ST A DT . S E LT Z (?)
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nxi
Tmp Duttuu - Verx^t
WISSEMBOURG
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LA
DÉCAPOLE ALSACIENNE
Avant et pendant la domination romaine, l'Alsace faisait
partie de la Gaule, qui s'étendait alors beaucoup plus loin
qu'aujourd'hui, puisqu'elle avait pour limite le Rhin.
Ses habitants n'étaient point de race germanique, mais
celtique; ils appartenaient à trois peuples gaulois : les Rau-
raques, les Séquaniens et les Médiomatriciens. Les premiers,
qui occupaient le Jura, et les seconds, qui tenaient la Franche-
Goraté, s'étaient établis dans toute la Haute- Alsace ; les troi-
sièmes, dont la capitale était Divodurum {Melz),posBéAà\ent\a
Basse- Alsace, dont ils furent chassés ensuite par les Triboques,
peuplade germaine venue de la rive droite du Rhin. Le terri-
toire des Rauraques et des Séquaniens faisait partie de la
Gaule que César appelle Cellique^ et celui des Médiomatri-
dens appartenait à la Gaule Belgique. Plus tard, la Haute-
Alsace fut comprise dans la Gaule lyonnaise, et la Basse-Alsace
dans la Germanie supérieure.
Ainsi, sauf l'intrusion d'une tribu alémane et l'occupation
temporaire de la Haute- Alsace par le germain Arioviste, qui
en fut chassé par César, l'Alsace était complètement celtique,
et par son sol et par ses habitants. Ce n'est que plus tard, par
suite des migrations incessantes des peuples germains de la
rive droite du Rhin sur sa rive gaucho, que des éléments
alémaniques s'infiltrèrent peu à peu dans les mœurs, le
Noayelle Série — 6« Année. S8
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434 REVUE d'âlsace
langage et même la race des habitants de cette province, et
finirent par devenir prépondérants. Envahie et ravagée sans
cesse par les Barbares, à partir de la seconde moitié du
III* siècle, TAlsace tomba d'abord au pouvoir des Alémans,
et, sur la fin du Y* siècle, elle devint un des trophées de la
victoire que Clovis remporta sur eux à Tolbiac.
 la mort de Clovis, ses Etats furent partagés en trois
royaumes, et TÂlsace échut à celui d'Âustrasie, dont Metz
était la capitale. Lors d'un nouveau partage qui eut lieu
entre les petits fils de Charlemagne, cette contrée fut annexée
par le traité de Verdun (843) au royaume de Lorraine, donné
à Lothaire. Le fils de celui-ci, Lothaîre II, étant mort, ses
Etats furent partagés par Gharles-le-Ghauve et Louis (870);
ce dernier, qui eut notamment TAIsace, fut surnommé le
Germanique, non parce qu'il était allemand de naissance (car
il appartenait à la race française des Garlovingiens), mais
parce qu'il avait eu dans son lot la Germanie. Dès lors l'Al-
sace fut détachée de la France. Sous les successeurs de Charles-
le-Chauve et de Louis-le-Germaniquc, la possession de la
Lorraine et de l'Alsace occasionna plusieurs guerres, aux-
quelles l'empereur Henri l'Oiseleur mit un terme en réunis-
sant ces deux pays à l'Empire germanique (925).
De ce qui précède il résulte : que l'Alsace, de même que
la Lorraine, n'a pas été conquise par l'Allemagne ; qu'elle ne
s'est pas donnée à celle-ci ; que c'est à la suite d'un partage
qu'elle a été enlevée à la France, et que c'est pour avoir été
française et avoir fait partie de l'Empire de Charlemagne
qu'elle fut annexée à l'Allemagne. Elle en releva jusqu'en
1648, époque à laquelle Louis XIV la rendit à la France, la rat-
tacha au tronc auquel elle avait primitivement appartenu ; elle
rentra alors dans le giron maternel et redevint ce qu'elle
avait été sous les Celtes, les Romains, les Mérovingiens et les
Garlovingiens, une partie intégrante de la France.
C^est pendant la période germanique^ c*est à dire d^ 870 à
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LA DÉCAPOLE ALSACIENNE 435
1648, que les principales villes de TAlsace reçurent, comme
nous allons le voir, d'abord le titre et la Constitution de
villes impériales, ensuite de villes libres impériales.
L'Alsace releva toujours directement , immédiatement, de
TËmpire germanique, comme précédemment elle avait relevé
de la monarchie mérovingienne et carlovingienne;en un mot,
entre cette province et les empereurs il n'y avait point de
souverain intermédiaire. Il en fut de même pour ses villes. Il
est vrai que les empereurs aliénèrent successivement la juri-
diction et quelques-uns de leurs droits sur certaines villes et
contrées de l'Alsace à quelques grands barons qui en devinrent
les seigneurs ; mais les empereurs eurent soin de s'en réserver
le domaine direct, c'est-à-dire la suzeraineté (Summum tmpe-
rium). Dès lors, Vimmédiateté n'appartint plus qu'aux villes
et pays qui n'avaient pas été aliénés par les empereurs et
qui ne formèrent point Tapanage d'autres justiciers que le
souverain lui-même. Ces villes, n'obéissant à aucune antre
juridiction que celle qu'y exerçait le délégué de l'empereur
(Vog(), prirent le titre de villes impériales.
Ce Vogt exerçait au nom de Tempereur la juridiction
criminelle, levait les contributions publiques, faisait respecter
les droits de TEmpire et de l'empereur, et présidait les magis-
tratures locales, qui avaient dans leurs attributions la police
et l'administration de la ville. Mais la plupart de ces villes
s'affranchirent de la juridiction des prévôts impériaux, soit
en vertu de l'octroi qui leur en fut fait par les empereurs,
soit parce qu'elles achetèrent ces charges, soit par suite de
conventions ou par prescription. Dans les villes où cet ofBce
subsista, ce ne fut plus que nominativement, l'autorité qui y
était primitivement attachée ayant peu à peu disparu : les
matières criminelles , dont connurent le plus longtemps les
ofBciers impériaux, fmirent aussi par passer entre les mains
des magistratures locales .
C'est ainsi qu'à Vimmédiateté des villes impériales unit par
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4S6 BEVUE d'alsacb
se joindre la Uberté, et qu'elles purent prendre le titre de
villes libres impériales. D'autres immunités, telles que le droit
de battre monnaie, d'élire leurs magistrats et leurs prévôts,
d'accorder asile, d'exercer la haute justice, etc., vinrent succes-
sivement augmenter cette indépendance, sans néanmoins
rompre le lien de suprême seigneurie que TËmpire et les
empereurs continuèrent à y exercer, et qu'ils transmirent au
roi de France par le traité de Munster.
Toutes les villes impériales de l'Alsace ne jouissaient pas
au même degré de ces privilèges et immunités ; ce qui était
commun à la plupaft, c'était de s'administrer elles-mêmes,
d'avoir une milice, de contracter des alliances, d'entretenir
des ambassadeurs, de siéger aux Diètes de l'Empire, de s'im-
poser des contributions et de rendre la justice.
Il y avait en Alsace quatorze villes impériales immédiates,
qui jouissaient plus ou moins des droits et libertés que nous
venons d'énumérer; c'étaient : Mulhouse. Golmar, Munster,
Kaysersberg, Tûrckheim, Schlestadt, Obernai, Rosheim, Stras-
bourg, Haguenau, Seltz, Wissembourg, Landau et Hagenbach.*
Quatre de ces villes, Mulhouse, Strasbourg, Seltz et Hagenbach,
ne firent point partie de la Décapote alsacienne, dont le siège
était à Haguenau. A la Diète tenue à Essling, en i486, les
députés des villes de Strasbourg, Haguenau et Golmar
siégèrent dans le banc des villes libres du Saint-Empire.
Cependant les villes impériales d'Alsace, à l'exception de
Strasbourg, n'étaient pas assez puissantes par elles-mêmes
pour résister aux attaques et aux entreprises des seigneurs
voisins ; aussi les empereurs leur donnèrent un défenseur
commun dans la personne d'un préfet provincial {Landvogt)
et les engagèrent à se fédérer entre elles. Telle fut l'origine
de la Dëcapole.
Les villes d'Alsace avaient déjà appris, au milieu du
^ Ces deux dernières villes, ainsi que la partie nord de la Basse-
Alsace, farent cédées en 1815 à la Bavière.
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LA DÉCAPOLV ALSACIENNE 437
XII? siècle, à connaître les bienfaits de rassociation, en par-
ticipant à la fameuse Ugm du Rhin^ composée de plus de
soixante villes situées sur les deux rives de ce fleuve.
Cette confédération avait pour but de faire la guerre aux
perturbateurs du repos public, d*abolir les péages nouveaux
et injustes que les nobles avaient établis de toutes parts, de
rendre libres les routes et la navigation du Rhin, ainsi que
les transactions commerciales. Les expéditions militaires ne
pouvaient être décidées que par les villes et non par les
nobles; la ligue protégeait aussi bien le noble que le plébéien,
le bourgeois que le paysan, le clerc que le laïque, le juif que
le chrétien.
Cest en 1338, à la Diète de Francfort et sur l'invitation de
Tempereur, que Colmar, Haguenau, Schlestadt, Obernai,
Mulhouse, Kaysersberg, Munster et Tfirckheim se fédérèrent
entre elles pour se protéger réciproquement.
Le 22 mai 1343, Golmar, Strasbourg, Haguenau, Schle-
stadt, Obernai, Rosbeim, Mulhouse, Tûrckheim et Munster
conclurent un traité d'alliance avec Tévèque de Strasbourg
et les comtes d'Oetingen, landgraves de la Basse-Âlsace, pour
assurer la paix de la province (Lan^rieden) depuis un mille
au-dessus de Mulhouse jusqu'à Seitz, sur la rive gauche du
Rhin, et depuis la Kintzig jusqu'à TOss, sur la rive droite. Cette
alliance, faite en dehors de l'autorité de l'empereur, prit le
nom de Combourgemie ou de Landrettung. Elle avait pour
but d'assurer la tranquillité du pays, la sécurité des personnes
laïques et ecclésiastiques, chrétiennes ou juives, de protéger
les propriétés contre les pillages et déprédations des bandes
armées qui parcouraient la province, et de rendre libres le
commerce et la navigation. Elle fut conclue pour deux années
et renouvelée en 1345 et 1347. Dans l'acte de 1346, signé à
Schlestadt le 3 mars, et qui devait durer cinq années consé-
cutives, figurent, non seulement les parties contractantes du
traité de 1S4S, mais encore : Henri, abbé de Murbaob, pour les
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d38 REVUE d'alsace
possessions de son abbaye ; Jeanne de Montbéliard, comtesse
de Eotzenellenbogen, pour ce qu'elle possédait dans la princi-
pauté de Montbéliard; Ulric Thiébaut d'Âzuel, bailli de la
duchesse d'Autriche, pour le Sundgau; Pierre de Bollwiller,
landvogt de la Haute- Alsace, pour les possessions des ducs
d'Autriche, et Hanneman de Ilaus, bailli d'Ensisheim, pour
les mêmes ducs. Ce nouveau traité d'alliance comprenait
toute l'Alsace et l'Ortenau.
La ligue des dix villes impériales d'Alsace fut constituée
définitivement en vert» du diplôme de l'empereur Charles IV,
daté de Ratisbonne le 28 août 1S54. Ce monarque, trop faible
et trop éloigné de l'Alsace pour la défendre, engagea lui-même
les villes de Ilaguenau, Wissembourg, Schlestadt, Obernai,
Rosheim, Mulhouse, Kaysersberg, TUrckheim et Munster, à
s'unir étroitement entre elles ; il leur prescrivit les conditions
suivant lesquelles leur alliance devait avoir lieu, et mit à leur
tête un préfet ou avoué impérial. C'est pour obéir aux ordres
de l'empereur que fut rédigé, le 23 septembre, l'acte constitutif
de cette ligue, dont l'original se trouve dans les archives de
la ville de Colmar. En voici la traduction :
c L Si Tune des villes a des difficultés avec un seigneur, avec
une autre ville, avec des villages ou des particuliers, elle en
donnera avis au grand bailli {Landvogf), et, de concert avec
lui, elle fixera un jour à la partie adverse pour s'expliquer
sur le conflit; en même temps, elle invitera ses confédérés à
réunir leurs députés le même jour et au même lieu, pour
les faire intervenir aux débats et faire connaître aux adver-
saires qu'ils font cause commune avec les plaignants. Si la
partie assignée refuse de comparaître, les villes viendront
en aide aux premiers dans la mesure que le Landvogt
décidera .
c II. Si dans une des villes un soulèvement réussit à renverser
les représentants légitimes de l'Empire ou de la commune,
ou à les désarmer et à s'en rendre maître, dès que la nouvelle
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LA DÉCAPOLE ALSACIENNE 439
en paryiendra à ses confédérés, ils réuniront toutes leurs
forces pour prêter secours à leurs alliés, et ne se retireront
qu'après avoir rétabli Tordre, et lorsque, d'après le jugement
du Landvogt et des villes, le dommage causé aura été
réparé.
• m. S*il surgit des difficultés entre les villes de la ligue,
celles-ci se réuniront devant le Landvogt et régleront
Taffaire conformément au droit et à la coutume qui leur est
propre.
« lY. Si la ville qui a donné lieu au conflit ne comparait pas,
la ville plaignante lui fixera un jour à Schlestadt, ainsi qu'aux
autres confédérés, devant le Landvogt^ qu'elle aura d'abord
prévenu ; et, après avoir ouï la plainte et la défense, celui-ci,
de concert avec les députés de villes, prononcera son juge-
ment auquel les parties devront se soumettre, et à l'exécution
duquel la ligue tiendra la main.
• y. Si, à l'expiration du traité, les villes sont engagées dans
une guerre entreprise à la suite d'une résolution commune,
pour obtenir la réparation d'un dommage, cette guerre devra
être continuée jusqu'à ce que son but soit atteint. Par contre,
la ligue n'aura pas à intervenir dans une affaire particulière
antérieure au traité.
< YI. Si, dans une des villes alliées, un bourgeois trame
quelque chose contre le Magistrat, le Ck)nseil ou la commu-
nauté, on se bornera d'abord à le bannir de la ville et de sa
banlieue, mais, en même temps, la ville lésée convoquera la
ville, au su du Landvogt^ et les confédérés prononceront
contre le coupable telle peine que de raison ; et pendant tout
le temps qu'elle aura déterminé, aucune ville ne pourra le
recevoir bourgeois ou lui accorder la résidence dans ses murs.
Si au contraire on reconnaît que la plainte n'est pas fondée, la
ligue veillera à ce qu'il soit rétabli dans ses droits.
c Yn. L'alliance doit garantir aux villes en général, comme
à chacune en particulier, ainsi qu'à tous leurs habitants
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440 BEVUE d'alsace
nobles et roturiers, les droits, franchises et bonnes coatumes
dont ils sont en possession ; les confédérés sont tenus d'agir
contre tous ceux qui y porteront atteinte.
c VIII. Au nom de Tobéissance qu'ils doivent à TEmpire,
tous les habitants des villes alliées sont obligés de prêter ser-
ment à la ligue dès qu'ils en auront été requis par le Land-
vogt, le Magistrat et le Conseil de leurs villes respectives. Si
dans le courant du mois ils ne se soumettent pas à cette forma-
lité, ils seront bannis, et chez aucun autre confédéré ils ne
pourront être admis aux droits de bourgeoisie, ou prétendre à
une assistance quelconque.
• IX. La paix provinciale ressortissant actuellement de
l'Empire, Talliance n'j portera pas atteinte; et de même
défense est faite aux Quindecemmrs que Charles lY a préposés
à la paix publique, comme aussi aux seigneurs et aux villes
qui en font partie, de rien tenter contre lescitésdelaDécapole
relativement à leur ligue.
c X. Sous la réserve des droits de juridiction et de souve-
raineté de l'Empire, le traité sera valable pour toute la durée
de la vie de Charles IV, et pendant un an après sa mort.
Toutefois l'empereur aura en tout temps le droit de rompre
l'alliance aussi bien que la paix provinciale.
< XI. Si l'une des villes refuse son adhésion au présent
traité, elle ne pourra réclamer le bénéfice de l'assistance
commune; mais son abstention ne suspendra pas les effets du
traité pour les autres villes confédérées. >
Tel est la teneur de l'acte constitutif de cette fédération,
dont Haguenau était le chef-lieu et la résidence du Landvogt
impérial, dont Colmar était le dépôt des archives, et dont
Schlestadt était le lieu ordinaire où s'assemblaient les députés.
Cette confédération, comme nous le verrons, fut renouvelée à
plusieurs reprises, et le nombre des villes qui lui appartenaient
varia quelquefois ; mais il en resta définitivement dix, d'où
lui est venue le nom de Décapote.
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LA DÉCÂPOLE ALSACIENNE 441
Cette fédération étant expirée après la mort de Tempereur
Charles IV en 1378, il s'en forma Tannée suivante, 14 août
1879, une nouvelle pour cinq ans entre Haguenau, Colmnr,
Schlestadt, Wissembourg, Mulhouse, Obernai, Rosheim et
Seltz. Ce traité avait pour but de protéger la liberté des par-
ties contractantes qui, désirant rester unies à TEmpire, ne
voulaient pas s'en laisser distraire, ou être inféodées ou
engagées à un autre maître. S'il arrivait que des entreprises
fussent tentées contre l'une ou l'autre, contrairement au droit
commun de l'Empire, par des seigneurs ou hommes d'armes
isolés ou confédérés, les villes se devront une protection
solidaire. Elles décidèrent que, pour l'exécution du traité,
Colmar et Haguenau éliront chacune deux députés, et les
autres villes chacune un ; en tout neuf membres qui se réu-
niront sous la présidence de l'un d'eux, toutes les fois que
ce sera nécessaire, pour prendre les mesures propres à
obtenir réparation des entreprises qui pourraient être faites
contre leur indépendance.
L'assemblée des délégués prononcera sur les démêlés
qui pourraient surgir entre les villes fédérées, réglera le
contingent en hommes ou en argent à fournir par chacune
d elles, et statuera sur Tadmission d'autres villes à l'alliance.
La présidence de cette commission alternait chaque trimestre
entre les neuf membres qui la composaient ; celui qui pré-
sidait s'appelait Obmann.
En 1381, sans rompre cette alliance, Haguenau et Wissem-
bourg entrèrent dans une semblable confédération avec Spire,
Worms et Francfort, ce que firent aussi, en 1889, Seltz,
Schlestadt et Obernai.
Un nouveau pacte d'alliance eut lieu en 1408 entre l'em-
pereur Robert, en qualité d'électeur palatin, son fils Louis,
alors Landvogt d'Alsace, la ville de Strasbourg et onze villes
impériales de la province ; il ne devait primitivement durer
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442 REVUE D'ALSACE
que quinze ans, mais Tempereur Sigismond le déclara
perpétuel en 1414.
Dans plusieurs circonstances critiques, MuUiouse ayant
vainement appelé à son secours la confédération des villes
impériales d'Alsace, finit par s'en détacher et par former
en 1466 avec les Suisses une alliance qui fut renouvelée et
déclarée perpétuelle en 1515. Il en résulta que le nombre
des villes d'Alsace composant la préfecture de Haguenau fut
réduit à dix; c'étaient Haguenau, Golmar^ Schlestadt, Wissem-
bourg, Landau, Obernai, Rosheim, Munster, Eaysersberg et
Tttrckheim.
Dans les Diètes et les assemblées de TEmpire, les députés
de Haguenau et de Golmar représentaient les autres villes de
la Décapote. Haguenau ayant prétendu exercer seule cette
prérogative, il fut décidé, dans une réunion générale tenue à
Strasbourg en 1546, que l'ancien usage des deux députés
serait maintenu; ce droit s'appelait MUreitungsrechL La
suprématie que Haguenau s'était arrogée sur les autres villes
lui fut toujours contestée par celles-ci ; cependant elle pou-
vait décacheter les dépêches ou missives qui étaient adressées
à la Décapote, et devait les communiquer aux autres.
Le subside que la confédération devait payer chaque année
à l'Empire (Reichssteuer) fut porté sous l'empereur Sigismond
à quatre mille florins d'or. Sous les empereurs de la maison
d'Autriche, il était remis au Landvogt, mais c'était l'empereur
qui devait en signer la quittance. Eu 1467, lors de la guerre
de l'Empire avec les Turcs, le contingent fourni par chacune
des villes de Golmar, Schlestadt, Mulhouse et Wissembourg,
fut de six cavaliers et douze fantassins ; ce nombre fut réduit
de moitié en 1471. Dès lors, Haguenau fut plus fortement
imposée que les autres villes ; mais pour l'entretien de la
Chambre impériale, Haguenau, Golmar et Schlestadt payaient
annuellement chacunequatre-vingt florins. Dans une assemblée
tenue à Strasbourg, en 1608, on fixa de la manière suivante
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LA DÉCAPOLB ALSACIENNE 443
la part contributive de chaque ville aux charges et dépenses
de la confédération : Haguenau et Golmar ensemble, la moitié ;
Schlestadt et Wissembourg, le quart ; Landau et Obernai, le
huitième; Kaysersberg, TOrckheîm, Munster et Rosheim,
l'autre huitième.
Le Landvogi jouissait de revenus provenant du droit de
protection et d'autres prestations que devaient lui payer les
villes de la Décapole, et qui s'élevèrent, vers les derniers temps,
à la somme de quarante mille livres^ Il pouvait avoir un
lie\xiendin\ (Untervogt), qu'il nommait lui-même. Les fonctions
de Landvogt furent constamment remplies, à trois exceptions
près, par des personnages de haute extraction et dont certains
appartenaient à des familles souveraines.
Le Landvogi ei son lieutenant étaient obligés, en entrant
en fonctions, de promettre par écrit aux villes de leur
donner aide et protection, et ils juraient de tenir fidèlement
leur promesse. Les villes, de leur côté, leur prêtaient serment
d'obéissance et de fidélité, mais non de sujétion. Disons
toutefois que le député de Wissembourg ne donnait que la
main an Landvogt, et que celui de Landau ne prêtait pas
serment i VUntervogt.
Le* Landvogt ou son lieutenant pouvaient assister au
renouvellement annuel des magistrats des villes ; cependant,
l'élection se faisait en dehors de leur présence, et, lorsqu'ils
étaient présents, ils ne pouvaient prendre part au vote,
Wissembourg et Landau les appelaient, non à assister au
renouvellement de leurs magistratures locales, mais à recevoir
le serment de fidélité de celles-ci à l'Empire. Lorsqu'un
différend s'élerait entre l'une des villes et le Landvogt, les
autres villes le tranchaient par voie arbitrale; si le litige
concernait toutes les villes, c'était l'empereur qui le vidait,
^ Wissembonrg, Landaa et Turckheim ne payaient pas de droit de
protection au Landvogt.
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Uii BEVUE D*AL8A0E
A côté et au-dessous du Landvogt impérial qui était à la
tête de la Décapole, se trouvait dans chaque ville un Stadt-^
vogt ou SchtêUheiss, qui était aussi un agent de Tempereur et
la tenait dans une espèce de sujétioo. Mais, comme nous
Tavons déjà dit, ces villes finirent par en obtenir l'abolition
et par avoir le droit de se gouverner elles-mêmes, sous la
protection du Landvogt.
En vertu du traité de Munster en 1648, TEropire céda à
Louis XIV TÂlsace et la Décapole, sauf Strasbourg qui ne fut
réunie à la France qu'en 1681. Les dix villes reçurent des
préteurs ou prévôts royaux ; la province, des gouverneurs,
des intendants et un parlement qui prit le titre de ConeeU
sotwerain. Il s'éleva, en 165S, de longues disputes sur la
formule du serment à prêter par les députés de la Décapole
au nouveau gouverneur, H. Henri d'Harcourt, et sur les
réversales qu'il devait donner. A la fin de Tannée 1661, ces
difficultés existaient toujours ; le gouverneur, qui était alors
le duc de Mazarin, étant venu en Alsace, convoqua les députés
des dix villes à Haguenau, où l'on disputa pendant plus de
vingt jours sur le serment que les villes devaient faire au roi
et le gouverneur aux villes. Celles-ci voulaient le prêter au
Landvogt et non au roi. Enfin l'on transigna le 10 janvier 4662.
L'ancien usage était que le Landvogt prêtât le premier son
serment aux villes; il fut concédé que celles ci jureraient
d'abord au roi et à son gouverneur, et que ce dernier
remettrait ensuite ses lettres reversâtes, en les confirmant par
serment.
P.-E. TUEFFERD.
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MATERIAUX
POUR SERVIR A
L'HISTOIRE DE LA GUERRE DE TRENTE ANS
tirés des archives de Colmar^
Conduite des Suédois à Colmar; contributions,'
entretien des troupes; situation de la ville à la
chute de l'administration catholique; alliance de
Heilbronn; mesures réparatrices du chancelier
Axel'Oxenstirn et des généraux suédois; travail
des fortifications ; dîme extraordinaire ; premier
siège de Brisach; intervention de l'Espagno^e et
du duc de Lorraine ; alliance de la France et de
la Suède ; nouveaux excès des Suédois à Colmar;
ravages des Impériaux; nouvelles démarches
de la ville pour obtenir ime réduction de ses
charges de guerre.
Colmar n'eut pas moins à souffrir des événements militaires
après rentrée des Suédois que du temps de la garnison impé*
riale. Sauf le retour des protestants dans les affaires, rien ne
paraissait changé au régime contre lequel la bourgeoisie venait
de se soulever. Le régiment du comte de Nassau prit la place
des troupes du colonel Vernier, et ne se montra pas moins
exigeant. Ce fut un premier mécompte pour la population, dont
^ Voir la livraison Octobre-Novembre-Décembre 1876 •
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446 REVUE D'ALSACE
la majorité avait moins à cœur une révolution religieuse que
le soulagement de ses misères. Sur les premières instances que
la ville fit faire à Strasbourg auprès du rhingrave Othon-Louis, le
commissaire général suédois, Josias Glaser, qui remplissait les
fonctions de représentant de Suède auprès de Strasbourg et
des pays avoîsinants — en cette dernière qualité il se serrait
d'un sceau à ses armes, véritable chef-d'œuvre de gravu/e, —
promit, le 8 janvier 1688, qu'on ne tarderait pas à retirer
de Golmar la garnison qu'on lui avait imposée. Mais, le 15
janvier, sous prétexte d'une répartition plus équitable des
charges de guerre, le rhingrave Olhon-Louis soumit le conseil
et la bourgeoisie de Colmar à payer tous les dix jours 388 1/3
rixdales, 6000 pots de vin, 12,000 livres de pain pour l'entre-
tien des gens de guerre. Des impositions analogues étaient
exigées partout et, par un ordre daté du quartier général de
Magny devant Lure, 2 février, le rhingrave chargea la ville
d'opérer la rentrée de celles dont étaient frappés les villages
de Souitzbach, de Hûsseren, de Herlisheim, de Jungholz, de
Hattstadt, de Niederhergheim, de Bieterlingen (détruit) et
d'Oberhergheim, appartenant à la famille de Schauenburg.
A en croire la nouvelle administration, ce n'étaient pas
seulement les contributions et les exactions qui avaient épuisé
la ville. En renversant Tancien patriciat, la révolution de 1627
avait confié le pouvoir à des hommes nouveaux, sans tradi-
tionSy sans expérience des affaires, sans fermeté et sans initia-
tive. Entre de pareilles mains, les intérêts communs avaient
eu beaucoup à souffrir, et quand les protestants ressaisirent
les rênes de l'administration, ils trouvèrent le trésor vide,
et toutes les réserves de blé, de sel, de vin, de munitions
épuisées. D'un autre côté, la bourgeoisie était tombée de 1400
à 800 bourgeois ; les familles aisées, qui avaient quitté la
ville devant la persécution religieuse, montraient peu d'em-
pressement à rentrer, et, parmi les habitants qui étaient restés,
on comptait près de 200 prolétaires et une centaine de veovea
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HISTOIRE DE LA GUERRE DE TRENTE ANS 447
que rimpôt devait épargner. Il aurait fallu un grand mouve-
ment d'affaires pour ramener Taisance et la prospérité; mal-
heureusement le commerce des vins, la principale ressource
de la ville et de la haute Alsace, ou, comme on l'exprimait
alors, le nervus reiptiblicœ, était arrêté, Fincertitude des
routes ne permettant pas aux Suisses de faire leurs achats
habituels, ni d'amener les denrées qu'ils donnaient en
échange.
Cependant, en sa qualité de ville frontière, ne comptant, à
l'exception du comté de Horbourg, delà sei^euriede Rique-
wihr et de la vallée de Mtlnster, d'autres voisins que des
populations catholiques, c'est-à-dire plus ou moins hostiles,
Golmar devait être particulièrement sur ses gardes ; de glus,
il lui fallait échapper à l'arbitraire des che& de corps. Ce fut
dans ce but que la ville écrivit, le 16 février, au chancelier
Axel Oxenstirn, plénipotentiaire général de la couronne de
Suède, pour se recommander à lui et lui recommander en même
temps la ville de Munster. Frédéric-Richard Mockhel, qui, en
qualité de président de Suède, joua un rôle considérable en
Alsace, se chargea de lui apporter cette lettre et de déve-
lopper toutes les considérations propres à la faire valoir.
Ce n'était pas l'intervention d'Oxenstirn, si puissante
qu'elle fût, qui pouvait mettre fin à l'état de choses dont
Golmar se plaignait. La paix seule pouvait cicatriser des
blessures si cruelles, et comment l'espérer quand, revenant
de leur première surprise, les Impériaux se rapprochaient
chaque jour de plus en plus de l'Alsace? La ville sentait le
danger qu'un retour offensif de l'armée catholique lui ferait
courir, et n'en demandait pas moins un allégement de ses
charges ! L'alliance que la Suède conclut le IS avril, à Heil-
bronn, avec les quatre cercles supérieurs de l'Allemagne,
Rhin électoral, Franconie, Souabe et Haut-Rhin, qui
organisa la résistance et pourvut à la continuation de la
guerre, devait faire cesser l'arbitraire des exactions. Gepen-
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448 BBVUB D'ALSACE
dant Golmar ne prit point part aux préliminaires da traité.
Engagé par sa capitulation arec la Suède, il ne fut pas appelé
à se joindre aux états protestants qui avaient conserré leur
liberté de contracter. Cependant il eut connaissance du traité
par une lettre de Mockhel, datée de Stuttgart, 2S avril; quelques
jours après, le 9 mai, Strasbourg communiqua de son côté
les conditions du traité, et le désir de la confédération de voir
notre ville y adhérer.
Les états réunis à Heilbronn avaient accordé à la Suède
pour un an, à partir du 1*' mai, une contribution mensuelle
de douze mois romains, plus un mois simple pour le service
de Tartillerie ; ils devaient en outre fournir leur contingent
d'hqpimes et de chevaux, et la part de Golmar était réglée à
84 hommes et à huit chevaux de trait pour rartillerie. Ces
charges étaient lourdes, et il n'appartenait ni au magistrat^ ni
au conseil de les imposer à la population. Il fallait le consen-
tement du conseil des échevins, qui n'avait plus fonctionné
depuis longtemps et qu'il fallut compléter et reconstituer.
Ce collège, directement issu des corps de métiers, était en
majeure partie composé de catholiques. Le magistrat prit un
soin particulier pour l'éclairer et diriger son vote. Il le
réunit le 9 juin, à six heures du matin, au Wagkeller, et
développa toutes les raisons les plus propres à faire valoir la
proposition de Strasbourg.
c La guerre n'a pour but, dit-on aux échevins, que de réta-
blir la tranquillité publique, de maintenir les privilèges des
états allemands et de mettre un frein au pouvoir absolu de
la maison d'Autriche. Nous sommes invités aujourd'hui à
nous joindre à l'Union qui vient de se former à Heilbronn
pour la défense commune, et nous devons nous féliciter d'au-
tant plus de cet appel, qu'il implique pour nous en droit une
indépendance égale à celle des villes et états qui n'ont aucun
lien avec la Suède, et qui ne sont pas sous sa protection.
Maintenant est-il nécessaire de rappeler que le voisinage de la
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mSTOIRE DE LA GUERRE DE TRENTE ANS 449
frontière nous expose plus que d'autres aux entreprises de
Tennemi? Or, en refusant d'adhérer à Talliance, nous nous
mettrions dans l'impossibilité d'invoquer le secours commun
de la Suède et des états protestants. Il ne peut y avoir pour
les catholiques aucun sujet de crainte; car le traité de Heil-
bronn, pas plus que la capitulation qui nous place sous
radvocatie de la Suède, ne compromettra la liberté de Tancien
culte. Quand nous serons membres de la nouvelle confédé-
ration, nous cesserons d'être à la discrétion des gens de
guerre, et les officiers seront engagés vis-à-vis de nous,
comme vis-à-vis de toute l'Union. Sans doute les exigences
sont très élevées ; mais calculez ce que nous coûte aujour-
d'hui l'entretien de la garnison, et vous trouverez que les
charges actuelles dépassent de beaucoup la contribution qu'on
nous demande. > Devant ces considérations, le vote des
échevins fut unanime : ils Toulurcnt que le pacte constitutif
liât Colmar comme il liait les Etats qui l'avaient signé à Heil-
broan. Toutefois, sur la proposition du magistrat, il demanda
que la contribution de Colmar fClt directement appliquée aux
besoins de la garnison et non centralisée dans la caisse du
cercle à Strasbourg, et que la ville ne fut pas exclue des
futures délibérations de la diète. Heureux de ce succès, le
magistrat s'empressa d'en informer, à la date du 7 juin, la
ville de Strasbourg et le chancelier Oxenstirn.
Dans sa lettre du 28 avril, Mockhel avait annoncé le retour
du rhingrave Othon-Louis en Alsace, à la tête de forces
suffisantes pour arrêter les progrès de Tennemi. A son arri-
vée, au commencement de mai, ce général essaya de mettre
fin aux abus les plus criants dont les officiers de la garnison
bénéficiaient aux dépens de Colmar. Des chefs de corps
s'étaient avisés de percevoir des péages extraordinaires aux
portes des villes, et surtout sur l'Ill, la grande voie commer-
ciale de la province : défense fut faite de les exiger désormais.
Les cantiniers étaient exempts des droits d'accise municipaux,
Moovelld Série - (* Aimée* 39
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450 BEVUB D'ALSACE
et ils en profitaient pour accaparer les denrées, et en fiiire
commerce avec les particuliers au détriment de la ville : le
rhingrave leur iuterdit cette manœuvre. Les distributions
que la ville faisait à la garnison donnaient lieu à d'autres abus ;
quand des officiers ou des soldats étaient absents du corps,
les cbefs exigeaient en argent la valeur des vivres auquels la
présence sous le drapeau donnait seule droit à leur subor-
donnés. D'un autre côté, les officiers prétendaient pour leurs
cbevaux à des rations de fourrage de plus en plus exagérées.
Le rhingrave mit également fin à ces exigences. Enfin il
prescrivit d'appliquer la mesure arrêtée par la convention de
Heilbronn, portant que c'était à la caisse générale de l'Union
protestante à supporter la dépense des garnisons extraor*
dinaires ; en conséquence il ordonna qu'en acquittant sa con-
tribution , Golmar décompterait le pain et le vin fournis
à sa garnison, à raison de cinq kreutzer par jour et par
soldat.
Une autre mesure d'intérêt plus général , qui aurait pu
avoir d'excellents résultats, si la Suède était reskée en force
en Alsace, ce fut un ordre daté de Strasbourg , le 18 juillet
168S, par lequel le rhingrave Othon prescrivit aux chefe de
corps de donner des escortes à toutes les marchandises cir-
culant entre Bâle et les Pays-Bas.
Le rhingrave s'appliqua aussi à mettre en état les fortifi-
cations de Golmar. Par un ordre daté de cette ville, le 12 juin
1638, il requit les différents bailliages de la haute Alsace,
depuis Thann et Ensisheim jusqu'au Yal-de-YiUé, Andlau et
Markolsheim, de fournir constamment S20 hommes de corvée
avec 81 voitures. Chaque homme devait être pourvu des
ustensiles nécessaires et de vivres pour trois jours. Passé ce
temps, d'autres travailleurs devaient relever les premiers. Des
réquisitions analogues furent lancées le 24 juin ; établies sur
des bases plus larges, elles montent à 885 hommes et 87
yoitures. Mais les administrations locales n'exécutaient ces
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HISTOIRE DE LA GUERRE DE TRENTE ANS 451
ordres qu autant que les ' Suédois pesaient directement sur
elles, et il fallut Tarrivée du quartier-mattre général de
l'armée pour faire avancer les travaux . Ce fut lui qui pres-
crivit le plan des ouvrages à exécuter, et il existe au dossier,
sous la date du 11 (21) février 1634, un marché passé avec le
capitaine ingénieur Alexandre Adrian, qui avait entrepris la
construction du bastion de Saint-Pierre, avec le cavalier et
le fossé. Cet ouvrage, entièrement en terre, devait avoir
iOO verges de développement et coûter 33 florins par
verge.
C'est à ce moment que Ton voit aussi apparaître les réqui»
sitions pour l'approvisionnement de la table du rhingrave.
Golmar dut se charger de ce service, et y suppléer quand les
denrées n'arrivaient pas du dehors. Ce fut une charge
de plus pour la ville, qui eut souvent occasion de s'en
plaindre.
Malgré les sacrifices qu'elle s'était imposés, rUnioh protes-
tante était loin d'avoir pourvu à toutes les dépenses que la
continuation de la guerre lui imposait. On recourut au triste
expédient des anticipations. Une première fois, le directoire
obtint des Etals l'avance de trois mois de leur contribution.
Cette ressource fut bientôt jugée insuffisante, et dans une
assemblée, qui se tint à Heidelberg, un certain nombre de
princes et de comtes accordèrent au chancelier Oxenstirn
une anticipation de six mois, qui se confondaient avec les
trois mois précédemment votés. Indépendamment de cette
avance, l'assemblée de Heidelberg décida que tous les membres
de l'Union, états et particuliers, prélèveraient, au profit de
l'armée protestante, une dtme extraordinaire sur tous les
produits de la terre. Oxenstirn porta, le 2 1 juin, ce vote à la
connaissance des alliés, et Strasbourg invita Colmar, le 30
juin, à s'y conformer. Notre ville se soumit encore à cette
nouvelle nécessité, et quoique l'entretien de sa garnison fût
encore à sa charge, elle déclara dans sa réponse, datée du
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452 RBYUB D' ALSACE
5 juillet^ qu'elle prendrait set mesures pour que la dîme fût
perçue dans toute retendue de sa banlieue , toutefois sans
préjudice pour ses droits et sa juridiction. Quand peu de
temps après, le 23 juillet, le chancelier Oxenstirn réunit à
Francfort rassemblée des états protestants — à laquelle
Golmar, un peu tardivement convoqué (16 juillet) par Stras-
bourg, ne put prendre part, — cette nouvelle contribution fut
Tobjet de longues discussions entre le collège des princes et
celui des villes, les premiers refusant de voter la dime et
prétendant la remplacer par un impôt extraordinaire sur les
riches cités qui leur étaient alliées. Strasbourg entretint
Golmar de cet incident, qui n'était pas clos, dans une lettre
du SO novembre où il lui rend compte des diverses autres
questions qui avaient occupé les députés réunis à Francfort
Malheureusement les abus de la force étaient sans remède,
et la ville en subissait tous len inconvénients. Une fois, c'est
un rittmestre de la garnison, qui, en plein jour, viole une
enfant de treize ans dans Técurie des Deux-Clefs ; une autre
fois des cavaliers suédois enlèvent près de Mulhouse leurs
attelages à des bourgeois revenant de Bflle, ou dépouillent,
en dépit de leur escorte, des Suisses qui venaient acheter du
vin dans le vignoble ; ou bien encore, c'est un parti de
maraudeurs qui vient faire la récolte auprès de Sainte*
Croix, et piller les fermes et les moulins isolés de sa ban-
lieue.
Cependant TEspagne allait intervenir à son tour dans cette
lutte où rhégémonie de la maison d'Autriche était si sérieu-
sement en jeu, et où elle espérait ressaisir pour son propre
compte les Provinces-Unies. Dès le 80 juillet, le comman-
dant de la garnison de Colmar signala au rhingrave la pré-
sence de troupes espagnoles aux environs du lac de Gôme.
La même nuit, un courrier du duc de Rohan apporta la nou-
velle que cette armée allait, le Si juillet, se mettre en marche
* Prot. mis.
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HISTOIRE DE LA GUERRE DE TRENTE ANS 453
pour la Valteliae, en se dirigeant sur Bregentz et Constance.
La ville transmit cet avis au même rhingrave qui, occupé du
premier siège de Brisach, avait en ce moment son quartier
général à Biesbeim. D'autres avis, reçus le 12 août, confir-
mèrent la nouvelle de ce mouvement En accusant réception à
la ville de cette dernière communication, la chancellerie du
rhingrave lui fit part d'un récent engagement sous les murs
de Brisach : le IS (3SJ août, à 8 heures du matin, la garni-
son avait tenté trois attaques différentes contre le camp
ennemi ; mais les Suédois étaient sur leurs gardes ; 200
hommes du colonel Witzthum veillaient aux tranchées ; ils
ehai|;èrent les assaillants et les mirent en désordre. Un grand
nombre resta sur le carreau, 96 furent pris et d'autres jetés
dans le Rhin. Le reste de la garnison^ tenu en échec par la
cavalerie suédoise, ne put appuyer cette sortie. Le auteurs de
rhistoire de Yieux-Brisach, publiée en 1851, MM. P. Ros-
mann et Faustin Eus, qui mentionnent, p. 340, plusieurs
combats livrés à Toccasion de ce siège, ignorent cet engage-
ment, au moins sous cette date.
Pendant que les troupes espagnoles se rapprochaient du
théâtre de la guerre, le duc de Lorraine, Charles III ou IV,
qui avait déjà fait une vaine démonstration en faveur de
TEmpire, rassemblait à Saint-Dié ses troupes dispersées, dont
il fit la montre le 14 ou le 15 août. D*un autre côté, 4000
soldats, levés dans le comté de Bourgogne, marchaient de
Montbéliard sur Lure, pour opérer leur jonction avec les
Lorrains.^
C'est ainsi que, loin de s'éteindre, l'embrasement gagnait
chaque jour de nouveaux aliments ; c'est ainsi que l'Empire,
qui commençait à sentir la main de la France, dans la résis-
tance qu'on lui opposait, amenait peu à peu tous ceux que la
France menaçait, dans le champ clos où se vidait la querelle
^ Prot. miss. 1633-35, lettre du 15 août 1603 au rhingrave Jean-Phi-
lippe.
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454 BEVUE D'ALSACE
des protestants et des catholiques d'Allemagne. Le traité
d'alliance et de subsides conclu à Bernwald, entre la France
et Gustave- Adolphe, renouvelé une première fois à Heilbronn,
reçut à cette époque une nouvelle confirmation par le traité
de Francfort-sur-le-Mein, du 6 septembre 163S, dont une
copie est jointe au dossier.
A l'approche du danger, les généraux suédois ne restèrent
pas inactifs. Le 12 octobre, le rhingrave Othon-Louis, de
retour à Golmar, donnait au lieutenant-colonel Philippe-
Jacques Berhold, l'ordre de concentrer dans cette ville tous
les détachements du régiment de Hanau, de prendre le com-
mandement de la place et de s'apprêter à faire son devoir de
soldat dans toutes les circonstances à venir. Il prescrivit en
même temps de chasser les femmes de mauvaise vie, qui
suivaient les soldats, de réduire les chevaux des officiers
au strict nécessaire, de ménager autant que possible la ville
et ses habitants.
Au commencement de novembre, le maréchal Jacques
Nompar Gaumont, duc de la Force, arriva à Remiremont avec
une armée française^ en annonçant son intention de livrer
bataille au duc de Feria et aux forces espagnoles venant d'Italie,
dès qu'il les recontrerait. Ce fut le résident Mockhel qui annonça
cette nouvelle au syndic Mogg, par une lettre datée deSainte-
Marie-aux-Mincs, 1" novembre : lui-même voulait se rendre
auprès du maréchal pour le fortifier dans ce dessein. Peu
après, le feld-maréchal Horn, le comte palatin de Birkenfeld,
et le rhingrave Olhon-Louis opérèrent leur jonction dans la
haute AlHace, pour en défendre l'entrée aux Espagnols. Cette
concentration de troupes amena à Colmar un état-major de
douze généraux avec environ 2000 chevaux, que la ville dut
loger en sus de sa garnison. Les officiers et les soldats n'at*
tendaient pas toujours de bonne grflce, qu'on leur assignât
des quartiers; ils s'établissaient au hasard, dans les cours des
laboureurs, avec 30, 40, 60 chevaux, maltraitaient et dépouil-
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t
HISTOIRE DE LA GUEBBB DE TRENTE ANS 455
laient les habitants, gaspillant en quelques jours les provi-
sions qui auraient sufQ à nourrir la population et la garnison
pendant Thiver entier. Au dehors des murs, les choses ne se
passaient pas autrement; des caraliers et des goujats battaient
la banlieue et exerçaient leurs violences et leurs rapines sur
les gens qui rentraient leurs vendanges; quatre meurtres
furent commis de la sorte en quelques jours. Le 19 octobre,
la ville avait envoyé des députés à Gustave Horn, pour se
plaindre de ces excès. A son arrivée à Golmar, le feld-maréchal
signifia le 2S octobre aux officiers qui, au lieu de suivre
leur corps, s'étaient arrogé des quartiers en ville, l'ordre de
les vider au plus tôt, s'ils ne voulaient pas que leur entretien
restât à leur charge.
Après la levée du siège de Brisach, les Impériaux, libres
de repasser en Alsace, ne tardèrent pas à se montrer aux
environs de Golmar. Le 24 novembre, un parti de cavalerie,
supposé de 30 cornettes, se présenta devant Sainte-Croix ; la
garnison suédoise, trop faible pour défendre la yillette, se
retira dans le château où elle se barricada, en laissant l'ennemi
piller les habitations particulières. Cependant, sur le refus
des Suédois de se rendre, il quitta la place pour se diriger
sur Mulhouse, où il devait opérer sa jonction avec 300 autres
chevaux, que l'on supposait devoir ramener la margravine de
Bade de la Lorraine, où elle s'était réfugiée. On comptait à
ce moment que les Impériaux, relevés à Brisach par des
milices venues des pays antérieurs de l'Autriche, avaient 3 ou
4000 hommes et plus en campagne, et cette force était suffi-
sante pour tenir les Suédois en respect après le départ du
gros de leur armée.
Ces derniers prenaient leur revanche aux dépens des popu-
lations. En dépit des ordres de Gustave Horn, la garnison de
Golmar, les officiers surtout, n'avait jamais montré autant
d'insolence. Le magistrat même n était pas à l'abri des insultes.
La certitude de ne pouvoir se maintenir démoralisait ces
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f
456 BEVXJE d'alsaoe
hommes que le succès n'avait pas disciplinés, et, plutôt qae
de laisser de la besogne à faire à de noureanx Tenus, les
soldats cherchaient toutes les occasions et les faisaient naître
au besoin, pour maltraiter et dépouiller les habitants. D'autres
désordres accompagnèrent les querelles et les pillages : les
prisonniers de guerre, parmi lesquels on comptait le colonel de
Mercy, furent abandonnés à eux-mêmes, au risque de les voir
tramer des complots contre la sûreté de la place. En dépit
des droits de juridiction de la ville, et au mépris des privilèges
des corps de métiers, les marchands étrangers venaient, sans
acquitter les droits de péage, faire concurrence aux produits
de l'industrie locale. Â ce moment, la garnison se composait
du régiment de Hanau, auquel étaient venus se joindre 200
mousquetaires de celui de Nassau, ce qui l'avait porté à près
de 800 hommes, non compris l'état major. Pour l'entretien
de tout ce monde, la ville fournissait 282 quartaux de blé, à
fl. 4 le quartal, et 40 foudres de vin, à û. 50 ; plus tons
les dix jours fl. 600 en argent ; le total de la dépense montait
à fl. 4628, tandis que le duodécuple mois de l'expédition
romaine ne montait qu'à fl. 2016. Si l'on compte encore les
fournitures pour la table des généraux suédois, qai étaient à
ce moment entièrement à Ja charge de la ville, et qui for-
maient encore une avance de fl. S800, on peut se faire une
idée de ce que la guerre coûtait à nos pères. Le 26 novembre,
Golmar profita de la présence à Strasbourg de deux membres
du conseil supérieur de l'Union protestante, ou ConsUitm
formatum, George-Gustave Wetzel de Marsilien et François-
Adolphe Ingold, pour leur présenter ses doléances et leur
demander leur intervention auprès du chancelier Oxenstirn.
Par suite de cette démarche, le chancelier écrivit au rhin-
grave Othon-Louis, pour lui recommander de ne rien préten*
dre au delà de son duodécuple mois romain, et de ne pas lai
imposer de garnison exorbitante. Une autre lettre des deox
membres du ConMum formatum, adressée au lieutenant-
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HISTOIBE DE LA GUEBRE DE TRENTE ANS 4S7
colonel Bernbold, lui prescrivit de ménager de son côté la
Yille. EnOn Oxenstirn régla définitivement la part de Golmar
à la somme de 2015 florins, payable chaqae mois entre les
mains da commandant de la garnison.
La difficulté était d'obtenir que la ville fût traitée confor-
mément aux intentions du directoire de la ligue. Les exigences
étaient là, et il n'y avait pas moyen de les éluder. Les parti-
culiers n'en étaient quittes ni avec la tailleS ni avec la contri-
bution extraordinaire'; on leur prenait les chevaux pour le
service de Tartillerie et, au lieu de 8 chevaux auxquels
Ciolmar avait été taxé, son contingent s'éleva jusqu'à 160. Tel
était répuisement de la ville que les magistrats ne touchaient
plus leurs pensions, que les pasteurs et les maîtres d'école
étaient réduits à la portion congrue, et que, faute d'argent
pour payer le voyage de ses députés, la ville pria Strasbourg
de la représenter à la diète de Worms, où les états du Haut-
Rhin devaient, le 28 janvier 16S4, délibérer sur les graves
questions à traiter par Taseemblée de Francfort, qu'Oxenstim
avait de nouveau convoquée, le 20 décembre, pour le 1" mars
de l'année suivante, et qui devait principalement aviser anx
moyens de rallier les cercles de la haute et basse Saxe et
de la Westphalie à l'Union de Heilbronn ; et ce ne fut que
sur les pressantes instances de Strasbourg que Golmar se
décida à envoyer à Strasbourg le syndic Mogg et le conseiller
Jonas Walch.
A ce dossier sont annexées à leur date les deux pièces
suivantes :
i"" Lettre du 7 mai 1688, adressée à la ville par huit
membres de l'ancien corps municipal, retenus prisonniers à
Benfeld, pour la prier d'agir en leur foveur auprès du rhin-
grave Othon-Louis;
2^ Lettre du rhingrave Othon-Louis, du 26 septembre, par
laquelle il invite le résident Mockhel à donner une sauve-
* Qewtrff. * Schatzung.
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458 REVUE D* ALSACE
garde à la maison de JeanEriegelstein, bourgeois deCîolmar à
son service. Ce Kriegelstein est sans doute celui dont il est
question dans le Journal du siège de Calmar, comme ayant
eu une conférence extra-muros avec le greffier de justice
Nicolas Sandherr.
Les Suédois tenus en échec par la garnison de
Brisach; occupés du siège de Rheinfelden;
assemblée de Francfort; Colmar demande une
modération de ses charges de guerre; divers
avantages qu'il obtient; prend des troupes à sa
solde pour pouvoir éloigner sa garnison; se met
en état de défense; le Haut-Landsber g surpris ;
désastre des Suédois à NordUngue
Malgré la défaite infligée aux Impériaux à Wattwiller, le
2 mars 1684, Tarmée suédoise n'était plus en état degiarantir
efficacement la sécurité de Golmar. De Krisach, d'où ils com-
mandaient pour ainsi dire toute la haute Alsace, les Impé-
riaux étaient maître de se porter jusque sous les murs de
notre ville. Ce fut en vain que le lieutenant-colonel suédois
Landenberger et le rittmestre Hildenbrand s'établirent à
Ensisheim, pour prendre les Impériaux de flanc, chaque fois
qu'ils franchiraient le pont du Rhin. Ces deux officiers durent
peu après se mettre à la poursuite des troupes battues à
Wattwiller, qui se rassemblaient de nouveau dans la vallée
de Saint-Âmarin. Mais ces débris n'attendirent pas qu'on les
attaquât : ils passèrent les Vosges et se retirèrent dans les
environs deSaint-Dié.
De son côté, la garnison de Brisach détacha une colonne
qui se présenta, le mardi 1*' avril, devant Mittelwihr. Le
village fut pillé et un notable emmené prisonnier; il ne
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mSTOIBE DE LA 6VEBBE DE TRENTE ANS 459
recouvra sa liberté du colonel Ascanio Albertini, en ce moment
à Brisach, que contre une rançon de 300 rixdales. De Mittel-
wihr, les Impériaux coururent à Ammerschwihr, dont un
traître, le majordome du rittmestre Goldstein, autrefois au
service de TEmpire, leur ouvrit les portes. Le lendemain,
pendant que les protestants de Golmar assistaient au prêche
du matin, un autre détachement enleva aux cultivateurs de
la ville et des environs une centaine de chevaux qu'ils faisaient
pftturer dans le Rieth. Mais le même jour, six cavaliers du
rittmestre Goldstein ayant appris à Ammerschwihr que les
Impériaux y avaient enlevé la veille les domestiques et les
bagages de leur commandant, poussèrent une reconnaissance
dans la vallée de Lapoutroye, où ils rencontrèrent un gros
d'ennemis, sur lequel ils donnèrent si vigoureusement qu'après
en avoir sabré une partie, ils firent encore une vingtaine de
prisonniers. La plupart étaient des officiers congédiés après
leur défaite de Watlwiller, qui étaient restés réunis pour ne
pas être massacrés par les paysans \
Cependant la garnison de Brisach continuait ses ravages.
Elle s'était renforcée de celle de Neuenbourg, qui, après avoir
subi un premier assaut, s'était embarquée, le 26 mars, sur le
Rhin, pour ne pas risquer une seconde attaque qu'elle se
sentait incapable de soutenir \ Le samedi, 5 avril, une nou-
velle expédition partie de Brisach, ne laissa ni chevaux ni
bétail dans les villages wurtembergeois de Horbourg, d'An-
dolsheim et de Sundhofen. Ces pertes étaient sensibles, même
pour Golmar, dont le rhingrave Othon-Louis retenait toujours
les chevaux pour le service de son artillerie '.
Les opérations militaires du rhingrave Jean-Philippe,
laissaient la ville passablement à découvert. Après la prise de
^ Lettre aux députés à Francfort, du 5 avril.
' Lettre aux mêmes, du 30 mars.
' Prot, missiv. Lettre au rhingrave Othon-Louis, du 5 avril.
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400 REVUE D'aLSAOE
Fribourg, le KXaTril \ le rbingraye avait été reprendre le siège
de Rheinfelden, vigoureusement défendu par François de
Hercy. Pendant deux jours on crut entendre à Golmar le canon
qui battait la place. Le capitaine Adrian, chargé des fortifica-
tions de Golmar, fut appelé à prendre part aux travaux de
ce siège, ce qui n'avança guère Tachëvement des défenses
dont la ville avait besoin. D'un autre côté, on no voulait pas
restituer les 160 chevaux qu'elle avait prêtés, et, faute de
pouvoir s'en aider^ les habitants durent laisser en friche une
partie de leurs terres. A cela se joignait Tincertitude des
routes. Le commerce du vin avec la Suisse, qui avait eu Tair
de reprendre, était de nouveau complètement enrayé : après
un premier convoi qui avait heureusement passé, d'autres
Toitures furent pillées avant leur arrivée à RoufiTacb.
Depuis le retour des protestants au pouvoir, la ville était
rentrée en correspondance avec son ancien syndic, Antoine
Schott, retiré à Bâie à la suite des événements de 1628.
Cependant on lui avait attribué une réfutation du sermon
prononcé en 16S2, par le D' J . Schmitt, lors de la restitu-
tion de l'église de la Trinité au culte protestant, réfutation
qui avait été récemment publiée sans nom d'auteur à Bâle,
sous le titre de Kurtze Verantwcriung der Predigt. C'était
une réponse calviniste très acerbe à l'homélie luthérienne du
D' Schmitt. Mais Schott protesta énergiquement contre cette
imputation : il soutint qu'il n'avait aucune part à ce libelle,
et que l'auteur et ses complices lui étaient inconnus^. La ville
parut le croire et continua à consulter son ancien greffier
sur les questions difficiles qui se présentaient. En se rendant
le mardi, 16 avril, i l'un de ses appels, le malheureux Schott
^ D'après une lettre du 12 avril, adressée par Golmar à ses députés à
Francfort, 300 paysans, qai combattaient dans les rangs des Impériaux,
y farent massacrés.
' Lettre de Golmar da 15 février 1634 ; réponse de Schott da 25 da
même mois.
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HISTOIRE DE LA 6X7ERRB DB TRENTE ANS 461
fat surprit à une lieue et demie de Bêle, dans la forêt de la
Harth, et massacré avec les cavaliers de distinction qui
raccompagnaient. On ne trouva les cadavres, au nombre de
six, que le vendredi ; le vieux syndic était entièrement nu ;
outre quelques légères blessures au bras et au côté, il avait
la tête fracassée d'un coup de feu^ Cette nouvelle causa à
Golmar une émotion profonde, partagée à Francfort par les
députés de la ville ; une lettre de Mogg, du 29 avril, exprime
en termes touchants les regrets que la triste fin de son pré-
décesseur lui avait fait éprouver.
Les Impériaux occupaient encore entr'autres le château
de Wildenstein, qui ne se rendit aux Français sous le com-
mandement de M. de la Bloquerie, que le 9 août suivant' ; ils
faisaient de là des pointes dans la vallée de Munster. On
songea, à Golmar, à repousser ces incursions et, le 22 avril
au soir, un détachement d'une centaine d'hommes, moitié
bourgeois, moitié soldats de la garnison, cavaliers et fantas-
sins, partit pour Mftnster, dans Tespoir de surprendre les
Impériaux. De son côté, la garnison de Brisach, informée
qu'il était arrivé de nombreuses marchandises à lUbœi^seren,
profita de cette expédition pour essayer de les enlever : heu-
reusement on avait eu le temps de les amener à Ciolmar.
Mais à leur retour les Impériaux surprirent 400 chevaux
appartenant aux cultivateurs, et 200 bœuâ appartenant aux
bouchers de Golmar ^ Une lettre, adressée le 16 juillet au
rhingrave Jean-Philippe^, n'évalue pas à moins de mille le
nombre de chevaux que la ville avait perdus dans l'espace des
quelques mois.
Au dedans de la ville, la guerre occasionnait d'autres
alarmes. On avait transféré à Golmar 800 Impériaux faits
^ Lettre non signée, dn 19 avril.
« N. st.
* Lettre aux dépntés« du 27 avril.
* Protoç, miêHv,
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462 BEVUE D'ALSACE
prisonniers à la bataille de Wattwillèr, dont la condaite lais-
sait fort à désirer. Telle était Tinsouciance du commandant de
place, colonel Bernhold, que ces hommes avaient dans la ville
toute liberté d'aller et de venir, même de nuit. Un soir,
après neuf heures, quatre d'entre eux essayèrent de sur-
prendre un poste établi à l'entrée de la Lauch en ville K
Chaque jour ajoutait un trait de plus au sombre tableau de
FAlsace, pendant cette période de la guerre de Trente ans Le
80 mai, un parti de cavaliers de Brisach pilla la métairie de
la jeune comtesse de Ribaupierre, à Illhœuseren, et emmena
30 chevaux, vaches ou bœufs du Rieth de Guémar. Le mime
jour, 50 mousquetaires, de la même garnison, pillèrent le
moulin de Niederhergheim. Â Soultzbacb, les Impériaux
s'emparèrent du receveur de la seigneurie; la femme d'un
capitaine, qui se rendait en voiture d'Ensisheim à Schœnen-
steinbacb, fut enlevée. Les Suédois se comportaient exacte-
ment comme les Impériaux ; une fois en rase campagne, le
moins qu'on devait craindre, c'était d'être pillé tant par les
ennemis que par les amis. Il était malaisé de dire quelle ville
était serrée de plus près, Golmar ou Brisach. A Brisach, le
marché était mieux approvisionné qu'à Golmar, où l'on avait
à craindre une disette si, comme tout l'annonçait, on ne pou-
vait rentrer ni les fourrages, ni la moisson.'
Pendant ce temps, l'assemblée des Etats protestants s'était
réunie à Francfort. Elle avait été convoquée par Oxenstirn,
pour le 1" mars; mais les députés de Golmar, le syndic Jean-
Henri Mogg et le conseiller Jonas Walch ne partirent que
dans la seconde quinzaine du mois ; leur passeport, signé du
rhingrave Othon-Louis, est daté de son quartier général de
Thann, le 6 mars 1634, et les pouvoirs qui les accréditaient
définitivement auprès de rassemblée tomme représentants de
Golmar, de Kaysersberg, de Milnster et de Turkheim, sont
^ Lettre aux députés, dn 17 mai.
* Lettre aux dépotés, du 31 mai*
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HISTOIRE DE LA GUERRE DE TRENTE ANS 463
datés du 11 du même mois. Voici les réclamatioDS qu'ils
devaient faire valoir au nom de notre ville :
Avant tout, Colmar voulait être débarrassé de sa garnison
actuelle, comprenant le régiment de Hanau et partie de celui
de Nassau, montant à un millier d'hommes, dont l'insolence
envers le magistrat comme envers la bourgeoisie n'était plus
tolérable. La ville proposait de remplacer ces troupes par
800 hommes de nouvelle levée et par SOO hommes à sa solde
particulière.
On demandait aussi une modération des charges de guerre.
Colmar avait continué à faire des avances considérables
pour l'entretien des troupes, pour la table des généraux,
notamment pour celle du rhingrave Othon-Louis qui tenait à
Colmar une cour princière : cette dernière dépense formait
à ce moment un total de 13,600 florins. Puis venaient les
munitions que les Suédois tiraient de la ville, les outils qu'elle
avait fournis pour le siège de Brisach, les chevaux que le
rhingrave Jean-Philippe traînait à sa suite, la dépense
exigée pour les travaux de fortification. La ville sentait qu'elle
ne pouvait pas se soustraire à ces charges ; mais comme elles
ne l'intéressaient pas seule, elle demandait qu'elle ne fût pas
seule à porter et qu'on lui accordât des compensations sufK-
santes. Elle désignait plus particulièrement la dîme extraor-
dinaire payable par Colmar et par Sainte-Croix, celle
d'Ammerschwihr et de Niedermorschwihr, les droits que
le fisc impérial tirait de son territoire et de celui de Sainte-
Croix, toutes les redevances qu'on payait à l'ennemi et à
ses alliés. Elle réclamait encore la concession du duodécuple
mois de l'expédition romaine, dû par l'abbaye de Marbach à
Wettolsheim et à Wintzenheim, le transfert à la ville des deux
villettes de Herlisheim et de Sonltzbach, appartenant aux
nobles de Schauenburg, qui devaient à Colmar une somme
de 6,575 florins, du bailliage de Bergheim en échange d'un
capital de 1 1^025 florins que la ville avait à prétendre des pays
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464 BEVUE D'ALSACE
antérieurs de l'Autriche, des deux villages de Holzwihr et de
Wickerschwlhr, comme garantie d'une créance de 18,000 flo-
rins que C!olmar avait à prétendre des nobles de Froberg.
Là M se bornaient pas ses vœux. Les députés étaient
chargés encore de demander le rétablissement du commerce,
notamment de celui du vin, sans lequel il n'y avait pas pour
la ville de revenu public, ni pour les particuliers de moyens
de Subsistance. Ce qui était plus grave, la ville leur donna
ordre de demander pour elle la faculté de se retirer de l'al-
liance de la Décapole.
Le grand bailliage qui n'avait d'autre but, disait-elle, que
de conserver et de protéger les villes de la Décapole, n'était
plus, depuis que la maison d'Autriche en avait fait un de ses
apanages, qu'un prétexte d'assujettissement onéreux, en dépit
des reversâtes qui devaient garantir les droits des ressortis-
sants. Quand la ville avait à se plaindre de quelqu'atteinte à
sa supériorité, elle était toujours obligée d'en poursuivre le
redressement devant la Chambre impériale. La maison d'Au-
triche tirait occasion du grand bailliage pour entreprendre sur
les libertés des villes et même pour se livrer à dlatolérables
persécutions religieuses. Par toutes ces considérations, les
députés devaient solliciter du chancelier Oxenstirn la rupture
des liens qui rattachaient Golmar au grand bailliage, avec
dispense de payer les 500 florins du Rhin, jadis contribution
à l'Empire, et qu'on acquittait maintenant h titre de droit de
protection.*
Les deux députés de Golmar arrivèrent à Francfort, le
mercredi 26 mars, en compagnie du résident Mockbel, qui,
parti de Golmar après eux, les avait rejoints en route. Oxen-
stirn était de retour de la basse Saxe depuis le lundi. Mockhel
lui présenta les drapeaux et les cornettes pris à la récente
bataille de Wattwiller : ils furent portés flottant au vent, sous
^ Voy. B6 mémoire d'Antoine Scbott sur le grand bailliage, mars
1634.
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HISTOIRE DE LA GUBBRX DE TRENTE ANS 465
Tescorte de 200 mousquetaires depuis le Rossmarck jusqu'au
quartier du chancelier à Sachsenhausen. Oxenstirn ouvrit la
diète le vendredi, S8 niars, par une allocution dont Mogg loue
la bonne grftce, la fermeté et la concision. Golmar n'avait pas
eu, au premier abord, Tintention de laisser ses députés pren-
dre part aux travaux de rassemblée, leur mts'^ion devant se
restreindre aux affaires particulières de la ville; mais, quand
ils trouvèrent les reprévsentauts de Wissembourg, de Landau
et d'autres localités sur lesquelles Golmar prenait le pas dans
les diètes, ils craignirent que leur abstention ne compromit
le droit de préséance de leurs commettants, et ils se décidèrent
à occuper le siège qui leur était réservé,*
Une première difQculté entrava les travaux de rassemblée
de Francfort. Les villes impériales avaient toujours été en
possession de s^iéger et de voter dans les diètes de TEmpire
avant la noblesse équestre. A Francfort, la noblesse prétendit
prendre rang avant les villes impériale.s, immédiatement
après celles qui étaient en possession de convoquer les autres^
tandis qu'autrefois les villes étaient réunies dans les assem-
blées générales' et ne formaient qu'un seul corps. Cette ques-
tion de préséance donna lieu à de longs débats qui retar-
dèrent les délibérations de près d'un mois.
C'était le cas de rappeler, ainsi que le fit Oxenstirn, le mot
du chancelier polonais Zamoïski : Germanos in mis corhsiUis
comitiorum fere nihil aliud agere qmm ut sessionibus digla-
dientur. La noblesse fut intraitable : elle alléguait les huit
milles nobles qui servaient dans les armées protestantes, et
trouvait outrageant qu'on voulût lui faire céder le pas
aux députés des villes, au nombre desquels on comptait de
simples hôteliers\ De guerre lasse, les villes finirent par
* Lettre aux. députés, du 28 mars.
* Àusschribende Stœdte,
' In pleno
* Lettre des députés, du 29 avril.
Nouvelle Série. — 6~ Année. 30
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466 REVUE d'alsace
céder, toutefois en réseiTant formellement leurs droits pour
ravenir'
Ce ne fut pas sans difficulté que Mogg et Walch parvinrent
à remplir leur mandat. Leurs efforts se heurtèrent d'abord
contre la résistance inattendue de Mockhel, que le ConsiUum
formatum, exécutif de TUnion, avait chargé de rapporter
le mémoire présenté par eux. Soit qu'il fût blessé de voir la
ville de Colmar s'adresser directement à ses amis du ConsiJium
formatumy soit que ses plaintes lui parussent lïncriminer
lui-même, il se mit sur plusieurs points en travers des
démarches des députés, allant jusqu'à taxer d'exagération les
griefs qu'ils venaient porter à la connaissance d'Oxenstirn.
Une lettre du 17 mai rend compte d'une discussion fort vive
provoquée par son opposition au sein du Cofmlium fonmOum,
Colmar y avait heureusement deux puissants avocats, George*
Gustave Wetzel de Marsilien, et le D' Lœffler, le vice-chan-
celier de rUnion. Les pressantes instances de ce dernier
finirent par vaincre le mauvais vouloir de Mockhel, dont le
rapport conclut définitivement en faveur de Colmar^
Le 26 avril, notre ville obtint du chancelier Oxenstirn
une déclaration par laquelle il lui confirmait la moitié de
l'ungeld de Sainte-Croix, et la supériorité territoriale de
cette seigneurie.
Une autre déclaration, datée du 22 avril, signée par le
rhingrave Othon, sous le sceau d'Oxenstirn, réduisit les
charges de guerre pour la ville à une somme mensuelle de
1,500 florins en argent et aux prestations en nature néces-
saires à la garnison.
Le même jour, le rhingrave Othon signa un ordre par
lequel il défendit au commandant de Colmar de mettre des
entraves à la circulation des marchandises, de rien entre-
* Cf. lettres des députés des 5, 14, 15, 22 avril ; dé Colmar, des 12,
18, 21 et 24 avril.
■ Lettre de Mogg, dn 26 mai .
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HISTOIRE DE LA GUERRE DE TRENTE ANS 467
prendre sur la juridiction de la ville, de manquer d'égards au
magistrat, de maltraiter la bourgoisie.
Sous la date du 26 mai, le chancelier rendit un décret
qui transmettait aux villes de Golmar et de MQnster Tadmi-
nistration de Tabbaye de Saint-Grégoire.
Sou3*la même date, il fit abandon à Golmar des maisons,
des redevances et des biens, de la dîme ordinaire que
Tennemi ou ses ressortissants avaient à prétendre k Golmar
et k Sainte-Groix, de Tancienne cour de Marbach avec ses
rentes en blé et en argent, des 60 florins d'or que la ville
devait annuellement à la prévôté de Gonstance, du quart de la
dtme de Sainte-Groix, appartenant à Marbach, des deux vil-
letes de Herlisheim et de Soultzbach, des deux villages de
Holzwihr et de Wickerschwihr, etc., etc., qui, par le droit
évident de la guerre, appartenait à la couronne de Suède.
De plus, le CansUium formatum transféra, le S juin, à la
ville de Golmar, outre sa part contributive à la dtme extra-
ordinaire, celles d'Ammerschwihr et de Niedermorschwihr.
Enfin une dernière patente, signée d'Oxenstirn le 15 juin
16S4, fit à tous les officiers et soldats au service de la Suède
et de la confédération protestante, défense de commettre des
exactions aux dépens de la ville et de son commerce.
Dès que ces avantages furent assurés, Walch retourna à
Golmar. Resté seul à Francfort, tant pour solliciter la prompte
expédition des patentes que pour représenter la ville à ras-
semblée (où les intérêts des absents étaient trop souvent
sacrifiés) le syndic Mogg fut moins heureux sur la question
du grand bailliage. Quand il entretint de cette affaire le vice-
chancelier Lœffler, celui-ci dit entr'autres qu'il eût mieux
valu ne pas produire cette demande dans les conjonctures
présentes. Ge mot, que Mogg rappelle dans une lettre du
S juin, aurait besoin d'un commentaire qu'il est difficile de
donner. Ge qui est certain, c'est que Mockhel avait le pre-
mier suggéré à Golmar l'idée de se retirer du grand bailliage.
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468 REVUB D*AL8ACB
Mais de son côté la diplomatie française agissait pour obtenir,
de la Suède et de TUnion de Heilbronn, des places sur
le Rhin.: dans une lettre du 22 a?ril, Mogg et Walch annon-
çaient déjà à leurs commettants que la France réclamait
plusieurs lieux de l'Alsace, et notamment Golmar. Plus tard
ses demandes, qu'elle appuyait d'une promesse de porter la
guerre en Italie^ comprirent tout le grand bailliage. Dans sa
conyersation avec le D' LœfEler, Mogg objecta que, puisque
la France réclamait le grand bailliage, ce devait être une
raison de plus pour que Golmar sortît de cette alliance
surannée. Loeffler répliqua que cela ne voulait rien dire, et
qu'il valait mieux en ce cas se tirer d'affaire avec la France
qu'avec une autre puissance. Il est difficile de savoir ce que
le vice-chancelier entendait par là ; quoi qu'il en soit, il finit
par engager Moog à ne produire cette demande que lors des
négociations de la paix future.
Originairement, M. de Feuquiëres, l'ambassadeur de France,
n'avait demandé, pour le roi son maître, que l'importante
place de Philipsbourg, actuellement entre les mains des Sué-
dois, mais qui, en vertu du traité par lequel l'électeur de
Trëvds avait mis ses états sous la protection de Louis XID,
aurait Aà être remise à la France^ Quand l'Union protestante
fut saisie de cette demande, le besoin qu'elle avait de la
France était trop manifeste pour qu'elle pût refuser net. Les
représentants de l'électeur palatin, le secrétaire Faber, pro-
posèrent les premiers de substituer Golmar à Philipsbourg.
Gela se passait in pleno, tous les collèges réunis, et Mogg
raconte cette scène dans une lettre du 15 juillet. En entendant
l'indigne proposition de Faber, il protesta au nom de ses
commettants, eu priant l'assemblée de se souvenir un jour
qu'on n'avait pas reculé devant l'idée de sacrifier aux con-
venances d'une puissance étrangère, sans son aveu, sans
* Lettre du 22 avril.
■ Voy. EE assemblée de Francfort.
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HISTOIRE DB LA GUEBRB DE TRENTE ANS 469
même la consulter, une ville du Saint-Empire, et, qui plus est,
un confédéré protestant, qui avait donné tant de gages de son
dévouement et de sa fidélité à TUnion de Heilbronn. Les
députés palatins ne tenaient pas précisément à livrer Golmar ;
Benfeld, Sélestadt ou Belfort faisait tout aussi bien leur
affaire. Dans une dépêche antérieure', qui ne se retrouve
pas, Mogg avait déjà annoncé à ses commettants, qu'il avait
été question de céder Sélestadt. Dans sa réponse du 13 juil-
let, la ville fit observer combien il serait dangereux de se
dessaisir d'une place qui, coupant la province en deux, ren-
drait la France maîtresse des communications de la haute et
la basse Alsace, et que, s'il fallait se résigner à un sacri-
fice, mieux vaudrait céder Belfort, qui est sur la frontière
et dont la possession serait plus avantageuse au roi de
France, en raison du voisinage des comtés de Bourgogne et
de Montbéliard.Ge fut à ce dernier biais que s'arrêta le collège
des villes. Belfort était encore entre les mains de rAutriche,
et, tout en faisant remarquer les inconvénients qu'il y aurait
à remettre à la France un passage si important, il insista
moins pour sa conservation.'
Posée dans ces termes, la cession était subordonnée au
futur contingent. Belfort tomba plus tard entre les mains du
duc de Rohan, quand l'Union n'était plus guère en état de
disputer la possession. A ce moment, les agents de Richelieu
négociaient aussi pour obtenir la remise de Horbourg et de
Riquewibr, et, dans une conversation avec le vice-chancelier
LœfEler, Mogg apprit que, si jamais on réduisait Brisach,
suivant toutes les apparences, la France seule bénéficierait
de cette conquête.*
En même temps que Golmar obtenait à Francfort quelques
dédommagements pour ses sacrifices, il négociait d'un autre
* Du 8 juillet.
* Voy. EE assemblée de Francfort.
' P. S. d'une lettre sans date, mais du mois d'août, à Jonas Walch.
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470 REVUE D'ALSACE
côté pour se débarrasser de sa garnison. Trop nombreuse
pour être tenue en respect, elle s'était habituée à rivre
comme en pays conquis. Craignant qu'à sa place d'autres
troupes ne se conduisissent de même, notre ville demanda au
rhingrave Othon-Louis l'autorisation de lever 300 hommes
pour son propre compte. Le rhingrave y consentit, et signa, le
18 juin, une patente, au vu de laquelle on commença le recru-
tement, n est vrai que 200 hommes étaient loin de suffire ;
la garnison ne pouvait être inférieure à 500 hommes. Pour
arriver à ce chiffre, la ville s'adressa à Strasbourg, qui avait
de son côté levé des troupes employées en partie devant
Rheinfelden. Par lettre du 27 juin, Strasbourg consentit à
céder 800 recrues.
Pendant que Jean-Philippe était occupé de ce siège, dont
Golmar suivait avec anxiété les diverses péripétiesV le roi de
Hongrie, qui devait succéder à son père sous le nom de Fer-
dinand III, s'emparait de Ratisbonne et s'apprêtait à assiéger
Nordlingen. Les Suédois marchèrent au secours de cette
place, qui devait donner son nom à la sanglante défiedte
du parti protestant; de son côté, le cardinal-infant faisait
avancer les troupes italiennes et espagnoles destinées aux
Pays-Bas. L'ennemi ne pouvait plus se renforcer sans faire
trembler Golmar. Dès que la marche de l'armée du cardinal
fut connue, on s'occupa avec plus de hâte que jamais des pré-
paratifs de défense. La ville écrivit, le 24 juillet, à Strasbourg
pour presser l'achèvement de deux canons qu'elle avait fait
fondre à Benfeld, en remplacement de deux autres qui avaient
éclaté au siège de Masevaux. Elle demanda de plus à emprun-
ter 1000 à 1500 boulets, pour remplacer ceux qu'elle avait
fournis pour le siège de Rheinfelden : mais Strasbourg était
lui-même à court, et engagea Golmar à s'adresser directement
aux forges de Zinswiller.
* Rheinfelden ne capitala que le 27 août {6 septembre) .
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HISTOIRE DE LA. GUERRE DE TRENTE ANS 471
Il s'agissait aussi de pourvoir aux travaux des fortifications.
Le capitaine Adrian, qui cumulait les fonctions d'ingénieur
et d'entrepreneur, avait été retenu à Tarmée du rhingrave
Jean-Philippe par le siège de Rheinfelden. Des marchés étaient
passés avec lui pour la construction des bastions de Saint-
Pierre et de Sainte-Anne; de plus le quartier-maître général
avait reconnu la nécessité d'autres travaux non moins
urgents. Il s'agissait par exemple de mettre en état de défense
le moulin de Wieden où la ville comptait établir sa poste
aux chevaux, de démolir au dehors la léproserie, la tuilerie,
la ferme de la ville, la tour de la scierie, d'assurer le jeu
des eaux dans les fossés, de rétablir les contrescarpes,
d'élever des demi-lunes devant les portes et à l'entrée et à la
sortie du canal et de la Lauch, de combler d'anciennes case-
mates, de construire des chevaux de frise, de fermer les
bastions à la gorge au moyen de palissades. Il n'était pas pos-
sible à la ville d'exécuter tous ces travaux avec le seul
secours de la bourgeoisie, épuisée par deux jours de garde et
de corvée par semaine, et elle proposa, le 9 août, au rhin-
grave Othon-Louis de rendre exécutoires de nouvelles réqui-
sitions lancées contre les villes et les seigneuries voisines.
Malheureusement le rhingrave avait de son côté à pourvoir à
la défense du château de Rouffach, dont Oxeustirn lui avait
fait donation, ainsi que du Mundat supérieur, et la prompte
exécution des travaux de Gulmar en souffrit.
Cependant le danger redoublait : les Impériaux se mon-
traient de nouveau dans le plus proche voisinage de Colmar.
A Holzwihr et à Wickerschvt^ibr ils faisaient tranquillement
battre en grange pour l'approvisionnement de Brisach. Une
nuit, un parti de cavaliers se présenta sous les murs de
Golmar, et l'un d'eux poussa l'audace au point d'interpeller
la sentinelle postée à l'entrée du canal en ville, à l'endroit où
s'élevait précédemment la scierie. Il prétendit que lui et ses
camarades étaient Suédois, cantonnés à Tûrkheim. Sur la
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472 REVUE d'âlsaob
menace de la sentinelle de faire feu, le mauvais plaisant se
décida à battre en retraite au milieu des éclats de rire de ses
compagnons.
De môme qu'en 1682, avant rapproche de Gustave Horn,
tout était en désarroi à Colmar. Gomme autrefois, Tadminis-
tration manquait de résolution, la bourgeoisie de soumission
et de discipline; les bruits avant-coureurs des mauvaises
nouvelles ranimaient les espérances du parti catholique, et
Ton constatait, sans s'y opposer, les colloques de son chef,
Tancien obristmestre Barth, avec les prisonniers de guerre à
Colmar.^
Ainsi tenu en échec, le magistrat montrait une faiblesse
déplorable avec les chefs de corps, et hésitait même quand il
s'agissait de repousser les prétentions les moins fondées. Au
lieu de le mettre à sa place quand, se prévalant de Tappui de
Louis XIII, Tabbé d'Ebersmîinster essaya de se mettre en pos-
session de l'ancien prieuré de Saint-Pierre, que la ville avait
acheté de Berne en 1575, le magistrat commença par con-
sulter le syndic à Francfort. Mogg, qui dans sa correspondance
ne cessait de réconforter ses commettants, répondit le 19
juillet : t Je ne conçois pas qu'en votre qualité de magis-
trains loci, vous n'ayez pas inunédiatement signifié au prélat
d'Ebersmûnstor de quitter la ville, sauf à employer la force,
s'il s'y était refusé. Contre des entreprises pareilles, il vaut
mieux se protéger soi-même que défaire appel à la protection
des autres. Quand nos droits sont si évidents, à quoi bon les
laisser discuter? Ne vaut-il pas mieux que le roi de France
ait des représentations à vous faire, que d'avoir vous-même
des doléances à présenter à Sa Majesté? Montrez-vous comme
il convient à des magistrats d'institution divine et n'accordez
rien au delà de ce qui est strictement dû. Si vous avez affaire
à de grands dignitaires, priez-les de ne pas exiger ce qu'en
' Lettre particulière de Jonas Walch à Hogj?, du 9 août. EE.
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mSTOIBB^DS LA GUERRE DB TRENTE ANS 473
conscienco tous ne pouyez pas accorder, et, pour les autres,
débarrassez tous en par un refus net. >
Il n'est pas donné à tout le monde de se conduire selon ces
maximes, surtout quand on n'est plus sûr de sou lendemain.
Le mardi 19 août, au matin, une vingtaine de fantassins de
la garnison de Brisach arrivèrent aux pieds des robustes
murailles du Haut-Landsberg, qui n'était plus armé et
dont les canons avaient été transportés à Golmar\ Le
châtelain était avec sa femme au marché de MQnster, et le
fort restait confié à Tunique garde d*un jeune garçon. Les
maraudeurs n'eurent aucune peine pour forcer l'entrée (le
jeune homme prétendit que l'un d'eux était parvenu à esca-
lader le rempart et quil l'avait contraint d'ouvrir la porte
aux autres). Le chftteau fut pillé et à son retour le châtelain
fut enfermé. Le lendemain seulement, à onze heures du matin,
les auteurs de ce coup de main jugèrent prudent de déguerpir
Il est facile de comprendre l'émotion du pays à la nouvelle de
celte surprise. Que n'avaient pas à craindre les bicoques
quand Tennemi se logeait si facilement dans une cidatelle
comme le Haut-Landsberg? Rien ne lui aurait été plus facile
que de s'emparer de Ttlrkheim, dont la bourgeoisie avait été
désarmée. D'un autre côté, le château de Horbourg n^avait
pas de garnison, et il suffissait d'un traître pour y introduire
l'ennemi. En écrivant à cette occasion, le 20 août, au résident
Mockhel, Golmar ne cacha point ses inquiétudes : pour se
rassurer, il lui aurait fallu la reprise du blocus de Brisach.
Cependant, malgré le danger, la ville ne persistait pas moins
à demander l'éloignement de son ancienne garnison. Mockhel
répondit sagement qu'il serait peu prudent de congédier les
soldats du colonel Bernhold, quand la ville n'avait encore
recruté que 150 hommes. Il essaya de la rassurer, lui recom-
mandant de ne pas s'affecter, de ne pas écrire avec tant de
yivacité, et quant aux Impériaux de Brisach, de ne pas
trop s'alarmer des mouvements qu'ils se donnaient.
» Cf. EE
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474 BEVUE d'alsage
Sur ces entrefaites, la Suède et la ligue protestaute per-
dirent la bataille de Nordlingue, et le bruit courut que le
colonel de Mercy, vaincu hier à Rheinfelden, avait repris la
campagne, à la tête de 7000 hommes, qu'il avait fait sauter le
château de Burghalten, qu'il était rentré à Fribourg et dans
les villes forestières, et qu'il s'apprêtait à passer le Rhin pour
tomber sur Golmar. De son côté, l'empereur Ferdinand II
promulguait, le 30 août, des lettres patentes portant amnistie
à tous les Etats révoltés qui feraient leur soumission. Loin de
se plaindre encore de sa garnison, Golmar demanda, le 12 sep-
tembre, au résident Mockhel, delà renforcer, et, si les armées
de la Suède n'était plus en état de protéger la ville, elle vou-
lut savoir si les négociations ouvertes à Francfort avec H. de
Feuquières avaient amené une entente suffisante pour qu'elle
pût au besoin faire appel au bras de la France.
X. MOSSUANN.
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HISTOIRE
D£
L'ANCIEN COMTÉ DE SAARWERDEN
ET DE
LA PRÉVOTÉ DE HERBITZHEIM
fSuiteJ
CHAPITRE ni
Le duc de Lorraine et le comte de Nassau -
Saarbruck se disputent le comté de Saarwerden.
Sécularisation de l'abbaye de Herbitzheim, et
notice historique sur ce monastère.
L'empereur Maxtmilien I" confia, en 1514, la tutelle de
rinfortuné Jean-Jacques de Mœrs-Saarwerden et la régence
de ses états à Jean-Louis, comte de Nassau-Saarbruck, son
cousin par alliance, comme à son plus proche parent, et lui
assura Texpectative de sa succession. Le comte Jean-Louis,
tant en son nom que comme tuteur datif de Jean-Jacques,
prit possession du comté de Saarwerden, de la seigneurie
d'Ilingen, située près d'Ottwiller, dans le Westrich, de l'advo-
catie de l'abbaye de Wernerswilter et de la moitié indivise
des seigneuries de Lahr et de Mahlberg, situées sur la rive
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476 REVUE D* ALSACE
droite du Rhin, lesquels formaient le pairimoine de la maison
de Mœrs-Saarwerden, et, Tannée suivante, il reçut, tant en
son nom personnel que comme tuteur du comte Jean-Jacques,
par les mains de i'évêque de Strasbourg Guillaume de Hon-
stein, commissaire impérial nommé à cet effet, Tinvestiture
des fiefs d'Empire, qui se composaient des droits hauts-réga-
liens, tels que juridiction et péage dans les possessions de
l'ancienne maison de Saarwerden*. L'empereur lui accorda
encore dans la même année le primkgmm electionis fort,
c'est-à-dire le droit précieux d'établir dans ses terres un
conseil de régence^ chargé de Tadministration de la justice
et servant de tribunal intermédiaire entre les bailliages et la
Chambre impériale, qui avait été fondée en 1495 par le chef
et les Etats de l'Empire'.
La mort ayant mis fîn, en 1527, à la triste existence du
comte Jean-Jacques, la moitié du comté de Saarwerden qui
avait été affectée à son entretien devait, aux termes du pacte
de famille de 1512, retomber à Jean-Louis, comte de Nassau-
Saarbruck, à qui Catherine de Saarwerden avait apporté en
mariage l'autre moitié. Mais ce seigneur se vit sur le point
d'être frustré d'un légitime héritage par Antoine, duc de Lor-
raine. Ce prince, quoiqu'il eût aidé à faire le traité de famille
de 1512, convoitait l'ancien patrimoine de la maison de
Saarwerden, et comme les droits de mouvance de l'évêché de
Metz sur le comté de Saarwerden n'étaient pas éteints, il en
demanda l'investiture à son frère le cardinal Jean de Lor-
raine, évéque de Metz. Ce prélat, dès que la nouvelle de la
mort du dernier rejeton mflle de la maison de Uœrs-Saar-
werden se fut répandue, résolut d'abord d'incamérer et de
réunir à sa crosse le fief relevant de son église et qui venait
' N. Ebebhard, Loc. citât., p. 76.
' Ce Conseil de régence fut établi à Saarbruck pour toutes les pos-
sessions de la maison de Nassau-Saarbruck sur la rive gauche du Rhin.
' Kœllneb, Loc, citât,, p. 233.
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SAARWERDEN ET HERBTTZHBIM 477
de lui faire retour. Dès le 2 mai 15!27, Jean d'Haussonville,
grand bailli de révêché de Metz, et Claude Ghausonnette, son
chancelier, accompagnés de plusieurs personnes de qualité,
se rendirent à Bouquenom, où ils firent convoquer les auto-
rités et la communauté des bourgeois et leur firent entendre
que leur seigneur Jean- Jacques, dernier comte de Mœrs-
Saarwerden, étant décédé sans hoirs mâles, ce comté était
retourné de plein droit au cardinal Jean de Lorraine, en sa
qualité d'éfêque de Metz, et qu'ils avaient ordre de recevoir
d'eux, au nom de ce prélat, Fhommage et le serment de fidélité
qu'ils lui devaient comme à leur légitime et naturel seigneur.
Mais les bourgeois de Bouquenom répondirent par l'organe
de Henri Streif de Lauenstein, bailli de cette ville, qu'ils
avaient prêté serment de fidélité au comte Jean-Louis de
Nassau-Saarbruck, et qu'en Tabsence de ce seigneur ils ne
sauraient prendre aucune décision. Ils ne se laissèrent point
ébranler dans leur fidélité au seigneur légitime par les entre-
prises de Jean d'Haussonville. En vain leur déclara-t-il que
sa démarche vaudrait prise de possession des terres de
Saarwerden.
Le comte Jean-Louis eut hflte de soumettre la difficulté à
rempereur Charles-Quint, qui, le 18 juin 1B27, rendit un
décret portant défense à Tévêque de Metz de se mettre
violemment en possession du comté de Saarwerden, et ordre
d'attendre la décision de la Chambre impériale.
Gomme le cardinal de Lorraine n'était pas en mesure de
se saisir du fief qu'il prétendait lui être dévolu, il en accorda
l'investiture à son frère Antoine, duc de Lorraine, en consi-
dération des services que ce prince lui avait rendus lors du
soulèvement des paysans et de ce qu'il avait préservé cette
contrée d'une ruine certaine. Des lettres d'investiture, écrites
en langue latine et données à Compiègne le 27 septembre
1527, il appert que Jean, cardinal de Lorraine, évêque de
Metz, a donné à Antoine, duc de Lorraine et de Bar, son
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478 REVUE d'alsage
frère, pour lui et ses descendants ducs de Lorraine en ligne
masculine, les fiefs des château, villes et comté de Saarwerdeo,
Bouckenheim et de la cour de Wiberswiller,avec leurs appar-
tenances et dépendances, et que cette donation a été acceptée
par le duc Antoine, qui a prêté serment de fidélité au car-
dinal de Lorraine en sa qualité d'évêque de Metz. Ces lettres
d'investiture mentionnent encore que ces fiefe étaient retournés
à révêché de Metz par droit de dévolution et de consolidation,
par la mort de Jean-Jacques, comte de Mœrs-Saarwerden,
décédé sans hoirs mâles, suivant les constitutions féodales et
Tusage pratiqué de temps immémorial dans cet évéché, à
regard des fiefs situés au delà de la Saar. Le comte de Guise,
au nom de son frère Antoine, duc de Lorraine, fit, le 6 octobre
suivant, ses reprises du cardinal Jeao, pour le comté de
Saarwerden et ses appartenances et dépendances. Le doc
Antoine écrivit de Lunéville, le 37 novembre, au grand
chapitre de Metz, pour solliciter son consentement à Tinvesti-
ture que le cardinal son frère venait de lui accorder, consen-
tement que ce prince avait su se ménager d'avance, c Ce
consentement, dit Meurîsse\ lui fut librement accordé, moyen-
nant le retranchement de quelques clauses insérées dans les
lettres de son investiture, qui sembloient offenser toute la
nation germanique. >
Gomme le comté de Saarwerden se trouvait entremêlé de
terres féodales et de propriétés allodiales; que celles-ci, beau-
coup plus considérables que les parties féodales, devaient
retomber, d'après la succession civile, au plus proche parent;
que les anciens fiefs de l'église de Metz se réduisaient k la
ville de Bouquenom, au château et à la ville de Saarwerden
et à la cour de Wiberswiller ; que, d'après les us et coutumes
germaniques, les fiefs ecclésiastiques tombaient en quenouille
et passaient communément aux femmes, au défaut d'hoirs
* Histoire des évêques de Metz, p. 605.
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SAARWERDEN ET HERBTTZHEIM 479
mâles, et que cet usage a été constamment suivi dans Tévêché
de Metz avant le changement introduit dans la coutume au
commencement du XV» siècle par Tévèque Raoul de Coucy ;
le comte Jean-Louis de Nassau-Saarbruck réclama la succes-
sion de tout le comté de Saarwerden, que les droite du sang
et le vœu des populations semblaient devoir lui assurer,
malgré l'investiture que le duc de Lorraine avait su s'en
faire donner par son frère le cardinal évoque de Metz. Il
résolut de se défendre vigoureusement contre les entreprises
du duc de Lorraine, qui l'avait menacé de recourir à la voie
des armes pour le forcer à renoncer à un fief dévolu à Téglise
de Metz. Il s'adressa à l'empereur Charles-Quint pour conjurer
l'orage qui s'amoncelait sur sa tête et faire valoir ses droits
à l'opulent héritage dont la maison de Lorraine cherchait à
le dépouiller.
Dans le même temps, le duc Antoine députa à lempereur
Hugues d'Ailly, évêque de Toul, pour lui faire ses remon-
trances sur cette affaire et établir les prétentions de Téglise
de Metz sur le comté de Saarwerden, qu'il soutenait être un
fief masculin qui ne pouvait jamais tomber en quenouille,
tant en raison de sa situation au delà de la Saar, qu'à cause
des anciennes investitures des évéques de Metz, dans lesquelles
sa nature et sa condition étaient expressément exprimées'.
Le comte de Nassau objecta avec raison que l'évêché de
Metz ne pouvait pas prétendre à la réversion de ce fief, à la
faveur de la coutume qui déclarait fiefs masculins ceux qui
étaient situés au delà de la Saar, puisqu'il avait toujours
reconnu que le droit de succéder était ouvert à la postérité
féminine, au défaut d'héritiers mâles, et qu'il avait toujours
accordé sans difficulté aux héritières Tinvestiture des fiefs
messins situés en Alsace.
Gomme l'empereur était alors occupé à la guerre, il invita
* Mexjrisse, Histoire des Mques de Metz, p. 604.
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480 BEVUE D'ALSACE
les parties contendantes devant son Conseil, à Augsboarg, où
elles comparurent le ii octobre ISSO, sans pouvoir s'entendre
ni se concilier ; chacune des parties persistant dans ses pré-
tentions, on fut obligé de soumettre le jugement de cette
affaire à l^a justice. Mais il fut arrêté que la maison de
Nassau-Saarbruck serait maintenue dans la possession provi-
sionnelle de tout rhéritage des comtes de Saarwerden jusqu'à
la décision finale de la Chambre impériale. Le duc de Lor-
raine lia rinstance devant la cour féodale de Tévéché de Metz,
séant à Vie, et y obtint une sentence favorable à ses préten-
tions. Mais le comte de Nassau-Saarbruck refusa de se sou-
mettre à la décision des pairs de Tévêché de Metz, il en sut
éluder Texécution et recourut au tribunal suprême de TEm-
pire\ Ce procès y coûta des sommes énormes et suscita de
vives discussions, de grandes disputes, qui traînèrent en lon-
gueur et qui ne furent terminées que cent ans après Textinc-
tion de la maison de Saarwerden, par un arrêt qui ne satisfit
ni la maison de Lorraine ni celle de Nassau-Saarbruck.
Ce procès ne fut pas le seul qui fut intenté à Jean-Louis,
comte de Nassau-Saarbruck. I^s frères Gangolph et Walter de
Geroldseck mirent aussi à profit le décès du dernier rejeton
mâle de la maison de Mœrs-Saarwerden pour contester à
Catherine de Mœrs Saarwerden Théritage de la moitié des
seigneuries de Lahr et de Mahlberg, sous le prétexte que ces
terres étaient des fiefs masculins auxquels elle était inhabile
à succéder, et qu'elles devaient retourner à la maison de
Hohengeroldseck. Ils portèrent leur réclamation devant le
tribunal suprême de l'Empire. Le procès traîna en longueur
et semblait vouloir s'y éterniser. Enfin, le 2 juillet 1693, la
Chambre impériale rendit une sentence favorable aux préten-
tions de la maison de Geroldseck et condamna celle de Nassau-
Saarbruck à la restitution du château de Mahlberg et des
^ ScHWEDEB, Tbeat hisU prœt. illus,, t II, p. 241.^
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SAARWBRDBN ET HSRBITZHEIM 481
antres localités comprises dans le litige. Mais les comtes de
Nassau-Saarbruck trouvèrent le moyen d'obtenir la révision
de cet arrêt, dont rexécution se trouva suspendue'. Le droit
était-il du côté de la maison de Geroldseck? Etait-il du côté
de celle de Nassau-Saarbruck? Le tribunal suprême ne devait
se prononcer sur cette question qu'après un nouvel examen
du procès.
Le comte Jean-Louis de Nassau-Saarbruck signala son règne
par plusieurs acquisitions utiles dans l'intérieur du comté de
Saarwerden; il acquit en 1540, de Balthasar de Falkenstein,
divers biens et divers droits à Btilten et à Domfessel, et, en
1541, d'Arnold de Wachenheim, des bien allodiaux situés à
Batten, Diemeringen, Lorenzen, Mackwiller et Hambach^ En
1 544, Tabbesse de Herbitzheim, Amélie d'Altorf, surnommée
Wollenschlager, vendit au comte Jean-Louis le tiers de la
saline de Salzbronn, près de Saaralbe, pour In somme de deux
mille florins'. En même temps et la même année, le comte
Jean-Louis réunit à ses Etats Tabbaye de Herbitzheim et ses
possessions.
Nous interrompons ici Thistoire du comté de Saarwerden
sous la maison de NavSsau-Saarbruck pour dire quelques mots
de l'abbaye de Herbitzheim, de son origine, de ses avoués, de
ses vassaux et de Torganisation de son territoireV
' ScHWEDER, Loc. cOaU, t. II, p. 325.
» Kœllner, Loc. citât, y t, I, p. 248.
• Kœllner, loc. citât., t. I, p. 248.
^ M. Jules Tilloy a publié dans le Bulletin (t. II de la 2« série) de
la Société pour la conservation des monuments historiques d'Alsace
un mémoire sur l'abbaye de Herbitzheim. Antérieurement à cette publi*
cation, la feuille allemande, qui portait le titre d'Elsœssisches Samstags-
hlatt (n? 22 de Tannée 1861), a donné une notice sur cette abbaye; cette
notice est de l'auteur de cette esquisse.
NouYcUe Série. — 6"* Année. 31
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482 REVUE D'ALSACE
l'abbaye de herbitzhëim
Selon toute apparence, Tabbaye de Herbitzhëim, située au
diocèse de Metz sur la rive droite de la Saar, à environ
deux kilomètres de Saaralbe, a été bfttie sur l'emplacement
d'un établissement romain. On y a trouvé, au siècle dernier,
un monument en grès vosgien, sur lequel se lisait Tinscrip-
lion suivante :
IN H. D. D.
MERCVRIO
SEX. IVLIVS.
Ce monument, sauf l'inscription, n'avait rien de remar-
quable ^
La fondation de l'abbaye de Herbitzhëim remonte aux temps
les plus reculés du moyen-ftge, mais rien n'indique si dès
lors elle était un monastère d'hommes ou un couvent de
religieuses, et le nom de son fondateur est resté inconnu.
Lorsque les Franks, qui avaient fait la conquête de la Gaule,
eurent reçu le baptême, le christianisme 6t des progrès
rapides parmi les habitants qui bordent la Moselle et la Saar:
la foi poussait des racines profondes dans le cœur de l'hooime,
la croix suivait partout les armes des Franks et la doctrine
divine s'introduisait partout sans contrainte et sans violence.
Partout on cherchait à réparer les torts d'une conduite igno-
minieuse par des œuvres pies, on élevait des églises, on
construisait des couvents qui servaient de refuge à des
hommes ou à des femmes portés à la méditation ou à la mor-
tification. Les évoques de Metz déployaient une activité prodi-
gieuse pour fonder des monastères et des abbayes dans leur
diocèse, et employaient tous les moyens pour effacer le paga-
nisme de la vie du peuple. Selon toute apparence, c est à Fan
de ces pieux prélats qu'il faut attribuer la fondation de l'an-
* ScHŒPFLiN, Als. ilL, t. I, p. 460.
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SAARWERDEN ET HERBITZHETM 483
cienoe abbaye de Herbitzheim, qui fut destinée, sinon dans l'ori-
gine, du moins dans la suite des temps, à abriter une colonie
de religieuses de Tordre de Saint- Benoit. Il en est fait mention,
sous le nom de Heriboldesheim, dans le traité d« partage
que firent, à Procaspis-sur-Ia-Meuse, en 870, Charles-le-
Chauve et Louis-le-Germanique, des Etats de l'empereur
Lothaire*; elle fut attribuée par ce partage à Louis-le-
Germanique. Vingt-cinq ans après, en 89S, elle était sous la
direction de Richaire, abbé de Prûm^ et Gerhard, comte de
Metz, la tenait en commende et l'opprimait, sous prétexte
d'adyocatie ou de protection; mais après sa proscription, il en
fut dépouillé par Louis IV ou l'Enfant, dernier roi d'Alle-
magne de la race de Charlemagne, lequel, à la prière d'Etienne,
évêque de Liège, son cousin, en fit donation à cet évêché. La
charte de donation fut signée à Aix-la-Chapelle, le 5 des
calendes de février (28 janvier) 908 ^
A la mort de Louis-l'Enfant, le comte Gerhard rentra en la
possession du comté de Metz, mais aucun document ne vient
nous apprendre quel fut le sort de l'abbaye de Herbitzheim,
et l'on ignore combien de temps elle resta entre les mains
des évéques de Liège.
L'empereur Otto-le-Grand, accompagné de sa femme Adé-
laïde, quitta ritalie en 965 et revint dans sa patrie par Goire,
dans le pays des Grisons, et par Reichenau, sur le lac de
Constance. Son fils, le jeune roi Otto, et l'archevêque Guillaume
de Mayence, accoururent au devant de lui jusqu'à la villa de
Heimbodesheim, dit le continuateur de Beginon^j et l'accueil-
lirent avec de grandes démonstrations de joie. Accompagné
d'eux, l'empereur se rendît à Worms.
M. Tilloy, dans sa notice sur Herbitzheim, se plaît à sup-
' Calmet, Histoire de Lorraine, 2« édition, Preuves, t. II, p. CXLI.
• Kremeb, Geschichte des arden. Geschlechtes, t. I, p. 227.
• MiR/EUs, Codex donaU pior., p. 28.
• Continuât. Regin, anno 965 (Jfonum., t. II, p. 111).
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484 REVUE d'alsage
poser que la villa de Heimbodesbeim pourrait bien être
Herbitzheim-sur-la-Saar ; mais selon le savant Pertz^ la villa
où l'empereur rencontra le roi Otto et rarchevêque de Mayence
est Heirnshem seu Heiimm medio itinere itUer SkUtgardiam
it PforzMmum.
L'abbaye de Herbitzheim était placée sous l'invocation de
Notre-Dame en sa Nativité, et a donné la naissance et le nom
au beau village qui s'élève sur les deux rives de la Saar
< à l'endroit, dit M . Tilloy, où cette rivière abandonne les
magnifiques prairies qu'elle arrosait depuis Harskircben,
pour s'enfoncer dans le massif de collines qui caractérise
l'arrondissement de Sarreguemines. > Les deux parties de
ce village sont reliées entre elles par les seize arches d'un
antique pont de pierre, dont la construction a donné lieu à
la tradition suivante : La grande piété de l'une des abbesses
du monastère lui avait valu la faculté de traverser à pied sec
la Saar qui baignait les murs de l'abbaye; elle perdit ce don
miraculeux pour avoir accablé une religieuse de mauvais
traitements, et en témoignage de son repentir et comme œuvre
d'expiation, elle fit construire le pont de pierre qui y existe
encore^
Le village qui s'étend sur la rive gaucbe de la Saar, dans
une plaine ondulée, s'appelait dans lorigine Hîcblingen; las
chartes du XYP siècle l'appellent aussi Saint-Michel, à cause
de son église qui était dédiée à ce saint.
Lorsqu'au moyen-flge l'incertitude des temps et les discordes
perpétuelles qui bouleversaient le pays obligèrent les monas-
tères à se donner des avoués ou des défenseurs armés {adm-
caii), la charge d'avoué de l'abbaye de Herbitzheim devint
l'attribution des ducs de Lorraine. Cette charge était non
seulement un titre dont les nobles de cette époque s'hono-
* Monum, Germaniœ hist.
' A. Stœber, Die Sagen des Ekasses, p. 303.
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SÂARWERDSN ET HSRBITZHEIM 485
raient, mais elle était encore un moyen pour obtenir des
richesses et des possessions en compensation des serrices
qu'ils rendaient, elle râlait même dans Tesprit de Tépoque,
la quasi propriété du territoire du monastère. Des ducs de
Lorraine, elle passa aux comtes de Nassau-Saarbruck, qui la
donnèrent en arrière-fief à des nobles d'un ordre inférieur.
Les comtes de Saarwerden, quoique leurs possessions tou-
chassent immédiatement aux terres de Tabbaye, n'y avaient
aucun droit d'adrocatie'. Les comtes de Nassau- Saarbruek se
sont toujturs glorifiés du titre d'Erbcastenvôgte, Land-Schutz-
und Scbirmherren de Tabbaye de Herbitzheim^ et se sont
toujours fait honneur d'en être les défenseurs. Ce monastère
n'a pas été sans quelque célébrité, mais son histoire est peu
connue et la pauvreté des documents que nous avons ne nous
permet pas de connaître son sort au milieu des tempêtes
incessantes et des vicissitudes continuelles qui agitaient le
pays pendant le moyen-ftge. Les religieuses de ce couvent se
recrutaient parmi les filles de tout état et de toute condition
du Westreich et de l'Alsace, mais il n'était pas rare de voir
des demoiselles de noble extraction de l'une et de l'autre
contrée y prendre le voile, et même, s'il fallait en croire
Kremer, toutes les religieuses devaient être de noble
extraction^
Le territoire de l'abbaye était borné au nord par les terres
de l'évêché de Metz, qui furent cédées dans la suite au duché
de Lorraine et au cœur desquelles il pénétrait comme un coin
jusqu'à une lieue de Sarreguemines; à l'est, il était limité par
le comté de Bitche et la seigneurie de Diemeringen ; à l'ouest,
par le duché de Lorraine, et au sud par le comté de Saar-
werden et la Lorraine. Il comprenait les villages de Her-
bitzheim, Eebkastel, Oermingen, Silzheim, Remering, Grund-
* Appendix, die Vogtei Herbitzheim betreffend, p. 1.
* Jacob Grimm, Weisthwmer, t. II, p. 22.
* Geschichte des arden. Geschlechtes, t. I, p. 227.
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486 REVUE D*ALSA.CE
willer, Salzbronn 1/3, Michling et Oldingen, village aujour-
d'hui détruit et qui était situé à Test de Schmittwiller, à
l'endroit où la carte du dépôt de la guerre indique nne
chapelle sous le nom d'Altkirch\ Ces villages, qui furent
constitués dans la suite en prévôté baillagère, n'étaient pas
les seules propriétés du couvent; il avait aussi des biens et
des domaines en Alsace et dans le Palatinat, et il possédait la
seigneurie de 6ersheim-sur-Ia-Bliess, village situé à seize
kilomètres de Bliescastel .
L'abbaye de Wadgasse, fondée en 1185 par Simon I",
comte de Saarbruck, acquit, peu de temps après sa fondation,
quelques propriétés du monastère d'Herbitzheim. La bulle
émise par le pape Eugène lU, le 27 mai 115S, par laquelle le
Saint-Père confirme à l'abbé Wolfram de Wadgasse les biens
et les possessions de cette abbaye, mentionne : HesenUngm
mansum unum et Leiman quam habetis ab eccksia de Her-
bodêsheinij mb censu sepéem solidorum ddem ecclmœ a
vobis vestrisque mccessorilms cmnis singiUis persolvmdo^:
c'est-à-dire un manse à Hesemingen et le village de Leiroen,
que l'abbé Wolfram avait achetés de l'église de Herbitzbeim,
moyennant une rente annuelle de sept shillings.
Quelques années après, vers 1178, Sophie, par la patience
de Dieu abbesse de Sainte-Marie de Herbodensheim, céda à
perpétuité à Geoffroi, abbé de Wadgasse, les francs alleai
qu'elle possédait à Leminen, Ghaldebach et Munichwiller.
Cette aliénation se fit avec le consentement de Béatrice,
doyenne, et des autres religieuses du monastère de Herbitz-
beim, sous la condition que l'abbaye de Wadgasse serait tenue
de lui livrer chaque année à la rai-mai trente agneaux, et à
la fâte de l'Assomption de la bienheureuse Vierge Marie,
treize schillings, monnaie de Metz^ Le pape Alexandre m
' M. J. TmLOY, Les Ruines du comté de BUche, p. 27.
* HoNTHBiM, Hist. trev, diplom., t. I, p. 565.
* Kbemer, Ioc. citât. f t. II, p. 306.
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SÀABWERDEN ET HERBITZHEIM 487
confirma par une bulle, émise le il avril 1179, à Fabbé
Geoffroi de Wadgasse les biens de son abbaye, y compris le
village de Ghaldebach, qu'elle tenait de l'église de Herbo-
desheim\
En 1251, l'abbaye de Herbitzheim donna en fief au cheva-
lier Henri de Scbarfenneck des hommes qui demeuraient sur
les bords de la Queich, sous la condition de lui livrer cent
livres de cire^
Au mois d'avril 1271, Hugo, comte de Lutzelstein, céda, du
consentement de Laurette de Saarbruck, son épouse, à l'abbaye
de Herbotsheim le droit de patronage de l'église d'Acken et
sa pari des dîmes de cette localité, qui dépendait alors du
comté de Saarwerden*.
Le comte Henri de Saarwerden et Bourchard de Geroldseck
apposèrent, en qualité de témoins, leurs sigillés à cette
donation.
Dans le cours de la même année, Hahault ou Mathilde,
comtesse de Saarbruck, veuve d'Amedée de Montbéliard,
seigneur de Montfaucon, s'étant mise en possession du comté
de Saarbruck, après la mort sans enfants de sa sœur aînée
Laurette, attesta que Jean de Warnesberg, avoué de Ghiny,
avait acquis, du consentement de Geoffroi de Rosières,
l'avouerie de Herbitzheim et de Eeskastel, qu'elle tenait en
fief de son cousin Ferri HI, duc de Lorraine.
En 1291, • len jour de feste Saint Remei en chief d'oc-
tembre •, Simon IV, comte de Saarbruck, confirma le douaire
que le chevalier Jean de Rosières avait constitué à sa fiancée
c Aliz », fille d'Ourri, chevalier de Fontoi, seigneur de Bas-
sompierre, sur la moitié de l'avouerie de Harborzheim (Her-
bitzheim) et Gaistres (Keskastel) et sur le tiers de la ville
^ Kbemeh, Loc. citaU, t. II, p. 301.
• Schœpflin-Ravenez, L'Alsace illustrée, t. IV, p. 563.
' SCHŒPFLIN, Als. diplom., l I, p. 468.
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488 REVUE D' ALSACE
de Doldenges (Oldingen)^ La conûrmatioa que le comte
Simon 17 donna à la constitution de ce domaine démontre
que Tayouerie de Herbitzheim était déjà à cette époque une
dépendance du comté de Saarbruck.
En 1298, Frédéric d'Ëttendorf autorisa Henri de Flecken-
stein à constituer à sa femme, Mathilde de Lutzelstein, un
douaire de cinquante marcs sur Herbolsheim-s^r-la-Saar^
La plupart des monastères de la Lorraine, du Westreichet
de TAlsace possédaient dans les salines de la Lorraine leurs
poêles, dans lesquelles ils faisaient cuire le sel nécessaire à
leur consommation et à celle de leurs sujets. L'abbaye de
Herbitzheim avait sa poêle dans les salines de Saaralbe, qui
étaient si célèbres et si fructueuses pour leurs propriétaires aa
moyen-flge. Albert, comte de Dagsbourg et de Metz, avait fait
donation, vers Tan 1200, à Tabbaye de Sturzelbronn, d'une
poêle à cuire du sel dans ces salines^ Les deux monastères
ne purent vivre en bonne intelligence ni jouir tranquillement
des poêles qui leur avaient été concédées. Renaud de Bar,
qui avait été appelé en 1803 à présider aux destinées de
réglise de Metz, intervint dans les discussions qui depuis
longues années avaient troublé Tharmonie des deux maisons,
et moyenna un arrangement entre les deux parties. Toute-
fois, ces contestations se renouvelèrent et, en 1819, l'évêque
Henri Dauphin, successeur de Renaud de Bar, intervint à
son tour en sa triple qualité de seigneur temporel de Saaralbe,
de propriétaire des salines et de supérieur ecclésiastique des
parties contondantes. Il leur imposa un arrangement par
lequel les deux abbayes furent maintenues dans leur droit de
faire du sel, et les prit sous sa protection et sauvegarde, mais
par contre, elles furent obligées de Tassocier pour un tiers
' Ebemer, Gesckichte des arden, GeschlechteSy t. II, p. 376.
• Schœpflin-Ravenèz, Loc. citât., t. IV, p. 556.
* DoM Galmet, Histoire de Lorraine^ t. IV, Dissertation 9ur les
salines, p. XXXVIII.
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SAÂIVV^RDEN ET HEBBTTZHEIM 489
dans leurs poéles\ Ces salines donnèrent naissance au hameau
de Salzbronn, situé près de Saaralbe, sur la rive de la
Saar.
Frédéric, comte de Linange, tenait en âef de l'abbaye de
Herbolozheim, située au diocèse de Metz, le château de Gre-
fenstein^ sur lequel il avait assigné le douaire de son épouse
Jutte. Cette assignation s'était faite probablement à Tinsu et
sans le consentement de Fabbesse et de son couvent, car il
émit le samedi après le dimanche Qiiasmodo geniti 1SS4, au
profit de Tabbesse Elisabeth et de l'abbaye, un acte de renon-
ciation à toutes ses prétentions sur ce château, à raison du
douaire de sa femme^
En 1842, Jean II, comte de Saarbruck, et Boémond, Jean et
Nicolas, sires de Dagstoul, firent un compromis sur les contes-
tations qui s'étaient élevées entre eux à Toccasion des fie&
que le sire de Dagsloul, leur père, avait obtenus de Jean I",
comte de Saarbruck, aïeul de Jean II. Parmi ces fiefs se trou-
vait un fief de résidence à Saarbruck, dont Nicolas de Dagstoul
fut investi et qui consistait dans les manses et villages de
Herbitzheim,Keysecastel et Oldingen, avec leurs dépendances.*
Le village de Siltzheim, qui advint plus tard à l'abbaye de
Herbitzheîm en vertu d'une engagère des comtes de Saar-
werden, dépendait encore à cette époque de leur comté.
Hanemann I" et Simon Wecker, comtes de Deux-Ponts-
Bitcbe, donnèrent le douzième jour, c'est-à-dire le jour de
l'Epiphanie 1S70, des lettres de protection à l'abbaye de Her-
boizheim^ contre tout chacun qui pourrait lui causer du pré-
judice et troubler ses possessions^
* Calmet, Notice de Lorraine, t. Il, supplément, p. 168.
' Château situé près de Mertzalben, village du canton de Waldfîsch-
bach (Bavière rhénane).
' Archives de Coblence (fonds de Herbitzheim).
^ Kremer, Geschichte des arden. Geschlechtes, t. II, p. 453.
^ Lehmann Histoire des comtes de DetbX'Ponts-Bitche, t. Il, p. 217.
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490 BEVUE D'ALSACE
En 1378, Ulrich de Rosières et sod épouse Mariette enga-
gèrent à Jean, comte de Saarwerden, lears parts des ûeb
qu'ils possédaient à Herbitzheim, Saint-Michel, Meinrichingen
et Eeskastel pour la somme de huit cents florins ; cet enga-
gement se fit du consentement du seigneur direct Jean n,
comte de Saarbruck^ mais il ne paraît pas qu'il ait eu une
longue durée. Toutefois, il atteste qu'aucun droit d'advocatie
ne rattachait Tabbaye d'HerbitKheim aux comtes de Saarwer-
den, et il montre en même temps. que la possession de ses
terres était Fobjet de la convoitise de ses puissants voisins.
En 1875, Arnold, sire de Pettlange (Pittirigen), nereu de
Jean et Nicolas de Dagstoul, Henri de Fleckenstein, Jean et
Jacques de Raville (Ruldingen), sires de Benestorf (Benstorfj,
et Jean de Bruck, aire de Hinguesange (Hingsingen), devin-
rent les vassaux castrensiens de Jean n, comte de Saarbruck,
seigneur de Commercy, et reçurent de lui tous les fiefs
qu'avaient possédés les sires de Dagstoul. Jacques de Raville
reconnut qu'il était devenu le \rassal castrensien de ce sei-
gneur dans la ville de Saarbruck et qu'il avait reçu de lui, à
titre de fief castrai, les trois cours de Herbitzheim, Kesecastel
et Oermingen et les cours de Sainte-Marie^
La maison de Saarbruck s'éteignit en race mftle par la
mort du comte Jean H, arrivée en 1881. Sa fille unique,
Jeanne, n'avait procréé à son mari Jean, comte de Nassau,
qu'un fils nommé Philippe, qui hérita du comté de Saarbruck
et de Tadvocatie de Herbitzheim'. Ce jeune seigneur ajouta à
sm nom patronymique celui de son aïeul maternel et fut
l'auteur de la maison de Nassau-Saarbruck qui resta pendant
quatre siècles en possession de l'héritage délaissé par le
comte Jean H.
' Appendix cit. y p. 2.
* Kremer, Loc citât., t. II, p. 537.
* F. Kœllnbr, Loc. citât., t. I, p. 169.
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SAARWERDEN ET HEKBITZHEIM 491
En 1400, le 12 Janvier, Hanemann, comte de Deux-Ponts-
Bitche, prit Tabbaye de Herbitzheim sous sa protection ^
En 1484, Henri de Gerspach, Jean de Mormborn et Jacques
d*Arnheim, ayant eu quelques démêlés avec les villages de
Herbitzheim et d« Saint-Michel, firent, à la tète de quelques
hommes aimés, irruption sur leur territoire et se saisirent
d'un pauvre homme, nommé Jean, qu'ils se disposaient à
emmener prisonnier. Mais les habitants de ces deux localités
sortirent en armea, dispersèrent les assaillants et firent pri-
sonneirs Henri de Gerspach, son fils Dielmann et Pierre de
Wyrne, qui furent conduits, chargés de liens, à Herbitzheim,
puis on les dirigea sur Saaralbe et de là sur Saarbruck. Jean
de Mormborn tftcha d'intéresser au sort des prisonniers, qui
languissaient dans les fers, Tévéque de Metz Conrad Bayer de
Boppart et Elisabeth de Lorraine, veuve de Philippe, comte de
Nassau-Saarbruck, et régente de ses Etats pendant la minorité
de son fils Jean UI. Lambert de Gastel interposa ses bons
offices pour moyenner un arrangement, et grâce à son inter-
vention la liberté fut rendue aux prisonniers et il fut arrêté
que les dépenses qu'ils avaient faites, tant à Saaralbe qu'à
Saarbruck, seraient supportées par les communes de Her-
bitzheim et de Saint-Michel, que celles-ci seraient encore
tenues de payer à Jean de Mormborn, au premier dimanche
de Carême, en sa demeure à Ingwiller, la somme do
cinquante florins pour toutes les prétentions qu'il avait à
former contre elles, et que les frais et les dommages de la
guerre ne donneraient lieu à aucune réclamation . Ce traité
est daté du mardi après l'Epiphanie 1484, selon le style de
Metz (1436, selon le style des Allemands)^
Les sires de Pénétrante prétendaient avoir des droits sur
les fle& que les chevaliers de Rosières avaient possédés dans
l'avouerie de Herbitzheim; leurs prétentions furent contes-
^ Lehmann, Geschichteder GrafschaflHanavrLichtenherg, t. II. p. 247.
' Appendic cit. , p. 4.
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492 REVUE d'alsaoe
tées par Jean in, comte de Nassau-Saarbruck, et, en 144S,il3
s'en dé8LStèrent de la manière la plus formelle en fayenr de
la maison de Nassau-Saarbruck^
Les fiefs situés dans rarouerie de Herbitzheim, et qui
avaient été conférés conjointement ou successivement aux
nobles de Dagstoul, Pettlange, Ruidingen, Brûcken, Sicrck,
Pallant, Ësch, Hérange (Heringen), Sœttern, Helmstat, Rechi*
court (Rixingen) et Rosières firent tous réversion à la maison
de Nassau-Saarbruck, soit par ouverture, soit par réfutation'.
Les hommes qui demeuraient sur les terres de Fabbaye de
Herbitzheim étaient des serfs que leur naissance liait à la
glèbe; on les appelait les hommes de Sainte-Marie parce que
le monastère était placé sous Tinvocation de la Sainte-Vierge,
et ils restèrent pendant toute la durée du mojen-flge dans
des conditions de dépendance et d'infériorité.
Il compétait aussi à Févêque de Metz des droits d'advocatie
sur Tabbaye de Herbitzheim; il les faisait exercer par son
gouverneur de Saaralbe qui prenait le titre de Gaissvogt* de
Tabbaye. Les droits de Tévéque de Metz sont énumérés dans
le règlement colonger de Herbitzheim, que Tillustre Grimm a
publié dans sa grande et précieuse collection des WeiithOmer^
Ce règlement ou rotule est de Tan 1458, il nous montre ce
que fut la colonge de Herbitzheim dans la dernière période
de son existence et nous fait connaître les rapports qui exis-
taient entre Tévêque de Metz, le seigneur colonger, le caies-
vogt et les Huber ou paysans colongers. Il nous apprend que
l'abbesse de Fraulautern' était seigneur justicier (Gerichts-
* Appendix cit., p. 2. — ' Ibidem,
' La radicale de Caissvogt dérive de l'italien casa, qui signifie maison,
chaumière, demeure.
* T. II, p. 22.
^ Abbaye fondée par les comtes de Saarbruck sur la Saar» à nn quart
de lieue audessus de l'emplacement où fut construite la ville de Sarre-
louis. Ce monastère dépendait du diocèse de Trêves et fut poMédé dans
la suite par des dames chanoinesses.
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SÂARWRBDEN ET HERBITZHEIM 403
berrin) à Herbitzbeim, que le comte de Nassau-Saarbruck
en était l'avoué, que le gouyernour de Saaralbe pour
Févéque de Metz, le Junker Rodolpbe Bayer de Boppart, en
était le caissvogt, et que Fadministration de la justice crimi-
nelle appartenait à ce dernier, qui était étranger à la colonge
et à son administration ordinaire, mais qui était spécialement
chargé de la protection du monastère.
Gomment la cour colongère de Herbitzbeim, arec tout ce
qui en dépendait, maisons, cours, grange?^ écuries, cbamps,
prés, pâturages, cours d'eau, forêts et gens, est-elle parvenue
aux mains de Tabbesse de Fraulautern ? Est-ce par acquisi-
tion, donation ou engagement? Est-ce peut-être parce que
Tabbesse de Fraulautern était en même temps abbesse du
couvent de Herbitzbeim, car à cette époque il n'était pas rare
de voir plusieurs dignités ou prébendes ecclésiastiques réunies
sur la même tête? Il serait difficile de le dire. Le Weisthum se
tait à cet égard et nous ne possédons aucun document qui
puisse trancber la question et suppléer au silence du rotule
colonger. Voici du reste l'analyse de ce curieux règlement :
1. Il est permis à un étranger de citer un homme de Sainte-
Marie devant le maire de Herbitzbeim en payement d'une
créance, mais aussi longtemps que le débiteur pourra fournir
des gages pour la sûreté de la créance, il ne pourra pas être
appréhendé an corps.
2. Le maire de Herbitzbeim doit connaître de toutes les
affaires, à l'exception des cinq crimes suivants : le vol, le viol,
l'incendie, si le feu a été mis la nuit, le meurtre et les bles-
sures, dont la connaissance est réservée au caissvogt.
3. Aucun homme possédant une cour ne peut, sur la fin de
ses jours, alors qu'il est sur son lit de mort, consacrer contre
le gré de ses parents, à des fondations, plus de trente deniers
de sa fortune mobilière et plus de trente deniers de son
héritage.
4. Si un pauvre homme veut célébrer dans sa cour noces
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494 REVUE D'ALSACE
♦
et festins et qu'un fifre (musicien) lui soit nécessaire, ou si
un pauvre homme a besoin du ministère d'un châtrenr de
porcs (Nonnenraacher), ils sont libres de prendre le châtreur
de porcs, le cuisinier et le fifre où bon leur semblera.
5. Le maire est tenu de donner chaque année au vogt un porc
d'une valeur de cinq schillings, et le garde forestier est égale-
ment tenu de lui en donner un de la valeur de deux schillinis
et demi. Tout maire et tout garde forestier doivent encore
donner au vogt, chaque année, soixante quenouilles de lin,
lequel doit être, au moment de sa livraison, si bien serancé,
qu'il n'en tombe aucun brin' lorsqu'on le secoue sur un man-
teau noir; et ils sont tenus de payer au vogt une amende de
soixante schillings par chaque brin qui tombera sur le man-
teau. En revenant de chez le vogt, le maire doit porter dans
chaque main un pot de vin et aller trouver l'abbesse pour
lui dire que le vogt l'a si bien reçu quelles larmes lui en sont
venues aux yeux.
6. Aussi longtemps qu'un maire de Herbitzheim est en
fonctions et qu'il occupe le fauteuil, foi doit être ajoutée à
toutes les affaires qu'il traite et à tous les actes qu'il passe.
Si un homme malfaiteur est aperçu dans une cour, chacun est
tenu de l'arrêter et d'en informer le valet du caissvogt, pour
que celui-ci le cherche. Est considéré comme un malfaiteur
quiconque se rend coupable des cinq crimes suivants : de vol,
de meurtre, d'incendie, de viol et de blessures.
7. Quand l'inventaire et le renouvellement des tenures sont
ordonnés, les pauvres gens sont tenus d'y assister, et qui-
conque ne s'y rendra pas à l'appel du caissvogt lui doit une
amende de cinq schillings. Celui dont la femme est en couches,
s'il veut faire un voyage, doit seulement s'éloigner de manière
qu'il puisse être de retour le soir chez l'accouchée. Le caiss-
* Âgen, palea, festuca, acus, brin, fétu, fragment de l'écorce du
chanvre on du lin (voir le Dictionnaire de la langue allemande par
Griram).
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SAARWBRDEN ET HERBITZHEIM 495
YOgt est tenu de caltiver et d'ensemencer une fois les biens
qui sont retirés aax gens de Saint-Etienne^ et aux gens de
Sainte-Marie, et ensuite il pourra laisser les biens de Saint-
Etienne et seulement cultirer et ensemencer les biens de
Sainte-Marie. Si le caissvogt part pour protéger les possessions
de Saint-Etienne et commande ceux qui occupent les cours
de venir à Alban (Saaralbe) pour garder la ville, ils sont
tenus d'obéir et d'y faire la garde pendant un jour et une
nuit à leurs frais, mais, si Ton a besoin d'eux plus long-
temps, on doit tâcher de les retenir par de bonnes paroles.
8. Trois jours après que Févêque de Metz sera rentré en
campagne, le caissvogt d'AIban (gouverneur de Saaralbe) doit
commander à ceux de Herbitzheim de lui envoyer deux voi-
tures; et ceux-ci sont tenus de lui envoyer ces deux voitures,
chacune attelée de cinq chevaux avec deux valets et chargée
d'un tonneau de décharge, devant son hôtel à Alban, et en
outre trois jeunes porcs (frieschlinge), deux de droit et un par
grâce, chacun devant valoir dix-huit schillings. Arrivées à
Alban, ces voitures doivent suivre la voiture des bourgeois
et tourner là où celle-ci tourne. A la fin de la campagne, le
caissvogt est tenu de renvoyer les deux voitures, avec tout ce
qui lui a été envoyé, et, s'il ne le fait pas, on n'est plus tenu
de lui envoyer une autre fois des voitures.
On voit par ce rotule que le service militaire qui pesait
sur les enfants de Sainte-Marie se bornait aux guerres locales
et privées, entreprises pour leur défense et pour la défense
de révoque de Metz et qu'ils n'étaient mis en réquisition que
d'une manière tout à fait exceptionnelle, lorsqu'ils étaient
directement intéressés à la lutte ou lorsque le territoire de
révêché de Metz était menacé.
En 1460, le Westrich fut désolé par une guerre désas-
treuse qui éclata entre Félecteur palatin Frédéric-le-Victo-
^ On appelait ainsi les serfs qui demeuraient dans les terres de révêché
de Metz, dont Saint-Etienne était le patron.
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496 REVUE d'âlsace
rieux et son parent Louis-le-Noir, duc de Deux-Ponts, et à
laquelle prit part le comte Jean III de Nassau -Saarbruck. Les
troupes de Louîs-le-Noir pénétrèrent jusqu'à Herbitzheim et
Eeskastel et promenèrent le fer et le feu dans toute la Tallée
de TEicher. De son côté, le comte Jean m alla mettre le siège
devant Musenheim, qui était la résidence habituelle de Louis-
le-Noir, commit de grands dégâts dans tout le pays et força
son adversaire à venir à un accommodement.
En 1463, Enneline de Etltzelsheim (Efittolsheim), prieure
du couvent de Herbitzheim, fit donation, du consentement de
Tabbesse Marguerite von der Ecken, au couvent des frères de
•Steiga, à Saverne, des biens situés aux bans de EQttolsbeim,
Saverne, Fessenheim, Waldolwisheim, Wintzenheîm et Knoer-
sheim, à charge par ledit couvent de Steiga de célébrer des
anniversaires dont il déclara se charger. En i466, Catherine
de Eûttolsheim, femme de Pierre d'Auenheim et sœur d'Enne-
line, donna son assentiment à ladite donation^
L'année 1525, qui vit la ruine de tant de monastères, fut
aussi fatale à l'abbaye de Herbitzheim. < Toute l'Allemagne
fut horriblement troublée en ceste année, dit Sébastien
Mtinster^ pour la sédition des pauvres paysans qui s'esle-
vaient partout contre leurs seigneurs, faisant entreprinses
méchantes soubz ombre de l'Evangile : car ils voulaient
estre francs des censés, dismes, gabelles et autres eharges,
escrivant des articles de la liberté chrétienne, entre lesquels
cestuy-cy estait le principal : Qu'il ne falloit point payer
les tributs au magistrat. > La révolte éclata en Alsace vers
le milieu du mois d'avril, le soulèvement se répandit au loio,
chaque jour de nouveaux serfs brisaient les liens de la servi-
tude pour courir sur les pas des insurgés à la liberté et à
la vengeance, et le succès appelait chaque jour de nouveaux
* Kœllner, Loc. citât ^ 1. 1, p. 210.
» Archives du Bas-Rhin, S. G. 6103.
• Cosmographie universelle, traduite par Belle-Forest, t. I, p. 1166.
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SAARWERDEN ET IIERBITZÏIEIM 497
partisans de Tindépendance soas la bannière de la licence.
Les paysans du Westrich étaient prêts à donner la main à
leurs frères d'Alsace.
Partout où ils se soulevaient, les paysans pillaient et incen-
diaient, dans leur effervescence démocratique, les châteaux,
les églises et les monastères ; ils foulaient aux pieds les objets
les plus vénérables du culte et les traînaient ignominieusement
dans la boue ; ils portaient avec un acbarnemeut déplorable
le fer et le feu partout, et partout la ruine et la désolation.
Pendant que TAIsace, en proie à Tesprit d'anarchie, pré-
sentait rimage d'une mer bouleversée par la fureur des
éléments, Antoine, duc de Lorraine, qui avait pris la résolu-
tion de mettre un terme à ces épouvantables désordres, levait
des troupes, la noblesse lorraine prit les armes, brûlant de
se mesurer avec les insurgés, et les bourgeois, pleins de
dévouement et luttant avec elle de procédés généreux, s'em-
pressèrent de fournir les munitions et l'argent nécessaires.
Pendant que le duc de Lorraine stationnait à Vie, l'esprit
de défection faisait des progrès rapides dans le Westrich, et
bientôt la nouvelle se répandit qu'une nombreuse bande d'in-
surgés avait pénétré dans le comté de Saarwerden et s'était
emparée de la ville de Diemeringen, propriété du Rhingrave
Jean VU. Les paysans pénétrèrent ensuite à Herbitzheim et
se retranchèrent dans l'abbaye de ce village, dont l'accès était
très difKcile^ Jean de Braubach, bailli de Sarreguemines,
homme plein d'énergie et de résolution, accourut au camp du
duc de Lorraine et s'ofTrit « de revisiter le camp des Luthé-
riens et sçavoir le nombre de gens qu'ils estoient, avecques
la situation du lieu, ensemble le maintien qu'ilz tenoient
en une abbaye de dames, nommé Herbussem, dedans les
grands boys, plissez et barrez si fort qu'il n'estoit possible
y entrer^ •.
* YoLCYR, Relation de la guerre des Rustarids, édition de 1856, p. 61.
* Ibidem, p. 61.
Nouvelle Série — G« Annét\ '*^
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498 * REVUE D'ALSACE
Pendant ce temps, les sujets de Tabbaye, entraînés par
les conseils et les excitations des chefs de la bande, pacli-
sèrent avec les insurgés et les reçurent avac les démonstra-
tions de la joie la plus vive. Le courent devint leur quartier-
général, d'où ils envoyèrent des émissaires dans toute la
contrée pour convier les paysans à Tinsurrection, et bientôt
tout le pays fut en mouvement. Chaque jour le nombre des
insurgés s'accroissait, les paysans des comtés de Morhange,
de Forbach, de Puttelange, de la chfttellenie de Hombourg et
du bailliage de Sarreguemines, au nombre de plus de dix-
huit cents, s'arrachèrent à leurs occupations pour grossir la
bande qui occupait Herbitzheim^
Cependant le duc de Lorraine, ayant approuvé le dessein
de Jean de Braubach, lui avait donné six cents hommes de
pieds et cent chevaux.
Le bailli de Sarreguemines marcha tout droit i Herbitzheim,
mais les paysans, loin de Iftcher pied, l'accueillirent par un
feu bien nourri de mousqueterie^ le contraignirent à la retraite
et le poursuivirent vivement à travers les bois. Jean de Brau-
bach, désarçonné par accident, tomba entre les mains des
insurgés, qui l'emmenèrent prisonnier « dedans leur fort, où
depuis le mirent à rançon de mille florins >, espérant que
le cardinal Jean de Lorraine, évêque de Metz, se montrerait
disposé à faire un généreux sacrifice pour sauver l'un de ses
plus dévoués serviteurs.
Privée de son chef, l'avant-gards lorraine dut se replier
vers le château de Sarreguemines ; mais, peu de jours après,
renforcée par de nouvelles troupes, elle se porta de nouveau
en avant.
Pendant ce temps, le Rhingrave Jean VII et le comte Jean-
Louis de Nassau-Saarbruck s'emparaient d'Oermingen. Les
insurgés durent abandonner leur camp de Herbitzheim, ils
^ Lepage, Documents sur la guerre des Rustauds, p. XII
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SAARWERDEN ET HERBITZHEIM
se rejetèrent en Alsace par les gorges du Graufthall et se
joignirent aux insurgés qui occupaient Saverne. Le bailli de
Sarreguemines fut conduit dans cette ?iUe, chargé de liens et
en butte aux outrages et aux avanies des insurgés. L*histo-
rien Yolcyr de Séronvilie, qui accompagna le duc de Lorraine
dans sa célèbre expédition, ne se fait aucun scrupule de dire
que' « voyant aussi Dieu le créateur multiplier et pulluler
cealx de la secte luthérienne si comme les grains de sable
du rivage de la mer, non contant par sa divine essence que
la susdicte bande des infidèles paysans séduyctz, qui s'es-
toient emparquez dedans le clos de Tabbaye de Herbussem,
eut esté seullement défaicte sans aller plus oultre, les fit
retirer en Aulsays, dont ils estoient venuz, affin d'en
amasser plusieurs semblables à eulx, pour finalement estre
confondus et ruinez tous ensemble. > On connaît le mas-
sacre de Saverne où les paysans, au nombre de plus de vingt
mille, tombèrent par monceaux sous Tépée des soldats lorrains
acharnés, comme les épis sous la faucille du moissonneur.
L'abbaye de Ilerbitzheim a-t-elle été désolée par le pillage,
l'incendie et la dévastation? Les chroniqueurs ne fournissent
aucun renseignement précis à cet égard, mais on ne peut
assurément pas douter qu'elle n'ait éprouvé les mêmes
maux que les autres monastères sur lesquels a pesé cette
guerre sauvage.
A partir de cette époque, l'antique abbaye marcha rapide-
ment vers sa décadence, et, en 1S44, le comte Jean-Louis de
Nassau-Saarbruck la réunit définitivement et entièrement à
ses Etats héréditaires. Ce monastère, qui était alors gouverné
par une noble alsacienne, Amélie d'Altorf, surnommée Woll-
schlagerin, penchait vers sa ruine ; les troubles incessants et
l'incertitude générale produite par la Réforme, le dégoût
qu'on avait alors pour la vie monastique, la déconsidération
* Guerre des Rustauds^ p 8*2.
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500 REVUE D'ALSACE
dans laquelle elle était tombée, la décadence dont les établis-
sements religieux étaient menacés, le penchant qu'on mon-
trait pour la nouvelle doctrine : tels furent les moti& qui
décidèrent Tabbesse Amélie à faire donation en toute pro-
priété, du consentement de l'unique religieuse encore vivante
et avec le concours de Jean Turgot, vice-légat apostolique en
Allemagne, au comte Jean-Louis de cette antique abbaye,
dont il était le tuteur et le protecteur né, avec tous les
villages, métairies, serfs, dîmes, rentes, revenus, immunités
et droits en dépendant\ L'abbesse Amélie se réserva durant
sa vie l'administration et le gouvernement de l'abbaye. De
son côté, le comte Jean-Louis prit l'engagement formel de
subvenir à tous les besoins du monastère et de faire tous
ses efforts pour le conserver, et au cas que les religieuses
voulussent se retirer et abandonner la vie monastique, il
promit de leur assurer une retraite honorable à Saarbruck.
et de les y entretenir convenablement jusqu'à leur décès. Le
comte Jean-LoaiS; qui était sincèrement attaché à la religion
catholique, n'eut pas de peine à faire approuver cette donation
par le pape Paul ni; elle fut encore approuvée, à la sollici-
tation de Philippe H, comte de Nassau -Sarrebruck, en 1548,
par le pape Paul III, et en 1550 par son successeur, le pape
Jules IIIj sous les réserves expresses prescrites par la bulle
du pape Paul II, concernant l'inaliénabilité des biens ecclé-
siastiques.
Jeanne, fille du comte Jean-Louis de Nassau-Saarbruck,
qu'il avait eue de sa première femme Elisabeth, fille de Louis-
le-Noir, comte palatin de Deux-Ponts, s'était vouée à la vie
monastique et avait pris le voile au couvent de Rosenthal,
près de Gœllheim. Sa haute naissance la fit parvenir à la
dignité d'abbesse de Herbitzheim en 155S, et jeta un nouvel
éclat sur cet antique monastère.
* Kremkr, Geschichte des arden. GeschlechUSf t. I, p. 227.
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I
SAABWKRDEN ET HERBITZHEIM 501
Vers le milieu du XVP siècle, Tabbayc de Herbitzheim céda
à Jacques, comte de Deux-Ponts-Bitche, les dîmes à percevoir
dans les paroisses de Volmunster, Rohrbach et Rolliugen
(Rahiing) et à Brenschelbach. Le comte Jacques ne pro-
mettait aucun prix pour cette cession ; ce prix devait être
fixé ultérieurement. Lorsqu'en 1553, après son élévation
sur le siège abbatial, Tabbesse Jeanne demanda l'exécution
de la convention intervenue entre le couvent et le comte
Jacques, celui-ci chercha à gagner du temps et opposa toutes
sortes de chicanes à la demande. Il en résulta un litige que
les parties soumirent à Tarbitrage de Philippe, comte de
Nassau-Saarbruck. Ce seigneur ajourna les parties conten-
dantes à comparaître devant lui, à Oermingen, pour lui pré-
senter leurs moyens de demande et de défense; mais, ses
nombreuses occupations l'ayant empêché de se rendre dans
cette localité au jour fixé, il y envoya son conseiller Jean de
Niedbruck, et son secrétaire Bernard Wolfflin, pour examiner
l'affaire avec les conseils des parties et aviser aux voies et
moyens qui pourraient amener un arrangement amiable entre
elles. Comme les arbitres ne purent les amener à aucune
conciliation, ils décidèrent que les dîmes codées rapportaient
annuellement quatre cents sacs (Malter) de blé, qui valaient
en capital quatre mille florins; que les revenus des terres et
prés, et les rentes en chapons et poules et autres droits pou-
vaient être capitalisés à mille florins; que partant, la totalité
des revenus cédés s'élevait en capital à la somme de cinq
mille florins; mais, attendu que Tabbaye était encore créan-
cière du comte Jacques et de quelques-uns de ses sujets, pour
des arrérages de rentes, tant en argent qu'en nature de blé,
ils ordonnèrent que préalablement tous ces arrérages devaient
être acquittés, qu'ensuite seulement l'abbesse d'Herbitzheim
serait tenue de passer, dans le mois, cession des dîmes et
droits cédés contre le payement de la somme de cinq mille
florins, et que le comte Jacques serait tenu de lui faire ce
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502 REVUE D* ALSACE
payement à Herbitzheim, en bonnes espèces ayant coors^
En 1654, Tabbesse Jeanne rendit à son frère, Jean lY, la
métairie de Rirchheim-sur-la-Biies, située au territoire de
Breitfurtl Peu de temps après, elle retourna au courent de
Rosenthal, où elle finit ses jours en 1S56'. Sous le règne de
son frère, le comte Jean IV, les propriétés du courent de
Herbitzheim, dont les bâtiments araient été raragés par un
incendie, furent réunies rers 1560 au domaine de TEtat.
Quoique le comte Jean IV eût embrassé le culte érangélique,
la suppression ou la sécularisation de cette antique et rené-
rable abbaye ne fut pas le résultat de Taridité, mais celui de
la retraite rolontaire des religieuses, qui cessèrent la rie
commune. Ses rerenus furent consacrés à Pentretien du culte
protestant, des églises et des presbytères et à la dotation d'un
hôpital fondé par le comte Jean IV pour les paurres dans la
rille de Saarbruck^
A partir de cette époque, Tabbaye de Herbitzheim a cessé
d'exister; les rillages de Herbitzheim, Keskastel, Oermingen
et Silzheim, qui lui araient appartenu, furent constitués en
prérôté bailliagère dont Thistoire se troure désormais intime-
ment liée à celle du comté de Saarwerden, qui était aussi
tombé dans la maison de Nassau-Saarbruck. Toutefois cette
prérôté a conserré pendant longtemps une administration
distincte et entièrement séparée du comté de Saarwerden, an
prérôt particulier qui arait sa résidence à Herbitzheim. Le
rillage de Gersheim, qui arait aussi appartenu à ce courent,
fut réuni au bailliage rie Bliescastel, qui appartenait égale-
ment à la maison de Nassau-Saarbruck. Le règlement colonger
de ce rillage, ainsi que de celui de la ferme deEirchheim, qui
est aujourd'hui une dépendance de la commune de Breitfurt
' Geschichle der Grafschaft HanawLichtenherg , t. II, p. 399
* Village du canton de Neuhornbach (Bavière rhénane).
^ Kœllner, Loc. citât., l. I, pp. 256 et 284.
* Àppendix cit., p. 22.
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SAAUWERDKN ET HEJiBlTZHEIM 503
(canton de Neuhornbach), ont été publiés par Grimm, dans sa
grande collection des Weisthûmer. Ces deux documents, qui
ont beaucoup d'analogie avec le rotule colonger de Hôrbitzheim^
ont été rédigés en 1508 et nous apprennent que Tabbesse
jouissait de la supériorité territoriale dans Tune et l'autre
localité, et que la justice criminelle, à laquelle Tabbesse ne
pouvait présider elle-même, était exercée par l'avoué de l'abbaye.
Le comte Jacques de Mœrs-Saarwerden avait donné, quel-
que temps avant sa mort, à Conrad Bayer de Roppart, en
reconnaissance des services que ce seigneur lui avait rendus,
à titre de fief héréditaire, tous ses droits sur le village de
Silzheim, dont l'abbaye de Herbitzheim jouissait h titre d'en-
gagèreV Mais il ne parait pas que cette donation ait été suivie
d'effet, puisque ce village parvint, en 1544, avec les autres
possessions de ce couvent, à la maison de Nassau-Saarbruck.
Le village de Herbitzheim avait autrefois sa muraille d'en-
ceinte. En 1573, le fameux Philippe Grumbach, qui encourut
le ban de l'empire pour violation de la paix publique, s'em-
para dt cette localité, dont il fit briser les portes qui n'étaient
pas garnies de ponts-levîs'.
ABBESSES DE HERBITZHEIM
Fin du XII* siècle, Sophie.
1292, Hanla, Aule ou Avole.
J884, Elisabeth.
1845, HiUegart.
1463, Marguerite von der Ëcken.
1518^ Bénigne Ereutz.
1544, Amélie d'Altorf, surnommée Wollschlager.
1544, Jeanne, comtesse de Nassau-Saarbruck.
Dag. Fischer.
("La suite à la prochaine livraison J
* Selon Dom Calmet [Notice de Lorraine, in-fi<», Herbitzheim), cette
donation serait de Tan 1518; mais à cette époque le comte Jacques de
Mœrs-Saarwerden était déjà mort, et son fils Jean-Jacques était frappé
d'interdiction.
* Schœpflin-Ravenéz, t. V, note 7, p. 35.
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NOTES BIOGRAPHIQUES
SUR LES
HOMMES DE LA RÉVOLUTION
A
STRASBOURG ET LES ENVIRONS
Suite,
MATHIEU (Michel-Léonard), aine,
dit le petit Mathieu d'Heidolsheim,
rue des Serruriers, à Strasbourg.
1768-1789. Avocat plaidant et consultant au Conseil souve-
rain d'Alsace.
1789. Avocat général du Magistrat de la ville de Strasbourg.
Grand partisan de la garde nationale.
15 janvier 1790. Ancien avocat général de la ville, il s'inscrit
membre fondateur de la Société de la révolution,
laquelle changea son nom. dès le 11 février suivant,
en Société des amis de la Constitution.
8 février — . Elu procureur de la commune de Strasbourg;
à rinstallation de la nouvelle municipalité, il tint
un discours. •
26 mai — . Membre de l'administration du département du
Bas-Rhin.
11 novembre — . Elu pour un an notable du Conseil de la
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LES HOMMES DE LA BËVOLUTIOK 505
commune , Levrault l'ayant remplacé procureur de
la ville.
25 février 1791 . Parut sa lettre familière à Jacques Mathieu.
26 août — . Juge au district de Benfeld. A l'élection tenue
au château de Strasbourg, il est nommé membre de
l'administration du Bas-Rhin.
2 septembre — . Tiré du tribunal de Sélestadt pour exercer
les fonctions de juge au tribunal criminel du Bas-
Rhin. Ce tirage avait lieu tous les trois mois et, par
tour, dans les tribunaux du district.
14 novembre — . De nouveau élu procureur de la conmiune
de Strasbourg.
7 février 1792. Il est à TAuditoire avec la Société des amis
de la Constitution.
3 juillet — . Signataire de l'adresse de la municipalité à l'As-
semblée nationale, demandant la punition des enva-
hisseurs des Tuileries le 20 juin.
4 décembre ~. De Paris, le député Laurent demande aux
jacobins, et cela bien certifié, le propos qu'il doit avoir
tenu, t que les commissaires de la législature étaient
des brigands envoyés par d'autres brigands ».
6 — . De nouveau élu procureur de la commune.
18 janvier 1793. Il est suspendu par Couturier, Rtihl et
Dentzel.
11 février . La municipalité le fera expulser de la ville
dans le plus bref délai et au delà des frontières d'Alsace.
A cette occasion, le club des jacobins formulait les
remarques suivantes sur son compte :
Il a partagé les crimes et la même punition que la municipa-
lité; c'était le compère de Dietrich qui le servait à merveille dans
la distribution des passeports aux femmes d'émigrés. Il a montré
beaucoup d'activité à poursuivre les fautes ou les erreurs des
patriotes, et il est encore aujourd'hui à poursuivre un délit très
grave contre des aristocrates, qui, il y a un an, dans un bal, ont
crié : Vive k Roi, merde pour la Nation! L'officier de police, qui
voulut ramener Tordre, fut insulté, et on lui cassa sur son corps
sa baguette blanche. Les amis de la Constitution ont réclamé
vingt fois la punition des rebelles, mais le procureur de la com-
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506 REVUE D* ALSACE
mune est encore à leur répondre. Une grande partie des auteurs
de ces délits ont émigré cinq ou six mois après, et quelques-uns
portent les armes contre la République.
Peu de jours après, lui et sa femme sont arrêtés et
conduits en prison, pour n'en sortir qu'après la chute
de Robespierre, 27 juillet 1794.
3 septembre 1794. Au club des jacobins, Tisserant le signale
comme l'un des chefs de la faction Dietrich.
5 — . Le représentant Foussedoire, de concert avec la Société
populaire, le nomme officier municipal sous le maire
André.
17 janvier 1795. Il remplace ce dernier pour peu de temps.
5 février — . Ayant demandé à se retirer, c'est Keppler qui
lui succède.
1799. Il accepte les fonctions de commissaire du gouverne-
ment près le tribunal criminel du Bas-Rhin.
11 août 1800. En cette qualité, le préfet le nomme conseiller
municipal sous le maire Livio.
1803. Il fait encore partie de ce corps.
1804. Député à l'Assemblée législative. Il logeait alors rue
du Bac, 469, à Paris.
3 avril 1818. Conseiller à la Cour royale de Colmar.
Décédé en fonctions en 1841. Il était frère de l'ex-
intendant militaire Mathieu de Faviers, que, le 30 mai
1794, Cantrez, employé aux subsistances militaires,
dépeint à Ruault, agent en chef des fourrages à Lan-
dau, sous les couleurs les plus sombres.
MAYNO (Jean-Pierre).
2 juillet 1743. Né de parents italiens au n** 19 de la rue des
Veaux, à Strasbourg.
1768. Il succède à son père dans la fabrication et le com-
merce du tabac.
Juin 1787. Désigné membre de l'Assemblée provinciale
d'Alsace pour la circonscription de Wolxheim.
18 août — . Député à M. de la Galaiziére, intendant d'Alsace.
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 507
pour le prévenir que TAssemblée était prête à le
recevoir.
23 — . Proposé par le Tiers-Etat pour la formation de la
Commission intermédiaire d'Alsace.
18 décembre 1789. Il signe pour 6000 livres à la contribution
patriotique.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution, transformée, le 11 février suivant, en Société
des amis de la Constitution, dont il fut le vice-pré-
sident.
8 février — . Elu notable du Conseil de la commune.
11 novembre — . De nouveau élu notable.
16 mars 1791. Elu juge au tribunal de commerce de Stras-
bourg.
14 novembre — . Maintenu notable. C'est en cette année
qu'il fut envoyé à Paris par le commerce de Stras-
bourg, pour y défendre les intérêts de l'Alsace contre
les fermiers généraux.
7 février 1792. Il est à l'Auditoire.
12 août—. Comme notable et du Comité permanent du
Conseil général de la commune, il signe la circulaire
adressée aux Strasbourgeois, pour fa conservation
de la Constitution octroyée par Louis XVI.
19 — . Relevé de ces fonctions par les représentants Carnot,
Prieur et Ritter.
26 — Elu par la septième section pour procéder à Hagùenau
à la nomination des députés à la Convention natio-
nale.
12-14 novembre — . Il occupe les mêmes fonctions aux élec-
tions départementales tenues à Wissembourg.
28 — . Elu juge au tribunal de commerce de Strasbourg.
31 octobre 1793. Imposé par SainWust et Lebas à 250,000
livres.
2 novembre — . Comme le plus riche des négociants de
Strasbourg, le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin
arrête qu'il sera exposé pendant quatre heures au
poteau de la guillotine.
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506 KEVUE D'ALSACE
5 et 11 — . Il paie les 250,000 livres.
8 — . n est attaché au poteau par une pluie battante.
26 mai 1794. Enfermé au Séminaire comme partisan de
Dietrich, meneur de la Société des feuillants et ayant
toujours, comme membre du tribunal de commerce,
favorisé le discrédit des assignats.
17 janvier 1795. Président du tribunal de commerce.
30 — . Membre du Comité de la nouvelle Société populaire
épurée, dont le but principal était le respect des lois
et le salut de la République.
1798-1799. Président du bureau consultatif du commerce
à Strasbourg, membre de la Société d'agriculture,
sciences et arts du Bas-Rhin.
22 décembre 1801. Mort d'une attaque d'apoplexie.
MENNET (Joseph).
Avant 1789. Négociant à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution, transformée le 11 février suivant en celle des
amis de la Constitution.
7 février 1792. Avec elle à l'Auditoire.
16 février 1793. D sera sévèrement surveillé par ordre des
commissaires de la Convention nationale.
12 juin — . Tisserant informe l'officier municipal Jung
qu'Ammerschwille, ex-préfet au collège national et
prêtre de Tancien régime, est logé chez l'aristocrate
Mennet.
2 novembre — . Lui et sa famille figurent sur une liste de
248 suspects.
6 et 7 — . n verse 250,000 livres pour sa part dans l'emprunt
du 31 octobre de Saint-Just et Lebas.
20 — . Il est mis au Séminaire.
3 décembre -— . On prendra des renseignements positifs sur
une caisse qui doit être déposée chez lui, provenant
de rémigré Lombardino.
13 — . Il demande sa mise en liberté et sa radiation de la
liste des suspects; mais le Comité de sûreté générale
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LES HOMMKS DE LA RÉVOLUTION 509
du Bas-Rhin, considérant qu'il a toujours été un grand
fanatique et sa maison le réceptacle des prêtres réfrac-
taires, adopte la question préalable.
Plus tard, il fut relâché et sa fille devint l'épouse
du jacobin Prost; de cette union sortit la maison
de banque Mennet et Prost.
METZ (De), licencié,
rue des Prêtres.
25 avril 1789. Du Comité des échevins chargés d'organiser
les tribunaux de Strasbourg.
14 novembre 1791. Elu ofificier municipal au bureau des
finances, impositions et approvisionnements publics.
3 juillet 1792. Signataire de l'adrjBsse de la municipalité à
l'Assemblée nationale, demandant la punition des
auteurs de la journée du 30 juin.
6 décembre — . Réélu officier municipal.
18 janvier 1793. Suspendu de ces fonctions.
12 mai - . Président du comité central composé des prési-
dents des douze sections de Strasbourg qui avaient
remplacé les tribus; il certifie, conforme à l'original,
l'expédition de l'arrêté de la huitième section, deman-
dant à la Convention nationale le banissement de
Schneider hors les frontières de la République.
25 mai 1794. Le Comité de surveillance des jacobins le porte
sur la liste des suspects. Il est enfermé au Séminaire
jusqu'après la chute de Robespierre.
9 avril 1797. Etant président du tribunal criminel du Bas-
Rhin, ce département le nomme député à l'Assemblée
législative.
1802-1803. De nouveau élu député à la Législative pour six
ans. n était alors secrétaire général de la préfecture
du Bas-Rhin.
10 juin 1811. Conseiller à la Cour impériale de Colmar.
1816. Démissionnaire, mais réintégré peu après.
27 décembre 1829. Conseiller à la Cour royale de Nancy.
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510 REVUE D'ALSACE
MICHELET (Michel-Jacques DE).
Il logeait à côté de la Toussaint à Strasbourg.
1764-1789. Conseiller de seconde Chambre au Conseil souve-
rain d'Alsace.
1 792.Commissaire du roi au tribunal du district de Strasbourg.
3 octobre 1793. Destitué par Guyardin et Milhaud, et rem-
placé par Mathaeus avec la qualité de commissaire
national.
14 — . Enfermé au Séminaire.
15 — . Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin ordonne
de le déporter avec sa fille à vingt lieues des frontières
de l'Alsace.
17 — . n figure sur la liste de proscription dressée par les
jacobins.
17 janvier 1795. De nouveau commissaire national près le
tribunal civil de Strasbourg.
Mars 1800. Comme ancien procureur près le tribunal crimi-
nel du Bas-Rhin, il passe président du tribunal civil
à Colmar.
MOMY (J.-J.),
rue du Broglie, n^ 14.
1789. Homme de loi.
1790. Employé au Département du Bas-Rhin.
28 février 1791. Membre de la Société des amis de la Con-
stitution.
7 février 1792. Avec elle à l'Auditoire.
1792. Avoué au tribunal du district de Strasbourg.
24 juillet 1794. Secrétaire -greffier du corps mimicipal de
Strasbourg.
2 août — . En cette qualité, il adhère à l'adresse de la muni-
cipalité à la Convention nationale lors de la découverte
de la conspiration ourdie par Robespierre et autres
conventionnels.
15 — . n signe l'arrêté municipal, ordonnant à l'administra-
teur du bien public de tenir la main à ce que les
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 511
détenus dans les maisons de suspicion mangent tous
à une table commune.
17 janvier 1795. Qualifié d'homme de lettres, Bailly le nomme
notable de la ville de Strasbourg.
1797. Au tableau des défenseurs officieux près les tribunaux
de Strasbourg.
1814. Avocat-avoué à Strasbourg.
1822. Du Conseil d'arrondissement de Strasbourg.
1829. Adjoint au maire de Kentzingen.
MONTFERRAND (De).
1789. Capitaine au régiment d'Artois.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution à Strasbourg, transformée dès le 11 février
suivant en celle des amis de la Constitution, dont
il fut membre adjoint du Comité. Il quitta l'Auditoire
pour aller à l'armée.
MONRECOUR DE SAINT-MICHEL.
1789. Officier d'artillerie à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution, transformée dès le 11 février suivant en celle
des amis de la Constitution.
Février 1792. Avec elle à l'Auditoire.
MONTFORT.
1789. Capitaine d'artillerie en garnison à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution, devenue, dès le 11 février suivant, Société des
amis de la Constitution.
7 février 1792. Avec elle à l'Auditoire.
MONTJOYE (Le chevalier de).
1789. Officier au régiment d'Alsace, en garnison à Stras-
bourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution, devenue, dès le 11 février suivant. Société des
amis de la Constitution, affiliée à celle de Paris.
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512 REVUE D'ALSACE
MONTRICHARD (Joseph-Elie-Désibé).
Né le 24 janvier 1760 d'une famille honorable du départe-
ment de TAin.
1789. Officier d'artillerie à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution.
11 février — . Elle devient Société des amis de la Consti-
tution.
1797. Général de brigade aux armées de la Moselle et du
Rhin, chef d'état-major à Mayence; il assista au passage
du Rhin à Kehl.
5 février 1799. Général de division à l'armée d'Italie. Vers
la fin de la même année, il reçut l'ordre de se rendre
à l'armée d'Allemagne, commandée par Moreau.
1802. Général en chef des troupes françaises au service de
la république batave, et envoyé bientôt après dans le
Hanovre.
Juillet 1803. Gouverneur du duché de Limébourg.
14 juin 1804. Commandeur de la Légion d'honneur. Il servit
l'Empire jusqu'en 1814.
10 décembre 1814. Chevalier de Saint-Louis.
4 septembre 1815. Mis à la retraite. Il est décédé dans sa
propriété à Strasbourg, quai des Pécheurs.
MORITZ (L.).
Avant 1789. Négociant à Strasbourg, rue Brûlée.
15 janvier 1790. Membre fondateur delà Société de la révo-
lution.
11 février — . Elle prend le nom de Société des amis de la
Constitution.
1*' juillet — . Avec quarante-six gardes nationaux, dont il
prend le commandement, il se rend à Paris, pour
assister, le 14, à la fête de la Fédération.
2 août — . Us sont de retour.
11 novembre 1791. Elu commandant du sixième bataillon
de la gai'de nationale de Strasbourg.
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LES HOMMES DE LA RlfîVOTJJTION 513
7 février 1792. Il est à TAuditoire.
14 novembre 1793. Destitué œmme commandant, arrêté et
conduit en prison à Dijon jusqu'à la paix.
13 avril 1794. Simon, cafetier, notable de la commune de
Strasbourg, informe le Comité do sûreté générale du
Bas-Rhin qu'après examen du décret do la Conven-
tion, ordonnant de juger tous les détenus dans les
prisons de la République, il se rétracte de sa signature
à rencontre de Moritz, ex-membre de FEtat-major de
la légion du district de Strasbourg.
24 juillet — . Le député Rûhl, appelé à fournir des rensei-
gnements sur Moritz, déclare au Comité de sûreté
générale du Bas-Rhin ne le connaître, ni de vue, ni
de réputation.
17 janvier 1795. Réintégré chef du sixième bataillon de la
garde civique de Strasbourg, il refuse d'accepter pour
cause de santé.
1814-1829. Adjoint au maire de Strasbourg. Chevalier de la
Légion d'Honneur.
MOUILLESEAUX.
1789. Directeur de la poste aux lettres à Strasbourg.
1 790. Proposé pour la nouvelle municipalité.
15 janvier — . Membre fondateur de la Société de la révolu-
tion.
11 février — . Elle s'empresse de prendre le nom de Société
des amis de la Constitution.
7 février 1792. Il la suit à l'Auditoire.
MUHE (Simon).
178Q. Négociant, marché aux Herbes, à Strasbourg.
1791. Membre de la Société des amis de la Constitution.
7 février 1792. Il la suit à l'Auditoire.
11 février 1793. Les représentants du peuple. Couturier et
Dentzel, lui enjoignent d'être plus circonspect à l'ave-
nir, et de baisser devant la loi un front respectueux,
sinon
NonveUe Série. - 6»» Année. 83
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514 REVUE d'alsace
25 novembre — . Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin
le fait enfermer au Séminaire.
30 — . Il réclame sa mise en liberté, mais on passe outre.
comme sur la suivante.
13 décembre — . Il reste prisonnier jusqu'après la chute de
Robespierre, 27 juillet 1794.
Patriote énergique comme ses deux fils: Ferdinand.
Tabbé, et Paul, le négociant.
MULLER (J.).
1789. Cafetier à Strasbourg.
8 février 1790. Proposé pour la municipalité.
26juillet — . Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
7 février 1792. Il est avec elle à TAuditoire.
6 décembre — . Notable de la commune.
18 janvier 1793. Maintenu.
22 septembre — . A été arrêté déjà comme suspect, le
Comité de sûreté générale du Bas-Rhin ordonne de
le relâcher.
3 octobre — . Destitué comme feuillant, agent déclaré de
Dietrich, et signataire de toutes les adresses liberti-
cides.
25 — . Il est déporté.
27 — . NesUin déclare avoir trouvé dans ses papiers plusieurs
pièces suspectes.
31 — . Imposé par Saint-Just et Lebas à 10,000 livres, réglées
les 6 et 7 novembre.
17 janvier 1795. Bailly le nomme de nouveau notable.
MULLER-
Mars 1791. Vicaire-directeur au Séminaire de Strasbourg,
nommé par l'évoque Brendel.
22 — . Il désavoue le discours de Schneider du 11, en faveur
du mariage des prêtres.
2 décembre — . Professeur à la Faculté de théologie catho-
lique de Strasbourg.
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LES HOMMES DK LA RÉVOLUTION 515
NOISETTE (Gaspard), lils.
Avant 1789. Négociant, rue des Hallebardes,- à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fqndateur de la Société de la révo-
lution, qui, le 11 février suivant, devint celle des amis
de la Constitution, affiliée à celle de Paris.
3 mai 1791. H émet son opinion sur deux jugements du tri-
bunal de commerce de Strasbourg, qu'il considère
comme attentoires à la loi, et propose à cette Société
de dénoncer ce tribunal au ministre de la justice, ce
qui fut adopté.
30 juin — . Président de cette même Société, il prononce un
discours en l'honneur de son fondateur Le Barbier,
décédé le 18 dudit mai.
13 juillet — -. La municipalité d'Obemai ayant été suspen-
due, le Directoire du Bas-Rhin le nomme commissaire
civil, pour y remplir ces fonctions jusqu'à ce qu'il en
soit autrement ordonné.
18 — . Il revient à Strasbourg, cette municipalité ayant été
réinstallée.
2 septembre — . Parut un pamphlet, dont le principal but
était de dévoiler au public la procédure criminelle
qui eut lieu devant le tribunal épiscopal d'Ettenheim,
contre lui, Dietrich et Levrault, accusés d'avoir été
les instigateurs d'une tentative d'assassinat contre le
cardinal-évèque prince de Rohan, par un ex-officier
bourbonnais du nom de Tassard ou Espiard.
6 — . Le Conseil municipal en fit justice en qualifiant ce
pamphlet et l'interrogatoire de viles impostures, d'une
de ces coupables manœuvres que se permettent les
ennemis de la patrie. La délibération du Conseil fut
imprimé dans les deux langues et envoyée à Stuber,
baillif d'Ettenheim, qui avait favorisé la publicité de
cette calomnie révoltante.
14 novembre — . Officier municipal, chargé du tribunal de
la police, commissaire à la vente des biens nationaux
et à la contribution foncière dans les villages.
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516 REVXJE d'âlsâce
24 janvier 1792. A la Société des amis de la Constitution,
on dénonce une brochure, dans laquelle il est forte-
ment maltraité ; elle a pour titre : Je vous dh^ai vos
vé^ntés. Aux Alsaciens, par un patriote.
1*' février — . Ce sont les grenadiers du régiment de Berwick
qui disent à leurs camarades du Royal Liégeois :
Un grrdin de boulonnier, nommé Xoisptte, a encore rencbtVi
sur les éloges du médecin Laurent, qui a dit que la garnison de
Strasbourg était détestable, et que c'était un présent funesle
fait à la ville par un traître et parjure ministre.
7 — . Il est à TAuditoire avec la Société des amis de la
Constitution.
12 juillet — . Envoyé en députation à Paris avec une adresse
de la municipalité, approuvée par quelques milliers
de citoyens de la ville et des communes environ-
nantes, à la Convention nationale, justifiant Dietrich
des fausses dénonciations portées contre lui.
12 août — . Il signe Tadresse de la municipalité aux Stras-
bourgeois les engageant à soutenir la Constitution
déposée entre les mains du roi Louis XVI.
2 septembre — . A Télection tenue à Haguenau, il est nommé
député suppléant à l'Assemblé nationale, mais il n'y
prit jamais part.
21 novembre — . Dans une lettre de Paris aux jacobins de
Strasbourg, le représentant Simond ne se cache pas
paB leur dire qu'il conservera un mépris étemel pour
les électeurs de Noisette.
6 décembre -— . De nouveau élu officier municipal.
17 — . Il prend part à la rédaction d'une seconde adresse
envoyée par la municipalité à la Convention nationale.
10 janvier 1793. De Sélestadt, le commissaire Neumann se
plaint de ce que le jeune administrateur Noisette se
soit permis d'atta [uer le général Coustard, mûri dans
Tart militaire et administratif.
18 — . Suspendu de ses fonctions municipales.
11 février — . Il est ordonné à la municipalité de le faire
sortir de la ville dans le plus bref délai, sans qu'il
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 517
puisse se retirer dans les communes de TAlsace et
du pays de Bitsche.
19 mars — . Il dépose à Besançon en faveur du maire Die-
trich.
11 juin — . Rentré clandestinement à Strasbourg, il devait
être arrêté et conduit au Séminaire, mais, quand on
vint pour le prendre, il avait émigré.
8 octobre — . Il fait parvenir une réclamation au Comité d-.*
sûreté générale du Bas-Rhin, mais on l'informe qu'il
n'y a pas lieu de délibérer sur sa demande.
12 décembre — . Rentré en ville, Schneider le fait conduire
dans la maison d'arrêt.
24 avril 1791. La Convention nationale demande aux jaco-
bins de Strasbourg des renseignements sur les députés
suppléants du Bas-Rhin, une place vacante étant à
remplir. On lui répond que Noisette est en prison,
comme suspect, Thomassin en fuite et Grimmer
incarcéré.
24 août — . Aux jacobins, on donne lecture d'une de ses
lettres. Le clubiste le présente comme un ennemi de
la chose publique, partisan zélé de Dietrich, tendant
à allumer et à propager l'esprit de ces infâmes roya-
listes, dont il a servi les projets liberticides. Il est
d'autant plus dangereux, qu'il prend tous les masques
pouvant le servir dans les différentes circonstances.
28 — . Au môme club, on annonce que, renfermé au Sémi-
naire, il ne cesse de réclamer sa liberté, prétendant
qu'il est compris dans la loi qui met en liberté les
hommes vivant du travail de leurs mains. Une com-
mission sera envoyée au représentant du peuple
Foussedoire, pour lui faire connaître les crimes de ce
détenu.
3 septembre — .Au club des jacobins, il figure sur la liste
des chefa de parti de la faction Dietrich. En vrai
caméléon sans mœurs et sans principes, il a été pen-
dant longtemps son ami intime, puis son ennemi le
plus acharné ; il regagna ramitié de son maître, en
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518 REVUE D'ALSACE
provoquant une scission dans la Société des jacobins
dont il devint Tennemi implacable.
H concourut à proscrire Laveaux et Simond, dépu-
tés à la Convention, à interdire les lectures à Simon,
le journaliste, et à faire fermer les clubs.
OBERLIN (Jérémie-Jagques),
rue gainte-Barbe, n« 10.
Né à Strasbourg, le 8 août 1735.
Avant 1789. L'un des seize chanoines protestants de Saint-
Thomas. A la Faculté de philosophie, professeur de
logique et de métaphysique, enseignant aussi les
antiquités, l'histoire littéraire et la diplomatique.
Bibliothécaire de la ville et de l'Université. Auteur
d'une infinité d'ouvrages estimés.
Janvier 1791. Membre de la Société des amis de la Cionsti-
tution.
30 avril — . Membre de son Comité de correspondance.
7 février 1792. Il suit la Société à l'Auditoire.
26 août — . La cinquième section de Strasbourg le nomme
pour assister le 2 septembre suivant à Haguenau à
l'élection des députés du Bas-Rhin à la Convention
nationale.
1792. Envoyé par Strasbourg à Mulhouse poui* traiter d'une
partie de fusils qui devait y être en dépôt, mais qui
n'existait pas.
1793. Il est conduit en prison à Metz, où, après trois mois
de réclusion, on lui donne les murs de la ville pour
prison. Il devient alors l'hôte du docteur Matthias.
12 mars 1794. Aux jacobins, sur la motion de demander sa
mise en liberté au représentant Rougemont, on passe
outre, en raison des accusations articulées sur son
compte.
Août —, Il rentre à Strasbourg après la chute de Robes-
pierre.
30 janvier 1795. Elu membre du Comité de la Société popu-
laire régénérée; il prend part à la rédaction du nou-
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 519
veau règlement d'après Tarrèté du représentant Bailly
du 17 même mois.
Il août 1800. Conseiller mimicipal sous le maire Livio.
n accepte une chaire de bibliographie à l'Ecole
centrale ; Napoléon P' le nomme, peu après, membre
correspondant de l'Institut de France.
1805. Vice-président de la Société d'agriculture, sciences et
arts du Bas-Rhin.
Décédé à Strasbourg, le 10 octobre 1806, d'une
attaque d'apoplexie. Son mausolée, par Ohmacht, est
à Saint-Thomas.
Nous lui devons une pièce rare : Histoire des pri-
sons ou liste des citoyens du Bas-Rhin enfermés au
Séminaire de juin 1793 à octobre 1794, s'élevant à
1482.
OSTERWETH (Jean-Michel).
Avant 1789. Avocat-avoué plaidant à la Chambre des XIII,
XV, XXI et au grand Sénat.
8 février 1790. Proposé pour la nouvelle municipalité.
1792. Avoué au district de Strasbourg, rue de l'Homme-de-
Pierre, 6.
31 octobre 1793. Imposé pai* Saint-Just et Lebas à 20,000
livres, qu'il règle le 5 suivant.
5 janvier 1794. Le représentant Bar le nomme juge au
tribunal du district de Strasbourg.
17 janvier 1795. Juge -suppléant au tribunal civil dudit
district.
1797-1799. Juge au même tribunal.
OTTMANN (IsAAG).
1789. De la Chambre des XXI. Médecin praticien, rue de
l'Ail. Président de la tribu des vignerons.
8 février et 11 novembre 1790. Officier municipal, chargé de
la contribution foncière et mobilière et de rechange
des assignats.
4 janvier 1791. Signa taii'e de la proclamation de la munici-
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520 REVUE D'ALSACE
palité aux Strasbourgeois, lors des rassemblements
près de Saint-Pierre-le- Vieux.
6 septembre — . Il désavoue Tinfâme pamphlet lancé contre
Dietrich, Levrault et Noisette.
14 novembre. Maintenu officier municipal.
20 août 1792. De même.
6 décembre — . Elu de nouveau.
18 janvier 1793. Destitué comme feuillant, ami de la Con-
stitution.
PASQUAY (Nicolas).
Avant 1789. Négociant, rue des Serruriers, à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution.
1 1 février — . Elle prit le nom de Société des amis de la
Constitution.
8 février et 11 novembre — . Elu officier municipal.
4 janvier 1791. Signataire de la proclamation de la munici-
palité aux Strasbourgeois lors des rassemblements
de Saint-Pierre-le- Vieux.
27 mars — . Il s'élève contre les insultes faites à la cathédrale
à révoque constitutionnel Brendel. 11 approuve que
Jseglé, curé de Saint- Laurent , soit conduit en une
chambre d'arrêt chez Leorier, concierge des prisons
6 septembre — . Il défend Dielrich, Laurent et Noisette des
infâmes inculpations lancées contre eux par un cer-
tain Tassard.
14 novembre —, Elu notable du Conseil municipal, il passe
administrateur de la police.
7 février 1792. Il suit la Société des amis de la Constitution
à PAuditoire du Temple-Neuf.
10 mai — . A PAuditoire, il dépose de Pargent et des objets
d'or et d'argent, pour contribuer aux frais de la
guerre.
3 juillet — . Il signe Padresse de la municipalité à PAssem-
blée nationale, lors de Penvahissement des Tuileries
le 20 juin.
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 521
12 août — . Signataire de l'adresse aux Strasbourgeois, les
engageant au maintien de la Constitution jurée par
Louis XVI.
6 décembre — . Maintenu notable.
18 janvier 1793. Suspendu.
31 octobre — . Imposé par Saint- Just et Lebas à 150,000 livres,
qu'il paie les 6, 7 et 9 décembre.
Joseph Pasquay, de Wasselonne, qui avait été
imposé à 25,000 livres, fut réduit, le 7 décembre 1793,
à 10,000 livres, par le Comité de sûreté générale du
Bas-Rhin.
PERTOIS.
1789. L'annuaire de cette année le classe parmi les mécani-
ciens et artistes, travaillant le marbre, le bronze et
le fer.
1790. Architecte, rue Brûlée. II est proposé pour la muni-
cipalité.
15 janvier — . Comme tel, membre fondateur de la Société
de la révolution, transformée, dès le 11 février sui-
vant, en Société des amis de la Constitution.
7 février 1792. Il la suit à TAuditoire, jusqu'à la clôture fie
la salle.
PISTORIUS (François).
Avant 1789. Négociant à Bitsche, où il est né en 1756. Après
cette époque il vint s'établir sous les grandes Arcades,
à Strasbourg, avec David, sous la raison sociale Pis-
torius et David,
1791. Membre de la Société des amis de la Constitution.
7 février 1792. Avec elle à l'Auditoire.
31 octobre 1793. Imposé par Saint-Just et Lebas à 20,000
livres, payées le 6 novembre.
Déjà le 15 octobre 1793, le Comité de sûreté générale
du Bas -Rhin avait arrêté que sa femme et sa fille
seraient déportées à vingt lieues des frontières; mais,
le 2 novembre suivant, on changea d'avis : porté par
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523 REVUE D'ALSACE
le môme Comité sur une liste de 248 suspects, c'est
lui et toute sa famille qui sont mis en prison, lui au
Séminaire et les dames au Lycée.
30 juin 1794. Après bien des suppliques, ils sont mis en
liberté; mais leur maison sera gardée par un planton.
4 juillet — . Nachbauer avise Neumann, accusateur public,
que Pistorius et David sont de nouveau mis en arres-
tation, comme avilisseurs de la monnaie nationale.
Août — . Mis en liberté après la chute de Robespierre.
17 janvier 1795. Le représentant Bailly le nomme notable
de la commune. Le même jour, élu membre du
Comité d'épuration de la Société des jacobins. Tout
citoyen ayant voté la mort des incarcérés sera refusé.
POmOT (François-Xavier-Alexis).
1789. Ammeister de la Chambre des XIII du Magistrat de
Strasbourg. Directeur du bailliage de Strasbourg à
Marlenheim. Il demeurait rue des Faisans.
8 février 1790. Officier municipal sous le maire F. de Dietrich.
17 mai — . Président des assemblées électorales pour la
nomination des administrateurs du Bas-Rhin.
26 — . Elu administrateur du Bas-Rhin.
8 juillet — . Président du Directoire du Bas-Rhin.
11 février 1791. Suspendu de ces fonctions.
Novembre 1793. Mis en état d'arrestation.
28 — . Du Séminaire, où il est enfermé, il s'adresse à Jung,
officier municipal, membre du Comité de surveillance
et de sûreté générale du Bas-Rhin :
Je n'ai jamais été feuillant, la faction de Dietrich m'a fait
quitter les affaires.
Je demeure à la campagne depuis près de trois ans, occupé à
me pénétrer des lois qui devaient régénérer la France ; Thomme
vient de reprendre ses droits, le souverain a prononcé, il a adopté
le gouvernement républicain. Je Tai juré, cette liberté et cette
égalité, ce serment était dans mon cœur.
Voilà, citoyen, ma profession de foi ; jugo-moi avec sévérité,
mais avec cette justice qui te caractérise, prends intérêt à moi, ta
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GcTogle
LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 523
belle àme doit sentir le plaisir d'un malheureux ( qui n'a aucun
reproche à se faire) d'en faire un heureux.
Rends-moi la liberté de retourner dans mes foyers et au sein
de ma famille.
Le même jour, le Comité de sûreté générale du
Bas-Rhin passe à Tordre du jour.
7 décembre — . Ce Comité ordonne que ses lettres et celles
à sa femme, née Pêcherie, lui seront remises au Sémi-
naire, où il resta enfermé jusqu'après la chute de
Robespierre, juillet 1794.
POPP (Charles),
rue de la Dentelle.
1789. Greffier-adjoint au Sénat de Strasbourg, Chambre cri-
minelle.
1790. Accusateur public provisoire près le tribunal du dis-
trict de Strasbourg.
Proposé pour la nouvelle municipalité.
Membre de la Société des amis de la Constitution.
20 janvier 1791. Secrétaire-interprète des Commissions.
22 — . Destitué sous prétexte qu'il n'avait pas Page requis.
La Société des amis de la Constitution prend sa défense
et arrête d'avertir le Comité de Constitution à Paris,
ainsi que le garde des sceaux, et de leur faire con-
naître la véritable cause de cette destitution.
2 février. Le maréchal de Broglie répond qu'il a agi d'après
la loi, en renvoyant Taccusateur public, faute d'avoir
l'âge requis par la loi.
27 juin — . A l'arrivée à Strasbourg des commissaires royaux,
Custine,Chassey et Régnier, il leur fut attaché comme
secrétaire.
15 septembre — . Nommé procureur syndic du Directoire
du district de Strasbourg.
7 février 1792. 11 est avec la Société des amis de la Constitu-
tion à l'Auditoire du Temple-Neuf.
3 juillet — . n signe l'adresse du Directoire à l'Assemblée
nationale, lors de l'attentat commis le 30 juin.
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524 BBVUE D*AL8ACB
21 août — . Lors de la suspension d'une grande partie du
Directoire du Bas-Rhin par les commissaires Carnot,
Prieur et Ritter, pour refus d'obéir à la loi portant
déchéance du roi, il écrivit au Département qu'il
partageait les mômes sentiments que ses collègues
suspendus, qu'il demandait à recevoir les mêmes
honneurs de la suspension, d'autant plus qu'il ne
pouvait reconnaître les membres nouvellement nom-
més par les commissaires comme des administrateurs
légaux.
Quelcpies jours après, le Directoire le suspendit,
mais le ministre Rolland cassa l'arrêté.
La publicité que donna Popp à cet acte duministi-e
lui servit pour la prochaine élection, qui eut lieu à
Wissembourg en novembre 1792.
11 novembre — . A la formation du bureau, il fut nommé
secrétaire.
14 — . Il est élu membre du Directoire de l'administration
du Bas-Rhin, en remplacement de celle du 21 août
précédent. Schneider, qui était présent au dépouille-
ment des votes, fit une violente sortie conlre cette
nomination.
Ce nouveau Directoire installé, Popp, à son tour,
s'opposa vivement à l'installation du nouveau procu-
reur général Monet, auquel il contestait l'âge requis.
Peu de temps après, Popp était son substitut.
15 janvier 1793. Il signe un état des émigrés du Bas-Rhin.
11 février — . Couturier et Dentzel ordonnent à la munici-
palité de le faire sortir de la ville dans le plus bref
délai, sans qu'il puisse se retirer dans les autres
communes de l'Alsace et du pays de Bitsche.
11 décembre — . Détenu à la maison de justice à Strasbourg,
il réclame sa liberté au Comité de sûreté générale du
Bas-Rhin. Sa demande est renvoyée au tribunal révo-
lutionnaire qui passe outre. 11 ne fut relâché qu'après
la chute de Robespierre, juillet 1794.
1805-1809. Nommé magistrat de sûreté de l'arrondissement
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 525
de Strasbourg, commissaire général de police pro-
visoire.
RÂDOT.
1789. Qu^rtier-maître-trésorier du régiment de Royal-Cava-
lerie à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société do la révo-
lution.
11 février — . De celle des amis delà Constitution.
RAFFIN (De).
1789. Capitaine au régiment d'Artois à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution.
11 février — . Elle se transforme en Société des amis de la-
Constitution, affiliée à celle de Paris.
RAU.
Avant 1789. Licencié. Sergent au Conseil de la régence du
comté de Hanau-Lichtenberg à Bouxwiller.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution.
11 février — . De celle des amis de la Constitution.
7 février 1792. Il est avec elle à l'Auditoire du Temple-Neuf.
RAUSCH (Geoffroy-Henri),
au Pfennigthurm.
1789. Conseiller aulique et receveur du prince de Hesse-
Darmstadt.
17 janvier 1791. Membre de la Société des amis delà Consti-
tution.
7 février 1792. Il est avec elle à FAuditoire du Temple-Neuf.
Octobre 1793. Il est mis au Séminaire.
2*2 — . Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin ordonne de
Ty laisser en état d'arrestation.
22 — . L'accusateur public Schneider requiert Monet de le
faire mettre immédiatement en accusation et de
sceller ses papiers.
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526 REVUE D* ALSACE
16 novembre — . Il est accusé de rapports avec le prince de
Hesse-Darmstadt; le tribunal révolutionnaire le con-
damne à la peine de mort et à la confiscation de ses
biens au profit de la République. On ne donna pas
immédiatement suite au jugement.
24 — . Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin décide
qu'il restera enfermé au Séminaire ; mais quelques
jours après, en décembre, il fut exécuté. (Test le pas-
teur Lobstein qui le visita en prison et l'accompagna
jusqu'au bas de la guillotine.
REICHARD (Alexandre).
Avant 1789. Négociantépicier à Strasbourg.
31 décembre 1790. Membre de la Société des amis de la
Constitution.
7 février 1792. Avec elle à l'Auditoire.
31 octobre 1793. Imposé par Saint- Just et Lebas à 6000 livres
qu'il paie les 11 novembre 1793 et 2 août 1794.
1799. Juge au tribimal de commerce de Strasbourg.
REICHARD (Jean-Frédérig).
1789. Négociant, rue du Dix- Août, à Strasbourg.
26 février 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
7 février 1792. Avec elle à l'Auditoire.
12 mai 1793. Au Comité permanent de la huitième section
des électeurs de Strasbourg, il demande le bannisse-
ment de Schneider.
31 octobre — . Saint-Just et Lebas l'imposent à 30,000 livres.
D réclame.
21 novembre — . Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin
ordonne son arrestation.
4 décembre — . Ledit Comité réduit sa taxation à 10,000
livres, qui sont payées le 17 suivant.
13 — . Il est élargi du Séminaire.
17 janvier 1795. Officier municipal.
80 — . Membre du Comité de la Société populaire régénérée.
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 537
5 février — . Maintenu officier municipal sous le maire
Keppler.
1796. Administrateur municipal sous la présidence de
Démichel.
31 mars 1800. Notable sous Livio.
RIEHL (Jean-Geoffroy).
1780-1788. Licencié . Fiscal au bureau de police du Magistrat
de Strasbourg. Protocoliste der Obère Wacht-Herren.
26 mai 1790. Elu membre du district de Strasbourg.
8 juillet — . Le district, s'étant constitué, le nomma du
Directoire.
5 février 1791. Juge au tribunal du district, où il est main-
tenu en 1792.
3 octobre 1793. Destitué comme agent des ci-devant nobles,
attaché aux prêtres réfractaires.
14 — . n sera éloigné à vingt lieues des frontières de PAlsace
et tenu d'indiquer le lieu de sa nouvelle résidence.
31 — . Dénoncé au Comité de sûreté générale du Bas-Rhin,
comme ex-prévôt de Kûttolsheim, chef des révoltés
du district de Strasbourg. Il doit se trouver caché
chez Fix, commissaire permanent du canton; Clavel
est délégué pour Tarrêter.
27 novembre — . Audit Comité, on dénonce son retour dans
le Kochersberg, on le croit établi à Lyon. S'il y a
moyen, il sera arrêté et amené devant le Comité pour
être interrogé.
Il y avait aussi François-Antoine Riehl, dès 1779 chef de
la tribu des tailleurs, et, en 1788, membre du petit Sénat du
Magistrat de Strasbourg.
RŒDERER.
1789. Professeur au collège de médecine, à Strasbourg,
demeurant quai Saint-Nicolas.
15 mars 1790. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
11 novembre -*. Elu notable*
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528 REVUE DALSAOE
27 mars 1791. Il approuve rarrestation de Jaeglé, curé de
Saint-Laurent à Strasbourg, pour avoir provoqué un
attroupement et insulté Tévèque Brendel.
14 novembre — . Elu de nouveau notable.
7 février 1792. Il reste avec les feuillants à TAuditoire.
3 juillet —. Signataire de l'adresse de la municipalité à
TAssemblée nationale, demandant l'arrestation et la
condamnation des envahisseurs des Tuileries le 20
juin 1792.
31 octobre 1793. Qualifié d'officier de santé, Saint-Just et
Lebas Timposent à 12,000 livres, réglées les 5 et 9
novembre.
RŒDERER.
Avant 1789. Négociant, rue Brûlée, à Strasbourg.
8 août 1691. A l'élection tenue au chûteau, il est nommé
membre de l'administration du Bas-Rhin.
21 août 1792. Suspendu, puis révoqué de ces fonctions, pour
avoir refusé de retirer sa signature au bas de l'arrêté
interdisant les réunions des Sociétés politiques.
31 octobre 1793. Imposé par Saint-Just et Lebas à 30,000
livres, qu'il règle les 6 et 7 novembre.
Il était alors tanneur à Strasbourg.
ROLLÉ DE BAUDREVILLE.
Avant 1789. Capitaine en second de la 2* compagnie d'ou-
vriers d'artillerie à Strasbourg. Plus tard il prit le
commandement de la vaillante compagnie d'artilleurs
de la garde nationale de cette ville.
25 novembre 1789. Premier lieutenant-colonel du 1*' batail-
lon de volontaires du Bas-Rhin, que nous trouvons
tenant garnison à Landau, en 1792*
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution.
11 février — . Elle se transforme en celle des amis de la
Constitution.
14 novembre 1791. Elu notable sous Fréd. de Dietrich.
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 529
7 février 1792. Il est à TAuditoire avec les feuillants amis
(le la Constitution.
6 décembre — . De nouveau élu notable, Frôd. de Turcklieim
étant maire.
17 —. Délégué par la municipalité avec le pasteur Mathias
Engel, pour porter une adresse à la Convention natio-
nale demandant l'envoi de commissaires, qui auront
à s'assurer de l'esprit des Alsaciens et des Strasbour-
geoJs en particulier, que le général Coustàrd cherche
à dénaturer.
18 janvier 1793. Révoqué comme notable par Couturier,
Rûhl et Dentzel.
11 février — . Ces mémos commissaires de la Convention
enjoignent à la municipalité de l'expulser de la ville
dans le plus bref délai, sans qu'il puisse se retirer
dans les deux départements du Rhin et le pays de
Bitsche.
17 janvier 1795. Bailly le nomme otficier municipal, fonctions
qu'il occupa jusqu'en mars 1800.
ROUGET DE L'ISLE (Joseph).
10 mai 1760. Né à Lons-le-Saulnier (Jura).
1790. Lieutenant au corps royal du génie à Strasbourg.
1793. Capitaine audit corps. Go-rédacteur du journal poli-
tique et littéraii-e des Rives du Rhin.
5 avril 1792. Il composa la Marseillaise, qui fut chantée,
pour la première fois à Strasbourg, dans les salons
du maire Fréd. de Dietrich. Elle parut sous le titre :
Chant de guerre pour Varmée du Rhin, dédié au
maréchal Luckner. A Strasbourg, de l'imprimerie de
Ph.-J. Dannbach, imprhneur de la municipalité, in-4°,
oblong, 4 pages 'avec musique. »
Ce ne fut qu'après que les Marseillais l'eurent chan-
tée lors de leur entrée dans Paris, le 30 juillet 1792,
qu'elle prit le nom de Chant des Marseillais ou Mar-
seillaise.
Exécuté à Paris, le 14 octobre 1792, à la fête de la
NoavoUe Série — 6* Année. ''4
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530 REVUE D'ALSACE
victoire remportée par nos armées, ce chant fut popu-
laire à Strasbourg et remplaça le Ça-ira.
Lorsque, le 28 du même mois, on y célébrait la
même fête, la Marseillaise fut chantée par la foule sur
la place d'Armes et sous le tonnerre des canons de
la place.
Cette pièce remarquable ne le sauva pas de la pros-
cription. Enfermé sous le régime de la Terreur, il ne
dut sa liberté qu'à la chute de Robespierre, 27 juillet
1794.
Juin 1795. Il accompagna Tallien, qui avait pour mission de
s'opposer au débarquement des émigrés que les
Anglais jetaient sur les côtes de l'Ouest. Dans cette
campagne, il paya de sa personne et fut gravement
blessé à Quiberon.
De retour à Paris, il ne reçut aucun emploi, même
sous Napoléon I".
1825. Il publia la musique de cinquante chants français,
paroles de différents auteurs
RUMPLER (Joseph-Salomon).
Avant 1789. Licencié et greffier du bailliage de Dorlisheim,
résidant à Strasbourg de 1729 à 1789.
1790. Conseiller du Magistrat de la ville d'Obernai.
1792. Juge de paix du canton d'Ober-Ehnheim.
25 octobre 1793. En cette qualité, le Comité de sûreté
générale du Bas -Rhin ordonne son internement à
Besançon.
31 — . Saint-Just et Lebas l'imposent à 500 livres, réglées le
13 suivant.
26 mai 1794. La municipalité le fait enfermer au Séminaire,
comme aristocrate fanatique, dont l'arrestation avait
déjà été ordonnée par le Comité de sûreté générale
le 25 octobre 1793.
1797. Commissaire du Directoire exécutif de l'administra-
tion municipale du canton d'Obemai, intra muros.
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 581
SAINVAL.
1789. Acteur de la Comédie française à Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution.
11 février — . Elle devint celle des amis de la Constitution.
7 février 1792. Avec elle à TAuditoire.
SALTZMANN (Frédéric-Rodolphe).
Cousin et ami de FActuar Saltzmann. De la librairie acadé-
mique de Strasbourg, rue des Serruriers.
1789. Licencié en droit. Greffier delà Chambre des tutelles.
Secrétaire du Comité de la garde nationale.
10 août — . Avec Hervé, Lauth et autres, il alla à Barr pour
rafTaire des forêts revendiquées par Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution, dont il est le trésorier.
11 février — . Elle se transforme en celle des amis de la
Constitution, affiliée à colle de Paris.
17 juillet — . Il en est le vice-président.
11 novembre — . Elu notable du Conseil de la commune.
11 février 1791. Chargé de remettre aux commissaires du
roi, Foissey, Dumas et Hérault de Séchelles, un procès-
verbal de la municipalité de PfafTenhonen, constatant
que Mehl, curé de cette commune, a réuni des citoyens
catholiques pour leur faire signer des protestations
contre les décrets de l'Assemblée nationale.
14 novembre — . Elu officier municipal, chargé de la contri-
bution foncière des villages.
7 février 1792. Avec la Société des amis de la Constitution
il va à l'Auditoire du Temple-Neuf.
3 juillet — . Signataire de l'adresse de la municipalité à F As-
semblée nationale, demandant la poursuite et la
punition des auteurs de la journée du 20 juin
12 août — . Du Comité permanent du Conseil général de la
commune ; il engage les Strasbourgeois à la conser-
vation de la Constitution, dont le dépôt est entre les
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532 REVUE D'ALSACE
mains du roi Louis X Vl. Ce n'est qu'en la soutenant,
que la patrie peut être sauvée.
22 — . Pour avoir dit la vérité, il est destitué par Camot,
Prieur et Ritter.
2 novembre — . Membre du Conseil général du Bas-Rhin.
() — . Laveaux écrit au député Rûhl, à Paris :
Les gazettes allemandes avaient répandu à Strasboui^ le faux
bruit que les membres de la Convention ne pouvaient pas être
élus dans les administrations. Cette supercherie vient de Saltz-
mann ; c'est un grand coquin.
6 décembre — . De nouveau élu officier municipal.
18 janvier 1793. Révoqué par Couturier, Rûhl et Dentzel.
11 février — . Us enjoignent à la municipalité de le faire
sortir de la ville dans plus bref délai.
27 juillet — . De Paris, Laveaux mande aux sans-culottes de
Strasbourg :
N'espérez pas qu'un Saltzmann se corrige jamais, le serpent
meurt dans la peau. Si vous le réchauffez dans votre sein, il vous
perce le cœur. J'ose vous prédire que vous vous repentirez de
votre indulgence pour ce coquin qui a une àme de boue.
31 octobre — . Saint-Justet Lebas l'imposent à 60,000 livres.
Il quitte la ville.
5 novembre — Sa femme, née Mûller, verse à valoir 1915
livres.
2 décembre — . Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin
la met eu demeure de solder sa contribution dans les
vingt-quatre heures.
4 -. On accepte Tofïre de sa vaisselle d'argent, consistant
en deux grands et deux petits chandeliers, deux cafe-
tières, une saucière, une grande cuillère à ragoût et
six couverts, pour 4050 livres, plus quatre-vingt à
cent quintaux de foin; outre les 1915 livres déjà ver-
sés, moyennant tout cela, et 4000 livres, dont elle
rapportera quittance dans les vingt-quatre heures,
elle sera déchargée des 60,000 livres.
5 — . Elle verse 3600 livres pour solde.
26 mai 1794. La femme de l'émigré Saltzmann, ex-libraire,
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533 LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION'
la veuve Diebold, née Saltzmann, et M"* Saltzmann,
toutes deux sœurs de rémigré, sont mises en état
d'arrestation, et ne furent mises en liberté qu'à la
chute de Robespierre, trois mois après.
1" janvier 1791 . Il fonda et rédigea la Gazette de Strasbourg,
qui ne prit fin que le ^ décembre 1794.
l*' juin 1796. Il créa à Strasbourg le journal le Wdtbote, qui
parut, pour la dernière fois, le 15 décembre 1803.
Ces feuilles étaient écrites dans un esprit constitu-
tionnel modéré.
Plus tard, il prit la rédaction du Courrier du Bas-
Rhin et la conserva jusque dans les premières années
de la Restauration.
SAUGEROTTE,
rue des Prêtres, à Strasbourg.
Mars 1791. Il prête serment à la nouvelle Constitution fran-
çaise, et révoque Brendel le nomme vicaire épiscopal
de l'église cathédrale de Strasbourg, fonctions qu'il
occupa jusque fin 1792.
SAUM (Jean-Frédéric).
Avant 1789. Tanneur à Strasbourg.
1789. Membre du Comité de la garde nationale.
31 Mai 1790. Secrétaire de ce Comité.
11 Septembre — . Membre de la Société des amis de la Con-
stitution. U engage les citoyens de Metz à une fédé-
ration avec ceux de Nancy.
7 février 1792. Il suit la Société à l'Auditoire.
31 octobre 1793. Saint-JustetLebasl'imposent à 40,000 livres,
qu'il règle les 9, 11 et 14 novembre
10 juin 1794. Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin
informe celui près la Convention nationale qu'il a cru
devoir le faire arrêter provisoirement comme parent
de Jean-Daniel Saum.
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Ô^ REVUE DALSAGE
SAUM (Jean-Daniel), père.
Avant 1789. Banquier à Strasbourg.
8 février 1790. Elu officier municipal.
7 septembre — . Comme préposé de la tribu des marchands,
il offre à la Société des amis de la Constitution la salle
du Miroir pour les lectures, ce qui est accepté .
Il novembre — . Maintenu officier municipal.
26 février 1791 . Membre de la Société des amis de la Con-
stitution.
27 mars — . Il signe la mise en état d'arrestation de Jseglé,
ex-curé de Saint-Laurent, pour avoir propagé un
imprimé ayant pour titre : Monition et ordonnance du
cardinal de Rohan, ci-devant évêque de Strasbourg.
6 septembre — . Il approuve la délibération du corps muni-
cipal, flétrissant un écrit infâme, accusant le maire
Dietrich, Levrault et Noisette d'avoir envoyé mi émis-
saire à Ettenheim, pour attenter aux jours du cardi-
nal de Rohan.
14 novembre—. Il n'est point réélu.
7 février 1792. Il suit les amis de la Constitution à l'Audi-
toire et, le 27 juin, ils arrêtent de discontinuer les
séances et de fermer la salle .
22 août — . Carnot, Prieur et Ritter, ayant reformé le corps
municipal, le nomment provisoirement suppléant du
maire provisoire Lachausse, jusqu'à l'élection du 6
décembre, où il se retire.
18 janvier 1793. Couturier, Ruhl et Dentzel le font maire
de Strasbourg.
21 — . Il refuse cet honneur pour faire place à Monet.
31 octobre — . Saint- Just et I^ebas l'imposent à 80,000 livres,
qu'il paie les 6, 10 et 15 novembre.
21 novembre — . Il est arrêté et conduit au Séminaire.
6 décembre — . Sa famille ayant fait un don patriotique de
quatre flambeaux, un plat à barbe, une boite à savon-
nette, une éponge, un coquemart, un sucrier avec pin-
cette, un porte-huilier, deux salières, une cuillière à
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION &i5
soupe, une cuillière à ragoût, douze cuillères à bouche ,
six fourchettes, le tout en argent, et 1000 livres en
assignats, le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin
ordonne, le lendemain 7, sa mise en liberté.
9 juin 1794. Le Comité de surveillance révolutiqnnaîre le
fait de nouveau mettre en prison et conduire à Paris
par la gendarmerie, de brigade en brigade . Ses papiers
vérifiés furent déposés audit Comité, qui en donna
avis à celui de sûreté générale près la Convention
nationale, à la date du 10. La chute de Robespierre
suspendit les poursuites.
1798. Elu, pour Strasbourg, représentant aux assemblées
primaires du Bas-Rhin.
SAUM (Daniel), fils.
1789. Négociant, Grand'rue, à Strasbourg.
29 octobre 1790. Membre de la Société des amis de la Con-
stitution.
7 février 1792. Il est avec elle à l'Auditoire jusqu'au 27 juin,
jour de la fermeture de la salle des séances.
31 octobre 1793. Imposé par Saint-Just et Lebas à 6000
livres, qu'il paie les 23 novembre et 8 décembre.
9 juin 1794. Arrêté et conduit avec son père en prison à
Paris.
22 septembre — . Le Comité de surveillance révolutionnaire
de Strasbourg informe celui de la Convention natio-
nale que Saum fils serait dans le cas d'être traduit au
tribunal criminel du Bas-Rhin, à moins que Paris
n'en ordonne autrement. La chute de Robespierre
trancha la question.
17 janvier 1795. Officier municipal sous le nouveau maire
Michel Mathieu et, le 5 février, sous Keppler.
1798-1799. Juge ordinaire au tribunal de commerce de
Strasbourg.
31 mars 1800. Notable, E. de Livio étant maire.
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336 REVUE D'ALSACE
SCILEFFER (L.).
1789. Greffier de la seigneurie de Barr.
26 février 1791 . Membre de la Société des amis de la Consti-
tution qu'il suit, le 7 février 1792, à l'Auditoire.
22 août 1792. Adjoint au maire provisoire Lachausse.
25 nsvembre 1793. Comme trésorier du district de Barr. le
Comité de sûreté générale du Bas-Rhin lui refuse son
certificat de civisme.
6 décembre — . Il lui est accordé.
SCHERTZ (Jean-George).
Avant 1789. Négociant, rue des Serruriers, à Strasbourg.
Membre du corps des marchands.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution, transformée, dès le 11 février, en celle des amis
de la Constitution.
Dans le courant de 1790, il s'occupa beaucoup de la
question d'établir à Strasbourg un entrepôt réel ou
port franc.
11 novembre — . Après lecture de son mémoire sur la ma-
tière, la Société des amis de la Constitution décide, à
l'unanimité, d'envoyer une adresse à l'Assemblée
nationale pour la prier d'accorder un port franc à la
ville de Strasbourg.
9 mars 1791. Vice-président de cette Société. Il rédige une
adresse à ses membres correspondants, et particuliè-
rement aux électeurs du Bas-Rhin, pour leur annon-
cer cpie des fourbes ont eu l'impudence de répandre
dans la campagne un certain catéchisme, dans lequel
les saintes vérités de la religion chrétienne sont tra-
vesties, ridiculisées et remplacées parles principes
les plus impies.
16 — . Juge au tribunal de commerce à Strasbourg.
8 août—. A l'élection tenue au Château, il est nommé
membre du Conseil d'administration du département
du Bas-Rhin.
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 537
7 février 1792. Il est à FAuditoire avec les amis de la Con-
stitution.
21 août — . Suspendu de ses fonctions.
4 janvier 1793. Juge au tribunal de commerce de Strasbourg.
11 février — . Couturier et Dentzel ordonnent à la munici-
palité de lui signifier d'être plus circonspect à Pavenir,
et de baisser devant la loi un front respectueux.
31 octobre—. Saint-Just et Lebas l'imposent à 22,000 livres,
qu'il paie les 7 et 9 novembre.
21 novembre — . Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin
le fait enfermer au Séminaire.
2 septembre 1794. Aux jacobins. Tisserand le signale comme
premier chef du parti Dietrich. Peu après il est mis
en liberté.
17 janvier 1795. Bailly le nomme au Conseil général de l'ad-
ministration du district de Strasbourg, et juge au tri-
bunal de commerce de cette ville.
SCHOTT (Chrétien).
1789. Brasseur au Griffon, à Strasbourg.
7 février 1790. Proposé pour la municipalité.
18 janvier 1793. Couturier, Rûhl et Dentzel le nomment
officier municipal.
21 —. Il refuse; le chirurgien baigneur Raeserle remplace.
3 novembre — . Condamné à 25,000 livres qu'il verse à la
caisse de la trésorerie révolutionnaire.
SCHWEIGHiEUSSER (Jean).
25 juin 1742. Né à Strasbourg, fils de Jean-Georges Schweig-
hœusser, pasteur à Saint-Thomas.
1770. Professeur-adjoint de logique et de métaphysique à
l'Université de Strasbourg.
1778. Professeur des langues grecque et orientales ৠcette
Université, dont il était recteur et doyen en 1792.
L'un des seize chanoines de Saint-Thomas.
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538 REVUE D*ALSACE
15 janvier 1790. Fondateur de la Société de la révolution,
transformée, le 11 février, en celle des amis de la Con-
stitution, affiliée à la Société de Paris.
8 février — . Proposé pour la nouvelle municipalité.
11 novembre — . Elu notable de la commune.
27 mars 1791. En cette qualité, il signe la délibération de la
municipalité, ordonnant l'arrestation de Jaeglé, curé
de la paroisse de Saint-Laurent, et la saisie de Tim-
primé : Monition et ordonnance du cardinal deRohan,
lequel donna lieu à l'attroupement de la veille, lorsque
révêque constitutionnel Brendel se présenta à la
cathédrale.
14 novembre — . De nouveau élu notable.
7 février 1792. Il suit les amis de la Constitution à l'Audi-
toire du Temple-Neuf.
3 juillet — . Signataire de l'adresse de la municipalité à
l'Assemblée nationale, demandant la poursuite et la
condamnation des auteurs des troubles du 20 juin.
12 août — . Membre du Comité permanent au Conseil
général de la commune. Il conjure ses concitoyens
de soutenir et maintenir la nouvelle Constitution :
Nous ne faisons pas grâce au pouvoir exécutif de ses fautes;
mais anéantir, dans ce moment de crise, le dépôt entre les mains,
de Louis XVI, sérail en livrer la conquête au choc des partis.
6 décembre — Maintenu notable.
18 janvier 1793. U est suspendu.
!•' avril — . Secrétaire du Comité central des douze sections
de Strasbourg.
Il rédige l'adresse lue à la barre de la Convention
nationale par les trois délégués, et de laquelle il res-
sort que tous les malheurs qui ont frappé Strasbourg
depuis dix-huit mois, sont dus à Laveaux, Schneider,
Monet et Louis.
2 novembre — . Lui et sa famille figurent sur une liste de
deux cent quarante-huit suspects, dressée par le Co-
mité de sûreté générale du Bas-Rhin.
9 mars 1791. Rivage informe Monet qu'il a remboursé au
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 539
feuillant, très feuillant professeur Schweighaeusser
6000 livres, et cela parce que sa chère femme, la mus-
cadine, avait bénignement refusé de recevoir les inté-
rêts de ce capital, en belle et bonne monnaie nationale
(c'est-à-dire en assignats).
25 mai—. Il figure de nouveau sur la liste des suspects,
dressée par le Comité de surveillance des jacobins.
Quelques jours après, il est conduit au Séminaire,
pour n'en sortir qu'après la chute de la Terreur et de
Robespierre .
17 janvier 1795. Le représentant Bailly le nomme notable
du Conseil de la commune.
25 février — . L'école centrale du Bas-Rhin ayant été orga-
nisée par la Convention nationale, il fut nommé pro-
fesseur de langues anciennes.
22 avril 1796. Membre du jury d'instruction.
18 janvier 1830. Décédé.
SGOTTI
(d'origine italienne).
Avant 1789. Négociant à Strasbourg.
1790. Proposé pour la nouvelle municipalité.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution devenue, dès le 1 1 février, celle des amis de la
Constitution.
7 février 1792. Avec elle à l'Auditoire.
SILBERRAD (Jérémie-Eberhard),
ex-sénateur, homme de loi, rue des Serruriers.
8 février 1790. Proposé pour la municipalité.
Mars 1791 . Membre de la Société des amis de la Consti-
tution .
7 février 1792 II est à l'Auditoire.
.31 octobre 1793. Imposé par Saint-Just et Lebas à 20,000
livres, qu'il paie le 6 novembre suivant.
1797-1800. Juge au tribunal civil de Strasbourg.
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540 REVUE D'ALSACE
SPIELMANN (Gharles-F.).
1789. Pharmacien, place de la Cathédrale, à Strasbourg.
26 février 1 791 . Membre de la Société des amis de la Cion-
stitution.
7 février 1792. Il est avec elle à F Auditoire du Temple-Neuf,
jusqu'au jour de la fermeture de la salle.
12 mai 1793. Membre du Comité permanent de la huitième
section, il demande aux délégués de la Convention
nationale à Strasbourg le bannissement de Schnei-
der.
31 octobre — . Imposé par Saint-Just et Lebas à 20,000 livres,
réglées les 5 et 7 novembre.
29 novembre— . Conduit au Séminaire.
3 décembre — . Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin
refuse sa demande de pouvoir sortir de prison pour
surveiller sa pharmacie.
6 — . n réclame de nouveau.
7 — . On lui accorde provisoirement de se rendre à sa phar-
macie, pandant le jour, accompagné d'un planton;
mais il devra rentrer au Séminaire à 6 heures du soir.
Il réclame la levée du planton.
17 — . On arrête qu'il ne lui sera pas retiré.
23 — . On délibérera à la prochaine séance s'il sera délivré
du planton.
25 —. Il en est exempté.
SPIELMANN (Jean-Jacob).
1789. Médecin des enfants trouvés, rue du Puits.
1789-1792. Professeur de pathologie et de clinique à l'Uni-
versité de Strasbourg.
8 février 1790. Proposé pour la municipalité.
31 octobre 1793. Imposé par Saînt-Just et Lebas à 25,000
livres, réglées les 5 et 7 novembre.
1804. Professeur à la Faculté de médecine, médecin des
orphelins et enfants trouvés à Strasbourg.
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 541
STUBER (Jean-Frédéric),
relieur et marchand de musique, Marché-aux-Poissons, 77,
à Strasbourg.
6 juin 1792. C'est chez lui qu'on s'abonnait au journal
VArgos, rédigé par Schneider et Butenschœn.
12 mai 1793 Membre de la sixième section de la ville, il
signe une dénonciation contre Schneider, à la suite
de laquelle la déportation de ce dernier est demandée
à la Convention nationale.
4 juin — . Schneider relève l'accusation.
2 novembre — . Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin
le porte comme suspect. Peu de jours après, il est
arrêté et mis au Séminaire.
19 décembre — . H en sort de nouveau par ordre du même
Comité.
TEUTSGH (Georges).
1789. Aubergiste à to Lanterne.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution, transformée, dès le 11 février suivant, en ceUe
des amis de la Constitution.
7 février 1792. Il est avec elle à l'Auditoire.
17 janvier 1795. Bailly le nomme juge au bureau de conci-
liation près le tribunal du district de Strasbourg.
20 — . Il siège dans l'affaire Cajetan Mondelly, négociant à
Strasbourg, qui réclame à la veuve de Jean Ehrlen-
holz, sellier, une voiture confiée à feu son mari. Elle
déclare que cette voiture a été enlevée par ordre du
représentant Baudot, et, quand le portier de la maison
Flachslanden, où elle était remisée, demanda de quel
droit on s'en emparait, il eut pour réponse que cela
ne le regardait pas, que c'était pour le service de la
Nation, à laquelle tout appartenait
1798. Elu pour Strasbourg représentant aux assemblées
primaires du Bas-Rhin.
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542 REVUE D'ALSACE
THOMASSIN (Michel).
Avant 1789. Huissier royal, place Saint-Thomas, 2, à Stras-
bourg.
1789. Avocat, puis greffier titulaire à l'Hôtel des Monnaies
et finalement commis à Tintendance.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution et, dès le 11 février, de celle des amis la Con-
stitution.
8 — . Elu officier municipal.
11 novembre — . De nouveau élu. Envoyé en députation à
Paris, pour y défendre les intérêts du commerce de
Strasbourg.
30— . On donne à ladite Société lecture d'une de ses lettres,
laissant espérer que l'Assemblée nationale rendra
libre la culture et la fabrication du tabac en Alsace.
21 décembre— . Dans une seconde lettre, il fait connaître
que le pouvoir législatif a décerne des éloges à la
Société de Strasbourg, au sujet de sa conduite dans
l'affaire de l'évèque du Bas-Rhin, et qu'il l'engage à
continuer avec la même persévérance ses travaux
patriotiques. Il fait encore part que le directeur des
douanes Magnier sera blâmé par le Comité du com-
merce de l'Assemblée nationale, et que les droits
d'entrée et de sortie des marchandises resteront main-
tenus pour le commerce de Strasbourg, jusqu'à ce que
l'Assemblée en ait décidé autrement ; ceux inégale-
ment perçus seront remboursés.
27 mars 1791. Avec ses collègues de la municipalité, il
ordonne l'arrestation de Jaeglé, curé de Saint- Laurent.
30 avril— . Président du Comité de correspondance delà
Société des amis de la Constitution. Il félicite celle
nouvellement créée à Saverne et termine sa lettre en
lui disant :
Nous sommes désormais, frères et amis, unis à vous par les liens
indivisibles de ramitié, de la fraternité et de Tamonr du bien
public.
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION 543
6 septembre — . Avec la municipalité, il proteste contre la
lâche accusation publiée contre Dietrich, Levrault et
Noisette, d'avoir été les instigateurs d'une tentative
d'assassinat contre le cardinal de Rohan .
14 novembre — Elu notable ; il logeait alors près de l'église
de Saint-Pierre-le-Jeune, dont il était préposé laïc de
la paroisse. Dans cette même année, il est nommé
directeur de la régie nationale de Tenregistremeiit à
Strasbourg.
7 février 1792. Avec les amis de la Constitution, il quitte le
Miroir pour aller à l'Auditoire.
27 avril — . Il y prononce un discours éloquent et patrio-
tique, et dépose sur le bureau un bon nombre de
pièces d'or pour contribuer aux frais de la guerre.
3 juillet — . Signataire de l'adresse de la municipalité à
FAssemblée nationale, demandant la poursuite et la
punition des auteurs de la journée du 20 juin.
9 août — . On l'a toujours considéré comme le rédacteur
de l'adresse envoyée au roi par la municipalité de
Strasbourg, laquelle, au lieu d'être remise au prési-
dent de l'Assemblée nationale avec celle destinée aux
législateurs, tomba entre les mains du député Rûhl,
qui n'en fit aucun usage.
22 — . Maintenu notable par Camot, Prieur et Ritter.
2 septembre — . Délégué par la sixième section de la ville
pour assister, à Haguenau, à l'élection des députés à
la Convention nationale. Il a brigué la présidence du
du bureau. C'est l'évêque Brendel qui l'a emporté ;
mais, quand il s'est agi de nommer les deux députés
suppléants, c'est lui et Noisette qui furent élus à une
forte majorité ; seulement ils n'ont jamais siégé à la
Convention.
6 décembre — . Elu, pour la dernière fois, notable de la
commune.
18 janvier 1793. Il est suspendu provisoirement comme
notable, sans pouvoir être réélu, jusqu'à ce que la
Convention nationale en ait autrement prononcée.
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544 REVUE D* ALSACE
28 — . Révoqué directeur de la régie de renregistremeïit et
déporté, de Strasbourg, à dix lieues des frontières. Il
se retira à Rothau et fut remplacé par Laveaux.
20 février — -. Bentabole, en apprenant cette nouvelle, écrit
aussitôt à Monet :
Je viens d'apprendre que les commissaires, renforcés par les
deux nouveaux arrivés, avaient enûn pris un parti décisif vis^-
vis de Tlioroassin et adhérents, non seulement en destituant celui-
ci. mais en expulsant de Strasbourg toute cette séquelle. J'en
suis enchanté et j'y applaudis, ainsi qu'à la nomination de
Laveaux.
7 mars — . Témoin à décharge, à Besançon, dans l'affaire
du maire Dietrich.
17 —. Il est à Paris et se présente à la barre de la Conven-
tion nationale, pour réclamer contre les destitutions
et déportations faites à Strasbourg. Il cherche à prou-
î ver que, dans cette circonstance, les représentants
Dentzel et Couturier ont outrepassé leurs pouvoirs.
Ils ont destitué un père de famille des fonctions d'ac-
cusateur public pour les donner à un prêtre allemand,
depuis dix-huit mois seulement dans le pays, et, sau-
riez-vous croire que le premier magistrat d'une ville
• aussi importante que Strasbourg, le maire, est un
jeune Savoyard d'à peine vingt-cinq ans, qui n'a pas
même l'âge voulu par la loi.
Appuyé dans sa démarche par la pétition présentée
en même temps à la Convention par Liebich et Lauth,
au nom des douze sections de Strasbourg, ayant de
plus le concoui*s assuré du vieux député Rûhl, qui
approuvait l'adresse et partageait entièrement les
idées que fit valoir Thomassin, la Convention donna
à ce dernier pour un moment gain de cause, en
ordonnant le retour des déportés, le renvoi des fonc-
tionnaires nouvellement nommés par Couturier et
Dentzel, et le rappel à Paris de ces derniers.
3 avril — . Teterel et Kienlin se présentent à la Convention,
j au nom de la commune, et demandent le rapport des
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I
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I.KS HOMMES DE LA RÉVOLT^TION 545
décrets des 17 mars et 1" avril 1793, disant que le
sang était prêt à couler à Strasbourg, si les mesures
qu'ils proposaient n'étaient point adoptées, ajoutant :
l/Assemblée doit soutenir ceux qui ont actuellement le dessus
par les soins de Couturier et de Denlzel.
De ce moment, il s'en suivit un tiraillement à la
Chambre entre les deux partis, et c'est celui des sec-
tions et de Thomassin qui succomba.
7 juin — . A la réunion privée des trois corps administratifs,
son incarcération au Séminaii'e fut décidée et, à cette
occasion, Schneider dépose les faits suivants :
Thomassin, qui appartient à ma section, était, avant 1789,
huissier, puis avocat et flnalement employé à Tlntendance. Au
commencement de la révolution, après avoir été zélé patriote,
ennemi juré du parti clérical, il changea d'allure et devint Tan-
tagoniste le plus acharné de la Société populaire qu'il avait aidé
à fonder. Gratuitement il accorda aux prêtres l'église des Petits
Capucins à Strasbourg.
Serviteur dévoué de Dietrich, il aurait bien voulu amener le
Conseil à déclarer par un vote que la municipalité n'a aucune
part aux plaintes envoyées à Paris au ministre Roland, contre
l'ancien maire, et, quand un notable s'opposa à ce vote, Thomas-
sin tomba dans une telle fureur que l'opposant courut la chance
d'être étranglé ou de sauter par la fenêtre. C'est lui qui rédigea
la pétition demandant la suppression des Sociétés populaires.
Défenseur de l'adresse du 9 août 1792, qui menaçait de briser
les liens qui rattachent Strasbourg à la France, si l'on enlevait au
tyran la moindre partie de ses droits.
A la municipalité, il s'opposa, les i3 et 14 suivant, à la
déchéance du roi Louis XVI, et à l'appel d'une nouvelle Conven-
tion, qui ne peut germer que dans la tête des factieux. Il refusa
de reconnaître les pouvoirs des commissaires Carnot, Prieur et
Ritter, qui étaient en route de Paris ; comme un exalté il parcou-
rait la mairie, disant en présence de Dietrich, Laurent, May no et
de moi-même : « Non! Strasbourg doit tenir ferme. On voit main-
tenant que les feuillants avaient raison, quand ils demandaient
la Constitution et l'entière Constitution. >
11 eût été heureux de faire nommer Dietrich à la députation,
et proposa à Haguenau d'admettre au scrutin de vote tout électeur,
quand même il n'aurait pas prêté le serment exigé.
Roland et Clavière, qui attendent leur jugement, furent ses
protecteurs.
C'est pour toutes ces raisons qu'il fut suspendu deux fois.
Nouvelle Série — fi* Année •^•^>
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546 REVUE d'alsack
14 octobre — . Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin
ordonne qu'il sera gardé à vue à Rothau.
24 avril 1794 La Convention nationale demande à la Société
populaire de Strasbourg des renseignements sur les
députés suppléants du Bas-Rhin, une place vacante
étant à remplir. On répond : Thomassin est émigré
et les deux autres en prison.
1798. Directeur delà régie des domaines, fonctions qpi'il
occupa sous TEmpire et la Restauration.
26 mars 1802. Membre du Conseil général du Bas-Rhin.
Il est mort dans sa propriété, rue des Veaux, ancien
no 18, à Strasbourg.
THOMASSIN.
1789. Chirurgien-major au régiment d'Artois cavalerie à
Strasbourg.
15 janvier 1790. Membre fondateur de la Société de la révo-
lution, devenue, dès le 11 février, celle des amis de la
Constitution.
TISSERAND (D.-F.).
1789. Employé à la loterie de Strasbourg.
31 janvier 1791. Membre de la Société des amis de la Con-
stitution. Second commis à la comptabilité du Direc-
toire du Bas-Rhin.
7 février 1792. Il est à l'Auditoire avec les amis de la Consti-
tution, jusqu'au jour de la fermeture de la salle, le
27 juin suivant.
18 avril 1793. Nestlin, dans sa dénonciation aux jacobins,
ajoute en post-scriptum :
Il faut que je vous remarque que le frère de Tisserand loge
depuis quelques jours chez son frère du Conseil général, dont j'ai
longtemps demandé la suspension.
TREUTTEL (Jean-Georges).
Avant 1789. Imprimeur-libraire, Grand'rue, à Strasbourg,
plus tard, rue des Serruriers.
8 février 1790. Proposé pour la municipalité.
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LES HOMMES DR LA RÉVOLUTION 547
1791 . Editeur du Courrier politique et littéraire des deux
nations, rédigé par Laveaux.
31 mars 1791. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution. Il lui fait hommage de plusieurs exemplaires
de récrit : Sur la Constitution civile du clergé, par
Charrier de la Roche.
7 février 1792. Avec les feuillants, il est à TAuditoire jusqu'à
la fermeture de la salle, au 27 juin suivant.
18 janvier 1793. Couturier, Riihl et Dentzel le nomment
notable.
3 octobre — . Destitué comme aristocrate par Guyardin et
Milhaud.
14 ->. Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin ordonne
son éloignement à vingt lieues des frontières d'Al-
sace; il sera tenu d'indiquer sa résidence.
31 — . Imposé par Saint-Jus t et Lebas à 100,000 livres. Il fit
offrir par son beau-frère et associé Wûrtz les 10,000
livres que renfermait sa caisse, espérant qu'après
vérification de sa fortune par une Commission à
nommer, il obtiendrait décharge des autres 90,000
livres; mais Schneider s'y opposa avec acharnement.
7 novembre — . Il verse 10,000 et le 11, 8600 livres à valoir,
12 — . Ses papiers sont mis sous scellés.
15 — . Les scellés sont levés et aucun objet suspect n'est
trouvé. Le Comité de sûreté générale arrête qu'en
considération de son égoïsme et de son peu de zèle
pour la révolution, si, dans le délai de trois jours, il
n'a pas satisfait à sa contribution, sa famille et notam-
ment sa femme seront mises en arrestation.
21 — . La famille est arrêtée.
22— . Il réclame. Le Comité passe outre.
25 — . n insiste de nouveau. On décide qu'il paiera la con-
tribution entière, en lui accordant, pour dernier délai,
le 1«' décembre prochain.
28 — .Le Comité rejette ses nouvelles réclamations. Le
même jour il fait un troisième versement de 28,000
livres, soit en tout 46,600 livres.
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548 REVUE d'alsace
Treuttel en était là, lorsque, pour comble dlnfor-
tune, son associé Wûrtz fut aussi mis en prison.
Pendant six mois la librairie et nmprimerie furent
sans chef et à l'abandon.
5 décembre — . Les représentants Hentz et Goujon, étant
arrivés, ordonnèrent, quelque temps après, la rentrée
du solde dû sur l'emprunt du 31 octobre 1793.
23 juillet 1794. Lh Directoire du district de Strasbourg en-
joint aux officiers municipaux d'encaisser, sous leur
responsabilité personnelle et individuelle, dans le
délai de huit jours, les 4,798,337 livres restant à verser
sur 10,600,000 livres décrétées par Saint-Just et Lebas.
31 — .En conséquence, Treuttel fut touché de l'avis suivant :
Voici deux jours que les riches soumis à la taxe révolutionnaire
imposée par les représentants du peuple ont été sommés d'en
achever le paiement, en vertu de Tarrété des représentants du
peuple Hentz et Goujon; tu n'y as point satisfait; la décade écou-
lée, il sera pris contre toi les mesures portées par Tarrêté des
représentants du peuple.
Août 1794. La chute de Robespierre et l'arrivée du repré-
sentant Foussdoire, mirent à leur aise les cent quatre-
vingt-douze contribuables, qui devaient fournir ce
complément.
6 septembre — . Treuttel réclame auprès de la Convention
nationale la restitution des 100.000 livres, auxquelles
il a été taxé par Saint-Just et Lebas ;
Somme à laquelle, dit-il, se serait à peine élevée toute sa pro-
priété, en estimant même la valeur qu'avaient, avant la révolution,
ses marchandises de librairie, qui sont devenues immobiles dans
ses magasins.
Sa réclamation, comme tant d'autres, resta dans les
archives de la Convention.
Etienne Barth.
(La smU a la prochaine livraison.)
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DEUX LEHRES INEDITES DU PASTEUR OBERLIN
\ LA
BIBLIOTHÈQUE DE NANCY
Strasbourg, 9 Bmmuire, Tan 4 de la Rép. u. ind.
Cit. représentant,
J'ai reçu avec bien de la reconnaissance le très intéressant
rapport de votre collègue sur la navigation. Il m'a fait le
plus sensible plaisir. Puisse la législature être plus heureuse
que la Convention n'a été. Puisse-t-elle s'occuper de pareils
objets salutaire;), plus que de prétendre à prouTer par nos
malheurs, que les François sont les Dominateurs de la terre l
Auriez-vous cru que Monet et Teterel, les deux cruels
tyrans de Strasbourg, qui ont renversé tous les établissements
d'instruction, enfermé la moitié de nos citoyens, dévasté les
monuments, fait briser les monuments de la cathédrale,
osassent jamais se montrer de nouveau chez nous! Eh bien!
ils Tiennent d'arriver dans l'espérance, dit-on, d'être replacés
par le pouvoir exécutif.
Au nom de Dieu ! parlez-en au citoyen Bailly, auquel je
vou^prie de présenter mes respects; délivrez-nous de cette
engeance.
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550 REVUE D* ALSACE
J'o8€ VOUS recommander les jeunes gens qui reviennent
de la caplivilé et qui sont en état d'instruire. C'est pour cet
objet quMI faut les mettre en réquisition, si l'on vent sérieu-
sement que la barbarie ne fasse d'ultérieurs progrès. Il fiiut
des instituteurs si Ton veut que la jeunesse apprenne. Et si
les jeunes gens dont je vous parle, ne sont employés bientôt
de cette manière, ils oublieront eux-mêmes ce qu'ils ont
appris et ne seront plus bons à rien. Adieu, cher Grégoire,
je vous embrasse, je ne plaide pas seulement la cause de mon
fils unique, mais celle de la littérature, de l'enseignement, de
l'instruction. Nous avons vandalisé assez longtemps.
Adieu, Oberlin.
.Va citoyen Grégoibb, député à la Législature.
II
Strasbourg, ce iS frimaire an XI.
A la fin, citoyen Législateur ', je me vois en élat de répondre
à votre honorable invitation. J'étois absent, lorsque M. votre
fils (si je ne me trompe) remit chez moi le paquet contenant
le discours que vous prononçâtes à la fête de l'inauguration
du buste du premier Consul, célébrée par la Société que vous
présidez, et le procès-verbal de mon aggrégation. Revenu sur
la fin de Vendémiaire, d'une excursion faite en Allemagne,
je tombai malade; je sors enfin de cette crise et je me hftte
de vous témoigner toute ma reconnaissance pour l'honneur
que me fait la Société libre de Nancy. Je tâcherai de m'en
rendre digne par la suite. Veuillez, Monsieur, présenter mes
respectueux hommages à la Société et agréer l'assurance
de mon parfait dévouement,
Oberlin.
' Le citoyen Mollevaul?
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DEUX LETTRES INÉDITES 551
La bibliothèque de Nancy possède également une d3 ces maximes
imprimées que le pasteur Oberlin aimait tant à distribuer (0,10 sur 0,08).
La date et les initiales sont seules de sa main :
UNE
CHOSE EST NÉCESSAIRE.
MARIE
A
CHOISI LA BONNE PART
ET
ET.T.K
NE
LUI SERA POINT OTÉE.
LVC X
Au verso : Cit. F. G, et Mad. Bern
B. m. a. ^ 1808, août 23.
((Jommunication de M. A. Benoit.)
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
L'ancienne Alsace à table. — Etude historique et archéologique
sur l'alimentation, les mœurs et les usages épulaires de rancienne pro-
vince d'Alsace, par Charles Gérard, avocat à la Cour d'appel de
Colmar et ensuite de Nancy. — 2« édition.— Paris. Berger-LevrauU et
C«, éditeurs, 5, rue des Beaux-Arts, 1877. 1 vol. gr. in-S^ de vi-362 p.
— Se trouve aussi dans les principales librairies d'Alsace-Lorraine,
notamment chez MM. Noiricl à Stra^ourg et Eug. Barth ù Colmar. —
Prix : 8 francs.
Quand ce livre arrivait au jour, son auteur descendait dans
la tombe, victime, lui aussi^ comme tant d'autres, de Tannexion
de l'Alsace à l'Allemagne. La Eevue doit à cette belle intelli-
gence des regrets, dont l'expression ne saurait s'élever à la
hauteur de l'affliction que cette mort lui inflige. C'est dans la
Berne que parurent, du commencement de l'année 1853 jus-
qu'à, la fin de l'année 1859, les onze chapitres qui forment,
non la deuxième, mais la troisième édition d'un travail con-
sidérable consacré à l'une des faces les plus intéressantes de
la vie alsacienne. Le directeur de la Bévue a assisté à toutes
les phases de ce laborieux et brillant enfantement. Il en
connaît les douleurs et les joies, parce qu'il les a partagées
avec celui qui n'est plus. Elles sont dissimulées tout entières
dans l'interruption du travail pondant les quatre années qui
séparent l'année 1858, oii parut le premier chapitre, de l'année
1858 de la Bévue, où parut le second, pour continuer alors,
sans relâche, jusqu'à la fin de la course, que l'auteur jugea
suffisamment longue, mais qu'il aurait pu continuer quelque
temps encore.
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE 558
Nous nous expliquons en laissant parler Gérard lui-môme :
« L'art de nourrir le genre humain est un art louable et
son histoire ne mérite point les dédains que les hommes graves
affectent d'avoir pour ce sujet. 0 penseurs éthérés! que vous
auriez raison d'être si superbes, si vous ne viviez que dans
les pures régions de l'idéal ! 0 hommes austères ! que vos
mépris seraient édifiants, si vous consentiez à ne pas dîner
ou si, tout au moins, je pouvais me persuader que votre nature
contemplative préfère une collation frugale à un dîner savant
et bien ordonné! Quand je vous verrai cette force d'âme^ je
croirai que le spectacle des variations de la philosophie, des
religions et des empires, vous séduit autant que le tableau des
variations de l'art culinaire. Quand je vous verrai tirer de la
cendre de votre foyer la racine qui a fait la gloire de Curius
Dentatus, je conviendrai que la vertu vous soutient plus que
la bonne chère. Mais, tant que vous me paraîtrez plus friands
des œuvres de Véry que de celles de Leibnitz, et que vous
savourerez plus doctement les morceaux délicats inventés par
Carême, que les morceaux oratoires de Cicéron et de Bossuet,
permettez -moi, 6 hommes graves, de croire qu'il ne vous
déplaît point de jeter, à la dérobée, un regard curieux sur ces
feuilles qui sont ta meilleure part de l'histoire de nos pères.
Rien ne vous empêchera, après les avoir lues, de vous croire
toujours aussi graves que devant. »
Puis il ajoute : « Reprenons notre sujet au point oh nous
l'avons laissé », et il le reprend par le pâté de foie gras pour
le conduire, désormais sans entrave morale, à travers les
mille ressources culinaires dont les recherches et l'étude lui
ont dévoilé l'emploi ; il le reprend à la satisfaction des hommes
graves qui l'avaient un moment fait hésiter ; il le reprend
avec amour et prouve que la vie vulgaire est une mine féconde
en enseignements de tous les genres, que l'alimentation en
est une des faces intéressantes, quand un esprit comme le
sien ne dédaigne pas de l'étudier et d'en mettre en relief les
originalités; il le reprend enfin pour donner à notre littéra-
ture alsacienne, presque sans le voir, un de ses monuments
les plus appréciés et les plus dignes de l'être.
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554 REVUE d'alsâce
Mais il n'y a pas que V ancienne Alsace à table qui fera vivre
la mémoire de cette intelligence d'élite. Ses Artistes (2 vol.)
et sa Faune historique de V Alsace (1 vol.) sont des œuvres
d'initiation du plus grand mérite. On voudrait les voir dans
la main de tous les jeunes hommes qui aiment leur pays; elles
les conduiraient dans les voies locales de l'étude et de la
science, et susciteraient de nouveaux ouvriers à la vie intel-
lectuelle de l'Alsace, pour remplacer les anciens, dont la
mort ne cesse de décimer les rangs.
Nous n'ajouterons plus rien, car il ne s'agit que de biblio-
graphie. Un ami, un confrère de M. Gérard nous parlera pro-
chainement de cette personnalité distinguée, dans le monde
littéraire comme au barreau de l'Alsace.
Dictionnaire topographique de la Haute-Alsaoe, contenant
les noms de lieux anciens et nouveaux, publié sous les auspices de
la Société industrielle de MiUhmise, par M. George Stoffel. — 2« édi-
tion. — Mulhouse, imprimerie V« Bader et C«, 1877. 1 vol. in-4« de
xLvn-691 p. — Chez Eug. Barth, libraire à Colmar, et dans les princi-
pales librairies d'Alsace. — Prix : fr. 22.50.
Voici un livre dont il serait embarrassant de parler, si Ton
n'était pas décidé à en dire tout le bien que l'on pense. Ce
livre ne saurait couvenir aux personnes qui n'achètent ou
n'empruntent « des bouquins » — c'est le terme familier à
cette catégorie de lettrés — que pour amuser l'esprit et tuer
le temps, en attendant que celui-ci prenne sa revanche. Non,
ce livre n'a rien à démêler avec la littérature courante ; il
procède d'une source différente, il est d'une autre famille.
Nous ne risquons même pas d'être contredit en écrivant qu'il
est unique dans son genre. Le Haut-Rhin a la bonne fortune
de lui avoir donné le jour et d'en être exclusivement l'objet.
Sa genèse même intéresse l'histoire littéraire du pays.
Eu l'année 1835, un jeune homme des environs de Colmar
débute dans la vie par son entrée dans l'administration dépar-
tementale. Doué, au plus haut degré, du sentiment de la curio-
sité, il rencontre dans les pièces qui passent entre ses mains
des noms bizarres, des appellations singulières, que de jeunes
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE 555
intelligences retiennent, mais dont les esprits paresseux ou
indifférents ne cherchent pas à se rendre compte. Sans autre
guide que sa perspicacité native, M. Stoffel recueille pour lui
seul ces bizarreries, ces noms hétéroclites, ces appellations
singulières. Il pressentait que, s ous ces particularités latines,
franco -romanes, gallo-teutonnes, il y avait quelque chose
d'inconnu à découvrir, et son ardeur grandissait en propor-
tion de Fabondance de la récolte qu'il opérait chaque jour.On
ne se livre pas à un labeur de cette nature sans que, de temps
à autre, un rayon de lumière ne vienne éclairer la besogne
faite, stimuler l'intelligence et la guider pour la besogne qui
reste à faire. Deux années écoulées dans ce travail personnel
et silencieux avaient quelque peu étendu l'horizon du curieux,
du chercheur, du pionnier de la science.
Il s'en ouvrit à quelques amis qui étaient en situation de
favoriser efficacement ses recherches. C'est alors seulement
qu'elles prirent une étendue considérable. Les archives du
Haut-Rhin, celles de la ville de Colmar et des communes du
département, devinrent son champ d'exploration. M. Dietrich,
M. Frantz, M. Mossmann, M. Stœber et d'autres ne man-
quèrent pas de glaner un peu partout en faveur de leur ami
et de lui apporter, comme l'abeille le miel h la ruche, tout ce
qu'ils parvenaient à recueillir.
Lorsqu'en 1859, le monde officiel fut invité à s'occuper de
la topographie des Gaules, M. Stoffel avait en mains des maté-
riaux considérables pour établir celle de l'ancienne Séquanîe
extérieure; mais il se borna à fournir au travail commun
quelques données certaines, qui vinrent se noyer dans l'opé-
ration exécutée pour le maître. Ces matériaux demeurèrent
donc lettre morte, excepté pour lui et quelques amis. Cepen-
dant l'impulsion venue de haut devait porter quelques fruits
dans un monde dressé à ne se mouvoir que sous la pression
des ficelles mises en jeu par les machinistes souverains.
Le ministre de l'instruction publique mit à l'ordre du jour
la topographie des départements, et M. Stoffel livra de bonne
grâce la crème de ses recherches, qui eut les honneurs de
l'impression par l'usine de l'Etat. En 1868, le monde littéraire
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556 RKVUE d'alsâcë
de l'Alsace fut mis en possession du Dictionnaire topogra-
phique du Haut-Ehin, in-4*, de 260 pages, et d'une exécution
artistique irréprochable.
Ce volume frappa les esprits par la nouveauté de ce qu'il
contenait. On y vit généralement comme une invitation aux
travailleurs de recourir aux sources indiquées, si toutefois on
ne trouvait pas, dans les brèves citations empruntées à ces
sources, tout ce que l'on aurait voulu y trouver; et comme en
général on n'aime guère que la besogne faite, le livre n'eut
qu'un succès d'estime; mais ce succès devait grandir avec le
temps, qui consolide les œuvres reposant sur de solides bases.
L'épuisement de la première édition devait donc engager
l'auteur h en faire une seconde, dans laquelle entrerait tout
ce qui n'avait pas été donné à la première et tout ce qui
avait été recueilli dans l'intervalle.
On ne s'attend certes pas à ce que nous procédions ici à
une analyse des matières que contient un in-4° de plus de
700 pages, imprimées sur deux colonnes. Une indication géné-
rale suflSra pour en donner une idée aux personnes qui n'ont
pas encore eu l'occasion de le compulser.
Ce splendide recueil contient tous les noms de nos com-
munes de l'ancien département, tous les noms des villages qui
n'existent plus, tous les noms de lieux donnés ou conservés
aux cantons formant le ban de chacune de ces localités, tous
les noms des forêts, rivières, marais, étangs, fontaines,
pâturages, usines, châteaux, églises, chapelles, pèlerinages,
chemins, routes, sentiers, etc., etc.; et, ce qui est surtout
précieux, il contient les innombrables transformations que
ces noms ont subies à travers les âges, avec la date et l'indica-
tion des pièces sur lesquelles ces noms et leur transformation
ont été relevés. Le tout est classé dans l'ordre alphabétique
le plus rigoureux, de sorte que la recherche de ce que l'on
désire vérifier ou étudier se fait très facilement et sans perte
de temps.
Au point de vue de l'administration générale et surtout de
l'administration communale, ce recueil est d'une utilité incon-
testable. Au point de vue des questions litigieuses, il peut
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE 667
encore être très utile, en ce qu'il fournit aux parties intéres-
sées des renseignements exacts sur des titres qui existent et
qui peuvent être du plus haut intérêt pour ceux qui plaident
et ceux qui jugent.
Au point de vue de l'histoire du pays, nous plaçons le livre
de M. StolBFel au premier rang de nos instruments de travail.
C'est dans les matériaux de ce livre que le chercheur décou-
vrira la lumière destinée h le guider sûrement dans l'étude
de nos origines ; c'est dans ce livre qu'il trouvera les traces
profondes des diverses dominations politiques subies par le
pays ; c'est dans ce livre qu'il puisera des informations cer-
taines pour compléter la liste des hameaux, vill^es, forte-
resses, châteaux, églises et autres établissements qui ont
disparu et dont la tradition n'a même pas gardé le souvenir ;
c'est dans ce livre enfin que le travailleur sérieux trouvera le
moyen, par l'indication scrupuleuse et loyale des sources, d'a-
bréger le temps que l'on perd en cherchant, souvent en vain,
à les découvrir. Ainsi, le dictionnaire de M. Stoflfel rendra des *
services inappréciables à tous les points de vue que nous
avions à cœur de déterminer.
La publication d'un semblable livre est un acte de dévoue-
ment. Indépendamment du travail personnel qui, au point de
vue pratique, devrait compter pour quelque chose, une aussi
importante publication est l'objet d'une dépense considérable.
Nous doutons que le nombre des personnes qui savent appré-
cier ces sortes de travaux soit assez grand pour laisser à
l'auteur, obligé de se faire lui-même éditeur, la chance de
couvrir ses déboursés. Si nous faisons franchement cet aveu,
sans y être aucunement autorisé, c'est à nos risques et périls,
fondés sur une longue et réelle expérience. Il est vrai que
M. Stofiel n'a entrepris cette grosse aflFaire que sous les aus-
pices d'une société qui sait discerner et donner son puissant
appui même aux œuvres abstraites, quand, par un côté quel-
conque, elles touchent aux règles de l'utilité. Nous sommes
donc sans inquiétude à cet égard, et c'est une raison de plus
pour nous croire obligé de recommander spécialement à l'admi-
nistration communale et au public de la Revue d^ Alsace le Die-
tionnaive topographiqii^de l'ancien département du Haut-Rhin.
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558 REVUE D ALSACE
Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Golmar, 16'
et i7« années (1875 et 1876). — Colmar, imprimerie de V« Decker,
1877. 1 vol. in-8o de 468 p. et 25 tableaux d'observations météorolo-
giques.
Ce Bulletin est bien rempli. Les travaux qu'il renferme sont
nombreux et variés. Les matières scientifiques continuent à
répondre au programme que les fondateurs ont assigné à la
Société, et l'on voit avec satisfaction que les études tendent
à se concentrer de plus en plus sur le champ des explorations
locales.
Le catalogue des hémiptères-hétéroptères de l'Alsace et de
la Lorraine, les insectes nuisibles de l'Alsace avec un aperçu
des insectes utiles, une note sur le papillon Apollon observé
au fond de la vallée de Masevaux, un coup d'œil sur la végé-
tation de l'arrondissement de Schlestadt, les forêts de l'Alsace
et leur exploitation, la perméabilité des roches et la formation
• des sources, une notice sur la création de la station météoro-
logique de Cohnar, avec vingt-cinq tableaux exprimant le
résultat des observations qui y ont été faites et qui sont
régulièrement continuées, tels sont les principaux travaux
scientifiques contenus dans ce bulletin. Leurs auteurs sont :
MM. Ferd. Reibeb et A. Puton, M. l'abbé Fbttig, M. H. L.,
M. N. NiCKLÈs, M. Ch. Grad, M. J. Fessbnmayeb, M. Ch.
Umber et M. Ferd. Hirn pour le résumé des observations
météorologiques faites au Logelbach.
On trouve encore dans ce BuUetin la Clironique des mines
de Sainte-Marie, de Jean Haubensack, avec une excellente
préface historique de M. J. Dietrich; sept notices biogra-
phiques concernant des membres décédés de la Société, par
MM. les docteurs Faudel et E. Macker; un deuxième sup-
plément à la Bibliographie alsatique, comprenant l'histoire
naturelle, l'agriculture et la médecine, la biographie des
honmies de science et les institutions scientifiques de l'Alsace,
par M. le D' Faudel, et enfin une notice de M. Ch. Grad sur
les grottes de Cravanche et l'homme préhistorique.
Il nous aura suffi d'avoir extrait de la table des matières
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE 559
les titres de ces divers travaux pour justifier, aux yeux du
lecteur, ce que nous disons en commençant et ce que nous
répétons pour terminer : Le Bulletin de la Société d'histoire
naturelle de Colrnar, pour les années 1875 et 1876, est bien
rempli.
Quelques-uns de ces travaux ont été l'objet d'un tirage à
part. Ce sont :
r Coup d'oeil sur la végétation de l'arrondissement de
Schlestadt, par M. N. Nicklès, de Benfeld. In-8*^ de 74 p.
2** Bibliographie alsatique, comprenant l'histoire naturelle,
l'agriculture, la médecine et les institutions scientifiques, par
M. le D' Faudel. In-8" de 44 p.
3*' La Chronique des mines de Sainte-Marie, de Jean Hau-
bensack, par M. J. Dietrich. In-8° de 22 p.
4** La biographie de M. Henri Zsepffel, ancien président de
la Société^ par M. Faudel. In-8° de 7 p.
5** La biographie de M. Henri Schlumberger, ancien prési-
dent de la Société, par M. Faudel. In-8^ de 12 p.
6** La biographie de M. Ch. Traut, par M. Faudel. In-8° de
6 pages.
T La biographie de M. Miannée de Saint-Firmin, ancien
payeur du Trésor à Colmar, par M. Faudel. In-8** de 7 p.
8"* La biographie de M. Victor Robin, ancien ingénieur civil
des mines, par M. Faudel. In-S'* de 8 p.
Q"" La biographie de M. Ch. Kœnig, ancien horticulteur et
représentant du peuple en 1848, par M. Faudel. In-8** de 8 p.
10° La biographie de M. Henri de Peyerimhoff, ancien
magistrat , par M. le D' Emile Macker. In-8° de 16 p.
M. le D' Faudel est secrétaire de la Société d'histoire natu-
relle. Il a eu pour collaborateurs, dans la fondation de la
Société et la création de nos collections scientifiques, les
divers membres dont il a eu la bonne pensée de retracer la
vie et les travaux, et à la mémoire desquels il a voulu payer,
au nom de la Société, le tribut de reconnaissance qui leur
était dû Tous les membres survivants ne peuvent que s'asso-
cier fidèlement à l'œuvre accomplie et à la pensée qui a guidé
l'auteur.
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500 REVUE D* ALSACE
Chambre de oommeroe de Golmar. -- Compte-rendu des tra-
vaux delà Chambre depuis le i*' janvier 1875 jusqu'au 31 décembre
1876. — Colmar, imprimerie de V« J.-B. Jung, 1877. In-8<» de xxxi-
63 p.
Ce compte-rendu renferme beaucoup de renseignements sur
les diverses questions d'intérêt public dont la chambre a eu
à s'occuper ou au sujet desquelles elle a eu à donner son
avis, entr'autres les postes, les voies navigables, les chemins
de fer, les douanes, la législation commerciale et industrielle,
et enfin l'administration intérieure. Ces matières forment la
première partie du compte-rendu. Un appendice ou deuxième
partie contient le texte d'une délibération de la commission
chargée de répondre aux questions formulées par le HandeU-
tag le 21 octobre 1875. Elle est suivie d'une lettre du prési-
dent, M. F. Hartmann, qui nous paraît avoir servi de base à
la délibération de la Chambre. M. Hartmann traite les ques-
tions à un point de vue plus général et plus élevé. On sent, à
première lecture, la haute compétence de l'auteur en ces
matières et son aptitude à résoudre les difficultés. Il les met
en relief dans un langage correct, sobre et indépendant; il
n'hésite pas à mettre le doigt sur la plaie et à dire franche-
ment sa critique et son remède. En voici un exemple :
<( Ce n'est pas sortir des questions qui nous sont posées
que d'exprimer le regret que le gouvernement allemand ait
méconnu ces tendances unificatrices (il s'agit des traités
de commerce) dans la question monétaire, qui exerce une
influence directe sur la prospérité du commerce et de l'in-
dustrie, et qui, en Alsace, est une des causes de leur malaise.
C'est aujourd'hui un fait incontesté que la nouvelle monnaie
allemande est, pour le commerce et les industries qui opèrent
avec l'Etranger, une cause permanente et irrémédiable d'é-
puisement ; qu'elle semble n'avoir été créée que pour procurer
aux banquiers des bénéfices abusifs d'agiotage, réalisés au
détriment du travail national sur les cours respectif des
monnaies, bénéfices qui eussent été évités, si le gouvernement
allemand avait adhéré à l'union monétaire.
« Jje malheur en cette aifaireest qu'on a voulu, par amour-
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Bt}LLETIN BIBLIOOBAPHIQUE 561
propre national, faire une question*politique d'une question
exclusivement économique. Or, en matière d'économie poli-
tique, les erreurs se paient cher; et, lorsqu'elles ont été
expérimentées au point que le doute n'est plus possible, le
mieux est d'avoir le courage de revenir sur une décision mal-
heureuse. Ce serait un grand honneur pour le gouvernement
allemand, en môme temps qu'une mesure habile de sa part,
d'en revenir à la monnaie adoptée par la France, l'Autriche,
l'Italie, la Belgique, etc., tout en maintenant aux diverses
pièces divisionnaires leurs dénominations nationales et con-
sacrées, de telle sorte que le mark deviendrait l'équivalent
réel et nominal du franc, etc. »
Ce document est suivi des réponses concordantes faites au
môme questionnaire par la Société industrielle et commerciale
de Sainte-Marie-aux-Mines.
Œuvres inédites de Dom Galmety publiées par F. Dinago. Des
divinités païennes adorées autrefois dans la Lorraine et dans d'autres
pays voisins. — De l'origine du jeu de cartes. — Saint-Dié, impri-
merie deL. Humbert, 1876. In-8o de 92 p.
Dom Calmet paraît avoir laissé un certain nombre de
manuscrits inédits, dont notre compatriote, M. F. Dinago,
vient d'entreprendre la publication. Ces manuscrits sont la
propriété de la bibliothèque de Saint-Dié et se rapportent à
des sujets qui, presque tous, offrent un intérêt particulier
pour l'histoire de la Lorraine et de l'Alsace. Outre les deux
premiers travaux dont le titre précède, M. Dinago annonce
l'histoire de l'abbaye de Senones, de celle de Munster et du
prieuré de Lay-Saint-Christophe, ainsi que d'autres monogra-
phies d'un intérêt plus général. Une note renvoie le lecteur
à des notices que nous ne connaissons pas, mais dans les-
quelles les auteurs, M. Aug. Digot et M. L. Maggiolo, mettent
en relief l'utilité et l'attrait de la publication entreprise par
M. Dinago. Nous ne pouvons que le féliciter de consacrer à
cette œuvre les loisirs dont il peut disposer et l'encourager à
la conduire jusqu'à l'épuisement du petit trésor dont la biblio-
thèque de SaintrDié est en possession.
Nouvelle Série — 6* Année. 3g
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562 REVUE d'âlsage
La dissertation sur les divinités païennes, qui étaient autre-
fois adorées en Lorraine et aussi en Alsace, prouve qu'en effet
les manuscrits inédits de Dom Calniet peuvent encore être
utiles à l'étude de notre histoire locale. Si la méthode de
l'auteur laisse beaucoup à désirer, quant à la clarté de
la classification, elle ne contient pas moins la substance
essentielle de ce que les sources de l'antiquité fournissent de
renseignements sur le sujet que le bénédictin se proposait
d'approfondii*. En jetant cette ébauche dans la circulation,
M. Dinago a rendu un véritable service à notre littérature
provinciale, car il ne faut pas douter qu'elle soit un excellent
point de départ pour l'étude de l'histoire religieuse de nos
contrées. C'est en plein paganisme que les premières abbayes
se sont fondées, et il ne sera pas sans intérêt, après avoir lu
la dissertation que nous signalons, d'assister à l'origine de
l'abbaye de Senones et de celle de Munster surtout, qui a
fourni plusieurs évêques au siège de Strasbourg.
Un bas^-relief du Donon. — Belliccus — Surbur, — Fac-similé
inédit d'après le dessin original de la bibliothèque de Saint-Dié,
avec une notice par F. Dinago, avocat. In-S^' de 4 p. et i pi.
Le dessin dont il s'agit présente une image aux formes et
aux contours assez nettement déterminés pour qu'il ne soit
pas permis de se méprendre sur l'espèce des animaux que le
monument représente ou représentait. Reste à savoir si le
crayon de l'artiste ou de l'archéologue n'y a pas mis du sien.
Le dessin est sans date, sans nom d'auteur, et la notice est
muette sur ce point. On se demande donc si la levée a été
faite à une époque antérieure ou postérieure à celle où
Montfaucon, Schœpflin et Dom Calmet ont reproduit le même
monument.
Quoi qu'il en soit, il est certain que le premier de -ces ani-
maux représenté, par le dessin dont il s'agit, est un lion,
comme le dit la notice, et non un chien^ comme l'ont cru
Montfaucon, Schœpflin, Dom Calmet et d'autres après eux.
Quant à l'interprétation de ce symbole, les connaissances
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BULLETIN BIBLIOORAPHIQUB 563
modernes sur nos origines portent à adopter l'une au moins
des solutions qui ont été proposées.
Montfaucon, qui a vu un chien dans l'image de BeUiccus
et un sanglier dans celle de Surbur, considère le monument
comme un trophée de chasse.
Schœpflin, au contraire, a vu dans l'ensemble du monument
le sacrifice d'un chien et d'un sanglier au Dieu Mercure.
Dom Calmet a vu dans le premier animal le symbole d'un
guerrier alsacien de la famille de Surbourg. Il a pensé que
ce guerrier pouvait avoir fondé l'abbaye de Surbourg ou con-
tribué à sa fondation.
Grandidier n'y a vu qu'un trophée de chasse, comme
Schœpflin, mais il a ajouté que ce trophée paraît avoir été
élevé par un Gaulois à son chien, Bellims, qui, au fond des
forêts du Donon, avait forcé et terrassé un sanglier, surhicr,
nom celtique de cet animal.
L'abbé Bexon, mort en 1780, a vu dans le bas-relief un
monument delà conquête des Gaules par les Romains. Le
chien — qui est un lion d'après le dessin de la bibliothèque
de Saint-Dié — représente les Romains vainqueurs, et le
sanglier les Celtes vaincus.
Un archéologue moderne, M. Voulot, voit dans le premier
des animaux du bas-relief un taureau-bison lancé contre un
sanglier. Quant à la signification symbolique du monument,
il l'explique ainsi : a Le culte de Surbur, autochtone, a été
remplacé ou au moins amoindri par le culte exotique de
Beilissus^ le représentant de la civilisation sémitique des
Pélasges d'Asie ».
Cette interprétation, tout à fait nouvelle, implique l'occu-
pation du pays par les Pélasges, bien longtemps avant l'exis-
tence de la nationalité gauloise.
Nous bornons à celles qui précèdent les citations que
l'on pourrait encore produire concernant ce monument Elles
sont assez nombreuses pour permettre au lecteur de se faire
une idée du langage de la pierre taillée, quand l'amour de la
science porte des hommes expérimentés à lui arracher ses
secrets.
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564 REVUE D'ALSACE
Statuts de la Société des arts de Mulhouse. — Procès-rerbal
de rassemblée générale constitutive du 9 décembre 1876. — Mulhouse,
imprimerie ¥• Bader et C% 1877. In-8o de 27 p.
L'impression de cette plaquette répond à la matière qui en
est l'objet : c'est une petite production de typographie artis-
tique.
Quant à la Société, qui s'est donné, sans bruit, les statuts
que cette plaquette renferme, elle ne trouvera pas mauvais
que nous divulguions dans cette Bévue le but qu'elle se pro-
pose, et les voies et moyens qu'elle met à la disposition de
ses administrateurs pour l'atteindre.
La Société a pour but de répandre et de développer le
goût des arts. Elle fonctionne sous le patronage de la Société
industrielle. Elle organise périodiquement des expositions de
peinture, de sculpture, d'architecture, de gravure, de litho-
graphie et d'arts industriels, auxquelles des artistes de tous
les pays pourront être invités à prendre part. Elle s'efforcera
en particulier d'assurer dans une large mesure le concours
des artistes alsaciens et lorrains.
Il y aura au moins une exposition publique tous les trois
ans.
La Société recueille et capitalise des fonds destinés à
l'achat d'œuvres d'art. Les œuvres acquises sont distribuées
entre les sociétaires par la voie du tirage au sort.
Les ressources dont elle peut disposer sont consacrées à
l'accroissement du Musée des beaux-arts de la Société indus-
trielle.
Pour varier ses expositions, provoquer des échanges et
élargir son cercle d'action, la Société entre en relations avec
les sociétés qui ont le même but.
Le public de la Bévue sera au courant de la louable pensée
des fondateurs, lorsque nous aurons ajouté que chacun de
ceux-ci verse annuellement une quote-part d'au moins cent
francs, et qu'au moment de la constitution de la Société, elle
comptait quatre-vingt-huit adhérents représentant cent-quatre
quotes-parts, aoit un revenu annuel assuré de 10,400 fr., indé-
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE 565
pendamment des cotisations des membres ordinaires fixées à
10 francs.
Le comité d'administration est ainsi composé : MM. Engel-
Dollfus, président; Ernest Zuber, vice-président; Léon Kœch-
lin, secrétaire, et M. C. de Lacroix, trésorier.
Sont membres de droit : MM. Auguste Dollfus, président de
la Société industrielle, et Alfred Kœchlin-Schwartz, secrétaire
du comité des beaux-arts.
Sont membres titulaires : MM. F. de Niederhœusern, Eugène
Kœchlin, Bidlingmeyer, Bulflfer, Alfred Favre, Louis Huguenin,
Ehrmann, Haurez, Rod. Kœchlin et L. Schœnhaupt.
Sont membres suppléants : MM. Alfred Engel, Iwan Rack,
Lauth-Scheurer, Jules Dollfus, Paul Marin et Ernest Lalance.
Notice biographique sur M. Jean- Auguste Mioliel, par
M. Auguste Stceber. — In-8* de 13 p.
C'est à un homme voué à l'enseignement, c'est à un collègue
et à un ami que M. Auguste Stœber a été chargé par la Société
industrielle de Mulhouse de consacrer la notice parue dans
le Bulletin de cette Société et tirée à part sous le titre qui
précède. M. Michel a laissé des. souvenirs fort honorables à
Mulhouse, ainsi que dans toute l'Alsace ; son biographe les a
recueillis avec autant de piété que de mesure et de modéra-
tion. La Société industrielle, en les consacrant par la publi-
cation de la notice, a montré, une fois de plus, combien elle
sait honorer la mémoire des hommes dont la vie a laissé des
traces utiles dans la vie de la cité.
Vers les Vosges — Phalsbourg et Sarrebawrg et leurs envirms, —
par Arthur Benoit, avec des planches lithographiées. — Strasbourg,
chez les principaux libraires, MDCGCLXXVI. Un vol. in-8o de 322 p.
On aime à se trouver en présence d'un compatriote qui
voue au petit coin de terre où il est né une affection d'autant
plus vive que les regrets sont plus poignants. Mais il a, comme
toute nature d'élite, la fierté de n'exprimer ces regrets qu'au
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566 . REVUE D' ALSACE
moyen de la concentration de ses recherches et de ses études
sur le terrain limitant le premier horizon du véritable patrio-
tisme^ c'est-à-dire de la patrie à laquelle on appartient par
le droit du berceau. Faire revivre le passé et les souvenirs,
n'est-ce point la réalité idéale contre laquelle toute force
humaine est impuissante? C'est certainement la pensée qui a
porté l'auteur à réunir, dans le volume que nous annon-
çons, ses notes de voyage, les pièces rares ou inédites, les
biographies et les renseignements puisés aux archives con-
cernant les cantons d'Albestroff, de Dieuze, de Drulingen,
de Fénétrange, Lorquin, Phalsbourg, Réchicourt-le-CMteau,
Saar-Union^ Sarrebourg, Saveme et Vic-sur-Seille.
Les cent quatre-vingts notices renfermées dans ce recueil
sont d'une lecture fort agréable et utile. Le travailleur y aura
souvent recours pour fixer les dates et les faits qu'il voudra
approfondir. Ce volume est en quelque sorte la chronique
saargauvienne, susceptible, il est vrai, d'être non pas revue
et corrigée, mais considérablement augmentée. C'est une
tftche que M. A. Benoit saura certainement remplir à la
satisfaction de tous ceux qui portent de l'intérêt à notre
littérature provinciale.
Les agréments iconographiques de ce charmant volume,
tiré à 70 exemplaires seulement, consistent en un frontispice,
d'après une gravure sur bois du XVP siècle; les armoiries de
Phalsbourg et de Sarrebourg ; la carte du pays de la Sarre ;
les armoiries de ce pays ; la porte d'Allemagne de Phalsbourg ;
Diane de Dommartin et la tombe de Mathias Kilburger à
Fénétrange.
Guide du voyageur à Mulhouse, avec un plan de la ville, par
M. Meyer. — Mulhouse, imprimerie V« Bader et G% 1877. In-8o de
â03p.
Le titre de ce livret dit ce qu'il contient, c'est-à-dire les
adresses utiles aux voyageurs, aux commerçants et même aux
particuliers. Il est bien conçu et bien ordonné. L'auteur l'a
fait précéder d'un extrait de la chronique de Mulhouse, d'un
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQU 567
aperçu historique des progrès de l'industrie dans cette ville,
de renseignements excellents sur les anciennes maisons indus-
trielles, et des indications nécessaires sur les divers services
politiques et administratifs de la cité.
Littérature du dialecte alsacien. — Bibliographie des compo-
sitioDs écrites dans ce dialecte et qui ont été imprimées, par Louis
MoHR. — Strasbourg, imprimerie de R. Schultz et Cs 1877. In-S^ de
22 p.
M. Mohr s'applique depuis de longues années à recueillir
tout ce qui paraît en patois alsacien. Sa collection est déjà
fort respectable, si elle ne peut pas encore avoir la prétention
d'être complète. Cette spécialité a son mérite et offre beau-
coup d'intérêt. M. Mohr, qui est bien au courant de ce genre
de bibliographie, a voulu en dresser le catalogue et, ce qui
est précieux, il a fait suivre chaque article recensé d'une
notice descriptive du volume ou de l'écrit. Ledit catalogue
est imprimé sur beau papier à la cuve et n'a été tiré qu'à
cent exemplaires destinés au commerce.
Elsœsser Schatzkaestel = Trésor alsacien. — Sanimlung von
Gedichten und prosaischen Aufsatzen in Strassburger Mundart , nebst
einigen Yersstûcken in andern Idiomen des Elsasses. — Strasbourg,
imprimerie de R. Schultz et C«, successeurs de Berger-Levrault, 1877.
1 vol. in-8o dexi-512 p.
Cette anthologie alsacienne, réunissant à des compositions
inédites la plupart des compositions antérieures disséminées
dans divers ouvrages et publications, est imprimée en deux
couleurs, avec encadrements et sur beau papier chamois. Les
éditeurs ont voulu, sans doute, honorer la langue populaire
du pays, en consacrant à ce recueil les plus belles ressources
de la typographie moderne.
Un classement intelligent des matières a présidé à la com-
position du volume. Le chapitre I" comprend toutes les pièces
se rapportant au foyer, à la ville et à ses avantages naturels ;
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568 REVUE D' ALSACE
le chapitre II, tout ce qui touche à l'âme, au cœur et à
l'esprit; le chapitre III s'accommode des productions humo-
ristiques ; le chapitre IV accueille la fable, le proverbe, le
conte et l'anecdote, tandis que le chapitre V se contente des
bavardages; au chapitre VI appartiennent la charade, l'énigme
et la farce. Le chapitre VII n'est que prose et le chapitre VIII
et dernier que poésie conforme aux idiomes de Wissembourg,
Bischwiller, du Kochersberg, de la Wantzenau, de Schiltig-
heim, Colmar, Mulhouse et du Sundgau.
Cette laconique annonce suffira pour donner au lecteur un
avant-goût des matières variées qu'il trouvera dans ce char-
mant volume essentiellement alsacien.
Drei Aehren = Trois-Epis, dans la Haute-Alsace. — Poésies, par
AuG. Stobber. Nouvelle édition, augmentée. — Strasbourg, impri-
merie de R. Schultz et C^ successeurs de Berger-Levrault, 1877. [n-i2
de vni-88 p.
Ce bouquet, composé par la main d'un poète au moyen de
la flore de la montagne, des inspirations que celle-ci éveille
et des réminiscences historiques se rapportant à l'horizon
qu'elle présente, ce bouquet, disons- nous, est dédié à la
mémoire d'Auguste Neflftzer et au souvenir de quelques amis,
qui ont l'habitude de se retrouver, une ou deux fois l'an, en
ce lieu charmant et paisible de nos Vosges orientales. Avec
ce guide en main, le poète nous conduit à tous les sites les
plus avantageux de la station et, sans fatigue^ il nous ramène
au gîte, aprèsavoirrêvé, pendant quelques instants, aux dou-
ceurs d'une saine villégiature.
Ce petit livre a la saveur et l'attrait des choses excellentes.
Mélanges alsaciens. — Trente-huit tirages à part de matériaux et
notices parus en feuilleton dans le Journal de Mulhouse et se rappor-
tant spécialement à T Alsace. — In-S^* d'un ensemble de 400 p.
Le patriote et l'ami auquel on doit cette collection est
M. Dollfus, autrefois prote de l'imprimerie Bisler et du
Journal de Mulhouse. Il sollicitait, au profit du journal, auquel
il en a lui-même fourni quelques-unes, des communications
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BULLETIN BIBUOGBÂPHIQUE 569
de toute espèce se rapportant à TAlsace, puis il en faisait un
tirage à part au profit des collectionneurs et des personnes
que ces matériaux intéressaient. La collection (tout en in-S**),
qui vient de nous être remise, renferme les sujets suivants :
P L'Alsace pendant la période tertiaire, 23 p., de J. Delbos,
1869; 2"* Description de la ville de Mulhouse, tirée de : Létal
et les délices de la Suisse, t. IV, 1764, 9 p. avec un feuillet
formant titre ; 3** Le drapeau d'honneur de Mulhouse, 1512,
français et allemand, 11 p. ; 4** Description de la ville de Thann,
tirée de V Album alsacien, 12 p.; 5** Wesserling, par le docteur
Sacc, 8 p.; e** Saint-Hypolite {Album alsacien), 4 p.; 7^ Hohen-
kœnigsburg {Album alsacien), 4 p.; 8** Mandeure, tiré des
Annales de Malte-Brun, 4 p. ; 9° Die Stadt Belfort, im 17.
Jahrhundert, tiré de Balthasar Han, 4 p. ; 10^ Tûrkheim, tiré
deBilling, 4 p.; IPDie Kirche von Ottmarsheim ira Elsass,
du D' J. Burckhardt, 13p.; 12°Beschreibung der Statt Rufach,
de Séb. Munster, 8 p. ; 13** La bataille de Tilrckheim, par Oza-
neau, 28 p. ; 14° Charles-le-Téméraire devant Mulhouse, par
J.-B. Sœhnlin, 6 p. ; 15° Jean-Frédéric Oberlin, tiré du Courrier
de France, 8 p.; 16° L'apprenti, légende mulhousienne, par
Souvestre, 32 p. ; 17° Le bourreau de Colmar,tiré des Mémoires
de M"* d'Oberkirch, 9 p.; 18° Anniversaire tricentenaire de
l'introduction de la Réformation à Colmar, 3 p.; 19° Une
révolution à Colmar, d'après la Chronique de Colmar, 8 p.;
20° Incendie de la tour de Saint-Martin de Colmar en 1572,
tiré du Patriote alsacien, 7 p.; 21° Règlement de 1752 concer-
nant le service des incendies à Colmar, 7 p. ; 22° Pierre tom-
bale d'un Alsacien à Francfort, 8 p.; 23° L'Ochsenfeld, ses
antiquités, ses traditions, 7 p. ; 24° Le château de Wildenstein,
par Aug. Stœber, 7 p.; 25° Les sorcières brûlées en Alsace de
1572 jusqu'en 1620, d'après la Chronique des Franciscains de
Thann, 8 p. ; 26° Un pèlerinage malheureux, d'après X. Moss-
mann, 7 p.; 27° Au Renard-prêchant, 8 p.; 28° Dieu protège
Mulhouse, 4 p. ; 29° Histoire de la fabrication des brosses, 3 p.;
30° Le triomphe de la vertu, 8 p. ; 31° Notice sur Jean Braun
le vieux, par Aug. Stœber, 4 p. ; 32° Entretien d'Henri avec
son ami, à propos du Galleberg, 8 p.; 33° Dusselbach-Hussel-
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570 REVUE D'ALSACE
bach, légende de la vallée de Masevaux, 3* édition, 13 p.;
34** Kurze Beschreibung der Stadt Mûlhausen und ihres
Gebiets, par Jean-Conrad Faesi (ZOrich 1768), 37 p.; 35** L'in-
surrection de la vallée de Saint- Amarin en juillet 1789. Lettre
de M. de la Rochelambert, avec annotations par Angel Ingold,
24 p. ; 36^ Notice sur les tremblements de terre qui ont agité
l'Alsace et le pays de Bâle dans le XlIP et le XIV* siècle, par
Bourlot, 8 p. ; 37*" La pierre des flagellants, légende alsacienne,
par un touriste, 32 p.; 38° An d'r lange, g'strcnge Herr Win-
ter, 3 p.
Die Bevœlkerung der Gemeinden in Elsass-Lothringen,
nach der Zàhluiig vom 1. Dezember 1875. Herausgegeben von dem stâdti-
schen Bureau des kaiserlichen Oberprâsidiums in Strassburg. =
Population des communes de l'Alsace-Lorraine, d'après
le recensement du i®"^ décembre 1875. Publié par le bureau statistique
de la présidence supérieure de Strasbourg. — Strasbourg, imprimerie
de R. Schultz et ۥ, 1877. In-8o de xxviii-125 p.
La statistique dont il s'agit est le résultat du second recen-
sement opéré par l'administration allemande depuis la con-
quête de l'Alsace-Lorraine. Ce résultat est exposé avec clarté
dans une série de tableaux se rapportant à la nouvelle division
politique du pays. Il aurait été intéressant d'avoir pour point
de comparaison les chiffres du recensement qui a précédé la
fatale et désastreuse année 1870. Le satisticien de la prési-
dence supérieure l'a compris ; mais il dit, dans son introduc-
tion, que cette comparaison n'eût pas été possible à établir
par la raison que l'Alsace-Lorraine actuelle ne correspond pas
aux circonscriptions des trois départements dont l'adminis-
tration française faisait le recenocment de la population. On
comprend que l'allégation est produite dans le seul but d'éviter
un surcroît de travail et une comparaison désavantageuse.
Un des collaborateurs de cette Revue se chargera peut-être
de l'étabUr un jour, car rien n'est plus éloquent que les
chiffres.
Le travail que la présidence supérieure place sous les yeux
du public est fort bien conçu et fort bien imprimé . Il constate
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BULLETIN BIBUOGRAPHIQUE 571
que, malgré les nombreuses immigrations allemandes, la
population du terrain conqui s va en diminuant. Ainsi, elle
était en 1871 de 1,549,738 habitants et de 1,531,804 au recense-
ment de la fin de 1875. Elle a donc perdu 17,934 habitants
dans Tespace d'un recensement à l'autre, c'est-à-dire dans
l'espace des années 1872, 1873, 1874 et 1875.
Elle constate, en outre, que la plus forte proportion des
pertes s'applique à la Lorraine et ensuite à la Haute-Alsace.
Elle est de 2.08 7o en Lorraine, de 1.20 7o en Haute-Alsace et
de 0.37 7o en Basse- Alsace. Ces proportions seraient, on le
concevra, beaucoup plus élevées si, dans un travail de ce
genre, il eût été possible d'opérer sur la seule population
aborigène d'abord, et ensuite sur la population hétérogène ou
immigrée.
Nous ne pousserons pas plus loin notre investigation, car
nous n'avons d'autre but que de signaler au lecteur le VIP
fascicule du bureau statistique de la présidence supérieure,
qui est, nous le répétons, clairement établi et très bien
imprimé.
Strassburger Mûnsterbûohlein. — Eine populâre Darstellung,
von Prof. D' F. X. Krauss. = Livret de la cathédrale de
Strasbourg. — Edition populaire, par le professeur D'' F. X. Krauss.
— Strasbourg, imprimerie de R. Schultz et C«, 1877. In-12 de 60 p.
Une édition de ce livret en langue française et une édition
en langue anglaise sont en préparation. Le livret contient,
outre la partie historique, d'après les documents connus, une
vue de la cathédrale, une vue de l'horloge astronomique et
une carte des environs de la ville, de Mundolsheim àGraffen-
staden et de Wolfisheim à Eehl.
Graulthal.— Excursion du 17 juin 1877.— Strasbourg, MDGGGLXXYII.
Petit in-8o de 44 p., avec lettres, vignettes et 3 planches.
La Chorale de Strasbourg est une société qui a de l'expé-
rience et de la vitalité. Elle continue ses excursions réglemen-
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572 REVUE d'alsage
tairas, et elle a parmi ses membres de nombreux éléments
pour donner à ses fugues périodiques l'attrait et le charme
nécessaires à quelques journées de délassement et de bonne
confraternité. Le souvenir de chacune de ses excursions est
consacré par une plaquette d'une lecture agréable, toujours
pleine de traits spirituels, de relations et de descriptions inté-
ressantes. La collection de ces feuilles légères et cordiales,
destinées aux seuls membres de la Société, a sa place dans
nos curiosa alsatiques, en ce qu'elles donneront à nos descen-
dants une idée des liens qui ont adouci, pendant quelques
instants, la tristesse des temps actuels.
Plan von Strassborg. Zur Geschichte seiner Befestigung von den
âltesten Zeiten bis zum Ende des XVl. Jahrhunderts, von Poelnitz,
Premier-Lieutenant im Ingenieur-Corps. = Plan de Strasbourg,
pour servir à l'histoire de ses fortifications depuis les temps les plus
reculés jusqu'à la fin du XVI« siècle, par Pcelnitz, premier-lieutenant
du corps du génie. — Strasbourg, imprimerie de R. Schultz et €•.
1877. In-8o de 6 p., avec un plan teinté.
Le titre indique suffisamment le contenu de ce petit travail :
un résumé historique des divers agrandissements de la ville
et un plan qui paraît calqué sur celui de Silbermann. Les
diverses teintes délimitent, plus ou moins exactement, les six
agrandissements de la ville à travers les âges.
Fr. Kubtz.
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TABLE DES MATIERES
CONTENUES DANS LE TOME VI DE LA. NOUVELLE SÉRIE — 1877
JANVIER - FÉVRIER - MARS
Pages
Etienne Barth. — Notes biographiques sur les hommes de la
Révolution à Strasbourg et les environs — Introduction —
Deux Allemands parmi les hommes de 1789, quarante-six
parmi les hommes de 1793 — Ouvrages consultés — Liste des
269 de 1789 — Commencement des notes biographiques,
lettre A à lettre D 5-42
Rodolphe Reuss. — Le sac de Thôtel-de-ville de Strasbourg, le
21 juillet 1789, d'après un document inédit— Quelques mots
sur cet épisode — Relation inédite — Appendice tiré des
mémoires de Rochambeau et du récit de Young 43-58
Gh. Sghmidt. — Livres et bibliothèques à Strasbourg au moyen-
âge — La bibliothèque de la Chartreuse — Livres servant au
culte — Archives des églises — Bibliothèques particulières —
Pierre de Gengenbach, Paul Munhart, Jean Simler, Louis
d'Odratzheim, Pierre Schoit, etc. — Disposition et usage des
bibliothèques — Industrie concernant les livres — Parchemi-
niers, Papetiers — Libraires — Relieurs 59-85
P.-E. TuEFFEKD. — Etude sur Thumanité préhistorique, 2« par-
tie — Stations des pays de Montbéliard.et de Belfort — Mont-
Vaudois — Châtillon — Mont-Bart — Gramont — Giémont —
Gh&tillon près Montécheroux — Parc de Montbéliard —
Bethoncourt — Hérimoncourt — Ancienne citadelle — Gran J-
mont — La Choux — Le Monterot — Pont-Sarrazin —
Ballon de Roppe 86-102
Dag. Fischer. — Histoire de Tancien comté de Saarwerden et
de la prévôté de Herbitzheim — Introduction — Chapitre !•',
les comtes de Saarwerden 103 124
AcG. QuiQUEREz. — Plcujouse — Topographie du château —
Légende — Le vin de Lucelle — L'argenterie de la châtelaine 125-i34
Arth. Benoit. — Extrait des notes manuscrites du comman-
dant Hesselat — Le général Foy — La mort du général
Abatucci — Mirabeau au fort de Joux — Euloge Schneider
Coster Saint-Victor — Origine et travaux du commandant . . . 135-i42
Arth. Engel. — Piéfort en or de la ville de Strasbourg 143-144
AVRIL - MAI - JUIN
A. Barth. — Eugène Ensfelder — 1836 à 1876 — Sa place
dans le mouvement artistique en Alsace — Sa naissance —
Son éducation de famille — Ses premiers essais — Son édu-
cation classique — Le choix de sa carrière — Résistances de
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574 REVUE D' ALSACE
Pages
sa famille — Ses études théologîques — Ses compositions
artistiques dans les heures de loisir — Son séjour à Genève
— Ses fonctions de vicaire à Hausbergen, à Sainte-Aurélie,
au Temple-Neuf et à Bouxwiller — Sa carrière artistique —
Sa correspondance intime — Sa mort — Une planche i4S-l76
Dag. Fischer. — Histoire de Tancien comté de Saarwerden et
de la prévôté de Herbitzheira —Première suite — Les comtes
de Saarwerden — Leurs alliances — Leurs sépultures— Leurs
possessions — Leurs résidences — Jalousies — Guerres —
Ravages du comté, etc 177-206
AuG. Stoeber. — Cadeaux officiels faits à divers litres par le
Magistrat de Tancienne République de Mulhouse — XVI",
XVIl« et XVIII» siècles — Sources des notices — Cadeaux aux
princes, ambassadeurs et autres diplomates — Aux militaires
et ingénieurs— Aux bourgmestres et syndics de Mulhouse —
Aux savants — Aux artistes — A Toccasion des baptêmes —
Incendies — Secours 207-220
P.-E. TuEFFERD. — Etude sur l'humanité préhistorique — Suite
et fin — Deuxième partie — Stations préhistoriques des pays
de Montbéliard et de Belfort — Stations de la plaine — Man-
deure — Près de Dung — Sainte-Suzanne — Sablières de
Bart — Colombier — Fontaine — Dâle — Saint-Walbert-lez-
Héricourt — Cavernes — Grottes de Chataillon, près de Vou-
jaucourt — Caverne de Cravanche, près de Belfort — Monu-
ments mégalithiques — Menhirs et tumuli de la Bouloie, près
d*Hérimoncourt — Les roches de Chagey — Pierre de Saint-
Delle à Genéchie — Autres localités ou Ton a trouvé des
antiquités préhistoriques 221-233
Charles Grad. — Orographie de la chaîne des Vosges — Avec
le tableau des altitudes de la ligne de faite depuis le Valdieu,
au bief de partage dans le sud des Vosges, jusqu'à l'entrée de
la chaîne dans lePalatinat, sur la frontière de la Bavière —
Altitude des ramifications du ballon d'Alsace, du ballon de
Guebwiller et du Hohneck, des montagnes de la vallée de
Munster, du massif du Champ-du-Feu, des basses Vosges,
entre Saverne et Wissembourg, et des cols où passent les routes,
des lacs des Vosges, des sources d'eau minérale, des cours d'eau
autour du grand ballon, des localités habitées toute Tannée,
des ruines du moyen-âge et des limites de certaines cultures 234-249
Etienne Barth. — Notes biographiques sur les hommes de la
Révolution à Strasbourg et dans les environs — Première
suite — Le baron Philippe-Frédéric de Dietrich, comte du
ban de la Roche, etc., etc. -^ Lettre D à lettre H 250-288
JUILLET - AOUT ~ SEPTEMBRE
Arth. Engel. — Documents pour servir à la numismatique de
l'Alsace (n^ 3) — Monnaies et médailles d'Alsace inédites ou
peu connues, tirées des principaux cabinets publics et parti-
culiers — Aperçus critiques sur l'ouvrage de Berstett —
Monnaies de Colmar — Haguenau — Landgraves de la Haute-
Alsace — Landau — Mulhouse — Murbach et Lure— Ferretle
— Schlestadt — Abbayes de Selz ou de Wissembourg —
Strasbourg, mérovingiennes^ deniers impériaux, monnaies des
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TABLE DES MATIÈRES 575
évêques — Strasbourg ville — A, Médailles académiques;
B. Des jubilés ; C, Alliances avec les villes suisses ; D. Tir au
canon; E. Diverses; F. Comète; G. Cathédrale; H. Rétablis-
sement de la monnaie épiscopale; /. Passage de Marie-Antoi-
nette — Thann — Wissembourg — Appendice — H planches 289-330
Dag. Fischer. — Histoire de Tancien comté de Saarwerden
et de la prévôté de Herbitzheim — Deuxième suite — Chap. II.
Les comtes de MœrsSaarwerden — Frédéric !•' succède à son
oncle Henri U de Saarwerden — Ses démêlés avec Raoul de
Coucy, évêque de Metz — Il est impliqué dans les troubles de
la Lorraine et du Wçstreîch — Il est battu dans la ^erre
des qmtre seigneurs — Nouvelles hostilités contre la ville de
Metz — Le duc de Lorraine intervient en faveur de la ville
— Provocation des seigneurs coalisés — Rencontre à Champi-
gneulles — Les coalisés sont défaits et prisonniers du duc
Charles — Ravages de leurs terres — Frédéric de Mœrs engage
la seigneurie de Saarunion pour sûreté de sa rançon —
Frédéric se ligue avec Tévêque de Strasbourg, Guillaume de
Diest, avec Louis de Lichtenberg et autres — L'évêque de
Metz est réintégré dans la suzeraineté sur le comté de Saar-
werden et Frédéric devient son vassal, etc., elc 331-368
Ed. Ensfelder. — Souffrances de Riquewihr pendant la guerre
de trente ans — Pillages, réquisitions, otages et rançons —
Siège de la ville en 1635 par un détachement de l'armée impé-
riale — Capitulation — UnesculpturequeTon dit représenter
le traître qui livra la ville — Détresse de la population —
Mortalité — Secours fournis par Strasbourg — Jour de
prières commémoratives 369-380
AuG. Stoeber. — Lettre de David-Chrétien Seybold, ancien
professeur de gymnase de Bouxwiller à une dame de la même
ville — Quelques mots sur Fauteur de cette lettre — Le pas-
teur Brauer, de Hunawihr— Un cortège de noces à Colmar —
Les tresses catho^ues et les tresses luthériennes — Visite à
Hnstitut Pfeffel — 1 781 381-384
Rodolphe Reuss. — Jean Geiler de Kaysersberg — Un réfor-
mateur catholique à la fin du XV® siècle — Etude sur sa vie
et sur son temps, par Tabbé Louis Dacheux, prêtre du diocèse
de Strasbourg -- 1876. 1 vol. in-8o de 583 p 385-400
Etienne Bakth. — Notes biographiques sur les hommes de
la Révolution à Strasbourg et les environs — Troisième suite
— Hervé — Hirschel — Hirth -- Hoffmann, etc., etc 401-432
OCTOBRE - NOVEMBRE - DÉCEMBRE
P.-E. ToEFFERD. — La Décapote alsacienne — Notions prélimi-
naires sur la condition politique du pays avant le partage de
TEmpire de Charlemagne — Certains centres deviennent en-
suite des villes impériales, puis des villes libres impériales —
Ces villes ne cessèrent de jouer de Timmédiateté — Elles
furent d'abord au nombre de dix, auxquelles les empereurs
donnèrent un préfet provincial, chargé de les défendre et de fa-
ciliter leur fédération — Ce fut l'origine de la Décapole, con-
stituée définitivement en 1348 — D'autres villes sont ensuite
admises — Texte de l'acte constitutif 433-444
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576 REVUE D* ALSACE
Pages
X. MossMANN. ~ Matériaux pour servir à l'histoire de la guerre
de Trente ans — Conduite des Suédois à Colmar ~ Contribu-
tions, entretien des troupes — - Situation de la ville à la chute
de l'administration catholique — Alliance de Heilbronn —
Mesures réparatrices du chancelier Oxenstiem — Fortifica-
tions — Dîme extraordinaire — Premier siège de Brisach —
Intervention de TEspagne et du duc de Lorraine — Alliance
de la France et de la Suède — Nouveaux excès suédois —
Ravages des Impériaux — Nouvelles démarches de la ville
pour obtenir une réduction de ses charges de guerre 445^7 i
Dag. Fischer. — Histoire de l'ancien comté de Saarwerden et
de la prévôté d'Herbitzheim — Chap. III — Le duc de Lor-
raine et le comte de Nassau-Saarbruck se disputent le
comté de Saarwerden — Sécularisation de l'abbaye d'Herbitz-
heim — Notice historique sur ce monastère 475-503
Etienne Barth. — Notes biographiques sur les hommes de la
Révolution à Strasbourg et les environs — Mathieu, Mayno,
Mennet, de Metz, Momy, Monterrand, Monrecour, Montort,
Montjoye, Montrichard, etc., Noisette, Oberlin, Osterrieth,
Ottmann, Pasquay, Pistorius, Poirot, Popp, Radot. Raffin^
Rau, Rausch, Reichard, Riehl, Rœderer, Rollé de Baudreville,
Rouget de l'Isle, Rumpler, Sainval, Saltzmann, Saucerotte,
Saura, Schertz, Schott, Schweighaeuser, Silberrard, Spielmann,
Stuber, Teutsch, Thomassin, Treuttel 504-548
Arth. Benoit. — Deux lettres inédites du pasteur Oberlin à la
bibliothèque de Nancy 549-55f
Fréd. Kurtz. — Bulletin bibliographique — I. L'ancienne Al-
sace à table, par Ch. Gérard — H. Dictionnaire topographique
de la Haute-Alsace, par G. StofiFel — HI. Bulletin de la Société
d'histoire naturelle de Colmar — IV. Compte-rendu de la
Chambre de commerce de Colmar — V. Œuvres inédites de
Dom Calmet, par M. F. Dinago — VI. Un bas-relief du Donon-
Bellicus-Surbur, par F. Dinago — VU. Statuts dt a Société
des arts de Mulhouse — VUI. Notice biographique sur M. Jean
Michel, par M. Aug. Stœber — IX. Vers les Vosges — Phals-
bourg et Sarrebourg et leurs environs, par M. Arth. Benoit
— X. Guide du voyageur à Mulhouse, par M. Meyer — XI.
Littérature du dialecte alsacien, par Louis Mohr — XU. Tré-
sor alsacien, recueils de chants populaires — XIII. Trois-Epis,
par Aug. Stœber — XIV. Mélanges alsaciens, par M. Dollfus
— XV. Population des communes d'Alsace-Lorraine d'après le
dernier recensement — XVI. Livret de la cathédrale de Stras-
bourg, par F.-X. Krauss — XVII. Crauflhal, excursion de la
Société de chant la Chorale de Strasbourg — XVOf. Plan de
Strasbourg pour servir à l'histoire de ses fortifications jusqu'à
la fin du XVI« siècle, par Pœlnitz 55^^72
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